l = —— — e— EE a — Eu En O=—= a M D— — E— = —— LC — M Ep 2 E Macé TRAITÉE PRATIQUE DE … BACTÉRIOLOGIE 1 U 3 1761 00484851 GÈME ÉDITION 0 dRRalteeñb | E/ / / ù ren a S AN 1® HE À 1 < s €p # F À pe Ô fs KG ROUNCARE ae ROE “ L / AD. 5% QE N ET NE + 2 + AE VERS 4 bd TA M ER bg à Vz RES - \v 5 * { ce a © CG 0 ù le}! ; PS Frs psc AS TT sr AL PNR E o VA CE Eu AANIOS CII ISPAUTT Face Fe: « M PERRIN EE | PE ne { « , PT 28 TN à «flo 2- A Ua es dé» ® dÿ> É x = PLyr Be )|l 1 mali Fit En (à ol “Æp 1 LR Na ji Rirgé D LNQ e 7 \ OT "| OI æ > rl . 5 3 Fa Q : br AS Ke J A (Le noir nn Pate sx qup © dé nan UNE Ji Dh W QU, ÿ 6 a — 4 ñ. "= à Es x à | ; L . 7 / : # à = - . : 4 x Z = # 1 LA _- $ i 5 a MR Er LAC "A : FE “ _ >: Eee. A 4 Ü ES on. ' ri 000 PT: FR % sf" { ARE. Mer * ‘ : AT PET E A Vas ; Er, + ’ MA NT Wie DEA © Librairie J-B. BAILLIÈRE ET FILS 19, rue Hautefeuille, PARIS : LA PRATIQUE DES Maladies des Enfants DIAGNOSTIC et THÉRAPEUTIQUE Publiée en fascicules PAR MM. APERT, ARMAND-DELILLE, AVIRAGNET, BARBIER, BROCA, CASTAIGNE, FARGIN- FAYOLLE, GÉNÉVRIER, GRENET, GUILLEMOT, GUINON, GUISEZ, HALLÉ, MARFAN, MÉRY, MOUCHET, SIMON, TERRIEN, ZUBER Professeur, Professeurs agrégés, médecins des hôpitaux, anciens internes des hôpitaux de Paris, ANDÉRODIAS, CRUCHET, DENUCÉ, MOUSSOUS, ROCAZ Professeur, professeurs agrégés, médecins des hôpitaux de Bordeaux. NOVÉ-JOSSERAND, WEILL, PÉHU Professeurs à la Faculté de médecine de Lyon. Médecin des hôpitaux de Lyon CARRIÈRE, FRŒLICH, HAUSHALTER Professeurs aux Facultés de Lille et de Nancy. DALOUS, LEENHARDT Professeurs agrégés aux Facultés de Toulouse et de Montpellier. * AUDEOUD, BOURDILLON DELCOURT Privat docents de la Faculté de Genève. Agrégé à la Faculté de médecine de Bruxelles SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION R. CRUCHET Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Bordeaux. < 8 volumes in-8 de chacun 500 pages avec figures. T. 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BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Hautefeuille, à Par TRAITÉE D’ HYGIÈNE. Publié en fascicules SOUS LA DIRECTION DE MM. A. CHANTEMESSE E. MOSNY PROFESSEUR D'HYGIÈNE MÉDECIN À ALA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS R ? DE L'HÔPITAL SAINT-4NTOINE MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE Avec la Collaboration de MM. ACHALME. — ALLIOT. — ANTHONY. — BLUZET. — BONJEAN. — BOREL. - BOULAY. — BROUARDEL. — CALMETTE. — CHANTEMESSE. — CLARAC. — COURMONT (J.). — COURTOIS-SUFFIT. — DOPTER. — DUCHATEAU. — DUPRE. — FONTOYNONT. — GÉNÉVRIER. — IMBEAUX. — JAN. — JEANSELME. — KERMOR- GANT. — LAFEUILLE. — LAUNAY (DE). — LECLERC DE PULLIGNY. — LESIEUR,. — LEVY-SIRUGUE. — MARCH. — MARCHOUX. — MARTEL. — MARTIN. — MORAX. — MÉRY. — MOSNY. — NOC. — OGIER. — PIETTRE. — PLANTE. — POTTEVIN. — PUTZEYS. E. — PUTZEYS. F. — REY. — RIBIERRE. — ROLANTS. — ROUGET. — SERGENT. — SIMOND. — THOINOT. — WIDAL. — WURTZ. 1. Atmosphère et climats, par les D's Courmonr et Lesieur. 124 pages, avec 27 figures et 2 planches coloriées......................., 3fr. » 2. Le sol et l’eau, par M. pe Lauxay, E. Marrez, Ocier et BoNEA\. 460 pages, avec 80 figures et 2 planches coloniéess Er ARS 10 fr. » 3. Hygiène individuelle, par Anrnony, Brouarner, Dupré, RIBiERRE, Bouray, Morax et LarEuILLE. 300 pages avec 38 figures... .... 6 fr. 4. Hygiène alimentaire, par les Drs Roucer et Doprer. 320 pages...... 6 fr. RAIN A0" L'RABDHOTION, LAINE OT PNR METRE Dany Slans scolaire. nd TS NO D AOC ERA AGfr. » 7. Hygiène industrielle, par Leccerc pe Pucucny, Bouuux, Courrois- SUFFIT, LEVY-SIRUGUE et CourMoNT. 612 pages, 85 figures......... 12fr. » 8. Hygiène hospitalière, par le Dr L. Mann, 255 pages avec 44 figures... Gfr. » 9. Hygiène militaire, par les Ds Roucer et Dorrer. 348 p. avec 69 fig.... 7fr. 50 10. 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Etiologie et Prophylaxie des maladies transmissibles par la peau, par ACHALME, SERGENT, MARCHOUX, SIMOND, THOINOT, RIBIERRE, LEVADIMI, JEANSELME, Moucuorre. 720 pages, 200 figures. :..., MR CROP 46 fr. IS. Etiologie et Prophylaxie aes malaaies transmissibles, par Jeanserme, AELSCH, RENAULT, DortEer, Tuoinor, RIBIERRE, BEZANCON, DE Jonc, CLAIR. . he Ab et ie TR er re Se DEN POP RES 10 :fr2 25% 19 - Administration sanitaire: :..:,,221.:1 PR SONORE 20, “Hy£iène sociale: ,..:.2::.2,.,.. 6070 000005 NO ONE RRRRRES CHAQUE FASCICULE SE VEND SÉPARÉMENT Chaque fascicule se vend également cartonné avec un supplément de 1 fr. 50 par fascicule. Les fascicule parus sont soulignés d’un trait noir \ r BACTÉRIOLOGIE = — ot = < ee eu ea E < au Emi gite DU MÊME AUTEUR, À LA MÈME LIBRAIRIE TRAITÉ PRATIQUE DE BACTÉRIOLOGIE 6° édition Ce traité sera complet en 2 volumes. ATLAS DE MICROBIOLOGIE 712 planches d'après nature, imprimées en 8 couleurs, cartonné. Spirille de Finckler. Spirille de Metchnikoff. Spirille du choléra. Spirochète de la syphilis. Cladothrix chromogenes. Cladothrix divers. Actinomyces. Pied de Madura. Farcin du bœuf. Cladothrix divers. Farcin du bœuf. Actinomyces. Proteus vulgaris. Bacillus Zop fi. Bacillus mycoides. Bacillus megaterium. Bacillus subtilis. Bacillus mesentericus ruber. Bacille fluorescent liquéfiant. Bacille fluorescent non liqué- fiant. Bacille de la septicémie gan-| greneuse de la grenouille. Bacillus rosaceus metalloides. Bacille bleu de l'eau. Spirilles. — Leptothrix. — Sarcine. Pourriture d'hôpital. — Fièvre jaune. — Pelade. Pseudo-tuberculoses. Phagocytose et Inclusions cellulaires. Bactéries diverses de l’eau; cultures sur plaques. Ferments acétiques. Muguct. — Levures. Hématozoaires. Coccidies. Pseudo-tuberculose à oïi- dium. Blastomycoses. TrypanosomesetPiroplasmes. Sporotrichoses. Dysenteries. Bacille de la peste. Bactéries des eaux. Un vol. gr. in-8, Sommaire des planches : Planches. Planches. I. Bacille de la tuberculose. XXXV. Il. —- _ — IL. —- _ — Ibis, — pseudo-tuberculeux. XXXVbis. IV. — du charbon. XXX VI. Ve — — XXX VII, DU — de la diphtérie. XXX VIII. MIT: -- — XXXIX. VIII. Staphylocoque doré. IX. Streptocoque pyogène. XL. X. Bacille typhique. KI: —— — XLI. XII. Colibacille. XLIT. XIbis, Différenciation du colibacille XLIII. et du bacille typhique. XLIV. XIII. Pneumocoque. XLV. XIV. Pneumobacille. XLVI. XV. Bacille de la morve. XLVIT. XVI. Vibrion septique. XLVIIT. XVII. Bacille du tétanos. XVIII — du charbon sympto- XLIX. matique. XIX. Bacille pyocyanique. L. XIXbis. _ — LI: XX. Bacille de la lèpre. Gonocoque. LIT. Méningocoque. XXI. Tétragène. ( LIII XXII. Bacillus lactis aerogenes. XXIITI. Choléra des poules. LIV. XXIV. Bacille du rouget du porc. LV. Septicémie de la souris. Pneumo-entérite du porc. LVT. XXV. Peste. Influenza. Chancre mou. Mammite. LVIT XXVI. Micrococcus prodigiosus. LVTIT. XXVII. Bacille du lait bleu. LIX.: XX VII — . violet. LX. XXIX — polychrome. EXT. XXX. Bacillus chlororaphis. XXXI. Ascobaclerium luteum. LXII XXXIIL Spirille du choléra ; cul- LXIIT tures. LXIV XXXIIT. Spirille du choléra : prépara- LXV tions microscopiques. LXVI XXXIV. Choléra et Vibrions cholé- LX VIT riques. LXVIIT LES SUBSTANCES ALIMENTAIRES sur Je vin de M. L. Pasreur, et 408 figures dans le texte ET DE LEURS FALSIFICATIONS. Un vol. in-8, 512 pages, avec 24 planches coloriées, dont 8 reproduites d’après les Sr 10817, — Corgerr.. Imprimerie Év. Créé. ÉTUDIÉES AU MICROSCOPE SURTOUT AU POINT DE VUE LE LEURS ALTÉRATIONS 4 fr. ft I\NNY (NW TRAITÉ PRATIQUE BACTEÉRIOLOGIE PROFESSEUR D'HYGIÈNE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DIRECTEUR DE L'INSTITUT SÉROTHÉRAPIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE NANCY SIXIÈME ÉDITION MISE AU COURANT DES TRAVAUX LÉS @PLUS/RÉCENTS I MORPHOLOGIE ET BIOLOGIE GÉNÉRALES TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE CLASSIFICATION ET DESCRIPTION IN COCCACÉES: II. — BACTÉRIACÉES : ; Bacilles du charbon, de la tuberculose, de la lèpre, de la morve et de la diphtérie. Avec 284 figures dans le texte, noires et coloriées ACT ee NACRE CALE) BY en (7ex (a Le à p : ET ga a ET .. 0e »'6 eo ae o/etole es attre ue PARIS 3/ LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE er FILS 241 y 19, rue Hautefeuille, près du boulevard Saint-Germain 1 | 1912 el Tous droits réservés. “ < NT Ur 1 Ds PRÉFACE F4: Je présente au public la sixième édition du TRAITÉ PRATIQUE DE BACTÉRIOLOGIE, paru une première fois en IS88, et auquel la bien- à veillance de mes lecteurs à valu un accueil qui m'a véritablement fait honneur. Je mesuis appliqué à le tenir au courant des meilleurs travaux récents, faits dans une science qui à une aussi rapide extension. ni 4 Les notions mises en lumière depuis plus d'un demi-siècle par É les travaux de Pasteur sur les Microbes ont conduit à des idées ÿ toutes nouvelles sur le rôle que jouent dans le monde ces êtres > inférieurs et, en particulier, sur la place importante qui doit leur e être réservée dans l'étude de la médecine. ‘1% Certes, ils sont intéressants et utiles les phénomènes de décom- Le position, de fermentation et de putréfaction que certains de ces êtres provoquent journellement sous nos yeux, en accomplissant, dans l'équilibre de la vie dans le monde, un rôle si important, et _ dont l’homme, pour certains d’entre eux, a su tirer si grand profit: mais combien plus importants encore pour le médecin sont les changements profonds que peut produire dans l’économie la pré- sence d'autres organismes très voisins des premiers. Ce sontlà des notions qui ont profondément modifié les données relatives à l’étio- logie et à la pathogénie des maladies infectieuses. En présence d'idées aussi spéciales, il est bien permis d’hésiter. La médecine a été bouleversée par tant desystèmes, qui ont disparu faute de bases assez solides, qu'il est toujours sage de pratiquer le doute scientifique dans ces conditions. Il faut bien certainement se garder d’un enthousiasme excessif, mais aussi d’un scepticisme poussé trop loin, et aborder ces études en prenant pour guide, ici surtout, les principes si féconds de la méthode expérimentale, « ce _ raisonnement à l’aide duquel nous soumettons méthodiquement _ nos idées à l'expérience des faits (1) ». * (1) CI. Bennar», Introduction à l'élude de la médecine expérimentale, p. 7. VI PRÉFACE. L'importance de l'étude des Microbes se confirme tous les jours. Pour la médecine, en particulier, elle a largement contribué à éclairer l'étiologie si obscure d'affections redoutables, et permis de poser des conclusions hvgiéniques dont on a pu déjà apprécier 8 Ja ap la grande valeur pratique ; les méthodes de vaccination et de sérothérapie ont fourni des résultats positifs précieux. Aussi doit- on s’applaudir d’en voir l'enseignement gagner du terrain et prendre sa place officielle dans les programmes de loutes nos Facultés de médecine. Il est, dès lors, d'un grand intérêt de faire connaître le mieux possible les méthodes bactériologiques. Aussiavons-nous cru faire œuvre utile en publiant ce livre, que nous nous sommes efforcé de rendre clair et pratique. Rien n'a été négligé pour atteindre ce but. Un grand nombre de détails ont été donnés d’après nature; bien des chapitres ont été rédigés au laboratoire même. L'accueil qui lui a été réservé, depuis ses débuts, est la meilleure démonstration de l'utilité d'un tel travail. Le plan du livre était tout naturellement tracé. Avant d'aborder la partie descriptive, il est très utile de s’y préparer. Il eût été difficile de faire l'histoire des Bactéries actuellement connues sans exposer avec quelques détails les caractères géné- raux de ces êtres inférieurs, sans préciser ce que l’on sait aujour- d'hui de leur morphologie et de leur biologie. C'est ce qui est fait dans une PREMIÈRE PARTIE, en choisissant de préférence les exemples parmi les espèces intéressantes au point de vue médical ou faciles à se procurer. Les procédés divers, qui conduisent à l'isolement et à la culture des Bactéries, ainsi que les méthodes spéciales d'examen micro- scopique, ont été l’objet de soins tout spéciaux. C’est en effet le côlé le plus important de ces études, qui nécessite une pratique de quelque durée. L'exposition et la critique de ces questions forment tout naturellement une DEUXIÈME PARTIE. La description des espèces, qui forme la TrotsiÈME PARTIE, tient ici une grande place. Pour un tel ouvrage, il est certainement pré- férable de parler de beaucoup des espèces suffisamment décrites Jusqu'ici, en citer même certaines mal connues pour être complet. On reconnaîitra bien vite à la pratique que le reproche qui pourrait en être fait ne serait pas fondé ; l'utilité de tous les détails appa- rait clairement lorsqu'on se trouve aux prises avec une difficulté à résoudre. C'est du reste nécessaire pour l'étude des cas complexes. \- PRÉFACE. VII Cependant, le nombre des espèces nouvelles décrites dans ces dernières années devient si considérable, qu'il est nécessaire de se limiter et d'attendre souvent confirmation des données énoncées. Les espèces pathogènes, surtout, ont été l'objet d'une étude détaillée : leurs caractères ont été approfondis; le mode d'action dans l'organisme, leur préparation, leurs propriétés, leur culture el leur examen indiqués avec soin. Des tableaux de groupement ont été mis à la suite des genres les plus riches en espèces, permettant ainsi une détermination plus rapide et plus facile. Une QuarriëME PARTIE comprend l'étude bactériologique de quelques cas spéciaux du plus haut intérêt, l'air, l’eau, le sol, le corps humain, à l'état normal et pathologique. Pour cette der- nière question, en particulier, un Sommaire de Bactériologie clinique sera pour le médecin un guide commode à consulter. Dans le temps écoulé depuis l'époque de la première édition de ce livre, les progrès faits dans cette science, créée par notre illustre maître Pasteur, ont été considérables. Aussi, bien que pour les éditions ultérieures rien n'ait été modifié dans la disposition géné- rale de l'ouvrage, il a fallu faire des remaniements complets, de très nombreuses additionsnécessitées par les découvertesnouvelles. Les additions portent un peu sur toutes les parties du livre. Il fallait naturellement indiquer les nouvelles méthodes d'observation et les perfectionnements d'anciennes ; il fallait surtout insister sur les actions biologiques si importantes etsi complexes, donner une large place à l'étude de ces curieuses substances que produisent les Bactéries dans les milieux oùelles vivent, milieux de culture ou organismes vivants, et à l'application de certaines d'entre elles au diagnostic et à la thérapeutique humaine où animale; voir aussi tout ce qui peut être mis en œuvre par l'organisme pour se défendre contre l'atteinte du microbe, cette question de terrain tendant certainement à gagner une grande importance ; étudier enfin un nombre respectable d'espèces décrites par les chercheurs de tous pays qui s'adonnent avec tant d'ardeur à cette science. Ceci a été fait en s'efforçant de conserver les lignes générales et prin- cipalement le caractère pratique qui a attiré au Traité de Bactério- logie des appréciations si flatteuses. Ces raisons suffisent amplement, il semble, pour justifier lex- tension qu'a prise ce livre, que l’auteur aurait préféré plutôl conserver court en condensant certaines parties. Il a dû forcément l’'augmenter pour rester clair, pensant qu'un tel exposé doit être VIII PRÉFACE. avant tout complet pour être facile à comprendre et fructueux pour l'étude. ; Pour en faciliter l'usage, le livre a dû être divisé en deux volumes. Un premier volume comprend les généralités sur la morpho- logie et la biologie des Bactéries, la technique bactériologique et le commencement de la description des espèces, l'étude des Coccacées et celle de cinq espèces importantes de Bacilles, les Bacilles du charbon, de la tuberculose, de la lèpre, de la morve et de la diphtérie. Le second volume renferme l'étude de la plupart des espèces des Bactériacées, l'étude bactériologique de milieux importants, l'air, l'eau, le sol, le corps humain, et un sommaire de Bactério- logie clinique. Dans la détérmination et l'étude des espèces, des types prinei- paux surtout, de bonnes figures sont d'un très grand secours. Aussi, comme véritable complément de ce livre, aidé par l'intelligente initiative de nos sympathiques éditeurs, avons-nous publié un Atlas de Microbiologie de soixante-douze planches reproduites en couleurs et en phototypie, représentant les principales espèces microbiennes qui peuvent intéresser. La plus large part y est réservée aux Bactéries, surtout aux Bactéries pathogènes, comme il est facile de s’en rendre compte dans le sommaire des planches exposé ci-contre au titre du livre. E. MACÉ. Institut d'Hygiène et de Bactériologie de la Faculté de médecine de l'Université de Nancy. TRAITÉ PRATIQUE DE BACTÉRIOLOGTE INTRODUCTION 1. HISTORIQUE La connaissance des êtres microscopiques a naturellement marché de pair avec l'invention des systèmes optiques grossissants deslinés à les rendre visibles. Aussi, si la croyance que l'air et l'eau fourmillent d'êtres de petite taille se retrouve souvent dans la doctrine des anciens, elle ne pouvait s'affirmer el passer dans le domaine de l'observation et de l'expérience qu’à partir du moment où des combinaisons de lentilles assez perfectionnées permirent d'étudier de visu ces petits êtres. C’est le naturaliste hollandais Leeuwenhoeck (1632-1723) (1), de Delft, qui, au grand étonnement du monde savant de son époque, démontra l'existence d'organismes vivants dont la petitesse avait défié jusqu'alors la sagacité des curieux de la nature. Il usait pour les observer de petites lentilles simples, biconvexes, fixées dans une monture d'argent. Pour déterminer leur grandeur, il les comparait à un grain de poussière de un quart de millimètre, en examinant les deux objets avec la même lentille. Malgré l’imperfection si grande de ses procédés d'observation, il a reconnu et décrit sommairement plusieurs espèces de Bactéries et a laissé entrevoir le grand rôle que ces êtres pouvaient jouer dans les phénomènes de putréfaction et de décomposition. Il en a signalé la pré- sence dans l’eau, les infusions végétales, dans l'intestin des mouches, des grenouilles, du poulet, dans les matières intestinales de l'homme, où il a fort bien reconnu leur augmentation très notable dans les cas de diarrhée, premier appoint à la pathologie humaine, dans le tartre dentaire et dans la salive. Il a décrit des formes en bâtonnets, en longs filaments droits ou courbés, en tire-bouchon; plusieurs lui ont montré des mouvements très manifestes. C'était beaucoup pour le temps et surtout les moyens d'investigation si imparfaits dont disposait Leeuwen- hoeck ; aussi ne sait-on vraiment ce qu'on doit le plus admirer, de la nouveauté et de la netteté des résultats annoncés ou de l’habileté de l’expérimentateur. Après Leeuwenhoeck, l'étude de ces êtres inférieurs fut délaissée, (1) Lezuwenxorcx, Arcana naluræ detecta. Lugduni Batavorum, 1680. Macé. — Bactériologie, 6e édit, 1 , ” - the ARE TAN ENNE LL Ve 2 INTRODUCTION. À PS * l'emploi du microscope simple n'en permettant que fort difficilement l'observation. La découverte du microscope composé fit faire un grand RC pas à cette partie de la science de la nature. Ur, Otto Frédéric Müller (1) l’appliqua le premier à la connaissance des ps êtres inférieurs el le fit servir à leur description et à leur classification. : | Il réussit, et ceci à sa grande gloire, à mettre un ordre relatif dans ce fouillis d'êtres microscopiques, que le grand Linné lui-même avait cru Lee devoir laisser de côté et pour lesquels il avait créé son genre Chaos, vé- < ritable capul mortuum où se trouvaientréunis des êtres et des choses bien dissemblables, avouant ainsi très simplement son ignorance en cette 2 partie. E Müller répartissait les Bactéries dans les deux genres Monas et Vibrio, F dont les dénominations subsistent encore. Les espèces du genre Wonas, incomplètement décrites et mal figurées, sont peu reconnaissables; deux de ces espèces, sur dix qu'il renferme, sont bien certainement de courtes Bactéries en bâtonnets. Dans le genre Vibrio, il décrit trente et : une espèces, dont six seulement sont des Bactéries véritables. On trouve réunis là des Algues Diatomées et Desmidiées (son Vibrio lunula est un Closterium), des Infusoires Flagellés (son Vibrio acus est un Euglénien), des Infusoires Ciliés (des Paraméciens) et des Nématodes (Ang uillules). Lamarck | (2), Bruguière (3) et Bory de Saint-Vincent (4) se bornèrent à reproduire, intactes ou peu modifiées, les données du naturaliste danois, qui firent ainsi loi pendant près d’un demi-siècle. , Ebrenberg, usant d'instruments perfectionnés, fit faire de grands progrès à l'étude des êtres microscopiques. On trouve dans son grand ouvrage, Die Infusionstierchen als volkommene Organismen(Berlin, 1833), des résultats bien supérieurs à ceux énoncés par ses devanciers. Il sépare les êtres qui nous occupent de ceux bien différents qui en avaient été rapprochés, et les réunit dans sa famille des Vibrionia, qu'il caractérise de la facon suivante: « Animaux filiformes, sans intestin, nus, sans EE organes externes, réunis en chaînes ou séries filiformes par l'effet d’une division spontanée incomplète ». Cette famille comprenait les quatre ah genres suivants : Bacterium : Bâtonnets rigides à mouvement vacillant. Vibrio : Corps filiforme, susceptible de mouvements ondulatoires comme un serpent. Spirillum : Corps filiforme, en hélice, inflexible, Spirochæle : Corps en hélice, formant un long cordon flexible. PROC Dujardin (5) reprend, en les modifiant peu, les idées d'Ehrenberg. Il = donne des détails nouveaux et intéressants sur le développement des “à Bactéries dans diverses infusions et sur la manière de les obtenir et de LR les étudier. Des quatre genres d'Ehrenberg, il n’en garde que trois,ên réunissant le genre Spirochæle au genre Spirillum, fusion qui a été J) Orro Fr. Murzer, Vermium terrestrium et fluviatilium Historia, 1774, et Ami- dre malcula infusoria fluvialilia et marina, 1786, D (2) Lamarnck, Histoire des animaux sans vertèbres. Paris, 1815-1819, et 22 édition LA par Deshayes et Milne-Edwards, Paris, J.-B. Baillière, 1835-1845. re (3) Brueuiinre, Encyclopédie méthodique. Paris, 1824. (4) Bony pe Saixr-VixcexT, Encyclopédie méthodique. Paris, 1824. (5) F. Dusamnix, Histoire naturelle des Zoophytes, Infusoires. Suites à Buffon. Paris, 1841. HISTORIQUE. | 3 approuvée depuis par bien des observateurs, les caractères distinctifs de ces deux genres n'ayant qu'une valeur relative d'ordre partrop secondaire. Les résultats obtenus à cette époque élaient sérieux et pour beau- coup à conserver ; certains d'entre eux ont élé bien des fois confirmés et se retrouvent encore dans les meilleurs travaux actuels. Le micro- scope achromatique se perfectionnait de jour en jour et permettait alors, surtout entre les mains d’observateurs expérimentés comme Dujardin, d’énoncer des conclusions que l’on pouvait considérer comme fortement appuyées, sinon tout à fait certaines. Jusqu'alors, l'apparition de ces êtres si simples, de ces animalcules, comme on disait à l'époque, dans les infusions, était regardée comme un simple phénomène fortuit. On observait en même temps des altérations très appréciables des milieux en question, mais on était loin de suppo- ser qu'il y avait entre ces deux ordres de faits des rapports si étroits, des rapports de cause à effet. Si même on cherchait à rapprocher l’une de l’autre ces deux manifestations d'un même phénomène, c'était pour faire dépendre la seconde de la première, se faisant ainsi une loi de l’ancien adage : Corrupdio unius, generaltio allerius. Et si Leeuwenhoeck avait constaté l'augmentation considérable des êtres microscopiques des selles dans les cas de diarrhée. si bien des savants, Linné entre autres, étaient portés, par de simples vues de l'esprit, il faut le dire, à considérer ces Vibrions comme des éléments de contage dans plusieurs états pathologiques, rien de positif n'avait été avancé, aucun fait ne venait étayer ces suppositions toutes gratuites. Les esprits étaient si peu tournés de ce côté que Davaine et Rayer (1), e- en 1859, signalent, tout simplement comme un fait curieux et sans y Br | attacher grande importance, la présence d’une Bactérie en bâtonnets dans le sang des animaux morts de la curieuse maladie appelée sang Me: de rate. + _ Déjà cependant, dès 1831, Braconnot, remarquant que certaines sub- de stances, telles que le chlore, l'acide sulfureux, l'acide nitrique, em- AE ployées comme destructeurs des agents, tout à fait inconnus alors, des …_ maladies contagieuses, possédaient aussi des propriétés antifermentes- ‘2 cibles énergiques, concluait au rapprochement de la contagion et de la fermentation. Dans le même ordre d'idées, Cagniard-Latour (2), étu- diant la fermentation vineuse, proclamait qu'elle n’était qu'une con- séquence de la végétation et de la vie des globules de levure que l’on observait toujours dans le liquide sucré qui se transformait. Arrive la période actuelle. C'est à Pasteur que revient le grand hon- neur d’avoir établi avec certitude les connexités étroites ou les rapports de causalité qui unissent les altérations de certains liquides, certaines fermentations, au développement et à la vie, dans leur intérieur, d'êtres vivants des plus simples, de Bactéries. C’est dans son travail sur Ja fermentation lactique qu'il a posé les premières bases certaines de l'étude physiologique de ces êtres (3). Ce qu'il avait démontré pour (1) Rayer, Inoculation du sang de rate (Mém. de la Soc. de Biol., 1850, p. 141). 2 (2) Cacnrarp-Larour, Mémoire sur la fermentation vineuse (Ann. de chim. et de Dhys., 2° série, XXVIIE, 4828), (3) Pasreur, Mémoire sur la fermentation appelée lacliqué (Ann. de chim. et de phys., 3° série, LIL, p. 404}: 4 INTRODUCTION. cette fermentation, il l’étendit à d'autres ‘et arriva à en former cette suite d'études qui constitue une des plus belles gloires scientifiques de notre pays. Guidé par les principes que Pasteur posait en maitre, Davaine reprit les observations qu'il avait faites quelques années avant, avec Rayer, sur le sang de rate, et parvint à établir, par des séries d'expé- riences et une suile de déductions habiles (1), que la maladie reconnais- sait bien certainement pour cause les Bactéries que l'on trouve en grande abondance dans le sang des moutons morts ou malades. Pasteur avait créé la physiologie des Bactéries ; Davaine venait ainsi de fonder la pathologie bactérienne. Pasteur (2) bientôt montre la voie à suivre, en élucidant dans tous leurs détails deux terribles maladies des vers à soie, la ruine des éleveurs, la pébrine, causée par des microorganismes de la classe des Sporozoaires, et la flacherie, d'origine manifestement bactérienne. Ce sont les pre- mières études complètes d'une affection contagieuse ; on y puise encore aujourd'hui de remarquables enseignements, on en tire de lumineuses conclusions relatives à l'étude de maladies reconnues depuis de même origine, où se trouvent aussi en présence ces mêmes questions de con- tagion, de réceptivité, de milieu, d’hérédité, qui jouent un si grand rôle dans l’étiologie et la pathogénie des maladies infectieuses. Coze et Feltz (3), peu après, montraient que les profonds change- ments du sang, dans les maladies infectieuses humaines, étaient dus aussi à des Bactéries, et donnaient une étude magistrale d’une de ces affections les plus terribles, la seplicémte. Les plus belles applications de ces idées fécondes se trouvent sans contredit dans les recherches sur la maladie charbonneuse, où des maîtres tels que Pasteur et Koch ont mis tout leur savoir et sont arrivés à faire de l’étude de cette maladie « la base de la doctrine parasitaire des maladies contagieuses (#) ». Les progrès de cette science ont été si rapides qu'il serait très long et difficile d'en donner une histoire tant soit peu complète. Autour de chacun des deux grands noms que nous venons de citer, 1l s'est formé une véritable école d'où est issue une pléiade de travailleurs assidus ; beaucoup ont conquis dans la science une illustration méritée : leur nom se rencontrera en bien des pages de ce livre. 2. DE LA PLACE DES BACTÉRIES PARMI LES ÊTRES VIVANTS Pour les premiers observateurs cités, Müller, Ehrenberg, Dujardin, les Bactéries faisaient, sans aucun doute, partie du règne animal; la motilité bien évidente des quelques espèces connues et décrites était, à leurs yeux, un caractère qui devait forcément manquer à la plante. Plus tard, lorsque Davaine eut prouvé, en étudiant la Bactérie du charbon, l'immobilité absolue de certaines espèces dans tout le cycle de leur exis- (1) Davanne, Recherches sur le sang de rate (C. E. de l’'Acad. des sce., 1863 et 1864). Réimprimé dans « l'Œuvre de Davaine ». Paris, J.-B. Baïllière, 1889, 1 vol. in-8. (2) Pasreur, Études sur la maladie des vers à soie. Paris, Gauthier-Villars, 1869, (3) Coze et Fevrz, Recherches cliniques sur les maladies infectieuses. Paris, J.-B. 3aillière, 1872. ; (4) Srraus, Le charbon des animaux et de l'homme. Paris, 1887. DE LA PLACE DES BACTÉRIES PARMI LES ÊTRES VIVANTS. 5) tence, espèces qui, sans conteste, ne pouvaient en rien d'autre être distinguées des voisines, el que la moulité ne paraissait plus être le propre de l'animal, les idées changèrent. Davaine (1) en fait des Algues voisines des Oscillaires, auxquelles les rattachent les Begqiatoa ou Sul- furaires. Rabenhorst (2) partage cette opinion et les classe dans sa tribu des Oscillariées. Depuis lors, la plupart des naturalistes sont unanimes à les placer à la base du règne végétal. Cependant, ici surtout, aucun des caractères que l'on peut donner comme raison ne doit être considéré comme critérium d’une valeur absolue: il faut plutôt s'appuyer sur un ensemble de faits, sur une impression g générale, que sur telle ou telle particularité semblant trop exclusive à une étude peu approfondie. Hæckel (3) range les Bactléries parmi ses Prolisles, à côté des Monères; Pasteur les a longtemps regardées comme des /nfusoires, à l'exemple des premiers observateurs cités. Cette dernière opinion paraît toutefois recevoir confirmation de récentes recherches sur la structure intime des éléments cellulaires des Bactéries. Les travaux de de Bary (4), Balbiani (5), Künstler (6), Bütschli (7) ont conduit ces observateurs à rapprocher les Bactéries des Flagellés. Il faut reconnaitre que les raisons qu'ils mettent en avant sont excellentes. Les uns, Van Tieghem (8) entre autres, les classent dans les Algues, à côlé des Oscillariées et des Nostoccacées, où elles forment une série paral- lèle dépourvue de chlorophylle. Un des grands arguments qui servent à étaver cette combinaison est la présence, chez quelques espèces de Bactéries, de pigment vert qu’on a hâtivement et sans preuves rapproché de la chlorophylle, et les rapports que présentent avec certaines Algues quelques espèces tout à fait aberrantes qui sont probablement à séparer du groupe. Il est peut-être plus rationnel, avec Naegeli, de Bary, Cohn, etc., d’en faire des Champignons. Ils se rattachent à ces végétaux par le manque de chlorophylle et par toute une série de propriétés biologiques. Les fermentations les rapprochent des Saccharomycètes, dont les éloigne toutefois leur genre de reproduction végétative, les Levures se multi- pliant par bourgeonnement et les Bactéries par division. C’est cette dernière particularité qui leur a fait donner par Naegeli le nom de Schizomycèles CEE diviser : BIANE, champignon), et par Cohn celui de Schizophyles (syitew, diviser ; guréy, plante). Quoi qu'il en soit, quelle que soit la place que l’on veuille assigner au (1) Davaixe, Recherches sur les Vibrioniens (C. R. de l'Acad. des sc., 1864). Voy. aussi « l'OŒEuvre de Davaine ». (2) Rauexuorsr, Flora europæa Algarum, 1865. (3) Hæcxer, Le règne des Protistes, traduit par J. Soury. Paris, 1879. (4) DE Banrx, Morphologie und Biologie der Pilze, Mycetozoen und Bacterien. Leipzig, 1884. (5) BazBranr, Journ. de micr., 1886 et suiv. (6) Künrscer, De la position systématique des Bactériacées (Journ. de micr., 1885). (7) Bürscnur, Ueber den Bau der Bacterien und verwandter Organismen. Leipzig, 1890. (8) Van Tiecnem, Traité de botanique, p. 1109. 6 INTRODUCTION. groupe des Bactéries, il est de toute nécessité de fixer son étendue et de préciser ses caractères. Aussi le nom de Bactéries, proposé par Cohn en 1872, semble-t1l à préférer aux autres, en particulier à des dénominations beaucoup plus vagues, englobant des êtres tout à fait dissemblables. Le rôle de ces espèces est en effet trop spécial, leur cons- titution assez différente, pour les laisser confondues avec d’autres êtres inférieurs. Le nom de Microbes, proposé par Sédillot en 1878, convient, en même temps qu'aux Bactéries, à des Levures, des Moisissures, à des animaux inférieurs, Infusoires ou autres; il en est de même du terme Wicroorga- nismes. L'histoire de chacun de ces groupes d'êtres est assez compliquée pour qu'elle gagne en certitude et en clarté à être séparée de celle de ses voisins. Il faut cependant convenir que des désignations générales, comme celles de Wicrobes, de Microbiologie, de Microbie, sont à conserver et souvent précieuses à employer, surtout lorsqu'on a en vue des êtres parfois très dissemblables systématiquement, mais que rapprochent cer- taines de leurs propriétés biologiques. Si l’on mesurait l'importance de certains êtres à leurs dimensions, il est cerlain que les nôtres tiendraient un rang bien infime dans la série des organismes vivants. On arriverail à un même résultat en mettant en ligne la constitution de leur corps cellulaire. Si, au contraire, on s'attache aux actes biologiques qui nous frappent, on arrive à leur reconnaître une importance de tout premier ordre, quand on voit quelle est la diver- sité des réactions vitales qui nous sont manifestées, quelle est la disper- sion étonnante de beaucoup de ces espèces et de quels phénomènes, en apparence secondaires, beaucoup d'entre elles viennent compliquer les actes vilaux que nous considérons comme normaux. On en sera con- vaincu lorsqu'on connaîtra plus loin le rôle immense que les Bactéries jouent dans le monde organique vivant ou mort. 3. ORIGINE DES BACTÉRIES L'apparition rapide des Bactéries dans les liquides nutritifs purs en apparence, effet de la grande dispersion de ces êtres, a été une des prin- cipaies objections des partisans de la généralion spontanée. Perdant pied à pied du terrain au fur et à mesure que l'observation et l'expérimen- lation prenaient place dans les sciences, cette doctrine eut comme un renouveau lors de la découverte du microscope et des infiniment petits dont il révélait la présence. Redi venait de prouver l’inanité de cette théorie qui faisait naître directement des matières corrompues les Insectes el les Vers intestinaux (1) et avait ainsi apporté une preuve éclatante à la fameuse loi de la génération : Omne vivum ex ovo, émise peu de temps avant par Harvey, qui devait se confirmer plus tard pour tous les êtres. Battus sur ce terrain, les hétérogénistes descendirent de plusieurs degrés dans la série des êtres vivants : ils se retranchèrent der- rière les phénomènes si obscurs encore de la généralion de ces animaux microscopiques, el là se crurent, en toute bonne foi, parfaitement inexpugnables. Pour eux, les matières albuminoïdes des infusions, qui provenaient 1) Repr, Esperienze intorno alia generazione degli insetti. Firenze, 1688. ORIGINE DES BACTÉRIES. % de la décomposition d'êtres vivants, conserveraient un restant de force vitale qui leur permettrait de s'organiser à nouveau lorsque des condi- tions extérieures favorables se présenteraient. Ces conditions étaient surtout, on le sait, la chaleur, l'humidité, l'air. C'était, pendant la dernière moitié du xvi siècle, la théorie du savant anatomiste hollandais Needham (1), admise et tant prônée par Buffon qui y trouvait un appui pour sa théorie des molécules organiques, et critiquée point à point avec succès par Spallanzani, dans des débats restés mémorables (2). Ce fut, à notre époque, celle de Pouchet, Joly, Trécul, savants de haut mérite, auxquels Pasteur répondit si victorieu- sement. Pour Pouchet (3), la pellicule proligère, que l'on voit rapidement se former à la surface des infusions organiques exposées à l'air, élait le lieu où les germes se formaient de toutes pièces, « comme les germes dans le stroma de l'ovaire des Vertébrés ». D'où seraient venus, du reste, les êtres qu'il observait dans ses infusions, puisque, selon lui, l'air n'en renfermait qu'exceplionnellement les germes ? On trouvera dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences et dans les Bulletins de l'Académie de médecine, depuis l’année 1863, la série des débats passionnés qu'a soulevés cette question de la génération spon- lanée, et l'exposé des remarquables expériences sur lesquelles Pasteur s'est basé pour la réfuter en toute assurance. De ces expériences (4), qui sont, on peut le dire, le point de départ d'une science nouvelle, le Maitre a tiré les conclusions suivantes, qui meltent à néant les assertions multiples des hétérogénistes: 1° Un liquide stérilisé placé à l'abri des impuretés atmosphériques ne présente jamais de ces Bactéries ; 2 Les poussières seules de l'air provoquent l'éclosion de ces Bactéries; 3° L'air débarrassé de ces corpuscules est impropre à féconder les infusions. | On verra les importants résultats théoriques et pratiques qu'a donnés l'application de ces principes. La doctrine de la spontanéité, vieille de près de deux mille ans, puisqu'on la trouve clairement exposée dans Lucrèce (5), peut, dès lors, être considérée comme une illusion, dans l’état actuel des choses au moins, et les débats clos par ces paroles de Pasteur: « J'ai cherché pendant vingt ans la génération spontanée, ma conclusion a été que celte doctrine est chimérique. » (Bulletin de l'Académie de médecine, 16 juillet 1878.) Il reste à citer. pour mémoire, la théorie des Microzymas de Béchamp. | Ù l C'est le nom que ce savant chimiste donne aux granulations amorphes te) (1) Neepnam, Découvertes faites avec le microscope. Leyde, 1747. (2) SPazzawzanr, Opuseules de physique animale et végétale, traduit de l'italien par Jean Sennebier. Paris, 1777. (3) Poucuer, Hétérogénie ou Traité de la génération spontanée. Paris, J.-B. Bail- lière, 1850. (4) Pasreur, Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère, examen de la doctrine des générations spontanées (Ann. des sc. nal., Zool., # série, t. XVI, 1861, et Ann. de chim. et de phys., 1862). (5) Lucricr, De natura rerum, lib. Ve S INTRODUCTION. de toutes sortes, protéiques, amylacées, grasses, qui se remarquent, en très grande abondance souvent, dans tout protoplasma, animal ou végétal. Pour lui (1), ces Microzymas (urxoée, petit; Cüun, levain, ferment) sont « la forme vivante, réduite à sa plus simple expression, ayant la vie en soi, sans laquelle la vie ne se manifeste nulle part ». « C’est l'unité vitale irréductible, physiologiquement indestructible, dont la cellule même est formée. » Après la mort de la cellule, ces organites s’épandent au dehors et donnent naissance, immédiatement ou longtemps après, à des formes vitales plus élevées, à des Bactéries. Les Microzymas sont répandus partout, n’attendent pour évoluer que des conditions favo- rables, ce qui explique la rapide apparition d'êtres inférieurs dans les liquides nutritifs abandonnés à l'air. Ils présentent une résistance énorme aux agents de destruction ; le temps lui-même, ce grand facteur du transformisme, n'a guère de prise sur eux, puisque l’auteur de la théorie en a trouvé abondamment dans le sein de dépôts de craie et au milieu de roches calcaires, enfermés là dès l'époque secondaire et atten- dant depuis des milliers de siècles les conditions nécessaires pour donner des Bactéries. Cette découverte des WMicrozymas géologiques (2) fait juger de suite la théorie. Il semble bien prouvé aujourd'hui qu'on n'observe d’apparition de >actéries, et en général d'aucun être vivant, dans des milieux nutritifs, liquides ou solides, que lorsqu'un individu d’une espèce, soit de la forme végétative ordinaire, soit de forme spéciale modifiée en vue d'une résistance plus grande aux agents nuisibles de la vie de l'espèce, la spore, arrive dans ce milieu, où il trouve des conditions favorables à sa multiplication. La petitesse, le nombre immense, l'aire de dispersion si étendue de ces êtres expliquent leur apparition rapide dans les expé- riences où l'on nes’est pas mis très rigoureusement à l'abri de l'invasion. C'est ce qui explique les résultats erronés des hétérogénistes ; c'est aussi la raison des expériences concluantes de Pasteur. On sait, en effet, que l’on rencontre partout de ces germes. Non seulement ils abondent dans l'air, dans l'eau, dans le sol, mais ils pullulent sur nous el autour de nous, dans tous les coins de nos demeures, sur nos habits, à la surface du corps et même normalement dans toutes les cavités naturelles du corps en libre contact avec l'air extérieur. Cette excessive dispersion est la cause de la difficulté que l’on a d'obtenir des milieux nutritifs qui en soient absolument dépourvus. Beaucoup n'’attendent, sur place, pour se multiplier et porter atteinte au fonctionnement de la machine animale, que des circonstances favo- rables à leur vie, circonstances qui varient suivant chaque espèce et suivant la nature physique ou biologique du milieu. Ce sont les espèces dites pathogènes. Lorsqu'elles sont introduites dans l'organisme, elles se développent à ses dépens, comme dans un simple milieu nutritif. Il se produit alors une véritable lutte pour la vie entre les cellules de l'être vivant et ces éléments étrangers qui cherchent à vivre en (1) Bécaawr, Les Microzymas dans leurs rapports avec l’hétérogénie, l'histogénie, la physiologie et la pathologie. Paris, J.-B. Baillière, 1883. (2) Bécnawr, Sur les Microzymas géologiques de diverses origines (C. R. de l'Acad. des sc., 1870, t. LXX, p. 941). ORIGINE DES BACTÉRIES,. 9 parasites. Si l'organisme réussit dans son effort pour éliminer les Bactéries, la guérison survient; s’il se laisse envahir, il succombe. Les espèces de ce groupe semblent avoir traversé sans varier les longues périodes qui séparent l’époque actuelle des temps anciens. Miller (1) a pu reconnaitre des filaments bien nets de Leptothrix buccalis dans le tartre dentaire des momies égyptiennes, Van Tieghem (2) retrouver la Bactérie de la fermentalion bulyrique, avec ses formes particulières, dans des minces coupes de bois silicifiés du terrain houiller de Saint-Elienne. Les recherches suivies de Renault (3) démontrent d’une facon indubi- table la présence fréquente de Bactéries dans les différentes couches géologiques fossilifères, en rapport intime avec les restes de plantes et d'animaux que l’on y rencontre. Ces Bactéries, par leurs rapports que l’on peut très bien saisir sur des coupes minces de débris silicifiés, paraissent avoir joué un rôle important dans les processus de décom- position dont ces corpsontétélesiège, tout comme aujourd'hui desespèces actuelles agissent, dans des condilions similaires, sur les débris ani- maux ou végétaux. Diverses espèces de Micrococcus paraissent surtout être fréquentes ; les formes bacillaires sont plus rares etsemblent ne se rencontrer qu'au milieu des tissus, pour faire penser que les Bacilles n’apparaissaient qu'à la fin des fermentations commencées par les Microcoques. La transformation des parois végétales en houille, en par- ticulier, peut bien avoir demandé, comme condition préalable, l’action sur les tissus des plantes des espèces bactériennes qui se rencontrent en grande abondance dans beaucoup des débris examinés. Ces microbes jouaient un rôle important dans la formation de la houille, des bogheads, des lignites, voire même des pétroles, et se retrouveraient encore actuel- lement dans les phénomènes similaires de la production de la tourbe. Il n'est guère possible de rapporter les espèces observées à celles qui existent aujourd'hui. Les noms de Micrococcus petrolei et Micrococcus lignitum ne peuvent être admis que comme problématiques, les carac- tères essentiels, les caractères culturaux et biologiques, ne pouvant être connus. On ne peut que constater quelques similitudes de formes. On vient de voir que Van Tieghem a trouvé dans des plantes de l'époque houillère des éléments semblables à ceux, bien caractéristiques, du Bacillus amylobacter. Renault a retrouvé dans des os, des écailles de poisson, des dents enfermées dans des coprolithes, excréments fossiles, des Microcoques et des Bacilles rappelant, par leurs formes et leurs dimensions, les Microcoques et les Bacilles décrits par Vignal, Galippe, Miller, et qui déterminent maintenant la carie des os et des dents. Les processus de décomposition actuels semblent donc se passer comme ceux d'autrefois. Peut-être même sont-ils sous la dépendance d'espèces microbiennes identiques, qui se seraient alors perpétuées dans (1) Muer, Der Einfluss der Microorganismen auf die Carie der Zähne (Arch. für experimentelle Pathologie, XVI, 1882). (2) Vax Tiscuew, Sur le ferment butyrique (Bacillus amylobacter) à l'époque de la houille (C. R. de l’Acad, des sc., 1879, t. LXXXIX, p. 1102). (3) Rexaurr, Bactéries des temps primaires (Bull. du Muséum d'hisl. nal., I, 1895). — Bactéries fossiles (C. R. de l’Acad. des se., CXX, 1895, p. 162; 1896, p. 953). — Bactériacées de la houille et des lignites (/bid., CXXUIH, CXXIV, 1897, p. 1315; CXXVI, 1898, p. 1828). — Recherches sur les Bactériacées fossiles (Ann. des sc. nal., Bol., 1896, IT, p. 175). 10 INTRODUCTION. = la longue série des âges sans subir demoditications. Ce sont là, il faut le reconnaître, des faits qui ne plaident guère en faveur du transformisme. 4. RÔLE DES BACTÉRIES DANS LA NATURE D'une facon générale, les Bactéries sont des agents de simplification moléculaire. Ce sont les grands modificateurs de la matière organique morte, des substances usées par la vie des êtres plus élevés, animaux ou plantes, toutes substances qui, sans eux, seraient immobilisées dans cet état sans possibilité de retour dans un circuit vital. Les Bactéries décom- posent ces produits, souvent complexes, en des composés plus simples dont les principaux sont l'acide carbonique et l’ammoniaque, facilement assimilables parles végétaux à chlorophylle ; elles sont, sous ce rapport, les compléments obligés de l'énergie solaire. Les-plantes vertes, orga- nismes de synthèse, réédifient, avec les matériaux simples qu'elles peuvent utiliser, de nouvelles molécules complexes, matières grasses, hydrocarbonées, albuminoïdes, qui peuvent alors servir d’aliment à l'animal. Celui-ci utilise ce qu'il y peut prendre d'énergie et rejette le reste sous une forme inutilisable pour la plante et l'animal. La matière fixée par le développement de la plante ou de l'animal doit aussi être modifiée; elle est sous forme solide, insoluble en partie dans l’eau, tou- jours impropre à nourrir un végétal. Les éléments utilisables existant dans le monde, ne se renouvelant pas puisqu'ils resteraient fixés, seraient bien vite usés, la vie deviendrait impossible. C'est cette solubilisation, cette désagrégation, ce retour à des formes simples, utilisables pour la plante, qui sont opérés, d'une façon on peut dire exclusive, par la vie microbienne. Ce rôle d'agents de décomposition au premier chef peut faire ‘penser que la véritable fonction des Bactéries dans la statique du monde vivant est d’être des organismes saprophyles (surgos, putride; oÿroy, plante), s’attaquant à la matière organique morte ; leurs autres fonctions seraient secondaires et acquises. En particulier, les espèces actuellement patho- gènes se seraient adaptées à la vie parasilaire : les unes incomplètement, pouvant encore jouer le rôle ordinaire et ne vivant en parasites que par occasion; les autres complètement ou à peu près, tellement leur adap- tation a été parfaite et parce qu'elles ne retrouvent que bien difficilement dans le milieu extérieur les conditions de vie qu'elles se sont rendues nécessaires. On verra du reste plus loin que des microbes pathogènes vrais sem- blent pouvoir revenir au type de saprophytes purs, en perdant toute action pathogène appréciable. D'autre part, les expériences de Charrin et de Nittis (1), celles plus récentes de Vincent (2) permettent d'admettre que des saprophytes avérés, types, peuvent, dans des conditions favo- rables, commencer à s'adapter à la vie parasitaire et acquérir un pou- voir pathogène indéniable. D'ailleurs, bien des espèces, tenues comme uniquement saprophytes, forment des produits nuisibles, véritablement toxiques, agissant ainsi comme les espèces parasites reconnues et for- mant un lien, une transition toute naturelle entre les deux groupes. (1) Cuarmix et ve Nirris, Un Bacillus sublilis pathogène (Soc. de Biol., 17 juil- let 1897). (2) Vixcexr, Sur les aptitudes pathogènes des microbes saprophytes(Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 785). Tr PREMIÈRE PARTIE MORPHOLOGIE ET BIOLOGIE GÉNÉRALES DES BACTÉRIES CHAPITRE PREMIER MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES 1. FORMES Les cellules qui constituent le corps des Bactéries, leur /halle, pour parler le langage des botanistes, affectent trois formes fonda- mentales : 1° Tantôt ce sont des sphères, plus ou moins régulières, parfois s’éti- rant suivant un diamètre pour devenir ovoïdes ou ellipsoïdes. Ces formes sont nommées Micrococcus, nom choisi comme générique, ou, d’un terme moins spécial, Coccus (fig. 1: 1, 2, 3, 4, 5). 20 Si la longueur l'emporte sur la largeur, on a des bâtonnets. Lorsque la première de ces dimensions excède peu la seconde, ce sont de courts cylindres qui donnent même des figures ovales lorsque leurs extrémités sont régulièrement arrondies (fig. 1; 6). Quand la longueur atteint un petit nombre de fois la largeur, c'est la forme de bätonnets proprement dits ou de bacilles (fig. 1; 7). Dans ce cas, le bâtonnet peut être de gros- seur régulière d'un bout à l'autre, ou être renflé à une extrémité en forme de têtard de grenouille, ou en son milieu de manière à figurer un fuseau plus où moins régulier. La production de ces renflements est toutefois un fait spécial, que nous verrons dépendre souvent, dans les cas nor- maux, de la formation de la spore. La longueur peut l'emporter un grand nombre de fois sur la largeur : c’est la forme de /ilaments Get; 11). 3° Tantôt, enfin, ce sont des filaments plus ou moins courbés. Ils peuvent ne former simplement qu'une portion de circonférence : ce sont les formes en Virgule (Komma), plusieurs espèces de l’ancien genre Vibrio; ou constituer une vraie spirale à tours plus ou moins nombreux, plus ou moins serrés (fig. 1; 72, 13); ce sont les formes désignées comme Spirillum et Spirochæte. Le nom de Spiruline élait réservé pour les filaments courbés se repliant de facon à doubler leurs tours. Cette dernière disposition paraît par trop accidentelle pour qu'on lui conserve une importance aussi grande ; beaucoup de Bacilles, les Bacillus mesen- lericus ruber et vulgatus, le Bacillus anthracis, présentent, dans des vieilles cultures, des filaments en cordes, en tresses, en nattes, sans qu'on puisse donner quelque importance à celle forme. 12 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. Les premiers observateurs ont tiré de la forme des Bactéries des dis- tinctions de grande importance pourla division en genres et en espèces. C'est encore jusqu'ici le caractère qui semble primer les autres, quoi- qu'on le sache aujourd'hui beaucoup moins immuable qu'on le suppo- sait être autrefois; c'est lui qui sert de base à beaucoup de classifica- lions proposées. Jusque dans ces derniers temps, il était admis qu'une espèce donnée ne pouvait présenter, dans le cours de son existence, qu'une des formes ci-dessus désignées, à l'exclusion absolue des autres. Cette opinion a élé fortement battue en brèche, lorsqu'on est arrivé à prouver que certaines es- pèces pouvaient, selon les circonstances de milieu ou la phase de leur cycle évo- lutif, donner tantôt des cel- lules sphériques, des Coc- cus, lantôt des filaments droits, tantôt des filaments spiralés. Dès lors, la valeur du ca- 23. ractère fut niée, avec achar- nementmêème,par des obser- vateurs comme Naegeli (1), qui n’admettait aucune dis- Unclion possible entre ces Fig. 1. — Forme des Bactéries en général. cellules qui pouvaient, selon 4, 2, 3, 4,5, Coccus de différentes formes et les _condilions d'existence, grosseurs ; 6, court bâtonnet ; 7, long bâtonnet ; revêtir les formes les plus 8, 9, formes renflées; 40, forme en massue: diverses el provoquer toutes 11, filament : 12, formes en virgules; 43, formes ]es fermentations ou toutes spiralées; 14, filament ramifié. les maladies infectieuses. Il est cependant une con- dition essentielle, qui fait que ces variations de formes observées ne peuvent avoir la valeur générale qu'on leur prète: c'est qu'elles ne se produisent que lorsqu'on les provoque pour ainsi dire expérimentale- ment, en faisant vivre les éléments étudiés dans des conditions spéciales, qui souvent semblent nettement anormales pour un observateur non prévenu. C'est certainement la condition qui ressort des principaux travaux cités à l'appui de la théorie, en particulier d’unsimportant mé- moire de Wasserzug (2) sur le Micrococcus prodigiosus et des obser- vations de Guignard et Charrin sur le Bacille pyocyanique (3). D'ail- leurs, fait non moins précieux, dès qu'on place des éléments modifiés par les influences précédentes dans des conditions qui semblent nor- males pour eux, la forme typique reparaîit. Les preuves à l'appui de la théorie de la variabilité des formes ou du {1} Narceu, Untersuchungen über niederen Pilze, 1878. (2) Wassemzuc, Variations durables de la forme et de la fonction chez les Bactéries Ann, de l'Insl. Pastear, 1888, n° 3). (3) GuicnanD et CHarniN, Sur le polymorphisme des Microbes (Journ. de méd., 1888). Et : Cnanrix, La maladie pyocyanique, 1889. FORMES. 13 pléomorphisme ou polymorphisme des Bactéries ne manquaient pas, disait-on. Un de ses partisans, Zopf (1),en citait d'excellentes. Cohn (2) avait décrit sous le nom de Cladothrix dicholoma une Bac- térie filamenteuse abondant souvent dans les eaux impures, dont les filaments, se ramifiant par poussée latérale, ont une apparence toute spéciale (fig. 2). Zopf, en étudiant le développement complet de cette Fig. 2. — Différentes formes d’un Cladothrix, 900/1. a, portion de filament ramifié; b, c, d, e, f, g, parties de filaments diversement con- tournés : h, filament segmenté en spores; à, j, k, l, m, n, formes anormales (formes d'involution). espèce, a eru pouvoir lui rattacher toute une série de formes arrondies, en courts bâtonnets, en filaments courbés et spiralés, qui avaient été considérées jusqu'alors comme autant de types spécifiques distincts. Le même observateur (3), étudiant les organismes connus sous le nom de Beggiatoa, y signalait un cycle de formes des plus variées. Une cellule sphérique, un Coccus, pouvait, selon lui, d'après les conditions d'existence, s’allonger en une forme filamenteuse, ou se segmenter suivant diverses directions pour former des colonies planes ou massives ou enfin produire des formes mobiles en tout semblables aux êtres désignés sous le nom de Monades. (1) Zopr, Die Spaltpilze. Breslau, 1885. (2) Conx, Untersuchungen über Bacterien (Cohn’s Beilr. sûr Biol. der Pflansen, 1, 3° p., p. 141). (3) Zorr, Zur Morphologie der Spaltpflanzen, 1883. 14 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. Les belles recherches de Winogradsky (1) ont démoniré avec toute certitude que Zopf, en observant les Beggialoa, avait confondu dans un même type toute une série de formes ayant entre elles des caractères de ressemblance cerlains, mais appartenant à des espèces sûrement dis-, tinctes les unes des autres. La morphologie des Cladothrix n'apporte pas plus de preuves à l'appui de la théorie du pléomorphisme. Il n'est certes guère possible de consi- dérer comme des Bactéries spiralées, des Spirilles, les portions de filaments ondulées ou même assez régulièrement spiralées qui se ren- contrent fréquemment sur les parties terminales des rameaux. Ces por- tions peuvent bien s'isoler, mais tout autre morceau de filament peut le faire aussi: d'après mes observations, elles ne présentent jamais d'appa- rence de mobilitéet n’ont du reste jamais l'aspect des véritables Spirilles (fig. 2; b,c,d,e,f. g). Quant à la production d'articles en courts bâton- nets, d'articles arrondis, de coccus, elleest réelle, mais se rattache inti- mement aux phases normales de la reproduction dans le type dontil est question. Or, il faut avouer que cette espèce peut revêtir dans le courant de son cyele évolutif, comme beaucoup d'autres formes spéci- fiques vivantes du reste, des états successifs divers sans perdre pour cela son individualité. De plus, Zopf n’a pas faitses observations sur des cultures pures, mais au contraire à l'aide de matériaux, eau de marais putréfiée, qui contenaient certainement bien des espèces différentes. On se trouve tout à fait en droit d'affirmer, avec Winogradsky, qu'on n’a cité jusqu'à présent aucun cas de pléomorphisme vrai chez les Bactéries. C'est à cette opinion que se rattache actuellement aussi Guignard (2) qui, à la suite d'expériences faites sur le Bacille pyocyaniqüe avec Charrin (3), s'était pleinement rallié aux idées de polymorphisme. Ces savants, additionnant les milieux de cultures d’antiseptiques divers, en proportions insuffisantes pour entraver complètement le développe- ment du microbe, observaient des modifications de forme très variées el souvent profondes. Il était évident que les conditions d'existence tout à fait anormales dans lesquelles la Bactérie se trouvait placée étaient surlout à mettre en jeu, et que les modifications obtenues ne pouvaient être considérées que comme très secondaires ; la meilleure preuve en est le retour complet et rapide à la forme normale dès que de tels élé- ments, modifiés tératologiquement, se trouvent placés dans un milieu habituel. Jusqu'ici, malgré tout, on est bien forcé de reconnaître qu'on n’a pas encore apporté de preuve certaine à l'appui de la variabilité des types des espèces microbiennes (4). Certaines espèces présentent, dans des conditions mal déterminées encore, mais qui paraissent défavorables, à des endroits variables de leurs éléments, des renflements de formes et de dimensions très va- riables (fig. 3). On considère ces changements de forme comme des élats 1) Wixocrapsky, Zur Morphologie und Physiologie der Schwefelbacterien, 1888. — Jo., Sur le pléomorphisme des Bactéries (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1889, n° 5). (2) Guicxanv, Traité de pathologie générale de Bouchard, t. IL, p. 56 et suiv. (3) Gricxarnp et Caarrix, Sur les variations morphologiques des microbes (C. R. de l'Acad. des sc., 5 décembre 1887). (4) Roper, De la variabilité dans les microbes. Paris, J.-B. Baïllière, 1894. LR Cr EEE TS RP le LOERS 9 RARES PAT ch Dose VENU REG RS FORMES. À se 15 D alosiques » les auteurs allemands les désignent sous le nom de formes d'involulion. Ces monstruosités seraient un résultat direct de défaut de nutrition. Elles s'observent communément chez beaucoup d'espèces. D'après Hansen (1), les bâtonnets de la Wère de vinaigre (Bacillus aceli), quand leur liquide nutritif s'épuise, se renflent d'une facon très irrégulière et donnent des formes en fuseaux, en biscuits, en a { ro] EE se Pe o@ € LEE à 4 Sa 77% €, S À @ HAS ê Q 3 : ne] Sa los, S) ” PRE MN Se D 4 49 op co es (0 o © œ Ü ÿ. D £ ce 22206 0€ 2 8 8 è Mt Ge 087 ne 3 TES G ; V4 Fig. 3. — Formes d’involution. 4, chez le S{replocoque pyogène; ?, chez le Proleus mirabilis (Hauser); 3, chez le Spirille du choléra (Van Ermenghem): 4, chez le Bacillus anthracis (Büchner); 5, chez le Bacillus subtilis (Büchner); 6, chez le Bacillus aceti (Hansen). bouteilles (fig. 3: 6). Büchner (2) a montré que de semblables formes apparaissent chez les Bacillus subtilis et Bacillus anthracis (fig. 3; 4 et 5) quand, dans le liquide où l’on cultive ces espèces, la proportion _ des matières sucrées est trop forte pour celle de matière azotée, ce qui Doi bien que ces variations sônt occasionnées par la nutrition défectueuse. Les variations du Bacille pyocyanique dont il a été ques- tion plus haut sont probablement de mème nature. Ce qui semble clairement résulter de ceci, c’est qu'il faut d'abord _ distinguer, chez les êtres, la forme de l'élément actif, c’est la bonne, la (1h HANSsEx, Contribution à la connaissance des organismes qui peuvent se trouver CEE la bière et le moût de bière et y vivre. Copenhague; 1879. (2) Bücaxer, Beitrage zur Morphologie der Spaltpilze (Naegelis Unters. über nie- deren Pilze, 1882, p. 205). 16 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. vraie, paraissant constante ou à peu près. Puis, mais secondairement, les formes des éléments modifiés dans une voie quelconque, paraissant anormales, peut-être des formes de dégénérescence (formes d’involu- tion, elc.). On doit attribuer nécessairement aux formes de ces der- nières catégories une importance bien moindre. Les bâtonnets et les filaments ne paraissent pas posséder de parties antérieure et postérieure différenciées : les deux extrémités sont la plu- part du temps identiques. Les dimensions des Bactéries sont d'ordinaire fort restreintes. Les espèces sphériques ont un diamètre qui oscille entre 0 4 3 et 24. Les espèces en bâlonnets ou en filaments ont une épaisseur qui peut varier dans les mêmes limites ; la longueur est souvent de deux à dix fois la mesure de l'épaisseur. Les filaments de certaines espèces peuvent atteindre une très grande longueur sans présenter de segmentation, apparente au moins. Parmi les espèces de très petites dimensions, on peut citer le Bacrlle de Pfeiffer qui mesure souvent moins de 045 de long, les Nri/robacter de Winogradsky, de 045 de long sur 042? de large, le Micrococcus de la mammile gangreneuse de la brebis qui n’a guère que 0 y 2 de diamètre. Or, avec les meilleurs objectifs, on n'arrive plus à distinguer de cor- puscules de moins de 0 41,et iln’y a aucune raison pour que les dimen- sions des microbes s'arrêtent à cette dernière mesure. On est forcé d'admettre qu'ildoitenexister de nombreux peut-être qui nous sont tout à fait invisibles avec les appareils habituels (1). Ces microbes traversent les bougies filtrantes en terre poreuse, d’où le nom de Wicrobes filtrants (2), apparaissent à l’ultramicroscope comme de très fines gra- nulations brillantes animées de mouvements très nets, dont il est impossible de déterminer ni la forme ni les dimensions. Les preuves physiques el physiologiques permettent d'affirmer leur existence (3). C’est ce qu'ont démontré les recherches de Nocard et Roux (4) surla péripneumonie bovine; dans la sérosité qui infiltre le tissu pulmonaire il existe des microbes d'une ténuité telle qu'il n’est pas possible, avec les meilleurs'objectifs, même avec les méthodes de coloration, d'en déterminer ni la forme ni les dimensions ; on n'aperçoit qu'une très fine poussière colorée, sans pouvoir isoler d’élément. La pullulation, dans les milieux de culture appropriés, se manifeste par la production d’une légère opalescence. D'après les recherches de Léœæffler et Frosch (5), le microbe de la fièvre aphleuse serait aussi de ces espèces; de même le mi- crobe de la peste aviaire observée au Tyrol par Lode et Gruber (6) 1) Roux, Sur les microbes dits invisibles Bull. de l'Inst. Pasteur, I, 1903, p. 7). (2) RemuxGer, Les microbes filtrants (Zbid., IV, 1906, p. 337). (3) Caauveau, Les microbes pathogènes invisibles et les preuves physiques de leur existence (Acad. des sc., 26 avril 1909). (4) Nocan» et Roux, Le microbe de la péripneumonie (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1898, XII, p. 240). (5) Loœrrcer et Frosca, Maul-und Klauenseuche (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., XXIII, 1898, p. 371). : (6) Lone et Grurer, Bakteriologische Studien über die Aetiologie einer epidemis- cher Erkrankung der Hühner in Tirol (Zbid., XXX, 1901, p. 593). FORMES. 17 et en Italie par Centanni(1), étudié depuis par Giemsa et Prowazek (2). De nombreuses autres maladies paraissent encore causées par de tels microbes invisibles. C'est la myxomalose du lapin observée par Sanarelli (3) ; la horse sickiness, qui sévit sur les chevaux dans l'Afrique du Sud (4): l'épithélioma contagieux des oiseaux (5). C’est la fièvre jaune, comme l'ont démontré, à Cuba, Reed, Carrol et. Agramonte (6); la clavelée du mouton, d'après Borrel (7) ; la vaccine, pour Paschen (8), Negri (9), Remlinger (10), Volpino (11); la rage, d’après les expériences de Di Vestea (12) et Bertarelli (13). C'est l'acné varioliforme de Bazin, d'après Juliusbers (14) ; l'agalassie contagieuse des brebis et des chèvres, d'après Celli F7 Blasi (1 5); la fièvre catarrhale du mouton, du sud de l'Afrique (16); l’anémie pernicieuse du cheval, si meurtrière dans Dos pays, d'après Carré et Vallée(17); la maladie des jeunes chiens, pour Carré (18), où la Pasteurella décrite comme agent pathogène ne serait qu'un microbe d'infection secondaire. Peut- être, pour le hog- choléra, le Bacille décrit ne serait aussi qu'un microbe secondaire, l'agent spécifique rentrant dans la catégorie de ces microbes invisibles, comme le feraient penser les expériences de Dorset, Bolton et Bryde (19) (1) Cexraxxr, Die Vogelpest (Centralbl. für Bakl., Originale, XXXI, 1902, p. 145). (2) Giemsa et Prowazex, Weitere Untersuchungen über sogenante ultramikro- skopische Infektionserreger. Zur Filtration des Hühnerpestvirus (Münchener mediz. Wochenschr., 1908, p. 1524). (3) Saxarezur, Das myxomatogene Virus. Beitrag zum Studium der Krankheits- erreger ausserhalb des Sichthbaren (Centralbl. für Bakt., XXIII, 1898, p. 865). (4) Mac Fapyxeax, African horse-sickness (Journal of comparative Pathology, XI, 1900, p. 1). — EnixGrox, South African horse-sickness (/bid., XIII, 1900, p. 200). (5) Marx et Sricxer, Untersuchungen über das Epithelioma contagiosum des Geflügels (Deutsche med. Wochenschr., 1902, n° 50, et 1903, n° 5). - (6) Rezn et Carrozr, The etiology of yellow fever (American Medecine, 22 février 1902). (7) Borrez, Expériences sur la filtration du virus claveleux (Soc. de Biol., 18 janvier 1902). (8) Pascnex, Was wissen wir über den Vaccineerreger (Munch. mediz. Wochen- schrifl, 1906, p. 291). (9) Nec, Ueber Filtration des Vaccinevirus (Zeilschr. für Hygiene, LIV, 1906, p. 327). (10) Remriérr et Oswax Nour, Sur le passage du virus vaccinal à travers la bougie Berkefeld (Soc. de Biol., 27 mai 1905). (11) VozpiNo, Ulteriori ricerche sui corpuscoli mobili del vaccine (Riv. di Igiene, XIX, 1908). (12) Dr Vesrra, De più recenti studii circa la natura del Virus rabido (Giorn. ilal. di Soc. med., 1903, nos 6 et 7). (13) BERTARELLI et VOLPINO, Fe Rmrntelle Untersuchungen über die Wut. Filtra- tion des Strassenvirus und Erschôüpfung des Virus durch ‘die Filter (Centralbl. für Bakt., Originale, XXX VIF, p. 51). (14) rer Zur Keñntniss des Virus des Molluscum contagiosum des Menschen (Deutsche med. W ochenschr., 5 octobre 1905). (15) De BLrasr, Ann. d'Igiene sperimentale, 1904. (16) Tuisrer, Maladies des troupeaux dans l'Afrique du Sud (Bull. de l'Inst. Pas- teur, III, 1905, p. 617). (17) Carré et VarréEe, C. R. de l'Acad. des sc, 26 juillet et 26 décembre 1904, 14 août 1905). (18) Carré, Sur la maladie des chiens (C. R. de l'Acad. des sc., 6 mars et 29 mai - 1905). (19) Dorser, Borrox et Brype, Etiology of hog-cholera (United Stales Dep. of Agriculture Animal. Industry, Bull. 712, 1905). — Hüsexer, Ist der Bacillus sui- pestifer der Erreger der Schweinpest oder nicht? (Centralbl. für Bakt. Originale, XLVII, p. 586). 9 Macé, — Bactériologie, 6° édit. 4 18 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. et de Hübener. C'estencore, pour Doerr (1), les agents des maladies des pays chauds désignées sous les noms de dengue, fièvres estivales, fièvres d'insolalion; celui du frachome pour Bertarelli {2), de la variole pour Prowazek (3), des orerllons pour Granata (4), de certaines formes de diphtérie aviaire pour Dean et Marshall (5). Enfin, des recherches de Flexner (6)semblentfaire aussirentrer dans cette catégorie de maladies les poliomyélites aiguës de l'enfance. D'un autre côté, il est des Bactéries qui atteignent de grandes dimen- sions. La plus grande des espèces connues, le Bacillus Bütschlii de Schaudinn, a de 50 à 60 y, parfois 80 y de long, sur 3 à 6 w de large, et pourrait presque être visible à l'œil nu. 2. STRUCTURE Les formes élémentaires des Bactéries ont été nommées cellules et considérées comme telles avant qu'on ait pu avoir des notions suffi- santes sur leur structure. Leur mode d’accroissement rappelait celui de bien des cellules végétales ; ce fut une raison pour les en rapprocher. Bien qu'ayant suscité, depuis le début presque des études microsco- piques, un très grand nombre de travaux, la question de la structure de ces êtres reste encore aujourd'hui fort obscure et très controversée. Elle est cependant de la plus haute importance, en raison surtout des rapprochements à faire avec d’autres groupes et de la place qu'on doit leur attribuer dans la systématique. En examinant au microscope, même à de très forts grossissements, des Bactéries bien vivantes, sans faireintervenir aucun réactif n1 prendre des cellules altérées ou trop vieilles, la structure paraît être des plus simple. Les éléments, coccus ou bäâtonnets, sont de petits corps hyalins, semblant tout à fait homogènes. Ce n'est qu'avec certaines espèces, à éléments de grandes dimensions, qu'un examen direct attentif peut faire constater l'existence de fines granulations à l’intérieur. Pour les autres, quand on y veut distinguer quelques détails, il faut faire intervenir des conditions spéciales, employ er des réactifs colorants, modifier l'élément par une action quelconque. Mais aussi l’on ne peut plus être certain de n'avoir pas changé la véritable structure, que les formes vues ne sont pas des modifications provoquées par les réactifs employés, des aspects en quelque sorte artificiels, même cadavériques. A l’aide de certains artifices de préparation, en parliculier de réactifs colorants ou fixateurs, ou Lout au moins pouvant contracter le proto- (1) Done, Ueber ein neues invisibles Virus (Berl. klin. Wochenschr., 12 octobre 1908). (2) Berrarezut et Ceccuerro, Beitrage zur Aetiologie des Trachoms (Centralbl. für Bakt., Originale, XLVII, p. 432). (3) Prowazek et DE BEAUREPAIRE-ARAGAO, Untersuchungen über die Variola (Munch. med. Wochenschr., 3 novembre 1908). (4) Graxara, Sulla etiologia degli orecchioni da virus filtrabile. Cagliari, sept. 1908 (An. in Bull. de l'Inst. Pasteur, VI, 1908, p. 1093). (5) Drax et Mansnarz, Observations indicating that the recent outbreak of diphteria in the wood-pigeon (Columba palumbus) is caused by a « filter-passer » (Journ. of Path. and Bacter., XII, juillet 1908, p. 29). (6) FLexxer, Journal of (he American Associalion, 13 nov., 4 déc. et 18 déc, 1909. STRUCTURE. 19 plasme, il devient possible de constater des particularités de structure intéressantes. On peut se rendre compte que ces éléments sont formés d'une masse protoplasmique entourée d’une membrane. MEMBRANE. — La membräne, chez quelques grosses espèces à contenu finement granuleux, peut se distinguer sans arlifice de préparation, à un très fort grossissement, comme un mince liséré à double contour Beaucoup plus souvent, elle se confond complètement avec le contenu dont elle a la réfringence. On ne l’aperçoit bien qu'après avoir contracté le contenu cellulaire par un réactif approprié. La chaleur, l'alcool absolu peuvent servir. Fischer (1) recommande, pour l’observer facile- ment, de mettre en œuvre la plasmolyse, de déterminer par osmose une contraction du protoplasme'en faisant agir sur les cellules une solution saline, contenant une matière douée d’un pouvoir osmotique plus con- 0 à . Eat Ni CE y) YO 4. — Bacillus oxalalicus. A droite, éléments normaux avec vacuole centrale et débuts de la division: à gauche, éléments ayant subi la plasmolyse (d'après Migula). sidérable que le suc cellulaire, par exemple une solution de salpêtre à 5 p. 100 ou de sel marin à 2,5 p. 100. On voit alors le contenu se sépa- rer nettement de la membrane et il devient possible de délimiter nette- ment ce qui appartient à cette dernière. Les réactifs colorants, en imprégnant différemment chacune de ces parties, peuvent donner le même résultat. On peut arriver à produire des modifications identiques, les mêmes phénomènes de plasmolyse, en faisant vivre certaines espèces dans des conditions spéciales, aux dépens de milieux particuliers. Podwyssotzky el Taranoukhine (2) ont observé d’une façon très nette les phénomènes de plasmolyse chez la Bactéridie charbonneuse en cultivant cette espèce à 42°-43° dans des milieux contenant de la matière cérébrale broyée et des peptones ; le corps actif serait la lécithine. Cette membrane est tantôt mince, tantôt plus ou moins épaisse. Dans ce dernier cas, il est le plus souvent possible de lui reconnaitre deux couches (3) : une interne, mince, transparente, qui semble être la vraie membrane; l’autre externe, moins bien délimitée, plus épaisse, comme gélatineuse, parfois peu visible, d’autres fois très évidente. Künstler et Busquet (4) proposent de nommer cette dernière couche gélatineuse et l'interne couche culiculaire. | Suivant ces derniers observateurs, la couche gélatineuse ne serait pas complètement homogène, mais présenterait « des stries lransver- (1) Fiscuer, Untersuchungen über Bakterien (Jahrb. für wiss. Bot., XXVIT, 1894). Et : Vorlesungen über Bakterien. Iéna, 1897. (2) Ponwyssorzxy et Taranoukmixe, Contribution à l'étude de la plasmolyse chez les Bactéries (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1898, XII, p. 501). (3) Traité pratique de Bactériologie, 1re édition, 1889, p. 19. (4) KüxsrLER et Busquer, Observations sur la structure des Bactériacées et des organismes voisins. Bordeaux, 1897. 20 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. sales d'une finesse et d'une légèreté des plus extrèmes, qui pourraient être interprétées comme l'expression d'une série longitudinale d'alvéoles ». Cette couche gélatineuse provient probablement d’une différenciation particulière des zones périphériques de la couche cuticu- laire sous-jacente qui acquièrent le pouvoir d’absorber de l’eau et de se transformer en une sorte de gelée. C’est là un processus qui s'observe fréquemment dans les membranes cellulaires végétales, et particulière- ment chez beaucoup d'Algues. Cette couche résiste d'habitude aux réactifs colorants, même les plus diffusibles ; elle apparaît comme un liséré hyalin, une sorte d’auréole claire autour des éléments colorés. Son degré de diffluence varie selon l'espèce d’abord et ensuite le milieu où elle se trouve. Elle peut mesurer une épaisseur relativement consi- dérable ; le corps cellulaire paraît alors noyé dans la masse de gelée qui l'entoure. Les formations décrites sous le nom de capsules ne sont qu’une exa- géralion, un grand développement de cette couche gélatineuse., Un assez grand nombre d'espèces en présentent d’une façon relativement constante dans des conditions déterminées. Parmi les mieux pourvues, à ce point de vue, se trouvent le Pneumocoque, le Pneumobacille. Chez d'autres, il y a une exagération plus marquée encore du même pro- cessus, qui devient alors plutôt une véritable sécrétion de matière géla- lineuse, comme chez le Baclerium pediculalum isolé par Koch et Hosaeus (1) d'eaux de sucreries (fig. 5) et le Bacterium vermiforme trouvé par Marshall Ward (2) dans la bière de gingembre (fig. 7). D'autres, au contraire, montrent cette capsule très mince ou n’en ont jamais. Il est des procédés de coloration qui la mettent mieux en évidence (Voy. Coloralion des capsules). Parfois, elle paraît incons- tante, chez le Bacrlle du charbon par exemple, où je l’ai signalée en 1888, fait confirmé plus tard par Kern (3). La plupart des espèces à capsules ne les présentent que dans des conditions spéciales, surtout lorsqu'elles se développent dans l'organisme ou dans les milieux particuliers, comme le sérum liquide, parfois le lait. D'après Boni (4), certains procédés de préparation, la fixation dans un liquide glycéro-albumineux et la colo- ralion successive à la fuchsine phéniquée et au bleu de Leœffler, per- mettraient de reconnaître l'existence d’une capsule chez toutes les Bactéries, cultivées sur tous les milieux, même solides. Les formations connues chez l'Aclinomyces sous le nom de massues sont peut-être à rapprocher des capsules. L'origine de ces capsules ne paraît devoir faire aucun doute; elles proviennent de la diffluence de la partie externe de l'enveloppe de la parie terminale des filaments. Au-dessous de cette couche gélatineuse se trouve la couche culticulaire, qui peut être considérée comme la vraie membrane. Elle est plus dense, plus réfringente et alors d'aspect plus sombre, plus résistante que la précédente. La plasmolyse la fait facilement distinguer du contenu pro- (1) Kocn et Hosarus, Ueber einen neuen Froschlaich der Zuckerfabriken (Centralbl. für Bakt., XVI, 1894). (2) Mansrazz Wanp, The Ginger-Beer plant and the organisms composing it (Philo- sophical Transacl. Royal Soc. London, CLXXXIII, 1892). (3) Kerx, Ueber die Kapsel des Anthraxbacillus (Centralbl. für Bakl., XXII, 1897, p. 166). . (4) Boxi, Ricerche sulla capsula dei Bacteri (Giorn. d. Soc. ilal d'igiene, XXI, 1901, p. 417). STRUCTURE. 21 toplasmique. Elle a d'ordinaire une épaisseur moindre que la couche gélatineuse. A de très forts grossissements, d'après Künstler et Busquet, elle montrerait des alternances plus claires et plus sombres, expression d’une structure alvéolaire. D'a- près les observations de Schau- Ce dinn sur le Bacillus Bütschli, la ; à membrane, sur des coupes opli- ES ques longitudinales, montrerait ue des espaces clairs et des ponts \ sombres et, vue de face, donne- rait l'impression d’un réseau | te dont les mailles sont plus réfrin- Q NS gentes et se colorent d’une façon . plus intense (fig. 6). Fig. 5. — Bacterum pediculatum La membrane, dans sa totalité, (d'aprés Koch et Hosaeus). souvent rigide et dure, peut se montrer souple et très flexible : chez certaines espèces de Bactéries spiralées mobiles, elle suiten effet les ondulations si rapides de la masse protoplasmique. ILest des cas où divers éléments mena . en | + peuvent s’entourer d'une enve- Ce OUT R loppe commune, dans des condi- D SA tions peu déterminées encore. . 1 Doit-on accorder à cette enve- loppe la simple valeur d'une mem- brane ou plutôt la regarder comme un kyste destiné à proté- ger les éléments qui l'ont pro- duit? La question est encore dif- ficile à trancher. Des faits de ce genre se rencontrent chez les Ascococcus etles Ascobaclerium, qui paraissent bien devoir être re- gardés comme de vraies Bacté- ries. Ceux décrits par Thaxter (1), et Zukal {2), chez les organismes qu'ils nomment Myxobactéries, Fig. 6. — Structure du Bacillus Bütehslii paraissent être d’une complica- (d'après Schaudinn). tion plus grande etse rapprocher 1, coupe longitudinale ; 2, portion de d’une véritable constitution d’une Membrane séparée du cytoplasme ; 3, mor- ne £ : 1, Ceau den b sUS : 4 Te sorte de fruit, établissant plutôt = RS TEL IESUSE A ME) : à tié d'un bâtonnet (hématoxyline de Grena- des relations entre ces êtres et les cher). Myxomycètes, comme le montrent surtout les observations de Quehl (3) et de Vahle (4). Il est difficile (1) THaxrer, On the Myxobacteriacæ, a new order of Schizomycetes (Botanical Gazette, XVII, décembre 1892), (2) Zuxar, Myxobacterien (Bericht. der deutschen bot. Gesellschaft, 1897, p. 542). (3) Queur, Untersuchungen über die Myxobakterien (Centralbl. für Bakt., 2% Abth., XVI, 1906, p. 9). (4) Vaure, Vergleichende Untersuchungen über die Myxobakteriaceen (Zbid., XXV, 1909, p. 178). 29 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. d'être plus affirmalif sur la nature et la signification de telles enveloppes. La composition chimique de la membrane est peu connue. Il esl trop difficile de l'isoler du restant de la cellule : d’autre part, les réactions microchimiques n'apprennent que peu de chose. Dans la grande majorité des cas, elle ne semble pas être formée de cellulose, ce qui éloignerait les Bactéries des Algues et des Champignons et les rappro- cherait des Flagellés. De petites quantités de cellulose se trouveraient, d'après Bovet (1), dans un Bacille isolé d’un cas d'érythème noueux, chez le Bacille tuberculeux d'après Hammerschlag (2), chez le Bacillus subtilis d’après Dreyfuss (3); j'ai signalé la production de la réaction caractéristique de la cellulose, le bleuissement par l'acide sulfurique et l'iode ou par le chloro-iodure de zinc chez certains éléments de la Fig. 7. — Bacterium vermiforme (d'après Marshall Ward). Sarcina aurea ; Suringar (4) l'avait observé également sur la Sarcina ventriculi, où Gruber (5) ne la pas rencontré. D'après Auclair (6), la malère unissante de la zooglée du Bacille tuberculeux présente les réactions des corps cellulosiques, résistant à la potasse à l’ébullition et se colorant en bleu par l'iode après action de l'acide sulfurique. D'après Neisser (7), la membrane du Bacille du rérosis de la conjonctive (1) Bover, Ueber die chemische AN ere der Bacillen des Erythema nodosum (Monalshefle für Chemie, IX, p. 1154). (2) HammerscaLAG, Bakteriologische- A RO PAPA AUS der Tubérkelbacilen (Monatshefle für Chemie, X, p. 9). (3) Dreyruss, Ucber das Vorkommen von Cellulose in Bacillen, Schimmel und an- deren Pilzen (Zeitschr. für physiol. Chemie, XVIII, 1894, p. 358). (4) SurixGar, Ein Wort über den Zelienbau von Sarcina (Bot. Zeil., 1866). (5) Gnuuer, Die Arten der Gattung Sarcina (Arb. aus den bakl., Inst. der lechn. Hochschule zu Karlsruhe, I, 1895). (6) Aucrair et Paris, Constitution chimique du Bacille de Koch et de sa matière unissante (Acad. des sc., 4 février 1907). (7) Nzisser, Deulsche med. Wochenschr., 1884, n° 21. STRUCTURE. 23 serait formée d'une matière grasse; n'est-ce pas seulement :mprégnée qu'il faudrait dire ? Pour la plupart des espèces étudiées à ce point de vue, la membrane serait un composé azolé. Nencki (1) a étudié une Bactérie de la putré- faction dont la membrane serait, pour une bonne partie, un composé albuminoïde, la mycoprotéine. D'après Vincenzi (2), la membrane du Bacillus subtilis serait un corpsazoté sans trace de cellulose. Bütschli (3) considère aussi la substance de la membrane comme un composé albu- minoïde, d'origine protoplasmique. Certaines particularités de coloration ou de réaction ont fait penser à la présence de chitine ou de composés voisins (4). D'ordinaire, en effet, la membrane présente bien nettement les réac- tions des matières albuminoïdes. Elle se teint en particulier en rose par le réactif de Millon et se colore faiblement en Jaune par l'iode; elle se comporte vis-à-vis des couleurs d’aniline comme un albuminoïde. Elle résiste toutefois à la lessive de potasse étendue et aux solutions de pepsine et de trypsine, mais se dissout dans la lessive concentrée. Chez quelques espèces qui vivent souvent dans les eaux ferrugineuses, des Leptothrix et des Cladothrix par exemple, la membrane, gélifiée ou non, peut être colorée, par l’oxyde de fer, en brun rouge sale ou en vert-olive. Chez les Bactéries productrices de pigment, la membrane reste tou- jours incolore, au moins tant que la cellule est vivante ; elle peut se colorer après la mort, par diffusion ou dépôt du pigment. La membrane contient certainement une petite quantité de composés minéraux; ilest difficile de déterminer ce qui lui revient dans la teneur en cen- dres du corps complet des Bactéries. PRoToPLAsMA ET Noyau. — La structure du contenu _ cellulaire, ou cyloplasme, a paru longtemps des plus simple ; on en faisait une masse homogène, trans- parente, montrant à peine quelques granulalions auxquelles on n'attribuait aucune importance. En étudiant, à de forts grossissements, les éléments à Fr bien vivants d'espèces de grande taille, et surtout en | Fe A our ë u tartre dentaire s'aidant de réactifs colorants ne paraissant pas nuire du chien : 1200/1. à la vie microbienne, dits colorants vitaux, comme une solution aqueuse diluée de vert de méthyle, le rouge neutre et, surtout, le bleu de méthyle, il est facile de recon- naîlre que leur contenu cellulaire n’a pas la transparence et l’'homogé- néité qu'on voulait lui attribuer. Il a, au contraire, un aspect nette- ment trouble et granuleux, et souvent on observe dans sa masse de grosses granulations plus brillantes, absorbant légèrement la matière colorante (fig. 8). (1) Nexcki, Beitrage zur Biologie der Spaltpilze (Journ. für prakt. Chemie, XIX, et XX). : (2) Vicewzr, Ueber die chemische Bestandtheile der Spaltpilze (Zeitschr. für physiol. Chemie, XI, p. 186, 1886). (3) Bürscurr, Ueber den Bau der Bakterien. Leipzig, 1890. (4) Iwaxor, Ueber die Zusammensetzung der Eiweisstoffe und Zellmembranen bei Bakterien und Pilzen ({ofmeister's Beitrage zur chem. Physiologie und Pathologie, I, 1902, p. 524). 19 4 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. Le nombre de ces sphères ne semble pas fixe, même pour une espèce donnée; on peut n’en trouver qu'une ou deux, occupant des places variées ou situées au milieu d’un bâtonnet ; d'autres fois plusieurs, alors plutôt rapprochées de la membrane, formant des files longitudi- nales. En employant des méthodes plus compliquées, surtout en faisant intervenir des réactifs fixateurs et colorants plus énergiques, il est pos- sible d'arriver à observer plus de détails. Il est vrai que l’action des réactifs peut alors être pour quelque chose dans les aspects obtenus. = Ces recherches ont suscité des travaux très nombreux ; les résultats signalés sont, en bien des points, différents, à tel point qu'on ne peut pas encore actuellement considérer ces questions de structure commeréso- lues. On trouvera l’indica- ee me Uion de tous ces travaux TETE ARTE EPS LEE dans d'intéressants arti- cles récents de Guiller- mond (1) et d'Amato (2). Toutes les observa- tions démontrent qu'il existe une différenciation bien marquée dans ce contenu cellulaire en apparence homogène , Fig. 9. — Bacillus subliliformis, différenciation quise tra- A, coupe optique médiane; B, vue superficielle; duit surtout par la ma- C, couche euticulaire à alvéoles sombres (d'après nière d'agir à l'égard des Künstler et Busquet). réactifs colorants em- ployés. Immédiatement au-dessous de la membrane se trouverait une mince couche pariélale, couche sous-culiculaire de Künstler (3), qui, pour 3ütschli (4), serait le vrai protoplasma, non pas homogène, mais d'apparence réticulée ou formé d'alvéoles à forme de tonnelet (Künstler et Busquet). Le restant du contenu constituerait le corps central (Bütschli), à caractères autres, se distinguant surtout par son avidité (1) Guirrermoxo, La cytologie des Bactéries. Revue (Bull. de l'Inst. Pasteur, 1907). — Contribution à l'étude cytologique des Bacilles endosporés (Arch. für Prülistenkunde, 1908, XII, p. 9). (2) Amaro, Ueber die feine Struktur der Bakterien (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Originale, XLIIT, 1908, p. 385). (3) Küxsrzer, Contribution à la technique des Bactériacées (C. R. de l'Acad. des sc., 1887, CV, p. 684). — In., Recherches sur la morphologie des Flagellés (Bull, scient. du Nord, 1889, p. 456). — Künsrier et Busquer, Observations sur la structure des Bactériactes et des organismes voisins. Bordeaux, 1898. — Ip., Sur la valeur nucléaire du corps central des Bactéries (C. R. de l’Acad. des sc., 1897, CXXV, p. 112). (4) Bürscuur, Ueber den Bau der Bacterien und verwandter Organismen. Leipzig, 1890. STRUCTURE. 95 pour beaucoup de colorants. La structure de cette partie serait égale- ment assez compliquée. Elle peut paraître très simple, tout à fait homogène. Ou bien elle montre une structure alvéolaire très nette, elle est formée d'une ou plusieurs files d'alvéoles souvent très régulières, fait déjà signalé par Künstler en 1886 pour le Sprrillum tenue. La com- plication peut être ici plus ou moins grande; dans les formes très simples, chez beaucoup de Micrococcus par exemple, ce corps central serait uni-alvéolaire ; chez d’autres, il se trouverait deux alvéoles ; chez les formes plus grandes et plus complexes, les alvéoles, plus ou moins nombreux, formeraient des files longitudinales simples ou multiples. Les observations de Schau- dinn sur le Bacillus Bütschli confirment, sous ce rapport, les idées de Künstler.Le cytoplasme, dans cette espèce, montre une structure alvéolaire très nette (fig. 6, p. 21). On y observe un réliculum finement granuleux, délimitant des espaces remplis d’un liquide clair ; dans la trame du réseau, surtout aux nœuds des mailles, se trouvent des gra- nulations plus grosses, absorbant fortementles matières colorantes. Fig. 10. — Bacillus coli communis. à Beaucoup d'autres CRPeCEss À À, coupe optique montrant le corps central éléments assez gros, laissent net- et les extrémités clairs; B, coupe optique tement reconnaître un tel cylo- montrant la vacuole centrale et des gra- plasme à aspect oénéral finement rulations disséminées (d'après Künstler et ? Busquet). granuleux. Dans son intérieur se trouvent souvent des inclu- sions cellulaires de nature variée, surtout des vacuoles et des granu- lations sur la nature desquelles on est encore peu fixé (fig. 10, 11 et 12). Les vacuoles sont fréquentes dans la masse protoplasmique. On peut en trouver une seule au centre, ou près du centre, d’autres fois reportée à uneextrémité; ou bien, il en existe plusieurs disposées à la file, en chapelet. Il est des espèces où on les observe couramment, chez le Spi- rillum undula par exemple, comme l'a montré Zeltnow (1), chez les Bacillus Zopfi, Bacillus megaterium, Bacillus sublilis. L'action de la chaleur ou des réactifs chimiques peut contracter le protoplasme en deux ou plusieurs masses rondes séparées par des intervalles hyalins ou très peu colorés. Ces masses rondes font l'effet de diplocoques ou de coccus en chapelet et ont été souvent prises pour tels; on en a de même fait des spores. La question du noyau est une des plus controversées. Ici plusieurs opinions sont en présence. Pour certains, le noyau n'existe pas chez les Bactéries ; pour d’autres, le noyau ne s’y trouve pas à l'état nette- ment individualisé et différencié, mais la substance nucléaire est plus ou moins fractionnée, disséminée dans le cytoplasme ; d’autres, enfin, croient à l’existence d’un noyau typique. (1) Zerrxow, Ueber den Bau der grossen Spirillen (Zettschr. für Hygiene, XXIV, 21097/1p- 172). 26 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. L'existence d'un véritable noyau ou de granulations de substance nucléaire chez tous les êtres inférieurs voisins doit conduire à rejeter l'absence d'un tel organe. Par contre, les faits observés en très grand nombre conduisent plutôt à admettre la seconde opinion, la fragmen- tation plus ou moins grande, parfois très grande, du noyau, la sub- PO | KR LL] = {À es “on | "1 / DES D”) # D à A # 5 via 2 Fig. 11. — Bacille du charbon. Fig. 12. Formation de vacuoles et gra- A, Bacille lyphique : B, Spirille du choléra. nulations protoplasmiques Vacuo'es et granulations protoplasmiques (d’après Fischer). (d'après Fischer). stance nucléaire, la chromatine, pouvant être mélangée au cytoplasme sous forme de granules très fins, ou différenciée en un nombre plus ou moins grand de chromidies, granulations de dimensions variables ; c'est un noyau diffus ou fractionné, constituant plutôt ce qu'on a appelé un système chromidial. D'après Swellengrebel(1},ce sys- tème chromidial, chez le Bacillus maximus buccalis que l'on trouve dans le tartre dentaire, et chez le Spirillum giganteum et le Spiril- lum volulans, formerait un fila- ment longeant l'axe de la cellule en décrivant une spirale (fig. 13 et 14). Beaucoup des granulations du cyloplasme fixent en effet forte- ment les colorants nucléaires et, par là et d'autres caractères spé- 3 4 ciaux de coloration,se distinguent Tes .. nettement d’autres granulations Fig. 13. — Bacillus maximus buccalis : eve | É (d'après Swellengrebel). dont il sera parlé ci-après, ce qui Grossissement comme figure 14. permet de les considérer comme étant de nature chromatique. Pour Bütschli, le corps central serait tout entier un noyau ; les Bac téries seraient des cellules constituées presque exclusivement par un noyau, le cytoplasme étant réduit à une mince couche située sous la membrane; ce cyloplasme pourrait même manquer et la cellule se 0 (1) SwerLexGresez, Zur Kenntniss der Cytologie von Bacillus marimus buccalis Miller (Centralbl. für Bakt., 2 Abth., XVI, 1906). — Cytologie comparée des Spiro- chètes et des Spirilles (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXI, 1907, p. 448). — Neucere Unter- suchungen über die Vergleichende Cytologie der Spirillen und Spirochäten (CentralbL. für Bakt., Originale, XLIX, 1909, p. 529). STRUCTURE. 97 trouver alors entièrement constituée d’un noyau. C’est la grande affinité du contenu cellulaire pour les colorants qui a conduit Bütschli à cette conception, affinité qui, à vrai dire, n'est pas exclusivement propre à la substance chromatique, mais se remarque souvent dans le protoplasme chez bien desèêtres inférieurs, en particulier des Flagellés, des Saccharo- mycèles, même chez les Spermato- zoïdes, dont le parenchyme chromo- phile contient un véritable noyau. Pour Ruzicka (1) toute la substance, colorable contenue dans les bätonnets du Bacille du charbon se comporte- rait, vis-à-vis des agents chimiques, comme la chromatine des noyaux cel- lulaires. Beaucoup croient à l'existence chez les Bactéries d’un vrai noyau. Bien des observations à l'appui, toutefois, se rapportent à des types dont la place est certainement ailleurs, chez les Flagellés ou les Algues principale- ment; il est donc impossible de faire état de ces données pour les Bactéries. Arthur Mever (2) est un des partisans convaincus de l'existence du noyau chez ces êtres. Chez le Bacillus as- lerosporus el beaucoup d'autres es- pèces, après fixation au formol et co- loration à la fuchsine, il observe de RE RARE é Fig. 14. — Spirillum gi- 1à6 granulations fortement colorées, ganteum (d’après Swele qu'il admet être des noyaux; un noyau lengrebel). apparaîtrait toujours au moment de la Zeiss ea ee ne formation de la spore et interviendrail À oc. comp. 18. Dans 3et 4, directement dans ce processus. C’est on aperçoit des grains de volutine aussi l'opinion d’Amato (3) qui si- noirs avec centre clair. gnale en plus unegranulation nucléaire dans les cellules très jeunes, granulation qui plus tard se dissocierait en système chromidial. En résumé, il peut sembler raisonnable d'admettre que, chez les Bactéries en général, la substance nucléaire est d'ordinaire ou diffuse ou fractionnée en un système chromidial ; dans certaines circonstances, chez les éléments {rès Jeunes et lors de la formation de spores, elle peut se condenser, en partie ou entotalité, pour former une granulation nucléaire bien reconnaissable; l'existence d’un noyau bien individualisé serait donc au moins exceplionnelle. Le fait de l'existence d'un noyau fractionné est, du reste, signalé chez beaucoup de Champignons inférieurs. Cette division du noyau en (1) Ruzicka, Sporenbildung und andere biologische Vorgänge bie dem Bacillus anthracis (Arch. für Hygiene, 1908, LXIV, p. 219). (2) Arthur Meyer, Der Zellkern der Bakterien (Flora oder allgem. bolanische Zeilung, 1908, p. 335). (3) Amaro, Ucber die feine Struktur der Bakterien (Centralbl. für Bakt., Originale, XILVIITL, 1908, p. 355. Lt 28 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. + plusieurs masses peut même dépendre des conditions de vie; Bôuin (1) a montré que chez les Levures le noyau, normalement unique, se segmentait sous l'influence d’une concentration exagérée du milieu nutritif, d'un manque d'aliments minéraux ou d’une élévation de tem- pérature. A côté des granulations nucléaires se trouventsouvent d'autres granu- lations. Certaines ont la propriété de prendre, sous l’influence de divers réactifs colorants, particulièrement les couleurs d’aniline bleues, vio- lettes et vertes, une coloration rougeñtre bien nette ; en abaissant l'objectif, elles apparaissent d'un rouge rubis brillant et prennent une teinte bleutée quand on l'élève ; avec une mise au point très exacte, elles semblent formées d’une substance vitreuse incolore. Parfois le même aspect s observe sans faire intervenir de réactifs. On a d'abord donné le nom de grains rouges à ces inclusions. Ernst (2), quiles a signalés le premier, en faisait des noyaux, puis des grains sporogènes, pensant qu'il jouaient un rôle important dans la formation des spores. Ils sont situés de préférence aux extrémités deséléments ou autourdes vacuoles. Les corpuscules métachromatiques, signalés par Babès (3) chez plusieurs espèces, le Bacille de la diphtérie surtout, sont de même nature. F D'après Künstler et Busquet (4), la coloration ainsi observée serait due à un phénomène physique et non à une affinité spéciale pour les réactifs colorants. Beaucoup de Bactéries ne montrent jamais de ces grains rouges et, d'un autre côté, on en trouvechez beaucoup d’Algues, chez des Saccharomycètes, des Mucorinées, des Flagellés, des Sporo- zoaires el des Infusoires ciliés, se montrant toujours en indépendance très nette du noyau (5). Les observations de Grimme (6) montrent bien nettement que ces corpuscufes métachromatiques restent tout à fait indépendants du processus de formation des spores ; il tend à les considérer comme des produits de réserve.’ C'est aussi l'opinion d'Arthur Meyer (7) qui les a étudiés surtout chez le Spirillum volutans, où ils sont trèsabondants ; il les nomme pour cette raison grains de volutine. Il admet aussi leur indépendance absolue du noyau el les considère comme formés d'une sorte de matière albumi- noïde, contenant une forte proportion d'acide nucléique, la volutine, s'amassant dans les cellules tout comme la graisse, le glycogène, principalement avant la sporulation, pour être! utilisée pendant ce processus. (1) M. Bouix, Contribution à l'étude du noyau des Levures (Arch. d'anat. micr., I, 1898). (2) Erxsr, Ueber Kern-und Sporenbildung bei den Bakterien (Zeitschr. für Hygiene, V, 1888). — Ueber den Bau der Bakterien (Centralbl. für Bakt., 2 Abth., VIIL, 1902, p. 1, 34, 57). (3) Bagës, Ueber isoliert farbbare Antheile in Bakterien (Zeitschr. für Hygiene, V, 1888). — Beobachtungen über die metachromatischen Kôürperchen, Sporenbildung, Verzweigung, Kolben und Kapselbildung pathogener Bakterien (Zbid., XX, 1895, p. 412). 4) Küxsrzer et Busquer, Recherches sur les grains rouges (C. R. de l’Acad. des se., 6 décembre 1897). (5) Guircenmox», Les corpuscules métachromatiques ou grains de volutine (Bull. de l'Inst. Pasteur, IV, 1906, p. 145). d (6) Grimue, Die wichtigshen Bachtaden der Bakterienfärbung (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Originale, XXXII, 1902, p. 1). (7) Arthur Meyer, Orientierende Untersuchungen über Verbreitung Morphologie und Chemie des Volutins (Bot. Zeitung, LXII, 190%, p. 113). STRUCTURE. 29 Les réactions caractéristiques de cette volutine sont la coloration au bleu de méthyle ou à la fuchsine phéniquée additionnée de 1 p. 100 d'acide sulfurique, sa solubilité dans l’eau bouillante, l’eau de Javel, le chloral hydraté; après durcissement par le formol, elle devient insoluble dans ces liquides. Pour Hugo Marx (1), la présence et le développement de ces grains seraient en rapport direct avec les propriétés biologiques des s espèces, la virulence en particulier pour les espèces pathogènes. On a même avancé qu'il était possible de différencier un Bacille diphtérique virulent de Bacilles pseudo-diphlériques grâce à leur présence chez le premier et leur ab- sence chez les autres. Behring (2), de son côté, a affirmé que la partie toxique de la tuberculine de Koch ne serait autre que la volutine de Meyer. Toutes ces assertions de- mandent encore confirmation. Si elles étaient vraies, les corpuscules métachromatiques auraient une importance considérable, re- présentant des éléments dont dérivent les toxines et les ferments, qui ont une place si grande dans la biologie microbienne. Dans certains cas, le protoplasma, trou- ble, grisâtre, contient des granulations RE DR ÿ 10 graisseuses. L'analyse chimique des Bacté- ries indique, en effet, souvent la présence Fig-15. — Corpuscules méta- de graisse. chromatiques we grains de , ae volutine (d'après Grimme). Chez les Begqgiatoa qui vivent dans les eaux thermales sulfureuses et dans toutes les eaux CL 1, 2, Bacillus alvei; 3, bâton- net à spores du même; qui contiennent de [ hydrogène sulfuré,et qui ; 5, Spiriltum volutans : sont parfois encore rangées parmi les Bacté- 6, 7, 8, 9, 10, Bacille de la ries, on trouve, dans l'intérieur de la cellule, on de fins granules qui souvent y sont en très grande abondance. Leur biréfringence dans la lumière polarisée pa- raît démontrer nettement leur nature cristalline. Parmi les autres carac- tères, leur solubilité dans l'alcool absolu et le sulfure de carbone indique qu'ils sont formés de soufre. Les filaments jeunes et minces n'en possèdent pas encore; ce soufre est une véritable réserve accu- mulée à certains moments dans le protoplasma. Certaines granulalions protoplasmiques se colorent en rouge brun parle chloro-iodure de zinc; elles semblent par là être formées de glycogène. La masse du protoplasma est formée de matières albuminoïdes ; en faisant agir l'iode, on observe une coloration jaune très nette. L'iode teint en bleu le protoplasma de plusieurs espèces (Bacillus bulyricus, Bacillus Pasteurianus, Spirillum amyliferum, Sarcina ventri- culi). Cette coloration est due à la présence d’amidon soluble, dissous dans le protoplasma. Le phénomène ne s’observe parfois qu’au moment (1) H. Marx et Wairne, Morphologische DR oeEen zur Biologie der Bacte- rien (Centralbl. für Bakt., XXVIII, 1900, p. 1, 33, 65, 97). — Ein Verfahren zur Virulenz bestimmung der Bacterien (Arch. für klin. Chirurgie, Bd. LAXII, 1900, p. 589). (2) BenrixG, Congrès international de la tuberculose, Paris, 1905. 30 MORPHOLOGIE- DES BACTÉRIES. de la formation des spores. Dans les bâtonnets de Bacillus bulyricus, la matière amylacée, dont on suit pas à pas le développement avec l'eau iodée, se montre d’abord aux deux extrémités, puis au milieu, et enfin dans tout le protoplasma ; quand la spore se forme, l'amidon disparait de l'endroit où elle va se former. Cetamidon est, sans aucun doute, une matière de réserve destinée à subvenir aux besoins nutritifs spéciaux qui se font sentir au moment de la formalion de la spore. Presque toutes les Bactéries, vues isolées, paraissent incolores. En amas, cependant, elles présentent d'habitude une teinte bien nette: certaines, dénommées pour cette cause Bacléries chromogènes, sont vivement colorées; les autres n'ont qu'une nuance blanchâtre ou jau- nâtre. Même dans le premier cas, une cellule isolée paraît incolore, à cause de sa petitesse. Parfois la coloration paraît due au protoplasma : on peut quelquefois s’en rendre compte dans les espèces de grande taille, surtout chez les Beggiatoacées colorées, où le microscope fait aisément voir des granulations colorées. Chez d'autres, la matière colo- rante semble imprégner seulement la membrane et surtout la couche sélatineuse externe. Ces pigments peuvent sortir des cellules et se répandre dans le milieu ambiant, qu'ils colorent d'une manière plus ou moins uniforme. Cette diffusion semble se produire dans des condilions normales pour certaines espèces; ou bien, pour d’autres, ne se montrer que dans des conditions anormales de nutrition ou après la mort des cellules ; elle peut dépendre aussi des conditions de solubilité du pig- ment. ; Les nuances de ces pigments sont très variées. Le rouge plus ou moins rosé s'observe fréquemment; les Wicrococcus prodigiosus Micro- coccus roseus, Spirillum rubrum, Bacillus rosaceus metalloides mon- trent différentes teintes de cette couleur. Les Sarcina lulea, Micrococcus pyogenes aureus, Bacillus luteus, Micrococcus aurantiacus donnent du jaune pur ou du jaune orangé. Le bleu s'observe plus rarement ; le Ba- cillus indigonaceus, le Bacillus indigoferus produisent un pigment bleu foncé; le Bacille du lait bleu, Bacillus syncyanus, peut teindre parfois rapidement en bleu de ciel des masses assez considérables de lait ; le Bacillus pyocyaneus colore le pus en gris verdâtre et sécrète une ma- tière colorante d’un beau bleu, Le Bacillus violaceus forme à la surface des milieux solides une épaisse membrane colorée en violet noir. Un pigment vert a été décrit par Van Tieghem(1) chez deux espèces, qu'il a nommées pour ce fait Baclerium viride et Bacillus virens ; Engel- mann (2) a étudié aussi une Bactérie verte, qu'il désigne sous le nom de Baclerium chlorinum. Ces auteurs pensent, sans apporter de preuves à l'appui de leur opinion, que la matière colorante est identique à la chlorophylle, ce dont il est permis de douter. Le Bacillus chlorora- phis (3) produit dans certains milieux des houppettes cristallines d'un très beau vert. D'autres espèces paraissent pouvoir produire plusieurs pigments ou, tout au moins, donnent des nuances plus ou moins diffé- rentes, selon leurs conditions de vie. (1) Van TreGhem, Observations sur les Bactériacées vertes (Bull. de la Soc. Bot. de France, 1880, p. 174). (2) ExGeLmanx, Zur Biologie der Schizomyceten (Bol. Zeil., 1882). (3) Guicxanp et SAUVAGEAU, Sur un nouveau microbe chromogène, le Bacillus chlo- roraphis (Soc. de Biol., 22 décembre 1894). STRUCTURE. 31 Le mode de formation de ces pigments est peu connu. Les espèces ne. semblent les produire que dans certaines condilions, et pas dans d’autres, tout en se développant aussi bien. Le Bacillus syncyanus ne développe aucune matière colorante dans les solutions sucrées; le Bacillus violaceus donne souvent dans la gélatine, qu'il liquéfie, une culture blanche, ne montrant qu’une très faible nuance violette aux bords où la massesubit un commencement de dessiccalion. Nous verrons, du reste, que cette propriété de produire du pigment est une fonction . tout à fait contingente, que l'espèce peut perdre dans des conditions données sans grand inconvénient. Il était toutefois bon de la signaler ci, lors de l'étude morphologique du protoplasma. La nature et la composition chimique de ces pigments ne sont pas établies. Ils ne s'isolent la plupart du temps que très difficilement et en quantité trop minime. Certains d’entre eux semblent se rapprocher des couleurs d’aniline par les propriétés optiques de leurs solutions; d’autres de matières colorantes connues sous le nom de /{pochromes. La matière colorante des Beggialoacées roses a élé isolée et étudiée par Ray Lankester (1) qui a donné à ce pigment, tantôt rose rouge, tantôt couleur fleur de pêcher ou violet intense, le nom de bactério- purpurine. Elle est insoluble dans l’eau, l'alcool, le chloroforme, l’ammoniaque, les acides acétique et suifurique. L'alcool bouillant fait virer sa teinte au brun. Elle montre, au spectroscope, des bandes d'absorption toutes spéciales : une large bande dans le jaune près de la raie D de Fraunhofer ; deux faibles dans le vert, près des raies E et b; une faible dans le bleu, près de la raie F ; puis, à partir de la raie G, un assombrissement dela partie la plus réfrangible du spectre. En se basant sur l’analyse spectrale, on devrait plutôt rapprocher la bactério-purpu- rine de l’alizarine ou de la purpurine que des rouges d’aniline, comme on l'a fait tout d'abord. La teinte varie beaucoup, suivant l’âge et l’acti- vité de la cellule ; elle passe du rose clair au pourpre violet. Elle tourne au brun après la mort de l'élément. Certains pigments des Bactéries semblent voisins de cette substance ou même identiques à elle. La matière colorante formée par le Bacillus Pyocyaneus a été plus complètement étudiée. C'est l'espèce qui occasionne le phénomène du pus bleu, bien connu des chirurgiens. Fordos (2) a, le premier, isolé le pigment bleu, la pyocyanine, à l'état pur, en traitant par l'eau ammo- niacale les linges de pansement bleuis par la sécrétion. Le liquide, agité avec du chloroforme, lui cède la pyocyanine que l’on obtient cristallisée par évaporation du dissolvant. Après purification, les cristaux affectent des formes variables. Le plus souvent, ce sont des lamelles rectangu- laires ou de longues aiguilles isolées ou réunies en faisceaux, en aigrettes ou en étoiles; parfois ce sont des octaèdres ou des tables rhombiques ou hexagonales. Les cristaux présentent une teinte bleue. Les amas de cristaux sont d’un bleu foncé terne, rappelant l'indigo. Cette pyocya- nine a été étudiée depuis très complètement par Gessard (3) qui en a précisé les caractères. D'après lui, c'est une base que les réactions (1) LankestER, On a peach coloured Bacterium (Quarterly Journal of Micr. science, vol. XIII, 1873). — In., Further Observations on a peach or red coloured Bacterium (Ibid, vol. XVI, 1876). (2) Forpos, Recherches sur la matière colorante des suppurations bleues : pyocya- nine (C. R. de l’Acad. des sc., 1860, t. LI, p. 215). (3) Gessarp, De la pyocyanine et de son microbe. Thèse de Paris, 1882. 32 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. rapprochent des ptomaïnes. L'air, les substances réductrices la.trans- forment en une matière colorante jaune, déjà signalée par Fordos, la pyoxanthose. Les rapports du pigment avec la Bactérie ont été établis sur des bases certaines au moyen de cultures pures de l'espèce isolée du pus bleu. D'autres de ces pigments seraient à regarder comme des matières grasses (1). De plus amples détails seront donnés plus loin, au chapitre consacré à l'étude biologique des Bactéries chromogènes. 3. FORMATION DES ZOOGLÉES La couche externe gélifiée de la membrane de bien des espèces peut être très développée, se gonfler énormément, en absorbant de l’eau, de façon à occuper plusieurs fois son volume primitif. Il se forme ainsi une sorte de gelée entourant les éléments, qui sont réunis en un point, constituant des amas plus ou moins considérables que l’on appelle des colonies. Cette formation de gelée est plus ou moins forte suivant l'espèce et les conditions vitales. Dans ure même colonie, ces gaines de matière visqueuse des individus voisins se touchent et peuvent se fusionner, de manière à constituer une masse fondamentale homogène dans laquelle sont enfouis les éléments, ou qui, peu abondante, les retient seulement accolés les uns à côté des autres, formant de la sorte des amas muqueux d'aspect et de dimensions variables, suivant l'espèce qui les constitue. Ces amas sont des Zooglées. Le mode d'union dépend, pour beaucoup, du degré de diffluence du substratum. Certaines espèces, cultivées dans des milieux liquides, se répandent dans toute la masse, à cause du peu de consistance de la partie gélifiée; on peut alors arriver à leur faire former des Zooglées compactes et de forme déterminée, en les cultivant sur des milieux solides. On rencontre, du reste, tous les intermédiaires entre les espèces dont les éléments semblent parfaitement isolés les uns des autres et celles où les cellules forment, par leur réunion, des masses mucilagineuses solides et bien déterminées. On observe fréquemment, dans les fabriques de sucre, des masses gélatineuses hyalines, mamelonnées, de consistance élastique, qui se développent rapidement dans les cuves où l'on recueille les jus de betterave ou les sirops cuits. La forme et l'apparence leur ont fait donner, en France, le nom vulgaire de Gomme de sucreries, et, en Alle- magne, celui de Frai de grenouille (Froschlaich) (2). Ce sont les Zooglées d’une espèce de Bactéries à cellules sphériques, le Leuconosloc mesen- teroides (fig. 16; 10). Les cellules forment des chapelets enfermés dans une épaisse gaine de gelée de consistance assez ferme, presque cartila- sineuse. Les cylindres ainsi constitués se serrent les uns contre les autres en s'enveloppant dans leurs sinuosités et arrivent à former des masses irrégulières pouvant atteindre des dimensions beaucoup plus grandes que celles données par la figure. C’est un type bien net de Zooglée. (1) Overseck, Zur Kenntniss der Fettfarbstoffproduktion bei Spaltpilzen (Nova Acta d. Kais. Leop. Car. Deutsch. Acad. d. Naturf., IV, 1891). (2) Van LieGnem, Sur la gomme de sucreries (Ann. des sc. nat., Bot., 6° série, t. NII, p. 180). — Crexxowsxr, Die Gallertbildungen des Zuckerrübensaftes. Charkow, 1887. — fxrixow, Ueber Froschlaichbildungen in Saccharose enthaltenden Flüssigkerten (Zeilschr. für Hygiene, 1907, LVII, p. 154). FORMATION DES ZOOGLÉES. 33 Les habitants du haut Caucase préparent une boisson acidule, très usitée comme alimentet comme médicament sous le nom de Æéfir, en soumettant le lait à l’action d’un ferment spécial, connu dans ces pays sous le nom de Grains de kéfir. Ces Grains sont formés, en majeure partie, par les Zooglées d'une Bactérie, nommée Bacillus caucasicus par certains observateurs, Ce sont de petites masses d'un gris jaunâtre, dont Fig. 16. — Leuconostoc mesenteroides. 10, aspect d’une Zooglée (grandeur naturelle) ; 1-9, détails de la Zooglée (d'après Van Tieghem). l'aspect et la consistance rappellent assez bien des petites boulettes de mie de pain pétrie et séchée. La grosseur varie de celle d’une petite tête d'épingle à celle d’une noisette; la surface en est tantôt lisse, tantôt mamelonnée. Elles se laissent assez facilement couper au rasoir, lors- qu'elles ne sont pas trop durcies ; leur consistance est alors celle du cartilage desséché. La matière muqueuse produite par la Bactérie englobe dans sa masse de nombreuses cellules d’une Levure qui joue un rôle important dans la fabrication de la boisson. De plus amples détails Macé. — Bactériologie, 6e édit. 3 34 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. seront donnés lors de l'étude spéciale du Bacillus caucasicus. Beaucoup de Bactéries chromogènes forment sur les malières nutri- tives solides des Zooglées à teintes très vives. Souvent, sur le blanc d'œuf cuit ou les matières amylacées cuites exposés à l'air, il apparaît, après quelques jours, de pelites taches lenticulaires, d'abord rosées, puis devenant d'un rouge-sang en grandissant. Ces petits disques à bords nets, d'aspect huileux, sont les Zooglées du Micrococcus prodigiosus. La forme de la Zooglée peut du reste varier, et dans des limites assez larges pour une espèce, suivant le milieu où elle se développe et surtout suivant que ce milieu est un solide ou un liquide. Le développement de certaines espèces dans les liquides est parfois curieux à connaitre et peul apporter de précieux éléments de dé- terminalion. Beaucoup de Bactéries en spirale ou en longs filaments forment dans les liquides des flocons, plus ou moins résistants, constitués par l’enchevé- trement des éléments les uns dans les autres. Les cellules sont parfois réu- + nies en plus par de la matière mu- Fig. 17. —Zooglée de Spirilles, 500/1° queuse, qui donne plus de consistance (A EPRESAENRnE à la Zooglée (fig. 17). Le Bacillus ace et le Bacillus subtilis se développent à la surface des liquides de culture en y consti- tuant une membrane à laquelle on donne, d'une facon générale, le nom de voile ou de mycoderme. Le premier forme une peau blanche, épaisse, à surface lisse, de consistance dure, mème presque cartilagi- neuse, que tout le monde connaît sous le nom de Mère de vinaigre. Le second donne, sur les bouillons, une pellicule grisâätre, épaisse, ridée, se divisant en lambeaux par l'agitalion. Le Bacillus anthracis, la Bactérie du charbon de l'homme et des ani- maux, se développe en un voile très incomplet et limité à la périphérie de la surface liquide ; ce voile se détache par petites portions, qui tombent en flocons blanchätres dans la masse du liquide. Ces flocons nagent quelque temps dans le milieu, sans en troubler la transparence, puis se déposent aù fond en un sédiment blanc. D'autres espèces, Bacillus bulyricus et Bacterium Lermo, par exemple, semblent ne pas former de pellicule à la surface ou n'en donner qu'une très mince, el envahissent toute la masse liquide, qu'ils troublent d'une façon alors uniforme. Une Bactérie que l’on observe dans des solutions salines, FAscococcus Zillrothii, présente un mode tout spécial de formation de Zooglée. La matière mucilagineuse n’englobe pas chaque élément en l'isolant des autres sur une partie de sa longueur; les cellules, au contraire, se rap- prochent el s'accolent pour former de petites masses rondes ou ovoïdes. Le gelée excrétée vient entourer chacune des nombreuses colonies d’une épaisse coque transparente (fig. 18). Il peut en être de même des espèces décrites sous le nom générique d’Ascobaclerium. C'est, en somme, sur ce dernier type que se forment les couples ou les Létrades de diverses Bactéries dites capsulées, telles que le Pneumo- MOTILITÉ. 39 coque, le Micrococcus letragenus ; ces couples ou ces tétrades peuvent représenter de petites Zooglées à coque seulement extérieure, comme celle de l'Ascococcus. On voit, par les détails qui précèdent, quelles nombreuses variétés on Fig. 18. — Ascococcus Billrothii, 65/1 (d'après Cohn). rencontre dans le mode de groupement des différentes espèces en Zooglées, et quels importants caractères on en peut tirer pour arriver à leur détermination. 4. MOTILITÉ Nous savons déjà que beaucoup de Bactéries possèdent la propriété de se mouvoir librement dans les liquides et de se transporter ainsi, plus ou moins vite, parfois lentement, parfois très vite, d’un point à un autre. C'est un des caractères qui avaient le plus frappé les anciens observa- teurs. Certaines traversent comme des flèches le champ du microscope ; il peut même être difficile, dans ce cas, de lesexaminer à loisir. D’autres sont animées d'un mouvement de déplacement lent. Le mouvement peut alors, le plus souvent, être décomposé en deux: un mouvement d’oscillation autour d’un axe idéal perpendiculaire à l’axe longitudinal et un mouvement de translation suivant cet axe longitudinal, Pour beau- coup, le premier de ces mouvements est remplacé par un mouvement de véritable oscillation pendulaire, la Bactérie semblant fixée par une extrémité, tandis que l’autre décrit une portion de circonférence. Dans d'autres cas, les filaments s'’avancent en tournant autour de leur axe longitudinal. Cette sorte de mouvement s'observe surtout chez les formes spiralées ; la spirale tourne, comme un tire-bouchon, autour de l'axe de l’hélice qu'elle décrit. À ce mouvement, qui est parfois très vif, s'en joint, dans certaines espèces en spirale, un autre d'ondulations semblables à celles du corps d’un serpent ; Ehrenberg avait distingué ces formes des autres formes spiralées el avait établi pour elles son genre Spirochæte. Dans la préparation de Bactéries mobiles, à côLé des indivi- dus qui se meuvent, il y en a d'autres absolument immobiles: ceux-ci adhèrent à la lamelle ou entre eux, ou sont des cellules mortes. Les formes sphériques, les Micrococcus, présentent souvent un mou- vement net et régulier, ressemblant à une sorte de trépidation, que l'on 36 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. peut confondre avec les phénomènes du mouvement brownien. On sait que l'on désigne par ce terme une agitalion observée fréquemment lors- qu'on examine au microscope, à de forts grossissements, des granula- tions de différentes sortes et de diamètre très réduit, de un à quelques millièmes de millimètre, en suspension dans un liquide. Les causes en sont peu connues. Les agents physiques, la chaleur et l'électricité sur- tout, les courants osmotiques contribuent certainement, mais pour une part variable et non encore déterminée, à la production de ce phéno- mène. Sa caractéristique est d’être influencé, dans de très larges limites, par ces mêmes causes auxquelles on l'attribue. La chaleur, par exemple, l’accélère toujours. Il paraît, au contraire, résister complètement à l'action des agents chimiques qui ont le pouvoir reconnu de diminuer oud'arrèterlesmouvementsd'origine vitale.C’estainsique des substances coagulantes très énergiques, l'acide osmique, l'alcool absolu, les acides minéraux concentrés, détruisent rapidement toute contractilité dans les cellules avec lesquelles elles sont mises en contact direct; elles peuvent, au contraire, n'avoir aucune action sur des granulations inorganiques ; l'augmentation des courants de diffusion dans les liquides avec lesquels elles se mêlent pourrait même augmenter cette trépidation brownienne. Il est à noter que, pour observer T action des réactifs chimiques, il faut laisser s'écouler un temps variable suivant la facilité avec laquelle le liquide actif peut arriver par diffusion jusqu'à la portion contractile, le protoplasma, des éléments sur lesquels on le fait agir. Le mouvement brownien s’observe peut-être moins souvent qu’on n'est porté à le croire dans les préparations microscopiques de Bactéries dans des liquides. Lorsqu'on a affaire à des espèces manifestement immobiles de l'accord de tous, soit Micrococcus, comme Micrococcus ureæ, soit Bacilles, comme Bacillus anthracis, on a beau faire usage de liquides de différente densité et de différente composition, l immobilité est toujours bien évidente : il faut, naturellement, mettre de côté les mouvements purement accidentels, dus aux courants du liquide ou à son évaporation. De nombreuses espèces présentent, au contraire, dans les hêmes conditions, un mouvement lent et obscur, mouvement de trépi- dation manifeste, ne semblant pas servir au déplacement des éléments, puisque chacun d'eux revient, après une sorte d’oscillation, à la place qu'il occupait avant. Ces derniers mouvements, isochrones, réguliers, s’observant quelle que soit la nature du liquide où les cellules sont en suspension, doivent être évidemment distingués du mouvement brow- nien, purement physique, et considérés comme une manifestation, bien obscure il est vrai, de la vitalité des éléments qui le présentent. Ce sont, parmi les caractères de cette classe d'êtres, les mouvements qui avaient surtout frappé les premiers observateurs. Ils y voyaient une preuve irréfulable de la nature animale des Bactéries. Lorsque Da- vaine (1), en étudiant la Bactérie du charbon, remarqua qu'elle restait immobile dans tous les stades où il l'observait, il se crut obligé de créer, pour cette espèce, un nouveau genre, le genre Bacteridium, différant des genres Baclerium et Bacillus par l'absence complète de motilité. Le genre Bacleridium et Fopinion de son savant auteur ont dû céder (1) Davaixe, Recherches sur les Infusoires dans la maladie connue sous le nom de sang de rate (C. R. de l'Acad. des sc.,1863, t. LVII, p. 320). Réimprimé dans « l'OŒuvre de Davaine », Paris, 1889, 1 vol. in-8. MOTILITÉ. 37 devant l'observation d’un grand nombre d'espèces tout aussi immobiles : et d’autres qui, mises dans des conditions de vie spéciales ou arrivées à certains stades de leur développement, présentent, à côté d'une période d’immobilité absolue, des phasés de motilité bien évidente. Beaucoup d'espèces mobiles deviennent inertes lorsqu'eiles vont produire des spores. Chez d'autres, très nombreuses, les cellules qui, isolées, pré- sentent un mouvement très vif, restent complètement immobiles lors- qu'elles sont réunies en Zooglées compactes. C’est ce qui s’observe faci- lement dans les cultures de Bacillus subtilis dans les milieux liquides : les bâtonnets, épars dans le bouillon, sont très mobiles ; ceux qui forment le voile caractéristique à la surface sont, au contraire, tout à fait immo- biles. Aussi, lorsqu'on veut examiner une parcelle de colonie à ce point de vue, est-il plus sûr de la délayer dans une petite quantité de bouillon et d'attendre quelque temps avant de se prononcer. Le degré de motililé peut dépendre de la fluidité du liquide, Dans l’eau, elle est à son maximum ; quand le liquide devient plus dense, elle diminue de plus en plus pour cesser tout à fait lorsque le substratum devient solide. Elle reprend par addition d'eau. Les mouvements se montrent encore, mais réduits, dans des milieux très visqueux comme la gélatine au voisinage de son point de solidification; ils existent même, quoique amoindris, dans la gélatine solidifiée, ce qui peut donner la raison de bien des détails de cultures dans ce milieu. Les mouvements s'effectuent souvent indifféremment dans un sens et dans l'opposé ; il ne semble pas y avoir d'extrémité antérieure et d’extré- mité postérieure dans le mouvement. Certains agents physiques ont une grande influence sur la motilité. L'oxygène est souvent nécessaire ; si l’on fait une préparation microsco- pique de certaines espèces très mobiles, dans un liquide neutre, on peut se rendre compte qu'après quelque temps les Bactéries du centre sont toutes immobiles ; celles des bords, au contraire, trouvant facilement de l'oxygène, restent actives; en lutant la préparation, on peut faire dis- paraître tout mouvement. La chaleur semble activer la motilité dans de certaines limites ; à un degré plus élevé, elle l’abolit ; la mort survient un peu plus haut. La lumière a, parfois, une action bien évidente ; le Baclerium pholometricum, d'après Engelmann (1), n'est mobile que sous l'influence de radiations d'une certaine intensité; il en serait de même du PBacille violet, d'après Marshall Ward (2). Les mouvements déterminés par ces conditions physiologiques passent la plupart du temps inaperçus ; les Bactéries avides d'oxygène se dirigent lentement vers l'endroit où ce gaz afflue; d’autres, sensibles à la lumière, se rap- prochent d'un rayon lumineux, mais si doucement que la progression échappe à l'observateur. Ces phénomènes de motilité, provoqués par les besoins vitaux, doivent, en toute probabilité, être distingués des mouvements vrais ; ils s'observent fréquemment chez des espèces mani- festement immobiles dans les conditions normales d'existence. Matzus- chita (3) a observé que les températures un peu élevées, 35° à 37°, dimi- (1) ExGezmanx, Untersuchungen aus des phys. Laborat. zu Utrecht. Bacterium pho- tometricum, 1882. (2) Marsæazz Wanp, À Violet Bacillus from the Thames (Ann. of Bol., mars 1898). (3) Marzuscmira, Der Einfluss der Temperatur und Ernährung auf die Eigenbewe- gung der Bakterien (Centralbl. für Bakt., 2€ Abth., VIT, 1901, p. 209). 35 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. nuent rapidement la motilité des Bactéries et finissent même par la faire disparaître. La nature du milieu de culture influe aussi beaucoup sur ce caractère ; les mouvements disparaissent assez vite sur les milieux solides, et particulièrement les pommes de terre, persistent au mieux dans les bouillons. Pour observer les mouvements dans les meilleures conditions, il faut se servir de cultures en bouillon développées à la tem- pérature de la chambre. Par analogie avec ce que l’on connaît en toute certitude chez beau- coup d'êtres inférieurs, Monades, Algues, Infusoires, on a été porté à attribuer la cause des mouvements des Bactéries à la présence de crls vibratiles très fins dont le tourbillonnement occasionnerait le dépla- cement de la masse de la cellule. Ehrenberg (1), en 1833, a signalé, chez une espèce qu’il n’a pas suffi- samment définie pour permettre de la reconnaître, son Bacterium trilo- culare, la présence d'une trompe filiforme, tourbillonnante, située à une extrémité de chaque bâtonnet. Cohn (2) figure plus nettement un long eil à chaque bout de Ia spire du Spirillum volutans. Koch est parvenu à voir et à photographier les cils vibratiles de plusieurs espèces après dessiccalion et coloration avec une solution aqueuse d'extrait de bois de campêche. Il en donne d'excellentes reproductions dans un important mémoire publié en 1877 (3). Ils ont été aperçus depuis par d’autres observateurs sur les mêmes espèces ou sur des différentes. Dallinger et Drysdale (4) les ont décrits chez le Baclerium termo, où ils ont pu les étudier à l’aide de grossissements considérables. Des méthodes diverses de coloration rendent ces organes facilement visibles chez les espèces qui en possèdent. Les principales seront exposées plus loin avec détails (Voy. Coloralion des cils). D'après Reichert (5), on peut facilement apercevoir directement les cils chez beaucoup d'espèces mobiles en les examinant avec un fort éclairage dans des liquides un peu épais ou visqueux, ou mieux l'eau de condensation de la gélose ordinaire ou de la gélatine nutritive à 1 p. 100 maintenue liquide: On est loin d’avoir découvert les cils vibratiles chez toutes les espèces mobiles. Leur absence chez les Bactéries de grande taille, où ils devraient être bien visibles s'ils existaient, doit faire penser qu'ils ne sont pas les organes exclusifs du mouvement. La contractilité du proto- plasma joue certainement un grand rôle dans les phénomènes de moti- lité. Le protoplasma en se contractant entraîne la membrane, la cellule se déplace. Le même fait se trouve, du reste, chez des Algues manifes- tement dépourvues d'organes locomoteurs, les Oscillaires, les Diatomées, les Desmidiées, où les mouvements ne peuvent être attribués qu’à la contractilité protoplasmique. D’après Ellis (6), toutes les Coccacées (1) EnrexgenG, Die Infusionsthierchen. Berlin, 1833. (2) Cox, Untersuchungen über Bacterien (Beilr. zur Biol. der Pflansen, 1, 2° p., p. 127). (3) Kocn, Untersuchungen über Bacterien (/bid., IT, 3e p.). (4) DaruixGer et DrysbAe, On the existence of flagella in Bacterium termo (The Monthly Microscopical Journal, 1875). (5) Rricnernr, Ueber Lichtharmachung der Geisseln und die Geisselbewegung der akterien (Centralbl. für Bakt., Originale, LI, 1909, p. 14). (6) Euris, Der Nachweiïss der Gcisseln bei allen Coccaceen (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., IX, 1902, p. 546). MOTILITÉ. 39 posséderaient un ou plusieurs cils. Beijerinck a décrit de longs cils chez la Sarcina ureæ. La nature de ces cils a été contestée. Van Tieghem., se fondant surtout sur la difficulté de leur colora- tion par les réactifs qui tei- gnent si rapidement le proto- plasma, fait de ces prolonge- } ments de simples dépendances b / de la membrane, dépourvues VA de toute contractilité et, par- / |) ) / : | ) tant, de tout pouvoir locomo- { f K \ a teur. Lorsque deux cellules, issues de la division d’un même élément, se séparent, la portion commune de la mem- brane, au lieu de se scinder \ nettement en deux, peut se Fig. 19. — Cils vibratiles. laisser étirer en un filament qui se rompt plus ou moins près de chacune des deux cellules filles ; c'est ce prolongement qui constituerait le cil vibratile (1). Le fait de la résistance des cils aux matières colorantes ordinaires ne suffit pas pour faire nier leur origine protoplasmique ; on sait, en effet, que le proto- plasma homogène, celui qui constitue la couche périphérique dépourvue de granulations de beaucoup de cellules, ne présente qu'une affinité tal Spirillum undula avec cils vibratiles. cils vibratiles. Fig. 20. — Bacille lyphique avec Fig. 21. très faible pour les matières colorantes, qui teignent au contraire très fortement le protoplasma central. Bütschli a du reste signalé le même fait chez les Infusoires flagellates où les flagellums, très mobiles et en dépendance bien nette du protoplasma cependant, sont excessivement difficiles à colorer. Il serait, en outre, plus difficile d'expliquer la forma- 1) Van Trecxen, Sur les prétendus cils des Bactéries (Bull. de la Soc. Bot., 1879 ? p. 37). ! 40 MORPHOLOGIE DES BACTÉRIES. ion de bouquets de cils, décrits chez des Bactéries spiralées. En dernier lieu, ces appendices n'ont, jusqu'alors, jamais été vus à des espèces immobiles. Il est plus rationnel de les considérer comme des cils vibra- üles et de leur assigner véritablement une nature protoplasmique, Fig. 22. — Sarcina ureæ avec cils Fig. 23. — Sarcina agilis avec cils vibratiles (d’après Zettnow). vibratiles (d'après Zettnow). D'après les recherches récentes de ce dernier observateur, les cils seraient en dépendance exclusive de la membrane d’enveloppe. En comprimant fortement sous la lamelle des Bactéries de grande taille, l'espèce, connue sous le nom de Bacterium lineola entre autres, la — Proteus vulgaris avec cils vibratiles. Fig. 24. — Spirilles du choléra Fig. 25. avec cils vibratiles. membrane éclate à une des'extrémités, le contenu s'écoule par l'orifice el laisse l'enveloppe tout à fait vide. En étudiant cette coque avec grande attention, Bütschli a remarqué qu'elle conservait toujours, à une extrémité, le long ail parüculer à l'espèce, preuve qu'il n'émane MOTILITÉ. 41 pas directement de la masse centrale molle du protoplasma. Des recher- ches postérieures de Fischer (1) battent en brèche cette manière de voir et tendent à démontrer que les cils sont bien de véritables prolonge- ments du protoplasma, pouvant sortir par de fins orifices de la membrane. Le nombre et la disposition de ces organes sont variables chez les différentes espèces qui en présentent. Les formes sphériques n'en auraient jamais qu'un; les coccus réunis par couple en auraient un à chaque pôle libre (fig. 19, /). Les formes en bâtonnets peuvent n'en présenter qu'un, à une extrémité (Spirillum rugula, fig. 19, 2: Sprrille du choléra, fig.24), ou deux, un ächaquebout (Bacillussublulis, fig. 19,35), ou plus souvent même alors ré- paris sur toute la surface (fig. 20 et 25). Les Bactéries en spi- rale en possèdent tantôt un seul à chaque extrémité (Spirillum undula,fig.19,2,etfig.21),tantôt plusieurs en bouquet d'un côté ou des deux (formes spiralées des Sulfuraires roses, fig. 19, 7 ; Spirillum undula, fig. 21; Spi- rulles du choléra, fig. 24). Beau- coup d'espèces en ontde 10 à 15 ; le Vibrion seplique et le Bacille du charbon symplomalique en ont de 20 à 40; le Bacille du lélanos, de 50 à 100 (fig. 26); le Proteus vulgaris souvent plus Fig. 26. — Bacille du télanos avec cils de 100 (fig. 25). Le nombre des vibratiles. cils n'influe pas sur la motilité. Chez quelques espèces, le Bacille du charbon symplomalique, par exemple, on peut trouver sur quelques bâtonnets de véritables torsades, parfois très longues et très épaisses, qui seraient formées de cils appar- tenant à plusieurs bâtonnets, arrachés à un moment donné ; le nom de cils composés, qui a été proposé pour ces formations (2), ne peut évidem- ment pas leur être appliqué, si leur mode de production est tel qu'il vient d’être exposé. Quand les cils n'existent qu'à une extrémité, cette extrémité est souvent postérieure dans le mouvement. Lorsque les cellules sont unies en chaines, les éléments qui se trou- vent aux deux bouts sont seuls munis de cils vibratiles à leurs extré- mités libres, Ce sont du reste les seuls qui se meuvent activement ; les autres suivent simplement l'impulsion qu'ils donnent. Lors de la sépa- ration des éléments unis, les cils apparaissent aussitôl. Ces organes sont d'une grande fragilité ; le moindre. heurt suffit pour les casser. La longueur des cils est très variable par rapport à la longueur de l'élément qui les porte ; elle peut être inférieure, égale ou beaucoup supérieure. À la contractilité de la masse protoplasmique doit être uni un certain (1) Fiscuer, Untersuchungen über Bakterien (Jahrb. für wiss. Bot., Bd. XXVII). (2) Mazvoz, Sur les cils composés (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1902, IX, p. 686). 49 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. degré de flexibilité de la membrane lui permettant de suivre les mouve- ments, flexibilité des plus marquée chez certaines espèces, particuliè- rement les anciens Spirochètes. Si, au contraire, la membrane est rigide, elle emprisonne parfaitement la partie mobile et empêche ainsi toute manifestation extérieure de sa contractilité, qui, on le sait, est une des propriétés inhérentes à tout protoplasma; la Bactérie est immobile ou se meut uniquement à l’aide de cils, tout en restant rigide. De plus amples détails seront donnés plus loin, lors de l'étude des procédés de coloration des cils. D'après Rossi (1), les cils joueraient un rôle important dans le phénomène de l’agglutination; ils traversent facilement les bougies assez poreuses, comme la Berkefeld V. La disposition des cils sur les éléments peut servir à établir des coupes parmi les Bactéries. En prenant leurs caractères comme base, Messea (2) a proposé la classification suivante : L.' Gymnobactéries : Espèces dépourvues de cils. IT. Trichobactéries : Espèces munies de cils. 1. Monotriches : Espèces à un seul cil placé à un des pôles. Ex. : Spirille du choléra (fig. 24). 2. Lophotriches : Espèces munies d’un faisceau de cils à un des pôles. Ex. : Bacille du lait bleu. 3. Amphitriches : Espèces munies de cils aux deux pôles. Ex. : Spirillum undula (fig. 21). 4. Péritriches : Espèces ayant des cils sur toute la surface du corps. Ex.: Proteus vulgaris (fig. 25). Si ces caractères ne paraissent pas suffisants pour établir une clas- sification générale, ils n’en sont pas moins précieux et commodes pour la distinction et la description des espèces et les dénominations à con- server. CHAPITRE DEUXIÈME BIOLOGIE DES BACTÉRIES I. — FONCTIONS DES BACTÉRIES 1. RESPIRATION Comme tous les êtres vivants, les Bactéries ont un besoin absolu d'oxygène. Elles peuvent prendre ce gaz dans l'air, dissous dans le milieu nutritif, ou à l’élat de combinaison peu stabie avec certaines substances. Si, par exemple, on colore du lait en bleu à l’aide de quel- ques gouttes de solution de carmin d'indigo, et qu'on y sème des Bac- téries communes de l'air ou de l’eau, on verra le liquide se décolorer, (1) Rossi, Sui phenomeni di agglutinazione dei Batteri (Arch. per le Sc. med., XXVIII, 1904). (2) Msssea, Contribuzione allo studio delle ciglia dei batteri e proposta di una clas- sificazione (Kivisla d'Iqiene, I, 1890). RESPIRATION. 43 au fur et à mesure du développement des organismes dans sa masse ; le carmin d'indigo est réduit par les Bactéries qui lui prennent son o0xy- gène (1). En agitant le liquide à l'air, Fa coloration bleue réapparait, indice de la pénétration d'oxygène. La Baclérie du charbon, se déve- loppant dans le sang, enlève T'oxygène à l’oxyhémoglobine et cause ainsi l’asphyxie des tissus ; le sang, désoxygéné, prend alors la teinte noirâtre caractéristique. Il est facile de se rendre compte, par l'examen direct, de ce besoin d'oxygène. Dans une préparation, faite avec une goutte de Culture de Bactéries mobiles, Bacillus subltilis ou Baclerium Lermo, par exemple, , plus simplement, avec une goutte de macération végétale ou ani- male où ces formes abondent, on voit, au bout de très peu de temps, toutes les Bactéries mobiles se rapprocher des bords de la lamelle et y former un liséré épais. C’est que là l'oxygène arrive en abondance. Si on lute la préparation à la cire ou à la paraffine, qui empêchent totale- ment l'accès de l'air, les Bactéries s’'amassent autour des bulles d'air que peut contenir le liquide. Après quelques instants, le mouvement cesse au centre, pour ne plus se montrer qu'aux abords des endroits où peut arriv er l'air. Dès que l'oxygène manque totalement, ces éléments, très mobiles tout à l'heure, tombent dans un état de mort apparente, qui sera bientôt suivie d'une perte totale de la vie, si la privation d'oxygène continue. Engelmann (2) a donné une très jolie preuve de cette avidité pour l oxygène que possèdent certaines espèces. En faisant tomber un spectre microscopique à l’aide d'un appareil spécial, son microspectral-objectif, sur un filament d'Algues vertes que l’on trouve communément dans l'eau, on voit les Bactéries en suspension dans le liquide s’accumuler en deux endroits contre le filament vert. Le plus fort amas est dans le rouge, entre les raies B et C de Fraunhofer; on trouve un second groupement moins considérable dans la partie la plus réfrangible au delà de la raie F. C’est en effet à ces deux endroits que se trouvent les bandes d'absorption du pigment chlorophyllien et où se limite, dans le spectre, le mode d'activité de ce pigment, décomposition de l'acide carbonique, assimilation du carbone et dégagement de l'oxygène. Les Bactéries emploient cet oxygène, comme le font toutes les cellules vivantes. [1 sert à oxyder, brûler certains principes du protoplasma ; d’où dégagement de forces vives, en rapport direct avec la chaleur produite par la combinaison. Le résidu est de l'acide carbonique, qui se dégage et dont la présence est toujours facile à constater, et de l'eau, qui se mélange au milieu ambiant. Dans certains cas, l’action est beaucoup plus complexe ; l’absorption d'oxygène est très considérable. L'espèce l'emploie, en outre, à oxyder directement une grande partie de l'aliment dont elle dispose; il se forme ainsi un composé nouveau, qui doit être rejeté au dehors de la cellule parce qu'il nuirait à son fonctionnement. La Bactérie de la Mère de vinaigre, vivant à la surface de liquides alcooliques, transforme rapide- (1) Ducraux, Mémoires sur le lait (Ann. de l'Inst.agron., 1882) et Chimie biologique, p. 108. — Voy. aussi : Le lait, étude chimique et microbiologique, 2e édit. Paris, J.-B. Baillière, 1894, 1 vol. in-16. (2) ExGermanx, Ueber Sauerstoffausscheidung von Pflanzezellen im Mikrospectrum (Arch. für die gesammte Physiol., 1882, Bd. XXVIH, p. 485). 44 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. $ ment de grandes quantités d'alcool éthylique en acide acétique. Les Bactéries nitrifiantes oxydent l'azote des composés ammoniacaux du sol, et forment des nitrates. A côté de ces espèces qui ne peuvent vivre sans oxygène libre, ces aérobies, comme les a nommées Pasteur, il s'en trouve d’autres qui non seulement n'ont pas besoin, pour se développer, de trouver de l’oxygène gazeux dans leur milieu, mais que la présence de ce gaz libre semble empêcher de végéter ou tuer. Pasteur les a appelées anaëérobies (1). On peut citer comme type son Vibrion butyrique, le Bacillus butyricus. Le liquide qui subit la fermentation lactique contient, au bout de peu de temps, une quantité de bâtonnets épais et courts de Bacillus lacticus. L'espèce, qui est aérobie, trouble uniformément la masse. Lorsque tout l'oxygène du liquide est enlevé, les bâtonnets tombent en état de vie latente, et s'amassent au fond du liquide en un dépôt plus ou moins épais; il n'en reste en vie active que dans la couche supérieure du liquide, interceptant l'oxygène au passage et empêchant sa diffusion dans les couches sous-jacentes. Alors se développe une autre espèce, manifeste- ment anaérobie, qui n’attendait pour se montrer que cette disparition d'oxygène : c’est le Bacillus bulyricus, agent de la fermentation buty- rique type. L'aspect des organismes que l’on trouve dans le liquide est tout autre : ce sont de grands bâtonnets, ayant une longueur trois fois grande comme celle des précédents et une largeur en proportion. Les phénomènes qui se passent dans le milieu sont aussi bien différents. Il se produit une active production de gaz et une forte odeur d'acide buty- rique. Si l'on examine une goutte de ce dernier liquide, les phénomènes observés sont inverses de ceux que nous ont présentés les aérobies. Là où il y avait la vie, est la mort et réciproquement. Les bâtonnets fuient les places où ils peuvent être atteints par l'air ; dans ces endroits, leur mouvement cesse, ils viennent en vie latente ou meurent. La vitalité ne continue à se montrer qu'au centre de la préparation, où l'oxygène ne peut diffuser. Les mêmes phénomènes apparaissent si l'on fait barboter de l’air dans le liquide précédent, en pleine fermentation butyrique. Il est encore difficile de donner une explication bien nette de ce phé- nomène, qui semble si anormal à première vue. Les recherches déjà anciennes de Pasteur montrent qu'il y a un lien intime entre la vie sans air et la fermentation provoquée. Les anaérobies paraissent tous être des agents énergiques de la transformation des matières organiques ; c'est précisément grâce à l'énergie de leur pouvoir d'attaque, due, comme nous le verrons, à leur sécrétion de diastases très actives, qu'il leur devient possible de se passer d'oxygène libre en utilisant dans une cer- taine mesure l'oxygène entré en combinaison. Il y a, en effet, entre la vie sans airet la vie à l'air ce rapport tout intime qui montre que ce ne sont là que deux formes d’un même processus fondamental, que les mêmes produits sont directement utilisés par le protoplasma vivant. L'oxygène, toujours nécessaire, peut être pris directement dans le milieu ambiant où ilse trouve à l’état libre, ou bien emprunté à une combinai- son d'où peut le dégager l'activité protoplasmique spéciale. Il est dans (1) Pasreur, Infusoires vivant sans gaz oxygène libre (C. À. de l'Acad. des sc., LII, 1861), et Études sur la bière, 1876, p. 282. Ce Lin de RESPIRATION. 45 les deux cas utilisé de la même façon générale, comme le prouve la formation du même composé final, l'acide carbonique. Si les cellules végétatives des espèces anaérobies sont aussi sensibles à l’action nuisible de l'oxygène, il n'en est pas de même des organes reproducteurs, des spores. Celles-ci peuvent supporter, en effet, sans être influencées, le contact, même prolongé, de l'air ; peut-être même ce con- tact est-il nécessaire à leur développement futur, ce qui serait un lien de plus entre les aérobies et les anaérobies. La spore, toutefois, portée dans un milieu nutritif, ne peut germer qu’en l’absence totale d'oxygène. Entre les espèces dont la moindre trace d'oxygène empêche le déve- loppement, et celles qui ont un besoin absolu de ce gaz, s’en trouvent d’autres, assez nombreuses, qui présentent sous ce rapport une indiffé- rence assez complète et font en quelque sorte transition. Les premières étant des anaérobies vrais ou obligés, ces dernières sont des anaérobies facultatifs. Elles se développent au mieux en présence de l'air, mais végètent quand même, bien que souvent faiblement, dans un milieu complètement dépourvu d'oxygène, sans paraître y provoquer de réac- tions particulières. Le Bacille typhique, le Micrococcus de la mammite gangreneuse de Nocard (1) en sont d'excellents exemples. Il existe, du reste, entre les organismes aérobies et les organismes anaérobies, toute une série d’intermédiaires dont l'étude peut jeter une grande lumière sur la physiologie des anaérobies qui apparaît encore si obscure. Bien des Levures peuvent emprunter l'oxygène, soit à l'air en nature ou dissous dans le milieu nutritif, soit à des combinaisons oxygé- nées plus ou moins stables. Schützenberger a démontré que la Levure de bière enlevait très facilement l'oxygène à l’oxyhémoglobine, faisant passer le sang artériel rouge à l’état de sang veineux noir. Ces Levures peuvent emprunter cet oxygène à des composés plus complexes, les sucres ; celle soustraction d'oxygène détermine alors des modifications moléculaires importantes qui constituent la partie fondamentale du pro- cessus de la fermentation; la Levure qui devient ferment vit réellement en anaérobie, On peut imaginer facilement qu'un tel caractère devienne, chez certaines espèces, tout à fait définitif et prédominant; des types d'anaérobies seront produits. Du reste, on peut admettre que les éléments d'organismes supérieurs sont de vrais anaérobies. Ils ne peuvent pas utiliser l'oxygène libre, mais seulementl'oxygène en combinaison, combinaison peu stable, ilest vrai, l’oxyhémoglobine. Les microbes anaérobies, éléments plus disso- ciés d'un même tout, n’en diffèrent que parce qu'ils peuvent ou doivent prendreleur oxygène à des composés plusstables ; mais ce n'est là qu’une question de degré, se trouvant sous la dépendance de production de corps oxydants plus énergiques. Ces données sur l’aérobiose et l'anaérobiose, que l’on a considérées longtemps comme classiques, ont élé fortement battues en brèche par des travaux récents, principalement ceux de Tarozzi(2), de Wrzosek (3), : (1) Nocar», Sur la mammite gangreneuse des brebis laitières (Ann. de l'Inst. Pas- leur, 1888, n° 9). (2) Tarozzr, Ueber ein leicht in aërober Weise ausführbares Kulturmittel von einigen bis jetzt für strenge Anaeroben gehaltenen Keimen (Centralbl. für Bakt., Originale, XXXVIII, 1905, p. 619). (3) Wnzosek, Weitere Untersuchungen über die Züchtung von obligatorischen Anaëroben in aërober Weise (1hid., XLIV, 1907, p. 607). A6 °- BIOLOGIE DES BACTÉRIES. : ; de Pfuhl (1) et surtout de G. Rosenthal (2), qui démontrent qu'il est très possible de faire vivre des anaérobies obligés types en véritables aérobies, à l’aide de certaines méthodes, et même, comme l’a obtenu G."Rosenthal, de transformer un de ces types en un lype aérobie vrai. Évidemment, il ne s’agit pas ici du /ransformisme d’une espèce, mais simplement d’un changement dans ses propriétés vitales, processus dont on connait beaucoup d'exemples par rapport à plusieurs de ces propriétés, telle, par exemple, l'obtention de types achromogènes, avirulents, aux dépens d’un type chromogène ou virulent. Il faut donc éviter, pour de tels dérivés, l'emploi du terme espèce. Ces lypes dérivés paraissent même fixés à tel point qu’ils peuvent se reproduire identiques par spo- rulation. On se trouve alors en présence de deux microbes, l’un repré- sentant le type habituel, anaérobieavec ses propriétés regardées comme normales, l’autre, le type dérivé, aérobie, ayant dépouillé une grande partie des propriétés biologiques du premier, mais toutefois pouvant en avoir conservé de très caractéristiques, peut-être même spécitiques, comme l’agglutination parle sérum spécifique, qui permettent d'affirmer sa véritable nature. De plus, par une durée souvent longue de vie en anaérobiose maintenue expérimentalement, il est possible d'obtenir le retour au type ordinaire, anaérobie, avec récupération complète des propriélés biologiques, surtout la virulence pour lès espèces patho- gènes. Latransformation d'anaérobieen aérobienes’observepasbrusquement, mais au contraire lentement, progressivement, par étapes. Chez le Vibrion septique, le Bacille du lélanos, le Bacillus perfringens, Rosenthal décrit trois phases successives dans l’aérobisation, à chacune desquelles il est possible de fixer le microbe en faisant cesser l’action des conditions actives. Dans une première phase, à part le pouvoir de végéter en pré- sence d'oxygène, le microbe reste lui-même, consérvant toutes ses fonctions, sauf une légère atténuation dans son pouvoir pathogène. Une seconde phase est caractérisée par la disparition progressive, en cultures aérobies, de tous les caractères biologiques spéciaux, chimiques, fermentatifs et pathogènes, qui persistent au contraire intégralement dans les cultures anaérobies provenant d'un même ensemencement, au point que ces dernières peuvent reconstituer entièrement le type ori- ginel. Dans une troisième étape de la vie aérobie, on observe la perte définitive des caractères biologiques qui ont entièrement disparu, aussi bien en cultures anaérobies qu'en cultures aérobies, et 1l peut n'être plus possible de les faire réapparaitre. Parfois cependant, ce qui est bien probant, le relour au type primitif peut s'obtenir, avec des inoculations massives en série chez les animaux ou une longue suite de cultures anaérobies. Dans cesphénomènes, la question de composition du milieu peut avoir une réelle importance. Il semble que la présence de certains aliments, de certaines substances, diminue l’action nocive de loxygène sur les anaérobies vrais, à tel point que ces microbes arriveraient en quelque sorte à s'y accoutumer progressivement el à pouvoir vivre en aérobies. (1) Pruur, Die Züchtung anaërober Bakterien in Leberbouillon, sowie in Zucker- bouillon und in gewühnlichem Bouillon mit einem Zuzatz von Platinschwamm oder Hepin unter Luftzutritt (Centralbl. für Bakt., XXIV, 1907, p. 378). (2) G. Rosexrnaz, L’aérobisation des microbes anaérobies. Paris, Alcan, 1908. RESPIRATION. | 47 Tarozzi emploie des milieux auxquels il ajoute des fragments de tissus frais d'animaux sains, surtout foie, rate, reins, ganglions. fl peut même suffire de plonger dans du bouillon un tel fragment que l'on retire aussitôt pour que ce ‘milieu devienne apte à donner une culture d’un anaérobie. Cette particularité ne s'observerait ni avec le lissu conjonctif, ni avec le sang, le sérum, le lait. Elle persiste dans un tube de bouillon porté à 100° pendant quelques minutes, mais après cinq minutes a disparu. D'après Wrzosek, le même phénomène s'observerait avec. beaucoup de tissus animaux ou végétaux, frais ou desséchés, avec des fragments de graines, même avec des tissus carbonisés, du charbon de bois, du coke; il conclut que ce qui agit dans la circonstance c'est la présence d’une substance réductrice. Harrass (1) réussit en préparant du bouillon avec une macération de foie : Pfuhl en ajoutant à du bouillon ordinaire de la mousse de platine ou une catalase, l'hépine. Rosenthal oblient l'aérobisation en habituant progressivement l'anaé- robie au contact de l'oxygène, soit par gamme ascendante de pression en faisant des cultures dans le vide relatif de moins en moins prononcé, soit par gamme descendante de hauteur en le cultivant dans des tubes de culture de moins en moins profonds. Le phénomène inverse, la transformation d'un aérobie en anaérobie, parait aussi pouvoir s’obtenir dansdes conditions similaires. D’anciennes observalionsde Naegeli, puisde Nencki, montrent que diverses Bactéries de fermentation, aérobies habituels, peuvent très bien vivre sans oxy- gène, si elles se trouvent dans une solution appropriée, apte à fer- menter, mais que ces mêmes espèces ne peuvent plus se développer qu'en présence d'oxygène si elles n'ont à leur disposition qu'un liquide nutritif moins favorable. Rosenthal (2) a observé que le Bacille du charbon, aérobie vrai, pouvait se transformer progressivement en anaé- robie facultatif, soit en l'habiluant à supporter des vides de plusen plus forts, soit en le cultivant dans un milieu dont la surface est de mieux en mieux protégée du contact de l'oxygène. En anaérobiose, il perd sa propriété de sporuler et voit sa vitalité diminuer ; à part cela, dans une première série de cultures (premier stade d'anaérobisation) il garde ses fonctions biologique, chimique et pathogène. C’est aussi une.véritable adaptation d’aérobies à la vie anaérobie qu'ont mis en jeu Charrin et de Nittis (3), puis Vincent (4) quand ils sont parvenus à conférer de la virulence au Bacillus subltilis et au Bacillus megaterium. Il semble bien résulter de tout ceci qu'entre les organismes aérobies et les organismes anaérobies 1l n’y aurait pas de différences capitales, essentielles, mais de simples différences de degré, et que la meilleure conception est celle de Beijerinck (5) qui classe comme aérophiles tous les microbes qui recherchent ou préfèrent la tension maxima d'oxygène (1) Harrass, Münchener med. Wochenschr., 1906, n° 46. (2) G. Rosenrnaz, L'anaérobisation du Bacille du charbon (Soc. de l’internat des hôpilaux de Paris, 7 juillet 1906). (3) CHarmx et pe Nirris, Un Bacillus sublilis pathogène (Soc. de biol., 17 juillet 1897). (4) Vixcexr, Sur les aptitudes pathogènes des microbes saprophytes (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 785). (5) Beueriex, Les organismes anaérobies ont-ils besoin d'oxygène libre ? (Arch, néerlandaises, 2 série, t. II, 1899, p. 397). 48 : BIOLOGIE DES BACTÉRIES. et microaérophiles ceux qui réclament une faible tension de ce gaz, tels les anaérobies dits jusqu'ici obligés. Les microbes anaérobies paraissent être très répandus dans la nature et jouer un grand rôle dans la transformation de la matière organique. Ils peuvent vivre facilement dans lemilieu extérieur, grâce à la présence à leurs côtés de nombreuses espèces aérobies qui enlèvent l'oxygène du milieu et le rendent habitable pour les anaérobies. Ils interviennent très activement dans la putréfaction des matières organiques en donnant un dégagement d'acide carbonique, d'hydrogène et d'hydrocarbures et formant souvent des corps odorants. Ils occasionnentbien des processus de fermentation; les Bacilles buty- riques, B. amylobacler, B. amylozyma, B. orthobutylicus, B. gracilis ethylicus rentrent dans cette catégorie. Beaucoup sont des agents éner- giques de décomposition des albuminoïdes, surtout le Bacillus putri- ficus coli, le Bacillus bifidus, le Tyrothrix claviformis, les Micrococcus magnus et M. anaerobius. Beaucoup ont une action pathogène marquée; leur importance en pathologie humaine et animale augmente tous les jours, surtout depuis que des facilités de technique permettent de les rechercher plus aisé- ment et de les étudier de plus près. Sous ce rapport, les travaux de Veillon et de plusieurs de ses élèves ont été des plus précieux, en mon- trant que certaines de ces espèces jouent un rôle considérable dans les suppurations putrides et les processus gangreneux. Le Vrbrion septique de Pasteur, un des plusanciennement connuset des plus répandus, doit toujours être cité au premier rang; puis le Bacille du tétanos et le Bacille du charbon symplomatique ; le Bacillus perfringens et les espèces bien voisines, Bacillus enterilidis sporogenes, Bacille du phlegmon" gazeux, le Bacillus botulinus, les Bacillus serpens, B. ramosus, B. fragilis, B. theloides, Micrococcus parvulus, M. fœtidus, Spirillum nigrum, des pus fétides ou des suppurations gangreneuses. Cette liste s’accroitra certainement encore. D'après les résultats obtenus par Rosenthal, il est permis de penser qu'il n'est pas impossible d'arriver à rencontrer dans la nature le type anaérobie et un type aérobie plus ou moins parfait d'une même espèce, types que la morphologie ou la persistance de l’un ou l’autre des carac- tèresbiologiques permettraient d'identifier. A ces types aérobies, neutra- lisés, privés de toutou partie de leurs fonctions, Rosenthal propose de donner le nom de bacillogènes, les considérant comme la forme primi- tive, la véritable espèce, saprophyte alors, qui, transportée dans un milieu très pauvre en oxygène, s’est progressivement adaptée, comme le fontle Bacillus sublilis et le Bacillus megalerium, à des conditions nou- velles, à la vie anaérobie. D'autres détails serontencore donnés plus loin à Cullure des anaérobies et lors de la description des différentes espèces. 2. NUTRITION Toute cellule vivante doit trouver, dans le milieu où elle évolue, de quoi compenser les pertes occasionnées par les actes vitaux, et même de quoiaugmenter sa masse, en parties actives ou en réserves. [1 lui faut, pour vivre, des aliments. En on Fe at ES | NUTRITION. 49 Ces aliments doivent nécessairement renfermer les corps simples qui entrent, sous des groupements divers, dans la constitution du corps de la cellule. Il en est des Bactéries, sous ce rapport, comme de tous les autres êtres vivants, animaux ou plantes. Une petite partie de la masse cellulaire est constituée par des composés ternaires: c’est de la cellulose, de la matière amylacée, des sucres, le tout imprégné d'une forte quantité d'eau. Les éléments chimiques qui dominent sont donc le carbone, l'hydrogène et l'oxygène (1). Le protoplasma, et souvent même la membrane, contiennent des matières albuminoïdes: il faut donc fournir en outre de l'azote et accessoirement du soufre et du phosphore. On y rencontre aussi des matières grasses. À côté de cela, l'analyse révèle la présence d'un certain nombre d'éléments, considérés comme secondaires, parce que leur action est peu connue, pour ne pas dire complètement ignorée. Ce sont eux qui restent à l’incinération et qu'on désigne sous le nom général de substances minérales. De bons rensei- gnements sont fournis par la composition chimique des Bactéries. COMPOSITION CHIMIQUE DES BACTÉRIES. L'analyse élémentaire a donné à Cramer (2), pour le Pneumobacille de Friedländer et lrois microbes voisine, la moyenne suivante: CATbONE.: PA ER PRE RRe LEE RS ATEN RAT EE AP mr etes RC 91,07 Hdros en ersr RU AP Mess ANNE ET NT SET Res RUN 2 6,64 ZOUE ss AE CARS. AUS D EU LR EN AR) PNR ete DU eu 13,46 Cendires een rt A RER EEE DAS AR CNRS AU MONET Re 9,16 Nishimura (3) a obtenu les chiffres suivants : BACILLE BACGILLE DE LA TUBERCULOSE. DE LA DIPHTÉRIE. GALDONE NEPAL AR Rire 51,62 51,21 Hydrogène enr Renan 14 8,07 9,02 ALOLE rer tee el ee 9,09 HE TIMRE SOUTENANT PR te » 1,49 Phosphore ee re emma nute » 0,67 Cendres 2e NRA A0 2 8,00 » Cramer (4) a du reste démontré que ces chiffres, surtout celui de l'azote, pouvaient varier dans d'assez larges limites pour une même espèce, — et il a surtout expérimenté sur le Spirille du choléra, — sui- vant la valeur nutritive du milieu. La proportion d’eau est toujours assez élevée ; différentes analyses donnent une moyenne de 84 à 85 p.100, pour 15 à 16 p. 100 derésidu sec. D’après Nicolle et Alilaire (5), la proportion d’eau, dans quinze espèces étudiées, varierait entre 73 et 84 p. 100, l'azote lotal de 8,5 à 10,5 p- 100 en poids sec. (1) Hesse, Ueber die gasfürmigen Stoffwechselproducte beim Bacterien (Zeilschr, für Hygiene, 1893, XV, p. 17). (2) Cnawer, Die Zusammensetzung der Bakterien (Arch. für Hygiene, 1893, XVI, p- 151). (3) Toyosakr NisnimurA, Untersuchung über die chemische Zusammensetzung eines Wasserbacillus (Arch. für Hygiene, 1893, XVIII, p. 318). (4) Crawer, Die Zusammensetzung der Cholerabacillen (Arch. für Hygiene, 1895, XXII, p. 161). (5) Nicozre et Arirarre, Note sur la production en grand des corps bactériens el sur leur composition chimique (Ann. de l’Inst. Pasteur, XXIIT, 1909, p. 247). Macé. — Bactériologie, 6° édit, 4 50 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. Nishimura donne, pourle Bacille del'eau qu'ilaétudié,lacomposition suivante du résidu sec : ATDUMETE EE RE ET En EU ER ER Er cer 63,5 p. 100 HYdrocarbhnES ee Sr ER A RTE 0 oetee 12,2 — Exiratb alcoolique re E CP RER EEE RE CC ECELE 3,2 — Extrait CRÉÉ MR SEE TRANS SARL de ed LOUE SE RPE Gendres ner PUR RE arr de Cie «see es cie 11,2 — Léerthine ere r En eee Sa TS RE BEN SAT SR 0,68 — XaTbhINE AE ra Ne nine ne MR RER CC É 0,14 — Guaninene riz sir MANS OM TEE UE CNRS EEE à ARS LAS 0,17 — AIdéniIne rs nt lei Bree Me Cie oi ns ets de PE sets TROUS EE L'auteur signale en outre des traces d'urée, déjà rencontrée par Du- claux dans des ferments des albuminoïdes. Cramer donne pour le Pneumobacille de Friedländer, sur culture à l'infusion de viande, dans des conditions différentes, les chiffres suivants pour 100 de résidu sec : Avec 1 p. 100 Avec 5 p. 100 Avec 1 p. 100 peptone peptone. peptone. et 5 p. 100 glucose. Albumine....... A hl 79,8 63,6 Extrait alcoolique éthéré. 10,3 11,28 221 Cendres Acc rer 13,94 10,36 7,88 Pour le Spirille du choléra, le même auteur a remarqué que la quan- tité de matière albuminoïde variait, pour une même race, de 45 à 65 p.100 du résidu sec, suivant que la culture était faite en milieu mi- néral (liquide d'Utchinsky) ou en bouillon de viande, les cendres variant de 11 à 31 p. 100 dans les mêmes conditions. Le chiffre de l’albumine est obtenu en multipliant la quantité d'azote trouvée par 6,25 : 1l y a cer- tainement là quelque inexactitude, comme le fait remarquer judicieuse- ment Duclaux (1). D'après Hammerschlag (2), le Bacille tuberculeux, lavé et séché, abandonne en moyenne 27 p. 100 de son poids à un mélange d'alcool et d’éther; l'extrait obtenu par évaporation est formé d'un mélange de ma- tière grasse, tripalmitine et tristéarine, et de lécithine. Le résidu se dis- sout dans l'acide sulfurique concentré en donnant une solution qui réduit la liqueur de Fehling, ce qui pourrait être dû à une substance cel- lulosique. La proportion d'extrait éthéro-alcoolique est très élevée chez celte espèce, qui contient beaucoup de matières grasses, comme l'ont montré également d’autres observateurs (3). D'après Aronson (4), cet extrait contiendrait une forte proportion d’une matière cireuse. Pour le Bacille tuberculeux, Kressling (5) donne comme composition de la masse bacillaire séchée : Humidité (dessiccation à 1000-1100).,..,,... SAS 3,93795 p. 100 Cendres..... 5 de RTE Rene eh ee 2/55 — ZOO RAR nt re 20e ee A NE ENS LRE R ne R ee 8,575 _ (1) Ducraux, Traité de microbiologie, I, p. 168. (2) IammerscazaG, Bakteriologische chemische Untersuchungen über Tuberkelba- cillen (Centralbl. für klin. Med., 1891, p. 1). (3) Scawerrz et Donser, Further notes upon the fats contained in the tuberculosis bacilli (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., XIX, p. 707). (4) Arowsow, Zur Biologie der Tuberkelbacillen (Berlin. klin. Woch., 1898, n° 22). (5) KressuxG, Ueber die Fettsubstanz der Tuberkelbacillen (Zbid., XXX, 1901, p. 896). — Arch. des sc. biol., 1903, p. 359. NUTRITION. ol Substances albuminoïdes........................... 53,59 p. 100 SUNSDANCES PASSES ER 2e de echo ie sien (eleie ciaiote see, oi 33,95 — Substances non azottes (dosées par différence),..... 0,9725 — Schweinitz et Dorset (1) donnent pour les cendres de cette mème espèce la composition minérale suivante: SOUTENIR a ete te lat rater e Die iemqne atel ef e 12,62 p. 100 RORASSO TEE NRA ETTe clans noie 2 avel eee 6,35 — CHA EP ER Se Sel aie it sea ee dretee raie 12,64 « — LT TÉMOINS BRRE DOME BOT SACS MARSEE REERRCAIEE 11,55 — AGIdefCarbOmOQUeElE SIC RER M Ce Dee 0,57 — ACide phosphorique Reese ee -macetrerrlsmece 55,23 — A remarquer la forte proportion d'acide phosphorique et l'absence d’autres radicaux acides. Ditthorn et Wœærner (2) donnent pour le Méningocoque la constitution suivante : GRASSE ENS EN MN LE NT ANRT RE NN Ne RS 5,44 p. 100 IÉCLDRAN ES RTE RE RER ne Te à ; = 1,62 — BLOLEINO ER A ER TN RUE en rare te sise 05,64 — SHBS ANG NONFAZOLÉC Se RER rl ele Det oeil 36,80 — Leach (3) a trouvé dans le Bacillus coli communis, cultivé sur gélose, simplement coagulé par l'alcool, 8,5 p. 100 de cendres, formées surtout de phosphates de sodium et de potassium, avec un peu de calcium, d’alu- minium et de cuivre, sans magnésium, sans sulfates et chlorures; les corps microbiens renfermaient environ 3 p. 100 de phosphore. Ces corps se dissolvent complètement par traitements successifs avec les acides et les alcalis dilués. L'extrait renferme des hydrates de carbone et des substances azotées riches en phosphore que Wheeler (4) signale aussi chezle Bacille typhique. {n'y a pas de cellulose ni de apose ; similaires. Les substances azotées paraissent être extrêmement complexes. C'est d’abord des albumines coagulables, des protéoses, des glycoprotéides et phosphoprotéides, puis leurs dérivés, nucléines, acides nu cléiques; de la xanthine, de la guanine, de l adénine signalées par Nishimura, Galeotti (5 É Wheeler (6); de l’urée d’après Ducla ux; des acides amidés, des produits de nature diastasique dont l'étude sera faite plus loin; une substance voisine de la chitine ou de la kératine. Comme hydrates de carbone, la cellulose est rare, peut-êlre excep- tonnelle (p. 22); la matière amylacée rare ou problématique; les sucres sont mal caractérisés : c’est du glycogène ou des dérivés provenant de la destruction des protéides; Bendix (7) signale du pentose chezle Bactlle tuberculeux et certains Bacilles des matières fécales. (1) Scaweuwrrz et Dorser, The mineral constituents of the tubercle bacilli (Cen- tralbl. für Bakt., 1 Abth., XXIII, 1898, p. 993). (2) Drrraonx et WoErxER, Beitrag zur Kenntniss der chemischen Zusammensetzung des Meningococcus ({yg. Rundschau, XIX, 1909, p. 1). (3) Leacu, On the Chemistry of Bacillus coli communis (Journ. biol. Chemistry, I, 1906, p. 463, et II, 1907, p. 443). (4) Wugerer, The action of mineral acid on the cellular substance of Bacillus typhosus (Studies from the Rockefeller Inst. for med. Research., III, 1905, n° 3). (5) Gazeorrr, Beitrag zur Kenntniss der bacteriellen Nucleoproteiden (Zeifschr. für phys. Chemie, XXV, 1898, p. 48). (6) Wueezer, The Chemistry of Sarcina lutea (Rockefeller Inst., 1, 1904). (7) Bexnix, Zur Chemie der Bakterien (Deutsche med. Wochenschr., 1901, n° 2, p. 18). 52 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. Les matières grasses et cireuses peuvent être lrès abondantes. Pour le Bacille tuberculeux, Hammerschlag les évalue à 27 p.100 du poids sec, Schweinitz et Dorset jusqu’à 37 p. 100, Nicolle et Alilaire 39 p. 100. Il y a, sous ce rapport, de grandes variations suivant les espèces: Aronson (1) donne de 3 à 5 pour le Bacille diphlérique, Ditthorn et Woærner 5,44 pour le Wéningocoque. Les matières grasses sont des graisses neutres, des acides gras libres, acide palmitique, arachidique et laurique chez le Bacille luberculeux d'après Bullock et Mac Leod (2), de la lécithine et autres graisses phosphorées. Les proportions de beauc oup de ces composants paraissent, du reste, pouvoir considérablement varier suivant la nature et même l'âge des cultures. La seule conclusion générale à retenir est la richesse des Bactéries en azote, en acide phosphorique el en potasse. D’autres détails sur la composition chimique de la membrane et du protoplasma ont été donnés précédemment (p. 23 et 29); il est inutile d'y revenir. Aliments. Les Bactéries doivent donc trouver dans le milieu extérieur principa- lement le carbone, Fazote et les principes minéraux nécessaires ; l'oxy- gène el l'hydrogène sont unis aux précédents ou se trouvent dans l’eau ; accessoirement, elles ont besoin de petites quantités d’autres corps, le soufre et le phosphore surtout. Les Bactéries, dépourvues de chlorophylle, ne peuvent guère, comme les plantes vertes, puiser leur carbone directement dans l'atmosphère. Beijerinck (3) décrit cependant deux Bactéries qu'il a rencontrées dans l’eau de mer, certaines eaux douces, la vase, qui auraient la propriété de réduire, à l’obscurite, l'acide carbonique dont elles utiliseraient le carbone. De là, nécessité pour les autres de le prendre à des composés complexes, formés par des êtres supérieurs. D’après Winogradsky (4), les Bactéries de la nitrification, capables de vivre et de pulluler dans un milieu exclusivement minéral, dépourvues de lout pigment assimila- teur de carbone, emprunteraient leur carbone aux carbonates. La source du carbone est, d'ordinaire, dans les substances ternaires, les sucres, l’amidon, la cellulose, la glycérine, l'acide tartrique, l'acide acétique, l'alcool éthylique, etc. Pour être assimilés, ces corps doivent subir des modifications importantes, sous l'influence de produits spéciaux, de nature diastasique, que nous étudierons plus loin. Pour S‘hngen (5), certaines espèces pourraient prendre le carbone au méthane, tel le Bacillus melhanicus, qu'il a isolé de terre de jardin, (1) Aronsow, Zur Biologie und Chemie der Diphteriebacillen (Arch. für Kinderheilk, XXX, 1902, p. 23). (2) Burrock et Mac Lron, The chemical constitution of the Tuberculose Bacillus (Journ. of Hygiene, IV, 190%, p. 1). (3) Beuerincx, Ueber die Bakterien welche sich im Dunkeln mit Kohlensaüre als Kohlenstoffquelle ernähren Kôünnen (Centralbl. für Baktl., 2t Ahth., XI, 1904, p. 593). 4) Wixocranskyx, Morphologie des organismes de la nitrification (Arch. des se. biol. de Saint-Pétersbourg, 1892). (5) Sünxcex, Surles Bactéries qui emploient le méthane comme nourriture carbonée et comme source d'énergie (Arch. néerland. des sc. exactes et naturelles, 2° série, XI, 1904, p. 307). Len 2 ET : ALIMENTS. 23 de purin, d'eaux croupies, gros bâtonnets mobiles de 4 à 5 », presque aussi larges, donnant sur les milieux liquides une pellicule rosée. Très peu de Bactéries semblent pouvoir attaquer les matières grasses, qu'elles dédoublent alors en glycérine et acides gras (1). De Kruyif (2) a isolé de terres, d'eaux d'égouts et de rivières, plusieurs espèces aéro- bies hydrolysant et oxydant les graisses. La principale source d'azote est le groupe des matières albuminoïdes. Les meilleurs de ces éléments azotés sont ceux qui sont très solubles et facilement diffusibles. Les peptones sont dans ce cas. Beaucoup d'espèces ont la propriété de transformer en peptones les albumines qu'on leur offre. Le fait, nécessaire à la digestion, est dû à la sécrétion de ferments particuliers, dont la production est en rapport tellement direct avec la fonction nutritive qu'ils ne sont formés par la cellule que lorsqu'ils sont nécessaires. Telle espèce, qui produira une quantité de ferment actif si on lui donne à consommer de l’albumine, n’en produira pas trace, nourrie avec des peptones. Les albumoses peuvent aussi être assimilées directement. Au second rang des substances azotées, assimilables pour les Bactéries, viennent les sels ammoniacaux et tout d'abord ceux à acide organique, lactate et tartrate d'ammoniaque surtout. L'urée est une bonne source d'azole ; certaines espèces semblent même en faire leur aliment de prédilection ; l’asparagine, la leucine, la tyrosine, la créatine qu ‘attaqueraientle Proteus vulgaris, etle Bacillus fœcalis alca- ligenes, d’après Nawiasky (3), en fournissent aussi. Les nitrates (4), prin- cipalement ceux de potasse et de soude, peuvent aussi servir à la nutri- tion azotée, mais il faut qu'ils soient accompagnés d’une matière organique. Il peut en être de même pour l'urée : d’après Richet (5), le Micrococcus ureæ ne produit bien la fermentation de lurée que lorsqu'il trouve des matières albuminoïdes dans la solution. C'est peut-être pourquoi il n'y a fermentation ammoniacale dans la vessie que lorsqu'il y a inflammation de cet organe et production de mucine ou d’albumine. Les Bactéries ne paraissent pas pouvoir utiliser l'azote du cyanogène ou de ses composés. L'assimilation de l'azote gazeux del’atmosphère par certaines Bactéries, et surtout des espèces du sol, est un fait acquis aujourd'hui; il a une importance considérable au point de vue de la statique de la matière azotée sur le globe et pour les applications culturales. Les recherches de Berthelot (6), de Winogradsky (7), de Beijerinck, de Hellriegel et (1} Raux, Die Zersetzung der Fetten (Centralbl.für Bakt., 2t Abth., XV, 1905, p.53). (2) De Kruyrr, Les Bactéries hydrolysant et oxydant les graisses (Bull. dép. de l'Agricullure aux Indes néerlandaises, 1907). (3) Nawrasky, Ueber die Ernährung einiger Spaltpilze in peptonhaltigen Nährbüden {Arch. für Hygiene, LXIV, 1907, p. 33). (4) Gaxox et Durerir, Sur la fermentation des nitrates (C. R. de l’Acad. des sc., 1882, XCV). — I[n., Sur la transformation des nitrates en nitrites (Ibid., 1882; XCV:, p. 1365). — Denéraix et MAQUENXE, Dela réduction des nitrates dans les terres arables {Ibid., 1882, XCV, p. 691, 732, 854). — Wixocrapsky, Recherches sur les organismes de la nitrification (Ann. de l’Inst. Pasteur, IV, 1890, n° 4 et 5). (5) Ricuer, C. R. de l'Acad. des sc., 1881, XCII, p. 730. (6) Berruecor, Fixation de l'azote par les Microbes (C. R. de l’'Acad. des se., 1892, CXV, p. 569, et 1893, CXVI, p. 842). (7) WinoGrapsky, Recherches sur l'assimilation de l'azote libre de l'atmosphère par U 54 | BIOLOGIE DES BACTÉRIES. Wilfarth ont démontré qu'il existe plusieurs espèces bactériennes jouissant à divers degrés de cette intéressante propriété, indépendam- ment d'autres organismes inférieurs, bien différents, Algues inférieures ou Mucédinées (1). Une des plus intéressantes, à ce point de vue, des espèces bactériennes connues, est celle qu'a isolée du sol Winogradsky ; il en fait un Ælostridium, à cause de la propriété que présentent ses éléments en bâtonnets de se rentler en fuseau au moment de la forma- tion des spores, et la dénomme Clostridium Pasteurianum. C'est une Bactérie anaérobie vraie, qui ne peut végéter dans le sol qu’à la condi- tion d’être associée à des aérobies qui détournent d'elle l'oxygène. Il est parvenu à l'isoler en faisant des cultures successives dans des milieux totalement dépourvus d'azote combiné, en présence d’une atmosphère d'azote. C'est un ferment butlyrique énergique. Beïjerinck a isolé, de terres cultivées et de diverses eaux, leux espèces aérobies capables d’assimiler l'azote gazeux, l'Azolobacter chroococcum et l’Azolobacler agilis. Hellriegel et Wilfarth avaient attribué aux Bactéries contenues dans les nodosilés des racines des Légumineuses le pouvoir d’assimilation de l’azote gazeux reconnu à ces plantes ; Bei- jerinck (2) a pu isoler et cultiver l'espèce qu'il a dénommée Bacillus radicicola ; la fixation d'azote atmosphérique par ces microbes a été bien déterminée par Mazé (3). Lühnis (4) signale une assimilation d'azote libre, mais très faible, par le Bacillus prodigiosus, le Bacillus pneumoniæ, le Bacillus lactis viscosus, le Bacillus fluorescens liquefa- ciens,le Bacillus lactis aerogenes etle Bacillus radiobacter ; Jacobitz (5) par le Bacillus megalerium et le Bacillus ellenbachensis ; Bredemann (6), par le Bacillus asterosporus. Mais ce sont les Clostridium de Wino- gradsky et les Azolobacter de Beijerinck qui paraissent être les véri- tables microbes fixateurs d’azote, les autres ne possédant à ce point de vue qu'une action très faible, presque insignifiante. La fixation par ces premières espèces d’une petite quantité d'azote demande par contre la consommation d'une très forte quantité de matière hydrocarbonée, de glucose par exemple. Les Bactéries ont en outre besoin d'éléments minéraux, que l’on retrouve en quantités très notables dans leurs cendres. Les principaux les Microbes (C. R. de l'Acad. des sc., 1893, CXVI, p. 1385; 1894, CXVIII, p. 253). — Et : Arch. des sc. biol. de Saint-Pétersbourg, 1895, II, p. 297). (1) Sata, Ueber die Assimilation freien Stickstoffes durch Schimmelpilze (Bot. Centralbl., 1902, p. 565). — Scazœsixe et Launexr, Recherches sur la fixation de l'azote libre par les plantes (Ann. de l'Inst. Pasleur, 1892, VI, p. 67). — Bourruac et Giusrinranr, Sur les cultures de diverses plantes supérieures en présence d’un mélange d'Algues et de Bactéries (Acad. des sc., CXXXVIII, 1901, p. 293). — Vocez, Die Assimilation des freien, elementaren Stickstoffes durch Mikroorganismen (Centralbl. für Bakt., 2 Abth., XV, 1905, p. 33, 174 et 215, avec Bibliographie très complète). (2) Beueriex et vox Dernex, Ueber die Assimilation des freien Stickstoffs durch Bakterien (1bid., IX, 1902, p. 3). (3) Mazé, Les microbes des nodosités des Légumineuses (Ann. de l'Inst. Pasteur, XI, 1897; XII, 1898, et XIII, 1899). (4) Lôünxis, Beitrag zur Kenntniss der Stickstoffbakterien (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., XIV, 1905, p. 582 et 713). (5) Jaconrrz, Die Assimilation de freien, elementaren Stickstoffes (Centralbl. für Bakl., 2% Abth., VII, 1901, p. 783, 833, 876, avec Bibliographie complète de la question). (6) Breneuanx, Untersuchungen über die Variation und den Stickstoffbindung ver- môügen der Bacillus asterosporus (Centralbl. für Bakt.,2% Abth., XXI, 1908). > ALIMENTS. LE sont le soufre, le phosphore, le e potassium, le calcium, le magnésium, le chlore, le fer, le silicium. L'importance des albuminoïdes et des matières ternaires, qui entrent dansle courant vital d'une façon déterminée, après avoir subi des modi- fications connues, est tout à fait hors de doute. Il n’en est pas de même du rôle des substances minérales. Les belles recherches de Raulin (1) sur le développement de l’Aspergillus niger, une des Moisissures les plus communes, ont jeté une vive lumière sur cette question. Ce Cham- pignon se développe abondamment surles tranches de citron, sur le pain mouillé d'un peu de vinaigre et, en général, sur tous les milieux à réac- tion acide, comme les autres Moisissures du reste. Raulin est arrivé à constituer un milieu purement minéral où, les conditions de temps, de lumière, de température, d'aération étant égales, la récolte de la plante est supérieure en poids à celle que fournit un quelconque des milieux habituels. Ce liquide nutritif, connu sous le nom de liquide Raulin, a la composition suivante : ET RTE A E a EUL AE AC E rio IN eLs PATATE Ce 1500 grammes SUCRE CAN M Etre cn nl re RU MAUR 70 _ ACIDEATANETITUE RER SE CRE ES DOME k — Nitrate d'AmMOMAQUE MA EEMANEC EEE SR TEE TENUE 4 — Pbosphateld'ammoniaquet #00 crrecceeceue O£r,60 Carbonateide) pots Se en PER Ce 08r,60 _ EPMAPILÉS IE RER ET ee Ce 0:r,40 Sulfate d’ ammoniaque es dec oo vrioe ES me CU O8r,25 — PAU SAND SR NOTA, APS EUR TETE Oer,07 NO JEAN ee rames e e de delete Osr,07 SITICALE TE POTASSE MALI ee A de Re en CPE D 02r,07 Si l’on vient à diminuer ou à supprimer l’un des sels de cette liste, même ceux qui n'entrent que pour une proportion très faible dans la solution, la récolle diminue dans des limites parfois très larges. La sup- pression du sel de zinc, qui n'entre que pour 7 7 centigrammes dans le liquide, donne une récolte qui ne représente, en poids, que le dixième de celle du liquide normal. Le résultat a été identique dans une nom- breuse série de cultures. Dans un liquide sans potasse, la récolte tombe au 1/25° de la normale ; sans ammoniaque, au 1/150° ; sans acide phos- phorique, au 1/200°. L'influence de ces éléments minéraux est indiscu- table ; le rôle qu'ils remplissent dans les réactions vitales est inconnu. Il est même des espèces qui semblent mieux végéter dans des milieux fortement chargés de matières minérales, tels les microbes dits chloru- rophiles par Le Dantec (2), ou ceux qui, d’après Lewandowsky (3), croissent encore dans des milieux contenant 25 p. 100 de sel. D'autres espèces ne vivent bien que dans des milieux contenant de fortes proportions de fer qu'elles fixent souvent d'une façon spéciale, comme le Leptothrix ochracea (#). (1) Raw, Études chimiques sur la végétation. Recherches sur le développement d'une Mucédinée dans un milieu artificiel (Ann. des sc. nat., Bot., 1870). (2) Le Danrec, Le microbe du rouge de morue; note sur une nouvelle catégorie de microbes : les microbes chlorurophiles (Soc. de Biol., LXI, 1906, p. 136). (3) Lewaxpowsky, Ueber das Wachstum von Bakterien in Salzlüsungen von hoher Konzentration (Arch. für Hygiene, XLIX, 1904, p. 47). (4) Euus, A contribution to our knowlidge of the thread-bacteria (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., XIX, 1907, p. 502). 96 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. Les Bactéries se contentent aussi très bien de solutions purement, minérales. Elles y prospèrent moins bien, cependant, que dans les liquides tenant en dissolution des matières albuminoïdes. Pasteur a créé, le premier, un tel milieu artificiel. Depuis, d’autres formules ont été imaginées, répondant mieux à certaines exigences. La composition de plusieurs de ces solutions sera donnée plus loin. Dans un mélange de substances alimentaires, une espèce ne s'adresse pas, sans choix, à la première venue, mais toujours à la forme la plus assimilable pour elle, à celle qui demande le moins de travail pour entrer dans la nutrition. Ce n'est que quand cette première substance est consommée qu'elle s'attaque à une seconde de digestion moins facile. Lorsqu'on donne, par exemple, au Bacillus bulyricus à la fois du sucre et de la matière cellulosique, il consomme tout d'abord la provision sucrée et après, seulement, se nourrit de l’autre composé ternaire, qu'il doit modifier d’une façon beaucoup plus profonde pour pouvoir l'utiliser. Le choix de l'aliment influe considérablement sur le développement de bien des espèces. Certaines peuvent croître tout en n'ayant à leur portée que des proportions d'aliments tellement minimes qu'elles échap- pent parfois à l'analyse. L'eau, même pauvre en matières organiques, est un milieu où beaucoup de Bactéries peuvent se multiplier abon- damment. Le WMicrococcus aqualilis etle Bacillus erythrosporus, d'après Meade Bolton (1), se développent très bien dans l’eau distillée ; il en est de même du reste de plusieurs Mucédinées. Dans ces conditions, le développement s'arrête au bout d'un certain temps, lorsque les aliments sont consommés Jusqu'à la dernière trace ; les individus tombent en état de vie latente, ou meurent après avoir donné des spores. En général, plus un milieu est nutritif pour une espèce, plus elle y prospère, toutes les autres conditions élant égales. Il est très probable que, par addition de certaines substances en proportions minimes, on doit activer la multiplication, comme nous avons vu le zinc du liquide Raulin le faire pour l’Aspergillus niger: les recherches sur ce point sont à peine ébauchées. La forme peut aussi varier dans certains cas suivant l'alimentation. Quand celle-ci est abondante, chez beaucoup d'espèces en bätonnets, les articles tendent à rester unis en longues chaînes, ou se fusionnent en longs filaments. Nous avons vu que les formes d’involulion, qu'on tent pour des productions de dégénérescence ou de sénescence, se pro- duisent surtout quand les milieux nutritifs s'appauvrissent ou qu'il s’y rencontre des produits nuisibles. La réaction du milieu a, ici, une grande importance. En général, les Bactéries ne se développent bien que dans des milieux neutres ou légèrement alcalins. Peu d'espèces aiment les milieux acides; le Bacillus aceli, de la Mère de vinaigre, en est un rare exemple. Plusieurs des espèces qui provoquent la fer mentation ammoniacale de l’urée peuvent vivre dans un milieu rendu fortement alcalin. Mais, en général, dès que la quantité d'acide ou d’alcali formé aux dépens du milieu par le microbe atteint un certain taux, la végétation s'arrête, sous l'influence nuisible de la réaction produite. (1)Meape Borrox, Ueber das Verhalten verschiedener Bacterienartenim Trinkwasser {Zeitschr. für Hygiene, 1, 1886, p. 76). PRODUITS DE LA VIE CELLULAIRE. 3. PRODUITS DE LA VIE CELLULAIRE La vie microbienne s'accompagne toujours de la formation de pro- duits divers provenant de l’activité propre du protoplasma. Le rôle, la nature, la composition de ces produits sont des plus variables ; leur influence est souvent très importante dans la biologie de l’espèce. Certains de ces produits peuvent être regardés comme de véritables sécrétions, en se basant sur ce que l’on observe chez des êtres plus élevés; ils servent à l’utilisation directe des substances qui doivent entrer dans la nutrition. Les autres, semblant de véritables excrélions, sont plutôt des déchets de la vie cellulaire, destinés à être rejetés loin de la cellule à laquelle leur accumulation pourrait nuire. Il est encore difficile d'établir entre ces deux groupes des démarcations nettes, à cause de l'incertitude où l'on est du rôle véritable de certains de ces produits ; c'est pourquoi, bien qu'élant de destinée toute différente, leur étude ne peut guère être séparée jusqu'ici. Diastases. Les produits du premier groupe jouent un rôle considérable dans les phénomènes de nutrition des microbes. C'est en effet par leur intermé- diaire que se produisent les modifications nécessitées d'ordinaire pour l'accomplissement de cet acte physiologique. Les aliments peuvent se trouver dans le milieu sous une forme directement assimilable. C’est le cas le plus rare. Presque toujours il leur faut, pour pouvoir être absorbés, subir des modifications spéciales, qui portent simplement sur leur groupement moléculaire, ou des trans- formations plus profondes. Les uns sont solides et insolubles, l'amidon, la cellulose, l’albumine, la fibrine. D’autres, bien qu'en dissolution, ne peuvent servir à la nutrition qu'après un changement d'état : c’est ainsi que le sucre de canne a besoin d'être interverti, que les nitrates ont besoin d’être réduits. Ces transformations s'opèrent sous l'influence de sécrétions spéciales, de ferments solubles, auxquels on donne le nom général de diaslases (1). Les conditions de nutrition des Bactéries sont, de ce côté, identiques à celles des êtres supérieurs. L'action des diastases peut se résumer dans cette phrase magistrale de Duclaux: « Les diastases sont des moyens de dislocution et de destruction plus ou moins complète, et peut-être de construction des édifices moléculaires complexes élevés par la vie. » Les substances à transformer se trouvant en très grand nombre, les diastases destinées à agir sur elles sont également très nombreuses. On peut les classer en plusieurs groupes en prenant comme base la nature même de la modification produite. Beaucoup de ces diastases ont pour effet de dissocier une molécule complexe en plusieurs composés plus simples en y faisant pénétrer un certain nombre de molécules d’eau. On peut les nommer avec Duclaux diastases d'hydratation. D'autres, à l'inverse, provoquent la décomposition moléculaire avec élimination d’eau ; ce sont les diastases (1) Ducraux, Chimie biologique, p. 120 et suiv.; Traité de microbiologie, t. I[, 1899. D8 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. de déshydratation. Certaines agissent sur l'aliment par oxydation, diastases d'oxydation; d'autres par désoxydation, diastases de réduc- tion. Toujours se retrouve ce caractère primordial des diastases: la quantité de matière transformée est considérable par rapport à celle de substance diastasique, et, de plus, la modification accomplie, la diastase se retrouve là, prête à exercer à nouveau son action, si les circonstances s'y prêtent. Les diastases produites par les Bactéries appartiennent à différents groupes dont voici les principaux : 1° Les diastases amylolytiques : Amylase ; Inversine ; SuCrase : Cellulase. 2 Les diastases protéolytiques: Présure ou coagulase ; Pepsine; Trypsine ; Caséase ; Uréase. 3° Les diastases oxydantes : Oxydases ; Tyrosinase. 4° Les diastases réductrices : Hydrogénases. »° Les diastases cytolytiques : Hémolysines ; Leucocidines. ° Les diastases lipolytiques : Lipases. Quelques exemples mettront mieux en relief le rôle et l'importance des diastases microbiennes. L'amidon a besoin, pour être assimilé, d'être transformé en maltose el en glucose, d'être saccharifié. La plante qui redissout l’amidon emmagasiné dans ses réserves, l'embryon qui germe dans la graine, développent, à ce moment du besoin seulement, un ferment soluble, lamylase, qui opère la modification ; l'animal, qui digère l’amidon, le fait avec son pancréas, qui sécrète de l'amylase. Beaucoup de Bactéries sécrèlent une amylase identique. Hüppe (1) en a signalé la présence chez le Bacillus laclicus. Miller (2) a constaté qu'une Bactérie commune dans l'intestin de l'homme dissolvait promptement l’amidon. Wort- man (3) a pu isoler, d'une culture de Bactéries de putréfaction de malières amylacées, un ferment soluble saccharifiant très promptement l'amidon. Vignal (4) a reconnu cette propriété à plusieurs des espèces (1) Hürpe, Untersuchungen über die Zersetzung der Milch durch Microorganismen (Mith. aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, IT, p. 309, 1884). (2) Miirer, Ueber Gährungsvorgänge in Verdaungstractus und die dabei betheiligter Spaltpilze (Deutsche med. Wochenschr., 1884, n° 40, p. 843). (3) Worrtuax, Zeilschr. für physiol. Chemie, Bd. VI. (4) Viüxaz, Recherches sur l'action des Microorganismes de la bouche sur quelques substances alimentaires (Arch. de physiol., 1887, X, pb. 286). ET. li | PRODUITS DE LA VIE CELLULAIRE. 99 qui vivent en commensales dans la bouche de l'homme et auxquelles on doit très probablement rapporter l’action saccharifiante de la salive, en majeure partie sinon en totalité. Le Bacille amylozyme de Perdrix (1) transforme directement la fécule de pomme de terre en sucre qu'il fait alors fermenter en donnant de l'alcool éthylique et de l'alcool amylique. Le Cladothrir chromogenes attaque énergiquement l'amidon de la pomme de terre; après quelque temps de culture, le Lubercule peut être réduit à son squelette de cellulose. L'amylase est très répandue chez les Bactéries, mais très inégalement distribuée. Fermi (2) la donne comme abondante chez les Bacillus megaterium, B. sublilis, B. ramosus, B. Filzianus, chez le Bacille du charbon, le Bacille de La tuberculose, le Spirille de Finckler et Prior ; elle est peu abondante chez le Bacille typhique, le Bacille de la diphtérie, le Bacille de la septicémie du lapin; il n'y en a pas traces chez le Bacille pyocyanique, le Micrococcus prodigiosus. D'après Eijkman (3), le fer- ment amylolytique serait très actif chez le Bacillus anthracis, le Vibrio choleræ et le Vibrio Metschnikovr. Le sucre de canne et le sucre de lait ne peuvent servir directement aux échanges nutritifs des animaux et des plantes. L'animal les inter- vertit à l'aide de l’inversine, sécrétée dans son intestin. Les plantes qui ont du sucre cristallisable dans leurs réserves, la betterave, la canne à sucre, sécrètent, au moment où elles doivent l'utiliser, une diastase spéciale, la sucrase, qui le transforme en sucre interverti, mélange de glucose et de lévulose. C'est ce que fait la Levure de bière, lorsqu'on lui donne du sucre de canne comme aliment. C’est ce que doivent faire les nombreuses espèces de Bactéries pouvant vivre de sucre cristalli- sable. La présence de la sucrase a été signalée déjà chez le Bacillus butyricus et chez le Bacillus lacticus par Hüppe (# ; Vignal (5) signale plusieurs Bactéries de la bouche, entre autres le Bacillus sublilis, qui intervertlissent rapidement le sucre de canne. Les microbes producteurs de ferment inversif sont peu nombreux ; sur soixante-deux espèces étudiées à ce point de vue, Fermi et Mon- terano (6) en signalent deux qui se montrent actives : le Bacillus megalerium et le Bacille rouge de Kiel. | Le Bacillus butyricus (T) etle Spirillum rugula(8), d'autres espèces(9), (1) Pernrix, Sur les fermentations produites par un Microbe anaérobie de l'eau (Ann. de l’Inst. Pasteur, V, 1891, p. 287). (2) Fermr, Contributo allo studio dei fermenti diastatici ed inversivi segregati dei microorganismi (Annali d'igiene sperimentale, IT, 1892, p. 117). — Die saccharifizie- rende Wirkung des Bacillus tuberculosis (Centralbl. für Bakt., Originale, XL, 1905, p- 187). (3) Euxmax, Ueber Enzyme bei Bakterien und Schimmelpilze (Centralbl. für Bakl., XXIX, 1901, p. 84). (4) HüPps, loc. cit, (5) ViGxaz, loc. cit. (6) Ferur et Moxrerano, Sull'inversionc del saccharosio da parte dei microbi (Annali d'igiene sperimentale, IV, 1894, p. 383). (7) Van Tiecuem, Sur la fermentation de la cellulose (C. R. de l’Acad, des sc., LXXXVIII, 1879, p. 205). (8) Prazmowsky, Zur Entwickelungsgeschichte und Fermentwirkung einiger Bacte- rienarten (Bot. Zeit., 1879, no 26). . (9) Omerraxskr, Ueber die Gärung der Cellulose (Centralbl. für Bakt., 2%, Abth., VIII, 1902, p. 193, 221, 257, 289, 321, 353, 385). 60 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. dont le Bacillus asterosporus (1), sécrètent une diastase, qui n'a pas encore été bien isolée, une cellulase ou cellase (2), qui dissout la cellu- lose et en permet l'absorption après l'avoir, au préalable, transformée en glucose ; il se dégage tantôt de l'hydrogène, tantôt du méthane, suivant l'espèce qui intervient. Ce ferment soluble n'agit pas sur toutes les variétés de cellulose ; c’est surtout les membranes végétales jeunes qu'il attaque. Celles qui se sont durcies par l’âge ou lincrustation lui résistent ; il en est de même de la cellulose des plantes aquatiques. Il est très probable que ce sont de telles Bactéries qui jouent un rôle prédominant dans la digestion de la cellulose, celle qui se fait dans la panse des Ruminants, par exemple. On doit rapprocher de la cellulase le ferment solubilisant la gélose, produit par une Bactérie que Gran (3) a isolée de l’eau de mer, le Ba- crllus gelaticus. Des Diatomées auraient la même action (4). Les matières albuminoïdes, pour êlre absorbables, doivent subir une transformation plus complexe et moins connue. Elles deviennent solubles et se changent, en s’hydratant, en des produits dialysables, non coagulables par la chaleur, auxquels on donne les noms d'a/bumoses et de peplones. Ces phénomènes sont désignés sous le nom général de protéolyse. Un grand nombre de Bactéries possèdent la propriété de transformer ainsi les albumines et sont dites proléolyliques. D'après Fermi (5), la transformation qu'opéreraient les microbes seuls n'irait jamais jusqu'à la peptonisation. Cacace (6) dit cependant avoir nette- ment constaté la présence de petites quantités de peptones. Cette pro- priété existe, en particulier, très marquée chezles espèces occasionnant les putréfactions. La putréfaction, dans ce cas, débute toujours par une sorte de peptonisation; avant la production des phénomènes putrides proprement dits, caractérisés surtout par l'apparition de gaz fétides, le milieu est très riche en albumoses dialysables, non coagulables par la chaleur, propeptones ou peptones, que l’on peut facilement retirer par l’ébullition et l'évaporation après filtration. Celte peptonisation s'’accom- plit, bien certainement, dans tous les cas, sous l'influence de diastases sécrétées par les Bactéries. 11 est facile de constater la présence de peptones dans un liquide de cullure au moyen de la réaclion du biuret. En alcalinisant avec de la lessive de soude et ajoutant une solution très étendue de sulfate de cuivre. il se produit, lorsqu'il y a des peptones, une coloration rose ou violette. La liquéfaction de la gélaline, phénomène d’une importance si grande dans la pratique des cultures, est causée par un ferment sécrété par l'espèce liquéfiante. Cette liquéfaction est en effet une véritable pepto- nisation, causée par une diastase très voisine de la pepsine, ou plutôt (1) Axkersurrr, Untersuchungen über die Bakterien im Verdauungskanal des Rindes {Centralbl. für Bakt., Originale, XXXIX et XL, 1905). (2) Berrraxn et Horverer, La cellase et le dédoublement diastasique du cellose {C. R. de l'Acad. des sc, 1910, CXLIX, p: 1385, et CL, p. 230). (3) GRax, Die Hydrolyse des Agars durch ein Enzyme (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., 1902, IX, p. 562). (4) Ricurten, Sitzungsb. der Wiener Acad., CXV, 1906. (5) Fermi, I fermenti peptici e diastatici dei microbi (Arch. für Hygiene, XIV). — Ferur et Pamrersr, Se i microorganismi peptonizino l’albumina (Centralbl. für Bakt., 1t Abth., XX, 1896, p. 387). (6) Cacace, Ucber das protcolytische Vermügen der Bakterien (1bid., 1901, XXX, p. 244). PRODUITS DE LA VIE CELLULAIRE. 61 agissant comme la papaïne en solution alcaline. Rietsch (1) a réussi à isoler le ferment dont il a reconnu la présence chez toutes les espèces, liquéfiant la gélatine, qu'il a examinées : il manquait au contraire chez les espèces ne liquéfiant pas, les Bacillus lyphosus et Bacillus tubercu- losis par exemple. Mavrojannis (2) avait conclu à l'existence de plusieurs ferments liquéfiant la gélatine, l'un la réduisant seulement au stade de gélatose, se solidifiant encore sous l'influence de l’aldéhyde formique ; un autre au moins la transformant complètement en gélatine-peptone, ne se solidifiant plus par ce réactif. Il semble bien que ce soit, chez toutes les espèces liquéfiantes, une seule et même diastase, pouvant agir d'une facon plus ou moins intense, s'arrêter même à une phase de début de l’action liquéfiante. La nature du milieu paraît avoir une grande influence sur la sécrétion du ferment et la production dela liquéfaction de la gélatine. L'addition de sucres diminue ou supprime celte liqué- faction (3); il en est de même de la présence de petites quantités de la plupart des antiseptiques. Il est probable qu'il existe, dans ce groupe des diastlases protéolytiques, plusieurs types de ferments sécrétés par les nombreux microbes qui s’attaquent aux matières albuminoïdes. On ne connaît pas sûrement d’es- pèce microbienne produisant de la pepsine, capable de digérer la fibrine en milieu acide. Lesnombreuses espèces en question sécrètent dela /ryp- sine, qui agiten milieu neutre ou alcalin. C'est la raison pour laquelle la décomposition de la matière albuminoïde dépasse toujours le terme de peptone, et donne desacides amidés, surtout de laleucine et dela tyrosine. Dans ses études si complètes sur le lait, Duclaux (4) a obtenu de certaines Bactéries, agents de la fermentation de la caséine, les Tyro- thrix, comme il les nomme, une diastase spéciale, la caséase, très voisine ou peut-être même identique à la trypsine. Cette caséase, mise en contact avec la caséine du lait, qui doit alors être coagulée par avance, la dissout: il se forme un liquide opalescent des plus propre à l'assimilation. La caséase n'agit que sur la caséine coagulée. Ce phénomène de précipitation peut se produiresous l'influence d’un autre ferment soluble, la présure ou labferment ou coagulase. Elle se trouve sécrétée, côte à côte avec la caséase, par les Bactéries de fermentation de la caséine. D’autres espèces la formeraient seule (5), mais c'est problématique. Le plus souvent, la coagulation se fait sous l'influence d'acides élaborés par le microbe aux dépens du milieu. La peptonisation de la caséine et la liquéfaction de la gélatine marchent de pair chez les mêmes espèces. Les ferments protéolytiques microbiens semblent bien voisins, sinon identiques, constituant un produit diastasique d’un seul type, pouvant cependant présenter, dans des cas particuliers, des variétés d'action provenant sans doute unique- . ment des conditions de milieu. (1) Rierscn, Ferments des Bactéries (Journ. de pharm. et de chim., 1°" juillet 1887). (2) Mavrozannis, Sur la nature des diastases microbiennes liquéfiant la gélatine (Soc. de Büiol., LV, 1903). — Das Formol als Mittel zur Erforschung der Gelatinever- flüssigung durch die Mikrobien (Zeitschr.für Hygiene, XLV, 1903, p. 108). (3) Aurrgacx, Ueber die Ursache des Hemmung der Gelatineverflüssigung durch Bakterien durch Zuckerzusatz (Arch. für Hygiene, XXXI, 1897, p. 311). (4) Ducraux, Le lait, Paris, 1887, J.-B. Baillière, et Chimie biologique, Paris, 1883. (5) SaAvace, The coagulation of Milk by Bacillus coli communis (Journ. of. Pathol. and Bacter., X, 1904, p. 90). 62 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. La transformation de l'urée en carbonate d'ammoniaque, causée par le Micrococcus ureæ, s'opère par l'intermédiaire d’une diastase isolée par Musculus (1), et dont la production par la Bactérie a été mise hors de doute par les recherches de Pasteur et Joubert (2). Miquel (3) a fait une étude soignée de cette uréase; il a montré qu'elle était sécrétée par un grand nombre d'espèces bactériennes qu'il réunit sous le nom de ferments de l'urée. Des diastlases oxydantes, des oxydases, se rencontrent assurément , chez bien des espèces microbiennes. On doit certainement leur attribuer bien des changements de coloration des milieux de culture. Les bru- nissements ou noircissements des pommes de terre, des tubercules de dahlia, par exemple, que l’on observe en cultivant un certain nombre de Bactéries, paraissent dus à desoxydations de la tyrosine du milieu sous l'influence de ferments diastasiques oxydants (/yrosinase de Bour- quelot) (4); il en est de même du verdissement de l’artichaut. Les cala- lases font peut-être partie de ce groupe (5). Loew (6) en signale chez le Bacille pyocyanique, Lüwenstein (7) chez le Bacille de la diphtérie. Certains microbes produisent aussi des diastases réductrices, telles que celle nommée philothion par Rey-Pailhade (8), qui provoque la for- mation d'hydrogène à l’état naissant, réduit à froid le carmin d'indigo et donne de l'hydrogène sulfuré avec la fleur de soufre. Ce sont de véri- tables ferments hydrogénants, des hydrogénases (9). Les diastases cylolyliques ou cylolysines qui détruisent des éléments cellulaires, sont peut-être à rapprocher des diastases protéolytiques ou bien à regarder comme des toxines, alors des cylotoxines. Certains micro- bes produisent de l’hémolysine ayant la propriété de dissoudre les globules rouges. C’est, parexemple, le Bacille du télanos, le Bacille pyocyanique, le Bacille de la peste, le Bacille typhique, le Colibacille, le Bacille de la dysenterie, le Vibrion cholérique et les Vibrions cholérigènes, le Bacille du choléra des poules, le Pneumocoque, le Staphylocoque doré etsurtout le Streplocoque pyogène,parmiles pathogènes. Différentes espèces sapro- phytes en forment également, le Bacillus megaterium (10), le Bacillus subtilis (11) par exemple. (1) Muscuzus, C. R. de l’Acad. des sc., 1856. (2) Pasreur et Jougerr, Sur la fermentation de l'urine (C. R. de l’Acad. des sc., LXXXIII, 1876). (3) Miquez, Études sur la fermentation ammoniacale et sur les ferments de l’urée (Ann. de micr., 1889-1899). (4) Bounquezor, Sur la recherche de la tyrosine dans divers produits d'origine ani- male (Soc. de Biol., 8 mai 1897). — GessarD, Études sur la tyrosinase (Ann. de l'Inst. Pasteur, XV, 1901, p. 593). (5) Scuminr, Catalase, une nouvelle enzyme universellement répandue (Bull. des sc. pharmacol., V, 1902, p. 57). (6) Low, Catalase, a new enzyme of general occurence (U. S. Depart. of Agricul- Lure Report, n° 68, 1901). (7) Lüwexsreix, Ueber Katalasen in Bakterienfiltraten (Wiener klin. Wochenschr., 1903, n° 50). (8) Rey-Parcnave, Recherches expérimentales sur le philothion. Paris, 1891. — Le philothion et le soufre (Assoc. franç. pour l’av. des sc., Congrès de Besançon, 1893). (9) Pozzu-Escor, Contribution à l'étude des hydrogénases (Bull. de la Soc. chimique de Paris, XXVII, 1902). (10) Vixcexr, Sur l'hémolysine du Bacillus megalerium (Soc. de Biol., LX VIT, 1909, . 195). (11) M. Nicorze, Action du Bacillus subtilis sur diverses Bactéries (Ann. de l’Inst. Pasteur, XXI, 1907, p. 613). PRODUITS DE LA VIE CELLULAIRE. 63 Le Streplocoque pyogène est l'espèce qui présente jusqu'ici les pro- priétés hémolytiques les plus marquées (1). Si l'on ajoute, à une culture qui commence bien à se développer, un peu de sang défibriné, em- prunté à un animal quelconque ou à l'homme, on voit, au bout de quelque temps, les globules rouges se désagréger et finalement se dis- soudre dans le liquide qui se teint d'une manière uniforme par diffusion de la matière colorante. Le même phénomène se passe dans les vaisseaux d'un animal mort d'infection streptococcique ; en prenant du sang dans le cœur ou dans un gros vaisseau, on obtient un liquide rouge, tout à fait transparent, où l'examen ne fait plus voir de globules rouges; le sang est dit laqué ou, mieux, hémolysé. Le Streplocoque pyogène est le seul microbe qui produise l'hémolyse dans l'organisme lui-même. D'autres espèces produisent de l’hémolysine dans des cultures, mais très lentement, parfois après plusieurs semaines seulement, et, de plus, n’occasionnent l’hémolyse qu'in vitro, jamais in vivo; Ehrhch (2) et Madsen (3) signalent le fait pour le Bacille du télanos, Bulloch et Hunter (4) pour le Bacille pyocyanique, Neisser et Wechsberg pour le Staphylocoque doré, Lévy pour le Bacille typhique. L'hémolysine n'est pas spéciale aux Bactéries. Kobert l'a signalée en 1890 dans l'Amanita phalloides, comme le véritable principe actif de ce Champignon si redoutable. Ilest de ces cytolysines qui ont une action dissolvante sur les Bac- téries elles-mêmes, qu'elles détruisent par bactériolyse. Telles la pyo- cyanase que produit le Bacille pyocyanique, dissolvant certains microbes, le Bacille diphtérique entre autres. Tel aussi le ferment des cultures du Bacillus subtilis qui, d'après Nicolle, dissout facilement le Pneumocoque, le Bacille typhique, le Bacille de la peste, le Bacille du charbon, le Vi- brion cholérique. Les leucocidines, très peu connues, altèrent rapidement les globules blancs; sous leur influence, leur protoplasma s'éclaircit, puis se dissoul ; le noyau peut même être attaqué. Le Staphylocoque doré et le Bactlle pyocyanique produisent des leucocidines dont l’action est bien mani- feste dans les exsudats leucocytaires que détermine leur injection dans les séreuses. Les graisses peuvent être décomposées par des espèces qui produisent des diastases lipolytiques, des lipases, les dédoublant, par hydrolyse, en acides gras et en glycérine. Parmi les Bactéries productrices de lipases, il faut citer le Bacille pyocyanique, le Staphylocoque doré, le Bacillus prodigiosus et le Bacillus fluorescens liquefactens. Toutes ces substances diastasiques sont sensibles à la chaleur. Elles sont /hermolabiles; en solution, elles perdent leur action spéciale à des températures variant entre 55° et 800, suivant les conditions de (1) Besrenka, De l'hémolysine streptococcique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XV, 1901, p. 880). (2) Enruicn et Morcexrorn, Ueber Haemolysine (Berl. klin. Wochenschr., 1899, n° 22; 1900, n° 21). (3) Mapsex, Ueber Tetanolysine (Zeitschr. für Hygiene, XXXII, 1899). (4) Burrocn et Hunrer, Ueber Pyocyanolysin, eine haemolytische Substanz in Kulturen der Bacterium pyocyaneum (Centralbl. für Bakt., XXVIIT, 1900, p. 865). 64 ; BIOLOGIE DES BACTÉRIES. milieu. Desséchées, au contraire, elles peuvent supporter facilement le chauffage à 100° et même des températures supérieures. Toxines. Au voisinage des diastases vraies dont il vient d’être question, doivent se placer des substances de composition similaire, produites comme elles par le protoplasma actif de certaines espèces microbiennes, qui jouent un rôle très important dans l’action physiologique propre à ces espèces. Par leur constitution et leurs propriétés générales, ces substances ont été rapprochées des matières albuminoïdes. Onles a dénommées, un peu au hasard, albumines toxiques, albumoses toxiques, toxalbumines, ou, plus simplement, toxines, à cause de leur action éminemment toxique. C'est cette dernière dénomination qui paraît prévaloir d'une façon générale, quoique beaucoup moins précise ; nous verrons qu'elle est appliquée couramment aux solutions des vrais produits toxiques dans les milieux propices au développement du microbe qui les produit ; il est nécessaire de bien faire cette distinction. On a réparti ces toxines en deux groupes. Les /oxoproléines ont sur l'organisme un effet toxique rapide, souvent immédiat; elles ne sont mises en liberté que par destruction de l'élément qui les produit. La substance toxique du Bacille de la peste serait une toxoprotéine, comme les toxines des venins animaux. Les /oxalbumines n'agissent qu'après une véritable période d'incubation, variable pour chacune d'elles ; elles constituent un véritable produit de sécrétion des éléments microbiens ; les substances toxiques du Bacille du télanos, du Bacille de la diphtérie, entreautres, appartiennent à ce dernier groupe. Dans les toxines de ce dernier groupe, des distinctions sont à faire. Les unes sont très diffusibles : sortant des corps microbiens, elles peu- vent aller au loin déterminer des lésions graves; c’est le cas, par exemple, de la toxine diphtérique et de la toxine tétanique. D'autres sont très adhérentes au corps des microbes ; elles agissent surtout sur place où les microbes les abandonnent lentement au milieu ambiant, soit pen- dant la vie, soit par leur désagrégation après la mort. On dénomme ces dernières endotoæines (1); lesendotoxines typhique, pesteuse, dysen- térique en sont des exemples. Une espèce peut, du reste, produire plusieurs toxines, des toxines diffusibles et des endotoxines. Le Bacille de la tuberculose peut déterminer des troubles généraux par ses toxines solubles diffusant au loin, et des lésions locales, de caséification ou de sclérose, par ses poisons adhérents. Ces substances possèdent beaucoup des propriétés des diastases, en particulier sont insolubles dans l'alcool, adhèrent facilement aux pré- cipités qui se produisent dans les liquides où elles se trouvent en disso- lution. Elles sont souvent sensibles à l’action de la chaleur et de Ja lumière ; beaucoup se détruisent de 60° à 70° et à la lumière en présence de l'air. A l’état sec, elles supportent des températures bien supérieures, 120° et plus. Certaines supportent facilement 100° en solution, la tuber- culineet la malléine par exemple. Introduites dans l'organisme animal, (1) BesrepkA, Des endotoxines solubles (Ann. de l'Inst. Pasteur, XX, 1906, p. 304). TOXINES. 65 elles visent de préférenceou uniquement certains éléments où elles se fixent et dont elles modifient le fonctionnement dans un sens déterminé. Comme les diastases encore, elles peuvent exercer des actions considé- rables à des doses infinitésimales. Toutefois, comme le fait remarquer si judicieusement Duclaux (1), elles ont cette particularité que, au lieu d'agir sur une substance inerte, l'aliment à modifier, comme les dias- tases vérilables, elles agissent sur une substance contenue dans des cellules vivantes, modifiant plus ou moins, dans un sens ou dans un autre, les propriétés biologiques de ces éléments. Telles qu'on les connaît actuellement, ces toxines paraissent être des corps amorphes, d’un blanc jaunâtre, sans odeur, solubles dans l’eau, la glycérine, l'alcool faible, insolubles dans l'alcool fort et la plupart des autres dissolvants ordinaires. Mises en solution dans l’eau, ellessont faci- lement entraînées par les précipités gélatineux, commeles diastases. Elles sont précipilables par l'alcool, l'acétate de plomb, l'azotate d'argent, l'io- dure double de potassium et de mercure. Elles donnent la réaction du biuret et se colorent comme les albuminoïdes avec le réactif de Millon. Il est fort probable qu'on doit les rapporter aux sécrétions vraies et les éloigner des produits d’excrétion. Elles servent en effet directement à la vie microbienne, en favorisant l’action et la pullulation du microbe aux dépens des organismes qu'il attaque et envahit; elles font corps avec son action physiologique et sont, par là, plus ou moins nécessaires àsa vie. Les recherches d'Ouchinsky démontrent que la toxine diphtérique peut se former dans des milieux absolument privés d'albumine élaborée complètement par le protoplasma microbien. Leur action physiologique, très variable suivant l'espèce, sera exposée à l'étude des Bactéries pathogènes. Physiologiquement, elles se trouvent caractérisées par certaines propriétés spéciales. Elles ont d'ordinaire une très grande toxicité; des effets d’une grande intensité sont déter- minés par des quantités extrêmement minimes. Beaucoup présentent la particularité d'exiger un temps d'incubation, comme les microbes vivants. Elles présentent une réelle spécificité d'action et leur action a des rapports étroits avec celle du microbe producteur. Enfin toutes les toxines ont la propriété de provoquer, dans les organismes qu'elles influencent, la production d'anticorps, spécifiques également, les anti- toxines, dontil sera question plus loin. Les effets toxiques que produisent ces toxines sont cependant toujours moindres que ceux que détermine le microbe vivant. Certaines ont une aclion rapide, foudroyante, qui rappelle beaucoup celle du venin des serpents, dont les principes actifs se rangent dans la même catégorie. . La toxine diphtérique rappelle par ses réactions le principe toxique qui a été isolé du sang des Murénides par Mosso. C'est Roux et Yersin (2), dans leurs belles recherches sur la diphtérie, qui ont les premiers signalé, dans les cultures du Bacille spécifique de celte affection, un corps « ayant beaucoup d’'analogies avec les dias- tases », précipitable comme elles par l'alcool, pouvant être entrainé comme elles par certains précipités gélatineux, comme celui de phos- phate de chaux, produits dans le liquide qui les contient. ) Ducraux, Traité de microbiologie, I, p. 18. } Roux et YErsix, Mémoires sur la diphtérie (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1888 et 1889). (1 (2 Macé. — Bactériologie, 6e édit. n) " 66 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. Christmas (1), peu après, a isolé de cultures d'une Bactériede la sup- puration, le Wicrococcus pyogenes aureus, une substance similaire, ayant des propriétés pyogènes manifestes. Après eux, Hankin (2) découvrait dans les cultures pures de Bacille du charbon une matière albuminoïde spéciale, une al/bumose, possédant une puissance toxique extrêmement énergique. Ce principe existe sur- tout abondamment dans les vieilles cultures dans le bouillon. Il l'isole en précipitant par l'alcool et dialysant ; le résidu est dissous dans l’eau disüllée et filtré sur une bougie Chamberland. Cette substance, injectée dans les veines du lapin, à la faible dose d'un dix-millionième du poids du corps, rendrait les animaux réfractaires aux inoculations les plus virulentes. Les recherches les plus complètes jusqu'ici sur ces matières albumi- noïdes toxiques ont été faites par Brieger et Fraenkel (3). Ils ont d’abord étudié celle découverte par Roux et Yersin dans les cultures de Bacille de la diphtérie. Ts l’obtiennent en précipitant les bouillons de cultures filtrés sur une bougie Chamberland, par le sulfate d'ammo- niaque, à une température de 30°. Le sel que peut contenir le précipité est éliminé par la dialyse, jusqu'à disparition de précipité par le chlo- rure de baryum. On dessèche le résidu dans le vide, à 40°. On obtient alors une substance amorphe, floconneuse, très légère, d'un blanc écla- tant, qui possède beaucoup des réactions des albumines solubles. Elle est extrêmement soluble dans l’eau, ne précipite pas par l’ébullition, par l’acétate de plomb, par l’acide nitrique étendu même à chaud; pré- cipite, au contraire, par l'acide carbonique en solution chargée, par les acides minéraux concentrés, l'acide acétique, l'acide phénique, le sul- fate de cuivre, le nitrate d'argent, le bichlorure de mercure. Elle ne donne aucun résultat positif avec les réactifs des alcaloïdes; par contre, elle donne d'une facon très nette la réaction du biuret, celle de la xanthoprotéine et la coloration rouge avec le réactif de Millon, carac- téristique des matières albuminoïdes typiques, ce qui permet d'affirmer que c’est un dérivé de l’albumine. Les auteurs ont même pu déterminer sa composition centésimale, qui se rapproche beaucoup de celle de la sérine. Toutefois, cette substance présente une toxicité bien moindre que celle que Roux et Yersin avaient isolée dans les mêmes conditions. Tandis que ces derniers tuaient un cobaye par l'inoculation sous la peau de deux dixièmes de milligramme de leur produit toxique, les auteurs allemands doivent, pour arriver au même résultat, inocuier 10 milli- grammes du leur. Ce qui semble démontrer qu'ils n'obtiennent par leur procédé qu'un mélange complexe, ne contenant qu'une assez faible proportion de matière réellement toxique. Malgré tout, la nature vraie des toxines est encore très peu connue. Elle peut être fort complexe : pour Gautier (4), elles se composeraient (1) Carirsmas, Recherches expérimentales sur la suppuration (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1888, p. 470). (2) Haxkix, Immunity produced by Albumose isolated from Anthrax cultures (Brit. med. Journ., 1889, p. 810). (3) BrisGer et Fraënxez, Untersuchungen über Bacteriengifte (Berl. klin. Wochenschr., 1890, n° 11 et 12). — BrigGer, Weitere Erfahrungen über Bakterien- gifte (Zeitschr. für Hygiene, XIX, 1895, p. 101). (4) Gaurier, Les toxines, p. 309. PTOMAÏÎNES, 67 de mélanges de produits alcaloïdiques et de produits azotés voisins des matières albuminoïdes, nucléines, nucléo-albumines. On peut même penser que les toxines vraies ne sont pas de nature albuminoïde, mais sont des produits de nature colloïdale imprégnanl seulement des substrats albuminoïdes divers, globulines, sérines, pep- tones, protéines, avec lesquels on les confond. Ce qui vient appuyer une Lelle opinion, c’est que les mêmes substances et les mêmes actions qui précipitent dessolutions colloïdales montrent dans une mesure égale une action destructive sur les toxines. Les Bactéries ne sont pas du reste les seuls êtres qui puissent produire de telles substances ; Ehrlich (1)a montré que l’abrine du jéquirity et la ricine des graines de ricin avaient de très étroites relations avec les toxines du tétanos et de la diphtérie, ce qui tendrait à faire penser que la fonction d'élaborer de tels produits est une propriété biologique des éléments vivants. Ptomaïnes. C'est parmi les produits de déchet qu'on doit ranger les plomaïnes. Ce sont des composés tout autres que les précédents; véritables bases azotées, elles sont voisines des alcaloïdes végétaux, dont elles se rap- prochent beaucoup par leurs réactions chimiques et leur action physio- logique. Elles ont été signalées dans’ les décompositions de matières animales et désignées sous le nom de plomaïnes (rrüu, cadavre). Selmi (2) les a obtenues le premier des cadavres humains. Gautier (3) en a donné en même temps une étude chimique bien plus complète et a pré- cisé leurs rapports avec la putréfaction et, conséquemment, le dévelop- pement des Bactéries. On en a obtenu depuis un grand nombre dont l'étude se trouve surtout dans les mémoires de Brieger (4) et de Gautier. Les unes sont sans action sur l'organisme animal ou n'ont que des effets physiologiques peu marqués et passagers. D'autres déterminent des troubles plus ou moins prononcés, souvent considérables, amenant rapidement la mort, à doses très faibles; elles sont en tout comparables aux poisons végétaux les plus énergiques, surtout la morphine, l’atro- pine, la muscarine deschampignons vénéneux. Les troubles occasionnés par des piomaïnes, produites par des Bactéries pathogènes, peuvent ressembler à quelques- -uns de ceux que l’on observe dans les maladies infectieuses où elles se rencontrent. Bouchard (5) a retiré des urines, dans des cas de maladies infectieuses, des quantités notables de ptomaïnes qui proviennent, pour lui, du développement dans l’orga- nisme des Bactéries pathogènes, cause de l'affection. Griffiths (6) a (1) Enruicu, Deutsche med. Wochenschr., 1891. (2) Sezmr, Actes de l’Acad. de Bologne, 1872 et suiv. (3) Armand Gautier, Traité de chimie appliquée à la physiologie. Paris, 1884. — Gaurær et Érarp, C. R. de l’Acad. des sc., XCIV, p. 1600, et XCVII, p. 266. — Gauriér, Les toxines microbiennes et animales, 1896. (4) Bruscer, Microbes, ptomaïnes et maladies, traduction par Roussy et Winter. Paris, 1887, (o) Boucnarp, Sur la présence d’alcaloïdes dans les urines au cours de certaines maladies infectieuses (Soc. de Biol., août 1882). (6) Grirrirus, C. R. de l’Acad. des sc., CXV, p. 185, 418 et 667; CXVI, p. 1206; CXIIL, p. 656; CXIV, p. 496 et 1283; CXVII, p. 744; CXX, p. 1228. 68 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. étendu ces recherches à toute une série d’affections et a pu, dans certains cas, obtenir des ptomaïnes à l’aide desquelles on pouvait reproduire chez l'animal une partie des symptômes de l'affection première. Il serait d'un très haut intérêt de pouvoir rapporter à des espèces de Bactéries bien définies une ptomaïne donnée. On a eu effectivement affaire, dans ces expériences, à des espèces diverses qui, se développant côte à côte, mélangeaient leurs produits d’excrétion. En opérant sur des cultures pures, il doit être possible d'arriver à une précision plus grande. Brieger l’a fait pour quelques espèces. Un très intéressant essai a été fait par Tito Carbone (1) avec des cultures de Proteus vulgaris, Bactérie très commune dans les putréfactions animales. De grandes quantités de viande stérilisée, finement hachée, étaient ensemencées à l’aide de cultures pures de l'espèce en question; lorsque le développe- ment se faisait au mieux, que la putréfaction était avancée, l'auteur procédait à l'analyse. Il a ainsi reconnu la présence, dans ces cultures où ne végétait que la seule espèce en question, de différentes bases trouvées dans les putréfactions de chair de poisson, en particulier la choline, l’éthylène diamine, la gadinine et la triméthylamine. Leur nature, du reste, varie probablement suivant la composition du milieu que le microbe décompose. Gaertner (2), déjà, avait signalé la présence de ptomaïnes toxiques dans les cultures pures du Bacillus enterilidis, rencontré dans la viande altérée ayant occasionné une intoxication putride. C’est peut-être, d'après cela, à la formation de ptomaïnes, par suite de leur envahissement par des Bactéries, parmi lesquelles on trouve toujours l'espèce Proteus vulgaris, que nous venons de citer, qu'il faut attribuer quelques-uns des empoisonnements causés par les viandes putréfiées. Cependant, en général, les ptomaïnes paraissent être moins toxiques que les toxines et jouer un rôle bien moindre dans les diverses actions bactériennes ; elles doivent tout à fait être reléguées au second plan. Pour Gautier (3), ces poisons alcaloïdiques proviendraient des toxal- bumines par action fermentative du microbe. Si cesrésultats peuvent servir à expliquer, en tout ou en partie, l’action nuisible de certaines espèces, il n’en est pas de même :pour d'autres. Des Bactéries pathogènes pour l’homme ou les animaux, étudiées à ce point de vue, n’ont encore rien fourni. Nous reviendrons plus loin sur ces sujets importants, en parlant de l'action des Bactéries pathogènes sur l'organisme. Produits divers. A côté de ces produits de sécrétion qui servent directement à la nutrition et à certaines fonctions vilales du microbe, il en existe d’autres qui semblent ne plus pouvoir servir aux fonctions vitales, mais au (1) Trro Carsoxe, Ueber die von Proteus vulgaris erzeugten Gifte (Centralbl. für Bakl., 1890). (2) Gazrrwer, Ueber die Fleischvergiftung in Frankenhausen und den Erreger der- selben, Iéna, 1888. (3) Gaurier, Les toxines, p. 530. REPRODUCTION. 69 contraire, véritables substances de déchet, entraver ou empêcher le développement, s'ils s’amassent en quantité un peu grande dans le milieu. Ces produits peuvent provenir directement du protoplasma vivantlui-même ou des substances transformées pour la nutrition. Qu'ils nuisentau développement en exerçant une action toxique sur les cellules vivantes ou en gênant l'élimination des substances que chaque élément produit continuellement, ils doivent être mis en état de ne pas nuire, sans quoi les fonctions des éléments cessent de s’accomplir, la mort s'ensuit bientôt. Ils sont donc, par leur nature et leurs effets, en tout comparables aux produits d'excrétion des êtres supérieurs. C'est ainsi, par exemple, que les fermentations lactique ou butyrique s'arrêtent bientôt, si l’on ne prend pas soin de neutraliser l'acide avec de la chaux. Parmi les substances de déchet qui résultent de l’activité vitale de ces microbes, on rencontre en outre un grand nombre de produits intéres- sants. Les uns sont fixes, les autres volatils ; certains contribuent à donner aux espèces qui les produisent des caractères importants. Les produits fixes sont surtout formés d’acides organiques, acides lactique, acétique, formique, d'aldéhyde, de composés amidés, et au premier rang on trouve toujours la leucine, la tyrosine, le glyco- colle. Les produits volatils sont d'abord des gaz (1), hydrogène, acide carbo- nique, carbures d'hydrogène, hydrogène sulfuré (2) et même hydrogène phosphoré ; puis des acides gras, acide butyrique, acide valérianique, entre autres ; enfin, des ammoniaques composées, des mercaptans, mercaptan de méthyle surtout, peut-être du mercaptan d’allyle, du phénol (3), de l'indol (4), du scatol. Ce sont certains de ces corps, ou le mélange de plusieurs, qui forment l'odeur, parfois bien particulière, que développent beaucoup de Bactéries. La présence de quelques-uns de ces produits peut fournir des rensei- gnements ubles à connaître ; les meilleurs moyens à employer et les déductions à tirer seront exposés plus loin (Voy. Procédés d'étude des produits formées dans les cultures). 4. REPRODUCTION D'ordinaire, lorsqu'une espèce trouve, dans le milieu où elle vit, les éléments nécessaires à son existence, elle se multiplie par division. Lorsque, au contraire, le milieu lui est défavorable, s'il ne renferme qu'une trop faible proportion de matières nutritives ou si elle se l’est elle-même rendu nuisible par suite de l'accumulation de ses produits de désassimilation, elle forme des spores. La présence de conditions mauvaises n’est cependant pas toujours la cause de formation de spores. Beaucoup d'espèces en forment en pleine période de végétation, (1) Pammez, À contribution on the gases produced by certain bacteria (Centralbl. für Bakt., 2t Abth., II, p. 633). (2) Petri et Maassen, Arb. aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, VIII, 1892-1893, p. 318 et 490. (3) Lewaxnowsxr, Ueber Indol und Phenolbildung durch Bakterien (Deutsche med. Wochenschr., 1890, n° 51). (4) Morris, Studien über die Production von Schwefelwasserstoff, Indol und Mer- kaptan bei Bakterien (Arch. für Hygiene, XXX, 1897, p. 304). { 70 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. tantôt constamment, tantôt seulement dans des conditions déterminées. C'est ainsi que le Bacillus anthracis, ensemencé dans du bouillon frais, donne, au bout de très peu de temps, de nombreuses spores dans les bâtonnets associés en longs filaments: lorsqu'ilse multiplie dans l'orga- nisme animal, par contre, il le fait uniquement par division. Le Bacillus subtilis donne très facilement des spores dans tous les milieux où il peut végéter. Multiplication par division. — C'est de beaucoup le mode le plus commun d'extension de l'espèce ; c'est peut-être le caractère le plus général qu'on puisse reconnaître aux êtres qui nous occupent, celui qui les a fait nommer Schizomycèles, Schizophytes. À proprement dire, ce n'est pas une reproduction véritable. Le phénomène de reproduction implique en effet l'idée de formation d'individus nouveaux : dans la division vraie, un élément, préparé par divers changements qui se sont opérés en lui, en forme deux ou plusieurs, sans qu'aucun caractère ne puisse faire distinguer un élément producteur d'un élément produit. Il y a là un fait tout à fait comparable au bouturage et au marcottage des plantes supérieures. Ce sont des actes purement végétalifs, dans lesquels on ne peut voir une formation réelle de nouveaux êtres, mais simple- ment l'extension d’un même individu dans le temps et dans l'espace ; de telles cellules, issues de la division successive d'un même élément, ne représentent, à vrai dire, qu’un corps à éléments dissociés et non pas un ensemble d'individus. : Il est facile d'observer la division de la cellule chez certaines Bacté- ries en bâtonnets de grande taille. Il suffit d'en pla- cer dans une goutte de liquide nutritif, de recouvrir d'une lamelle et de luter la préparation pour empèê- cher l’évaporation. Chez les espèces qui n’ont pas un grand besoin d'air pour croître, le développement peut s’observer ainsi pendant un temps assez long. Chez les Bactéries très avides d'oxygène, il faut re- courir à d’autres procédés ; l'emploi des chambres humides, qui seront décrites plus loin, répond par- faitement au but que l'on se propose. Fig. 27. — Bactéries La division des bâätonnets semble toujours se faire % tartre dentaire fransversalement ; les rares faits de division longitu- u chien, 1200/1.7 inale rapportés ne sont probablement que des ap- parences. Lorsqu'une cellule est arrivée à une longueur qui semble fixe pour l'espèce dans des conditions qu'on peut admettre comme normales, il apparait en son milieu une cloison très mince, hyaline, qui la divise en deux parties égales. Les phénomènes de la division de la masse proto- plasmique ne sont pas connus, pas plus que le mode de formation de la cloison nouvelle, qui apparaît probablement au même moment dans toute son étendue, sécrétée par les deux portions du protoplasma qui ont dû subir une scission préalable. Si l'on considère comme de véri- tables noyaux les sphères réfringentes signalées plus haut (p. 26), la présence fréquente de deux de ces sphères (fig. 27) dans le milieu de bâtonnets qui ont atteint une longueur suffisante pour se diviser, con- duirail à généraliser plus encore le rôle important que joue le noyau dans la division cellulaire. Quoi qu'il en soit, la cloison s’accentue, \ REPRODUCTION. 71 gagne en épaisseur ; sa partie moyenne se gélifie et écarte l'un de l’autre les deux individus résultant de la division du bâtonnet primitif. La figure 28, schématique, montre les différents stades du phénomène. Dans certains cas, la séparation est très nette, la partie moyenne gélifiée existe réellement. Souvent, au contraire, l’espace clair intermé- diaire est une pure illusion d'op- tique ; les deux cylindres restent parfaitement juxtaposés ; 1} est facile de s'en convaincre en rap- prochant un peu l'objectif de la É É préparation. Cette dernière dispo- Fig. 28. — Schéma de la division des sition se rencontre surtout lors- bätonnels. que les bâtonnets restent accolés bout à bout en grand nombre. La couche médiane gélifiée est plus ou moins diffluente ; elle peut se dissocier entièrement ; les deux cellules se séparent alors complètement. Lorsque les bâtonnets restent unis, il se forme des filaments de longueur d'autant plus grande qu'ils renferment plus d'articles. Les filaments sont droits où brisés en des points de séparation des articles. Is sont fréquemment courbés et parfois pelo- tonnés de facon à produire des spirales enchevêlrées les unes dans les autres, de véritables tresses. C’est pour des formes de cette dernière sorte qu'a été créée la dénomination de Spirulines, qu'on a rappro- chées à tort des vraies formes spiralées, des Spirillum. À preuve que cette disposition est purement accidentelle et secondaire, c’est qu'on rencontre tous les intermédiaires possibles entre les filaments à peine courbés et les amas de filaments irrégulièrement hélicoïdaux. Ilarrive parfois que la cloison de séparation de bâtonnets est siminceet sitransparente qu'il devient presque impossible de l’apercevoir; on prend alors la chaîne pour un long filament simple. Il faut contracter le proto- plasma des différentes cellules à l’aide de réactifs où colôrerla membrane avec une teinture, pour faire nettement apparaître la division. D'après Schaudinn (1), chez le Bacillus Bulschlit la division s'opère de la facon suivante. Dans un bâtonnet qui va se diviser, ilapparait, au milieu du cytoplasme de la partie médiane, une grosse granulation d'aspect fortement réfringent. Cette granulation s'élargit en une sorte de disque perpendiculaire à l’axe de la cellule, s'étalant jusqu à atteindre la membrane à laquelle il se soude. Au milieu du disque appa- rail un espace clair qui s'élargit peu à peu ; la substance cellulaire s'y raréfie, se fond dans le liquide ambiant ainsi que la parlie corres- pondante de la membrane ; les deux éléments issus de la division sont libres (fig.35, p.76: 2,,3%4;5, 6 et 7). Au lieu de rester unis les uns au bout des autres en filaments, cer- lains Bacilles se séparent, puis s’accolent latéralement, de manière à former des séries transversales parfois très longues. Vus de champ, de tels amas semblent, suivant le nombre des rangées, des chaînes ou des piles de Micrococeus. Chez le Bacillus butyricus, l'agent si répandu de la décomposilion de la cellu lose et de la fermentation butyrique de bien des matières ternaires, le bâtonnet prêt à se diviser devient (1) ScHaunixx, Beitrag zur Kenntniss der Bakterien und verwandter Organismen (Arch. für Protistenkunde, I, 1902, p. 306). 72 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. immobile, puis se segmente en deux nouveaux éléments qui se séparent et s’accolent intimement suivant leur longueur, en glissant l'un sur l’autre. Le phénomène se répétant un grand nombre de fois, il se forme des rangées droites, plus ou moins courbées ou dis- posées en zigzags, de bâtonnets réunis entre eux par de la substance mucilagineuse. Chez les Bactéries sphériques, les choses se passent d'une manière analogue. L'élément rond 4 + de * N TR & S'allonge et devient ellipsoï- (CS Ï N NN Ha N \ dal : ï eut, à ce ont \N # \ à J NN ! \ NN K } " P 3 © . L RS tunes ADEME avoir la forme d'un court cy- + lindre à extrémités arrondies Fig. 29. — Schéma de la division chez les (fig29,:1,02); Il se produit MSTACOEEUR; dans la région médiane un étranglement (fig. 29, 3); c’est l'aspect décrit sous le nom de biscuit à la cuiller où de forme en haltère. L'étranglement se prononçant de plus en plus, il en résulte la formation de deux coccus, semblables aû premier (fig. 29, 4). Les rapports qu'affectent entre eux les éléments issus de la division sont tout aussi variables que chez les Bacilles. Les coceus peuvent se séparer lors de la division et vivre isolés dans le li- quide. On les trouve souvent unis deux à deux ; on nomme cette forme Diplococcus (àirh00, double). Ou bien ils restent unis à plusieurs'en séries linéaires droites ou flexueuses ; c'est la disposition désignée sous le nom de T'orula{torulus, renflé en nœuds) ou de S{replococcus (srsenre, tourné). Le nom de Sfaphylococcus (sragukn, raisin) a été appliqué à des formes où les éléments, séparés dès la division, sont réunis, plus tard, en amas irréguliers qui ont été comparés, d’une façon assez peu heu- reuse, à des grappes de raisin. On a voulu faire, de ces différences de situation des éléments, des signes de première importance et les élever au rang de caractères génériques. Les genres Diplococcus, Streplococcus et Staphylococcus ne peuvent guère être maintenus, comme coupes de l’ancien genre Micrococcus, si lon remarque que les caractères sur lesquels on se base pour les établir varient dans des limites fort larges, et que sou- vent les variations dépendent exclusivement des conditions de milieu. La forme seule en Diplococcus semble plus constante et plus fixe, surtout pour les espèces où les deux éléments accolés sont devenus asymétriques, par suite de l'aplatissement de leur face médiane. De plus, lorsque ces Diplococcus s'unissent en chaînes, l’arrangement par couples persiste, très évident; l’espace qui sépare deux couples de la chaîne est notablement plus grand que celui qui sépare deux éléments d'un même couple (fig. 30). Ces dénominalions de Diplocoques, Strep- locoques et Slaphylocoques sont cependant très utiles à conserver ; elles peuvent fournir des points de repère importants et faciles à cons- tater pour la diagnose des espèces. La division ne semble pas toujours se faire d’une façon aussi régu- lière, aussi typique, chez les Micrococcus. Dans bien des cas, les deux éléments provenant d'un mème acte de multiplication ne sont pas égaux. L'un d'eux est toujours sensiblement plus petit que l’autre ; dans les Diplocoques, c'est toujours le plus rapproché du centre du couple pri- mitif (fig. 31). I y a là un lien évident avec le mode de multiplication Es 2 dm REPRODUCTION. 73 « ar bourgeonnement, si fréquent chez les Levures. La couche externe gélifiée de la membrane peut se séparer lors de la division, elle montre alors un étranglement bien net au niveau de la séparation des éléments, ou persiste comme une gaine unie autour de deux ou plusieurs cellules qui se touchent alors par une face. QD QD CD Fig. 30. — Diplococcus asymétriques. Fig. 31. — Diplocoques de la pneumonie, Au lieu de se faire dans une seule direction, comme dans les cas pré- cédents, la division peut s’opérer dans plusieurs directions à la fois, soit simultanément, soit plutôt successivement. Une cellule de Micrococcus lelragenus se divise suivant deux plans perpendiculaires ; il se forme ainsi une /élrade (fig. 32), dont les élé- ments se comportent comme celui qui leur a donné naissance, et cons- ütuent, après avoir proliféré un certain nombre de fois, de petites lableites apla- lies, des lames. Chez les Sarcines, le phénomène est en- core plus compliqué. Une des cellules arron- dies s'agrandit et se divise suivant trois directions, par trois plans perpendiculaires. Le résultat est un petit cube de huit élé- menis, qui se diviseront ensuite comme la sphère primitive. Lorsque le phénomène se sera répété, il aura produit une masse cubi- que plus ou moins volumineuse, formée de Fig. 32. — Schéma nombreux cubes plus petits, de petits pa- { la production de tétrades. quets de huit éléments chacun (fig. 33). Le mode de formation de ces tétrades et de ces masses cubiques n’est pas encore exactement connu. J'ai reconnu chez la Sarcina lulea, espèce très commune dans l'air et dans l’eau, que la division se passait de la façon suivante : une cellule, prête à se diviser, s'allonge transver- salement et se partage en deux parties égales, formant ainsi un diplo- coque, commele représente la figure 29. Chacun des deux éléments pro- duits est le siège du même phénomène ; on obtient une tétrade. Mais la direction de l'allongement de ces deux éléments, et par conséquent la direction du plan suivant lequel s'opère la division, est perpendiculaire à celle de sa première opéralion. Les quatre cellules de la tétrade, à leur tour, se divisent en même temps comme les précédents, mais dans un troisième plan perpendiculaire aux deux autres. Ce n’est donc que successivement et non d'emblée qu'on arrive à obtenir les colonies massives caractéristiques. La rapidité de la multiplication par division est fonction directe de la nutrition. Elle s'opère d'autant plus vite que les conditions de nutri- tivité sont meilleures, conditions du milieu alimentaire, conditions de 74 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. température, d'aération, etc. Quand le milieu est épuisé, la division s'arrête, les éléments tombent au fond du vase et y forment un sédiment d'aspect variable suivant l'espèce. Quand le milieu est favorable, elle se produit avec une activité éton- nante. C'est ce qui explique l'enva- hissement si rapide de certains mi- lieux par les Bactéries. D'après Cohn (1), il faut deux heures aux bâtonnels issus de la division d'un bâtonnet primitif pour se diviser à leur tour. En: calculant sur cette base, un élément qui trouverait réu- Fig. 33. — Schéma de la formation nies de bonnes conditions de milieu de paquets de Sarcines. et n'aurait à subir aucune influence mauvaise arriverait à en produire, au bout de trois jours, quatre mille sept cent soixante-douze billions. Heureusement pour l’homme, cette prodigieuse fécondité se trouve enrayée à chaque instant. Reproduction par spores. — La multiplication par division a été pendant longtemps considérée comme le seul mode de propagation des Bactéries. Les cellules ainsi produites ne présentent, en général, qu'une faible résistance aux agents de destruction et une résistance d'autant plus faible qu'elles sont plus jeunes; la vie de l'espèce se trouverait donc compromise, si elle n'avait pas à sa disposition le moyen de surmonter ces difficultés. Ce moyen, c'est la spore. Lorsqu'une espèce se trouve dans les conditions de vie active ou, d’autres fois, en présence de con- ditions défavorables, quand le milieu nutritif s’épuise, quand arrive une privation d'eau, d'oxygène, etc., il se forme dans les cellules, par condensation de leur protoplasma, des éléments résistants capables de traverser ces périodes difficiles, des spores durables (Dauersporen). Ce n'est cependant pas dans ces seules conditions d'existence difficile que les Bactéries forment des spores. Souvent même la formation de spores se fait normalement en dehors de toute mauvaise condilion d'existence; cest un puissant moyen de rajeunissement de l'espèce. Les spores ont été décrites pour la première fois par Pasteur, en 1869 (2). Suivant ses observations, le Bacille de la flacherte des vers à soie, après s'être reproduit quelque temps par division, forme, dans certaines de ses cellules, des noyaux brillants, qui sont de véritables germes, mis en liberté par résorption du bâtonnet. Ces germes supportent longtemps la dessiccation en conservant leur vitalité. Ce sont là les caractères essentiels des spores. Cohn (3) a observé plus tard et déerit avec détails précis la formation de la spore du Bacillus sublilis. Koch (4) en à Suivi pas à pas le développement dans les cultures du Bacillus anthracis. Depuis, ce mode de reproduction a été constaté chez de nom- 1) Coax, Untersuchungen über Bacterien (Cohn's Beitr. zur Biol. der Pflanzen, Bd. I, 2e et 3° p.). (2) Pasreur, Études sur les maladies des vers à soie. Paris, 1870. (3) Cox, Untersuchungen über Bacterien (Cohn’s Beitr. zur Biol. der Pflanzen, Bd. I, 2e0pi): (4) R. Kocu, Die Aetiologie der Milzhrandkrankeit (Cohn's Beitr. zur Biol. der Pflanzen, Bd. II, p. 277). Mit L'de à | i REPRODUCTION. 19 breuses espèces. Beaucoup d’autres ne l'ont jamais présenté, soit qu'elles ne le possèdent pas réellement, soit plutôt que l’on n'ait pas encore pu réaliser les conditions spéciales qui lui sont nécessaires pour se produire. Lorsqu'un article va former une spore, s’il est mobile, il s'arrête; il se gonfle souvent, dans toute son étendue ou seulement en un point ; son protoplasma devient trouble, granuleux, il s'y fait une sorte de réserve nutritive, parfois amylacée, facile alors à constater avec l'iode qui donne la coloration bleue caractéristique. Chez le Bacillus buly- ricus, par exemple, le protoplasma se contracte, se sépare de la membrane, qu'il laisse alors apparaître nettement avec un double contour. Dans le contenu se montre un point clair, une sorte de vacuole, qui grandit, prend une grande réfringence et s'entoure d’une membrane propre, assez épaisse. La spore est formée. C’est un petit corps sphérique ou ovalaire, à contours sombres, dont la masse centrale est dépourvue de granulations. Elle est d'habitude incolore ; les spores du Bacillus erythrosporus sont colorées en rouge terne. Le contenu est une goutte- lette très réfringente ayant l'aspect d'une goutte de matière grasse. Pour Koch, même, la spore du Bacille du “char bon est formée d'une gouttelette graisseuse entourée d'une mince enveloppe protoplasmique et d'une membrane résistante. La gouttelelte graisseuse lui donne sa forte réfringence et sert de réserve nutritive pour la germination. Brefeld et Prazmowski croient, au contraire, que la partie centrale réfringente est du protoplasma. C’est ce que semblent prouver les recherches de Nencki (1), qui a démontré que, chez le Bacille du charbon et des Bac- à 4 @) téries de putréfaction, les spores sont ni Ê) beaucoup plus riches en matière azotée Ÿ bé que les Bacilles, et que la matière albu- (3 We) minoïde se forme surtout au moment de la & 5) sporulalion. La membrane qui l'entoure ? = est épaisse ; on peut parfois lui distinguer deux couches : l’'endospore, appliquée sur à : A \ le protoplasma central, et l'exospore, qui {ei 4 en est la partie la plus externe (fig.38,p.78). {| 4 À côté de la spore se trouve un petit amas Q J granuleux, reste du protoplasma qui n'a pas été employé à sa formation. 5 6 7 8 Pour A. Meyer (2), chez le Bacillus Pas- lorianus (Clostridium Pastorianum), dans la cellule qui va sporuler à une extrémité le plus souvent, il se forme une condensa- lion de la substance nucléaire disséminée dans le cytoplasme, un véritable noyau. Ce granule grossit, s'entoure d'une membrane, devient la spore. D'après Schaudinn (3), le processus serait plus compliqué. Chez le Bacillus Bütschlit, l'élément qui va sporuler subit d'abord un commen- cement de division transversale ; il s’y forme une mince cloison médiane, qui toutefois se résout el disparaît bientôt (fig. 35, 9, 10, / 1). Aux deux Fig. 34. — Formation de la spore chez le Bacillus Pastorianus (d’après A. Meyer). (1) Nexcxr, Beiträge zur Biologie der Bacterien (Virchow's Arch. für pathol. Anat., 1879). (2) À. Mexer, Der Zellkern der Bakterien AE lora, 1908, p. 335). (3) SHAUDINN, lochCite, pauie 76 - BIOLOGIE DES BACTÉRIES, pôles de l’élément se forment de petits amas de granules de nature chro- matique, alors que de la substance chromatique s’amasse en outre dans l'axe de la cellule en granulations formant une sorte de chapelet = NS / Ÿ ft (rs ve ee 2, S SSRRTS = ; S AY CITE Er, ER x \ re TIRE ( p.20 (TA A1 42 13 1h 45 16 17 Fig. 35. — Division des bâtonnets et formation des spores chez le Bacillus Bütlschlii (d’après Schaudinn). 6, 7, processus de division des bâtonnets; 8, bâtonnet adulte avec OR PE PRE 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, stades successifs de la formation cils vibratiles; 9, des spores. Grossissement : 1000/1. sinueux ou vaguement spiralé (72, 13, 14). Les amas granuleux des deux pôles grandissent et se condensent, formant une masse ovoïde, réfringente, s’entourent d'une membrane qui s'épaissit vite et s'oppose alors à la pénétration des colorants; la spore est formée (73, 16, 17). Dans ce début de division, qu'il signale aussi chez le Bacillus sporo- nema, où il se manifeste seulement par un étranglement médian, fugace, REPRODUCTION. 77 Schaudinn pense voir un indice d’une différenciation sexuelle; pour Dobell (1), ce ne serait qu'une simple division qui resterait incomplète, anomalie fixée chez quelques espèces. Il ne se forme, dans la très grande majorité des cas, qu’une seule spore (9 0, ES Ô {y (y É NZ 0 A (®) 0 50" 6 |\0 9 C O Fig. 36. — Formation des spores. 1, chez Leuconostoc mesenteroides ; 2, chez Bacillus subtilis; 3, chez Bacillus anthra- cis ; 4, chez Bacillus bulyricus ; 5, chez Spirillum rugula; 6, chez une espèce de Spirillum ; 7, chez Bacillus megaterium. par article dans les filaments ; la grande minceur des cloisons, ou leur disparition, peuvent faire croire à la présence de chapelets de spores. Chez quelques espèces, le Bacillus caucasicus du kéfir, le Bacillus Bütschlii, il semble se former deux spores aux extrémités opposées des bâ- tonnets ; le début de division de l’élé- ment qui se prépare à sporuler les fe- rait rentrer dans la règle générale. La spore peut être plus petite ou égale en diamètre au filament. Elle est souvent plus grosse ; dans ce cas, le bâtonnet se renfle à l'endroit où se produit la spore, prend une forme de fuseau quand elle se produit en son milieu, de massue ou Fig: 37. — Germination des spores. de têtard quand elle se produit à une 1, Leuconostoc mesenteroides: ?, Ba- extrémité (fig. 313450): cillus subtilis : 3, Bacillus megqa- ÉeS Sporessont rmisessen liberté par. 1, 21m, Bacillus butyricus. gélification de la membrane des bâton- nets qui les ont produites. Tantôt elles peuvent germer de suite, tantôt elles ont besoin d’une période de repos. La germination se fait dans la direction du filament mère, ou, plus rarement, dans un sens perpendiculaire (2). Il est facile de se rendre compte de ces différences (1) Dosezr, On the so-called sexual method of spore formation in the disporic Bacteria (Quarterly Journ. of microse. se., LIIT, 1909). (2) Grerne, Ueber die Keimung der Bakteriensporen (Fortschr. der Med., 1897, p. 43, 81, 135). … 78 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. . en observant des spores ovales. Lorsque la spore est dans des conditions convenables pour germer, elle pâlit, la membrane se rompt, il en sort un petit prolongement qui, en très peu de temps. gagne l'aspect et les dimensions des cellules végétatives ordinaires de l'espèce. Pour les auteurs qui admettent la présence de deux couches à la membrane, c'est l'exospore qui se rompt; l'endo- spore constitue la membrane du jeune bâtonnet (1). Les deux valves de la membrane restent parfois ac- colées plus ou moins longtemps à la base du bâtonnet qui en est sorti, puis elles se gélifient et se a 3 dissolvent. On peut observer la L germination des spores en prenant Fig. 38. — Spores du Bacillus Bulschlii des cellules qui en renferment et en CRIS CEE les mettant dans une gouttelette de 2, début de germination. liquide uutritif, après avoir pris la précaution de dessécher légère- ment les spores sur la lamelle pour les empêcher de se répandre dans le liquide. La succession de ces phénomènes s’observe on ne peut mieux sur la figure 39, qui représente, d'après De Bary, les divers stades du dévelop- pement du Bacillus megaterium. Les bâätonnets qui vont sporuler se segmentent de façon à donner des articles beaucoup moins longs (2)que les cellules végétatives ordinaires (1). Dans chacun d’eux il apparait, au centre du protoplasma granuleux, un noyau qui, d’abord très petit 2] 7 (3,4), granditpeu à peu etprend les caractères des spores (3, 6). Lorsque Fig. 39. — Bacillus megaterium, 600/1 (d'après De Bary). la spore est bien formée, la membrane des bâtonnets pâlit, devient dif- fluente et laisse sortir, en se déchirant, les spores qui se trouvent libres dans le liquide ambiant (7). La spore germe au bout de peu de temps; sa membrane se rompt dans le sens du petit diamètre de l’ovale qu’elle forme ; il en sort un prolongement hyalin qui croît et donne une cellule végétative ordinaire (8, 9). Les débris de la membrane de la spore dis- paraissent rapidement par gélification. Les phénomènes peuvent se passer autrement. Chez le Bacillus sub- (1) MuniscuzeGez, Ueber die Bildung und den Bau der Bakteriensporen (Centralbl. für Bakt., 2t Abth., VI, 1900, p. 64-et 96). REPRODUCTION. 79 lilis et les autres espèces très voisines confondues sous le nom de Ba- cilles du foin, la spore se transformerait directement en bâtonnet. Elle grandit en même temps qu'elle perd sa réfringence et devient pâle ; elle prend une forme cylindrique et bientôt ne se différencie plus des cellules végélatives ordinaires. Les particularités qui viennent d’être décrites sont les phénomènes généraux, Lypiques, pour ainsi dire, de la formationdes spores. Plusieurs espèces étudiées à ce point de vue présentent des différences dont quel- ques-unes sont intéressantes à connaitre. Chezles Bacillus sublilis, B. anthracis, B.megaterium (fig. 36, 2, 3, 7), les spores ont une largeur moindre que la cellule mère. Les bâtonnets de Bacillus bulyricus se renflent à l'endroit où se pro- duit la spore et prennent une forme de têtard ou de fuseau (fig. 36, #). De plus, au moment où ils vont sporuler, le protoplasma renferme une assez forte quantité de matière amylacée soluble, de granulose, qui leur donne la propriété de bleuir, lorsqu'on les traite par l'iode. D'après Prazmowski (1), au moment de la germination, il se forme, à l’un des pôles, un orifice par résorption de la membrane ; c’est par ce trou que sort la jeune cellule, sous forme d’un prolongement hyalin (fig. 37, 4). La spore de cette espèce, transportée dans un milieu nutritif frais, germe au bout de une heure et demie à deux heures. La spore du Spirillum rugula se forme toujours à une extrémité qui se renfle fortement ; le bâton- net, légèrement courbé, prend D 6 la forme d’une grosse virgule < NS 6 ou d'une massue (fig. 36, 5). Les Bactéries en spirales se divisent en articles, qui produisent chacun une spore de diamètre plus petit que le leur (fig. 36, 6). Les spores du Spirillum endoparagogicum germent dans l’intérieur du > filament mère, qui peut por- ter les Spirilles de seconde génération comme autant de rameaux latéraux (fig. 40). Les espèces qui présentent les phénomènes ci-dessus décrits ont des spores formées à l'intérieur des cellules végétatives; ce sont des Bacté- ries endosporées. Beaucoup d'autres Bactéries, les formes sphériques notamment, présentent une moins grande complexité; 1l est difficile ou même impossible de distinguer leurs spores des cellules ordinaires, si tant est qu'elles en produisent. C'est à ces espèces que De Bary (2) réserve le nom de Bactéries arthrosporées. Les cellules qui vont être des arthrospores se différencient très peu, souvent même pas du tout, des voisines ; la cellule entière, en se modifiant peu ou même pas comme aspect, se transformerait en spore. La seule caractéristique vraie de ces Le Fig. 40. — Spirillum endoparagogicum (d'après Sorokin). (1) Prazmowskr, Unltersuchungen über die Entwickelungsgeschichte und Ferment- wirkung einiger Bacterienarten. Leipzig, 1880. (2) DE Bary, Vergleichende Morphologie und Biologie der Pilze, Mycetozoen und Bacterien. Leipzig, 1884; et Leçons sur les Bactéries, traduction par Wasserzug. Paris, 1886. 80 BIOLOGIE DES BACTÉRIES. arthrospores est la résistance plus grande aux causes de destruction et la propriété de donner naissance, après. leur isolement, à de nouvelles colonies. Il faut même refuser ces spores exogènes à bien des Micrococ- cus, qui sont tués par de faibles élévations de température qui respecte- raient certainement des éléments quelque peu durables. Prove (1) a décrit la formation des spores dans une espèce de Micro- coccus qu'il a isolée de l'urine, le Micrococcus ochroleucus. Les dimen- sions des éléments ordinaires, sphériques, sont de 0,5 y à 0,8 w. Ceux qui vont sporuler se gonflent jusqu à atteindre un volume triple; il se forme à leur intérieur une sphère réfringente qui peut avoir 1,6 de diamètre. Les cultures quirenferment de tels éléments fertilisent encore de nouveaux milieux après ayoir été soumises pendant une demi-heure à une température de 100°, Ce sont bien là les caractères essentiels des spores. Chez les Sarcines, la formation des spores n’a été observée que sur une espèce, Sarcina pulmonum, isolée par Hauser (2) descrachats d'un phti- sique. Certains éléments des cultures augmentent de volume; leur con- tenu devient trouble. La partie centrale, la plus considérable de ce con- tenu, se contracte et acquiertune plusgrande réfringence, pendant qu'il se forme à sa périphérie une sorte de membrane sombre. Il se constitue ainsi un corps sphérique, brillant, très réfringent, mesurant de 0,6 y à 0,8 y. de diamètre. Cette spore peut être mise en liberté par la diffluence de la membrane de la cellule mère. Elle a les propriétés habituelles, en particulier la grande résistance aux agents de destruction ; elle résiste à une température de 110°. Chez le Leuconostoc mesenteroides de la gomme de sucreries, il se forme de véritables arthrospores, bien étudiées par Van Tieghem (3). Quelques cellules, éparses dans les chapelets sinueux de coccus, devien- nent plus grosses que les autres, gagnent un aspect plus réfringent et épaississent leur membrane. Ce sont des spores véritables (fig. 37, 7), car seules elles résistent à la dessiccationet à la privation ot Semées dans un milieu frais, leur membrane externe dure se rompt; il se forme aux dépens de la couche interne une épaisse gaine de gelée, enveloppant la masse protoplasmique centrale, qui, par division, a bientôt donné naissance à un des chapelets si particuliers à l'espèce (fig. 16, p. 33, et fig. 36, /). Les Cladothrix paraissent former leurs spores en longs chapelets par la simple segmentation des filaments; ce sont des arthrospores typiques (fig. 2, p. 13). Ilest des cas où il paraît se former, par simple condensation du protoplasma des éléments, des masses réfringentes, dépourvues d'enve- loppe propre, que l'on doit très probablement considérer comme des spores moins perfectionnées; elles résisteraient aussi plus aux causes de destruction que le protoplasma ordinaire et auraient peut-être certain rapport avec des granulations dont il a été: parlé précédem- ment (p.24). Le caractère principal de la spore est sa résistance à des conditions de vie que les simples cellules végétalives ne peuvent traverser sans (1) Prove, Micrococ Et ochroleucus eine neue chromogene Spaltpilzform (Beëtr.zur Biol. der Pflanzen, IV, 3, p. 409, 1887). (2) Hauser, U SDEE Re (Deutsche Arch. für klin. Med., 1887, p. 127). (3) Vax Tiecnen, Sur la gomme de sucreries (Ann. des se. nal., Bot., 6e série, VII). ” REPRODUCTION. 81 périr(1). Beaucoup supportent destempératures de100° et au-dessus sans perdre leur faculté germinative. Une dessiccation prolongée, l'oxygène comprimé, la privation d'air, qui tuent très vite les éléments végétatifs, sont sans action sur la spore. Cette résistance aux agents de destruction paraît due, en grande partie, à l'extrême cohésion de la membrane, qui est telle que Büchner (2) a pu faire germer des spores de Bacil- lus sublilis ayant séjourné dans de l'acide sulfurique concentré. La spore ne l'offre qu'après s'être entourée de sa membrane; très jeune, elle est aussi sensible que les éléments ordinaires ; il en est de même au moment où elle se modifie pour la germination. De là vient aussi la dif- liculté qu'on éprouve à colorer les spores; on verra plus loin qu'il faut, pour y arriver, vaincre l'imperméabilité de la membrane, en faisant agir sur elle la chaleur, les acides ou les alcalis, pour permettre aux solu- lions colorantes de diffuser dans son intérieur et imprégner le proto- plasma central. Si l’on rapproche de ces caractères des spores leur extrême petitesse et leur transport facile par l'air ou d’autres véhicules, on comprendra facilement quel grand rôle elles doivent jouer dans la dispersion des Bactéries et la contamination des mileux morts ou vivants. Le Bacille du charbon, sous des influences peu déterminées encore, peut perdre la propriété de produire des spores dans les conditions où il les forme normalement. Chamberland et Roux (3) l'ont observé sur des filaments soumis quelque temps à l’action d'une solution faible de bichro- mate de potasse, ou, mieux, comme Roux l’a remarqué depuis (4}, en ajoutant au bouillon qui sert pour les cultures une petite proportion d'acide phénique, de 2 à 20 p. 10000. Les cultures n’en présentent plus même après un grand nombre de générations. Elles conservent cepen- dant leur pouvoir pathogène ; ‘inoculées à des cobayes, elles les font rapidement périr ; les Bactéries qui ont passé par l'organisme sont toul aussi incapables de former des spores. Lehmann (5) a observé plus récémment le même fait. Il a isolé une variété « asporogène » du Bacille du charbon de cultures sur gélatine longtemps renouvelées. Dans les cultures sur pomme de terre de cette race, il a observé des sphères plus rondes et plus petites queles spores ordinaires, qu'il nomme microspores. C’est à tort qu'il les rapproche des spores vraies; elles n’en possèdent pas les propriétés biologiques ; chauffées à 60°, elles perdent toute viru- lence el périssent ; il n’en a jamais observé la germination. Bebring (6) a obtenu du charbon asporogène en cultivant du charbon normal dans de la gélatine additionnée d'acide chlorhydrique ou d’acide rosolique, pendant deux à trois mois, à la température de la chambre. Physalix (7) est arrivé au même résultat en faisant des cultures en série (1) Swax, Resisting vitality o: spores of Bacillus (Ann. of Bof., 1893, n° 3). (2) Bücaxer, Ueber das Verhalten der Spaltpilzsporen gegen Anilinfarbstolte (Aertzliche Intelligenzbl., 1884). {3) CHamBEerLaxp et Roux, C. R. de l’Acad. des sc., 1883, p. 1090. (4) Roux, Bactéridie charbonneuse asporogène (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1890). (5) Lenmanx, Ueber die Sporenbildung bei Milzbrand (Münch. med. Wochenschr., 1887, n° 26). (6) BenmiG, Beitrage zur Ætiologié des Milzbrandes (Zeilschr. für Hygiene, VIH, 1899). (7) Puysauix, Influence de la chaleur sur la propriété sporogène du Bacillus anthracis (Arch. de physiol., 189%, p. 217). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 6 82 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. à 42°. Surmont et Arnould (1), après avoir essayé ces différents procédés, donnent la préférence au procédé de Roux à l'acide phénique. Certaines cultures de Bacille du charbon offrent une très grande résistance aux agents capables de les transformer en races asporogènes ; 1l faut alors, pour réussir, diminuer un peu la vitalité du microbe en faisant des cul- tures successives à une température de42°, quiest déjà pour celle espèce une lempérature dysgénésique. G. Rosenthal(2), cullivant ce même Ba- cille à l'abri de l'oxygène, a vu qu'il perdait son pouvoir sporogène, tout en conservant intégralement ses propriétés biologiques. En somme, il semble que le Bacille du charbon perd facilementla propriété de donner des spores quand les condilions de culture sont défavorables. II. — ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES Les Bactéries sont soumises, au même litre queles autres êtres, à lin- fluence des milieux dans lesquels elles se trouvent. Suivant la composi- tion chimique, suivan! l'élat physique de ces milieux, il se produit, pour une espèce donnée, des modifications dans les propriétés et les manifestations vilales. Il est, pour elles, des substances et des conditions favorables à l'accroissement, d'autres qui entravent leur multiplication el suppriment complètement la possibilité de vivre. Les influences mau- vaises arrêlent d'abord les manifestations extérieures, chimiques ou bio- logiques, toulen laissant la nutrition se faire tant bien que mal. Si leur aclion continue, la nutrition est suspendue, la mulliplhicalion végétative ne peut plus se faire, la mort peut survenir; c’est alors parfois que se produisent les spores, pour résister à des conditions qui font périr les simples cellules végétatives. Nous étudierons en premier lieu l'action de quelques substances chi- miques et ensuite celle des agents physiques les plus importants. De plus, dans les différents milieux où peuvent se développer des Bactéries, vivent fréquemment d’autres êtres, organismes inférieurs plus ou moins différents'ou même espèces voisines, dont l'influence sur les premières esl souvent importante. Il est nécessaire d'en tenir compte et de signeler au moins les faits, s'il n’est pas encore possible de donner sur ce point des idées générales bien assises. 19 AGENTS CHIMIQUES. L'oxygène est absolument nécessaire aux aérobies. Lorsqu'on veut les cultiver dans des gaz inerles, l'azote ou l'hydrogène, par exemple, on n'oblient aucun résullat. Par contre, dans des conditions particulières, la présence d'air peut considérablement nuire. Duclaux (3) a démontré que lorsqu'une espèce a épuisé son milieu nutritif, sielletrouve de l'oxy- gène en abondance, elle s’affaiblit peu à peu et meurt au bout d'un temps qui doit être assez long. Si, au contraire, elle n’a à consommer que de très minimes porlions de ce gaz, sa vilalité se conserve bien plus long- temps que dans le premier cas. (1) Sunmoxr et Anxouzn, Recherches sur la production du Bacille du charbon aspo- rogène (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1894, p. 817). (2) G. Rosexrnaz, Soc. de l’internatl des hôpilaux de Paris, 26 juillet 1906. (3) Duccaux, Chimie biologique, p. 115. AGENTS CHIMIQUES. 83 Lorsqu'on laisse vieillir, en présence de l'air, une culture de Micro- coccus du choléra des poules, sa virulence diminue graduellement et il arrive un moment où on la trouve éteinte. Pasteur (1), en maintenant indéfiniment la virulence d’une même culture faite à l'abri de l'air, a prouvé que le phénomène était bien dû à l'oxygène. Cette influence débilitante de l'oxygène ne paraît agir que sur les cel- lules végétatives. Les spores lui résistent, en conservant, même au bout d'un temps très long, la propriété de germer. Elles reproduisent alors des cellules douces des qualités typiques de l'espèce. C'est pourquoi il a fallu, dans la préparation de cultures atténuées par l'air pour la vaccination, écarter toute présence de spores. Pasteur et ses savants collaborateurs Chamberland et Roux (2) ont réussi à le faire pour la Bactérie du charbon enla cultivant, dans des bouillons, à 429-43°. A cette température, en effet, le développement est abondant, mais la formation des spores est impossible. Ce que fait le contact prolongé de l'oxygène, l'oxygène comprimé le produit en très peu de temps. P. Bert (3), en se servant d'oxygène com- primé à 8 ou 10 atmosphères, arrêtait la fermentation et la putréfaction. Les cellules végétatives sont tuées, mais les spores, comme l'a montré Pasteur (4), supportentsans périrces conditions, si toutefois elles n'agis- sent pas pendant une durée trop longue. Pour les anaérobies, la chose est tout autre. L'oxygène libre est un véritable agent toxique, mais seulement à une certaine tension (p. 47). Ils ont peut-être besoin, pour commencer à végéter, d'en avoir àconsom- mer des quantités très minimes; la proportion qui se trouve dans l'air est de beaucoup trop forte et les tue ; il faut, pour qu'ils puissent le supporter, les y entraîner progressivement. L'eau oxygénée a une action plus énergique que l'oxygène (Voy. p. 88); elle est plus active que l'oxygène gazeux. L'ozone, d'après les recherches de Chappuis (5), de Christmas (6), d'Ohlmüller (7), a un pouvoir microbicide très net ; on l'utilise pour la stérilisalion en grand des eaux potables (8). D'après Ransome et Foulerton (9), l'ozone sec n'aurait pas d'action: passant dans un milieu liquide, il présenterait, par contre, des propriétés bactéricides énergiques. L'hydrogène et l'azote semblentn'avoir aucune action sur les Bactéries; (1) Pasrgur, De l’atténuation du virus du choléra des poules (C. R. de l'Acad. des se., XC, 1880, p. 673). (2) Pasreur, CHamBenLanD et Roux, Le vaccin du charbon (1bid., XCIT, 1881, p. 666). (3) P. Bert, Oxygène comprimé (C. R. de l'Acad. des sc., LXXX, p. 1579, et LXXXIV, p.-1130). (4) Pasreur, Atténuation du virus charbonneux (C. R. de l'Acad. des sc., XCIT, 1881). (5) Cuappuis, Action de l'ozone sur les germes contenus dans l'air (Bull. de la Soc. chim., 1881, p. 290). (6) Curisrmas, Valeur antiseptique de l'ozone (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1893 p. 776). (7) Ouvuürcer, Ueber die Einwirkung des Ozons über Bakterien (Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheilsamte, VIII, 1892, p. 228). (8) Van Ermexonem, De la stérilisation des eaux par l'ozone (Ann. de l'Ins{. Pasteur, IX, 1895, p. 673) — Weyz, Keimfreies Trinkwasser mittelst Ozon (Centralbl. für Bak£., 1899, XX VI, p. 15). — Marmer et Aënana, La stérilisation industrielle des eaux potables par l'ozone (Revue d'hygiène, 1899, n° 6, p. 540). (9) Raxsowe et FourentTow, The Lancet, 2 mars 1901. S4 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. aussi est-ce à eux, au premier surlout, à cause de la facilité plus grande de sa préparation, que l’on doit s'adresser lorsqu'on veut obtenir un miieu gazeux inerte, pour la culture des anaérobies, par exemple. L’ acide carbonique peut, d'après Kolbe (1), empêcher pendant assez longtemps la putréfaction de la viande. Sa présence serait nuisible au moins pour beaucoup d'espèces aérobies. Cependant, les expériences de Fraenkel (2) montrent que cette nocivité de l'acide carbonique est loin d’être aussi générale qu'on le pensait. Le Bacille Lyphique,le Pneumocoque de Friedländer, le Bacille de la fermen- lalion laclique äe Hüppe, entre autres, végéteraient {out aussi bien dans l'acide carbonique que dans l'air; d’autres, Micrococeus prodi- gtosus, Proteus vulgaris, Bacillus phosphorescens, s'y développent aussi, mais lentement et peu abondamment. Le Bacille du charbon, le Spirille du choléra, par contre, ne montrent aucun développement dans ces mêmes condilions. D'après Altana (3, l'acide carbonique aurait sur les Bactéries une véritable action toxique. Dans ce gaz pur, le Pneumobacille pousserait bien ; le Colibacille, le Bacille lyphique et les espèces voisines végéte- raient peu et lentement; beaucoup d'autres, le Bacillus ire le Bacille de la diphlérie, les Vibrions cholériques, beaucoup de chromo- gènes, tous les anaérobies ne se développeraient pas. Dans un mélange d' acide carbonique et d'oxygène à la même tension que l'air, les espèces du groupe du Colibacille pousseraient bien, les autres pas du tout. L'oxyde de carbone n'aurait aucun effet délétère. L'action de l'hydrogène sulfuré sur les Bactéries paraît être des plus variable. Plusieurs espèces peuvent vivre et prospérer dans des milieux conte- nant de forles proportions de ce gaz. Les Bactéries pullulent souvent dans les eaux sulfureuses. Miquel (4) a isolé d'une eau d'égoul une Bactérie anaérobie qui produit de fortes quantités de H?S, Bacillus sulfhydrogenus. La présence de ce gaz devient toutefois nuisible lors- qu'il atteint une cerlaine tension. Rosenheim (5) a retiré d’une urine, contenant dès son émission de fortes quantités d'hydrogène sulfuré, une 3aclérie ne liquéfiant pas la gélatine et pullulant très lentement dans l'urine fraîche, où elle donne un abondant dégagement de ce gaz. Beaucoup d'espèces communes en donnent de notables proportions lorsqu'elles trouvent du soufre à attaquer, libre ou faiblement combiné, dans l’albumine par exemple. La réaction se produit probablement de la facon suivante: l'hydrogène, mis en liberté par l'absorption d'oxygène provoquée par la Bactérie, réagit à l’élat naissant sur les composés qui reliennent assez faiblement leur soufre et donne de l'hydrogène sulfuré. L'hydrogène sulfuré, très toxique pour les plantes vertes, l’est bien moins 1c1 à cause de l'absence de chlorophylle, sur laquelle se porte surtout son action nuisible. (1) Kozse, Journ. für prakl. Chemie, vol. XX VI. (2) Frazxkez, Die Einwirkung der Kohlensäure auf die Lebensthäligkeit der Mikro- organismen (Zeilschr. für Hygiene, V). (3) ALTANA, Sulla azione tossica della anidride carbonica sui microorganismi (Riv. d'Igiene di sanit. publ., 1907, p. 293). (4) Miquez, Sur la fermentation sulfhydrique (Bull. de la Soc. chim., XXXII, p. 12). (5) Rosexueim, Société de médecine interne de Berlin, 6 juin 1887. AGENTS CHIMIQUES ; ANTISEPTIQUES. 89 L’hydrogène prolocarboné, qui se produit toujours dans la fermen- tation de la cellulose, et l'hydrogène phosphoré, si commun dans les putréfactions, paraissent n'avoir aucune action. ANTISEPTIQUES Les substances chimiques qui entravent ou arrêtent le développement des Bactéries dans un milieu propice, inerte ou vivant, ou arrivent à les détruire, sont nombreuses. On sail qu'elles ont reçu le nom d’antisep- tiques. Ilest impossible de les étudier ici avec détails à cause de leur mul- üplicitéet de la variabilité de leur action. Une classification méthodique n'en peut être donnée actuellement ; à côté de produits gazeux, d'acides, de sels minéraux, nous trouvons des alcools, des aldéhydes, des huiles essentielles, des phénols, des composés organiques plus complexes encore. Deux considérations doivent surtout guider dans le choix d'un antiseptique, sa puissance d’abord et ensuile sa facilité d'emploi, son côté pratique. Pour apprécier l’action d’un antiseptique, on peut user de différents moyens. On peut faire agir l’anliseptique directement sur un microbe bien vivantet aclif et noter le temps que celui-ci met à dépérir, s’attémuer el mourir tout à fait. Des parcelles de cultures en nature, ou des fils de soie imprégnés de culture puis séchés, servent à instituer l’expé- rience. Ou bien, on peul simplement chercher à déterminer quelle est la proportion minime de l’antiseptique nécessaire pour empêcher le développement du microbe dans un milieu favorable, tout en lui laissant la vie, ou, mieux, celle qui est nécessaire pour le tuer d’une facon sûre. L'action des antiseptiques varie, du reste, dans de larges limites suivant les espèces et même, parfois, pour une même espèce, suivant ses conditions de vie. C’est la raison pour laquelle il y a un tel désaccord dans les expériences faites jusqu'alors. Ces expériences sont même très peu comparables entre elles, parce qu'elles ont été faites dans des conditions trop différentes. Toutes les particularités intéressantes seront citées lors de la description des espèces. Le sublimé corrosif est un des meilleurs antiseptiques, malgré quelques inégalités d'action, dues à des particularités spéciales pro- venant de l'espèce microbienne ou du milieu; c’est aussi un des plus employés. Davaine (1), l'expérimentant sur le sang charbonneux, observait qu'à la dose de 1 p. 150000 la virulence était détruite; que les spores de la Bactéridie étaient tuées en quelques heures par une solution à 1 p. 5000 et en quelques minutes par celle à 1 p. 1 000. Ces résultats ont été- confirmés par les recherches de Koch (2). Miquel (3) le déclare infertilisant à 1 p. 14000. Van Ermenghem (4) a constaté que le Spirille (1) Davaine, Rech. rel. à l'action des substances antiseptiques sur le virus de ’a septicémie (Gazelle médicale, 1874). — Réimprimé dans « l’OEuvre de Davaine », Paris, 1889. (2) Kocn, Zur Aetiologie der Milzbrandes (Mil(h. aus d. Kaiserl. Gesundheilsamte, 1881, I, p. 40). (3) Miquez, Annuaire de l'Observatoire de Montsouris, 1883 et ISS4. (4) Van ErmexGnem, Le microbe du choléra asiatique, 1883. >" 86 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. du choléra, en culture dans le bouillon, est {tué en une heure par le sublimé à 1 p. 60000; dans le sang, pour arriver à ce résultat 1l faut arriver à la dose de 1 p. 1 000, sans doute à cause de la coagulation de la matière albuminoïde, qui forme une coque protectrice se laissant plus difficilement pénétrer par le réactif. Fraenkel (1) trouve que la solution à 1 p. 1 000 tue en une demi-heure le Bacille typhique, le Spirille du choléra, le Bacille de la septicémie de la souris, et celle à 1 p. 10000 en deux heures. É Yersin (2) a vu le Bacille de la tuberculose, des cultures, partielle- ment tué après un séjour de cinq minutes dans la solution à 1 p. 1 000, complètement tué après dix minutes. L'action sur les crachats tuber- culeux est moins régulière, à cause de la coagulation de l’albumine ; Schill et Fischer (3) ont détruit toute virulence après un contact de vingt-quatre heures avec une solution à 1 p. 2 000. Tarnier et Vignal (4) affirment que le Streplocoque pyogène périt après deux minutes avec la solution à 1 p. 1 000. L Viquerat (5) dit que le sublimé à 1 p. 1000 tue en quinze minutes le Bacille typhique, le Bacille du charbon, le Slaphylocoque doré et le Bacille pyocyanique. Borkhoff (6) trouve que la solution à 1 p. 1000 fait périr le Spirille du choléra et le Bacille du charbon sans spores après quinze secondes, le Bacille typhique après cinquante minutes, le Bacille de la diphtérie après soixante-dix à quatre-vingts minutes, le Staphylocoque doré après deux heures et demie à cinq heures, les spores charbonneuses aprèsneuf à dix heures. Les solutions plus fortes, 2 p. 1 000, ou 5 p. 1 000 agissent beaucoup plus rapidement. La solution à 1 p. 1000 est la plus employée, sous le nom de liqueur de Van Swielen; elle suffit largement pour tuer en peu de temps les Bactéries sans spores. Pour agir sur les spores, il est bon de prendre le titre 2 p. 1 000. D'après les recherches de Geppert (7), confirmées depuis par Chavi- gny (8), l'effet des solutions de sublimé, surtout de celle à 1 p. 1000, employée le plus souvent, serait loin d’être aussi complet qu'il paraîl l'être. Il n’y aurait pas mort réelle des microbes qui ont subi l’action de l'antiseptique, mais un simple obstacle à leur développement, causé par la présence d'une petite quantité d’antiseptique fixé à leur surface. La meilleure preuve est la multiplication de ces microbes lorsqu'on les a au préalable débarrassés de l’antiseptique qui les imprégnait par (1) Fraexxez, Die desinficirenden Eigenschaften der Cresole, ein Beitrag zur Desin- fectionsfrage (Zeitschr. für Hygiene, VI, 1889, p. 521). (2) Yersix, De l’action de quelques antiseptiques et de la chaleur sur le Bacille de la tuberculose (Ann. de l’Inst. Pasteur, Il, 1888, p. 60). (3) Semi et Fiscuer, Milth. aus d. Kaiserl. Gesundheitsamte, 11, 1884, p. 131. (4) Tarnier et Viëxaz, Rech. expér. rel. à l’action de quelques antiseptiques sur le Streptocoque et le Staphylocoque pyogènes (Arch. de méd. expér., II, 1890, p. 469). (5) VIQUERAT, Étude comparative sur la valeur antiseptique des solutions de biio- dure, de bichlorure de mercure et de fluosilicate de fer (Ann. de micr., 11, 1889, p. 219 et 275). (6) Borknorr, Propriétés antiseptiques du sublimé. Thèse de Saint-Pétersbourg, 1897. (7) Gerrgrr, Zur Lehre von den Antisepticis (Berl. klin. Wochenschr., 1889, nos 36 et 37). — In., Ueber desinficirende Mittel und Methoden (/hid., 1890, n°11). (8) CHavicxy, Sur la valeur des pulvérisations de sublimé (Ann. de l'Inst. Pasleur, X, 1896, p. 351). AGENTS CHIMIQUES ; ANTISEPTIQUES. 87 lavage à certaines substances, le sulfhydrate d'ammoniaque par exemple. Toutefois, il est bon de remarquer qu'une telle expérience ne réussit que quand le contact avec l'antiseptique n’a élé que très peu prolongé : lorsqu'il a suffisamment duré, plusieurs heures, par exemple, et quil a été bien assuré, c'est une mort réelle que l'on observe. On a préconisé d’autres sels de mercure. Le biiodure de mercure es aussi très actif, mais paraît inférieur au sublimé. L'oxycyanure de mercure aurait cerlains avantages; d'après Boer (1), la solution à 1 p. 3000 tue en deux heures le Bacille du charbon, le Bacille de la diphltérie, le Bacille de la morve, le Bacille typhique. L'azotate, l'acétate, le cyanure de mercure seraient moins actifs (2). Le nitrate d'argent est signalé depuis longtemps comme un anti- septique puissant. Behring (3) dit en avoir obtenu d'excellents effets ; Boer (4) a observé qu'il Luait rapidement le Bacrlle de la diphlérie à 1p. 2500, le Bacille lyphique, le Bacille de La morve, le Spirille du choléra à 1 p. 4000, L'argent colloïdal a une action antiseptique marquée, d'autant plus nette que ses grains son plus fins ; 1 p. 50000 d'argent très fin empêche complètement le développement du Becille du charbon, du Staphylocoque pyogène el du Bacille pyocyanique (5). L'argent à gros grains est beaucoup moins actif. L'action de l'argent colloïdal paçaît lenir à ses propriétés oxydantes. Mélangé aux toxines microbiennes, il peut détruire leur activité. L'acide sulfureux,en solution à 1 p. ? 000. tue rapidement les microbes pyogènes, le Bacille typhique, le Spirille du choléra. Poër les spores, il faut un contact très prolongé, six à sept jours, el l'emploi de doses plus fortes, 1 p. 100. A l'état gazeux, Sternberg (6) a remarqué que les microbes pyogènes périssent en dix-huit heures dans une atmosphère sèche à 20 p. 100, mais que les spores résislaient ; l'humidité augmente le pouvoir anli- septique. À propos de ce corps, les recherches sont absolument con- Lradictoires et demanderaient à être reprises. L'aldéhyde formique doit êlre considérée comme un anliseplique énergique. En solution, une dose de 1 p. 5 000 empêcherait tout dévelop- pement pour le Bacille du charbon, le Bacille de la diphtérie, le Bacille pyocyanique, le Colibacille, le Bacille typhique, le Staphylocoque doré. Pottevin (7) a démontré que des spores tres résistantes, comme celles du Bacillus sublilis, sont tuées après un contact de quatre à six heures avec une solution à 40 p. 100, et en un jour à 15 p. 100; celles de Bacillus anthracis, moins résistantes, périssent après un contact de cinq à quinze minutes à 4#p. 100 el de un quart d'heure à une heure à 15 p. 100. La solution à 2 p. 1000 tue le Bacille lyphique, le Staphylocoque doré, (1) Born, Zeitschr. für Hygiene, IX, 1890, p. 479. (2) Vocano, O poder bactericida de alguns saes de mercurio. Thèse de Lisbonne, 1909. (3) Bear, Ueber Queksilbersublimat in eiweisshaltigen Flüssigkeitén (Centralbl. für Bakt., LI, 1858, p. 27, 64). (4) Bogr, loc. cil. (5) Cerxovonranu et FENRI, Action de l’argent colloïdal sur quelques microbes patho- gènes (Soc. de Biol., LXI, 1905). (6) SrerveerG, Report of Comittee on Desinfectants, 1885. (7) Porrévis, Recherches sur le pouvoir antiseptique de l'aldéhyde formique (Ann. de l’Inst. Pasteur, VIII, 1891, p. 796). LA k " 88 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. le Bacille pyocyanique après un contact de quinze à vingt minutes. La solution à 1 p. 100 donne des résultats bien plus sûrs. La solution à 5 p. 100 tue les Bacilles luberculeux des crachats après un contact d'une heure. A l'état de vapeurs, son action est très rapide également. A la dose de 1 p. 100 dans l'air, la plupart des microbes, même bien résistants, périssent après un contact de quelques minutes. En proportion de 22°,5 par mètre cube, on obtient les mêmes- effets destructeurs, mais en prolongeant l’action pendant plusieurs heures. Toutefois, l’action des vapeurs paraît être toute superficielle et se limiter à une couche peu épaisse de la substance employée; en présence d’un grand excès d'humidité, le pouvoir pénétrant augmente. D'après Spengler (1), le Bacille tuberculeux serait moins sensible que beaucoup d’autres espèces à l’action des vapeurs d’aldéhyde formique, ce qui pourrait permettre d'en obtenir des cultures directement avec des crachats tuberculeux où les microbes autres seraient tués par une action ménagée de ces vapeurs. L’aldéhyde formique à 3 p.100 détruit, après un contact de quelques heures, les toxines tétanique et diphtérique ; elle agit donc non seule- ment sur les microbes, mais encore sur leurs produits solubles. On se sert de la solution aqueuse à 40 p. 100 du commerce, désignée sous le nom de formaline ou de formol, ou de l’aldéhyde formique gazeuse obtenue par chauffage de son polymère, le trioxyméthylène. L'eau oxygénée arrête rapidement les fermentations et les putré- factions. D'après Miquel, elle empêche tout développement dans le bouillon à la dose de 1 p. 20000. À 1 p. 100, elle détruit en quelques minutes la plupart des Bactéries peu résistantes, le Bacille typhique, le Spirille du choléra, le Staphylocoque doré, le Pneumocoque. Les spores charbonneuses périssent en moins d’une heure dans une solution à 2 p. 100 et résistent quelques heures à la solution à 1 p. 100 (2). Pour Lucas-Championnière (3), l’eau oxygénée serait un antiseptique de choix dans la pratique chirurgicale. L'ozone se rapproche comme action de l’eau oxygénée, d’après les recherches d'Ohlmüller (4), mais n'est réellement d'une activité suffisante que sur les Bactéries en suspension dans de l’eau; sec, 1l serait presque sans action. D'après Sonntag (5), une atmosphère renfermant 3 milligrammes d'ozone par litre est sans action sur les spores charbon- neuses, qui ne sont tuées qu'avec 14 milligrammes et une exposition de vingt-quatre heures. Christmas (6) a vu que des cultures fraîches de Bacille du charbon étaient mortes après un séjour de quatre-vingt- (1) SPexezer, Tuberkelbacillenzüchtung aus Bacteriengemischen und Formaldehyd- desinfektion (Zeitschr. für Hygiene, XLII, 1903, p. 90). (2) Scmirow, Ueber den Einfluss des Wasserstoffsuperoxydes auf einige pathogene Mikroorganismen (S{. Pelersb. med. Woch., 1889, n° 6). (3) Lucas-CHampioniÈRe, Sur la valeur antiseptique de l'eau oxygénée (Acad. de méd.,6 décembre 1898). (4) Oncmürrer, Ueber die Einwirkung des Ozons über Bakterien (Arb. aus d. Kaïserl. Gesundheitsamte, VIII, 1893, p. 228). (5) SoxxraG, Ueber die Bedeutung des Ozons als Desinficiens (Zeilschr. für Hygiene, VIII, 1890). (6) Carisruas, Sur la valeur antiseptique de l'ozone (Ann. de l'Inst. Pasteur, VI, 1893, p. 776). | AGENTS CHIMIQUES; ANTISEPTIQUES. 89 seize heures dans une atmosphère chargée de 14,5 à 2 milligrammes par litre d'ozone ; après quarante-huit heures, leur développement se faisait encore, mais très ralenti; un séjour de vingt-quatre heures n'avait aucun effet notable (Voy. aussi p.83). L'ozone est utilisé pour la stérilisation des eaux d'alimentation, où il paraît donner de très bons résultats aux doses de 2, 4 ou 6 grammes par mètre cube. Seules des spores très résistantes, celles’ du type Bacillus subtilis par exemple, peuvent résister à son action. L'iode a des propriétés bactéricides marquées. Miqueldit qu'ilempèche tout développement dansle bouillon à la dose de 1 p. 4000. Podgorny(1) a observé qu'en solution il tuait le Bacille du charbon en proportion de 1 p.19500, le Bacille de la diphtérie à 1 p. 1 350, le Colibacille à 1 p. 1 200, le Bacille typhique à 1 p.600, le Sprrille du choléra à 1 p. 360, le Bacrlle du charbon à 1 p. 900, après un contact de cinq à trente minutes. Slern- berg a vu le Pneumocoque tué après deux heures de contact avec la solution à 1 p. 1000. La solution à 1 p. 500 tuele Bacille de la luberculose en moins d'un jour. Freudenreich (2) a vu les vapeurs d'iode tuer en moins de quarante-huit heures à 30°-35° les cultures de charbon, de tuberculose et de choléra. Kérassotis (3) a étudié dans mon laboratoire l'action de l’iode sur une série d'espèces. Les résultats de ses observations sont résumés dans les tableaux suivants. Il y a lieu de remarquer avant tout que l'iode se combine facilement avec les albuminoïdes, surtout avec les peptones, pour former des iodo-albuminates ou iodo-peptonates à pouvoir anti- septique très faible. Par exemple, 10 centimètres cubes de bouillon peptonisé à 2 100 fixent 0,07 d'iode. Il est nécessaire de tenir compte de cet iode fixé, l'iode en excès étant seul véritablement actif. En employant des milieux minéraux, on élimine cette cause d’affaiblis- sement. D'un autre côté, la petite quantité d'iodure de potassium, employée pour dissoudre l’iode, n'a que des effets tout à fait négligeables. PROPORTION LIMITE D'IODE PERMETTANT LE DÉVELOPPEMENT. En milieu peptonisé. En milieu minéral. Bacille pyocyanique.......... 1 p. 166 1 p. 20000 (liq. Arnaud et Charrin). Pace typique "EME C FACE lp 066 1 p. 75300 (liq. d'Ouchinsky). Combacilemesr UT. ROPRNENE 1 p. 166 1 p. 67380 Id. Bacledurcharbon RAP 1 p.312 1 p. 79300 (liq. Arnaud et Charrin). Mibriontduieholera 60e NDS SS3TENX 1 p. 40000 Id. Staphylocoque doré........... 1 p. 333 Ne se développe pas. PROPORTION D'IODE TUANT LE MICROBE A 35° DANS L'ESPACE DE TEMPS DE : 30 minutes. 20 minutes. 10 minutes. 5 minutes. Bacille pyocyanique... 1 p. 13333 1 p. 12 300 1 p. 10000 1 p. S000 Bacille typhique....... 1 p. 40000 1 p. 32000 1 p. 20000 DUT Bolbacle ser Er 1 p. 40000 1 p. 32000 1 p. 20000 I A V7 7 Bacille du charbon..... 1 p. 20000 TNT 1 p. 12300 1 p. 10000 Vibrion du choléra.... 1 p. 17777 1 p. 13333 1 p. 10000 1 p. S000 Staphylocoque doré.... 1 p. 17777 1 p. 12300 1 p. S000 1 p. 6666 (1) Porcorny, De l’action de l'iode sur les microbes pathogènes. Thèse de Saint- Pétersbourg, 1897. (2) Freunenreicu, De l’action antiseptique de quelques essences (Ann. de micr., I, 1889). (3) Kérassonis, Recherches expérimentales sur le pouvoir antiseptique de l'iode. Thèse de Nancy, 1904, n 2. .| ï 90 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. TEMPS NÉCESSAIRE POUR TUER LE MICROBE AU CONTACT DES VAPEURS D'IODE. A Pétat sec. A l’état humide. A 350 DOCA Sn À 35. Bacille pyocyanique. Après 20 heures. Après 121 Après 10° Après 10’ Bacille typhique.... — 12 — — à — 25’ — 10’ Cohhacille 222240 — ASE M2 — 20’ — 10’ Bacille du charbon. —_ 1 0— —. — 20 — 15’ Vibrion du choléra. — 3 minutes. — 55! — 3° Instantanément : Staphylocoque doré. — 29 heures. — 35° — 25 après 18’ Le {richlorure d'iode serait plus actif que l'iode. Le chlore empêcherait tout développement dans le bouillon à 1[ p. 15 000 d'après Jalan de la Croix (1), à 1 p. 4000 d’après Miquel. D'après Geppert (2), les spores charbonneuses sont très rapidement luées par la solution.à 1 p. 500. Les vapeurs sèches de chlore n'ont que des effets peu marqués. Les vapeurs humides sont très énergiques ; Miquel a vu périr tous les germes des poussières à la dose de 4 à 5 grammes par mètre cube; Fischer et Proskauer (3) ont trouvé que le Bacille du choléra des poules et le Streptocoque pyogène étaient tués en vingt-quatre heures par les vapeurs humides de chlore à 1 p. 25000 et les spores charbonneuses à 1 p. 2 500. Le brome infertiliserait les bouillons à 1 p. 1700 d'après Miquel. D'après Schumburg (4), il suffirait de 6 centigrammes de brome pour stériliser 1 litre d'eau riche en microbes. L'acide phénique est un antiseptique très estimé et digne de l'être, bien que son action soit parfois inconstante. D'après Miquel, l'acide phénique empêche tout développement dans le bouillon à la dose de 1 p. 330. On est obligé de reconnaître qu'ily a à ce propos de grandes différences suivant l'espèce microbienne que l’on con- sidère; l'histoire du Bacille lyphiqueetdu Colibacille en fournirala preuve. De tels chiffres ne peuvent donc être regardés que comme très relatifs. Koch a reconnu que les spores charbonneuses étaient respectées par la solution à 1 p. 100; elles étaient tuées en sept jours avec lasolution a2. p. 100 et en quarante-huit heures avec celle à 3 p. 100. Davaine a vu le Bacille du charbon sans spores mourir après une heure de contact avec la solulion à 1 p. 100. D'après Sternberg, le Pneumocoque est tué en deux heures par la solution à 1 p. 200 et le Saphylocoque doré par celle à 1 p. 125. Arloing, Cornevin et Thomas (5) disent que la solution à 2 p. 100 détruit en huit heures le virus frais du charbon symptomatique et en une ving- taine d'heures seulement le virus desséché. D’après Nicati et Rietsch (6), la solution à 1 p. 200 tue le Spirille du choléra en dix minutes. Boer a vu mourir le Bacille du charbon, le Bacille de la diphlérie, le Bacille (1) JaLAN DE LA Croix, Das Verhalten der Bacterien des Fleischwassers gegen einige Antiseptica (Arch. für exp. Pathol., XII, 1881, p. 175). (2) Geprerr, Zur Lehre von den Antisepsis (Berl. klin. Wochenschr., 1889). (3) Fiscner et Proskauer, Mitiheil. aus. dem Kaiserl. Gesundheitsamte, 1884, IL, p. 228). (4) ScavwsurG, Ein neues Verfahren zur Herstellung keimfreien Trinkwassers (Deutsche med. Wochenschr., 1897, n° 10). (5) ArLoixG, Corxevix et Tomas, Le charbon symptomatique du bœuf, 1887, p. 1825, (6) Nicariet Rierscn, Recherches sur le choléra (Arch. de physiol., 18K5). AGENTS CHIMIQUES ; ANTISEPTIQUES. 91 de la morve à 1 p. 300, le Bacille lyphique à 1 p. 200. Yersin a détruit la virulence du Pacille luberculeux des cultures avec la solulion à 5 p. 100 après un contact de trente secondes ef avec celle à 1 p. 100 après un contact d'une minute. D'après Nocht(1), la solution à 5 p. 109 respecterait plusieurs jours, à la tempéralure ordinaire, les spores charbonneuses, qui seraient tuées après trois heures de contact à la température de 36°,5. D'une façon géné rale, on peut dire qu'une température un peu élevée exalte l’aclivilé des antisepliques. Les solutions alcooliques d'acide phénique paraissent être beaucoup moins aclives que les solutions aqueuses (Koch). Les crésols, les créolines el produits similaires paraissent agir comme l'acide phénique (2). Le thymol paraît un peu moins aclif à certains expérimentateurs ; d'autres le préfèrent même à l'acide phénique. L'acide borique ne parait avoir que des propriétés anlisepliques faibles: la solution à 4 p.100 ne tue les microbes peu résistants qu'après un contact prolongé et respecte les spores. Il en est de même du borale de soude. Le sulfate de cuivre empêche le développement dans les bouillons à 1p. 1100. À 5 p. 100, il tue en une à deux heures le Bacille typhique, le Spirille du choléra, le Staphylocoque pyogène, le Streplocoque py0- gène, mais est sans aclion sur les spores. Le sulfate de fer à 10 p. 100 paraît encore moins actif que le pré- cédent. Le chlorure de zinc à 5 p. 100, d'après Sternberg, tue les germes peu résistants en quelques heures, mais respecte les spores charbonneuses. Le permanganate de potasse à 5 p. 100 Lue les spores charbonneuses en un jour, d'après Koch, etle Bacille de la morve en quelques minules, d'après Læffler (3). Jaeger (4) dit que celte solution est mortelle pour beaucoup de microbes pathogènes, mais que le Pactlle de la luberculose résiste. D'après Gardner et King (5), le Bacille lyphique serait tué avec la proportion de0',175 de permanganate par litre. L'alcool n'a qu'une action faible et incertaine. Les recherches de Minervini (6) et de Berlarelli (7) montrent que les espèces délicates seules succombent à une cougte immersion dansle liquide; lesrésistantes supportent un contact prolongé. Les coagulations qui se produisent avec les solutions de titre fort peuvent protéger contre l'action du réactif. D'après Igersheimer (8), l'alcool à 600 tue très rapidement en une minute (4) Nocur, Zeitschr. für Hygiene, VIT, 1890, p. 521. (2) Seysocn, Zeitschr. für Hygiene, XXIX, 1898, p. 377. (3) Logrrcer, Die Aetiologie der Rotzkrankheit (Arb. aus dem Kaiserl. Gesund- heitsamte, 1, 1886, p. 41). (4) Jazcer, Untersuchungen über die Wirksamkeit verschiedener chemische Desinfektionsmittel bei kurz dauernder Einwirkung auf Infektionsstoffe (Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte, V, 1889, p. 247). (5) Garoxer et KixG, The germical action of potassium permanganate (Amer. Chem. Journ., 1906, XXXV, p. 144). (6) Mxernvim, Ueber die baktericide Wirkung des Alkohols (Zeitschr. [ür Hygiene XXIX, 1898, p. 117). (7) Berrarezur, Sul potere battericida del alcool etilico (ZL Policlinico, VIN, 1900). (8) Icersugmmer, Ueber die bacterizide Kraft des 60 proz, Aethylalkohols (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Originale, XL, 1906, p. 414). P: t 92 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. le Slaphylocoque doré, le Bacille typhique, le Colibacille, le Bacille diphtérique, le Bacille pyocyanique; aussi vante-t-il beaucoup celiquide pour la désinfection des mains. Les solutions dans l’eau sont naturellement moins actives. D'après Stokvis(1), le Bacille typhique se développeencore bien avec 6 p. 100 d’al- cooletn'est arrêté qu'avec 8 p- 100,encore sansêtre tué. Sabrazès et Mer- candier (2) disent qu'il périt en dix heures dans du vin à 9 p.100 d'alcool. Les anesthésiques, chloroforme ou éther, n’ont pas sur les microbes: d'action bien énergique. L'activité vitale est ralentie et, par suite, ses manifestations; mais de hautes doses n'arrivent pas à la suspendre complètement chez les espèces assez résistantes. Jalan de la Croix n'a pas réussi à rendre stériles des bouillons additionnés de fortes propor- tions de chloroforme. Cependant, des espèces très sensibles, le Strepto- coque pyogène et le Spirille du choléra par exemple, sont facilement tuées dans ces conditions. Pour avoir une idée de la valeur antiseptique des substances ordi- nairement employées, le tableau suivant, dressé par Miquel(3), pourra rendre quelques services, tout en faisant de grandes réserves pour les applications dela pratique: Tableau indiquant la plus petite quantité de substance antiseptique nécessaire pour empêcher la putréfaction d'un litre de bouillon de bœuf neutralisé, puis exposé à l'air. 1° SUBSTANCES ÉMINEMMENT ANTISEPTIQUES. grammes. grammes. Biiodure de mercure............. 0025" Pichlorure de mercure..." 0,07 foauréeidarsent. NRA NEC (0030 PNitraterd'arsent scene 0,08 Haut ot yeEnCe cr: REA UE 0,050 2 SUBSTANCES TRÈS FORTEMENT ANTISEPTIQUES. grammes. grammes. Acide osniqueL.L2272rrm nee 0A5Mlodure de cadminme "20e ne e227 0,50 Acidelchromique, 72 127. 020 ÆBromeNRE SAME TE Le CCE DEEE 0,60 DHIORERN SE PAC RS NE Re EE .- 05 210d0f0nme RER TER Eee TE 0,70 A NES ON ES NAME AE 0,25 Chlorure de cuivre..... RE L dRe 0,70 CHlornre d'OL PC EN ED 025MGhloroforme, F0 ARR 0,70 Bichlorure de platine............ D/30NSulfate delCUiyYte PC Per RReE 0,90 Acide cyanhydrique............. 0,40 3° SUBSTANCES FORTEMENT ANTISEPTIQUES. ” grammes. grammes Aride sahcylique 5" nt22 1,00 Acide chlorhydrique......... 9 à 3.00 Aide bENZDIQuE En PA 1,10 — phosphorique............ £ Cyanure de potassium ........... 1,20 Essence d'amandes amères...:.. Ac 3,00 3ichromate de potasse ........... 1,20 Acide phénique:. #7. HADUSE 3,20 AIDE DICTIQUE: 22:20 DEN on 1,50 Permanganate de potasse........ 3,90 Gaza oe Le MR RUES 160 1" ATURES RE NP NME RE 4,50 Gblernire define: m2 1,90 Tannin tre Er TEA ET APTE 4,80 Acide thymique........... SAASEN 2,00 Acide oxaliquez--c.r. es ) pulfatérdenickel.: 22.1. 000 2 2,50 —.Mtartrique :.:..1001 ee 3 à 5,00 Witrobénane en: ei ae 2,60 —HAcitrique 00 ro 0e \ ACIde SILEUTIQUE MS. LL 20e > 3 00 Sulfhydrate alcalin.. 0" - 1'V3500 20e MES AL 2,0 (Era (1) Sroxvis, Alkohole und Essigsaüre toleranz bei Bakterien (Centralbl. für Bakt., 1, Abth., Originale, LX VIII, 1908, p. 436). (2) Sarrazës et Mercaxnier, Action du vin sur le Bacille d'Eberth (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXI, 1907, p. 312). (3) Miquer, Les organismes vivants de l'atmosphère. Thèse de Paris, 1882. red ri Tree AGENTS PHYSIQUES. 93 4° SUBSTANCES MODÉRÉMENT ANTISÉPTIQUES. : grammes. gramme S. Bromhydrate de quinine......... 05 0 DE CRÉON AISNE RS MN UE 9,30 ACITENANSÉMIEUS NL des 6,00 Salicylate de soude........... 1000 sulfate de-strychnine: ..7...:...: 7,00 Sulfate de protoxyde de fer...... 11,00 ANCIHCDORIQUE PER TIME tone 1o0MSoude caustique. Lee ete 18,00 Nu 0° SUBSTANCES FAIBLEMENT ANTISEPTIQUES. grammes. Sramimes, Éther SHITUPIQUES 280 te ER ue 22,00 Chlorhydrate de morphine..... ; 75,00 Chlorure de calcium........1...… 20 008 lev0oléthyliquer 12 man 95,00 ODA RS See Meter lenayer Ne ce ueté 50:00 MChlorure detbaryum. "2". 95,00 6° SUBSTANCES TRÈS FAIBLEMENT ANTISEPTIQUES, grammes. grammes. Chlorhydrate d'ammoniaque..... 115,00 Bromure de polassium...... 10240100 lodure de potassium... 140,00 Sulfate d'ammoniaque .........., 250,00 Chlorure de sodium.......... F-01569, D0MEyposulitedescude 20 ue 275,00 MPÉ NOR + Men ei ue 225,00 Ces délerminations indiquent la puissance anliseplique äes substances employées; il en faut-distinguer la puissance bacléricide, qui se mesure par le contact nécessaire pour luer les germes microbiens. Les deux propriétés sont loin d'aller toujours de pair, comme le démontrent bien les données qui viennent d’être citées. 20 AGENTS PHYSIQUES. Température. — Il existe, pour les Bactéries, une limite inférieure de température au-dessous de laquelle toute multiplication végétative s'arrête ; c’est le minimum de température pour la vie de l'espèce. Passé celle limite, la vie cesse de se manifester, la mort peut survenir. Les Bactéries semblent pouvoir supporter sans périr un froid très intense. Von Frisch (1) a pu abaisser la température d'un liquide, où plusieurs espèces pullulaient et avaient formé des spores, jusqu’à — 1100 sans les tuer, en prenant la précaution de ne revenir que peu à peu à la température ordinaire. Pasteur (2) avait annoncé depuis long- temps qu'elles résistaient à un froid de — 36°. Le degré de résistance semble varier suivant l’espèce. En effet, tandis que Gibier (3) a maintenu des cultures de Bacillus anthracis et de Bacillus seplicus à — 45° pen- dant cinq heures sans leur faire perdre leur virulence, il a remarqué que le Micrococcus du choléra des poules ne résislait jamais à une tem- pérature de — 35°; le virus rabique, qui renferme probablement des microbes pathogènes, s’atténue vers — 40°. Des expériences de Pictet et Yung (4) fournissent des résultats plus précis. A l’aide de procédés spéciaux, ils ont soumis des espèces bien déterminées à des tempéra- tures très basses, maintenues pendant un temps assez long. Après avoir fait agir un froid de — 70° pendant cent huit heures et un de — 1300 (1) Vox Frisc, Ueber den Einfluss niederer Temperaturen auf die Lebensfähigkeit der Bacterien (Sitzungsher. der Wiener Acad. der Wissensch., mai 1877). (2) Pasreur, Expériences relatives à la génération spontanée, 1861. (3) Grexer, cité in Ducraux, Chimie biologique, p. 822. (4) Picrer et YuxG, De l’action du froid sur les microbes (C. R. de l'Acad. des se. XCVIII, 1884, p. 747). 94 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. À pendant vingt heures, ils ont observé les résultats suivants. Une culture de Bacillus anthracis, ne renfermant que des spores, garde toute sa virulence ; par contre, du sang charbonneux devient tout à fait inoffensif. Le Bacillus Chauvæi, du char bon symplomalique, conserve tout son pouvoir pathogène. Des cultures de Bacillus sublilis et de Bacillus ulna ne perdent rien de leur vitalité. Dans des colonies de Micrococcus luteus et d’an Wicrococcus blanc, la plupart des éléments sont morts; un cerlain nombre toutefois ont résisté. De la lymphe vaccinale prise sur un veau el soumise aux mêmes actions a donné quand même, après inoculalion, des pustules caractéristiques. Du reste, des graines, des œufs d'Inverlébrés, soumis au même traitement, conservent également Loute leur vitalité. Des recherches plus récentes de Pictet (1) montrent que des cultures de Bactéries, dont beaucoup avaient des spores, ont résislé à un froid de — 2000, obtenu avec l'air liquéfié ; à ce degré de froid, la virulence des cultures serait cependant toujours détruite. D'Arsonvalel Charrin (2), expérimentant sur le Bacille pyocyanique, ont remarqué que ce microbe résistait bien à des froids de — 409, — 60o, — 950, obtenus avec le cryogène Cailletet, mais se montrait alors modifié dans sa forme et cerlains caractères de culture. Ils ont obtenu les mêmes résullats avec des Lempératures plus basses, vers — 2700, en opérant avec l'air liquide. Les recherches de Ravenel (3), de Macfadyen (4), de Meyér (5), de Bell (6) montrentque l° air liquide, c'est-à-dire un froid pouvant EE ARS — 2200, n’a qu'une action très minime ou pas d'effet sensible sur la vita- lité et la virulence de beaucoup d'espèces microbiennes. La plupart des espèces résistent très bien aux froids modérés. Ici, les expériences sont plus précises; il est d'un haut intérêl pour l'hygiéniste, en effet, de savoir en quoi 1l peut compter sur les circonstances nalu- relles pour combatlire l'apparition de cerlaines espèces dangereuses pour l’homme. Or, il a été prouvé que des températures peu inférieures à zéro degré n'avaient que très peu d'effet sur les Bactéries; l’analyse bactériologique d'échantillons de glace y a révélé la présence d’un grand nombre de Bactéries, lorsque pe glace provenait d'eaux impures. La glace peut donc transmettre des germes pathogènes, tout comme l'eau dont elle provient. Cerlaines espèces semblent disparaître peu à peu, d'autres suppor ter la congélalion pendant untempstrèslong. Mittchell (7) a remarqué que le Wicrococcus pyogenes aureus et le Bacillus lyphosus résistaient parfaitement à cent rois jours de congélation. Par contre, le Micrococcus prodigiosus et le Proleus vulgaris disparaïîtraient après cinq jours.de congélation. La conclusion à tirer de ces observations et (1) Prcrer, Des basses (températures en biologie (Arch. des sc. phys. el nat. de Genève, 1893). (2) D'Ansoxvaz et Cnanrin, Influence des agents cosmiques sur l'évolution de la cellule bactérienne (Arch. de physiol., 1894, p. 335). — Et: Action de l'air liquide sur les êtres monocellulaires ou leurs sécrétions (Soc. de biol., 9 juill. 1898). (3) Ravexez, The resistance of Bacteria to Cold (The medical News, 10 juin 1899). (4) MacraDpxen, T'he Lancet, 1900, p. 847 et 1130. (5) Meyer, Ueber Einwirkung flussiger Luft auf Bakterien (Centralbl. für Bakt., 4 Abth., XXVIITI, 1900, p. 594). (6) Bezrr, Riforma medica, 25 janvier 1902. (7) Mircuzzz, The med. Records, 1887. AGENTS PHYSIQUES. 95 des recherches de Fraenkel (1) et de Prudden(2)est qu'une congélalion, même prolongée, ne tue pas la plupart des Bactéries, mais ne fait qu'en- rayer leur développement, qui reprend aussitôt que le froid a disparu. Cependant les expériences de Smith et Swingle (3) montrent qu'il y a une destruction de Bactéries même à des froids modérés, — 17° par exemple. Iexisterait une lempérature critique, voisine de zéro degré; les microbes résistant à ce froid résisteraient à des températures très basses, peut-être aux extrêmes. Les allernances de congélation et de dégel sont d'ordinaire rapidement falales. LR spores résistent généralement au froid. Klepzoff (4), expérimentant sur le Bacille du charbon, dit avoir observé une diminulion très nelte de virulence à la suite d’exposilion assez pro- longée à des froids d'intensité moyenne, de — 200 à — 250 par exemple. Après sept jours d'exposition au froid, un virus très actif, occasionnant la mort du lapin en trois Jours el demi, ne Lue déjà plus le lapin qu'en cent quatre heures: en cent vingt heures après douze jours; après vingt-quatre jours, le lapin ce à l'inoculalion. Le virus employé ne contenait très probablement pas de spores. La température la plus basse à laquelle les Bactéries peuvent com- mencer à végéler, leur minimum delempérature, paraît être très variable suivant l'espèce que l'on considère. D'apres Forster (5) et Schmidt- Nielsen (6), certaines Bactéries de l’eau pourraient déjà végéter à zéro degré; Fischer (7) l'a reconnu aussi pour un Bacille phosphorescent trouvé sur des poissons morts dans la mer du Nord. C'est en général, toutefois, à des températures un peu supérieures que se place le début de la végétation de la plupart des espèces. La grande majorité des Bactéries saprophytes de l’air ou des eaux ne com- mencent à croitre que de 5° à 100. D' je Seilz (8), le développement du Bacille {yphique est déjà sensible à 4°. D’autres espèces ont leur minimum de température de croissance reporté beaucoup plus haut. Ce sont d'abord des espèces pathogènes qui s'attaquent aux organismes présentant une température constante élevée ; ainsi, le Pneumocoque ne se développe guère dans les milieux arbificiels que de 200 à 23°, le Bacrille de la luber culose ne commence à s'y cultiver qu à partirde 280. Le Bacillus [hermophilus, très intéressante espèce que Miquel a isolée de l’eau, ne se développe, dans les bouillons el la gélose, qu'au-dessus de 400; c’est là, 1l faut le dire, un fait spécial à peu d'espèces. À partir du minimum de température, si l'on va en remontant vers les degrés élevés, l'espèce continue à vivrejusqu'à une température supé- (1) Frazxkec, Ueber der Bakteriengehalt der Eises (Zeilschr. für Hygiene, I, 2° p., p. 302). (2) Pauopex, Sur les Bactéries de la glace (New York med. Records, 1887), analysé dans Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, I, p. 400. (3) Surra et SwinGe, Journ. ofinfect. diseases, 1905. (4) Kzepzorr, Zur Frage über den Einfluss niederer Temperaturen auf die vegetati- ven Formen der Bacillus anthracis (Centralbl. für Bakt., XVII, 1895, p. 289). (5) Forster, Ueber die Entwickelung von Bakterien bei niederen Temperaturen (Centralbl. für Bakt., 1892, XII, p. 431). (6) Seaminr-Niecsex, Ueber einige psychrophile Mikroorganismen (Centralbl. für Bakl., 2t Abth., IX, 1902, p. 145). (7) Fiscusr, Bakteriolozische Untersuchungen (Zeilschr. {für Iygiene, 1, 1886; II, 1887). (8) Serrz, Bakteriologische Studien zur Typhusaetiologie. Leipzig, 1836, 2" k 96 - ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. rieure où toute multiplication cesse. C’est le maximum de température de l'espèce ; au-dessus, toute manifestation vilale disparait, la mortarrive. Cette limite supérieure paraît en général moins variable que le minimum. Elle se tient d'ordinaire auxenvirons du degréde chaleur qui paralyse et tue d'ordinaire le protoplasme vivant, vers 420, C’est à cette température que s'arrête la végétation de nombreuses espèces sapro- phytes et d'un certain nombre d'espèces pathogènes, le Pneumocoqué el le Bacille de la luberculose, par exemple. D’autres ontleur maximum. plus bas; le Bacillus rosaceus metalloides, très belle espèce à pigment rouge-carmin, ne croit plus au-dessus de 350 ; le Bacille phosphorescent de Fischer, cité plus haut comme végétant déjà à zéro degré, périt rapidement à 379, Quelques-unes l’ont plus haut: le Bacille de charbon ne cesse de végéler qu'à 45°; le Bacille lyphique et le Bacille du côlon n'arrêlent leur multiplication qu’à 460. Les Bacilles thermophiles croissent encore bien à 700et ne périssent qu'à 729-770, comme on le verra ci-après. Entre ces deux stades, il est un point où la vie se manifeste avec la plus grande énergie, où la multiplication donne tout ce qu'elle peut donner, et où ies fonctions particulièresaux espècess’accomplissent avec la plus grande intensité; c'est l’oplimum de température de l'espèce. Cet optimum est, cela se comprend, en relation directe avec le mini- mum etle maximum, plus cependant avec le second dont il se rapproche toujours beaucoup. Il peut varier dans d’assez larges limites suivant l'espèce à laquelle on s'adresse. Le Bacille phosphorescent de Fischer a son optimum entre 5° et 100, le Bacillus rosaceus metalloides à 15° ; chez le Bacille lyphique, il se trouve entre 25° et 30°; chez le Pneumo- coque à 35°; chez le Bacille de la luberculose à 38°; chez le Bacille thermophile de Miquel, il est placéentre 65° et 700. D'après Brefeld (1), le développement du Bacillus sublilis se fait de6o à 509, avec un optimum vers 300. Le Bacillus anthracis commence à se multiplier par division à 150, il le fait jusqu'à 430 et présenteun optimum de croissance de 20° à 25°. Ilest, en général, assez difficile de fixer d'une manière précise ce point opümunm ; on ne peut, eneffel, se baser, pour le faire, que sur l'intensité apparente de la’ croissance dans les cultures, épaisseur de la culture, trouble plus ou moins prononcé dansles bouillons, caractères qui peuvent largement dépendre de la vitalité de la race que l’on observe. On voit, en somme, qu'entre les limites extrêmes il est des températures favo- rables pour la végétation du microbe, des températures eugénésiques ; d’autres, au contraire, défavorables, où il continue à végéter, mais mal, péniblement, des températures dysgénésiques. Ces rapports de températures varient dans de larges limites suivant les espèces; ils doivent aussi varier, quoique dans des limites plus res- treintes, suivant le milieu pour une même espèce. C’est ce qui semble résulter de l'intéressante remarque de Koch, que le Bacille de la luber- culose a, chez les animaux à sang chaud, un minimum et un optimum de température plus élevés que dans les cultures. En général, une température de 600 environ suffit pour tuer les cel- lules végétlatives. Pasteur a montré qu'en chauffant le vin vers 50° à 600 on tue tous les germes des fermentations acétique, muqueuse et amère ; (1) Brerezo, Untersuchungen über die Spaltpilze, Bacillus sublilis, 1878. AGENTS PHYSIQUES. | 97 c’est un excellent moyen pour conserver les vins sujets à ces altérations et le principe de la pasteurisalion. Cette limite peut cependant être dépassée ; certaines espèces semblent pouvoir prospérer à une tempéra- ture supérieure. Van Tieghem (1) a décrit le premier deux espèces qu'il est possible de cultiver à 74°, en prenant la précaution de les faire vivre dans un milieu parfaitement neutre ou légèrement alcalin, la moindre trace d'acide arrêlant le développement. L'une est un Wicrococcus en longs chapelets, l’autre un Bacille dont le maximum de végétation est à 770; les caractères donnés ne suffisent malheureusement pe Po les reconnaitre. Le Bacillus {hermophilus de Miquel (2) présente la curieuse Le de supporter sans périr, à l'élat de cellules végétatives, une température de 710 el de se développer abondamment encore à 70° el un peu au- dessus, à un degré de chaleur où les éléments vivants périssent d’ordi- naire. Globig (3) a, de son côté, décrit une Bactérie, Bacillus mesenle- ricus ruber, pouvant croître aussi entre 50° et 700. Rabinowitch (4) et d'autres ont, depuis, signalé un assez grand nombre de ces Bacltéries thermophiles. Russell el Hastings (5 5) ont isolé d'un lait pasteurisé un Micrococcus qui se cultive encore à 76° (Voy., à la description, Bacilles thermophiles). La présence de plusieurs espèces de Bactéries dans l’eau des sources thermales à leurs points d'émergence profonde, aux griffons, où la tem- pérature atteint et dépasse même les degrés cités, doit faire reculer encore plus loin la limite de la vie végétative chez ces êtres. Mais si de tels degrés de chaleur tuent les cellules végétatives, il n’en est pas de même des spores, qui résistent à des températures bien plus élevées. Brefeld (6) a pu faire germer des spores de Bacillus sublilis qui avaient été portées à 100 pendant une heure; elles n'étaient toutes mortes qu'après trois heures d’ébullition. À 1050, il faut quinze minutes pour les tuer, dix à 1070 etcinq à 1100. D’après Roux (7), les spores du Bacille du charbon supportent pen- dant dix minutes une température de 95°, dans un milieu humide; à 1000, elles meurent en moins de cinq minutes. On peut les chauffer longtemps à 800 sans les faire périr. Les spores résistent plus encore à une chaleur sèche. Koch (8) a observé la germination de spores de Ba- cillus sublilis et de Bacillus anthracis portées à 1230 dans l'air sec. D’après Arloing, Cornevin et Thomas (9), les spores du Bacille du char- (1) Van Tiscnem, Sur les Bactériacées vivant à la température de 740 C. (Bull. de la Soc. Bot., t. XX VIII, 1881, p. 35). (2) Miquez, Annuaire de Mont{souris, 1881, p. 464, et Monographie d'un Bacille vivant au delà de 709 C. (Ann. de micr., |, 1888). (3) GLomc, Ueber Bacterien-Wachsthum bis 509-709 (Zeitschr. für Hygiene, II, 1888). (4) Lydia Ramwowrircn, Ueber die thermophilen Bakterien (Zeitschr. für Hygiene, 1895, XX, p. 154). (5) Russezz et HasrixGs, À Micrococcus, the thermal death limit of which is 760 C. (Centralbl. für Bakt., 2t Abth., VIII, 1902, p. 339). (6) Brereup, loc. cit. (7) Roux, De l’action de la chaleur et de l'air sur les spores de la Bactéridie du charbon (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, I, p. 392). (8) Kocx, Untersuchungen über Bacterien (Cohn's Beitr. zur Biol. der Pflanzen, 1). (9) ArzonG, Cornevix et Tnomas, C. R. de l’Acad. des sc., XCIV, 1882, p. 189. Macé. — Bactériologie, 6e édit. 7 2e 1 JR; 7 x & NY > 98 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. bon symplomatique, prises dans le sang, ne résistent pas plus de deux minutes dans l’eau bouillante ; desséchées préalablement à 339, il faut une ébullition de deux heures pour les détruire. Miquel (1) a pu porter des germes à 1100, 1200, 1300,et même 1459, dans l'air sec: certains ont encore rajeuni; à 1500, il a toujours obtenu une stérilisation absolue ; dans les mêmes conditions, Cambier (2) dit n'avoir pas obtenu la sléri- lisation de terre de jardin, desséchée à l'avance, après un chauffage de trente-cinq minutes à 1800. La résistance à la chaleur sèche ou humide paraît beaucoup dépendre des conditions dans lesquelles se trouvent les germes au moment où ils sont exposés à l’action de la température. Des expériences très complètes à ce point de vue ont été faites par Duclaux (3) sur les Bactéries occasionnant la fermentation de diverses matières albuminoïdes, en particulier de la caséine du lait, qu'il range sous la rubrique générique de Tyrothrix. Les cellules très jeunes du T'yrothrix lenuis ne périraient qu'entre 900 et 95° dans un liquide neutre, et seulement au-dessus de 100° dans un liquide légèrement alcalin. Les spores sont encore vivantes après avoir été portées à 115° dans un liquide alcalin. Le développement est plus rapide de 259 à 35°. Le Tyrothrix filiformismeurt à 1000dans un liquidelégèrement acide, et seulement au-dessus dans le lait. Les spores périssent à 1100 quand elles proviennent de cultures sur gélatine et seulement à 120° quand elles viennent du lait. Le Tyrothrix turgidus, à l'état de bâtonnet, périt à 80°; ses spores ne sont tuées qu'à 1190. La réaction du milieu influe considérablement, on le voit, sur le degré de résistance à la chaleur; l'acidité nuit ici à la conservation de la vita- lité, comme elle nuit, en d’autres circonstances, à la germination des spores, à la multiplication végétative et à l’accomplissement de la fonc- lion de ferment. Dans le lait, en particulier, la résistance des microbes en général paraît être favorisée par la nature et la réaction du milieu. Cependant, des expériences précises de Rosenau (4) montrent que, dansle lait, le Bacille tuberculeux perd toute virulence après un chauffage de vingt minutes à 60, et un beaucoup plus court à 65°; le Bacille lyphique ÿ meurt en deux minutes à 60°, ainsi que le Bacille de la diphlé- rie, le Vibrion du choléra, le Micrococcus melilensis; le Bactille dysen- lérique peut résister à un chauffage de cinq minutes à 60°, mais est sûrement tué après dix minutes. Miquel et Lattraye (5) ont démontré, en des expériences très précises, que les spores du Bacillus sublilis et d'autres espèces à caractères voisins peuvent résister très longtemps à une température humide de 1000 qui ne les tue souvent qu'après cinq heures d'action. Pour ces (1) Miquez, Les organismes vivants de l’atmosphère. Thèse de Paris, 1882. (2) CammiEr, Résistances des germes bactériens à la chaleur sèche (Ann. de micr., 1896). (3) Duczaux, Le lait. Paris, J.-B. Baillière, 1887, et Chimie biologique, p. 649 et suiv. (4) Rosexau, The thermal death points of pathogenic microorganisms in milk (/yg. Lab. public Health of in U. S. Bull. n° 42. Washington, 1908). (5) Miquez et Larrraye, De la résistance des spores des Bactéries aux températures humides égales et supérieures à 1009 (Ann. de micr., 1875, VII). l 99 AGENTS PHYSIQUES. Er derniers expérimentateurs, une légère alcalinité des milieux diminuerait la résistance des germes, les milieux neutres lui étant plus favorables. Les résultats obtenus par Wroblewsky (1), avec le Bacillus mesentericus vulgatus, ne font que confirmerles précédents. Morax et Marie (2) ont vu les spores du Bacille du télanos supporter sans périr 120° à sec pendant trois heures et celles du Bacillus sublilis résister à 155° pendant vingt minutes dans les mêmes conditions. Les différences des conditions dans lesquelles se sont faites les expé- riences élablies sur ce point font que les résultats énoncés ne sont pas toujours concordants; une même espèce, en effet, peut, suivantson état biologique, résister plus ou moins aux causes de destruction, et particu- lièrement à la chaleur. En tenant compte de ces restrictions, le tableau suivant peut être instructif à ce point de vue; il indique, pour un cer- tain nombre d'espèces, le degré de température mortel après un temps déterminé d'exposition; sauf exceptions mentionnées, c’est la chaleur humide qui a été employée. Streptocoque pyogène.....,. 520 après 10 minutes. (Sternberg) (3). Staphylocoque doré ......... 58° —. At. = = D Huro ous 70° — 5 — (Sternberg). = — oran to 80° — AIminute1/2 Eneumocoquez iii. AE — 10 minutes. (Sternberg). Honacoque. 3.7. HR Dos quelques minutes. Spirille du choléra.......... 0600 après 10 minutes. (Kitasato). en Rss noel H90 — 1 minute. (Van Genus) (4). 4 = MU TO UT du got 540 — 5 minutes. (Van Genus). — M EC D 20 — 4 — (Sternberg). Spirille de Finckler......... De — 1 minute, (Van Genus). Sn en AE CP COTE 500 — 5 minutes. (Van Genus). _ Bacille typhique......... 00600 Toi ne (Pfuhl). = TT MES CD ACTE L 60° — 5 — (Büchner). — TER RER CR 00 — 1 minute. (Van Genus). es Mr) Poe Ha voue 570 — 5 minutes. (Janowski). —= a TE 56° =, 10" — (Sternberg). mn a RE CL Tip lover 56° — 5 — (Van Genus). Cohbacile tee 800 — 1 minute. (ChantemesseetWidal). > — RAR BE SAS iefec 620,5 — 11 — (Van Genus). _ OUEST Oe po — 5 minutes. (Malvoz). IL: 3 RPG S ne JOUE 60° — 10 — (Weisser). Bacille de la diarrhée verte... 1000 no LIRE (Lesage). F — dela diphtérie...... Dao — 10 — (Lœæffler). QE TRE MA DD OU 58° —. 10 — (Velch et Abbott). Le TARTOLV Eee EE EX — 10 — (Lœæffler). — EN 619 — 1 minute. (Lœæffler). — de la tuberculose. .... 700 AVR PA RULES ebard). _- The mA ne 70° — 10 minutes, (Yersin). — — ss... 680-689,5 — 920 — (Ritter). DE PE e 65° — 15 — (Forster). — — 000 — 20 — (Bonhoff). ë (1) Wroscewsky, Verhalten des Bacillus mesentericus vulgatus bei hôheren Tempe- ; raturen (Centralbl. für Bakt., 2e Abth., I, p. 417). E (2) Morax et Marie, Action de la chaleur sèche sur les spores et la toxine tétanique K (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 418). 3 (3) Srerneerc, The thermal death point of pathogenic organismus (The intern. | Journ. of the med. sc., XCIV, 1887, p. 146). | (4) Van Genus, Ueber das Pasteurisiren von Bacterien (Arch. für Hygiene, IX, 1889, 19 En fe en NE ALI 6 . Ta FR 100 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. Bacille de la tuberculose..... 60° après 15 minutes. (Schraeder). — Lt TRISTE 25° — 4 heures. (De Man) (1). = + OUVRE TS 60° — 1 heure. (De Man). _ EE PME 69° — 15 minutes. (De Man). — OUR ENTER 700 — 10 — (De Man). x ET IETRCEEE s0o — 5 — (De Man). — ET CRAN ASE: 90° — 2 — (De Man). = Ne ES 95° — 1 minute. (De Man). Bacille du charbon (sans SDOLES) Are tienne De — 10 minutes. {Chauveau). Bacille du charbon (sans SPOLES) EEE EPorre LE 86° — 1 minute1/2 (Chauveau). Bacille du charbon (avec SDOTES) Fete eee ce 100° — 10 minutes. (Chauveau). Bacille du charbon (avec SPOLES) RER AP ER 95° — 10 — (Roux). Bacille de la peste bubonique. 58° — 1heure. (Wilm). — — S0o — 20 minutes. (Wilm). — —— 1000 — 10 — (Wilm). — — 100 — 1 minute. (Abel). — — 90° —. 5 minutes. (Abel). — — 70° — 10 — (Abel). _— — MAMIE — 15 — (Abel). — de l'influenza......... 100° — 1 minute. (Pfeiffer). — RE EME AO IE 60° — 10 minutes. (Pfeiffer). —) ricteroides verre 60° quelques instants. (Sanarelli). = NE CLEA 69° instantanément. — pyocyanique.......... 60° après 10 minutes. — du chancre mou...... 50° quelques minutes. — du rouget du porc.... 59° quelques minutes. (Lœæffler). — du choléra des poules. 58° vite. — de la pneumo-entérite APOLC 2 2m Et Mo rec de 609 quelques minutes. Bacillus botulinus (avec spo- MESA late ETC 800 après 1 heure. (Van Ermenghem). Bacillus botulinus (avec spo- HA) PSS CMS EPA SA USE 850 — 15 minutes. (Van Ermenghem). Bacille du tétanos (avec spo- HO PT ARO ENS PET A ET Re 1000 — 10 — (Vaillard et Vincent). Bacille du tétanos (avec spo- DES) een echec 1150 — 5 — (Vaillard et Vincent). Virus du charbon symptoma- (Arloing, Cornevin el tiquel(an Sec) CEE CENTCECRE 800 — 2heures. Thomas). Virus du charbon symptoma- (Arloing, Cornevin et fiaquel(diriSeC) SEE ee 1000 — 20 minutes. Thomas). . Virus du charbon symptoma- (Arloing, Cornevin et tique (eau bouillante)...... 100° — 2 — Thomas). Vibrion septique (virus frais). 100° — 10 — (Roux). — _— (virus sec). 41209 — 10 — (Roux). Péripneumonie bovine....... 60° — 1/2-heure. Fièvre aphteuse (virus)...... 60°-70° — 1/2 heure. (Nocard). Pésie DONNE 2er ue 520-55° quelques minutes. (Nencki). Piapelée virus) Ars Lee 560-589 après 3 minutes. (Chauveau). NACRE ESC eeL Le Le 540 0 (Chauveau). WITH ADIqe 2-05 CCE 60° TONER (Sternberg). RS PR RE De D ee € 50° Hrliheure: (Celti). Cladothriz Maduræ (culture SAS SDOLES) LC Sie à 2e: de 60° quelques minutes. (Vincent). Cladothriz Maduræ (culture AVEC ISDOTES) RAC 7e 790 après 5 — (Vincent). (1) De Max, Ueber die Einwirkung von hohen Temperaturen auf Tuberkelbacillen. ‘ Thèse d'Iéna, 1893. + RS AGENTS PHYSIQUES. 101 Cladothrixz Maduræ (culture Û aveC/Spores). Li 2.2, 859 après 3 minutes. (Vincent). Bacille/dutlait bleu. 22 0 60° quelques minutes. (Nuelsen). Bacillus prodigiosus......... 560 après 5 minutes. (Wasserzug). Proteusvulgaris.........,... 600 quelques minutes. Bacillus sublilis (avec spores). 100o après 1795 à 180’ (A. Meyer). = = =— F8 DS après 75 heures, (A. Meyer) (1). Bacillas mesentericus ruber (SDOTES NP LAN A LIRE ANR NE 130° après 2? héures 1/2. (Gruber). Bacillus mesentericus ruber (SDONrES RAA Te DD a PIE instantanément. (Globig). Bacillus mesentericus ruber (SDORES) Etre tend 126°,3 après 2 minutes. (Globig), Bacillus mesentericus ruber (anOnes) Aer Lee de 1230 RO (Globig). Bacillus mesentericus ruber (SDOLES) mes PCT CON ANS AMG O5 NU (Globig). Bacillus mycoides ........... 1000 après 9 à 10 minutes. (A. Meyer). = M MST onde 800 après 8 heures. (A. Meyer). Voici, d'après Duclaux (2), les limites de résistance des Tyrothrir d'un côté à l'état de Bacilles sans spores, développés dans le lait, de l'autre à l’élat d'éléments sporulés dans un milieu de culture alcalin. La durée de chauffage prise comme base était d'une minute : Sans spores. Avec spores. UROURR ELLE LISE ANR CPE 90°-959 1209 — LETRUTOTÉE ANRT DETMNTINAT PANNES 1059 1200 — LÉTCIDISS NULS EE ENS ER ANR EE 950 1102-1150 — HORS M EE ASE Pi, 1 Le 1050 1200 — D LSVOT LS ER Ce CNT OH ER 959 1050 — JENICUIRINS.. NE el does 80° 1050 — OUT TLAUS AR OR TS ENTRE Te S0° 1159 — SCADET SE ARS AND ER end NE 95° 1100 = HPOECDRA MIRE EE ME CENERT Er 00 1050 — CAEN AE res PUS Re 900 1050 La différence de résistance des espèces a souvent été mise à profil pour isoler certaines d’entre elles d’autres avec lesquelles elles sont mélangées. Le moyen classique d'obtenir le Bacillus sublilis est de faire bouillir pendant trois quarts d'heure une infusion de foin. Parmi les germes qui se trouvent dans le liquide, ceux de ce Bacille survivent d'habitude seuls; c'est pour ce motif qu’on le nomme souvent Bacille du foin (Heubacillus). Miquel (3) a obtenu le Bacillus ureæ, exempt de Micrococcus ureæ et d’autres Bactéries de l'eau d'égout, en ensemen- çant une goutte de cette eau, portée pendant deux heures entre 80° et 90°, dans l'urine stérilisée. La méthode est de Pasteur (4), qui l’a établie pour isoler le Vibrion seplique d'autres espèces l’accompagnant dans la terre végétale. Il lévige la terre avec de l'eau distillée et laisse au repos le liquide qui tient en suspension les éléments très ténus. Le dépôt, recueilli et très légèrement acidulé, est chauffé pendant quelques minutes à 90°, puis injecté sous la peau d’un animal. S'il existe du (1) A. Meyer, Ein die supramaximaten Tôütungszeiten betreffende Gesälzmässigkeit (Ber. der deutschen bot. Gesell., 1906, XXIV, p. 340). (2) Ducraux, Traité de microbiologie, vol. I, p. 280. (3) Miquez, Nouvelles recherches sur le Bacillus ferment de l’urée (Bull. de la Soc. chim., XXXII, 1879, p. 126). (4) Pasreur, Sur le vibrion septique (Bull. de l'Acad. de méd., 1877). X £ ë T: J TR ARE 102 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. ‘ Vibrion septique dans la terre employée, l'animal meurt en présentant les symptômes lout spéciaux de la seplicémie de Pasteur, æœdème malin des Allemands. Les actes physiologiques accomplis par les espèces se ressentent, d’une manière très nette, des variations de la température. Il en est des fermentations comme de la vitalité des individus qui les produisent ; il y a entre ces deux termes une corrélation intime et un rapport direct. L'un diminuant, l’autre doit infailliblement baisser à son tour, et inver- sement. L'activité de la fermentation laclique, produite parle Bacillus laclicus, croit depuis une tempéralure assez basse jusqu’à 44. De 440 à 530, elle reste presque constante, puis décroit (1). D'après Fitz (2), la température la plus favorable à la fermentation butylique du Bacillus bulylicus est de 40°. La fermentation cesse à 45°; la Bactérie n’est cependant pas tuée : elle ne meurt que vers 500. Les spores meurent à 90°, en peu de temps. Schlæsing et Müntz (3) ont constaté que la nitrification est nulle ou très faible à 5°; elle s'établit bien nettement à 12° et croîl jusqu'à 37° où elle présente son maximum. À partir de cette température, elle diminue. À 50°, on n'obtient plus que de très faibles quantités de nitrates et plus du tout à 55°. Une température de 100° tue le ferment en dix minutes. Entre le degré de chaleur le plus favorable à la vie d’une espèce et celui qui l'abolit complètement, il existe un intervalle dans lequel les propriétés vitales de l'espèce, et en particulier la virulence des espèces pathogènes, diminuent de plus en plus, au fur et à mesure que la tem- pérature se rapproche du degré mortel. La virulence, qui est à son maxi- mum dans une culture, s’allénue graduellement lorsque la température s'élève, el peut finir par disparaître complètement, si l’on atteint un degré trop élevé. Les accidents déterminés par inoculation varient dans la même proportion, violents au début, ils deviendront de plus en plus faibles et, à un moment donné, feront tout à fait défaut. A cet instant, cependant, la Bactérie n’est pas encore tuée; semée dans un milieu autrilif, elle s’y reproduit. Toussaint (4) a le premier attiré l'attention sur cette action atténua- trice de la chaleur, en montrant que du sang charbonneux, chauffé pen- dant cinq minutes vers 55°, ne donnait plus qu’une très faible atteinte de sang de rale aux moutons auxquels on l’inoculait. Chauveau (5) a repris la question et l’a soumise à des recherches méthodiques. D’après ce dernier expérimentateur, le Bacillus anthracis, chauffé très peu de temps à 55°, perd toute virulence; seize minutes de chauffage à 52° donnent le même résultat. Quatorze minutes ne suffisent pas pour enlever toute action, mais la virulence est très amoindrie. Elle l’est de (1) Ricuer, De quelques conditions de la fermentation lactique (C. R. de l'Acad. des c., LXXX VIII, 1879, p. 750). (2) Frrz, Uecber Spaltpilzgährungen (Ber. der deut. chem. Ges., IX, X, XI, XII et XV). (3) Scuzæœsic et Munrz, C. R. de l’Acad. des sc., 1870, LXXXIX, p. 91 et 174). (4) Toussanr, De l'immunité pour le charbon (C. R. de l'Acad. des sc., XCI, 1880, p. 185 et 303). (5) Cnauveauw, De l’atténuation des cultures virulentes par la chaleur (C. R. de l’Acad. des sc., XCVI, 1883, p. 553, et XCIV, 1882, p. 1694). AGENTS PHYSIQUES, 103 moins en moins, si l'on réduit le temps de chauffage à douze, dix, huit, six minutes. Celle diminution ne s’aperçoil pas seulement dans les inoculations aux animaux, mais aussi dans les cultures. Sur un même milieu nutrilif, le développement se fait en raison inverse du temps de chauffage. Ce qui prouve bien que la virulence est en rapport tout à fait intime avec la vitalité. On verra plus loin quel grand parti on peut Lirer de ces expériences et l'application que l’on fait des cultures atténuées pour les vaccinations. Dessiccation. — L'eau est indispensable à la vie des Bactéries comme à celle de tous les êtres. Une dessiccation absolue les tue infailliblement dans un temps qui varie sans doute suivant la difficulté qu'éprouve le protoplasma à perdre toute son eau. La plupart des espèces supportent parfaitement une dessiccation relative, surtout à l’état de spores. On ne peut encore rien formuler de général. D'après Heim (1), beaucoup d'espèces, entre autres le Bacille du télanos, le Bacille de la diphtérie, le Bacille du charbon, le Bacille typhique, le Colibacille, le Staphylo- coque doré, le Sireplocoque, le Pneumocoque, le Télragène, pourraient résister à une dessiccalion complète pendant des mois, même des années, tandis que d’autres, le Vibrion cholérique, le Bacille du choléra des poules, le Micrococcus prodigiosus, périraient assez rapidement. Une dessiccation lente à température assez basse, 339, semble, en pri- vant la cellule d’un excès d'eau, la faire résister à un chauffage qui la tuerail très vile, si on l’y soumettait d'emblée. Le fait est peut- être dû à la formation abondante de spores pendant la première phase de l'expé- rience. C’est probablement la présence ou l'absence de spores chez les différentes espèces que l’on a observées à ce point de vue qui explique les différences remarquées. Lumière. — D'une facon générale, la lumière semble n'exercer que peu d'influence sur le développement des Bactéries. En fait, beaucoup d’entre elles, celles qui se trouvent dans les couches profondes du sol, par exemple, doivent pouvoir s'en passer complètement, sans que pour cela leur vitalité en souffre. Beaucoup de décompositions qu’elles provoquent se passent en pleine obscurité. Il est prouvé que certaines espèces sont attirées par les rayons lumi- neux. Dans un vase contenant de l’eau de macération de plantes qui fourmille de Bactéries, et que l’on éclaire d’un côté seulement, on recon- naît, par le trouble plus intense, que ces êtres se massent du côté éclairé. En opérant de cette façon, Zopf (2) a vu que le développement du Beggialoa roseo-persicina se faisait bien mieux dans la partie éclairée du liquide nutritif que dans celle qui restait obscure. Les divers rayons du spectre n’ont pas une égale attraction. Si l’on fait tomber, à l’aide de l'objectif microspectral d'Engelmann, un spectre sur une préparation contenant des Bactéries mobiles, on les voit affecter, au bout de quelque temps, une disposition particulière et constante. Elles s'accumulent sur- tout dans l’ultra-rouge ; on en trouve déjà bien moins dans le jaune ; l’amas est faible dans le vert et diminue de plus en plus dans le bleu et le violet. Il semblerait, d'après cela, que les rayons calorifiques sont bien plus favorables que les rayons chimiques à la vie de ces êtres; de nou- (1) Heuw, Die Widerstandfähigkeit verschiedener Bakterienartengegen Trocknung (Zeutschr. fur Hygiene, L, 1905, p. 123). (2) Zorr, Die Spaltpilze, 1885, 104 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. velles expériences sont nécessaires cependant pour confirmer cette opinion. Des espèces, paraissant complètement immobiles, peuvent se mouvoir sous l'action de la lumière ; c’est ainsi que, d'après Engel- mann (1), une Bactérie, qu'il dénomme Bacterium pholometricum, ne devient mobile que sous l'influence des rayons lumineux d'une certaine intensité. La lumière ne paraît avoir aucune action sur la production du pigment, chez beaucoup d'espèces chromogènes. La coloration apparaît tout aussi bien à l'obscurité. Certaines sembleraient au contraire fuir les rayons solaires. Pour Warrington (2), la nitrification ne s'opère qu'à l'obscurité. Downes et Blunt (3) ont montré qu'une forte lumière pouvait être nuisible aux cultures de Bactéries, même mortelle pour beaucoup d’entre elles. Les expériences de Duclaux (4), faites sur des espèces définies, sont bien plus concluantes. Il en résulte que la lumière peut être une cause réelle de mort au bout d’un temps plus ou moins long, beaucoup plus court pour les espèces qui n'ont pas de spores, les Wicrococcus par exemple, que pour celles qui en produisent. Dans ce dernier cas, la spore résiste plus longtemps que la cellule végétative. La mort est d'autant plus rapide que l'insolation est plus forte. Arloing (5) et Roux (6) ont vu diminuer très vite la vitalité de la Bactérie du charbon, sous l'action des rayons lumineux. D'après Roux, les spores de cette espèce sont presque toujours tuées après trente heures d’ insolalion ; la résistance la plus grande a été de cinquante-quatre heures. D’après Arloing, elles seraient moins résistantes que les Bacilles à cette action. Les spores insolées à l'abri de Fair restent vivantes un temps beaucoup plus long. Des recherches de Pansini (7) n'ont fait que confirmer ces résultats. Il a opéré sur des espèces assez variées, WMicrococcus prodigiosus, Bacillus violaceus, Bacillus pyocyaneus, les Bacilles du charbon, du choléra, de la seplicémie de la souris, le Micrococcus pyogenes albus. I exposait aux rayons du soleil des cultures sur gélose ou sur pommes de terre fraîchement inoculées ou des cultures en plein développement dont il se servail ensuite pour inoculer des milieux nouveaux, el com- parait les résullats avec ceux donnés par des cultures également exposées au soleil, mais protégées par une cloche de verre noirei. Voici les conclusions de son mémoire 1° Même la lumière diffuse a une action retardante sur le dévelop- pement des microorganismes ; 20 La lumière directe du soleil a réellement une action stérilisante sur les microorganismes, en outre d’une aclion retardanle sur leur développement ; (1) EnGEzmaxx, Bacterium photometricum (Untlers. aus der phys. Labor., Utrecht, 1881). (2) WARRINGTON, Journ. chem. Soc., London, XXXIII, p. 44 (3) Dowxes et Bzunr, Proc. of Roy. Soc., 1886, p. 1 (4) Duccaux, Action de la lumière sur les microbes (C. R. de l’Acad. des se., G et CI, 1885, et Ann. de l’Inst. Pasteur, 1887, p. 88). (5) ArLoinG, Influence de la lumière blanche et de ses rayons constituants sur les propriétés du Bacillus anthracis (Arch. de physiol., 1886, p. 920). (6) Roux, De l’action de la lumière et de l'air sur les spores de la Bactéridie du charbon (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1, 1887, p. 415). (7) Pansii, De l’action de la lumière solaire sur les microorganismes (Rivisla d'Igiene, 1889). Analyse in : Ann. de micr., 1890, p. 516. AGENTS PHYSIQUES. x 105 30 L'action stérilisante proprement dite se produit quand les rayons du soleil tombent perpendiculairement ou à peu près sur la surface des cultures ; 40 L'action stérilisante et relardante de la lumière exige, pour produire son effet, un temps variable selon les différents microorganismes ; 50 Le degré de l'action de la lumière varie suivant le terrain de culture ; 6° Les milieux nutritifs qui ont été exposés à la lumière restent propres à la vie des microorganismes ; 7° Dans le bouillon, les spores du charbon ne résistent à la lu- mière qu'à peu près autant et peut-être même un peu moins que les Bacilles : 8° Desséchées, les spores résistent plus longtemps que dans le bouillon ; 90 Les spores sont tuées par la lumière en tant que spores et non pas à l’état de Bacilles naissants ; 100 La lumière retarde, mais n'empêche pas la sporulalion ;: 11° Chez les espèces chromogènes, la lumière modifie la production du pigment, ordinairement en en diminuant l'intensilé, quelquefois en en allérant la nature ; 12° Avant de tuer les Bacilles du charbon, la lumière en atténue la virulence ; ce charbon atténué n'a pas de qualités vaccinales, les cultures suivantes lui font récupérer sa virulence. Ces résultats ont été confirmés depuis par d’autres expérimentaleurs, Dieudonné (1), Marshall Ward (2), Orsi (3) surtout. Il a été nettement démontré que l'action nocive était bien due à l'intensité lumineuse, aux rayons lumineux; les radiations calorifiques n'ont pas ou pres- que pas à intervenir; il faut cependant reconnaitre que Duclaux, Sa- verio (4) et Kruse (5) onl reconnu qu’une température élevée rendait plus rapides les effets de la lumière solaire ; d'après Thiele et Wolf (6), alors que l’action est peu sensible vers 14°, elle est très nette de 30° à 40°. | Les recherches de Kotliar (7), de Dieudonné, de Beck et Schullz (8) prouvent que les divers rayons du spectre ont, à ce point de vue, une aclion bien différente. Les rayons qui présentent laction bactéricide sont les rayons bleus, violets et ultra-violets, surtout les deux derniers, c'est-à-dire les rayons chimiques. Les rayons rouges el jaunes seraient (1) Drsunonxé, Beitrage zur Beurtheilung der Emwirkung des Lichtes auf Bakterien (Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte, IX, 1894). (2) Marsnazz Warp, Influence de la lumière sur les microbes (Revue scient., 1594). (3) Onsi, Einfluss des Sonnenlichtes auf die Virulenz des Typhusbacillus und des Choleravibrio (Centralbl. für Bakt., Orig., XLIIL, 1907, p. 846). (4) Saverro, L'influenza della temperatura sull'azione m crobicida della luce (Ann. dell Inst. d'Ig. di Roma, LU, 1890). (5) Kruse, Ueber die hygienische Bedeutung des Lichtes (Zeitschr. für Hygiene, XIX, 1895). \ (6, Tmece et Worr, Ueber die Abtôütung von Bakterien durch Licht (Arch. für Hygiene, LVII, 1906, p. 29, et LX, 1907, p. 29). (7) Kormar, L'influence de la lumière sur les Bactéries (Anal, in Ann. de l'Inst. Pas- teur, VII, 1893, p. 430). (S) Beck et Scuurrz, Ucber die Einwirkung sogenannten monochromalischen Lichtes auf die Bakterienentwicklung (Zeilschr. für Hygiene, XXIII, 1896, p. 490). " } 106 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. à peu près inactifs ; pour Wiesner (1), cependant, loutes les parties du spectre, rayons rouges compris, concourent à la destruction, les rayons infra-rouges étant même très actifs. + Le pouvoir bactéricide très net des rayons ultra-violets a été dé- montré par Nogier et Thévenot (2) à l’aide de la lampe de Kromayer. Courmont et Nogier (3) en ont fait une très intéressante application à la stérilisation de l’eau potable. Dans les liquides, l'action bac- téricide est empêchée ou retardée par les substances qui peuvent. arrêter les rayons ultra-violets, en particulier par les colloïdes; l'effet ne peut alors se produire que sous une très faible épaisseur. L'action paraît tout à fait indépendantede la formation d'ozone ou d'eau oxygénée. La nature de la source de lumière n'influe en rien sur les résultats. Le temps nécessaire à la lumière pour arrêter la pullulation et pour causer la mort des différents germes est loin d'être actuellement fixé. La durée voulue pour que cette action se produise paraît, du reste, varier dans de larges limites pour les différentes espèces et même pour une espèce suivant les conditions biologiques où elle se trouve, son âge en particulier. Aussi, les différents chiffres publiés ne doivent-ils avoir qu'une valeur relative. D'après Büchner (4) et Mink, il faudrait une heure d'insolation pour stériliser une eau tenant en suspension du Bacillus coli communis. Pansini a vu le soleil tuer le Bacillus anthracis en culture dans le bouillon en une heure à deux heures et demie; les spores humides meurent en une demi-heure à deux heures ; desséchées, en six ou huit heures seulement. Janowski (5)dit que le Bacille typhique résiste environ six heures ; d’après Ledoux-Lebard (6), le Bacille de la diphlérie exposé seceten couche mince à la lumière diffuse est tué après vingt-quatre heures. D'après Koch et Migneco (7), le Bacille tubercu- leux commence à perdre de sa virulence en trois heures d’insolation et est souvent tué en cinq ou sept heures; les expériences de Jousset (8) montrent toutefois qu'il faudrait quarante-huit heures d'exposition aux rayons solaires ou à la lumière diffuse pour obtenir la mort du Bacille luberculeux des crachats. D'Arsonval et Charrin (9), expérimentant sur le Bacille pyocyanique, ont observé que l’action atténuatrice de la lumière solaire commençait à se manifester après deux heures d'expo- sition par un retard plus ou moins prononcé dans l'apparition du pigment qui aboutit à une suppression complète de la fonction chromogène si les effets persistent; ce n’est qu'au bout d’un temps beaucoup plus (1) Wiesxer, Die Wirkung des Sonnenlichtes auf pathogenen Bakterien (Arch. für Hygiene, LXI, 1907, p. 1). 2) Nocrer et Taévexor, Pouvoir bactéricide de la lampe à vapeur de mercure et en quartz (Congrès pour l'avancement des sciences. Clermont-Ferrand, 1908). (3) Courmoxr et NoGter, La stérilisation de l’eau potable par les rayons ultra-violets (Acad. des sciences, 22 février 1909), — Hygiène générale, V, 1910, p. 5. (4) Bücuxer, Ueber den Einfluss des Lichtes auf Bakterien (Centralbl. für Bakt., XII, 1893). (5) Jaxowsxt, Zur Biologie der Typhusbacillen (Centralbl. für Bakt., VIIX, 1890). (6) Lenoux-Leparp, Action de la lumière sur le Bacille diphtérique (Arch. de méd, expér., 1893). (7) Micxeco, Azione della luce solare sulla virulenza dello Bacillo tuberculare (Annali d'Igiene sperimentale, V, 1895). (8) Jousser, Action de la lumière solaire et de la lumière diffuse sur les crachats tuberculeux (Soc. de Biol., 15 mars 1902), (9) D'Ansonvaz et CHanniN, Influence des agents cosmiques sur l’évolution de la cellule bactérienne (Arch. de physiol., 1894, p. 335). AGENTS PHYSIQUES. 107 long que la végétation est atteinte: Vincent (1), expérimentant sur le Bacille typhique, a vu que les rayons solaires le tuaient en quatre à dix heures dans l’eau ou sur de la terre humide, suivant les conditions d'action, agissant plus rapidement lorsque le milieu est tout à fait transparent, et plus lentement lorsque le milieu est trouble. Après une insolation de huit à dix heures, Orsi trouve encore vivants quelques Bacilles lyphiques et un assez grand nombre de Vibrions cholériques. Les produits sécrétés par les Bactéries paraissent aussi sensibles à l’action de la lumière. Les toxines s’atténuent assez vite sous l'influence de fortes radiations, mais surtout en présence d'oxygène (2); Green (3) l’a aussi remarqué pour les diastases. Cernovodeanu et Henri (4) ont observé la destruction de la toxine tétanique par les rayons ultra-violets, après dilution dans de l’eau, pour écarter l’action empêchante des col- loïdes du bouillon; cettealtération est toutà fait indépendante del'oxygène. Ces diverses expériences démontrent que l’action de la lumière sur la vitalité des Bactéries est réelle, et qu'elle est intimement liée à laction de l'oxygène. Il se produirait souvent une très forte oxydation, nuisible à la vie. Duclaux (5) a montré, en effet, que l'oxydation des matières organiques se faisait très activement à la lumière. Conclusion importante à lirer pour l'hygiéniste : l'air et le soleil sont des barrières excellentes à opposer au développement de ces êtres. Les rayons Rüntgen ne paraissent pas avoir d'influence sensible sur le développement et la vitalité des Bactéries (6), d'après la plupart des expérimentateurs. Cependant, d'après les recherches de Rieder (7), on observerait, déjà après vingt à trente minutes d'action, un arrêt dans la croissance et la mort. Par contre, les recherches de Russ (8) concluent à une action nulle ; les .expériences de Calcaterra (9) montrent que ces rayons n'ont aucun effet sur la toxine diphtérique. D'après Gerharz (10), les rayons Rôüntgen auraient, sur la toxine diphté- (1) Vixcexr, Influence de la lumière solaire sur le Bacille de la fièvre typhoïde (Revue d'hygiène, XX, 1898, p. 230). (2) Prazza, Influenza della luce solare sulla tossina difterica (Annali d'Igiene spert- mentale, 1895, p. 521). (3) Green, The influence of light on diastase (Ann. of Bot., VIIT, 1894, p. 370). (4) Cernovoneanu et Herr, Action de la lumière ultra-violette sur la toxine téta- nique (Acad. des sc., XCXLIX, 2 août 1909, p. 365). (5) Ducraux, Ann. de l’Inst. agr., 1886. (6) Mixx, Zur fräge über die Einwirkung der Rüntgen schen Strahlen auf Bakterien (Münch. med. Wochenschr., 1896, n°5 et9). — Wrrrun, Les rayons Rüntgen exercent- ils une action quelconqu sur les Bactéries? (Ann. de micr., VIII, 1896, p. 514). — Porr, Concerning the action of X rays on cultivation of tubercle Bacillus (The Lancet, 1897, II, n° 21). — Braise et Samsuc, De l'action des rayons X sur le Pyocyaneus et a Bactéridie charbonneuse (Soc. de Biol., 10 juillet1897). — BraureGarD et GuicHARD, Action des rayons X sur certains caractères des microbes (Soc. de Biol., 24 juillet 1897). — Rrener, Wirkung der Rôüntgenstrahlen auf Bakterien (Münch. med. Wochenschr., 25 janvier 1898). — Worrexpex et Fonges-Roos, À preliminary note on the action of Roentgen rays upon the growth and activity of Bacteria and micro-organisme (The Lancet, 25 juin 1898). — Zerr, The Journalofihe American med. Association, nov. 1901. (7) River, Trochmals die bakterientütenäe Wirkung der Roentgenstrahlen Münch. med. Wochenschr., n° 10, 11 mars 1902). (8) Russ, Einiger über den Einfluss der Rüntgenstrahlen auf Mikroorganismen ‘ Arch. für Hygiene, LVI, 1906, p. 341). (9) Carcarerra, Intorno all'azione dei raggidi Roentgen sulla tossina difterica (Ann. de lIns{. Maragliano, LIT, 1909, p. 304). (10) Gerarz, Diphteriegift und-Roentgenstrahlen (Berlin. klin. Wochenschr., 4 oct. 1909, p. 1500). 108 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. rique, une action atténuante réelle, qui s’exercerait non seulement in vitro, mais encore chez l'animal inoculé. : Les expériences de Pfeiffer et Friedberger (1) montrent que les rayons du radium possèdent une action bactéricide réelle, quoique assez faible, puisqu il faut une exposilion de quarante-huit heures à une distance de 1 centimètre pour tuer des cultures de Bacille typhique, et de trois Jours pour tuer les spores charbonneuses. Dorn, Baumann et Valen- Uner (2) disent en outre que l'action est toute superficielle et ne s opère que médiocrement ou pas du tout dans l'intérieur de liquides. D’après Bouchard et Balthazard (3), ces rayons n'agiraient guère sur le pouvoir chromogène des microbes produisant un pigment qui reste adhérent à leur substance, comme le Micrococcus prodigiosus, mais feraient rapidement baisser la production des pigments qui diffusent dans le milieu, comme ceux des Bacilles fluorescents et du Bacille pyocyanique. Pression. — P. Bert (4) a montré que l'oxygène comprimé tuait les Bactéries en un temps assez court. Les fermentations et les putréfactions s'arrêtent vite en présence de ce gaz comprimé à 8 ou 10 atmosphères. L'air comprimé est bien moins actif. Certes (5) a pu faire subir à des liquides putréfiés une pression de 450 à 500 atmosphères sans arrêter la putréfaction, et, d'après lui, les cultures de Bacillus anthracis gardent leur virulence après avoir été exposées pendant vingt-quatre heures à 600 atmosphères. Le principal facteur, dans les expériences de P. Bert, paraît donc être l'oxygène, dont l'action comburante serait exalltée par la pression. Les expériences de Chauveau (6), sur l’action de l'oxygène comprimé sur le Bacillus anthracis, ont donné des résultats différents de celles faites par Certes sur la même espèce avec l'air. La mort arrive au bout d'un temps variable, suivant la force dela pression, mais elle ne survient que graduellement ; la vitalité diminue peu à peu,.et, parallèlement avec elle, la virulence. D'où formation, sous cette influence, de virus atténués dont l’expérimentateur peut graduer la force, en variant la pression à laquelle il les soumet. Les choses se passent-elles en l'absence d'air ou en la présence de très faibles quantités d'oxygène, juste nécessaires au maintien de la vie, comme dans l'air ou l'oxygène pur ? Des expériences manquent com- plètement sur ce point. D'Arsonval et Charrin (7), en soumettant le Bacille pyocyanique à une pression de 50 atmosphères sous l'acide carbonique, ont observé une (1) Pretrrer et FriepgerGer, Ueb2r âie bakterientütende Wirkung der Radium- strahle (Berlin. klin. Wochenschr., 1903, p. 640). (2) Dorx, Baumanx et VasexrIÔer, Ueber die Einwirkung der Radiumemanation aus pathogene Bakterien (Zeilschr. für Hygiene, LI, 1905, p. 428). (3) BoucnanD et Barruazann, Action de l’émanation du radium sur les Bactéries chromogènes (Acad. des sc., 2? avril 1906). (4) P. Berr, Oxygène comprimé (C. R. de l’Acad. des sc., LXXX, p. 1579, et LXXXIV, p. 1130). (5) Cerres, De l'action des hautes pressions sur les phénomènes de putréfaclion (C. R. de l'Acad. des sc., XCIX, p. 885}. (6) Cuauvrau, De l'atténuation des cultures virulentes par l'oxygène comprimé (C. R. de l’Acad. des se., XCVILI, 1884, p. 1332, et Zbid., C, 1885, p. 420). (7) D'Ansoxvaz el Cnarrin, Pression et microbes (Soc. de Biol., 20 mai 1893). AGENTS PHYSIQUES. 109 diminution graduelle de la vitalité et du pouvoir chromogène, de telle sorte qu'après six heures d'exposition à un lel traitement le microbe _avail perdu tout pouvoir de produire de la matière colorante et presque toute puissance de pullulation. Ici, cependant, 1] y a peut-être lieu de faire intervenir l’action de l'acide carbonique avec celle propre à la pression. C'est probablement aussi la raison des résultats positifs obtenus par Malfitano (1), faisant agir l'acide carbonique et l’oxyde de carbone à des pressions de 55 à 60 atmosphères. | Roger (2), de son côlé, a pu faire agir, sans grand résultat, des pressions énormes, de 967 à 2909 atmosphères, sur divers microbes, le Staphylocoque doré, le Streplocoque de l'érystpèle, le Colibacille, le Bacille du charbon. Le Staphylocoque doré et le Colibacille ne lui ont montré aucune modification ; le Bacille du charbon avec spores n’a été que très légèrement atténué à 3 000 atmosphères ; sans spores, il supporte encore FO /RRREr. 1000 atmosphères, mais s’atténue vite au-dessus : : le : Streplocoque se conduit de même. Tout ceci tend à démontrer que, dans les conditions ordinaires, l’action de la pression peut être considérée comme négligeable et qu'en outre les espèces se comportent envers ce facteur d’une facon très différente. Électricité. — L'action de l'électricité a été très discutée. Cohn et Mendelsohn (3) n’ont obtenu que peu de résultats dans leurs expériences instituées pour l’étudier. Des décharges électriques faibles et des cou- rants continus de peu d'intensité n'ont pas d’action appréciable sur le développement des Bactéries dans le liquide minéral de Cohn, qui a servi comme milieu. Un seul élément n’a, suivant sa force, aucune action ou une simple action retardatrice. Les fortes décharges ou des courants puissants tuent en peu de lemps les Bactéries en suspension dans le liquide. Ces dernierseffets semblent dus exclusivement aux changements produits dans le liquide par l'électrolyse. Avec deux forts éléments, la stérilisation est complèle au pôle positif, où se portent les acides, en douze à vingt-quatre heures; elle est loin d’être complète au pôlenégatif, où sont les alcalis. C’est la réaction du liquide qui est le principal facteur du phénomène. Ce qui corroboreencore cette opinion, c’est que le liquide du pôle positif fournit une abondante végétation de Levures et de Moisissures, qui aiment les milieux Fr alors qu'il est impropre au développement des Bactéries, qui fourmillent, au contraire, au pôle négatif, où elles trouvent une réaction eines Une forte Dattèdié de trois éléments tue, en vingt-quatre heures, loutes les Bactéries en sus- pension dans la liqueur. Ici encore, la part du changement d'état du milieu n'a pas été faite. C’est aussi à l’action chimique concomitante qu'il faut rapporter les résullats annoncés plus récemment par Apostoli et Delaquerrière (4) et Prochownick et Spaeth (5). Il en est de même de ceux que signalent (1) Mazrrrano, Sul comportamento dei microorganismi all'azione dei gasi compressi (Boll. della Soc. med.-chir. di Pavia, 1897). (2) Rocer, Action des hautes pressions sur les microbes (Soc. de Biol., 3 déc. 1894), (3) Com et Menvezsoun, Ueber Einwirkung des electrischen Stromes auf die Ver- mehrung der Bacterien (Beitr. zur Biol. der Pflanzen, 1876, III, p. 141). (4) Aposrort et DELAQUERRIÈRE, C. R. de l’Acad. des se., 21 avril 1890. (5) Procnownicx et Spazru, Deutsche med. Wochenschr., 1890, p. 564. AY" : 9 Len 110 ACTION DE DIFFÉRENTS AGENTS SUR LES BACTÉRIES. Fermi (1), Kruger (2), Verhoogen (3), et probablement aussi Zeit (4). D'Arsonval et Charrin (5) se sont mis à l'abri de cette cause d’erreur et ont étudié l’action de l'électricité sans faire intervenir de facteurs étrangers, production de chaleur ou modifications chimiques principa- lement; pour cela, ils ont eu recours aux courants sinusoïdaux à haute ou à basse fréquence. En expérimentant sur le Bacille pyocyanique, ils ont observé l'influence évidente de l'électricité se traduisant, dans ce cas particulier, par une diminution dela puissance chromogène d’abord, puis par une diminution de la vitalité du microbe. En employant les produits solubles seuls, la toxine diphtérique et la toxine pyocyanique, ces savants ont remarqué une atlénuation manifeste de la virulence et même une disparition de toute nocivité après un temps d'exposition suffisant. Bergonié et Tribondeau (6), en soumettant des cultures de Colibacille à l'action d'étincellesélectriques, ontobservé une stérilisation superficielle seulement. Ilest difficile, dans une telle action, de faire la part de l’élec- tricité, puis celle de la chaleur produite, des rayons émis, des substances chimiques formées. Smirnow (7) dit pouvoir obtenir, par l’électrolyse de toxine diphté- rique, une véritable antitoxine. Marmier (8), en répétant ses expériences dans les mêmes conditions, n’a obtenu qu’une destruction de la toxine, comme d’Arsonval et Charrin, et pas de formation d’antitoxine. Magnétisme. — Rien de bien certain ici. Dubois (9) a signalé l'in- fluence de forts aimants sur l'orientation des colonies du Micrococcus prodigiosus, sans chercher toutefois à éviter de nombreuses causes d'erreur. La fermentation alcoolique occasionnée par la Levure de bière est, d’après d'Arsonval (10), manifestement retardée par l'influence du champ magnétique. Il en est peut-être de même pour les fermentations bactériennes. Agitation. — L'agitation des milieux liquides où vivent des Bactéries est une condition défavorable au développement de ces êtres. C’est sur- tout aux Bactéries aérobies qu'elle doit nuire. Elle brise le voile qu'elles forment à la surface, et les fait tomber dans des couches profondes, où elles ne trouvent plus assez d'oxygène pour vivre à leur aise. Les hygié- (1) Fer, Reinigung der Abwässer durch Elektricität (Arch. für Hygiene, XII, 1892). (2) Kaucer, Ueber Einfluss des Constanten electrichen Stromes auf Wachstum und Virulenz der Bakterien (Zeilschr. für klin. Med., XXII, 1893). (3) VernooGen, Action du courant galvanique constant sur les organismes patho- gènes (Bull. de la Soc. belge de micr., XI, 1891). (4) Zerr, Effect of direct, alternating Testa-currents and X rays on bacteria (Journ. of the American med. Association, nov. 1901). (5) D'Ar$oxvaz et Cuarrin, Électricité et microbes (Soc. de Biol., 15 juillet 1893), — Les toxines et l'électricité (Soc. de Biol., 25 janvier 1896). (6) Benconé et Trisoxpeau, Fulguration des microbes (Soc. de Biol., LXVI; 1909, p. 665). (7) Smimxow, Ueber die Behandlung der Diphterie mit Antitoxinen, die ohne Ver- mittelung der thierischen Organismus darstelbar sind (Berl. klin. Wochenschr., 1894, p. 683). — Ueber die Behandlung der Diphterie mit künstlich dargestelten Antitoxi- nen (Berl. klin. Wochenschr., 1895, p. 645 et 675). — Note sur la détermination du pouvoir neutralisant du sérum antidiphtérique (Arch. des sc. biol. de Saint-Péters- bourg, IV, 1895, p. 328). (8) Marwier, Les toxines et l'électricité (Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, p. 469). (9) Dupors, Influence du magnétisme sur l'orientation des colonies microbiennes (C. R. de la Soc. de Biol., 1886, p. 127). (10) D'Ansonvaz, loc. cil., 1886, p. 128. MICROORGANISMES. 111 nistes peuvent noter cette observation et se rappeler que les masses d’eau immobiles, les citernes et les puits, doivent offrir, à bien des espèces nuisibles, de meilleures conditions de prolifération que les eaux cou- rantes de fontaine et de rivière. D'après Pohl (f), le mouvement tour- billonnant déterminé par une puissante turbine diminuerait dans des proportions considérables (90 p. 100?) le nombre des Bactéries de l’eau soumise à son action ; il y a là, ane café un phénomène complexe où la seule action mécanique n’est pas en jeu; l'oxydation plus forte qui se produit doit jouer un rôle, la simple centrifugation aussi. Pour Galli-Valerio (2), l'agitation, pour beaucoup d'espèces, favori- serait plutôt le développement, n'entravant en rien la formation de spores ni la production de pigment, ne modifiant pas les caractères morphologiques. Une agitalion modérée change facilement certains caractères de cul- tures et d'aspect; elle produit une dissociation des articles, dans le cas oùils ont une tendance à rester réunis en voile ou en amas filamenteux, comme c'est le cas pour le Bacille de la tuberculose et le Bacille du charbon, par exemple ; c’est la raison de l'obtention de ce que l’on a appelé les cultures homogènes de telles espèces. MICROORGANISMES. L'action que peuvent exercer, sur les Bactéries, d’autres organismes inférieurs, vivant côte à côte dansle même milieu, est des plus variable. Elle paraît dépendre surtout des besoins de ces autres êtres en ali- ments. Il se produit souvent une véritable concurrence vitale, Ceux quise plient le mieux aux conditions du milieu, ceux qui s'assimilent le mieux ses éléments composants sont ceux qui ont le plus de chance de prendre le dessus ; les autres s’amoindrissent, puis disparaissent. En seconde ligne interviennent les modifications que ces êtres peuvent faire subir au milieu, qu'ils rendent souvent défavorable au développement d'autres espèces ou même tout à fait mortel pour elles. Cette influence n’est pas toujours mauvaise, mais parfois favorable à la vie simultanée de plusieurs types. Il est des cas où celle association apparaît comme des plus utile et même comme nécessaire à la vie d’un type déterminé dans les conditions présentes du milieu. C’est ainsi que l'on a vu que la présence dans un milieu d'espèces aérobies pouvait y permettre le développement d'espèces anaérobies qui n'auraient pas pu végéter sans l’action absorbante à l'égard de l’oxygène exercée par les premières. Dans bien des cas, il se produit certainement une véritable symbiose. D'une facon générale, cependant, il y a le plus souvent antagonisme entre ces espèces qui vivent aux dépens d’un même milieu, parce que leurs besoins sont similaires. Les espèces se nuisent réciproquement et les plus fortes étouffent les plus faibles, véritable lutte pour l'existence. C'est ce que l’on observe surtout dans le sol et dans les eaux, ces deux réceptacles d'organismes inférieurs ; on en verra plus loin des exemples frappants et instrucufs. (1) Pôuz, Sur la filtration de l’eau de la Néva (Wralsch, 1886, nos 34 el 35, en russe). (2) Garu-Varerio, Influence de l'agitation sur le développement des cultures (Centralbl. für Bakt., Originale, XXXVII, 1904, p. 191). \ 11 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. A ce point ide vue, il est impossible de dire quelque chose de bien général ; l'expérience seule apprend comment telle ou telle espèce se comporte dans des conditions déterminées. Les actions que les diverses espèces de Bactéries peuvent, en vivant ensemble, exercer les unes sur les autres, sont un point des plus intéres- sant. La concurrence vitale joue certainement un grand rôle dans la facon dont se comportent les organismes pathogènes dans le milieu extérieur ou même dans les organismes qu'ils attaquent. Les faits . connus seront exposés lors de l'étude des espèces. L'influence des Saccharomycètes, qui se trouvent assez fréquemment avec les Bactéries dans bien des milieux, est très peu connue. Dans la lutte, ce sont tantôt les unes, tantôt les autres, qui l’emportent, suivant les conditions du milieu et la nature des espèces qui s’y rencontrent. Il peut y avoir aussi une vérilable symbiose, comme dans le képhir. Les Moisissures paraissent plus nettement être de véritables antago- nistes (1) des Bactéries. Mais ici la seule réaction du milieu est peut-être la raison dominante ; les Moisissures préfèrent les milieux acides, les Bactéries ceux à réac- tion alcaline. Les Amibes,.les Infusoires, les Flagellés surtout, paraissent détruire de nombreuses Bactéries qui font vraisemblablement partie de la nour- riture de ces organismes. Ce serait là une des grandes causes de l’épu- ration naturelle des eaux (2). III. — ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. Les Bactéries se comportent, vis-à-vis des milieux où elles vivent, comme tous les êtres vivants. Elles y puisent des aliments qu'elles peuvent utiliser pour leur nutrition, et y rejettent les résidus de leur activité vitale. Ces échanges, quisont souvent très complexes parce qu'ils intéressent plusieurs points à la fois, donnent naissance à des phéno- mènes apparents, porlant d’un côté sur les caractères des Bactéries et de l’autre sur ceux du milieu. Ces manifestations peuvent varier suivant l'espèce qui est en question, les conditions physiologiques où elle se trouve et la composition du milieu. Elles sont certainement en rapport très intime avec la nutrition, et pour beaucoup son résultat direct ; il n’est cependant pas possible, dans l'état actuel de la science, de les rattacher toutes et en toute assurance à cette fonction. Et même, bien que ces divers phénomènes aient entre eux des relations certaines, de véritables airs de famille, on est forcé de les séparer plus qu'ilsne le sont en réalité dans l’ordre naturel, si l'on ne veut pas s’aventurer par trop dans l'hypothèse. C'est, du reste, d’une commodité plus grande pour l'étude. Il n’est pas encore possible d'arriver à une généralisation de ces processus. Ils peuvent donner lieu à un simple dédoublement de produits contenus dans le milieu et attaqués par les Bactéries; dans la fermentation ammoniacale de l’urée, par exemple, la molécule d’urée se (1) Ducuesxe, Antagonisme entre les Moisissures et les Microbes. Thèse de Lyon, 1897. (2) CATTERINA, Sull'importanzia dei Protozoi nella purificazione delle acque Padova, 1396. a BACTÉRIES DE PUTRÉFACTION. 113 (l dédoublerait en deux molécules de carbonate d'ammoniaque. Ils abou- üissent parfois à une oxydation extrême dont les produits ultimes sont de l'acide carbonique et de l’eau ; souvent ilne se fait qu'une oxydation partielle, comme on le voit dans la fermentation acétique ; nous avons vu que ces phénomènes pouvaient être sous la dépendance d'oxydases. Les phénomènes observés peuvent être des phénomènes de réduction, dus peut-être à l’action secondaire d'hydrogène naissant produit par la Bactérie ou à des diastases réductrices ; c’est ce qui s’observe, en particulier, pour de nombreux organismes des putréfactions, qui réduisent alors les sulfates de l’eau ou du sol en produisant un dégage- ment d'hydrogène sulfuré. La destruction complète, la transformation ultime du milieu, n’est que bien rarement, on pourrait même dire jamais, dans la nature, comme dans les expériences, l'œuvre d’une seule espèce, mais plutôt d'une série d'espèces qui se succèdent, substituant et ajoutant leurs modifica- tions, de telle sorte qu'une agit après l’autre, aux dépens de produits déjà modifiés par la première, qui, bien souvent, ne peut plus continuer à végéler dans le milieu qu'elle a modifié. Il semble bien que ces processus de destruction de la matière organique soient la véritable fonction, ou tout au moins la fonction fondamentale, que les Bactéries aient à remplir dans le monde. Ce sont des agents de décomposition des milieux où elles vivent ; il est probable que les autres modifications observées ne sont pour elles que des fonctions secondaires, surajoutées ou acquises. En tout cas, on peut dire que la propriété de décomposer la matière organique est un fond commun à toutes les espèces ; ce n’est qu'accessoirement, accidentelle- ment peut-être, que certaines produisent des manifestations pathogènes, chromogènes ou autres. Il suit de là que les phénomènes de la putré- faction peuvent être considérés comme le véritable type des actions provoquées par les Bactéries. BACTÉRIES DE PUTRÉFACTION C’est dans les décompositions de substances animales ou végétales qu'ont été découvertes les Bactéries. Aussi a-t-on pensé de suite qu'elles devaient jouer un rôle important dans la production de ces phénomènes. On réserve, en général, le nom de putréfaction à tousles dédoublements dessubstances organiques azotéeset principalement des matières albumi- noïdes, occasionnés surtout par des Bacléries, accompagnés de produits volatils d'odeur infecte. Le phénomène est d'habitude très complexe. La complexité résulte dela diversité des matériaux quise putréfient et dela présence, dans presque tous les cas, d'un nombre plus ou moins grand d'espèces différentes, dont l’action peut considérablement varier (1). Des Moisissures, des Levures, desanimauxinférieurs, contribuent aussi, peul-être, dans une mesure qui n’est pas connue, au phénomène de la putréfaction. Les Bactéries de la putréfaction sont tantôt des espèces aérobies, tantôt des espèces anaérobies. Ces dernières ne se développent, toutefois, (1) Consulter surtout : Ducraux, Chimie biologique (Encycl. chim. de Frémy, p. 726 et suiv.). Macé. — Bactériologie, 6° édit. (e) 114 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. que lorsque l'oxygène est complètement ou relativement absent du milieu. Ainsi, dans la nature, si l’on observe un liquide qui se putréfie, on voit d'abord les aérobies envahir sa masse, et s’y développer luxu- rieusement, trouvant en abondance des aliments et de l'oxygène. Au fur et à mesure qu'ils consomment ce gaz, ils quittent les couches pro- fondes et se rapprochent de la surface, oùils finissent par se localiser. A ce moment, les anaérobies peuvent prospérer, protégés de l'accès de l'air par le voile que forment à la surface les corps des premiers occu- pants. L'aspect du phénomène change alors. Tandis que, grâce à la présence d'oxygène en abondance, les aliments pouvaient être com- plètement brûlés par les premiers êtres et transformés en composés très simples, inodores, comme l'acide carbonique et l’eau, ils ne subissent plus maintenant que des modifications bien moins complètes. Les résidus sont d'une complexité plus grande ; c'est, suivant les cas, des ammoniaques composées, des mercaptans, des acides gras volatils. d'odeur repoussante, des produits d’odeur fécaloïde très pénétrante, comme l'indol, le scatol. De plus, beaucoup d’anaérobies peuvent pro- duire de l'hydrogène gazeux qui, rencontrant, à l'état naissant, du soufre, du phosphore, dans les composés albuminoïdes, donne de l'hydrogène sulfuré et de l'hydrogène phosphoré, dont la mauvaise odeur vient s'ajouter à celle des substances précédentes et former le fumet repous- sant de putréfaction, variant suivant la qualité et la quantité de ses divers composants. La présence d'hydrogène naissant n’est du reste pas nécessaire pour expliquer la production d'hydrogène sulfuré. Nous avons vu précédemment (p. 62) qu'ils pouvaient s’opérer sous l'influence de diastases réductrices, d'hydrogénases, sécrétées par certains microbes. A côté de ces produits volatils, on trouve des produits fixes, résidus, comme les premiers, de l’activité vitale des Bactéries. Au premier rang sont la leucine, la tyrosine, le glycocolle etenfin des ptomaïnes diverses, ces bases toxiques accompagnant si souvent les déchets de la vie des cellules. La putréfaction des solides est toujours précédée d’une disso- lution préalable qu'opèrent les diastases sécrétées. Les espèces causes de la putréfaction sont nombreuses et encore peu connues, pour la plupart, tant au point de vue morphologique qu’au point de vue physiologique. Ce sont le plus souvent des Bacilles longs ou courts, parfois des Micrococcus ou des formes spiralées très mobiles. La part à attribuer à chaque espèce n’est pas encore déterminée. Malgré cette incertitude où l’on est encore sur la part qui revient aux différentes espèces qui se rencontrent dans les putréfactions, on peut déjà se faire une idée générale, schématique en quelque sorte, du phéno- mène, au moins dans ses grandes lignes. Il est du reste facile de suivre pour ainsi dire pas à pas les modifications qui se produisent, en obser- vant la putréfaction des produits azotés, de la viande ou du poisson par exemple, qu'on laisse putréfier dans l’eau, putréfaction qu'on peut prendre comme type. Il faut un temps très long, plusieurs années parfois, pour que la destruction soit complète, par conséquent que le processus de putréfaction soit entièrement terminé. Il y a vraiment dans ce phénomène une succession non interrompue non seulement de véritables flores bactériennes, mais encore de flores d'organismes inférieurs autres, de telle sorte qu'à une de ces flores doit correspondre une phase déterminée du processus. BACTÉRIES DE PUTRÉFACTION. 115 La part qui revient aux Bactéries aérobies dans une telle putréfaction peut se diviser en trois temps ou trois phases. Tout au début, dans une première phase, on rencontre en abondance les saprophytes ordinaires communs partout, les Bacillus sublilis, Bacillus mesentericus vulqgatus, Bacterium lermo, les Bacilles I, IL et II décrits par Mouginet (1); on ne percçoil encore qu'une odeur faible, plutôt fade; ce n’est pas encore la vraie putréfaction. Un jour ou deux après, suivant la température, les phénomènes s'accentuent, l'odeur devient plus forte surtout ; les espèces précédentes ont cédé le pas à d'autres, où dominent les Bacillus fluores- cens liquefaciens, Bacillus fluorescens putridus, Bacillus violaceus ; c’est une seconde phase du phénomène. Quelques jours après, l'odeur est nettement putride; à ce moment, troisième phase, apparaissent les Proteus vulgaris el Proteus mirabilis qui dominent bientôt et deviennent envahissants. C'est alors, et cela se conçoit très bien quand on connait les particularités biologiques de ces espèces, qu’apparaissent dans les putréfactions les produits les plus toxiques et les plus dangereux, les produits obtenus dans le début de la putréfaction, dans les deux pre- mières phases, étant inoffensifs ou peu actifs. Les aérobies agissent surtout dansla putréfaction des matières albuminoïdes déjà hydrolysées, peptonisées surtout. Leur action est incontestable; le Colibacille, par exemple, développe souvent, aux dépensdes peptones, desodeurs souvent ‘infectes, véritablement putrides, bien que n’exerçant aucune action sur les matières protéiques naturelles. Le Proteus vulgaris agit ainsi surtout sur les peptones, mais peut également attaquer la fibrine et la caséine. L'envahissement du milieu par les microbes aérobies permet le déve- loppement des anaérobies, qui seuls, pour Bienstock (2) et Retiger (3), pourraient occasionner la putréfaction de certaines substances que les diastases sécrétées par les premières ne peuvent pas attaquer. C’est ainsi que la fibrine ne se putréfierait pas sous l’action des espèces aérobies qui viennent d'être citées, mais seulement sous l'attaque de différentes espèces anaérobies qui sont surtout le Bacillus putrificus coli, le Clostridium fœtidum et, après, eux au second rang, le Vibrion septique et le Bacille du charbon symptomatique. Avec l’albumine, on peut faire la même remarque; ce sont surtout les anaérobies qui peuvent l'attaquer. D'après Kerry (4), l'attaque par le Vibrion seplique donne des acides gras, de la leucine, de l’acide hydroparacoumarique, un corps huileux, puant, soluble dans l’éther, de l'hydrogène et du méthane. Nencki (5), expérimentant sur la sérine, a trouvé avec le Bacille du charbon symplomatique, le Bacillus liquefaciens magnus et le Bacillus spinosus, tous anaérobies, des (1) Mouaixer, Quelques Bactéries des putréfactions. Thèse de Nancy, 1890. (2) Brexsrock, Untersuchungen über die Aetiologie der Eiweissfaülnis (Arch. für Hygiene, XXX VI, 1899). — Recherches sur la putréfaction (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIII, 1899, p. 854). (3) RerrGer, Studies on putrefaction (Journ. of biol. Chemistry, 1906, II, p. 71; 1908, IV, p. 45). (4) Kerry, Ueber die Zersetzung des Eiweisses druch die Bacillen des malignen OEdems (Wiener Monatshefle für Chemie, X, 1889). (5) Nencxr, Untersuchung über die Zersetzung des Eïiweisses durch anaerobe Spaltpilze (Sitzungsb. der k. Akal. d. Wisvenschaflen, Vienne, 1889). — Nexcki el Syeser, Zur Kenntniss der bei der Eiweissgährung auftretenden Gase (Zhid.). 116 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. | = acides gras et aromatiques, de l'acide hydroparacoumarique, de l'acide phénylpropionique, de l'acide scalolcarbonique, du mercaptan de méthyle. Pour Tissier et Martelly (1), dans la putréfaction de la viande, le rôle principal doit être dévolu aux anaérobies qui seuls pourraient achever la transformation del'albumine et de ses dérivés. Ilsrésument de la façon suivante la marche d’une putréfaction. Avec la viande fraîche, au contact de l'air, dès les premières heures la fermentation des matières sucrées s'opère activement et il se produit une attaque légère des albuminoïdes ; on trouve, après vingt-quatre heures, un peu de peptone, de la leucine, de la tyrosine, un peu d'ammo- niaque. Les ensemencements ne montrent que des aérobies, ferments mixtes protéolytiques et peptolytiques, attaquant à la fois le sucre et l'albumine: ce sont les Wicrococcus flavus liquefaciens, Micrococcus pyogenes albus, Bacillus coli communis, Micrococcus pyogenes, Micrococ- cus griseus non liquefactens, Bacillus filiformis. Après trois à quatre jours, l'attaque des albuminesa augmenté, l'odeur est légèrement putride. Les anaérobies apparaissent; ce ne sont encore que des ferments mixtes, Bacillus perfringens et Bacillus fermentans sporogenes. Au bout de huit à dix jours, le sucre a disparu, les graisses saponifiées sont devenues des savons ammoniacaux, la glycérine est brûlée, l'odeur est très fétide. La matière protéique est énergiquement attaquée, avec production d'hydrogène sulluré, d’indol, de phénols, d’ammoniaque. On trouve des ferments protéolytiques, Bacillus putridus gracilis, Bacillus putrificus coli, et des peptolytiques purs, Micrococcus magnus anaerobius, Proteus Zenkerti, en plus des microbes déjà cités. Au bout de trois semaines ou un mois, l'attaque est plus avancée, les peptones etles matières extractives diminuent, l'ammoniaque augmente ; les aérobies sont moins nombreux, les ferments mixtes ont fait place aux protéolytiques purs. Après trois mois, la viande est devenue une masse noire visqueuse, ne dégageant plus d’odeur, ne contenant plus de peptones. Les isole- ments ne montrent plus que le Micrococcus griseus non liquefaciens comme aérobie, et les Bacillus pultrificus coliet Bacillus putridus gracilis comme anaérobies. On peut considérer le processus comme terminé. Avec des substances aussi complexes, l'intervention d’anaérobies doit donc être considérée comme nécessaire. Il faut, en somme, reconnaître que si l’on a affaire à des substances moins complexes et, à plus forte raison, à des substances solubles comme les peptones, on ne peut pas nier les effets putrides déterminés par beaucoup d’aérobies : la forte odeur putride produite par le Proteus vulgaris dans certains milieux, celle que l’on trouve parfois aux cultures de Colibacille en sont la démonstration bien nette. Seulement, avec une même espèce, le phénomène est loin d'être constant et toujours aussi intense ; comme toutes les autres propriétés biologiques, il est sujet à des variations très grandes. La phase ultime de la putréfaction bactérienne dure plus ou moins (1) Tissxer et Marrezzy, Recherches sur la putréfaction de la viande de boucherie (Ann. de l’Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 865). BACTÉRIES DE FERMENTATION. 117 longtemps, selon la résistance que la matière qui se putréfie offre à la solubilisation parles diastases sécrétées par les Bactéries. À ce moment, le liquide renferme une forte proportion d'hydrogène sulfuré, beaucoup de produits odorants, des ammoniaques composées entre autres. Peuvent apparailre alors des Beggiatoa blanches ou roses qui forment des flocons épais dans le liquide où fourmillent encore beaucoup de Bacté- ries. Dans cette phase terminale, la vie est bientôt peu active; le liquide s'éclaircit lentement, les Sulfuraires disparaissent ; les rares. formes bactériennes qu'il contient ne donnent plus de cultures dans les milieux ordinaires. C’est très probablement à ce moment que la nitrificalion se produit, après la disparition de toute matière organique. Tout d'un coup, après un long temps d'attente, ilapparaît une abondante moisson d’Algues vertes, des types inférieurs, indiquant que la substance orga- nique s’est enfin transformée en produits simples que la plante à chlo- rophylle peut assimiler, et à l’aide desquels elle peut bâtir des com- posés complexes, en apportant le carbone qu'elle emprunte à l'acide carbonique du milieu, reconstituant ainsi des corps doués d’une énergie latente, prêts à suffire aux besoins vitaux d'organismes élevés. On saisit ainsi facilement le rôle considérable que les Bactéries rem- plissent dans la nature. C’est à elles qu'est échue la nfission de rendre assimilables pour, les plantes vertes, en les réduisant en composés simples, minéraux, les substances organiques qui ne peuvent plus servir aux organismes supérieurs, entre autres toutes celles qui ont perdu par usure l'énergie utilisable pour eux, et qui sont alors fixées sous des formes insolubles : tous leurs produits de déchet d'abord, l'urée par exemple, cette forme si importante de la désassimilation de la matière azolée chez les animaux, les résidus de la digestion, les cadavres des animaux, les détritus de toutes sortes des animaux ou des plantes. C'est à leur aide d'abord et ensuite à l’aide de l'énergie solaire, qui détermine la fonction chlorophyllienne, que les plantes reforment, avec ces ma- lériaux, des albuminoïdes, des hydrocarbonés, des graisses. C’est aussi dansle même ordre d'idées que s’opèrent la destruction et la transforma- tion de résidus et déchets nombreux de la vie et de l’activité humaine, question d’une si grande importance pour l'hygiène. BACTÉRIES DE FERMENTATION A l’origine, on désignaitsouslenom de fermentation (de fervere, bouillir) les phénomènes de décomposition qui s'accompagnaient d’un abondant dégagement de gaz et d’un bouillonnement de la masse liquide. Le type en était la fermentation du moût de raisin. On en a rapproché plus tard des transformations sans dégagement gazeux visible, comme la fermentation acétique, produites, comme dans les premiers phénomènes, par la vie, aux dépens du milieu, d'organismes inférieurs divers. Enfin, on a également appliqué la même dénomination à des modifications de même ordre chimique que déterminent, sur des substances très diverses, certains produits de sécrétion d'êtres vivants, les diastases ou /erments solubles (1). A vrai dire, il n'y a pas lieu de faire une distinction aussi catégorique (1) ScuurzexserGer, Les fermentations. — Ducraux, Chimie biologique et Traité de microbiologie. 118 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. entre lesfermentations produites directement par les organismes vivants et celles que déterminent les ferments solubles, cette dernière ne repré- sentant que la seconde phase d’un seul et même phénomène, phase que l'on peut isoler dans le temps et dans l’espace. Dans les deux, l'être vivant est toujours vérilablement en cause. La fermentation est un phénomène intimement lié à la nutrition de l'espèce et en rapport immédiat avec son activité vitale ; la vie de l'organisme ferment est la cause directe de telles modifications, qui s’affaiblissent ou cessent lorsque la vie de l’organisme s’amoindrit ou s'éteint. Ce qui se passe dans toute fermentalion, c’est un phénomène de sim- plification moléculaire portant principalement sur les substances hydro- carbonées et sur des substances azotéesnonalbuminoïdes. La putréfaction est un phénomène de même ordre qui s’opère sur les matières albumi- noïdes. Ces deux processus ont un but final identique, la dissolution et la désagrégation complète des composés complexes édifiés pour la vie des plantes ou des animaux et le relour des éléments organiques à des formes simples, composés oxygénés de l'azote, acide carbonique et eau. Aussi la fermentation ne peut guère se séparer de la putréfaction. La fétidité des produits n'est qu'un caractère de minime importance ; d’ailleurs, il y a des fermentations très puantes et certainement des putréfactions sans grande odeur. La distinction paraît être basée sim- plement sur la qualité du résultat. Pour l’homme, {une Bactérie est ferment lorsqu'elle peut lui fournir des produits directement utiles ; les espèces des putréfactions n’en sont pas encore arrivées là. Les produits ullimes de la fermentation peuvent être très simples. Une matière ternaire, le sucre, l'alcool, peut être transformée en acide carbonique et en eau. C’est le cas le moins compliqué, que l'on ne con- sidère même généralement pas comme fermentation, réservant ce nom aux réactions qui fournissent des composés plus complexes. Pour le physiologiste, ce doit être cependant le cycle complet du phénomène. Lorsque la Zooglée du Bacillus aceli, la Mère de vinaigre, a transformé en acide acétique tout l'alcool du milieu où on la cultive, elle s'attaque à l'acide acétique qu'elle peut brûler complètement, si elle n'a pas d’autres aliments à sa disposition. Mais il n’y à pas ici le critérium ut- litaire; ce n’est pas à proprement parler une fermentation, la modifica- tion a été conduite trop loin. Les réactions qui forment la base des fermentations varient suivant l'espèce de Bactérie en jeu et suivant ses besoins. Certaines espèces demandent, pour faire fermenter leur substratum, la présence de l'oxygène en abondance ; {il semble y avoir oxydation simple de la matière première. Ce sont les fermentations par oxyda- lion. Le Bacillus aceli, lorsqu'il se développe régulièrement, dans un liquide alcoolique approprié, oxyde l'alcool et le transforme en acide acélique. Les Bactéries nitrifiantes du sol, au contact des bases ou des carbo- nates alcalins ou terreux, oxydent les composés ammoniacaux et les transforment en nitriles, puis en nitrates. D'autres fois, l'oxygène n'est pas nécessaire; il est même nuisible. L'espèce, qui est anaérobie, produit de l'hydrogène naissant, qui agit BACTÉRIES DE FERMENTATION. 119 comme réducteur sur le substratum. Ce sont des fermentalions par réduction. Le type en est la fermeutation bulyrique. Pasteur a montré que le Bacillus bulyricus, son Vibrion butlyrique, était un agent de la transfor- mation de l'acide lactique et d’un grand nombre de composés ternaires, les sucres, les matières amylacées, la cellulose, en acide butyrique. La fermentation ne s'accomplit qu’à l'abri de l'air. Plusieurs autres espèces de Bactéries peuvent être ferments bulyriques: quelques-unes même, véritables aérobies, produisent cette fermentalion en présence de l’oxy- gène, Le Bacillus violaceus, abondant dans les eaux richesen matières organiques, peut donner de l'acide butyrique (1) dans certaines cultures à l'air. L’équation de la réaction est évidemment autre que dans le pre- mier cas. Dans les fermentations par dédoublement, la réaction paraît beaucoup plus simple; lamolécule du produit initial se scinde exactement et donne deux molécules d’un autre produit. L'urée, soumise à l’action du Micro- coccus ureæ et de quelques autres espèces, se dédouble en donnant du carbonate d’ammoniaque. Pour ces différents cas, l’action de l'être vivant sur le substratum peut sembler directe, celle du Bacillus aceti sur l’alcool par exemple, ou ne se produire que par intermédiaire. Ainsi, l’urée subit la transformation en carbonate d’ammoniaque sous l'influence d’une diastase isolée par Musculus (2), que Pasteur et Joubert (3) ont montré être sécrétée par le Micrococcus ureæ et que Miquel (4) a retrouvée chez de nombreuses espèces. Il est probable qu'il doit en être ainsi dans tous les cas et que l'intervention de la diastase spéciale est nécessaire à tout processus de fermentation pour s’opérer. On doit rapprocher certainement des fermentations la dissolution des matières albuminoïdes par les espèces qui forment des peptones à leurs dépens. C'est un stade de début de la putréfaction, encore un lien qui réunit ces deux phénomènes. Ces transformations sont causées par de nombreuses Bactéries, dont quelques-unes seulement sont suffisamment connues. Duclaux (5) a décrit dans une étude magistrale les modifica- üons que des Bacrlles, qu'il réunit sous la dénomination de Tyrothrix, font subir à la caséine du lait. Il serait grandement à souhaiter que de semblables recherches fussent entreprises. L'action des Bactéries sur les matières azotéesfournirait sans doute des renseignements importants à la physiologie et à la pathologie. L'action des grains de kéfir sur le lait est un bon exemple à citer. Nous avons vu précédemment que leur composition était complexe et chacune des parties constituantes concourt, dans la mesure de son acti- vité physiologique propre, au but final. La Zooglée, d'aspect tout spécial, renferme deux espèces de Bactéries et une Levure, peut-être identique à la Levure de bière, le Saccharomyces cerevisiæ. L'une des Bactéries (1) Macé, Sur quelques Bactéries des eaux de boisson (Ann. d’hyq.publ. et de méd. lég., avril 1887). (2) Muscuzus, C. R. de l'Acad. des sc., 1876. (3) Pasteur et Jouserr, Sur la fermentation de l'urine (7Zbid., 1876). (4) Miquez, Études sur a fermentation ammoniacale et sur les ferments de l’urée (Ann. de micr., 1889 à 1896). (5) Duczaux, Le lait. Paris, 1887, J.-B. Baillière, 120 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. esten courts bâtonnets, trapus, immobiles : c'est le ferment lactique de Pasteur, le Bacillus lacticus; l'autre est de longs Bacilles lentement mobiles, présentant souvent deux légers renflements aux extrémités : c'est une espèce peut-être particulière, le Bacillus caucasicus. Le rôle de ces différents êtres est bien distinct. Le Bacillus lacticus sécrète de la présure qui coagule la caséine du lait, phénomène nécessaire pour sa transformation ultérieure, et de plus fournit une diastase particulière qui hydrate le lactose, le change en maltose, apte à subir la fermentation alcoolique que la Levure produit à ses dépens. Le Bacillus caucasicus dissout, à l'aide de la caséase qu'il produit, la caséine précipitée, la transforme en une albumose. Le lait, au début opaque et tenant en suspension des flocons de caséine précipitée, est bientôt transformé en liquide transparent, riche en peptones, légèrement acide et contenant une assez forte proportion d'acide carbonique et des traces d'alcool: ces deux produits viennent de l'action de la Levure sur la matière sucrée. Dans tous ces phénomènes, l’action exercée par l'être vivant, qui est ferment, est en grande disproportion avec son poids. Des quantités très petiles du premier peuvent transformer une proportion relativement considérable de matière fermentescible. Ainsi Duclaux(1) calcule qu'une seule Bactérie du vinaigre détruit en vingt-quatre heures de 50 à 100 fois son poids d'alcool. C’est un des caractères essentiels des ferments. Il est des fermentations produites par des microbes où l’on observe un notable dégagement de chaleur. Ce sont, par exemple, celles qui se produisent souvent dans le fumier frais, dans le foin humide, dans les cônes de houblon entassés ou dans le tabac mis en préparation. La température observée dépasse souvent 70°. Les espèces qui agissent, pouvant êlre dénommées Bacilles lthermogènes (2), sont encore peu con- nues ; nous avons vu (p. 97; Voy. aussi: PBacilles thermophiles) qu’un certain nombre d'espèces vivaient très bien à ces températures. Le phé- nomène serait probablement un phénomène d'oxydation. D'autres êtres, principalement des Moisissures, peuvent déterminer le même phéno- mène. BACTÉRIES PATHOGÈNES Parmi les nombreuses espèces de Bactéries répandues partout dans la nature, lesunes, le plus grandnombre heureusement, semblent n’exer- cer aucune action nuisible sur les êtres vivants. Elles vivent aux dépens des matières organiques morles, qu'elles solubilisent et transforment en parle à l'aide de leurs diastases. On leur a donné le nomde Bactéries saprophyles (zars6e, putride ; ; gurov, plante) (3). Beaucoup d'entre elles appartiennent aux groupes si connexes précédemment étudiés des Bac- téries de putréfaction ou de fermentation. D’autres peuvent, sous certaines conditions, s'implanter dans les orga- nismes vivants, animaux ou plantes, où leur développement qui se fait à leurs dépens, constituant l'infection de l'organisme attaqué, détermine (1) Ducraux, Chimie biologique. (2) Cox, Ueber thermogene Bakterien (Berichle der deutschen bot. Gesellschaft, 1893 p. 66). (3) De Bany, Leçons sur les Bactéries, traduit par Wasserzug, 1886. BACTÉRIES PATHOGÈNES. 121 des troubles profonds, parfois mortels. Ce sont des Bacléries parasites ou palhogènes. Il en est de ces dernières qui semblent ne pouvoir vivre que dans des hôtes de nature déterminée. Sorties de là pour une cause ou pour une autre, mort ou séparation de parties, elles tombent en vie latente ou meurent si elles n'ont pas à leur portée une voie nouvelle d'infection. Ce sont des parasiles obligés. Lenombfe en diminue tous les jours. On réussit, en effet, à faire vivre la plupart de ces espèces en saprophytes dans des milieux artificiels; il est dès lors probable que des faits ana- logues se passent dans la nature, plus ou moinsfacilement, suivant les conditions qu'ils exigent. Les parasiles facullalifs, au contraire, peuvent se développer el évo- luer dans les milieux nutritifs non organisés, y vivre comme les espèces saprophyles, tout aussi bien que dans les hôtes où ils occasionnent des troubles spéciaux. Nous en trouverons de nombreux exemples. La Bactérie du choléra, celles de la fièvre lyphoïde, du charbon, du tétanos, peuvent vivre dans les eaux potables, dans le sol, dans d’autres milieux naturels, où elles pullulent même par voie de divisien, y former aussi leurs spores et rester ainsi pendant un temps très long, atten- dant, pour exercer leurs ravages si terribles, qu'elles pénètrent dans les organismes attaquables par elles. Il semble actuellement raisonnable de penser que le caractère patho- gène de tels êtres n’est pas un caractère naturel, primaire, mais plutôt un caraclère acquis, secondaire. Les types pathogènes seraient des saprophytes primitifs qui, par adaptations successives, auraient pris l'aplitude pathogène et graduellement acquis les caractères spéciaux, soit d’une facon exclusive, sembie-t-il au moins actuellement, comme le Bacille de la tuberculose, le Bacille de la lèpre, le Bacille de la morve entre autres, que l’on ne connaît pas à l'élal saprophytaire, soit d'une facon seulement partielle, comme le Bacille du télanos, le Colibacille, les Slaphylocoques pyogènes, par exemple, que l’on trouve tantôt en parasites chez les êtres vivants, tantôt en saprophytes dans le milieu extérieur. À l'appui de cette opinion, n’a-t-on pas vu le Bacillus subltilis, le Bacillus mesentericus vulgaris, considérés longtemps comme des saprophytes types, pouvoir acquérir des propriétés pathogènes par des moyens artificiels (1), et même rencontrés plus tard comme agents pathogènes naturels (2). On trouve souvent, dans un organisme, des espèces qui s’y déve- loppent sans influencer d'une façon nuisible son fonctionnement. C'est ainsi qu'à l’état normal le tube intestinal de l'homme et des animaux renferme, dans ses différentes parties, un nombre assez considérable d'espèces, apportées probablement avec les aliments et les boissons. Elles trouvent dans l'intestin un milieu très favorableet s'y multiplient. (1) Carr et De Nrrris, Un Bacillus sublilis pathogène (Soc. de Biol., 1897, p.711). — Vixcexr, Sur les aptitudes pathogènes des microbes saprophytes (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 785). (2) Siceerscaminr, Le Bacillus sublilis comme cause de la panophtalmie chez l’homme (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVII, 1905, p. 268). — Kayser, Zur Frage der Pathogenität des Bacillus subtilis, besonders für das Auge (Centralbl. für Bakt., 1te Abth., Originale, XXXIII, 1903, p. 241). — SacquéPée, Infection secondaire par le Bacillus mesentericus au cours de la fièvre typhoïde (Ann. de l’'Inst. Pasteur, XV, 1901, p. 261). : 122 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. A proprement parler, ce ne sont pas des parasites, mais des commensaux. L'action de plusieurs de ces Bactéries n'est pas connue et passe tout à fait inaperçue. D'autres jouent un rôle dans la digestion en la renforçant à l’aide de leurs diastases: il est même à penser que la digestion de certaines substances, la cellulose, par exemple, doit être, en partie au moins, son entièrement, attribuée à cette digeslion bactérienne qui s'ajoute à la digestion naturelle et se confond avecelle. De telles espèces peuvent plutôt être considérées comme directement utiles à l'organisme qui les contient ; c’est un véritable état de symbiose qui s établit entre eux. Pasteur a même été jusqu'à dire que peut-être, sans ces Bactéries utiles, la nutrition et, par conséquent, la vie seraient impossibles ; c'est une question controversée aujourd’hui; nous y reviendrons plus loin en trailant des Bactéries du corps et de l'intestin en particulier. Certaines, cependant, dans des conditions peu précisées encore, peuvent devenir nuisibles pour l'organisme à la suite d’une pullulation trop grande ou d’une action affaiblissante s’exerçant sur lui. Parmi les maladies occasionnées par les Bactéries pathogènes, il en est qui semblent n'être jamais le résultat d’une infection naturelle, mais n'être provoquées chez les animaux qu'artificiellement, par l’expérimen- tation ; on les a réunies sous la dénomination de maladies expérimen- lales (1). Telles sont les septicémies obtenues par Coze et Feltz (2) à la suite d’inoculations, à des chiens ou des lapins, de liquides de putréfac- ion; celles déterminées par Koch (3) sur les lapins et les souris par injection de sang putréfié. Telle était autrefois la septicémie de Pasteur, due au Vrbrion seplique: il est maintenant démontré qu'une partie des accidents connus chez l’homme et les animaux sous les noms de gangrène gazeuse, seplicémie gangreneuse, œdème malin, sont dus pour une bonne partie à cette espèce. Il en sera probablement de même dans la suite pour d’autres de ces affections décrites. Dans ses études sur les fermentations, Pasteur a établi que, pour pou- voir affirmer en toute assurance qu’une Bactérie donnée est la cause réelle d'une réaction observée, il fallait l’observer pendant que le phéno- mène s’accomplissait, l’isoler en culture pure et enfin reproduire la réac- lion primitive en inoculant de ces cultures à un milieu, nouveau dépourvu d’autres germes (4). Il a appliqué ces préceptes à l'étude des 3actéries pathogènes; les conclusions ont été précisées et formulées par Koch dans la proposition suivante: Pour qu’une Bactérie puisse être considérée avec raison comme cause d’une maladie, il faut: 10 la trouver dans les tissus ou les liquides de l’organisme d'un individu malade ou.d’un cadavre ; 2° l’isoler et en obtenir des cultures pures; 3° reproduire la maladie par inoculation de cultures pures à des individus sains ; 4° retrouver la même espèce dans cette dernière expérience. Les méthodes qui permettent de rechercher les Bactéries dans les tissus ou dans les liquides seront exposées en détail plus loin. L’obser- (1) Corxiz et Basës, Les Bactéries, 2° édit., 1886, p. 212. (2) Coze et Ferrz, Recherches chimiques et expérimentales sur les maladies infec- tieuses. Paris, 1872, J.-B. Baillière. (3) Kocu, Untersuchungen über die Aetiologie der Wundinfectionskrankheiten, 1878. (4) Pasreur, Mémoire sur la fermentation appelée lactique (C. R. de l'Acad. des sc. XLV, 1879, p. 913). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 123 vation est parfois très délicate. Les germes infectieux peuvent se loca- liser, ne se rencontrer qu'à certains endroits du corps et même ne pas se rencontrer ailleurs dans l'organisme. C'est ainsi que le Bacille de la diphtérie peut n'exister que dans la lésion locale qui est le plus souvent une fausse membrane, le Bacille du tétanos dans les environs de la plaie tétanique, qui est souvent minime. Bien plus, dans ces deux derniers cas, le microbe pathogène a parfois disparu au moment des recherches, les produits qu'il a formés continuant leur action; on peut alors n'avoir que des résultats négatifs. Les parasites peuvent ne se montrer qu'à certains moments: le Spirillum Obermeieri n'apparaît dans le sang des malades atteints de /yphus récurrent que pendant les accès; c'est en vain qu'on le recherche dans les intervalles. D'un autre côté, la présence constante d’une même Bactérie sur le cadavre ne suffit pas pour la considérer comme cause de l'affection ; on sait que le Vibrion septique se trouve souvent dans ces conditions peu de temps après la mort. Sa présence sur le vivant pendant la période d'état est d'une plus grande valeur; elle ne suffit cependant pas; les autres conditions sont nécessaires à obtenir. Le Colibacille, provenant de l'intestin, envahit encore plus vite l'organisme et a pu ainsi induire en erreur ; il est démontré que très peu de temps après la mort, avant même, pendant l'agonie, ce microbe peut traverser l'intestin, pénétrer dans la cireulation et arriver rapidement dans les organes profonds (1). Beco (2), en soumettant des animaux à certaines intoxications, en usant particulièrement de substances qui irritent violemment l'intestin, comme l’émétique, a pu déterminer le passage du Colibacille dans le sang, chez l'animal en pleine vie. C'est surtout la reproduction expérimentale de la maladie, au moyen de cultures pures, qui peut rendre affirmatif sur les rapports étiologiques soupconnés. La condition nécessaire pour que ces inoculations donnent des résul- tats estimables est d'employer des matières pures de tout germe étran- ger. S'il en existe, il peut se produire des complications gênantes ; leur action peut même se substituer entièrement à celle que l’on cherche à observer. Ainsi, si l’on injecte à un lapin du sang charbonneux putréfié, qui contient cependant une forte proportion de spores de Bacillus anthracis, ce n’est pas le charbon que l’on obtient le plus souvent, mais une seplicémie à marche spéciale dont Charrin (3) a décrit une forme intéressante. Le développement de la Bactérie septique a été plus rapide que celui de la Baclérie charbonneuse, qui a dû disparaître ou, tout au moins, céder le pas. La maladie que l’on veut reproduire doit être transmissible à l'espèce animale sur laquelle on expérimente. C’est une grave question qui n'est pas encore résolue pour bien des affections contagieuses. Certaines maladies de l'homme ne semblent pas, en effet, se transmettre aux ani- maux que l’on a cherché à infecter; dans d’autres cas, l'agent virulent semble modifier son action et produire des troubles différents. On (1) Acnarv et Pauzrix, Envahissement des organes pendant l'agonie et après la mort (Arch. de méd. expér., 1895). (2) Beco, Étude sur la pénétration des microbes intestinaux dans la circulation générale pendant la vie (Ann. de l’Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 199). (3) CHarrix, Sur une septicémie consécutive au charbon (Soc. de Biol., 2 août 1884). F4 194 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ÉLLES VIVENT. n'arrive quelquefois à un résultat qu'en changeant profondément les conditions physiologiques des individus sur lesquels on opère. Les oiseaux passaient pour réfractaires au charbon: Pasteur est parvenu à rendre facilement des poules charbonneuses en leur refroidissant les pattes avant ou après l'inoculation (1). Gibier (2) a pu faire périr du charbon, en les échauffant jusque vers s 30°, des grenouilles et des lézards, qui avaient toujours élé considérés comme indemnes. Il faut parfois modifier plus profondément l'organisme à infecter, créer de véritables prédispositions morbides, pour permettre à la Bactérie inoculée de s'implanter et de croître. Nicati et Rietsch (3) ont réussi à déterminer le choléra chez des cobayes en injectant d’une culture pure directement dans le duodénum; c’est l'irritation intestinale produite qui était le principal adjuvant. Koch (4) a obtenu le même résultat en injectant de fortes doses de teinture d’opium dans la cavité abdominale et paralysant ainsi l'intestin, pour permettre aux Pacilles virqules de séjourner plus longtemps dans son intérieur. D'autres produits, l'acide lactique pour le virus du charbon symptomatique, d’après Nocard et Roux, des toxines microbiennes pour d’autres, ou même de simples contusions, des meurtrissures, peuvent agir dans le même sens. Il peut suffire de changer laréactiondesliquides de l'organisme en les alcalinisant; acides, ils s'opposent au développement des Bactéries. Les autopsies doivent être pratiquées au plus tôt, pour éviter l'enva- hissement par des espèces étrangères. Les Bactéries saprophytes vraies, sauf des conditions particulières expliquant les particularités citées plus haut (p. 121), semblent n'avoir aucune action nuisible sur l’organisme. Wyssokowitsch a pu injecter des doses considérables de différentes espèces saprophytes dans les veines de lapins, cobayes, chiens, sans produire de troubles appré- ciables (5). Ces recherc hes ont été pleinement confirmées par celles de anti (6). Bien qu'introduites en quantité énorme, elles disparaissent du sang en quelques heures; le foie, la rate, la moelle des os en renferment encore, alors que le sang n’en contient plus; vingt-quatre heures après une injection massive de Bacillus sublilis, on n'en trouve plus nulle part, dans le cas où la culture ne contenait que des cellules végétatives; s’il y avait des spores, on peut en retrouver de vivantes dans le foie ou la moelle des os, jusque plusieurs mois après l'expérience. Les Bactéries pathogènes, introduites à doses modérées, se raréfient d’abord, disparaissent du sang, reparaissent au bout de quelque temps, puis augmentent jusqu'à la mort. D'après les recherches de Fodor (7), les Bactéries du charbon ne se retrouvent plus dans le sang quatre heures après l'injection ; le sang n'est ni fertile, ni contagieux! elles sont pour ainsi dire immobilisées dans les viscères, où elles se multi- (1) Pasreur, Étiologie du charbon (Bull. de l'Acad. de méd., 1879, p. 1152). (2) Green, in Corxiz et BABës, Les Bactéries, 3° éd., t. IT, p. 214. (3) Nicar: et Rierscn, Recherches sur le choléra (Arch. de physiol., 1885, n° 5). (4) Koca, Conférences sur le choléra, 1884 et 1885. (5) Wyssoxowirscen, Ueber die Schicksale der in's Blut injectiren Microorganismen im Korper der Warmblüter (Zeilschr. für Hygiene, t. I, 1, 1886). (6) Ban, Sulla distribuzione dei batteri nell’organismo (Arch. per le sc. med., 1888, XIII). (7) Fonor, Neue Versuche mit Injection von Bacterien in die Venen (Deutsche med. Wochenschr., 1886, p. 617). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 125 plient el reparaissent dans le sang de vingt à cinquante-quatre heures après l’opéralion, pour s’y développer et causer rapidement la mort. Les recherches précitées de Banti semblent prouver qu'au début, alors que l’on n'en retrouve plus dans le sang, elles se concentrent dans les lymphatiques. D’après Trapeznikoff (1), les spores de Bactéries pathogènes, intro- duites dans l'organisme, saisies par les leucocytes avant leur déve- loppement, se conservent souvent très longtemps vivantes et virulentes dans les leucocytes non allérés. Elles peuvent être ainsi transportées et emmagasinées en quelque sorle dans les organes profonds. Dès que la vitalité du leucocyte diminue ou disparaît, ces spores germent. On verra plus loin que la phagocytose donne une explicalion très salisfai- sante de ces faits. Nous avons vu précédemment (p. 57 el suiv.) que les Bactéries agissaient sur les milieux aux dépens desquels elles vivent, surtout par l’action de produits particuliers qu'elles forment pendant leur évolution, produits de sécrétion ou d’excrétion; nous savons que ces produits contribuent pour une large part ou pour la totalité à leur action physiologique. Ceci est surtout vrai pour les Bactéries patho- gènes. On a beaucoup discuté sur la manière d'agir des Bactéries patho- gènes ; diverses théories ont successivement pris place dans l'opinion. Les premières, 1! faut le reconnaître, étaient plutôt de simples vues de l'esprit. C’est ainsi que la Bacléridie charbonneuse paraissait nuire en détournant l'oxygène ou en provoquant des embolies capillaires ; d’autres en absorbant des substances alimentaires dont elles privaient ainsi les cellules. L'idée qu'on s’en fait aujourd’hui est surtout basée sur l’expérimentation et semble la vraie. L'expérience démontre, en effet, que beaucoup de Bactéries pathogènes produisent des substances qui, introduites dans l'organisme séparément des microbes, déterminent les mêmes effets que ces derniers, ou au moins les effets typiques observés à la suite de l’envahissement de l'organisme par ces microbes. On tend à penser actuellement que la majeure partie des Bactéries pathogènes, sinon toutes, produisent de ces substances toxiques, de ces toxines, ce qui a substitué la notion d'intoxication par ces produits à la notion de l’action directe du microbe sur les éléments ou les liquides de l'organisme. Ce qui se passe dans la diphtérie ou le tétanos est un des meilleurs exemples à citer à l'appui. Là, en effet, le microbe ne se trouve que dans un point bien limité de l'organisme attaqué, la fausse membrane pour la diphlérie, souvent une bien petite plaie pour le tétanos ; il s'y cantonne exclusivement, et, comme il produit des phéno- mènes généraux d'intoxication, ce ne peut être que par suite de la diffu- sion de substances toxiques formées au lieu où il se trouve, substances qui, emportées par la voie sanguine, vont agir sur les différents systèmes. Nous avons vu (p. 64 el suiv.) que ces produits nocifs des Bactéries sont de deux sortes, des produits alcaloïdiques, les plomaïnes, et des composés d’un autre groupe, que leur composition, leurs propriétés (1) Trarezxikorr, Du sort des spores de microbes dans l'organisme animal (Ann. de lInst. Pasteur, 1891). 196 ACTION DES FACTÉRIES SUR LES MILISUX GE ELLES VIVENT. font regarder comme des matières albuüminoïdes, les logoproléines et les {oxalbümines, désignées souvent sous le nom plus général et moins précis de foxines. Nous savons que ces dernières, par certains de leürs Cdräclères; surtout leur précipitation par l'alcool, leur adhérence aux précipités, leur resolubilisation daris lea, leurs modifications par l'air; la lumière, là chaleur, les effets considérables qü'elleé pro oiuisent à à dosés excessivement minimes, se rapprochent des diastases et peuvetit être considérées comme appartenant au même groupe. Ce qui vient aussi à l° appui du rôle qu'on veut leur faire jouer aujourd'hui, c'est que cérlains de ces produits s, comnie le prouvent les recherches de Bou- chard (1), de Griffiths (2 PRES IEmenL se trouvent tout à la fois dans les milieux de culture où vit ! l'espèce pathogène étudiée 84 dans les émonctoires, l'urine surtout, des malades atteints de l’affection Catiséé par le microbe. Si les recherches sur l’action physiologique de ces toxines sont encore loin d'être menées à bonne fin, il faut reconnaitre qu'elles ont déjà fourni nombre de faits intéressants, jetant une vive lumière sur l'action des microbes pathogènes. Ces recherches physiologiques sont, au point de vue qui nous occupe, d'une importance considérable ; après les nombreux travaux qu'éllés ont déjà suscités, la voie est encore largement ouverte à l'expérimentation. Les faits mis en lumière par bien des chercheurs, Bouchard, Arloing, Charrin, Roger, Courmont et Doyon, principalement, donnent des indications précieuses. Ils démon- trent que les toxines provoquent des modifications importantes dans la circulation du sang ou de la lymphe ; ils prouvent leur influence sur le système nerveux, cérébral ou médullaire, leurs effets sur la nutrilion générale, sur les sécrélions diverses, sur la fibre musculaire, ce qui donne l'explication de bien des particularités des infections. Rien que l’action de certaines toxines sur le système vaso-moteur, démontrée par Bouchard, Charrin (3) et Gley, permet d'expliquer avec toute satisfac- tion des phénomènes si souvent observés, les congestions, les anémies, l'œdème, surtout la diapédèse, que nous verrons plus loin si importante pour la défense de l'organisme, les hémorragies, si fréquentes dans la peau dans beaucoup d'infections provoquant des taches rosées, de l'érythème, du purpura, des pétéchies. On ne sait que bien peu de choses au sujet de la production de ces toxines ; il est des conditions qui leur sont favorables, d'autres qui leur sont contraires. Guinochet (4) a démontré qu'elles ne provenaient pas nécessairement des albuminoïdes du milieu, mais pouvaient être formées, par synthèse, aux dépens de corps plus simples; cette synthèse doit s’opérer dans le protoplasme de l'élément microbien. À ce même point de vue, la question de la voie d'introduction, de diffusion des toxines dans l'organisme, se montre importante. Les recherches de Bouchard, de Gamaléia, de Charrin démontrent que la porte d'entrée influence d’une façon très notable la toxicité de beaucoup de produits microbiens. L'organisme possède de véritables protections (1) Boucnarp, Cours de pathologie générale, 188$. (2) Grirrrrs, Les ptomaïnes dans quelques maladies infectieuses (C. R. de l'Acad. des sce., CXIV, 1892, p. 496). 1 (3) CHarrix, La maladie pyocyanique, 1889. {4} Guinocuer, Sur la toxine du Bacille de lg diphtérie (Soc. de Bial., 28 ma 1892). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 1 99 naturelles contre ces poisons ; c'est ce qui fait qu'une voie peut être plus favorable qu'une autre ou inversement. Ainsi, l'intestin modifie ou détruit même la plupart du temps ces toxines; le suc gastrique ét le suc pancréatique paraissent surtout être actifs (1); il y a peut-être lieu dé faire intervenir l’action des microbes intestinaux (2). La voie vasculaire, au contraire, est très favorable à la production de leurs effets toxiques, elle peut même les aggraver. … De plus, les toxines n’agissent pas immédiatement comme un poison ; il y a souvent, au contraire, dans leur action, une véritable incubation, ce qui peut faire penser que la substance active provoque, dans l'érgä- nisme, des dédoublements portant probablement sur dés substances albuminoïdes qui donneraient seulement les vrais agents toxiques (Sidney, Martin). Les principes sécrétés par les Bactéries ne convergent pas Lous vers un but unique, favoriser le microbe, produire les effets typiques de l'infection. Les travaux de Bouchard, Arloing, Roux, Chamberland, Yersin, Vaillard ont démontré qu’à côté des toxines, produits nuisibles pour l'organisme, il pouvait s’en trouver d’autres à action contraire, favorables à l'organisme, les produits vaccinants, de même origine micro- bienneque les premiers, de même nature qu'eux probablement, bien qu’on n'ait encore que peu de certain à ce sujet. Nous retrouverons plus loin ces produits vaccinants en parlant de l'immunité et de la vaccination. Les recherches d'Arloing, Courmont et Rodet, Roger démontrent qu'il existe une troisième classe de produits sécrétés par les microbes, agissant comme les premières toxines dans un sens favorable au microbe, en imprimant à l'organisme dans lequel ils sont introduits une véritable prédisposition à l'invasion par ce microbe. Ces produits solubles prédisposants (3) n'ont pas par eux-mêmes d'action nuisible bien marquée, ce qui les distingue d'emblée des toxines, mais ils pré- parent l'organisme à subir l'effet des produits toxiques du même microbe ou l'y rendent beaucoup plus sensible. Les antiphagines et les aggressines, dont il sera question plus loin, doivent rentrer dans cette catégorie. Parfois l'introduction simultanée des deux sortes de produits, toxines et substances prédisposantes, ne détermine pas d'effets marqués; il faut aux produits prédisposants un certain temps pour influencer l'organisme, leur action est alors durable ; c'est ce que Courmont a observé pour le Bacille de la luberculose, le Staphylocoque pyogène, le Streplocoque pyogène. D'autres fois, leur action est immédiate, mais passagère : chez le Bacille pyocyanique, le Bacrlle du charbon sympto- malique, par exemple. ; Ces produits prédisposants peuvent agir en S'opposant à la diapé- dèse et, par conséquent, à la phagocytose, comme Charrin et Gley l'ont prouvé pour le Bacille pyocyanique; ou, au contraire, en excitant le (1) Carrière, Étude expérimentale sur le sort des toxines et des antitoxines intro- duites dans le tube digestif des animaux (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIII, 1899, p. 435). — Nexoxi, SiEBEr et ScaHoumow-Simaxowskr, Die Entgiftung der Toxine durch Ver- dauungssäfte (Centralbl. für Bakt., XXIII, 1898, p. 840 et 880). — WEHrMaAnNx, Contri- bution à l'étude du venin des serpents (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIT, 1898, p. 510). (2) Cnarrix et Levanrri, Modifications des toxines introduites dans le tube digestif (C. R. de l’Acad. des sc., 9 janvier 1899). (3) Couruonr, Étude sur les substances solubles prédisposant à l'action pathogène de leurs microbes producteurs (Jievue de méd., 1894, p. Si). 128 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. système vaso-dilatateur, attirant les leucocytes, en un point où se forme alors un abcès, comme Arloing le remarque avec le Staphylo- coque pyogène. Nous retrouverons encore une autre explication de cette action des produits prédisposants en parlant de la chimiotaxie. On connaît bien peu de choses sur les conditions de formation de ces produits vaccinants ou prédisposants. Leur production semble être en rapports intimes avec les conditions de vie du microbe. Ainsi, d’après Courmont, le Bacille de la tuberculose fabrique des produits vaccinants el prédisposants ; les premiers domineraient dans les cultures, les seconds seraient plus abondants dans l'organisme infecté. Ilest cependant des espèces où, jusqu'ici, on n’est pas encore par- venu à découvrir la formation de tels produits actifs, toxiques ou autres : elles paraissent n'agir que d’une façon mécanique, en provo- quant peut-être simplement par leur présence uneirritation des tissus. C'est ce qui ressort des travaux de Kotliar et de Rénon (1) sur une Moisissure pathogène, l'Aspergillus fumigalus, cause d'une pseudo- tuberculose ; c’est ce qui paraît admissible pour certains Cladothrix, pour l'Aclinomyces, pour prendre des exemples parmi les Bactéries. L'action produite peut être due à une dénutrilion provoquée par la soustraction de principes nutritifs ou d'oxygène, ou à une simple irritation, aboutissant à une prolifération de certains éléments cellu- laires, à la formation de néoplasies, comme dans les lésions de l’Ac/ino- mycose, que l’on a longtempsconsidérées comme une variété de sarcome. L'organisme, dans l'infection, est loin de se laisser envahir comme un milieu inerte, une culture ; il se défend, au contraire, de son mieux; il y a lutte véritable entre les cellules et les Bactéries (2). Souvent, c’est le parasite qui cède, il y a guérison; quan il l'emporte, il y a maladie et parfois mort. Pasteur et son école voyaient dans la victoire de l'organisme envahi le résultat de sa résistance vilale, ou d'une non-appropriation du terrain au développement du germe ensemencé. Enréalité, la défense de l'organisme consiste essentiellement dansla mise en jeu d'activités fonctionnelles qui lui sont propres. Parmi ces acti- vités, la plupart sont des propriétés générales, véritables fonctions de défense employées par l'organisme pour résister à toute cause nocive, de quelque nature qu'elle soit, corps étranger nuisible, toxique chimique, virus non vivant, aussi bien qu'être vivant. D’autres paraissent dirigées directement contre l’action microbienne elle-même et ne se forment dès lors que sous l’influence de la présence du microbe ou de ses produits. Dans le premier cas, ce qui apparaît de suite comme important, c’est la mise en Jeu directe des éléments cellulaires vivants eux-mêmes ; dans le second, c’est l'action de produits particuliers qui peuvent être consi- dérés comme de véritables sécrétions de défense. Il est vrai qu'il existe entre les deux phénomènes un lien intime, ces sécrétions provenant des mêmes éléments cellulaires qui interviennent directement en premier, auxquels on doit donc rapporter l’action fondamentale. On a, suivant le cas, attribué plus ou moins d'importance à ces facteurs. (1) Réxox, Aspergillose intestinale (Soc. de Biol., 11 janvier 1896). (2) Vircaow, Der Kampf der Zellen und Bacterien (Virchow’'s Arch., CI). 2 BACTÉRIES PATHOGÈNES. 129 PHAGOCYTOSE. Pour Metschnikoff (1), le rôle de la défense de tout organisme est dévolu aux éléments cellulaires capables d’englober des solides. Il les nomme phagocyles, cellules dévorantes ; l’ensemble de cette fonction est la phagocylose. Deux espèces de cellules ont cette propriété. Ce sont d’abord les cellules capables de migration, les globules blancs, les leucocytes à noyau multiple ou lobé, les microphages, comme il les nomme. Les macrophages sont des éléments fixes, n'émigrant pas à la recherche des Bactéries à absorber comme les précédents, mais les consommant sur place lorsqu'elles arrivent à leur contact. Telles sont les cellules de la rate, les cellules épithéliales des alvéoles pulmonaires, les cellules fixes du tissu conjoncüf. I y a du reste des états lransitoires entre ces deux catégories de phagocytes. Les éléments phagocytaires de beaucoup les plus importants sont les leucocytes ; ce sont les agents les plus efficaces de la défense de l'organisme. Le mécanisme ne vise pas spécialement les Bactéries, en comprenant même avec elles des microbes d'autre nature, mais est beaucoup plus général, s'appliquant, avec les mêmes caractères généraux, à des produits ou éléments nocifs très divers, éléments vivants étrangers, globules du sang ou autres par exemple, corps solides variés, même poisons minéraux ou organiques ; partout, les processus de défense mis en œuvre sont identiques. Ce quise passe est facile à constater. Les phagocytes se rassemblent autour des Bactéries et aussi bien de tout corps étranger introduit dans l’éco- nomie. Si le corps est volumineux et inattaquable par eux, ils l’entou- rent, par transformation directe, d’une membrane conjonctive isolante qui se trouve constamment. S'ils ont affaire à des Bactéries, ils lesabsor- bent, parfois en quantité telle que certains en paraissent remplis. Les microbes englobés changent d'aspect, perdent leur apütude à fixer les couleurs, meurent etse dincn en fragments irréguliers, après un séjour quelque peu prolongé ; ils sont digérés par les phagocytes. Lorsque ceux-ci réussissent à absorber la totalité des premiers, l'organisme l'emporte ; s'ils ne peuvent y arriver, il est vaincu. Le fait essentiel de beaucoup le plus important est ici la sortie des globules blancs des espaces où ils sont naturellement enfermés. C'est une diapédèse pathologique, une leucocytose provoquée par l'irritation des tissus où elle s'opère (2). Cette irritation peut être causée par la seule présence de l'agent infectieux ; ou les produits solubles qu'il sécrèle déterminent ou favorisent la diapédèse par leur action vaso- dilatatrice. La plupart des globules blancs paraissent posséder à ur haut degré ce pouvoir phagocylaire ; on l’observe surtout chez les leucocytes à noyaux polymorphes dits polynucléaires neutrophiles et les leucocytes mononucléaires. Les leacocytes éosinophiles et les cellules basophiles d'Ehrlich n'ont, au contraire, semble-tl, aucune action. Les leucocytes mononucléaires, cependant, n’englobent ni les Streplocoques de l’éry- sipèle, ni les Gonocoques qu'englobent facilement les neutrophiles ; (1) Merscaxikorr, Ueber die Beziehung der Phagocyten zu Milzbrandbacillen {Virchow's Arch., 1884, p.502). — Théorie des phagocytes (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1, 1887, n° 7, p. 321). — L'immunité dans les maladies infectieuses, 1901. (2) Boucnarp, Essai d’une théorie de l'infection (Congrès de Berlin, 1890). Macé. — Baclériologue, 6° édit. 9 = x ve 130 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. d'un autre côté, les Bacilles de la lèpre ne sont jamais pris par les neutrophiles, facilement, au contraire, par les mononucléaires. Lorsque, pour une cause quelconque, cette diapédèse et cette action phagocytaire sont entravées, la résistance de l'organisme est vaincue, il peut être envahi par le microbe. Cette action contraire peut provenir des conditions du milieu extérieur ; c'est probablement ainsi que le froid est une véritable cause déterminante de certaines maladies infec- tieuses, pneumonie, pleurésie par exemple, dont iln’introduit pourtant pas le microbe dans l'organisme. L'agent infectieux existe là, très souvent, à l’élat normal, à la surface de la muqueuse respiratoire, arrêlé par les cellules épithéliales d’abord, puis, s'il parvient à les traverser, par les nombreux éléments Iymphatiques de la couche sous- muqueuse ; le froid n’a qu’à troubler la série des actes de ces éléments pour qu'ils ne suffisent plus à leur rôle de protection. Cette même action peut en outre être provoquée par des sécrétions mêmes de la Bactérie. C'est ce que démontre l’aggravation de Ja maladie, reconnue par Bouchard pour le charbon, la maladie pyocyanique, l'infection purulente, le choléra des poules, après injection de produits solubles des cultures de ces microbes à des animaux inoculés antérieurement. Des expériences de Charrin et Gley (1), il ressort que ces produits solubles, pour le Bacille du pus bleu, entravent la diapédèse en para- lysant les nerfs vaso-dilatateurs ; la diapédèse, nécessitant une dilata- tion vasculaire active, ne peut plus se produire. Uneffet analogue peut êlre produit, pour une maladie donnée, par des produits de sécrétion de Bactéries autres que celle qui la détermine, voire même par des espèces ordinairement imoffensives. C'est ainsi que Roger a observé que l'injection de produits solubles du Micrococcus prodigiosus rendait possible, chez le lapin, le développement du char- bon symplomalique, auquel il est réfraclaire dans les conditions ordinaires ; Monti (2) a observé des fails semblables pour d’autres espèces pathogènes. Le même résultat peut être obtenu avec des substances chimiques ou médicamenteuses agissant dans le même sens sur la diapédèse ; ce sont des indications qui peuvent être utilisées dans la thérapeutique des maladies infectieuses. Ce qui peut renseigner peut-être sur la façon dont se passe le phé- nomène de l’afflux des leucocytes aux endroits où leur présence est nécessaire, c'est une curieuse propriété de ces éléments, mise en lumière par Pfeiffer (3), qui lui a donné le nom de chimiolaxie. Les leucocytes, comme le font du reste un grand nombre d'organismes inférieurs unicellulaires végétaux el animaux, possèdent une propriélé spéciale, sorte d'attraction qui se manifeste par leur mouvement vers certaines substances exerçant sur eux une action probablement chi- mique, encore indélerminée : c'est la chimiolaxte positive. D'autres substances, au contraire, exercent sur ces mêmes éléments une véri- table action répulsive qui les fait chercher à s'en éloigner : c'est la chimiolaxie négative. (1) Cnarrx et GLey, in Cnarmin, La maladie pyocyanique, 1889. (2) Mowri, Influenza dei prodotti Lossici dei saprofyti sulla restituzione della viru- lenza ai microparassiti attenuati (Acc. dei Lincei, 1889, II, n° 7). (3) Pretrrer, Ueber chemotactische Bewegung von Bacterien, Flagellaten und Vol- vocinen (Unters. a. d. bot. Inst. in Tubingen, 1887, p. 582). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 131 Cette chimiotaxie est une propriété que semble posséder, du reste, tout être ou tout élément vivant. C’est elle qui attire, par exemple, autour d’Algues mortes dans l’eau, des espèces déterminées d'êtres inférieurs que l’on voit ainsi s’amasser autour d'elles. Les Bactéries elles-mêmes sont chimiotaxiques ; nous en avons déjà eu une preuve très nette précédemment (p. 43), en voyant qu'elles étaient rapidement attirées par l'oxygène. Ali Cohen (1) a même proposé d'utiliser cette propriété dans la recherche de certaines espèces dans un mélange celles qui sont particulièrement attirées par cerlaines substances se condensent autour d'elles ; c'est ainsi que le suc de pomme de terre riche en polasse et en asparagine, substances douées de chimiotaxie positive à un haut degré, attire surtout, dans un mélange, les Zacilles typhiques et les Spirilles du choléra. Les leucocytes sont tous spécialement attirés par les produits solubles sécrétés par cerlaines Baetéries pathogènes, qui se nuisent ainsi directement à elles-mêmes en favorisant à un haut point la diapédèse et, conséquemment, la phagocytose. C’est ce qu'ont démontré Massartet 3ordet (2), dans des recherches très originales. Ils se servent de tubes capillaires fermés à une extrémité el contenant des cultures pures de Bactéries pathogènes, qu'ils placent dans la cavité abdominale de grenouilles où 1ls les laissent séjourner vingt-quatre heures. Ces tubes déterminent autour d'eux et à leur intérieur un appel considérable de leucocytes, s'appliquant surtout contre la paroi interne, formant même parfois de si gros amas qu'ils obturent complètement la lumière du tube. Cet afflux rapide des leucocytes est empêché par l’anesthésie qui arrête la diapédèse. Les auteurs cités ont expérimenté sur le Micrococcus pyo- genes albus, le Bacille du choléra des poules, le Bacille lyphique, le Bacille du charbon, qui ont donné des résultats évidents. Gabritchevsky (3) a obtenu de semblables résultats avec le lapin. La plupart des cultures bactériennes ont manifesté de la chimiotaxie posi- tive. Ilen faut conclure que les Bactéries sont des excitants spécifiques des leucocytes, qui sont attirés à grande distance par la diffusion de très petiles quantités de produits solubles sécrélés par elles. C’est un des facteurs puissants de la phagocytose. Cette théorie des phagocytes, très simple, est basée sur des faits d'observation indéniables, l'absorption et la destruction des Bactéries par certaines cellules, particulièrement les éléments amiboïdes. La destruction serait une véritable digestion, qui, d'après Metschnikoff, s’opérerail sous l'influence de ferments sécrétés par les éléments phago- cyles, des cylases, macrocylase où microcylase suivant le cas. La fonction phagocytaire existe d’ailleurs dans toute la série animale : chez les êtres unicellulaires, les Protozoaires, elle est dévolue à la cellule entière ; chez les êtres plus élevés, elle se localise dans certains éléments ou certains lissus ; chez les Vertébrés, elle n'appartient plus guère qu'aux leucocyles. (1) Azr Comex, Die Chemotaxis als Hülfsmittel der bacteriologischen Forschung (Centralbl. für Bakl., VIII, 1882, p. 161). (2) Massanr et Bonnet, Recherches sur l'irritabilité des leucocytes (Soc. ray. des sc. nat. et méd. de Bruxelles, 1890). (3) Ganrirenevsky, Sur les propriétés chimiotaxiques des leucocytes (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1890, p. 346). 132 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. PouvoIR BACTÉRICIDE DES HUMEURS. En face de celte théorie de l’action des phagocytes, en opposition même avec elle, on veut expliquer la défense de l'organisme contre l’in- feclion sans un concours réellement actif des cellules vivantes, mais surtout par la simple formation de produits qui s'opposent à l'invasion microbienne, en agissant sur les microbes eux-mêmes ou sur les substances nuisibles qu'ils élaborent. Ce sont ici les liquides de l'organisme qui interviennent, d'où le nom de /héorie humorale qui a élé appliqué. Ces produils formés en vue de la défense seraient multiples, du moins d'après ce que pensent beaucoup d’observateurs. Pour d’autres, les modalités d'action seules varieraient suivant les conditions particu- lières ; la réaction fondamentale de l'organisme serait une, ou tout au moins peu compliquée. C'est plutôt à cette dernière conception qu'il paraît ralionnel de s'attacher. Les humeurs possèdent, les plus importantes au moins, le sang et le sérum sanguin principalement, des propriélés bactéricides très mar- quéeselsontcapables de tuer, de détruire une grande quantité de microbes infectieux. Fodor (1) a signalé le premier, en 1886, l’action bactéricide du sang, en montrant que les microbes saprophytes, Bacillus sublilis, Bacillus megalerium, Baclerium lermo, injectés dans les veines en très grandes quantités, disparaissent vite du sang sans qu’on puisse en trouver dans les phagocytes ; ils ne peuvent donc être tués que par le sang même. Pour les espèces pathogènes, comme on l'a vu précédemment (p. 124), il y a aussi d'abord une disparition du sang, due à la mort d’un grand nombre de microbes, mais, quand leur nombre est suffisamment grand, il en persiste dans certains viscères qui produisent plus tard l infection généraie. A la suite d’autres expériences, il a pu constater, avec du sang fraichement retiré d’un animal sain, la mort én vitro du Bacille du charbon el reconnu que cette mortne pouvait être due qu’à un processus biochimique. [I remarque en outre que le sang artériel a une activité bactéricide plus marquée que le sang veineux ; que l’action bactéricide augmente avec la température, présente un optimum vers 38°-40°, puis diminue rapidement au-dessus ; qu'elle ne varie pas quand on a extrait du sang les gaz qu'il contient, mais diminue dans une atmosphère d'oxygène et d'acide carbonique et manque complètement au sang de lapins empoi- sonnés avec l’oxyde de carbone. De plus, fait important, il trouve que ‘alcalinisation du sang augmente notablement ses qualités bactéricides. (1) Fopor, Bacterien im Blute lebender Thiere (Arch. für Hygiene, IV, 1886, p. 129). — Neuere Versuche mit Injection von Bacterien im die Venen (Deutsche med. Wochenschr., 1886, n° 36). — Die Fähigkeit des Blutes Bacterien zu vernichten (Jhid., 1887, n° 34). — Netere U ntersuchungen über die bakterientüdtende Wirkung des Blutes und über Immunisation (Centralbl. für Bakt., VIT, 1890, p. 753). — Üeber die Alkalizität des Blutes und Infektion (Congrès d'hygiène de Budapest, 1894). — Fopor et Riccer, Neuere Untersuchungen über die Alkalizität des Blutes (Centralbl. für Bakt., 2e Abth., XXI, 1897, p. 134). — Ricrer, Das Schwanken der Alkalicität des Gesamtblutes und des Blutserums bei verschiedenen gesunden und kranken Zustän- den (Zbid., XXX, 1901, p. 823). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 133 Parmi les sels dont l'injection exalte surtout cette propriété, se trouvent en première ligne le carbonate de soude et le phosphate de soude, à la dose de 3 à 5 grammes pour le lapin ; après, à la même dose, mais moins actifs, le chlorure de sodium et le carbonate d’ammonium. Nuttall (1) a confirmé cette découverte dans des expériences instituées pour étudier l'action des globules blancs sur les Bactéries, particulièrement au point de vue de la phagocytose. Ila constaté qu'avant d'être attaquées par les phagocytes, les Bactéries ont déjà subi une altération manifeste sous l'influence des liquides de l'organisme. Pour lui, c'est à ces liquides, sang et lymphe surtout, qu'il faut attribuer le rôle principal dans la défense de l'organisme contre l'invasion des Bactéries. Büchner (2), reprenant les expériences de Nuttall, en confirme les résultats et signale des points nouveaux d'un haut intérêt. En opérant sur du sang de lapin et de chien, il ensemence de ce liquide, recueilli aseptiquement et défibriné par agitation avec de petites perles de verre, avec du Bacille du charbon ou du Bacille du rouget du porc; puis il fait des numérations au moyende cultures sur plaques, aussitôt après l’ense- mencement d'abord, puis quelque temps après, à des moments divers. Les Bactéries diminuent rapidement, surtout lorsque la dose ensemencée n'est pas très grande. Avec le Bacille du charbon, dans une expérience la premièrenuméralion, faileaussitôt après l’ensemencement, donne sur la plaque un total de 2678 colonies; une deuxième numération, faile dans les mêmes conditions deux heures après, n’en donne plus que 36; une troisième, faite après cinq heures et demie, n'en donne plus que 6. Lorsque la quantité de Bactéries ensemencées est beaucoup plus forte, on observe quand même une diminution, mais moindre ; de plus, le chiffre s'élève vite. Dans une observation, la numération faite aussitôt l'ensemencement donne 15105 colonies; une deuxième, après deux heures. 492 ; la troisième, après cinq heures et demie, 931. La tempéra- ture influe rapidement sur cette action bactéricide ; du sang chauffé pendant une heure à 55° perd toute action. L'âge du sang hors de l'orga- nisme influe moins ; du sang conservé pendant sept jours à une tempé- rature basse de 6°-8° ne perd pas sa propriété bactéricide, mais devient moinsaclf. Pour Büchner (3), il existerait donc réellement dans le sang une sub- stance possédant des propriétés bactéricides marquées; illui a donné le nom d’alexine. Le pouvoir bactéricide que peuvent posséder certaines humeurs se reconnaît d'une facon particulièrement nette dansla réaction bien connue sous le nom de phénomène de Pfeiffer. En injectant d'une culture de Vibrion cholérique bien actif dans le péritoine de cobayes préalablement immunisés contre le choléra, Pfeiffer (4) a vu les microbes devenir rapi- dement immobiles, se transformer en petites masses arrondies, granu- (1) Nurrazz , Experimente über die bacterienfeindlichen Einfluss der thierischen Kôürpers (Zeitschr. für Hygiene, IV, 1888, p. 393). (2) Bücnxer, Ueber bacterientüdtende Wirkung der zellenfreien Blutserum (Cen- {ralbl. für Bakt., V, 1889, p. 817, et VI, p:. 1). (3) Bücuner, Münch. med. Wochenschr., 1891, p. 437; 1894; 1897, p. 300. (4) Prmrrer, Weilere Untersuchungen über das Wesen der Choleraimmunität und über specifischbaktericide Processe (Zeitschr. für Hygiene, XVII, 1894, p. 1). — Zur Differenzialdiagnose der Vibrionen der Cholera asiatica mit Hülfe der Immunisierung (Ibid., XIX, 1895, p. 799). [s Vs 134 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. ' leuses, finalement même se fondre pour ainsi dire dansleliquide ambiant. Metschnikoff {1) et Bordet (2) ont montré qu'on pouvait obtenir cette même modification en faisant agir in vitro du sérum de cobaye immunisé ou tout autre sérum anticholérique sur une émulsion de Vibrions. Comme on peut suivre de plus près le phénomène, on observe en plus, au début, une agglutination manifeste des éléments microbiens précédant tout changement de forme. Il sera parlé plus loin de cette action parliculière. Ici, l'action bactéricide est particulièrement marquée en raison des conditions spéciales de l'humeur employée qui provient d’un animal immunisé contre le choléra, d'abord, puis ensuite de la grande sensi- bihté du microbe employé, les Vibrions cholériques étant bien moins résistants aux actions destructives que beaucoup d’autres espèces. La résistance des différentes Bactéries au pouvoir destructeur du sang peut être très variable: Dans les expériences de Büchner, le Bacille du pus bleu s'est montré le plus résistant; le Bacille typhique, le Spirille du choléra, le Bacillus coli communis ont été particulièrement sensibles ; le Bacille du charbon, le Bacille du rouget du porc sont influencés d'une facon intermédiaire. Le sang de divers animaux montre des différences très grandes. Tandis que le sérum du sang d'homme, de chien, de lapin, de poule, de pigeon, est très actif, celui du cheval et du bœuf ne possède aucune action bactéricide. Il y a même plus : l’action bactéricide du sang peut varier dans la même espèce d’un individu àl’autre ; ce qui peut expliquer certaines prédispositions. [l ne paraît du reste pas exister de rapport immédiat entre l'action bactéricide du sang d'un animal donné et la facilité avec laquelle il est infesté par une Bactérie pathogène ou lui résiste. Le sang d'animaux réfractaires à un microbe peut être un bon milieu de culture pour ce microbe; et, inversement, le sang d'animaux non réfractaires à un microbe peut être doué de propriétés bactéricides très énergiques pour ce même microbe. Ces rapports peuvent toutefois ètre modifiés par certains procédés, en particulier par la vaccination ; cest une des raisons les plus plausibles de l'immunité acquise après vaccination. En somme, cette propriété bactéricide du sang paraît sur- tout dépendre d’un état spécial des leucocytes, pouvant ne se mani- fester que sous des influences déterminées, peut-être sous l'influence d'excitalions causées par la présence de produits solubles d'origine microbienne. Quant à la puissance bactéricide du sang d’une espèce animale pour une Bactérie donnée, il faudra de nombreuses expériences pour la déterminer avec une approximation suffisante. D'après Büchner, un millimètre cube de sang de lapin peut détruire environ un millier de Bacilles lyphiques. Nissen (3) a étudié l’action nocive du sang sur un grand nombre d'espèces de Bactéries; il a constaté que cette action varie (1) Merscnnikorr, Études sur l'immunité. Sur la destruction extracellulaire des Bactéries (Ann. de l’Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 433). (2) Bonper, Les leucocytes et les propriétés actives du sérum chez les vaccinés (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 462}. — Les sérums hémolytiques, leurs antitoxines et les théories des sérums cytologiques (1bid., XIV, 1900, p. 257). (3) Nissex, Zur Kenntniss der Bacterien vernichtenden Eigenschaft des Blutes (Zeitschr. für Hygiene, VI, 1889, p. 487). : BACTÉRIES PATHOGÈNES. 139 considérablement suivant l'espèce. En injectant de fortes quantités d’une espèce inoffensive, le Micrococcus aqualilis par exemple, le sang perd une grande partie de son pouvoir bactéricide : du produit de culture filirésur un filtre Chamberland n’affaiblit jamais l’action du sang. L’affai- blissement ne provient donc pas d’un apport de produits solubles, mais nécessite la présence des microbes vivants. D'après Pekelharing (1), le sang et la Iymphe du lapin pourraient même détruire les spores si résistantes du Bacille du charbon. Des humeurs autres quele sang et la lymphe possèdent des propriétés bactéricides bien marquées ; ceci se conçoit facilement d'après l'origine cellulaire des produits bactéricides. L'urine, d’après Lehmann (2), aurait une action évidente sur les cultures de charbon et de choléra, moindre sur celles de Bacille lyphique. Cette action paraît due à la pré- sence des phosphates acides dans l'urine; des solutions de phosphate acide de potasse agissent dans le même sens. Würtz (3) a reconnu au blanc d'œuf cette même propriété bactéricide ; Fokker (4) l'a signalée pour le lait. Adami (5) reconnait au foie une fonclion bactéricide très marquée. Les mucus nasal, buccal, vaginal, utérin agissent dans le même sens. Tous les mucus, du reste, de l'homme ou des animaux paraissent jouir de propriétés bactéricides éner giques (6). London (7) a signalé la diminution des propriétés bactéricides du sang de pigeon et de lapin à l'égard du Bacille du charbon, lorsque les ani- maux élaient soumis à des influences défavorables, telles que le jeûne, la gène respiratoire, l'excitation des nerfs sensibles, l'état urémique. Alexine et sensibilisalrices. Partout se rencontre la même substance, l'alexine, qui paraît bien être un facteur normal du sang et des humeurs. Les procédés d'immu- nisation ou de vaccination n'augmentent pas cette alexine, que l'orga- nisme produirait d'une façon régulière, sous certaines influences. Elle ne paraîl avoir aucune spécificité, se trouve à doses égales dans le sérum des animaux neufs et dans celui des vaccinés. Seule, elle ne peut pas exercer d'action bactéricide ; il lui faut une action adjuvante, d’où le nom de complément que lui donne Ehrlich ; alexine et complément sont synonymes. Il lui faut la présence d’une substance spéciale qui agit sur les éléments à atteindre, microbes ou éléments cellulaires, pour les préparer à subir l'action spéciale, action de désagrégation, de dissolution, de destruction, action lytique, suivant le cas bactériolyse, hémolyse, cylolyse. La manière d'agir de celte dernière substance est encore (1) P£ekgLHARING, La propriété bactéricide du sang (Sem. méd., 1892, n° 63). (2) Leumaxx, Ueber die pilztüdtende Wirkung des frischen Harns des gesunden Menschen (Centralbl. für Bakt., VIT, 1890, p. 457). (3) R. Würrz, De l’action bactéricide du blanc d'œuf (Sem, med., 1890, n° 3). (4) Foxker, Onderzækigen nover melkyzuugisting (Weckblad van hed nederl. Tijd schrifl van Geneeskunde, I, IL, 1890). (5) Avaur, On the bactericidal functions of the liver and the etiology of progressive hepatic cirrhosis (Montreal med. Journal, janvier 1899). (6) Würrz et Lenmoxez, Le pouvoir bactéricide du mucus nasal (Soc. de Biol., 1894). — F. ArLoxG, Recherches sur le pouvoir bactéricide de la mucine (Journal de physiol. el de pathol. gén., IV, 1902). (7) Loxoox, Influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides du sang (Arch. des sc. biol. de Saint-Pélersbourg, V, 1897, p. 8). _ ve 4 LE 136 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. peu expliquée. Pour Bordet (1), elle serait comparable à l’action des mordants dans la teinture, rendant sensible le microbe à l'action de l’alexine, qui se fixe alors sur lui et peutexercer son effet ; d'où le nom de sensibilisatrice qu'il lui applique. Pour Ehrlich (2), l’action serait plus complexe : cette substance servirait d’intermédiaire entre le microbe et l’alexine, fixant l’alexine sur le microbe, lui permettant d'agir sur lui, alors que, sans elle, l’alexine resterait libre dans le milieu, sans effet sur le microbe:; elle serait ainsi une sorte de trait d'unionentreles deux : d’oùlenom qu'il propose d'ambocepteur, ousecon- dairement, comme synonymes, corps intermédiaire, immünkorper. La sensibilisatrice, elle, est spécifique, produite seulement dans l’orga- nismesous l'influence de l'excitation spéciale déterminée parle microbe, l'élément ou la substance introduits et en proportion qui peut être en certains rapports avec la quantité employée. Il peut donc y avoir un grand nombre de sensibilisatrices, autant que de substances à l'égard desquelles l'organisme peut réagir dans un sens de défense. Comme ces sensibilisatrices sont formées uniquement dans un but de résistance aux corps étrangers introduits dans l’organisme, on leur donne le nom général d'anticorps, en dénommant antigènesles substances qui provoquent leur formation. A un antigène donné correspond toujours un anticorps particulier. Ce sont des termes qui reviendront souvent, en particulier, dans l'étude sur l'immunité. On est peu fixé encore sur la nature de ces substances. On est très porté à les rapprocher des diastases. Elles seraient peut-être plutôt des colloïdes. L’alexine a comme principale propriété d’être détruite par un chauf- fage d’une demi-heure à 56°; elle est hermolabile. Ellen'estpas spécifique, mais commune à tous les sérums, à tous les liquides organiques. Elle ne s'y trouve qu'en quantité limitée et peut être entièrement fixée par un mélange antigène-anlicorps de nature quelconque, en proportions déterminées. Il semble bien n’y avoir qu'une seule alexine, indifférente par son action, qui est seulement déterminée par la sensibilisatrice. Certains expéri- mentateurs en admettent plusieurs: Metschnikoff au moins deux, une hémolytique, l’autre bactéricide ; Ehrlich et Morgenroth un grand nombre. Les sensibilisatrices sont encore moins connues. Elles sont rigoureu- sement spécifiques; ce sontdes anticorps qui se développentuniquement dans l'organisme sous l'influence des antigènes correspondants. Elles sont relativementrésistantes à la chaleur, {hermostabiles, ne se détruisent qu'à partir de 70°. Cette différence de résistance à la chaleur permet de les séparer de l’alexine en chauffant une demi-heure à 56° et d'étudier leurs propriétés séparément. La sensibilisatrice augmente avec l'intro- duction d’antigène, injection immunisante par exemple, mais seulement jusqu'à un maximum qu'on ne peut guère dépasser. Les sérums d'animaux neufs renfermeraient des sensibilisaltrices (1) Boroer, Les sérums hémolytiques, leurs antitoxines et les théories des sérums cytolytiques (Ann. de l’Ins{. Pasteur, XIV, 1900, p. 257). — Borper et GENGou, Sur l'existence de substances sensibilisatrices dans la plupart des sérums antimicrobiens (Ibid., XV, 1901,Jp. 289). (2) Enruca et MorGexrorn, Ucber Hiemolysine ‘Bert. klin Wochenschr., 1901. n°21761022); BACTÉRIES PATHOGÈNES. 137 normales en petite quantité ; les sensibilisatrices spécifiques, à effets beaucoup plus énergiques, nese rencontreraient que dans les sérums des animaux immunisés. Quelle est l’origine de ces substances, alexine et be ? L'alexine est sans contredit produite par les leucocytes. C’est ce que démontrent les recherches de Denys et Havet (1) , de LÉ de Schat- tenfroh, de Besredka, de Daubler, de Gengou (2) tout particulièrement. Elle est sécrétée par les leucocytes qui se trouvent dans le sang et les humeurs. Pour Metschnikoff, normalement elle ne sortirait pas des leu- cocytes et n’agirait qu’à leur intérieur sur les corps absorbés par phago- cytose; il n ‘exislerait donc pas d’alexine libre dans le sang ou Îles humeurs. Elle n'y pourraitêtre miseen liberté qu'à la suite de l altération des leucocytes, partielle ou complète, mort ou destruction. Il paraît cependant probable qu'il existe dans le sang, à l’état libre, de lalexine qui pourrait être regardée comme une véritable sécrétion des leucocytes normaux (3). Les sensibilisatrices existent bien réellement en liberté dans le sang et les humeurs sécrétées par les leucocytes sous les influences détermi- nantes des antigènes. Sur ce point, l'accord est complet. Au voisinage de ces substances bactéricides proprement dites, on a signalé, dans les mêmes humeurs, la présence de produits autres, agis- cs toutefois dans le même sens, contre les microbes, en Re leur état dans un sens défavorable ou en neutralisant les substances toxiques qu'ils produisent, ou bien sur les cellules de défense de l’orga- nisme en leur donnant une activité plus grande, produits concourant par conséquent à la résistance de l'organisme. Dans la première caté- gorie, on peut citer les agglutinines, les précipitines et les antitoxines; dans la seconde, les opsonines. Agglulinines. Les agglulinines sont des substances qui déterminent l'agglutination des microbes en suspension dans des liquides, leur réunion en amas plus ou moins considérables, où ils se trouvent accolés les uns aux autres, englués dans une gangue fondamentale quiles retient, en même temps que disparaît toute motilité s’il en existe. Bordet (4) avait observé qu’en étudiant in vitro le phénomène de Pfeiffer, en faisant agir du choléra-sérum sur des Vibrions cholériques, la dégénérescence granuleuse et la dissolution des Vibrions étaient précédées d'une réunion des microbes en amas et de leur immobilisa- tion. (1) Denys et Haver, Sur la part des leucocytes dans le pouvoir bactéricide du sang de chien (La Cellule, X, 1893). (2) Gencou, Origine de l’alexine des sérums normaux (Ann. de l'Inst. Pasteur, XV, 1901, .p. 68 et 232). (3) Reuxs, Démonstration de l'existence des hémolysines composées, spécialement des aledes: à l’état libre et actif dans le sang circulant (Soc. de Biol., 23 mars 1901). -— FazLoise, Sur l'existence de l'alexine hémolytique dans le plasma sanguin (Bull. de l'Acad. royale de Belgique, cl. des sciences, 1903, n° 6, p. 521). (4) Bonver, Les leucocytes et les propriétés actives du sérum chez les vaccinés (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895). $ 2 138 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. Grüber et Durham (1), observant lamêmeréunion en amasde divers mi- crobes, Bacille Lyphique et Vibrion cholérique principalement, sous l’in- fluence respective du sérum d'animaux vaccinés à leur aide, décrivirent le phénomène de l’agglutination et annoncèrent que la réaction pouvait servir à caractériser l'espèce microbienne qui la présente, qu'on avait, par exemple, sûrement affaire au Bacille lyphique si le microbe exa- miné se montrait agglutiné par le sérum des animaux vaccinés contre ce Bacille. En partant de ces données, Widal (2) a montré que le sérum des indi- vidus atteints de fièvretyphoïde pouvait déterminer le même phénomène de l'agglutination, au contact d'une culture convenable de Bacille typhique : il apportait ainsi un élément précieux pour le diagnostic. Les mêmes faits ont été constatés depuis pour beaucoup d'autres espèces microbiennes, permellant ainsi d'établir que le phénomène avait une véritable portée générale, qu'on avait en mains une réelle méthode générale s'appliquant d'un côté à la caractérisation des espèces micro- biennes, de l’autre au diagnostic des affections microbiennes. L'agglulination apparaît nettement comme un moyen de défense de l'organisme contre l'invasion microbienne. Elle immobilise et réunit les microbes, qu’elle empêche de se répandre et d’envahir ; comme cela se voit dans le phénomène de Pfeiffer, elle précède et prépare la désagré- galion complète. Duclaux (3) fait de l'agglutination un simple phéno- mène de coagulation. Si l'on considère alors le phénomène complet, aboutissant à la dissolution, à la bactériolyse, on doit reconnaître qu'il a des rapports réels avec la digestion des albuminoïdes où la dissolution estaussi toujours précédée d'une coagulation. On doit cependant penser que les deux réactions successives sont bien dues à deux substancesdiffé- rentes, l'agglutinationaux agglutinines, la dissolution à l’action combinée del alexine et des sensibilisatrices. Toutefois l'agglutination est une propriété biologique générale qui n’est pas seulement dirigée contre les microbes; Bordet (4) a montré qu'à la suite d’injections de sérum défi- briné à des animaux, le sang de ces derniers acquérait un pouvoir agglutinant très marqué à l'égard des globules rouges de l'espèce ani- male ayant fourni le premier sérum; d'autres substances donneraient aussi des résultats de même ordre. Comme les substances qui viennent d'être citées, les agglutinines paraissent être voisines des diastases ou peut-être des colloïdes. Elles sont thermostabiles, supportent un chauffage à 55°; elles ne sont dé- truites que vers 70°. Elles résistent à la dessiccation, à la putréfaction ; elles sont solubles dans l’eau et précipitables par! alcool. Elles peuvent être arrêlées par les filtres, mais passeraient à travers les membranes vivantes, se retrouvant dans le lait, les urines, des sécrétions diverses. Toutelois, pour cette présence intéressante, il se peut qu'elle soit plutôt le fait du passage des globules blancs. (1) Gevser et Durxam, Theorie der aktiven und passiven Immunität gegen Cholera, Typhus und verwandte Krankheitsprogresse (Münch. med. Wochenschr., 1896, n° 9), 2) Wipar, Sur les propriétés agglutinantes et bactéricides du sérum des convales- cents de fièvre typhoïde (Sem. méd., 1896, n° 51). — Séro-diagnostic de la fièvre typhoïde (Soc. méd. des hôp., 26 juin 1896). (3) Ducraux, Traité de microbiologie, t. II, p. 706. (4) Boroer, Sur la dissolution et l'agglutination des globules rouges par le sérum d'animaux injectés de sang défibriné (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 688$). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 139 Pour expliquer le phénomène de l agglutination, Grüberadmetlait que la couche superticielle des élé ments microbiens se gonflait, devenait visqueuse et adhérait aux microbes voisins. Pour Nic colle (1), le corps des microbes, probablement la membrane et ses couches externes dif- fluentes, renferme une substance particulière, de nature albuminoïde, la substance agglutinable qui, sous certaines influences, se coagule, réunissant ainsi, en les accolant, un nombre plus ou moins considé rable de microbes. Ce phénomène de coagulation de la substance aggluti- nablese produitsurtoutsous l'influence desagglulinines quisont formées dans les sérums ou les humeurs des animaux soumis aux injections des microbes spéciaux ou de leurs produits, ou des individus en état d'in- fection. Mais l'agglutination des microbes peut aussi être provoquée par d’autres moyens; Malvoz (2) a montré que l'aldéhyde formique, le sublimé, l'eau oxygénée, le sulfate d'ammoniaque, les acides acétique et lactique dilués, la safranine, la vésuvine et la fuchsine en solutions aqueuses bien filtrées, provoquaient, avec certains microbes au moins, une agglutination souvent aussi belle que celle produite avec le sérum spécifique. Blachstein (3) a observé le même fait, pour le Vibrion cho- lérique, avec lachrysoïdine. Toutefois, d'après Bossaert (4), le phénomène n'aurait ni la sensibilité ni la netteté qui s'observent avec le sérum spécifique. La propriété agglutinable qu'ont les microbes n'est cependant pas une propriété réellement vitale, puisque, comme Bordet (5) l'a montré le premier, les microbes morts réagissent de celte façon aussi bien que les microbes vivants. Les cultures de Bacille typhique en particulier, tuées par la chaleur, l'addition de quelques gouttes de formol (6), le thymol, le chloroforme, l'acide phénique, le sublimé (7), sont tres netle- ment agglutinées par le sérum de sujets en infection typhique. Ce n'est pas non plus une propriété fixe, immuable, mais, au contraire, contingente, pouvant faire lotalement défaut. Il est difficile, dès lors, d’en faire, comme on l’a voulu, un caractère réellement spécifique. Les recherches de Joos (8), d'un autre côté, montrent la nécessité absolue de la présence de chlorure de sodium, pour observer la production du phénomènedel'agglutination, comme troisième facteur essentiel pouvant (1) Mazvoz, Sur la présence d'agglutinines spécifiques dans les cultures microbiennes (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIIT, 1898, p. 630). (2) Mazvoz, Recherches sur | aggluti nation du Bacillus typhosus par les substances chimiques (Ann. de l'Insl. Pasteur, XI, 1897, p. 582). (3) ExGezs, Ueber die Verwendbarkeit des Chrysoidins bei der Choleradiagnose (Centralbl. für Bakt., XXI, 1897, p. 84). (4) Bossaerr, Étude sur l'agglutination comparée du Vibrion cholérique et des mi- crobes voisins par le sérum spécifique et les substances chimiques (Ann. de l’Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 857). (5) BOnDEr: Sur le mode d'action des sérums préventifs (Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, p. 193). (6) Wipaz et Sicarp, La réaction agglutinante sur les Bacilles morts (Soc. de Biol., 30 janvier 1897). (7) Van DE Verve, Influence de la chaleur, des sels, des métaux lourds et d’autres antiseptiques sur les cultures de Bacille typhique employées dans le séro-diagnostic de la fièvre typhoïde (Acad. de méd. de Belgique, 21 mars 1897, et Sem. méd., 1897, n° 15, p. M4). (8) Joos, Ueber die Bedeutung anorganischer Salze für die Agglutination der Bakte- rien (Centralbl. für Bakt., 1te Abth., XXX, 1901, p. 853). 2 Untersuchungen über den Mechanismus der Agg glutination (Zeitschr. für Hygiene, XXXVI, 1901, p. 422, et XL, 140 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. réduire Ja réaction à une simple combinaison chimique entre la sub- stance agglutinable des microbes, la substance agglutinante du sérum et le chlorure de sodium, obéissant en tout aux lois chimiques présidant à ces combinaisons. La substance agglutinable diffuse du corps des microbes dans le mi- lieu. Dans les raies jeunes, elle est surtout dans les microbes; le bouillon s'en charge avec l'âge; il reste cependant toujours, dans les corps microbiens, des microbes bien lavés, mis en émulsion dans de l’eau distillée, pouvant encore être agglutinés. Les cils, lorsqu'il en existe, paraissent riches, en substance agglutinable, probablement parce qu'ils représentent une surface lrès grande de couche externe. L'origine des agglutinines est plus controversée. Pour Bordet, elles viendraient des leucocytes. Celle opinion n’est pas démontrée. Elles prennent cependant naissance dans le sang ; Kraus et Schiffmann (1) croient que c’est aux dépens de l’endothélium vasculaire. Leur passage au travers des parois des vaisseaux n'aurait lieu qu'après altération de ces parois; aussi l'urine ne devient agglutinante que lorsqu'elle ren- ferme de l'albumine. La production d’agglutinine se fait surtout sous l'influence de l'infec- tion. Le fait que les sérums spécifiques donnent au mieux la réaction d'agglutination l'avait fait considérer au début comme une véritable réaction d’immunilé (2) ; les recherches de Widal ont prouvé qu'il n'en était rien, car le phénomène existe pendant la période d'infection, et même plus marqué que dans la période d'immunité complète. C’est une véritable réaction d'infection, qui peut déjà s’observer très tôt dans l'infection, permettant ainsi un diagnostic souvent précoce. Aussi, la séro-réaclion el la méthode qui l’applique, le séro-diagnostic, rendent d'excellents services. À un point de vue général, le séro-diagnostic des microbes est des plus précieux pour la détermination exacte de bien des espèces. À un point de vue plus spécial, en matière clinique, le séro- diagnostic des infections rend de très grands services pour le diagnostic de beaucoup d'infections et tout particuliè rement la fièvre typhoïde, permeltant le diagnostic précoce des formes normales, celui des formes légères et anormales, si souvent méconnues, et la distinction nette de tous les états typhoïdes relevant d’autres causes que l'infection éber- thienne. Lesagglutinines ne se forment pas seulement sous l’influence de l’in- fection ou, d’une manière plus générale, de la pénétration dans l’orga- nisme d'éléments vivants étrangers, des globules rouges d'autre espèce par exemple; d'autres causes peuvent en déterminer la formation. Il existe dans le sang des agglutinines normales, pouvant être actives sur tel ou tel microbe. C’est le cas pour le Colibacille (3): le sérum de 1902, p. 203). — Étude expérimentale sur le phénomène de l'agglutination (Journ. méd. de Bruxelles, 9 mai 1901). — L’agglutination des microbes (Ibid. 7 août 1902). (4) Kraus et SciFrrManxx, Sur l'origine des anticorps, précipitines et agglutinines (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1906, XX, p. 225). (2) Prerrrer et Kozze, U eber die specifische Immunitäfsreaktion der Typhusbacillen (Zeitschr. für Hygiene et | 1896, p. 203). — Weitere Untersuchungen über die speci- fische Immunitätsreaktion der Choleravibrionen im Thierkôrper und Reagensglase (Centralbl. für Bakt., XIX, 1896, p. 129). (3) Grisse, Ueber Coliagglutinine (Centralbl. für Bakt., 1te Abth., Originale, XLVI, 1908, p. 359). TA Er 217 BACTÉRIES PATHOGÈNES. 141 beaucoup d'individus normaux est agglutinant pour ce microbe, parfois jusqu'à 1 p. 300 ; il en est de même pour le sérum d'espèces At AE diverses. En outre, des agglutinines peuvent être produites sous l'in- fluence de substances qui n’ont aucun rapport avec les microbes qui subissent l'agglutinalion : Collins (1) a vu le pouvoir agglutinant à l'égard du Bacille de la dysenlerie (\ype Flexner) augmenter dans de fortes proportions, chez le lapin inoculé, après injection de pancréatine, d'inverline, de nucléine, d'indol, descatol, même de phosphates alcalins ou terreux. Enfin, dansun même sérumspécifique, à côté de l'agglutinine prince ipale il peut se former des agglutinines secondaires, qui peuvent alors agir soit sur des espèces ou races microbiennes voisines, elles sont dites coagglutinines où agglutinines de groupe, soit sur des espèces bien différentes, héléroagglulinines. On ne peut donc pas dire que la réaction d’agglutination produite à l'aide d’un sérum spécifique est une réaction réellement et absolument spécifique. Elle n’a qu'une spécificité relative ou partielle. À côté de la partie réellement spécifique de lagglutination produite par l'aggluti- nine spécifique, 1l y a sa partie en quelque sorte indifférente, que peuvent déterminer les quantités d’agglulinines diverses, non spécifiques, qui se trouvent à côlé de la première. Des exemples démontrant le bien fondé de ces conceptions seront donnés lors de l'étude de diverses espèces microbiennes. Comme l'ont montré Widal et Sicard (2), le sérum typhique humain agglutine souvent les espèces paratyphiques à un taux assez élevé. Wilson (3) dit que le sérum des individus atteints de méningite cérébro-spinale peutagglutiner de 1: 50 à i : 400 le Bacille lyphique : le Colibacille; le Méningocoqueet le Gonocoque sont tousdeux agglulinés parleurs sérums spécifiques (4). Il y a, par contre, des exemples où l’agglutination parait très précise el pourrait passer pour absolument spécifique. C'est souvent le cas pour les diverses races du Bacille de la dysenterie par exemple. Le sérum d'un animal ou d'un malade infecté par le Bacille du type Shiga agglu- üine ce microbe et reste sans action sur le Bacille du type Flexner, d’après Martini et Lentz (5). Toutefois, le fait annoncé n'est pas constant, il y a des exceptions; certains sérums sont agglulinants pour les deux types; Dopter (6) a même vu le sérum d’un malade porteur du Bacille type Shiga ne pas agglutiner ce microbe et aggluliner celui du type Flexner. On peut tirer de là diverses conclusions au sujet de l’agglutination : qu'un sérum donné peut la provoquer dans des cultures microbiennes autres que celles du microbe qui a servi à l'oblenir ; que des sérums (1) Cours, The production of agglutinins in the animal body by theinoculation ot substances other than products of bacterial origins (Journ. of exper. med., X, 1908, p. 529). (2) Winaz et. Sicarp, Étude sur le séro-diagnostic et sur la réaction agglutinante chez les typhiques (Ann. de l’Inst. Pasteur, XT, 1897, p. 393). (3) Wizsox, On heterologous agglutinins (Congrès de Brilish medical Association à Belfast, juillet 1909). (4) Dorrer et Kocn, La coagglutination du Méningocoque et du'Gonocoque (Soc. de Biol., 1908, n° 27). (5) Marin et Lenrz, Ueber die Differenzierung der Rubrbacillen mittelst Aggluti- nation (Zeilschr. für Hygiene, 1902, XLI, p. 591). (6) Dorrer, Les dysenteries. Paris, Doin, 1909. 142 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. d'animaux normaux la produisent sur des microbes déterminés; que des produits chimiques injectés dans le sang peuvent donner à ce liquide la propriété de la produire ; que certains produits chimiques ont le pouvoir dela provoquer directement chez plusieurs microbes. On voit donc que, pour se servir de l’agglutination cofnme caractère de diagnose, il est tout à fait nécessaire de l’employer dansdes conditions déterminées, qui permettront d'apprécier l'énergie de la réaction pro- voquée., puis de faire un examen et une crilique serrée des résultats Ï obtenus, de façon à écarter aussi sûrement que possible les diverses causes d'erreur ou de variation. Tous les points importants dela question seront étudiés plus loin lors de l'étude technique des méthodes d’'obser- valion, puis surtout aux différents cas particuliers les plus intéressants dans la description des espèces. Précipilines. Kraus (1) a montré que lorsqu'on ajoute du sérum antityphique à une culture de Bacille typhique bien privée de microbes par filtration, il se forme un trouble fin; le liquide, par le repos, s'éclaircit et montre un léger dépôt formé de flocons fibrineux. Le même phéromène s'observe dans des culturesde Bacille de la peste et de Vibrion cholérique.'avec les sérums correspondants. C'est là une véritable précipitation. Il existe donc, dans les sérums immunisants, des substances qui occasionnent cette précipilalion ; Kraus les a nommées précipilines. Elles sont, comme les agglutinines, formées dans l'organisme sous l'influence des microbes ou des produits microbiens ; comme elles aussi, elles sont dirigées contre les éléments microbiens qu'elles contribuent à immobiliser, Le phénomène biologique de la précipitalion n’est pas spécial aux microbes, mais semble avoir une portée générale, comme celuidel’agglu- tüinalion. Ainsi le sérum d'un animal soumis à des injections de sang d’un animal d’une autre espèce devient précipilant pour le sérum de ce dernier; Uhlenhuth (2) en a fait de très intéressantes applications mé- dico-légales, montrant qu'il était possible par ce moyen de reconnaître la nature des taches de sang, en particulier de sang humain. Également en préparant des animaux avec une substance albuminoïde donnée, on oblient un sérum qui précipite électivement cette substance; on a là un moyen très sensible de reconnaitre la présence, dans l'urine par exemple, de telle ou telle matière albuminoïde. | Toutefois, le phénomène n'a pas une spécificité absolue. Il semble y avoir des précipitines agissant à la fois sur plusieurs espèces micro- biennes; telle celle du sérum antiméningococcique qui agit sur le Méningocoque, mais aussi bien sur le Gonocoque, le Pneumocoque et d'autres espèces voisines; telles aussicelles des sérums antidysentériques qui précipitent les diverses races du Bacille dysentérique. Dopter croit (1) Kraus, Ueber specifische Reaktionen in Keimfreien Filtraten aus Cholera- Typhus-Pesthazillenkulturen erzeugt durch homologes Serum (Wiener klin. Wo- chenschr., 1897, n° 32). (2) Unrexauru, Das biologische Verfahren zur Erkennung und Unterscherdung von Menschen-und Tierblut, sowie anderer Eiweissubstanzen und seine Anwendung in der forensischen Praxis. Iena, G. Fischer, 1905, Li FÉSORTATR à HACTÉRIES PATHOGÈNES. 143 ici à l'existence dans un même sérum de plusieurs précipitines difré- rentes, de coprécipilines; l'une d’entre elles, seule, serait réellement spécifique. I} faut, tout de même, n'attribuer à de telles réactions qu'une valeur relative dans la détermination. Au point de vue de leur nature, les précipitines sont voisines des agglu- Uünines ; elles résistent quelque temps à 55°, mais sont détruites vers 65°. Elles coexistent avec les agglutinines; un sérum qui a précipité ne perd pas son pouvoir agglutinant; il y a toutefois entre les deux phéno- mènes: précipitalion et agglutination, des connexions très intimes, le premier ne constituant en quelque sorte que la phase de début du second. D'après von Dungern (1), les éléments figurés du sang participent à la genèse des précipitines; Kraus et Levaditi (2) en ont reconnu la pré- sence à l'intérieur des leucocytes : Kraus et Schiffmann (3) concluent qu'elles se forment bien dans le système vasculaire, pas du tout dans les organes, sans pouvoir préciser si cesontles globules blancs, les globules rouges ou les éléments endothéliaux qui agissent comme producteurs. La marche à suivre pour la constatalion de ces faits intéressants sera exposée plus loin, à la Technique bactériologique et lors de l'étude des espèces pour lesquelles ils doivent intervenir. Anliloxines. La lutte contre les toxines se fait par des processus analogues à ceux employés contre les microbes, par des réactions cellulaires et des mo- dificalions humorales. Les premières dépendent de la phagocytose proprement dite : les phagocytes fixent et détruisent les toxines. Dans celle /onclion anliloxique, les leucocytes ont un rôle important; à côté d'eux viennent les cellules hépatiques, les éléments de la rate et de la moelle osseuse, ceux du corps thyroïde et des capsules surrénales, comme le montrent les expériences de Charrin et Langlois (4). Les modifications humorales consistent dans la formation, sous l'in- fluence des antigènes constitués par les toxines, d'anticorps spéciaux, les antiloxines. La découverte, par Behring et Kitasako (5), du pouvoir anliloæique du sérum des animaux soumis à l'action des toxines du Pacille du lélanos et du Bacille de la diphlérie, a conduit ces expérimentateurs à admettre la présence dans le sang d'une substance particulière agissant contre la toxine, en annihilant les effets, une véritable antitoxine. C'est bien un produit spécial, réellement spécifique, puisqu'il ne se forme que sous l’action de toxines véritablement spécifiques. On n'en trouve généralement pas dans le sang des animaux naturellement réfractaires à l'infection considérée. Celle propriété antiloxique est tout à fait distincte du pouvoir bac- (1) Vox DuxGer\, Die Antikôürper. lena, G. Fischer, 1903. (2) Kraus et Levaorri, Sur l'origine des précipitines (C. R. de l'Acad. des se., 1904). (3) Kraus et Scirrmanx, Sur l’origine des anticorps, précipitines et agglutinines (Ann. de Ulnst. Pasteur, 1906, XX, p. 225). (4) Carr, Les fonctions antitoxiques (Sem. méd., 1895, n° 18). (5) BenmiNG, Deutsche med. Wochenschr., 1890, n° 50. — Kirasaro, Zeilschr. für Hygiene, X, 1891, p. 267. 144 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OÙ ELLES VIVENT. téricide ; un chauffage à 55°, qui détruit le dernier, n’a aucune action sur la première. La première idée qui est venue à l'esprit des expérimentateurs était que cette antitoxine était une simple modification, une transformation directe de la toxine. Bien des faits vont contre cetle théorie; la trans- mission héréditaire du pouvoir antitoxique et de limmunité, néttement établie comme nous le verrons plus loin, les rapports de ce pouvoir antitoxique avec les variations d'éléments déterminés, la production nouvelle d'antitoxine observée chez des animaux auxquels on enlève, par des saignées répétées, une quantité de sang égale au volume total du liquide, sans diminuer très sensiblement son pouvoir antitoxique, tout cela dénote nettement que la substance antitoxique provient de l'organisme lui-même, qui la produit sous des influences de la toxine spécifique. Le sérum gagne donc un pouvoir antitoxique. Dans les infections ordinaires, ce pouvoir antitoxique est assez faible, l'organisme ne pro duisant qu'une quantité restreinte d’antitoxine. Il peut devenir très grand chez les animaux soumis à l’action de très fortes quantités de toxines, comme ceux que l’on immunise pour obtenir un sérum théra- peutique. L'antitoxine ne se trouve pas seulement dans le sang, mais dans d'autres liquides ou humeurs, normales ou pathologiques, de l'orga- nisme. On en a signalé la présence dans le lait (1), l'urine, les sérosités pathologiques du péricarde, de la plèvre, du péritoine, etc. L'anti- toxine de ces humeurs provient naturellement du sang. La nature des antitoxines est peu connue. Guérin et Macé (2) consi- dèrent l’antitoxine diphtérique du sérum des chevaux immunisés à l'égard de la diphtérie comme une substance appartenant au groupe des diastases ; elle en présente en effet la plupart des propriétés. L'organisme peut produire des antitoxines sous l'influence de toxines autres que les loxines microbiennes : ainsi pour l'abrine du jéqui- rity, la ricine du ricin (3), les toxines de Champignons vénéneux, les toxines du venin de serpent (4, du sang de l’anguille (5). La formation d'antitoxines, comme, d’une façon générale, la formation d'anticorps, parait donc être bien un procédé général de défense contre toute une catégorie de toxiques et non pas, comme on l’a cru longtemps, une fonction dirigée spécialement contre les éléments microbiens. Le mode d'action de l’antitoxine sur la toxine, la neutralisation par- tielle ou totale des effets de la toxine, est encore bien peu connu. On avait pensé au début à une véritable destruction de la toxine par (1) Euruicx, Ueber Immunität durch Vererbung und Saügung (Zeilschr. für Hygiene, XII, 1892). — Briecer et Enriicn, Beiträge zur Kenntniss der Milch immunisierter Thiere (1bid., XIII, 1893). (2, Guérin et Macé, Sur l’antitoxine diphtérique (C. R. de l’Acad. des sc., 5 août 1895). (3) Enruicu, Zur Kenntniss der Antitoxinwirkung (Fortschr. der Med., 1897, n° 2, p. 41). — CALMETTE et DéLréarpe, Sur les toxines non microbiennes (Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, p. 679). (4) Cazwerre, Sur le venin des serpents (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 275; IX, 1895, p. 225; XT, 1897, p. 214). (5) Héricounr et Ricurr, Sérothérapie in vitro dans l’intoxication par le sang d’an- guille (Soc. de Biol., 10 avril 1897). e BACTÉRIES PATHOGÈNES. 145 l’antitoxine, comme ferait un acide mélangé à une base. Mais bien des expériences démontrent que la toxine n'est ni neutralisée, ni détruite ; Wassermann, avec le sérum antipyocyanique, montre que le chauffage à 80° détruit l’antitoxine et n’agit pas surla toxine, dont les effets peu- vent alorsétre manifestes; Roux et Calmette ont observé les mêmes effets avec le sérum antivenimeux et le venin de serpent, qui se rapproche beaucoup des toxines microbiennes. Dans le mélange, la toxine et l’anti- toxine gardent leur individualité. Le fait de voir annihiler les effets de la toxine serait comparable à ce qu'on appelle action de présence dans certaines réactions chimiques. Ou bien l’antitoxine agirait en excitant l’action leucocytaire, agirait sur les leucocytes comme les sensibilisa- trices agissent sur les microbes pour l’alexine, provoquant une fixation énergique des toxines dans le protoplasma leucocytaire qui mettrait en jeu une activité destructive. Ehrlich (1) donne de cette action une explication un peu compliquée. Pour lui, la molécule de toxine se composerait de deux groupements, un groupe haplophore et un groupe loxophore. Le groupe haptophore, très stable, non toxique, fixerait l’antitoxine. Le groupe toxophore per- drait vite ses propriétés toxiques et finirait par se transformer en pro- duits peu actifs, les {oxones, ou tout à fait inertes, les foxoïdes. Les toxoïdes et les toxones seraient des toxines dont le groupe toxophore est ainsi modifié et qui gardent intact leur groupe haptophore. C’est le groupe haptophore qui, introduit dans l'organisme, produit l’immunité. Ce qui paraît cerlain aujourd'hui, c'est la fixation des antitoxines sur les toxines, fixation qui produit une sorte de neutralisation de leurs affinités, sans toutefois les détruire. Nous reviendrons encore plus loin sur les antitoxines à propos de limmunité. Opsonines. L'existence, dans le sérum, de produitsactivant la phagocytose a été signalée depuis longtemps; Metschnikoff (2) avait remarqué l'action véritablement stimulante des sérums spécifiques sur la phagocytose et admis qu’elle était due à des substances spéciales, les stimulines, qui agissaient directement sur les phagocytes. Plus tard, Wright et Douglas (3), observant la phagocytose du S/aphylocoque doré par les leucocytes normaux, ont remarqué que sans sérum il ne se produisait presque pas de phagocytose. On a même nié la phagocytose spontanée, se produisant sans l’action de ces activants spéciaux ; les expériences de Metschnikoff et de Lühlein {4) montrent qu'il faut réellement l'ad- mettre. Les globules blancs du sang, en particulier, possèdent bien la (1) Eric, Mode de production et action des antitoxines (Sem. méd., 6 décembre 1899). — Die Schutzstoffe des Blutes (Deutsche med. Wochenschr., 26 décembre 1901). — Eunuicx et Sacus, Ueber die Vielheit des Complemente des Serums (Berl. klin. Wochenschr., 1902, nos 14 et 15). (2) Merscanikorr, L'immunité dans les maladies infectieuses, 1901. (3) WriGur et DouGLas, On the action exerted upon the Staphylococcus pyogenes by human blood flind and on the elaboration of protective elements in the human organism in response to the inoculation with a Staphylococcusvaccine (Proceed. Roy Soc., 1904, LXXIV, p. 147). (4) Lônveix, Sur la phagocytose in vitro des microbes pathogènes (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1905, XIX, p. 647, et 1906, XX, p. 939). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 10 146 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. propriété de phagocyter certaines espèces de Bactéries sans le secours d'aucun élément ou produit étranger. Mais on doit reconnaître qu'il existe des substances qui facilitent la phagocytose ou l’excitent lors- qu'elle peut être faible ou insuffisante. De telles substances sont certainement beaucoup plus abondantes et plus actives dans les sérums d'animaux immunisés. En étudiant le phé- nomène de Pfeiffer (p. 133), on remarque qu'il y a, dans les résultats observés, une différence considérable entre le cobaye normal et le. cobaye immunisé. Dans le cobaye immunisé, il se fait une destruction rapide des Vibrions, il s'opère en particulier une phagocytose intense ; danslecobaye neuf, la phagocytose est faible, peu marquée. Les phago- cytes sont done influencés dans le premier cas. On doit conclure que, sous l'influence de l'invasion microbienne, de l'infection, il se forme dans le sérum des produits qui influencent à un très haut degré la phagocytose. Wright et Douglas (1), qui ont tout spécialement attiré l'attention sur ces substances, les ont dénommées opsonines, (de okcvew, je prépare), montrant qu'elles se fixent sur les mi- crobes, sans que des lavages répétés puissent les enlever, et qu'elles les disposent, les préparent, les mordancent pour ainsi dire, pour subir l'action des phagocytes; elles les sensibilisent à subir cette action. De telles substances existent aussi dans le sérum normal, mais en proportions moindres et avec des qualités un peu différentes, comme il sera dit plus loin. On est peu fixé sur la nature de ces opsonines, qui doivent probable- ment être considérées comme des corps voisins des précédents. Elles paraissent associées aux globulines du sérum. Les opsonines dessérums immunisants sont thermostabiles, résistent trente minutes à un chauf- fage à 56°; une chauffe de dix minutes à 60° les détruit. Celles des sérums normaux, thermolabiles, sont détruites par le chauffage à 56°. Lorsqu'on fait d'abord agir les sérums opsonisants sur les microbes, ceux-ci subissent leur action préparatoire ; si l'on vient alors à faire agir la température dans les limites indiquées, la phagocytose s'opère comme avant chauffage. Wright et Douglas donnent les chiffres suivants pour montrer l'influence de la chaleur : Nombre moyen par leucocyte de Bactéries phagacytées. AVATAR EE ERP EE Ne cepe ra. Pl To 12,7 Après chauffage à 19° pendant dix minules.................... 13,1 — à 20° —- VMS: ss trces dures. 10,2 — à 99° — = der trede ee dass sn D Le pouvoir opsonisant semble être une qualité assez fragile; même à l'obscurité, le sérum perd graduellement son activité qui se trouve diminuée de près de 50 p. 100 après cinq ou six jours. Bien des auteurs, Wright et Douglas principalement, sont partisans de la spécificité rigoureuse des opsonines. Pour eux, suivant les besoins, suivant l’excitation du microbe spécial, l'organisme réagit en produisant exclusivement telle opsonine correspondante, qui favorise la phagocy- tose à l'égard du microbe qui est intervenu. D'autres, au contraire, ne (1) Wrucur et Douaras, Further observations on the role on the Blood fluids in connection with Phagocytosis (Proceed, of royal Society, 1904, LXX VIII, p. 128). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 147 reconnaissent à l’action aucune spécificité, assurent que les opsonines produites se fixent indifféremment sur n'importe quels microbes qu'elles sensibilisent pour la phagocytose. IT faut cependant reconnaitre qu'il y a des cas où l’augmentation du pouvoir opsonisant se fait bien nette- ment pour le microbe qui a fourni le sérum opsonisant; c'est surtout le cas pour le Bacille lyphique, comme l'a faitremarquer Milhit (1). On peut donc reconnaitre aux opsonines une spécificité relative. Leur origine est encore douteuse. Pour Metschnikoff et Levaditi, elles sont manifestement d'origine leucocytaire. Ce n'est pas suffisamment démontré. On peut penser que les leucocytes en produisent réellement, mais d’autres éléments aussi, peut-être ceux de l'endothélium vascu- laire. D'après ce qui a été dit sur la spécificité des opsonines, on voit que leur individualité même peut être raisonnablement mise en jeu. Il y a en effet des raisons pour les rapprocher dans certains cas de l’alexine ; les opsonines des sérums normaux sont thermolabiles comme elle, puis Levaditi et Inmann (2) ont montré que les propriétés opsonisantes des sérums normaux paraissaient dépendre de leur teneur en alexine. D'un autre côté, des expériences de Sawtschenko (3) tendent à prouver que les opsonines des sérums immunisants, plutôt thermostabiles et déterminant une fixation spécifique, sont ou identiques ou intimement liées avec les sensibilisatrices. Il se peut même que l'on n'ait pas affaire, dans ce cas, à des produits spéciaux formés dans les sérums, mais à des propriétés renforcées ou exaltées sous l'influence des actions qui interviennent, à un pouvoir opsonique où opsonisant, plutôt qu'à des substances propres formées dans ces conditions par l'organisme attaqué. Outre son importance théorique, la constatation de ces faits peut être d’un grand intérêt pratique. Comme il semble y avoir rapport entre l'apparition et le développement de ces opsonines ou de ce pouvoir opsonisant, son intensité, ses variations, el le degré de résistance de l'organisme à l'infection, on peut, en clinique, tirer de telles données d'excellentes indications dans différents cas. Ce sont de très bons ren-. seignements pour établir le pronostic. Il est aussi possible de suivre à leur aide les variations de résistance del’organisme à l'égard de microbes ou de produits microbiens introduits dans un but thérapeutique ; Wrighten atiré d'importantes déductions au point de vue de l'injection de vaccins microbiens divers ou de tuberculine. La manière de faire pour arriver à la constatation de ces faits, la critique et la valeur des résultats obtenus, seront exposées plus loin, lors de l'étude de la Technique bactériologique. Toutefois, les microbes et les substances microbiennes ne semblent pas seuls à intervenir dans la production des opsonines ; des substances chimiques, les métaux colloïdaux par exemple (4), peut-être même cer- (1) Mrmir, Spécificité des opsonines. Diagnostic opsonique de la fièvre typhoïde (Arch. de méd. erpér., 1908, XX, p. 401). (2) Levaorrr et Ixmanx, Contributions à l’élude des opsonines ; mécanisme de l’opso- nisation (C. R. de la Soc. de Biol., 1907, LXII, p. 683, 725, 817 et S69). (3) Sawrscnexxo, Du rôle des immunisines (fixateurs) dans la phagocytose (Ann. de l’Inst. Pasleur, 1902, XVI, p. 106). (4) Bossan et Mancezer, Le métaux colloïdaux. Étude sur leur action et leur effet sur le pouvoir phagocytaire (Gaz. des hôpitaux, 10 sept. 1908). , s & [” 148 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OÙ ELLES VIVENT. taines actions physiques, semblent agir dans le même sens. C'est un appoint pour la thérapeutique des infections. Les baclériotropines de Neufeld (1) ne DATA SSR pas devoir être dis- tinguées des opsonines. G Yependant, à côté des fonctions de défense que peut mettre en jeu l'organisme attaqué, il existe des acbons qui vont directement à leur encontre, qui contrarient la résistance de l'organisme, s’opposant à la phagocytose ou allant contre l’action des substances bactéricides. Ces . effets contrariants peuvent provenir du microbe introduit ou de l’orga- nisme lui-même. Il en est ainsi, par exemple, de ces produits solubles prédisposants dont il a été question précédemment (p. 127). De tels produits sem- blent surtout agir en diminuant l’activité des phagocytes. La /euco- cidine, trouvée par Van de Velde (2) dans les sécrétions du S/aphylo- coque doré, s'attaque aux globules blancs dont elle provoque la dégénérescence et la mort. Cette leucocidine est thermolabile, détruite aux environs de 55°. Dans celte catégorie de substances doivent rentrer aussi les aggres- sines de Bail (3). Ce sont des produits que les microbes pathogènes sécrètent dans l'organisme vivant, possédant le rôle évident de com- battre les moyens de résistance que fait agir l'organisme frappé. Tous les microbes pathogènes n’en forment pas ;: Baïlen a reconnu chez le 3acille typhique, le Colibacille, le Vibrion du choléra, le Staphylocoque doré, le Bacille du choléra des poules, le Bacille de la peste porcine. Pour Wassermann et Citron, des aggressines pourraient également se former hors de l'organisme, dans les cultures, au moins pour cer- lains de ces microbes. Pour remplir leur rôle, les cellules phagocytaires doivent être protégées contre ces aggressines microbiennes par un renforcement de leur activité. Tchistowitch et Yourévistsch (4) ont reconnu que les cultures viru- lentes de Pneumocoque et de Bacille du choléra des poules contiennent des substances qui défendent ces microbes contre la phagocytose, substances spécifiques, n'empêchant la phagocytose que pour l'espèce microbienne dont elles proviennent. Ils les nomment antiphagines. I y a opposition entre ces substances empêchant la phagocytose, aggressines et antiphagines, et celles qui la favorisent, les opsonines en par rlic ‘ulier. Le résultat dépend des proportions et de l’activité des pro- duits mis en présence. Ces aclions contraires peuvent être le fait de l'organisme attaqué. Après une première alteinte, un organisme peut devenir plus sensible à un microbe ou à ses poisons. C’est une explication que l’on peut donner des fails d'anaphylaxie dont il sera parlé plus loin à propos de l'immu- nité. (1) Neurx1v, Ueber bakteriotrope Immünstoffe (Med. Klinik, 1908). — Ueber Abtod- tung der Bakterien innerhalb der Leucocyten (Mikrobiol. Ver., 1908). (2) Vax pe Verne, Étude sur le mécanisme de la virulence du Staphylocoque pyogène (La Cellule, XT, fase. 2}. (3) Barr, Fortschrite in der Erforschung der Bakterienaggressivilät (Berl. klin. Wochenschr., 1907, n° 24). (4) Toenisrowiren et Younévirscn, Sur les opsonines et les antiphagines dans l’infec- Üon pneumococcique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXII, 1908, p. 611). — TcnisrowiTen, Sur les antiphagines du microbe du choléra des poules (Zhid., XXII, 1909, p. 834). ee 7 BACTÉRIES PATHOGÈNES. 149 D'après ce qui vient d'être exposé, la résistance de l'organisme à l'infection peut apparaître comme un phénomène bien complexe, où interviennent des actions multiples et variées, pour une part qui est loin d’être nettement déterminée pour chacune d'elles. La phagocytose et l’action bactéricide des humeurs doivent de beaucoup se placer au premier rang. Ces deux processus consistent évidemment dans la mise en jeu d'activités propres de l'organisme; on doit leur reconnaître un fond commun évident, c'est la grande importance des leucocytes, qui sont, d’un côté, les éléments phagocytaires de beaucoup les plus actifs, et qui, d’un autre côté, semblent bien produire sinon toutes les substances à action bactéricide, du moins les plus importantes d’entre elles. Dès lors, l'action bactéricide deviendrait l’un des termes de la phagocytose, qui apparaîlrait réellement comme le processus fonda- mental de la défense de l'organisme. Les leucocytes seraient les véri- tables agents de défense de ce dernier. Pour satisfaire à ce rôle, ils usent de leur extrême sensibilité à toutes les actions mises en jeu; attirés par leur chimiotaxie, excités par les opsonines, aidés par toutes ces substances, alexine et sensibilisatrices, agglutinines, précipitines, antitoxines, produites dans le but adjuvant voulu par lPorganisme ou souvent par eux-mêmes, ils se dirigent par leurs mouvements actifs vers les microbes qu'ils englobent, tuent etdigèrent, ou vers les toxines qu'ils détruisent. Leur très grand nombre, leur production facile dans un organisme actif, leur transport aisé à l'endroit voulu, sont ici des conditions précieuses; leur action peut encore se faire sentir au loin par la diffusion de leurs sécrétions bactéricides. L'action des différents organes serait plutôt secondaire et dépendrait probablement de la leu- cocytose qui peut s'y opérer (1). Les différents organes paraissent avoir, au point de vue de l'infection, un rôle des plus important. Ceux dont l'influence est le plus manifeste sont les plus riches en réseaux vasculaires, probablement parce que les microbes introduits dans la circulation s’arrêtent dans le premier réseau capillaire qu'ils rencontrent et subissent alors plus facilement et plus longtemps l’action de l'organe oùils se trouvent. L'effet produit varie beaucoup suivant l'organe et aussi suivant le microbe. Il est encore difficile d’énoncer des règles générales sur ce point. L'agent infectieux peut arriver par la voie lymphatique ou par la voie sanguine ; il rencontre, suivant les cas, des organes bien diffé- rents. Les ganglions lymphatiques paraissent avoir, à l'égard de l'organisme, un rôle de protection des plus important (2). Ce ‘sont réellement des organes d'arrêt pour les microbes ou leurs produits. Les microbes peuvent y séjourner longtemps, leur destruction s’y faisant lentement ; ils peuvent passer au delà: l'expérience démontre alors que leur virulence est notablement diminuée; ils peuvent y vivre, s’y développer, (1) Waurers, Sur la répartition des substances bactéricides dans les différents organes (Arch. de méd. expér., X, 1898, p. 751). (2) Perez, Ueber das Verhalten des Lymphdrüsensystems den Mikroorganismen gesenüber (Centralbl. für Bakt., XXII, 1898, p. 404). — Besançon et LaBsk, Du rôle du ganglion dans les maladies infectieuses (Arch. de méd. expér., 1898, p. 318). 150 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT, mais les symptômes produits sont aussi modifiés, diminués : ainsi le Bacille de Koch y déterminant une tuberculose atténuée, la véritable scrofule. Ces ganglions sont le siège des mêmes phénomènes réaction- nels que ceux qui ont été observés au début de l'infection, au point d'inoculation, congestion, leucocytose, diapédèse : ils réagissent comme tout l'organisme; c'est en somme ici aussi la phagocytose qui est le grand facteur. Le rôle de la rate est plus obscur (1). On observe de grandes diffé- rences suivant les infections. Cet organe paraît être tantôt utile, tantôt nuisible à la défense, très probablement suivant la nature des produits qu'il sécrète. Dans bien des expériences, l’extirpation de la rate, ou la ligature de son pédicule vasculaire, atténue la gravité des infections microbiennes ; sonaction paraît donc plutôt défavorable dans l'infection. Par contre, l'organe ne paraît avoir aucune action sur les toxines intro- duites dans le sang. La moelle osseuse, où se produisent en quantité les leucocytes polynu- cléaires, serait un des organes de défense les plus importants. L'appareil digestif a certainement un rôle protecteur. L'estomac agit nettement dans ce sens, d’abord par l'acidité du suc gastrique, qui paraît bien entrer en ligne de compte, quoi qu'on en dise. L'intestin met en jeu l’action de l'épithélium de la muqueuse et ses sécrétions. De plus, l'estomac et l'intestin agissent sur les toxines en les détruisant ou en les atténuant (2). L'action protectrice du foie paraît bien évidente. Les expériences de Roger démontrent qu'il arrête et détruit certains microbes, le Bacille du charbon et le Staphylocoque doré ; par contre, il favoriserait le S/replo- coque. Le jeûne et la mauvaise alimentation diminuent le rôle pro- tecteur (3). La sécrétion du pancréas alténue notablement les toxines. d’après Charrin (4). Le poumon à une action protectrice marquée à l'égard du S/replo- coque, d'après Roger (5 (5) Les organes d’° élimination jouent aussi un grand rôle dans la dé- fense. Le rein vient en première ligne. Sonimporlance estabsolument démon- trée par les désordres observés à la suite de la rétention des poisons urinaires d'origine microbienne évidente. L'élimination des Bactéries pathogènes pour le rein est démontrée depuis longtemps. Petruschky (6) fait jouer au rein, dans la fièvre typhoïde, le rôle prédominant pour (1) Counmoxr et Durrau, Du rôle de la rate dansles infections (Arch.de méd. expér., 1898, p. 430), — Brumawic et Jacom, Ueber die Bedeutung der Milz bei künstlichen und natürlichen Infectionen (Zeitschr. für Hygiene, XXIX, 1898, p. 419). (2) CHarrix, Action des sucs digestifs sur les toxines (Soc. de Biol., 30 juillet 1898), (3) Rocer, Action des organes sur les microbes (Soc. de Biol., 12 mars 1898). — De l’action protectrice du foie (Zhbid., 15 octobre 1898). — Rocrr et Garnier, Influence du jeûne et de l'alimentation sur le rôle protecteur du foie (1bid., 18 mars 1899). (4) CHarrix, Action du pancréas sur les toxines (Soc. de Biol., 18 mars 1893). (5) Rocen, Sur le rôle protecteur du poumon contre l'infection streptococcique (Soc de Biol., 23 octobre 1897). (6) Pernauscuky, Ueber Massenausscheidung von Typhusbacillen durch den Urin von Typhus Rekonvalescenten und die epidemiologische Bedeutung dieser Thatsache (Centralbl. für Bakl., XXTII, 1898, n° 577). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 151 l'élimination bacillaire ; Bield et Kraus (1) lui reconnaissent aussi un grand rôle pour d’autres infections, alors qu'ils n’ont rien observé pour les glandes salivaires et le pancréas. D’après Rolly (2, les reins normaux pourraient souvent laisser passer des microbes. D'autres expérimenta- teurs sont d’un avis contraire et disent que le passage ne se fait qu'à la suite de lésions pathologiques de l'organe (3). Kriklivy (4) n’a rien obtenu pour la sueur avec le Bacille du charbon. Le degré de résistance à un même parasite peut varier dans des limites très larges suivant l'espèce, la variété, la force de l'individu ou simplement son âge. Ainsi, on voit la souris des champs résister à une septicémie qui tue la souris de maison, bien voisine d'elle cependant. Un exemple plus frappant encofe est offert par la résistance au charbon d'une race de moutons d'Algérie, les moutons barbarins, ne différant en rien de leurs congénères d'Europe (5). L'âge est un des facteurs dont l'influence est le plus manifeste : le chien, très sensible au charbon lors- qu'il est jeune, devient rapidement réfractaire avec l’âge. Bien des cul- tures atténuées de Bactéries pathogènes, sans action sur les animaux adultes, en gardent une très manifeste sur les jeunes, et d'autant plus forte qu'ils sont moins âgés. La raison de la résistance de ces orga- nismes n’est guère connue. Elle tient peut-être à l’état du sang qui, plus riche, pourrait soutenir plus longtemps la lutte. D’après P. Bert (6), le sang des animaux originaires dés hauts lieux présente une capacité d'absorption pour l'oxygène bien supérieure à celle des animaux des régions basses. C’est peut-être cette forte proportion d'oxygène qui permet aux moutons barbarins de résister si complètement à l'invasion de la Bactérie charbonneuse. La différence dans les processus phago- cylaires ou l’action bactéricide des humeurs peut jouer un rôle. Dans un même organisme, il peut y avoir lutte entre des espèces diffé- rentes. D'habitude, l’une se développe plus vite et parvient à étoufter ses voisines ou, tout au moins, à diminuer et masquer leur action. C'est, du reste, ce que l’on observe souvent dans les cultures où plu- sieurs espèces sont mélangées ou ensemencées ensemble intentionnel- lement; beaucoup de Bactéries exercent sur d’autres une action nui- sible manifeste. Ce fait d'antagonisme a été signalé en premier lieu par Garré (7) qui, en expérimentant avec les cultures sur milieux solides, (1) Bi£zo et Knaus, Ueber die Auscheidung der Mikroorganismen durch drüsige Organen (Zeitschr. für Hygiene, XX VIT, 1897, p. 393). (2) Rozzx, Zur Frage der Durchgangigkeit der Niere für Bakterien (Münch. mediz. Wochenschr., 1909, p. 1873). (3) Orrrz, Beiträge zur Frage der Durchgängigkeit von Darm und Nieren für Bakte- rien (Zeitschr. für Hygiene, XXIX, 1898, p. 505). — Ménx, Note sur l'élimination des Bactéries par les reins et le foie (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 415). — Vox Krecxr et Wrozek, Zur Frage der Auscheidung von Bakterien durch die normale Niere (Arch. für exper. Pathol., LIX, 1908, p. 145). (4) Krrzivx, Sur l'élimination des microorganismes pathogènes par la sueur (Wratsch, 1897, n° 8). (5) CHauveau, De la prédisposition et de l’immunité pathologiques (C. R. de l’'Acad. des sc., LXXXIX, 1879, p. 498). (6) P. BerT, C. R. dé l'Acad. des st., XCIV, 1882, p. 805. (7) Garré, Ueber Antagonisten unter Bacterien (Correspondenzbl. für Schweizer Aertze, XVII, 1887), 152 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. avait remarqué que le milieu, débarrassé par raclage de la culture, était devenu impropre à la vie d’autres Bactéries. Freudenreich (1) approfondit le même sujet en se servant, comme milieu de culture, de bouillon où il ensemençait une certaine espèce, attendait son dévelop- pement complet, puis filtrait sur une bougie Chamberland ; le liquide stérile lui servait alors à ensemencer d’autres espèces. Pour beaucoup d'espèces, le développement était nul ou faible ; d'autres, au contraire, ne semblaient pas influencées. Soyka (2) a obtenu des résultats très : semblables. L'effet antagoniste semble être dû à des causes diverses. Une pre- mière, signalée depuis longtemps, est la soustraction d'oxygène qu’une espèce opère dans un mélange d'aérobies plus rapidement que les autres. Lorsqu'une espèce parvient à former à la surface d’un bouillon de culture un voile continu, s’il existe dans la masse du liquide d’autres espèces qui ne peuvent s'adapter à la vie sans air, elles tombent en vie latente ou périssent souvent. Mais, d'après les expériences citées précédemment, la cause la plus commune de cet effet nuisible est la production dans le milieu de culture de substances excrétées par la Bactérie, substances qui peuvent être nuisibles à un haut degré pour toutes les autres espèces ou pour certaines seulement. C'est ce que Guignard et Charrin (3) ont démontré en cultivant ensemble le Bacille du pus bleu et le Bacille du charbon. Le premier de ces microorganismes prend rapidement le dessus; le second dégénère d’abord, puis disparaît. Le même résultat s'obtient en ensemençant une grande quantité de culture charbonneuse dans les produits solubles du Bacille du pus bleu. L'antagonisme de ces deux espèces ne se montre pas seulement dans les cultures, mais encore dans l'organisme animal : Bouchard a mon- tré que leur inoculation simultanée au lapin détermine dans la moitié des cas une survie de l’animal, alors que l’inoculation du charbon seul est régulièrement mortelle. Une espèce donnée peut aussi se rendre un milieu impropre. Chan- temesse et Widal (4) l'ont remarqué pour le Bacille typhique. Si lon vient à enlever, par un raclage soigné, le produit d'une culture de ce microbe à la surface de la gélatine et que l’on ensemence à nouveau ce même milieu, on n'y observe aucun développement. Ce fait, il est vrai, ne se rencontre pas pour toutes les espèces ; ainsi Pasteur a annoncé depuis longtemps que le Bacille du charbon se développait bien dans des bouillons charbonneux débarrassés de leurs éléments vivants par filtration sur porcelaine. Cette même Bactérie, du reste, a donné à Freudenreich des résultats positifs avec tous les bouillons de culture qu'il a expérimentés, sauf avec celui du Spirille du choléra. Dans d’autres cas, il semble au contraire que certaines espèces faci- litent, en particulier dans l'organisme animal, le développement (1) FreupexreicH, De l’antagonisme des Bactéries et de l’immunité qu'il confère aux milieux de culture (Ann. de l'Inst. Pasleur, 1888, p. 200). (2) Soyka, Die Entwickelung von pathogenen Spaltpilzen unter dem wechselseitigen Einfluss ihrer Zersetzungsprodukte (Fortschr. der Med., 1888, p. 769). (3) Guiexanp et CHarnix, C. R. de l'Acad. des sc., 8 avril 1889. (4) Cnanremesse et Winar, Recherches sur le Bacille typhique et l’étiologie de la fièvre typhoïde (Arch. de physiol., 1887). RAR, fi BACTÉRIES PATHOGÈNES. - 153 d’autres, ou au moinsexaltent leurs effets. Il existe une véritable associa- lion microbienne (1) entre de telles espèces. Roger (2) en a cité un cas très intéressant. Le lapin est réfractaire aux inoculations de Bacille du charbon symptomatique. Vient-on à mélanger une goutte d’une sérosité contenant cet agent infectieux à 1 centimètre cube d’une culture de Micrococcus prodigiosus, qui seul ne détermine presque rien chezle lapin à de plus fortes doses, l'animal succombe en moins de vingt-quatre heures. On peut stériliser la culture de Wicrococcus prodigiosus par un chauffage à 104° sans que le résultat soit modifié ; il est donc causé par la présence d'une substance soluble supportant cette haute tempé- rature sans se décomposer. Monti (3) a même observé que les produits solubles sécrétés par certaines Bactéries saprophytes, entre autres le Proteus vulgaris, commun dans les putréfactions animales, pouvaient, par leurs inoculations, renforcer la puissance nocive de certaines espèces pathogènes, qui s'était affaiblie sous des influences diverses. Tout ceci se comprend depuis que l’on sait que les Bactéries produisent souvent des substances diffusibles qui ont pour effet de diminuer, d'une facon générale, la résistance d’un organisme, en contrariant la phagocy- tose ou en amoindrissant la puissance bactéricide du sang. Dans ces associations microbiennes, on peut rencontrer en présence une espèce pathogène et des saprophytes ordinairement inoffensifs (4) qui agissent indirectement, comme nous l'avons vu, ou plusieurs espèces pathogènes ; dans ce dernier cas, celles qui sont moins actives ou qui sont venues en dernier profitent en quelque sorte de la voie ouverte, de la diminution de la résistance de l'organisme due à l'action de la première : il se produit une infection mixte. La virulence des espèces pathogènes est une propriété physiologique qui paraît due, nous l'avons vu, dans bien des cas, sinon dans tous, à la production de substances toxiques dont l’action explique, en tout ou en partie, les effets observés ; pour d’autres, elle semble être en rapport plus direct encore avec le développement et la vitalité de l'espèce, du moins dans l’état actuel de nos connaissances. Aussi ne doit-on pas s'étonner de voir que toutes les influences qui diminuent la vitalité d’une espèce atteignent aussi, par cela même, son degré de virulence, qu'elles peuvent diminuer, allénuer comme on dit. Nous savons que les spores résistent considérablement à toutes ces actions débilitantes ; pour qu'il y ait allénuation, il faut donc qu'il y ait simplement multi- plication végétative ; les spores ne s’atténuent pas. Les agents qui occasionnent l’affaiblissement de l'activité des produits virulents, leur atténuation, sont nombreux. Quantité d'agents physiques ou chimiques concourent à ce but dans la nature ou entre les mains des expérimentateurs. Ce que l’on voit le plus souvent intervenir, ce sont des modifications de lumière, de chaleur, de pression, l influence des substances antiseptiques. Le microbe se trouve soumis à des condi- tions de vie dysgénésiques qui déterminent souvent de profondes varia- (1) Héricourr, Des associations microbiennes (Revue de méd., 1888). (2) Roger, Effets des associations microbiennes (Soc. de Biol.. 19 janvier 18S9). (3) Mori, Influenza dei prodotti tossici dei saprofyti sulla restituzione della viru- lenza ai microparassiti attenuati (Acc. dei Lincei, II, 1889, n° 7). (4) SaAcQUÉPÉE, Infection secondaire produite par le Bacillus mesentericus au cours de la fièvre typhoïde (Ann. de l'Inst. Pasteur, XV, 1901, p. 261). 154 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. tions dans sa manière d'agir et même dans son aspect. L'atténuation peut être poussée très loin, à la limite ; le microbe, pathogène au début, n'apparaîl plus alors que comme un simple saprophyte. À des degrés moins avancés, il présente une activité graduellement décroissante que l'on peut fixer d'une manière assez précise en graduant l’action de la cause affaiblissante; nous verrons que c’est le moyen d'arriver à obtenir des vaccins de force déterminée. Cette atténuation des propriétés virulentes des espèces pathogènes peut êlre passagère, dépendant alors probablement d'une diminution de la puissance nutritive du milieu qui s'épuise plus ou moins vite par la vie de la Bactérie, ou de l’âge des éléments du microbe. Dans ce cas, il peut suffire, pour conserver la virulence entière, de rajeunir la culture au moment voulu, en l’'ensemençant dans un milieu neuf. Mais l’atténualion est souvent permanente, acquise; elle se transmet intacte dans les cultures nouvelles, si l'influence alténuatrice vient à être suspendue. Les Bactéries peuvent même alors produire des spores, qui, elles aussi, ne reproduiront plus que des cultures atténuées au même degré ; c’est une véritable race qui se crée. Même chez cerlaines espèces, comme la Bactérie du charbon, où il est possible de graduer l'atténuation en faisant varier l’action de la cause atténuatrice, les cultures atténuées gardent et reproduisent, dans les ensemencements obtenus avec elles, le degré exact d'atténuation auquel elles ont été amenées. L'atténuation obtenue, ilestcépendant possible, pour certainesespèces, de leur faire regagner leur virulence normale. Cette récupération de viru- lence peut s'obtenir par des procédés très divers (1). Pasteur a montré le premier qu'il était possible, en usant de certains artifices, de renforcer une virulence très affaiblie ou prête à s’éteindre el de voir revenir progressivement à sa puissance première une Bactérie pathogène très atténuée, devenue presque inerte. Il avait reconnu, dans ses belles recherches sur la maladie charbonneuse, que les cultures du Bacille du charbon, maintenues à 43° en présence de l'air en abondance, perdaient peu à peu leur virulence, de façon à n'avoir plus d'action sensible, au bout d’une huitaine de jours, sur les cobayes, qui sont cependant d’une réceptivité si grande à l'égard du charbon. En choisis- sant le moment convenable, une telle culture, sans action sur le cobaye adulte, peut encore tuer un individu de résistance moindre, le cobaye nouveau-né par exemple. Or, par ce passage dans l'organisme animal, le virus s'est légèrement renforcé, de telle sorte que le sang de l'individu mort pourra tuer un cobaye un peu plus fort, d’un jour ou deux ; puis, en opérant de mème, il sera possible de faire périr un cobaye de quel- ques jours, de huit jours, de quinze jours, d’un mois. Et ainsi de suite, petit à pelit, après une période assez longue et des passages assez nombreux, on arrivera à du virus mortel pour un cobaye adulte de plus en plus fort, pour le lapin, el enfin pour le mouton lui-même. La Bactérie est revenue à sa virulence primitive, qu’elle gardera si l’on n'intervient pas pour l’altlénuer. Il est possible, en usant de milieux de culture tout à fait inertes, d'observer un renforcement dans la puissance virulente de certaines (1) Macé, Sur la récupération de la vitalité dés cultures de Bactéries par passages sur certains milieux (Soc, des sc. de Nancy, 1888). , be CD PE RE PL PO BACTÉRIES PATHOGÈNES, 155 Bactéries pathogènes, qui s'est atténuée sous l’influence de causes diverses. Duclaux en a cité un premier exemple pour les cullures d’un Micro- coccus, qu'il a obtenues du sang de malades atteints de l'affection connue sous le nom de Clou de Biskra. Les cullures dans le bouillon de cette Bactérie perdent leur virulence avec l’âge. Une culture de trois à quatre jours est en pleine virulence; une de dix jours la montre déjà bien amoindrie. Une culture de deux mois est tout à fait inoffensive, même À fortes doses. Toutefois, si l’on ensemence du bouillon frais avec une de ces cultures inertes, mais encore vivantes, la culture que l’on obtient récupère en quelques jours la virulence primitive. La virulence paraît ici intimement liée au rajeunissement des éléments. Un fail beaucoup plus net de récupération de virulence s’observe chez une Bactérie, isolée et étudiée par Legrain dans mon laboratoire, qui, introduile dans l'organisme des grenouilles, détermine chez ces animaux à la fois des accidents locaux, des phlegmons gangreneux surtout, et des accidents généraux de nature seplicémique, rapidement mortels. Cette espèce se cullive facilement sur tous les milieux. Les cultures sur gélatine et sur gélose perdent en très peu de temps leur virulence et deviennent sans action sur les grenouilles. Celles sur pomme de terre gardent très longtemps leur activité. Elles sont très abondantes et ont une odeur particulière, ne s'observant pas sur les autres milieux, qui rappelle assez l'odeur de la cicutine. En ensemençant sur pomme de terre des cultures sur gélatine ou gélose devenues tout à fait inertes, on voit la virulence revenir rapidement et regagner, après trois ou quatre ensemencements successifs, son maximum d'intensité. Le Sireplocoque pyogène, si répandu dans la nature, qui se dépouille si vite de loute virulence, doit bien certainement, pour déterminer les nombreux accidents qu'il occasionne, récupérer très rapidement sa puissance infectieuse et même la voir s'exalter sous des influences qui nous échappent encore complètement, mais qui sont peut-être voisines de celles qui viennent d’être mises en cause; il en est de même du Pneumocoque. Monti (1) a observé une restitution de la virulence à des microbes pathogènes atténués, lorsqu'on vient à inoculer en même temps qu'eux des produits toxiques sécrétés par certains saprophytes. De tels produits du Proteus vulgaris, par exemple, renforcent considérablement la viru- lence de cultures très atténuées de Pneumocoques el de microbes de l'érysipèle. Il y aurait aussi bien à faire la part de l’affaiblissement de l'organisme occasionné par les substances toxiques qu'à mettre en cause une restitution de la virulence propre à l'espèce; c'est ce que démon- trent certaines expériences de Galtier (2). La virulence en quelque sorte normale d’une espèce peut parfois s'accroitre, s'exaller sous certaines influences. Les passages consécutifs, multipliés, dans des organismes réceptifs tiennent le premier rang parmi les procédés qui peuvent produire une exallalion de virulence. C’est surtout dans les infections déterminées par l’inoculation de produits (1) Mori, Influenza dei prodotti tossici dei saprofyti sulla restituzione della viru- lenza ai microparassiti attenuati (Acc. dei Lincei, II, 1889, n° 7). (2) Garrier, Nouvelles recherches sur l'influence des associations bactériennes (C. R. de l'Acad. des sc., CXVIIT, 1894, p. 1001). 156 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT,. septiques, particulièrement ceux qui renferment du Streplocoque pyo- gène très virulent, que l'augmentation de virulence devient évidente. Ce fait, très important, a été signalé depuis longtemps par Coze et Fellz (1). qui, dès 1872, avaient établi que « la septicité augmente par la eul- ture du ferment dans les organismes vivants ». Les découvertes ulté- rieures n'ont fait que confirmer leur opinion. On sait aujourd'hui que pour plusieurs Bactéries pathogènes, en usant d'une longue série de passages dans des animaux d'expérience particulièrement réceptifs, on peut atteindre une virulence considérablement supérieure à celle que l’on est porté à considérer comme normale. Les voies par lesquelles l'agent infectieux arrive dans l’économie sont diverses. Il peut y avoir transmission directe d’un individu à l’autre, la 3actérie en cause ne se développant pas en dehors de l'organisme; c’est la contagion. Plus souvent, cette Bactérie peut vivre, au moins à l’état de vie latente, dans le milieu extérieur, étant indifféremment parasite ou saprophyte ; c’est alors par l'intermédiaire de ce milieu que se fait l’in- vasion ; la maladie est causée par l'infection de l'organisme. Le point de pénétration des microbes pathogènes dans l'organisme est variable. Deux voies surtout leur sont ouvertes, la peau et les muqueuses. Normalement, ces surfaces sont recouvertes d’un enduit protecteur, épiderme ou couche épithéliale, qui les protège d'ordinaire contre l'in- vasion microbienne; de plus, dans le tissu conjonctif qui supporte cette couche protectrice se trouvent un grand nombre d'éléments cellulaires doués d’un pouvoir phagocytaire énergique dont l’action vient encore appuyer celle de la couche épithéliale. Lorsque, pour une cause ou pour une autre, la vitalité de ces couches protectrices est atteinte en certains endroits, elles ne suffisent plus à leur tâche, les microbes peuvent péné- trer par ces points faibles. Pour la peau, il faut souvent une telle porte d'entrée, lésion quelconque, souvent minime. D'autres fois, le microbe pathogène semble pouvoir pénétrer directement à travers la peau saine; c'est ce qui résulte des expériences de Garré (2) avec le Staphylocoque doré, de Babès (3) avec le Bacille de la morve, de Wasmuth (4) avec les Staphylocoques pyogènes et le Bacille du charbon, de Courmont et Lesieur (5) avec le Bacille de la tuberculose. I semble que le lieu de pénétration est la gaine des poils ; les glandes sébacées ou sudoripares ne joueraient aucun rôle, La peau qui a été rasée n'a plus les caractères d’une peau normale ; elleest dépourvue, par places, de plans épidermiques et est par conséquent plus facilement attaquable. La surface pulmonaire, la sur face des voies digestives sont exposées de la même manière ; depuis longtemps Koch a démontré que le poumon et l'intestin sains pouvaient être la porte d'entrée de l'infection charbonneuse quand elle se faisait par des spores; on sait qu'il peut en être de même pour l'infection tuber- (1) Coze et Fezrz, Recherches cliniques sur les maladies infectieuses. Paris, J.-B. Bail- lière, 1872. (2)Garrk, Zur Aetiologie acut. eitriger Entzündungen (Fortschr. der Med.,1885, n°6). (3) BaBës, Ball. de l’Acad. de méd., 20 mai 1890. (4) Wasuuru, Die Durchgängi igkeit der Haut für Mikroben (Centralbl. für Bakt., XII, 1892, p. 824). (5) CouaMONT et Lesreur, Passage du Bacille tuberculeux à travers la peau chez Ë cobaye, le veau et le lapin (Soc. de Biol., 22 juin 1907). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 157 culeuse (1). L'agent pathogène de larage, encore actuellement inconnu, suit d'ordinaire la voie nerveuse pour pénétrer profondément dans l'organisme. Le microbe, entré dans l'organisme comme il vient d'être dit, peut pulluler sur place, gagner même de proche en proche, produire une infection par continuilé ; ou se faire transporter plus loin et produire alors des effets en des points souvent éloignés du lieu de pénétration : c'est l'infeclion par mélastase. I peut alors emprunter deux voies : la voie sanguine, ce qui semble assez rare; ou, plus communément, la voie lymphatique. La rapidité de la diffusion dé ‘pend de la vitesse de la circulation de la lymphe et des barrières que le microbe peut rencontrer sur son trajet, barrières qui sont surtout les organes lymphoïdes, prin- cipalement les ganglions lymphatiques, où la phagocytose s'exerce d’une façon très active. On comprend qu'ici la quantité de produit virulent introduite dans l'organisme doit jouer un rôle important ; une quantité très minime peut être détruite complètement par la seule action des processus actifs de l'organisme, et ne produire aucun effet, alors qu'avec une proportion plus forte il subsistera assez de virus pour produire l'infection. Chau- veau (2) l’atrès bien mis en lumière. On comprend ainsi comment des animaux peuvent résister à de très petites quantités de virus, sans pour cela être absolument réfractaires à ce virus ; c’est affaire de quantité : des doses plus fortes ou massives triompheront de la résistance, comme Chauveau l’a prouvé pour l’inoculation du charbon aux moutons barba- rins. Sous le rapport de la quantité d'éléments microbiens pouvant déterminer l'infection, il semble y avoir des variations assez grandes suivant l'espèce employée. Pour certaines espèces, il semble qu'il peut suffire d'un seul microbe pour infecter et faire périrdes animaux très sen- sibles, ce qui serait le cas, d'après Stang, (3) pour le Bacille du choléra des poules à l'égard du lapin. Il y aurait probablement production ra- pide, par le microbe, de produits empêchant la défense de l'organisme, particulièrement la phagocytose. Pour d’autres espèces, 1l faudrait l'in- troduction d’un plus grand nombre de microbes pour arriver à sur- monter la résistance et à l'emporter. On observe souvent de notables différences dans l’action d'un même microbe sur l'organisme suivant sa voie d'introduction. Ainsi l'inocula- lion intraveineuse du virus de la péripneumonie bovine ne détermine aucun accident, bien au contraire crée un état d'immunité; tandis que l'inoculation sous-cutanée produit d'énormes accidents inflammatoires et souvent la mort de l'animal. On peut observer des phénomènes inverses avec d'autres microbes pathogènes. L'action pathogène des différents microbes ne doit pas être considérée comme un caractère absolu ; tout au contraire, elle est d'habitude limitée à un certain nombre d'espèces animales, qui sont alors dites (1) Carmerre, Les voies normales de pénétration du virus tuberculeux dans l’orga- nisme (Bull. de l’Inst. Pasteur, V, 1907). (2) CHauveau, Influence des quantités des agents virulents (C. R. de l'Acad. des se., XC, 23 juin 1880). — I0., De l’atténuation des effets des inoculations virulentes par l'emploi de très petites s quantités de virus (Zbid., XCIT, 4 avril 1881). (3) Sraxc, Zur Kenntniss der Toxinbildung des Bacterium avicidum. Thèse de Berne, 1901. 158 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. réceptives à l'égard du microbe en question. D’autres résistent complè- tement à ses effets pernicieux ; elles sont dites réfractaires. Entre l’état réceplif évident et l’élal réfractatre, on trouve bien des degrés intermé- diaires ; nous avons vu plus haut que l’état réfractaire peut n'être qu’ap- parent ; l'infection n’est alors qu’une affaire de quantité de virus. Nous rencontrerons de nombreux exemples d'état réfractaire absolu. Souvent : un microbe pathogène pour une espèce animale donnée l'est aussi pour les espèces voisines. C’est loin cependant d’être un caractère constant; nous savons, par exemple, que la souris des champs est complète- ment réfractaire au Bacille de la seplicémie de la souris qui tue si rapidement la souris de maison. Ou bien, un même produit virulent peut occasionner, dans les mêmes conditions, des effets bien divers; ainsi le Bacille du choléra des poules tue rapidement le lapin en ino- culation sous-culanée, tandis que, introduit de la même façon chez le cobaye, il n’y détermine qu'une simple lésion locale, un petit abcès, qui guérit vite. Chez différents individus d’une même espèce, il existe souvent des conditions spéciales, des prédisposilions individuelles, qui facilitent ou entravent plus où moins l’action d'un même microbe pathogène pour cette espèce. On observe journellement que certains individus résistent moins que d’autres à des doses égales d’un même virus. La raison en est certainement dans la différence des processus de défense de l’orga- nisme chez ces individus. Ce sont ces prédispositions individuelles qui font qu'en temps d'épidémie, question d’immunité mise à part, parmi les individus également exposés à l'infection, il en est qui la subissent, d'autres qui y échappent; le même fait se retrouve, du reste, pour toutes les affections qu'occasionnent les microbes pathogènes. En connaissant le mode d'action des microbes pathogènes sur l'orga- nisme, on comprend facilement que l’état de réceptivité puisse varier, et souvent dans de larges limites, suivant bien des conditions extérieures ou inhérentes à l'organisme. Il y a longtemps déjà que Pasteur (1) a démontré qu'on pouvait faire périr du charbon la poule, considérée jusqu'alors comme réfractaire, en abaissant artificiellement sa température par la simple immersion des pattes dans l’eau froide, par exemple: Gibier (2), d'un autre côté, voit mourir du charbon les grenouilles qui sont maintenues dans de l’eau à 35°, alors qu’à l’état normal les inoculations les plus virulentes sont sans effet sur elles. Dans de telles conditions, l’activité des processus de défense de l'organisme, particulièrement la vitalité des phagocytes, se trouve amoindrie, comme l'observation le démontre amplement, par l’action des ‘causes perturbantes anormales, froid ou chaleur, suivant le cas. Toutes les causes qui débilitent l'organisme peuvent amener des perturbations équivalentes, de nombreuses expériences prouvent que le jeûne, la fatigue, facilitent considérablement ou aggravent certamnes infections ; la présence de produits solubles, sécrétés par d’autres Bacté- ries, même inertes, a souvent une action favorisante très marquée ; des contusions ou des meurtrissures peuvent produire un même effet favori- (1) Pasteur, Sur le charbon des poules (Bull. de l'Acad. de méd., 1879, p. 1222). (2) Gierer, De l'aptitude communiquée aux animaux à sang froid à contracter le charbon par l'élévation de leur température (C. R. de l'Acad. des sc., XCIV, 1882, p. 1605). Û BACTÉRIES PATHOGÈNES. 159 sant, comme Nocard et Roux (1)l’ont démontré pour le charbon sympto- matique. Nul doute alors que pour l’homme le surmenage physique ou intellectuel ne doive être considéré comme une cause prédisposante ou agoravante à l'égard des infections. Il y a même plus: de semblables causes débilitantes agissant sur l’or- ganisme peuvent avoir des effets plus éloignés encore. Elles peuvent pro- voquer la pullulation, en quelque sorte le réveil, de microbes nocifs se trouvant depuis longtemps peut-être dans quelque recoin de l'organisme, à l'état de vie amoindrie ou de vie latente; c’est le microbisme latent (Verneuil) ou l’énfection latente (Adami). Ainsi, d'après Verneuil, une simple contusion, sans la moindre déchirure superficielle, peut provo- quer l’apparition d'une ostéomyélite dont les germes seraient depuis longtemps enfermés dans l'organisme. On sait que sur la surface pul- monaire, sur la muqueuse intestinale, se trouvent souvent à l'état normal des microbes qui peuvent nuire à l'organisme, le Pneumocoque, le Colibacille, par exemple. Dans les conditions ordinaires, le revêtement épithélial suffit, pense-t-on, pour établir une protection efficace. Quele froid, que d’autres agents physiques ou chimiques viennent à diminuer ou faire disparaître la résistance ou l'intégralité de cette couche pro- tectrice, les germes trouvent une porte d'entrée, l'organisme peut être envahi; c’est une véritable auto-infection qui se produit alors. Pour l'intestin, en particulier, les expériences de Würtz et Hudelo (2), de Béco (3) démontrent avec évidence que, sous des influences diverses qui toutes déterminent de la congestion intestinale, les microbes qu'il contient, et dont plusieurs sont pathogènes, peuvent pénétrer dans le sang et dans la cavité péritonéale, déterminer ainsi l'infection de l’orga- nisme; au premier rang de ces agents actifs se trouvent certaines toxines microbiennes. Ficker (4) a démontré que la faim et le surmenage conduisaient au mêmerésultat. Les observations d'Ikonnikoff (5) tendent à admettre que le passage à travers la paroi intestinale ne se fait qu’à la suite de la nécrose de cette paroi, surtout de l’épithélium de revêtement. D'autres organes se trouvent, au même point de vue, dans des condi- tions identiques à celles de l'intestin. Le rein donne passage aux microbes quand des toxines l'ont altéré ; il en est de même des glandes. Le pla- centa, qui, à l’élat normal, s'oppose au passage de tout élément micro- bien, se laisse traverser dès qu'il présente une altération même minime(6); il peut alors se produire l'infection du fœtus. Un caractère spécial à ces maladies infectieuses, qui ne présente pas {1} Nocanv et Roux, Sur la récupération et l'augmentation de la virulence de la Bactérie du charbon symptomatique (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, p. 297). (2) Wünrz et Hupezo, De l'issue des Bactéries intestinales dans le péritoine et dans le sang pendant l’intoxication alcoolique aiguë (Soc. de Biol., 26 janvier 1895). (3) Béco, Pénétration des microbes intestinaux dans la circulation pendant la vie (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 199). (4) Fiexer, Ueber den Einfluss des Hungers auf die Bakteriendurchlässigkeit des Intestinaltraktus (Arch. für Hygiene, LIV, 1905, p. 335). — Ueber den Einfluss der Erschôüpfung auf die Keimdurchlässigkeit des Intestinaltraktus (Zbid., LVIT, 1906, p. 36). (5) Ikomwxorr, Passage des miorobes à travers la paroi intestinale dens l’étranglement expérimental (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXII, 1909, p. 921). (6) CHarmix et DucrerT, Des conditions qui règlent le passage des microbes au tra- vers du placenta (Soc. de Biol., 9 juin 1894). 160 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. toutefois une généralité absolue, est qu’elles ne récidivent pas, ou seu- lement après un certain laps de temps écoulé; l'individu guéri est devenu plus ou moins réfractaire à de nouvelles infections par la même espèce. De plus, l'expérience a démontré que cet état réfractaire ou, comme on dit plus souvent, cette immunilé, temporaire ou définitive, pouvait être acquise par de très légères atteintes de ces affections, telles que celles déterminées expérimentalement par l’inoculation de cultures atlénuées dans leur virulence par l’un des agents qui l’affaiblissent et la font dispa- raître. En associant ces deux idées d'atténuation de Ja virulence des espèces et de non-récidive de l'affection, même après une attaque légère, on est arrivé à la méthode si féconde de la vaccination. C'est à Pasteur que revient l'honneur d’avoir fait entrer la vaccination dans le domaine scientifique et d’avoir indiqué les moyens rationnels qui con- duisent l'observateur à créer des cultures atténuées, des vaccins. On connaît les belles applications de sa théorie au charbon, au choléra des poules, à Ja rage. L'obtention de l’immunité, l'immunisalion, peut être obtenue par l'in- lervention des seuls produits solubles fabriqués par le microbe, comme Charrin (1) l'a démontré le premier pour le Bacille pyocyanique, peu après lui, Roux et Chamberland (2) pour le Vibrion septique et le Bacille du charbon symplomalique. Bouchard (3) en a fait ressorlir l’importance et les applications. Ces résultats ont été étendus depuis à bien d’autres espèces microbiennes, tout principalement le Bacille du tétanos, le Bacille de la diphtérie, le Bacille typhique, le Colibacille, le Strepto- coque pyogène, le Staphylocoque doré, le Pneumocoque. On produit ainsi une véritable vaccinalion chimique. Une telle immunité contractée à la suite d'une atteinte de maladie ou à la suite d'inoculation artificielle est dite :mmunilé acquise ou arti- licielle. L'immunité nalurelle est la propriété que possède naturellement un organisme de résister à une infection donnée. On ne sait encore que peu de choses au point de vue de l'immunité naturelle ; c’est surtout l'immunité acquise qui a été étudiée. L'immunité naturelle peut être complète pour une infection donnée : l'animal y est absolument réfractaire ; ou seulement partielle : l'animal ne présente que des symptômes peu marqués, légers, à côté de ceux déterminés chez les animaux réceptifs. Cette propriété peut être une propriété de classe, de genre, d'espèce, même seulement de race. Elle peut parfois aussi être individuelle, ne se rencontrer que chez quelques individus que rien ne peut faire dis- tinguer de leurs voisins ; ici interviennent certainement les prédispo- sitions individuelles que nous avons déjà vues faciliter ou entraver l'infection, ou des particularités héréditaires, et, dans ce cas, il y a alors souvent, sinon toujours, intervention des facteurs de l'immunité acquise. Nous trouverons, en étudiant les espèces pathogènes, de nombreux exemples de cette immunité naturelle de classes, de genres, (1) Cnannix, Sur les procédés capables d'augmenter la résistance de l'organisme à l’action des microbes (C. R. de l'Acad. des sc., 24 octobre 1887). 2) Roux et CHamBEerLaxD, Immunité contre la septicémie conférée par des substances solubles (Ann. de l'Inst. Pasteur, I, 1887, p. 561). (3) Boucaann, Thérapeutique des maladies infectieuses, 1888. — Les microbes patho- gènes, 1892. _'} sde BACTÉRIES PATHOGÈNES, 161 d'espèces ou de races. Elle peut tenir dans le premier cas à des diffé- rences capitales d'organisation. Ainsi la poule et la grenouille ont été considérées longtemps comme tout à fait réfractaires au charbon, si actif chez les Mammifères ; Pasteur a vaincu l’immunité de la première en abaissant sa température, Gibier celle de la seconde en l’élevant. Les différences peuvent être moins marquées, l'immunité n'est qu'in- complète ou apparente; elle peut être vaincue par de fortes doses de virus, comme Chauveau l’a montré pour l’immunité relative des moutons barbarins à l'égard du charbon, ou par un virus d'activité très exaltée. Le hérisson possède à l'égard des toxines microbiennes, toxine diphtérique et toxine tétanique, et des toxines des venins de serpents, une immunité très marquée, immunité qui cède cependant à l'emploi de doses très fortes, qui n’est que relative (1). L'immunité naturelle n'est pas, pour un organisme, une propriété générale à l'égard de toutes les infections, mais seulement à l'égard d'une ou plusieurs infections déterminées. Elle relève très proba- blement des mêmes facteurs que l'immunité acquise, facteurs qui semblent tous concourir au même but, l’exallation des procédés de résistance de l'organisme ; pour Thiltges (2), l'immunité de la poule à l'égard du charbon serait due à la présence de substances bactéricides dans le sang. Les facteurs de l’immunité, en général, paraissent bien être ceux que nous avons vus concourir à la défense de l'organisme, phagocytose, production de substances bactéricides, antitoxiques, agglutinantes, etc. C'est surtout l'immunilé acquise qui nous intéresse. Elle peut même à la rigueur expliquer l’immunité naturelle qui n’est peut-être que la fixation héréditaire d’un caractère primilivement temporaire et acquis; ce seraient deux manifestations du seul et même élat d'immunité. Bien des théories ont été émises pour expliquer l'immunité. Tout au début, Pasteur admettait que l’état réfractaire pouvait provenir de la consommation par le microbe de produits de l'organisme nécessaires à sa vie ; il se faisait un véritable épuisement du milieu relativement à ces principes, le milieu devenait impropre à la vie du microbe. Chau- veau pensail, au contraire, que le microbe pouvait fabriquer dans l’éco- nomie des principes spéciaux, l'empêchant d'y continuer à vivre; la persistance de ces principes expliquerait la durée de l'état d’ immunité, L'obtention de l'immunité par l'introduction dans l'organisme des seuls produits solubles fabriqués par le microbe détruit ces théories ; à plus forte raison encore l'immunisation à l'égard de certains microbes, obtenue à l’aide de produits solubles sécrétés par des microbes bien différents. D'ailleurs, si les produits microbiens agissaient directement, comme le ferait une substance antiseptique, par exemple, l'immunité serait surtout marquée alors que l'organisme en contient une plus forte proportion. Or, d'ordinaire, c'est plutôt l'inverse que l’on remarque ; limmunité met du temps à s'établir, elle ne croît que peu à peu pour atteindre son état maximum, alors que les produits microbiens intro- (1) Srrugezz, Die Immunität des Igels gegen Toxine (Centralbl. für Bakt., 1, Abth. Originale, LIIT, 1909, p. 43). (2) Taivrces, Beitrag zum Studium der Immunität des Huhnes und der Taube gegen den Bacillen des Milzbrandes (Zeitschr. für Hygiene, XXVIITI, 1898, p. 189). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 11 162 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. duits dans l'organisme tendent toujours à diminuer et à disparaître par suite de leur élimination par les divers émonctoires. L'étude de l’immunité a suscité de nombreux travaux, au premier rang desquels doivent être mis ceux de Metschnikoff (1) et d'Ehr- lich (2). Il est possible de donner de limmunité une explication rationnelle, en se basant sur ce qui a été dit précédemment des réactions de défense de l'organisme. Elle est à considérer comme le résultat de la phagocytose el des modifications humorales qui se produisent dans l'organisme à la suite de l’action des microbes ou de leurs produits. Ces phénomènes peuvent se manifester à la suite de l'introduction des seuls produits microbiens formés en dehors, dans des milieux purement artificiels. Lorsque le microbe intervient, 1l fabrique sur place, aux dépens de l'organisme, les produits actifs; en dernière analyse, on trouve donc comme véritables facteurs ces produits qui, par diffusion, vont agir sur les éléments voulus. Sous l'influence du microbe lui-même ou des produits microbiens introduits, la phagocytose est augmentée, souvent dans de fortes pro- porlions, à la suite des actions de chimiotaxie positive déterminant l’afflux des leucocytes, de l'effet des opsonines et bactériotropines stimulant leur activité. Le rôle et l'importance des globules blancs dans l’immunité sont bien démontrés. Pettersson (3) a observé qu’en introdui- sant dans l'organisme des globules blancs provenant d'animaux vaccinés, ces éléments protégeaient réellement contre des doses plusieurs fois mortelles de microbes infectieux, alors que des leucocytes d'organismes dépourvus d'immunité ne donnaient aucun résultat. Salimbeni (4) a montré que de tels globules blancs pouvaient même assurer l'immunité après des lavages successifs et gardaient cette propriété quand les humeurs avaient tout à fait perdu leur pouvoir protecteur, ce qui prouve la prépondérance de l’action cellulaire, de la phagocytose, sur l’action humorale. Le sérum des individus immunisés jouit de propriétés destructives énergiques à l'égard des microbes ; le phénomène de Pfeiffer (p. 133) en est une preuve très nette, c'est réellement une réaction d'immunité et pas une réaction d’ infection. L'introduction des antigènes spéciaux, microbes el produits microbiens, détermine la production des anticorps spécifiques qui occasionnent les effets voulus, les substances à effets bactériolytiques, alexine et sensibilisatrices, les agglutinines, les précipitines et surtout les antitoxines. Comme le dit avec tant d'autorité Metschnikoff, « l’ensemble des phé- nomènes que l’on observe dans l'immunité se réduit donc à une série d'actes biologiques, tels que la sensibilité des phagocytes, leurs mouve- (1) Merscnxixorr, L'immunité dans les maladies infectieuses. Paris, 1901. — Sur l’état actuel de la question de l'immunité dans les maladies infectieuses. Conférence Nobel faite à Stockholm le 14 mai 1909 (Bull. de l'Inst. Pasteur, VII, 1909, p. 545 et 593). (a) Exrucn, Die Werthbestimmung des Diphtericheilserums und ihre theoretische Grundlagen. Jena, 1897. — Die Konstitution des Diphteriegiftes (Deutsche med. Wochenschr., 1898). (3) Perrerssox, Die Rolle der Leukocyten im Kampfe des Tierorganismus gegen die Infektion (Centralbl. für Bakt., 1, Abth., Originale, XLIT, p. 56). (4) Sazrmeenr, Les modifications des globules blancs dans l’immunité acquise (Ann. de l’Inst. Pasteur, XXIII, 1909, p. 598). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 163. ments actifs dirigés vers les endroits menacés par les microbes, et à une série d'actes chimiques et physiques qui amènent la destruction et la digestion des agents infectieux ». D'après l'importance que l’on doit attribuer aux leucocytes dans toutes ces diverses réactions, ces éléments doivent être vraisemblable- ment regardés comme les véritables facteurs de l'immunité. L'incitation ainsi provoquée dans l'organisme peut être passagère ou persistante, selon que les éléments actifs perdent au bout de quelque temps la propriété de réagir dans le sens spécial ou la gardent plus ou moins longtemps, même en l'absence d'excitation nouvelle produite par la présence constante des produits microbiens, continuant par une sorte d'habitude la réaction biologique, la fonction provoquée chez eux à un moment donné. Pour d’autres, l’action se réduirait à des actions physiques ou physico- chimiques entre colloïdes, les uns provenant des microbes, les autres de l'organisme (1). D'après ce qui a été dit, on voit que l'immunisation peut être obtenue de deux manières bien différentes. Ou bien l'organisme, sous les influences voulues, produit, par son activité propre, les réactions nécessaires à l'établissement du phénomène : c'est l'immunilé active. Ou bien la substance immunisante, l’antitoxine, préformée, peut être introduite, en quantité suffisante, dans l'organisme qui joue alors un rôle purement passif, n'est que le terrain où se passe la réaction : c’est l'immunilé passive. On a vu précédemment que les toxines microbiennes introduites dans l'organisme y provoquaient la production d'anticorps spécifiques, les antitoxines, el que l'existence de ces antitoxines était facile à démontrer, principalement dans le sang. Au bout d'un certain temps, elles y sont produites en quantité suffisante pour déterminer l'immunisation du sujet. Il est possible de faire plus. En assurant la continuation des effets de la toxine par des apports nouveaux, on peut observer la production de quantités toujours croissantes d’antitoxine correspondante et son accumulation dans le sang. Le sang peut alors s'enrichir en antitoxine à un point tel qu'une quantité relativement minime de ce liquide, quelques centimètres cubes par exemple, suffit même pour créer, chez un autre organisme auquel on l'inocule, une immunité passive à l'égard de la toxine employée ou du microbe qui la produit, et dès lors empé- cher l'action microbienne ou neutraliser les toxines introduites posté- rieurement ou même formées antérieurement dans cet organisme. Bouchard a montré que le sérum avait, à ce point de vue, les mêmes qualités que le sang complet, et était plus facile à employer. C est là le principe de la sérolhérapie. Le sérum des animaux réfractaires à une infection donnée, doués de limmunité naturelle, peut aussi servir dans le même sens; mais la quantité de principes actifs, sous un faible volume, est trop peu consi- dérable pour que l’on puisse généralement obtenir des effets suffisants. C'est à Richet et Héricourt (2) que revient le mérite d'avoir, les pre- (1) V. Hexmi, État actuel de nos connaissances sur le mécanisme de l'immunité (Sem. méd., 4 septembre 1907). (2) Ricuer et Héricourr, Sur un microbe pyogène et septique et sur la vaccination contre ses effets (Soc. de Biol., 1888, et C. R. de l'Acad. des sc., CVII, 1888, p. 690). 164 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. miers, indiqué cette voie nouvelle. Ils ont montré, en 1888, qu'en inocu- lant au chien, à doses progressivement croissantes, des cultures de Micrococcus pyosepticus, on lui conférait rapidement une immunité complète à l'égard de ce microbe. En injectant alors du sang d'un tel chien immunisé dans le périloine de lapins, on immunisait ces derniers à leur tour ; ils résistaient très bien à l'infection par le microbe qui occasionne rapidement la mort chez le lapin neuf. Charrin (1), en 1889, note la production d'une immunité incomplète à l'égard de l'infection pyocyanique chez le lapin auquel on a préalable- ment inoculé du sang de lapin vacciné à l'aide des produits solubles du Bacille pyocyanique. Behring et Kitasalo (2) ont vraiment fait entrer la question dans la pratique. Après avoir obtenu l'immunité d'animaux contre le tétanos et la diphtérie à l’aide d'inoculations répétées des toxines, ils ont montré que le sérum d'un animal, fortement immunisé à l'égard de l'une de ces infections, détruisait #n vitro de grandes quantités de la toxine corres- pondante et agissait de même dans l'organisme animal; qu'en outre, chez un animal neuf, il protégeait contre l'inoculation du microbe spécial ou des toxines formées par lui. C'est la base des indications sérothéra- piques actuelles. Ces résultats ont été bien des fois confirmés et étendus à d'autres types microbiens. On en connaît aujourd'hui toute une série qui s'y prêtent, plus ou moins bien cependant ; pour d'autres, les résultats sont nuls ou insuffisants. Des détails circonstanciés sur la manière de faire et sur les résultats obtenus seront donnés à propos de l'étude parti- culière de ces différents microbes. Les sérums agissant par la présence d'une antitoxine spécifique sont dits sérums antiloxiques. Is peuvent être préventifs, s'opposant à une infection par le microbe lui-même, ou curatifs, annihilant les effets des toxines déjà produites par l'infection, quand toutefois leslésions produites par la toxine ne sont pas trop profondes, établies, ou que l'antitoxine peut suffisamment diffuser pour aller chercher la toxine où elle s'est localisée et rompre sa fixation sur les éléments cellulaires qui ont pour elle une affinité particulière, comme celle des éléments nerveux pour la toxine tétanique. D'autres sérums agissent par leurs propriétés bactéricides ; ils con- liennent peu ou pas d’antitoxine, parce que les procédés mis en œuvre, surtout l'emploi de produits microbiens peu riches en toxine, n’en per- mettent pas une production notable, mais sont riches en alexine et sur- tout en sensibilisatrices spécifiques, en ambocepteurs, qui font que l'alexine agit très énergiquement sur le microbe déterminé, riches éga- lementen opsonineset bactériotropines qui facilitentaussi la destruction. Ces sérums sont dits bactéricides ou antimicrobiens. Is ne peuvent être que préventifs à l'égard del'infection microbienne; ils n’agissent que sur les microbes vivants et pas sur des toxines déjà produites. Leur puis- sance curative est nulle ou très peu marquée et insuffisante, puisqu'ils ne renferment que très peu d’antitoxine. En combinant l’action des sérums immunisants et des cultures actives (1) CHarmiN, La maladie pyocyanique, 1889, p. 88. (2) BenrinG et Kirasaro, Ueber das Zustandekommen der Diphterie-Immunität und der Tetanus-Immunität bei Tieren (Deutsche med. Wochenschr., 1890). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 165 ou des toxines, on arrive à obtenir une immunisation plus rapide; on greffe l’immunité active sur l'immunité passive ; il est, dans ce cas, possible d'intervenir de suite avec de fortes doses de produits actifs que l'organisme supporte beaucoup plus facilement grâce à l'état d'immu- nité passive déterminée par le sérum. Bezredka (1) dit avoir obtenu de bons résultats par l'usage d’un vaccin spécial obtenu en faisant d’abord agir le sérum spécifique sur le microbe, puis en inoculant ensuite les microbes aprèsles avoir débarrassés du sérum par des lavages répétés et les avoir tués par le chauffage à 58°-60° pratiqué soit avant leur addition au sérum (Bacille pesteux), soit après l'élimination du sérum en excès par des lavages à l’eau stérilisée (Sptrille du choléra, Bacille typhique). La quantité de substance active du sérum introduite est exactement celle qui peut être fixée par les corps microbiens; elle est justement suffisante pour permettre à l'organisme de résister par immunité passive et d'attendre le développement de l'immunité active. Un excès serait défavorable en retardant ou empêchant la production de cette dernière réaction. On peut obtenir les mêmes effets d'immunité passive, variables d’in- tensité, en usant d’autres humeurs pouvant contenir de l’antitoxine, comme il a été vu page 144. Bouchard (2) l'a observé dès 1889 pour l'urine dans l'infection pyocyanique; Ehrlich et Wassermann (3) pour le lait de femelles immunisées contre la diphtérie. La persistance de cet état d'immunité qu'acquiert un organisme à la suite d'une atteinte d'infection ou à la suite d’une pénétration de toxines est des plus variable. Elle peut être de longue durée ou, au contraire, cesser assez rapidement dès que l'incitation nécessaire à la mise en œuvre des moyens de résistance, particulièrement à une production suffisante d'antitoxine, est supprimée. On ne peut encore actuellement tracer de règles générales à ce sujet. L'observation tend à démontrer que la vaccination jennérienne confère à l'homme, à l'égard de la variole, une immunité d'environ dix ans. Dans les expériences de laboratoire, faites avec différents virus, il n'a pas encore été possible d'arriver à préciser de durée ; il semble, cependant, que l'immunité obtenue par les produits solubles seuls soit généralement d’une persistance moins longue que celle obtenue par l'infection par le microbe lui-même. Quant à l'immunité passive, obtenue au moyen d'antitoxine, elle est en général peu durable ; l’antitoxine, introduite dans le sang, se détruit graduel- lement sans que l’on puisse compter sur une production nouvelle d'antitoxine par l'organisme suffisante pour avoir des effets quelque peu durables. La longue durée que présente parfois l’état d'immunité est un indice évident de la profonde imprégnation de l'organisme qui met en œuvre les procédés de résistance. D'après les détails qui précèdent et surtout la production de l'immu- (1) Bezrenxk4, De la vaccination active contre la peste, le choléra et l'infection typhique (C. R. de l'Acad. des sc., 9 juin 1902). (2) Boucaarp, Thérapeutique des maladies infectieuses, 1887, p. 140. (3) Exrrica et Wassermanx, Ueber die Gewinnung der Diphterie-Antitoxin aus Blutserum und Milch immunisirter Thiere (Zeitschr. für Hygiene, XVIII, 1894, p. 239). — Wassermanx, Ueber Concentrirung der Diphterie-Antitoxin aus der Milch immunisirter Thiere (Zbid., XVIIL, 1894, p. 235). 166 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. nité par la seule action de produits solubles, il n'y a pas lieu de s'étonner des nombreux exemples qui démontrent la transmission de l'état d'immunité par la mère aux produits qu'elle engendre. On a depuis longtemps constaté, par exemple, que l'enfant né d’une mère varioleuse, naissant sans trace de l'éruption caractéristique, se montrait réfractaire au virus de la variole ou de la vaccine ; de même que l'enfant mis au monde par une femme vaccinée au cours de la grossesse se montre souvent réfractaire à l'inoculation de la vaccine. Chauveau, Arloing, Cornevin et Thomas, Kitasato, ont rapporté de nombreux faits d'immu- nité d'agneaux nés de brebis vaccinées pendant la gestation contre le charbon ou le charbon symptomatique. On a même observé des faits indéniables d'immunité chez les produits nés d'une mère vaccinée à une époque antérieure à la gestation. Pour les immunisations qui se produisent par l'action d'antitoxines, on comprend aisément qu'il peut y avoir passage direct d'antitoxine maternelle dans le sang du fœtus, le placenta pouvant ne pas toujours s'opposer au passage de telles sub- stances solubles, mais difficilement dialysables, ou bien production directe d’antitoxine par les éléments cellulaires du fœtus sous l'influence de l'incitation de ces éléments produite par lantitoxine maternelle. Pour les immunités qui ne paraissent pas provenir de l'existence d'anti- toxine, ce peut être par une transmission d'une propriété spéciale des éléments phagocytaires ou le passage de substances excitantes pour la phagocytose que s'expliquerait cette hérédité. Les recherches d'Ehr- lich (1) et de Vaillard (2) démontrent nettement que c'est la mère seule qui est apte à transmettre cette hérédité à ses descendants; l'action du père serait nulle, contrairement à quelques observations de Charrin et Gley (3); ceci se conçoit facilement d'après ce que l'on sait. L'immunité transmise par la mère est loujours de courte durée ; elle s'épuise après quelques mois. Cette question de la transmission héréditaire de l'état d'immunité nous conduit à parler de l’action des microbes pathogènes ou des substances qu'ils fabriquent sur les produits de la génération. A l'état normal, le placenta de la mère forme une barrière sûre contre la pénétration dans le sang du fœtus d'agents figurés contenus dans le sang de la mère. Il n'en est plus de même pour les produits solubles que le sang maternel peut contenir ; il s'établit forcément un échange, peut- être même un équilibre de diffusion, entre les deux sangs. De plus, il est amplement démontré (4) que le placenta altéré, même d'une façon très minime, peut très bien laisser passer des microbes pathogènes, et les -altérations du placenta sont communes dans les infections. L'influence du père est ici beaucoup plus douteuse ; on verra que, pour la tuberculose, les expériences de Gaertner (5) tendent à la faire (1) Euruicu, Ueber Immunität durch Vererbung und Saügung (Zeitschr. für Hygiene, XII, 1892). (2) Varccaro, Sur l'hérédité de l’immuniti acquise (Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, n° 2). (3) CHarrix et GLey, Soc. de Biol., 1894, 1895, 1896. (4) Saxcuez-Tozeno, Recherches expérimentales sur la transmission de la tubercu- lose de la mère au fœtus (Arch. de méd. expér., 1889, p. 511). — CHarrn et DucrerT, Passage des microbes à travers le placenta (Soc. de Biol., 1894, p. 476). (5) Gaerrxer, Ueber die Erblichkeit der Tuberkulose (Zeitschr. für Hygiene, XII, 1893, p. 101). BACTÉRIES PATHOGÈNES. 167 considérer comme nulle, ce qu'ont confirmé les expériences de Fried- mann {1)et de Seige (2). La transmission de l'infection ou de certaines de ses conséquences devrait ici se faire par le sperme, ou plutôt par le spermatozoïde au moment de la fécondation. On a bien signalé la présence dans le sperme de microbes pathogènes, du Bacille de la tuberculose entre autres, mais quel peut être le sort de tels microbes? Il serait bien téméraire de l'affirmer. C'est donc surtout de l'action maternelle qu'il y a lieu de tenir compte 1ci. La transmission directe de microbes pathogènes de la mère au fœtus, qui s'observe lorsque le placenta est altéré, détermine généralement des effets et des lésions qui rappellent ce que l'on observe dans l'infection directe de l'organisme. Il n'en est plus de même quand les produits solubles interviennent seuls ; il se produit souvent bien des effets qui différent, parfois même considérablement, des effets ordinaires de l'infec- tion et dont certains peuvent jeter une précieuse lumière sur l'histoire encore si obscure de l'hérédité. Les recherches de Charrin et Gley (3) sur le lapin et le cobaye, de Féré (4) sur l'embryon de poulet, démontrent qu'en faisant agir des toxines sur la mère pour les mammifères ou sur l'œuf pour les oiseaux, il est possible de créer chez les produits des désordres importants, de produire des difformités variées, le nanisme, l’infantilisme, voire même des modifications tératologiques profondes, et prouvent que dans cette question de {ransmission héréditaire ce sont surtout les produits solubles toxiques qui doivent entrer en ligne de compte (5) ; leur influence est bien souvent à substituer à la transmission microbienne directe. D’après Maffucci (6), le poison tuberculeux, amené par le sperme de mâles tuber- culeux, serait, chez le lapin, une cause puissante dela mortalité précoce des nouveau-nés. C'est une question d'un très haut intérêt pour le biologiste et spécialement pour le médecin. Parmi les êtres vivants, les animaux ne sont pas les seuls à être en but aux attaques de microbes nocifs; les plantes de tous les groupes ont, tout aussi bien qu'eux, des parasites du même ordre. On connaît déjà ur assez grand nombre de maladies de plantes dues à de véritables microbes pathogènes pour elles. Il est encore difficile de se faire actuellement une idée générale sur le mode d'action de tels agents pathogènes. Les effets qu'ils produisent sont variés (7). Ce peut êlre une hyperplasie causée vraisemblablement (1) Frienmaxx, Experimentelle Studien über die Erblichkeit der Tuberkulose (Zeitschr. für klin. Med., XLIT, 1901, p. 11). (2) Seice, Zur Ucbertragung des Tuberkelbazillen durch denväterlichen Samen auf die Frucht (Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte, XX, 1904, p. 139). (3) CnarriN et Grex, Influence de l'infection sur les produits de la génération (Soc. de Biol., 1881, p. 809). — In., Influences héréditaires (C. R. de l'Acad. des sc., CXVII, 1894, p. 635). — CnHarnix, Infiuence des toxines sur la descendance (Arch. de physiol., 1895, p. 798). — In, Rachitisme expérimental (Soc. de Biol., 18 avril 1896). (4) FéÉré, Influence des toxines microbiennes sur l’évolution de l'embryon (Soc. de Biol., 5 mai 1894). (5) Cuarnrix, Le rôle des substances solubles dans la transmission des tares patholo- giques des ascendants (Semaine médicale, 17 décembre 1902). (6) Marruccr, Rivista di clin. med., 15 et 22 février 1902. (7) Vurrremnw, Considérations générales sur les maladies des végétaux (Trailé de palh. gén. de Bouchard, t. I). 1 168 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. par l'excitation anormale due à la présence du parasite, d'où formation de tumeurs comme dans la tuberculose bacillaire de l'olivier (1) ou dans la bactériocécidie du pin d'Alep (2). Ou bien ce sont des phénomènes de nécrose, de pourriture, causés probablement par l’action de sécrétions toxiques ou diastasiques produites parle microbe. De plus amples détails seront donnés plus loin à l’article Pacilles des maladies des plantes. BACTÉRIES CHROMOGÈNES Nous avons vu précédemment (p. 30) que les cellules peuvent former des matières colorantes bien diverses. Ces pigments sont produits par le protoplasma cellulaire. La coloration d'un élément isolé est très faible et difficile à apercevoir; il ne se produit de nuance sensible à l'œil que lorsque les éléments forment des amas. La plupart du temps, le pigment ne diffuse jamais dans le milieu ambiant pendant la vie de la cellule, mais seulement après sa mort, et peut-être aussi dans ces sortes de dégénérescences désignées sous le nom de formes d'involution. Dans quelques espèces, au contraire, la matière colorante se répand plus ou moins loin dans le substratum, auquel elle donne alors un aspect spé- cial. C'est ainsi que les gelées nutritives où se développent les Bacillus fluorescens, le Bacille pyocyanique, prennent rapidement par diffusion une teinte verdâtre, que n'offre même pas la colonie superficielle. Il est des espèces, le Bacillus lactis erythrogenes, par exemple, qui ne forment de pigment que dans leurs spores. La nuance varie considérablement suivant l'espèce (3). Les Sarcina lutea, Micrococcus luleus, Micrococcus cereus flavus donnent des colo- nies d'un beau jaune-citron; les Bacillus luteus, Micrococcus pyogenes aureus, des Zooglées d’un jaune d'or; de nombreuses Bactéries rouges (4) donnent du rouge plus ou moins vif; le Micrococcus prodigiosus, du rouge rose ; le Beggiatoa roseapersicina, du rose plus violet : le Wicro- coccus cinnabareus, du rouge-cinabre ; le Wicrococcus roseus, du rose- chair. D'autres fois, les conditions de vie déterminent d'importantes variations de nuances. Le Bacillus syncyanus du lait bleu produit du bleu de ciel ou du bleu grisâtre ; le Bacillus pyocyaneus du pus bleu, du bleu vert. Les Bacilles violets possèdent un pigment violet noir ou violet tendre. La couleur brune ou brun noir a été signalée chezle Bacillus brunneus par Schroter (5), par Macé chez certains Cladothrix (6). Elle s'observe aussi chez le Bacille du lait noir de Gorini, le Bacillus mesentericus niger de Biehl, parfois chez le Bacrlle pyocyanique (T). (1) Prizueux, C. R. de l'Acad. des se., CVIIT, 1889, p. 249. (2) Vuizremix, Sur une bactériocécidie ou tumeur bacillaire du pin d'Alep (C. R. de l'Acad. des sc., 26 novembre 1888). (3) Scaxeiner, Die Bedeutung der Bakterienfarbstoffe für die Unterscheidung der Arten (Arb. aus den bakt., Inst. der grossh. Hochschule zu Karlsruhe, 1895). (4) Mouscu, Die Purpurabakterien. Iena, Fischer, 1907. (5! Scnrorer, Ucber einige durch Bacterien gebildete Pigmente (Cohn's Beilr. zur Biol. der Pflanzen, 12°, p. 109, 1881). (6) Macé, Sur les caractères de cultures du Cladothrix dichotoma (C. R. de l’Acad des sc., 1888). (7) Guicxanp et SauvaGeav, Sur un nouveau microbe chromogène, le Bacillus chlo- roraphis (Soc. de Biol., 22 décembre 1894). BACTÉRIES CHROMOGÈNES. 169 Le Bacille de la diarrhée verte des nourrissons colore en vert plus ou moins foncé les substrats solides sur lesquels on le cultive. On est moins fixé sur la coloration verte des Bacillus viridis et Bacillus virens de Van Tieghem(1) et sur le Bacillus chlorinus d'Engelmann(2), queces auteurs regardent, sans preuves à l'appui et à tort très probablement, comme co- lorés par de la chlorophylle. Le Bacillus chlororaphis (3) produit dans les bouillons et la gélatine des houppettes cristallines d'un beau vert. La présence d'une matière colorante à fluorescence verte a été signalée chez un assez grand nombre d'espèces (4). Flügge l’a indiquée chez les Bacillus fluorescens liquefaciens et Bacillus fluorescens putridus ; Gessard (5) chez le Bacille pyocyanique avec la pyocyanine, chez le Bacille du lait bleu accompagnant aussi le pigment spécial ; Lepierre (6), Ducamp et Planchon (7) chez d'autres Bactéries de l'eau qui semblent bien distinctes des premières. Cette propriété de produire un tel pigment, cette fonction fluorescigène, comme on a dit, est complètement distincte de la fonction chromogène proprement dite. Chez le Bacillus chloro- raphis, par exemple, les cultures qui donnent beaucoup de pigment, en petits cristaux verts, présentent une fluorescence très faible ou nulle ; inversement, les cultures très fluorescentes donnent de très rares cris- taux, ou même pas du tout. Il y aurait donc plutôt antagonisme de ces deux fonctions. Du reste, la fluorescence et le pigment ne sont pas sous les mêmes influences dominantes ; ce qui favorise nettement l’un reste complètement sans effet sur l’autre. Toutefois, la fluorescence n’est pas ici un simple phénomène physique ; elle est bien due à un corps chi- mique, tout comme dans la formation de pigment. Il est prouvé qu'il est des Bactéries pouvant produire à la fois plusieurs pigments ; le fait ne doit, du reste, pas plus étonner que la production simultanée par beaucoup d’Algues de pigment vert et de pigment rose ou bleuâtre. Une intéressante espèce que j'ai isolée d'une eau depuits et que G. Thiry a étudiée dans mon laboratoire, le Bacille polychrome, peut donner, suivant les conditions, du vert, du jaune, du bleu, du rose ou du violet, à peu près la gamme complète des couleurs du spectre (8) ; toutefois, sauf pour le jaune, les différentes colorations semblent être dues à une seule et même substance diversement influencée. Charrin et de Nittis (9) (1) Vax Trecnem, Observations sur les Bactériacées vertes (Bull. de la Soc. Bot., 1880, p. 174). (2) ExGezmanx, Zur Biologie der Schizomyceten (Bof. Zeil., 1882). (3) Rapais, Soc. de Biol., 31 juillet 1898. (4) Taux, Beiträge zur Biologie der fluorescierenden Bakterien (Arb. aus den bakt., ‘Inst. der grossh. Hochschule zu Karlsruhe, 1895). (5) Gessarn, Nouvelles recherches sur le Bacille pyocyanique (Ann. de l'Inst. Pas- teur, IV, 1890). — Fonctions et races du Bacille cyanogène (Zbid., V, 1891). (6) Lerierre, Recherches sur la fonction fluorescigène des microbes (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895). (5) Ducawr et Praxcnox, Note sur un Bacille fluorescent et liquéfiant des eaux d'alimentation de Montpellier (Soc. de Biol.; 17 mars 1894). (8) G. Tuinx, Sur une Bactérie produisant plusieurs couleurs (B. polychrome) (Soc. de Biol., 7 novembre 1896). — In., Contribution à l'étude du polychromisme bactérien (Bacille et Cladothrix polychromes) (Arch. de physiol., avril.1897). — In., Bacille polychrome et Actinomyces mordoré. Thèse de Nancy, 1900. Paris, J.-B. Baillière, — Cuamor et Tiny, Studies on chromogenic bacteria. I. Notes on the pigment of Bacillus polychromogenes (Bolan. Gaz., 1900, p. 378). (8) Carr et DE Nirris, Sur la production simultanée des pigments noir, bleu, vert et jaune, par un Bacille pyocyanique (Soc. de Biol., 2 juillet 1898). 170 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. ont observé chez le Bacille pyocyanique la production simultanée des pigments noir, bleu, vertet jaune. Des Bactéries différentes, par contre, peuvent produire un pigment identique. La nature de ces pigments est très peu connue. Quelques-uns seule- ment sont solubles dans l’eau ; la plupart y sont insolubles et solubles dans l'alcool absolu, l’acétone, l'éther ou le chloroforme ; d’autres, inso- lubles dans ces réactifs, demandent l'emploi de procédés spéciaux pour être isolés. L’isolement des pigments est rendu très difficile par les oxydations ou les réductions qui se passent pendant les manipulations. La composition de ces produits ne sera bien connue que lorsqu'on pourra les obtenir à l’état cristallisé ; alors seulement on pourra en faire l'analyse élémentaire. Jusqu'ici on n’a obtenu à l’état plus ou moins pur que la pyocyanine, le pigment du Cladothrix mordoré et la chloro- raphine du Bacillus chlororaphis (1). Certains de ces pigments paraissent devoir être rangés dans la classe des pigments végétaux qui ont reçu le nom de lipochromes. Le type en est la carottine, matière colorante jaune de la carotte; d’autres abondent dans les Champignons, Peziza aurantiaca, Spatularia flavida, Leotia lubrica, Calocera viscosa, par exemple. Le nom qui leur a été donné provient de ce qu'ils semblent combinés à des corps gras et peuvent se présenter au microscope sous forme de gouttelettes oléagineuses. Leurs nuances sont le jaune, le rouge, le jaune vert et l’orangé. On les appelle aussi luléines, à cause de cette prédominance de jaune. Les lipochromes sont solubles dans l’éther, l’acétone, l'alcool éthy- lique et méthylique, la benzine, l'essence de térébenthine, le chloro- forme, le sulfure de carbone, l'essence de pétrole. Elles sont saponi- fiables à chaud par la lessive de soude. Traitées à l’état sec par l'acide sulfurique ou l'acide azotique concentrés, elles prennent une coloration vert pâle, bleu vert ou bleu sombre (réaction de la lpocyanine). Au spectroscope, elles donnent deux bandes d'absorption, l’une vers F, l'autre entre Fet G. Les lipochromes rouges sont nommées liporhodines ; les jaunes, lipoxæanthines. D'autres se rapprochent certainement plus des alcaloïdes ; la chloro- raphine, la pyocyanine présentent à peu près toutes les réactions des alcaloïdes. Comme ce sont les seuls pigments que l’on ait pu obtenir cristallisés, conséquemment purs, il semble que ce soit la considération qui doive primer. Les conditions de milieu ont une influence très variable sur la production de ces pigments. La lumière ne semble pas du tout nécessaire à la production du pigment. Descultures de Micrococcus prodigiosus et de Bacillusviolaceus, faites à l’obscurité et conservées à la chambre noire, se sont montrées, après quelques semaines, tout aussi colorées que d’autres, faites en même temps, au grand jour. Le Micrococcus ochroleucus donnerait des cultures incolores à l'obscurité. L'oxygène paraît nécessaire ; lorsque l'espèce se développe dans un milieu confiné, elle se colore mal ; quand l’air fait presque complète- (1) Lasseur, Le Bacillus chlororaphis et la chlororaphine (Soc. de Biol., 1909, LXVI, p. 272). dt LL — déch. :i CPS TS BACTÉRIES CHROMOGÈNES. 171 ment défaut, elle ne se colore pas du tout. Les Bactéries à couleurs vives que l’on fait se développer sous une petite couche d'huile donnent des colonies blanches, qui peuvent se teindre, si la couche préservatrice vient à être enlevée. L'oxygène pur serait nuisible ; c'est du moins ce que prouvent les expériences de Charrin et Roger (1) sur le Bacillus pyocyaneus. Les Spirillum rubrum et Spirillum nigrum produisent leur pigment en vie anaérobie. La composition du milieu exerce une influence capitale sur la production et la nature de la matière colorante. Gessard (2) a observé que, pour le, Bacille pyocyanique, la production de la fluorescence est étroitement liée à la présence de phosphates dans le milieu ; Lepierre, dans son travail précédemment cité, n’a observé aucune influence des phosphates. La production de pigment noir par le Bacille pyocyanique serait étroitement liée à la présence de tyrosine dans le milieu. La réaction du milieu influe souvent beaucoup sur la nuance du pigment. C'est une simple réaction chimique analogue à celle que présentent bien des couleurs végétales, le tournesol en particulier. Ainsi, le pigment que produit le Bacille du lail bleu dans un milieu neutre est gris ardoisé; sa nuance passe au bleu de ciel dans les milieux acides et devient rougeätre en milieu alcalin. Comme bien des espèces modifient souvent du tout au tout la réaction des milieux où on les fait vivre, au fur et à mesure que la culture avance en âge, il arrive qu'on peut observer des successions de nuances diverses, bien qu'il ne soit question que d'une seule et même matière colorante ; la nuance que l'on observe au début dans un milieu alcalin change si la Bactérie produit un acide qui, petit à petit, neutralise l’alcali et finit par donner au milieu une réaction nettement acide, La pyocyanine se conserve sans altération en solution acide, rouge ; elle se décompose, au contraire, rapidement en solution alcaline, bleue; ce sont de simples questions de facilité d’oxydation. Toutes les conditions qui diminuent l’activité du développement, qui atténuent la vitalité d'une espèce, font aussi décroître sa puissance chro- mogène. Des cultures successives de plusieurs générations sont rarement aussi colorées que les premières ; elles deviennent même souvent tout à fait incolores. Le Micrococcus prodigiosus est souvent blanc rosé dans ces conditions ; le Bacillus violaceus, d’un si beau violet noir, devient souvent entièrement blanc dès la troisième ou quatrième culture. C'est une question de dégénérescence. En faisant une sélection très raisonnée, avec des milieux très appropriés, on arrive au contraire à obtenir une production de pigment plus intense. Les produits chimiques nuisibles, les antiseptiques agissent de même etentravent la production du pigment lorsqu'ils sont ajoutés en quantité assez minime pour ne pas tuer la Bactérie. Charrin et Roger ont démontré qu'on pouvait graduer la production de la pyocyanine par le Bacillus pyocyaneus, en ajoutant aux cultures des proportions de plus en plus fortes de sublimé corrosif. Tandis qu'avec des proportions de O8r,015 à 08,02 de sublimé par litre on ne fait que retarder l'apparition (1) Cnanmix et Rocer, Des modifications qu'on peut provoquer dans les fonctions d’un microbe chromogène (Soc. de Biol., 4 novembre 1887). (2) Gessarp, Sur la fonction fluorescigène des microbes (Ann. de l'Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 801). 172 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. de la matière colorante, on l'arrête bientôt en augmentant progressive- ment la dose. La chaleur paraît être, en général, une condition défavorable à la production du pigment ; peu d' espèces donnent leur pigment à l'étuve vers 35°, ou n’en produisent que très peu. Le Bacillus indicus et le Bacillus mesentericus niger sont de celles qui donnent bien leur pigment à l’étuve. Une de ces espèces à puissance chromogène atténuée, presque dis- parue, peut cependant, sous des influences de cultures, récupérer la propriété de donner du pigment, tout comme le font des espèces pathogènes pour leur virulence : en faisant passer plusieurs fois sur pomme de terre le Bacillus violaceus, il est possible de voir reparaître son pouvoir chromogène, en partie au moins. La nature du milieu joue un grand rôle, qui n'est malheureusement encore guère défini. 11 est des espèces, le Bacillus violaceus par exemple, qui, cultivées dans des liquides, ne forment que des traces de pigments, alors qu’elles en produisent des quantités considérables sur les milieux solides. Le Bacille du lait bleu colore le lait en bleu foncé ; cultivé sur gélatine ou sur gélose, il colore ces gelées en vert d'abord, puis en brun foncé et la colonie reste blanche. Pour donner des cultures colorées, les Bacilles fluorescents, d'après Jirou (1), ont besoin de carbone organique (glucose, glycérine), la source d'azote pouvant alors être minérale; pour que le Bacille pyocyanique produise de la pyocyanine, il faut que l'élément azoté soit de nature organique et la source de carbone organique, sauf cependant pour les composés ammoniacaux, qui permettent à eux seuls la formation du pigment. Les phosphates paraissent indispensables à la fonction fluorescigène. Beaucoup de pigments rouges et des pigments violets exigent la présence du sulfate de magnésie et d’un phosphate. Le pigment noir du Bacillus cyaneo- fluorescens ne se formerait qu'en présence d'acide lactique. Pour le Bacillus chlororaphis, le fer est absolument indispensable pour la produc- üon du pigment vert (Lasseur). Pour beaucoup de pigments, il y aurait un élément indispensable, variable avec les espèces. L'emploi de milieux synthétiques, de composition absolument connue et précisée, permet au mieux de se rendre compte de ces influences (2). L'âge des cellules influe sur la nuance du pigment : des éléments âgés se décolorent en partie ou leur nuance change. Les cellules mortes paraissent souvent concentrer le pigment qui diffuse dans le milieu ; le fait se remarque très bien sur le Micrococcus prodigiosus. Il en est probablement de même pour les autres protoplasmas vivants. C'est ainsi que doivent s'expliquer les phénomènes décrits par Matruchot (3), qui a vu le protoplasma d'éléments immergés d’une Moisissure du genre Mortierella,-cultivée avec un Bacille violet, s'imprégner de matière colorante violelte ; de tels éléments immergés des Moisissures sont souvent morts ou à vie très ralentie. Des phénomènes semblables ont, (1) Jimov, Sur les Bacilles fluorescents et le pyocyanique (Journ. de phys. et de path. gén., mars 1901). 2) Suzzivax, Synthetic Culture media and the Biochemistry of bacterial pigments (Journ. of med. Research., XIV, 1905, p. 109). (3) Marnucnor, Une méthode de coloration du protoplasma par les pigments bacté- riens (C. R. de l'Acad. des sc., 21 novembre 1898). BACTÉRIES CHROMOGÈNES, 173 du reste, été depuis longtemps signalés par Auché, Voges, Lustig, Beïjerinck et Schroeter. Il est probable que la production de ces pigments est sous la dépen- dance de diastases, surtout d'oxydases. Ilexisterait dans le protoplasma une substance spéciale, chromophore ou chromogène, qui, sous des influences déterminées (oxydation ou réduction), produirait le pigment. Par exemple, une fois l’oxydase créée dans le milieu, par sécrétion du microbe évidemment, et certaines modifications du milieu produites, l'oxydase agirait sur le chromophore pour donner le pigment (Lasseur). C'est ainsi qu’en présence de tyrosine, la tyrosinase, ferment oxydant, produit la formation d'un pigment noir. Cette intervention d’une dias- tase peut expliquer l’action prépondérante d'un élément déterminé, comme le fer pour le Bacillus chlororaphis ; on sait que toutes les dias- tases sont sous la dépendance d’un élément minéral, exemple le man- ganèse pour la laccase, comme l’a montré Bertrand. Le rôle physiologique des pigments est peu connu. Ils servent peut- être à fixer l'oxygène dans certaines conditions. En tout cas, leur avidité pour l’oxygène est manifeste ; ils s'oxydent en général très facilement. lorsqu'ils se trouvent sous certaines conditions. La pyocyanine bleue et la chlororaphine verte sont très avides d'oxygène ; il en est de même du pigment du Bacille violet et de certains Bacilles rouges ; par oxydation, tous ces pigments jaunissent. Des Bactéries chromogènes peuvent se développer dans l'organisme, où certaines déterminent des troubles importants ; il en est même qui sont nettement pathogènes. Le Bacillus indicus tue rapidement les lapins auxquels on en a injecté. D'autres ont une action moins nuisible et beaucoup plus obscure. Le Bacillus pyocyaneus, du pus bleu, ne semble jouer aucun rôle dans la suppuration ; les anciens chirurgiens regardaient même l'apparition de la coloration bleue des linges de pan- sement comme un signe de bon augure. Cette même espèce s'est aussi rencontrée dans la sueur, les sérosités pathologiques (1), avec la même innocuité. Elle peut cependant déterminer chez l'homme une sorte de septicémie grave que l’on n'a encore que rarement observée ; chez le lapin, elle occasionne une maladie expérimentale bien spéciale, étudiée par Charrin (2). Les Bacilles fluorescents de Lepierre, de Ducamp et Planchon ont des effets pathogènes évidents. La sueur rouge doit sa coloration à la présence d'une Bactérie, le Micrococcus hematodes de Babès (3), qui a de grandes analogies avec le Micrococcus prodigiosus : il se développe très facilement à la base des poils des aisselles et se mêle à la sueur de cette partie du corps. Le Beggtaloa rosea-persicina se développe parfois en telle quantité à la surface de l’eau qu'il colore en rose rouge de grandes étendues de liquide (4). La même chose peut arriver avec les Bactéries chromogènes; on a observé la coloration rose de quantités considérables de pain due au Micrococcus prodigiosus, la coloration bleue de grandes provisions de lait due au Bacille du lait bleu ; ce sont là des exemples classiques. (1) Axpouanrp, Sueur et sérosité bleues (Journ. de méd. de l'Ouest, 1879). (2) Cmarnrix, La maladie pyocyanique. Paris, 1889. (3) BABÈs, Centralbl. für der med. Wissensch:, 1881, n° 19. (4) Scuxerzzer, Ueber eine rothe Färbung des Bretsees (Bot. Centralbl., 1887, n° 33, p.219). 174 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. } BACTÉRIES PHOTOGÈNES La propriété de luire dans l'obscurité n’est pas spéciale aux animaux ; un certain nombre de plantes inférieures présentent aussi le curieux phénomène de la phosphorescence. On connaît depuis longtemps plusieurs Champignons qui le montrent ; c'est surtout l° Agaric de. l'olivier, dont les fructifications, réunies par touffes sur des racines de l'arbre, émettent de belles lueurs blanches pendant la nuit, et l’Armillaria mellea, où la partie photogène est les cordons mycéliens qui rampent dans le substratum. La phosphorescence s'observe chez plusieurs espèces de Bactéries. Pflüger (1) a, le premier, reconnu que les lueurs émises par de la chair de morue fraîche étaient dues au développement à sa surface de petites cellules en suspension dans une glaire visqueuse. Pour lui, ces êtres inférieurs étaient une cause fréquente de la phosphorescence de la mer du Nord. Cohn (2) rechercha, en 1878, celte espèce, d’après les données de Pflüger, et la nomma Micrococcus phosphoreus. Il l'avait rencontrée sur du saumon cuit. Nuesch (3) retrouva des Bactéries phosphorescentes, en 1877, sur la viande de boucherie ; d’après lui, c'étaient aussi des Microcoques. Ban- cel et Husson (4) les signalèrent sur du homard conservé. Lassar (5) et Ludwig (6) ont pu étudier ce phénomène sur diverses viandes de bou- cherie et sur plusieurs espèces de poissons de mer frais. Fischer (7) et Forster (8) ont signalé une phosphorescence semblable à la précédente, le premier sur des poissons de la mer des Indes, le second sur des poissons de la mer du Nord. Le phénomène était dû à des Bactéries en bâtonnets appartenant à la même espèce, le Bacillus phosphorescens. Giard (9) a observé un phénomène identique sur de petits Crustacés marins, les Talitres, dû à l'infestation par une espèce qui semble diffé- rente des précédentes et qui détermine, chez ces animaux, de véritables manifestations épidémiques. C’est sans doute aussi à une Bactérie lumi- neuse qu'est due la phosphorescence que présentent souvent plusieurs autres animaux inférieurs, en particulier, dans nos régions, les Géo- (1) Priücer, Ueber die Phosphorescenz verwesender Organismen (Arch, für die gesammle Physiol., XT, 1875, p. 222). (2) Coux, Kryptogamenflora von Schlesien, Bd III, p. 146. (3) Nurscu, Uceber leuchtende Bacterien. Bâle, 1885. (4) Baxcez et Hussox, Sur la phosphorescence de la viande de homard (C. R. de l'Acad. des sc., LXXX VIII, 1879, p. 191). (5) Lassar, Die Mikrokokken der Phosphorescenz (Arch. für die gesammte Physiol., XXI, 1880). (6) Lunwic, Micrococcus Pflügeri (Bot. Centralbl., XVIII, n° 11). — Die bisherichen Untersuchungen über photogene Bacterien (Centralbl. für Bakl., II, 1887, p. 372 et 401). (7) Frscaer, Bacteriologische Untersuchungen auf Einer Reise nach Westindien (Zeilschr. für Hygiene, I, 1886, p. 421 ; IT, 1887, p. 54). (8) Forster, Ueber einige Eigenschaften leuchtender Bacterien (Centralbl. für Bakt., II, 1887, p. 337). (9) Grarp, Soc. de Biol., 19 octobre 1889 et 25 avril 1890. Tr … a ct sd à ni LE rt. ie à «sé né de dns à Ra ns és mt à BACTÉRIES PHOTOGÈNES. 175 philes (1), la Taupe-Grillon (2), et peut-être aussi la phosphorescence des mycéliums des divers Champignons. D'autres Bacilles phosphorescents ont été rencontrés dans des condi- tions similaires sur des poissons morts, des viandes, des animaux marins, dans l’eau de mer. Plus de détails sur eux seront données plus loin à l’article Bacilles phosphorescenis, dans la description des espèces. Herman (3) a isolé un Wicrocoque phosphorescent sur du homard cuit devenu spontanément lumineux. Kutscher (4) et Dunbar (5) ont isolé d’eaux de fleuves des Bacilles virgules, voisins du Spirille du choléra, présentant une phosphorescence très nette. Molisch (6) dit avoir retrouvé le HMicrococcus phosphoreus de Cohn sur des viandes de bœuf. La viande sur laquelle se développent ces Bactéries émet dans l’obs- curité des lueurs blanches, parfois un peu verdâtres, en traînées mobiles irrégulières, ressemblant aux sillons qu'une allumette phosphorique laisse sur les objets, lorsqu'on la frotte légèrement à leur surface. La phosphorescence est contagieuse de proche en proche; Nuesch rap- porte qu'en une nuit toute la viande d’une boucherie a été envahie. En transportant une petite portion de la substance lumineuse sur un mor- ceau de viande fraîche, celle-ci devient rapidement phosphorescente. La chair de poissons ou d'animaux de boucherie n'est pas le seul milieu où peuvent vivre ces curieuses espèces; elles végètent très bien sur la gélatine. Elles peuvent même subsister assez longtemps dans de l'eau légèrement salée, comme l’eau de mer, en produisant à la surface leur curieuse réaction. Le temps pendant lequel le substratum reste phosphorescent est va- riable. Nuesch a eu de la viande qui est restée lumineuse pendant sept semaines à une température ne dépassant pas 100. La putréfaction fait disparaître le phénomène, les espèces qui l'occasionnent l’em portant sur les Bactéries lumineuses et en déterminant la rapide disparition. La température influe assez peu, dans de certaines limites. Ludwig a observé que la viande de veau luisait encore à —— 10°, et qu'une tempé- rature de — 14° n'arrivait pas à supprimer les lueurs. La viande, mise au bain-marie dans un tube, est encore phosphorescente à 30° ; à 470, toute lueur à disparu. Les Bactéries de Fischer ne luisent pas au-dessus de 25°. Le froid paraît en général plus favorable au phénomène que: la chaleur. Les conditions dépendent toutefois des espèces sur lesquelles porte l’expérimentation. La lumière émise est blanche et contient, par conséquent, les difré- rentes radiations du spectre. Avec des cultures de Micrococcus phospho- (1) Macé, Sur la phosphorescence des Géophiles (Soc. de Biol., 1888). (2) LunwiG, Ueber die Phosphorescenz von Grillotalpa vulgaris (Centralhl. für Bakt., IX, 1891, p. 561). (3) Herman, La phosphorescence bactérienne (Le Scalpel, 25 février 1899). (4) Kurscner, Zur Phosphorescenz der Elbvibrio (Centralbl. für Bakt., XVIII, 1895, pe 424). (5) Duxsar, Versuche zum Nachweiss von Choleravibrionen in Flusswasser (Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheilsamte, IX, 1894. p. 379). (6) Mouscn, Ueber das Leuchten des Fleisches (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., IX, 1902, p. 725). 176 ACTION DES BACTÉRIES SUR LES MILIEUX OU ELLES VIVENT. reus, Ludwig (1) a obtenu un spectre continu depuis la raie b de Fraun- hofer jusque dans le violet. L'air parait être nécessaire à la production du phénomène ; les cul- tures ne luisent pas en l'absence d'oxygène. Le sel semble favoriser ce développement de lueurs. Les Bactéries ne luisent pas sur tous les milieux où elles peuvent vivre, ce qui doit faire dépendre la phospho- rescence du mode de nutrition des espèces qui la présentent. On ne connaît rien de plus des conditions physiologiques de cette curieuse propriété. La lumière ne semble avoir aucune action sur sa production ; des cultures faites à l'obscurité luisent tout aussi bien que celles déve- loppées au grand jour. C’est très probablement à la présence de ces Bactéries, ou d'espèces semblables, qu'il faut attribuer le curieux phénomène de la phospho- rescence de liquides de l'organisme, normaux ou pathologiques, le lait, l'urine, la sueur, la salive, le pus. On en trouve mention de quelques cas dans les anciens auteurs. Henkel (2) rapporte l'histoire d’un fait bien net de sueurs phosphorescentes. Le sujet suait beaucoup ; lorsqu'il se déshabillait dans l'obscurité, la surface de son corps et sa chemise étaient parceurues en tous sens par des traînées lumineuses semblables à des sillons d’allumettes phosphoriques. Tout disparaissait à la lumière et l'on ne remarquait sur la peau que de petites macules rouges. L'indi- vidu exhalait une odeur spéciale, urineuse, plutôt acide qu'ammonia- cale, rappelant la choucroute trop fermentée. Nuesch (3) a pu observer à nouveau ce phénomène sur un pêcheur ; il l'a malheureusement peu étudié. Il n’a rien qui doive étonner et rappelle les cas de coloration de plusieurs des sécrétions normales, sueur, lait, salive, par des Bac- téries qui les teignent en rouge, bleu, etc. On est réduit à de pures hypothèses sur le mode de production des matières photogènes. Il y a peut-être intervention de ferments solubles. Dubois (4) a signalé chez un Mollusque marin, dont le manteau est phosphorescent | et doit peut-être sa phosphorescence à la présence à sa surface de Bactéries lumineuses, Pholas dactylus, la présence de deux substances cristallisables qui, mises en contact en présence de l’eau, produisent la phosphorescence. L'une d'elles paraît être une diastase : l'auteur propose de la nommer luciférase. Il est très probable qu'il se passe des faits du même ordre pour les Bactéries phosphorescentes. Pour Herman, les actionsmécaniques, les frottements surtout, seraient à mettre en cause; c’est souvent, en effet, dans les conditions ou ils interviennent que la phosphorescence s’observe. L'état électrique de l'air pourrait aussi intervenir dans la production du phénomène. La fonction phologène est chez les microbes une propriété biologique tout comme la fonction chromogène. Comme cette dernière, comme toutes les autres fonctions vitales, nous l'avons vu, elle est influencée par beaucoup de conditions qui agissent sur la nutrition générale, sur (1) Lunwic, Ucber die spectroscopische Untersuchung photogener Pilze (Zeitschr. für wiss. Mikrosc., I, 1884, p. 181). (2) Hexkez, Sudor phosphorescens materiæ phosphori argumentum (Acta physico- medica Acad. cæs. Leop. Car. naluræ curiosorum, vol. V, p. 332, 1740). (3) Nuescu, Loc. cil., p. 147. (4) Dugois, Sur la fonction photogénique chez les Pholades (C. R. de la Soc. de Biol., 1887, p. 564). — Sur la luciférase ou zymase photogène des animaux et des végétaux {(C. R. de l'Acad. des sc., t. CXXVIII, 1896, p. 653). ein. de Ra tr Et e DR dé BACTÉRIES PHOTOGÈNES. 177 la vie du microbe (1); elle s’atténue et disparaît, ou se maintient et s’exalte suivant les conditions de milieu que rencontre l'espèce. C’est, comme la fonction chromogène, comme la fonction pathogène, comme la fonction de ferment, une propriété contingente qui n’est pas néces- saire à la vie de l'espèce, que l'espèce peut même perdre complètement sans cesser de pouvoir vivre, comme nous avons vu des espèces typi- quement chromogènes se reproduire abondamment et indéfiniment sans plus sécréter de pigment, ou de vraies espèces pathogènes, atténuées à la dernière limite, pour ainsi dire transformées en véritables saprophytes. (1) Sucasraxd, Physikalische studien über Leuchbakterien (Ref. in Centralbl, für Bakt., 2te Abth., IV, 1898, p. 713). « Macé. — Bactériologie, 6° édit. 12 DEUXIÈME PARTIE TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE CHAPITRE PREMIER MÉTHODES DE RECHERCHE ET D'ÉTUDE DES BACTÉRIES I. —_ INSTRUMENTS 1° MicROSCOPE ET ACCESSOIRES. L'instrument indispensable pour toutes recherches de bactériologie est un bon microscope. On trouvera dans les traités spéciaux la des- cription et l’usage des microscopes composés bien perfectionnés qui sontfournis par les principaux constructeursde Franceet del’étranger (1). Voici quelques détails touchant de plus près le sujet qui nous occupe. Parlons d'abord de la partie mécanique. Elle a, pour ce genre d’étu- des, une importance assez grande. Les petits modèles de microscope ne peuvent d'habitude pas servir. On aura certainement grand avantage à user de grands ou moyens modèles ; leurs accessoires, bien perfec- tionnés depuis ces dernières années, trouveront souvent leur emploi, pour la plus grande commodité de l'observateur et la plus grande sûreté de l'observation. La seule limite doit être ici le prix à consacrer à l'achat. Il faut, si faire se peut, choisir au moins un moyen modèle, pourvu d'une crémaillère, pour la mise au point rapide, et de l'appareil d'éclairage connu sous le nom de condenseur Abbé, qui rend des ser- vices très signalés et doit être considéré comme indispensable à l'étude des Bactéries et en général à l'emploi des objectifs à immersion homo- gène. Ce condenseur ne s'adapte pas facilement aux petits modèles de microscopes fournis par les fabricants cités ; c’est la raison principale de leur insuffisance. On se rend facilement compte de sa disposition sur les figures 41 et 42, qui représentent des microscopes munis de cet appareil. L'appareil d'éclairage Abbé est une modification heureuse de l’ancien système de Dujardin. 11 se compose essentiellement d'un système optique formé de deux ou troislentilles, destinées à concentrer la lumière sur la préparation (fig. 43). On le place sous la platine du microscope, de façon que la lentille supérieure vienne, en entrant dans l'orifice de la platine, affleurer à la face inférieure de la lame porte-objet, avec (1) Les maisons les plus avantageusement connues sont entre autres : Nachet, 17, rue Saint-Séverin: Vérick (Stiasnié, successeur), à Paris ; Zeiss, à Iéna ; Leitz, à Wetzlar ; Reichert, à Vienne, VIII, Bennogasse, 24-26; Powell et Lealand, à Londres. Leurs catalogues sont envoyés sur demande. MICROSCOPE. 179 laquelle elle peut se mettre en contact direct. Le condenseur est porté (äg. 44) par un collier G, dans lequel il entre à frottement dur; on peut facilement le remplacer par une pièce de forme analogue sur laquelle fl (LIL J Fig. 41. — Statif la de Zeiss. …. se logentles diaphragmes ordinaires, lorsqu'on le juge nécessaire. A ce …. système optique est annexé un appareil porte-diaphragmes spécial. M C'est un tambour surbaissé L, dans lequel on peut installer une série de disques percés de trous de grosseurs différentes ou un disque à centre 180 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. ar deux ou trois rayons, destiné Fä mière centrale.i Pour changer tirant le bouton que l’on voit plein, réuni à la circonférence p donner le champ noir en supprimant la lu les disques, on fait pivoter le tambour en Fig. 42. — Nouveau microscope grand modèle (Nachet). Ce bouton commande une crémaillère M, qui au porte-diaphragme et décentre ainsi mber sur la préparation des rayons à gauche de la figure. fait avancer ou reculer l’anne l'ouverture du disque, ce qui fait to de lumière oblique. Au-desso us se trouve un miroir à deux faces, l'une ». AR MICROSCOPE. 181 plane, l’autre concave. On a avantage, le plus souvent, à se servir de la première ; avec les objectifs très faibles, cependant, il serait difficile d'éclairer régulièrement tout le champ avec le miroir plan: il faut employer le concave. Les constructeurs remplacent très avantageusement, dans les modèles nouveaux, tous ces disques diaphragmes mobiles par un diaphragme iris (fig. 45) formé de lames mobiles les unes sur les autres, fixé dans DRE L Fig. 43. — Appareil d'éclairage Abbé. le tambour du condenseur, qui permet de réduire ou d'agrandir l'ouver- ture centrale à volonté, d'une facon lente et graduelle, sans rien chan- ger dans l'appareil, en faisant simplement mouvoir un bouton moletté. Pour obtenir le fond noir, il faut se servir d’un disque à centre plein que l’on met en place après avoir ouvert complètement l'iris. Tout l'appareil peut s'élever ou s’abaisser à volonté à l’aide d’une crémaillère que l’on met en mouvement en tournant le bouton À; on peut ainsi facilement diminuer l'intensité de l'éclairage en abaissant le condenseur, ce qui est surtout nécessaire lorsqu'on use d'objectifs fai- bles. Souvent même on doit enlever le système optique pour examiner à de faibles grossissements ; si l'on veut diaphragmer, on se sert alors 182 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. des diaphragmes ordinaires, portés par le cône mis à la place du con- denseur. , L'emploi des diaphragmes s’apprend surtout par l'expérience. Le EN ne —i LR jh = || EE j NL on ml LV es eegiill NULLE LE TT Tnt AE DM ie LI|) ET O1} | Fig. 44. — Eclairage du microscope Vérick. diamètre de l'orifice du diaphragme doit varier suivant le grossissement de l'objectif employé et l'intensité de la lumière; les objectifs forts Fig. demandent, en général, de petits dia- phragmes; les faibles, des moyens ou des gros. Il est du reste facile de choisir en appréciant les différences de netteté des images. Si l’on enlève tout disque de l’appareil et qu'on laisse libre l'ouverture du tambour L (fig. 44), il arrive dans le cône du système optique un flot de lumière qui nole tous les détails peu marqués de la préparation et ne laisse voir dis- tinctement que les objets colorés. C'est le moyen recommandé par Koch pour rechercher, dans les tissus in- colores ou faiblement colorés, les 3actéries qui s’y trouvent et qui ont été colorées par un des procédés in- 45. — Diaphragme iris. diqués ci-après. C’est du reste par un usage quotidien, plus que par de longues explications, que l’on apprendra à se servir commodément et utilement de l'appareil. MICROSCOPE. 183. La platine devra être aussi large que possible ; elle est d'ordinaire un peu étroile dans la plupart des modèles, ce qui souvent ne permet pas, lorsqu'on examine des cultures sur plaques, d'amener certaines colo- nies dans le champ de l'objectif. Il est alors très commode, souvent Je = — \N W TT [ul (UE [Il Fig. 46. — Nouveau microscope à grand champ de vision (1/3 de grandeur réelle). même indispensable, d'user d'un modèle spécial, à grand champ de vision, tel que celui représenté figure 46, construit par la maison Nachet, qui permet d'examiner facilement de grandes surfaces. Une platine mobile bien comprise et facile à enlever, construite, par exemple, sur le modèle des constructeurs anglais Ross et Swifft, est d’une très grande commodité. On conçoit, en effet, que lorsqu'il s’agit d'observer des objets de si faibles dimensions, les doigts, même les plus exercés, ser- 184 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. vent mal; des mouvements imperceptibles font sortir du champ du microscope, quand on emploie surtout de très forts objectifs, des points intéressants de la préparation qu'il est souvent difficile de retrouver après. Le chariot mobile permet de mouvoir la préparation en toute sûreté et, de plus, laisse prendre des repères, qui font retrouver facile- ment les détails que l’on veut étudier à nouveau sur les préparations. NACHET Fig. 47, — Microscope redresseur pour le prélèvement des colonies (Maison Nachet). Pour le prélèvement des colonies, en cultures sur plaques surtout, le microscope représenté figure 47, construit par la maison Nachet, est d'une très grande commodité. Il est muni de prismes redresseurs, de deux objectifs spéciaux, donnant l’un un grossissement de 25 diamètres avec 4 centimètres de distance focale, l’autre un grossissement de 50 dia- mètres environ avec 13 millimètres de distance focale. Les manipula- lions nécessaires se font avec une facilité toute spéciale, grâce au redressement de l'image et à la longueur du foyer. Est-il besoin de signaler les services que rend le revolver porte-objec- MICROSCOPE. 185 tif? On en construit d'excellents à trois ou quatre branches, qui per- mettent d’avoir de suite à sa disposition les trois systèmes optiques à emploi courant, un objectif faible, un fort à sec et un à immersion dans l'huile. Les changeurs d'objectifs à coulisse de Zeiss offrent aussi de très grands avantages. Chaque objectif peut être facilement centré une fois pour toutes par celui qui s’en sert; le foyer ne change guère et, de plus, on peut se servir d’un nombre indéterminé d'objectifs. Pour l'examen des grandes surfaces, et tout particulièrement pour l'étude si importante des cultures sur plaques, il est très avantageux de pouvoir se servir de pieds de microscopes spéciaux, tels que les microscopes à grand champ de vision construits par Nachet, et repré- sentés figures 46 et 47. La préparation placée sur le cadre en verre G peut être déplacée d'avant en arrière suivant une marche de 8 centimètres au moyen d'une crémaillère; le corps de microscope D peut lui-même pivoter sur son axe. On obtient ainsi des mouvements longitudinaux et transversaux d’une grande étendue. La partie optique du microscope a une tout autre importance que la partie mécanique. Trois objectifs sont à conseiller : un faible, un fort à sec et un à immersion homogène. L'objectif faible doit être à petit grossissement et à long foyer. Il sert surtout à l'examen des colonies, à la constatation de leurs formes et de leur pureté. La longueur de foyer est surtout utile quand on doit puiser dans ces colonies avec un fil de platine ou la pointe d’une aiguille, qui en ramènent une parcelle à examiner ou à ensemencer dans un autre milieu, pour obtenir une culture pure. Les objectifs 0 de Vérick, AA de Zeiss, remplissent très bien ce but. Dans bien des cas, les objectifs à grossissement variable, plus faibles que les premiers, de ces mêmes constructeurs, 0° de Vérick, a* de Zeiss, sont d'une très grande commo- dité. On peut, à l’aide d’un collier mobile, qui se trouve sur la monture de ces objectifs, à l'endroit où se met le collier des objectifs à correc- tion, faire varier le grossissement dans la proportion 1 : 2,5 ou 3, en écartant plus ou moins les lentilles. Ce collier porte un index qui arrive, lorsque l’anneau est monté le plus haut possible, au zéro d’une échelle graduée de zéro à 10; les deux lentilles internes ont alors leur écartement maximum, le grossissement est le plus faible. En tournant graduellement le collier, on rapproche les deux lentilles, le grossissement augmente en proportion. Naturellement, dans ce cas, la longueur focale diminue : elle est en raison inverse du grossissement. L'objectif fort à sec doit être choisi parmiles plus forts du constructeur. L'usage du 9 de Vérick, du F de Zeiss ou d'un similaire d’autres cons- tructeurs est à recommander. On peut, avec ces objectifs, obtenir, avec la série d’oculaires, des grossissements variant de 600 à 1 200 diamètres, parfaitement suffisants pour observer avec fruit les préparations natu- relles ou colorées des Bactéries et préparer l'emploi des systèmes à immersion. Bien des particularités d'êtres si pelits échappent à la puissance réso- lutive des objectifs à sec, même des meilleurs ; aussi le bactériologiste est-il obligé souvent, sinon toujours, au moins dans les observations approfondies, de recourir aux systèmes à immersion. On emploie depuis longtemps les objectifs à. immersion dans l'eau, qu'a fait connaitre, 186 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. dès 1844, le physicien italien Amici; on préfère aujourd’hui ceux à immersion dite homogène. Pour supprimer les inconvénients qui ere de la réfraction violente des rayons qui, sortant du couvre-objet, entrent dans l'air, et de la nouvelle réfraction qu'ils subissent en entrant dans la lentille frontale de l'objectif, on avait d’abord interposé, entre l’objecüf et la lamelle, une gouttelette d’eau qui supprimait en grande partie ces différences de, réfraction et augmentait en outre le nombre des rayons arrivant à l'objet en diminuant la déviation de ceux qui sortent du couvre- -objet. L'eau ne remplit qu'en partie le but proposé: son indice de réfraction est en effet plus faible que celui du verre des lentilles (eau : 1,336 ; — crown: 1,500). On s’est donc appliqué à trouver des liquides possédant un indice de réfraction très voisin de celui du verre. Certaines huiles, pures ou mélangées, ont un indice de réfraction el un pouvoir dispersif sensiblement égaux à ceux du crown-glass; en interposant de ce liquide entre la lentille frontale de l'objectif et la lamelle couvre-objet, on forme un milieu homogène pour les rayons lumineux. Si la préparation est montée dans le baume de Canada ou le dammar et qu'on dépose une goutte du liquide d'immersion entre la lame porte-objet et le condenseur, le résultat est meilleur encore, les rayons ne subissant que peu de changement depuis leur sortie de la lentille supérieure du condenseur jusqu'à leur arrivée dans l'objectif. On obtient ainsi des images bien supérieures comme clarté et netteté à celles fournies par les anciens objectifs à immersion dans l’eau. C'est cette tendance à uniformiser la réfraction dans les différents milieux que doivent traverser les rayons qui a fait donner à ce procédé le nom d'immersion homogène. Les liquides employés varient suivant les constructeurs, et il est bon jus- qu'alors de n'employer pour un objectif donné que le liquide indiqué par son fabricant. Zeiss emploie l'essence de cèdre épaissie par une longue exposition à l'air, en couches minces (indice de réfrac- tion — 1,515); d’autres recommandent l'huile de ricin additionnée d'huiles essentielles, ou des huiles essentielles pures. Tout liquide à indice de réfraction égal doit a priori être bon, si cependant il ne risque pas d'endommager l'objectif. Après usage, on enlève facilement l'huile sur la préparation ou sur l'objectif avec un tampon d’ouate ou un linge fin, imbibés d'alcool, de xylol ou de benzine pure, ou même à sec. Ces objectifs sont d'habitude construils sans correction, parce qu'un écartement un peu fort des lentilles nuirait beaucoup à la perfection de l'image ; ils sont corrigés pour une épaisseur moyenne de couvre-objets. Du reste, l'épaisseur des couvre-objets n'influe sur eux que dans de très larges limites. Les objectifs homogènes apochromaliques de Zeiss, et ceux que pos- sèdent aujourd’hui tous les bons constructeurs, sont certainement à recommander. Ils se distinguent par une correction parfaite de l’aber- ration chromatique et l’aberration de sphéricité. Les objectifs à immersion à eau, ordinaires ou apochromatiques, sont souvent d'une grande commodité, en permettant d'observer les prépara- tions faites sur lame porte-objet, sans interposition de lamelle et sans être obligé d'immerger la préparation dans l'essence. Les systèmes oculaires sont moins importants que les objectifs; leur À 2 Ps + Y ns . d'A TES CRT PRIE 7 Lo ULTRAMICROSCOPIE. 187 construction, bien moins délicate, ne demande pas des soins si minu- tieux et des calculs aussi compliqués. Zeiss construit, spécialement pour ses objectifs apochromatiques, des oculaires dits compensaleurs, destinés à corriger, pour l'observateur, certains défauts de l’image de l'objectif. Ces oculaires s’emploient aussi avec les objectifs à grand angle d'ouverture, de l’ancienne série de ce constructeur. Il les numé- rote 1, 2, 4,8, 12, 18, le numéro désignant le grossissement oculaire de chacun d'eux. Dans ces conditions, si l'on a déterminé une fois pour toutes le pouvoir grossissant de chacun des objectifs que l’on possède, on arrivera bien vite à la mesure du grossissement total du microscope avec un assemblage optique donné. 1 suffira de multiplier ce dernier chiffre par le numéro de l’oculaire ; on sait, en effet, que le grossisse- ment d'un microscope est égal au produit du grossissement de Fobjectif par celui de l'oculaire. I faut, en Lout cas, n'opérer qu'avec une lon- gueur de tube toujours identique. L'emploi des oculaires chercheurs, ‘à grossissement très faible, et surtout d’un oculaire à grand champ, comme celui que construit la maison Nachet, peut donrer d'excellents résultats, particulièrement pour l'examen des cultures microbiennes. Une loupe montée sera dans bien des cas d'une grande utilité. Elle servira à étudier la forme et l'aspect des colonies que donnent les Bactéries sur les milieux où on les cultive. Elle est indispensable pour une numération exacte dans les cultures sur plaques. Les constructeurs cités en possèdent de irès beaux modèles. La recherche des Bactéries dans l'intérieur des tissus nécessite l'emploi de microlomes, permettant d'obtenir des coupes suffisamment minces. On connait ces instruments, qui sont d’un usage courant dans les laboratoires. On peut user de petits microtomes à main ou, mieux, des grands modèles à glissière en métal, construits, sur le principe de l'ancien microtome en bois de Rivet, par la plupart des constructeurs. Yung (de Heidelberg) et Vérick (de Paris) en fabriquent de différentes tailles avec tous les perfectionnements que l’on sait. Ultramicroscopie. La puissance du microscope a des limites. Il y a des objets trop petits pour être vus aux plus forts grossissements, avec les meilleures combi- naisons opliques, et parmi eux beaucoup d'êtres vivants, de microbes, ces microbes invisibles, déjà nombreux, dont il a été parlé précédemment (p. 16). On a appelé ces objets ultramicroscopiques; on les met en évidence à l’aide des appareils ultramicroscopiques. Les termes ullramicroscopie, ultramicroscope et ultramicroscopique peuvent faire penser qu'il s’agit d'emploi de grossissements plus forts que ceux dont on dispose d'habitude. Il n’en est rien. On se sert unique- ment des objectifs et oculaires en usage pour les examens microsco- piques ordinaires. Le mode d'emploi seul diffère. L'expérience démontre qu'on ne peut reconnaitre ni forme ni grandeur à un objet dont les dimensions sont un peu au-dessous d'une longueur d'onde, vers 0,4 » par exemple. Si les dimensions diminuent encore un peu, 0,3 u, 0,2 4, Ü devient impossible de le distinguer, même avec les meilleures combinaisons optiques, avec l'éclairage habituel, en trans- parence. 188 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Il est en outre des microbes de dimensions ordinaires que leur très grande transparence empêche de distinguer au microscope où ils sont entièérementnoyés et fondus dans le flot de lumière envoyé par l'éclairage employé par-dessous. Ceux-là sont justiciables aussi des procédés de l'ultramicroscopie. Le principe de la méthode est le suivant : un objet trop petit ou trop transparent pour êlre vu au microscope employé comme d'habitude y. devient visible s'il est suffisamment lumineux par lui-même et s'il se détache alors sur un fond noir. Si l’objet a des dimensions au-dessous de la limite de visibilité, on ne lui distingue pas de forme ; particule opaque très éclairée, il se comporte comme sil élait une source de lumière et apparaît comme un simple point lumineux. C'est ce que l'on observe, par exemple, avec des cul- F3. 48. — Disposition d'installation ultramicroscopique de Leitz. Lures du microbe de la péripneumonie des bovidés, où l'on distingue à l'ultramicroscope de nombreux petits corpuscules brillants animés de mouvements en tout semblables aux mouvements browniens. On obliendrait de mêmes résultats pour d’autres microbes de très petites dimensions, dits microbes invisibles ou microbes filtrants. Si l’objet a des dimensions suffisantes, mais est trop transparent pour se distinguer avec les dispositifs habiluels, fortement éclairé il apparaît sur le fond noir comme une forme lumineuse ayant son aspect spécial, ses mouvements sil en possède, ses dimensions. Il devient facile à caractériser. C'est ce que l’on observe en particulier avec le Spirochète de la syphilis ou d'autres Spirochètes voisins. Les conditions essentielles à remplir sont un fond noir et un fort éclairage latéral de la préparation. Le fond noir s'obtient facilement avec des disposilions simples. L'éclairage latéral peut se réaliser diffé- remment suivant les appareils, soit par l’interposilion, sous la prépara- Uon, de prismes de forme voulue, comme dans l'appareil de Cotton et ULTRAMICROSCOPIE. 189 Mouton, soit en se servant d'un condensateur parabolique ou sphérique, comme dans les appareils de Zeiss et de Leitz. Comme source lumineuse, il faut une lumière intense, blanche et fixe: on peul prendre l'arc, le bec Auer, l’acétylène, la lampe Nernst. Les rayons doivent être con- densés sur le miroiravec une forte lentille. Une disposition facile est indiquée par la figure 48. Il est à recommander d’é- viter la pénétration de rayons lumineux dans l'objectif. L'emploi d'objectifs à 1im- mersion homogène donne de meilleurs résultats, l'huile empêchant la dispersion des rayons. Il faut, en outre, Fig. 49. — Spirochètes, globules rouges, graines chercher à n’éclairer dans un et amas de mucine et d’albumine (Dr Gastou). champ qu'un nombre res- treint de particules microscopiques; lorsque ces dernières sont trop nombreuses, leurs images lumineuses sont trop rapprochées, se nui- sent, se fusionnent. Quand on veut se servir couramment d’un dispositif, on a très grand intérêt à faire le repérage exact des différentes pièces, lampe, lentille, miroir, et ? déterminer le centrage de l'appareil à fond noir. On s'évite, de cette facon, bien des tâätonnements inutiles. La mise au point s'obtient facilement en abaissant pro- gressivement l'objectif d’a- bord placé trop haut. En ap- prochant, on aperçoit d'abord unéclairage diffus, puis l'obs- curilé, enfin le fond noir s'éclaire par places, montrant lumineux des points, des fila- ments, des amas, suivant le cas mobiles ou immobiles. Ce Fig. 50,— Urineavec nombreux microbes et amas que l’on distingue alors varie albumineux (Dr Gastou). avec la nature ‘de la prépara- tion que l'on examine ; les figures 49 et 50, empruntées à Gastou, peuvent en donner une idée. Lorsqu'on cherche à voir des microbes mobiles, à constater et à apprécier la nature des mouvements, il faut éviter de déterminer dans le liquide de la préparation des courants qui puissent communiquer des 190 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. mouvements artificiels, de simple entraînement. On ne doit pas faire de mélanges de liquides de densité différente, empêcher l'évaporation trop forte en lutant en partie à la paraffine et surtout, comme l'indique avec raison L. Spillmann, obtenir une horizontalité parfaite de la platine du microscope avec un niveau à bulle d'air et au besoin l'usage d’une planchelte à vis coulantes. Des détails plus spéciaux seront encore donnés à propos du Spiro- chèle de La syphilis dont la recherche et la constatation sont particulière- ment facililées par l'emploi de l’ultramicroscope. Des indications très complètes sur l’ultramicroscopie et ses applications cliniques se trouvent exposées dans les ouvrages de Cotton et Mouton (1) et de Gastou (2). Mensuration des objets. En bactériologie, comme dans toute étude de cytologie, une chose importante et délicate est la détermination du diamètre réel des objets que l'on observe. La difficulté tient surtout ici aux dimensions très faibles des Bactéries, qui ne mesurent d'ordinaire que quelques millièmes de millimètre et parfois même de simples fractions de cette quantité. On sait qu'on prend habituellement le millième de millimètre comme unité de grandeur en microscopie; on le représente par la lettre grecque & et on l'appelle micron ou, plus simplement, mu. Pour arriver à cette mensuration, on se sert du micromètre oculaire et du micromètre objectif. Ce dernier instrument est un porte-objet sur lequel a été gravé au vernier 1 millimètre divisé en cent parties égales : chacune des divisions équivaut donc à 1 centième de millimètre. Le micromètre oculaire est un disque de verre, portant 5 millimètres divisés en cinquante parties égales. Ce disque se place sur le diaphragme médian de l’oculaire ; il y est à demeure, ou peut s’enlever à volonté. La méthode la plus facile et la plus expéditive consiste à déterminer, une fois pour toutes, le pouvoir amplifiant de la série d'objectifs dont on se sert. Pour ce faire, on installe le micromètre objectif sur la platine du microscope et l’on met au point, avec un objectif donné et l'oculaire micrométrique. On voit nettement l'image des deux échelles. En les faisant coïncider, on calcule la valeur d'une division du micro- mètre oculaire exprimée en centièmes de millimètre, pour l'objectif dont on s’est servi. On note cette quantité et l’on fait de même pour les autres objectifs. En dressant un tableau de ces différents résultats, il est facile d'arriver à une mensuration quelconque. On notera la valeur en divisions du micromètre oculaire et il suffira de multiplier ce chiffre par le pouvoir amplifiant de l'objectif porté sur le tableau. Le tube du microscope doit avoir naturellement une longueur identique dans les deux cas. Voici un exemple, pour mieux indiquer la marche à suivre. Nous voulons déterminer les dimensions d’un objet vu à l'aide d'un objectif avec lequel il faut cinq divisions du micromètre oculaire pour recouvrir une division du micromètre objectif : chacune des cinq divisions vaut (1) Corrox et Mourox, Les ultramicroscopes. Les objets ultramicroscopiques. Paris, Masson, 1906. (2) Gasrou, L'ultramicroscope dans le diagnostic clinique et les recherches de labo ratoire. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1910. CPR EN ES DESSIN. 101 donc, à ce grossissement, 1 centième de millimètre divisé par 5, ou 2 millièmes de millimètre, 2 y. S'il nous faut 3 divisions 1/2 du micro- mètre oculaire pour recouvrir l'objet en longueur, sa longueur sera 3 1/2X2u—7 y. De même pour la largeur. Ce grossissement n'est pas un chiffre rigoureusement absolu ; il dépend en effet du grossissement de l'oculaire, qui varie, dans des limites restreintes, pour chaque œil qui regarde et aussi pour le même observa- teur, suivant l'âge et l'état de repos ou de fatigue de l'organe. Aussi est-il à recommander, sur un dessin par exemple, d'indiquer les systèmes objectif et oculaire employés. Dessin. Le dessin des objets vus au microscope, outre qu'il oblige à les étudier d’une manière beaucoup plus complète et approfondie, a le grand avantage de fixer, d’une façon durable, bien des détails de structure, bien des particularités de développement, qui, au bout d'un temps plus ou moins long, échapperaient forcément à la mémoire la mieux douée. Il faut donc s'y astreindre dès le commencement et se contenter même d’esquisses très simples, à défaut d'œuvres plus achevées. Les dessins faits à simple vue ne suffisent pas, lorsqu'il est néces- saire d'en avoir de précis. Les proportions et les rapports exacts sont trop difficiles à garder. Il faut recourir aux appareils connus sous le nom de chambres claires. On en trouve la description dans les cata- logues des constructeurs et dans tous les Traités de microscopie, où l’on en apprendra l'emploi. La distance où l'on place la feuille de papier, sur laquelle se projette l’image, fait varier très notablement l’amplifi- cation de celle-ci. Lorsqu'on dessine à la hauteur de la platine du microscope ou, à plus forte raison, sur la table de travail, l’image est agrandie et, ce qui est plus grave, légèrement déformée. Il sera souvent plus avantageux de rapprocher la feuille de papier de l'oculaire jusqu'à ce que l’image que projette sur elle le prisme de la chambre claire soit égale en grandeur à celle vue dans l'oculaire lui-même. Cette dernière distance varie naturellement avec l'objectif employé et avec l'œil . de l’observateur. Elle est d'autant plus petite que l'objectif est plus faible. On peut se servir d'un pupitre qu'on élève ou abaisse à volonté, ou, plus simplement, d’une pile de livres plus ou moins haute qui supporte une tablette sur laquelle on dessine. Il est toujours difficile et souvent impossible d'achever un dessin à la chambre claire. Quelques soins qu'on prenne, on obtient des traits tremblés, des formes incomplètes. Lorsque l’esquisse est minu- tieusement faite à la chambre claire, que tous les détails importants sont notés, on finit le dessin à la main levée, en regardant de l'œil gauche au microscope. Il faut toujours noter, sur un dessin, le grossissement sous lequel il a été exécuté: grossissement 550, ou 550/1. On peut se contenter de marquer les numéros des systèmes optiques employés et le nom du constructeur : grossissement objectif 9, oculaire 2 (Vérick). — Ob)j. apochr. 1,30, oc. comp. 8 (Zeiss). 192 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Photographie. Ce mode de reproduction des images donne, en bactériologie, des résultats exceptionnels. L’exactitude rigoureuse de la reproduction des formes et des dimensions doit faire préférer les photographies aux meil- leurs dessins. De plus, celles-là possèdent des caractères d'authenticité que ne présenteront jamais les derniers. Les photographies peuvent avoir une valeur à peu de chose près égale à la préparation elle-même. La photographie sera tout particulièrement avantageuse pour la représentation, en grandeur naturelle ou à faible grossissement, des colonies, d'aspect souvent caractéristique, que les Bactéries donnent sur divers milieux de culture. C’est assurément le meilleur moyen de rendre les formes, si compliquées souvent, des colonies des cultures sur plaques de gélatine préparées d’après la méthode de Koch. Il serait difficile ou presque impossible de représenter par le dessin, dans toute leur exactitude, les détails très fins de certaines colonies, détails qui sont parfois destinés à entrer, pour une grande part, dans la diagnose de l'espèce. Il en est de même pour les cultures en tubes, d'aspect très caractéristique pour beaucoup d'espèces. La reproduction de préparations à de forts grossissements à sec ou à immersion demande un outillage perfectionné et des soins plus minu- tieux, devant porter sur l'éclairage et sur la mise au point. La photographie n’est pas seulement, pour l'étude des Bactéries, un excellent moyen de reproduction offrant des garanties que n'ont jamais les dessins : elle s'élève à la hauteur d'une méthode de recherches de premier ordre qui, en des mains habiles, a déjà donné des résultats des plus précieux. La plaque sensible se laisse impressionner par des détails invisibles à l'œil, parce que l'objectif photographique peut utiliser des rayons lumineux de longueur d'onde trois fois plus petite que ceux que peut utiliser l'œil. Un cliché photographique pourra donc montrer des détails que l'observateur n'arrivera jamais à distinguer dans la préparation, malgré l'attention la plus soutenue. Il suffit de dire que c'est sur des clichés, ou des épreuves positives obtenues avec eux, que Koch a découvert les cils vibratiles de plusieurs espèces de Bactéries mobiles. On trouvera dans un beau mémoire de ce savant (1) d'exactes reproductions photographiques des cils vibratiles du Sptrillum undula et d'un Bacille, qui est probablement le Bacillus sublilis. Nous renvoyorns aux ouvrages spéciaux pour tous les détails (Voy. Albert Londe, Atde-mémoire de pholographie, Paris). La pratique générale s'apprendra dans les Traités ordinaires de photographie; ou, mieux, en se faisant guider quelque temps par un bon photographe, artiste ou amateur. Quant aux méthodes particulières à la photomi- crographie, elles sont exposées et discutées magistralement dans les traités de Moitessier (2), Huberson (3), Viallanes (4), de Neuhauss (5), (1) Koca, Untersuchungen über Bacterien (Cohn's Beitr. zür Biol. der Pflanzen, II, 1877, p. 399, et pl. XIV, XV et XVI). (2) Morressier, La photographie appliquée aux recherches microscopiques. Paris, J.-B. Baillière, 1866. (3) Husersow, Précis de microphotographie. Paris, 1879. (4) Viazraxes, La photographie appliquée aux études d'anatomie microscopique. Paris, 1886. (5) Neunauss, Lehrbuch der Mikrophotographie. Braunschweig, Harald Brun, 1890 Le. du DE ll us di sobrut bit Re + Le i sud in Fa a daer di do an att élite is a: : die L.'" db PHOTOGRAPHIE. 193 _Choquet (1), etc. Plusieurs mémoires contiennent des renseignements plus particuliers aux Bactéries. On consultera avec fruit plusieurs travaux de Koch (2). Un excellent article de Roux (3) renferme, à côté de conseils très pratiques, une série de photomicrographies vraiment remarquables. L'Atlas de Crookshank (4) contient une collection bien réussie de quatre-vingt-six photographies représentant des espèces intéressantes. L'A/las de Fraenkel et Pfeiffer (5) montre au mieux les excellents résultats qu’on peut retirer de ces procédés de reproduction; celui de Itzerott et Niemann (6), moins complet, renferme cependant pas mal de figures intéressantes. Les photographies de Zettnow, dans l'ouvrage de Kolle et Wassermann (7), sont de véritables modèles. De nombreuses autres publications similaires démontrent la grande valeur de la méthode. | N'importe quel appareil de photographie, que l’on peut relier d’une manière convenable à un bon microscope, permet d'obtenir de très bons résultats ; néanmoins, 1l est toujours plus commode de recourir aux appareils imaginés spécialement pour le but que l’on vise. Depuis ces dernières années, les appareils de photographie micro- scopique ont reçu des perfectionnements très importants. La figure 51 représente le grand modèle que construit Vérick. La disposition hori- zontale de la chambre noire est très commode pour l'éclairage et la mise au point sur la glace dépolie. Elle ne peut malheureusement pas servir pour la photographie des cultures sur plaques, où la liquéfaction de la gélatine, qu'occasionnent beaucoup d'espèces, empêche de disposer la plaque verticalement. Il faut alors faire modifier légèrement l'appareil pour pouvoir le placer verticalement. Zeiss fabrique un appareil plus perfectionné encore (fig. 52), mais d’un prix beaucoup plus élevé. Les petits appareils verticaux, plus simples, comme celui représenté fig. 53 et 54, sont tout à fait à recommander. On enlève souvent l’oculaire ; lorsqu'on veut s'en servir, on doit prendre des oculaires spéciaux, dits achromaliques ou orthoscopiques. Zeiss construit, sous le nom d'oculaires à projection, des oculaires spécialement destinés à projeter l'image donnée par l'objectif sur un écran ou sur une plaque sensible. Le système optique est soigneusement corrigé au point de vue des aberrations de couleur et de sphéricité. On obtient d'excellents résultats pour la microphotographie, en les combi- nant avec les objectifs apochromatiques du même constructeur. La question de l'éclairage est une des principales. Pour les faibles grossissements, on peut se contenter de la lumière diffuse du jour ou de celle fournie par les lampes à pétrole ou à gaz bec Auer. Il faut avoir (1) Cnoquer, La photomicrographie histologique et bactériologique. Paris, Ch. Mendel. (2) Kocn, Mémoire précité et: Zur Untersuchungen von pathogenen Organismen (Millh. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, I, 1881). (3) Roux, La photographie appliquée à l'étude des microbes (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1, 1887, p. 206). (4) CrooxsHaxk, Photography of Bacteria. London, Lewis, 1887. (5) Frazxkez u. Pretrren, Mikrographischer Atlas der Bakterienkunde. Berlin, Hirschwald, 1889-1891. (6) Irzerorr u. Niemaxx, Mikrophotographischer Atlas der Bakterienkunde. Leipzig, J. A. Barth, 1895; trad. française par S. Bernheim. Paris, Maloine, 1895. (7) Kozze u. Wassermaxx, Handbuch der pathogenen Mikroorganismen. Atlas pho- tographischer Tafeln nach Originalaufnahmen von E. Zettnow. lena, Fischer, 1920. Macé. — Bactériologie, 6° édit. 13 194 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. recours, pour photographier avec de forts objectifs, à des sources lumi- neuses d'intensité plus grande. On peut user de la lumière solaire, qui nécessite alors l'emploi d'un héliostat, à cause du déplacement apparent du soleil, très sensible dans les poses un peu longues. La lumière oxy- calcique ou oxymagnésienne, ou l'éclairage électrique, sont beaucoup plus faciles à régler et d'un usage plus constant, surtout dans nos régions où le soleil est souvent rare; à leur défaut, on peut user de très fortes lampes à pétrole, ou d'un bec Auer, ce qui nécessite alors ‘un temps de pose très prolongé. Lorsqu'on emploie la lumière artifi- cielle, il faut se rappeler qu'elle est moins riche en rayons chimiques que la lumière solaire, que, par conséquent, le temps de pose doit être aug- menté. L'expérience apprendra mieux que toutes les explications la différence qu'il faut y mettre. Pour déterminer le temps de pose, on peut Fig. 51. — Appareil de photographie microscopique (Vérick). avantageusement se servir de l’un des photomètres actuellement en usage, de l'appareil Decoudun, par exemple. C’est également la pratique qui fera connaître les usages si importants du condenseur et des diaphragmes. Toutefois, il paraît préférable de mettre le condenseur plus près de la préparation et d'user de dia- phragmes plus petits. La lumière oblique pourra être très utile, principalement dans la photographie des colonies sur plaques de gélatine ou en tubes. Il faut, ici, s'arranger de facon à bien faire valoir les reliefs de la colonie. Pour les cultures en tubes, on doit, en plaçant convenablement la source lumineuse et en s'aidant d'écrans, faire disparaître le plus possible les ‘reflets qui se produisent sur la surface convexe du verre ; ils nuisent à la netteté de la photographie et ne permettent pas d’avoir une image complète. Il vaut encore mieux, lorsque les cultures s’y prêtent, photographier les objets immergés dans l’eau ; on éteint ainsi tous les reflets. Dans ce dernier cas, il faut naturellement employer un appareil vertical. Il serait très intéressant de pouvoir photographier des Bactéries en vie, dans le liquide où elles se développent. La chose est rarement dt mile Rébdoe : hmiidé Loc. PHOTOGRAPHIE. 195 EN possible. Pour les espèces mobiles, il n'y a pas à y songer. Les autres sont presque loujours animées de trépidation brownienne, qui suffit à donner des images complètement troubles. Enfin la transparence est en général si grande que les contours sont trop peu nets, sur DD )\ ‘ ; l £ $ 2 V i 4 / CPR Fig. 52, — Grand appareil microphotographique (Zeiss). $ ! Ë C.ZEISS.JENA. les fonds éclairés, pour donner une bonne photographie. C’est un côté de la question à étudier, qui pourrait donner de précieuses indica- lions. La plupart du temps on a donc recours aux préparations colorées. Les couleurs d'aniline rouges, bleues et violettes, dont on se sert de préférence, venant mal en photographie, Koch recommandait l'emploi : ; è L Ê - F % » , 196 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. : S- de bruns ou particulièrement de vésuvine ou brun Bismarck. Depuis, l'invention des plaques isochromatiques, orthochromatiques, panchro- À maliques, sensibles à toutes les radiations, permettant de rendre les nuances bleue, violette et rouge, avec leur intensité propre, a consi- £ dérablement facilité la photographie des ll Bactéries traitées par les diverses mé- j | thodes de coloration. Le développement | de ces plaques se fait d’après les procédés ordinaires; le temps de pose est égal à I celui des autres. Viallanes recommande | | CEE, a ——————— É | [: L & =! Fig. 54. — Petit appareil photogra- B, phique vertical (Zeiss). Fig. 53. — Petit appareil photographique horizontal (Zeiss). de combiner leur emploi avec celui de la lumière monochromatique jaune que l’on oblient facilement en interposant, entre la source lumi- neuse et la préparation, une lame de verre jaune ou une petite cuve, à faces planes et parallèles, remplie d’une solution saturée d'acide pi- crique. . A côté des reproductions photographiques, comme à côté des dessins, l PT NET PCT De ee € + à - ; 2 À À À £ L 4 : à À APPAREILS A STÉRILISATION. 197 il est nécessaire de faire figurer l'indication exacte du grossissement. On le fait comme pour les dessins, ou, mieux, d'après l'excellente méthode de Roux, en plaçant, à côté des épreuves positives, une photographie du micromètre objectif, obtenue avec la même composition optique et le même tirage de chambre noire. En agrandissant les clichés obtenus, on arrive à avoir des images considérablement grossies. Malheureusement, bien des détails se perdent dans ces manipulations: on perd en netteté beaucoup plus qu'on ne gagne en grosseur. On s’en rendra facilement compte en examinant l’A as de Crookshank, dont nous avons parlé plus haut. Les procédés actuels de phototypie permettent de reproduire d’une facon très convenable les épreuves obtenues. La photographie indus- trielle, d’un autre côté, livre aujourd'hui de nombreuses épreuves à très bon compte ; ces lirages directs perdent moins dans les détails. Les méthodes actuelles de photographie en couleurs permettent d'ob- tenir de très belles épreuves de préparations colorées, convenant surtout pour la projection. On peut recommander les plaques Lumière, les plaques omnicolores de Joucla, les Diopticron de Dufay (Maison Guilleminot). Les procédés de cinémalographie enregistrent les mouvements des espèces mobiles en vie et permettent de les projeter d’une manière fort intéressante ; avec les Spirilles et les Spirochètes, on peut obtenir d’ex- cellents résultats. 2° APPARGILS DE CHAUFFAGE. A côté du microscope, instrument indispensable, se placent les appa- reils de chauffage à une température élevée ou à une température moyenne et fixe (1). Les premiers sont destinés à porter à une haute température, soit dans l’air sec, soit dans la vapeur d'eau, les ustensiles et les substances à émployer, de façon à tuer les germes qu’ils pourraient renfermer, à les slériliser. Les autres doivent maintenir, à une température moyenne mais fixe, au moyen d’un chauffage continu et réglé, les milieux où l'on fait vivre les Bactéries. Le mode de chauffage le plus commode est sans contredit le gaz. On peut cependant le remplacer par tout autre combustible, charbon ou pétrole par exemple, voire électricité; on peut, de même, utiliser, au lieu et place d’étuves à température fixe, les différents modèles de cou- veuses artificielles, à simple manchon d’eau chaude ou à feu continu. Appareils à stérilisation à air sec. Le plus simple est une petite étuve, en tôle ou en cuivre rivés, (1) Parmi les maisons qui fabriquent tous ces appareils pour les laboratoires de bactériologie, on doit surtout citer les suivantes: Wiesnegg, Lequeux successeur, 84, rue Gay-Lussac, Paris ; Adnet, 26, rue Vauquelin, Paris; Lautenschläger, 54, Ora- nienburgerstrasse, Berlin: R. Muenke, 58, Luisenstrasse, Berlin ; P. Altmann, 47, Luisenstrasse, Berlin; Hearson et C9, 235, Regent Street, Londres. Les catalogues sont généralement envoyés sur demande. 198 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. de forme carrée ou rectangulaire, dont un des côtés fait porte (fig. 55). Fig. 55, — Appareil à stérilisation à air sec. Les dimensions Je 30 centimètres de hauteur sur 20 centimètres de lar- geur et de profondeur suffisent ample- ment. L'appareil peut être rapidement porté à une température de 150° environ, M Fig. 57. — Four de Pasteur pour Fig. 56. — Stérilisateur à air chaud. flamber les ballons. au moyen d'un fort bec à couronnement. Ces éluves se fabriquent fa- ENT Ve LT mutants APPAREILS A STÉRILISATION. 199 cilement partout. Les constructeurs en vendent à doubles parois, dans lesquelles la chaleur se répartit bien plus uniformément et se maintient plus régulière (fig. 56); mais ici de légères variations n’ont aucune importance. Le stérilisateur à air chaud est un des instruments le plus couramment employés ; ilsert journellement à porter à une haute tem- pérature, de 150° à 180°, la verrerie, les scalpels, pinces, ciseaux, la ouate, etc. Le même résullat s'obtient avec le four à flamber de Pasteur cons- truit par la maison Lequeux (fig. 57). C’est un fourneau en tôle, chauffé extérieurement par un fort brûleur, dans lequel on peut suspendre un panier en toile métallique, contenant les différents objets à soumettre à la haute température. I n'est pas nécessaire d'adapter des régulateurs à ces appareils où les variations de lempérature ne sont pas nuisibles, pourvu que le degré reste assez élevé. Cependant l'emploi d’un régulateur est toujours avan- lageux ; on peut user d’un régulateur à mercure tel que ceux dont il sera parlé plus loin, réglé à 180°, par exemple. Il esl toujours pru- dent de s'assurer de la température, à l’aide d'un thermomètre fixé dans un orifice spécial que doivent présenter ces instruments dans leur partie supérieure. On peut se servir, pour apprécier le degré de chauffe d’un de ces stérilisateurs , d'un tampon d'ouate qu'on place à côté des objets à stériliser. La chaleur doit être poussée jus qu'à ce que la ouate roussisse légèrement, ce qui indique une | température de 170° environ. Les objets doivent y séjourner d'une demi- heure à trois quarts d'heure. Appareils à "TR ee | Di | stérilisation S me re, | = à vapeur. Ë Les objets (Je sont maintenus D TLC dans une atmo- 7 D sie sphère de va- peur d’eau, four- nie parune masse de liquide placée à la partie inférieure de l'appareil. Celle vapeur peut se trouver à la pression normale ; un thermomètre Fig. 58. — Slérilisateur à vapeur de Koch. 200 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. placé dans son intérieur marque alors exactement 100°. Ou bien elle peut se dégager sous pression ; sa température est alors d'autant plus élevée que la pression est plus forte. Le type des appareils de la première catégorie est le stérilisaleur à vapeur de Koch (fig. 58). C’est un cylindre en fer-blanc, recouvert d'une couche épaisse de feutre dont la partie inférieure, qui est fermée par un grillage, est soudée à une petite chaudière en cuivre rouge pou- vant contenir ? à 3 litres d’eau. La chaudière est munie latéralement | Fig. 59. — Stérilisateur à vapeur fluente à 1000. d’un tube à niveau, indiquant la hauteur de l’eau dans son intérieur. Le cylindre. en fer-blanc se ferme supérieurement par un couvercle, muni d’une lubulure pour le thermomètre et portant trois arrêts qui l’empêchent d’obturer hermétiquement l'orifice. On dispose les objets à l'intérieur dans un panier en treillis. La chaudière est chauffée avec un fort bec à couronnement ou avec une couronne de petits becs brûlant à bleu, qui mettent rapidement l’eau en ébullition. Le cylindre se rem- plit de vapeur d’eau, qui garde la pression normale, grâce aux inters- tices du couvercle par où elle peut se dégager. L'enveloppe de feutre empêche le refroidissement. Aussi le thermomètre, qui marque 100° dès que la vapeur sort du pourtour du couvercle, reste-t-il fixe à cette tem- pérature lant que dure l'ébullition. On verse de l’eau dans la chaudière jusqu'à 1 ou 2? centimètres du grillage qui sépare la chaudière du FORTS à ss Sd EE à à à. | 4 * \ ‘4 APPAREILS A STÉRILISATION. 201 cylindre. Cette quantité est suffisante pour fournir de la vapeur pendant le temps que doit marcher l'appareil, une heure et demie à deux heures en moyenne. On suit du reste l’abaissement du niveau du liquide à l’aide du tube latéral. Il ne faut jamais, naturellement, laisser la chau- dière chauffer à sec. La figure 56 représente un autre type de stérilisateur à vapeur à 100°, avec niveau constant. La quantité d’eau à chauffer, bien moindre que || ill | Fig.60.— Autoclave de Chamberland. Fig. 61. — Autoclave de Chamberland. il dans le modèle précédent, permet d'opérer plus rapidement el avec moins de dépense, au moyen d’un seul bec. Le plus usité des appareils à stérilisation à l’aide de la vapeur d’eau sous pression est l'auloclave de Chamberland (fig. 60 à 63). C'est une marmile de Papin perfectionnée. Il se compose d’une chaudière en cuivre rouge brasé, sur laquelle se fixe, à l’aide de fortes vis de pres- sion, un couvercle en cuivre massif muni de trois orifices. L'un des orifices donne issue au tube d’un manomètre ; un second est muni d’un robinet ; le troisième porte une soupape de sûreté. La chaudière est sup- portée par un fourneau à enveloppe de tôle, muni de deux couronnes 202 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. de forts brûleurs. Le manomètre est gradué de 0 à 2 atmosphères et porte en regard des indications de pression les indications thermomé- triques correspondantes. L'appareil est des plus facile à mettre en marche. On dispose les objets à soumettre à la température voulue, 1150 par exemple, dans un panier en toile métallique, qui se place dans la chaudière en laissant à la partie inférieure un espace vide. On verse | P.LEQUEUX.INGT CONS 1à «x» = y TE « - MODELE DÉPOSÉE Fig. 62, — Autoclave de Chamberland, couvercle à charnière el soupape à poids. de l’eau dans la chaudière presque jusqu’au niveau du fond du panier, on place celui-ci garni et l’on couvre. Pour obturer complètement l'interstice qui existe entre la chaudière et son couvercle, on interpose un boudin de caoutchouc et l’on serre modérément les vis de pression à l’aide d’une clef. On allume une ou deux couronnes du fourneau, et bientôt l’eau qui se trouve dans la partie inférieure de la chaudière entre en ébullilion. Il est nécessaire d'ouvrir le robinet du couvercle dès qu'on allume, de façon à laisser échapper l'air qui pourrait nuire au bon fonc- lionnement ; cet air, en se dilatant, aclionnerait le manomètre en même . APPAREILS A STÉRILISATION. 203 temps que la vapeur, l'indication de température donnée par le mano- mètre ne serait pas exacte. Dès qu'il en sort un pelit jet de vapeur, on le ferme. Il est alors très simple, en observant le manomètre, de régler -à peu près l’autoclave à la température que l'on veut atteindre. On y arrive en diminuant la chauffe et avec la soupape de sûreté, en reculant ou en avançant le contrepoids selon que la température est trop élevée ou trop basse. Si la température montait trop, en ouvrant le robinet et en laissant partir une certaine quantité de vapeur, il est facile de la faire rapidement descendre. ep Fo Fig. 63. — Autoclave de Chamberland. Le modèle représenté figure 62 a son couvercle à charnières, présentant une commodité précieuse pour l'ouverture. L'auloclave Radais (fig. 64, 65 et 66), monté sur un bâli mobile qui en permet le facile déplacement, a son départ de vapeur à la partie infé- rieure ; le tuyau de départ (FG, fig. 65) sert aussi à la vidange de l'eau el au nettoyage de la chaudière, opération bien plus facile alors qu'avec les autres modèles. L'ouverture et la fermeture du couvercle se font par le jeu très aisé d’une pédale C, dont l'usage se comprend bien à l'ins- pection des figures. I peut être trèsutile deconnaitre, pour l'usage de ces appareils à vapeur souspression, lesrapporlsquiexistententrelatempératureel la pression. Ils sont exprimés dans le tableau suivant, établi par Dulong et Arago : 204 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE ATMOSPHÈRES. TEMPÉRATURE. ATMOSPHÈRES. TEMPÉRAT URE. RS ARC RUES 100°,0 Be ss PEN TEr E T ERE ET 1720,1 LEA PE AS rt 1120,9 DA E E RRS LÉ Lee ARE LE | Ds eue eee Nr TE ae AMD TO AOF secret el 02101870 | DD PNA E ME ANSE EE Ne 1280,8 AE AT NOR NN LR 186,0 BILSE SIRS SPRE L7 1350,1 AR ATP se nr 1900.03 ERA TRE SRE tie ASE 140°,6 1 ee BR TES DE TE 124939 7 TT MON 1459,4 LAC RE PRS A OR TR 1970,19 ONE A PE CN CE PRET 1490,6 4 (5 TER PL 7 ET ee M en LP de 200°,48 e | DSP RER ER Eee 153,08 A6 SENS EE RAR RE DE ANS ES 2030,60 DD A Ste 2e ere ee de 156°,8 LT RS LPS ane re see 20097 | GATE 8 NE TR 160°,2 CEE POSER AR RE 20904 | A PEER OR Rs TT Er 163°,48 LOS SE ACT DER HA 21201 Rene LV ANRT RES 1660,5 ET PR AR COLE M CRE 2140,7 PROD ve EE A ee 1690,37 L ‘4 | ÉD SE SE UX INC"), CONST" -LUSSAC PARIS 4 ‘ | 1 Ga MODÉLEZDEPOSE Z LL LD Fig. 64. — Autoclave du D' Radais, APPAREILS A STÉRILISATION. 205 En laissant le robinet du couvercle ouvert, l'appareil fonctionne comme le stérilisateur de Koch. La température intérieure reste fixe à 100c sous pression normale. Pour les grandes installations, l’autoclave vertical Vaillard et Besson . x 1 ss S/4 F ï à 4 E Fig. 65. — Autoclave du D: Radais. 4 _ (Lequeux, constructeur) permet la stérilisation de fortes quantités de "4 Avec tous ces appareils, pour éviter la condensation de la vapeur, si gênante surtout avec la ouate hydrophile, qui peut alors par trop se mouiller, ilest bon de recouvrir d'une feuille de papier à filtrer ou d'une toile très m,nce les objets soumis à l'action de la vapeur. Comme appendice, en quelque sorte, nous devons placer ici les bains- marie ordinaires ou à température plus élevée. , milieux de culture 206 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Le bain-marie ordinaire est un des appareils les plus utiles et les plus employés. Les constructeurs en vendent en cuivre rouge brasé, munis de rondelles de différentes grosseurs. On peut sans inconvénients les remplacer par de simples marmites de toute taille et de forme que l'on AUTOCLAVE euD! RADAIS: ; LEQUEUX-INGE CONST" SUR DE GAY-LUSSACPARIS * " _ œ FA Le P.LEQUEUX. Fig. 66. — Autoclave du Dr Radais. jugera convenable. Les objets qu'il faut immerger seront maintenus dans le liquide par des contrepoids ou des supports à pinces. Pour obtenir des températures plusélevées, on se sert de bains d'huile ou de solutions salines. Avec des solutions saturées de divers sels, on obtient les températures suivantes : ÉTUVES. 207 CarhOTAre dE OUTIe MENU EL RTE TA TS AR NET ELU 104°,6 GHlormurencde so En RE MER MN CA roi see tiee 1090,7 NADIA EATENNOLAS SEP EE AU NE Li - ee cuis 115°,9 Cabo Le depot ASS RE EE MU Mer elluc ent e 139°,0 Chlorure dercale me ee et A MSA de UN 1790,5 Les huiles grasses peuvent supporter une lempérature de 250° sans s'altérer ; elles n'entrent en ébullition que notablement au-dessus. Wiesnegg a construit, d'après les données de Pasteur, un bain-marie à chlorure de calcium (fig. 67). C’est une chaudière en cuivre rouge brasé, mu- nie d’un support intérieur spécial, qui sert à fixer les ballons remplis de bouil- lon à stériliser, et les empêche de se heurter pendant l’ébullition. Des pertes nombreuses par accidents et l'emploi :- très limité de l'appareil lui font préfé- rer ceux décrits précédemment. Appareils à température constante. ig. 67. — Bain-marie à chlorure de calcium de Pasteur. | ÊTUVES A RÉGULATION DIRECTE. — De ; nombreuses espèces de Bactéries demandent, pour fournir une végé- | la 08 a d'aimer de ETS dE RS Rd "ee | \ ei, mA LE # NT on Er Fig. 68. — Installation d’une chambre-étuve chauffée à l'électricité (Hearson). MTS, A ES tation abondante, une température plus élevée que celle des chambres 208 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. ou des laboratoires, sujette à de trop grands écarts, du reste, dans ses variations diurnes et nocturnes. Quelques-unes, des pathogènes surtout, ne se développent qu'à une température assez haute, voisine de la normale du corps de l'hôte où elles vivent en parasites. Il est nécessaire, alors, de porter les cultures à un degré donné, degré qui doit être fixe, ou à peu près, et maintenu continuellement jour et nuit, si l'on ne veut pas avoir d'irrégularité dans le développement. Fig. 69. — Étuve de Pasteur, modifiée par Roux (grand modèle). La disposition la plus commode pour les laboratoires est l'installation d'une chambre-éluve de dimensions assez grandes pour qu'un homme puisse s'y mouvoir à l'aise dans l'espace laissé libre. Ce sont de véri- tables petites chambres, bien fermées, à doubles parois, chauffées par un appareil à thermosiphon muni d’un régulateur convenable, tel que le régulateur de Roux (Voy. p.211), ou par l'électricité (fig. 68). Des rayons . de bois, fixés au mur, permettent de disposer d'un grand espace pour les cultures ordinaires ou pour des dispositions exigeantune grande place. Le prix d'une telle installation est souvent un obstacle sérieux à son emploi. : 0",40 de profondeur, à dou- ÉTUVES. 209 On se sert d'habitude d'éuves se réglant automatiquement, une fois portées à la température voulue. Autour de la cavité centrale de ces appareils se trouve un intervalle de grandeur variable rempli d'air ou d'eau. Le fluide, en s'échauffant, sert de volant de chaleur, répartit uniformément Ja température el empêche un refroidissement trop rapide, soit par rayonnement, soil par déperdilion directe, lorsqu'on ouvre l'étuve. De plus, c’est « l'échauffement ou le refroi- El | dissement de la masse d’air | ou d'eau qui agit directe- ment sur les divers régula- teurs adaptés à l'appareil. Les grandes étuves cons- truites sur le modèle de l’éluve de Pasteur répondent à tous les besoins d'un labo- raloire. Ce sont de grandes armoires de bois (fig. 69 et 70), de 1,15 à 1,30 de haut sur 0,70 de large el ble porte vitrée, pour éviter une trop grande déperdition de chaleur. L'armoire est divisée en un certain nombre de com- parliments, qui sont inéga- |% lement chauffés, puisqu'ils 27° Mill sont à des distances diffé- ii nn rentes de la source de cha- | BI leur. La température, qui va | en décroissant vers la parlie supérieure, présente une différence de ? degrés envi- ron par étage. Cet avantage permet d’avoir des cultures à des températures diffé- rentes. La paroi interne est for- mée d’une série de tubes de Fig. 70. — Étuve de Pasteur, modifiée par Roux cuivre, disposés verticale- (petit modèle). ment à une petite distance du bois et dans lesquels passent tous les produits de combustion déga- gés par des brûleurs placés au-dessous de l’étuve. Une cheminée, dis- posée en haut, recueille ces gaz et les conduit au dehors. Le régulateur, très spécial, imaginé par Roux (fig. 71 et 72), se com- pose de deux lames, l'une de zinc, l’autre d'acier, soudées ensemble et recourbées en forme d'U. La branche de gauche est fixe, l'autre se meut suivant les variations de la température. Au moyen d'une tige rigide, elle transmet ses mouvements à un piston d'admission du gaz placé extérieurement ; une vis V, rivée à l'extrémité de la tige de transmission, Macé, — Baclériologie, 6€ édit. 14 210 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. - permet de faire varier la longueur de celle-ci et, par suite, le réglage. Lorsque la température s'élève dans l'étuve, la branche mobile de l'U, R, se rapproche de la branche fixe, emmenant avecelle la tige rigide qui s'éloigne du piston. Ce dernier, sollicité par un ressort à boudin placé dans son intérieur (fig. 71), réduit proportionnellement l'accès du gaz au brûleur. La température s’abaisse, le phénomène inverse se pro- duit et, après quelques oscillations semblables, l'étuve est définitivement . réglée. Pour faire varier en plus ou en moins la température, il suffit d'aug- menter ou de diminuer la longueur de la tige en tournant ou détournant En œ | À K RÉ N < NN D) | | Fig. 71. — Régulateur métallique de Roux. la vis V qui règle l’amenée du gaz en déterminant une plus ou moins grande obluration du tube d'amenée C (fig. 71). C'est sur cette même vis qu'agit le régulateur bimétallique par sa branche libre à laquelle elle est réunie. Le prix assez élevé (500 francs et au-dessus) et les dimensions souvent trop grandes de ces appareils, leur font préférer des modèles plus petits, de prix notablement moindre. Comme facilité de réglage et fixité de la température, l'étuve de d’Arsonval donne toute satisfaction. La cavité interne en est malheu- reusement trop étroite et la partie utilisable de cet espace est encore réduite par la forme en cylindre allongé et la disposition supérieure de l'ouverture. Pour se servir de toute cette cavité, on est forcé d’étager les cultures, ce qui occasionne souvent des accidents. Pour obvier à ces inconvénients, celle étuve a été modifiée de façon à s'ouvrir laté- ralement par une porte transparente à double verre, comme le repré- ÉTUVES. 211 sente la figure 73. Il est possible, avec ce modèle, de disposer d'une partie beaucoup plus grande de la cavité interne et de se rendre compte, de l'extérieur, de ce qui se passe au dedans. Comme l'indique la coupe représentée (fig, 74), le chauffage du matelas d’eau se fait par deux cheminées métalliques qui traversent le liquide dans toute sa hau- teur, ce qui utilise presque toute la chaleur employée. Le maniement de l’étuve est le même que celui du modèle précédent. Comme cette éluve possède un régulateur entièrement métallique où la membrane de caoutchouc des appareils précédents est remplacée par une membrane mé- le nn. I] ! Î | tallique très souple, il est possible de la régler pour des températures bien supérieures à celle que l’on obtient avec les étuves précédentes à régula- teur à membrane de caoutchouc; on m peut arriver facilement à 1000 et || même au-dessus en se servant de li- © quide autre que l’eau comme matelas. | ne Lorsque ces éluves doivent fonlion- An ner longtemps, il est à recommander [ de verser dans le tube qui sert au | réglage quelques gouttes d'huile pour 6 empêcher l'évaporation d’une petite EE quantité d'eau pouvant modifier le || réglage. nl Les éluves carrées ou quadrangu- | laires, comme l’étuve Pasteur décrite | plus haut, sont d'un maniement com- mode et pratique. La maison Lequeux en construit d'excellents modèles, éta- pi, 79. — Régulateur Roux nouveau blis d'après celui que Muenke (de modèle monté sur panneau en fer Berlin) a fabriqué sur les données de pour chambre-étuve. Babès. La figure 75 représente une grande étuve de cette forme, à deux compartiments séparés par une cloison mobile. C’est, comme dans l’étuve de d’Arsonval, une épaisse couche d'eau qui entoure la cavité centrale de tous côtés, sauf de l'antérieur. La porte est formée de deux lames de verre entre les- quelles il existe une couche d'air de 2 millimètres d'épaisseur ; de ce côté, la déperdition de chaleur est insignifiante. Le corps de l'étuve est en fer-blanc ou, mieux, en cuivre, recouvert de feutre. On remplit d'eau la cavité périphérique par une des tubulures supérieures ; un tube à niveau indique la hauteur du liquide. C'est aussi cette masse d'eau qui sert à emmagasiner et à maintenir la chaleur, et à régler la chauffe en agissant sur le régulateur. D= FIMIESNES ET P.LEQUEUX! FARIS (Il | |) 1 | PIRE A De EUAL Le régulateur à membrane de caoutchouc de d'Arsonval s'applique difficilement aux étuves à parois planes, car, sous l'influence de l'élé- vation de la colonne d'eau dans le tube de verre, les parois se gonflent et enlèvent, par suite, toute précision à l'appareil. On peut cependant y arriver en enfermant la masse d’eau, qui constitue le corps dilatable agissant sur la membrane, dans un tube roulé en serpentin et plongé 219 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. lui-même dans l'eau formant la masse chauffante de l'étuve. Ce serpen- üin aboutit au régulateur ordinaire avec tube de verre semblable à celui de l'étuve cylindrique. 11 est plus simple et tout aussi certain de se servir de régulateurs à mercure, ou du nouveau régulateur de d'Arsonval, représenté figure 78. La figure 76 représente le modèle de régulateuren verre que Lequeux joint à ses éluves de cette dernière forme. L'usage en ] est des plus simple. Il est fondé sur la dilatation du mercure par la cha- leur. Le mercure, en se dilatant, monte dans le tube qui le contient el vient obturer plus ou moins com- €S ADONET CR A PARIS 1YANOSH V,0 50 n03ANL3 Fig. 73. — Nouvelle étuve auto-régulatrice Fig. 74. — Coupe de la même de d’Arsonval. étuve. plètement l'orifice inférieur du tube A, par où arrive le gaz; la quantité de gaz qui passe par cet orifice est proportionnelle à sa grandeur. Le gaz sort par la tubulure B et va au brûleur. On commence par expul- ser tout l'air qui peut diviser la colonne de mercure en chauffant légè- rement le réservoir à la flamme d'un bec de Bunsen, puis on plonge la partie inférieure du régulateur dans l'eau de l’étuve par une des tubulures supérieures où il est fixé par un bouchon qu'il traverse. A l'aide de la vis latérale V, qui commande un petit réservoir de mer- cure, on amène la surface de celui-ci à affleurer presque l'orifice infé- rieur du tube A. Il passe par cet orifice une certaine quantité de gaz qui sert à échauffer la masse d'eau par sa partie inférieure. HS Par ERP NE VIENNE CET) ae nets ad L J LE ÉTUVES. 213 On débute en donnant une flamme assez grande pour que l'élévation Fig. 75. — Grande étuve, modèle Babès, à deux compartiments, de température soit plus rapide. Il est du reste facile de hâter l'échaut- fement en remplaçant une partie de l’eau froide par de la chaude en s’aidant de becs supplémentaires. Lorsqu'un thermomètre placé dans l'eau indique le degré voulu, on diminue l'arrivée du gaz en faisant refluer du mercure dans la cavité du régulateur à l'aide de la vis V. Au bout de quelque temps de tâtonne- ment, on arrive à obtenir la température fixe que l'on désirait. L'éluve est alors réglée pour cette tempéra- ture, à laquelle elle se remettra seule si l'on allume de nouveau après l'avoir laissé refroidir. Le réglage ne s'opère plus seul, mécaniquement, comme dans le ré- gulateur à membrane de caoutchouc, l'observateur règle lui-même ; mais, comme pour l’autre, le réglage, une fois éfabli, se maintient seul. Pour éviter l'extinc- ion fortuite du bec, les constructeurs ont muni la branche À d'arrivée du gaz d'un petit orifice supérieur qui se voit dans la figure immédiatement au-dessus de la branche B. Cet orifice est destiné à laisser passer un mince filet de gaz qui se rend directement au brûleur par la branche B et doit suffire seul à maintenir le bec Fig. 76. — Régula- teur à mercure. allumé en veilleuse. Ce dernier résultat doit être obtenu avant le réglage ‘ 214 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. définitif. Pour y arriver, on obture complètement l'orifice inférieur du tube À, en faisant monter du mercure à l'aide de la vis V, et l'on tourne le tube A jusqu'à ce que la flamme du bec soit réduite à l'état de flamme de veilleuse. On fixe la branche À dans celte position à l'aide d’une goutte de cire fondue. On laisse arriver le gaz en baissant le mercure et l’on procède au réglage comme il est dit plus haut. Il est entendu que la branche A est reliée au robinet d'arrivée du gaz et la branche B au brûleur. Un seul bec suffit pour maintenir l'étuve aux températures habituelles, 30°-37°. Il faut user de becs spéciaux à très faible débit, dont on protège la flamme contre les courants d'air par une petite che- minée de verre, de mica ou même de métal. j_ Le régulateur de Schlæsing (fig. 77), basé aussi sur la dilatation du mercure, est surtout applicable pour les hautes températures, pour les stérilisateurs à air chaud, par exemple. Le réglage se fait en enfonçant plus ou moins l'extrémité O du tube d'acier dans le mercure, ce qui se fait en vissant le haut. Le dispositif en H, quise voit à côté, sert à laisser pas- ser une très pelite quantité de gaz pour éviter l'extinction lorsque la température s'élève vile. D'Arsonval a imaginé un régulaleur métallique bien supérieur à son régula- teur à membrane de caoutchouc, qu'il remplace maintenant dans presque tous les cas. Une certaine quantité de liquide, en se dilatant ou se contractant suivant la température, agit sur une membrane métallique très souple, qui remplace la membrane de caoutchouc de l'ancien Fig. 77. — Régulateur régulateur. Cette membrane obture plus de Schlæsing. ou moins l'orifice d'arrivée du gaz. L'ap- pareil, le modèle mobile, est représenté figure 78. On remplit, par la petite cuvette 2, le tube 1 du liquide régulateur, pétrole ou huile d'olive. Ce liquide se dilate dès qu'on chauffe et vient se verser dans la cuvette 2. Lorsqu'on est arrivé à peu près à la température voulue, on ferme le réservoir au moyen du robi- net à pointe 3. La quantité du liquide contenue dans le tube 1 subit une petite compression et exerce une action sur la membrane métal- lique située en 4. Au bout de quelque temps, si l'on remarque que la température est trop basse ou trop haute, on laisse sortir ou l'on fait rentrer une petite quantité de liquide. On oblient, après quelques tâton- nements, une température invariable. Le régulateur à action directe de Lequeux (fig. 79) est entièrement métallique et basé, comme celui de Roux (p. 210), sur l'inégale dilata- bilité de deux métaux. Il s'emploie, avec modification du tube métal- lique inférieur B, aussi bien aux températures comprises entre 30° el 100° qu'aux températures élevées comprises entre 100° el 600®. Les variations de pression qui se produisent dans les conduites de | w À i _hlmbationt 2 4.4 be TC di di à 2 Li niet à faune “HUE. lle bi Lee. cn si des ÉD ES SC ne te à PDT RE QD A 12 ÉTUVES. 215 gaz peuvent avoir des résultats défavorables sur le fonctionnement des brûleurs. Aussi trouve-t-on avantage à interposer, entre le tube d'arri- vée du gaz et l'appareil de réglage de l’étuve, un régulateur de la pression. Le régulateur de pression Moitessier, construit par la maison Le- queux, remplit au mieux le but proposé (fig. 80). On le dispose comme sur la figure, en réunissant au robinet d’arrivée du gaz le tube dépourvu de robinet. On enlève le couvercle en dévissant la coupe et l’on remplit d'eau glycérinée le réservoir jusqu'à l’affleurement de la petite tubulure latérale qui se voit à gauche. Deux manomètres latéraux complètent l'instrument. L'un, antérieur, indique les oscilla- tions de la pression dans les conduites ; l’autre permet de vérifier la pression du gaz à sa sortie el de constater l'action du régulateur. Quant au réglage de la pression, il faut s'assurer de la pres- sion minimum des conduites de la ville et se tenir au moins quelques millimètres en dessous ; on règle celte pression au moyen du second ma- nomètre, en tarant la coupe avec de la grenaille de plomb. Malgré toutes les précautions, l'extinction des brûleurs est à craindre. Il s'ensuit un dégagement de gaz, d'autant plus abondant que le régulateur en laisse, par refroidissement, passer une quantité relativement considérable. D'où possibilité d'ex- plosion au contact d'une flamme. Pour remédier à ce danger, Koch a fait cons- truire des brûleurs spéciaux, se fermant auloma- liquement dès leur extinction. Deux lames métal- liques, disposées en spirale, touchent la base de la flamme du bec. Lorsqu'on allume, ces spirales s'échauffent el subissent une torsion; par refroi- dissement, elles se plient en sens inverse. C'est Fig. 78. — Nouveau ré- ce dernier mouvement qu'on utilise, en le faisant Sulateur de d'Arson- , À : ? val, à membrane mé- agir, au moyen d'un levier, sur un robinet dont tallique. est muni le brûleur, qui se ferme en interceptant le passage du gaz. Par malheur, à un usage tant soit peu prolongé, les ressorts se détrempent et arrivent à ne plus fonctionner à un mo- ment donné, lors de l'extinction du bec. Muenke, constructeur de Berlin, a imaginé un système de fermeture automatique basé sur les oscillations d'un petit volume de mercure, déterminées par la dilatation plus ou moins grande d’une masse d'air. L'appareil se compose essentiellement d’un tube thermométrique à grand réservoir, courbé en son milieu en forme de V très ouvert. Ce tube est fixé par son coude sur un support, de manière à pouvoir faci- lement osciller à droite el à gauche, dans un parcours réduit, à l’aide de bulloirs. On introduit du mercure dans l'appareil, de la façon habituelle, en ayant soin de laisser une assez grande quantité d'air dans le réser- voir. On s'arrange pour qu'à la température ordinaire le mercure introduit fasse contrepoids du côté du réservoir et basculer le tube coudé en ce sens. En chauffant alors ce réservoir, l'air se dilate et chasse ADNET.PAR!S 216 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. une partie du mercure dans la branche opposée ; l'équilibre se détruit, le V bascule dans une position inverse où 1l se maintient {ant que, la température baissant, le mercure passe en quantité suffisante dans la branche du réservoir, par suite de la contraction de l'air que celui-e1 renferme. Lorsque l'appareil marche, le réservoir est chauffé par un pelitbec en veilleuse branché sur le tube qui conduit le gaz au brûleur ; le (tube en V penche du côté opposé du réservoir, où le mercure est chassé par la dilatation de l'air de ce der- DE ai nier. Si le brûleur vient à s’éleindre, il en est de même du petit bec placé sous le réservoir ; le mercure remonte dans ce dernier et fait basculer de son côté. Au moyen d’un système de leviers, ce mou- : L + © d Œ E i ic «1 F 1 = ' S :% © ñ x 1% = 1 = ! œ 1 © © © ï LLLLOLLOOLD Fig. 79. — Régulateur à action Fig. 80. — Régulateur de pression de directe, nouveau modèle. Moitessier. vement ferme un robinet qui se trouve sur la conduite d'amenée du gaz. Les accidents proviennent presque toujours de la rupture des tubes de caoutchouc destinés à relier le régulateur au robinet d'arrivée du gaz et au brûleur. Aussi est-il à recommander de les remplacer le plus qu'on peut par des conduites de métal, en n’usant de caoutchouc que pour les raccords indispensables, qui doivent être faits les plus courts possible et droits, de facon à éviter toute traction aux points d'union consolidés toujours à l’aide de liens en fil de cuivre. Il est tout à fait à recommander, quand c’est possible, de disposer les étuves dans des cages communiquant avec l'extérieur par une cheminée. Lorsqu'on fait fonctionner en même temps plusieurs étuves, il faut les isoler avec soin dans des cages spéciales ou dans des pièces différentes et n’en approcher de lumière que lorsqu'on s’est assuré que les becs ÉTUVES. 2 ff brülent. C’est le moyen le plus pratique de se mettre sûrement à l'abri des accidents. Les cages peuvent être construites en carrelages de porcelaine unis avec du ciment et fermés par une porte vitrée, ou, plus simplement, en tôle. Si le gaz vient à s'éteindre, il ne pénètre pas dans la pièce, mais est entrainé au dehors par la cheminée ; aucun accident n'est à craindre. Lorsqu'on n'a pas le gaz à sa disposilion, il peut être nécessaire d'user d’autres modes de chauffage. Le chauffage des étuves à l'électricité supprimerait ces grands : inconvénients du gaz. Des éluves électriques ont déjà été imagi- nées (1) et pourraient servir avec avantage. La figure 82 représente l'application du chauf- fage par l'électricité à une grande éluve Pas- teur. Il existe différents modèles d'étuves chauf- fées au pétrole, donnant d'excellents résultats. La figure 81 représente un de ces modèles cons- truit par Adnel. Le principe du réglage est le même que celui de l'étuve de d'Arsonval décrite précédemment (fig. 74). Leréglages’ob- tient en laissant péné- trer plus ou moins le calorique produit par la lampe. La membrane régulatrice est influen- = — cée par l’eau, comme _Lé de dans l’étuve à Saz, et : mn agit sur le levier que l'on voit à gauche de la figure ; ce levier fait Fig. 81. — Étuve chauffée au pétrole. lever ou baisser un dis- que qui permet, suivant sa situation, un passage rapide ou lent de gaz chauds et, par conséquent, une chauffe plus ou moins grande. On peut aussi, comme l'indique Salomonsen (2), se servir, pour chauffer une éluve ordinaire, de plusieurs veilleuses flottant sur un large vase rempli d'eau aux deux tiers, puis d’une couche d'huile à brûler de 2 à 3 centimètres de hauteur; on cherche alors, par tâtonnements, "a .. ji f 3 M ENNE ÈS DES RRSONNRL IS ALADEZ u (4) Rruaus et FouirranD, Étuves électriques (Soc. de Buol., S novembrèé 1902). — Manmier, Sur le chauffage électrique des étuves à température constante (Ann. de L'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 779). (2) Sazomoxsex, Technique bactériologique, trad. française, p. 72. 218 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. à quelle distance du fond de l'étuve il faut placer les flammes pour obtenir la température cherchée. La température obtenue n'est, il est vrai, jamais bien fixe, puisqu'il n'y a pas de compensations aux refroi- dissements du milieu ambiant, mais les écarts peuvent n'être que peu considérables et ne sont à prendre en sérieuse considération que lorsqu'il s'agit d'espèces ayant des besoins spéciaux sous ce rapport. On peut du reste y remédier en ajoutant une ou plusieurs veilleuses et surtoul . en plaçant l'appa- — "im reil dans un en- droi t où les va- re | Fees nl | pérature sont peu == considérables, | ) un sous-sol par | exemple. Avec un | peu de pratique, une telle disposi- lion, peu coùû- teuse, peutrendre d'excellents ser- vices. Il peut être né- cessaire d’user de températures plus basses que la tem- pérature am- biante, en été par exemple, lors- qu'on veut main- tenir des cultures à une tempéra- ture de 15° à 20° et que la tempéra- ture des locaux at- teint souvent 30°. On y arrive à l’aide des armoi- res-glacières or- Fig. 82, — Étuve Pasteur avec chauffage à l'électricité. dinaires, très usi- tées aujourd’hui dans les ménages, en réglant le refroidissement par un faible apport de glace. On peut aussi faire passer dans la double paroi de l’étuve un courant d’eau dont la température ne dépasse pas 20°; il est très facile d'adapter aux différents systèmes d'éluves un dispositif très simple qui conduise au but cherché. Pour obtenir des températures basses, cultiver des microbes au- dessous de 10°, il faut employer la glace; les armoires-glacières se maintiennent facilement à ces températures. Lorsqu'on a besoin de températures plus basses encore, zéro degré par exemple, on peut se servir très avantageusement de l’étuve-glacière 1ma- pinée par Miquel pour conserver à zéro degré les eaux destinées à l'analyse . A 4 ». ÉTUVES. 219 bactériologique. Cette étuve (fig. 83) est composée de deux boîtes con- centriques, dont l'intérieure E recoit, par une porte latérale, les objets à conserver; l’extérieure E, plus grande, est revêtue d’un feutre isolant. La cavité comprise entre les deux est destinée à recevoir la glace; l'eau de fusion s'écoule par la partie inférieure à l’aide du tuyau T. Cette étuve peut également servir pour les températures entre 0° et 25°, en y faisant couler de l’eau de la canalisation. Cette eau, tombant par la pomme d’ar- rosoir S sur la boîte antérieure, y abaisse notablement la température. Lorsqu'on veut observer, sous le microscope, des Bactéries à des températures cons- tantes et assez éle- vées, on doit s’a- dresser à des appa- reils spéciaux, per- mettant de mainte- Re a —….. nir la préparation 0 Tr 47) CE au degré voulu, tout en la laissant observer. La pla- üine chauffante de xanvier est d'un bon usage, quand on peut la réunir à une étuve de lun des modèles précé- dents dont on fait la source de chaleur. La chambre chaude de Vignal (fig. 84) Fig. 83. — Eluve de Miquel. est bien préféra- ble (1). C’est une petite étuve de d’Arsonval, à manchon d'eau et à régulateur à membrane de caoutchouc, modifiée dans sa forme, afin de pouvoir être adaplée aux études microscopiques. Le réglage se fait comme celui de l’étuve ci-dessus décrite. Il est possible de se servir, avec cet appareil, de l'éclairage Abbé, grand avantage que n'a pas le modèle Ranvier. La préparation est introduite dans la cavité de l'étuve par la porte B que l’on soulève et qui est aussitôt remise en place. L'appareil peut rester à demeure sur le microscope, ou être placé sur un support de même hauteur, pendant le temps que doit durer lobser- vation. La température initiale se maintient sans varier pendant un temps très long. Kraus (2) décrit un semblable appareil chauffé par l'électricité, qui, d’après lui, se réglerait avec une grande précision et se maintiendrait facilement à la température obtenue ; l'appareil est construit par la maison Reichert (de Vienne). Pour de telles observations, Nuttall(3) a imaginé de placer le micro- (1) WiGxaz, Chambre chaude à régulateur direct pour le microscope (Arch.de phystol., 1885, n° 5). 2) Kraus, Ueber einen eleklrisch geheizten und regulierbaren Objeckstisch (Cen- tralbl. für Bakt, XXIITI, 1898, p. 16). (3) Nurrazz, Zeilschr. für Hygiene, IV, 1888, p. 373. 220 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Te scope entier dans une petite étuve spéciale qui ne laisse libres à la partie supérieure que le tube dans une partie de sa longueur et la vis micro- métrique. Les différents éclairages s'obliennent au moyen d'ouver- tures fermées par une glace. Deux côtés et le dessus de l'étuve sont mobiles au moyen de charnières et permettent de disposer l'appareil d'une facon convenable à l'observation. Le chauffage et le réglage s'obtiennent comme dans les éluves ordinaires. Son appareil n’est du reste qu'une modification perfectionnée d'une petite étuve construite par Zeiss sur les indications de Pfeiffer (fig. 85). Le modèle (fig. 86) imaginé par Plehn est d'une commodité plus grande. Les appareils qui vien- nent d'être décrits rendent d'excellents services dans les recherches de bactério- logie et facilitent considé- rablement l'étude de cette science. Il ne faudrait ce- pendant pas croire que des instruments aussi coûteux el aussi variés soient d'une nécessité absolue pour abor- der ce genre de travaux. Loin de là; l'installation peut se faire sans trop de frais et cependant dans des conditions qui permettent d'en profiter avec fruit. Il est facile de modifier à vo- lonté les moyens employés, pourvu que l’on soit bien cerlain d'arriver sûrement au résultat désiré. Le microscope constitue la plus forte dépense. En le comprenant dans la liste d'instruments que tout médecin qui travaille devrait posséder, on réduit à peu de chose le prix à consacrer à une installation. L'étuve à air et le bain-marie sont les deux objets qui rendront le plus de services. Le coût du modèle très simple de la première est peu élevé; tout ouvrier pourra en fabriquer une à bas prix, en tôle de fer ou de cuivre rivé. Il est facile aussi de se faire construire à bas prix un appareil du genre du stéri- lisateur à vapeur de Koch. Une marmite de taille convenable fait on ne peut mieux office de bain-marie. Ajoutons à cela plusieurs dou- zaines de tubes à essai, quelques verres de montre, entonnoirs, ballons, cristallisoirs, capsules de porcelaine, et nous pourrons abor- der, avec ce petit bagage, des recherches bactériologiques sérieuses, à la condition d'apporter avec lui gros de minulie, de patience et de scrupuleuse attention. MILIEUX DE CULTURES. 291 IT. — CULTURES. 1° GÉNÉRALITÉS SUR LES MILIEUX DE CULTURES. S'il fallait s'en rapporter au hasard des circonstances, il serait bien rare et bien difficile de pouvoir se faire une idée un peu complète des conditions biologiques et des pro- priétés physiologiques des espèces. , L'observateur qui veut étudier une espèce a grand avantage à l’isoler, à la faire vivre à part, à l'abri des influences défavorables à sa vie, en lui fournissant un aliment qui lui convient. Il lui est alors facile d'ob- tenir des notions exactes sur les phénomènes produits, sur l’action des différents agents qu'il peut em- ployer, assuré dès lors que les ré- sullats ne sont pas troublés par des inconnues de milieu ou par des in- terventions élrangères. On a donc cherché à faire vivre les Bactéries, à les culliver, dans des milieux ar- tficiels où l’on en apportait la se- mence : c’est le procédé des cul- lures. C'est Pasteur qui a posé les bases de cette méthode féconde de recherches, dans ses belles études sur la fermentation lactique et sur les organismes en suspension dans l’atmosphère (1). Le principe qui domine tout dans celte étude est l'obtention de cul- lures pures; on y parvient à l’aide de procédés qui vont être décrits E _ F and el qui ont tous pour objet l'usage de milieux purs de tous germes, Fig. 85. — Etuves pour observations stériles ou slérilisés, et de matière d’ensemencement, ne contenant que la seule espèce à étudier. C'est là, on peut le dire, la base et la clef des études bactériologiques. On avait découvert les Bactéries dans les liquides ; on savait par expérience qu'elles pullulaient rapidement dans les infusions organiques ; l'emploi de ces liquides était tout naturellement indiqué. L'usage en a longtemps prévalu ; certains d'entre eux forment, du reste, encore maintenant, le lerrain que préfèrent bien des espèces. Elles s'y déve- loppent très vite, les envahissent en tous sens; mais souvent le dévelop- au microscope. (1) Pasreur, Mém. sur la fermentation appelée lactique (C. R. de l'Acad. des sc. XLV, 1857, p. 913), et Mém. sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmo- sphère (Ann. des se. nal., Zool., 4 sér., L, XVI, 1861). ‘ 12 29 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. pement s’arrêle bientôt, par épuisement du milieu ou diffusion dans sa masse de produits d’excrétion nuisibles ; ou, s’il continue, c’est avec lenteur,en donnant naissance à des formes de dégénérescence, les formes 1] | ip I] À Fig. 86. — Étuve pour microscope, modèle Plehn (Lautenschläger). d’involution, qui prouvent que les- pèce vit mal. Il ne se forme que rare- ment des Zooglées d'aspect quelque peu caractéristique ;. la gelée, produite par la couche périphéri- que dela membrane, difflue et ne peut plus retenir les élé- ments accolés, ils se répandent dans tout le liquide. Enfin, s’il existe des germes différents, il peut être difficile de s'en aper- cevoir el de les sépa- rer : ils se mêlent en effettrop intimement les uns aux autres. Les milieux soli- des, au contraire, tout en fournissant un sol nutritif excel- lent aux Bactléries, permettent aux amas, colonies ou Zooglées, provenant de leur développe- ment de mieux se délimiter, en s’oppo- sant à leur éparpille- ment dans la masse ; elles y prennent un aspect très constant et souvent caraclé- ristique ; s’il existe des germes diffé- rents, ils peuvent évoluer séparément, et former des Zooglées séparées, de sorte qu'il devient plus facile de les isoler. La forme de la culture et la facilité d'isolement des espèces sont les deux grands avantages des milieux solides, qui présentent plus rarement les luxurieuses végétations si fréquentes dans les bouillons nutrifs ; les milieux liquides doivent être conservés surtout comme moyens de se procurer d’abondants matériaux. Si l’on joint à ce dernier caractère la facilité plus grande de préparation et de stérilisation, on comprendra MILIEUX DE CULTURES. é 223 que les bouillons doivent occuper une place de première importance dans les méthodes de cultures. La plupart des milieux employés sont loin d’avoir une composilion rigoureusement élablie et surtout constante. La raison enest dans l’em- ploi, pour leur préparation, de produits animaux ou végélaux variant Loujours plus où moins dans leur constitution. Ces particularités ont souvent une influence sur le développement des microbes à leurs dépens. Quand il s’agit non plus de l'étude générale, mais de l'identification d'une espèce, pour rapporter les caractères observés aux descriptions -déjà données, il devient nécessaire, si l’on veut pouvoir établir des comparaisons exactes, de se placer d’une façon rigoureuse dans les condilions du premier expérimentateur. Or, la chose devient souvent difficile précisément à cause de ces variations de milieux tenant à la différence des procédés employés pour leur préparation ou aux diffé- rences parfois notables existant dans les produits mis en œuvre. Il serait certainement des plus profilable d'admettre, comme ie pro- pose Grimbert (1), l'adoption d’une série de milieux, que l’on pourrait appeler milieux normaux, dont la constitution, la préparation seraient, autant que possible, arrêtées, après entente, d’une façon définitive, et auxquels on pourrait alors se reporter pour la comparaison et la déter- minalion avec beaucoup plus de chance de réussite. Malheureusement, il n'est pas possible de songer à une identité absolue pour beaucoup de ces milieux, parce qu'on ne peut guère se procurer certains de leurs constituants d'une composition absolument constante : il en est surtout ainsi, par exemple, pour la viande dont la composition est variable, dans une même espèce, suivant l’état de l'individu, suivant la manière de la mise à mort, le temps écoulé depuis la mort, etc. ; pour la gélatine, pour les peptones si variables sous lamêmemarque, pourbien d’autres choses encore. De plus, dans la préparation même, il est des conditions qu'il est difficile de réaliser chaque fois d'une manière rigoureusement iden- que, la neutralisation par exemple. De telle sorte que l'on doit recon- naître qu'il devient très difficile ou même impossible d'arriver à opérer dans des conditions tout à fait identiques. Cependant, en arrêtant d'une façon très précise la manière de faire, on pourrait éliminer un assez grand nombrede conditions qui peuvent établir des différences notables. À côté de ces milieux normaux, on sera libre d’en employer d’autres; on pourra même en tirer de sérieux avantages, mais les caractères obte- nus à l’aide des premiers donneraient toujours des points de comparaison de grande valeur. Quant à vouloir supprimer complètement les milieux de composilion complexe, peu déterminée ou variable, c'est aller un peu trop loin, aujourd'hui du moins. Ainsi, on ne peut pas encore se passer des bouillons ordinaires : qu'on les prépare par les anciens procédés, qui sont, il faut le reconnaître, un peu trop pot-au-feu, ou par des procédés plus rapides, on n'en aura pas moins des liquides ne pouvant pas être rigoureusement identiques à cause des grandes différences que peut présenter la viande, comme il a été dit plus haut. Sans doute, ici, l'idéal serait d'employer des milieux de composition (1) Grimgerr, De l'unification des méthodes de culture en bactériologie (Arch. de parasilologie, 1, 1898, p. 191). 224 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. aussi rigoureusement établie que celle des liqueurs titréesdes chimistes Mais on en est encore bien loin, parce que la pratique force vite à recon- naître qu'aucun des nombreux milieux essayés el proposés à ce point de vue ne possède la valeur générale des anciens. Ils réussissent fort bien dans des cas particuliers, pour une ou quelques espèces, mais ne peuvent s'appliquer à la grande généralité comme les autres. De sorte qu'il faudrait une variété considérable de ces milieux dont la composi- tion devrait, pour ainsi dire, varier pour chaque espèce, el cette compo- silion exigerait, pour être déterminée dans chacun des cas, de nombreux essais, ce qui ne serait pas une petite besogne. D'ailleurs, il est bien difficile de penser qu’on puisse jamais assimiler les développements dans les milieux à de véritables réactions chimiques. Si, en effet, un des facteurs de la réaction, le milieu, pouvait arriver à avoir une constance absolue, l’autre facteur, le microbe, apparaît comme de plus variable dans ses propriétés, surtout dans celles qui doivent entrer en jeu ici, les propriétés biologiques. L'influence de la semence employée se fera toujours sentir, quoi qu'on fasse, du côté du milieu. Pour des raisons que nous n'entrevoyons encore pas, la plupart du temps, le microbe se met à ne plus manifester certaines de ses pro- priétés biologiques importantes, ne sécrèle plus certaines diastases, ne transforme plus les aliments dans le même sens, ne produit plus de pigment, plus de lumière, etc. Le milieu a beau être normal, la réaction cherchée ne se produit plus et ne peut conséquemment servir à l'iden- üfication. On ne peut donc jamais avoir en lui la confiance que le chi- miste a dans le nitrate d'argent pour la recherche des chlorures, parce que les phénomènes vitaux qui entrent ici en jeu ne peuvent être maniés et dirigés par l'expérimentateur à sa volonté et avec toute cer- tüitude. , Ces réserves faites, il faut reconnaitre qu'il devient indispensable de préciser el de fixer les conditions dans lesquelles les milieux de cultures doivent être préparés. EL, ici, une entente générale serait bien nécessaire. 20 PRÉPARATION DES MILIEUX DE CULTURES. 1° Milieux liquides. Les liquides qui ont été employés pour la culture des Bactéries sont très nombreux ; nous nous bornerons à en citer quelques-uns. Les mélanges, aussi nombreux que variés, dont se sont servis différents observateurs, ne possédant aucun autre avantage que de compliquer singulièrement la technique, ilest à conseiller de se restreindre à l'usage de quelques milieux, des meilleurs, que l'expérience, du reste, apprend vile à préférer, el à conserver les autres pour l'étude de cas particuliers où ils peuvent rendre, du reste, d'excellents services. MILIEUX LIQUIDES CHIMIQUEMENT DÉFINIS Pasteur (1), le premier, a imaginé de faire développer les Bactéries dans des solutions salines de composition chimique connue. La formule (1) Pasreur, Mémoire sur la fermentation appelée lactique (Ann. de phys. el chim., 1859), : MILIEUX DE CULTURES. 225 du liquide qu'il employait, connu de to us sous le nom de solution de Pasteur, élait la suivante : Liquide de Pasteur. DE EQUIPE R RE AE SEE AS BR SR AIT TRES 100 grammes. DE CC SR ER Ut RP A eu 10 — OPUS cle EL ler 08r,075 Pour cultiver la Levure de bière, Pasteur d'ammoniaque. Cette solution fut modifiée plus t sucre candi, trop favorable au dév primé, et les cendres de Levure de entrer dans l'alimentation des êtres en faveur dans certains laboratoi y ajouta 0£',1 de tartrate ard par Cohn (1) et Mayer (2); le eloppement des Moisissures, fut sup- bière remplacées pardes sels pouvant inférieurs. La liqueur de Cohn, encore res d'Allemagne, est ainsi composée : 1 : | e | Liquide de Cohn. ï Eau distillée....... SE ER ET aUte PS PA PROS DO CU D EU Ve 200 grammes, 4 Tartrate mOn AQUE LS. AUTRE: 2 — PE CLEA REP SN AE 2 PA ORNE 1 gramme. Sulfate de magnésie........... MR MIA Ne I — L Phosphate tribasique JEP CHAUX OPERA EE LT Or O8r,1 #1 À Naegeli (3) recommande les formules suivantes, à employer suivant les 4 Cas : S Liquide de Naegeli n° 1. A] RE OS ER So aE SA LAN 2 ONE A à 100 grammes. D Tartrate Danméniaque st CN AY E Les NS 1 gramme. Phosphate bipotassique 45200 Qu 3 on CRT RSS 08r,1 Sulfate de magnésie.. CODE OO ONE AE NORD DRUC 08r,02 DR ORURE LE CCI UE L Et A PR land cle 4 08r,01 Le tartrate d'ammoniaque peut être remplacé par du nitrate, du lactate ou de l’acétate d'a: imoniaque, et, pour des besoins SpéCIaUXx, par de l'asparagine ou de l’urée. Liquide de Naegeli no 2. LEUR CREER EUR RE UNS RE LT NIET 100 grammes. Peptone ou albumine soluble..." 1 gramme. Phosphate Bipotessique MN MS A4 08r,2 ARC NHEneSe (de PEN NP 06r,04 RATE He calGurn La RSR NE EEE 08r,02 Liquide de Naegeli no 3 RE PR SE ERA Te, OS to 100 grammes. DNS PAne Ps pete ÉP LU Er Ler TS 3 — * de. in er Viur dés. nd PET TE à LU DS où è Liste D dt pie état ; LA 6° LA (1) Cou, Untersuchun Do 2 p.). (2) Mayer, Untersuc (3) NagGezr, Unterst gen über Bacterien (Cohn's Beitr. sûr Biol. der Pflancen, 1, hungen über die alkoolische Gährung, 1869, ichungen über niederen Pilze, 1878. Macé, — Bactériologie, 6e édit, J FRS LEE 226 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. ‘ + Tartrate d’ammoniaque............. NA LU TUE 1 gramme. Phosphate bipotasSique LP NE RE RE 0,#r02 Sulfate de mabhésies A ME MR TR NC IetTe 08r,04 Chlorure de talent CN RON ET PRES URSS 0#r,02 La réaction de ces liquides doit être essayée ; on peut la modifier à volonté. Le phosphate bipotassique les rend neutres ou alcalins ; pour les avoir acides, on peut les remplacer par du phosphate monobasique. Le liquide de Raulin, dont il a été parlé plus haut (p. 55), a une com- position plus complexe : Liquide de Raulin. LEUR PE PT TS PE RE EU ARS RES EN R EE SEEN 1500 grammes. SUCLÉ CAD TEE SL remets Pl RENE RER ERA 70 — ACIDE LATTIQUESE SA AL Rene ne CRT VAT ne 4 — Nitrated'AMMONAQUEMR APE NP PRE ONE E RARE 4 = Phosphate d'ammoniaque:2t3e tite PER mr 0sr,60 (arbonateidémotasse PACE SRE Er 05',60 — déMRPNESIOT MR RAT A NA D PE LI 02r,40 Sulate d'ammoniaques te: em Pr ER nee 02,25 = AE AC en eee eee CE 08,07 = MAO LOL RUE ART TE Eee ie EE 0,07 DLICALE He POTASSES M TAN RUES RE RAP ART PRES 0#,07 Le liquide de Mayer est surtout à employer pour les fermentations des Saccharomycètes. Liquide de Mayer. PAUL RS EN Re AR Re ne tee CONTE 100 grammes. Phosphateide potassert 27 RCE S ER MRURT EE 0#,5 oultate deMAsnESIe. rire eee UE LE 0,25 Phosphate déchaux EME AE PE ACL re 08,05 DUCLÉTCANEL +R cape ane décide eee Meet la 15 grammes. Nitrale iAMONIALMENE ARE NE EEE Eeee 0®,75 Le milieu de Gessard sert surtout pour l'étude du Bacille pyocyanique et des espèces similaires. Liquide de Gessard. SuUCCInate d'AMMONLAUE Fee ere eee re 10 grammes. PnOsphabe (AP DOI Let Rene bem Aer US 0,05 IDE PET ARS ON een RS IE ON PO EL Tete 1000 grammes. Lorsqu'il faut éliminer complètement l’azote du milieu, on peut avoir recours à la formule suivante employée par Winogradsky (1) dans ses recherches sur l'absorption de l'azote de l'air par les microorganismes :. Liquide de Winogradsky. Eau distillée......1.... RO TON lo DS Ie Pre 1000 grammes. Phosphate depotasse 2 2 RTE ME 1 gramme. Duliatetde/Mapnésie cire. 2 Reims RUB 0e ,50 Eblorureide SOIN. APCE Te ne | Sulfateadeiter... MUR RON RR RUE NS EE , de 0#,010 à 0,020 — de manganèse Ce liquide peut être additionné de 1 à 4 p. 100 de sucre. (1) Wixocnapsky, Recherches sur l'assimilation de l'azote libre de l'atmosphère par les microbes (Arch. des sc. biol. de l'Inst. imp. de méd. exp. de Pélersbourg, HI, 1894). 12 12 + MEET UT MILIEUX DE CULTURES. Ouchinsky (1) préconise beaucoup la formule suivante : Liquide d'Ouchinsky. DÉTEES ME Etors PAR CRE NE EE PUR A7 RE 1000 grammes. CICR NC RS RE SN DE, ME an ete 30 à 40 — GHIoPTEdElSO QUELLE EP ARR Ne CRC Er Uve 5 à 7 — — HE CAICUMERE AE M RENE eee Orr ,1 Sulfate de magnésie.....1..:.141:;. de etre es Os,2 à 0,4 Phbshüaie BIpOlassique 12/22/2200 002: 2° à 2er,25 Eactate d'ammoniaquezt” 55 MM ae 6 à 7 grammes. ASDArASIDEZ ME AE foret de lue ee TARN D ad 3 à 4 —— Beaucoup de Bactéries pathogènes, entre autres celles de la diphtérie et du tétanos, y poussent aussi bien que dansles bouillons etygardentla même activité. Arnaud et Charrin (2) donnent commetrès favorable au développement du Bacille pyocyanique le milieu suivant, qui peut également convenir à d'autres espèces : Liquide d'Arnaud el Charrin. BORA EEE rates de L'anaun te tion à ea NEA Rate C#,100 BORN ASE RD AL ONES rer RME ar ME Re tn 0#,100 CORTE PRE TE PR Pardi ee NA dei ete CE Le ed Our,134 CROP Lt eee Re sea ee no ua Joie DU Oer,050 MSC CAMALONEEN EN EE CNE EM PRE Te ann . 0,050 ASPAr A ANeNCRISLAIISÉE SEA MAP ETATS 5 grammes. PONTS RULES 2" ST MERE NEA Er EN 1 litre. Le liquide suivant est de compositien plus simple: Liquide de Fraenkel et Voges. ChiGrnTe AE SAUNA PRE AIT eme: 5 grammes. Bhosphatemeutre dérsoude AE TER rer 2 -- PAC are dUNMONAQUES ASP EEE EP EUR PE : 6 — AS DATA BIEL NE eee DT RUE ARLES LEA 4 — AUS DITES NE M ER TR ee TNT En . 1000 — Bien des espèces, saprophyles ou pathogènes, y végètent bien, en particulier le Bacille de la morve, le Colibacille, le Bacille pyocyanique. En ajoutant 5 à 6 p. 100 de glycérine, le Bacille de la tuberculose s’y cultive très bien (3). La solution de Maassen peut être employée dans le même but. Liquide de Maassen. Neutraliser 100 centimètres cubes d'acide malique à 7 p. 100 avec une solution de potasse à 7 p. 100. Compléter à 1 litre avec de l’eau et ajouter : SD ADARIIRE ee een es ce ie ten de Di 10 grammes. SUIALe Le MATMÉSIE EMA NN AR ar esta still Ne Oer,4 Éhosphate bisodique tree eee PE PE RSR 2 grammes. Carbonatende soude ner PRE RTC ER ACER 2æ,5 Et après dissolution : GHôrure de Calme RE RE CC NE NN EN 0:,01 {1} Oucixsxx, Recherches sur la nature des poisons de la diphtérie et du choléra (Arch. de méd. expér., V, 1893, p. 293). — Et: Ueber eine eiweissfreie Nährlôsung für pathogene Bakterien ‘Centralbl. für Baktl., XIV, 1893, p. 316). (2) Arxaup et Cnarnix, Recherches cliniques sur les sécrétions microbiennes (C. R. de l'Acad. des se., 6 avril 1891). (3) C. Frazxker, Beiträge zur Kenntniss des Bakterienwachstumes auf eiweissfreien Nährhoden (Hygien. Rundschau, IV, 1894, p. 769). 228 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Si l’on veul faire intervenir l’urée, on peut se servir de la solution de Jaksch : Liquide de Jaksch. HAUSSE DRE A RER PRE FD 1000 grammes. Dultafe AE /MABNÉESIE cer ne CE Cote 0,06 Phosphafe acide de potasse 220 ne re eee 0#,12 SEL SOIBHE LÉO SES LT EEE D Ce ce 5 grammes. Une ie SP A DOS AE RO TSAE Re a Ce tar D — 17 D'après Proskauer et Beck, les liquides suivants peuvent rendre des services pour la culture du Bacille luberculeux : Liquide n° 1. PAUL EE DMC EEE a AE MODE ER DO TE 100 grammes. ASpDATASINE: A0 Eee ei er ete 0 ReceLde cire Ow,5 ACIde CUTITUO ER RAS Le PO PE CEE 0,075 GINCOSeUREE CURE PO ES or PA D OO So ne Ne 1 gramme. GÉVCÉTIDE ESS Pr ER ARE RER RER RE 4 grammes. Phosphateñdepotasses; 4.4/0. AE PRO 04,5 Sulfate de magnésie,.... danser Sete Ne Ste ane tele 07,95 Chlorure de sodium....... er cperecTeut tien Or ,15 Sulfate de ‘potassetr ni pee rte eee Oer,25 OCT ER A MR OS DE PART ee AT AE NE MORE PS DRE EU . 100 grammes. GIDEDSE EE Le does DONS EME EL ONE RAI CR îi gramme. Chlorhydrate d'ammoniaque................. ASE ee O#r,1 GlycérINe RTE AN PER A Rs A ET AT UN 3e 4 grammes. Chlorure de sodium ...... NE EE. Pipes pce Oer,5 Faure. ea ialete its de FR CRE Msn = Marche lee 100 grammes. GCarbpnate d'ammomaagnes er etRer eurs 0,35 Phosphate monopotassique...... SHOT CCE ce 0#,15 PulEAte de masnésie Li RES 7 EMEA 0,25 GIP CÉRÉALES DE AIDER ET ER RER 1#,5 >ordas et Joulin (1) proposent, sous le nom de laclo-sérum, le suivant, qui jouirait des mêmes propriétés culturales que le lait : Laclo-sérum artificiel. Tactose Ar Anne RER MB nee SD 09 grammes. Alburmime-d'œutpuléérisses ASC AU ANRRON re 18 - GHlorure de S0diIinn ee RPC RENTE te 0,60 Pau diillée 2 DRE ARE NE Re APR ATP 1000 gramme . Neutraliser à la soude jusqu'à réaction neltement alcaline, filtrer dans des tubes à essai et stériliser à l'autoclave à 1100 pendant dix minutes en disposant les tubes sur un lit d’ouate, pour éviler un échauffement trop brusque pouvant faire brunir la solution alcaline de lactose. [est du reste facile pour l'expérimentateur de modifier la composi- tion de tels liquides suivant les besoins ou les indications de l’expé- rience. Les liqueurs minérales sont, d'une façon générale, peu propices au développement des Bactéries. Elles sont bien plus propres à nourrir des Champignons plus élevés, les Levures et les Moisissures par (1) Bonpas et Jourix, Sur le développement, des microorganismes sur le lacto-sérum artificiel (Soc, de Biol., 9 janvier 1897), milieu Y A ie ar Le ie net DCI MILIEUX DE CULTURES. 229 exemple. Beaucoup de nos espèces ne peuvent pas y vivre ; toutes y vivent mal. Dans des cas particuliers, cependant, de tels milieux nutri- tifs, de composition chimique constante et bien connue, peuvent rendre de grands services pour l'étude physiologique de certains types. C'est en s'en servant que l’on arrive au mieux à se rendre compte et des modifications que l'espèce fait subir à la composition chimique du milieu, et de l'influence que certaines substances peuvent avoir sur la vitalité de l'espèce. Nous avons vu précédemment (p. 55) à quels résul- tats curieux est arrivé Raulin, en étudiant les conditions de dévelop- pement d’une Moisissure, l’Aspergillus niger, dansles solutions purement minérales. MILIEUX LIQUIDES VÉGÉTAUX On a préconisé les macérations, les infusions et les décoctions de plantes. L'eau de foin est, parmi les nombreux liquides de cette nature dont on fait usage, celle qui a joui d’une plus grande faveur. On ne saurait, à moins de raisons spéciales, recommander l'emploi de ces milieux dont les qualités nutritives sont en général très faibles. Leur préparation est du reste facile. Les plantes ou parties de plantes sont coupées en morceaux el mises à macérer, à infuser ou à décocter, selon le cas. Le liquide est neutralisé à l’aide d’une solution saturée de bicar- bonate de soude, puis filtré. IT est prêt à être soumis aux opérations. Les Jus ou sucs végétaux sont traités de la même facon. Leur usage est encore plus restreint. Infusion de foin ou de paille. — Quinze ou vingt grammes de foin ou de paille, coupés en petits morceaux, sont traités par un litre d’eau bouillante ; le tout est laissé à infuser pendant une demi-heure. On filtre et l’on neulralise à la soude ou l’on acidifie avec un peu d'acide tartrique selon les besoins. On stérilise à l’autoclave. Décoctions végétales. — On fait bouillir le produit dans l’eau pendant une demi-heure à une heure et l’on traite le liquide filtré comme il est nécessaire. Eau de Levure. — On fail bouillir 100 grammes de Levure de bière dans un litre d'eau ; on filtre, neutralise et stérilise à l’autoclave. Eau de malt. — On délaye dans un litre d’eau 100 grammes de malt broyé. On maintient le mélange de 55° à 580 pendant une heure, sans dépasser 58° pour ne pas détruire la diastase. Il se forme un vrai moût de bière. Après ce temps, on porte à l’ébullition, puis on filtre et stérilise à l’autoclave. Eau de touraillons. — Les touraillons sont les plantules et les radi- celles de l'orge germée que l'on sépare du malt; 100 grammes de tou- raillons sont mis à macérer pendant deux heures dans un litre d’eau. On fait bouillir quelques minutes ; on filtre et l’on stérilise à l’autoclave. Roux (de Lyon) (1) recommande tout spécialement ce milieu, qui se montrerait souvent supérieur aux bouillons de viande. Il est des espèces, certains Streptocoques pathogènes entre autres, qui, se développant pénibléement sur les milieux les plus habituels, donnent une abondante végélation sur les milieux au touraillon. (1) Roux, Emploi du touraillon pour la culture des Bactéries (Soc. de Biol., 13 juil- let 1889). 230 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. MILIEUX LIQUIDES ANIMAUX Les plus importants de ces milieux artificiels sont sans contredit les bouillons de viande. Ce sont ceux que l’on emploie de beaucoup le plus couramment. Malgré certaines incertitudes forcées dans leur composi- üon, provenant de causes qui ont élé exposées plus haut (p. 223), c’est encore à eux qu'on aura recours le plus souvent parce qu'ils donneront les meilleurs résultats. Bouillon de viande peptonisé. — Le bouillon de viande est sans con- tredit le liquide nutritif à préférer. I se fait d'habitude avec les viandes de bœuf, de veau, de cheval, de volaille, de poisson; les bouillons faits avec la viande de veau paraissent les plus propres au développe- ment microbien; la viande de cheval donne d'aussi bons résultats que celle de bœuf. Les morceaux assez finement découpés sont mis à décoc- ter sur un feu doux, dans une quantité d’eau qui est d'habitude de 1 litre par livre de chair. On écume soigneusement, après quelques bouillons, et l’on maintienten ébullition pendant cinq heures. À la fin de l'ébullition, on ajoute la proportion de peptones voulue, 1 p.100 de l’eau employée. On ramène aux proportions indiquées, en ajoutant de l’eau. Après refroi- dissement, on dégraisse en enlevant d’abord la graisse qui s’est figée à la surface, soit en siphonnant le liquide clair, puis on filtre sur papier mouillé, on neutralise à l'aide de la solution saturée de bicarbonate de soude ou de soude caustique, en faisant bouillir à nouveau. On recom- mande souvent d'ajouter 6 à 8 grammes de sel par litre; d’après Mi- quel (1), le bouillon salé est plus propre à la culture des Bactéries, ce qui est loin d’être prouvé. Cette addition de sel doit se faire, d’après 3enoist (2), après la neutralisation et la filtration, pour éviter la forma- lion d’un nouveau précipité. On peut donner des qualités spéciales à ces bouillons en leur ajoutant une pelite quantité de glucose et de glycérine, de 1 à 2 p. 100 ou plus de chacune de ces deux substances. Le bouillon est ensuite porté à 1200 dans lautoclave. Il se trouble souvent à chaud, par suite d’une précipitation de phosphales moins solubles à chaud qu'à froid, mais reprend sa limpidité par le refroidisse- ment. Le procédé suivant peut aussi être employé. On prend de Ja viande de bœuf aussi fraîchement tué que possible, encore chaude même s'il est possible, pour éviter l'acidité que détermine toujours une légère altéralion: Cette viande finement hachée est mise dans un ballon avec une fois et demie son poids d’eau et 1 gramme de peptones pour 100 de liquide, puis le tout porté à 120° pendant vingt minutes dans l’auto- clave. Le bouillon obtenu est à peu près neutre ; la faible acidité est combattue avec de la soude caustique en solution. On filtre sur filtre mauillé et l’on stérilise à une température qui ne doit pas dépasser 1100, Avant de répartir le bouillon dans les vases où l’on doit le conserver et le faire servir, il est à recommander de lui faire subir, en bloc, l’action de l’autoclave ou du stérilisateur pendant quelque temps. Fréquemment, en effet, les bouillons, obtenus comme il vient d’être dit, se troublent (1) Miquer, Les organismes vivants de l'atmosphère. Thèse de Paris, 1882. (2) Bexoisr, Préparation de quelques milieux nutritifs destinés à l'étude des Bac- téries (Ann. de micr., 1888, p. 79). MILIEUX DE CULTURES. 231 de 1000 à 1200. Une nouvelle filtration est alors nécessaire, Il est à remarquer que les bouillons mal dégraissés, ou qui n’ont pas subi une ébullition après la neutralisation, restent souvent opalescents et conti- nuent à précipiter, même longtemps après leur fabrication. Ce précipité paraît être constitué souvent par du phosphate de chaux, d’autres fois par de la graisse émulsionnée ou en partie saponifiée. Procédés recommandés. — Ilest plus simple et certainement au moins aussi avantageux d'adopter la manière de faire suivante, qui donne un excellent bouillon employé depuis longtemps au laboratoire de Koch, à Berlin, sous le nom de leisch-infus-peplon, mot qu'on peut traduire par macéralion de viande peplonisée. 19 Cinq cents grammes de viande dégraissée sont hachés et mis à macérer à basse lempérature, pendant vingt-quatre heures, dans un litre d’eau ; 20 On passe et exprime dans un linge et, au besoin, on ramène au volume de 1 litre ; 30 On chauffe jusqu’à ébullition et l’on fait dissoudre de 10 à 20 grammes de peptones sèches pour 1 litre ; 4° On filtre sur un filtre mouillé pour enlever la graisse ; 5° On alcalinise, jusqu’à réaction alcaline légère, mais nette; 60 On chauffe à l’autoclave à 1200 pendant un quart d'heure, puis on filtre à chaud ; 7° On remplit les récipients voulus et l’on stérilise à l’autoclave. Dans le cours des opérations employées pour préparer ces bouillons, on peul être amené à ajouter d’autres substances, dans un but déter- miné, des sucres, de la glycérine, etc. Ces additions ne font rien changer à la technique indiquée. On obtient de très bons résultats, surlout pour l'obtention des pro- duits toxiques du Bacille de la diphtérie et d’autres espèces pathogènes, avec le bouillon préparé avec l’estomac de porc, suivant les indications de Martin (1), désigné aussi sous les noms de bouillon de panse, bouillon d'estomac de porc, bouillon Martin. Pour l’obtenir, on prend des estomacs de porc bien nettoyés et l’on broie ou hache assez finement les tuniques muqueuse et musculaire, Pour éviter les variations de teneur en pepsine provenant de causes individuelles, il estbon d'opérer sur plusieurs estomacs à la fois, quatre ou cinq par exemple. Le hachis obtenu est mis à macérer de douze à vingt-quatre heures. vers 509, dans de l’eau acidulée, dans les proportions suivantes : Haems d'estomac de/porcet MR EST RIRe 200 grammes. Aeiderchlorhydrique. there nine EL PR NN 10 — OM EN e fs bre ea Rat v'4 Arte SE ER Cr 1000 — On peut avec avantage ajouter des morceaux d'organes, poumons, intestins, muscles: la quantité de pepsine présente est suffisante pour qu'il y ait profit à le faire. Après le temps voulu, on chauffe à 100° pendant quelques minutes pour détruire la pepsine en excès, on filtre et l’on alcalinise au moment où le liquide atteint environ 80°. On filtre sur papier ; on chauffe (1) Manrinx, Production de la toxine diphtérique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 26). 232 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. à 1200; on filtre à nouveau et l’on répartit dans des ballons qui seront stérilisés à 115° pendant un quart d'heure. D'un autre côté, on hache 500 grammes de viande de veau qu'on fait macérer pendant vingt heures à 35° dans un litre d’eau ; on exprime for- tement et l’on ajoute 5 grammes de sel. On mélange le liquide obtenu avec parties égales du bouillon de panse de la première préparation, on chauffe à 70° pour coaguler les albuminoïdes et l’on alcaliniseen ajoutant, par litre, 7 centimètres cubes de solution normale de soude (1). On filtre sur papier et l’on stérilise par trois chauffages répétés à 100° ou, mieux, par filtration sur bougie Chamberland. Bouillon de peptones. — Des peptones de bonne qualité donnent des solutions d’excellent usage et très commodes à préparer. On peut recommander la méthode suivante : on dissout des peptones sèches dans l’eau bouillante en proportion de 1 à 2 grammes pour 100 d’eau. On prend la réaction au papier de tournesol. Si elle est acide, ce qui arrive avec beaucoup de peptones, on ajoute goutte à goutte de la solu- tion de soude caustique jusqu’à réaction {rès légèrement alcaline. Le liquide est filtré et stérilisé. Il se maintient indéfiniment clair et parait parfaitement convenir au développement des différentes espèces de Bac- téries ; il est toujours plus fortement coloré que le bouillon de viande et brunit même parfois à l’autoclave. Il est nécessaire de veiller de très près à la qualité des peptones à employer; leur valeur nutritive est excessi- vement variable, parfois très faible. Les résultats obtenus avec une marque peuvent souvent manquer avec une autre. On doit employer de préférence celles que la pratique montre donner de bons résultats. Les plus usitées sont celles de Chapoteaut, de Chassaing, de Collas, de Wilte. Pour des besoins particuliers, on peut ajouter aux peptones 1 p. 100 de glucose, de lactose, d'un autre sucre, ou de glycérine ; mais il faut savoir que l'addition de sucres peut modifier l'attaque des peptones par les microbes ; en particulier, comme l’a montré Péré (2), les sucres s'opposent à la formation d'indol, la transformation de la peptone étant alors moins complète ; il peut en être de mème des nitrates, pour le Colibacille par exemple. Aux bouillons additionnés de lactose, glucose ou d’autres sucres, on peut ajouter environ 2 p. 100 de carbonate de chaux en poudre pour obtenir le bouillon carbonalé. Si l'attaque du sucre se produit, l'acide formé, agissant sur le carbonate, met en liberté de l'acide carbonique qui se dégage en petites bulles gazeuses. Bouillon d'extrait de viande. — On le prépare en faisant dissoudre de l'extrait de viande de Liebig ou autre dans l’eau bouillante, en pro- portion de 5 grammes d'extrait pour 100 d’eau. Après solution, on essaie au papier de tournesol, neulralise au besoin par le bicarbonate de soude et l'on filtre. Le liquide obtenu est d’une belle couleur jaune rougeâtre assez foncée. Il se décolore en vieillissant et devient jaune. On peut le rendre plus nutritif en ajoutant 1 p. 100 de glucose. Le bouillon d'extrait de viande n'est qu’un aliment médiocre pour les (1) La solution normale de soude renferme par litre d'eau 40 grammes de soude caustique pure, correspondant à 23 grammes de sodium. (2) P£ré, Contribution à l'étude du Bacterium coli et du Bacille typhique (Ann. de l'Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 512). . MILIEUX DE CULTURES. 233 Bactéries, dont le développement ne s'y fait jamais aussi abondamment, à beaucoup près, que dans les bouillons préparés avec de la viande. De plus, il est d'une stérilisation difficile ; il précipite souvent plusieurs fois de suite lorsqu'il est porté à une Lempérature de 105°, ce qui en com- plique singulièrement l'emploi. LIQUIDES DE L'ORGANISME Les espèces parasites ne trouvent dans les meilleurs bouillons que des conditions de nutrition d’une ressemblance un peu lointaine avec celles qui favorisent leur développement dans l'organisme. Elles s'y développent mal, quelques-unes même pas du tout. On a donc songé à utiliser comme milieu de culture, soit le milieu où elles se trouvent, soit des parties équivalentes. Le sang, le sérum du sang, l'urine, le lait, les œufs sont, de ces milieux, ceux auxquels on a le plus souvent recours. Plus exception- nellenrent, on emploie l'humeur aqueuse, ou des liquides pathologiques, les sérosilés de la plèvre, de l’ascite, de l'hydrocèle, le pus de certains abcès anciens, amicrobiens, comme certains abcès de nature tuber- culeuse. Sang. — Gilbert et Fournier (1) ont recommandé, pour la culture du Pneumocoque, le sang défibriné. Ce milieu renferme de lhémo- globine dont les modifications de couleur surtout, résultant des réactions de la vie microbienne, peuvent donner des indications utiles. Pour le préparer, on peut recueillir du sang aseptiquement dans des vases spéciaux, dont la paroi interne porte de nombreuses pointes obtenues par le refoulement du verre ; par agitation, la fibrine s’accole en longs filaments à ces pointes, le liquide restant est réparti suivant les besoins, Ou bien, on recueille le sang dans des vases stérilisés ren- fermant de petites perles de verre; par agitation, la fibrine s’accole aux perles. On peut encore recueillir le sang en vase ouvert; on le défibrine à la manière ordinaire par battage, avec un petit balai de jonc, et l’on soumet le liquide restant aux procédés de stérilisation par chauffages répétés qui seront indiqués plus loin. On peut utiliser le sang rendu incoagulable au moyen de l’action de protéoses, de l'extrait de (êtes de sangsues ou de certains sels. L'utilisation de l'effet des protéoses ne se fait que dans l'animal vivant. On injecte à un chien ou à un chat, avec moins de chances à un lapin, dans les veines, une quantité de solution de peptone Witte à 10 p. 100 dans le liquide physiologique correspondant à 0,3 par kilogramme d'animal; l'injection doit être poussée rapidement. Le sang recueilli finit toujours bien par se coaguler à la longue. Bosc (2) recommande l'extrait de têtes de sangsues pour rendre le sang incoagulable. Les têtes de sangsues sont placées pendant quelques jours dansl' alcool absolu, puis desséchées etbroyées. On fait bouillir la poudre dans autant de fois 2? centimètres cubes d'eau qu'il y a de têtes de sangsues etl'on filtre. Le fillrat estdivisé dans une série de tubes stérilisés (1) Gixsunr et Fournier, La culture du Pneumocoque dans le sang défibriné (Soc. de Biol., 11 janvier 1896). (2) Bosc, Le sang rendu incoagulable comme milieu de culture (Soc. de Biol., 8 dé- cembre 1900). 234 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. | = que l’on porte à 1000-1050 pendant vingt minutes. Chaque tube reçoit de 10 à 20 centimètres cubes de sang recueilli aseptiquement. Ou bien on peut injecter dans les veines de l'animal une quantité de filtrat repré- sentant deux têtes de sangsues par kilogramme du poids du corps, puis recueillir directement le sang rendu incoagulable. On peut aussi s'opposer à la coagulation du sang en lui ajoutant certains sels, en solution, au moment de sa sortie du corps ; on emploie l'oxalate neutre de potasse à la dose de 1 p. 1000 ou le citrate neutre de soude à la dose de 3 p. 1000. Enfin, on peut mélanger le sang naturel, dès sa sortie du corps, à d'autres milieux, gélose, bouillon, etc., en pelile quantité, une partie pour trois, ou l’étaler simplement à la surface, pour obtenir les milieux sanglants dont l'emploi est si précieux pour la culture de certains microbes pathogènes. c L'addition d’'hémoglobine, ou de préparations pharmaceutiques à base d'hémoglobine, à ces milieux, réussit souvent aussi dans les mêmes conditions et offre de plus grandes facilités d'exécution. Sérum. — Le sérum sanguin a été pendant quelque temps le seul milieu où pouvaient se développer certaines Bactéries pathogènes. Son emploi était donc d’une nécessité absolue pour l'étude de ces espèces ; l'importance a été toutefois considérablement restreinte à ce point de vue depuis qu’on a observé que ces mêmes espèces se développaient encore mieux sur d’autres milieux ordinaires légèrement modifiés. Pour obtenir du sérum, on peut très avantageusement avoir recours à la méthode suivie depuis longtemps dans les laboratoires de Pasteur qui permet de l'avoir d'emblée pur de tout germe vivant. Dans la séance du 20 avril 1863, Pasteur a présenté à l'Académie des sciences du sang et de l'urine prélevés aseptiquement. Cette méthode consiste à recueillir avec purelé du sang pur chez un animal sain: après vingt-quatre ou quarante-huit heures, du sérum pur se sépare, à la suite de la rétraction du caillot. La chose est relativement facile à réaliser en s'adressant à un orand animal, cheval, bœuf ou vache; plus délicate déjà pour le mou- ton ou le chien, elle demande des précautions assez minutieuses pour des animaux de pelite taille, le lapin, le cobaye, la poule, à cause de la faible dimension des vaisseaux. D'une facon générale, le sérum des différentes espèces animales paraît également convenir pour la culture des Bactéries ; on a donc intérêt ici à s'adresser à l’animal qui offre le plus de commodités pour l'opération. Cet animal est sans contredit le cheval, et ceci pour plusieurs raisons. On peut d'abord obtenir d'un seul coup une forte quantité de sang ; un cheval vigoureux de taille moyenne supporte facilement une saignée de 6 litres ; en ne lui prenant que 4 litres de sang, la soustraction passe pour ainsi dire inaperçue. On puise très facilement le sang dans la veinejugulaire qui a un fort calibre el se trouve au cou, dans une assez grande longueur, située immédia- tement sous la peau; les plaies veineuses sont, en plus, beaucoup moins graves que les plaies artérielles. Enfin le sang de cheval donne un caillot beaucoup plus beau, et, par conséquent, plus de sérum que le sang de bœuf ou de veau par exemple. Il est en outre très facile de se procurer des chevaux pour la saignée, dans les villes où il existe des boucheries chevalinesau moins ; les bouchers prêtenttrès volontiers pour cel usage des chevaux destinés à êlre abattus peu de temps après. D'ailleurs, une MILIEUX DE CULTURES. 235 saignée de quelque importance déjà, 5 ou 6 litres de sang, passe tout à fait inaperçue chez un cheval bien portant. Pour ces diverses raisons, eten outre à cause de l'importance que prend cette opération sur le cheval depuis les remarquables travaux de Roux sur la sérothérapie, il est bon de décrire cette opération sur le cheval avec quelques détails. L'animal doit d’abord être solidement maintenu, tant pour ne pas nuire à l'opérateur ou à ses aides que pour ne pas compromettre les résul- tats de l'opération. Le simple tord-nez suffit d'ordinaire, lorsqu'ilest tenu par une main ferme ; les chevaux difficiles peuvent exiger l'emploi d’en- traves ou même l’usage de l'appareil à contention connu sous le nom de {ravail. Une compression manuelle ou à l’aide d’une pelote, pratiquée à la base du cou, à l'endroit où la jugulaire entre dans le thorax, fait gonfler la veine qui apparaît alors vers le milieu du cou dans la gouttière jugulaire e sous forme d’un cordon cylindrique, fluctuant ; elle a là la Fig. 87 eb 88. — Trocarts Roux. crosseur d'un fort doigt. À cetendroit la peau est rasée!avec soin sur un large espace de 8 à 10 centimètres de diamètre. Cette place est d'abord savonnée, rincée à l’eau bouillie, puis lavée à fond à la liqueur de Van Swielen. A l’aide d’un bistouri stérilisé, l'opérateur fait sur la veine en saillie une ineision de 3 centimètres environ. Après avoir incisé la peau avec précautions, il aperçoit la veine sous une mince couche de tissu conjonclif ; il doit respecter cette mince enveloppe qui protège la paroi veineuse contre la chute de Bactéries en suspension dans l’air qui pour- raient être entraînées lors de la ponction et souiller alors le sang que l’on veut obtenir. La petite plaie est lavée avec grand soin au sublimé ; le moment est arrivé pourla ponction du vaisseau. En raison des grandes dimensions du vaisseau, on peut user d’un trocart de fort calibre. Ce trocart et sa canule doivent naturellement être dûment stérilisés à l’'autoclave ou par une ébullition d’une quinzaine de minutes dans l'eau. Le modèle de Roux et Nocard figuré ci-dessus (fig. 87 et 88) est d’un emploi très commode. L'opérateur tenant le trocartentré dans la canule comme une plume à écrire, le fait pénétrer dans la mince couche con- Jonctive qui recouvre la veine en lui donnant une direction parallèle au vaisseau ; dès que l'instrument a pénétré d’un demi-centimètre environ, il le dirige obliquement sur la paroi du vaisseau et le fait pénétrer d’un coup sec dans sa cavité. Si l'opération est réussie, la canule entre facilement sur une partie de sa longueur. En retirant le trocart, on voit jaillir le sang par l'orifice supérieur de la canule. Il ne reste plus qu'à mettre la canule en communication avec les vases destinés à recueillir le sang : ceci se fait facilement à l'aide d’un tube de caoutchouc muni d’un embout spécial, s’adaptant à l'orifice À SE et | z 236 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. supérieur de la canule et terminé par un tube de verre destiné à pénétrer dans le vase; le Lubeel les ajutages sont stérilisés à l'autoclave à l'avance. Les vases destinés à recevoir le sang doivent être! de contenance en rapport avec les besoins ; pour les provisions de sérum, ils peuvent con- tenir plusieurs litres. La forme des vases importe pour la rétraction du caillot: les flacons cylindriques conviennent moins que les flacons dits d'Erlenmeyer, où le caillot se rétracte mieux et donne, par conséquent, plus de sérum. Ces vases doivent être dûmentstérilisés avant de recevoir le sang. Il vaut mieux les stériliser à l’autoclave en- core humides qu'à la cha- leur sèche ; la chaleur sè- che rend en effet souvent le verre dur au toucher, comme écailleux, ce qui peut provoquer l’adhé- rence du caillot au vaseet nuire à sa rétraclion par- faite. L'orifice en a préa- lablement été fermé par un tampon d'ouate ou, mieux, coiffé avec un pa- pier un peu résistant; le col est recouvert d'un cornet protecteur de papier brouillard blanc (fig. 89). Au moment voulu, lors- que le sang peut couler par le tube de verre qui termine le caoutchouc réuni à la canule, un aide enlève le cornet de papier brouillard. L'o- pérateur, sans laisser cou- er le sang, perce la coiffe de papier avec l'extrémité du tube de verre d’un ori- Fig. 89. — Flacon d'Érlenmeyer préparé fice aussi petit que possi- PERS RCI EAN ble, enfoncele tube dansle flacon el peut alors laisser couler le sang jusqu'au niveau voulu, jusqu'au remplissage presque complet s'il le désire. Dans les flacons bien remplis, la rétraction du caillot paraît se faire plus régulièrement. Pendant ce temps, le vase doit être tenu incliné de façon à éviter la chute des poussières atmosphériques sur la petite ouverture faile au papier. Si le flacon est fermé par un tampon d’ouate, ce dernier est enlevé avec une pince flambée, le flacon étant toujours tenu oblique, le tube de verre est intro- duit, puis le tampon remplacé pendant la durée de l'opération. Le sang ainsi recueilli se coagule d'ordinaire très vile ; quelques minutes après, 1l est déjà souvent pris en gelée. Au bout de vingt-quatre à trente- six heures, le caillot s'est rétracté el a séparé un sérum transparent de cn < sono i-dx éfriti dés. tai MILIEUX DE CULTURES. 237 couleur ambrée quel’on aspire avec des pipettes Chamberland stérilisées pour le répartir dans les récipients divers où l'on veut faire les cultures, qui, eux aussi, ont été stérilisés d'avance. Si l’on s'adresse à de plus petits animaux, le chien par exemple, il faut légèrement modifier la technique opératoire. Il faut naturellement user d’un trocart plus petit. Il n’est plus guère possible d'entrer d'autorité dans la veine dont le calibre est trop petit. Il faut isoler le vaisseau par une dissection minutieuse, le placer sur une sonde cannelée, y faire une pelite incision avec toutes les précautions antiseptiques voulues et intro- duire la canule par cet orifice. Des animaux de cette taille ne peuvent donner qu'une petite quantité de sang ; un chien ne supporte guère facilement la soustraction de plus de 300 centimètres cubes de sang. Si l’on en veut plus, il faut alors s'adresser à la carotide et saigner l'animal à blanc ; la mort s'ensuit fatalement. La prise du sang de très petits animaux, lapins, cobayes, poules, est plus difficile encore. Il faut introduire dans un gros vaisseau ou dans le cœur, préalablement mis à nu, la pointe effilée et tranchante d'une petite pipette de verre stérilisée et aspirer par l’autre orifice muni d’un tampon d’ouate ; ou bien mettre à nu un vaisseau, la veine jugulaire ou la carotide par exemple, au moyen d’une dissection appropriée (Voy. plus loin : £xpérimentation sur les animaux), puis piquer obliquement avec l'aiguille bien tranchante d’une seringue stérilisée et aspirer lente- ment avec la seringue. Chez le lapin, l'opération se fait plus aisément sur une veine de l'oreille, rendue turgescente par une pression exercée à la base de l'organe. On doit auparavant raser les poils sur un petitespace et laver avec soin comme il sera dit plus loin. Pour une prise d’une petite quantité de sang, on peut simplement se servir d’'uneseringue stérilisée dont on introduit la canule dans le vaisseau. Pour récolter de petites quantités de sérum, on peut avantageusement se servir des pipettes el flacons spéciaux imaginés par Latapie (1). Poujol (2) a donné la disposition d'un appareil ‘de grande contenance [rent de recueillir un maximum de sérum d’une masse de sang de 3 à 4 litres. | Lorsqu'on ne peut pas prendre le sang sur l'animal de la facon qui vient d’être indiquée et qu'on est forcé, pour obtenir du sérum, d'utiliser le sang tel qu'il est livré à l’abattoir, c'est-à-dire ayant eu à subir des chances nombreuses de contamination, il faut mettre en œuvre des procédés spéciaux. On recueille dans des vases stérilisés le sang donné par un animal qu'on égorge et on le laisse se coaguler dans un endroit frais. On en soutire le sérum lorsque la rélraction du caillot s'estopérée. Mais ici ce sérum a beaucoup de chances de contenir des germes pro- venant de la peau de l'animal, des poussières de l’air, des diverses mani- pulations ; il est nécessaire de les faire périr ou de les séparer, si l’on veut éviter l’altération du milieu et le faire servir à des cultures pures. Les procédés à mettre en œuvre pour arriver à ce but seront exposés plus loin en parlant de la stérilisation des milieux de cultures. Bien qu'on ne remarque guère de différence dans l'emploi, pour les (1) Lararir, Appareils à récolter le sérum sanguin (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 106). (2) Pousor, Un procédé de récolte et de répartition applicable aux grandes quantités de sérum (Soc. de Biol., 20 avril 1901). ‘ 238 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. cultures, du sérum provenant de différentes espèces animales, il peut cependant y avoir intérêtà employer un sérum déterminé. Ainsi, d’après Bumm (1),le Micrococcus gonorrheæ ne pourrait se développer bien que sur le sérum humain. I recommande, pour l'obtenir, laméthode suivante. Aussitôt après la section du cordon, quand le gâteau placentaire est encore dans la matrice, on recueille le sang qui s'écoule. On en obtient de 40 à 60 centimètres cubes d'ordinaire. Le vase qui le contient est laissé en repos de dix-huit à vingt-quatre heures ; la coagulation se fait. On recueille de 16 à 20 centimètres cubes de sérum parfaitement clair par placenta. Recueilli de cette manière, il faut naturellement le soumettre à la stérilisation. On peut aussi chercher à le recueillir aseptiquement. Pour cela, on peut suivre la marche suivante. Aussitôt la ligature du cordon faite, on met une pince à pression à 3 ou 4 centimètres au-dessus, puis on sectionne le cordon près de la ligature avec des ciseaux stérilisés ; la surface de section est rapidement stérilisée avec une spatule forte- ment chauffée. On introduit alors dans l'artère ombilicale, béante, l'effilure d'une pipette Chamberland préalablement chauffée dans la flannme. La pince est enlevée et, par des frictions douces, on provoque quelques contractions utérines. Le sang pénètre dans la pipelte el est ensuite versé dans un flacon d'Erlenmeyer, de capacité en rapport avec son volume, puis abandonné au repos jusqu'à rétraction du caillot ; le sérum est soutiréet réparti dans les vases de culture. Ce sérum humain est assez lent à se séparer du caillot et est toujours coloré par de lhé- moglobine qui s’est dissoute. Sérosités pathologiques. — Les sérosités pathologiques de l'hydro- cèle, de la plèvre, du péritoine, peuvent lout aussi bien servir. Onleur applique les mêmes procédés pour les recueilhr et les mettre en usage. On peut chercher à lesrecueillir aseptiquement lorsqu'on est sûr qu'elles ne contiennent pas de microbes. Pour recueillir le liquide d’ascite asep- tiquement, on neltoie soigneusement la peau de l'abdomen comme il sera dit plus loin et on poncelionne avec un trocart stérilisé muni d'un tube de caoutchouc disposé comme pour la récolte du sang (p. 239). Lorsque ces liquides ont pu être contaminés, on les soumet aux pro- cédés de stérilisation qui seront exposés plus loin. La valeur de ces liquides comme milieu de cultures peut varier dans de larges limites, sans qu'on puisse en trouver la raison ; c’est particulièrement le cas pour le liquide d’ascite. Comme pour le sang, on peut les employer seuls ou mélangés, par moilié ou moins, à d'autres milieux, la gélose principalement. On utilise surtout la gélose-ascile (1 partie de liquide d'ascite et 3 de gélose à 3 p. 100 ‘pour la recherche de certains microbes. On augmente de beaucoup la puissance nutritive des sérums et séro- sités à l'égard des Bactéries, en leur ajoutant une pelile quantité de peptones, 1 à 2 p. 100. Ces peplones sont ajoutées dissoutes dans le moins d'eau possible et leur solution est stérilisée d'avance, surtout quand elle doit être mêlée à des liquides déjà purs. Urine. — L'urine a élé fréquemment employée autrefois comme Jiquide de culture. On peut la prendre après la miction et la soumettre (1) Buuw, Der Microorganismus der gonorrheischen Schleimhaut Erkrankungen. Wiesbaden, 1885. . MILIEUX DE CULTURES. 239 aux procédés de stérilisation, pour la dépouiller des germes qui ont pu la contaminer à son passage dans l'air ou à son contact avec la peau toujours riche en Bactéries, même lamuqueuse des portions antérieures de l'urètre. Portée à 1109, l'urine acide devient franchement alcaline. Il est souvent préférable de la recueillir pure. On prépare un vase terminé par un tube de verre muni d'un robinet. L'appareil est stérilisé en bloc dans l'air chaud. La partie libre du tube est introduite assez avant dans le canal de l’urètre qui a été préalablement lavé par l'émission d’un jet d'urine. L’urine ainsi obtenue peut se conserver sans se putréfier aucu- nement ; au bout de quelque temps, souvent, elle se colore en brun, mais ne se trouble jamais. Il faut cependant se souvenir qu'obtenue par ce procédé elle a bien des chances de contenir des Bactéries qui se rencontrent encore loin de l'orifice du méat, sur la muqueuse urétrale. Pasteur s'en est fréquemment servi dans ses premières recherches et en particulier dans ses études sur les ferments de l’urée (1). D'après Miquel (2), l'urine normale est peu putrescible; l'urine neutralisée à l’aide de soude caustique l’est un peu plus. Elle l’est toutefois moins que le bouillon d'extrait Liebig, que nous savons bien inférieur aux bouil- lons de viande. Les solutions d’urée donnent les mêmes résultats. Comme l'urée, en solution dans l’eau,se décompose facilement vers 90°, Leube (3) recommande de stériliser séparément l’urée et le liquide à additionner. L'urée sèche supporte facilement 105° pendant une heure. L'urine et les solutions d’urée ne sont à recommander que pour des recherches spéciales. Il est souvent alors préférable de se servir de bouillon de peplones ou de milieux chimiquement définis, additionnés de la quantité voulue d’urée. Lait. — Le lait peut être obtenu dépourvu de tous germes, comme les liquides précédents, en enfonçant une canule d'argent stérilisée dans les trayons d'une vache préalablement savonnés et lavés ensuite à l'eau bouillie ou en stérilisantbien le trayonet recueillant le jet dans des vases stérilisés. IT faut cependant se souvenir que des Bactéries peuvent péné- trer assez profondément dans ces canaux; aussi faut-il éprouver à l’étuve le lait recueilli dans ces conditions, un certain nombre de tubes se modifiant souvent. On trouve plus commode de le prendre tout tiré, sauf à le soumettre aux différents procédés de stérilisation, surtout l’au- toclave à 1159, qui, du reste, n’allèrent pas sensiblement sa composition. S'il est un peu acide avant l'emploi, il faut le neutraliser avec très peu de soude. Les modifications que les microbes font subir au lait peuvent porter ou sur le lactose qui fermente et donne de l'acide lactique, ou sur la caséine qui, sousl'influence de produits diastasiquessécrétés, se coagule et même se peplonise ; lacoagulation peut aussi être due à la formation d'acide aux dépens du lactose, acide dont la présence peut être indiquée par l'addition préalable d'un peu de teinture de tournesol. Nous avons vu précédemment la composition d'un milieu artificiel proposé pour remplacer le lait(p. 228) et remédier surtout à la difficulté (1) Pasreur et Jouserr, Sur la fermentation de l'urine (C. R. de l’Acad. des sc.), LXXXHII, 1876). (2) Miquez, Les organismes vivants de l'atmosphère, p. 194. (3) Leuse, Ueber die ammoniakalische Harngährung (Virchow’s Arch., C, 1884, p. 940), 240 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Fe d'observer de minimes modifications de ce liquide, en particulier une légère coagulation. Le pelit-lail a été vanté comme milieu de culture servant à différencier certaines espèces. On peut le préparer en coagulant le lait par addition d'un peu d'acide chlorhydrique ; on laisse reposer quelques heures pour laisser le caillol exsuder du liquide qu'on sépare, filtre, neutralise et stérilise à 1000, Pendant la chauffe, il peut encore se précipiter un peu de matière albuminoïde; on est alors obligé de filtrer et stériliser à nouveau. Œufs. — On utilise parfois les œufs comme milieu de culture. On peut, après avoir ouvert l'œuf à l'un des pôles avec des pinces flambées, à l’aide de pipettes stérilisées, aspirer séparément le blanc et le jaune qu'on répartit suivant les besoins. On peut aussi faire directement la culture dans l'œuf que l’on a au préalable fortement secoué pour obtenir le mélange du blanc et du jaune ; l'ensemencement se fait par un petit orifice fait à l'un des bouts bien flambé, avec un instrument stérilisé ; le trou est ensuite obturé avec de la cire molle bien chauffée. I faut se souvenir que les œufs peuvent être infectés, avant la ponte, par des microbes présents dans l’oviducte de la poule, et que la coquille humide se laisse assez facilement traverser par des Moisissures ou des Bactéries. Enfin, on peut utiliser les œufs cuits durs et coupés en tranches, qui sont stérilisées après coup comme il sera dit; ou simplement le blanc coupé en morceaux qu'on stérilise également dans les vases que l'on veut employer. 20 Milieux solides. Nous connaissons les avantages de ces milieux et nous allons décrire la préparation de ceux qui sont le plus habituellement employés. Milieux nutritifs à la gélatine. — Les gelées à base de gélatine ont été introduites dans la pratique des cultures de Bactéries par Klebs et Brefeld. Leur emploi s’est beaucoup généralisé et perfectionné depuis ; on peut dire qu'il forme un des points importants des études bactériolo- giques. La gélatine qui sert à confectionner la gelée doit être choisie dans les premières marques de fabriques françaises. La meilleure est celle qui se vend sous les noms de gélaline extra-fine, blanc-manger, en paquets enveloppés de papier bleu et à étiquette dorée. C'est avec celle-ci que l'on obtient les gelées les plus belles etles plus transparentes ; les qualités inférieures donnent un milieu qui reste presque toujours un peu troubie ou légèrement laiteux, quoi qu'on fasse, et qui supporte mal les tempé- “atures de stérilisation. La beauté de la gelée n'est du reste pas un caractère essentiel. La quantité de gélatine qui doit solidifier un poids donné d'eau doit varier suivant les circonstances et surtout suivant la saison. Tandis que pendant la saison froide la proportion de 6 à 10 grammes de gélatine pour 100 grammes d'eau suffit amplement pour donner une gelée très consistante, il faut, pendant les fortes chaleurs de l'été, élever ce poids à 12 ou 15 et même 20 grammes pour 100 grammes d’eau ; il n'est guère à recommander de dépasser 15 grammes; au-dessus, les caractères culturaux peuvent être modifiés. On concasse les plaquettes de gélatine TT EC LL MILIEUX DE CULTURES. 241 ‘ et l’on fat fondre les morceaux dans l’eau chauffée au bain-marie : l'emploi du feu nu est à éviter ou au moins demande une grande pru- dence. Pour augmenter la qualité nutritive du milieu, on ajoute à ce moment de 1 à 2 p. 100 de peptones sèches. En dehors de besoins par- üculiers, ilest à recommander d'éviter d'ajouter des sucres aux milieux à la gélatine, ces composés pouvant empêcher la production de modifi- calions importantes du milieu par certains microbes, en particulier la liquéfaction (1). La gélatine et les peptones donnant une forte réaction acide, on verse peu à peu d'une solution de soude à 40 p. 1000 jusqu’à neutralisation complète ou même jusqu'à réaction très légèrement alca- line. C'est là un point très délicat, sur lequel il faut Lout particu- 7 | CCE EEE ENT EURE CN NE EEE CE ETAT EE n BESERER Fig. 90. — Entonnoir bain-marie Fig. 91. — Appareil à filtration à chaud. ordinaire. lièrement porter l'attention. Les Bactéries se développant d'habi- tude très mal dans les milieux acides, il leur faut des milieux neutres ou alcalins ; il faut toutefois éviter un excès même léger ; les alcalis libres ont er effet une action nuisible ou retardatrice sur le développement de beaucoup de Bactéries. De plus, la gélatine alcaline supporte moins facilement des tempéralures de 1000 et au-dessus ; elle peut ne plus se solidifier par refroidissement. On porte le bain-marie à l’ébullition que l’on maintient une dizaine de minutes, pour produire la coagulation de matières albuminoïdes qui pourraient gêner. Suivant la température du local, la filtration peut se faire dans un entonnoir ordinaire ou exiger l'emploi d’un enlonnoir bain-marie, qui maintient le produit complète- ment liquide et hate l'opération. La figure 90 représente l’entonnoir bain-marie ordinaire. C'est un entonnoir en cuivre dans lequel se place un second entonnoir en verre. Entre les deux reste un espace que l’on (1) Auensacn, Ueber die Ur;ache der Hemmung der Gelatineverflüssigung durch Bakterien durch Zuckerzusatz (Arch. für Hygiene, XXXI, 1897, p. 311). Macé. — Baclériologie, 6° édit. 16 LA 242 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. remplit d'eau. L’entonnoir en cuivre porte un appendice creux à sa partie inférieure. C’est cette queue que l’on chauffe avec un bec de gaz ou une lampe à alcool. La température de l’eau qui entoure l’entonnoir en verre s'élève très vite; il faut éviter d'arriver à l’ébullition, à cause des projections qui peuvent se produire. L'appareil représenté figure 91 est plus compliqué. Il est établi sur le même principe ; le chauffage se fait par la couronne ou la température | se mainlient par la circulation d’eau chaude, ce qui exige l'emploi d'un bain-marie spécial, en communication avec le tube b et le robinet r. La gélatine claire tombe dans le réservoir d et peut être facilement répartie : dans les vases à l’aide du tube que commande la pince à pression f. Dans l'appareil figure 92, appareil à filtration à la vapeur, l’entonnoir est chauffé par la vapeur qui parcourt le serpentin qui l'entoure. La filtration peut du reste se faire bien plus commodément en opérant dans le stérilisateur à vapeur ou dans l’autoclave sans pression. Fig. 92. — Appareil à filtration à la vapeur. On obtient des gélatines bien plus transparentes en usant d’un col- lage au blanc d'œuf avant la filtration. On bat du blanc d'œuf en neige avec très peu d’eau, le blanc d'un œuf pour 1 ou 2? litres, et on ajoute à la gélatine après la neutralisation, en ayant soin de la laisser tomber à unetempérature de 60°environ. On agite fortement pour bien opérer le mélange et on porte un quart d'heure à l'autoclave à 1150. La coagulation se fait; le produit filtre plus facilement et prend une transparence de cristal. Il est nécessaire d’user d’une température aussi élevée pour ne pas laisser dans le milieu des traces d’albumine se coagulant seulement au-dessus de 1000, qui pourraient produire plus tard, si l'on stérilise au-dessus de 1009, du trouble ou de l’opalescence. Cette gelée, connue sous le nom de gélatine nutrilive, ou, plutôt, sim- plement gélatine, peut même exiger, pour être limpide, plusieurs filtrations successives. Souvent, elle précipite à nouveau lorsqu'elle est portée à 1000 ou 1159 pour la stérilisation. Ces précipités sont formés exclusivement de phosphate de chaux ; aussi faut-il éviter, lors- | 4 L 1 È È ; N % 4 ne: | MILIEUX DE CULTURES. 243 qu'on veut faire des mélanges plus complexes, de mettre dans ces gelées les phosphates, si favorables cependant au développement des Bactéries. Au lieu d'ajouter des peptones sèches à la masse, on peut faire dis- soudre la gélatine dans les différents bouillons dont la préparation a été indiquée précédemment. On obtient ainsi, avec des bouillons de viande peptonisée ou non, la macération de viande peptonisée surtout (p. 231), une gélatine nutritive d'excellente qualité ; 1l faut toutefois reconnaître que les gélatines à base de bouillon ou de macération de viande sont beaucoup plus propices au développement des microbes liquéfiants, surtout des Bacilles fluorescents, ce qui peut parfois être un inconvénient, dans les analyses d'eaux par exemple, où la liquéfaction totale du milieu survient plus vite qu'avec la gélatine peptonisée simple. La gelée préparée au bouillon de malt ou de touraillon peut être précieuse à employer. On peut également employer dans le même but l’un quel- conque des milieux chimiques donnés page 295. En général, mais surtout lorsqu'on se sert de gélatines de qualité inférieure, il faut éviter, dans ces manipulations, l'emploi du feu nu et une ébullition prolongée, qui pourraient modifier la gelée et la rendre impropre au but que l’on veut remplir. La température de 1000 mainte- nue assez longtemps, surtout en présence d'un léger excès d’alcali, peut modifier le milieu de telle façon qu'il perd la propriété de se prendre en gelée en refroidissant ; la même modification se produit plus facilement encore aux températures élevées de l’autoclave. Le milieu renferme de la gélatine-peptone, qui ne sedistingue de la gélatine primitive que par l’im- possibilité de se sodilifier par abaissement de la température. Ce produit offre beaucoup des réactions des peptones vraies. Le fait est peut-être aussi favorisé par la présence de produits provenant d’altérations anté- rieures. La gélatine bien préparée fond à une température qui varie dans des limiles très restreintes avec la quantité d'eau qu'elle contient. Les milieux qui contiennent une proportion de gélatine de 6 à 10 p. 100 sont liquides à 25°. On peut prendre 23° comme terme moyen, et encore est-il prudent de régler les étuves où l’on veut placer des cultures sur gélatine pour une température qui ne doit pas dépasser 200. La légère évaporalion d'eau, qui se fait forcément entre le moment de la préparation de la masse et celui où on l'utilise, élève toujours de quelques fractions de degré le point de fusion primitif. Il en est de même de la consistance, qui est en rapport direct avec le point de fusion. Elle est d'autant plus forte qu'il y a plus de gélatine dans la masse, où elle s'élève sensiblement par suite de la dessiccation. Avec de fortes proportions de gélatine, 15 p. 100 et plus, on peut obtenir des gelées supportant 24 sans se liquéfier ; c'est une indication qui peut être pré- cieuse ; toutefois, les gelées dont la teneur dépasse 15 p. 100 ne donnent plus des caractères culturaux aussi nets ; sauf dans les cas spéciaux, il est bon de ne pas dépasser cette dernière proportion. En se servant de très bonne gélatine et en n'employant pour la stéri- lisation que des Llempératures de 85° à 900 qu'on fait agir à trois ou quatre reprises, pendant une demi-heure à une heure à vingt-quatre heures d'intervalle chaque fois, on peut obtenir des gelées qui ne se liqué- fient qu'à 28°, même 300 et un peu au-dessus, surtout si l'on a soin de les laisser reposer pendant plusieurs jours à une température froide. 244 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. C'est la question de chauffage qui ‘semble surtout importer dans cette préparation. On peut aussi préparer des gelées excellentes à l’aide de jus de viande, de pieds de veau, etc. Elles paraissent même parfois être préférables à la masse obtenue comme nous venons de l'indiquer ; mais la complica- ion du manuel opératoire est loin d'être compensée par la supériorité peu marquée du produit ; ce sont des milieux à réserver pour les cas. SpÉCIAUXx. ue des besoins particuliers, on peut ajouler à la gélatine d’autres substances que les peptones. L'addilion de sucres, sucre de canne, glucose ou autres, à 1 ou 2p. 100, est parfois indiquée. IT faut alors se souvenir que de telles gélatines, comme il a été dit plus haut (p. 241), sont bien moins facilement liquéfiées par les Bactéries liquéfiantes habituelles, fait dû à l'absence ou à la production moindre du ferment protéolytique qui produit celte modificalion. GÉLATINE D'ELSXER. — Pour parvenir à différencier le Colibacille elle Bacille typhique, Elsner (1) préconise l'emploi d’une gélatine au sue de pommes de terre additionné d'iodure de potassium. On prépare ce milieu de la façon suivante : on pile soigneusement 500 grammes de pommes de terre, on les râpe et on les fait macérer pendant trois ou quatre heures dans un litre d’eau ; on tamise la masse et on laisse déposer pendant une nuit. On décante le liquide, on filtre et l'on y fait dissoudre à feu doux de 15 à 20 p. 100 de gélatine. La réaction du produit est très acide ; on lui ajoute de la solulion normale de soude (2) jusqu’à ce que la réaction ne soit plus que très faiblement, mais cependant encore nettement acide; suivant le degré d’acidité primitif, il faut de 20 à 30 cen- timètres cubes de solution alcaline. On filtre, on clarifie au blanc d'œuf et stérilise. Pour l'usage, le milieu est réparti dans des ballons en contenant 100 grammes. Au moment de s'en servir on ajoute, à chaque ballon, 1 gramme d’iodure de potassium, qui se dissout lentement dans la gélatine’maintenue fondue. Ou bien on la répartit dans des tubes, par 10 ou 20 centimètres cubes, auxquels on ajoute, au moment de s’en ser- vir, 1 ou ? centimètres cubes d’une solution stérilisée d’iodure de polas- sium à 10 p. 100. On ensemence comme pour les cultures sur plaques ordinaires et l’on répartit sur plaques ou, mieux, dans des boîtes de Petri. Très peu d'espèces peuvent pousser sur un tel milieu. Le Bacille lyphique el le Colibacille Y végètent bien el il est possible de les diffé- rencier aisément à l'aspect des c olonies. D'après Grimbert (3), la réaction du milieu d'Elsner est due à la gélatine. Il serait possible de simplifier la méthode en n’employant que de la gélatine à laquelle on laisse un certain degré d'acidilé, l'acidité équivalant à 1 gramme d'acide sulfurique par litre, ce qui correspond à l'emploi de 5 centimètres cubes d'eau de chaux pour neutraliser 10 cen- timètres cubes de gélatine. (1) Ecsxver, Untersuchungen über electives Wachstum der Bacterium coli Arten und des Typhusbacillus und dessen diagnostiche Verwertbarkheit (Zeitschr. für Hygiene, XXI, 1895). (2) La solution normale de soude des auteurs allemands renferme par litre d'eau 40 grammes de soude caustique pure, correspondant à 23 grammes de sodium. (3) Grimserr, Sur la préparation du milieu d’Elsner (Soc. de Biol., 4 juillet 196). » UNE 4 TN I NO VU VOUS L 4 4 : 19 PSS [1 MILIEUX DE CULTURES. Il modifie la technique de la façon suivante : 9500 grammes de pommes de terre räpées sont mis à macérer, pendant trois ou quatre heures au plus, dans 1 litre d'eau. Le liquide est décanté el filtré, chauffé à l’auloclave pendant dix minutes, pour coa- guler les matières albuminoïdes, puis filtré à nouveau. On ajoute 15 p. 100 de gélatine que l’on dissout au bain-marie; on clarifie au blanc d'œuf, On prend 10 centimètres cubes du milieu que l'on verse dans 50 cen- lüimètres cubes d’eau distillée chauffée, et l’on ajoute cinq à six gouttes d’une solution alcoolique de phénolphtaléine ; on verse de l'eau de chaux, au moyen d'une burette graduée, jusqu’à ce qu'on obtienne une teinte rose persistante. S'il a fallu employer plus de 5 centimètres cubes d’eau de chaux pour neutraliser les 10 centimètres cubes du milieu, on ajoute à celui-ci maintenu liquide quelques centimètres cubes de solution normale de soude et l’on recommence le titrage. On recommence ainsi Jusqu'à cé qu'on arrive à ne plus employer que 5 centimètres cubes d'eau de chaux pour la neutralisation des 10 centimètres cubes employés. Grimbert (1) propose de remplacer celte gélatine d’Elsner par un milieu arlificiel de la composition suivante, basée sur la composition moyenne du jus de pomme de terre : ANS UIGRE A2 US ee Er dr 1000 grammes. DA LAS ER ARE AR lei Le on Ml de Ra 1 gramme. SET GREC VE ES SEA RER PP CR 2 grammes. AISDATABITE A ere nee RE DE D PEUT TA 2 — Phosphate-neufre-de/potasse. x... 2 nie 2 — Sulate de potasse rh ee RÉRCRSAREINE 2 e- AE TRREMES LO MEL A Pere APE en LS 2 — Bimalate, d'ammontaque::7.1,. 424.2 HE 2 — Carbonate de magnésie............ TE a 1 gramme. On ajoute au milieu 15 p. 100 de gélatine. Au moment de servir, la gelée est additionnée de 1 p. 100 d'iodure ou, mieux, de bromure de potassium. Remy (2) dit obtenir de meilleurs résultats avec le milieu artificiel suivant, correspondant sensiblement à la composition chimique du suc de pomme de terre, en supprimant la dextrine et le glucose et en substi- tuant le phosphate bisodique au phosphate bipotassique. HUE STE GR RS ER PS ANR EU Pre ee RE En 1009 grammes. AS DA A EN EE TT NT AP RC Le Entre LME Gi Qi LATE 6 Se ACIdelOxaliqe. 0007 AN Tee Derbi ere 0,5 he ET CHE SMS RE MES TR ER Tnt 0 0:7,15 TO QUES ART 2 AMEL en: See te hot TE 0,15 Aunspaate DISodique,s. chiant Le Eee 5 grammes. Dalidte dermapnésie: Le, 0: tte RS 27,50 ire de DORASSE, An RAT mp ROUE PURES RTE 17,25 Mhlonmve; de so0iam.vr. D ATTRE Je RUCNN nS 2 grammes. Les sels, le sulfate de magnésie excepté, sont broyés dans un mortier, Re D PE ri puis introduits dans un matras avec 1 litre d’eau distillée et 30 grammes de peptone Witte ou Grübler. On chauffe à 1100 pendant un quart (1) Grouserr, Sur un milieu d'Elsner artificiel (Soc. de Biol., 25 juillet 1896). (2) Reux, Contribution à l'étude de la fièvre typhoïde et de son Bacille (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 555). 246 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. d'heure. On verse le contenu bouillant dans un autre matras contenant 120 à 150 grammes de gélatine qu'on fait dissoudre. On ajoute de la soude jusqu'à alealinisation légère. On chauffe à 1100 pendant un quart d'heure. Puis on acidifie avec une solution demi-normale d’acide sulfu- rique, de telle sorte que 10 centimètres cubes de gélatine aient une acidité telle que celle-21 disparaît par l'addition de 0°*,2 de solution demi- normale de soude, acidité correspondant à 0,5 d'acide sulfurique par : litre. On introduit les 28,50 de sulfate de magnésie et l’on répartit en tubes de 10 centimètres cubes. ; Au moment de l'emploi, on introduit dans chaque tube de gélatine 1 centimètre cube d'une solution de lactose à 35 p. 100 et 0,1 d’une solution phéniquée à 2,5 p. 100. Milieux nutritifs à la gélose. —Les gelées à base de gélatine, malgré leurs incontestables avantages, sont forcément d'un emploi limité. Quelle que soit la quantité de gélatine que l'on y met, la masse fond vers 239 à 24°, D'où impossibilité d'arriver à un beau développement pour beaucoup d'espèces, qui présentent un optimum de végétation à un degré supérieur, et une absence totale de multiplication pour cer- taines, des pathogènes surlout, qui exigent une température voisine de 37°. De plus, de no nbreuses Bactéries liquéfiant très rapidement ces gelées, il peut en résulter des difficultés dans leur diagnose et l'obtention de cultures pures. Chez certaines plantes, les membranes cellulaires peuvent se trans- former, en tout ou en partie, en une substance isomère de la cellulose, qui, dure et cornée à l’état sec, possède la propriété de se gonfler énor- mément sous l'influence de l’eau, de donner, en absorbant une grande quantité de ce liquide, de la gelée ou du mucilage. Les couches ainsi modifiées sont dites gélifiées ; elles ne donnent plus les réactions carac- téristiques de la cellulose, en particulier elles ne bleuissent plus par l'acide sulfurique et l’iode ou par le chlorure de zinc 1odé. Cette trans- formation des membranes cellulaires en mucilage est fréquente chez les Algues. Les gelées ainsi produites présentent, entre autres caractères, celui de ne fondre qu'à une température élevée; un très petit nombre de Bactéries, celles qui s'attaquent à la cellulose, arrivent seules à les liquéfier. À ce double point de vue, elles remplissent les deux desiderala signalés dans l'emploi des masses à la gélatine. >ar contre, pures, elles ne possèdent, leur composition chimique le prouve, que des propriétés nulritives très faibles, pour ne pas dire nulles, tant est restreint le nombre d'espèces qui peuvent se nourrir de cellulose simple ou peu modifiée. Aussi faut-il les additionner de prin- cipes nulrilifs en proportions assez fortes, ou user, pour les préparer, de bouillons obtenus d'après les formules indiquées précédemment. Miquel (1) a songé le premier à se servir de ces mucilages végétaux pour les cultures sur milieux solides à une tempéralure supérieure . à 250, Il utilisait la gelée formée par le Chondrus crispus Lyngb., Algue marine de la famille des Gigarlinées, ordre des Floridées. On la trouve sur les côtes de l'Atlantique, depuis les Açores jusqu'en Norvège. Elle est très employée à la confection de gelées commerciales et connue (1) Miquez, Septième mémoire sur les organismes microscopiques de l'air et ‘des caux (Annuaire de l'Observ. de Montsouris pour 1885, p. 467). + Ée., on de A MILIEUX DE CULTURES. - 247 sous le nom de Carraghaen où Mousse d'Islande. Miquel opérait de la facon suivante : 300 grammes d’Algue sont mis à digérer dans 10 litres d’eau bouillante; on maintient l'ébullition plusieurs heures, puis on passe au tamis. Le liquide est de nouveau porté à l’ébullition et passé à l'étamine dans un entonnoir chaud. La liqueur est évaporée au bain- marie et versée dans des cuvettes de porcelaine où on la fait sécher; on obtient un résidu dur qui, ajouté au bouillon dans la proportion de 1 p. 100, le transforme par refroidissement en une gelée qui reste solide jusqu’à 45° à 500. Elle ne fond qu'entre 55° et 600 et supporte facile- ment une température de 1100. Puaccinelli (1) donne le procédé suivant pour obtenir une belle gelée avec cette même Algue. Six grammes de Fucus crispus bien lavés à l’eau sont mis à cuire avec 200 grammes de bouillie de viande neutra- lisée dans le stérilisateur à vapeur pendant une heure. On fillre sur un filtre simple chauffé ou, mieux, dans un entonnoir bain-marie. On obtient rapidement le liquide nécessaire pour garnir une douzaine de tubes à essai. On obtient plus facilement des gelées à l’aide d’une Algue des mers des Indes, le Gelidium spiniforme Lamx., de l'ordre des Floridées éga- lement. C’est cette espèce qui forme la majeure partie de la drogue connue sous le nom d’Agar-Agar ou Varech corné. La matière gélati- neuse qu'on en retire a été étudiée, en 1859, par Payen (2), qui lui a donné le nom de gélose. C’est une substance amorphe se gonflant et se dissolvant dans l'eau bouillante; le liquide se prend en gelée par le refroidissement. Elle solidifierait, d’après ce chimiste, environ cinq cents fois son poids d’eau, formant, à poids égal, dix fois plus de gelée que n'en donne la meilleure gélatine. On prépare facilement de belles gelées nutritives, à l’aide de la drogue du commerce, de la façon suivante (3) : Vingt-cinq grammes du produit commercial, coupés en petits mor- ceaux, sont mis à macérer dans un demi-litre d’eau acidulée d'acide chlorhydrique à 6 p. 100 ; on laisse en contact vingt-quatre heures en remuant à plusieurs reprises. Après plusieurs lavages à grande eau, pour faire disparaître toute trace d'acide, on met l’Algue déjà gonflée dans 400 ou 500 grammes d’eau additionnée de 5 p. 100 d’ammoniaque ; on la retire après un jour et on la lave comme précédemment. Pendant les fortes chaleurs de l'été, il est bon de réduire de moitié le temps de ces deux macérations successives. On fait alors bouillir à feu nu un litre d’eau distillée et, lorsqu'elle est en pleine ébullition, on y jette l’Algue, qui se dissout immédiatement ou en peu de temps. Cette opération peut également être faite dans l’autoclave, à 1100-1150. Le liquide est essayé au papier de tournesol et neutralisé avec la solution de soude à 40 p. 100. On filtre à chaud, surun entonnoir bain-marie (fig. 90) ou de préférence dans le stérilisateur à vapeur ou l'autoclave vers 1000, après avoir passé sur une flanelle, ce qui facilite beaucoup la filtration. Le liquide très limpide se prend, par refroidissement, en une belle gelée, opalescente lorsqu'elle est en (1) Pucaxeuzr, Bull. della Real Acad. med. di Roma, XVI, 1890, fase. V. (2) Paxewn, C. R. de l'Acad. des sc., 1859, et Traité de chimie industrielle, II, p. 41. (3) Macé, Sur la préparation des milieux à la gélose pour la culture des Bactéries (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1, 1887, p. 189). S LORS 248 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. masse, mais très transparente en plaques ou dans des tubes à réaclifs. Hægler (1) supprime la filtration en centrifugeant le liquide; par le refroidissement dans l'appareil, on obtient des masses de gelée dont on sépare au couteau l'extrémité où se sont réunies les particules qui élaient en suspension. On peut aussi clarifier au blanc d'œuf en opérant comme il a été dit pour la gélatine; le mélange doit être fait vers 450. La technique qui vient d’être exposée, employant de 2 à 2,5 de gélose p. 100 d'eau ou de bouillon, donne toujours un très beau milieu de con- sistance suffisante et adhérant très bien aux tubes à essai. Il est des géloses qui se dissolvent facilement, après un simple gon- flement dans l’eau simple ou acidulée, dans l’eau bouillante et permet- tent de supprimer en partie les manipulations précédentes. D’autres, au contraire, ne donnent de bons résultats qu'avec le traitement com- plet. La pratique le montrera aisément. On rend la gelée nutritive en lui ajoutant, avant de la neutraliser et la filtrer, une solution de peptones dans les proportions de 1 à 2 gram- mes de peptones sèches pour 100 grammes de gelée. On fait dissoudre 10 à 15 grammes de peplones sèches dans 50 grammes d’eau. Le mélange avec la gelée se fait parfaitement à chaud. Ou, encore, on se sert comme liquide de bouillon peptonisé. C'est ce mélange que nous désignerons simplement sous le nom de gélose. On peut aussi remplacer l’eau simple par l’un des liquides nutrilifs employés. L'addition de faibles quantités de glycérine, 1 à 5 p. 100, à la gélose ainsi préparée, lui donne des propriétés nutritives plus énergiques. Nocard et Roux (2) ont conseillé l'emploi de cette gélose glycérinée à 5 p. 100 pour les cultures du Bacille de la tuberculose, qui se déve- loppe d'une façon luxuriante sur ce milieu. Beaucoup d’autres espèces, d’après des expériences de notre laboratoire, se conduisent de même. La glycérine doit probablement servir directement à la nutrition de la Bactérie ; en tout cas, elle modifie favorablement le milieu et conserve en particulier l'humidité et la perméabilité de sa surface. Il est à recom- mander d'ajouter, dans ce cas, mais seulement lorsque la proportion de glycérine est élevée, au-dessus de 6 p. 100, quelques gouttes d'une solution concentrée de gomme arabique, qui permet à la gelée d'adhérer aux parois des vases de verre; hors ce cas particulier, l'addition de gomme est plutôt à éviter. En ajoutant de { à 2 p. 100 de glucose ou de lactose, on obtient une gélose glucosée ou une gélose laclosée dont l'usage peut donner de très bons résultats pour certaines espèces. La consistance de ces masses de gelées varie naturellement avec la proportion d’eau qui entre dans leur composition. On la fait augmenter en diminuant la quantité de liquide. La transparence devient alors. moins grande. La gélose obtenue comme nous l’indiquons ne commence à fondre que vers 709 à 750; à 800, elle est visqueuse et ne devient complètement liquide qu'entre 85° et 900. En employant seulement 1 à 5,5 p. 100 1) Hxcrer, Zur Agarbereitung (Centralbl. für Bakt., XVII, 1895, p. 5958). (2) Nocanv et Roux, Sur la culture du Bacille de a tuberculose (Ann. de l'Inst. Pasleur, 1, 1887, p. 20). MILIEUX DE CULTURES. 249 de gélose, la gelée obtenue se liquéfie plus tôt, vers 65°. Par refroïdis- sement, ces gelées se solidifient vers 400. GÉLOSE AU sanG. — Bezançon el Griffon (1) la recommandent pour la culture du Bacille de la tuberculose. Is donnent la technique suivante : dans des tubes contenant de la gélose glycérinée à 6 p. 100, maintenue fondue au bain-marie, on reçoit aseptiquement une petite quantité de sang au sortir de l'artère de l'animal. On fait aussitôt le mélange en évitant de secouer trop fort le tube, puis on le pose sur un plan incliné pour refroidir. En se refroidissant, la gélose emprisonne le sang et donne un milieu de culture tout spécial. La gélose sanglante s'obtient en élalant simplement à la surface de gélose ordinaire quelques gouttes de sang recueilli d’une façon aseptique. GÉLOSE AUX ALBUMINATES ALCALINS. — Pour éviter la préparalion sou- vent ennuyeuse, au point de vue de la stérilisation surtout, des milieux au sérum sanguin, et en raison des facilités de culture de certaines espèces, Deycke (2) a imaginé de préparer une gélose addilionnée d’un albuminate alcalin ; elle est connue sous le nom de gélose de Deycke. Il recommande surtout ce milieu pour l'examen bactériologique des angines diphtériques ; les colonies du Bacille de la diphlérie S'y déve- loppent rapidement, Landis que les autres microbes qui l’'accompagnent souvent dans les fausses membranes, principalement le S/replocoque pyogène, y poussent mal. Les albuminales alcalins se préparent de la facon suivante : on intro- duil dans un ballon 1 kilogramme de viande de veau dégraissée et fine- ment hachée; on ajoute 1200 centimètres cubes d’une solution de potasse à 3 p. 100 et l’on agite fortement. Le lout est abandonné à l'étuve à 37° pendant quarante-huit heures, puis chauffé au bain-marie à 600-700 pendant quelques heures ; on filtre ensuite sur papier. Le liquide brun obtenu est additionné avec précaution d'acide chlorhydrique pur qui précipite l’albuminate alcalin. Le précipité est recueilli sur un linge fin et mis en suspension dans de l’eau distillée. On ajoute une solution saturée de soude caustique jusqu'à réaction fortement alcaline. Il se produit une redissolution partielle; en soumellant le mélange à 1000 pendant plusieurs heures dans un stérilisateur à vapeur, tout se dis- sout. Il faut alors corriger la réaction, qui doit être neutre ou légère- ment alcaline. On évapore ce liquide jusqu'à siccité au bain-marie et à l'étuve au-dessous de 100; on en obtient une poudre brunâtre qu'on peut dissoudre dans l'eau. Pour oblenir la gelée, on ajoute, pour 100 grammes d’eau, 1 gramme d'albuminates alcalins, 1 gramme de peptone, 0:50 de sel marin, ? grammes de gélose, 5 grammes de glycérine. Le restant de la préparalion se fait comme pour la gélose ordinaire. GÉLOSE-GÉLATINE. — En ajoutant 1, 2 p. 100 ou plus de gélose aux géla- lines ordinaires, on obtient un milieu qui supporte facilement la tem- péralure de l’éluve sans se liquéfier. Malheureusement, les cultures ne présentent plus du tout les caractères spéciaux qu'elles offrent sur géla- (1) Bezaxcon et Gnrirrox, Culture du Bacille tuherculeux sur le sang emprisonné dans la gélose glycérinée (Soc. de Biol., 4 février 1889). (2) Devcke, Weitere Erfährungen über cie Bedeutung von Alkalialbuminaten (Deutsche med. Wochenschr., 1894,n°25). — [v., Die Benutzung von Alkalialbuminaten zur Herstellung von Nährboden (Centralbl. für Bakl., XVII, 1895, p. 241). 230 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. | LE üne. On n’a pas d'avantage à substituer un tel milieu à la gélose ordinaire. Sérum solidifié. — Il suffit de porter à une température de 65° à 680 le sérum recueilli comme il a été dit page 234, pour le voir se soli- difier immédiatement dans la posilion qui lui-est donnée. Il se transforme en une masse de consistance de blanc d'œuf cuit, de coloration jaune ambré, opalescente surtout lorsqu'elle est d’une notable épaisseur. D'après Nocard et Roux (1), l'addition de 6 à 8 p. 100 de glycérine donne un milieu bien préférable. Elle empêche la dessiccation de la surface, qui se produit toujours lorsqu'on conserve le sérum quelque temps avant de l'employer, et donne des cultures plus belles que le sérum ordinaire. La préparation des milieux au sérum, demandant une technique spé- ciale, sera étudiée plus loin en parlant du mode de stérilisation qui leur est appliqué (Voy. p. 258). Les mêmes procédés sont applicables au sang défibriné. On peut employer le sérum du sang de différentes espèces animales. Le point de solidification varie. Le sérum du moulon est celui qui se coagule le plus vite ; celui du veau est plus lent à se solidifier. Ce sont toutefois des différences minimes. Le sérum antidiphtérique, et probablement les autres sérums simi- laires, paraissent très bien convenir comme milieux de cultures. On peut de cette façon utiliser commodément les sérums déjà anciens. Gelées minérales. — On peut être conduit, pour des besoins ou des facilités spéciales, à éviter la présence de toute matière organique ou à n'introduire dans le milieu qu’une ou plusieurs matières organiques bien définies, et lorsqu'on veut user de milieux solides gélatineux, qui peuvent en particulier offrir de grands avantages pour isoler certaines espèces, à se servir de milieux gélalineux minéraux. Deux produits minéraux peuvent donner des gelées de bonne consistance, l’hydrate d'alumine et la silice. Winogradsky (2) conseille de choisir le dernier. Il l'emploie de la façon suivante : on prend la solution de silicate de polasse connue dans le commerce sous le nom de verre soluble, de consistance sirupeuse ; on l'élend de trois fois son volume d’eau. Cent centimètres cubes du mélange sont versés en agitant dans 50 centi- mètres cubes d'acide chlorhydrique étendu etle mélange misdansun dia- lyseur. Au bout de trois jours, en laissant le dialyseur le premier jour dans l'eau courante, le reste du temps dans l’eau distillée souvent renou- velée, la solution est prête pour l'usage ; on le reconnaît à ce qu'elle ne, donne aucun trouble avec le nitrate d'argent. Elle peut alors être stéri- lisée par ébullition et conservée dans un ballon bouché avec du coton ou du liège. Pour l'usage, on concentre une quantité suffisante de solu- lon silicique en l’évaporant dans un petit ballon jusqu'à ce qu'elle soit réduite à la moitié de son volume. Avant que le liquide ait atteint son degré de concentration, on ralentit l'évaporation et l'on fait quelques essais successifs de son pouvoir gélalinisant. Pour cela, on prend sur un verre de montre deux ou trois gouttes du liquide et l’on y ajoute (1) Nocanp et Roux, Sur la culture du Bacille de la tuberculose (Ann. de l'Insl. Pasteur, 1, 1887, p. 20). (2) Wixocransky, Recherches sur les organismes de la nitrification, 4° mémoire (Ann. de l’Inst. Pasteur, V, 1891,1p.°92). ss she cl". br d'aasé à ! à | FREE 1 . MILIEUX DE CULTURES. 251 une goutte de solution saline ; la tendance à gélatiniser doit se mani- fester au bout de cinq minutes; au bout de dix à quinze minutes, la gelée doit être si ferme qu'une empreinte faite à sa surface ne s’efface plus. Il ne faut pas pousser la concentration plus loin. On distribue alors la solution silicique dans les vases à employer pour la culture et l'on ajoute la dissolution nutritive qui a été préparée d'avance, l’une des solutions minérales dont il a été parlé plus haut {p. 225 et suiv.) par exemple, ou toute autre. On prend la moitié ou le tiers de la solution silicique, suivant le degré de fermeté que l’on veut atteindre, el l’on à soin de bien opérer le mélange. Sleskin (1) propose une manière de faire peu différente. Pommes de terre.— Les pommes de terre cuiles sont d'un excellent usage. On choisit‘une variété blanche très grasse, les surfaces de sec- üon étant plus unies et se délitant moins. Il est à recommander plutôt de peler les pommes de lLerre avant de les cuire, à cause de la présence dans la pelure de certaines espèces à spores très résistantes, surlout les Bacilles de la pomme de terre (Kartoffelbacillen) ; leur stérilisation est alors bien plus facile. On les découpe par moitié ou par tranches épaisses à l’aide d’un couteau stérilisé ou en morceaux de dimensions voulues au moyen d’un tube emporte-pièce. Il est nécessaire de les laver après sous un courant d'eau, pour enlever des traces de sels de fer laissées par l'instrument qui peuvent modifier la coloration de cer- taines cultures, ou, mieux, d'employer un couteau à lame d'argent. En usant de l’autoclave, on les cuit et on les stérilise tout ensemble, en les laissant une vingtaine de minutes à 1250. On peut aussi préparer une purée de pommes de terre en les écrasant après les avoir pelées. Le plus souvent les pommes de terre ont une réaction neutre; quel- quefois elles l'ont nettement acide; il est bon alors, avant de les cuire, de les laisser tremper quelque temps dans de l’eau légèrement alcali- nisée avec de la soude. Pommes de terre glycérinées. — On les prépare en laissant macérer pendant quarante-huit heures les morceaux de pommes de terre pelées dans l’eau additionnée de 6 à 15 p. 100 de glycérine ; après ce temps, les morceaux sont placés dans les tubes et le tout est mis à l’autoclave à 1159 pendant vingt minutes. Il est bon de mettre au fond des tubes une petite quantité de liquide glycériné. Nocard a montré que c'était un milieu de choix pour le Bacille de la tuberculose; le Bacille humain paraît mieux pousser avec la quantité de 6 p. 100 de glycérime. Pommes de lerre alcalines. — Lorsqu'on recherche un milieu forte- ment alcalin, il faut laisser tremper les morceaux pendant une nuit dans de l'eau additionnée d'environ 3 p. 100 de soude caustique et stériliser après. Pommes de lerre acides. — Les morceaux sont mis à macérer pen- dant une nuit dans de l’eau additionnée d’environ 3 p. 100 d'acide lac- üque, chlorhydrique ou autre. Un morceau, lavé au préalable, puiscoupé, doit donner sur la tranche une réaction acide bien nette. À son défaut, on ajoute de l'acide à l’eau et l’on prolonge la macéralion; stériliser après. (1) Scesxix, Die Kieselsaüregallerte als Nährsubstrat (Centralbl. für Bakt., X, 1891, p. 209). 252 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Pour pouvoir aisément ajouter au milieu des liquides nutritifs divers, surtout des liquides de constitution définie, Smith (1) conseille de remplacer la pomme de terre par un empois de fécule de pomme de terre fait à l’aide du liquide choisi. Carottes. — C'est un milieu qui convient très bien pour certaines espèces. On les prépare comme les pommes de terre. Artichauts. — L’arlichaut a été proposé par Roger (2) comme bon moyen de diagnostic. Après avoir enlevé les feuilles, on coupe le fond en pelits cubes, en ayant soin de conserver le foin. On introduit les morceaux dans des tubes dont l'extrémité fermée est remplie avec de la ouate humide. On place le foin en haut. Après avoir fermé à la ouate, on chauffe à 1159 à l'autoclave pendant un quart d'heure. Quand on fait l'ensemencement, il faut avoir soin de déposer les germes au point où se fait l'insertion des fleurs, à l'union du foin et du fond. Les cultures que l'on obtient peuvent être divisées en deux groupes : tantôt le milieu conserve sa coloration normale, avec le Bacille li typhique, le Slaphylocoque doré par exemple ; tantôt il prend, plus ou moins rapidement, une coloration verte qui, dans certains cas, devient extrê- mement foncée, presque noire, ce qui s'observe avec le Colibacille, le Bacillus subltilis, le Bacille du charbon, le Micrococcus prodigiosus. I est des espèces qui ne poussent pas sur ce milieu, le S{replocoque pyogène et le Bacille de la diphtérie, par exemple. Matières amylacées cuités. — Elles peuvent toutes servir. Elles ont principalement été employées pour cultiver les espèces chromogènes. L'empois d'amidon, le riz cuit, la mie de pain, les tranches de pain et les hosties ramollies par l’eau conviennent dans bien des cas, surlout pour les espèces qui ne sont pas trop exigeantes au point de vue des aliments. Œufs. — Les œufs peuvent être utilisés de différente façon. Certaines espèces se cullivent bien dans l'œuf frais cru. On secoue fortement les œufs de façon à bien mélanger le blanc et le jaune, puis on les laisse macérer pendant vingt-quatre heures dans du sublimé à 1 p. 1000 pour stériliser la coquille ; on flambe la petite extrémité et l'on y fait un petit trou par lequel est fait l'ensemencement. L'orifice est ensuile fermé avec un peu de paraffine ou de cire fondue. On a surtout usé du blanc d'œuf cuit pour cultiver les Bactéries colorées dont les colonies tranchent parfaitement à la surface. On le coupe en petits morceaux qu'on met dans des tubes et stérilise à l’autoclave. D'après Schenk (3), l'albumine des œufs de vanneau ne se coagule que vers 699-700, en donnant une masse hyaline, légèrement opalescente Avant coagulation, on peut, sans nuire à la dureté de la masse, ajouter un quart du volume d'eau tenant en suspension du sucre ou de la glycérine destinés à augmenter les qualités nutritives du milieu. Mais les œufs de vanneau sont rares dans bien des pays. On peut être conduit à se servir de jaune d'œuf pour certaines (1) Surra, Kartoffel als Kulturboden, mit einigen Bemerkungen über ein zumammen- gesetztes Ersatzmittel (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., V, 1899, p. 102). (2) Rocer, L'artichaut cuit comme milieu de culture en microbiologie (Soc. de Biol., 16 juillet 1898). (3) Scaexk, Fester Nährboden zur Züchtung der Microorganismen (Allgem. Wiener med. Zeitung. XXXII, 18S7, p. 214). STÉRILISATION. 253 cultures ; le jaune d'œuf additionné de 5 p. 100 de glycérine donne un milieu de belle apparence. Bouillie de viande. — La viande est finement hachée et cuite un certain temps, de un quart d'heure à une heure et plus, suivant la quantité, à l’autoclave à 1200, L'emploi de ce milieu peut être utile dans des cas spéciaux. Substances inertes imbibées de liquides nutritifs. — On prend du sable, de petits blocs de plâtre ou, mieux, des morceaux de terre de pipe, qu'on place dans des vases appropriés avec une quantité suffisante du liquide que l'on désire employer. Le liquide, en excès, imprègne le substratum. La stérilisation se fait comme d'habitude. 3° STÉRILISATION. La condition essentielle pour observer le développement des différentes espèces de Bactéries est d'écarter des cultures tout germe étranger à celui que l'on veut étudier. Les impuretés d’une culture peuvent provenir de trois sources différentes : du milieu où elle croît, qui n’était pas débarrassé de germes ; de l'air qui peut venir la contaminer lorsqu'on ouvre le vase pour l'observation ; et enfin de la matière qui a servi à ensemencer la culture, qui contenait des espèces autres que celle en question. On verra plus loin quelles précautions on doit prendre pour éviter l’apport de germes étrangers par l'air, apport bien moins fréquent qu'on ne peut le supposer, et quelles facilités certains procédés spéciaux, l'emploi des cultures sur plaques de gélatine surtout, offrent pour isoler avec toute cerlitude les espèces les unes des autres. Nous devons nous occuper 1ci de la première seulement des trois causes de contamination signalées et des moyens d'y obvier. On peut, nous l'avons vu, obtenir certains milieux, des liquides nor- maux ou pathologiques de l'organisme principalement, absolument purs de germes, en les recueillant avec toutes les précautions nécessaires pour n’en pas introduire ; il est possible alors de les employer tels quels. Les condilions sont d'habitude plus complexes. La masse nutritive peut renfermer plusieurs espèces de Bactéries dont le développement viendra se mêler avec celui de l'espèce étudiée ou l'empêcher complè-. tement. C'est le cas le plus fréquent, même avec les milieux préparés à une température voisine de 1000 ; on a vu que beaucoup de spores résis- taient souvent pendant un temps assez long à ces hautes températures. D'un autre côté, le vase qui renferme la masse nutrilive garde toujours des germes après ses parois où les ont déposés l’eau qui a servi au net- loyage ou l'air qu'y ont introduit les manipulations. Il faut à tout prix tuer ces cellules ou ces spores gênantes, il faut slériliser le milieu où l'on doit provoquer le développement d’une espèce donnée, et cela d’une facon certaine et absolue. C'est Pasteur qui, dans ses recherches sur la génération spontanée (1), a, le premier, fait ressortir l'importance extrême d’une s{érilisalion absolue des milieux et appareils à employer. On doit considérer avec lui cette opération comme la véritable base des études baclério!ogiques. (1) Pasreur, Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmosphère (Ann. de chim. el de phys., LXIV, 1862). 254 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. j Les différents agents qui tuent les Bactéries peuvent être employés à stériliser, pourvu qu'ils n’altèrent pas le milieu soumis à leur action. Aussi est-on forcé de faire un choix; on ne peut se servir que rarement de réactifs chimiques, et, parmi les agents physiques, celui qui a le plus d'applications est la chaleur ; l'emploi de filtres pouvant retenir les Bac- téries vient immédiatement après. 1. STÉRILISATION PAR LES AGENTS CHIMIQUES Les instruments, les vases, peuvent être désinfectés avec la solution de sublimé à 1 p. 100, l'alcool à 95° ou l'acide sulfurique. Et encore l’action de ces substances doit-elle être continuée pendant un temps assez long pour qu'elles puissent agir sur les spores à membrane résistante. C’est le seul emploi de ces stérilisaleurs chimiques qui, dans aucun cas, ne peuvent être appliqués aux milieux eux-mêmes, à cause des modifications profondes qu'ils leur feraient subir. Aussi l’usage èn est-1l très limité et les met-on complètement de côté, et avec raison, lorsqu'il est possible de faire agir une cause plus sûre et plus facile à manier, la chaleur. 2. STÉRILISATION PAR LA CHALEUR On peut employer soit la chaleur sèche, soit la chaleur humide. 1° Stérilisation par la chaleur sèche. 2 Le procédé le plus simple est le flambage, qui s'obtient en passant, pendant un temps suffisant, dans la flamme du gaz ou de l'alcool, les objets que l'on veut stériliser. On s’en sert couramment pour les fils de platine, les menus objets en verre, en porcelaine, même pour les instru- ments d'acier ; ces derniers, il faut le dire, ne se trouvent pas trop bien du traitement. Les appareils les plus commodes pour ce mode de stéri- lisation sont le four de Pasteur et le stérilisateur à air chaud décrits précédemment (p. 198). À cause de la résistance de certains germes aux températures élevées, il faut user de hautes températures, 150° au moins, 180° au mieux. On ne peut naturellement soumettre à ce procédé de stérilisation que les objets qui ne sont pas altérés par de telles températures : la verrerie, les instruments peu délicats par exemple ; il ne peut pas être question de l'employer pour les milieux de culture, pour lesquels on doit user de la chaleur humide. Pour éviter les bris trop fréquents, la verrerie doit être refroidie lentement et jamais brusquement. 20 Slérilisalion par la chaleur humide. Cetle stérilisation peut s’opérer à une température inférieure à 1000 ou à une température supérieure à 1000. L'ébullilion simple peut suffire ; c’esten tout cas un moyen très com- mode, n’exigeant qu'un bec de gaz ou une forte lampe à alcool. On n'en doit jamais faire usage cependant que pour des milieux de petit volume, des tubes à essai ou des petits ballons, par exemple. On les promène dans la flamme de manière à soumettre à la température de 100° successive- STÉRILISATION PAR LA CHALEUR. 9255 ment les différentes couches du liquide et même le vase lui-même, y compris la bourre de coton ou le bouchon qui le ferme. C'est un procédé dont il ne faut se servir, disons-le, qu'à défaut d’autres, quand on ne dispose que d’une installation tout à fait provisoire. Nombreuses, en effet, sont les Bactéries dont les spores supportent, sans perdre la faculté de germer, des températures supérieures à 100° pendant un temps assez long. Il faut cependant reconnaître que la simple ébullition dans l’eau est un procédé très applicable pour la stérilisation des instruments que l’on destine aux expérimentations. Pour éviter toute détérioration, il est à recommander, pour les instruments d'acier, d'ajouter à l’eau une petite quantité de borax. Les instruments ordinaires de petit volume peuvent être stérilisés après un quart d'heure d’ébullition. Le chauffage au bain-marie ordinaire, quoique ne donnant pas une température supérieure, est de beaucoup préférable, parce qu'on peut maintenir la chaleur le temps nécessaire pour vaincre la résistance de la plupart des germes. Tout ustensile de forme et de dimensions conve- nables, où l’on peut faire bouillir de l'eau, peut servir de bain-marie. On doit s'appliquer à y maintenir les appareils que l’on va soumettre à l’action de l’eau bouillante, de facon qu'ils ne puissent pas être dérangés par l’ébullition et que leurs orifices, bouchés avec des tampons de coton, soient préservés des projections du liquide, tout en ayant soin de les faire plonger Le plus possible dans le bain pour qu'ils soient soumis à son aclion sur la plus grande surface possible. Ceci s'obtient en usant de pelits paniers en toile métallique, de supports à pinces, de tout autre moyen qu'on pourra imaginer et en réglant la chauffe pour éviter une ébullition tumultueuse. Le procédé courant de stérilisation appliqué dans les laboratoires est la stérilisation à la vapeur d’eau, cette vapeur pouvant être utilisée à la pression normale, elle estalors à la température fixe de 1009, ou sous pres- sion, à une température d'autant plus élevée que la pression est plus forte. Le chauffage à 1000 s'opère avec toute facilité dans le s{érilisateur à vapeur dont le mécanisme et le mode de fonctionnement ont été décrits précédemment (p. 199). Le temps que les objets à stériliser doivent y séjourner varie suivant leur volume. Les pommes de terre doivent y rester une heure, les tubes à gélatine et à gélose, les ballons de faible capacité, de une heure et demie : à deux heures. Le temps utile pour la stérilisation ne doit être compté qu'à partir du moment où la vapeur se dégage régulièrement par l'interstice annulaire du couvercle. L'application de températures plus élevées, 1000-120c et plus, s'obtient à l’aide de l’auloclave de Chamberland (Voy. p. 201). Avec cet appareil, on arrive très facilement à maintenir pendant deux heures et plus des températures de 1159-1200, tout à fait suffisantes pour détruire d’une façon absolue la vitalité des spores les plus résistantes. Les bouillons suppor- tent d'ordinaire très bien ces hautes températures ; elles semblent même plutôt favorables à leur bonne qualité, en favorisant la production de peptones aux dépens des albuminoïdes, Il n’en est malheureusement pas de même de certaines gelées nutritives. La gélatine de qualité inférieure s’altère très vite. Déjà, lorsqu'on la chauffe longtemps à 1000, elle peut perdre la propriété de se prendre en gelée par refroidissement. A une température supérieure, les modifications peuvent être plus profondes. Au-dessus de 106°, elle dégage de l’'ammoniaque, puis il se forme à ses 256 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. é Œ dépens des produits très solubles et même déliquescents ; elle devient un véritable bouillon. La gélatine extrafine supporte très bien 1206; il ne faut cependant pas l'exposer trop souvent à cette température. La gélose supporte plus facilement la chaleur : maintenue cependant trop long- temps aux environs de 1200, elle brunit et se transforme en un liquide visqueux renfermant des produits ulmiques. De ces données, il résulle que l'emploi des hautes températures, 1100- 1209, donne d'excellents résultats et est à ériger en méthode générale de stérilisation : les autres procédés doivent être réservés pour les cas où il n'est pas possible de se servir de l’autoclave. La simple stérilisation à la vapeur, à 1009, peut du reste être répétée plusieurs fois pour augmenter les chanées de l opération. On peut aussi obtenir des températures élevées à l’aide de bains d'huile ou du bain-marie à chlorure de calcium décrit page 207. L'emploi de ce procédé complique trop le manuel opératoire pour qu'il soit à recom- : mander., Il n'est du reste praticable que pour les milieux pouvant être enfermés dans des ballons scellés, maintenus immergés dans le liquide. 30 Slérilisalion par chauffages répélés. La facilité avec laquelle est stérilisé un milieu de culture donné est en rapport inverse de sa puissance nutritive. Un liquide peu nutribf, les liqueurs minérales de Pasteur ou de Cohn, porté à des températures de 709 à 800, peut rester indéfiniment limpide. D'après Pasteur, une ébulli- tion de deux ou trois minutes suffit pour préserver l'eau de levure de toule allération. Pour Miquel (1), il n'y a là qu'une stérilisation appa- rente, due à ce que le milieu n'exerce pas, sur les quelques germes qu'il peut encore contenir, une excitation suffisante pour les faire sortir de leur état de vie latente. La preuve en est que, si l’on vient à ajouter, avec toutes précautions nécessaires pour n'en pas introduire d’autres naturellement, quelques centimètres cubes de bon bouillon, on voil sou- vent le mélange des deux liqueurs se troubler et montrer des quantités de Bactéries, alors que séparément elles seraient restées absolument stériles. Dans bien des cas, cependant, une Lempéralure de 1000 est nuisible. Le sucre, plusieurs composés ammoniacaux, peuvent se décomposer ; l'urée s’hydrate, les albuminoïdes se coagulent ; la gélatine peut se pep- toniser et perdre la propriété &e se prendre en gelée, si elle est main- tenue trop longtemps à un tel degré de chaleur. Ces altérations portent surtout sur les liquides de l'organisme, sérum sanguin et autres, lait ; aussi faut-il fréquemment user, lorsqu'on les emploie, d’un procédé spé- cial, la stérilisation par chauffages répétés. Les spores seules, on le sait, supportent une température élevée ; les cellules végétatives meurent bien avant elles : une chaleur de 60° à 65° peut être considérée comme mortelle pour elles ; c'est sur ce fait qu'est basée la pasteurisation pouvant n'arrêter que pendant quelque temps le développement de microbes contenus dans des liquides que de plus hautes températures pouvaient altérer. Il est vrai qu'on a décrit des ! (1) Miquez, Les organismes vivants de l'atmosphère. Paris, 1882, p. 146, 12 (B1 1 STÉRILISATION PAR LA CHALEUR. Bactéries se développant fort bien à une température de 74° (1), mais c'est une véritable exception et, de plus, de telles espèces paraissent être rares. Aussi doit-on espérer pouvoir tuer toutes les cellules végétatives que contient un liquide en le soumettant, pendant une demi-heure ou une heure, à une température de 65°, Restent les spores. L’expé- rience démontre qu'il est possible d'arriver à les tuer, par une série de chauffages successifs à ces mêmes températures, séparés par des inter- valles de quelques heures à un jour. Tyndall (2) donnait de ce fait l’ex- plication suivante : placées à une température favorable, 300 à 340, les spores existantes se mettent facilement à germer ; au bout d’un jour ou deux, la plupart ont rajeuni. Une seconde chauffe à 65° tue d'autant plus facilement les cellules produites qu’elles sont jeunes et, par consé- quent, plus sensibles. On opère de même une troisième fois et une qua- trième si on le croit nécessaire ; trois opérations suffisent d'ordinaire. Il est beaucoup plus ralionnel d’ admettre, avec Duclaux (3), que ces tempé- ratures employées, bien que ne pouvant tuer les spores, ont une certaine prise sur elles et diminuent d’abord leur résistance, puis finissent par la vaincre complètement. On peut appliquer ces chauffes successives aux appareils que l’on est obligé de stériliser par ébullition simple ou au bain-marie ; on arrive ainsi, en particulier pour ce dernier mode opératoire, lorsqu'on a acquis une certaine habitude dans la manipulation, à une stérilisation certaine à l'aide de températures de 100° ou au-dessous. Il existe du reste un excellent critérium de cette opération, dont on ne doit jamais négliger l'emploi. Les conserves mal stérilisées se trou- blent au bout de trois ou quatre jours à 30° ou 35°. On doit alors se faire une règle de n'employer que des milieux de culture vérifiés à ce point de vue ; la provision faile à l'avance sera mise cinq ou six jours à l'étuve et soigneusement vérifiée ce temps écoulé. Miquel (4), qui se prononce contre ce procédé, cite à l'appui de son dire des espèces dont les spores demandent un ou plusieurs mois pour sorlir de leur vie latente. C'est, il faut l'avouer, une exception et une rarelé. D'ailleurs, la pratique journalière prouve surabondamment la valeur relative de ce procédé ; toutefois, il est bon de ne l’'employer qu’en dernier lieu, lorsqu'il n'est pas possible d'atteindre le résultat cherché à l’aide de méthodes plus sûres et à l’abri de toute critique. Le mode opératoire est de Tyndall, mais c'est Koch (5) qui a érigé la stérilisation par chauffages répélés où encore {yndallisalion en véri- table méthode, en l’appliquant à la préparation de milieux nutritifs au sérum sanguin qui sont parfois d'une si grande utilité. Le sérum du sang des différents mammifères, séparé du caillot après la rétraction, peut, sans être modifié dans sa composition n1 dans son aspect, supporter pendant longtemps une température de 60° environ. (1) Van Tiecnex, Sur les Bactériacées vivant à la température de 74° (Bull. de la Soc. Bot., 1881, p. 35). — Miquez, Monographie d'un Bacille vivant au delà de 709 C. (Ann. de micr., 1888). (2) Tynxoaze, Les microbes, traduction française, 1881. (3) Ducraux, Traité de microbiologie. (4) MiQuez, és organismes vivants de l'atmosphère, et Annuaire de l'Observat. de Montsouris, 1880-1887, n° 15. (5) Kocu, Berlin. klin. Wochenschr., 1SS?, n° 15. Macé. — Bactériologie, 6e édit. 17 258 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Cette température suffit généralement à tuer les Bactéries quisont venues contaminer le liquide pendant les manipulations. En répétant la chauffe de 580 à 60° de quatre à six fois avec un intervalle d’un ou deux jours entre chaque opération, on arrive à obtenir un milieu qui, conservé en éluve une semaine ou au delà, se maintient parfaitement intact ; il était donc tout à fait dépourvu de germes. L'emploi du sérum liquide est assez limilé ; c'est surtout comme milieu de culture solide qu'il rend des services. Porté à la température de 700, le li- quide se prend en une gelée ferme, de teinte ambrée, lé- céerement opalescente. L'a- baissement de température ne produit plus de liquéfac- lion : le sérum s’est figé dans la situation qu'il occupait. Voici, dans tous ses détails, la technique indiquée par Koch, et suivie dans les la- boratoires où l’on ne recueille Il pas lesérum purcomme nous Dprenec | 1) || l'avons indiqué précédem- ll | Al ment (p. 234). l Nous prenons le cas le plus compliqué, celui où l'on doit employer du sérum re- cueilli à l’abattoir sans pré- caulions particulières el qu a forcément reçu des Bacté- Fig. 93. — Bain-marie muni du régulateur métal- ries del’air ou des vases dans lique de d'Arsonval, lesquels il a été recueilli. Le sang recueilli dansdes vases, qu'il est bon de stériliser à l'avance, est mis vingt-quatre à trente-six heures dans un endroit frais. La coagulalion se fait et le caillot se sé- pare du sérum, clair, de coloration jaunâtre. On décante le sérum et on le répartit dans les appareils de culture. Ce sont d'ordinaire des tubes à essai, stérilisés d'avance au stérilisateur à air chaud, dont on remplit le quart ou le tiers inférieur et qu'on bouche soigneusement avec un tampon d'ouate. On stérilise ces tubes au moyen de chauffages répétés à 55°-60° que l’on opère dans des appareils à température réglée. La figure 93 repré- sente un bain-marie spécial, muni du régulateur métallique, pour la stéri- lisation du sérum, On remplit d'eau l'espace annulaire et la partie infé- rieure de la cavité centrale et l'on y place le panier en loile métallique représenté en place, garni des tubes à essai contenant le sérum. L'eau du bain-marie, naturellement, ne doit jamais atteindre les tampons d'ouale ; il est même bon de n'en verser qu'à une distance raisonnable des bouchons. On allume les brûleurs et l’on observe le thermomètre placé dans la tubulure du couvercle de l'appareil. L'eau contenue dans l’espace annulaire agit sur le régulateur métallique qui est établi à ob cod STÉRILISATION PAR LA CHALEUR. 259 comme celui qui a Me décrit page 214. Le réglage se fait comme il a été dit pour l’éluve, à une température de 580-590. Une fois ce réglage établi, le bain-marie est réglé pour celte température, à laquelle il reviendra de lui-même lorsqu'on le rallumera, après refroidissement. Le chauffage dure une demi-heure ; il est répété, nous l'avons dit déjà, de quatre à six fois à un jour d'intervalle. L'opération demande une semaine. On solidifie le sérum en inclinant les tubes de façon à pouvoir utiliser une plus grande surface possible du milieu. Les coagulateurs de sérum des figures 95 et 96 répondent mieux au but proposé. L'inclinaison des tubes est obtenue en élevant ou abaïissant plus ou moins le support cen- tral; le réglage se fait aussi par le régulateur de d’'Arsonval. On chauffe doucement l’éluve jusqu’à atteindre une température de 60°; on laisse monter avec plus de précaution encore à 650, La coagulalion s'opère quelquefois à cette température; le plus souvent, il faut arriver à 680 et même pousser à 700. Le sérum additionné de 6 p. 100 de glycérine ne se solidifie guère que vers 759; il faut en être prévenu. On a intérêt à ce que la coagulation se fasse à la plus. basse température possible, le milieu en est. d'autant plus transparent; le sérum quine se prend qu'au-dessus de 70° est d'ordinaire très opaque. La température à laquelle le liquide s’est solidifié est mainte- nue une bonne heure; c’est à ce moment que l’on doit faire inter- venir l’action du régulateur que l’on provoque en metlant en place le tube vertical dès que le changement d'état s’est opéré. La présence de beaucoup de vapeur d'eau dans l'étuve paraît favoriser la transparence du produit obtenu. La solidification du sérum peut se faire dans d'autres vases que les tubes. Les godets, les cristallisoirs que l’on recouvre d'un disque de verre, les petits ballons, sont d’un très bon usage dans les cas spéciaux. Le pelit support représenté figure 94 peut alors rendre de grands services; il suffit de le placer, garni de tubes et recouvert d’une plaque de verre, au-dessus d'un bain-marie ou de tout autre vase où de l’eau est main- tenue au-dessous de 1000. Il est très possible d'ajouter au sérum des substances nutritives, une solution concentrée de peptones, de glucose, par exemple : on exalte par là les qualités du milieu. Il faut neutraliser avec soin les liquides que l’on veut addilionner en n'usant que de la plus petite quantité d’eau possible, et les mélanger au sérum fluide avant la stérilisation. Cette addition élève toujours un peu le point de coagulation. La teinte et la consistance de la gelée obtenue varient toujours quelque peu, suivant l'espèce animale qui a fourni le sang et suivant la façon dont s'est opérée la coagulation el la rétraction du caillot. L'addition de pep- tones, qui est à recommander (de 1/2 à 1 p. 100), fonce en général la couleur. Pendant la solidification, il se dégage toujours de la vapeur d'eau qui se condense et vient former un petit amas de liquide à la partie déclive du tube. Cette présence d'eau est favorable : elle empêche la dessicca- 260 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. tion trop rapide de la surface et, lorsque la colonie arrive à son contact, elle peut s'y propager el offrir quelques particularités intéressantes de sa culture dans les milieux liquides. Le sérum additionné de 3 à 6 p. 100 de glycérine se dessèche moins et est un précieux milieu pour certaines espèces, le Bacille de la tuberculose par exemple. [l'est évident que lorsqu'on peut recueillir du sérum absolument pur de germes, d'après la méthode de Pasteur, comme cela a été indiqué page 234, les manipulations se trouvent de beaucoup simpli- fiées. La stérilisation est d'em- blée supprimée. On transporte le sérum à l’aide de pipettes stérilisées et on le distribue dans les tubes à essai qui ont clé au préalable portés à 1400, pendant un quart d'heure, dans l'éluve sèche. La solidification se fait de suite comme ci-des- sus. La préparation du sérum hu- main (Voy. page 238) ne diffère en rien de celle qui vient d'être donnée. Comme, d'habitude, on ne dispose que de très fai- bles quantités de cette sérosité, il est bon, par économie, de n'en solidifier qu’une mince couche de quelques millimètres sur une masse fondamentale de gélose qui sert simplement de support. Il est à recommander pour le sérum préparé de cette ma- uière, plus encore que pour les autres milieux que l'on a pu soumettre à des procédés de stérilisation plus rigoureux, de laisser les tubes une semaine au moins à l’étuve ou à une lempérature moyenne avant de les employer, afin de pouvoir écar- ter ceux qui présenteraient la moindre trace de développement. Unna (1) a modifié la préparation des milieux au sérum solide, de facon à pouvoir les soumettre sans modifications défavorables à une température élevée. Il opère comme il suit. À une petite quantité de sérum de sang de veau, on ajoute goutte à goutte, en agitant, de l’eau oxygénée jusqu'à ce que le liquide, de teinte jaunâtre au début, devienne incolore. La quantité d’eau oxygénée à ajouter est à peu près égale à la moitié du sérum employé. Lorsque la réaction est acide, ce qui arrive souvent avec l’eau oxygénée du commerce, il faut neutraliser au carbo- nale de soude jusqu'à légère réaction alcaline. Le sérum ainsi modifié se laisse facilement filtrer. De plus, il ne se coagule qu'à une lempéra- ture bien plus élevée, de 909 à 1200, Le mieux, pour y arriver, est de le n, &} a Li A] OS 2 | Fig. 95. — Etuve pour coaguler le sérum. (1) Uxxa, Ueber eine neue Art estarrten Blutserum und über Blutserumplatten (Monalshefle für prakt. Dermal., V, 1886, n° 9). FILTRATION. 261 chauffer dans une petite étuve à huile. Quand la solidification est com- plète, on maintient la température pendant une heure environ pour obtenir un coagulum bien ferme; il se dégage une assez grande quan- lité d'eau de condensation, qui se réunit dans les parties froides du tube. On rejette celte eau et l’on remet les tubes dans le stérilisateur à vapeur où ils doivent rester une demi-heure. Ces procédés de stérilisation du sérum ont eu une très grande impor- lance tant que ce milieu était le seul qui permettait d'obtenir le dévelop- pement de certaines espèces de Bactéries, le Bacille de la tuberculose, le Gonocoque, entre autres. Ils en ont une bien moindre aujourd’hui DE RUA 7 Fig. 96. — Appareil pour coaguler le sérum. que l'on a obtenu d’autres milieux de culture plus faciles à préparer et permettant une végétation plus abondante même de ces microbes. Mal- gré tout, nous verrons, chemin faisant, que c’est encore un milieu très employé. 3. STÉRILISATION PAR FILTRATION Le degré de chaleur, qui est nécessaire pour luer les germes d’une manière sûre, allère bien des milieux nutritifs, les liquides organiques surtout, dans leur composition ou dans la forme sous laquelle on veut les uliliser. Pour les obtenir purs de tous germes, sans les modifier, Pasteur (1) a imaginé de les filtrer à travers des corps poreux, à orifices extrêmement fins; c’est le procédé de stérilisation par filtration à froid. Les papiers à filtrer les plus épais laissent très facilement passer les 3actéries de petite taille et surtout les spores, même en superposant plusieurs doubles l'unsur l’autre; on n'a pu songer à s’y adresser. Pasteur s'est servi, au début, de tampons de plâtre; la filtration était hâtée en faisant le vide dans le récipient inférieur, où s’écoulait le liquide pur. Miquel et Benoist (2) ont employé des dispositifs semblables où la plaque filtrante était faite d'amiante et de plâtre mêlés; ils obtenaient une fil- (1) Pasreur et Jouserr, C. R. de l’'Acad. des se., LXXXV, 1877, p. 161. (2) Miquer, Les organismes vivants de l'atmosphère, p. 101. 262 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. tration assez rapide en faisant le vide dans le vase où élait recueilli le liquide filtré, ou en faisant agir une forte pression dans le récipientsupé- rieur où se trouvait le liquide impur. Les liquides qui ont filtré à travers le plâtre sont plus ou moins chargés de sulfate de chaux et, de plus, la plaque filtrante demande à être renouvelée à chaque opération. Aussi préfère-t-on user de filtres fabriqués avec de l'argile cuite, de la terre de pipe, du biscuit. Les bougies de porcelaine dégourdie à 12000, Imaginées IT ul rca LU NS NS S NS S SSS SN NS KR er NS NS NN SK N LIND1/29"T Z.GUIGUET NN IS AN SKK SS NSS . — Filtre Chamberland. , par Chamberland (1), constituent des appareils filtrateurs parfaits. Les bougies de porcelaine d'amiante de Garros donnent encore de meilleurs résultats au point de vue des liquides filtrés. Tout le monde connait l'ap- pareil représenté par la figure 97, très employé, sous le nom de /iltre Chamberland, pour la purification des eaux potables et qui peut être appliqué à la filtration des milieux à employer pour les cultures, en modifiant légèrement son dispositif. Il consiste essentiellement en une bougie À, de porcelaine dégourdie, fermée à un bout et terminée à l'autre par un téton ouvert. Il existe deux types de bougies Chamberland, le type B, plus serré, plus dur, et le type F, plus perméable. Cette (1) CHameerLann, Soc. de Biol., 1882. 2 ÉtO st Ha | < É ‘ FILTRATION. 263 bougie est fortement maintenue dans une enveloppe cylindrique D, par une armalure vissée G, de telle sorte que son extrémité ouverte B sorte seule à la partie inférieure. Toute communication de la cavité de l'en- veloppe avec l'extérieur est empêchée par un anneau de caoutchouc que la pièce C comprime fortement. La majeure partie de la bougie se trouve <= ——“< Fig. 98. — Filtre à pression graduée. donc libre dans la cavité E de l'enveloppe où arrive, sous pression, le liquide à filtrer. Pour l'eau, il suffit de visser la pièce métallique à un robinet branché sur la canalisation. Le liquide est obtenu très pur, si l’on a eu soin de stériliser la bougie à une haute température, à l'auto- clave à 120° par exemple, avant l'opération, et de le recueillir dans des vases exempts de germes. Lorsque le filtre a fonctionné quelque temps et que les pores de la bougie peuvent être obstrués en partie par les 264 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. sédiments déposés à la surface, on la brosse fortement à grande eau et on la fait bouillir longtemps dans de l'eau acidulée ou additionnée de carbonate de soude pour détruire toule la matière organique qui peul l'imprégner. On peut aussi les stériliser en les faisant rougir à feu nu, sur un fourneau à gaz, par exemple, après complet nettoyage ét séchage parfait pour éviter la casse. Avant de se servir d’une bougie, ilest bon de s'assurer qu'elle ne pré- sente pas de fissure, qui viendrait fausser les résultats. On la vérifie en la branchant sur une pelile pompe, comme celle de l'appareil figure 102, ou sur une forte poire en caoutchouc. On plonge totalement la bougie dans l'eau et l’on y comprime de l'air. S'il existe une fissure, on voitdes bulles d'air sortir en chapelet. Lorsqu'on utilise une forte pression, il est bon d'employer la bougie B, plus résistante. Le /iltre de Garros (1), à bougie de porcelaine d'amiante (fig. 99), a une disposition un peu diffé- rente, dont il est facile de se rendre compte d’après le dessin donné. Il s'utilise comme le filtre Chamber- land. La disposition représen- tée figure 100, et imagi- née par Novy, permet de mieux suivre la marche de l'opéralion. Le réservoir est en verre, d'un seul morceau. L'adaptation parfaite de la bougie se fait à l'aide d'un disque de caoutchouc et d'une armalure métallique à vis. La bougie employée est la bougie Berkefeld en terre d'infusoires, plus po- reuse que la bougie Cham- berland, par conséquent fil- trant plus vile, mais plus fragile et d’un prix plus élevé. Les bougies Berkefeld se Fig. 99. — Filtre de Fig.100.— Appareil à font aussi en plusieurs BU Garros (Adnet). filtration de Novy méros, de plus en plus po- (Lautensch'ä£er). reux. Elles laissent plus faci- lement passer que la bougie Chamberland, surtout B, les microbes très ténus de la calégorie des microbes dits invisibles ou encore microbes filtrants. Les liquides ne filtrent que très lentement dans ces appareils quand l'opération n'est pas aidée par une pression convenable. Les solutions visqueuses, en particulier, ne passent pas du lout. Aussi est-il nécessaire NS NS : N / 7 L L 1 4 y # L z ZZZZ ZTTLTZLILLZ ZZLLLILILILLIIL RME MTL RL RTTRT UN AMEL EME IUKKKKK (1) Gannos, Sur une nouvelle porcelaine : porcelaine d'amiante (C. R. de l'Acad. des sc., 1891, p. 864). FILTRATION. ‘ 265 de pouvoir faire agir sur le liquide à filtrer une pression que l'on peut graduer à volonté. L'appareil représenté figure 98 est très propre à tous ces usages. Le liquide qui doit être filtré est placé dans le réci- pient À, en cuivre, à parois solides, dont le couvercle B se fixe avec de fortes vis de pression C. Ce réservoir porte à sa partie inférieure un filtre en tout semblable au filtre Chamberland, dont nous venons de donner la description, muni d'une bougie type B. Un robinel G règle le passage du liquide du réservoir dans l’espace qui entoure la bougie K. La pression s'obtient à l’aide d'une pompe aspirante et foulante de Gay-Lussac B, qui se relie à une tubulure à robinet E que porte le couvercle du réser- voir. Un manoinètre F indique la pression obtenue. La bougie doit être soigneusement stérilisée à chaud el fermée, encore chaude, par un tampon d’ouate, pour empêcher l'entrée d’air contaminé lors du refroi- dissement. On peut la terminer par un trocart aigu que l'on fait pénétrer chaud à travers le tampon d'ouate qui bouche le ballon stérilisé où doit être recueilli le liquide. Le dispositif de flacon représenté figure 107 j | | res fl RE | ll è | À. SAR = Fig. 101. — Appareil de Duclaux Fig. 102. — Appareil de Chamberland pour pour la stérilisation du lait. la stérilisation par filtration. présente de grandes commodités; en adaptant un robinet au tube le vidange, on peut opérer rapidement sur de grandes quantités de liquide. L'appareil est coûteux, mais il convient parfaitement pour sté- riliser facilement bien des liquides nutritifs. La bougie se nettoie comme précédemment ou en la passant au feu après l'avoir bien lavée. Il est plutôt à recommander de prendre une bougie neuve à chaque opération de quelque importance. Duclaux a employé, dans ses études sur le lait (1), un appareil très simple et peu coûteux, pouvant rendre de grands services pour la stéri- lisation à froid (fig. 101). C’est un ballon A, dont le col a été étiré en a et auquel on a soudé deux lubulures latérales ce et b. La tubulure c est étirée en pointe et fermée; la seconde, b, est laissée ouverte, et fermée seulement par un tampon de coton. En &, on ajuste un tube en terre de pipe, poreuse, fermé par l'extrémité inférieure, qui plonge dans le liquide et est fixé en a par du mastic de façon à laisser libre son orifice. L'appa- reil, stérilisé dans l'étuve sèche, est réuni en b à une trompe et en d, par (1) Ducraux, Le lait, études chimiques et microbiologiques. Paris, J.-B. Baillière, 1£87, p. 92. 266 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. sa partie supérieure débouchée, à un réservoir contenant le liquide à == E RNANEL—— = Fig. 103. — Filtre de Kitasato. Fig. 104. — Filtre de Reichel stériliser. Sous l'influence du vide fait en A, le liquide filtre rapidement à travers le tube de terre poreuse. Le petit appareil repré- senté figure 102,imaginé par Chamberland, est des plus commode. Il se compose d'une pompe P, d’une éprouvette E, où se place le liquide à filtrer, d'une bougie ordinaire T et d’un __ TUBE A VIDE FDERYAL-E ST Fig. 105. — Appareil à filtration de L. Fig, 106. — Appareil à filtration Martin. (Adnet). ballon à troistubulures B. La bougie est reliée au ballon par un tubeen caoutchouc disposé comme le représente le dessin. La bougie, le tube FILTRATION. 267 en caoutchouc et le ballon sont stérilisés dans l’autoclave à 120°. Une tubulure latérale du ballon, la plus mince, est fermée, l'autre obturée par un tampon d'ouate. On fait plonger la bougie dans l'éprouvette E \ nb tn Mt uen D tt Gé nn à ni tetes Di st à : r ï \ TR 2010 empire es metmnenr ee parent à ré 4e ira €. Le Fig. 107. — Appareil à filtration. el l’on raréfie l'air du ballon avec la pompe. Le liquide passe dans un ballon, où l’on peut directement l'utiliser ou le répartir dans des vases stérilisés, en employant les précautions nécessaires pour éviter la contaminalion. 268 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. R Le petil appareil représenté figure 103, eLimaginé par Kilasalo, connu sous le nom de filtre Kitasato, n’est qu'un perfectionnement de celui de Duclaux représenté figure 101. Le liquide se met dans l’entonnoir supé- rieur qui se termine par une bougie filtrante soigneusement réunie au flacon récepteur par un bon bouchon de caoutchouc ; la tubulure laté- rale de ce flacon sert à faire agir une aspiration. En se servant de très pelites bougies, que l’on trouve aujourd'hui. facilement dans le commerce, et, comme réservoir, d’un fort tube à essai avec une Lubulure latérale, on peut se faire de petits appareils com- modes pour opérer sur de faibles quantités de liquide. , L'appareil de Reichel (fig. 104) est plus simple et plus commode. Le flacon de verre est muni de deux tubulures dout l’une est reliée à la machine à vide, l’autre sert à soutirer le liquide filtré. Le liquide se place directement dans la bougie de porcelaine, plus grosse, dont l'extrémité aplalie s'adapte au col du flacon au moyen d’un disque d'amiante inter- SIHVd LINOV Fig. 108. — Pipette pour filtration. Fig. 109. — Trompe à eau posé el d’un petit collier de caoutchouc. Le vide rend l'application parfaile. Pour ces fillrations avec aspiration, l'appareil de L. Martin est des plus commode à employer; les figures 105 et 106 en représentent deux dispositions. Il est formé d'un filtre Chamberland ordinaire dont la bougie est reliée par un tube de caoutchouc épais à un vase récepteur dans lequel on peut faire le vide. Sur le manchon métallique du filtre se visse un entonnoir en zinc qui reçoit le liquide à filtrer. Le vase récepteur peut êlre celui représenté par la figure; l'aspiration se fait par le tube supérieur. Il est beaucoup plus commode de se servir pour cela d’une pipette Chamberland à deux tubulures, telle que celle qui est représentée figure 108. La lubulure supérieure estréunie à la bougie filtrante par un tube à vide; la tubulure latérale est réunie à l'appareil d'aspiration. L’aspiralion se fait au mieux à l’aide d'une trompe à eau que possèdent tous les laboratoires ; l'appareil figures 109 et 110 est d'un très bon emploi. Le pelit modèle représenté figure 109 rend de réels services ; facile à démonter et à monter sur lous les robinets, on peut le mettre rapidement à la place voulue. Lorsqu'on dispose d'une 1": # | FILTRATION. 269 pression d'eau suffisante, il est facile, à l’aide de ces trompes, d'arriver rapidement à un vide de 70 à 72 centimètres de mercure. La disposition représentée figure 107 permet de filtrer rapidement de grandes quantités de liquides, en usant d’un flacon à tubulures de con- tenance suffisante, et de répartir le filtrat à volonté; le tube inférieur, servant à la vidange, peut être, à volonté, muni d'un robinet ou bien d'un tube étiré et scellé. Tout l'appareil, filtre et vase récepteur, peut être stérilisé en bloc à l’autoclave, ou bien le flacon récepteur peut être stérilisé à part dans le stérilisateur à air chaud et n’êtreréuni au tubedecaoutchouc du filtre qu'au moment du besoin, en prenant les précautions voulues pour ne pas intro- duire de germes. Il est à recommander de mouiller légèrement la bougie du filtre en la lavant extérieure- ment et intérieurement avant de le mettre à stériliser; l'ac- tion de la température est plus assurée. La tubulure du vase récepteur destinée à être réunie à la trompe doit être munie, avant la stérilisalion, d’un tampon d'ouale destiné à éviter l'apport de poussières par le tube qui la réunit à la trompe ; ce tampon doit être assez lâche pour laisser passer facilement l'air. L'aspiration nécessaire à em- pt ployer varie avec la consistance, la viscosité du liquide à filtrer et la résistance de la bougie. Certains liquides filtrent rapi- dement avec une aspiration de 20 à 40 centimètres de mercure; d’autres ne filtrent que lentement avec une aspiration maxima de 70 à 72 centi- mètres. Les bougies épaisses et peu poreuses filtrent plus lentement. Pour les liquides troubles quitiennent en suspension de fines particules, il est à recommander, pour rendre plus rapide la filtration sur bougie, de filtrer d’abord sur papier afin d'enlever les particules qui se dépose- raient à la surface de la bougie et diminueraient sa porosité. Au lieu d'employer l'aspiration pour hâter la filtration sur bougie, on peut se servir de la pression. L'appareil représenté figure 198 conduit déjà à ce but. D'Arsonval à imaginé, pour stériliser les liquides orga- niques, un appareil (fig. 111) qui permet de joindre à la filtration sur bougie d'alumine l'action microbicide de l'acide carbonique à haute pression. La bougie d'alumine b est placée à la partie inférieure d'un manchon de cuivre F qui reçoit le liquide à stériliser et peut être mis par sa parlie supérieure en communication avec une bouteille d'acier contenant de l'acide carbonique liquide. On arrive ainsi facilement à faire agir une pression de 40 à50atmosphères, montantmême à 60 atmosphères si l'on plonge la bouteille à acide carbonique dans de l’eau chaude. Le manomèlre M indique la pression. Le liquide qui filtre sort par l'aju- tage a quiestcommandé par la vis V'et peut être recueilli aseptiquement. MS LE RAT LT JC Fig. 110. — Trompe à eau métallique avec réservoir pour éviter les retours d’eau. 270 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Quelle est, au point de vue de la stérilisation des liquides, la valeur de cette filtration sur bougies de porcelaine ou d’alumine? L'expérience démontre que toutes ces bougies se laissent, au bout d’un certain temps, traverser par des microbes et ne peuvent, par conséquent, être considé- rées comme des filtres parfaits; le temps nécessaire pour que ce passage puisse avoir lieu paraît être de un à trois jours. Avant cette durée, en opérant dans de bonnes condi- Uions, la stérilisation est assu- rée. Lorsqu'une bougie a servi pour une filtration, 1l est néces- saire de la nettoyer pour s'en servir à nouveau ; les fines par- icules du liquide qui se sont = déposées à sa surface ont pu en on | partie obstruer ses pores; les Wu | CHI liquides albumineux laissent souvent un enduit visqueux, adhérent, qui fait obstacle à la filtration. Il faut laver la bougie sous un courant d’eau, en la brossant avec une brosse dure, ADNET PARIS ser séjourner dans de l’eau al- calinisée ou acidulée, selon la nature de la substance qui a filtré. On peut même être obligé, pour lui rendre sa perméabilité, de la chauffer au rouge sombre dans la flamme d'un bec Bunsen ou, mieux, sur un réchaud charbon. Toute bougie, avant l'usage, devra naturellement êlre éprouvée avec soin, pour s'assurer qu'elle ne porte au- cune fissure. Pour ce faire, on plonge dans l'eau la bougie à essayer el l'on y comprime de l'air à l’aide, par exemple, de la petite pompe de l'appareil re- LUN ESS ÉD < A = Q à NN il a 6h v’ présenté figure 102 ou de tout Fig. 111. — Appareil à filtration de d'Arsonval autre moyen. À la moindre fis- (Adnet)- sure, on voit de petites bulles d'air sorlir à l'endroit voulu. Ces procédés de stérilisation par filtralion ne sont cependant pas sans exercer une influence sur la composition chimique des liquides sur lesquels on opère. Il semble au contraire se produire, avec certaines substances, des modifications très importantes, dues probablement à des phénomènes de dialyse. D'après Duclaux (1), le lait ainsi traité laisse sur la bougie filtrante une bonne partie de sa caséine sous forme d’un (1) Duczraux, Le lait, p. 191. puis la passer ou même la lais- 12 FILTRATION. 271 he ee Sur enduit visqueux blanc grisâtre. Le liquide qui passe est modifié dans son aspect et dans sa composilion. Le sérum du sang filtre facilement avec une assez forte aspiration, surtout lorsqu'il ne contient pas de globules qui, en se déposant sur la bougie, diminuent sa porosité. La filtration est plus rapide si l'on opère à une température un peu élevée, vers 400 à 50° surtout. C'est un moyen simple et sûr de se procurer du sérum stérilisé lorsqu'on ne peut pas recourir à la saignée aseplique et qu'on veut éviter la stérilisation par chauffages répétés, toujours longue et donnant une certitude moindre. Malgré la séparation de certains principes albumineux qui restent sur la bougie sous forme d’un enduit visqueux, les propriétés du milieu n'en paraissent pas modifiées. Il est cependant des substances sur lesquelles Ta bougie de porcelaine peut agir, bien que formée d’une matière absolument inerte. Ses effets peuvent être purement physiques; corps éminemment poreux, elle semble, comme tous les corps poreux, avoir plus d'attraction pour certaines substances; elle les relient avec plus ou moins de force, elle les condense pour ainsi dire et peut alors appauvrir d'autant le liquide qui a filtré. Ou bien les modifications sont plus profondes et aboutissent à une vérilable transformation ou même destruction de certains pro- duits ; ces effets sont dus probablement à l'action oxydante de l'oxygène de l’air qui remplit les pores. Cette influence est particulièrement sen- sible sur ces substances albuminoïdes d'origine microbienne que nous avons nommées {oxines, sur les antiloxines, sur des produits de propriétés similaires comme les virus. Les recherches de Dzierz- gowski (1) prouvent que la filtration sur bougie affaiblit quelque peu l’activilé des liquides renfermant des produits toxiques microbiens; cette action toutefois n'est bien sensible qu'au début d'une filtration ; elle a donc peu d'importance lorsque la quantité du liquide à filtrer est tant soit peu considérable. L'effet produit sur les venins, observé par Phisalix (2), est plus marqué, peut-être à cause de la plus grande richesse en principes actifs. La bougie sur laquelle on filtre du venin de vipère retient, d'après lui, la substance toxique, de telle sorte que le venin filtré ne tue plus le cobaye, même à forte dose; de plus, ce qui est du plus haut intérêt, ce liquide vaccine les cobayes à l'égard du venin total. Il y aura peut- “être là l'indication d'une méthode facile de prépa- ration de produits vaccinants microbiens. On sait, d’après les recherches de Nocard et Roux sur la péripneu- monie bovine, qu'il existe des microbes d'une ténuité telle qu'ils tra- versent les pores de la plupart des bougies filtrantes (Voy. p. 16). Il est bon de se souvenir de ce fait et de choisir alors, quand cela est néces- saire, les bougies les moins poreuses, la bougie Chamberland B, par exemple, qui peut alors bien filtrer en une telle occurrence. 4. STÉRILISATION PAR LES GAZ SOUS FORTE PRESSION Dans l'appareil à filtration de d’Arsonval décrit précédemment p.270), nous avons vu intervenir l'acide carbonique à forte pression, 40 à (1) DzrerzGowskr, Sur la fillration des substances albuminoïdes à propriétés actives (Arch. des sc. biol. de l’Inst. imp. de méd. de Saint-Pétersbourg, IV, 1895, p. 225). (2) Prisauix, C. R. de l’Acad. des se., 1896. 12 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. 19 50 atmosphères et plus. D'après ce savant, l'aclion microbicide de ce gaz est certaine dans ces conditions. Pour les substances qu'on ne peut pas soumettre à la filtration, il a imaginél'appareil représenté figure 112. C’est un petit autoclave de bronze dans lequel se placent les substances à slériliser contenues dans des vases ouverts ou obturés avec un tampon d'ouate très lâche. Les vases ouverts peuvent être terminés par un tube de verre libre, recourbé vers le: bas pour éviter la conlamina- Uon par les poussières de l'air. L'appareil se réunit à la bou- teille à acide carboniqueliquide, comme il a été dit pour le filtre page 270. On obtient facilement 40 à 50 atmosphères ; en plon- geant l'appareil dans de l'eau chaude, la pression monte no- lablement plus. D’après Sabra- zès et Bazin (1), l'action micro- bicide de l'acide carbonique à ces haules pressions serait encore douteuse et certaine- ment parfois insuffisante. TLILLL LL LL LIL LL Les milieux stérilisés doi- vent souvent être conservés pendant un temps assez long, surtout ceux que l’on prépare par provision, en quantilé assez grande. Dans ce cas, la ferme- ture du vase au moyen d'une simple bourre de coton est 1n- suffisante. L'évaporation n'est LE pas empêchée, les poussières Fig. 112. — Autoclave de d'Arsonval pour fombent sur le coton, des ger- stériliser et conserver les liquides orga- mes peuvent à la longue y végé- ter et venir conlaminer le mi- lieu intérieur. Il est très ulile d’oblurer les vases à l’aide d’un capuchon de caoutchouc, bien stérilisé à l'autoclave, puis séché, ou simplement, lorsqu'on ne redoute pas trop l'évaporation, de coiffer le col du vase d’un cornet de papier à filtrer préalablement stérilisé, comme le vase, à l’autoclave ou dans l'étuve sèche. Tous les vases que l'on désire bien préserver doivent être sléri- lisés à sec au préalable, munis d’un semblable cornel protecteur. niques. 4° PRATIQUE DES CULTURES. Les milieux de culture étant obtenus comme il vient d’être indiqué, il faut les disposer de la façon la plus favorable au développement de l'espèce que l'on veut y faire vivre el à l'observation de la culture. A (1) Sannazës et Bazin, Gazelle hebd. de Bordeaux, 1893, p. 411 PRATIQUE DES CULTURES, 273 Les liquides sont placés dans des vases de formes variées devant réunir quelques conditions que la pratique apprendra vite à connaître. Ces vases doivent être appropriés au développement, offrir de l’espace et de l’airen suffisance, si l'espèce en a besoin ; commodes pour l'observation, en tant que possible, et disposés au mieux pour favoriser la conserva- ton de la culture, en s’opposant à la pénétration de germes étrangers, en empêchant une évaporation trop rapide, etc. Les milieux solides, qui fondent à la chaleur, sont coulés à chaud dans les mêmes récipients. On y dispose les autres, après les avoir partagés en morceaux. La forme, la contenance des vases qui doivent servir, importent peu au succès des expériences. L’observateur peut les choisir telles qu'il lui plaira ou surtout telles qu'elles lui paraîtront mieux convenir à ses recherches. Il suffit que les appareils remplissent les conditions qui viennent d'être énoncées. La pratique a cependant démontré les avan- ages de certains procédés ; ce sont ceux-là que nous décrirons avec quelques détails. Il est toujours prudent de stériliser d'avance à l'auto- clave ou au stérilisateur à air chaud les vases qui doivent recevoir les milieux. Cette stérilisation est naturellement obligée lorsqu'on doit y transvaser des milieux déjà stérilisés. 1. CULTURES EN VASES FERMÉS Cultures en tubes à essai. — Ce sont celles que l’on emploie le plus communément dans les recherches de bactériologie, lorsqu'on a affaire à des espèces pures, parfaitement isolées, que l’on veut multiplier et dont on veut étudier les particularités de développement. On se sert de tubes à essai ordinaires, ayant 1°%,5 ou 2 centimètres de diamètre, à fond rond ou droit. Les derniers se placent facilement debout sur les tables : c’est leur seul avantage. Il est à recommander de stériliser à l'avance les tubes munis de leur bouchon d’ouate, dans le stérilisateur à air, à 1500 au moins. Ces tubes sont garnis d'une quantité de masse nutritive, bouillon, gélatine, gélose ou sérum, variable suivant leur con- tenance. On y met à peu près une dizaine de centimètres cubes de gelée, de quoi remplir le quart ou le tiers inférieur. La gelée fondue est distribuée dans ces tubes à l’aide d’un entonnoir chauffé d'avance à l’eau bouillante pour éviter une solidification trop rapide. L'opération se fait très rapidement en se servant d’un entonnoir à robinet ou, à défaut, d’un entonnoir simple, muni inférieurement d’un tube de caoutchouc portant une pince à pression et terminé par un embout de verre. L'appa- reil à filtration à chaud (fig. 113) peut parfaitement servir. On en com- prend le fonctionnement ; les mêmes dispositions sont applicables à des instruments plus simples. La gelée nutritive est répartie dans les tubes à simple vue, à moins qu'il soit utile de n’en prendre qu'une quantité exactement déterminée, dans quelques cas spéciaux, par exemple. Il faut éviter le plus possible de laisser tomber de la gelée sur la paroi interne du tube, à l'endroit où doit se placer la bourre; par dessiccation, le bouchon d'ouate adhérerait au verre et pourrait gêner dans des opé- rations ultérieures. Les Tubes sont fermés avec un tampon d'ouate hydrophile, qui ne doit être ni trop serré nt trop lâche, mais entrer à frottement un peu dur. En dernier lieu, ils sont portés ‘dans l'appareil Macé. — Bactériologie, 6° édit. 18 274 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. à stérilisation. Une heure ou une heure et demie de séjour dans le stéri- lisateur à vapeur, ou vingt minutes à 120° dans l’autoclave, suffisent amplement pour fournir un résultat certain. Lorsqu'on ne possède qu'une modeste installation, un simple bain-marie peut servir. On y maintient les tubes immergés le plus possible, tout en ne laissant pas l'eau mouiller le tampon d’ouate, et l’on règle la chauffe de manière à éviter une ébullition tumultueuse qui projetterait du liquide sur les. bourres. Il est alors plus sûr de recommencer une seconde fois la même opération à un ou deux jours d'intervalle en employant la méthode du chauffage discontinu. Qu'on use des stérilisateurs ou du bain-marie, il CONTENTER TONER TEE CODEN EEE TEEN EEE TETE TENTE) FES Fig. 113. — Appareil à filtration à chaud, Fig. 114. — Appareil de Treskoff pour mesurer les quantités de milieu. est prudent de recouvrir les tubes d’un linge fin plié pour empêcher la vapeur de trop imbiber le tampon qui les ferme. Lorsqu'on veut disposer d’une plus grande surface, on se sert de tubes de diamètre fort, 4 à 5 centimètres par exemple. Pour augmenter la surface libre des gelées sur laquelle doit s'élaler la colonie, on incline les tubes chauds dès leur sortie du stérilisateur et on les laisse refroidir dans cette position. La partie libre du mieu coagulé présente un biseau d'autant plus allongé que l'inclinaison a été plus prononcée. Il faut naturellement éviter d'arriver au contact du tampon d'ouate. Ceci s'obtient très facilement en disposant des tubes presque à plat sur de larges cuvettes remplies de sable, dans lequel on les enfonce plus ou moins pour arriver au degré d’inclinaison voulu, ou simplement en les maintenant inclinés sur une surface plane au moyen d'une règle ou d’une baguette de verre. Si l’on veut mesurer exactement la quantité de milieu à employer, on peut se servir d’une seringue graduée, de pipettes jaugées ou, mieux, d’un petit appareil muni d’un robinet à double jeu, tel que celui repré- senté figure 114. PRATIQUE DES CULTURES. 275 Les tubes refroidis, droits ou inclinés, sont prêts à servir. On les garde dans un vase de verre fermé d’un couvercle, pour empêcher une trop rapide évaporation d'eau qui rendrait la surface du milieu sèche et peu propice au développement des colonies. On peut aussi, pour le même motif, les recouvrir de petits capuchons de caoutchouc ou d’une mince feuille de papier d'étain, excellents pour s'opposer à la dessiccation, qui rendent surtout de grands services pour les cultures à température assez élevée, en étuves. Pour éviter ce même inconvénient, on se trouvera souvent bien de fermer les tubes, au lieu d’un simple tampon d’ouate, d’un bon bouchon de caoutchouc traversé par un petit tube de verre d’un faible diamètre dans lequel est légèrement tas- sée une mèche d’ouate. La déperdition de liquide se fait moins facilement, mais la fermeture est moins assurée. Fig. 115. Fig. 116. Lorsqu'on veut mesurer exactement la pis. 115 et 116. — Tubes em- quantité de milieu à introduire dans le ployés au laboratoire de Pas- tube, on peut se servir d’une simple pipette teur pour les cultures dans les graduée ou, mieux, d'une burette gra- Pouillons. duée munie d’un robinet ou d'une pince de Mohr. On a imaginé des appareils plus commodes où la répartilion se fait rapidement et exactement au moyen d'un robinet à trois voies. Lesappareilsreprésentésfigures 115et116 peuvent rendre detrès grands services. [ls sont surtout employés au laboratoire de Pasteur, pour les cultures dans les bouillons, Ce sont des tubes en verre assez épais dont le col est étiré et porte un étrangle- ment (b, fig. 115, et a, fig. 116). Ils sont munis d’une effilure latérale horizontale (fig.116) ou recourbée ver- ticalement en bas (fig. 115). On introduit un tampon d’ouate dans le col et on le pousse jusqu'à l'étrangle- ment. Les tubes sont stérilisés à sec à haute tempéra- ture, 150°, pendant une heure ou deux. Pour les rem- plir, après refroidissement on sépare d’un trait de lime la pointe de l’effilure et l’on fait entrer le liquide stéri- lisé en aspirant par l’autre ouverture. L’orifice de l’effi- lure est rebouché aussitôt à la flamme. Dans ces petits appareils, on peut facilement faire le vide, en réunis- FAMIT CTSbe sant le col à une trompe: l'effilure latérale sert à lais- 2 élorvoir ser entrer un gaz inerte, de l'hydrogène ou de l'azote. double. L'ensemencement se fait en brisant la pointe de l’ef- filure et en introduisant par aspiration un peu de liquide contaminé. Les tubes à réservoir double, comme celui de la figure 117, ont aussi leur utilité. On aspire le liquide stérilisé après avoir cassé la pointe d'une effilure et on le répartit entre les deux branches. L'appareil a été stéri- lisé d'avance comme les précédents. On peut facilement n’ensemencer qu'un seul côté en aspirant un peu de liquide chargé de germes par une effilure ouverte. L'autre côté sert de témoin. En inclinant le tube et en y laissant passer une faible quantité de liquide de culture, on] observe 276 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. un nouveau développement. Il est possible d’ensemencer chacune des deux branches avec une espèce différente ; les comparaisons sont ainsi faciles à établir. Chaque branche peut enfin recevoir un li- quide spécial et les deux être inoculés avec la même espèce ou des espèces diverses. Ces tubes se placent en séries sur des supports de bois faciles à construire. Cultures en ballons. — Les ballons serventsur- tout pour les cultures dans les différents milieux liquides signalés. On peut employer les ballons ordinaires à fond plat, de capacité variant suivant le besoin. Le col en est bouché avec un bon tampon d'ouate, entrant à frottement dur sans toutefois trop serrer. Dans de tels ballons, l’évaporation se fait assez vite, sur- tout en étuve. La forme représentée figure 118, connue dans les laboratoires sous le nom de matras Pasteur, est à recommander. Un couvercle rodé à l'émeri se place sur le col également rodé; il se termine par un tube de faible diamètre que l’on bouche avec un : petit tampon d'ouate indiqué sur la figure. On Fig. 138. — Matras remplit l'appareil au tiers ou à moitié à l’aide d'un Pasteur. entonnoir. Pour éviter une adhérence trop forte du couvercle, il est bon de graisser le col avec un peu de vaseline au sublimé après remplissage. Ces ballons se renversent fa- cilement ; aussi a-t-on proposé de les remplacer par des fioles à ferme- ture semblable, mais à panse cylindrique ou cylindro-conique. On en fait aussi à fond plat et large pour les cultures qui demandent une large surface. Les vases appelés ballons d'Erlenmeyer, à fond large et plat, sont d'un | It) | y 1) [Il d il jl LL LTRAAENNEAAAN \ | di | ol nl il ji LU nl Fig. 119. — Ballon Fernbach. excellent usage et coûtent bien moins cher; cependant 1ls s'opposent bien moins à l’évaporation du liquide que le modèle Pasteur. Les formes représentées figures 119 et 120 permettent d'obtenir des cultures sur de larges surfaces et de faire intervenir un courant d’air ou d'un gaz quel- conque. Il est parfois utile d’user de ballons dont le col a été étiré au chalu- meau (fig. 121). Pour les remplir, après les avoir stérilisés dans l'air chaud, puis laissé refroidir, on ouvre la pointe d’un trait de lime et l’on PRATIQUE DES CULTURES. 277 chauffe légèrement le ballon. En plongeant cette pointe dans le liquide nutritif, celui-ci pénètre dans l’intérieur par suite de la diminution de pression déterminée par le refroidissement. La pointe est fermée au cha- lumeau et le ballon mis à stériliser. L'appareil figure 122, connu sous le nom de pipelte Chamberland, est intiniment pluscommode pour conserver les liquides stérilisés et les répartir ensuite dans d’autres vases sans avoir de contamination à craindre et, dès lors, de nouvelle stérilisation à faire. On bouche le col courbé du ballon avec un tampon d'ouate poussé dans son étranglement et l’on stérilise dans le four à flamber ou l’étuve sèche. Après refroidissement, la pointe du prolongement latéral effilé est coupée à la lime et plongée dans le liquide dont on veut se servir, slérilisé ou recueilli pur de germes; on rempliten as- pirant par l’orifice du col. La pointe est refermée dans Ia flamme. Il est très facile de puiser du liquide, resté pur ou dans lequel s'est développée une es- pèce ensemencée. Il suffit d'ouvrir l'effilure et d’en faire couler la quantité US LES (4 <<" voulue en inclinant le pi, 121. Bar —— vase. lon à col Fig. 122. — Ballon-pipette On peut se servir de bal- étiré. Chamberland. lons pour des cultures sur des milieux solides, lorsqu'on désire user d’une large surface. On les garnit d'une couche de 1 à 2 centimètres d'épaisseur de gelée, de bouillie de pomme de terre, etc.; on les ferme avec de la ouate et on les stérilise comme les tubes à essai qui contiennent ces mêmes substances. | Cultures en tubes clos. — Pasteur (!) usait, dès 1865, pour cultiver en vase clos les espèces dont il étudiait l’action physiologique, de petites lentilles de verre soufflé, fabriquées pour lui en Allemagne par Geissler. L'appareil complet consistait en un tube de petit diamètre sur la lon- gueur duquel était soufflée une lentille plate dont les deux surfaces se trouvaient très rapprochées l’une de l’autre à la partie centrale; elles n'étaient distantes en ce point que de quelques dixièmes de millimètre. Le tube était rempli de liquide ou n’en contenait qu’une faible quantité, venant se réunir en gouttelette dans la partie centrale déprimée de la lentille. On peut ainsi observer le mode de vie, la multiplication à Pair ou sans air. Tout l'appareil se place facilement sur la platine du micro- scope et supporte l'emploi des plus forts grossissements, lorsque les parois sont obtenues suffisamment planes et d’une même épaisseur que celle des lamelles couvre-objets. Salomonsen (2) s’est servi de tubes très fins obtenus en étirant des tubes de verre de 4 à 5 millimètres de diamètre. Il y introduisait un liquide nutritif contenant des germes dont il observait le développement (1) Pasteur, Études sur la bière, 1876, p. 153, note. (2) SALomoNsEx, Zur Isolation differenten Bacterienformen (Bot. Zeit., 1886). 278 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. au microscope. La méthode est certainement à reprendre. Vignal(1), nous le verrons plus loin, en a fait l'application à la culture des anaérobies. Cuitures sur pommes de terre. — C’est un excellent milieu de cul- ture pour les Bactéries. Les caractères de cultures sur ce milieu sont parfois assez particuliers pour fournir un appoint important à la dia- anose de quelques espèces. L'aspect des colonies y est très varié. Ce sont en général des revêtements épais, visqueux, incolores ou nuancés de teintes plus ou moins vives, suivant l'espèce. Parfois, c'est une couche mince transparente, qu'on ne distingue que difficilement de la substance du tubercule ; c’est le cas du Bacille lyphique, de certains Streplocoques. Les Bactéries chromogènes végètent d'ordinaire très bien sur les pommes de terre ; elles y présentent souvent une coloration plus intense que sur les autres milieux. Les pommes de terre, préparées comme !l a été dit page 251, sont cou- pées en deux ou plus, suivant leur volume, à l’aide d’un couteau stéri- lisé, et les morceaux déposés soit isolément dans de petits cristallisoirs couverts stérilisés à l’étuve à air chaud, au fond desquels est une rondelle de papier buvard imbibé d'eau bouillie ou un tampon d’ouate stérilisée mouillée d’eau préalablement bouillie, soit plusieurs ensemble dans des cristallisoirs formant chambre humide. L'inoculation se fait en stries à la surface, à l’aide du fil de platine préalablement rougi dans la flamme, puis refroidi. Les cristallisoirs sont placés à l’étuve. Les contaminalions, si faciles dans ces cultures, sont évitées en se servant de morceaux allongés de pommes de terre crues qu'on intro- duit dans de gros tubes à essai bouchés d'ouate, qui peuvent même recevoir facilement une moitié de pomme de terre de moyenne taille. Chaque moitié de pomme de terre, bien lavée à l’eau et pelée, est placée dans un de ces tubes au fond duquel se trouve un tampon d’ouate des- liné à absorber l’eau en excès et à maintenir l'humidité. Ces tubes, bou- chés par de forts tampons d’ouate, sont stérilisés à 120°, dans l’auto- clave; on les y laisse trente minutes environ pour cuire suffisamment les pommes de terre. Après refroidissement, ils sont ensemencés et coiffés d’un capuchon de caoutchouc ou d’une capsule en étain. Les inocula- lions se font exactement comme pour les cultures en tubes. Les cultures ainsi faites peuvent se conserver très longtemps à l’étuve; le tampon mouillé qui se trouve au fond empêche une dessiccation trop rapide. Roux (2) a indiqué une méthode semblable qui peut être parfois avantageuse. Il se sert de gros tubes portant un étranglement vers le quart inférieur. L'étranglement arrête la pomme de terre et la cavité inférieure qu'il limite recueille le liquide qui pourrait gêner. Ilest en outre facile de souder une tubulure à la partie inférieure, au-dessous de l'étranglement, ce qui permet de faire le vide dans le tube ou d' y laisser arriver un gaz quelconque. L'appareil n’est guère plus commode et est plus coûteux que le précédent. On a employé la bouillie obtenue en broyant les pommes de terre avec un peu d’eau. Onen peut garnir le fond d’un flacon d’Erlenmeyer, qu'on stérilise ensuite à la vapeur. (1) Vicxaz, Sur un moyen d'isolation et de culture des microbes anaérobies (Ann. de l’Inst. Pasteur, I, 1887, p. 358). (2) Roux, De la culture sur pomme de terre (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1888, n° 1). dits à" PRATIQUE DES CULTURES. 279 On prépare de même des cultures sur autres substances amylacées, empois d’amidon, pâte de pain, riz cuit, carottes, elc. Cultures sur porte-objet. — Lorsqu'on veut suivre, sous le micro- scope, pendant un temps assez long, le développement des Bactéries, 1l faut recourir à un dispositif qui permette l'observation à tout instant en même temps qu'il n’entrave en rien les conditions de nutrition indispen- sables à la vie. L'usage de cellules de verre, employées depuis longtemps pour l'étude des Champignons inférieurs (1), répond à toutes les nécessités. Ces appareils consistent en un anneau de verre, de hauteur et de dia- _ mètre variables, collé sur un porte-objet à l’aide de baume de Canada ou de tout autre adhésif (fig. 123, C). La cavité ainsi limitée peut être close en haut par une lamelle qui doit s’ap- pliquer exactement sur le bord supérieur rodé de l'anneau B. Il est facile d'en pré- parer soi-même. On prend un tube de verre épais de 1 à2 mil- Je :_ DE PAR limètres et, à l’aide Fig. 123. — Culture en cellule sur es objet. d'une lime triangu- laire et d’un charbon ardent, on en sépare des segments de 5 à 6 mil- limètres de hauteur. Ces anneaux sont usés à l’émeri sur les bords de facon à les dresser parfaitement et à les amener à être parfaite- ment parallèles l’un à l’autre. On colle l'anneau sur un porte-objet en garnissant sa face inférieure d'une légère couche de baume de Canada et on laisse sécher. Une lamelle, qui s'applique sur le bord supérieur enduit de vaseline au sublimé, obture complètement la chambre. En mettant une goutte d’eau pure au fond de la cavité sur le porte-objet et une goutte de bouillon ou de tout autre milieu nutritif (P) sur la face inférieure de la lamelle, on aura à sa disposition un milieu isolé de tout contact extérieur, pouvant suffire à approvisionner pendant un temps assez long les Bactéries qui s’y développent. De plus, l'observation, même au moyen d'objectifs forts, sera possible à tout instant, les cel- lules se répandant dans le liquide et atteignant vite la face inférieure de la lamelle. La cellule est rapidement stérilisée dans la flamme ou dans l'alcool à 95° ; à l’aide d’une pipettestérilisée, on dépose au fond une goutte d’eau ‘pure. Le bord libre est enduit de vaseline au sublimé. On passe une lamelle dans la flamme, on y dépose une goutte de bouillon stérilisé et, à l’aide d’un fil de platine préalablement rougi puis refroidi, une très faible parcelle contenant l'espèce à étudier. La lamelle est appliquée sur l'anneau, la face qui porte la goutte tournée naturellement vers la cavité. La couche de vaseline la maintient fixée contre l'anneau de verre et s’oppose en outre à l'entrée de l’air, qui pourrait apporter des germes étrangers. Le développement se fait plus vite à la surface libre de la goutte; aussi, avec les objectifs à court foyer, doit-on examiner surtout (1) Vax Tiecnex et LE RTE Recherches sur les Mucorinées (Ann. des sc. nat., Bot., 5° sér., t. XVII, 1873 280 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. les bords de la goutte. Il est préférable d'étaler en premier la matière d'inoculation sur la lamelle et de la dessécher légèrement avant d'y déposer la goutte du liquide nutritif; de cette façon, beaucoup de Bac- téries restent accolées à la face inférieure du couvre-objet et peuvent être facilement suivies avec les plus forts systèmes à immersion. Ces cellules sont mises it la température or- dinaire; il faut, en tout cas, les mettre à l'abri de l’évaporation en les couvrant d’une 1 petite cloche où Pair Re UD NET POP 0 RES SAUCE CEEVE DEEE Fig. 124: — Chambre humide de Ranvier. : ou, mieux, en les dis- posant dans une petite chambre humide. On s'en construit facilement une avec une boîte en zinc, qui est munie de deux tringles pouvant supporter une rangée de ces cellules porte-objet et dans le fond de laquelle on met de l’eau. On peut utiliser, pour les mêmes observations, les porte-objels excavés que l’on trouve dans le commerce. La lamelle, munie d’une gouttelette de liquide ensemencé, est retournée sur la cavité de facon que la goutte pende librement. On lute les bords du couvre-objet à l’aide d’une couche de paraffine. La chambre humide de Ranvier (fig. 124) est d’un usage analogue. On mel une très petite goutte d'eau stérilisée dans la rigole d et la goutte de liquide contenant des Bactéries sur le disque médians, dont le niveau est légèrement inférieur à celui de la surface supérieure du porte-objet. On couvre d'une lamelle stérilisée dont les bords sont lutés avec de la paraffine. De ces trois appareils, le premier est certainement préférable à cause des dimensions de la cavité de culture qui permet d’user d’une quantité ri j A | Fig. 125, — Chambre à gaz de Ranvier. plus considérable de matière nutritive et de laisser plus d’air à la dispo- sition des cellules qui s'y développent. Les deux autres conviennent sur- tout pour des expériences de peu de durée. L'observation des Bactéries vivantes par ces procédés donne de très intéressants détails sur leur mode de vie. On y suit sur une même cel- lule les modifications qu’elle peut subir, la multiplication végétative, la formation des spores, leur germination. La chambre à gaz de Ranvier (fig. 125) permet d'observer sur porte- | qu TM en étuve ou laissées à . PRATIQUE DES CULTURES. 281 objet le développement de Bactéries dans différents gaz. Elle est d'un précieux secours pour l'étude des espèces anaérobies. Une goutte du liquide à examiner est déposée sur le disque de verre a et recouverte d'une lamelle qui est lutée à la paraffine sur le porte-objet métallique. Le liquide forme une couche mince entre la lamelle et le disque a, qui se trouve à un niveau un peu inférieur. Le courant gazeux passe par les tubulures latérales, dont est muni le porte-objet, et vient circuler dans la rigole b, qui entoure le disque a. 2. CULTURES SUR PLAQUES Cetle méthode, établie par Koch (1), est une des plus sûres et des plus fructueuses de la Bactériologie. Le principe qui a guidé son auteur a été de disséminer, dans de la gélatine liquéfiée à basse température, les Bactéries contenues dans une parcelle de la substance à examiner, de facon à leur permettre de se développer isolément, lorsque la géla- tine refroidie, ayant fait prise, les maintient à distance les unes des autres. Deux résultats sont surtout à apprécier : l'isolement des colonies pro- duites, qui peut être plus ou moins prononcé suivant la quantité de Bactéries que contient la matière d'inoculation, et suivant le degré de dilution qu'on lui a fait subir; la forme de ces colonies, qui, issues d'un seul germe, revêlent souvent un aspect véritablement typique. De là, des caractères très importants pouvant être appliqués d'abord à l'obtention de cultures pures et à la vérification des cultures, et en second lieu à la diagnose, encore si difficile, des espèces. Aussi ne saurait-on trop recommander de se livrer à l'étude appro- fondie de cette méthode. Au début des études de Bactériologie, elle fournira de nombreux sujets d'examen, surtout fructueux parce qu'ils seront purs; elle familiarisera avec la préparation de cultures pures, cette clef de la science des Bactéries ; elle sera, pour celui qui se livre à des recherches sérieuses et approfondies, un moyen précieux de con- trôle et une source des plus féconde pour l'observation. Si l’on ne perd pas de vue le premier but de la méthode, isolement des germes suffisant pour empêcher la confusion des colonies qu'ils vont donner en se développant, l'applicalion en sera facile ; l'obser- vateur pourra en varier à son gré les détails, pourvu que le résultat soil obtenu. Il faut amener les Bactéries contenues dans la substance à examiner à être diluées dans une quantité de liquide gélatineux telle que, lorsqu'il aura fait prise par refroidissement, elles restent suffisam- ment écartées les unes des autres pour que les colonies qui doivent en provenir soient faciles à distinguer et empiètent le moins possible sur des voisines. C’est une simple affaire d'appréciation et de tàtonnement. Si l’on ne réussit pas une première fois, on en est quitte pour recom- mencer en mettant à profit les données de la première observation. Prenons, comme exemple de la technique générale du procédé, l'examen bactériologique d’une eau de boisson, cas des plus instructif par le grand nombre des espèces que l'on peut rencontrer et la variété (1) Kocu, Zur Untersuchung von pathogenen Organismen (Mitth. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, 1, 1881), et surtout passim dans les Actes de l'Ofjice imp. de santé de Berlin. 282 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. surprenante des ‘colonies qu’elles donnent en cultures sur plaques, et d'une haute importance pratique au point de vue de la recherche de certaines espèces nuisibles qui peuvent contaminer ce liquide. Le chiffre des Bactéries que peut contenir une eau varie dans des limites très étendues, en relation directe avec les causes de contami- nation qui peuvent agir sur elle. Nous passerons toutes ces causes en revue dans la troisième partie de ce livre. Nous supposerons donc avoir affaire à un liquide d'une teneur moyenne en germes, comme le sont beaucoup d'eaux potables des grandes villes ; il sera facile ensuite de discuter la marche à suivre dans des conditions différentes. Le milieu qui va servir est la gélatine nutritive, dont la préparation a été indiquée page 240. La consistance de la gelée, et par conséquent la quantité de gélatine sèche à employer, doit légèrement varier suivant la température du milieu où l'on opère. Il sera presque toujours plus com- mode de prendre 8 à 10 p. 100 de gélatine ; dans les fortes chaleurs de l'été, il faudra augmenter ce poids et arriver à 12 et 15 p. 100 et même plus, si l'on ne dispose pas de moyens de maintenir la température à un degré assez bas pour que la gelée fasse rapidement prise et se main- üienne solide. Il faut éviter d'ajouter à la gélatine qui doit servir aux eul- tures sur plaques du sel ou du sucre, si favorables cependant au dévelop- pement des Bactéries ; par suite de la dessiccation de la couche de gelée, il se formerait des amas de petits cristaux très gênants pour l'observation. Quelques tubes de gélatine bien transparente, stérilisés en toute assurance, sont mis dans un vase contenant de l'eau à une température de 40° environ. La gelée fond rapidement. Par addition d’un peu d’eau froide, on fait tomber la température vers 300. On s'assure que les bouchons d'ouate des tubes n’adhèrent pas à la paroi; dans le cas con- traire, on les détache en les tordant plusieurs fois sur eux-mêmes, sans arriver à déboucher complètement le tube. On prend, à l’aide d'une mince pipette stérilisée, une petite quantité de l’eau à analyser, qui doit être recueillie avec toutes les précautions convenables d’après des méthodes expliquées plus loin, et qui sera agitée au préalable, afin de répartir au mieux dans la masse les germes qu’elle contient. On débouche un tube et on laisse rapidement tomber une ou plusieurs gouttes de la pipette; on replace, tout de suite, la bourre d'ouate. Le tube est doucement secoué et roulé entre les doigts pour bien mêler l’eau et la gélatine, en évitant la formation de bulles d’air dans la masse et en ayant soin de ne pas projeter du contenu sur la bourre. On le marque d’un numéro 1, c’est la dilution originale. ‘Une seconde dilution est obtenue en mélangeant une ou plusieurs gouttes de cette première à la gélatine d’un second tube; elle est désignée par le numéro 2. Une même quantité de la seconde dilution ajoutée au contenu d’un troisième tube donne une {roisième dilution, notée avec le chiffre 3. En procédant de la même façon, on peut obtenir des dilutions plus étendues, précieuses lorsque la teneur en Bactéries est élevée. Les tubes ainsi préparés sont laissés quelques minutes dans de l’eau à une température de 25° environ; quand ils sont descendus à ce degré, ils peuvent être coulés sur les plaques de verre. On se servait de plaques de verre de 10 à 12 centimètres de large sur 14 ou 15 de longueur que l’on a stérilisées d'avance dans une boîte métallique (fig. 126), dans le stérilisateur à air chaud. On retire les mb. anti thé — PRATIQUE DES CULTURES. 283 plaques une à une, au fur et à mesure du besoin, à l'aide de pinces flambées et en ouvrant la boite en la maintenant à plat, dans la position horizontale. À la rigueur, les plaques peuvent être simplement stérilisées à la flamme du gaz ou d’une lampe à alcool. On les met à refroidir, la face qui doit être utilisée tournée vers le haut, couvertes par une feuille de pa- pier blanc très propre. On peut aussi les envelopper séparément de papier blanc et les stériliser après. Elles ne sont alors déballées qu'au moment du besoin. Pour empêcher la gélatine de se répandre irréguliérement sur la Fig. 126. — Boîte à stériliser les Fig, 127, -—- Planchette à vis calantes. plaques. plaque et de couler même de ses bords, il faut de toute nécessité disposer d’un support parfaitement horizontal. Cette condition s'obtient facilement à l’aide d’une planchette munie de trois vis calantes (fig. 127), que l’on peut disposer à volonté en s’aidant d'un petit niveau à bulle d'air. Les dimensions de 20 centimètres de longueur sur 30 de largeur sont très convenables ; elles permettent de placer sur la planchette à niveau les trois plaques qui servent le plus souvent pour une même opération ; ce qui n'offre aucun inconvénient si l'on va vite. Lorsque la température est peu élevée, pour amener ou hâter la prise de la gélatine, au lieu de placer la plaque ou les plaques directement sur la planchette, on interpose un réfrigérant. C’est un cristallisoir rempli d'eau glacée et couvert d'une large lame de verre qui sert de support aux plaques. Cette lame est placée par- faitement plane à l'aide d’un niveau à bulle. La figure 128 représente un appareil imaginé par Roux pour obvier à cet in- convénient. Il se compose d'une boîte circulaire en cuivre que l’on dispose horizontalement au moyen d’un niveau N et de vis Calantes. A' et A? sont deux tubulures soudées à cette boîte, par où peut passer un courant d’eau froide ou, au besoin, un courant d’eau chaude. Par une large ouverture B, placée sous la boîte et fermée par un bouchon à vis, on peut introduire des morceaux de glace, lorsque cela est nécessaire. Une large cloche recouvre l'appareil. Fig. 128. — Appareil pour plaques de gélatine, 284 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. La table refroidissante d’Ogier (fig. 129), de plus grandes dimensions, peut recevoir un plus grand nombre de plaques et est alors d’un usage plus courant. On prend un tube où la gélatine encore visqueuse est près de son point de coagulation et, après l'avoir essuyé pour ne pas laisser couler d'eau du bain dans le mélange, on en verse le contenu sur la plaque froide. La gelée s'étale en une tache plus ou moins large suivant qu'elle. se prend plus ou moins vite. Il faut éviter de verser trop tôt la gélatine qui s'étend trop et atteint les bords de la plaque ; lorsqu'elle a com- Fig. 129. — Table refroidissante d'Ogier pour cultures sur plaques. mencé à se solidifier dans le tube, il se forme par places de gros amas très défavorables à l'observation. L’habitude fera bien vite saisir le moment opportun. Il est du reste facile de remédier à l’un ou l’autre défaut en refroidissant ou réchauffant les tubes. On couvre les plaques, isolément ou toutes ensemble, avec une cloche ou un cristallisoir jus- qu'à solidification complète de la masse de culture. Chaque plaque doit être munie d’une étiquette portant les indications nécessaires, indication de l'ob- jet de la culture et numéro d'or- dre de dilution. Les plaques sont alors disposées soit isolément au fond d'un cristallisoir couvert stérilisé, où l'humidité est entre- tenue par un tampon de coton imbibé d'eau bouillie, soit plu- sieurs ensemble au moyen de combinaisons variées. De petites élagères en cuivre, du modèle de celle représentée figure 130, ou faites en fil suffisamment ré- sislant pouvant supporter trois ou quatre plaques où même un plus grand nombre, conviennent par- faitement pour cet usage. Elles se placent dans un cristallisoir fermé qui fait chambre humide, ou sous une cloche lorsque l’étagère est haute. I est nécessaire de stériliser avec soin les instruments qui doivent Fig. 130. — Étagère pour plaques. _aù note EÈ a d'u dé PRATIQUE DES CULTURES. 285 supporter ou contenir les cultures sur plaques. On ne saurait trop insister sur ce point. C’est de là que viennent, en effet, une grande partie des contaminations de ces cultures. Les objels en verre peuvent être stérilisés par la chaleur ou par un lavage à une solution de sublimé ; ceux en métal doivent être flambés. Il est très commode de se servir d'une hoîle en feuille de cuivre, à porte vitrée, contenant une étagère en fil de cuivre assez rigide, à un nombre de places variable suivant la quantité de plaques qu'on veut y renfermer. Les parois internes de la boîte et l’étagère sont, chaque fois, soigneusement flambées avec un bec de gaz que l’on promène sur elles. Ou bien on peut stériliser le tout en bloc dans le stérilisateur à l’air chaud, lorsqu'il est de dimensions suffisantes. Les cultures sur plaques se font à la Lempéralure ordinaire, ou dans une étuve réglée de 180 à 199, lorsque les variations diurnes et nocturnes sont trop considérables. Dans les fortes chaleurs de l'été, on est même obligé d'abaisser la température de l'appareil qui les contient, si l’on veut que la gélatine reste solide. En hiver, pour obtenir 18° environ, il suffit de placer l’étuve à cultures ou plaques tout contre une étuve réglée à 35° environ. On opère de même pour toute substance contenant des Bactéries, que l'on veut étudier. Pour les matières solides ou visqueuses, terre, pous- sières, parcelles de cullure, pus, sang, etc., il vaut mieux les délayer dans une pelite quantité d'eau ou de bouillon stérilisés, avant de les ajouter à la gélatine; on sépare mieux les germes contenus dans le milieu à examiner, el ils se mélangent plus uniformément à la masse de culture. Pour certaines cultures, il peut être préférable de se servir d’un milieu liquide pour opérer la dilution. Qu'il s'agisse d’un liquide ou d’une matière délayée dans un liquide, on prend une goutte ou 1 centi- mètre cube, qu'on ajoute à 10, 100, .. centimètres cubes d’eau ou de bouillon stérilisés ; on mélange intimement et l’on prend, suivant les cas, une goulte ou 1 cen- timètre cube de cette dilution, pour mêler à la gélatine et faire une culture sur pla- ques. C’est surtout lorsqu'on a affaire à une substancene con- tenanl quune ou Jo quelques espèces qu'il est avantageux d'opérer ainsi. Lorsque, au con- traire, il se trouve de nombreuses espèces mélangées, il est beaucoup plus rationnel de recourir aux dilutions successives, qui se servent, our ainsi dire, de contrôle et de complément l’une à l’autre. L'emploi de récipients creux, au lieu et place de plaques planes, offre souvent de grands avantages. Des cristallisoirs bas en verre de Bohème, munis d'un couvercle, peuvent être d'un bon usage; ils sont aujourd'hui très usités sous le nom de boîtes de Petri (fig. 131). Certains modèles ont même une tubulure latérale, bouchée par un tampon de coton, qui permet d'introduire la substance à étudier sans exposer le milieu de culture à être contaminé par la chute des poussières de l'air. On remplit Fig. 131. — Boites de Petri. 286 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE le même but en faisant, à l’aide d’un lut ou de petites baguettes de verre collées au baume, un rebord aux plaques ordinaires; mais la stérilisa- Fig. 139: 1Fiole platé de Kolle. üon est alors plus difficile, pour éviter de fondre la substance employée. On s’est aussi servi des vases à fonds plats dits flacons d'Erlenmeyer, qui offrent en outre l'avantage de supprimer l'accès de l'air chargé d'impuretés. Les flacons plats dits boîles de Roux, ceux des modèles représentés figures 132 et 133 sont d'un emploi plus commode, surtout parce qu'il est possible de les placer sous le microscope pour étudier les colonies à de faibles grossissements. Il est facile aussi avec elles d'éviter toute contamination par l'air. Mais, avec lous ces modèles, il est très difficile et souvent impossible de pouvoir étudier de près et direc- tement les différentes colonies qui se développent dans la gélatine ; 1l est surtout trop chanceux de pouvoir se procurerentouteassurancedes parcelles de coloniessansléserles voisines. Esmarch (1 N11439 ‘YJIVIHISNILNVTN 8 3 a modifié le procédé primitif de Koch de la façon suivante. [l opère les dilutions dans des tubes un peu plus gros que les tubes à essai ordinaires, et, ce qui fait la parli- cularité de cette méthode d'Esmarch, au lieu d'en verser le contenu au dehors sur les plaques, il le solidifie dans l’intérieur même du tube, en provoquant la coagu- lation en couche uniforme le long des parois. Il l’obtient facilement en mainte- nant le tube horizontalement sous un robinet d’eau froide et en lui imprimant un mouvement assez rapide de rotalion entre les doigts. Des appareils assez compliqués ont été imaginés pour rem- plir cetoffice. On évite ainsi les contami- nations diverses qui peuvent survenir dans le cours des opérations de la mé- thode des plaques ; il y a certitude abso- lue que les colonies développées dans ce manchon de gélatine proviennent bien toutes de la matière d’ensemencement. Mais il est plus difficile d'examiner fruc- tueusement les colonies et, de plus, lors- qu'il se trouve dans le mélange des es- pèces liquéfiant la gélatine, le liquide produit coule plus vite et vient troubler l'expérience. Fig. 133. — Fiole plate de Soyka. En somme, la méthode de Koch, bien qu'elle exige une certaine habitude, des manipulations minutieuses et un outillage assez perfectionné, est (1) Esmancu, Uchber eine Modification des Koch’sen Plattenverfahren (Zeitschr. für Hygiene, I, 2° p., p. 233, 1886). PRATIQUE DES CULTURES: 287 encore, en prenant toutes les précautions nécessaires et en usant de boîtes de Petri, celle qui est à recommander, qui donne les résultats les plus complets et qui, pratiquement, est la plus simple et la plus facile à appliquer. Les germes, dont on observe le développement dans les cultures sur plaques, peuvent ne pas provenir tous de la substance à exa- miner. Un certain nombre d'entre eux ont été déposés par l'air, durant le cours de manipulations. Lorsqu'on prend soin de recouvrir chaque plaque d’une cloche pendant le refroidissement de la gélatine, et qu'on opère dans un milieu où l'air n’est pas agité, l’apport de germes par l'atmo- sphère peut être considéré comme rare ou au moins peu important. C’est ce qui résulte de nombreuses expériences, de, celles de Miquel en particulier (1). Il en est de même pendant les premiers jours des cultures, où elles ne servent encore que très peu ou pas du tout et restent enfer- mées dans la chambre humide, si celle-ci a été soigneusement stérilisée. Mais, dès qu'on les manie souvent pour les examiner, la contamination se fait et parfois même dans une large proportion. Il est toutefois facile de distinguer les colonies de ces germes de l’air qui ne se trouvent qu’à la surface de la gélatine, tandis que les autres se trouvent aussi dansles parties profondes; de plus, avec un peu d'expérience, on appprend vite à connaître l’aspect des colonies des premiers. Ilest du reste aisé de se rendre compte de la moyenne des contaminations, en exposant des plaques témoins à côté des véritables plaques de culture ; on reconnait alors que la contamination est loin de se faire dans d'aussi larges limites que le prétendent beaucoup d'observateurs, mais au contraire que c’est, la plupart du temps, lorsque toutes précautions sont prises, un facteur presque négligeable. On évite en majeure partie les impuretés de l'air en faisant les cultures en vases clos, en cristallisoirs couverts, en boîtes de Petri, en flacons d’Erlenmeyer, en fioles plates ou surtout en tubes d'après le procédé d'Esmarch, mais, dans ces derniers cas, on perd ainsi bien des avantages de la méthode. L'apparition des colonies se fait plus ou moins tôt dans ces cultures, suivant les conditions de température et les espèces auxquelles on a affaire. D’habitude, on les remarque comme un piqueté blanc, surtout si la plaque se détache sur un fond noir, au bout de dix-huit à trente- six heures. À un faible grossissement, 25 à 55 diamètres, elles se distinguent comme autant de petites taches sphériques ou discoïdes blanches, grises, jaunâtres, opaques ou plus ou moins transparentes. Ce n’est souvent qu'après quelques jours qu'elles prennent un aspect véritablement caractéristique. Beaucoup ont alors gagné la surface de gélatine, où elles se sont épanouies. Cest du deuxième au cinquième jour que l'étude des plaques est particulièrement instructive. Si nous examinons, après une telle durée, une culture d’eau préparée comme il a été dit précédemment, nous y ne ons tout un ensemble de colonies dont la diversité d'aspect nous surprendra souvent (fig. 134 et 135). Les unes ne modifient pas l'aspect ni la constitution de la gelée nutrilive ; ce sont de petits disques plus ou moins étalés sur la surface libre, des portions (1) Mrquez, Les organismes vivants de l'atmosphère, Paris, 1882, et Annuaire de Montsouris, 1880-1891. 288 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. de sphère souvent irrégulières qui proéminent, de pelites masses mame- lonnées ou lobées envoyant parfois des expansions latérales longues et nombreuses. Les autres liquéfient tout autour d'elles la gélatine au fur el à mesure qu'elles s'étendent (fig. 134, a); cette liquéfaction peut se faire d'une façon régulière sur toute la périphérie de la colonie, ou bien ne s'opérer principalement ou exclusivement que dans certaines direc- Fig. 134. — Aspect d'une culture sur plaques (grandeur naturelle). tions. De la portion centrale de la Zooglée partent dans ce cas des rayons droits ou tortueux qui s'enfoncent dans la masse et dirigent les tractus de liquéfaction. De cette excessive variété des formes on tirera des caractères de premier ordre pour la diagnose des espèces auxquelles appartiennent les colonies obtenues. Souvent des espèces de l'air viennent émailler les plaques de leurs couleurs vives, rouge, rose, jaune, blanc éclatant. Enfin, dans'iles cultures âgées surtout, apparaissent de nombreuses Moisissures, à tendance envahissante. Ce sont: les flocons blancs du Penicillium candidum, les disques verts à cercles concentriques a Es PRATIQUE DES CULTURES. 289 des Penicillium glaucum et Aspergillus glaucus, les dômes d'un noir vert de l” Aspergillus niger, le duvet blanc de plusieurs Mucor. Tous sont des ennemis à craindre pour les cultures; ils arrêtent le développement des colonies en les étouffant dans un lacis serré de tubes mycéliens ou en liquéfiant rapidement la gélatine ; aussi ne saurait-on trop se précau- tionner contre eux. On s'en défend par une stérilisation soignée des chambres humides où se placent les plaques et par la destruction à la chaleur de ces amas de Moisissures dont on doit empêcher le plus possible la dissémination des spores dans le local d'observation. L'examen de ces colonies à un grossissement de 15-50 diamètres donnera de précieux renseignements sur leur aspect général, et, s'il y a lieu, sur les rapports de leurs différentes parties. Les objec- üfs 0 de Vérick et les différents sys- tèmes a de Zeiss, et aussi les objectifs 0* et a* à grossisse- ment variable de ces mêmes construc- teurs (Voy. p. 185) sont d'un très bon usage pour ces ob-. servalions. Des com- binaisons plus for- tes, 2 de Vérick ou BB de Zeiss, révéle- ront souvent ou fe- ront mieux voir cer- tains détails de structure. Enfin, dans des cas spé- Fig. 135. — Aspect d'une culture sur plaques d’eau ciaux, 1l pourra être en boîte de Petri. utile d'employer des objectifs de force moyenne, 4 de Vérick ou DD de Zeiss, lorsque la (ransparence des parties à examiner le permettra. L'emploi d'objectifs plus forts n’est pas possible à cause de leur trop court foyer et du peu de lumière dont on dispose généralement dans ces observations. Le dessin de ces figures si variées est un excellent moyen de se les rappeler. C’est ici surtout que la photomicrographie rend d'importants services pour rendre bien des détails que les dessins les plus soignés ne peuvent exactement représenter. L'étude complète exige l'examen des éléments constituants à de forts grossissements. Une parcelle de la colonie dont on s'occupe est enlevée avec un fil de platine préalablement rougi dans la flamme et refroidi, puis dissociée sur un porte-objet dans une goulte d'eau pure ou de la solution d'acétate de potasse. La préparation est recouverte d'une Jlamelle et examinée aux combinaisons optiques voulues, à l’aide d'un fort objectif à sec d’abord et d'un objectif à immersion ensuite. La prise de substance avec l'aiguille de platine doit être faite de façon à ne tou- Macé. — Bactériologie, 6 édit. 19 290 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. cher qu'à la seule colonie que l'on vise. Il est souvent avantageux, parfois nécessaire, de s'aider d'un faible grossissement fourni par une loupe à dissection ou le microscope muni d'objectifs et d'oculaires faibles. Le renversement des images gène au début, mais, avec un peu d'attention et d'habitude, il devient facile d'opérer dans ces conditions. Il va sans dire qu'on pourra faire usage des méthodes d'observation ordinaires, en particulier des procédés divers de coloralion, pour arri- ver à un résultat le plus satisfaisant possible. Avec des colonies obtenues sur plaques, bien isolées les unes des autres, il est très simple d'oblenir des cultures pures des espèces ense- mencées. On procède à l'ensemencement sur gélatine ou sur gélose, en suivant les précautions énoncées précédemment au sujet des cultures en tubes. Il faut choisir, si faire se peut, une colonie bien isolée, dans laquelle un examen altentif au microscope ne décèle aucun mélange. On plonge dans la colonie l'extrémité de l'aiguille de platine préalablement stérilisée au feu. L'opération se fail, comme la précédente, à l'œil nu ou à un faible grossissement. L'opérateur tient de la main gauche un tube de culture dont il a libéré le bouchon d'ouate en le tordant sur lui-même de façon à pouvoir l'ôter sans encombre. En tenant le tube incliné, l'orifice tourné vers le bas ou au moins le plus horizontalement possible, il enlève la bourre de la main droite munie de l'aiguille de platine char- sée de la malière prise à la colonie, puis plonge l'aiguille dans le tube et ensemence le milieu par une piqûre ou une strie. Pour les milieux liquides, on procède de même en agitant l'aiguille chargée de gélatine dans le liquide, de manière à y laisser des germes qu'elle porte. Il est bon, après coup, de vérifier au microscope l'état de la colonie touchée, pour s'assurer de la parfaite réussite de la manœuvre. Quelle peut être la valeur de la forme des colonies en culture sur plaques? Si l’on était en droit d'admettre, toutes conditions égales d’ail- leurs, la constance absolue de la forme pour une même espèce, on posséderait là un caractère d'une valeur exceptionnelle pour la déter- mination des espèces. Or, cette condition semble n'être pas toujours satisfaisante et souvent elle prête à d'assez larges variations. C’est ainsi qu'un Bacille, qui m'a paru bien voisin de l'espèce à laquelle Hauser a altribué le nom de Proteus vulgaris, ne m'a plus donné, après quatre ou cinq générations et un temps de culture assez long, les cultures sur plaques si caractéristiques, dont le centre émet en tous les sens de longs boudins tortueux, entremêlés les uns aux autres, mais bien de simples colonies à disposition radiée, n'émettant aucun de ces pro- longements curieux. Certaines espèces possèdent la curieuse particula- rité de ne donner des colonies caractéristiques en cultures sur plaques que lorsqu'elles sortent d'un milieu naturel; provenant d’autres cul- lures, par exemple, la forme change et est parfois bien différente de la première. D'autres, au contraire, non seulement possèdent une forme en culture sur plaques absolument fixe el constante, mais reproduisent même cette forme identique lorsqu'on vient à les inoculer en piqûre sur un milieu à la-gélatine. Il est possible que la forme de la culture sur plaques varie avec le temps, dans de certaines limites, en même temps que changent, nous l’avons vu, la vitalité de l'espèce et ses différentes manifestations physiologiques. Jusqu'ici, cependant, il paraît certain qu'en première PRATIQUE DES CULTURES. 29] culture on peut se baser en toute assurance sur la forme de la colonie en culture sur plaques. En tenant compte de ce que nous savons des caractères des spores, il est probable aussi que la forme de la colonie est sensiblement constante quand elle provient d'une spore. La description exacte de la forme des colonies sur plaques des différentes espèces sera certainement d'une utilité très grande pour la diagnose des espèces, surtout pour celles que les dimensions ou les caractères ordi- naires des cultures ne permettent pas de distinguer aisément. La forme des colonies profondes diffère souvent de celle des colonies superficielles; la raison en est dans la résistance différente qu'offre le milieu à l'expansion de la colonie. D'habitude, c’est l'aspect des colo- nies superficielles qui est plus spécial, plus caractéristique. Il est donc nécessaire d'être précis sur ce point. En été, pendant les fortes chaleurs, il est difficile, lorsqu'on ne possède pas de local suffisamment frais, d'obtenir, aussi facilement que d'ordinaire, des cultures sur plaques de gélatine, même en usant de gelée renfermant 12 p. 100 et plus de gélatine. Il faut user d'artifices pour maintenir les plaques à une température qui ne dépasse pas 20°. Deux moyens commodes peuvent être conseillés. On peut placer les plaques dans une boîte métallique recouverte en partie de feutre que l’on maintient mouillé en faisant baigner les bords dans l'eau ; l'évaporation abaisse souvent la température d’une manière suffi- sante. Ou bien, on peut les placer dans une petite étuve carrée ou qua- drangulaire, à double paroi, en tôle de cuivre, dans laquelle on fait passer nuit et jour un courant d'eau fraiche. En usant de l'un ou de l’autre de ces procédés, on obtient aisément une température qui ne dépasse pas.180. Les cultures sur plaques avec les milieux à la gélatine ne doivent pas être exposées à une température supérieure à 200-220, sous peine dè voir la masse fondre et perdre dès lors les précieux caractères qu'elle offrait. À peine peut-on songer, en mettant jusqu'à 15 p. 100 de géla- tüine, à atteindre 230-240, Aussi a-t-on cherché à mettre en pratique cette méthode avec des milieux moins fusibles, permettant d'employer une température supérieure, 350-370, el d'étudier ainsi des espèces qui ne croissent qu à cette température. Le seul milieu que l’on puisse songer à utiliser est la gélose. Malheureusement, le produit n’est bien fluide qu'à une température de 40° au moins, bien élevée pour beaucoup de Bactéries. L'opération se conduit comme pour la préparation des plaques à la gélatine. La couche de gélose glissant facilement sur le verre, Esmarch (1) conseille d'ajouter quelques gouttes d'une solution de gomme arabique qui détermine l'adhérence. Les caractères des colo- nies développées sur plaques de gélose sont bien moinsdistinctifs qu'avec la gélatine ; il manque surtout l'indice souvent précieux de la liquéfaction. L'emploi de la gélose-gélatine (Voy. p. 249) n'est pas plus avantageux. Unna (2) obtient des plaques au sérum en ajoutant au sérum préparé suivant son procédé{Voy. p. 260) 10 p. 100 de gélatine ou 6 p. 100 d’agar et en stérilisant à une température inférieure au point de coagulation. (1) Esmancu, Ueber eine Modification des Koch’sen Plattenverfahren (Zeitschr. für Hygiene, I, 2e p., p. 293, 1886). (2) Uxna, Ueber eine neue Art estarten Blutserums und über Blutserumplatten (Monatschr. für prakt. Dermat., V, 1886, n° 9). 292 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. La forme des colonies obtenues dans ces milieux diffère beaucoup de celles que les mêmes espèces donnent dans la gélatine, autant qu'on en peut juger maintenant. Numéralion des colonies. — Pour que les colonies soient suffisamment espacées et puissent se distinguer assez nellement les unes des autres, surlout qu'on puisse en faire la numération exacte, il est nécessaire de recourir à une dilution suffisante. Avec les plaques de verre, la numé- ration peut se faire en superposant la plaque à une feuille de papier blanc divisée en centimètres carrés par des traits noirs ou mieux à une ardoise Fig. 136. — Dessin pouvant servir à la numéralion des colonies sur plaques. portant pareille division en traits blancs ; ou bien, en retournant la plaque placée sur des cales assez hautes pour ne pas abîimer la couche de gelée, et marquant sur le verre les colonies par un point d'encre. Avec les boîtes de Petri, l'opération est plus facile ; on se sert des boîtes retournées, le fond portant la gelée mis en haut, placées sur un fond noir, et on compte les colonies en les marquant au fur et à mesure d'un point d'encre pour ne pas faire de double emploi. Le nombredes colonies développées dans une culture sur plaque est sou- vent considérable ; il est alors difficile d'en faire une numéralion absolu- ment complète, d'autant plus qu'il faut parfois opérer avec une loupe ou même sous le microscope. On se sert alors d’une lame de verre por- lant en son milieu, tracés à l’aide du diamant, quatre carrés de 1 cen- | | . { CULTURES DES ANAÉROBIES. 293 üimètre de côté qu'on superpose à la face postérieure du cristallisoir. On compte, en marquant de points d'encre, le nombre de colonies que renferme chacun de ces carrés, à la même place ou à des endroits divers et choisis comme représentant, en apparence, une bonne moyenne de colonies, on établit une moyenne à l'aide de laquelle le nombre total s'obtient avec une approximalion suffisante. L'emploi d’une figure comme celle représentée figure 136, tracée en blanc sur fond noir ou simplement établie sur ardoise, permet de faire aisément des numérations en différents sens. Son diamètre, de 10 centimètres, est celui des boîtes de Petri d'un usage courant. La numération peut se faire par quart de cercle, par centimètre carré, en établissant une moyenne et se servant du centimètre carré médian divisé en cinq parties, lorsque les colonies sont nombreuses et assez difficiles à compter ; par huitième ou par seizième de cercle, lorsque la répartilion des colonies paraît être inégale dans une direction rayon- nante, ce qui arrive quand le milieu de culture n’a pas partout une même épaisseur. Lorsqu'on a obtenu une moyenne par centimètre carré, il est facile, avec la formule rR?, d’avoir la surface totale de la culture et d'obtenir le chiffre total. 3. CULTURES DES ANAÉROBIES Les espèces anaérobies ne pouvant, dans les conditions ordinaires, se développer en présence d'oxygène libre, il faut, pour les étudier, modifier les procédés habituels. Le but cherché est la disparition de l'oxygène. Suivant le cas, celle absence d'oxygène doit être totale: il est des espèces qui l'exigent ; elle peut n'être que partielle : beaucoup d’anaérobies supportent la présence de petites quantités de ce gaz; pour Fermiet Bassi (1), une petite propor- tion d'oxygène serait même toujours nécessaire. On peut réussir en mettant en œuvre différents moyens. L'emploi du vide donne d'excellents résultats. Il en est de même des cultures faites dans une atmosphère de gaz inerte. Il est également possible, après avoir chassé tout gaz du milieu, d'empêcher plus ou moins {out nouveau contact avec l’air. Enfin, l'oxygène présent peut être éliminé en pro- voquant son absorption par des produits qui en sont avides ou par des microbes aérobies. Les différentes méthodes employées se classent dans les quatre caté- gories suivantes : 1° Emploi du vide obtenu par la machine pneumatique, la pompe à mercure ou la trompe à eau; 20 Privation d'oxygène par passage prolongé d’un gaz inerte dans le milieu ; 30 Privation d'oxygène par ébullition du milieu etrefroidissement à l'abri de l'air, sous une couverture protectrice ou en présence d'un gaz inerte; 40 Absorption de l'oxygène par des substances chimiques ou des microbes aérobies. | On obtient souvent les meilleurs résultats en combinant les effets de deux ou plusieurs de ces procédés, employant à la fois le vide et la pré- (1) Fermi et Bassr, Ref. in Revue générale de path. inlerne, II, 1900, n° 16, p. 392 294 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. sence d'un gaz inerte, et même l'addition d’une substance absorbant À -DÉSSICATEUR — À VIDE =DU-D:--ROUX Fig. 137. — Cloche pour cultures et évaporations dans le vide. l'oxygène. 1° Méthodes basées sur l'em- ploi du vide. — L'emploi du vide, très pratique, rend cer- tainement d'excellents ser- vices dans les laboratoires. Il permet surtout de recueil- lir, à l’état de pureté, les gaz produits par le développement du microbe. La plupart des milieux renfermant de l’eau, l'air retiré est naturellement remplacé par de la vapeur d’eau en proportion plus ou moins grande. Pour obtenir le vide, on peut se servir d’une machine pneumatique quelconque, ou mieux d'une pompe à mer- cure, ou des trompes à eau, qui donnent, il est vrai, un vide moins parfait que les appareils précédents, mais sont d’une installation et d’un maniement beaucoup plus commodes. Avec quelques dispositions de robinets, fa- ciles à combiner, il est possible, le vide fait, de laisser pénétrer un gaz inerte, de l'hydrogène par exemple. Zupnik (1) conseille l'emploi du SIUVd ,SNO9 ,9N1 KNaNÜI T4 Fig. 138. — Cloche à vide Fig. 139, — Étuve à vide du Dr L. Martin. à paroi de verre. vide barométrique, fa- cile à obtenir à l’aide de dispositifs assez simples. Le vide peut être fait dans des tubes ou bal- lons étirés préalable- ment en un ou plu- sieurs endroits et gar- nis de milieu de culture ensemencé. L'obtura- tion s'obtient en fon- dant au chalumeau la partie étirée. Un sim- ple tube à essai ou un ballon, fermés par un bon bouchon decaout- chouc traversé par un tube de verre que l'on étire après l'opération, peuvent donner de très bons résultats. (1) Zupxik, Ueber eine neue Method anaërober Züchtung(Centralbl. für Bakl, XXIV, 1898, p. 267). CULTURES DES ANAÉROBIES. 299 Les appareils représentés figures 137, 138 et 139 servent à placer des cultures que l’on veut faire dans le vide ou dans un gaz inerte. Il esl facile de saisir leur mode d'emploi. Ou bien, on peut se servir de l'appareil représenté fi- gure 140, permettant de faire des cultures dans le vide de la même facon que les cul- tures ordinaires. De tels ap- pareils permettent également l'introduction d'un gaz inerte quelconque. Les petits appareils repré- sentés figures 141,142 et 143, imaginés par Novy, permet- tent aussi de faire dans le vide no ou dansun gaz inerte des cul- Fig. 140.— Appareil pour cultures dans le vide. tures en vases de différentes formes. Leur fonctionnement est facile à comprendre : une des tubu- lures est reliée à la machine à faire le vide, le bouchon-robinet permel de faire entrer un gaz inerte. Les appareils des figures 141 et 142 sont formés de parties qui se réunissent hermétique- ment au moyen d'un anneau de caout- chouc. gif | dd. dl | (| (Il qu Li «PP | (III É—— —— dre N114394 ‘YIOVIHISNILNVTN 8 4 Appareils de Novy pour cultures d'anaérobies. L'appareil d'Arens (fig. 144) permet de faire des cultures d'anaérobies comme on fait des cultures d'aérobies en boîtes de Petri. Son fonclion: 296 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. nement se conçoit à la seule inspection de la figure; on le remplit d'un gaz inerte et l'on ferme les tubes aux effilures. L'appareil de Baginsky (fig. 145) fonctionne de la même façon et permet de disposer d’un plus grand espace. Roux (1), dans un travail à consulter, a exposé les méthodes suivies au laboratoire de cultures dans les liquides, il recommande l'ap- pareil représenté figure 146. C’est un tube à Fig. 143. — Appareil de Novy Fig. 144. — Boîte d'Arens pour anaérobies. pour cultures d’anaérobies. deux branches de Pasteur, étranglé en À et muni, au-dessous de l’étran- glement, d'un tampon de coton. Chaque branche est munie d’une effilure latérale. Le tube est stérilisé dans le four à flamber. A l’aide des effilures latérales, que l’on ferme aussitôt à la flamme, on introduit dans une branche ensemencé et dans l’autre du liquide pur. On fait le vide ; jl plusieurs fois de — Ml TT | suite en reliant à 1) une trompe Tun des deux robinets su- périeurs. On peut faire pénétrer un gaz inerte par le se- cond robinet ou Fig. 145. — Appareil de Baginsky pour anaérobies. maintenir le vide. Le tube est fondu en À et mis à l'étuve. Pour obtenir une seconde culture, il suffit, en inclinant le tube, de faire passer une petite quantité du liquide où se développe la Bactérie dans la seconde branche. Si l'on désire examiner le liquide, on relie l'extrémité du tube A au gazomètre G et l'on casse sa pointe dans le tube de caoutchouc intermédiaire; en brisant l'extré- mité d’une effilure latérale, on fait couler la quantité voulue. La culture (1)Roux, Sur la culture des microbes anaérobies (Ann. de l’Inst. Pasteur, I, 1887, p. 49). Pasteur pour cultiver les anaérobies. Pour les: du liquide nutritif "dés ob SAS \ 22 CULTURES DES ANAÉROBIES. 297 se continue très bien si l’on referme les deux tubes ouverts sans intro- duction d'air. Pour les milieux solides, Roux emploie, entre autres, le tube figuré ci-dessous (fig. 147). La technique est la même que précédemment. L'ensemencement de la gélatine se fait par la tubulure a qui est brisée, puis refermée aussitôt. On fond la seconde branche en b lorsque le tube ensemencé est vide d'air ou rempli de gaz inerte. En répartissant les germes dans la masse et en couchant le tube, on obtient une sorte de culture sur plaques. Pour atteindre les colonies, on fait sur le tube un trait à la lime sur lequel on applique un char- bon rougi; les deux parties se détachent aus- sitôt. On trouvera, d'ailleurs, d'intéressants détails dans l'excellent mémoire cité. Pour obtenir de grandes quantités de cul- tures en bouillon, on peut user très avantageu- sement de flacons de 1 litre et plus fermés par un Fu M.LAUTENSCHLACER. Fig. 146, — Appareil de Fig. 147. — Tube Eig. 148. — Appareils pour cultures Roux pour la culture de Roux. d'anaérobies. des anaérobies. bon bouchon de caoutchouc percé de deux trous dans lesquels passent deux tubes de verre disposés comme ceux d’une pisselte de laboratoire. Le tube qui doit plonger dans le liquide est effilé et fermé à son extré- mité libre, l’autre porte un ou deux étranglements sur sa branche libre et est obturé par un tampon d'ouate. Le flacon est rempli de bouillon aux deux tiers et le tout est stérilisé à l'autoclave à 1200. Lorsque le flacon est suffisamment refroidi, on brise l'extrémité effilée du tube et l'on aspire quelques gouttes de la solution à ensemencer, on referme ce Lube au feu. On fait ensuite dans l'appareil le vide aussi complet que possible avec une bonne trompe. On fait à une ou deux reprises passer de l'hydrogène dans le flacon et l'on ferme en fondant un des étranglements du second tube. On opère de même en petit avec des appareils tels que ceux de la figure 148; en employant un gaz inerte, au lieu de fermer les tubes d'entrée et de sortie à la lampe, on peut se contenter de placer une forte pince à pression sur un tuyau de caoul- chouc serrant bien ces tubes. 298 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Nous avons vu précédemment (p. 278) la modification proposée par Roux pour obtenir des cultures sur pommes de terre à l’abri de l'oxygène. 2° Méthodes basées sur la privation d'air par un courant de gaz inerte. — Pasteur (1), dans ses recherches sur la vie sans air, ense- mençait les espèces qu'il étudiait, et tout particulièrement le Bacillus bulyricus, dans des liquides privés d’air, en y faisant barboter, pendant un temps assez prolongé, un courant d'hydrogène et d'acide carbonique. : C'est encore un des moyens les plus simples auxquels on puisse avoir recours, en variant le dispositif de l’appareil suivant les besoins. Le vase, ballon ou tube de verre contenant le bouillon de culture ou la gelée maintenue liquide au bain-marie, est muni d'un bouchon de caoutchouc traversé par deux tubes de verre munis de robinets. Le tube d'arrivée du gaz plonge jusqu'au fond du milieu nutritif, l’autre dépasse à peine le bouchon. Le gaz inerte barbote dans le liquide et lui enlève peu à peu l'oxygène qu'il contient en s'y substituant ; il arrive même à constituer en entier l'atmosphère de l'appareil. L'ensemencement se fait à une tempéralure qui ne doit pas être supérieure à 40°; après avoir fait passer le gaz inerte pendant un certain temps, le courant gazeux doit être continué après pour enlever l'air apporté par celte opération. On ferme les deux robinets, ou l’on met l'extrémité du tube de déga-" gement sous le mercure d’une cuve, ce qui permet de recueillir faci- lement les produits gazeux qui peuvent se dégager. Lorsqu'on possède une trompe à mercure ou à eau, ou tout autre appareil à faire le vide, il est bien plus facile d'enlever toute trace d'air en faisant le vide plu- sieurs fois de suile dans l'appareil et y laissant rentrer chaque fois du gazinerte. Les gaz employés peuvent être l'azote, l'hydrogène ou l'acide carbonique. Ce dernier est plutôt à rejeter, car il exerce une action toxique sur plusieurs Bactéries. L'azote est relativement difficile à pré- parer. C'est l'hydrogène qu'il est le plus facile de se procurer, surtout à l’aide d'un appareil à production continue, très simple à monter et d'un usage courant dans tous les laboratoires de chimie; il doit être pur, être dépourvu surtout d'hydrogène sulfuré et d'oxygène; on le dépouille du premier gaz en le faisant barboter dans une solution d’acétate de plombet du second enle faisant traverser un flacon contenant une solution alcaline d'acide pyrogallique. Ferran (2) conseille l’acéty- lène, si facile à obtenir à l’aide du carbure de calcium et de l’eau. D'après Kladakis (3), le gaz d'éclairage n’est pas à employer ; il est nuisible à beaucoup de Bactéries ; il réussit cependant dans bien des cas et évite alors une préparation spéciale. Lorsque les gaz provenant du dévelop- pement des Bactéries anaérobies doivent être analysés, l'emploi de l'hydrogène ou de l'acide carbonique doit être évité; ces deux gaz se retrouvent en effet toujours dans les produits des fermentations occa- sionnées par ces êtres ; il deviendrait délicat ou impossible de séparer le gaz dégagé du premier. On peut alors se servir d’azole ou, mieux, faire simplement la culture dans le vide obtenu avec la trompe. (1) Pasteur, Animalcules infusoires vivant sans gaz oxygène libre (C. R. de l’Acad. des sc., LIL, 1861, p. 344), et Études sur la bière. Paris, 1876, p. 282. (2) FerrAN, Ueber die Verwendung des Acetylens bei der Kultur anaërober Bakterien (Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p. 29). (3) Kzapaxis, Ueber die Einwirkung des Leuchtgases auf die Lebensthätigkeit der Mikroorganismen. Berlin, 1890. | É | | ï | CULTURES DES ANAÉROBIES. 299 ILest difficile de purger complètement d'oxygène un milieu de cul- ture, surtout s’il est visqueux comme les gelées fondues. Heureusement, beaucoup d'anaérobies supportent très bien la présence de petites quan- tités d'oxygène; aussi leurs cultures s’obliennent aisément. D’autres, au contraire, ne peuvent se développer qu'en l'absence absolue de ce gaz; ceux-là exigent une attention spéciale pour l'enlever totalement du milieu. 3° Méthodes basées sur la privation d'oxygène par l'ébullilion du milieu suivie de refroidissement à l'abri de l'air. — On peut se servir de pipettes semblables à celles représentées figure 160, p.318, dans lesquelles on introduit par aspiration, jusqu’en haut, du bouillon sou- mis quelques instants à l’ébullition; on ferme l'extrémité inférieure à la lampe, on ensemence aussitôt que le refroidissement est suffisant, puis on ferme au chalumeau au-dessus de la bourre d'ouate. Après développement on peut faire une prise en ouvrant à la lampe une des extrémités effilées, avec précaution, pour donner issue aux gaz qui se développent souvent dans ces cultures et font une légère pression, puis en coupant le tube avec un trait de lime et une goutte de verre fondue au rouge vif. Ou bien on fait bouillir quelques instants du bouillon contenu dans un tube à essai et l’on verse de suite à sa surface une couche de quelques centimètres d'huile ou de vaseline liquide stérilisées. Après réfroidis- sement, on ensemence dans le bouillon avec du liquide contenu dans une pipette de verre très effilée, en ayant soin de ne pas en chasser lout le liquide pour éviter le contact de l'air de la pipetle avec le milieu. La petite quantité d'oxygène qui peut être apportée par l'opération est rapidement fixée par le milieu lui-même. Kasparek (1) propose une petite modification qui peut rendre service. Il conseille l'emploi de ballons de forme quelconque, qui portent près du col une petite . ampoule reliée par un court tube de faible diamètre, dans laquelle peut se collecter, par une simple inclinaison, la majeure partie de la couche protectrice d'huile ou de vaseline; il est alors beaucoup plus facile de faire des prises du milieu pour l’étude après développement. Procédé recommandé. — Rosenthal (2) remplit des tubes de bouillon, lait ou tout autre liquide, à la facon ordinaire, puis verse à la surface une légère quantité de lanoline fondue sur une hauteur d’un demi- centimètre environ; il stérilise à l'autoclave, un quart d'heure à 120°. Après refroidissement, le liquide est emprisonné par le revèlement solide de lanoline, qui empêche tout contact avec l'air. C'est ce qu'il appelle un {ube cacheté. Pour l'ensemencer, la couche de lanoline est fondue par une légère exposition à une flamme de gaz (la lanoline fond vers 420); la matière d’ensemencement est introduite avec une pipette effilée ou un fil de platine stérilisés. En utilisant des ballons remplis de liquide jusque dans la partie inférieure du colet en y mettant une couche de lanoline, il obtient le ballon cachelé. Tubes et ballons cachetés, bien préparés, peuvent se conserver un ou deux mois prêts à (1) Kasparex, Ein einfach Luftabschluss flussiger Nährboden beim kultivieren anaërober Bakterien (Centralbl. für Bakt., XX, 1896, p. 536). (2) Rosenraz, Procédé extemporané de culture des microbes anaérobies en milieu liquide : les tubes cachetés (Soc. de Biol., 18 octobre 1902}. — L'aérobisation des microbes anaérobies. Paris, Alcan, 1908. 300 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. servir; après un plus long temps, il est prudent de les remettre une dizaine de minutes à 110° avant de les utiliser. Pour étudier le contenu après développement, on fond de même la couche de lanoline, on fait pénétrer une pipette dans le milieu et on en prélève aisément la quantité voulue. Par refroidissement, le tube ca- cheté se reconstitue sans qu'il y ait eu pénétration d'air. Fig. 149. — Culture du Fig. 150. — Cuiture du Bacille Fig. 151. — Culture du Bacille Vibrion seplique du tétanos sur gélatine glu- du tétanos sur gélatine glu- dans les couches pro- cosée inoculée en piqüre cosée, après répartition fondes d'un tube de profonde (d'après Kitasato), dans le milieu de la matière gélatine glucosée. d'ensemencement (d’après Fraenkel et Pfeiffer). On peut se servir de la même manière de faire pour des cultures dans la gélose ou la gélatine en employant ou bien des tubes de faible dia- mètre que l’on remplit du milieu préalablement bouilli et maintenu liquide pour l'introduction, ou des tubes à essai contenant une couche assez haute de gelée liquéfiée que l’on recouvre aussi d'huile ou de vase- line liquide stérilisées. La modification indiquée par Vignal (1) est assez pratique. La gélatine d’un tube à essai bouillie, puis refroidie en pré- sence d'hydrogène, ou d'une petite couche d'huile stérilisée, est ense- 1) ViGxa, Sur un moyen d'isolation et de culture des microbes anaérobies (Ann. de l'Inst. Pasteur, I, 1887, p, 318). CULTURES DES ANAÉROBIES. 301 mencée vers 250, puis agilée avec précaution pour bien répartir les germes dans la masse. Par aspiralion, on en remplit un tube de verre stérilisé au feu, de 3 à 4 millimètres de diamètre et de 1 mètre environ de longueur, dont l'extrémité qui plonge dans le liquide a été étirée, tandis que l’autre est bouchée par un tampon de coton. L'opération faite sans aucune aspiration d'air, les deux extrémités sont fondues à la Fig. 152. — Culture du Fig. 153. — Culture du Vibrion Fig. 154. — Culture du Vi- Vibrion seplique septique dans la gélose gluco- brion septique dans la gé- dans la gélose gluco- sée, en couches profondes, latine glucosée, après ré- sée, en couches pro- après vingt-quatre heures partition dans le milieu de fondes (d’après Li- à 370 (d’après Fraenkel et la matière d’'ensemence- borius). Pfeiffer). ment (d’après Fraenkel et Pfeiffer). flamme et fermées. Les anaérobies se développent dans la gelée et don- nent des colonies qui sont isolées les unes des autres, si la dilution a été suffisante. On arrive facilement à ces colonies en coupant le tube au niveau voulu ; les fragments du tube peuvent encore être conservés en plongeant leur extrémité ouverte dans de la cire fondue. Il est tou- jours bon, avant de casser le tube à l'endroit voulu, d'ouvrir au feu la pointe terminale, pour donner issue aux gaz formés, qui pourraient projeter le contenu au dehors ; cette extrémité est refermée aussilôt. La gélatine peut servir aussi bien que la gélose, mais elle se liquéfie. 302 * TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. ; PR. Würtz et Foureur (1) disent avoir obtenu de très bons résultats de l'emploi de l’ébullition, puis du gaz d'éclairage pour la culture de cer- taines espèces anaérobies types, entre autres le Vibrion septique, le Bacille du charbon symptomatique et le Vibrion butyrique. Leur pro- cédé est très simple et mérite d’être employé; il permet d'obtenir de grandes quantités de cultures. Ils enlèvent d'abord l'oxygène que con- tient le milieu nutritif en faisant bouillir ce dernier, bouillon, gélatine ou gélose, en présence du gaz d'éclairage. Leur dispositif est très pra- tique ; il suffit de brancher le tube d'arrivée du gaz au col d’un matras et d'adapter, sur une tubulure latérale soudée à la base de ce col, un second tube de caoutchouc se rendant au brûleur de Bunsen. On peut aussi adopter un dispositif plus simple, semblable à celui de la fi- gure 148. Le gaz arrive à la surface du milieu nutritif avant de brûler. On fait passer le courant de gaz pendant quelques secondes avant d'allumer le brûleur, afin d'éviter la formation d’un mélange détonant. Une ébullition de quelques minutes suffit. Le milieu est ensuite réparti par la tubulure latérale dans des tubes à essai où l’on a chassé l’air par un courant de gaz. Lorsque la quantité de milieu est suffisante, tout en laissant arriver encore le gaz par un tube de verre plongeant jusqu'au fond du vase, on verse à la surface quelques centimètres cubes de pétrole ou d'huile stérilisés. Les tubes sont stérilisés à l’autoclave. Pour ensemencer, on fait arriver à nouveau du gaz dans le tube, on incline celui-ci de manière à découvrir le milieu et l’on inocule avec le fil de platine. Il est possible, en opérant ainsi, d'obtenir des cullures sur plaques de gélatine d'espèces anaérobies en disposant les plaques sous une cloche bien suiffée, à ses bords, traversée par un courant de gaz d'éclairage, telle que celle représentée figure 137 ou toute autre ana- logue. 4° Méthodes basées sur l'absorplion de l'oxygène par des substances chimiques. — On arrive très commodément à de bons résultats en ajoutant préalablement aux gelées nutritives bouillies d'avance et main- tenues fondues différentes substances facilement oxydables qui absorbent assez vite les traces d'oxygène que le milieu peut encore contenir ou celles qui peuvent y revenir par diffusion. Kitasato et Weil (2) recom- mandent à ce point de vue le formiate de soude, que l'on ajoute à la gélose ou à la gélatine en proportion de 0,3 à 0,5 p.109 ; Salomonsen (3) indique le sulfo-indigotale de soude en proportion de 0,1 p. 100. Liborius (4) conseille avec ce dernier corps d'ajouter 2 p. 100 de glucose favorable au développement de beaucoup d'espèces et contribuant aussi à absorber de l'oxygène lorsqu'il est en milieu alcalin comme dans l'espèce (5). Après ensemencement, il est bon de verser dans le tube un peu de vaseline liquide ou d'huile stérilisées ; cette couche de 1 à 2 cen- timètres préserve les couches superficielles du milieu de la diffusion de (1) R. Würrz et Foureur, Sur un procédé facile de culture des microorganismes anaérobies (Arch. de méd. expér., I, 1889, p. 523). (2) Kirasaro et Weiz, Zur Kenntniss der Anaeroben (Zeitschr. für Hygiene, VIII, 1890). (3) SaLowoxsen, Bacteriological Technology, 1889. (4) Lasorius, Zeitschr. für Hygiene, 1, 1886. (5) Smiru, Ueber die Bedeutung des Zuckers in Kulturmedien für Bakterien (Cen- tralbl. für Bakt., XVIII, 1895, p. 1). CULTURES DES ANAÉROBIES. 303 l'oxygène de l'air. Il faut aussi chercher à ensemencer aussi profon- dément que possible, les couches inférieures étant Loujours plus à l'abri de l'oxygène. Le développement microbien fait souvent pâlir la couleur bleue de la gelée au sulfo-indigotate, puis la décolore complètement, l'indigo bleu passant par réduction à l’état d'indigo blanc. Ces gelées ne doivent pas être préparées longtemps d'avance, la réduction se faisant lentement à la température ordinaire. En somme, cette méthode de Liborius est basée sur l'élimination de l'oxygène par l’ébullition préalable, puis l'addition de substances absor- bantes, et l'emploi des milieux solides en couches profondes. Elle a été perfectionnée et étendue par Veillon (1) qui en a fait un procédé courant très commode pour la culture ou pour l'isolement des anaé- robies. Procédé recommandé. — Veillon emploie la gélose nutritive glucosée à 1,5 p. 100 ; la gélatine réussit d'ordinaire moins bien; le lactose donne de moins beaux développements que le glucose. La gelée est fondue, puis répartie dans des tubes de 1‘%,5 à 2 centimètres de largeur et 20 à 25 centimètres de longueur, sur une hauteur de 12 à 15 centimètres. Les tubes, bouchés à la ouale, sont mis pendant vingt minutes à l’autoclave à 1100, puis sortis et aussitôt rapidement refroidis à 400. On prend de la matière à ensemencer, soit avec un fil de platine, soit, mieux, lorsqu'elle est liquide, avec une pipette de verre longue et mince, bien stérilisée d'avance; la quantité à prendre peut varier suivant la richesse de la matière en microbes, ce que révèle un examen microscopique préalable. La malière est déposée en plein milieu. On agite pour bien répartir dans la masse. Avec une ou plusieurs gouttes de ce premier tube, on fait une seconde dilution dans un un tube n° 2, et avec autant de ce dernier, s'il est besoin, une troisième dilution; et ainsi de suite pour des dilutions plus élevées, si le produit est très riche en microbes. Il va sans dire qu'on peut aussi diluer d'emblée ce produit avec un liquide stérilisé etensemencer directement ces dilutions. Les tubes ensemencés sont aussitôt plongés dans l’eau froide pour une solidification rapide, puis mis à l'étuve vers 370. Il faut les examiner attentivement tous les jours; les colonies mettent souvent une semaine pour apparaître. Si les dilutions sont suffisamment pous- sées, les colonies qui apparaissent en temps voulu sont bien séparées les unes des autres; les figures 149 à 154 représentent des cultures de plusieurs microbes anaérobies faites dans ces conditions. Pour les isoler, les reporter en nouvelles cultures et en faire l'examen microscopique, on peut se servir avantageusement d'une pipette longue- ment étirée, dont on brise la pointe avec une pince flambée, que l’on plonge dans la gelée jusqu’à la rencontre de la colonie. Par une légère aspiration, on fait entrer cette dernière dans la pipette, en totalité ou en partie ; l'opération se fait au mieux en munissant la grosse extrémité de la pipette d'un tube de caoutchouc un peu résistant de 30 à 40 cen- timètres de long pour faciliter le maniement, comme le recommande Guillemot (2). Avec le produit ainsi prélevé, on ensemence plusieurs (1) Verzron, Les microbes anaérobies en pathologie (Congrès intern. de méd., Paris, 1900). — VerLzon et Zuser, Recherches sur quelques microbes strictement anaérobies et leur rôle en pathologie (Arch. de méd. expér., juillet 1898). (2) Guizremor, Recherches sur la gangrène pulmonaire. Thèse de Paris, 1898, 304 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. nouveaux tubes de gélose dans la profondeur ; la masse aspirée peut être expulsée dans une boîte de Petri stérilisée où se font alors des pré- lèvements secondaires. On observe souvent un développement de colo- nies dans toute la hauteur de la gélose. A la partie supérieure, ce sont des aérobies qui existaient dans le mélange ; à partir de 3 à 4 cen- timètres de profondeur, jusqu'en bas, ce sont exclusivement des anaérobies. Lorsqu'il est difficile d'aller ainsi chercher des colonies de. la partie inférieure du tube, on peut, par un trait de lime el une perle de verre au rouge vif ou du charbon Berzélius, séparer la partieinférieure du tube et faire plus aisément le prélèvement. Il est malheureusement fréquent de voir les gaz, que développent souvent les anaérobies, faire éclater la gélose, la disloquer en maints endroits, en expulser même du tube; l'air rentre alors souvent en abon- dance et vient arrêter le développement. On peut obtenir des cultures en bouillon glucosé recouvert d'une couche de vaselineliquide stérilisée ; le milieu est soumis à une ébullition de quelques minutes ou placé à l’autoclave comme la gélose, refroidi vers 35°, ensemencé et mis à l’étuve. Il en est de même pour le lait ou d’autres milieux liquides, seuls ou additionnés de produits solides di- vers, pomme de terre, papier, blanc d'œuf cuit, viande, etc. Cette méthode de Veillon est certainement celle qui donne les meilleurs résul- tats et est spécialement à recommander pour l'étude des anaérobies. Il y a cependant une objection à faire dans l'emploi des milieux sucrés ; beaucoup d'anaérobies produisent aux dépens des sucres des acides qui peuvent, à un momentdonné,entraver le développement ou gêner la pro- duction des produits diastasiques ou toxiques ; ilest bon de s’en souvenir. 3üchner(1) a mis très heureusement à profit, pour culliver les anaé- robies, la propriété que possède le mélange d'acide pyrogallique et de potasse d'absorber rapidement une forte proportion d'oxygène. A froid, vers zéro degré, cette absorption est très lente; à 200, elle se fait bien. La solution est versée dans une enceinte bien bouchée dans laquelle se place le vase contenantle milieu deculture, fermé par un tampon d'ouate assez lâche, sans qu'il puisse y avoir mélange naturellement. La figure 155 indique les dispositifs à prendre ; ces dispositifs varient suivant la gran- deur et la forme des vases de cultures; il est facile de les disposer dans le sens voulu. La lessive alcaline n'est ajoutée qu'en dernier; 1l peut même êlre préférable d'ajouter la potasse en morceaux, l’action se faisant plus lentement, puis le vase externe est immédiatement bouché et luté au suif ; la liqueur brunit très vite par suite de l'absorption de l'oxygène. Pour un espace de 100 centimètres cubes à peu près, on emploie 1 gramme d'acide pyrogallique que l’on dissout dans 10 centi- mètres cubes d'eau etenviron 10 centimètres cubes de lessive de potasse au dixième. Au bout d'un jour, il n'y a plus trace d'oxygène. Pour les petites cultures, la figure 155 indique nettement comment ilest possible de procéder; le tube est placé dans un tube plus grand où l’on verse les substances qui doivent réagir, l'acide pyrogallique d’abord, la potasse en dernier lieu, immédiatement avant de boucher le vase extérieur avec un bon bouchon de caoutchouc. (1) Bücuxer, Eine neue Methode zur Kultur anaërober Mikroorganismen (Centralbl. für Bakt., IV, 1889). CRE PP TIC CO JP SPP SIP EE EE. RE ON BOT PO NON PEUT CN dé th PIE PTE PS CU DS PVO TIN ET IE SSNERS RE ET EE CULTURES DES ANAÉROBIES. j 305 On peut disposer de même, sous une cloche, des boîtes de Petri pour cultures sur plaques. Herman (1) met la culture et la solution d'acide pyrogallique alca- line dans deux vases à tubulure reliés entre eux par un col recourbé ; les tubulures permettent l’action sur la culture d'un côté et l'introduction du réactif de l’autre. 5° Méthodes basées sur l'emploi de microbes aérobie ou des parties de tissus animaux ou végélaux. La propriété qu'ont les aérobies vrais d'absorber en un temps assez court tout l'oxygène en dissolution dans un milieu où ils sé développent a été utilisée pour procurer un terrain favorable aux anaérobies. C’est du reste ce qui se passe à tout instant dans la nature. Dans bien des putréfac- tions, par exemple, les espèces très avides d'air en- vahissent rapidement le liquide qu'elles troublent uniformément. Tant qu'il y a de l'oxygène dissous, elles y végètent abondamment dans toutes les direc- lions. Au fur et à mesure que ce gaz disparaît, les Bactéries quittent les couches profondes etse rappro- chent de la surface où il en existe encore. Bientôt on n’en trouve plus qu'à la surface en contact direct avec l'air où elles forment une couche plus ou moinsépaisse ou un voile continu; le liquide s’est éclairer, toutes les cellules qu'il contenait sont tombées au fond du RARES ut vase, mortes asphyxiées, ou ayant donné des spores, RL PRE et de plus il y a absence totale d'oxygène dans son l'aide du pyrogal- intérieur, le voile épais formé à la surface en interdi- late de potasse. sant l’accès. C’est lemoment propice pourlesanaérobies. S'il en existe des spores, elles'germeront dès que l'oxygène aura disparu et pourront continuer longtemps à se multiplier, protégées de l'air par le voile formé d’aérobies, qui consomment l'oxygène au passage. L'expé- rience réussit au mieux si on laprovoque. En semant du Bacillus sublilis dans du bouillon, le liquide s’est éclairei au bout de quelques jours et montre à sa surface une membrane épaisse et ridée ; les anaérobies s’y dé- veloppent alors aussi bien que dans un vase vide d'air ou rempli de gaz inerte. Liborius (2) a appliqué avec succès ce principe à la culture des anaérobies dans les milieux solides. 1] est arrivé à en obtenir de belles colonies dans des cristallisoirs pleins de gélatine, à la surface desquels il avait fait végéter des Bactéries de putréfaction très avides d'oxygène. Debrand (3) a montré que les cultures en bouillon du Bacille du téta- nos s'obtenaient très aisément en usant de la symbiose du Bacillus sub- tilis ou d’une autre espèce voisine, comme le Bacillus mesentericus vul- gatus ; la toxine tétanique obtenue dans ces conditions est tout aussi active que celle obtenue par un autre procédé. L'expérience démontre qu'un anaérobie strict peut vivre indéfiniment (1) Herman, Nouveau dispositif pour la culture des anaérobies (Bull. de l'Acad. royale de med. de Belgique, 27 avril 1901). (2) Lisorius, Beiträge zur Kenntniss des Sauerstoffbedürfnisses der Bacterien (Zeitschr. für Hygiene, I, 1re p., p. 115, 1886). (3) DEBRAND, Sur un nouveau procédé de culture du Bacille du tétanos (Ann. de l’'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 757). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 20 306 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. dans un milieu et y pulluler, s’'ilest protégé de l’action de l'oxygène par une association d’aérobies. Le fait est bien dû, comme l'avait dit Pasteur, à la simple absorption de l'oxygène par les éléments aérobies voisins; Scholtz (1) vient encore d'en donner la preuve, infirmant l'opinion de Kedrowsky (2), qui soutenait qu'il était dû à la production par les aéro- bies d’un ferment particulier, permettant aux anaérobies de vivre en présence d'oxygène. C'est aussi à la désoxygénation du milieu, produite par des substances réductrices bien peu connues, qu'il faut rapporter l'observation du développement des anaérobies dans des milieux ordinaires, bouillon ou gélose, exposés à l'air, auxquels on a ajouté des parties de tissus ani- maux ou végétaux. Tarozzi(4)aréussien employant des milieux renfermant des fragments d'organes parenchymateux, foie, rein, rate, ganglions, fraichement excisés chez un animal sain, lapin, cobaye ou souris par exemple. Baudini (4) a montré qu'on pouvait obtenir les mêmes résultats en stérilisant les tubes de bouillon additionnés de ces fragments, pendant trente minutes à 110°, etque le liquide de macération d'organes, tamisé et centrifugé, agissait de même. Wrzosek (5) obtient la même chose avec des fragments de tissu végélal, la pomme de terre par exemple, en prenant 1 gramme au moins de pomme de terre pour 10 centimètres cubes de bouillon, soit à l'état cru, soit après stérilisation à 120° pendant quinze minutes. D'aprèslui, on peut très bien employer des fragments de jaune ou de blanc d'œuf cuits ou de tissus animaux putréfiés. Pfubl (6) obtient des cultures très abondantes, surtout du Bacille du télanos, du Vibrion septique, du Bacille du charbon symplomatique, du Bacillus putrificus coli, à l'aide d'une macération de foie peptonisée, filtrée et stérilisée à l’autoclave; ou bien avec du bouillon auquel il ajoute une goutte d’hépine, sorte de catalase, préalablement stérilisée. Kata (7) et Marino (8) recommandent le bouillon additionné de sérum frais, en proportion de 5 centimètres cubes de sérum pour 15 centimètres cubes de bouillon, le mélange étant slérilisé pendant une heure à 100°, (1) Scnourz, Ueber das Wachsthum anaërober Bakterien bei ungehinderten Luftzus- tritt (Zeitschr. für Hygiene, XXVII, 1898, p. 151). (2) Kerrowsxy, Ueber die Bedingungen, unter welchen anaërobe Bakterien auch bei Gegenwart von Sauerstoff existiren kôünnen (Zeitschr. für Hygiene XX, 1895,). (3) Tanozza, Ueber ein leicht in aërober Weiïse ausführbares Kulturmittel von cinigen bis jetz für strenge Anaëroben gehaltenen Keimen (Centralbl. für Bakt., I, Orig., XXXVIIL, 1905, p. 619). (4) Bauoni, Ricerche sulla coltivazione degli anaerobi (Acad. di med. di Torino, 1906, XII, fasc. 6). (5) Wnzosex, Ueber das Wachstum obligate Anaeroben auf Kulturmitteln aerober Weise (Wien. klin. Wochenschr., 1905, XVIII, n° 58). — Wachstum obligatorischer Anaeroben in aerober Weise (Centralbl. für Bakt., 1, Orig., XLUIT, 1906, p. 17; XLIV, 1907, p. 607). (6) Pruuz, Die Züchtung anaërober Bakterien in Leberbouillon, sowie in Zucker- bouillon und in gewôhnlichen Bouillon mit einem Zusatz von Platinschwamm oder Hepin unter Luftzutritt (Centralbl. für Bakt., I, Orig., XLIV, 1907, p. 378). (7) Kara, Ueber eine einfache Methode zur aërobischen Kultivierung der Anaëroben, mit besonderer Berücksichtigung ihrer Toxinproduktion (Centralbl. für Bakt., I, Orig., XLVI, 1908, p. 539). 8) Marino, Culture des anaérobies (Soc. de biol., LX VIT, 1909, p. 664). | | + | 1 CULTURES DES ANAÉROBIES. 307 Seulement, dans toutes ces conditions, on n'obtient jamais de cul- iures en surface, avec la gélatine ou la gélose; uniquement en piqûre profonde, dans les couches inférieures, ou dans le liquide si c'est un bouillon que l’on emploie. On avait voulu rapporter ce développement d’anaérobies en présence d'air à la diffusion dans le liquide d’un ferment spécial; il semble bien que ce soit la seule absorption de l'oxygène qui intervienne. Ce sont là des procédés qui peuvent être commodes à utiliser pour la préparation de grandes quantités de toxines, par exemple. Pour obtenir facilement une culture d'un microbe anaérobie qui puisse servir à se familiariser avec ces différents procédés, Wäürtz conseille d’immerger dans un tube à essai rempli aux trois quarts de gélose bouillante un ou deux haricots ordinaires. En mettant ce tube à ’étuve à 37°, le lendemain on doit avoir une culture abondante de Bacillus butyricus. On peut aussi s'adresser au Vibrion septique, que l'on obtient souvent du premier coup en inoculant à un cobaye, dans une petite bou- tonnière de la peau du ventre, une petite quantité de terre de jardin; la mort survient le plus souvent en trente-six heures ; le sang ou la sérosité péritonéale servent de matière d’ensemencement. La terre, lesmatières fécales diverses, contiennent beaucoup d’anaérobies intéressants à étudier. En combinant ces procédés, on peut facilement obtenir des cultures sur plaques à l'abri de l'oxygène. Ces cultures, faites à l’aide de gélatine ou de gélose au mieux glucosées à 2 p. 100, bouillies et refroidies au degré voulu en présence d'hydrogène, sont placées sur une étagère, sous une cloche dont la base plonge dans un cristallisoir renfermant un peu de vaseline liquide. Cette cloche est traversée par un courant d'hydrogène que l’on peut supprimer après une demi-heure environ; elle peut en outre contenir une capsule dans laquelle on dépose en dernier un mélange de solution d'acide pyrogallique et de lessive de potasse destiné à absorber les dernières traces d'oxygène. Si l’on emploie les boîtes de Petri, il faut les disposer de façon que leur obturation ne se fasse pas bien, en maintenant le couvercle légèrement soulevé par exemple, pour que la réaction puisse opérer sur l'air qui s'y trouve. Marino (1)ensemence dansdelagéloseglucosée, comme dans le procédé Veillon (p. 303), puis coule dans la partie supérieure d’une boite de Petri stérilisée et applique à la surface le fond de la partie inférieure; le milieu se trouve pressé entre deux surfaces de verre stériles. On met à l'étuve en couvrant le tout d'un couvercle de verre. Les colonies se développent ; pour les prélever, on sépare doucement les surfaces de verre. Malheureusement, la gelée se disloque souvent; le prélèvement expose à des contaminations par l'air. L’isolement des anaérobies peut se faire aisément aussi en usant soit du procédé de Vignal (p. 300), soit, mieux, de celui de Veillon (p. 303;, qui remplacent avantageusement dans ce but les cultures sur plaques. Onpeutemployer, pourl'observalion des anaérobies sousle microscope, la chambre à gaz de Ranvier décrite précédemment (p. 280). Les deux tétons latéraux du porte-objet métallique sont mis en communication (1) Mario, Méthode pour isoler les anaérobies (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXI, 1907, p- 1005). 308 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. , avec la source de gaz, hydrogène, acide carbonique ou azote. La culture se trouve complètement baignée par le gaz choisi. On suit facilement ainsi les phases intéressantes du développement d'espèces que l'oxygène tue, la division et la formation des spores surtout. On peut le faire tout aussi facilement à l’aide des lentilles de verre soufflées et aplaties dont Pasteur s’est servi au début de ses recherches sur les anaérobies, en par- ticulier sur la fermentation butyrique. Il est du reste facile d'imaginer, pour l'obtention de cultures et l’isole- ment des microbes anaérobies, beaucoup d’autres petits dispositifs par- ticuliers répondant à des besoins spéciaux; certains seront indiqués lors de la description de quelques espèces. On trouvera des indications complémentaires dans des mémoires de Ucke (1), Trenkmann (2) Marpmann (3), Epstein (4, Hammerl (5), Turro (6) et autres, dans une très bonne revue générale de Hunziker (7), dans les ouvrages de von Hibler {8) et de Jungano et Distaso (9). On a vu précédemment (p. 46) que G. Rosenthal serait arrivé, par adaptation progressive, à faire vivre beaucoup d’espèces anaérobies en vie aérobie, en cultures ordinaires en présence d’air. Cette adaptation s’obtiendrait surtout par des cultures successives en gamme ascendante de pression en tubes scellés et en gamme descendante de hauteur en tubes de Veillon. Ces faits, de haute importance, demandent à être répétés et étendus. 4. CULTURES DANS LES MILIEUX COLORÉS En ajoutant des matières colorantes diverses aux milieux de cultures et y ensemençant des Bactéries, on peut observer des modifications importantes de la couleur, variations de teintes, décoloration, recolo- ration, corrélatives au développement du microbe. Ces réactions peuvent renseigner sur la biologie de l'espèce en culture ou servir à sa différen- ciation d'espèces voisines par d’autres caractères. Duclaux a fait connaître une des premières applications de cette méthode en provoquant le développement de diverses espèces dans des milieux, le lait surtout, colorés à l’aide de einture de tournesol dont la nuance varie selon que le milieu est acideoualcalin. Inefaut pas ajouter la teinture de tournesol avant la stérilisation, le chauffage pouvant pro- duire une décoloration ou un virage ; mais ajouter au milieu déjà stéri- lisé, une quantité de teinture stérilisée suffisante pour lui donner une (1) Ucxe, Eine Beitrag zur Kenntniss der Anaëroben (Centralbl. für Bakt., XXWI, 1898, p. 996). ; (2) TReNKkMANX, Das Wachsthum der anaëroben Bakterien (Zbid., p. 1038). (3) Marnpmanx, Eine neue Method zur Herstellung von anaëroben Rollglaskulturen mit Gelatine und Agar (1hid., p. 1090). (4) Ersteix, Apparat zur Kultur anaërober Bakterien (Jhid., XXIV, 1898, p. 266). — In., Ein Verfahren zur Züchtung anaërober Bakterien in Doppelschalen (Zhbid., XX VITI, 1900, p. 443). (5) Hamwer, Ein Beitrag zur Züchtung der Anaëroben (Jhid., XXX, 1901, p. 658). (6) Turro, Zur Anaërobenkultur (Zbid., XXXI, 1902, p. 175). (7) Huxzxer, Review of the existing methods for cultivating anaerobie Bacteria (Journal of applied Microscopy, Rochester, New-York, V, no 3, 1902). (8) Vox Hiecer, Untersuchungen über die pathogenen Anaëroben. léna, Fischer, 1908. (9) Juxcaxo et Disraso, Les anaérobies. Paris, Masson, 1910. téndintE L S , cs - 4 4 | CULTURES DANS LES MILIEUX COLORÉS. 309 nuance bien franche. C’est surtoutde la teinture de tournesol bleue qu'on se sert; elle vire au rouge lorsque le microbe produit de l'acide aux dépens du milieu. Comme cette production d’acide se fait surtout avec les sucres, il est nécessaire qu'il y en ait dans le milieu employé. Aux milieux qui n’en contiennent pas, il faut alors ajouter 2 p. 100 de matière sucrée, lactose ou glucose, suivant le besoin. On a ainsi des gélatine, gélose, bouillon, lactosés ou glucosés. Ces milieux, ou d’autres milieux sucrés naturels comme le lait, bien stérilisés, sont alors additionnés, à l’aide d’une pipette stérilisée, d'une quantité suffisante de teinture de tournesol préalablement stérilisée à l'autoclave par petites quantités. La gélose tournesolée, glucosée ou lactosée, est un milieu d'emploi courant. Le milieu de Drigalski-Conradi, employé pour la recherche du Bacille typhique, n’en est qu’une simple variété. D'autrescolorants,et en particulier des couleurs d’aniline, peuvent être employés dans des buts similaires. Les décolorations ou changements de nuance se produisent alors, le plus souvent, sous l'influence de processus de réduction ou d’oxydation que la vie microbienne produit dans la culture. Il y a même parfois absorption et en quelque sorte condensation de la matière colorante par le microbe; le milieu se décolore progressi- vement, en même temps que les éléments microbiens fixent pour ainsi dire la couleur. Spina (1) avait observé qu'en colorant de la gélatine ou de la gélose avec quelques gouttes de solution concentrée de sulfo-indigotate de soude ou de bleu de méthylène, et en y ensemençant certaines Bactéries, on voyait au bout de peu de temps la nuance changer considérablement à la suite de la prolifération de la Bactérie. D'Abundo (2) avait remar- qué que, dans un milieu coloré avec un peu de fuchsine, de bleu de méthylène ou de brun de Bismarck, où était ensemencé du Bacille lyphique, il se produisait en quelques jours une décoloration pendant queles microbes prenaient fortementla matière colorante. Noeggerath(3) songea le premier à appliquer ces caractères au diagnostic différentiel de certaines espèces, et en particulier du Bacille typhique, si difficile à reconnaître d'espèces voisines. Ce dernier auteur mélange dans l’ordre cité les quantités suivantes de solutions aqueuses saturées de plusieurs couleurs d’aniline : Bleutde MmétRyIEn CRT ARTE RP MRT ER ANRCRRTRTRRE 2 centimètres cubes. Mioleldeisentianer re ee adiainteset 4 — Mentdesmeéthyles Re CRE Enr IUT Ee CE 1 centimètre cube. Chrysoidline. rte ete Pnere ce Eure 4 centimètres cubes. BUChSINE. NT SA RU LS ASE dard eee 3 — puis complète à 200 centimètres cubes avec de l’eau distillée. Le liquide (Liquide de Noeggerath) a une coloration brunâtre tirant sur le bleu et colore le papier à filtrer en gris foncé ou bleu noirâtre. Il est préférable de le conserver une quinzaine de jours avant de s’en servir : il se produit pendant ce temps des modifications de couleur que l’on corrige en ajou- tant un peu de l’une ou l’autre des couleurs, de manière à revenir à peu près à la nuance première. (1) Srixa, Bacteriologische Versuche mit geiärbten Nährsubstanzen (Centralbl. für Bakt., Il, 1887, p. 71). (2) D'Asuxno, La Riforma medica, déc. 1887. (3) NozcGeraru, Fortschr. der Med., 1887, p. 1, et Centralbl. für Bakt., IF, p. 481. 310 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. À un tube à essai de gélatine liquéfiée, il ajoute de sept à dix gouttes de la solution et coule le mélange dans un godet ou sur une plaque de verre. La Bactérie à étudier est inoculée à la surface par plusieurs stries. La culture provoque d’intéressantes modifications de couleur ; d'ordinaire, elle forme une bande colorée entourée d’un liséré plus clair. Pour le Bacille typhique en particulier, la culture se colore en violet- évêque et le milieu se décolore autour d'elle. Un Streptocoque isolé du mucus utérin dans un cas de fièvre puerpérale donne une culture d’un rouge orangé. Dans les milieux liquides, c'est le dépôt qui se forme d'ordinaire au fond du vase qui se colore, le liquide se décolore peu à peu. Gasser (1) a obtenu de meilleurs résultats pour le Bacille typhique en se servant uniquement de fuchsine ajoutée au milieu jusqu'à pro- duction d’une belle teinte rouge. En plaçant à l'étuve à 37° des plaques de gélose colorées à la fuchsine, inoculées en stries avec du Bacille typhique, la culture qui se forme prend au bout de deux jours une teinte rouge très manifeste, tandis que la gelée se décolore tout autour. La fixation de la couleur par la culture continue à se faire les jours suivants; six ou huit jours après, toute la gelée est décolorée. Des espèces voisines de celle en question présentèrent des réactions toutes différentes. Ramond (2) conseille l'emploi de rubine acide ; Robin (3) celui du bleu de méthylène. othberger /4) a étudié les caractères des cultures d’une série d'espèces, Colibacille, Bacille typhique, Pneumobacille, Bacille virgule du choléra et autres similaires, sur des milieux additionnés de couleurs d’aniline très diverses et en a tiré des indications pouvant être utiles pour la diagnose de ces espèces. En particulier, ilsignale que le Coliba- cille agit sur le neutralroth en changeant la couleur rouge-rubis en une teinte flucrescente verte ou une nuance jaune-canari, tandis que le Bacille typhique ne modifie en rien le milieu. Des couleurs d’aniline, complètement décolorées par des agents chi- miques, les sulfites alcalins par exemple, peuvent reprendre leur nuance sous l'influence d'un développement microbien qui occasionne une production d'acide dans le milieu (procédé d'Endo pour la diagnose du Bacille typhique et du Colibacille). La cause des phénomènes ainsi produits est peu connue. Elle est peut- être liée à une oxydation; de semblables milieux exposés à l’air se déco- lorent en effet au bout d’un temps assez long sans qu'aucune Bactérie se développe dans leur masse. Mais, la plupart du temps, la modification est due à la production d’acides dans le milieu, acides formiques, acétique et surtout lactique ou butyrique, qui se fait à la suite de l'attaque par le microbe des hydrates de carbone, en fait des sucres, qui s'y trouvent. On rend la réaction plus intense et plus hâtive en (1) Gasser, Thèse de Paris, et Culture du Bacille typhique sur milieux nutritifs co- lorés (Arch. de méd. expér., 11, 1890, p. 750). (2) Ramoxp, Presse méd., 1896, p. 392. (3) Romix, Sur un nouveau milieu coloré pour la différenciation du Colibacille et du Bacille d'Eberth (Soc. de Biol., 26 janvier 1897). (4) RorusenGer, Differenzialdiagnostische Untersuchungen mit gefärbten Näbrbüden Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p. 513: XXV, 1899, p. 15 et 69). ENSEMENCEMENT DES CULTURES. li ajoutant au milieu une petite quantité du sucre qui se trouve surtoul modifié par le microbe. Comme il est des espèces qui font fermenter certains sucres el pas d’autres, on peut trouver là de précieux élé- ments de différenciation. Ces cultures en milieux colorés sont surtout employées pour liden- tification et la différenciation du Bacille typhique, du Colibacille, des Bacilles dysentériques, du Méningocoque. Des détails complémentaires seront donnés lors de l’étude de ces espèces. 5. ENSEMENCEMENT DES CULTURES ET ISOLEMENT DES ESPÈCES Prenons, pour commencer, le cas le plus simple, où l'on a affaire à une espèce pure parfaitement isolée, ou à une substance n’en renfer- mant qu'une seule. Les conditions à remplir sont de prendre de cette matière d'inoculation sans y mêler de germes étrangers et de lranspor- ter la partie recueillie dans un milieu de culture rigoureusement stéri- lisé, sans introduire en même temps de Bactéries du dehors, qui vien- draient fausser les résultats. Ces trois propositions, purelé de la matière à ensemencer, slérililé absolue du milieu de culture, possibilité d'introduction de germes étrangers dans la manipulation, doivent être continuellement présentes à l'esprit de l'observateur, qui s'efforcera toujours d'éviter, dans la mesure du possible, des causes d'erreurs aussi explicables. Pour puiser de la matière à inoculer, on se sert avantageusement d'une aiguille en fil de platine, que l’on confectionne en fixant un fil assez fort, de 5 à 6 centimètres de longueur, dans une tige de bois ou dans une baguette de verre rougie au feu (fig. 156). L'extrémité peut être droite, recourbée en crochet ouen anse (üse) simple ou double. Cette dernière disposition est commode pour prendre des liquides dont on veut une certaine quantité. À recommander de ne jamais omettre de stériliser l'aiguille, en la faisant rougir dans la flamme, avant el après chaque opération; on la laisse refroidir quelques secondes avant de s’en servir. On doit avoir de ces fils de différentes grosseurs pour les diverses opé- rations où on les emploie ; les fils fins, se refroidissant vite, doivent ser- vir pour les ensemencements; ils ne doivent cependant pas être assez fins pour plier lorsqu'on les enfonce dans un milieu solide comme les gelées habituelles, De gros fils aplatis en spatule à l'extrémité sont sou- vent fort utiles. L’aiguille de platine peut être remplacée par toute aiguille de métal pouvant être chauffée au rouge ; cependant, les autres métaux, traités de cette facon, s’altèrent trop vite. On peut aussi employer des baguettes de verre de petit diamètre, étirées à leur extré- mité. | Lorsqu'il s’agit de liquides dont on veut recueillir une certaine quan- tité, ou, à plus forte raison, qu'on doit transporter, il faut les récolter à l’aide de pipettes de verre soigneusement stérilisées. On peut prendre de toutes petites pipettes du eommerce, de un demi ou de un centimètre cube; il est plus facile d'en fabriquer soi-même (fig. 160, p. 318), qui répondent bien mieux au besoin, en étirant à la flamme des tubes de verre de petit diamètre. On leur donne la longueur nécessaire, on en ferme à la flamme l'extrémité effilée et l'on bouche l’autre avec un tam- pon de coton. On en stérilise un certain nombre en provision, en les 312 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. plaçant dans une boîte métallique ou dans une grosse éprouvette de verre bouchée avec du coton, et en les soumettant, pendant une heure ou une heure et demie, à une température de 150° environ dans le stéri- lisateur à air chaud. Pour faire la prise de liquide, on casse la pointe effilée, après l'avoir chauffée dans une flamme, et on la plonge dans le liquide ; on peut aspirer légèrement par l'extrémité opposée ou laisser le liquide monter par capillarité. La pointe peut être fer- mée à nouveau au feu et le contenu conservé le temps voulu, complètement à l'abri des germes étrangers. On fabrique facilement de petites ampoules, dites am- poules à vaccin, en étirant un tube aux deux bouts. Pour ensemencer le milieu de culture, lorsqu'il s’agit d'un milieu liquide, on débouche avec soin le vase qui le contient et l’on agite l'aiguille qui porte la parcelle d'inoculation, de façon à la dissocier dans la masse; le vase est ensuite rapidement fermé. Si la substance à inoculer a été récoltée dans une pipette de verre, comme nous venons de l'indiquer, la pointe étirée est chauffée dans la flamme, puis brisée après refroidissement, avec une pince flambée : une gout- telette vient sourdre à l'extrémité; on ensemence comme avec l'aiguille de platine, en prenant les mêmes précautions. Le liquide est parfois trop visqueux pour sortir de la pointe capillaire; on souffle alors légère- ment dans la pipette par l'extrémité opposée munie du lampon d’ouate. Il est à recommander, dans ces opé- rations, de tenir le vase légèrement incliné pour éviter le plus possible la chute des poussières de l’air par son ouverture. Pour inoculer les milieux solides, on frotte à leur surface ou l’on introduit dans leur masse la pointe de l’aiguille ou de la pipette, chargée de la substance Fig. 156. — Ai- à ensemencer. Quand ce sont des tubes contenant des guille en fil de gelées solidifiées, l'inoculation peut se faire par piqûre platine. (Stichceultur), lorsque le tube a été refroidi dans la position droite (fig. 157); l'aiguille est enfoncée dans la gelée, perpendiculairement à la surface, d’une profondeur variable ; on peut faire simplement un point ou tracer une piqûre de plusieurs centimètres. Quand les tubes ont été placés dans une position inclinée pour disposer d'une plus grande surface de gelée, l’inoculation se fait en traçant un ou plusieurs fraits ou stries (Striehcultur) sur la surface de la gelée (fig. 198) ; l'aiguille doit toujours entamer au moins un peu la surface du milieu, de manière à mettre la semence en contact avec une couche qui n’est pas desséchée, ce qui arrive souvent à la surface, lorsque les tubes sont conservés depuis quelque temps. Pendant l'opération, le tube doit toujours être tenu horizontalement ou, aussi, l'orifice tourné vers le bas; nous verrons, en effet, qu'on évite ainsi la contamination par les germes de l'air, qui, lorsque l’atmosphère est calme, tombent toujours suivant la verticale. La bourre d’ouate, fer- mant le tube, a été enlevée au début et placée entre deux doigts de la main gauche qui maintient le tube à inoculer, de façon à éviter le con- ti AR _ du rasoir, puis soigneusement lavée et ENSEMENCEMENT DES CULTURES. 313 act de sa partie inférieure avec la main. Aussitôt l’inoculation faite, elle est remise en place, avant que le tube soit redressé, après qu'on a pris soin de la flamber légèrement. On opère de même pour ensemencer d’autres milieux solides. Il est souvent avantageux de mêler plus intimement la substance d’inocula- tion au milieu. Pour les cultures sur pomme de terre, par exemple, on peut prendre la semence avec un scalpel ou une petite spatule et l'étendre à la surface de toute la culture, en la mélangeant à la couche superficielle qu'on racle légèrement. Lorsqu'on doit puiser la matière à inoculer dans les tissus ou dans un organe, le manuel opératoire se com- plique beaucoup à cause des nom- breuses contaminations possibles par les espèces qui foisonnent au voisinage. On a surtout à recueillir, dans ce but, du sang, du pus, des exsudats du nez ou de la gorge, du liquide de pleurésie ou d’ascite, du liquide céphalo-rachi- dien, à faire une ponction de rate, de foie ou de poumon. PRÉLÈVEMENT DE SANG. — Pour re- cueillir du sang, la peau de l'endroit où l’on veut opérer est avant tout dégagée des poils qui peuvent s’y trouver, soit à l’aide de ciseaux courbes, soit à l’aide brossée au savon et à l’eau tiède, frot- tée avec une solution de sublimé ou d’oxycyanure de mercure, puis lavée à l'alcool et à l’éther qui s’évapore très rapidement. On a recommandé aussi, quelques minutes avant l'opération, un pi, 35; __ Ino- 18e iNo: large badigeonnage de teinture d'iode, culationen piqûre. culation en strie. qui fait pénétrer dans l’épaisseur un antiseptique de valeur certaine. Pour stériliser un très petit espace, suffisant par exemple pour une piqûre, on peut brûler la peau à l’aide d'unthermocautère ou d'une tige de fer chauffée au rouge; l'avantage est d'agir sur une certaine profondeur. Piqüre de la peau. — On pique le doigt, de préférence sur la face dorsale, près de l’ongle avec une aiguille, une lancette, un vaccinostyle ou avec l'extrémité d'une pipette très finement effilée, le tout dûment stérilisé. Lorsqu'on veut du sang en petite quantité, on le recueille faci- lement à l'extrémité d'un doigt, dont on comprime la base pour faire affluer le sang au bout. La peau est piquée avec une aiguille ou un scalpel stérilisés; les premières gouttes de sang doivent être laissées ; lorsqu'on peut le faire, on ne se sert que des suivantes qui seront ino- culées immédiatement ou enfermées dans des pipettes'stérilisées dans lesquelles on les aspire. Les modèles de pipettes et tubes dits à vaccin 314 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. représentés figure 160 (p.318) conviennent parfaitement. On les prépare facilement soi-même avec destubesde verre et unelampe d'émailleur ; la manière de s’en servir se concoit d'elle-même. Les modèles représentés figure 161 servent à recueillir une plus grande quantité de liquide. On munit leur bout supérieur d'un tampon d’ouate et l'on stérilise à l'air chaud. Pour ne pas risquer de se contaminer la bouche en aspirant, il est souvent prudent de munir le bout supérieur de la pipette d'un tube de caoutchouc souple assez long, à l’aide duquel se pratique l'aspiration. On peut aussi recueillir simplement le sang qui s'écoule dans de petits tubes stérilisés. Emploi de la ventouse. — On lave et on aseptise comme il vient d’être dit la peau du dos ou du thorax sur un espace! de la grandeur de la main et on y applique une ventouse stérilisée à la chaleur. Lorsque la ventouse a pris, on l’enlève avec soin, on scarifie au milieu de l’élevure avec un couteau stérilisé et on replace aussitôt une nouvelle ventouse stérilisée. Le sang s’accumule dans cette dernière que l'on détache avec soin et recouvre d’un capuchon de papier stérilisé. Ponclion veineuse, — C'est le procédé le plus sûr, qui permet en outre d'oblenir d'assez fortes quantités de sang. On se sert d’une seringue stérilisable, munie d'une aiguille bien coupante, que l’on stérilise à l’eau bouillante ou, mieux, à l’autoclave à 115°. On choisit une veine superficielle : chez l'homme, une veine du bras; chez le lapin, une veine de l'oreille. Si l’on doit s'adresser à une veine plus profonde, chez le cobaye et le lapin la jugulaire, chez le chien la saphène externe, il faut inciser la peau et découvrir la veine. Pour recueillir du sang au bras chez l'homme, on aseptise la peau de l'avant-bras à l'endroit de la saignée; on comprime la partie moyenne du bras de façon à faire saillir les veines; on choisit la veine la plus grosse et la plus turgescente et on pique avec l'aiguille de façon à tra- verser la peau, puis la paroi veineuse ; on enfonce un peu l'aiguille paral- lèlement à la veine et on aspire en tirant lentement sur le piston ; le sang remplit facilement la seringue. On retire l'instrument et on chasse immédiatement le sang dans un vase stérilisé ou le milieu de culture choisi pour qu'il ne se coagule pas dans la seringue. Pour prélever du sang dans une veine de l'oreille d’un lapin, on choisira de préférence une veine marginale bien visible. La peau est rasée et aseplisée: on exerce une compression à la base de l'oreille avec une pince et on procède comme pour l'homme. On peut ainsi facilement recueillir de 15 à 20 centimètres cubes de sang. Lesieur (1) conseille d'appliquer des sangsues et de recueillir asepti- quement le sang qu’elles ont absorbé. Les microbes du tube digestif de l'animal ne gêneraient en rien et, de plus, la coagulation du sang étant empêchée, l'examen microscopique et les manipulations ultérieures sont grandement facilités. PRÉLÈVEMENT DE pus. — La peau est aseplisée après avoir été rasée sil en est besoin. On peut piquer avec une seringue ou une pipette stérilisée et aspirer, si le pus est bien liquide. Ou bien inciser la peau, ouvrir la collection et prélever du pus avec le fil de platine ou des pipettes de verre. (1) Lesieur, Recherche des microbes dans le sang; procédé de la sangsue (Bull. de la Soc. méd. des hôp. de Paris, 15 juillet 1904, p. 827). 1 { | ENSEMENCEMENT DES CULTURES. 319 PRÉLÈVEMENT D'EXSUDATS DU NEZ OÙ DE LA GORGE. — Onse sert d'un petit tampon d'ouate, monté sur un fil de fer assez long, 10 à 15 centi- mètres (fig. 159), que l'on a stérilisé à la chaleur dans un lube à essai bouché d’ouate hydrophile. On frotte assez fortement le tampon sur l'endroit suspect et on s’en sert pour ensemencer directement les milieux voulus. Pour aborder facilement le rhino-pharynx, on courbe de façon suffisante le fil de fer avec une forte pince. PRÉLÈVEMENT DE SÉROSITÉS PLEURALES, D'ASCITE, ETC. — On peut pré- lever de l'épanchement pleural à l’aide d’une seringue stérilisée munie d'une aiguille un peu forte de 7 à 8 cen- limètres de long. La peau est aseptisée, puis on pousse franchement l'aiguille dans un espace intercostal et on aspire. On opère de même pour le liquide d'ascite. Pour en recueillir de fortes quantités, on ponctionne avec un tro- cart, comme il a été dit page 238. PONCTION DE LA RATE, DU FOIE, DU POU- MON. — Il faut délimiter la rate par per- cussion et aseptiser la peau soigneuse- ment. On prend une seringue slérilisée qui porte, à l'extrémité d'un ajutage en Caoutchouc, une aiguille d'acier assez fine el neuve. L’aiguille est en- foncée perpendiculairement à la peau, en pleine matité splénique. Avoir soin de bien immobiliser le patient. On n'ob- tient qu'une très pelite quantité de sang. On agit de même pour la ponction du foie et du poumon. Celte ponction d'organes profonds peut se faire sans crainte, pourvu qu'on opère avec une antisepsie rigoureuse. Il faut munir la seringue d’une aiguille d'acier assez forte, au besoin d’un petit trocart; la stérilisation doit être parfai- tement SA L aspiration avec la Fig. 159. — Tube et tampon pour seringue doit être très minime et pru- prélèvement d'exsudats. dente; le plus souvent on n'obtient guère de liquide que dans l'aiguille. Aussi doit-on y veiller soigneuse- ment ; l'ensemencement peut s’en faire avantageusement, sans rien en perdre, en faisant passer dans la canule du bouillon stérilisé, aspiré après coup dans le corps de seringue ou dans une autre seringue préparée d'avance. PONCTION LOMBAIRE. — L'opération a pris une très grande importance depuis que l'étude bactériologique du liquide céphalo-rachidien fournit de si précieux éléments de diagnostic pour les méningites cérébro-spi- nales épidémiques principalement (1). (1) ANGLADA, Le liquide céphalo-rachidien et le diagnostic par la ponction lombaire. Paris, J.-B. Baillière, 1909. — Dresrosses, Technique de la ponction lombaire (Presse méd., 29 mai 1909). 316 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Le liquide céphalo-rachidien est renfermé dans les ventricules et les espaces sous-arachnoïdiens. On peut atteindre le sac arachnoïdien en bien des endroits; on choisit la partie inférieure, lombaire, comme la plus facile. Chez l'adulte, la moelle épinière ne descend pas au-dessous de la deuxième vertèbre lombaire et le sac arachnoïdien va jusqu'à la deuxième pièce sacrée. Entre ces deux points, le sac ne contient queles nerfs de la queue de cheval; il n’y a donc aucun danger de piquer la moelle; on peut le ponctionner entre la deuxième et la troisième, la troisième et la quatrième, la quatrième et la cinquième vertèbre lom- baire et entre la cinquième et le sacrum. Chez l'enfant, la moelle descend Jjusqu'entre la deuxième et la troisième vertèbre lombaire; on ne doit ponctionner que plus loin. Il est à conseiller de ponctionner entre la quatrième et la cinquième vertèbre lombaire ; le point se délermine aisément de la façon suivante : une ligne horizontale joignant la partie supérieure des deux crêtes iliaques passe par le tubercule de l’apophyse épineuse de la quatrième vertébre lombaire qu’on peut marquer faci- lement. Il faut donner au malade une position spéciale. On peut l’asseoir sur le bord du lit ou d'une table. les jambes pendantes, en lui faisant fléchir fortement le tronc et la tête en avant, faire le gros dos. Ou bien, s’il ne peut pas se lever, on le fait coucher sur le côté droit ou gauche en prenant la position en chien de fusil, courbant fortement en avant sa région dorsale et lombaire. Dans ces positions, les arcs vertébraux s’écarlent les uns des autres, les ligaments sont bien tendus, les espaces intervertébraux augmentés, La peau de la région est asepsite assez largement comme il a été dit. Pour l'endroit même où l’on doit ponctionner, on peutemployer le badi- geonnage à la teinture diode. Chez les personnes très nerveuses, on peut faire l'anesthésie locale au chlorure de méthyle. L'opérateur a préparé une seringue de dimensions voulues, 10 à 20 centimètres cubes, s'il doit recueillir une assez forte quantité de tiquide, munie d'une assez forte aiguille, au moins de 7 centimètres de long, à extrémité taillée en biseau assez court, ou d’un petit trocart de l'appareil Dieulafoy par exemple. Le tout est bien stérilisé. Après avoir aseptisé ses mains par un bon savonnage et un lavage au sublimé, l'opérateur repère avec l'index de la main gauche le tubereule de la cinquième vertèbre lombaire et enfonce l'aiguille, fortement tenue par sa base comme une plume à écrire, perpendiculairement à la peau, à 1 centimètre environ de la ligne médiane, en dehors et un peu au- dessus de ce tubercule. La peau est piquée brusquement, l'aiguille pénètre dans les muscles; au premier moment, le malade réagit souvent; avant d'aller plus loin, il faut le remettre en bonne position et attendre quelques instants pour voirdisparaîtrela contracture. L'aiguille est alors enfoncée doucement en dedans et un peu en haut ; elle traverse les muscles; elle est arrêtée par un plan résistant, le ligament jaune qui est traversé au moyen d'une poussée un peu forte; on pousse encore un peu pour passer la dure-mère et l'arachnoïde et l’on est dans le sac arach- noïdien. Aussitôt le liquide s'écoule ou en gouttes ou en jet, suivant sa tension ; on aspire {rès doucement en retirant lentement le piston de la seringue. Quelquefois on n'obtient pas aussi facilement le résultat cherché. ty ENSEMENCEMENT DES CULTURES. 317 L'aiguille peut buter contre une résistance osseuse ; on ramène la pointe en arrière et l’on enfonce ensuite avec une meilleure direction. Il faut parfois recommencer le tout et faire une nouvelle ponction. On peut se trouver en présence de malformalions osseuses rendant l'opération difficile ou même impossible. Il peut venir du sang, si l'aiguille a piqué une petite veine; on retire alors petit à petit jusqu'à ce qu'il s'écoule du liquide clair. Il arrive que l'on n'obtienne rien du tout; l'opération est à recommencer. Ou bien on peut ponctionner sur la ligne médiane exactement, à un demi-centimètre au-dessous de la limite inférieure de la quatrième ver- tèbre lombaire ; on ne sent pas alors la résistance du ligament jaune, seulement celle du fourreau dural. En ponctionnant latéralement, on dispose d'un espace plus grand. Après la ponction, on retire doucement l'aiguille, on tamponne avec un peu d'ouate; quand les tissus sont lâches, on peut mettre un peu de collodion sur la piqûre. On doit recommander un repos de vingt- quatre ou quarante-huit heures. On observe parfois des accidents légers, de la céphalée, des vertiges, des nausées, quelquefois des fourmil- lements légers ou des crampes dans les membres inférieurs. On a même signalé des cas de mort à la suite de la ponction lombaire (1); ils se sont surtout produits chez des malades atteints de tumeurs cérébrales : quelques-uns, cependant sont de mécanisme incertain, Il est prudent de ne pas soustraire trop de liquide, pas plus de 20 centimètrescubes, de ponctionner plutôt en décubitus et d'ordonner le repos au lit en main- tenant la tête basse. Le liquide peut être recueilli en le laissant couler directement de la canule dans un flacon stérilisé, ou aspiré avec la seringue et transvasé aussitôt dans le flacon stérilisé. Ce liquide peut être clair ou purulent, filamenteux, incolore, ou teint surtout en rouge ou rose par du sang. Il sera traité comme on l'indiquera pour chaque cas particulier (Voy. surtout à l'étude du Méningocoque). PRÉLÈVEMENT, APRÈS LA MORT, DANS DES ORGANES ÉPAIS OU DES MORCEAUX DE Tissus. — Si l'on veutpuiser dans l'intérieur d’un organe épais, foie ou rate, ou dans des tissus épais comme des masses musculaires, par exem- ple, on ne réussit d'habitude qu'en s’entourantde grandes précautions et en suivant les recommandations si bien indiquées par Gaffky (2). L'or- gane recueilli le plus tôt possible après la mort, immédiatement après lorsqu'il s’agit d'animaux d'expérience, est lavé à la surface avec une solution de sublimé à 1 p. 100, et, s'il doit être transporté, entouré d'un linge imbibé de la même solution. On doit mettre à sa portée, sur la table de travail, une provision de scalpels, des pinces et quelques aiguilles de platine stérilisés. Les instruments d'acier sont stérilisés dans une boîte en tôle ou dans une grosse éprouvette fermée avec un tampon d'ouate qu'on laisse une heure environ dans le stérilisateur à air chaud à 1500. On ne les prend qu'un à un, au fur et à mesure du besoin, en ayant soin chaque fois de fermer la boîte ou le tube, pour (1) Miner et Lavoix, La mort, suite de ponction lombaire (Écho méd. du Nord, 25 avril 1909). (2) Garry, Zur Ætiologie der Abdominaltyphus (Milth. aus dem kaiserl. Gesund- heitsamte, II, 1884). 318 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. - éviter l'apport de germes de l'air. Une première coupe est faite perpen- diculairement à la surface avec un scalpel encore brûlant; elle doit intéresser presque toute l'épaisseur de l'organe. À l’aide d’un aulire scalpel refroidi, on fait une seconde section perpendiculaire à la pre- mière; une troisième coupe, faite avec un nouvel instrument dans un autre sens, met à découvert des couches plus profondes ; on en fera même une quatrième si c'est nécessaire. Chaque opération doit être exé- cutée avec un couteau fraichement stérilisé; il est à conseiller de n’em- ployer jamais deux fois le même instrument. C'est dans la dernière section que l’on recueille, à l’aide des aiguilles stérilisées, la substance d’inoculation, qui doit être introduite le plus ra- pidement possible et avec les plus grandes précautions dans les milieux de culture disposés à l'avance. Les couteaux rougis des thermocautères sont d’un ex- cellent usage pour pratiquer les premières incisions ; on ne doit jamais, cependant, pren- dre de substance à inoculer dans le voisinage immédiat des sections faites à leur aide, leur température élevée ayant pu agir sur les germes qui s'y trouvent. Dans les opérations précé- dentes, nous avons admis que la matière à inoculer ne ren- fermait qu'une seule espèce de Bactéries, celle dont on veut obtenir une culture pure. Fig. 160. — Pipettes et Fig. 161. — Pipettes. C'est le cas le plus simple. On PRDES AE a fréquemment affaire à un mélange d'espèces qu'il faut alors isoler les unes des autres pour obtenir des cultures pures de l’une d’entre elles ou de chacune d'elles. Diverses méthodes peuvent conduire à les séparer. Le première en date est la méthode de dilution dans les liquides imaginée par Naegeli (1), appliquée et perfectionnée depuis par de nombreux observateurs, surtout Brefeld (2) et Miquel(3). Une faible parcelle de la substance à étudier est diluée avec soin dans une quantité de liquide stérilisé, eau ou bouillon, telle qu'on puisse être assuré qu'un volume déterminé de la dilution, goutte ou centimètre cube, suivant le besoin, ne contienne qu'une seule Bactérie. Si l'on veut examiner un liquide par exemple, une goutte prise avec une pipette D is D Dé © D TRES (1) Nagczzr, Untersuchungen über niederen Pilze, 1878. (2) Brerezo, Untersuchungen über die Spaltpilze, Bacillus subtilis. Berlin, 1878. (3) Miquez, Les organismes vivants de l'atmosphère, Paris, 1882, et Annuaire de l'Observ. de Montsouris, 1881-1891. ENSEMENCEMENT DES CULTURES. 319 stérilisée est mélangée à 50 ou 100 ou 500 centimètres cubes d'eau ou de bouillon stérilisés. On ensemence avec une goutte de la dilution une série de flacons, dont une partie doit rester stérile pour qu'on ait une certitude suffisante d’avoir poussé assez loin la dilution. Dans le cas contraire, 1l faut faire une seconde dilution avec une goutte de la pre- mière et arriver parfois jusqu à une troisième. Cette méthode, qui exige une grande installation, puisqu'on est souvent obligé d'employer un nombre considérable de ballons, de cinquante à cent et plus, a donné d'excellents résultats entre les mains de Miquel, pour le dénombrement des Bactéries de l'air, des eaux ou des poussières. Elle a été aussi em- ployée avec succès par Van Tieghem et Le Monnier (1) pour l'étude, en cultures cellulaires, de Champignons plus élevés. On peutarriver à son but en faisant toute une série d'ensemencements successifs, sur les mêmes milieux ou sur des milieux différents. Après un certain nombre de cultures, une espèce prédomine souvent ; on peut facilement l'obtenir pure. En inoculant sur une grande longueur une très faible quantité de matière à examiner sur un milieu solide, on obtient souvent le dévelop- pement de colonies, bien isolées au début lorsqu'elles ne sont pas trop nombreuses et que la substance d'ensemencement était en très minime proportion. Il suffit d'ensemencer chacune d'elles séparément. C’est un procédé fort à recommander pour l'étude de liquides peu riches en Bactéries, sang ou pus par exemple. On trempe un fil de platine, le plus légèrement possible, dans le liquide à examiner, et l’on fait à son aide une ou plusieurs stries d'inoculation à la surface d’un tube de gélose ou d'un petit cristallisoir à couvercle contenant de la gélose. Il est bon de faire successivement plusieurs stries parallèles sans recharger l'aiguille. De cette façon, si la substance est très riche en Bactéries, il pourra n'en rester qu'un nombre très minime sur le fil de platine pour les derniers traits d'inoculalion; le premier ou les premiers ne donneront qu'un amas confus de colonies peu isolables, tandis qu'elles seront nettement séparées dans les derniers. Pour isoler une espèce, on peut soumettre le mélange à des influences qui tuent les autres et auxquelles elle seule résiste. La chaleur est l'agent le plus employé. Pour isoler le Vibrion septique, Pasteur recom- mande (2) de traiter l'eau de lévigation des terres qui en contiennent par une température de 90° maintenue quelques minutes. La chaleur tue d'autres germes moins résistants et le liquide, injecté sous la peau d'un lapin, détermine les accidents typiques causés par le développe- ment dans l'organisme de cette seule espèce. Miquel (3) a séparé le Bacillus ureæ du Micrococcus ureæ dans l'urine putréfiée et les eaux d'égout, en chauffant le liquide pendant deux heures de 80° à 90°. Le Micrococcus ureæ meurt à cette température que supporte très bien la première espèce; le liquide ainsi traité, mis en culture, donne du Bacillus ureæ pur. On utilise du reste couramment cette méthode d'isolement pour obtenir le Bacillus sublilis. Les spores de cette espèce, (1) Van Tiecnex et Le Monnier, Recherches sur les Mucorinées (Ann. des sc. nal., Bot., 5e série, t. XVII, 1873). (2) Pasreur, Sur le Vibrion septique (Bull. de l’'Acad. de meéd., 1877). (3) Miquer, Nouvelles recherches sur le Bacillus ferment de l’urée (Bull. de la Soc. chim., XXXI, 1879), p. 126): 20e TLCHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. très répandues dans la nature et en particulier abondantes sur les herbes sèches, résistent longtemps à une chaleur de 1009, qui tue au contraire la plupart des espèces qui les accompagnent. En faisant bouillir pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure une macération de foin, elles gardent seules toute leur vitalité el germent lors du refroidissement, tandis que les autres sont mortes. L'ébullilion est en général un moyen excellent et très pratique pour isoler les espèces qui forment des spores : de celles qui n'en produisent pas, ces corps reproducteurs résistant par- fois à une température de 100c et plus. On peut encore mettre en œuvre, pour isoler une espèce, la méthode dite de culture éleclive de Winogradsky (1). Pour ce savant, une culture est éleclive quand elle ne présente de conditions favorables qu'à la manifestation d'une seule fonction déterminée ou, plus exactement, d'une fonction aussi étroitement limitée que possible. Plus ces conditions seront étroites, exclusives en quelque sorte, plus l'espèce qui est douée de cette fonction sera favorisée aux dépens des autres qui auront la vie moins facile, pénible ou même impossible ; le microbe spécifique domi- nera. Il faut donc, pour arriver à l'isoler ainsi : 1° trouver un ensemble de conditions de culture appropriées; ce sera la nature des fonctions connues ou supposées du microbe quig guidera dans la constitution et la disposition du milieu; 2° bien saisir es caractères morphologiques du microbe prédominant pour ne pas les perdre de vue jusqu'à ce qu'on ait réussi à l'isoler et à l'obtenir en culture pure. L'addition de substances antiseptiques peut donner de bons résultats. Les diverses espèces sont en effet loin de réagir d'une facon identique; une dose, mortelle pour l'une d'elles, laisse encore le développement d'autres s'effectuer. La présence d'un peu d'acide phénique dans la géla- line, conseillée par Chantemesse et Widal, permet d'isoler plus facile- ment le Bacille typhique et le Colibacille des eaux contaminées, en empêchant le développement des colonies liquéfiantes qui détruisent trop souvent les cultures. Cependant, la véritable méthode d'isolement des espèces est celle des cultures sur plaques, qui a été décrite précédemment avec détails (p. 281). La dilution des germes dans la masse de gélatine ou de gélose doit être suffisante pour que les colonies soient bien séparées les unes des autres. De cette façon, après avoir constaté les caractères particu- liers des colonies de l'espèce que l'on veut isoler, au besoin à l’aide de la loupe ou du microscope, on en prélève une faible parcelle à l’aide d’une aiguille stérilisée et l’on ensemence avec elle les milieux que l'on juge convenables au développement de cette espèce. La lechnique de cette prise de semence a été indiquée précédemment (p. 311). Les Bactléries anaérobies s'isolent par des procédés spéciaux qui ont été décrits en leur place (p. 293). Certaines espèces pathogènes se séparent pour ainsi dire toutes seules dans l'organisme animal. Inoculées à des animaux dans un mélange, elles se développent plus rapidement ou plus abondamment que les autres qu'elles étouffent rapidement. L'organisme offre alors tous les caractères d'une culture pure; il peut fournir de la semence absolu- (1) Wixocranskyx, Recherches sur l'assimilation de l'azote libre de l'atmosphère par les microbes (Arch. des sc. biol. de l'Inst. imp. de méd. de Saint-Pélersbourg, WI, 1834, n° 4). PT ENSEMENCEMENT DES CULTURES. 321 ment pure pour les cultures. Cest ce qui s'observe pour le Bacillus seplicus, le Bacillus anthracis, le Bacillus luberculosis, le Pneumocoque entre autres. Il est du reste un moyen très sûr et très pratique de s'assurer de la pureté d’une culture, moyen qui ne doit jamais être négligé, quand on peut l’'employer, c’est la culture sur plaques. On arrive rapidement, en y procédant, à contrôler les expériences et à isoler l'espèce voulue, si d'autres s’y élaient accidentellement mélangées. La contamination, assez fréquente encore dans les cultures les mieux conduites, provient de causes diverses qu'il est important de connaître pour pouvoir plus facilement les combattre. Les germes étrangers peuvent venir de l'air, du vase de culture, du milieu de culture, et de la substance d'inoculation. L'air tient en suspension beaucoup de Bactéries, dont le nombre varie dans des proportions et suivant des causes que nous étudierons plus loin. Il peuts’en introduire quelques-unes pendant le cours des manipu- lalions, en particulier dans le vase de culture, lorsqu'on l'ouvre pour l'ensemencer. Cette cause de contamination est loin d'avoir en réalité l'importance qu'on est porté à lui attribuer. Pasteur (1) avait déjà montré que l'air calme est peu riche en Bactéries ; Miquel (2) a établi, par des expériences précises, des moyennes très concluantes. D'après les recherches de ce savant observateur, la contamination des ballons de culture au bouillon de bœuf, ouverts le temps nécessaire pour l'inocu- lation, serait de 1 p. 200 à la caserne Lobau, en pleine agglomération, de 1 p. 500 à l'observatoire de Montsouris, et seulement de 1 p. 2500 en plein air au parc Montsouris. De plus, Pasteur a depuis longtemps prouvé que, dans un air relativement calme, les Bactéries en suspension tombaient suivant la verticale et n'avaient jamais de tendance à remon- ter; si bien que des ballons de bouillon stérilisé, mis en contact direct avec l'air au moyen d’un tube latéral recourbé vers le bas, peuvent se conserver indéfiniment sans présenter de développement de Bactéries dans leur intérieur. Ces résultats ont été confirmés par Hesse (3) dans une nombreuse série d'expériences instituées de la façon suivante: quatre tubes renfermant de la gélatine nutritive sont ainsi disposés et ouverts: le premier a son orifice tourné vers le haut, le second l’a dirigé vers le bas, un lroisième est placé horizontalement et le quatrième obliquement l'orifice en haut. Sur ces quatre tubes laissés dans leur position un temps assez long, un seul est contaminé, le premier, celui qui a son orifice dirigé en haut. Lors donc que la chose est possible, dans les cultures sur milieux solides surtout, on devra, avant d'ouvrir un vase de culture, diriger son orifice vers le bas, ou même le tenir complè- tement renversé tout le temps nécessaire à l'opération qu'on exécute et le refermer dans cette position. Il faut en outre n'opérer que loin des courants d'air, dans un endroit où l'air est le moins possible chargé de poussières. On trouvera enfin grand avantage à empêcher la dissémi- nation, dans le local occupé, des germes divers, Bactéries ou Moisissures, (1) Pasreur, Examen de la doctrine des générations spontanées (Ann. des sc. nal., Zool., 1861). (2) Miquez, Annuaire de l'Observ. de Montsouris, 1887. (3) Hesse, Ueber quantitative Bestimmung der in Luft enthaltenen Microorganismen (Mitth. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, IT, 1884, p. 187). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 21 322 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. provenant des cullures abandonnées, qu'on doit détruire avec soin par la chaleur ou les anliseptiques; c'est une petile précaulion qui rend de très grands services. Les vases, s'ils sont passés dans le stérilisateur à air chaud, comme uous l'avons indiqué, peuvent être considérés comme absolument purifiés. Il arrive trop souvent que des Moisissures de l'extérieur enva- hissent des cultures en végétant au travers des tampons d'ouate, ce qui survient surtout lorsqu'on coiffe les tubes de capuchons de caoutchouc. Il est alors prudent de faire tremper ces capuchons dans la solution de sublimé à 1 p. 1000 pendant quelques heures. On doit du reste vérifier de temps en temps l'état des bourres d'ouate et, dès qu'on y aperçoit des filaments mycéliens ou, à plus forte raison, des organes reproduc- teurs de Moisissures, chauffer jusqu'au roussi du coton la portion supé- rieure du tube, de manière à tuer ces ennemis des cultures. Quand, malgré toutes précautions, il s’en développe dans la culture, on peut encore quelquefois s'en débarrasser en chauffant à la flamme d'un bec de Bunsen la parlie du vase où elles setrouvent, ou en essayant de détruire les îlots qu'elles forment avec une baguette de verre ou une tige de métal rougie au feu. Il est nécessaire, pour les éviter, de s'astreindre à flamber la bourre chaque fois qu’on l'enlève pour examiner la culture. La pureté des milieux de culture est obtenue à l'aide des procédés de stérilisation décrits précédemment. Il est toujours bon de faire subir aux vases tout préparés une sorte d'épreuve préalable en les laissant. après leur stérilisalion, à la température de l'étuve pendant quel- ques jours avant de les employer. Passé ce temps, s'il ne se produit aucun changement, ils peuvent être considérés comme bons, bien que cerlaines espèces semblent demander une plus longue prépara- lion, un mois et plus d’après Miquel (1), pour commencer à croître, mais c’est l'exceplion. Certains liquides nutritifs cependant peuvent ne présenter aucun signe de putréfaction, bien que contenant des germes vivants el aptes à se développer. Cette stérilisalion apparente provient de la non-appropriation du milieu à l'espèce, et s’observe lors- qu on fait usage de milieux peu appropriés, les liqueurs minérales par exemple. En ajoutant en effet à des cultures de ces liquides, très claires el ne paraissant contenir aucun germe, une faible portion de bouillon de bœuf sûrement stérilisé, on peut voir le mélange se troubler rapide- ment, alors que les deux liquides, conservés séparément, seraient restés indéfiniment stériles. Pour obtenir une culture pure, il faut enfin l'ensemencer à l'aide de substance qui ne contient que l'espèce voulue. Nous connaissons les conditions nécessaires pour obtenir ce résultat. 11 peut cependant arriver qu'on obtienne des cultures pures tout en inoculant plusieurs espèces ; c'est quand l'une d'elles prend un développement tout à fait prédomi- nan! el fait disparaitre ses voisines enles étouffant ou en rendant le milieu impropre à leur vie. 6. DÉVELOPPEMENT DES CULTURES ET MODIFICATIONS DES MILIEUX La rapidité du développement, dans des conditions semblables de chaleur et d'aération, correspond toujours à la qualité nutritive du (1) Miquez, Les organismes vivants de l'atmosphère. Thèse de Paris, 1882, p. 146. : Là drridiné. DÉVELOPPEMENT DES CULTURES. 323 milieu. Aussi est-il nécessaire, lorsqu'on veut établir des comparaisons, de ne se servir que de milieux de composition identique. Pour le Spirille du choléra, par exemple, suivant la puissance nutritive de la gélatine, les cultures présenteront un développement très variable ; telle culture de cinq ou six jours, sur gélatine peu nutritive, ne se montrera guère plus développée qu’une autre de deux jours sur gélatine très nutritive. Un liquide minéral n’offrira qu'un léger trouble après quelques jours d’ensemencement, alors que du bon bouillon de bœuf, mis en observation au même moment, sera devenu presque boueux. Le développement des Bactéries dans les milieux nutritifs modifie, dans des limites assez larges, la composition et l'aspect de ceux-ci. Ce sont là des caractères de grande importance pour la diagnose des espèces. Les caractères des cultures dans les milieux liquides, surtout dans le bouillon de bœuf qui peut être pris comme type, sont la plupart du temps, quoi qu'on en dise, très probants et très stables. Il faut cepen- dant avouer que les véritables différences sont plus délicates à saisir. qu’il faut une habitude beaucoup plus grande pour les estimer, et enfin qu'il est plus difficile de s'apercevoir d'une contamination par des germes étrangers que dans le cas de cultures sur milieux solides. Miquel (1) donne comme signes distinctifs les caractères généraux qui suivent : 1° Le liquide reste limpide, il se forme au fond du vase un dépôt qui peut être très léger, floconneux ; il peut être épais, caillebotté; il peut être gluant, tenant à la paroi du vase. La couleur en est blanche, jaune, rouge, etc. ; 20 Le liquide se trouble d’abord, puis il se forme un dépôt au fond du vase, ou un voile à la surface du liquide. Le trouble peut être très faible ou, au contraire, plus prononcé; le liquide peut même devenir boueux. Les éléments en suspension peuvent alors se déposer au fond du vase en un sédiment d’aspect variable, ou se réunir à la surface du liquide, pour y former un voile mince ou épais, uni ou ridé, sec on visqueux. La liqueur peut alors se clarifier; elle conserve sa couleur primitive, se décolore, ou se teint en bleu, vert, etc. Elle peut devenir visqueuse, filante comme du blanc d'œuf; dégager des odeurs ammoniacales, aigrelettes ou fétides; 3 La liqueur reste transparente ; il se forme dans la masse des flocons blancs, légers, soyeux, semblables à des houppes de coton flottant dans le liquide, ou plus épais, caillebottés. L'action de diverses espèces sur le lait a été étudiée par Duclaux (2) et Hueppe (3). Les caractères fournis sont très utiles. Le lait ne s’altère pas ou se coagule..Le coagulum forme une masse gélatineuse ou des grumeaux. Ce coagulum reste solide ou se dissout. La réaction est neutre, acide ou alcaline. Ces derniers caractères se perçoivent très nel- tement en additionnant le liquide, comme Duclaux l’a fait le premier, d'une petite quantité de teinture de tournesol; on voit la coloration varier suivant le.changement qui est produit. Les cultures sur milieux solides fournissent des caractères macrosco- (1) Miquez, Les organismes vivan{s de l'atmosphère, p. 186. (2) Duccaux, Mémoire sur le lait, 1882, et Le lait, 1887. (3\ Huepre, Mitth. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, II, 1884, p. 309. 324 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUES piques généralement plus faciles à apprécier, et permettent d'isoler plus facilement les espèces. Voyons d'abord les cultures en tubes. Loretéétia sit icdttiat él TR 7 f ! TEE ZE AR > 227: 'OMDET: TERRE > ART SIERRI ST dues ampce.s À 2 Fig. 162. — Pneumobacille, Fig. 163 et 164. — Jeunes cultures de Bacillus anthracis culture en clou. avant liquéfaction de la gélatine, La gélatine, dans une culture en piqûre, peut rester solide ou se liquéfier. | Dans le premier cas, ia culture constitue une masse plus ou moins épaisse, homogène ou formée de pelites sphères accolées les unes aux Ava autres, qui emplit la piqûre et s'étale ou proémine plus ou moins à la | surface en formant une sorte de téle de clou (fig. 162), ou un disque. Du canal de la piqûre peuvent partir de fins prolongements qui rayon- nent en tous sens, de manière à figurer une houppe soyeuse plongée dans la gelée (fig. 16: et 164). à Si la gélatine doit se liquéfier, la liquéfaction commence à la surface à l'endroit de la piqûre, puis s’étend peu à peu dans tout le sillon tracé par l'aiguille. Elle est plus rapide en haut où l'oxygène est en NS abondance; il se produit alors une forme analogue à celle repré- Le DÉVELOPPEMENT DES CULTURES. 325 sentée figure 165 désignée sous le nom de liquéfaction en entonnoir. Le phénomène progresse, le diverticulum de gélatine liquéfiée devien! plus considérable, et donne une sorte de sac creusé dans la gelée el plein de liquide (fig. 167). Enfin la liquéfaction a atteint les bords; la gélatine se liquéfie entièrement ou dans une certaine profondeur seule- ment (fig. 166) lorsque l’espèce est avide d'oxygène et ne peut consé- quemment se développer dans les couches profondes. Dans le liquide formé, la Bactérie se développe comme dans un bouillon : elle peut se troubler uniformément, ou ne former qu'un dépôt à la partie inférieure. Fig, 165. — Jeune culture Fig. 166. — Culture âgée Fig. 167. — Culture du de Bacterium termo. de Baclerium fermo. Spirillum Finckleri, àgéc de deux jours. La gélatine liquéfiée peut rester incolore ou se teindre de diverses nuances. On n'’inocule en strie sur gélatine, sur tubes inclinés, que les espèces qui ne liquéfient pas ce milieu. Il se forme le long de la strie un revêtement transparent ou opaque, incolore ou diversement coloré, tan- tôt très limité, tantôt recouvrant la plus grande partie de la surface inclinée. La gelée peut prendre des teintes variées, verte, rose, brune, suivant l'espèce que l’on cultive. Les caractères des cultures en tubes sur gélose sont tout aussi variables. La culture s'étend plus ou moins de chaque côté de la strie: elle peut former à la surface un épais revêtement (fig. 168, uni ou plissé, diversement coloré. La Bactérie se développe dans la profon- deur de la strie el envoie même parfois dans la gelée des prolonge- ments rameux assez longs ou de grosses masses mamelonnées com- pactes. Il se condense souvent, à la partie inférieure du tube, une petite quantité d’eau, très utile pour maintenir une humidité constante dans l'appareil; la culture peut atteindre cette minime collection liquide et s'y développer. On peut alors observer côle à côte les parti- 326 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. cularités du développement de l'espèce dans un liquide et sur un milieu solide. Les cultures sur pomme de terre ont souvent aussi des aspects importants à connaître. Les espèces chro- mogènes y forment d'ordinaire d'épaisses membranes colorées de très vives nuances. D'autres donnent des membranes lisses ou plissées: d'autres, des revête- ments épais et gluants. Certaines enfin, comme le 3acille typhique, le Streplocoque pyogène, se dévelop- pent à la surface seulement en un enduit mince, bril- lant, parfois difficile à distinguer. La forme et l'aspect des cultures que donne cha- que espèce sur les différents milieux seront décrits avec soin dans la troisième partie de ce livre. Les différents procédés de culture cités ne sont pas applicables à toutes les espèces. Certaines ont des besoins spéciaux qui font que, pour des raisons inconnues, un milieu donné, très bon pour beaucoup d’autres, ne permet pas leur développement. Il est quelques espèces qui ne se développent pas sur la gélatine ; c'est même là une des grandes objections que l'on fait à la méthode des cultures sur plaques. Par contre, je connais une espèce de l’eau, très voi- sine du Bacille typhique comme aspect et forme des colonies sur plaques, qui ne se développe pas du tout dans le bouillon et perd, après une culture, la £ …. propriété de croître sur gélatine. La conséquence à : PE da Re ürer est qu'il faut toujours cultiver une espèce à étu- coccus pyogenes dier sur des milieux divers pour constater le plus aureus. qu'on peut de caractères distinctifs. 7. PROCÉDÉS D'ÉTUDE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES L'importance des substances produites dans les divers milieux nutri- | Lifs par la vie des microbes a été proclamée par Pasteur tout au début 4 de ses recherches; il faisait de ces fonctions physiologiques un carac- * ère de tout premier rang dont on devait amplement tenir compte dans l'établissement de l'espèce ou, tout au moins, du type. On a grande tendance aujourd'hui à se ranger, en bonne partie, à cette opinion, que les recherches de morphologie avaient, pour un moment, éclipsée ou tenue dans l'ombre. On avait cependant toujours reconnu la valeur de certains des composés formés dans ces conditions. La production d'acide acétique, d'acide butyrique, d'ammoniaque, de différents gaz,” de matières colorantes, figurait, souvent au premier rang, dans les diagnoses d'espèces. Pour reconnaître la présence de ces corps, il n'y a qu'à appliquer d'ordinaire les méthodes chimiques habituelles ; il est bon, toutefois, pour quelques-uns d’entre eux dont la recherche est fréquente, d'indiquer la manière de faire la plus pratique. On sait aujourd'hui qu'en première ligne des substances issues de la vie microbienne, comme intérêt, se placent les composés que nous avons vus réunis sous le nom général de produils solubles. À cause RECHERCHE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES. 327 de l'importance toute particulière qu’on leur attribue, il est nécessaire au bactériologiste de pouvoir en reconnaître la présence dans les milieux où ils ont pu se former et même de chercher à les isoler. Ces produits, souvent très actifs, se rangent en deux catégories. Les uns sont des produits alcaloïdiques, véritables bases formant avec les acides de vrais sels souvent cristallisés, les plomaïnes; les autres, les /oxines ou {oxalbumines, sont des substances amorphes, se rapprochant par leurs propriétés des diastases, peut-être parfois des albumines solubles, souvent des substances colloïdales. Chacune de ces catégories demande des procédés d'extraction spéciaux; elles se distinguent surtout, à ce point de vue, en ce que les produits de la seconde sont précipitables par l’alcool, qui dissout le plus souvent les ptomaïnes; les dernières doi- vent donc être recherchées dans le liquide alcoolique, les premières dans le précipité. Il sera intéressant de rechercher, dans les cultures, les albumoses, les peptones, la mucine, les matières colorantes; certains gaz, l'hydrogène sulfuré, que produisent un assez grand nombre d'espèces en réduisant le soufre surtout contenu dans les composés albuminoïdes; l'ammo- niaque, les nitrates et les nitrites, qui proviennent de différents stades de transformalion de la matière azotée; certaines amines, la triméthyl- amine particulièrement; la leucine etla tyrosine, pouvant indiquer l’ac- lon de ferments diastasiques particuliers: les acides organiques; les alcools, particulièrement l’alcool éthylique; les aldéhydes, les mercap- tans, le tryptophane, l’indol, le phénol, Le scatol. On peut, pour ces recherches, user de cultures complètes, compre- nant les microbes Lués par les réactifs ou la chaleur ; ou seulement des cultures privées de microbes par la filtration sur papier où, mieux, sur bougie Chamberland, comme il a été indiqué page 262. iECHERCHE DES PTOMAINES. Une première méthode très simple, qui n'est guère applicable qu'aux bouillons bien filtrés, consiste à alcaliniser le liquide avec de la potasse pour meltre en liberté les bases organiques et à l’épuiser par l'éther : par évaporation, on oblient un résidu sirupeux, impur, con- tenant la ptomaïne ou les plomaïnes. On peut le purifier en traitant par l'acide chlorhydrique et en faisant cristalliser les chlorhydrates à plusieurs reprises. Le chlorhydrate dissous dans de l'eau alcalinisée cède à l'éther sa base devenue libre. C’est là un procédé imparfait à plusieurs points de vue, mais qu'il peut être bon d'employer, surtout lorsqu'on ne cherche que des indications générales, à cause de sa simplicité et de sa facilité d’exéculion. Le procédé le plus recommandable pour l'extraction des ptomaïnes est celui indiqué par Armand Gautier (1). Si l’on a affaire à des produits solides, on les broie et on les épuise à l’eau bouillante; le liquide est filtré. Si l’on opère sur des bouillons, on les soumet à l’ébullition, puis on les filtre. Dans les deux cas, l'intervention de la chaleur sert à chasser l’'ammoniaque libre. Le liquide est précipité par l’acétate de plomb. On filtre et l’on ajoute au filtratum un léger excès d'acide (1) Armand Gautier, Cours de chimie, t. III. — Chimie biologique, p. 262. — Les toxines microbiennes et animales, 1896, Paris, Société d'éditions scientifiques, 328 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. oxalique qui acidifie la liqueur et précipite l'excès de ‘plomb. On filtre encore et évapore pour chasser les acides gras, en ajoutant de temps à autre un peu d'acide oxalique si l'odeur d'acide acétique ou butyrique se manifeste. On traite alors la liqueur par un lait de chaux très clair, de façon à enlever la majeure partie, mais non la totalité, de l'acide oxalique libre; enfin on concentre, s’il le faut, dans le vide, à l’état de sirop épais; celui-ci est repris par l'alcool à 980, qui dissout les oxalates des bases. L'alcool est évaporé et l'extrait sirupeux, délayé dans un peu d’eau, est broyé avec son poids d’un mélange de deux parties de craie et d'une partie de chaux éteinte en poudre. On chauffe à 35° ou 400 tant qu'il se dégage l'odeur d’ammoniaque et en recueillant, s'il le faut, les alcaloïdes volatils, puis on épuise par l'alcool à 830 bouillant, qui dissout les alcaloïdes. On précipite du liquide une trace de chaux par l'acide oxalique, on sature l'alcool par l'acide chlorhydrique et l’on évapore dans le vide sur la chaux éteinte. On obtient ainsi les chlor- hydrates des bases cherchées. Pour séparer les ptomaïnes qui peuvent être à plusieurs dans le résidu, on utilise la propriété qu'ont certaines de précipiter par le chlorure mercurique, d’autres de donner des chloro-platinates et chlo- raurates peu solubles ou insolubles et cristallisables, de distiller en pré- sence de magnésie pour les ptomaïnes volatiles. Le résidu calcaire d’où l'alcool à 83° a extrait des bases libres peut en contenir de non solubilisées. On l’acidule faiblement d'acide oxalique et on le reprend par l’eau bouillante. On neutralise par quelques gouttes d’eau de chaux, on filtre et l’on évapore; les bases peu solubles dans l'alcool restent comme résidu. Les ptomaïnes se présentent généralement sous la forme de liquides huileux; quelques-unes sont solides. Elles s'unissent aux acides en donnant des sels cristallisables. Elles précipitent par l'acide picrique et les réactifs généraux des alcaloïdes. La plupart se dissolvent bien dans l’eau, médiocrement dans l'alcool, mal dans la benzine et le chloroforme. Les résidus salins desséchés des ptomaïnes sont colorés en violet fugace par l'acide sulfoséléniteux, et en bleu pur, virant au vert bleu, par l'acide sulfomolybdique (Garnier et Schlagdenhaufen). Les ptomaïnes ont souvent sur l'économie des effets toxiques bien marqués, variables tou- tefois d'une ptomaïne à une autre. On en connaît un assez grand nombre; quelques détails seront donnés en étudiant les espèces bacté- riennes intéressantes à ce point de vue. RECHERCHE DES TOXINES. \ Autant que possible, les cultures sur lesquelles on veut opérer doivent être faites sur un milieu dépourvu de matières albuminoïdes ou de peptones, pour éviter la présence de substances protéiques difficiles à séparer des toxines. C'est ici que les milieux minéraux peuvent rendre beaucoup de services; malheureusement, beaucoup d'espèces, des pathogènes surtout, n'y végètent pas bien. Les liquides de culture, filtrés sur bougies Chamberland, sont traités par un grand excès d'alcool à 950, de quinze à vingt fois leur volume. On laisse en contact douze à quinze jours à l'obscurité; on filtre pour sépa- rer les substances albuminoïdes insolubilisées. Avant de traiter par l’al- RECHERCHE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES. 329 cool, il ya intérêt, pour raison d'économie, à évaporer le liquide dans le vide à 30°; on use ainsi beaucoup moins d'alcool. On dessèche le résidu dans le vide en présence d'acide sulfurique; on le pulvérise finement et l’on épuise par l’eau distillée froide; la toxalbumine se dissout dans l’eau. On peut la précipiter par l'alcool de sa solution. Comme ces précipitations affaiblissent toujours l'activité de telles substances, il vaut mieux faire les essais physiologiques avec la solution aqueuse obtenue comme il a été indiqué ci-dessus. Ces toxines, telles qu'onles connaît actuellement, bien imparfaitement encore, il faut le reconnaître (Voy. p. 64), sont des corps amorphes, blancs ou jaunâtres, sans odeur ni saveur, très solubles dans l'eau d’où les entraînent cependant les précipités gélatineux d’alumine et de phos- phate de chaux, insolubles dans l'alcool fort, l'éther, le chloroforme, sans odeur ni saveur. En présence de l’eau, elles s'altèrent lorsqu'on les chauffe vers 650; à sec, elles supportent mieux la chaleur. L'inoculation aux animaux des produits de culture débarrassés de microbes peut aussi renseigner sur la présence de produits actifs. L'inoculation à un cobaye tuberculeux peut faire reconnaître la pré- sence de tuberculine dans un liquide pathologique où l'examen micro- scopique ne révèle pas la présence de Bacilles tuberculeux. Les antitoxines se rapprochent des Loxines au point de vue chimique. C’est par la méthode qui vient d’être décrite que Guérin et Macé (1) ont pu extraire une substance antitoxique du sérum de cheval immunisé à l'égard de la diphtérie. RECHERCHE DES ALBUMOSES ET DES PEPTONES. Ces produits résultent de la modification des matières albuminoïdes proprement dites ou de dérivés secondaires comme lagélatine, par beau- coup d'espèces microbiennes. Les albumoses ne précipitent pas par la chaleur. Elles sont précipita- bles par addition à saturation de sels divers, en particulier le chlorure de sodium, le sulfate de magnésie, le sulfate d'ammoniaque. Elles pré- cipitent à froid par l'acide nitrique, l'acide acétique, le mélange de cyanure jaune el d'acide acétique; le précipité se redissout à chaud et reparaît par refroidissement. Elles donnent la réaction rose du biuret ; le réactif de Millon les colore en rouge vif. Les peptones ne précipitent pas par la chaleur. Elles ne précipitent ni par l'addition de sels solubles en excès, ni par l'acide azotique, l'acide acétique, le cyanure jaune acétiques. Elles donnent la réaction du biuret (coloration rouge lorsqu'on les additionne d’un excès d’alcali, puis d’un peu de sulfate de cuivre). RECHERCHE DE LA MUCINE. Beaucoup d'espèces en produisent (2). Weyl (3) en a signalé chez le (1) Guérin et Macé, Sur l’antitoxine diphtérique (GC. R. de l’Acad. des se., 5 août 1895). (2) RerrGer, Mucin as a bacterial product (Journ. of med. Research, 1903, X, p. 101). (3) Weyz, Zur Chemie und Toxikologie des Tuberkelbacillus (Deutsche med, Wochenschr., 1891, n° 7). 330 - TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Bacille tuberculeux, Lepierre (1) chez un Bacille fluorescent, Charrin et Desgrez (2) chez le Bacille pyocyanique. La mucine n'est pas coagulée par l'ébullition. Elle précipite par tous les acides; le coagulum gluant se redissout dans un excès d'acide miné- ral, mais non d'acide organique. Les sels neutres la précipitent. Elle se colore en rouge violacé ou jaunâtre par le réactif de Millon. RECHERCHE DES MATIÈRES COLOBANTES. Il n'est pas possible de donner de méthode générale de recherche. Suivant la nature et la solubilité du pigment, on emploie lun ou l'autre des dissolvants indiqués précédemment (p. 170). Pour être cer- tain d'opérer sur un produit pur, il serait nécessaire de l'avoir cristal- lisé ; on n'oblient que très rarement ce résultat avec les pigments micro- biens, et encore peut-on avoir affaire à des produits cristallisés de nature diverse, tyrosine, sels organiques ou minéraux, imprégnés seu-" lement de la véritable matière colorante. Le spectroscope rend ici de véritables services; mais ces recherches d'analyse spectrale sont encore trop peu avancées pour qu'on puisse en tirer quelques indications générales. RECHERCHE DES GAZ. Il est utile d'employer ici des dispositifs spéciaux de cullure qui per- mettent de recueillir facilement les gaz produits d'habitude en petites Fig. 169. — Tubes de fermentation d'Einhorn. quantités, tout en agissant sur peu de milieu. Les vases de cultures représentés figure 169 permettent de le faire commodément. Le liquide de culture est disposé de façon à remplir complètement la branche montante; le gaz qui se dégage se ramasse au haut de cette branche, 1) Lemgrre, Production de mucine par les Bactéries (Soc. de Biol., 1898, p. 284). (2) Cnarmx et Descrez, Production d'une substance mucinoïde par les Bactéries (Soc. de Biol., 1898, p. 209). ets mésianedt ins af PR duc Ent MD din à PPT CSC EN nn Tu Es CONTI POS, RECHERCHE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES. 331 où sa quantité peut être évaluée et d'où il peut être soutiré avec les deux premiers appareils. Les procédés ordinaires d'analyse renseignent sur la nature du produit. L'azole est dégagé en grande quantité de l'azotate de potasse par le Bacille pyocyanique. De l'oxygène peut être dégagé par des espèces aérobies cultivées à l'abri de l'air. Du méthane est produit surtout dans les fermentations des produits végélaux, surtout des celluloses. L'hydrogène doit être fréquent, surtout dans les fermentations par réduction. C’est l'hydrogène à l'état naissant qui réagit secondairemenl sur le soufre du milieu pour donner de l'hydrogène sulfuré. Recherche de l'hydrogène sulfuré. Il est très fréquent dans les produits de la vie microbienne. On peut le reconnaître simplement à l'odeur. Il vaut mieux recourir aux réactifs chimiques ; le meilleur est l’acétate de plomb (1). On place dans le col du vase de culture une bande de papier à l’acétate de plomb et l'on ferme avec un bouchon de liège ou une feuille d’étain, mais pas de caoutchouc qui renferme souvent du soufre. Au contact de l'acide sulfhydrique et suivant sa proportion, le papier brunit plus où moins ou peut même devenir noir; lorsqu'il ne s’en forme que des traces, la réaction demande du temps pour apparaître. Une dissolution alcaline d'oxyde de plomb dans la potasse donne un papier plus sensible que l'acétate. D'après Morris (2), il est préférable d'user de milieux de culture addi- tionnés de petites quantités d’acétate de plomb, où les Bactéries croissent aussi bien que dans les milieux normaux. Le meilleur est la gélose pep- tonisée à laquelle on ajoute, avant stérilisation, 1 gramme d’acétate de plomb par litre ; la gélatine réussit moins bien ; le bouillon ne convient pas, tout le plomb s’y précipite. Le milieu brunit ou noircit plus ou moins vite, en commençant par la surface. Toutefois, avant la mise en culture du microbe, les milieux doivent être essayés avec l’acétate de plomb, pour s'assurer qu'ils ne renferment pas de composés sulfurés pouvant réagir. Espèces produisant de l'hydrogène sulfuré. PAaCHIC EYPRIQUES ARR RM RE Lis En un jour. Spiciile dUICROLEEA PRE ERP ER CN Re == Baeñlerdu rhinosClé rome ee LE ue. — Staphylocoque.pyogène doré..................:. — ÉROLEUSEUUITATIS AE CIS achete soie ee COQ ME RE dec Une En deux jours. Bacille de la morve (réaction inconstante)....... — PROtenSIMuUTADIUUS TR RE dr diese eee — Bacille fluorescent non liquéfiant................ — Vibrionde MetsChmkOf Re Meet — (1) Perri et Maassen, Beiträge zur Biologie der Krankheitserregenden Bakterien im besondere über die Bildung von Schwefelwasserstoff durch dieselben unter vornehm- licher Berücksichtigung des Schweiner-rothtaufs (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheit- samte, VIII, 1893, p. 318). (2) Mornis, Studien über die Produktion von Schwefelwasserstof", Indol urd Mer- kaptan bei Bakterien (Arch. für Hygiene, XXX, 1897, p. 304). - - 2% 332 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Bacille-du, Schweinseuehe’:;.. 6 "Sr En deux jours. Bacillus megaterium ............ ÉRnere = Bacille PyYOCYARQUES ENTER RME De En trois jours. Vibrio aquatilis de Günther..........:........ . = Mibrionmdé Dunbar 22" RES RCE LH tE —= Bacileïde laSwine-plagüe : "4.7... 21000 En quatre jours. BaciLIns DRE TONNERRE" EEE CEST SN RRNEE —= —#%-capsulatuside Pfeiffer "21.51. %e. = Vibrnion de DpneckKPir ee er EN ER RRES AN — Bacs PODIUM RNA EE EE En six jours. ACHINOMYCES LES Pbeeene een ee lune e TRACE En huit jours. OprdetdeiPineklers- PS2 ES SRE Mere En neuf jours. Bacille fluorescent liquéfiant.................... En dix jours. 14 du'choléra despoules ter res En douze jours. Vibrion dé Wei ns CE A Er En seize jours. Spirillum concentricum ..... PR APRES MU MA SE .... En dix-sept jours. Bacille du lait bleu (faiblement})................. En trente jours. Bacillus prodigiosus (faiblement) ............... = Bacille rouge de Globig (faiblement)............. = Les espèces suivantes en donnent aussi après une durée variable : Bacillus aclinobacter. — anthracis. — cavicida. — diphleriæ, — fluorescens non liquefaciens. — Friedlaenderi (traces). — lactis aerogenes. — mesentericus vulgatus (traces). — _ pseudobutyricus (Hueppe). — _ pseudodiphtericus. Bacille rouge de Kiel. — dü rouget du porc (réaction inconstante). Bacillus subtilis (traces). — suipestifer. — suisepticus. — _ sulfureus (Holzchenikoff}. Micrococcus pyogenes (traces). Sarcina lufea (traces). Tyrothrix urocephalum. Ces résultats peuvent naturellement varier suivant certaines condi- tions du milieu. C’est la raison pour laquelle Petri et Maassen ont parfois énoncé des résultats différents. RECHERCHE DE L' AMMONIAQUE. Beaucoup d'espèces en donnent (1). On peut la reconnaître à l'odeur, à l'emploi du papier de tournesol ou de curcuma humides, ou user de sa propriété de donner des vapeurs blanches avec une baguette de verre imprégnée d'acide acétique cristallisable. Les amines réagissent de même. Il vaut mieux se servir du réactif de Nessler qui donne, avec les milieux contenant de l’'ammoniaque, une coloration allant du jaune au brun rouge suivant la proportion; il est alors nécessaire d agir sur des milieux incolores, comme les milieux minéraux. Pour doser l’'ammoniaque, on distille sur de la magnésie et on évalue (1) Berncnaus, Ueber die Ammoniakbildung bei einigen Bakterienarten (Arch. für Hygiene, LXIV, 1907, p. 1). | des taie. dès. oder LL de un. CEPU S S ST < x f 1 Das, di he en D nié | ns LAS) lu .€ n PT be Ua" RECHERCHE DES PRODUITS :FORMÉS DANS LES CULTURES, 333 la quantité qui a passé dans le distillat avec une solution titrée d'acide sulfurique. RECHERCHE DES NITRITES. On les recherche dans des milieux additionnés préalablement d’un peu de nitrate de potasse; les cultures doivent rester quelques jours à l'étuve. On peut employer l'empois d’amidon très faible additionné de Ogr,5 p. 100 d'iodure de potassium et quelques gouttes d'acide sulfu- rique ; s'il y a des nitrites, il se produit une coloration bleu noir ou vio- lacée: La réaction de la métaphénylènediamine est plus sensible; on ajoute un peu de solution du produit et quelques gouttes d'acide sulfu- rique étendu : s'il y a des nitrites, on observe une coloration brun jaune. Le procédé de Pichard est extrêmement sensible ; une goutte de solu- lion de nitrite est mélangée sur une assiette blanche avec une goutte d'acide chlorhydrique pur, puis on ajoute un fragment de brucine ; après cinq minutes au plus on obtient une coloration allant du rouge-vermil- lon au jaune ciair. Dans les mêmes conditions, l'acide chlorhydrique ne donne rien avec les nitrates. Le procédé de Schuyten (1), bien moins sensible que le précédent, peut également être employé : mélanger 5 centimètres cubes d’une solu- tion à 1 p. 100 d'antipyrine dans de l'acide acétique dilué à 10 p. 100 à un égal volume de liquide à examiner; s’il renferme des nitrites, il se produit une coloration verte dans l’espace d'une minute. RECHERCHE DE LA TRIMÉTHYLAMINE. Le réactif de Nessler donne, surtout lorsqu'il y a un excès d’amine, un précipité blanc brunissant assez rapidement. Le papier rouge de tournesol et celui de curcuma humides se comportent comme avec l’ammoniaque. Pour les amines, on peut employer la réaction d'Hoffmann avec le chloroforme et l’alcool sodé. RECHERCHE DE LA LEUCINE ET DE LA TYROSINE. La leucine se reconnait, à l'examen microscopique, à ses sphéro-cris- taux ou aux masses globulaires caractéristiques. Pour rechercher la tyrosine, le dépôt est traité, sous la lamelle, au microscope par un peu d'acide chlorhydrique concentré ; la tyrosine se dispose en aiguilles groupées en faisceaux ou en étoiles dont l'aspect est caractéristique. On peut aussi employer la tyrosinase, qui donne la coloration brune spéciale. RECHERCHE DES ACIDES ORGANIQUES. Tous sont solubles dans l’éther. Acidifier le liquide avec de l'acide (1) ScuuyTEen, Chem. Zeil., 1896, p. 722. 334 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. sulfurique pur, et agiter avec plusieurs volumes d'éther pur. L'éther, décanté et filtré, est évaporé à l'air après addition de quelques gouttes d'eau. Après essai au perchlorure de fer, on transforme en sels de zinc, plomb ou chaux, et l’on suit les méthodes d'analyse ordinaire. L'acide butyrique se reconnait en ajoutant quelques gouttes d' aol éthylique, un peu d'acide sulfurique et chauffant ; ilse produit de l'éther butyrique à odeur de fraises. On peut caractériser l’acide lactique par son sel de zinc et la réaction d'Uffelmann. L'acidité totale est évaluée avec une solution litrée de potasse et la phénolphtaléine comme indicateur. RECHERCHE DE L'ALCOOL ET DE L'ALDÉHYDE. C’est surtout l'alcool éthylique que l'on peut avoir en vue. On fait une distillation préalable. Le distillat, additionné d'une solution aqueuse, d'iode à 10 p. 100 avec quantité suffisante d'iodure de potassium, et d'un excès de lessive de soude, donne, après quelques instants, un précipité jaune clair, formé de cristaux étoilés hexagonaux d'iodoforme, à odeur bien spéciale. L'aldéhyde et l'acétone donnent cette mème réaction, mais instanta- nément. Pour déceler l'aldéhyde, on emploie une solution aqueuse de fuchsine décolorée par l'anhydride sulfureux. On agite parties égales de solution et de liquide à examiner; s'il y a de l’aldéhyde, on observe une colora- üon rouge. RECHERCHE DES MERCAPTANS. On traile par un peu d'éther, qui est décanté, puis évaporé. Les mer- caplans se reconnaissent à leur odeur alliacée spéciale et à la couleur des précipités qu'ils forment avec les sels métalliques. On dissout une petite quantité d'isatine dans de l'acide sulfurique concentré; en y faisant passer du mercaptan gazeux, la solution se y colore en vert-pré (1 RECHERCHE DU TRYPTOPHANE. On emploie la Tryplophane-reaklion. En ajoutant de l'eau chlorée ou de l’eau bromée, il se produit une coloration rouge violet. Ou encore, la solution, chauffée avec de l’acide chlorhydrique et un peu de saccha- rose, prend une coloration rouge violet, L'aicool amylique s'empare de la couleur. Beaucoup de Bactéries donnent de l’indol et du scatol aux dépens du tryptophane. RECHERCHE DE L’INDOL. La réaction pe l'indol, positive ou négative, est un caractère couram- ment utilisé (2). La présence de l'indol peut servir à la diagnose d'’es- pèces difficiles à distinguer. Voy., pour sa production, p. 69. (1) Bauer, Zeilschrifl für physiologische Chemie, 1902, XXXV, p. 346. (2) Poncuer, Des corps indologènes de l'urine (C. R. de l'Acad. des sc., 3 mai 1909). 1. T4 / RECHERCHE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES. 339 L'indol ne se produisant que par l'attaque d'une malière albuminoïde contenant du tryptophane dans sa molécule, il est nécessaire d'user de telles substances pour le rechercher. C'est le cas des peptones et surtout des peptones pancréatiques. La gélatine n'en donne pas, si on ne l'a pas additionnée de peptones. D'un autre côté, il est des peptones qui contiennent de l'indol ; il est avant tout nécessaire de vérifier à ce point de vue celle que l'on emploie. Il faut éviter, dans les milieux, la présence de sucres qui nuit à la formation del'indol etpeut mêmel'empècher complètement; les peplones sont aussi à vérifier de ce côté. L'indol se formant lentement et progressivement, il est mieux de le rechercher dans des cultures un peu âgées, de quatre à huit jours, par exemple : on peut cependant déjà en reconnaître la présence en moins de vingt-quatre heures, même après quinze heures dans bien des cas, après seulement six à huit heures avec les réactions les plus sen- sibles. Les meilleurs milieux pour ces recherches sont d'abord les simples solutions de peptones, puis les bouillons peptonisés. Employez de préférence les peptones Witte, Chapoteaut, Collas. Le taux des pep- tones importe beaucoup, celui de 5 p. 100 donne de meilleurs résultats que celui de 2 p. 100. Il est des espèces qui n’en montrent de petites quantités qu'avec un taux de 5 à 10 p.100, etmème seulement après un long temps de culture, une quinzaine de jours. On peut rechercher l'indol simplement dans les bouillons de culture mêmes, soit bouillons ordinaires, soit bouillons phéniqués ou acidifiés que l'on emploie pour l'isolement de certaines espèces. La présence de l'acide ne nuit pas; loin de là, les réactions d'indol ne réussissent pas en miieux alcalins. La réaction est rendue plus sensible en soumettant à la distillation le bouillon de culture pour que l'indol, volatil, passe dans le distillat ; on opère alors sur une solution plus concentrée. L'opération peut se faire en pelit, sur 10 à 20 centimètres cubes de culture, en recueillant alors de 2 à 5 centimètres cubes de liquide. On à des résultats bien meilleurs en employant une quantité plus grande de culture, comme il va être dit. On prend 400 centimètres cubes de bouillon de culture que l'on addi- tionne de quantité égale d’eau distillée et de 5 centimètres cubes d'acide sulfurique ordinaire, On distille jusqu'à ce que l'on obtienne 600 à 700 centimètres cubes. Ce distillat est alcalinisé avec de la potasse, puis redistillé jusqu'à obtention de 500 centimètres cubes environ. Dans ce distillat se trouvent l’indol et le scatol. Le résidu est saturé par un cou- rant d'acide carbonique, puis distillé à nouveau presque jusqu'à siccité; ce dernier dislillat renferme les phénols. Les réactions qui décèlent la présence de l'indol sont toutes des réac- tions de coloration. Réaction indol-nitreuse. Elle est basée sur la propriété, signalée par Salkowsky (1), qu’a l'indol, dissous dans l’eau, de donner une coloration rouge-sang, rouge (1) Sazkowsky, Zeitschrift für physiologische Chemie, 1888, VIII, p 417. 330 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE, vineux ou simplement rosée, en présence de l’acide nitreux. Kitasato (1) a le premier cherché à faire de cette réaction un caractère pouvant servir à la diagnose. La manière de faire est la suivante : À 10 ou 20 centimètres cubes environ de bouillon de culture que l’on veut essayer, on ajoute 1 ou 2 centimètres cubes d’une solution de nitrite de potassium, à 1 gramme pour 1000 grammes d'eau, puis on traite par quelques gouttes, 8 à 10, d'acide sulfurique pur. S'il y a de l’indol, la coloration apparaît. On peut employer l'acide chlorhydrique au lieu d'acide sulfurique. j La coloration peut être très légère et alors masquée plus ou moins complètement par la nuance du bouillon. En ajoutant 1 ou 2 centimètres cubes d'alcool amylique pur et en remuant doucement pour ne pas faire d'émulsion, on provoque la concentration de la matière rouge dans l'alcool amylique qui se teint alors en rose plus ou moins foncé. Il est bon d'essayer d'avance l'alcool amylique que l’on emploie, les alcools amyliques ordinaires renfermant souvent eux-mêmes de notables proportions d’indol; il ne faut employer que des alcools purs, reclifiés suffisamment pour ne pas donner à eux seuls la réaction cher- chée. Cet emploi d'alcool amylique rend la réaction beaucoup plus nette et est Loujours à utiliser quand la coloration n'est pas évidente. Par- fois, lorsqu'il n'existe que très peu d’indol, la coloration ne devient bien manifeste qu'au bout d’un certain temps, quelques heures. On dirait presque que l’alcool a dissous un corps indologène qui ne donne de l'indol qu'après quelque temps, au contact de l'air. Grubss et Francis (2) recommandent comme très sensible la manière de faire suivante : A 7 centimètres cubes d’une culture de trente-quatre heures, on ajoute 8 à 10 gouttes d’acide sulfurique pur et l'on agite; on fait cou- ler très doucement le long de la paroi inférieure du tube incliné 3 ou 4 centimètres cubes d’une solution de nitrite de sodium à 1 p. 1000, de facon à ne pas mélanger les deux liquides. Lorsqu'il existe de l'indol, il se forme, à la surface de séparation, une coloration très visible. Il devient possible, dans ces conditions, de reconnaître la présence d'indol dans des cultures où l’on n'en avait jamais observé la réaction. On peut aussi recourir à la modification indiquée par Nencki. On acidule le liquide avec quelques gouttes d'acide acétique cristallisable, puis on ajoute 3 à 4 centimètres cubes d’un mélange d'alcool et d’'éther; après agitation, on recueille l'éther qu'on évapore dans une petite cap- sule en porcelaine, sur le résidu on dépose quelques gouttes de la solu- ion de nitrite de potassium et très peu d’acide sulfurique pur. On par- vient ainsi à révéler des traces d’indol qui échapperaient avec le pro- cédé primiuf. Nonotte et Demanche (3) recommandent de chauffer jusqu’à l'ébul- lition la partie supérieure du liquide, après addition de la solution de nitrile et de l'acide; la coloration rose est beaucoup plus nette. Ils ont ainsi pu déceler l'indol dans une culture de Colibacille dès la qua- (1) Kirasaro, Zeilschrift für Hygiene, VII, 1889, p. 515. (2) Grusss et Fraxais, Ringtest for indol (Bull. of the hygienic laboratory. Was- hington, mai 1902). (3) NoxorTe et DEMANCHE, Sur la recherche de l'indol dans les cultures microbiennes (C. B. de la Soc. de Biol., LXIV, 1908, p. 494 et 658). RECHERCHE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES. 337 trième heure, alors que la réaction n'apparaissait à froid que vers [a vingtième. Avec des cultures de Bactéries qui forment des nitrites aux dépens de la petite quantité de nitrates, qui se rencontrent toujours dans les milieux complexes employés, la réaction se produit par simple addition d'acide. Le Spirille du choléra la présente bien nette, dans ces condi- tions, ainsi que quelques espèces voisines; d’où le nom de réaction du rouge de choléra qui lui a été donné. Pour en tirer parti, dans ce cas, il faut employer de l'acide sulfurique bien exempt de produits nitreux ou, mieux, de l’acide chlorhydrique ou de l'acide oxalique purs, que l’on peut avoir plus facilement tout à fait privés de produits nitreux. Réaction de Legal-Weyl. — Usitée pour la recherche de l’acétone, elle donne également de bons résultats pour la recherche de l'indol. A quelques centimètres cubes de la culture, on ajoute 4 à 5 gouttes d'une solution de nitro-prussiate de soude à 5 p. 100, puis, après mélange, quelques gouttes de lessive de soude à 40 p. 100; le liquide devient rougeâtre; en ajoulant une dizaine de gouttes d'acide acétique cristallisable, la coloration vire au bleu verdätre ou au bleu s'il se trouve de l’indol. Réaction de Crisafulli (1). — On prendun petit copeau bien sec de bois de pin ou d’autre conifère que l’on plonge dans le liquide à essayer, préalablement additionné de 1 à 10 gouttes d'acide chlorhydrique pur. Si le liquide contient de l’indol, le bois se colore en rouge-cerise OU en rouge violet. Le pyrrhol donne une même coloration, mais plusécarlate. Réaction d'Ehrlich à la diméthylamidobenzaldéhyde (2). — La dimé- thylamidobenzaldéhyde donne avec l'indol en solution dans l’eau une coloration rouge intense. La coloration est très nette avec des propor- tions d’'indol excessivement minimes, au millionième et au-dessus. On emploie les deux solutions suivantes : Solution n° 1. Paradiméthylamidobenzaldéhyde..................... 1 gramme. Alcool absSOEPA REED rec cerCeeLee -rre ce 95 grammes. Acide chlorhydrique pur.......... ROC RS LMD Er 20 — Solution n° 2. Persulfate de potasse en solution saturée dans l’eau distillée. A 10 centimètres cubes du liquide à éprouver, bouillon de culture ou distillat, on ajoute 5 centimètres cubes de la solution n° 1, puis 5 centimètres cubes de la solution n° 2, et on agite pour bien mélan- ger. S'il y a de l’indol, on observe après quelques minutes une coloration rouge intense. L’addition d'alcool amylique, comme précédemment (p.336), rend encore la réaction plus nette. Cette réaction serait bien plus sensible que la réaction indol-nitreuse. Elle pourrait faire reconnaître de l’indol là où cette dernière réaction n’en décèle pas. (1) Crisaruzur, La reazione rossa del legno di pino per la ricerca dell'indolo nelle culture in brodo dei microbi (Rivis{a d'Igiene, 1895, n° 5). (2) Enruicu, Med. Woche, 1901, n° 15; et : Freuw» et Lepacn, Berichle der deutsch. Chem. Gesellschaft, XXX VI, 1901, p. 308. Macé. — Bactériologie, 6° édit. 22 ‘ "1 ÿ 335 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. En usant d'échelles colorimétriques, on peut arriver à doser l'indol, comme du reste avec les réactions précédentes. Réaction de Buard à la vanilline (1). —A10 centimètres cubes de bouil- lon de culture, déjà après quinze à vingt heures, Buard ajoute 5 à 6 centi- mètres cubes d'alcool absolu, puis, après mélange, 1 centimètre cube d'une solution alcoolique de vanilline à 0,02 p. 100, et enfin 3 centi- mètres cubes d’acide chlorhydrique pur. S'il y a de l'indol, il se produit de suile une coloration rose qui va en s’accentuant. Réaction de Sicre et Escalion au furfurol{2). — Dix centimètres cubes de bouillon de culture sont additionnés à volume égal de solution alcoolique récente de furfurol à 1 p. 50, puis d'acide chlorhydrique pur, goutte à goutte. S'il y a de l’indol, il apparaît une teinte jaune, qui fonce au jaune orangé avec un peu plus d'acide. En résumé, pour les constatations courantes, on peut se borner à la réaclion indol-nitreuse, très sensible encore avec l'emploi de l'alcool amylique et surtout très peu coûteuse. Pour les cas difficiles, douteux, c'est la réaction d'Ehrlich qui paraît donner les résultats les plus sûrs. Les nombreuses observations faites ont permis de dresser les tableaux suivants, qui rendent de bons services dans la pratique. Principales espèces dont les cultures donnent la réaction de l'indol. Bacillus acidi lactici (Hueppe). -— amylobacter. — aquatilis communis (Flügge). — _ aqualilis (Frankland). — arborescens (Frankland). — aurantiacus (Frankland). — botulinus. _ cavicida. — Chauvæi. — cloacæ (Jordan). — coli communis. — denitrificans (Stutzer et Burri). — diphleriæ avium. — Friedlaenderi (traces). — _janthinus (peu). — lactis erythrogenes. — prodigiosus. — _ pseudodiphlericus. — putrificus coli. Bacille rouge de Kiel. Bacillus ruber (Lustig). — telani (peu). _ vermicularis (Frankland). — violaceus (3). — viscosus laclis. Micrococcus pyogenes aureus. — pyogenes citreus. Sarcain aurantiaca (traces). (1) Buann, Recherche de l'indol dans les cultures microbieanes (C. R. de la Soc. de Biol., LXV, 1908, p. 158). (2) Sicre et Escarron, Recherche de l'indol dans les cultures microbiennes à l’aide du furfurol (Arch. de l'Insl. Pasteur de Tunis, 1909, p. 21). (3) Certains types de Bacilles violets n'en donnent pas. Leur différenciation est encore peu nette. cd bn dadien done de bé cotes pti née tnt dE 4 . RECHERCHE DES PRODUITS FORMÉS DANS LES CULTURES. Sarcina lutea (traces). Spirillum albense. — Bonhofji. — choleræ. — danubicum. — Finckleri. — Ivanoffi. — Massaonah. — Metschnikorwi. — _ phosphorescens (Dunbar). Principales espèces dont les cultures donnent tardivement la réaction de l'indol. Bacillus choleræ gallinarum d'Ebhrlich) (1). — diphleriæ. (après quinze jours, avec la réaction — pyocyaneus ) après quinze à vingt jours avec 5 p. 100 de peptones Bacille du lait bleu \ (Morrisi (2). Principales espèces dont les cultures ne donnent pas la réaction de l’indol. Bacillus aerophilus. — anthracis. — aqualilis sulcalus I, IL, IL, IV, X — caniperda (Galli Valerio). — diphteriæ columbarum. — diphteriæ cuniculi. — _ dysenteriæ. — enteridis. — fœcalis alcaligenes. —_ lactis aerogenes. - mallei (traces, d'après quelques auteurs). — megalerium. — mesentericus ruber. — mesenlericus vulgalus. — muriseplicus. — maycoides. — 0zænæ. — pseudobutyricus (Hueppe). Bacille du rouget du porc. Bacillus septicus. — sublilis. — suipeslifer. — suiseplicus. — tubereulosis. — tlyphosus. — _ ZLopfii (ou traces très faibles). Bacilles paralyphiques. Micrococcus candicans. — cereus albus. —- pyogenes. — pyogenes albus. Méningocoque. Gonocoque. Micrococcus calarrhalis. Proteus vulgaris (3). — Zenkeri. (4) Porcxer et Panisser, Recherche de l'indol uns les bouillons microbiens (Soc. de Biol., 24 avril 1909, p. 304). (2) ) Morris, Arch. für Hygiene, XXX. (3) Certains Proteus vulgaris donneraient de l'indol; réactions semblables, mais un spectre différent, d'autres une matière ayant des 340 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. Spirillum aquatile (Günther). — berolinense. — liquefaciens (Bonhof. Spirille de Lisbonne. Spirillum tyrogenum. Enfin, il est des espèces qui ne forment pas d'indol, mais peuvent fabriquer des composés indologènes, acide indol- carbonique nolam- ment, qui dans certaines conditions, à la distillation surtout, peut, en se décomposant, mettre en liberté de l’indol qui ne préexistait pas dans la culture. C’est ce que Porcher et Panisset (1) ont observé avec le Bacillus anthracis, le Staphylocoque doré, le Bacillus enteridis, cer- taines variétés de Bacillus fœcalis alcaligenes. Ce fait et la différence de sensibilité des réactions employées expliquent les divergences d'opi- nion que l’on peut parfois constater. RECHERCHE DES PHÉNOLS. Il fautaussi employer, comme milieux, les bouillonssanssucres. On peut utiliser le résidu obtenu comme il vient d’être dit (p. 335) ou procéder directement de la manière suivante. On traite le liquide par un cinquième de son volume d'acide chlorhydrique et l'on distille. Le distillat, neu- tralisé par le carbonate de chaux, donne, s'il y a des phénols, une belle couleur violelte avec du perchlorure de fer neutre très étendu (réaction de Jacquemin). On ne trouve, en général, que très peu de ces corps, par exemple dans de vieilles cultures de Proteus vulgaris, de Bacilles du téta- nos, de Bacillus putrificus coli et certaines variétés de Colibacille (2). 8. CONSERVATION DES CULTURES Il peut être très utile ou avantageux de conserver aisément des cul- tures intéressantes par leur forme ou leur aspect, ou d'établir une sorte de musée de cultures pouvant être d’un haut intérêt pour la pratique ou l’enseignement. Les meilleurs résultats à ce point de vue obtenus jus- qu'ici sont dus à l'emploi de solutions d’aldéhyde formique ou formol. Le formol a la propriété d’insolubiliser et de durcir certains milieux, la gélatine en particulier, en lui conservant son aspect et sa transparence. Nous savons en outre qu’il possède des propriétés anliseptiques. En sou- mettant des cultures sur gélatine pendant quelque temps aux vapeurs du formol sous une cloche, ou en les plongeant dans une solution aqueuse faible (4 à 10 p. 100) de ce produit, la culture est immobilisée dans son aspect, qu'elle conserve pour ainsi dire indéfiniment, si l'on prend soin de s'opposer à toute évaporätion par un bouchage parfait du vase (3). Pour des cultures sur gélatine comme celles du Bacille du charbon au début, du Bacille lyphique, il suffit de verser dans le tube, au-dessus (1) Porncaer et Panisser, Des composés indologènes dans les cultures liquides (Acad. des sc., 17 mai 1909). (2) Dogrworskr, Des microbes producteurs de phénol (Ann. de l’Inst. Pasteur., 1910, XXIV, p. 595). (3) Hauser, Weitere Mittheilungen über Verwendung des Formalins zur Konser- vierung von Bakterienkulturen (Münch. med. Wochenschr., 1893, n° 35). EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 341 de la gelée, une dizaine de centimètres cubes de formol à 4 p. 100 et de fermer avec un bon bouchon que l’on paraffine, pour pouvoir les con- server indéfiniment avec leur aspect caractéristique primitif. La modification de la gélatine est si profonde, lorsqu'elle a subi assez longtemps l'action du formol, qu'on n arrive plus à la liquéfier même dans la flamme d'un bec de Bunsen ou en la faisant bouillir dans la lessive de soude. Les cultures sur plaques en flacons plats (p. 286) se conservent très bien en remplissant d'une solution très étendue de formol et bouchant bien ; ou en cristallisoirs, en les plongeant dans un bocal contenant une lelle solution. Les cultures sur gélose, sur pomme de terre, se conservent aussi très bien de la même manière. Souvent la solution de formol n’altère en rien l'aspect de la culture parfois la teinte seule change un peu. D'autres fois, pour les microbes chromogènes principalement, le liquide dissout une petite quantité de pigment et peut légèrement modifier la coloration de la colonie. Pour les Bactéries liquéfiantes, il faut naturellement n’user que des vapeurs de formol. Les tubes de culture sont placés, débouchés, sous une cloche.avec un récipient contenant une certaine quantité d’une solution concentrée de formol (40 p. 100); on les laisse quelques jours exposés au réactif. Il en est de même pour les Bactéries chromogènes dont la solution de formol modifie les pigments. En vapeurs, Miquel 1) préfère user du trioxyméthylène, polymère de l’aldéhyde formique, que l’on mélange avec une solution concentrée de chlorure de calcium; on obtient ainsi une pâte liquide qui dégage de fortes proportions de formol. Il est très commode de meltre un peu de trioxyméthylène au fond d’un gros tube à essai dans lequel on place le tube de culture simplement bouché à la ouale; les vapeurs d'aldéhyde formique qui se dégagent suf- fisent pour assurer la conservalion. III. — EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX Le complément indispensable de toute étude d'une espèce quelconque est la recherche de l’action qu'elle peut avoir sur l organisme animal, pour en tirer ensuile, par déduction ou par d’autres expériences, des conclusions dont on conçoit la haute portée hygiénique. L'importance de cette condition est plus évidente encore pour les Bactéries pathogènes, où elle doit fournir le seul signe absolu, le seul critérium indéniable de la relation de cause à effet qui existe entre le parasite et la maladie. Enfin, l'organisme animal semble posséder une sorte d’affinité pour cer- taines espèces auxquelles il offre, dans un mélange, un terrain particu- lièrement favorable, au détriment des autres. Il se fait ainsi une sorte de triage ; l'espèce donnée prédomine bientôt et finit par l'emporter com- plètement : les autres, inoculées avec elle, bien qu'en proportions sou- vent même plus fortes, disparaissent, étoulfées par la luxuriante végé- tation de la première. À ce moment, l'organisme infecté offre tous les (1) Miquez, De l'immobilisation des cultures sur les milieux solides au moyen des vapeurs de trioxyméthylène (Ann. de micr., VI, 1894, p. 422). V5 342 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. caractères d'une véritable culture pure ; il servira aux mêmes usages et, en particulier, fournira une semence véritablement pure. Cette méthode de culture naturelle est toute de Pasteur. Elle l’a con- duit au début à la découverte d’une espèce redoutable, le Bacillus sep- ticus, son Vibrion septique (1). En inoculant sous la peau d’un cobaye ou d'un lapin une petite quantité de terre végétale, qui contient un grandnombre d'espèces très différentes, la première arrive vite à occuper seule le terrain, y pullule et y détermine des troubles si profonds que l'animal succombe en présentant les symptômes caractéristiques de la septicémie de Pasteur. C’est un moyen journellement employé dans la pratique de laboratoire pour obtenir des cultures pures de la Baclérte du charbon. En inoculant du sang non putréfié, où cette espèce est mêlée à d’autres, l'animal meurt du charbon typique; son sang, recueilli avec les précautions voulues pour ne pas introduire de germes du dehors, ne contient que du Bacillus anthracis et en donne des cultures très pures. On ne trouve aucune trace des autres Bactéries du mélange primitif. En mettant à profit ces résullats, Koch (2) est arrivé à isoler, deliquides putréfiés divers, d'autres espèces également fort intéressantes, occasionnant chez les animaux d'expériences des variétés de septicémie, surtout curieuses et instruclives en ce sens que, très dangereuses pour l’animal qui les présente, elles le sont beaucoup moins, parfois même pas du tout, pour d'autres espèces animales. La différence d'action peut même être considérable entre deux espèces aussi voisines que le sont la souris des champs et la souris de nos maisons. La première, en effet, se montre complètement réfractaire à l'inoculation du Bacillus murisep- licus de Koch, qui détermine chez la seconde une septicémie à marche particulière et promptement mortelle. De même, en inoculant à des lapins du sang putréfié d’autres lapins morts du charbon, Charrin (3) a pu obtenir un Wicrococcus spécial luant l'animal en peu d'heures, avant que le Bacille du charbon eût pu manifester son action pathogène. Pour les trois raisons énoncées au début, l'expérimentation surl’animal vivant joue en Bactériologie un rôle très important. Il nous faut donc poser les règles à suivre en pareil cas. Nous passerons en revue succes- sivement les principes qui doivent guider dans le choix de l'animal sur lequel on veut expérimenter, les méthodes de contention qui permettent d'opérer aisément, la technique des inoculations expérimentales, la manière de pratiquer l'autopsie s'il y a lieu et la discussion des faits observés; enfin nous croyons devoir dre quelques mots, en dernier lieu, sur l’expérimentalion {n anim nobili, sur l'homme lui-même, qui tend à se répandre dans la pratique des laboratoires. 1°. CHoIx :DE ‘L'ANIMAL. Le choix de l'animal importe peu, à condition cependant de le faire parmi les espèces pouvant être influencées par l’agent infectieux s'il s’agit de Bactéries pathogènes. On fait en général usage de Mammifères. (1) Pasteur, Sur le Vibrion septique (Bull. de l'Acad. de méd., 1871). (2) Kocn, Untersuchungen über die Ætiologie der Wundinfectionskrankheiten, 1878. — Zur Untersuchungen von pathogenen Organismen (Mitth. aus dem kaiserl. Gesund- heilsamte, I, 1881). (3) CHarnin, Septicémie consécutive au charbon (Soc. de Biol., 2 août 1884). EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 343 / Les lapins, les cobayes, les rats et les différentes espèces de souris sont ceux dont on se sert le plus. Le chien est réfractaire à bien des maladies bactériennes; c'est une raison pour laquelle on ne s'en servira que rarement; le chat est trop méchant, l'expérimentateur doit s'en méfier. Les plus grands animaux sont réservés pour des cas tout spéciaux, à cause surtout de l'embarras et de la dépense qu'ils occasionnent. Les oiseaux servent encore souvent; dans ce cas, c’est à la poule, au pigeon ou au moineau que l’on s'adresse le plus volontiers, à cause de la facilité de se les procurer. Il faut ici tenir compte des modificalions que peut apporter leur température plus élevée que celle des Mammi- fères; cette différence peut faire changer les conditions d'expérience, comme nous l’avons déjà vu pour le charbon (p.158). Les Vertébrés à sang froid sont dans des conditions moins favorables encore pour ces expérimentations, à cause de leur basse température d’abord. Il est souvent possible de les porter à des températures eugé- nésiques pour les Bactéries, mais ils supportent souvent très mal ces conditions de chaleur; l'expérience peut ainsi se trouver faussée. Les grenouilles, que Gibier dit mourir en deux jours à 37° après une inocu- lation charbonneuse, périssent souvent en moins de temps à l’étuve à 37° sans aucune intervention. La ana temporaria résisterait moins à la chaleur que sa congénère, la Rana esculenta, qui pourrait vivre des semaines à 37°, surtout lorsqu'on la nourrit de force, avec des vers ou de la viande. Les conditions de température ne sont pas les seules qui influent sur le sort des infections expérimentales chez ces Vertébrés à sang froid; Cuénot (1) et Mesnil (2) ont montré que le rôle principal dans la résistance dont ils paraissent jouir à l'égard de beau- coup d'infections devait revenir aux processus de phagocytose excessi- vement aclifs qui se passent dans leur organisme. Les grenouilles, toutefois, résistent aux inoculations mêmé massives de toxines virulentes, la toxine diphtérique par exemple. Ici, la phagocytose ne paraît pas intervenir; leurs humeurs ne m'ont pas cependant paru renfermer de substance antitoxique. En multipliant les ‘inoculations sur des espèces variées, on court la chance d’avoir à signaler chez quelques-unes des particularités intéres- santes, qui pourront permettre de caractériser plus sûrement la Bactérie étudiée. Les animaux en expérience doivent être éloignés de toute source de contagion, qui pourrait venir fausser les résultats acquis. Aussi ne saurait-on trop recommander de tenir les animaux sains loin de ceux inoculés et de ne jamais praliquer d'inoculations dans le local où sont manipulés les cultures et les animaux qui ont suecombé. C'est en omettant ces précautions que plusieurs expérimentateurs se sont exposés à des mécomptes. C'est en particulier pour s'être exposé à une conta- mination si facile que Büchner en a été conduit à proclamer l'identité du Bacillus anthracis et du Bacillus subtilis, que la forme et l'aspect peuvent faire considérer comme similaires, mais que l’action sur les animaux, entre autres caractères, différencie si facilement; le premier (1) Cuénor, Études sur le sang et les glandes lymphatiques dans la Série animale (Arch. de zool. expér., 1891). (2) Mesniz, Sur le mode de résistance des Vertéhrés inférieurs aux invasions micro- ennes artificielles (Ann. de l'Inst. Pasteur, V, 1895, p. 301). 344 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. est en effel parfaitement supporté par l'organisme, même à doses mas- sives, landis que la moindre quantité de l’autre détermine une affection charbonneuse toujours grave. Il va sans dire que les animaux en expérience doivent être préservés de toute cause d'infection étrangère. Le local est tout particulièrement à surveiller; s'il se présentait des cas de septicémie, si fréquents sur les lapins, cobayes et souris, il serait désinfecté avec soin avant de s'en servir à nouveau. Les animaux doivent être préservés du froid et surtout de l'humidité auxquels beaucoup sont particulièrement sen- sibles. L'emploi de vases en verre pour les souris est à rejeter; il est préférable de les maintenir dans de petiles cages en toile métallique ou en fil de fer qui sont, pour les souris de maison surtout, redoutant l'humidité, un logement infiniment plus sain. Ces cages sont en outre facilement désinfectées par la chaleur dans l’étuve à air chaud. 20 CONTENTION DE L ANIMAL. L'animal choisi, il faut le maintenir. L'opération se fait facilement avec les espèces de caractère doux et inoffensif. Les lapins et les cobaves seront simplement tenus par un aide, comme l'indique la Fig. 170. — Contention simple du lapin par les deux mains d’un seul aide. figure 170, ou tout autrement. I] suffit souvent d’envelopper la tête du cobaye dans une serviette pour le faire rester tranquille quelque temps. Pour une opération assez difficile et un peu longue, il est bien préfé- rable de se servir d'appareils de contention permettant d'immobiliser le sujet d'une façon très complète, et surtout de faire varier à volonté la disposition des différentes parties du corps, en rapport avec l'opération à exécuter. L'appareil de Czermak (fig. 171), celui de Malassez (1), celui (1) Marassez, Arch. de méd. expér., II, 1891, p. 396. et , e ! £ L Ld EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 349 de Latapie (1), répondent lrès bien aux conditions requises; ce dernier, en particulier, peut servir à la fois pour le lapin, le cobaye, la poule, le Fig. 171. — Appareil de Czermak. La figure supérieure donne des détails de l'appareil La figure inférieure montre un lapin immobilisé. | pigeon, en faisant varier les dispositifs mobiles qui maintiennent la tête el les pattes postérieures. | Le dispositif représenté figure 172 est des plus commode pour Fig. 172. — Appareil de contention de Piorkowski. les cobayes et les rats. La figure montre sa composition et son maniement. L'appareil de Debrand (2), très complet, permet d'opérer facilement (1) Lararre, Nouvel appareil à contention pour animaux d'expérience (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 668). (2) Desran», Sur un nouvel appareil à contention (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 249, et Brochure complémentaire). \ 346 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. et rapidement, dans des situations très diverses, sur les animaux habi- tuels. : | Les rats sont assez à craindre ; les grosses espèces sont méchantes et possèdent des crocs redoutables. Les souris sont d'un emploi plus facile. Les différentes espèces qui peuvent servir, souris de maison, souris des champs, souris blanches, sont toutes d'humeur fort paisible. Pour les petites opérations, les inoculations que l'on fait à la base de la queue, par exemple, il suffit de les placer, la têle en bas, dans un petit flacon de verre à large ouver- ture. Leurs pattes glissant sur la surface polie, il leur est impossible de prendre un point d'appui pour se retourner; on peut d'ailleurs recouvrir le bocal en partie avec un couvercle, de manière à ne laisser dépasser que la parlie du corps qui doit servir. On les maintient complètement immobiles, lorsque cela est nécessaire, en les tenant en outre par la nuque à l’aide d'une pince. On peut encore les placer dans une cage à barreaux assez écartés, attirer et maintenir la queue à l'extérieur pour agir sur le (rain postérieur de l'animal. Pour opérer sur le cheval, la plupart du temps on peut se contenter du simple tord-nez tenu par une main ferme ; les chevaux difficiles ou les bovidés nécessitent souvent l'emploi de l'appareil bien connu sous le nom de {ravail. Pour les bovidés, on peut se servir des tables à inoculations vacci- nales, ou des appareils de contention usités en vétérinaire. On trouvera de plus amples détails sur les moyens de disposer les animaux pour les expériences et de les mener à bonne fin dans les livres spéciaux de physiologie opératoire, en particulier dans les traités de CI. Bernard et de Livon !1). Pour les opérations un peu délicates, on a souvent grand avantage à recourir à l’anesthésie, La souris s'anesthésie rapidement en la plaçant sous un verre avec un tampon d’ouate imbibé de quelques gouttes d'éther ou de chloroforme. On anesthésie les cobayes, lapins, chiens, en leur plaçant sous le nez une éponge imbibée d'un peu de chloroforme. Une balance ou une bascule est toujours nécessaire; il faut prendre le poids de l'animal avant l'opération et suivre ses varialions qui peuvent avoir un grand intérêt. INOCULATIONS. On arrive de plusieurs manières à mettre les Bactéries, dont on veut étudier l’action, en contact plus ou moins direct avec l'organisme. Il faut, si l’on ne veut pas essayer toutes les méthodes d'inoculation, faire un choix parmi les principales, en se guidant sur les conditions particulières d'existence de l'espèce infectieuse étudiée, lorsqu'on en connaît quel- ques-unes. La malière d'inoculation doit être placée à portée de la voie qu'elle doit suivre pour se répandre dans l'organisme. Les précautions à prendre pour l'inoculation sont les mêmes que celles conseillées pour l’'ensemencement des cultures pures dans les milieux nutritifs; l'expérimentation sur l'animal est une véritable (1) CL Bervanp, Leçons de physiologie opératoire. Paris, J.-B. Baillière, 1879. Livox, Manuel dé vivisections. Paris, J.-B. Baillière, 182. l EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 347 / culture dans un milieu vivant. Il faut éviter l'apport de germes étrangers venant de l'air, de la surface du corps de l'animal, de ses organes internes, et enfin de la matière d’inoculation ou des instruments qui servent à l’introduire. La contamination par l’air n'est guère à craindre, car, outre qu'il ne montre presque jamais de germes pathogènes, l’inocu- lation proprement dite dure si peu de temps qu'aucune erreur n'est possible. On peut, du reste, se mettre dans les meilleures conditions en opérant dans un endroit tranquille, loin des courants d'air, où l'atmo- sphère a laissé déposer ses poussières et aussiles Bactéries qu'elle tenait en suspens. Îl exisle normalement chez l'homme et les animaux, à la surface de la peau ou des muqueuses, de nombreuses Bactéries, dont quelques-unes ont une aclion pathogène bien démontrée. Aussi faut-il s'efforcer d'en débarrasser les téguments à la place où l’on doit opérer. Pour ce faire, on lave d'abord fortement la peau au savon, puis à une solution de sublimé à 1 p. 1000; on rince plusieurs fois à l'alcool et en dernier lieu à l’éther, dont l'évaporation se fait beaucoup plus rapide- ment. Lorsque la peau est couverte de poils, on les coupe à l'avance avec des ciseaux courbes ou, mieux, on les rase exactement. Il peut être plus commode de brûler la peau au thermocautère dans une certaine étendue ; la brülure doit être assez profonde et intéresser le derme. L'animal d'expérience devra tout naturellement être absolument sain ; on doit écarter systématiquement ceux qui pourraient présenter le moindre symptôme morbide. Il peut être nécessaire de pouvoir doser exactement la quantité de microbes à inoculer. On peut employer la méthode utilisée par Nicolle (1) dans son étude de la morve expérimentale du cobaye. Il prend comme unilé de bacilles vivants d’une jeune culture sur gélose le centigramme. La pesée se fait sur une petite lame de carton lisse ou une lamelle de verre stérilisées. La quantité voulue est émulsionnée dans de l’eau physiologique en proportion déterminée; ilest facile d'ar- river par dilution à obtenir des doses d’un dixième, d’un centième, d'un millième, etc., de cette unité. La manipulation se fait avec une petite spatule de plaline. Enfin, il faut éviter d'apporter, avec la substance d'inoculation, des germes autres que ceux à étudier. Ce résultat est obtenu en prenant la malière dans des cultures d'une pureté reconnue et en n’utilisant que des instruments stérilisés en toute assurance. Cette stérilisation des instruments s'obtient facilement en les soumettant aux procédés habi- tuels (Voy. p. 253 et suiv.). Les instruments d’acier seront chauffés une heure à 150° dans une étuve à air chaud, enfermés dans une boîte de métal ou dans une grosse éprouvette de verre de Bohème fermée par un tampon de coton, ou, mieux, mis à bouillir pendant un quart d'heure à une demi-heure dans de l’eau pure ou additionnée d'un peu de borax ou de carbonate de soude. Pour les instruments de petit volume et que l’on ne craint pas de détériorer, on peut simplement recourir au flam- bage dans la flamme d’un bec de gaz ou d’une lampe à alcool. Le modèle d’étuve représenté figure 173 est construit spécialement pour la stérilisation des appareils de métal et des instruments de chirurgie; le (1) Nicoee, Études sur la morve expérimentale du cobaye (Ann. de l’Inst. Pasteur XX, 1906, p. 629). 348 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. stérilisateur à air chaud décrit plus haut remplit du reste le même but. Les appareils plus délicats, ceux où entre du caoutchouc, seront mis un temps égal dans le stérilisateur à vapeur ou, mieux, dans l'autoclave à 120°, Pour certains, on doit recourir à la stérilisation chimique obte- nue en les faisant macérer longtemps dans des antiseptiques énergiques, la solution de sublimé corrosif, une solution concentrée d'acide phénique, | ne six Hi l nl Li Fig. 173. — Stérilisateur du D' Poupinel. de formol. Un lavage à l'alcool fort les débarrasse du réactif lorsqu'il gène. Un long séjour dans l'alcool absolu peut suffire et rendre, dans bien des cas, d'excellents services. Cependant, il faut toujours se défier de la stérilisation par ces antisepliques. 1° /nstruments. Les instruments nécessaires à ces opérations sont tout d’abord les scalpels, pinces et ciseaux qui servent couramment pour toutes les opérations chirurgicales. Ilest à recommander de prendrede préférence des scalpels entièrement métalliques ; leur stérilisation est plus assurée. De simples aiguilles peuvent très bien suffire pour certaines inocula- ions; pour le charbon, on peut simplement tremper une aiguille dans du produit virulent et faire à son aide une simple piqûre. On peut . encore, à l’aide d'un fil de platine chargé, déposer une petite quantité de virus à la surface d’une petite incision ou d’une petite plaie super- ficielle. Les petiles pipettes de verre étiré, telles que celles représentées figure 160, page 318, rendent de très bons services. On peut en avoir une provision stérilisée d'avance et à pointe fermée. La pointe est brisée st EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 349 puis flambée légèrement; en aspirant par la grosse extrémité munie d’un tampon d’ouate, on y fait entrer la quantité voulue de liquide à inoculer, On fait ensuite pénétrer la pointe dans le tissu ou la cavité où l’on veut faire l'inoculation et l'on chasse le contenu en soufflant par l'extrémité opposée. L'instrument le plus commode pour la pratique des inoculations est sans contredit la seringue. Comme il doit être facile de pouvoir stériliser sûrement et souvent les seringues dont on doit faire usage, il faut choi- sir des modèles qui résistent aux procédés employés. Les seringues à piston de cuir, du type dela seringue de Pravaz, ne peuvent pas servir ; sous l'influence de la chaleur, le piston se racornit et devient vite inuti- lisable, s’il ne l’est pas d'emblée. Depuis quelques années, on a imaginé de nombreux modèles de seringues qui puissent supporter facilement les procédés de stérilisation par l’eau ou la vapeur; nous ne pouvons citer que les principaux. La seringue de Koch se compose d’un cylindre de verre gradué qui peut recevoir à une extrémité l'aiguille trocart de la seringue de Pravaz; à l’autre extrémité se trouve un ajutage métallique à robinet auquel s'adapte une poire en caoutchouc. Le cylindre est stérilisé à l’autoclave ou à l'eau bouillante avec sa canule; la poire sert à aspirer et à chasser le liquide à inoculer. La seringue de Straus, que construit Collin, est un des modèles les plus recommandables. C’est une seringue analogue à celle de Pravaz, dont le piston est en moelle de sureau. La moelle de sureau supporte parfaitement la chaleur humide ; quand elle a été quelque peu compri- mée, elle se gonfle et fail fermeture complète. Le piston se compose d’un disque de moelle de sureau de 1 centimètre de hauteur, disque serré par un pelit écrou qui termine le piston. Il est facile de fabriquer soi-même de nouveaux pistons avec de la moelle de sureau bien souple et bien homogène, que l'on tasse entre deux doigts. Deux rondelles de moelle de sureau sont interposées entre les deux extrémités du cylindre de verre et l’armature métallique et assurent la fermeture parfaite de l'instrument. La seringue de Debove (fig. 174), construite par Galante, a son piston etses rondelles en amiante, supportant, par conséquent, aussi très bien la stérilisation. Elle est d’un démontage très facile. La contenance varie de 2 à 20 centimètres cubes, suivant le modèle. La seringue de Roux a le piston etles rondelles en caoutchouc, résis- tant bien à la stérilisation et faciles, du reste, à remplacer. Lüer construit une seringue tout en verre, formée d’un corps de seringue gradué à l'extrémité duquel s'adapte l'aiguille. Le piston est formé d'un cylindre de verre exactement calibré par rodage à l’émeri, qui glisse à frottement dans l’intérieur du corps de seringue. L'adaptation de ces deux parties doit être parfaite. Elle l’est en effet dans ce modèle excellent, facile à approprier, facile à stériliser, des plus simple à manier ; Le défaut est peut-être une fragilité un peu trop grande néces- sitant des précautions. On construit actuellement des modèles très solides où le corps de seringue, en verre gradué, est encastré dans deux extrémités métalliques, et le piston, exactement rodé, entièrement métallique. LS 390 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. On fait aussi d’après les mêmes données des seringues entièrement métalliques (1) qui présentent comme seul inconvénient leur opacité ; on ne peut pas voir leur contenu. L’in- convénient est compensé par la gra- duation de la tige du piston et par une solidité très grande. Les aiguilles doivent naturelle- ment être stérilisées comme la se- ringue. Cette stérilisation peut s’obtenir en faisant simplement bouillir la seringue dans l’eau pendant un quart d'heure. Il faut alors prendre la pré- caution de desserrer quelque peu l'armature de la seringue, ou même de retirer tout à fait le piston lors- qu'il est plein, pour donner de la hberté au cylindre de verre et lui permettre de se dilater. Il est à re- commander aussi de faire pénétrer d'avance de l’eau dans la seringue ; l'équilibre de température s'obtient plus vite. Lorsque la stérilisation doit être absolue, il est préférable de stériliser les seringues à l'autoclave ;: on a souvent avantage à stériliser la seringue toute montée dans un gros tube à essai fermé avec de la ouate hydrophile. Les aiguilles en acier s’oxydent dans l’eau bouillante ; on peut éviter en partie cet inconvénient en ne les metlant dans l’eau que lorsqu'elle a bouilli, puis en les plongeant dans l'alcool absolu au sortir de l'eau ou dans une solution de borax. Après passage à l’eau, avant de les rentrer, il faut les essuyer soigneusement et les sécher rapidement à une douce chaleur ou en soufflantfortementpar l'embout. Les aiguilles en platine iridié ne s'oxydent pas et peuvent même être stérilisées en les portant au rouge dans une flamme; elles piquent cependant moins bien que Le note he Mamih -it sdtivtsté tif ssute SSI Fig. 174. — Seringue | stérilisable de Celles d'acier; de plus, le platine est M. le professeur Debove. souvent mal iridié et devient alors facilement cassant. IT faut entretenir avec soin les aiguilles d'acier, les frotter à l'extérieur avec de l’émeri (1) Herger, 62, rue de Provence, Paris. È EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 391 très fin et aiguiser chaque fois l'extrémité tranchante sur une pierre ou du papier d’émeri. Après les avoir nettoyées et avant de s'en servir, il faut passer un fil métallique à l'intérieur. Lorsqu'on veut inoculer ou retirer une grande quantité de liquide, il faut se servir de {rocarts plus ou moins gros, ceux del'appareil Dieulafoy par exemple, auxquels on peut, du reste, SES une seringue de con- tenance voulue. On peut avoir à employer le /répan lorsqu'on veut agir directement sur les centres nerveux par exemple. La trépanation est une opération trop spéciale pour être décrite ici ; on mettra en œuvre les indications données dans les Traités de chirurgie. 20 Matière d'inoculalion. Les matériaux qui doivent servir à inoculer sont ou des produits de cultures ou des produits pathologiques. Ces produits sont liquides ou solides. Pour les liquides, il n’y a aucune difficulté. Ils sont aspirés asepti- quement avec les pipettes ou les seringues stérilisées. Le sang, se coagulant facilement, est difficile à injecter avec une seringue ou une pipette qu'il obture souvent aussitôt. 11 faut laisser la coagulation se produire dans un vase, puis injecter le sérum et traiter le caillot comme les malières solides. Les produits solides peuvent être inoculés directement, sous la peau ou dans une cavité naturelle par exemple. Ou ils peuvent être mis en suspension dans un liquide stérile, eau ou bouillon; c’est le cas des cultures sur milieux solides. Il suffit parfois de les délayer simplement dans le liquide; d’autres fois, il faut les triturer, les broyer, pour les dis- socier convenablement et en faire une véritable émulsion. Il est naturel que ces opérations doivent se faire d’une façon tout à fait aseptique. 3° Votes et methodes d'inoculalion. On peut introduire la matière d'inoculation dans l'organisme de différentes façons. L'expérimentateur se rappellera que les effets pro- duits peuvent être variables suivant le point d'introduction; on en trouvera de nombreux exemples dans l'étude des espèces. Les microbes peuvent pénétrer dans l'organisme par la voieintestinale, par la voie pulmonaire, par la surface tégumentaire ; on peut encore les inoculer dans le sang, dans la cavité péritonéale, dans la plèvre, dans la chambre antérieure de l’œil, sous la dure-mère. 1. INOCULATION PAR INGESTION Les germes contagieux peuvent être introduits par l'intestin. Pasteur a jetéune vive lueur sur l’étiologie du charbon des animaux domestiques en montrant que l'infection était possible si des germes de la Bactérie spéciale venaient à être introduits dans le tube digestif. Il est vrai que l'intégrité absolue des voies digestives, de l'entrée à la sortie, est une barrière très sûre contre l'invasion, mais c’est le cas le plus rare; 1l se trouve d'habitude quelque petite éraillure par où le parasite peut pé- nétrer dans la circulation. Toutes les causes qui lèsent l'intestin aug- 392 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. mentent les chances de contagion ; en mêlant des substances dures ou piquantes aux aliments, Pasteur a rendu charbonneux toute une série de moutons qu'il voulait contaminer. Il est même démontré aujourd'hui qu'il suffit de lésions d'importance bien moindre, d'une simple conges- tion de la muqueuse. D'autres fois, c'est à la destruction par les sucs intestinaux des Bactéries mgérées qu'il faut s'opposer. L'acidité du sue gastrique surtout est souvent nuisible; on y remédie en introduisant : dans l'estomac, peu avant l'expérience, quelques centimètres cubes d'une solution de carbonate de soude. Il est du reste impossible, à l'heure actuelle, de tracer des règles générales; c’est à l’expérimenta- teur de chercher à tourner de son mieux les difficultés qui se présentent. On peut simplement mêler la matière d'inoculation aux aliments ; ou bien on la fail pénétrer directement dans l'estomac à l’aide d'une sonde ou dans le pharynx avec une pipette, en maintenant la tête élevée. 2. INOCULATION PAR INHALATION L'inhalalion semble avoir donné quelques résultats positifs. Friedlaen- der (1) a pu déterminer des pneumonies véritables en faisant respirer à des souris de l'air chargé du Micrococcus de la pneumonie. On arrive à ce but par divers artifices. On peut pulvériser, dans l'atmosphère où est placé l'animal, de l'eau chargée de la Bactérie à étudier, prise dans une culture pure. Ou bien, on insuffle directement dans les voies respira- toires des cultures desséchées à basse température et réduites en poudre, pures ou mêlées avec des éléments très fins comme des spores de Lyco- pode ou de Lycoperdon. L'état de la substance à insuffler influe consi- dérablement sur les résultats de l'expérience. Cadéac et Mallet (2) ont montré, dans une série d'expériences dont le résultat pratique n'échap- pera à personne, que la tuberculose était parfaitement inoculable par inhalation de liquides pulvérisés tenant en suspension des Bacilles tuber- culeux. L'infection s'’observe au contraire très rarement lorsque les mêmes agents sont incorporés à des poussières. Il est encore facile de placer l'animal sous une cloche où l’on pulvérise des liquides chargés des produits à expérimenter. 3. INOCULATION PAR LA PEAU L'application simple sur la peau, suivie ou non de frictions, peut déterminer une infection localisée ou générale. Garré (3) a réussi à produire sur son bras un anthrax en frottant la peau de cette place, lavée et stérilisée d'avance, avec une culture pure de Micrococcus pyogenes aureus de troisième génération. L'anthrax était entouré d'une couronne de petits furoncles; dans ces divers foyers de suppuration, le Micrococcus employé se rencontrait en nombre considérable. Bockhart (4) a pu déterminer des symptômes blennorragiques en (1) FrigpLAENDER, Die Mikrokokken der Pneumonie (Fortschr. der Med., 1883). (2) Canéac et Marzer, Recherches expérimentales sur la transmission de la tuber- culose (C. R. de l'Acad. des sc., 12 décembre 1887). (3) Garrk, Zur Aetiologie acuter eitriger Entzündungen (Fortschr. der Med., 1885), (4) Bocknarr, Beiträge zur Aetiologie und Pathologie des Harnrührentrippers (Vier- teljahrschr. für Derm. und Syph., 1883). EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 393 amenant des cultures pures de Micrococcus gonorrheæ au contact de la muqueuse urétrale saine. D'après des recherches de Babès, le Bacille de ta morve pourrait aussi traverser la peau saine et causer une morve caractéristique. Le mode de pénétration de la Bactérie infectieuse dans ces cas est encore bien obscur; les glandes de la muqueuse ou de la peau paraissent devoir jouer le principal rôle. Courmont et Lesieur (1) ont observé le passage du Bacille luberculeux à travers la peau saine, surtout épilée, chez le cobaye, le veau et le lapin. La méthode d'inoculalion sous-culanée est de beaucoup la plus employée ; c'est aussi elle qui donne les résultats les mieux connus. Les phénomènes y sont cependant complexes. La matière d'inoculation est portée dans le tissu cellulaire sous-cutané; mais elle trouve là différentes voies de pénétration ; il est parfois bien difficile de déterminer celle qui est suivie. Avant tout, la peau doitêtre préparée à l'opération comme il a été dit page 313, lorsqu'il s'agit d’expé- riences absolument rigoureuses. Le moyen le plus simple consiste à faire, de l'extrémité d'un bistouri, une petite boutonnière à la peau que l’on soulève avec une pince. On creuse légèrement le tissu cellulaire avec une sonde cannelée, et dans la dépression produite on introduit une parcelle de la matière d'inoculation que le tissu enserre en revenant sur lui-même. Rappelons que les 1ins- truments doivent être stérilisés bien sûrement et qu'il serait imprudent de reprendre un instrument qui a été déposé, ne fût-ce que quelques secondes. Il faut donc prendre soin de s’approvisionner d'avance. C’est Fig. 175. — Injection hypodermique le procédé courant suivi dans les (manuel opératoire). laboratoires pour se procurer de la matière tuberculeuse pure. On inocule un cobaye sous l’abdomen avec un produit tuberculeux quelconque ; quinze jours ou trois semaines après, ilest bon à sacrifier, ses organes sont d'ordinaire farcis de tuber- cules. On a souvent av antage à se servir d'une seringue. Pour l'inoculation, on choisit de préférence une région du corps où le tissu cellulaire sous-cutané est très lâche. On tire la peau de façon à lui faire faire un gros pli (fig. 175); on brûle au fer rouge une place très limitée ou on l’aseptise très soigneusement par des lavages au sublimé après avoir rasé les poils et, à l'endroit voulu, on introduit la canule de la seringue soigneusement stérilisée ou flambée, On vide la seringue de son contenu qui se répand dans le tissu conjonctif. La souris doit être inoculée sous la peau du dos à la racine de la queue, ou à la base de la cuisse. Le cobaye a, en bien des endroits du corps, une peau épaisse et dure, une véritable couenne; l'endroit le (1) Courmonr et Lesteur, Passage du bacille tuberculeux à travers la peau chez le cobaye, le veau, le lapin (C. R. de la Soc. de Biologie, LXITI, 1907, p. 1143). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 23 394 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. plus favorable à la pénétration de l'aiguille est le milieu des pattes pos- térieures. Le lapin s’inocule facilement sur les membres ou sur le dos, 4. INOCULATION INTRAVEINEUSE Elle se fait en injectant dans une veine, à l'aide d'une seringue ou d’une pipette effilée, une certaine quan- üté de liquide. Le liquide doit être filtré ou ne tenir en sus- pension que des élé- ments très fins, pas- sé sur un linge de batiste par exemple ; la présence de gru- meaux détermine fa- cilement une embolie mortelle. Ces injections in- traveineuses offrent souvent le grand avantage d'une ac- tion beaucoup plus Fig. 176. — Injection intraveineuse avec une seringue prompte ; de plus il à petite canule acérée (a) (CI. Bernard). ; ? Z. ne peut y avoir de mé- prise sur Ja voie exacte qu'a suivie l'infection. Les effets produits, il faut se le rap- peler, peuvent être tout différents, en plus ou en moins, de ceux déter- minés par l'injection sous-cutanée par exemple ; l'étude des espèces en fournira des preuves nombreuses. Le manuel opératoire est relativement simple lorsqu'on a facilement à sa portée une veine assez grosse, comme plusieurs veines de l'oreille du lapin, surtout les marginales, plus grosses et facilement accessibles, | On coupe les poils aux ciseaux courbes et on lave soigneusement au sublimé. On comprime la portion de veine à son bout central pour la faire gonfler et l’on pique avec l’aiguille de la seringue tenue à la main ou portée par un petit mandrin de bois. Si l’aiguille est réellement dans la veine, on voit sourdre une goutte de sang par son ouverture posté- rieure. On cesse la compression, on adapte la seringue et l'on pousse doucement l'injection dans le sens du courant sanguin. L'inoculation terminée, on retire l'aiguille ; le petit orifice de la paroi veineuse se referme de suite. Lorsque la veine est située plus profondément, il faut la dénuder. La figure 177 indique la direction et l'étendue de l'incision qui permet de découvrir la veine jugulaire du lapin. Chez le cobaye, il est nécessaire de s'adresser à la jugulaire que l’on met aussi à nu préalablement ; les veines superficielles sont trop petites. Chez le chien, c'est la veine saphène qui offre le plus de facilités. On l’aperçoit facilement sous la peau de la face externe de la partie terminale de la patte, faisant un angle aigu avec le tendon d'Achille. En incisant la peau, on la met faci- _ ch min ie. t EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 399 lement à nu. Souvent, pour ces petites veines, surtout quand linjection doit être de quelque durée, on a intérêt à isoler le vaisseau sur une sonde cannelée avant de le ponctionner. Chez le cheval, il est très facile de pénétrer dans la jugulaire, en faisant une petite incision à la peau, comme il a été dit pour la saignée (p. 235); ici, le vaisseau est Fig. 177. — Veine jugulaire du lapin; direction de l’incision (ab) par laquelle on arrive sur cette veine (CI. Bernard). assez gros pour qu'on puisse le ponctionner d’autorité. Chez les oiseaux, on fait l'injection dans la veine axillaire que l’on aperçoit sous l'aile, immédiatement sous la peau. 5. INOCULATION INTRAPÉRITONÉALE Les injections intrapérilonéales peuvent se faire avec des seringues ou avec des pipettes de verre effilées, lorsque la matière à inoculer est tant soit peu épaisse el visqueuse. L'inconvénient à éviter est la perforation de l'intestin. On pince la peau et les muscles de l’abdomen et l’on pousse hardiment l'aiguille dans le bourrelet soulevé pour le séparer de la masse intestinale ; on s'assure par la palpation que l'aiguille n’est pas passée sous la peau. On peut aussi faire une petite boutonnière à la peau du ventre préala- blement stérilisée : les muscles apparaissent; on les traverse doucement avec l'aiguille ou l'extrémité effilée de la pipette, jusqu’à ce qu’on sente la résistance cesser. Si l’on veut introduire dans le péritoine un corps massif quelconque, un fragment d’organe par exemple, il faut faire une petite laparotomie. On fait une petite incision, sur la ligne blanche, jusqu’à l'aponévrose, qu’on soulève avec une pince, et, avec des ciseaux, on fait une ouver- ture à la base du pli pour ouvrir le péritoine. On agrandit l’incision en se servant d’une sonde cannelée pour diriger l'instrument. L'objet est introduit. On ferme rapidement l'incision par une pince à pression, puis on met des points de suture séparément sur le périloine, sur la couche musculaire et en dernier lieu sur la peau. Naturellement, 1] faut procéder avec la plus grande asepsie. Pour étudier l’action directe des produits formés par les microbes, 396 TECHNIQUE BACTÉRIGLOGIQUE. ou pour meltre les microbes dans des conditions particulièrement favorables qui permettent souvent d'exalter d'une façon très notable leur virulence, l'emploi de l'introduction dans le péritoine d'animaux divers, cobaye, lapin, chien, mouton, etc., de sacs de collodion remplis de bouillon ensemencé est des plus recommandable. Ce procédé a été imaginé par Metschnikoff, Roux et Salimbeni (1) pour leurs études sur la toxine et l’antitoxine cholériques ; il a été appliqué depuis, et avec succès, à bien des espèces, pathogènes ou non. C’est une véritable cul- {ure in vivo. On prépare de petits sacs de collodion de la contenance de 1 à quel- ques centimètres cubes, à paroi très mince, en enroulant un peu de collodion, non riciné de préférence, sur l'extrémité fermée d'un tube à essai ou en plongeant cette extrémité dans le collodion sur une hauteur un peu plus grande que celle voulue pour le sac. On retire, on fait égoutter l'excès, puis on recommence une ou deux fois pour avoir un peu d'épaisseur ; on continue à tourner pendant quelques minutes pour laisser le collodion prendre de la consistance sans changer de forme, À l'Institut Pasteur, on prend l'extrémité extérieure du tube ; on semble mieux réussir en opérant à l'intérieur du tube. On laisse sécher ; le petit doigt de gant, obtenu en coupant à la partie supérieure, se sépare facilement du verre. On trouve, du reste, de ces sacs tout prêts dans le commerce. Les sacs sont stérilisés à l’autoclave dans des tubes à essai fermés d'ouate. On les-retire avec une pince stérilisée au moment du besoin et l’on y verse la quantité voulue de bouillon ensemencé, puis on ferme avec un fil de soie aseptisé. On les introduit alors dans le péri- toine de l'animal en prenant les précautions aseptiques nécessaires pour une telle opération et en suivant les indications qui viennent d'être données. L'animal ne souffre pas d'ordinaire, ni de l'intervention ni de la présence du sac dans la cavité péritonéale, Le sac peut être repris au bout d'un temps variable, quelques jours à plusieurs mois, en sacri- fiant l'animal. La paroi de collodion empêche la sortie des microbes et les met à l'abri des phagocytes, mais laisse s'opérer les échanges osmo- tiques qui modifient, d’un côté, la composition du liquide enfermé, et, de l’autre, laisse diffuser les produits sécrétés par le microbe. D'après Rodet et Moitessier (2), cette diffusion serait limitée à cause du peu de perméabilité de la membrane de collodion. En ouvrant le sac, on y trouve d'ordinaire une culture très abondante de virulence très marquée qui peut alors s’accroître beaucoup par une série de passages opérés de la même manière ; il faut faire l'ouverture avec toutes les précautions d'asepsie voulues, en brûlant le fond avec un tube de verre chauffé et en perforant à cet endroit avec une pipette effilée. l Le sac de collodion peut être remplacé par un segment plus ou moins long de la fine membrane tubulaire qui tapisse la cavité centrale du roseau, qu'on lie à ses deux extrémités, ou tout autre produit analogue (3). (1) Merscunixorr, Roux et SazmBeni, Toxine et antitoxine cholériques (Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, p. 257). (2) Rover et Morressier, Sur la perméabilité des membranes de collodion (Soc. de Biol., 26 juillet 1902). (3) Nocann et Roux, Le microbe de la péripneumonie (Ann. de l'Inst. Pasteur, XH, 1898, p. 244). EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX. 397 ‘ 6. INOCULATION INTRAPLEURALE On pique dans les premiers espaces intercostaux, près du creux axil- laire ; on fait de même l’inoculation intrapulmonaire. Pour l’inoculation intratrachéale, on met la trachée à nu au moyen d'une petite incision faite au-dessous du larynx, puis on pousse l’aiguille entre deux anneaux : après, on fait un point de suture à la peau. 7. INOCULATIONS DANS LA CHAMBRE ANTÉRIEURE DE L’ŒIL Elles sont très avantageuses à utiliser dans bien des cas. D'abord, les lésions produites se voient souvent bien et peuvent être suivies dans leur développement macroscopique. De plus, c’est une voie simple et facile à emprunter pour agir sur les centres nerveux. La pratique de ces injections est des plus aisée. On insensibilise l'œil avec quelques gouttes de solution de chlorhydrate de cocaïne, et, quand l’anesthésie est complète, on enfonce l'aiguille perpendiculairement dans la chambre antérieure de l'œil, que l’on maintient fixe entre le pouce et l’index. Ou bien on fait, à l’aide d'un couteau à cataracte, une petite incision sur le bord supérieur de la cornée et on fait pénétrer la matière à inoculer. 8. INOCULATION INTRACRANIENNE On choisit la région frontale ou temporale. On incise la peau et le périoste, puis on pose une couronne de trépan de 5 à 10 millimètres de diamètre. Il faut aller prudemment pour ne pas perforer la dure-mère. On enlève la rondelle d'os el l’on aperçoit de suite la dure-mère, que l'on pique obliquement pour ne pas pénétrer dans la substance céré- brale, en évilant de blesser un gros vaisseau ; l'injection est poussée lentement. Pour l’inoculalion intracérébrale, l'aiguille est enfoncée directement dans le cerveau. Pour l'inoculation intrarachidienne, on peut suivre les indications données pour la ponction lombaire-(p. 315). On aspire une petite quantité de liquide céphalo-rachidien que l’on rem- place par la matière d’inoculation. Les suites opératoires de ces diverses interventions sont d'ordinaire très simples. Le plus souvent, il suffit de faire aux petites plaies des lavages antiseptiques ou de les toucher avec une baguette de verre for- tement chauffée. Si les incisions sont de quelque importance, il est bon de faire une suture avec l'aiguille de Reverdin. On peut aussi placer un pansement aseplique; c’est surtout nécessaire lorsque la plaie se trouve à un endroit que l'animal peut lécher ou gratter. Les animaux en expérience doivent naturellement être mis dans des conditions de vie irréprochables et être surveillés avec soin. Les cages doivent pouvoir être désinfectées avec soin ; celles en fil de fer galvanisé répondent à toutes les exigences. Ce n’est, répétons-le, qu’en se plaçant dans des conditions d'expé- rience aussi rigoureuses qu'on se trouve en droit de formuler des con- clusions véritablement scientifiques et à l'abri de tout reproche. On ne doit jamais demander à l'expérimentation plus qu'elle ne peut 358 TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE. donner. Certaines maladies infectieuses semblent ne pouvoir se déve- lopper avec leur cortège de symptômes bruyants que dans une seule espèce ou tout au plus quelques-unes, dans les conditions habituelles d'expérience. On n'est pas en droit d'en faire un signe absolu pour rejeter la spécificité de la maladie où le germe a été observé. Les exem- ples de faits pareils se rencontrent à tout instant ; n’avons-nous pas vu, par exemple, la souris des champs résister au Bacille de la septicémie qui tue si rapidement la souris de maison ? D'ailleurs, il n’est pas à dire qu'en variant les conditions d'expérience on ne puisse arriver à un résultat satisfaisant. L'histoire du choléra servira à convaincre les plus incrédules. Il peut être en effet nécessaire, pour provoquer ou favoriser l’infec- lion, de modifier les conditions normales de l’animal d'expérience en affaiblissant l’une quelconque de ses fonctions ou un organe déterminé. On crée ainsi une véritable prédisposilion, imitant très probablement ce qui se passe souvent dans la nature, où l'infection ne peut se faire que lorsque les moyens de résistance de l'organisme sont amoindris ou même anéantis. 4° EXAMEN DE L'ANIMAL VIVANT. Les animaux inoculés peuvent être soumis aux méthodes ordinaires d'examen el d'exploration. On doit noter avec soin l'aspect de l'animal, l'état de l'endroit de l'inoculation, la production d'une lésion locale s'il y a lieu, les modificalions de température, de poids, l’état des fèces et des urines. Au cours du développement de la maladie provoquée par l'inoculation, on peut avoir intérêt à examiner du sang, des humeurs ou des produits pathologiques. On recueille ces produits tout à fait asepliquement, comme il a été dit précédemment pour l’ensemencement des milieux (p.313). On les soumet ensuite aux procédés d'examen nécessaires. 99 AUTOPSIE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS. On doit souvent mettre à mort l'animal pour étudier les lésions pro- duites, s’il ne succombe pas à l'infection. On peut recourir à l’asphyxie par le chloroforme ou le gaz d'éclairage, qui est à préférer si l’on veut faire des coupes d'organes, ou à un empoisonnement aigu ; le mieux, dans ce dernier cas, est de s'adresser à la nicotine ou à l'acide prus- sique. On peut aussi facilement piquer le bulbe avec un scalpel à lame mince el courte que l’on introduit entre l'occipital et l'atlas. L'autopsie doit se faire régulièrement, l'animal étant solidement fixé sur une planchetle à trous. La récolte des produits suspects doit être faite très soigneusement; les prélèvements destinés aux cultures surtout doivent être recueillis d’une façon absolument aseptique, comme cela a été indiqué page 313. L'autopsie terminée, il est souvent nécessaire de désinfecter les cadavres. On peut les stériliser à l’autoclave, si l’on ne craint pas de produire des odeurs désagréables. En hiver, les cobayes, et même les lapins, sont facilement incinérés dans les grands fourneaux des labora- toires. Il existe des modèles très commodes de petits fours crématoires EXPÉRIMENTATION SUR L'HOMME. 39 pour ces incinérations ; malheureusement, ils sont coûteux. On peut aussi utiliser les solutions antiseptiques fortes ou la destruction par l'acide sulfurique suivant le procédé d’Aimé Girard, ou le mélange à parties égales d'acide sulfurique et de bichromate de potasse ou de soude. Avec les deux derniers moyens, il faut tenir compte de l’'échauf- fement et de l'augmentation de volume.du bain. Dans la discussion des résultats, il ne faut pas se départir d’une grande prudence et se souvenir surtout, lorsqu'il s’agit de Vibrion sep- tique, de Colibacille, de Bacille pyocyanique, de Staphylocoque doré, de la possibilité de l’'envahissement cadavérique dont il sera parlé plus loin. EXPÉRIMENTATION SUR L'HOMME C’est là un sujet des plus délicat dont il est nécessaire cependant, dans un ouvrage comme celui-ci, de dire quelques mots. Dans un tel cas, il ne faut jamais se départir de la plus grande prudence et ne pas se laisser guider seulement par des idées générales, voire même des résultats déjà acquis. Nous savons en effet quelle grande importance ont les prédisposilions individuelles dans ces questions d'infection. Si Bochefontaine, Pettenkoffer ont pu avaler impunément des selles ou des cultures cholériques, on a malheureusement des exemples de choléra mortel contracté au laboratoire, dans un but d’expérimen- tation. L'observateur consciencieux doit se faire une règle d'opérer sur lui- même. Aussi tiendra-t-il pour un véritable cas de conscience d’accepter des dévouements proposés ; il devra même toujours tempérer des ardeurs d’aides trop courageux ou surtout trop dévoués, facilement portés à se sacrifier. C'est ici encore l’occasion de dire que bien de ces recherches et de ces manipulations sont dangereuses et qu'il ne faut Jamais rien omettre des précautions voulues pour éviter tout risque ; les accidents arrivent toujours trop vite. Il faut constamment avoir en vue la possibilité de la dissémination des germes virulents dans le laboratoire, germes qui peuvent être surtout dangereux pour des organismes affaiblis ou prédis- posés. On connaît des cas certains de contagion de tuberculose et de morve dans des laboratoires où l’on étudiait les microbes de ces affec- tions. Les accidents désastreux occasionnés par les cultures du Bacille pesteux sont encore présents à toutes les mémoires. Avec la tuberculose, le tétanos, la morve, la diphtérie, le charbon, certaines septicémies, la peste sont particulièrement dangereux. Lorsqu on manipule de tels virus, les précautions doivent être doublées, je ne crains pas de dire exagérées.. Il est inutile d'aller grossir une liste obituaire déjà certaine- ment trop chargée. Aussi, les cultures virulentes qui ne servent plus, même celles affai- blies, les produits pathologiques virulents, les instruments et objets souillés doivent être soumis aussilôl que possible à une stérilisation sûre. C'est une marche à suivre dont il ne faut Jamais se départir. La désinfection des mains, des autres parties du corps ou des vêtements qui peuvent être accidentellement souillées, est aussi de la plus haute importance au même point de vue. 360 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. IV. — PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES L'étude des Bactéries au microscope présente souvent à surmonter des difficultés assez grandes provenant des objets à examiner d'abord, de très petite taille et de faible réfringence, puis de l'emploi nécessaire de forts grossissements, qui en est une conséquence. Aussi ne doit-on pas s'étonner du peu de progrès qu'a fait pendant longtemps la connais- sance de ces êtres, alors que la technique scientifique n'était pas à même de résoudre ces difficultés. C'est surtout depuis l'emploi des matières colorantes en Bactériologie qu'il a été permis de scruter plus à fond la structure de ces Bactéries et d'en constater la présence là où l’on n'avait fait que les soupçonner et même où elles avaient été miées. EXAMEN A L'ÉTAT VIVANT L'examen des Bactéries vivantes, sans l'emploi d'aucun réactif, bien qu'il doive toujours être complété par des procédés suivants , fournira des rensei- gnements de première importance que ne pourront donner les méthodes les plus compliquées. Aussi doit-il être pratiqué dans tous les cas. C'est le seul moyen d'observer les mouve- — — ments des espèces qui EE L | | 7 présentent et la 4 FR. coloration que peu- | | = vent offrir les cellules isolées ou réunies en masse, particularilés | qui disparaissent ou se modifient sous l'in- fluence de réactifs; de se rendre un compte | exact de la forme, des "je | dimensions, de l’as- pect des différentes parties dont les rap- orts changent plus ou moins suivant les manipulations qu'on leur fait subir. Aux au- topsies, on ne doil jamais négliger d'examiner de celte façon une gouttelette de sang : ce simple examen peut donner des indications précieuses. La marche à suivre est du reste des plus simple. Fig. 178. — Centrifugeur de Gärtner (petit modèle). EXAMEN A L'ÉTAT VIVANT. 361 _Si les Bactéries à examiner sont en suspension dans un liquide, il suffit souvent d'en déposer une goutte sur un porte-objet et de recou- vrir avec une lamelle. Lames et lamelles doivent être très nettes, pour ne pas apporter de causes d'erreur. Lorsqu'il y a très peu de Bactéries dans le liquide, on peut recourir à la sédimentation. Le liquide est abandonné au repos pendant plusieurs heures, jusqu'à vingt-quatre heures et plus, au besoin dans une glacière, puis, à l’aide d’une pipette, on prélève, pour faire l'examen, du dépôt constitué ou des couches inférieures du liquide. La sédimentalion convient surtout pour les Bac- téries immobiles ou peu mobiles; les espèces très mobiles ne se sédi mentent pas. Pour faciliter la sédimentation, on peut ajouter l'alcool, en parties égales ou même plus; les Bactéries sont alors tuées, tout en gardant leurs propriétés de se colorer. La sédimentation est longue et difficile avec les liquides visqueux, crachats, pus, elc.; on la facilite beaucoup dans ce cas en traitant le liquide par un peu de potasse ou de soude pour le fluidifier. L'emploi de la centrifugation, permettant de rassembler en un petit volume du liquide tous les corpuscules en suspension qui se condensent à la partie du vase employé la plus éloignée du centre d'action, rend de très grands ser- vices en laissant opérer presque instantanément el évitant les modifications et les troubles que peut occasionner une sédimenta- tion prolongée et en donnant des résultats beaucoup plus complets au point de vue de la séparation des microbes de la masse liquide qui les contient. Il existe de nombreux appareils à centrifuger, d'un usage pratique ; les centrifugeurs de Gärtner, représentés figures 178, 179 et 180, sont d'un emploi courant; l'appareil représenté figure 181 donne particuliè- rement de bons résultats. On est souvent forcé de mettre en œuvre des appareils plus compliqués, obtenant jusqu'à trois et quatre mille tours à la minute, surtout lorsqu'on veut soumettre à la centrifugation des liquides sensiblement visqueux. Le centrifugeur universel de la maison Krauss, donnant de deux mille à trois mille tours par minute (fig. 182), et surtout le modèle à deux vitesses pouvant arriver jusqu’à douze mille tours à la minute, sont des plus recommandables. On peut les actionner par l’eau ou, mieux, l'électricité. Lorsqu'on veut séparer des éléments de densité différente, leucocytes, globules rouges, microbes par exemple, on peut avoir intérêt à employer, pour centrifuger, des tubes de verre munis à leur partie inférieure d’une queue effilée assez longue. La séparation des différentes couches formées est rendue beaucoup plus facile. Fig. 179. — Centrifugeur « Rapid ». 362 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Si les microbes forment des masses solides, on en détache une petite parcelle qui est délayée dans un liquide neutre, dépourvu de germes, eau ou bouillon stérilisés. Ces opérations se font très facilement avec le fil de platine emmanché qu'on recourbe à volonté à son extrémité et qu'on à grand soin de rougir à la flamme avant et après chaque conta- mination. Lorsqu'il ya suffisamment d'aliments dans le liquide employé, les Bactéries continuent à y vivre; on peut alors les observer pendant assez longtemps en empêchant la préparation de se dessécher.Onlefait en D] ll Fig. 180. — Centrifugeur de Gärtner (grand modèle). o Le / lutant les bords de la lamelle à la paraffine ou en plaçant la préparation dans une chambre humide dont elle n'est sortieque parintervalles et seu- lement le temps nécessaire pour l’étudier. Le manque d'oxygène peut avoir une action défavorable, surtout chezles espèces qui en sont avides; on ne trouve bientôt de cellules vivantes qu'aux endroits où elles peuvent respirer, sur les bords de la lamelle surtout, ou autour des bulles d'air; si la préparation est lutée, l’asphyxie se produit vite partout. Lorsqu'on a affaire à des espèces peu exigeantes sous ce rapport, ou à plus forte raison à des anaérobies, on peut suivre pendant longtemps leurs phéno- mènes vitaux. EXAMEN A L'ÉTAT VIVANT. 363 Il est préférable de recourir aux modes spéciaux de cultures sur porte-objet qui ont été décrits précédemment (p. 279), à l’aide desquels on pourra étudier, pendant tout le temps voulu, le développement, voir s'opérer de nombreuses divisions et les spores se former dans les cellules. Des liquides neutres, n’exerçcant aucune action sur les cellules, peuvent être employés au lieu et place de bouillon. Pour les Bactéries pathogènes, il peut être rationnel d'employer des liquides organi- ques, sérum, humeur aqueuse, li- quides de ponction par exemple. L'emploi de la solulion physiolo- gique de 7 grammes de chlorure de sodium pour 1000 grammes d'eau distillée, ou d’autres solu- lions isotoniques, est souvent à conseiller. La solution concentrée AANFN DEE | {| KRAUSS BAUSCH.LOMB & PARIS.ROCHESTER Fig. 181. — Centrifugeur à grande Fig. 182. — Centrifugeur universel à une vitesse. seule vitesse. d’acétate de potasse rend dans ce cas d'excellents services. Elle ne con- tracte pas le protoplasma des Bactéries, ne change en rien leur forme, mais supprime presque toujours les mouvements lorsqu'ils existent. De plus, elle constitue un très bon liquide conservateur qui permet de transformer la pièce en préparation durable ; il n'est même pas néces- saire de luter de suite, la solution ne s’évaporant que très difficilement. Solution d’acélate de potlasse. ACÉLALEIUE DO lASSE PURE ER LEA EC UE street, RIsRle © oies | gramme. Eau distillée 2 grammes. ms sn one ee 6 00 se son es ose eee eee se eee £ à 364 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Procédé à l'encre de Chine. — On mélange soigneusement sur la lame une gouttelette du liquide à examiner, liquide de culture, humeur, avec une goutte d'encre de Chine, et on laisse sécher. On examine à l'immersion à l'huile. Les Bactéries apparaissent brillantes sur fond noir (1). L'emploi de solutions colorantes peu concentrées et inertes donne: de très bons résultats. La plupart des espèces vivent très bien toute une journée dans les solutions faibles de fuchsine ou de violet de gentiane, dépourvues des moindres traces d'alcool. Une solution aqueuse assez forle de vert de méthyle est à recommander pour ces examens extempo- ranés; elle aide à distinguer d'intéressants détails de la masse protoplas- mique dont certaines portions sont bien plus avides que les autres de celle matière colorante, si prisée en histologie pour l'étude des forma- üons nucléaires. Le rouge neutre (Neutralroth) est un de ces colorants vitaux qui paraît donner les meilleurs résultats. Ehrlich (2) a signalé le premier sa propriété de colorer des éléments vivants dont certaines parties le fixent énergiquement. Plalo et Himmel (3) ont signalé des particulari- tés intéressantes de celle coloration Spéciale qui parait être due à la sécrétion de produits destinés à la défense cellulaire et ne se manifes- tant que pendant la vie de l'élément. Pour l’'employer, on chauffe dans : de l’eau distillée du rouge neutre en excès et on laisse refroidir; 1 cen- tüimètre cube de cette solution saturée est mélangé à 100 centimètres cubes de solution physiologique. Pour les espèces qui ne végètent bien qu'à une température assez élevée, l'usage des platines chauffantes devient très utile. On peut faci- lement laisser la préparation à demeure dans la platine qui est placée sur le microscope chaque fois qu'il est nécessaire. Dans les intervalles, elle se pose sur un support de même hauteur que la platine du micro- scope. Ces mêmes appareils servent aussi à étudier l’action des hautes températures sur les Bactéries. La platine chauffante de Ranvier et la chambre chaude de Vignal (p. 219) répondent à tous les besoins. EXAMEN A L'AIDE DE RÉACTIFS Les préparations, faites comme il vient d’être dit, sont loin de suffire à toutes les exigences. La transparence des Bactéries est souvent si grande qu'il est difficile, parfois même impossible, de les distinguer ; leur réfringence peu considérable se confond presque avec celle du liquide employé\Les contours sont alors d'autant moins nets que l'indice de réfraction du liquide est élevé ; assez visibles dans des liquides aqueux, ils deviennent difficiles à suivre dans des liquides visqueux plus ré- fringents, le sang, les liquides albumineux, les solutiôns sucrées con- centrées, par exemple. Si, de plus, les Bactéries sont rares dans la (1) Burner, Das Tuscheverfahren als einfacher Mittel zur Lüsung einiger schwieriger Aufyaben der Bakterioscopie. Iéna, Fischer, 1909. (2) Enruicn, Ueber Neutralroth (Allgem. med. Centralzeitung. 1894, n° 2). (3) PLaro et Himuer, Le rouge neutre (Neutralroth) (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI 1902, p. 663). FIXATION DES PRÉPARATIONS. 369 préparalion, l'œil n'étant attiré sur elles par aucun signe bien évident, la recherche en devient longue, difficile, voire même impossible. Si, au contraire, on les teint, d’une nuance éclatante sur le fond incolore ou coloré d’une autre teinte de facon à faire contraste, il devient très facile de les distinguer rapidement. Il en est de même lorsque les Bactéries sont noyées dans d’autres éléments, lorsqu'il s’agit, par exemple, d'en rechercher dans des tissus, où elles se trouvent incluses dans le corps protoplasmique ou réparties entre les éléments. On doit, en outre, ici, mettre à profit des méthodes spéciales de coloration qui permettent de fixer sur les Bactéries une matière colorante, tandis que le tissu lui- même, ou les éléments autres que ces parasites, sont colorés diffé- remment. Pour conserver aux éléments leur structure primilive et pour les soustraire à l’action souvent nuisible des liquides colorants et conser- valeurs, il est nécessaire de les fixer dans leur forme à l’aide de réaclifs spéciaux, dont la manipulation est expliquée tout au long dans les manuels pratiques d’histologie. La /firalion, la coloration et le montage des préparations sont les trois temps successifs de la méthode qui permet d'obtenir des préparations durables. L: FIXATION DES PRÉPARATIONS. RÉACTIFS FIXATEURS L'emploi des réactifs de fixation varie suivant qu'on a à examiner des liquides ou des parties solides de tissus. Etudions d’abord le premier cas, nous passerons au second ensuite. 1° FIXATION PAR LA DESSICCATION SIMPLE La dessiccalion simple avait été recommandée, dès 1838, par Ehren- berg comme moyen de conservation el d'observation des organismes inférieurs. C’est en desséchant sur une lamelle de verre du liquide con- tenant des Bactéries ou des Infusoires qu’il est parvenu à découvrir certaines particularités fort intéressantes de leur structure, qu'il a aperçu, entre autres, les cils vibratiles, les /rompes, suivant son expres- sion, d’une grande espèce de Schizomycètes, son Baclerium triloculare, qui n'est pas encore rapporté jusqu'ici à une espèce connue. Le procédé est du reste appliqué avec succès en histologie pour certaines études délicates, en particulier celle du sang, ce qui en démontre la valeur. Koch (1) a perfectionné les détails en l’appliquant à l'étude spéciale des Bactéries; il en a fait voir, dans l'excellent article cité, les nombreux avantages et en a signalé les inconvénients, auxquels il est facile de remédier. On dépose sur une lamelle bien propre une goutte du liquide conte- nant des Bactéries, ou d'un liquide privé de germes par une filtration rigoureuse et une stérilisation, dans lequel est délayée une partie de la culture prise au bout d’un fil de platine avec les précautions (1) Koc, Untersuchungen über Bacterien, VI. Verfahren zum Conserviren und Photographiren der Bacterien (Beitr. zur Biol. der Pflanzen, vol. III, 3° p.), traduit dans Revue intern. des sc., III, 1879, p. 55. ' 366 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. voulues. Plus le liquide est chargé de Bactéries, plus Ja goutte doit être petite; on a souvent alors avantage à la répartir en stries ou en couche mince sur la lamelle à l’aide d'un fil de platine. Pour cette opé- ration et lessuivantes, il est très commode de se servir de petites pinces dites pinces de Cornet (fig. 183), ou mieux de la pince de Debrand (fig. 184), beaucoup plus commode. La lamelle est desséchée avec soin sur une. plaque métallique chauffée de 40° à 500, ou au-dessus d'une flamme, en la maintenant assez haut pour que la température ne soit pas plus élevée: la face qui porte la goutte doit être tournée vers le haut. Dans les recherches qui nécessitent une précision absolue, il faut éviter d’ex- poser à la contamination par les poussières de l’air la face de la lamelle où est déposé le li- quide: on la soumet à la cha- leur modérée en tournant ce côté vers le bas, ou on la laisse pendant quelque temps dans un dessiccateur à acide sulfurique ou à chlorure de calcium, placée dans la même situation. Lorsque la dessiccation est achevée, on peut traiter la préparation par des réactifs qui, employés au début, auraient donné de mauvais résultats en contractant le corps cellulaire ou en modifiant son aspect. De plus, les préparations sèches peuvent se conserver pendant long- temps telles quelles, sans s'altérer et sans qu'on ait à craindre de voir pénétrer et s'y développer des espèces étrangères, ce qui permet de faire, à un moment donné, une provision de lamelles qu'on n'utilisera que plus tard. Par la dessiccation, la forme et l'aspect des Bactéries changent fort peu. Elles se des- sèchent comme : — L des corps rigides a À sans se rétracter ; ADNET PARIS mA #7 leur enveloppe gélatineuse les fixe à la lamelle et les empêche ainsi de se ralatiner. Il se produit cependant quelques lmodifications de forme; les colonies massives s’aplatissent, leurs éléments s’acco- lent dans un plan unique, ne montrent plus les rapports qui exis- Fig. 183. — Pince de Cornet. Fig. 184. — Pince de Debrand. taient entre eux; les espèces hélicoïdes, en s’aplatissant{et s’accolant au verre, donnent une simple ligne ondulée. Pour remédier en grande partie à ces inconvénients, Koch conseille de se servir, comme liquide conservateur, de la solution concentrée d'acétate de potasse, qui gonfle légèrement la couche gélatineuse de la membrane et rend à la cellule ses dimensions primitives. Il est chanceux de soumettre les lamelles ainsi préparées à l’action d'un liquide de lavage, et même d’une solution colorante aqueuse. La couche, obtenue en desséchant simplement la goutte deliquide, se gonfle en effet presque toujours très facilement par l’eau et se dissocie dans le liquide. En outre, lorsque le liquide évaporé contient des matières albuminoïdes ou des substances cristallisables, ilse forme des précipités ; si de. Léna tirés, t FIXATION DES PRÉPARATIONS. 367 qui troublent la préparation et cachent plus ou moins les Bactéries qu'on y cherche. 2° FIXATION PAR LA CHALEUR C'est surtout pour remédier à ces deux défauts et pour faciliter l’action des agents de coloration que Koch a dû modifier sa méthode. Il a été conduit à employercomme agent de tixation la chaleur de 120° à 130», très vantée déjà par Ehrlich (1) dans ses études sur les éléments du sang. Dans une série de recherches minutieuses, il a déterminé d'une facon précise les conditions de l'opération et surtout la durée pendant laquelle les préparations doivent subir l’action de la chaleur. Exposée un temps trop court à cette température, la pellicule obtenue se dissocie trop facilement au lavage; lorsque, au contraire, elle a été trop chauffée, les éléments sont altérés, diffluent ou se ratatinent, et surtout perdent l’importante propriété de fixer convenablement les matières colorantes. On obtient facilement la température voulue en usant de l’étuve à air, réglée à 1200-130° au moyen d'un régulateur à mercure. On y arrive également en chauffant au bec Bunsen une plaque métallique assez épaisse; immédiatement au delà de l'endroit où une goutte d'eau pro- jetée prend l'état sphéroïdal, la plaque a une température d'environ 120 (caléfaction). La goutte de liquide déposée sur la lamelle, comme précédemment, est évaporée à une douce chaleur; puis le couvre-objet est placé, la face chargée tournée vers le haut, dans l’étuve ou sur la plaque chauf- fée. Le temps d'exposition à la chaleur varie avec le degré obtenu; la préparation doit rester cinq minutes environ de 120° à 130, et de dix à quinze minutes à 1100, Les recherches de Koch (2) lui ont fait adopter un procédé infiniment plus simple, pratique, tout en donnant d’aussi bons résultats. Il recom- mande, pour opérer la fixation parfaite de la couche obtenue par dessic- cation sur la lamelle, de passer trois fois dans la flamme d'un bec de Bunsen brûlant à bleu le couvre-objet à trailer, la face sur laquelle se trouve la couche de dessiccation tournée vers le haut. L’exécution de cette opération demande un peu d'habitude, qui s’acquiert du reste bien vite en pratiquant. Le passage dans la flamme doit se faire avec une cerlaine lenteur, comme si l'on coupait du pain, disent les auteurs du procédé. À défaut de gaz, on peut employer la flamme d’une forte lampe à alcool. La réussite ou la non-réussite de certairies préparations. profiteront plus que toutes les indications. Il faut naturellement avoir soin de tourner vers le haut la face de la lamelle sur laquelle se trouve la pellicule sèche, sans quoi les éléments atteints directement par la flamme seraient très vite complètement désorganisés. Il en est de même si la lamelle est soumise trop longtemps à la flamme et est conséquem- ment portée à une température trop haute. Si l’on ne chauffe pas assez, la couche se délitera trop facilement au lavage. En chauffant trop, on peut modifier profondément le corps cellulaire; la membrane et le pro- © (1) Enruicn, Methodologische Beiträge zur Physiologie und Pathologie der verschie- denen Formen der Leukocyten (Zeitschr. für klin. Med., I, p. 553). (2) Kocu, Die Aetiologie der Tuberculose (Milth. aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, 1887; p:7). t 368 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. toplasma deviennent diffluents, ils perdent le pouvoir de fixer les cou-. leurs; seules, les membranes très résistantes, celles des spores par exemple, peuvent garder leur aspect normal, quoique modifiées aussi, car elles se laissent i imprégner par les solutions colorantes qui n'avaient auparavant aucune action sur elles. Nous saurons utiliser cette particu- larilé en étudiant la coloration des spores. Voici, en résumé, quelle est la marche à suivre pour obtenir la fixation convenable des Bactéries par ce procédé. Une goutte de liquide à exa- miner est déposée sur une lamelle couvre-objet très propre. Lorsqu'on a affaire à une substance visqueuse ou solide, des crachats ou une par- celle de culture, on en délaye très peu sur la lamelle dans une gouttelette d'eau pure, ou l’on écrase une petite portion entre deux lamelles qu'on sépare en les frotlant l’une contre l’autre, de manière à étaler la sub- stance en couche assez mince. Dans ces différents cas, la lamelle est soumise à la dessiccation à basse température, 40°-50°, soit sur une plaque tiède, soit en la maintenant assez loin au-dessus d’une flamme, à l’aide de pinces, à un niveau où la chaleur est douce. C’est seulement lorsque l’évaporation est complète que la lamelle est lentement passée dans la flamme, par trois fois, en ayant soin de ne mettre aucun temps d'arrêt dans chaque opération. Elle est alors suffisamment fixée; on peut procéder sans crainte aux manipulations ultérieures, surtout faire agir les réactifs colorants. Si l’on se sert d’une lame porte-objet au lieu de lamelle, il est néces- saire de ralentir un peu le passage dans la flamme, le verre plus épais transmetlant moins vite le degré de chaleur nécessaire. Les Bactéries qui ont ainsi subi l'action d’une telle chaleur sont, il faut en être prévenu, légèrement modifiées dans leurs formes et dans leurs dimensions. Il se produit une rétraction, un raccourcissement des éléments, peu importantilest vrai, mais qui peut cependant être sensible quand il s’agit de mensurations rigoureuses de quantités aussi petites. Aussi doit-on poser en principe de ne jamais mesurer que les cellules vivantes, dans leur état normal, lorsqu'il s'agit de fixer les caractères d'une espèce et, ce qui résulte des mêmes considérations, de n'établir de comparaisons rigoureuses qu'entre des préparations oblenues d’après la même méthode. Il est même des espèces, le Spirille de la fièvre récur- rente, par exemple, qui supportent très mal l’action de la chaleur; il faut alors user de fixatifs chimiques. Ce moyen de fixation ne peut guère être employé que pour les liquides. H serait difficile, en effet, d'y soumettre des morceaux de tissus, qui s’altéreraient trop dans leur structure. Il faut, dans ce cas, recourir aux réactifs chimiques, qui sont, par contre, d’un emploi moins général pour fixer les Bactéries qui se trouvent dans les liquides. 3° FIXATION PAR LES RÉACTIFS CHIMIQUES L'acide osmique, utilisé par Blanchard et Certes (1) pour l'étude d'autres organismes inférieurs, peut servir dans les cas où la chaleur ne rend pas la couche de dessiccalion parfaitement adhérente à la lamelle, (1) Cerres, Sur l'analyse micrographique des eaux (Assoc. franç. pour l’av. des sc., Congrès de la Rochelle, 1882, p. 7717). FIXATION DES PRÉPARATIONS. 369 mais seulement dans les cas où le liquide est peu riche en matières graisseuses et albuminoïdes. Une goutte d'une solution d'acide osmique à 1 ou 2p. 100 sera mélangée sur la lamelle à une goutte du liquide à examiner, ou, mieux, une goutte de ce liquide sera évaporée sur la lamelle, puis le résidu soumis à l’action d’une solution osmiquée, L'acide osmique en vapeurs donne aussi de très bons résultats: Fis- cher (1) le recommande concurremment avec l'emploi d’iode en solution alcoolique. L'acide osmique se vend en tubes scellés de 1 gramme ou de un dixième de gramme. Il faut préserver ses solutions de la lumière et plus encore éviter soigneusement les poussières. Le mieux est de con- server l’acide osmique en flacons à l’'émeri sous forme d’une solution à 2 p. 100 dans la solution d'acide chromique à 1 p. 100, selon le conseil de Bolles Lee et Henneguy. La même solution servira pour la fixation au moyen des vapeurs et aussi pour faire la liqueur de Flemming. Il est également nécessaire de se souvenir que les vapeurs sont irritantes et parfois provoquent des conjonctivites. L'acide chromique et leschromates alcalins, siemployés autrefois, pré- sentent tant d'inconvénients qu'ils ne doivent plus servir à fixer qu'ex- ceptionnellement, On donne maintenant la préférence à l’un ou l’autre des deux fixateurs suivants. Le mélange chromo-acélo-osmique de Flemming (mélange fort) est très à recommander comme fixateur des tissus, d'autant plus qu'il n’em- pêche pas la coloration subséquente des Bactéries. Il se prépare ainsi, d'après Bolles Lee et Henneguy : on fait et l’on conserve à part : d) une solution contenant : acide chromique à ? p. 100, 11 parties ; eau, 4 parties ; acide acétique, 1 partie, et b) une solution d'acide osmique à 2 p. 100 dans l'acide chromique à 1 p. 100. Pour faire le liquide définitif, on mêle 4 parties de a avec une partie de b; il est préférable de ne faire le mélange qu’au moment du besoin. On fixe de très petits frag- ments par une immersion de une heure à vingt-quatre heures de durée, on lave ensuite à l’eau courante pendant le même temps, puis succes- sivement aux alcools à 70°, 80°, 90, Après cette fixation, les diverses méthodes de colorations à la safranine O (Wasserlüslich) sont les plus recommandables, Lesubliméen solutionaqueusesaturée est également un fixateur de pre- mier ordre, pourvu qu'on ne le laisse agir que le temps voulu et qu'on l’éloigne ensuite rapidement et complètement par des lavages successifs dans les alcools à 70°,80°,900,auxquelson ajoute de la teinture d'iodejus- qu'à ce que les objetsnedécolorent plusle mélange. On fixeavecle sublimé des fragments dont le diamètre ne dépasse pas un tiers de centimètre, en une demi-heure à vingt-quatre heures. Le meilleur mode de préparation est de dissoudreen chauffant 75 grammes de sublimé dans 1 000 grammes d'eau. Quand le fond du vase refroidi se tapisse d'aiguilles cristallines blanches, le liquide peut seulement être considéré comme saturé. La solution dans l’eau, à 3 p. 100, donne également de très bons résultats ; les lamelles préparées sont soumises à son action pendant vingt à trente (1) FiscHER, Untersuchungen über Bakterien (Jahro. für wiss. Bot., XXVII, 1894). Macé. — Bactériologie, 6e édit. 24 370 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. minutes, puis lavées à très grande eau ou comme il vient d'être indiqué. Schaudinn vantele sublimé alcoolique (solution aqueuse saturée de su- blimé, 2 parties ; alcool absolu, 1 partie). Laisser la lamelle de douze à vingt-quatre heures; elle doit d’abord flotter, la face enduite en dessous; plus tard, on peut l’immerger. L'alcool absolu durcit bien, mais conserve mal les structures. Il a cependant l'avantage, sur les deux méthodes précédentes, de la rapidité et de la facilité. Kühne en conseille l'usage pour fixer les tissus qu’on doit couper au microtome à congélation. Koch s’en est surtout servi pour fixer des liquides. Les lamelles munies de la couche mince obtenue par évaporation du liquide sont placées dans un bain d'alcool absolu pendant un temps variable (deux ou trois jours) jusqu’à coagulation parfaite et adhérence complète au verre. C'est l'appréciation de ce temps quiestle point le plus délicat de cette méthode. Il faut soumettre en mêmetemps au réactif plusieurs préparations pour apprécier ainsi, par tâtonnements, l'état de la pellicule. Après ce procédé de fixation, on obtient de belles colorations, surtout au point de vue de leur uniformité. On peut employer de la même facon un mélange à parties égales d'alcool absolu et d'éther où d'alcool absolu additionné, suivant le cas, d'un sixième ou d’un tiers d'acétone, préférable suivant Nicolle (1). Comme conclusions, pour les liquides, employer couramment la fixa- tion par le chauffage dans la flamme bleue d'un bec de Bunsen, puis encore l’alcool-éther qui déformera moins ; pour les tissus, employer, comme méthode rapide, la fixation à l'alcool et, comme méthode déli- cate de recherches, la fixation soit au liquide de Flemming, soit au sublimé, suivant les cas, et l'expérience personnelle aussi. II. — CoLORATION DES PRÉPARATIONS. RÉACTIFS COLORANTS Les Bactéries, déjà si pâles dans l’eau ou les liquides peu denses, se distinguent moins bien encore dans les milieux employés à la confection des préparations, dont la réfringence est égale à celle de leur corps cel- lulaire ou s'en approche. Sur de telles préparations, les contours paraissent parfois si peu nets, même à l’aide de fortsobjectifs, qu'ildevient ditficile de se rendre un compte exact des formes et des dimensions réelles de ces objets; le dessin en est difficile etla photographie souvent impossible. L'usage de substances colorantes a considérablement facilité ces recherches ; aussi a-t-on à signaler de grands progrès dans l'étude de ces êtres inférieurs depuis l'emploi judicieux des méthodes de colo- ralion. 1° COLORATION PAR L’'IODE L'iode, qui teint si facilement en jaune les différentes parties de la (1) Nicozce, Pratique des colorations microbiennes (Ann. de l’Inst. Pasteur, VIII, 1895, p. 664). EF te COLORATION DES PRÉPARATIONS. 371 cellule et en particulier le protoplasme, a été un des premiers réactifs de coloration employés. On peut s'adresser soit à l’eau iodée, soit à la teinture d'iode faible, à une solution iodo-iodurée ou au chlorure de zinc iodé, si employé dans les recherches d'anatomie végétale et don- nant de très bons résultats. L'importance de ce réactif est toute spéciale quand les Bactéries contiennent de la matière cellulosique ou amylacée, qu'il peut colorer en bleu violet par formation d'iodure d’amidon ; c’est ce qu'on observe à certaines phases du développement de plusieurs espèces, dont Bacillus butyricus, Leptothrix buccalis, Sarcina ventriculi. 2° COLORATION PAR LE CARMIN Les préparations de carmin (p. 390) ont servi, sans réussir cependant beaucoup. D'après Weigert (1), trèsbonnes pour la coloration des Micro- coccus, elles sont à laisser de côté complètement pour celle des autres Bactéries. Elles servent plus pour les tissus. 3° COLORATION PAR L'HÉMATOXYLINE C'est également ce dernier auteur qui a recommandé l’hématoxyline, plus spécialement réservée pour teindre les tissus dansles doubles colo- rations (p. 389). L’extrait de bois de campéche a servi à Koch à rendre visibles les cils vibratiles de plusieurs espèces, etestemployé par Læffler comme mordant pour arriver au même but. 4° COLORATION PAR LES COULEURS D’ANILINE Les véritables colorants des Bactéries sont les couleurs d'aniline. Ces matières dérivées de la houille, indiquées comme très bonnes par Weigert (2), furent surtout vulgarisées par Koch (3). Ebrlich (4) les classe en couleurs basiques et couleurs acides. Les couleurs basiques, ou couleurs dans lesquelles la substance colorante joue le rôle de base com- binée avec un acide incolore, possèdent en général une tendance à se localiser d’elles-mêmes et directement dans les noyaux, tandis que les couleurs acides, ou couleurs dans lesquelles la substance colorante pro- prement dite joue le rôle d’un acide dans la combinaison, colorent d’une manière diffuse, ou se localisent principalement dans le cytoplasma et les substances intercellulaires. Ces deux catégories, couleurs basiques, couleurs acides, ne corres- pondent pas exactement aux catégories techniques de colorants nu- cléatres et colorants plasmatiques. Vis-à-vis de ces couleurs, les Bac- téries se comportent comme des noyaux. Sont classées dans les couleurs basiques : la fuchsine, l'auramine, la chrysoïdine, la vésuvine (brun de Bismarck),le vert brillant, le vert mala- chile, le violet de méthyle, le violet dedahlia, le bleu Victoria, lasafranine, le bleu de méthylène, le vert de méthyle, le violet de gentiane, la thionine. (1) WeiGerr, Ueber Bakterien in der Pockenhaut (Centralbl. für die med. Wis- sensch., 1881, n° 49). (2) Weicerr, Zur Technik der mikroskopischen Bakterien-Untersuchungen ‘ Virchow’s Arch., Bd LXXXIV, p. 275). (3) Kocx, Untersuchungen über Bacterien (Cohn’s Beitr. zur Biol. der Pflanzen, II, et passim dans ses autres mémoires). (4; Enruicn, Verhandl. der Berlin. phys. Gesellschaft, 16 mai 1879. — Et : Arch. für Anal. und Physiol., 1879, p. 571). 372 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. . Dans les couleurs acides : la fuchsine $, le violet S, les éosines, les fluorescéines, l'orange G, le vert lumière (Lichtgrün FS), l'acide picrique, le picrate d'ammoniaque, l'induline (nigrosine), C'est donc aux matières colorantes de la première sorte qu’on aura à s'adresser, surtout pour les colorations journalières. 1°. Solutions colorantes simples. La coloration s'obtient d'ordinaire à l’aide de solutions aqueuses. L'emploi direct des solutions alcooliques est à rejeter, sauf cependant dans les cas où elles sont d’une absolue nécessité, à cause de l'intensité et surtout de l’uniformité des colorations qu ‘elles fournissent : les pre- mières, on le sait bien en histologie, ontuneélection bien plus marquée. La plupartdes matières colorantes employées sont solubles dans l’eau; mais les solutions aqueuses présentent le grave inconvénient de mal se conserver, de ne pas s'opposer suffisamment au développement des Bactéries dans leur intérieur. D'où une cause d'erreur qu'il peut être fortimportant d'éviter. Il estärecommander de n’employer que des bains préparés extemporanément en ajoutant à la quantité d’eau bien pure nécessaire quelques gouttes d’une solution alcoolique concentrée, oble- nue en salturant avec la couleur de l'alcool à 95° ou de l'alcool absolu. On obtient de cette façon des solutions de conservation irréprochable et d'usage très commode. Pour préparer le bain, il faut se servir d’eau récemment distillée ou d’eau filtrée que l’on conserve soigneusement, dans des vases stérilisés et bien bouchés, à l'abri de la contamination de l'air. L'eau qui sert à enlever l'excès de solution colorante, au lavage de la préparation, peut être de l’eau ordinaire ; si elle dépose des Bacté- ries étrangères sur la lamelle, celles-ci se reconnaîtront facilement par l'absence de coloration. Ce n'est pas une précaution inutile de prendre de l’eau distillée pour faire les bains colorants. L'eau calcaire, par exemple, est contraire à certains colorants, la fuchsine, les verts, certains bleus ; la chaux préci- pite la base de ces colorants en grumeaux poisseux qui peuvent beau- coup gêner ou induire en erreur dans les préparations. Pour les couleurs insolubles dans l’eau, il faut naturellement avoir recours à des solutions dans l'alcool ou d'autres véhicules. Lorsqu'on fail usage de solutions alcooliques de colorants, il est inu- tile de fixer d'avance la préparation par l'un ou l’autre des moyens usités, l'alcool du bain colorant faisant office de fixateur. La coloration se fait souvent à froid; mais, quand on veut fixer surtout le colorant sur des éléments qui doivent être soumis à une décoloration énergique et conserver néanmoins leur couleur, tandis que d'autres, voisins, se décolorent, ou qu'on a affaire à des Bactéries qui se colorent mal, on obtient souvent d'excellents résultats en chauffant le colo- rant vers 50°, On y arrive aisément, à simple vue, en tenant quelques secondes à distance d'une flamme le verre de montre ou la capsule contenant le liquide préparé. 1° Rouges. — La fuchsine (Fuchsin für Bacillenfarbung de Grübler) donne des colorations vives et durables. Les diverses fuchsines basiques commerciales paraissent également utilisables. On les distingue sous les ex “mi COLORATION DES PRÉPARATIONS. 319 noms de Fuchsine, Rubine, Magenta, Anilinroth, Roséine, selon les fabriques. Certaines sont franchement rouges, d’autres légèrement violettes : les premières sont préférables pour obtenir des contrastes bien nets dans les doubles colorations avec le bleu de méthylène. Il ne faut pas confondre ces couleurs avec les fuchsines acides : Fuchsine S, Säurefuchsin (Weigert), Rubin S, Saurerubin, Acid Magenta. Celles-ci ont des indications bien différentes. Le rouge neutre (Neutralroth), chlorhydrate de diméthyldiamido- toluphénacétine, est d’un emploi tout spécial. Il a peu ou pas d’affinité pour les microbes vivants, plus pour les microbes morts, surtout pour ceux qui sont phagocytés (1). On l'emploie en solution aqueuse (Voy. p. 364). Comme autres colorants rouges répondant à des besoins spéciaux, nous citerons : les éosines solubles dans l'eau; le rouge Congo, une des couleursles mieux tolérées par les cellules vivantes, parfois utile pour démontrer la présence d'acide libre, mais malheureusement se conser- vant mal; l'érythrosine, qui, ainsi que l’éosine, peut très facilement servir à transformer les plaques photographiques ordinaires au gélatino- bromure en plaques orthochromatiques; enfin et surtout ces colorants nucléaires si électifs et si solides, la Phénosa/franine et la Safranine SO (Wasserlüslich de Grübler). 90 Violets. — Le violet de gentiane, le violet dahlia, la thionine, le violet de méthyle 5B et 6B, hexaméthylviolet, Krystalluiolet sont tout aussi recommandables pour un usage journalier comme beauté el comme durée que les fuchsines basiques. Ils possèdent même, à l'encontre de la fuchsine et du bleu de méthylène, la propriété d'être fixés par l’iode sur certains microbes au point de permettre une déco- loration ultérieure d’autres éléments par des agents d’extraclion éner- giques. 3° Bleus. — Le plus utilisé est le Bleu de méthylène, très vanté par Ehrlich (2) et par Kühne. A la longue, cependant, il se décolore. De plus, la coloration n’est pas très intense. Pour des études fines de mor- phologie, c’est, avec le vert de méthyle, le réactif capable de rendre le plus de services, si on le choisit bien pur, par exemple le bleu recom- mandé par Ebrlich (Methylen Blau-Reactif zu Injeclionen in vitale Gewebe du Dr Grübler) ou encore celui recommandé par Apathy [Medicinische Methylenblau chemisch rein und chlorinzkfret de Merck (de Darmstadt)|. Ce bleu colore en violet les Plasmazellen el, d'après Babès, en rouge certains éléments à l'intérieur de divers microbes dont le corps se teint en bleu (corpuscules métachromatiques, p. 28). Le Bleu Victoria, colorant basique, peut être avantageusement associé à la Fuchsine S. {1} Pcaro et Himuez, Le rouge neutre (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 663). — Ueber die vitale Färbbarkeit der Phagocyten des Menschen und einiger Saügethiere mit Neutralroth (Arch. für mikrosc. Anat., LVI). — Prato et Guru, Ueber den Nachweis feinerer Wachsthumsvorgänge in Triehophyton und anderen Fadenpilzen mittels Neutralroth (Zeitschr. für Hygiene, XXXVIIT, 1901, p. 319). (2) Enrucu, Technik des Bacterien-Untersuchung (Zeitschr. für klin. Med., Let I}. 374 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Le Bleu de loluidine donne d'excellents résultats en solution aqueuse. Giemsa et Marino ont introduit l'usage du Bleu azur, ou Azur de mé- thylène, en solution dans l'alcool méthylique, précieux pour l'étude de quelques Bactéries et surtout de Protozoaires. Il est principalement employé, pour double coloration, avec l’éosine (Voy. p. 383). 4 Bruns et Orange. — Le Brun de Bismarck (Vésuvine, Phenylen- braun, Manchesterbraun, Anilinbraun), introduit par Koch (1) dans la technique bactériologique, est utile pour les préparations à monter dans la glycérine et a rendu des services pour la photographie; actuellement on photographie facilement les rouges et les violets avec les plaques isochromatiques (p. 196). C'est une couleur basique, utilisée, de même que le bleu de méthylène et la fuchsine acide, comme colorant vital. L'Orange G, couleur acide, est capable de fournir de beaux contrastes comme l’éosine et le vert lumière. 9° Verts. — On emploie le vert lumière et le vert de méthyle. Le vert lumière (Lichtgrün FS ou Sauregrün) est un colorant acide, utilisable pour décolorer une préparation tout en colorant le fond, tandis que le vert de méthyle est un colorant nucléaire extrêmement précieux pour les détails de structure des grandes espèces.” Malheureusement, ces verts ne sont pas très stables. Dans la recherche des Bactéries dans les tissus, Kühne l’emploie en solution dans l'huile d’aniline pure. Guignard s'est avantageusement servi d'un mélange de vert de méthyle OO avec la Fuchsine S. 6° Noirs. — Ces couleurs sont d'un emploi très restreint. Künstler (2) recommande le Noir Colin pour la coloration des cils vibratiles des Spirilles. L'Znduline, probablement identique à la Nigrosine ( Wasserlüslich), est un colorant basique d'un beau contraste avec les rouges et, de plus, est précieuse pour marquer les limites cellulaires et différencier le mucus dela fibrine. Comme ces couleurs d’aniline ne constituent pas toutes descomposés chimiques bien définis (ex. le Kernschwarz, etc.), qu’elles varient abso- lument selon leur mode de fabrication, que ces procédés de fabrique même changent continuellement, les résultats peuvent être fort dissem- blables. Un auteur sérieux doit toujours (à l'exemple de Kühne) en indiquer exactement la marque, la provenance, pour qu’on puisse s’y conformer. On peut se procurer de bons colorants chez le D' Grübler (Leipzig, Bayersche Strasse, 63), Carl Zeiss, à Berlin, ou le D' G. Mün- der (Gôttingen). Les solutions aqueuses ne suffisent pas à colorer certaines espèces qui ne se laissent que difficilement imprégner par la substance colorante. (1) Kocx, Untersuchungen über Bacterien (Beitr. zur Biol. der Pflanzen, II, 3° p., p. 99). (2) Kuxsrzer, Contributions à la technique des Bactériacées (C. R. de l'Acad. des sc., t. CV, 1887, p. 689). LA COLORATION DES PRÉPARATIONS. 379 Lorsqu'onfaitagir, avantla coloration où concurremment à elle, certains réactifs qui semblent diminuer la résistance de la membrane, on par- vient à obtexir de meilleurs résultats. Les alcalis réussissent tout parti- culièrement dans ce cas; on simplifie beaucoup la technique en les ajoutant directement au bain colorant, dont ils exaltent considéra- blement la puissance. Dans des cas spéciaux, on à obtenu d'excellents résultats de certaines substances qui jouent probablement le rôle de mordant : le tannate de fer, l'extrait de bois de campêche,ont étéemployés dans ce but par Lœffler. Ohlmacher (1) recommande également le formol à 4 p. 100, soit dans le colorant, soit avant. Des mélanges de dif- férentes couleurs donnent aussi parfois d'excellents résultats. On verra plus loin l'exposition des méthodes spéciales à appliquer à la coloration des espèces qui se décolorent par la méthode de Gram (p. 379). % Solutions colorantes composées. Elles sont formées, soit de plusieurs matières colorantes en mélange, soit de colorants, additionnés de produits qui agissent comme mordants, favorisant la fixation de la couleur sur les éléments. Parmi ces derniers produits, s'emploient surtout les alcalis, l’aniline, l'acide phénique, le sublimé, le tannin, l'iode. Gram a beaucoup préconisé l'iode comme mordant; comme ici l'emploi de l'iode est toujours uni à l’action décolorante de l'alcool, nous retrou- verons plus loin sa méthode de coloration. Ehrlich meten premièreligne, comme mordant, l'eau aninilée (p.376). Sahli (2) prend une solution de borax à 1 gramme pour 60 d’eau. Babès (3) a remplacé l’aniline par la foluidine. Aucune de ces modifi- cations n'a prévalu sur le procédé primitif d'Ebrlich. Koch (4) a préconisé l'usage des solutions alcalines ; elles l'ont conduit à la découverte du Bacille de la tuberculose. Il employait le mélange suivant : Solution alcaline de Koch. Solution alcoolique concentrée de bleu de méthylène. 1 volume. Solution de potasse à 10 p. 100....................... 2 volumes. Hauidistillée CREME Re EME RER E ete MO EEC Eee LEE CE 200 — Le liquide doit être filtré avant l'usage; il s’altère vite et ne peut, con- séquemment, servir plusieurs Jours. Lœffler (5)recommande la formule suivante, qui s'altère vite aussi, mais est plus facile à préparer extemporanément : Solution alcaline de Lœffler. Solution alcoolique concentrée de bleu de méthylène. 1 volume. Solution de potasse à 1 p. 10000...................... 2 volumes. La puissance colorante de ces solutions alcalines est considérable. (1) Oucmacner, Med. News, 16 février 1895. (2) Samui, Zeitschr. für wiss. Mikrosk., II, 1885. (3) Basks, Étude sur les Bactéries de la lèpre et de la tuberculose (C. R. de l'Acad. des sc., 1883). (4) Kocm, Die Aetiologie der Tuberculose (Berl. klin. Wochenschr., 1882). (5) Logrrcer, Untersuchung über die Bedeutung der Microorg. für die Entstehung der Diphterie (Milth. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, IF, 1884). 376 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Elles ont cependant de graves inconvénients : elles gonflent par trop certaines préparations et peuvent arriver à détacher des lamelles la mince couche obtenue par dessiccation des liquides, ceux riches en albu- mine surtout ; enfin, elles altèrent souvent les éléments histologiques délicats. Aussi sont-elles réservées dans la pratique pour des cas spé- ciaux et remplacées par l’eau anilinée, indiquée par Ehrlich (1) et en grande faveur depuis près des bactériologistes. Elle se prépare en ajou- tant à de l’eau distillée une petite quantité d’aniline pure (huile d’ani- line, phénylamine), assez peu soluble dans l’eau, puisqu’à 120 une partie d’aniline exige trente el une parties d’eau pour se dissoudre. Pour 100cen- timètres cubes d’eau distillée, 3 grammes d’aniline suffisent. On agite fortement et l’on passe sur un filtre mouillé qui retient les gouttelettes non dissoutes. La liqueur brunit vite à l'air, l’anilinese résinifiant faci- lement; il faut alors la rejeter. Il est toujours préférable de la préparer au moment de l'utiliser en ajoutant, dans un tube à essai, quelques gouttes d’aniline à une petite quantité d’eau disullée et en filtrant sur un papier mouillé. Les résultats obtenus avec les solutions fraîches sont bien plus complets. Solution anilinée d'Ehrlich. at AMAnÉC SEE C LENS CNT Ce 10 centimètres cubes. Solution alcoolique saturée de violet de gen- CANON TAN RER Te AE 97 1 centimètre cube. Le violet de gentiane peut être remplacé par le violet 5B, la fuchsine, la thionine ou le bleu de méthylène. L'eau anilinée, colorée à l’aide d’une solution concentrée de fuchsine, de violet, dethionine ou de bleu, s'emploie la plupart du temps à chaud; c'est une manière de renforcer encore son action. On fait chauffer dans un lube à essai ou dans un verre de montre une dizaine de centimètres cubes d’eau anilinée à laquelle on a ajouté de 4 à 6 gouttes de solution alcoolique concentrée de matière colorante, jusqu’à ce qu'il se dégage des vapeurs; on y place alors les objets à colorer. Fraenkel (2) prépare une eau anilinée de conservation assez satisfai- sante en ajoutant une pelite proportion d'alcool. Il dissout 3 centimètres cubes d’aniline dans 7 centimètres cubes d'alcool absolu et complète avec 90 centimètres cubes d'eau distillée. On s’en sert comme de l’eau anilinée ordinaire. Weigert (3) a proposé l’ammoniaque comme mordant : Solution de Weigert. Ammonaquerliquide PAPE PC TR RNA TL 08r,50 AlCODLIADSOIN ES ETES ARE RE ER Re PEER 10 grammes, : LÉ RCA ES TO ME SE ER LE RL TR EI eh EL 100 == Ajouter quantité suffisante de violet ou de fuchsine. (1) Enruica, Deutsche med. Wochenschr., 1882, n° 19. (2) Fraenxez, Ueber die Färbung der Koch'schen Bacillus (Deutsche med. Wo- chenschr., 1880, n° 13). (3) Weicenr, Deutsche med. Wochenschr., 1888, p. 351. COLORATION DES PRÉPARATIONS. : 377 Ziehl (1) recommande l'acide phénique avec la fuchsine donnant le Rouge de Ziehl : Solution de Ziehl (recommandée). ÉUCbSin ETUDE RARE NN ER EU UE Merde. 1 gramme. A'CITEMPREMQUENMEIS EUR STE PES CAD EU see 5 grammes. ATGOG ARS ONE RS Cr nee le en ee miere ee 10 == Hiauidis filé RENTE RTE ET RIT Men er Ne 100 = Triturer dans un petit mortier de verre la fuchsine et l'alcool; ajouter l’acide phénique, mélanger; ajouter par petites portions, en continuant de remuer, les deux tiers de l’eau; verser dans un flacon, rincer le mortier avec le reste de l’eau; réunir les liquides. Laisser en contact vingt-quatre heures ; filtrer dans un flacon propre bouché à l’'émeri. Cette solution donne d'excellents résultats. La thionine phéniquée, préconisée par Nicolle (2), est un colorant de out premier choix donnant des colorations plus fines, plus électives, que les autres violets. Solution de thionine phéniquée (recommandée). ÉDHTONEN CNE ARE LE ee Er nee er nee 1 gramme. A'CIHEDhÉRIQUEMEIS EUX Me CE 5 grammes. ATCOOLANO NO RAR RAR Ar pe ER 10 e- ais LIÉE Se cernes ent eut one 100 — Préparer comme pour la solution de Ziehl. Formule plus simple. Solution saturée de thionine dans l’alcool à 900. 10 centimètres cubes. BadiphémaqueéerttiipD A0 EE TPECREr ANCREE 100 — Les formules suivantes donnent aussi de bons résultats : Bleu de toluidine. AE SR deS Le ee ee DA ES A DE RE DEN EN Tu A ape DAT HAUPPhÉRIQUEC NA IDE TOO ER ERP AC ARE RE 100 grammes. ANCOP MALO RER ren er ne lee nt Mean D Us 10 — Bleu de Kühne. BIedermMethyIen er EEE en re et rer et 18r,5 ATCOO ADS QU PARA A En et LES RAI 10 grammes. AUTO CDIQUÉE ADD 0 ET RUE EEE RAP 100 _ Bleutdertnnas(3) 2 Mer NE RER rer 1 partie. BA PRENIQUESr AM DAD EL UO. CE Mere Ve UT ENTRER 1 — BASÉE RENE N re 2 PO Errame ec A EUR 3 parties. (1) Zieuz, Zur Färbung der Tuberkelbacillus (Deustche med. Wochenschr., 1882 et 1883). (2) Nicoze, Pratique des colorations microbiennes (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 664). (3) Ce bleu est fourni en solution par la maison Grübler. 378 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Fuchsine de Lubimof]. Fuchsine rubine...... PRÉ SE PT et METIE EVE etat er,5 Acide DOrIQUE: a. res trer re tree Ur ,5 Alcool absolute AT PES NE RUE PAU Re EU 15 centimètres cubes. Bausdistnllée she nee M Pere Re 20 _ Bleu de Sahli. Solution aqueuse de borax à 5 p. 100 ........ 16 centimètres cubes. Solution aqueuse de bleu de méthylène...... 24 — HAUAIS LITE RP AR RER EE RE ARC ET 40 — Le Bleu composé de Roux donne de très bons résultats également, surtout avec le Bacille de la diphtérie; il s'obtient par le mélange de deux solutions, une de violet, l’autre de vert d’aniline. On mélange un tiers de la solution A et deux tiers de la solution B. Bleu de Roux. Solution AE Violet dahlrae er Re 1 gramme. ANCOOL 'ANOOL 2 RER RES ER NAME EE 10 grammes. Bau dis til er CPE RER PC RE ere 90 — Solution br VertidemeEtty le er Er ECC 1 gramme. AGORA EC EE ere EC Tee Lt 10 grammes. Bautdistilée ee M cer ee 100 — La teinte à donner au bain colorant, lorsqu'on le prépare directement avecles solutions alcooliques concentrées, s’acquiert très vite après un peu de pratique; quelques gouttes d’une solution alcoolique saturée ou très concentrée suffisent à colorer convenablement de 10 à 15 centimètres cubes de liquide. Le temps que doit durer l'immersion dans ce bain varie avec la nature des préparalions, sans qu'il soit possible à cet égard de donner des règles générales. Tandis que quelques minutes peuvent suffire, il faut d’autres fois un temps beaucoup plus long pour obtenir une bonnecoloration. Il est heureusement facile de suivre les progrès du réactif en retirant de temps en temps la préparation; on s'aperçoit faci- lement, même à l'œil nu, de l'intensité de la teinte prise. Enfin, une sur- coloration n'est souvent pas sans remède; on la réduit facilement en faisant agir les agents décolorants. Les mains tachées par l'usage de ces bains de couleurs d’aniline sont décolorées facilement par l'alcool, l'alcoolé de savon, les acides étendus. 50 EMPLOI DES AGENTS DÉCOLORANTS Lorsqu'on traite des objetscolorès, par certains réactifs très avides de couleur, ils leur abandonnent une proportion dela matière qui les teint et se décolorent d'autant; il peut même arriver, si la couleur n’est pas fortement retenue et le réactif bien approprié, que la décoloration soit complète. Dans d’autres cas, il y a plus: le réactif peut modifier ou détruire la substance colorante ; et il le fait toujours d'autant mieux et plus vite que la combinaison de celle-ci avec l'élément qu'elle imprègne est moins forte. C’est une relation en tout analogue aux lois de Ber- thollet. Pour les Bactéries, il semble y avoir un rapport direct entre la facilité de la coloration et celle de la décoloration; des cellules, qui se ss afuû. ” =” DS dt D | AGENTS DÉCOLORANTS. 379 colorent très rapidement dans les bains ordinaires, perdent tout aussi vite leurs nuances traitées par des agents décolorants, et, inversement, lorsque l’action du bain a dû être prolongée, la coloration obtenue résiste beaucoup plus. On ne connaît pas encore les causes de ces particula- rités; on pense que la résistance à la décoloration, si remarquable chez certaines espèces, est due à la présence dans la membrane ou le proto- plasma de substances particulières formant avec les couleurs des compo- sés très stables. Ce serait une matière grasse ou cireuse, des acides gras, pour certaines espèces (1), du tannin (2) ou des corps voisins pour d’autres. Les agents décolorants les plus usités sont, par ordre d'importance, l'alcool, les acides, les alcalis et certains réactifs neutres. 1° Décoloration par l'alcool. L'alcool est certainement celui qui servira le plus. On emploie l'alcool à 95° ou, mieux, l'alcool absolu. La rapidité de la décoloration est très variable; parfois la lamelle doit être simplement plongée dans l'alcool, puisretirée immédiatement et lavée à grande eau pour arrêter de suite l’action du réactif, ou bien elle doit y séjourner pendant un temps assez long, parfois un jour et plus, pour que l'effet voulu soit produit. Lorsque la décoloration est rapide, il est préférable d’user d’alcool dilué, pour pouvoir mieux graduer l'emploi du réactif. On peut renforcer la puissance décolcrante de l'alcool en lui ajoutant 2 p. 100 de fluorescéine jaune acide (Kühne) ou 0,25 p. 100 de vert lumière (Lichtgrün FS) (Benda). Méthode de Gram. — L'alcool, après action de l’iode, a été préco- nisé par Gram (3); cette technique est très connue sous le nom de Méthode de Gram. L'iode sert de mordant, de fixatif ou de modificateur pour le colorant en formant avec lui un composé qui jouit d'une élection pour certaines Bactéries et pas pour d’autres ; la décoloration vraie est produite par l’action ultérieure de l'alcool. Voici la formule qu'il indique pour user de ce réactif : Solution de Gram (ou encore : Solution de Lugol). OO RTE SR NS DS NET a Pate ed Dai 2er este fe LA ee exe 1 gramme. TOdUrET ES DO TASSE EE ee meer ie 2 grammes. RAR IS LUILE ER NE EU ART Re selle 300 — Les préparations, sorties du bain colorant, au mieux d'un bain au violet de gentiane ou à la thionine, additionné ou non d'eau phéniquée, sont, après lavage à l’eau, plongées dans cette solution jusqu'à ce qu'elles prennent une teinte noirâtre, ce qui demande une à deux minutes. Elles sont lavées à l'alcool à 95° ou, mieux, absolu, jusqu'à ce que la teinte noire devienne gris pâle, ce qui s'obtient en quelques (1) Brexsrock, Zur Frage der sog. Syphilisbacillen und der Tuberkelbacillen-Färbung (Fortschr. der Med., 1886, n° 6). — Gorrsrein, Die Beeinflussung des Färbungsver- haltens von Microorganismen durch Fette (Zhbid., n° 8). Voy. aussi p. 44. (2) Srrna, Recherches sur la décoloration des Bactéries (Allgem. Wiener med. Zeit., 1887). (3) GRam, Ueber die isolirte Färbung der Schizomyceten in Schnitt und Trocken- praeparaten (Fortschr. der Med., II, 1884, p. 185). 380 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. A minutes ou lentement. C’est le point un peu délicat de la méthode ; souvent, pour bien réussir, il faut quelques lâtonnements. Le même bain d'alcool peut servir assez longtemps, jusqu’à ce qu'il ait pris une coloralion bien marquée. Ce procédé expose moins que le précédent à une forte décoloration ; de plus, 1l fournit des caractères de détermination précieux : certaines : espèces, se décolorant bien par son emploi, se distinguent par là d'autres qui, traitées de la même façon, gardent la couleur. Dans une prépara- ion où se trouvent des cellules, coupe d’organe ou lamelle préparée à sec avec du sang ou du pus, les éléments ne gardent qu'une légère colo- ration Jaunâtre, tandis que les Bactéries sont fortement colorées en violet noir lorsqu'on a usé d’un bain au violet ; il est du reste possible, comme nous le verrons, d'user ensuite d'une double coloration. Ces particularités de coloration seraient dues aux acides gras qui se trouvent dans les corps microbiens. Ces acides gras se colorent au violet d’aniline à l'encontre des graisses neutres qui restent incolores ; après l’action de l'iode, les acides gras non saturés gardent la couleur, tandis que les acides saturés supérieurs ne la gardent pas et la cèdent au lavage à l'alcool (1). Méthode de Gram modifiée par Nicolle. — Nicolle (2) a modifié avantageusement la méthode de Gram ainsi qu'il suit. Les lamelles, fixées par le mélange d'alcool et d'éther, sont colorées à la solution de thionine phéniquée (p. 377). Au sortir du bain colorant, sans étre lavées, elles sont soumises à l’action d’une solution de Gram forte : Solution de Gram forte. ONE Se ccobtoot aida doévandodaodenne bed 30e 1 gramme. lodureidelpotassiumes PP NRC REC . 2 grammes. Ban(dis biléest SE RE UN ee cts 200 —- On les laisse dans la solution de quatre à six secondes, mais en la renouvelant une ou deux fois. On décolore par l'alcool-acétone (alcool absolu additionné d'un tiers d'acétone), qui décolore plus vite et plus sûrement que l’alcool absolu. Il est possible alors de pratiquer une double coloration, avec l'éosine par exemple; certaines Bactéries restent colorées en violet; d’autres, ou des éléments cellulaires divers, ont pris la teinte rose. Cette méthode de Gram, simple ou modifiée, a une importance consi- dérable en Bactériologie. C’est un élément de diagnostic important ; les Bactéries qui prennent le Gram sont ainsi facilement différenciées d’autres qui ne le prennent pas et qui peuvent leur ressembler beaucoup comme formes, comme caractères de cultures et même comme réactions à l'égard des colorants ordinaires. Voici la liste des principales espèces dont il est important de connaître la façon de réagir lorsqu'on leur applique cette méthode : (1) Guerger, MAYER et ScHAEFFER, Sur les réactions microchimiques des corps gras et la réaction de Gram (C. R. Soc. de Biol., LXVIII, 1910, p. 353). (2) NicozzE, Pratique des colorations microbiennes (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 664). à AGENTS DÉCOLORANTS. 381 Espèces qui restent colorées par la méthode de Gram. Bacillus aerophilus. — alvet. — amylobacter. — anthracis. — anthracoides (Hueppe et Wood). — botulinus. — butyricus. — caniperda (Galli-Valerio). — carolarum. — caucasicus, — Chauvæi (il faut colorer forte- ment). — chlororaphis (difficilement). — coprogenes fœtidus, — diphteriæ (garde assez mal la couleur). — Ellenbachensis. — enteridis sporogenes. — endocarditis griseus. — filiformis (Tils). — fuscus, — heminecrobiophilus. — laclicus. _ lactis erythrosporus. _ lactis niger. — lepræ. —- liodermos. — megateriu m. — mesentlericus fuscus, — mesentericus niger. — mesentericus ruber. — mesentericus vulgatus. — muripestifer (Laser). — murisepticus. — mycoides, —— mycoides roseus. — oxalaticus. — perfringeus. Bacille du phlegmon gazeux (Fraenkel). Bacillus polychromogenes. — pseudobutlyricus (Hueppe). — pseudodiphtericus (Hoffmann). Bacilles pseudo-tuberculeux (Moeller et Rabinowitch). Bacille de la pseudo-tuberculose du veau (Vallée). Bacille de la pseudo-tuberculose du mou- ton (Preisz). * Bacillus putrificus coli. Bacille du rhinosclérome. — du rouget du porc. — dela séborrhée grasse(Sabouraud). — seplique aérobie (Legros). — seplique de la vessie (Clado). — du smegma. Bacillus solaniperda. — subtilis. — syncyanus. Bacillus telani. — luberculosis. — tumescens. — viscosus lactis. — Terosis. — Zopfi. Cladothrix actinomyces (filaments et quel- quefois les masses très jeunes). Cladothrix asteroides. — Capræ. _— chromogenes. — farcinica (l'action prolongée de l'alcool décolore), — Fœrsterr. — Madüreæ. = mordoré. — violacea. Clostridium fœtidum. — polymy ra. Leptothrix buccalis. Micrococcus acidi lactici (Marpmann). — agilis. — albicans amplus. — albicans tardissimus. — aquatilis. — ascoformans. = aurantiacus. — Brisou. —= candicans. — candidus. —- carneus. — cereus albus. — cereus flavus. — cinnabareus. Microcoque du clou de Biskra. Micrococcus concentricus. — corallinus. — coralloides, — coronatus. — citreus. — citreus conglomeratus. — cremoides. -- enterilis (Entérocoque). — fervitosus. = flavus desidens. — flavus liquefaciens. — flavus tardigradus. Microcoque de la gourme du cheval. Micrococcus hæmatodes. — lacteus faviformis. — luteus. Microcoque de la mammite de la brebis (décoloration partielle), Microcoque de la mammile de la vache. Micrococcus ochroleucus. — Pasteuri. — pyogenes (1). — pyogenes albus. (1) Nous verrons plus loin, en étudiant le Sfreplocoque pyogène, qu'Étienne (Arch. de méd. expér., 1895) et Lemoine (Soc. de Biol., 21 décembre 1895) ont signalé des 382 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Micrococcus pyogenes aureus. _ pyogenes citreus. — radiatus. — rosettaceus. = roseus. — subflavus. — sulphureus. =. tetragenus. — ureæ. -— ureæ liquefaciens. — versicolor. — violaceus. — viliculosus. Pediococcus cerevisiæ. Proteus mirabilis. — vulgaris. — Zenkeri. Pseudo-méningocoque de Jæger (Diplo- COCCUS CTassuS). Sarcina alba. —“"auTrantiiaca: Sarcina candida. — flava. — incana. — Lœwenbergi. — lutea. — mobülrs. — pulmonum. — rosea. — ventriculi. Spirillum rubrum. — ruqgula. Tyrothrix distortus. — geniculalus. — scaber. Pr — lurgidus. — urocephalum. Urobacillus Duclauri. — Freudenreichi. _ Maddoxi. — Pasteuri. — Schützenbergi. Espèces se décolorant par la méthode de Gram. Bacillus aceticus (Külzing). — acidi lactici (Hueppe\. — aquatilis sulcalus. — arborescens (Frankland). Bacille du barbone des buffles. Bacillus brunneus. Bacille batyrique de Botkin. Bacillus cavicida. Bacille du chancre mou. Bacillus choleræ gallinarum. — cloacæ (Jordan). —— cæruleus (Voges). — coli communis. Bacille de la conjonctivile aiguë (Weeks). — de la conjonclivite chronique (Diplobacille). — des crachats verts (Frisch). Bacillus crassus sputigenus. Bacille de la diarrhée des veaux (Jensen). — de la diarrhée verte. — de la diphtérie aviaire. — de la diphlérie des pigeons. — de la diphlérie du lapin. Bacillus dysenteriæ. — enteritidis. — fluorescens aureus. — fluorescens liquefaciens parfois un peu coloré). Bacille fluorescent pathogène (Lepierre). Bacillus fluorescens putridus. — fœcalis alcaligenes. - Friedländeri. Bacille fusiforme (Vincent). Bacillus hydrophilus fuscus. (reste Bacille icléroïde (Sanarelli). Bacillus influenzæ. — indigoferus. —- indigonaceus. — _ janthinus. —- lactis aerogenes. — luteus. Bacille de la maladie des chiens (Lignières). Bacillus mallei. — miniaceus. —- muriseplicus pleomorphus. —- ochraceus. — oxylocus perniciosus. Bacille de l’ozène. Bacillus Pasleurianus. Bacille de la pesle des écrevisses. — de la peste des truites. Bacillus pestis. — _ pneumonicus agilis. Bacille de la pneumonie contagieuse du cobaye. Bacille de la pourriture d° ir id Bacillus prodigiosus. Bacille de la pseudo-luberculose (Du Cazal et Vaillard). Bacille de la pseudo-tuberculose des ron- geurs. Bacille de la pseudo-luberculose z00- gléique. Bacillus pyocyaneus. — ranicida. Bacille rouge de l'eau (Lustig; incomplète- ment). Bacille rouge de Kiel. Streptocoques se décolorant par la méthode de Gram. Le dernier auteur cité a vu, dans des cultures différentes, le même microbe présenter la réaction habituelle et se décolorer par le Gram. LG: AGENTS DÉCOLORANTS. Bacille rouge de la sardine (Dubois Saint- Sévrin). Bacillus ruber (Zimmermann). saccharobutyricus. Bacille de la seplicémie des canaris. de la septicémie du faisan. de la septicémie des furets. de la septicémie de la grenouille. de la septicémie hémorragique du cheval. de la septicémie hémorragique des bovidés. de la septicémie du lapin. de la septicémie des veaux (Tho- massen). Bacillus seplicus (peut rester coloré après l’action prolongée du colorant). Bacillus seplicus putridus (Roger). suipestifer. suisepticus. — synæanthus. 383 Bacillus tracheiphilus (Smith). turcosa (Zimmermann). typhi murium. typhosus. ureæ. violaceus. Cladothrix aclinomyces (massues). Micrococcus catarrhalis. gonorrheæ. Micrococcus intracellularis meningitidis. melilensis. orchilis. Microcoque de la mammite de la chèvre. Microcoque des oreillons (Laveran et Catrin). Sarcina pseudogonorrheæ (Nagano). Spirillum berolinense. choleræ. Spirille d’'Iwano f. nasal (Weibel). Spirillum tonsillare. Il y a certainement des espèces pour ainsi dire indifférentes à l'égard de la méthode de Gram, qui restent colorées dans certaines conditions et se décolorent dans d'autres. C’est ce qui peut expliquer en partie les divergences que l’on remarque dans l'opinion de bien des auteurs. Les Bactéries qui se décolorent par la méthode de Gram, peu aptes à conserver les couleurs d'une façon générale, demandent, pour être toujours bien colorées, l'application de procédés spéciaux basés sur l'emploi de produits jouant le rôle de mordants, favorisant la fixation du colorant. On peut se servir, dans ce but, de plusieurs des solutions indiquées précédemment (p. 375), surtout de celles à base d'eau anilinée, d'acide phénique, de borax. Certaines méthodes donnent, dans ce cas particu- lier, de meilleurs résultats. Nicolle (1) conseille de colorer les lamelles ou les coupes dans le bleu de Lœæffler ou de Kühne, de laver et de les traiter par une solution aqueuse de tannin à 1 p. 10 dont l’action est instantanée. On lave à l'eau, puis on peut déshydrater à l'alcool absolu, éclaircir à l'essence de girofles, passer au xylol et monter dans le baume au xylol. Garnier (2) dit qu'il est préférable, avant de colorer en bleu, de traiter par la solution de Gram forte (p. 380), laver et colorer au bleu de Kühne, puis faire agir pendant une ou deux minutes le molybdate d’ammoniaque en solution suivant la formule ci-dessous : Molybdate d'ammoniaque cristallisé .................. Eau distillée ..... 1 gramme. 10 grammes. Laver minulieusement à l'eau distillée, surtout pour les coupes, passer à l'alcool absolu, à l'essence de girofles, au xylol, et monter dans le baume. On peut, auparavant, faire une double coloration convenable pour le fond. (1) Nicozze, Méthode de recherche des microorganismes qui ne se colorent pas par le procédé de Gram (Ann. de l'Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 783). (2) Garnier, Nouveau procédé de coloration pour les Bactéries qui ne prennent pas le Gram (Presse méd., 26 janvier 1901), 384 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. 2° Décoloration par les acides. Les acides minéraux sont des décolorants trop énergiques qui doivent être réservés pour quelques cas spéciaux. De rares espèces, les Bacilles de la tuberculose, de la lèpre, du smegma préputial, des Bacilles divers dits pseudo-tuberculeux, par exemple, résistent seuls à leur action (Saurefeste) et gardent leur couleur. D'où l importance de cette méthode de décoloration dans la recherche de ces espèces. ÆEhrlich (1 ) a annoncé, le premier, que le Bacille de la tuberculose résistait à l’action de l’ acide azotique au tiers (acide azotique ordinaire, une partie; eau, deux parties). L'usage de ce décolorant est devenu dès lors d’une pratique courante dans la recherche de cette espèce. L'action doit toutefois être suivie de très près, car la résistance n'est que relative ; si le contact est trop prolongé, toute coloration, même la plus intense, ne tarde pas à disparaître. L’acide azotique forme, avec les couleurs d'aniline, des composés incolores : c’est la raison de la décolo- ration qu'il provoque. Avant d'en arriver à ce dernier terme, 1l se pro- duit des nuances verdâtres, puis jaunes. II faut arrêter l’effet à l’appari- tion du vert, ou tout au moins dès les premières nuances jaunes, par un lavage immédiat. Sous l'influence de l’eau, une faible partie du colorant se régénère, la préparation reparaît très légèrement teintée de la nuance primitive. On peut, du reste, faire agir le réactif à plusieurs reprises, jusqu'à ce que le résultat soit obtenu. Au lieu d'acide nitrique, on a employé l'acide sulfurique, l’acide chlorhydrique dilués, l'acide sulfureux. Hauser (2) préfère, comme décolorants, à l'acide nitrique, surtout pour la recherche du Bacille de la tuberculose, les acides organiques, acétique, tartrique, picrique, et, principalement, lactique. Dans les solutions de 5 à 10 p. 100 d’eau, la décoloration se fait bien ; le Bacille de la tuberculose résiste pendant longtemps, une demi-heure au moins. 3° Décoloration par d'autres réactifs. Koch a employé comme décolorant une solution de carbonate de potasse, obtenne en mélangeant une solution saturée de ce sel avec un même volume d’eau distillée. Malassez et Vignal (3) se sont servis de carbonate de soude ainsi préparé : Solution aqueuse de carbonate de soude à 2 p. 100...... 2 volumes. Acool absolu 2 RC RE ME Pere ait 1 volume. Le sublimé corrosif a donné à Gram de bons résultats, qu'il faut se sarder de confondre avec ceux obtenus à l’aide de sa solution iodée, dont l'emploi doit seul être désigné sous le nom de méthode de Gram. (1) Earucu, Zeitschr. für klin. Med., IT, p. 307, et Berlin. klin. Wochenschr., 6 mai 1882, (2) Hauser, Note sur la coloration du Bacille de la tuberculose (Soc. de Biol., 29 oc- tobre 1898). (3) Mazassez et Vianar, Sur le microorganisme de la tuberculose zoogléique (Arch. de physiol., IV, 1884). : AGENTS DÉCOLORANTS. 382 Les préparations, surtout les coupes, bien lavées à l’eau distillée après coloration, sont placées dans une solution de sublimé à 1 p. 100. On les y laisse séjourner quelque temps et on les lave à l’eau distillée d’abord, puis avec un peu d’alcool absolu. Le sublimé joue plutôt un rôle de fixateur ; c’est l'alcool qui est le décolorant actif. La glycérine, les essences de girofle et de bergamote décolorent peu à peu les Bactéries, mais leur action est trop lente et trop inégale pour l'utiliser d’une façon courante. Il faut y songer cependant quand on a à traiter des préparations par ces réactifs, comme éclaircissants ou conservateurs. Le chlorhydrate d’aniline, en solution aqueuse à 2 p. 100, est un bon agent décolorant, mais d’emploi un peu coûteux parce qu'il ne faut employer que des solutions fraîches. Méthode de Claudius. — Claudius (1), après fixation à l'acide picrique, emploie comme décolorant le chloroforme ou l'essence de girofles. La lamelle, séchée et flambée, est colorée dans une solution aqueuse de violet de méthyle (violet de méthyle 5B extra, Merck) à 1 p. 100, pendant une minute, puis lavée à l’eau; elle est ensuite soumise pen- dant une minute à l’action d'une solution d'acide picrique dans l’eau distillée, formée de 1 volume d'une solution saturée, plus 1 volume d’eau, lavée et étanchée au papier-filtre ; on lave au chloroforme tant qu'il y a décoloration (l'opération se fait économiquement dans une petite fiole à large goulot, bouchée à l’émeri). Il est possible de rem- placer le chloroforme par l’application successive de quelques gouttes d'essence de girofles, jusqu'à décoloration complète. Voici, d'après Claudius, une liste d'espèces qui restent colorées par cette méthode : Staphylocoque doré. Bacille de la lèpre. — blanc. — de la tuberculose (prend mal la Pneumocoque. couleur). Bacille de la diphtérie. Bacillus megaterium. — du charbon. Bacille de la septicémié de la souris. — du rouget du porc. — du charbon symptomatique. Bactérie du farcin du bœuf. Vibrion seplique. Tétragène. Bacillus nekroseos dé Bank. Bacille du tétanos. Par contre, les espèces suivantes ne restent pas colorées : Bacille typhique. Gonocoque. Colibacille. Bacille du lait bleu. \ Spirille du choléra. — pyocyanique. — de Metschnikoff. Micrococcus prodigiosus. Pneumobacille. Le même traitement peut être appliqué aux coupes, préalablement collées sur lamelles ; il est préférable d'employer comme décolorant l'essence de girofles, par gouttes successives enlevées avec du papier buvard. Ce procédé est compatible avec une coloration préalable des noyaux, par le carmin au lithium, par exemple. (1) Craunius, Méthode de coloration à la fois simple et contrastante des microbes (Ann. dé l’'Inst. Pasteur, XI, 1897, p. 332). MAC. — Bactériologie, 6° édit, 25 386 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Cette méthode de Claudius paraît donner des résultats plus constants que la véritable méthode de Gram. Le Vibrion septique, le Bacille du charbon symptomatique, le Bacille diphtérique, entre autres, qui prennent mal et irrégulièrement le Gram, donneraient toujours une réaction positive par la méthode de Claudius. Méthode de Weigert. — Weigert (1) emploie l'huile d'aniline comme décolorant. Les préparations ou les coupes sont colorées à chaud dans un bain de violet, puis soumises pendant {rois ou quatre minutes à l’action de la solution iodo-iodurée de Gram. Il traite par l'huile d’aniline jusqu’à transparence parfaite; l'huile extrait une grande partie du violet. La préparation est immergée dans le xylol, puis montée dans le baume. Enfin, des solutions d'autres couleurs d’aniline peuvent déplacer une couleur qui n’est pas très fortement fixée et substituer leur coloration. On obtient alors des coloralions de contraste; la couleur employée en dernier chasse la première coloration sur les éléments qui ne retiennent pas énergiquement leur première nuance. Ainsi, dans une préparation de crachats tuberculeux colorés à la fuchsine par la méthode d'Ehrlich à l’eau anilinée, puis plongée dans la solution bleue de Léæffler, le bleu de méthylène chasse la fuchsine qui imprègne les éléments et les Bac- (éries des crachats, sauf celles que fixent les Bacilles tuberculeux qui resteront colorés en rouge. Le bleu de méthylène cède de la même façon au brun de Bismarck. Mais, ce que l’on obtient le plus souvent de cette facon, ce sont des doubles colorations dont il va être question. Qu'on se serve de l’un ou de l'autre de ces différents procédés de coloration, l’action du réactif ne se fait que progressivement : les élé- ments les moins avides de couleur la cèdent avant ceux qui la retiennent mieux. En arrêtant donc cette action à différents stades, on obtiendra des aspects divers, cerlains éléments colorés dans telle préparation seront incolores ou diversement nuancés dans d’autres. Lorsqu'on à affaire à des coupes d'organes où se trouvent des éléments variés, le phénomène suit une marche à peu près régulière. Ainsi, une coupe colorée d'une façon diffuse par une immersion dans le bain de violet de méthyle, traitée par l'alcool absolu, se décolorera graduellement de la facon suivante : la substance intercellulaire perd d’abord sa couleur, puis les fibres conjonctives, le protoplasma des cellules, les noyaux, et, en dernier lieu, les Bactéries. | 6° DOUBLE COLORATION Lorsqu'une préparation a subi l’action des réactifs décolorants, il est facile, en faisant agir d'autres substances colorantes, de leindre d’une nuance, différente de la première employée, les éléments qui ont perdu la couleur. On peut obtenir ainsi, dans cette double coloration, par un choix habile des couleurs, des contrastes très utiles pour l’observation (4) Wricerr, Zür Technik der bacteriologischen Untersuchungen (Virchow's Arch., Bd LXXXIV). DOUBLE COLORATION. 387 3 de la préparation, et la distinction des diverses espèces de Bactéries qui s'y trouvent. De plus, quand il n'existe que de rares Bactéries ayant gardé la première couleur employée, la mise au point s'opère avec bien plus de facilité, chose qui n’est pas à dédaigner, on pourra s'en assurer. Koch s’est servi le premier d’une méthode de double coloration pour distinguer les Bacilles de la tuberculose des autres espèces qui les accompagnent toujours dans les crachats. Il a mis à profit cette obser- vation, qu'il avait faite, qu'en plongeant une lamelle préparée, fortement : colorée au bleu de méthylène à l’aide d'une solulion alcaline, dans un bain de vésuvine, cette dernière couleur se substituait en partie à la première, qui ne restait fixée que sur les Bactéries de la tuberculose. Il est plus sûr de soumettre la préparation à un agent décolorant, en opérant comme on l’a vu précédemment. Après action complète du réactif, elle est lavée avec soin et mise dans le second bain, où elle ne doit rester que peu de temps. La seconde coloration, coloration de fond, gagne à être légère ; les éléments histologiques surtout doivent être simplement teintés ; aussi faut-il surveiller de près l'immersion, qui ne doit durer que fort peu de temps, quelques secondes souvent si le bain colorant est foncé. Pour répondre au mieux au but proposé, les couleurs à employer doivent produire un contraste bien évident. Koch a employé le bleu et le brun; ils peuvent encore être utiles pour des cas spéciaux, comme la photographie. On obtient de fort bonnes préparations en colorant d'abord à la fuchsine et en se servant de bleu de méthylène comme couleur de fond: On a souvent avantage à employer, comme colorants diffus, le vert lumière (Lichtgrän FS), le violet acide (Saüreviolett), la fuchsine acide (Fuchsine S ou Saürerubin), l'orange G et particulière- ment l’éosine. _ [lne faut prendre que l'éosine soluble dans l’eau. C’est un colorant des plus énergique et très pénétrant, mais qui ne possède pas la moindre élection. Aussi fournit-elle de très beaux fonds rose rouge | sur lesquels les bleus et les violets se détachent admirablement. Les ; mélanges de bleu de méthyle et d'éosine donnent souvent de belles doubles colorations faisant voir nettement les différences qui existent dans le contenu cellulaire (1). La coloration de fond peut, du reste, varier suivant le désir de l'obser- vateur ; elle s'obtient, pour les violets, avec l’éosine ou certains carmins à coloration rouge; pour la fuchsine, avec l’hématoxyline ou le bleu de _ méthylène; pour le bleu de méthylène, avec l'éosine, la safranine, qui donnent des teintes rosées. , En faisant agir sur une même préparation plusieurs couleurs, soit simultanémenten employant une solution contenant un mélange de cou- leurs différentes, deux ou plus, soil successivement en la soumettant à l'action de deux ou plusieurs solutions de couleurs différentes employées l'une après l'autre, on peut obtenir de très appréciables résultats. Les corps microbiens, certaines de leurs inclusions, fixent parfois de préfé- rence l'un des colorants employés, alors que l’autre teint le reste; on peut obtenir de la sorte une coloration spécifique de la chromatine (Voy. p.26). u F, | À 1 . | 4 à À | (1) Zmmanx, Eine methode der Doppelfärbung bei Flagellaten, Pilze und Bakterien, sowie einigen Amôben (Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p. 945). — Zernow, Roma- nowskis Färbung bei Bakterien (Zeitschr. für Hygiene, XXX, 1899, p. 1). * 388 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Dans ce but, on emploie surtout les bleus d’aniline et l’éosine. Il se peut même qu'il y ait ici plus que mélange d'action des colorants, mais une certaine combinaison du bleu, bleu de méthylène ou bleu azur, couleur basique, avec l’éosine, couleur acide, agissant d’une façon qui lui est propre. Le procédé de coloration de Romanowsky (1), qui réussit bien pour les Hématozoaires, donne également de très bons résultats pour les Bactéries. Solution de Romanowsky. Solution aqueuse saturée de bleu de méthylène médici- nalde Host. re See See Sete CPL E re 2 volumes. Laisser la coloration se faire pendant plusieurs heures, puis laver à l'eau. Les mélanges de bleu azur et d’éosine donnent des colorations bien préférables. Comme emploi, le procédé de Giemsa et le procédé de Marino sont tous deux très recommandables, Procédé de Giemsa. — On prépare Solution de Giemsa (2). Bleu azur II et éosine (mélangés en parties égales) ..... 3 grammes. Bleurazur LL TR RER RER ae done de bo len Oer,8 L'azur IT est un mélange d'azur de méthylène et de bleu de méthylène à parties égales. Bien dessécher dans le dessiccateur à acide sulfurique, pulvériser finement, passer au Lamis de soie; mélanger par agitation à 250 grammes de glycérine chauffée à 60°. Ajouter ensuite 250 grammes d'alcool méthy- lique chauffé à 600; bien agiter, laisser vingt-quatre heures à la tempé- rature de la chambre et filtrer. Cette solution se trouve toute prète chez Grübler. La préparation est fixée à l’alcool absolu ou à l'alcool méthylique (deux à trois minutes). L'excès d'alcool est enlevé avec du buvard. Elle est mise dans un bain colorant formé d’une goutte de la solution précédente par centimètre cube d’eau distillée. La durée du séjour est de quinze à trente minutes. Laver sous un fort jet d’eau. Si la coloration est trop intense, elle peut se réduire par un séjour de quelques minutes dans l’eau distillée. La coloration est favorisée par un chauffage à 300-400. D’après Læffler (3), on peut obtenir d'excellentes colorations rapides en faisant agir d'abord comme mordant une solution d’arséniate de soude: à 5 p. 100, puis soumettant pendant une à cinq minutes au bain de bleu azur chauffé jusqu’à l’ébullition. (1) Romaxowsky, Zur Frage der Parasitologie und Therapie der Malaria (Pelersb, med. Wochenschr., 1891). (2) Giems4a, Ein Vereinfachung und Vervollkomnung meiner Methylenazur-Methy- lenblau-Eosin-Farbemethode zur Erzielung der Romanowsky-Nochtschen Chromatin- färbung (Centralbl. für Bakt., 2t® Abth., Orig., XXX VIII, 1904, p. 308). (3) Loœrrcer, Neue Verfähren zur Schnellfärbung von Mikroorganismen, in beson- dere der Blutparasiten, Spirochaeten, Gonococcus und Diphteriebacillen (Deutsche med. Wochenschr., 31 janv. 1907, p. 169). RECHERCHE DES BACTÉRIES DANS LES TISSUS. 389 Procédé de Marino (1). — On fait agir la solution suivante : Solution de Marino. Blentazur RE Et TP PEN AO ES LOS DE AS Pa 08r,10 AlcoolmEethyique Peer eee Erere Sida sd 0 50 centimètres cubes. Il est inulile de fixer, l’alcooi méthylique le faisant. On verse sur la lame environ un centimètre cube de la solution ; on laisse agir pendant une dizaine de minutes et, sans laver ou même enle- ver l'excès de bleu, on laisse tomber environ un centimètre cube de solution aqueuse d’éosine à 2 p. 100, on laisse agir deux minutes, puis on lave à l’eau. On obtient de très belles colorations pour les Spirilles et en particu- lier celui de la syphilis. Pour les Bactéries autres, la manipulation peut être simplifiée : Fixer par lrois passages à la flamme : colorer pendant une demi-minute dans une solution aqueuse de bleu azur à 1 p.500, puis passer dans le bain d’éosine. D’autres détails sur ces colorations spéciales seront donnés à l'étude des espèces pour lesquelles on les emploie surtout. 7° RECHERCHE DES BACTÉRIES DANS LES TISSUS La recherche des Bactéries dans les tissus nécessite l'obtention de coupes très fines qui doivent être soumises aux différents procédés de coloration exposés ci-dessus pour la coloration des lamelles chargées de Bactéries, procédés qui peuvent être modifiés dans divers sens à cause de la présence d'éléments que l’on a souvent à faire valoir. Ces coupes ne peuvent guère être obtenues que par l'emploi des micro- tomes perfectionnés en usage pour l’histologie. Pour l'obtention de coupes sériées ou de coupes très fines, il est nécessaire d'inclure à la paraffine ; il faut inclure de même si l'on désire amasser, pour une étude ultérieure, un grand nombre de maté- riaux que pourrait altérer un séjour prolongé dans les liquides conser- vateurs. Les inclusions au collodion où à la celloïdine peuvent aussi rendre des services; cependant il faut reconnaître qu'en Bactériologie la mélhode des coupes par congélation, si vantée par Kühne (2), est bien souvent la plus utile. Les tissus doivent être fixés aussi frais que possible selon une des méthodes exposées page 369, puis durcis dans lesalcools et coupés avec ou sans inclusions. On ne doit généralement fixer que de petits morceaux de Uissus. Pour colorer les éléments des tissus, on s’adressera de préférence aux colorants histologiques habituels, surtout à l'hématoxæyline et aux pré- parations de carmin, lorsqu'une élection sera à rechercher. Parmi les (1) Marino, Coloration des Protozoaires (Ann. de l’'Inst. Pasteur, XVIII, 1904, p. 761). (2) Kuaxe, Recherche des Bactéries dans les tissus animaux. Paris, Carré, 1889. 390 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. solutions hématoxyliques, celle de Delafield est à recommander. Hématozyline de Delafield. A 400 grammes d'une solution saturée d’ammoniaque dans l’eau, on ajoute 4 grammes d’hématoxyline cristallisée dissoute dans 25 centimètres cubes d’alcool à 959, On laisse le tout exposé à l'air et à la lumière pendant trois ou quatre jours, on filtre et l’on ajoute 100 centimètres cubes de glycérine et 100 centimètres cubes d'alcool méthylique. On laisse au repos et, lorsque la solution est devenue très foncée, on filtre et conserve dans des flacons bien bouchés. C'est un colorant très puissant qui doit être étendu d'une grande quantité d’eau. Il colore les tissus en violet noir ou bleuâtre et est un excellent colorant de fond avec la fuchsine. Les différentes solutions de carmin, dont on trouvera la préparation en grands détails dans les ouvrages de technique microscopique (1), donnent d'excellentes colorations de coupes combinées avec le bleu de méthylène ; la formule suivante est très recommandable : Carmin de Orth (carmin lithiné). Solution aqueuse saturée à froid de carbonate de lithine Garmin pubVÉrISÉ EEE Le eee 2 ed Pne eRA ee TENTE 28r,50 On ajoute avantageusement un dixième d'alcool à 95° (carmin de Orth alcoolisé). Méthode de Gram appliquée aux coupes. — On porte les coupes, à l’aide d’une stapule, dans la solulion d'iode, après les avoir colorées en violet foncé dans un bain de violet de gentiane ou de thionine. On déco- lore à fond par l'alcool absolu. Pour obtenir une coloration de fond, on emploie alors un bain aqueux faible d'éosine, de brun de Bismarck, d'hématoxyline, de carmin ou picrocarmin. Méthode de Nicolle-Gram. — Nicolle recommande un procédé de triple coloration obtenue de la façon suivante : la coupe est débarrassée de la paraffine à l’aide du xylol, puis mise dans l'alcool absolu pour enlever le xylol. Elle est laissée un quart d'heure dans le carmin de Orth alcoolisé. Laver à l’eau. Faire agir la solution de violet phéniqué de quatre à six secondes en la renouvelant une ou deux fois. Décolorer par l’alcool-acétone au tiers. Passer rapidement dans l'alcool picrique {alcool à 95° additionné d’une trace d'acide picrique, de façon à obtenir une coloration jaune verdâtre très pâle). Déshydrater par l'alcool absolu ; xylol et baume de Canada. Méthode de Kühne-Gram (2). —Les coupes setrouvant danslalcool, sont portées dans un bain de bleu, obtenu en ajoutant une certaine quantité de solulion alcoolique concentrée à de l’eau phéniquée à 5 p. 100 ou à une solution de carbonate d’ammoniaque à 1 p. 100. La coloration demande un Lemps variable; elle est généralement bonne (1) Voy. surtout Borzes Lee et HexxeGuy, Traité des méthodes techniques de l’aña- tomie microscopique, 2° édit. Paris, Doin, 1896. (2) Kuaws, Recherche des Bactéries dans les tissus des animaux, traduit par Hermann, Paris, Carré, 1889. RECHERCHE DES BACTÉRIES DANS LES TISSUS. 391 après une demi-heure; les espèces très résistantes, le Bacille de la lèpre entre autres, demandent jusqu’à deux heures. Chaque coupe, rincée à l’eau, est plongée dans un bain acide obtenu en ajoutant 10 gouttes d'acide chlorhydrique à 50 grammes d'eau, jusqu’à ce que la couleur soit devenue bleu tendre, puis passée dans une solution aqueuse faible de carbonate de lithine (eau, 10 centimètres cubes; solution aqueuse concentrée de carbonate de lithine, 6 à 8 gouttes) et portée dans de l'eau pure. Il est nécessaire de pousser la décoloration par le bain acide jusqu’à ce que la teinte devienne bleu tendre, pour que les noyaux soient suffi- samment décolorés et ne masquent pas les Bactéries. Le temps de séjour dans le bain varie naturellement suivant la préparation ; il faut opérer avec quelques tätonnements. La coupe, sortant de l'eau, est plongée dans un bain d'alcool absolu contenant un peu de bleu pour le teinter, puis portée dans de l'huile d’aniline colorée légèrement aussi avec du bleu. Cette addition d'un peu de bleu à l'alcool et à l'huile d’aniline est faite pour éviter le plus pos- sible une nouvelle décoloration de la coupe par ces réactifs. La préparation, ainsi déshydratée, est laissée quelques minutes dans une huile essentielle bien fluide, puis immergée dans un ou deux bains successifs de xylol et montée dans le baume après évaporation de la majeure partie du xylol qui l'imbibait. On colore par cette méthode des Bactéries très difficiles à colorer par les procédés ordinaires. Les préparations ainsi obtenueslaissent bien souvent distinguer encore la structure des tissus. 11 est cependant préférable de procéder à une double coloration. On transporte les coupes du xylol dans un bain d'huile d’aniline qui a dissous un peu de safranine. Les coupes, rincées dans l'huile d’aniline pure, doivent garder une teinte rosée. Elles sont alors passées par l'essence et le xylol. Kiühne conseille d'appliquer comme il suit la méthode de Gram à l'étude des Bactéries dans les tissus : Les coupes sont colorées dans un bain assez foncé de violet, auquel on ajoute volume égal d’une solution aqueuse de carbonate d'ammoniaque à 1 p. 100. Aprèslavage à l'eau, on les immerge pendant quelques minutes dans une solution iodo-iodurée renfermant 2 d’iode et 4d'iodure de potas- sium pour 100 d’eau. Après lavage à l'eau, la matière coloranteest extraite par un bain d'alcool absolu coloré à la fluorescéine (2 p. 100). Cette dernière couleur est enlevée par l'alcool pur; la préparation est passée dans l'huile d’aniline, dans une essence, dans le xylol, et montée enfin dans le baume. Méthode de Weigert. — On procède comme il a élé dit page 386 pour les lamelles. Méthode de Nicolle pour les Bactéries qui ne prennent pas le Gram. — On procède comme il a été dit page 380 pour les lamelles. La modification indiquée par Garnier donne d'excellents résultats. Méthode de Claudius. — Avec les quelques modifications indiquées page 385, elle donne de bons résultats pour les tissus. 392 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Méthode de Giemsa (1). — Les coupes sont mises pendant dix minutes dans le liquide suivant : lodure depoliSSIUm ES PE TARA CCE 2 grammes. Pau distillée 2228 RE Re Te nee 10 cent. cubes. Solutionide US Ole M SE ANR ET. ARR set uue 3 — lavées à l’eau distillée et traitées dix minutes par une solution d'hypo- sulfite de soude à 0,5 p. 100. On lave cinq minutes dans l’eau courante, passe à l'eau distillée, puis on colore de deux à douze heures dans la solution de Giemsa faite à 1 goutte pour 2? centimètres cubes d'eau en renouvelant le bain après la première demi-heure. On passe à l’eau distillée, puis on passe successivement dans les bains : a) Acétone, 95 cent. cubes + Xylol 5 cent. cubes. b) Acétone, 70 — + Xylol 30 ai: c) Acétone, 30 — + Xylol 70 — d) Xylol pur. On monte à l'huile de cèdre ou au baume. 8° ÉTUDE DE QUELQUES MÉTHODES ET PROCÉDÉS SPÉCIAUX 1° Préparalion par impression. Sous le nom de Xlalschpreparale, qu'on traduit par préparation par impression, Koch (2) a imaginé un procédé de préparation donnant des résultats très inté- ressants dans certains cas spéciaux. Une la- melle bien propre et flambée est appliquée sur la face supérieure d’une culture et serrée légèrement contre elle. Les éléments de la cou- che supérieure de la culture s’accolent au verre dans la position qu'ils occupaient. En soulevant doucement la lamelle, on peut réussir à leur faire conserver en partie leurs rapports. La préparation est soumise aux procédés ordi- naires de fixation et de coloration. La méthode est très applicable aux colonies des cultures sur plaques et aux cultures en cristallisoirs. Elle Fig. 185. — Préparation par impression de Bacille tu- berculeux, obtenue d'un tubercule du rein de l'homme: 700/1 (d’après Koch). (1) Gremsa, Ueber die Färbung von Schnitten mittels Azur-Eosine (Deutsc he med. Wochenschcr., 1910, n° 12). (2) Kocu, Die Aetiologie der Tuberculose (Mitth. aus dem kaiserl. Gesundheit- samte, 1887, 1). « COLORATION DES SPORES. 393 ne peut pas servir, par contre, pour les cultures en tubes. Elle est sur- tout avantageuse pour l'étude des espèces dont les colonies affectent des formes spéciales, caractéristiques. La figure 185 représente, d’après Koch, une préparation par impression d'une culture de Bacille de la tuberculose. La disposition et le groupement tout spécial des bâtonnets offrent un caractère d'autant plus important qu’on ne les retrouve pas seulement d’une façon constante dans les cultures artificielles, mais, dans le cas particulier, ils affectent les mêmes rapports dans l'organisme lui-même, lorsqu'ils peuvent végéter abondamment en ur point. On obtient également d'excellents résultats du procédé, en l'appli- quant à l'étude d'espèces qui forment sur les milieux de culture des figures bizarrement contournées, dues à la disposition des éléments de la colonie. 2° Coloration des spores. En traitant les cellules contenant des spores par certains réactifs, la chaleur par exemple, on parvient à colorer ces dernières qui résistent aux procédés de coloration ordinaire. Ces réactifs paraissent agir en diminuant la force de résistance de la membrane, qui se laisse alors imprégner par le colorant. Büchner (1) a obtenu la coloration des spores en les traitant au préalable par l'acide sulfurique concentré, ou par une forte solulion de potasse caustique, ou en les soumettant pen- dant une demi-heure à une chaleur sèche de 120°. Aryesky (2) prend l'acide chlorhydrique dilué et bouillant, Orszag (3) un mélange de 4 parties de salicylate de soude à 0,5 p. 100 et 1 partie d'acide acétique à 5 p. 100. Hueppe (4) a donné un moyen infiniment plus pratique de les colorer : c'est de passer de six à dix fois la lamelle dans la flamme bleue du bec Bunsen au lieu de s’arrêter après la troisième, comme on le fait pour la fixation ordinaire ; cette méthode n'est naturellement pas applicable aux coupes. Les lamelles ainsi passées dans la flamme sont portées dans un bain de fuchsine; on peut employer la solution aqueuse simple ou, mieux, la solution de fuchsine dans l’eau anilinée ou la solution de Ziehl. Elles doivent y rester longtemps, de une demi-heure à une heure. Les spores se montrent alors colorées en rouge intense, les bâlonnets en rouge plus clair. Il est facile d'obtenir une double coloration très jolie. Les lamelles, colorées comme il vient d'être dit, sont traitées par l'alcool ou l'acide nitrique très étendu d'eau, ou l'acide sulfurique à 1 p. 100, jusqu'à décolo- ration presque complète, puis portées dans la solution de bleu de méthyle de Léæffler où on les laisse pendant deux minutes, et lavées à grande eau. Les spores se montrent colorées en rouge intense; les bätonnets sont teints en bleu pâle. Cette méthode de double coloration des spores est applicable aux coupes de tissus. (1) Bucuxer, Ueber das Verhalten der Spaltpilzsporen zu den Anilinfarben (Aertz. Intelligenzbl., 1885, p. 370). (2) Aryesky, Eine Einfache Sporensfärbungsmethode (Centralbl. für Bakt., XXII, 1898, p. 329). (3) OrszaG. Ein einfache Verfahren zur Färbung der Sporen (Centralbl, für Bakt., 1, :Orig:,/XLI, 1906, p. 397). (4) Huerre, Die Methoden der Bakterienforschung, 1887. 394 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. La méthode de Moeller (1) donne de très bons résultats. On pro- cède de la facon suivante avec les lamelles préparées et simplement séchées : 1° Fixer deux minutes à l'alcool absolu, puis porler deux minutes dans du chloroforme. Ne pas laver; 20 Faire agir pendant cinq minutes une solution d'acide chromique à . 9 p. 100; 3° Colorer au Ziehl, cinq à six heures à froid, ou cinq à dix minutes à chaud; 40 Décolorer au choix par : a. L'alcool absolu (ne suffit pas toujours): b. L'acide sulfurique à 5 p. 100 (suivi d'alcool) ; ec. Le chlorhydrate d’aniline à 2 p. 100, quelques secondes (suivi d'alcool ; 50 Laver et colorer au bleu. Klein (2) emploie le Ziehl à chaud pendant six minutes, décolore à l'acide sulfurique, puis recolore au bleu. 3° Coloration des culs. Les cils vibratiles des Bactéries mobiles prenant difficilement la cou- leur, ne se colorant jamais en particulier par les procédés de coloralion simples, il est nécessaire, pour les étudier, de recourir à des méthodes spéciales. Nous allons décrire les meilleures des méthodes conseillées, en insistant cependant sur ce point qu'elles ne donnent trop souvent que des résultats imparfaits, bien qu’on s'attache à suivre à la lettre les prescriptions établies par leurs auteurs. Quelques détails ont déjà été donnés page 38; nous ne les répéterons pas ici où seront seulement exposées les méthodes les plus recommandables. D'une façon générale, on doit se servir de préférence d’une jeune cul- ture sur gélose du microbe que l’on veut étudier à ce point de vue. On en prélève une parcelle qui est délayée dans 2 ou 3 centimètres cubes d’eau distillée. Si l'on se sert d’une culture en bouillon, il faut la prendre très jeune, dès que le trouble apparaît. Zetinow tue la culture avec quelques gouttes de formol et la laisse déposer pendant un ou deux jours; le dépôt est lavé avec de l’eau formolée à 1 p. 100, puis avec de l’eau distillée et enfin dilué dans une quantité suffisante d’eau distil- lée. Avec les dilutions ainsi obtenues, on prépare plusieurs lamelles. Pour obtenir de belles préparations, il faut que la dilution soit suffisante pour que les éléments se trouvent souventisolés. Il faut éviter les chocs et les heurts qui cassent très facilement les cils si fragiles. Il faut éviter tout ce qui peut être autre que les éléments microbiens; les mordants fixent la nuance sur tout, ce qui nuit à la netteté de la préparation. Les lamelles doivent être parfaitement propres, ainsi que les lames employées. Elles doivent être gardées dans un mélange d'alcool et d'éther. Le contact des doigts doit être évité, même pour l’eau de lavage; de la matière sébacée pourrait être entraînée et adhérer à la” (1) Morizer, Ueber eine neue Methode der Sporenfärbung (Centralbl. für Bakt., X, 1891, p. 273). (2) a. in, Eine einfache Methode zur Sporenfärbung (Centralbl. für Bakt.. XXV; 1899, p. 376). COLORATION DES CILS. 395 préparation. Les lamelles sèches sont passées trois fois dans la flamme pour fixation. Les préparations sont alors soumises à l’action des réactifs. Il existe un très grand nombre de méthodes pour colorer les cils; celles qui donnent les meilleurs résultats seules seront citées. 1° Méthode de Lœffler (1). — Les préparations sont soumises à l’action d'un bain mordant composé ainsi qu'il suit : Bain mordant. Solution aqueuse de tannin à 20 grammes de tannin pour 80 grammes d’eau distillée,.,., 10 centimètres cubes. Solution aqueuse de sulfate ferreux saturée à ÉTOILE Pa anis à cha ei 5 = = Solution saturée de fuchsine dans l'alcool AD SOMME SES RS em OT LME is D MSA Re à 1 centimètre cube. Ne pas filtrer le mélange; les solutions composantes ont dû être préalablement filtrées. C'est un liquide qui ressemble beaucoup à de l'encre, d’où le nom d'encre de fuchsine qu'on lui donne souvent. Il est nécessaire de modi- fier la réaction de ce bain mordant suivant que l’on a affaire à un microbe qui développe de l'acide ou de l’alcali dans ses cultures. Pour les microbes acidifiants, il faut ajouter au bain quelques gouttes d’une solution de soude à 1 p. 100 (de 1 à 40 gouttes suivant le cas); c’est ce qu'on doit faire pour le Bacille lyphique (20 gouttes), le Colbacille (20 gouttes), le Vibrion septique (36 à 38 gouttes), le Bacille du char- bon symplomatique (34 gouttes), le Bacillus subltilis (28 à 30 gouttes), le Micrococcus agilis (19 à 20 gouttes). Si, au contraire, le microbe est nettement alcalinisant dans ses cultures, il faut remplacer l’alcali par un acide (acide sulfurique à 1,225 p. 100); c'est le cas du Sprirille du choléra (1/2 à 1 goutte), du Spirille de Finckler et Prior, du Spirille de Metschnikoff, du Bacille pyocyanique (53 à 6 gouttes. Pour le Bacille du lait bleu, il faut mélanger les solutions alcaline et acide dans la proportion de 15 gouttes dela première pour 20 gouttes de la seconde et faire agir ce mélange. On verse une grosse goutte du bain ainsi modifié sur la lamelle pré- parée, tenue avec une pince de Debrand, et l'on chauffe au-dessus d'une petite flamme pendant une demi-minute à une minute au plus, en évi- tant avec soin l’ébullition; il faut que le liquide émette seulement des vapeurs. On lave à l’eau distillée et à l'alcool absolu. On porte les préparations dans un bain colorant ainsi composé : Ra DOC AR ei dE A 2h20 aie ati au a 100 centimètres cubes. Solution de‘soude 41 p:100..::.:....:: 1 centimètre cube. Violet de gentiane ou fuchsine............ 4 à 5 grammes. Une goutte de la solution est placée sur la lamelle que l’on chauffe doucement pendant une minute. On lave à l’eau, on laisse sécher et l'on monte. (1) LoœrrLer, Eine neue Methode zum Färben der Mikroorganismen in besonderen ihrer Wimperhaare und Geisseln (Centralbl. für Bakt., VI, 1887, p. 209). — In., Weitere Untersuchungen über die Beizung und Färbung der Geisseln bei den Bakterien (Zbid., VII, 1890, p. 625). 396 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. Il se produit fréquemment, dans les préparations, des précipités gra- nuleux qui fixent le colorant et empâtent le tout, empêchant de distin- guer les cils. 20 Méthode de Nicolle et Morax (méthode recommandée). — Nicolle et Morax (1) ont avantageusement modifié la manière de faire indiquée : par Lœtfler. Les lamelles simplement desséchées sont traitées par une grosse goutte de bain mordant préparé, comme l'indique Læffler, avec du tannin à l’éther de très bonne qualité; on chauffe une dizaine de secondes sur une petite flamme (bec veilleuse). Dès que les vapeurs apparaissent, on lave doucement et l’on recommence deux ou trois fois le mordancage et le lavage. On colore en versant de la fuchsine de Ziehl sur la préparation et en chauffant une ou deux fois pendant un quart de minute; on lave et l’on examine dans l’eau. Si la préparation est réussie, on sèche et l’on monte dans le baume. 3° Méthode de Bunge (2). — Le mordant est composé de trois par- tes d'une solution aqueuse saturée de tannin et une partie de solution de perchlorure de fer à 1 p. 20. A 10 centimètres cubes de ce mélange, on ajoute 1 centimètre cube de solution aqueuse concentrée de fuchsine. Le liquide doit être préparé d'avance et laissé à l'air pendant quelques semaines ; il prend alors une teinte rouge brun; ôn le filtre au moment de s’en servir. On y laisse pendant: cinq minutes les lamelles simplement préparées par dessiccation. On lave et sèche, onicolore ensuite à chaud quelques minutes par la fuchsine phéniquée. Pour employer ce liquide aussitôt, Bunge conseille d'y ajouter quelques gouttes d'eau oxygénée et de filtrer ensuite. 40 Méthode de Van Ermenghem (3) (méthode recommandée). — C'est une imprégnation des cils par de l'argent réduit. Traiter les lamelles, ” fixées par la chaleur, pendant une demi-heure à froid ou de cinq à dix minutes à 60° par le bain fixateur : Acide osmique 252/p ADD Pret RL rer biret Se 1 partie. Tannin en solution aqueuse à 25 p. 100 ................. 2 parties. Acide acelique,men ses Puerto mieu er semer able See 4 gouttes. Laver à l’eau distillée. Sensibiliser dans une solution aqueuse de nitrate d'argent à 0,5 p. 100 (il est bon parfois d'aller jusqu'à 2 p. 100), pendant une demi-minute à deux minutes, en Lout cas jusqu'à ce que la préparation prenne une teinte grisätre. L'argent se fixe sur les cils et les corps microbiens. Ne pas laver. Plonger dans un bain réducteur ainsi composé : ACIDE ANIQUE ES PEL EEE CU ét 0 ARE SU Tee 5 grammes. (HANMAR ES DANS SENS DAS AE RO RE TE 3 — Acétate de soude onde M ER M RUE ER 10 — aus A sas 2 rare PR ee bu MO Nan 2 RDS RAR 350 — (1) Nicozze et Morax, Technique de la coloration des cils (Ann. de l’Inst. Pasteur, VII, 1893, p. 554). (2) Buxer, Ueber Geisselfärbung von Bakterien (Fortschr. der Med., XII, 1894, n° 12). — In., Weitere Mittheilungen über Geisselfärbung (Zbid., XII, 1891, n° 24 4). (3) VAN ERMENGHEM, Nouvelle méthode de coloration des cils de Bactéries (Travaux du laboratoire d'hygiène el de bactériologie de l'Université de Gand, 1, 1893). coin amd à LÉ nié à Êt- di RS, 1 ) & COLORATION DES CILS. 397 Y laisser la préparation pendant une ou deux minutes; laver ensuite à l’eau distillée; la préparation a une nuance dorée. Repasser la préparation dans la solution argentique, en agitant cons- tamment, jusqu'à ce que la solution se mette à noircir ; on arrête alors et on lave à l’eau distillée. Si la coloration n'est pas assez intense, traiter encore une fois par le bain réducteur, puis par la solution argentique. Colorer à la solution de Ziehl et monter. Les microbes et les cils sont colorés en noir par une véritable imprégnation d’argent. Slephens (1) modifie le procédé de Van Ermenghem en remplaçant la solution de nitrate d'argent par une solution à 2 p. 100 de largine (combinaison de nitrate d'argent et d’albumine; chez Merck). 5° Méthode de Bowhill (2). — Le mordant employé est l'orcéine. On mélange parties égales des deux solutions suivantes : Solution 1. Solution 2. Once ET eue 1 gramme. Annie Pr MER 8 grammes. Alcool absolu. ...... 50 cent. cubes. | Eau distillée......., 40 cent. cubes. Faurdistillée.- 172 40 — Faire dissoudre à chaud. Le mélange est fait au moment du besoin et filtré; c’est le bain mor- dant. Les lamelles préparées sont mises à nager sur ce bain mordant chauffé doucement, la face préparée tournée naturellement en dessous; elles y sont laissées de dix à quinze minutes. Laver largement à l’eau et sécher. On colore ensuite à la solution anilinée de violet de gentiane (p. 376) chauffée jusqu’à dégagement de vapeurs. Laver, sécher et monter dans le baume. Cette méthode réussit très bien pour le Bacille typhique, le Proteus vulgaris, le Bacillus sublilis. Pour le Spirille du choléra, il est préfé- rable d'ajouter, pour 10 centimètres cubes de mordant, 1 centimètre cube de solution saturée d’alun. 6° Méthode de Pietfield (3). — Pietfeld a eu l'idée de réunir les deux actions du mordant et du colorant. Il prépare les deux solutions : Solution A. Solution aqueuse saturée d'alun................ ...- l0}cent-eubes: Solution alcoolique saturée de violet de gentiane... -2 — Solulion B. Solution aqueuse de tannin à 10 p. 100, Prendre parties égales des deux solutions filtrées et mélanger au moment de s’en servir. . (1) Srerxens, The Lancet, vol. II, 1898, p. 874. (2) Bowmizz, Eine neue Methode des Bakterien-Geisselfärbung bei Gebrauch einer Orcenbeize (Hygienische Rundschau, 1898, n° 1). (3) Prrriezn, New Method of staining flagella (Journ. of the Roy. Med. Soc., 1896, p. 133). MES : : ; DES 4 à. 398 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. TR Benigneiti et Gino, partant du même principe, recommandent la technique suivante : Solution À. Suliate"de ZAC, FRERE TRS LLE PP Ar PSE CMS 1 gramme. TARDIR LAS EUR Le SRE LOS PUR PA TS SC LEZ VAE 10 grammes. Pau dis hllée: fe MER EAN LEE NT ee AN 100 — Faire une Solution B ainsi composée : SOIRON GA ST AR OMR re = 0e ENS ce 5 cent. cubes. Solution aqueuse/saturéed'alun "7-7. 5 — Solution alcoolique saturée de violet de gentiane..... 3 — Déposer sur la lamelle, fixée par la chaleur, une grosse goutte de la solution B; chauffer sur une veilleuse jusqu’à production de vapeurs; laver à l’eau et au besoin sécher et monter. Coloration des capsules. Les méthodes de coloration ordinaires ne mettent qu'imparfaitement ou même pas du tout en évidence les capsules que possèdent certains microbes. Le plus souvent, même alors que les microbes prennent for- tement la couleur, leurs capsules restent incolores. La solution fuchsinée de Ziehl réussit d'ordinaire bien, surtout si l’on fait passer la lamelle après coloration dans un bain d'acide acétique dilué (une goutte d'acide acétique pour 5 centimètres cubes d’eau). Les solutions ordinaires de violet, après un lavage très rapide à l’eau, peu- vent donner également de bons résultats (1). On peut aussi employer la méthode de Ribbert (2). Les lamelles ou les coupes sont colorées pendant quelques minutes dans le mélange suivant : PAU SEE EL RUE MR MAT ST RS 100 AUGOOL RE LT RER Os M me ie 0 DPI MU EUR te 50 AGIAe ACÉLIQUE "20e Eine ie AMAR EEE ere ARLES 12,50 que l’on sature à chaud de violet de dahlia. La coloration se fait presque instantanément. Aussi la durée de l'immersion doit-elle être très courte. On lave à l’eau, on sèche et monte. Les microbes sont en bleu foncé, les capsules en bleu clair. Mac Conkey (3) conseille, pour colorer les capsules, la solution sui- vante : Dahlia RS ET OR RSA JE Me à 087,5 Vert de méthyle 00 cristallisé.. .....:...... 16,5 Solution alcoolique saturée de fuchsine ..... 10 centimètres cubes. Handistilée SAT EE NE LEE RME ARCS 200 — — D’après Guarnieri, les capsules se coloreraient légèrement en rose par le réactif de Millon, ce qui indiquerait qu'elles sont de nature albumi- (1) Paxe, Ueber die Genesis der Kapseln des Pneumococcus (Centralbl. für Bakt., t. XXIV, 1898, p. 289). 2) Rieserr, Zur Farbung der Pneumoniekokken (Deutsche med. Wochenschr., 1885, 129}1p 41936) (3) Mac Coxkex, The Lancet, II, 1898, p. 1262. COLORATION DES MICROORGANISMES DANS LE SANG. 399 noïde. Pour colorer les capsules du Pneumocoque dans les coupes de poumon, Friedlaender (1) colore les coupes dans le bain suivant : Solution concentrée de violet de gentiane............ 50 grammes. AE APN AR CD GE ROC a TE AE A AE VAE 100 — ACIER AGE PIQUE An Rare ere tee ie ete). 19 — Il y laisse les coupes pendant un jour et lave avec de l'eau additionnée de 1 p.100 d'acide acétique. Après déshydratation par l'alcool, les prépa- rations sont éclaircies à l'essence de cèdre et montées dans le baume. Les capsules restent fréquemment colorées, mais d'une nuance beau- coup plus claire que les coccus qu’elles renferment. »° Coloralions spéciales du Bacille de la luberculose, du Bacille de la lèpre, du Spirochèle de la syphilis. Les différentes méthodes employées seront exposées avec détails plus loin, lors de l’étude des espèces en question. 6° Coloralion des microorganismes dans le sang. La recherche des Bactéries et en général des divers microorganismes dans le sang peut offrir des difficultés assez grandes qui tiennent sur- tout à l'abondance des globules rouges masquant facilement les microbes lorsqu'ils sont peu abondants, ce qui arrive le plus sou- vent (2). Pour remédier à cel inconvénient, Vincent (3), se basant sur ce que les couleurs d’aniline se fixent sur l'hémoglobine et non sur le protoplasma, a imaginé de traiter d'abord les préparations par un réactif dissolvant l'hémoglobine avant de faire agir la couleur. Il s’est arrêté au liquide suivant, qui n’altère pas la forme des globules rouges et ne laisse aucun dépôt : Solution aqueuse d’acide phénique à 5 p. 100. 6 centimètres cubes. Eau saturée de chlorure de sodium .... ..... 30 _ EIVCÉLITO EEE M Mu bee Ne 30 — La lamelle, desséchée simplement à une douce chaleur, est laissée pen- dant une demi-minute à deux minutes, suivant l'épaisseur de la couche, avec un peu du mélange précédent. L'hémoglobine se dissout entière- ment. On lave doucement à l'eau et l'on colore au bleu de méthylène phéniqué, au bleu de Læffler ou même à l'éosine. Le procédé réussit en particulier très bien pour les formes en croissant de l'Hématozoaire de Laveran. Il y aurait à décrire bien d’autres procédés de coloration, appliqués à des cas spéciaux, qui ont fourni des résullats remarquables. Vu leur (1) FriepzarNner, Mikroscopische Tecknik, 1885, p. 57. (2) Kuaxau, Ueber die Resullate und die Leistungsfähigkeit der bakteriologischen Blutuntersuchung ini Dienste der k /inischen Diagnostik (Zeitschr. für Hygiene, XXV 1897, p. 492). (3) Vixcewr, Sur un nouveau mode de coloration des microorganismes dans le sang (Soc. de Biol., 16 juin 1894). 400 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. manque de généralisation, il est préférable de les étudier en même temps que les espèces à l'examen desquelles ils ont été appliqués. LIT. Les préparations, sorties du dernier bain colorant et débarrassées d'excès de liquide par lavage, doivent être examinées avant leur com- plet achèvement. Lorsqu'elles ont été traitées par une solution aqueuse, l'eau peut servir comme véhicule; quand elles sont sèches ou qu’elles ont été lavées à l'alcool, on se sert de xylol ou d'huile d’aniline. Celles qui sont jugées satisfaisantes, et dont on veut faire des prépa- rations durables, sont alors montées dans un liquide conservateur ou bien dans le baume du Canada ou la résine Dammar. La glycérine, si utile en histologie, n'est que rarement employée ; elle dissout assez vite les couleurs d’aniline, sauf les bruns qu’elle conserve parfaitement. Les Bactéries colorées à la fuchsine, au violet ou au bleu, y deviennent en peu de temps très pâles ou incolores. Elle est àrecommander, au contraire, dans les cas particuliers où l’on colore à la vésuvine, pour la photographie par exemple. La gélatine glycé- rinée (1) offre les mêmes inconvénients, quoique à un degré moindre. Ces deux substances ont le grand défaut d'être très réfringentes : les Bactéries incolores ou peu colorées s’y distinguent mal. La solution concentrée d’acélale de polasse (acétate de potasse, 1 gramme ; eau, 2 grammes), indiquée par Schultze (2) et appliquée par Koch à l'étude des Bactéries, est un excellent liquide conservateur, qui doit avec raison mériler la préférence. Les colorations, surtout celles à la fuchsine et aux violets, s’y conservent aussi vives qu’au début; de plus, elle gonfle légèrement la membrane des Bactéries, qui y reprennent à peu près les dimensions qu’elles avaient avant la déssic- calion. Ce liquide est du reste d’un usage aussi commode que la glycé- rine ; très hygroscopique, il ne sèche pas facilement; il est recommandé d'attendre vingt-quatre heures pour luter les préparations. Son indice de réfraction estinférieur à celui de la glycérine ; les objets transparents y paraissent bien plus nets. Les préparations dans les milieux liquides sont fermées avec les luts ordinaires, cire à cacheter dissoute dans l'alcool, la paraffine, etc. On emploiera plus fréquemment le baume du Canada ou la résine Dammar, dissous dans le xylol et pas dans le chloroforme, qui a le grave inconvénient de dissoudre les couleurs d’aniline et de faire pâlir au bout de peu de temps les préparations. Bolles Lee et Henneguy (3) recommandent également pour les couleurs d’aniline la solution de colophane dans la térébenthine à indice de réfraction moins élevé que celui du baume et de toute confiance pour la durée. Après lavage à l'alcool et dessiccation, il est souvent utile de traiter les lamelles ou les coupes par un réaclif éclaircissant. L’'essence de girofle; employée dans ce but en histologie, dissout les (1) Ch. Romix, Traité du microscope, 1° édition, p. 250. Paris, J.-B. Baillière. (2) Scauzrze, Arch. für mikr. Anat., 1872, p. 180. (3) Bozres Lee et HenneGuy, Traité des méthodes techniques de l'anatomie micro- scopique. Nouvelle édition. Paris, Doin. he: 16 LA nl dr Bu à 'ndthtr Et Pulen tiré “ RÉSUMÉ DU MANUEL OPÉRATOIRE, AO! couleurs d'aniline: aussi ne doit-on la laisser agir que très peu de temps et l'enlever avec du papier buvard dès que l'effet est obtenu, Il est pré- férable de se servir d'essence de cèdre ou, mieux, de bergamote, qui ne présentent pas le même inconvénient. L'excès d'essence enlevé avec du buvard, on dépose à sa place une goutte de baume et l'on monte comme d'habitude. La face de la lamelle qui porte le dépôt coloré doit naturel- lement être appliquée sur le porte-objet et être imprégnée du produit conservateur. Il est parfois difficile de la reconnaitre de l'opposée, lorsqu'elle n'a conservé que de minces parcelles peu colorées de sub- stance à examiner. Aussi peut-il être avantageux de marquer au début le côté préparé d’un petit trait au diamant qui sera un excellent guide. Avec de l'habitude, on arrive vite à s'orienter. La couche colorée présente un aspect terne et un reflet métallique facile à apercevoir, même lors- qu'il est très faible, en éclairant la lamelle par réflexion. RÉSUMÉ DU MANUEL OPÉRATOIRE Nous croyons utile de passer sommairement en revue les diverses opérations nécessaires à la préparation des Bactériesdansles liquides ou danslestissus, dont la description détaillée a été donnée dans ce chapitre. Recuercue DES BACTÉRIES DANS LES LIQUIDES. — Une goutte du liquide est placée sur un couvre-objet parfaitement propre, à l'aide d'un fil de platine ou d'une baguette de verre préalablement passés dans la flamme, puis refroidis. Le liquide est étalé en couche très mince. Les liquides très riches en Bactéries devront être dilués avec de l’eau distillée pure de germes. L'emploi de la centrifugation (p. 361) est souvent à recom- mander. Si c'est une culture épaisse qui est à examiner, on en délaye une parcelle dans une goutte d'eau pure. Si l'on a affaire à des liquides épais, visqueux, comme du sang, du pus, des crachats, on les étale en stries sur la lamelle avec la pointe du fil de platine, de façon à avoir des couches suffisamment minces, ou on les écrase entre deux lamelles, que l'on sépare en les frottant l'une sur l’autre. Les lamelles sont séchées à une douce température à l'abri de la poussière, la face chargée lournée en haut. La mince pellicule obtenue par dessiccation est fixée en passant par trois fois la lamelle, tenue à l’aide d'une pince fine, dans la flamme bleue d’un bec de Bunsen ou d’une lampe à alcool, lentement, de la manière indiquée page 367. La lamelle est déposée sur le bain colorant (p. 372) contenu dans un verre de montre ou un godet, froid ou chauffé vers 50°-60°, la face préparée tournée en dessous, de façon qu'elle soit complètement mouillée par le liquide, sans bulles d'air interposées. La coloration demande un temps variable suivant la préparation; on en surveille les progrès en soulevant de temps à autre la lamelle avec des pinces. La préparation est lavée à grande eau jusqu'à ce qu'elle ne cède plus de couleur. Lorsque la couche colorée se délite, ce qui peut arriver avec les liquides qui ne contiennent pas de matières coagulables ou avec cer- taines espèces qui ne se collent que difficilement à la lamelle ou d’autres qui se décolorent très vite, il faut éviter de laver; l'excès du bain colo- rant est enlevé avec du papier buvard. Macé, — Bactériologie, 6e édit. 26 à! 402 PRÉPARATIONS ET ÉTUDE MICROSCOPIQUES. On procède alors à la décoloration, si elle est nécessaire, en agitant la lamelle dans de l'alcool absolu ou plus ou moins étendu, eten arrêtant, par un lavage à l'eau qui doit souvent être immédiat, par l'évaporation de l'alcool qui mouille la lamelle, si l’action est lente, ou en déposant sur la lamelle une goutte de solution d'acide azotique au tiers et passant rapidement à l’eau dès que la coloration vert jaune apparaît, pour faire agir de nouveau du réactif si la décoloration n'est pas suffisante (p. 384). On peut alors traiter par un bain différent pour obtenir une double coloration quiest souvent nécessaire lorsque le liquide contient d’autres éléments que l’on veut étudier (p. 386). La préparalion, lavée à l’eau, est montée dans l’acétate de potasse, ou lavée rapidement à l'alcool absolu, séchée, éclaireie à l'essence de girofle el montée au baume. RECHERCHE DES BACTÉRIES DANS LES Tissus. — Lorsque les tissus sont corgés de sucs, on peut, en les exprimant ou les raclant avec un scalpel, oblenir du liquide renfermant des Bactéries, qui sera traité comme il vient d'être dit. À part ce cas spécial,-il faut débiter les tissus en coupes minces, à l'aide de microtomes. Si l’on veut éludier des tissus frais ou des tissus insuffisamment durcis, pour ne pas trop prolonger l’action de l'alcool, on les coupe après une congélation moyenne obtenue à l’aide des appareils usités dans les laboratoires, principalement de pulvérisations d’éther. D'habitude, les organes à examiner sont mis à durcir par petits mor- ceaux dans les liquides employés dans ce but en histologie. Les tissus durcis sont débités en coupes le plus minces possible à l'aide de microtomes. Les coupes sont trailées comme il a été dit précédemment (p. 389), puis déshydratées par l'alcool absolu, éclaircies à l'essence de girofle el montées dans le baume. DES CAUSES D'ERREUR DANS LA RECHERCHE ET L'EXAMEN DES BACTERIES Il n'existe guère d'organismesinférieurs dont la forme pourrait prêter à confusion. Tout au plus pourrait-on citer quelques spores secon- daires de certains Champignons, de très pelite taille et en bâtonnet; leur germination en un filament mycélien établira une distinction bien nette. Les cellules de Levures, les filaments de mycélium des Worsis- sures se reconnailront à leur aspect el à leurs dimensions. Les cultures pures, du reste, fourniront un crilérium de toute sûreté. La grande ressemblance de beaucoup de granulations, qui se rencon- trent dans les préparations avec des Micrococcus, pourrait plutôt induire en erreur. Dans les différents procédés employés pour la fixation des Bactéries, il se produit souvent, sous l'influence des réactifs, des précipités de matière protéique, affectant la forme de granules arrondis, de très petites dimensions, absorbant fortement les couleurs. On en obtient surtout lorsqu'on soumet à la fixation dans la flamme de gaz des pellicules d'évaporation dont la dessiccation n’a pas été bien Ler- minée à basse température. Ehrlich a fait observer que les solutions de couleurs d’aniline ajoutées à un liquide de réaction alcaline préei- pitent sous forme de granulations colorées qu’on pourrait prendre pour DES CAUSES D'ERREUR DANS L'EXAMEN. 403 des Bactéries sphériques; c'est une raison qui fail abandonner l'emploi des alcalis dans les colorations et les fait remplacer, uniquement ou presque, par l'huile d'aniline. Il est rare que les granulations ainsi produites ne se reconnaissent pas, à un examen attentif, par l’irrégula- L rité de leurs formes et les différences souvent très grandes qu’elles pré- ; sentent dans leurs diamètres. En effet, tandis que chez les Micrococcus 5 les cellules sont parfaitement sphériques, homogènes et présentent, à très peu de chose près, les mêmes dimensions, ces précipités renferment des éléments très irréguliers, de forme et de grosseur excessivement | variables. Lorsqu'on peut les pratiquer, les cultures différencient vite | un précipité inerte d'un qui contient des Bactéries ; une quantité infini- tésimale du dernier féconde une culture qui reste stérile avec l’autre. Il en est de même des granulations de différentes substances albu- minoïdes qui s'observent presque toujours dans le sang ou les tissus, pouvant provenir de la dissociation de certains éléments, surtout des noyaux. Les granulations basophiles de certains leucocytes ressemblent souvent beaucoup à des Wicrocoques. On les en distingue en se basant sur leur coloration plus lente, sur leur décoloration plus facile, sur leurs contours moins réguliers, et enfin sur l'inégalité de leur diamètre. Il y a moins fréquemment méprise pour les Bactéries en bâtonnets. Cependant des trainées de fibrine coagulée peuvent affecter la forme filamenteuse. Celli et Guarneri ont signalé dans les crachats la pré- sence, assez rare il est vrai, de cristaux allongés d'acidesgras, retenant fortement la matière colorante, pouvant être pris, à un examen trop rapide, pour des Bacilles de la tuberculose. La forme en est caractéris- tique; il suffit d'être prévenu. Ils s’éclairent du reste très vivement dans la lumière polarisée, ce que ne font pas les Bactéries. Des cristaux d'oxalate de chaux, des cristalloïdes de matières albu- minoïdes, spermine ou autres, peuvent en imposer pour des Bactéries. F4 Les derniers sont gonflés par les alcalis et dissous dans une solution salée de pepsine; les premiers sont solubles dans les acides forts. Les résultats de l'observation peuvent être faussés par l'introduction de Bactéries étrangères avec les milieux employés. Les solutions aqueuses des matières colorantes fourmillent souvent de Bactéries au bout de quelque temps. C’est la principale raison pour laquelle il faut leur préférer des bains préparés d’une façon extemporanée avec des solutions alcooliques concentrées, de conservalion parfaite, dont on ajoute quelques goultes à la quantité d’eau nécessaire. De plus, la récolte du liquide à examiner demande des précautions rigoureuses, indiquées à propos des cultures pures. Les procédés de coloration employés ne conviennent parfois pas à l'espèce en question; on peut donc être conduit à nier la présence de Bactéries dans un milieu qui en contient réellement. La seule chose à conseiller est de modifier les manipulations dans tel sens qu'on jugera bon et de ne se prononcer définitivement qu'après avoir épuisé la série des méthodes reconnues comme bonnes. C'est ainsi qu'on n'a trouvé le l Bacille de la tuberculose qu'après que Koch eût annoncé la possibilité de le colorer avec les solutions alcalines. Enfin, des illusions d'optique ou des erreurs d'observation peuvent faire croire à la présence de formes autres que celles qui se trouvent nd 404 MÉTHODES BIOLOGIQUES. réellement dans la préparation. Les bâlonnets se placent souvent de champ, soit isolés ou en piles; ils paraissent être des éléments sphé- riques. Des bâtonnels courbés peuvent donner l'apparence de bâtonnets à deux spores, les extrémités de l'image semblant plus foncées que la partie médiane quiest simple. L'étude consciencieuse d’une préparation mettra en relief la forme normale de l'espèce qui s'y trouve et fera revenir sur les déterminations prises trop hâtivement. Certaines humeurs d’Invertébrés, le liquide du cœlome des Vers de terre par exemple (Cuénot), contiennent en abondance de fins éléments en bâtonnets qui peuvent être aisément pris pour des Bactéries, d’au- tant plus qu'ils se colorent facilement aux couleurs d'aniline. L'addi- tion d'une petite quantité d’alcali lève rapidement les doutes; ces bâtonnets, de nature grasse ou albuminoïde probablement, se dissol- vent vite. Dans les formes en bâtonnets, le protoplasma se contracte souvent, sous l'influence des réactifs employés et aussi lorsque la cellule est vieille, en deux amas qui peuvent se toucher sur la ligne médiane ou n'être séparés que par un faible interstice, lorsque le bâtonnet est court. Des espèces de petite taille offrent cet aspect à l’état vivant : on lattribue ici à une condensalion du protoplasma plus forte aux deux pôles. Beaucoup de Diplocoques, de formes en biscuit à la cuiller, en hallères, en 8 de chiffre, n’ont pas d'autre origine. Les plus forts gros- sissements sont nécessaires pour faire distinguer l'aspect véritable. Le protoplasma des cellules qui souffrent ou qui sont mortes change fréquemment d'aspect. Il se forme parfois dans son intérieur de grosses vacuoles qui ne se colorent pas et qui ont été prises pour des spores. Le bâtonnel entier peut mème ne plus prendre de substance colorante Qu se colorer d’une teinte beaucoup plus claire que des voisins encore en vie. V. — MÉTHODES BIOLOGIQUES Le développement des microbes dans les organismes vivants, ou également l'introduction chez ces derniers des produits qu'ils forment, y déterminent des modifications profondes et variées qui ont été élu- diées précédemment (p.120). Ces modifications portent, en bonne parlie, sur les humeurs ou sur des éléments de l'organisme dont certains apparaissent comme beaucoup plus sensibles que les autres à l'influence microbienne. Elles donnent lieu à des réactions variées dont l'origine et aussi le but ont été discutés plus haut (p. 129). Ces réactions, qu’opèrent principalement les microbes vivants, peu- vent aussi s'observer sous l'influence des produits qu'ils forment, soit produits diffusant dans le milieu, soit produits fixés d’une façon plus stable aux corps microbiens, sous l'influence des microbes morts même. Elles peuvent être utilisées dans un but de recherches. Leur constatation permet d'affirmer la présence des éléments que l'on sait les déterminer, des microbes qui leur sont spéciaux, même en dehors de la constatation directe de ces microbes, l'existence de leurs effets, des maladies qu'ils occasionnent. C'est pourquoi on doit les considérer comme des véri- tables procédés de recherche microbienne. Les réactions observées sont toutefois sous la dépendance d’influences trop variées et trop com- plexes, comme tous les phénomènes biologiques, pour qu'on puisse en L 14 à 4 4 1 AGGLUTINATION ET PRÉCIPITATION. 405 espérer toujours des résultats d'une exactitude rigoureuse. Elles deviennent forcément ainsi des méthodes d’approximation plutôt que de certitude absolue. 4° AGGLUTINATION ET PRÉCIPITATION Dans les humeurs des organismes soumis à l’action microbienne, il se forme des substances spéciales, les agglutinines (p. 137) et les précipi- tines (p. 142), qui déterminent sur les microbes ou certains de leurs produits des phénomènes de coagulation particuliers. A vrai dire, ces réactions ne peuvent pas être considérées comme étant d’une spécificité absolue (p. 141); leur utilisation pour le diagnostic n’est donc pas tout à fait infaillible. Toutefois, dans la pratique, en tenant compte de condi- ions particulières d'observation, on peut retirer de leur recherche des éléments des plus précieux pour le diagnostic. Elles peuvent, du reste, servir Lout aussi bien, et cela se comprend aisément, selon que l’on dispose de l’un ou l’autre élément, microbe ou humeur influencée, et que l’on cherche à se renseigner sur le correspon- dant, soit au diagnostic du microbe, soit au diagnostic de l'état du sérum, c’est-à-dire, s'il y a lieu, à celui de l'infection qui a pu l'influen- cer dans le sens déterminé. RÉACTION D'AGGLUTINATION ET SÉRODIAGNOSTIC. Dans beaucoup d'infections, la propriété agglutinante apparaît dans le sang dès le début de la maladie, progresse jusqu'à un maximum avec l’évolution de celle-ci, puis diminue et peut disparaître ou persister même longtemps après la guérison. Il y a ici de nombreuses variations à ce schème, qui seront citées à propos de l'étude des divers microbes. La propriété agglutinante existe dans d'autres humeurs que le sang. On la constate dans le lait, les larmes, les urines, le pus, diverses séro- sités, etc. C’est surtout dans le sang qu'on la recherche, parce qu'elle y semble généralement plus marquée et plus constante et qu'il est aisé de se procurer de ce liquide. La technique à suivre est d’ailleurs identique dans tous les cas, C'est du sérum sanguin qu'on se sert dans la grande majorité des cas, d’où le nom de sér diagnostic qui a été appliqué à la méthode. Étudié dans tous ses détails à l'occasion de la fièvre typhoïde et du Bacille typhique, le sérodiagnostic a été étendu à beaucoup d’autres infections et à de nombreuses espèces microbiennes et est devenu aujourd'hui un procédé général de diagnostic. Pour le mettre en œuvre, il faut disposer de sang d'un côté, de l’autre côté de microbes. L'un ou l’autre de ces deux éléments doit être parfai- tement déterminé; c’est-à-dire que, si l’on veut identifier un microbe, il faut disposer d’un sang infectieux de nature certaine, ou plutôt d’un sérum d'animaux immunisés à l'égard de l'infection que l’on vise, d'un immunsérum Sûr; si, par contre, on veut identifier un sang ou un sérum, il faut disposer d'une culture appropriée d’un microbe bien déterminé. Nous allons d'abord examiner le cas le plus simple où l'on doit se servir de sang fraîchement recueilli et d'une culture vivante. Après, 406 MÉTHODES BIOLOGIQUES. , nous verrons la manière de faire dans les cas un peu plus complexes où l’on ne dispose que de sang desséché ou de microbes morts. RecuEiL pu sanG. — Il se fait par l’un des procédés indiqués page 313. Le plus souvent, on a recours à la simple piqûre du doigt (p. 313). On obtient facilement une petite quantité de sang, de quelques gouttes à 1 ou 2 centimètres cubes, qui doit être recueillie au mieux dans un petit tube de verre, stérilisé d'avance si possible et fermé par un bon bouchon ou aspiré dans un tube à vaccin fermé à la lampe aux deux extrémités après. On peut user aussi du procédé de la ventouse (p. 314), qui donne alors une quantité plus grande de sang que l'on recueille d'après les mêmes principes. Le sang peut être employé en entier, quand il est resté liquide et que l'examen est fait immédiatement. Pour le sérodiagnostic rapide au microscope, 1l y a alors l'inconvénient du grand nombre des globules, qui gênent l’agglutinalion et peuvent rendre difficile l'observation des amas. Il vaut mieux laisser la coagulation se faire, c'est du reste ce qui se produit lorsque l'examen n'est fait que quelque temps après la prise du sang, et faire la recherche de l’agglutination avec le sérum. On peut user du procédé rapide d° examen au microscope ou du pro- cédé lent d'examen macroscopique. lo Sérodiagnoslic rapide au microscope. C'est de beaucoup le procédé le plus employé dans la pratique cou- rante et le plus commode à mettre en œuvre, parce qu'il n'exige qu'une très pelite quantité de sang ou de sérum. Deux alternatives peuvent se présenter. Ou bien on possède une cul- ture bien déterminée et l’on doit rechercher si un sérum a à son égard un pouvoir agglutinant net, ce qui indique alors le microbe en question comme agent d'infection. Ou bien on veut mettre en œuvre un sérum agglutinant réellement spécifique, et rechercher s'il agglutine un microbe que l’on désire identifier. Voyons d’abord le premier cas. Il faut une culture possédant des qualités spéciales, très pure d’abord, puis ayant les éléments microbiens bien dissociés, ne formant pas entre eux d’amas, bien homogène. On arrive surloul à ces condilions avec des cullures jeunes. Pour le Bacille lyphique, par exemple, il faut prendre des cultures en bouillon, de dix à vingt heures, vingt-quatre heures au plus; on peut s’en servir dès que le trouble est bien uniforme. Il est toujours indispensable d'examiner au microscope, avant de s’en servir, la culture que l’on veut employer ; s'il y existait des amas, pouvant provenir d’une sorte d’ag- glutination spontanée, elle est impropre à la recherche ; il faut en obtenir une autre dans des conditions meilleures. Parfois, des cultures plus âgées ne montrent pas d'amas; on peut alors s’en servir. Si l’on part d’une culture sur gélose, il faut la choisir âgée de vingt- quatre heures pour les microbes qui se développent vite. On prélève une üse prise de préférence aux bords de la culture et on délaye dans un centimètre cube de bouillon stérilisé ; le mélange se comporte comme une jeune culture en bouillon. Il peut y avoir avantage à prendre des cultures sur gélose; cerlains microbes croissent plus facilement en longs filaments articulés ou en longues chaînes dans le bouillon, alors AGGLUTINATION ET PRÉCIPITATION. 407 que, dans les cultures sur gélose, leurs éléments sont beaucoup plus dissociés. Il est des espèces dont les cultures à éléments très agglomérés en voiles, en écailles, en masses compactes, sont peu propices ou même impropres à montrer la réaction agglutinante. Parfois, il faut y renoncer. D’autres fois, on peut parvenir, en usant de certains artifices, à trans- former une culture agglomérée en culture dissociée propre à servir. C’est, par exemple, le cas pour le Bacille de la tuberculose, qui donne sur le bouillon un voile épais et sur gélose une couche assez résistante. Arloing et P. Courmont sont parvenus à en oblenir des cullures disso- ciées dans le bouillon, des cullures homogènes, en soumettant les cultures à l’agilalion, en agilant fortement les tubes de bouillon au moins une fois par Jour, soit à la main, soit à l’aide d’un agilateur mécanique ; après quelques passages en bouillon glycériné, on obtient des cultures à éléments régulièrement dissociés dans le milieu. On peut recourir aussi à un long broyage de la culture dans un mortier stérilisé, suivi d’une mise en émulsion dans du bouillon stérilisé. L'examen au microscope est fait plus commodément avec un fort objectif à sec. e Avant tout, quel que soit l’état de la cullure employée, il est absolu- ment nécessaire de l’examiner d'abord au microscope, pour voir si elle ne contient pas d’amas spontanés, se rendre compte de l’état de dissé- minalion el de densité de ses éléments, de leur degré de mobilité, si elle existe. Lorsque tout est satisfaisant, il est possible de procéder à la réac- Hon. En seconde hypothèse, on peut chercher à idenüfier une culture microbienne en usant d’un sérum dont la propriété agglutinante est certaine. Le sérum peut provenir d'un malade bien reconnu antérieurement. Le plus souvent, il provient d'un animal immunisé à l'égard du microbe que l'on recherche; c’est un #mmunsérum. Tous les immunsérums ne sont pas agglutinants; pour les obtenir bien agglutinants, il faut faire intervenir les corps microbiens dans l'immunisation. Les sérums pure- ment antiloxiques, obtenus à l’aide de toxines seules, ne possèdent aucun pouvoir agglutinant ou agglulinentseulement faiblement, à moins que les cultures ne soient restées longtemps à l'étuve, qu'il y ait eu contact prolongé avec les corps microbiens. On peut faire provision des sérums nécessaires, en immunisant un petit animal dans les conditions voulues, recueillant le sang et distribuant aseptiquement le sérum par pelites quantités. Ou bien on s'adresse à des laboratoires qui préparent en grand de tels sérums agglutinants, l’Institut Pasteur, de Paris, ou l'Institut bactériothérapique et vaccinal suisse, de Berne, par exemple, ou même au commerce, en éprouvant soigneusement d'avance les pro- duits fournis. Si le sérum employé contient quelques globules rouges, ces derniers ne gênént en rien l’agglutination ; ils facilitent même plutôt la mise au point pour l'examen. La manière de procéder est la même, que l’on recherche à idenüfier un microbe ou à reconnaître la nature d’un sérum. Il faut mélanger des quantités de sérum et de culture et voir s'il se produit une agglutinalion. 408 MÉTHODES BIOLOGIQUES. Les proportions du mélange donnent le faux de l’agglutination. La manière de faire la plus commode est celle qui a été instituée par- Widal (1) pour le sérodiagnostic de la fièvre typhoïde. On mélange dans un verre de montre une goutlle de sérum à 9, 29, 49, 99 gouttes du liquide de culture. On a ainsi des dilutions à 1/10, 1/30, 1/50, 1/100. Dans la pratique, on peut se contenter d’abord des dilu- tions à 1/10 et 1/30, puis, sil y a agglutination, chercher alors plus loin, arriver même, si l'on veut mesurer exactement le pouvoir aggluti- nant, à 1/1090 et au-dessus. \ Au lieu de gouttes, on peut prendre des fractions plus petites, une üse de fil de platine, par exemple. On prélève 9 ôses de liquide de cul- ture dans des conditions aussi similaires que possible ; on les dépose successivement sur un verre de montre ou sur une lamelle porte-objet, en rangées ou en cercle; puis, avec la même üse passée préalablement dans la flamme et refroidie, on prend une üse de sérum que l’on dépose au centre; on repasse le fil à la flamme et on mélange bien le tout; avec le mélange, on fait des préparations. Pour plus de facilités, on peut, au préalable, diluer le sérum en en mélangeant une goutte à 4 ou 9 gouttes d’eau, et avoir ainsi des dilu- Fig. 186. — Pipette-mélangeuse pour sérodiagnostic. tions à 1/5 ou 1/10. Il est facile de calculer le taux d’agglutination sur ces bases. Pour arriver à une mensuration absolument exacte, le mieux serait d'employer de petites pipettes comme celle de la figure 186, jaugées au i/10 de centimètre cube dans la partie effilée, portant comme mélan- geur un renflement de 2 centimètres cubes. Avec un tube de caoutchouc placé à l'extrémité terminale, on aspire exactement 1/10 de centimètre cube de sérum ou d’une dilution de sérum au taux connu, puis 9 divi- sions du liquide de culture. Une aspiration suffisante fait pénétrer le tout dans le réservoir ; on agite bien pour mélanger complètement, et, en soufflant, on dépose sur les lames des quantités de liquide suffisantes pour les préparations. Le liquide sur porte-objet est recouvert d'une lamelle et la préparation est examinée au microscope. L'agglutination, si elle se produit, peut être instantanée ; dans ce cas, on peut même distinguer à l'œil nu des grumeaux dans le mélange. Le microscope montre de gros amas et pas ou peu de microbes libres. Elle peut ne se produire que lentement et graduellement, sous l'œil de l'observateur au microscope, demander même un temps assez long, un quart d'heure, une demi-heure, une heure même; être complète ou incomplète ; dans ce dernier cas, il reste des microbes libres en dehors des amas de ceux qui sont agglutinés, microbes qui peuvent même rester encore mobiles s'ils l'étaient auparavant. Ce sont là des caractères (1) Wivaz et Sicarn, Étude sur le sérodiagnostic et sur la réaclion agglutinante chez les syphilitiques (Ann. de l'Inst. Pasteur, XI, 1897, p. 353). VÉÉ dre ' PRETT dés + pes LE AGGLUTINATION ET PRÉCIPITATION. 409 de plus à noter. D'amples détails seront d’ailleurs donnés lors de l'étude des espèces, surtout de celles qui peuvent intéresser plus spécialement à ce point de vue. 20 Sérodiagnoslic lent macroscopique. Ce procédé est moins rapide et peut-être moins sensible que le pré- cédent ; toutefois, pour certaines espèces, 1l paraît mieux réussir. Le sang ou le sérum doivent être recueillis aseptiquement, l'apport de microbes étrangers pouvant troubler les résultats des cultures. À un tube contenant 10 centimètres cubes de bouillon stérile, on ajoute 10 gouttes du sérum, puis on ensemence avec une üse d’une culture de microbe. En même temps, on fait un tube témoin, sans sérum. On porte à l'étuve à 370. La culture est normale dans le tube témoin, s’il y a agglutination, on constate qu'il se forme, dans le tube contenant du sérum, d’abord de légers grumeaux, puis, après vingt ou vingt-quatre heures, de véritables flocons qui se déposent au fond du tube alors que le liquide s’est éclairei tantôt partiellement, tantôt d’une façon complète. Ces grumeaux ou ces flocons sont plus ou moins gros ; ils peuvent être très fins, difficiles à saisir à l'œil nu, il faut alors l’exa- men microscopique comparé des deux tubes, décelant les amas d’agglu- ünation dans le tube à sérum. On peut aussi ajouter le sérum à une culture en bouillon déjà déve- loppée, âgée de un à plusieurs jours, selon les conditions de développe- ment du microbe; on a intérêt à la prendre jeune, pour éviter les amas spontanés. On ajoute une dizaine de gouttes de sérum et on met à l'étuve. La culture devient grumeleuse après quelques heures, puis, graduellement, les flocons deviennent plus nets, se précipitent, le liquide peut même s'éclaireir tout à fait. En ensemencçant plusieurs tubes de 10 centimètres cubes de bouillon avec des quantités variables de sérum, 1, 2, 3,... 10 gouttes, on peut ainsi arriver, par un petit calcul, à déterminer un taux d'agglutination macroscopique. Pour user moins de sérum, on peut en faire des dilutions dans l’eau physiologique à 1/10, 1/50, 1/100, et agir sur de petits tubes contenant 1 centimètre cube de bouillon de culture ou d’émulsion de culture sur gélose. L'examen doit être fait au bout de deux à quatre heures, puis de vingt-quatre heures. La formation des amas peut ne se saisir qu'avec une certaine direction d'éclairage ou en faisant varier l'incidence. Une température supérieure à 37° peut favoriser l’agglutination ; Kutscher recommande d'opérer à 55° pour le Méningocoque. Sérodiagnostic avec le sang desséché. — Le sang desséché peut con- server son pouvoir agglutinant ; le sang typhique le garde longtemps. On peut dessécher le sang sur une lame de verre, c'est le meilleur moyen, ou sur du buvard, en le versant par gouttes. On dissout les taches dans quantité égale, ou connue, d’eau distillée et on opère avec la dissolution. On emploie aussi le sérum desséché en poudre en dissol- vant la poudre dans de l’eau distillée stérilisée dans la proportion de 1 de poudre de sérum pour 9 d’eau, 0£",10 de poudre pour 08,90 d’eau. -Ces solutions ne se gardent pas. # 410 METHODES BIOLOGIQUES. Sérodiagnostic avec des microbes morts. — Des cultures mortes peu- vent garder assez longtemps leur propriété d'être agglutinées. On peut se servir de cullures tuées par le formol. Widal et Sicard indiquent la manière de faire suivante pour le Bacille typhique : À une culture en bouillon, âgée de vingt quatre heures, ne montrant à l'examen micro- scopique que des microbes bien disséminés et pas d’amas, on ajoute du formol à 40 p. 100 en proportion de 2 gouttes pour 15 centimètres cubes de culture, La culture ainsi traitée garde pendant plusieurs semaines son aptitude à l’agglutination. Pour l'usage, on l’agite forte- ment et on procède comme avec une cullure vivante. Koeppen, pour le Bacille fuberculeux, préconise le traitement par la potasse à 33 p. 100. On peut aussi employer des cultures traitées par la chaleur, le séjour une demi-heure ou une heure à 60°. On trouve dans le commerce des émulsions de microbes morts qui peuvent donner des résultats, pendant un certain temps au moins, tel le 7'yphusdiagnoslicum de Ficker. Mensuration du pouvoir agglulinant. Le taux du mélange de sérum et de liquide microbien donne le rap- port cherché. Pour arriver à une mensuration exacte, il faut naturellement que les quantités de chacun des deux produits soient exactement mesurées ; on y arrive en employant des pipettes compte-gouttes vérifiées, ou mieux la pipette-mélangeuse qui a été décrite (fig. 186, page 408). En pratique, on essaie d’abord des taux élevés, 1 p. 10, puis gra- duellement 1 p. 50, 1 p. 100 et au-dessus. Le taux d'agglutination peut, du reste, varier dans de grandes limites, de 1 p. 10, { p. 30, à 1 p. 1 000, 1 p. 10 000 et au-dessus. I faut savoir que le pouvoir agglutinant peut être assez long à appa- raître après le début de l'infection; pendant, il peut plus ou moins varier d'intensité. Il y a peu de données générales encore à établir sur ce point, mais plutôt des détails particuliers dont il sera parlé à propos des espèces intéressantes à connaître à ce point de vue. RÉACTION DE PRÉCIPITATION. On a vu (p.142) qu'à côté des agglulinines il se trouve, dans les immunsérums, d'autres corps d’une spécificité relative aussi, les précipi- Unes. En ajoutant une petite quantité de tels sérums à une culture en bouillon, bien clarifiée par filtration, du microbe qui intervient dansleur formalion, ou à des liquides organiques où ce microbe a vécu, on peut voir se former un précipilé floconneux ou pulvérulent, ou simplement le liquide se troubler (réaction de Krause, précipito-réaction). Il ne se produit rien de semblable avec du sérum normal ou des sérums prove- nant d’autres infections. Quelquefois, cependant, on oblient une préci- pitation pour des infections dues à des microbes très voisins, le Ménin- gocoque et le Gonocoque, par exemple. La technique à employer est la suivante : Dans une série de petits tubes, de 3 à 5 millimètres de diamètre, on. mel une quantité égale du liquide microbien filtré jusqu’à transparence complète, 1, 2 ou 5 centimètres cubes, selon ce dont on dispose. POUVOIR OPSONISANT. All A chacun des tubes, on ajoute 1, 2..., 5 ou 6 gouttes de l'immunsérum, laissant un {tube témoin sans sérum. On met à l'étuve à 37°, mieux, pour certaines espèces, à 550. On observe de douze à quinze heures après. Souvent déjà, dans un cas positif, il s'est produit un louche dans les tubes additionnés de sérum, le tube témoin restant clair. Le louche s’accenlue ; après vingt-quatre heures ou plus, on peut observer des pelits flocons se sédimentant au fond. Le tube témoin peut se troubler de son côté ; il est alors difficile d'user de la réaction. L'exposition à 55° sert surtout à empêcher un trouble dû à une pullulation microbienne dans le liquide renfermant encore des microbes à la suite de la filtration. On doit reconnaitre que la spécificité de cette réaction est moins - nelle encore que la précédente. On peut l'obtenir aussi en dehors de la présence de tout sérum spécifique, en faisant intervenir certains pro- duits organiques. Des détails plus circonstanciés seront donnés lors de l'étude des quelques types microbiens à propos desquels on a lieu de la rechercher, le Méningocoque et le Spirochète de la syphilis surtout. 2.° POUVOIR OPSONISANT Wright a imaginé une technique spéciale, sa méthode opsonique, pour arriver à mesurer le pouvoir opsonisant d'un sérum. C’est le moyen de se rendre compte de l’action que ce sérum peut exercer sur la phagocy- tose, par conséquent sur les moyens de défense de l'organisme et sa résistance à une infection déterminée ; c’est aussi le moyen de se ren- seigner, dans le même but, sur l'effet que peuvent produire des procé- dés d'immunisation et de vaccination {Voy. page 145). Il s’agit, en somme, de réaliser in vitro la phagocytose du microbe dont il est question et d'estimer son degré. Il faut, pour cela, disposer de leucocytes, d’une émulsion microbienne obtenue d’une culture, du sérum dont on veut déterminer le pouvoir et la force opsonisants. Ces trois éléments sont mélangés en parties égales : le mélange est laissé à l’étuve à 37° pendant quinze à vingt minutes pour permeltre l’action des leucocytes; on en fait des préparations colorées d’après la technique habituelle; on compte les microbes con- tenus dans 50, 100 ou mieux 150 leucocytes, et on fait une moyenne. Ce chiffre moyen, le coefficient phagocytaire, est le pouvoir opsonisant du sérum pour les leucocytes el les microbes employés. Pour en tirer des conclusions, il faut le comparer au pouvoir opsonisant d’un sérum nor- mal, celui de l'opérateur, par exemple, s’il est tout à fait sain, pour lequel on opère de même et on détermine la même moyenne. L'index opsonique est le rapport qui existe entre le chiffre moyen, le pouvoir opsonisant du sérum à examiner, et le chiffre moyen, le pouvoir opsonisant du sérum normal. On conçoit que c’est le rapport entre la puis- sance phagocylaire des leucocytes actionnés par un sérum d'individus en état d'infection et la puissance phagocytaire de ces mêmes leucocytes actionnés par un sérum normal. Ainsi, avec les constatations suivantes faites sur différents sérums : 412 MÉTHODES BIOLOGIQUES. + 150 microbes 4 Sérum normal : — — 1,5 de moyenne. 100 leucocytes ; ; : 400 microbes à 1er sérum à examiner: = — 4 de moyenne. 100 leucocytes > ; - E 100 microbes 2e sérum à EXAMINE ————————— — | de moyenne. 100 leucocytes È les index opsoniques seront : : î A Pour le 1°" sérum : — — 2,666. 1.5 ; 1 É Pour le 2° sérum : — 0.666. > ot Les objels nécessaires pour cette opération sont : un instrument pour la prise du sang, lancette, aiguille, vaccinostyle, pipette effilée (Voy. p. 313) ; quelques pipeltes bien étirées, une étuve ou un petit bain- marie à 37°, une émulsion de leucocytes, une émulsion de microbes, du sérum normal et du sérum à examiner; en plus, de la solution physio- logique (solution normale : NaCI, 0,85 p. 100 d’eau distillée), des colorantset ce qui est nécessaire pour l'examen microscopique. Quelques détails sont nécessaires pour les éléments fondamentaux de la réaction, leucocytes, microbes et sérums. Leucocytes. — On peut s'en procurer de différentes origines. On recueille l'exsudat péritonéal d’une grenouille, trois heures après l'injection dans le péritoine de quelques centimètres cubes d'un mélange à partieségales de bouillon et de solution physiologique. Oncentrifuge eton lave deux fois, par centrifugation, le culot à la solution physiologique. On prélève, à la seringue stérilisée, de l’exsudat péritonéal d’un cobaye, quatre ou cinq heures après l'injection dans le péritome de quelques centimètres cubes de bouillon, de solution physiologique, de solution d’aleurone, de gélatine. On centrifuge; on lave deux fois le culot à la solution physiologique, par centrifugation. Le mieux est de recourir aux leucocytes du sang humain. On s’adresse à un homme sain, le plus souvent l'opérateur lui-même ou l’un de ses aides. Le doigt est piqué comme il a été dit page 313. On laisse tomber le sang goutlle à goutte dans un petit tube contenant quelques centi- mètres cubes d’une solution de: citrate de soude à 1,5 p. 100 dans l’eau physiologique, en évitant de faire tomber les gouttes sur les bords du tube. On cherche à recueillir de la sorte environ 1 centimètre cube de sang, et on agite fréquemment, mais doucement, pour bien mélanger. Le mélange est centrifugé à une vitesse moyenne, pendant dix à quinze minutes, dans un tube à fond effilé. On recueille la couche de leuco- cytes avec le moins possible de globules rouges qui, plus denses, se sont sédimentés au fond et restent assez adhérents, en inclinant le tube et aspirant les leucocytes avec une pipette étirée munie d’une petite boule de caoutchouc ; ces leucocytes sont portés dans un tube contenant de la solution physiologique. Après une douce agitation, on centrifuge une seconde fois. Le culotestlavé à nouveau à la solution physiologique; il est fait une troisième centrifugation. L'amas de leucocytes est alors, au moment du besoin, émulsionné dans une petite quantité de solution physiologique, au moyen d’une simple agitation opérée doucement. On peut même opérer sur la totalité du culot obtenu après la première centrifugation, en mélangeant soigneusement, pour chaque lavage et POUVOIR OPSONISANT. ha surtout au moment de s'en servir pour la réaction, par une agitation douce et longue, globules blancs et globules rouges. On trouve d’ordi- naire, dans les préparations, un nombre suffisant de leucocytes; mais la recherche et la numération sont forcément un peu plus longues. Émulsion microbienne. — lle est obtenue d'une culture de l'espèce qui détermine l'infection en vue de laquelle on opère la réaction. Pourêtrehonne, l'émulsion nedoitpas être épaisse etêtre très homogène. On choisit, de préférence, une culture sur gélose âgée de vingt-quatre heures environ, les cullures âgées pouvant déterminer de la phagocy- tose spontanée. Une petite quantité de culture est émulsionnée le mieux possible par agitation dans de la solution physiologique. L'émulsion ne doit pas contenir trop de microbes, ce qui gênerait; elle doit n'offrir qu'une très légère opalescence, et, en préparalion microscopique ordi- naire, ne montrer que des individus bien isolés et pas trop nombreux, pour pouvoir êlre comptés facilement dans un champ de microscope. Les quantités de culture et de solution seront aisément déterminées par ces conditions. Une petite pratique met d'ailleurs très vite à même d'arriver vite. Pour les microbes qui ne se dissocient pas facilement, il faut alors recourir à la trituration au mortier d'agate avec la solution physiologique, puis passer à {ravers un linge fin pour ne pas avoir de grumeaux. La technique devra naturellement se modifier selon les particularités des cultures dont on voudra user. Pour le Bacille tuberculeux, Wright recommande de prendre d’une culture en bouillon âgée d’un mois à un mois et demi, les vieilles cul- tures renfermant souvent des amas filamenteux difficiles à dissocier. On stérilise à 1109, filtre sur papier et lave les bacilles à la solution physio- logique. Le dépôt est ensuite broyé au mortier et émulsionné au mieux avec de l’eau salée à 1,5 p. 100 pour éviter toute phagocytose spon- tanée, en l’ajoutant goutte par goutte. On centrifuge légèrement, pour enlever les grumeaux. On dilue convenablement avec de l'eau salée à 1,5p. 100, et répartit dans de petits tubes que l’on stérilise à 1150. Une telle émulsion peut se conserver longtemps; avant de se servir d’un tube, on l’agite fortement, puis on le laisse quelques minutes en repos pour faire déposer les grumeaux qui ont pu se former et n’en pas trouver dans le liquide supérieur. Sérums.— On doit faire intervenir du sérum à examiner et du sérum normal. On recueille dans un petit tube quelques gouttes du sang du malade par piqûre du doigt, ou bien de celui d'animaux d'expérience par piqûre de l'oreille. La coagulation se fait. Le sérum est souliré dans une pipette effilée; il faut, pour cette dernière partie, éviter les globules rouges qui nuisent au pouvoir opsonique. Le sérum peut être conservé en pipette scellée pendant une huilaine de jours, ou mieux à la glacière, sans que le pouvoir opsonisant diminue sensiblement. Pour le sérum normal, on procède de la même façon sur la personne ou l'animal choisi. TECHNIQUE DE LA RÉACTION. — On mélange parties égales d’émulsion de leucocytes, d'émulsion microbienne et de sérum. Pour cela, on se sert avantageusement de petites pipettes dont la partie élirée a au moins 5 à 6 centimètres de calibre régulier, terminées par une section bien nette; celle partie est marquée d'un index à l'encre ou au crayon gras LA - 4 414 MÉTHODES BIOLOGIQUES. : de { à 2 centimètres de l'extrémité. Le gros bout est muni d’une petite téline de compte-gouttes en caoutchouc. Le maniement se conçoit faci- lement. On aspire d'abord de l’émulsion microbienne, bien agitée, jus- qu'à l'index; puis on introduit un peu d'air, sur une longueur d'un cen- tüimètre à peu près; ensuite une quantité égale à la première, jusqu'à l'index, de l'émulsion de leucocytes, suivie d’une bulle d’air à peu près semblable à la précédente ; enfin, jusqu'à l'index aussi, du sérum à employer. Il est à recommander d'opérer toujours exactement dans l'ordre indiqué qui est le préférable. On mélange alors le tout, par une série de projections et d’aspiralions successives, sur un verre de montre ou sur une lamelle; puis le Lout est aspiré dans la queue de la pipette que l’on ferme à la lampe et place dans l’étuve à 37°. On fait successi- vement, absolument dans les mêmes conditions, une telle pipette en se servant du sérum à examiner et une autre en se servant du sérum normal; on les met à l’étuve en même temps. Les pipettes sont relirées après quinze ou vingt minules. Successive- ment, on en casse l'extrémité; le contenu est de nouveau bien mélangé sur un verre de montre par quelques aspirations; on en faitalorsdes prépa- rations. Une gouttelette est déposée sur un porte-objet, de préférence à surface dépolie au papier d'émeri comme le recommande Wright, puis bien étalée, au mieux en se servant d’une lame de verre à section très nette. Les leucocytes seront plus nombreux à la fin de la partie étalée; c'est là que la numération sera plus facile; mais il est nécessaire que l'étalement soit suffisant pour n'en pas avoir, ou peu au moins, de superposés. C'est un point délicat qui s’apprend vite à la pralique. On sèche la préparation à Fair, fixe par la chaleur, l'alcool ou le sublimé, colore suivant les indicalions, selon l'espèce microbienne à examiner. On use le plus souvent de thionine ou de bleu. Pour le Bactlle tuberculeux, là technique est plus compliquée : Wright conseille de fixer pendant une minute à la solution saturée de sublimé, colorer au Zieh], décolorer à l'acide sulfurique à 2,5 p. 100, traiter par l'acide acétique à 4 p. 100 pour détruire les globules rouges, laver et donner une coloration de fond avec le bleu de Kühmne. La préparation est examinée, on passe en revue 100 ou 150 leucocytes, en nolant pour chacun le nombre de microbes qu'ils renferment, ceux quin'en contiennent pas étant chiffrés 0; puis on fait la moyenne. Cer- tains leucocytes peuvent renfermer trop de microbes, qui deviennent impossibles à compter; c'est surtout quand l'émulsion microbienne élait trop riche en microbes; si ces leucocytes sont peu nombreux, on fait une numération approximative; Wright conseille même de les marquer toujours 9 ou 10; s'ils sont nombreux, il faut recommencer l'opération en usant d'une émulsion plus diluée. On réussit au mieux quand on ne trouve que quelques microbes par leucocyte, 2 à 5 par exemple, au moins pour l'opération qui porte sur le sérum normal. On établit facilement les numérations et les chiffres qui ont été indi- qués précédemment (p. 412). Lorsqu'on veut utiliser les données fournies par cette méthode, il est bon de se souvenir qu'elle comporte des irrégularités et quelques causes d'erreur dont la plus importante est la variation du nombre des leucocytes chez des individus différents et aussi chez le même individu suivant l’état du sang. FIXATION DU COMPLÉMENT. 415 3° FIXATION DU COMPLÉMENT La présence dans un sérum, ou dans une autre humeur organique, d'une sensibilisatrice (ambocepteur) déterminée entraîne forcément, à cause de la spécificité absolue de cette dernière (p. 136), l’action, sur l'organisme d’où provient le sérum, de l’antigène rigoureusement corres- pondant à l’anticorpssensibilisatrice.Parconséquent,la constatation d’une telle sensibilisatrice doit déceler l’antigène correspondant. Le faitimporte beaucoup pour la détermination microbienne. La constatation d'une sensibilisatrice microbienne dans un sérum indique que le microbe qui en est l’antigène, ou les produits que ce microbe peut former, ont agi sur l'organisme qui a fourni le sérum. Inversement, si un microbe pro- duit dans un organisme une réaction correspondant à un anligène donné qui est un microbe connu, 1l y a identité des deux {ypes microbiens. On conçoit que l’on peut tirer de ces principes de précieux renseignements pour la détermination des microbes et le diagnostic de leurs actions. Bordet et Gengou (1) ont démontré que les antigènes, dans le cas particulier les microbes ou leurs toxines, influencés par la sensibilisa- trice correspondante qui est spécifique, ont le pouvoir d'absorber, de retenir, de fixer l'alexine (complément) contenue dans un sérum mis en contact avec eux: c'est la réaction de fixation de Bordet-Gengou. Si, dans ces condilions, on fait intervenir une réaction qui nécessite, pour devenir posilive, la présence d’alexine libre, cette réaction ne se produit pas. Elle se produirait, au contraire, si la fixation d’alexine (complément) n'avait pas eu lieu parle microbe, c’est-à-dire si la sensi- bilisatrice spécifique pour lui n'existait pas dans le mélange. La réaction que l’on choisit, pour servir dans ces conditions, est une réaction d'hémolyse. Si l'on injecte dans le péritoine ou les veines d’un animal des globules rouges d'un animal d’une autre espèce, le sérum du premier animal acquiert assez rapidement la propriété d'hémolyser, de faire éclater et dissoudre les globules rouges de la seconde espèce. En mélangeant sérum et globules, on obtient très vite la réaction, on a un liquide clair, transparent, plus ou moins coloré en rouge selon la quantité de globules employés. Pour obtenir un tel sérum hémolylique, on peut procéder de la façon suivante. Du sang de mouton défibriné est centrifugé; le dépôt de glo- bules rouges est lavé trois fois à la solution physiologique et centrifugé chaque fois. Le dépôt de globules est recueilli. Il sert pour l'injection au lapin et aussi pour la recherche de l'hémolyse. Les globules ainsi obtenus se conservent pendant quelques jours, pas trop longtemps, car ils deviennent fragiles en vieillissant et peuvent se dissoudre spontané- ment. On injecte dans les veines d’un lapin 2 centimètres cubes d'une suspension concentrée de globules dans la solution physiologique. On recommence une deuxième injection après six jours, puis, SiX Jours après, une troisième en n'injeclant que 1,5 à cause de l’anaphylaxie ; cette troisième injection doit en outre, pour la même cause, se faire lentement. Dans celte opération, sous l'influence de l'antigène (1} Boroer et GenGou, Sur l'existence des substances sensibilisatrices dans la plu- part des sérums antimicrobiens (Ann. de l’Inst. Pasteur, XV, 1901, p. 289). 416 MÉTHODES BIOLOGIQUES. spécial, globules rouges du mouton, il s’est formé dans le sérum du lapin injecté un anticorps spécifique, une sensibilisatrice particulière, qui a la propriété de se fixer sur les globules rouges de mouton neufs, de les influencer d’une façon spéciale, de les mordancer (p. 136), les _ disposant à subir l’action de l’alexine (complément) présente dans tout sérum. L'action combinée de cette sensibilisatrice et de l’alexine déter- mine l’hémolyse, la dissolution de ces globules. On recueille le sang aseptiquement et on en provoque la coagulation pour ensuite séparer le sérum. En chauffant ce sérum à 56° pendant une demi-heure, on en détruit l'alexine, thermolabile, alors qu’on en respecte la sensibilisatrice, thermostabile (p. 136). Si l’on vient à meltre un tel sérum chauffé en présence de globules rouges de mouton, l'hémolyse ne peut plus se faire; on a là un système hémolytique inactivé. Pour rendre ce mélange actif, pour que l'hémolyse s'y fasse, il faut lui ajouter de l’alexine (com- plément), par exemple un peu de sérum normal qui en contient tou- jours. Le sérum du lapin sensibilisé aux globules rouges du mouton, comme il vient d'être dit, est réparti aseptiquement en petites ampoules; conservé à la glacière et à l'abri de la lumière, il garde très longtemps son activité. Le sérum normal que l’on fait intervenir pour rendre de l’alexine au mélange est surtout du sérum de cobaye, riche en alexine. Il doit être frais autant que possible. Son activité diminue rapidement à la lumière et à la chaleur. A la glacière, il peut conserver ses propriétés au moins pendant huit jours. Desséché sur du papier à filtrer, 1l conserverait ses propriétés beaucoup plus longtemps; on dissout dans un peu de solution physiologique. Ces données acquises, on est en mesure de procéder. Les règles géné- rales sont les suivantes. Si l’on vient à mélanger un antigène, microbes ou toxines micro- biennes dans le cas particulier, et un sérum d’immunisation contenant par conséquent une sensibilisatrice spécifique, chauffé préalablement à 56° pour détruire son alexine (complément), la sensibilisatrice se fixera sur l’antigène s'il lui est spécifiquement correspondant, s'il représente le microbe ou la Loxine qui sont intervenus dans l'infection ou l'immu- nisation de l'organisme dont il provient. En ajoutant au mélange du sérum normal, de cobaye par exemple, contenant de l’alexine (complé- ment), cette alexine, sous l'influence dela sensibilisatrice, sera fixée sur l'antigène, sur les microbes ou la toxine. Si l’on vient alors à ajouter le système hémolytique inactivé, le mélange de sérum de lapin chauffé et de globules (p. 415), l'hémolyse ne se produira pas, puisqu'il n'y a pas d’alexine libre ; dans le tube où l'on a opéré, on aura un liquide clair provenant du mélange des sérums et un dépôt de globules rouges. Si, au contraire, la sensibilisatrice n'était pas spécifique pour l’antigène, elle ne l’influencerait pas, et ne serait pas capable de fixer l’alexine complément) qui resterait libre dans le milieu et pourrait se porter alors surles globules rouges du système hémolytique inactivé, l'activer, l'hé- molyse se produirait; le liquide du tube serait coloré en rouge. C’est là la réaction de fixation du complément (ou de l’alexine). Le terme de déviation du complément est moins propre; le complément ou alexine, étant indifférent, se fixe toujours sur ce qui l’attire d’abord, FIXATION DU COMPLÉMENT. 417 sans prédilection, sans but, n’est par conséquent pas dévié d'une desti- nation déterminée. Il faut remarquer que c’est bien une réaction rigoureusement spéct- lique, alors que les précédentes, réactions d’agglutination, de précipi- tation, d’opsonisation, n’ont qu'une spécificité relative. Elle peut donc rendre de grands services pour la détermination. Les sensibilisatrices n'existent pas seulement dans le sérum, mais dans bien d’autres liquides de l'organisme immunisé ou infecté, urine, lait, humeur aqueuse, sérosités pleurale, péritonéale, péricardique, exsu- dats divers, etc. On peut les utiliser pour rechercher la réaction, mais le sérum donne des résultats plus constants. Pour la mise en pratique, il est nécessaire d'observer une certaine proportion entre les quantités des divers réactifs employés. Il n’est pas encore possible d'établir des règles générales de technique sur @ point; suivant l'espèce microbienne que l’on vise, les doses à choisir semblent variables ; il en sera question lors de l’étude des principales espèces pour lesquelles la recherche de la réaction paraît surtout être d’un grand intérêt. Il est nécessaire, par contre, avant de disposer l'expérience, de faire une série d'essais, de vérification, des réactifs employés, pour éviter d'importantes causes d'erreur. Il faut s'assurer que les globules ne s’hémolysent pas spontanément, que le sérum normal de cobaye est réellement bien pourvu d'alexine:; on doit enfin opérer d’une facon comparative dans un tube témoin, en remplaçant l’immunsérum par un sérum normal quelconque chauffé aussi à 56°, pour s'assurer que l’alexine, non fixée alors sur l’antigène qui n’a pas élé influencé par sa sensibilisatrice, hémolyse bien les globules rouges employés. Comme exemple, on peut donner la technique établie par Widal et Le Sourd pour la recherche de la réaction de fixation du complément dans le sang des typhiques. On mélange, dans un petittube de 5 centimètres de long sur 7 milli- mètres de large environ, 9 gouttes du sérum du malade, préalablement chauffé une demi-heure à 56°, et 5 gouttes d’une émulsion de Bacrlles typhiques faite en délayant une culture sur gélose de vingt-quatre heures dans 3 à 4 centimètres cubes de solution physiologique; on ajoute 2 gouttes du sérum normal non chauffé; on laisse en contact pendant au moins une heure dans l’étuve à 37°. Ensuite on ajoute 2 gouttes d’un mélange de 1 partie de globules rouges de mouton et 2 parties de sérum de lapin sensibilisé à I égard de ces globules rouges, ainsi qu'il a été dit p. 416, sérum qui a été chauffé à 56° : on laisse une demi-heure à 37°. Si le premier sérum est bien spécifique, est bien un sérum typhique, l'alexine du sérum normal de cobaye sera fixée par les Bacilles d’'Eberth et ne pourra pas produire l'hémolyse dans le système ajouté en second lieu : le liquide ne sera pas coloré, les globules forme- ront un dépôt. Si le sérum n'est pas spécifique, n'est pas du sérum typhique, cette alexine ne se fixera pas sur les microbes, pourra agir sur le système ajouté en second lieu, l'hémolyse se produira ; le liquide sera coloré en rouge, les globules rouges seront détruits. La manière d'agir peut légèrement varier suivant l'espèce ; c'est une courte pratique qui indiquera les proportions les plus favorables pour chacune d'elles. Il en sera question à leur étude particulière. Macé. — Bactériologie, 6e édit. I. — 27 418 MÉTHODES BIOLOGIQUES. La recherche de la réaction de fixation du complément a été appliquée par Wassermann au diagnostic de la syphilis, dans des conditions un peu spéciales qui seront exposées et discutées lors de l'étude du microbe de cette infection. 4° RÉACTION DES ÉLÉMENTS ET DES TISSUS A L'ÉGARD DES TOXINES OU DES MICROBES Lors des infections, il se produit, dans le sang et dans les humeurs des organismes attaqués, des modifications portant sur les éléments figurés qui s’y trouvent. Dans le sang, les divers éléments peuvent être affectés, mais d’une façon quelque peu inconstante. Le nombre des glo- bules rouges diminue d'ordinaire ; il y a hypoglobulie parfois très mar- quée (fièvre jaune, infection puerpérale, rhumatisme articulaire aigu). Mais les variations portent surtout sur les éléments leucocytaires, qui ont ici une très grande importance en raison de leur rôle de défense, particulièrement leur activité phagocytaire. Il semble que, d’une facon générale, il y ait hyperleucocytose, ce qui correspondrait aux vues admises sur le rôle des leucocytes. Il y a cependant des affections microbiennes où l’Aypoleucocylose paraît au moins fréquente, sinon régulière (fièvre ty- phoïde, typhus exanthématique); d'après Achardet Læper(1),onl’observe aussi à la suite d’inoculation de microbes variés, Pneumocoque, Streplo- coque, Bacille de Lœffler, etc.,mais jamaislorsque l’opérationest faite sur des animaux immunisés. Les toxines déterminentaussiune hyperleucocy- tose, souvent considérable comme à la suite d'injection de toxine pyo- cyanique, parfois précédée d’hypoleucocytose passagère, comme avec la toxine diphtérique. Selon le cas, la proportion des divers éléments leucocytaires, surtout pour les lymphocytes, mononucléaires, polynu- cléaires, leucocytes éosinophiles, se modifie : les uns ou les autres prennent la prépondérance. La prédominance de l’un ou l’autre de ces éléments peut donner d’utiles indications. On arrive par l'examen micros- copique ordinaire et la numération de ces éléments, dans les conditions de la technique habituelle, à établir leur moyenne respective; l'ensemble des moyennes constitue la formule cylologique. H semble bien que cette prédominance de l'une ou l’autre des formes soit réellement liée à l’ac- tion du microbe qui doit intervenir et qu'on puisse déduire de sa cons- tatation des indications pour se diriger dans un sens déterminé, orienter un diagnostic, d’où le nom de cytodiagnostic appliqué à la méthode, Ici, on ne peut pas établir encore de données tant soit peu générales; les résultats observés seront exposés à l'étude des espèces intéressantes à ce point de vue. Il en est de même des réactions produites dans les tissus sous l’in- fluence de toxines microbiennes diverses. Alors que, chez les individus normaux, de minimes quantités de Loxine ne déterminent aucune appa- rence de réaction, elles peuvent occasionner, chez les individus atteints d'affection correspondante, une réaction notable, souvent forte et facile à distinguer, qu’on est en droit de considérer comme un véritable phé- nomène d'anaphylaxie. Il peut y avoir là un moyen précieux de dia- gnostic. Les résultats se limitent jusqu'ici à un petit nombre d'espèces, (1) Acnarp et Lorrer, La formule leucocytaire dans quelques infections expérimen- tales (Soc. de Biol., 4 mai 1901). DL, RÉACTION DES ÉLÉMENTS A L'ÉGARD DES MICROBES. 419 surtout le Bacille fuberculeux, secondairement le Bacille lyphique. Les procédés à employer seront exposés en détails lors de l'étude de ces espèces et des quelques autres pour lesquelles on peut en retirer profit. I n’est pas encore possible de généraliser la méthode. C'est aussi ce que l’on peut dire de l'emploi de l’antitoxine spécifique comme moyen de diagnostic microbien, moyen qui peut réussir pour le Bacille de la diphlérie par exemple. En inoculant à un cobaye 1 centi- mètre cube de sérum antidiphtérique, puis, une dizaine d'heures après, de la culture du microbe dont on veut vérifier la nature, il ne se produit pas de réaction locale si l'on a affaire à un Pacille diphtérique vrai, à cause de l'immunité déterminée par le sérum, alors qu’on obtient un œdème plus ou moins prononcé si c'est un Pacille pseudo-diphtérique sur lequel le sérum n'a pas d’action. Cette réaction sérothérapique est une méthode dont l'emploi est très limité encore: mais le fait peut servir d'indication pour d'autres espèces. Ce fait qu'un sérum d'animal immu- nisé à l'égard d'une espèce microbienne neutralise réellement les effets avérés d’un microbe ou d’une toxine microbienne est une preuve convaincante de la présence, dans le milieu que l’on a à examiner, du microbe qui aété employé pour obtenir l'immunisation de l'animal, c'est- à-dire l’antitoxine introduite. TROISIÈME PARTIE CLASSIFICATION ET DESCRIPTION Les très nombreuses espèces de Bactéries sont encore loin d'être toutes connues. Il en reste au contraire bien certainement beaucoup à décrire ; de plus, un grand nombre de celles qui ont été décrites le sont d'une façon insuffisante. Aussi doit-on se garder de tenir comme abso- lues les bases que l’on prend pour établir les groupements proposés. La classification, en effet, ne peut être définitive que lorsqu'on aura décrit, d’une façon suffisamment complète, un bien plus grand nombre d’es- pèces et qu'on aura surtout déterminé pour chacune d'elles toutes les variations que les changements physiques ou chimiques du milieu, les conditions biologiques, peuvent lui faire subir. Malgré ses imperfections évidentes, une classification est nécessaire. Certes, il n’est pas à affirmer que celle qu'on croit la meilleure puisse être vraie dans le sens absolu ; tout se transforme trop rapidement dans cette science pour qu'on puisse être certain de la valeur réelle d'un caractère mis au premier rang à un moment donné. Il faut cependant reconnaître qu'un essai de classification sérieuse, ne la considérât-on même que comme tout à fait transitoire, est d’un très grand secours. Les essais tentés sont assez nombreux. Il faut cependant reconnaître qu'aujourd'hui encore il ne semble pas possible de reconnaître comme supérieure ou définitive l’une ou l’autre des classifications proposées. Les premiers classificateurs, Ehrenberg et Dujardin (Voy. l’/ntroduc- lion, p. 2 et suiv.), s'en tenaient uniquement à la forme apparente. C'est sur ce caractère que ce dernier observateur établit ses trois genres, caractérisés comme il suit : Bacterium : filaments rigides, à mouvements vacillants ; Vibrio : filaments flexibles, à mouvements ondulatoires ; Spirillum.: filaments en hélice, à mouvements rotatoires. Les formes sphériques étaient, pour la plupart, inconnues ; quelques espèces de son groupe des Monades sont cependant des Micrococcus. C'est encore la forme qui sert le plus souvent aujourd'hui de carac- tère dominant aux classificateurs. Est-ce à dire toutefois qu'elle doive avoir une constance absolue ? Certainement non. Les conditions exté- rieures, celles de milieu surlout, influent, nous l’avons vu, considéra- blement sur elle, comme du reste sur les propriétés physiologiques chez beaucoup d'espèces. On doit admettre cependant, et nous insistons sur ce point encore controversé aujourd'hui, qu'il est, pour chaque espèce, une forme en quelque sorte normale, une sorte de moyen terme, autour duquel il peut se produire, dans des limites assez restreintes seulement, des variations en plus ou moins, mais auquel l'espèce revient toujours, CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. 491 lorsqu'on la place dans des conditions de vie déterminées qu'on peut considérer comme normales. Il va sans dire que les variations patholo- giques désignées sous le nom de formes d’involution doivent être com- plètement mises de côté. On peut affirmer, à l'heure présente, avec la probabilité la plus grande, qu'il existe chez les Bactéries des espèces vraies, à caractères fixes, se produisant et se perpétuant sans varier. La chose est absolu- ment hors de doute pour quelques-unes. Les Bacillus anthracts, Bacillus subtilis, Bacillus bulyricus, Bacillus megaterium, entre autres, ont été très complètement étudiés à ce point de vue et suivis pas à pas pendant des cycles évolutifs nombreux par des observateurs des plus sagaces. Il n’est pas possible de nier scientifiquement la connaissance entière de leur développement. Pour décrire, en effet, avec certitude une espèce, el pouvoir affirmer sa fixité, 1l faut observer toutes les phases de son développement, partir de la spore et voir en outre les modifications que peuvent apporter les changements physiques ou chimiques des milieux. Il faut se garder des erreurs dues à des obser- vations trop superficielles ou à une technique imparfaite. Bien des observateurs, victimes d'illusions, ont cru voir des liens réels là où il n'y avait que de simples rapports de juxtaposition. De là des simplifica- tions prématurées, dont le type le plus saisissant est la théorie de la Coccobacteria septica de Billroth. Le classificateur doit tenir compte de tous les caractères que l’on peut observer, et suivre, si c'est possible, en entier le développement, en évitant l'introduction d'éléments étrangers, cause si fréquente d'erreurs. La forme des cellules est un des caractères les plus faciles à appré- cier, en observant les précautions voulues. C’est aussi, quoi qu’on en dise, un des plus constants, à la condition expresse qu'on ne la déler- mine que sur des individus en état de vie normale. Ainsi même, dans la pleine période de végétation, lorsque la division se fait rapidement, des articles produits sont toujours de dimensions moindres que celles qui sont regardées comme normales. En règle générale, on peut considérer comme dimensions typiques celles de l'élément qui va sporuler; ce n’est naturellement applicable qu'aux espèces qui forment des spores. Il existe d’ailleurs toujours des variations individuelles dont il faut prendre la moyenne. Le mode de croissance et de division des individus, les particularités que peuvent présenter leurs différentes parties, sont souvent de grande utilité. La division suivant trois plans de différente direction caractérise on ne peut mieux les Sarcines : la production d’épaisses enveloppes de gelée fait très facilement distinguer les Leuconostoc et Ascococeus. Chez les espèces qui produisent des spores, on trouve dans les carac- tères de ces corps reproducteurs des signes d’une précision et d’une constance remarquables. On ne les connaît malheureusement jusqu'alors que dans un nombre assez restreint d'espèces. La présence ou l’absence des cils vibratiles, leur nombre, leur dispo- sition ont été utilisés comme base de différenciation. Ce caractère ne semble guère avoir la valeur et la constance qu'on a voulu lui attri- buer. L'aspect et le développement des colonies dans les milieux divers fournissent de précieux renseignements. Il faut toutefois avoir grand 429 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. soin de ne comparer que des colonies obtenues sur des milieux de composition identique et de tenir compte des modifications déterminées par différentes conditions étudiées précédemment. Le principal chan- gement est la diminution, plus ou moins rapide suivant l'espèce, de la vitalité des cultures après un certain nombre de générations. Nous savons que parallèlement s’atténuent aussi toute une série de pro- priétés physiologiques importantes, souvent toutes si intimement liées entre elles que lorsqu'une d'elles s’amoindrit les autres diminuent aussi en même proportion. Pasteur a fait très heureusement entrer en ligne l’action physiolo- gique, qu'il considère comme un caractère spécifique de premier ordre. D'après lui, lorsqu'une Bactérie obtenue pure provoque, dans un milieu déterminé, une fermentation ou une action chimique spéciale qui peut se reproduire à nouveau dans des cultures pures, elle doit êlre considérée comme ‘une véritable espèce. Ce caractère, cependant, ne peut pas servir à une détermination absolue, plusieurs espèces, bien différentes, pouvant avoir une action semblable. Il faut alors appelen d’autres signes à son aide. Les exigences particulières de certaines espèces sont parfois d'un très grand secours. Le caractère aérobie ou anaérobie d'une Bactérie est d'autant mieux à remarquer qu'il est très facile à constater, dans les cas typiques du moins. Enfin, l'action sur l'organisme animal peut rendre d'excellents ser- vices. La nocuité ou l'innocuité pour l'organisme et surtout pour tel ou tel animal d'expérience seulement, la nature, la situation, l'étendue des lésions observées, font souvent distinguer des espèces dont les carac- tères de forme et de culture sont identiques. Dans un même ordre d'idées, on a cherché, et avec raison, à faire entrer en ligne de compte, pour la constitution des types spécifiques et pour la diagnose des espèces, les réactions qui se passent dans le sang ou les humeurs de l'homme et des animaux en puissance d’invasion par les microbes eux-mêmes ou l'influence des produits qu'ils sécrètent, de leurs toxines principalement. L'expérience démontre que l’on peut en particulier, dans le but précité, tirer grand profit des actions des sensibilisatrices, des réactions d'agg glutination ou de précipitation, des propriétés des antitoxines, avec toutes les réserves, cependant, qui ont été émises lors del’étude de ces substances (p. 135 et suiv.) et de la tech- nique des réactions qui peuvent les faire distinguer (p. 404). Certaines de ces réactions prraissenten effet n'avoir qu'une spécificité trop relative, trop sujette à caulion, pour qu'on puisse leur reconnaître une valeur absolue. En réalité, par exemple, on ne peut pas considérer la réaction d'ag- glulinalion comme caractère réellement spécifique et surtout comme caractère absolu de diagnose. Si elle fait défaut, il existe de très grandes chances pour que le microbe sur lequelon opère ne doive pas être rapporté à à l'espèce qui a été employée pour obtenir le sérum actif avec lequel l'opération a été faite; si elle s’observe, on ne peut pas affirmer être en présence de l'espèce en question, parce qu'il est avéré aujour- d'hui qu'un sérum donné peut la provoquer dans des cultures d’autres espèces microbiennes que celle qui a servi à l'obtenir, espèces voisines ou très différentes, et qu’ensuite des substances tout autres CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. 423 que les sérums, des produits chimiques divers, peuvent la déterminer également. Seulement, généralement les conditions de production de l'agglutination avec ces deux dernières séries de produits, autres sérums que le sérum spécifique et substances chimiques, sont sensible- ment différentes; en précisant le plus exactement possible les conditions de l'opération, principalement dose de sérum nécessaire ou temps que la réaction met à se produire, il devient possible de tirer plus grand profit du phénomène (1), sans jamais pouvoir toutefois lui attribuer plus qu'une valeur secondaire. La spécificité de la réaction de précipitation est encore moins réelle. La constatalion d'une sensibilisatrice est un caractère beaucoup plus sûr, sa spécificité étant plus certaine. C’est ce qui fait la valeur de la réaction de fixation du complément. Il en est de même de l’action de l'antitoxine, réellement spécifique sur le microbe ou sa toxine (p. 143). La réaction sérothérapique est un caractère très sûr. Aucun des autres caractères invoqués ne saurait avoir l'importance et la constance de celui-ci. Souvent, cependant, une fonction donnée n’est pas assez constante pour servir de base fixe servant à créer des coupes d'une certaine importance, des genres par exemple. Nous avons vu, en effet, que beaucoup de ces manifestations vitales ne pouvaient être considérées que comme des caractères secondaires, contingents, pouvant même dispa- raître complètement à un moment donné sans que la vie même de l’es- pèce soit attente. C’estainsi que bien des espèces chromogènes perdent vite toute propriété de produire du pigment, que des espèces zymogènes deviennent sans action sur les milieux qu'elles font habituellement fer- menter, que des espèces pathogènes même deviennent absolument inoffensives pour les animaux les plus réceptifs à leur égard, se trans- forment, pour ainsi dire, en véritables saprophytes. En général, outre leur contingence, les fonctions diverses, physiologiques, biochimiques ou autres, peuvent rendre de grands services pour la détermination, la fixation des espèces (2) ; elles en rendent bien moins pour la classifica- tion parce que des espèces trop évidemment et fondamentalement différentes peuvent agir d’une façon identique. On se trouve même alors conduit à réunir ensemble des espèces qui possèdent, très marqués, les effets en question, pris comme base de la classification, et des espèces où la fonction, très minime, doit bien cer- tainement être reléguée à un rang très inférieur. C’est ainsi que dans le groupe des Urobactéries de Miquel, à côté d'espèces qui sont des fer- ments énergiques de l'urée, cet auteur a été conduit à placer des espèces très peu actives à ce point de vue, chez lesquelles le caractère, pris comme fondamental, devient difficile à constater, très douteux même et certainement tout à fait secondaire. Il en est de même pour beaucoup d'autres groupements similaires proposés. Ce sont là les gros écueils des classifications dites physiologiques. En résumé, lorsqu'on a isolé une Bactérie qui, au bout de plusieurs (1) GrunBaux, Blood and identification of bacterial species (Science progress, New series, vol. I, n° 5, octobre 1897). (2) Grimserr, Diagnostic des Bactéries par leurs fonctions biochimiques. Paris, 1908, 4924 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. généralions, se reproduit toujours identique à elle-même, dont on a observé le développement de spore à spore, dont les propriétés physio- logiques sont constantes dans les mêmes conditions, on est en droit d'affirmer qu'on est en présence d’une véritable espèce. La constance des caractères que nous voyons être au premier rang n'est cependant pas absolue. Il faut faire la part très grande aux condi- tions de la vie, sous peine d’être amené à séparer des êtres qui doivent être considérés comme semblables. Nous avons vu dans quelles limites et sous quelles influences pouvaient varier les propriétés physiologiques d'une même espèce. La propriété de ferment peut disparaître ; la pro- priété de produire de la couleur, la propriété virulente, peut décroître et s'éteindre; et cependant c'est toujours la même espèce que l’on observe. Mais alors, point important, nous savons qu'il est nécessaire, pour obtenir ce résultat, d'empêcher la formation de spores, c’est-à-dire la véritable extension de l'espèce, et n'obtenir qu'une extension d’indi- vidus par multiplication végétative. La spore qui perpétue l’espèce,qui la continue véritablement, ne s’atténue jamais ; les différentes généra- tions, issues de spores, ne varieront jamais dans leurs caractères. La constance de la forme individuelle doit être envisagée au même point de vue. [ne faut faire entrer en ligne de compte que des individus dont le développement peut être considéré comme s'étant opéré norma- lement. Sous l'influence de changements de milieux ou de certains agents physiques, une espèce qui donne normalement des bâtonnets de dimensions parfaitement fixes et constantes pourra produire des élé- ments-sphériques ou à peu près, qui seront facilement pris pour des : Micrococcus. Une autre formera de longs filaments droits ou irréguliè- rement courbés ou pelotonnés, qui simuleront des Bactéries filamen- teuses ou spiralées. Il est cependant une condition qui servira de guide sûr et aurait dû détourner tout de suite de ces apprécialions fautives : c'est le retour constant à la forme primitive typique, lorsque de tels éléments sont placés dans les conditions de vie que l’on est en droit de considérer comme normales. Inversement, certaines espèces peuvent affecter une forme plus simple et n'offrir le type complet qu'à de rares phases de l’évolution. C'est ainsi que beaucoup de Sarcines ne donnent, dans les cultures sur milieux solides surtout, que des coccus séparés, plus souvent unis par deux, ou parfois par quatre; on n’obtiendra que rarement les paquets caractéristiques. Souvent, il ne sera possible de les rattacher au type duquel elles descendent qu’en usant des commémoratifs, la colonie première, on a dû le constater, montrant la vraie forme, spéciale au genre. C’est encore ainsi que chez de nombreuses espèces de Sprrilles la formeen spirale véritable n'apparaît que dans des conditions spéciales; chez toutesles Bactéries dites en virgules, l'élément ne représente qu'une faible portion de circonférence. C’est en faisant intervenir des agents qui nuisent considérablement à la vitalité de la Bactérie du pus bleu, des antiseptiques énergiques, introduits dans les milieux de culture à dose modérée, que Guignard et Charrin (1) ont obtenu les très intéressantes modifications de formes qu'ils ont décrites et dont il sera parlé plus loin. (1) Guicnarp et Caarriw, Sur les variations morphologiques des microbes (C. R, de l’'Acad. des sc., 5 décembre 1887). +! PTE \ CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. 425 Cette facilité de donner des formes différentes a été considérée, par Fig. 187. — Cladothrir, 900/1. a, portion de filament ramifié : b, ce, d, e, f, q, parties de filaments diversement con- tournés : h, filament segmenté en spores; à, j, k,l,m, n, formes anormales, formes d'involution. beaucoup d’observateurs, comme étant l’état normal et placée au premier Fig. 188. — Bacillus Zopfi, 740/1. — A, filament pelotonné ; B, amas de bâtonnets C, amas de coccus (spores) (d’après Kurth). rang des caractères spécifiques par les partisans du polymorphisme ou pléomorphisme des Bactéries. Pour eux, le nombre des espèces de ce 426 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. groupe est beaucoup plus restreint qu'on n'est porté à le croire: il n'existerait dans la nature qu'un nombre assez limité de formes spéci- fiquement distinctes, qui pourraient chacune revêlir, en véritables protées, toute une série de formes secondaires, dépendant du milieu qui leur serait offert. C'est ainsi qu’une espèce qui, dans certaines condi- lions, aurait des éléments sphériques et devrait dès lors être rangée dans les Micrococcus, pourrait, en végétant différemment, donner des bâtonnets, des filaments droits ou spiralés. Chaque espèce posséderait en quelque sorte un cycle d'évolution plus ou moins complet, à for mes plus ou moins nombreuses, dans lequel elle pourrait se mouvoir au gré des circonstances. Zopf(l)arattachéau développement d'unemêmeespèce, son Cladothrix dichotoma, toute une série de formes en coccus, en bâtonnets, en fila- ments courbés ou spiralés. On a depuis attribué une importance trop générale à cette variété de formes appartenant à un type tout spécial et passablement distinct des autres Bactéries. Les filaments ramifiés, sou- vent en dichotomie régulière, peuvent être droits ou en partie légère- ment courbés ou ondulés, mais non pas véritablement spiralés, comme sur la partie droite de la figure. À un moment donné, la segmentation se fait rapidement ; il se forme, par la segmentation des filaments, des masses rondes auxquelles il ne faut pas donner la signification des coccus, mais plutôt de véritables spores. En examinant les faits sans parti pris, on ne peut vraiment trouver là de raison valide en faveur du polymorphisme, surtout pour la raison suivante : un élément, de forme quelconque du cycle, séparé et mis en culture, fournira toujours du premier coup la forme de filament ramifié, tout à fait caractéristique de cette espèce, celle qui doit être considérée comme normale. Les noms de Micrococcus, Bacillus, Leptothrix. Spirillum, dont on s'est servi pour désigner ces phases diverses qu'offre la même espèce (fig. 187), ne doivent pas être employés avec leur véritable signification, mais dans un sens plus général ; il est préférable de les remplacer par d'autres termes moins spéciaux, ne pouvant pas prêter à confusion, tels que coccus, bâlonnets, filaments droits, courbés ou spirales. Il en est de même pour l’espèce de Bacille décrite par Kurth (2) sous le nom de Baclerium Zopfii. Dans les cultures de cette espèce sur milleux solides, on observe fréquemment de longs filaments pelotonnés, dont certaines parties peuvent présenter des ondulations assez régulières, rappelant la forme des longs Spirilles (fig. 188, A). Après peu de temps, ces filaments se segmentent et se transforment en amas serrés de courts bâtonnets (B). Rien d’anormal jusqu'alors ; nous savons que beaucoup de Bacilles vrais peuvent donner des filaments plus ou moins longs ; de plus, beaucoup de bâtonnets se segmentent en articles courts au moment de produire des spores. Dès que le milieu nutritif est complètement épuisé, les masses primitivement formées de bâtonnets se trouvent cons- lituées par des coccus sphériques qui, d'après l’aveu de Kurth, ne se divisent Jamais, mais, placées dans des conditions favorables, germent en donnant des bâtonnets semblables aux premiers et, de plus, présentent une plus grande résistance que les autres formes aux conditions de (1) Zorr, Die Spaltpilze, p. 107. (2) Kurru, Bacterium Zopfii (Bot. Zeil., 1883). Et CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. 497 chaleur et de dessiccation. Ce sont bien là des caractères de spores. Ces éléments doivent, en effet, être considérés comme tels. Hauser (1) a établi son genre Proleus pour des Bacilles présentant des apparences semblables que l’on observe sous la forme de filaments droits ou ondulés, de courts bâtonnets ou de coccus. Mais, comme dans les recherches précédemment citées de Guignard et Charrin, pour obtenir des variations de formes, il faut placer la Bactérie dans des conditions défavorables, en particulier la faire vivre dans un milieu acide. Les formes décrites comme coccus sont, ici aussi, bien certai- nement des spores ; la forme normale est le bâtonnet. Aucun caractère ne peut encore séparer ces Proteus des Bacilles ; la forme spéciale de leur Zooglée et le lent déplacement de ses ramifications dans les milieux visqueux se retrouvent dans d’autres espèces que personne n'a songé jusqu'ici à soustraire du genre Bacillus. Ces considéralions ne se rapportent pas uniquement aux Bactéries, mais s'adressent tout aussi bien aux êtres plus élevés ; elles trouvent à tout instant leur application dans les classifications. Pour ne citer qu'un exemple, touchant de près au sujet en question, de ce qu'un Penicillium ou un Wucor donne, lorsqu'il végète dans un liquide, des articles arrondis, ovoides ou en courts cylindres, personne ne sera tenté de comprendre ces formes dans son évolution normale. D'un autre côté, il n’est guère possible d'admettre une fixité absolue des caractères que l’on considère comme spécifiques. De nombreux exemples (2) prouvent, au contraire, qu’à côté des caractères physiolo- giques que nous savons variables, les caractères morphologiques eux- mêmes ne nous montrent pas une fixité absolue. Dans des conditions, dont quelques-unes seulement sont déterminées, la forme, les dimensions se modifient, alors que les autres propriétés qui subsistent montrent bien qu'on a affaire à la même espèce. C'est ce qui arrive pour le Bacille pyocyanique dans les expériences de Guignard et Charrin ; c’est ce qui arrive pour d’autres espèces pathogènes où l’on est conduit alors à admettre la présence de types divers dans une même espèce, de véri- tables races. Mais ces modifications ne se produisent que dans des con- dilions déterminées et se Liennent entre certaines limites ; elles ne sup- priment pas la valeur et l'importance du type spécifique normal, pas plus que les races d'animaux obtenues par l'intervention de l'homme ne peuvent infirmer la notion du type spécifique dont elles sont sorties. On est donc en droit actuellement d'affirmer l’existence de véritables espèces chez les Bactéries. Pour étudier ou décrire convenablement une espèce, il est nécessaire d'arriver à constater la plupart de ses carac- tères, tout au moins d'étudier minutieusement ceux qui sont regardés comme étant d’une grande importance, comme fondamentaux. Ilest alors grandement à conseiller de suivre le plan d'étude excellent adopté en 1897 par l'Association américaine (3), dont l'exposé suit, en tenant compte (1) Hauser, Ueber Fäulnissbacterien. Leipzig, 1885. (2) Roner, De la variabilité dans les microbes, au point de vue morphologique et physiologique. Paris, J.-B. Baillière, 1894. (3) Proceedures recommanded for the study of Bacteria with especial reference to greater uniformity in the description and differenciation of species. Being the report of a Committee of bacteriologists to the Committee on the pollution of water supplies of the American public health Association. Concord N. H. (The Rumford Press, 1898). _ 428 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. des doubles emplois qui figurent eten ajoutant des caractères de valeur qui ont été mis en relief depuis. Plan proposé pour l'étude des Bactéries. INDICATIONS ET ÉPREUVES NÉCESSAIRES. I. Origine et habitat. IT. Caractères morphologiques. 1° Forme. 2o Dimensions. 3° Groupement et arrangement dans les cultures. 49 Coloration : a. Par les solutions colorantes aqueuses: b. Par la méthode de Gram. 59 Présence ou absence de capsules. 6° Présence ou absence de cils (motilité). 7° Formation des spores et leurs caractères. So Tendance aux variations de formes. 9° Formes d'involution ou de dégénérescence. III. Caractères biologiques. A. Caractères de culture et développement dans les milieux suivants 1° Bouillon. 2° Plaques de gélatine (colonies en surface et en profondeur). 3° Tubes de gélatine. 4° Plaques de gélose (colonies en surface et en profondeur). 5° Tubes de gélose. 6° Pommes de terre. 7° Lait. $S° Sérum sanguin. B. Phénomènes biochimiques : 1° Action de la température (activité du développement à 189-229 ef à 360-380, Température mortelle). 2° Action de l'oxygène libre (aérobiose et anaérobiose). 3° Action de l'acidité ou de l’alcalinité du milieu. 4° Action sur la gélatine (présence ou absence de liquéfaction). 5° Action sur les protéides (lait et sérum). 6 Action sur les hydrates de carbone (fermentation et production de gaz). 7° Action sur les nitrates. 8° Production d'indol. 9° Production d'acide ou d’alcali. 10° Formation de pigments. 11° Développement d'odeur. C. Action pathogène. ÉPREUVES FACULTATIVES D'UNE UTILITÉ GÉNÉRALE. I: Morphologie. 1° Coloration avec colorants spéciaux. 20 Coloration des cils par colorants spéciaux. 30 Persistance des caractères morphologiques après un long développement et des transplantations successives sur milieux artificiels. 4° Photographie des Bactéries isolées. 5° Préparations par impression. IT. Physiologie. A. Caractères de culture et mode de développement dans les milieux suivants : 19 Gélatine tournesolée. 29 Sérum de Leæffler. 39° Milieux chimiquement définis. B. Caractères biochimiques. 1° Minimum, optimum et maximum de température. 29 Développement dans une atmosphère de gaz inerte. 3° Réaction optima du milieu et limite d'acidité et d’alcalinité (indiquée par la phénolphtaléine). 4° Propriétés chimiques, solubilité et caractères spectroscopiques des pigments. L PA TTT VS PCF, a REA". né CLASSIFICATION ET. DESCRIPTION. 429 C. Action pathogène. 1° Inoculation à divers animaux et étude minutieuse des modifications produites. 2° Production de l’immunité. 3° Réaction d’agglutination. 4° Études des substances toxiques produites (aussi bien pour les espèces non patho gènes que pour les pathogènes). Il faut cependant reconnaître que pour établir une espèce, avec de grandes présomptions au moins, il n’est pas absolument nécessaire de connaître toutes les phases de son développement. Ehrenberg a bien délimité, dans le groupe si nombreux des Infusoires, des genres et des espèces durables, tout en ne connaissant chez eux que la multiplication par division. Il ne faudrait pas croire également que toutes les formes décrites aujourd’hui comme espèces doivent en avoir réellement la valeur. Il est possible que des études approfondies conduisent à rap- procher et à rapporter au même type spécifique des formes que des recherches superficielles avaient tenues éloignées. Mais il est toutefois bien problable qu’on aura plus souvent des résultats inverses à signaler. Beaucoup d'espèces actuelles, c'était déjà l'opinion de Davaine (1), sont des types sous lesquels se cachent plusieurs espèces. En partant de cette dernière idée, on arrive à reconnaître qu'il existe entre diverses catégories d'espèces des ressemblances très marquées et, en les rapprochant, à constituer ce qu’on peut appeler des groupes, où l’on réunit, autour d’une espèce donnée qu'on peut considérer comme chef de file, celles qui semblent s’y rattacher. Quelle peut être la valeur réelle de cette conception ? Ilest difficile de se prononcer actuellement. Ces groupes peuvent être les analogues des sous-familles des classifica- teurs. Ou bien, il peut exister, entre les espèces d'un groupe, des liens plus étroits ; elles peuvent dériver d’un seul et même type primitif, et tendre à s'individualiser par suite de la fixation de certains caractères primitivement transitoires. Tout cela peut, ilest vrai, n’être que de simples hypothèses. Voici les principaux groupements qui paraissent les plus rationnels : Groupe du Bacillus sublilis. Bacillus sublilis. Bacillus lu mescens. Bacillus aslerosporus. Tyrothrix tenuis. Bacillus mesentericus vulqalus. Tyrothrix dislortus. Bacillus mesentericus fuscus. Bacillus megaterium. Bacillus mesentericus ruber. Bacillus mycoides. Bacillus mesentericus niger. Bacillus anthracis. Groupe du Bacillus coli communis. Bacillus coli communis. Bacillus fæcalis alcaligenes. Bacillus typhosus. Bacillus icteroides. Bacilles paratyphiques. Bacille de la psiltacose. Bacillus enteridis. Bacillus lacticus. Bacillus lactis aerogenes. Bacillus actinobacter. Bacillus Friedlaenderi. Divers autres Bacilles capsules. Groupe des Bacilles fluorescents. Bacillus fluorescens liquefaciens. Bacillus syncyanus. Bacillus fluorescens putridus. Bacillus chlororaphis. Bacillus pyocyaneus. (1) Davaixe, Dict. encycl. des sc. méd., art, BacrTÉRIES, 1868. 430 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. Groupe des Proteus. Proteus vulgaris. Proteus Zenkeri. Proteus mirabilis. Bacillus Zopfii. Groupe du Bacillus luberculosis. Bacillus tuberculosis. Bacillus diphleriæ. Bacillus lepræ. Bacille du smegma. Bacillus mallei. Bacilles pseudo-luberculeux divers. Groupe des Seplicémies hémorragiques. Bacille du choléra des poules. Bacille de la seplicémie hémorragique du Bacille de la pneumo-entérite du porc. cheval. Bacille de la peste porcine. Bacille de la peste bovine. Bacille de la septicémie du lapin. Bacilius typhi murium. Bacille de la septicémieides furets. Bacille de la peste bubonique. Bacille de la maladie des chiens. Bacille de l’influenza. Groupe du Vibrion bulyrique. Bacillus bulyricus (type). Bacillus enteritidis sporogenes. Bacillus septicus. Divers Clostridium. Bacillus Chauvæi. Bacillus botulinas. Bacillus tetani. Tyrothrix urocephalum. Bacillus perfringens. Tyrothrix catenula. Bacillus bifermentens sporogenes. Tyrothrix claviformis. Bacillus putrificus coli. Groupe du Streptocoque. Streptocoque. Entérocoque. Pneumocoque. ï Groupe du Gonocoque. Gonocoque et Pseudo-gonocoques. Micrococcus calarrhalis. Méningocoque et Pseudo-méningocoques. Il paraît difficile de pousser plus loin les groupements. La plupart des espèces restent en dehors, c’est la grosse objection à mettre en avant. L'établissement des coupes de degré supérieur est moins absolueencore que celui des espèces. La création d'un de ces groupes, genre ou famille, ne peut se faire avec quelque certitude qu'après connaissance de toutes les unités qui doivent le composer, ou au moins du plus grand nombre d’entre elles. Or, pour ces êtres, on est bien loin d’en être arrivé là ; ilreste certainement plus d'espèces inconnues qu'il en existe de suffisamment bien décrites. Cohn (1), en 1882, a donné un premier essai de classification des Bactéries, basé exclusivement sur la forme apparente. Il en formait quatre tribus : Les Sphérobacltéries, ou Bactéries sphériques, ne renfermant que le genre Micrococcus ; Les Wicrobacléries, ou Bactéries en courts bâtonnets, comprenant le genre Baclterium : Les Desmobacléries, ou Bactéries filamenteuses, avec les genres Bacillus et Vibrio ; : Les Sptrobacléries, ou Bactéries spiralées, avec les deux genres Spirillum et Spirochælte. (1) Coux, Untersuchungen über Bacterien (Beitr. zür Biol. der Pflanzsen, 1° et 2e parties, p. 127, 1882). CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. 431 Plus tard, ce même savant (1), frappé des affinités que certaines Bac- téries présentent avec des Algues de la famille des Oscillariées princi- palement, les réunit dans sa classe des Schizophyles, rangeant dans un même système très compliqué des êtres qui étaient évidemment bien distincts. Ce n’était qu’un premier pas vers une classification rationnelle. Le grand tort en était de séparer par trop des formes voisines comme les Bacterium el Bacillus, Vibrio et Spirillum. Zopf (2) a imaginé un classement en familles, qui tient compte en partie des considérations précédentes, tout en faisant trop grand cas de certains caractères peu précis. C'est la forme qui tient encore le premier rang; vient ensuite la présence ou l'absence des spores, ne pouvant fournir une base bien solide à cause du peu de données certaines que l’on possède ; enfin, comme distinction très importante, il donne ces prétendues variations de formes, sur l'appréciation desquelles on est bien loin de s'entendre. range les Bactéries dans les quatre familles suivantes : 1° Coccacées. Ne possédant que des coccus isolés ou réunis en chaînes. — Pas de spores connues. La division se fait suivant une ou plusieurs directions. Genres : Sfreplococcus, Micrococcus, Merismopedia, Sarcina, Ascococcus. 2° BacréRriaAcÉEs. Possèdent des coccus, des bâtonnets droits ou courbés. On ne peut distinguer aux filaments ni partie basilaire, ni sommet. La division se fait suivant une seule direction. On connaît des spores chez beaucoup. Genres : Bactlerium, Spirillum, Vibrio, Leuconosloc, Bacillus, Clostridium. | | 3° LEPTOTHRICÉES. Des coccus, des bâtonnets et des filaments droits ou courbés, auxquels on trouve une différenciation en partie basilaire et sommet. Les spores sont peu connues. Genres : Leplothrix, Beggiatoa, Crenothrix, Phragmidiothrix. 49 CLADOTHRICÉES. Des coccus, des bâtonnets, des filaments et des formes spiralées. Les filaments sont unis en fausses ramifica- tions. Les spores sont peu connues. Genre : Cladothrix. Bien des objections sont à faire à ce système qui, toutefois, satisfait plus l'esprit que les divers essais de Cohn. Nous avons discuté précé- demment la valeur de ces variations de formes, servant ici de caractère important ; nous n’y reviendrons pas. Des cinq genres de la famille des Coccacées, les trois premiers ne peuvent guère être regardés comme bien distincts à cause de la grande variabilité et de l’inconstance de la disposition des éléments. Le genre Leuconostoc, que Zopf range dans la famille des Bactériacées, présente beaucoup plus d'affinités avec les genres de la famille des Coccacées. La famille des Bactériacées est plus homogène, Le nombre des (1) Coux, Untersuchungen über Bacterien (Beitr.zür Biol. der Pflanzen, 3° partie, p. 202). (2) Zorr, Die Spaltpilze, p. 50. 432 CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. genres doit cependant en être réduit. Il n'est pas possible de séparer un genre Bacterium du genre Bacillus ; les seuls caractères de lon- œueur, sur lesquels il est établi, ont une valeur trop secondaire et ne présentent du reste aucune constance. Le genre Vibrio se confond avec le genre Spirillum. Enfin, le genre Clostridium, créé par Praz- mowski pour le Bacillus butyricus, caractérisé par le renflement des articles à l'endroit où se produit la spore, ne peut guère être maintenu, vu le peu de constance qu'offre cette particularité. Beaucoup de véri- tables Bacillus, en effet, montrent tous les intermédiaires entre le bâton- net sporifére de forme ordinaire et le même article renflé à l'endroit de la spore. Avant d’avoir des notions plus complètes sur un nombre suffi- sant d'espèces, il paraît téméraire de subdiviser un groupe aussi homo- gène que paraît l'être le genre Bacillus. C’est surtout la troisième famille, celle des Leptothricées, qui est mal composée. À côté des Leptothrix, qu'aucun caractère ne sépare des Bactériacées, se trouvent placés des organismes absolument différents des autres Bactéries. Les Beggiatoa et Crenothrix doivent être rappro- chées des Algues et classées près des Oscillariées dont elles ne diffèrent que par l'absence de chlorophylle et du pigment spécial, la phycocyanine. Le Cladothrix dichotoma, tel qu'il est compris par Zopf, est une forme qui fait partie du cycle évolutif d’Algues blanches ; il doit dispa- raître comme type spécial. J'ai repris le nom générique, dès 1888, pour l'appliquer à d'autres formes microbiennes, placées par Cohn dans son voisinage, présentant une ramification vraie des filaments, formes qui ont aussi reeu d’autres dénominations, en particulier celle de Sérep- tothrix, antérieurement attribuée à des Champignons filamenteux, et celle d’'Oospora, déjà appliquée aussi à des Mucédinées bien différentes. Gasperini a, postérieurement toutefois, proposé le nom d’Ac/inomyces qui peut aussi être très bien accepté. Les Cladothrix, comme elles sont comprises ici, paraissent très voi- sines des Leptothrix; la disposition ramifiée des filaments, toute secon- daire, ne suffit pas à légitimer une semblable distinction. Parmi les Cla- dothrix doivent se placer les Actinomyces. En somme, dans le groupe des Bactéries, deux grandes coupes paraissent s'imposer, qu'on peut considérer comme des familles : celle des Coccacées renfermant les espèces à éléments arrondis et celle des 3aclériacées contenant celles à éléments allongés. Dans la première, le genre Micrococcus parait assez net ; il est diffi- cile, à cause des passages, de séparer, comme genres, les S{replocoques et les Diplocoques. Le genre Sarcina, qu'on peut maintenir, a même une transition par les T'étragènes ; il n’est pas possible d'en séparer, comme le fait Migula (1), un genre Planosarcina fondé sur la seule mobilité. Les genres Ascococcus et Leuconostoc sont moins sûrs. Dans la seconde famille, il est difficile jusqu'alors de démembrer le senre Bacillus. On peut en séparer les espèces qui seront étudiées sous le nom d'Ascobacterium. 11 ne semble pas qu'il y ait à maintenir quel- qu'une des divisions, poussées vérilablement à l'excès, proposées par Toni et Trevisan (2), basées toutes sur des caractères de très minime valeur. Même pour leur genre Pasleurella, qui passe dans la pratique (1) Micuca, System der Bakterien, I, 1897; If, 1900. (2) Tox: et Trevisan, Sylloge Schizomycetum, 1889. y CLASSIFICATION ET DESCRIPTION. 433 courante, le caractère séparatif, contenu protoplasmique formant deux amas aux pôles des éléments, ne peut pas être regardé comme ayant une valeur suffisante, parce qu'on le rencontre chez bien d’autres espèces en bâtonnets. Il faut cependant reconnaitre qu'au point de vue physio- logique le groupe paraît assez net ; les Bactéries que l’on y place occa- sionnent des affections similaires, les septlicémies hémorragiques ou pas- leurelloses. Ce sont des désignations utiles à garder, comme nous en avons déjà signalées, mais ne pouvant pas être considérées comme devant être des caractères de valeur générique. Il en est aussi de même pour le genre Corynebacterium de Lehmann et Neumann, établi pour les bätonnets présentant des renflements en massue terminaux, comme le Bacille de la diphtérie; et pour le genre Mycobacterium, créé par les mêmes pour des espèces en bâtonnets pouvant présenter des ramificalions, comme le Bacille de la tuberculose; pour le genre Pseu- domonas de Migula, pour les bâtonnnets à cils polaires. Ce sont des particularités dont la valeur est encore trop peu connue et dont la pro- duction paraît souvent sous la dépendance de conditions de vie trop spéciales, pour qu'on puisse être assuré qu’elles font parte du cycle évolutif normal et en faire des caractères génériques. Au point de vue purement descriptif, il parait encore difficile de dis- linguer du genre Spirillum un genre Vibrio et un genre Spiro- chæle ; les passages entre ces formes, les transitions, sont trop nom- breux et {trop inconstants. En se basant sur les raisons exposées, il semble plus rationnel de diviser le groupe des Bactéries en deux familles de la facon suivante : 1 famille : Coccacées. — Bactéries à éléments normalement sphé- riques se reproduisant d'habitude par division, quelquefois par spores. La division peut se faire suivant une ou plusieurs directions. Genres : 1. Micrococcus, éléments sphériques, isolés, réunis par deux ou plus, disposés en chapelets. . Sarcina, éléments formant des paquets cubiques provenant de la division qui se fait en trois directions. . Ascococcus, éléments réunis en colonies massives, entourées d'épaisses enveloppes de gelée. . Leuconostloc, éléments disposés en chaînes, enveloppées d’une gaine de gelée. : 2° famille : BacrériAcÉEs. — Éléments en bâtonnets plus ou moins longs, parfois en très courts cylindres, ou en filaments. Les arti- cles sont droits ou courbés et ne présentent aucune distinction en partie basilaire et sommet. Beaucoup ont de vraies spores endogènes. Genres : 1. Bacillus, éléments en bâtonnets qui peuvent être courts el trapus ou dont la longueur excède un certain nombre de fois l'épaisseur, 2, Spirillum, éléments courbés, formant souvent une spire à plusieurs tours. 3. Leplothrix, éléments formant des filaments droits, parfois très longs, non ramifiés. 4. Cladothrix, longs filaments présentant des ramifications latérales. Macé. — Bactériologie, 6e édit. I. — 28 12 C9 is 434 COCCACÉES, La classification qui vient d'être exposée est loin de devoir être consi- dérée comme définitive. Elle a surtout pour objet d'exprimer les rapports que l'on sait aujourd’hui exister entre les formes suffisamment décrites, et d'en faciliter la description et la recherche. Sous ce dernier rapport, un groupement tant soit peu rationnel est d'une utilité incontestable. Ce n'est, en effet, qu'en établissant des points de repère plus sûrs et en se conformant, dans les descriptions, aux règles admises pour toutes les classifications, qu’il sera possible de mettre un peu d'ordre dans la liste, déjà bien longue, des espèces connues actuellement. Beaucoup de bons travaux, en particulier, ne donnent pas les résultats que l’on était en droit d'en attendre, par cette raison que leurs auteurs n’ont malheureu- sement pas assez cherché à caractériser les espèces qui ont fait le sujet de leurs recherches, ce qui ne permet pas de les reconnaître facilement. Il est légitime de penser que toutes les classifications proposées Jjus- qu'ici doivent être considérées comme provisoires. 1e FAMILLE. — COCCACÉES. Les cellules des Bactéries qui constituent cette première famille sont normalement sphériques ou légèrement ovoïdes, parfois asymétriques, l’un des côtés étant aplati. On n'observe de formes allongées que dans des conditions tout à fait anormales ; ce sont de véritables formes d’in- volution. La formation de spores n'est connue que chez quelques espèces. Chez le Leuconosloc mesenteroides, certains éléments des chaînes de coccus grandissent, prennent une paroi épaisse et un contenu réfringent, caractères habituels des spores ; ce sont des spores d'un type spécial, des arlhrospores, issues de la transformation totale de l'élément mère. Des endospores ont élé décrites chez quelques autres espèces. Hauser (1) en a observé chez une Surcine, présentant bien net- tement la double coloration propre aux spores d’autres Bactéries et supportant sans périr une température de 100°. Prove (2) signale chez le Micrococcus ochroleucus la formation de spores, qui, à la maturité, ont un diamètre double de celui de l'élément mère. Sauf les trois cas cités, la formation d'éléments reproducteurs résistants et durables n’est connue dans aucune autre espèce. Le procédé habituel de multiplica- tion est la division, qui peut se faire lantôt dans une seule direction, tantôt dans plusieurs (Voy. p. 70). Dans le premier cas, les éléments issus de la division peuvent se séparer, ou rester unis à deux ou plu- sieurs ; ils forment, selon leur disposition, des amas irréguliers, des couples ou des chapelets. Si la division se fait suivant deux plans per- pendiculaires, un élément se partageant crucialement en donne quatre; on obtient alors une petite tablette qui peut être composée d'un grand nombre d'éléments, lorsque le phénomène s’est répété un certain nombre de fois. Enfin, une cellule mère peut se diviser successivement, suivant trois plans perpendiculaires, et donne ainsi huit cellules filles qui restent unies et se multiplient à leur tour de la même façon ; c'est ainsi que se forment les amas cubiques de Sarcines, composés souvent d'un nombre considérable d'éléments. (1) Hawuser, Ueber Lungensarcine (Deutsche Arch. für klin. Med., XLII, 1887, p. 127). (2) Prove, Micrococcus ochroleucus, eine neue chromogene Spaltpilze (Beitr. zur | Biol. der Pflanzen, 1887, 4° vol., 3° p., p. 409). MICROCOCCUS, 435 La famille des Coccacées comprend quatre genres, caractérisés de la facon suivante : 1°" genre : Micrococcus. — Cellules rondes ou ovoïdes, isolées ou réunies par deux, en chapelets d'un nombre variable d'éléments ou en tétrades. La division s'opère suivant une ou deux directions. 2° genre : Sarcina. — Cellules sphériques ou ovoïdes, chez lesquelles la division s'opère dans trois directions et donne alors des masses cubiques plus ou moins volumineuses. 3" genre : Leuconosloc. — Cellules rondes, réunies en chapelets entourés d'une épaisse gaine de gelée : il se forme des arthrospores. 4e genre : Ascococcus. — Cellules rondes, réunies en familles ovoides et irrégulières, enfermées dans une enveloppe épaisse de substance gélatineuse de consistance de cartilage. 1" GENRE : MICROCOCCUS Cou. Le nom générique est de Hallier, qui comprenait sous cette dénomi- nation, à côté des Bactéries sphériques, un grand nombre de formes bien différentes. C'est Cohn qui a fixé ses caractères et lui a assigné les larges limites qu'on peut encore lui reconnaitre aujourd'hui. Les espèces qui le composent ont les cellules sphériques ou légèrement elliptiques, peut-être ovoides, de forme parfaitement régulière ou un peu irrégu- lière; un élément prêt à se diviser peut même avoir la forme d'une ellipse allongée ou d'un court bâtonnet à extrémités arrondies. Les cellules issues de la division se comportent de diverses facons. Elles peuvent se séparer aussitôt, elles forment alors des amas dont les élé- ments n'ont entre eux aucune cohérence, Bien qu'en se séparant dès que la scission est complète, elles peuvent rester accolées les unes aux autres en nombre variable, donnant des figures irrégulières qui ont été com- parées, d'une facon assez peu heureuse, à des grappes de raisin et dénommées pour cette raison Slaphylococcus (org, grappe). Ces cellules filles restent souvent unies deux par deux: chez beaucoup d'espèces qui présentent celte disposition, les éléments isolés sont rares ; on n’y observe généralement que des couples, formés de deux coccus accolés, se comportant en tout point comme s'ils ne constituaient qu'un seul individu ; il faut parfois une grande attention et de puissants objectifs pour se rendre compte de la présence de deux éléments. Cette dernière forme a été appelée Diplococcus (Gimhive, double). Lorsque deux couples s'accolent latéralement, il se forme une tétrade. Les éléments peuvent rester unis en files plus ou moins longues, et former des cha- pelets dont la grandeur varie suivant le nombre des articles qui les cons- lituent; on a donné à cette disposition le nom de S/replococcus (oroertos, sinueux). On a voulu faire de ces particularités de véritables caractères génériques, en leur attribuant une importance qu'ils ne semblent pas avoir, et s’en servir pour établir des coupes dans le genre Wicrococcus tel que nous le comprenons ici. Les rapports qu ‘affectent les éléments les uns avec les autres sont trop souvent sujets à des variations, dont 436 COCÇACÉES. les causes nous échappent encore totalement jusqu'ici, pour qu'on puisse raisonnablement les placer en première ligne. Les conditions de milieu influent considérablement sur elles ; telle espèce qui, cultivée sur un milieu solide, donnera des chaînettes ou des diplococcus, transportée dans un milieu liquide, n'y montrera que des éléments isolés. Du reste, une même espèce peut offrir côte à côte ces trois formes dans une même culture, ce qui prouve bien le rôle secondaire de la disposition des élé- ments pour la classification. Enfin, les mêmes faits se retrouvent abso- lument chez les Bactéries en bâtonnets sans qu'on ait jugé bon de se conformer aux indications qu'ils semblent fournir. La valeur de ces formes est cependant réelle et peut être d'un grand secours dans la diagnose et dans la différenciation, souvent si difficile, d'espèces se ressemblant par leurs caractères de cultures. Les dénominations sont donc à conserver, mais sans attribution de valeur générique. Prove (1) a décrit la formation de spores chez le Micrococcus ochro- leucus, espèce qu'il a isolée de l’urine. Jusqu'alors elles n'étaient connues chez aucune espèce de Micrococcus. Il est probable que les perfectionnements de la technique permettront d’en observer la pro- duction chez d’autres. Citons enfin, comme caractère moins important et moins intéressant à connaitre, le peu de tendance des Micrococcus à former des voiles à la surface des liquides. Ils se précipitent d'habitude au fond du vase en un sédiment plus ou moins consistant, blanc ou coloré. De plus, les espèces mobiles ne présentent presque jamais le mouvement vif et rapide qu'offrent certaines Bactéries en bâtonnets ; le mouvement des WMicro- Coccus est presque toujours une trépidation, qui n’occasionne d’habi- tude qu'un déplacement peu considérable. Pour plus de commodité dans la descriplion des nombreuses espèces de Micrococcus, et uniquement pour faciliter les recherches, nous les grouperons, à l'exemple de Cohn, d’après leur action physiologique. Nous étudierons, dans un premier groupe, les espèces rencontrées dans les maladies de l'hommeet des animaux, en réunissant aux espèces véritablement pathogènes d'autres qui ne paraissent avoir aucune aclion nuisible sur l'organisme malade ou même normal, mais qui ne se rencontrent pas en dehors de lui. Telles sont, par exemple, certaines espèces isolées du pus. Plusieurs espèces, en effet, qui, se trouvant dans l'organisme, semblent n'exercer sur lui aucune action nuisible, peuvent très probablement, par leur pullulation excessive, dans des conditions qui leur sont défavorables, devenir de véritables parasites, génants ou même offensifs. Les Micrococcus qui produisent des pigments sont plus intéressants à étudier ensemble. Dans un troisième groupe, nous com- prendrons les espèces qui occasionnent des fermentations et d’autres dont l’action physiologique est encore inconnue. Nous grouperons donc les espèces du genre Micrococcus sous les rubriques suivantes, auxquelles, répétons- Je, nous n'attribuons aucune valeur dans la classification : 1° Micrococcus pathogènes : 20 Micrococcus chromogènes ; 3° Micrococcus ferments ou à action indifférente. (1) Prove, Micrococcus ochroleucus, eine neue chromogene Spaltpilze (Beitr. zur Biol, der Pflanzen, 1887, 4° vol., 5° p., p. 409). ps Co Qu MICROCOCCUS PATHOGÈNES. MICROCOCCUS PATHOGÈNES. ESPÈCES OCCASIONNANT LA SUPPURATION. La suppuration a été considérée pendant longtemps comme une suite ou une conséquence de l'inflammation des tissus, aboutissant à la né- crose et à l'élimination des parties enflammées. 'est Pasteur (1) quia annoncé le premier, en 1881, que la production du pus pouvait être la conséquence directe de la vie dans les tissus de Bactéries capables d’être multipliées en dehors de l'organisme par des procédés de culture artificiels et reproduisant des allérations semblables lorsqu'on les fait pénétrer par inoculation dans les tissus vivants. En cultivant, dans du bouillon, du pus de furoncles et d’ostéomyélite, il obtint le développement de Microcoques ronds, qui, inoculés aux lapins, reproduisaient chez ces animaux des phénomènes locaux de suppuralion. Peu après, Ogston (2), Rosenbach (3) et Passe (4) isolaient du pus plusieurs espèces de Bactéries, que les caractères des cultures permet taient de distinguer facilement. Des recherches de ces observateurs et d’autres, nombreux, qui vin- rent confirmer les résultats qu'ils avaient annoncés, 1l parut ressortir bien nettement que la suppuration était toujours sous la dépendance directe des microbes. C’est ce que vinrent confirmer encore des expé- riences d'injection, dans les tissus, de substances irritantes, privées de tout germe par une stérilisation soignée ; en première ligne, on doit citer celles de Straus. En introduisant sous la peau de lapins, de rats, de cobayes, des substances irritantes, très diverses, soigneusement stérili- sées, ce savant n'observait jamais de suppuration, sauf dans quelques cas où il s’élait produit une infection accidentelle, car le pus contenait les Bactéries ordinaires de la suppuration. Straus expérimenta avec l'essence de térébenthine, l'huile de croton, l’eau chaude, le mercure, des morceaux de drap ou de moelle de sureau. Toutes les précautions antiseptiques furent prises pour faire pénétrer la substance dans la peau. Ces résultats furent une confirmation de l'opinion, alors en cours, qu'il ne pouvait y avoir production de pus sans microbes. Depuis, des recherches nouvelles ont donné des résultats quelque peu contradictoires, qui doivent faire admettre sur ce point une opinion moins exclusive et prouvent que, dans des conditions particulières, certaines substances, certains composés chimiques, peuvent produire dans un tissu une inflammation suivie de suppuration vraie, sans qu'on uisse faire intervenir une action microbienne. Councilmann (5) le prouve en introduisant sous la peau de lapins de (1) Pasreur, De l'extension de la théorie des germes à l'étiologie de quelques mala- dies communes (C. Ji. de l'Acad. des sc., L. CX, 1880, p. 1033). (2) Ocsrow, Report upon Microorganismen in surgical Disease (The Brilish med. Journ., 12 mars 1881). (3) Rosexsacn, Mikroorganismen bei den Wundinfections Krankheiten der Menschen. Wiesbaden, 1884. (4) Passer, Untersuchungen über die Aetiologie der eitrigen Phlegmone des Menschen. Berlin, 1885. (5) Couxcrzmanx, Zur Aetiologie der Eiterung (Virchow’s Archiv, 1883). : 438 COCCACÉES. petites ampoules de verre très fragiles, remplies d'huile de croton. L'opération est faite avec loutes les précautions antiseptiques possibles; la plaie guérit facilement; le mince corps étranger n’exerce aucune réaction sur les tissus. Après guérison parfaite, l'ampoule est brisée par un choc; le liquide se répand et vient au contact des tissus. Il se forme, à ces endroits, de petits abcès dont le pus, soigneusement examiné, ne montre jamais de Bactéries et reste stérile en cultures. Grawitz (1) est arrivé à la même conclusion en injectant dans les tissus des substances liquides. Les solutions de sublimé corrosif, des acides ou des alcalis étendus, l'alcool fort ou absolu, n’ont déterminé aucune suppuration. Le nitrate d'argent, l'essence de térébenthine ont occasionné la formation d’abcès dans le tissu cellulaire du chien; une solution de cadavérine a produit également de la suppuration. Dans tous ces cas positifs, le pus ne contenait jamais de microbes. Christmas(2) a obtenu des résultats positifs semblables, mais toutefois plus restreints. Dans ses expériences, faites à l'Institut Pasteur, l’es- sence de térébenthine, le mercure, le pétrole, le chlorure de zinc à 10 p. 100, le nitrate d'argent à 5 p. 100, n'ont rien produit, inoculés sous la peau de lapins. Une seule fois l'essence de térébenthine produisit de la suppuration, mais le pus était plein de Miérocoques, ce qui prouvait qu'il y avait eu une contamination accidentelle pendant les opérations. En inoculant les mêmes substances dans la chambre antérieure de l’œii du lapin, même résultat négatif, sauf pour le mer- cure. Cinq centigrammes de mercure stérilisé à 160°, introduits dans la chambre antérieure de l'œil, donnent rapidement lieu à une formation de pus en quantité notable. Les cultures et la recherche microscopique, avant et après coloration, ne décèlent aucune Bactérie. Chez le chien, le même expérimentateur est arrivé à des résultats bien différents, sans doute en raison de la facilité avec laquelle le tissu con- jonctif sous-cutané s'enflamme et suppure chez cet animal. Le nitrate d'argent, l'essence de térébenthine, le mercure, ont donné lieu à une sup- puration abondante et dans quelques cas ont produit de véritables abcès aigus, en tout comparables à ceux qu'occasionnent les microbes habi- tuels du pus. Enfin, des cultures de l’une des Bactéries les plus communes du pus, le Micrococcus pyogenes aureus, stérilisées à 1000, ont rapidement causé chez les chiens des abcès sous-culanés. Ces cultures ne renfermaient aucun microbe revivifiable el le pus formé n’en contenait pas plus. L'effet produit ici est donc dù à une substance sécrétée par le microbe. Ces propriétés pyogènes sont détruites par le chauffage à 1200 dans l'autoclave. Chritsmas à pu isoler la substance pyogène, en précipitant par l’al- cool des bouillons filtrés sur bougie Chamberland. Il se produit un précipité floconneux, qui, lavé à l'alcool puis redissous dans l’eau, pro- duit une très minime suppuration par inoculation dans la chambre antérieure de Pœil du lapin. Grawitz, on l'a vu plus haut, avait déjà obtenu chez le chien de la suppuration sans microbes en injectant sous la peau des solutions de cadavérine. (1) Graw1rz, Virchow's Archiv, t. CVIIL et CX, 1887. (2) Curisrmas, Recherches sur la suppuration (Ann. de l'Inst. Pasteur, II, 1888, p- 469). MICROCOCCUS PATHOGÈNES. 439 Depuis, on a retrouvé, dans les cultures de plusieurs espèces de Bac- téries, de ces substances pyogènes appartenant aux groupes des toxal- bumines ou des plomaïnes. Büchner (1) en a signalé chez des espèces très diverses, entre autres le Pneumocoque de Friedlaender, le Bacille du charbon, le Bacille de la morve. Koch (2) en a découvert une dans les produits de culture du Bacille de la tuberculose. Il semble, d'après cela, qu'on doive considérer la suppuration comme le simple effet d'une réaction des tissus contre certaines substances, composés chimiques ou produits sécrétés par des êtres vivants. Et ces êtres vivants peuvent ne pas être que des Bactéries; d’après Kartulis (3), la suppuration du foie dans la dysenterie serait occasionnée par les Amibes qu'il considère comme l'agent spécifique de l'affection et qui se rencontrent en très grande abondance dans l'intestin. On connaît des Mucédinées pyogènes et des Levures pyogènes (4). Des Protozoaires, des Coccidies, des Myxosporidies peuvent aussi déterminer la suppuration. Quoi qu'il en soit, dans la pratique habituelle, on ne rencontre que des suppurations produites par des microbes; la production du pus est tou- jours liée à la pénétration dans l'organisme de microbes pyogènes. Même dans ce cas, cependant, le pus peut être amicrobien ou plutôt stérile, la suppuration pouvant être la conséquence de produits qui imprègnent les restes de microbes détruits pour une raison ou pour une autre (5). Les expériences pour ou contre le pus sans microbes sont également vraies; elles résultent de la différence dans les animaux d'expérience choisis, car les propriétés chimiotactiques des leucocyÿtes varient avec les espèces, et le mécanisme de la suppuration par les mi- crobes n'est qu'un phénomène de chimiotaxie positive provoqué par leurs toxines ou d’autres substancesirritantes ; les leucocytes sont attirés vers l'endroit en cause, il s'y forme un abcès. La propriété pyogène, on vient déjà de le voir, est dévolue à un assez grand nombre d'espèces de Bactéries. Certaines, très communes dans le pus, sont considérées à juste titre comme étant les véritables agents de la suppuration. La plupartsontdes Micrococcus, ce sont des Micrococcus pyogenes aureus, M. pyogenes albus, M. pyogenes citreus, Micrococcus cereus albus, M. cereus flavus, ces deux derniers n’occasionnant jamais la suppuration par eux-mêmes, mais accompagnant fréquemment les précédents, Micrococcus pyogenes, Micrococcus pyogeneslenuts ; une seule est un court Bacille, Bacillus pyogenes fœtidus (6). Le Bacille typhique, le Colibacille déterminent souvent des suppurations; il en est de même du Gonocoque, du Méningocoque, du Pneumocoque, du Bacille tuber- culeux et d'une série d’autres espèces. Ces espèces paraissent très répandues dans la nature; en dehors des étresqu'ellesattaquent, leurrépartition estcependant peu connue. Pasteur (1) Bücaxer, Berl. klin. Wochenschr., 28 juillet 1890. (2) Kocu, Communications sur le traitement de la tuberculose, 1890 et 1891. (3) Karruus, Ueber tropische Leberabcesse und ihr Verhältniss zur Dysenterie (Virchow’s Archiv, CXVIT, 1890, p. 97). (4) Grasser, Champignon pyogène parasite de l'homme (Arch. de méd. expér., 1893). — Aucné et Le Danrec, Mucédinée pyogène (Arch. de méd. expér., 1895). — Nesczani- MENkO, Zur Pathogenese der Blastomyceten (Centralbl. für Bakt., XXV, 1899, p. 55). (5) Rocer et Boxxer, Suppuration amicrobienne (Soc. méd. des hôpitaux, 5 juillet 1895). (6) Karemwskt, Statistischer Beitrag zur Kenntniss der Eiterungserreger bei Menschen und Thieren (Centralbl. für Bakt., VIT, 1890, p. 113). 440 COCCACÉES. a isolé de l'eau de Seine un Microcoque pyogène, son Vibrion pyogène, qui n’a pas été retrouvé depuis. C’est un coccus ovalaire, disposé sou- vent en diplocoques, dont les cultures, injectées dans le sang, détermi- nent une pyémie typique rapidement mortelle. J'ai signalé dans une eau de puits la présence du Micrococcus cereus albus (1). Plus récemment, Ullmann (2)a signalé la présence du WMicrococcus pyogenes aureus dans l'air, dans l’eau de rivière et de pluie, mais pas dans l’eau de source, dans la glace, dans la terre mais rarement, à la surface des murs. Depuis, on l'a retrouvé un peu partout, à la surface du corps en particulier; il en est de même du S{reptocoque pyogène. Cette large répartition dicte d'emblée quelles grandes précautions il faut prendre lorsqu'on veut éviter l'infection par ces microbes. Les Bactéries pyogènes peuvent évoluer simplement dans des foyers circonscrits, elles ne produisent alors qu'une action locale ; ou bien, du pont primitif d'introduction, se répandre dans la circulation par voie sanguine ou lymphatique et produire des phénomènes graves d’infec- tion, étudiés sous les désignations de pyémie ou de seplicémie. Ces états morbides peuvent être de véritables intoxications dues à l’arrivée dans le sang de produits toxiques, ptomaïnes ou toxalbumines, résidus de” l’activité vitale des Bactéries. Dans d’autres cas, l’action se concentre sur certains organes, loin du point de pé inétration, où il se forme des foyers secondaires d’inflammation, des abcès métastaliques. Ces agents infectieux parviennent dans l'organisme par des voies diverses. La plupart du temps c’est par une solution de continuité, quelque petite qu'elle soit; ce peut être une simple écorchure Lout aussi bien qu'une plaie à grande surface; c'est, dans le cas d'infection puerpérale, la large plaie utérine, produite par la chute du placenta. La peau saine, ne présentant aucune solution de continuité, n'est même pas une barrière absolue opposée à l'invasion; les expériences de Garré (3), qui a pu déterminer sur son bras la formation d’un anthrax, en frottant simplement la peau de cette partie avec une culture pure d'ostéomyélite, le prouvent amplement. Les Bactéries pénètrent alors en premier lieu dans les canaux excréteurs des glandes cutanées et, de là, envahissent les couches profondes. Souvent l'effet est immédiat; dans les aulo-inoculations de Garré, l’inflammation a atteint en quel- ques jours son summum d'intensité. Parfois, au contraire, les accidents déterminés par l'infection primitive sont nuls ou peu appréciables : les germes pathogènes sommeillent pour ainsi dire dans l'organisme jusqu’à ce que se produisent des modifications spéciales qui en provoquent la pullulation. C’est ainsi, d’après Verneuil (4), qu'une simple contusion, sans la moindre déchirure, même superficielle, provoquerait l'appari- tion d’une ostéomyélite dont les germes seraient depuis longtemps enfermés dans l'organisme en état de microbisme lalent. Nous savons, par les recherches de Duclaux (5), que les Bactéries, lorsqu'on écarte les conditions de végétalion qui les affaiblissent, lorsqu'on les conserve (1) Macé, Ann. d’hygq., 1888. (2) Uczmanxx, Die Fundorte der Staphylokokken (Zeilschr. für Hyviene, IV, 1888). (3) Garné, Zur Aetiologie acut. eïtriger Entzundungen (Forlsck , der Med., 1885, n° 6). — Soc, Pathogénie de la suppuration (Congrès franç. de hir., 1885). (4) Verneurz, Du parasitisme microbique latent (Bull. de l'Acad. de méd., 1886). (5) Ducraux, Chimie biologique. AL À À MICROCOCCUS PYOGENES AUREUS. 4A par exemple dans un milieu nutritif épuisé en ne laissant à leur dispo- sition qu'une proportion très faible d'oxygène, conservent pendant un temps très long leur puissance végétative et leur virulence. Or, la même protection peut leur être donnée dans l'organisme, où elles conservent alors longtemps leurs propriétés pathogènes, qui peuvent se manifester dès que se produisent des circonstances favorables au développement. MICROCOCCUS PYOGENES AUREUS Rosexsacu. (Staphylococcus pyogenes aureus ; Staphylocoque doré.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL. VII. Ce microbe a été isolé et cultivé la première fois par Pasteur (1) qui, en 1878, l’a isolé de l’eau de Seine et du pus de furoncle et d’ostéo- myélile sous le nom de Vibrion pyogénique. I a été bien décrit par Ogston (2),en 1881, qui lui a attribué le nom de Staphylocoque, et surtout par Rosenbach (3) en 1884. Il a fait depuis l'objet de bien des travaux. C’est certainement l'espèce la plus fréquente dans le pus. MORPHOLOGIE Caractères microscopiques. — Ce sont des coccus sphériques, Fig, 189. — Micrococcus pyogenes aureus, d’une culture sur gélose. mesurant de 0,6 y à 1,2 w de diamètre, isolés, parfois en diplocoques, dis- posés par quatre ou rarement en courtes chaînes irrégulières, à trois ou (1) Pasreur, Le microbe du furoncle et de l'ostéomyélite trouvé dans l'eau (C. R. de Ll'Acad. des sc., t. LXXXIX, 1878, p. 1033). (2) Ocsron, loc. cit., p. 437. (3) Rosensacn, loc. cit., p. 437. 449 COCCACÉES. quatre articles au plus, loujours immobiles; le plus souvent, ils se groupent en amas irréguliers, qui ont été comparés à des grappes de raisin à cause de l'accolement régulier des grains, d’où le nom de Staphylococcus proposé comme désignation générique (p. 435) et la dénomination très usitée de Sla- FE re phylocoque. La figure 189 repré- À ete sente les dispositions qu'affectent É é habituellement les éléments grou- pés ensemble. Les amas sont sou- er © © : vent constitués par: un nombre ÿ © EYE plus ou moins grand de coccus, “56 SE comme indique la figure 190 qui F) “el : te) reproduit l'apparence habituelle du . pus à Staphylocoques. Quelques microbes sont parfois contenus 5 LD je te “3/2 dans l'intérieur des globules du Ë ne pus. | és Coloration.— Le Staphylocoque Fig, 190, — Micrococcus pyogenes aureu®. doré se colore parfaitement avec Pus de panaris. les couleurs d’aniline et ne se déco- lore pas par la méthode de Gram. Cultures. — Les cultures s'obliennent facilement sur les milieux habituels. CULTURES EN BOUILLON. — Ensemencée dans du bouillon, cette espèce le trouble très rapidement à 30°; ilse forme au fond du ballon un dépôt peu abondant, d'abord blanc, puis jaunâtre. Le liquide reste toujours trouble. Les cultures sur milieux solides sont autrement caractéristiques. CULTURES SUR GÉLATINE. — Le Micro- coccus pyogenes aureus liquéfie rapide- ment la gélatine. 19 Cullure sur plaques. — En culture DE An re non cire plaques, il donne, au boul de qua- STE rante-huit heures à une température de Cultures sur plaques: 1, colonie de 18°-20°, de petites colonies rondes, grisà- 48 heures : 2, colonie de 5 jours. tres, qui apparaissent, à un faible gros- sissement, comme depetits disques d'un brun jaune clair à la lumière transmise et d’un beau jaune d’or brillant sur fond noir ; le contenu en est granuleux et les bords très nets (fig. 191, /). La colonie s'étend peu à peu et, après quatre ou cinq Jours, elle est formée d'une partie centrale foncée, opaque, qui représente la colonie primitive, et d'une zone annulaire formée de gélaline liquéfiée trouble (fig. 191, 2). La liquéfaction s'étend et produit bientôt dans la gélatine un large creux contenant un liquide trouble parfois légè- rement jaunâtre. Les cultures sur plaques développent dès le second jour une odeur pénétrante rappelant celle du lait asgri. 20 Cullure en piqûre. — En piqûre dans un tube de gélatine, le dévelop- pement est plus rapide encore. Après vingt-quatre heures à 20°, une masse granuleuse jaunâtre remplit le canal de la piqûre dans sa plus srande longueur; on n’observe presque rien à la surface. En quarante- MICROCOCCUS PYOGENES AUREUS. 443 huit heures, il s'est formé une cupule de liquéfaction très nette, pleine d'un liquide blanchâtre trouble; les peliles colonies qui se sont formées dans le sillon de la piqûre ne progressent guère. Du troisième au cin- quième jour, la cupule de liquéfaction grandit et atteint les bords du tube (fig. 192), le liquide est laileux, d’un blanc jaune. Du sixième au septième jour, un centimètre environ de la gelée est liquéfié. La liquéfaction ne marche plus que très lentement et s'arrête souvent à une bonne distance du fond de la masse de gelée, probablement à cause du manque d'oxygène. La culture a l'aspect représenté figure 193. A la partie supérieure se trouve une couche liquide, très trouble, légè- rement visqueuse, que peut surmonter parfois une pellicule irrégulière blanche ou jaunâtre, très visqueuse, s'étirant en longs fils lorsqu'on la touche avec laiguille de platine. Sur la gelée restée solide, se trouve un dépôt jaune-orange épais. Dars le reste du canal, on voit, comme au début, de peti- tes colonies grisâtres et quelquefois de petitsamas müriformes de couleur jaune d'or. La liquéfaction- peut cependant tarder à se produire. Si l’on se borne à tou- cher simplement la sur- face de la gélatine avec l'aiguille chargée de la substance à ensemencer, il se produit une forme de culture assez spéciale, re- présentée par la figure 194. Fig. 192, — Cul- Fig. 193. — Cul- Fig.194.— Micro- tures de Micro- coccus pyoge- tures de Micro- nesaureus.Cul- On observe, au bout de quelques jours, un sac de liquéfaction toujours irré- gulier et présentant un COCCUS pyote- nes auTreus, Sur gélatine, en pi- qûre profonde, coccus pyoge- nes aureus,Sur gélatine, en pi- qûre profonde. ture sur gélati- ne après simple piqüre superfi- cielle. ou deux étranglements peu prononcés qui le rendent asymétrique. La gélatine liquéfiée est trouble, il existe à la pointe du sac une petite masse floconneuse d'un blanc jaunâtre. CULTURE SUR GÉLOSE. — Sur gélose en strie, il se forme d’abord le long de la ligne d'inoculation de petites colonies blanches qui confluent bientôt el forment une bande mince et lisse, se colorant en jaune-orange, rappelant assez bien un large trait de couleur à l'huile de cette nuance. La culture continue à croître pendant longtemps. On obtient au bout de quelques semaines une épaisse culture d'apparence grumeleuse, d'un jaune orangé brillant, dont les bords ondulés peuvent être blan- 444 COCCACÉES. châtres. En vieillissant, la partie centrale devient mamelonnée ou est partagée par des sillons longitudinaux. L’épaisseur, du reste, varie beaucoup suivant la semence employée (Voy. fig. 168, p. 326). CULTURE SUR POMME DE TERRE. — Sur pomme de terre, cette Bac- térie donne une couche épaisse, jaune d'or ou jaune-orange. | CULTURE DANS LE LAIT. — Dans le lait, où il croît très bien, ce microbe produit de l'acide lactique qui coagule bientôt le liquide. CULTURE SUR SÉRUM COAGULÉ, — 7 donne une cullure assez épaisse, blanche au début, se colorant peu à peu en jaune orangé. CULTURE SUR ARTICHAUT. — Les cultures sont peu abondantes : elles sont formées de petites colonies sèches, bien isolées, jaune ocracé: le milieu ne verdit pas. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES Vitalité. — C'est un anaérobie facultatif qui semble avoir son opt- mum de température vers 370-380 ; il cesse de croître vers 44°. Dans les cultures, il est tué par une température de 580-620 en dix minutes, en une minute et demie à 80° (Sternberg) : protégé par de la matière albu- minoïde, il résiste même quelques minutes à 1000, On doit le regarder comme assez résistant en général à l’action de la chaleur. Par contre, il pourrait encore végéter vers 6° à 8°. L'action des antiseptiques sur ce microbe parait être assez variable (1) (Voy. p. 85). Il serait tué en dix minutes par le sublimé à 1 p. 1000, ou, pour d’autres auteurs, seulement après trois à cinq heures ; en une heure par l’aldéhyde formique à 1 p.100, en vingt-quatre heures à 1 p. 1000 ; en quinze à trente minutes par l'acide phénique à 1 p. 100; en deux mi- nutes à 3 p. 100, presque instantanément à 5 p. 100. La lumière solaire directe diminue rapidement sa virulence (p. 10). Il résiste beaucoup à la dessiccation. En général, sa résistance aux causes de destruction paraît êlre assez grande. Les cultures conservent très longtemps leur vitalité; elles peuvent encore fertiliser de nouveaux milieux après plus d'un an d'existence : ces vieilles cultures, ensemencées à nouveau sur gélatine, la liquéfient beaucoup plus lentement, souvent seulement après un long temps, mais donnent cependant des ensemencements fertiles. Dans des cadavres d'animaux, Klein l’a retrouvé vivant après quatre semaines, mais plus de six à huit. Virulence. -- Elle est d'habitude bien marquée chez un microbe obtenu récemment des lésions de l'homme ou d'animaux; parfois cependant elle est faible. En culture dans les milieux habituels, elle se conserve en général assez longtemps; parfois elle s'atténue assez vite. D'après Budjwid (2) et autres (3), la présence de glucose dans les milieux exalterait la virulence du microbe. (1) Tarnier et VicnaL, Recherches expérimentales sur l’action de quelques antisep- tiques sur le Streptocoque et le Staphylocoque pyogènes (Arch. de méd. expér., I, 1390, p. 469). (2) Buoswin, Traubenzucker als Ursache der Eiterung neben Staphylococcus aureus (Centralbl. für Bakt., IV, 1888, p. 571). (3) Nicoras, Influence de la glucose sur le pouvoir pyogëne et la virulence générale du Staphylococcus pyogenes aureus (Arch. de méd. expér., 1896). » | { MICROCOCCUS PYOGENES AUREUS. : 445 Produits formés dans les cultures. — Odeur. — Toutes les cul- tures développent une odeur aigre spéciale qui se percoit au bout de très peu de temps. Dans les cultures jeunes, l'odeur est celle de la colle de farine fermentée; dans les vieilles, c'est celle du lait aigri. Matière colorante. — La matière colorante jaune orangé ne se produit qu'à l’air, au mieux vers 20°; sousune couche d'huile, la culture progresse lentement, mais reste blanche. Après plusieurs générations, la colora- lion se fait moins vite et plus difficilement; souvent même le centre seul de la culture se colore, la périphérie reste blanche. Cette matière colo- rante donne bien nettement, à l’état sec, la réaction des lipochromes avec l'acide nitrique (p. 170); elle est insoluble dans l’eau, légèrement soluble dans l'alcool, l’éther, le chloroforme, l’acétone, le benzène. Produits divers. — Y produit une notable quantité d'acides aux dé- pens des matières sucrées (1). En présence de lactose, il forme princi- palement de l'acide lactique et parfois de l'acide sébacique; la dextrose donne de l'acide lactique, de l'acide acétique et de l'acide valérianique. Avec la glycérine, on trouve de l'acide lactique, des acides isobutyrique, valérianique et propionique. Il sécrète des ferments pepsiques, comme le montrent la liquéfaction de la gélatine et la peptonisation du blanc d'œuf. Aux dépens des albuminoïdes, il formerait de l'ammoniaque. Il donne rapidement une notable proportion d'hydrogène sulfuré. Dans les bouillons renfermant 1 p. 100 d’azotates alcalins, il forme des nitrites. D'après Kitasalo, il ne ferait pas d'indol: d'autres observateurs disent qu'on en rencontre un peu dans ses cultures âgées. Produits loxiques. — Les cultures renferment des produits toxiques. En exposant des bouillons de culture âgés de vingt à vingt-cinq jours à une température de 55° pendant vingt-quatre heures, Lous les microbes sont Lués, comme on peut s’en assurer par l'ensemencement ; le liquide est modérément toxique pour le chien et le lapin. La filtration sur bou- gie donne le même résultat, mais la toxicité du liquide est encore moindre, parce que la bougie retient une forte proportion de substance aclive. Brieger (2) a isolé, de culture sur bouillie de viande de cette espèce, de petites quantités d'une base organique, qui ne lui a montré aucun effet toxique. Le chlorhydrate de cette ptomaïne cristallise en aiguilles incolores non altérables à l'air. Leber(3) a retiré de cultures une substance cristallisable, soluble dans l'alcool, déterminant rapidement, lorsqu'on l'injecte en faible quantité dans les tissus, une inflammation suppurative aboutissant à la nécrose. I l'a nommée phoglosine. Elle est bien distincte de celle obtenue par 3rieger ; elle ne contient pas d'azote. Nous avons vu que Christmas (4) avait rencontré dans ses cultures une substance soluble dans l’eau, pré- cipitable par l'alcool, se détruisant à 1200, ressemblant aux diastases ; elle détermine une légère suppuration, inoculée dans la chambre anté- dieure de l'œil du lapin (p. 438). (1) AcnarD et Gaïcrarp, Contribution à l'étude biochimique des genres Tétragène et Staphylocoque (Arch. de méd. expér., XI, 1899, p. 96). (2) BrieGer, Microbes, ptomaïnes et maladies, traduct, Paris, 188$. (3) Lesrr, Ueber die Enstehung des Entzündung (Forlschr. der Med., 1888, ne 2). (4) Curisrmas, Recherches sur la suppuration (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1888). 446 COCCACÉES, D’après Rodet et Courmont (1), les bouillons de culture âgés d’une vingtaine de jours renferment plusieurs substances toxiques de pro- priélés différentes. Les unes sont précipitables par l'alcool et appartien- nent probablement au groupe des toxalbumines ; les autres, solubles dans l'alcool, représentent sans doute les produits obtenus par Brieger et Leber. Ce sont sur tout les premières qui sont toxiques ; cependant, d'après Courmont (2), l'alcool précipite une substance à action vaccinante manifeste. Ces produits toxiques sont remarquables parleurs effets res- piratoires et tétaniques. Les substances solubles dans l'alcool, à effets anesthésiques marqués, bien que très toxiques également, seraient plutôt des antagonistes des précédentes ; elles produisent chez le chien l’abais- sement de la température et la mort par arrêt du cœur. Nous avons déjà vu que Courmont avait reconnu, dans les produits solubles dans l'alcool, la présence d’une substance prédisposante à l'égard de l'infec- lion par ce même microbe {p. 127). Les expériences de Mosny et Marcano (3) démontrent que l'inocula- tion intraveineuse au lapin de bouillons de culture stérilisés par filtra- ton, à la dose de 10 centimètres cubes, tue l'animal en quelques secondes; à dose faible, 1 ou 2 centimètres cubes, il y a survie, assez longue au moins. Ces animaux qui survivent ne sont jamais vaccinés ; bien au contraire, ils semblent plulôt prédisposés à l'infection par le Staphylocoque virulent. La plupart du temps, ils maigrissent, deviennent cachectiques et meurent en cinq ou six semaines, en présentant à l’au- topsie de nombreux petits abcès des parois intestinales et une péritonite purulente. Dans le pus, on ne rencontre que les microbes habituels de l'intestin; la toxine a donc provoqué le passage des microbes du contenu intestinal : à travers les parois. La loirtne staphylococcique contiendrait une leucocidine à action éner- gique, d’après Van de Velde (4), Bail (5) et Lingelsheim (6). Neisser et Wechsberg (7) y signalent en outre une hémolysine (staphylolysine) ; en ajoutant une goutte de sang de lapin à une petite quantité de eul- ture en bouillon, filtrée ou non, l'hémolyse est complète souvent après quelques heures, parfois seulement après plusieurs jours. INOCULATION EXPÉRIMENTALE Le Slaphylocoque pyogène doré est pathogène pour la plupart des animaux; c'est le lapin qui parait être le plus réceptif et, par consé- quent, l’ animal de choix pour l'expérimentalion. Le cobaye se comporte à peu près comme le lapin, mais est moins sensible que lui. Le chien, la souris, le rat ont été inoculés avec succès. (1) Rover et Courmowr, Étude expérimentale des substances solubles toxiques élaborées par le Staphylocoque pyogène (Revue de méd., XIII, 1893, p. 84). (21 Couruoxr, Etude sur les substances solubles prédisposant à l’action pathogène de leurs microbes producteurs (Revue de méd., XI, p. 842). (3) Mosxx et Marcaxo, Toxine du Staphylocoque pyogène (C. R. de l’Acad. des sc., CXIX, 1894, p. 962). (4) Van pe VeLve, Étude sur le mécanisme de virulence du Staphylocoque pyogène (La Cellule, X, fase. 2). (5) Bair, Uéber leucocide Substanzen in der Stoffwechselprodukten von Staphylo- coccus pyogenes aureus (Zei{schr. für Hygiene, XXX). (6) LixGezsnem, Aetiologie und Therapie der Staphylokokken-Infection. Berlin, 1900. (7) Neisser et Wecas8erG, Ueber das Staphylotoxin (Zecitschr. für Hygiene, XXX VI, 1901, p. 299). | MICRÔCOCCUS PYOGENES AUREUS. 447 . Les cultures sont virulentes et conservent d'ordinaire longtemps leur pouvoir infectieux; d'autres fois, elles s’atténuent assez vite. Les inocu- lations faites sous la peau ne donnent la plupart du temps qu'une in- flammation qui reste localisée. Il se forme, à l'endroit choisi, un abcès plus ou moins gros qui guérit facilement. Si même la quantité de ma- üère introduite est faible, l'effet peut être très peu marqué. Garré, on s’en souvient, n'a déterminé que des accidents locaux en oignant son bras d'une forte quantité de produit de cultures fraiches. Parfois cependant l'infection se généralise et la mort s'ensuitavecles symptômes typiques de la pyémie. L'injection intrapéritonéale détermine une péri- tonite purulente rapidement mortelle. En inoculation intraveineuse, le parasite se répand par la voie sanguine dans tout l'organisme et produit son action nécrobiotique dans des endroits divers, en se localisant sur- tout à certaines places de prédilection. C’est ainsi qu'il s’amasse sou- vent dans les reins, en produisant une véritable népbrite septique. La septicémie ainsi produite tue le lapin en un laps de temps qui varie entre vingt-quatre et quarante-huil heures. D'après Rodet (1), injecté dans le sang, il montre une véritable préférence pour les os, et là agit spécialement sur les parties de plus rapide accroissement; 1l y déter- mine, chez le lapin, des lésions d’ostéite juxta-épiphysaire comparables à celles de la maladie humaine. Ce même expérimentateur est parvenu à produire une sorte d'ostéomyélite en combinant avec l’inoculation intraveineuse une lésion traumatique des os. Wyssokowitsch (2), Rib- bert (3), Bonome (4) ont produit chez les lapins des endocardites, en leur injectant dans les veines des bouillons de cultures; les lésions siégeaient surtout au niveau des valvules, sur lesquelles s'observaient souvent des ulcérations ou des végétations très apparentes. Les localisa- tions peuvent être nombreuses, l’état devient alors très grave. IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE Rodet et Courmont (5) ont obtenu une immunité marquée par les pro- duils vaccinants solubles dans l'alcool et par l’inoculalion sous-cutanée répétée de cultures jeunes entières. Le sérum des animaux ainsi immu- nisés leur a paru atténuer la virulence du microbe. Viquerat (6) et Kosc (7) disent avoir obtenu un sérum préventif contre l’inoculation niraveineuse du Slaphylocoque. Parascandolo (8) vaccine des animaux à l’aide de cultures très virulentes faites dans des bouillons sucrés; ces (1) Roper, Études expérimentales sur l'ostéomyélite infectieuse (C. R. de l’Acad. des se., XCVIII, 1884, p. 569). (2 )) Wxssorowirsc, Ueber die Schicksale der in’s Blut injectiren Microorganismen (Zeilschr. für Hygiene, I p., p. 3). (3) Risserr, Ueber experimentell erzeugte Endocarditis (Berlin. klin. Wochenschr. 1886, p. 490). (4) Bowowe, Contribution à l'étude des Staphylocoques pyogènes (Arch. ilal, de Biol., VIII, fasc. I, p: 10). (5) CouRMONT, Des propriétés bactéricides ou microbiophiles du sérum de lapin (Arch. de physiol., 1885). ‘ (6) ViqueraT, Das Staphylokokkenheilserum (Zeitschr. für Hygiene, XVII, 1895). (7) Kosc, Serum antistaphylococcium (Centralbl, für Bakt., 1 Abth., XXVI, 1876, p. 648). (8) Parascanpoo, Expériences sérothérapeutiques contre:les infections par les microbes pyogènes et contre l’érysipèle (Arch. de méd. expér., mai 1896, p. 320), 448 COCCACÉES. cultures sont stérilisées par addition de 5 p.100 d'acide phénique et injectées à doses progressivement croissantes. Le sérum de ces animaux neutralise, in vitro, les toxines et les microbes et est préventif et cura- tif à l'égard desinfections à Staphylocoques. Le même expérimentateur a cultivé ensemble plusieurs espèces pyogènes et obtenu un sérum effi- cace contre des associations qui se rencontrent souvent dans les infec- tions. Les sérums anlistaphylococciques obtenus sont encore trop faibles pour être utilement employés en thérapeutique (1); certains paraissent cependant doués de propriétés bactéricides m marquées à l'égard du mi- crobe et d’une certaine action atténuante vis-à-vis de l'infection qu'il détermine (2). Wright (3) dit obtenir de bons résullats dans le traitement des affec- tions staphylococciques par l'emploi de vaccins préparés à l’aide de cultures atténuées. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE On le trouve dans beaucoup de suppurations, en particulier dans le pus des furoncles, des anthrax, de l’'ostéomyélite, de beaucoup de phlegmons, dé l’'empyème souvent. Il est fréquent dansles abcès divers(77 fois sur 100, d’après Janowski). On le retrouve dans bien des cas d'’otites, de conjonctivites, de paroti- dites; dans le pus de certaines cystites et urétrites ; dans le pus de cer- taines pleurésies purulentes (4). Pénétrant dans le sang, il peut déterminer de l'infection purulente, de l'endocardite ulcéreuse, etc. D’après Rosenbach, il se trouverait sur- tout dans le pus de teinte jaunâtre. Garré (5) l’a signalé dans le sang d’un malade affecté d'ostéomyélite. Il a été rencontré dans le tartre den- taire et l’enduit lingual, par Vignal (6), où il est peut-être en rapport avec la présence de dents cariées, et existe très souvent sur la peau à l'état normal ; on l’a souvent constaté sous les ongles. Il se trouve fréquemment en association avec d’autres microbes pa- thogènes, avec le Sfreplocoque pyogène, avec le Bacille de la morve, avec le Pneumocoque, le Bacille de l’influenza, le Bacille lyphique, le Bacille de la pourriture d'hôpital, le Bacille de la tubere ulose, modi- fiant plus ou moins les processus déterminés habituellement par ces microbes. (1) Mircour, Heiïlserum gegen Staphylococcus (Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p- 69). — Bair, Berlin. klin. Wochenschr., 17 octobre 1898. — Pgrersen, Ueber Im- munisierung und Serumtherapie bei der Staphylomycose. Thèse de Heidelberg, 1897. (2) J. Courmonr, Sur les propriétés bactéricides ou microbiophiles du sérum de lapin, suivant que cet animal est vacciné contre le Staphylocoque pyogène ou prédis- posé à cette infection (Arch. de physiol., 1895). — Nicozas et Lesreur, Étude sur le pouvoir bactéricide et atténuant pour le Staphylocoque pyogène du sérum d'une chèvre vaccinée avec des cultures de cet agent microbien (Soc. de Biol., 26 janvier 1901).— Doxex, Sérothérapie antistaphylococcique (Bull. de l’Acad. de méd., 29 juillet 1902). (3) WnGur, On the treatment of acne, furonculosis and sycosis by therapeutic inoculation of Staphylococcus vaccine (Bril. med. Journ., 1904, n° 2262). (4) G. Gross, Sur deux cas de pleurésie purulente à Staphylocoques dorés purs (Gazette hebd. de méd. el de chir.;, 11 décembre 1898). (>) GarRRÉ, loc. cil., p. 440 (6) Vicxar, Recherches sur les microorganismes de la bouche (Arch. de physiol., 1886, n° 8, p. 366). MICROCOCCUS PYOGENES AUREUS. 449 Dans le milieu extérieur, il paraît être commun. Pasteur l’a signalé depuis longtemps dans l’eau. Il est très répandu dans des milieux natu- rels les plus variés, sur la peau de l’homme et des animaux, dans l'air, les eaux, les poussières, etc. Il est fréquent dans la bouche, dans la sa- live, dans le contenu intestinal, dans la bile normale. D'après Achard et Phulpin, c’est le microbe qui envahit le plus rapidement le cadavre après la mort, devançant souvent les espèces de putréfaclion. Denys (1) a signalé sa présence en abondance dans une viande ayant causé chez les consommateurs des symptômes d'intoxication. On a rencontré ce même microbe dans le pus d’abcès de beaucoup de mammifères et de suppurations d'oiseaux. Lucet (2) l'a trouvé comme cause d’une épidémie d'ostéo-arthrile infectieuse chez de jeunes oies et a pu reproduire avec des cullures pures la même épidémie chez des oisons. Charrin le donne même comme la cause d’une maladie épidé- mique ayant sévi sur les goujons du Rhône, ce qui démontre que les animaux à sang froid ne sont même pas à l'abri de ses atteintes. Il joue un rôle considérable en pathologie, et en pathologie humaine principalement. C’est l'agent le plus commun des suppurations, de la pyémie. Il vient compliquer un grand nombre de maladies infeclieuses occasionnant des infections secondaires; en particulier l'association de ce microbe avec le Bacille de Læffler dans la diphtérie est d’un pronostic plutôt grave. En dermatologie, on doit lui attribuer une grande importance; il est des plus commun, associé souvent avec d’autres microbes saprophytes, quelquefois avec des pathogènes, dans bien des lésions cutanées, impé- Ugo, acné, dermalites diverses. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC On le trouve facilement dans le pus, dans le sang ; sur les préparations traitées par la méthode de Gram, il garde la coloration. Une certitude plus grande est donnée par les ensemencements qui donnent des cul- tures d'aspect suffisamment caractéristique. L'inoculation aux animaux indique le degré de virulence. La réaction d'agglutination peut servir. Silvestrini (3) aurait observé dans deux cas de staphylococcie que le sérum sanguin des malades agglutinait nettement les cultures de Staphylocoque doré. Nicolas et Lesieur (4) ont obtenu aussi des effets marqués d’agglutination, mais d'une manière trop variable pour qu'il soit possible d’être nettement affirmatif. Kolle et Otto (5) disent qu'il est possible, par l'agglutination, de distinguer les Staphylocoques pathogènes des Microcoques sapro- phytes. Pour beaucoup, l’agglutination est trop irrégulière pour qu'on puisse en tirer profit. (1) Dexys, Bull. de l'Acad. roy. de méd. de Belgique, 1894,p. 605. (2) Lucer, De l'ostéo-arthrite aiguë infectieuse des jeunes oies (Ann. de l'Inst. Pas- teur, VI, 1892). ; (3) Sizvesrrii, Potere agglulinante del sangue sul culture in brodo di stafilococco in due casi di infezzione stafilococecica (Settimana med., 2 avril 1878). (4) Nicocas et Lesteur, Sur l'agglutination du S{aphylococcus aureus par le sérum d'animaux vaccinés et infectés (Soc. de Biol., 26 janvier 1901) (>) Kore et Orro, Die Differenzierung der Staphylokokken miltelst der Agsluti- nation (Zeitschr. für Hygiene, XLI, 1902, p. 369). Macé. — Bactériologie, 6° édit. 127 150 COCCACÉES. Lucet 1) a décril sous le nom de Sfaphylococcus pyogenes bovis un Microcoque pyogène qui lui paraît spécial aux suppurations de l'espèce bovine. Il ne liquéfie pas la gélatine, donne sur la géloseune très maigre culture grisâtre, un trouble passager dans le bouillon et une mince couche crayeuse mate sur pomme de terre. Il ne produit rien en inocu- lation, chez le cobaye et le lapin. De Jong (2) en fait aussi un type dis- lüinct du S/aphylocoque doré. MICROCOCCUS PYOGENES ALBUS RosExBacn. Slaphylococcus pyogenes albus : Slaphylocoque blanc.) Il accompagne très fréquemment dans le pusle Wicrococcus pyogenes aureus dont il possède toutes les apparences, de telle sorte qu'il est absolument impossible de les distinguer dans des préparations micro- scopiques de ce produit pathologique. Rosenbach dit qu'il se rencontre surtout dans les pus de couleur blanchâtre. D'après Passet, 1l serait plus fréquent que le précédent. Lannelongue (3) l'a isolé seul du pus de certaines ostéomyélites. Vignal l'a signalé dans le tartre dentaire avec le premier ; il a été aussi rencontré sur la peau normale. Beaucoup le considèrent comme une simple variété du précédent ; Rodet et Courmont disent avoir vu le Staphylocoque doré se transformer en Staphylocoque blanc, en le cultivant à une haute température. Les expériences d’Achard et Galliard (4) montrent bien qu'il existe entre le Staphylocoque doré, le Saphylocoque blanc et le Staphylocoque citrin des différences phy- siologiques notables. Cultures.— Les colonies des cultures sur plaques ont la même forme que celles du Micrococcus pyogenes aureus ; la gélatine liquéfiée reste toujours laiteuse, blanchâtre, et ne se teint jamais de jaune. Sur gélatine, en piqûre, il se développe exactement comme l'autre, mais la liquéfaction est plus lente à se produire. C'est surtout avec lui que s’observe pendant longtemps la forme de culture représentée figure 195, déjà citée pour l'espèce précédente, obtenue en touchant simplement la surface de gélatine du tube avec le fil d'inoculation. La gélatine liquéfiée est blanche, laiteuse ; elle laisse déposer un sédiment blanc, épais. On ne remarque pas à sa surface les flocons denses qui s’observent chez le premier. Sur gélose, à 300-350, il se développe moins abondamment que son congénère. Jl forme d'abord des taches blanches qui confluent en une large couche blanc mat, grisätre, souvent un peu irisée, ne faisant ja- mais une forte saillie. Les cultures présentent aussi une grande visco- sité. Sur pomme de terre, il donne une membrane très mince, sèche. (1) Lucer, Recherches bactériologiques sur la suppuration chez les animaux de l'espèce bovine (Ann. de l'Inst. Pasteur, VII, 1893, p. 325). (2) De Joxc, Ueber Staphylococcus pyogenes bovis (Centralbl. für Bakt., XXV, 1899, p. 13 et.64). (3) LanxeLoNGuE et Acnanp, Les microbes de l'ostéomyélite aiguë dite infectieuse (Sem. méd., 1890, p. 84). — Saznuccr, De l'ostéomyélite chronique d'emblée due au Staphylocoque blanc à l'état de pureté. Thèse de Montpellier, 1898. (4) Acaanp et GazuiarD, Contribution à l'étude biochimique des #enres Tétragène et Staphylocoque (Arch. de méd. expér., XI, 1899, p. 96). 4 nd, MICROCOCCUS CEREUS ALBUS. 451 Il résiste pendant un temps très long à la privation d'air. Des recherches précises sur son action pathogène font encore défaut. Ribbert, dans son mémoire précité, a expérimenté à l’aide de cultures mélangées des deux premières espèces, en paraissant admettre leur ‘identité d'action. C’est aussi l'opinion à laquelle se rattachent, sans preuves directes toutefois, la plupart des auteurs (1) et particulièrement Rodet et Courmont dans leurs mémoires précités. D'ailleurs, en cul- tivant du Staphylocoque doré sur des milieux fortement peptonisés et très peu peptonisés, onobtient souvent dans le premier cas des cultures caractéristiques bien jaunes et dans le second des cultures presque complètement blanches. Les produits toxiques du Slaphylocoque blanc seraient identiques à ceux du Sfaphylocoque doré, d’après Neisser et Wechsberg (Voy. p. 446). D'après Tissier et Martelli (2), le Slaphylocoque blanc serait un des agents aérobies de la putréfaction de la viande. Il y jouerait un rôle important, agissant sur les matières albuminoïdes, en donnant des corps amidés, de l'ammoniaque et un peu d’indol, et sur les matières sucrées en donnant des acides lactique et acélique. Fig.195.—-Cul- MICROCOCCUS PYOGENES CITREUS Passer. ture sur gé- latine après (Slaphylococcus pyogenes citreus.) simple PE qûre super- Passet (3) le donne comme assez fréquent dans le pus ficielle. avec les précédents. Bonome (4) l’a trouvé seul, avec le Bacille de la tuberculose dans un cas de tuberculose de la plèvre. Les caractères des cultures sont ceux du Micrococcus pyogenes aureus, sauf la coloration, qui est d'un jaune-citron foncé. Pour beau- coup, il ne serait qu'une simple variété de ce dernier. MICROCOCCUS CEREUS ALBUS Passer. (Stap hylococcus cereus alhus.) Passet a isolé cette espèce du pus. Elle ne paraît avoir aucune action nuisible sur l'organisme ; c’est encore à vérifier (5) ; les inoculations expérimentales sont toujours restées sans effet, même avec des doses très fortes. Elle peut se rencontrer dans l'intérieur des globules de pus et s’y trouve alors en diplocoques. Dans du pus d’urétrite, il peut ; avoir confusion avec le Gonocoque, mais ce dernier se décolore par la méthode de Gram, qui laisse notre espèce colorée. (1) Voy. Boxowe, Contributions à l'étude des Staphylocoques pyogènes (Arch. ital. de biol.,t. VII, p. 10). (2) Tissrér et Manrezur, Recherches sur la putréfaction de la viande de boucherie (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 865). d (3) Passer, Untersuchungen über die Aetiologie der eitrigen Phlegmone des Menschen. Berlin, 1883. (4) Boxowe, Loc. cil., (5) Gnixowr, Due casi di setticemia da Micrococcus cereus albus (Giorn. med. d.r. esercito, août 1898). 459 COCCACÉES. Les coccus ont un diamètre très irrégulier, qui varie de 0,6 & à 0,16 ; ils sont isolés, disposés par deux, en petits amas ou en courtes chaînes. Sur plaques de gélatine, il se développe, au bout de trois jours, des colonies rondes, à bords lisses, légèrement granuleuses, qui s'étalent à la surface de manière à former de petites taches blanches. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur gélatine, en piqûre, on obtient, en trois ou quatre jours, une culture blanche, formée souvent de petiles masses perlées contiguës ; à la surface se trouve une tache grisâtre, mate, ressemblant à une mince pellicule de cire blanche. Sur gélose, on a d'abord des colonies rondes, d’un blanc mat, res- semblant à des gouttelettes de stéarine, puis un large revêtement blanc à teinte grisâtre, à bords irréguliers, très sinueux, parfois dentés. Sou- vent la culture est formée de petites colonies rondes se touchant ou se confondant. Les caractères des cultures sur sérum sont identiques. Sur pomme de lerre, il se forme une couche grisâätre, plus épaisse au milieu qu'aux bords. Dans le bouillon, le développement est rapide à une température de 30°-35°. Le lait n'est pas modifié. On ne constate pas de formation d'indol dans les cultures. J'ai rencontré cette Bactérie dans une eau de puits (1). Cette espèce est peut-être à identifier avec quelque saprophyte. MICROCOCCUS CEREUS FLAVUS Passer. (Staphylococcus cereus flavus.) Encore une espèce rencontrée dans le pus par Passet. Très voisine de la précédente par les caractères des éléments, elle s'en distingue surtout par la coloration jaune de ses cultures. Elle ne liquéfie pas la gélatine et forme un revètement jaune-citron sombre, à reflet mat, res- semblant à une goutte de cire jaune, à bords irréguliers, un peu épais- sis. En piqûre, il se produit dans le canal une bande grise, formée de très petites colonies rondes, accolées les unes aux autres. Les inoculations sous-cutanées et intraveineuses n'ont fourni aucun résultat. Celle espèce el la précédente agissent peut-être en associalion bactérienne, en favorisant l'action des espèces pathogènes vraies, comme on sait que le font beaucoup de saprophytes. Comme la précédente, elle n'est peut-être qu'un des Microcoques saprophytes jaunes communs partout. MICROCOCCUS VIRIDIS FLAVESCENS GUTTMANN. Gutimann (2) a trouvé ce Micrococcus dans la lymphe d’une pustule (1) Macé, Quelques Bactéries des eaux de boisson (Ann. d'hyg., 1888). (2) Gurrmaxx, Bacteriologische Mitteilungen über Varicellen (Berlin, klin. Wo- chenschr., n° 46, p. 802). MICROCOCCUS DANS LE CLOU DE BISKRA. 453 de varicelle, en compagnie du Micrococcus pyogenes aureus et du Micrococcus cereus albus. Ce sont des coccus sphériques réunis par deux ou plus en petits amas. Ils ont l'aspect et les dimensions du Micrococcus pyogenes aureus; aussi n'est-il pas possible de les distinguer dans les préparations. Les cultures seules le permettent; elles s’obliennent du reste facilement sur tous les milieux en présence de l'air. Surplaques de gélatine, ils’est formé, après quarante-huit heures, des colonies circulaires, à bords lisses, colorées en vert Jjaunâtre. Légère- ment granuleuses au début, elles deviennent tout à fait homogènes. Elles ne liquéfient pas la gélatine. Sur gélatine, en piqûre, ce Micrococcus donne une mince lige verdâtre dans le canal, et à la surface une petite colonie de même nuance: il ne se produit jamais de liquéfaction. Sur gélose ou sur sérum, il se développe une culture verdâtre, qui s'accroît rapidement. Le bouillon ensemencé se trouble en peu de temps. Cette Bactérie semble n'avoir aucune action sur les animaux: c’est probablement aussi un saprophyte vulgaire. MICROCOCCUS DANS LE CLOU DE BISKRA. Duclaux (1) a obtenu un Microcoque qu'il a cru spécial de cultures du sang d’un malade affecté de la maladie, commune en Afrique et en Asie, désignée sous les noms de clou de Biskra, clou de Gafsa, bouton du Nil, bouton d'Alep, bouton d'Orient, ulcère de Delhi, etc. Brocq et Veil- lon (2) disent avoir obtenu d’un bouton d'Alep vrai un Sfreptothrix se rapprochant de l’Actinomyces et Nicolle et Nourry-Bey un Streptocoque voisin du Streplocoque pyogène, peu virulent et non influencçable par le sérum de Marmorek. Poncet(3) décrit, à côté de Microcoques, des Bacilles dont la longueur varie de 1 y à 8 u. Nicolle et Nourry-Bey ont obtenu du bouton d'Alep une culture pure d'un Streptocoque. L'affection débute par une série de petits boutons confluents, qui peuvent recouvrir une surface large comme la main. La peau enflammée s'ulcère; l’ulcération, qui a souvent des bords taillés à pic comme un chancre, S’emplit d'une croûte brunâtre. La durée de la maladie est en général fort longue ; les plus heureux sont guéris en six mois, d'autres seulement après un an ou deux ans. La guérison se fait spontanément et laisse une cicatrice profonde. La maladie, reconnue depuis longtemps pour éminemment contagieuse, est pour ainsi dire endémique en bien des endroits (4). Les recherches récentes démontrent que celte maladie est causée par un parasite spécial, un Sporozoaire, le Leishmannia furunculosa (5), (1) Ducraux et HexpenrercH, Étude d'un microbe rencontré chez un malade atteint de l'affection appelée clou de Biskra (Ann. de derm. et de syph., 25 juillet 1884, et Arch. de physiol., 1884, p. 106). (2) Broca et Verzcow, Bouton d'Alep (Soc. de derm.,20 mai Leon (3) Poxcer, Note sur le clou de Gafsa (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, p. 518). (4) Lousraror, Le bouton de Biskra. Thèse de Paris, 1888. (5) Nicouze et Manceaux, Recherches sur le bouton d'Orient (Ann. de l'Ins{. Pas- teur, XXIV, 1910, p. 673). 154 COCCACÉES. { qui se trouve en abondance dans le contenu des lésions. Les formes micro- biennes qu'on y rencontre sont dues à des infections secondaires, surtout par les espèces pyogènes ordinaires. Le Microcoque de Duclaux, par exemple, a tous les caractères du Staphylocoque doré. La transmission du parasite se fait probablement par un insecte piqueur. MICROCOCCUS PYOSEPTICUS Ricuer et HÉricourr. (Staphylococcus pyosepticus.) Cette Bactérie a été isolée par Ch. Richet et Héricourt(1) d’une tumeur carcinomateuse non ulcérée, située dans le tissu cellulaire de la marge de l'anus d’un chien. Elle présente de grandes ressemblances avec le Micrococcus pyogenes albus, mais possède des propriétés pathogènes bien spéciales ; il n'y a peut-être ici qu'une différence de race. Cette espèce diffère surtout par une très grande virulence pour le lapin, alors qu'elle paraît à peu près inoffensive pour le chien. Les différences de culture de ces deux espèces sont peu marquées. Le Micrococcus pyosepticus, dans des conditions identiques, liquéfie plus tardivement la gélatine et se développe moins vite dans le bouillon que le Staphylocoque blanc ; optimum de température est 36°-39°. Dans le bouillon à 38°, après vingt-quatre heures, on observe dans le liquide, avec le Micrococcus pyosepticus, des grumeaux visqueux, blanchâtres, qui se laissent tomber au fond, tandis qu'avec le Staphylococcus albus le liquide est uniformément trouble et forme un mince dépôt pulvé- rulent. Les caractères pathogènes sont plus tranchés. L'inoculation au lapin d'une petite quantité de culture de Micrococcus pyoseplicus pro- duit en très peu de temps un énorme œdème gélatineux, tandis que la même quantité de Slaphylocoque blanc ne donne qu'une minime infiltration. Chez le chien, l’injection sous-cutanée de Micrococcus pyoseplicus donne au bout de vingt- quatre heures un abcès à forme hémorragique avec sphacèle de la peau, mais ni œdème ni mort. Les cultures s'atténuent par l’âge ou la chaleur: l'inoculation de cultures atténuées confère l’immunité. Cette espèce tue les cobayes, les lapins et les pigeons, mais ne tue pas les chiens. L'injection de cultures au chien à doses progressivement croissantes lui confère rapidement l'immunité complète à l'égard du microbe. En transfusant dans le périloine de lapins du sang de chiens ainsi immu- nisés, Héricourt et Ch. Richet ont pu les faire résister à l'infection par le microbe : le sang des réfractaires el des immunisés contient des prin- cipes qui confèrent limmunité; c'est là la première expérience et les premiers résultats heureux de sérothérapie. (1) Ch. Ricaer, Étude physiologique sur un Microbe pyogène et septique (Arch. de méd .expér., 1, 1889, p. 673). — Héricourr et Ch. Ricuer, Sur un microbe pyogène et septique et sur la vaccination contre ses effets (Soc. de Biol., 1888). Pr à MICROCOCCUS PYOGENES. 199 MICROCOCCUS PYOGENES. (Streplocoecus pyogenes : Streplocoque pyogène ; Streplocoque de l'érysipéle.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL. IX, Il est commun dans le pus où sa présence a élé signalée par Ogston en 1881 (1), puis Passet (2) et Rosenbach (3). Pasteur et Doléris (4) l'avaient observé dès 1880 dans le sang de femmes atteintes de septi- cémie puerpérale. C'est encore certainement le microbe signalé par Nepveu dans la sérosité du sang des plaques d’érysipèle que cet auteur décrit comme proche du Bacterium punetum d'Ehrenberg. Fehleisen l'a obtenu en culture pure de la peau érysipélateuse en 1883; son Sfrepto- coque de l'érysipèle (Streptococcus erysipelalos) doit être identifié comme espèce avec le Micrococcus pyogenes. Cette espèce présente une assez large variabilité de caractères (5); cer- tains auteurs même ont pris ces différences comme base pour établir des types spécifiques distincts. Lingelsheim (6), par exemple, distingue un Streptococcus longus à chaïnettes longues, à virulence souvent très marquée, et un Streplococcus brevis à chaïnettes courtes et à virulence moindre ; Behring (7) se sert des différences de culture daas le bouillon ; Marot (8) des différences d'aspect de cultures sur pomme de terre. Il semble bien que l'on ait dans tous ces cas affaire au même type spéci- fique, dont plusieurs caractères varient facilement, dans de certaines limites, sous des influences diverses, au premier rang desquelles doivent assurément se placer la nature et les conditions du milieu où vit Île microbe (9). Cette question semble devoir se résoudre par la distinction de nom- breuses races, modalités plus ou moins différenciées d'un même type spécifique. De telle sorte qu'une description classique doit s'adresser plutôt à un Séreptocoque quelque peu théorique ou schématique. En tout cas, il n'y a plus lieu maintenant de décrire un Streplocoque du pus et un Séreplocoque de l'érysipète: il n'y a là que question de virulence variable, de résistance du sujet, état de la peau, ete. IT peut même } avoir plus ; on peut citer une série continue de types entre le Sfreplo- coque pyogène et le Pneumocoque. (1) Ocsrox, loc. cit., p. 43 (2) Passer, loc. cit., p. 437. (3) RoseNBAGH, loc. cil., p. 437. (4) Doris, La fièvre puerpérale. Thèse de Paris, 1880. (5) Zexoni, Ueber die Frage der Homologie der Streptokokken (Centralbl. für Bakl., XXI, 1897, p. 10). (6) LiGezsneim, Eigenschäften verschiedener Streptokokken (Zeilschr. für Hygiene, X, 1892, p. 331). (7) BeurinG, Untersuchungergebnisse betreffend den Streptococcus longus (Cen- tralbl. für Bakt., XII, 1892, p. 192). (8) Manor, Un Streptocoque à culture apparente sur pomme de terre (Arch. de méd. expér., 1893, p. 948). (9) Winaz et Bezaxçow, Étude des diverses variétés de Streptocoques (Arch. de méd. expér., mai 1896). 456 COCCACÉES. DCE Caractères microscopiques. — Dans le sang ou dans le pus, on trouve ces Microcoques rarement isolés ou unis à deux, d'habitude en chainettes assez courtes, de 5 à 10 éléments en moyenne (fig. 196). Les coccus sont souvent arrondis ; ceux des cultures jeunes, en pleine végé- tation, paraissent fréquemment ovalaires, prêts à se diviser; parfois on en observe à grandaxe vertical, comme el à le représente la figure 202. Dans les ! | a+ Ce cultures, la grandeur des chainettes augmente; celles qui se développent * dans des bouillons bien nutritifs, par (@\$) : 8): £ exemple, peuvent être formées d’un \ÉR C 2 É7 nombre considérable de coccus, sou- 33h 7 vent plusieurs centaines. Les coccus DA Fe trouvés dans le pus mesurent 0,8 Fig. 196. — Pus d'un phlegmon sus- 5. re RES ceux de l'érysipèle Dot uate AE es rente avec SOL plus petits. Ceux des cultures Streptocoques pyogenes. varient dans de plus larges limites ; ils sont très pelits dans les vieilles cul- tures ; dans les cultures en plein dé- veloppement, au contraire, certains éléments des grandes chaînes attei- gnent et dépassent même le double du diamètre des voisins, ce qui les a fait considérer, sans autre raison du reste, comme des arthrospores par certains auteurs. Un même Streptocoque peut présenter des formes très différentes suivant le milieu de culture où il vit (fig. 197). Les milieux acidulés donnent surtout de longues chaînettes (1. % . ° > . 'e, À se …. d . ex F . : A Ê =: “eospe?, C7 ce LA sf CA t , 24 Se e 0 %, RES , e e. 0 ‘ e = 1 - ee 0 « va LS Ce RER CEE FE e ° É … a ..., » e : e . a - ee . ce PR Culture dans le bouillon. Culture dans le bouillon-sérum. Culture sur gélose. Fig. 197.— Formes d'un même Streptocoque cultivé sur milieux différents Le P (d'après Zenoni). La laille des articles est souvent très irrégulière. Certains grains sont susceptibles d'acquérir un volume considérable : d’autres sont très fins, et ceci souvent dans la même chaînette. La figure 199 montre bien l'extrême diversité des aspects que l’on peut observer. Vincent a décrit une ramification qui est également bien nette dans plusieurs des figures ci-dessous. Parfois, les éléments ont une auréole bien visible, quelquefois même une capsule très nelle (fig. 198), si marquée qu'on peut parfois éprouver un réel embarras à distinguer un Streplocoque pyogène avéré d'un (1) Vixcenr, Sur les variations morphologiques du Streptocoque et sur un Strepto- coque ramifié (Arch. de méd. expér., XIV, 1902, p. 521). PT MICROCOCCUS PYOGENES, 457 Pneumocoque. Schotimüller (1) a même établi sur ce caractère une espèce distincte, le Streplococcus mucosus, à colonies plus épaisses et plus visqueuses que les colonies ordinaires. L'immobilité est un signe de valeur, mais pas absolu. Il est des chai- nettes qui montrent des contractions et des étirements si nets qu'on ne peut leur contester une certaine mobilité. Les figures 200 à 205 montrent les principaux aspects que l'on peut observer dans les préparations. Coloration. — Le Streplocoque pyogène se colore très facilement aux diverses couleurs d'aniline. Certains éléments peuvent ne pas prendre la couleur ou se colorer très difficilement. Le LES RE F) plus souvent, traité par a) " # QS { r . * } { la méthode de Gram, c/ ) LR A resle coloré. Étienne (2) D à r , de \ A e ve ” PS LTETRS a obtenu d'une angine / RTS 4) Costes s e 4 “ # 2 n —_Y à fausses membranes és ee un Streptocoque se dé- 8 colorant par la méthode Li torts A . SP ES ae RES Lo F ge x de Gram. Lemoine (3) ue” Pre mimnenin, A : RQ a observé la même par- CIE licularité pour certai- a tiens, . AR TT ME à — = nes cultures seulement > 1 o 8 > UE | si ON & à è RE. ) %. RASE ë Fig. 199. — Formes anormales du Streptocoque pyogène, choisies dans un grand nombre de préparations de pus, de sang, de cultures d'origine diverse. Vers 30°, dès le troi- sième jour, le mi- crobe forme sur les parois du vase un pi- queté blanchâtre, lé- ger d’abord, puis de plus en plus dense, adhérent au vase. Après huit jours, le piqueté s'arrête et 1l s'est formé au fond un sédiment grisâtre, floconneux, qui se répand dans le li- quide après agita- tion; par le repos, le liquide redevient en- üèrement clair. Les flocons sont formés de très longues chaï- nettes intriquées. Le Streptocoque que Kurth (4) a obtenu du sang scarlalineux se comporte de même. Dans les angi- nes (5), les broncho- pneumonies, les pleu- résies purulentes , l'érysipèle parfois, on isole un S{reptoco- que pyogène trou- blant plus ou moins le bouillon, parfois très rapidement, au bout de douzeheures. Le liquide peut s'éclaircir en deux ou trois jours, ou rester plus long- (1) BenriG, loc. cit. 2) LinGEeLsHEIM, loc. ci, (3) Pasquaze, Vergleichende Untersuchungen über Streptokokken (Beitr. zur Anat. von Ziegler, XII, p. 443). (4) Kurru, Unterscheidung der Streptokokken (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheil- samle, VII, 1891, p. 389). (5) Barsi£r, Sur un Streptocoque trouvé dans les angines à fausses membranes Arch. de méd. expér., 1892, p. 827). — Veizzox, Recherches sur l’étiologie et la patho- génie des angines aiguës non diphtériques. Thèse de Paris, 1891. MICROCOCCUS PYOGENES. 459 Fig. 200. — Formes à éléments Fig. 201. — Formes où les éléments très petits. sont disposés en diplocoques. Fig. 202. — Formes à éléments Fig. 203, — Formes agglomérées (Streplo- allongés verticalement. coccus conglomeralus de Kurth). . - * CLEFS Fig. 204. — Formes longues. Fig. 209. — Formes très longues. Fig. 200 à 205. — Formes diverses du Streptocoque pyogène. 160 COCCACÉES, temps trouble. On peut même observer une forme de culture inter- médiaire; le liquide n’est pas réellement trouble, mais prend, par agitation surtout, un aspect ondoyant, comme le vin malade de la graisse, aspect dû à la présence de très longues chaïînettes restant en suspension. Dans les deux cas, le bouillon devient assez rapidement acide ; le mi- crobe forme de l'acide lactique, probablement aux dépens des hydrates de carbone. Cette acidité nuit à la conservation de la vitalité du microbe: aussi les cultures périssent-elles assez vite. On peutles conserver pluslong- temps vivantes en usant de bouillon additionné de craie en poudre. Pour les entretenir, 1l faut les réensemencer avant que l'acidité apparaisse. Si l’on filtre sur bougies ces bouillons de culture, même très jeunes, le filtrat se montre impropre à donner des cultures après nouvel ense- mencement. Dans les cultures en bouillon, la multiplication du microbe s'arrête vite; après trois ou quatre jours, quelquefois moins d’une journée, la culture n’augmente plus. Marmorek (1) a observé qu’en ajoutant au bouillon une petite quantité de leucine et de glycocolle les cultures sont beaucoup plus abondantes et plus durables. La solution de leucine s'obtient en ajoutant 08,40 de leucine à 150 grammes de bouillon, chauf- fant à 600 et filtrant sur bougie. Celle de glycocolle, en dissolvant à 600 Oer,50 de glycocolle dans 100 grammes de bouillon et filtrant sur bougie. On ajoute 10 grammes de chacune de ces deux solutions à 100 grammes de bouillon peptonisé. Le filtrat des cultures dans un tel milieu donne facilement des cultures après nouvel ensemencement. CULTURES SUR PLAQUES DE GÉLATINE. — En trenle-six à quarante-huit heures, on obtient de petites Aderes punctüformes, arrondies, granu- leuses, qui, arrivées à la surface, s'étalent en petits disques transparents, un peu bombés, pouvant atteindre un demi-millimètre de diamètre. À un faible grossissement, elles apparaissent au début comme de petits disques légèrement jaunâtres à contours nets, à surface granuleuse. Les colonies plus âgées prennent une teinte un peu brunâtre et celles qui se trouvent à la surface laissent échapper de leurs bords de longs filaments serpentant en tous sens, constitués par des chaînes de nom- breux coccus. La gélatine n’est jamais liquéfiée. CULTURES SUR GÉLATINE. — £n piqüre, la culture est minime. A 200, les colonies n'apparaissent guère avant quarante-huit heures dans l'épaisseur de la gelée. Ce sont de petites sphères blanches, opaques, restant isolées les unes des autres. A la surface, il se forme un petit disque blanc peu proéminent, qui ne dépasse guère le volume d’une petite tête d’épingle. En strie, on observe en trente-six heures une colonie muqueuse, blanche, un peu transparente, surtout aux bords. Ces colonies peuvent reproduire g grossièrement l'aspect de certaines feuilles, frondes de fou- gères ou feuilles d'acacia par exemple. C’est même là le caractère qui, d’après Rosenbach, permettait de différencier en cultures le S{replocoque de l'érystpèle du S{replocoque pyogène; le premier donnait une culture sur gélatine ressemblant à une feuille de fougère, le second une culture rappelant la feuille d'acacia. Ce sont là des caractères bien difficiles à apprécier nettement, d'autant plus qu'ils sont loin de présenter une constance absolue el que, dans une série assez nombreuse de cultures (1) Manumorer, La toxine streptococcique (Ann. de l’Inst. Pasteur, XVI, 1902, p.169). r MP m Ve re sa né: à nn ie éNEl et Lbrbel sd 4 ee" . j PE d - ñ à L f Li L RS LC en dns nn à acteriologische Miltheilung (Deutsche med. Wochenschr., 1885, el Zeilschr. für klin. Med., X, p. 401). — Weitere Beiträge zur Lehre von den Micrococcen der genuinen fibrinüsen Paeumonie (Zeitschr. für klin. Med., X, Heît 5-6; XI, Heft 5-6) (4) Wricusezseaum, Ueber die Aetiologie der acuten Lungen-und Rippenfellentzün- dungen (Wiener med. Jahrb., 1886, p. 483). — GamwaLfrA, Étiologie de la pneumonie fibrineuse (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1888, p. 440). (5) Nerren, De la méningile due au Pneumocoque avec ou sans pneumonie (Arch. gén. de méd., avril et juillet 1887). (6, Onruann et Sanrer, Virchow’s Arch. für path. Anal., 1890. (7) Prcqué et Veizcon, Arch. de méd. expér., janvier 1891. (8) Fo4 et Bonoonti, Sem. méd., 1887, p. 431. MICROCOCCUS PASTEURI, 471 # même, à l'exclusion du Méningocoque, la cause constante et exclusive 4 de la méningite cérébro-spinale épidémique; on verra plus loin le rôle . = important qu'il joue dans cette affection. 4 Gram (1) l'a trouvé dans le sang des pneumoniques. 1 Depuis, il a été reconnu que ce Micrococcus existait dans la bouche : à l'état normal. Netter (2) l’a isolé en employant la méthode primitive k de Pasteur, l'injection de salive dans la jugulaire de lapins. D’après # lui, il n'existerait pas toujours dans la bouche, mais peut disparaître à un moment donné, pour reparaître plus tard. On le retrouve pendant | une période très longue dans la salive des anciens pneumoniques, mais, | fait bizarre, il est inactif pendant les deux semaines qui suivent la défervescence, puis récupère sa virulence, qu'il garde alors longtemps. + Vignal (3) et Biondi (4) l'ont isolé directement de la salive, à l’aide des 3 cultures sur plaques. L'influence pathogène du microbe est tenue en échec, chez l'homme sain, par l’activité des éléments phagocytaires du poumon. x MORPHOLOGIE 6 Caractères microscopiques. — Ces caractères varient suivant qu'on examine le microbe provenant de l'organisme ou de culture en milieux arlficiels. Dans l'organisme, il pré- (à sente un aspect plus spécial. Tala- mon et Fraenkel ont été les premiers ne ; à signaler la forme particulière des = ë à éléments de celte espèce.Ce sont des Fr F à > # ne # us j 3 Eure LE 4 4 À à 5 ' :: SE | : Fig. 207. — Exsudat pneumonique. Fig. 208. — Diplocoques des crachats de L Les capsules sont colorées ‘d'après pneumonie (obj, 12, homog., oc. 4, % | Netter). Vérick). coccus (fig. 207) ovales, allongés, en forme de grain de blé ou d'orge (Talamon), ou en forme de lancette (Fraenkel), de flamme de bougie (Netter). Ils sont rarement isolés, bien plus souvent en diplocoques ou en courtes chaînes de quatre à six éléments et toujours immobiles. Chez les individus associés en diplocoques, les pointes de deux élé- (1) Gram, Ueber die isolirte Färbung der Schizomyceten in Schnitt-und Trocken- Præparate (Fortschr. der Med., 1884). (2) Nerrer, De l'endocardite végétante ulcéreuse d’origine pneumonique (Arch. de physiol., VIII, 15 août 1886, p. 106). — De la présence du microbe de la pneumonie dans la bouche des sujets sains (Bull. méd., 1e mai 1887). — Du microbe de la pneu- monie dans la salive (Soc. de Biol., 1888). — Et passim dans les C. R. de la Soc. de Biol., 1888 et 1889. — Voy. aussi : Le Pneumocoque, revue critique (Arch. de med. _ expér., 1890). (3) Viexaz, Recherches sur l'action des microorgamismes de la bouche sur quelques substances alimentaires (Arch. de physiol.. 1887, p. 200). (4) Bronor, Die pathogenen Microorganismen der Speichels (Zetlschr. für Hygiene, JL, 2°1p:, p-1194): 30, = + /2 COCCAGÉES. ments sont [ournées toutes deux vers l'extérieur. Dans les cultures sur milieux liquides, ses éléments restent souvent associés en chaïinettes Fig. 209. — Pus de méningite suppurée, com- pliquant une pneumonie double avec Pneu- mocoques {(Vérick, obj. 12, homog., oc. 4 chats pneumoniques ou l’exsudat de méningite. D’après Pane (1), 1). plus ou moins longues (fig. 209). La forme et les dimensions des coceus sont du reste assez varia- bles ; on en trouve de sphériques, de 0,5% de diamètre, et d’au- tres plus ovoïdes ayant en lon- gueur de 1 x à 1,5 u sur 1 u de large. Dans certaines cultures, la longueur pourrait même l'em- porter plus que d'habitude sur la largeur; on aurait alors comme de courts bätonnets. De là vient que certains auteurs décrivent celle espèce comme appartenant au genre Bacillus. Les coccus sont entourés d’une zone gélatineuse épaisse, d’une sorte de capsule, très évidente dans les préparations de cra- celte capsule serait une sorte de dégénérescence de la partie externe de la Pneumocoques dans le pus d'une péritonite suppurée. 1000/1. membrane. La capsule pourrait faire défaut à un stade très avancé de la pneumonie. Elle peut du reste manquer sans raison apparente. Paxe, 1 XXIV, 1898, p. 289 lebe r die Genesis der Kapseln des Pneumococcus (Centralbl, für Bakt., MICROCOCCUS PASTEURI. 473 Dans les cultures, sauf dans celles en milieux albu mineux, surtout milieux au sérum et au sang, cette capsule disparaît pour reparaître dans le sang des animaux inoculés avec elles. Les éléments des cultures ont une forme lancéolée moins marquée et sont plus souvent sphé- riques, en diplocoques ou disposés en chaînes souvent plus longues, principalement dans les bouillons, ce qui les a faitnommer par Gamaléia Slreplococcus lanceolalus Pasteurt. Coloration. — Le Pneumocoque se colore très bien aux diverses couleurs d’aniline. Le bleu de Læffler donne particulièrement de bons résullats. Avec'les violets d’aniline, &l reste coloré par la méthode de Gram, Fig. 211. — Pneumocoques dans le sang d'une souris inoculée avec des crachats de pneumenie. 1000/1. ce qui le différencie facilement du Preumobacille de Friedlaender ; on peut ainsi obtenir, avec l'éosine, de belles doubles colorations dans le sang ou le pus. Les procédés à mettre en œuvre pour obtenir la coloration des cap- sules ont été exposés page 398. Cultures. — Les cultures ne se développent bien qu'à partir de 24°; l'optimum de température est vers 270, le développement s'arrête à 42°. La présence d'oxygène, quoique favorable, n'est pas d'une nécessité absolue ; c'est un anaérobie facultatif, qui peutse passer d'air, au moins dans de larges limites. Une légère alcalinité du milieu est une condition essentielle pour réussir les cultures. On arrive à les conserver plus long- lemps en ajoutant de la craie qui neutralise l'acide produit. CULTURES DANS LE BOUILLON, — Cette espèce se cultive bien dans le bouillon, à l’étuve; le liquide se trouble à peine, on observe tout au plus un très léger nuage dans les vieilles cultures et un minime dépôt grenu. Le microbe s'y trouve en chaïinettes plus ou moins longues (fig. 212). #74 COCCACÉES. Les bouillons additionnés de sérum, de liquide d'ascite ou de produits similaires, donnent des cultures plus abondantes. CULTURES SUR PLAQUES DE GÉLATINE. — En cultures sur plaques, avec F 5» à 1 L $ 3 ë 3 : (| 0 8 Pr ns S “# .— . _, e [3 . EE l'ig. 212. — Pneumocoques en chaînettes d'une culture dans le bouillon. 100071. de la gélatine à 15 p. 100 qui se maintient solide à 24, au bout de trente-six heures on observe dans la gelée de petits points grisâtres, dont les supérieurs arrivent à la surface et s’y étendent en pe tites taches rondes, d'un blanc grisâtre, qui croissen! très lentement eln atteignent jamais une orandeur moyenne. La gélatine n'est pas liquéfiée. CULTURES SUR GÉLATINE. — En piqüre dans un tube de gélatine, il se forme une culture en clou, peu forte, avec une mince tige blanche, formée de petites colonies sphériques, et une tête très peu dévelop- pée, non bombée; après quelques géné- rations, la forme de clou disparaît et le développement est moins abondant. CULTURES SUR GÉLOSE. — Sur gélose à ,onoblient de petites coloniesbrillantes hyalines, peu saillantes, difficiles à aper- cevoir, ressemblant, comme le dit Fraenkel, à des gouttes de rosée. CULTURES SUR SÉRUM. — Dans le sérum liquide, ” Fute a les mêmes sn tères que dans le bouillon. D'après Mosny | le sérum du sang e lapin, recueilli aseptiquement, non soumis à un € hauffage préalable, C “en us le meilleur milieu de culture pour le Pneumocoque, de beau- Fig. 213. Pneumocoques dans la salive (d’après Biondi). 39° 1) Mosxy, Sur la culture du Pneumocoque (Soc. de Biol., 21 décembre 1895). > Lt "1 ne "dt. d' JE LL 2e vs dde à re Lier, ba Lt PPT VOIRE NS MICROCOCCUS PASTEURI. 475 coup préférable au sérum de chien, de bœuf, de cheval, de mouton ou d'âne. Le sérum humain, surlout d’adulte. ne paraît pas un bon milieu. En général, l'âge parait ici influencer sur les qualités du sérum, en plus ou en moins suivant l'espèce (1); le sérum d'animaux jeunes, surtout pour le lapin, paraïl en général mieux convenir. Le sérum de lapin jeune constitue le milieu de choix pour la culture du Pneumocoque. Il se trouble rapidement à 37° el montre déjà après vingt-quatre heures un dépôt notable. On y reconnaît de nombreux diplocoques encapsulés. C'est le véritable milieu de diagnostic. Le sérum de lapin adulte donne une cullure moins abondante ; les microbes y ont des capsules moins nettes. Les sérums d’autres animaux jeunes, cobaye, poule, sont également très favorables. On peut ainsi reconnaître la pré- sence du Pneumocoque, même quand l'inoculalion à la souris n’a rien donné. Sur sérum coagulé, le Pneumocoque donne une mince cullure mu- queuse, presque transparente. Les colonies isolées ressemblent à celles oblenues sur gélose. CULTURES DANS LE SANG. — Le sang défibriné est un très bon milieu pour ce microbe, d'après Gilbert et Fournier (2). Il en est de même du sang rendu incoagulable par certains arlifices indiqués précédemment (p- 233): aussi du sang gélosé préparé en mélangeant à de la gélose ordinaire, maintenue fondue à 450, un Liers de sang d'animaux d’'expé- rience habituels, mélange qu'on laisse se solidifier en tubes inclinés. Sur sang défibriné coagulé, les cullures s’entourent d’une auréole verdâtre, puis jaune-chamois (Gilbert et Fournier). Dans ces milieux, le Pneumocoque conserve longtemps sa vilalité et sa virulence. CULTURES SUR POMME DE TERRE. — On n’observe pas de développement. CuLruREs pans LE LAIT. — Le lait est coagulé d'ordinaire; le fait paraît dû à la production d'acide, probablement d'acide formique. PROPRIÈTÉS BIOLOGIQUES Vitalité. — C'est une espèce délicate. Il périt en dix minules à 560 (Sternberg), vile à 60, très vite vers 650-70°. Il est Lué rapidement par le sublimé au millième et l'acide phénique à 2 p. 100 La dessiccation, dans les conditions ordinaires, le détruit facilement : mais, protégé par un vernis albumineux, comme dans du sang, du pus ou des crachals desséchés, il reste vivant pendant trois ou quatre mois en conservant ses propriélés. Le fait est probablement dû au manque de pénétration de l'oxygène ; on le conserve, en elfet, bien plus long- temps aclif en cullures anaérobies. La vilalité persiste plus dans les milieux liquides, surtout dans les milieux au sang, comme il a été dit ci-dessus; on l'y relrouve vivant après des mois. Sur milieux solides, surtout gélose et gélatine, les cul- tures sont-délicates: elles meurent souvent au bout de qualre à cinq Jours. | (1) Bezançon et Grirron, Recherches surle mode de développement et la vitalité du Pneumocoque dans les divers sérums (Soc. de Biol., 19 février 189$). (2) Girserr et Fournier, La culture du Pneumocoque dans le sang défibriné (Soc. de Biol., 11 janvier 1896). 476 COCCACÉES. Virulence. — Elle est des plus variable suivant la provenance du microbe. Dans les cultures, la virulence disparaît tôt, même en réensemencçant rapidement. Une température un peu élevée l’affaiblit vite; les cullures sont tout à faitinoffensives lorsqu'elles ont été maintenues à 42° pendant vingt-quatre heures. Les deuxièmes cultures sont déjà bien moins viru- lentes que les premières. Les cultures dans le vide gardent leur viru- lence plus longtemps, pendant trois semaines environ. On peut arriver à une restlitulion de virulence en inoculant à un lapin simullanément de la culture de Pneumocoque et du bouillon de culture filtré de Proteus vulgaris. Dans les milieux au sang, qui sont de véritables milieux de conser- valion, le Pneumocoque reste pendant des mois vivant et virulent sans transplantation (Besançon). Il suffit, pour s’en convaincre, de repiquer dans du sérum de lapin jeune et d'inoculer la culture après vingt-quatre heures à la souris. Les passages successifs par le lapin, en injection intraveineuse et surtout intrapéritonéale à la dose de quelques gouttes de sang, exaltent notablement la virulence du microbe. Dans les crachals, toulefois, la virulence persiste longtemps, plusieurs mois sans même présenter d'atténuation (1); elle résiste même à une dessiccalion prolongée. Le froid est un bon moyen de conservation. Elle se conserve assez longtemps dans le sang de lapin conservé en pipettes pleines, scellées; il en est de même dans le sang défibriné ou incoagulable, dans le liquide d'ascite; Lemière (2) l'a vu persister quatre mois dans le pus d’une pleurésie purulente conservé pendant quatre mois. Produits formés dans les cultures. — Nous avons déjà signalé la présence d'acide dans les cultures; ce serait surtout de l'acide for- mique (3). L'acide se forme aux dépens des sucres. Toutes les ma- tières sucrées ne sont pas altaquées par le Pneumocoque; l'inuline, en particulier, n’est pas modifiée, caractère pouvant servir pour le dia- gnoslic. Les substances toxiques des cullures ne sont pas connues; elles doivent être bien peu stables à cause de la disparition rapide de l’activité. Klemperer signale cependant une {oxine que le sulfate d'ammoniaque et l'alcool précipiteraient de bouillons de culture filtrés. Mais celle toxine est peu active. Issacff (4) a obtenu une toxine assez aclive du sang et exsudats pleuraux et périlonéaux de lapins ayant succombé aux inoculalions de Pneumocoques à virulence exallée. En cullivant le Pneumocoque sur de la matière cérébrale d'homme ou (1) Orrorexcur, Ueber die Widerstandsfahigkeit des Diplococcus lanceolatus gegen Austroknung in den Sputa (Centralbl. für Bakt., XXV, 1N99, p. 120). — SroLvERIN, Sulla resistenza del virus pneumonico negli spuli (Ann. d’'Igiene sperimentale, 1899, p. 103). (2) Lewrère, Vitalité et virulence du Pneumocoque dans les exsudats pathologiques conservés en dehors de l'organisme (Journ. des se. méd. de Lille, 13 mai 1899). (3) Wurrz el Mosxy, De la réaction acide des cultures du Pneumocoque (Soc. de Biol., 27 janvier 1894, p. 71). (4) Issarrr, Contribution à l'étude de l’immunité aiguë contre le Phennoeeaee (Ann. de l'Inst. Pasteur, VII, 1893, p. 260). ] È MICROCOCCUS PASTEURI. 477 1 de lapin, Carnot et Fournier (1) ont obtenu une toxine très active, très hémorragipare el provoquant surtout des désordresmusculairesintenses, myosites el myocardiles. L'injection intrapulmonairede quelques gouttes de celle toxine détermine un noyau d'hépalisation rouge avec coagulum fibrineux. Bonardi (2), Griffiths (3), puis Andreini (4) ont reconnu la présence, dans les cultures et produits pneumoniques, d’une base alcaloïdique toxique à laquelle ils pensent pouvoir rapporter l’activité des microbes. INOCULATION EXPÉRIMENTALE L'isolement du microbe se fait facilement en inoculant des crachats à la souris; après deux passages, on le trouve pur dans le sang. Du produit de cultures jeunes, inoculé à des lapins, des souris ou des cobayes, les fait mourir en peu de temps, de vingt-quatre à quarante- huit heures d'habilude ; toutelois, les cobayes résistent souvent. La réceptivité des différentes espèces animales à la septicémie pneu- monique est très variable. Les souris sont les plus sensibles; après, viennent, en ordre de sensibilité décroissante, les lapins, les rats, les cobayes, les chiens. Les pigeons sont tout à fait réfractaires. La souris, blanche ou grise, meurt toujours sans exception après l’inoculalion sous la peau. Il suffit de quelques gouttes d’une cullure virulente pour la faire périr d'une septicémie aiguë (pneumococcie géné- ralisée) en un délai de douze ou vingt-quatre heures; ici l'infection générale est de règle, tandis que chez l'homme elle est l'exception. On trouve peu de désordres à l’autopsie: un peu d'æœdème au point d'ino- culation, une rate hypertrophiée, le sang noir et de très nombreux microbes capsulés dans le sang et les organes. 1 Chez les lapins, les symptômes sont bien voisins. La rate est grande, foncée, dure. Le virus y produit fréquemment des pneumonies ou des pleurésies séro-fibrineuses. Les cultures stérilisées à 1209 produisent par inoculalion une grosse tumeur qui ne présente aucune lLendance à la suppuration. Les rals, blancs et gris, meurent aussi très régulièrement de la septi- cémie spéciale; mais, pour arriver à ce résullat, il faut employer des doses plus fortes que pour les animaux précédents. Les cobayes paraissent résister souvent à l'infection, ou ne présentent qu'une pelite réaction locale. C’est un terrain infidèle pour ce virus. Le mouton ne succombe qu'aux injections de doses très fortes. L'ino- culation intrapulmonaire est suivie d’une pneumonie fibrineuse typique, presque toujours mortelle. Les chiens sont encore plus réfractaires. Il faut, pour les tuer, ino- culer des doses massives. L'inoculalion intrapulmonaire développe une (1) Carxor et Fournier, Lésions cardiaques et musculaires provoquées par la toxine pneumococcique (Soc. de Biol., 10 février 1900). — Recherches sur le Pneumocoque et ses toxines (Arch. de méd.expér., XII, 1900, p. 357). {2} Boxarnr, Prima ricerche sur la chimica del diplococco capsulato di Fraenkel (Rivisla generale di clinica mrdica, 1889, n9s 7 et 8). (3) Grirrirus, C. R. de l'Acad. des se., CXIII, p. 656. (4) Axpreini, Beilräge zur Studium der basischen Produkte des Diplococcus pneu- moniae (Centralbl. für Bakt., XXILI, 1898, p. 678 et 736). 478 COCCACÉES. véritable pneumonie franche qui guérit presque toujours après avoir passé par les phases d'hépalisation rouge et d’hépatisation grise, en tout semblables à ce qui se passe chez l'homme. Les oiseaux sont tout à fait réfractaires. Strouse (1) a montré que, -chez le pigeon, l'immunité était due à la température élevée du corps; en l'abaissant à l'aide d’antithermiques, l'animal devient aussi sensible que la souris. Gamaléia classe l'homme parmi les animaux résistant au virus pneu- monique, d'après la mortalité pneumonique faible (10,8 p. 100), la réaction locale étendue qu'il présente dans la forme de l'inflammation des poumons et la rarelé des microbes dans son sang. Pour lui, la pneumonie n'est pas une infection générale, se localisant de prédilec- tion dans le poumon, mais bien « la réaction locale à l'endroit de l'ino- culation virulente ». Pour observer l'infection chez les animaux, il suffit d'ordinaire de quelques gouttes de bouillon de première culture, injectées sous la peau. Il se produit dans ce cas une véritable septicémie, la seplicémie pneumococcique; on trouve de nombreux Pneumocoques capsulés dans le sang et dans tous les organes; la rate surlout est dure et peut avoir doublé de volume. 11 ne paraîl pas y avoir de préférence pour les mani- festations pulmonaires ; on n'observe pas ou peu de réaction au point d'inoculation. Talamon a cependant obtenu de véritables pneumonies en injectant directement, dans les poumons de lapins, du sang conte- nant de ces Micrococeus. La virulence s'accroit d'ordinaire par passages à travers l'organisme animal, surtout chez la souris et le lapin. La virulence des cultures doit toutefois être pour beaucoup dans les résultats obtenus. Les accidents d'infection générale, grave et rapide- ment mortelle, de septicémie pneumococcique, ne surviennent qu’à la suite d'inoculation d’un microbe bien virulent. Avec un Pneumocoque qui n’est pas très virulent, on n'observe guère qu'une lésion locale, puis de l'amaigrissement, le développement de péricardite, de pleurésie, parfois d'arthriles, suppurées ou non, enfin la mort par cachexie à échéance plus ou moins éloignée. D'après Foa et Bordoni (loc. cit.), linoculation de cultures atténuées ne produit qu'une inflammation localisée, une sorte de pseudo-tubercu- lose, après injection dans le poumon, et confère aux moutons l'immu- nité pour les cultures virulentes. Les lapins inoculés avec des virus très alténués acquièrent limmunité. IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE Il est possible de vacciner les animaux contre l'infection pneumococ- cique. Fraenkel et Emmerich y sont parvenus les premiers en injectant des dilutions de cultures virulentes. Nelter, Foa et Scabia (2) conseillent d'employer des cultures à virulence allénuée. Issaelf (3, a obtenu facile- (1) Srnouse, Experimental studies on Pneumococeus infections (Journ. of exper. med., 1909, Xf, n° 5). (2) Foa et Scawra, Sulla immunita e sulla terapie delle pneumonite (Gazz. med. di Torino, 1892). (3) Issagrr, loc. cil., p. 476. Cu ee hr" é > ne qe LE à. - OLPC NN M}UePT TE \ MICROCOCCUS PASTEURI. 479 ment l'immunisation de lapins en se servant de cultures stérilisées par filtration ou par addition de chloroforme et chauffées à 60° ou 65°. Le liquide est injecté dans le sang de ces animaux à doses successivement croissantes de 10 à 50 centimètres cubes. Il se produit une réaction plus ou moins forte, de la fièvre, une notable diminution de poids. Souvent une seule injection de 10 centimètres cubes de Loxine suffit pour rendre le lapin réfractaire à un haut degré à l'infection pneumococcique. G. et F. Klemperer (1) ont également obtenu l’immunisation d'animaux par l'injection de crachals pneumococciques, d’exsudats à pneumo- coques stérilisés, de sérum sanguin de pneumoniques ; Mosny (2) est arrivé à un résullat analogue avec des macérations filtrées d'organes de lapins morts de seplicémie pneumococcique. Mennes (3), en parlant d'un microbe à virulence très exallée par de nombreux passages chez le lapin, obtient une toxine à l’aide de laquelle il a pu immuniser des lapins, des chèvres, des chevaux. Le sérum de ces derniers animaux serail nettement préventif et curatif à l'égard des infections à Pneumo- coques. D'après Klemperer, le sérum des animaux vaccinés serait nettement antiloxique; 1l contiendrait une anliloxine pneumococcique; c’est aussi l'avis de Wassermann (#), qui croit que l'infection pneumonique pro- voque chez les animaux une irritation de la moelle osseuse qui devient le siège de formation de l'antitoxine. Issaeff pense qu'il n'est pas anti- toxique, mais seulement bactéricide ; cependant, in vitro, il n’exerce aucune action bactéricide sur le microbe qui s'y cultive, bien qu'assez mal. Il faut toutefois, ici, ne pas trop se hâter de vouloir généraliser à l'homme ce que l'on peut observer chez les animaux d'expériences, sur- tout chez le lapin, l’évolution de la maladie présentant des différences capitales; l'infection pneumococcique est, en effet, chez le lapin et d’autres animaux, un processus général, tandis qu'elle reste chez l'homme un processus essentiellement local. Le sérum d'animaux non sensibles au Pneumocoque ne montre aucune efficacité, malgré leur inoculation à forte dose avec des cul- tures ; d'après Foa et Scabia, il hâterait, au contraire, la mort des lapins inoculés. C'est donc surtout le sérum de lapins vaccinés qui peut être employé dans un but thérapeutique (5). G.'et F. Klemperer disent en avoir obtenu de bons résultats, à la dose de 6 à 10 centimètres cubes chez des pneumoniques. Bouchard, Roger, Charrin, Maragliano ont employé avec succès, chez le lapin, contre l'infection pneumococcique expérimentale, et chez l'homme atteint de pneumonie, le sérum d'hommes pneumoniques pris au début de la convalescence. (1) Kcemperer, Versuche über Immunisierung und Heilung bei der Pneumokokken- infection (Berlin. klin. Wochenschr., 1891, p. 833). (2) Mosxx, Recherches expérimentales sur la vaccination contre l'infection pneumo- coccique et sur sa guérison (Arch. de méd. expér., 1892, p. 195). (3) Menxes, Das Antipneumokokken-sérum und der Mechanismus der Immunität des : Kaninchens gegen den Pneumokokken (Zeitschr. für Hygiene, XXV, 1897, p 4131. (4) WaAassERMANN, Pneumokokkenschutzstoffe (Deutsche med. Wochenschr., 1899, p. 111}. (5) Rocer, Application du sérum sanguin au traitement des maladies (Congrès de méd. de Nancy, 1896). 480 ; COCCACÉES. Righi (1) a signalé une guérison d'enfant atteint de méningite aiguë pneumococcique à la suile del injection de 1 centimètre cube de sérum provenant d'un convalescent de même affection. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE Nous l'avons vu très fréquent chez l'homme, où il paraît être pour ainsi dire un habilant normal de la bouche. Il se trouve aussi normale- ment dans les fosses nasales, souvent dans le mucus des bronches, constamment aussi sur les amygdales (Bezançon et Griffon) (2). I vit là en saprophyle, souvent même dépourvu de toute virulence, mais pro- bablement prêt à profiter de toute occasion en pouvant récupérer faci- lement et très vite son activité. A l’état pathologique, c’est l'agent le plus habituel de la pneumonie; on le trouve en abondance dans les crachats, le suc pulmonaire et même le sang des pneumoniques (93 p. 100), où son abondance paraît souvent être en rapport avec la gravité de l'affection (3). Il pourrait même occa- sionner seul la pneumonie suppurée (4). Mais il peut en outre, seul ou en associations avec d’autres microbes, déterminer un grand nombre d’autres affections pathologiques. Il y a des stomatiles, dE parolidites, des otites, des conjonctiviles, des méningites, des myélites, des pleuré- sies, des arthrites, des endocardites, des ostéomyéliles (5), des affections des voies génilo-urinaires, de l'intestin, des infections puerpérales (6), dues au Pneumocoque. Il peut en outre se généraliser et déterminer de vérilables septicémies. Wolf (7) le donne comme un des agents habituels de la méningile cérébro-spinale, plus fréquent même que le Méningo- coque de Weichselbaum. Neufeld (8) signale un véritable érysipèle à Pneumocoques. Il peut déterminer seul la formation de fausses mem- branes croupales et se trouve souvent associé au Bacrlle de Lœffler dans la diphtérie; les fausses membranes à Pneumocoques sont d'ordi- naire épaisses, consistantes. Il peut occasionner des infeclions secon- daires dans le cours d’autres maladies, la grippe par exemple. D'après Marchoux (9), il serait un des microbes pouvant produire cette forme de méningo-encéphalile désignée en Afrique sous le nom de Maladie du sommeil; 4 autres microbes ont élé incriminés, entre autres un Bacille spécial, assez long, produisant des spores, occasionnant par ses toxines une encéphalite et une myélite diffuses (10). Il est prouvé (1) RiGur, La seroterapia nella meningite (La Riforma medica, IX, 1894, p. 566). (2) BrrAncin et GRIFFON, Gaz. des hôp., 1898, n° 45, p. 413. (3) Sizvesrrnt et Serrou, Sellim. Med., 13 mai 1899. (4) Kixrrer, Étude bactériologique de la pneumonie lobaire suppurée. Thèse de Paris, 1901. (5) BLecner, Sur un cas d’ostéomyélite à Pneumocoque (Sem. méd., 1899, n° 3, p. 23). (6) Scnunz et Tainy, Infection puerpérale à Pneumocoques (Revue méd. de l'Est, 1897). — Hercorr, Infection puerpérale à Pneumocoques (Soc. de méd. de Nancy, 26 mai 1897). (7) Wozr, Ein Beitrag zur Aetiologie der circumskripten Meningitis (Berlin. klin. Wochenschr., 1897, n° 10). (8) Neurezp, Zeilschr. für Hygiene, XXXVI. (9) Mancaoux, Rôle du Pneumocoque dans la pathologie et dans la PÉFROBENE de la maladie du sommeil (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIII, 1899, p. 193). (10) Kusorn, La maladie du sommeil (Acad. ‘de méd. de Belgique, 26 octobre 1901). — Van pen Corpur, Sur la pathogénie de la maladie du sommeil (/bid., 28 déc. 1901). r' 16 tnt. un, eals "à" 2] * RARE ST, PRES EN ST QT À 4 LS MICROCOCCUS PASTEURI. 481 aujourd’hui que l'agent de cette affection est un Flagellé, le Trypano- soma gambtiense, que transmettent des Insectes piqueurs, en particulier des Glossines. En dehors du corps de l’homme, la répartition de ce microbe est peu connuedans les différents milieux naturels, où il doit cependant abonder. Emmerich (1) a isolé des cultures de Pneumocoque de la poussière située sous le plancher d’une salle où se trouvaient des pneumoniques ; il aurait obtenu des résultats certains chez les souris, à la suite d'inocu- lation de ces cultures. Uffelmann (2) dit avoir obtenu des cultures carac- téristiques de Pneumocoques de l'air d’une cave; il ne donne aucune preuve expérimentale à l’appui. Netter (3), en inoculant dans le péri- toine de jeunes cobayes de la poussière recueillie dans les salles d'hôpi- taux, a obtenu, à plusieurs reprises, des péritonites et des pleurésies à Pneumocoaues. Les souris, si sensibles à l’action de ces microbes, Joueraient peut- être, dit Gamaléia, un rôle actif dans la propagation des affections pneumoniques, particulièrement dans la production de ces véritables endémies de pneumonie maligne, localisées souvent dans des maisons déterminées, où elles persistent d’une facon très tenace. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC On peut avoir à rechercher le Pneumocoque dans les crachals, dans le pus, dans le sang, dans des exsudats divers, dans des sucs orga- niques ou dans les tissus eux-mêmes. En général, le pus à Pneumo- coques est épais, souvent grumeleux, riche en globules. Pour la constatation du Pneumocoque, les procédés de culture ordi- naires ne donnent que des résultats très irréguliers, sauf la culture dans le sérum de lapin jeune, qui est un véritable milieu de diagnostic (p. 475). Hiss (4) propose, dans ce but, le milieu suivant (Milieu de Hiss) : une partie de sérum de bœuf est mélangée à deux ou trois parties d’eau distillée et une partie d’une solution à 5 p. 100 de teinture de tournesol neutre très pure; on chauffe quelques minutes à l’ébullition. On ajoute 1 p. 100 d'inuline, répartit en tubes qu’on tyndallise à 70°, trois Jours de suite. Le Pneumocoque vrai ne doit pas rougir ce milieu de Hiss et surtout ne pas en produire la coagulation. Les préparations colorées ou l’inoculation aux animaux sensibles permettent, au contraire, de poser très vite des conclusions positives. Bezançon et Griffon (5) préfèrent à l’inoculation directe, comme moyen plus sensible, la culture dans le sérum de lapin jeune suivie, au bout de vingt-quatre heures, d'inoculation à la souris. (1) Eumericu, Pneumoniekokken in der Zwischen-Deckenfüllungs als Ursache einer Pneumonie (Fortschr. der Med., 1884). (2) UrFEeLmaANN, Berlin. klin. Wochenschr., 1887, n° 39, p. 726. (3) Nerrer, Présence du Pneumocoque dans les poussières des salles d'hôpitaux (Soc. de Biol., 29 mai 1897). (4) Hiss, In Studies on the Pneumococcus under the auspices of the medical commis- sion for the Study of acute respiratory diseases of the department of health of the City of New York (The Journ. of exper. med., VII, 1905, p. 401-632). (5) BezanÇox et Grirron, Milieu de diagnostic et milieu de conservation du Pneu- mocoque (Soc. de Biol., 12 mars 1898). Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 31 482 COCCACÉES. Dans les préparations, en opérant comme il a été indiqué plus haut, on distingue très facilement les doubles coccus lancéolés, restant colo- rés après traitement par la méthode de Gram, montrant souvent leur capsule transparente qui retient parfois un peu de matière colorante. L'inoculation aux animaux sensibles est certainement le moyen de recherche le plus sûr. On se sert de lapins ou de souris; Netter prend le lapin; Gamaléia recommande la souris comme l'animal réactif du Pneumocoque. On injecte de la salive ou du suc du poumon; l'injection intraveineuse est préférable. L'animal succombe toujours à la septi- cémie spéciale (seplicémie preumonique). Les lésions viscérales sont peu importantes ; la rate seule est très hypertrophiée. Le sang et les diffé- rents organes renferment des quantités de diplocoques spéciaux qui se montrent, après coloration, entourés de leur auréole. Comme l'injection intraveineuse de suc pneumonique ou de crachats amène souvent la mort par embolie, que le Pneumocoque est parfois peu abondant dans le sang de l'animal inoculé et peut y être dépourvu de capsules, que par l'injection sous-cutanée à la souris les microbes sont encore plus rares dans le sang, Honl (1) propose l'injection sous-cuta- née à l'oreille du lapin, toujours suivie de signes bien particuliers. Au bout de vingt-quatre heures, l'oreille est œdématiée; l'œdème envahit bientôt toute la tête et surtout les parties molles de la mâchoire infé- rieure. L'animal meurt en deux ou trois jours, quelquefois plus lente- ment si le Pneumocoque est plus virulent. Dans le liquide qui sort de la région œdématiée, on trouve de nombreux Pneumocoques encapsulés, donnant facilement des cultures pures. Dans les autres affections que la pneumococcie, les crachats n’amènent pas la mort du lapin parce que les Pneumocoques sont trop peu abondants et (trop peu virulents pour tuer le lapin par cette voie. On rencontre fréquemment, dans la bouche surtout, des Pneumo- coques atypiques, qu'une série de passages dans les milieux au sérum peut ramener au type normal. C’est le cas du Sfr eplococcus mucosus capsulatus de Schotimuller qui avait été rapproché à tort du S/rep- tocoque. Ces formes atypiques, d’après Park et Williams (2), seraient plus fréquentes dans la bouche des personnes saines que dans celle des pneumoniques. Il existe du reste entre le Pneumocoque et le Streplocoque des rapports certains. Ce sont des microbes qui peuvent'être considérés, avec l’'Enté- rocoque dont il sera question plus loin, comme faisant partie d'un même groupe naturel. Sérodiagnostic. — Les sérums des pneumoniques, et celui des animaux immunisés contre le Pneumocoque, possèdent des propriétés agglutinantes manifestes vis-à-vis des cultures du microbe. Les amas se forment plus ou moins bien, suivant les cas, avec un microbe récem- ment retiré d’exsudat pneumonique ; on n'obtient souvent rien avec les cultures entretenues depuis quelque temps dans les laboratoires (3). La (1) Hoxr, Experimentelles Pneumokokkenœdem und dessen diagnostische Bedeu- tung (Centralbl. für Bakt., XXIII, 1898, p. 274). (2) Park et Wizriams, In Studies on the Pneumococcus, de la Commission améri- caine, citées précédemment (p. 481). (3) Bezaxçox et Grirrox, Pouvoir agglutinatif du sérum dans les infections expéri- mentales et humaines à Pneumocoques (Soc. de Biol., 5 et 19 juin 1897), — In., Du MICROCOCCUS ENTERITIS. 483 réaction peut se produire ici alors que le microbe se trouve dans le sang; dès la défervescence, elle diminue et arrive à disparaître rapidement. On ne l’observe pas avec tous les Pneumocoques; on peut ne l’observer qu'avec le microbe isolé du malade lui-même. Pour mettre nettement en évidence la réaction d'agglutination, Bezançon et Griffon (1) recommandent la culture du Pneumocoque dans le sérum sanguin du malade lui-même. On peut prendre du sang avec une seringue stérilisée, dans une veine superficielle, ou utiliser celui qui est fourni par l'application d’une ou deux ventouses scaritiées. Dans ce dernier cas, on fait l’asepsie de la peau, comme d'habitude, et on flambe la capsule de la ventouse. Le sang recueilli est mis à coa- guler dans un vase stérilisé. Il suffit de 1 ou 2 centimètres cubes de sérum, que l’on répartit dans deux ou trois petits tubes stérilisés. Ces tubes sont ensemencés avec une culture de Pneumocoque et mis à l'é- tuve à 370. On les examine après quinze à seize heures. Dans le cas d'infection pneumococcique, ou bien le sérum est clair et l’on voit au fond un dépôt formé d’amas irréguliers de microbes ; ou bien le liquide est trouble, mais montre, au microscope, des amas formés de microbes et de chaînettes agglutinés. L'agglutination est toujours plus nette avec un microbe isolé de la bouche du même malade qu'avec un mi- crobe de laboratoire où un provenant d’autres individus ; elle peut souvent ne réussir que dans le premier cas. L'agglutination ne se pro- duit jamais avec un sérum normal d'homme, de lapin ou de chien. La réaction à l’antitoxine ne donne pas de résultats nets. MICROCOCCUS ENTERITIS. (Streptococcus enteritis d'Escherich, Entérocoque de Thiercelin.) Les formes de Streptocoques décrites par Escherich (2) dans l’intes- ün des nourrissons, probablement les Streptocoques de la bouche de Marot (p. 462), et le microbe décrit par Thiercelin (3) comme espèce commensale de l'intestin de l’homme, pouvant à l'occasion devenir pathogène, doivent bien probablement être rapportés à un même type microbien doué d’un grand polymorphisme, protéiforme, comme le dit Jouhaud (4) dans une excellente étude. séro-diagnostic des affections à Pneumocoques (Congrès franç. de méd. de Montpel- lier, 1898). } (1) Bezaxçon et Grirrox, Étude de la réaction agglutinante du sérum dans les infections expérimentales et humaine à Pneumocoques (Ann. de l'Inst. Pas- teur, XIV, 1900, p. 448). — Grirrox, L'agglutination du Pneumocoque. Thèse de Paris, 1903. (2) Escnericn, Die Darmbacterien der Saüglings und ihre Beziehungen zur Physio- logie der Verdauung (Fortschr. der Med., 1885). — In., Die Bedeutung der Bakterien in der Aetiologie der Magendarmerkrankungen der Saüglinge (Deutsche med. Wochenschr., 1898, n° 40 et 41). — In., Ueber Streptokokken Enteritis im Säuglings- alter (Jahrb. für Kinderheilkunde, XLIX, 1899, p. 137). (3) TaierceuN, Sur un Diplocoque saprophyte de l'intestin susceptible de devenir pathogène (Soc. de Biol., 15 avril 1899). — [n., Morphologie et mode de reproduction de l’Entérocoque (/bid,, 24 juin 1899). (4) Jounau», Caractères biologiques de l'Entérocoque. Thèse de Paris, 1903. 484 COCCACÉES. MORPHOLOGIE Dans les selles normales, où il se rencontre souvent en grand Fig. 214. — Forme typique de l'Entérocoque (d’après Jouhaud). 1250/1- nombre, 1l se présente le plus souvent sous la forme de diplo- coques de volume variable, à grains arrondis ou lancéolés, ,comme le Pneumocoque, sou- vent irréguliers, entourés même parfois d'une petite capsule; d’autres fois, les diplocoques sont associés en chaînettes don- nant des formes de Strepto- coques, le plus souvent cour- bées ou ondulées ; certains élé- ments peuvent même donner de petits bâtonnets. Dans cer- taines affections intestinales, il est beaucoup plus abondant dans les selles, où il présente du reste les mêmes variations de forme. Dans les cultures ordinaires, on trouve surtout la forme en diplo- Fig. 215. — Formes variées de l’Entérocoque (d’après Jouhaud). 1250/1. MICROCOCCUS ENTERITIS. 185 / coques (fig. 214), avec ou sans auréole, puis des chaïnettes de longueur moyenne (fig. 215). Dans les vieilles cultures, on trouve des formes très variées, des élé- ments géants, arrondis, en massues, filamenteux, donnant des sortes de bourgeons ou d'excroissances. Dans les cultures additionnées de sub- siances chimiques, surtout les cultures bichromatées à 08,05 p. 100 de bouillon, on observe la production d'éléments de dégénérescence de formes très variées, surtout allongés, même filamenteux (fig. 216). Fig. 216. — Entérocoque. Formes de dégénérescence de cultures en bouillon bichromaté (d'après Jouhaud). 2340/1. D'après Jouhaud, en culture dans un sac de collodion plongé dans le bouillon, surtout si ce bouillon a été ensemencé avec du Bacille typhique ou contient des toxines de ce dernier microbe, on trouve des chaïînettes très longues, à éléments affectant nettement la disposition diplococ- cique (fig. 217). D’après Thiercelin, il pourrait se former des spores dans les éléments : c'est très douteux. L'Entérocoque se colore facilement aux couleurs d'’aniline et reste coloré par la méthode de Gram. Les formes anormales se colorent mal ou pas du tout. Cultures. — L'ÆEniérocoque s'accommode de très peu de matière nutritive; il végète même dans l'eau ordinaire stérilisée et dans les solutions minérales ordinaires. Les cultures s'obtiennent difficilement en partant des selles normales, 486 COCCACÉES. facilement au contraire avec les selles pathologiques qui contiennent ce microbe en très grande abondance. Il suffit d'ensemencer une parcelle: de produit dans le bouillon et d'isoler ensuite en stries sur gélose. Thiercelin (1) recommande, pour les selles normales, de diluer une parcelle des matières fécales dans un tube de bouillon de culture et de filtrer sur un double filtre de papier, l'entonnoir et les filtres étant stérilisés. On ensemence ensuite des tubes de gélose avec le liquide ; l’'Entérocoque presque seul a traversé le filtre. Ou bien de faire une culture en bouillon, dans le vide, avec une parcelle de matière fécale ; ci ® ? et Pare L EL 2 CS 3 : No LU + L] # vs, : è , £ » e Fig. 217. — Culture d'Entérocoque en sac de collodion, soumise à l’action des produits sécrétés par le Bacille typhique (d’après Jouhaud). 530/1. l'Entérocoque, poussant plus rapidement que les autres en anaérobie, s'obtient facilement sur gélose au bout de vingt-quatre heures. Les cultures sont souvent variables comme aspect, même quand elles sont faites dans des conditions en apparence identiques, même ense- mencées avec un même produit. Le microbe se cultive en aérobie et en anaérobie. Les cultures anaé- robies paraissent plus résistantes. La température optima parait comprise entre 38° et 40°; le microbe pousse très bien encore à 43°, mais plus à 46°. (1) Tuierceun, Procédés faciles pour isoler l’'Entérocoque des selles normales (Soc. de Biol., 26 juillet 1902). PARCS TN LT MICROCOCCUS ENTERITIS. 487 CULTURE DANS LE BOUILLON. — Le liquide se trouble uniformément et donne après quelques jours un dépôt blanchâtre muqueux ; c'est ce qui arrive avec les bouillons bien nutritifs, le bouillon Martin par exemple. Dans les bouillons pauvres, le milieu reste limpide et il se forme, sur les parois et au fond du tube, un léger piqueté floconneux qui rappelle l'aspect donné fréquemment par le S{reptocoque pyogène. CULTURE SUR GÉLOSE. — [1 s'y forme de petites colonies rondes, punc- tiformes, transparentes (fig. 218), ressemblant aux cultures du Pneu- mocoque sur ce même milieu, plus opaques ce- pendant et possédant un relief plus marqué. Les bords en sont même par- foisirréguliersetsinueux. CULTURE SUR GÉLATINE. — Les colonies ne diffè- rentguère de celles obte- nues sur gélose; elles se développent plus lente- ment à cause de la difré- rence de lempérature, mais sont toujours assez marquées. Le milieu n’est jamais liquéfié. En PAAUEes il : . Fait l'ig. 218. — Colonies d'Entérocoque sur gélose une ligne moniliforme (d'après Jouhaud}. 40/1. le long du canal et une colonie un peu plus grande et plus opaque à la surface. En strie, on obtient des colonies isolées, ou une bande brillante, à demi transparente. CULTURE EN SÉRUM LiQuipEe. — La culture est minime: il se forme un dépôt peu abondani montrant des diplocoques entourés parfois d'une petite auréole ou d'une mince capsule. CULTURE SUR SÉRUM CoAGULÉ. — Le développement est très peu mar- qué. Le milieu n’est jamais liquéfié. CULTURE SUR POMME DE TERRE. — L'Entérocoque y pousse très mal et forme à peine une légère couche vernissée. CULTURE DANS LE LAIT. — Le développement s’y fait très bien. La coagu- lation apparaît généralement en vingt-quatre heures, mais elle _esl inconstante. Aucune des cultures ne produit de gaz ou d’odeur. L'Ænlérocoque se cultive très bien dans les bouillons de culture fil- trés du Bacille typhique, du Colibacille, du Staphylocoque doré. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES La vitalité est en général très grande. Les cultures donnent des résul- tats positifs après un temps très long de conservation. Une température de 60°, maintenue pendant quinze ou vingt minutes, 31. 488 COCCACÉES. suffit pour les stériliser. La dessiccation n'agit que très lentement. La résistance aux antiseptiques paraît assez grande. Le microbe pousse bien dans le bouillon phéniqué à 1£°,25 p. 1000 qui sert pour l'isolement du Colibacille. Rosenthal (1) dit même qu'on peut arriver graduellement à le faire se développer dans un bouillon qui contient jusqu’à 6 p. 1000 d'acide phénique. L'aldéhyde formique paraît être l'antiseptique le plus actif contre ce microbe ; à la dose de 1 p. 60000, il n'en empêche cependant pas la culture. L'action sur les différents sucres paraît nulle. D'après Coyon (2) cependant, il se produirait de l'acide acétique, de l'acide lactique et un peu d’alcool. L'albumine n'est pas attaquée. Le microbe sécréterait une loxine produisant à la longue des effets cachectisants rappelant l’athrepsie vraie. INOCULATION EXPÉRIMENTALE L'Entérocoque n’est pas pathogène pour le cobaye. 11 l'est peu pour le lapin qui n’est tué rapidement que par de très fortes doses en injec- Fig. 219. — Sérosité péritonéale d’une grenouille vingt-quatre heures après l’inoculation (d’après Jouhaud). 1320 /1. ions sous-culanées: avec des doses moyennes, l'animal se cachectise lentement et meurt après un mois ou deux, ne présentant plus de (1) Rosexrnaz, Recherches bactériologiques et cliniques sur quelques cas de bron- chopneumonie aiguë. Thèse de Paris, 1900. 2) Coxox, Flore microbienne de l'estomac. Thèse de Paris, 1900. MICROCOCCUS ENTERITIS. ) 189 microbes dans ses organes. L’élimination se fait rapidement par les reins; l'urine montre très vite de grandes quantités de microbes. Il est aussi pathogène pour Hs souris ; 1 centimètre cube de culture dans le bouillon, eninoculation sous-cutanée, peut la tuer en vingt- quatre heures. On trouve quelques Mer atee auréolés dans le sang et des matières diarrhéiques dans l'intestin grêle. D'autres fois, elle résiste ou ne présente que des phénomènes locaux. Sacquépée aurail obtenu la mort à la suite d’ingestion. Chez la grenouille, à la ne de l’inoculation dans le sac EE dorsal, il se produit une phagocytose très intense: certains leucocytes quelques heures après l’inoculation, sont bourrés de microbes(fig. 219. L'animal résiste et ne succombe qu'avec des doses énormes de culture, ou l'arrêt de l’action phagocytaire par la chloroformisation. _ HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE Il paraîilètre un microbe saprophyte, commensal de l'intestin normal qu'il peut habiter danstoute sa longueur. mais susceptible de devenir viru- lent et de jouer un rôle important en pathologie intestinale, soit comme agent pathogène direct, soit comme agent d'infections secondaires. On doit lui rapporter probablement pas mal d'entérites infectieuses, parti- culièrement des entérites des nourrissons el des jeunes enfants, des entérites muco-membraneuses de l'enfant ou de l'adulte (1), certains cas - d’entérites cholériformes. Lewkowiez (2) et Simonin (3) croient qu'il joue un rôle actif dans beaucoup de dysenteries. Il abonde dans les mucosités glaireuses du contenu intestinal et paraît jouer un rôle dans la production de l'appendicite; peul-être doit-on lui rapporter certains cas d'embarras gastrique (on le rencontre en effet aussi dans l'estomac) el d'ictère infectieux, de cholécystites (Gilbert et Lippmann), d'hépatite suppurée. La grippe pourrait être une forme d'entérococcie. Thiercelin et Rosenthal l'ont rencontré dans le nez, la bouche, le pharynx, sur la peau, dans le vagin, sur la vulve à l’état normal; ils l'ont trouvé, seul, dans le pus de certaines méningites cérébro-spinales épidémiques, dans ‘des bronchites el des bronchopneumonies, probablement grippales (entérococcie pulmonaire). Il peut occasionner une véritable septicémie et se trouver alors dans le sang. Thiercelin le soupçonne d'être un agent de la fièvre puerpérale (4). L'association avec le Colibacille parait favo- riser l’action des deux microbes (5). On a signalé des urétrites à Enté- rocoque (6). (1) insu, Ein Fall von Streptokokken-Enteritis im Saüglingsaälter (Centralbl. für Bakt., XXII, 1897, p. 369). — Lismanx, Weitere Mittheilungen über die Streptokokken- Enteritis bei Sauüglingen (/bid., p. 376). — SriscecserG, Ein weiterer Beitrag zur Streptokokken-Enteritis im Saüglingsalter (Zbid., XXIV, 1898, p. 49). (2) Lewkowiez, L'Entérocoque comme agent de dysenterie (Prseglad lekarsky, 1901, n°s 5-7, en polonais). (3) Simonix, Sur la présence et la signification de l'Entérocoque dans les selles dysen- tériques (Soc. de Biol., 30 mars 1901). (4) THiERCELIN, L'Entérocoque dans les produits organiques en putréfaction et dans l'infection puerpérale (Soc. de Biol., 1908). (5) Hurner, Entéro-colite aiguë (choléra sec) chez les'enfants (Sem. méd., 1899, ne 4, p. 25). — De Nosécourr, Sur la pathogénie des affections gastro-intestinales des jeunes enfants (Sem. méd., 1899, n° 22, p. 169, et Thèse de Paris, 1899). (6) Lavexanr et Trasrour, Les urétrites à Entérocoques (Tribune méd., 9 déc. 1905). 490 COCCACÉES. Tissier (1) ne l'a jamais rencontré dans les selles normales des enfants nourris au sein ; il est au contraire fréquent dans les selles normales et pathologiques des enfants nourris au biberon. Pour Jouhaud, il Jouerait un grand rôle dans l’athrepsie infantile. Sacquépée (2) considère l'Entérocoque comme agent d'intoxication alimentaire. Il l’a rencontré dans du lard salé ayant déterminé une épi- démie bénigne de 160 cas. Il existait en abondance dans les selles des malades et possédait une virulence notable, ayant facilement baissé. Le Streplocoque, signalé par Bonome (3) dans la méningite cérébro- spinale est peut-être à rapprocher de l'Entérocoque, si ce n'est pas du Pneumocoque. Tissier et Martelly ont signalé ce microbe dans les putréfactions des viandes. Il pourrait être ce Streptocoque poussant dans les bouillons phé- niqués dont j'ai signalé la présence fréquente dans les eaux souillées. Par bien des caractères, il se rapproche du S{replocoque pyogène el du Pneumocoque, à tel point qu'on serait tenté de le regarder comme un type intermédiaire entre ces deux microbes. Il présente aussi des ressemblances certaines avec le Méningocoque. MICROCOCCUS TETRAGENUS GarrKky. (Tétragène.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL, XXI. I a été signalé par Koch, qui l'avait trouvé dans le contenu d'une caverne pulmonaire. C'est Gaffky (4) qui Là lui a donné son nem el a fourni les pre- miers détails sur sa FE morphologie. ” _ Tout à côté de cette 8 2 ÊNES | première espèce, à &F7 \BLS. 9 considérer comme es- pèces bien distinctes 3 ou comme variétés, viennent les Micro- coccus telragenus sep- licus, Micrococcus te- Fig. 220, — Crachats contenant des Micrococcus lelragenus tragenus albus et Mi- et des Bacilles de la luberculose. 600/1. CroCoCCUS letragenus aureus décrits par Boutron (5). Le premier, virulent, provenait de crachats de phtisiques. Le second, à cultures blanches, non virulent, a été rencontré dans la (4) Tissrer, Recherches sur la flore intestinale du nourrisson. Thèse de Paris, 1900. (2) SacquérÉr, Intoxications alimentaires à Entérocoques (Soc. de Biol., 19 oct. 1907). (3) Boxows, Sull’aetiologia della meningite cerebro-spinale epidemica (Arch. per le sc. med., XIII, 1890). (4) Garry, Ueber antiseptische Eigenschaftes der in der Esmarch’schen Klinik als Verband mittel benutzten Torfmulls (Langenbeck's Arch., XX VIII, 1893, p. 495). (5) Bourrow, Recherches sur le Micrococcus tetragenus septicus et quelques éspèces voisines, Thèse de Paris, 1893. MICROCOCCUS TETRAGENUS. 491 bouche d'individus sains. Le troisième, non virulent, à cultures jau- nâtres, s'est trouvé sur le mamelon et dans le lait de femmes. On doit peut-être encore placer 1cile Micrococcus letragenus mobilis ventriculi de Mendoza (1), qui présente une mobilité bien évidente, et le Micrococcus tetragenus concentricus trouvé par Schenk (2) dans les selles. P. Teissier (3) a donné une bonne monographie du Micrococcus letragenus. Le travail de Bosc et Galavielle (4) contient aussi beaucoup de données intéressantes. MORPHOLOGIE Les éléments sont des coccus sphériques de 1 x et plus de diamètre, qui, provenant de l'organisme, se montrent d'habitude réunis par quatre, d’où vient le nom attribué à l'espèce ; dans les cultures âgées, les élé- ments n'ont souvent que 0,6 & ou 0,8 y. Ici, la disposition en tétrades est rare ; on trouve souvent des diplocoques ou des coccus isolés, par- TIC 0 Qes382 vis que sr e 028 jo @® 6 Q x] 000e2252 goss o 000%: 2p9e%1008:° Fig. 221. — Formes et aspects divers du Tétragène en cultures (d’après Bosc et Galavielle). fois en chaînettes. L'aspect rappelle un peu celui des Sarcines, mais la division ne se fait pas suivant trois directions, comme chez ces der- nières. Les létrades, parleur assemblage, ne donnent jamais des masses cubiques, mais seulement des tablettes, ayant un seul élément dans leur épaisseur, ce qui les distingue des Sarcines, fréquentes aussi dans les crachats. Dans les cultures, les éléments sont d'ordinaire isolés ou réunis en amas irréguliers. A côté de cette forme en tétrades régulières, que l’on peut considérer comme typique, on rencontre dans les cultures et dans l'organisme des formes des plus variées, des tétrades irrégulières, des triades, des diplocoques, même des coccus isolés; de plus, la grosseur des éléments présente de grandes variations. La figure 221, empruntée à Bosc et Galavielle, donne de bons exemples de ces différents aspects. (1) Mexnoza, Ueber einen neuen Micrococcus (Centralbl. für Bakt., VI, 1889, p. 566). (2) Scnenx, Micrococcus tetragenus concentricus in Fæces (Allgem. Wiener med. Zeit., 1892, p. 81). (3) P. Teissier, Contribution à l'étude du Tétragène (Arch. de méd, expér., 1896, p- 14). (4) Bosc et Gazaviezze, Recherches sur le Micrococcus tetragenus (Arch. de méd. expér., XI, 1899, p. 70). 492 COCCACÉES. Les tétrades, prises dans l'organisme et surtout observées dans les coupes de poumon ou de rein (fig. 222), paraissent entourées d’une Fig. 222. — Micrococcus telragenus. Rein de souris. 1200/1. enveloppe gélatineuse moins marquée que celle du Pneumocoque: cette sorte de capsule manque aux coccus des cul- tures. Ces Micrococcus se colorent for- : tement par les couleurs d’aniline et ne se décolorent pas par la méthode de Gram; la capsule ne se colore pas ou faiblement par les violets, mieux par l’éosine. Cultures. — Le Micrococcus tetra- genus se cultive bien sur tous les mi- lieux. Il ne croît pas lentement. C'est une Bactérie aérobie, mais pouvant se contenter de très faibles quantités d'oxygène, et peut-être un anaérobie facultatif. La capsule manque toujours dans les cultures. L'optimum de température est vers 37°-39°; à 20°, la végétation est très lente; elle ne Fig. 223, — Culture de Micrococcus te- tragenus sur géla- tine. se fait plus au-dessous de 15, En culture sur plaques de gélatine, il donne, au bout de deux jours, de petits points blancs dans l'intérieur de la gelée; à un faible grossissement, ces points ont une teinte gris jaunâtre, une surface granuleuse et des bords sinueux. Les colonies qui arrivent à la surface produisent de petites colonies bombées, d’un blanc brillant, d'aspect porcelané, atteignant 1 ou 2 millimètres de diamètre. // ne li- quéfie jamais la gélatine. Sur gélatine, en piqûre, il forme, dans le canal de la piqûre, des colonies rondes isolées à la partie inférieure, confluentes à la partie supérieure; à la surface, un bouton hémisphérique (fig. 223), blanc laiteux, un peu jaunâtre, ou un disque, déprimé au centre, de même nuance. Sur gélose, on obtient, le long de la strie, des colonies rondes, blanches, un peu humides, qui con- fluent en un enduit blanchâtre, crémeux, très vis- queux. Dans le bouillon, il se développe bien ; il y forme un dépôt épais souvent de plusieurs millimètres, visqueux. Le bouillon devient très vite alcalin. Le lait n’est pas coagulé par le T'élragène type, qui n'y végèle que médiocrement. Chauffard et Ra- mond (1) ont rencontré un Tétragène blanc qui coagulait le lait, Achard et Gaillard (2) un T'étragène doré qui coagulait après ébullition. (1) Caaurranp et Ramoxn, Deux cas mortels de septicémie tétragénique (Arch. de méd. expér., 1896, p. 304). (2) Acnanp et Gaizzarp, Contribution à l’étude biochimique des genres Tétragène et Staphylocoque (Arch. de méd. expér., XI, 1899, p. 96). de CR RE Let nn ne, de à Le à L PT PT TC PPT PP PR Te sl fo 2 dntitents le st er ; ’ / ÿ MICROCOCCUS TETRAGENUS. 493 Sur sérum coagulé, le développement est rapide; il donne une culture épaisse, muqueuse. Sur pomme de terre, il se forme de pelites colonies blanches arron- dies, qui confluent souvent en une bande blanche visqueuse. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES C’est un microbe assez résistant, qui conserve facilement sa vitalité en cultures. Sa virulence est très variable, tantôt nulle ou presque, le plus souvent bien marquée. Elle se renforce par passages dans les organismes récep- üfs. Elle se conserve longtemps dansles cultures qui ne paraissent pas subir d'atténuation avec l’âge; les cultures de Biondi n'avaient encore rien perdu de leur virulence après vingt semaines; à l'Institut d'hygiène de Berlin, des cultures, fréquemment renouvelées, avaient encore, au bout de quatre ans, toute leur puissance d'infection. Les bouillons de culture filtrés sont peu toxiques et pas pyogènes; il en est de même des produits stérilisés par la chaleur. Griffiths (1) a isolé des cultures une ptomaine solide, blanche, cristallisable, en aiguilles prismatiques, soluble dans l’eau, tuant les animaux en trente- six heures. INOCULATION EXPÉRIMENTALE Les cultures sont virulentes pour les souris blanches et les cobayes ; les souris de champs et de maison, les lapins, les chiens, les oiseaux paraissent peu sensibles ou réfractaires. Les souris blanches meurent souvent en vingt-quatre heures, après une inoculation sous la peau de très faibles quantités de culture, d'une véritable septicémie. Le sang renferme de nombreuses tétrades; on en trouve de gros amas dans le rein (fig. 222), le foie, la rate; les poumons sont hyperémiés, mais ne présentent pas d'hépatisation. Les cobayes meurent de trois à cinq Jours, avec des symptômes moins marqués. Les animaux moins récep- üfs, le lapin par exemple, ne présentent qu'une minime lésion locale ; c'est, suivant la virulence, une simple escarre ou un abcès à évolution lente. L'inoculation par voie stomacale détermine, chez le cobaye, de la diarrhée, un amaigrissement rapide et la mort après quelques jours. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE Miquel dit avoir isolé ce microbe de l'air. Il esten tout cas commun chez l'homme et les animaux et son habitat de prédilection paraît être les voies digestives antérieures, surtout la bouche; de là, il peut facilement se répandre ailleurs. Koch le consi- dérait comme un saprophyte, mais pensait cependant qu'il pouvait jouer un rôle actif dans le processus de destruction du tissu pulmonaire chez les phtisiques. Il est fréquent dans les crachats des phtisiques, accompagnant sou- vent le Bacille de la tuberculose (fig. 220), ou dans le contenu purulent (1) Grirriras, Ptomaïne du Micrococcus letragenus (C. R. de l’Acad. des sc., CXV, 1892, p. 418). 494 COCCACÉES. des cavernes. Biondi (1), sur cinquante personnes examinées à cet effet, l'a rencontré trois fois, sans qu'il y ait, chez les individus porteurs, d'indices d'affection pulmonaire. Il semblerait donc pouvoir se ren- contrer, assez rarement toutefois, dans la salive à l’état normal. Il y a lieu toutefois de le distinguer de plusieurs espèces de Sarcines que l'on trouve dans ces mêmes condilions. Il paraît pouvoir occasionner une véritable suppuration ; la statistique de Karlinski (2) montre qu'il est encore assez fréquent seul dans le pus d’abcès ou de furoncles. Chez l'homme, c’est le microbe que l'on ren- contre le plus souvent dans le pus des abcès dentaires. Netter (3) l’a rencontré dans le pus d’ empy ème avec le Pneumocoque. Faisans et Le Damany (4) le signalent dans un épanchement pleuré- tique, Bezançon et Lepage (5) dans le pus d’une méningite, Appert (6) dans des angines d’aspect assez spécial (angine sableuse de Dieulafoy) ; Lartigau (7) le dit assez commun dans les angines aiguës, où Carrière (8) l'a également rencontré. Il est amplement démontré que c'est un agent actif de suppuration chez l'homme: ce sont surtout, mais non exclusi- vement, les suppurations dentaires ou celles du voisinage de la cavité buccale qui sont sous sa dépendance. Des observations de Netter, de Chauffard et Ramond prouvent que ce microbe peut faire non seule- ment une lésion locale, mais une véritable infection généralisée, une seplicémie tétragénique dont les lésions rappellent celles observées chez la souris à la suite d'inoculation virulente ; onle cite même comme agent de certaines infections puerpérales (9). RECHERCHE ET DIAGNOSTIC L'aspect si particulier, les cultures, l’inoculation à la souris, la colo- ration par la méthode de Gram, feront aisément reconnaître le Micro- coccus lelragenus. (1) Brownr, Die pathogenen Microorganismen der Speichels (Zeitschr. für Hygiene, II, 1887, p. 194). (2) Karuwsxr, Centralbl. für Bakt., VII, 1890, p. 113. (3) Nerrer, Utilité des recherches bactériologiques pour le pronostic et le traitement des pleurésies purulentes (Bull. de la Soc. méd. des hôp., 16 mai 1890, et Sem. méd., 1890, n° 227). (4) Faisaxs et Le Damany, Sur la présence du Détrépène dans les épanchements pleurétiques (Soc. méd. des hô ôp., 2 juillet 1897). (5) Bezaxçox et LeraGe, Méningite suppurée localisée due au Microcoque tétragène (Soc. méd. des hôp., 21 janvier 1888). (6) Arerr, Le Tétragène dans les angines (Soc. de Biol., 29 janvier 1898). (7) LamriGau, À contribution to the study of the Micrococcus tetragenus in acute angina (The Philadelphia med. Journ., 22 avril 1899). (8) Carrière, Angine à Tétragènes (Revue de méd., 1902, n° 5, p. 592). (9) Oorox et Or, Infection puerpérale prolongée ; infection à Tétragènes (Ann. de gynécol., mars 1909). « MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 495 MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS WEICHSELBAUM. (Diplococcus intracellularis meningilidis, Méningocoque, Diplocoque intracellulaire.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL. XX, Weichselbaum (1) a décrit, en 1887, sous le nom de Diplococcus intra- cellularis meningitidis un microbe rencontré dans une série de cas de méningite cérébro-spinale épidémique, qu'il donne comme l'agent spéci- fique de cette affection. Marchiafava et Celli (2), en 1884, avaient déjà signalé à l’autopsie, dans deux cas de méningite cérébro-spinale, un diplocoque intracellulaire très semblable au Gonocoque. Les recherches ultérieures, notamment beaucoup de travaux récents, ont confirmé en tous points les assertions de Weichselbaum et doivent faire reconnaître le Diplocoque de Weichselbaum comme le microbe spécifique de la méningite cérébro-spinale épidémique, le véritable Méningocoque. D'autres espèces microbiennes, notamment le Pneumocoque, peuvent occasionner des processus similaires, comme on le verra plus loim à l'étude du Rôle étiologique ; la véritable spécificité est acquise au Méningocoque. Malgré les rapportsintimes que ce microbe peut présenter avec d’auires espèces, en particulier le Gonocoque, il semble bien démontré qu'il représente un type spécifique distinct. Ses caractères différentiels ont été bien fixés, après les recherches de Weichselbaum, par toute une série de bons travaux dont les plus importants sont ceux d'Albrechl et Ghon (3), de Bettencourt et França (4), de Lingelsheim (5), de Flex- ner (6), de Dopter et Koch (7). MORPHOLOGIE Caractères microscopiques.—Telqu'onlerencontre dans le liquide céphalo-rachidien ou dans le pus de la surface des méninges, le Ménin- gocoque se présente en diplocoques à éléments irréguliers, aplalis sur leur face de contact, rappelant l'aspect etles dimensions du Gonocoque, (1) WercuserBaum, Ueber die Aetiologie der akuten Meningitis cerebrospinalis (Forlschr. der med., 1887, nos 18, 19, p. 573, 620, 626). (2) MarcnraravA et Cet, Sur les Microbes de la méningite cérébro-spinale épidé- mique (Gaz. degli Ospedali, 27 janvier 1884). (3) Azsrecar et Guon, Zur Fräge der Morphologischen unûà biologischen Charak- terisierung des Meningococcus intracellularis (Centralbl. für Bakt., Originale, XXXIII, 1903, p. 496). (4) BerrencourrT et França, Ueber die Meningitis cerebrospinalis epidemica und ihren specifischen Erreger (Zeitschr. für Hyg., XLVI, 1904, p. 463); et: Sur la ménin- gite cérébro-spinale épidémique et son agent spécifique (Arch. de l'Inst. royal de bactériologie Camara Pestana, 1, 1906, p. 1). (5) BwGEersneim, Meningokokken und verwandte Bakterien (XVe Intern. Kongress für Hygiene. Berlin, 1907). (6) Fcexner, Contribution to the biology of Diplococcus intracellularis (Journ. of exper. med., 1907). (1) Dorrer et Kocn, Voy. surtout la thèse de Koch : Études bactériologiques sur le Méningocoque. Thèses de Paris, 1909. 196 COCCACÉES. en grains de café. Les diplocoques sont alors souvent inclus dans les leucocytes; toutefois on en rencontre de libres dans le liquide. Ils ne Fig. 224. — Pus de méningite cérébro- spinale (d’après Weichselbaum). forment jamais de vraies chai- nettes ; seulement, parfois des diplo- coques peuvent se trouver acci- dentellement rapprochés et sembler alors en courtes chaînes. Leur nombre est très variable; on peut rencontrer des leucocytes qui en renferment un grand nombre, en sont même littéralement bondés fig. 224 et 225); il s’en trouve même parfois dans les noyaux. Ou bien on n'aperçoit que de rares éléments avec un ou deux diplo- coques ; la constalation du microbe peut être délicate au microscope, même dans des liquides purulents, en raison de sa rareté; il faut re- courir à d'autres moyens, particulièrement aux cultures. Fig. 225. — Liquide de ponction lombaire d'enfant atteint de méningite cérébro- spinale. 1200/1. Dans les cultures, le microbe se présente en diplocoques très nets, asymétriques, en grains de café; on rencontre parfois quelques tétrades, ce qui n'arrive jamais pour le Gonocoque. Des formes plus grosses sont fréquentes, atteignant parfois quatre à cinq fois le diamètre des éléments ordinaires, véritables formes géantes; Flexner les consi- dère comme des formes de dégénérescence ; elles disparaissent vite des cultures. MICROCCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 497 Dans l'organisme ou dansles cultures, le microbene présente jamais de capsules, parfois cependant une mince auréole. Leséléments ne paraissent doués d'aucune motilité. On ne constate pas de formation de spores. Coloration. — Le Méningocoque se colore bien par toutes les couleurs basiques d’aniline; très bien à la fuchsine phéniquée de Ziehl, au mieux à la thionine phéniquée. Certains éléments se colorent plus fortement que les autres ; on a voulu en faire des formes de résistance sans motifs suffisants. Dans les cultures, on trouve des éléments qui se colorent mal, à contours peu nets, semblant en dépé- rissement. Il se décolore louiours par la méthode de Gram. Ce caractère, déjà mis en avant par Weichselbaum, paraît aujourd'hui strictement établi, et doit légitimement servir pour la différenciation. Cultures. — C'est un aérobie strict. Il ne pousse pas à la température du laboratoire, commence à végéter faiblement à 25°, jamais au-dessous, et présente son optimum vers 37°. Il cultive encore à 42° (Albrecht et Ghon), même à 43° (von Ligelsheim). Il végète au mieux dans les milieux à réaction neutre, mais peut aussi pousser sur les milieux légèrement alcalins. Extrait directement de l'organisme, il ne cultive que très difficile- ment ou le plus souvent pas du tout sur les milieux artificiels ordinaires, mais pousse seulement sur des milieux spéciaux, et encore, au début, il n'y montre qu'une vitalité faible, exigeant des réensemencements tous les jours ou tous les deux jours. Après cinq ou six générations, il végèle plus abondamment sur les milieux spéciaux et commence à se développer sur gélose ordinaire, lorsqu'on l'y ensemence largement ; puis il s’habitue à ce dernier milieu, s’y cultive bien et peut même y rester vivant pendant trois semaines. Pour les premières cultures, il est nécessaire de se servir d'un milieu dont la composition se rapproche de celle de l'organisme, contenant de l'albumine animale, surtout humaine. Le microbe peut ensuite cultiver avec succès sur les milieux ordinaires des laboratoires. Cultures en milieux solides. — Le milieu de choix est la gélose- ascile. Onlaprépareenincorporant, parune agitation douce, à de la gélose ordinaire à 2 p. 100, ou mieux à 3 p. 100, ce qui donne un milieu plus résistant pour la confection des plaques, maintenue fondue au-dessous de 60° pour éviter toute coagulation, un tiers ou un quart de liquide d'ascite stérile, soit recueilli aseptiquement (p. 238), soit stérilisé par chauffages répétés au-dessous de 700 (p. 258); le mélange doit être bien complet, fait en tubes, en ballons, ou versé en boîles de Petri. On inocule en stries, après solidification du milieu. Sur ce milieu, le Méningocoque forme en vingt-quatre heures, à 370, de petites colonies arrondies, transparentes, un peu bleutées, ayant de 1 millimètre à 1 millimètre et demi de diamètre, parfois plus, à contours circulaires ou légèrement sinueux. La partie centrale est un peu plus épaisse et jaunâtre. Après deux ou trois jours, le diamètre alteint 3 ou # millimètres, la partie centrale s'épaissit un peu et fonce en couleur. . Au microscope, on distingue nettement une zone périphérique translucide, une zone opaque, granuleuse, jaunâtre, etsouventune sorte de noyau central foncé, noirâtre. Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 32 498 COCCACÉES. Après trois à quatre Jours, on remarque, surtout dans la zone opaque. des taches foncées, irrégulières, de dimensions variables, qui seraient des dépôts cristallins (Bettencourt et França). Les cultures en stries sont abondantes, luisantes, peu épaisses, d'un gris blanchâtre. Ces cultures s’émulsionnent très facilement dans un liquide. On peut remplacer le liquide d'ascite, qui toutefois paraît préférable, _par des liquides de pleurésie, d'hy drocèle, par du sérum humain préa- lablement chauffé une demi-heure à 60° pour détruire son action bac- léricide. On obtient également de bons résultats, quoique inférieurs, avec d’autres sérums, même avec du sérum antidiphtérique. On peut aussi employerleliquide céphalo- -rachidien du malade lui-même, après la centrifugation ; il est nécessaire de le chauffer pendant une demi-heure à 60° pour faire disparaître son action méningoly tique. Le sérum peptonisé de Læffler, usité pour la recherche du Bacille diphtérique, convient également ; les colonies qui s’y forment sont plus petites et plus difficiles à émulsionner que celles sur gélose-ascite. La gélose au sang peut aussi servir, ainsi que les différents milieux spéciaux qui seront indiqués pour le Gonocoque. Sur la gélose ordinaire, où il pousse après entraînement, le microbe donne des colonies sem- blables à celles produites sur gélose-ascite. Sur pomme de terre, le Méningocoque ne pousse pas ou donne quel- quefois de toutes petites colonies punctiformes. Cultures en milieux liquides. — Le milieu de choix est le bourllon- ascile, composé d'une partie de liquide d’ascite stérilisé pour trois de bouillon. Après plusieurs générations dans ce milieu, le Méningocoque pousse en bouillon ordinaire: il y donne, comme en bouillon-ascite, un trouble homogène, avec un léger voile très fragile à la surface et un petit dépôt au fond. Dans le Jait, le développement se fait sans produire de coagulation. L'addition de glycérine aux différents milieux ne produit aucun avan- tage; le développement est plutôt même retardé. PROPRIÉTÉES BIOLOGIQUES La composition chimique du Méningocoque, dontil a été parlé page 51, n'indique rien de bien spécial, sinon une teneur élevée en composés organiques phosphorés. Vitalité. — Elle paraît assez faible. Dans les produits pathologiques elle ne persiste pas très longtemps ; c'est certainement une cause d’in- succès fréquents dans les essais de cultures. Aussi doit-on toujours s'efforcer d'employer des produits fraîchement recueillis, au mieux au moment même de leurobtention hors de l'organisme. I faut, en tout cas, lorsqu'on est obligé d'attendre, réduire le temps du transport à son minimum, éviter toutes les causes de destruction, particulièrement la dessiccation et la lumière, conserver le produit à une basse température. On a vu que l'accoutumance aux milieux de culture donnait au microbe une vitalité beaucoup plus grande. Virulence. — La virulence est peu grande. L'inoculation sous-cu- tanée des cultures fraîches ne produit rien. L'inoculation intrapérito- MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 499 néale de doses assez fortes tue la souris et le cobaye. Les cultures per- dent assez vite leur virulence. Action des agents physiques. — La chaleur le tue facilement. D’après Beltencourt et França, dans des tubes capillaires chauffés à 50° le microbe estmort après cinq minutes; à600,70°, 800, la mortest survenue après une minute. Il a résisté plus de deux heures à des froids de — 10° et — 20°; d’après Flexner, une émulsion de cultures serait luée après un séjour de cinq jours à 2°. Il est trèssensible à la dessiccation, qui le tue d'ordinaire en quelques heures ; il paraît résister plus quand il est protégé par un vernis albu- mineux, comme dans le pus ou le mucus nasal. L'exposition aux rayons solaires le tue en deux à quatre heures. La lumière diffuse a une action moins énergique. Action des agents chimiques. — Le WMéningocoque est très sensible aux antiseptiques. D'après Bettencourtet França, le sublimé à 1 p. 1000 le tue immédiatement, l'acide phénique à 1 p.100 en une minute, l'alcool à 70° en deux minutes, l’eau oxygénée à 1 p. 100 en dix minutes, la for- maline à { p. 100 en dix minutes; d’après Dopter et Koch, l'essence d'eucalyptus, en vapeurs, le Lue après une demi-heure à une heure. Produits formés dans les cultures. — Les cultures ne donnent jamais la réaction de l’indol. LÀ D'après les recherches de von Ligelsheim, de Dopter et Koch, le Méningocoque fait toujours fermenter le glucose et le maltose et n'a aucune action sur tous les autres sucres; c'est un caractère important pour sa différenciation. Wilson f1)et Symmers (2) ont constaté l'absence de toute fermentation avec le lévulose, le lactose, le saccharose, la dex- trine, l’inuline, l’arabinose, le raffinose, la glycérine, lérythrite, la mannite, la dulcite, la sorbite, le xylose, la salicine, l'amygdaline. Les produits formés aux dépens des sucres qui sont attaqués sont des acides organiques qui font virer au rouge la teinture de tournesol. Toxines.— Les vieilles cultures en bouillon filtrées sur porcelaine sont toxiques pour la souris, même en inoculation sous-cutanée, comme l'ont montré von Ligelsheim et Leuchs (3). Mais le poison du Wéningocoque paraît être une endotoxine très adhérente aux corps microbiens, quin'est mise en hberté que par leur destruction. D'après Flexner, le Méningocoque sécréterait des produits solubles qui lui sont nuisibles et arrivent à arrêter son développement dans les cul- tures ; il y aurait en particulier une substance diastasique exerçant une action dissolvante sur les éléments du microbe (autolyse), surtout morts, el sur de nombreuses autres espèces ; elle n’est détruite que par le chauffage à 70°. INOCULATION EXPÉRIMENTALE On a vu que la virulence était assez faible. Elle est, en plus, variable el très inconstante. (1) Wizsow, Observationsof cases of streptococcal meningitis (T'he Lancet, 28 déc.1907). (2) Sxmuers, Discussion on cerebro-spinalis meningitis (Brit. med. Journ., 31 octo- bre 1908, p. 1334). (3) Vox Licezsneim et Leucus, Tierversuche mit dem Diplococeus intracellularis Klin. Jahrb., XV. 1906, p. #89). 500 COCCACÉES. L'inoculation sous-cutanée de liquide céphalo-rachidien ou de cultures Jeunes, même à fortes doses, ne produit rien chez les animaux d'expé- rience. Les inoculations dans la plèvre ou le péritoine sont fréquemment mor- telles pour le cobaye ou la souris ; le lapin y résiste. La souris est l'animal le plus sensible. A la suite de l’inoculation intrapéritonéale, la mort survient après seize à quarante-huit heures. On trouve dans le péritoine un exsudat assez abondant, renfermant de nombreux diplocoques. Généralement, le microbe reste localisé dans la séreuse ; on le trouve rarement dans le sang. Chez le singe, l'inoculation intraspinale produit une maladie et des lésions semblables à ce qui serencontre chez l'homme (1). Dans l’inoculation expérimentale, la mort paraît plutôt due à l’action des produits toxiques mis en liberté par destruction des corps micro- biens qu’à une infection véritable. IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE On peut arriver à immuniser le lapin à l'aide d'inoculations sous- cutanées de cultures virulentes de Méningocoque. L'inoculation sous- ‘cutanée ou l'injection intraveineuse de ces cultures, faites graduelle- ment chez de grands animaux, la chèvre, le cheval, peu sensibles à l’action du microbe, les immunise cependant à l'égard de l’inoculation de très fortes doses de microbes amenés, par passages chez la souris ou le jeune cobaye, à un très haut degré de virulence. Le sérum des animaux immunisés à l'aide de toxine méningococcique seule, de bouillons de culture filtrés sur porcelaine, est nettement anti- toxique, neutralisant les effets des produits solubles du microbe; il a seulement une action faible sur les microbes eux-mêmes, qu'il agglu- line légèrement et irrégulièrement. L'inoculation des microbes vivants donne un sérum à la fois antitoxique et antimicrobien, qui renferme en notable proportion des agglutinines et des précipitines réellement spéci- fiques à côté de l’antitoxine spécifique. De tels sérums ont un pouvoir immunisant certain, variable suivant leur mode de préparation et surtout l'importance des inoculations micro- biennes qui ont été faites. L'injection sous-cutanée d'une petite dose, un demi-centimètre cube, préserve la souris contre l’action d’une dose quatre à six fois plus forte de culture bien virulente en inoculation intrapéritonéale. A la suite d'expériences heureuses faites sur le singe, Flexner (2) fut conduit en 1905 à expérimenter chez l’homme la sérothérapie anti- méningococcique. Il obtint l'immunisation du cheval, en pratiquant d’abord des inoculations sous-cutanées de cultures tuées par la chaleur à 60°, à la dose d'un quart de culture au début jusqu’à quatre cultures, (1) FrexNer, Experimental cerebro-spinal meningitis in Monkeys (Journ. of exper., Med., IX, 1907, n° 2, p. 142). (2) Fzexxer, Experimental cerebro-spinal meningitis and its serum traitment (S{u- dies from the Rockefeller Institute for medical Research. New-York, VI, 1907). — Con- cerning a serumtherapy for experimental infection with Diplococcus intracellularis (bid., VIT, 4907). — Frexxer et JoBzisG, An analysis of 400 cases of epidemie me- ningitis treated with the antimeningitis serum (/bid., IX, 1909, et Journ. of exper. Med., X, 1908, p. 141). fe AVS MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. »01 de semaine en semaine : puis des injections intraveineuses de cultures vivantes à doses croissantes de 1 üse, 3, 6 üses, un tube entier, puis de larges surfaces. Le traitement est complété par des injections sous- cutanées etintraveineuses d’un liquide d’autolyse du microbe, aulolysine, obtenu en provoquant la destruction de microbes virulents dans la solution physiologique. En mélangeant diverses races virulentes de Méningocoque, il obtient ainsi un sérum polyvalent, à la fois anti- microbien et antitoxique. Les inoculations sont généralement suivies, surtout celles de fortes doses, d’une réaction fébrile souvent intense et déterminent parfois la mort de l'animal. Peu après Flexner, Kolle et Wassermann (1), en inoculant au cheval des cultures d’abord stérilisées par la chaleur, puis vivantes, obtinrent un sérum polyvalent par le mélange de trente races différentes de Méningocoque, un sérum monovalent très actif obtenu avec une race particulièrement virulente et un sérum antitoxique par l'injection intra- veineuse de toxine. Leur sérum thérapeutique est le mélange, à parts égales, de ces trois sérums. Dopter (2) prépare, à l'Institut Pasteur, un sérum antiméningococcique par l’inoculation sous-culanée d’abord, puis intraveineuse de microbes vivants. Ce sérum est à la fois antimicrobien et antitoxique; dans les expériences sur les animaux, il se montre même plus antitoxique que le sérum préparé avec la toxine, ce qui ne doit pas surprendre, puisque la toxine du Méningocoque, véritable endotoxine, est très adhérente aux corps microbiens. Ce sérum est nettement agglutinant, souvent même à un taux élevé. Kolle et Wassermann (3), se basant sur l'identité des antitoxines et des substances bactériolytiques, ce qui paraît encore douteux, estiment qu'il est possible d'évaluer la valeur d'un tel sérum à l’aide de la réaction de fixation du complément. Jobling (4) déclare cette méthode imprati- cable et donne comme bien préférable l'évaluation du pouvoir opsoni- sant. D'après les remarques de Flexner et ses élèves, le sérum doit être in- Jecté uniquement dans la cavité rachidienne ; les injections sous-cuta- nées seraient pour ainsi dire inefficaces. On pratique la ponction lom- baire comme il a été dit page 316, on évacue une quantité de liquide au moins équivalente à la quantité de sérum que l’on veut employer et on injecte ensuite le sérum tiédi vers 38°. Les doses de sérum à injecter varient avec l’âge ; on emploie d'ordi- naire 10 centimètres cubes pour un enfant de moins d’un an, de 10 à 20 centimètres cubes pour les enfants plus âgés, de 20 à 40 centimètres cubes pourles adultes. Ces injections sont renouvelées par vingt-quatre heures aussi longtemps que les symptômes persistent et en raison de leur importance. (1) Korze et Wassermanx, Versuche zur Gewinnung und Werthbestimmung eines Meningokokkenserum (Deutsche med. Wochenschr., 1906, n° 16). (2) Dorrer, Les acquisitions récentes sur la méningite cérébro-spinale épidémique (Congrès pour l'avancement des sciences, 1909). (3) Korze et Wassermanx, Versuche zur Gewinnung und Werthbestimmung eines Meningokokkenserum (Deutsche med. Wochenschr., 1906, n° 16). (4) JosuinG, Standardisation of the antimeningitis serum (S{udies from the Rocke- f'eller Instlilule for medical Research, X, 1910). 502 COCCACÉES, Sous leur influence, les phénomènes pathologiques s'atlénuent, puis disparaissent, tantôt rapidement, tantôt lentement et d’une façon irré- gulière ; il est même des cas où l’action du sérum est minime ou nulle. Généralement, cependant, la durée de la maladie est beaucoup plus” courte, la convalescence est plus rapide, les séquelles sont beaucoup moins fréquentes, même exceptionnelles. La mortalité par méningite cérébro-spinale, avec l'emploi du sérum, subit une diminution très grande. Avant le sérum, la mortalité oscillait entre 65 et 80 p. 100. Elle est beaucoup moindre depuis. Dans la statistique de Flexner portant sur 442 cas, il a eu une mortalité globale de 33 p. 100, qui doit se réduire à 25,4 p. 100 en défalquant les cas où les injections ont été pratiquées dans des atteintes foudroyantes ou sur des moribonds. En Allemagne, avec le sérum de Kolle et Wassermann, 158 cas ont donné une mortalité de 18,35 p. 100. En France, 196 cas traités par le sérum de Dopter ont fourni 31 décès, soit une mortalité globale de 15,86 p. 100 ; on peut, de ces décès, en éliminer 12 portant sur des moribonds injectés inextremis, ce qui donne alors une mortalité de 10,32 p. 100. Netter, sur 133 cas observés, donne une mortalité de 10,9 p. 100. L'action bienfaisante du sérum apparaît partout évidente. Flexner et Netter font ressortir aussi, comme avantages très nets du traitement sérothérapique, la réduction de la durée moyenne de la maladie et la moindre fréquence des séquelles, portant le plus souvent sur le système nerveux ou les organes des sens, qui tombent à 8 p. 100 au lieu de 28 à 30 p. 100. L'efficacité du traitement dépend dans une grande mesure de la date de l'intervention; il importe de le commencer de bonne heure, sans même attendrele résultat de l'examen bactériologique, quitte à supprimer les injections si les indications sont contre la présence du Méningocoque. Si l'examen décelait d'autres microbes, Pneumocoque ou'Streptlocoque, les injections sont tout à fait inutiles, le sérum élant rigoureusement spécifique. Le sérum agit comme antitoxique contre la Loxine mise en liberté dans l'organisme, en entravant la pullulation du Wéningocoque el en excitant la phagocytose par les opsonines qu'il contient. Les polynu- cléaires diminuent et font place aux mononucléaires plus actifs. Aussi, pour rechercher le microbe, doit-on faire le prélèvement de liquide autant que possible avant loule injection de sérum. On remarque souvent une action manifeste el rapide sur le liquide céphalo-rachidien qui, s’il était trouble, s’éclaircit après chaque injection; les Méningocoques y deviennent plus rares, prennent mal la coloration el peuvent ne plus pousser sur les cultures. HABITAT ET ROLE ÉTIOLOGIQUE Le Méningocoque se rencontre surtout chez l'homme atteint de méningite cérébro-spinale, où il montre une élection marquée pour là méninge cérébro-spinale. Dans le liquide céphalo-rachidien, dans le pus ou les flocons purulents, il est le plus souvent intracellulaire ; parfois, on le rencontre libre dans le liquide. MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 503 Il se trouve aussi dans la sécrétion rhino-pharyngée des malades, dans leur mucus nasal. On l’a signalé dans le sang, dans de véritables cas de septicémie à Méningocoques pouvant précéder la méningite ou en être une consé- quence,ou même évoluer sans accidentsméningitiques(1). Weichselbaum et Ghon l'ont rencontré dans des végétations d’endocardite, Drigalsky dans des vésicules d'herpès. On a décrit des bronchopneumonies à Méningocoques. On l’a trouvé dans des exsudats de séreuses, péricarde, plèvre ; dans l’urine ; dans des suppurations oculaires. Toutefois, il semble ne pas pouvoir rester longtemps dans le sang, mais avoir une tendance bien nette à se localiser sur les séreuses, et tout principalement sur les méninges cérébro-spinales. La muqueuse du rhino-pharynx paraît être sa porte d'entrée ; de là, il peut atteindre l’encéphale, peut-être par la lame criblée de l’ethmoïde et les sinus. Profitant d'un traumatisme de la muqueuse, il serait trans- porté par la voie lymphatique. On a aussi mis en avant une infection intestinale à la suite de déglutition du mucus rhino-pharyngé. On ne sait que bien peu de choses relativement à sa présence hors du malade, dans le milieu extérieur. À cause de sa grande fragilité, de son peu de résistance à la dessicca- tion surtout, il ne peut guère se conserver dans le milieu extérieur proprement dit, mais seulement chez l'homme, à la surface de la muqueuse, On est en droit de penser que c'est l’homme seul qui le transmet à l'homme. C'est surtout l’homme atteint de rhino-pharyngite, d'angine qui peut être très légère quand il reste à la surface de la muqueuse, de méningite quand il pénètre plus loin. C'est aussi l'homme sain, en apparence du moins. De très nombreux examens dénotent l’in- fluence de porteurs de germes, qui l'ont pris au contact de malades et le véhiculent, souvent sans en souffrir eux-mêmes, mais constituant un redoutable danger de propagation. De nombreuses observations épidé- miologiques, basées sur des constatations bactériologiques bien établies, prouvent la réalité et la très grande importance de ce mode de trans- mission. Ces porteurs de germes ont le rôle primordial dans la création de foyers épidémiques. Il devient dès lors d’un haut intérêt de les recon- naître, car il faut combattre les dangers de contagion aussi bien chez eux que chez les malades; ils sont aussi dangereux que ces derniers pour la transmission du contage. Le Méningocoque ne paraîl pas être un commensal habituel de la mu- queuse, chez l'homme, comme l’est le Pneumocoque. Gaffky l’a recher- ché sans le rencontrer chez de nombreuses personnes de régions où ne sévissait pas la maladie, n ayant jamais eu le moindre contact avec des malades. Au contraire, d’après von Ligelsheim et d’autres, dans les régions où existe la méningite cérébro-spinale, on rencontre d'ordinaire de nombreux porteurs de germes sains autour des malades. Ces porteurs créent alors ou des foyers épidémiques ou des cas sporadiques. Ce qui contribue à rendre les malades ou les porteurs de germes sains plus dangereux, c'est la persistance parfois très grande du Wéningo- coque dans leur rhino-pharynx. (1) Nerrex et Desré, Méningococcémie sans méningite (Acad. de méd., 27 juil- let 1909). 504 COCCACÉES. Les statistiques suivantes sont intéressantes à ce point de vue. Bruns et Hohn donnent ces chiffres portant sur 80 porteurs de germes : Chez 28 le Méningocoque a disparu au bout de........ 8 jours. 18 — AN SRE Se 2 semaines. 13 — es Ne ue RE EL 3 _- 10 — D RUN ESS 4 _ 4 en — = a — 3 — Ed Mr UML SE 6 — 2 — — : 7 — l — LM ES Se tte 8 _ 1 — NE DAC DORE 11 — D'après Bochalli sur 29 porteurs : Chez 9 le Méningocoque a disparu au bout de........ 7 jours. il — a M cha 14 — Ex UT Ne 3 semaines. LL © 19 Er RP PAIN Ps gets se + = Chez ses malades, von Ligelsheim a observé la disparition du Wénin- gocoque dans les durée et proportion suivantes : Dans les biprenmiers Ours eee ECrE ee ... 66,6 p. 100 des cas. De 6at10/ours ter Aer SERRE RS PNR e A: 56 — Pins ide MOMOnrS EEE MEET RE EEE EE Cr 11,29 — Plus ide SiSemaines re EE CR Ce 4,39 — On peut penser avec von Ligelshem qu'en moyenne la persistance ne dépasse guère quinze jours. Setter l'aurait vu durer quatre et sept mois. Il est des milieux qui semblent atteints de préférence ; ce sont ceux où existent la malpropreté, la misère, où les habitations sont des plus insalubres, sales et encombrées. Avant tout doit-on placer la promis- cuité; c'est pourquoi la maladie est si fréquente dans les casernes, dans les établissements où se pratique la vie en commun. Peut-être doit-on faire intervenir comme condilions prédisposantes des lésions chroniques de la muqueuse, l’état adénoïdien. Mais tout semble bien dépendre des facilités de la transmission. Il en résulte, pour les malades, l'importance de l'isolement et de la désinfection dela muqueuse du rhino-pharynx. Puis parallèlement, pour les personnes qui les ont approchés, la recherche du Méningocoque à la surface de leur muqueuse, la reconnaissance des porteurs de germes, auxquels on doit appliquer les mêmes mesures qu'aux malades jusqu’à la disparition complète du microbe, disparition qui paraît se faire d’or- dinaire après {rois semaines ou un mois. Le Méningocoque peut se trouver en association avec d’autres espèces intervenant aussi dans le processus méningilique; on a signalé des méningites mixtes, tuberculeuses et méningococciques à la fois (1). (1) Cowse, Sur un cas de méningite mixte tuberculeuse et méningococcique (Soc. méd. des hôp., 22 avril 1910). MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 909 RECHERCHE ET DIAGNOSTIC C'est l'examen bactériologique seul qui peut permettre de poser un diagnostic exact de la méningite cérébro-spinale. C’est aussi l'examen bactériologique seul qui peut faire reconnaître l'existence du Méningo- coque sur la muqueuse du rhino-pharynx, déceler les porteurs de germes. La recherche du Méningocoque comporte deux temps, deux séries d'opérations bien différentes, qui peuvent se passer sur le même indi- vidu ou être exécutées séparément : 1° La recherche dans le liquide céphalo-rachidien : 2 La recherche dans le mucus rhino-pharyngien. Dans le premier cas, l'examen doit porter sur le liquide céphalo-ra- chidien ; dansle second, sur le mucus du nez, de la gorge ou de l’arrière- gorge. Liquide céphalo rachidien.— Le liquide céphalo-rachidien doit être recueilli au moyen de la ponction lombaire, exécutée comme il a été dit page 315. Il y a d'autant moins à hésiter à pratiquer la ponction et à la renou- veler autant qu'il peut être nécessaire, que la soustraction de liquide céphalo-rachidien dans le cas de méningite diminue la pression dans la cavité méningée et a des effets thérapeutiques plutôt favorables; de plus, elle per met l'introduction de sérum antiméningococcique dans cette cavité sans la dilater encore plus, ce qui pourrait entrainer cer- tains inconvénients. L'opération est généralement facile et inoffensive. Il est cependant bon d’être prévenu qu'il peut, dans certains cas, se produire des acci- dentsle plus souvent légers, quelquefois graves, même mortels (p.317). Le liquide obtenu par ponction lombaire peut être limpide, louche ou franchement purulent avec flocons ou filaments, incolore, parfois Jaunâtre ou teint en rose ou rouge par du sang. A cause de la faible vitalité du microbe, de sa destruction possible el assez rapide par autolyse, il est à recommander d’en user aussitôt que possible après son obtention. S'il doit être transporté, ce doit être avec précautions el aussi rapidement qu'on le peut, en évitant les chocs, les écarts de température. Ce liquide est soumis à la centrifugation, pendant un Lemps variable suivant sa teneur en éléments figurés. Les liquides limpides doivent souvent être centrifugés pendant longtemps pour pouvoir fournir un culot quelque peu appréciable Une partie du culot sert à faire des préparalions microscopiques : le reste est réservé pour faire des ensemencements sur les milieux de eul- ture propices. Le liquide sera conservé pour servir à d’autres réactions, s'il élail nécessaire, notamment à la réaction de précipilation. Mucus nasal. — Le mucus à examiner doit être recueilli autant que possible dans les fosses nasales postérieures, le mueus nasal proprement dit donnant souvent des résultats négatifs lorsque du Méningocoque se trouve cependant sur la muqueuse du rhino-pharynx. Pour le prélever, il faut abaisser la langue et, à l’aide d'un tampon d’ouate analogue à celui décrit page 315, dont on a coudé l'extrémité à angle assez obtus, on 506 COCCACÉES. frotte la partie siluée au-dessus du voile du palais : il ramène un mucus clair ou purulent, à l'aide duquelon fait des préparations microscopiques el des ensemencements. Préparations microscopiques. — On fait une série de préparations en étendant sur des lames une petite quantité du culot de centrifuga- Lion ou des flocons purulents du liquide, ou enfaisant, après flambage des . lamelles pour stérilisation, des frottis avec le tampon d'ouate obtenu comme il vient d’être dit. Après séchage et fixage, on colore à la fuchsine phéniquée ou, mieux, à la thionine phéniquée. On examine au microscope. La recherche du microbe sur les préparations colorées est tantôt facile lorsque les éléments sont nombreux, tantôt longue et difficile lorsqu'ils sont rares. On peut en trouver dans tous ou presque tous les globules de pus que l’on rencontre; certains peuvent même en contenir un très grand nombre (fig. 224 et 225. p. 496). Ou bien, au contraire, les diplo- coques sont lrès rares, en très petit nombre, si bien qu'il faut une minutieuse recherche pour en découvrir. Lorsque l’on constate la pré- sence de diplocoques intracellulaires, où même de diplocoques libres dans le liquide, il faut, pour s'assurer que ce sont des Wéningocoques, faire intervenir les éléments de différenciation. Les préparations colorées seront traitées par la méthode de Gram. Le Méningocoque se décolore régulièrement par cette méthode. Les microbes restant colorés n'appartiendront pas à cette espèce. (Il sera bon de faire une coloration de fond, par exemple avec de la fuchsine très diluée.) La différenciation d'autres espèces, qui, comme lui, se décolorent par la méthode de Gram, devra être faite par d'autres moyens, cultures en milieux divers, réactions humorales diverses. Pour le mucus rhino-pharyngien, le simple examen microscopique ne peut guère donner de résultats uliles, à cause de la fréquence des Pseudo-méningocoques. Cultures. — On ensemencera sur gélose-ascite, coulée en boîtes de Petri. Une parcelle de produit sera déposée à la surface de la gelée, puis largement étalée sur toute la surface avec une üse de platine; l’üse ser- vira ensuite pour frotter de même une ou deux autres boîtes, sans être rechargée. Pour le mucus des porleurssains, où le Méningocoque peut être très rare, on dépose du mucus sur un coin de la plaque et on l'étale très lar- gement sur toute la plaque, en frotlant à plusieurs reprises, au mieux avec un fil de plaline terminé en triangle assez large, formant étaleur. Les boîtes seront mises à l'étuve à 37, pendant vingt-quatre heures. Après ce laps de temps, on peul trouver des colonies plus ou moins nombreuses. Les colonies bien isolées seront examinées à un faible gros- sissement. Celles qui présentent les caractères décrits plus haut (p. 497), qui, ilfautle dire, ne renseignentquebien peu pour une diagnose certaine, serviront à faire des préparalions colorées qui permettront d'éliminer tout ce qui n'est pas en diplocoques et qui reste coloré par la méthode de Gram. Les colonies montrant des diplocoques se décolorant par la méthode de Gram seront réservées pour un examen ultérieur, cultures en milieux sucrés, agglutination, précipito-réaction, elc., où le Ménin- gocoque se Na d'une facon spéciale. Fermentation des sucres. — Le WMéningocoque fait fermenter le glu- MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 907 cose el le mallose en donnant un acide organique, qui peut alors faire virer de la teinture detournesol ou modifier d’autres matières colorantes. Von Ligelsheim se sert d’une solution de 10 p. 100 de glucose dans de l’eau légèrement tournesolée avec de la teinture bien neutre, qu'il stérilise par plusieurs chauffages à 1000 pour éviter toute caramélisation. À 13°,5 de gélose-ascite liquide il ajoute 1°°,5 de solution sucrée tourne- solée. Le mélange bien effectué est coulé en boîte de Petri. Après solidification, on ensemence en stries le produit de culture et on met à l'étuve à 37°, Après vingt-quatre heures, on distingue les stries ou les colonies qui ont rougi le milieu. Dopteret Koch (1) recommandent la gélose-ascite additionnée derouge neutre, employée de la facon suivante : on prend 75 centimètres cubes de gélose ordinaire à laquelle on ajoute 1 gramme de glucose. On stéri- lise, on refroidit au-dessous de 60°, puis on ajoute 25 centimètres cubes de liquide d’ascile et 1 centimètre cube d'une solution stérilisée de rouge neutre à 1 p. 100. Le milieu prend une teinte orangée. On maintient le méiange au bain-marie à 60° pendant une heure environ, jusqu'à ce au'il se forme un fin précipité grâce auquel la réaction colo- rante sera beaucoup plus nette (on peut cependant négliger cette recom- mandation). On agite et répartit en trois ou quatre boîtes de Petri. Après prise du milieu, on ensemence par stries, comme il a été dit plus haut, et on met à l’étuve,à 37°, en ayant soin deretourner lesboîtes. Avec le Wéningocoque, les stries ou les colonies ont une teinte rouge carminé caractéristique qui contraste nettement avec la teinte jaunâtre du milieu. Si l’on a beaucoup de colonies à vérifier, pour éviter la confection d'un grand nombre de plaques on peut recourir à l’artifice suivant. À l’aide de traits à l'encre faits sur l'extérieur du fond du cristallisoir qui contient la gelée, on divise la surface en un certain nombre de secteurs, huit, dix, jusqu'à une vingtaine, et au milieu ou vers la partie extérieure, mais Jamais tout près du bord à cause des contaminations plus faciles, de chacun de ces secteurs, on ensemence par un gros point les colonies à examiner. Un numéro placé à l'angle des secteurs per- met facilement les distinctions. On peut aussi se servir de bouillon glucosé à 1 p. 100, additionne d'un tiers de liquide d'ascite ou de sérum, puis de solution stérilisée de rouge neutre. Avec le Méningocoque. le lendemain la coloration a passé au jaune-canari avec fluorescence verte. Agglutination. — Le sérum antiméningococcique agglutine le Méningocoque à un laux assez élevé, généralement à 1 p. 500 ou 1 p. 1000. On peut faire l'agglutination microscopique : il est plus simple de pratiquer l’agglutination macroscopique. On prépare une série de dilu- tions de sérum, prenons celui de Dopter, dans l'eau physiologique à des aux variés, 1/10, 1/50, 1/100, 1/200, 1/500 par exemple. On met, dans de petits tubes à agglutination, 1 centimètre cube environ de chaque dilu- lion eton y émulsionne parfaitement, sans grumeaux, une üse de la cul- ture sur gélose-ascite âgée d’une vingtaine d'heures. Les tubes sont placés vingt-quatre heures dans l'étuve à 37°. En examinant les tubes (1) Dorrer et Kocn, Action du Méningocoque et des Bactéries similaires sur les milieux sucrés au neutralroth (Soc. de Biol., 24 octobre 1908). 208 COCCACÉES. par transparence, en les tenant presque horizontalement, un peu au- dessus de la tête, dans la direction d’une fenêtre ou d’une source de lumière (Koch), on distingue facilement si l’agglutination est positive, à la formation de petits amas blanchâtres qui se sont formés dans le liquide éclairci. La comparaison avec des tubes témoins, préparés en émulsionnant la culture dans la solution physiologique seule, permet de constaler nettement la différence. Lorsque l’agglutination se fait mal, Kutscher recommande d'opérer en maintenant les tubes à 55°. Le sérum antiméningococcique reste sans effet agglutinant sur beaucoup d'espèces voisines. I! agglutine le Gonocoque à un taux élevé, parfois autant que le Wéningocoque, on a même vu plus. Nous verrons plus loin les caractères qui permettent de différencier les deux types. On n'a pas à en faire la différenciation à ce point de vue dans le liquide céphalo-rachidien ou le mucus rhino-pharyngien ; mais le fait peut se présenter avec le sang. Parmi d’autres espèces similaires, qui seront étudiées plus loin sous la dénomination de Pseudo-méningocoques, lagglutination se produit pour le Diplococcus crassus, le Méningocoque de Jaeger, à un taux assez élevé, à 1 p. 100, même 1 p. 200. Ce dernier microbe pourrait alors être confondu avec certains Méningocoques qui sont plus faiblement agglu- Hüinés. Dans ce cas, pour la différenciation, il faut recourir à d’autres caractères : le Diplococcus crassus reste coloré par la méthode de Gram et ne fait pas fermenter le glucose: de plus, le sérum anticrassus n'agglutine pas le Méningocoque et est fortement agglutinant pour le Diplococcus crassus. D'après Dopler, cette agglutination d’autres espèces serait due à la présence dans le sérum, à côté de l’agglulinine réellement spécifique, d’hétéro-agglutinines ou agglutinines de groupe, douées d’une spécificité beaucoup moins précise, pouvant agir sur plu- sieurs espèces d'un même groupe. Les sérums antiméningococciques, seulement anlitoxiques et pas antimicrobiens, n’agglutinent le Méningocoque qu'à un taux peu élevé, 1 p. 50 ou 80, parfois même sont sans action. Précipito-réaction (1. — Même en dehors de la constatation directe du Méningocoque dans le liquide céphalo-rachidien, il est possible d’en reconnaitre la présence à l’aide de la réaction de précipitation. Ce liquide renferme très tôl, peu après le début des symptômes, des produits solu- bles ou des produits d’autolyse du microbe ; éclairci par la centrifuga- lion, il se trouble lorsqu'il est mis en présence d’un sérum anliménin- gococciqué contenant des précipilines. C'est le cas pour les sérums polyvalents, particulièrement le sérum de Flexner. Le sérum doit être aussi récent que possible et au mieux non additionné d'acide phénique ; l'âge, l'acide, l'exposition à l'air diminuent assez vile le pouvoir précipitant. On se sert de lubes à essai très propres, stérilisés, d’un diamètre de 16 millimètres environ, les tubes étroits rendant plus difficiles la consta- tation de l'opalescence. On mélange dans un tube 100 gouttes de liquide céphalo-rachidien complètement éclairci par centrifugation el 6 gouttes du sérum; on prépare un tube témoin avec du liquide céphalo- (1) Vincent, Le diagnostic de la méningite cérébro-spinale par la méthode de la précipito-réaction (XVIe Congr. inlern. de méd., Budapest, 1909). — Vincenr et 3ELLOT, Acad. de méd., 16 mars 1909. La T MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. 909 rachidien seul. On met à l’'étuve à 37°, ou mieux à 55°. Les tubes sont examinés après un séjour de dix à seize heures à l’étuve. S'il y a pré- sence du Méningocoque, le premier tube montre une opalescence plus ou moins marquée, qui peut se constater au mieux sur fond noir, alors que le tube témoin reste entièrement clair. Le liquide céphalo-rachidien doit être très récent. Lorsqu'il doit attendre, il faut le conserver au froid et surtout à l'obscurité. Il faut savoir que parfois ce liquide, surtout lorsqu'il est un peu ancien, peut se troubler spontanément à l’étuve, le tube témoin peut être opalescent. Dans ce cas, l'épreuve doit être considérée comme nulle. Lorsque le tube témoin reste très clair, la réaction peut être considérée comme positive, même avec une faible opalescence dans le tube du mélange. D'après Vincent, cette précipito-réaction se montre positive unique- ment dans les cas de méningite à Wéningocoque; avec les liquides céphalo-rachidiens non méningococciques (méningites dues à tous autres microbes), elle est constamment négative. Il reste cependant à savoir si des espèces très voisines, comme le Gonocoque et le Diplo- coccus crassus, n'ont, elles, aucune action précipitante sur le sérum antiméningococcique. Réaction de fixation du complément. — D'après les recherches de Kolle et Wassermann (1) et de Krumbein et Schatiloff (2), cette réaction donnerait des indications très sûres. Elle peut être employée soit pour la détermination d’un mierobe que l’on pense être le Méningocoque, soil pour démontrer la présence, dans un liquide céphalo-rachidien, dans un sérum sanguin de malade, de produits de sécrétion, de désagrégation, d'autolyse, du Méningocoque. La réaction paraissant bien rigoureuse- ment spécifique, les conclusions obtenues peuvent dès lors être regar- dées comme certaines. Pour la détermination d'un microbe que l’on a en cultures, on se sert, comme antigène, d’une émulsion microbienne dans la solution physiologique. Pour la constatation de la présence de produits d'origine méningococcique, on prend, comme antigène, un liquide pouvant con- tenir des toxines ou des produits d’autolyse du Méningocoque. À cel antigène, on ajoute du sérum antiméningococcique, préalablement chauffé à 56° pendant une demi-heure, pour détruire son complément en ne conservant que la sensibilisatrice; puis du sérum de cobaye normal, riche en complément. Si la sensibilisatrice est spécifique, c'est-à-dire si l'émulsion microbienne contient bien du Méningocoque, si le liquide renferme bien de la toxine méningococcique ou des produits d'autolyse du Méningocoque, elle fixera le complément du sérum neuf de cobaye, il n’y aura plus de complément libre dans le mélange. En ajoutant alors un système hémolytique inactivé (p. 416), un sérum hémolytique chauffé additionné d'hématies, il ne se produira pas d'hémolyse, le liquide res- tera incolore. Dans le cas contraire, si le microbe de l’émulsion n'est pas du Méningocoque ou s'il ne se trouve pas de produits d'origine méningococcique dans le liquide, le complément du sérum de cobaye (1) Kozze et Wassenmanx, Versuche zur Gewinnung und Werthbestimmung eines Meningokokkenserum (Deutsche med. Wochenschr., 1906, n° 16). (2) Krumseix et Scaarirorr, Untersuchungen über antimeningokokken Serum (Deutsche med. Wochenschr., 1908, n° 23). 210 COCCACÉES. sera libre dans le liquide et agira alors sur le système hémolytique ; l'hémolyse se produira, colorant le liquide en rouge. Si l'on veut éprouver le sérum d’un malade, on le substituera dans l'opération précédente au sérum antiméningococcique, après l'avoir chauffé à 56° pendant une demi-heure, en prenant comme antigène une émulsion de culture d'un Méningocoque éprouvé. Il en sera de même si l'on veut partir d’un liquide céphalo-rachidien. Les résultats seront à interpréter comme ci-dessus. Tous ces caractères, lorsqu'on peut les constater, permettent d'iden- üifier le Méningocoque et de le distinguer d’autres microbes présentant avec lui des ressemblances plus ou moins grandes ou pouvant se ren- contrer aussi dans des processus méningitiques rappelant parfois beau- coup la méningite cérébro-spinale à Wéningocoque. Parmi ces espèces se trouvent surtout le Gonocoque et les Pseudo-méningocoques. Dopter a signalé, dans le rhino-pharynx, la présence de Paraménin- gocoques, n’agglutinant pas le sérum, mais donnant des résultats positifs à la réaction de fixation du complément ; pour cette dernière raison, il croit devoir les reconnaître pour des Méningocoques vrais. DIFFÉRENCIATION DU GONOCOQUE Le Méningocoque et le Gonocoque présentent entre eux de très grandes ressemblances, qui avaient déjà été signalées par les premiers observa- teurs. Des deux côtés, même aspect et même forme des éléments, en diplocoques asymétriques, mêmes dimensions, même situation intra- cellulaire dans les globules de pus, à tel point qu'à l'examen de pré- parations de pus blennorragique où de pus de méningite cérébro-spi- nale, en ne tenant pas compte de la présence d’autres éléments, cellules épithéliales de l’urètre, etc., il serait impossible de faire la distinction. Koœalement, mêmes caractères de coloration, et surtout, dans les deux cas, nette décoloration à la méthode de Gram. En outre, tous deux présentent une faible vitalité, périssent facilement à la température ordinaire. Ils cultivent mal ou pas du tout sur les milleux ordinaires, bien au contraire sur les milieux additionnés de sang ou de sérosités, surtout de provenance humaine. Chez l'homme, ils déterminent des processus pathologiques similaires, des suppurations tout à fait localisées en des points déterminés, ou des accidents de septicémie. Les caractères des cultures présentent de légères différences; mais ce sont des distinctions bien secondaires. Il est nécessaire de pousser beaucoup plus loin pour arriver à établir leur différenciation. Certains observateurs, ayant étudié surtout le Gonocoque, ont conclu à l'identité spécifique des deux microbes. L'application très précise des méthodes nouvelles, faite en particulier par Vannod (1), Bruckner et Christeanu (2), Dopter et Koch !3), les ont conduits à conclure en faveur d'une distinction complète. (1) Vanxon, Contribution à l'étude du Gonocoque (Centralbl. für Bakl., 1 Abth., Orig., XLIV, 1907, p. 10 et 110). (2) Bruckner et Curisreanu, Sur l'agglutinalion du Méningocoque par un sérum zonococcique (C. R. de la Soc. de Biol., 1906, no 19). (3, Dorrer et Kocu, loc. cil., p. 507. MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. : 511 L'étude de la fermentation des sucres montre déjà une différence bien établie : le Méningocoque fait toujours fermenter le glucose et le mal- tose ; le Gonocoque, le glucose, mais pas le maltose. L'étude de l’agglutination dénote une certaine différence, bien que, de ce côté, les rapports entre les deux types apparaissent d’une façon évidente. Le sérum antiméningococcique agglutine le Méningocoque et le Gonocoque; de même, le sérum antigonococcique agglutine aussi les deux microbes. On trouve cependant des différences importantes, lors- qu'on étudie de plus près les conditions de l’agglutination. Le sérum antiméningococcique agglutine le Méningocoque à 1 p. 400 ou 900 au moins, et le Gonocoque à 1 p. 200 ou 250; il y a une différence notable dans le taux de l’agglutination. De plus, Dopter et Koch ont montré que cette agglutination du Gonocoque par le sérum antiméningococcique n'était pas due à l’agglutinine spécifique, mais à des agglutinines secondaires, agglutinines de groupe, coagglutinines, de spécificité toute relative, que renferme ce sérum. En faisant disparaître ces dernières par une technique appropriée qui respecte l'agglutinine spécifique (Voy. Thèse de Koch, p. 82), ce sérum devient alors tout à fait inactif pour le Gonocoque, et conserve tout son pouvoir agglutinant pour le Wéningo- coque; son action réellement spécifique est uniquement pour le Ménin- gocoque. La réaction de fixation du complément, qui, elle, apparaît comme rigoureusement spécifique et n'aurait rien de relatif comme l’agglutina- tion el la précipitation, établit nettement la distinction. La sensibilisa- trice qui est contenue dans le sérum antiméningococcique ne fixe pas le complément sur un antigène gonococcique; l’hémolyse se produit avec un système hémolytique voulu. Inversement, la sensibilisatrice du sérum antigonococcique ne fixe pas le complément sur un antigène méningococcique ; l'hémolyse a lieu également dans ces conditions. II n'y a donc pas ici la spécificité qui devrait exister si l’on était en pré- sence d’une seule et même espèce. Il y a bien lieu de regarder actuellement le Wéningocoque et le (rono- coque comme deux espèces distinctes. LES PSEUDO-MÉNINGOCOQUES On a rapproché du Méningocoque d'autres microbes rencontrés dans les mêmes conditions, soit dans le mucus du rhino-pharynx, soit dans le liquide céphalo-rachidien ou les exsudats méningés, seuls ou associés au Méningocoque fréquemment dans des processus méningitiques, d’autres fois dans d’autres manifestations morbides ou même à l'état normal. Le Méningocoque n’est pas le seul microbe qui puisse déterminer de la méningite; beaucoup d’autres peuvent agir de même et être les agents de manifestations cliniquement diagnostiquées méningite cérébro-spinale, même parfois à tendance nettement épidémique. Il en est ainsi surtout pour le Pneumocoque, le Streplocoque, le Staphy- locoque doré, le Streplocoque de Bonome qui paraît du Pneumocoque ou de l’£ntérocoque plutôt qu'une espèce distincte (p. 490), et aussi, mais tout à fait en seconde ligne, le Bacille de la tuberculose, le Bacille ly- phique, même le Gonocoque. Ces microbes se distinguent facilement du Méningocoque par leurs caractères bien connus et nettement différentiels. G12 COCCACÉES. y Le tableau suivant, dressé par Wolf (1), portant sur 174cas de ménin- gite cérébro-spinale, donne des indications importantes sur la présence de diverses espèces microbiennes : Eneumocoque At e LA USE ARE Er FR CRE 44,25 p. 100. Méninpocoquer LL LE Ur NCAA Re ee 34,48 — Siaphyloroque doré. et eee PER MAR RER 3,45 — Streptocoque........ D bte OS RARE Se CRE Me 8,05 — Baeulle :detFriediaen der eme TERRIER RENE 145 — = NÉ YPDHIQUE. EEE REA TUE RREN ERREUR RUES 2,87 — — "1e INeUMANN OChATELA ANNEE NE PARENT 1,72 — Autres Bacilles (Bacillus coli, B. aerogenes meningi- CLS; D SMANEL) PERRET RE OL EN RE UE 2,87 — Pas de MIerObEs NN ARE REA A UE ER EN REE 1,15 — Deux statistiques de Nelter, portant sur des épidémies parisiennes et comprenant 67 cas, donnent les proportions suivantes : Pneumocoque tree Er 11 : g 18 Ménméocogue st" ##7r 002 12 6 18 Streptocoque de Bonome..... 13 4 17 Streptocoque pyogëne........ 7 3 10 Staphylocoque doré.......... 3 IN n 16 91 67 Les données d’autres observateurs se rapprochent de ces dernières el montrent le rôle très important du Pneumocoque dans ce processus. Le Streplocoque de Bonome (2), isolé en 1889 de pus de méningite cérébro-spinale, est à rapprocher de l'Entérocoque, dont il possède la plupart des caractères, ou du Pneumocoque, dont il se sépare cependant par le fait qu'il pousse sur gélatine à la température ordinaire. Il n’en est plus de même d'autres microbes qui se rencontrent dans les conditions où l’on trouve le Méningocoque, dans le liquide céphalo- rachidien ou le mucus rhino-pharyngien, rappelant beaucoup le WMénin- gocoque par leur aspect et divers caractères. C'est à ceux-là qu'il faut réserver le nom de Pseudo-méningocoques. Parmi eux, il en est qui peuvent être dangereux pour l'homme, déterminer des processus ménin- giliques, même de vrais symptômes de méningite cérébro-spinale avec épidémicité; d'autres se trouvent dans le mucus rhino-pharyngien, sans action connue sur l'organisme. C’est le cas des espèces désignées sous les noms de Diplococcus crassus de Jaeger (3), Micrococcus catar- rhalis de Pfeiffer (4), Streptococcus mucosus, Diplococcus mucosus, Micrococcus cinereus, Diplococcus pharyngis flavus, Diplococcus pha- ryngis siccus de Ligelsheim (5). (1) Wozr, Ein Beitrag zur Aetiologie der circumskripten Meningitis (Berl. klin. Wo- chenschr., 1897, n° 10), (2) Boxowe, Sull'eziologia della Meningite cerebro-spinale epidemica (Archivio per le scienze mediche, XII, n° 4, 1890). 3) JaArGer, Zur Aetiologie des Meningitis cerebro-spinalis epidemica (Zeitschr. für Hygiene, 1895, XIX, p. 351). (4) Preirrer, Voy. plus loin, p. 516. (5) Vox Licersnerm, Berichte über die in der hygienischen Station zu Benthen vor- genomenen bakteriologischen Untersuchungen bisepidemischer Genñickstarre (Deutsche med. Wochenschr., 1905, n°s 26-31), L æ Ce, 1 ; | * | d : | LA MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS, 913 } En tenant compte des caractères exposés du Méningocoque, il est possible d'arriver à une différenciation, comme on s’en rendra compte à l’aide des courtes descriptions qui suivent. DIPLOCOCCUS CRASSUS Ce microbe a été rencontré par Jaeger, en 1895, dans une épidémie de méningite cérébro-spinale, et retrouvé l’année suivante à Berlin par Heubner (1) dans trois cas sur cinq de méningite cérébro- -Spinale, contre deux où se trouvait le Méningocoque vrai. Il: a été regardé à ce moment par ces deux observateurs, et depuis par beaucoup d'autres, comme une simple variété du Méningocoque de Weïchselbaum et tout à fait assimilé à lui sous le nom de Méningocoque de Jaeger. Il est fréquent dans le liquide céphalo-rachidien ou dans les exsudats méningés dans les méningites, seul ou associé avec le Méningocoque, de même sur la muqueuse du rhino-pharynx. Par sa forme, il ressemble beaucoup au Méningocoque: Les coccisont peut-être un peu plus gros et ne s’assemblent pas en tétrades. Les réactions de coloration présentent une différence capitale : il reste loujours coloré par la méthode de Gram. Gultures.— Il pousse à partir de 200; le Méningocoque ne commence faiblement qu'à 25°. Il croît sur les mêmes milieux que ce dernier. Sur gélose ordinaire, 1l végète d’abord mal, quoique mieux que le Wéningo- coque, puiss habitue vite et donne des cultures abondantes. Les colonies sont plus petites, grisâätres à l'œil nu, brunâtres au microscope. Fermentation des sucres. — Il fait fermenter le glucose et le maltose, comme le Méningocoque, mais aussi le lévulose, le saccharose, le lactose, que n’attaque pas ce dernier. Agglutination. — Le sérum antiméningococcique l’agglutine cons- tamment, même au taux élevé de 1 p. 200. Mais, comme l'ont bien montré Dopter et Koch, l’agglutination est due seulement, comme pour le Gonocoque (p. 511), à la présence des agglutinines secondaires, agglu- tinines de groupe. Cette agglutination baisse du reste graduellement avec la vie en cultures, pour tomber vite à des taux inférieurs. Le sérum anti-crassus n’agglutine jamais le Méningocoque. Fixation du complément. — Cette réaction est toujours négative. La résistance de ce microbe aux conditions nocives, surtout à la dessiccation, est beaucoup plus grande que celle du Méningocoque. Il reste vivant et virulent très longtemps dans les liquides pathologiques ou les cultures. Tous ces caractères montrent qu'il y a une différence bien nette entre le Méningocoque vrai et le Méningocoque de Jaeger, le Diplococcus crassus de Ligelsheim. MICROCOCCUS CATARRHALIS (Voy. p. 516) Il se trouve dans le mucus nasal et pharyngé, parfois dans des cas de méningite. Ce sont des diplocoques libres ou inclus dans les leucocytes, (1) Heusxer, Zur Aetiologie und Diagnose der epidemischen Cerebrospinalmenin- gitidis (Deutsche med, Wochenschr., 1896, p. 423). Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 33 | 514 | COCCACÉES. qui se décolorent par la méthode de Gram. Il pousse sur gélose ordi: naire, mais mal ; bien sur gélose-ascite. Les colonies sont blanches, plus sèches et un peu plus petites que celles du Méningocoque. Fermentation des sucres. — Il n’en fait fermenter aucun. Agglutination. — Elle est toujours négative avec le sérum antimé- ningococcique. STREPTOCOCCUS MUCOSUS Ce microbe est en chaïnettes plus ou moins longues, encapsulées. Il resle coloré par la méthode de Gram. Il pousse mal sur gélose simple, très bien sur gélose-ascite. Les colonies sont transparentes comme du verre. La morphologie le fait distinguer de suite du Méningocoque. NH n’est jamais agglutiné parle sérum antiméningococcique. DIPLOCOCCUS MUCOSUS ’ Ce sont des diplocoques ou des tétrades, qui se décolorent par la méthode de Gram. Il pousse très bien d'emblée sur gélose ordinaire, aussi sur gélose- ascite. Ce premier caractère suffit à le différencier. - Il n'est jamais agglutiné par le sérum antiméningococcique. MICROCOCCUS CINEREUS Ce sont des cocci isolés, en amas ou en diplocoques, se décolorant par la méthode de Gram. R Il pousse très bien sur gélose ordinaire, ce qui suffit à le différen- cier. Il ne fait fermenter aucun sucre el n'est pas agglutiné par le sérum antiméningococcique. DIPLOCOCCUS PHARYNGIS FLAVUS Ce sont des diplocoques se décolorant par la méthode de Gram. Ils ; A donnent sur gélose-ascite des colonies jaunâtres. La fermentation des sucres est irrégulière. Ligelsheim décrit les à e) ë types J, II et III, qui fermentent tous le glucose et le maltose, la YP qe 5 plupart du temps le lévulose. L'agglutination est nulle par le sérum anliméningococcique. [e) D DIPLOCOCCUS PHARYNGIS SICCUS Ce sont de petits diplocoques se décolorant par la méthode de Gram. Ils poussent bien sur gélose-ascite, où ils donnent de petites colonies sèches résistantes, qu'on ne peut absolument pas émulsionner dans un liquide. C’est une différence qu’il est facile de constater. MICROCOCCUS INTRACELLULARIS MENINGITIDIS. H15 Tableau résumant les principaux caraclères différentiels du Mé n ingocoque et des Pseudo-méningocoques., REACTION FERMENTATION DES SUCRES. : : AGGLUTI- NOMS DES ESPÈCES. . Tam ode EE | NATIONS de Gram. Glucose. Maltose. Lévulose. ; Méningocoque....:......…. — 2e + 0 + Diplococcus crassus ...... - + 25 + — Micrococcus calarrhalis.... — 0 0 0 0 Streptococcus mucosus ..….. _— » » » 0 Diplococeus mucosus...... —_ » » » 0 Diplococcus cinereus...... — 0 0 0 0 Diplococcus pharyngis fa- : : DUS TS NN ALT — = 2 + 0 Diplococcus pharyngis fla- OUSN IR EE - ec — + - + 0 Diplococcus pondre fla- VUSRTIT EN PRES Are ces — + + 0 0 Diplococcus siccus......... — umm l'a isolé du mucus vaginal où il le donne comme rare (c’est la deuxième espèce du mémoire précité). Legrain l’a rencontré dans un MICROCOCCUS ORCHITIS. 539 cas d’urétrite simple. Ce sont des diplocoques isolés, ou quelquefois réunis par trois ou quatre, mobiles. Leur forme est celle du Gonocoque, mais ils sont manifestement plus gros; un couple mesure de 3 y à 3,5 uw d'un pôle à l’autre ; les dimensions sont moindres dans les cultures jeunes. Ils restent colorés par la méthode de Gram. Cette espèce croît facilement sur gélatine, acide ou neutre, à la tem- pérature ordinaire ; il forme, sur le milieu, une bande grisätre un peu visqueuse. Il ne doit pas se produire de liquéfaction. Sur gélose, la culture est rapide vers 35°; en quarante-huit heures, il s'y forme une bande grisâtre, molle, qui s'étend assez en surface ; la culture devient visqueuse en vieillissant. C'est une espèce tout à fait inoffensive. Sur pomme de terre, on obtient en quelques jours une large bande blanche. Dans le bouillon, il se produit un dépôt blanchâtre assez épais ; le liquide est long à s’éclaircir. MICROCOCCUS BLANC A COLONIES FOLIACÉES LEecraI. Rare dans le pus urétral. Ce sont des diplocoques formant des amas de 10 à 15 ou de courtes chaînettes de6 à 10 éléments. Les éléments sont sphériques et mesurent de 0,5u à 0,9 w de diamètre. Ils restent colorés par la méthode de Gram. Sur plaques de gélatine, les premières cultures sont caractéristiques. Ce sont des colonies circulaires qui s'entourent bientôt d’une collerette frangée. La colonie peut atteindre plusieurs centimètres de diamètre en huit à dix jours. La gélatine se liquéfie. Sur gélatine, en piqüre, il se forme d’abord une petite culture blanche en clou; puis la gélatine se creuse assez profondément sans qu'il ÿ ait liquéfaction véritable. Sur gélose, en quatreou cinq jours, on obtient une bande blanche, assez épaisse. Sur pomme de terre, bande blanc grisâtre. Cette espèce n'a manifesté aucune action pathogène. MICROCOCCUS ORCHITIS. (Orchiocoque d'Éraud et Hugounenq.} Eraud et Hugounenq (1) ont décrit sous le nom d’Orchiocoque un diplocoque voisin comme forme, comme aspect, comme pro- priétés, du Gonocoque de Neisser, qu'ils ont d’abord isolé de la sérosité vaginale de blennorragiens atteints d'épididymite, et qu'ils ont ensuite retrouvé dans l’urètre ou dans l'urine d'individus vierges de toute blennorragie. Les dimensions sont un peu plus fortes que celles du Gonocoque ; les éléments de cet Orchiocoque atteindraient 1 & dans leur grand dia- mètre; comme le premier, il se décolore par la méthode de Gram. (1) ÉrauD et HucouxexQ, Recherches bactériologiques et cliniques sur la pathogénie de l’orchite blennorragique et de certaines orchites infectieuses (Ann. de derm. et de syph., IV, 1893, p. 362). 340 COCCACÉES. Ce sont surtout les cultures qui différencieraient ces deux microbes. L'Orchiocoque pousse sur tous les milieux, même sur gélatine, avec abondance, alors que le Gonocoque ne donne qu'assez difficilement des cultures et surtout sur des milieux spéciaux. En injection sous-cutanée, chez le cobaye et chez le chien, les cul- tures ne produisent pas de suppuration; injectées dans le testicule, chez: le chien, elles déterminent de l'orchite. Les mêmes auteurs ont retrouvé un diplocoque bien voisin, sinon identique, dans l’orchite des oreillons. D'après eux, l’orchite ou l'épididymite blennorragiques ne seraient pas sous la dépendance directe de la blennorragie, mais bien produites par un saprophyte à qui l'infection gonococcique crée un milieu favo- rable et permet de devenir envahissant. Il en serait de même pour l'orchite ourlienne. MICROCOCCUS ALBICANS TARDISSIMUS Bu. Ce sont des diplocoques très semblables à ceux du Wicrococcus gonorrheæ, que Bumm a rencontrés dans le pus d’écoulements urétraux. Ils ne se décolorent pas par la méthode de Gram. Cette espèce croît très lentement sur la gélatine, sans la liquéfier ; en strie, on n'obtient, après plusieurs semaines, qu'une mince bande de 1 millimètre. Sur sérum, à 370, il se forme des points blanchâtres en deux ou trois jours ; ils grandissent lentement et donnent de minces taches humides, grises, à contours sinueux. Les inoculations n'ont donné aucun résultat. MICROCOCCUS GIGANTEUS URETHRÆ LusTGaRTEN et MannaBEerG (1). (Streptococcus giganteus urethræ, Streplocoque urinaire.) Ce sont des coccus ronds de 1 y de diamètre environ, unis en chaînes souvent très longues, ondulées ou pelotonnées. Ils ne poussent pas sur gélatine. Sur gélose, ils donnent une mince culture transparente, qui augmente lentement. Dans le liquide de condensation, il y a un trouble floconneux. Dans le bouillon, on voit en vingt-quatre heures un dépôt floconneux. Y aurait-il des rapports avec les Streptocoques de l'urine, décrits par Rovsing (2) dans les cystites ? MICROCOCCUS MELITENSIS Bruce. (Microcoque de la fièvre de Malle.) Il a été découvert par Bruce (3) à Malte, dans les organes, rate surtout (1) Lusraarrex et MAN ABERG, Ueber die Mikroorganismen der normalen männlichen Urethra und desnormalen Harms(Vierteljahrsschr.für Dermat. und Syphil., 1887, n° 4). (2) RowsG, Die Blasenentzündung, 1890. (3) Bruce, Note on the discovery of a micro-organism in Malta fever (The Pracli- lioner, sept. 1887). — Iv., Sur une nouvelle forme de fièvre rencontrée sur les bords de la Méditerranée (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIT, 1893, p. 289). MICROCOCCUS MELITENSIS. 541 et aussi foie et reins, de malades atteints d’une forme de fièvre endé- mique, épidémique ou sporadique, fréquente à Malte et en bien des points des rivages et des îles de la Méditerranée, nommée pour cette raison fiévre de Malte ou fièvre méditerranéenne. Toutefois, cette infection est beaucoup plus généralisée que ne semblerait le faire croire cette dénomination; on l’a rencontrée dans toutes les parties du monde. La maladie est connue depuis longtemps ; avant d'en faire une infec- tion spéciale, on l'avait rattachée à la suette, au paludisme ou à la fièvre typhoïde. C’est la découverte de son microbe qui a permis d'affirmer son entité (1). MORPHOLOGIE Caractères microscopiques. — C'est un très petit coccus, de 0,4 w de diamètre, parfois légèrement ovale de 0,3 & sur 0,4; presque toujours isolé, quelquefois en diplocoques, rarement en courtes chaînes pouvant avoir de 10 à 14 éléments; toujours immobile, ne montrant pas de cils. Sur les préparations colorées, le diamètre ne dépasse guère 0,3 &. Dans les vieilles cultures, on trouve souvent des formes plus allongées, bacil- laires, souvent irrégulières, en massue. Coloration. — Il se colore bien aux solutions colorantes ordinaires et se décolore par la méthode de Gram. Cultures. — Il se cultive facilement sur les milieux habituels. Pour l'obtenir de l'homme malade, le mieux est de recourir à l'ensemencement du produit de ponction de la rate (p. 315). C'est un aérobie strict. Sa croissance est assez lente. Il végète très peu à 22° el présente son opti- mum vers 37°; il semble se développer encore un peu à 42°. Sur gélose, le long de la strie, après deux à trois jours, se développent des petites colonies souvent isolées, transparentes, semblables à des gouttelettes d'eau; elles s’accroissent lentement et peuvent atteindre 1,5, Jusque 3 millimètres, après une huitaine de jours. Elles sont alors arrondies, convexes et même surélevées au centre, à surface lisse, opaques, de coloration blanchâtre ou jaunâtre par transparence. Les colonies peuvent confluer et donner une bande d'aspect muqueux prenant avec l’âge une légère teinte jaunâtre. Sur sérum coagulé, l'aspect est très semblable à celui obtenu sur gélose: c'est un revêtement humide, blanchâtre. Sur gélatine, à 22%, le développement est très lent. Enstrie,onobtient, en trois ou quatre jours, la même culture que sur gélose, un peu plus sèche. En piqûre, il se forme une petite colonie blanche à la surface, rien dans la piqûre. Il ne se produit pas de liquéfaction. Sur pomme de terre, le développement est très faible, souvent invi- sible à l'œil ; il est plus fort sur les pommes de terre alcalinisées, Dans le bourllon peptonisé, à 37°, le développement peut être percep- üble après deux jours, le plus souvent seulement après trois ou quatre jours. Le liquide se trouble d’une façon uniforme el ne montre pas de (1) Reports of the Commission of Mediterraneanfever, 1905-1907. — Evyre, The Milroy lectures on melitensis septicæmia (The Lanceel, 1908, p. 1677, 1747 et 1827), — Bruce, Maltafever (Journ, of roy. army med. Corps, VI, 1906, p. 330). — Evyrg, Bi- bliography of Mediterraneanfever 1837 à 1907, 542 COCCACÉES. voile. Après huit jours, ilse dépose un sédiment blanchätre et le liquide s'éclaircit lentement. Dans le sérum liquide, il se forme un sédiment léger, floconneux; le liquide est rarement trouble, reste le plus souvent clair. Dans le lail, le microbe se développe bien, sans changer l'aspect du milieu, sans produire de coagulation. La réaction devient fortement alcaline après quatre à cinq jours; l'emploi de lait tournesolé le montre bien. Dans ce milieu, les coccus semblent être régulièrement un peu plus gros. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES Le Micrococcus melilensis conserve longtemps sa vitalité. Il résiste longtemps à la dessiccalion. On peut le retrouver vivant après des mois, près d'une année, dans des cultures sur gélose desséchées. Dans des cultures cachetées, pour éviter la dessiccation, il est resté vivant plus de deux ans. Il a résisté pendant quatre-vingt-trois jours dans de la terre fumée sèche, stérilisée au préalable ; pendant treize semaines, dans de la terre de jardin humide. Desséché sur du papier buvard, il vivait encore après vingtet un jours; sur de la laine ou des étoffes, jus- qu'à quatre-vingt-dix jours. Dans l’eau ordinaire et l'eau de mer stérili- sées, il ne périrait qu'après cinq à sept semaines, parfois même dix semaines ; dans les mêmes non stérilisées, il résisterait plusieurs se- maines, mais pourrait mourir beaucoup plus Lôt. A la chaleur humide, il est tué à 57° en dix minutes ; vers 90, dans la chaleur sèche. L'insolation le fait périr dans l'intervalle de quelques minutes à une heure et demie, suivant l'intensité. L'acide phénique à 1 p. 100, le sublimé à 0,5 p. 1000, le tuent en deux minutes et demie à quinze minutes. INOCULATION EXPÉRIMENTALE Il est pathogène pour l'homme et tous les animaux de laboratoire et domestiques. Oblenu directement du malade, ilest trop peu virulent pour déter- miner la mort, en inoculation sous-cutanée, intrapéritonéale ou intra- veineuse, au lapin ouau cobaye, quand onn'emploie pas de doses massives ; l'inoculation intracérébrale est plus active, êt encore, l'animal résiste longtemps, de trois à six mois. Les passages sur lapin ou cobaye aug- mentent la virulence: il arrive à tuer en trois à douze jours en inocu- lation intrapéritonéale et en neuf à trente-six heures en imoculation intracranienne. Chez le cobaye mâle, l'inoculation intrapéritonéale détermine souvent une vaginalite purulente et l’atrophie des testicules. En inoculant de très petites doses ou en se servant de cultures peu viru- lentes, on obtient une forme d'infection chronique, avec amaigrissement et anémie. Chez les animaux qui ont succombé, les ensemencements du foie restent stériles ; on obtient quelquefois des cultures avec de la pulpe de rate ou de la moelle osseuse, souvent rien; des reins et de l’urine, on obtient d'ordinaire de belles cultures. Chez la chèvre, on détermine une infection légère par inoculation sous- MICROCOCCUS MELITENSIS. 543 cutanée ou intraveineuse. On réussit à avoir des cultures avec l'urine ou le lait. L'infection serait peut-être possible par ingestion. Dans aucun cas, l'animal ne présente de signes d'infection. Le mouton, la vache, le cheval, le mulel peuvent être aussi infectés sans montrer des symptômes nets; le seul signe est l'agglutination du microbe avec leur sang. Le singe donne les résultats les plus intéressants. A la suite d'inocu- lation sous-cutanée ou intraveineuse, on observe un processus iden- tique à la maladie humaine, une maladie mortelle d'emblée ou guérissable présentant une courbe de température ondulante très semblable à celle que l’on observe chez l'homme. Il se produit une série d'accès fébriles séparés par des rémissions souvent complètes ; les accès durent de cinq à dix jours. La maladie peut durer trente ou quarante jours, puis la guérison survient; ou bien la mort peut s’obtenir plus ou moins vite. Les inocu- lations intracérébrales donnent le plus souvent une affection aiguë, mortelle. A l’autopsie, le microbe peut être isolé de tous les organes et de tous les tissus; la rate est foncée, hypertrophiée : c'est le seul symptôme anormal. Dans les cas légers, on peut ne retrouver le microbe quedansles ganglions lymphatiqueset l'urine, Le chien paraît pouvoir être infecté, mais sans apparence de maladie. L'inoculationà l’homme, tentéeexpérimentalement à plusieurs reprises, reproduit la maladie typique. Les contaminations de laboratoire ont été assez nombreuses et ont même eu des résultats funestes qui commandent une très grande prudence. De simples écorchures paraissent pouvoir servir de porte d'entrée au virus. IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE Chez l'homme, une première attaque confère l'immunité, sinon complète, du moins très nette, mais pour peu d'années, une ou deux peut-être. Chez le lapin et le cobaye, un long traitement par des cultures tuées peut protéger contre l’inoculation de cultures virulentes, ou bien ne donne aucun résultat et même parfois rend l'animal plus sensible. Quelques expériences faites sur l’homme ont donné ce même résultat. L'inoculation de cultures mortes, et surtout celle de cultures vivantes, détermine la formation dans le sang d’agglutinines qui paraissent spécifiques; le pouvoir agglutinant du sérum peut, avec des cultures vivantes, arriver à 1 p. 1000, 1 p. 1500, même 1 p. 3000. Cette propriété agglutinante existe, du reste, dans le sang des malades, où elle atteint souvent des taux plus élevés; elle sert très avantageusement pour le diagnostic. Wright, dès 1896, avait tenté d'immuniser des chèvres et un cheval pour obtenir un sérum préventif. L’essai sur des malades ne put démontrer la valeur d'un tel sérum. Eyre n’oblint pas de meilleurs résultats. La Commission anglaise a étudié un vaccin obtenu avec des cultures sur gélose âgées de dix jours, émulsionnées dans de l’eau, chauffées à 60° pendant une demi-heure et additionnées d’acide phénique en proportion de 0,5 p. 100. Les résultats n'ont pas été très favorables. 544 COCCACÉES. HABITAT ET ROLE ÉTIOLOGIQUE Le Micrococcus melitensis se rencontre chez l'homme atteint de la fièvre méditerranéenne. On l’obtient facilement du produit de ponction de la rate, et encore ordinairement des urines; le sang n'en montre que très peu et par intervalles, pendant les accès surtout. A l’autopsie, le foie, la rate, les reins en fournissent facilement. Cette maladie est fréquente, son pronostic bénin, avec une mortalité de 2 p. 100 environ. Elle est constituée par une série d'accès fébriles de durée variable, séparés par des périodes de rémission complète. La période d'incubation paraît varier de trois à dix-sept jours, et être en moyenne de huit à dix jours. Les prodromes ressemblent souvent à ceux de la fièvre typhoïde. La fièvre affecte le type ondulant (fièvre ondulante), acyclique. Le premier accès peut durer une vingtaine de jours, les autres une dizaine; la rémission est de trois à quatre jours, parfois quinze. On observe de deux à sept rechutes. Il se produit souvent des symptômes douloureux du type rhumatismal où névralgique, parfois des fluxions d’articulations, chez l’homme del’orchite, chez la femme de l’ovaralgie ou de la mammite. Les femmes paraissent plus sensibles à la maladie que les hommes; les enfants au-dessous de quinze ans la prennent très rarement. Les autopsies sont rares. La muqueuse intestinale montre des plaques de congestion ; les follicules clos et les plaques de Peyer sont normaux, les ganglions mésentériques tuméfiés. Le foie est congestionné ; la rate rouge foncé, presque noire, très friable et très hypertrophiée; les reins congestionnés. Le microbe est rejeté hors du corps surtout par les urines, qui, par moments, en renferment de grandes quantités. On l’a aussi rencontré dans le lait des nourrices malades. Il ne se trouve pas dans les déjections, ni dans les crachats. Il paraîl être établi que l’homme est surtout infecté par la chèvre par l'intermédiaire du lait. Des recherches faites à Malte ont permis de rencontrer le Micrococcus melitensis chez 10 p. 100 des chèvres et de constater chez 40 p. 100 un sérum fortement agglutinant pour ce microbe. 11 y a peut-être à incriminer aussi les Insectes piqueurs qui pourraient inoculer le microbe aux individus sains, comme tendent à le démontrer certains faits et quelques expériences sur des singes. Les chèvres el autres animaux domestiques pourraient être infectés de cette façon. L'infection de l'homme peut être plus directe, comme le prouvent beaucoup de cas de contagion de laboratoire: on peut faire intervenir l'inhalation ou l'ingestion de poussières chargées de microbes, peut-être des piqûres de poux ou de puces, où même l'infection par de simples écor- chures au contact de produits virulents, d'urine chargée de microbes. Le microbe vit assez longtemps dans l’eau ; il ne parait pas toutefois que la maladie puisse être transmise de cette façon. Le bassin méditerranéen paraît renfermer de nombreux foyers d'en- démie. La maladie s’est cependant répandue un peu partout. Il semble qu'elle ait suivi l'exportation des chèvres de race maltaise, très estimées comme laitières et expédiées jusqu'en Amérique. Beaucoup de cas observés en France ont pu se rattacher à la présence de chèvres de provenance espagnole. Il est nécessaire d'y veiller. | | - MICROCOCCUS MELITENSIS. 545 Dubois (1) aurait observé la fièvre de Malte chez les poules et les canards, chez le mouton; ces animaux pourraient contaminer l'homme. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC Chez le malade, la ponction de la rate (p. 315) permet d'isoler le microbe, surtout si l’on agit pendant les accès fébriles. Le produit est inoculé largement sur gélose. Après trois à cinq jours à 37°, on obtient des colonies. Le microbe sera identifié : 1° Par l'examen microscopique ; 2° Par la décoloration à la méthode de Gram; 30 Par l’agglutination avec un | sérum spécifique fort, à 1 p. 1000 par RÉURE 4° Par la culture en lait tournesolé devenant fortement alcalin et ne se at pas ; 5° Enfin, par l'essai sur le cobaye en inoculation intracérébrale. Séro-diagnostic. — Wright avait remarqué, en 1897, que le sang des malades atteints de fièvre de Malte agglutinaitle Micrococcus melitensis. De nombreuses recherches postérieures l'ont confirmé. Le pouvoir agglu- tinant apparaît dans le sang dès les premiers jours de la maladie ; il est souvent élevé, atteint même 1 p. 1000 ou pour 1500. Le sérum d'individus sains ou atteints d’autres affections ne produit jamais d’agglutination nette à 1 p. 10. Nicolle (2) signale une exception pour le typhus exanthématique;les symptômes étant bien différents, une confusion ne peut se faire. Des cas positifs, surtout pour la tuberculose et la fièvre typhoïde, sont dus à la coexistence fréquente de ces infections et de la fièvre de Malte. On se sert d’une jeune culture sur gélose, vers le quatrième jour, que l’on émulsionne dans du bouillon ou de la solution physiologique, ou bien directement dans 1 centimètre cube de la dilution de sérum au taux voulu. L’agglutination au taux de 1 p. 50 peut être considérée comme absolument positive, à plus forteraison celle à des taux supérieurs. La recherche peut se faire macroscopiquement et microscopiquement en suivant les indications données pages 406 et 409. Les agglutinines, dans l'infection méditerranéenne, passent (rès faci- lement et régulièrement dansle lait. On peuts'en servir pour reconnaitre l'infection chez la chèvre, fait qui a une très grande importance pratique, en permellant de diagnostiquer chez cet animal une maladie qui peut ne se manifester par aucun symptôme net et dès lors d'éliminer, au point de vue de la consommation du lait, des animaux qui peuvent nuire. Zammit (3) procède en diluant une goutte de lait dans neuf gouttes d'eau distillée et mélangeant à parties égales d’une émulsion de culture sur gélose, ce qui donne alors une dilution à 1 p. 20, très satisfaisante pour la recherche. L'urine des infectés possède rarement le pouvoir agglutinant. On peut rechercher aussi le Micrococcus melitensis dans le lait parles (1) Dugois, La fièvre de Malte chez les poules (Revue vétér. de Toulouse, 1er août 1910). (2) Nicozue, Recherches sur la fièvre méditerranéenne (Arch. de l'Inst. Pasteur de Tunis, 1909, IV, p. 158). (3) Zammir, Rapport de la Commission anglaise, VI, 1906, p. 3. Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 35 346 COCCACÉES. l cultures: on l’obtient facilement. On le retrouve également dans les produits fabriqués avec le lait d'animaux malades, particulièrement le fromage et les crèmes. Polacei et Ceraulo (1) ont aussi constaté la réaction d'agglutination avec la salive (salivo-réaction) et avec la sérosité de vésicatoires (vésico- réaction) chez les individus atteints de l'infection; ces réactions man- quaient totalement chez les individus sains ou atteints d'autres affec- lions. MICROCOCCUS NEOFORMANS Doyen. Doyen (2) dénomme ainsi un microbe qu'il a rencontré dans les tissus cancéreux el beaucoup de tumeurs bénignes. Il lui attribue un rôle spécifique. Pour l'obtenir, il ensemence des morceaux de tumeurs, recueillis aseptiquement, dans du bouillon de mamelle de vache, qu'il prépare comme le bouillon peptonisé ordinaire, en remplaçant la viande par de la mamelle de vache hachée. Mis à 37°, le liquide se trouble plus ou moins tôt, tantôt vers la vingtième heure, tantôt seulement après trois ou quatre jours. Le bouillon renferme des coccus mobiles, de 0,5 à 2 y de diamètre, isolés ou souvent en diplocoques, parfois en tétrades ou en courtes chaïnettes. Ces coccus se colorent bien aux procédés ordinaires et restent colorés par la méthode de Gram. Les cultures sont faciles à obtenir ; le microbe est aérobie facul- tatif. Sur gélose, il donne une strie humide, blanchâtre, devenant en quelques jours plus épaisse et visqueuse. Sur gélatine, la culture est blanchäâtre et liquéfie vers le quatrième jour à 20°. L'inoculation de cultures aux rats blancs et aux souris donnerait des lésions néoplasiques variées et pourrait causer la mort. Les cultures en bouillon glycériné, après filtration sur porcelaine, détermineraient chez les cancéreux une réaction similaire de celle que cause la tuberculine chez les tuberculeux. La réaction de fixation du complément s'obtiendrait avec l'extrait des corps microbiens ou un extrait de tissus cancéreux et du sérum de cancéreux. Le résultat serait négatif dans le cas de néoplasmes non cancéreux. Le sérum d’un cheval traité par des cultures du Micrococcus neoformans pourrait produire la fixation du complément, comme le sérum des can- céreux. Enfin tous ces sérums agglutineraient le microbe. (1) Poracci et CErauro, La salivoreazione nella diagnosa della febre mediterranea (Gaz. sicil, di med. e chir., VIT, 1908). — Poraccr, La reazione agglutinante e l’emo- batterioscopia nella diagnosi della febre mediterranea. Palerme, 1909. (2) Doxex, Le Micrococcus neoformans et les néoplasmes. Paris, 1903. — Le dia- gnostic du cancer par une réaction spécifique avec le Micrococcus neoformans (Soc. de Biol., 1908, n° 16). nu Éri :" 2 >» “ nier mit MCE HE 2 22 Mt ct sd nr hs éd de PT), dé: 2 MICROCOCCUS DECALVANS. 547 MICROCOCCUS HÆMATODES Paris. Babès (1) l'a isolé des sueurs fétides de l'aisselle, qui laissent sur le linge une lache rougeâtre, variant du rouge-brique pâle au rouge-sang. Le dépôt, pris sur le linge. est formé en grande partie de Micrococcus sphériques ou ovoïdes, mesurant en moyenne 1 » de long sur 0,8 de large, restant colorés par la méthode de Gram. Ils sont unis en petites Zooglées par une sorte degelée transparente, rougeâtre. On les retrouve sur les poils des aisselles, chez les personnes atteintes de cette affec- üon; 1ls en entourent la base d’une gaine rougeâtre et les rendent durs et fragiles. Ces Bactéries se cultivent très bien sur des blancs d'œufs cuits, à 370. Elles y formentdes Zooglées d'un rouge-sang. La matière colorante semble identique à ceile du Wicrococcus prodigiosus. MICROCOCCUS DECALVANS Tux. Thin (2) a désigné sous ce nom (Baclerium decalvans) des coccus sphériques de 1 y de diamètre, qu’il a observés dans la gaine interne de la racine du cheveu, dans des cas de pelade, et qu'il considère comme la cause de cette affection. Sehlen (3) serait arrivé à les cultiver et aü- rait pu déterminer chez les rats, à la suite de leur inoculation, une ma- ladie cutanée à symptômes identiques. Dans deux cas de pelade exa- iminés dans ce but, j'ai observé, surtout dans l’intérieur des cellules de la gaine de la racine du cheveu, de très nombreux Microcoques parfai- tement'sphériques d’un diamètre constant de 0,24 à 0,3. Ils existaienten très grande abondance dans la gaine vitreuse qui suitle cheveu malade à l'épilation. Ils diffèrent certainement des Wicrosporon décrits par Malassez (4). Toutefois, Bizzozero (5) et Bordoni (6) considèrent le coc- cus observé par Sehlen comme une des nombreuses espèces qui se ren- contrent à l’état normal sur la peau (7). Vailiard et Vincent (8) ont isolé de différents cas de pseudo-pelade en plaques où en atres un Wicrococcus qu'ils pensent être l’agent spéci- fique de cette affection contagieuse. En étudiant au microscope, après coloration par le procédé de Gram, des cheveux prélevés au pourtour de la région alopéciée, on voit d’après eux, à leur périphérie, jamais dans leur épaisseur, des petits coccus isolés, réunis par deux ou disposés en amas. C'est surtout la gaine épithéliale du follicule, qui s’arrache souvent en partie avec le cheveu, qui en montre en grand nombre; ils (1) Basës, Von rothen Schweiss (Centralbl. für die med. Wissensch., 1882, n° 19). (2) Tuix, Alopecia areata und Bacterium decalvans (Monatshefte für jrakt. Dermat., 1885, n° 28). (3) Seurex, Zur Aeliologie der Alopecia areata (Virchow’s Arch., XCIX, 1885 p. 527). (4) Mazassez, Arch. de physiol., 1874. (5) Bwzzozero, Virchow's Arch., XOVIITI, 1884, p. 451. (6) Bornoxti, Ueber die biologischen Eigenschaften der normalen Hautmicrophyten (Fortschr. der Med., 1886, n° 5). (7) Sasouraun, Des origines de la pelade (Soc. de derm. et de syph., 11 juin 1896). (8) Varzcanp et VINCENT, Sur une pseudo-pelade de nature microbienne (Ann. de l'Inst. Pastleur., 1890, p. 446). D4S COCCACÉES,. peuvent même former une véritable gaine autour de la racine du che- veu malade. Sur une coupe de peau malade, colorée par le même pro- cédé, tous les follicules contiennent des amas parfois considérables de ces petits Microcoques sphériques, d'environ 1 4 de diamètre. On en obtient facilement des cultures, en ensemençant du produit de raclage des couches internes de lambeaux de peau malade excisés, ou du sang de ces parties, soigneusement lavées extérieurement avec du savon, lotionnées ensuite au sublimé et à l’alcool absolu. En ensemencant des tubes de gélose, on voit, déjà au bout de vingt- quatre heures à 370, apparaitre de petites colonies blanches circulaires, saillantes, qui atteignent en quelques jours les dimensions d’une lentille, puis restent stationnaires. Le bouillon se trouble en quelques jours, puis abandonne un dépôt blanchâtre. Dans la gélaline, lensemencement produit après deux ou trois Jours un entonnoir de liquéfaction qui atteint les parois du tube vers le cinquième Jour. Cette Bactérie se cultive mal sur pomme de terre, en donnant une mince couche grisätre. Dans tous les milieux de culture, on perçoit une odeur fade. C'est un anaérobie facultatif ; très peu exigeante en oxygène, l'espèce se cultive dans le vide, quoique moins bien. En injectant sous la peau de souris blanches des doses d’un quart de centimètre cube de cultures dans le bouillon, les auteurs ont déterminé la mort en quarante-huit heures sans lésions apparentes; le sang, la rate, les autres viscères contenaient des microbes en abondance. Les cobayes et les lapins ne ressentent rien d'injections de 1 centimètre cube de ces mêmes cuitures. En frictionnant avec du produit de culture de la peau rasée de cobayes, de lapins et de chiens, on observe la formation d'une plaque de pseudo- pelade identique à celles de l’homme. Sabouraud (1) décrit dans la pelade décalvante chronique un petit coccus de 1 y de diamètre, qui resle coloré par la méthode de Gram, et que l’on rencontre en amas très denses dans l’utricule peladique. Il n’en a pas obtenu de cultures, et ne peut pas être tout à fait aftirmatif sur le rôle joué par ce microbe dans l'affection. Dans les cas où, chez l'howme, les plaques sont rouges et enflammées, on trouve en association avec ce microbe du S{aphylocoque doré ou du Streplocoque pyogène. On peut obtenir des lésions semblables en mélan- geant des cullures de ces espèces. MICROCOCCUS EPIDERMIDIS ALBUS WEercu. C'est le nom qui, par raison de priorité, parait devoir être attribué à un Microcoque très commuu à la surface et dans les couches superfi- cielles de la peau humaine. On est loin d’être fixé sur le rôle qu'il joue. Il semble se comporter d'ordinaire en saprophyte simple; mais, dans des conditions de troubles fonctionnels de la peau, il pourrait abon- damment pulluler et devenir alors un agent pathogène actif. (1) SarourauD, Des origines de la pelade (Soc. de derm. et de syph., 11 juin 1896). Ph ds ie in he de, + x és D cé 22 b ut db. be ds: ét rt Aile ‘ete x ont md dote ht nt MICROCOCCUS PSITTACI. 549 Il paraît bien être le Worocoque décrit par Unna, qui donne les carac- tères suivants. Ce sont des coccus ronds ou le plus souvent ovalaires (1,5 w sur 2), rarement isolés, le plus souvent en diplocoques, quelquefois en tétrades ou en courtes chaines, associés fréquemment en petits amas mûri- formes serrés, se colorant bien aux méthodes ordinaires et restant co- lorés par la méthode de Gram. La culture est facile et rapide sur milieux ordinaires. Sur gélose,1l donne unestrie blanc grisâtre, étroite, souvent entourée de nombreuses petites colonies isolées. Sur gélose glycérinée, la culture est plus abondante, plus opaque. et développe une forte odeur buty- rique. Sur gélatine, la culture a le même aspect; il se produit une liquéfac- üon lente, incomplète. : Sur pomme de terre, la culture est blanc grisâtre. Dans le bouillon, il se produit un trouble et un dépôt floconneux. L'inoculation cutanée à l'homme ou à l'animal produirait des lésions d’épidermite inflammatoire, desquamante. D'après Unna, ce microbe se trouve dans beaucoup d'affections squameuses superficielles où finement pustuleuses, dans le pityriasis, l'eczéma, l'inlertrigo, les onychoses, sur loutes les peaux grasses et acnéiques. C'est aussi vraisemblablement le microbe qui a été étudié par Cederkreutz (1) sous le nom de Coccus polymorphe de la peau, el aussi le Slaphylococcus culis communis (Coccus bulyricus) de Sabouraud (2), présentant des variations de forme assez larges, mais pouvant être facile- ment ramené au type original par les cultures. Il ne se rencontrerait pas seulement sur la peau, mais dans tous les excreta humains, sueur, urine,elc. On doit peut-être considérer comme élant une forme d’involution de ce microbe le Bacille bouleille qu'a décrit Malassez en 1876 dans les squames du pityriasis capitis, ainsi dénommé par Unna (Flaschen- bacillus), très fréquent dans la séborrhée, affectant la forme d'unegourde, avec une sorte d’appendice ressemblant à un bourgeon, ce qui l’a fait souvent considérer commeun Blastomycèle ou une Levure ; d'autres éléments sont sphériques ou presque bacillaires. Les cultures n'ont jusqu'ici donné aucun résullat sûr. MICROCOCCUS PSITTACI Worrr. Cette espèce détermine, chez les perroquets, une affection pyémique mortelle, qui fait périr une grande partie de ces oiseaux importés en Europe, sévissant surtout sur ceux qui viennent des côtes de Guinée. D'après Eberth (3) et Wolff (4), qui l'ont éludiée, la maladie débute par une diminution rapide de l'appétit; les animaux deviennent tristes, lan- (1) Cenerkreutrz, Recherches sur un coccus polÿmorphe, hôte habituel et parasite de la peau humaine. Paris, Steinheil, 1901. (2) Sasouraup, 7n Pratique dermatologique, 1908, t. I, p. 714. (3) Eserru, Zur Kenntniss der Mycosen bei Thieren (Virchow's Arch., t. LXXX VII, 1880, p. 311). (4) Wozrr, Eine verbreitete thierische Mycose (Virchow’'s Arch., t. XCII, 1883, p. 252). 550 COCCACÉES,. guissants, laissent traîner leurs ailes. Ils sont pris de diarrhée muqueuse, accompagnée parfois de vomissements de matière jaune verdâtre ; puis surviennent des convulsions qui se terminent par la mort. A l'autopsie, on trouve le foie, la rate et les reins d'un rouge noirâtre, gorgés de sang; le foie surtout présente de nombreuses petites taches grises; la muqueuse de l'intestin est pâle et parsemée de macules grises. Le sang renferme une grande quantité de coccus très petits, isolés, ne se colo- rant que faiblement par le violet de méthyle. Dans les coupes des or- ganes cités, les capillaires et les veines d'assez gros calibre sont remplis d'amas de Microcoques; les capillaires des villosités intestinales en sont bondés. Ces Wicrococcus sont plus pelits que ceux des affections pyémiques de l’homme. Eberth leur trouve une ressemblance avec ceux qu'il a rencontrés dans un cas de pharyngite croupale du poulet. Arapprocher peut-être des courts Bactilles de la septicémie des canards qui seront éludiés plus loin. Le Bacille qui est l'agent de l'infection dé- signée sous le nom de psillacose par Gilbert et Fournier (1) est certai- nement une autre espèce (Voy. Bacille de la psiltacose). MICROCOCCUS BOMBYCIS BrcHame. (Microzyma bombycis.) Béchamp (2) avait signalé, en 1867, la présence de Bactéries dans l'intestin des Vers à soie morts de flacherie. C'est une maladie épidé- mique pouvant exercer des ravages considérables dans les magnaneries et atteignant surtout les Vers forts, prêts à filer leur cocon. Les Vers malades cessent de manger, languissent el meurent en quelques jours. Les cadavres sont très mous, d’où les noms vulgaires de morts flals ou morts blancs, puis pourrissent rapidement en exhalant une odeur fétide, aigrelette. Pasteur (3), dans ses belles recherches sur celte affection, a montré qu'elle élait due au développement, dans le tube digestif, de plusieurs espèces de Bactéries, parmi lesquelles se rencontrent surtout une espèce en bâlonnets très mobiles, dont certains articles présentent des spores, etun WMicrococcus à éléments très petits, le plus souvent en diplocoques, parfois en courts chapelets. Ilest parvenu à retrouver ces mêmes organismes dans des macérations de feuilles dont se nourrissent les Vers. Ces diverses espèces jouent certainement un rôle différent dans l'infection. Le Wicrococcus, par exemple, peut se développer dans un Ver sans entrainer la mort; les bâätonnets mobiles (vibrions) sont beau- coup plus actifs. Les Vers infectés par le mélange de ces Bactéries avec les aliments meurent dans un temps compris entre six et quinze jours: ceux inoculés par piqûre, avec du contenu intestinal de morts flats, meurent entre deux et trois jours. De plus, la maladie déterminée à l'aide de la macération de feuilles de mûrier ne tue le Ver qu'en douze ou quinze jours; chez ceux inoculés avec de la matière prise dans un Ver mort de l'affection, la mort survient plus vite, de sept à huit jours (1) Gizserr et Fournier, De la psittacose (Acad. de méd., 20 octobre 1896). (2) Bécnamr, C. R. de l’Acad. des sc., t. LXIV, 1867. (3) Pasteur, Étude sur la maladie des Vers à soie. Paris, 1879. ; j Ê | | MICROCOCCUS DE LA MAMMITE CONTAGIEUSE DE LA VACHE. 991 d'ordinaire. Ici donc, la matière virulente augmente sa puissance par le passage dans un organisme; c’est un caractère que l’on sait commun à beaucoup d’affections septiques. Sarlinara et Paccanaro (1) regardent comme le principal agent de la flacherie un Microcoque qu'ils dénomment Streplococcus bombycis. Ce sont d'assez longues chaînettes de petits coccus de 0,9 » de diamètre, se colorant bien aux méthodes ordinaires et restant colorés par la méthode de Gram. Anaérobie facultatif, il se cultive facilement sur les milieux ordinaires, ne liquéfie pas la gélatine et ne forme pas d'indol dans le bouillon. L'ingestion de culture déterminerait la flacherie chez les Vers à soie. Les Vers à soie ne sont pas les seules chenilles susceptibles de con- tracter la flacherie. Plusieurs autres espèces de Lépidoptères y sont sujettes, entre autres la Noctuelle des moissons, V'Agrotis segelum, si nuisible aux cultures. L'étiologie de la flacherie aété élucidée par les expériences de Pasteur. La cause principale paraît en être la stagnation des aliments dans l'in- testin, due probablement au défaut de fonctionnement de cet organe, d'où pullulation des germes de putréfaction qu'ils contiennent. Cepen- dant, des recherches ultérieures peuvent indiquer qu'il y a lieu aussi de faire entrer en ligne de compte certaines affections bactériennes du müûrier qui introduiraient dans le tube digestif du Ver des microbes dangereux pour lui (2). MICROCOCCUS DE LA MAMMITE CONTAGIEUSE DE LA VACHE Nocarp et MOLLEREAU. (Micrococcus mastilis.) Cette Bactérie cause une variété de mammite chronique, sévissant sur les vaches laitières; elle a été étudiée d'abord eliniquement par Gerlach et Zürn, puis cliniquement et bactériologiquement surtout par Nocard et Mollereau (3). C'est la même affection qui a été observée en Suisse par Hess et Borgeaud (4), puis par Zschokke (5) et décrite par eux sous le nom de Gelber Gall; Adametz (6) a démontré cette identité. Il a attri- bué au Microcoque de Nocard et Mollereau le nom de Streptococcus aga- lacliæ contagiosæ. C'est aussi cette même espèce que Guillebeau el (1) Sanrinara et Paccawaro, Der Streptococcus bombycis in Bezug auf die Aetiolo- gie der Auszehrung und Schlaffsucht der Seidenraupe (Centralbl. für Bakt.,1te Abth., Orisg., XL, 1905, p. 207et 331). (2) Boxer et LamBerr, Sur deux nouvelles maladies du mürier (C. R. de l’Acad. des sc., 21 août 1891). — MaccararTi, Lo Streptococcus bombycis e la flaccidezza del baco da Seta (Stazioni sperim. ilal., XXI, 1891). — PeriGon, Bacteriosi del gelso (Centralbl. für Bakt., 2te Abth., III, 1897, p. 16 et 60). (3) NocarD et MozrEereAU, Sur une mammite contagieuse des vaches laitières (Ann. «le l’Inst. Pasteur, 1887, n° 3, p. 109). Voy. aussi : Nocano et LrcLaincue, Les maladies microbiennes des animaux. Paris, Masson, 3° édit., 1903, T. IL, p. 317. (4) Hess et BornGeaun, Euterentzündung contagiüse oder « Gelber Galt » ‘der Kühe (Schweizer Arch. für Thierheilk., XXX, 1888, p. 97). (5) Zscnoxke, Beitrag zur Kenntniss des gelben-Galtes(Landuw. Jahrb. der Schweiz. VII, 1893, p. 200). (6) Anauerz, Beitrag zur Kenntniss des Streptokükken des gelben Galt (Journ. für Landw., XLII, 1894). 552 COCCACÉES. Hess (1) ont étudiée sous le nom de S{replococcus mastilis sporadiæ. La maladie est contagieuse el se propage rapidement dans les étables. Le premier symptôme en est l'apparition d'une induration dans la mamelle, à la base d'un trayon. Le nœud grandit lentement et donne une tumeur grosse comme un œuf de poule ou comme le poing, mal délimitée, se perdant insensiblement dans le tissu voisin. Une grande partie de la glande peut ainsi se prendre, mais peu à peu, après plusieurs mois. La mamelle malade ne sécrète plus autant et le lait obtenu par traite a beaucoup changé; sa réaction est ordinairement acide: il se coagule vite, souvent dès sa sortie du trayon ; il devient jaunâtre, granuleux, et dégage parfois une odeur fétide; si on le mélange à d'autre qui est bon, toute la masse s’altère. Cependant la santé générale ne parait guère souffrir. L'affection peut coexisler avec d’autres maladies contagieuses, en particulier avec le cowpox. Il n'y a là qu'une simple coïncidence, toute fortuite, les Bactéries spécifiques bien distinctes se trouvant à l'exception des autres, comme j'ai pule constater, dans les lésions carac- téristiques des différentes maladies dont un même individu est porteur. MORPHOLOGIE A l'examen microscopique, on trouve, dans le lait (fig. 229) et dans la paroi des canaux excréleurs, de nombreux Micrococcus, arrondis ou ovoides, mesurant à peine 1 x de diamètre, réunisen chapelets parfois très longset sinueux. Beaucoup sont ovoides, allongés et présentent un étranglement médian, indice de la division qui va s’opérer. Ils se co- lorent bien par les couleurs d’ani- line, mais se décolorent facile- ment; la méthode de Gram enlève, en grande partie, leur coloralion; celle de Weigert réussit mieux à décolorer, On observe, en outre, de nombreux globules de pus. 0 . .. RELLEPTIT D e . . . . . . n * : ca . © 9Q + Cultures. — Les cultures sont faciles à obtenir avec du lait, ob- Fig. 229. — Lait de vache affectée de tenu privé de germes étrangers mammite contagieuse. par le moyen indiqué par Du- claux (2). On lave le trayon soi- oneusement avec une solution antiseplique, puis on recueille du lait dans des tubes stérilisés, en évitant de les faire toucher le pis, après avoir laissé perdre le premier jet. Le bouillon légèrement alcalin, surtout additionné d'un peu de sucre ou de glycérine, est un excellent milieu. On y trouve, après vingt-quatre heures à 35°, une quantité de très longues chaînettes; il peut même se former des flocons soyeux dans le liquide. Au bout de quelques jours, (1) Guinreseau et Hess, Ueber die Symptomatologie und Therapie der Euterentzün- dungen bei Rindern und Ziegen (Landw. Jahrb. der Schweiz., VIII, 1894, p. 240). (2) Duczaux, Mémoires sur le lait (Ann. de l’Inst. agron., 1882). MICROCOCCUS DE LA MAMMITE CONTAGIEUSE DE LA VACHE. 553 il s'est déposé un sédiment blanchâtre, léger; le bouillon reste limpide, mais se trouble par la moindre agitation. Il est déjà devenu acide après vingt-quatre à quarante-huit heures. L’excès d'acide nuit à la culture; en ajoutant de la craie, la culture est plus vigoureuse et reste vivante plus longtemps. Il se forme alors, dans le bouillon, un magma de cris- taux de lactate de chaux; le rôle de ce Wicrococcus est donc le même que celui du Bacillus lacticus, c’est un ferment lactique énergique. Les cultures ne sont pas très résistantes; elles restent souvent stériles après quelques semaines de développement. Elles paraissent aussi bien réus- sir à l'abri de l'air; c'est une Bactérie à la fois aérobie et anaérobie. En cultures sur plaques de gélaline, on aperçoit, du troisième au quatrième jour, de petites colonies rondes, granuleuses, à bords nets, d’abord transparentes, puis jaunâtres et brunes. Le développement en est très lent; celles de la surface ne forment qu'une légère saillie après plusieurs semaines. La gélatine n’est pas liquéfiée. A la suite de l'inoculation en piqüre dans un tube de gélatine, il se forme, au troisième jour, une mince pellicule à la surface et un léger trouble dans le canal. Plus tard, la culture devient plus épaisse, blanche, opaque, granuleuse, et envoie parfoisde finesarborisations dansla gelée. En série sur gélatine, gélose et sérum, il se produit, le long de la strie, de petites colonies rondes, translucides, blanchâtres, qui confluent quelquefois en une mince pellicule. Le lait est coagulé avant vingt-quatre heures. Il a une forte réaction acide. Sur pomme de terre, la culture est très minime. INOCULATION EXPÉRIMENTALE La maladie se reproduit, facilement chez la vache et la chèvre, par l'inoculation de cultures pures dans le trayon. Les injections dans Île péritoine et intraveineuses, Lentées chez le chien, le chat, le lapin, le cobaye, n’ont donné aucun résultat. ROLE ÉTIOLOGIQUE L'affection se communique bien certainement, dans une étable, de vache à vache, par la main des personnes qui font la traite. On peut l'enrayer au début, en faisant, après la traite, des injections antisep- tiques, avec une solution d'acide borique à 3 p. 100, dans la glande malade; toutefois, après guérison, la glande ne sécrète plus autant. Lorsque le mal a envahi une forte partie de la mamelle, on peut encore l'arrêter par des injections répétées fréquemment, mais la glande est perdue complètement pour la lactation. Lucet (1) a décrit, dans du lait de vaches atteintes de mammites infectieuses, plusieurs Bacilles dont le rôle pathogénique n'est pas cer- tain. D'après Freudenreich (2), de telles Bactéries pourraient nuire à la fabrication de fromage avec ces laits. A rapprocher peut-être de cette espèce des Streptocoques isolés de laits ayant paru occasionner des phénomènes d'entérite infectieuse. (1) Lucer, Recueil de méd. vétér., 1889, p. 423. (2) FreupeNReicH, Sur quelques Bactéries produisant le boursouflem ent des fromages (Ann. de micr., II, 1890, p. 353). 554 COCCACÉES. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC Il est surtout intéressant de différencier cette mammite de la mammite tuberculeuse. L'examen bactériologique et les cultures lèveront facile- ment les doutes. MICROCOCCUS DE LA MAMMITE GANGRENEUSE DE LA BREBIS Nocarp (1). On connaît sous les noms vulgaires de mal de pis, araignée, une vive inflammation de la mamelle, observée surtout chez les brebis exploitées pour l'obtention du lait, qui passe à l’élat gangreneux et amène ordi- nairement la mort de l'animal en vingt-quatre, trente-six ou quarante- huit heures. La mamelle atteinte se gonfle rapidement, devient dure, très œdématiée, d’un rouge violacé, chaude et douloureuse à la pres- sion. La partie malade se limite des tissus sains comme une plaque d'érysipèle. L’engorgement fait des progrès: puis les parties envahies se morüfient, La ponction de l’ædème donne un liquide roussâtre qui fourmille de Microcoques. L'état général devient très grave, les mamelles se gangrènent enlièrement et l'animal meurt. La plupart des brebis atteintes succombent : : chez quelques-unes, l'œdème s'arrête, les tissus infiltrés meurent el s'éliminent lentement, la cicatrisation se fait : la brebis guérit, mais la mamelle est perdue. MORPHOLOGIE Les Microcoques, que l'on trouve dans la sérosité et le lait (fig. 230) dès le premier jour, sont de petite taille, mesurant à peine 0,2 & de dia- mètre ; ils sont isolés, réunis par quatre ou en pelits amas, mais jamais en chapelels. Ils restent! colorés après traitement par la méthode de Gram. Cultures. — On les cultive très bien dans du bouillon additionné d'un peu de sucre. En vingt-quatre heures, le liquide est devenu trouble, lactescent. Au bout de deux jours, il offre un dépôt abondant; il est devenu acide, moins cependant que lorsqu'il s’agit de l'espèce précé- dente, et le développement s'arrête. En ajoutant un peu de craie au liquide, on. prolonge la végétation. Les cultures se font aussi bien à l'abri de l'air qu'en sa présence, comme pour l'espèce précédente. Celle Bactérie se multiplie très vite dans le lait; elle y provoque la formation, en vingt-quatre heures, d’un coagulum ferme; le petit-lait et le coagulum, devenus acides, fourmillent de Microcoques. En cultures sur plaques, on observe dans la gélatine, au troisième jour, des colonies rondes, blanches ; celles qui arrivent à la surface grandissent plus vite et provoquent rapidement la liquéfaction de la gelée. Elles sont formées d’une tache centrale arrondie, brunâtre, entourée d’une auréole de liquéfaction. En piqûre, dans un tube de gélatine, le développement se fait rapide- (1) Nocarp, Note sur la mammite gangreneuse des brebis laitières (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, n° 9, p. 417). dd Qt MICROCOCCUS DE LA MAMMITE GANGRENEUSE DE LA BREBIS. 59: ment. La liquéfaction est déjà nette à la surface vers le second jour à la température de 20°. Au cinquième jour, on obtient un large cône de liquéfaction, dont le sommet obtus, tourné en bas, renferme une masse blanche. Dans une atmosphère d'acide carbonique, la liquéfaction est beaucoup plus lente à se montrer; elle n'est bien nette qu'après une dizaine de jours ; la Bactérie se développe maigrement dans lout le tra- jet de la piqûre. Sur gélose, il se forme une pellicule épaisse qui, d'un blanc mat au début, devient peu à peu jaunâtre. La culture sur pomme de lerre donne une mince couche grisätre, à Fig. 230. — Microcoque de la mammite gangreneuse de la brebis (d'après Nocard). bords festonnés plus épais que le centre. Elle prend peu à peu une teinte jaune ; la zone périphérique jeune resle seule grisâtre. INOCULATION EXPÉRIMENTALE L'injection de quelques goultes de culture fraîche dans le trayon d'une brebis détermine une mammite rapidement mortelle. Les cultures ne gardent leur virulence intacte que si l’on a soin de les renouveler chaque jour. La chèvre paraît réfractaire. Des inoculations sous- cutanées, faites à des chiens, chats, cobayes, n'occasionnent qu'un peu d'œdème au point d'introduclion. Chez le | apin, au contraire, elles pro- duisent des abcès dont le pus contient en très grand nombre la Bactérie en question. La brebis semble seule apte à contracter la maladie expérimentale. L'inoculation au lapin détermine la formation d’un abcès chaud dont le pus renferme en grand nombre les Microcoques spéciaux; l'animal ne paraît aucunement en souffrir. Cette mammite gangreneuse de la brebis ne cède à aucun traitement ; 556 COCCACÉES. le seul moyen de sauver la femelle est celui employé de tout temps par les bergers : faire une incision cruciale, extirper les lambeaux de la glande malade et panser avec une solution concentrée de sulfate de cuivre. Et encore la mamelle est perdue sans relour. L'étiologie de cette affection n'est pas encore éclaircie; elle sévit à l’état enzootique dans plusieurs régions et cause beaucoup de dommage dans les troupeaux des fromagers. Roger el Garnier (1) ont rencontré dans un cas de mammile gangre- neuse chez la femme un Wicrococcus voisin de celui de la brebfs, mais s’en distinguant cependant par quelques caractères. Anaérobie facultatif, il reste également coloré par la méthode de Gram. En culture dans le bouillon, 11 donne un trouble uniforme et un dépôt abondant. La géla- üne n'est pas liquéfiée. Sur gélose, il donne de petites colonies blan- châtres. Le lait est assez rapidement liquéfié. L'inoculalion au lapin et au cobaye détermine des suppurations cutanées et viscérales qui entraînent le plus souvent la mort. MICROCOCCUS DE LA FIÈVRE APHTEUSE DES BOVIDÉS. On est très peu fixé jusqu'ici sur l'agent virulent de cette affection. Le liquide des pustules qui se développent sur les muqueuses, à la bouche principalement (Waulseuche), et aux endroits où la peau est mince, entre les onglons (Klauenseuche) et à la mamelle surtout, est manifestement virulent el peut-êlre contient exclusivement l'agent actif: la virulence du sang est des plus douteuse. La fièvre aphteuse sévit surtout sur les bovidés et le porc, souvent sous forme d’épizootie. Les moutons et les chèvres sont aussi très réceplifs. Le chien et le chat pourraient la contracter à la suite d'usage de lait fourni par des bêtes malades ou d’inoculation de virus très actif. Les lapins, cobayes, souris, rats, oiseaux, sont tout à fait réfractaires à la contagion et aux inoculations expérimentales. La contagiosité à l'homme ne peut faire aucun doute. L'homme prend la fièvre aphteuse par inoculation directe du virus de bêtes malades où par ingestion de lait qui en provient et se trouve souillé par des matières virulentes. Le beurre et le fromage frais conservent la virulence et peuvent aussi être infectants pour l'homme. Le virus aphteux est très actif; il suffit de doses très minimes, un cinq-millième de centimètre cube par exemple, pour déterminer l'infec- tion. L'agent de contage n'est pas encore connu, malgré de nombreuses recherches faites dans ce sens. Piana et Fiorentini (2) ont incriminé un Protozoaire, sorte d’Amibe, qu'ils disent rencontrer toujours dans le contenu des vésicules aphteuses: ils l'ont nommé Prolamoeba aphlogenes. Les expériences qu'ils rap- portent ne sont nullement concluantes. (1) Rocer et Garnier, Sur un cas de mammite gangreneuse (Soc. de Biol., 15 juil- let 1899). (2) Prana et Frorenrini, Neuer Beitrag zur Morphologie und Biologie des pathogenen Protozoen (Protamoeba aphtogenes) der Maul und Klauenseuche (Centralbl. für Bakt., XXIII, 1898, p. 323). à nil! ù D / MICROCOCCUS DE LA FIÈVRE APHTEUSE DES BOVIDÉS. 597 Prévost (1) donne aussi un Sporozoaire comme agent de l'affection. Ce Sporozoaire, qu'il isolerait du contenu des pustules de la salive des animaux malades, se cultiverait un peu sur rave cuite et bien mieux dans un bouillon composé à réaction acide dont la composition est tenue secrète. Les cultures seraient virulentes et pourraient donner limmunilé aux bovidés. Kurth (2) et Schottelius (3) ont isolé des vésicules aphteuses un Microcoque en chaînettes que Kurth nomme Sf/replococcus involulus. Il l’a obtenu en cultures. Dans un mélange à parties égales de sérum de veau ou de bœuf et de bouillon peptlonisé, il donne, en vingt-quatre heures, un voile épais, cireux, d'un jaune brillant; le liquide reste clair. Sur gélose additionnée de son volume de sérum, il forme une culture semblable. Les éléments de ces cultures possèdent une sorte de capsule qui ne se colore pas aux couleurs d’anihine. L'inoculation de ces cultures au veau ne donne aucun résultat. Siegel (4) a décrit dans le contenu des vésicules aphteuses des bovidés et de l’homme une courte Bactérie de 0,5 y à 0,7 y, se colorant presque uniquement aux deux pôles et se décolorant par la méthode de Gram. Elle se cultive facilement sur tous les milieux et ne liquéfie pas la géla- line. Son inoculation aux veaux et aux porcelets détermine une sorte de septicémie, avec production de taches rouges à la peau et gonflement de la muqueuse buccale et nasale, en somme quelque chose d' analogue au scorbut. Le même microbe a été retrouvé par Bussenius (5). Stutzer et Hartleb (6), en cultivant du contenu de vésicules aphteuses sur de la gélose additionnée de petit-lait, à réaction faiblement acide, ont isolé un microbe assez polymorphe, se présentant sous forme de diplocoques, de courtes chaînettes, ou de petits bâtonnets ovoïdes, de 0,5 y à 1 y de largeur, qu'ils croient pouvoir jouer un rôle actif dans l'infection, sans cependant avoir observé rien de probant à ce sujet. Ce microbe croît bien sur les divers milieux ; suivant le cas, il se présente sous forme de coceus, de diplocoques, de streptocoques, de bâtonnets et même de filaments pouvant donner des ramifications. Il n’est pas possible d’êlre en quoi que ce soit affirmalif; le microbe paraît cepen- dant être réellement pathogène pour les jeunes veaux. Lœæffler (7) fait table rase de toutes ces données, et pense que l'agent de contage de la fièvre aphteuse reste encore à découvrir. Pour lui, ce doit être un microbe de dimensions très minimes, restant en decà des (1) Prévosr, Première étude sur la fièvre aphteuse. Besançon, 1900, (2) Kurra, Bakteriologische Untersuchungen bei Maul und Klauenseuche (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, VIII, 1893, p. 439). (3) Scnorreurus, Ueber einen bacteriologischen Befund bei Maul und Klauenseuche {Centralbl. für Bakt., XI, 1892, p. 75). (4) Siecez, Die Mundseuche (stomatitis epidemica), Maul und Klauenseuche der Menschen (Arch. für Laryng., 1895). (5) Bussenrus et SiEGEL, Zur Frage des Bacillus der Maul und Klauenseuche | Deutsche med. Wochenschr., 1897, p. 127). (6) Srurzer et Hanrces, Das Bakterium der Maul und Klauenseuche (Arch. für Hygiene, XXX, 1897, p. 372). (7) LœrrLer, Bericht der Kommission zur Erforschung der Maul und Klauenseuche, bei dem Institut für Infektionskrankheiten in Berlin (Deutsche med. Wochenschr., 1898, n° 35, et Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p. 569). D98 COCCACÉES. limites de la visibilité, même avec les objectifs les plus perfectionnés, et pouvant traverser les pores des filtres employés, microbes invisibles ou filtrants (p. 16). Ce microbe ne peut se développer que dans des orga- nismes réceplifs; aucune cullure en milieux artificiels ne lui a donné de résultats. C’est à cette même conclusion, existence d'un microbe trop ténu pour être visible, que Nocard et Roux (1) sont aussi arrivés pos la péripneumonie bovine. D'après Lœæffler et Frosch (2), on pourrait conférer l'immunité aux animaux en leur injectant dans les veines de un centième à un dixième de centimètre cube de lymphe aphteuse chauffée à 37° pendant douze heures. Le sang de ces animaux immunisés contient des substances protectrices : en le mélangeant avec de la lymphe active et en injectant le mélange, qu'ils désignent sous le nom de Séraphline, à des animaux neufs, non seulement ceux-ci ne prennent pas la maladie, mais ils pré- sentent une immunité réelle à l'égard de doses de virus frais qui sont réellement infectantes. On pourrai peut- -être arriver, en procédant sui- vant cette méthode, à vacciner, au moins temporairement, des animaux encore indemnes en cas d' épidémie. Læffler et Ublenhuth (3) ont observé que le sérum d'animaux fortement immunisés donne de bons résultats comme agent de préservalion. Siegel (4) a aussi annoncé que le sang recueilli en pleine éruption vésiculeuse étaitnettement immunisant en injection sous-cutanée; celte propriété se conserverait plusieurs semaines dans le sang défibriné et mélangé à de la glycérine. MICROCOCCUS DE LA PÉRIPNEUMONIE DES BOVIDÉS. La sérosité albumineuse, jaunâtre, limpide, qui se trouve en très grande abondance dans les parties hépalisées du poumon des bovidés atteints, a un pouvoir virulent considérable. L'inocuiation d’une seule goutte sous la peau du tronc d’une vache ou d’un bœuf amène un engor- sement considérable, une fièvre intense et souvent la mort. Le cheval, le porc, le mouton, la chèvre, le chien, le lapin, le cobaye, les volailles, sont tout à fait réfractaires. L'homme également. De plus, les bovidés qui ont résisté à l'infection sont devenus réfrac- Laires aux inoculations virulentes et à la contagion naturelle. Lorsque l'inoculation du virus est faite à l’extrémité de la queue, les symptômes sont bien moins graves ; l'animal guérit presque toujours. L'opération est devenue un procédé de vaccination assez employé aujourd'hui. (1) Nocanp et Roux, Le microbe de la péripneumonie (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIT, 1898, p. 240). (2) Logrrzer et Froscn, Summarischer Bericht über die Ergebnisse der Untersu- chungen der Kommission zur Erforschung der Maul und Klauenseuche bei dem Insti- tute für Infektionskrankheiten in Berlin (Centralbl. für Bakt., XXII, 1897, p. 257). (3) Logrezer et Uarexaura, Ueber die Schutzimpfung gegen die Maul und Klauen- ce renferment que de faibles proportions, 1 p. 100, ; Le de sucre. Le sucre de canne seul peut subir la s LA") : 4 fermentalion visqueuse ; dans les mêmes circons- F “ tances, le sucre interverti, le glucose, le maltose LS . | ne produisent pas de viscose, mais peuvent don- Fig.235. — Micrococcus viscocus d'une bière ner de la mannile. 3 È : filante. À côté des cha- Le liquide de culture, solution sucrée, vin, bière pelets de coccus, on ou cidre, dégage une odeur fade. LE RE ENTER Un certain nombre d’autres espèces de Bacté- globules de Levure de . : : sep - ed apres Mes AC possèdent aussi la propriété de rendre vis- teur). queux les liquides où on les cultive. Elles la doi- | vent très probablement aussi à la production du même principe gommeux. Il n'est pas possible encore de préciser les rapports qu'elles onl avec celle en question, les particularités des cul- tures n'étant pas suffisamment connues. Les espèces décrites par Duclaux sous le nom d'Aclinooacter polymorphus et par Van Laer (3) sous le nom de Bacillus viscosus, que nous étudierons plus loin, pos- sèdent aussi à un haut degré la propriété de rendre visqueux les liquides où elles se développent. D'autres Microcoques (p. 606), plusieurs espèces de Bacilles rendent le lait visqueux. L'urine devient aussi fréquemment visqueuse ; elle peut même l'être dès l'émission. On ne connaît pas l'espèce ou les espèces de Bactéries qui occasionnent ce phénomène. Pietro Alberloni (4), analysant une urine visqueuse, a constaté que la viscosité élait due à un hydrate de carbone. Ce corps précipite par l'alcool, le sulfate de cuivre et la soude ; chauffé avec l'acide sulfurique, il donne la réaction du furfurol. Cette substance serait produite par un Bacille décrit par Brazzola (5). (1) Pasteur, Études sur le vin, 1886 et 1872. (2) Bécnawr, Sur la-viscose ou substance gommeuse de la fermentation visqueuse (G. R. de l'Acad. des sc., XCII, 1881, p. 78). (3) Vax Lazr, Note sur les fermentations visqueuses (Mém. de l’Acad. roy. des sc. de Belgique, 1889, et C. R. de la station scientifique de brasserie de Gand, t. I, 1890). (4) Prerno Acrerroxi, Ann. di Chimica e Farmacia, X, p. 367. (5) Brazzora, Acc. d, sc. dell’Inst. di Bologna, IX, p. 7, 85. MICROCOCCUS AQUATILIS. 997 MICROCOCCUS GRISEUS NON LIQUEFACIENS Tissrer et MARTELLY. Tissier et Martelly (1) donnent ce microbe comme fréquent dans les viandes en putréfaction ; on le rencontre tout au début de l'allération aussi bien qu'après un long temps. C'est un gros diplocoque, isolé, en amas ou en courtes chaînes de quatre à cinq éléments. Dans les vieilles cultures, on trouve souvent des formes allongées ou renflées. IL se colore bien à l’aide des procédés ordi- naires el resle coloré par la méthode de Gram. - I pousse bien dans les milieux ordinaires, à 22° comme à 370. La vilalité y est assez grande pour qu'on puisse encore le réensemencer après trois semaines. Il paraît être facultativement anaérobie. Sur gélaline, en piqûre, le microbe pousse dans les vingt-quatre heures en donnant de petites colonies rondes le long du canal. La géla- ünen'est pas liquéfiée. | Sur gélose, à 37° après vingt-quatre heures, on obtient de petites colo- nics gris blanchâtre qui s'accroissent lentement et deviennent plus transparentes, à centre plus clair et bords plus épais. Sur gélose gluco- sée, le développement est plus abondant ; en inoculation profonde, elle développe dans toute la hauteur de petites colonies lenticulaires, sans production gazeuse. Le bouillon est trouble en vingt-quatre heures: il sy forme un dépôt blanchâtre, pulvérulent. Le lai! n'est pas coagulé. Sur pomme de lerre, il n'y a pas de culture apparente. Le blanc d'œuf cuit, la fibrine ne sont pas attaqués. Ce microbe agit sur le glucose aux dépens duquel il donne des acides gras ; l’action s'arrête quand l'acide atteint environ 1 p. 100 en acide sulfurique. Il n’agit pas sur le lactose. Il n'a pas d'action sur les substances protéiques naturelles, mais altaque les peptones en produisant de l'indol et de l'ammoniaque. Il transforme l'urée en ammoniaque. MICROCOCCUS AQUATILIS eine Borrox. Meade Bolton (2) a décrit sous ce nom une espèce qu'il a isolée d'eaux potables et dont il ne donne que les caractères des cultures sur plaques. À un grossissement moyen, les jeunes colonies, qui se trouvent dans l'épaisseur de la gélatine, sont rondes, avec un contour denté et une apparence mürilorme; elles ont une coloration jaune brillant. Des qu'elles viennent émerger à la surface, elles s'étendent. A l'œil nu, elles forment alors des taches circulaires aplaties, d'un blanc de porcelaine. Au microscope, on leur distingue des contours nets, une zone marginale mince, homogène, el une partie centrale d’un aspect tout particulier. Du centre, plus sombre, part en rayonnant un système de sillons qui (1) Tissrer et Marterzy, Recherches sur la putréfaction de la viande de boucherie (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 875). (2) MEavE Bozrox, Ueber das Verhalten verschiedener Bacterienarten im Trinkwasser (Zeitschr. für Hygiene, 1, 1886, p. 76). 5G8 COCCACÉES. découpe cette partie en petits îlots rhombiques, l'aspect de la figure rappelant le schéma connu d'un acinus du foie. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur gélose, on a une couche blanche. Les coccus sont très petits, immobiles, et restent colorés par la méthode de Gram. D'après Bolton, le Micrococcus aquatilis serait une des espèces les plus communes de l’eau. Il végéterait très facilement dans ce liquide et se multiplierait même abondamment dans l’eau distillée. MICROCOCCUS CANDICANS Fiucce (1). Il est très fréquent sur les cultures sur plaques et abonde dans l'air et dans l'eau. Les cellules sont grandes, régulièrement sphériques, de 1 x à 2 de diamètre, immobiles, réunies en amas irréguliers. Sur plaques de gélatine, les colonies qui se développent dans la profon- deur forment de petits disques jaunâtres, d’un demi-millimètre environ. A un faible grossissement, elles paraissent circulaires, à bords lisses, colorées en brun sombre et faiblement granuleuses. Celles qui se trou- vent à la surface sont de petites taches d'un blanc de lait, atteignant 2 millimètres en deux jours, à surface lisse et brillante ; à un faible gros- sissement, leurs contours paraissent irréguliers et sinueux ; elles sont finement granuleuses et ont un centre brun sombre. La gélatine n’est jamais liquéfiée. En piqûre dans la gélatine, on a une culture en clou blanche. L'aspect est le même sur la gélose. Sur pomme de terre, la culture est blanche, brillante, porcelanée. MICROCOCCUS CANDIDUS Con. C'est aussi une espèce commune dans l'air et l'eau. Ce sont de petits coccus immobiles, de 0,5 y à 0,7 de diamètre, don- nant sur les plaques de gélatine de petites taches d’un blanc de neige, arrondies, puis irrégulières, ne liquéfiant jamais la gelée. Le développe- ment dans les différents milieux paraît beaucoup plus lent que celui de l'espèce précédente. MICROCOCCUS FERVIDOSUS ADAMETz. Adäametz (2) l'a isolé de l’eau. Les coccus, ronds et immobiles, mesurent 0,6 w de diamètre et sont réunis en diplocoques ou en petits amas. Leur végétation est extraordi- nairement lente dans les cultures. Sur plaques de 6 gélaline, les colonies qui se développent dans la profon- deur apparaissent, après quatre à cinq jours, comme de petits points blancs. À un faible grossissement, elles paraissent ovoïdes, faiblement jaunâtres, à contours nets, et ont une grande ressemblance avec des (1) Fziuccr, Les microorganismes, trad. franç. Paris, 1887. (2) Anamerz, Loc. cil., p. 599. LÉ nu SA MICROCOCCUS COULEUR CRÈME. 599 gouttes de rosée. Celles qui arrivent à la surface sont bien plus grande; elles gagnent, au bout de cinq à six jours, un bord dentelé el même sinueux ; elles sont grisâtres ou d’un blanc un peu jaunâtre. Les vieilles colonies sont granuleuses et brunâtres au centre ; la zone périphérique, jaunâtre, montre un plissement peu accentué. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur gélatine, en piqûre, il se forme à la surface un petit disque rond, très mince, transparent, sans reflet nacré, et de fines granulations dans le canal. Sur gélose, on obtient des colonies arrondies d’un blanc laiteux ou une bande muqueuse de même nuance. Sur pomme de terre, une culture d'un blanc sale. Les solutions sucrées se troublent rapidement ; il s’y développe vers 300, en deux jours, une fermentation énergique. Le liquide, après fermentation, contient jusqu'à 1 p. 100 d'alcool et des traces d'acide acétique et d'acide lactique. Dans la gélatine sucrée et glycérinée vers 22°, il apparaît, le long de la piqûre, de grosses bulles de gaz qui tendent à remonter lentement à la surface. MICROCOCCUS CONCENTRICUS ZiMMERMANN,. Il a été isolé de l'eau par Zimmermann (1). Ce sont des coccus de 0,9 x de diamètre, disposés en amas irréguliers. Sur plaques de gélatine, les coloniessituées dans la gélatine apparaissent à l'œil nu comme de petits points d'un gris bleu. Arrivées à la surface, elles s’élargissent et donnent des disques arrondis, d'un gris bleuté, qui grandissent et prennent des contours irréguliers. En cinq jours, la colonie peut atteindre 3 millimètres de diamètre. À un grossissement moyen, les colonies incluses dans la gelée sont brunâtres ou gris Jau- nàtre, el montrent plusieurs cercles concentriques assez réguliers. Celles de la surface ont au centre un disque gris brun, plus sombre, à bords irrégulièrement crénelés, présentant çà et là des fissures radiaires ; ce centre est entouré d’un anneau sinueux, bordé d’un liséré blanchàtre brillant. La gélatine n'est pas liquéfiée. En piqûre dans la gélatine, il se forme à la surface, autour de la piqûre, un revêtement gris bleuâtre, montrant des zones concentriques nettes. Sur gélose et sur pomme de lerre, on obtient une culture mince, grisâtre. MICROCOCCUS COULEUR CRÈME. List (2) en a décrit un dont les éléments très gros, de 1,55 à 2,2%, immobiles, sont isolés, réunis par deux ou en longues chaïnettes. Les colonies sur plaques sont de petites gouttes muqueuses, d'un jaune- crème. La gélatine n’est pas liquéfiée. Une autre espèce a été décrite par Zimmermann sous le nom de (1) Zimmermanx, Die Bacterien unserer Trink-und Nutzwässer, 1890. (2) Anawerz, Die Bacterien der Trink-und Nutzwässer. Vienne, 188$. 600 COCCACÉES. Micrococcus cremoides. Les coccus, de 0,8 de diamètre, sont réunis en petits amas. Sur plaques de gélatine, les colonies incluses dans la gelée sont de petits disques granuleux, jaunâtres ou brun grisätre. Dès qu'elles arrivent à la surface, elles perdent leurs contours réguliers et la géla- tine se liquéfie en cupule autour d'elles. Il se forme dans la cupule un dépôt blanc jaunâtre, qui présente aussitôt des anneaux concentriques. À un grossissement moyen, on observe uniquement des pelotes jau- nâtres, “granuleuses, autour desquelles se trouve une zone granuleuse moins épaisse, et qui sont entourées d’un liquide transparent : à la péri- phérie se trouvent souvent de fins prolongements radiaires qui pénè- trent dans la gelée ambiante. En piqûre, la gélaline se liquéfie en trois ou quatre jours à la tempé- rature ordinaire. La cupule de liquéfaction mesure de 3 à 5 millimètres de diamètre : à sa surface, on observe habituellement un creux donnant l'illusion d'une bulle de gaz. Au dixième jour, la liquéfaction atteint les parois du tube. Le liquide est clair et montre un dépôt blanc jaunâtre. Sur gélose, on obtient, en trois ou quatre jours, une culture blanc jaunâtre, ambrée, luisante. Sur pomme de lerre, une couche de couleur crème. Ces deux espèces ont été trouvées dans l'eau. MICROCOCCUS RADIATUS Fiucce. C'est aussi un saprophyte de l'eau. Les coccus, peu mobiles, mesürent de 0,8 y à 1 ; ils sont isolés, en courtes chaîneltes ou en petits amas. Sur plaques de gélatine, en deux jours, les colonies ont atteint 1 mil- limètre de diamètre. Elles sont blanches avec un reflet jaune verdâtre, présentent parfois des prolongements qui les fontressembler à des étoiles de mer. La gélatine est déjà liquéfiée. Deux jours après, il se forme, aux dépens des prolongements, une couronne radiée, délicate et régu- lière. Après deux ou trois jours, il peut se développer une seconde cou- ronne, puis une troisième, àrayons plus courts et irréguliers. La colonie a 1 centimètre à 1°%,5 de diamètre. Sur gélatine, en piqire, il part, du trait d'inoculation, de nombreux prolongements radiaires ; puis il se forme un entonnoir de liquéfaction qui progresse très lentement. Sur pomme de terre, la culture, qui croît rapidement, est colorée en Jaune brun. MICROCOCCUS CORONATUS FLUGGE C'est une espèce de l'air, dont les éléments, qui ont un peu plus def y de diamètre, sont isolés, réunis en amas ou en courtes chaînes. Sur plaques de gélatine, les colonies sont de petits disques opaques, d’où partent, en deux ou trois points, de courts prolongements symé- triques. La liquéfaction du milieu commence ; autour du centre, 1l se forme un anneau entourant la partie centrale comme d'une auréole. TS) MICROCOCCUS STELLATUS. 601 MICROCOCCUS POLYPUS Micura. Migula (1) l’a obtenue de l'air, comme impureté dans des cultures. Ce sont des coccusde 1 sde diamètre environ, isolés, en diplocoques, rarement en tétrades. Sur plaques de gélatine, les cultures sont très particulières. Les colo- nies sont d'abord punctiformes, grisälres, à bords lisses ; puis des bords partent des prolongements irréguliers qui s’allongent sur la surface de la gelée, rappelant l'apsect des bras d'un polype, mais de dimensions très variables. Il ne se produit pas de liquéfaction. Sur gélatine, en piqûre, le développement est minime dans le canal; par contre, à la surface il produit une colonie à aspect de polype,comme la culture sur plaques. La gélatine n'est pas liquéfiée. Sur gélose, la culture est blanche, épaisse, à bords sinueux. MICROCOCCUS CORALLOIDES ZIMMERMANN. Zimmermann !2) l’a rencontré dans l’eau. Ce sont de petits coccus immobiles, réunis en amas plus ou moins considérables, se colorant bien aux procédés ordinaires et restant colo- rés par la méthode de Gram. Sur plaques de gélatine, les colonies, d'abord très petites, blanchätres, granuleuses, émettent vers le troisième jour, à leur périphérie, des pro- longements qui vont en rayonnant dans toutes les directions : ils devien- nent après six à huit jours bien visibles à l'œil nu et sont souvent rami- fiés. La gélatine qu'ils parcourent est alors à demi liquéfiée. L'aspect, au microscope surtout, rappelle un buisson de corail. Sur gélatine, en piqûre, il se forme à la surface une culture d’un blanc laiteux, à reflets bleuâtres, d'où partent plus lard des tractus rayonnants; la culture s'enfonce dans la gélatine qui est lentement liqué- fiée. Le long de la piqûre, s'observe une bande blanche. Au voisinage de la culture, la gelée prend une teinte jaune foncé. Sur gélose, la culture est assez abondante, d’un blanc de lait. Sur pomme de terre, les colonies sont très maigres, blanchâtres, peu visibles. Le bouillon est troublé rapidement ; il laisse déposer un fin sédiment blanchâtre. MICROCOCCUS STELLATUS MASCHEKk. (Stern Coccus.) Maschek (3) le rencontre dans les eaux pauvres en Bactéries. Les coceus sont toujours isolés, immobiles. Sur plaques de gélatine, les colonies atteignent facilement 2 milli- mètres de diamètre. Du centre, brunàâlre, partent alors de 6 à 15 pro- longements radiaires, finement ramifiés à leur extrémité, donnant à la colonie l'aspect d'une étoile régulière. La gelée ne se liquélie pas. 1) Micura, System der Bakterien, 1900, IT, p. 79. ») ZimmErMaNx, Loc. cit, p. 599. 3) MASCHEK, Loc. cit., p. 588. ( { { 602 COCCACÉES. Sur gélaline, en piqûre, ilse forme d’abord à la surface une petite colonie discoïde, puis jaune brunâtre ; plus tard, de la piqûre partent des prolongements radiaires qui se ramifient finement dans le milieu. La gélatine n'est pas liquéfiée. Sur pomme de lerre, on observetardivement une membrane muqueuse, Jaune brunâtre. . MICROCOCCUS NACRACEUS Tararorr. (Perlmulterglänzender Diplococcus.) Tataroff l’a isolé de l’eau !1). Les éléments, de 0,8 », sont en diplocoques, rarement isolés. Sur plaques de gélatine, les colonies profondes sont de petites sphères blanches. Les colonies superficielles sont arrondies, blanches, à reflets bleuâtres ou irisés ; au microscope, elles ont l'aspect granuleux, bru- nâtre, et montrent vers le milieu un épaississement excentrique. Il ne se produit pas de liquéfaction. Sur gélatine, en piqûre, il se forme à la surface une colonie mince, nacrée, qui se creuse au milieu et dans le canal une petite tige de même reflet. La gélatine n’est pas liquéfiée et se colore en jaune brunâtre. Sur gélose, la colonie est blanc bleuâtre, nacrée. Sur pomme de lerre, on a une colonie d'un blanc sale, avec reflets ver- dâtres, dans laquelle se forment plus tard de petites bulles de gaz. MICROCOCCUS CINEREUS ZIMMERMANN. (Streptococcus cinereus.) Il a été trouvé dans l’eau par Zimmermann (2). Les éléments sont de petits coccus de 0,7 y, disposés en chaînes, immobiles. Ils se colorent bien aux méthodesordinaireset restent colorés par la méthode de Gram. C’est une espèce aérobie qui croit très lente- ment, au mieux vers 18°. Les cultures périssent vite. Sur plaques de gélaline, les colonies apparaissent en vingt-quatre heures. Celles de la profondeur, au microscope, sont de petits disques circulaires, presque incolores; en quarante-huit heures, elles ont pris une teinte jaunâtre, Celles de la surface ont une certaine irrégularité de contours qui disparaît vite; ce sont d’abord de petites gouttelettes trans- parentes grisâätres qui, en huit à dix jours, atteignent 2 millimètres à 2°*,5 de diamètre et forment une colonie à surface ondulée, gris jaunâtre. Sur gélatine, en piqûre, il se forme à la surface une petite culture en têle d'épingle, d'abord grise, puis un peu jaunätre. Presque rien dans le canal. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur gélose, un mince revêtement grisâtre, brillant. Sur pomme de lerre, la culture est très minime, à peine appréciable. (1) Taranorr, Die Dorpater Wasserbakterien, Thèse de Dorpat, 1891. (2) Zimmermanx, Loc. cil., p. 599. PEN" À | MIGROCOCCUS VITICULOSUS. 603 MICROCOCCUS ROSETTACEUS ZiIMMERMANN. Zimmermann (1) l’a trouvé dans l'eau. Les éléments sont sphériques ou ovalaires, de 0,7 y. à 1 .. disposés en amas irréguliers, immobiles. Ilsse colorent bien aux procédés ordinaires et restent colorés par la méthode de Gram. Les cultures sont faciles à obtenir, se développent vite, au mieux à la température de la chambre, exclusivement en présence d'air. Sur plaques de gélatine, les colonies profondes sont de petits grains d’un blanc grisâtre, à contours bien délimités. Celles de la surface sont de petites gouttelettes gris jaunâtre, brillantes, à contours sinueux, qui ne liquéfient pas. À un grossissement moyen, elles paraissent brunes, ont un centre plus foncé et des bords plus clairs. Sur gélatine, en piqûre, il se forme à la surface une colonie un peu surélevée, irrégulièrement arrondie, formant une sorte de rosette: presque rien dans le canal. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur gélose, la culture est grisätre, lisse. brillante, à bords dentés. Sur pomme de terre, la culture est assez épaisse, d'un jaune verdàtre. Dans le bouillon, il se produit d’abord un trouble uniforme, puis à la surface un voile mince, et au fond un dépôt floconneux grisätre. MICROCOCCUS PLUMOSUS BRAUTIGAM. Il a été trouvé par Braüligam (2) dans des drèches et du fumier de bœuf, par Adametz (3) dans l'eau. ; Ce sont des coccus immobiles, de 0,8 y, réunis en amas serrés. Sur plaques de gélaline, les colonies se développent vite et émettent des prolongements en languettes qui rampent à la surface du milieu. Elles ne produisent pas de liquéfaction. Sur gélatine, sur piqûre, la culture est très caractéristique. Du canal partent de longs prolongements blanchâtres, très fins, qui parcourent la gelée; ceux qui arrivent à la surface s'y terminent par un petit bouton blanc. La culture a l'aspect finement plumeux. La gélatine n'est pas liquéfiée. sur pomme de lerre, on a une colonie muqueuse, d'un blanc jaunûtre, dont les bords émettent des prolongements linguiformes. Les sucres ne sont pas fermentés. MICROCOCCUS VITICULOSUS Karz. Il a été trouvé dans l'air et dans l'eau (4). Les coceus sont ovalaires, de 1 y sur 1,2 y, réunis en amas compacts. Sur plaques de gélatine, les colonies profondes émettent des prolon- gements très fins, en forme de vrilles, qui s'étendent sur une assez (1) ZimmermaNx, Loc. cil., p. 599. (2) BrauriGau, Untersuchungen über die Mikroorganismen in Schlämpe und Ber- trabern. Thèse de Leipzig, 1886. (3) Anamerz, Die Bakterien der Trink-und Nutzwässer. Vienne, 1888, p. 12. (4) Fiuccr, Die Mikroorganismen, 1886, p. 175. 604 COCCACÉES. grande surface. Au microscope, ces vrilles paraissent formées de petites Zooglé ‘es globuleuses. Les colonies supertficiellessont larges, blanchâtres, émeltant de nombreux prolongements très fins dans la gelée sous- jacente. Il ne se produit pas de liquéfaction. Sur gélatine, en piqûre, il se forme le long du canal une culture muqueuse d'où partent de nombreux filaments très fins qui parcourent la gelée. La gélatine n'est pas liquéfiée Sur pomme de lerre, le développement se fait vite; la culture est mem- braneuse, sèche, d'un blanc sale. D'après Maschek, ce microbe ferait activement fermenter le glucose. MICROCOCCUS VERMIFORMIS NMascuex. IT est signalé comme fréquent dans l'eau par Maschek (1). Les éléments, qui ont parfois une forme de bâtonnels, sont disposés en chaînes qui sont fréquemment animées d'un mouvement vermi- forme lent. Sur plaques de gélaline, les colonies, d'un blanc jaunâtre, s'enfoncent dans Ja gelée. On leur distingue une partie centrale claire, entourée d'un anneau de liquéfaction un peu plus clair, qui lui-même est entouré d'un rebord blanchâtre. A un faible grossissement, le bord des colonies montre de fines stries radiaires ; l’intérieur est brunâtrement granuleux. Sur gélaline, en piqûre, la liquéfaction se fait rapidement, de la surface à l'intérieur de la piqûre. Sur pomme de lerre, on oblient une culture d'un jaune sale, qui gran- dit peu. MICROCOCCUS MIRABILIS Roscor et Lunr. (Streplococcus mirabilis.) Ce microbe a été isolé d’eau d'égout par Roscoe et Lunt (2). Ce sont des coccus isolés, ou des diplocoques, formant de très longues chaînes, tout à fail immobiles. Les coccus ont 0,4 y de diamètre, les diplocoques jusqu'à 1,2 » de long. Sur plaques de gélatine, la croissance se fait mal. Les colonies profondes ne sont, après quatre jours, que de pelits points microscopiques, petits amas de filaments pelotonnés. Les colonies superficielles sont minimes el transparentes, quelques-unes peuvent atteindre 2 millimètres de diamètre. À un faible grossissement, on s'aperçoit qu'elles constituent des amas de Tongs filaments et envoient parfois de fins tractus dans la selée ambiante. Il ne se produit pas de liquéfaction. Les colonies n’aug- mentent plus après cinq ou Six Jours. Sur gélaline, en piqûre, il se forme à la surface un revêtement de filaments très fins et transparents, difficile à voir à l'œil nu, atteignant en quelques Jours 3 à 5 millimètres de diamètre, puis cessant d'augmen- ter. La gélatine n’est jamais liquéfiée. Sur gélose, la cullure ressemble à celle sur r gélatine. Sur pomme de terre, il n’y a pas de culture visible. (1) Mascuex, Loc. cil., p. 588. (2) Roscor et Luxr, Contributions to the chemical Bacteriology of Sewage (Philo soph. Transact. of Roy. Soc., CLXXXI(L, 1892, p. 648). MICROCOCCUS ALBUS. 603 Dans le bouillon, le développement se faiten quarante-huit heures: dans le fond du tube, il se forme des amas floconneux, semblables à du coton, ou bien on trouve des filaments très ténus répartis dans le liquide qui reste absolument clair. Le développement s'y fait aussi bien en aérobie qu'en anaérobie. MICROCOCCUS ALBICANS. On peut attribuer ce nom à un Streplocoque à CHUTES blanches, trouvé dans l’eau par Tataroff (1). Les coccus, de 1 & en moyenne, sont le plus souvent unis en chaînes plus ou moins longues, mais aussi parfois isolés ou en diplocoques. Ils se colorent légèrement et se décolorent par la méthode de Gram, Sur plaques de gélatine, les colonies apparaissent comme de petits points blancs. Celles de la surface forment de petits disques d'un blanc brillant, à partie centrale un peu surbaissée. La gélatine n'est pas liquéfiée. Sur gélatine, en piqûre, on oblient une cullure blanche dans le canal et à la surface un disque blanc brillant (blanc de fard); jamais de liqué- faction. Sur gélose, on a une culture assez large, blanche. Sur sérum coagulé, un mince revêtement visqueux, blanc de lait. Sur pomme de lerre, une mince couche transparente, brillante, devenant blanc de lait à la longue, puis plus épaisse el visqueuse. Dans le bouillon, il se f'ail un trouble uniforme et un dépôt blanchâtre floconneux. Les milieux deviendraien£ assez nettement acides. MICROCOCCUS ALBUS Mascurx. (Streptococcus albus.) C'est une espèce isolée de l'eau et de l'air par Maschek (2). Ce sont des coccus de 0,8 y, isolés, en diplocoques ou en chainettes plus ou moins longues, paraissant souvent mobiles quandils ne sont pas en chaînes. Sur plaques de gélaline, ce microbe forme de petites colonies plates, arrondies, prenant bientôt l'aspect de coquille d'huitre, à centre plus épais entouré d'un rebord blanc. La gélatine est rapidement liquéfiée. Sur gélatine, en piqüre, le dévelopement se fait surtout en surface avec le même aspect que précédemment, La gélatine est rapidement liquéfiée et laisse déposer un sédiment blanchâtre. Sur pomme de terre, la croissance est rapide et donne une large cul- ture blanchâtre muqueuse. (1) Tararorr, Die Dorpater Wasserbakterien. Thèse de Dorpat, 1891. (2) Mascnex, Bakteriologische Untersuchungen der Leitmeritzer Trinkwässer (Jahrb. der Oberrealeschule zu Leilmerilz, 1887). 606 COCCACÉES. MICROCOCCUS SORNTHALII ADAMETZ. D'après Adamelz (1), c'est une espèce fréquente dans le lait, pouvant aussi se rencontrer dans les fromages. Les éléments sont des coccus ronds ou ovoides, de 0,7 y de diamètre moyen, isolés, en diplocoques ou en petits amas, rarement en tétrades ou en courtes chaînes, arrangés souvent en rosettes dans les cultures dans le lait. Sur plaques de gélatine, les cultures apparaissent vite sous forme de petits points blancs; celles de la surface s'étalent en petits disques mu- queux d'un blanc sale ou un peu grisâätres, présentant des siries con- centriques. La gélatine n’est jamais liquéfiée. Sur gélatine, en piqûre ou en strie, ilse forme des colonies muqueuses, blanchâtres ou un peu jaunes. Le même aspect se produit sur gélose. Cé microbe fait rapidement fermenter le sucre de lait avec dégage- ment gazeux formé d'acide carbonique et d'hydrogène. Dans le lait, en outre, la caséine est précipitée ; 1l se forme de l'acide lactique. Ce serait un des organismes produisant la boursouflure des fromages. MICROCOCCUS FREUDENREICHII GUILLEBEAU. Il a été isolé par Guillebeau (2) d'un lait visqueux. Ce sont de gros coccus de 2 4 et plus de diamètre, fréquemment dis- posés en chaînettes, surtout dans les cultures en bouillons. Les cultures sur gélaline sont blanches et liquéfient rapidement la gelée. Les cultures sur pomme de terre sont jaune de soufre, parfois un peu brunâtres. | Le lait devient rapidement acide, puis filant; il est coagulé en quelques jours. On a décrit d’autres Microcoques qui rendent le lait visqueux. Le Micrococcus mucilaginosus, de Ratz (3), donne, sur plaques de gélatine, ‘de petites colonies blanches, sphériques, ne liquéfiant pas; le lait est faiblement coagulé et devient visqueux à la longue. Hohl (4) a décrit sous le nom de Carphococcus piluiloparus, qui doit devenir Hicro- coccus piluiloparus, un coccus isolé de la litière de paille, donnant sur gélatine de petites colonies rondes d'un blanc brillant, non liquéfiantes ; le lait n'est pas coagulé, mais devient rapidement très visqueux dans ses couches supérieures et ne devient jamais acide, mais plutôt légèrement alcalin. Le Micrococcus laclis viscost de Gruber (5) donne de petites colonies blanches, très visqueuses, qui liquéfient rapidement la géla- Line: le lait est coagulé, puis en partie peptonisé, devient rapidement filantet prend une réaction d'abord alcaline, puis finalement acide. (1) Anamerz, Ueber Micrococcus Sornthalii (Centralbl. für Bakt., 2e Abth., T, 1895, p. 46»). 2) Guzeseau, Ueber fadenziehende Kuhmilch (Schweizer. Arch. für Thierheilk., XX XIV, 1892,.p.128). (3) Barz, Ucber die Schleimige Milch (Arch. für Thierheilk., XIT, 1890). (4\ Hour. Ein neuer, aus Stroh isolierter, das Fadenziehen der Milch verursachender Coccus (Centralbl. für Bakt., 2: Abth., IX, 1902, p. 338). (5) Groeer, Beitrag zur Kenntniss der Erreger der schleimigen und Fadenziehenden Milch und Charakterisierung des Coceus lactis viscosi (/bid,, p. 785). MICROCOCCUS FOETIDUS. 607 MICROCOCCUS DU LAIT AMER Cox. d Conn (1) l’a isolé d’une crème à saveur amère très marquée. Gros coccus, disposé souvent en diplocoques et formant de courtes - x chaîneties dans certains milieux, sur gélose principalement. Il liquéfie très rapidement la gélatine; le liquide est très visqueux. Les cultures sur gélose ont une couleur blanche; celles sur pomme de terre sont d’un blanc brillant. Dans le bouillon, il forme un mince voile à la surface et rend le milieu épais, muqueux. Le lait se coagule en un jour; il est acide et fortement amer. ë Freudenreich (2) a décrit, sous le nom de Wicrococcus casei amari. un microbe très voisin de celui de Conn; il hiquéfie la gélatine et coagule rapidement le lait qu'il rend fortement acide et amer. Il se produit Jusqu'à 4 grammes d'acide lactique par litre. Ce Microcoque a été isolé d'un fromage devenu amer. D’autres espèces microbiennes produisent également l'amertume du lait ou de ses dérivés. Hueppe (3) cite le Bacillus butyricus, Lœffler (4 le Bacillus liodermos et le Bacillus mesentericus vulqalus, Freudenreich le Bacillus liquefactens laclis amart, O'Callaghan (5) le Saccharomyces laclis, Harrison (6) la T'orula amaru. ESPÈCES ANAÉROBIES. MICROCOCCUS FŒTIDUS PRosexpacn. Rosenbach (7) a isolé d'une carie dentaire une Bactérie à éléments très petits, ovales, se colorant difficilement. C’est une espèce anaérobie, qui ne se développe que dans le fond des tubes de gélose, inoculés par une piqûre profonde. La culture s’accom- pagne d'une production de gaz d'odeur fétide. MICROCOCCUS FŒTIDUS VrirLox. Veillon (8) l’a rencontré dans des pus fétides; Hallé l'a rencontré dans le vagin à l’état normal; Guillemot et Collet dans la gangrène pul- monaire (9); Jeannin dans plusieurs cas d'infection puerpérale putride (1) Coxx, Ueber einen bittere Milch erzeugenden Micrococcus (Centralbl. für Bakt | IX, 1881, p: 693). ? (2) Freuvoexeeicn, Ann, de micr., VIT, 1895, p. 1. (3) Hurvrg, Untersuchungen über die Zersetzung der Milch durch Mikroorganismen (Milth. aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, IT, 1884, p. 309). — Ucber Milch PAM sierung und über bittere Milch mit besonderer Rücksicht auf die Kinderernahrun (Bert. klin. Wochenschr., 1891, p. 717). : (4) Lorrezer, Berl. klin. Wochenschr., 1878, p. 630. (5) O’Cazcacxawn, New South Wales Agr. Gaz., X, 1899, p. 882. | (6) Harrison, Bitter Milk and Cheese (Centralbl. für Bakl., 2t Abth., IX. 1902. p- 206). (7) Rosexsacn, Mikroorganismen bei der Wundinfectionskrankheiten. Wiesbaden 1884. À (8) Verzcox, Sur un Microcoque strictement anaérobie trouvé dans des suppurations fétides (Soc. de Biol., juillet 1893). (9) Gurrremor, Recherches sur la gangrène pulmonaire, Thèse de Paris, 1898. 608 COCCACÉES. à Jungano (1) le signale comme fréquent dans l’urètre normal chez l’en- nt. des deux sexes et dans diverses infections génito-urinaires. Les coccus sont isolés ou plus souvent en diplocoques immobiles, formant parfois de petites chainettes dans les bouillons. Ils se colorent bien aux méthodes ordinaires et restent colorés par la méthode de Gram. C’est un anaérobie strict, poussant très bien à 37° et plus lentement à 220, Dans la gélose glucosée, il donne, après un jour ou deux, de grosses colonies blanches. La gelée se fend par suite du développement de gaz. Dans la gélatine glucosée, il donne, en trois ou quatre jours, de petites colonies rondes, jaunâtres. La gélatine n'est pas liquéfiée, mais fendue par de nombreuses bulles de gaz. Dans le bouillon, il produit un trouble uniforme. I produit des gaz et dégage une odeur très fétide. Il est pathogène pour le cobaye et le lapin, mais irrégulièrement. Il est peut-être Jens au Streplocoque anaérobie signalé par Menge et Kronig (2) dans le vagin; toutefois, il est plutôt en diplo- coques; les € haîneltes sont rares, alors qu'elles sont presque conslantes pour ce dernier. MICROCOCCUS PARVULUS Veizzon et ZuBEer (Staphylococcus parvulus.) Veillon et Zuber 3) le donnent comme fréquent dans le pus d'appen- dicite. Guillemot (4) l'a rencontré dans la gangrène pulmonaire. C'est un très ne coccus immobile, disposé en amas, par deux ou isolés, jamais en chaïîneltes. Il se colore facilement, mais d'une façon peu intense. Il se décolore par la méthode de Gram. C'est un anaérobie strict. Il croît lentement dans la gélatine glucosée, vers 22°, et y forme, après une huitaine, de pelites colonies granuleuses, brunâtres, ayant souvent une forme cuboïde, qui ne liquéfient pas le milieu Dans la gélose glucosée, la croissance est rapide à 370; 1l s'y forme d'assez grosses colonies jaunes; la gelée est parfois fragmentée par le développement de gaz. Le bouillon est rapidement et uniformément troublé. Le lail n’est pas modifié. Le blanc d'œuf cuit n’est pas attaqué. Les cultures dégagent une odeur fétide. Le microbe est pathogène pour le lapin et le cobaye, mais ne produit souvent qu'un abcès au point d'inoculation. (1) TuxGaxo, La flore bactérienne de l’urètre normal et pathologique de l’homme (Ann. des mal. génilo-urinaires, novembre 1908). (2) MexGr et KrôniG, Bakteriologie des weiblichen Genitalkanales. Leipzig, 1897. (3) Vrirrox et Zuser, Recherches sur quelques microbes strictement anaérobies et leur rôle dans la pathologie humaine (Arch. de méd. expér., juillet 1898). (4) Guirzemor, Loc. cil., p. 607. MICROCOCCUS MAGNUS ANAEROBIUS. 609 D: MICROCOCCUS RENIFORMIS Correr. | (Diplococcus reniformis.) Il a été isolé des suppurations péri-urétrales (1). Les coccus sont asymétriques, disposés en diplocoques, rappelant beaucoup le Gonocoque, mais, dans le pus, se trouvant le plus souvent hors des cellules. Ils se colorent assez bien aux méthodes ordinaires et se décolorent par la méthode de Gram. C'est un anaérobie strict. Il ne croît pas sur gélatine. Sur gélose glucosée, les cultures apparaissent en trente-six à qua- rante-huit heures, à 37°. Ce sont de très petites colonies blanches, avec reflet bleuté, qui, après quelques jours, deviennent müriformes sans grossir. Le bouillon est troublé en vingt-quatre heures, puis s’éclaircit après quelques jours. Le lait n’est pas coagulé. Le blanc d'œuf cuit n'est pas attaqué. Les sucres ne sont pas modifiés. On n'’observe pas de dégagement gazeux, mais une odeur putride. Inoculé sous la peau du cobaye, il produit un abcès. MICROCOCCUS MAGNUS ANAEROBIUS Tissier et MaArTELLY. (Diplococcus magnus anaerobius.) Tissier el Martelly (2) l'ont rencontré dans le cours d'une putréfaction de viande. C'est un gros coccus, isolé ou le plus souvent en diplocoques à grains asymétriques, parfois en amas ou en courtes chaïinettes, se colorant bien par les méthodes ordinaires et restant coloré par la méthode de Gram. Sa vitalité, en cultures, est assez grande; il est encore bien vivant après trois semaines. Il pousse à partir de 229, avec son optimum à 37°. Dans la gélatine, les colonies apparaissent très lentement, dans le fond du tube ; elles ont un aspect floconneux. Dans la gélose glucosée, en inoculation profonde, les colonies appa- raissent en vingt-quatre heures à 37° et s'arrêtent à 2 centimètres de la surface. Après quatre à cinq jours, elles ont atteint de 1 à 2 millimètres de diamètre. Vues à un faible grossissement, elles semblent formées de cercles concentriques ; leur centre est épais, blanc, les zones sont plus claires ; les bords sont finement découpés, la surface granuleuse. Il ne se forme pas de gaz. Le boutllon se trouble peu à peu, puis s'éclairecit après quatre à cinq jours, et montre un dépôt visqueux. Le lait n'est pas modifié Le blanc d'œuf cuit n’est pas attaqué. (1) Correr, Recherches bactériologiques sur les suppuralions péri-urétrales. Thèse de Paris, 1899, (2) Tissier et Marrezzy, Recherches sur la putréfaction de la viande de boucherie (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 865). Macé. — Bactériologie, 6° édit. L 39 610 COCCACÉES. Les sucres ne sont pas modifiés. I n'attaque pas les substances protéiques naturelles, mais les peptones en donnant de l’ammoniaque, jamais d'indol. Il est sans action sur les sucres. Il dédouble l’urée en carbonate d’ammoniaque. Il semble très favorisant pour le Bacillus perfringens. MICROCOCCUS ORBICULUS Tissier. (Diplococcus orbiculus.) Cette espèce est fréquente dans les selles de jeunes enfants (1). Ce sont de gros diplocoques asymétriques, deux à trois fois plus gros que le Gonocoque, se colorant bien aux colorants ordinaires et se déco- lorant par la méthode de Gram. C'est un anaérobie strict qui ne pousse qu'à 370. Sa vitalité ne dépasse guère six à huit jours. Dans la gélose glucosée profonde, il donne en trente-six ou qua- rante-huit heures de grosses colonies lenticulaires, blanchâtres, peu épaisses etpresque transparentes. Il ne se forme jamais de gaz. Dans la gélaline, à 22°, on n’a pas de développement. Le bouillon est légèrement troublé; il s’y forme un petit dépôt gru- meleux. Le lail n’est pas coagulé. Le blanc d'œuf cuit n'est pas modifié. Le glucose est attaqué avec formation d’acide; le lactose l’est faible- ment; le saccharose pas du tout. Il ne se produit pas d’indol dans les milieux peptonés. Ce microbe n’a aucune action pathogène. MICROCOCCUS JUNGANO. (S{aphylocoque de Jungano.) Il a été rencontré dans une urine de cystite, dans une infiltration gangreneuse du périnée, dans l’urètre normal de l'homme, et existe presque constamment dans l'urètre des petites filles et des petits garçons. On l’a retrouvé dans diverses infections oculaires et dans les matières fécales (2). Les éléments sont des coccus arrondis, de très petite taille, réunis en amas de staphylocoques, se colorant bien aux méthodes ordinaires et restant colorés par la méthode de Gram. C'est un anaérobie strict, qui végète à 22° peu abondamment et bien à 370, La vitalité est très grande ; elle persiste des mois dans les cultures. Sur gélose glucosée, les colonies apparaissent entre quarante- “huit et soixante heures, souvent en vingt-quatre heures dans les réensemence- ments. Elles sont petites, luisantes, et avec l’âge deviennent biconvexes avec centre foncé et zone périphérique plus claire. Sur gélatine glucosée, à 229, il pousse, en cinq à six jours, de petites colonies rondes, transparentes ; la gélatine n’est pas liquéfiée. (1) Trssier, Recherches sur la flore intestinale normale des enfants âgés de un à cinq ans (Ann. de l’Inst. Pasteur, XII, 1908, p. 201). 2?) JuxGanxo et Disraso, Les anatrobies.-Paris, Masson, 1910, p. 194. ASS ut def he MICROCOCCUS ANAEROBIUS MICROS. 611 Le bouillon est troublé en trente-six heures, puis s’éclaircit peu à peu. Le lail n'est pas modifié. Le blanc d'œuf cui: n’est pas atlaqué. Il n’a d'action sur aucun des différents sucres. Ce microbe ne sécrèle aucune toxine. Il est pathogène pour le cobaye et le lapin. MICROCOCCUS ANAEROBIUS MICROS LErwKkowicz. Lewkowiez (1) décrit sous le nom de Streplococeus anaerobius micros un Microcoque anaérobie trouvé dans la bouche de nourrissons. Lipp- mann (2) l’a isolé de plusieurs cas d'infections des voies biliaires et Jeannin (3) d'infections puerpérales. C'est un petit coccus de 0,25 y à 0,4 u, avec éléments parfois un peu allongés en diplocoques ou en chaînettes courtes dans les milieux solides, longues dans les bouillons. Les éléments se colorent bien aux méthodes ordinaires et restent colorés par la méthode de Gram. La vitalité est assez notable. C’est un anaérobie strict qui ne végète que vers 37°. Dans la gélose glucosée, il donne en profondeur, après deux à trois Jours, de petites colonies arrondies, assez transparentes, lisses. Dans le bouillon sucré, il forme un dépôt pulvérulent, assez abondant. Le lait n’est pas modifié. Ce microbe n’a aucune action pathogène, Sternberg (4) a trouvé un autre Streplocoque anaérobie dans les cra- chats d'un malade atteint d'actinomycose pulmonaire. Ce sont de gros coccus ronds ou ovalaires, de 2 u et plus de diamètre, formant des chaînes, se colorant bien aux procédés ordinaires et restant colorés par la méthode de Gram. Dans la gélose glucosée et la gélatine glucosée, 11 donne de petites colonies blanches à partir de 220. Sur pomme de terre, les colonies sont de tout petits grains blancs. Sur sérum, il se forme des petites colonies transparentes. Inoculé sous la peau du lapin, il donne de petits abcès, Pour arriver à une détermination plus rapide des principales espèces du genre Wicrococcus étudiées ici, on peut se servir des tableaux suivants. Le premier indique l’action sur la gélatine et la coloration générale des colonies. Le second est un résumé des principaux caractères qui peuvent servir."La distinction des espèces des différents groupes se fera plus (1) Lewkovwvicz, Recherches sur la flore microbienne de la bouche des nourrissons (Arch. de méd. expér., 1901, p. 633). (2) Gisserr et Lirpmanx, Bactériologie des cholécystites (Soc. de Biol., 1902, n° 30). (3) Jeaxnix, Recherches bactériologiques sur l'utérus dans ses rapports avec le trai- tement local de l'infection puerpérale (Bull. de la Soc. d'obstétr. de Paris, 1907). (4) SrerBERG, Ein anaërober Streptokokkus (Wiener klin. Wochenschr., 1900, p. 551). 612 complètement en se ser aux descriptions données. Il n ‘est re Fe tion ici que des espèces aérobies ; les anaérobies, très peu nombreuses, seront plus facilement distinguées en se reportant aux descriptions données pages 607 et suivantes. a. Colonies blanches ou grises : M. . casei amari (p. 607). ” . coralloides (p.601). . coronatus (p. 600). . cremoides (p. 600). . decalvans (p. 547). . epidermidis albus (p. 548). RERERRSRRRRERRER = b. Colonies jaunes : M. c. Colonies rouges ou rosées : d. Colonies brunes : M. a. Colonies blanches ou grises : <= RRRRRRERE . gonorrheæ (p. 518). . laclis viscosi (p. 606). . neoformans (p. 546). . pyogenes albus (p. 450). . radialus (p.600). + 470 . ureæ liquefaciens (p. 590). . vermiformis (p.604). . flavus desidens (p.587). . flavus liquefaciens (p. 587). . Jaune citrin de l’urètre (p. 535). . ochroleucus (p. 536). . pyogenes aureus (p. 441). . subflavus (p. 535). . sulphureus (p. 586). . carnicolor (p. 583). . persicus (p. 583). . rosaceus (p. 583). . rubiginosus (p. 583), . subcarneus (p. 583). . albicans (p. 605). . albicans amplus (p. 538). . aqualilis (p. 597). . catarrhalis (p. 516). . cereus albus (p. 451). c COCCACÉES. Fe ET —, ‘+ 1° Liquéfient la gélatine. Re, albus (p. 605). Freudenreichii (p. 6v6). de la mammile de la brebis (p. 554). pyosepticus (p. 451). blanc jaunâtre de l'urètre (p. 536). pyogenes citreus (p. 451). cumulalus (p.583). fuscus (p. 581). 20 Ne liquéfient pas la gélatine. albicans tardissimus (p. 540). candicans (p. 598). candidus (p.598). cinereus (p. 602), concentricus (p.599). MICROCOCCUS. M, couleur crème de List (p. 599). M. enterilis (p. 483). M. fervidosus (p. 598). M. de la gourme du cheval (p. 562). M. griseus non liquefaciens (p. 597). M. lacleus faviformis (p. 537). M. de la mammile de la vache (p. 551). M. melilensis (p. 540). M. mirabilis (p. 604). M. mucilaginosus (p. 606). M. nacraceus (p. 602). M. Pasteuri (p. 469). M. piluiltoparus (p. 606); M. plumosus (p.603). M. polypus (p.601). M. pyogenes (p. 455). M. rosettaceus (p.603). M. Sornthalii (p. 606). M. stellatus (p.601). M. telragenus (p. 490). : M. ureæ (p. 589). M. viliculosus (p. 603). b. Colonies jaunes : M. aurantiacus (p. 585). M. cereus flavus (p. 452). M. cilreus conglomeratus (p.536). M. flavus tardigradus (p. 587). M. jaune non liquéfiant de l'urètre (p. 536). M. luteus (p.586). M. versicolor (p. 588). M. viridis flavescens (p. 452). c. Colonies rouges ou rosées: M. agilis (p. 583). - M. bicolor (p. 583). M. carneus (p: 582). M. cerasinus (p. 582). M. cinnabareus (p. 583).: | M. cinnabarinus (p. 583). M. coccineus (p.982). M. lactericeus (p. 582). M. roseus (p. 582).. M. rubescens (p. 585). M. sublilacinus (p. 585). d. Colonies bleues : M. cyaneus (p. 588). M. pseudocyaneus (p. 588). e. Colonies brunes : M. brunneus (p. 581). M, fulvus (p. 581). of 614 M. albicans tardissimus, p. 40... M. albus, p. 605 M. aquatilis, p. 597 M. aurantiacus, p.585............. M. bicolor, p. 583 M. candicans, p. 598 MÉcondidus pe 008 VER ee ce M.carneus, p. 582........ M. catarrhalis, p. 516 MICÉTASLLUS NID 082 EE arcs M. cereus albus, p. # M. cereus flavus, p.452 M. cinereus, p. 602... COCCACÉES. Tableau résumant les caractères les plus important DÉSIGNATION DES HABITAT ESPÈCES. Micrococcus agilis, p. 583.......... Eau. MAalbicans mp. C0DP- EPS Eee ee Eau AL. albicans amplus, p. 538........ Mucus vaginal. Pus d’écoulements urétraux. Air et eau. Eaux. Intestin d'oiseaux. Air et eau. Air et eau. Eau, Mucus buccal et rhino-pharyngien. Lait rouge. SUR PLAQUES DE GÉLATINE, colonies non liqué- Petites rosées, fiantes. Petites colonies blanches, nn liqué- fiantes. Colonies blanches liquéfiantes. Culture blanc jau- nâtre müriforme dans la gelée. Disque blanc de porcelaine à la surface. Disque jaune- orange brillant. Colonies rondes rosées. Larges disques d’un blanc brillant, à contours sinueux. Petites taches d'un blanc de neige, ne liquéfiant pas. Disques tres. rougeä- Colonies bombées rouge-cerise. Colonies rondes, à bords lisses, formant à la surface de pe- tites taches blan- ches. Comme l'espèce précédente, mais les colonies sont jaune- citron. Colonies transpa- rentes. SUR GÉLATINE, Culture rose. Ne liquéfie pas. Culture blanche. Ne liquéfie pas. Ne liquéfie pas. Bande grisätre, nua- geuse. Ne liquéfie pas. Croît très lente- ment; mince culture grisâtre. Culture blanche. Liquéfie rapidement. Ne liquéfie pas. Liquéfie et donne un dépôt orange. Culture rose. Ne iiquélie pas. Ne liquéfie pas; culture blanche en clou. Culture blanche; ne liquéfie pas. Culture rouge. Ne liquéfie pas. Culturelente à 200. Ne liquéfie pas. Colonie rouge à la surface. Ne liquéfie pas. Ne liquéfie pas. Culture blanc grisà- tre; la colonie de la superficie ressemble à une pellicule de cire blanche. Cultures ressem- blant à de la cire jaune ne liquéfiant pas. Culture grisâtre. Ne liquéfie pas. CARACTÈRES DES SUR GÉLOSE. ee | Culture rose som-|. bre. Culture blanche. Bande visqueuse. » Culture blanche. grisâtre, Couche jaune| . épaisse. Culture rouge. » Culture rosé. Petites grisâtres, Culture rose. Large blanche. Culture grisâtre. rouge colonies pellicule d'un blanc grisâtre, à bords sinueux, res- semblant à de lacire| La MICROCOCCUS. 615 icipales espèces du genre MICROCOCCUS. . CARACTÈRES COLORATION ACTION OBSERVATIONS DES À LA é EN BOUILLON. ÉLÉMENTS. MÉTHODE DE GRAM. PIOLOSIQUES FRERE, En + à Cclonies ou cul-| Troubleetanneau| Coccus de 1 y,| Positive. Saprophyte. Pigment rose. ire rosées. rosé à la surface. |mobiles. 41e À ice culture lai-| Trouble et dépôt] Coccus de 1y, en| Négative. Saprophyte,. » 1Se, floconneux. longues chaînes. ( lture blanche. Trouble et dépôt| bDiplocoques asy-| Positive. Ne paraît pas être » ue, blanc. métriques; chaque . | pathogène. couple mesure de 3uà3,5 p » Diplocoques asy-| Positive. Ne paraît pas être » métriques. pathogène. Culture. blanche » Coccus de 0,8 y, » Saprophyte. » Ls en diplocoques mo- biles ou en chai- neltes. » » » Saprophyte. » + } | . . Ne » Mince pellicule] Coccus elliptiques » Saprophyte. » A. jaune d'or. de 1,54 de grand 04 diamètre. = , Trouble et dépôt] Diplocoques ou| Positive. Saprophyte. Facultativement : rouge. courtes chaines. anaérobie. » Coccus sphériques » Saprophyte. » isolés ou en petits amas. » Coccus immobiles » Saprophyte. » de 0,5 à 0,7. rouge » Coccus de 0,8 x| Positive. Saprophyte. Pigment rosé. en amas ou té- trades. très mi-| Trouble et dépôt.| Diplocoques asy-| Négative. Saprophyte pro-| Ne végète qu'à métriques. bable. partir de 20o. Dépôt blanc, li-| Coccus en staphy-| Positive. Saprophyte. Colore le lait quide clair. locoques. en rouge à la sur- face. Pas de coa- gulation. Co che grisâtre,| Développement] Coccus de 0,6 x à » Ne parait pas être » ax épaisse au mi-|rapide vers 300. 1,16 pe pathogène. » » » Ne parait pas être » pathogène. ure très peu » Coccus de 0,7u,| Positive. Saprophyte. » bondante. en chaîne. 616 à COCCACÉES. Tableau résumant les caractères les plus importants SUR PLAQUES DE GÉLATINE. Petits boutons d’un rouge terne. Colonies rosées. Petiles taches jau- nes,homogènes, gra- nuleuses. Colonies rosées. Les colonies de la gelée ont des cercles concentriques. Colonies rosées. Colonie en forme de corail. Colonies avec au- réole radiaire. Colonies blanc! |jaunâtre, liquéfian- |tes. Colonies jaune. rouge Les colonies de la SUR GÉLATINE. Ne liquéfie pas. Culture abondante. rouge-brique un peu rose. Culture rouge. Ne liquéfie pas. Colonies jaune-ci- tron qui se fendillent en vieillissant. Neljours. liquéfie pas. Culture rose. Ne liquéfie pas. Revêtement gris bleuätre à cercles concentriques. Culture rouge, li- quéfiant très lente- ment. Culture blanche rameuse. Liquéfie lentement. Liquéfaction ra- pide. Culture blancke liquéfiante. Culture rose. Li- quéfie lentement. Ne liquéfe pas. Masse muqueuse jaure sale. Colore la gelée en jaune avec une fluorescence verdâtre. Développement très lent. Ne liqué- fie pas. Culture blanche liquéfiant très lente- ment. En piqûre, petit DÉSIGNATION DES HABITAT. ESPÈCES. —————————— A1. cinnabareus, p. 583............. Air. A. cinnabarinus, p. 583............ Eau. M. citreus conglomeratus, p. 536...| Pus blennorra- gique. M." coccineus, p.582......:2%..:.... Fromage. M. concentricus, p. 599....:........ Eau. M. corallinus, p- 583..-........-... Air. M. coralloides, p. 601.....:....... | Eau. M. coronatus, p. 600......:....... | Air. | M. cremoides, p. 600....,.:.-....... | Eau. M. cumulatus, p. 583.......... Intestin d'oiseaux. MU IIUENS AP DS - ec e pe eee Air. IMPIETLETLLLS D LdC Cle pri Contenu intestinal normal et patholo- gique. M. epidermidis albus, p. 548...... Peau. M: fervidosus, p. 598......:....... Eau. M. flavus desidens, p.587.......... Air, surface ressemblent|disque transparentà à des gouttes de ro-[la surface et fines sée; les vieilles de-|granulations dans le viennent granuleu-|canal. Ne liquéfie ses etbrunâtres ; pas|pas. de liquéfaction. Colonies arrondies! Membrane jaune à bords sinueux.|{gluante à la surface. jaune légèrem. bru-|Liquéfie lentement. nâtre, pouv. attein- dreic. La gélatine se ramollit autour. CARACTERES DE SUR GÉLOSE. Large colonie rouge-brique rose. Culture rouge. Culture jaune très| abondante en deu ‘| | 4 Culture rose. | 4 Culture mince gri-| satre. 24 Culture très lente; rosâtre. Culture blanche. à » pi! Culture blanc jaus| nâtre. c Cilture rose. Pelliculejaunâtre. c ne | Petites colonies! transparentes. le EX. SUR POMME DE TERRE. EN BOUILLON, Trouble persis- tant; dépôt rougeà- tre, cohérent et vis- Couche muqueuse aune-citron clair en deux jours. queux. L! k lture pénible,! Trouble, voile e sale. rougeàtre. » Trouble dès Ja 15e heure à 35°. Dé- pôt très abondant en trois jours. » 1 pure mince gri- sâtre. k, RC » Trouble léger, cé- L pôt rosé. # .# 44 é _Colonies petites. | Trouble. blanches. » blanc- » Trouble et dépôt rosé, » 5 É % M Légère culture] Trouble et dépôt vernissée. nuageux, CE : | Culture blanc gri-| Trouble et dépôt à floconneux. L.- » Fermentation "#4 énergique dans les 11 liquides sucrés. À , j- ti » » D: 14 14 % Me MICROCOCCUS. genre MICROCOCCUS. CARACTÈRES DES COLORATION A LA ÉLÉMENTS, Coccus ovoïdes de 0,9 x, isolés, « n cou- ples ou en tétrades. Coccus ou diplo-| Positive. coques. Coccus de 1x def Positive. diamètre, réunis en diplocoques, assez mobiles, Diplocoques Positive. staphylocoques. ou Coccus de 0,9 na. en staphylocoques. Coccus isolés ou! Positive. staphylocoques. Petits coccus Positive. amas. en Coccus de0,8u,en| Positive. amas. Coccus ou diplo- coques. Coccus elliptiques de 1,5x de long. Diplocoques ou| Positive. chainettes. Coccus de 1,5nà| Positive. 2 Coccus ronds im- mobiles, de 0,6 x, en diplocoques ou en petits amas, Coccus sphériques en dip'ocoques ou en courtes chaines. MÉTHODE DE GRAM. È 617 ACTION OBSERVATIONS BIOLOGIQUE. PARTICULIÈRES, Saprophyte. Odeur fade, Saprophyte. Pigment rouge. Ne paraît pas être pathogène. Saprophyte. le lait; le colore en rose à la sur- face. Saprophyte. Saprophyte. Pigment rouge. Le lait n'est pas coagulé et montre un dépôt rosé ; pas de coloration à la surface. Saprophyte. » » » Saprophyte. » Saprophyte. Pigment rose. Saprophyte. » Saprophyte or- dinaire, mais pou- vant devenir pa- thogène. Pathogène pour la souris. Saprophyte pou-|* Morocoque de vant devenir irri-| Unna. tant, » Dans la gélatine sucrée et glycéri- née, il développe des gaz. Saprophyte. » Ne coagule pas | 618 | DÉSIGNATION | DES M. Freudenreich M. fulvus, p. 5 M. fuscus, p. 5 M. giganteus | M. de la gourme AL. intracellularis M. luteus, p. 586 vache, p. 551 M. flavus tardigradus, p. 587 uretræ, p. 540. M. gonorrkhez, p. M. lactericeus, p. | AL. lacteus faviformis, p. 537 ESPÈCES. | M. flivus liquefaciens, p. 587...... ü, p. 606 518 du cheval, p. 562.. M. griseus non liquefaciens, p. 597.. meningitidis,p.495. DOUZE M. de la mammite contagieuse de la COCCACÉES. Tableau résumant les HABITAT. Air et eau. Lait filant. Excréments d’her- bivores. Urètre. _Pus blennorra- gique ; dans les glo- bules de pus et les cellules épithéliales. Cheval gourmeux. Viandes putré- fiées. Exsudat de ménin- gite cérébro-spinale. Mucus rhino-pha- ryngien. Bouche. Mucus vaginal normal et pus de bartholinite. Air. Glande mammaire et lait, dans la mam- mite chronique con- tagieuse dé la vache. caractères les plus impo SUR PLAQUES DE GÉLATINE. Colonies jaunä- res, liquéfiant la gélatine. Colonies rondes, de couleur jaune de chrome foncé. Ne pousse pas. Pas de culture. Ne se développe qu'à 250, Colonies rougeà- tres. Petites colonies grises, à surface oi- frant une apparence aréolée. » Petites colonies rondes granuleuses, jJaunâtres. SUR GÉLATINE. Liquéfaction ra- pide. Le liquide clair laisse déposer un sédiment épais. Ne liquéfie pas, se développe lente- ment et donne de petites colonies jaunes. Culture blanche liquéfiant rapide- ment. Culture brunâtre liquéfiant. Ne pousse pas. Ramollit la gelée à 220. Petites colonies blanches, ne liqué- fiant pas. Petites colonies grises, ne liquéfiant pas. Ramollit la gelée à 220; Petite culture rouge-viande . Ne liquéfie pas. Ne liquéfie pas. En strie, il forme des plaques d’un blanc de lait. L Ne liquéfie pas. Ne liquéfie pas. Mince pellicule à Ja surface et léger trou- ble dans le canal. 7 A: DE CARACTÈRES SUR GÉLOSE, | » + » Culture transparente. Sur gélose-ascite,| colonies claires, | transparentes, à l'as pect luisant, à 350. Colonies transpa- rentes. 3 es ù ‘ «a Colonies gris res. + + r Sur gélose-ascite, les cultures ne se développent qu'à 350 etontleur maximum en 48 heures. Co o-| nies rondes trans-M parentes. 6 |" À *" Culture muqueuse; rouge-chair. 4 Bande blanchâtre | à bords lobés. | Le long de las'rie, | petites colonies ron-| des translucides, qui|. peuvent confluer en| une mince pellicule, blanche. , 4 T4 < C "4 f ‘ | MICROCOCCUS. 619 D. principales espèces du genre MICROCOCCUS. CARACTÈRES COLORATION : ACTION OBSERVATIONS A DES A LA , À ; n FN EN BOUILLON, ÉLÉMENTS, MÉTHODE DE GRAM. DOTOGIQUES PARTIS RERRSS 2 —— » Gros coccus réu- » Saprophyte. » nis par deux ou en petits amas. » Cellules sphéri- n » » ques de 1,5 y. | Culture jaune. » Coccus de 24 et » Le lait devient » [1 plus. acide, puis filant, se coagule. ttes muqueu- » » » rougeâtres, qui Saprophyte. La matière colo- ndent en un re- * rante ne change ni par les acides ni par les alcalis. brune » » » » » e noire Dépôt floconneux.| Longs streptoco- » Saprophyte, » ques. » Coccus ovoïdes| Négative, Les cultures frai- » asymétriques, de ches sont virulentes, , 0,5 & de grandeur mais elles s’atté- “#4 moyenne, en diplo- nuent rapidement. < +4 coques, le plus sou- ES vent intracellu- A laires. ne. » Flocons blancs, li-| Chainettessouvent| Positive. Pathogène. Coagule le lait. { quide clair. longues. as de culture| Trouble et dépot| Gros diplocoques.| Positive. » Ferment ammo- pparente. blanc. niacal de l'urée. en ou très pe-| En bouillon-as-| Coccus asymétri-| Négative. Pathogène ; les] Crot peu à 25e, colonies. cile, trouble, homo-|ques en diplocoques, cultures perdent vite| bien à 37°. gène. intracellulaires. leur virulence. Trouble et dépôt| Coccus isolés ou| Positive. Saprophyte. Pigment rose. visqueux rouge |en diplocoques. chair. : Belles colonies! Développement| Diplocoques de! Positive. N'est pas patho-| Les diplocoques lanches. très rapide. Flocons|2,2 & à 2,54 réunis gène. ont une lendance %# denses et compacts.|soivent en chaines à s’aligner dans d à mouvements on- les préparations dulatoires lents. de cultures. Ne se décolore pas par la méthode de Gram. » Coccus elliptiques » Saprophyte. » de 1 x de long. Forme de très] Coccus ronds de| Négative, mais ir-| Pathogène pour la! Il produit rapi- ste chaines en|{ x réunis en chape-|régulièrement. vache et la chèvre. |dement de l'acide 24 heures à 35°. Le|lets sinueux. lactique dans le liquide reste lim- bouillon et le lait. pide, il laisse dépo- ser un sédiment très léger. 620 DÉSIGNATION DES ESPÈCES. AI. de la mammite gangreneuse de la brebis, p. 554 M. melitensis, p. M. mirabilis, p. 60% MSnacrnaceus p.602 5-7... M. de La nécrose progressive du tissu conjonctif de la souris, p. 564... M. neoformans, p. 54 MAoblongus, p.505 Re M. ochreleucus, p. 53 AL. Pastenrt, parte eee MADETSLCUS DAS Cao NDIUMOSUS p.003... . polypus, p. 601 . prodigiosus, p. » . de la pyémie du lapin, p. 564.. ME DUOTENCE D ON AL ere COCCACÉES. Tableau résumant les caractères les plus important | HABITAT. Mamelle dans la mammite gangre- neuse des brebis lai- tières. Malades atteints de fièvre de Malte. Eau d’égout. Eau. Gangrène déter- minée chez la souris par inoculation de sang putréfié. Tumeurs. Isolé de la bière. Isolé de l'urine. Salive normale el crachats roullés de la pneumonie fibri- neuse, Sang, exsu- |dats, etc. Intestin d'oiseaux. Eau, fumier. Eau de viande pe- tréliée. Pus, sang, etc. | 7 CARACTÈRES D SUR PLAQUES DE GÉLATINE. Colonies à centre brunâtre entouré d'une auréole de li- quéfaction. Ne croit qu’à par- tir de 220. Colonies avec fins tractus, sans liqué- faction. Colonies _irisées, non liquéfiantes. » Petites colonies gris jaunätre, li- quéfiant lentement. Colonies rondes d’un blanc grisâtre croissant lentement. Colonies tres. jaunàä- Colonies avec pro- longements, ne li- quéfiant pas. Colonies à bras polypiformes. Disques rosés qui s'enfoncent dans la gélatine qu'ils liqué- lient. Petites colonies discoïdes transpa- rentes, dont le déve- loppement s'arrête vite. SUR GÉLATINE. Liquéfie dès le deuxième jour. A 220, mince cul- ture blanche. Culture filamen- teuse. Ne liquéfie pas. Culture nacrée. Ne liquéfie pas. » Culture blanche. Liquéfie. Ramollit la géla- tine après avoir donné une mince membrane jaune- soufre au centre, blanchâtre aux bords. Ne liquéfie pas. Culture blanche en clou ne se dévelop- pant que vers 23°. Li- Culture rose. quéfie lentement. Cullure plumeu- se. Ne liquéfie pas. Culture à bras. Ne liquéfie pas. Liquéfie rapide- ment. Liquide très trouble rougeûtre ; dépôt rose rouge. » Ne liquéfie pas. Colonie muqueuse blanche, assez épaisse. I SUR GÉLOSE, -#4 4) a. | Pellicule épaisse d’abord blanc Le puis jaunâtre. ÿ 2 Petites colonies transparentes en bande blanchâtre. Culture filamen- teuse. ’ 1 Culture blanchä- tre nacrée. e » Culture blanchä- tre. Blanc sale avec stries jaunes. # | Gouttelettes bril- lantes, hyalines, à| 390, ; il (] Culture rouge- carmin. » ä 1 Culture blanche} épaisse. via 74 Larges bandes d'un rouge-çarmin, |. souvent à reflets mé- talliques. , » Petits mamelons blancs à 350, d'Au a" Æ L- > } PE | MICROCOCCUS. ncipales espèces du genre MICROCOCCUS. CARACTÈRES COLORATION ; DES A LA LE EN BOUILLON. ÉLÉMENTS. MÉTHODE DE GRAM. POMME DE TERRE. D - a — *—— — —————— Trouble en 24 h.| Très petits coccus| Positive. de 0,2 y isolés ou en amas, jamais en chaines. Trouble uniforme] Très pelits coccus| Négative. très lent. de 0,4 y Flocons, liquide| Longues chaines. » clair. | ulture blanc sale, » Diplocoques. » bulles. » Cellules rondes de » 0,05 y formant de longues chaines si- nueuses. » Coccus mobiles. Positive. Se cultive très] Cellules de 1 g à » bien dans les solu-|? y réunies en longs tions sucrées; il y|chapelels flexueux. forme en 24 heures un yoile velouté fra- gile. Le lait a sa sur-| Coccus sphériques » face colorée en jaune|de 0,5 y à 0,8 à de après 5 ou 6 jours. [diamètre, en diplo- coques ou pelites chaines mobiles. Très léger nuage! Coccus ovoïdes de| Positive. dans les vieilles cul- lures. 1y à 1,5 p, lancéo- lés, entourés d’une capsule qui fait dé- faut dans les cul- tures. Trouble léger. Dé-| Coccus de 1,2y » pôt carmin. isolés ou en diplo- coques. olonie muqueuse ) Coccus de 0,8 x. Jaunâtre. en amas. Coccus de 1 y. » che muqueuse e, rouge-sang flets métalli- Cellules sphéri- ques ou ovales de 0,5 p à 1 p. Obscu- rément mobiles. Négative. Coccus ronds de 05 p. as de culture ap-| Piqueté flocon- nte; se déve-[neux grisâtre; le >ppe àla surface. [liquide reste clair. Coccus sphéri- ques, de 0,8 ue à 1; en chaînettes. Positive ; se déco- lore parfois. * ACTION BIOLOGIQUE. Pathogène. Les cultures injectées dans 621 OBSERVATIONS PARTICULIÈRES. Produit de l'a- fraîches, |cide lactique dans lefle lait et le bouil- trayon d’une brebis, [lon. reproduisent la ma- ladie. Pathogène. Saprophyle. Saprophyte. Occasionne chez les souris une gan- grène à marche ra- pide, amenant la mort en trois jours. » Produit d: l'acide gluconique aux dé- pens du glucose. Matière colorante jaune, soluble dans l'alcool. Pathogène. La vi- rulence des cultures Aérobie. Aérobie. Les vieilles cultures exbalentune odeur sulfureuse péné- trante. Aérobie, faculta- tivement anaéro- se perd rapidement. |bie. Saprophyte. Saprophyte. Saprophyte. Saprophyte. Pathogène pour le lapin. Pathogène ; les cultures perdent vite leur virulence. Pigment rose. Les cultures dé- gagent une odeur de triméthyl- amine. Infiltration pu- rulente au point d'inoculation, ab- cès métastatiques dans les organts. » Tableau résumant les caractères DÉSIGNATION DES HABITAT. ESPÈCES. A. pyogenes albus, p. 450.......... Pus M. pyogenes aureus, p. #41........ Pus. M. pyogenes citreus, p. 451......... Pus. | M, pyosepticus, p. 454.......:...... Tumeur cancé-| reuse non ulcérée. MATATLALUS MPIOVO EE PE EC ERP EE Eau M. rosettaceus, p. 603.............. Eau. Mérosettaceus, p. 603... 2... Eau. HÉRFOSCLS ID DB ET UP ETC Air. A. rouge-cerise de List, p. 582..... Eau. MATLRESCENSNIP DSP EEE CE RUE Intestin. MNTUUIGINOSUS, De 088.1 le: etc Intestin d'oiseaux. M. salhvarius pyogenes, p. 567..... Salive. Salive dans un cas . Salivarius Seplicus, p. 566 defièvre puerpérale. M. de la Septicémie consécutive au charbon, p. 564 Sang charbonneux putréfié. COCCACÉES. SUR PLAQUE DE GÉLATINE. Colonies blanchä- tres liquéfiant la gé- latine. Petites colonies rondes, gris jaune, qui liquéfient rapi- dement. Colonies blanches, parfois à reflets ver- dâtres, avec des pro- longements qui les font ressembler à des étoiles de mer. Goutteleltes gris jaunâtre brillantes. Ne liquéfie pas. Colonies gris jau- nâtre. Petits boutons ro- sés, souvent mame- lonnés, qui forment de larges disques. Colonies rose rouge non liquéfiantes. Colonies jaunâtres en rosette. Colonies rondes d'un blanc opaque, liquéfiant lentement. Colonies grisâtres ne liquéfiant pas. 4 SUR GÉLATINE. Liquéfie rapide- ment; liquide lai- teux et dépôt blanc. Liquéfie rapide- ment; liquide trou- ble et dépôt jaune d’or. Liquéfie ; liquide trouble, dépôt jau- nâtre. Liquéfie comme M. pyogenesalbus, mais moins rapide- ment. En piqüre, il se forme des prolon- ements radiaires. iquéfaction lente. \ En piqüre, la cul- ture a souvent une forme de rosette, Culture en rosette. Ne liquéfie pas. Culture épaisse, rosée ou de couleur claire, ramollissant très peu la surface de la gelée. » Culture rouge. Ne liquéfie pas. Culture blanche. Liquéfie. Liquideltre. rougeàtre. Liquéfie lente- ment; liquide mince voile vis- queux. Ne liquéfie pas, Très petites colonies blanchätres. les plus importan Le et|jaune-orange. » Large couche blanc grisâtre. € A Fa Bande épaisse d'unw beau jaune d’or. 4 Mèmes caractè que M. pyogen aureus,mais colora tion jaune-citron foncé. , M "41 Large bande re | lisse. Culture rose rou ge ae | Culture bla nc Bande F épais: » EN BOUILLON. £ DE TERRE. 4 17 Membrane blan-| Liquide trouble, sèche, mince. |dépôt blanchâtre. ke. he mince, d'or, tardive. À Trouble rapide à 260 ; dépôt jaunâtre, liquide trouble. Grumeaux vis- queux blanchätres. ture re épaisse. » ne brun, S ag; Mince pellicule à la surface. rejaune ver-| Trouble et voile grisâtre. » Culture rouge. » 42 CR Culture rouge ncé. ment visqueux. CE r. Trouble et voile blanc jaunâtre, » Trouble en deux heures, dépôt blanc. NI ncipales espèces du ge Trouble et sédi- To CN L ne ” ’ CARACTÈRES DES ÉLÉMENTS, Cellules rondes ayant en moyenne 1 4 de diamètre. Coccus sphéri- ques, deu,9unà1,5u, isolés ou en petits amas, » Coccus sphéri- ques de 1 x en moyenne; isolés ou en petits amas. Coccus peu mo- biles, de 0,8 n à 1 u, en petits amas ouen courtes chaines. Coccus de 0,7 à lp. Coccus de 0,7 p à 1 pu, en amas. * Gros coccus ovoï- des, mesurant 1,4 x de long, réunis sou- vent en diplocoques. Coccus de 0,2 p à 0,3 pu, en diploco- ques ou en chaines. Diplocoques. Coccus ou diplo- coques. Coccus ronds, iso- lés, par deux ou en amas. Coccus ronds, de {u à 2u, disposés en longs chapelets; légèrement mobiles. MICROCOCCUS. nre MICROCOCCUS. COLORATION À LA MÉTHODE DE GRAM. Positive. Positive. Positive. Positive. Positive. » Positive, Positive. Positive, | MEATpUS ACTION OBSERVATIONS BIOLOGIQUE. PARTICULIÈRES, Pathogène. » Pathogène. Les cultures dé- veloppent une odeur de laitaigre ou de colle de fa- rine fermentée, Pathogène; tue L Chez le lapin, les cobayes, lapins|il se forme au et pigeons, pas les|point d’inocula- chiens. tion un énorme ædème gélati- neux. Saprophyte. » Saprophyte. | » Saprophyte. » Saprophyte. » | Saprophyte. » Saprophyte. » Saprophyte. Pigment rose rouge. Saprophyte. Pigment rouge vineux soluble dans l’eau. Pathogène; pro-| Ne se décolore duit une suppura-|pas par la méthode tion localisée. de Gram. Inoculé sous la peau, tue les la- pins, souris, Co- bayes, en quatre à SIX Jours. Pathogène. Pathogène. Le| L'inoculation dé- chien, la poule et le|termine une septi- cobaye sont réfrac-|cémie chez le la- laires. La virulence|pin ; mort de 18 à des cultures s’atté-|48 heures. nue vite. DÉSIGNATION DES ESPÈCES. M. de la septicémie du lapin, p. 565. . Sornthalii, p. 606 . Stellatus, p. 601 . Subcarne1s, p. 5! SUDIIAUUS (P090- PLCEP EE CE SUDILIOCINUS DOS 0 ME rer ce | M. de la suppuration progressive du lapin, p. 56% . Letragenus, p. . UTEB, P. : . vermiformis, p. 604:..,.:....... . versicolor, p. 588 . viridis flavescens, p. . VISCOSUS, P. Ÿ DUICUIOSUS, DA 002. 7. ee COCCACÉES. HABITAT. Sang de bœuf pu- tréfié. Intestin d'oiseaux. Mucus vaginal et lochies. Urine et pus d'abcès au sein. Pus blennorragique. Intestin. Sang putréfé. Crachats et con- tenu des cavernes des phtisiques. Pus. Air ; se trouve en abondance dans l'u- rine ammoniacale. Eau. Lymphe de pus- tules de varicelle. Vinet bière filants. Air et eau. SUR PLAQUES DE GÉLATINE. Disques muqueux d'un blanc sale. Colonie en étoile, non liquéfiante. Colonies roses. Colonies gris jau- nâtre, granuleuses vers le 5e jour. Colonies blanches liquéfiantes. Petites colonies bombées d'un blanc brillant. Colonies avec stries radiaires, li- quéfiantes. Grandes colonies visqueuses verdà- tres, à reflets na- crés. Colonies formant de petits amas de filaments contour- nés en vrille. SUR GÉLATINE. A —— » Culture muqueuse. Ne liquéfie pas. ulture blanche. Ne liquéfe pas. Culture jaune rou- geàtre. Liquéfie très lentement. Liquéfie après avoir donné des co- lonies d'un jaune d'ocre. blanche rapide- Culture liquéfiant ment. Ne liquéfie pas. Culture blanchätre. Ne liquéfie pas. Cultures aplaties d'un blanc de por- celaine brillant. Liquéfaction pide. ra- Ne liquéfie pas. Pellicule jaunûtre, nacrée. Ne liquéfe pas. Colonie verdâtre en clou. Ne liquéfie pas. Pellicule blanche d'où partentde longs filaments en vrille se répandant dans la gelée. SUR GÉLOSE. Culture visqueuse. blanch grisâtre. Culture chair. rouge- 4 Dé velo p pemen rapide ; plaques jaune d'ocre. Culture blanche, puis lilas. 1 Colonies ronde blanches le long de la strie. | : k { Culture verdâtre à croissance rapide. HE LRO x PES ES à à AE w* - Y MICROCOCCUS. 625 CARACTÈRES COLORATION ACTION OBSERVATIONS DES À LA BIOLOGIQUE. PARTICULIÈRES . EN BOUILLON. ÉLÉMENTS. MÉTHODE DE GRAM. » Trouble et voile! Coccus ovoïdes| Négative. Pathogène pour| D'après Da- È épais. mesurant 0,8 x à 1 pe. le lapin, chez qui il|vaine, les poules cause une septicé-|sont réfractaires. mie. Fait fermenter le sucre de lait avec dégagement de gaz. Coccus de 0,7 y. » Coccus isolés. » Saprophyte. » Trouble et sédi-| (Coccus ou diplo- » Saprophyte. Pigment rose. ment rosé. coques. - \ velo ppement| Trouble à la 15e| Diplocoques del Positive. L'inoculation au » bappréciable. [heure à 350; dépôt|2 y à 2,64, jusque lapin cause un abcès. jaunûtre. 3 & Sur bouillen. Assez mobiles, Diplocoques. Positive. Saprophyte. Pigment lilas rosé. Coccus de 0,15 y. » Détermine chez le| Tue le lapin en lapin une suppura-|12 jours. Se trouve tion qui tend à s'é-|dans les parois de tendre. l'abcès. EE Dépôt très épais. | Coccus sphériques| Positive. Pathogène ; tue] Les souris de de 1 x, en tétrades. ; les souris blanches|champs et de mai- | et les cobayes. sons, les lapins, 4 sont peu sensibles ou réfractaires. Reste coloré par la méthode de Gram. » Coccussphériques Agent de la fer-| Les vieilles cul- de {uw à 1,5pu, sou- mentation ammo-|tures dégagent 10 vent en longues niacale de l'urine. [une odeur de colle Ge. chaines. de farine qui fer- mente. Coccus en chaines Saprophyte. à mouvements lents. Coccus petits, en Saprophyte. diplocoques ou en petits amas. Inoffensif pour les mn - animaux. Die Le liquide setrou-| Coccus en longues » Produit la fer-| Les cultures dé- ble rapidement et|chaines flexueuses. mentation visqueuse|gagent une odeur | 214 devient visqueux. de certains liquides. fade. Serait un fer- ment actif du glu- cose. Coccus ovales, de Saprophyte. 1,2 y en gros amas. 626 COCCACÉES. 2° GENRE. — SARCINA Goopsir. Créé par Goodsir pour la Sarcina ventriculi, ce genre renferme des Bactéries à éléments d'ordinaire sphériques, parfois ovoïdes. qui, par suite de divisions s'opérant successivement dans trois plans dif- férents perpendiculaires les uns aux autres, forment des colonies massives, cubiques, ressemblant à des paquets à faces carrées ou rec- tangulaires (fig. 236). Les creux qui existent entre chacun des éléments sur les faces et les côtés de ces masses aJou- tent encore à la similitude, simulant grossièrement les empreintes des liens ayant servi à ficeler les paquets. Le processus de la division, qui d’une cel- lule forme une colonie massive, est en- Fig. 936. — Schéma dela formation Core peu connu. D'après Hauser (ME de paquets de Sarcines. les phénomènes se passeraient de la façon suivante : une cellule prète à se diviser se partage en deux parties égales et forme ainsi un diplocoque : chacun des deux éléments du couple se divise alors à son tour suivant palongueur; on obtient ainsi une tétrade dont les quatre éléments se partagent à leur tour par un seul plan, qui coupe en deux la plaquette qu'ils constituent par leur assemblage ; c'est ainsi que se forme la masse cubique la plus simple, consti- tuée par huit cellules. Après croissance, les éléments du cube se multiplient d'une facon sem- blable et donnent des masses de plus en plus considérables. Ty- piquement, les cellules sont rarement isolées; elles sont au contraire accolées par une ma- ière unissante assez solide. Dans certaines condilions cependant, qui semblent dépendre surtout du milieu où vit l'espèce, elles présentent une grande tendance à se séparer dès la division. Les paquets cubiques n'existent ___ Sarcines. 700/4. plus ; les tétrades sont rares; on n'observe plus que les coccus isolés les uns des autres ou réunis par deux en diplocoques. Si ce n'étaient les commémoratifs qui ramènent à la forme typique précédem- ment observée, rien ne pourrait faire distinguer ces Sarcines de Micro- coccus. Parfois, cependant, un simple changement de milieu nutritif peut faire réapparaitre la forme normale. Les genres Sarcina el Micrococcus présententdu reste de grandes affinités et denombreux points de contact ; (1) HaAUsEr, Ueber Lungensarcine ( Wirchow's Arch. für path. Anal., 1887, p. 127) }> PRO OO SARCINA, | 627 c'est également l’avis de Stubenrath (1). La Sarcina ventriculi, observée dans les vomissements ou dans le contenu stomacal, montre des paquets assez gros, formés d’un grand nombre de cellules, 16, 32 ou 64 par exemple. Cultivée sur milieux solides, elle ne forme plus que les diplo- coques et très peu de tétrades. Une parcelle de cette dernière culture, transportée dans du bouillon à l’étuve, donne rapidement à la surface du milieu nutritif une pellicule écailleuse brunätre, de la partie infé- rieure de laquelle se détachent des petits flocons bruns qui nagent dans le liquide; la pellicule et les flocons contiennent de ces amas de forme caractéristique, d'autant plus gros quela culture est plus âgée. Le con- traire peut du reste avoir lieu. Des colonies ne contenant que des cel- lules rondes, isolées, sont prises pour des cultures de Micrococcus et classées comme telles; la forme de Sarcine n'apparaît que plus tard, dans des cultures obtenues avec les premières. Dans la cavité buccale et l'intestin des poulets, on trouve souvent des Sarcines dont les paquets cubiques de huit éléments présentent un arrangement très régulier en chaînes, de véritables S/replosarcines. Maurea (2)a observé des mouvements bien nets chez une espèce qu'il dénomme Sarcina mobilis; c'est peut-être plutôt un WMicrococcus en tétrade qu’une véritable Sarcine. Sames (3) décrit aussi une Sarcine mobile. La séparation des Sarcines mobiles dans un genre à part, le genre Planosarcina, proposée par Migula, est loin de s'imposer. Pendant longtemps la division a été considérée comme le seul mode de reproduction des espèces de ce genre. Hauser, dans son mémoire précité, a décrit, avec toutes les apparences de vraisemblance, la formalion des spores dans une Sarcine qu'il a obtenue des crachats d'un phtisique. Certaines cellules isolées augmentent de volume; leur protoplasma cellulaire devient trouble. La partie centrale la plus consi- dérable de ce contenu se contracte et acquiert une plus grande réfrin- gence, pendant qu'il se forme à sa périphérie une sorte de membrane sombre. Il se constitue ainsi, au bout de peu de temps, un corpuscule arrondi, brillant, très réfringent, mesurant de 0,6 x à 0,8 x de diamètre : la membrane de la cellulemère devient diffluente et peut se dissocier en mettant cette spore en liberté. Les spores se forment surtout dans les tétrades et dans les paquets cubiques; on peut en trouver alors soit dans toutes les cellules d’un amas, ou seulement dans une partie, parfois à des degrés de développement différents. Ces corpuscules possèdent les caractères habiluels des spores de Bactéries. Elles résistent en particu- lier à la chaleur beaucoup plus queles cellules végétatives ; des cultures en contenant, portées à 100° dans la vapeur d'eau, ont encore pu être fertiles. La double coloration réussit avec elles, mais il est nécessaire de passer la lamelle jusqu'à trente ou quarante fois dans la flamme pour permettre à la matière colorante de pénétrer. On obtient alors, avec la double coloration à la fuchsine et au bleu, de méthylène, des spores colorées en rouge rose el les débris des cellules mères qui les entourent (1) SrusexraTa, Das Genus Sarcina in morphologischer, biologischer und patholo- gischer Beziehung mit besonderer Berücksichtigung der Magensarcine, Munich, Leh- mann, 1897. (2) Maure4, Ueber eine bewegliche Sarcine (Centralbl. für Bakt,, XI, 1892, p: 228). (3) Sawes, Eine bewegliche Sarcine (Centralbl. für Bakt.. %#* Abth., IV, 1898, p. 661). 628 COCCACÉES. teints en bleu pâle. Depuis, la formation de spores a été décrite chez quelques autres espèces. Plusieurs observateurs attribuent à la membrane cellulaire des Sar- cines la propriété de bleuir par l'acide sulfurique et l'iode ou par le chloro-iodure de zinc, ce qui indiquerait que cette partie est formée de substance cellulosique. Je n’ai pu vérifier le fait que pour la Sarcina aurea. Encore la coloration ne s'observe que sur quelques rares masses isolées, sans que rien puisse expliquer cette différence entre des amas cellulaires en tout semblables. Cette coloration, qui est violet-pourpre avec le chloro-iodure de zinc, est très fugitive; elle se forme lentement, puis disparaît après quelques secondes. De plus, je n'ai pu observer la réaction qu'avec des cultures sur pomme de terre. Elle semble d'ordi- naire bien localisée aux cellules, les colorant fortement; d’autres fois, elle paraît diffuser dans le milieu ambiant, indiquant peut-être la pré- sence de matière amylacée soluble, produite par l’action des diastases sécrétées par les cellules. On ne connaît jusqu'ici qu'un assez pelit nombre d'espèces du genre Sarcina; plusieurs formes, habilant les eaux douces, qui avaient été décrites comme telles, sont des Algues appartenant au genre Werismo- pedia ou à des genres voisins. Lœwenberg (1) a signalé une Sarcine pathogène pour les animaux d'expérience; elle sera décrite plus loin sous le nom de Sarcina Lœwen- bergi. C’est la première Sarcine qui ait montré des propriétés patho- gènes manifestes; quelques autres espèces en possèdent également. SARCINA VENTRICULI Goopsir. Cette espèce est fréquente dans le contenu stomacal de l'homme et des animaux; on l’observe spécialement dans les vomissements; elle abonde d'ordinaire quand la fermentation des produits accumulés dans l'estomac est favorisée par leur stagnation occasionnée par un état de souffrance de l'organe. Elle a été découverte par Goodsir (2) et étudiée peu après par Lebert et Ch. Robin (3). Elle se trouve parfois en quantité considérable dans le contenu stomacal; Richter (4) a signalé un cas d’obstruction complète du pylore suivie de mort, qu'il a attribué aux amas de Sarcines. Virchow (5) diten avoir observé dans un abcès gangreneux du poumon ; on en a rencontré plusieurs fois depuis dans cet organe qui diffèrent beaucoup de la Sarcina ventriculi. J.-H. Bennett (6) et Hasse (7) en ont trouvé dans les selles; Heller (8), dans du mucus diarrhéique. (1) LœwexserG, Sur une Sarcine pathogène (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIII, 1899, . 358). Fe (2) Goopsir, History of a case in which a fluid periodically ejected from the Stomach contained vegetable Organismus of an undescribed form (Edinburgh med. and surg. Journ.,t. LVII, 1842, p. 130). (3) CH. Rois, Histoire naturelle des végétaux parasites, p. 332. Paris, J.-B. Baillière, 1853. (4) Ricurer, Verstopfung des Pylorus durch Sarcina ventriculi (Virchow's Arch., CVII, 1887, p. 198). (5) Vincnow, Die Sarcina (Virchow's Arch., I, 1847, p. 264). (6) J.-H. Bexxerr, Lectures on clinical Medicin. Edinburgh, 1851. (7) Hasse, Beobachtungen über die Sarcina ventriculi, 1847 : (8) Heiver, Griesinger's Arch., 1848, et Arch. für phys. und path. Chemie, 1852. Robes SARCINA VENTRICULI. 629 Des Sarcines sont fréquentes dans l'estomac du lapin et du singe ; elles sont très probablement identiques à l'espèce de l’homme. Falkenheim (1) a décrit les principaux caractères de culture de cette espèce et permis ainsi de la différencier facilement des espèces voisines. L'estomac de l'homme renferme du reste souvent plusieurs espèces de Sarcines: Stubenrath (2) avoue qu'il trouve difficile la dislinction d'une véritabl Sarcina ventriculi. | Telles qu'on les observe dans le contenu stomacal, les cellules de la Sarcine de l'estomac sont rondes ou légèrement ovales, incolores ou faiblement teintées en jaune. Elles mesurent environ 2,5 y de long et sont la plupart du temps réunies en petites masses cubiques, à coins ronds (fig. 238), formées d’un nombre plus ou moins considérable de cellules, toujours en multiple de quatre à cause du mode tout spécial de division, 8-16-32-64. Robin donne E comme dimensions des plus grosses masses 55 w de &y a 8 longueur et 20 y de largeur. Ces masses ont une tr consistance coriace, élastique. Elles reviennentsurelles- mêmes après une compression. Elles ont, dans les vo- Fig. 238. — Sar- missements, une légère teinte brune, sont très transpa- EME tr rentes el assez peu réfringentes; sous une assez forte : pression ou en faisant agir des alcalis concentrés, les paquets se désagrègent d’abord en masses plus petites, puis en simples éléments. Les cullures prospèrent sur tous les milieux employés; elles se déve- loppent mieux sur les milieux neutres que sur ceux légèrement acides. Sur plaques de gélatine, au bout de trente-six à quarante-huit heures, il s’est formé de petites colonies rondes, un peu proéminentes, de cou- leur jaune, dont la croissance s'arrête après peu de temps. A l'examen microscopique, on y trouve des coceus sphériques, incolores, de 1,5 U de diamètre, réunis la plupart du temps en diplocoques et parfois en télrades, mais ne constituant jamais les paquets cubiques caractéris- tiques. Ces colonies ne liquéfient pas la gélatine. En piqüre où en s/rie dans un tube de gélatine, la culture s’étend rapidement et couvre toute la surface libre de la gelée. Si l'on colore la gélaline avec quelques gouttes de teinture de tournesol bleue avant de l'ensemencer, elle devient tout à fait rouge en quarante-huit heures. Il se produit donc un acide, probablement de l'acide lactique. Sur pomme de lerre, il se développe, en vingt-quatre heures, le long de la strie d'inoculation, de petites colonies rondes, incolores, qui deviennent plus tard jaunes; elles atteignent 1 millimètre de large et sont alors couleur jaune de chrome. Sur sérum, cette espèce donne de petites colonies rondes, blanches ou faiblement jaunâtres; le sérum reste solide. Dans aucune de ces cultures on n'obtient l’arrangement des cellules en paquets, si spécial aux espèces du genre Sarcina ; d’après Falkenheim, on l’observe toujours en cultivant dans une infusion de foin cette Sarcine, prise indifféremment dans le contenu stomacal ou dans une des cultures précédentes. Il se forme à la surface de ce milieu, en vingt- quatre heures, une mince pellicule brunâtre, sèche, écailleuse, et au fond (1) FazkexneIm, Ueber Sarcina (Arch. für experim. Path., XIX, 1885, p. 389). (2) Srusenraru, loc. cit., p. 696. 630 COCCACÉES. du vase de culture un dépôt floconneux brun. Dans la pellicule etle dépôt, on trouve de nombreux paquets de Sarcines. Le développement se fait bien mieux si l’on ajoute à l’infusion de foin 1 à 3 p. 100 de glucose. L'espèce n'attaquerait ni la fibrine, ni le blanc d'œuf, très peu les hydrocarbonés (1). On n'a aucune donnée expérimentale sur l’action de la Sarcine de l'estomac sur l'organisme. : SARCINA LŒWENBERGII C'est une des rares Sarcines pathogènes connues. Læœwenberg (2) l’a rencontrée dans les fosses nasales d’une malade atteinte depuis longtemps de punaisie, chez laquelle les caractères cliniques de la maladie diffé- raient radicalement de ceux de l’ozène vrai. Le mucus nasal renfermait de très nombreux paquets de Sarcines. Dans le mucus nasal, les paquets de Sarcines sont souvent réunis par des filaments fins, pouvant se ramifier. Ces microbes sont immobiles. Ils se colorent facilement aux couleurs d’aniline et restent colorés par la méthode de Gram. Les cultures s'obtiennent facilement sur les milieux habituels ; elles poussent à la température ordinaire et mieux à l’étuve. Sur gélatine, en plaques, les colonies forment de petites taches blanches, laiteuses, bien opaques; elles deviennent un peu jaunâtres en vieillissant. En piqûre, il se forme à la surface un petit disque blanc et jusqu'au fond du trajet un chapelet de colonies rondes, blanches. La gélatine n’est jamais liquéfiée. Sur gélose, en strie, on obtient un enduit blanc laiteux, luisant, jau- nissant un peu à la longue. Dans les milieux liquides ordinaires, cette Sarcine forme un dépôt blanc, cohérent ; le liquide reste clair. Elle pousse bien dans le lait, qui reste alcalin et ne se coagule pas. Sur pomme de lerre, elle donne une épaisse culture blanche. Les cultures ne dégagent jamais d'odeur. Elle ne pousse pas sur les milieux acides. Dans les cultures sur milieux solides, le microbe perd vite son grou- pement caractéristique; bientôt, on ne trouve que des coccus, en amas ou en courtes chaînes. En réensemençant sur milieux liquides, la forme Sarcine reparail Ce microbe se cultive bien en anaérobie, sans dégager ni gaz ni odeur. Il est neltement pathogène pour les souris blanches, les cobayes et les lapins. Eninoculalion sous-cutanée, les souris meurenten vingt-quatre heures, sans lésions appréciables. La Sarcine se retrouve dans le sang. En inoculation intrapéritonéale, les cobayes et les lapins meurent souvent en vingt-quatre heures. On trouve à l’autopsie une péritonite intense avec de nombreuses Sarcines dans l'exsudat. Le sang du cœur donne des cultures du microbe. (1) Coxox, Contribution à l'étude biochimique de la Sarcina rentriculi (Soc. de Biol., 16 décembre 1899). (2) LoœswexserG, Une Sarcine pathogène (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIIT, 1899, p. 358). ext SARCINA NAGANOI. 631 La virulence s'allénue assez vite. La fétidité de l'haleine a disparu chez la malade en même temps que la Sarcine, sans qu'on puisse établir d'autre relation. La Sarcine pathogène, décrite par Schlaefrig (1), rencontrée également dans la sécrélion d'un ozène, est probablement la même. Galli-Valerio (2) a rencontré une Sarcine pathogène dansles mucosités blanches, filantes, mais ne dégageant aucune odeur, qui se trouvaient dans les fosses nasales d'un malade atteint de pemphigus du nez et de la bouche, Les cultures, faciles et abondantes, rappellent celles de Sarcina Lœ wenbergit, mais paraissent loutefois plus visqueuses. Dans les muco- silés et dans les cultures, les paquets de Sarcine émettent des prolon- gements filamenteux, qui forment une sorte de réseau à mailles irré- gulières, où les Sarcines occupent certains nœuds. Les Sarcines restent colorées par la méthode de Gram, alors que ces tractus se décolorent. En colorant à l’éosine, on voit souvent une auréole rose autour des paquets. Les éléments des paquets ont un diamètre de 1,5 4 à 2w. Il n'y a pas d'indice de mobilité. Le microbe ne fait fermenter ni le glucose, ni le lactose. Il ne produit Jamais d’indol, Cette Sarcine est pathogène pour les cobayes, et surtout pour les rats. En inoculalion sous-cutanée, on obtient généralement des abcès ; en inoculation intrapérilonéale, une péritonite : ou bien on observe des symptômes de septicémie, avec pleurésie, méningite, etc. Le lapin est réfractaire aux inoculations sous-cutanées. La virulence se conserve longtemps dans les produits. 0 SARCINA NAGANOI. Nagano (3) l’a rencontrée dans le pus d’un abcès de l'ovaire. Les éléments sont de grosseur moyenne et réunis en paquets caracté- ristiques ou en diplocoques. Dans le pus, ils se montrent en diplo- coques asymétriques, très semblables à ceux du Gonocoque. Ces élé- ments sont toujours immobiles. Ils se colorent facilement aux méthodes ordinaires et se décolorent par la méthode de Gram; on peut cependant voir la couleur rester fixe sur de petits grains chromatiques, assez nom- breux dans quelques éléments. Les cultures se font très bien à 370 et lentement à 240. L'espèce ne croît qu’en présence d'air. Sur plaques de gélaline, le développement est très lent. Après huit Jours, on trouve de petites colonies rondes, blanches, qui liquéfient ler- tement. Sur gélaline, en piqûre, on observe, après dix jours à 24, une liqué- (1) ScucarrriG, Ueber eine pathogene Sarcine (Wiener klin. Wochenschr., 1901, n° 42), (2) GarzI-Varert0, Recherches expérimentales sur une Sarcine pathogène (Cen- tralbl. für Bakt., 11e Abth., Originale, XLII, 1908, p. 177). (3) Nacawo, Ueber eine neue Sarcina, die im Eiter gonokokkenähnliche Degenear- tions formen zeigt (Centralbl. für Bakt., XXXII, 1902, Originale, p. 327). 632 COCCACÉES. faction avec bulle de gaz. La liquéfaction continue lentement à se faire. Sur gélose, en vingt-quatre heures à 37°, il se forme une épaisse colo- nie grisàtre. Le développement est le même sur sérum. Dans le bouillon, il se produit un léger trouble, puis le liquide s'éclaireit. On n'observe pas de développement sur pomme de lerre et dans le laie. Les cultures tuent les souris en inoculation intrapéritonéale et sous- cutanée; elles déterminent des abcès chez le lapin et rien chez le cobaye. SARCINA LUTEA SCHROETER (1). C'est une Bactérie de l'air qui vient fréquemment contaminer les cul- tures. Dans les premières cultures, on trouve des diplocoques, des tétrades et des paquets caractéristiques, dont les éléments ont à peu près 1 y de diamètre. Sur plaques de gélatine, elle forme, à la surface, de petites colonies dis- coïdes, jaunes. Ces colonies sont lentes à croître; après une huitaine de jours, elles ont donné de petits monticules hémisphériques ou un peu aplatis, à bords droits ou légèrement sinueux, d'une couleur jaune- citron légèrement verdâtre, qui s’enfoncent peu à peu dans la gélatine; il ne se produit pas de liquéfaction nette, mais la culture se trouve au fond d'une dépression très marquée. Sur gélatine, en piqûre, on obtient, après une huitaine de jours, à la surface une masse jaune-canari clair qui couvre toute la partie libre. La gelée est liquéfiée très lentement; la colonie tombe au fond sous forme d’un dépôt jaune, et le liquide reste tout à fait clair. Sur gélose, le développement est plus rapide, surtout à l'étuve; il se produit une large bande jaune clair, à reflets verdâtres, à surface lisse et brillante, de consistance crémeuse. La culture sur pomme de terre a le même aspect, mais est beaucoup plus lente à venir. Le bouil- lon se trouble à peine et montre un très minime dépôt granuleux, jaune sale. Dans toules ces cultures, la forme en paquets a disparu. Les cellules sont libres ou unies en diplocoques et présentent souvent un mouve- ment assez vif. La matière colorante est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, la benzine. Cette espèce a été signalée sur la peau de l'homme; c'est elle proba- blement que Bordoni (2) a isolée. Sa présence en cet endroit n'a rien qui doive étonner, vu sa grande dissémination dans l'air. Elle est aussi commune dans l’eau. La Sarcina flava en est très voisine. SARCINA AURANTIACA Kocu. C’est aussi une espèce très commune dans l'air et l'eau. Sur plaques (1) Scarozrer, Kryptogamenflora von Schlesien. Pilze, 1886. (2) Bonponi, Ucber die biologische Eigenschafften der normalen Hautmikrophyten (Fortschr. der Med., 1886, n°5). SARCINA PULMONUM. 633 de gélatine, les colonies sont des petits disques d’un jaune orangé terne qui s'accroissent assez rapidement en largeur et donnent une sorte de pellicule ferme, résistante, s’enlevant en bloc, d'une coloration jaune ocracé, à bords relevés et comme gaufrés. Cette colonie s'enfonce peu à peu dans la gélatine, qu’elle liquéfie lentement, puis flotte à la surface de la partie liquéfiée. Ces cultures peuvent atteindre une largeur assez grande, 0°%,5 à 1 centimètre. Sur gélatine, en piqûre, elle croît lentement en liquéfiant le milieu. Le liquide est clair et est recouvert d’une pellicule jaune terne. Sur gélose, il se développe, le long de la strie, une large colonie membraneuse, plissée, de couleur jaune d’ocre. Sur pomme de terre, la croissance est lente etse limite à la strie d'ino- culation, qu'elle recouvre d’une mince bande jaune d'or. Le lait est coagulé. Les colonies de cultures sur plaques sont souvent formées de gros coceus de 2? y de longueur, isolés ou en diplocoques; les masses cubi- ques y sont rares. Elles s'observent au contraire dans les cultures sur milieux solides. SARCINA ALBA (|). Elle est commune dans les eaux. Les éléments arrondis mesurent 0,88 de diamètre et sont immobiles ; certains contiendraient des spores. Sur plaques de gélatine, les colonies incluses dans la gelée sont de petites sphères grisâtres. Celles qui arrivent à la surface forment un petit bouton blanc grisâtre. Elles liquéfient la gélatine, mais très lente- ment. Sur gélatine, en piqûre, il se développe une semblable culture à la surface et presque rien dans le canal. La liquéfaction, très lente, ne com- mence que vers le quatorzième jour. Sur gélose, on obtient une mince colonie blanchâtre, lisse. Le bouillon se trouble très peu, puis s'éclaircit en abandonnant un mince dépôt floconneux. SARCINA PULMONUM Hauser. Beaucoup d'observateurs ont signalé la présence de Sarcines dans les produits d’expecloration pathologiques, ou dans le tissu lui-même du poumon. Virchow en a trouvé dans la gangrène pulmonaire, Bam- berger dans les crachats fétides d’une dilatation des bronches, Friedreich dans un infarctus hémorragique du poumon, Cohnheim dans des cas de tuberculose chronique, Heimer et Nauwerck dans des cavernes; Fischer en a rencontré en grand nombre dans plusieurs affec- üons du poumon et de la bouche. Aucun de ces auteurs cependant n'avait songé à les différencier de la Sarcina ventriculi; lous pensaient avoir affaire à cette espèce. Hauser (2), plus récemment, a pu isoler une Sarcine des crachats d’un phtisique et se convaincre, par une étude consciencieuse, qu’elle était spécifiquement différente de la Sarcine de (1) Anamerz, Die Bacterien der Trink und Nutzwässer, 1888. (2) Hauser, Ueber Lugensarcine (Deutsche Arch. für klin. Med., 1887, p. 127). 634 COCCACÉES. l'estomac. Il a donné des détails très intéressants sur ces cultures, qui s'obtiennent facilement sur les milieux habituels. Sur plaques de gélatine, on voit se former, au bout de trois jours, de pelits points blanchâtres dans la gélatine: leur croissance est longue, ils ne s'élargissent guère que lorsqu'ils atteignent la surface. Ils y forment de petites colonies ovales très bombées, colorées en brun pâle à la lumière transmise. A un plus fort grossissement, ces colonies sem- blent formées de gros grains qui, surtout à la périphérie, sont disposés en cercles concentriques. Sur gélatine, en piqûre, la culture est bien apparente en vingt- quatre heures. Elle donne en peu de temps, à la surface, une petite colonie ronde, gris-perle, qui en grandissant prend des bords sinueux et un éclat humide, un peu brillant. Dans le canal de la piqûre, on n observe que de petites colonies punctiformes. La gélatine n’est jamais liquéfiée. Sur pomme de lerre, le développement est peu abondant; il s'y forme une culture brunâtre, peu étendue. De même dans le bouillon, où se produit un petit dépôt grisâtre, un peu visqueux; le liquide ne se trouble pas et n'offre pas de voile à la surface. Dans les jeunes colonies, on trouve des diplocoques, des tétrades ou des petits cubes constitués par huit cellules. Dans les colonies plus développées, il y en a seize et trente-deux. Les cellules mesurent de 1 y à 1,5 . D'après Hauser, leur division s’opérerait de la façon suivante : Une cellule se divisant en deux donnerait un diplocoque, dont les élé- ments, se partageant suivant la longueur du couple, produiraient une tétrade : la tétrade formerait un petit cube par suite de la bipartition de ses quatre éléments par un même plan. Ces cellules, isolées ou réunies, ne manifestent aucune motilité. De vérilables spores endogènes pren- draient naissance dans des éléments isolés ou agglomérés; leur forma- tion a été décrite précédemment (p. 627). Les spores résistent à une forte chaleur; des cultures en contenant ayant élé portées à 110° se sont montrées fertiles. Cette espèce ne paraît avoir aucune propriété pathogène; administrée avec les aliments à des lapins, elle ne leur a occasionné aucun trouble; il existait cependant des tétrades à spores vivantes dans les selles; l'estomac n’en contenait pas. Elle décompose énergiquement l'urée, comme une autre Sarcine, trop peu connue, que Leube (1) a isolée de l'urine. SARCINA AUREA Mac. Cette belle espèce a été isolée dans mon laboratoire de l'exsudat du poumon, recueilli à l'autopsie avec les précautions voulues, chez un indi- vidu mort d'une pneumonie bâtarde compliquée de pleurésie purulente. Sur gélatine en piqûre, les cultures se développent vite, la liquéfaction commence au second jour: le tube est entièrement liquéfié du sixième au huitième jour. Au-dessus du liquide complètement clair, s'est for- mée une pellicule épaisse, d'un beau jaune d'or, très friable; au fond (1) Leveg, Ueber die ammoniakalische Harngährung ( Virchow's Arch.,C, 1880, p. 40). SARCINA MOBILIS. 633 est un dépôt blanchâtre peu abondant. La pellicule se brise en mor- ceaux irréguliers à la moindre agitation et tombe au fond du vase. La liquéfaction devient plus lente au fur el à mesure que les cultures vieillissent; en cinquième culture, elle n'apparaît guère avant le sixième jour. Sur gélose, vers 35°, 1l se produit une bande large et épaisse, à surface verruqueuse, colorée en jaune d’or brillant. Après plusieurs généralions, la teinte pâlit et devient jaune pâle. La pomme de lerre est un très bon terrain de culture pour cette espèce; on y obtient, en inoculant la surface par plusieurs stries, d'épaisses bandes d’une teinte jaune d'or brillant, à surface plus lisse que celle des cultures sur gélose. Dans les vieilles cultures, le centre prend une coloration jaune blafarde. Dans le bouillon, la cullure est bien particulière. Il se forme au fond du vase un dépôt jaune d'or, de coloration plus claire que celle des cul- tures sur milieux solides, très cohérent, tout à fait adhérent au verre, s'élevant à 1 centimètre environ du fond sur les parois du vase et pré- sentant son bord supérieur libre régulièrement festonné. Le liquide ne se trouble pas et ne montre pas de voile. Toutes ces cultures renferment l'espèce disposée en paquets caracté- ristiques de grandeur variable. Ces masses cubiques sont formées d'élé- ments un peu ovoides, mesurant de 1 & à 1,1 & de long, que l’on peut trouver aussi, mais rarement, isolés, en diplocoques ou en tétrades. Ces éléments, isolés ou réunis en masses, possèdent un mouvement oscillatoire très vif. Certains donnent, avec l'acide sulfurique et l’iode, une coloration bleu violet, qui indiquerait chez eux la présence de matière amylacée ou cellulosique. Le pigment est soluble dans l’alcoo!l absolu et donne une liqueur d’un beau jaune d’or. SARCINA MOBILIS Maures. Maurea (1) l'a isolée d’un liquide d'ascite conservé depuis longtemps : elle venait probablement de Pair. Les éléments ont 1,5% de diamètre ; ils sont le plus sou- vent réunis en diplocoques et en tétrades et présentent un mouvement très net de trépi- dation et même d'ondulation. Ils se colorent bien aux cou- leurs d’aniline et restent colo- rés par la méthode de Gram. Le microbe se développe bien sur les milieux habituels, mais seulement à la température or- dinaire et pas du toul à l’étuve. Sur plaques de gélatine, on (1) MaurgaA, Ueber eine bewegliche Sarcine (Centralbl. für Bakt., XI, Fig. 239. — Sarcina agilis avec cils (d'après 1892, p. 228). Zettnow). 636 COCCACÉES. obtient vers le cinquième jour de petites colonies lenticulaires blan- châtres, qui commencent à liquéfier vers le septième ou huitième jour et se colorent alors en rouge-brique. En piqûre, le développe- ment se fait surtout à la surface; c’est un petit disque rouge-brique qui liquéfie lentement le milieu. Sur gélose, il se forme une culture blanchâtre qui se colore peu à peu comme précédemment. Sur pomme de lerre, pas de développement. Dans le bouillon, il se forme un trouble rapide; puis le liquide s'éclaircit en laissant déposer un sédiment jaune rougeâtre. Le microbe se développe bien dans le /ait sans produire de coagulation. Sames (1) a rencontré une autre Sarcine mobile dans le purin. Elle reste également colorée par la méthode de Gram et montre de nombreux longs cils par les méthodes de coloration spéciales (fig. 239). Elle donne sur gélose des colonies blanc grisätre et sur pomme de terre des taches jaunâtres, brunissant à la longue. Sur gélatine, elle forme une colonie blanc grisâtre qui ne liquéfie jamais. Elle n'a montré aucune propriété pathogène. SARCINA CEREVISIÆ ILaixiNer. (Pediococcus cerevisiæ.) Lintner (2) l’a isolé de bières malades; Adametz(3) la signale dans l’eau. Le diamètre des éléments est très variable ; de 0,5 y dans la bière, il atteint jusqu'à 3 » dans les milieux riches en azote. Ces éléments sont réunis en tétrades ou en pelits paquets, rarement en diplocoques ou isolés. Sur plaques de gélaline, cetle espèce donne de petites colonies inco- lores sphériques, à bords lisses. Avec l’âge, elles s'étendent en une couche mince qui donne lieu à un beau jeu de lumière; le centre prend une teinte jaunâtre. Sur gélatine, en piqüre, il se développe une culture blanche, lisse. La gélatine n'est pas liquéfiée. Sur gélose, il se forme une culture grisâtre, un peu irisée. Sur pomme de terre, on obtient de petites colonies granuleuses, jau- nâtres, montrant beaucoup de formes d’involulion. Cetle espèce ne croil pas dans le bouillon de malt stérilisé; elle ne se développe que lentement dans le moût de bière faiblement alcalin. Dans les bouillons el les liquides peptonisés, elle forme un voile à la surface. Le liquide devient faiblement acide ; l'acidité est due proba- blement à de l'acide lactique. La bière envahie devient verdâtre, de saveur désagréable. Les dégâts causés peuvent être considérables. C’est une véritable infection (4). (1) SamEes, Eine bewegliche Sarcine (Centralbl. für Bakt., 2t Abth., IV, 1898, p. 664). (2) Livrxer, Die Sarcina-organismen der Gährungsgewerbe. Inaug. Dissent., Berlin, 1888. (3) Anamerz, Die Bakterien der Trink und Nutzwässer, Vienne, 1888. (4) Kurrer, Die Sarcina-infektion (Wochenschr. für Brauerei, 1896. p. 32). SARCINA UREÆ. 637 SARCINA UREZXÆ. Hartge (1) a éludié une Sarcine qu'il a isolée d’une urine de diabé- lique. Elle ne se développe qu’à la température du corps et au mieux sur de la gélose contenant de l'urine et dans l'urine stérilisée, ou les solutions de glucose. Elle ne croît pas dans les milieux alcalins, mais seulement dans ceux qui sont neutres ou légèrement acides. Miquel (2) décrit sous le nom d'Urosarcina Hansenii une Sarcine qui serait un ferment assez énergique de l'urée. Elle est commune dans l'eau et les poussières. Les cellules sont de grosseur variable, parfois de forme 1r- régulière, disposées en tétrades ou en cubes. Elle donne sur gélatine de petites colonies blanches qui deviennent jaunes en quarante- huit heures. La gélatine n'est pas liquéfiée. En culture dans le bouillon, le liquide reste clair; il appa- rait sur les parois du vase un petit dépôt granuleux, légère- Fig. 240. — Sarcina ureæ avec cils (d'après ment adhérent. Zetinow). Beijerinck (3) décrit sous le | nom de Planosarcina ureæ une Sarcine très mobile, qu'il a isolée de l'urine el de la terre de jardin. Les éléments isolés ou les masses cubi- ques montrent, par les méthodes de coloration spéciales, de longs cils épars sur tout le corps (fig. 240). Cette Sarcine formerait des spores résistantes ; aussi la pasteurisation est-elle un bon moyen de l’isoler; elle supporte 80° pendant dix minutes. Sur plaques de gélatine, les colonies apparaissent en deux jours. Celles de la surface sont arrondies, grisâtres, un peu transparentes ; celles de la profondeur sont lobées. Il ne se produirait pas de liquéfaction. D'après Ellis (4), en piqüre dans la gélatine, le développement serait très lent et ne commencerait qu'après dix jours; la colonie, blanchâtre, liquéfierait alors la gélatine, mais lentement. Sur gélose, en moins d’un jour, la surface est recouverte d’un grand nombre de petits points blanchâtres, qui confluent rapidement en une couche grisâtre. (1) HarrGe, Külturversuche mit der Harnsarcine (Petersb. med. Wochenschr., 1890, no 22). (2) Miquer, Étude sur la fermentation ammoniacale et sur lès ferments de l'urée (Ann. de micr., 1993). (3) BewEeriNcx, Anhaüfungsversuche mit Ureumbakterien. Ureumspaltung durch Urease und durch Katabolismus (Centralbl. für Bakl., 2te Abth., VII, 1901, p. 33). (4) Etuis, Untersuchungen über Sarcina, Streptococcus und Spirillum (Centralbl. für Bakt., te Abth., XXXIII, Originale, 1902 et 1903, p. 1, 81 et 161). 638 COCCACÉES,. Dans le bouillon et l'urine, le développement est rapide. Il ne s’y forme pas de spores, qui sont abondantes dans les autres cultures. Il n'y aurait pas de développement avec l’urée seule. Le microbe formerait cependant beaucoup d’uréase dans les cultures sur les autres milieux, sans qu'il puisse transformer de grandes quantités d’urée. SARCINA INTESTINALIS /orr. Zopf (1) l'a rencontrée dans l'intestin de poulets et de dindons, princi- palement dans le cæcum. Elle forme presque toujours des colonies disposées sur une seule couche en tablettes carrées ou rectangulaires, ou de petits cubes de huit éléments, mais jamais de gros paquets. Les Sarcines sont fréquentes dans le contenu intestinal, dans le mucus de la bouche, du nez, sur les amygdales. SARCINA ROSEA SCHROETER. Trouvée dans les marais, entre des Algues. Ce sont des cellules sphériques, ayant jusqu'à 2 de diamètre, réunies en petits paquets cubiques, arrondis aux angles, pouvant mesurer 8 y de long. C’est probablement cette Sarcine que Menge (2) a rencontrée dans du lait qui avait pris une coloralion rouge très prononcée. Ce lait montrait une grande quantité de paquets de Sarcines avec leur forme caracté- ristique. Sur plaques de gélatine, on aperçoit, après quarante-huit heures, de très petites colonies transparentes, rondes, qui, à un faible grossis- sement, paraissent incolores ou légèrement jaunâtres. Les colonies qui gagnent la surface s'étendent un peu, puis deviennent rosées el liquéfient la gelée autour d'elles. A ce moment, elles affectent souvent la forme d’une roselte; au milieu se trouve une petite masse rouge, entourée d’anneaux concentriques de même couleur, mais de teintes variées. Sur gélaline, en piqûre, il se forme à la surface une colonie rose rouge, mince, large, el dans la piqûre une minime culture qui va jusqu’au fond. Vers le quatrième jour, la liquéfaction commence et n'atteint les bords du tube qu'après six ou sept semaines. Sur gélose, la culture, assez abondante, reste longtemps blanche et ne se colore que dans son milieu. Le bouillon ensemencé reste clair; il se développe, sur le fond du vase, de petHes colonies puncliformes blanches. Sur pomme de lerre, les cultures sont moyennement épaisses et d’un beau rouge. Le Lait stérilisé se colore rapidement en rouge intense, mais ne paraît subir aucun changement. La couche de crème, qui se sépare par le repos, montre de nombreuses stries rouges ; le liquide sous-jacent est rougeàtre. Le pigment est insoluble dans l’eau et l'alcool, même bouillants. Les acides étendus ne le modifient pas à froid, mais le détruisent à chaud. L’ammoniaque et les lessives alcalines se comportent comme (1) Zorr, Die Spaltpilze, p. 55. (2) MexGe, Ueber roth Milch (Centralb}. für Bakl., VI, 1889, p. 596). SARCINA PALUDOSA. 639 les acides étendus. Ce pigment est également insoluble dans l’éther, le sulfure de carbone, le chloroforme, la benzine. Ce microbe ne paraît être pathogène pour aucun des animaux d'expé- rlence. SARCINA PALUDOSA SCHROETER. D’après Schroeter (1), elle serait fréquente dans les eaux de déchet des fabriques de sucre. Les éléments sont sphériques, incolores, très réfringents, mesurant jusqu’à 2 » de diamètre. Ils sont réunis en familles plus grosses et moins régulières que celles de la Sarcine de l'eslomac, el présentant les coins et les angles de séparation des cellules plus arrondis. Gruber (2) a donné une intéressante revision du genre Sarcina, en décrivant plusieurs espèces nouvelles ; il a établi la clef dichotomique suivante qui peut rendre de bons services pour la détermination : I. ESPÈCES DONT LES CULTURES SUR MILIEUX SOLIDES ONT UNE COULEUR BLANCHE, 1. Formant des paquets lypiques sur les milieux solides et liquides. a. Liquéfiant la gélatine. x. Colonies rondes en cultures sur plaques. A. Liquéfiant lentement la gélatine..... Sarcina alba Zimmermann. B. Liquéfiant rapidement la gélatine... Sarcina alulacea Gruber. 8. Colonies irrégulières en culture sur plaques. Liquéfiant rapidement la gélatine...... Sarcina incana Gruber. b. Ne liquéfiant pas ia gélatine. a. Colonies rondes en cultures sur plaques.. Sarcina pulchra Henrici. 8. Colonies irrégulières en cultures sur plaques. A. Développement bien net à la surface. Sarcina pulmonum Virchow B. Pas de développement à la surface. Troublant l'infusion de foin........ Sarcina lactea Gruber. Ne troublant pas l’infusion de foin. Sarcina vermicularis Grub. Sarcina minula de Bary. 2. Ne formant de paquets lypiques que dans les mi- lieux liquides. a. Liquéfiant la gélatine. «. Ne formant de paquets que dans l’infusion dENOD EE NAS TE Rd crée) et Sarcina candida Reinke. 8. Ne formant de paquets que dansle bouillon. Sarcina albida Gruber. b. Ne liquéfiant pas la gélatine. a. Ne croissant pas sur gélatine............ Sarcina Welkeri Roman. 8. Croissant sur gélatine. A. Formant des paquets dansle bouillon. Sarcina nivea Henrici. B. Formant des paquets dans l'infusion HOMO PE TR EC CLCE RARES Sarcina ventriculi Goodsir, (1) Scurogrer, Kryptogamenflora von Schlesien. (2) Gruger, Die Arten der Gattung Sarcina (Arb. aus dem Ball. Inst. der lechn. Hochschule zu Karlsruhe, 1, 1895, 2, p. 239). 640 COCCACÉES. IT. EsPÈèCcEs FORMANT DE LA MATIÈRE COLORANTE. $. Matière colorante jaune. 1. Formant des paquets typiques sur les milieux so- lides et liquides. a. Liquéfiant la gélatine. a. Colonies rondes en cultures sur plaques. À. Croissance lente, liquéfaction rapide derlafrélatines tu FER E NEC Re B. Liquéfaction de la gélatine lente à se produire. Le bouillon reste clair; des paquets se forment dans tous les milieux... Le bouillon reste clair; ilne se forme de paquets que dans la gélatine et le DOUTER te neneoi Le bouillon se trouble au début, puis s’éclaircit; il se forme des paquets dans LOS IESMMILEUXE PE EEE EEE EEE 8. Colonies irrégulières en cultures sur plaques. Formant des paquets dans tous les mi- MEURT PAP CCE DE y. La liquéfaction de la gélatine devient très lente à partir de la cinquième culture; le bouillon reste clair avec un dépôt jaune TOP NE HO SN RE are ne ie Na à b. Ne liquéfiant pas la gélatine. a. Colonies rondes en cultures sur plaques. ACroissance lente re COTE CCE B. Formant des paquets typiques dans tous les milieux; troublant le bouillon ettlinfustontdetfoine eee ce C. Formant des tétrades dansle bouillon, des paquets dans l'infusion de foin; ne troublant ni le bouillon ni l'infu- HONIENOÏN PER PRE PE CA rer CE 8. Colonies irrégulières en cultures sur plaques. A. Formant des paquets typiques dans tous les milieux. Croissance rapide sur gélatine, lentesurda geélose "1.7 ce Culture vermiforme sur gélatine en Fi À D LR MTS DROIT OES HE Matière colorante d’un jaune-citron frANCS RSI TE ee relie Colonies se réduisant en poudre TAUTE NE lent CT LT Lee Montrant un développement bien netiensUr acer TC B. Ne formant de’ paquets que dans les milieux liquides. Dépageant die az tre ERP Ter er 2. Ne formant de paquets que dans les milieux liquides. a. Colonies rondes en cultures sur plaques; liqué- fiant la gélatine. Matière colorante d'un jaune soufre bril- Sarcina flava de Bary. Sarcina superba Henrici, Sarcina olens Henrici. Sarcina orescens Gruber. Sarcina liquefaciens Frank- land. Sarcina aurea Macé. Sarcina lulea Schroeter. Sarcina livida Gruber. Sarcina meliflava Gruber. Sarcina luteola Gruber. Sarcina vermiformis Grub. Sarcina citrina Gruber. Sarcina striala Gruber. Sarcina marginala Gruber. Sarcina gazoformans Grub. lant; liquéfaction lente de la gélatine. Sarcina flavescens Henrici. < LEUCONOSTOC. 641 Matière colorante jaune orangé ; liquéfac- tion rapide de la gélatine.............. , Sarcina auranliaca Koch. b. Colonies irrégulières en cultures sur plaques. Ne liquéfiant pas la gélatine. Bouillon trouble au début. clair plus tard. Sarcina sulfurea Henrici. Bouillon et infusion de foin restant tou- NOUESIC IA SES RUE CREME CENT EC EC Sarcina velulina Gruber. c. Colonies irrégulières au début, rondes plus tard. Bouillon à trouble léger et constant; infu- sion de foin toujours claire............... Sarcina inlermedia Gruber. S$. Matière colorante rose. 1. Formant des paquets typiques dans les milieux liquides et solides; ne liquéfiant pas la gélatine: colonies rondes en cultures sur plaques. Des paquets dans le bouillon, des coccus et des diplocoques dans l’infusion de foin, des paquets sur les milieux solides ; pigment DOS PIC IAE RE RE RC ee Sarcina carnea Gruber. Des coccus dans toutes les cultures, à côté des paquets; matière colorante du rose päle au TOME deiViIAnAer eee desert eue Sarcina incarnala Gruber. 2, Ne formant de paquets typiques que dans les liquides. deliquenan ta selabime, enr rer . Sarcina rosea Schroeter. b.Ne liquéfiant pas la gélatine..." 1... Sarcina persicina Gruber. $$$. Malière colorante brune. 1. Des paquets typiques sur les milieux soïides el liquides; ne liquéfiant pas la gélatine. ......... Sarcina fusca Gruber. 2. Ne formant de paquets que dans les liquides : ne l'onebantipasllérélatiness Fe 2e ARE Er Sarcina fuscescens de Bary 3 GENRE. — LEUCONOSTOC Vax liecuem. Les cellulés rondes, incolores, très pelites, sont unies en chapelets flexueux, entourés d’une gaine épaisse de gelée de consistance ferme, carlilagineuse. Ces gaines forment, par leur accolement en certain nombre, des masses irrégulières, lobées, présentant des circonvolutions à la surface et acquérant la dureté du cartilage. Dans les chapelets, il se forme des spores, provenant de la transformation directe de certaines des cellules, qui deviennent grandes et prennent une membrane plus épaisse et un contenu plus réfringent. Ces spores sont séparées les unes des autres; elles se trouvent comprises dans le chapelet ou à ses extrémités. Les Leuconostoc ne sont peut-être que des Streptocoques munis d'une épaisse gaine de gelée consistante. LEUCONOSTOC MESENTEROIDES CiIExKkowskY. Les Zooglées de cette espèce forment des masses gélatineuses me- surant de la grosseur d'une noisetle à celle du poing, à surface mame- lonnée, de consistance ferme et élastique. On les observe fréquemment dans les sucreries, sur les appareils qui servent à l'obtention des Jus sucrés de betteraves el, plus rarement, dans les sirops cuits. Leur appa- rence et leur consistance leur font donner en France le nom vulgaire de gomme de sucrerte, et, en Allemagne, celui de frai de gr enouille (Froschlaich). Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — Ài nt “4, "1 ee 177 Ver 642 | COCCACÉES. ER FL 2 20 Le développement en a été étudié simultanément par Cienkowski (1), et, beaucoup plus complètement, par Van Tieghem (2), puis par Liesen- berg et Zopf (3). Les cellules végétatives sont sphériques, mesurant de 9,8 u à 1,2y; celles qui se préparent à se diviser sont plus longues et de forme ovale ou en courts bälonnels à extrémités arrondies. Les cellules (fig. 241, 7, 7 NL? Fix. 241. — Leuconostoc mesenteroides : 1, spores isolées ; 2, spores germant: 3, 4, 5, 6, formation des chapelets entourés de leur gaine; 7, chapelets pelotonnés: 8, coupe d'une Zooglée ayant terminé son accroissement ; 9, coupe d'une Zooglée àâgée; les spores se sont formées dans les chapelets ; /0, petite Zooglée de grandeur naturelle. Les figures 1-9 sont grossies 520 fois (d'après Van Tieghem). 2, 6, 7) sont réunies en nombre variable, en chapelets dont les grains restent séparés par une courte distance tant que le développement est actif; lorsque le développement est terminé, les grains se touchent et sont alors régulièrement sphériques (fig. 241, 9). Chacun de ces chapelets est entouré d’une gaine gélatineuse mesurant de 6 y à 20 y, six à vingt fois environ le diamètre d'un grain. Ces boudins gélatineux se recourbent et se pelolonnent, en se serrant fortement (fig. 241, 6, 7), et donnent un tubercule blanchâtre, transparent, compact, à surface mamelonnée, vermiculée (fig. 241, /0). Ce tubercule s'accroît el prend une consistance (1) Crexsowski, Ueber die Gallertbildungen der Zuckerrübensaftes. Charcow, 1878. (2) Van TieGnem, Sur la gomme de sucrerie (Ann. des sc. nat., Bot., VII, 6e série, 1878). (3) LiesexserG et Zopr, Ueber den sogenannten Frochslaichpilz (Leuconostoc) der europaischen Rübenzucker, und der javanischen Rohrzuckerfabriken (Beitr. zür Phys, und Morph, niederer Organismen de Zopf, Heft I, 1892). LEUCONOSTOC MESENTEROIDES, 643 assez ferme pour qu'on puisse y pratiquer facilement des coupes au rasoir. Par suite de la pression que les tubes gélatineux exercent les uns sur les autres, la masse interne prend l'aspect d'un pseudo-parenchyme (fig. DA. à). Quand le liquide nutritif est épuisé, la Zooglée cesse de s’accroitre et commence à dépérir. C'est à ce moment que se forment les spores. Certaines cellules des chapelets (fig. 241, 9) grossissent tout en reslant sphériques, gagnent une membrane épaisse et un contenu très réfringent. Ce sont de véritables spores durables, qui mesurent de 1,8 y à 2 y. Ces spores peuventse trouver aux extrémilés des chapelets ou être intercalées aux autres cellules ; elles sont toujours séparées les unes des autres par un cerlain nombre de cellules végétatives. Les conditions mauvaises conti- nuant à agir, la masse gélati- neuse se dissocie et les diffé- rents éléments de chapelets sont mis en liberté dans le li- quide. Souvent les cellules vé- sélatives, ne trouvant pas les conditions de vie qui leur con- viennent, meurent; les spores résistent aux causes diverses de destruction et gardent même longtemps leur puissance ger- minalive. Si la spore est trans- Fig. 242. — Leuconostoc mesentleroides. Colo- portée dans un milieu nutriuf ration à l’érythrosine (d'après Zetitnow). nouveau, elle germe immédia- tement. La couche externe dure de la membrane se brise, la couche moyenne se gonfle beaucoup et forme une épaisse enveloppe de gelée autour de la couche externe, mince el (transparente, qui entoure le pro- toplasma central (fig. 241, /, 2). Ce coccus s’allonge, donne un court bâtonnel qui s'étrangle en son milieu et se scinde bientôt en deux éléments (fig. 241, 3). C'est le commencement des chapelels que nous connaissons. Dans des jus sucrés, la végétation peut être extrêmement rapide, si de bonnes conditions de température et d'aération se trouvent réumies. D'après Durin (1), 50 hectolitres de dissolution de mélasses à 10 p. 100 de sucre ont été transformés en une masse gélatineuse compacte douze heures après avoir été versés dans une cuve où du jus de belteraves avail séjourné pendant quelques | jours. On c omprend que cette Bactérie puisse devenir un ennemi redoutable pour les sucreries. Le Zeuconostoc mesenleroides intervertit le sucre à l’aide d’invertine qu'il sécrète, puis se nourrit du sucre interverti qu'il brûle complètement. On le cultive très bien dans une solution de sucre de canne à laquelle on ajoute de petites quantités de nitrate et de phosphate alcalins. Le nom de fermentation cellulosique du sucre, qui a été employé, est impropre. Il n'y a d'abord pas fermentation, comme nous venons de le (1) Dur, Sur la transformation du sucre cristallisable en produits cellulosiques (Ann. des sc. nat., Bot., 6° série, IIT, 1877, p. 266). 644 COCCACÉES. voir ; ensuile la malière gélatineuse produite par le développement de cel être vivant n'est pas de la cellulose; elle n’en possède aucunement les propriétés; entre autres, elle ne se dissout pas dans le liquide cupro- ammoniacal. Ce n’est pas non plus une substance albuminoïde ; l'iode, qui jaunit les cellules de chapelets, est sans action sur elle. C’est une malère ternaire qui paraît être voisine de la dextrine, à laquelle Scheibler (1) donne le nom de dextrane, en la rapprochant de la viscose de la fermentation visqueuse. Liesenberg et Zopf ont pu obtenir des cultures pures de cette espèce, en maintenant pendant un quart d'heure à la température de 75° des Zooglées dans la partie gélatineuse desquelles se trouvait en abondance une courte Bactérie en bâlonnets. Grâce à une épaisse enveloppe, le Leuconosloc supporte, sans être alleint, une température de 80e, même 86°, pendant quelques minutes, jusqu'à un quart d'heure. Zett- now (2) a réussi très facilement des cultures pures en lavant à plusieurs reprises, à l’eau ou au bouillon stérilisé, le produit impur ; il en détache ensuite une parcelle qu'il écrase largement sur de la gélatine. Des colonies poussent isolées. Les caractères culturaux donnés par Zett- now sont les mêmes que ceux des auteurs précédents. Sur gélaline, additionnée de sucre de canne, en slrie, elle forme, après dix à quinze jours, une masse épaisse, blanchâtre, formée de pelites sphères gélatineuses, à partie libre, lransparente comme du verre, le tout ressemblant à une cristallisation en croûtes. La consistance en est au début sèche, élastique, cartilagineuse : elle devient molle plus tard. En piqûre, dans l'intérieur de la gelée, les colonies sont sphériques, verruqueuses, ressemblant à des grains de sagou. Sur navet ou sur betterave, on oblient d’épaisses Zooglées semblabies d'aspect à la culture cartilagineuse qui vient d’être décrite (3). Dans le bouillon ou les milieux liquides renfermant 10 p. 100 de sucre de canne et 1 p. 100 de peptone, il se forme d'épaisses Zooglées gélali- neuses. Dans le bouillon peptonisé, sans sucre, le développement de la gelée est très minime ou nul. Ludwig (4) a décrit sous le nom de Zeuconosloc Lagerheimit une espèce quil a rencontrée, avec des Levures et des Moisissures, dans une sorte de maladie de la gomme des chênes. Elle ressemble beaucoup au Leuconostoc mesenteroides et n'en doit {très probablement pas être dis- linguée. Les éléments ronds mesurent de 0,6 u à 0,3 y de diamètre; ils se colorent très facilement au violet de gentiane. Ce Leuconostoc donne sur la gélatine de petites colonies sphériques -ou lenticulaires presque hyalines, qui liquéfieraient le milieu. Cultivé dans des sucs de fruits, il les rend très visqueux, même gélatineux. Koch et Hosaeus (5) ont observé une gomme de sucrerie produite par (1) Scurreree, Recherche sur la nature du dépôt dit « frai de grenouille » (Journ. des fabricants de sucre, novembre et décembre 1874). (2) Zerrsow, Ueber Froschlaichfildungen in Saccharose enthaltunden Flüssigkheiten (Zeilschr. für Hyg., LVIT, 1907, p. 154). (3) Zorr, Die Spaltpilze, p. 72. (4) LupwiG, Ueber Alcoholgährung und Schleimfluss lebender Bäume (Bericht der deutschen bot. Gesellschaft, IV, 1886). 5) Kocn et Hosarus, Ueber einen Froschlaich der Zuckerfabriken (Centralbl. für Bakt., XVI, 1894, p. °95). LEUCONOSTOC HOMINIS. 645 une Bactérie en bâtonnets, sécrétant une longue gaine gélatineuse pédi- culée; ils proposent de la nommer Baclerium pediculatum (Voy. fig. 5, p. 21). Glaser (1) cite son Baclerium gelatinosum belæ comme pouvant produire une semblable maladie des jus sucrés de betterave. Cunnin- gham (2) donne un Leuconosloc comme cause d'une maladie des bette- raves. Ce sont là des espèces encore imparfaitement connues. LEUCONOSTOC HOMINIS Hrava. Hlava (3) a décrit sous ce nom une forme de streptocoque qu'il aurait rencontrée fréquemment dansles maladies éruptives, scarlatine, rou- geole, typhus exanthématique, soit dans le sang, soit dans la cavité buccale. Dans les cultures sur milieux ordinaires, les éléments forment des diplocoques ou des chaînettes semblables à ce qu'on observe avec le Streplocoque pyogène. Dans les milieux renfermant du saccharose, les chaînettes sont entourées d'une épaisse gaine de matière mucilagineuse, transparente, rappelant beaucoup ce qui s'observe chez le Leuconosloc mesenteroides. Cette gaine est constante dans les milieux saccharosés : elle disparaît complètement dans les autres milieux. Les éléments se décolorent par la méthode de Gram; la gaine se colore à la fuchsine phéniquée. Dans le bouillon saccharosé à 1 ou 2? p. 100, ïl se forme, de douze à vingt-quatre heures à 370, un voile membraneux blanchâtre, qui tombe après quelques jours et forme un dépôt d'abord gélatineux, plus tard presque carlilagineux. Le liquide reste toujours clair et montre une forte réaclion acide, due à de l'acide lactique formé aux dépens du sucre. Sur gélose saccharosée, à 37°, se développent des colonies bien spé- ciales, d'aspect vitreux, mamelonnées, incrustées dans le milieu par leur base. Elles gagnent en consistance avec l’âge et prennent alors un bord pius dur et brunätre. Sur les milieux ordinaires et même sur les milieux contenant d'autres sucres, glucose el mallose, on obtient dès cullures, mais d'aspect bien différent, où les chaïneltes ne montrent jamais la gaine mucilagineuse particulière. Sur gélose peplonisée, il se forme de pelites colonies hyalines, sem- blables à des gouttes de rosée, croissant peu el prenant tard une appa- rence blanchâtre. La gélose maltosée ne donne rien de plus. Dans le bouillon ordinaire, glucose ou maltose, il se forme simplement de petits grumeaux au fond du vase. Dans le /arl, on observe une coagulation. Sur gélatine ordinaire, la végétation est très minime et ne liquéfie pas. Hlava l’a rencontré, chez les scarlatineux, dans le sang, sur les amyg- (1) Graser, Zur Gallertausscheidung in Rübensäften (Centralbl, für Bakl., 2% Abth., P5p#819); (2) CuNxiNGHAM, À bacteriale disease of the sugar beet (Bolanical Gazette, XX NII, 1899, p.177). (3) Hrava, Leuconostoc bominis und seine Rolle bei den akuten exanthematischen Krankheiten (Scharlach, Masern, Flecktyphus) (Centralbl. [für Bakt., XXXI, Origi- nale, 1902, p:. 263). 646 COCCACÉES. dales, dans les ganglions Iymphatiques et dans la rate: chez des malades atteints de rougeole, dans la sécrétion nasale, le mucus buccal, le sang et sur les amy gdales : : dans des fausses membranes diphtériques, à côté du Bacille de “Lœffler : dans un cas d’angine phlegmoneuse, sur les amygdales ; dans des cas de coryza contagieux, dans la sécrétion nasale : plusieurs fois dans le tartre dentaire, dans la carie dentaire, même dans la salive normale ou sur des amygdales saines ; dans le contenu stoma- cal chez un dysentérique, dans les selles, et dans un cas d'appendicile suppurée. Hlava admet, en outre, l'identité da Leuconostoc hominis avec le Streplobacille qu'il a signalé dans le sang des malades atteints de typhus exanthématique (1). Ce microbe est, la plupart du temps, sans action sur les animaux, en injection intraveineuse, ou ne détermine que de petites rougeurs au point d'inoculation. Les cultures en sérum humain liquide ont paru un peu pathogènes pour des lapins malingres. Il n’est pas possible, jusqu'ici, d'attribuer à cette espèce un rôle dans l’'éliologie des affections citées. 4e GENRE. — ASCOCOCCUS Brrrroru. La dénomination est de Billroth (2); c ét Cohn (3) qui en a précisé les caractères en décrivant, mieux que ne l'avait fait le premier obser- vateur, la seule espèce connue de son temps. Les cellules rondes, incolores, très petites des coccus sont réunies, par de la gelée peu abondante, en familles sphériques ou ovoïdes, à sur- face régulière ou mamelonnée, entourées d’une épaisse capsule hyaline, de consistance cartilagineuse. Ce genre Ascococcus ne peut être considéré que comme une coupe provisoire. Il n'y aurait peut-être pas lieu de le séparer du type Micro- coccus. D'un autre côté, les Àscococcus serapprocheraient aussides formes qui seront décrites plus loin comme Ascobacterium ou Ascobacillus. ASCOCOCCUS BILLROTHII Cou. L'espèce a élé signalée par Billroth dans l’eau de viande putréfiée ; elle a été plus tard retrouvée par Cohn, se développant dans la liqueur minérale qui porte son nom. Elle forme à la surface des liquides une peau épaisse et visqueuse d'apparence laiteuse, un peu jaunâtre, rappelant la crème qui se forme à la surface du lait cuit. Celte membrane est peu résistante ; en la sou- levant avec une baguette de verre, elle se brise en flocons qui se répandent dans le liquide. Elle est constituée par de nombreux éléments, présentant la disposition en familles si caractéristique. Ce sont des cellules sphériques, incolores, de très faible diamètre, formant par leur réunion un nombre considérable de petites masses rondes, ovoïdes ou ellipüiques, régulières où mamelonnées, Ces coccus sont serrés les uns (1) Hrava, O Typhu exanthematicken (Acad. François-Joseph de Prague, 1893, en tchèque avec résumé en français). (2) Birruorn, Coccobacteria septica. Berlin, 1874 (3) Coun, Untersuchungen ueber Bacterien, I {Beitr. sur Btol. der Pflansen,1°" vol., 2° p., 1875, p. 151). ASCOCOCCUS EOUI. 647 contre les autres et ne laissent voir entre eux que très peu de la gelée qui les unit. Les familles ont, en moyenne, de 20 y à 60 y de diamètre; cer- taines atteignent 160 y. Chacune d'elles est entourée d'une épaisse cap- sule transparente, de consistance dure, cartilagineuse, difficile à briser, même par une forte pression. Cette enveloppe ne se dissout pas dans l’ammoniaque concentrée et ne se colore pas en jaune par l'iode, qui teint au contraire les amas de cellules qu'elle renferme ; elle semble se rapprocher par là des membranes de conslitution ternaire. Chez les familles de grande taille, elle mesuré de 10 y à 15 d'épaisseur. On ne connaît que peu de détails des cultures de cette espèce. Elle se Fig. 243. — Ascococcus Billrothii : 1, grosse colonie formée de huit familles: =— II, co- lonies isolées : a, petile colonie; b, grosse colonie mamelonnée avec épaisse capsule (d’après Cohn). 3 cultive très bien dans la liqueur minérale de Cohn avec les caractères énoncés plus haut ; elle y développe rapidement une odeur de lait aigri ou d'acide butyrique, puis la réaction acide du milieu devient rapide- ment alcaline. Il se dégage de l'ammoniaque, facile à reconnaître avec une baguette de verre imprégnée d'acide chlorhydrique. Elle croît luxueusement sur des tranches de navets ou de betteraves cuites en don- nant de grosses Zooglées blanches, légèrement verdätres. Dans le jus sucré de betteraves, elle produirait une sorte de fermentation visqueuse, en transformant le sucre en un produit gommeux ; il se forme en même temps de l'acide butyrique. Son habitat est l'air; Cohn l’a obtenue en faisant barboter de l'air dans du liquide nutritif. Il est probable qu'on n’en a pas observé jusqu'ici de culture pure; ce dernier observateur ne l'a eue que mélangée avec d’autres Micrococcus. ASCOCOCCUS EQUI. (Botryomyces equi de Béllinger, Discomyces equi de Rivolta, Micrococcus ascoformans de Johne, Botriocoque.) C'est probablement à côté de l'Ascococcus Billrothit qu'il faut placer l'organisme découvert en 1870 par Büllinger (1) dans la botryomuycose du cheval. (1) BücunGer, Mycosis der Lunge beim Pferde (Virchow's Arch., 1870, p. 583). 648 COCCACÉES. Ilse rencontre en abondance dansles tumeurs fibromateuses spéciales, tantôt de petite taille, comme dans le poumon où l’on en rencontre de l'aspect et de la grosseur des tubercules ordinaires, tantôt de taille consi- dérable, comme celles qui se développent dans le cordon testiculaire à la suite de la castration (champignon de castration) ou dans la cavité abdominale. De ces tumeurs fibreuses peuvent, du reste, se rencontrer un peu partout. Elles sont dures, lardacées, ou ramollies, laissant écou- ler, par un ou plusieurs orifices, un pus jaunâtre, grumeleux, pouvant montrer de petites granulations grises ou jaune pâle, d'environ 0"",5 de diamètre. Exceptionnellement, des lésions semblables se rencontrent chez les bovidés et le porc (1). Poncel et Dor {2) ont retrouvé le même microbe dans diverses tumeurs de l'homme, surtout de petites tumeurs papillo- mateuses, pédiculées, se trouvant de préférence à la main et aux doigts; depuis, d’autres auteurs ont rapporté des faits analogues. Le microbe en question se trouve en grand nombre dans la masse des tumeurs ou les grumeaux du pus. IT est accompagné d'habitude des 3actéries ordinaires de la suppuration, ou d'autres espèces, le Wicro- coceus de la septicémie du lapin, le Colitbacille, par exemple, qui jouent dans l’évolution de la maladie un rôle encore indéterminé. Les éléments de l'Ascococcus equi sont des coccus arrondis, mesurant de 1 y à 1,5 y de diamètre et réunis, souvent en très grand nombre, pour former des masses ovoïdes mesurant de 10 y à 100 y et plus de longueur. Chacune de ces masses est entourée d'une sorte de capsule homogène, (ransparente el incolore. Les coccus se colorent facilement aux cou- leurs d’aniline, la capsule pas. //s restent colorés par la méthode de Gram. Des cultures ont été oblenues par Rabe (3),. Poncet et Dor, Galli- Valerio (4) surles différents milieux habituels. Sur plaques de gélatine, on observe, après vingt-quatre heures à 200, de petites colonies rondes ou ovoïdes, à contours légèrement sinueux, qui s'entourent déjà d'un cercle de liquéfacton. D'un blanc grisâtre à l'œil, elles sont jaune sombre, à peine granuleuses, au microscope. En une dizaine de jours, les plaques sont tout à fait liquéfiées et montrent, sur le fond, une poussière jaune-orange. Sur gélatine, en piqûre, 1l se forme en vingt-quatre heures une petite colonie blanche, qui liquéfie très vite el donne, au troisième jour, une cupule de liquéfaction bien nette. La hquéfaction progresse vite, donne un entonnoir, puis un large cône de liquéfäclion dont le liauide, clair, est surmonté d'une pellicule blanc jaunâtre el montre, à son fond, un dépôt de même couleur. Sur gélose, à 379, on trouve, après vingt-quatre heures, de pelites colonies rondes, brillantes, blanc jaunâtre, à centre plus jaune. Elles (1) Nocann et Lecraiwcur, Les maladies microbiennes des animaux, £+ éd., p. 536, (2) Poxcer et Don, De la botryomycose humaine (X7° Congrès franç. de chir., 4897). — Poxcer et Béranrp, Traité clinique de l’actinomycose humaine: pseudo- actinomycose et botryomycose, 1898. — TEN Srernorr, Un cas de botryomycose observé chez l'homme (An. in Sem. méd., 1898, n° 37, p. 302). — LrGraix, La botryo- mycose en Algérie {Ann. de parasilol., 1898, T, p. 148). (3) Raëe, Ueber mykotiche Bindgewebswucherung bei Pferden (Deutsche Zeilschr. [für Thiermed., XII, 18K6). (4) Gacri-Varero, Contribution à l'étude de la botryomycose (Centralbl. für Bakt., XXX, Originale, 1902, p. 598). ASCOCOCCUS EQUI. 649 confluent vite en une large bande jaune-orange pâle. Cette culture peut se décolorer assez vile, mais redonne, par repiquage, des colonies jaunes. Sur sérum coagulé, les colonies sont plus petites, plus bombées, d'un Jaune doré, el ont moins de tendance à confluer. Sur pomme de lerre, à 379, les colonies restent très pelites, d'un jaune doré vif. Dans le bouillon, à 37°, on oblient d’abord un voile blanc jaunâtre, avec un léger dépôl jaune; puis tout se sédimente ; le liquide s'éclaircit, très lard, avec un dépôt jaune doré. Le lait se coagule en trois à quatre jours. Pour certains, les cultures dégagent une odeur agréable, rappelant celle de la fraise ; pour d’autres, elles sont inodores. Les éléments de ces cultures sont des diplocoques ou des staphylo- coques qui peuvent être réunis en amas ovoïdes par une sorte de gangue. Toutefois, on n’observe pas les capsules si nettes qui se rencontrent dans le contenu des tumeurs. L'inoculation de cultures au cobaye ou au lapin donne soit une sepli- cémie, soit des accidents locaux, de petits abcès ou de petits nodules suppurés, dans le pus desquels on peut rencontrer des grains jaunâtres semblables à ceux des tumeurs primitives,ou des diplocoques isolés ou réunis en petits amas sans capsules. D’après Poncet et Dor, linoculation de cultures au cheval ou à l'âne déterminerail ou des suppuralions à grains jaunes, ou des néoplasies identiques au champignon de castration ou aux tumeurs pédiculées de l'homme. | k Chez le cheval, on observe un œædème inflammatoire qui se dissipe en huit ou dix jours ; puis, quatre ou six semaines après, il se produit de lempâlement du tissu conjonclif, une sorte de tumeur dans laquelle on sent des nodosités plus dures qui peuvent s'ouvrir en laissant échapper un pus clair el visqueux montrant des quantités d’amas formés d'Asco- coccus de différente taille (1). Pour beaucoup, il n'y aurait pas à distinguer le Bolriocoque du Sta- phylocoque doré où du Staphuylocoque blanc (2. Pour Parascandolo (3), les caractères des éléments, surtout la capsule, ceux des cultures et de leur inoculation, les réactions bénignes paraissent bien en faire un {type spécial : le sérodiagnostic. les résultats d'immunisation les différencient. Pour Letulle(#),les amasdu Bo/ryomycome seraient fournis parl'agglo- méralion d'éléments de nature amibienne, en voie de dégénérescence hyaline. Bureau et Labbé (5) auraient pu isoler une Amibe de 50 à 60 y, se reproduisant par division el pouvant s’enkyster. Les microbes isolés (1) Voy. aussi : BoruNGer, Ueber Botryomycose bei Pferd (/bid., XIE, 1887, p. 176), et Krir, Der Micrococcus ascoformans und das Mykofibrom des Pferdes {CentralbL. für Baktl., LIL, 1888, p. 177, 207 et 216). (2) Freneric, Ueber die sogenannte münschliche Botryomykose Deutsche med. Wochens:hr., 1909, n° 15). (3) Parascaxnoro, Die Botryomykose (Deutsche (hierarlz. Wochenschr., 1901, p- 182). (4) Lerurce, La botryomycose. Son histogenèse. Sa nature parasilaire (Journ. de physiol., X, 1908, p. 256). (5) Bureau el Laiseé, Sur l'affection connue sous le nom de botryomycose el son parasite (C. À. de l'Acad. des se., XCLVIT, 1908, p. 697). j : 650 BACTÉRIACÉES,. ‘ seraient des espèces pyogènes d'infection secondaire, déterminant des phénomènes de suppuration dans la lésion. de FAMILLE. — BACTÉRIACÉES. Ce groupe renferme des Bactéries dont les éléments, allongés suivant une direction, ont une longueur qui l'emporte sur la largeur. La forme typique est le bälonnel : il Cest tantôt court et trapu, apparait en coupe optique presque comme un carré où comme un court rectangle ; tantôt sa longueur dépasse un certain nombre de fois sa largeur. La première de ces dimensions peut devenirtrès grande par rapport à l'autre; c'est la forme de /ilament. Les bâlonnets ou es filaments sont droits ou courbés. La courbure peut être très simple et ne représenter qu’une faible por- lion de circonférence; elle peut être compliquée : l'élément décrit une spire à tours plus ou moins nombreux, plus ou moins serrés. Quelles que soient la forme ou la longueur de ces éléments, on ne leur distingue jamais d'extrémité antérieure et d'extrémité postérieure, de base ni de pointe ; les mouvements, lorsqu'ils existent, paraissent loujours se faire également dans les deux sens, et, quand des individus se fixent ou plutôt s'accolent à un support, leur partie fixée ne diffère en rien de celle qui reste libre. 3eaucoup d'espèces possèdent de véritables spores endogènes ; en variant les conditions de vie, on arrivera probablement à en reconnaitre à la majeure partie des types de cette famille. Ces spores se produisent dans les cellules mères par condensation du protoplasma : elles sont tantôt plus grosses, ou plus petites que la cellule où elles se sont formées, tantôt égales à elle en largeur. Le plus souvent, au moins, il se forme une seule spore par cellule: dans quelques cas, il semble pouvoir s’en produire deux. Il a pu alors, au préalable, se former dans la cellule un cloisonnement que la grande minceur et l'extrême transparence rendent difficile à distinguer (Voy. p.75). On peut réunir dans cette seconde famille les quatre genres suivants: 1° genre : Bacillus. Éléments en forme de bâtonnets, courts ou longs, droits ou légèrement courbés; 2e genre : Spirillum. Éléments courbés, pouvant décrire une partie de circonférence ou une hélice à plusieurs tours; 3e genre: Leplothrir. Longs filaments simples, droits ou parfois ondulés ; ie genre: Cladothrir. Longs filaments droits ou ondulés, ramifiés d'une facon souvent assez régulière. 1 GENRE. — BACILLUS Conx. Ce genre a élé créé par Cohn (1) en 1872, pour les Bactéries en bâton- nets dont la longueur dépassait un certain nombre de fois la largeur. C'était chez ces seules espèces que l'on connaissait de véritables spores endogènes. La longueur relative élait le seul caractère qui le distinguait du genre Baclerium. Nous savons que ce caractère ne peut être considéré comme 1) Coux, Beiträge zur Biologie der Pflanzen, I, 2° p., p. 173. » BACILLUS. e ; 651 absolu, mais qu'il varie, au contraire, dans des limites très larges, pour des conditions de vie qui peuvent êlre considérées comme normales. De sorte que, suivant le milieu dans lequel elle évolue, une espèce pourrait être alternativement rangée dans le genre Bacillus et le genre Bacterium. C'est ainsi que, chez le Bacillus megalerium | fig. 244 les cellules végé- tatives ordinaires sont des bâätonnets assez longs (1, 9); les cellules qui vont produire des spores sont très courtes, es carrées (2, 3, 4, 9, 6). Des spores ont été constatées, du reste, chez d'anciennes espèces de Baclerium el permis ainsi de réunir dans un même groupe ces deux Lypes si semblables. Davaine (1) avait cru devoir distinguer autrefois un genre Bacleri- Fig. 214. — Bacillus megalerium. 600/1 (d'après de Bary dium, caractérisé par l'immobilité des éléments à tous les stades de leur existence. Il l'avait établi pour la Bactérie du charbon et quelques autres observées dans l'intestin el les infusions. Mais l'absence ou la présence de mouvements n'offre jamais de constance suffisante pour en faire un caractère spécifique. Un grand nombre d'espèces, très mobiles à une certaine phase de leur existence, deviennent complètement immobiles à la période suivante ou seulement quand les conditions de vie, lout en restant bonnes, viennent à chan- ger; beaucoup deviennent inertes, par exemple, au moment de la sporulation. Les Bactéries mobiles 2 / ne différent, du reste, des immo- N biles par aucun caractère de valeur A \ Û q LS Le genre Vibrio d'Ehrenberg était trop peu homogène pour être con- Fig. 245. — Bactérie du charbon sym- servé. Le plus orand nombre de ptomatique (d'après Arloing, Cornevin ses espèces son devras Pas illus, €t Thomas). le restant des Spirillum. {en reste la dénomination française de Vibrion, que l'on ne doit pas One ‘rer comme un terme de classific alion, mais comme une simple expression de valeur générale. Elle à été très employée par l’école de Pasteur, qui l'a appliquée à bien des Bactéries mobiles, Micrococcus où Bacillus. Le Vibrion pyogène esUun WMicrococcus ; le Vibrion lactique, le Vibrion bulyrique, le Vibrion seplique sont des Bacillus. (1) Davaixe, art. BacrÈëriEe du Dicl. encyclop. des sc, méd., 186$, reproduit dans l'Œuvre de Davaine, Paris, 1889, p. 409, 652 BACTÉRIACÉES. Il en est de même du genre Clostridium établi par Prazmowsky (1) pour le Bacillus bulyricus et d’autres espèces dont les bâtonnets se renflent à l'endroit où se produit la spore, et prennent ainsi une forme enfuseau, en massue, en têtard,en battant de cloche. La figure 245, qui représente des spores d'une des espèces types de ce genre, la Bactérie du charbon symploma- lique, montre l’incons- tance et l'irrégularité de ce caractère. Duclaux (2) a groupé sous la désignation de Tyrothrix, sans toute- fois lui attribuer une valeur générique, toute unesérie d'intéressantes espèces qu'il a rencon- trées dans les fermenta- Lions des albuminoïdes, en particulier de la ca- séine du lait. Ces Tyro- thrix appartiennent tous au genre Bacillus, Lel que nous le comprenons ici. Les espèces désignées par Hauser (3) sous le nom générique de Pro- leus ne peuvent être séparées des Bacilles vrais. La variabilité de forme des éléments tient, nous l'avons dit déjà, surtout aux changements introduits dans la composition du milieu. Ces changements d'aspect n'ont, du reste, pas la valeur que leur assigne l’auteur; ses formes spiralées ne sont que des filaments enchevêtrés, et ses coccus sont sou- vent des spores. Quant aux particularités intéressantes que présentent les colonies en culture sur plaques de gélatine (fig. 246), parli- culièrement la mobilité dans la gelée, elles sont loin d'être aussi distincles et spéciales que le veut Hauser. Beaucoup d’autres espèces présentent, à des degrés divers, celte ramifica- Fig. 247. — Colonie de Ba- lion des colonies et le déplacement lent dans cillus_ mesenterieus vu a wélatine visqueuse, près de son point de liqué- er ao Porte faction, donnés ici comme spéciaux. On trouve tous les intermédiaires entre des colonies à expansions radiaires (fig. 247), etcelles qui émettent decesprolongements longs, sinueux, s'étendant au loin dans la gelée, pouvant même se sépa- rer, à un moment donné, de la colonie centrale, lorsque la consistance du milieu est peu forte el s'y prêle. Migula (4) établit trois genres pour les Bactéries en bälonnets, en se basant surtout sur la mobilité et la disposition des cils. Fig.246, — Colonie de Proteus sur plaques de gélatine. (1) Prazmowsky, Untersuchungen über die Entwickelungsgeschichte und Ferment- wirkund einiger Bacterienarten. Leipzig, 1880. (2) Dueraux, Le lait (Étude chimique ét microbiologique. Paris, 1887, p. 218 el suiv.), el Chimie biologique. (3) Hauser, Ueber Faülnissbacterien. Leipzig, 1885. 3) MiGuza, System der Bakterien, 1900, IT, p. 279. BACILLUS ANTHRACIS. 653 ler genre : Bacterium. Éléments cylindriques, courts ou plus ou moins longs, parfois même en filaments de longueur modérée, sans cils vibratiles. Endospores chez certains, pas chez d’autres. 2e venre: Bacillus. Éléments allongés, tantôt courts, tantôt longs, ovoïdes ou en forme de bâtonnels, souvent en longs filaments mobiles avec cils disposés sur toute la surface de l'élément. Endo- spores fréquentes. 3° genre : Pseudomonas. Eléments cylindriques, courts ou assez longs, parfois même en pelits filaments, mobiles avec cils polaires. Endospores chez quelques espèces. Ce sont là des caractères de valeur certainement ; mais on trouve loujours des (ypes intermédiaires nombreux, qui constituent des passages d'une coupe à l’autre, formant des transitions complètes sans qu'on puisse marquer de délimitation nette, ce qui n’est pas d’une classifica- lion satisfaisante et réellement naturelle. De plus, cette classification conduit à éloigner bien des espèces qui ont entre elles des affinités très manifestes. On peut conclure que, pour subdiviser un genre tel que le genre Bacillus, il est prudent d'attendre que l’on ait suffisamment bien décrit un plus grand nombre d'espèces et fixé d’une manière plus précise la valeur des différents caractères, sous peine d’être exposé à voir survenir des intermédiaires, reliant intimement des espèces que l'on a complète- ment séparées dans la classification. Il est, de plus, tout à fait néces- saire, pour élablir des groupes de cette valeur, de n'employer que des caractères bien tranchés, n’offrant pas ces passages insensibles d'un type à l’autre, comme ceux que nous venons de constater. l Pour la simple commodilé de l'exposilion el de l'étude, nous grou- perons les espèces du genre Bacillus que nous allons décrire en trois séries : 1° Espèces pathogènes ; 2° Espèces chromogènes ; 3° Espèces à actions de ferments, à actions diverses ou indifférentes. ESPECES: PATHOGENES BACILLUS ANTHRACIS DaAvaixe. (Bactéridie charbonneuse, Bacille du charbon.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL, IV ET V. C'est l'agent de l'affection éminemment contagieuse connue chez l'homme sous le nom de charbon ou puslule maligne, chez le cheval sous celui de fièvre charbonneuse, chez le mouton sous celui de sang de rale et chez la vache sous celui de maladie du sang. Ces différences de dési- gnalion d'une seule et même maladie chez plusieurs espèces animales proviennent de la variabilité des symptômes, due à la diversité des modes de contagion, et aussi à la réceptivité propre à chaque espèce : il n’a été TR € A à CR M 70 VAT CRT 73 . < ” È à r L ‘ v 654 : | BACTÉRIACÉES. » Ÿ h a possible d'identifier ces affections que lorsqu'on a démontré qu'elles élaient dues à une cause unique. Xayer el Davaine (1) ont signalé, en 1850, la présence de bâtonnets, dépourvus de mouvements spontanés, dans le sang de moutons morts du sang de rate. Pollender (2), en 1855, décrit dans le sang charbonneux des corps semblables, qu'il rapproche des Vibrions de putréfaction. Brauell (3), en 1857, retrouve ces mêmes Vibrions, mais les confond avec les Bactéries de putréfaction, qui se développent si rapidement dans le sang exposé à l'air; pour lui, ils ne sont pas caractéristiques du charbon, mais apparaissent plus rapidement dans le sang des animaux charbon- neux, où l’on peut les rencontrer même avant la mort. Mais l’étiologie de cette affection n'a été mise en évidence que par les recherches ulté- rieures de Davaine (4). Ce savant annonçait, en 1863 (5), à l'Académie des sciences, la constance dans le sang charbonneux de ces mêmes organismes, qu'il y avait aperçus treize ans auparavant, el montrait, en précisant leurs caractères, qu'ils se rapprochaient des Bactéries dont Pasteur étudiail alors les actions physiologiques si curieuses. Dans une série de mémoires, il exposait les résullats de ses inoculations expéri- mentales et en concluait au rôle capital que la Bactérie jouait dans lin- fection. C'était déjà pour lui une véritable espèce, distincte des autres connues et surtout de celles si communes dans les putréfactions, qui, lorsqu'elles élaient pathogènes, déterminaient des accidents tout autres, de nature seplicémique. Se basant mème sur l'immobilité absolue des articles à toutes les périodes de l'existence, il avait cru devoir créer le nouveau genre Bacteridium, d'où le nom de Bactéridie charbonneuse encore souvent employé aujourd'hui. La morphologie de cette espèce fut établie dans ses moindres détails par Koch (6) en 1875, dans son étude magistrale qui a, entre autres détails, fait connaître les spores et leurs remarquables propriétés. Pasteur et ses élèves, Joubert, Roux et Cham- berland, sont arrivés à obtenir des cultures pures de cette Bactérie et à reproduire à leur aide une affection en lout semblable à la maladie char- bonneuse, apportant ainsi une preuve expérimentale des plus démons- trative. En même temps, ils élucidaient les points divers de l'étiologie et de la pathogénie du charbon, metlaient en lumière les moyens prophylactiques à opposer à son développement et découvratent la méthode si féconde de vaccination à l’aide des cultures à virulence atténuée (7). (1) Raven et Davaixe, Inoculation du sang de rate (Mém. de la Soc. de Biol., 1850, p- 141). < (2) Porrexoer, Mikroscopische und microchemische Untersuchung der Milzbrand- blutes, 1855. (3) Bravezz, Versuche und Untersuchungen betreffend den Milzbrand der Menschen und Thiere (Vérchow’s Arch., XI, 1857, p. 131). (4) Davaxe, Recherches sur les infusoires du sang dans la maladie connue sous le nom de sang de rate (C. hi. de L'Acad. des sc., &. LVIT, 1863, p. 320, 391 el 386). (5) Davaxe, C.R. de l'Acad. des sc., 1864 et 1865. 6) Kocu, Die Ætiologie der Milzbrand-Krankheit begründet auf die Entwicke- lungsgeschichte der Bacillus Anthracis (Cohn's Beitr. zur Biol. der Pflansen, IN, 1876, p: 277). (7) Consulter pour plus de détails : Srnaus, Le charbon des animaux et de l'homme. Paris, 1887. © Qt Q1 1 BACILLUS ANTHRACIS. MORPHOLOGIE Caractères microscopiques.— Le Bacillus anthracis, examimeé dans le sang d'un animal mort du charbon, s’y trouve en bâlonnets d'une longueur moyenne de 5 y à 6 w sur une largeur de 1 y à 15 y. On les trouve isolés ou réunis à deux ou plusieurs, en courtes chaînes : parfois, probablement lorsque la division est rapide, les articles ne se distinguent pas facilement à première vue et semblent constituer un filament homo- gène atleignant jusqu'à 20 y de long. À l’aide de bons objectifs et en faisant intervenir les réactifs colorants, on apercoit les minces cloisons qui séparent les cellules dont la longueur est au plus le double de la largeur. Souvent, au contraire, les bâtonnets composant une même chaîne paraissent écartés les uns des autres ; il existe entre deux éléments qui se suivent un espace clair, dont la forme irrégulière est due à ce que les extrémités des articles ne sont pas coupées nel, en carré, mais sont limitées par une ligne légèrement sinueuse ; l'aspect rappelle assez bien celui d'une tige de bambou, avec nœuds et entre-nœ ne (fig. 248). C’est un caractère sur lequel Koch insiste beaucoup et qu'il donne comme tout spécial au Bacillus anthracis. 1 permet de différencier cette espèce d'autres que lon peut rencontrer dans les mêmes conditions. On ne l'observe que sur les préparations 4 c pete Ur ’ res : ig. 248. — Sang de cobaye fixées et colorées aux procédés habituels, ce Yort du charbon (Obj. qui peut faire penser qu'il est dû à laction apochr.1,30.— Oc. 4, Zeiss). des réactifs employés; il n’en perd, du reste, - aucunement sa valeur. Ce caractère ne se voit pas, d'ordinaire, sur les préparations faites avec des cultures. Fréquemment, dans les produits provenant directement de l'orga- hisme, autour des bâlonnets se distingue une mince zone claire, hyaline! qui paraît due à la couche périphérique g gélifiée de la membrane (1), et constilue une véritable capsule (2). Cet aspect ne s'observe pas dans les produits des cultures. Cette capsule, n'existant que dans l'organisme, serait une protection contre les phagocytes (3) et pourrait mème être con- sidérée comme une formation de dégénérescence (4). Lorsque ces Bactéries sont cultivées dans certains milieux, surtout liquides comme le bouillon, l'humeur aqueuse ou le sérum sanguin, elles croissent en très longs filaments de même largeur qu'elles, ondu- leux, enchevêtrés, formant parfois de véritables tresses, qui, traités par les réactifs, montrent d'ordinaire une segmentalion en articles plus courts que les bâtonnets du sang. Ces filaments, comme les bâlonnets (1) Prerez, Studien über Morphologie und Biologie der Milzbrandbacillus (CentralbL. für Bakt., XXIV, 1904, p. 280). (2) Kerx, Ueber die Kapsel des Anthraxbacillus (Centralbl.'für Bakt., XXIT, 1897, p. 166). — Fiscur£iper, Beiträge zur Kenntniss der Milzhbrandes (/bid., Originale, LI, 1909, p. 342). (3) Gruser et Fuzakxr, Seroactivität und Phagocytose (Münch. med. Wochenschr., 1906, p. 249). (4) Barz, Die Kapselbildung von Milzbrandbacillus (Centralbl. für Bakt., XLVT, 1908, p. 488). 696 BACTÉRIACÉES. du reste, ne montrent qu'un protoplasma en apparence très trans- parent, presque dépourvu de granulations. Ces formes sont toujours immobiles. Toussaint (1) a décrit de légers mouvements d’oscillation chez les lrès jeunes bâtonnets naissant de spores, mouvements qui cessent complètement quand l'élément a attein! assez de longueur pour se diviser. Nicolle et Trenel signalent une très légère motlité des bitonnets du vaccin I de Pasteur, où Dupond (2) aurait réussi à mettre en évidence des cils répartis sur toute la surface. Ces asserlions demandent à être vérifiées. Formation des spores. — Lorsque des éléments bien vivants se trou- vent en contact avec de l'oxygène libre, ils produisent rapidement des spores. IT ne s’en forme ja- mais en l'absence de ce gaz, ou en présence d'oxygène combiné, même quand la combinaison est facile à dé- truire, comme l'hémoglobine oxygénée; 1l ne s’en forme Jamais, par conséquent, dans le sang ou dans les tissus ou humeurs de l'organisme. Les longs filaments des cultures produisent très vite des spores dans leur inté- rieur. Bien qu'on décrive généralement les spores comme formant parfois des Fig. 219, — Formation des spores chez le Bacillus chapelets dans ces filaments. anthracis. 900/1. il ne semble pas qu'il puisse se produire plus d’une spore par arlicle. La segmentalion des filaments doit se faire avant la sporu- lalion. Mais l'extrême minceur des cloisons et leur disparition, qui commence dès que la spore est formée, en rendent l'observation fort difficile. On aperçoit au début, en différentes parties de la longueur d'un filament, des séries de points sombres, qui sont l’indice d’ue con- densation du protoplasma. Chacune de ces taches grandit et forme une spore ovale, très réfringente, située au milieu du filament dont elle ne remplit pas la largeur (fig. 249). Peu de temps après la formation des spores; les filaments qui les ont produites pälissent, leurs contours perdent leur netteté ; la membrane se gélifie et se dissout dans ïe liquide ambiant. La spore est mise en liberté. Pour germer, elle doit être transportée dans un milieu nouveau. Elle s’y développe rapidement, mais seulement quand elle est en présence d'oxygène libre; le dévelap- pement devient visible après trois ou quatre heures. D’après Koch, il se forme autour de la spore, aux dépens de la membrane, une zone claire, hyaline, qui l'entoure comme d’une auréole. La masse centrale s'allonge suivant son plus grand diamètre, perd son éclat et se trans- (1) Toussaixr, Recherches expérimentales sur la maladie charbonneuse (CG. R. de l'Acad. des sc., 1871). 2) Duroxv, Recherches sur la motilité et les organes moteurs des Bactéries. Thèse de Nancy, 1905. BACILLUS ANTHRACIS. 637 forme directement en une cellule végétative. Tous ces différents pro- cessus, croissance des filaments, formation des spores, germination, s’observent facilement à l’aide des cultures en cellules sur porte-objet, dont le mode de préparation a été indiqué page 279. Le temps qu'un Bacille du charbon bien vivace met pour donner des spores, dans les cultures, est fonction de la température. À 37°, 35° et 31°, la sporulation commence en moyenne après seize heures ; à 24°, après trente-six heures; à 180, après cinquante heures. A 12°, quelques bâtonnets peuvent encore produire des spores; au-dessous, on n'en observe plus (1). Le temps que les spores mettent à germer varie également avec la température. À 37°, la plupart des spores germent en huit heures environ ; à 240, en seize heures: à 18°, en soixante-dix heures ; à 12°, la germination est difficile et très ralentie. Une nouvelle génération de spores se produit à 37°, après environ vingt et une heures; à 30°, après vingt-deux heures ; à 24°, après quarante-huit heures ; à 18°, après quatre-vingt-seize heures. Les antiseptiques font perdre rapidement le pouvoir germinatif; d'après Weil (2), un court contact avec des solutions d’acide phénique à 1,5 p. 100 ou de formol à 1 p. 100 empêche les spores de germer dans les milieux de culture. Les propriétés physiologiques des spores sont aussi intéressantes que les particularités de leur développement. Celle qui domine toutes les autres et joue le rôle le plus important est la résistance considérable de l'élément aux causes de destruction qui portent rapidement attemte à la vitalité de la cellule végétative. Tandis que les bâtonnets ordinaires sont tués vers 60°, les spores complètement formées résistent, dans un milieu humide, à 95° pendant dix minutes ét peuvent être chauffées à 80° pen- dant longtemps sans périr (3). Koch a pu même observer le développe- ment de spores qu'il avait portées peu de temps à 123° dans l'air sec. Elles supportent de même l’action de l'oxygène comprimé et de très fortes pressions. Enfin la dessiccation, la privation d'aliments ou d'air, l’action de beaucoup d’antiseptiques n’ont aucune prise sur ces organes reproducteurs. Sous des influences encore mal déterminées, des cultures de Bacillus anthracis peuvent perdre la propriété de former des spores tout en con- servant leur virulence. Il se produit ainsi une variété asporogène pou- vant infiniment se perpétuer telle quelle, uniquement par mulüplication végétative. Chamberland et Roux (4) l'ont obtenue en faisant agir sur les cultures des doses faibles d’antiseptiques, de l'acide phénique et du bichromate de potasse surtout. Lehmann (5) a observé le même fait dans de vieilles cultures sur gélatine. Surmont et Arnould (6) donnent (1) Wei, Zur Biologie der Milbrandbacillus. Thèse de Berne, 1899. (2) Werx, Zur Biologie der Milzbrandbacillus. Thèse de Berne, 1899. — Zur Biologie der Milzhbrandbacillus : Die Sporenauskeimung (Arch. für Hygiene, NXXNIX-M1901): (3) Roux, De l'action de la chaleur et de l'air sur les spores de la Bactéridie du charbon (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1887, p. 392). (4) Cwausersaxn et Roux, Sur l'atténuation de la virulence de la Bactéridie char- bonneuse sous l'influence des antiseptiques (C. R. de l'Acad. des sc., NCVII, 1885, p. 1090). (5) Leumanx, Ueber die Sporenbildung bei Milzhrand (Münch. med. Wochenschr., 1887, n° 96). (6) Surmowr et Arnouzo, Recherches sur la production du Bacille du charbon aspo- rogène (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 816). Macé. — Bactériologie, 6° édit, I. — 42 658 - _ BACTÉRIACÉES. comme procédé de choix, pour obtenir du charbon asporogène, le pro- cédé de Roux à l'acide phénique : si, à son aide, on n'obtient pas de suite le résultat cherché, ils recommandent de soumettre au préalable le charbon à des cultures en série à 12°, en réensemençant de cinq en cinq Jours. Phisalix (1) a obtenu une variété asporogène et à éléments courts, presque ovoides, ressemblant un peu à des microcoques, en cultivant le microbe en sacs de collodion dans le périloine du chien (Bacillus anthracis brevigemmans). Dans les bouillons de culture, surtout dans ceux qui sont ensemencés depuis longtemps, on remarque souvent des filaments modifiés dans leur forme et leurs dimensions, présentant sur leur parcours des renfle- ments irréguliers, ovoïdes ou en forme de bouteilles, des formes en clou, des formes courbes, des séries de grains plus ou moins arrondis, de diamètre très inconslant, souvent avec des vacuoles; ce sont des formes d'involultion, indice d'un certain épuisement du milieu. Plusieurs obser- valeurs ont décrit, à tort, de ces formes arrondies comme des coccus, faisant partie normalement du cycle évolutif de l'espèce. Coloration. — Les bâtonnets pris dans le sang ou les éléments des cultures se colorent très bien aux couleurs d'aniline par les procédés ordinaires. La fuchsine phéniquée de Ziehl ou la thionine phéniquée réussissent en particulier très bien. [ls reslent colorés par la méthode de Gram. On obtient de belles colorations des spores et du restant des arlicles filamenteux qui les produisent par le procédé de double colora- lion des spores décrit page 593. Les capsules se colorent bien aux méthodes spéciales de coloration des capsules indiquées page 398. L'emploi du bleu-éosine de Roma- nowsky (p. 388) donne aussi de bons résullats; le proloplasma des éléments est coloré en bleu, des granulations chromaliques sont colorées en rouge, les capsules en rose brillant. Cultures. — Les cultures du Bacille du charbon réussissent facile- ment sur tous les milieux. Il est facile d'en obtenir avec du sang d’ani- mal charbonneux, qui, lorsqu'il est pris avec les précautions néces- saires, peut ne fournir que celte seule espèce. Dans les cas où plusieurs Bactéries s'y trouvent mélangées, l'emploi des cultures sur plaques permet aisément d'isoler le Bacillus anthracis, qui donne des cultures d'aspect si spécial el si caractéristique qu'il n’est guère possible de craindre une méprise. Pasteur a employé, au début de ses recherches, les milieux dont il se servail à celte époque pour ses études sur les fermentations, surtout sa solulion minérale et l'urine stérilisée et légèrement alcalinisée. L'espèce y végèle, mais à coup sûr bien moins abondamment que dans les bouillons de viande, qui sont aujourd'hui le milieu liquide à choisir. Le développement ne se fait exclusivement qu'en présence d'oxygène; le Bacille du charbon est un aérobie vrai. La privalion d'air tue rapi- dement les cellules végétatives, mais respecte les spores qui y résistent longtemps. Un certain degré de chaleur est nécessaire pour la crois- sance : la division ne pourrait plus s'opérer au-dessous de 12°: les spores ne se forment plus au-dessous de 150, Il paraît ÿ avoir un (1) Pnisarix, Sur une variété de Bacille charbonneux à forme courte et asporogène, Lacillns anthracis brevigemmans (Sac, de Bial:, 4 août 1900), bus... da. à BACILLUS ANTHRACIS. 659 optimum de végétation situé vers 35°-370, À 430, la formation de spores s'arrête; la multiplication végétative continue lentement pour cesser bientôt tout à fait lorsque la température dépasse 45°. C'est un point intéressant à noter, dont nous trouverons bientôt une importante appli- cation, qu'il ne peut jamais se former de spores dans des cultures maintenues avec soin et sans interruption à 43°. CULTURES SUR PLAQUES DE GÉLATINE. — On obtient aisément de belles colonies sur plaques, en maintenant les cultures à une température d'au moins 15°. Dans ces conditions, on aperçoit déjà après vingt-quatre heures, à l'œil nu, de petits points blancs dans la gélatine. Examinés à un grossissement de 60 diamètres environ, ces points apparaissent comme autant de petites colonies granuleuses, arrondies, teintes d'une couleur jaune sale, à bords légèrement sinueux. Ces colonies grandissent de plus en plus; l'aspect de leur substance change. Au bont de trente- six heures, il se forme dans leur masse des filaments très reconnais- sables, qui la font ressembler à un petit amas de fil irrégulièrement pelotonné ; les sinuosités des filaments apparaissent nettement à la péri- phérie; certains d’entre eux peuvent même sortir de la masse et onduler dans la gélatine ambiante (fig. 250). Les colonies de trois ou quatre jours ont un aspect tout autre (fig. 251). Elles sont entièrement formées Fig. 250, — Colonie de Bacillus Fig. 251, — Colonie de Bacillus anthracis anthracis développée sur développée sur plaques de gélatine après plaques de gélatine après trois jours. 60/1 (d'après une photo- trente-six heures, 60/1 (d’a- graphie). près une photographie). par un rassemblement de filaments réunis en mèches ondulées d'aspect élégant, rappelant les cheveux bouclés, ou de flocons colonneux blan- châtres, réguliers, plongés dans la gelée transparente. Quand les colo- nies ont atteint 3 ou 4 millimètres, la gélaline se liquéfie autour d'elles ; elles se désagrègent, les flocons dissociés flottent dans un liquide clair. CULTURES DANS LE BOUILLON. — Dans du bouillon placé à l’étuve à 30°-35°, on observe en un jour des flocons blancs, assez denses, se former à la surface et surtout contre les parois du vase. Ces flocons peuvent rester adhérents au verre ; le plus souvent, ils se détachent et tombent dans le liquide. Ils y nagent pendant assez longtemps el appa- raissent alors comme de légers nuages dans le bouillon resté limpide ; par agitation, ils n’en troublent pas la transparence. À un moment donné, ils se précipitent et forment, au fond du vase de culture, un sédiment blanchâlre, moins léger, qui se répand dans le liquide dès qu'on remue le ballon, et le trouble uniformément. On se rend faci- CES A) RÉ E NTe. CORtTS SONO PET EE FÉTRR ant 4 4 Fr n : * £ Le 2" à 660 PACTÉRIAGÉES. SN AE PAT a lement compte de ses particularités, en examinant la culture au micro- scope, à chacune de ses différentes phases. Les filaments du début sont longs, flexueux, enchevêtrés ; les spores commencent à se former dans leur intérieur. Dès qu'ils tombent au fond du vase, la sporulation est terminée ; la membrane commence à se résorber pour mettre les spores en liberté. Enfin le dépôt des cultures âgées est uniquement formé de spores libres, qui se répandent dans tout le liquide à la moindre agitation. CULTURES SUR GÉLATINE. — En piqûre dans un tube de gélatine, le DENTS PE. Fig. 252, — Très jeune Fig. 253. — Culture de Fig. 254. — Culture âgée culture sur gélatine de HACLLInE ANT ECS NAN de L Bacillus anthracis Bacillus anthracis. âgée. sur gélatine. La géla- tine est en partie li- quéfiée. développement est bien aussi caractéristique. Tout au début, de vingt- quatre à trente-six heures après l’inoculation d'habitude, il se forme dans le canal de la piqûre une mince bande blanchâtre, d'où partent, en direction perpendiculaire, de nombreux petits filaments droits, déve- loppés surtout dans la partie supérieure (fig. 252). La culture a un A BACILLUS ANTHRACIS. 661 aspect duveteux; G. Roux (1) la compare tres heureusement à une mince radicule de plante en germination, munie de ses poils radicu- laires. Cet aspect caractéristique s'observe surtout lorsqu'on ensemence du sang charbonneux. Ces filaments grandissent peu à peu et envahis- sent au bout de quelques jours toute la gélatine qui entoure la piqüre. La culture prend l'aspect représenté figure 253; elle ressemble à ces flocons blanc brillant qui surmontent le fruit de beaucoup de chardons. A la surface de la gelée se produit une mince colonie blanchàtre qui fait suite à celle qui s'est développée dans le canal. Après une dizaine de jours, la gélätine se liquéfie progressivement (fig. 254). Lorsque la liquéfaction a envahi une grande partie du tube, on voit nager dans le liquide complètement clair un gros flocon blanc, produit par la colonie duveleuse légèrement tassée sur elle-même. Plus tard, la colonie se désagrège, tombe et vient former un dépôt blanc sale au fond du tube. CuLTuREs SUR GÉLOSE. — Sur gélose, il se produit le long de la strie une colonie blanchâtre, assez épaisse, d’une consistance friable, à bords souvent dentelés. CuLTURES sur séRUM. — Sur sérum coagulé, en strie, la culture, blanchâtre au début, liquéfie assez rapidement le milieu. Dans le sérum liquide, la culture prend, dès le second jour, l'aspect de flocons enche- vêtrés; vers le douzième jour, le sérum est devenu plus consistant, comme gélatineux ; la fluidité reparaît ensuite. CULTURES SUR POMME DE TERRE. — Sur pomme de terre, la végétation est abondante. Elle donne en quelques jours une couche épaisse, d’un blanc sale, opaque, à bords légèrement transparents. La culture dégage une odeur aigrelette. CULTURES DANS LE LAIT. — Ensemencé dans du lait stérilisé, le Bacille du charbon se développe très vite. Dans un ballon, au bout de quelques jours, le lait devient plus limpide et se colore légèrement en jaune. La malière grasse se rassemble à la surface et le pelit-lait à la partie infé- rieure. À la longue, une partie de la matière grasse disparaît. Ces cul- Lures prennent une odeur de fromage pourri et deviennent brunes après plusieurs mois. Dans un tube, au contraire, en deux ou trois jours, le lait est transformé en une masse solide, grumeleuse, qui occupe le fond du tube et est surmontée d’un liquide clair, incolore, fortement alcalin. D'après Roger (2), la modification est due à la sécrétion d’un ferment coagulant la caséine; dans le premier cas, la Bactérie, pouvant se déve- lopper dans le milieu largement aéré, consomme la caséine avant que la modification se soit produite. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES Vitalité et virulence. — La vitalité du microbe varie suivant qu'il a formé des spores, ou pas. Les bâtonnets ordinaires sont peu résis- Lants; dès que les spores sont formées, la résistance devient grande. Les cultures, faites comme nous venons de l'indiquer à une température de 159 au moins, possèdent une virulence identique à celle du sang pris sur un animal charbonneux. Les effets déterminés par l’inoculation de (1) G. Roux, Traité de pathologie générale de Boucnarp, t. Il, p. 604. - (2)Rocer, Action de la Bactéridie charbonneuse sur le lait (Soc. de Biol., 18 mars 1893). 662 BACTÉRIACÉES. sang et de produits de cullure sont identiques. La Bactérie du sang est tout aussi avide d'air que celle des cultures; seulement, elle enlève l'oxygène à la combinaison faible qu'il forme avec l'hémoglobine. C’est peut-être à cet élat asphyxique qu'est due la teinte noirâtre du sang, observée aussi dans le charbon de l’homme, qui a fait donner le nom à la maladie. Toutefois, il faut se souvenir que les bâtonnets du sang ne forment jamais de spores el se reproduisent uniquement par division; les spores ne peuvent se former qu'à l'air, en présence d'oxygène libre. Produits formés dans les cultures. — La matière albuminoïde des bouillons, celle du sérum, la caséine du lait, sont transformées en ammoniaque (1), qui donne aux cullures une réaction forlement alca- line; la transformation s’arrêle, probablement avec la végétation, lorsque la proportion d'’ammoniaque contenue dans le milieu à atteint un cer- lain chiffre. D'après Iwanow (2), il se formerait, en outre, de l'acide acé- tique, de l'acide formique el de l'acide caproïque., Maumus (3) a observé, dans les cultures sur pomme de terre, la transformation de l’amidon en glucose, qui est alors probablement utilisé comme aliment par la Bac- térie. M'° Napias (4) a démontré que le Bacille du charbon atlaquait facilement les matières amylacées el les sucres en donnant de l'acide lactique, puis de l'acide acélique, qui peuvent même être brûlés quand l'hydrate de carbone vient à manquer; ces propriélés amylolyüques seraient plus marquées ævec les races atténuées. Dans les cultures sur milieux peptonisés, il se forme des traces d’hy- drogène sulfuré, mais pas d'indol. Les cultures virulentes renferment des produits loxiques déjà signa- lés par Toussaint (5) en 1878. Hankin (6) a isolé de telles cultures une matière albuminoïde (albu- mose) toxique, à laquelle, d’après lui, la Baclérie du charbon devrait sa virulence. I] l’obtient en précipitant par l'alcool, lavant le précipité à l'alcool, séchant. Cette substance est excessivement toxique; à des doses très minimes, elle vaccinerait les animaux d'expérience contre les produits les plus virulents. Plus tard, Hankin et Wesbroock (7) annoncent avoir retiré des cul- tures de Bacille du charbon une diastase particulière qui décompose les matières protéiques avec formation d’'albumoses qui leur ont paru inac- lives. Le microbe peut, en outre, produire directement une autre albu- mose, qui, sans effet loxique à dose ordinaire, chez les animaux sen- sibles au charbon, aurait au contraire une action toxique énergique sur les animaux qui jouissent d'une immunité relalive à l'égard du charbon, (1) Pernvomix, Sur la transformation des matières azotées dans les cultures de Bacté- ridie charbonneuse (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1888, p. 354). (2) Iwaxow, Sur la production des acides volatils dans les cultures du Bacille char- bonneux (Ann. de l'Inst. Pasleur, I, 1892, p.131). (3) Mauuvus, Sur la transformation de l’amidon végétal en sucre par le Bacille du charbon (Soc. de Biol., 28 janvier 1893). (4) Me Napras, Action de la Bactéridie charbonneuse sur les hydrates de carbone (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 232). (5) Toussaixr, C. R. de l'Acad. des sc., avril 1878. (6) HaxkiN, Immunity produced by an Albumose isolated from Anthrax cultures Brilish med. Journ., 1889, p. 810). (7) Haxkix et Wessnoock, Sur les albumoses et les toxalbumines sécrétées par le Bacille charbonneux (Ann. de l’Insl. Pasteur, VI, 1892, p. 633). base : | BACILLUS ANTHRACIS. 663 fait contraire à ce que l’on observe habituellement. En outre, cette albumose, à doses très petites, conférerait aux souris une très grande résistance, voire même parfois l’immunité complète, envers l'infection charbonneuse. Martin (1) a rencontré dans des cultures âgées de dix à quinze jours, faites dans du sérum alcalinisé : 1° deux albumoses, prolo-albumose et deutéro-albumose, etune trace de peptones; tous ces produits réagissent comme des peptones; 2° un alcaloïde; 3° de petites quantités de leucine et de tyrosine. Les albumoses mélangées ne lui ont semblé toxiques qu'à des doses assez fortes; en les traitant par de l'alcool acidulé, on en obtient des traces d’un produit très toxique. L'alcaloïde, soluble dans l'alcool, l'alcool amylique et dans l’eau, donne avec les acides des sels cristallisables. Il est plus toxique que les albumoses. Brieger el Fraenkel (2), en opérant comme Hankin, ont obtenu une matière albuminoïde loxique, qui, à l’état sec, est une poudre grisâtre très légèrement soluble dans l'eau. Enfin, en dernier lieu, Marmier (3) a extrait, de cultures dans le sérum liquide et les bouillons, une substance toxique qu'il obtient en traitant le liquide filtré par le sulfate d’ammoniaque à saturalion; il se produit un précipité qui est recueilli sur filtre et lavé à l’eau saturée de sulfate d'ammoniaque. Par dessiccation, il reste une substance amorphe, pul- vérulente, brunâtre, soluble dans l’eau, insoluble dans le chloroforme. Elle ne présente aucune des réactions des matières albuminoïdes, des peptones ou des alcaloïdes; elle est sans action sur l'empois d’amidon, sur les solutions de sucre de canne ou de glycogène. Inoculée aux ani- maux sensibles au charbon, elle amène à certaines doses la mort par cachexie; les animaux réfractaires au charbon paraissent insensibles aux inoculations. Elle est atténuée, mais non complètement détruite, par chauffage à 110°. En traitant des cultures sur gélose par de l’eau alcoo- lisée, on en retrouve dans le liquide: ce qui peut faire penser que celle Loxine est contenue dans le corps des Bacilles et ne diffuse à l'extérieur que dans certaines conditions de milieu. Les doses de ce produit qui peuvent amener la mort du lapin sont variables, et toujours très élevées par rapport à ce qui s'observe avec des toxines bien connues; il en est qui succombent avec 25 milli- grammes, d'autres seulement avec 100 et 200 milligrammes. Ce ne sont pas là les caractères habituels des véritables toxines microbiennes. 3oidin (4), en traitant du produit de cultures par l’éther ou le chloro- forme, a obtenu un extrait gras qui, à doses minimes chez le cobaye, produisait un gros œdème gélatineux. Résistance aux conditions de milieu. — Ici, comme on le concoit facilement, les résullals varient suivant que l’action s'exerce sur les (1) Marin, The Chemical Products of the growth of Bacillus anthracis (Proceed. of royal Sociely of London, 22 mai 1890). (2) Brigcer et FraExker, Untersuchungen über Bacteriengifte (Berlin. klin. Wo- chenschr., 1889, nos 11 et 12). (3) Manmier, Sur la (oxine charbonneuse (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 533). (4) Born, Recherches sur les poisons de la Bactéridie charbonneuse (Arch. de méd. expér., 1905, XVII, p. 695). 664 BACTÉRIACÉES. simples formes végétatives, bâtonnets ou filaments, ou sur des spores. La spore résiste beaucoup plus à toutes les conditions défavorables que la simple forme végétative (1). La chaleur tue rapidement les bâtonnets sans spores, ceux de cultures très jeunes ou ceux du sang frais, par exemple. D'après Roux et Cham- berland, ces éléments sont tués après une chauffe de quarante minutes à 5, même vers 50° après une heure d'action. D'après Weil (2), la mort des cellules végétalives survient, dans les bouillons, très vite aux températures voisines de 100° et après quelques minutes aux températures suivantes : Ares AMMINUTE A EEE D El eee Re PURE CEE s00 V'ironaute 1/2 HR Er LEONE RE EL LEE 790 2250 MIHULES ARR encre ETES CT EPA 780 — 3 — AE Le ME Ce ei tn tete EE tn de ES Pere ri) — À — ARR RE Ts PERS LE PC NOR 700 — 5 — 1 7 RE: RM A RSR ET A ee EE LNÉ 690 A des températures plus basses, on peut encore obtenir la mort après un temps assez long; ainsi, du sang charbonneux ne renfermant pas d'éléments sporulés est stérilisé par un chauffage d'une demi-heure à 51°. Mais sans ces conditions la disparition de la virulence n’est pas brusque; ce que l’on observe, c'est une diminulon graduelle de vitalité se traduisant par la lenteur à donner de nouvelles cultures, et une baisse graduelle également de la virulence, comme il sera dit plus loin (p. 668). Les spores bien mûres résistent une dizaine de minutes à une lempé- rature humide de 950; 100° les tuent en-trois ou quatre minutes. A sec, il faut faire agir 120° pendant plusieurs heures pour les tuer sûre- ment. La lumière solaire détruit en huit à seize heures la virulence du sang charbonneux au contact de Pair; à l'abri de l'air, la virulence persiste beaucoup plus longtemps. La dessiccation est peu active sur les bâtonnets: elle est sans acuüon sur les spores. Dans le sol, l’eau (3), dans des débris en putréfaction, les cellules végé- talives ne meurent qu'après plusieurs mois ; les spores se conservent très longtemps. Les divers antisepliques tuent facilement les cellules végétatives ; ils ont bien moins d'action sur les spores. Ces dernières gardent leur viru- lence après avoir supporté l’action de l'alcool absolu pendant cent vingt-quatre jours, de l'acide phénique à 1 p. 1000 pendant soixante et un jours, du sublimé à 1 p. 1000 pendant une heure; le sublimé (1) Roux, De l’action de la chaleur et de l’air sur les spores de la Bactéridie du charbon (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1, 1887).— ArLoixG, Influence de la lumière blanche et de ses rayons constituants sur le développement et les propriétés du Bacillus an- thracis (Arch. de Physiol., VIT, 1886, p. 209). — Momoxr, Action de la dessiccation, de l'air et de la lumière sur la Bactéridie charbonneuse filamenteusé (Ann. de l’Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 21). (2) Wei, Loc. cil., p. 657. (3) Coxnant, Ueber die Lebensdauer pathogener Bakterien im Wasser (Centralbl. für Bakt., 1te Abth., Originale, XXXVI, 1904, p. 203). LE BACILLUS ANTHRACIS. À 669 à 2 p. 100 les tue en trente minutes, à 1 p. 100 en deux heures. On observe un véritable antagonisme microbien entre le Bacrlle du charbon et d'autres espèces. La plus importante de ces dernières est le Bacille pyocyanique, comme l'ont bien montré Bouchard et Charrin. Dans les cultures en bouillon où les deux microbes sont ensemencés, le Bacille pyocyanique se développe seul, le Bacille du charbon a rapide- ment disparu. Le fait est dû à la production de pyocyanase qui jouit de propriétés bactériolyliques puissantes. EL cette dissolution du Bacille du charbon par la pyocyanase ne s'observe pas seulement in vitro, mais également dans les organismes vivants où s'exerce aussi la puissance bactéricide en question, à tel point qu'il est possible, en faisant inter- venir la pyocyanase, d'empêcher l'infection charbonneuse chez le lapin. D’autres microbes agissent dans le même sens. Le Sireplocoque pro- duit des effets semblables, mais moins énergiques. Le Pneumobacille est nettement antagonislie chez le lapin. Le Slaphylocoque doré et le Pneu- mocoque agissent seulement dans les cultures. Enfin, dans le lait non stérilisé, les ferments lactiques pourraient faire disparaître le Bacille du charbon en vingt-quatre heures; il en serait de même pour certains processus putrides. INOCULATION EXPÉRIMENTALE L'infection de l'organisme peut se faire par des voies différentes. Le mode de pénétration le plus employé est l’inoculation sous-cutanée. 11 suffit de faire une petite boutonnière à la peau d'un animal susceptible de contracter le charbon et d'y déposer quelques Bacilles ou quelques spores, ou, plus simplement, de la piquer avec une aiguille ou un ins- trument aigu trempé préalablement dans un produit virulent, pour voir l'affection apparaître et évoluer avec ses symptômes typiques. Ce mode d'infection est rare dans la nature, où, sauf pour l'homme qui s'inocule souvent par la peau, la porte d'entrée est ailleurs, généralement. C’est surtout par la surface intestinale que l'agent virulent pénètre dans le sang chez les animaux domestiques, où la maladie à été considérée pendant longtemps comme spontanée, soit que la muqueuse présente une de ces éraillures si fréquentes, qui permettent l'introduction directe, soit que les Bacilles puissent traverser activement les couches superfi- cielles el parvenir dans le système sanguin. Les différentes espèces animales sur lesquelles on est amené à expé- rimenter présentent des degrés divers de réceptivité pour la maladie charbonneuse. Parmi les plus sensibles, nous rencontrons ceux qui sont décimés par l'affection quand elle sévit épizootiquement, les moutons, les chèvres, les chevaux, les vaches. Avec eux, les lapins, les cobayes, les souris, sont des plus faciles à infecter. Les rats ordinaires présentent plus de résistance, ainsi que les jeunes veaux, d’après les expériences de Chauveau (1). Les rats blancs, qui ont été donnés par bien des obser- vateurs comme réfractaires, ne présentent pas, d'après Metschnikoff (2), (1) Cnauveau, Sur la résistance des animaux de l'espèce bovine au sang de rate (C. R. de l'Acad. des sc., XCI, 1880, p. 1526). (2) Merscaxixorr, Étude sur l'immunité, II : Le charbon des rats blancs (Ann. de l'Inst. Pasteur, IV, 1890, p. 193). 666 BACTÉRIACÉES. d'immunilé complète; 1ls offrent seulement une résistance plus ou moins considérable qui peut être vaincue facilement. 11 se produit chez eux, avec de fortes doses de matière virulente, une véritable affection charbonneuse qui se termine dans beaucoup de cas par guérison com- plèle. Charrin et Roger ont démontré que le surmenage diminuait leur résistance au point d'obtenir l'infection onze fois sur treize. Les carnas- siers sont souvent réfractaires; on a cependant quelquefois observé l'in- lfection expérimentale du chien et du chat, surtout si l'on diminue, par un moyen quelconque, leur résistance vitale (1), qu'on leur inocule de grandes quantités de virus ou qu'on s'adresse à des animaux très jeunes. Le passage par le chien renforce la virulence de la Bactéridie, qui devient aussi plus courte et incapable de donner des filaments dans les liquides (2). Le renard serail réfractaire pour certains, pas pour d’autres. Les porcs sont, en général, difficilement infectés. Les ] jeunes porcs suc- combent plus f facilement que les adultes. Les porcs des races américaines el anglaises prennent très facilement le charbon expérimental; les porcs hongrois sont bien plus résistants. Mais limmunité la plus curieuse est sans contredit celle qui protège toute une race de moutons d'Algérie, les moutons barbarins; ce fait a élé étudié par Chauveau (3). Les individus de celle race, même nés en France de parents qui y ont été élevés depuis plusieurs généralions, résistent à des inoculations charbonneuses réi- lérées, qui tuent sans exceplion les moutons indigènes. Cette immu- nité cependant n’est pas absolue, elle peut être vaincue par l'introduc- lion dans le sang de doses massives d'agent infectieux. D'autres fois, limmuuilé n'est que relative; elle cède lorsqu'on fait disparaître cer- laines conditions mauvaises dans l'organisme réfractaire ou qu'on change ses conditions de vie. Les poules ont été longtemps considérées comme réfractaires; Pasteur (4 est parvenu à les faire périr du charbon en abaissantarlificiellement leur température, ce qui s'obtient facilement en immergeant dans l’eau froide une partie du corps de ces oiseaux, les paltes par exempie; d'après Thiltges (5), celle immunité serait due principalement aux propriétés bactéricides de leur sérum sanguin el, secondairement, à l'activité phagocytaire des leucocytes. Le pigeon, sur- tout jeune, est moins réfractaire que la poule. En élevant la température du corps de grenouilles maintenues dans de l’eau à 35°, Gibier (6) leur a communiqué un charbon mortel, alors qu'elles passaient pour ne pas pouvoir le contracter. I faut ici toutefois, comme dansles expériences de Fischel(7), faire la part du changement des conditions de milieu, en parti- culier de la température, qui peut seule causer la mort de l'animal en un ) Pnisazix, Causes de la diminution de résistance des carnassiers au charbon (Soc. de Biol., 10 avril 1897). (2) Markez, Le charbon du chien (Ann. de l’'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 13). (3) Cuauveau, GC. R. de l'Acad. des sc., LXXXIX, 1879, p. 498 ; — XC, 1880, p. 159%6, el XCI, p. 23 et 680; — XCIT, 1881, p. 510. (4) Pasreur, Jouserr et CnamserLaND, Sur le charbon des poules (Bull. de l’Acad. de méd., 1878, p. 253 et 737, et 1879, p. 1222). (5) Tairces, Beitrag zum Studium der Immunität des Huhnes und der Taube gegen den Bacillus des Milzhrandes (Zeitschr. für Hygiene, XX VIII, 1898, p. 189). (6) Gimier, De l'aptitude communiquée aux animaux à sang froid à contracter le charbon par élévation de leur température (C. R. de l'Acad. des sc., t. XCIV, 1882, p. 1609). (7) Fiscner, Untersuch. über Milzbrandinfektion bei Früschen und Krôten (Fortschr. der Med., IX, 1891, no 2). . BACILLUS ANTHRACIS. 667 très court délai (Voy. p. 343). Ilest bien probable que pour les grenouilles, de même pour les crapauds d'après Galli-Valerio {1 ), la mort est le résultat de conditions de température défavorables, le développement des Bacilles du charbon devant être, dans ces conditions, considéré comme une invasion agonique. D'après ce dernier, les couleuvres et les lézards ne seraient pas non plus réceptifs. Les inoculations faites sur diverses espèces d’Invertébrés, en particulier les escargots, n’ont donné que des résultats dont on peut douter. L'âge ou l’état de santé d’un individu peu du reste influer considérablement sur l'effet de l'infeclion. Un animal malade sera tué avec des doses infimes, qui ne délermineront que des troubles passagers chez un congénère bien portant. De même un animal jeune succombera bien avant un adulte, el d'autant plus vile qu'il sera moins âgé ; des cultures peu virulentes ne détermineront chez des lapins ou des cobayes adultes qu ‘une maladie guérissable, tandis qu'elles en feront irrévocablement périr d’autres beaucoup plus jeunes ou âgés de quelques jours seulement. Chez le cobayeetle lapin, l'injection sous-culanée de quelques gouttes de sang charbonneux frais ou d’une culture récente de Bactllus anthracis, ou plus simplement la piqüre de la peau avec une lancette ou une aiguille chargée de produits charbonneux, détermine au point d'inoculation, au bout de dix à quinze heures, un œdème assez prononcé; la température s'élève de 1 ou 2? degrés. L'animal garde son appétit et ses apparences de santé jusqu'à quelques heures avant sa mort qui survient de lrente- six à quarante heures après l’'inoculation chez le cobaye, de quarante- huit à soixante chez les lapins. Il s'assoupit Lout d'un coup, est pris de dyspnée, tombe dans le coma el meurt après quelques légères convul- sions el une température très basse, 34-320, même 30°. A l’aulopsie, la partie du corps où a été faite la piqûre présente un ædème gélatineux; le liquide rougeâtre que l’on y recueille fourmille de bätonnets plus longs que ceux quise trouvent dansle sang. Les ganglions lymphaliques de celle région sont gonflés ; 1ls conenRent une quantité considérable de Bactéries. La rate est tuméfiée, diffluente; le foie et le poumon sont gorgés de sang noir. Il en est de même de tous les vais- seaux. Le sang pris dans Loutes ces parlies est noir, poisseux, se coagule difficilement; il montre de nombreux bâlonnets. Ces Bactéries rem- plissent souvent les réseaux capillaires et, s'accolant aux parois des vaisseaux, peuvent en oblurer complètement l’orifice et amener des ruptures vasculaires. eee de là que viennent celles que l'on rencontre dans l'urine ou le lait (2) d'animaux de plus grande taille. C’est aussi de celle manière qu'elles peuvent, chez des femelles pleines alleintes de charbon, pénétrer dans le placenta et conlaminer le fœtus dans le corps même de la mère (3). Les organes parenchymateux ne renferment pas (1) Gazui-Vareri0, Action de B. anthracis sur quelques animaux à sang froid, en particulier sur le crapaud (Centralbl. für Bakt., Orig., XLIX, 1909, p. 514). (2) CHauprezexr et Moussoux, Expériences sur le passage des Bact. charbonneuses dans le lait des animaux atteints de charbon (C. . de l'Acad. des se., XCVIT, 1883, p. 1142). (3) Srraus, Le charbon des animaux et de l'homme, p. 133 el suiv. — Kousassorr, Passage des microb2s pathogènes de la mère au fœtus (C. R. de L’Acad. des sc., CI, 1885, p.101). — MarcHann, Ueber einen merkwürdigen Fall von Milzhrand bei einer ÉÉtvanteten mit tüdlicher Infection des Kindes (Virchow's Arch., CIV, 1887, p. S6), 668 BACTÉRIACÉES. de bâtonnets, à moins qu'ils ne soient le siège de processus hémorra- giques. IMMUNITÉ, VACCINATION ET SÉROTHÉRAPIE Il est des espèces ou des races qui possèdent à l'égard du charbon une véritable immunité. Des individus, dans les espèces sensibles, sont certainement réfractaires (p. 666). C’est le fait d'une immunilé naturelle dont on ne peut pas encore donner d'explication sûre. Il semble qu'une atteinte de charbon produise chez homme un certain degré d’immunité; c’est difficile à affirmer en raison de la grande varia- bilité de l'infection charbonneuse chez lui. Pasteur a observé que les vaches guéries de la fièvre charbonneuse, ce qui est rare mais se voit cependant, supportaient sans périr les inoculations virulentes. Il en à conclu qu'une atteinte bénigne pouvait rendre les animaux réfractaires et a élé conduit à employer les virus atténués. Lorsqu'on fait intervenir certaines conditions, la virulence des cultures de Bacille du charbon ne se maintient pas à son degré maximum, mais décroît peu à peu, à mesure qu'agissent les causes qui peuvent l’amoin- drir. C’est à Pasteur que revient l'honneur d’avoir pu déterminer le premier par quel moyen on pouvait arriver à obtenir des séries de virus à action de moins en moins nuisible, variant en plus ou en moins suivant le désir de l’expérimentateur. Il avait démontré que l'atténuation des cultures de Micrococcus du choléra des poules était due, en partie au moins, sinon en totalité, à l’action prolongée de l'oxygène; le même procédé élait à appliquer au Bacillus anthracis. Mais, pour cette dernière espèce, il y avait à lenir compte de la présence constante, dans les cultures ordinaires, des spores, si résistantes, qui s'opposent à toute tentative d'atténuation. Pasteur a résolu très habilement la difficulté en empêchant la formation des spores dans les cultures qu’il voulait atté- nuer. Il y est arrivé en maintenant ces bouillons à une température de 13°, à laquelle, nous l'avons vu, les filaments ne peuvent plus produire de spores. À cette température, la multiplication végétative se fait encore bien, elle ne cesse qu’au-dessus de 45°; mais les cultures ne possèdent plusla résistance qu'elles devaient uniquement à leurs spores. Maintenue dans ces conditions au contact de l'air pendant un mois, une culture est morte; quelques jours avant, elle contenait des cellules vivantes capables de fertiliser de nouveaux milieux, mais était dépourvue de toute virulence, que toute culture a perdue après huit jours d’un semblable traitement. Entre le premier et le huitième jour, fait impor- Lant, la culture passe par des degrés divers d'atténuation: elle devient d'autant moins virulente qu'on s'éloigne du point de départ. Comme ces virus atlénués confèrent, au moins partie lement, l'immunité contre la maladie, une méthode pratique de vaccination charbonneuse élait ima- ginée ; elle a donné jusqu'ici, comme on sait, des résultats excellents(1). Dans la pratique ordinaire, pour la vaccination des bovidés et des moutons, Pasteur a été conduit à employer d'abord un virus faible, (1) Pasreur, CnamBerzaxp et Roux, De l'atténuation des virus et de leur retour à la virulence (C. R. de l’Acad. des sc., XCII, 1881, p. 427), et Le vaccin du charbon (/bid., p. 666). — Caamserzanr, Le charbon et la vaccination charbonneuse, d’après les récents travaux de M. Pasteur. Paris, 1883. \4 À ré re BACILLUS ANTHRACIS. 669 premier vaccin, dont l'inoculation aux animaux ne peut pas occasionner de troubles graves, mais permettant, après quelques jours, de supporter un virus plus fort, deuxième vaccin, qui, employé d'emblée, aurait pu provoquer des accidents graves et même mortels. Le vaccin II est inoculé de douze à quatorze jours après le vaccin I. Les doses usitées sont, dans les deux opérations, de 0°,25 pour les bovidés et moitié pour les moutons. L'inoculation se fait dans la peau de l'épaule chez les bovidés et à la face interne de la cuisse chez les moutons. Pour les animaux plus sensibles, comme le lapin, il faut employer Jusqu'à quatre vaccins de virulence croissante, en commencant par un très atténué, plus atténué que le vaccin 1, pour arriver à un bon résultat (Feltz) (1). Les animaux ainsi vaccinés supportent facilement sans souffrir les inoculations bien virulentes et sont réfractaires à la contagion naturelle. Les éléments de la Bactérie atténuée ne diffèrent que bien peu de ceux des cultures très virulentes; quelques minimes détails de culture ou d'aspect, et c’est tout, si bien que, pour un observateur non prévenu, il ne serait pas possible de faire de distinction. Ces détails, du reste, disparaissent complètement dès qu’on provoque la formation de spores dans les bouillons atténués et qu'on en obtient des cultures nouvelles. Mais alors l’action physiologique ne revient pas à son point de départ ; la spore fixe, pour ainsi dire, la virulence que possédait la culture où elle s'est formée et la reproduit identique dans la nouvelle culture. Il est cependant possible de ramener une Bactérie ainsi atténuée à sa virulence première en la faisant passer successivement dans le corps d'animaux de moins en moins impressionnables. Une Bactérie donnée. inoffensive pour le cobaye adulte, pourra tuer le cobaye d'un jour; sa virulence se renforce alors un peu, elle fera périr un cobaye de deux jours. Et ainsi de suite, petit à petit, après une période assez longue et des passages assez nombreux, elle fera mourir le cobaye de huit jours, puis celui d’un mois, puis un adulte de plus en plus fort, et enfin deviendra très viruiente pour le mouton lui-même. Elle est revenue à sa force primitive, qu'elle gardera si l’on n'intervient pas pour l’atténuer. La méthode employée par Pasteur n'est pas la seule qui conduise à l’atténuation de la virulence des cultures de Bacillus anthracis, et par suite à la préparation de vaccins. Avant que ce savant soit arrivé à obtenir les résultats que nous venons d'indiquer, Toussaint (2) avail annoncé la possibilité d'obtenir un vaccin efficace en chauffant à 55°, pendant dix minutes, du sang charbonneux défibriné, ou en ajoutant à ce même liquide 10 p. 100 d'acide phénique. Chauveau (3) a repris l'étude de ce procédé et l’a appliqué à l’atténuation des bouillons de culture. La diminution de la virulence, dans ce cas, est d'autant plus rapide que la température est plus élevée; ainsi, tandis qu'une culture maintenue à 45° demande quelques jours pour s’atténuer suffisamment, le même résultat pourra être obtenu en quelques heures à 470, et en quelques minutes de 500 à 530, Pour Chauveau, dans cette action l'influence de l'oxygène est nulle; c’est par l'excès de la chaleur seul que (1) Fezrz, C. R. de l’Acad. des sc., 1882, p. 859. (2) Toussaixr, De l’immunité pour le charbon acquise à la suile d'inoculations pré- ventives (C. R. de l'Acad. dessc., XCI, 1880, p. 135 et 303). (3) CHauveau, C. R. de l’Acad. des sc., XCIV, 1889, p. 1694, et XCVI, 1885, p. 533. 670 BACTÉRIACÉES. les cultures s'atténuent, s’altèrent et meurent. Chamberland et Roux (1) sont parvenus, comme Toussaint, à obtenir une atténuation de viru- lence, en ajoutant aux cultures des doses plus ou moins fortes d'anti- sepliques ; pour eux, la condition exclusive de l’atténuation serait aussi le manque de formation de spores, déterminé par le composé toxique. D'autres facteurs donnent des résultats identiques; Chauveau (2) a oblenu une atlénuation rapide en faisant agir l'oxygène comprimé; Arloing (3) a observé une diminulion graduelle et finalement une dispa- rition complète de la virulence des cultures sous l'influence des rayons solaires. C'est encore cependant jusqu'ici la méthode de Pasteur qui donne les résultats les plus constants et les plus sûrs. La vaccination charbonneuse d’après la méthode de Pasteur estentrée aujourd'hui dans le domaine de la grande pratique; appliquée au mouton, elle à pour résultat une très grande diminulion de la mortalité dans certains districts où le sang de rate causait des pertes considérables. On a vu qu'en faisant intervenir assez longtemps l'action combinée de l'air et de la chaleur, 1l était possible d'obtenir des cultures tout à fait dépourvues de virulence el conservant indéfiniment cette propriété, tout en végétant bien dans les milieux ordinaires. C’esl un exemple d'une transformation d'une espèce pathogène en saprophyte : mais il faut se hâter d'ajouter qu'on ne peut pas affirmer qu'elle ne puisse pas rede- venir pathogène à un moment donné, sous l'influence de conditions qui sont inconnues jusqu'ici. L'immunité peut être oblenue par l'action des produits solubles seuls. Hankin (4) esl parvenu à immuniser des lapins et des souris contre le charbon en leur inoculant des doses très minimes de l’albumose qu'il relirait des cultures (p. 662). Les expériences de Petermann (5) et celles ultérieures de Hankin et Wesbrook (6) ont dû faire reconnaître que, si cette immunité s'observait, elle étail au moins irrégulière el peu durable. Roux et Chamberland (7) ont obtenu l’immunisation du mouton par injection de sang charbonneux, ne renfermant pas de spores, préalable- ment stérilisé par chauffage d'une heure à 58° ou par addition d’antisep- tiques; les produits solubles seuls agissent ici. Marchoux (8) et Sclavo (9) ont constalé en même temps que le sérum des animaux immunisés possédait des propriétés préventives contre les inoculations virulentes et curalives dans de certaines conditions à l'égard du charbon déclaré. (1) Cuausenzaxp et Roux, Sur l’atténuation de la virulence de la Bactéridie char- bonneuse sous l’influence des antiseptiques (/bid., XCVIT, 1883, p. 1088 et 1410). 2) Cnauveau, De l’atténuation des cultures virulentes par l'oxygène comprimt (C. R. de l’Acad. des sc., XCGVIIL, 188%, p. 1232, et C, 1885, p. 320). (3) AncoixG, Influence de la lumière blanche et de ses rayons constituants sur le développement et les propriétés du Bacillus anthracis (Arch. de physiol., t. VIT, 1886, p..209k (4) Hawxix, Loc. cit., p. 662. (5) Perermanx, Recherches sur l'immunité contre le charbon au moyen des albu- moses extraites des cultures (Ann. de l'Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 32). (6) Hanxix et Wesprook, Loc. cil., p. 662. (7) Roux et CnamBenLawD, Sur l'immunité contre le charbon conférée par des sub- stances chimiques (Ann. de l'Inst. Pasleur, IT, 1888, p. 405). (8) Marcnoux, Sérum anticharbonneux (Ann. de l'Inst. Pasteur. IX, 1895, p. 785). (9) Scravo, Sulla preparazione del siero anticarbonchioso (Rivista d'Igiene, 1896). — La Sieroterapia del carbonchio ematico (/hbid., 1898). — Nuove ricerche sperimentali sul polere ‘curativo del siero anticarbonchioso (/brd., 1901), Lai ee 2 BACILLUS ANTHRACIS, 671 Les expériences de Marchoux ont montré que le sérum des lapins était relativement peu actif ; de plus, en saignant par la fémorale ou la carotide, on peut tout au plus obtenir de 50 à 70 centimètres cubes de sang par animal. Les moutons, au contraire, peuvent d’abord fournir beaucoup plus de sang, et de plus, une fois vaccinés, supportent très bien l'injec- tion sous-cutanée de doses de plus en plus fortes, jusqu'à 250 et300 cen- timètres cubes, de cultures très virulentes. Leur sérum, recueilli de quinze jours à lrois semaines après l'inoculalion, a une aclivité beaucoup plus grande que le sérum de lapin; 1 centimètre cube injecté vingt- quatre heures avant une inoculation d'un quart de centimètre cube de culture virulente y rend réfractaire un lapin de 2? kilogrammes. La production est déjà efficace huit heures après l'injection de sérum. Sclavo s’est d'abord servi du mouton, qui recevait en premier lieu des vaccins pastoriens, puis élait traité par des quantités progressiv ement croissantes de cultures virulentes. L'âne, ainsi immun'sé, lui a fourni un sérum notablement plus actif. Les recherches d'autres observateurs, et en particulier celles de Sobernheim (1), ont confirmé et étendu ces données. On peut immuniser dans ce but divers grands animaux, mouton, âne, chèvre, cheval, bovidés. Pour oblenir un sérum puissant, le mouton réussit généralement bien; comme l'avait signalé Sclavo, l'âne estencore bien préférable. Le cheval et les bovidés peuvent être traités plus éner- giquement et plus rapidement que le mouton. On inocule d'abord à lanimal choisi les deux vaccins pastoriens suivant la méthode habituelle pour la vaccination, puis on injecte des doses croissantes de cultures virulentes, massives à la fin, d'abord en injection sous-cutanée, ensuite en injeclion intraveineuse. L'âne supporte très bien des doses massives en injection intraveineuse. On se sert de cullures sur gélose, émulsionnées dans de la solution phy SIO- logique. Chaque injection est séparée de la suivante par une période de dix à quatorze jours. Après l'injection, on observe une assez forte réaction fébrile qui dure de huit à dix jours. La prise de sang peut se faire deux à trois semaines après la dernière injection. On peut aussi très avantageusement se servir au début d’un sérum acUüf, antérieurement obtenu. On oblient de suite une immunité suffi- sante pour pouvoir passer de suile aux inoculations virulentes. San Felice (2) préfère se servir du chien, qui supporte facilement les inoculations de charbon virulent. Il inocule d'abord pendant une quin- zaine de jours au moins, suivant les symptômes produits, tous les deux ou trois jours, une culture atténuée par l'exposilion à 459-500, pendant cinq à sept jours; puis fait une série d'inoculations de cultures viru- lentes, répétées dix, quinze ou vingt fois, chaque deux ou {rois jours. Le sérum obtenu rend le lapin réfractaire à la dose de 3 centimètres cubes (1) Soserxaetm, Experimenteil: Untersuchungen zur Frage der akliven und passiven Milzbrandimmunität (Zeitschr. für Hygiene, XXV, 1897, p. 301). — Untersuchungen über die Wirksamkeit des Milzbrandserums (Bert. klin. Wochenschr., 1897, n9 49). — Weitere Mittheilungen über aktive und passive Milzbrandimmunilät (/bid., 1899, n9 13). — Ucber ein neues Verfahren der Schutzimpfung gégen Milzbrand (/bid., 1907, no 29). (2) Sax Fernice, Untersucaungen über die Wirksamkeit des Milzbrandserums des Hundes als Schutz und Heilmitt:l (Centralbl. für Bakt., NXXII, 1902, Originale, p. 6l), 672 BACTÉRIACÉES. et demi par kilogramme du poids du corps. Injecté à la dose de 7 centi- mètres cubes par kilogramme du poids, il empêche la mort chez des lapins inoculés dix, vingt, trente et même quarante heures auparavant avec des spores charbonneuses. Un sérum anticharbonneux, obtenu à l'aide decesméthodes,possède des propriétés préventiv es réelles et paraît avoir une certaine valeur curative. Sa manière d'agir n’est pas encore connue. Il n’a aucune propriété bactéricide, la bactéridie y pousse aussi bien que dans du sérum normal. I ne semble pas augmenter la phagocytose, ni jouir d'aucune propriété opsonisante, ni impressionner les microbes de façon à faciliter leur destruction. Son rôle antitoxique reste toujours des plus douteux, puisque la question d'une toxine charbonneuse est encore bien obscure et nullement résolue. On a dit qu'il empêchait la formation de la capsule jouant un rôle de protection pour la Bactérie; c’est encore à démontrer. Son action préventive est certaine. Le sérum donne une immunité rapide, mais peu durable. Ainsi, employé seul, il ne pourrait pas servir à vacciner d’une façon pratique et suffisante. Mais en faisant intervenir, après son emploi, des inoculations virulentes, qui sont alors bien supportées, on obtient de bons résultats. Sobernheim (1) dit même qu'il préfère cette dernière méthode aux vaccinalions pastoriennes ordinaires, comme permettant d'obtenir plus rapidement une immunité durable. On peutavantageusement l'appliquer, d'après Carini(2), à la préservation de troupeaux menacés d'épidémie, en injectant au mouton 19 centimètres cubes, à la vache 20 centimètres cubes de sérum, puis immédiatement le vaccin pastorien fort. Il serait possible de l'utiliser pour l'homme, lorsqu'il y a menace sérieuse, par exemple chez des ouvriers manipulant des produits très suspects. Au point de vue curatif, on a déjà d’intéressants résultats. Marchoux a montré qu'une injection de sérum empêchait l'infection de se produire chez le lapin inoculé vingt-quatre heures auparavant. Chez de grands animaux, des doses de 50 el 100 centimètres cubes, employées en une fois ou répétées, ont donné des succès dans des cas graves. Chez l'homme, ilest plus difficile de se prononcer, parce que d’abord le charbon guérit souvent seul, puis que, d’un autre côté, lorsque le diagnostic peut être posé, l'infection peut dater et être alors profonde. Dans un certain nombre de cas de charbon externe, où la sérothérapie a été employée, elle semble avoir réellement donné de bons résultats ; elle parait-limiter la lésion locale et agir efficacement sur l’état général, surtout sur la réaction fébrile (3). Elle peut sembler indiquée dans les cas de charbon interne, toujours mortels. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE La porte d'entrée du virus dans l'organisme, pour nos animaux domes- tiques, parail être la surface du tube “digestif: Pasteur a montré qu'en mélant à des aliments, contaminés par des cultures virulentes, des (1) Soserwneim, Ueber das Milzhrandserum und seine praktische Anwendung Deutsche med. Wochenschr., 1904, p. 948). (2) Carinr, L'emploi du sérum anticharbonneux dans la pratique vétérinaire (Schweiz. Arch. für Thierheilkunde, décembre 1904). (3) Bonmaxs, Cura sieroterapica anticarbonchiosa Sclavo (Rivista di Igiene, XVIII, 1907). — Boinix, La sérothérapie anticharbonneuse (Presse médicale, 25 mai 1910). Es BACILLUS ANTHRACIS, 673 substances dures, piquantes, pouvant léser la paroi du tube intestinal, on déterminait, chez les moutons, des contaminations dans une propor- tion énorme. Il serait nécessaire pour lui qu'il existät sur la muqueuse, celle des voies antérieures surtout, pharynx, œæsophage, des éraillures qui permissent le passage direct des Bactéries dans le sang. Pour Koch (1), point n'est besoin de ces lésions, la pénétration se fait directe- ment par la muqueuse intestinale; mais comme les cellules végélalives sont tuées par le suc gastrique, pour qu'il y ait infection dans ce cas, il faut que l'animal ait avalé des spores. Celles-ci arrivent intactes dans l'intestin et y trouvent un milieu alcalin favorable à leur germination ; elles donnent des bâtonnets qui se multiplient et pénètrent dans le sang en traversant la muqueuse. L'infection se produit done par les voies digestives ; c'est un point à retenir pour {racer la prophylaxie de celte affection. Elle pourrait se faire aussi par les voies respiratoires ; Büchner (2) a réussi à faire périr du charbon des souris qu'il confinait dans un espace où étaient pulvérisées des poussières fines, inertes, aux- quelles il avait mélangé des spores de Bacillus anthracis. Quelle peut être maintenant l’origine de ces spores qui se mêlent aux aliments des moutons, vaches, chevaux, et leur communiquent le char- bon soi-disant spontané ? Elles proviennent des produits et des cadavres d'animaux charbonneux. Pasteur, Chamberland et Roux (3) ont pu élucider cette question siimportante de l'étiologie des affections charhon- neuses dans des séries d'expériences tout à fait remarquables. Lorsqu'on enterre un animal mort du charbon, il se répand sur la terre environ- nante du sang ou d’autres liquides contenant des Bactéries du charbon en abondance; ces cellules, pouvant se trouver dans de bonnes condi- tions d'aération et de température, vont donner des spores dont Pasteur a pu, du reste, constater la présence dans la terre recouvrant des fosses d'animaux charbonneux, enterrés, dans un cas, depuis douze ans. En soumettant l'eau de lévigation de cette terre à une température de 900 pendant vingt minutes, il tue tous les germes qu'elle contient, à part les spores du Vibrion septique et de la Baclérie du charbon, s'il en existe. Les animaux inoculés, dans les cas positifs, meurent, soit du charbon, soit de la septicémie. Pasteur a ainsi pu démontrer la présence de spores charbonneuses dans la couche superficielle de fosses où avaient été enfouis des animaux charbonneux plusieurs années auparavant, et démontrer ainsi directement la longévité et la résistance extraor- dinaire de ces corps reproducteurs. Pour lui, en outre, les spores formées dans la terre autour du cadavre, avant que la putréfaction vienne tuer les Bactéries, pourraient être ramenées à la surface par les Vers de terre qui avalent, dans les profondeurs du sol, des parcelles de terre pour en relirer les substances nutritives qu'elles contiennent et les rendent à la surface sous forme de petits cylindres diversement (1) Kocu, Zur Aetiologie der Milzbrandes (Mith. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, [, 1881, p. 40), et: Kocn, Garrkx et LorrFLen, Experim, Studien über Milzbrandin- fection durch Fütterungen (/bid.. II, 1884, p. 147). (2) Bucaxer, Versuche über die Entstehung der Milzbrandes durch Eineathmung (Naegelis Untersuch. über niederen Pilze. München, 1882, p. 178). (3) Pasteur, CnamBerLanD et Roux, Sur l’étiologie du charbon (C. R. de l'Acad, des sc., XCI, 1880, p. 42), et Pasreur, La prophylaxie et l'étiologie du charbon (Bull. de l’Acad. de méd,, IX, 1880, p. 1138). Macé. — Bactériologie, 6e édit. I — 43 674 BACTÉRIACÉES. = contournés. Il a en effet déterminé des cas de charbon typique en inoculant à des cobayes de ces petits cylindres vermiculés, produits par des Vers élevés dans de la terre qui avait été arrosée par des cultures virulentes. De nouvelles expériences de V. Feltz (1) sont venues confirmer ces résultats importants. Ces spores peuvent conta- miner sur place ou être emportées au loin par les eaux de pluie ou de ruisseau, et transporter ainsi l'affection dans des endroits où n'ont jamais été enfouis d'animaux charbonneux. Heiïm (2) donne les coléop- tères nécrophages comme pouvant remplir le même rôle. Diatroptoff (3) dit avoir isolé le Bacille du charbon virulent de la vase d’un puits d’une ferme où régnait la fièvre charbonneuse. Toutes ces chances de conta- mination sont considérablement multipliées lorsque les cadavres sont abandonnés à la surface du sol ou enfouis à une faible profondeur et déterrés aussitôl par les carnassiers, chose malheureusement trop fré- quente dans les campagnes. Les spores charbonneuses résistent très longlemps aux causes de destruction. D'après Sirena et Scagliosi, on les retrouve vivantes dans la terre sèche ou humide après deux à trois ans, dans l’eau après dix-sept mois, dans le purin après quinze mois. Hochstetter en a retrouvé de virulentes dans l’eau après six mois. Le charbon par contamination interne, si fréquent chez les animaux, est, par contre, rare chez l'homme, où le point de pénétration du virus est d'habitude le tégument externe lésé. La première manifestation de l'infection de l'organisme est alors une lésion purement locale (4). C'est d'abord une petite tache rouge donnant une vésicule brunâtre, qui s'ouvre et montre une ulcération rouge livide; les parties environnantes se luméfient; les douleurs sont sourdes et peu accusées. Trois ou quatre jours après l'apparition de la première tache, la fièvre apparaît, indiquant la généralisation de l'infection. L'état général devient très grave et la mort arrive; à l’autopsie, on trouve des Bacilles dans le sang et dans tous les organes (5). Ou bien un mieux survient, l’escarre se limite et est éliminée peu à peu, la guérison se fait lentement. C'est l'affection char- bonneuse décrite sous le nom de puslule maligne. Cette aflection s'ob- serve surtout dans les contrées où règnent les épizooties charbonneuses et chez les individus maniant les dépouilles d’animaux charbonneux : bergers, bouchers, tanneurs, travailleurs des peaux, des laines ou des poils, etc. L'inoculation se fait par le contact de produits virulents avec des solutions de continuité de la peau, blessures ou simples éraillures. Les Mouches à trompe piquante, les T'aons, les Asiles surtout, même les Slomoxes qui ressemblent beaucoup à la Mouche ordinaire, peuvent assurément servir à transporter le virus en allant piquer l'homme après s'être repus de sang d'animaux charbonneux, s'il est resté après leur trompe des bâtonnets ou des spores; mais ce mode de contagion doit (1) Ferrz, Sur le rôle des Vers de terre dans la propagation du charbon et sur l’atténuation du virus charbonneux (C. R. de l'Acad. des sc., XCV, 1882, p. 859). (2) Hem, Rôle des coléoptères dans la dissémination du charbon (Soc. de Biol. 2 février 1894). (3) Drarrorrorr, Bactéries charbonneuses dans la vase du fond d’un puits (Ann. de l'Inst. Pasteur, VII, 1893, p. 286). (4) Srraus, Contribution à l'anatomie pathologique de la pustule maligne (Ann. de l'Inst. Pasteur, I, 1887, p. 429). (5) Marco pEez Poxr, Contribucion al estudio del carbonclo visceral del hombre. Buenos-Ayres, 1909. BACILLUS ANTHRACIS. 675 être de beaucoup le plus rare, si tant est qu'il existe. Le malade invoque bien souvent une piqûre, mais tout au début la pustule est prurigineuse, le malade se gratte et s'écorche; il croit que la petite papule initiale a été produite par une piqûre d’insecte. Mais 1l existe aussi chez l’homme un véritable charbon interne, où l'infection peutse faire, comme pour le sang de rale du mouton, la fièvre charbonneuse de la vache, par la voie intestinale. Et la principale cause de cette manifestation est l'usage de la viande d'animaux charbonneux, qui est malheureusement encore maintenant, dans bien des endroits, regardée comme tout à fait inoffensive. Ce charbon interne (mycose in- lestinale) est fréquent dans certaines contrées et d'ordinaire assez rapi- dement mortel; on signale cependant quelques cas plus bénins qui se sont terminés par guérison, mais c’est l'exception (1). Enfin la voie d'entrée chez l'homme peut être l'appareil respiratoire, comme dans les expériences de Büchner citées plus haut. C'est sans doute l’origine des cas de charbon interne si fréquents chez les trieurs de laine (2) (charbon broncho-pulmonaire, maladie des trieurs de laine), chez les ouvriers qui manient les cornes ou les crins pouvant provenir d’ani- maux charbonneux, el de certains cas de l'affection complexe, se rap- prochant plutôt des septicémies produites par d’autres Bactéries, connue sous le nom de maladie des chiffonniers (3); les ouvriers exerçant ces professions sont en effet très exposés à absorber des spores de Bacillus anthracis avec les poussières qu'ils respirent. Dans ces cas de charbon interne, où le pronostic parait devoir être toujours fatal, la sérotuérapie donnerait probablement des résultats, si elle était appliquée assez tôt, c'est-à-dire si le diagnostic était assez rapidement établi. Elle devrait parfois être employée préventivement. Dans ces diverses formes d'infection, c'est principalement la spore virulente qui intervient. Cette spore garde en effet longtemps sa vitalité el sa virulence, comme le démontrent bien des expériences, celles de Pasteur, tout d'abord. D'après Sirena et Scagliosi (4), les spores char- bonneuses résisteraient pendant deux à trois ans dans de la terre humide ou sèche, pendant dix-sept mois dans l’eau de boisson, pendant quinze mois dans le purin ; Pasteur en a retrouvé de vivantes dans de la terre où avaient été enfouis des cadavres d'animaux charbonneux douze et vingt ans auparavant, D'après des expériences de Feltz (5), il pourrait se produire une atté- nuation sensible de la virulence après un séjour dans la terre; la Bactérie ne tuerait plus le lapin, qu’elle vaccine toutefois, mais ferait encore périr le cobaye. Parmi les causes qui peuvent atténuer et faire disparaître le Bacille du charbon dans le milieu extérieur, se trouvent toutes les causes géné- rales d’abord, lumière et oxygène surtout, puis certaines causes parlicu- lières intéressantes à connaître, principalement l'antagonisme microbien. (1) Taver, Correzpondenzbl. für Schweizer Aerlze, 15 juillet 1887. (2} Lonce, La maladie des trieurs de laine (Arch. de méd. expér., 1890, p. 759). (3) Pavraur, Zur Aetiologie der Hadernkrankheit (Wiener. klin. Wochenschr, 1888, n° 18, 26). — ErprinGer, Pathologische Anatomie und Pathogenesis der sogenannten Hadernkrankheiït (Zbid., 1888, nos 37, 38). (4) SiRENA et Scacziost, La Riforma medica, 1894, n° 104. (5) Feurz, Expériences démontrant que dans certaines conditions le virus charbon- neux s’atténue dans la terre (C. R. de l'Acad. des sc., CII, 1886, p. 132). 676 BACTÉRIACÉES. Il existe, en effet, un véritable antagonisme entre cette Bactérie et d’autres espèces microbiennes qui peuvent facilement se rencontrer en connivence avec elle. C’est d’abord et surtout le Bacille pyocyanique, comme l'ont bien démontré les expériences de Bouchard (1), confirmées de nombreuses fois depuis. Dans des cultures mixtes en bouillon, le Bacille pyocyanique se développe absolument seul; le Bacille du charbon est tué. D'un autre côté, les lapins et les cobayes résistent souvent, pas toujours, lorsqu'on leur inocule successivement du Bacille du charbon et du Bacille pyocyanique; on peut arriver au même résultat en em- ployant le filtrat de culture de ce dernier microbe. Le fait est bien dû la production de la pyocyanase qui jouit de propriétés bactério- lytiques marquées. On a proposé de l'appliquer au traitement du char- bon humain (2). D'autres microbes agissent dans le même sens. Le Streplocoque d'abord; le S{aphylocoque doré également, mais seulement en cultures, pas én vivo. Le Pneumocoque agit comme ce dernier. Le Pneumobacille paraît nettement antagoniste dans tous les cas. Les ferments lactiques pourraient faire disparaître le Bacille du charbon, dans le lait non stéri- lisé par exemple; certains microbes putrides feraient de même. Les belles recherches de Pasteur ont prouvé avec la dernière évidence quels sont les résullats auxquels on est en droit de s'attendre pour la prophylaxie des maladies charbonneuses de l'homme et des animaux, en mettant à profit les faits acquis. L’enfouissement profond des cadavres d'animaux charbonneux est nécessaire; leur incinéralion complète devrait être obligatoire, et aussi la désinfection la plus parfaite possible, au moins à l'eau bouillante, des parties souillées de sang, de liquides organiques ou de déjections. La consommation de la viande charbon- neuse doit être sévèrement prohibée. Elle se reconnaît facilement à ses caractères bien spéciaux (3). Les muscles sont d’une couleur brun rouge pâle, parfois un peu jaunâtre; ils ont un aspect lavé, souvent presque rose- saumon. Le tissu en est mou, friable; ils laissent écouler à la coupe un sang noir, visqueux, tachant les doigts en brun rouge, se coagulant très lentement et gardant sa teinte foncée à l'air. De plus, cette viande se putréfie bien plus rapidement et peut alors déterminer des accidents septicémiques. Nous avons vu que le lait des vaches charbonneuses peut aussi être virulent. Les autorilés sont suffisamment armées par la législation; toute négligence de leur part est coupable. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC Chez l'homme, dansle cas de pustule maligne, la sérosité de la pustule montre en grande abondance des Bacilles du charbon bien évidents. Dans le cas de charbon interne, le sang, surtout le sang du cœur, en offre le plus souvent. Chez l'animal, l'examen microscopique du sang lèvera le plus souvent tous les doutes. (1) Boucnanp, Acad. des sc., 8 avril 1889. (2) Fornixeau, Traitement du charbon par la pyocyanase (Ann. de l'Inst. Pasleur, XXIV, 1910, p. 955). (3) Macé, Les substances alimentaires étudiées au microscope surtout au point de vue de leurs altérations et de leurs falsifications. Paris, J.-B. Baillière, 1894, p. 100. BACILLUS ANTHRACIS, 677 Lorsque la mort date de quelque temps, on rencontre souvent dans le sang d’autres Bactéries qui peuvent prêter à confusion, surtout du Vibrion seplique, diverses espèces des putréfactions. L'aspect tout spécial des Bacilles du charbon dans les préparations colorées, indiqué page 655, fera aisément reconnaitre ces derniers; c'est un des caractères que l’on devra toujours chercher en premier lieu. Enfin les cultures, bien caractéristiques, et l’inoculation au cobaye, que l’on peut prendre comme réactif du charbon, permetiront souvent de poser un diagnostic assuré. Burri (1), puis Hartleb et Stutzer (2) ont signalé, sous le nom de zacillus psewdanthracis. dans des poudres de viandes, un Bacille sem- blable morphologiquement au Bacillus anthracis, mais dépourvu de toute virulence. Il en est de même du Bacillus anthracis similis ren- contré dans le pus d'un abcès par Mac Farland (3), dont les cultures étaient absolument identiques. Ce sont peut-être des microbes voisins ou du vrai Bacillus anthracis dépourvu de toute virulence, devenu simple saprophyle. Les cultures de terre ou d'eau donnent parfois de semblables espèces, tels le Bacillus anthracoides de Hueppe et Cart- wright Wood (4), qui ne différerait du Bacillus anthracis que par un manque absolu de virulence, ou celui de Zikes (5), tout à fait dépourvu de virulence, donnant un voile sur le bouillon, y produisant un peu d'indol et pas du tout d'hydrogène sulfuré. Quelques détails seront donnés plus loin sur ces microbes qui paraissent être plutôt de vrais Lypes de saprophytes, distincts de l'espèce pathogène. Sérodiagnostic. — Les Bacilles des cultures se prêtent difficilement à l'étude de l’agglutination, parce qu'ils sont d'ordinaire accolés les uns aux autres ou unis en filaments. Les éléments des cultures de premier vaccin charbonneux de Pasteur se dissocient très aisément et convien- nent alors mieux pour ces observations. Lambotte et Maréchal (6) ont remarqué que le sérum du sang humain normal agglutinait très forte- ment les émulsions de telles cullures, de sorte qu'il devient difficile de compter sur le sérodiagnostic dans ces conditions ; l’agglutination se produirait encore à 1 p. 500, avec le sérum de certains sujets. Le sérum du rat, du cobaye, du chien, de la chèvre, du lapin, du bœuf et du cheval n'est pas doué d’un pouvoir agglutinant aussi considérable ; le maximum ne dépasse pas 1 p.50. Les sérums d'animaux immunisés n'ont pas de pouvoir agglutinant plus fort que beaucoup de sérums normaux. (1) Burri, Hygienische Rundschau, 1894, n° 7. (2) Harrces et Srurzer, Das Vorkommen von Bacillus pseudanthracis im Fleisch- futtermehl (Centralbl. für Bakt., 2t® Abth., III, 1897, p. S1). (3) Mac Farraxp, Bacillus anthracis similis (Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p. 2556). (4) Huerre et Woop, Berl. klin. Wochenschr., 1889, n° 16. (5) ZiKes, Beitrage zum Vorkommen milzbrandähnlicher Bakterien im Leilungswas- ser (Ref. in Centralbl. für Bakt., XXXII, 1902, Referate, p. 389). (6) Lamsorre et Manécaar, L'agglutination du Bacille charbonneux par le sang humain normal (Ann. de l’/nst. Pasteur, NII, 1899). ESS 2 678 BACTÉRIACÉES, BACILLUS TUBERCULOSIS Kocu. (Bacille de la tuberculose, Bacille de Koch.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL. I ET II. La découverte, par Villemin (1), de l’inoculabilité du tubercule, sur laquelle il a basé la théorie de la contagiosité de la tuberculose, rendait très probable la présence, dans les matières virulentes, d'un agent infec- lieux de nature bactérienne. Cette théorie, qui fut l'objet au début d'une opposition si soutenue, reçut une confirmation éclatante lors de la découverte par Robert Koch (2) du Bacille de la tuberculose et de l'étude magistrale qu'il fit de ses propriétés. La grande difficulté de distinguer ces Bactéries, très petites et tout à fait transparentes, des liquides ou des tissus de même réfringence qu'elles, et l'impossibilité où l’on se trouvait de les don d’autres inoffensives, très fré- quentes dans les crachats surtout, étaient de grands problèmes que Koch est parvenu à résoudre, tout à son honneur, à force de science et de travail soutenu. Il est d’abord parvenu à les colorer, en soumettant les préparations à l’action d'un bain colorant alcalinisé (Voy. p. 375), beaucoup plus actif que les solutions aqueuses simples qui, jusque-là, n'avaient donné aucun résultat. Il fit plus; en mettant à profit la pro- priété inverse et corrélative que possèdent ces Bacilles de retenir la couleur bien plus longtemps que la plupart des autres el de ne la céder qu'après une action prolongée du réactif décolorant, il a pu leur con- server, dans une préparation complexe, une nuance donnée et temdre d'une couleur de fond différente les éléments divers et les autres Bacté- ries contenus dans la subslance examinée (Voy. p. 387). Restait à prouver que ces organismes rencontrés dans les ‘produits tuberculeux de l'homme et des” animaux, surtout dans la pommelière de la vache, étaient la cause réelle de l'affection et l’origine du contage. Koch la ‘fait en isolant cette Bactérie, en obtenant des cultures pures et en reproduisant la maladie {ypique par inoculation de ces cultures. La méthode suivie par Koch a été perfectionnée depuis par de nombreux observateurs dont les travaux ont fait de la recherche du Bacille de la tuberculose un des points essentiels du diagnostic de la tuberculose, sur- tout au début, alors que les symptômes ordinaires sont peu prononcés ou peuvent faire défaut et alors qu’un traitement bien institué a des chances beaucoup plus nombreuses d'amener des résultats favorables. Koch traitait les coupes de tissus et les lamelles préparées en éten- dant des crachats ou d’autres liquides en une mince couche à la surface, séchant et fixant par trois passages dans la flamme, par un bain colo- rant alcalin, préparé (Voy. p. 375) en mélangeant : Solution alcoolique concentrée de bleu de méthylène.. 1 volume. Solation de potassé: 4:10 p. 400...:..2. 1.20. 2 volumes. COS CA) CM RE PET ER SE Re sd: 200 — (1) Vizcemix, Causes et nature de la tuberculose (Bull. de l'Acad. de méd., XXXII, 1886, p. 152 et 897), et Études sur la tuberculose. Paris, 1868, J.-B. Baillière. (2) Kocn, Die Aetiologie der Tuberculose (Milth.aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, Il, 1884, p. 1) hot di fit BACILLUS TUBERCULOSIS. 679 Les préparations devaient séjourner un jour dans la solution froide ou quelques heures seulement en chauffant à 40° ou 50°. En plongeant alors les préparations dans une solution aqueuse concentrée de vésu- vine, on observe qu'au bout d’un quart d'heure environ la couleur brune s'est substituée à la teinte primitive bleue dans tous les éléments retenant faiblement la couleur, tandis qu'elle persiste sur les Bacilles luberculeux, dès lors très facilement reconnaissables, colorés en bleu sur un fond d'éléments bruns. La réaction était d'autant plus caracté- ristique que, d’après les recherches de Koch, aucune autre Bactérie ne se comportait de la sorte, excepté toutelois le Bacille de la lèpre, que d'autres particularités peuvent du reste faire aisément distinguer. Les nombreuses recherches ultérieures n'ont fait que confirmer et élendre les importantes découvertes de Koch. En raison de la part con- sidérable et toujours croissante, semble-t-il, qu'elle prend dans le monde vivant, la tuberculose est une des maladies microbiennes qui, de notre temps, ont attiré et attirent le plus les chercheurs et ont suscité le plus de travaux. On trouvera l'exposé fidèle et une critique savante de tout ce qui a été écrit d'important sur ce sujet dans une belle mono- graphie publiée par Straus (1) en 1895, et dans l'excellent opuscule de Nocard (2). La tuberculose s'attaque à pas mal d'espèces vivantes, l'homme, les mammifères et les oiseaux d'un côté, des animaux à sang froid de l'autre. Tuberculose humaine et tuberculose bovine. — Les premières recherches de Koch l'avaient conduit à admettre l'identité de la luberculose humaine et de la luberculose bovine, de beaucoup la plus importante parmi les tuberculoses des mammifères. La plupart des expérimentateurs s'étaient rangés à cet avis. Il existe en effet dans la science de nombreux exemples qui démontrent la transmission à l’homme d'une tuberculose typique à la suite d'inoculation accidentelle de produits virulents provenant de bovidés tuberculeux. D'un autre côté, des expériences prouvent la possibilité de contagionner les bovidés avec des produits tuberculeux humains. Dès 1868, Chauveau annonçait qu'on pouvait transmettre la tuberculose à des veaux en leur faisant ingérer des produits tuberculeux de source humaine. Sidney Martin (3) avait cependant signalé en 1899 des différences importantes dans l'action sur les veaux des produits tuberculeux de l'homme et du bœuf, les produits bovins déterminant régulièrement une infection tuberculeuse caracté- ristique, les produits humains ne donnant souvent rien ou simple- ment de petites lésions locales. La question semblait tranchée en faveur de l'identité complète, lors- qu'en 1901, au Congrès de Londres, Koch (4) s’est élevé contre cette conception uniciste et est venu affirmer que la tuberculose humaine différait entièrement de celle des bovidés et, en particulier, n’était pas transmissible à ces derniers. Il se basait sur des expériences faites en (1) Srraus, La tuberculose et son Bacille, 1895. (2} Nocan», Les tuberculoses animales, 1894 (Encyclopédie Léauté, G. Masson). (3) Sioxeyx-Marri, Royal Commission on Tuberculosis, 1895. (4) Kocn, Die Bekämpfund der Tuberkulose {Deutsche med. Wochenschr., 1901. n° 33). PT Lés ”,* TR PURE 27 CITAS 680 BACTÉRIACÉES. collaboration avec Schütz (1), dans lesquelles des essais d'infection de veaux par des voies diverses, ingestion, inhalation, injections sous- culanées, intrapéritonéales ou intraveineuses, à l'aide de produits virulents de provenance humaine, n'avaient donné aucun résultat positif, alors que l'inoculation de produits virulents de provenance bovine occasionnait toujours une généralisation tuberculeuse. La conclusion à tirer était que le Bacille humain ne peut pas infecter le bœuf et, par réciproque, que le Bacille bovin ne peut pas infecter l’homme, est sans danger pour lui. D'où, particulièrement, l'inutilité des mesures sanitaires concernant le lait et la viande qui proviennent de bovidés tuberculeux, renfermant des Bacilles bovins. On le voit, c’est gros de conséquences. Pour Koch, le Bacille humain et le Bacille bovin constituaient done des espèces tout à fait différentes. Il y a du vrai dans l'opinion de Koch, mais l'interprétation qu'il donne des faits observés est certainement beaucoup trop catégorique. La distinction du Bacille bovin et du Bacille humain est loin d'être fondamentale. Tout d'abord, la virulence du Bacille humain pour les bovidés est loin d'être nulle; elle est faible, mais réelle, et parfois très marquée. C'est ce que prouvent de nombreuses expériences de Nocard (2), d’'Ar- loing (3), de la Commission anglaise de la tuberculose (4), même de la Commission allemande de l'Office impérial de santé (5). Ilest bien acquis que le Bacille humain peut déterminer chez les bovidés une véritable infection tuberculeuse avec lésions habituelles. On a même, sur ce point, beaucoup d'exemples de résultats très positifs avec des inoculations faites en séries. Eber (6) a démontré, en outre, que, par des passages successifs chezles bovidés, le Bacille humain peut acquérir une grande virulence et se comporter tout à fait comme le Bacille bovin à la fois chez le veau, chez le lapin et en cultures; ila de plus observé tous les intermédiaires et tous les passages entre le Bacille humain et le Bacille bovin bien marqués. D'un autre côté, l'homme peut être infecté par le Bacille bovin. On a de nombreuses observations de contaminations accidentelles, aboutissant à une généralisation tuberculeuse, particulièrement chez des bouchers, des vétérinaires, d'infection probable par la consomma- lion de lait provenant de vaches tuberculeuses. I ne paraît donc pas qu'on puisse faire des Bacilles tuberculeux trouvés chez l'homme et de ceux trouvés chez les bovidés deux espèces distinctes. Il existe entre eux des différences marquées, c'est vrai, mais (1) Kocx et Scausrz, Menschliche Tuberkulose und Rindertuberkulose (Arch. für wiss. und prakl. Thierheilk., 1902, p. 169). (2) Nocarp, Loc. cil., p. 679. (3) ArLoixG, L'éliologie de la tuberculose (XIVe Congr. internal. d'hygiène. Berlin, 1907). (4, Royal, Conimission appointed to inquire into the relations of human and animal tuberculosis, Londres, Eyré and Spottiswoode, 1er rapport, 1904: 2e rapport, 1907. (5) Kosser, Weser et Heuss, Vergleichende Untersuchungen über Tuberkelbacil- len verschiedener Herkunft (Tuberkulose Arbeiten aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte, Berlin, 1904 et 1905). (6) Erer, Experimentelle Uebertragung der Tuberkulose von Menschen auf das ünd (Beilr. zur lin. der Tuberk., I, 1905), — Die Unwandlung von Menschen stammender Tuberkelbacillen (Münch. med. Wochenschr., 1910, p. 115). - BACILLUS TUBERCULOSIS. 681 ces différences peuvent très bien être rapportées à l'adaptation à des conditions de vie différentes. Cette adaptation au milieu a produit ici deux races ou deux types, le {ype humain et le Zype bovin, simples variétés d’une espèce qui est une, se différenciant par des caractères assez nels, mais pouvant quand même passer de l’une à l’autre dans des conditions déterminées. Les différences que présentent ces deux types sont d'ordres divers. Les Bacilles bovins sont souvent plus courts, plus épais, plus irrégu- liers, moins souvent incurvés; mais ces caractères sont sujets à de très grandes variations. Leurs cultures sont souvent plus minces, plus sèches, moins abondantes ; on trouve à cela de nombreuses exceplions et bien des cultures de Bacilles bovins ne peuvent sous ce rapport se distinguer de cultures de Bacilles humains. La virulence des Bacilles bovins est plus grande que celle des Bacilles humains; c’est le cas le plus habituel, mais cette virulence est loin d'être identique pour tous les échantillons de Bacilles bovins, beaucoup l'ont nettement amoin- drie; d’un autre côté, il est des Bacilles humains à virulence élevée. Comme :l a été dit plus haut, à tous ces points de vue on trouve de nombreux termes de passages qui conduisent graduellement d’un type à l’autre. Le Bacille humain parail être bien réellement un type à virulence amoindrie ; l’homme peut, du reste, être considéré comme relativement résistant à la tuberculose, beaucoup d'animaux, le cobaye, les bovidés par exemple, élant beaucoup plus sensibles que lui. Les Bacilles bovins ont, pour la plupart des autres mammifères, une virulence plus grande que les Bacilles humains. Le cobaye est à peu près également sensible aux deux. Le lapin est beaucoup moins sen- sible à la tuberculose humaine qu'à la tuberculose bovine ; il peut aisément servir à leur distinction, quoique moins nettement que le veau. Les Bacilles tuberculeux des autres mammifères paraissent iden- tiques aux Bacilles bovins, s'en écartant plus ou moins par quelques caractères d'importance toute secondaire. Tuberculose aviaire. — La question de la /uberculose aviaire dans ses rapports avec la tuberculose humaine et bovine est encore plus dis- culée. La présence de tubercules, la tuberculose anatomiquement caracté- risée par ces lésions, est connue depuis longtemps chez les oiseaux, tout particulièrement chez les gallinacés domestiques où tous sont d'accord pour admettre sa grande fréquence. Koch (1), le premier, constata la présence du Bacille de la tubercu- lose dans les lésions du foie et de l'intestin de poules et de faisans tuberculeux. [ne mil pas en doute son identité avec celui de la tuber- culose de l'homme. De nombreux observaleurs signalaient des ressemblances certaines entre les Bacilles trouvés dans la tuberculose de homme et des mam- mifères el ceux de la tuberculose des oiseaux, des poulets principale- nent. On citait des observations où des poules semblaient s'être infec- tées en ingérant des crachats d'un phtisique; Nocard avait, comme (1) Kocn, Die Aetiologie der T. (Loc. cil., p. 678). 682 BACTÉRIACÉES. Koch, pu rendre tuberculeuses des poules en leur faisant avaler des produits tuberculeux de mammifères. H. Martin (1) n'avait cependant obtenu aucun résultat en faisant absorber à des poules, des coqs, un pigeon, des lésions de tuberculose humaine. Plus tard, d'autres nombreuses expériences démontrant, à l’appui de celles de H. Martin, que les poules nourries pendant longtemps de crachats de phtisiques ne devenaient jamais tuberculeuses, Straus et Gamaléia (2) concluent à une séparation bien nette des microbes, en se basant principalement sur deux séries de caractères l'apparence des cultures sur certains milieux et les effets des inoculations expéri- mentales. On peut résumer les différences qu'ils citent dans les cinq propositions suivantes : 1° Les cultures de la tuberculose humaine sont sèches, écailleuses ou verruqueuses ; celles de la tuberculose aviaire sont humides, grasses, plissées et molles ; 20 Le Bacille de la tuberculose humaine ne pousse guère au-dessus de 41°, pas du tout à 43°; celui de la tuberculose aviaire pousse rapi- dement et abondamment à cette température; 30 L'inoculation au cobaye et au lapin du Bacille de la tuberculose humaine détermine l'apparition de tubercules dans le poumon, le foie et la rate. Celle du Bacille de la tuberculose aviaire les tue sans lésions apparentes ; il y a infiltration tuberculeuse des organes; 4 Le chien est infesté facilement avec la tuberculose humaine; il jouit d'une immunité très grande à l'égard de la tuberculose aviaire ; 5° Les poules sont tout à fait réfractaires à la tuberculose humaine. On a pu répondre, mais en partie seulement, à ces objections. Pour la première, depuis l'emploi de milieux glycérinés pour les cul- tures, il est amplement démontré qu'au bout de quelques séries de cultures le Bacille de la tuberculose humaine peut prendre tous les caractères que l'on donne comme spéciaux à la tuberculose aviaire. Ceux-là mêmes deviennent ses caractères habituels ; la forme sèche, écailleuse ou verruqueuse, devient rare. Les superbes cultures qui sont sorties du laboratoire de Nocard ont dû convaincre les plus sceptiques. D'un autre côté, la tuberculose aviaire donne parfois des cultures sèches, écailleuses ou verruqueuses, considérées comme spéciales à la première. Fischel (3) dit avoir transformé sous ce rapport de la tuber- culose humaine en type aviaire et inversement en faisant des cultures sur l'œuf de poule d’abord, puis sur gélose boriquée. Nocard (4) serait parvenu à donner au Bacille de la tuberculose humaine tous les carac- tères biologiques et la virulence qui caractérisent le Lype aviaire, en le cultivant en sacs de collodion dans le péritoine des poules. Quant à la facilité de végéter à 43°, on peut admettre qu'elle provient (1) H. Marmx, Virulence des microbes tuberculeux (Études sur la T. publiées par Verneuil, 1887). (2) Srraus et Gamazéra, Recherches expér. surla T. humaine et sa distinction de la T. des oiseaux (Arch. de méd. expér., II, 1891, p. 457). (3) Fiscuez, Der Morphologie und Biologie der Tuberkelbacillus (Berlin. klin. Wo- chenschr., 1893, n° 41). (4) Nocan», Sur les relations qui existent entre la T, humaine et la T. aviaire (Ann. de l’Inst. Pasteur, XI, 1898, p. 561). BACILLUS TUBERCULOSIS. 683 d'une adaptation spéciale du Bacille aviaire à l'organisme de l'oiseau dont la température est plus élevée que celle du mammifère. La différence des résultats dans l’inoculation des deux types est loin d’être aussi tranchée qu'on l'avait annoncé. Yersin (1) a observé l'infil- tration tuberculeuse aussi bien avec la tuberculose d'origine bovine qu'avec la tuberculose aviaire ; Fischel, en se servant de ses cultures de tuberculose humaine modifiée en type aviaire, a aussi obtenu la mort de lapins sans lésions tuberculeuses apparentes. Nocard (2), puis Cour- mont et Dor (3), Sanchez-Toledo (4), ont déterminé des tuberculoses typiques chez des mammifères avec des cultures de tuberculose aviaire. Cadiot, Gilbert et Roger (5) ont obtenu chez le lapin, avec la tubereu- lose aviaire, tantôt des lésions tuberculeuses manifestes, tantôt l'infil- tralion tuberculeuse. Grancher et Ledoux-Lebard (6) obtiennent l’un ou l’autre type chez le lapin, par inoculation intraveineuse, suivant la dose de culture employée ; une dose minime donne une tuberculose à lésions apparentes, une dose plus forte produit l'infiltration tubercu- leuse. Des expériences de Richet et Héricourt (7) prouvent que le chien peut présenter une tuberculose classique par inoculation de tuberculose aviaire. En ce qui concerne la réceptivité de la poule à la tuberculose humaine, Koch a obtenu des tubercules chez plusieurs individus avec des produits tuberculeux humains; Nocard, Cadiot, Gilbert et Roger (8) ont observé des tubercules chez la poule à la suite d’ingestion ou d’inoculation de produits tuberculeux humains ou de cultures de même provenance. Il y a, il est vrai, difficulté assez grande d'arriver au résultat cherché, mais non impossibilité ; ce peut être une simple question d'adaptation à un milieu différent. Il existe en outre des rapports évidents au point de vue de la forma- tion des produits solubles dans les cultures. Roux a reconnu que la tuberculine obtenue à l’aide de cultures aviaires produit sur l'animal et sur l’homme des effets similaires à ceux que détermine la tuberculine des cultures de tuberculose humaine ou bovine. On se rend facilement compte que toutes ces explications données, ces réfutations fournies n’ont qu'une valeur relative ; les résultats visés sont lents, souvent difficiles à établir, apparaissent presque toujours plu- tôt comme des exceptions. Pour Weber et Bofinger (9), qui ont fait une (1) Yersin, Études sur le développement du tubercule expérimental (Ann. de l'Inst. Pasteur, II, 1888, p. 245). (2) Nocarn, Recherches expérimentales sur la T. des oiseaux (Soc. de Biol., 17 oc- tobre 1885). F (3) Courmoxr et Dor, De la production, chez le lapin, de tumeurs blanches expéri- mentales par inoculation intraveineuse de Bacilles tuberculeux aviaires atténués (Soc. de Biol., 8 novembre 1890 et 21 février 1891). (4) Saxcuez-Toreno, Transmission de la T. de la mère au fœtus (Arch. de méd. expér., 1889). (5) Canior, GirserT et RoGer, T. des volaiiles (Soc. de Biol., 11 octobre 1890). (6) GRaxcaer et Lenoux-LeBarD, Étude sur la T. expérimentale du lapin (Arch. de méd. expér., 1891, p.116). — In., T. aviaire et humaine (/hid., 1892, p'L): (7) Ricuer et Héricourr, Études expér. et clin. sur la T. publiées par Verneuil, II, 1890. (8) Canior, Girserr et RoGEr, Inoculation aux gallinacés de la T, des mammifères (Soc. de Biol., 25 juillet 1891). (9) Weser et BoriNGer, Die Hühnertuberkulose (Tuberkulose Arbeilen aus dem Kaiserl. Gesundheilsamte, 1, 1904, p. 83). 684 BACTÉRIACÉES. excellente étude de la question, ils sont loin d’avoir réellement la valeur qu'on a voulu leur attribuer. En particulier, l'infection de la poule avec un véritable Bacille tuberculeux humain ou bovin reste toujours dou- teuse ; la tuberculine aviaire, bien moins active que la tuberculine bovine ou humaine, ne serait en rien comparable à ces dernières. La tuberculose des oiseaux n'est du reste pas toujours due à la tuber- culose aviaire, mais souvent à une infection par le Bacille humain ou bovin ; et le perroquet (1), très sensible à la tuberculose humaine el bovine, beaucoup plus qu'à l’aviaire, n'a jamais transformé les premières en tuberculose aviaire. La question de la {uberculose des verlébrés à sang froid est encore trop peu élucidée pour qu'il soit possible d’être nettement affirmatif à son égard (Voy. p. 748). Il se pourrait qu'il n'y ait pas de différences primordiales, mais simplement des variations de degré secondaire, qui peuvent raisonnablement êlre mises sur le compte d'une adaptation à un milieu tout autre, produisant alors un type spécial, le Bacille pisciaire. Il faut enfin parler aussi de ces microbes, paraissant être de simples saprophytes ressemblant aux précédents par d'importants caractères, ceux de coloration principalement, ce qu'on peut dénommer l’acido- résistance, puis parce que parfois leur inoculation donne de véritables tubercules, microbes qui peuvent même parfois accompagner le Bacrlle de la tuberculose dans des lésions tuberculeuses. On peut les dénommer Bacilles pseudo-luberculeux où paratuberculeux à cause de ces rapports, ou les désigner sous le nom de Bacilles acido-résistants ; leur étude sera faite plus loin (p. 775). Il est difficile et peut-être téméraire actuellement d'affirmer leur identité avec le Bacille de la tuberculose et d'assurer qu'ils en représentent le type saprophyte ; mais il n’est quand même pas possible de rejeter complètement cette opinion. La conclusion que l'on peut tirer de cet exposé est qu'il parait rationnel de penser qu'il existe un Bacille de la tuberculose comme véritable espèce microbienne, qui peut, suivant surtout les conditions d'existence et d'habitat, présenter des varialions assez grandes, variétés ou races, même {ypes, comme on voudra, s'écartant plus où moins du Lype normal. Ce type normal pourrait être le Bacille bovin. Il en existerait surlout une variété assez proche, le Bacille humain ; une assez éloignée, le Bacille aviaire ; une beaucoup plus éloignée encore, le Bacille des animaux à sang froid; et, près de cette dernière, des Bacilles paratuberculeux, les uns jouissant d'un certain pouvoir infes- tant, les autres devenus de purs saprophytes, avec tous les intermé- diaires voulus dans cette gradation. Ou bien alors ces types seraient tout à fait indépendants les uns des autres. Les Bacilles bovin et humain auraient peut-être quelques rapports ; le Bacille aviaire serait une espèce Lout à fait distincte, de même que le Bacille des vertébrés à sang froid, Bacille pisciaire ; les autres Bacilles acido-résistants constlilueraient aussi des espèces à part. Tous ces types auraient pu cependant se différencier d'un lype ancestral unique, saprophyle. La spécificité du microbe étant admise, les lésions observées sont- elles également spécifiques, pathognomoniques ? On l'a cru longtemps, (1) Srraus, Sur la T. du perroquet (Arch. de méd. expér., 1896, n° 1). sde An Pr 4 D > BACILLUS TUBERCULOSIS,. 683 admettant que le tubercule était l'expression de l'infection tubercu- leuse. Il faut reconnaître que non ; le tubercule n’est que l'expression d'une réaction de l'organisme contre certaines irritations. Il y a des affections à tubercules qui ne sont nullement sous la dépendance du Bacille de la tuberculose ; il sera parlé plus loin des pseudo-luberculoses qui peuvent être dues à des organismes bien différents, à d'autres Bactéries, à des Champignons inférieurs, à des Protozoaires, à des œufs d'Helminthes, voire même à des poussières inertes. Dans la tuberculose bacillaire, de beaucoup la plus commune, l'agent de l'irritation est le Bacille. M A, Le Bacille pénètre dansuntissu, apporté 7, 7 7 @ -. du point d’inoculation par un globule blanc + 7%, PAPER qui a suivi la voie lymphatique ou san- © >, & 7 IN guine. Le leucocyte se fixe et se détruit Th OR en mettant en liberté le ou les Bacilles : g ET qu'il contient. Il se forme autour d'eux, - 8 #2. Le. & 9 par diapédèse, une agglomération leuco- ‘à & “7 SET é cylaire donnant autour des Bacilles qui se 1 LE. ae ie sont multipliés un petit nodule, premier © H&® © ,# rudiment du tubereule. Les éléments du + !:® 497 nodule et aussi des cellules voisines du s PR tissu envahi subissent la transformation s 4 se épithélioïde ; à la partie centrale se trou- MOTS vent une ou plusieurs cellules géantes Fig. 255. — Follicule tubercu- (20255) éléments, defderande, tailles à 10250 "t2de, de début, (demi : schématique). Au centre, cel- nombreux noyaux ; on les considère tan- juie géante avec nombreux Ba- tôt comme des éléments formés par un cilles; autour, cellules épithé- ou plusieurs leucocytes devenus con- livides et cellules lymphoïdes fluents, en voie de dégénérescence et de Plus petites. Environ 800/1. nécrobiose, où les noyaux continueraïient seuls à se diviser ; tantôt, au contraire, avec Metschnikoff (1), comme des éléments très actifs, de véritables phagocytes, luttant contre le Bacille tuberculeux. C'est surtout dans les cellules géantes que se trou- vent alors les Bacilles, et souvent en grand nombre. Le tubercule se trouve constitué. Il évolue suivant deux directions. Ses éléments peu- vent se transformer en un lissu fibreux qui détermine en quelque sorte l’enkystement du produit virulent, et peut l'isoler complètement ; cette production du {ubercule fibreux, granulation fibreuse, est un processus favorable, de guérison. Ou bien, au contraire, les éléments du nodule subissent une sorte de dégénérescence vitreuse ou colloïde, se nécrosent et se transforment en une matière jaunâtre, la malière caséeuse, qui se ramollit sous l'influence des produits sécrélés par le microbe. C’est le lubercule caséeux. Les leucocytes des alentours peuvent transporter des Bacilles dans d’autres parties du corps et y provoquer la forma- tion d’autres lésions semblables; c'est de cette manière que l'infection s'étend dans un même organe, peut gagner d’autres organes, même se généraliser, D'après Maurel (2), les tubercules se développeraient (1) Merscanikorr, Ueber die phagocytäre Rolle der Tuberkelriesenzellen (Virchow's Arch., CXIII, 1888, p. 63). (2) Maure, Histogenèse du tubercule (Congrès de méd. de Montpellier, 1898). 686 BACTÉRIACÉES. exclusivement dans les vaisseaux, aux dépens des leucocytes et des cellules endothéliales. D'un autrecôté, nous l'avons vu précédemment, toute lésion macrosco- pique fait défaut dans ce qu'on peut nommer l’énfiltration tuberculeuse. Il ressort de là que l'infection. tuberculeuse peut revêtir, aussi bien chez l'homme que chez l'animal, deux formes différentes. Dans l’une, on constate avec plus ou moins d'évidence la présence de tubercules; c’est la forme bien étudiée par Villemin, d’où le nom de type Villemin sous lequel on: peut la désigner. Dans l’autre, _— les lésions macroscopiques font défaut; les organes atteints par le Fig. 256. — Bacilles tuberculeux dans les parasite, le foie, la rate surtout, crachats. Coloration par la fuchsine et le qui sont simplement hypertro- bleu de méthyle. 1500/1. 2 2 l ; phiés et de coloration plus foncée, montrent, entre leurséléments peu ou pas modifiés, de nombreux Bacilles épars ou des groupes de Ba- cilles; c’est une sorte de seplicémie tuberculeuse, une véritable énfiltra- tion tuberculeuse, non pas dans le sens que Laennec attribuait à cette dénomination, par exemple; on donne à cette forme le nom de {ype Yersin, parce que cet expérimentateur l’a obtenue le premier expéri- mentalement aussi bien avecle Bacille humain qu'avec le Bacille aviaire. MORPHOLOGIE Caractères microscopiques. — Les Bacilles luberculeux vivants, des cultures, sont de petits bâtonnets hyalins, un peu plus épais que ceux des préparations colorées, habituellement immobiles. Les bâtonnets des préparations colorées (fig. 257) mesurent en lon- gueur moyenne de 1,54 à 3,5 y, du quart à la moitié d'un globule rouge ; il en est qui atteignent jusque 5 4. La largeur est plus uni- forme : elle est d'ordinaire de 0,3 w et peut arriver à 0,5 y; les Bacilles préparés par la méthode de Koch paraissent un peu plus minces que ceux colorés suivant le procédé d'Ehrlich. Ils sont droits ou, plus fréquemment, légèrement courbés (fig. 258), parfois même pliés, d'après Koch. La largeur n'est souvent pas uniforme ; ils présentent parfois une série d’étranglements leur donnant l’apparence de boudins irréguliers, ou même, s'ils sont plus prononcés, d’une chainetle formée d'articles ovoïdes (fig. 259). C'est ce qui explique comment on a pu avancer que ces Bacilles se transformaient à un moment donné len une chaîne de coccus (1). A la suite de l’action des solutions colorantes, on distingue souvent dans le corps même du bâtonnet un nombre variable, quatre à six d'habitude, de vacuoles incolores, de forme ovalaire, que Koch dit être des spores, sans pouvoir toutefois en donner une preuve certaine (fig. 258). D'après (4) Amanx, Die feinere Structur der Tuberkelpilzen (Schweiz. Wochenschr. für Pharm., 1887, n° 15). BACILLUS TUBERCULOSIS. 687 lui, l’article qui se prépare à sporuler se divise d’abord en articles courts au nombre de deux au moins et de six au plus, dans chacun desquels apparaît un point brillant qui grandit el donne une spore réfringente. Cette question de production de spores est encore loin d'être élueidée, Elle a cependant, à bien des points de vue, une importance considérable, Fig. 257. — Bacilles tuberculeux. Préparation obtenue avec le suc de raclage d’un tubercule. 1500/1 (d’après Baumgarten). la présence de spores chez une Bactérie comportant la manifestation de propriétés spéciales, en particulier une résistance souvent beaucoup plus grande aux agents de destruction. Il ne semble pas que l'on ait affaire ici à des spores ; les points brillants ne sont plutôt que de simples vacuoles (fig. 256 et 258). Les caractères précédents de forme et de dimensions sont cependant loin d’avoir une constance absolue; on rencontre au contraire de nombreuses variantes en plus ou en moins. Les Bacilles des cultures offrent souvent un type de longueur réduite, une véritable forme naine. Les bâtonnets peuvent être très courts, très peu Fig. 258. = Ba- plus longs que larges, ressemblant presque à des coc- cilles de la tu- cus. L'examen des crachats tuberculeux en fait parfois berculose. Ob- rencontrer de semblables. jectif 1/18, im L'emploi de certaines méthodes de coloration (Voy. DE Va p. 693 el 694) permet de constater la présence de formes près Koch). très courtes, irrégulières, véritables granulations, les splitlers (esquilles) de Spengler (1), les granules de Much (2), qui proviendraient d'un processus de dégénérescence des bâätonnets, ayant perdu en partie les propriétés de coloration, mais gardé la virulence et pouvant, par inoculation surtout, donner des lésions renfermant des (1) SPexGzer, Ueber Splittersputa Tuberkulüser {Zeilschr. für Hyg., XLIX, 1905, p. 511). (2) Mucu, Die nach Ziehl nichtdarstellbaren Formen des Tuberkelbazillus (Berl. klin. Wochenschr., 1908, n° 14). 688 BACTÉRIACÉES. : Bacilles d'aspect ordinaire. De tels Bacilles granuleux seraient très fré- quents dans la tuberculose bovine, exceptionnels dans la tuberculose humaine, à tel point que la présence simultanée dans des crachats de 3acilles normaux assez nombreux el de splitters bien nets devrait faire penser à une infection simullanée par les deux races (Spengler). . Ou bien, au contraire, la longueur et aussi la largeur peuvent être beaucoup plus grandes ; ce-sont de véritables formes géantes. Metschnikoff (1), puis Nocard et Roux (2), ont les premiers décrit de ces formes rencontrées dans les cultures, formes allongées, ramifiées, souvent renflées en massue (fig. 260). Metschnikoff les considère comme des formes d’involution. Czaplewski (3), Coppen Jones (4) les ne Fr lz7 | lv Le Li — € I Fig. 259. — Bacilles tuber- Fig. 260. — Bacilles de la tuberculose, formes culeuz dans des crachats. anormales, ramifiées et renflées (d'après 1200/1. Metschnikoff). ont retrouvées dans les crachats où Babès (5) les avait déjà signalées en 1886. En s'appuyant sur la présence de ces formes ramifiées et renflées. certains rapprochent le Bacille de la tuberculose des Cladothrix, de l'Aclinomyces, et ont même proposé pour lui le nom de Sclerothrir Kochir. Babès et Levaditi (6) ont obtenu des granulations tuberculeuses rappelant de très près l'aspect et la structure des granulations d’Acti- nomyces, en injectant, après trépanation, dans les méninges el le cerveau de lapins, une culture sur gélose glycérinée de tuberculose humaine, peu virulente. La figure 261 est Lout à fait convaincante. Les (4) Merscanixorr, Ueber die phagocytäre Rolle der Tuberkelriesenzellen (Virchow's Arch., CXIIT, 1588, p. 63)« (2) Nocaro et Roux, Sur la culture du Bacille de la T. (Ann. de l'Inst. Pasteur, I, 1888, p. 24). (3) Czarzewski, Die Untersuchung des Auswurfes auf Tuberkelbacillus. Téna, 1891. (4) Correx Joxes, Ueber die Morphologie und systematische Stellung des Tuberkel- pilzes und über die Kolbenbildung bei Aktinomycose und Tuberkulose (Centralbl. für Bakt., XVII, 1895, p. 1). (5) Basës, in Connis et BaBës, Les Bactéries, 2° éd., 1886, p. 696. (6) Barës et Levaorri, Sur la forme actinomycosique du Bacille de la T, (Arch. de méd. expér., IX, 1897, p. 1041). Bd A BACILLUS TUBERCULOSIS. x 689 massues seraient produites par une véritable sécrétion des extrémités terminales des filaments ramifiés, rappelant tout à fait ce qui se ren- contre pour l'Actinomyces. Schultze (1) a confirmé ces mêmes résultats et n'hésite pas à rap- procher le Bacille de la tuberculose de l'Actinomyces. Jusqu'à plus ample informé, cependant, il parait préférable de se rallier à l'opinion de Metschnikoff et faire de ces formes de simples déviations involutives du type normal. La plupart des auteurs décrivent le Bacille de la tuberculose comme immobile; Ferran (2) le pre- mier le donne comme mobile. D'après Schumowski (3), les bâtonnets auraient un mouve- ment vibratoire réel et un mouvement de déplacement lent, mouvements bien visi- bles dans une culture en goutte pendante ou en écrasant dans une goutte de bouillon une parcelle de culture sur gélose. Les Bacilles des cultures ho- mogènes d’Arloing et P. Cour- mont (Voy. p. 701) sont doués d'une mobilité très nette, dans toute leur évolution. La présence de cils, affirmée par certains observateurs, est niée par la plupart. Fig. 261. — Granulation tuberculeuse Coloration. — Le Bacille des méninges du lapin. 1000/1 (d’après Babès). de la tuberculose se colore à toutes les couleurs d’aniline. Avec les solutions aqueuses ordinaires, la . coloration est très lente; elle est plus rapide en ajoutant un mordant qui peut être un alcali, comme la potasse dans le procédé primitif de Koch, de l'huile d’aniline, de l’acide phénique. Les Bacilles qui se sont alors colorés conservent fortement la couleur; ils résistent pendant quelque temps au moins à l’action décolorante des acides minéraux ou organiques, de l'alcool, ou d’autres bains colorants, sont nettement acido-résistants et alcoolo-résistants. Traité par le procédé habituel, ce microbe reste coloré par la méthode de Gram. Cette grande résistance aux agents de décoloration est très avanla- geusement mise à profit pour la recherche des Bacilles tuberculeux dans les produits pathologiques où se trouvent souvent d’autres éléments bacillaires qui ne résistent pas à la décoloration et qu'il devient alors possible de différencier. C'est aussi un caractère très (1) O: Scuuzrze, Untersuchungen über die Strahlenpilzformen des Tuberkuloseerre- ger (Zeilschr. für Hygiene, XXXI, 1899, p. 153). (2) FEerraw, Aptitudes saprophytes du Bacille de la T.: des affinités avec le Bacille du typhus et le Colibacille ; propriétés immunisantes et thérapeutiques de ce Bacille converti en saprophyte (C. R. de l'Acad. des sc., 11 octobre 1897). (3) Scaumowskr:, Ueber die Beweglichkeit der Tuberkelbacillen (Centralbl. für Bakt., XXIII, 1898, p. 838). Macé. — Bactériologie, 6° édit. = 74 690 BACTÉRIACÉES. précieux lorsque l’on n'a affaire qu'au Bacille de La tuberculose seul. La résistance à la décoloration a été attribuée à la présence, dans le protoplasma, de matières grasses ou cireuses douées de la propriété de fixer et de retenir les couleurs d'aniline {Voy. p. 690). Les acides gras qui s'y rencontrent sont, en effet, nettement acido-résistants. Mais ce ne . sont pas les seuls composants qui jouissent de cette propriété. D’après Auclair et Paris (1). les substances albuminoïdes du microbe, sa trame cellulosique seraient également acido-résistantes. Les graisses neutres présentes, par contre, ne le sont pas. Les Bacilles très jeunes résistent souvent mal à la décoloration. - La résistance à la décoloration n'est, du reste, que relative. Une plus longue action du réactif décolorant amène une décoloration graduelle. Les acides minéraux décolorent rapidement lorsqu'ils sont chauffés vers 100°, D'un autre côté, les Bacilles résistent d'autant mieux qu'ils ont subi l'action de colorants plus forts et que la coloration s’est faite à chaud. La question de lemps intervient donc largement ici. Il importe beaucoup de la fixer. Elle paraît varier dans des limites assez larges. Philibert (2) a observé que certains Pacilles luberculeux pouvaient ré- sister à la Ron en par l'acide nitrique au liers pendant quarante minutes, d’autres seulement pendant sept minutes et même moins, mais toujours tous les Bacilles luberculeux ont résisté très bien à une décoloration de deur minutes, qu'on peut admettre comme durée optimum. Pour l'alcool absolu, la résistance peut être largement fixée à une heure. Ces données sont précieuses pour le diagnostic. A vrai dire, cette résistance à la décoloration par certains agents déco- lorants, les acides particulièrement, cette acido-résislance, comme on dit, n’est pas spéciale au PBacille de la tuberculose. D'autres espèces microbiennes la présentent aussi, à des degrés divers. Koch avait déjà cité le Bacille de la lèpre comme se comportant de la même façon sur ce point. Le même fait a été reconnu peu après pour le Bacille du smegma. C'est ensuite d'assez nombreuses espèces dites pseudo-lubercu- leuses ou paraluberculeuses dont certaines peuvent l'avoir à un degré égal à celui de la première espèce ; puis d’autres qui la possèdent à un degré moindre. On peut, à ce point de vue, classer ces espèces en acido-résistants forts, Bacille de la tuberculose, Bacilles pseudo-luberculeux ou paratuber- culeux vrais où Bacilles luberculoïdes, Bacille de la lèpre ; et acido- résistants faibles, comme le Bacille du smegma, les Bacilles résistants de l'urine, de la sécrétion sébacée de la peau, du cérumen, des crachats. Il est des particularités qui permettent de faire la distinction: elles seront exposées el discutées plus loin (Les Bacilles pseudo-tuber- culeux, p. 775). Elles sont des plus importantes à connaître, pour les espèces de la seconde catégorie surtout ; en clinique, en effet, 1l n'arrive pas d'avoir à distinguer le Bacille de la luberculose des Bacilles pseudo-luberculeux vrais; souvent, au contraire, 1l faut pou- (4) Aucrair et Paris, Constitution chimique du Bacille de Koch et de sa substance unissante ; ses rapports avec l’acido-résistance (Arch. de méd. erpér.., 1902). AucLAIR, Les modifications du Bacille tuberculeux humain (Arch. de méd. expéri., 1903, XV, p. 469). (2) Paninerr, Les pseudo-bacilles acido-résistants. Thèses de Paris, 1908. BACILLUS TUBERCULOSIS. 691 voir le distinguer des Bacilles acido-résistants faibles, dits aussi pseudo- Bacilles acido-résistants comme il sera dit plus loin. Nicolle (1) donne en outre comme résistant à la décoloration le Streptothrix du farcin du bœuf, pour lequel j'ai obtenu des résultats opposés, et le Bacille de la verruga du Pérou, décrit par Izquierdo (2), qui voisine peut-être avec le Bacille de la lèpre. D'autres formes classées parmi les Streplothrix paraissent aussi être souvent acido-résistantes (3). D'autres éléments que des microbes peuvent également présenter cette résistance à la décoloration par les acides ; les spores l'ont en général, diverses granulations cellulaires aussi, par exemple la chromatine des noyaux en karyokinèse. D'un autre côté, certaines races du Bacille de la luberculose résis- tent mal à la décoloration, ou peuvent même perdre tout à fait leur acido-résistance. Ce sont surtout les Bacilles accoutumés à vivre en cultures homogènes dans des bouillons, la race obtenue par Ferran, par exemple, et, plus irrégulièrement toutefois, celle d’Arloimg et P. Cour- mont (Voy.p. 769). Les méthodes employées pour colorer d’une facon spéciale le Bacille de Koch sont très nombreuses ; il n’y aurait aucun avantage à les citer toutes. Elles ne sont du reste que des modifications du procédé d'Ehrlich qui a perfectionné la méthode primitive de Koch exposée au commencement de cet article. Nous n'en citerons que quelques-unes, les principales : : Procédé d'Ehrlich. — Ehrlhch se sert comme mordant d’eau anilinée, préparée comme il a été indiqué page 376; il faut toujours l’employer fraiche. Le bain colorant s'obtient en ajoutant un dixième environ de solution alcoolique saturée de la couleur d’aniline, fuchsine, bleu, violet, suivant la teinte que l’on veut obtenir. Le bain s'emploie chaud; vers 609, la coloration est plus rapide. On laisse les préparations dans le bain jusqu'à ce qu'elles soient fortement colorées ; un quart d'heure suffit amplement ; une surcoloration n'est pas à craindre. La décoloration se fait avec l'acide nitrique au tiers (p. 384) : il faut se souvenir que la résistance à la décoloration du Bacille a des limites el ne pas dépasser deux minutes d'action ; la décoloration est toujours complète après ce temps. Il est souvent très avantageux de faire une double coloration à l'aide d'un bain colorant d'une nuance qui tranche bien sur la première ; on se rend mieux compte de la nature des éléments autres qui peuvent se rencontrer dans la préparation (Voy. p. 386). Ce procédé d'Ehrlich donne des résultats excellents. Coloré de cette manière, le Bacille de la tuberculose semble particulièrement acido- résistant. L'ennui d’avoir à préparer chaque fois une eau anilinée fraiche fait préférer d'autres méthodes, la suivante surtout, extrême- ment commode dans la pratique courante. Procédé de Ziehl ou de Ziehl-Neelsen. — C'est le procédé de choix (1) Nicozre, Pratique des colorations microbiennes (Ann. de l’Inst, Pasteur, IX, 1895, p. 664). (2) IzquiErpo, Virchow's Arch., XCIX, 1885. (3) ForriINEau et Sougraxe, Sur un Streptothrix rouge pathogène acido-résistant (Bull. de l’Inst. Pasteur de la Loire-Inférieure, 1904-1905, p. 53). — Voy. aussi FLEx- NER, LOC: CICS, De2792. #4. 692 BACTÉRIACÉES. pour la pratique ordinaire, en raison des bons résultats qu'il donne et de la commodité de son exécution. Le mordant employé est l'acide phénique. On se sert de la solution de Ziehl (p. 377) modifiée par Neelsen, qui contient 1 gramme de fuchsine au lieu de 0er,25. Il est à recommander de la préparer en suivant minutieusement les indications : données. Ce liquide a le grand avantage de se conserver longtemps. On y met les préparations ou on en verse quelques gouttes sur la lame préparée et l’on chauffe jusqu'à production de vapeurs, pendant un quart d'heure environ. La décoloration se fait pendant deux minutes à l'acide nitrique &u tiers ou de préférence à l'acide sulfurique dilué au quart (acide sulfurique, 25; eau, 100). Rondelli et Buscalioni (1) emploient comme décolorant l'eau de Javel étendue de dix fois son poids d'eau. Philibert (2 recommande de faire suivre l'action décolorante de l'acide nitrique au liers par celle de l'alcool, ce qui permet d'éliminer d'une facon sûre beaucoup des Bacilles acido-résistants qu'une méthode plus simple pourrait laisser colorés et faire prendre pour du Bacille de Koch. Il préconise la technique suivante : Solatonide Ziehlta Chaude EEE EE EE CRE E Tee 10 minutes. Acide nirIqUE AU A ÉIERS ET ee Ce LTD 2 — Laver à l'eau, puis : Alcool absolu (ou alcool à 959)..... RARES EEE UC ERR E 3 — Bleu de Unna pour coloration de fond ............... a — Alcool jusqu'à décoloration du bleu. Procédé de Gabbet. — C'est une modification du procédé de Ziehl, peut-être moins sûre que lui. Gabbet (3) colore à la solution de Ziehl, comme il a été dit, puis fait à la fois la décoloration el une recoloration de fond, en lraitant par de l'acide sulfurique au quart dans lequel a été dissous 2 p. 100 de bleu de méthylène. Les Bacilles de la tuberculose sont colorés en rouge ; le fond est bleu ou un peu rosé, selon que la décoloration a été plus ou moins poussée. Procédé de B. Fraenkel (4). — Les préparations sont colorées à chaud par la méthode d'Ebrlich, eau anilinée et fuchsine ou violet; après lavage, elles sont soumises, pendant une à deux minutes, à l'action du mélange suivant : AICOOL AO DO RM Re Me eee rte 50 centimètres cubes. BAUER E CE EE Poe A nt ser le 30 — — Acide /aZOHqQUE CLS RE EN Cie 20 — — Bleuide méthylène 22e out Cheb à saturation. Le décolorant est uni au colorant de fond ; le mélange se conserve indéfiniment. Procédé de Kühne (5). — L'agent de différenciation est le chlorhy- (1) Roxpezu el Buscaront, Ueber eine neue Färbungsmethode des Tuberkelbacillus Centralbl. für Bakt., XXT, 1897, p. 70). 2, Purusenr, Les pseudo-bacilles acido-résistants. Thèse de Paris, 1908. (3) Ganeer, Rapid stammy of the tubercle Bacillus (The Lancel, 9 avril 1887) (4) B. Frarxker, Berlin. klin. Wochenschr., 1884, n° 13. (5) Bonnes, T. pulmonaire expérimentale (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIL, 1889, p« 593). J 1 _ BACILLUS TUBERCULOSIS. 693 drate d'aniline qui a l'avantage de nuire beaucoup moins que les acides aux éléments cellulaires qui peuvent se rencontrer dans les prépara- tions. C’est, sans contredit, le meilleur décolorant à employer ; il a toutefois l'inconvénient d’être assez coûteux et ennuyeux à préparer, parce qu'il faut toujours employer des solutions fraîches. Les préparations sont colorées dans la so/ulion de Ziehl pendant dix minutes à un quart d'heure, placées pendant quelques secondes dans une solution de chlorhydrate d’aniline à 2 p. 100, ou même 4 et 5 p. 100, puis décolorées par l'alcool. La coloration de fond se fait à volonté. Procédé de Hauser(1).— L'action décolorante des acides minéraux peut être trop énergique : en prolongeant un peu trop l’action du bain acide, le Bacille tuberculeux peut être décoloré. Les acides organiques ont des effets moins violents ; Petri préconise dans ce but l'acide acétique glacial ; Watson Cheyne, l'acide formique ; Cornil, Alvarez et Tavel, l'acide oxalique. Hauser préfère les acides tartrique, citrique et surtout lactique, à 5 à 10 p. 100 en solution aqueuse ou à 2 ou 3 p. 100 en solu- tion alcoolique. La préparation colorée au Ziehl à chaud, comme il a été indiqué ci-dessus, est soumise pendant quelques minutes au bain déco- lorant aqueux ; ce contact peut même être prolongé pendant une demi- heure sans que, pour la majorité des Bacilles, la teinte baisse sensible- ment : avec les solutions alcooliques, quelques secondes suffisent. Procédé de Spengler. — L'acide picrique avait été signalé par Kühne comme donnant de très bons résultats ; on obtient avec lui une colo- ration de fond jaune qui facilite les recherches. Spengler (2) recommande la manière de faire suivante. La préparation est colorée à chaud avec la solution de Ziehl, puis traitée pendant quel- ques secondes à l'alcool picrique : Solution aqueuse saturée d'acide picrique. "1... 60 ICO OLA DS Oo LUE EME RS NAT ee Le re ALT EL Va VE sa 10 Elle est lavée à trois reprises dans de l'alcool à 600, décolorée par de l'acide nitrique à 15 p. 100, passée à l’alcoo! à 600 jusqu'à ce qu'il ne reste plus trace de couleur, et enfin lavée à nouveau à l'alcool picrique. Les Bacilles sont colorés en rouge foncé ; le fond est jaune. Spengler croit que l’on peut, par cette méthode, distinguer de gros Bacilles longs et granuleux qui seraient des Bacilles bovins et de fins Bacilles unifor- mément granuleux qui seraient des Bacilles humains. Procédé de Herman. — Herman (3) utilise comme mordant le carbonate d'ammoniaque à 1 p. 100 dans l’eau distillée et comme colorant la solu- tion de cristalviolet à 3 p. 100 dans l'alcool à 950. Ces solutions sont mises en flacons séparés et bien bouchés. Pour l'usage, on ajoute une partie de colorant à trois parties de mordant et on mélange parfaitement. Les frottis ou les coupes sont traités pendant une minute par le bain chauffé vers 1000, puis décolorés pendant quatre ou cinq secondes par l'acide nitrique à 10 p. 100, lavés (1) Hauser, Note sur la coloration du Bacille de la T, (Soc. de Biol., 29 oct. 1897), (2) SPeNGLEr, Neue Färbe Methoden für Perlsucht und Tuberkelbacillen (Deutsche med. Wochenschr., 1907, n° 9). (3) HerMAw, Sur la coloration du Bacille tuberculeux (Ann. de l’Inst. Pasteur, XXII, 1908, p. 92). 44. 6914 BACTÉRIACÉES. à l'alcool à 95° et séchés ou portés trente secondes dans une solution alcoolique d’éosine à 1 p. 100 pour colorer le fond. Les Bacilles tuber- culeux sont colorés en violet. D'après Herman, cette méthode donnerait des résultats positifs alors que les autres auraient échoué, même avec des Pacilles déjà altérés et en voie de dégénérescence en granules. | Procédé de Much. — D'après Much (1), sa méthode, comme du reste celle qui précède, peut aisément faire reconnaître, dans des préparations, la présence de Bacilles tuberculeux en plus grand nombre qu'avec la méthode de Ziehl, et surtout de Bacilles en voie de dégénérescence, trans- formés en granulations (granulations de Much), là où les procédés habi- tuels, ceux d'Ehrlich ou de Ziehl par exemple, ne donnent que des résultats négatifs. Le fait que de telles granulations ont conservé une grande virulence. peuvent reproduire des lésions où se trouve le Bacille normal, explique l'importance de l'observation. Much emploie une sorte de méthode de Gram renforcée, combinée avec le procédé d’Ehrlich. Il colore les coupes ou les frottis par un séjour de vingt-quatre à quarante-huit heures dans un bain d'eau anilinée colorée au violet de gentiane (p. 376). Il traite pendant cinq minutes par la solution de Gram, décolore ensuite par l’alcool-acétone (p. 380) et, si la décoloration n'est pas suffisante par l'acide nitrique à 5 p. 100 pendant dix secondes. Les Bacilles sont colorés en violet; les granulations provenant d’un début de dégénérescence des Bacilles ont la même nuance et se distinguent facilement, avec un peu d'habitude, des précipités granuleux que donne souvent la méthode de Gram. Nous reviendrons encore sur les méthodes de coloration à propos de la recherche du Bacille luberculeux dans les produits pathologiques et du diagnostic de la tuberculose. Cultures. — Le Bacille de la tuberculose se cultive facilement sur divers milieux. Il est exclusivement aérobie et ne croit pas en l'absence d'oxygène. Il exige pour se développer une température relativement élevée; la multiplicalion commence à 28° ou 29°, est très faible à 30° et se fait au mieux vers 38°; à #1°, on n’observe plus aucune croissance, mème après un long temps, avec les Bacilles humain et bovin. Même dans les meilleures conditions, les cultures demandent de huit à quinze jours pour apparaître. Le Bacille aviaire se développe encore bien à 43° etsen- siblement même jusqu'à 45°. Le Bacille pisctaire se développe bien à 20°. Koch est parvenu le premier à cultiver cette espèce sur le sérum san- guin. Il est difficile d'obtenir des cultures pures avec les crachats tuber- culeux, à cause du grand nombre de Bactéries qu'ils contiennent, dont le développement plus rapide étouffe rapidement la végétation lente du Bacille de la tuberculose. I vaut mieux s'adresser à de la matière tuber- culeuse, recueillie directement à l'autopsie el au mieux sur un cobaye inoculé sous la peau du ventre, qu'on sacrifie quinze jours ou (rois semaines après l’inoculation. La prise de substance se fait dans le foie ou la rate, surtout s'ils sont riches en tubercules, en usant de loutes les précautions voulues pour s'opposer à l'introduction de germes étran- sers. Enfin, Koch recommande, comme condition essentielle, de bien broyer celte matière tuberculeuse avant de l'ensemencer. On le fait faci- lement en la triturant dans un tube stérilisé, avec une forte baguette (4) Mucu, Die nach Ziehl nicht darstellbaren Formen des Tuberkelbacillus (Bert. klin. Wochenschr., 1908, n° 14). BACILLUS FUBERCULOSIS. 695 de verre. Il faut ensemencer largement sur sérum coagulé, au mieux glycériné à 4 p. 100, en frottant fortement la surface, la gratlant même légèrement. L'ensemencement doit porter sur un assez grand nombre de tubes, beaucoup pouvant rester stériles. D'après Kitasalo (1), il est possible d'obtenir des cultures directement avec les crachats en procédant de la facon suivante : On fait cracher le malade le matin, dans un verre ou récipient stérilisé. On prend, à l’aide d’un fil de platine stérilisé, des grumeaux jaunâtres qu'ils contiennent el on les lave au moins une dizaine de fois dans de l’eau stérilisée, en les agitant, pour les débarrasser le plus possible des microbes étrangers. On les dilacère ensuite dans un peu d'eau stérilisée et l’on étend de petites parcelles à la surface de sérum ou de gélose glycérinée. On peut ainsi observer le développement de colonies de Bactille de la tuber- culose. Pastor (2) mêle intimement de petites quantités de crachats avec de la gélatine liquéfiée, coule en plaques et ensemence, après quelques jours, des parcelles de gélatine où aucune colonie ne s’est développée. D'après Hesse (3), on réussirait très bien en faisant les cultures sur de la gélose glycérinée additionnée de 5 p. 100 d’albumine soluble de Her- den. La présence de mucus faciliterait la prolifération. Spengler (4) a imaginé un procédé assez ingénieux, mettant à profil la résistance assez grande du Zacille de la luberculose à l'action des vapeurs de formol qui détruisent beaucoup plus vite les Bactéries se trouvant ordinairement avec lui. Il place, dans une boîte de Petri, un morceau de papier buvard plié en double et couvre la boîte avec une feuille de papier-filtre épais bien débordante pour permettre de placer le couvercle avec frottement, puis stérilise à la chaleur sèche. Sur le papier du fond, il étale un gros crachat. Il verse 10 à 12 gouttes de formol sur le papier qui adhère au couvercle, ferme et place pendant vingt minutes à l’étuve. Quelques grosses parcelles de crachats sont alors prélevées et largement ensemencées sur sérum coagulé, préalablement glycériné à 6 p. 100. Le procédé réussit quelquefois, mais échoue souvent; l’action du formol est trop forte, tout est stérilisé, ou bien d’autres microbes résistent qui prennent vite le dessus. On parvient plus facilement à obtenir des cultures pures de Bacille de la luberculose en portant des crachats, des morceaux d'organes non stériles, même en putréfaction, ou d’autres produits qui contiennent ce microbe à côté d’autres espèces, en faisant usage d’antiformine, solution d’hypochlorite de soude additionnée de soude caustique, ainsi que l'ont montré Uhlenhuth et Kersten (5). Cette antiformine, dont il sera parlé plus complètement plus loin (Recherche du Bacille de la tuberculose dans les crachals, p. 751), dissout facilement et complètement la plupart des (1) Kirasaro, Gewinnung von Reinkulturen der Tuberkelbacillen und anderer pa- thogener Bakterien aus Sputum (Zeitschr. für Hggiene, XI, 18921. (2) PaAsror, Eine Methode zur Gewinnung von Reinkulturen der Tuberkelbacillen aus dem Sputum (Centralbl. für Bakt., XI, 1892, p. 233). (3) Hesse, Ein neues Verfahren zur Züchtung des Tuberkelbacillus (Zeutschr. für Hygiene, XXXI, 1899, p. 502). (4) SPexGzEr, Zur Formaldehyd-Abtôütung und Züchtung der Tuberkel und anderer saürefester Bacillen (Zeitschr. für Hygiene, LI, 1905, p. 335). (5) UnzenauTa et KersTEN, Eine neue Methode zum kulturellen und mikroskopis- chen Nachweis von Tuberkelbazillen im Sputum und anderen tuberkulôsen Mate- rial (Zeitschr. für experim. Pathol.. VI, 1909, no 3). 696 BACTÉRIACÉES. Bactéries; le Bacille de la tuberculose résiste, par contre, longtemps à son action, protégé par les matières grasses qui l’imprègnent ; bien des spores aussi, les spores charbonneuses par exemple, pour une raison analogue. Avec les crachats, par exemple, on peut opérer de la façon suivante : 20 à 30 centimètres cubes environ de crachats tuberculeux sont traités par 15 centimètres cubes d'antiformine auxquels on a ajouté assez d’eau pour que le tout fasse 100 centimètres cubes. Le contact est prolongé de deux à cinq heures, en agitant de temps en temps, jusqu’à ce que le mélange devienne limpide. On centrifuge dans un tube stérilisé el on ensemence largement du dépôt obtenu sur sérum coagulé ou sur Fig. 262. — Aspect de la surface d’une culture de Bacille de la tuberculose sur sérum solidifié, 80/1 (d’après Koch). gélose au sang. Les colonies du Bacille de la tuberculose se développent dans le temps voulu. CuLTURES SUR SÉRUM. — En inoculant en s{rie sur du sérum solidifié, il apparaît à la surface, au bout de dix à quinze jours, de petites taches d'un blanc mat, sans éclat, qui se distinguent par là du substratum en- vironnant. Ces taches ressemblent à de petites lames écailleuses sèches, lâchement accolées à la surface de la gelée. Il s'en forme parfois suffi- samment pour couvrir la partie libre du milieu. Ces petites colonies sont surtout très nombreuses lorsque l'ensemencement a été fait avec du contenu de caverne riche en Bactéries. Elles peuvent même confluer entre elles et former une sorte de membrane. Ces masses possèdent une certaine consistance; agitées dans du liquide, elles ne se dissocient pas, mais tombent au fond en bloc. De telles cultures se développent bien dans des petits godets de verre plats, recouverts d'un couvercle fermant bien. On dispose dans ces vases une couche de 1 à 2 centimètres BACILLUS TUBERCULOSIS. 697 de sérum et on le stérilise et le solidifie comme s’il s'agissait de tubes. Les colonies sur sérum solidifié, vues à un grossissement de 80 dia- mètres, présentent un aspect assez particulier et très caractéristique. Elles paraissent composées de petits amas linéaires, sinueux. élégam- ment courbés, dont les plus petits ont la forme d’un S; les plus longs décrivent en serpentant de nombreux tours (fig. 262). La partie médiane de ces sortes d'arabesques est plus épaisse; les extrémités sont appoin- lies. Dans les parties épaisses de la culture, ces Zooglées linéaires sont tassées en grand nombre, enchevêtrées les unes dans les autres. Ces lignes sinueuses bizarres sont constituées par des Bacilles disposés en un ordre régulier et constant. Il est facile de s’en convaincre en faisant . une de ces préparations microscopiques que nous avons désignées sous Fig. 263. — Préparation par impression de Bacille tuberculeux. 700/1 (d'après Koch\, le nom de préparation par impression (p. 392). Une lamelle très propre est appliquée à la surface d’une culture et maintenue peu de temps légèrement appuyée; elle est retirée rapidement et verlicalement avec des pinces fines, de facon à ne pas frotter la colonie. De cette manière, les Bactéries superficielles s’accolent à la lamelle en gardant leurs rap- ports respectifs. Cette lamelle est fixée et colorée par les procédés ordi- naires. On obtient alors l'aspect représenté figure 263. Chacune des lignes sinueuses de la colonie se montre formée de Bacilles accolés dans leur longueur et dirigés suivant le grand axe de la Zooglée: le nombre des bâtonnets accolés est plus ou moins grand en un endroit donné, selon la largeur de la colonie en ce même endroit. Koch pense qu'il existe une sorte de gelée fondamentale qui retient les différents articles dans un ordre si régulier. Mais ce n’est pas seulement dans les cultures qu'on est à même d'observer cette disposition toute spéciale; elle se montre dans l’organisme aussi nette, dans tous les cas où le développement des Bacilles n’est pas gêné. Elle semble être le résultat d’un ordre de déve- loppement particulier. La figure 263 représente l'aspect d’une prépa- ration par impression d’un gros amas tuberculeux du foie d’un cobaye, en tout semblable à celui obtenu avec les cultures sur sérum. D’après Ledoux-Lebard (1), l'élément qui va donner une colonie se (1) Lenoux-LeBanp, Structure des colonies du Bacille tuberculeux (Arch. de méd. expér., mai 1898). GUX BACTÉRIACÉES. développerail par ramificalion en Y ou en X: les fragments se séparent assez vile, mais restent accolés en faisceaux par une substance unis- sante provenant de l'enveloppe externe. Koch a réussi à cultiver cette même espèce sur le sérum liquide stéri- lisé: il s'y développe à la surface une mince membrane blanchâtre, sèche, très fragile, qui se brise à la moindre agitation el se dépose au fond du vase; le liquide reste indéfiniment limpide. Le sérum solidifié est encore aujourd'hui un des meilleurs milieux qui permettent d'isoler assez faci- lement le Bacille de la tuberculose directement des produits tuberculeux du cobaye. D'après Straus et Gamaléia (1),1l est préférable d'employer du sérum peptonisé et sucré. À partir de la quatrième ou cin- quième génération sur ce milieu, les cultures devien- nent plus faciles et plus abondantes: il s’est produit une sorte d'acclimatement aux milieux artificiels; on peut alors obtenir des cultures sur d’autres milieux, où l'espèce n'aurait rien donné si on l'y avait ense- mencée d'emblée. Le Bacille bovin se développe comme le Bacille humain sur le sérum solidifié. Le Bacille aviaire Y donne une cullure plus abondante, plus grasse el plus humide. CULTURES SUR MILIEUX GLYCÉRINÉS. — Nocard el Roux (2) ont facilité de beaucoup l'obtention des cultures du Bacille de la tuberculose en conseillant d'ajouter à différents milieux des proportions assez fortes de glycérine, 5 à S p. 100. La végétation y est beaucoup plus abondante que sur les milieux ordi- naires, lorsqu'on les ensemence avec un Bacille qui s’est déjà acclimaté sur sérum. La plupart du temps, même, le Bacille humain, au lieu de donner des cul- tures ternes, sèches, mates, qu'il forme sur sérum el autres milieux ordinaires, donne des cultures abon- dantes, plissées, molles, que l'on considérait comme Fig-264.— Culture spéciales au Bacille aviaire. du Bacille de la , EL À re : x PNR Res! La gélose glycérinée (p.218) est le milieu qui parait gélose gtycéri- le mieux convenir. En s/rie, la :surface du tube se née, en strie. couvre d'une nappe blanchâtre, épaisse, molle et plissée au centre, plus mince et un peu sèche aux bords (fig. 264. La cullure n’est bien développée qu'après quinze jours ou trois semaines; elle prend avec l’âge une teinte ocracée, parfois même rosée. En piqûre, le développement ne se fait pas dans la profondeur de la piqûre, mais seulement à la surface: ilse forme une culture épaisse, saillante, mamelonnée, à bords sinueux, d'abord blanche, puis jaunâtre fig. 264 et 265. Il est à recommander de mettre le plus possible la (1) Srnaus et GamazérA, Recherches expérimentales sur la T, (Arch. de med. expér., III, 1891, p. 457). (2) Nocann et Roux. Sur la culture du Bacille de la T. (Ann. de l'Inst. Pasteur, I. 1887, p. 19). PL RA A & cÉte ro ciadié Lis , Paru L'hrissus Vois ti BACILLUS TUBERCULOSIS. 699 malière d’inoculalion en contact avec la gelée, en traçant un sillon avec l'aiguille et la dissociant dans ce sillon; les c ultures se dév elop- pent plus vite et sont plus abondantes. Ces cultures, toutes celles sur milieux glycérinés d’ailleurs, dégagent une odeur très agréable, rappe- lant celle de pomme rainette. Le Bacille de la tuberculose aviaire pousse avec les mêmes caractères, un peu plus abondamment encore, sur la gélose glycérinée ; sa culture y est plus épaisse et plus molle; ce n’est là qu'une différence de degré. Besançon et Griffon {1) recommandent la gé- lose glycérinée au sang qu'on obtient en ajoutant, à la gélose glycérinée fondue dans les tubes, une pe tite quantité de sang aseptique, au sortir du vaisseau de l'animal. On fait le mélange en évitant de secouer le tube. La culture serait lue facile à obtenir et plus abondante. Elle a une légère colo- Fig: 265. — Culture en ration brunâtre, due à la diffusion d'hémoglo- Pidüre sur gélose du Bacillus luberculosis. bine. Gr. nat. (d'après No- D'après Hesse (2), on obliendrait d'excellents card et Roux). résullats en se servant de gélose glycérinée addi- tionnée de 5 p. 1000 du produit connu sous le nom d'albumine soluble de Heyden, préparée d'après la formule suivante: Albuminessolublete Heydentee PME EEE 5 gramines. SE D St ET D EE NA on on LEON II" AS a — GIVCÉRIDEPEMEI-E SRE AE RE EE BU RER 30 — AOL ADAM MEN ne ee one ie de LE a A RU See 10 = Aus DÉS SAME SRE RE ae PE en ERA ME A 1000 — Alcaliniser avec 5 centimètres cubes de solution normale de soude. On coule en boîtes de Petri que l’on ensemence par stries. A l’aide de préparations par impression, on peut constater le développement du Bacille luberculeux, après cing ou six heures de séjour à l’étuve. On obtient même de bons résultats avec les crachats tuberculeux. Sur sérum glycériné à 4 ou 5 p. 100, la culture est plus précoce; elle peut apparaître dès le quatrième jour. En quinze ou vingt jours, elle forme une masse blanche, épaisse, plissée ou mamelonnée. Sur pomme de lerre, les Bacilles luberculeux, provenant de caen acclimatées sur gélose glycérinée, végètent très bien. Pawlowsky (3) a obtenu le premier de telles cultures. Il recommande d'ensemencer à surface en la frottant avec une spatule de platine, pour faire pénétrer la matière d’inoculation dans la substance du substratum. En plaçant les tubes à l’étuve vers 389, on aperçoit vers le douzième jour, sur la surface ensemencée, de petites taches grisâtres, ternes, sèches, qui sont des colonies de Bacille de la luberculose. Vers le vingtième jour, toute la surface ensemencée est recouverte d’un enduit blanchâtre, sec, qui se (1) Besancon et Grirrox, Culture du Bacille tuberculeux sur le sang emprisonné dans la gélose glycérinée (Soc. de Biol., 4 février 1899). (2) Hesse, Ein neues Verfahren zur Züchtung des Tuberkelbacillus (Zectschr. für Hygiene, XXXI, 1899, p. 502). (3) Pawzowsxy, Culture des Bacilles de la T. sur la pomme de terre (Ann. de l'Insl. Pasteur, II, 1888, p. 303). 700 BACTÉRIACÉES. laisse facilement enlever par raclage; la culture s'épaissit encore avec l’âge. On peut obtenir des cultures faciles et abondantes en se servant, d'après le conseil de Nocard, de pommes de terre glycérinées (p. 251). Il est bon de mettre au fond des tubes une petite quantité du liquide : glycériné. Les cultures commencent à être bien visibles une dizaine de jours après l'ensemencement. Au bout de vingt à trente jours, la culture est souvent épaisse, plissée, molle, un peu jaunâtre. Elle a souvent gagné le liquide qui est au fond du vase et s'étaie alors à sa surface en formant un voile sec, blanc, qui grimpe la plupart du temps aux parois. Les cultures des Bacilles humains et bovins sur pommes de terre glycérinées ne peuvent en rien différer de celles du Bacille aviaire type. Sur bouillon glycériné, il est facile d'obtenir des cultures; c'est un milieu particulièrement précieux pour l'étude des produits solubles formés par le Bacille. La culture s’y fait le plus ordinairement en voile, beaucoup plus rarement en un sédiment floconneux, léger. Le liquide reste toujours clair. Il est à recommander d'ensemencer ces cultures avec des parcelles qu'on laisse flotter à la surface du liquide. La matière d’ensemencement la plus favorable est un morceau de ce voile fragile qui se produit, dans les cultures sur pomme de terre, sur le liquide du fond du tube: avec les débris d’un tel voile, la réussite est beaucoup plus certaine. Au bout d'une dizaine de jours, on aperçoit aux bords de la parcelle ensemencée une auréole blanchâtre, cireuse, presque transparente. L'auréole s'étend assez vite et finit par former un mince voile sec et fragile qui recouvre toute la surface du bouillon. Le voile s'épaissit, se plisse, devient mou, ou, au contraire, reste sec, scarieux, se brise facilement; ce voile grimpe souvent sur une hauteur d’un cen- timètre aux parois du vase. D'après H. Marlin (1), les bouillons fabriqués avec la chair de divers poissons, tout particulièrement avec le hareng, forment un très bon milieu de culture. La chair du poisson, dilacérée dans un appareil à hacher, est additionnée d’une fois et demie son poids d’eau et portée à l'ébullition pendant trois quarts d'heure. On filtre bouillaut jusqu'à ce que le liquide soit limpide. Le bouillon est souvent neutre; dans le cas contraire, il faut l’alcaliniser légèrement. On ajoute 6 p. 100 de glycérine. On peut s'en servir pour préparer la gélose ou la gélatine. D'après Carnot (2), l'addition d'une petite quantité de tuberculine aux milieux de culture hâte beaucoup le développement initial du microbe. Le passage de l'animal aux milieux artificiels est également facilité. Une forte quantité de ce produit est au contraire défavorable. Les cultures obtenues sur ces différents milieux donnent des colonies compactes. Sur les milieux liquides, en particulier, ce sont des voiles d'aspect variable, qui comprennent et réunissent tous les éléments pro- venant de la végétation; aucun ne reste en suspension dans le liquide. Pour pouvoir étudier sur ce microbe le phénomène de l’agglutination, Arloing (3), a cherché à obtenir des cultures formant une émulsion 1) H, Marrix, Sur la culture du Bacille de la T. (Arch. de méd. exper., Paris, 1, 1889, 2) Carvor, Effets de l'addition de tuberculine aux cultures de Bacilles de Koch (Soc. de Biol., 16 juillet 1898). (5) ArLoinG, Obtention de cultures et d'émulsions homogènes du Bacille de la T. Sn Pau vs s er ES dé... Vi 6 + QU EN ae Ne SRE ‘x 8 3 acné ae naar BACILLUS TUBERCULOSIS. 701 homogène de microbes dans le liquide employé. Il y est parvenu en partant de cultures sur pomme de terre, fortement imprégnées d'un excès d’eau glycérinée. De telles cultures, ensemencées dans des tubes de bouillon que l’on agite soigneusement au moins une fois par jour, donnent de véritables cullures homogènes, où ilne se forme pas de voile, mais où le liquide se trouble d'une façon uniforme el montre au micro- scope des bâtonnets réellement mobiles, isolés ou réunis en petit nombre, présentant les réactions colorantes habituelles. D'après Dorsel (1), Fœur serait un bon milieu de culture. Le Bacille luberculeux ne pousserait pas sur le blane seul, et très peu sur le jaune seul. On mélange intimement le blanc etle jaune; on répartit le produit dans des tubes que l'on chauffe à 70° deux jours de’ suite, chaque fois pendant quatre heures. On verse, dans chaque tube, deux gouttes d’eau stérilisée, puis on ensemence en surface avec de la matière tuberculeuse bien broyée et l'on porte à l'étuve après avoir bouché les tubes à la paraffine. Besançon et Griffon recommandent la gélose à l’œur obtenue en mélangeant un peu de jaune d'œuf eru à de la gélose fondue, main- tenue au-dessous de 50°. CULTURES DANS LE LAIT. — Le Bacille de la tuberculose ne se cultive pas dans le /ail, même à sa température optima; il y reste cependant virulent pendant plusieurs mois (2). CULTURES EN MILIEUX CHIMIQUEMENT DÉFINIS. — Pour certaines recherches, on peut avoir intérêt à employer des milieux artificiels, chimiquement définis. On peut se servir du liquide de Fraenkel el Voges (p.227), auquel il y a avantage à ajouter 5 à 6 p. 100 de glycérine ; des liquides de Proskauer et Beck (p. 228), surtout du n° 3: du liquide d'Ouchinsky (p. 227). Froin (3) a oblenu de belles cultures dans la solulion suivante : Liquide de Froin. (CORNE SONNERIE E AR ERT a R ae 6,0 CRIOLUPERTEDOTASSIUMEENAIMNES CREER IN EAU ER er 0,5 PHOSphalebisodiques Pre Arr Per rl ME RRTeE 0,5 SAULT OeSMRENESIE PALETTE rte RO EURE re fr 0,3 Ghiontre escale EE TR SE SRI tee de 0,15 CSC PIDE RER Te M re UP Eee ne tarte 10,0 GlocOSaMINE PERRET NEA EEE ARTE NA TES 2,0 SEE MO ES LAMER DE mie de Bu APRES OT FACE tot D den 2,0 DE RS VERS dEt LPO OO à De 0 PS RON AS EE PE A RESTE DEAR PRE ASS 2 1000,0 Baudran (4) recommande le liquide suivant, qui a été établi en tenant humaine en milieu liquide et variété mobile de ce Bacille (C. R. de l'Acad. des se., 9 mai 1S98). (1) Dorser, The use of eggs as a medium for the cultivation of Bacillus tubercu- losis (Amer. med., III, 1902, p. 555). (2) Sagrazës, Vitalité du Bacille de Koch incorporé au lait de vache (Acad. de med. 26 avril 1898). (3) Froix, Culture du Bacille tuberculeux sur la glucosamine et la sarcosamine (Soc. de Biol., 28 mai 1910). (4) BaupraN, Bacilles de Koch. Milieux aux glycérophosphates. Doses maxima de fer et de manganèse (G. R. de l’Acad. des sc., mai 1910, CL, p. 1200). 702 BACTÉRIACÉES. compte de la composition des cendres du Bacille luberculeux et de la quantité de phosphates qu'il enlève aux milieux de culture. Liquide de Baudran. Glycérophosphate deisoude "Ce ENNE ER CCR eee 2524 — dEÉDOLASSE Ne I Le D'ART E EE 0,60 — TC PR PE RE NE des ne 1:20 — EMAEN ÉSIE NME PA ANNEE 1,76 Bibumases/Byla: rte EPA LE TE ec DD e 10,00 GIVCÉRIRE LAPS DEC LEE Rae t nn SC 20,00 Gitrate de soude M RE tee tete fe ee Eiele lee a 1,00 ] EX À à AMPLES RARE EE APE Ce LE CRUE Le eee UE AR Net En ee 1000,00 A stériliser à 1000. Les Bacilles des cultures sont souvent plus courts que ceux que l'on trouve d'ordinaire dans les crachats et les produits tuberculeux de l'homme et des animaux; certains même sont à peine plus longs que larges. Ils présentent les mêmes particularités et principalement se comportent comme eux à l'égard des méthodes de coloration. ’ PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES Ce qui domine tout, dans la biologie du Bacille de la Tuberculose, ce sont ses propriétés virulentes, son action sur les organismes vivants récepüifs. Bien que cette virulence ne soit pas constante, qu'elle puisse varier suivant les origines, s'atténuer, voire même disparaître, il n’en est pas moins vrai que c’est elle qui constitue le caractère primordial, véritablement spécifique. Ce microbe apparaît comme une espèce pathogène vraie, un parasite obligé; son rôle saprophytique, qui semble cependant bien exister, et représenterait peut-être l’état primitif, ne peut être considéré que comme un fait exceptionnel. La virulence est donc le caractère dominant; les autres propriétés vitales ne peuvent pas s’en séparer. C’est elle qui constitue la base de la spécification; on ne retrouve ou reconnaît pas ce microbe par ses cultures ou ses caractères morphologiques divers, mais par l’inocula- lion, que l’on ait affaire à des cultures ou à des produits pathologiques. Vitalité et virulence. — Toutes les cultures sont virulentes au début ; Koch a obtenu par leur inoculation desrésultats identiques à ceux que donnent les produits tuberculeux ; Nocard et Roux, et à leur suite de très nombreux expérimentateurs, ont constaté les mêmes faits. L'ino- culation sous-cutanée à un cobaye sain d'une parcelle de produit de culture pure de Bacille de la luberculose se fait facilement en pratiquant à Ja peau de l’abdomen une petite boutonnière qu’on agrandit avec une sonde mousse stérilisée. La plaie paraît se guérir vite ; mais, du dixième au quatorzième jour, il s’y forme une petite induration qui s’ulcère tout en n'ayant pas de tendance à grandir. L'animal meurt nettement tuber- culeux au bout de trois semaines ou un mois d'ordinaire. L'inoculation sous la peau, dans la cavité abdominale, dans la chambre antérieure de l'œil de cobayes ou de lapins, détermine, en peu de temps, une tubercu- lose typique, avec généralisation dans les principaux organes. BACILLUS TUBERCULOSIS, 703 La virulence ne semble s'atténuer par aucun des moyens employés à cet effet. L’atténuation ne se fait pas mieux par passages successifs dans l'organisme animal; on peut établir des séries très nombreuses d’inocu- lations provenant l’une de l'autre, sans voir diminuer en rien l'intensité de la maladie. Les diverses cultures, et le re les cultures sur gélose gly- cérinée, perdent cependant de leur virulence avec le temps ; elles peu- vent à la longue devenir inoffensives ou ne produire qu’une simple lésion locale analogue à celle qu'on verra plus loin (p. 711) pouvoir être déterminée par les Bacilles morts. Bataillon et Terre (1) disent avoir obtenu une véritable race sapro- phytique de Bacille tuberculeux en faisant passer du Bacille virulent, de tuberculose humaine ou aviaire, par l'organisme d'animaux à sang froid, poissons ou grenouilles. Cette persistance de la virulence se retrouve du reste à un haut degré dans les produits tuberculeux pris dans l'organisme, provenant d’une tuberculose spontanée. On a voulu la faire dépendre de la présence, encore problématique, de spores dans la Bactérie spécifique. Les crachats tuberculeux, en particulier, peuvent rester actifs des mois entiers, jusqu'à dix mois d’après Sormani (2), mais un aussi long délai paraît un peu exceptionnel, s’ils sont desséchés d’une facon lente et graduelle. D'après Gallier (3), des produits tuberculeux parfaitement desséchés à une température de 30° environ peuvent infecter des cobayes tout aussi rapidement que des produits frais. Des morceaux de tissus tuberculeux laissés à macérer et putréfier dans l’eau à la température ordinaire, pendant un laps de temps variant de cinq à vingt jours, d’autres soumis à des congélations de — 5° ou — 8°, suivies de dégels successifs, ont pu produire une véritable luberculose, parfaitement transmissible en séries. Moeller (4) et Musehold (5) ont constaté que les Bacilles tuber- culeux résistaient pendant des mois dans l’eau d’égout. Ces conclusions contredisent absolument l'opinion émise par Baumgarten (6), qui prétend que la putréfaction atténue le virus tuberculeux, dont l’activité s’affaiblit au bout de quelques jours, puis disparaît complètement. Le développe- ment d’autres espèces peut cependant entraver celui du Bacille tuber- culeux, qui cède le pas à certaines dont l’action se substitue à la sienne ou plutôt la devance. En inoculant à des lapins de la matière tubercu- leuse putréfiée, G. Daremberg (7) a produit une septicémie et aucun accident tuberculeux (Voy. p. 565). C’est cette remarque qui a conduit différents expérimentateurs à essayer d'arrêter le développement du (1) Baraizzon et Terre, La forme saprophytique de la T. humaine et de la T.aviaire (C. R. de l’Acad. des sc., 1897, p. 1399). ÿ (2) Sormaxr, Giornale del Soc. ilal. d’Igiene, VIII, 1884. (3) Garrier, Danger des matières tuberculeuses qui ont subi le chauffage, la des- siccation, le contact de l'eau, la salaison, la congélation et la putréfaction (C. R. de l’'Acad. des sc., 1887). (4) Mozrzer, Zum Sputumbeseitigung (Zeitschr. für Tuberkulose, 1901, LL, p. 147). (5) Musenozn, Ueber die Widerstangfähigkeit der Tuberkelbazillen in Abwässern, im Fluswasser und cultivirten Boden (Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte, 1900, XVII, p. 56). (6) BauuGarrex, Ueber die Uebertragbarkeit der T. durch die Nachrung und über Abschwaechung der pathogene Wirkung der Tuberkulosebacillen durch Fäulniss (Centralbl. für klin. Med., 1884, n° 22). (7) G. DareuBerG, Note sur une septicémie du lapin (Soc. de Biol., 1886, p. 457). 704 BACTÉRIACÉES, Bacille tuberculeux en provoquant au lieu attaqué, le poumon surtout, la pullulation d'espèces saprophytes, tout à fait inoffensives pour l'or- ganisme. Les résultats de cette méthode de Bactériothérapie sont loin d'être concluants. La virulence des produits tuberculeux ou des cultures que l'on à. obtenues d'eux est cependant loin d'être toujours identique. Elle peut varier dans des limites assez larges, et s'apprécie alors d’après les effets observés à la suite d’inoculation aux animaux, au cobaye ou au lapin principalement (1). D'après Auclair (2), toutefois, les affaiblissements qui peuvent s’observer avec la tuberculose humaine de provenance diverse ne seraient que momentanés ; il serait toujours possible de revenir à une virulence ordinaire en faisant passer le virus par un cobaye et en faisant des cultures avec ses organes. Galtier (3) et Maffucci (4) ont étudié l'influence de la dessiccation. Elle parail assez peu marquée et en tout cas ne se fait sentir qu'après plu- sieurs mois; dans les crachats, la survie peut être très longue, des mois, peut-être une année et plus. Le Bacille de la luberculose est assez sensible à l’action de la chaleur. Le fait a une très haute importance dans la pratique. D'après les recherches de Yersin (5), Grancher et Ledoux-Lebard (6), faites sur des cultures en bouillon glycériné, la virulence du Bacille diminue lorsqu'il a été chauffé à 60° pendant cinq minutes ; une température de 70° pendant le même laps de temps détruit toute virulence et toute vitalité. En desséchant au préalable des cultures à une douce chaleur, elles résistent beaucoup plus; elles conservent leur virulence de deux à sept heures à 70°; soumises à une chaleur sèche de 100° pendant une, deux et trois heures, leur virulence s’affaiblit graduellement, mais sans disparaître entièrement. Forster (7) a observé que dans la vapeur d’eau la mort survenait à 60° entre quarante-cinq et soixante minutes, à 70° de cinq à dix minutes: dans le lait, lait tuberculeux ou lait infecté artificiellement, comme dans beaucoup de liquides d’ailleurs, le microbe est réellement tué dans les limites de temps suivantes : à 55° après quatre heures, à 60° en une heure, à 65° en quinze minutes, à 70° en dix minutes, à 80° en cinq minutes, à 90° en deux minutes, à 95° en une minute, à 100° instantané- ment. Une température de 50°, maintenue pendant douze heures, n’a montré aucun effet. D'autres évaluations ont été données précédemment (p. 99); les différences des conditions de milieu expliquent la divergence des résultats énoncés. 1) Vacrpes, Experimentelle Prüfung der Virulenz der Tuberkelbacillen (Zeitschr. für Hygiene, XX VIII, 1898, p. 276). — Kimra, Pouré et Vesezy, Contribution à la biologie et la morphologie du Bacille de la T. (Congrès de Moscou, 1898, et Revue de la T., 1898, p. 25). (2) Avczarr, Virulence des Bacilles tuberculeux humains de sources diverses (Arch. de méd. expér., 1897, p. 1124). (3) Garnier, Loc. cil., p. 708. (4) Marrucer, Die Hühnertuberculose (Zeitschr. für Hygiene, I, 1892, p.461). (5) Yersin, De l'action de quelques antiseptiques et de la chaleur sur le Bacille de la T. (Ann. de l'Inst. Pasteur, II, 1888, p. 60). (6) Graxcuzr et Lepoux-LEsarb, Action de la chaleur sur la fertilité et la virulence du Bacille tuberculeux (Arch. de méd. expér., 1892, p. 1). (7) Fonsren, Ueber die Abtôütung der Tuberkelbacillen durch Erhitzung (Centralbl. für Bakl., 1 Abth., Orig., LI, 1909, p. 417). Lu 24 Dis > 4 4 À 3 4 BACILLUS TUBERCULOSIS. 705 On s'explique, d'après ces données, les résultats oblenus par Tous- saint, Galtier, sur les viandes tuberculeuses cuites ; les viandes simple- ment saignantes peuvent garder leur virulence, alors que les viandes bouillies l'ont totalement perdue. Il y a cependant des réserves à faire sur de telles données, qui ne peuvent pas être considérées comme générales, Certaines conditions du milieu, la réaction en particulier, influent notablement, comme il a déjà été dit (p.98 et suiv.), sur la résistance à la chaleur de beaucoup degermes microbiens, le Bacille de la tuberculose entre autres. Dans les milieux alcalins, le lait, par exemple, la résistance est plus grande d'une façon générale, comme l'ont montré depuis longtemps Pasteur, puis Du- claux (1). A ce point de vue, il fautreconnaître que les résultats annoncés par divers expérimentateurs sont loin d'êtreconcordants. Pour Beck (2), du lait tuberculeux chauffé pendant trente minutes à 80° peul encore rendre tuberculeux des cobayes; Lydia Rabinowitch dit qu'un chauffage de trente minutes à 87° ne suffit pas à détruire le Bacille tuberculeux dans la crème; Bartel et Stenstrôm (3) ont constaté qu'un chauffage à 80° pendant dix minutes était insuffisant pour détruire la virulence, pour le cobaye, d'un lait provenant d'une vache atteinte de tubercu- lose avancée dela mamelle. Van der Sluis (4) croit que, pour détruire la virulence des laits tuberculeux, il est nécessaire de leur faire subir un chauffage à 80° pendant une heure. D'un autre côté, Morgenroth (5) a vu le chauffage à 70° pendant trente minutes détruire la virulence du lait; Lévy et Bruns (6), ayant inoculé un fort lot de cobayes avec du lait additionné de Bacille tuberculeux très virulent, puis porté à 65° et maintenu pendant quinze à vingt-cinq minutes à cette température, au bain-marie, n’ont vu aucun des cobayes devenir tuberculeux. Il résulte de ceci qu'on ne peut guère compter d’une façon absolue, au point de vue de la tuberculose, sur une pasteu- risalion hâtive du lait; il faudrait qu'elle puisse se faire en chauffant pen- dant une demi-heure à latempérature de 65° à 70° ; et encore, si un lait peu alcalin donne de bons résultats, on peut ne pas les obtenir avec un autre plus alcalin ; le chauffage à 80°, pendant une demi-heure au moins, donnerait plus de sécurité. Ilest des condilions spéciales où la résistance à la chaleur parait plus grande. Pour les crachats, par exemple, il faudrait cinq minutes d’ébul- lition pour détruire toute virulence. Le fait est dû probablement à la formation, par coagulation, d’une coque albumineuse qui protège quel- que peu contre la chaleur. Le même fait peut s’observer avec d’autres liquides riches en albumine, pus, sang, sérosités, etc. (1) Ducraux, Traité de microbiologie, I, p. 282. (2) Beck, Experimentelle Beiträge zur Untersuchung über die Marktmilch (Deutsche Vierleljahrsschr. für 6ff. Gesundheilspflege, 1900, p. 430). (3) Barre et Srexsrrôü, Beitragé zur Frage der Einflusses hoheér Temperaturen auf Tuberkelbacillen in der Milch (Centralbl. für Bakt., XXX, 1901, p. 429). (4) Vax per SLuis, Ueber die Abtôütung der Tuberkelbacillen in natürlich infizierter Milch und über die Pasteurisierung der Milch (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Orig., L, 1909, p. 378). (5) MorGenroTa, Versuche über Abtôülung von Tuberkelbacillen in Milch (Hygie- nische Rundschau, 1900, p. 865). (6) Lévy et Bruxs, Ueber die Zerstürung der Tuberkelbacillen in der Milch durch Einwirkung von Temperaturen unter 100° (Hygienische Rundschau, 1901). Macé, = Bactériologie, 6° édit; I, — 49 706 BACTÉRIACÉES. Koch avait déjà annoncé que l'action directe de la lumière solaire pou- vait rapidement tuer le Bacille de la tuberculose. Migneco (1), en expé- rimentant sur des produils tuberculeux, a confirmé et étendu ces résul- tats. Il a observé que l'insolation ne modifie pas la virulence du Bacille quand elle ne se prolonge pas au-dessus de deux heures ; au bout detrois : heures d'insolation, la virulence est atténuée, et cette atténuation aug- mente avec la durée de l'exposition aux rayons du soleil. La disparition de la virulence n’a pas été observée, même après un long temps d'insola- lion (quarante-cinq heures). Jousset (2), expérimentant sur des crachats, a trouvé que la virulence s’atténuait très nettement déjà après une heure d'insolation et arrivait à disparaître complètement après sept heures ou plus. La lumière diffuse serait seulement un peu moins active. Pour ob- tenir une stérilisation complète, il faudrait, d’après lui, une exposition de quarante-huit heures à la lumière solaire ou à la lumière diffuse. Le suc gastrique a peu d'action sur la vitalité et la virulence du Bacille tuberculeux. Les recherches de Straus et Wurtz,de Sabrazès (3), démontrent qu'il ne perd ces propriétés qu'après un contact de trente- six heures. Rappin (4) dit que l’urée entrave nettement les cultures à Oer,10, Osr,30 et 0er,50 p. 100, et les empêche complètement à 1 gramme p. 100 ; le carbonate d'ammoniaque à 08°,20 p. 100 arrête entièrement le développement. Action des antiseptiques. — Yersin a étudié l’action des antisep- tiques sur les Bacilles des cultures, mais seulement en éprouvant leur vilalité par ensemencement sur milieu favorable, méthode inférieure certainement à l’inoculation au cobaye; la question mériterait certaine- ment d'être reprise de celte dernière façon. Le tableau suivant résume les résultats qu'il a obtenus : DURÉE DURÉE DE CONTACT DE CONTACT ANTISEPTIQUES. >s par laquelle tous [suffisante pour tuer les germes tous ne sont pas tués. les germes. SOLUTIONS,. © ——— 50 pour 1000 30 secondes. 10 — 1 minute. » 5 minutes. 10 pour 1000 9 » o minutes. 10 Richlorure de mercure,......... 1 pour 1000 — 10 Thymol 3 _— heures. 2 heures, Eau saturée de créosote heure. Eau saturée de naphtol » — Acide salicylique 25 pour 1000 —— 6 heures. Acide borique 40 heures. » (1) MiGxeco, Azione della luce solare sulla virulenza del bacillo tuberculare (Ann. d'Igiene sperim., V, 1895, p. 215). (2) Jousser, Action de la lumière solaire et de la lumière diffuse sur le Bacille de Koch contenu dans les crachats tuberculeux (Soc. de Biol., 27 octobre 1900). — Action de la lumière solaire et de la lumière diffuse sur les crachats tuberculeux (Jbid., 15 mars 1902), (3) SarrAzEs, Action du suc gastrique sur les propriétés morphologiques et sur la virulence du Bacille de Koch (Soc. de Biol., 11 juin 1898). 4) Raprin, Action de l'urée sur les cultures en bouillon du Bacille de la tuberculose (Bull. de l'Inst. Pasteur de la Loire-Inférieure, 1901-1902). BACILLUS TUBERCULOSIS, 707 En somme, la résistance aux antiseptiques paraît assez faible. Cependant, il y a des exceptions. Ce microbe paraît Le résister que beaucoup d’ autres à l’action de l'aldéhyde formique (p. 88); pour le tuer dans les crachats, il faudrait un contact d'une heure avec la solu- tion à 5 p. 100. I résiste aussi pas mal à l’iode; pour le tuer, il faut un contact de vingt-quatre heures environ avec la solution à 1 p. 500. Le permanganate de potasse à 4 ou 5 p. 100 paraît n'avoir aucune action. Composition chimique et produits formés. — Les Bacilles sont constitués par une enveloppe, la membrane, et un contenu cellulaire. D'après Hammerschlag (1), l'enveloppe serait constituée par de la cellulose; pour Nishimura (2), le composé serait de l’hémicellulose ; pour Auclair et Paris (3), elle renfermerail beaucoup de cellulose résis- tant à la potasse à l’ébullilion et se colorant en bleu par l'iode après action de l'acide sulfurique. Ruppel (4) dit qu’il s’y rencontre en plus une substance albuminoïde se colorant en rose par le réacüf de Millon, peut-être de la chitine ou de la kératine. Le Bacille tuberculeux des cultures, d’après Hammerschlag, renfer- merait en moyenne 85,9 p. 100 d’eau et 14,1 p. 100 de substance sèche. RARE 5) donne la composition suiv ante pour la masse bacillaire desséchée Pour 100. Elumidité dessiccationtat1000-11100) EE RARE ne 3,9375 CÉNARESS ES AU RENE EN RER CPR ANNEES A ee + SR EN À 2 2,55 NZD benne ee ele eve idee ire Ale fa Eat Se NT RARE. 8,575 DUBSTANCES ADUTMENOIAES ANT MONS AE PARA E ARENA 53,99 — LLASS CSA ET ae eee Dee te te Etat ee ste es DRE ta 38,99 — non azotées (dosées par différence)...,.......... 0,9725 On trouve donc des sels minéraux, des substances albuminoïdes, des malières grasses et des hydrates de carbone. Schweinitz et Dorset (6) donnent pour les cendres la composition suivante : Pour 100. D OU PR RD a AN fe A TO A ee CMS a Det A ANA RS NT. 12,62 0 (RSS ER Rae UT ae troie es en MS Tia Me Ne ee ac Sp Me © 6,35 (CHENE ML os LE AATOESE MOEI AERRE DEEE PRE APR ND PPS 12,64 NÉE EONE EE A CPE APE RAR EU CRE AE ER ENTORSES 11,55 Acide carbonique ef silice...::.:2..1.... SN RE NES 0,97 AGIde pPhOSphorique 2-00 needs of dore ao n pate 55,23 Il faut remarquer la forte proportion d'acide phosphorique que le microbe prend au milieu, organisme vivant ou milieu artificiel, et l'absence d’autres radicaux acides, à part une faible quantité d'acide car- bonique; puis la teneur élevée en chaux et en magnésie. (1) HaumerscaraG, Bakteriologische Chemische Untersuchungen über Tuberkelba- cillen (Centralbl. für klin. Med., 1891, p. 1). (2) Nisammura, Ueber den Cellulosegehalt tuberkulôüser Organe (Arch. für Hyg.. 1894, XXI). (3) Auczair et Paris, Loc. cil., p. 690. (4) Ruprez, Zur Chemie der Tuberkelbacillen (Zeitschr. für physiol. Chemie, XX VI, 1899, p. 218). (5) KressuxG, Ueber die Fettsubstanz der Tuberkelbacillen (Berlin. klin. Wochen- schr., XXX, 1901, p. 896). (6) Scxwemrz et Dorser, The mineral constituents of the tubercle bacilli (Cen- tralbl. für Bakt., XXIIT, 1898, p. 993). 708 BACTÉRIACÉES. On est peu fixé sur la nature des matières albuminoïdes présentes. Weyl (1), en traitant des cultures sur gélose glycérinée par une lessive de soude faible, à chaud, a obtenu un liquide laissant séparer par refroi- dissement des flocons blancs, qui ne se dissolvent que dans l'acide sulfu- rique concentré. Cette substance se colore bien aux couleurs d’aniline et résisterait à la décoloration par les acides. La couche gélalineuse qui surmonte le dépôt floconneux, traitée par l'acide acétique, donne un précipité brunâtre qui, redissous dans une lessive de soude à 2 p. 1000 et injecté sous la peau de cobayes, provoque un processus de nécrose au point d'ino- culation. Weyl pense que cette substance est une foxomucine, tout en disant qu ‘elle pourrait être une nucléo-albumine. Pour d’autres, la plus grande partie des substances azotées serait unenucléine qui, d'après de Giaxa (2) et Gioffreddi (3), aurait une action locale irritative manifeste et occa- sionnerait facilement la mort chez le lapin ou le chien par suite de son action coagulante sur le sang. Ruppel pense que la majeure partie de la substance protéique est de la‘tuberculose-amine qui est unie à un acide nucléinique très toxique pour le cobaye, qui serait, pour Behring (4), le véritable principe actif de la tuberculine. Parmi les substances azotées présentes doivent aussi se ranger des produits solubles toxiques et des ferments diastasiques, qui ne se trou- vent qu'en proportions extrêmement minimes. Il en sera question plus loin. Les matières grasses se rencontrent en fortes proportions, de 25 à 39 p. 100 de substance sèche généralement, suivant le cas ; ces variations peuvent dépendre de-la constitution du milieu, les échantillons du microbe et l’âge des cultures. Ces substances sont des graisses neutres, des acides gras libres, principalement acides palmitique, arachidique et laurique d'après Bulloch et Mac Leod(5), un peu de lécithine, 0,16 p. 100 d'après Kressling, peut-être d'autres graisses phosphorées. D’après Aronson (6), la matière grasse serait une véritable cire. Les hydrates de carbone sont représentés par le composé cellulosique de la membrane et un peu de pentose, d’après Bendix (7). Le Bacille de la tuberculose ne produit jamais d'indol dans les milieux peptonisés. On pourrait constater la présence d'un peu d'alcool et d'une substance aromalique d’odeur agréable, odeur de fleur ou de fruit. I ne se forme jamais d'hydrogène sulfuré. 1) Tu. Wexz, Zur Chemie und Toxicologie des Tuberkelbacillus (Deutsche med. Wochenschr., 1891, p.256). (2) De Graxa, Sulla sostanza ad azione locale del bacillo della tubercolosi (Ann. d'Igiene sperim., X, 1900, p. 191). (3) Giorrnepptr, Ueber die biologische Wirkund des tuberculären Nucleins von de Giaxa (Riforma medica, 1900). (4) BemrinG, Ueberdie specifische giftigen Eigenschaften der Tuberkülinesaüre (Bert. klin. Wochenschr., 1899, n° 25, p. 537). (5) Burrocn et Mac Leon, The chemical constitution of the tubercule bacillus (Journ. of Hygiene, IV,1904, p. 1). 6) Anoxsox, Zur Biologie der Tuberkelbacillen (Berlin. k'in. Wochenschr., 1898, n° 22), (7) Bexnix, Zur Chemie der Bakterien (Deutsche med. Wochenschr., 1901, n° 2; p. 18). BACILLUS TUBERCULOSIS. | 709 Carrière (1) signale dansles cultures l’existence d'un ferment soluble agissant sur les graisses, décomposant la monobutyrine en acide buty- rique, analogue ou identique à la lipase. D'après Fermi (2), il se pro- duirait un peu de ferment saccharifiant. Il n'y a jamais d'action pro- téolylique. Propurrs TOXIQUES. — Parmi les produits que forme le Bacille de la tuberculose, les plus intéressants sont, sans contredit, les produits toxiques. Les recherches faites sur ce point sont très nombreuses et, il faut le reconnaître, encore insuffisamment précisées. R. Koch a le premier précisé l'existence de produits solubles toxiques dans les bouillons de culture; c’est l’origine de sa découverte de ja tuberculine dont il sera parlé plus loin. De nombreuses recherches, en particulier celles d'Auclair (3, démontrent la grande complexité de ces produits toxiques pouvant être englobés sous la dénomination de /oxine luberculeuse. Certaines de ces substances restent unies aux corps microbiens : ce sont de véritables endoloxines; d'autres diffusent dans le milieu. Les poisons de la première catégorie semblent plutôt des poisons à action locale. Ce sont de véritables poisons nécrosants. Ils paraissent avoir des rapports intimes avec les malières grasses dont il a élé parlé plus haut. Ces dernières peuvent, toutefois, n'être que des substrats imprégnés des véritables produits actifs, n’existant alors que dans des proportions extrêmement minimes. D'après Auclair, l’éther, le xylol, la benzine, le chloroforme extraient des corps bactériens tués à 115° une matière grasse jaunâtre, onctueuse, brûlant avec crépitalion dans la flamme, complètement insoluble dans l'eau et se colorant fortement par la méthode d'Ehrlich. Le chauffage à 115° ne modifie en rien les qualités de ces extraits; il en augmente plutôt la proportion. Cette substance grasse est nettement toxique. Elle paraît être formée de plusieurs produits différents. Suivant le dissolvant employé, on peut obtenir un extrait montrant des différences notables dans son action physiologique. L'extrait éthéré, éfhérobacilline d’Auclair, est un poison caséifiant, produisant, en injection sous-cutanée chez le cobaye, des abcès ca- séeux lypiques, ou en injection intraveineuse ou dans le parenchyme d'organes vasculaires, le foie, le rein par exemple, des follicules tuber- culeux typiques évoluant en tubercules caséeux. Lorsque la dose est un peu forte, l'animal, au bout de six semaines; maigrit, se cachectise el meurt. Le chloroforme donne un extrait, chloroformobacilline d'Auclair, qui, dans les mêmes conditions, produit des lésions fibreuses ou fibro- caséeuses, des tubercules fibreux. L'ammoniaque extrait une matière solide, peu ou pas odorante, (1) Carrière, Sur l'existence d'un ferment soluble dans les cultures de Bacille de Koch (Soc. de Biol., 16 mars 1901). (2) Fenmr, Centralbl. für. Bakt., 1te Abh,, orig., XL, 1906, p. 187. (3) Avczair, Étude expérimentale sur les poisons du Bacille tuberculeux humain. Essais de vaccination et de traitement. Thèse de Paris, 1897, et Arch. de méd. expér., 1898. — In., Les poisons du Bacille tuberculeux humain; la dégénérescence caséeuse (Revue de la T., VI, 1898, p. 97). — In., Les poisons du Bacille tuberculeux humain; recherches sur la pneumonie tuberculeuse (Arch. de med. expér., 1899). 710 BACTÉRIACÉES. soluble dans l’eau, ne présentant pas l'aspect gras des produits précé- dents. Cette substance, inoculée au cobaye, n’a aucune action locale, mais détermine, à doses suffisantes, une cachexie assez rapidement mortelle. L'alcool extrait à froid environ 8 p. 100 du poids de la masse bacil-: laire. Le liquide prend vite une coloration rouge, due à l'oxydation d’une substance chromogène qui s’y trouve. L’extrait, de consistance molle, est formé en grande partie d'acides gras. Les corps bactériens privés de ces substances grasses par les réactifs sont plus minces que les Bacilles normaux et se présentent souvent sous la forme de chainettes de coccus. D'après Vallée (1), les Bacilles dégraissés introduits chez les veaux par voie digestive ou intraveineuse conféreraient l'immunité à l'égard d'inoculations virulentes. Les corps microbiens dégraisséssont toxiques ; Martinet Vaudremer(2), Cantacuzène (3), ont montré qu'ils produisaient chez le cobaye une intoxication aiguë ou chronique suivant les doses introduites. En inocu- lation intrapéritonéale, à doses suffisantes ils produisent rapidement la mort avec hypothermie ; à doses moindres, ils déterminent de l’hypo- thermie, puis formation de nodules tuberculeux qui peuvent se résorber. Ilexisterait des produits toxiques volatils. La distillation des bouil- lons de culture donne des produits d'autant plus toxiques qu’elle est faite à plus haute température. Ces produits distillés élèvent la tempé- raturé chez le cobaye sain et plus chez le cobaye tuberculeux ; ils ont un pouvoir irrilant local très marqué et vont jusqu’à produire une ulcération au point d'inoculation ; leur action curative ou préventive est nulle. De l'extrait éthéré se dégage un corps volatil dont l'inhalation déter- mine des symptômes généraux se rapprochant par plusieurs points de ceux observés à la suite de l'inoculation de la tuberculine de Koch : il faut prendre de sérieuses précautions pendant la manipulation. Les poisons de la deuxième catégorie, poisons diffusibles, semblent être de nature tout à fait différente, se rapprocher plus des autres toxines microbiennes, substances albuminoïdes peut-être, moins connues en tout cas que les précédentes parce que plus difficiles à isoler. Ils se retrouvent dans les milieux de culture, surtout milieux liquides ; aussi, pour leur étude, se sert-on de bouillons de culture filtrés, princi- palement pour ceux connus sous le nom de {uberculines, les tubercu- lines de Koch en particuliér, dont il sera parlé plus loin. Leur nature est encore bien peu connue. D'après Maragliano (4), les filtrats tuberculeux contiennent une toxalbumine détruite à 55°-60°, sécrélée par le microbe qui l'abandonne au milieu nutritif, différant surtout de la tuberculine en ce qu'elle cause de l'hypothermie chez le cobaye tuberculeux, et une toxoprotéine, résistant à 100°, fixée surtout dans les corps bacillaires. (1) Vazrée, Bacilles tuberculeux dégraissés (Soc. de Biol., 6 juin 1906). (2) Marin et VAuDReMER, Bacilles tuberculeux dégraissés (Soc. de Biol., 1906, n° 28). (3) Caxracuzëxe, Recherches sur la maladie expérimentale provoquée par l'inocu- lation de Bacilles tuberculeux dégraissés (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIX, 1905, p. 699). 4) MarnaGLiano, Der wässrige Auszug der Tuberkelbacillus und seine Derivate (Berlin. klin. Wochenschr., 1899, n° 18, p. 385). 1 BACILLUS TUBERCULOSIS. 711 Besancon et Gouget (1) obtiennent aussi une toxalbumine similaire beaucoup plus toxique que la tuberculine pour le cobaye sain ou tuberculeux. La Bacillocaséine d’Auclair et Paris(2), obtenue par précipitation des filtrats par l'acide acétique, est probablement voisine ou identique. Pour Fontes (3), cette bacillocaséine constituerait les granulations restant colorées par la méthode de Gram qui se remarquent dans les Bacilles. Ces diverses substances toxiques, encore trop peu connues, avec leurs effets différents, rendent compte de la plupart des phénomènes provo- qués par le Bacille luberculeux, formation de tubercules et de pus caséeux, amaigrissement, fièvre, cachexie et mort. La tuberculose apparaît nettement comme une intoxication par les produits sécrétés par le Bacille tuberculeux. Aucune de ces substances n’a montré nettement d'effet curatif ou préventif. Les Bacilles luberculeux morts contiennent encore des substances actives. Koch avait constaté que des cultures tuées par la chaleur, par l’'ébullition dans l’eau, par l’action d’antiseptiques sûrs, provoquaient de la suppuration locale quand on les inoculait à doses assez fortes sous la peau de cobayes sains. Il avait remarqué, en même temps, que chez des cobayes manifestement tuberculeux l'inoculation sous-cutanée de doses faibles de ces mêmes cultures amenait la mort de six à quarante- huit heures: avec des doses excessivement minimes, la mort ne sur- vient pas, il ne se produit qu'une lésion locale et l'état général semble s'améliorer. C'est cette dernière observation qui l’a conduit à préparer sa tuberculine et à l'appliquer au traitement de la tuberculose. Maf- fucci (4) avait aussi constaté cette action toxique des cultures stérilisées ou mortes, et avait remarqué que leur inoculation ne produisait pas seulement des effets nécrotiques locaux, mais encore des phénomènes généraux de cachexie qui amenaient la mort de l'animal à une échéance plus ou moins éloignée suivant la dose de culture employée. Les expé- riences de Prudden et Hodenpyl (5), Straus et Gamaléia (6) prouvent avec toute évidence que les Bactilles tuberculeux morts conservent une grande partie des propriétés pathogènes caractéristiques des microbes vivants. En injection sous-cutanée, ils déterminent de la suppuration, avec ou sans phénomènes de cachexie, de véritables abcès froids; en injection intraveineuse ou intrapéritonéale, ils provoquent, comme les Bacilles vivants, la formation de véritables tubercules dans les organes où ils sont transportés. L'examen microscopique de ces lésions, pus ou (1) BESANÇON et Goucer, Action comparée des poisons tuberculeux (Soc. de Biol., 1899, p. 521). (2) Aucrair et Paris, Contribution chimique et propriétés biologiques du proto- plasma du Bacille de Koch (C. R. de l'Acad. des sc., CXLVI, 1908, p. 301). (3) Fowres, Estudos sobre a tuberculose (Memorias do Instiluto Oswaldo Cruz. Rio de Janeiro, If, 1910, p. 186). (4) Marruccr, Ueber die Wirkung der reinen, sterilen Kulturen des Tuberkelba- cillus (Centralbl. für allg. Path., 1890, p. 825). (5) PrupDen et Honexryr, Studies on the action of dead bacteria in the living body (New York med. Journ., 1891). (6) Srnaus et GamaArÉIA, Contributions à l’étude du poison tuberculeux (Arch. de méd. expér., IT, 1891, p. 705). Née en Lie 712 BACTÉRIACÉES. tubercule, y démontre la présence de Bacilles spéciaux, colorables, mais morts. La seule différence avec les Bacilles vivants est que les Bacilles morts, ne se multipliant pas, ne déterminent de lésions qu'aux endroits où ils ont été déposés ou transportés par la circulation: les lésions ne se généralisent pas; les Bacilles morts sont pathogènes, mais pasinfectieux. La résorption et la disparition des Bacilles se font lentement, plus rapidement avec des Bacilles jeunes (1). TUBERCULINES Les substances actives diffusibles sont contenues, partiellement au moins, dans les produits désignés sous le nom de {uberculines. Tuberculines de Koch. — Les plus intéressantes sont certainement les tuberculines étudiées par Koch et principalement sa première tuberculine, sa luberculine ancienne. C’est d'elle qu'il va d’abord être question. On se souvient encore du retentissement considérable qu'a eu au Congrès de Berlin, en 1890, la communication de Koch sur l’action de la tuberculine sur le cobaye, provoquant une réaction importante sur l'animal tuberculeux et pouvant même y amener un arrêt de la tuberculose avancée, une guérison de la tuberculose au début. Les premiers résultats de l'application de cette /ymphe de Koch au traite- ment de la tuberculose de l’homme (2) ont véritablement remué le monde. Il a fallu malheureusement en rabattre à ce point de vue curatif, aussi bien pour l’homme que pour l'animal. Malgré cela, des faits importants restent acquis, la réaction produite sur l'organisme tuber- culeux garde une importance considérable au point de vue du dia- gnostic. Le mode de préparation de la tuberculine fut gardé secret au début. Pour quel motif? On ne le sait pas au juste, mais c’est un exemple d'autant plus regrettable qu'il venait d'une aussi haute autorité scien- tifique. Guidés par le développement de l'odeur spéciale aux milieux glycérinés, Budjwid (3), Roux et Metschnikoff parvinrent à préparer un produit identique à celui de Koch. Le mode de préparation à mettre en œuvre est le suivant : Les cultures sont faites en bouillon glycériné à 6 p. 100 dans des ballons à large surface ou munis de liquide à moitié; ensemencées comme il a été dit page 569, de manière à obtenir un beau voile, elles sont laissées six semaines à l’étuve à 370; il s'est formé un voile épais à la surface. Ces cultures sont stérilisées à l’autoclave à 110°, puis concentrées au bain- marie jusqu'à réduction au dixième. On filtre et l’on conserve en vase clos, à l'abri de la lumière. La forte proportion de glycérine, 60 p. 100, assure la bonne conservalion. Ainsi préparée, la tuberculine est un liquide brunâtre, sirupeux, déga- seant une faible odeur de pommes raineltes. (1) Manmoner, Resorption Loter Tuberkelbacillen (Berlin., klin. Wochenschr., 1906. P- 1179). (2) Kocu, Weitere Mittheilungen über ein Heilmittel gegen T. (Deulsche med. Wochenschr., 13 novembre 1890). (3) Bupswin, La tuberculine ; sa préparation, ses effets (Arch. des sc, biol. de Saint- Pélershourg, 1, 1891, p. 213). BACILLUS TUBERCULOSIS. 714 Pour préparer une tuberculine active, il est nécessaire de partir d'une culture nettement virulente. D'après les observations de Krompecher (1), un Bacille peu virulent, et à plus forte raison avirulent, forme une tuberculine qui ne donne pas la réaction caractéristique, ou, du moins, ne la produit qu'à des doses bien supérieures à celles qui sont d'habitude employées. Il est donc nécessaire de s'assurer auparavant de l’activité de la culture en l'inoculant dans le périloine d'un cobaye ou dans les veines d'un lapin. Dès le début, Koch avait affirmé l'identité des tuberculines de prove- nance humaine ou bovine. Il paraît bien établi qu'on peut indifférem- ment se servir, pour préparer de la tuberculine, d'un Bacille humain ou d'un Bacille bovin, pourvu que sa virulence soit très marquée pour le cobaye. Wolbach et Ernst (2) concluent, de nombreuses expériences, que les tuberculines obtenues de Bacilles humains et de Bacilles bovins ont des effels identiques sur les cobayes tuberculeux. Pour Wolf-Eisner (3), il y aurait cependant quelques différences dans le mode de réaction. Celle identité ou grande similitude d'effets viendrait à l'appui de l'opinion de l'unité spécifique des deux types. Pour la tuberculine obtenue à l’aide du Bacille aviaire, les résullats sont beaucoup moins nets. Straus dit que son action est identique : mais beaucoup d’observaleurs trouvent sa toxicité pour le cobaye tuber- culeux beaucoup moindre, lesréactions qu'elle détermine moins intenses; souvent même elle se montre tout à fait inaclive. Les effets produits par la tuberculine fournie par le Bacille pisciaire sont plus douteux encore. Ramond et Ravaud (4), Ledoux-Lebard (5), Terre (6), disent bien avoir observé une action hyperthermisante ana- logue à celle de la tuberculine vraie, mais seulement avec des quantités beaucoup plus fortes de produits, 2 centimètres cubes au moins, chez le cobaye tuberculeux. D'autres observateurs (7) n'ont, par contre, rien remarqué qui puisse être regardé comme ayant un caractère réellement spécifique. Les produits similaires oblenus avec divers Bacilles acido-résistants, paratuberculeux, ont donné tantôt des résultats tout à fait négatifs, tantôt des phénomènes se rapprochant de ceux observés avec la tuber- culine vraie (8). Cette question sera exposée plus loin On a fait jusqu'ici de nombreuses recherches pour extraire le prin- cipe actif de la tuberculine, sans parvenir à de bons résultats. Koch, en (1) Kroupecazr, Recherches sur le traitement des animaux tuberculeux par la mé- thode de Landerer et sur la virulence des Bacilles tuberculeux (Ann. de l'Inst. Pas- Leur, XIV, 1900, p. 723). (2} Wozsacx et Ernst, Experiments with tuberculine made from human and bovine tubercle Bacilli (Journ. of med. Research, XII, 1904, p. 295). (3) Wozr-Eisxer, Die differenzierenden Kutantuberkulinreaktionen (Wiener klin. Wochenschr., 1908). \ (4) Ramoxp et Ravaup, Sur une nouvelle tuherculine (C. R. de la Soc. de Biol., 1898, p.597). (5) Lenoux-Lesarp, Le Bacille pisciaire (Ann. de l’Inst. Pasleur, XIV, 1900, p. 535). (6) Terre, Essai sur la tuberculose des vertébrés à sang froid. Thèse de Lyon, 1902. (7) Borne, Bacilles tuberculeux et paratuberculeux (Bull. de l'Inst. Pasteur, I. 1904, p. 463). (8) Trimescu, Aclion comparée des paratuberculines (Soc. de Biol., 4 nov. 1905). 714 BACTÉRIACÉES. la précipitant par] l'alcool à 66 p. 100, et lavant le précipité à l'alcool absolu, obtient un précipité blanc floconneux, soluble dans l'eau et la glycérine, quarante fois plus actif que la tuberculine brute ; il le nomme luberculine purifiée. C’est un produit de nature albuminoïde, mais il est complexe; d’après Kühne (1), il présente les réactions des albumoses et spécialement des deutéro-albumoses. Du reste, la matière albuminoïde peut n'être que le support du principe actif indélerminé qui n’existerait qu'en proportions excessivement minimes. Kühne., avec des milieux sans albuminoïdes, obtient des traces d’une matière albuminoïde qui paraît douée d'une grande toxicité. D'après Arloing et Descas (2), à côté des toxines proprement dites, dans la tuberculine, existeraient des toxones ne produisant que des symptômes d'empoisonnement lent, pour ainsi dire chronique. En plus des principes actifs, la tuberculine contient tout ce qui est soluble dans la glycérine, des matières extractives, des pigments, des sels minéraux. En tout cas, le principe actif, ou les principes actifs, de la tubercu- line ont des effets très curieux sur l'organisme. Introduite à doses minimes dans un organisme sain, la tuberculine n'y produit aucun trouble où un trouble minime surtout caractérisé par l'hyperthermie ; l'organisme tuberculeux, au contraire, réagit fortement. Le cobaye sain supporte facilement, sans troubles, une injection sous- cutanée de 2 centimètres cubes de tuberculine ; un demi-centimètre cube suffit pour faire périr en peu de temps, quelques heures, un cobaye tuberculeux. La sensibilité du cobaye tuberculeux s'accroît du reste progressivement avec l’évolution de l'infection ; au bout de trois jours, il réagit déjà fortement à l’inoculation d'une dose de 50 milligrammes ; cette dose est mortelle au vingtième jour; après vingt-cinq à trente jours, 10 milligrammes, 5 milligrammes etmême 1 milligramme suffisent pour amener la mort. A l’autopsie, on trouve surtout de fortes lésions conges- tives autour des foyers tuberculeux des divers organes. D'après Mara- gliano (3), chez le cobaye sain l'empoisonnement est foudroyant avec 18,25 de tuberculine pour 100 grammes de poids du corps, lent avec 06,50. Par contre, Borrel (4) a vu qu'en inoculation intracérébrale la tuberculine tuait le cobaye sain à dose très faible, 3 à 4 milligrammes. Chez le cobaye tuberculeux, par la même voie, il suffit de doses extré- mement minimes, 1/10° de milligramme au douzième jour, 1/1002 vers le trentième jour, même 1/1000° au quarantième jour. L'ingestion au cobaye sain de doses assez fortes, 2,50 à 5 grammes, occasionne l’amaigrissement et une mort assez rapides, d'après Calmette et Bre- ton (5). (1) Kuuxe, Erfahrungen über Albumosen und Peptone (Zeitschr. für Biol., XXIX, 1892, p. 26, et XXX, 1893, p. 221). (2) AnzoinG et Descas, Des toxines de la tuberculine et de leur influence sur le déve- loppement de la tuberculose expérimentale (Journ. de physiol., IV, 1902, p. 139). (3) Mar4GLrANO, Sur l’'empoisonnement par la tuberculine ,Soc. de Biol., 27 mars 1897). (4) Borner, Action de la tuberculine et de certains poisons bactériens sur le cobaye sain ou tuberculeux par inoculation sous-cutanée ou intracérébrale (Soc. de Biol., 7 avril 1900). (5) Carmerre et Breron, Sur les effets de la tuberculine absorbée par le tube diges- tif chez les animaux sains et les animaux tuberculeux (C. R. de l'Acad. des sce., 19 février 1906), a lt So à ct 2 Sul. 2 do BACILLUS TUBERCULOSIS. 7115 Le lapin sain supporte bien une injection intraveineuse de 5 centi- mètres cubes de tuberculine ; il présente pendant un ou deux jours une hyperthermie de 10 à 1°,5 et maigrit un peu, mais se remet vite. Un chien sain peut recevoir une dizaine de centimètres cubes sans autre inconvénient qu'un peu de fièvre ; les bovidés sains résistent mieux encore, les volailles également. Si ces animaux sont en puissance de tuberculose, il se produit même, après injection de doses bien moindres, une réaclion très forte, surtout une hyperthermie très marquée, attel- gnant souvent 41° et 42°; lorsque la dose injectée est forte, la mort survient assez rapidement. L'homme, qui parait un milieu moins favorable pour le Bacille de la tuberculose que le cobaye, est beaucoup plus sensible que lui aux pro- duits formés par ce microbe. Chez l’homme adulte sain, un vingtième de centimètre cube provoque déjà des troubles sérieux, un quart de centimètre cube amène des troubles intenses, inquiétants. Koch, en s'injectant un quart de centimètre cube (0,25) ressentit d'assez fortes douleurs abdominales, eut de la dyspnée, de la tendance à la toux, des vomissements, de l'abattement et de la fièvre (39°,6) ; après douze heures, la température s'abaissa et revint à la normale le jour suivant. Straus fixe à 1 centième de ceritimètre cube la dose minima encore active chez l'homme sain ; cette dose détermine un peu d’abattement et une très légère élévation de température, 38° ou très peu plus. Chez l'homme luberculeux adulte, cette dernière dose de 1 centième de centimètre cube détermine des troubles très marqués, une réaction générale et une réaction locale aux endroits où se trouvent des foyers tuberculeux. La réaction générale débute par un frisson, puis lhyper- thermie se produit, 39°, 40°, et même 41° ; on observe de l'abattement, des courbatures. L'accès commence ordinairement quatre ou cinq heures après l'injection et dure douze ou quinze heures ; puis tout rentre dans l’ordre. L'action locale de la tuberculine sur les lésions tuberculeuses est très remarquable. On peut facilement l'observer dans le cas de tuber- culose externe ou de lupus. Il se produit au voisinage des lésions une inflammation intense, parfois même appréciable avant le frisson du début; on trouve aux alentours un exsudat très riche en leucocytes; le foyer luberculeux peut ainsi être peu à peu isolé et se nécroser, être éliminé quand il s’agit de lupus, par exemple. Dans les lésions viscé- rales, cette élimination ne peut pas se faire. Cet effet ne peut se pro- duire que sur les lésions tuberculeuses vivantes ; il ne se produit pas sur les masses caséeuses ou le tissu tuberculeux mortifié. Les Bactilles luberculeux existant dans les lésions sont influencés et peuvent être mobilisés ; d’où possibilité d’une généralisation dans le cas de désagré- gation d'une lésion interne à la suite de l’action de la tuberculine, ou réveil d'anciens foyers éteints ou en voie de régression. Chez les adultes affaiblis, il faut employer une dose réduite; chez les enfants de trois à cinq ans, Koch conseille un millième de centi- mètre cube, et moitié de cette quantité chez les enfants très affaiblis. On sait ce qu'est devenue la soi-disant puissance curative de la tuber- culine et comment s’est évanouie la grande espérance qu'elle avait fait naître. Il reste cependant la constatation facile de la réaction qu'elle produit sur l'organisme tuberculeux. C’est, nous le verrons, un point 716 BACTÉRIACÉES, de la plus haute importance pour le diagnostic de la tuberculose. Essai de la tuberculine. — Pour obtenir les effets cherchés, il faut disposer d'une tuberculine suffisamment active. Comme il a été dit plus haut (p. 713), les cultures bien virulentes seules donnent un bon pro- duil; ce sont les seules qu'il faut employer pour la préparation, après: avoir essayé leur activité par l'inoculation au cobaye. Malgré cela, il est nécessaire, après la préparation, d'essayer l’activité du produit obtenu. Pour qu'une tuberculine puisse être considérée comme active, il faut, d'après Koch, que l'injection sous-cutanée d'un demi-cenlüimètre cube détermine, en un laps de temps de six à trente heures, la mort d’un cobaye nettement tuberculeux. La tuberculose de ce cobaye a été occasionnée par l'inoculation de produits virulents, au mieux d'une culture bien virulente; le moment à choisir pour l'injection de tuber- culine est trois ou, mieux, quatre semaines après l’inoculation. Pour apprécier plus exactement la valeur de la tuberculine, on peut injecter, à d’autres cobayes tuberculeux, des doses plus faibles que la précédente, descendre même jusqu’à un dixième ou up vingtième de centimètre cube. Si la mort survient, la tuberculine peut être alors considérée comme très active. Sous le nom de Nouvelle tuberculine, Koch a désigné une sorte de tuberculine purifiée, ne contenant que certains principes de la tuber- culine brule, ceux précipitables par l'alcool. Il l'obtenait d'abord en laissant tomber goutte à goutte de la tuberculine dans 20 à 25 fois son poids d'alcool absolu. Il se forme un précipité granuleux qui, lavé à l'alcool absolu, donne par dessiccation une poudre blanche, très soluble dans l’eau, représentant environ 10 p. 100 de la tuberculine employée. Il en vint ensuite à traiter la tuberculine brute par l'alcool à 60°, laver le précipité à l'alcool absolu et dessécher dans le vide. La poudreblanche obtenue aurait des effels 50 fois plus forts que la tuberculine brute. Elle se dissout dans la glycérine en donnant une solution stable, alors que la solution aqueuse se décompose vile. | Koch (1) a postérieurement essayé el préconisé l'emploi d'autres pro- duits similaires, mais plus complexes, contenant, à côté des substances diffusibles, des endotoxines des corps microbiens auxquelles 1l a éga- lement appliqué la dénomination générale de tuberculines. Il a préparé une Tuberculine alcaline (TA) en traitant des Bacilles virulents par une solution de soude caustique à 1 p. 10. Les Bacilles sont intimement mélangés au réactif et laissés pendant trois jours à la température de la chambre en agitant fréquemment. Au bout de ce temps, Lous sont morts; l'expérience démontre que le Bacille de la tuber- culose péril au bout de douze à quinze heures dans cette lessive de soude à { p. 10. Le liquide surnageant est filtré au papier, puis neutralisé. On obtient un liquide clair, légèrement jaunâtre, qui renferme encore pas mal de Bacilles Luberculeux, car, en faisant des préparations par les méthodes ordinaires, on en trouve souvent cinq ou six dans un champ de microscope. Ce liquide donne des réactions analogues à celles que produit la tuberculine ordinaire, mais ces réactions ont une durée un peu plus longue; l'injection donne souvent lieu à des abcès à pus sté- rile, dus à la présence de Bacilles luberculeux morts, ou des matières (1) Kocu, Ueber neue Tuberkulinepräparate (Deutsche med. Wochenschr., 1897- n° 14, p. 209). BACILLUS TUBERCULOSIS. ga ri grasses dont il a été parlé plus haut, dissoutes en partie à la faveur de l’alcali. Eu filtrant sur bougie d'alumine, on élimine tous les cadavres de Bacilles, mais le liquide obtenu ne serait pas plus actif que la tuber- culine ordinaire. Koch eut alors l'idée de détrutre mécaniquement les corps bacil- laires pour arriver à obtenir une résorption complète du contenu par l'organisme et en particulier éliminer la couche formée d'acides gras qui semble protéger le microbe contre la résorption. Les cultures sont desséchées et broyées longtemps dans un mortier d'agate jusqu’à ce que l'examen ne montre plus qu'une petite quantité de Bacilles intacts. Inutile de faire ressortir le danger extrême que peut faire courir une telle opération, pour laquelle on prendra des précautions toutes spéciales. La substance ainsi obtenue est diluée dans de l'eau disullée et sou- mise à la centrifugation à l’aide d’un appareil faisant 4000 tours à la minute, maintenue pendant une demi-heure à trois quarts d'heure. L'émulsion est alors divisée en deux couches distinctes : une supérieure blanchâtre et opalescente, mais tout à fait transparente et ne contenant plus de Bacilles; l'autre inférieure boueuse, adhérente au vase. La couche supérieure est soutirée et mise à part; la couche inférieure est desséchée, triturée à nouveau, puis soumise comme ci-dessus à la centrifugation ; elle donne de même une couche supérieure transpa- rente, et un résidu épais, sur lequel on peut encore plusieurs fois renouveler l'opération. La masse presque entière de la culture peut ainsi être transformée en une série de couches liquides transparentes. Le résidu définitif est très minime. Le liquide transparent obtenu à la suite de la première centrifugation se distingue essentiellement de ceux qui sont obtenus après les centri- fugations suivantes, qui, eux, jouissent des mêmes propriétés. Koch le désigne sous le nom de Tuberculine O (TO), et sous le nom de T'uberculine R (TR) celui provenant des autres opérations succes- sives. TO ne se modifie pas par l'addition de 50 p. 100 de glycérine ; tandis que TR donne, dans les mêmes conditions, un précipité flocon- neux blanc. TR contient surtout les substances constitutives du Bacille qui sont solubles dans la glycérine ; tandis que TO renferme les sub- stances insolubles dans ce réactif. Les effets provoqués par ces deux liquides chez les animaux et l’homme sont aussi très différents. TO, par son action, se rapproche beaucoup de la tuberculine ordi- naire el correspond presque entièrement à la tuberculine alcaline TA, sauf que son inoculation ne donne jamais d’abcès. Mais les qualités immunisantes de TO sont peu marquées, tandis que celles de TR sont manifestes ; TR contient toutes les substances immunisantes des cul- tures. En inoculant de très petites doses de TR à l'homme, de manière à éviter de produire une réaclion, il est possible de l’immuniser contre TR; et alors le sujel ne réagit plus aux fortes doses de tuber- culine ordinaire et de TO ; il est donc immunisé à l'égard de tous les produits constitutifs du Bacille luberculeux. Pour que TR puisse produire son action intégrale, il faut absolument partir d’une cullure bien virulente. Les cultures peu virulentes ne fournissent qu’un produit défectueux. Ces cultures ne doivent pas être trop vieilles; la dessiccation se fera dans le vide ; il faut en général 718 BACTÉRIACÉES. éviter toutes les causes de modification, la lumière en particulier. Le liquide TR, tel qu'il est livré, contient 20 p. 100 de glycérine 12 ajoutée dans un but de conservation, quantité insuffisante pour préci- 4 piter les substances actives. Il contient, par centimètre cube, 10 milli- grammes de substance solide. Pour l'utiliser, on le dilue suffisamment : avec de l'eau glycérinée à 20 p. 100. On commence par des doses très faibles, 1/500e de milligramme, avec une injection tous les deux jours en augmentant lentement la dose de façon à éviter autant que possible plus d'un demi-degré d’hyperthermie. Ce n'est guère que lorsqu'on ; arrive aux doses de 1/2 à 1 miligramme que l’on peut constater des effets immunisants. Koch dit arriver d’ordinaire, petit à petit, à des à doses de 20 milligrammes sans produire d'accidents appréciables. e D'après lui, on obtiendrait chez tous les malades une amélioration | considérable, bien plus notable qu'avec la tuberculine ordinaire, pou- À vant parfois être considérée comme une guérison. Beaucoup de cliniciens, par contre, disent n'avoir obtenu aucun résultat avec TR ou seulement des améliorations minimes ou passa- gères. Enfin, Koch (1) a désigné sous le nom de T'uberculine B.E.(Bacillen- emulsion) un mélange à parties égales de glycérine et d’une émulsion dans l'eau, en proportion de 1 p.100, de Bacilles tuberculeux très finement broyés pendant longtemps. Tuberculine de Denys. — Denys (2) préconise, comme tuberculine, le produit du filtrage, sur bougie de porcelaine, des bouillons de cul- ture du Bacille, sans autre manipulation ni chauffage, avec seule addition d’un peu d'acide phénique ou de thymol pour assurer la con- servation. Les effets observés sont très semblables à ceux que produit l'ancienne tuberculine de Koch. Tuberculine de Maragliano.— Maragliano (3) prépare une lubercu- line aqueuse en prenant la masse bacillaire d'une culture sur bouillon glycériné et en la faisant macérer pendant quarante-cinq heures, à une température de 950 à 100° au bain-marie, dans une quantité d’eau dis- tillée égale au liquide de culture qu'a donné la filtration, en remplaçant l'eau au fur et à mesure que l'évaporation réduit le volume. Au bout de vingt-quatre heures de repos, on évapore au dixième au bain-marie. Ce liquide aurait les mêmes propriétés biologiques que la tubereuline ordinaire de Koch. La concentration au dixième tue d'habitude le cobaye sam dans la proportion de 1 centimètre cube pour 100 grammes de poids; 0°,10 à 0°,20 suffisent pour tuer le cobaye tuberculeux en quarante-huit heures. L'alcool précipite, de cette tuberculine aqueuse, une substance qui tue le cobaye à { p. 25000 et le lapin, par injection intraveineuse, à 1 p. 33000. Maragliano se sert de cette tuberculine pour obtenir une certaine immunisalion d'animaux, en vue de la production d'un sérum spécifique. Tuberculine de Béraneck.—Dans un but thérapeutique, Béraneck(4) * ft bio) RE AS RS , Ch M 2 se À 0 nn à A ke. Sata (1) Kocu, Ueber die Agglutination der Tuberkelbacillen und über die Verwert- hung dieser Agglutination (Deutsche med. Wochenschr., 1901, n° 48, p. 829). (2) Dexys, De l'action curative des bouillons filtrés du Bacille tuberculeux dans la tuberculose pulmonaire (Bull. de l’Acad. de méd. de Belgique, 1902, n° 3, p. 153). (3) MarAGLraNo, Extrait aqueux des Bacilles de la tuberculose (Soc. de Biol., 22 jan- vier 1898), (4) Béraxecx, Sur les tuberculines (C. R. de l’Acad, des se., 23 nov. 1903). BACILLUS TUBERCULOSIS. f 719 prépare sa tuberculine en mélangeant à parties égales un filtrat de culture de deux mois et demi, sur bouillon de veau, obtenu par macé- ration à froid, glycériné à 5,6 p. 100 (basiotoxine TB), et un extrait spécial obtenu en faisant macérer pendant deux heures à 60° dans de l'acide orthophosphorique à 10 p. 100 (acidotoxine AT). Le produit contient par conséquent des endotoxines et des toxines diffusibles. La solution mère (tuberculine mère) est une dilution à 1/20; il en fait d’autres dilutions successives. Cette tuberculine est notablement moins toxique pour le cobaye que les tuberculines de Koch. INOCULATION EXPÉRIMENTALE La tubereulose peut être expérimentalement conférée, à l’aide de produits pathologiques ou de cultures virulentes, à un grand nombre d'animaux d'expériences. Les grands animaux domestiques, les singes, les chats, les lapins, les cobayes, les rats, les souris, bien des petits oiseaux, sont réceptifs à un haut degré: le chien, la chèvre, le mouton, la poule sont plus résistants, sans cependant être réfractaires. Le lapin et le cobaye sont particulièrement sensibles, ce dernier surtout, qui mérite d’être regardé comme le véritable animal réactif de la tuberculose. Aussi, lorsqu'un cobaye résiste à une inoculation bien faite, il est possible d'affirmer que la matière inoculée ne renfermait pas de Bacilles tuberculeux, vivants ou virulents au moins. Le lapin résiste souvent aux Bacilles quelque peu atténués; avec les Bacilles virulents, il présente, au bout de deux mois, une tuberculose généralisée. Le produit que l’on veut inoculer est ou bien un produit tuberculeux quelconque, matière tuberculeuse, crachats, lait, elc.; ou du produit d’une culture bien développée, que l’on a préalablement convenable- ment émulsionné dans un peu de solution physiologique. Inoculation au cobaye. — L'inoculation de produits tuberculeux virulents d'origine humaine ou bovine détermine fatalement, chez le cobaye, l'évolution d’une tuberculose qui amène la mort dans un délai variable de deux semaines à deux ou trois mois. La durée de l'affection dépend surtout de la virulence du microbe inoculé et du mode d'inocu- lation. Les résultats sont beaucoup moins certains avec du Bacille aviaire ; on n'obtient que de petites lésions locales ou rien du tout. INOCULATION SOUS-CUTANÉE. — Le mode le plus simple et le plus fré- quemment employé est l'inoculation sous-cutanée. Elle se fait soit en injectant, à l’aide d'une seringue, du produit dilué dans de l'eau, soit en faisant une boutonnière à la peau, boutonnière que l’on creuse avec une sonde cannelée, et y déposant une parcelle de la matière d'imocu- lation. La plaie se ferme très vite, puis du dixième au quatorzième jour il s'y forme une légère induration qui donne un petit ulcère torpide. Vers le dixième jour environ, on perçoit de l’induration des ganglions du lieu inoculé, ganglions inguinaux et cruraux si l'inoculation a été faite à la patte postérieure. Souvent l'animal commence à maigrir vers la troisième semaine et diminue de poids progressivement; cette perte de poids, régulière et graduelle, peut être regardée comme indice du résultat positif de l'infection. L'animal meurt de trois semaines à un mois d'ordinaire, quelquefois après un plus long lemps, manifestement tuberculeux. En le sacrifiant de quinze jours à trois 720 BACTÉRIACÉES. semaines, on lui trouve déjà le plus souvent des lésions tuberculeuses évidentes. Le foie et la rate surtout ont augmenté de volume et pré- sentent un grand nombre de petites granulations tuberculeuses si l'affection est au début, des lésions plus grandes, confluentes, caséeuses même si la maladie a eu le temps d'évoluer. Les ganglions voisins du: point d'inoculation sont caséeux. C’est le /ype Villemin de la tuber- culose (p. 686). Les Bacilles caractéristiques se retrouvent en grand nombre dans les lésions. INOCULATION INTRAPÉRITONÉALE. — En injection inlrapéritonéale, l’évolution est un peu plus rapide et plus sûre; cette voie est à recom- mander pour des produits peu virulents. Les lésions sont les mêmes. La mort survient d'habitude de deux à six semaines. Le péritoine est’ envahi par des tubercules. INOCULATION INTRAVEINEUSE, — En éinjeclion intraveineuse, on obtient tantôt une tuberculose typique, lantôt une infection sans tubercules apparents, une infillration tuberculeuse, le {ype Yersin de la tubercu- lose (p. 686, la septicémie tuberculeuse. C'est le mode d’inoculation qui réalise le plus sûrement l'infection générale de l'organisme. Lors- qu'il existe des tubercules, on peut en trouver dans tous les organes, en très grande nombre. La mort peut déjà survenir du dixième au quin- zième Jour. INOCULATION DANS LA CHAMBRE ANTÉRIEURE DE L'OEIL. — L'injection dans la chambre antérieure de l'œil permet de suivre facilement l’évo- lulion des lésions. Du quinzième au vingtième jour, l'iris se couvre de fines granulations tuberculeuses ; puis l'œil se gonfle et se trouble, suppure même parfois; en même temps, les ganglions du cou se prennent, l'animal succombe peu après avec des lésions pulmonaires intenses. INOCULATION PAR INGESTION. — L'ingestion de produits tuberculeux est un moyen infidèle; cependant, elle peut déterminer la tuberculose. De nombreuses expériences le prouvent. D'après Calmette et Guérin (1), cette méthode réussirait toujours lorsqu'on fait ingérer les Bacilles très divisés, finement émulsionnés comme ils le soni dans le lait et les crachats. Un seul repas important suffit souvent; le résullat est plus assuré après plusieurs absorptions faites à quelques jours de distance. La mort ne survient qu'après un assez long temps: les animaux conservent une bonne santé apparente pendant six semaires ou plus. INOCULATION PAR INHALATION. — L'inhalalion de cultures mélangées à des liquides que l’on pulvérise a aussi permis de produire la tubercu- lose expérimentale chez les animaux. Les lésions sont surtout pulmo- naires. Inoculation au lapin. — Le lapin est plus résistant que le cobaye; l'évolution de la maladie est plus lente chez lui. Il est particulière- ment sensible au Bacille bovin ; beaucoup moins au Bacille humain dont l'inoculation sous-culanée principalement échoue souvent ou ne produit qu'une pelile lésion locale. En inoculation intraveineuse, même avec 1 milligramme de culture de Bacille humain, on ne déter- mine souvent rien, ou de petites lésions discrètes ou insignifiantes du poumon ou du rein. Par contre, des doses bien moindres (1) Cazmerre et Guérin, Origine intestinale de la tuberculose pulmonaire (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIX, 1905, p. 601; XX, 1906, p: 353 et 609): BACILLUS TUBERCULOSIS. Peu | de Bacilles bovins causent toujours une tuberculose généralisée et la mort, en un ou deux mois. Le lapin est assez sensible au Bacille aviaire qui lui donne souvent une tuberculose à marche typique. Sauf ces observations, on observe des résultats très semblables à ceux que donne le cobaye. En inoculation sous-culanée, il se produit d’abord un abcès local ; la généralisation se fail très tardivement, après trois ou quatre mois souvent, ou peut même manquer si la culture est peu virulente. En inoculation intraveineuse, la mort survient après un à deux mois avec une culture virulente ; on trouve les mêmes lésions que chez le cobaye. Inoculation aux bovidés. — Les bovidés sont extrêmement sen- sibles au Bacille bovin, très sensibles aussi au Bacille humain à l'ino- culation duquel ils résistent toutefois assez souvent. Les jeunes individus, les veaux de lait particulièrement, sont bien plus facilement infectés que les adultes. INOCULATION SOUS-CUTANÉE. — Chez le bœuf, il se forme, au point d'inoculation, un abcès qui s'ouvre au bout de quinze à vingt jours et donne une plaie ulcéreuse. La lésion peut rester locale, l’ulcère se cicatrise et c'est la guérison; ou progresser, gagner d’abord les ganglions du voisinage, puis se généraliser; l'animal meurt alors de tuberculose, surtout pulmonaire, dans un délai souvent assez long. INOCULATION INTRAVEINEUSE. — C'est, d'après Nocard, le mode le plus sûr d'infection. L'injection de 10 centimètres cubes d'une émulsion de culture bovine bien virulente tue la vache en quinze jours avec des lésions miliaires généralisées. INOGULATION PAR INGESTION. — L’infection s'obtient surtout bien chez le veau, par les voies digestives. Les adultes résistent assez souvent. C'est l'intestin grêle qui est la voie de pénétration suivie. Les mêmes observations sont à faire e que pour le cobaye (p. 720). Calmette et Guérin ont observé que les animaux n'ayant eu qu'une infection unique de moyenne intensité guérissent presque toujours ; alors que ceux qui ont été soumis à plusieurs absorptions succes- sives, même de doses minimes (05,10 de culture), prennent tous une tuberculose grave à marche d'autant plus rapide queles réinfections sont plus fréquentes. L’infection est beaucoup plus assurée en faisant absorber les Bacilles finement émulsionnés. INOCULATION PAR INHALATION. — La vache est facilement infectée par inhalation de poussières virulentes très fines ou de pulvérisations d’une émulsion virulente. INOCULATION DANS LA MAMELLE. — Chez la vache, la mamelle s’infecte facilement (1), à la suile d'injection d'émulsion virulente dans le canal du trayon. Les signes de mammite apparaissent après six à treize jours, la fièvre se déclare et la mort survient après trente jours environ. Les lésions sont localisées à la mamelle et aux ganglions voisins ; la mort serait à rapporter à une intoxication Luberculeuse. Inoculation aux oiseaux. — Quelle que soit la méthode d’inocu- lation employée, on ne réussit pas la plupart du temps à transmettre (1) Nocarp, Mammite tuberculeuse expérimentale (Recueil de méd. vétér., 1900, Da Tate Macé. — Bactériologie, 6e édit. I. — 4 PP Dr) si 722 BACTÉRIACÉES. tes £ aux poules la tuberculose des mammifères. H. Martin (1) a cependant observé que les poules inoculées, sacrifiées après un temps assez long jusqu'à sept mois et demi après l'infection, bien que ne montrant aucune lésion tuberculeuse, avaient conservé des Bacilles tuberculeux virulents dans leur ne l'injection de ce sang rendait les cobayes tuberculeux. Nocard (2) est parvenu à occasionner des lésions tubercu- leuses chez la poule, en lui inoculant, dans le péritoine où dans les veines, des cultures de tuberculose des mammifères ayant passé, pen- dant trois ou quatre générations, par le périloine des poules au moyen du procédé des sacs de collodion. Auclair (3), en inoculant des pigeons dans le périloine avec des cultures de tuberculose humaine, les a vus succomber sans lésions tuberculeuses apparentes, mais avec des >acilles dans les organes et jamais dans le sang: Cadiot, Gilbert et ioger {#) obtiennent, chez la poule, des résultats positifs très nets, avec formation de granulations tuberculeuses, en introduisant, après l’inocu- lation de cultures de tuberculose humaine dans la cavité abdominale, à plusieurs reprises 14 à 13 centimètres cubes de sérum de cheval; la mort survient en quelques mois. Toutefois, les mêmes auteurs (5) reconnaissent que les perroquets sont très réceplifs non seulement pour la tuberculose aviaire, mais encore pour la tuberculose humaine. Inoculation aux vertébrés à sang froid. — La question est encore ioin d'être résolue. Il semble cependant bien évident que les grenouilles, les tritons el certains poissons peuvent servir de terrain de culture au Bacille de lu luberculose et être infectés par lui. Mais les résultats obtenus ne sont pas concordants. Bataillon, Dubard et Terre (6) ont nourri des carpes avec des produits Perles humains; au bout de huit jours, ils retrouvaient des Bacilles dans le foie. La virulence de ces Bacilles était teHement atténuée qu'après onze jours l'inoculation au cobaye ne donnait plus aucun résultat, L'inoculalion sous-cutanée, chez la grenouille, de tuberculose humaine ou aviaire, leur a donné le même résullal. Is en concluent que le passage à travers l'organisme des animaux à sang froid transforme les Bacilles humain el aviaire en véritables saprophytes. Nicolas et Lesieur (7), après avoir fait ingérer pendant sepl mois à des carpes el des cyprins dorés des crachats tuberculeux, n'ont rien pu retrouver dans les organes, à l'examen microscopique, mais ont donné la tuberculose au cobaye par l'inocu- lation des muscles et de l'intestin de ces poissons. Auché et Hobbs (8) (1) H. Mannx, Recherches ayant pour but de prouver qu'après un séjour variable dans un organisme réfractaire, les microbes tuberculeux peuvent conserver encore à des degrés divers leurs propriétés infectieuses (Revue de la 1'., 1888, p. 362). (2) Nocan», Sur les relations qui existent entre la T, humaine et la T. aviaire (Ann. de l'Insl. Pasteur, XI, 1898, p. 561). 3) Aucrain, La T. humaine chez le pigeon (Arch. de méd. expér., IX, 1897, p. 277). (4) Canior, Gireerr et RoGer, De la transmission aux gallinacés de la T, des mam- mifères (Soc. de Biol., 19 novembre 1898). (9) Canior, Giseerr et RoGer, Sur l'inoculabililé de la tuberculose aviaire aux psit- tacés (Soc. de Biol., 1898, p. 1113), (6) BaraïzLoN, Donano et Terne, La forme saprophytique de la T. humaine el de la T. aviaire (C. R, de l'Acad. des se., 1897, p. 1399). 7) Nicovas et Lesieun, Effets de l'ingestion de crachats tuberculeux humains chez les poissons (Soc. de Biol., 7 octobre 1899). S) Aucué et Hosss, Virulence de la T. humaine après son passage à travers la gre- nouille (Soc. de Biol., 8 janvier 1898). — Iv., Action de la T. morte injectée dans la cavité péritonéale des grenouilles (Zbid., 30 octobre 1897). BACILLUS TUBERCULOSIS, 729 ont oblenu des granulations tuberculeuses sur le foie el le mésentère de grenouilles inoculées dans le péritoine avec de la tuberculose humaine de vingt à soixante jours auparavant. Des cobayes inoculés avec ces granulations ont présenté une tuberculose généralisée typique; mais la virulence semblait être moindre pour les produits ayant séjourné le plus longtemps chez la grenouille. Ces mêmes expérimentateurs ont constaté que les cultures de tuberculose humaine et aviaire, tuées par un chauffage de vingt minutes à 1200, déterminaient chez les gre- nouilles des lésions semblables à celles occasionnées chez ces animaux par les cultures vivantes, jusqu'au trente-troisième jour après l'inocu- lation ; on trouvait, sur la surface du foie et du mésentère, des granu- lations tuberculeuses à structure identique à celle des granulations de tuberculose vivante, avec de gros amas bacillaires au centre, conser- vant jusqu'au trente-troisième jour ou un peu plus leurs réactions colorantes. Plus tard, les Bacilles ne sont plus reconnaissables. D'autres recherches démontrent également la possibilité de l'infection des gre- nouilles par la tuberculose des mammifères, soil avec production de lésions spéciales, soit sans lésions apparentes (1). D'après Ramond et Ravaud (2), les grenouilles sont beaucoup plus sensibles au Bacille aviaire et à sa toxine qu'aux Bacilles de l'homme ou des poissons et à leurs produits. Moeller (3), en inoculant des crachats tuberculeux à un orvet, a obtenu des tubereules dans la rate et le foie. Les Bacilles obtenus de ces lésions reproduisaient le type pisciaire (4). Bertarelli et Bocchia (5) ont obtenu des résultats positifs chez des cyprins inoculés avec des Bacilles des trois variétés, humaine, bovine et aviaire. Des amas de Bacilles se trouvaient dans tous les organes qui parfois présentaient des lésions nodulaires assez nettes, sans cellules géantes. Ces Bacilles, prélevés après huit mois, conservaient toute leur virulence originelle pour le cobaye, à l'inverse de ce qu’avaient obtenu Sorgo et Suess (6), une atténuation bien marquée. Le Bacille luberculeux pisciaire donne des résultats d'inoculation positifs chez beaucoup de vertébrés à sang froid : les carpes, divers cyprins, lestritons, les grenouilles, les crapauds, les tortues, les orvets, les couleurvres, les vipères (7). Inoculation à l'homme. — L'homme parail aussi pouvoir gagner la ; 2 (1) Lusanscu, Der Einfluss des Organismus Kaltblütiger Tiere auf den Bacillus des Menschlichen Tuberkulose (Centralbl. für Bakt., XXVII, 1900, p. 710). — HErz06, Zur Tuberkulose im Kaltblüterorganismus (Zbid., XXXI, Originale, 1902, p. 78). (2) Ramown et Ravaun, Virulence du Bacille tuberculeux aviaire vis-à-vis des ani- maux à sang froid (Soc. de Biol., 2$ mai 1898). (3) Mozzrer, Deutsche. med. Wochenschr., 1894, : (4) Bararzcox, Moser et Terre, Ueber die dentität des Bacillus des Karpfens (Bataillon, Dubard et Terre) und des Bacillus des Blindschleiche (Moeller) (Zeitschr. für Tuberkulose, III, 1902, p. 467). (5) Benranezu et Boccnia, Nuove ricerche sulla tubercolosi dei vertebrati a sangue freddo (La Tuberculosi, 1910). (6) Sonco et Suess, Ueber Versuche mit Tuberkelbacillenstämmen mensehlicher Herkunft an Schlangen und Blindschleichen und über Mutation menschlicher Tuberkel- bacillen (Centralbl. für Bakt., Originale, XLIIT, 1906. p. 422). (7) Dusarp, La tuberculose des animaux à sang froid (Revue de la T., 1898). — Lepoux-Lrsarp, Le Bacille pisciaire et la tuberculose de la grenouille due à ce Bacille (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIV, 1900, p. 535). HP « - & É v Fat ‘= PER Te PA A SE NELRS TR A ES AN RE LUE EU Te POP ALT MENU, £ 724 ï BACTÉRIACÉES. À tuberculose expérimentale; c'est ce qui semble résulter d'accidents arrivés à des expérimentateurs maniant le Bacille luberculeux. Les lésions observées sont souvent uniquement des lésions locales, des tubercules cutanés, l'inoculation ayant été faite à la peau ; c’est ce que l’on observe surtout chez les médecins, principalement à la suite de piqûre anatomique, chez les vétérinaires, les bouchers; c'est le {uber- cule anatomique. Il peut se produire cependant une généralisation et la tuberculose pulmonaire. Les produits désséchés peuvent infecter par inhalation; c'est la tuberculose pulmonaire d'emblée. Ce sont des raisons suffisantes pour recommander les plus grandes précautions et une extrème prudence quand on manipule de tels produits. La tuberculose expérimentale reproduit les lésions que l'on observe dans la tuberculose spontanée de l'homme ou des animaux. On y trouve le plus souvent les granulations tuberculeuses typiques; d'autres fois, l'absence de lésions apparentes, l’infiltration des organes parles Bacilles de la tuberculose. Dans tous les cas, le poumon est un véritable /ocus minoris resistantiæ pour la tuberculose; c’est le plus souvent le premier el parfois le seul organe atteint. ; La propagation se fait le plus souvent par la voie lymphatique, du point d'inoculalion vers l'intérieur, dans l'inoculation sous-cutanée, intraséreuse, intra-oculaire, intestinale; les ganglions de la région d'inoculation sont virulents en trois ou quatre jours. Elle peut se faire aussi par voie sanguine, comme le démontrent les résultats de l'inocu- lation intraveineuse ; elle est alors géncrale d'emblée. D’après les recherches de Borrel (1), la cellule tuberculeuse est tou- Jours une cellule lymphatique ; les cellules fixes de l'organe servent de simple support passif. La rapidité plus ou moins grande avec laquelle l'infection expérimen- tale évolue dépend de plusieurs conditions, inhérentes à la fois aux individus pris comme terrains et à la qualité de la matière d’ensemence- ment. Elle dépend aussi, dans une large mesure, de la quantité de Bacilles introduits dans l'organisme. Il en est de même de la dilution des Bacilles; plusils se trouvent dilués dans un véhicule, plus l'infection évolue lentement, à quantités égales ou à peu près de microbes. Tous les organes peuvent être atteints dans le cas de tuberculose expérimentale généralisée. Les organes génitaux males ou femelles le sont souvent; c'est un point de grande importance pour la question si discutée de l’hérédité de la tuberculose. Des faits expérimentaux en assez grand nombre démontrent que des femelles tuberculeuses peuvent donner des petits tuberculeux; l’exis- tence de la {uberculose congénitale expérimentale ne peut pas être niée; elle concorde,'du reste, avec des observations cliniques bien assurées, faites sur l’'hommeou les animaux domestiques. Les expériences de Nocard montrent que les veaux nés de mères tuberculeuses réagissent très rarement à la tuberculine. Le laux de la tuberculose chez les veaux de boucherie est d’ailleurs très réduit, (1) Borrez, T, pulmonaire expérimentale (Ann. de l’Inst. Pasleur, VII, 1893, p. 593), ' BACILLUS TUBERCULOSIS. 725 3,3 p. 1000 d’après Bang, et encore beaucoup de ceux qui sont atteints ont-ils pu aisément être contaminés après la naissance. D’après Landouzy et Martin (1), celte transmission de la tuberculose au fœtus devrait être considérée comme se produisant fréquemment. Les expériences répélées un grand nombre de fois par d’autres expéri- mentaleurs,surtout par Nocard, Straus, Sanchez-Toledo(2), Gaertner(3), démonirent que cette transmission doit être tenue pour très rare, même tout à fait exceptionnelle. Ce qui peut être transmis plus probablement, c'est une prédisposition plus ou moins grande à l'infec- tion, une résistance moindre à l'égard du virus; les recherches de Car- rière (4) montrent que cette prédisposition peut être déterminée par les seuls poisons tuberculeux inoculés aux parents, surtout à la mère. Les expériences de Koubassoff (5) faisaient admettre le passage facile des Bacilles de la tuberculose à travers le placenta. Celles beaucoup mieux faites de Sanchez-Toledo et d’Arrigo (6) prouvent que ce passage est possible, mais tout au moins rareet qu'il faut alors des lésions pla- centaires pour que l'infection du fœtus se produise. Ces lésions sont rares au début de la grossesse, comme onle remarque expérimentale- ment chez le cobaye; on les trouve facilement dans la seconde moitié, où l'examen histologique fait reconnaître des Bacilles de Koch dans le placenta et dans le foie des fœtus. La contagion du fœtus se fait par la veine ombilicale; c’est ce qui explique pourquoi, dans cette tuberculose congénitale, le foie est parti- culièrement atteint, le poumon rarement. La transmission de la tuberculose directement par le père est beau- coup plus problématique encore. Ici, c’est le sperme seul qu'on peut incriminer; il faut admettre que le spermatozoïde fécondateur apporte à l'ovule un Bacille virulent. Des expériences très précises de Gaerlner démontrent que le sperme d'un animal tuberculeux peut contenir des Bacilles, quoique exceptionnellement et en petit nombre. Malgré cela, toutes les expériences de fécondation de femelles saines par des mâles manifestement tuberculeux et à tuberculose testiculaire bien nette, ont donné constamment des résultats négatifs relativement à l'infection de l’'ovule par du sperme tuberculeux. Gaertner a pu cependant neltement constater que des femelles ayant reçu des mâles tuberculeux prenaient parfois la tuberculose ; c’estla démonstration expérimentale de l'infec- tion possible par la cohabitation, déjà admise en clinique. Certaines expériences de Friedmann (7) paraissent cependant démontrer que les Bacilles tuberculeux pourraient être directement apportés par le sperme sans l'intermédiaire des organes maternels. (1) Laxoouzy et H. Marin, Faits pour servir à l'hérédité de la T. (Revue de méd., 1883, p. 1014). (2) Saxcaez-Torrno, Rech. expér. sur la transmission de la T. de la mère au fœtus (Arch. de méd. expér., 1889, p. 511). (3) GazrrNer, Ueber die Erblichkeit der T. (Zeitschr. für Hygiene, XIII, 1893, p. 101). (4) Carrière, Recherches expérimentales sur l'hérédité de la T. Influence des poi- sons tuberculeux {Arch. de méd. expér., XII, 1900,p. 782). (5) Kousassorr, Passage des microbes pathogènes de la mère au fœtus (C. R. de l'Acad. des sc., C, 1885, p. 172, et CI, p. 451). (6) D’ArRiGo, Beitrag zum Studium der erblichen Uebertragung der Tuberkulose durch die Placenta (Centralbl. für Bakt., XX VIII, 1900, p. 683). (7) Frrepmanx, Deutsche med. Wochenschr., 28 février 1901. 5 = LT. 3 726 s BACTÉRIACÉES. Les expériences de Maffucci (1) montrent qu'il faut en outre tenir compte de l'apport de toxine tuberculeuse par le sperme. Il se produi- rait souvent ainsi une véritable intoxication pouvant occasionner l'avor- tement et même un état de cachexie grave chez la femelle, sans lésions tuberculeuses ; les produits peuvent aussi être impressionnés de la même manière et présenter des signes de dégénérescence, surlout une mortalité précoce. En somme, tout plaide plutôt contre l'infection directe de l'ovule avant la conception ou au moment de la fécondation, très prônée, surtout par Baumgarten (2), et qui nécessite alors la conservation du virus à l’état de vie latente, de microbisme latent, dans l'organisme à ses débuts; la tuberculose congénitale, quand elle se produit, est surtout d'origine maternelle et provient d'une contamination directe du fœtus par le pla- centa présentant des lésions tuberculeuses. IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE Depuis la découverte du Bacille de la tuberculose par Koch, il a été fait de très nombreuses recherches dans le but surtout de découvrir une thérapeutique spécifique efficace de la tuberculose. Il ya sur ce point une abondance prodigieuse de matériaux dont beaucoup ont malheureusement servi à établir des déductions trop hâtives. Malgré tout, on se trouve forcé de reconnaître que le véritable traitement spécifique de cette infection est encore à trouver. [Il y a cependant des points intéressants acquis, qui permettent d'espérer voir un jour la question plus ou moins résolue. C'est surtout la possibilité d'obtenir, dans des conditions variées, un certain degré d'immunité, une immunité relative, ou peut-être seulement une résis- tance plus ou moins durable à l'infection, si on ne peut pas encore affirmer un état d'immunité véritable. On a, sous ce rapport, des indica- tions déjà précieuses, plutôt qu'une manière de faire nettement arrêtée. Il reste à compléter et fixer les méthodes, à les rendre sûres et cons- lantes, surtout pratiques et sans danger. Les nombreux essais tentés mettent en œuvre, les uns des microbes vivants, les autres seulement des produits qui en proviennent. La question peut être envisagée à deux points de vue bien distincts. Ou bien l'on recherche une vaccination, qui ne peut guère avoir qu'un but préventif, mettre l'individu sur lequel on opère en état de résister à l'infection. Ou bien on veut obtenir une émmunisalion active suffisante pour que l'organisme produise des quantilés d'anticorps suffisantes pour les utiliser dans un but de préservation, comme moyen thérapeu- tique d’une infection opérée principalement. Vaccination antituberculeuse. — Les méthodes employées visent surtout la préservation de l'espèce bovine, mais intéressent aussi à un haut degré, parce qu'elles peuvent être la base de la préparation des sérums antituberculeux qu'on cherche à employer en thérapeutique. (1) Marruccr, Rivista cril. di clinica medica, 15 et 22 février 1902. (2) BaumGarrTex, Ueber die Wege der tuberkulosen Infection (Zeilschr. für klin. Med., VI, 1883, p. 61). — In., Ueber experimentelle congenitale T, (Arb. aus dem Inst. zu Tubingen, 1, 1892). Lie. she né. il: De à dés Din SRE SO 22 BACILLUS TUBERCULOSIS. 797 On peut utiliser comme vaccins des Bacilles vivants plus ou moins virulents, des Bacilles morts, des produits sécrétés par des Bacilles virulents. Il n’est pas possible d'exposer toutes les méthodes essayées ; 1l faut faire un choix parmi celles qui paraissent les meilleures. Lorsqu'on emploie des Bacilles vivants, leur inoculation se fait par voie sous-cutanée, par voie veineuse, par voie digestive, par voie trachéale. En introduisant ainsi des Bacilles de la luberculose dans un organisme, on se trouve en présence d’une difficulté particulière, la grande résis- tance de ces microbes aux actions de résorption qui dépendent surtout de la phagocytose, grâce à la présence des matières grasses ou cireuses protectrices. Le Bacille luberculeux ne se résorbe qu'après un long temps, peut rester dans l'organisme, surtout dans les ganglions. Avec des Bacilles vivants, on se trouve en présence d’un gros inconvénient. Le plus souvent ils n’y prolifèrent pas, grâce à la résistance déjà créée par l'influence du microbe insuffisamment virulent pour infecter ; mais ils y conservent leur activité et peuvent devenir infectants si cette résistance vient à diminuer ou à disparaitre. En tout cas, on peut rencontrer dans ces conditions des Bacilles bien virulents pour le cobaye : il peut même en être éliminé par l'organisme ; 3ehring lui-même en a constaté dans le lait de vaches vaccinées. Avec les Bacilles morts, les ennuis sont moindres; ils ne peuvent occasionner qu'une lésion locale de suppuralion, le plus ordinairement minime. Mais le plus grand dangeï est dans la nécessité de faire une inocula- lion d'épreuve pour juger du degré d’immunité ou, si l’on veut, de résis- tance produite. Pour celle inoculation, on doit employer un Bacille virulent qui, introduitdans l'organisme, peut n'y être détruit qu'après un long temps et reste alors principalement dans le système ganglionnaire, y conservant son activité, comme le prouve la virulence, souvent grande pour le cobaye, des ganglions des animaux ainsi lraités. Il n’est pas possible jusqu'ici de supprimer celte inoculation d'épreuve ou de la remplacer par quelque autre moyen tout à fait inoffensif : c'est la seule indication certaine que l’on possède encore actuellement sur le résultat obtenu, l'épreuve à la tuberculine, comme lont démontré surtout Lignières et Vallée, donnant des résultats beaucoup trop irréguliers. Malgré ces graves objections, plusieurs des méthodes employées pré- sentent un grand intérêt. Grancher et H. Martin (1) élaient arrivés à obtenir un certain degré d'immunité chezle lapin en lui inoculant par voie intraveineuse des cultures de tuberculose aviaire alténuées par vieillissement, commen- çant par des cultures très affaiblies el employant successivement des cultures de plus en plus virulentes. Ils obtenaient une survie très pro- longée comparativement aux témoins; c'étail une vaccination impar- faite, mais déjà réelle. Arloing (2) a obtenu des résultats posilifs chez le lapin avec son Bacille (1) Graxcuer et H, Mari, Tuberculose expérimentale ; sur un mode de traitement et de vaccination (Sem. méd., 1890, n° 37). (2) ArroG, Production expérimentale de variétés transmissibles de Bacille de la tuberculose et de vaccin antituberculeux (C, R. de l’Acad. des sc., 1906, CXL, p. 1399): 10 7 728 BACTÉRIACÉES. : , à l des cultures homogènes, Bacille atténué dont l'activité est encore amoindrie par la culture à 430-440, qui ne tuberculise pas cet animal à doses faibles ou moyennes, et paraît disparaître complètement après s'être cantonné peu de temps dans la rate et la moelle osseuse. Lignières (1) aurait réussi chez le veau également avec des cultures homogènes. Moeller (2) s’est servi comme vaccin d'un Bacille d'origine humaine qu'il avait fait passer par l'organisme de l’orvet où il s'était beaucoup alténué. Par des injections répétées, il a pu immuniser suffisamment le cobaye et le lapin pour les faire résister à l'injection virulente de Bacille humain. Il a même expérimenté sur lui-même, et annoncé des résultats négalifs. Il aurait aussi obtenu une résistance assez marquée aux ino- culations virulentes en vaccinant ses animaux avec des doses graduellement croissantes de divers Bacilles acido-résistants, les 3acilles des herbes (Timotheebacillus, Grasbacillus), ceux du smegma, du lait et des selles. Méthode de Behring. — Behring (3) emploie comme vaccin pour ses bovidés un Bacille tuberculeux d'origine humaine entretenu par cul- tures simples dans son laboratoire depuis des années et ayant perdu toute virulence pour les bovidés et presque toute virulence pour le cobaye chez lequel il produit à peine une petite lésion locale guérissant vile. La préparation de son vaccin, le Bovovaccin, se fait de la façon sui- vante: On prend une culture en bouillon glycériné âgée de quatre à six semaines ; on filtre pour séparer les Bacilles qui sont desséchés dans le vide en présence d'acide sulfurique, puis réduits en poudre. On les utilise, mis en suspension par broyage dans un mortier, dans de l’eau stérilisée, en injection intraveineuse. On considère comme unité d'immunisation la dose de4 milligrammes de ces Bacilles secs, correspondant à environ 20 milligrammes de Bacilles frais ; c'est la dose admise pour une première injection au veau. On fait au même animal une seconde injection de 5 unités, done 20 mil- ligrammes, trois mois après la première. La résistance, ou l'immunité relative, obtenue à la suite d’une telle vaccinalion est réelle, mais parail d'abord variable, puis plus ou moins durable suivant certains observateurs (4). Elle peut persister pendant une année ou plus, ou durer seulement quelques mois. Elle semble très marquée à l'égard d'une contamination naturelle, telle que peut être celle qui provient d'une cohabitation avec des animaux atteints de tuberculose ouverte ; moins à l'égard des épreuves faites avec des cul- tures très virulentes. Encore, dans ce dernier cas, les lésions obtenues sont-elles souvent discrètes et peu importantes, à côté des lésions mas- sives oblenues chez les animaux témoins n'ayant pas été vaccinés. (1) Licniëres, Sur la vaccination antituberculeuse des bovidés (Congr. inlern. de la T., Paris, 1905, I, p. 229). (2) Merrrer, Ueber aktive Immunisierung gegen Tuberkulose (Zeitschr. für Tuber- kulose, V, 1905). (3) BenrnG, Tuberkulosebekämpfung (Berl. klin. Wochenschr., 1903, n° 11). — La , thérapie immunisante à Marbourg contre la tuberculose (Tuberculosis, n°8, 1906). (4) Rossiexoz et Varrée, Expériences sur la vaccination antituberculeuse des bovins (Bull. de la Soc. de méd. vétér., 14 mars 1906, p. 39). BACILLUS TUBERCULOSIS. 729 Les résultats obtenus à l'aide de la méthode de Behring ont donc un très grand intérêt. Entre les mains d’autres expérimentateurs, diverses souches de Bacilles humains,normalement très peu virulents pour les bovidés, ontdonnédes résultats très semblables. Méthode de Koch et Schülz. — Koch et Schütz (1) injectent par voie veineuse de petites doses de cultures très peu virulentes de Bacilles bovins. C’est le produit qui a reçu le nom commercial de T'auruman. En raison de la plus grande virulence des Bacilles, les dangers de leur conservation et de leur prolifération dans l'organisme sont encore plus grands et trop menaçants. Méthode de Vallée. — Vallée (2) prend comme vaccin un Bacille qui a été isolé, à l'Institut Pasteur, d'une tuberculose du cheval, Bacille très peu virulent pour le cobaye, avirulent pour les bovidés, se résor- bant assez facilement dans l'organisme et ne récupérant aucune viru- lence dans son passage. Il se sert des Bacilles frais, non desséchés, retirés de cultures de bouillon glycériné âgées de six semaines, émul- sionnés au mortier d’agate à raison de 1 milligramme de Bacilles, par centimètre cube de solution physiologique. Les doses employées sont, pour une série d'animaux, de 5 milligrammes de Bacilles et 20 mil- ligrammes quatre-vingt-cinq jours après ; pour une deuxième série, de 4 milligrammes de Bacilles et 40 milligrammes quatre-vingt-dix jours après. La voie veineuse, la voie sous-cutanée, la voie digestive ont été succes- sivement employées. Les résultats obtenus par l'inoculation intraveineuse sont tout à fait comparables à ceux que donne la méthode de Behring. On obtient une résistance relative proportionnelle à la quantité des Bacilles inoculés comme vaccin. Toutefois, cette vaccination n’est pas valable contre l'in- fection par les voies digestives. L'inoculation sous-cutanée ne confère qu'une résistance faible et peu marquée. L'inoculalion par ingestion donne une résistance très réelle à l’infec- tion par les voies digestives. Elle permettrait, ce que ne donne pas la vaccination intraveineuse, la résorplion complète, en sept mois au maximum, de Bacilles bovins très virulents, employés comme épreuve. Elle met complètement à l’abri des contaminalions assurées par le con- tact de bêtes à lésions ouvertes pendant un an environ; après deux ans, dans de telles conditions, les vaccinés ne montrent que de minimes lésions, alors que les témoins ont tous des lésions massives. Méthode de Calmelle el Guérin. — D'après Calmette et Guérin (3), l'ingestion de petites doses de Bacilles bovins virulents, déjà conseillée par Arloing (4), produit chez les bovidés une immunité à l'égard des inoculations virulentes suffisantes pour causer chez les témoins une (1) Kocn, Scuurz, Neurezp et Miesxer, Ueber die Immunisierung von Rindern gegen- Tuberkulose (Zeitschr. für Hygiene, LI, 1905, p. 300). (2) Vazrér, Recherches sur l'immunisation antituberculeuse (Ann. de l’Inst. Pas-- teur, XXIII, 1909, p. 585). (3) Cazuerre et Guérin, Contribution à l'étude de la vaccination des bovidés contre la tuberculose (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXI, 1907, p. 525, et XXII, 1908, p. 689). (4) ArLoING, Sur l'indication de la voie digestive pour la vaccination antitubercu- leuse des jeunes ruminants (C. R. de l’Acad, des se., 1906, CXLII, p. 1487). 730%. BACTÉRIACÉES. tuberculose rapidement mortelle, les vaccine, par conséquent, pour un certain temps au moins. Il est toutefois nécessaire, pour réussir, de prendre quelques précau- lions. Les Bacilles doivent être introduits à l’état d’émulsion très fine obtenue par triluration au mortier d'agate; l’'émulsion doit être lente- ment versée dans l’œsophage à l’aide d'une sonde flexible. La dose à employer est pour le veau de 5 centigrammes, pour l'adulte de 25 centigrammes de Bacilles frais recueillis directement dans des cultures récentes sur pommes de terre glycérinées. Il ne faut qu'une seule ingestion. Elle détermine certainement chez l'animal une poussée tuberculeuse, soit pulmonaire, soit plus souvent ganglionnaire. L'animal, en effet, réagit nettement à la tuberculine pendant un à deux mois, puis cesse complètement de réagir. Il est guéri et, en plus, vacciné, comme le prouve sa résistance à l'inoculation virulente faite par voie intraveineuse ou par ingestion. Une dose de 5 milligrammes de Bacilles bovins virulents, introduils par voie intra- veineuse à une vache, détermine chez elle une tuberculose suraiguë mortelle en quatre à six semaines. Ces petites doses de Bacilles finissent par se résorber au bout de quelques mois dans les ganglions mésentériques, comme le démontre l'innocuité de l'inoculation au cobaye. Si, au contraire, on administre à l'animal plusieurs doses successives, à courte intervalles, il présente rapidement des lésions graves, qui ne gué- rissent jamais. Les Bacilles de l'inoculation d’épreuve, introduits par voie digestive, seraient entièrement détruits de quatre à six mois; déjà après s le troi- sièmemoisiln'enresteque quelques-uns danslesganglionsmésentériques. Au contraire, en faisant l’inoculation d'épreuve par la voie intravei- neuse, il en subsiste de virulents très longtemps après, sans toutefois que l’animal ait, dans cet intervalle, réagi à la tuberculine. L'immunité ainsi obtenue est une immunité relative qui peut durer au moins une année environ, permettant aux animaux de résister aux infections artificielles par voie digestive ou à l'infection naturelle par cohabitation avec des animaux en état de tuberculose ouverte. Si l'infec- lion d'épreuve est faite par voie intraveineuse, les Bacilles persistant dans les ganglions peuvent, au moment où la résistance s’affaiblit suffi- sammentou disparaît, entre douze à dix-huit mois par exemple, devenir infectants et déterminer des lésions tuberculeuses. D'après Vallée, la vaccination par voie digestive avec des Bacilles bien virulents réussirait bien chez les jeunes sujets, les veaux, et mal, par contre, chez les adultes. On n'obtiendrait en plus qu'une vaccina- lion relative : cerlains vaccinés, exposés à la contagion par cohabitation, montrent quelquefois des lésions tuberculeuses, qui à la vérité sont minimes, insignifiantes lorsqu'on les compare aux lésions de témoins. Calmette et Guérin ont obtenu les mêmes condilions de résistance par l’ingestion, répétée deux fois à quarante- cinq jours d'intervalle, des mêmes "Bacilles chauftés préalablement à 70° pendant cinq minutes, température insuffisante pour les tuer. Les procédés de vaccination à l'aide de Bacilles morts, s'ils permettaient de conférer aux animaux une résistance semblable à celle obtenue par les méthodes précédentes et si l’on pouvait également se passer de l'ino- st st is BACILLUS TUBERCULOSIS. TEL: culation d'épreuve aux Bacilles virulents, auraient sur elles un immense avantage, celle d'une sécurité absolue à l'égard des dangers que peut occasionner la persistance possible de Bacilles vivants et virulents dans l'organisme. Les Bacilles morts, en effet, si leur résorplion ne se fait pas dans le temps voulu, ne peuvent occasionner que des lésions locales chez le vacciné et, de plus, ne sont d'aucun danger pour l'entourage. C'est là un point d'une très grande importance. Malheureuse ment, chez les bovidés, les résultats nn ici semblent nettementinférieurs à ceux que fournit l'emploi de Bacilles vivants. Mais on ne peut que for- lement encourager les chercheurs dans cette direction. Calmette et Guérin (1) rapportent un fait de vaccination d'une vache à l’aide de Bacilles Ronne préalablement chauffés pendant cinq minutes à 1000. L'animal avait reçu, par ingestion, une première fois 10 centi- orammes de Bacilles et une seconde fois, quarante-huit jours après, 50 centigrammes. Il a résisté à une ingestion d’épreuve de 25 centi- grammes de Bacilles virulents et paraissait indemne après deux ans. Vallée (2) n'aurait observé aucun effet, chez la vache etle veau, avec des Bacilles bovins chauffés à 1000 pendant une minute: Avec des Bacilles tués par l’iode, les hypochlorites, l'alcool, les résul- lats ontaussi été nuls. Les Bacilles dégraissés parle toluène ou l'éther de pétrole lui ont paru avoir une certaine action ; à la suite des inocula- tions d'épreuve, intraveineuses ou par ingestion, les lésions n'ont été, dans plusieurs cas, que très limitées. Moussu et Goupil (3) disent avoir oblenu un certain degré de résis- tance chez le chien etle lapin avec des Bacilles traités par le chlore. Une émulsion bacillaire est agitée pendant quelques heures avec de l’eau chlorée. Les Bacilles perdent leur acido-résistance et deviennent vite granuleux. [Is conservent un pouvoir loxique assez marqué. Rappin (4) obtiendrait une immunisation marquée à l'aide de Baeilles tuberculeux sur lesquels il fait agir des solutions convenablement titrées de fluorure de sodium, sans autre modification ou après les avoir dégraissés. L'injection intraveineuse de ces Bacilles modifiés, faite pendant plusieurs mois à des doses variables, a semblé conférer à des jeunes bovins, génisses et taureaux, une véritable immunisation. Ces recherches ont cependant besoin d'être étendues. L'emploi des produits solubles pour la vaccination, s'il arrivait à donner des résultats satisfaisants, aurait d'abord sur l’utilisation des Bacilles vivants les mêmes avantages que les Bacilles morts; puis, en plus, mettrait à l'abri des accidents locaux qui peuvent être occasionnés par ces derniers. Seulement, on seheurte ici à la grande difficulté, voire même l'impos- sibilité de la diffusion de certains des principes actifs du Bacille tuber- culeux, très adhérents aux corps microbiens. Les produits qui diffusent dans les milieux ne représentent qu'une partie des Ur acüfs du (1) Cazmerre et Guérin, Ann. de l’'Insl. Pasteur, 1907, p. 52 (2), Marzée, Loc. cit., p. 710 et 729. (3) Moussu et Gourir, Action du chlore sur le Bacille tuberculeux (C. R. de l’Acad. des se., 1908, CXLV, p. 1231). — Propriétés physiologiques des Bacilles tuberculeux chlorés (/bid., p. 1359). (4) Raprix, Vaccination antituberculeuse des bovidés (C. R. de l'Acad. des se., 9 août 1909). — La vaccination antliluberculeuse (Arch. intern. de pharmacodyna- mie, 1906-1907, 1909). 732 BACTÉRIACÉES. - microbe, et peut-être les moins importants pour les actions que l’on recherche. | Dès le début de la tuberculine, Koch a cherché à l'utiliser pour obtenir une immunisation à l'égard du microbe. Sa constitution, trop incomplète, ne pouvait permettre d'obtenir des résultats bien appré- ciables. Des substances actives, autres que celles qu'elle renferme, doivent entrer en jeu. Aujourd'hui même, que l’on connait mieux la complexité de ces dernières, il ne semble guère que la question ait avancé. Un très grand nombre de recherches ont été faites, avec des produits très variés, filtrats de cultures en divers milieux, produits extraits des corps microbiens par des dissolvants divers, produits retirés de tissus tuberculeux, etc. On ne voit encore pas d'indications nettement utilisables. Heymans (1) a essayé d'immuniser les bovidés en leur insérant sous la peau des sacs collodionnés (p. 356) contenant du bouillon de culture chargé de Bacilles virulents. Il se produit une lente diffusion de produits microbiens qui agissent sur l'organisme et le sensibilisent d’une façon spéciale, puisque, dans un délai de quinze à quarante jours, il réagit à la tuberculine. Cette sensibilité à la tuberculine disparaît de six à huit mois après l'inoculation, L'immunisation est alors produite ; les ani- maux résistent entièrement aux inoculations virulentes d'épreuve, ou au moins ne présentent à leur suite que des lésions minimes. Moussu (2) dit n'avoir rien obtenu d'efficace par un procédé analogue, en laissant séjourner dans le péritoine, pendant de longs mois, de petites bougies filtrantes contenant du bouillon largement ensemencé de >acilles virulents. Les lésions observées sur de tels animaux, après l'épreuve, seraient peut-être un peu moins étendues que chezles témoins, mais toujours très notables cependant. Sérothérapie antituberculeuse. — Beaucoup de ces recherches onteu surtout pour but l'obtention d'un sérum actifcontre la tuberculose. Les premières recherches de sérothérapie antiluberculeuse sont dues à Héricourt et Richet (3), qui avaient observé une survie bien nette à l'inoculation tuberculeuse chez des cobayes auxquels ils injectaient, au préalable, du sérum d'un animal peu sensible à la tuberculose, l'âne ou le chien. Le sérum de tels animaux est malheureusement très peu actif; la quantité de produils antiloxiques qu'il contient est, en général, insuffisante pour produire des effets curatifs ou préventifs sérieux à dose ordinaire, quoique suffisante en sa totalité pour conférer à l’animal l'état réfractaire complet ou imparfait, suivant les circonstances. Les mêmes expérimentateurs ont, plus tard, cherché à obtenir un sérum plus actif en inoculant leurs animaux avec des produits virulents ou des produits solubles. Il est certain que les résultats qu'ils ont obtenus (1) Heymaxs, Sur la vaccination antiluberculeuse des bovidés (Acad. de med. de Belgique, 29 janvier 1910). (2) Moussv, Culture de tuberculose in vivo et vaccination antituberculeuse (C. R. de l'Acad. des se.,1907, CXXXV). (3) Héricourr et Ricuer, De l'immunité conférée à des lapins par la transfusion péritonéale du sang de chien (Etudes expérim. et clin. sur la T. publiées par Ver- neuil, I, 1890, p. 381 et 678). — In., Transfusion du sang de chien pour obtenir l'im- munité contre la T. (Zbid., II, 1892, p. 139). — De la vaccination contre la T. (Zbid., TITI, 1892, p. 124 et 365). BACILLUS TUBERCULOSIS. 733 chez l'homme ou l'animal, quoique incomplets, sont à considérer. Depuis cette époque, et surtout à la suite des découvertes de Behring sur les sérums antitoxiques, il s’est fait de très nombreuses recherches pour obtenir un sérum réellement actifcontre la tuberculose, en faisant intervenir alors ou des produits solubles de cultures ou des dérivés des corps microbiens. On a d’abord essayé, par analogie, la tuberculine, ou les simples fil- trats de culture. Les résultats ont été peu heureux, pour la raison que ces produits ne renferment qu'une partie, une certaine catégorie des principes actifs; tout ce qui reste dans le corps des microbes, et c’est la partie la plus intéressante, toxines sclérosantes ou caséifiantes, bacillo-caséine, etc. (p. 709), n'intervient pas. Ce que l’on peut obte- nir, c'est un sérum antiluberculineux. Aussi s’est-on trouvé dans l'obligation de faire plus. Le principe qui sert de guide est que les divers produits tuberculeux, introduits comme antigènes dans l'organisme, doivent déterminer la formation d'anticorps correspondants, jouissant, lorsqu'ils sont introduits dans d’autres organismes atteints par le mi- crobe, de propriétés antagonistes, conséquemment curatives, à l'égard de ce dernier ou des effets qu'il occasionne. Or, il faut reconnaître que la connaissance des anticorps tuberculeux est encore bien peu avancée. Beaucoup en nient même la formation: Il semble qu'il en existe de véritables, mais de simples anticorps partiels, répondant à l'action de certains des principes toxiques du microbe, ceux relatifs à la tuberculine surtout, anticorps luberculineux, où à certaines actions un peu spéciales, agglutinines, précipitines, bactériolysines par exemple; mais pas d' antitoxines à. effets généraux, parce que peut-être on n’est pas arrivé à mettre en action la totalité des principes actifs. Ces anticorps, actuellement obtenus, peuvent agir contre une catégorie de phénomènes de l'infection ; ils ne semblent pas agir bien efficacement contre le syndrome. D'où l’activité relativement peu grande des sérums antiluberculeux obtenus. De plus, tous ces sérums semblent occasionner plus facilement que d’autres des accidents d’anaphylaxie (1); c’est encore un obstacle à leur emploi. I paraît difficile, dans l'état actuel, d'émettre un jugement bien assis sur leur efficacité. Sérum de Maragliano. — Maragliano (2) obtient son sérum en injec- tant à des animaux divers, chevaue, ânes, vache, chèvre, un mélange de filtrats de cultures, en bouillon glycériné, de Bacilles humains très virulents et d'extrait aqueux des corps bacillaires. Divers modes de préparation ont été donnés. Le mélange serait actuellement préparé de la façon suivante : une culture, âgée de six semaines, est filtrée sur papier Chardin. On obtient un filtrat. Les Bacilles restés sur le filtre sont lavés, puis longuement broyés dans un mortier avec une petite quantité de solution alcaline de carbonate de soude à 2 p. 100; le liquide est filtré sur papier et le résidu est à nouveau traité de la même facon ; ces liquides sont réunis, filtrat 2. On réunit les fillrats 1 et 2 et on passe le (out à la bougie Chamberland. (1) Guixarp, Revue de la tuberculose, 2e série, &. IV. (2) MaraGzraxo, Le sérum antituberculeux et son antitoxine (Presse méd., 1896, p. 273). — In., Thérapeutique spécifique de la tuberculose (Assoc, franç. pour l’avanc. des sciences. Congrès de Lyon, 1906). 734 | BACTÉRIACÉES. à | nt On ajoute au produit oblenu parties égales d’un autre hquide qui serait un véritable suc bacillaire, obtenu en faisant macérer dans une solution de chlorure de sodium, pendant quinze jours, des Bacilles âgés el virulents, puis passant à la bougie Chamberland. Le mélange est alors concentré à froid jusqu'à ce qu'il montre un certain ‘degré de toxicité, qui est l'unité toxique : une dose d'un centimètre cube par 100 grammes doit tuer en trois jours au maximum un cobaye normal. L'inoculation aux animaux doit être faite graduellement et avec prudence ; les injections sont espacées suivant la tolérance. Le sérum serait utilisable après quatre à cinq mois. Le sérum sanguin, les globules blancs, le suc des tissus, le lait contiendraient les principes antitoxiques, bactériolysines, agglutinines et anlitoxines. L'unité antitoxique, d’après Maragliano, est la quantité d’antitoxine qui dans 1 centimètre cube de sérum protège 1 gramme de cobaye. Un sérum qui, à la dose de 1 centimètre cube, protège 100 grammes de cobaye, renferme 100 unités antitoxiques. On arriverait facilement à obtenir 1000 unités antitoxiques par centimètre cube. L'emploi thérapeutique d’un tel sérum aurait donné des résultats très favorables à Maragliano et à ses élèves ; des résultats nuls ou négli- geables à d’autres. Sérum de Marmorek. — Marmorek (1, immunise des chevaux en se servant d’un produit loxique spécial qu'il obtienten cultivant le Bacille dans un mélange d'un sérum leucotoxique et de bouillon à la macéra- tion de foie. Le sérum leucoloxique est obtenu chez le veau auquel on a injecté des solutions chargées de leucocytes de cobayes, obtenus par lavage à la solution physiologique de la cavité péritonéale de cobayes auxquels on a injecté dans le péritoine, quarante-huit heures avant, du bouillon peptonisé. La macéralion de foie, d'après Marmorek, aurait une action antagoniste sur les Bacilles. Dans le mélange, les Bacilles se développent mal el conserveraient longtemps leur caractère jeune, de Bacilles primitifs, à membrane peu imprégnée de matières cireuses et conséquemment plus perméable. Dans ces conditions, ils laissent diffuser leur vraie toxine ; les produits qui constituent la tuberculine n'apparaissent que lardivement el seulement en petite quantité. Après filtration sur bougie, on obtient un liquide toxique qui, à la dose de 25 à 30 centimèlres cubes, par injections de #4 ou 5 centimètres cubes, immuniserait le cobaye. C'est ce liquide qui est inoculé à des chevaux à plusieurs reprises. Après un certain temps, leur sérum se montrerait doué de propriétés préventives et curatives à l'égard de l'infection tuberculeuse. Plus tard, Marmorek a modifié son sérum en faisant intervenir, dans limmunisalion, de la Loxine streptococcique oblenue d’un Strepto- coque isolé de crachats de phlisiques. Un tel sérum peut agir contre l'infection mixle si fréquente. Il a enfin cherché à ajouter un pouvoir antibactérien au pouvoir antiloxique, el pour cela a inoculé en plus aux chevaux des corps bacillaires morts. 1) Manmorek, Sérum et vaccin anlituberculeux (Arch. gén. de med., 24 no- vembre 1903). — Antituberkulos-Serum und Vaccin (Bert. klin. Wochenschr., 30 no- vermbre 1903, p. 1108), — Le sérum antituberculeux, ses effets et son application XI° Congrès français de médecine, Paris, octobre 1910). BACILLUS TUBERCULOSIS. 735 Le sérum peut être donné en injection sous-cutanée, à la dose de 10 à 20 centimètres cubes tous les huit jours, mais les accidents d'anaphylaxie sont fréquents ; ou par voie rectale, en lavements, 10 centimètres cubes tous les deux jours, avec repos de dix ou quinze jours après chaque série de dix opérations. L'absorption par voie reclale est réelle, mais moins importante et moins rapide ; elle ne donne jamais d'accidents. Il est difficile de se faire une opinion nette sur les résultats obtenus avec le sérum de Marmorek, très prôné par certains, dénué de toute activité suivant d’autres. Sérum de L annelongue, A Achard el Gaillard (4). — I est obtenu à la suite d'injections à l'âne et au cheval d’une AR produite en traitant les Bacilles par l’eau à 1200, précipitant par l'acide acélique et redis- solvant dans de l’eau additionnée de carbonate de soude. L'emploi du sérum chez les tuberculeux favoriserail la régression des lésions. Sérum de Vallée. — Vallée (2) immunise d’ ‘abord des chevaux en leur inoculant, en injection intraveineuse, du Bacille équin dont il a été parlé plus haut (p. 729), par intervalles de rois à six mois, à des doses de 5, 10, 50, 200 et 350 milligrammes. Après cette préparation, il leur injecte 15, 25, jusque 100 milligrammes d’un Bacille humain de viru- lence moyenne pour le cobaye. Au cours de ce traitement, les animaux restent sensibles à la tuberculine. Chez les chevaux ainsi trailés, il n'est possible de trouver aucune trace de lésion tuberculeuse à l’autopsie ; les cobayes inoculés avec de la pulpe de leurs ganglions restent tous indemnes. La résorption des Bacilles introduits a done été complète. Ce sérum n’est pas doué de propriétés agglutinantes bien nettes; mais, par contre, il est riche en sensibilisatrice, comme le montre la réaction de Bordet et Gengou opérée avec du sérum de cobaye. Il a donné chez les animaux des résultats intéressants el serait à l'étude chez l’homme. Pour parer aux accidents d'anaphylaxie, on le soumet à deux chauffages successifs à 50° pendant quelques minutes. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE Le Bacille de la luberculose doit être très répandu dans la nature. L'expectoralion des phtisiques, en particulier, en répand un nombre considérable dans le milieu extérieur ; les autres produits tuberculeux, le pus tuberculeux, les cadavres d'hommes ou d'animaux tuberculeux, en augmentent encore le nombre. Ces produits se dessèchent ; les microbes qu'ils contiennent se mêlent aux poussières et peuvent être mis en suspension dans l'air. Ceux qui sont dans les couches profondes du sol peuvent être ramenés à la surface par des manipulations du sol ou par des êtres qui vivent dans ces couches profondes, vers de Lerre (3 ou autres animaux. Ces Bacilles ne se multiplient guère dans le milieu (1) LanNeLoxGUE, Acnanp et Garccanp, Application à l'homme d'un sérum antitu- berculeux (C, R.de la Soc. de Biol., 1907), (2) Vacsée, Recherches sur l'immunisation antituberculeuse, 2° mémoire (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXIII, 1909, p. 665). (3) Lonrer et DesrsiGnes, Vers de terre el Bacille tuberculeux (Lyon méd., 1892, p. 157). 736 : BACTÉRIACÉES. extérieur, à cause de leurs exigences spéciales, particulièrement le besoin d'une température assez élevée ; mais ils peuvent y conserver long- temps leur virulence. Les selles des tuberculeux renferment aussi d'ordinaire de nombreux 3acilles de Koch, provenant de l'ingestion des crachats ou, plus rare- ment, de lésions intestinales (1). Le Bacille tuberculeux passe fréquemment dans l'urine, même en dehors de toute lésion spécifique du rein ; on l'y retrouverait, en usant de la centrifugation, dans tous les cas de tuberculose à évolution rapide, ce qui pourrait permettre d'établir le diagnostic de certaines formes de granulie (2). L'air expiré par les phtisiques s’est toujours montré indemne. Les tentatives faites pour déceler directement la présence du Bacrlle de la tuberculose dans l'air ont échoué jusqu'ici. Il existe cependant des faits expérimentaux certains qui permettent de se faire une opinion. Cadéac et Malet (3) ont observé la tuberculose chez des cobayes aux- quels ils avaient injecté dans le péritoine de l’eau de condensation de l'air d’une salle de phtisiques. Cornet (4) a obtenu de nombreux résul- tats positifs en inoculant à des cobayes par la même méthode des poussières recueillies dans les salles de phtisiques ou dans des appar- tements occupés par des tuberculeux. Straus (5) a démontré la pré- sence de Bacilles tuberculeux virulents à l'intérieur de la cavité nasale d'individus sains fréquentant les milieux habités par des phtisiques ; la moilié des sujets fréquentant le milieu hospitalier, indemnes de tout soupçon de tuberculose, hébergeaient le Bacille de la luberculose virulent dans leurs cavités nasales. Jessen et L. Rabinowitch (6) ont pu retrouver du Bacrlle tuberculeux virulent dans l’eau de la rivière qui coule à Davos, au point où débouche l'égout collecteur de la ville et jusqu'à 10) mètres au-dessous de ce déversoir ; plus loin, il n’a plus été possible d'en constater la présence, l'oxydation, l'agitation du courant, ayant probablement amené leur destruction. Toujours est-il qu'ils peuvent subsister pendant quelque temps dans l’eau avec leur virulence. Les Bacilles peuvent être disséminés en outre par d’autres moyens de transport. C’est ainsi que Spillmann et Haushalter (7) ont démontré que les mouches, qui s'abattent en essaim sur les crachoirs des salles d'hôpital en été, emportent de nombreux Bacilles luberculeux, soit accolés à leurs téguments, soit introduits dans leur inteslin, qu'ils tra- versent sans subir d’altération. L'étiologie de la tuberculose est aujourd'hui facile à établir. L'infec- (1) Anczane et Caocreaux, Le pouvoir tuberculisant des selles des tuberculeux ; sa résistance à l’action du froid, de la dessiccation (Soc. de Biol., 19 avril 1902). (2) Fournier et Beaurumé, Recherche du Bacille de Koch dans l'urine (Soc. de Biol., 15 novembre 1902). (3) Canéac et Mazet, De la transmission de la T. par l'air expiré et par l'atmo- sphère (Revue de méd., 1887, p. 545). (4) Conxer, Die Verbreitung der Tuberkelbacillen ausserhalb des Korpers (Zeitschr. für Hygiene, V, 1888, p.191). (5) Srraus, Sur la présence du Bacille de la T. dans les cavités nasales de l’homme sain (Acad de méd., 3 juillet, 1894. — Arch. de méd. expér., 1894, p. 633). (6) Jessex et L. Rammwowiren, Berlin. klin. Wochenschr., 9 mai 1910. (7) Sprzimanx et Hausnarrer, Disséminalion du Bacille de la T, par les mouches (C. R. de l'Acad. des sc., 16 août 1887). ES LR er ; . rer” E =# 4 Pal, ni £ 3 À BACILLUS TUBERCULOSIS. 737 Lion se fail par pénétration de Bactéries spéciales dans l'organisme ; chez l'homme, elle doit toutefois ne se produire que chez des individus présentant une prédisposilion particulière, héréditaire ou acquise, Les voies d'infection sont diverses et le mode de développement de la maladie semble être en rapport direct avec le lieu d'entrée du virus, les lésions primitives, parfois uniques, se trouvant dans le voisinage immédiat. La contamination paraît se faire le plus souvent par la voie pulmonaire ou le tube digestif; elle peut se faire aussi, mais excep- tionnellement, il semble, par la peau ou les muqueuses et par trans- mission héréditaire. Contaminalion par le poumon. — La très grande fréquence de la tuberculose pulmonaire chez l'homme a certainement élé la raison pour laquelle on a mis longtemps au tout premier rang la contamina- üion par la voie respiratoire. La clinique indiquait aue souvent les lésions pulmonaires étaient nettement secondaires, mais ce n'est que plus tard, à la suite d’expérimentation, qu'on a pu se rendre compte que les lésions pulmonaires pouvaient fort bien ne pas être des lésions primitives, issues d’une infection réalisée sur place, mais des lésions de généralisation ou tout au moins d'extension d'une infection qui pouvait fort bien s'être produite ailleurs, au loin même, l'état de locus minoris resistanliæ du poumon à l’égard de la tuberculose intervenant pour attirer les lésions sur lui. La production de la tuberculose par inhalation de produits virulents est un fait démontré, Villemin (1) déjà avait vu qu'on rendait le lapin tuberculeux en insufflant dans sa trachée des crachats tuberculeux fraîchement desséchés et pulvérisés. Les recherches précitées (p. 736) de Cadéac et Malet, de Cornet le prouvent aussi. Mais il faut bien recon- naître que la réussite n’est pas constante, varie au contraire avec la façon de procéder. Il ressort nettement d'expériences de Cadéac et Malet (2) que l'état dans lequel se trouve la matière virulente lors de son entrée dans l'appareil respiratoire influe considérablement sur les résultats. Tandis que l’inhalation de poussières sèches renfermant des Bacilles luberculeux ne donne que rarement la tuberculose au cobaye, la pénétration dans les voies respiratoires de ces mêmes Bactéries mélangées à des liquides, soit par pulvérisation, soit par introduction directe, rend constamment phtisiques les animaux sur lesquels on expérimente. On sait que tous les germes contenus dans l'air inspiré se fixent dans les bronches ou les poumons ; l'air expiré est toujours complètement dépourvu de germes. Cadéac et Malet (3), Straus (4), l'ont montré pour diverses maladies contagieuses, en particulier la tuberculose. Flügge et ses élèves (5) incriminent surtout, et avec raison (1) Viczemix, De la propagation de la phtisie (Gazelle hebdomadaire, 1869, p. 260). (2) Canéac et Marer, Recherches expérimentales sur la transmission de la T. par les voies respiratoires (C. R. de l’'Acad. des sc., 12 décembre 1887). (3) Canéac et Mazrr, Revue de méd., 1887. (4) Srraus, Sur l’absence de microbes dans l'air expiré (C. R. de l'Acad. des sc., 5 décembre 1887), (5) Fzucce, Die Verbreitung der Phtisie durch staubfürmiges Sputum und durch beim Husten versprilzte Trüpfchere (Zeitschr. für Hygiene, XXX, 1899, p.107). — Weitere Beiträge zur Verbreitungsweise und Bekämpfung der Phtisie (Zbid., XXXVIII, 1901, p: 4}. Macé. — Baclériologie, 6e édit. I: — 17 738 BACTÉRIACÉES. semble-t-l, les fines gouttelettes de salive ou de crachats projetées par la toux ou même par la parole, pouvant transporter des microbes assez loin du porteur, à plusieurs mètres même parfois; ce serait là, pour eux, les conditions les plus favorables pour la dissémination d’un contage actif. Il faut cependant que les fines particules liquides qui véhiculent les microbes pénètrent assez loin dans le poumon. En somme, d'après les expériences faites, la contagion par voie pulmonaire semble être beaucoup moins commune qu'on l'a pensé. Les poussières sèches employées dans les meilleures conditions, très fraichement préparées, ne la déterminent que rarement; celles qui ont subi une dessiccation un peu prolongée, comme cela se voit souvent dans la nature, ne sont plus virulentes ou suffisamment virulentes; d’un autre côté, la produc- ton et l'inhalation de poussières liquides est un fait plutôt rare, à part dans les conditions envisagées par Flügge. Il faut aussi songer que ces poussières peuvent se déposer dans les voies respiratoires antérieures, être dégluties et agir dès lors par ingestion. Contaminaltion par l'intestin. — La contamination par voie intestinale a élé démontrée dès 1868 par Chauveau (1) qui affirmait déjà sa prédo- minance sur la voie pulmonaire. Depuis, de nombreuses expériences ont confirmé ses résultats. Dobroklowsky (2) a montré que le Bacille luberculeux passait facilement à travers la muqueuse intestinale saine ; Nicolas et Descas (3) ont vu que, chez le chien, trois heures après l'ingestion de B acilles tuberculeux, on pouvail déjà en retrouver dans le chyle et la lymphe du canal thoracique, même sur des préparations colorées, surtout par l'inoculation au cobaye. Il est bien démontré que la muqueuse intestinale se laisse facilement traverser par des particules de petit volume, noir de fumée, carmin par exemple; il en est certainement de même pour les microbes. En tout cas, la péné- tration peut s'effectuer sans lésions appréciables de la muqueuse. Behring (4), en 1903, a émis l'opinion que la tuberculose pulmonaire n'était pas d'origine respiratoire, mais provenait plutôt d'une infection par ingestion. Des expériences de Calmette et Guérin (5), de Vallée (6) sont venues appuyer cette opinion et démontrer d’une ue absolue la réalité et l'importance de la voie intestinale dans l'infection tubercu- leuse chez les bovidés et les ovidés. La faeilité d'infection est même très grande, pourvu que certaines conditions soient observées dans l'inges- ion, surtout une émulsion fine des Bacilles dans le produit ingéré, comme le démontrent Calmette et Guérin, les Bacilles ingérés en amas ne déterminant qu'exceptionnellement l'infection. Ces derniers expéri- mentateurs ont reconnu la sensibilité plus grande des adultes à (1) Caauveau, T. expérimentalement produite par l’ingestion de matière tubercu- leuse (Gaz. méd. de Lyon, 1868). (2) DosrokrLowsky, De la pénétration des Bacilles tuberculeux dans l'organisme à travers la muqueuse intestinale (Arch. de méd. expér., II, 1890, p. 253). 3) Nicozas et Descas, Passage des Bacilles tuberculeux, après ingestion, de l’intes- \ , (o) ( Le] , tin dans les chylifères et le canal thoracique (Soc. de Biol., 19 juillet 1902). (4) BenriG, Tuberkulosebekämpfurg (75° Vers. deutscher Naturforsch. und Aertze in Cassel, 25 septembre 1903), (9) Cacwerre et Gukrix, Origine intestinale de la tuberculose pulmonaire (Ann. de l’Inst. Pasteur, 1905, XIX, p. 601; 1906, XX, p. 153 et 609). 6) Varzrée, De la genèse des lésions pulmonaires dans la tuberculose (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1905, XIX, p. 619). | BACILLUS TUBERCULOSIS. 739 l'ingestion de produits virulents, les Bacilles étant, chez les jeunes, à défense lymphatique très active, ordinairement relenus dans les ganglions mésentériques, tandis que chez les adultes ils sont plus facilement entraînés par les leucocytes qui les emportent dans la cireu- lation lymphatique et, par l'artère pulmonaire, dans le poumon. Ces fails ont une portée hygiénique considérable. Is démontrent, en effet, que l'alimentation peut jouer un rôle dans la transmission de la phtisie. Or, un grand nombre de produits d'alimentation, provenant d'animaux tuberculeux, peuvent contenir le Bacille de la tuberculose. C'est au premier rang les viscères, foie, raté, poumons surtout, ganglions aussi; puis, lorsque la tuberculose se géné ‘ralise, des produits de sécré- tion, le lait surtout, les muscles également. Les viandes tuberculeuses peuvent conserver leur puissance virulente, même après une Cuisson modérée, comme l'ont démontré les expériences précédemment citées de Galtier, même après la salaison ou la fumure, lorsque ces procédés ne sont pas appliqués à fond. La tuberculose y est la plupart du temps difficile à reconnaître, à cause de la dissémination et du peu d'étendue des lésions et de l'enlèvement, opéré d'avance, de tout ce qui peut attirer l'œil de inspecteur, qui ne peut se prononcer en toute assurance lorsqu'il n’a pas à sa disposition les organes où les localisations se montrent avec évidence. Le lait peut renfermer des Bacilles luberculeux, comme le prouvent de nombreux résullats positifs obtenus à la suite d'injections intrapé- ritonéales aux cobayes de laits provenant de vaches tuberculeuses (1). D'après L. Rabinowitch, la proportion des laits bacillifères serait de 28 p. 100 à Berlin; elle serait de 22 p. 100 à Londres, d'après Macfa- dyen ; de 16 p. 100 à New-York, d'après Hess (2). On doit probablement rapporter au lait tuberculeux certaines des tuberculoses des enfants du premier âge. Plus tard, sa virulence serait bien moins à craindre. En tout cas, le danger paraît être bien moindre qu'on se l'imaginait il ÿ a quelque temps. Le Bacille tuberculeux peut également se rencontrer dans les produits dérivés du lait, le beurre principalement. Sa présence se recherche par re dans le péritoine de cobayes de quelques centimètres cubes, 4 à 5, par exemple, du beurre maintenu fondu à 370. Alors que les lee de Rabinowitch (3) la font regarder dans ces conditions comme presque exceptionnelle, celles de Petri (4), de Hormanu et Morgenroth (5), d'Obermuller (6) la donnent comme assez fréquente. Il est nécessaire de bien faire ici la distinction entre un Pacille pseudo- luberculeux se rencontrant très souvent dans le beurre, présentant les mêmes caractères de forme et de coloration que le Bacille luberculeux, (1) Nocan», Études sur l’inoculation du suc musculaire et du lait non bouilli des vaches tuberculeuses (Recueil de méd. vétér., 1885). (2) Hess, The incidence of Tubercle Bacilli in New York city Milk (Sfudies from the Laboratory Research of New York, IV, 1908-1909). (3) L. Rammowiren, Zur Frage des Vorkommens von Tuberkelbacillen in der Marktbutter (Zeitschr. für Hygiene, XXVI, 1898, p. 90. — Et : Deutsche med. Wochenschr., janvier 1899, n° 1), (4) Perri, Zum Nachweiss der Tukerbelbacillen in Butter und Milch (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheilsamte, XIV, 1898, p. 1). , (5) Hormanx et MorGEnroTH, Hygienische Rundschau, 1898, p. 217. (6) Osermurzer, Hygienische Rundschau, 1899, n° 2, p. 57. 740 BACTÉRIACÉES. qu'il est nécessaire de distinguer (Voy. p. 776). Le beurre, se consom- mant très souvent frais, peut être un excellent véhicule du contage. Morgenroth (1) signale la présence du Bacille tuberculeux virulent dans la margarine du commerce. Le Bacille de Koch se rencontre rarement dans les fromages faits, d'où il disparaîtrait même toujours avant le moment de la consommation. Par contre, il serait fréquent dans les fromages blancs ou les fromages à la crème qui se consomment de suite. | Enfin, beaucoup d'aliments ordinaires peuvent être souillés, après, cuisson et avant consommation, par dépôt à leur surface de particules virulentes apportées par l'air, par des contacts ou par des mouches, comme il a été dit plus haut (p. 736). Contaminalion par la peau. — La transmission peut se faire par ino- culation directe sur la peau ou les muqueuses ; beaucoup de /ubercules rt reconnaissent cette origine (p. 724). Les expériences de Cornet (2), de Courmont et Lesieur (3), de Babès et Riegler (4), mon- trent que l'infection tuberculeuse peut se produire, chez le lapin, le cobaye, le veau, en mettant des produits tuberculeux virulents en con- lact avec la peau préalablement rasée ou épilée. L'opération du rasage ou de l’épilage produit toutefois des lésions, au moins légères, dimi- nuantla protection du tégument. Contamination hérédilaire. — Cerlains sujets, enfin, semblent naître tuberculeux. Le passage des Bacilles tuberculeux dans le placenta et la production de tubercules chez les fœtus de femelles de cobayes tuber- culeuses ont élé constatés par Koubassoff (5). Par contre, nous avons vu que Sanchez-Toledo (6), en expérimentant sur les mêmes animaux, a constamment obtenu des résultats négatifs ; mais de nombreuses obser- vations cliniques de médecins ou de vétérinaires démontrent nettement l'existence de la luberculose congénitale, qui est nettement prouvée par l’expérimentation (Voy. p. 724). Toutefois, l'observation conduit à admettre la rareté de la tubercu- lose congénitale chez les rejetons de tuberculeux, provenant très pro- bablement de ce que le placenta n’est pas souvent atteint dans cette affection et peut alors jouer son rôle de filtre. Mais il est démontré, surtout par des expériences de Charrin (7), que de tels rejetons sont dans un état réel d'infériorité organique el peuvent moins bien se défendre contre les infections et en parbculier contre l'infection tuber- culeuse qui les menace de tous côtés. Ce que le médecin doit conclure de ceci, c'est qu'il y a surtout nécessité de chercher à soustraire les enfants de parents tuberculeux à tout danger de contamination. (1) MonGenrorn, Hygienische Rundschau, IX, 1899, n° 10. (2) Corner, Experimentelle Untersuchungen über Tuberkulose (Zntern. klin. Hunds, 1888, no 19). (3) J. Couruonr et Lesreur, Passage du Bacille tuberculeux à travers la peau du cobaye, du veau et du lapin (Soc. de Biol., 29 juin 1907). (4) Bawës, Pénétration du Bacille tuberculeux par la peau intacte (Presse médicale, 1908, n° 48). (5) Kougassorr, Passage des microbes pathogènes de la mère au fœtus (C. R. de l'Acad. des sc., 1885), (6) Saxcurz-Torrvo, Recherches expérimentales sur la transmission de la T. de la mère au fœtus (Arch.de méd. expér., 1889, p. 503). (7) Caarrmw, Modifications constatées dans l'organisme des rejelons des tubercu- leux (Congrès pour l'étude de la T., 1898), er si lis it à à dé BACILLUS TUBERCULOSIS, 741 _ Les conditions de réceptivité, peu connues encore, doivent jouer un grand rôle dans la transmission de la maladie, et ceci relève encore cer- tainement de l’hérédité. Il existe des prédispositions qui souvent ne se développent qu'accidentellement. Ces prédispositions influent non seu- lement sur l'évolution générale de l'affection, mais encore sur les loca- lisations qu'elle produit. Il est difficile actuellement d'être très précis à ce sujet. Il est probable qu'il y a là une véritable tare cellulaire qui peut avoir été produite par l’action des produits toxiques, qui fait, en tout cas, que l'organisme se trouve en réel état d'infériorité vitale. LÉSIONS TUBERCULEUSES. — Les lésions caractéristiques sont les gra- nulalions luberculeuses, pouvant se rencontrer dans presque tous les Fig. 266. — Tubercule fibreux du poumon (d’après Cornil et Babès). a, tissu pulmonaire atteint de pneumonie interstitielle ; b, bacilles en forme de touffes situés entre les faisceaux ; m, petit séquestre situé au milieu d'une perte de substance dont les bords sont couverts de Bacilles; u, fente située entre le tubercule et le tissu voisin. 500/1. organes (fig. 266). Ces granulations se forment toujours à l’intérieur de capillaires, où se tixent les leucocytes qui transportent le microbe. On trouve dans la masse centrale, qui peut se nécroser, des proportions variables de Bacilles caractéristiques, libres ou contenus dans l'intérieur des cellules géantes, si constantes dans la tuberculose (fig. 255 et 267), qui pour Weigert (1) seraient uniquement produites par l'irritation cau- sée par la présence de ces Bactéries dans une cellule, pour d'autres proviendraient de la fusion de plusieurs leucocytes. Lorsque la nécrose continue à se produire, la lésion s'étend et peut prendre alors de grandes (1) WaiGerr, Zur Theorie der tuberkulôüser Riesenzellen (Deutsche med. Wochenschr., 1885). 47. 742 BACTÉRIACÉES. proportions. C’est ainsi que se forment les cavernes dans les poumons tuberculeux dont les parois internes sont tapissées de masses caséeuses plus ou moins épaisses, où se rencontrent en très grande abondance les Bacilles tuberculeux (fig. 268, a). C’est ce processus de nécrose qui met en liberté les Bacilles dans la sécrétion des organes attaqués, et tout. spécialement dans les crachats, dans la phüsie pulmonaire. On les y trouve tantôt rares, tantôt en grand nombre, formant de véritables amas; seuls ou le plus souvent avec d'autres que l’on distingue à leur moindre résistance à la décoloration, fréquemment avec le Micrococcus tetra- genus qui se trouve également sur les parois des cavernes (fig. 269), avec des gros paquets de Sarcines, très fréquentes dans ces conditions, dont le rôle est absolument inconnu, ou avec d’autres espèces pathogènes ou saprophytes. Dès qu'une caverne est en effet formée, comme sa cavité est en communication avec les bronches, 1l y. a apport possible de germes avec l'air. Ces germes, trouvant là un milieu favorable, y pullulent rapide- ment; les germes pathogènes ajoutent leurs effets spé- CU ciaux à ceux du Bacrlle luberculeux ; les saprophytes géante avec Ba- Peuvent agir par leurs produits de sécrétion qui favo- cilles tubereu- risent ou exaltent l’action des pathogènes, ou dimi- leux. nuent la résistance de l'organisme. On rencontre fré- quemment les S{aphylocoques pyogènes, le Streplo- coque pyogène, ce qui a fait dire que le tuberculeux à cette période est en plus un pyémique. Le Pneumocoque se rencontre encore assez sou- vent, de même le Pneumobacille. On a signalé le Bacillus pyogenes fœtidus, le Bacille pyocyanique, le Bacille de la diphtérie,le Bacille pseudo-diphtérique, le Bacille de l'influenza de Pfeiffer. Le Mi- crococcus tetragenus, d’après Koch, pourrait même contribuer à la destruction du tissu pulmonaire. Le Bacille des crachats verts, de nombreux microbes des putréfactions, des Levures, ne peuvent aussi qu'avoir une action défavorable. Il existe souvent une réelle asso- cialion microbienne qui produit ainsi un processus complexe, une véritable infection mixte (Mischinfection) qui est peut-être pour beau- coup dans l'établissement du processus fébrile et de la cachexie tuber- culeuse (1). Le Bacille paraît pouvoir se conserver virulent, même pendant long- temps, dans les tubercules crétacés, au milieu de la gangue calcaire. C'est ce qui résulte d'une observation de Haushalter (2), qui a déterminé la tuberculose chez le cobaye à la suite de l'inoculation de la partie centrale d'un pneumolithe de la grosseur d’un pois. On rencontre aussi le Bacillus luberculosis dans plusieurs autres affections que l’on est unanime maintenant à rattacher à la tuber- culose, les abcès froids, des caries osseuses, une variété d'ostéite chro- nique, des affections cutanées, le lupus tuberculeux entre autres, où l'action nécrotique du parasite apparaît toujours évidente. Dans les cas de suppuration prolongée, les Bacilles sont souvent très rares, diffi- (1) Sprrzuanx, Les associations microbiennes et les infections mixtes (Rapport au IVe Congrès français de méd., 1898). (2) Hausnazrer, Persistance de la virulence du Bacille de Koch dans un tubercule crétacé (Revue méd. de l'Est, 1891, p. 150). BACILLUS TUBERCULOSIS. © 743 ciles à rencontrer dans le pus ; les inoculations et les cultures peuvent alors rendre plus de services que l'examen microscopique. Le pus peut même être véritablement amicrobien ou ne contenir que des gr NAT à grumeaux caséeux avec de nombreux Bacilles tuberculeux; b, paroi connective ; 4 \ | Fig. 268. — à, coupe à travers la paroi d'une caverne à face interne recouverte de no. c, parenchyme alvéolaire. 380/1 (d'après Rindfleisch). Bacilles morts; les accidents sont dus aux matières toxiques qui les imprègnent. | Dans l'organisme atteint, les Bacilles sont d'ordinaire localisés aux lésions tuberculeuses. Dans les granulations grises, on en trouve surtout 4 au centre; quand les tubercules se caséifient, ils deviennent de plus en re (æ ; ®/ a > LR CA 12 _ ë 1® çe rs \B£ NE 7 ) ./ / Œ} Le à 4 Æ à € | _ ; Fig. 269. — Crachats tuberculeux avec Micrococcus letragenus. à plus rares dans les parties nécrosées et ne se rencontrent guère qu'à la périphérie. Ils peuvent, dans les cavernes, former de vérilables amas sur les parois (fig. 268); ils envahissent parfois la lumière des petites artérioles où des veinules situées contre les tubercules; c'est ce qui explique leur passage dans le sang. On a en effet constaté la présence de Bacilles luberculeux dans le aa 744 ” BACTÉRIACÉES, sang dans certains cas de tuberculose miliaire aiguë (1). Villemin avait du reste déjà annoncé que quelquefois le sang de tuberculeux recueilli à l’autopsie se montrait virulent. Les injections de tuberculine favorise- raient le passage des Bacilles dans le sang. On comprend que toute ouverture de foyer tuberculeux dans un vaisseau sanguin détermine le passage de Bacilles dans le sang ; si l'on n'en retrouve pas plus souvent, c'est qu'ils y sont rapidement détruits. Nocard (2) cependant avoue qu'il n'est jamais parvenu à rendre tuberculeux des cobayes auxquels il injectait dans le péritoine du sang de bovidés tuberculeux recueilli tout à fait aseptiquement. Jousset (3) avait conclu à la présence fré- quente du Bacille dans le sang des tuberculeux, en appliquant sa méthode de l'inoscopie qui consiste à solubiliser le caillot sanguin par un suc gastrique arlificiel et examiner le dépôt de la centrifugation du liquide obtenu. D'après Bergeron (4), Jousset aurait rencontré d'autres Bacilles acido-résistants, communs dans le milieu extérieur; en opérant de même, mais dans des conditions très rigoureuses, lui-même n'aurait jamais pu constater la présence du Bacille tuberculeux dans le sang des malades. Le suc musculaire extrait par pression peut contenir des Bacilles tuberculeux, comme le prouvent des inoculations positives rapportées par plusieurs observateurs: Cette virulence est probablement due à la présence de Bacilles dans le sang; elle a de l'importance au point de vue de la consommation des viandes d'animaux tuberculeux et des dangers que peuvent courir ceux qui s’en nourrissent. Les expériences faites avec les procédés les plus délicats, l'inoculation intrapéritonéale au cobaye surtout, démontrent que cette présence de Bacilles lubercu- leux dans le muscle est chose assez rare, peut-être exceptionnelle, et qu’elle ne s’observe guère que quand la tuberculose est parvenue à une phase avancée. On n’a rencontré que très rarement jusqu'ici le Bacille luberculeux dans le lait chez la femme: l'observation de Roger et Garnier (5) est la seule qui soit nettement positive, basée sur l'inoculation au cobaye. Chez la vache, au contraire, de nombreuses expériences démontrent que le laitest souvent virulent. sien des expérimentateurs, Nocard en particulier, admettent que le lait ne renferme des Bacilles, el par conséquent n'est virulent, que quand la mamelle est le siège de localisations tuberculeuses ; les lésions envahissant les parois de canaux excréteurs peuvent déverser des produits pathologiques dans leur intérieur. Cependant, des expériences de Kempner et de Lydia Rabinowitch n'ont constaté de lésions mammaires que sur un petit nombre de vaches d'un lot d'animaux ayant manifestement réagi à la tuberculine (1) WEICHSELBAUM, Ueber Tuberkelbacillen im Blut bei allg. akuter Miliartuberku- lose (Wiener med. Wochenschr., 1884). (2) Nocar»n, Les T. animales, p. 129. (3) Jousser, Nouvelle méthode pour isoler le Bacille de Koch des humeurs de l'or- ganisme (Sem. méd., 1903, n° 3, p. 22). (4) BerGenox, Étude critique sur la présence du Bacille de Koch dans le sang. Thèse de Paris, 1904. (5) Roger et Garnier, Passage du Bacille de Koch dans le lait d'une femme tuber- culeuse (Soc. de Biol., 24 février 1900). on BACILLUS TUBERCULOSIS. 745 et qui, pour la plupart, donnaient un lait réellement infectieux pour le cobaye. Oestertag (1) a également rencontré du Bacille tuberculeuxr virulent chez des vaches ayant réagi à la tuberculine et ne présentant encore aucun symptôme clinique de tuberculose. Il semble bien que l’on doive admettre la possibilité du passage du Bacille tuberculeux dans la mamelle en apparence saine. Il en est de même de beaucoup d’autres glandes, les glandes repro- ductrices en particulier, ce qui explique la possibilité de la rencontre de Bacilles de la tuberculose dans leurs produits de sécrétion. TUBERCULOSE DE L'HOMME ET DES MAMMIFÈRES. — |l n’est guère de maladies qui frappent un aussi grand nombre d'espèces animales. L'homme lui paye un lourd tribut; c’est de beaucoup l'affection qui a presque partout la part la plus grande dans la mortalité ; dans bien des centres, elle est la cause du quart des décès. Elle se présente chez l'homme sous les aspects les plus divers. Elle atteint toutes les espèces de mammifères domestiques, très iné- galement il est vrai. La /uberculose des bovidés, tuberculose bovine, esl très commune ; chez la vache, elle attaque souvent le poumon et la mamelle ; c’est la pommelière. Les vaches laitières soumises à une stabulation prolongée y sont surtout sujettes, principalement à cause de leur séjour dans des étables contaminées. La marche de la pommelière est ordinaire- ment très lente et insidieuse; fréquemment l'animal garde une bonne apparence tout en étant porteur de lésions avancées. La mamelle est souvent atteinte. Les veaux sont très rarement tuberculeux; Nocard (2 donne la proportion de 1 à 5 p. 1000, comme moyenne observée dans les abattoirs; Klepp (3) a obtenu 6,5 p. 1000 dans des conditions très défavorables, avec une bonne moitié des vaches tuberculeuses. La question des rapports du Bacille tuberculeux humain et du Bacille tuberculeux bovin a été discutée précédemment (p.679). Il a été conclu à une identité originelle probable, mais à une différenciation secon- daire bien marquée des deux souches humaine et bovine, constituant, à la suite d'une longue accoutumance à leurs habitats spéciaux, deux types nettement distincts actuellement. Les différences qui les séparent ont été exposées pages 680 et 720. Toutefois, chacun de ces deux types n’affecte pas seulement l'homme pour le premier, les bovidés pour le second, mais peut se rencontrer comme agent d'infection tuberculeuse dans les deux cas d’abord, puis chez d’autres espèces animales ensuite. Le Bacille du type bovin peut occasionner la tuberculose chez l'homme; d'un autre côté, le Bacille du type humain peut être infectieux pour les bovidés (4 (1) OEsrerraG, Untersuchungen über den Tuberkelbacillengehalt der Milch von Kühne, welche auf Tuberkulin reagirt haben, klinischen Erscheinungen der Tuberku- lose aber noch nicht zeigen (Zeitschr. für Hygiene, XXX VIII, 1901, p. 415). (2) NocanD et LEcLaicnr, Les maladies microbiennes des animaux, 3° éd., IT, 1905. (3) Kzerr, Ueber angeborene T. bei Kälbern (Zeitschr. für Fleisch und Milchhygiene, 1896). (a) Park et KrumwiEepEe, The relative importance of the bovine and human types of tubercle bacilli in the different forms of human tuberculosis (S{udies from the research laboratory of New York, V, 1910). 746 BACTÉRIACÉES. L'homme, adulte au moins, semble relativement peu sensible au Bacille bovin; ce qui diminue considérablement pour lui, il faut le reconnaître, le danger de contamination par le lait, la viande des bovidés tuberculeux. On a cependant beaucoup d'exemples de tuber- culoses de l’homme causées par des Bacilles qui répondent absolu- ment au type bovin. Les caractères principaux sont d’abord la viru- lence très marquée pour le lapin, qui, avec le type humain, ne présente souvent Le lésion locale ou rien du tout (p. 720). C’est ensuite l'épreuve de la virulence pour le bœuf, très concluante également : le Bacille bovin, inoculé au veau, par exemple, sous la peau à la dose de 5 milligrammes, donne, à part quelques exceptions, une tuberculose généralisée mortelle en un à deux mois; tandis que le Bacille humain, dansles mêmes conditions, ne peut pas produire de tuberculose géné- ralisée, mais une simple lésion locale. Park et ses élèves ont pu relever 1038 observations de tuberculose humaine dans lesquelles l’origine humaine ou bovine du Bacille a été déterminée par la culture et les inoculations d’épreuve. Ces obser- vationsse répartissent ainsi d’après l’âge : 1e catégorie : 686 individus au-dessus de 16 ans. 2e — 132 _ de 5 à 16 ans. 3e = 220 — au-dessous de 5 ans. Sur les 686 personnes de la première catégorie, 677 ont montré du 3acille humain, soit 98,69 p. 100; 9 seulement, soit 1,31 p. 100, du Bacille bovin. Sur les 132 de la deuxième catégorie, le Bacille humain a été ren- contré 99 fois, 75 p. 100 ; le Bacille bovin 33 fois, 25 p. 100. Sur les 220 enfants de la troisième catégorie, le Bacille humain a été trouvé 161 fois, 73,5 p. 100; le Bacille bovin 59 fois, 26,75 p. 100. Le Bacille bovin ne serait donc réellement dangereux pour l’homme que dans le jeune âge. La conclusion à tirer est que l’homme peut prendre sa tuberculose des bovidés, mais le fait est rare; l’ingestion des Bacilles bovins paraît la plupart du temps être inoffensive. Le grand facteur de conta- mination tuberculeuse pour l'homme, c'est l'homme ; c'est de son côté que doivent porter les plus grands efforts dans la lulte antitubercu- leuse. À leur tour, les bovidés peuvent prendre la tuberculose à Bacille humain. Une série de faits tendent à le démontrer. Enfin, dans quelques cas de tuberculose du bœuf, on signale la présence du Bacille du type aviaire, qui aurait également été rencontré une fois chez l'homme par L. Rabinowitch (1). La tuberculose est rare chez les pelits ruminants, le znoulon et sur- tout la chèvre ; exceptionnelle chez le cheval et l'âne (2). Le type bacil- laire qui intervient est d'ordinaire le type bovin ; le Bacille aviaire a été constaté quelquefois chez le cheval. (1) Rammwowrren, Untersuchungen über die Beziehungen zwischen der Tuberkulose des Menschen und der Thiere (Arb. aus dem pathol. Inst. zu Berlin, 1906). (2) Buaxc et Nocan», La T. de l'âne (Congrès pour l'étude de la T., 1898). BACILLUS TUBERCULOSIS. 747 Le pore est plus exposé que ces derniers animaux à prendre la . tuberculose. Souvent la maladie a une marche chronique, compatible avec un état général satisfaisant; le poumon renferme de gros foyers caséeux, les ganglions sont pris, ceux de la base du cou sont gonflés, ce qui avait fait nommer cette forme scrofulose du pore. C'est le Bacille bovin que l’on trouve généralement chez le porc; on y a rencontré dans quelques cas le Bacille aviaire. Les singes élevés dans nos pays meurent très souvent phtisiques. Le plus souvent, c'est le Bacille humain qui est en cause; cependant, on rencontre aussi du Bacille bovin et quelquefois du Bacille aviaire. Le chien, le chat peuvent aussi devenir tuberculeux ; dans ce cas, le plus souvent ces animaux vivaient avec des personnes tuberculeuses et devaient avoir été contaminés par elles (1). C’est surtout le Bacille humain que l’on y rencontre. On a observé, dans des ménageries, la tuberculose chez beaucoup de carnassiers sauvages, due au Bacille bovin. La tuberculose spontanée paraïl être rare chez le lapin et le cobaye, si aptes à contracter la tuberculose expérimentale ; Koch l’a observée une fois sur un lapin sauvage. C’est alors le Bacille bovin que l'on rencontre; toutefois Bang (2) signale du Bacille aviaire dans un casde tuberculose spontanée du lapin. La plupart du temps, ce sont surtout des formes de pseudo-tuberculoses que l’on rencontre chez ces animaux. Les rats et les souris prennent quelquefois la tuberculose; c’est le Bacille aviaire qui est présent. TUBERCULOSE DES OISEAUX. — La tuberculose des oiseaux est une affection fréquente. Elle frappe toutes les espèces d'oiseaux domes- tiques; les oiseaux de volière, les perroquets meurent très souvent tuberculeux et présentent souvent des lésions ulcéreuses externes qui disséminent facilement le contage. Il se produit dans les poulaillers de véritables épidémies de tuberculose à la suite du contact d'animaux tuberculeux, peut-être même, parfois, à la suite d’ingestion de crachats tuberculeux humains. La {uberculose aviaire (p. 681) a été considérée d'abord comme identique à la tuberculose humaine et bovine, puis comme absolument distincte. Il faut cependant reconnaître que les caractères donnés comme distinctifs ne peuvent pas absolument emporter la conviction. Le foie, le poumon, la rate sont particulièrement atteints. On peut y trouver des nodosités assez grosses, homogènes ou ramollies au centre; le plus souvent, de fines granulations grises ou jaunâtres. Les Bacilles sont très nombreux dans ces lésions. On peut ne pas trouver de tubercules apparents ; les organes, pâles et très friables, sont infiltrés d'une grande quantité de Bacilles. Il est des tuberculoses d'oiseaux qui sont bien manifestement pro- duites par des Bacilles humains ou bovins ; c’est le cas pour les perro- quets qui peuvent s'infecter dans le milieu domestique. D'un autre côté, le Bacille aviaire peut, quoique très exceptionnelle- ment, se rencontrer chez l’homme (p. 746); ou, plus souvent, dans la (1) Canior, Contribution à l'étude de la T. chez les petits animaux (Acad. de méd., 17 novembre 1896). (2) Banc, Geflügeltuberkulose und Saügethiertuberkulose (Centralbl. für Bakt. Originale, XLVI, 1908, p. 461). 748 BACTÉRIACÉES. tuberculose spontanée de certains mammifères, le singe, le porc, le rat, la souris, peut-être le bœuf (1). La tuberculose des volailles peut à la rigueur être considérée comme une menace pour l’homme; mais le danger semble trop minime pour que l'on doive pousser à prendre à cet égard des mesures de préservation rigoureuses. TUBERCULOSE DES VERTÉBRÉS À SANG FROID. — Il semble bien que l’on doive admettre la possibilité de linfection tuberculeuse chez les ver- tébrés à sang froid. On a signalé chez plusieurs des cas de tuberculose spontanée. Le fait paraît en tout cas être très rare. D'un autre côté, des expériences faites avec des produits tuberculeux ou des cultures virulentes démontrent que chez certaines espèces on peut produire une infection tuberculeuse véritable. Plusieurs des cas de tuberculose spontanée signalés sont cependant sujels à critiques. Les caractères donnés peuv ent paraître insuffisants aujourd'hui. L'auteur s’est parfois contenté, pour croire à la présence du Bacille de la tuberculose, des simples réactions de coloration ; or 1l existe de nombreuses espèces acido-résistantes qui abondent dans les herbes, les mousses, les conferves, milieux où vivent ces animaux, et se rencontrent même chez ces derniers à l'état normal, comme l'ont bien vu Weber et Taute (2). D'où, cause d'erreur notable. Walter Sibley (3) a observé une tuberculose chez un serpent commun dans nos régions, la couleuvre à collier (Tropidonotus natrix). Mais sa détermination n’est basée que sur la seule réaction de coloration ; aussi doit- ge rester douteuse. Dubard (4) a signalé ensuite l'existence de la tuberculose chez des carpes, He probablement par l’ingestion de produits tuber- culeux d'origine humaine, ingestion dont la nocuité est du reste démontrée par des expériences de Nicolas et Lesieur et celles de Bataillon, Dubard et Terre, dont il a été parlé plus haut (p. 722). Le Bacille isolé des tumeurs volumineuses que portaient ces poissons se distingue en ce qu'il végète activement de 10° à 30°, et très lentement à 370. Les cultures du début diffèrent de celles du Bacille humain ou aviaire, mais prennent après quelques générations les caractères du dernier type. L’odeur des cultures en surface est identique à celle des cultures de tuberculose humaine. Les cultures du début ne sont viru- lentes ni pour le cobaye, ni pour le lapin, ni pour les oiseaux ; elles donnent, par contre, des lésions tuberculeuses aux carpes et cyprins dorés, grenouilles, DURS tritons, lortues, lézards, orvets, cou- leuvres et vipères {Voy. p. 723). Après plusieurs passages sur le cobaye et le lapin, il devient seulement possible d'obtenir la tuberculisation du cobaye. Ceci se rapproche de latténuation de la virulence du Bacille (1) De Joxc, Rapport entre la tuberculose aviaire et celle des mammifères (Ann. de l’Inst. Pasteur, XXIV, 1910, p. 895). (2) Wenger et Taure, Zur Frage der Umwandlung der Tuberkelbazillen im Kalt- blüterorganismus (Deutsche med. Wochenschr., 1904, n° 28, p. 1019). (3) Wazrer Sigcex, T. bei Schlangen (Virchow’'s Archiv., Berlin, Bd CX VI, 1889, p. 104). (4) Dusann, La T. des animaux à sang froid (Revue de la T., 1898, p. 13). — KraL et Dusarp, Étude morphologique et biologique sur le Bacillus tuberculosus piscium (Tbid., p. 129). BACILLUS TUBERCULOSIS. 749 luberculeux par son passage chez les animaux à sang froid signalée plus haut (p. 728). Dubard propose de nommer son Bacille Bacillus luberculosis piscium. D'après Ramond 1), ce Bacille luberculeux des poissons ou Bacille luberculeux pisciaire donnerait une tuberculine identique à celle obtenue avec le Bacille humain, ne produisant toute- fois d'effets qu'à dose notablement plus élevée ; on a vu précédemment (p. 713) ce que l'on pouvait penser d'une telle assertion. Friedmann (2) a étudié deux cas de tuberculose spontanée chez deux lortues de mer de l'aquarium de Berlin. Les poumons présentaient des lésions étendues, avec tubercules caséifiés et même cavernules. Il en a isolé un Bacille très voisin de celui de Bataillon, poussant facilement à 220 et aussi à 37°, en donnant au bout d'un certain temps des cultures très semblables à celles du Bacille humain. Il pousse même, mais len- tement, à 130-140. Inoculé aux animaux à sang froid, ce Bacille de la tortue envahit rapidement tous les organes. Chez la tortue, la couleuvre et le lézard, il produit des lésions miliaires ; chez l'orvet, une infection généralisée mortelle entre sept et cinquante-quatre jours; chez la grenouille, une pullulation très active. Chez le cobaye, à très hautes doses, on obtient la mort en quatre à huit jours, avec des lésions tuberculeuses ; à doses moyennes ou faibles, les lésions sont limitées, locales, et guérissent assez vite. Chez le lapin, on ne détermine qu'une lésion locale, qui disparait lentement. Le chien, les rats et souris blanches, les oiseaux paraissent réfrac- aires ou tout au moins très peu influencés. Dans un troisième cas de tuberculose de la tortue, Friedmann aurail isolé un Bacille identique au Bacille aviaire. Küster (3) a rencontré trois cas de tuberculose spontanée de la grenouille ; Ruprecht (4) en donne un quatrième cas. Le foie pré- sentait de nombreux tubercules grisätres, renfermant des Bacilles acido-résistants. D’après Küster, les cultures sur gélose glycérinée rappellent celles du Bacille humain ; elles croissent au mieux à 28° et plus du tout à 370. Elles seraient pathogènes pour les grenouilles et, en injection périlonéale, détermineraient chez le lapin et le rat la for- mation de nodules tuberculeux à la surface de la séreuse. Bertarelli (5) a trouvé dans le foie d’un /ézard de petits nodules avec cellules géantes, sans microbes. Marco del Pont (6) a observé des cas de tuberculose spontanée chez la salamandre et l'axolotl, paraissant dus au Bacille pisciaire. On peut conclure que la tuberculose spontanée des vertébrés à sang froid est une très grande rareté. Quant à l'identification des microbes (1) Ramox», Sur une nouvelle tuberculine (Soc. de Biol., 28 mai 1898). (2) Frieomanx, Der Schildkrôtentuberkelbacillus seine Züchtung, Biologie und Patho- genität (Deutsche med. Wochenschr, 1903, n° 26, p. 464). (3) Kusrer, Ueber Kaltblütertuberkulose (Münchener med. Wochenschr., 1905, 119,2). (4) Ruprecur, Ueber säurefeste Bacillen nebst Beschreibung eines Falles von Spon- taner Froschtuberkulose. Thèses de Fribourg, 1904. (5) BerTARELII, Loc. cit., p. 723. (6) Marco pez Por, Alcunas nuovas especies de Bacilos de la Tuberculosis Y acido resistentes, Buenos-Ayres, 1906, 750 BACTÉRIACÉES. observés avec le Bacille tuberculeux vrai, elle est loin de pouvoir être faite d'une facon sûre, certains Bacilles pseudo-tuberculeux donnant des résultats bien semblables à ceux qui ont été signalés. Reste l'infection tuberculeuse expérimentale déterminée chez les ani- maux de cette catégorie à l’aide de produits virulents d'origine humaine ou bovine. Les recherches, citées précédemment (p. 722), de Bataillon, Dubard et Terre, de Nicolas et Lesieur, montrent qu'il est possible d’infecter des poissons avec du Bacille humain; celles de Bertarelli et Boutrin ont confirmé ces résultats à l’aide de cultures d’origine humaine, bovine et aviaire. Moeller a donné la tuberculose à l'orvel avec des crachats tuber- culeux. Il semble que l'on doive admettre la possibilité au moins du déve- loppement du Bacille tuberculeux chez les animaux à sang froid, avec conservation de virulence le plus habituellement, sans qu'il paraisse subir de modification (1). Il est encore bien difficile d'apprécier le rôle que peuvent jouer ces faits dans la dissémination du microbe et la prophylaxie de la tuber- culose. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC La recherche du Bacille de la tuberculose dans les produits, très variés, qui peuvent être suspectés de le contenir, comporte une série d'opérations qu'il peut être nécessaire de mettre en œuvre pour arriver à formuler une opinion bien assise et,surtout à porter le diagnostic ferme de tuberculose chez le porteur qui les a fournis. La valeur de chacune de ces diverses opérations est variable, comme il sera dit à propos de chacune d'elles. Les unes, les plus nombreuses, n'ont qu'une valeur relative ; elles présentent des causes d'erreur qu'il est nécessaire de connaître à fond pour en faire la critique d'une façon sérieuse. D'autres sont à placer au premier rang; l’inoculation au cobaye, dans des conditions exposées page 719, est de beaucoup la mé- thode la plus probante jusqu'ici. Les différentes méthodes que l’on peut employer seront étudiées dans l'ordre suivant : 1° L'examen microscopique ; 2 Les cultures; 3° L'inoculation au cobaye; 4 L'emploi de la tuberculine ; 5° L’agglutination:; 6° La précipito-réaction ; 7° La fixalion du complément; 8° La recherche de l'indice opsonique; 9° Le cytodiagnostic. (1) Gorrsreix, Das Verhalten des Tuberkelbacillen ein Kaltblüter organismen (Hygienische Rundschau, 1905,p. 281). À Qt ni BACILLUS TUBERCULOSIS. 7 1° RECHERCHE ET DIAGNOSTIC PAR LE MICROSCOPE. L'examen microscopique, après usage des méthodes de coloration dont les principales ont été exposées pages 691 et suivantes)., est la plus ancienne méthode employée. Elle doit l'être encore, dans tous les cas, mais comporte des réserves importantes. Le Bacille luberculeux n'est pas, en effet, la seule espèce, ou à peu près, qui reste colorée dans les conditions mises en œuvre, comme on l’a cru longtemps; d’autres espèces, nombreuses, conservent également la coloration par les pro- cédés employés. C'est d’abord le Bacille de la lèpre, le Bacille du smegma, les plus anciennement connus, puis les nombreux Bacilles acido-résistants qui seront étudiés plus loin sous le nom de Bacrlles pseudo-luberculeux. Une différenciation complète est devenue néces- saire ; les éléments pour y parvenir seront indiqués plus loin. La recherche du Bacille de la tuberculose se fait dans des produits très divers, liquides, sérosités, humeurs physiologiques ou patholo- giques, tissus desdifférents organes, poussières, etc. Comme on s’adresse le plus souvent à l'examen des crachats, pour le diagnostic de Ia tuber- culose humaine qui est si souvent pulmonaire, 1l est surtout utile de donner des détails complets à ce sujet; c'est en quelque sorte une opération courante que tous les médecins doivent pouvoir pratiquer d'une façon suffisamment minutieuse. Recherche du Bacille de la tuberculose dans les crachats. — Les crachats tuberculeux n'ont pas, à vrai dire, de caractères macro- scopiques spéciaux. [ls peuvent avoir des aspects très divers, être rares ou abondants, liquides ou visqueux, grisätres où jaunâtres, parfois colorés par du sang ; ils peuvent être muqueux ou plus ou moins puru- lents. Il faut se souvenir qu'on ne peut trouver de Bacille luberculeux dans les crachats que s'il existe déjà des foyers ramollis en communication avec les bronches; dans la tuberculose miliaire aiguë, les Bacilles font le plus souvent défaut. Il est à recommander de se servir surtout des premiers crachats du matin et de faire l'examen sur les crachats aussi fraîchement recueillis possible. Lorsqu'on a affaire à de petits enfants qui ne crachent pas, mais avalent leurs crachats, on peut, pour recher- cher le Bacille, s'adresser aux mucosités du pharynx que l'on se procure à l’aide de tampons, ou extraire de l'estomac, par un petit lavage fait le matin à jeun, des parcelles de crachats dégluties, ou encore faire les recherches sur les selles. Les crachats seront recueillis dans des récipients bien nettoyés el fermés. Au moment de l'examen, ils seront versés dans une boîte de Petri bien propre, même stérilisée, c'est encore préférable; ils y seront élalés pour qu'il soit possible de se rendre compte des particularités qu'ils présentent et de la répartition de leurs différentes parties, flocons purulents, amas d'autre nature, etc. ExaAMEN piREcT. — Pour les préparations destinées à l'examen, il faut choisir de préférence les grumeaux jaunâtres qui se rencontrent dans les crachats, en les dissociant s’il le faut avec un fil de platine. On en étale largement une petite portion sur la lamelle bien propre, ou on écrase les grumeaux entre deux lamelles pour obtenir une couche assez 752 BACTÉRIACÉES. mince. Il peut suffire de plonger à plusieurs reprises le fil de platine dans les parties épaisses des crachats et d'étaler sur les lamelles les petites quantités de substance ainsi ramenée. La lamelle ainsi préparée doit être desséchée à une douce tempéra- ture, puis fixée par passage à trois reprises dans la flamme bleue d'un: bec de Bunsen (Voy. p. 367). Elle peut être soumise aux méthodes de coloration. Un certain nombre ont été exposées précédemment (p.689). On a préconisé de nombreuses méthodes de coloration à appliquer aux crachats tuberculeux. Deux surtout paraissent faciles el commodes, la coloration parle procédé d'Ehrlich et celle par le procédéde Ziehl-Nelsen qui est la méthode de choix, dans les conditions qui ont élé exposées plus haut (p. 691). Le procédé de Kühne (p. 692), le procédé de Hauser p. 693) sont également très recommandables. D'après Lucibelli (1), dans les crachats conservés, très peu riches en Bacilles, le Bacille luberculeux pourrait perdre rapidement sa colora- bilité. Lorsqu'on décolore aux dilutions d'acides minéraux, 1l est à recom- mander de ne pas laisser les préparations soumises trop longtemps à l'action du décolorant; le Bacille de la tuberculose peut en effet se déco- lorer après une action de dix à quinze minutes de durée. L'usage des acides organiques comme décolorants permet d'éviter facilement cette cause d'erreur (p. 693). Il y a avantage à soumettre les préparations colorées el lavées à une double coloration. On choisit alors comme colorant de fond une couleur qui tranche bien avec la première; avec la fuchsine on prend le bleu de méthylène, avec les violets la vésuvine ou l'éosine. Cette coloration de fond doit toujours être légère. Elle permet de mieux étudier Ja prépa- ration et surtout de se rendre un compte beaucoup plus exact des éléments autres qu'elle peut contenir, éléments cellulaires ou autres microbes dont la constatation peut être importante pour un diagnostic complet. Les préparations faites sont examinées au microscope avec conden- seur, à l’aide d’un fort objectif à sec ou d'un objectif à immersion. L'em- ploi d'une vive lumière, telle que celle qu'on obtient avec une large ouverture, ou même la suppression complète du diaphragme, estsouvent à recommander; ce moyen fait disparaître bien des détails pour faire ressortir les parties vivement colorées comme les Bacilles. Les Bacilles tuberculeux des crachats peuvent avoir des aspects très divers. Ils sont petits ou grands, souvent pliés ou courbés, droits ou moniliformes, parfois cocciformes ; complètement homogènes ou mon- trant les vacuoles dont il a été parlé plus haut (p. 687). On les trouve isolés, réunis en petit nombre ou en amas plus ou moins volumineux ; ils sont libres ou inclus dans des cellules d'épithélium alvéolaire ou des globules de pus. Les éléments cellulaires que l'on peut rencontrer dans les crachats proviennent du poumon ou de la cavité buccale, Ce sont des cellules de l'épithélium alvéolaire, arrondies, à gros noyaux, des globules de pus, des fibres élastiques, indices de la destruction du parenchyme pul- monaire: quelquefois, des cellules cylindriques de l'épithélium des 1) Lucseuu, Gazz. degli Osped., 26 novembre 1899, ’ BACILLUS TUBERCULOSIS. 753 . bronches, de la trachée ou du larynx ; des globules rouges; des cellules épithéliales de la bouche, grandes, plates, polygonales, à angles souvent aigus. D'après Czaplewski (1), certaines cellules kératinisées, des noyaux de maslzellen, résistent partiellement à la décoloration. Les crachats peuvent contenir de nombreux microbes autres que le Bacille de la luberculose, provenant des lésions tuberculeuses envahies secondairement, du mucus bronchique, de la cavité buccale, ou les Bacilles résistants similaires. Le Micrococcus letragenus, le Streplocoque pyogène, les Staphylocoques pyogènes sont fréquents ; diverses espèces de Sarcines, des espèces de putréfaction de formes très variées se ren- contrent souvent sans que leur constatation puisse donner d'indication très précise ; cependant, quand ces Bactéries sont très nombreuses, qu'elles sont réunies en grand nombre, formant des filaments longs, des amas notables, des chaînettes à beaucoup d'éléments, on peut en induire qu'il doit y avoir stagnation dans le poumon ou les bronches, permettantune sorte de cullure des microbes et une prolifération active. On trouve aussi fréquemment de longs filaments de Leplothrix; on a signalé la présence de massues d’'Ac/inomyces, de filaments de C/ado- thriæ, de filaments de mycélium de Champignons, de Levures de l'air, du muguet. Enfin, on peut y rencontrer des cristaux divers ; quelquefois des cris- taux de leucine ou de tyrosine, très rarement de cholestérine: des cris- taux d'hématoïdine; surtout de petits cristaux aciculaires d'acides gras qui se colorent bien aux couleurs d'aniline et résistent parfois à la décoloration par les acides, pouvant ainsi en imposer pour des Bacilles tuberculeux. On distinguera ces dernières formations à leur forme régulière, leur forte réfringence, leurs arêtes droites et surtout à ce qu'elles disparaissent très vite lorsqu'on les soumet à l'action d'une lessive alcaline. Il n'y a guère d'indications formelles à tirer d'une façon certaine, pour le pronostic, du nombre, de la forme, de l’arrangement des Bacilles luberculeux dans les crachats, ainsi que de la nature des différents autres microbes qui peuvent s’y trouver. Il semble cependant que la richesse des crachats en Bacilles ait un certain rapport avec l’état des lésions et puisse être regardée comme ayant une certaine valeur pronoslique. Des Bacilles très nombreux indiquent souvent une forme sévère de tuberculose. Une diminution du nombre précédemment constaté correspond plutôt à une amélioration des lésions; une augmentation croissante à une aggravation; mais 1l faut que celte diminution soit bien nettement établie. Ces données sont loin cependant de pouvoir être considérées comme ayant une valeur absolue ; les variations dépendent souvent des condi- tions dans lesquelles la préparation a été faite, Pour permettre et formuler l'appréciation, Gaffky (2) a établi, d’après le nombre des Bacilles constatés, dix classes, caractérisées chacune comme il suit : (1) Czapzewsxr, Die Untersuchung des Auswurfs. ITéna, 1891. (2) Garrky, Ein Beitrag zum Verhalten der Tuberkelbacillen im Sputum (Mitt. aus d. Kaiserl. Gesundheïlsamte, Il, 1884, p. 126). Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 48 754 BACTÉRIACÉES. Classe I. De 1 à 4 Bacilles dans toute la préparation. — II. Seulement 1 Bacille pour plusieurs champs du microscope. — III. 1 Bacille en moyenne à peu près par champ du microscope. — IV. 2 ou 3 Bacilles en moyenne — — 22, RENE AE = 2 Le — VI. 72 — _— == ps — VII. Bacilles assez nombreux = — — VIII. Bacilles nombreux = _— — IX. Bacilles très nombreux == — — X, Quantité énorme de Bacilles — _ Pour établir une moyenne raisonnable, il faut faire la numération des Bacilles au moins dans une vingtaine de champs microscopiques divers ebétablir la moyenne des résultats obtenus. La forme des Bacilles que l'on peut observer présente des variations assez grandes. Ils sont longs ou courts, parfois presque semblables à des coccus; d’autres fois très gros, même ramifiés ou renflés en massue. Il est bien difficile d’en tirer des déductions réellement valables. Cepen- dant on peut penser que les Bacilles longs, prenant fortement la colora- tion, proviennent d’une affection en activité ; tandis que lorsqu'ils se colorent mal, sont en quelque sorte en désagrégation, le processus rélrograderait plutôt. Mais ces signes n'ont qu'une valeur relative et pas du tout absolue. A côté des Bacilles acido-résistants, on peut rencontrer de nombreux microbes aulres, se décolorant par la méthode et se teignant différem- ment alors avec un colorant de fond. Il y a fréquemment des formes très variées, coccus, bâtonnets, fila- ments courbes, spiralés, filamenteux. Les coccus sont en amas, en chaîneltes ou en diplocoques ; ils sont parfois capsulés. L'aspect, mais surtout les cultures sur milieux habituels, permettent de reconnaître un certain nombre d'espèces qui peuvent parfois fournir d'uliles indi- cations. C'est surtout le Pneumocoque, le Staphylocoque doré, le Strep- locoque pyogène, le Tétragène, le Micrococcus catarrhalis, des Sarcines, du Pneumobacille, du Bacille pyocyanique, des formes de Spirilles et de Spirochèles, des filaments de Leplothritæ ou de Cladothrix, des Levures ou Formes-levures, des filaments de Mucédinées diverses, Moisissures, Oïdiums, Monilia, Torula. Généralement, l'abondance des microbes observés doit faire penser à un séjour prolongé du produit dans le poumon, déterminé soit par une lésion cavilaire de son lissu, soit par une dilatation des bronches ou quelque difficulté d'expulsion de leur contenu. La pullulation de germes nombreux dans les lésions pulmonaires, et tout particulièrement de germes pyogènes, ne peut avoir qu'une influence mauvaise sur l'état du malade et la marche de l'infection ; le tuberculeux se double ainsi souvent d'un pyémique. On constate, dans les préparations faites avec les méthodeshabituelles, des éléments autres que les microbes, pouvant fournir des renseigne- ments sur l’état du poumon. Ils peuvent être intéressants à connaitre; on y arrive mieux en usant de méthodes histologiques appropriées (1). C'est surtout du mucus, de la fibrine, des cellules d'épithélium bron- chique ou alvéolaire, des globules de pus, des fibres élastiques dont (1) Israels ne Joxc, Étude histochimique et cytologique des crachats. Paris, Steinbeil, 1907: Et. PET BACILLUS TUBERCULOSIS. 755 la présence indique un processus destructif du tissu pulmonaire, des globules rouges. Homogénéisation des crachats. — Pour retrouver plus facilement les Bacilles de la tuberculose dans les crachats, surtout lorsqu'ils s'y trouvent en très petite quantité ou que l'expecloration est très abon- dante, on a proposé de dissoudre le mucus et les éléments qui les con- tiennent de façon à obtenir un liquide homogène, peu ou pas visqueux, ne tenant en suspension que certains éléments qui ont résisté au traite- ment, en particulier les Bacilles. En laissant sédimenter un tel liquide, ou mieux en le soumettant à la centrifugation, on peut alors trouver, dans une petite parcelle du dépôt, des Bacilles qui étaient épars dans une grande masse de produit. Ces procédés permettent souvent d’'obte- nir des résultats positifs alors que la méthode ordinaire a échoué. Procédé de Biedert. — Biedert (1) traite les crachats par la soude de la facon suivante : 15 centimètres cubes de crachats environ sont mélangés et agités avec deux cuillerées à bouche d’eau ; on ajoute, sui- vant le degré de viscosité du mélange, 4 à 8 gouttes de lessive de soude: on ajoute de 4 à 6 cuillerées d’eau et l’on chauffe dans une capsule à l'ébullition jusqu'à ce que le liquide soit devenu fluide et bien homo- sène. On laisse déposer quarante-huit heures dans un verre conique; on décante avec soin et l’on fait des préparations avec le sédiment. Par suite d’une action trop forte de l’alcali, les Bacilles peuvent perdre leur colorabilité. Aussi, Biedert (2) a-t-il modifié de la façon suivante la manière de faire : On agile à froid une cuillerée de crachats avec deux cuillerées d’eau et 4 à 8 gouttes de lessive de soude; on laisse reposer cinq minutes et l’on recommence à agiter jusqu'à liqué- faction presque complèle. ‘On fait alors bouillir le tout en agitant la capsule et l’on ajoute 4 à 6 cuillerées d'eau. On laisse déposer et dans le dépôt, après décantation, on choisit une parcelle que l’on fixe sur la lamelle avec une petite quantité du crachat tel qu'il est expectoré. On colore au procédé choisi. L'emploi du centri- fugeur permet d'opérer plus vite et surtout d'éviter un contact prolongé avec le milieu alcalin. Kühne(3) traite les crachats par le borax qui les rend moins visqueux, mais ne les liquéfie pas aussi complètement que la soude. Hkewitsch (4) préconise la potasse. Il est bon d’être prévenu que les éiéments du Bacille de la lubercu- lose deviennent un peu plus épais par l’action des alcalis; leur réaction de coloralion n’est pas modifiée, tandis que, dans les mêmes conditions, le Bacille du smegma et d’autres acido-résistants ne restent pas colorés. Procédé de Spengler. Spengler (5) recommande de trailer les cra- chats par la pancréaline qui solubilise presque tout ce qu'ils contiennent el favorise ainsi la sédimentation des Bacilles. Les crachals sont versés dans un verre conique el agilés avec une (1) Breperr, Berlin. klin. Wochenschr., 1886, nos 42 et 43 ; 1891, n° 2, p. 32. (2) Brenerr, Deutsche med. Zeilschr., 1891, p. 333. (3) Kunxe, Die Untersuchung von Sputum auf Tuberkelbacillen (Centralbl. für Bakt., VIII, 1890, p. 293). (4) ILkewrrscn, Eine neue Methode zur Entdeckung von Tuberkelbacillen in Sputum Schwindsüchtiger (Centralbl. für Bakt., XV,1894, p. 152). (5) SrexGrer, Pankreatinverdauung des Sputums zum Séilementiren der Tuberkel- bacillen (Deutsche med, Wochenschr.; 1895; no 15). 756 , BACTÉRIACÉES. FA quantité d’eau distillée au moins égale, supérieure s’ils sont très consis- tants. Lorsque la répartition est bien faite, on ajoute quelques gouttes d'une solution concentrée desoude. On fait dissoudre de Osr,1 à 1 gramme de poudre de pancréatine dans un peu d’eau et, après filtration, on verse dans le verre en ayant soin de bien mélanger. Le verre est placé à : l'étuve, à 379, Après deux à trois heures de séjour à l'étuve, on ajoute de Ogr,1 à 1 gramme d'acide phénique pour empêcher la putréfaction. De douze à vingt-quatre heures, la liquéfaction peut être complète ; s'il existe encore des grumeaux, on ajoute un peu de soude, on agite et on laisse quelques heures en repos. L'emploi de la centrifugation permet d'opérer plus rapidementet d'obtenir un dépôt plus complet. Ce pro- cédé fournit de bons résultats. Procédé de Jousset. — Le procédé d’inoscopie de Jousset (1) fait intervenir la solubilisation par un suc gastrique artificiel ainsi com- posé : Pepsinerempailettesee 2er EAP ere 2 grammes. Glycérine pure see ER ER RNE ENCR DEREr 10 cent. cubes. Aode-chlorhydrique:a02208B 72e NEC PPTNREE RUE 10 — Rluorure de s0diime Cr PP PP CONA ENrETE 3 grammes. Hat dis ILE ER RE tree Me ON CAE DONNE RRENRe DRE rs ARR TEEe Q: S. p.1 litre. Les crachats sont additionnés de 10 à 30 centimètres cubes de suc gas- trique artificiel et placés à l’étuve vers 37° pendant deux ou trois heures, plus même si la liquéfaction est lente. Le liquide obtenu est centrifugé et la recherche des Bacilles se fait avec le culot de centrifugation. Procédé à l'antiformine. — On a nommé anliformine un produit com- mercial (2) employé avantageusementcomme désinfectant, composé d’eau de Javel et de lessive de soude contenant environ pour 100 7,5 d'hydrate sodique libre et 5,6 d'hypochlorite (5£r,3 de chlore pour 100). Son action a été étudiée par Uhlenhuth et Xylander (3), qui en ont fait une appli- cation très intéressante à la recherche du Bacille de la tuberculose. En solution, dans l’eau, à 2 à 5 p. 100, l’antiformine détruit en moins de cinq minutesla plupart des Bactéries. Si l'on fait agir ces solutions sur le Bacille typhique, le Bacille dysentérique, le Bacille de la morve, le Bacille de la peste, la dissolution des microbes se fait progressive- ment; elle est absolument complète en dix à quinze minutes, le liquide reste entièrement limpide. L'effet est attribué à l’action combinée du chlore et-de lalcali. Il est des microbes qui résistent plus. Pour dé- truire les spores charbonneuses, il faut faire agir une solution à 10 p. 100 et laisser en contact au moins douze heures. Le Bacille de la tuberculose résiste beaucoup, à cause de son imprégnation par les ma- Uüères grasses ou cireuses ; il en est de même d’ailleurs pour toutes les espèces acido-résistantes, à des degrés divers en rapport avec leur acido-résistance, En se basant sur ce caractère, on peut isoler le Ba- cille de la tuberculose des autres microbes en mélange. (1) Jousser, Nouvelle méthode pour isoler le Bacille de Koch des humeurs de l’orga- nisme (Sem. méd., 14 et 21 janvier 1903). (2) Produit patenté par Axel Sjüo et Türnell. Se trouve dans le commerce, particu- lièrement chez Oskar Kühn, Dirksenstrasse, à Berlin: E. Merck, à Darmstadt. (3) Uuzenaurn et XyLanver, Untersuchungen über Antiformin, ein bakterienauflô- sendes Desinfectionsmittal (Arb. ans dem Kaiserl. Gesundheitsamte, XXXI, 1909. p. 158). ? BACILLUS TUBERCULOSIS. 757 On procède, pourla recherche dans les crachats, de la façon suivante: 20 à 30 centimètres cubes decrachats sont additionnés de 15 centimètres cubes d'antiformine, puis d’eau en quantité suffisante pour obtenir 100 centimètres cubes. Après deux à cinq heures de contact, on ne trouve plus dans le liquide que de petites particules qui flottent. Elles sont constituées par des amas de Bacilles de la luberculose. En en recueillänt suffisamment avec une üse et en faisant des préparations que l’on colore aux méthodes habituelles, on constate aisément la présence du microbe. On peut même obtenir des cultures directes en reportant ces parcelles sur sérum coagulé, puis sur gélose glycérinée. Ce procédé donne en particulier de très bons résultats quand on a affaire à des crachats provenant de cavernes dont les Bacilles sont sou- vent noyés dans des masses caséeuses abondantes, d'ordinaire très riches en microbes variés, qui peuvent rendre la recherche du Bacille tuberculeux difficile et aléatoire avec les méthodes ordinaires. Procédé à la ligroïne. — Lange et Nitsche (1) ont remarqué qu'en agitant fortement des crachats homogénéisés avec un peu d'éther de pétrole, de benzine, de xylol, ou mieux de ligroïne, éther de pétrole qui bout de 900 à 1200, de façon à obtenir une sorte d'émulsion du car- bure d'hydrogène, il se produisait, avec les gouttelettes de ce dernier une sorte d’adhérence du Bacille de la tuberculose qui le séparait du liquide aqueux. Par le repos, on observe alors, à la partie inférieure de la couche d'éther de pétrole qui se rassemble en haut, au point de sa séparation avec le liquide aqueux, une zone blanchâtre formée par les Bacilles réunis. On procède ainsi qu'il suit : 5 centimètres cubes de crachats sont additionnés de 50 centimètres cubes de solution normale de soude ; on laisse l'homogénéisation se faire soit à la température de la chambre, soit à l’étuve, ce qui va plus vite, en agitant assez fréquem- ment. On ajoute 50 centimètres cubes d’eau et on agite pour bien mélanger ; puis 2 centimètres cubes environ de ligroïne et on agite fortement pour émulsionner. Le tout est alors chauffé au bain-marie vers 600-659, pour obtenir la séparation rapide du carbure. On prélève ezxsuite de cette couche inférieure de la ligroïne pour faire des prépa- rations. Les Bacilles pseudo-tuberculeux se comportent comme le Bacille de la tuberculose. Procédé de Jacobson. — Jacobson (2) fait intervenir successivement l'action del’antiformine et celie de la ligroïne. Les crachats, légèrement dilués dans de l’eau distillée en dissociant les grumeaux quelque peu volumineux, sont additionnés de cinq fois leur volume de solution d'antiformine à 40 p. 100. La liquéfaction est complète après deux ou trois heures à 370. On ajoute alors de la ligroïne en quantité suffisante pour former une couche de 2 à 3 millimètres d'épaisseur. On agite for- tement et on met une demi-heure à l’étuve pour laisser remonter la ligroïne. Les Bacilles entraînés viennent former une zone blanchâtre à la base de la couche de ligroïne. On prélève des particules de cette zone et l’on en fait des préparations. On peut ainsi constater la présence de Bacilles dans des crachats qui n’en renferment que très peu et où l’on n’en découvrirait pas avec les méthodes ordinaires. (1) Lance et Nrrscue, Eine neue Methode des Tuberkelbazillen nachweisses (Deutsche med. Wochenschr., 1909, p. 435). (2) Jacogsox, Soc. de Biol., 1909. 758 BACTÉRIACÉES, Recherche du Bacille de la tuberculose dans le sang, le pus, différents liquides de l'organisme. — Les méthodes à employer sont en tout semblables à celles qui viennent d’être exposées pour les crachats. Lorsqueles Bacilles sont rares, 1l faut une très grandepatience et de nombreuses préparations. On peut aussi homogénéïser le tout à : l’aide de dissolvants, comme il vient d’être indiqué pour les crachats, centrifuger et opérer sur le dépôt. Pour les liquides très fluides, liquides pleurétique et ascitique, urine, on peut les laisser sédimenter ou plutôt les soumettre d'abord à la cen- trifugation et faire les recherches sur les sédiments. Il vaut souvent mieux employer l’inoculation au cobaye. Dans le cas de méningite tuberculeuse, Schwartz (1) recommande l'examen du liquide céphalo-rachidien obtenu par la ponction lombaire. Ce liquide, centrifugé ou laissé en repos vingt-quatre heures, laisse déposer des grumeaux avec lesquels on fait des préparations suivant les méthodes habituelles. Pour les liquides spontanément coagulables, Jousset recommande sa méthode inoscopique dont il vient d'être parlé (p. 756). C'est le cas pour le sang ou beaucoup d’autres sérosités. On peut même produire arlificiellement la coagulation en ajoutant au liquide du plasma salé. La fibrine, en se coagulant, colle le liquide et entraîne les Bacilles en suspension. Le caillot compact ou les flocons sont lavés sur une compresse bouillie, puis mis à digérer dans le suc gastrique arlificiel. A l’étuve à 389, en agitant toutes les demi-heures, la digestion se fait en deux à trois heures. En chauffant au bain-marie vers 50°, mais pas au-dessus, elle se fait plus rapidement. Après complète liquéfaction, on fait des préparations avec le dépôt. Recherche du Bacille de la tuberculose dans l'urine. — Cette recherche est délicate et souvent aléatoire ; les Bacilles, souvent rares, peuvent facilement échapper à l'observation. Elle se fait dans le dépôt obtenu naturellement par le repos ou mieux par centrifugation. Ce dépôt est utilisé directement, des préparations étant faites avec les srumeaux ou flocons que l’on y trouve; ou bien après homogénéisation, surtout emploi de l'antiformine, comme il a été dit plus haut pour les crachats. Il faut se souvenir que l'urine contient souvent des Bacilles acido- résistants autres, surtout du Bacille du smegma (Voy. p. 781). L'inoculâtion du dépôt au cobaye est un procédé beaucoup plus sûr, qui est toujours nécessaire pour donner une conviction. Recherche du Bacille de la tuberculose dans le lait et le beurre. — On laisse le lait en repos, pendant un jour ou deux, au froid, et l’on recherche les Bacilles dans le sédiment (2). On peut aussi de préférence soumettre de suile le lait à la centrifugation: il se sépare en trois couches, une formée de crème, une autre de lait écrémé, la troisième, inférieure, d'impuretés ; cette dernière renferme surtout les Bacilles. On a aussi conseillé de traiter le lait par de l'acide acé- tique cristallisable; la caséine se précipite en entraiînant les corps en suspension. On recherche les Bacilles dans les flocons de caséine par (1) Scawanrz, Arch. für klin. Med., LX, 1898, nes 2 et 3. (2) BruGi, Ueber die Untersuchung der Milch auf Tuberkelbacillen. Inaugural Dis- sertation, Halle, 1896. BACILLUS TUBERCULOSIS. 759 les procédés ordinaires. Toutes ces méthodes sont peu sûres, parce que, le plus souvent, les Bacilles tuberculeux sont très peu nombreux dans les laits contaminés; de plus, le lait peut renfermer des Bacilles acido-résistants autres, il est bon d'en être prévenu. Il vaut mieux, ici aussi, s'adresser à l'inoculation intrapéritonéale au cobaye. On peul aussi centrifuger le beurre maintenu fondu. Recherche du Bacille de la tuberculose dans les tissus. — On peut employer les. procédés de coloration décrits précédemment pour les crachats, en opérant sur des coupes faites sur des tissus convena- blement fixés au préalable. Les méthodes de fixation qui paraissent donner les meilleurs résultats sont l'emploi de la liqueur de Flemming ou celui du sublimé à saluration dans l’eau avec addition de 5 p. 100 d'acide acétique cristallisable. Avec cette dernière solution, les mor- ceaux de poumons sont convenablement fixés au bout de douze heures. Borrel (1) recommande comme procédé de coloration le procédé de Kübne au chlorhydrate d'aniline (p. 692). La méthode de coloration de Much (p.694) peut être avantageusement appliquée aux coupes (2). Il faut, autant que possible, éviter, avant coloration, l'emploi d'éther, de xylol, et même d’alcool, qui peuvent dissoudre la matière cireuse spéciale à laquelle sont dues les particularités de coloration, et sup- primer la réaction ou, tout au moins, l’atténuer. 20 RECHERCHE PAR LES CULTURES. La recherche du Bacille de la tuberculose se fait rarement par la mise en culture directe du produit à examiner où ce microbe existe rarement seul. D'autres espèces, souvent même nombreuses, l'accom- pagnent généralement et, se développant plus vite et plus abondam- ment que lui, envahissent de suite le milieu. De plus, quaud cel obstacle ne se présente pas, le développement toujours lent de ce Bacille ne permet qu'un diagnostic assez tardif. Les cultures s'obtiennent facilement après inoculation au cobaye, comme il a été dit page 694. On a même vu des crachats qui le renfermaient en telle abondance, à l'exclusion d’autres espèces, que l’ensemencement a donné d'emblée des cultures pures ; maïs le fait est tout à fait exceptionnel. On peut arriver à oblenir assez facilement des cultures par ensemencement direct des produits, en mettant en œuvre certains procédés spéciaux qui ont été exposés page 695. Mais, dans la pratique, cette méthode de recherche est loin de valoir l'examen microscopique et linoculation au cobaye. 3° RECHERCHE PAR L'INOCULATION. L'iuoculation au cobaye est un moyen de recherche des plus sen- sible, pouvant donner des résultats positifs quand les méthodes de 4) Borrez, T. pulmonaire expérimentale (Ann. de l'Inst. Pasteur, IT, 1873, p. 593). (2) Lier, Ein Beitrag zum Nachweis des Tuberkelbazillus m Gewebe (Centralbl. für Bakt., Originale, LI, 1909, p. 678). 760 BACTÉRIACÉES. recherche microscopique ont échoué. Il est à recommander d'y recourir dans tous les cas douteux. L'inoculation de produits pathologiques qui peuvent renfermer d’autres microbes occasionne souvent des manifestations de septicémie qui tuent l'animal avant que l’on puisse obtenir des lésions tubercu- : ieuses suffisantes. L'inoculation sous-cutanée donne de bons résultats. L'inoculation intrapéritonéale vaut certainement mieux (Voy. p. 720). Toutefois certains produits, les crachats particulièrement, ne doivent pas généra- lement être injectés dans le péritoine; ils détermineraient la plupart du temps une péritonite aiguë du fait d’autres microbes qu'ils contiennent. Nattan-Larrier (1) recommande l’inoculation dans la mamelle d’une femelle de cobaye en pleine lactation, en faisant pénétrer l'aiguille près du mamelon, dans l’aréole. La sécrétion lactée diminue et change d'aspect. On constate aisément la présence de Bacilles dans le lait du cinquième au dixième jour, en faisant des préparations avec un peu de ce liquide que l'on fail sourdre par pression. La glande normale ne renfermerait jamais de Bacilles acido-résistants pouvant être une cause d'erreur. Pour le beurre, on injecte dans le péritoine du cobaye 4 à 5 centi- mètres cubes du produit maintenu fondu à 37°. Dans ce cas particulier, à cause de la présence du beurre, on obtient des modifications assez spéciales, la formation d'un exsudat épais, une sorte de péritonite couenneuse. Il faut se rappeler que l’on a signalé dans le beurre la présence de Bacilles acido-résistants autres que le Bacrlle de la tuber- culose, pouvant même produire chez le cobaye des symptômes simi- - laires (Voy. p. 776). Pour gagner du temps et ne pas attendre le moment assez éloigné de l'autopsie, on peut rechercher chez l'animal infecté la réaction de la tuberculine. Cette réaction se produit tôt, dès qu'il s’est fait une alté- ration histologique, quelque minime qu'elle soit, déjà quarante heures après l'infection. 4° RECHERCHE ET DIAGNOSTIC PAR L'EMPLOI DE LA TUBERCULINE. Il peut être difficile de se procurer des produits pathologiques des- linés à la recherche microscopique du Bacille de la tuberculose ou aux inoculations. D'un autre côté, les Bacilles eux-mêmes ne se rencontrent dans ces produits qu'à une certaine phase de la maladie; on ne les trouve dans les crachats, par exemple, qu'après une fonte de tubercules dans la cavité bronchique. L'emploi de la tuberculine, qui détermine chez tout tuberculeux, même au début, une réaction si vive et bien caractéristique, permet d'obtenir des données des plus précieuses au point de vue du diagnostic. Il faut cependant reconnaître que les épreuves à la tuberculine ne peuvent pas être regardées comme des procédés généraux courants de diagnostic, mais au contraire être réservées à des cas parliculiers, douteux, où les moyens habituels, examen bactériologique, Inoculaton, signes cliniques, sont insuffisants ou ne donnent pas de résultats. (1) Narrax-Larrier, Méthode de la mamelle (Congrè de la tuberculose, Paris, 1905, [, p. 380). BACILLUS TUBERCULOSIS. 76] De plus, quelle que soit la méthode que l’on emploie pour obtenir une réaction à la tuberculine, il faut être prévenu qu'il y a parfois des insuccès ou des indications qui peuvent tromper. Tout d'abord, la réaction peut manquer chez des sujets manifeste- ment tuberculeux. C’est ce qui s'observe assez souvent chez les tuber- culeux avancés où se rencontrent tous les autres signes entraînant certi- tude, dans la tuberculose miliaire aiguë, dans la méningite tuberculeuse, dans la tuberculose viscérale avec cachexie. Par contre, elle est positive parfois chez des sujets qui ne présentent aucune manifestation de tuberculose, en apparence très sains, chez lesquels l’autopsie la plus minutieuse, ayant pu être pratiquée un cer- tain nombre de fois, n’a permis de révéler aucune lésion, où la pulpe des organes a pu être Imoculée aux cobayes sans résultats. Une réaction positive se produit avec des lésions latentes ou des lésions excessivement minimes qui ne se seraient peut-être jamais manifestées, des lésions en voie de régression ou pouvant être consi- dérées comme guéries. Ce qui peut alors induire facilement en erreur en faisant porter le diagnostic de tuberculose à propos d'une affection autre, simplement concomitante. Enfin, une réaction positive peut s’obtenir dans d’autres conditions, tout à fait indépendantes de la tuberculose, qui ont pu déterminer dans l'organisme une sensibilté spéciale lui permettant de réagir. F. Arloing (1) a montré que plusieurs toxines microbiennes, les toxines typhique, diphtérique, staphylococcique, pouvaient développer chez des lapins indemnes de tuberculose l'aptitude à présenter certaines des réactions à la tuberculine, l’oculo-réaction notamment. Entz (2) a observé des mêmes faits chez l'homme avec les toxines diphtérique, typhique, paratyphique, pyocyanique, la toxine cholérique et celle du charbon symptomatique. Ces faits doivent faire mettre en doute, par conséquent, la spécificité réelle, absolue, des réactions à la tuberculine. Emploi de la tuberculine chez l'homme. — Jnoculalion sous- culanée. — C'est le procédé primitivement employé. Koch a signalé, dès 1890, l’action spéciale de la tuberculine, produisant, à doses minimes, d'un côté une réaction générale se traduisant par une élévation de température, d’un autre une action locale, congestive, sur les foyers tuberculeux. L'homme tuberculeux est extrêmement sensible à la tuberculine (p. 715); celte sensibilité est encore exaltée chez les individus affaiblis et les enfants. À doses un peu fortes, quoique très minimes, la tuber- culine peut occasionner une sorte de désagrégation des lésions tuber- culeuses pouvant déterminer l'extension et même la généralisation d'un foyer (p. 715). Aussi ne faut-il jamais se départir de la plus grande prudence, si l’on se décide à recourir à ce procédé d'investigation; il est nécessaire de débuter par des doses excessivement minimes el tâter, en quelque sorte, la sensibilité du malade. La dose de un centième de centimètre cube es! une forle dose pour un adulte tuberculeux ; il vaut mieux commencer par des doses moindres, de un à quelques millièmes de centimètre cube ou milligrammes au début. Il va sans dire (1) F. ArLoinG, Considérations sur le mécanisme et la valeur spécifique de l’oculo- réaction à la tuberculine (Soc. de Biol., 1908, p. 722). (2) Exrz, Wiener klin. Wochenschr., 1908, p. 379. 762 BACTÉRIACÉES. que les dilutions doivent alors être faites avec un soin extrème pour avoir une évaluation précise. La température doit être prise au mieux de deux heures en deux heures pendant les vingt-quatre heures qui précèdent et pendant les vingt-quatre heures qui suivent l'injection. D'un autre côté, si l’on recourt à des injections à doses très faibles on risque de ne pas produire de réaction ou de n'en déterminer qu'une insuffisante. Si l’on vient alors à les répéter, à des doses croissantes, on peul produire de l'hypersensibilité et obtenir une réaction soi-disant spécifique chez des non-tuberculeux. Hutinel (1) dit avoir obtenu d'excellents résultats de l'emploi de la tuberculine chez les enfants dans les cas où la clinique est impuissante à éclairer sur la nature de l'infection. Il débute par 1/20 ou 1/10 de milligramme suivant l’âge de l'enfant, en se servant de la solution suivante : tuberculine, 1 centimètre cube pour 1 000 centimètres cubes d'eau phéniquée à 1 p. 500. I ne faut jamais injecter de tuberculine à un enfant qui a de la fièvre, le processus thermique observé pouvant être dû à la maladie. La réaction, très faible, n'occasionne que des troubles passagers. D'après Hutinel, tout enfant qui ne réagit pas à une injection de 1 milligramme de tuberculine doit être considéré comme indemne de tuberculose. Grasset et Vedel (2) regardent la tuberculine comme un excellent moyen de diagnostic de la tuberculose chez l'homme. Ils ont employé dans leurs essais soit la tuberculine ordinaire, soit la tuberculine pré- cipitée que livre l'Institut Pasteur. Leur solution de tuberculine ordinaire est oblenue en mettant | gramme de tuberculine, diluée au dixième, dans 2000 centimètres cubes d’eau bouillie; cette solution contient 2 dixièmes de milligramme de tuberculine par centimètre cube; ils se sont servis de doses de 3 à > dixièmes de milligramme de tuberculine. La tuberculine précipitée est dissoute à la dose de 50 milligrammes dans 5 centimètres cubes d'eau et glycérine à parties égales ; ils l'emploient à la dose de 1 à 2, rarement 3 décimilligrammes. Les tuberculines, destinées aux cliniciens, doivent toujours être définies en activité avant leur emploi; on le fait en les essayant sur des cobayes tuberceuleux et déterminant la dose qui est pour eux rapide- ment mortelle (p. 716). D'après les derniers auteurs, en s'en tenant à la marche indiquée, on n'observe jamais d'accidents à craindre et très peu de réaction locale, quelques symptômes généraux légers el insignifiants. Le sujet doit être apyrétique, mis au repos, et la température relevée toutes les trois ou quatre heures au moins, toutes les deux heures au mieux. Pour èlre considérée comme positive, l'élévation thermique doit dépasser 1 degré; le maximum atteint ordinairement 1°,5 à 2 degrés, jusqu'à 3 degrés. La réaction commence de douze à vingt-quatre heures après l'injection et dure douze à quarante-huit heures, le maximum étant compris entre vingtet trente heures; pour pouvoir la suivre commodé- (1) Garrné, Diagnostic de la T. pulmonaire infantile par les injections de tubercu- line. Thèse de Paris, 1895. (2) Grasseret Venez, Du diagnostic de la T. humaine par les faibles doses de tuber- culine (Bull. de l'Acad. de méd., 25 février 1896, p. 174 ; Congrès franç. de méd. int. de Lille, 1899). BACILLUS TUBERCULOSIS. 763 ment, il est donc préférable de faire l'injection le soir, vers 5 heures. L'emploi de l'injection hypodermique de tuberculine chez l'homme (sous-culi-réaclion) comporte malgré tout des inconvénients sérieux, voire même des dangers lorsque la dose employée est un peu ot L'élévation thermique, quipeul être de 3degrés, s'accompagne de pkéno- mènes généraux, malaise, nausées, tachycardie, etc., qui peuvent per- sister plusieurs j jours et sont souvent ennuyeux à subir. Aussi préfère t-on s'adresser à des phénomènes d'action locale plus bénins et tout aussi nets à constater. On utilise surtont la cuti-réaction et l'oculo- réaction. Culi-réaction. — Koch avait signalé au début la production rapide d'une rougeur autour de la piqûre lors des injections de tubereuline ; Escherisch ( 1) avait donné au phénomène le nom de Slich-reaklion el Schick (2) eut plus tard l’idée de l'utiliser pour le diagnostic. Von Pir- quet (3) a repris l'étude de l’action locale cutanée et a institué, sous le nom de cuti-réaction (cutane-[mpfung), une méthode de diagnostic. La technique à employer est la suivante : On dépose sur la peau, à la région deltoïdienne comme pour la vaccination habituelle, une routte de tuberculine de Koch, pure ou diluée au quart dans la solution physiologique, puis dans la goutte, à l’aide d'une lancette ou d'un vaccinoslyle, on pratique à la peau une petite scarification. On laisse le contact avec la tuberculine se faire pendant cinq minutes au moins. On peut également faire d’abord la scarification el déposer ensuite la goutte de tuberculine. Comme épreuve témoin, il est bon de faire, à un autre endroit un peu éloigné du premier, une autre scarificalion sem- blable, avec un autre instrument et sans user de tuberculine. Dans le cas de réaclion positive, il apparaît en six à quinze heures, entourant la scarification, une papule rougeâtre de 10 millimètres de large environ, pouvant atteindre Jusqu'à 30 millimètres, à bords tantôt arrondis, tantôt sinueux, pouvant même envoyer des tractus ayant la direction des vaisseaux lymphatiques; cette papule est entourée d'une zone érythémateuse plus ou moins étendue ; sur les bords, se développent parfois de petites vésicules. Le maximum de développement de la papule a lieu habituellement au bout de quarante-huit heures; puis la coloration fonce, la papule s’affaisse, se dessèche et donne une légère croûtelle qui tombe après cinq à huit jours. La réaction oblenue est plus ou moins forte suivant les individus et, chez un même individu, suivant la quantité et l’activité de la tuberculine employée ; elle se mesure à la grandeur de la papule et à l'étendue de la zone érythé- mateuse. Les symptômes observés sont des plus minimes. Il se produit, à l'en- droit choisi, un peu de cuisson et de prurit ; on a cependant, dans quel- ques cas, remarqué une légère fièvre. Lorsque la réaction est négative, il ne se forme aucune zone inflam- matoire autour de la scarification qui forme rapidement une petite croûtelle tombant en trois à quatre jours. (1) Escueniscn, Die Resultate des Koch'schen Injecktionen bei Scrophulose und Tuberkulose des Kindersalters (Jahrb. für Kinderheilk., 1892, XXXIIT, p. 369). (2) Sonic, Jahrb. für Kinderheilk., 1905, LXI, p. S11. (3) Vox Pirquer, Der diagnostische Wert der kutanen Tuberkulinreaklion bei der Tuberkulose des Kindersalters (Wiener klin. Wochenschr., 1907, n° 38). 764 BACTÉRIACÉES. D'après les nombreuses observations faites, on peut conclure que la méthode donne surtout de bons résultats pour un diagnostic chez les enfants, et surtout les jeunes enfants de un à trois ans, à cause de la rareté de l'existence de foyers latents de tuberculose qui augmentent cerlainement avec l'âge. Von Pirquet n'a observé que 4 p. 100 dé réaction positive chez des enfants de un à trois ans cliniquement indemnes de tuberculose, alors que la proportion s'élève jusqu'à 39 p. 100 chez des enfants de huit à quatorze ans se trouvant dans les mêmes conditions. Chez les adultes, la cuti-réaction est plus souvent en défaut. Elle est beaucoup plus souvent positive chez des sujets non cliniquement tuberculeux, en raison de la fréquence des foyers latents d'abord, puis aussi de sensibilisations spéciales déterminées par d’autres toxines, enfin à cause de sa production possible dans des manifestations tout autres que la tuberculose, fièvre typhoïde, pneumonie, sclérose en plaques, hémiplégie. Enfin, d'après von Pirquet, certaines affections, la rougeole principalement, empêchent sa production. Cette méthode ne peut donc pas donner une certitude absolue ; elle a cependant une valeur diagnostique réelle, surtout dans les cas douteux, en faisant toutefois des réserves à son sujet. Mantoux (1) a décrit sous le nom d'intra-dermo-réaction une méthode qui consiste à injecter la tuberculine dans l'épaisseur même du derme à l’aide d'une fine aiguille. Les phénomènes produits sont très sem- blables à ceux de la cuti-réaction et passibles des mêmes obser- valions. Oculo-réaction. — Wolf-Eisner (2) avait signalé, chez les bovidés tuberculeux, la production d'une réaction conjonctivale très nette au contact de la tuberculine avec la muqueuse oculaire. Calmette (3) a appliqué le fait au diagnostic de la tuberculose chez l'homme (ophtalmo- diagnostic). I recommande d'user de tuberculine purifiée, précipitée par lalcool à 95°, dissoute en proportion de 1 p. 100 dans l’eau sté- rilisée. On instille entre les paupières de l’un des yeux une goutte de cette solution. Dans le cas de réaction posilive, il apparaît, déjà après six heures, une rougeur lie de vin très caractéristique de la caroncule conjonclivale et une “faible exsudation séro-fibrineuse riche en lympho- cyles. Ce peut être tout; la rougeur persiste un ou deux jours, puis disparaît graduelleme nt: la réaction est légère. La réaction peut être plus intense; l'œil est congestionné, peut même être complètement fermé par un fort gonflement ; la sécrétion est abondante, parfois même purulente. L'inflammation produite peut même être grave ; on a observé des conjonclivites et des kératites prolongées. D'après de Lapersonne, de tels accidents ne surviendraient que lorsque l'œil est déjà malade antérieurement; aussi ne doit-on employer la méthode que lorsque l'œil est absolument sain, ce qui est parfois assez difficile à juger. Outre cela, la méthode est passible des mêmes criliques que toutes (1) Mawroux, Intra-dermo-réaction à la tuberculine (C. R. de l’Acad. des sc., 1908, CXLVII, p. 355). (2) Wozr-Eisxer, Berlin. klin. Wochenschr., 1907, n° 22. (3) Carmerre, BRETON, PaineLax et Perir, Utilisation pratique de l'ophtalmo-réaction pour le diagnostic de la tuberculose chez l'homme (Presse médicale, 1907, n° 56). ECTS nn" si * BACILLUS TUBERCULOSIS, 765 celles qui comportent l'emploi de la tuberculine. D'après Petit (1), la réaction serait positive dans 92,32 p. 100 des cas de tuberculose. Elle manque chez des tuberculeux avancés. Elle a fait défaut dans quelques cas de pleurésie, péritonile ou méningite tuberculeuses. Elle est positive dans 18,43 p. 100 des cas de non cliniquement tuber- culeux. Beaucoup de cas positifs sont dus certainement à la présence de foyers latents, enkystés ou guéris. On a signalé des réactions posi- lives dans le diabète, la syphilis, la fièvre typhoïde, la fièvre méditerra- néenne, la sporotrichose, le rhumatisme articulaire aigu, la carcinose généralisée, la lèpre, la cirrhose atrophique, l'ictère. Ce sont des défauts de la méthode dont il faut tenir sérieusement compte lorsqu'on l'utilise. D'autres réactions locales peuvent être produites par des moyens différents, soit sur la peau, soit sur des muqueuses, et permettent d'obtenir des indications toutes semblables à celles que fournissent la cuti-réaction et l’oculo-réaction. Moro (2) conseille de frictionner la peau pendant une minute avec un peu de pommade composée à parties égales de tuberculine et de lanoline. Lignières (3) frotte la peau rasée et lavée à l'alcool avec un peu de tuberculine pure. Lautier (4) main- tient sur la peau pendant vingt-quatre heures, à l’aide d’une bande de diachylon, une boulette de coton imbibée d'une solution à 1 p. 100 de tuberculine purifiée. Dans le cas de réaction positive, il apparaît des rougeurs et même de petites éruptions vésiculaires à la place qui a eu le contact du réactif. Laffite-Dupont et Molinier (5) mettent la tubercu- line en contact avec la muqueuse nasale (rhino-réaction), Richter (6) avec la muqueuse vaginale qui réagissent dans le même sens que la conjonc- tive dans les cas positifs. Les résultats obtenus à l’aide de toutes ces dernières méthodes sont moins bien étabiis que ceux fournis par les précédentes. Leuco-réaction. — Toutes les épreuves à la tuberculine dont il vient d'être parlé se passent in vivo en produisant des phénomènes généraux dont le principal est l'élévation de température et des phénomènes locaux consistant surtout en un afflux de leucocytes au point qui a le contact de la tuberculine. Achard et Bénard (7) ont remarqué que les leucocytes des tuberculeux étaient particulièrement sensibles à l’exci- tation produite par la tuberculine. D'où l'idée de rechercher dans les différences d'activité des leucocytes des indications pour le diagnostic de tuberculose. Pour mesurer cetle activité, les auteurs cités apprécient le pouvoir phagocytaire des leucocytes à l'égard de levures stérilisées, d'éléments de muguet. L'activité leucocytaire d'un sujet tuberculeux, : (1) Perrr, Le diagnostic de la tuberculose par l'ophtalmo-réaction. Paris, Masson, 1907. (2) Moro, Ueber eine diagnostisch verwertbare Reaktion der Haut auf Einreibung mit Tuberkulinsalbe (Munch. med. Wochenschr., 1908, n° 5, p. 216). (3) LieniÈREs, Sur un nouveau mode de réaction de la peau à la tuberculine et son utilisation dans le diagnostic de la tuberculose (C. R. de l’Acad. des se., 1908, CXLV, p- 727). . (4) Laurier, Soc. de Biol., 1908, n° 3, p. 91. (5) Larrire-Dupoxr et Mounier, Réaction de la muqueuse nasale à la tuberculine. Rhino-réaction (Soc. de Biol., 1908, I, p. 702). (6) Ricurer, Ueber Ophtalmo-, Kutan-, und Vaginal-reaktion bei Tuberkulose (Zeit- schr. für Infeklionskrankh. und Hyq. der Hausthiere, 1908, V, nos 3 et 4). (7) Acnanp et Béxarp, Réactions spécifiques des leucocytes. Leuco-diagnostic (Soc. de Biol., 13 nov. 1909, p. 502), 766 BACTÉRIACÉES. mesurée dans de la solution physiologique additionnée de tuberculine, puis dans ce même liquide seul, montre une différence en faveur du premier milieu. Cette leuco-réaction aurait donné des résultats positifs alors que la cuti-réaction avait échoué. Le très grand avantage est d'opérer tout à fait hors de l'organisme; sans comporter d’ennui ou de dérangement autre que la prise des quel- ques gouttes de sang nécessaires, et de ne rien faire voir au malade, grave objection à faire aux méthodes précédentes. Pour juger de la valeur de la réaction, il faut avoir des données plus complètes. Les exsudats des phtisiques contiennent de la luberculine iden- lique à celle des cultures, mais en proportion assez faible. En injec- ant à des tuberculeux du liquide d’ascite tuberculeuse à la dose de 5 à 10 centimètres cubes, Debove et Rémond ont observé la produc- tion de la réaction fébrile caractéristique. Debove et Renault ont même proposé d'utiliser cette constatation comme moyen de diagnostic dans les cas douteux, en inoculant de tels exsudals à des cobayes tuberculeux (1). Salter (2) a obtenu presque constamment la réaction typique sur des cobayes tuberculeux par inoculation de sueur de phüsiques. Rappin et Fortineau (3) l'ont obtenue, mais d’une façon très inconstante, avec l'urine des tuberculeux. EMPLOI DE LA TUBERCULINE CHEZ LES ANIMAUX. — C’est surtout pour le diagnostic précoce de la tuberculose des bovidés que l'emploi de la tuberculine est précieux. D'aprés ce que l’on sait de la fréquence de la tuberculose chez ces animaux, de l'extension rapide de la contagion chez eux et du danger possible de sa transmission à l'homme par la viande et le lait des animaux tuberculeux, on conçoit la haute impor- tance d'établir tôt et d'une façon sûre ce diagnostic. C'est un élément de prophylaxie de l'infection tuberculeuse humaine. Le diagnostic de la tuberculose au début est particulièrement difficile chez l'animal, qui ne permet pas souvent l'auscullation fine et délicate. D'un autre côté, il est souvent difficile de se procurer des produits à examiner. Les animaux ne crachent pas ; on peut bien, suivant le conseil de Nocard, racler ja muqueuse de la gorge avec une baguette et examiner le mucus obtenu. Le moyen suivant, que préconise Puech (4), est souvent plus aisé à appliquer : On met un séton à la nuque de la bête soupconnée et l'on examine le pus suivant les méthodes ordinaires; 1l renferme souvent des Bacilles tuberculeux du huitième au quatorzième jour. L'emploi de la tuberculine est bien plus sûr et beaucoup plus facile : il est devenu une pratique courante, surtout à la suite de la vaillante propagande de Nocard (5). L'injection d'une assez forte dose, 30 à 40 centigrammes, suivant la laille de l'animal, détermine chez les tuberculeux une forte réaction (1) Denove et Rexaurr, Soc. méd. des hôp., 1891. (2) Sauren, The Lancet, 15 janvier 1898, p. 152. (3) Raprix et Fonrineau, Recherche de la réaction de la tuberculine dans l'urine des tuberculeux (Assoc. franç. pour l'avancement des sc., septembre 1899). (4) Puecu, C. R. de l'Acad. des sc., CVIII, 1889, p. 193. (5) Nocarv, Applications de la tuberculine au diagnostic de la tuberculose boviné (Ann. de l'Inst. Pasteur, 1892). sn Re. BACILLUS TUBERCULOSIS. 767 fébrile, avec élévation de température de 19,5 à 3 degrés. Chez l'animal non tuberculeux, cette même quantité ne produit aucun effet. La réaction fébrile apparaît le plus souvent de douze à quinze heures après l'injection, quelquefois dès la neuvième heure, très rarement après la dix-huitième ; elle dure toujours plusieurs heures et retombe d'ordinaire à la normale de la vingt-quatrième à la quarantième heure. La durée et l'intensité de la réaction ne sont pas en rapport avec les lésions (1). La technique de l'opération est des plus simple. On se sert d’une dilution au dixième de tuberculine dans l’eau phé- niquée à 5 p. 1000, préparée avec de l’eau récemment bouillie : Rüubercubme brute terre Une 1 centimètre cube. Bauephéniquéeanoipul000 Peer. cLrrre 9 centimètres cubes. Cette tuberculine diluée est d’une conservation limitée ; il est néces- saire de ne pas la conserver plus d'une quinzaine de jours à l'obscurité dans des flacons bien bouchés. La tuberculine brute se conserve très longtemps dans ces conditions; il vaut mieux ne préparer la dilution qu'au moment du besoin. Il est à recommander de prendre une ou plusieurs températures la veille et le jour même, avant l'opération, pour ajourner les individus qui pourraient être sous une influence pathologique autre. Il vaut mieux faire l'opération le soir vers 9 ou 10 heures ; on dispose ainsi de toute la journée du lendemain pour suivre les tempéra- tures. L'injection se fait de préférence sous la peau, en arrière de l'épaule, avec les précaulions antiseptiques habituelles. Les proportions de liquide à injecter varient avec la force de l'animal; pour une petite bêle, injecter 3 centimètres cubes de la dilution au dixième ; 3 centi- mètres cubes et demi pour une vache de grande taille; 4 centimètres cubes pour un fort bœuf ou taureau. Pour les veaux, la dose varie entre 1 et 2 centimètres cubes. Il faut prendre la température toutes les deux heures, de la douzième à la vingtième heure ou au moins trois fois dans cet intervalle. Toute bête qui présente une réaction supérieure à 1°,4 doit être considérée comme tuberculeuse; une élévation de température inférieure à 00,8 n'a aucune significalion ; les bêtes dont la réaction est comprise entre 00,8 et 1°,4 doivent être regardées comme suspectes et soumises, un mois après, à une nouvelle injection de tuberculine à dose plus forte que celle employée en premier lieu. Chez les veaux jusqu'à six mois, une élévation de 00,5 doit toujours être considérée comme sus- pecle. Pour empêcher la réaction de la tuberculine de se produire, on a mis à profit l’accoutumance facile de l'organisme au produit, en faisant à la bête une injection de tuberculine la veille ou l’avant-veille de l opé- ration de contrôle. Dans les cas où celte manœuvre pourrait être sus- pectée, il faut séquestrer l'animal et faire une nouvelle injection après un temps suffisant, un mois environ, pour que l'effet des inoculations (1) Nocaro et Lecraincne, Les maladies microbiennes des animaux, 768 BACTÉRIACÉES. \ précédentes soit tout à fait épuisé; ou bien, comme l'indique Vallée (P), injecter des doses doubles de tuberculine. Les animaux sains supportent sans réagir des doses beaucoup plus fortes. L'expérience démontre que ces injections de tuberculine n'ont aucun effet fâcheux sur la qualité du lait ou de la viande. La sécrétion lactée diminue d’abord un peu avec la montée de température, puis se rétablit vers le troisième jour (2). L'emploi de la tuberculine comporte, ici aussi, des défaillances. Les tuberculeux très avancés, surtout ceux en pleiné période fébrile, peu- vent ne réagir que très peu ou même pas du tout ; leur organisme est comme imprégné de tuberculine qu'il fabrique. Mais alors, toujours ici les signes cliniques ne peuvent permettre le moindre doute. La réaction peut s’obtenir alors que l'animal ne présente plus que des foyers éteints. On l’a enfin obtenue chez des animaux atteints d’autres lésions que la tuberculose, distomatose, échinococcose par exemple. On peut tout aussi bien se servir de l’inoculation à la tuberculine pour établir le diagnostic de la tuberculose chez les autres animaux domestiques. Les doses doivent nécessairement varier avec la taille de l'animal. Chez le cheval, on peut injecter 3 ou 4 centimètres cubes de la dilution au dixième ; chez le mouton et la chèvre, de 1/2 à 1 centi- mètre cube ; chezle porc, de 1 à 2 centimètres cubes ; chez le chien et le chat, de 1/2 à 1 centimètre cube, mais, chez eux, les résultats paraissent assez peu sûrs (3). Lesréactions locales étudiées chez l'homme peuvent avoiraussi chez les animaux d'utiles applications. La culi-réaction donne des résultats bien nets chez les bovidés et les chevaux, peut-être même plus nets que chez l'homme d’après Vallée (4) et Moussu (5). La recherche est cependant délicate, à cause de l'épaisseur de la peau ; il faut faire la scarification assez profonde. La réaction apparaît vers la trente-sixième heure et persiste de huit à quinze jours. Des animaux tuberculeux, surtout à lésions graves et étendues, ne donnent pas la réaction. Moussu signale sa production dans l’actinomycose. D'après Moussu et Mantoux (6), l'intra-dermo-réaction serait de beaucoup à préférer en injectant de un dixième à un cinquième de centimètre cube de tuberculine brute diluée au dixième, choisissant de préférence un des plis cutanés qui vont de la base de la queue à la marge de l'anus. Lignières a préconisé l'emploi direct de la tuberculine sur la peau rasée, Richter sur la muqueuse vaginale (p.765). Vallée recommande l'oculo-réaction, de tech- (1) Vazcée, Sur l’accoutumance à la tuberculine (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVII, 1904, p. 545). (2) Tiraroscui, Influence de la tuberculination sur la sécrétion lactée (Hygiène de la viande el. du lait, février 1908). (3) Rousse, La tuberculose des petits animaux et les défaillances de la tubercu- line (Bull. de La Soc. de méd. vélér., 6 mai 1909, p. 179). (4) Vazzée, Sur un nouveau procédé de diagnostic expérimental de la tuberculose et de la morve (Bull. de la Soc. de méd. vétér., 1907, p. 308). — Sur la cuti-réaction à la tuberculine (Soc. de Biol., 1907). (5) Moussu, Sur la cuti-réaction à la tuberculine (Recueil de méd. vétér., 1907, p. 273). (6) Moussu et Maxroux, Sur l'intra-dermo-réaction à la tuberculine chez les ani- maux (Recueil de méd. vétér., 1908, nos 20 et 24). dt BACILLUS TUBERCGULOSIS. 769 nique plus commode et plus simple, Pour cesdifférentes méthodes, les mêmes observations sont à faire que chez l'homme au point de vue des résultats positifs ou négatifs obtenus. 9 AGGLUTINATION ET SÉRO-DIAGNOSTIC. L'étude du pouvoir agglutinant du sérum des tuberculeux nécessitail l'usage de milieux liquides où les Bacilles se trouvaient à peu près également et uniformément répartis dans la masse. Arloing (1) a pu obtenir, à la suite de manipulations spéciales, princi- palement l'agitation fréquente, des cultures en bouillon glycériné où les Bacilles ne se réunissaient plus en voile à la surface, comme c’est le cas habituel, mais se répandaient uniformément dans le liquide, formant une émulsion homogène ; ce sont les cultures homogènes. On les prépare comme il suit. On part de cultures sur pommes de Lerre glycérinées, préparées comme il a été dit page 700, avec un excès de liquide. Les cultures qui paraissent donner le meilleur résultat sont celles à aspect gras, et il vaut mieux prendre pour l’ensemencement les colonies qui se développent au contact du liquide. La culture s'étend alors facilement en voile sur le liquide en excès. On remue tous les jours pour habituer au contact du liquide. L'agitation dissocie les Bacilles et, au bout de quelques semaines, l’eau glycérinée forme une véritable émulsion de Bacilles. Avec cette émulsion, on ensemence du bouillon de bœuf peptonisé à ! p. 100 et glycériné à 6 p.100, réparti dans des matras cylindriques à fond plat, que l'on met à l'étuve à 38° et que l'on agite tous les jours et même plusieurs fois par jour. Le bouillon reste limpide pendant trois ou quatre jours, puis il apparaît une légère végé- tation au fond du vase ; bientôt le liquide se trouble dans toute sa masse. Buard(2)dit qu'ilest préférable, pour obtenir ces cultures homogènes, de partir des cultures sur carottes glycérinées, qui permettraient d’arri- ver plus‘ vite au résultat cherché, en opérant, du reste, de la même façon. De telles cultures sont nettement agglutinées par le sérum d'individus tuberculeux ou par celui d'animaux qui ontreçu des inoculations sous- cutanées de tuberculine ou d'émulsion de Bacilles tuberculeux. Les cultures de huit à douze jours sont les plus favorables pour la réaction ; au delà, l'agglutination est moins nette. Ces cultures homogènes se reproduisent facilement, et même de mieux en mieux, semble-t-il, comme si le microbe s’habituait à ces conditions. La semence destinée à de nouvelles cultures doit être prise de préférence dans la partie supérieure des cultures développées ; c'est là où l’on trouve le moins d'amas microbiens. Pour maintenir l’homo- généité, il faut continuer d'agiter, sans quoi le liquide s'éclaircit, ilse fait un dépôt cohérent qui ne s’'émulsionne plus bien et même parfois un voile à la surface. (1) AncoxG, Sur l'obtention de cultures homogènes du Bacille de la tuberculose (C. R. de l’Acad. des se., 9 mai 1898). — Agglutination du Bacille de la tuberculose vraie (Zbid., 16 mai 1898, et Congrès de medecine de Montpellier, 1898). — ARLOING et P. Courmoxr, De l'obtention des cultures du Bacille de Koch les plus propices à l'étude du phénomène de l'agglutination par le sérum sanguin des tuberculeux (C. R. de l’Acad. des sc., 8 août 1898, p. 312). (2) Buarp, De la séro-réaction tuberculeuse. Thèse de Bordeaux, 1900. Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 49 sale 22 P ue 4 E "A + RAR # LYÉ û 3 is 710 BACTÉRIACÉES, . de Dans ces bouillons homogènes, on trouve des Bacilles isolés, parais- sant légèrement mobiles, el quelques petits amas de 3, #, 5 etexceplion- nellement 6 bätonnets La recherche de l'agglutination se fait de la facon suivante. Arloing el P. Courmont (1) conseillent de faire trois mélanges de sérum et de culture aux taux de 1/5, 1/10 et1,/20. On prend trois petits Lubes stéri- lisés dans lesquels on verse 5,10 el 20 gouttes de culture. Dans chacun des tubes, on verse une goutte du sérum à examiner. Buard préfère verser dans chacun des trois {tubes 15 goulles de la culture et ajouter respectivement 3 gouttes, 2 gouttes, 1 goutte de sérum. Il estinutile de recourir à des proportiens plus fortes de sérum ; avec plus de [ p. 5, lagoelutination est fréquente en dehors de tout soupçon de tuberculose el n'a conséquemment plus de valeur. D'un autre côté, elle fait d'ordi- naire défaut au-dessous de 1 p. 20, quoiqu'on puisse encore l'observer à 1 p. 40 el mème 1 p. 50. Il est bon de préparer un lube témoin, avec la culture seule ; la comparaison permet de mieux juger des moditi- calions qui peuventse produire. Les tubes sont disposés imclinéset laissés en repos pendant (rois à quatre heures d'après Buard, cinq à six heures d'après Courmont, Le temps dépend de la culture employée ; des essais avec un sérum élalon font reconnaître la durée la meilleure. Avec un contact prolongé, de vingt à vingt-quatre heures, on ne doit plus rien lirer de la réaction, tout sérum pouvant produire Fagglulination après une telle durée. La clarification du liquide est plus ou moins complète suivant l'intensité de la réaction. Lorsque la réaction est minime, Ja paroi des tubes est comme finementstriée de petits points ; dans les cas bien nets, les grumeaux sont assez gros else sédimentent déjà en partie. Toutefois, au simple examen à Fœil, léclaircissement peut être très faible, le dépôt très minime. Il est nécessaire de recourir à examen microscopique. On agile légè- rement les tubes, en commencant par la dilution la plus riche en sérum ; on en prélève une goutte avec une anse de platineet lon monte en prépara- Lion qu'on lule à la paraffine. On procède de même avec le tube témoin. Il faut distinguer les faux amas, où les Bacilles sont en nombre restreint, 3, 4, 5, jamais plus de 6, peu serrés, simplement accolés, et les amas vérilables, où les Bacilles sont en grand nombre, très serrés, comme entassés. D'ordinaire, la dilution la moins riche en sérum peut contenir moins de vrais amas ; les deux autres ont le plus souvent le même aspect. Il reste toujours des Bacilles libres dans le liquide. On peul aussi faire la séro-réaction extemporanée en mélangeant sur la lamelle une goutte de culture et une goutte de sérum : épreuve est toutefois moins nette. On peul aussise servir de sang desséché sur du papier ou de la loile, de préférence stérilisés, que l'on reprend par un peu d'eau disüllée, I faut alors Lenir comple approximativement de la dilution pratiquée. En ajoutant aux cultures homogènes d'âge convenable 1 p. 400 de formol, ou en les plaçant dans une glacière (2), on peut conserver des (1) AnLoxG et P, Counmonr, Sur la recherche et la valeur clinique de l’agglutination du Bacille de Koch par le sérum sanguin de l'homme (C. R. de l'Acad. des sc., CXXVII, 1598, p. 425). (2) ArzoxG et P. Couruoxr, De l’action du froid et des antiseptiques sur la conser- valion des cultures homogènes de Bacilles tuberculeux destinées à l’agglutination {Soc. de Biol., 14 décembre 1901). Éd BACILLUS TUBERCULOSIS, 771 cultures aptes à servir pendant une quinzaine de jours. Il fautfortement les agiler au moment d'en faire na 1 les essais d'Arloing et P. Courmont, le sang d'individus luber- culeux a donné des résultats posilifs dans la proportion de 92 p. 100 ; Bendix (1), Buard, Rumpf et Guinard (2), entre autres, disent aussi avoir obtenu de bons résultats de Ia méthode. D'autres, par contre, Beck et Rabinowitch 3) principalement, ne reconnaissent pas à la réaction une précision suffisante pour l employer avec fruit. Alvarez (4) a trouvé souvent la méthode en défaut chez les malades atteints de lupus vulgaire, d'origine bien nettement tuberculeuse. On a signalé à diverses reprises le fait que le sérum des Luberculeux avancés ne produisait pas d’agglutination. Les sérosités Lube rculeuses produisent aussi l’agglultination aux doses de 1 p. 5 à 1 p. 20. Cette propriété parait être plus der Le liquide pleurétique agglutinerait souvent moins bien que le sérum sanguin, d'autres fois plus. Courmont (5) dit que lagglutination se produit presque toujours à 1 p. 10 pour tous les épauchements tuberculeux. Le sang des animaux inoculés avec le Bacille de Koch montre des propr iétés agglutinantes très nettes. Arloing (6) dit avoir constaté que le sang de chèvre pouvait acquérir des propriétés agglutinantes sous l'influence d'injections sous-cuta- nées répélées de liqueur de Miahle, d'eucalyptol, de gaïacol:; ce qui prouve que certaines substances chimiques peuvent faire appa- raitre la propriété agglutinante dans le sérum tout comme des produits spécifiques. D'après Oraglia (7, le sérum de beaucoup d'animaux sûrement indemnes de tuberculose peut agglutiner les cultures homogènes. Dans beaucoup de maladies, en outre, le sérum agglutinerait autant ou même plus que le sérum tuberculeux. Romberg (8) remplace les cultures homogènes par des émulsions de Bacilles broyé s. Koch (9) broie les cultures desséchées, centrifuge pour séparer les parties lourdes et met en émulsion dans de la solution physiologique phéniquée. Le liquide opalescent peut se conserver quinze 1) Bexnix, Zur Serodiagnose der Tuberkulose (Deutsche med, Wochenschr., 1900, n°14, p. 224 (2) Rumpr et Guixarb, Ucber die Agglutination der Tuberkelbacillen und die Ver- werthung dieser Agglutination (Deutsche med. Wochenschr., 20 février 1902, p. 131). (3) Becx et PRE de Ueber den Werth der Courmont'schen Serumreaction für die Frühdiagnose der Tuberkulose (Deutsche med. Wochenschr., 1900, p. 400). (4) Azvarez, Agglutinaçao do Bacillo do Koch nos luposus. Lisbonne, 1905. (9) P. CounuoxT. Action des épanchements des sérums, tuberculeux ou non, sur les cultures de Bacilles de Koch en milieux liquides (Soc. de Biol., ?S mai 189$). — Séra- diagnostic des épanchements tuberculeux (Congrès de la luberculose, 1898). — L'ag- glutination du Bacille de Koch par les épanchements tuberculeux (Arch. de med. expér., XII, 1900, p. 697). (6) AnLoixG, Apparition dans le sérum sanguin, sous l'influence de produits chi- miques, dune matière capable d’agglutiner le Bacille de la tuberculose vraie (C. R. de l'Acad. des sc., CXXVI, 1898). {7} OraeLra, Gazzella degli Osped., S septembre 1901. (8) RomBerG, Zur Serumdiagnose der Tuberkulose (Deutsche med. Wochenschr., 1901, nes 18 el 195). — Weitere Mittheilungen zur Serumdiagnose der Tuberkulose (Munch. med. Wochenschr., 1902, n° 3). (9) Kocu, Ueber die Agglutination der Tuberkelbacillen und über die Verwerthung dieser Agglutination (Deutsche med. Wochenschr.. ?2S novembre 1901, p. 829). 772 BACTÉRIACÉES. jours dans Ja glacière. L'agglutination se produit en quinze à vingt heures avec le sérum tuberculeux. Les résultats ne sont pas préférables à ceux que peut fournir le procédé Arloing-Courmont. En somme, dans cette question du séro-diagnostic de la tuberculose, il faut encore faire de grandes réserves. L'absence d'agglutination permet d'écarter le diagnostic de tuber- culose, mais encore pas d'une façon absolue (p. 771) ; une aggluti- nation bien positive peut être difficile à interpréter au point de vue clinique, en raison surtout des foyers latents ou cliniquement éteints qui peuvent être la cause de la réaction observée, puis de la possibilité de sa production dans certaines autres infections, pneumonie, infec- lions à streptocoques, fièvre typhoïde par exemple, dans certaines ictères également. 6° PRÉCIPITO-RÉACTION. ” Bonome (1) a cherché à appliquer la réaction de précipitation au diagnostic de la tuberculose. Il emploie comme substance précipitable une émulsion d'organes d'animaux ou d'hommes tuberculeux. Du foie, de la rate tuberculeux sont finement broyés avec du sable et émul- sionnés avec de l’eau glycérinée à 3 p. 100, en proportion de 3 à 4 4 centimètres cubes de bouillie pour 12 à 14 centimètres cubes d’eau glycérinée ; le mélange est souvent agilé pendant deux heures, puis le liquide est centrifugé et filtré sur papier. L'addition à une petite quantité de ce liquide très clair, 2 centi- mètres cubes par exemple, d’une goutte de sérum d'homme ou d’ani- maux tuberculeux, détermine en une douzaine d'heures la formation d'un précipité floconneux, indiquant la présence dans le sérum d'une précipiline tuberculeuse. Bonome prétendait même qu'on pouvait dis- ünguer le Bacille bovin du Bacille humain en employant un liquide de provenance correspondante. Cette réaction s'est montrée très sujelte à caution. D’après Stærk (2), on ne l'obtient pas chez les lupiques. Bezancçon et de Serbonnes (3) l'ont trouvée très irrégulière chez les tuberculeux, constante et très intense chez les typhiques et les pneumoniques : ils concluent qu'on ne doit lui attribuer aucune valeur. Vincent et Combes (4) utilisent comme précipitine le liquide céphalo- rachidien et la tuberculine comme substance précipitable. Une goutte de tuberculine est mélangée à 100 gouttes du liquide céphalo-rachi- dien de l'individu suspect : on met à l'étuve à 37. Le précipité doit apparaître entre dix et douze heures. La réaction s'est montrée positive chez les typhiques et les syphilitiques. Jousset (5) cherche à déceler la tuberculine dans le sang ou les (1) Boxowe, Praezipitin-Reaktion als diagnostisches Mittel der Tuberkulose und zur Dillerenzierung zwischen Menschen und Rindertuberkulose (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Originale, 1907, XLIII, p. 391). (2) Srœrk, Wiener klin. Wochenschr., 1908, XXI, p. 282 et 364; 1909, XXII, >. 808. (3) BezaNçow et DE SERBONNES, Journ. de physiol., décembre 1909 et janvier 1910. (4) Vixcenr et Comes, Soc. de Biol., 18 décembre 1909. (5) Jousser, Soc. de Biol., 11 novembre 1909. È | ] | BACILLUS TUBERCULOSIS. 713 humeurs avec du sérum précipitant de lapin, de chèvre ou d'âne ino- culés avec du Bacille humain. La précipitation est aussi irrégulière. 7° RÉACTION DE FIXATION DU COMPLÉMENT. Widal et Le Sourd (1) ont voulu appliquer la réaction de Bordet el Gengou au diagnostic de la tuberculose. En raison de la spécificité de la réaction, on pouvait beaucoup espérer des résultats. Les nombreuses recherches faites sont malheureusement contradictoires. Alors que Widalet Le Sourd, Camus et Pagniez (2), Armand Delille (3)obtiennent un pourcentage élevé de réaction positive chez les tuberculeux, Wassermann et Brüûcke (4), Lüdke (5), Cohn (6), Hanns (7), Bezancon el De Serbonnes (8) la trouvent très irrégulière, manquant chez des tuberculeux notoires, même chez des animaux expérimentalement tuber- culisés. Les renseignements cliniques que l’on peut en tirer doivent donc être regardés comme insuffisants et sujets à caution. Comme système hémolytique, on se sert de.sérum de lapin préparé aux globules rouges de mouton (p. 415), chauffé à 56° comme il a été dit, etadditionné de globules rouges de mouton. On prend une émulsion à 5 p. 100 de ces globules dans l’eau physiologique ; Bezancon et de Serbonnes disent qu'il est beaucoup plus sûr de prendre une petite quantité d'hématies non diluées. On doit se servir comme antigène d'une émulsion bien homogène obtenue avec une culture récente de Bacille Ltuberculeux sur pomme de terre. Il faut éviter de seservir de tuberculine, qui possède une action anti-hémolytique réelle et peut contrarier la réaction. Le sérum à examiner, supposé contenant une sensibilisatrice tubercu- leuse, est recueilli par piqûre du doigt ou tout autre procédé pouvant fournir au moins 1 centimètre cube de sang. Ce sérum est chauffé à56° pendant une demi-heure pour détruire son complément. Ilest néces- saire de vérifier au préalable, après le chauffage, son action sur les globules rouges qu’il hémolyse parfois seul, sans addition de complé- ment. De plus, d'après Bezançon et de Serbonnes, le sang doit toujours être pris avant le repas. Le sérum à complément est du sérum normal de cobaye (p. #16). Dans une série de petits tubes, cinq ou six par exemple, contenant chacun deux gouttes du sérum à étudier, on met pour chacun deux gouttes de lémulsion bacillaire et on ajoute deux gouttes du sérum normal de cobaye. On laisse à l’étuve à 37° pendant deux heures en (1) Wipaz et Le Sourp, Existence d'une sensibilisatrice dans le sérum des tubercu- leux (Soc. méd. des hôp., 5 juillet 1901). (2) Camus et PaGnrez, Soc. de Biol., 6 juillet 1901. (3) Anmaxn Deuiie, Déviation du complément à la tuberculine et cuti-réaction (Soc. de Biol., 1°7 mai 1909). (4) Wassermanx et Brucke, Experimentelle Studien über die Wirkung von Tuber- kelbacillenpräparate auf tuberkulüserkranken Organismus (Deu'sche med. Wochen- schr., 1906, p. 448). (5) Luok Beilr. sur klin der Tuberkulose, 1, 1907. (6) Conw, Ueber die durch Komplementbindung nachweisbaren Tuberkulose-anti- kürper im Blut von Phtisikern (Beitr. zur klin. der Tuberkulose, 1909). (7) Haxss, Réaction de fixation dans la tuberculose. Thèses de Nancy, 1909. (8) BEzaANÇox el DE SERBoNNES, Soc. de Biol., novembre 1909. 714 BACTÉRIACÉES. agitant de temps en temps. Puis on introduit dans chaque tube une petite quantité de globules rouges de mouton, une goutte d’une émulsion à 5 p. 100 dans la solution physiologique ou très peu du dépôt d'hé- maties non diluées. Si le sérum à examiner renferme un anticorps tuberculeux, une sensibilisatrice, lhémolyse ne se fait pas, le complé- ment du sérûm de cobaye s'étant fixé sur les Bacilles tuberculeux ; le liquide restera incolore les globules rouges se sédimenteront graduel- lement. Si, au contraire, ce sérum ne renferme pas de sensibilisatrice tuber- culeuse, le complément non fixé restera libre dans le mélange-et acli- vera le sérum hémolytique ; l'hémolyse se fera rapidement, les globules entreront en dissolution et teindront le liquide en rouge. En outre des défaillances signalées, la méthode, on le voit, est déli- cale à appliquer el comporte des manipulations quelque peu compliquées pour pouvoir DE dans la pratique courante. Marmorek (1) a imaginé une variante dans l'application de la réaction de Bordet el Fer au diagnostic de la tuberculose. D'après lui, le sérum et l'urine des tuberculeux renfermeraient la véritable toxine tuberculeuse et pourraient être pris comme antigènes. L'anticorpsserait son sérum antituberculeux simple préparé sans association de Streplo- coque. I mélange dans chaque tube 3 gouttes de sérum ou # gouttes d'urine de l'individu suspect, 6 gouttes de sérum antituberculeux el 1 goutte de sérum de cobaye normal, met une heure à l'étuve, puis ajoute le système hémolytique inactivé. L'hémolyse ne se produit pas s’il existe une sensibilisatrice tuberculeuse dans le sérum ou l'urine : elle s'observe dans le cas contraire. On peut faire à cette méthode les mêmes objections générales qu'aux précédentes : Bergeron (2) dit cependant ne lavoir trouvée en défaut chez les tuberculeux qu'en proportion de 4,22 p. 100. 8° RECHERCHE DE L'INDICE OPSONIQUE. Wright a proposé de déterminer l'indice opsonique du sang des sujets suspects de tuberculose ou tuberculeux et de le comparer avec celui des sujets sains. La technique à suivre est celle qui a été indiquée page 411et suivantes. D'après Wright, chezles tuberculeux l'indice opso- nique est-ordinairement inférieur à 0,3, alors que chez les individus sains il est compris entre 0,8 el 1,2. Chez un même sujet, les variations qu'il présente donnent d'assez bonnes indications sur l'état de défense de l'organisme et de résistance à linfection: un indice opsonique bas indique une résistance faible, tandis qu'un indice qui va en croissant dénote que la résistance augmente progressivement. La méthode est d’ailleurs d’un emploi délicat el d'une interprélation réellement difficile. D'après Milhit (3), des maladies aiguës autres que la luberculose font varier le pouvoir opsonique du sang à l'égard du Bacille de la tuberculose : la coqueluche, la rougeole, la varicelle, 1 1) Manmmonekx, Presse médicale, 6 janvier 1909. (2) BenGErON, Presse médicale, 1°" janvier 1910. (3) Miuurr, Les opsonines. Thèses de Paris, 1909. au À 2. LES BACILLES PSEUDO-TUBERCULEUX. 719 scarlatine l’abaissent : la fièvre tvphoïde l'élève; ce sont là des causes d'erreur importantes. 9 .CyTo-DIAGNOSTIC: D'après Widal et Ravaut (1, la formule eytologique peut donner d'excellentes indications sur la nalure de divers exsudats, liquides de pleurésie, de péricardite, de péritonite, sérosilé articulaire où d'hydro- cele, liquide céphalo-rachidien. Dans le cas de tuberculose, les lympho- cytessonttrèsabondants, alors que les polynucléaires font défautou ne se rencontrent qu’en très pelit nombre ; les polynucléaires sont au con- traire très abondants lorsqu'il n'y à pas infection tuberculeuse. Tou- tefois, comme le disent Netter el Gendron (2), la lymphocytose peut exister dans des états méningés qui n'ont rien de [uberculeux ; d'autre part, il existe des méningites luberculeuses avec polynucléose. La mé- thode n'est cependant pas assez sûre pour servir seule à un diagnostic précoce: elle doit être complétée par d'autres éléments. BACILLES PSEUDO-TUBERCULEUX OUÙU PARATUBERCULEUX. LEUR DIFFÉRENCIATION AVEC LE BACILLE DE. LA TUBERCULOSE. ! En exposant les méthodes spéciales de coloration du Bacrlle de la tuberculose et sa résistance à l’action des agents décolorants, parliculiè- rement aux acides, Koch, en 1884, faisaitremarquerque le fait n'était pas absolument spécial à cette espèce, mais que le Bacrlle de la lèpre présen- Lait aussi la même particularité. Un peu plus tard, Lustgarten. puis Alvarez et Tavel faisaient connaître le même fait pour le Bacille du smegm«. Des recherches ultérieures ont permis de reconnaitre toute une série d'espèces qui, commes celles qui viennent d'être citées, présentent, après coloration parles méthodes spéciales, le caractère de résister, à un degré variable toutefois, à l'action des agents de décoloration, sur- tout à celle des solutions acides employées comme telles. On les désigne sous les noms de Bacilles résistant aur acides, Saürefesten- bacillen, Bacilles acido-résistants ; ou encore sous les noms de Paralu- berculibacilles, Bacilles paraluberculeur. ou sous celui de PBacilles pseudo-tubereuleur, bien qu'ils puissent n'avoir aucun rapport avec les formes de pseudo-tuberculose qui seront étudiées plus loin. Severin (3) a cilé le premier un Bacille rencontré dans le crottin de cheval, qui présente cette particularité de coloration. (1) Wipaz et Ravaur, Recherches sur l'agglutination du Bacille de Koch et le cyto diagnostic (Gaz. des hôp., 1901, n° 94). (2) Nerrer et GEexpnox, Le diagnostic de la méningite tuberculeuse par la ponction lombaire (Soc. de pédiatrie, mai 1911). (3) Severin, Die im Miste vorkommenden Bakterien und deren physiologische Rolle bei der Zersetzung derselben (Centralbl. für Bakl., 2e Abth., F, 1895,,p. 97 et 60). 776 BACTÉRIACÉES. Ferran (1) dit en trouver dans les excréments de vache, de cheval el d'homme. A. Moeller (2) en étudie et décrit bien trois espèces. L'une se rencontre surtout dans les excréments de vache, même tout | à fait saines : c'est son Mistbacillus ; une autre s'isole facilement de la surface de certaines herbes, la Fléole surtout (Phleum pratense, Timotheegras), d'où ses noms de Grasbacillus 1, Timotheebacillus. Bacille de la Fléole ; une troisième, son Grasbacillus II, ou Bacille de l'herbe, se rencontre sur l'herbe ordinaire, dans la poussière des plantes ou de greniers à fourrage. Depuis ces recherches de Moeller, des Bacilles acido-résistants ont été signalés dans bien des cas, dont pas mal sont intéressants à con- naître en vue d'une confusion possible avec le Bacille de Koch. De nombreux observateurs en ont signalé dans le milieu extérieur, chez l'homme malade ou sain, chez des animaux. Petri(3), Lydia Rabinowitch (4), Korn (5), Maria Tobler (6) en ont rencontré assez fréquemment dans le beurre, en y recherchant le Bacille luberculeux; le même résultat a été obtenu par Binot (7), par Herbert (8), par Beck (9). Moeller en avait déjà trouvé dans le lait, provenant pro- bablement des poussières des fourrages ou des excréments des vaches: beaucoup en ont retrouvé depuis; le fait est important à connaître lors de la recherche du Bacille de la tuberculose dans le lait. Karlinski (10) en signale dans l’eau, la terre, le sable; Herr (11) dans la terre de champs cultivés; Spina (12), Houston dans les eaux d'égout. (1) FErRAN, Nouvelles découvertes sur le Bacille de la T. et la solution expérimen- tale du problème de la prophylaxie et de la guérison de cette maladie (C. R. de l'Acad. des sc., 31 mai 1898). (2) Moser, Ueber dem Tuberkelbacillus verwandte Mikroorganismen (Therapeut. Monatshefte, novembre 1898). — Ein Mikroorganisme welcher sich morphologisch und tinktoriel wie der Tuberkelbacillus verhält (Deutsche med. Wochenschr., 189$ n° 24, p. 376). — Eine neuer Saüre und alkoholfester Bacillus aus der Tuberkelbacil- lengruppe, welcher echte Verzweigungsformen bildet {(Centralbl. für Bakl., XXV, 1899, p. 369). — Die Beziehung der Tuberkelbacillus zu den anderen saürefesten Bak- terien und zu den Strahlenpilze (Zbid., XXX, 1901, p. 513). — Ueber saürefeste Bakte- rien (Deutsche med. Wochenschr., XX VIII, 26 juin et 3 juillet 1902). (3) Perri, Zum Nachweis der Tuberkelbaciilen in Butter und Milch (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, XIV, 1898, p. 1). (4) Lydia Rapinowircx, Zur Frage des Vorkommens von Tuberkelbacillen in der Marktbutter (Zeitschr. für Hygiene, XXVI, 1897, p. 90). (5) Koxx, Tuberkelbacillenbef unde in der Marktbutter (Arch. für Hygiene, XXXVI, 1899, p. 57). — Zur Kenntniss der Saürefestbacillen (Centralbl. für Bakt., XXV, 1899, p. 532, et XX VII, 1900, p. 480). (6) Maria Tower, Beitrag zur Frage der Vorkommens der Tuberkelbacillen und ande- ren sabrefesten Bacillen in der Marktbutter (Zeclschr.für Hygiene, XXX VE, 1901 p.120). (7) Bixor, in Borrez, Bacilles tuberculeux et paratuberculeux (Bull. de l'Inst. Pasteur, IT, 1904). (8) Hergerr, Untersuchungen über das Vorkommen von Tuberkelbacillen in der Marktbutter (Centralbl. für Bakt., XX VII, 1900, p. 390). (9) Beck, Zur Frage der säurefesten Bacillen (Tuberk. Arb. a. d. kaiserl. Gesund- heitsamt, 1905, ÏIT, p. 145). (10) Karuiwsxr, Zur Kenntniss der saürefesten Bakterien (Centralbl. für Bakt., XXXIX, 1901, p. 521). (11) Herr, Ein Beitrag zur Verbreitung der saürefesten Bacillen (Zeitschr. für Hygiene, XX VIII, 1901, p. 201). (12) Spixa, Allgem. Wiener med, Zeilschr., 1883, p. 169. BACILLES PSEUDO-TUBERCULEUX. 7 PAF Chez l'homme, Moeller (1) en a isolé le premier de crachats de bronchite. Pappenheim (2), Fraenkel (3) en signalent dans des cas de gangrène pulmonaire comme Bacilles du smegma, d'après un simple examen microscopique; ils ont du reste été rencontrés souvent depuis dans celte affection, entre autres par Lydia Rabinowitch (4), Folli (5), Ophüls (6), Mayer (7), Ohlmacher (8). Zupnik, Birt et Leishman (9) en trouvent dans les crachats tuberculeux; Lichtenstein (10) dans des crachats de bronchite avec hémoptysies, absolument inoffensifs pour les cobayes, au point de vue de la tuberculose; Bezancon, Griffon et Philibert (11) en signalent dans le sang el dans les exsudats pleu- rétiques; Rappin (12) dans l'urine de syphilitiques. Ginsberg (13) en reconnaît dans plusieurs affections oculaires simulant la tuberculose. Mironescu(14) en trouve dans les selles d'un typhiquenon tuberculeux ; Poscharyski (15) dans l'urine et les organes d'enfants morts d'autre chose que de tuberculose ; Stolz (16), Dittrich (17), Laser (18), Czaple- wski(19),dans des affections uro-génitales tout à fait indépendantes de la tuberculose. Chez l'homme sain, ils paraissent aussi très fréquents. Gott- stein (20), puis Bienstock (21) les signalent dans le cérumen. Kar- (1) Mozrer, Zur Verbreitungsweise der Tuberkelpilze (Zeitschr. für Hygiene, XXXII, 1899, p. 205). (2) Parpexaetm, Befund von Smegmabacillen in menschlichen Lungenauswurf (Berl. klin. Wochenschr., 1898, n° 37). (3) Frazwxer, Einige Bemerkungen über das Vorkommen von Smegmabacillen im Sputum (Berlin. klin. Wochenschr., 1898, n° 40). (4) Lydia RaBinowrren, Befund von saürefesten, Tuberkelbacillen ähnlichen Bakte- rien bei Lungengangrän (Deulsche med. Wochenschr., 1900, ne 16). . (5) Fozzr, Bacilli resistenti agli acidi nelle gangrene (Riforma medica, 27 août 1901). (6) Opnuzs, Acid-proof bacilli in five cases of pulmonary Gangrene (Journ. of med. Researche, VIII, 1902, n° 1, p. 242). (7) Mayer, Briefe aus Ostasien (Munch. med. Wochenschr., 1901, n° 44, p. 1775). (8) Onxcmacer, An atypical acid-and alcohol-proof fungus from the sputum of a case clinical ressembling pulmonary tuberculosis {Transact. of Fhe Chicago path. Soc., V, 1901, et Cleveland med. Journ., janvier 1902). (9) Birr et LeisHmaN, À new acid-fast streptothrix, pathogenic to man and animals (The Journ. of Hygiene, II, 1902, p. 120). (10) Licurensren, Deutsche med. Wochenschr., 27 mars 1902. (11) BEzaANÇON, Grirron et PuaizrBerr, Causes d'erreur dans le diagnostic du Bacille tuberculeux (Soc. de Biul., 7 février 1903). - (12) Rapri et HrEuror, Bacilles acido-résistants dans l’urine (Soc. de Biol., mai 1903). (13) GinsserG, Ueber der Tuberkulose ähnliche Augenerkrankungen mit saüreresis- tenten Bacillen (Centralbl. für Augenheilk., 1897, p. 131). (14) Miroxescu, Ueber der Vorkommen von Tuberkelähnlichen Bakterien im men- schlichen Fœces (Zeilschr. für Hygiène, 1901, XX VIT, p. 497). (15) Poscuaryskr, Zur Frage der Bakteriurie bei Kindern (An. in Centralbl. für Bakl., XXXII, Referate, 1902, p. 295). (16) Srozz, Ueber einen Bacillus mit Verzweigungen (Arch. für Hygiène, 1897, XXX, p 156). (17) Dirrricu, Saürefeste Bakterien in einer vereiterten Ovarialkyste (Bert. klin. Wochenschr., 1899, p. 189). (18) Laser, Ueber Reinkulturen Smegmabacillen (Munch. med. Wochenschr., 1897, n° 43). (19) Czaprewski, Zur Kenntniss der Smegmabacillen (Zbid., 1897, n° 43). (20) Gorrsrein, Die Beimflussung des Farbenverhaltens von Mikroorganismen durch- Fitte (Fortschrifle der Medizin, 1886, p. 252). (21) Brexsrocx, Zur Frage der sogenannten Syphilisbacillen und der Tuberkelba- cillen Farbung (Jbid., 1896, p. 193). 778 BACTÉRIACÉES. linski (1) en rencontre dansle mucus nasal, Marzinowski (2) et Beck (3) dans les ervptes amygdaliennes, Moeller dans le Lartre dentaire et l'en- duit Hingual. Chez les animaux, ils semblent être tout aussi communs que chez l'homme. Isdoivent abonder dansle contenu intestinal; Séverin, Moeller,. Cappaldi les ont trouvés dans les excréments (p. 776). Strasburger (#) les rencontre dans l'intestin du bœuf: Cowie (5) sur le pis des vaches: Preicz (6 dans le mucus nasal du bœuf. Moëeller (7)en a trouvé un type, voisin des Bacilles du beurre, dans un cas de pseudo-tuberculose de la vache. Olzchanetzky (8) en a isolé un d'un abcès du foie chez un rat d'égout, Stefansky (9) un autre dans une sorte de pseudo-lèpre des rats. C'est là, on le voit, une répartition extrêmement étendue, qui doit certainement atlirer l'attention et justifie les nombreux travaux faits sur la question (10,. Cet exposé sommaire montre que dans bien des cas la confusion avec le Bacille de Koch est possible; elle est à craindre, en effet, si lon se borne à la seule constatation des réactions de coloration dans des condi- tions insuffisantes, d'autant plus que les différences de formes sont peu considérables et que d’ailleurs, sous ce rapport, le Bacille tuberculeux peut présenter des variations assez grandes (p. 686). Il devient alors nécessaire de serrer l'examen de plus près, de rechercher d’autres caractères distinelüfs el d’abord de connaître mieux ces Pactlles pseudo- luberculeux. Leur morphologie ne présente rien de particulier. D'une façon géné- rale, on peut les grouper suivant deux Lypes. L'un de ces types, qui est celui du Timotheebacillus et du Mistbacillus, a des bätonnets assez grêles, légèrement courbés, rappelant plutôt les formes les plus habituelles du Bacille tuberculeux. L'autre type, qui est celui du Grasbacrllus IT ou Bacille de l'herbe et aussi des Bacilles du lait et du beurre,a des éléments (1, Karixski, Zur Kenntniss der saürefesten Bakterien (Centralbl. fur Bakt., XXIX, 1901, p-. 521). (2; Marzixowski, Ueber einige in den krypten der Gemmenmandeln gefundene Bacillenarten (/bid., XX VIII, 1900, p. 39). (3) Beck, Zur Frage der saürefesten Bacillen (T'uberkulose Arbeilen a. d. kaiserl. Gesundhéitsamle. 1905, II, p. 145). ï) SrraseurGer, Ueber den Nachweis von Tuberkelbacillen in den Fäces (Wänch. med. Wochenschr., 1900, p. 533). (5) Cowre, Journ. of exper. Med., 1900, V, p. 205 (6) Preicz, cité par PerniG, Ergeb. der allg., 1900. (7) Moser, Ueber die Beziehungen der Tuberkelbacillen zu den andern saurefesten akterien und zum Strahlenpilze (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., XXX, 1901, p. 513). (S) Orrzcnaxerzky, Ueber ein neue alkohol und saürefestes Stäbchen (Centralbl. fur Bakt., XXXII, Originale, 1902, p. 16). (9) Srerawsky, Eine Lepraahnliche Enkrankung der Haut und der Lymphdrusen bei Wanderratten (Centralbl. für Bakt., 1 Abth.. Orig., 1903, XXXIIT, p. 481). (10) Voy. en outre les Revues générales suivantes : Kaysen, Beitrage zur Dilferen- tialdiagnose zwischen den echten Tuberkelbacillen und den beiden Saürefesten Bacil- len Grasbacillus Timothee-Gürbersdorf und Butterbacillus Rabinowitch. Thèse de Rostock. 1902. — Porer, Études sur les Bactéries dites acidophiles. Thèse de Lyon, 1902. — KavsenuixG, Die Pseudotuberkelbacillen (Zeitschr. fur Tuberkulose, HI, 1902, p. 21. — Bornrez, Bacilles tuberculeux et paratuberculeux (Bull. de l'Inst. Pas- leur, I, 190%, p. 409). — Sremorouro, Les Bacilles tuberculeux et autres Bacilles acido et alcoolo-résistants: leurs rapports réciproques (/nst. bacteriol. de Moscou, 1908). — Parnisentr, Les Pseudobacilles acido-rtsistants. Thèse de Paris, 1908. ‘2 mi tre ne. ”" LC ee a { BACILLES PSEUDO-TUBERCULEUX, 719 plus épais et plus longs. Dans les deux types, on constate une lendance plus grande que chez le Bacille lubereuleux à donner des filaments dans cerlaines cultures. Dans les vieilles cultures, sur gélose spécialement, on trouve des formes très courtes, presque en coccus, beaucoup d'élé- ments, ramifiés en Ÿ, disposés en massues, ce qui peut se voir aussi chez le Bacille tuberculeux et rappelle souvent le Bacille de la diphtérie. Abbott et Gildersleeve (1) ont vu le T'imotheebacillus et le Grasba- cillus 11 donner, dans le rein du lapin, des amas radiés semblables aux granulalions d'Aclinomuyces, ce que peut aussi produire le Bacille luberculeux dans certaines conditions (p. 6S%). Au point de vue coloralion, on trouve, parmi ces espèces, de très grandes différences. Il en est qui se décolorent bien plus facilement que le Bacille luberculeur, ne résistant pas quelques instants à l'action des solutions acides employées. D’autres résistent, au contraire, beau- coup à la décoloration: le Bacille (trouvé par Karlinski dans le mucus nasal résiste pendant dix minutes el plus à l’action de l'acide azotique au liers lorsqu'il provient de jeunes cultures, landis que ne er de vieilles cultures se décolore très vite. Le Bacille isolé par L. Rabinowitch dans un cas de gangrène pulmonaire résisie aussi au moins aulant que le Pacille de La tuberculose à la décoloration. Pour apprécier d'une manière exacte le degré de résistance à la déco- loration, l’acido-résislance particulièrement. el en faire un caractère réellement différentiel, il est nécessaire d'employer une méthode conve- nable. Celle qui est à conseiller est la méthode de Ziehl modifiée par Philibert, telle qu'elle a été exposée p. 692. Les Bacilles acido-résistants faibles, c'est-à-dire la plupart des acido-résistants connus, se décoloren toujours et sûrement, alors que le Bacille de Koch reste Loujours coloré. L'application graduée de la décoloration permet de distinguer, parmi ces espèces, des variantes notables dans la résistance. Il est des espèces qui sont énergiquement acido-résistantes el alcoolo- résistantes, tout comme le Bacille de Koch: la résistance est chez elles un caractère fondamental, spécifique, se transmettant héréditairement, existant chez l'espèce quelle que soit Ia composition du milieu où elle vit. Ce sont ces espèces que Beck appelle Bacilles luberculoïdes. Il est par contre d'autres espèces acido-résislantes où ce caractère n'est pas fondamental, mais acquis à la suite de l'action de certaines conditions spéciales du milieu, ne se transmet pas héréditatrement quand ces conditions font défaut. Ce sont elles que Bezançon et Philibert (2) dénomment Pacilles pseudo-acido-résistants. Dans le premier groupe, des Bacilles acido-résistants vrais, se rangent la plupart des Bacilles du beurre et du lait, le Bacille de Petri, les Bacilles de Korn l'etIl, les Bacilles de Tobler I à V, le Bacille de Binot, le Bacille de Beck, le Bacille de Grasberger, le Bacille de Moeller. Puis le Bacille de la fléole, le Grasbacillus IE, le Misthacillus de Moeller. En outre, le Bacille trouvé par Moeller dans la sérosité d'un vésicatoire, le Bacille (1) Agporr et Girogrsreeve, Onthe Actinomyces-like development of some of the acid resisting bacilli (Centratbl. fur Bakt.. XXXI, Originale, 1902, p. 547). (2) Bezaxçox êt Puiriserr, Relations entre le Bacille de Koch et les Bacilles acido- résistants (Congrès de la luberculose, Paris, 1905, 1, p. 148). — Pnirigerr, loc. cit., p. 692). 780 BACTÉRIACÉES, trouvé par L. Rabinowitch dans un cas de gangrène pulmonaire, le Bacille de Mironescu, le Bacille trouvé par Beck sur l’amygdale d’une femme tuberculeuse. À côté, on doit ranger ie Bacille de la lèpre, le Bacille de la verruga, le Bacille trouvé par Ginsberg dans l'œil malade, le Bacille trouvé par Oltzchanetzky chez le rat d'égout, le Bacille trouvé par Stefansky dans une pseudo-lèpre des rats, et, à un degré de résis- tance moindre cependant, le Bacille du mucus nasal de Karlinski. Leur différenciation d'avec le Bacille de Koch est par là plus difficile, incomplète. Mais 1l faut remarquer qu'on ne les rencontre que bien rarement chez l'homme, puisqu'il n'existe que ces trois ou quatre cas uniques, lèpre et verruga mises à part, le cas de Beck qui a rencontré son Baciile sur l’amygdale d’une femme tuberculeuse, le cas de L. Rabi- nowitch qui a trouvé le sien dans un cas de gangrène pulmonaire, le cas de Moeller qui a trouvé le sien dans la sérosité d'un vésicatoire, le cas de Mironescu qui a trouvé le sien dans les fèces d'un typhique. Encore, le Bacille de Beck paraît être plutôt un Bacille luberculeux d’une race alténuée, puisqu'il tue le cobaye en huit ou dix semaines avec des tubercules dans le poumon et une rate très grosse, et le Bacille de Mironescu est très probablement un Bacille du lait, au régime duquel était soumis son malade. Reste donc à distinguer le Bacille de L. Rabinowitch, qui végète en vingt-qualire heures sur les milieux ordinaires et, inoculé au cobaye, ne donne qu'un abcès local, pas de généralisation; puis le Bacille de Moeller qui n’est pas pathogène pour le cobaye. La distinction se simplifie considérablement et devient facile à faire par ces autres caractères. Dans le second groupe, des Bacilles faiblement acido-résistants, ou Bacilles pseudo-résislants, se rangent un nombre assez élevé d'espèces chez lesquelles la propriété d’acido-résistance n'est pas fondamentale, spécifique, constante, mais liée aux conditions de vie dans des milieux spéciaux, où se trouvent le plus souvent des matières grasses, des matières sébacées, de la cholestérine, de la lécithine. On en trouve de nombreux types chez l'homme, dans le smegma, le sébum, les comédons, le cérumen ; dans la gangrène pulmonaire, les crachats de bronchite et de dilatation bronchique; dans certaines suppurations spéciales, celles de l'oreille, celle d’un kyste de l'ovaire ; dans des liquides séro-fibrineux d'épanchements divers; dans le sang, dans les cadavres. Ce qui montre bien qu'ici l’acido-résistance est une propriété acquise, transitoire, c'est qu'elle disparaît dans les cultures de ces espèces sur des milieux habituels, sans graisses. De plus, on peut la faire apparaître chez des espèces ordinaires bien connues, en les cultivanten présence de certaines substances. Bienstock et Gotltstein ont déterminé un degré assez marqué d'acido-résistance au Bacille du charbon, au Colibacille, au Bacillus subtilis, en les faisant vivre dans des milieux additionnés de beurre ou de lanoline; Philibert a obtenu des résultats bien positifs dans les mêmes condilions avec le Bacille diphlérique. Toutefois, aucun ds ces Bacilles n'est devenu alcoolo-résistant. a distinction de ces Bacilles faiblement acido-résistants avec le B cils de Koch a une très grande importance au point de vue clinique en raison surtout de leur présence facile dans l'urine, souvent souillée par du smegma, dans les crachats, dans les épanchements de pleurésie, d'ascite, etc. BACILLE DU SMEGM A. 781 On les distingue aisément en employant la décoloration rigoureuse par l'acide nitrique au tiers d'abord, puis par l'alcool fort, indiquée p.692. Ces Bacilles acido-résistants sont toujours décolorés par l'acide nitrique au tiers après deux minutes au plus, tandis que le Bacille de Koch reste toujours coloré ; ces mêmes Bacilles sont décolorés en quelques minutes par l'alcool fort, alors que le Bacille de Koch résiste pendant plus d'une heure. En plus des réactions de coloralion, on peut utiliser, pour distinguer les Bacilles pseudo-tuberculeux du Bacille de Koch, d’autres propriétés. La mise en cultures donne des caractères différentiels importants. Les Bacilles pseudo- luberculeux poussent à la température ordinaire, lentement de 12° à 200, assez bien à 20° el au mieux à 37°. Vers 18° à 20° on peut déjà constater, après vingt-quatre heures, la présence de colonies bien visibles, lorsqu'on se sert de cultures entrainées; celles qui pro- viennent de produits naturels mettent un peu plus de temps à apparaitre. En tout cas, sur tous les milieux les colonies apparaissent à de plus basses températures el toujours bien UE tôt que celles du Bacille de Koch. Ces divers Bacilles and ue late croissent très bien en concur- rence avec d’autres Bactéries, lorsqu'on ensemence un produit complexe, ce qui ne s'observe pas avec le Bacille de Koch. On peut se servir de ces particularités de végétation dans les cas où l'on à un doute. Le produit examiné, crachats, mucus ou autre, esl mélangé à un peu de bouillon stérilisé et placé quelque temps à 300. Si, après quelques heures, il y a augmentation notable de Bacilles ne se décolorant pas aux acides, on est en droit de penser qu'on n’est pas en présence de Bacille tuberculeux vrai, quine se développerait pas dans ces conditions, puisqu'il ne végète guère qu'après quarante-huit heures el dans des milieux spéciaux, renfermant cerlaines substances albumi- noïdes. C’est déjà un bon moyen de différencialion. Les caractères des cultures sur les différents milieux offrent aussi de très bons éléments de différenciation. Tous ces Bacilles sont pathogènes pour le cobaye. Mais au lieu d'occasionner chez lui des lésions de généralisation comme le fait le Bacille de Koch, ils ne déterminent que des lésions locales et de voisi- nage immédiat, comme dans leur inoculation dans la peau ou le péri- Loine, jamais, ou d'une façon tout à fait exceptionnelle, la formation de lésions noduleuses à distance. Il est un certain nombre de ces espèces qui sont plus importantes à connaître, soit en raison de leur répartition très étendue, soit en raison de leur rencontre dans des conditions qui doivent particulièrement attirer l'attention. Leurs principaux caractères vont être exposés. BACILLE DU SMEGMA. Lustgarten (1) annonçait, en 1884, la découverte, dans les sécrétions et tissus syphilitiques, d'un Bacille spécial, se distinguant surtout par sa situation dans l'intérieur des cellules migratrices et la façon dont 1l se comportait envers les matières colorantes. (1) LusraarTen, Die Syphilishbacillen. Wien, 1885. % 12 BACTÉRIACÉES. Le procédé de coloration qu'il indique est assez particulier; il est, du reste, connu sous le nom de méthode de Luslgarten. Les lamelles, préparées avec les sécrétions ou les coupes de tissus malades, sont soumises, de douze à vingt-quatre heures, à l’action d'un bain colorant d'eau anilinée additionnée de violet de gentiane, que lon porte ensuite: à l'étuve à 400 pendant deux heures. On lave les lamelles à l'eau distillée et les coupes à l'alcool: puis on les plonge pendant dix secondes dans une solution de permanganale de potasse à 1 p. 100. Il se forme tout autour un précipité floconneux, brunâtre, d'oxyde de manganèse. Les préparalions sont ensuile passées dans une solution aqueuse con- centrée d'acide sulfureux, qui doit être fraichement préparée en faisant agir de l'acide sulfurique sur la tournure de cuivre, et conservée dans de petits flacons bien bouchés el qu'on ouvre successivement pour l'usage. On lave à l'eau distillée, puis on repasse dans le permanganate de potasse et l'acide sulfureux, et ainsi de suite, trois, quatre et six fois, jusqu'à décoloration complète. Les préparations sont alors lavées, déshydratées par l'alcool, éclaircies par l'essence de cèdre et montées dans le baume. On colore de cette facon des Bacilles qui sont hbres ou plus souvent renfermés dans les cellules, soit isolés, soit par groupes de deux à huit. Ils mesurent de 3 à 7 de long sur 0,2 y à 0,3% de large; ils sont souvent courbés, parfois même en S; ils présentent fréquemment des vacuoles ovoïdes, que Lustgarten regarde sans preuves comme des spores, ou sont moniliformes comme parfois les Bacilles tuberculeux. Alvarez et Tavel (1) ont rencontré dans un grand nombre de sécré- tions normales et dans quelques sécrétions pathologiques non syphili- üiques, en particulier dans le snmegma prépulial, un Bacille identique par sa forme et ses réactions colorantes au Bacille de Lustgarten. Ils le rencontrentd'une façon presque constante dansle sillon balano-préputial, au niveau de l'anus, dans la région génitale. Ils concluent que le Bacille de Lustgarten est un saprophyle normal du smegma. Il a été nommé Bacille “du smeym«. Les différents procédés de coloration employés pour le Bacille de la TR RLE RE surtout la méthode de Ziehl Nielsen, leur ont donné de bons résullats et colorent aussi le Zacille du smegma qui présente une résistance moindre à la décoloration que le Bacille de la tuberculose, se décolore par les acides en moins de deux minutes el rapidement par l'alcool. La distinction est en outre facile, parce qu'on en obtient facilement des cultures dans les conditions habituelles. Laser (2) a le premier obtenu des cultures en prenant de la semence sur des plaques muqueuses syphilitiques. Il recommande comme meil- leur milieu la gélose à la surface de laquelle on a étalé un peu de sang humain recueilli aseptiquement. Il s’y forme de très petites colonies à la surface. Ces cultures ne donnent rien sur gélatine, presque rien sur gélose ordinaire et sur bouillon. Sur sérum et sur gélose glycérinée, on a de petites colonies transparentes, ressemblant à des gouttes de (1) Acvanez et Tavez, Recherches sur le Bacille de Lustgarten (Arch. de physiol., 1485, p. 303). À (2) Laser, Ueber Reinkulturen der Smegmabacillen (Munch. med. Wochenschr., 1897; /p.1191): BACILLE DU SMEGMA. 783 rosée. Le microbe pousse sur pomme de terre, mais sans former de colonie visible. La gélose et la gélatine glucosée permettent aussi un petit développement. Czaplewski (1), en partant de pus blennorragique, a pu cultiver ce mème microbe sur le milieu recommandé par Wassermann pour le Gonocoque (Nutroseserum agar, p.524). Il y forme de petites colonies arrondies qu'il est facile de reporter sur d'autres milieux. Sur sérum peplonisé coagqulé, on obtient, en deux Jours, des colonies gris jaunàtre qui peuvent confluer en une bande assez épaisse. Fig. 270. — Bacille du smegma. Coloration par la méthode d'Ehrlich. Sur gélose glycérinée, en deux jours il s'est formé une colonie assez épaisse, grisâlre, souvent sèche. Sur gélatine, ledéveloppement est lent à cause de la basse température à employer ; ilse fait une mince culture transparente. Le bourllon se trouble : on voit de petites écailles à la surface. Sur pomme de lerre, il se fait une culture grisâätre, abondante, brillante. Dans le art, le développement se fait très bien, sans déterminer de coagulation. Neufeld (2) a observé des cultures semblables en partant du smegma. Les Bacilles des cullures sont immobiles et présentent toujours la résistance à la décoloralion par les acides. La forme et les dimensions sont très variables (3). Dans les cultures (1, Czapzewskr, Zur Kenntniss der Smegmabacillen (Munch. med. Wochenschr., 1897, p. 1192). (2) Neurezn, Beitrag zur Kenntniss der Smegmabacillen (Arch. für Hygiene. XXXIX, 1900, p. 184). (3) Morrrer, Der Smegmabacillus (Centratbl. für Bakl.,: NXXI, Originale, 1902, D270): 784 BACTÉRIACÉES. Jeunes, les bâtonnels sont minces et grêles, parfois légèrement courbés, comme ceux de Laser; dans les vieilles cultures, ils sont plus épais et parfois, dans le lait surtout, on trouve des éléments renflés, monili- formes, même parfois ramifiés, rappelant le Bacille diphtérique ou Ê Bacille pseudo-diphtérique. Le Bacille du smegma parait n'avoir aucune propriété patho- gène. Il semble être très répandu chez l'homme. On l’a signalé en outre dans la bouche, les crachats, dans l'urine, sur la peau, dans des sécré- lions très diverses, où peut-être il a été confondu avec d’autres Bacilles pseudo-luberculeux. I est surtout fréquent dans l'urine ; d’après Grünbaum (1) on le rencontre rarement dans l'urine de l’homme, mais très souvent (59 p. 100) dans l'urine de la femme recueillie après mic- üon naturelle. On en trouve même parfois dans les urines recueillies après cathétérisme. C'est bien probablement le Bacille du smegma que Moeller (2) a trouvé dans la sérosité d'un vésicatoire et dans le sébum de l'ombilie. Ces faits sont importants à connaître pour la recherche du Bacille de la tuberculose. La distinction se fait aisément en usant d’une facon rigoureuse de la méthode de coloration indiquée page 692 ; le Bacille du smegma est constamment décoloré. BACILLE DE LA FLÉOLE, TIMOTHEEBACILLUS DE MOELLER. Moeller (3) dit qu'on le trouve surtout sur la fléole des prés Timotheegras, Phleum pratense, flouve odorante)el sur quelques autres herbes, jamais sur la plupart. Pour l'obtenir, il met des fragments de l'herbe dans de l’eau stérilisée qu'il place à l'étuve à 37°. De huit à quinze jours, en faisant des frottis avec des morceaux d'herbe, et colorant les préparations à la méthode de Ziehl-Nielsen, on constate la présence de Bacilles acido-résistants. En ensemencçant des plaques de gélose glycérinée avec de ces mêmes fragments, on obtient bientôt des colonies de Bacilles acido-résistants qu'on peut réensemencer. Dans les frottis, on trouve des bâtonnets de 1 à #4 y de long sur 0,2 y à 5 y de large, droits ou souvent courbés, isolés ou réunis en fila- ments segmentés ou en amas, quelquefois renflés à une extrémité, même ramifiés. La forme change un peu dans les cultures ; plus trapus sur le sérum, les éléments sont plus déliés dans le lait. Vus sans colo- ration, les Bacilles sont immobiles. Il reste coloré par la méthode de Gram. Comme le Bacille de Koch, il résiste bien à la décoloration par les acides et l'alcool fort. C'est là aussi, pour lui un caractère spécifique et toujours héréditaire. Le développement se fait bien à 37°; les colonies apparaissent (1) Gruxsaum, Zur Frage der Züchtung der Smegmabacillen (Munch. med. Wochen- schr., 1897, n° 45, p. 1254). (2) Moerrer, Ein neues saur und alkoholfester Bacillus aus den Tuberkelbacillen gruppe (Centralbl. für Bakt.,1 Abth., XXV, 1899, p. 369). (3) Mozzzer, Ueber dem Tuberkelbacillen verwandte Mikroorganismen ( Wiener med. Wochenschr., 1898, n° 50). BACILLE DE MOELLER. 783 déjà après trente-six heures; mal à la température de la chambre. Gélose glycérinée. — En strie, à 37°, les colonies sont visibles en trente- six à quarante-huit heures; elles augmentent assez vite et confluent. En huit jours, on a une culture sèche plissée, assez épaisse, d'abord blanche, puis grise ou jaunâtre, parfois orangée. Gélose-ascile. — Les caractères sont les mêmes, mais la coloration est plutôt rosée ou chamois, comme certaines cullures de Baaille tuberculeux. Gélatine. — Le développement est très lent et maigre; en sept à huit jours, on a une petite culture jaune rougeâtre. La gélatine n'est pas liquéfiée. Sérum coagulé. — La culture est assez maigre et reste plutôt blanchâtre. Pomme de terre glycérinée. — La culture se fait bien à 37°. Elle devient assez épaisse, plissée, jaune rougeâlre ou saumonée ; sur le liquide en excédent, se continue un voile plissé de même aspect. Bouillon glycériné. — I se fait un voile épais, plissé, Jaune d'or. Lait. — On a un voile jaune ou un anneau jaunâtre ; le liquide prend souvent une leinte légèrement rosée. Il ne se coagule jamais. La plupart des observateurs disent qu'ils n'ont jamais pu constater d’indo! dans les cultures; pour certains, on en rencontrerait quelque fois. D'après Moeller, si l’on vient à traiter les cultures sèches par l'acide sulfurique, on obtient une coloration bleue. Ce Bacille semble nettement pathogène pour le cobaye, mais Faction est encore à bien étudier. En inoculation sous-cutanée, il peut occasionner la mort, mais sans lésions apparentes; on retrouve des Bacilles dans le sang ; d’autres fois on n obtient rien. En inoculation intrapéritonéale, on produit d'ordinaire une péritonile hyperplasique à fausses membranes ; on peut trouver sur le sérum des granulations avec cellules géantes et Bacilles, pouvant devenir caséeuses. Schultze (1) et Lubarsch (2), en injectant des cultures dans le rein du lapin, ont vu se développer des amas rayonnés, avec filaments ramifiés el massues, d'aspect actinomycosique, comme cela s'observe avec le Bacille de Koch par injection dans le cerveau ou le rein. Dans les méninges du chien, Armand Delille (3) a obtenu une forma- tion plastique avec formation de petits nodules ne montrant ni cellules géantes ni Bacilles. La réaction serait due, pour lui, aux matières grasses ou cireuses des corps bacillaires. D'après Cantacuzène (4), les animaux inoculés réagiraient à la tuber- culine et à la paratuberculine spéciale. Celle paratuberculine pourrait déterminer une hyperthermie de 2°,5 chez le cobaye tuberculeux. Les (1) Scauzrze, Untersuchungen über die Strahlenpilzformen der Tuberkuloserregers (Zeilschr.für Hygiène, XXXI, 1899, p. 153). (2) Lusarscu, Zur Kenntniss der Strahlenpilzen (/bid., p. 187). (3) ArmanD Deurre, De la réaction plastique dans les méninges aux Bacilles pseudo- tuberculenx (Soc. de Biol., 12 juillet 1902), (4) CaxracuzÈxe, Recherches sur l'infection expérimentale par les Bacilles paratu- berculeux (Bacille de Timothée) (Congrès de la tuberculose, Paris, 1905, [, p. 158). Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 50 786 BACTÉRIACÉES. corps bacillaires dégraissés sont nettement toxiques et ont un pouvoir caséifiant analogue à celui que l’on observe chez le Bacille de Koch. On n'a jamais rencontré ce Bacille chez l’homme ou chez les animaux. BACILLE DE L'HERBE, GRASBACILLUS II DE MOELLER. Ce Bacille se trouve dans la poussière sèche des herbes, dans celle des greniers à fourrages. Moeller (1) l’a obtenu en ensemençant de la poussière de foin sur plaques de gélatine. Les bâtonnets ont de 1 à 5 v de long, sur 0,2 à 0,4 w de large. Ils sont souvent légèrement courbés et se présentent fréquemment accolés en Y. Dans les cultures sur milieux solides, on trouve facilement des formes ramifiées ou des éléments renflés en massue. Les cultures dans le lait montrent des formes de coccothrix. Dans les jeunes cultures, on trouverail facilement des bâtonnets nettement mobiles. Les caractères de coloralion sont les mêmes que pour le Bacille de la fléole (Grasbacillus I de Moeller). Les cultures sont faciles à oblenir et se développent surtout bien à 37°, moins vite vers 20°. Gélose glycérinée. — Le développement est très abondant à 37°. En deux jours, on trouve de petites colonies en forme de gouttelettes d’eau, qui fusionnent et donnent un revêlement jaunâtre. Dans l’eau de condensation qui reste toujours limpide, se forment des grumeaux d’un blanc jaunâtre qui se sédimentent à un moment donné. Gélatine. — En quatre à cinq jours, vers 20°, on a une culture assez abondante, blanc grisätre ou un peu jaunâtre. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sérum coagulé. — La culture, blanc grisâtre, reste assez maigre. Pomme de terre glycérinée. — À 37°, la culture est rapide et abondante; c'est un épais revêtement blanchâtre, humide ; dans le liquide en excédent, il se forme un voile blanc, épais, plissé. Bouillon glycériné. — Y se forme un voile grisâätre ou un peu jaunâtre, qui se fragmente facilement. Le liquide reste clairetne possède aucune odeur. Lait. — Le développement y est très rapide; la réaction devient assez vile acide. Il se forme une pellicule fragile à la surface ; le liquide prend une teinte brunâtre et ne se coagule pas. L'inoculation intrapéritonéale tue le cobaye au bout de quatre à six semaines; avec des cultures dans le lait, le délai n’est que de dix à vingt jours. Les résultats obtenus sont très semblables à ceux de l'espèce précédente; il paraît cependant moins virulent. Freymuth (2) dit avoir obtenu avec lui une véritable maladie à tubercules chez les animaux à sang froid ; chez les grenouilles, crapauds, lézards, on observerait des (1) Morrer, Ein neuer Saüre-und alkoholfester Bacillus aus der Tuberkelbacillen- gruppe welcher echte Verzweigungsformen bildet (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., XXV, 1899, p. 369). (2) Freyuuru, Ueber das verhalten der Grasbacillus II im Kaltblüterorganismen (Centralbl. für Bakt., XXI1IX, 1901, p. 530). PT. BACILLE DU BEURRE DE PETRI. 787 lésions très semblables à celles qu'y produisent le Bacille aviaire et le Bacille pisciaire. BACILLE DU FUMIER, MISTBACILLUS DE MOELLER. Moeller l'a trouvé en faisant des préparations microscopiques de fumier. Il est commun dans les excréments de vaches, chevaux, porcs, et surtout de mulets ; peu abondant dans les excréments frais, 1l se trouve en grande quantité dans ceux que l’on a laissé séjourner une huitaine de jours à 37° en présence d’eau stérilisée pour éviter la dessic- cation. Les bâtonnets, qui paraissent être toujours immobiles, ont de 1 à 4y de long sur 0,2 à 0,4 w de large, isolés, réunis en amas ou accolés à angle obtus, parfois renflés en massue à une extrémité. Lubarseh et Mayer (1) disent avoir observé des bâtonnets ramifiés. La résistance de ces Bacilles à la décoloration par les acides et par l'alcool est très grande, plus forte peut-être même que celle du Bacille de Koch. Moeller l’a obtenu en culture en ensemençant des parcelles de fumier sur des plaques de gélose glycérinée maintenues à 37°. En deux ou trois jours sont apparues de petites colonies d’abord grisälres, puis jaunâtres et ombiliquées au centre. Ce Bacille pousse sur tous les milieux; son optimum de développement est vers 37° ; au-dessous de 20°, sa croissance est lente. Gélose glycérinée. — On obtient une culture abondante, jaune-orange ou jaune d’or, humide et grasse, se plissant avec l’àge. Sérum coagulé. — La culture jaunâtre est assez peu abondante. Gélatine. — 1] s'y forme une petite culture grisätre, ou parfois rien. La gélatine n’est pas liquéfiée. Avec addition de glycérine, la culture est plus abondante. Pomme de terre glycérinée. — En trois ou quatre jours, on obtient de petites colonies blanchâtres qui deviennent jaunâtres. La culture n'est pas abondante. Sur le liquide en excédent, il se forme un mince voile. Bouillon. — En deux jours à 37°, le liquide se trouble. Il se forme graduellement un dépôt jaune, pas de voile. Lait. — On a à la surface une pellicule crémeuse blanche ou un anneau jaune. Le liquide ne se coagule pas, mais prend une réaction acide après quatre ou cinq jours. Les effets obtenus sur le cobaye sont très semblables à ceux que l’on observe avec les deux espèces précédentes. BACILLE DU BEURRE DE PETRI. Petri (2) l'a rencontré en cherchant le Bacille de Koch dans le beurre. Il inoculait environ 5 centimètres cubes de beurre, liquéfié à l’étuve à 37°, dans le péritoine de cobayes. Les animaux succombent en huit à (1) Mayer, Zur histologischen Differentialdiagnose der saürefesten Bakterien aus der Tuberkulosegruppe (Virchou’s Archiv, CLX, 1900, p. 324). (2) Perm, Zum Nachweis der Tuberkelbacillen in Butter und Milch (Arb. aus d. Kaiserl. Gesundheitsamte, XIV, 1898, p. 1). ; 788 BACTÉRIACÉES.. quinze jours en présentant des lésions assez spéciales : il existe des nodules blanchâtres sur la séreuse; la surface des organes abdominaux est recouverte d’un exsudat plus ou moins abondant, d'aspect pseudo- membraneux; les ganglions mésentériques sont tuméfiés et parfois caséifiés; on trouve de petites granulations grises dans les poumons. : Dans les fausses membranes, les nodules, les ganglions, les granulations, l'examen microscopique montre la présence de nombreux Bacilles acido- résistants que l’on peut obtenir en cultures, en ensemençant des parties de ces lésions. Petri a rencontré ce Bacille dans 52,9 p. 100 des beurres de Berlin et dans 6,3 p. 100 des laits; 32 p. 100 des échantillons de ces beurres, 14 p. 100 de ceux de ces laits renfermaient du Bacille de Koch. Les éléments ressemblent, comme forme, aspect, disposition, au Bacille de Koch ou au Bacille pseudo-diphtérique: on en trouve souvent qui sont allongés ou ramifiés. Ils se colorent comme le Bacille de Koch. Souvent cependant, avec la double coloration au bleu, on en trouve qui sont colorés en bleu, ou qui n’ont que certaines parties qui ont conservé le rouge. Ce Bacille se développe bien à 37°, lentement à la température ordi- naire. Gélose glycérinée. — La culture est humide, blanchâtre ou jaunâtre, passant même au jaune-orange. Elle est déjà bien développée en quarante-huit heures. Avec l’âge, elle se plisse plus ou moins fortement. Gélatine. — La croissance est très lente, la culture reste minime. La gélatine n’est pas liquéfiée. Pomme de terre glycérinée. — La culture est abondante, blanche ou grisâtre, humide. Le liquide en excédent est trouble avec un léger voile. Bouillon. — En vingt-quatre heures à 37°, on a un voile blanc épais qui se plisse plus tard. Le liquide est clair, n’a pas d'odeur ou dégage une odeur ammoniacale. On y trouve un peu d’indol. Lait. — Le liquide brunit, devient plus ou moins transparent, montre à la surface un anneau et des fragments jaunâtres. D'après Petri, l'inoculation au cobaye des lésions obtenues comme précédemment ne détermine rien. L’inoculation intrapéritonéale de cultures pures ne détermine quelque chose qu'avec une très grande quantité de produit. Si l’on inocule en même temps du produit de cul- tures et du beurre stérilisé, on reproduit alors les effets signalés pré- cédemment en usant du beurre commercial; les lésions produites sont en tout semblables. Le Bacille du beurre de L. Rabinowitch, isolé de beurres de Berlin où il a été rencontré en proportion de 33 p. 100, et de Philadelphie (26 p. 100) sans que le Bacille de Koch ait été trouvé une seule fois, est très semblable au Bacille de Petri et doit être identifié avec lui. Korn a isolé des beurres de Fribourg deux types de Bacilles acido- résistants. Le Bacille 1 de Korn est moins acido-résistant que le Bacille de Koch. Il pousse sur les milieux ordinaires, bien à 37°, lentement à la tempé- rature ordinaire. Il forme un peu d’indol. On obtient les mêmes lésions que précédemment en inoculant, avec le microbe, du beurre stérilisé; sans cette addition, il ne se produit rien ou une toute pelite suppuration locale. mt . BACILLES DU BEURRE, 789 Ce Bacille est très voisin du Bacille de Petri. Le Bacille II de Korn paraît être un type bien distinct. Il n’a été ren- contré qu'une fois, dans les conditions habituelles. Il végète bien à 37°, pas à la température ordinaire. Les cultures sont jaunes, ou jaune saumoné, rose sale. Son inoculation ne cause rien chez le cobaye etla souris: chez le lapin, l’inoculation donne un abcès au point choisi et dans divers organes des lésions très semblables aux lésions tuberculeuses vraies. Le Bacille que Coggi (1) a trouvé dans les beurres de Milan est très semblable au Baciile de Petri. Maria Tobler a isolé des beurres de Zurich cinq types de Bacilles acido-résistants dont certains rappellent le Bacille de Petri, d’autres le Grasbacillus II de Moeller. On les désigne sous les numéros de I à V. Le Bacille I de Tobler a été obtenu en inoculant sous la peau d'un cobaye 5 centimètres cubes de beurre liquéfié à 37°. Il s’est formé un abcès local qui guérit. Dans le pus de l’abcès, se trouvait un Bacille acido-résistant qui se cultiva facilement. Ce Bacille pousse en deux ou trois Jours sur gélose à 37°, et forme, après quelque temps, une culture jaune ou orangée; il ne donne presque rien sur la gélatine qu'il ne liquéfie pas. Il produit un peu d’indol dans le bouillon. Il est pathogène pour le cobaye et le lapin, où il se comporte comme le Grasbacillus IT. Le Bacille 11 de Tobler à été obtenu en inoculant dans le péritoine d'un cobaye 2? centimètres cubes de beurre liquéfié à 37°. L'animal ayant élé sacrifié après soixante-trois jours, on trouva des dépôts pseudo- membraneux sur la séreuse péritonéale et les ganglions mésentériques grossis, à centre ramolli. Dans les fausses membranes et les ganglions se trouvait un Bacille acido-résistant qu'il fut facile de cultiver. Il donne sur gélose une culture blanchâtre ou un peu brunâtre; sur gélatine, une culture très minime; dans le boutllon, il produit un peu d'indol. Ilest pathogène pour le cobaye et la souris; ses effets rappellent ceux du Bacille de Petri. Le Bacille III de Tobler a été isolé à la suite d’une inoculation de 3 centimètres cubes du dépôt d’un beurre maintenu liquéfié à 37°. L'animal, sacrifié après cinquante et un jours, montrait de grosses granulations dans le péritoine et des granulations miliaires grises dans le foie et la rate. Dans ces lésions, il y avait un Bacille assez faiblement acido-résistant qui s'oblint facilement en cultures. Surgélose à 37°, la culture prend après quelques jours une teinte rouge- minium ou Jaune orangé. Sur gélatine, à la température ordinaire, la culture est peu abondante, jaune foncé, ne liquéfiant pas le milieu. En inoculant du produit de cultures dans le péritoine de cobayes, avec un peu de beurre stérilisé, on obtient la formation d'exsudats abondants et de granulations jaunâtres. Le Bacille IV de Tobler a élé obtenu en injectant dans le péritoine d'un cobaye 3 centimètres cubes du dépôt d'un beurre maintenu liquéfié à 37°. Il s’est formé de gros tubercules, à centre ramolli, dans la cavité (1) CoGcr, Sulla presenza di Bacilli tuberkulare mel beurro dimercate di Milano (Giorn. d. r. Sociela ilal, d'Igiene, juillet 1899, p. 289). ê- ; ; , | 790 BACTÉRIACÉES. périlonéale. Ils renfermaient un Bacille acido-résistant qui a aisément culuivé. : Les cullures sont très semblables à celles du Bacille IT; celles sur gélose ont une teinte rosée. L'action pathogène esl également très voisine. Le Bacille V de Tobler fut isolé en injectant sous la peau d’un cobaye 2 cenlimèlres cubes du dépôt d'un beurre maintenu liquéfié à 37°. Il se forma un abcès local dont le pus contenait le Bacille acido-résistant. Son acido-résistance est faible et disparait mème facilement. Il donne des cultures rosées, qui ressemblent à celles du Bacille IF. Son action pathogène ressemble à celles des espèces précédentes. Le Bacille du beurre de Binot (1) a été isolé d'un beurre de Paris. Imoculé dans le péritoine de cobaye, il v a déterminé des lésions granu- leuses et quelques granulalions dans le poumon et le rein. Ces lésions renfermaient un Bacille acido-résistant qui s'est cultivé facilement sur milieux glycérinés. Les cultures se font bien à la température ordinaire, même à 37°. Sur gélose glycérinée, il donne une culture d'abord blanche, puis jauve-paille, enfin orangée à surface verruqueuse ou ridée Sur gélatine, il forme une strie blanc grisâtre, crémeuse, et ne liquéfie pas. Sur pomme de lerre glycérinée, on à une culture abondante, jaune- paille, puis orangée Dans le bouillon glycériné, se forme un voile gras, épais, visqueux, devenant orange; le liquide reste clair. Ce Bacille est pathogène pour le cobaye et la souris blanche : en ino- culation périlonéale, il peut causer la mort en une quinzaine de jours, avec des tubercules miliaires dans le foie et la rate. Ii semble voisin du Bacille de Pelri. Le Bacille du lait de Moeller (Milchbacillus) a élé isolé du lait de Belzig, près Berlin, en suivant la technique précédente. On obünt un Bacille acido- résistant à caractères rappelant certains des Lypes déjà connus. Sur gélose glycérinée, la culture, d'abord blanche, passe au jaune, puis à l’orangé avec l’âge. Sur gélatine, laculture estabondane: blanchâtre, plissée, ne liquéfiant pas. Sur pomme de terre glycérinée, la culture, blanche au début, passe au jaune, parfois presque rouge. Le Bacille est pathogène pour le cobaye en inoculation sous-culanée el intrapéritonéale. On obtient des lésions semblables aux précédentes. On voit que tous ces types bacillaires du beurre et du lait présentent entre eux de grandes ressemblances el ne sont pas éloignés non plus des lypes qui ont été rencontrés dans lesexcréments d'animaux qui sont peut-être leur véritable milieu d'origine. Parmiles Bacillesacido-résistantsrencontrés chez l'homme ou l'animal, sains ou malades, il en est quelques-uns qui sont particulièrement (1) Bixor, Loc. cil., p. 776. BACILLE DU MUCUS NASAL DE KARLINSKI. 791 intéressants à connaître. C’est surtout le Bacille trouvé par L. Rabi- nowitch dans un cas de gangrène pulmonaire, le Bacille trouvé dans le mucus nasal par Karlinski, le Bacille de la pseudo-tuberculose de la vache de Moeller, le Bacille de la pseudo-tuberculose de l'homme de Flexner, le Bacille de la verruga. BACILLE DE LA GANGRÈNE PULMONAIRE DE L. RABINOWITCH. L. Rabinowitch (loc. cil., p. 777) a isolé un Bacille acido-résistant spécial des crachats et du pus d’un homme atteint de gangrène pulmo- naire. Des cultures furent obtenues par ensemencement sur milieux ordinaires. Les Bacilles des crachats ou des cultures sont assez semblables d'aspect aux Bacilles de Koch; une des extrémités est souvent renflée ; les vieilles cultures montrent de longs articles filamenteux. Traités par la méthode de Ziehl-Nielsen, ils résistent aussi bien à la décoloration que les Bacilles de Koch. Les cultures s’obliennent facilement. Sur gélose glycérinée à 37° de vingl-quatre à quarante-huit heures, il se forme de petites colonies grisätres, brillantes, qui confluent en une culture blanche, crémeuse, devenant plus tard sèche et jaune-orange. Sur gélatine à la température ordinaire, le développement est moins abondant; la culture est grisätre, sèche, puis passe au jaune orange. Le milieu n'est pas liquéfié. Sur pomme de terre glycérinée, la culture est abondante, blanc crémeuse, puis devient jaunâtre. Dans le bouillon, il se fait un voile blanchâtre, plissé: le liquide reste clair. Dans le lait, on a une pellicule jaunâtre ; pas de coagulation. L'inoculation sous-cutanée ou intrapéritonéale au cobaye de produit de culture seul ne détermine rien; en inoculant en même temps du beurre stérilisé, on obtient les mêmes lésions qu'avec le Bacille de Petri dont ce type est très voisin. BACILLE DU MUCUS NASAL DE KARLINSKI. Karlinski (p. 778) l’a lrouvé dans le mucus nasal de personnes saines ou atteintes de coryza el d’un individu atteint de gomme du nez. Les frotlis, colorés au Ziehl-Nielsen, montrent de nombreux bâtonnets acido-résistants, plus épais et plus courts que le Bacille de Koch. En epsemençant du mucus, on en obtient facilement des colonies. Le développement se fait au mieux à 37°, mais aussi, plus lentement, à la température ordinaire. Sur, gélose glycérinée, la culture est humide, jaune grisâtre, puis devenant plus sombre. Elle dégage une odeur “He e, “agréable. En ajoutant un peu de beurre au milieu, la culture est plus abondante, jaune orangé. Sur gélatine, la culture est sèche, jaunâtre; le milieu n'est pas liquéfié. Sur pomme de lerre, on a une culture assez mince, grise. 792 BACTÉRIACÉES. S À Dans le lait, il se forme une petite pellicule jaune à la surface : pas de coagulation. Le Bacille n’est pas pathogène pour le lapin ni pour la souris. L'ino- culation intrapéritonéale au cobaye produit des granulations dans le péritoine et quelquefois dans le rein. BACILLE DE LA PSEUDO-TUBERCULOSE BOVINE DE MOELLER. Moeller (1) l'a isolé de nodules tuberculeux de bœufs et de porcs. L'ensemencement du contenu nodulaire, fait sur gélose, lui a donné des colonies en quarante-huit heures. Le développement se fait très vite à 37°, en vingt-quatre heures les colonies sont déjà visibles; à la tempé- rature de la chambre, il se fait encore bien, mais plus lentement. Sur gélose glycérinée, la culture est abondante, crémeuse, parfois très plissée; elle est d’un jaune brillant, quelquefois rougeûtre. Sur gélatine, la culture est abondante, plissée, mate, non colorée. Sur pomme de terre glycérinée, la colonie, assez épaisse, reste grisâtre et plutôt sèche: il ne se fait pas de voile sur le liquide en excédent. Dans le bouillon, il se forme un voile léger blanc grisâtre ; le liquide est trouble. Dans le lait, une pellicule jaunâtre à la surface ; pas de coagulation. L'inoculation sous-cutanée au cobaye donne un abcès local. La mort survient en huit ou dix jours, sans autres lésions. L'inoculation intra- péritonéale tue l'animal dans un laps de temps analogue : on trouve la séreuse congestionnée et présentant de pelits amas blancs ou jaunâtres contenant de nombreux Bacilles. BACILLE DE LA PSEUDO-TUBERCULOSE HUMAINE DE FLEXNER. Flexner (2) a rencontré des microorganismes acido-résistants, à forme de Streplothrix, dans des lésions tuberculeuses d'un nègre. Les éléments trouvés, après coloration par la méthode de Gabbet, étaient plutôt filamenteux, ramifiés latéralement, à extrémités renflées en mas- sues; pas de formes bacillaires. Il n’a pas pu obtenir de cultures. À rapprocher plutôt des formes d'Ac/inomyces qui offrent souvent une acido-résistance plus ou moins marquée. Marco del Pont (3) signale un cas de pseudo-luberculose humaine due à un Bacille qui paraît voisin du Bacille 1 de Tobler ou du Timothee- bacillus. BACILLE DE LA VERRUGA PERUANA. Izquierdo (4) a trouvé des Bacilles acido-résistants dans les verrues (1) Moezcer, Rapport au Congrès de Londres, 1901. (2) Fzexxer, Pseudotuberculosis hominis streptothrica (Journ., of exper. Med., I, 1898). (3) Marco nez Poxr, Loc. cil., p. 749. (4)1zquiern0, Spaltpilze bei der Verruga peruana (Virchow's Archiv, 1885, p. 411). BACILLE DE LA VERRUGA PERUANA. 793 spéciales de cette affection, endémique au Pérou et au Chili, libres dans le tissu ou inclus dans des leucocytes mononucléaires. Les bâtonnels sont un peu plus gros que ceux du Bacille de Koch : on trouve aussi des filaments de 20 y environ. D'autres observateurs, en particulier Letulle (1), Nicolle (2), Galli- Valerio (3), ont confirmé ces observations ; d'autres ont été moins affirmatifs (4). Il n'a pas été possible jusqu'ici d'obtenir de cultures. Si, entre ces différentes espèces, que l'on réunit sous le nom de Bacilles pseudo-luberculeux, et le Bacille luberculeux vrai 1l existe des différences importantes, on leur trouve, d'un autre côté, de sérieuses res- semblances et de nombreux points de contact. C’est d'abord les mêmes réactions colorantes, des particularités semblables dans la morphologie, certaines similitudes d'aspect des cultures. C’est aussi la propriété que manifestent tous ces Bacilles pseudo-tuberculeux d'être agglutinés, au même litre que le Bacille de Koch, par le sérum des animaux immu- nisés à l’aide de cultures de ce dernier ; inversement, le sérum d'animaux immunisés à l'égard de plusieurs de ces espèces pseudo-tuberculeuses est manifestementagglutinant pourleBacille de la tuberculose humaine, celui de la tuberculose bovine, celui de la tuberculose aviaire et celui de la tuberculose pisciaire (5). Enfin, la plupart de ces Bacilles pseudo- luberculeux occasionnent chez les animaux, mais dans des conditions déterminées seulement, des modifications pathologiques qui peuvent être considérées, d’une facon générale, comme similaires aux lésions tuber- culeuses vraies : la grande différence réside uniquement dans l'absence de production d'infection, ce qui peut n'être qu'une différence de degré. el dans la terminaison, qui se fait par suppuration, el non par nécrose. En somme, tous ces Bacilles pseudo-luberculeux, de même que le Bacille de la lèpre, comme on le verra plus loin, forment avecle Bacille luberculeux un groupe naturel, où se trouvent des liens de parenté manifestes. On trouve entre les différents termes des passages évidents. Les diffé- rences constatées peuvent être dues à l'adaptation à des conditions de milieu spéciales. Certaines de ces formes proviennent peut-être d'un Bacille tuberculeux ayant perdu sa virulence, comme des expériences l'ont déjà montré (p. 703); ou bien, le Bacille luberculeux lui-même pourrait être issu de ces formes, à vie saprophytique au début, comme l'a déjà soutenu Ferran (6), dès 1887, ayant acquis, par la suite, les (1) Leruzze, Histologie pathologique de la verrue péruvienne (Soc. de Biol., 16 juil- let 1898). (2) Nicoze, Note sur la bactériologie de la verruga du Pérou (Ann. de l'Inst. Pas- teur, 1898, p. 591). (3) Gazui-VArErIO, Observations microscopiques sur la verruga peruana ou maladie de Carrion (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Originale, LVIII, 1911, p. 228). (4) Escomer, Anatomie pathologique du verrucome de Carrion (Ann. de dermatolo- gie, novembre 1902). — U. Brrri et CanBayaz, Sobre un caso de Enfermetad de Carrion. (La Cronica medica. Lima, 1904, p. 285). (5! Kocu, Ueber die Agglutination der Tuberkelbacillen und über die Verwertung dieser Agglutination (Deutsche med. Wochenschr., 1901, n° 48). (6) FERRaN, Études sur le saprophytisme des Bacilles tuberculogènes et sur la vaccination antituberculeuse (Congrès de la luberculose, Paris, 1905:. 794 BACTÉRIACÉES. particularités infectantes qui lui sont spéciales. Ilest très difficile d’être affirmatif sur ce point. PSEUDO-TUBERCULOSES. On sait que le tubercule, en tant que lésion anatomique, n'est pas l'expression de l'infection de l'organisme par le Bacille de la tuberculose, mais simplement l'expression d'une réaction de l'organisme contre cer- taines irritations. Il existe, en effet, des affections à tubercules qui ne sont nullement sous la dépendance du microbe précité; ce sontelles que l'on désigne sous le nom très général de pseudo-luberculoses. Ces pseudo-tuberculoses peuvent être dues à des organismes très divers. La plupart sont des parasites; certains sont des Bactéries rondes ou en bâtonnets, causes des pseudo-luberculoses microbiennes ; d'autres, des Champignons inférieurs, de véritables Moisissures, causes des pseudo-tuberculoses mycosiques ou aspergillaires ; d'autres des œufs ou larves d'Helminthes, occasionnant les pseudo-tuberculoses vermi- neuses. Enfin des corps inertes même, irritant les issus, peuvent déter- miner aussi de la pseudo-luberculose, provoquant autour d'eux la for- mation d'un véritable tubercule résultant des processus de défense de l'organisme par les cellules actives. Les pseudo-tuberculoses des deux dernières catégories se distinguent expérimentalement de la tuberculose vraie en ce qu'elles ne sont jamais inoculables en série. Il n'en est pas de même des autres, des pseudo- tuberculoses microbiennes surtout, qui peuvent très bien présenter ce caractère importanL. Pseudo tuberculoses microbiennes. Malassez et Vignal (1) ont décrit en 1883, sous le nom de /uberculose zoogléique, une maladie qu'ils avaient déterminée chez des lapins et des cobayes, par l'inoculation d'unnodule tuberculeux sous-cutanéde l’avant- bras d’un enfant mort de méningite tuberculeuse, dans la matière duquel ils n'avaient pas rencontré le Bacille de la tuberculose. Is obte- naient une véritable tuberculose généralisée amenant la mort de ces animaux au bout de six à dix jours. La maladie se reproduisait identique par inoculation en nouvelle série. Les lésions obtenues étaient des granu- lations à apparence de tubercules, au centre desquelles se trouvaient des masses irrégulières, vitreuses ou caséeuses. Ces amas, de grosseur variable, atteignant jusqu'à 6 y de diamètre, étaient constitués par des .Zooglées de Micrococcus sphériques ou légèrement ovales, mesurant en moyenne de 0,5 à 0,6 y, disposés souvent par deux ou en longs chapelets onduleux et réunis entre eux par une gangue de gelée transparente. Les auteurs cilés ont oblenu des cultures de ces Microcoques sur sérum sanguin, et déterminé, par inoculation de ces cultures à des cobayes et à des lapins, des résultats identiques aux premiers. Mais, à la troisième génération, ils retrouvaient toujours dans les granulations le Bacille luberculeux. Vs en ont conclu que les produits qui avaient servi aux (1) Mavassez et Vicxai, Sur le microorganisme de la T. zoogléique ‘Arch. de physiol., 1883 el 1884). PSEUDO-TUBERCULOSES MICROBIENNES. 795 expériences des débuts contenaient quelques Bacilles tuberculeux dont l'évolution est beaucoup plus lente que celle du Microcoque; le sujet avaitété en butte à deux infections bien distinctes. Les coccus se colorent très bien au traitement par la solution de bleu de méthylène dans l’eau anilinée, suivie de décoloration par le carbonate de soude et l'alcool (p. 384). Nocard (1) a donné la description d’une tuberculose zoogléique du poumon chez les poules. La maladie sévissait sur tout un poulailler. Les poumons des animaux malades étaient farcis de petites tumeurs d'apparence tuberculeuse, de la grosseur d’un grain de millet à un pois, de consistance ferme et dense. L'examen bactériologique y décela de nombreuses Zooglées semblables à celles décrites par Malassez et Vignal. Ce même observateur (2) a obtenu le développement d’une tuberculose zoogléique en inoculant à des cobayes du produit de jetage d'une vache suspecte de tuberculose ; l'inoculation au pigeon donne ici des résultats posilifs. Eberth (3) a observé deux cas de tuberculose à WMicrococcus chez le cobaye. La pseudo-luberculose du lapin (4), qu'il a décrite, rappelle en ous points l'affection déterminée par Malassez et Vignal, mais les Bac- léries sont de courts bâtonnets. Il en est de même de la pseudo-luber- culose des rongeurs observée par Pfeiffer (5) chez des cobayes auxquelsil avait inoculé des productions tuberculiformes prélevées sur un cheval suspect de morve. Chantemesse (6) a obtenu une maladie expérimentale identique à celle de Malassez et Vignal, en introduisant dans le péritoine de cobayes, avec loutes les précautions antiseptiques voulues, des fragments d'ouate sur laquelle avaient filtré environ 100 litres d’air d'une salle d'hôpital renfermant un grand nombre de phlüisiques. Les lésions décrites par ce dernier expérimentateur ressemblent à celles obtenues par les premiers cités. C'est surtout la cavité abdomi- nale qui est envahie. Les ganglions du mésentère montrent à leur sur- face de petites bosselures jaunes; les plus grosses de ces granulations ont le centre formé d'une masse opaque de pus épais. La rate et le foie sont criblés de petits nodules ressemblant à des granulations tubereu- leuses. L'intestin n'a rien; les poumons présentent des granulations semblables à celles du foie, mais moins nombreuses. Ces lésions ont, à l'œil el au microscope, l'aspect d'altérations tuberculeuses. En les colo- rant par le procédé de Malassez et Vignal, ou à l’aide de la solution alcaline de bleu de méthylène de Poeitlers leur centre se montre formé de peliles masses de Microcoques semblables à ceux décrits par les pre- miers auteurs. Charrin et Roger (7) ont rencontré une autre pseudo-luberculose sur un cobaye mort spontanément : le foie et la rate étaient remplis de gra- nulations miliaires tout à fail analogues à celles de la tuberculose. Par (1) NocanD, Recueil de méd. vélér., mai 1885. (2) Nocarp, T. zoogléique d’origine bovine (Soc. de Biol., 9 mars 1889). (3) Eserrx, Zwei Mycosen des Meerschweinchen (Virchow's Arch., C, 1885, p. 23). (5) Escrra, Pseudo-T. des Kaninchens (Fortschr. der Med., 1885, p. 179). (5: Prerrrer, Ueber die bacilläre Pseudotuberkulose bei Nagethieren. Leipzig, 18S9. (6) CHaxremEsse, La T. zoogléique (Ann. de l’Inst. Pasteur, I, 1887, n° 3, p. 97:. (7) CHarri et RoGer, Sur une pseudo-T. bacillaire (C. R. de l’Acad. des se., CVI, | 1888, p. 868). 796 BACTÉRIACÉES. ensemencement dans dela gélatine ordinaire, ilse développa des colonies; rien au contraire n’apparut dans de la gélatine glycérinée. Les colonies obtenues étaient de petite taille, blanchâtres, ne liquéfiant pas la gelée. Le microbe se développe facilement aussi sur la pomme de terre, sur la gélose et dans le bouillon. Les cultures sur gélatine contiennent un petit Bacille mobile, n'attei- gnant pas 1 & de long. Il s'allonge un peu dans le bouillon et atteint jusqu'à 2 4 et 2,5 y sur pomme de terre. Dans les bouillons additionnés d antiseptique, on observe de longs filaments. Les cultures inoculées aux animaux reproduisent la maladie primi- live. La maladie est très nettement inoculable en série. Dor (1) a décrit une pseudo-tuberculose probablement identique à la précédente. Courmonl a rencontré, dans des tubercules pleuraux d’une vache qui paraissait atteinte de tuberculose ordinaire, une Bactérie différente du Bacille tuberculeux de Koch, reproduisant, par inoculation au cobaye, des tubercules en tout semblables à ceux de la tuberculose proprement dite (2) Le sang el les produits tuberculeux lui donnèrent très aisément des cultures pures de ce Bacille. Par contre, l'étude microscopique, avec les méthodes de coloration habituelles, ne décela la présence d'aucun Bacille de Koch. Ce microbe végète très bien sur tous les milieux ordinaires, glycé- rinés ou non. On en obtient encore de très belles cultures à + 460. Le bouillon se trouble en vingt-quatre heures, puis laisse déposer en vieillissant un sédiment blanc jaunâtre. La gélatine n’est pas hquéfiée ; la culture forme à la surface une mince tache, irisée, à bords réguliers, et se prolonge dans la piqüre où l'on observe de petites colonies sphériques. Sur pomme de terre, il se développe une couche crémeuse couleur café. Les cultures récentes tuent rapidement les cobayes el ne déterminent pas de tubercules; mais, lorsqu'elles sont vieilles de dix-neuf jours envi- ron, elles rendent les cobayes tuberculeux en cinq jours. Les jeunes tubercules réinoculés à d'autres cobayes, en séries, repro- duisent la maladie. Les animaux meurent dans un laps de temps qui varie de cinq à douze jours. Le microbe en question a toujours été retrouvé dans les tubercules et dans le sang du cœur, à l'exclusion de celui de Koch. Dans les bouillons, ce microbe a la forme d'un bâtonnet courtet large, deux fois plus long que large, à extrémités arrondies. Les bâtonnels sont très mobiles et ne se disposent jamais en chainettes. Surles milieux solides, les dimensions sont un peu moindres. Tous les réactifs colorants donnent facilement des résultats ; la déco- loration du microbe se fait très vite. Les méthodes employées pour le 3acille de la tuberculose ne peuvent pas servir. Ce sont là des carac- tères qui rappellent bien ceux du C a Pour Grancher et Ledoux-Lebard (3), Loutes ces pseudo-tuberculoses (1) Don, Pseudo-T. bacillaire (C. R. de l'Acad. des sc., CVI, 1888, p. 1027). (2) L. Couruonr, Sur une T. microbienne et particulière du bœuf (C. R. de la Soc. de Biol., 16 mars 1889). (3) Grancher et Lenoux-Lesarv, Recherches sur la T. zoogléique (Arch. de méd , expér., I, 1889, p. 603). Et : Deuxième mémoire (/bid., I, 1890, p. 589). L- Pré PSEUDO-TUBERCULOSES MICROBIENNEE®,. 797 doivent être rapportées à la tuberculose zoogléique de Malassez et Vignal. C'est encore la même affection que ces expérimentateurs ont rencon- trée chez un cobaye mort quatre ou cinq Jours après avoir reçu une injection d’eau stérilisée ayant filtré sur de la terre à la surface de laquelle avait été répandu du produit de cultures sur gélose glycérinée du Bacille de Koch. Des ensemencements sur gélose glycérinée faits avec le foie ou la rate de cobayes malades donnèrent très facilement des cultures. Zagari (1) a observé cette pseudo-tuberculose évoluant naturellement chez le cobaye. Parietti (2) l'a obtenue en inoculant du lait à des cobayes. Du Cazal et Vaillard (3) ont très probablement observé cette même affection chez l'homme. Le sujet présentait à l’autopsie, sur presque toute l'étendue de la séreuse péritonéale et dans le pancréas, une éruption de petits nodules spéciaux, d'aspect caséiforme, contenant des Bacilles courts se décolorant par la méthode de Gram, liquéfiant la gélatine, pathogènes pour le lapin et la souris, inoffensifs chez le cobaye, même à doses élevées. L'injection intraveineuse d’un cen- timètre cube d’une culture récente dans le bouillon tue le lapin en deux jours, avec des accidents septicémiques; à dose moindre, un demi-centimètre cube, il se produit, au contraire, une infection à marche chronique, caractérisée par l'apparition, en divers points du corps, de petits nodules caséiformes semblables à ceux observés sur le malade. Legrain (4) a aussi obtenu une pseudo-luberculose bacillaire chez le lapin par inoculation de crachats de phtisiques. Le microbe observé élait également un court Bacille se décolorant par la méthode de Gram, liquéfiant la gélatine, tuant les lapins par septicémie lorsqu'il était inoculé à fortes doses, déterminant, au contraire, une véritable pseudo- tuberculose à doses minimes. Preicz (3) regarde la plupart de ces pseudo-tuberculoses comme identiques et produites par une même espèce microbienne; il propose de leur appliquer la dénomination de pseudo-luberculose des rongeurs, déjà adoptée par Pfeiffer et Kutscher (6). Le Bacille obtenu par Du Cazal et Vaillard, puis revu par Legrain, est probablement différent de cette première espèce; il s’en distingue surtout en ce qu'il liquéfie la gélatine et n’est pas pathogène pour le cobaye. Le Bacille décrit par J. Courmont en 1889 est peut-être aussi une autre espèce, tandis que celui décrit par J. Courmont et Nicolas (7), provenant d'une vache supposée tuberculeuse, lui parait bien identique à la première. (1) ZaGarr, Sulle cosi della tuberculosa zoogleica (Centralbl. für Bakt., VIII, 1890, p. 208). (2) Parrerri, Eine Form von Pseudo-Tuberkulose (Centralbl. für Bakl., VIII, 1890, p. 577). (3) Du Cazaz et Vairraro, Sur une maladie parasitaire de l'homme (Ann. de l’Inst. Pasteur, V, 1891, p. 353). (4) LeGRaix, Bull. med., 1891, p. 1019. (5) Prercz, Recherches comparatives sur les pseudo-T. bacillaires (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 231). (6) Kurscuer, Zeilschr. für Hygiene, XVIIT, 1894, p. 327. (7) J. Courmoxr et Nicocas, Sur une T. strepto-bacillaire d’origine bovine (Arch. de parasitol., 1, 1898, p. 123). 798 BACTÉRIACÉES. C'est toujours la même espèce qui a été rencontrée chez le lapin par Lucet (1). Le même Bacille a encore été signalé par Charrin et Gouget (2) chez le lapin, où il présentait une curieuse localisation à l'appendice, déterminant une appendicite pseudo-tuberculeuse (3). Il a été retrouvé chez l'homme par P. Courmont et Tixier (4) dans un cas d’artbrite hémorragique du coude. C'est également la même espèce que Sabra- zès 5) a rencontrée chez le rat d'égout. C'est encore cette même espèce que Galavielle (6) a rencontrée dans un cas de pseudo-tuberculose du chat. Nous allons donner les principaux caractères de cette première espèce, qu'on peut dénommer Bacille de la pseudo-tuberculose zoogléique. BACILLE DE LA PSEUDO-TUBERCULOSE ZOOGLÉIQUE. Morphologie. — Les Bacilles des jeunes cultures dans le bouillon sont des bätonnets de 1 w à 2 w de long, à extrémités arrondies, isolés et nettement mobiles, ou, au contraire, en chaînettes et alors plus courts et immobiles. Cette disposition en chaïnettes leur a fait appliquer le nom de Sfreplobacilles par Dor. Les éléments des cultures âgées ont une longueur moindre etsont souvent ovalaires. Ils prennent facilement les matières colorantes et se décolorent par la méthode de Gram: ils se décolorent complètement par la méthode d'Ehrlich. Les Bacilles des coupes des nodosités se colorent très difficilement. Cultures. — Le bouillon est fortement troublé en dix-huit heures ; il se forme des flocons blanchâtres sur les parois et au fond du vase. Au bout de quelques jours, tout se sédimente et le liquide s'éclaircit. Il ne donne jamais la réaction de l'indol. Sur gélatine, le microbe pousse à la température ordinaire; il ne liquéfie jamais ce milieu. En piqüre, il donne une culture blanchâtre, en clou, à tige peu développée. En sfrie, il se forme une trainée blan- châtre, peu épaisse. Sur gélose en strie, on oblientune large bande, d’un blancsale, luisante, pas visqueuse. L'addition de glycérine donne des cultures plus abon- dantes. Les vieilles cultures dégagent une odeur assez forte, désagréable. Sur sérum coagulé, la culture est semblable à celle sur gélose, mais moins abondante. } Sur pomme de lerre, elle est blanc jaunâtre. Inoculation expérimentale. — L'inoculation sous-culanée ou intra- (1) Lucer, Sur un nouveau cas de T. strepto-bacillaire chez le lapin (Arch. de parasilol., 1, 1898, p. 100, et II, 1899, p. 127). (2) CHarrix, Une appendicite de l'animal (Soc. de Biol., 27 février et 13 mars 1897). — Goucer, Pseudo-T.; localisation élective sur l'appendice (Jbid., 3 avril 1897). (3) Josué, Appendicites expérimentales par infection sanguine (Soc. de Biol., 13 mars 1897). (4) P. Counmoxr et Tixier, T. strepto-bacillaire (Soc. des sc. méd. de Lyon, 1er dé- cembre 1897), — P. Counmoxr, Sur une forme nouvelle de T. strepto-bacillaire d'ori- gine humaine (Arch. de méd. expér., janvier 1898). (5) Sasrazës, Pseudo-T. strepto-bacillaire du surmulot (Ann. de l'Inst. Pasteur, XVI, 1902, p. 97). (6) Gazavieze, Un cas de Pseudo-T. chez les félidés (Congrès de méd. de Mont- pellier, 1898). — In., Un cas de T. d’origine féline (Soc. de Biol., 13 mai 1898, p. 492. BACILLE DE LA PSEUDO-TUBERCULOSE ZOOGLÉIQUE. 799 péritonéale tue le cobaye en cinq à six jours, avec des lésions luber- culeuses, surtout développées dans le foie ou la rate. L’ingestion de cultures détermine aussi bien l'infection. Le lapin peut mourir rapidement, en quelques jours, après une inocu- lation intraveineuse de cultures jeunes, sans autres lésions qu'une forte hyperémie de la rate et du foie. Les cultures vieilles n’amènent la mort que beaucoup plus tard (vingt jours et plus) avec nodules tuber- culeux dans le foie, la rate, l'intestin. L'injection intrapéritonéale cause la mort plus rapidement. Dans le cas de mort rapide, on trouve dans le foie de gros amas bacillaires, de véritables Zooglées qui se teignent en bleu foncé par le bleu de Kühne. Ces Zooglées sont formées de nombreux Bacilles, courts ou ovoiïdes, unis bout à bout en longs filaments enchevêtrés; certaines occupent les capillaires des lobules, d’autres envahissent les travées hépatiques. Après quelques passages dans l'organisme, le microbe ne forme plus de Zooglées si spéciales, mais ne pullule dans les tissus qu'en éléments isolés ou réunis en petit nombre. Les pseudo-tubercules paraissent être surtout formés par des cellules migratrices. Ils peuvent contenir des amas zoogléiques ou simplement des Bacilles isolés ou en courtes chaînettes ; parfois même on ne peut y rencontrer aucun microbe. Le chien est à peu près réfractaire; le moineau l'est complètement. Le pigeon et le rat blanc ne présentent que des lésions locales. Ledoux-Lebard (1) signale l’agglutination très nette des cultures en bouillon de ce Bacille, en mélangeant neuf parties de bouillon de culture à une partie de sérum du sang d'un lapin soumis à son inoculation. On a signalé d’autres espèces bacillaires qui possèdent aussi la pro- priété de produire chez les animaux des lésions tuberculeuses. Certaines présentent quelques ressemblances avec le Bacille luberculeux vrai, mais peuvent quand même s’en distinguer aisément par leurs caractères de forme ou de cultures; d'autres sont nettement différentes. Preicz (2) a isolé une autre espèce bacillaire d’une pseudo-tuberculose du mouton. C'est un Bacille court et mince, immobile, se colorant par la méthode de Gram. Il ne pousse pas sur gélatine à la température ordinaire et végète au mieux sur sérum coagulé, où il donne de petites colonies arrondies d'une couleur jaune d'or. Il est pathogène pour le lapin et le cobaye et produit des lésions semblables à celles qu'occa- sionne le microbe précédemment décrit. Les pseudo-tubercules formés peuvent subir la calcification avec l’âge. Cette Bactérie (Bacille de la suppuraltion caséeuse, Bacille de Pretcez- Nocard), très polymorphe, se retrouverait, d’après Nocard (3), dans la lymphangite ulcéreuse du cheval et dans une forme de dermite pustu- (1) Levoux-Lesarv, De l’action du sérum pseudo-T. sur le Bacille de la pseudo-T. (Ann. de l’Inst. Pasteur, XI, 1897, p. 909) (2) Precz, Rech. comp. sur les pseudo-T. bacillaires et une nouvelle espèce de pseudo-T. (Ann. de l’Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 231). (3) Nocar», Sur une lymphangite ulcéreuse simulant le farcin morveux chez le che- val (Ann. de l’Inst. Pasteur, X, 1896, p. 609). 800 | BACTÉRIACÉES. leuse de ce même animal. D'après Carré et Bigoteau (1), elle jouerait un très grand rôle en pathologie ovine, où beaucoup d’affections suppurantes seraient sous sa dépendance; elle serait la cause des eaux-rousses ou mal rouge du mouton, confondue avec le charbon, et surtout de la cachexie aqueuse, si fréquente chez cet animal, attribuée généralement à la présence de Douves dans le foie. Le microbe serait pathogène pour le mouton, le cheval, le pore, le singe et même l'homme. Vallée (2) décrit une pseudo-luberculose du veau due à un Bacille qui se colore bien par la méthode de Gram et dont les cultures reproduisent, par inoculations, des lésions identiques à celles dont il provient. Le microbe viendrait du lait, car l'alimentation au lait bouilh a suffi pour faire disparaitre la maladie qui sévissait sous forme épidé- mique. J. Courmont (3) a observé deux cas de pseudo-tuberculose humaine due à un Bacille voisin de celui de la pseudo-tuberculose du cobaye, s'en distinguant en ce qu'il végète abondamment sur carotte, sur arti- chaut et dans le lait, tandis que le Streptobacille du cobaye ne pousse pas du tout sur ces milieux. On a décrit plusieurs cas de pseudo-tuberculoses humaines dus aux Actinomyces, Cladothrix, Streptothrix. Flexner (4), Massaglia (5) en ont observé des cas typiques (Voy. p. 792). Enfin, on a vu (p. 781) que les Bacilles pseudo-uberculeux pouvaient aussi déterminer expérimentalement des lésions semblables à celles de la tuberculose vraie; il est possible que l'on rencontre des pseudo-tuber- culoses dues à l’un ou l’autre d'entre eux. Pseudo-tuberculoses mycosiques. On connaît surtout la pseudo-luberculose aspergillaire, produite par une Moisissure commune partout, l'Aspergillus fumigatus, Cham- pignon de l’ordre des Ascomycètes. Cette Moisissure, commune surlessubstances végétales altérées, forme sur bien des milieux nutritifs des taches verdâtres ou gris bleuâtre, dont la nuance est due aux nombreux appareils à spores conidiennes s’élevant du mycélium. Ces appareils, assez courts, se terminent par un renfle- ment hémisphérique muni de nombreux petits stérigmates pontus, por- tant chacun une spore conidienne ronde, de 2,5 y à 3 y de diamètre, à parois lisses, très faiblement colorées. L'affection présente cliniquement les caractères d'une vraie tuber- culose, à marche lente, chronique. On ne l’observe que chez les indi- vidus qui font profession de gaver les pigeons aux marchés. Ces gaveurs de pigeons se remplissent la bouche d’un mélange d’eau et de grains (1) Carré et Bicoreavu, Le Bacille de Preiez-Nocard en pathologie ovine (Revue gén. de méd. vélér., 1: et 15 avril 1908). (2) Vazrér, Une nouvelle pseudo-T. (Congrès pour l'élude de la T., Paris, 1898). (3) J. Courmoxr, Sur les T. humaines dues à des Bacilles autres que les Bacilles de Koch (Congrès pour la latte contre la T., Berlin, 1899). (4) Fzexxer, Pseudo-tuberculosis hominis streptothrica (John's Hopkins Hospital Bulletin, 1897, n° 75). (5) MassaGziA, Un caso di pseudo-tuberculosi actinomycotica (Giorn. di reale Academia di med. di Torino, vol. X, 1901). LA BACILLUS LEPRÆ,. 801 de blé et l'insufflent dans le bec entr'ouvert des pigeons (1). L'infection vient cerlainement de l'absorption des spores très fréquentes sur le blé. L'examen des crachals ne montre pas de Bacilles de la luberculose, mais des filaments mycéliens el parfois des spores d'Aspergillus fumi- galus. Les cultures en milieux appropriés, en bquide de Paulin parti- culièrement, permettent d'obtenir facilement cette espèce. Divers observateurs ont reproduit expérimentalement l'affection chez les animaux par injection intraveineuse de spores du Champignon (2). Les spores, arrivées dans le poumon ou le foie, sont rapidement entourées de leucocytes et absorbées par des cellules géantes. Elles serment et donnent de petites rosettes de mycélium pouvant rappeler la forme des nodules radiés d'Actinomyces, autour desquelles se forme le tubercule de la facon habituelle. Ce tubercule peut passer par les différents stades que l'on connaît, se caséifier el donner lieu à la pro- duction de cavernes. Les recherches de Kotliar font penser que le Champignon agit surlout mécaniquement, el non par formation de produits solubles actifs. J'ai pu observer, chez l'homme, plusieurs cas de pseudo-tuberculose mycosique, avec absence complète de Bacille de Koch, et présence dans les crachats de très nombreux filaments mycéliens donnant des cultures pouvant être attribuées à une espèce du genre Oïdium : c'estune pseudo- Inberculose à oïdium. Pseudo-tuberculoses vermineuses. Laulanié (3) a décrit une tuberculose pulmonaire du chien due à des œufs d'un Strongle, le Strongylus vasorum. On a aussi signalé chez le chat des tubercules du poumon produits par des œufs ou des larves des Nématodes (4). Ebstein et Nicolaier (5) ont observé, autour des larves, la formation de véritables tubercules, composés, chez le chien, de cellules épithélioïdes seules, associées avec des cellules géantes chez le chat. BACILLUS LEPRÆ A. HAxsex. Bacille de la lèpre, Bacille de Hansen.) À. Hansen (6) a signalé dans les tissus lépreux la présence d’un Bacille qu'il considérait comme spécifique. Cette même Bactérie a été étudiée (1) Dreuraroy, CHaxremesse et Wipar, Congrès de Berlin, 1890, et Gaz. des hôp., 1890, p. 821. (2) REnox, Recherches sur la pseudo-T. aspergillaire. Thèse de Paris, 1893. — Korzran, Contribution à l'étude de la pseudo-T. aspergillaire (Ann. de l'Inst. Pas- teur, VIII, 1894, p. 479). (3) LauLANIÉ, Sur quelques affections parasitaires du poumon et leurs rapports avec la T. (Arch. de physiol., IV, 1864, p. 487). (4) Leuckarr, Die menschlichen Parasiten, (5) Essrein et Nicouarer, Virchow’s Archiv, CXVIIT, 1889, p. 432. (6) Haxsex, Arch. de physiol. belges, 1877, et Virchow’s Archiv, LXXIX, Macé. — Baclériologie, 6° édit. E. — 91 S02 BACTÉRIACÉES. par d'autres observateurs, particulièrement Neisser (1), Leloir (2), Unpa (3), Babès (4), qui en ont complété l'histoire. Dans la peau, au niveau des tubercules lépreux récents, au-dessous de l'épiderme resté normal, on trouvele derme infiltré de grosses cellules : rondes remplies de Bacilles (fig. 271). On pourrait constater leur présence dans le sang, où ils sont libres ou en- fermés dans les globules blancs. Ils sontnombreux dans les parties enva- hies, surtout dans le testicule, la rate, le foie, les ganglions lymphatiques. Sudakewitsch (5), Uhlenhuth et Westphal (6) en ont décrit dans l’in- térieur des cellules nerveuses dans des cas de lèpre anesthésique. Fig. 271. — Granulome de la lèpre. a, épiderme ; b, cellules lépreuses rem- MORPHOLOGIE plies de Bacilles; c, amas de Bacilles (CARTES SERRE Caractères microscopiques et coloration. — Ce sont de fins bâton- nels mesurant en moyenne de 5 y à 6 4 de longueur, sur une largeur de moins de 1 4, rarement droits, plussouvent légèrement courbés (fig. 272). La plupart des observateurs les considèrent comme tout à fait immobiles ; Babès (7) les donne comme légèrement mobiles. Beaucoup présentent une zone gélatineuse périphérique hyaline, ne se colorant pas, une sorte de capsule. L'aspect est très semblable à celui du Bacille de la tuberculose; ils sont toutefois un peu plus couris et un peu moins grèles. Ils se colorent aussi bien que lui par la méthode d'Erhlich, mais facilement aussi avec les solutions aqueuses ordinaires, ce que ne fait pas le pre- mier: 1ls restent colorés par la méthode de Gram. De plus, ils résistent mieux encore aux décolorants; d’après Babès, l'acide azotique au tiers ne les a pas décolorés après une heure, tandis qu'au bout de ce temps les Bacilles de la tuberculose sont toujours décolorés ; d'où possibilité de distinguer facilement ces deux espèces et d'en obtenir des doubles colorations. Dans les Bacilles colorés, on observe fréquemment des vacuoles irrégulières, semblables à celles que présente le Bacille de la tuberculose; ils paraissent parfois granuleux, avec alternance de points rouge sombre et de points clairs; ou bien les deux extrémités seules se colorent bien et sont séparées par un espace clair. Il se forme fré- quemment, surtout aux extrémités, des renflements que l’on a considérés comme des spores. Ces renflements, mesurant 2 4 de diamètre, sont au (1) Neissen, Histologische und bacteriologische Leprauntersuchungen (Virchow's Archiv, CII, 1886. (2) Leroir, Traité prat. et th. de la lèpre, 1886. (3) Uxxa, Zur Histol. der leprüsen Haut (Monatshefle für Derm., 1885). (4) Basës, Der Leprabacillus und die Histologie der Lepra. Berlin, 1898. (5) Sunaxewrrscx, Beiträge zur pathol, Anat. der Lepra, 1887. (6) Unzexaura et Wesrpnar, Histologische und bakteriologische Untersuchungen über einen Fall von Lepra tuberoso-anesthetica mit besonderer Berücksichtigung des Nervensystem (Centralbl. für Bakt., XXIX, 1901, p. 233). 7) Basës, Observ. sur les Bacilles de la lèpre (C. R. de l’Acad. des sc., 30 avril 1883, et Arch. de physiol., 1883). | | BACILLUS LEPRÆ. S03 nombre de deux ou lrois; dans le premier cas, ils sont situés aux extré- mités d'un bâtonnet qui prend une forme en haltère. Barannikow (1) décrit des formes de coccus, des formes très allongées, en massues, ramifiées, qui pourraient loutes s'observer dans les tissus lépreux. Deux caractères paraissent importants ici : c’est la grande abondance des Bacilles dans la plupart des cas et leur situation en amas. Cultures. — Divers observateurs ont isolé des tissus lépreux des Bac- téries diverses données par certains comme Bacille de la lèpre vrai, par d’autres comme espèces différentes. Il semble bien que le plus sou- Fig. 272. — Bacilles de la lèpre. vent ce ne soit pas du véritable Bacille de la lèpre, mais d’autres microbes acido-résistants qui peuvent, comme on l’a vu page 777, se trouver facilement dans les produits que l’on examine. La preuve expérimen- tale n’a pas été donnée jusqu'ici. pour la raison qu'on n’a réussi qu’exceptionnellement d’inoculation de lèpre chez les animaux. Spronck croyait pouvoir être affirmatif en annonçant l'action agglutinante du sérum de lépreux sur le Bacille qu'il a isolé et qui paraît semblable à ceux obtenus dans les mêmes conditions par Bordoni-Uffreduzzi, Babès, Lévy et Czaplewski; mais on sait que la propriété agglutinante est souvent un caractère de groupe el ne peut pas être regardée comme véritablement spécifique. Neisser a décrit des cultures sur sérum sanguin coagulé, réussies en immergeant dans la surface de la gelée un fragment de peau lépreuse ; il obtient de minimes cultures, qui, reportées sur blanc d'œuf cuit, donnent après trois semaines de petites colonies proéminentes, (1} Barannikow, Beitrag zur Bakteriologie der Lepra (Centralbl. für Bakt., XXIX, 1901, p. 781). soi BACTÉRIACÉES, q de la grosseur d'un grain de millet, entourées d'une zone marginale hyaline. Bordoni-Uffreduzzi (1) dit avoir obtenu des cultures en usant des milieux glycérinés. On peut se rendre compte qu'il a pu cultiver du Bacille de la tuberculose qui vit souvent avec le Bacille de la lèpre. D'après lui, la culture du microbe qu'il a isolé de lésions lépreuses est très lente; comme pour l'espèce précédente, elle ne se fait qu'à une température élevée, au mieux à 37°-38°, el a les caractères suivants: Sur sérum glycériné el peplonisé à 37°, il se forme lentement une colonie rubanée, à bords sinueux, de teinte légèrement jaunâtre. Le mi- lieu n'est jamais liquéfié. Lorsqu'il existe du li- quide dans la partie déclive du tube, la culture s’'ydéveloppe un peuen laissant le liquide clair. Sur gélose glycérinée, à 37°, 11 se développe, le long de la strie, de petites colonies rondes, Fig. 273. — Colonie de Za- grisätres, à bords dentés, pouvant confluer cille de la lèpre, développée après un temps très long. Il peut se produire (aps AA À 200/1 une colonie . compacte, comme la précé- : dente, lorsqu'on se sert d’une grande quantité de substance d’inoculation. Sur plaques de gélose glycérinée, on obtient à 37° de petites taches floconneuses, arrondies, grisätres, plus compactes au centre, formées de filaments sinueux disposés en fins réseaux (fig. 273). Des premières cultures ne se développent jamais sur gélatine ou sur pomme de terre; celles des générations suivantes ÿ croissent. Il se forme sur gélatine, de 20° à 25°, de petites colonies rondes isolées, à la surface et dans le canal de piqüre. La gelée ne semble pas être liqué- fiée. Ducrey (2) dit avoir obtenu des cultures sur gélose glucosée. En en- semençant des produits lépreux en piqüre profonde, il a observé le développement de petites colonies punctiformes blanchâtres, le long du trajet de la piqûre, jusqu'à 2 ou 3 centimètres de la surface. Ces colonies peuvent se cultiver dans le bouillon à l'abri de l'air ; elles y forment un voile fragile. Ce serait une Bactérie anaérobie, bien diffé- rente dès lors de la forme décrite par Bordoni-Uffreduzzi et ne parais- sant avoir aucun rapport avec le Bacille de la lèpre. 3abès (3) obtint de tissus lépreux, en 1890, des cultures sur sérum el sur gélose et signale pour les Bacilles de la peste la faculté de rester colorés par la méthode d'Ehrlich. Il] constate les ressemblances ‘de Bacilles de ces cultures avec le Bacille de la diphtérie, le Bacille pseudo-diphlérique et le Bacille du xérosis. C’est très probablement le même microbe que Lévy (2) décrit comme (1) Borvoxi-Urrrenuzzi, Ueber die Cultur der Leprabacillen (Zeitschr. für Hygiene, III, 1887, p. 178). (2) Ducrey, Giorn. ilal. delle mal. vener. e della pelle, 1892. 3) Bass, in Corniz et Bamës, Les Bactéries, 1890. — Ueber die Kultur der von mir bei Lepra gefundenen Diphteridie (Centralbl. für Bakt., XXV, 1897, p. 125). (4) Lévy, Ein neues um einem Fall von Lepra gezüchtetes Bakterium aus der Klasse der Tuberkelbacillen (Arch. für Hygiene, XXX, 1897, p. 168). 26 le BACILLUS LEPRÆ,. 805 espèce nouvelle, voisine du Bacille tuberculeur et présentant certaines ressemblances avec l’Actinomyces et les Streplothrix. Czaplewski(1),en ensemençantsursérumcoagulé dela sécrétion nasale et du raclage d'une nodosité pharyngienne ulcérée d'un lépreux, obtint, parmi de nombreuses colonies de Staphylocoque doré et de Bacille de Friedlaender, de petites colonies d'un gris jaunâtre, irrégulièrement arrondies, constituées par un fin Bacille sinueux, rappelant par l'aspect et les dimensions le Bacille de la lèpre. Ce microbe se cullive facilement sur tous les milieux habituels, sauf sur pomme de Lerre. Le sérum de Loeffler lui est particulièrement Fig. 274. — Bacille isolé dans un cas de lèpre par Czaplewski; culture d'un Jour sur sérum de Loeffler. 1000/1. favorable. L'addition de glycérine au sérum et à la gélose est une très bonne condition. La gélaline n’est pas liquéfiée. Le bouillon est à peine troublé et ne donne qu'un minime dépôt pulvérulent. Les Bacilles jeunes se colorent très bien aux colorants ordinaires, difficilement toutefois au bleu de méthyle. Ils restent colorés par la méthode de Gram. Ils présentent une certaine résistance à la décolora- lion par l’alcool et les acides minéraux, mais cette résistance est moins forte que celle du Bacille de la tuberculose. La forme et les dimensions de ces Bacilles de jeunes cultures sont assez régulières (fig. 274). Dans les cultures vieilles, les Bacilles sont granuleux, se colorent mal et irrégulièrement; le corps des éléments présente souvent des renfle- ments et des étranglements alternatifs irréguliers, rappelant ce qui se voit souvent avec le Bacille tuberculeux, l'aspect auquel Unna a donné le nom de Coccothrix (fig. 275). Ces vieux Bacilles se colorent souvent (1) Czapzewskr, Ueber einem aus einen Leprafalle gezuchteten alcohol-und säure- festen Bacillus aus den Tuberkelbacillengruppe (Centralbl. für Bakl.. XXII, 1898, p. 97 et 189). É JE 806 BACTÉRIACÉES. comme les Bacilles de la diphtérie à la coloration de Neisser. Ils se décolorent plus facilement que les Bacilles jeunes. Dans le bouillon, ce microbe montre de nombreuses formes d'invo- lution. On trouve des éléments renflés au milieu ou à une extrémité, de. vérilables sphères; certains sont en Y ou sont réellement ramifiés. En aucun cas, quels que soient l'animal et le mode d’inoculalion em- ployés, Czaplewski n'a pu constater d'action pathogène. Spronck (1) a obtenu des premières cullures d’un microbe assez fai- blement acido-résistant en ensemencçant des pommes de terre glycérinées Fig. 275. — Bacille isolé dans un cas de lèpre par Czaplewski; culture de vingt-trois jours sur sérum de Loeffler. 1000/1. et neutralisées avec du tissu broyé de lubercules lépreux non ulcérés et de la moelle osseuse de lépreux. Les colonies ne s'aperçoivent qu'au bout de dix jours, à 38°. Elles restent très petiles; il faut un examen minulieux pour les trouver. Ce sont de petiles colonies d'un jaune pâle, siluées autour des parcelles de malière d'ensemencement. Elles sont formées de bälonnels un peu plus gros et un peu plus longs que ceux des lésions lépreuses, se déco- lorant plus rapidement à la méthode d'Ebrlich, rappelant comme forme et arrangement le Bacille de la diphltérie et le Bacille pseudo-diphle- rique. Ces colonies se réensemencent facilement sur divers milieux, mais pas du tout sur pommes de terre, même identiques aux premières. L'addi- on de 5 p. 100 de glycérine ou 2 p. 100 de glucose favorise un peu le développement. Il n'y a pas de croissance à la Ltempéralure de la chambre; la végélation commence vers 25°, elle est abondante à 37°. Les cultures sur sérum sont jaunâtres. Celles sur gélose toujours inco- (1) Srronck, La culture du Bacille de Hansen et le séro-diagnostic de la lèpre (Sem. méd., 28 sept. 1898). BACILLUS LEPRÆ. 807 lores, arrondies, mais à contours irréguliers d’où partent des arborisa+ tions ; elles présentent souvent des granulations disséminées rappelant celles des colonies du Spirille du choléra sur plaques de gélatine. Il n'y a pas ou presque pas de végétation dans les bouillons de viande ou les sérums liquides. Par contre, le bouillon de poisson, de cabillaud ou de turbot, par exemple, est un excellent milieu ; 1l s’y forme un pré- cipité visqueux, filamenteux, adhérant aux parois du vase. La décoction de levure, le lait sont également de bons milieux. Les colonies se développent, mais moins abondamment, dans une atmosphère privée d'oxygène. Les Bacilles de ces cultures sont immobiles et ne semblent pas donner de spores. Ces cultures n’ont montré de pouvoir pathogène pour aucun des ani- maux d'expérience. Lorsqu'on traite une culture sur gélose par la liqueur de Flemming, elle ne noircit pas, mais devient tout au plus légèrement brunâtre. Ce fait indique que dans ces cultures il ne se forme pas ou très peu de malière grasse ou cireuse, qui, comme pour le Bacille de la tuberculose; donne au Bacille de La lèpre ses réactions colorantes spéciales, et con- corde avec la faible résistance à la décoloration signalée chez tous les Bacilles de ces cultures artificielles par la plupart des observateurs qui en ont obtenu. Spronck signale de plus le fait intéressant de l’agglutination des Bacilles de ces cultures par le sérum sanguin de sujets lépreux; dans ces cas, le pouvoir agglutinant est compris entre 70 et 1000, rarement au-dessous, jamais au-dessous de 30. Chez les sujets non lépreux, l'ag- glutination s’observe également, mais à un taux d'ordinaire inférieur à ñ p- 20 et jamais au delà de 1 p. 30. Mais ce fait d’agglutination par le sérum de lépreux n’a pas une valeur suffisante pour permettre l’identi- fication du Bacille en question avec le Bacille de la lèpre. Teich (1) a obtenu des cultures semblables à celles de Spronck, et conclut à l'identité des espèces cultivées par les observateurs précédents en admettant que le polymorphisme est dû aux conditions de ie Pour lui, toutes sont du véritable Bacille de la lèpre. Deycke (2) a eu des culturesd'une forme de Streplothrix à filaments ra- mifiés en ensemençant dans de la solution physiologique maintenue à 37° des nodules lépreux prélevés d’une manière aseptique. Le réensemence- ment sur gélose, et surtout sur gélose addilionnée de matière cérébrale; donnede petitescolonies rayonnées ; et en bouillon desflocons sphériques. Ces éléments restent colorés par la méthode de Gram et se montrent relativement acido-résistants. Ce sont ces mêmes formes qui paraissent avoir été isolées et cultivées par Rost (3) et Williams (4). Il paraît bien probable que les cultures obtenues par ces divers expérimentateurs sont plutôt des cultures de simples Bacilles acido- (1) Tercu, Beiträge zur Kultur der Leprabacillen (Centralbl. für Bakt., XXV, 1899; p-. 756). (2) Deycke, Lepra in der Türkei (/nternat. Dermalologen Kongress, 1, sept. 1904). (3) Rosr, The Cultivation on the Bacillus of Leprosy and the Treatment of cases by means of a Vaccine prepared from the Cultivations (Scientif. Memoirs by off. of the med. and sanil. depart. of the Govern. of India, n° 42, part. I, 1911). (4) Waiczrams, The Cultivation of Leprosy Bacillus (/bid., part, I). 51°: F'hdtTh 808 BACTÉRIACÉES. résistants qui se rencontrent si fréquemment dans l'organisme, vivant en simples saprophytes sur la peau, les muqueuses, etc., ou accompa- gnant les véritables agents d'infection dans diverses lésions. Weil (1) et à sa suite Nicolle (2) paraissent avoir réussi à cultiver le : Bacille de la lèpre, et'en même temps avoir aussi démontré la très grande difficulté qu'il y a à le faire végéter sur des milieux artifi- ciels. C'est ce caractère surtout qui peut permettre de mettre en doute les résultats positifs énoncés précédemment et de se rallier à l’idée qui vient d'être émise ci-dessus. Weil part exclusivement de lèpre tuberculeuse et d’un léprome récent contenant d'ordinaire de nombreux Bacilles en pleine vitalité, se colo- rant fortement et entièrement. La surface est lavée à l’éther ; on abrase les couches superficielles avec un couteau stérilisé, et on enfonce dans la masse une pipette stérilisée à grosse effilure. On ramène un petit cylindre de matière assez molle, qu'on ensemence sur les milieux par portions bien écrasées sur la surface. Les seuls milieux qui lui ont réussi sont la gélose glycérinée additionnée de 1 de sérum pleurétique humain pour 3 de gélose, mais surtout la gélose glycérinée additionnée de 1 pour 4 de jaune d'œuf non cuit. La culture commence vers le cin- quième jour, c'est une petite colonie blanchâtre qui s'accroît lente- ment et devient blanc jaunâtre. Elle s'arrête vers le vingt-cinquième jour et ne donne jamais de nouvelle culture par réensemencement. Cette culture a une consistance ferme, se morcelle et s’'émulsionne facilement. De meilleurs résultats sont obtenus par la culture dans l'œuf vivant. On flambe le gros bout de l'œuf et on y fait un trou avec une vrille stérilisée. On introduit jusque dans le jaune la pipette qui a pris la semence el par plusieurs insufflations légères onen assure la pénétration dans le milieu. On retire la pipette, ferme le trou à la cire Golaz et place l'œuf à 37°. Weil a obtenu deux résultats positifs sur vingt-six ensemen- cements. À l'ouverture de l'œuf, on trouve dans le jaune un nodule d'un blanc jaunâtre, du volume d’un grain de chènevis, qui est formé par un amas de colonies du Bacille de la lèpre. Ces Bacilles des cultures restent colorés par la méthode de Gram, se colorent rapidement à froid par la fuchsine phéniquée et sont nettement acido-résistants. Nicolle a seulement observé un léger début de culture dans des tubes de sang coagulé ou de gélose au jaune d’œuf, mais seulement dans l'eau de condensation et après ensemencement abondant. Campana (3) dit avoir réussi des cultures dans l’œuf. Le Bacille qu'ila oblenu n'est pas acido-résistant et pas inoculable aux ani- maux. Rost (4), dans trois cas de lèpre, aurait observé la culture de Bacilles acido-résistants dans un milieu où entrent du lait et de la macération de (1) War, Essais de culture du Bacille lépreux (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIX, 1905, p. 793). (2) Nicozze, Recherches expérimentales sur la lèpre (Zbid., XX, 1906, p. 389). (3) Campawa, Ueber die Kultur des Leprobacillus und die Uebertragung der Lepra auf Thiere (Zeitschr. für Hygiene, LXX VI, 1910, p. 361). (4) Rosr, The cultivation of bacillus of leprosy and the treatment of case by means of a vaccine prepared from the cultivations (Sc. Mém. of the Govern. of India, 1911, n° 42). BACILLUS LEPRÆ. 809 poisson. Ces Bacilles ne semblent pas être pathogènes pour les singes. Williams (1) 4 eu des cultures d’un S{reptothrix non acido-résistant, semblable à celui de Deycke. Duval (2) dit que les cultures, sauf la première qui est difficile, se développeraient facilement sur les milieux solides contenant des acides aminés provenant soit dela digestion tryptique des matières protéiques, soit du développement d’autres microbes protéolytiques. Les colonies sont jaune-citron ou orangées. INOCULATION EXPÉRIMENTALE Arning (3) aurait obtenu un résultat positif en inoculant des produits lépreux à un condamné à mort, aux îles Sandwich, en 1884. Melcher et Orthmann (4) ont déterminé, par inoculation intra-oculaire de produits lépreux au lapin, une généralisation rappelant la tubercu- lose miliaire. Damsch (5) et plusieurs autres (6) n’ont guère été plus heureux. Tedeschi (7) aurait observé la mort au bout de six jours, chez un singe, après inoculation intracranienne de produits lépreux; l'exsu- dat des méninges, la moelle épinière, la rate contiennent de nombreux Bacilles de la lèpre. I se pourrait que divers expérimentateurs aient mo- culé, sans s’en apercevoir, du Bacille de la tuberculose, la tuberculose venant souvent compliquer la lèpre à une période avancée de la maladie. La plupart des cultures obtenues jusqu'ici n'ont montré aucun pou- voir pathogène. Nicolle a démontré que certains singes inférieurs, en particulier le bonnet chinois (Macacus sinensis), offraient, vis-à-vis de l’inoculation des produits lépreux, une sensibilité manifeste. A la suite de l'inoculation sous-cutanée, après une longue incubation, il se produit chez eux une lésion locale bien caractérisée qui guérit après un certain temps. En répétant l'inoculation après guérison, on constate une réceptivité de plus en plus grande qui se traduit par une diminution de la période d'incu- bation et par une durée plus longue des lésions. Seule, l'inoculation par la peau fournit de tels résultats. Avec le produit de ses cultures, Duval (8) aurait obtenu chez le Ma- cacus rhenus, à la suite d'inoculation sous-cutanée, le développement de tumeurs en tout semblables aux lépromes humains. (4) Wuzrauws, The cultivation of the leprobacillus (Zbid.). (2) Duvaz, The cultivation of the leprosy bacillus from the human tissues with special reference to the amino-acids as culture media (Journ. of exper. med., XII, mars 1911). (3) ArnixG, Leprabacillen in Nervenlepra (Vers. d. Naturforsch. und Aertze, 1886). (4) Mercuer et OnTaMaN, Uebertragung von Lepra auf Kaninchen (Berlin. klin. Wochenschr., 1885). (5) Dauscn, Uebertragungsversuche von Lepra auf Thiere ( Virchow’s Arch., XCI). (6) Wozrers, Der Bacillus leprae; zusammenfassender Bericht (Centralbl.für Bakt., XIIT, 1893, p. 469). (7) Tenescnr, Ueber die Uebertragung der Lepra auf Thiere (Centralbl. für Bakt., XIV, 1893, p. 113). (8) Duvaz, The experimental production of leprosy in the Monkey (Journ. of exper. med., XIII, mars 1911). 810 BACTÉRIACÉES. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE Le Bacille se trouve en grande quantité dans les lésions lépreuses, comme il a été dit ci-dessus. C’est le système lymphatique qui paraît être son habitat préféré. On le trouve d’ordinaire en grande abondance dans la rate et dans la moelle des os. Dans bien des cas, le système ner- veux est particulièrement envahi. Dans les organes d'individus lépreux, les Bacilles se trouvent dans les cellules ou hors des cellules (1). Dans le foie, ils se rencontrent en grand nombre dans lesespaces lymphatiques etdans les vaisseaux lymphatiques du tissu conjonctif interlobulaire; dans la rate, ils se trouvent de préfé- rence dans le réseau conjonctif. On constaterait assez fréquemment la présence de ces Bacilles dans le sang (2). D’après Gougerot (3), on ne le rencontre pas dans le sang au début, AA l'affection est localisée, et elle peut rester longtemps localisée; la bacillémie s’observe seulement au moment des poussées aiguës éruptives. Doutrelepont en a trouvé dans le sang du cœur à l'autopsie. Neisser n'a jamais pu en rencontrer dans plus de cent préparations de sang. La dissémination dans le corps se fait donc à la fois par les vaisseaux Iymphatiques et par les vaisseaux sanguins. Le caractère contagieux de la maladie est tout à fait hors de doute; elle se transmet d'homme à homme, mais lorsqu'il existe probablement \ des conditions de réceptivité encore très peu connues, parmi lesquelles la misère sociale, l'alimentation défectueuse, le défaut de soins doivent jouer un grand rôle (4 4). On tend à faire jouer aux Insectes piqueurs, poux, punaises, etc., un rôle actif dans la contamination. On arecherché en vain le Bacille de la lèpre dans l'air, dans l’eau, dans différentes substances alimentaires de pays où la maladie est endémique, la Norvège et certaines contrées d'Orient. Stephansky (5) et Dean (6) ont décrit un Bacille acido-résistant dansune maladie cutanée, une sorte de pseudo-lèpre, des rats d'égout. Ce Bacille se trouve aussi en très grande abondance dans les cellules du derme et forme dans cette couche des amas similaires à ceux que l’on observe dans la lèpre. Ils n’ont pas pu obtenir de cultures. Olschanetzky (7) a isolé, dans les mêmes conditions, une forme de Streplothrix acido-résistante, se rapprochant du Bacille de Czaplewski, donnant facilement des cultures pathogènes pour le rat en injection intrapéritonéale. | Ces diverses formes ne paraissent avoir aucun rapport avec la lèpre | humaine. (1) Musenozn, Lepra in Leber und Milz (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheilsamle, XIV, 1898, p. 71). (2) Srepnan, Ueber den Nachweiss der Leprabacillen im Blute bei Lepra anaesthe- tica. Thèse de Strasbourg, 1896. (3) GouceroT, Marche de l'infection lépreuse (Tribune médicale, 2 mars 1906). (4) Zameaco, De la lèpre observée à Constantinople, 1885. (5) Srepnansky, Eine lepraähnliche Erkrankung der Haut und der Lymphdrüsen bei Wanderratten (Centralbl. für Bakt., 1 Abth., Originale, XXXIII, 1903, p. 481). (6) Dean, À disease of the rat caused by an acid-fast Bacillus (Zhid.., XXXIV, 1903, p. 222). (7) Ocscaanerzxy, Ueber ein neues alkohol-und saurefestes Stäbehen (Zbid., XXXII, 1902, p. 16). BACILLUS LEPRÆ. 811 RECHERCHE ET DIAGNOSTIC ILest souvent d'une très grande importance de faire le diagnostic tout au début, alors que les lésions peuvent être tout à fait locales ; il est pos- sible d'agir avec plus d'effet. Ici le diagnostic bactériologique est important pour établir la nature d'une affection si polymorphe à notre époque. Pour les lésions cutanées, il faut faire une biopsie, prélever un frag- ment de peau, en faire des coupes, des froltis, les soumettre aux réac- tions de coloralion; on peut faire également des frotlis sur lamelles avec les produits suspecis. La lésion véritablement primitive est la /ache lépreuse, rosée, plus ou moins foncée, souvent unique, anesthésique ; on trouve au-dessous uneinduration, indiquant une infiltralion du derme ; la biopsie est facile grâce à l’anesthésie. On peut prélever aussi une portion de muqueuse lésée, même un peu d'un tronc nerveux superficiel alléré. Le mucus nasal renfermerait très tôt des Bacilles, fait dû aux lésions très fréquentes, cerlains disent même constantes, de la muqueuse pituitaire; des Bacilles se trouvent alors facilement dans des préparalions de mucus nasal. Leredde et Pautrier (1) trouvent que l’on arrive plus aisément à {rou- ver les Bacilles dans le mucus en administrant une quantité d'iodure de potassium suffisante pour provoquer un écoulement nasal séreux. Il faut se souvenir ici de la présence possible et fréquente du Bacille pseudo-luberculeux signalé par Karlinski dans le mucus nasal (p. 791) et de la possibilité d'erreur de diagnostic de ce fait. Le pusdes lésions suppurées contient toujoursle Bacille enabondance: mais ici il y a d'ordinaire présence d’autres microbes d'infections secon- daires, venant compliquer le processus, Microbes pyogènes, Bacille pyo- cyanique, Bacille luberculeur, elc. La recherche dans le sang se fait avec du sang pris dans une veine céphalique. Les Bacilles peuvent y être très nombreux, ou rares etmême absents. On a vu qu'il faut toujours choisir un moment de poussée aiguë. On peut alors en trouver de Lrès nombreux, disséminés entre les leucocytes, pouvant être agglomérés en paquets ou isolés; ils ont une tendance à se disposer parallèlement; presque tous sont libres dans le liquide, de très rares englobés par les polynucléaires. La distinction avec le Bacille de la tuberculose se fera facilement en ce que le Bacille de la lèpre se colore vite, en quelques minutes, par les solutions ordinaires et par la méthode de Gram, tandis que le premier ne se colore pas ou seulement après un long séjour dans les bains en question. La grande abondance des Bacilles dans certains éléments ne se rencontre guère qu'avec le Bacille de la lèpre. L'inoculation au cobaye fera reconnaître la tuberculose. Dans les cas où les deux microbes seraient associés, l'examen microscopique et l'inoculation feront admettre leur présence simultanée. Le séro-diagnostlic peut, d'après Spronck, donner de bonnes indica- tions dans les condilions citées plus haut, mais avec les réserves qui ont été faites. (1) Lerenve et PauTRIER, Soc. de Biol., 20 novembre 1902. 812 BACTÉRIACÉES. | Diverses lentatives de sérothérapie el de vaccination ont élé faites. Il ne semble pas qu’elles aient eu des résultats positifs. BACILLUS MALLEI LOEFFLER. {Bacille de la morve.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL. XV-Ù La morve est une affection contagieuse à un haut degré qui sévit sur les chevaux, les ânes et les mulets. Elle y est incurable et le plus souvent mortelle. Elle est caractérisée par des lésions viscérales importantes, des nodules spéciaux qui se forment surtout dans ja rate et dans les pou- mons, des abeès métastatiques dans divers organes, souventles testicules: ces nodules, qui sont de véritables tubercules, tendent vers la caséifica- tion; lorsqu'ils peuvent s'ouvrir à l'extérieur, comme sur la peau et la piluilaire, ils donnent des ulcéralions sans tendance à la cicatrisation. Ce n’est que plus tard qu'apparaissent l’induration des ganglions lym- phatiques, la glande, et l'inflammalion ulcéreuse, chancre, de la mu- queuse piluilaire, cause du jelage visqueux et gluant. L'affection peut avoir une marche lente, chronique, en présentant les mêmes symptômes. Lorsque les lésions apparentes sont localisées à la peau, on lui donne le nom de farcin. La présence de Bactéries, dans le pus etle suc des glandes vasculaires sanguines, a été reconnue avec certitude par Christot et Kiener (1), qui ont décrit des Micrococeus et des bâlonnets mobiles de 2 à 10 y de long. Mais l’origine bactérienne de la maladie n'a été véritablement démontrée que par les travaux de Bouchard, Capitan et Charrin (2) qui, en 1881, ont obtenu, du pus d'abcès d'un homme atleint de morve, des cultures dans du bouillon ayant déterminé chez les cobayes et chez un âne l'apparition des symptômes de la morve. L'année suivante, ces mêmes expérimentateurs arrivaient à des résultats aussi favorables en usant de pus et de jetage d’un cheval morveux. Des cinquième et sixième cultures ont fait périr deux ânes de la morve aiguë lypique. , Loeffler et Schütz (3) énonçaient peu après des conclusions identiques el étaient parvenus à isoler d'une façon certaine la Bactérie pathogène, que Bouchard, Capitan et Charrin paraissent n'avoir pas eue, à ce moment-là, en cultures pures. Les caractères spécifiques ont dès lors été minulieusement établis dans les travaux de Kitt (4), Weichselbaum (5) etsurtout dans un beau mémoire de Loeffler (6) où l’on trouvera tous les détails relatifs à la morve expérimentale. (1) Carisror et Kiexer, C. R. de l'Acad. des sc., LXVIII, 1878, p. 1054, et Recueil de méd. vétér., 18568, p. 93. (2) Boucnanp, Cariran et Cnarrin, Sur la cullure du microbe de la morve et sur la (transmission de la maladie à l’aide des liquides de culture (Bull. de l'Acad. de méd., 27 décembre 1882). Voy. surtout le rapport de Bourex, 1bid., 1883, p. 1239. (3) Logrrcer et Scuurz, Ueber den Rotspilz (Deutsche med. Wochenschr., 1888, n° 52), ï) Krrr, Versuche über den Züchtung der Rotzpilzer (Jahresb. der München. Thier- arlz., 1383, 1884). (5) WercasezBaum, Zur Aetiologie der Rotzkrankheit des Menschen {Wiener med. Wochenschr., 1889). (6) Losrrcer, Die Aetiologie der Rotzkrankheit (Arb. aus dem kaiserl. Gesundheit- same, I, p. 41, 1886). #4 BACILLUS MALLEI, 513 MORPHOLOGIE Les Bacilles de La morve se rencontrent dans les sécrétions patholo- giques des animaux atteints, pus et jetage surtout: ils sont très abon- dants dans les nodules qui s’observent à l’autopsie, surtout dans les poumons et dans la rate, ressemblant de prime abord à des granulations tuberculeuses, dans les ulcérations de la peau ou des muqueuses et dans le pus des abcès. Pour Rudenko (1, ils montrent une véritable élection pour les gan- glions lymphatiques. On les y trouve, dans lous les cas de morve, aiguë ou chronique, souvent vingt-quatre heures à peine après l'infection. Caractères microscopiques. — Ce sont des bàätonnets mesurant de 2 y à 5 u de long et de 0,5 y à 1 w de large, de la grandeur des Bacilles Fig. 276. — Bacilles de la morve. D'une culture sur pomme de terre glycérinée et légèrement caféinée, âgée de six jours. 1000/1, luberculeux, mais un peu plus épais (fig. 248) ; ils sont droits ou légère- ment courbes. Ces formes, quel'on peutappeler formes moyennes, sonltoutefoissujettes à de grandes variations qui paraissent dépendre du milieu où végète le microbe, la nature et l’âge de la culture ou l'espèce animale inoculée. Dans les cultures en bouillon ordinaires et dans les cultures sur pomme de terre âgées, les bâtonnets sont beaucoup plus courts, ressemblent même parfois presque à des Microcoques (fig. 276). D'autres fois, on trouve de longs filaments, simples ou renflés en massue à une extrémité, parfois aux deux, des formes ovoïdes ou piri- formes; dans certains cas, on observe même la production de véritables ramifications latérales, ce qui a fait rapprocher ces espèces des Clado- (1) Rupexxo, Bacteriolog. Untersuchung der Halslymphdrüsen von Rotzkranken Pferden. Charkow, 1889. 814 BACTÉRIACÉES. thrix où Streplothrix (1). Dupuy (2) signale des formes streplococciques, streptobacillaires, et même des sortes de longs spirilles. Les Bacilles semblent présenter de légers mouvements (Dupuy). Ils ne produisent pas de spores; les taches claires signalées comme telles ne paraissent pas du tout avoir celte signification. | Coloration. — Ils se colorent par les procédés habituels, mais inéga- lement et souvent d’une façon peu intense ; les méthodes à préférer sont la coloration au bleu de Loeffler ou de Kühne, la fuchsine de Ziehl, la thionine phéniquée ou la coloration à l’eau anilhinée additionnée de violet de gentiane à laquelle on ajoute une très faible quantité de solu- lion de potasse ou d'ammoniaque. La méthode de Crouch pourle Bacille de la diphtérie colore souvent, mais plus lentement ici, des grains plus ‘ AA CET L , FE) REA DD 6 Fig. 277. — Bacilles de la morve. D'une culture sur pomme de Lerre ordinaire, âgée de vingt jours, 1000/1. ou moins volumineux dans le contenu bacillaire. Ils se décolorent par la méthode de Gram et très régulièrement aussi par la méthode de Clau- dius. D'après Kühne (3), on arrive aisément à les reconnaître dans les nodules spéciaux, en traitant les coupes de la façon suivante : Avant la coloration, les coupes sont privées d’alcool par un séjour dans l’eau. Puis on les porte pendant trois ou quatre minutes dans un bain de bleu de méthylène phéniqué (eau, 100 ; acide phénique, 5; alcool, 10; bleu de méthyle ne, 1,5). On décolore par un passage rapide dans l’eau aci- 1) Marx, Zur Morphologie des Rotzbacillus (Centralbl. für Bakt., XXV, 1899, p. 274) — Garu-Varerto, Contribution à l'étude de la morphologie du Bacillus mallei (Centralbl. für Bakt., XXVI, 1899, p. 177, et XXVIII, 1900, p. 353). — Lurarnsen, Zur Kenntniss der Strahlenpilze (Zeilschr. für Hygiene, XXXI, 1899, p. 213). (2) Duruy, À propos d’un cas de morve humaine. Thèse de Nancy, 1902. Künve, Ueber Färbung der Bacillen in Malleusknoten (Fortschr. der Med., D. SOU), ns. BACILLUS MALLEI. 815 dulée à l'acide chlorhydrique et on lave à fond à l'eau distillée. La pré- paration est déshydratée par une courte immersion dans l'alcool, puis dans l'huile d’aniline, ét montée dans le baume. Les Bacilles sont bien colorés ; les éléments des tissus ont une nuance très pâle, Cultures. — Les cultures s’obtiennent facilement ; elles ne se font pas d'ordinaire au-dessous de 20°, lrès peu au-dessous de 25°, sauf sur la gélose glycérinée de Nocard et Roux, qui est un milieu très favorable pour cette espèce. L'optimum de température est placé vers 37°; le développement s'arrête à 43°; les cultures meurent à 55°. Elles ne se font bien qu'en présence d’air; d’après Marx, cependant, le Bacillus mallei pousserait aussi en anaérobie, mais faiblement, Bouirzox. — Le développement est très rapide à 37°; le liquide est déjà trouble en vingt-quatre heures. La culture ne présente rien de spé- cial ; elle reste toujours peu abondante et montre un dépôt blanchâtre, visqueux. GÉLATINE. — Dans la gélatine maintenue fondue à 37°, il se forme une masse floconneuse, blanchâtre, visqueuse. : GÉLose. — Sur gélose glycérinée à 37°, d'après Kranzfeld (1), le déve- loppement est très abondant. Le deuxième jour il s'est produit, le long de la strie, une bande large de 2 à 3 millimètres, d’un blanc mat, à bords souvent translucides, qui atteint 7 à 8 millimètres en six à huit jours. La végétation sur ce milieu se fait aussi à la température ordinaire, mais un peu plus lentement. SÉRUM. — Sur sérum à 37°, on oblient des gouttelettes transpa- rentes, un peu jaunâtres, ou une très mince couche jaunâtre, vis- queuse. Pomme DE TERRE. — Les cullures sur pomme de terre sont tout à fait caractéristiques. Au deuxième jour, on aperçoit sur la surface de section une couche mince, légèrement jaunâtre, transparente ; le lende- main la couche devient uniforme, plus foncée, d'aspect ambré. Au bout de six à huit jours, cette culture ambrée, transparente, devient opaque et prend une teinte brun rougeñtre. Une zone de substance environ- nante de la pomme de terre gagne une faible nuance verdâätre ou bru- nâtre. Cette forme de culture est très constante ; et on l'obtient toujours, quels que soient la provenance et l’âge de la matière qui sert à l'inocu- lation. Elle peut être considérée comme caractéristique ; la culture du Bacille du pus bleu a un aspect semblable, mais elle ressemble bien moins à l’'ambre jaune et les cultures âgées de quelques jours ont un reflet nacré ; enfin, dans les cas douteux, en traitant par de l’eau ammo- niacale, on obtient la coloration bleue de la pyocyanine. La forme décrite par Babès sous le nom d'Ascobacterium luteum, qui sera décrite plus loin, a été rencontrée dans mon laboratoire, dans du pus d’un jetage morveux, à côté du Bacille de la morve. La culture sur pomme de terre du premier microbe, jaune un peu ambré, peut en imposer pour celle de la morve et faire commettre une erreur de dia- gnostic. L'examen microscopique, montrant les courts bâtonnets réunis en grand nombre dans une même capsule, fera aisément reconnaitre l’Ascobaclerium. (1) Krawzrezo, Zur Kenntniss der Rotzbacillus (Centralbl, für Bakl., 1, 1887, no 10). S16 BACTÉRIACÉES. Sur pomme de terre glycérinée, la culture est plus rapide el beaucoup plus abondante : sa coloration est d’un jaune saumoné. CaROTTE. — On n'y remarque pas de culture visible, mais en raclant la surface on enlève une mince couche muqueuse formée de bâtonnets plus fins que sur les milieux habituels. SALSIFIS GLYCÉRINÉS. — Le Bacille y pousse très abondamment; la cul- ture gris jaunâtre, pultacée, recouvre loutle milieu en quelques jours. Les bâtonnels y sont aussi très fins. Lur. — Le lait est coagulé en dix à douze jours, mais 1l ne se pro- duit pas de peptonisation de la caséine. PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES Vitalité et virulence. — (es cultures, celles sur pomme de terre entre autres, sont virulentes tout comme les produits pathologiques recueillis sur les animaux malades : aussi ne doit-on les manier qu'avec une extrême DRE el de grandes précaulions. La virulence s'exalle par passages successifs chez les animaux bien réceplifs. L'inoculation aux animaux réceplifs, particulièrement au cobaye et à la souris de champ, détermine les symptômes de la morve expérimen- tale. Cependant les produits de cultures, pas plus du reste que le virûs pris sur l'animal malade, ne conservent bien longtemps leur virulence et même la propriété végétative: une culture vieille d'un mois peut ne plus donner de résultats à Fensemencement. Le virus perd son activité par la dessiccation entre quelques jours el trois mois, suivant les condi- ions de l'expérience: Loeffler donne, à ce point de vue, quatre mois comme un terme absolu. La lumière exerce aussi une aclion destructive certaine. Nicolle (1) conseille le moyen suivant de conserver pendant longtemps l'activité d’une culture : On mélange des Bacilles d'une culture sur sélose avec du sérum de cheval additionné de trois parties d'eau et sté- rilisé à l’autoclave, de manière à avoir une émulsion épaisse, qu'on garde à la glacière en ampoules scellées. Après un an, on peut encore obtenir des cultures aussi actives que la culture pure. Les cultures périssent après quelques semaines ; leur virulence dimi- nue vite el a souvent disparu après une dizaine de jours. Dupuy a pu toutefois constater que des cultures sur salsifis glycérinés étaient encore bien vivantes el très virulentes après dix mois. La virulence peut s’exaller par des inoculations en série. Les cultures sont détruites par une température de 55° prolongée pendant cinq minutes ou de 61° pendant une minute. Ce fait plaide fort en faveur de l'absence de formation de spores. Donc, en général, la résistance aux agents extérieurs peut être con- sidérée comme faible. Action des antiseptiques. — Les recherches précises sur l'action des antiseptiques ont été faites par Loeffler, Nocard (2), Cadéac et Malet. (1) Nicouæ, Études sur la morve expérimentale du cobaye (Ann. de l'Inst. Pasteur, XX, 1906, p. 633,. 2) NocanD et Leccraixenr, Les maladies microbiennes des animaux, 3° édit., 1905, IL, p.349. -de soufre par mètre cube et laisser un contact de vingt-quatre heures). | l BACILLUS MALLEI. 817 Quelques résultats sont intéressants à connaître. L’acide phénique à 3,5 p. 100 détruit la virulence en cinq minutes ; à 1 p. 100, il la respecte même après une demi-heure de contact. Le permanganate de potasse à 1 p. 100, l'hypochlorite de chaux à 23 p. 100, le sublimé à 1 p. 5000 Ja détruisent en deux minutes; le crésyl, la créoline, le Iysol à 3 p. 100 en quelques minutes. L'eau de chaux, le sulfate de cuivre à 1 p. 10, le sulfate de fer à 1 p. 9, l'acide sulfurique à 2 p. 100 la détruisent après une heure. L’acide sulfureux est un bon désinfectant également (50 grammes Par contre, le sulfate de zinc, recommandé par le règlement de police sanitaire pour la désinfection des locaux, est absolument inactif. Produits formés dans les cultures. — La nature des produits solubles formés par cette espèce est encore très peu connue. Certains auteurs signalent des traces d'indol; la plupart pas du tout. Il semble qu'il y ait parmi ces produits des toxines auxquelles on peut rapporter certains des symptômes de l'infection morveuse, entre autres la fièvre, la leucocytose intense, l'œdème par action vaso-paralysante. Les Bacilles morveux tués sont toxiques et provoquent chez le cobaye une maladie plus ou moins rapidement mortelle (1). Le produit connu sous le nom de malléine renferme certaines de ces substances actives. Préparé d’abord par les vétérinaires russes Helman et Kalning, il a été étudié en France par Roux et Nocard et a pris, à la suite des recherches de ce dernier savant, une importance considérable pour le diagnostic de la morve. Le mode de préparation utilisé par les savants français est le suivant : On met en culture, dans du bouillon glycériné, un Bacille morveux très virulent. Après un mois de séjour à l'étuve, les cultures sont stérilisées à l’autoclave, par un chauffage de trente minutes à 100°, puis concentrées au bain-marie jusqu'au dixième du volume primitif et filtrées sur papier Chardin; le liquide brun rou- geàtre, sirupeux, obtenu, est la malléine brule. Cette malléine est employée soit pure, soit plutôt après dilution au dixième dans l'eau phéniquée à 5 p. 1000. L'inoculation sous-cutanée de un demi-centimètre cube de malléine ne produit à peu près rien chez le cheval sain ou atteint de toute autre affection que la morve. Chez le cheval morveux, au contraire, quel que soit le peu d’étendue des lésions, il se produit des phénomènes de réac- tion très nets, même avec un quart de centimètre cube de malléine; il se forme, au point d’inoculation, un ædème inflammatoire volumineux, douloureux, d’où partent des cordons sinueux se rendant aux ganglions voisins; celle tumeur persiste pendant plusieurs jours et ne disparait qu'après cinq ou six Jours. En même temps, l’état général est profondé- ment modifié, l'animal est dans un grand état de prostration ; la tempé- rature centrale s'élève graduellement de 1°,5, 2 degrés, même 2°,5, 3 degrés au-dessus de la normale. Cette hyperthermie, déjà notable huit heures après l'injection, atteint d'ordinaire son maximum de la dixième à la douzième heure, rarement vers la quinzième ou la dix-huitième. La température ne descend que lentement et n'est revenue à la normale qu'après deux ou trois jours. Ces symptômes sont (1) CaxracuzÈxe, De la maladie toxique produite par l'injection intrastomacale de Bacilles morveux tués (Ann. de l'Inst. Pasteur, XXI, 1907, p. 194). Macé. — Baclériologie, 6e éäit. I. — 952 » 818 BACTÉRIACÉES. de la plus haute importance pour le diagnostic de la morve, comme nous le verrons plus loin. Foth (1) prépare une malléine sèche en traitant la malléine brute par vingt à trente fois son poids d'alcool absolu; le précipité, desséché dans le vide, est une poudre blanche, soluble dans l'eau, que l'on emploie chez le cheval à la dose de 5 centigrammes. INOCULATION EXPÉRIMENTALE Un certain nombre d'espèces animales peuvent contracter la morve expérimentale à la suite d'inoculalions sous-cutanées ou intrapérito- néales, ou même d'ingestion de produits virulents. Les équidés sont particulièrement réceptifs, l'âne en première ligne, le mulet et le cheval ensuite; la morve de l'âne affecte ordinairement le type aigu, celle du mulet et du cheval le type subaigu ou chronique. Le mouton et la chèvre sont infectés assez facilement. Le chien offre surtout des accidents locaux, des uicères morveux où le Bacille spécifique se rencontre vite et facilement La mort ne survient guère que chez les jeunes chiens avec des généralisations viscérales; on arrive au même résultat chez l'adulte en inoculant des doses massives. Le chat est très sensible; il présente une ulcération locale en quelques jours et meurt après deux à quatre semaines avec des généralisalions viscérales. Chez le lapin, l'infection s'obtient plus difficilement et se borne sou- vent à un processus local; les injections intraveineuses à fortes doses déterminent plus souvent la généralisation et la mort. Chez le cobaye, la morve développée à la suite d’inoculation est facile à reconnaître; le fail est important, surtout à cause de l’appoint qu'on en peut tirer dans le diagnostic de la morve du cheval dans les cas incertains, à durée longue, qui sont souvent à craindre à cause de la facilité de la contagion à l'homme. On inocule du bouillon de culture, ou des produits ou du jetage dilués dans de l’eau bouille; on passe sur un linge et l'on injecte de 1 à 3 centimètres cubes sous la peau de la cuisse. Le cobaye inoculé meurt d'ordinaire du vingt-cinquième au cin- quantième jour en présentant des abcès dans les testicules et de nom- breux nodules spéciaux dans la rate, quelquefois de très petits dans le foie; on trouve dans le pus des abcès et dans le contenu de ces nodules des Bacilles, faciles à reconnaître à leur forme et à l'aspect de leurs cultures. La muqueuse nasale est recouverte en partie ou en totalité d’une masse muqueuse blanchâtre, renfermant de nombreux Bacilles. Au point d’inoculalion, on peut observer un ædème peu élendu ou une ulcération morveuse. L'inoculation intrapéritonéale donne desrésultats plus rapides et plus nets; Straus (2) la conseille comme moyen de diagnoslic rapide. On injecte à plusieurs cobayes mâles, dans le périloine, selon la technique ordinaire (p.355), 1 ou 2 centimètres cubes de la dilution préparée comme ci-dessus. L'inoculation est suivie, dès le deuxième ou le troisième jour, (1) For, Ueber die Gewinnung eines festen Malleins. Berlin, 1896. (2) Srraus, Sur un moyen de diagnostic rapide de la morve (Arch. de méd. expér., 1836). BACILLUS MALLEI. 319 d'un gonflement douloureux des testicules; la peau du scrotum est rouge, tendue ; souvent elle s'ouvre et donne issue à du pus morveux. L'animal meurt en huit à quinze jours. A l'autopsie, on trouve une inflammalion de la tunique vaginale qui est recouverte de granulations jaunâlres et souvent d'un exsudat purulent, richeen Bacilles ; c’est une vérilable orchile morveuse, vaginalile morveuse d'origine métasla- tique. Avec des produits de cultures très virulents, la dose à injecter pour observer ces symptômes doit être réduite à quelques gouttes; l’ino- culalion de fortes doses détermine une mort rapide, en deux ou trois jours, par une vérilable seplicémie morveuse. Nicolle (1) a montré qu'il existait une différence très grande entre les mâles et les femelles, les premiers étant beaucoup plus sensibles à l'ino- culalion intrapéritonéale du virus morveux; les mâles jeunes résistent mieux que les adulles. Les animaux qui ont résisté à une première infection paraissent avoir acquis un certain degré d’immunité ; leur sérum est devenu agglulinant vis-à-vis du Bacille de la morve; il ne parait pas posséder de propriélé préventive ou curative. La souris des champs est Lrès sensible à la morve; elle succombe en deux à huit jours après l’inoculation, avec des lésions viscérales éten- dues: la rale en particulier est très hypertrophiée. La souris blanche est souvent réfraclaire; d'après Léo (2), l’immunité peutêtre vaincue par injection de phloridzine qui rend l'animal diabétique. Le spermophileestirès sensible à la morve. Gamaléia (3) le donne comme très lavorable à l'exallalion de la virulence par inoculation en série ; le Ba- cille exalté tue en deux ou trois jours d'une véritable septicémie morveuse. Les bovidés sont tout à fait réfractaires. Le porc est au moins très résistant; il ne peut prendre la morve que quand il est très affaibli. La souris blanche, les rats blancs sont très résistants ; on ne peut les infecter qu à l’aide de certains artifices, l'inoculation intracérébrale ou intramédullaire, par exemple (Tedeschi). Les oiseaux ne paraissent pas pouvoir contracter la morve. Chez la grenouille inoculée, maintenue à 30°, on trouve, au bout d'une huitaine de jours, le Bacille de la morve en grande quantité dans le sang et tous les organes. Le passage en série, chez les animaux réceptifs, lapin,-cobaye, sper- mophile surtout, exalte singulièrement l'activité d'un virus, si l’on a soin d'inoculer, aussilôt la mort, le sang du cœur d’un individu dans les veines d'un aulre. Après un certain nombre de passages, on obtient un virus d'une force très grande qui, par inoculation, ne détermine . plus les symptômes morveux ordinaires, mais tue rapidement l'animal avec les symptômes d'une véritable seplicémie. L'homme paraîl très sensible à l'inoculalion de cultures virulentes, comme le prouvent déjà de funestes accidents de laboratoire (4); aussi (1) Nicozze, Études sur la morve expérimentale du cobaye (Ann. de l'Inst, Pasteur. XX, 1906, p. 625, 698 et 801; XXI, 1907, p. 281/)> (2) Leo, Beitrag zur Immunilätslehre (Zeilschr. für Hygiene, VII, 1890, p- 503). (3, GAMALÉIA, Sur l'exallation de la virulence du Bacille morveux (Ann. de l'Inst. Pasteur. IV, 1890, p, 103). (4) Taorincorr, Infection mortelle par la morve au laboratoire (An. in Revue d'hy- giène, 1897, p. 84). 820 BACTÉRIACÉES. ne peut-on recommander {rop souvent de ne manier les cultures mor- veuses el produits virulents qu'avec une extrême prudence el en prenant des soins qui paraîtront même excessifs. IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE On n'a encore que très peu de données sur l’immunité conférée par des atteintes faibles de la maladie, ou par des procédés artificiels. Galtier (1) a cependant remarqué que le chien, qui ne présente que des accidents localisés au point d'inoculation, peut contracter jusqu'à cinq fois cette affection, mais en offrant des symptômes de moins en moins marqués. Straus 2) a obtenu chez le chien, par inoculation intravei- neuse de très faibles doses de cultures virulentes, une morve bénigne qui assure à l'animal une véritable immunité à l'égard d'injections intra veineuses de doses massives de cultures très actives. D'après Nocard (3), la morve doit être considérée comme pouvant récidiver. Chenot et Picq disent avoir obtenu une certaine immunité et même des effets curalifs chez le cobaye à la suite d'injections de sérum de bovidés à doses massives. La malléine ne possède aucune propriété immunisante (Nocard). L'immunité des bovidés à l'égard de la morve a donné l'idée d'utiliser leur sérum dans un but thérapeutique. La question est encore à l'étude. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE La morve contraclée nalurellement n'a été presque exclusivement observée que chez les équidés. Elle se développe chez l'homme par contagion directe venant d’habi- tude du cheval ; aussi s’observe-t-elle surtout chez les individus que leur profession rapproche des chevaux, ânes ou mulets. Elle se présente à l'état aigu, subaigu ou chronique, ces deux derniers analogues au farcin des équidés (4). C’est une maladie ordinairement mortelle. On a observé de cesmêmes cas de contagion chez la chèvre, le mouton, en contact avec des équidés morveux; chezle chien et d’autres carnas- siers nourris avec des viandes morveuses. Le pus des ulcérations, le jetage, le contenu des tubercules morveux contiennent le Bacille en abondance. Chez le cheval, le sang n’est viru- lent qu'exceptionnellement; chez l'homme et surtout le chat, il le serait souvent. Le suc musculaire, la salive, la sueur, l'urine peuvent ren- fermer des Bacilles. Le lait, la bile, le sperme, les larmes, l'humeur aqueuse ne sont virulents que s'ils ont été souillés par contact direct. Le vaccin parait inoffensif, à condition cependant que du sang n’y soit pas mélangé. (1) Gavrier, Inoculation de la morve au chien {C. R. de l’Acad. des sc., XCII, 1888, p. 303). (2) Srraus, Essais de vaccination contre la morve (Arch. de méd. expér., 1, 1889, p. 489. (3) Nocar»o, Recueil de méd. vélér., 1899, p. 502. (4) Rémy, Morve chronique de l'homme (Arch. de méd. expér,, 1897, p. 144). — Buscae, Ueber chronischen Rotz der menschlichen Haut (Arch. dr Dermat., XXX VI). PT TT _ BACILLUS MALLEI. 821 La conlagion provient de la pénétration dans l'organisme de produits morveux. L'ingeslion d’eau, d'aliments ou de poussières, souillés par des produits virulents, doit être le principal mode de contage. L'air expiré par les animaux malades n'est pas virulent, d’après les expériences de Cadéac et Malet (1) ;il en est de même des émanationscadavériques de ceux qui ont succombé. L'inoculalion sous-culanée ou le contact de matière virulente avec une blessure sont les modes les plus certamnsde contagion. Les injeclions de virus dans la trachée ne donnent pas fata- lement la maladie ; il y a ici une tolérance très grande, subordonnée aux altérations de la muqueuse respiratoire. Cadéac et Malet(2) ont constaté deux fois sur treize la transmissibilité de la morve de la mère au fœtus, à travers le placenta. Babès (3) a observé que les Bacilles de la morve pouvaient même pénétrer dans l'organisme à travers la peau intacte. La possibilité de la contagion par ingeslion est également démontrée. Le jelage est le véhicule ordinaire du contage. Desséché et exposé à l'air, le virus perd rapidement sa puissance. Du jetage morveux conservé dans l’eau a gardé sa virulence pendant dix-huit jours. La virulence est détruite par une ébulliüon de deux minutes dans l'eau ou par un séjour de cinq minutes dans l’eau à 80°. Les précautions les plus minulieuses sont nécessaires pour e empêcher l'affection de s'étendre, lorsqu'elle s'est déclarée dans une écurie, ou de se communiquer aux personnes qui approchent les animaux malades. Les locaux et les objets qui ont pu être souillés par le sang ou le jetage doivent être désinfectés avec soin, à l'eau bouillante ou avec une solu- tion de sublimé, qui détruit facilementla virulence morveuse à 1 p.10000, I ne semble pas jusqu'ici que la viande d'animaux morveux ait été la cause d'accidents; il est vrai que le seul animal de boucherie pou- vant contracter la morve est le cheval. Toutefois, vu la possibilité de contagion que présente surtout le maniement de la viande crue ou l'absorption de viande peu cuite, il faut éloigner à tout prix ces viandes de la consommation. Elles n’ont guère de caractères distinclifs; ce sont les lésions des viscères et de la muqueuse nasale qui guideront; le diagnostic bactériologique et l'inoculation expérimentale seront d'un très grand secours. RECHERCHE ET DIAGNOSTIC La recherche microscopique directe des Bacilles dans les produits morveux est souvent très chanceuse, à cause de leur rareté fréquente et de leur coloration assez difficile. La mise en cullure donne de meilleurs résultats. Le milieu de choix est la pomme de terre. La cullure du Bacille de la morve y apparait très vile; son aspect est très caractéristique (p. 815). Il n'est guère possible de la confondre avecles cultures d'autres espèces qui peuvent se rencon- trer dans les mêmes produits. Le S/aphylocoque pyogène doré, entre (1) Canéac et Mazer, Rech. exp. sur la morve. Toulouse, 1886. — Étude exp. de la transmission de la morve par contagion médicale ou par infection (Revue de meéd., 1887, n° 5, p. 337). (2) In., Sur la transmissibilité de‘la morve de la mère au fœtus (C. B. de l’Acad. des PIGUPMSST p-133)e (3) Bamës, Bull. de l'Acad. de méd., 20 mai 1890. 822 BACTÉRIACÉES. autres, qui est fréquent dans le jetage ou les ulcères morveux, donne des colonies beaucoup plus pelites, plus bombées, d'un jaune doré, opaques. L'examen microscopique lèvera les doutes. Il en est de même pour l’Ascobacterium luteum. L'inoculalion au cobaye (p. 818) est un moyen très précieux, qui peut donner des résultats en quelques jours. Il faut cependant se souvenir que l'inoculation du jetage en particulier peut déterminer la mort rapide du cobaye par affection septique due à d’autres microbes présents dans le produit employé. Les lésions testiculaires, siimportantes, peuvent en outre être provo- quées par d'autres microbes. Nocard (1)a isolé dans certaines /ymphan- gites ulcéreuses du cheval une Bactérie en bâtonnets courts, assez épais, parfois légèrement effilés aux extrémités, qui, inoculée dans le péritoine de cobayes mâles, provoque une orchite semblable à l'orchite morveuse ; ce microbe reste nettement coloré par la méthode de Gram et donne sur pomme de terre une cullure blanchâtre, sèche, pulvérulente. Kütscher (2) a rencontré dans le jetage de chevaux morveux un fin Ba- cille qui reste aussi coloré par la inéthode de Gram et donne sur pomme de terre de petites colonies sèches, d'un blanc pur: il croit facilement sur la gélatine qu'il liquéfie; l'inoculation au cobaye mâle donne aussi des lésions testiculaires semblables aux précédentes. Il est donc impor- tant de ne pas se borner, pour établir un diagnostic de morve, à recher- cher les phénomènes tesliculaires produits chez le cobaye, mais à employer simultanément les autres méthodes, les réactions colorantes, les aspects des cultures et l'emploi de la malléine. Galtier a proposé l’inoculation au chien, en scarifications. La suppu- ration, l'œdème et l'apparence ulcéreuse des sillons permettent d'établir un diagnostic enquarante-huit heures. Toutefois, les résullats ne seraient pas constants. On a aussi préconisé l’inoculalion à l'âne, qui prend facilement et très vite la morve aiguë lypique. L'emploi de la malléine (p. 817) donne presque loujours des résultats très précis. Il est nécessaire, toutefois, de se mettre dans des conditions déterminées. Les animaux doivent être laissés en repos quarante-huit heures avant l'opération; pendant ce temps, on doit prendre plusieurs tempéralures et éliminer les fébricitants. Ceux qui ne présentent qu'une réaction générale minime et une augmentlalion de température inlé- rieure à 1,5 devront être soumis à une nouvelle épreuve après un mois. Le séro-diagnostic peut rendre des services, comme l'ont montré Bourges el Méry (3). L'agglutination des Bacilles des cultures fraiches est très nelle à une dilution de 1 p. 1000. Le sérum de chevaux sains ou alteints d’autres affections que la morve aggluline réellement, mais Jamais au-dessus de 1 p. 300. En employant 1 de sérum pour 500 de cullure, on peut espérer pouvoir élablir si l'animal est morveux ou non. Toutefois, le pouvoir agglutinant ne se montrait bien développé, dans les expériences sur les cobayes, que neuf jours après l'inoculation, (1) Nocarv, Sur une lymphangite ulcéreuse simulant le farcin morveux chez le cheval Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, p. 669). (2) Kurscaer, Zur Rotzdiagnose (Zeitschr. für Hygiene, XXI, 1895, p. 156). 3) BounGes et Méry, Sur le séro-diagnostic de la morve (Sc. de Biol., 5 févr.1898, et Arch. de méd. expér., XII, 1900). Le: DT = 1 F j - BACILLUS DIPHTERIÆ. 823 intrapérilonéale. Le sérum normal de l'homme est nettement agglu- nant pour le Bacille morveux; celui de l'homme morveux l’est toutefois plus fortement. L'ophtalmo-réaction (1), la cuti-réaction (2), appliquées comme pour la tuberculose, en se servant de malléine. peuvent aussi donner de bonnes indications. BACILLUS DIPHTERIZÆ Lorrrier. (Bacille de la diphtérie, Bacille diphtérique, Bacille de Klebs, Bacille de Loeffler.) ATLAS DE MICROBIOLOGIE, PL, VI ET VIl. L'élude microscopique des fausses membranes diphtériques y a fait reconnaître la présence de Bactéries d'espèces diverses, qui n'ont évi- demment pas la même importance dans le processus pathologique. À côté de l'espèce véritablement pathogène, cause de l'infection diphté- rique proprement dite si contagieuse et souvent si grave, s’en trouvent d'autres qui peuvent jouer un rôle variable dans les phénomènes observés. Ces dernières peuvent être de ces Bactéries commensales, abondantes à la surface de certaines muqueuses, qui jouent sou- vent un rôle secondaire, contribuent peut-être à la formation des fausses membranes et aident ainsi à la végétation du parasite: ou bien elles sont des espèces réellement actives el pathogènes, contribuant parfois largement aux diverses manifestations pathologiques produites, se trouvant en association avec le Bacille de la diphtérie, où même les occasionnant entièrement à elles seules, Le processus clinique de diphté- rie nest pas en effet sous la dépendance exclusive du Bacille spéci- fique de la diphtérie, mais peut être déterminé par une série de microbes distincts. C’est en particulier le cas de ces coccus très fré- quents, dont Cohn avait fait l'espèce Micrococcus diphtericus, que Loeffler d'abord, nombre d’autres après lui, ont isolés des fausses mem- branes, qu'on peut même rencontrer seuls dans certaines fausses mem- branes, mais qu'il est nécessaire de bien distinguer du véritable Bacille de la diphlérie; c'est aussi le cas d'espèces diverses de Bactéries en bâtonnets dont l’'énumération et les caractères distinctifs seront exposés plus loin. Klebs (3) le premier, en 1883, a signalé la présence, dansles fausses membranes diphtériques, de bâtonnets qu'il donne déjà comme spécifi- ques. Loeffler (4)est parvenu isoler et à cullivercemicrobequ'ilrencontra fréquemment dans les fausses membranes du pharynx et de la trachée et dans le suc pulmonaire d'un cas de bronchopneumonie diphtérique. Darier (5) est arrivé à des résultats analogues. Les recherches les plus (1) VazLée, Sur un nouveau procédé de diagnostic expérimental de la tuberculose et de la morve (Bull, de la Soc. centr. de méd. vetér., 1907). (2) Marrez, Application de la méthode de von Pirquet au diagnostic de la morve chez l'homme et chez le cheval (Bull. de la Soc. centr. de méd. vélér., 1907), (3) Kzess, Congrès de Wiesbaden, 1883 (Arch. für exper. Path., Let IX). (4) Lorrrzer, Untersuchungen über die Bedeutung der Mikroorganismen für die Entstehung der Diphterie beim Menschen, bei der Taube und beim Kalbe (Milth. aus dem kaiserl. Gesundheitsamte, II, 1884, p. 421). (5) Darier, Bronchopneumonie dans la diphtérie. Thèse de Paris, 1885. 824 BACTÉRIACÉES. complètes sur ce sujet sont sans contredit celles de Roux et Yersin (1), qui ont retrouvé le Bacille signalé par Klebs et Loeffler dans tous les cas de diphtérie vraie qu'ils ont examinés ; qui ont reproduit la diphté- rie typique chez les animaux inoculés avec ces cultures, diphtérie avec fausses membranes, suivie de paralysies secondaires analogues à celles observées chezl'homme à lasuite de la diphtérie; qui ont reconnu dans ces cultures la présence d’une substance toxique soluble, tuant rapidement les animaux ou leur donnant des paralysies, suivant la dose injectée, sans aucune intervention demicrobes vivants. Les recherches de Behring sur l'obtention de l’immunité, la communication de Roux au Congrès de Budapest en 1894, firent avancer d’un grand pas la question du traite- ment et de la prophylaxie de l'affection. MORPHOLOGIE Caractères microscopiques. — Dans les cas de diphtérie à marche rapide, après coloration au bleu de méthylène des coupes d'une fausse membrane diphtérique et de la muqueuse à laquelle elle est adhérente, on s'aperçoit que les parties superficielles de la fausse membrane sont formées par une couche de petits Bacilles presque à l'état de pureté, ou mélangés à d'autres bâltonnets, des coccus isolés ou des chaîneltes. Ce sont les premiers de ces microbes qui doivent être regardés comme spécifiques. Les caractères d'aspect et de forme du Bacille de la diphlérie sont sujets à des variations assez grandes suivant leur origine; il estbon d'en être prévenu. Ce sont, en général, des bâtonnets droits ou courbés, loujours immobiles. Les extrémités sont arrondies, souvent plus ou moins renflées, ce qui donne à l'élément la forme d'une massue, l'aspect piriforme ou l'aspect en os de grenouille, en haltères (fig. 280). Lehmann et Neuman ont proposé la création d’un genre spécial, le genre Coryne- bacterium, pour les Bacilles présentant de tels renflements en massue; ils font de cette espèce le Corynebacterium diphleriæ. Fréquemment, ils sont presque aussi longs que le Bactlle de la luber- culose et d'une épaisseur double, mesurant 2,5 y à 3 & de long sur 0,7 y de large ; ils peuvent n'atteindre que 1 y de longueur ou, au contraire, dépasser même 5 y (fig. 278 et 279). Parmi çes variations de dimensions, il est possible de distinguer une forme longue, atteignant 4 à 5 w ou même plus, à bälonnels assez minces, et une forme courte, de 0,6 à 0,8 y de long, sur une largeur presque égale, à éléments parfois presque cocciformes. La forme longue paraîl se trouver, souvent au moins, dans les formes graves. Ce n’est toute- fois pas un caractère absolu. Babès(2), puis Fraenkel (3) et surtout Bernheimet Folger (4) ont décrit (1) Roux et Yersix, Contribution à l'étude de la diphtérie (Ann. de l'Inst. Pasteur, II, 1888, p. 628 ; III, 1889, p. 273, et IV, 1890, p. 384). (2) Bagës, Beobachtungen über die metachromalischen Kürperschen, Sporenbildung, Verzweigung, Kolben und Kapselbildung pathogener Bakterien (Zeitschr. für Hygiene, XX, 1895 p7412} (3) Fnaëxkez, Eine morphologische Eigenthümlichkeit des Diphteriebacillus (Hygie- nische Rundschau, 1895, n° 8, p. 349). ‘) Berxamm et Foccer, Ueber verzweigte Diphteriebacillen (Centratbl. für Bakt., XX, 1896, p: 1): BACILLUS DIPHTERIÆ. 825 des formes ramifiées dans les cultures. Ces formes s’observent souvent dans les cultures sur sérum de Loeffler et dans l'œuf cru, plus rarement re Fig. 278. — Bacille de la diphlérie dans les cultures : forme moyenne, 1000/1. sur gélose glycérinée et dans le bouillon (fig. 280). Par ces formes en massues, cette production de ramifications, le Zacille de la diphtérie se Docloroff Chr Fig. 279. — Bacille de la diphlérie dans les cultures : forme petite. 1000/1. rapproche du PBacille de la tuberculose et du Bacille de la morve où de pareils faits ont été signalés; c'estaussi ce qui conduit certains observa- leurs à le ranger, comme les précédents, parmi les Streplothrix ou Cladothrix (1 (4) Meveruorr, Zur Morphologie des Diphteriebacillus (Arch. für Hygiene, XXXIIL, 1898, p. 1}, — Srirc, Studien über den Diphteriebacillus (Zeitschr für. Hygiene, 1903, XLII, p. 420). æ 826 BACTÉRIACÉES. Les raisons de ces variations de forme ne sont pas encore bien con- nues; la constitution du milieu peut jouer un rôle, ou bien la pré- sence de cerlaines substances, comme l'a vu Maassen en ajoutant au milieu 2,2 p. 100 de chlorure de lithium (1). L'arrangement des bâtonnets peut aussi donner de bonnes indications. Souvent deux éléments sont unis à angle plus ou moins aigu, formant une sorte de V plus ou moins ouvert, de L ou d’accent circonflexe ; ou bien réunis bout à bout par deux, ce qui est plutôt rare; les bâtonnets peuvent aussi se placer côte à côte, presque parallèlement, donnant l'aspect dit en palissade, ou bien se disposer très irrégulière- Fig. 280. — Formes anormales du Bacille de la diphterie. Cultures sur sérum et dans l’œuf, 1200/1. ment les uns à côté des autres, en petits amas peu serrés, aspect dit en broussailles, en paquets d'épingles. Ces différents arrangements provien- nent très probablement, en partie au moins, des particularités de déve- loppement. Les éléments jeunes paraissent pouvoir être produits par de petites masses proloplasmiques formées en un point du bâtonnet mère, souvent à l'une des extrémités. C'est une sorle de germination qui se fait directement, sur place. L'élément nouveau pousse obliquement ou perpendiculairement à l'élément mère et peut rester en cette situaUon, formant un V plus ou moins ouvert, ou un L, ou se sépare et s’accole souvent latéralement à celui qui lui a donné naissance. Le contenu de l'élément présente souvent des vacuoles, surtout visibles sur les bâtonnets colorés, par l'absence de coloration à diffé- rents endroits. On observe fréquemment aussi, dans les fausses membranes et dans 1) Maassex, Die teratoloszische Wuchsformen (Involutions-formen) der Bakterien und ihre Bedeutung als diagnostisches Hilismittel (Arb. aus dem kaiserl. Gesund- heitsamte, XXI, 1904, p. 385). BACILLUS DIPHTERIÆ. 827 les cultures, des éléments fortement renflés, sphériques, ovoïdes, ou piriformes, que l'on doit considérer comme des formes de dégénéres- cence. D'après Babès(1), dans certaines conditions, tout particulièrement en cultivant l'espèce dans de la gélatine à 22°, on observerait, mais rarement. la formalion de spores allongées ou ovoïdes, de 1 x de longueur envi- ron, tantôt à une extrémité, tantôt au milieu ; ces spores se coloreraient par la méthode de double coloration indiquée page 393 et résisteraient à une température de 100°. Celte observalion n'a pas été confirmée. On peut toutefois, avec quelque raison, considérer ces amas plus ou Fig. 281. — Bacilles de la diphtérie. Cultures sur sérum, de quatorze heures. Coloration de Crouch. 1200/1. moins sphériques de protoplasma condensé comme un stade simple de formation de spore. Ce sont des masses protoplasmiques réfringentes, formées de matériaux denses, de réserve. pouvant, par une véritable germinalion, donner des éléments nouveaux. Ce sont là certainement les caractères fondamentaux de la spore. Il ne manque que la constitu- tion de la membrane propre, que l'on peut concevoir biologiquement comme un caractère secondaire et qui paraît être la raison principale, sinon l'unique, de la résistance présentée par les spores à l'égard des agents de destruction, par conséquent simple organe de protection. Coloration. — Le Bacille de la diphtérie se colore assez mal à l’aide des solutions aqueuses simples, bien mieux à l’aide du bleu de Loeffler, de la solution de Ziehl, du violet de Nicolle et surtout du bleu de Roux (p. 378). Ilne se décolore pas par la méthode de Gram, mais ne garde alors souvent qu'imparfaitement le colorant, et encore ne doit-on pas faire (1) Basës, Beobachtungen über die metachromatischen Kürperchen. Sporenbildung 4 . - Fr . . r Q M. - Verzweigunz, Kolben und Kapselbildung pathogener Bakterien (Zeitschr. für Hygiene, XX, 1895, p. 412). 828 .* BACTÉRIACÉES. agir l'alcool trop longtemps ; la préparation doit garder une teinte gris bleu. La coloralion ne se fail souvent que par places dans le corps du bäton- net, laissant ainsi un ou plusieurs espaces clairs, représentant les vacuoles dont il a été parlé plus haut; les formes à vacuole se trouvent: surtout dans les vieilles cultures, la coloration des éléments jeunes se fait mieux et plus uniformément. Les réactions spéciales (p. 29) font reconnaître dans les bâtonnets la présence de grains de volutine; pour Hugo Marx (1), ils seraient en rapport avec la virulence et leur présence pourrait faire distinguer un Bacille diphtérique virulent d’un Bacille pseudo-diphtérique. En usant de certains colorants, le bleu de méthylène en particulier, on constate qu'il existe, dans le corps protoplasmique, des granulations ou des grains plus gros, sphériques ou ovoïdes, se comportant autre- ment que le reste du contenu. Ces corps apparaissent au microscope colorés d’une nuance bien différente, d’un rouge-rubis brillant avec cerlaines positions de l'objectif. Babès (2) les a signalés en 1885 sous le nom de corpuscules mélachromaliques (Voy. p. 28). Leur présence fré- quente aux extrémités des bâtonnets leur fait donner aussi le nom de corpuscules polaires. Leur présence est assez régulière chez le Bacille de la diphlérie pour qu'on ail cherché à en faire un caractère différentiel. On a imaginé, pour mieux les mettre en vue, des méthodes de colo- ralion “spéciales dont les préférables sont celles de Crouch (3) et de Neisser (4). Méthode de Crouch.— La solution colorante employée est la suivante: Solulion de Crouch. Solutiontde Verttdemeéthyle AID A0 0 ECREREER ER Rn 5 parties. solution-deioletidé dahlia MAP AUDE EEE RNT 1 partie. queen the ALL von TS bre ie DEEE SRE" 4 parties. Laisser la coloration se faire pendant une seconde pour les Ba- cilles des cultures, pendant deux secondes pour les Bacilles des fausses membranes. On peut faire une double coloration avec la vésuvine ou le bleu de méthylène pendant deux à trois secondes. Laver à l’eau ordinaire. Les bâtonnets ainsi colorés (fig. 281, montrent à chaque extrémité un petit grain rouge-rubis sur Lout bien net à la lumière de la lampe ; il est des bâtonnels qui en montrent jusqu'à quatre de grosseur semblable ou différente : beaucoup de ces grains du milieu des bätonnels paraissent nettement divisés à un très fort grossissement. Ces grains se rencontrent dans les bâlonnets des cultures faites à toutes températures jusqu'à 37°. (1) HuGco Marx et Warrne, Ein Verfahren zur Virulenzbestimmung der Bakterien (Arch. für klin. Chir., XLII, 1900, p. 580). (2) Conxiz et Bauës, Les Bactéries, 3e édition. t. II, p. 98. 3) Croucu, The detection of the diphteria bacillus by its peculiar reaction toward, certain-stains (Neio York med. Journ., LXII, 1895, n° 14). (41 Neisser, Zur Differenzialdiagnose der Diphteriebacillus (Zettschr. für Hygiene, XXIV, 1897, p. 443). de. BACILLUS DIPHTERIE. 829 . Mélhode de Neisser. — Neisser emploie les deux solutions suivantes : Solution 1 (Nrisser). Un gramme de bleu de méthylène (Gnuerer) est dissous dans 20 centimètres cubes d'alcool à 96°; on y ajoute 950 centimètres cubes d'eau distillée et 50 centimètres cubes d'acide acétique glacial. Solution 11 (Nrisser). Deux grammes de vésuvine sont dissous dans un litre d'eau distillée bouillante. Il est nécessaire de filtrer, surtout pour la solution II. Les lamelles préparées sont colorées à la solution 1 pendant une à (rois secondes. II faut laver à l'eau, uniquement à l’eau distillée à cause de l'influence mauvaise des sels de chaux et de magnésie (Kurth) (1) ; puis colorer de trois à cinq secondes dans la solution If; laver encore à l’eau distillée. Les grains, disposés comme précédemment, apparaissent plutôt d'un bleu noir. Les corps bacillaires sont colorés en brun. Falières (2) a indiqué une modification de la coloration de Neiïsser qui donne de très bons résultats. On coiore avec la solution : Bleus de /melhy le AR FAIR ENNEMI Am re 1 gramme. BORA STE ASOUTEE ARMES DE EE PRIE Ne 081,5 19 EC MAILS RTS NES ENRERRe rs EE RE ASE ET 100 grammes. AICOOL ADS OLA RAS NS ANNEE EE EE NOR eee 0 VII gouttes: On lave à l'eau et on passe pendant une demi-seconde dans une solution aqueuse de vésuvine à 1 p. 1000. Ces deux méthodes paraissent avoir une cerlaine valeur pour le dia- gnosiic différentiel, sans toutefois qu'on puisse la regarder comme absolue. Il en sera parlé plus loin à propos du diagnostic. Gultures. — Cette Bactérie ne se développe bien qu'à une tempéra- ture supérieure à 200, très peu à 180 et cesse de croître à 42°. Son opti- mum de température semble être vers 35°. Elle végète surtout bien en présence de l'oxygène, mais peut aussi montrer un développement res- treint en anaérobie. Les milieux habituels conviennent d'ordinaire; les milieux glycé- rinés, sérum et gélose surtout, donnent cependant une végétation plus abondante. Une réaction faiblement alcaline semble à préférer. CULTURES DANS LE BOUILLON. — Le milieu se trouble très rapidement de douze à vingt-quatre heures à 37°, et d'une façon uniforme ; de petits grumeaux se déposent contre les parois du vase ; il se forme à la sur- face un léger voile, (rès fragile, surtout développé vers 30°-33° à un repos absolu, el au fond une couche blanchâtre, de plus en plus épaisse, un peu visqueuse, adhérente au verre. Le liquide s'éclaircit un peu à la longue, mais jamais d'une façon complète. Le bouillon, légèrement alcalin au début, devient d'ordinaire acide au bout de quelques jours ; (1) Kurra, Ueber die Diagnose der Diphteriebacillus unter Berücksichtigung abwei- chender Culturformen desselben (Zettschr. für Hygiene, XX VIII, 1898, p. 409). (2) Fauères, Des granulations polaires du Bacille diphtérique. Thèse de Bordeaux, 1902, 830 BACTÉRIACÉES. l'acidité persiste assez longtemps, puis elle est remplacée par une réaction alcaline si l’air a libre accès dans la culture. Les bouillons glycérinés ou sucrés deviennent plus rapidement acides que les bouil- lons ordinaires ; cetle trop grande acidilé nuit au microbe, qui y perd plus vile sa vitalité. Avec certaines variétés, le trouble est très léger et très passager; il se forme un voile plus ou moins épais, friable, sarmontant un liquide clair. C'est le cas de la variété désignée sous le nom de Bacille américain (p. 839). Dans le vide, le trouble du bouillon est moins prononcé, la culture est moins abondante qu’à l'air; le liquide conserve indéfiniment la réac- tion acide. CULTURES SUR GÉLATINE. — Les cultures sur gélaline restent toujours très minimes à cause de la tempéralure basse, 23°-24°, au maximum avec 15 à 20 p. 200 de gélatine, quil est possible d'employer pour que la gelée ne fonde pas. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur plaques, le microbe donne de petites colonies blanchâtres, punc- tiformes, qui ne grandissent guère. En piqûre, le développement est très peu abondant de 20° à 22°; on n’observe que de très petites colonies, clairsemées, dans le canal de la piqûre: à 24°, le développement est un peu plus abondant et donne une mince culture en clou. Ces cullures sur gélatine renferment très souvent des formes anormales; c'est dans de telles cultures main- tenues longtemps à 18°-22° que Babès aurait observé la produclion de spores. CULTURES SUR GÉLOSE. — Le développement s'y fait bien. Au bout de trente à quarante-huit heures à 37°, on distingue déjà les colonies comme de petites taches blanches, plus épaisses au centre; elles peuvent confluer en une traînée d'un blanc grisàätre après quelques jours. La gélose glycérinée semble mieux convenir (1). L'addition de glycé- rine paraîl du reste favorable pour tous les milieux ; d’après Gossage (2), elle favoriserait la proluction des grains mélachromatiques. CuLrTures sur sÉRuM. — C'est certainement le milieu qui convient le mieux à cette espèce; elle y pousse très rapidement; aussi est-il à recommander de s'en servir pour l’isoler des autres qui l’accompagnent souvent et y croissent moins vite qu'elle. Les sérosilés d’ascite el de pleurésie donnent de moins bons résultats que le sérum. Loeffler recommande le sérum peptonisé obtenu en mélangeant trois parlies de sérum de sang de veau ou de moulon et une parlie de macé- ralion de viande de veau (Fleisch-infus-peplon, p. 231), peplonisée et sucrée à 1 p. 100, salée à 0,5 p. 100 et coagulant à 70°. Le développement du Bacille de la diphtérie y esl un peu plus abondant que sur sérum ordinaire; mais celui des autres espèces qui peuvent se lrouver avec lui dans les fausses membranes de la diphtérie, par exemple, est de beaucoup exallé ; il devient alors plus difficile de faire la séparation. Sur simple sérum coaqulé, préconisé par Roux à cet effet, les colonies (1) Micuer, Das Wachstum der Diphteriebacillen auf verschiedenen Sera und Gly- cerinagar ,Centralbl. für Bakt., XXII, 1897, p. 259). (2?) Gossace, The influence of Glycerine in culture media on the diphteria bacillus (The Lancet, 15 août 1896, et 1898, n° 3807). À / die as BACILLUS DIPHTERIÆ. 831 du Bacille de la diphlérie se développent moins vite et moins abondam- - ment que sur sérum peplonisé; mais, par contre, les autres espèces végèlent beaucoup moins vite, leurs colonies apparaissent bien moins tôt et grandissent moins vite; il est alors beaucoup plus facile de faire la distinction et l'isolement. Roux et Yersin recommandent le procédé suivant pourisoler le Bacille de la diphlérie des fausses membranes qui en renferment : Un fil de platine est frotté légèrement sur la fausse membrane ou les produits suspects. A l’aide de ce fil, on ensemence, en une ou deux stries, succes- sivement plusieurs tubes de sérum simple coagulé, sans recharger le fil, et l’on porte à l'étuve à 37°. Au bout de quinze à dix-huit heures, les colonies du Bacille de la diphtérie sont déjà bien développées. Ce sont de petites taches arrondies, de la grosseur d’une tête d’épingle, d’un blanc grisâlre, à centre plus opaque que la périphérie. A un faible grossissement, les bords sont légèrement onduleux, plus transparents; toute la colonie est finement granuleuse. Ces colonies grandissent avec l'âge et atteignent, après quatre à huit jours, un diamètre de 3 à 5 mil- limèlres en conservant le même aspect. Cobbett (1) emploie le sérum alcalinisé de bœuf ou, mieux, de cheval. Le premier est additionné de 2 grammes de glucose el de 1°°,75 de solu- lion de soude à 10 p. 100 pour 100 centimètres cubes de sérum et sté- rilisé à l’auloclave à haute température ; le second de 2 grammes de glucose et seulement de 1*,25 à 1,30 de solution de soude et stéri- lisé deux fois à un jour d'intervalle à 90°. Ces milieux sont très transpa- rents. Le mélange de gélose et de sérum donne un excellent milieu de cul- ture; Joos (2) le recommande tout spécialement, le Bacille de Loeffler y poussant rapidement et d'autres espèces, souvent mélangées avec lui, beaucoup moins vite. Nous reviendrons plus loin sur tous ces caractères à propos du dia- gnoslic de la diphtérie. CULTURES SUR POMMES DE TERRE. — [l ne se forme pas, sur la pomme de terre à réaction alcaline, de culture bien apparente; mais, si l'on racle au bout de quelques jours la surface ensemencée, on trouve de nombreux Bacilles dans le produit recueilli. Il ne se produit rien sur pomme de terre acide. CULTURES pans LE LAIT. — Le lait est un bon milieu de culture pour le Bacille diphlérique; il n'y produit pas de coagulation, même après un long temps. Le lait de vache cru est particulièrement favorable, comme le montrent les recherches de Schottelius (3); ce liquide donne la réac- üon amphotère. CULTURES SUR BLANC D'OŒUF CUIT. — Le microbe donne, en vingt-quatre heures, à 35°-37°, de petiles colonies rondes, mates, peu transparentes, d'une blancheur moins éclatante que celle du substratum. En vieillis- sant, elles prennent une teinte jaune un peu rougeâtre. C'est une (1) Coserr, Alcalinisirtes Rinder und Pferdeserum als Hilfsmittel bei der Diphte- riediagnose (Centralbl. für Brkt.. XXIIL, 1898, p. 395). (2) Joos, Untersuchungen über Diphteriediagnose (Centralbl.für Bakt., XXV, 1899, p. 296 et 351). (3) Scaorreuius, Ueber das Wachstum der Diphteriebacillen in Milch (Centralbl. für Bakl., XX, 1896, p. 897). 832 BACTÉRIACÉES. méthode qui peut servir pour le diagnostic, lorsqu'on n’a pas de sérum à sa disposilion (1). CULTURE EN MILIEUX CHIMIQUEMENT DÉFINIS. — Dans le liquide d'Out- chinski (2) (p.. 227), le développement est peu sensible dans les premiers Jours, puis, une fois commencé, se poursuivrait presque aussi bien que : dans le bouillon ordinaire. L’addition d'un peu d’urée ou d’acide urique, de sucre de canne serait favorable. Le Bacille se développe à la sur- face et dans la partie supérieure du liquide ; puis les éléments tombent el seréduisent en un dépôt floconneux. D'après Cache (3), ce dépôt pour- rait montrer de nombreux filaments ramifiés, semblables à ceux des Cladothrix. L'activité de ces cultures est moindre que chez celles en bouillon. D'après Hugounencqet Doyon (4), cependant, les cultures sur liquide d'Outchinski ne donneraient pas de bons résultats, même avec addition de peptones. Le liquide suivant paraïil beaucoup mieux convenir (Jirou) : PAUSE RE DT CN REP RER SE EDS te 1000 grammes. GIUCOSC TEE te M CCC RACE RTE CE DE ERe 20 — NC ET ER OS STE PUS En NUE TE 5 -- LP ÉCART TA MO NE Se 2 Are 3 = L'actalesd'anmmomaquer ARMES ERP MERE CRE 281,50 sulfate de soude 06e PE AN A ON 2 grammes. Ghlorure de Sodium RP TE cie 2 — PhOSPhAaleTEMPOLASSE PR CP EE enr cee 2 — Ghlorure'dé calciume 2:72 Re RAC RARE Ogr,1 sulfate de MasREsle Re PT CT ET ete Ogr,1 Le milieu, légèrement alcalin, est stérilisé par un chauffage de deux. heures à 1000; il prend alors une légère leinte jaunâtre. Le Bacille de la diphtérie y donne, en vingt-quatre à quarante-huit heures, un trouble net, diffus. Par ensemencements successifs, le trouble apparaît plus tôt. Après, il se forme un voile blanc très léger à la surface et de petits grumeaux dans le liquide. En n'ensemençant que la surface, le voile léger se montre d’abord, après vingt-quatre heures ; le trouble ne se produit qu'ultérieurement. Le microbe conserve bien sa vitalité sur ce milieu; il n'y meurt qu'après cinquante à soixante jours. Il y prend des formes assez spéciales. Après vingt-quatre heures, on trouve beaucoup de petites plaques de formes rondes; on dirait des coccus. Plus tard, les formes normales deviennent plus abondantes ; les pseudo-coccus s’allongent et donnent de courts bâtonnets; ils ne dispa- raissent cependant jamais entièrement, même dans les cultures de un à deux mois. Portés de ce milieu sur les milieux albuminoïdes habituels, les colonies se montrent presque exclusivement formées de Bacilles normaux. (1) Sauranorr, Simplification du diagnostic bactériologique de la diphtérie (Ann. de l’Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 451). (2) Ourenmwsxy, Recherches sur la nature des poisons de la diphtérie et du choléra (Arch. de méd. expér., V, 1893, p. 293). | (3) Cacue, De la culture du Bacille de la diphtérie croissant en fils ramifiés (Cen- tralbl. für Bakt., XXIX, 1901, p. 975). (4) Hucouxexce et Doxow, Les milieux de culture définis (Soc. de Biol., 18 avril 1896}, BACILLUS DIPHTERLÆE. 833 PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES La composition chimique a été donnée par Nishimura (p. 49). Elle n'indique rien de spécial. Aronson (1) signale de 3 à 5 p. 100 de matières grasses. Vitalité. — Le Bacille de la diphtérie jouit d'une grande vitalité. Des cultures sur sérum peuvent donner un développement dans un nouveau milieu, après six mois et même un an. Roux et Yersin en ont obtenu des cultures de fausses membranes sèches conservées pendant dix-huit mois à l'obscurité. L'action des diverses conditions de milieu sur les propriétés du microbe sera étudiée plus loin. Virulence. — La virulence du microbe obtenu des produits diphté- riques est loin d’être toujours identique : elle varie, au contraire, dans de très larges limites. Evaluation de la virulence: — On l’évalue par l'inoculation de cul- tures jeunes aux animaux d'expérience, principalement au cobaye. On se sert d’une culture en bouillon, faite à 370, âgée de vingt-quatre heures. Un Bacille très virulent tue le cobaye de 300 à 400 grammes en vingt-quatre à trente-six heures à la dose de un demi à 1 centimètre cube en injection sous-cutanée, quelquefois même en moins de temps. Un Bacille moyennement virulent le tue en deux à cinq jours ; un Bacille peu virulent le tue en huit ou dix jours, parfois plus, ou ne détermine même plus qu’une simple lésion locale, un œdème suivi d’escarre. Il est même des Bacilles qui n’occasionnent qu'un très minime œdème au point d’inoculation, ou même rien du tout: leur viru- lence est nulle” ou presque. Pour apprécier le degré de virulence, il est nécessaire de n’inoculer que des cultures jeunes ou rajeunies. Une vieille culture peu virulente gagne en activité lorsqu'on la rajeunit. La virulence est donc, ici aussi, une propriété contingente du microbe qui diminue ou même disparaît lorsque certaines conditions de vie inter- viennent. Elle est liée d’une façon intime à la production de substances toxiques dont il sera parlé plus loin. L'âge de la culture est un facteur important pour la virulence. Au fur et à mesure qu'une culture vieillit, surtout en présence d'air en abon- dance, on voit son activité diminuer ; dans un courant d'air, elle peut même complètement disparaître au bout d'un certain temps. Cette atténuation ne s'obtient pas régulièrement, mais se produit tantôt vite, tantôt lentement; on peut même ne pas observer de décroissance régu- lière et graduelle. Les milieux de culture influent sur cette atténuation, un Bacille cultivé sur gélose perd plus facilement et plus vite son acti- vité qu'en culture sur sérum ou dans le bouillon. Pour le développement et la conservation de la virulence, Nicolas et Arloing (2) recommandent surtout le bouillon additionné de 1/10e de sérum de cheval. Enfin, bien des conditions qui seront étudiées plus loin, entre autres la dessiccation à l'air, la lumière, agissent aussi comme agents d'atténuation. (1) Arowsox, Zur Biologie und Chemie der Diphteriebacillen (Arch. für Kinderheilk., XXX, 1902, p. 23). (2) Nicozas et ArLOING, Influence de certains milieux nutritifs sur la vitalité et la virulence du Bacille de Loeffler (Soc. de Biol., 1899, n° 39, p. 991), Macé. — Bactériologie, 6e édit. TL. — 53 L3 24 - | de RP 834 , BACTÉRIACÉES. Souvent, cependant, celte atténuation d'une culture peut n'être qu'apparente. Une vieille culture, qui, de très active au début, se montre peu dangereuse pour le cobaye, peut ne pas présenter l'atté- nuaton véritable, acquise, et, par conséquent, transmissible par héré- dité ;'il suffit de la rajeunir pour voir reparaître la virulence première. . De là, la nécessité de toujours réensemencer une culture pour pouvoir se prononcer exactement sur son degré d’activité. En absence d'air, ou presque, la virulence se conserve plus long- temps sans se modifier sensiblement. Il est possible de conserver long- temps l'activité d'une culture en la gardant en ampoules scellées et la renouvelant seulement par période de quelques mois. Martin (1) attribue, au point de vue de la virulence, une grande im- portance aux différences de forme des éléments bacillaires, différences qui ont été précédemment signalées (p. 824). Pour lui, les Bacilles courts, disposés souvent parallèlement les uns aux autres, seraient très bénins ; les Bacilles moyens, peu toxiques; les Bacilles longs, in- triqués, les plus toxiques. Il faut reconnaître que la pratique est loin de démontrer l'exactitude et la constance de ces données, les Bacilles longs, enchevêtrés, se montrant parfois peu virulents, même inactifs, et des formes courtes, où les bâtonnets se disposent souvent parallèle- ment, pouvant se montrer très actives. Du reste, un même Bacille, se développant sur sérum ordinaire, peut revêtir la forme courte, et, sur sérum de Loeffler, la forme longue. De nombreuses expériences démontrent qu'un Bacille qui a totale- ment perdu sa virulence, dont l’inoculation au cobaye, même à fortes doses, ne détermine plus rien, ou simplement un minime œdème au point d'inoculation, ne peut plus guère récupérer sa virulence. Roux et Yersin sont toutefois parvenus à un résultat positif en associant à une culture très atténuée, ne déterminant chez le cobaye qu'un petit œdème de deux ou trois jours de durée, une culture de S{replocoque de l'éryst- pèle de très grande virulence. De telles associations peuvent se ren- contrer accidentellement dans la nature, dans le cas d'angine, par exemple, ce qui explique bien des cas d'infection. Il n’en est plus de même avec un Bacille dont la virulence est simple- ment diminuée, s'est atténuée sous une influence affaiblissante quel- conque. On arrive, d'après Bardach (2), à lui faire récupérer sa, virulence par une série de passages continus sur des animaux de moins en moins sen- sibles. Le Bacille diphtérique ne se développant qu’au point d'inocula- tion, il estnécessaire de prendre la semence danslalésion locale, l'œdème qui se produit à cet endroit. À chaque passage, on fait avec cette semence une nouvelle culture qui sert à l'inoculation suivante. Bardach dit être ainsi arrivé à de très bons résultats en se servant du chien: d’autres ont observé les mêmes phénomènes avec le cobaye ou avec des pelits oiseaux, moineau ou pinson par exemple, plus sensibles encore que ce dernier animal. Le meilleur moment pour la semence dans la lésion locale est de la sixième à la huitième heure. (1) Manrin, Examen clinique et bactériologique de deux cents enfants entrés au pavillon de la diphtérie à l'hôpital des Enfants-Malades (Ann. de l’Inst. Pasteur, VI, 1892, p. 335). (2) Barpacx, Études sur la diphtérie (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 40). : \ BACILLUS DIPHTERIÆ. 835 Le même procédé peut servir à exalter la virulence d’une culture déjà très active; le tableau suivant, emprunté à Funck (1), peut donner une bonne idée d’une telle opération; il faut cependant faire remarquer qu'on est loin d'obtenir toujours et régulièrement les mêmes bons résultats. DOSE INJECTÉE. | PASSAGE. COBAYE en grammes. Injection de0s",1 deculture.| Mort en 24 heures. 0er,05 — Mort en 24 heures. Osr,01 Mort en 36 heures (ne pèse plus que 259 gr.). 0er,005 Mort en 2 jours (ne pèse plus que 293 gr.).l 0er 001 Mort en 9 jours (ne pèse plus que 241 gr..). Trump (2) obtient une récupération très nette de virulence, en injec- tant au cobaye 0,35 de toxine diphtérique en même temps que 5 centi- mètres cubes de culture de vingt heures du microbe très atténué et même totalement dépourvu de virulence. La mort survient. En mettant en culture de la sérosité prise au point d’inoculation du microbe, il ré- colte un microbe qui tue déjà. le cobaye sans intervention de toxine et qui se renforce par passages successifs. L. Martin (3) recommande surtout l'emploi de la méthode des sacs de collodion introduits dans la cavité périlonéale de lapins (p. 356). Avec des Bacilles déjà bien virulents, il devient possible, par les ino- culations en série ou par les cultures en sacs de collodion introduits dans lacavité péritonéale, d’exalter d’une façon notable la virulence première et d'obtenir ainsi des microbes très actifs. L'atténualion complète de la virulence conduit à l'obtention d’un Bacille qui ne se distingue du Bacille diphtérique actif que par le manque de toute activité; les autres caractères, caractères de morphologie et de cultures surtout, sont identiques. Ce n’est plus qu'un véritable microbe saprophyte; 1l n'est pas possible de faire reparaître sa virulence par les procédés connus jusqu'ici. Nous reviendrons plus loin sur cette ques- tion, à propos du Bacille pseudo-diphtérique. Action des conditions de milieu. — Le Bacille de la diphtérie peut être considéré comme résistant assez bien aux diverses conditions qui influent d'ordinaire sur la vitalité des microbes. DESsiccaTION. — Roux et Yersin avaient déjà signalé que des fausses membranes desséchées, placées à l'obscurité, pouvaient encore donner des cultures après plusieurs mois. Reyes (4), opérant sur des cultures, dit avoir vu les Bacilles soumis à la dessiccation ordinaire en présence (1) Fuxcx, Manuel de sérothérapie antidiphtérique, 1895, p. 18. (2) Truwrr, Diphterie oder Pseudodiphteriebacillen im Empyemeiter (Centralbl, für Bakt., XX, 1896, p. 721). (3) L. MarriN, Production de la toxine diphtérique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII. 1898, p. 26). (4) Reyes, Sulla vitalita del Bacille della difterite fuori dell'organismo (Ann. d’Igiene sper., V, 1895, p. 501). 836 BACTÉRIACÉES. de l'air résister jusqu'à cent jours dans la poussière; ils sont au con- traire tués en quelques heures, quarante-huit heures au plus, par la dessiccation complète en présence d'acide sulfurique. Valagussa (1) a conservé desséchées des cultures qui, après vingt-six mois, ont pu être revivifiées et étaient encore très virulentes pour le cobaye Lumière. — Ledoux-Lebard(2) a constaté que la lumière diffuse n’agit pas sur la vitalité, tandis que l'insolation directe stérilise tout à fait les cultures en quelques jours. Les rayons les moins réfrangibles du spectre n’ont presque pas d'action bactéricide. D'après Gehrke (3), l'insolation directe tue en deux à six heures les Bacilles des cultures ordinaires; les vieilles cultures en bouillon ne meurent qu'après un ou deux jours. CHazeur. — Les cultures sont rapidement tuées par une température de 58° en milieu humide; desséchées auparavant à une température de 400 environ, elles po urraient résister à une température d’environ 100° pendant au moins trois quarts d'heure. Action des antiseptiques. — D'une façon générale, le Bacille de Loeffler est très sensible à l’action des antiseptiques. Chantemesse et Widal (4), en expérimentant sur des fils de soie immergés dans une cul- ture virulente, desséchés à l’étuve, puis plongés pendant une, deux, trois minutes dans le liquide à essayer, ont observé des résultats inté- ressants. Ils ont vu que l’eau de chaux, le tannin en solution aqueuse à 2 p. 100, l'acide phénique à 1 p. 100, l'acide borique à 4 p. 100, le sul- fate de cuivre et le sulfate de zinc à 0,5 p. 100, l’eau naphtolée, l’eau salolée, l'acide salicyliqueen solution alcoolique à 5 p. 100, le perchlorure de fer en solution aqueuse à 1 p. 100, le biiodure de mercure à 0,5 p. 100 seul ou additionné d’acide tartrique ou d'acide citrique, ne montraient au- cun résultat utile après trois minutes. L'alcool à 95° ne détruit pas le mi- crobe. Le mélange suivant s’est montré particulièrement actif et stérilise presque immédiatement : 25 grammes de glycérine sont ajoutés à 5 grammes d'acide phénique pur et 20 grammes de camphre; le liquide est agité et mis pendant dix minutes dans un bain-marie d'eau bouil- lante ; par le repos, il se divise en deux couches qui se mélangent par agitation; il n’est que faiblement caustique. D'Espine et Marignac (5) disent que le sublimé à 1 p. 1000, l'acide salicylique à 1 p. 2000, le jus de citron pur, peuvent entraver les cul- tures. Toutefois, il faut remarquer que le sublimé n'est pas actif pour les fausses membranes. Barbier (6) regar de comme stérilisant sûr la solution de phénol sulfo- riciné à 20 p. 100. Loeffler (7) signale comme très bactéricide pour les cultures et don- (1) VazaGuss4a, Sulla resistenz del B. difterico all’essicamento (Riv. di Clin. pediatr., 1909, VII, n° 4). (2) Lenoux-Lesaro, Action de la lumière sur le Bacille diphtérique (Arch. de méd. expér., 1894). (3) Genrke, Ueber das Verhalten der Diphteriebacillen in Wassern und auf Nähr substraten unter dem Einflusse des direkten Sonnenlichtes. Thèse de Greifswald, 1896. (4) Caanremesse et Win ac, Note sur le traitement antiseptique de la diphtérie (Revue d'hygiène, XI, 1889, p. 609). (5) D’Esrixe et Mariexac, Revue méd. de la Suisse romande, 1890. (6) Bansrer, Traitement de la diphtérie (France méd., janvier 1892). (7) Lorrrcer, Die locale Behandlung der Rachendiphterie (Deutsche med. Wo- chenschr., 1894, n° 42). BACILLUS DIPHTERIZÆ. 837 nant de bons résultats pour le traitement local de la diphtérie, comme adjuvant du traitement sérothérapique, la mixture suivante : MER ETOlER RER ER EE Ir S de 10 grammes À dissoudre dans ROLO LEE RS PORN LR cs Sr e4c Voie 36 centimètres cubes AICOGIRADS OL RTE Sn et one tree ae ete 60 = Berehlorure de tertliquide ete ter i — Conserver dans des flacons jaunes bouchés à l’émeri. L'application se fait au moins toutes les deux heures, au moyen d'un tampon d’ouate imbibé du remède, après avoir un peu nettoyé la gorge. Produits formés dans les milieux. — On ne connaît que bien peu de choses sur les diverses modifications que le Bacille de la diphtérie fait subir aux différents milieux dans lesquels il se développe. AcipirÉ. — [l y a d’abord dans les bouillons production d'acide. L'aci- dité est probablement due à la formation d'acide lactique aux dépens des hydrates de carbone contenus dans le milieu, surtout glucoses prove- nant du glycogène de la viande. L'acidité peut persister si l’air ne se renouvelle pas ou si le milieu renferme certaines substances, de la gly- cérine en particulier; elle est remplacée par une réaction alcaline lors- que l’air se renouvelle, ce qui cause la fermentation plus rapide des hydrocarbonés; cette réaction est due à la production d’ammoniaque qui se combine plus ou moins à des composés constituants du milieu, forme en particulier du phosphate ammoniaco-magnésien qui peut même se déposer en cristaux. On peut constater la présence d’une petite quantité d'hydrogène sul- furé. InpoL.— La présence d’indol dans les bouillons de culture a été signalée par Palmirski et Orlowski (1) ; elle a été, au contraire, niée par d’autres observateurs. Elle peut ne se manifester que très tard, un ou deux mois. On obtient même parfois la réaction avec simple addi- tion d'acide sulfurique, comme dans la réaction du rouge de choléra, ce qui indique la présence dans le milieu d’une petite quantité de nitrite alcalin formé par le microbe. TOXINE DIPHTÉRIQUE. La particularité de beaucoup la plus importante est la production, dans les milieux où le microbe se développe, de produits toxiques spé- ciaux auxquels sont dus les effets qu'il détermine dans les organismes vivants. On désigne leur ensemble sous le nom de {oxine diphiéri ique ; par extension, on applique la même dénomination aux liquides où a vécu le Bacille de la diphtérie, privés par filtration ou autre procédé de tout élément vivant, liquides qui contiennent les produits toxiques diffu- sibles qu'a formés le microbe. Loeffler avait soupçonné l'existence de ce poison diphlérique, en remarquant que, chez l'homme alteint de diphtérie ou chez l'animal ino- culé expérimentalement, le Bacille ne se retrouvait que dans la lésion (1) Parmirsxr et Orrowsxt, Ueber die Indolreaktion in Diphteriebouillonkulturen (Centralbl. für Bakt., XVII, 1895, p. 358). 838 BACTÉRIACÉES. locale, fausse membrane ou œdème du point d’inoculation, et pas ailleurs, pas dans le sang ou les organes en particulier, comme dans d’autres infections lotius substantiæ. Il avait ainsi été conduit à admettre que l’action nocive pourrait bien être due à une substance toxique | sécrétée par le Bacille, pouvant même manifester ses effets après la disparition de celui-ci. Roux et Yersin ont démontré l'existence de ce poison dansleurs belles recherches (1) qui leur ont permis d'affirmer que « a diphtérie est une intoxication causée par un poison très actif formé par le microbe dans le lieu restreint où il se développe ». Ils ont démontré qu’en filtrant sur une bougie de porcelaine une cul- ture dans le bouillon restée sept jours à l’étuve, on obtient un liquide très limpide, légèrement acide, qui ne contient plus de microbes, puis- qu'il laisse stériles tous les milieux de culture auxquels on l’ajoute. Ce liquide, inoculé à d’assez fortes doses, une trentaine de centimètres cubes, dansla cavité péritonéale d'un cobaye, ou dans les veines auricu- laires d’un lapin, détermine, après quelques jours, des troubles impor- tants, souvent suivis de mort. Chez le cobaye, un des symptômes les plus frappants est une forte dyspnée; chez le lapin, ce sont des para- lysies qui débutent par le train postérieur et s'étendent ensuite à tout le corps ; souvent ces derniers animaux présentent une diarrhée profuse très commune dans la diphtérie infectieuse de l'homme. Les cultures plus âgées possèdent une toxicité plus grande. La quantité de culture filtrée nécessaire pour déterminer la mort est beaucoup moins forte. La mort arrive plus rapidement. Les lésions sont identiques à celles que l’on observe chezles animaux qui ont succombé à l’inoculation du Bacille de la diphtér te. Elles seront étudiées plusloin. On ne retrouve, naturellement, jamais de Bacilles de la diphtérie dans les organes des animaux morts à la suite d'inoculation de cultures bien filtrées. En usant de méthodes spéciales de préparation et en prenant comme semence un Bacille très virulent naturellement ou à virulence exaltée, et surtout un Bacille reconnu comme très Loxigène, comme il sera in- diqué ci-après, il est possible d'obtenir un liquide d'une activité beaucoup plus grande. La mort des cobayes survient en quelques jours ou même en quelques heures, quinze à vingt heures même, après inocula- tion de doses bien moindres d’un centimètre cube, un dixième, un cen- tième, un deux-centième de centimètre cube et même moins. Comme ce liquide toxique, cette loxine diphtérique, comme on dit habituellement, a une grande importance pour l’immunisation des animaux destinés à fournir le sérum antidiphtérique, il est utile de donner des détails sur sa préparation. Préparation de la toxine diphtérique. — La première condition essentielle pour obtenir un liquide très actif est d'employer pour la cul- ture un Bacille diphlérique bien toxigène. Tous les Bacilles diphtériques ne donnent pas de toxine bien active, il s'en faut. Des Bacilles bien virulents, isolés de fausses membranes, peuvent donner une toxine faible ou même inactive; inversement, des Bacilles peu virulents peuvent être bien toxigènes. In ‘y a donc pas de proportionnalité exacte entre la virulence et Je pouvoir toxique, comme 1) Roux et Yersin, loc. cüit., p. 824. di 10e D - ND) PPT BACILLUS DIPHTERIÆ. 839 Roux l’a fait remarquer depuis longtemps; cependant on peut admettre que souvent les Bacilles à virulence élevée possèdent un pouvoir toxique notable. Pour préparer une bonne toxine, il faut user d'un Bacille qui se montre très toxigène. On a intérêt à prendre une race particulière, qui s'est montrée très active à cet égard. Les races spéciales entretenues dans les laboratoires conviennent très bien. La plupart des services usent aujourd'hui de la race connue sous le nom de Bacille américain, Bacille de Park- Williams, isolé à New-York d'une angine, en 1894, par Anna Williams. Il présente des caractères de culture un peu particuliers. Dans le bouillon, le trouble est peu pro- noncé et disparaît vite; 1l se forme un voile blanc, sec, grenu, plus ou moins épais, qui tombe vers le quatrième jour et peut se reformer plusieurs fois. Pour végéter vigoureusement, ce qu'on doit rechercher, le Bacille doit être entraîné par une série de cultures successives dont les ense- mencements se font au mieux tous les deux ou trois jours, jusqu'à ce que l’on obtienne rapidement un beau voile. Avec le Bacille américain bien entraîné, en se servant d’un bouillon suffisamment alcalinisé, on obtient un voile épais; le bouillon qui devient trop vite acide ne donne qu'un voile mince. La première de ces condi- tion fait obtenir une toxine plus active. I n'est toutefois pas possible de se baser sur le fait de la formation ou de la non-formation de voile dans les cultures en bouillons, des expérimentateurs prétendant que les Bacilles ne formant pas de voile ne sont pas suffisamment toxiques. On obtient fréquemment des toxines très actives avec un microbe qui ne forme pour ainsi dire pas de voile, et des produits peu actifs avec des cultures où le microbe a donné des voiles superbes. Lorsqu'on cultive un Bacille bien actif dans du bouillon de bœuf ou de veau peptonisé à 2 p. 100, légèrement alcalinisé, on remarque que le liquide devient acide dans les premiers jours, puis qu'au bout d’un temps plus long il redevient alcalin. Tant que la culture est acide, son pouvoir toxique est peu considérable; il est nécessaire d'en injecter une grande quantitéau cobaye pour déterminer chez lui l'intoxication diphté- rique aiguë et la mort. L'acidité dépend pour une bonne partie de la pré- sence de sucres dans le milieu ; il est donc à recommander d'employer des matériaux dépourvus de sucres, peptones et viande surtout: c'est la raison pour laquelle le bouillon à la viande de cheval ne convient sou- vent pas à cause de la présence de glycogène donnant vite une forte acidité. Lorsque la réaction alcaline a réapparu, la puissance toxique a beaucoup augmenté. Après sept ou huit jours à l'étuve à 37°, le liquide légèrement acide ne détermine rien chez le cobaye à la dose de 2 à 4 cen- timètres cubes; il faut employer des doses véritablement massives, une trentaine de centimètres cubes, en injection dans le péritoine, pour tuer l'animal en cinq ou six jours. Cette dernière dose de liquide préparé avec une culture âgée de quarante-deux jours tue le cobaye en une dizaine d'heures. Des doses bien moindres, de 1/5 de centimètre cube à 2 centimètres cubes, inoculées sous la peau, tuent les cobayes dans un intervalle de temps variant de trois jours à vingt-quatre heures. En somme, l'acidité du milieu paraît être la condition qui nuit surtout 840 BACTÉRIACÉES, à la production de substance toxique par le microbe. Toutes les causes qui favorisent la production d'acide dans la culture sont défavorables pour la production d'un liquide bien actif, et inversement. Aussi, au fond, le but de la plupart des procédés recommandés est d'empêcher plus ou moins cette formation d'acide au début des cultures ou de fixer l'acide dès qu'il est produit pour l'empêcher d'agir. On arrive ainsi, au moyen de divers artifices, à une production plus rapide et plus abondante de substance active. Lorsqu'on arrive à empêcher l'acidité de se produire, la formation de toxine est beaucoup plus rapide et plus abondante. Les cultures faites dans de bonnes conditions peuvent atteindre leur maximum en six à huit jours. Au début, la marche du développement de la toxine est à peu près parallèle à celle des produits alcalins; puis le pouvoir toxique peut ensuite diminuer en même temps que l’alcalinité augmente encore (1). Pour une rapide production de toxine, il paraît important de tenir les cultures en un repos parfait. Toutefois, dans cette question d’acidité, tout ne dépend pas unique- ment du milieu; le microbe lui-même peut être mis en jeu. Il est des races ou variétés qui donnent plus facilement de l'acide que d’autres dans un même milieu ; l'expérience démontre que, pour obtenir de bonne toxine, il faut de préférence choisir ces dernières (2). On peut avoir avantage à exalter la virulence et le pouvoir toxigène du Bacille dont on veut se servir. On y parvient en le faisant passer plusieurs fois par le cobaye, par inoculation sous-cutanée, reprenant de la matière d’ensemencement dans la sérosité de l’œdème formé à l'endroit de la piqûre (p. 835), ou bien en employant la méthode des sacs de collodion introduits dans la cavité péritonéale de lapins (p. 356). On a aussi préconisé dans ce but l’utilisation de l'effet favorisant de certaines associations microbiennes, en faisant des cultures mixtes. Gibier (3) et Hilbert (4) ont signalé l'influence favorable du Streptocoque; Finck (5), dans mon laboratoire, celle d'un Cladothrir. I ne semble pas qu'on puisse tirer des résultats pratiques de ces indications. Procédé de Roux et de Yersin. — Roux et Yersin ont remarqué que la toxicité du liquide augmentait plus rapidement et plus réguliè- rement quand la culture se faisait en présence d'air fréquemment re- nouvelé. Pour y arriver, on se sert avantageusement de ballons à fond plat munis d’une ou deux tubulures latérales (fig. 282 et 283) dans les- quels on met le bouillon en couche d’une faible épaisseur, 2 à 3 centi- mètres; dans de tels ballons, d’une capacité suftisante, on peut facile- ment mettre de 400 à 500 centimètres cubes de bouillon. Ces ballons, fermés par un tampon d’ouate, sont stérilisés à l'autoclave à 120°, puis (1) Coserr, Contribution à l'étude de la physiologie du Bacille diphtérique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XI, 1897, p. 251). (2) Rousse, Quelques procédés pour la production de la toxine diphtérique. Thèse de Nancy, 1900. (3) Grmxr, Description d'un procédé permettant d'obtenir une toxine diphtérique extratoxique (Soc. de Biol., 1897, p. 393). (4) Hizmenr, Ueber Steigerung der Giftproduction der Diphteriebacillen bei Sym- biose mit Streptokokken (Zeitschr. für Hygiene, XXIX, 1898). (5) Fivex, De l'augmentation de toxicité des cultures diphtériques par association au Bacille de Loeffler d’une espèce du genre Actinomyces (Journ. de physiol., 1902, p. 515). tement. On règle facile- ss BACILLUS DIPHTERIÆ. 4 841 ensemencés avec une culture rajeunie et portés à l’étuve à 37°. Après vingi-quatre heures, lorsque le développement a commencé et que le bouillon est nettement troublé, on place dans l'orifice du cel, par-dessus le tampon d’ouate, un bouchon de caoutchouc muni d’un tube de verre relié à un flacon barboteur par où se fait l'aspiration d'air (fig, 282). L'interposition du flacon barboteur est nécessaire pour éviter l'éva- poration du liquide de culture. La tubulure latérale du ballon est reliée à une trompe à eau qui fait l'aspiration. Les différents tubes du flacon et du ballon sont munis de tampons d’ouate destinés à éviter toute contamination de la culture par l'air. Tou- tes les parties de l'appareil sont du reste stérilisées à l’autoclave avant leur ajus- ment le courant d'air "à: FAaU SR l’aide du débit de la trompe : et de vis de pression qu'on | place sur les tubes de caout- Fig. 282. — Ballon Fernbach pour courant d'air. chouc. On peut opérer en même temps sur un assez grand nombre de ballons que l'on relie à des tubulures latérales d’une rampe de cuivre réunie à la trompe; il est ainsi possible de préparer d'un seul coup de grandes quantités te toxine diphtérique. Après trois semaines, un mois au plus, la culture est suffi- samment riche en substance active; son activité n’augmente du reste plus sensiblement, elle tendrait plutôt à diminuer. Ces cultures ache- vées sont filtrées sur bougie Chamberland, dans l'appareil représenté figure 107, page 267, ou tout autre similaire. Dans ces conditions, un Bacille bien virulent donne une toxine qui tue un cobaye de 300 grammes en moins de quarante-huit heures à la dose de 1/10° de centimètre cube en inoculation sous-cutanée. La forme de ballon représentée = figure 283 permet un renouvellement Mmes plus complet de l’air à la surface de Fig. 283. — Ballon à deux tubulures. la culture. Une des tubulures laté- rales est reliée au barboteur, l’autre à la trompe; l’orifice du col est obturé par un bouchon de caoutchouc plein. Cette méthode facile et sûre de préparer la toxine diphtérique pré- sente toutefois des inconvénients. C'est d’abord le temps assez considé- rable que la culture met à gagner une activité suffisante, puis surtout l'embarras que peut causer l'installation d’un grand nombre d'appareils dans les étuves ordinaires. Premier procédé de Spronck. — Spronck (1) attribue à la présence de glucose dans les bouillons la difficulté et la lenteur que peut avoir (1) Sproncx, Sur les conditions dont dépend la production du poison dans les cul- tures diphtériques. Moyen simple de préparer une toxine très active (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 758). 842 BACTÉRIACÉES. RES le Bacille diphtérique à produire de la substance toxique. Il explique même par le fait que la viande de cheval contient beaucoup plus de glucose que celle de bœuf ou de veau le peu de toxicité des bouillons à la viande de cheval signalé par Smirnow (1). Il conseille, pour éliminer le glucose, de faire usage d’une viande qu'on aura laissée vieillir autant que possible, même jusqu'à commencement de putréfaction, et d’avoir soin d'employer une peptone dépourvue de glucose. Il recommande en outre d'ajouter au bouillon 08r,5 p. 100 de chlorure de sodium, une petite quantité de carbonate de chaux. D'après lui, en usant d’un Bacille très virulent, cultivé dans des bouillons ordinaires, on obtient au bout de treize jours une toxine qui tue un cobaye de 500 grammes dans les quarante-huit heures à la dose de 1/10° de centimètre cube. J'ai mis très fidèlement en œuvre le procéde de Spronck; en partant d'un Bacille tuant le cobaye en vingt-trois heures à la dose de un demi- centimètre cube, qui donnait par la méthode de Roux une toxine tuant en trente-six heures, à la dose de 1/10° de centimètre cube, un cobaye de 300 grammes, je n'ai pu obtenir qu'une toxine infiniment moins active que cette dernière, ne tuant le cobaye qu’en six à huit jours. Procédé de Nicolle. — Nicolle (2) dit obtenir toujours une toxine active en opérant de la façon suivante : de la viande de bœuf tué le matin même est haché et mise à macérer une nuit à une température de 10° à 12° (500 grammes de viande pour un litre d’eau). La macération, additionnée de 2 p. 100 de peptone et de 0,5 de sel, est portée à l’ébul- lition, puis filtrée, alcalinisée assez fortement et chauffée dix minutes à 120°; puis filtrée à nouveau et répartie dans des vases quelconques à raison de 1 ou ? litres par vase. Le tout est stérilisé à 115°. Avec un Bacille virulent, après cinq jours à 37°, sans courant d'air, la culture filtrée tue un cobaye de 500 grammes en un peu plus de quarante-huit heures, à la dose de 1/10° de centimètre cube; après sept jours, elle le tue en moins de quarante-huit heures. En employant un Bacille tuant en vingt heures un cobaye de 430 grammes et donnant une toxine très active par le procédé de Roux, je n'ai pu obtenir à diverses reprises, par ce procédé, que des toxines plus faibles, ne tuant le cobaye, de 400 grammes environ, qu'en soixante, soixante-dix heures et plus; de plus, cette toxine a déterminé beaucoup d'œdème. Procédé de Park et Williams. — Park et Williams (3) conseillent d'employer des bouillons de culture bien alcalinisés. Les meïleurs résultats seraient obtenus avec du bouillon qui, après une addition de soude, alors qu’il est bien neutre au tournesol, est additionné de 7 cen- timètres cubes de solution normale de soude par litre. Ceci correspond à un bouillon donnant une réaction alcaline nette, avec de la bonne teinture de tournesol. Procédé de L. Martin {Procédé de choix). — L. Martin (4) recom- (1) Swinxow, Ueber die Behandlung der Diphterie mit küntslichen dargestellten Antitoxinen (Berlin. klin. Wochenschr., 1895, n° 30). (2) Nicoze, Préparation de la toxine diphtérique (Ann. de l'Inst. Pasteur, X, 1896, p. 333). (3) Park et Wiczrams, The production of Diphteriatoxin (Journ. of exper. Med., I, 1896, p. 164). (4) Marrix, Production de la toxine diphtérique (Ann. de l’'Inst. Pasteur, XII 1898, p. 26). 4 BACILLUS DIPHTERIÆ. | 843 mande tout spécialement le bouillon de panse, oblenu comme il a été dit page 231, avec des estomacs de porcs; la fermentation de la viande de veau a permis de détruire toutes traces de matières sucrées. Le liquide sera disposé, en couche de 5 à 8 centimètres de hauteur, dans de larges ballons, et ensemencé en surface, la matière d’ensemen- cement devant flotter sur le liquide. Après un jour ou deux à l’étuve à 37°, le voile apparait, puis s'épaissit; 1l tombe d'ordinaire vers le quatrième jour, puis il s’en reforme un nouveau qui tombe définitivement vers le sixième jour. C'est du cinquième au sixième jour d'habitude que le liquide a son maximum de toxicité et qu'il convient de le filtrer; vers le huitième, l’activité diminue déjà. On doit protéger le voile formé en laissant les cultures dans le plus grand repos, évitant même toutes les trépidations, qui pourraient le faire tomber avant le moment voulu et nuire à la bonne réussite de l'opération. Ce bouillon donne de très bons résultats avec le Bactille américain. La toxine obtenue a souvent une haute virulence, pouvant tuer le cobaye de 250 grammes en quinze à vingt ou quarante heures à des doses de 1/100°, 1/200° et même 1/500° de centimètre cube. Toutefois, le procédé, mis en œuvre très fidèlement, donne aussi des insuccès ; il est bon d’en être prévenu. Deuxième procédé de Spronck. — Spronck (1) a préconisé la décoction de Levure. Un kilogramme de Levure de commerce, non de Levure de brasserie, est délayé dans 5 litres d’eau; le tout est mis à bouillir pendant vingt minutes en agitant constamment avec une spatule. La décoction est versée dans un ou plusieurs vases cylindriques et laissée en repos pendant vingt-quatre heures. La Levure se sépare en laissant au-dessus d'elle un liquide louche qu'on décante. A ce liquide légèrement acidulé, on ajoute par litre 5 grammes de sel marin et 20 grammes de peptone Wilte de Rostock; on neutralise avec de la soude et l'on ajoute encore par litre 7 centimètres cubes d’une solu- tion de soude normale. On chauffe, filtre sur papier, répartit dans des matras et stérilise à 120°, Procédés plus simples. — On réussit souvent bien en employant la simple méthode suivante, basée sur l'addition de craie seule : du bouillon de viande de bœuf peptonisée à 2 p. 100, addilionné d'une petite quan- lité de craie (10 grammes par litre environ), est réparti dans des ballons de 1 à 2 litres, stérilisé à 115°, puisensemencé avec un Bacille virulentet simplement placé à l'étuve à 37°. Le bouillon, filtré après un mois ou six semaines, peut Luer un cobaye de 340 à 400 grammes en trente-six heures à la dose de 1/10° de centimètre cube. Cette re alion démontre bien que la production d'acide dans le milieu est la cause réelle de la lenteur et de la difficulté dans la formation de substance active. On obtient aussi d'excellents résultats en se servant de la macération de viande de Loeffler (Fleisch-infus-peplon, p.231) préparée avec 2 p. 100 de peptone Chapoteaut, qu'on alcalinise à la soude jusqu'à réaction alcaline très nelle au papier de tournesol, ou bien à laquelle on ajoute, après neutralisalion aussi exacte que possible, 7 centimètres cubes de solution normale de soude. (1) Spronck, Préparation de la toxine diphtérique; suppression de l'emploi de la viande (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIL, 1898, p. 701). BACTÉRIACÉES. Conservation de la toxine diphtérique. — Après filtration sur bougie Chamberland, qui se fait avec les appareils figurés pages 266 et 267, on peut répartir le liquide dans des ballons ou des tubes bien remplis que l’on scelle au chalumeau et que l’on garde à l'abri de la lumière, mais surtout de l'air qui exerce sur la toxine une action destructive bien marquée. Ou bien, on ajoute au liquide de culture 3 grammes pour 1000 d’acide phénique ou de tricrésol, on filtre sur papier épais pour séparer les corps bactériens, en grande partie au moins, et on conserve dans un flacon à robinet sous une couche de vaseline liquide stérilisée ou de toluol, épaisse de 4 à 5 centimètres au moins, à l’abri de la lumière. Dans des liquides primitivement clairs, il peut se former de légers louches qui ne sont pas dus à une végélalion microbienne, mais paraissent formés par du phosphate de chaux. Ces produits peuvent ainsi se conserver pendant assez longtemps, quelques mois même, sans perdre sensiblement de leur activité (1). Cependant, on observe un affaiblissement graduel avec le temps, sous des influences que l’on ne connaît pas encore. Le tableau suivant, d’Arrhenius et Madsen (2), peut en donner une idée, bien que l’on ne puisse pas se baser d’une facon absolue sur les chiffres donnés, qui sont sujets, suivant les cas, à des variations en plus ou en moins. Date. Dose mortelle minima. Toxicité. CC: 20/0Cb0bre MISQ TE RETENIR 0,07 100,0 A ANVICEMS OS EC RUE 0,096 72,8 HAMALAS OS TER A EN TASER RES 0,112 62,3 ITFAOG ALORS ENT UNION EEE, 0,145 48,3 l3#Sephembre SOS PAR RC RENE 0,149 47,1 d'octobre lS08 SVP MPEETAATARUE 0,2 39,0 Essai de la toxine diphtérique. — On essaie la valeur de la toxine en l’inoculant sous la peau d'un cobaye, à doses faibles et crois- santes, à l'état de dilution dans de la solution physiologique ou de l'eau stérilisée. On s’est servi au début de cobayes du poids de 500 grammes environ et on recherchait combien il fallait de toxine pour tuer l’animal en trente à quarante heures. On prend aujourd’hui des cobayes de 250 grammes environ. Il est nécessaire de prendre des cobayes qui n'ont jamais subi d'influence de cetle nature, qui n'ont pas servi antérieurement à des expériences quelconques, surtout à des inoculations de produits diphtériques ou de sérum antidiphtérique, ou proviennent même de parents qui ont élé soumis à l’action de tels produits. Il faut des cobayes absolument neufs. On injecte à plusieurs individus des doses progressivement décroissantes. Avec les toxines supposées assez faibles, on part de 1/10° de centimètre cube et on fait 1/20, 1/50° et 1/100°; avec les toxines très fortes, on peut commencer 1/10°, puis faire 1/50°, 1/100°, 1/200° et 1/500°. On observe les sym- ptômes qui seront décrits plus loin (p. 852). La mort survient plus ou (1) Asa, Sulla durata del potere tossico e antetossico nella tossina e nella antitos- sina difterica (Riforma medica, XIV, février 1898). (2) Annnenius et Mavsen, Le poison diphtérique (Acad. roy. des sc. el lettres de Danemark, 1904, et Centralbl. für Bakl., 1t Abth., Originale, XXX VI, 1905). BACILLUS DIPHTERLÆ. 845 moins tôt. On peut considérer comme dose mortelle minima la plus petite dose qui occasionne la mort de l'animal en un laps de temps déterminé, trente ou quarante heures par exemple, ou quatre à cinq Jours pour les auteurs allemands. Cette dose mortelle minima sert de base pour l'évaluation de l’activité du produit. Tous ces détails montrent qu'on est encore loin de pouvoir obtenir toujours et régulièrement une toxine très active. Même en se mettant dans les conditions qui semblent bonnes pour réussir, on constate souvent des insuccès que l’on ne peut pas expliquer. D'où il faut con- clure qu'il est absolument nécessaire d'essayer soigneusement l'activité d’une toxine chaque fois qu'on en prépare pour l'usage ou qu'on veut utiliser une toxine datant de quelques mois. Propriétés de la toxine diphtérique. — Les effets physiologiques de la toxine diphtérique seront étudiés plus loin (p. 852). On n'est pas encore bien fixé sur la nature de la substance toxique ainsi produite. Roux et Yersin pensent qu'elle doit être rapprochée des diastases. Elle en présente en effet une partie des propriétés. On la con- sidère comme une toxalbumine. Elle est très sensible à l’action de la chaleur; son activité est modifiée et d'autant plus profondément que la température est plus élevée et plus longtemps prolongée. La toxine chauffée pendant deux heures à 58°, même à l'abri de l'air, perd de son pouvoir toxique et ne détermine plus que de l’æœdème chez le cobaye, même à la dose d'un centimètre cube; dans les mêmes conditions, chauffée à 65°, elle n'est presque plus toxique; à 70°, elle est inoffensive; chauffée pendant vingt minutes à 100°, on peut en injecter 35 centimètres cubes dans les veines d'un lapin sans lui causer aucun malaise immédiat. Un tel liquide chauffé n'est cependant pas inoffensif ; les animaux qui en reçoivent de fortes doses maigrissent lentement, peuvent présenter des symptômes de paralysie, surtout dans les membres postérieurs, et finissent par succomber, sou- vent dans un véritable état de cachexie, après cinq ou six mois. C’est pro- bablement le résultat de la complexité de cette toxine, qui doit renfer- mer plusieurs principes à effets différents, dont un ou quelques-uns seulement sont influencés par la chaleur. Comme on l’observe pour la diastase pancréatique, l’activité de la toxine diphtérique diminue en présence des acides; il ne faut même qu'une petite quantité d’acide pour en diminuer notablement l'énergie. L'acide lactique, l'acide tartrique produisent plus d'effet que l'acide phénique, l'acide borique; les deux premiers réduisent l’action de la toxine à de simples effets locaux, plus ou moins intenses ; les deux seconds ne font que retarder la mort. Il n’y a pas ici modification de la substance toxique, car la neutralisation fait reparaitre, à peu de chose près, l’activité première. En présence de la lumière, elle s’altère à l’air et peut devenir inoffen- sive; à l'abri de l’air, elle ne s’altérerait pas à la lumière. Elle est rapidement rendue inoffensive par l'ozone; tous les oxy- dants (permanganate de potasse, hypochlorites), l'iode diminuent la toxicité, L'alcool précipite la substance toxique de ses solutions. Comme on l'observe avec les enzymes dans les milieux albumineux, toute la sub- stance toxique est contenue dans le précipité albumineux que donne S46 1 BACTÉRIACÉES. l'addition d'alcool. Mais l’action prolongée dé l'alcool finit par l'altérer ainsi que des précipitations successives. Elle est entraînée par cerlains précipités minéraux qui se forment dansle liquide, le précipité de phosphatetribasique de chaux, par exemple. Avec un même bouillon, on peut faire des précipitations successives sans arriver à priver totalement le liquide de substance active; toute- fois, les précipités sont de moins en moins toxiques; son adhérence aux précipités est très évidente : elle n’en diffuse que peu à peu, comme cela se produit avec les corps microbiens. Elle est précipitée par les réactifs qui précipitent les albumoses, sur- tout le sulfate de soudeetle sulfate d’ammoniaque en solutions saturées. Ce sont là des caractères qui la rapprochent beaucoup des diastases. Ce sont les recherches de Roux et Yersin qui ont donné sur cette. substance les renseignements les plus complets. Le liquide filtré, la toxine brute, lorsqu'on l'évapore sur l'acide sulfu- rique, dans le vide à une température de 25°, donne un résidu très complexe puisqu'il renferme les éléments du bouillon inattaqués ou modifiés par la vie microbienne, qui, dissous dans un peu d’eau, se montre extrêmement toxique; il contient sous un petit volume la ma- tière active d’une grande quantité de culture. L'alcool à 80° dissout une partie de cet extrait sec ; le résidu donné par son évaporation, brun, d’odeur agréable, est inoffensif pour le cobaye. La substance toxique, insoluble dans l'alcool, se retrouve en entier dans la partie insoluble de ce réactif. Cette partie, dissoute dans un peu d’eau, est extrêmement active sur les cobayes et les lapins; l'alcool fort précipite la substance toxique de cette solution sous forme de flocons grisâtres. Dans un litre de culture filtrée, il peut y avoir environ un dixième de milligramme de toxine pure. Si l’on soumet l'extrait dissous dans l’eau à la dialyse, on remarque que la substance toxique dialyse très lentement; ce qui peut expliquer la production de l’action locale après l'inoculationet la lenteur de l'appa- rition des effets généraux. La précipitation par l'alcool affaiblissant toujours notablement l’acti- vité des diastases, il vaut mieux recourir à l'entraînement par les pré- cipités salins. Celui qui réussit le mieux ici est le phosphate de chaux. Roux et Yersin recommandent de recourir à une précipitation frac- tionnée, en ajoutant goutte à goutte et en agitant une solution de chlorure de calcium; la double réaction se produit avec les phosphates contenus dans le milieu. Après chaque précipitation, le pouvoir toxique du liquide filtré diminue de plus en plus; le liquide soumis à une série de précipitations successives ne perd cependant pas complètement sa toxicité. f Le précipité phosphatique est très toxique pour le cobaye, plus à l'état humide que desséché. Le précipité sec peut être conservé longtemps à l'air, être chauffé à 70°, sans que son activité soit diminuée; humide, il est beaucoup plus sensible à ces actions. Traité par l'alcool à 80°, il ne cède presque rien ; l'alcool évaporé laisse cependant percevoir l'odeur agréable signalée précédemment. Ce précipité ne contient natu- rellement qu'une minime proportion de substance active ; 2 centi- grammes du précipité humide tuent un cobaye en quatre jours, en inoculation sous-cutanée ; ces 2 centigrammes correspondent à un poids Ni er. 7 TANT EP 55) Ml Hu EÉERs E EE BACILLUS DIPHTERIÆ. 847 de matière organique inférieur à deuxdixièmes de milligramme, et cette matière organique renferme certainement encore des matières inertes à côté de la substance active. Briegeret Fraenkel (1) ont obtenu des résultats très semblables à ceux de Roux et Yersin, en étudiant la substance toxique produite par le Bacille de la diphtérie dans les cultures. Ils l'obtiennent en précipitant à 30°, par le sulfate d'ammoniaque, les bouillons de culture filtrés sur porcelaine. Le sel qui peut rester dans le précipité est éliminé par la dialyse, jusqu’à ce que l’eau qui se sépare ne précipite plus le chlorure du barvum. Le résidu est desséché dans le vide, à 40°. C’est alors une substance amorphe, floconneuse, très légère, d’un blanc éclatant, pos- sédant beaucoup des réactions des albumines solubles. Elle est très soluble dans l’eau, ne précipite pas par l’ébullition, par l’acétale de plomb, par l'acide nitrique étendu, même à chaud; elle précipite, au contraire, par l'acide carbonique en solution chargée, par les acides minéraux concentrés, l’acide acétique, l'acide phénique, le sulfate de cuivre, le nitrate d'argent, le bichlorure de mercure. Elle ne donne aucun résultat positif avec les réactifs des alcaloïdes ; par contre, elle donne d'une facon très nette la réaction du biuret, celle de la xantho- protéine et la coloration rouge avecle réactif de Millon, caractéristiques des matières albuminoïdes vraies, ce qui permet d'affirmer que c’est un dérivé de l’albumine. Pour eux, c’est une {oxalbumine provenant de la transformation des albumines du milieu. Ces auteurs disent même avoir pu déterminer sa composition centésimale, qui se rapproche beaucoup de celle de la sérine; ils lui attribuent la formule suivante : RAR A Er me En ue Poe ed er Et à 47,35 ET QE AN RULES ONCE EN PAS V3 TIR CET PIE SON A PE TE 7,13 LT IONEE, SERT GMT EEE NAT PEN EE OS RARES PAS ES 16,33 ELLES Ut DES AT nee ME Gtee DS NOR DS CET ARE RE D LG TE RSS 1,39 HOPPER RE DE TIRERNSS AS PR ETRPA AR PL RENAN INT LAVE PRET 29,89 Toutefois, la substance qu'ils ont obtenue présente une toxicité nota- blement moindre que celle du produit isolé par Roux et Yersin. Tandis que ces derniers tuent un cobaye par l'inoculation sous la peau de deux dixièmes de milligramme de leur substance toxique, les auteurs alle- mands doivent, pour arriver au même résultat, inoculer 10 milligrammes de celle qu'ils ont obtenue par leur méthode. Ce qui semble démontrer qu'ils n'isolent par leur procédé qu'un mélange complexe,ne contenant qu'une petite proportion de matière réellement toxique. Dans les bouillons de cultures atténuées, on rencontre, d’après eux, une substance albuminoïde présentant les mêmes réactions, mais non toxique. Ils lui attribuent la constitution suivante : VENT AR SE à DS NA IE PE ARE Re DR EP AO PAPA CR 49 DÉPENS RE AE LE SO MO CT EE Pa AR A NE EE LE LU 7 A TT En TN EN Led ANS T0 ANA Nte CES d'A 45 PE etre ra mat de LD RENE à à 2,23 2e er ORAN RER PRE A PT PRE ren LPS DR à 42e 26,97 (1) BrigGer et FRAENKEL, Untersuchungen über Bacteriengifte (Berlin. klin. Wo- chenschr., 1890, nos 11 et 12). 848 BACTÉRIACÉES. Wassermann et Proskauer (1) sont arrivés à de semblables résultats. Mais pour eux on n'obtiendrait pas de cette facon le poison diphtérique pur; le précipité serait en grande partie formé d’albumoses du milieu de culture ayant entraîné mécaniquement la substance toxique. Brieger et Boer (2) ont décrit récemment une autre méthode, plus pratique, pour obtenir la toxine diphtérique. La toxine est traitée par le double de son volume d’une solution de chlorure de zinc à 1 p. 100. Le précipilé zincique, lavé avec soin, est fortement agité avec une solution de bicarbonate d'ammoniaque à 3 p. 100, ou à 6 p. 100 pour les grandes quantités de liquide, solution dont on prend un volume égal au volume de toxine mis en œuvre. Ensuite, on ajoute une quantité suffisante de phosphate d’ammoniaque (ce qui peut précipiter déjà une partie de toxine) jusqu’à redissolution complète, et qu'il ne reste qu'un trouble dû au phosphate de zinc. On laisse déposer ce fin précipité blanc, on filtre sur papier dur pour recueillir le précipité métallique, on lave bien et l’on sature le filtratum avec du sulfate d'’ammoniaque. Le précipité qui se forme alors renferme quantitativement la substance toxique diphté- rique. On redissout ce précipité dans l’eau, on l’agite avec du sulfate de soude finement pulvérisé; on peut ainsi, en procédant à plusieurs reprises, éliminer les peptones qui ont été éventuellement précipitées avec la toxine, peptones qui se trouvent encore en mélange dans le filtrat du précipité formé par le sulfate de soude avec une plus ou moins grande quantité de toxine. Quand on opère sur des liquides riches en albumine, on n'arrive pas par ce procédé à éliminer complètement l’albumine. On peut cultiver le Bacille diphtérique sur les milieux dépourvus d’albumine ; les auteurs, à l'exemple de Guinochet, donnent la préférence à l'urine humaine dialysée. On n'obtient ainsi que peu de toxine, mais elle est dépourvue d’albumine et de peptones. La toxine pure ainsi obtenue ne présente pas les réactions des albu- mines ni des peptones. Elle est optiquement inactive et se comporte d’une façon tout à fait passive envers les réactions habituelles de la chimie organique. L'alcool, l’éther, l’acétone la décomposent rapide- ment; de même les acides, même l'acide carbonique: tandis que dans les solutions alcalines faibles ses propriétés biologiques ne se modifient pas. Les agents oxydants, comme le permanganate de potasse, même ensolutions extrêmement faibles et très faiblement alcalinisées, la décom- posent presque instantanément, tandis que les substances faiblement réductrices, comme le sulfate de fer, en solutions faiblement alcalines, ne modifient pas sa puissance, même après vingt-quatre heures. Les corps bacillaires dont on a extrait complètement la toxine diffu- sible par une agitation de plusieurs heures (dix-huit à vingt) avec une solution concentrée de chlorure ammonique, ou, comme Je conseille Kossel (3), par un lavage au carbonate de soude ou à la lessive de soude, renferment encore une substance active qui, inoculée à faible dose sous la peau des cobayes, détermine en quarante-huit heures des accidents locaux de suppuration et de nécrose tout spéciaux. (1) Wassermanx et Proskauer, Ueber die von den Diphteriebacillen erzeugten Toxalbumine (Deutsche med. Wochenschr., 1891, n° 17). (2) Briscer et Boer, Ueber die Toxine der Diphterie und der Tetanus (Deutsche med. Wochenschr., 1896, n° 49). (3) Kossez, Zur Kenntniss des Diphteriegiftes(Centralbl. für Bakt., XIX,1896, p. 977). sd 5 sé dus à BACILLUS DIPHTERLE. 849 Gamaléia (1), se basant sur l’action qu'exercentla pepsine etla trypsine sur le poison diphtérique, le considère comme une nucléo-albumine. Ces deux ferments, la trypsine surtout, le décomposent et en sépa- rent une substance à effets toxiques éloignés ; les cobayes nesuccombent plus à l'intoxication aiguë par la toxine diphlérique, mais maigrissent, deviennent cachectiques et meurent après un temps assez long. Ce poison cachectisant, qui est détruit par le chauffage en présence d’alcalis fixés, paraît être une nucléine. D'après lui, la plupart des substances microbiennes toxiques actuellement connues seraient des nucléo-albu- mines ou des nucléines. Cette action destructive de la pepsine en solulion acide doit certaine- ment être regardée comme un des procédés de défense de l'organisme (2). Guinochet (3 ), de son côté, en cultivant le Bacille de la diphtérie dans de l'urine dépourvue de matières albuminoïdes, démontre que la substance loxique ne dérive pas nécessairement des albuminoïdes, Les recherches d'Outchinsky (4), sur des cultures faites avec sa solu- lion minérale (p. 227), prouvent aussi que la substance toxique ne pro- vient pas de la décomposition des albuminoïdes du milieu, mais est formée synthétiquement par le microbe, dans le corps cellulaire même. Le poison diphtérique ne se rencontre pas seulement dans les milieux de culture du microbe, mais il y a élé trouvé aussi dans les humeurs d’animaux infectés expérimentalement, urine, exsudats séreux, etc. Brieger et Wassermann (5) ont vu mourir en trois et dix jours, avec les sy mptômes caractéristiques de l'intoxication par le poison diphtérique, deux cobayes auxquels ils avaient inoculé respectivement 5 centimètres cubes et 0,5 de sérum sanguin d'animal diphtérique filtré sur porcelaine. D'après Ehrlich (6), le Bacille diphlérique produirait dans les bouil- lons de culture deux sortes de substances qu’il nomme les unes loxines, les autres /oxones. Ces deux groupes jouissent de la propriété de neu- traliser ou fixer de l’anlitoxine, mais ont une virulence bien différente ; la virulence de la toxone est très peu marquée ou même nulle. Dans les bouillons filtrés, au contact de l'oxygène, les toxines se transforment en loroïdes qui fixent aussi de l'anlitoxine, mais ne présentent pas de pouvoir pathogène ou seulement très peu. Les idées très originales d'Ehrlich sur la constitution et le mode d'action des toxines en général, et particulièrement de la toxine diphtérique, ont élé exposées précé- demment (p. 145). D'après Madsen (7), si les toxines seules possèdent la propriété de (1) GamazérA, Action des ferments solubles sur le poison diphtérique (Soc. de Biol., 20 février 1892). (2) Cuarrin et Lerèvre, Action de la pepsine sur la toxine diphtérique (Soc. de Biol., 31 juillet 1897). (3) Guinocuer, Contribution à l'étude de la toxine du Bacille de la diphtérie (Soc. de Biol., 1892, p. 480). (4) Ouremxskx, Nature des poisons de la diphtérie et du choléra (Arch. de méd, erpér., 1893). (9) BrieGer et WasserMaANN, Centralbl. für Bakt., XII, 1892, p. 725. (6) Enncicx, Ueber die Konstitution des Diphteriegiftes (Deutsche med. Wochenschr., 1898, n° 38). (5) Maosex, La constitution du poison diphtérique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XIII, 1899, p. 569 et 801), Macé. — Bactériologie, 6° édit, TO y 850 BACTÉRIACÉES. causer une intoxication aiguë, les autres éléments jouissent aussi de propriétés pathogènes ; les toxones, en particulier, produisent des para- lysies tardives. Des recherches de Cruveilhier (1) paraissent bien démontrer qu'à côté de la toxine ou des toxines diffusibles il existe une endotoxine. diphtérique très adhérente aux corps bacillaires, à l'égard de laquelle l’antitoxine ordinaire n’a pas d'action. INOCULATION EXPÉRIMENTALE Le Bacille de la diphtérie est pathogène pour la plupart des animaux d'expérience. Les rats et les souris sont réfractaires et résistent aux inoculations de doses considérables de produits virulents. Inoculation au cobaye. Le cobaye est excessivement sensible; c'est l'animal de choix, le-véri- table réactif expérimental du Bacille de la diphlérie ou de ses produits toxiques. Aussi est-il important de bien connaîlre chez lui les symptômes de la diphtérie expérimentale ; ils ont, du reste, été décrits magistrale- ment par Roux et Yersin. Inoculation sous-culanée. — C'est le procédé qui donne les résultats les plus constants et les plus comparables. Suivant la virulence de la cullure employée, l'injection sous la peau d'un demi-centimètre cube à { centimètre cube de bouillon de culture récente tue le cobaye dans un intervalle de temps qui varie entre vingt-quatre heures et deux ou trois jours pour les cultures virulentes, moins même pour certains types doués d’une haute virulence. A l’autopsie, les lésions consistent en un enduit membraneux, grisâtre, limité au point d'inoculation, sorte de petile fausse membrane, en un œdème gélatineux, plus ou moins étendu, des parties avoisinantes, et en une dilatation générale des vais- seaux qui se traduit par la congestion des ganglions et des organes internes, surtout des capsules surrénales absolument gorgées de sang. Le plus souvent, on trouve un épanchement séreux ou séro-sanguino- lent de la plèvre et du péricarde; parfois le tissu pulmonaire est splé- nisé. Inoculation intrapérilonéale. — Les résultats obtenus sont plus lents; les cobayes meurent quatre ou cinq fois moins vite, avec la même dose de culture, qu'en inoculation sous-culanée. Inoculalion sur les muqueuses. — En excoriant les muqueuses du pha- rynx, de la conjonctive, de la vulve, ou en les brûlant légèrement avec une baguette de verre chauffée, et touchant la place lésée avec un fil de platine chargé de culture, on observe la production de fausses mem- branes typiques. En trachéotomisant un cobaye, lui excoriant la muqueuse trachéale et l’'ensemençant de cette manière, on observe la production d’un véritable croup avec fausses membranes ; la plaie faite se referme vile; au fur et à mesure que les fausses membranes se (1) Cruvriumier, De l'existence d'une endotoxine dans le Bacille de Loeffler nette- ment distincte de la toxine diphtérique (Soc. de Biol., 1909, LXVI, p. 1029). « BACILLUS DIPHTERIÆ. S)1 développent dans la trachée, la respiration devient de plus en plus gênée et bruyante, la mort survient en trois jours. Le simple hbadigeonnage sur une muqueuse saine ne produit rien. Inoculation au lapin. Inoculalion sous-cutanée. — Le lapin résiste en général plus que le cobaye. L'injection de cultures de virulence moyenne ne produit même souvent que des accidents locaux, une nécrose des tissus au point d’ino- culation. Avec des cultures virulentes, il faut injecter de 2 à 4 cenli- mètres cubes pour le tuer. La mort survient en quatre ou cinq jours. On trouve un œdème très étendu au point d'inoculation, un gonflement des ganglions de la région, une.congestion de l’épiploon et du mésen- tère avec de petites ecchymoses le long des vaisseaux ; le foie est jaune, friable, en état de dégénérescence graisseuse; l'épanchement pleuré- lique est exceptionnel; les poumons sont presque toujours intacts. Inoculalion intraveineuse. — A la suite d’une injection de 1 centimètre cube de culture, les lapins meurent en général en moins de soixante heures. Ils présentent une congestion générale des organes abdominaux. le gonflement des ganglions, une néphrite aiguë et très souvent l’alté- ralion du foie citée plus haut. Inoculaltion sur les muqueuses. — On observe les mêmes résultats que chez le cobaye. L'inoculation trachéale après trachéotomie s'obtient encore plus facilement ; l'affection produite rappelle tout à fait le croup de l’homme : respiration bruyante et pénible, gonflement des ganglions du cou et des {issus environnants, trachée congestionnée et tapissée de fausses membranes. Inoculation au chien et autres animaux. D'après Roux et Yersin, le chien esl assez sensible au Bacille de la diphtérie. Un chien vigoureux pesant 8 kilogrammes est mort en trois jours à la suite d'inoculation sous-cutanée d’une culturesur sérum. Un œdème se développa au point d'inoculation; l'animal tomba dans la stupeur, devint incapable de faire un mouvement et mourut après une paralysie complète. Un autre chien inoculé avec la même culture dans la trachée présenta un gonflement du cou avec prostration complète et mourut le quatrième jour tout à fait paralysé. A l’aulopsie, il n’y avait pas de fausses membranes dans la trachée. Ces deux chiens présentèrent avant leur.mort un ictère très marqué. Klein a réussi, en inoculant des chats, à les luer en six et treize jours. Il aurait aussi fait périr deux vaches par l’inoculalion de 1 centimètre cube de culture sous la peau de l'épaule. Toutes deux présentèrent des vésico-pustules sur les trayons. Le sang ne contenait pas de Bacille de la diphlérie ; le hquide des pustules et le lait en ont donné des cultures, dans un des cas ; des chats nourris avec ce lait auraient pris la diphtérie. Les pigeons succombent en moins de soixante heures à l’inoculation sous-culanée ou intramusculaire de 1 centimètre cube de cullure viru- lente. On trouve un petit enduit grisàtre au point d'inoculalion et un œdème gélalineux des tissus. Ils succombent encore avec des doses inférieures à un demi-cenlimètre cube, mais se rétablissent le plus 832 BACTÉRIACÉES. souvent lorsqu'ils sont inoculés avec 1/5 de centimètre cube. On peut aussi leur donner la diphtérie trachéale avec fausses membranes. Les poules se comportent de la même facon. Les pelits oiseaux sont, de tous les animaux, les plus sensibles à l'action du micrcbe de la diphtérie ; on réussit à tuer le moineau ou le pinson avec des Bacilles peu virulents pour le cobaye. Inoculation de cultures anciennes. Lorsqu'on inocule des cultures anciennes, conservées à l'air, mais à l'abri de la lumière, pendant quelques mois, la mort tarde à venir; on observe alors des symptômes différents de ceux qui se passent lorsque les animaux succombent à une intoxication rapide. Dans ce cas, il se produit souvent de véritables paralysies diphlériques. On les observe surtout chez le lapin. La paralysie débute d'ordinaire par le train pos- térieur : elle peut être rapidement progressive et envahir tout le corps en un ou deux jours, l'animal meurt par arrêt de la circulation et du cœur. Ou bien elle reste limitée pendant un certain temps aux pattes postérieures et ne gagne que lentement la partie antérieure; la mort survient avec ou sans convulsions. Le pigeon guérit plus facilement de ces paralysies que le lapin. A l’autopsie du lapin paralytique, on trouve, quand la maladie n’a pas été trop longue, de la congestion des ganglions et des divers organes, un élat graisseux du foie; quelquefois la consistance de la moelle épinière a paru diminuée. I n'y a cependant pas ici atténuation régulière des cultures; de telles cultures, en effet, reprennent toute leur activité quand on les renouvelle. Inoculation de la toxine diphtérique. L'inoculation du bouillon de culture filtré sur porcelaine, de la toxine diphtérique réellement active, produit chez les animaux sensibles les mêmes effets que les inoculations des cultures vivantes; il en est de même des produits plus ou moins purs obtenus en traitant la loxine par les procédés exposés plus haut. Les rats et les souris sont tout aussi réfractaires à la toxine qu'aux cultures ; l'injection de doses de toxine capables de tuer rapidement un chien ne détermine chez eux aucun malaise. Roux et Yersin n'ont pu faire périr une souris blanche qu'avec une dose suffisante pour luer quatre-vingts cobayes. Le cobaye esl également ici l'animal de choix. Selon la virulence et surtout la puissance toxigène de la cullure employée pour préparer la loxine, la dose nécessaire pour déterminer rapidement chez le cobaye l'intoxicalion diphtérique aiguë varie entre 1/100 ou 1/10 de centimètre cube (Voy. p. 844), 1/5 de centimètre cube, 1 centimètre cube. En inoculation sous-culanée, selon les doses employées et l’activité du produit, la mort survient en moins de vingt-quatre heures ou en deux ou trois jours avec des symptômes identiques à ceux que l’on observe avec la cullure vivante. Il se forme rapidement un œdème au point d'inoculation; après douze, vingt-quatre heures ou plus, l'animal est hérissé, prostré, a la respiralion haletante ; les membres postérieurs se BACILLUS DIPHTERIÆ. 893 paralysent, la respiration devient irrégulière, puis s'arrête; la mort sur- vient. L'inoculation intraveineuse de doses plus faibles de moilié déter- mine les mêmes effets. A l’autopsie, on remarque aussi partout la dilatation vasculaire signa - lée plus haut; les ganglions sont congestionnés, les reinset les capsules surrénales sont foncés, gorgés de sang noir ; il y a des ecchymoses Île long des vaisseaux; les plèvres et le péricarde contiennent un épan- chement séreux plus ou moins abondant. Chez les cobayes qui n'ont pas recu de doses mortelles, on observe souvent des parésies typiques, avec abaissement de la température el persistance de la sensibilité. Ces troubles peuvent guérir complètement ou laisser des traces. L'animal inoculé maigrit très vite et peut perdre en vingt-quatre heures le quart ou le tiers de son poids. Dans les cas où la mort ne survient pas rapidement, il se produit un état cachectique prononcé, l'animal perd plus de la moitié de son poids en cinq ou six jours; en le soupe- sant à la main, on a la sensation de lenir un cobaye en carton. De très petites doses, un dixième au moins de la dose mortelle, en injection sous-cutanée, déterminent un œdème hémorragique du tissu cellulaire de la peau. On peut se servir de cetle réaction pour démontrer la présence de faibles quantités de toxine diphtérique dans un produit. Les lapins succombent comme les cobayes aux inoculations sous- cutanées ou intraveineuses de 1 à 4 centimètres cubes ; on observe les mêmes phénomènes paralyliques qu'avec les cultures vivantes. Les lésions du myocarde sont fréquentes chez les animaux intoxiqués. Molard et Regaux (1) ont montré que les lésions pouvaient aller jusqu'à la destruction complète de la substance musculaire. Roger et Bayeux (2), Coppez (3), Morax et Elmassian (4) ont obtenu avec la toxine diphtérique appliquée sur les muqueuses, même en l’ab- sence de toute lésion, des lésions locales, parfois de véritables fausses membranes, ce qui peut faire attribuer à l’intoxication une part réelle dans la production de ces phénomènes dans la diphtérie. Le système nerveux est souvent profondément alleint, comme le montrent les myélites obtenues par Enriquez et Hallion (5). L'ingestion de toxine s’est toujours montrée inoffensive, même à fortes doses. Chez le lapin comme chez le cobaye, des doses très faibles ou de la Loxine provenant de cultures peu virulentes ne déterminent qu'un œædème souvent très minime au point d'inoculalion. L'animal semble se rétablir après quelques jours ; fréquemment, cependant, il maigrit el meurt cachectique après un temps variable, pouvant même présenter (1) Moranp et ReGaun, Lésions du myocarde dans l’intoxication aiguë par la toxine diphtérique (Ann. de l'Inst. Pasteur, XI, 1897, p. 97). (2) Rocer et Baxeux, Sur le rôle de la toxine diphtérique dans la formation des fausses membranes (Soc. de Biol., 13 mars 1897}. (3) Corpez, Des altérations cornéennes dans la diphtérie de l'œil et du traitement local par le sérum (Revue gén. d'ophtalm., 1897, p. 197). (4) Morax et Ermassian, Action de la toxine diphtérique sur les muqueuses (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 210). (5) Exniquez et Hazzion, Le système nerveux dans l'intoxication diphtérique expé- rimentale (Soc. de Biol., 15 janvier 1898). 854 BACTÉRIACÉES. % des symptômes de paralysie. L'amaigrissement peut être extrême et très rapide, la perte de poids considérable. Les pigeons et surtout les petits oiseaux meurent rapidement avec des doses très minimes. Nocard a tué en trois jours un mouton auquelil avait inoculé sous la peau 5 centimètres cubes de toxine active; l'animal est mort avec des accès de dyspnée. La vache est sensible au poison diphlérique; Roux et Nocard ont observé la mort à la suite de l'inoculation de 5 centimètres cubes de toxine active. La chèvre supporte mal également une dose un peu forte. Le cheval supporte mieux la toxine. Parfois l'injection sous-cutanée de 2 à 5 centimètres cubes de toxine très active ne détermine qu'un œdème local qui se dissipe en quelques jours et un peu de fièvre. L'äne réagit beaucoup plus; Roux a vu un ânon de six mois succomber à la suite d’une injection sous-cutanée de 1 centimètre cube de toxine. Nous reviendrons du reste sur l’action de la toxine chez ces animaux à propos de la production de l'immunité. 3ehring établit de la facon suivante l'échelle de sensibilité à la toxine des principales espèces animales qui servent d'ordinaire aux expériences, en commençant par les animaux les plus sensibles : 1° La chèvre. 4° Le mouton. 7° Le chien. 20 Le cheval. 50 Le lapin. 80 Le rat. 30 La vache. 69 Le cobaye. 90 La souris. Introduite dans l'organisme, la toxine diphtérique n'agit pas immé- diatement,commeleferait untoxique minéral ou alcaloïdique ; il y a tou- jours, au contraire, une véritable période d'incubation pendant laquelle l’état de l’anirhal reste normal ou à peu près. C'est ce qui peut faire penser que la toxine n’agil pas directement par elle-même, mais plutôt secondairement, en provoquant peut-être des dédoublements de matières albuminoïdes, d’où viendraient alors les vrais produits toxiques, proba- blement de nature albumosique (Sidney Martin). L'activité d’une {oxine diphtérique est évaluée comme il a été dit plus haut (p. 844). ! IMMUNITÉ ET SÉROTHÉRAPIE Immunisation des animaux. — Hoffmann (1) le premier, en 1887, dit avoir observé que des cobayes, inoculés avec des cultures âgées, qui s'élaient atténuées spontanément, se montraient réfractaires à l’inocu- ation de cultures fraîches de virulence éprouvée. C. Fraenkel (2) a obtenu le même résultat en injeclant aux cobayes, avec précautions, de la toxine chauffée quelque temps à 70°; pour lui, cette température détruisait la substance toxique et respectait une substance vaccinante qui l’accompagnait. Les résultats de Behring {3) sont beaucoup plus complets. Ia pu con- (1) Horrmanx, Untersuchungen über den Lôffler'schen Bacillus der Diphteriae Congrès de Wiesbaden, 1887). 2) BrisGer et Frazëxker, Ueber Immunisierung Versuche bei Diphterie (Deutsche med. Wochenschr., 1890, n° 49). (3) BeuriNG, Untersuchungen über das Zustandekommen der Diphterie-Immunität bei Thicren (Deutsche med. Wochenschr., 1890, n° 50). I BACILLUS DIPHTERIÆ. 855 férer l'immunité aux cobayes et aux lapins par divers procédés. D'abord en employant la toxine chauffée à 70°, comme le faisait Fraenkel. Ensuite en inoculant des bouillons de cullure âgés de trois semaines additionnés de trichlorure d'iode dans la proportion de 1 p. 500. En injec- tant à des animaux, déjà inoculés avec du Bacille de la diphltérie, diverses substances, du trichlorure d'iode, du chlorure double d'or et de sodium, de l'acide trichloracétique et même de l'acide phénique, ou en injectant préventivement d’une solution à 10 p. 100 d'eau oxygénée. Enfin, il obtenait cette même immunité, fait beaucoup plus important, à la suite de l'injection de l’exsudat pleural, privé de microbes, qu'il recueillait sur les cobayes morts à la suite d’inoculation de cultures virulentes. Brieger, Kitasato et Wassermann (1) immunisent des cobayes en leur injectant des cultures de diphtérie dans des bouillons faits avec le thymus de veau. Il ne s'y produit que très peu de toxine, que l’on affai- blit encore en chauffant pendant un quart d'heure à 65°-70°. Roux (2) préfère se servir de toxine pure, injectée à doses très minimes d’abord, puis progressivement croissantes; ou, pour le début au moins, de toxine affaiblie par l'addition de certaines substances, hypochlorites alcalins, hypochlorite de chaux et surtout solulions iodées. On ajoute à la toxine un tiers de son volume de la solution de Gram, au moment même de l'employer, et après quelques instants on injecte le mélange sous la peau. C’est à l'une ou l’autre de ces pratiques de Roux que l’on donne le plus souvent la préférence. - L'immunisation solide des lapins et cobayes, par ces diverses méthodes, est toujours une opération délicate. Il faut procéder avec beaucoup de ménagements, espacer les premières injections, peser fréquemment les animaux et suspendre les injections quand on constate qu'ils diminuent de poids, sans quoi ils deviendraient cachectiques el finiraient par périr. On peut inoculer d'emblée à un lapin de moyenne laille un demi-cen- timètre cube du mélange de toxine et de solution de Gram; l'injection peut se faire à l'extrémité de l'oreille, sous la peau de la face interne. Il se produit, quelques heures après l'injection, un ædème assez fort qui disparaît au bout de quelques jours; on renouvelle l'injection et lon continue ainsi pendant quelques semaines ; on peut, après ce temps, diminuer la proportion d’iode pour arriver à donner de la toxine pure dont les doses pourront être progressivement augmentées. Pawlowsky et Maksutow (3) ont reconnu que l’on obtenait une immu- nisation plus rapide el un sérum antidiphlérique plus actif en recourant à l’action simultanée de la toxine et de l’antitoxine. On injecte d'abord à un cheval une forte dose de sérum antidiphtérique, puis après, chaque deux jours, des doses élevées de toxine. S'il se produisait une réaction trop forte, on injecterait à nouveau une dose suffisante d’antitoxine avant de reprendre les inoculations de toxine. Par ce procédé, dont la valeur à été confirmée par d’autres, le sérum aurait une valeur anti- toxique largement suffisante après quarante à cinquante jours. (1) Bruecer, Kirasaro et Wassermanx, Ueber Immunität und Giftfestigung (Zeitschr. für Hygiene, XII, 1892, p. 254). (2) Roux et Martin, Contribution à l'étude de la diphtérie (sérumthérapie) (Ann. de L'Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 609). (3) PawLowskx et Maxsurow, Methoden der [mmunisierung von Pferden zu Zwecken der Gewinnung der Diphterieheilserums (Zeëlschr. für Hygiene, XXI, 1896, p. 485). 856 BACTÉRIACÉES. L'immunisation des grands animaux est généralement plus facile à obtenir. Elie présente un intérêt tout spécial au point de vue de l’obten- tion de sérum antitoxique. Le chien supporte bien le poison diphtérique; Bardach (1), Aronson, Wernicke (2) ont facilement réussi à en immuniser. La chèvre et le mouton sont très sensibles; Behring et Roux remarquent que les chèvres surtout deviennent souvent cachéetiques. même long- temps après le début de l'expérience. Ehrlich et Wassermann (3) ont réussi sur les chèvres avec les cultures vivantes et avec la toxine. La vache est aussitrès sensible. Nocard et Roux en ont vu succomber une, en cours d'immunisation, àla suite d’une injectionde 5 centimètres cubes de toxine. Il faut donc procéder, pour la vache et la chèvre, avec une grande prudence, n'injecter d’abord que de très faibles doses de toxine iodée et ne recourir que tard à la toxine pure, seulement lorsque le sang montre déjà une certaine puissance antitoxique. Pour celles dont on veut réserver le lait, Roux recommande de commencer l’immu- nisation assez longtemps avant la parturition, car au moment de la mise-bas la sensibilité au poison est encore augmentée. De l’avis de Roux, le cheval est le plus facile à immuniser de tousles grands animaux. Comme celte question d'immunisation du chevalaun grand intérêt au point de vue de l'obtention du sérum antidiphtérique, nous croyons devoir entrer dans quelques détails. Pour immuniser un cheval, il est préférable de recourir aux ino- culations, à doses progressivement croissantes, de toxine de bonne virulence, tuant en quinze à trente heures un cobaye de 250 grammes à la dose de 1 /100° de centimètre cube. Nocard (4) a réussi également en se servant de cultures vivantes, mais l'emploi de toxine filtrée est préférable. L'injection se fait facilement sous la peau de l’encolure ou en arrière de l'épaule avecla technique habituelle. Les premièresinjections peuvent être faites avec la toxine iodée ou des doses plus faibles de toxine pure. Ilest des chevaux qui supportent d'emblée l'injection de 1 centi- mètre cube de toxine pure, sans présenter d’autres symptômes qu'une réaclion fébrile passagère el un œdème local plus ou moins prononcé se dissipant en quelques jours. D'autres paraissent plus éprouvés ; aussi est-il préférable, pour tâter en quelque sorte la susceptibilité du sujet, de commencer par une injection de 1 ou 2 centimètres cubes de toxine iodée avant de recourir à la toxine pure. Roux signale la sensibilité par- ticulière d'un cheval qui avait été inoculé, un an auparavant, avec du Pneumocoque. Le tableau suivant, emprunté à Roux, donnera d’excel- lentes indications sur la marche à suivre pour obtenir un degré suffisant d'immunisalion chez le cheval. Immunisation d'un cheval. — On peut prendre comme modèle la marche suivante, donnée par Roux, au début, (1) Barpacu, Études sur la diphtérie (Ann. de l'Inst. Pasteur, IX, 1895, p. 40). (2) Wernicxe, Ein experimentelle Beitrag zur Kenntniss des Lôfflerschen Diphterie bacillus und zur Blutserumtherapie (Arch. für Hygiene, X VIII, 1893, p. 192). (3 Enruicn et Wassermanx, Ueber die Gewinnung der Diphterie-Antitoxin (Zeitschr. [ür Hygiene, 1894). (4) Roux, Sérumthérapie de la diphtérie (Ann. de l'Inst. Pasteur, VII,,1894, appen- dice, p. 632). fran "a > pré RMS ER. BACILLUS DIPHTERIÆ. 857 Cheval de sept ans, du poids de 400 kilogrammes environ; la toxine tue un cobaye de 500 grammes en quarante-huit heures à la dose de 1/10° de centimètre cube. , 1°r jour. Injection de 1/4 Toxine iodée au 1/10e Pas de réaction ni locale ni générale, 2% — 1 /2ce — 1/10 Pas de réaction. 4e, 6e, 8e jour. — 1/2c2 — 1/10e — 130, 14e — == 1ee a. L/10e D 17e jour. — 1/4 Toxine pure. Léger œdème,sans fièvre. 2% — = qee 2 en Es Dan — ss 9ce 2 se ns 95e — == 3ce ee = = DSL — — 5ce =— === = 30°, 32°, 36e jour. —— jce — — — 39e, 41e jour. — 10ce — — — 43e, 46°, 48e, 50e jour. — 30cc ee dŒEdème assez prononcé, dissipé en 24 heures. 53e jour. — 60ce — — 57e, 63e, 65°, 67e jour. — 6oce — -— 712 jour. —- g0ce Le _ 80e — — 250€c — =. En deux mois et vingt jours, ce cheval a reçu 800 centimètres cubes de toxine sans avoir présenté autre chose qu’un œdème local passager et une augmentation de température de 1 degré environ le soir des jours où l'injection de toxine a été copieuse. En général, l'immunité peut être considérée comme déjà solidement établie quand un cheval supporte une injection de 60 à 70 centimètres cubes d’une toxine active sans présenter autre chose qu'un peu de tem- pérature et un œdème localisé. En pratique, il est possible d'employer au début des doses plus fortes que celles citées dans le tableau précédent et surtout d'user plus tôt de la toxine pure. Le tableau suivant résume la marche de l’immunisation de chevaux, conduite à l'Institut sérothérapique de Nancy, suivant les données de Roux, en utilisant des toxines du Bacille américain, tuant le cobaye de 250 grammes en moins de trente heures à la dose de 1/100° ou 1/200° de centimètre cube. er jour. Inj.de 2€ de toxine add. de 1€ solut. de Gram. Très peu d'œdème. Max. 370,8 30 — Injection de 1°° de toxine pure. Très peu d'œdème. Maxirum 370,3 HO 2 ace a, == —— 78 — ® — gcc — OŒdème léger. _ 400,6 ge — — jee — Un peu d'œdème. _ 380,3 Agen == 5ce _ — —- 380 15 — — 10cc — Presque pas d’œdème. — 379,8 17e — — 10 — — = = Age — _ 10e es = _ 2 209 — — 15cc = = — 389,4 23e — - 15ce _- Peu d'œdème. — 380.1 25° — = 200 = ss 2, VHS Dis = 20e + Æ = Es 29e — — 20c0 — Presque pas d'œdème. — 370,8 TES LE 20cc ae “ LENS 34° — — 30cc -- — = == 36e — - 3çce _— — - _- fée il = aoce = se AIRES 858 BACTÉRIACÉESs 40° jour. Injection de 50% de toxine pure. Presque pas d'œdème. Maximum 38°,4 TRUE = 6oce en _ LT 3801 1u— = 70ce 2e = "pages j6e — = 80ce 5 rt LA TERRES je — = 90ce Le 2 1-1 1%, 50e — LA 100ec 2 LE — 380,2 52% — j:t8 100ce Z 21 Css das LT 400ce + ae RE 54e — = 100ce 25 = NE = _ Le 2 +) MS se Pour les dernières doses, on peut facilement arriver à 120€c, 130€c et même 150€ de toxine. Arrivés à ce degré d’immunisation, les chevaux supportent impuné- ment des doses beaucoup plus fortes de toxine. À ce moment, leur sérum est généralement suffisamment actif pour être utilisé. Si les réactions sont fortes, au début surtout, il faut diminuer les doses, rester plus longtemps à la même, espacer un peu plus les inocu- lations. Ce sont les phénomènes réactionnels qui doivent guider. Il est, du reste, possible, suivant les cas, de modifier la manière de faire. Ce qui doit servir de guide, faire augmenter ou diminuer les doses et les intervalles des injections, c’est l’état de l'animal et les réactions qu'il présente. A ce point de vue, les chevaux réagissent très différem- ment ; il en est qui font plus facilement de l'œdème et de la tempéra- ture que d’autres; l'absence ou la faiblesse des réactions paraissent être favorables pour le bon succès de l'immunisation. Pour ces raisons, il est possible d'aller plus vile dans un cas que dans l’autre. En se servant de la méthode de Pawlowsky et Maksutow qui a été indiquée précédemment (p. 855), on pourrait arriver à obtenir en une quarantaine de jours un sérum suffisamment actif. D'après une expérience de Roux, l’âne supporte bien moins que le cheval le poison diphtérique; un ânon de six mois a succombé à l'injec- tion de 1 centimètre cube. Brieger et Boer disent avoir réussi à immuniser une chèvre el un mouton à l’aide de toxine pure extraite par leur procédé décrit page 848. Le sérum ainsi obtenu aveclatoxine se montre nettement antitoxique. Par contre, il n'est pas bactéricide et pas ou très peu agglutinant. En combinant l'injection de corps microbiens, on arrive à obtenir un sérum jouissant, en outre, de propriétés bactéricides marquées. Le cheval semble êlie bien réellement i ici l'animal de choix (1). ; Sérothérapie de la diphtérie. — On a vu précédemment (p. 454) que Héricourt et Richet avait réussi à faire résister à l'infection du Micrococcus pyoseplicus des lapins auxquels ils avaient injecté, dans le péritoine, du sérum de chiens immunisés à l'égard de ce même microbe, C’est cerlainement là le véritable début de la sérothérapie. Cette méthode a surtout été mise à l’ordre du jour après les recherches de Behring el Kitasalo (2) sur le tétanos et la diphtérie. Ces recherches démontrent que le sérum d'animaux immunisés, mélangé au poison microbien en proportions convenables, neutralise en quelque sorte son action et ceci non seulement in vitro, mais dans l'organisme où l’on introduit (4) ManmiN, Propriétés du sérum antidiphtérique (Soc. de biol., 1903). (2) BenriG et Kirasaro, Ueber das Zustandekommen der Diphterie-Immunität und der Tetanus-Immunität bei Thieren (Deutsche med. Wochenschr., 1890). 2 or LEON rte, aie né a Cie BACILLUS DIPHTERIÆ. 859 le sérum avant l'intoxication; que ce sérum agit aussi bien en outre contre l'infeclion par le microbe vivant que contre l’intoxication par son poison seul; qu'il possède enfin la propriété de guérir un ani- mal déjà en puissance d'infection. Behring explique cetle action par la production dans le sang des animaux immunisés, sous l'influence des produits microbiens, d'une antlilorine pouvant s'opposer aux effets de la toxine provenant du même microbe. Behring, Boer, Ehrlich, Wassermann, en 1892 et 1893, annoncent les premiers résultats fa- vorables observés sur des enfants atteints de diphtérie. La communi- cation de Roux au Congrès de Budapest, en 1894, apporta les preuves les plus convaincantes, “confirmant les résultats de Behring et de ses collaborateurs. La sérothérapie antidiphtérique était érigée en méthode courante. On trouvera tous les détails utiles dans le mémoire de Roux et Martin (1) déjà cité précédemment, et divers ouvrages parus depuis cette époque, entre autres le Manuel de Funck (2). Le sérum antidiphtérique peut être fourni par divers animaux qui sont amenés à un état d’immunisation suffisant. Il est difficile d'utiliser les animaux de petite taille, lapins et cobayes, lorsqu'on désire une quantité tant soit peu considérable de sérum ; ils n’en peuvent fournir qu'un volume très restreint, même en sacrifiant l'animal. Le chien peut déjà en donner plus. Un chien supporte facilement une saignée de 300 à 400 centimètres cubes suivant sa grosseur, et cela à des périodes assez rapprochées; saignant à blanc, par la caroide, on relire 2 litres et plus de sang. L'immunisation de la chèvre et de la vache présente un intérêt tout spécial, à cause du passage dans le lait du principe antitoxique (3). Nous avons vu que cette immunisation était délicate à conduire et elles précautions spéciales il fallait prendre. Nous reviendrons plus loin sur cette question du lait des animaux immunisés. Le cheval présente des avantages lout particuliers à ce point de vue; aussi est-il plus généralement choisi. Nous avons vu d'abord qu'il était facile de l’amener à un haut degré d’immunisation; de plus, il est pos- sible d'en retirer périodiquement une notable quantité de sang; un cheval de poids moyen, 400 à 500 kilogrammes, peut aisément donner tous les mois, et même plus NES moins 4 litres de sang et facile- ment 6 litres, fournissant de 3 à 4 litres de sérum. L'opéralion est des plus Hope elle se fait aseptiquementen suivant les indications données page 234. Enfin les expériences de Roux et Vaillard (4) sur le sérum anlitétanique démontrent que le sérum de cheval est de tous le mieux supporté par l’homme. On ne doitnaturellement immuniser dans ce but que des chevaux par- faitement sains, le sérum d'animaux malades pouvant transporter des (1) Roux et L. Marrix, Contribution à l'étude de la diphtérie (Ann. de l'Inst. Pas- teur, VIII; 1894, p. 609), et Roux, Marin et Cnarrrou, Trois cents cas de diphtérie traités par le sérum antidiphtérique (Zbid., p. 640), (2) Fuxcx, Manuel de sérothérapie antidiphtérique. Paris, Carré, 1895. (3) Ennuicn et WassermanN, Uéber die Gewinnung der Diphterie-Antiloxin (Zeitschr. für Hygiene, 1891), et Wassermanx, Ueber Concentrirung der Diphterie-Antiloxin aus der Milch immunisierte Thiere (Zbid., X VIII). (4) Roux et Varzzan»p, Contribution à l’étude du tétanos (Ann. de l’Inst. Pasteur, VII, 1893, p. 64). 860 BACTÉRIACÉES. germes infeclieux ou renfermer des principes nuisibles. Il est surtout important de s'assurer qu'ils ne réagissent pas à la malléine et qu'ils ne sont, par conséquent, pas en puissance de morve. La tuberculose du cheval est rare et se reconnaît du reste par des signes cliniques si nets que Nocard lui-même déclare inutile l'épreuve de la tuberculine. Il faut prendre de préférence des animaux assez jeunes, de cinq à septans, bien portants, vigoureux, de caractère tranquille de préférence; les chevaux âgés présentent plus facilement de fortes réactions qui rendent l'immunisation plus difficile et plus longue à obtenir à un degré suffisant. Le sérum des chevaux traités comme il a été indiqué dans les ta- bleaux page 857, recueilli quelque temps après la dernière injection, se montre nettement antitoxique. Son maximum d'activité n'est atteint que dix ou onze jours après la dernière injection, comme le montrent bien les recherches de Salomonsen et Madsen {1); la saignée faite plus tôt peut ne donner qu'un sérum faible ou même presque dé- pourvu d’aclivilé, car l'expérience prouve qu'après une forte injection de toxine le pouvoir antitoxique du sang diminue pendant quelques jours, puis croît de plus en plus jusqu'à atteindre un maximum qu'il garde pendant quelques jours et s'abaisse ensuite graduellement pour disparaître tout à faitsil’on n'intervient pas pour le maintenir. Le meilleur moment pour pratiquer la saignée paraît être dix ou onze jours après une dernière injection de forte dose. Wernicke (2) serait parvenu à immuniser des chiens par une méthode toute spéciale, celle de l'alimentation avec de la viande d'animaux diph- tériques. D'après Roux, cependant, l'introduction de loxine dans l’mtes- üin ne doit déterminer aucun effet toxique; il semblerait alors que l'immunilé dûl être indépendante dela toxicité vraie. Un premier chien, jeune, pesant 5 kilogrammes et demi, fut nourri exclusivement avec de la viande d’une brebis immunisée contre la diphtérie; un second, adulte, pesant 35 kilogrammes, avec celle d'une brebis morte de diphtérie chro- nique. Le premier consomma en six jours une quantilé de viande égale à son propre poids; le second ne reçut que le tiers de son poids. Après trois jours, le premier chien et un chien témoin reçurent sous la peau un demi-centimètre cube d'une culture virulente. Le témoin mourut après quatre Jours ; le premier chien ne présenta qu'un peu d’œdème au point d'inoculation, son état général resta normal; on retrouva cependant, plus de quinze jours après l'inoculalion, des Bacilles diphtériques à l'endroit de l'injection. Le second chien succomba à une inoculalion de 1 centimètre cube de culture. L'immunité obtenue par la nutrition à la viande de brebis immunisée serait donc plus stable que celle que l’on obtient avec la viande de brebis morte de diphtérie chronique; de plus, la puissance de cette immunité serait en rapport avec la quantité de viande ingérée. En renforçant l'immunité ainsi obtenue à l’aide d'injections à doses graduellement croissantes de toxine ou de cultures virulentes, Wernicke est parvenu à obtenir un sérum dont la force curative est si grande qu'un centimètre cube de ce sérum suffisait à immuniser plusieurs centaines de kilogrammes d'animal. Si (1) Sazomoxsex et Mapsex, Recherches sur la marche de l’immunisation active contre la diphtérie (Ann. de l’Inst. Pasteur, XI, 1897, p. 315; XIII, 1899, p. 262). (2) Wenxicke, Loc. cil., p. 856. ; BACILLUS DIPHTERLE. 861 l'on usait de ce sérum pour l'homme, il suffirait donc de quelques cen- tigrammes pour immuniser un adulte et quelques milligrammes pour un enfant. Les quelques résultats cités sont encore trop peu nombreux pour permettre d’asseoir une opinion. ESSAI DU SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE Les propriétés bien spéciales d'un sérum antidiphtérique ainsi obtenu sont utilisées pour préserver et combattre la diphtérie chez l'homme, c'est-à-dire préventivement et curativement. Le pouvoir préventif et curatif dépend de la présence dans le sérum de substances, encore bien peu connues, dont les proportions sont certainement en rapport avec les effets qui sont déterminés. D'après ce que l’on sait de l’action d'un tel sérum, trois indications sont à rechercher. On doit chercher à estimer son pouvoir préventif,.son pouvoir curatif, Son pouvoir anliloxique. Il est d'un grand intérêt, par conséquent, de se rendre un compte exacl de la puissance d'un sérum pour pouvoir être assuré de son activité thérapeutique et aussi évaluer la quantité à employer dans un cas donné. Plusieurs méthodes peuvent conduire au résultat cherché ; celles qui sont surtout employées sont la méthode du début de Behring- Ehrlich, celle de Roux et celle d'Ehrlich. Méthode d'essai de Behring-Ehrlich. — Le sérum est mélangé en proportions graduellement croissantes à une dose de toxine représen- tant dix fois la dose mortelle pour un cobaye adulte de poids moyen, 400 grammes environ. Avec une Loxine considérée comme normale, qui tue un tel cobaye en quarante-huit heures à la dose de 1/10° de centi- mètre cube, on prend 1 centimètre cube de cette toxine en plusieurs éprouvettes, el l’on y ajoute des doses variables, de moins en moins considérables, de sérum, par exemple un millième, neuf dix-millièmes, huit dix-millièmes, sept dix-millièmes, cinq dix- millièmes de centimètre cube, et ainsi de suite, de sérum que l’on a au préalable dilué dans une solution de chlorure de sodium à 8 p. 1000 soigneusement stérilisée d'avance, pour pouvoir évaluer plus aisément la proportion à ajouter. Le mélange est ramené à 3 centimètres cubes par addition de solution phy- siologique et injecté sous la peau des cobayes que l’on doit prendre d’un poids aussi égal que possible. Les cobayes qui ont reçu des mélanges trop peu riches en sérum, où la toxine n'a élé neutralisée qu’en par tie, périront après un intervalle de temps variable suivant la quantité de toxine neutralisée, ou présenteront seulement une réaction locale plus ou moins intense; ceux qui auront élé inoculés avec un mélange où la toxine est entièrement neutralisée n'offriront aucun symptôme ni général ni local. La quantité de sérum de ce dernier mélange pourra servir de base à l'évaluation de son activité. Ainsi, si dix centièmes de centimètre cube, ou 10 centigrammes, de sérum neutralisent exacte- ment 1 centimètre cube de toxine, dix fois la dose mortelle pour un cobaye, on aura, comme l'admet Behring, un sérum normal renfermant une unilé anliloxique dans un centimètre cube ; 10 centimètres cubes de ce sérum représenteront dix unités antitoxiques. Si un sérum possède une activité telle que 1 milligramme neutralise 1 centimètre cube de toxine, ce sérum sera cent fois plus aclif que le sérum dit \ 862 BACTÉRIACÉES. normal; il contiendra 1000 unités antitoxiques Behring dans 10 cen- timètres cubes. Ehrlich et Wassermann insistent sur le point qu'il faut, pour évaluer exactement un sérum, se baser non pas sur la dose qui préserve le cobaye de la mort, mais sur celle qui neutralise absolument la toxine et: empêche la production de toute réaction locale, de tout œdème au point d'inoculation (1). La grosse objection à faire à cette manière d'opérer est dans l'im- précision complète de la dose de toxine que l’on emploie, la quantité de 1/10° de centimètre cube, prise comme base, pouvant en effet être justement suffisante, ou largement suffisante, ou très largement suffi- sante, pour déterminer la mort du cobaye dans le temps voulu; il peut y avoir excès ou grand excès de toxine à neutraliser, ce qui rend l'estimation fautive. Méthode d'essai de Roux.— La méthode d'essai imaginée par Roux donne des renseignements soit sur le pouvoir préventif, soit sur le pou- voir curalif du sérum, suivant que l'on fait intervenir ce dernier avant ou après l'introduction dans l'organisme du Bacille diphtérique ou de sa toxine. Pouvoir préventif. — Pour évaluer à ce point de vue l'activité d'un sérum, Roux prend comme base la quantité, par rapport au poids du cobaye, qui en est nécessaire pour préserver Lout à fait de la mort ce cobaye auquel on fait, douze heures après l'injection sous-cutanée du sérum, une Injection sous-cutanée de culture virulente de diphtérie âgée de vingt-quatre heures, ou d’une dose de toxine capable de tuer en quarante heures un cobaye de 500 grammes. Si cette quantité est de 1/25 000°, 1/50 000°, 1/100 000° ou plus du poids du cobaye, le sérum est dit actif au vingt-cinq-millième, au cinquante-millième, au cent-millième ou plus. Pouvoir curalif. — On l'évalue en injectant sous la peau de cobayes un demi-cenlimètre cube de culture virulente de diphtérie âgée de vingt- quatre heures et, six heures après, des quantités de sérum graduelle- ment décroissantes, égales au 25/1000°, 50/1000°, 100/1000° ou moins du poids du corps. La survie de certains de ces cobayes indique quelle est à peu près la quantité de sérum nécessaire pour empêcher la mort par rapport au poids de l’animal et fixe l’activité du produit. Toutefois, il est nécessaire de ne pas trop retarder l'injection du sérum ; la quan- tité doit en être augmentée à mesure qu'on le fait agir plus tard. Il arrive même un moment, plus ou moins tôt suivant l’activité de Ja culture ou de la toxine, où l'intoxication est déjà trop établie et trop profonde pour qu'on puisse sauver les animaux, même en usant de doses élevées de sérum. Roux considère comme suffisamment actif pour être employé au trai- tement des malades un sérum dont un centième de centimètre cube injecté à un cobaye de 500 grammes le protège contre une inoculation de un demi-centimètre cube de culture diphtérique bien virulente tuant le cobaye en moins de trente-six heures à cette dose), ou de la dose de Loxine indiquée plus haut, faite douze heures après. D'après ce qui vient d'être dit plus haut, on voit qu'un tel sérum est aclif au cin- 1) Enruicn, Die Werthbemessung des Diphterieheilserums und deren (heoretischen Grundlage. léna, 1897. in rs go côté dir in nt fe bte, Re Be étitleidnent ' P* À U ns de np nn dt, ads ne nn né Le dé on SL, ns 7 BACILLUS DIPHTERIÆ. 863 quante-millième ; c’est l’activité minima demandée pour son utilisation thérapeutique. Il y a des objections et des réserves à faire à celte méthode d'essai qui mérite cependant d’être conservée. Ceci vise surtout, comme dans la méthode précédente, l'imprécision de la dose de toxine ou de culture virulente que l’on emploie, qui peut être trop forte, même beaucoup trop forte, pour obtenir le résultat pris comme base, la mort du cobaye de 500 grammes en moins de quarante heures. Ici, il semble préférable de se servir de toxine, puisque la diphtérie est maladie d'intoxication et que c’est la toxine diffusée dans le corps qui produit les troubles que l’on veut combattre par le sérum; en se servant de toxine, on se rapproche plus certainement de ce qui se passe chez l’homme malade. Pour être sûr de la dose de toxine qui est à employer, il faudrait prendre non pas une dose approximative, mais une dose minima réelle qui serait à déterminer chaque fois, à cause des variations que présentent les différentes toxines, même obtenues dans des conditions identiques, ou que subit une même toxine avec l'âge et les circonstances de con- servation; cetle détermination ne peut en outre bien se faire qu'à l’aide d’une série d'essais portant sur un assez grand nombre d'animaux. De plus, il y a à faire intervenir aussi la sensibilité individuelle des cobayes à la toxine; certains meurent avec des doses moindres que celles qui laissent vivre les autres. Il est possible d'y remédier en prenant plusieurs cobayes pour chaque essai et faisant une moyenne. Il semble préférable aujourd'hui de prendre des cobayes de 250 à 280 grammes au lieu de cobayes de 500 grammes. La comparaison des résultats avec ceux oblenus par d’autres méthodes, la suivante particulièrement, devient ainsi plus facile. Enfin, il faut admettre que, pour qu'on puisse affirmer qu'il y a neutra- lisation absolue de la toxine par le sérum, il ne se produise aucune lésion locale, ni œædème ni escarre, au point d’inoculation du produil virulent, ni lésion générale tardive telle que parésie ou paralysie ; cepen- dant il semble que l'absence de tout épanchement même minime, en ce point soit un fait assez rare. Méthode d'essai d'Ehrlich. — Mesure du pouvoir antitoxique du sérum. — Les méthodes précédentes ont surtout un point faible, la valeur incertaine de la base d'opération qui est la toxine. Il a paru à Ehrlich qu'en raison de la variabilité des toxines que l'on obtient, même en fixant rigoureusement les conditions d'expérience, et des variations d'une même toxine sous l'influence de l’âge et de la con- servation, il n'était pas possible de songer à prendre un type fixe, un étalon de toxine, auquel seraient alors comparés les sérums à essayer. Par contre, le sérum desséché, conservé à l’abri de l’air et de la lumière, garde pendant longtemps son pouvoir antitoxique intact. Il est donc très facile de le prendre comme étalon. La méthode d'essai, préconisée par Ehrlich, consiste à prendre comme unité de base une quantité déterminée d'un sérum étalon et de lui comparer, en se servant d'une toxine quelconque, le sérum à essayer. Il considère comme unilé anlitoxique (unilé d'immunisation, unilé immunisante, Immunitäls-Einheil, en abrégé ZE) la quantité de sérum 864 BACTÉRIACÉES. qui neutralisait exactement én vitro 100 doses mortelles d'une toxine qu'il possédait au début, ou immunisait un cobaye contre 100 doses mortelles de cette toxine. Un sérum qui contient une unité anti- toxique au centimètre cube est dit sérum normal. Le premier sérum étalon contenait 1700 unités immunisantes dans un gramme;de produil sec. Tousles autres sérums étalons ontété repérés sur ce premier sérum. L'Institut de thérapeutique expérimentale de Francfort {Institut für experimentelle Therapie) conserve le sérum étalon en tubes scellés contenant 25,5 de sérum sec. Il titre actuellement 2544 unités au gramme. Tous les deux mois, le contenu d'un tube est dissous, de facon à donner 636 centimètres cubes dans uu liquide contenant 2/3 de gly- cérine et 1/3 de solution de chlorure de sodium à 8,5 pour mille. On obtient ainsi la solution test d'antitoxine, {est-sérum, contenant 10 IE au centimètre cube. Cette solution se conserve sans altération pendant deux mois; elle est renouvelée après ce laps de temps. L'Institut envoie en tubes scellés des doses de 1 centimètre cube. Ce sérum étalon sert à déterminer la valeur de la toxine dont on dis- pose (1). On a grand avantage, si on a souvent des essais à faire, à se servir de préférence d'une toxine d'activité assez constante, toxine âgée de six à huit mois, d'un an même, qui ne varie plus guère. Les opérations en sont simplifiées, parce que l’on connaît à peu près son degré d'activité. Tous les essais doivent être faits avec des cobayes du poids de 250 à 280 grammes en inoculation sous-cutanée. L'activité de cette toxine est déterminée à l’aide du sérum étalon, de façon à établir les valeurs limites (/imes) suivantes. Dose limile zéro, LO : c'est la quantité de toxine qui est exactement neutralisée par une IE. On l’établit en mélangeant des doses croissantes de toxine à une unité antitoxique ; quand il y a neutralisation absolue, l'inoculation ne produit aucun symptôme morbide, ni local, pas d'œdème, ni général, même pas de parésie. Supposons que ce résultat soit oblenu par le mélange de 2 centi- mètres cubes de toxine avec une IE. On aur 0. On fait une série de mélanges où la proportion de toxine est graduellement aug- mentée de 0%,1; pour chacun d'eux, on laisse quinze minutes à l'abri de la lumière, el l’on injecte sous la peau d'un cobaye de 250 à 280 grammes. Avec le mélange 11E+42%,1 toxine, on observe un œdème au point d'inoculation; avec 2,2, l'œdème sera plus prononcé, mais passera vite: avec 2%,3 et 2°,4, la lésion locale est plus forte et subit un processus de nécrose, il y a un début d' intoxication ; avec 2,5, une bonne partie des animaux succombent entre quatre et douze jours: à 2,6 tous les cobayes meurent en trois et quatre jours. Cette dernière dose est la Dose limile mortelle, L +; c'est la quantité de toxine qui, mélangéeavec une IE, contient encore en excès, non neutra- lisée, une proportion de toxine exactement suffisante pour tuer en quatre jours un cobaye de 250 à 280 grammes. L'obtention de LO et L + permet de déterminer par différence (1) Voy. Orro, Die staatliche Prüfung der Heilsera (Arbeilen aus d. Kônigl. Ins- titut für erperimentelle Therapie Frankfurt a. M., 1906). “ BACILLUS DIPHTERIÆ. 865 L + _ LO, la dose mortelle minima, DI,, de la toxine. C’est la plus petite quantité de la toxine qui peut tuer en trois ou quatre jours, en inoculation sous-culanée, un cobaye de 250 à 280 grammes. Pour le sérum à essayer, l'unité antitoxique, IE, sera donc la plus pelite quantité de sérum qui, £n vitro, neutralisera complèlement 100 DL. On opère dela façonsuivante pour faire une mensuration, les valeurs précédentes étant connues : On prend 1 centimètre cube de la dilution de sérum étalon obtenue comme il a été dit page 864, renfermant 10 IE : on mélange avec 19 cen- ümètres cubes de solution physiologique. Deux centimètres cubes de ce mélange renferment par conséquent une unité antitoxique. D'un autre côté, on mélange 2 centimètres cubes de la toxine avec 18 centimètres cubes de solution physiologique. Supposons que, pour cette toxine, L + soit égale à 2,6 comme il a été dil tout à l'heure. On prépare des mélanges avec de la solution physiologique, conte- nant chacun dans 4 centimètres cubes la dose L + de toxine et des quantités décroissantes du sérum à essayer, que l'on note exactement. Ces quantités de sérum sont obtenues avec les dilutions suivantes. On veut rechercher, par exemple, si un sérum contient au centimètre cube 100, 200, 300, 400, 590 unités antitoxiques. On prépare cinq flacons, conte- nant chacun 199, 299, 599, 799, 999 centimètres cubes de solution phy- siologique. À chacune de ces quantités, on ajoute exactement 1 centi- mètre cube du sérum à essayer, puis la pipette est bien rincée et le mélange bien opéré. De chacune de ces dilutions, on prélève 2c,6 qui sont la quantité à ajouter à chaque dose L +, On mélange soigneuse- ment le sérum et les 4 centimètres cubes de la dilution de toxine et de solution physiologique et on laisse un quart d'heure à la tempéra- ture du laboratoire. Ces mélanges sont alors injectés en entier, avec soin, sous la peau de cobayes de 250 à 280 grammes. Parmi les animaux, les uns ne meurent pas, lesautres meurent en moins de quatre jours, un meurtenquatre jours et a reçu par conséquent le mélange renfermant une dose mortelle de toxine libre. Ce dernier mélange contient du sérum dilué à 1/n° de centimètre cube ; puisqu'il produit vis-à-vis de L} la même action qu'une IE du sérum étalon, c’est qu’un centimètre cube du sérum à essayer renferme nIE. Cette unité antitoxique se trouve dans 1 centimètre cube du sérum normal (p. 864). Si elle existe dans 0,01 d’un sérum à essayer, ce der- nier renferme au centimètre cube 100 IE et titre 1000 IE dans la dose de 10 centimètres cubes; si elle existe dans 0,005 du sérum à essayer, ce dernier renferme au centimètre cube 500 IE et litre 5000 IE dans la dose de 10 centimètres cubes, ainsi de suite pour des quantités moin- dres de sérum et des valeurs plus élevées. On multiplie d'autant plus les essais qu'on veut serrer le résultat de plus près et obtenir une précision plus grande. En pratique, on peut largement se contenter d'une estimation faite à 5 p. 100 près. Cependant, il faut reconnaître que les résultats que l’on obtient ne sont pas toujours aussi nels et aussi constants. Il arrive encore sou- vent que l'on constate des irrégularités dans les séries d'expériences ainsi instituées. Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 959 866 : BACTÉRIACÉES. Des cobayes succombent avec des doses de toxine inférieures à celles qui laissent survivre d'autres. Il y a sous ce rapport, chez les animaux, des variations individuelles qui font que la résistance et la sensibilité à la toxine ne peuvent être regardées comme des quantilés nettement fixées. Il y a en plus des toxines qui s'écartent plus ou moins des règles admises. Il se peut, par exemple, que l’on constate que la différence L+_ LOsemanifesle commesupérieure à 1 DL. C'est ce qu'Ehrlich désigne sous le nom de phénomène paradoxal, et explique en admettant qu'il s'est formé dans le produit des composés secondaires dérivés de la toxine, {oxones ou loroïdes, dont l’avidité pour le sérum, plus précisé- ment pour l'antitoxine, est égale à celle de la toxine vraie, mais qui ont une toxicité bien moindre e. È La toxine apparaît en tout cas comme un corps extrêmement com- plexe et variable dont il est toujours délicat d'évaluer exactement les propriétés. Aussi, on peut penser que loutes ces méthodes ne peuvent donner que des évaluations approximatives. Il n’est guère possible, à leur aide. d’énoncer des données d'une certilude rigoureuse. Jusqu'ici, le meilleur signe de la valeur d'un sérum se trouve encore dans la constatalion des résultats cliniques obtenus (1). Les chevaux dont l'immunisation a été conduite comme il a été indiqué pages 857 et 838 fournissent, lorsqu'on les saigne onze à douze jours après la dernière injection de toxine, un sérum dont l’activité est d'ordinaire au moins égale, souvent supérieure, au cinquante-millième d'après la méthode de Roux, et contient environ 300 IE d’après celle d'Ebrlich. En augmentant les dernières doses de toxine ou en employant des toxines très fortes, il est possible d'obtenir des sérums d’activité plus grande, actifs au quatre-vingt-millième, au cent-millième. Il ne paraît pas utile de dépasser cette puissance. D'ailleurs, les conditions individuelles de l'animal interviennent ici, sans que l’on puisse en donner une raison bien précise ; parmi plusieurs chevaux soumis à une méthode d’immunisation identique en tous points, il en est qui fournis- sent un sérum plus actif que celui fourni par d’autres. Il est possible de mélanger ces divers sérumset d'obtenir un produit d'activité moyenne. Nous savons que chez un animal immunisé le degré d'immunisation qui a atleint son maximum à un moment donné, ou la puissance anti- toxique de son sang, ce qui ne peut se séparer, ne reste pas longtemps stable, n’est pas une qualité acquise définitivement, mais diminue pro- gressivement à mesure qu'on s'éloigne du moment de la dernière injec- tion de toxine, et peut même disparaître complètement après un certain temps. Si l'on veut que l'animal en question fournisse périodiquement du sérum antitoxique, il est nécessaire d'entretenir son immunisation. On y parvient facilement en lui injectant régulièrement, dans l'intervalle de deux saignées, une dose suffisante de loxine. On peut, après avoir laissé reposer plus ou moins l'animal, pendant dix ou quinze jours par exemple, lui faire une série d’injections sous- cutanées de toxine à doses modérées et croissantes; ou même, mais (1) Cruvenmier, De la! valeur thérapeutique de l'antitoxine dans le sérum anti- diphtérique (Ann. de l’Inst. Pasteur, XIX, 1905, p. 249). - A En N" C3 | BACILLUS DIPHTERLÆ. 867 ce qui est moins à conseiller, pendant que la canule qui a servi à la sai- gnée est encore en place, lui faire une injection massive, 300 à 500 centimètres cubes de toxine. Les expériences de Roux et Vaillard sur limmunisalion contre le tétanos ont démontré qu'on obtient toujours un sérum plus actif en multipliant les injections de doses relativement petites de toxine; de plus, les injections sous-cutanées semblent fournir un sérum plus actif que les injections intraveineuses, les massives surtout; le premier procédé est donc à préférer (1). On peut recommencer le traitement d'immunisation huit à quinze jours après une saignée el le conduire de la facon suivante : Se jour après la saignée : Injection de 50€ de toxine. 10e = — — 50cc 2 12e = — _ 50ce = 14e — — =. 611144 — 15e _ — — 100ce ee 16e — _ == 100cc =. 17e = _ tOoce = 18e 2 un _ 100cc _ 19e — _ _ 120°e _ 20e == = 2 150ce _ De telles doses concernent-l’emploi d'une toxine de bonne activité, Luant le cobaye en vingt à quarante heures à la dose de 1/100° de centi- mètre cube ; avec des toxines plus fortes, les doses sont à diminuer en proportion. On doit se guider toujours sur la réaction produite, éviter une réaction trop forte, éviter surtout une trop grande élévation de température, des températures supérieures à 39° paraissant nuire à une bonne formation d’antiloxine. La saignée suivante est faite onze à douze jours après la dernière injection. On peut répéter la saignée un grand nombre de fois sur un même cheval, tantôt du même côté, tantôt en alternant. Les chevaux en trai- tement actuellement dans les divers Instituls paraissent pouvoir très bien supporter le traitement et servir ainsi pendant des années à l’ob- tention du sérum. On a déjà remarqué cependant que l'emploi de toxines très actives, comme celles oblenues par exaltation de la viru- lence d’un Bacille, toxines qui tuent le cobaye à doses dix ou vingt fois moindres que la toxine normale de Roux, détermine parfois des sym- ptômes de dénutrilion et de cachexie chez certains chevaux. La façon dont les chevaux supportent les injections de Loxine diphté- rique est des plus variable. Il en est qui présentent des réactions notables avec de faibles doses de toxine, 1 centimètre cube ou moins : leur température s'élève au-dessus de 40°, l'œdème peut être énorme. D'autres ne présentent pour ainsi dire aucune réaction à des doses plus fortes. Cerlains fournissent, avant toute inoculation, un sérum déjà légèrement antitoxique pour le cobaye; on pourra les choisir de préfé- rence ; ils supportent mieux les injections de toxine et peuvent arriver plus vite aux hautes doses. Si l'on vient, dans le cours des opérations, à changer le microbe producteur de toxine, on pourra observer des (1) NibriGaisorr et Osrrianixe, Ueber die Immunisation gegen das Diphterietoxine (Centralbl. für Bakt., 1® Abth., Orig., XLV, 1907, p. 558). 868 BACTÉRIACÉES. Ve changements dans les symptômes habituels. L'observation suivie des sujets guidera l'opérateur dans les modifications à apporter au procédé. Le sérum recueilli aseptiquement par la méthode Pasteur peut se conserver indéfiniment sans présenter d'autre modification qu’une légère précipitation de fibrine qui se produit à la longue sous forme de flocons, de très fins grumeaux ou même de fins cristaux. Lorsqu'on ne recueille pas de sang d'une facon absolument aseptique, il faut laisser la coagu- lation et la séparation du sérum se faire à 0° et ajouter au sérum soutiré des substances antisepliques, de l'acide phénique par exemple, en pro- portion de 0,5 p. 100 comme on le fait en Allemagne, ou le filtrer sur bougie Chamberland; cette dernière méthode lui enlève toujours de son activité (1), la bougie de porcelaine retenant de la substance anti- toxique. Il est beaucoup préférable de recourir à la méthode de Pasteur. Elle a été décrite précédemment avec détails (p. 234 et suiv.). Le sérum soutiré aseptiquement d'une facon ou d’une autre, et ici la simple pipette Chamberland est d'un excellent usage, est réparti dans des flacons de conserve ou dans les tubes qui serviront directement au pralicien. Les flacons de conserve peuvent être des ballons stérilisés dont le col est étiré après un remplissage ou qui sont simplement bouchés avec un bon bouchon de caoutchouc stérilisé à l’autoclave dans une enveloppe de papier brouillard. Les tubes à utiliser ont une contenance de 10 centimètres cubes et sont simplement bouchés avec un bouchon de caoutchouc stérilisé qu'on recouvre d’une couche de paraffine fondue ou d'un capuchon de caoutchouc stérilisé. Dans des flacons bien remplis, conservés à l'obscurité, le sérum garde longtemps sa puissance antitoxique. De nombreuses expériences démontrent qu'il peut rester un an et plus sans s’affaiblir, ou en ne s'affaiblissant que d'une manière insignifiante. Certains agents physiques ou chimiques ont sur son activité une in- fluence manifeste (2). La lumière du jour a une action affaiblissante manifeste, quoique lente ; après trois ou quatre mois, le pouvoir antilo- xique esttrès diminué ; ce sont surtout les rayons bleus qui agissent, les rayons jaunes et rouges sont très peu actifs. Des températures moyennes, maintenues pendant peu de temps, sont sans effets appréciables sur l'activité du sérum; on peut le maintenir pendant plusieurs jours à l’étuve à 35° sans le voir s’affaiblir; c’est même là un excellent moyen pour s'assurer de sa purelé microbienne. D'après Marenghi(3), on peut le chauffer à 55° pendant cinq heures sans le voir rien perdre de son acti- vité. En chauffant pendant vingt minutes à 59°-59°,5, l'affaiblissement est réel, mais très minime; à partir de 60°, 65°, 70°, tout pouvoir se perd rapidement, complètement en moins d’une heure. Le sérum desséehé à basse Llempérature, puis à 100° dans un courant d’air sec, peut supporter un chauffage d'une demi-heure à 110° ou d’un quart d'heure à 140° (1) DzierzGowskr, Sur la filtration dés substances albuminoïdes à propriétés actives (Arch. des sc. biol. de Saint-Pélershourg, IV, 1895, p. 225). (2) Murrer, Ueber die Resistenz des Diphterieheilserum gegenüber verschiedenen physikalischen und chemischen Einflüssen (Centralbl für Baktl., XXIV, 1898, p. 251 et 316). | 3) ManenGui, Ueber die gegenwärtige Wirkung der antidiphteritischen Serums und Diphterietoxins (Centralbl. für Bakt., 1897, XXII, p. 520). PE BACILLUS DIPHTERLE. 869 \ sans perdre ses propriétés (1). Une température de 37° a une action affaiblissante déjà marquée après un mois; le froid modéré conserve bien. L’oxygène est,un atténuateur énergique; l'air agit dans le même sens, mais plus lentement. L'azote et l'acide carbonique donnent les mêmes résultats que l'air. L'addition d'acides ou de bases détruit toute activité; de même l’action digestive exercée par la pepsine ou la tryp- sine. L'addition de petites quantités d’antiseptiques ne paraît pas nuire. Elle est réglementaire dans certains pays; en Allemagne particulièrement, on additionne le sérum de 0,5 pour 1000 d'acide phénique. Cette addition vise surtout le danger de la présence du Bacille de la morve, lequel, d'après Bonhoff (2), est tué en vingt-quatre heures avec cette dose d’antiseptique. La malléinisation pratiquée avec soin permet d'écarter toute crainte. La filtration sur bougie Chamberland produit une stérilisation par- faite, mais retient souvent beaucoup d’antitoxine. Desséché dans le vide, avec soin, le sérum retrouve ses propriétés préventives quand on le dissout à nouveau dans huit ou dix fois son poids d’eau. Cette particularité peut servir pour des transports lointains. Cette solution donne au point d'inoculation une petite tuméfaction passagère que ne produit pas le sérum naturel. Des sérums secs renfer- ment jusqu'à 5000 et 6000 IE au gramme. Il est possible d'obtenir, par une concentralion plus ou moins poussée, des sérums à activilé plus grande. Contrôle du sérum. — En France, la préparation et la vente du sérum anlidiphtérique sont réglementées par la loi du 25 avril 1895, qui impose l'obtention d'une autorisation gouvernementale donnée après avis du Conseil supérieur d'hygiène. Le sérum qui date de plus d’un an ne peut être mis en vente; la mention de la date de la saignée est obligatoire sur chaque flacon. Le Congrès de Bruxelles de 1903 s’est occupé des moyens de litrage et de contrôle des sérums; les conclusions formulées ne peuvent pas être considérées comme définitives, la question restant encore à l'étude. En Allemagne, la loi a institué un contrôle officiel qui se fait à l'Ins- litut de thérapeutique expérimentale de Francfort. Le pouvoir anti- toxique du sérum est déterminé par la méthode d'Ehrlich et le produit rejeté ou classé dans différentes catégories d’après sa teneur en unités immunisantes, pouvant contenir de 200 à 3000 IE par flacon de 10 cen- timètres cubes. La mention de la date de la saignée et l'indication de la teneur en unités immunisantes sont imposées sur chaque flacon. Le sérum doit être stérile; on s’en assure en faisant des cultures aérobies et anaérobies. Il ne doit pas renfermer plus de 0,5 pour 100 d'acide phénique. Pour s'en assurer on injecte à une souris de 15 grammes un demi-centimètre cube de sérum : si la souris meurt, c'est que la quantité d'acide phé- nique est supérieure à celle qui est prescrite. Antitoxine diphtérique.—Lasubslanceantiloxique, celte anliloæine (1) Camus, Résistance aux températures élevées des vaccins desséchés (sérum anti- venimeux et sérum antidiphtérique) (Soc. de Biol., 26 février 1898). (2) Boxnorr, Versuche über die Môglichkeit der Uebertragung des Rotzkontagium mittelst Diphterieheilserums (Berlin. klin. Wochenschr., 1897, n° 5). 870 BACTÉRIACÉES. diphtérique que contient le sérum, est encore bien peu connue. Guérin et Macé (1 ) l'ont obtenue en traitant par le sérum douze fois son volume d'alcool à 95°; le coagulum albumineux est lavé sur le filtre à l'alcool, desséché dans le vide au-dessus d'acide sulfurique, réduit en poudre el traité par l'eau distillée. La solution obtenue montre un pouvoir anti- toxique très marqué. La substance active parait être de la nature des diastases. Ce qui confirme encore cette opinion, c'est l’action très mar- quée de la température; soumise à une chaleur de 60° à 65°, elle perd rapidement son activité. Brieger et Boer (2), d'Astros et Rietsch (3) ont réussi à précipiter incomplètement l'antitoxine du sérum en ajoutant 20 p. 100 de chlorure de sodium et autant de chlorure de potassium au sérum dilué dans son volume d’eau. D'après Belfanti et Carbone (4), l'antitoxine est intimement liée à l'existence de la globuline du sérum: elle en serait peut-être même une modification. Smirnow (5), dans plusieurs mémoires, dit avoir obtenu, par électro- lyse de toxine diphtérique active, une production d’anlitoxine. D'après lui, le meilleur résultat s'oblient en employant un courant faible main- tenu pendant longtemps, 80 milliampères pendant seize et dix-huit heures ; les propriétés curatives diminuent en prolongeant l'action. Cette antitoxine, obtenue par électrolyse, n'est douée que d'un pouvoir neutralisant très faible vis-à-vis de la toxine ; malgré cela, elle ne céde- rait en rien, comme effet thérapeutique, au sérum antidiphtérique. Marmier (6), qui a repris les expériences de Smirnow, n'a observé dans le produit aucune action immunisante ou curative: 1l a vu la toxine ainsi traitée perdre tout à fait son activité et se transformer en une véri- table solution d'hypochlorites formés sans doute par l’action de l’élec- trolyse sur les chlorures du milieu; ce sont peut-être ces derniers sels qui auraient un certain effet curateur, comme le démontrent des expé- riences de L. Martin. Il dit également n'avoir obtenu aucun résullat en usant des courants alternatifs à haute fréquence. Ebrlich et Wassermann (7), ayant observé la présence d' anlitoxine dans le lait des animaux immunisés, proposèrent de se servir de ce liquide comme source de ce produit. On comprend l'intérêt et l’impor- tance que pourrait présenter celte méthode, s'il devenait facile d'ex- traire du lait l’antitoxine pure ou suffisamment purifiée. En outre, 1l (1) Guérin et Macé, Sur l'antitoxine diphtérique (C. R. de l'Acad. des se., 5 août 1895). (2) Briecer et Boer, Ueber Antitoxine und Toxine (Zeitschr. für Hygiene, XXI., 1896, p. 249). (3) D'Asrros et Rierscen, Essais d'extraction de l’antitoxine diphtérique (Soc. de biol., 31 mars 1900). L (4) Brcranrs et Canpoxe, Contributo alla conescenza dell'antitoxina diphterica (Arch. per le Scienza med., XXIX, 1898). (5) Suinawow, Ueber die Behandlung der Diphterie mit Antitoxinen, die ohne Ver- mittelung des thierischen Organismus darstelbar sind (Berlin. klin. Wochenschr., 1894, p. 683). — I0., Ueber die Behandlung der Diphterie mit künstlich dargestelten Antitoxinen (Berlin. klin. Wochenschr., 1895, p. 645 et 675). — In., Note sur la déter- mination du pouvoir neutralisant du sérum antidiphtérique (Arch. des se. biol. de Saint-Peélersbourg, IV, 1895, p. 328). (6) Manmrer, Les toxines et l'électricité (Ann. de l'Insl. Pasteur, X, 1896, p. 469). (7) Enruica et Wassermanx, Ueber die Gewinnung der Diphterie-Antitoxine aus Blutserum und Milch immunisierte Thiere (Zeitschr. für Hygiene, X VIIE, 1894, p. 239). PNR VONT LES EST AUTRES BACILLUS DIPHTERIÆ. 871 est beaucoup plus facile avec le lait de suivre chez l'animal, pour ainsi dire jour par jour, la formation de la substance antitoxique et les varia- tions qu'elle peut présenter. La quantité d’antitoxine que peut contenir le lail d’une chèvre ou d'une vache immunisées, varie naturellement avec le degré d'immuni- sation auquel on est parvenu. On l'apprécie facilement en évaluant, comme pour le sérum, la quantité de toxine active qu'un volume donné de lait peut neutraliser. Au début de l’immunisation, 5 centimètres cubes de lait ne suffisent pas pour neutraliser 1 centimètre cube de toxine; plus tard, il ne faut plus pour cette dose de toxine qu’un dixième de centimètre cube environ. Le lait est alors actif au cinquantième. Le rapport entre la valeur antitoxique du sang et du lait d’un même animal bien immunisé serait comme 1 est à 20, d’après les auteurs cités. Une chèvre produisant en moyenne 30 litres de lait par mois peut ainsi four- nir une quantité d'antiloxine égale à celle contenue dans un litre el demi de sang, dose à laquelle on ne pourrait pas arriver sans danger. Une vache donnant journellement une dizaine de litres de lait en fourni- rait une quantité beaucoup plus grande. L'important serait d'arriver à extraire cette antitoxine sinon pure, du moins sous une forme utilisable. Wassermann (1) indique le procédé suivant : le lait est recueilli, avec toutes les précaulions antiseptiques, dans des vases stérilisés ; on y ajoute 20 centimètres cubes de solution normale de chlorure de sodium par litre et une quantité de présure suffi- sante pour obtenir une coagulation complète et rapide. On décante le liquide clair qui s'est séparé du coagulum et on l’agite quelque temps, dans de grands vases à précipités, avec du chloroforme pour le débar- rasser de la graisse. Par le repos, le chloroforme se réunit au fond du vase. En décantant, on obtient un liquide clair, dépourvu de Bactéries, qui peut se conserver pendant des mois sans perdre son activité, ou servir aux préparalions ullérieures. D’après l’activité antitoxique de ce dernier liquide, on le traite par le sulfate d'ammoniaque en proportion de 30 à 33 p. 100. Il se produit un précipité qui est recueilli sur filtre et rapidement détaché sur une spatule de platine, placé sur une plaque de porcelaine dégourdie, desséché dans le vide, exprimé pour le débarrasser du sulfate d'am- moniaque en excès et redissous ensuite dans une quantité d’eau dix fois moindre que la quantité du liquide obtenu après coagulation du lait. Il reste dans la solution une faible quantité de sulfate d'ammo- niaque qui ne présente aucun inconvénient pour son emploi chez l'enfant. Pour employer avec avantage ce procédé, on a intérêt à pousser limmunisation de l’animal à un très haut degré; la proportion d'anti- toxine contenue dans le lait est plus grande; elle est loin cependant d'atteindre celle qui se trouve dans le sérum. L'antitoxine diphtérique, ou le sérum qui en contient, donne très rapidement, sur-le-champ pour ainsi dire, l'immunité aux animaux. Cette immunité, toutefois, ne dure pas; elle diminue vite pour dispa- raître au bout de quelques jours ou quelques semaines, selon la propor- (1) Wassermaxx, Ueber Concentrirung der Diphterie-Antitoxine aus der Milch im- munisierte Thiere (Zeitschr. für Hygiene, XVIII, 1894, p. 235). 872 BACTÉRIACÉES. tion d’anlitoxine introduite. Elle diffère notablement sous ce rapport de l'immunité obtenue par injections progressives de {oxine, qui est beaucoup plus durable. Les idées que l’on peut se faire de l’action de l’antitoxine sur la toxine ont été exposées précédemment (p. 143). Dans l'application du sérum anlitoxique autraitement de la diphtérie humaine, la question de la dose à injecter a une grande importance. Elle doit varier suivant la puissance du sérum, l’âge du sujet, la gra- vité et la période de la maladie (1). Ilexiste trois numéros de sérum Behring : le n° I contient 600 unités IE dans 10 centimètres cubes; le n° IT, 1 000 unités; le n° III, 1 500 uni- tés; le n° IV, 2000; le n° V, 3000. Le sérum Roux a en moyenne une activité comprise entre 1/70 000° et 1/100000°, Lorsqu'il s’agit de jeunes enfants et que le traitement est appliqué au début, on peut commencer par une injection de 10 centimètres cubes de sérum Roux ou de sérum Behring n° 1; au-dessous d'un an, cette dose peut être réduite à 5 centimètres cubes. Dans les cas graves, ily a avantage à donner d'emblée 20 centimètres cubes de sérum Roux ou 10 centimètres cubes de sérum Bebring n° I. Chez l'adulte, la dose initiale doit être au moins de 20 centimètres cubes et mieux 30 centimètres cubes. L'intervention a d'autant plus de chances de succès qu'elle est plus précece. Le tableau suivant, dû à Samguime(de Moscou), le prouve avec toute évidence : MORTALITÉ. Inrechionbfaitele Pour APE eee rer . 10,5 p. 100 — SO IC SO DENT ICO" EUETE 13,3 — —= TR PR Or 200 TPS GEO Te TC 16,8 — — OR AE OT LC RTS SES 33 à 40 p. 100 L'état du malade, les symplômes que l’on peut constater, surtout l'étendue des fausses membranes, l'intensité des phénomènes laryngés, serviront de base pour les injections ultérieures. Suivant ce qui se passe, on peut faire une seconde injection de douze à vingt-quatre heures, parfois même six heures, après la première, et continuer plu- sieurs fois s’il le faut. D'ordinaire le sérum est très bien supporté. On observe cependant assez souvent la production d'accidents sériques qui paraissent en rap- port avec des susceptibilités particulières. Il n’est pas prouvé toutefois que tous les accidents graves observés, l'anurie en particulier, doivent être mis sur le compte du sérum; ils peuvent provenir de l’intoxication diphtérique. A la suite du traitement sérothérapique, on peut observer de la fièvre, de l'érythème, localisé ou généralisé, de l’urticaire, de l’œdème surtout au visage, parfois des arthropathies, qui paraissent bien être sous la dépendance du sérum. Ces accidents se produisent plus facilement ou plus intenses chezjles individus qui ont déjà reçu antérieurement, longtemps avant même, des injections de sérum; on 1) Hausnarrer, De l'application des sérums au traitement de la diphtérie et du télanos (Congrès de méd. de Nancy, 1896). ” A “ # ï . [l 4 aa ae LR Er ne nt er LD sd BACILLUS DIPHTERLÆ 873 peut voir là un fait d'anaphylaxie (1). D'après Spronck (2), le chauffage préalable du sérum à 59°-59°,5, pendant vingt minules, est très favo- rable contre les accidents 'post-sérothérapiques, surtout les éruptions cutanées, souvent si désagréables ; mais une telle température est déjà nettement affaiblissante et ne paraît du reste pas plus mettre à l'abri des accidents. Pour Nicolle (3), le sérum antidiphtérique n’a pas d'action nuisible sur le rein sain; tout au plus détermine-t-il une très légère albuminurie passagère. Les symptômes graves de néphrite sont dus au poison diph- térique que forme l'organisme. Cependant il semble bien qu'on doive admettre que la très légère toxicité d’un sérum, même normal, puisse agir défavorablement sur le rein et être réellement la goutte d’eau qu fait déborderle vase. Spronck (4)admet aussi l’action favorable du sérum dans l’albuminurie diphtérique. Après l'injection de sérum, on peut observer, au bout de quelques heures, une amélioration notable de l’état général, surtout saisissable dans les cas graves. L'action produite sur les fausses membranes est particulièrement remarquable. Dix à douze heures après l'injection, les fausses membranes deviennent plus blanches, perdent de leur consis- tance et de leur épaisseur, se décollent d’elles-mêmes de la muqueuse, peuvent se dissocier; à leur place il ne se reproduit qu'un mince enduit disparaissant bientôt à son tour. Souvent, de trente-six à quarante-huit heures, toute trace de fausse membrane a disparu. Dans les formes graves, le processus est plus tenace, les fausses membranes peuvent se reproduire pendant quatre ou cinq jours. Le résultat indéniable du traitement sérothérapique de la diphtérie est un abaissement notable de la mortalité. Les statistiques démontrent que de 45, 50 et même 60 p. 100, elle peut tomber à 10 ou 15 p. 100, «même au dessous. Le moment de l'injection, la quantité de sérum in- Jectée ont une grande importance pour le résultat (5). Le sérum antidiphtérique n'agit que sur le Bacille de Loeffler ét sur sa toxine; aussi les associations microbiennes qui peuvent se rencontrer dans la diphtérie jouent-elles un grand rôle dans l'issue du traitement, ce qui montre de suite l'importance d'un diagnostic bactériologique exact. On a vu précédemment que le sérum antidiphtérique présentait un pouvoir immunisant manifeste et qu'en l'injectant à la dose suffisante aux animaux d'expérience, cobayes et lapins par exemple, il était pos- sible de leur faire supporter, sans autres symptômes qu'une petite lésion locale, l'injection d’une dose sûrement mortelle de culture viru- lente de diphtérie. Ce qui démontre qu'il jouit d'un pouvoir préventif (1) Voy. Prrquer et Scnicx, Die Serumkrankheït, 1905. (2) Sproxcxk, Influence favorable du chauffage sur les accidents post-sérothérapiques (Ann. de l’Insl. Pasteur, XII, 1898, p. 6961. (3) Nicozze, Action du sérum antidiphtérique sur les reins sains ou Fee (Revue de méd., janvier 1898). (4) Srroxck, Étude expérimentale de l’action du sérum antidiphtérique dans lalbu- minurie diphtérique préexistante (Sem. méd., 1897, n° 55, p. 434). (9) Bayeux, La diphtérie avant et depuis l’année 1894, avec les résultats statistiques -de la sérumthérapie sur deux cent trente mille cas. Thèse de Paris, 1899. 874 BACTÉRIACÉES. certain à l'égard de l'affection. Mais il faut se souvenir que l’immunité ainsi produite n'est que de courte durée. Les applications faites chez l'homme dans un but préventif semblent en effet confirmer en tous points les résultats expérimentaux. Pour ne ciler que les principales séries, Roux n'a pas vu se produire un seul : cas de diphtérie chez 128 personnes en contact permanent avec des diphtériques et injectées préventivement ; Peck a obtenu le même ré- sultat à New-York chez 500 enfants inoculés préventivement pendant une épidémie de diphtérie. Behring et Ehrlich n'ont observé qu’un petit nombre de cas de diphtérie, 10 sur 10000 inoculés préventivement; chez ceux qui prirent la maladie, l'évolution en fut bénigne; ils attribuent la production de ces cas à l'emploi d’une quantité trop minime de sérum. Behring et Erhlich avaient au début indiqué comme dose préventive suffisante le dixième de la dose thérapeutique, 60 unités; Behring (1) a élevé la dose à 150 unités, de 1 centimètre cube à 1 centimètre cube et demi de son sérum fort. Roux donne comme dose préventive moyenne 5 centimètres cubes de son sérum. La durée de l'action immunisante suffisante ne paraît pas très cons- tante ; elle varie entre trois et dix semaines; il semble que l’on ne doive guère compter sur plus d'un mois. Il est du reste possible de renouve- ler l’inoculation préventive. Elle est certainement à conseiller lorsqu'il y a impossibilité absolue d'éloigner des enfants d’un foyer de diphtérie ou d'isoler un malade, ou en cas d'épidémie grave et assez étendue (2). Enfin on doit reconnaitre, d'après des expériences d'Abel, de Was- sermann et de Calmette (3), que le sérum de beaucoup d'hommes sains, adultes, jouit d'un cerlain pouvoir immunisant pour les cobayes, vis- a-vis du Bacille de Loeffler. Ces individus avaient-ils eu la diphtérie, et la propriété de leur sérum n'’étail-elle que la continuation d'un état an- térieur ou était-ce une propriété naturelle, non acquise? C'est ce que des recherches plus étendues pourront seules démontrer. Le fait qui paraîl acquis cependant est la constatation, dans certains cas, de la puissance immunisante du sérum d'hommes sains à l'égard du virus diphtérique. HABITAT ET RÔLE ÉTIOLOGIQUE Le Bacille.de la diphlérie se lrouve dans les fausses membranes de la diphtérie vraie de l’homme, tantôt seul, souvent associé à d’autres microbes dont nous nous occuperons plus loin ; sur les muqueuses du pharynx, du larynx, des fosses nasales dans les cas de diphtérie sans fausses membranes, à la surface de plaies contaminées. On l’a signalé également dans l'estomac, dans l'intestin et dans les fèces (4). Il se rencontre peut-être dans certaines diphtéries des animaux; ces affec- lions paraissent cependant d'ordinaire dues à d'autres microbes qui seront décrits plus loin. Dans la diphtérie ordinaire, il peut disparaitre de la bouche ou du (1) BenriwG, Zur Diphterie-Immunisierungs Frage (Deutsche med. Wochenschr.. 1894, n° 46). (2) Weux, De la valeur préventive du sérum antidiphtérique. Thèse de Paris, 1897. (3) Cazwerre, Contribution à l'étude des venins, des toxines et des sérums anti- toxiques (/bid., IX, 1895, p. 225). (4) Scnœwoez, Münch. med. Wochenschr., 26 juin 1900. BACILLUS DIPHTERIÆ. 875 mez en même temps que les fausses membranes, y persister quelques jours ou même y rester assez longtemps à l'état virulent, plusieurs semaines ou mème plusieurs mois, quelquefois plusieurs années d’après certaines observations (1). Ce qui montre que les convalescents de diph- lérie et même des individus tout à fait guéris, sains en apparence, peuvent être une source de contage. Loeffler, Roux et Yersin ont établi que le Bacille de la diphlérie ne pullule pas dans les organes et ne se retrouve qu'au point d'inoculation dans la diphtérie expérimentale. Frosch (2), Kolisko et Paltauf (3), Bar- bier et Ulmann (4), Cocurat (5), entre autres, ne le trouvent pas seule- ment au niveau des lésions pseudo-membraneuses, mais encore dans le sang et dans les organes internes. Les expériences de Cuoghi Constan- tini (6) et de Métin (7) expliquent ces divergences et montrent que le Bacille de Loeffter ne pullule pas dans les organes lorsqu'il a été intro- duit seul dans l'organismé, dans le cas de diphtérie pure, el que, pour qu'on le retrouve dans le sang ou dans les organes, il faut, d'une part, ne faire l’autopsie que tardivement après la mort, et, d'autre part, qu'il soit associé à d’autres microbes, le Sreplocoque et le Staphylocoque doré surtout. C'est dans ce cas qu'il se produit la forme d'infection qu’on peut désigner sous le nom de seplicémie diphltérique. On peut le reconnaitre par l'ensemencement du sang. Les recherches de Roux et Yersin, de Kober (8) démontrent la pré- sence du Bacille de la diphlérie sur la muqueuse buccale d'individus sains ; la proportion en est très variable, de 1 à 5, parfois même 10 p. 100. Chez les personnes en contact avec les diphtériques, la proportion est plus élevée. Toutefois, depuis longtemps Gaffky avait signalé l'ab- sence constante de ce microbe chez l'homme dans les régions indemnes de diphtérie; le fait a été absolument confirmé depuis. La virulence des Bacilles diphtériques ainsi rencontrés est très variable. Elle est souvent faible ou nulle; elle peut, au contraire, être très mar- quée ; la proportion des diverses catégories est inconslante, serait de 10 à 20 p. 100, même plus. Les personnes en contact immédiat avec les malades donnent souvent une proportion plus forte. Ces porleurs de germes (9) peuvent puissamment servir à la dissémination de la maladie, tout en restant indemnes. La persistance du Bacille chez eux est des plus variable; elle est souvent très courte, le Bacille disparaissant après (1) Urwanx ef Orrénuerm, Persistance du Bacille de Loeffler dans la gorge des sujets atteints de diphtérie (Presse méd., 31 août 1898). — Grecorierr, Le Bacille diphté- rique (Arch. de mél. des enfants, août 1898). (2) Froseu, Die Verbreitung des Diphteriebacillus im Kôrper des Menschen (Zeitschr. [ür Hygiene, XIII, 1893, p. 49). (3) Kousxo et Parraur, Zum Wesen des Croups und der Diphterie (Wiener klin. Wochenschr., 1889, n° 8). (4) Bansier et Urmanx, La diphtérie, 1899. (5) Cocurar, De la présence du Bacille diphtérique dans les organes. Thèse de Paris, 1598. (6) Cuoëni Coxsranrini, Policlinico, 17 juin 1898. (7) Mérmx, Le Bacille de la diphtérie pullule-t-il dans les organes? (Ann. de l'Inst. Pasteur, XII, 1898, p. 596). (8) Koger, Die Verbreitung des Diphteriebacillus auf der Mundschleimhaut gesunder Menschen (Zeitschr. für Hygiene, XXXI, 1899, p. 433). (9\ Sacquérée, Les porteurs de germes (Bacilles diphtériques) (Bull. de l'Inst. Pas- Leur, VII, 1910, p. 689). 876 BACTÉRIACÉES. quelquesjours; mais elle peut être longue, durer plusieurs mois, même plusieurs années. D'après Creignou (1), ce microbe se rencontrerait, dans plus de la moitié des cas, dans les voies digestives supérieures d'animaux sains et dans le mucus nasal des volailles dans les trois quarts des cas. De tels Bacilles ont alors une virulence très variable, ordinairement faible ou même nulle, Ces assertions demandent confirmation. Brandt (2) en a rencontrés dans la gorge d’un chien, qui avait dû le propager dans une famille. On a peu de données sur la présence de ce microbe dans le milieu extérieur. Park (3) l'aurait isolé d’une eau de toilette d’un diphtérique ; Abel (4) l'aurait trouvé sur des jouets ayant servi à un enfant malade de diphtérie; Wright et Emerson (5) disent en avoir rencontré de bien virulents dans la poussière d’un pavillon de diphtériques, sur les cheveux d'une infirmière, surles vêtements de personnes approchant des malades. Seiler et Stoutz (6) l’auraient rencontré dans une eau potable, ayant conservé sa virulence. Les Bacilles que renferment les fausses membranes et les produits pathologiques peuvent en effet garder longlemps leur vitalité et une virulence plus ou moins grande, tout comme nous l'avons vu pour les 3acilles des cultures. Roux et Yersin ont obtenu des cultures typiques, après dix-huit mois, de fausses membranes desséchées et conservées à l'obscurité. Nous avons vu qu'en tubes clos, à l'abri de l'air et de la lumière, les cultures conservaient pendant longtemps leur virulence intacte : il doit en être de mème des produits pathologiques lorsque ces conditions sont réunies. Et elles peuvent facilement l'être en réalité dans la nature; on peut, en effet, s'imaginer des linges chargés de fausses membranes ou de erachats diphtériques, enfermés et serrés dans un espace très restreint, et l'on obtiendra à peu près le milieu vou- lu. C'est là bien certainement, par les linges, chiffons, papiers, un des modes de transmission très admissibles de l'affection. On a cité des cas de diphtérie dus au contact d'objets conservés depuis deux ans. Lorsque ces conditions changent, que les Bacilles sont exposés à l'air libre, à la dessiccation en présence d'air en abondance, à des alternatives de sécheresse ou d'humidité, à plus forte raison à l’aclion des rayons solaires, les résultats sont tout à fait différents ; la vitalité et la virulence disparaissent assez vite. L'action de la lumière est surtout remarquable; Roux et Yersin onl observé que dans une fausse membrane exposée à l'air et au soleil les Bacilles étaient complètement tués après deux mois, alors qu'à l'abri de l’air et de la lumière on en rencontrait de vivants pendant un temps beaucoup plus long. Ledoux-Lebard (7) a remarqué que, tandis que la tn nd co in à à L ds md fa à Mal iris", Le di re 1) Creiexor, Le Bacille de Loeffler chez les animaux sains. Thèse de Bordeaux, 1898. (2) Branvr, Journal of American Associalion, 1908, n° 15. (3) Park, New York Med. Record, 1892. (4) Agez, Beitrag zur Frage von der Lebensdauer der Diphteriebacillen (CentralbL. für Bakt., XIV, 1893, p. 756). (5) Wricur et Emersox, Ueber das Vorkommen des Bacillus Diphteriæ ausserhalh> der Korpers (Centralbl. für Bakt., XIV, 1894, p. 412). (6) Sriner ét Srourz, Revue médicale de la Suisse romande, décembre 1904. (7) Lenoux-Lesarp, Action de la lumière sur le Bacille diphtérique (Arch. de méd. expér., 1893, p. 779). BACILLUS DIPHTERIZÆ. 877 lumière diffuse n'avait pour ainsi dire aucune action sur des Bacilles se trouvant dans l’eau ou le bouillon, elle les tuait en moins de deux jours (vingt- quatre heures d’éclairement) à l’état sec, étalés en couches minces; la lumière solaire directe agit bien plus rapidement encore. Ce sont les rayons les plus réfringents qui sont actifs ; les rayons rouges ou jaunes n’ont presque pas d'action. Reyes (1), en expérimentant sur des lambeaux de toile, du papier, de la poussière souillés, a vu la viru- lence disparaître complètement à la lumière le seizième jour dans un milieu humide, le sixième dans l'air sec, le troisième dans l’air desséché par l'acide sulfurique. Dans la boue humide, les Bacilles sont encore très nombreux le cent vingtième jour, aussi bien au soleil qu'à lobscu- rité. Dans toutes ces conditions, la virulence s'atténue graduellement. Les recherches de Pernice (2, confirment les données précédentes. On peut donc conclure que les objets souillés par des produits virulents et exposés à des conditions de milieu ordinaires ne restent Gangereux qu'un certain temps; ce n’est que dans des conditions spéciales, où inter- viennent surtout le manque d'air, l'obscurité, l'humidité, que la viru- lence peut persister longtemps. Montefusco (3) a observé que dans l’eau stérilisée la vitalité diminue vers le treizième jour et ne disparaît que vers ‘le quarantième; la viru- lence y est déjà atténuée au deuxième jour. Dans le lait cru, non stéri- lisé, le Bacille a disparu au bout de cinq ou six jours; la virulence est déjà bien diminuée après vingt-quatre heures. Dans le lait stérilisé, on retrouve des Bacilles vivants jusqu'après quarante jours et la virulence ne baisse fort qu'après deux ou trois jours; en alcalinisant le lait, elle peut même persister une huitaine de jours. Dansle beurre, le Bacille est mort après deux jours; la virulence s’y atténue dès la sixième heure. Dans le vin, il disparaît au bout d’une demi-heure à deux heures selon le degré d'acidité. Sur le pain, le biscuit, les mets sucrés, il disparaît en deux ou trois jours. Sur la pellicule externe des fruits, le Bacille reste virulent longtemps ; en contactavec la pulpe, ilest détruit en vingt-quatre à trente-six heures; il en est de même avec les légumes. Les légumes et les fruits cuits le détruisent rapidement. C’est la présence d'acides qui joue dans toutes ces conditions le principal rôle. D'après Roux, à l’état humide le virus ne résiste pas à une tempéra- Lure de 58°, maintenue pendant quelques minutes; sec, il supporte sans périr une chaleur de 98° pendant plus d'une heure. Une chaleur humide de 100° suffit donc pour le détruire à coup sûr. Une des condilions qui permettent une grande dissémination du Bacille de la diphtérie dans le milieu extérieur et rendent la contagion facile, est la persistance, parfois assez prolongée, du microbe, doué d'une virulence plus ou moins grande, dans la bouche des personnes ayant été atteintes de diphtérie. Il est des cas où le Bacille disparaît en même temps que les fausses membranes ou quelques jours après elles; d'autres (1) Reyes, Sulla vitalità del bacille della difterite fuori dell'organismo (Annali d’Igiene sper., V, 1895, p. 501). (2) Pennice e ScaGLosr, Sulle alterazioni istologische e sulla vitalità dei bacilli di Loeffler delle pseudo-membrane difteritiche dell'uomo, studiate fuori l’organismo (La Riforma medica, 1895). (3) Mowrerusco, Del modo di comportarsi del bacillo della difterite sulle sostanze alimentare (Ann. d'Igiene sper., VI, 1896, p. 425). 878 BACTÉRIACÉES. fois, on le retrouve longtemps virulent, des semaines, des mois même sans qu'aucun symptôme en puisse faire soupçonner la présence chez l'individu qui en est porteur. Ce dernier pourra, surtout dans un milieu prédisposé, être une source de contage. Enfin, si, comme le pensent Roux et Yersin, et avec eux beaucoup d'observateurs, le Bacille que . Loeffler a nommé Bacille pseudo-diphlérique, qui sera étudié plus loin, n'est qu’une forme atténuée à son maximum, dépourvue de toute virulence, du Bacille diphtérique vrai, il est rationnel de craindre qu'il puisse récupérer de la virulence sous des influences encore in- connues. Un Bacille de virulence très atténuée peut en effet redevenir actif, bien que difficilement. Roux et Yersin ont obtenu un renforcement très marqué en associant un virus diphtérique très peu actif, ne donnant qu'un minime œdème au cobaye, à du Streptocoque très virulent. Or une telle association s'observe fréquemment; d’autres, du reste, pour- raient donner le même résultat. Le Bacilletrès atténué, le Bacille pseudo- diphlérique, peut se comporter de mêmeet jouer alors un rôle actif dans l’étiologie de la diphtérie. On trouve de ces Bacilles à virulence atténuée dans bien des cas bénins de diphtérie et à la fin dans des cas graves qui ont une lerminai- son favorable. Il semble qu'à mesure que la maladie s’amende, la viru- lence diminue en même temps et puisse même faire défaut au microbe que l’on trouve en dernier. Lésions produites par le Bacille de la diphtérie. — La diphtérie de l’homme est toujours une infection locale ; on a dit plus haut (p. 375) dans quelles condilions toutes spéciales elle pouvait devenir une maladie générale. Le microbe se développe dans un ou plusieurs points déter- minés de l'organisme où il a pu s'implanter, surtout sur les muqueuses et principalement celles des voies respiratoires, parfois sur les plaies des téguments; le poison qu'il sécrète diffuse dans le sang et produit alors les symplômes et accidents généraux: c'est une véritable intoxication. Aussi, en général, ne trouve-t-on de microbes spécifiques qu'au point d'inoculation. Cependant, dans les cas d'infection grave et profonde surtout, on peut rencontrer des Bacilles dans le sang ou dans différents organes. Frosch (1) dit en n oir ainsi rencontré 10 fois sur 13 autopsies de diphtériques ; Étsch et 2) les a trouvés 8 fois sur 9 dans le poumon, dans des foyers de ape ee une fois dans le rein. Localement, la diphtérie se manifeste par la production de la fausse membrane. C'est un exsudat de fibrine et de mucine produites par la muqueuse altérée, englobant de nombreuxleucocytes et des microbes(3). Au début, on peut y rencontrer des éléments de l'épithélium de la muqueuse; plus tard, ils font complètement défaut. D'abord mince, opaline, assez molle, la fausse membrane peut devenir épaisse, grisâtre, ferme, presque lardacée. Elle se détache assez facilement et laisse voir (1) Froscn, Die Verbreitung des Diphteriebacillus im Kürper des Menschen (Zeilschr. für Hygiene, XIII, 1893, p. 49). (2) Kurscner, Der Nachweiss der Diphteriebacillen in den Lungen mehrerer an Diphterie verstorbener Kinder durch gefärbte Schnitty räparate (Zeitschr. für Hygiene. XVIII). (31 BaumGanrex, Untersuchungen über die Pathogenese und Aetiologie der diphte- rischen Membran (Berlin. klin. Wochenschr., 1897, n9S 31 et 32). BACILLUS DIPHTERIÆ, 819 sous elle la: muqueuse rouge, saignante, parfois ulcérée. Enlevée, elle se reproduit facilement, souvent en quelques heures. Elle s'étend fré- quemment autour du point où elle s'est développée et envahit souvent de larges surfaces. Une coupe, faite après fixation dans le liquide de Flemming, d’une fausse membrane bien développée, la montre formée de deux couches d'aspect différent ; la plus épaisse, celle qui est en contact immédiat avec la muqueuse, est formée de travées fibrineuses limitant des aréoles polygonales où sont inclus de nombreux leucocvtes : dans la couche externe, les travées de fibrine sont appliquées les unes contre les autres, serrées, formant desstrates bien apparentes, enfermant surtout des noyaux et débris de noyaux. Les Bacilles de la diphtérie se rencontrent surtout dans la partie superficielle de cette couche externe : ils y forment de petits amas, assez caractéristiques, où ils affectent les mêmes formes que dans les cultures. Cette couche superficielle de la fausse membrane montre fréquemment, en outre, d'autres formes micro- biennes, bätonnets divers, coccus, chaïîneltes, qui peuvent n'être que de simples saprophytes de la bouche sans signification ou, au contraire. Jouer un rôle actif dans l’affection. On peut rencontrer des fausses membranessur toutes les muqueuses el sur toute la surface de la peau. On en trouve surtout et par ordre de fréquence dans la gorge, le larynx, les fosses nasales, la trachée et les bronches, la bouche, la trompe d'Eustache, l'oreille moyenne, la con- jonctive, le prépuce, le gland, l’anus, le scrotum, la vulve, l'utérus ; elles ne se développent que rarement sur les muqueuses à l’abri de l'air, celles de l’æœsophage, de l'estomac ou de l'intestin. Il peut s'en dévelop- per sur des plaies. La fausse membrane n'est pas cependant pathognomonique de l'infec- üion diphtérique. D’autres microbes peuvent en produire ayant des caractères semblables à ceux de la membrane diphtérique vraie ou en différant, par une épaisseur et une extension moindres, une blan- cheur plus éclatante, plus d'opacité et de friabilité. Ces pseudo-diphté- ries, se traduisant par des angines pseudo-membraneuses où même du croup, peuvent être causées par des microbes assez divers, plusieurs Slaphylocoques, le Streptocoque pyogène, le Pneumocoque, le Bacille de Friedlaender, des Levures même (1). On ne s'explique toutefois pas cette façon spéciale d'agir de microbes qui ne produisent jamais expérimen- talement de fausses membranes. Ce n’est souvent que par l'emploi de méthodes complexes et de procédésdivers qu'on peut affirmer l'exclusion de certains microbes. Enfin le Bacille diphlérique peut végéter sur les muqueuses en ne produisant pas de fausse membrane. Il paraît souvent se comporter ainsi sur la muqueuse de la gorge, ne déterminant qu'une angine légère ou d’autres fois une angine grave, parfois du type des angines herpé- tiques ou phlegmoneuses, avec phénomènes d'intoxication diphtérique. C’est également ainsi qu'il a été rencontré dans des rhinites externes (1) Trorsier et ACHALME, Sur une angine parasitaire causée par une Levure et clini- quement semblable au muguet (Arch. de méd. expér., 1893, n°0 1), — TrissiEer, Sur un cas d’angine pseudo-membraneuse avec présence exclusive dans l'exsudat des formes- levures du muguet (Arch. de méd. erpér., 1895, p. 265). — Srœcxkzunw, Recherches cli- niques et expérimentales sur le rôle des Levures trouvées dans les angines suspectes de diphtérie (Arch. de méd. expér., 1898, p.1). el _ - 7 L * s Ss0 - BACTÉRIACÉES. de : sans fausses membranes (1), dans le coryza purulent (2), dans du noma le la face (3) etdans un cas de vulvite gangreneuse (4). L'examen bacté- riologique seul peut permettre un diagnostic certain dans ces condi- Lions. Le Bacille de la diphtérie peut se rencontrer dans des collections . purulentes. Seitz (5) et Hau (6) le signalent, virulent, accompagné du Staphylocoque doré où du Streplocoque, dans du pus de panaris à marche spéciale, observé chez des enfants diphtériques ou des per- sonnes soignant les diphtériques. Associations microbiennes dans la diphtérie. — Assez rarement le Bacille de Loeffler se trouve seul dans les fausses membranes diphté- riques. On peut rencontrer avec lui à l'examen direct et isoler par les cul- lures un grand nombre d'espèces microbiennes. Parmi elles, beaucoup sont des saprophytes qu'on peut observer normalement dans la bouche ou sur la muqueuse des voies respiratoires antérieures; elles ne paraissent avoir aucun effet sur la lésion et ne jouer aucun rôle dans l'infection. D'autres, au contraire, sont des espèces nettement patho- gènes, qui peuvent avoir sur l'organisme atteint une action spéciale s'ajoutant à celle du Bacille diphtérique et même imprimer à l'affection des caractères particuliers, pouvant l'aggraver par exemple; maisil n'y a associalion vraie que quand les microbes secondaires sont en quantité importante. On conçoit alors tout l'intérêt que peut avoir le médecin à se renseigner exactement sur ce point (7). Nous verrons plus loin, à propos du diagnostic bactériologique de la diphtérie, comment on peut, à l’aide des cultures, isoler et reconnaître les différents microbes qui sont souvent associés au Bacille de Loeffler. Nous dirons seulement quelques mots de ceux, en petit nombre, qui paraissent pouvoir influer sur le développement et l'évolution de l'affec- tion. Parmi ces derniers, le plus important, sans contredit, est le S{replo- coque pyogène. Qu'ils’agisse d'une angine ou d'un croup diphtériques, l'association du Streptocoque est toujours un symptôme grave et assom- brit le pronostic (8). C'est du reste conforme aux données de l'expéri- mentation ; nous avons vu que Roux et Yersin, et d’autres à leur suite, avaient signalé le renforcement de la virulence du Bacille de Loeffler (1) Top», À form of external rhinitis due to the Klebs Loeffler Bacillus, appearing in children convalescent from scarlet fever (Lancet, I, 1898, p. 1458). (2) Grexer'et Lesxé, Présence du Bacille diphtérique dans les coryzas purulents non pseudo-membraneux de l'enfant (Arch. de méd. des enfants, août 1898). à (3) Freyuura et Perruscnkx, Zweiter Fall von Diphterienoma (Noma faciei) (Zbid., n° 38, p. 600). (4) Freymura et Perruscukx, Ein Fall von Vulvitis gangrenosa (Noma genitalium) mit Diphteriebacillenbefund (Deutsche med. Wochenschr., 1898, n° 15, p. 232). (5) Serrz, Diphteriebacillen in einem Panaritium (Correspondenzbl. für Schweizer aerlze, 1er novembre 1891). (6) Havw, Panaris diphtérique (Lyon méd., 28 janvier 1900). (7) SAUT mañx et Wipaz, Les assoc one microbiennes et les infections mixtes (Bapporls au Congrès de médecine de Montpellier, 1898), — Méry, Des associations microbiennes dans la diphtérie au point de vue clinique et bactériologique (Congrès de gynécologie de Marseille, 1898). (8) Mami, Examen chimique et bactériologique de deux cents enfants entrés au pavillon de la diphtérie à l'hôpital des Enfants-Malades (Ann. de l'Inst. Pasteur, VE, 1892, p. 335). — Barnier, De quelques associations microbiennes dans la diphtérie (Arch. de méd. expér., WI, 1891). | 4 à L 14 #4 . A 4 14 4 4 A f e | : BACILLUS DIPHTERLE. 881 par l'injection simultanée d'une culture active ou même de produits solubles du Streptocoque. Il y a lieu cependant ici de faire une distinc- tion et de ne pas considérer comme association véritable tous les cas où l’on constate la présence de Streptocoques dans les exsudats diphté- riques. Hôte normal de la bouche, le Streplocoque pyogène isolé de la salive, dont il paraît bien difficile de faire une espèce particulière, est la plupart du temps tout à fait dépourvu de virulence ; sa présence, dans ces conditions, ne doit pas avoir plus d'importance que celle d'un sapro- phyte ordinaire et par conséquent ne pas peser sur le pronostic. Il est malheureusement difficile de pouvoir se prononcer d'une facon exacte sur la virulence d'un Streptocoque isolé par cultures : même en première culture, l’activité du microbe est souvent considérablement diminuée. On ne peut guère prendre comme base le nombre des colonies obtenues dans les cultures, ni la forme ou l'arrangement des chaïînettes ou de leurs éléments; nous avons vu, en traitant du Streplocoque pyogène, que ces caractères ne pouvaient fournir aucune indication sûre. L'état général du malade peut plutôt guider pour émettre un jugement sur le rôle que joue le Streptocoque. Il y à rôle actif certain de ce dernier lorsque l’état général est mauvais, la température élevée, montant rapidement, se maintenant au voisinage de 40°, jetage, diarrhée, gonflement ganglion- naire prononcé. Le pronostic est alors très grave; c’est la forme qu'on peut nommer Streplo-diphlérie. Lorsque, au contraire, l’état général reste bon, malgré la présence d'un grand nombre de Streptocoques dans les cultures ou les préparations, il n’y a pas lieu de songer à une véri- table association microbienne. D'ailleurs, en usant de certains milieux, des plaques de gélose par exemple, on trouve, pour ainsi dire dans tous les cas, du Streptocoque en abondance. Parmi les Staphylocoques, la présence des Wicrococcus pyogenes aureus et Micrococcus pyogenes albus n'est de marque défavorable que que leurs colonies sont abondantes. Le petit Staphylocoque désigné par Roux et Martin sous le nom de Coccus Brisou (p.894) se rencon- trerait surtout dans les cas bénins. D'après ces auteurs, le pronostic est plutôt bénin d'une façon générale quand des Coccus se trouvent méêlés en grande quantité aux Bacilles spécifiques. Les cas d'association vraie avec le Pneumocoque paraissent être rares. Le pronostic est assez sombre. Les fausses membranes sont grises, plus épaisses. Il y a lieu, ici aussi, d'éviter de considérer comme asso- cialion toute.présence du Pneumocoque dans les préparations ou les cultures; normal dans la bouche, il peut envahir secondairement la lésion sans imprimer de caractère spécial à l'affection. Le Colibacille se lrouve assez fréquemment dans les fausses mem- branes diphlériques, surtout lorsqu'on le recherche par des méthodes appropriées, comme le bouillon phéniqué. Les fausses membranes sont souvent alors épaisses, {rès envahissantes, d'odeur fétide. Il peut du reste seul produire des angines graves. C’est aussi un hôte fréquent de la bouche; en sa présence, il ne faut pas trop se hâter de conclure à une association vraie, qui peut cependant exister; expérimentalement, 1l aggrave l'infection diphtérique (1). Dans ce cas, l'affection aurait une tendance à la chronicité. (1) Bzasr et Russo-Travazzr, Contribution à l'étude des associations bactériennes dans la diphtérie (Ann. de l’Inst. Pasteur, X, 1896, p. 387). | Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 56 882 BACTÉRIACÉES. RAR EE > Kuhnau (1) signale l'association du Proteus vulgaris dans plusieurs cas de diphtérie grave, s'étant terminés par la mort. Les fausses mem- branes avaient pris rapidement une apparence gélatiniforme et subis- saient rapidement une fonte putrilagineuse, déterminant même la gan- grène des amygdales sous-jacentes, de la nécrose des parties molles et des masses ganglionnaire voisines. Le Proteus isolé était très virulent pour les souris et les cobayes. Kuhnau attribue les lésions locales au Bacille diphtérique et les symptômes généraux septicémiques au Proteus. On rencontre encore, dans les fausses membranes diphtériques, d'autres espèces actives qui peuvent certainement parfois influer sur la maladie, se trouver en association vraie. C'est, pour ne citer que les principales, le Bacille de Friedlaender, le Micrococcus tetragenus, le Leptothrix buccalis, des Spirilles, des Levures, celle du Muguet par exemple (p. 879). Kossel a signalé la présence d’anaérobies dans des angines diphtériques à complications gangreneuses. La malignité de certaines diphtéries pourrait parfois dépendre de certaines associations peu connues (2). RECHERCHE ET DIAGNOSTIC La recherche et la constatation du Bacille diphlérique ont une très grande importance pour établir un diagnostic précis; les procédés qui y conduisent passent dans la pratique médicale courante. Au point de vue du diagnostic, la constatation du Bacille de Loeffler peut seule donner la certitude de la diphtérie:; au point de vue du pro- nostice, on peut tirer des examens des indications précieuses. C'est la seule manière de reconnaître la diphtérie quand les fausses membranes font défaut. Pour le traitement, les avantages d’un diagnostic précoce ne sont plus à discuter. Le sérum donne des effets d'autant meilleurs qu'il est employé plus tôt: d'un autre côté, il est au moins inutile dans les pseudo-diphtéries. Du reste, un diagnostic exact est indispensable pour établir une juste statistique des résultats de la sérothérapie. Au point de vue prophylactique, le diagnostic bactériologique de la diphtérie a une importance considérable, en ce sens qu'il permet d'isoler les individus porteurs du microbe pathogène, à un moment où les symptômes objectifs de la diphtérie font encore défaut, et de continuer l'isolement jusqu'au moment où tout danger de contagion a sûrement disparu, moment qui peut être éloigné de la disparition des symptômes, des fausses membranes en particulier. C’est l'examen bactériologique seul qui permettra d'isoler des individus porteurs d'angines en appa- rence bénignes, mais dues en réalilé au Bacille diphlérique, ou atteints de rhiniles librineuses si souvent dues à ce microbe, souvent sans danger pour le malade, mais cause puissante de contagion pour le voisinage. Le diagnostic bactériologique de la diphtérie peut se faire sans trop N de difficultés. ee être complet, il doit comprendre plusieurs séries d'opérations : 1° l'examen direct de l'exsudat; 2° la mise en cultures; (1) Kunwav, Ueber Mischinfektion mit Proteus bei Diphterie des Halsorgane, (Zeilschr. für klin. Med., XXXI, 1897, p. 567). (2) Marran, Les angines diphtériques malignes en 1901 el 1902 (Soc. méd. des hôp., juillet 1902), à. BACILLUS DIPHTERILEÆ. . 883 3 l'inoculation des cultures; secondairement : 4° l'inoculation simul- tanée des cultures et de sérum antidiphtérique; 5° la recherche de Pagglutination ; 6° la réaction de fixation du complément. 1° Examen direct de l'exsudat. — Le prélèvement peut se faire facilement avec un petit tampon d’ouate monté sur fil de fer, comme il a été indiqué (p. 315). Une parcelle de fausse membrane ou du mucus recueilli est étalée sur une lamelle ; sila fausse membrane est très consistante, il suffit de frotter la lamelle avec une surface fraîche; avec un tampon d'’ouate, il suffit de faire un frottis sur la lamelle. La lamelle, séchée, est fixée dans la flamme, puis colorée au bleu de Loeffler (p. 375) ou au bleu de Roux (p.378). On peut employer la méthode de Gram et une double coloration permettant de distinguer, à côté d'espèces ne se décolorant pas par le procédé, le Bacille de la diphlérie entre autres (voy. p.827), des espèces ne restant pas colorées à son aide. La préparation est examinée avec un objectif fort à sec ou, mieux, à immersion homogène. Quand on a un grand nombre de ces préparations à faire, il est beaucoup plus commode de faire la préparation sur lame porte-objet et de se servir pour l'examen d’un objectif à immersion à l’eau; on examine sans lamelle; de cette façon, on procède bien plus rapidement et l'on économise beaucoup de lamelles. On peut, sur de telles préparations, constater la présence des petits amas assez caractéristiques que forme souvent le Bacille de Loeffler dans les fausses membranes; mais si l'examen est négatif, 1l n’est pas possible, par cette seule méthode, de conclure à l'absence du microbe en question, qui peut ne se rencontrer qu'en pelile quantité dans l’ex- sudat ou être masqué par des éléments divers. Malgré cela, cet examen direct est toujours à recommander ; c'est le seul moyen qui puisse donner des renseignements exacts sur la compo- sion de la fausse membrane et la nature des diverses espèces bacté- riennes qui peuvent s'y trouver et dont beaucoup ne poussent que tardivement ou même pas du tout dans les cultures. L'emploi des colorations de Crouch et de Neisser (p. 828) donne de meilleurs résultats que les méthodes ordinaires de coloration; la pre- mière de ces colorations semble la plus recommandable. Les apparences cilées précédemment, et tout particulièrement la présence des grains colorés disposés comme il a été dit, paraissent, dans ces conditions, appartenir en’propre au Bacille de Loeffler, et pouvoir le différencier neltement des espèces microbiennes, qui peuventicise trouver mélangées avec lui. C’est là un caractère précieux qui peut permettre, dans bien des cas, d'établir très rapidement un diagnostic au moins probable (1). Cependant, il faut savoir que parfois de véritables Bacilles de la diphtérie ne montrent pas de ces corpuscules polaires, tandis que des Bacilles pseudo-diphlériques en présentent assez fréquemment. Il ne faut donc pas regarder ces particularités de coloration comme un véri- table caractère spécifique, et leur attribuer une valeur absolue pour le diagnostic. Dans les cas négatifs ou douteux, il est nécessaire de recourir à la (1) Bicor, Diagnostic bactériologique de la diphtérie. Examen direct des fausses membranes. Thèse de Paris, 1899. 881 À ; Fu BSCTÉMACRES 2 Fat mise en cultures qui donne des indications plus complètes: de même, dans les cas positifs, la mise en cultures doit toujours apporter confir-_ mation au diagnostic élabli par l'examen direct, qui ne peut jamais êlre considéré que comme provisoire. 2 Mise en cultures. — Pour retirer de réels avantages de cette opé- ration, il est nécessaire d’user de milieux sur lesquels le Bacille diph- lérique pousse mieux et plus vile que la plupart des espèces qui l'accompagnent habituellement dans les produits examinés. Les milieux à conseiller sont surtout le sérum de Loeffler, le sérum ordinaire coa- gulé, la gélose ordinaire et la gélose de Deycke. L'ensemencement se fait en frottant sur la surface du milieu le tampon d'ouate qui a servi à recueillir l'exsudat ou un fil de platine chargé du produit virulent. Sérum de Loeffler. — Loeffler emploie unsérum additionnéd'untiers de bouillon spécial contenant 1 p. 100 de peptone, 1 p. 100 de glucose et 0,5 p. 100 de sel (Voy. p. 830). L'ensemencement se fait sur le milieu coagulé. Le Bacille diphtérique y pousse très rapidement ; les colonies sont nettement visibles après une douzaine d'heures. Mais beaucoup d'espèces poussent vite sur un milieu aussi nutritif, d'où difficulté assez grande pour l'isolement ; les Bacilles de la pomme de terre, entre autres, peuvent envahir vite le milieu s'ils se trouvent en abondance. Pour éviter cet inconvénient, il faut recourir à des moyens spéciaux; à Vienne; on lave rapidement les fausses membranes à l’eau boriquée et l'on ne pratique l'ensemencement qu'après; on éloigne ainsi pas mal d'espèces qui pourraient gêner; le Bacille diphiérique ne serail pas atteint. Sérum ordinaire coaqulé. — Roux recommande beaucoup le sérum seul coagulé qui est véritablement le milieu de choix. Le Bacille diphlé- rique y pousse très bien;la plupart des espèces qui laccompagnent, végèlent moins bien sur ce milieu moins nutritif que le précédent ; leurs colonies grandissent moins vile, caractères précieux pour le dia- gnostic. À Les divers sérums paraissent également convenir. On ulilise surtout le sérum de bœuf et le sérum de cheval. On peut très bien se servir de vieux sérum antidiphtérique ; les cultures y poussent aussi bien que sur sérum normal. L'ensemencement se fait de la facon suivante : le tampon d'ouate ou un fil de platine est frotté sur la fausse membrane, sur une surface … fraîche si possible. A l'aide de ce fil, sans le recharger, où à l'aide du tampon, on ensemence successivement deux ou trois tubes de sérum, par deux stries chacun, ou mieux en frottant toute la surface du mi; lieu. Les tubes sont mis à l'étuve à 370, à l'abri de la lumière de pré férence. 200 Le plus souvent, les cultures sont bonnes à examiner après douze à quinze heures, quelquefois même après huitheures; en tout cas, il faut les examiner au maximum avant dix-huit à vingt heures. Quelquefois; 24 cependant, le développement est retardé; les cultures n'apparaissent . qu'après vingt-quatre heures. C’est peut-être lorsqu'on a mis en pra- üique des lavages antisepliques de la gorge. “AA Une culture de fausses membranes diphtériques, examinée vers la Fi quinzième heure, montre, en nombre plus ou moins considérable, des E: colonies du Bacille spécifique, sous la forme de petites taches arrondies, ; » BACILLUS DIPHTERLE. 883 assez saillantes, de la grosseur d'une tête d'épingle, d’une coloration blanc grisätre, à centre plus opaque que la périphérie. Le nombre de ces colonies est très variable; tantôt très nombreuses, elles peuvent devenir rares dans certains examens. Lorsqu'il y en a beaucoup, elles grandissent plus lentement. Elles sont naturellement plus nombreuses dans le tube ensemencé en premier. En vicillissant, ces colonies s’agrandissent en gardant toujours la forme circulaire et leur coloration blanc grisâtre. On doit soumettre plusieursde ces colonies à l'examen microscopique: c'est la seule manière d'établir un bon diagnostic. Une parcelle est élalée sur la lamelle, fixée, et soumise à l’action des réactifs colorants, comme il a été dit plus haut (p. 827). Oa peut alors constaterles carac- tères propres au Bacille de la diphtérie décrits précédemment (p. 824). Nous avons vu que la forme bacillaire peut donner des indications pour le pronostic (p. 824). La méthode de Gram est aussi à employer: d’après Zupnik (1), parmi les formes bacillaires qu'on peut être exposé à rencontrer, le Zacille de Loeffler seul resterait coloré, les autres se décoloreraient. Il faut prélever de ces colonies bien isolées pour ensemencer des bouillons qui serviront aux inoculations. Très peu d'espèces poussent aussi rapidement sur le sérum simple; la plupart de ces dernières se distinguent aux caractères particuliers de leurs colonies. Il est important de pouvoir reconnaitre ces espèces d'une facon certaine. C'est d'abord les colonies du Bacille dit pseudo-diphtérique, qui ne doit êlre, comme nous le verrons plus loin, qu'un Bacille diphtérique tout à fait dépourvu de virulence. Les colonies sont identiques à celles du Bacille virulent; la forme est en tout semblable. L'inoculation seule peut renseigner. Cependant, le Bacille pseudo-diphlérique ne se pré- sente que sous la forme de bâtonnets assez courts; si l’on trouve des Bacilles longs, intriqués, enchevêtrés, on a plutôt affaire au vrai PBacille diphlérique. Plusieurs espèces de Coccus peuvent donner des colonies arrondies, blanchätres, ressemblant plus ou moins à celles du Bacille de Loeffler el poussant parfois aussi rapidement sur sérum. L'examen microsco- _pique lèvera facilement tous les doutes : les éléments, arrondis, n'ont aucune ressemblance avec les formes bacillaires. Un des plus fréquents est un petit Microcoque nommé par Roux et Martin Coccus Brisou, du nom de l'enfant qui l'a d’abord fourni. Les colonies sont plus blanches, plus transparentes, moins saillantes, d'une épaisseur plus uniforme. L'examen microscopique les montre formées de Coccus ronds, disposés en Staphylocoques, plus pelits que les éléments du Staphylocoque doré. Comme cette espèce est encore peu définie, il vaut mieux donner ci-après les caractères qu'on lui attribue (Voy. p. 894). Les colonies du Slaphylocoque doré et du Slaphylocoque blanc se reconnaissent à leur opacité plus grande, leur épaisseur uniforme, leurs bords taillés à pic, leur donnant au microscope l'aspect de gouttelettes (1) Zurxix, Ueber Variabilität der Diphteriebacillen (Berlin. klin. Wochenschr., 1897, n° 50, p. 1085). 886 BACTÉRIACÉES. d'huile. La coloration du premier ne devient bien évidente qu'après quelques jours. L'examen microscopique fera de suite voir la forme ronde des éléments et leur disposition en amas. Le Streplocoque pyogène est fréquent dans ces conditions, seul ou associé au Bacille diphtérique. Ses colonies poussent très vite sur sé- rum, aussi vite que celle du Bacille de Loeffler, mais restent toujours très petites. C'est un semis de très petites gouttelettes muqueuses, transparentes, incolores, qu'on distingue surtout en regardant de biais la surface ensemencée. L'examen microscopique fera reconnaîlre de suite les chaînettes plus ou moins longues ; on peut y retrouver, selon le cas, les aspects divers décrits précédemment (p. 393). D'autres Microcoques peuvent encore se rencontrer accidentellement dans ces cultures sur sérum, principalement le Pneumocoque et le Té- tragène ; le simple examen microscopique fera de suite reconnaitre la forme des éléments et permettera de les distinguer du Bacillede Loeffler. Gélose ordinaire. — La gélose peptonisée est un très bon milieu pour le Bacille de la diphltérie ; malheureusement, elle convient aussi à beau- coup d'espèces qui peuvent se trouver avec lui dans les fausses mem- branes. L'emploi des cultures sur gélose permet donc, mieux que le sé- rum, de renseigner sur la nature de ces dernières. Le S{reptocoque pyogène, en particulier, pousse très bien sur ce milieu ; il y donne des colonies d'aspect très caractéristique, qui ont élé décrites précédem- ment (p. 456). L'emploi de la gélose permet de reconnaître combien sa fréquence est grande dans les fausses membranes de la diphtérie et de diminuer alors l'importance de sa constatation aux côtés du Bacille diphlérique. Le mieux est de verser une quantité suffisante de gélose fondue dans. des boîtes de Petri bien stérilisées et de laisser refroidir. Pour la mise en culture, on soulève le couvercle et l'on ensemence en frottant la sur- face de la gelée avec une parcelle de membrane maintenue par un fil de platine ou avec un tampon d'ouate chargé du produit suspect. On place à l'étuve à 37° chaque boîte retournée, le couvercle en bas pour empé- cher l'évaporation et la dessiccation de la gelée. Les cultures sont exa- minées au bout de dix-huit heures. La plupart des colonies ne présentent pas de caractères différenliels aussi nets que sur sérum simple, qui est certainement ici le milieu à préférer; la gélose, en particulier, est à réserver pour reconnaître les espèces associées au Bacille diphlérique. Gélose de Deycke. — La préparation de cette gélose aux albuminates alcalins a été indiquée page 249. On l’emploie comme la précédente, en boîtes de Petri, et l’on suit les mêmes indications pour les cultures. Le. grand avantage de ce milieu serait que le Streptoc oque y pousserail mal, moins bien encore que sur sérum, ce qu'on n'observe pas toujours. Le Bacille diphlérique y présente les mêmes caractères que sur sérum. ÿ Gélose au sérum de Tochtermann. — Tochtermann (1) recommande une gélose glucosée au sérum de la composition suivante : une solution de gélose à 2 p. 100 est additionnée de 1 p. 100 de peptones, 1/2 p. 100 de chlorure de sodium et d’une proportion de glucose variant de 0,4 à (1) Tocarermanx, Ein aus Blutserum gewonnener sterilisierbarer Nährboden, zugleich ein Beitrag zur Frühdiagnose der Diphterie (Centralbl. für innere Med., 1895, n° 40, p. 961). + 4 “4 5 ro mi NE 472 ns op PS dr Ti AND ns ED Rs Re LS 24 À # PPT Je ra BACILLUS DIPHTERIÆ. 887 0,5 p. 100; on filtre et l'on ajoute au produit du sérum de sang de mou- ton à parties égales ou en proportion de 3 pour 2 de gélose. On fait bouillir le mélange pendant un quart d'heure à une demi-heure ; on filtre et l’on stérilise à la vapeur. On voit qu'il est nécessaire de prendre du sérum stérile. Il faut éviter de chauffer pendant plusieurs heures, le milieu en souffrirait. Pour l'usage, on fait fondre à chaud la quantité voulue et on la coule dans des boîtes de Petri stérilisées. Après solidifi- cation, on ensemence comme d'habitude. Les plaques mises à l'étuve, retournées le couvercle en bas, montrent après douze heures, quelquefois même après huit heures, de petites colonies de Bacille de la diphlérie. Après vingt heures, ces colonies sont bien visibles à l'œil nu avec leur aspect arrondi, leur milieu sombre un peu jaunâtre, leur bord transparent. Les colonies de Sfreplocoque et de Staphyloc oque s ‘en différencient très bien. Gélose au sérum de Joos. — Joos (1) dit obtenir de très bons résultats du milieu suivant, dit sérum-agar de Joos : 300 centimètres cubes de sérum sanguin sont mélangés à 50 centimètres cubes de solution nor- male de soude et 150 centimètres cubes d’eau distillée ou de bouillon. Le mélange, placé dans une fiole à fond plat, est mis, pendant deux ou trois heures, au bain-marie à 60°-70°. On laisse alors la température s'élever à 100°, ou, mieux, on place le ballon pendant une demi-heure à trois quarts d'heure dans le stérilisateur à vapeur ; on ajoute ensuite 900 centimètres cubes de bouillon peptonisé à 2 p. 100et 20 grammes de gélose qu'on fait dissoudre le plus vite possible. Quand la solution est faite, on filtre à chaud, on répartit dans des boîtes de Petri ou dans des tubes de provision et l'on stérilise pendant un quart d'heure à 1100 à l'autoclave. Ce milieu très transparent a la consistance de la gélose or- dinaire avec une couleur un peu plus foncée. On peut prendre indiffé- remment du sérum de cheval, de bœuf, de porc ou de mouton. Le développement du Bacille de La diphtérie est très rapide sur ce milieu. Souvent on peut déjà apercevoir de très petites colonies après quatre à cinq heures à 37°; après dix à douze heures, les colonies sont déjà bien développées et plus grosses que celles que présente le sérum de Loeffler après le même temps. On les voit al'œil nu comme de petites colonies grisâtres, d'apparence humide ; au microscope, à un faible grossissement, elles sont granuleuses, d’un brun noirâtre, avec des bords irréguliers, filamenteux. Le Str eptocoque et les Staphyloc oques demandent plus de temps pour croître; leurs colonies sont à peine visibles après vingt-quatre heures. La gélose glycérinée ordinaire donne de très bons résullats, mais les espèces autres que le Bacille de la diphlérie Y poussent trop vite; la différenciation devient plus difficile. Michel (2) vante l'emploi du sérum de cheval additionné de 1 partie de bouillon de Loeffler pour 3 de sérum. Le Bacille de la diphtérie \ pousse beaucoup plus vite que sur sérum simple, ou que sur sérum de bœuf simple ou additionné d'une même quantité de bouillon de Loeffler. Mais c'est un milieu également très favorable aux autres (1) Joos, Untersuchungen über Diphteriediagnose (Centralbl. für Bakt., XXV, 1899, p. 296 et 351). (2) Micuez, Das Wachstum der Diphteriebacillen auf verschiedenen Sera und Glyce- rinagar (Centralbl. für Bakt., XXII, 1897, p. 259). “ 888 , BACTÉRIACÉES, microbes qui accompagnent fréquemment le Bacille de la diphtérie. Milieux sucrés colorés au tournesol. — D'après Rothe !{1), les Bacilles diphtériques vrais allaquent toujours le glucose et le lévulose en produi- sant del’acide, alorsqueles Bacilles pseudo-diphtériques nemodifieraient pas cessucres ; avec lesaccharose, le Bactlle diphtérique produit uneréac- tion alcaline. Il conseille, pour sa différenciation, lemploi d'un milieu composé ainsi qu'il suit : on mélange 1 partie de bouillon neulrenon sucré et 4 parties de sérum de bœuf ; à 90 parties du mélange on ajoute 10 par- ties de teinture de tournesol neutre contenant 10 p. 100 de glucose ou lévulose. Le Bacille diphtérique fait virer nettement au rouge; les Bacilles pseudo-diphtériquesne modifient en rien la nuance, ou donnent seulement une légère teinte rose. Thiel (2) recommande le milieu suivant : Beplone TAC CUNEnRES Re Te PA AR TEEN NE 2 - l gramme, NUITOSE Sense ti SE tee ROC NN TANeTe 1 — GIUCOSE PE EEE re RE D Ut in ani tale et Se CAES 1 — Chiorurerdé So diurne PME NEC CE EN RE 08r,50 Teinture de tournesol (Kahlbaum)................. 5 cent. cubes. EURE DT DS BE STD PO MENT CNT DIET CPS II A 100 — En résumé, c'est encore le procédé de Roux et Yersin, ensemencement sur sérum simple coagulé, qui présente le plus d'avantages et la plus grande facilité d'exécution. Pourêtre complet, toutefois, il est très utile, après avoir ensemencé des tubes de sérum comme cela a été indiqué, de faire une culture sur gélose ordinaire et une sur l'une ou l’autre des géloses dont il vient d'être parlé, ces dernières pouvant donner des indi- cations complémentaires précieuses, que ne fourniraient pas ou impar- faitement les cultures sur sérum. Ilest, du reste, facile aux médecins d’ensemencer directement des tubes de sérum au lit même du malade en touchant les fausses mem- branes ou la muqueuse suspecte avec un fil de platine stérilisé. Ces tubes seront alors adressés au plus tôt aux laboratoires qui s'occupent du diagnostic bactériologique de la diphtérie. Les résultats de l'examen pourront être donnés d'ordinaire de douze à dix-huit heures après la mise à l’étuve; quelquefois plus tôt, après huit ou neuf heures; d’autres fois plus tard, surtout quand ona fait des lavages de la gorge avec des antiseptiques forts qui retardent le développement microbien. 3° Inoculation des cultures.— L'examen microscopiquene renseigne pas sur le degré de virulence que possèdent les microbes observés, L'expérience démontre qu'on ne peut pas se fier complètement aux données de Martin qui regarde lesformes courtes du Bacille diphlérique comme peu virulentes et les formes longues, les bätonnets intriqués, enchevêtrés, comme très actives. On rencontre des formes longues très peu virulentes ou même tout à fait inaclives, el des formes courtes, très virulentes. On peut enfin avoir affaire à un Bacille du type pseudo- diphtérique. La plus ou moins grande abondance des colonies diphtériques dans (1) Rorue, Beitrag zur Differenzierung der Diphteriebazillen (Centralbl. für Bakt., 1te Abth., Orig., XLIV, 1907, p. 618). (2) Tnier, Diphteriebacillen aus flüssigen Lakmus-Nutrose Nahrboden (Hygienische Rundschau, 1907, n° 21). : 4 w 1 4 q À +4 4 : A) 3 JA 4 à +3 aie à « me dt me PIN", . 105). (6 Vox Horrmanx-Wezexnorr, Untersuchungén über den Klebs-Lôfflerschen, Bacillus ( Wiener med. Wochenschr., 1888). (7) Zarxiko, Beiträge zur Kenntniss des Diphteriebacillus (Centralbl. für Bakt., VI, 1889). J (8) Escaeriscu, Zur Frage der Pseudodiphteriebacillus und der diagnostischen Be- deutung der Lüfflerschen Bacillus (Berlin. klin. Wochenschr., 1893). (9) SProxcx, Le diagnostic bactériologique de la diphtérie contrôlé par le sérum antidiphtérique Sem. méd., 12 août 1896). — Jd., Le diagnostic de la diphtérie et les difficultés causées par les Bacilles pseudo-diphtériques (/bid., 29 septembre 1897). (10) Roux et Y EersiN, Contribution à l'étude de la diphtérie; 3° mémoire (Ann. de l’Inst. Pasteur, IV, 1890, p. 409). | BACILLUS DIPHTERILÆ. 891 en effet, de l’atténuation et de la disparition complète de la virulence de certains microbes, il est difficile de baser une distinction spécifique sur ce seul caractère; le retour non observé à l'état virulent n'est pas une objection à faire, car on sait que nous ne sommes pas encore en mesure de faire toujours reparaître un caractère biologique perdu par une espèce. Il serait, cependant, du plus haut intérêt d'élucider cette question, au point de vue de l'étiologie et de la prophylaxie de la diphtérie d'abord, ensuite à celui du diagnostic bactériologique de cette affection. Si le Bacille pseudo-diphtérique, en effet, n'est qu'une forme très atténuée du Bacille diphtérique, il est à craindre qu'il puisse, dans des circons- tances que nous ne connaissons pas, peut-être avec l'action simultanée d’autres microbes, récupérer sa virulence, et, de simple saprophyte, devenir pathogène. D'un autre côté, le diagnostic bactériologique de la diphtérie par le seul examen des cultures reste douteux, la recherche de la virulence par l'inoculation devient nécessaire. Les auteurs cités en premier donnent comme caractères distinctifs des particularités d'aspect, de coloration ou de culture, qui, il faut le reconnaître, sont loin d'être constantes et avoir conséquemment la valeur qu'ils leur attribuent. Pour d'autres observateurs, de Simoni (1) en particulier, il n'y aurait pas un Bacille pseudo-diphlérique, mais plusieurs Bacilles pseudo- diphtériques qu'on pourrait différencier par les caractères culturaux. Voyons d'abord quels sont les caractères qui peuvent être attribués à l'ancien type de Bacille pseudo-diphlérique. Morphologie. — L'observation démontre que ce Bacille peut présenter la même variation de formes que le Bacille diphtérique. Pour certains, Spronck entre autres, la forme courte serait plus fréquente, peut-être même typique; mais il faut reconnaître qu'on rencontre de longs bâton- nets, du vrai type diphtérique, enchevêtrés, à dispositions rappelant celles qu'on trouve chez le Bacille de Loeffler virulent. La disposition parallèle serait ici plus commune; Martin le signale aussi pour son Bacille court. Dans les cultures âgées, on peut rencontrer des formes en massues,. Les réactions colorantes ne peuvent guère donner de résultats précis. Elles paraissent bien voisines, sinon identiques, dans les deux types; la méthode de Gram décolore régulièrement. Les colorations de Neisser et de Crouch, données trop souvent comme différentielles (p. 828 et 829), ne peuvent servir ici, le Bacitle pseudo-diphlérique pouvant montrer ses corpuscules polaires identiques à ceux que donne le Bacille diphté- rique vrai. Fraenkel (2) dit cependant n'avoir eu qu'une fois la réaction avec la méthode de Neisser sur cinquante-quatre cultures de Bacille pseudo-diphlérique. CULTURES SUR SÉRUM CoAGuLÉ. — Les colonies apparaissent aussi en quinze à vingt heures vers 37°. Leur aspect est absolument le même qu'avec le Bacille diphlérique. On a signalé une coloration plus blanche, un aspect plus humide; il est très difficile de saisir la différence. (1) De Smoxr, Beitrag zur Morphologie und Biologie der Pseudodiphteriebacillen (Centralbl. für Bakt., XXVT, 1899, p. 673 et 797). (2) C. Fraexkez, Die Unterscheidung der echten und der falschen Diphteriebacillen (Bertin. klin. Wochenschr., 1897, n° 50, p. 1087). / _ 8392 BACTÉRIACÉES. Ra = Currures sUR GÉLOSE. — Le Bacille pseudo-diphtérique pousserait plus abondamment et plus vite: ses colonies seraient bien visibles à l'œil nu, quand celles du Bacille de Loeffler ne se distingueraient qu à la loupe. I se forme un revêtement blanc, assez épais, humide. Escherisch a signalé une coloration brunâtre du milieu de culture s'étendant de la surface aux parles profondes; beaucoup ne l'ont jamais observée. Elle ne se remarque pas en tout cas avec le Bacille diphtérique. CULTURES SUR GÉLATINE. — Zarniko et Escherisch disent qu'il pousse très bien sur gélatine à la température de la chambre, tandis que le Bacille diphtérique n'y végète que très peu à partir de 24°. CULTURES DANS LE BOUILLON. — Le Bacille pseudo-diphtérique pousse | abondamment et ne rend jamais le boutllon acide; deux ou trois jours après l'ensemencement, le bouillon est fortement alcalin, plus qu'au début, alors qu'à ce moment les cultures du Bacille diphtérique ont déjà une réaction nettement acide. Les cultures donnent la réaction de l'indol. CULTURES DANS LES MILIE, X SUCRÉS. — Les milieux sucrés permettraient une différenciation facile (Voy. p. 888). Le Bacille pseudo-diphlérique ne produisant jamais d'acidité aux dépens du glucose, du lévulose et du saccharose particulièrement, la teinture de tournesol ajoutée au milieu ne vire pas au rouge; la réaction est au contraire alcaline. Il faut cependant reconnaître qu'on peut parfois obtenir un virage tardif au rouge indiquant que la propriété de produire de l'acide dans ces conditions existe, mais très amoindrie, à l'état rudimentaire. On en peut conclure qu'une telle propriété ne peut guère à bon droit être regardée comme un véritable caractère spée1- fique, pas plus que la virulence, par exemple, dont elle paraît suivre assez neltement aussi les variations (1). Inoculation expérimentale. — Les cultures sont absolument sans action bien marquée sur le cobaye, même à la dose‘de 4 à 5 centimètres cubes. Spronck signale cependant parfois, avec une dose de 1 centi- mètre cube en inoculation sous-cutanée, la production d'un petit œdème au point d'inoculalion, disparaissant au bout de quarante-huit heures, et, avec des doses de 3 centimètres cubes, la production de symptômes généraux : manque d'appétit, hérissement du poil, diminution de poids. » D'après lui, le sérum antidiphtérique n'aurait aucun effet préventif sur celte réaction locale, mais en augmenterait plutôt l'étendue; ce qui dé- montrerait bien que l'on n'a pas affaire à un Pacille diphlérique atténué, mais à un type distinct. Le sérum servirait ici de moyen de diagnostic. La présence de ce Bacille pseudo-diphlérique est fréquente, même chez les individus sains. Hoffmann l'a trouvé 26 fois sur 45 personnes n'ayant pas la diphtérie. Roux et Yersin le signalent 26 fois sur 59 enfants de l'école d'un village où depuis longtemps ne s'était montré aucun cas de diphtérie et souvent chez des enfants atteints d'angine simple ou rubéolique, dans ces cas, le Bacille est-très rare, les tubes ensemencés avec du mucus ne donnent que quelques colonies. On doit le regarder comme un hôte fréquent de la cavité buccale (2). (1) Goopmax, Variability in the diphteria groupe of Bacilli (Journal of infection A diseases, V, 1908, p. 421). LES (2) Sacquérée, Les porteurs de germes (Bacilles diphtériques) (Bull. de l'Inst. Pas- teur, VIII, 1910, p. 689). — Jon, Bacilles diphtériques vrais et Bacilles pseudo-diphté- E BACILLUS DIPHTERIEÆ. .- 893 . Comme on peut rencontrer tous les intermédiaires entre un Zacille diphlérique très virulentet un Bacille très alténué, ou tout à fait inactif, quenous savons, d'un autre côté, qu'il est très difficile de faire reparaître la virulence d'un Bacille très atténué, il semble assez rationnel d'admettre que ce Bacille pseudo-diphlérique peut, dans bien des cas au moins, n'être qu une forme tout à fait alténuée du Bacille diphtérique vrai. -_ C'est aussi la conclusion à laquelle arrive Lesieur (1) dans un impor- tant travail. Pour lui, dans 80 p. 100 des cas les Bacilles pseudo-diph- tériques sont des Bacilles de Loeffler atténués ; 20 p. 109 à peine appar- tiennent à plusieurs espèces étrangères à la diphtérie. Il croit alors qu'il est prudent d'observer, vis-à-vis de tous les Bacilles dits pseudo- diphtériques, les mêmes mesures de prophylaxie que vis-à-vis le Bacille de Loëffler. Pour d’aulres, il y a entre les deux types des grandes ressem- blances, mais les différences sont Suffisantes pour en faire deux espèces distinctes (2}. On a certainement abusé de cette qualification générale de Bacille pseudo-diphlérique en réunissant sous ce nom des microbes très divers qui peuvent ne présenter avec le Bacille diphlérique vrai que des rapports assez éloignés, qui ne lui ressemblent guère par exemple que par quel- ques parlicularités de coloration. On en trouvera une énumération assez longue et les indications bibliographiques dans un mémoire de De Simoni (3). Beaucoup de ces espèces semblent devoir êlre nettement écartées comme Bacilles pseudo-diphlériques: il en est de même du Bacille pseudo-diphlérique sporogène décrit antérieurement par ce même auteur (4). Ceci peut encore faire ressortir l'importance de l'inoculation et de l'emploi du sérum préconisé par Spronck (p. 889) pour le diagnostic exact du Bacille de la diphtérie. Ces Bacilles, désignés comme pseudo-diphtériques, ne se rencontrent pas seulement dans les conditions où l'on trouve le Bacille de la diph- lérie, dans les fausses membranes principalement, mais dans bien d'autres conditions. On en à signalé sur les muqueuses buccale ou nasale, saines ou ma- lades, sur la conjonctive oculaire, sur la muqueuse vaginale (5), dans des crachats divers, dans la gangrène pulmonaire, dans l'exsudat pneu- monique, dans des sécrélions d'otites, sur la peau dans des cas d'acné ou d'eczéma, dans des pustules de variole, dans le pus de phlegmon du cou (Reclus), dans le contenu intestinal de dysentériques (Kruse et Pasquale) (6). Le Bacille du æérosis épithélial de La conjonclive parait bien n'être que le Bacille pseudo-diphtérique ordinaire qui se trouve en grande riques (Journ. de physiol., XII, 1910, p. 220). — Roussez et Mararp, Bacilles diphté- riques et Bacilles pseudo-diphtériques (Revue d'hygiène, XXXII, 1910, p. 1060). (1) Lesreur, Les bacilles dits pseudo-diphtériques. Thèse de Lyon, 1901. {2} Lewanpowskx, Die Pseudo-diphteriebacillen und ihre Beziehungen zu den Diphteriebacillen (Centralbl. für Bakt., 1® Abth., Orig., XXXVI, 1904,p. 336 et 472). (3) De Simoxr, Beitrag zur Morphologie und Biologie der Pseudo-diphteriebacillen (Centralbl. für Bakt., XXVI, 1899, p. 673 et 757). (4) De Simoxi, Ueber einen sporogenen Pseudo-diphterie-Bacillus (Centralbl. für Bakt., XXIV, 1898, p. 294). (5) Verzrox et Hazré, Arch. de méd. expér., VIII, 1896, (6) Kruse et PasquaLe, Zeitschr. für Hygiene, X VI, 1894. 894 5 _ BACTÉRIACÉES. EN EN ST EUR PAR EE. abondance sur la conjonctive malade et se rencontre également surla conjonctive saine. Il ne présenterait jamais de corpuscules polaires par la coloration de Neisser (1). Ce Bacillus xerosis acidifie les milieux additionnés de glucose et de saccharose el alcalinise ceux additionnés de K 2 dextrine, que le Bacille diphlérique acidifie. On a signalé la présence d'un Bacille pseudo-diphtérique dans le contenu des pustules de variole et vaccine. Il paraît s'y trouver en simple saprophyte et diffère très peu du Bacille d'Hoffmann. + : l'E Klein (2) aurait isolé un Bacille pseudo-diphtérique du poumon d'un | rat blanc: il le nomme Bacterium murium. Zupnik (3) aurait reconnu le même type, sous le nom de Baclerium muris, comme cause d'une épidémie sévissant sur les rats blancs. COCCUS BRISOU C'est un petit Microcoque ainsi nommé par Roux et Martin (4), du nom de l'enfant qui le leur a fourni le premier. Les éléments sont de pelits coccus immobiles, souvent en diplocoques ou en petits amas de forme irrégulière. On en trouve souvent un grand nombre dans la fausse ben Ils se colorent bien au bleu de Loeffler et au bleu de Roux et restent. colorés par la méthode de Gram. 12 C’est un microbe aérobie, se cultivant bien sur les milieux habituels à 37° (0). Ç Sur plaques de gélatine, il forme de pelites colonies qui liquéfient le milieu. Le bouillon est troublé régulièrement. 4 Sur sérum, l'ensemencement, fait pour le diagnostic, donne des colo- nies arrondies, blanchâtres, peu saillantes, atteignant en moins de 3 14 vingt-quatre heures la grosseur d'une tête d° ee Le sérum n'est jamais liquéfié. Sur gélose, le développement se fait bien. 1 Le lait n'est pas coagulé. ; Les cultures n'ont aucune action pathogène. 15 Il ne se forme pas d'acide dans les cultures; les nitrates ne sont pas + réduits. 1 On le trouve souvent dans les angines, seul ou associé au Bacille de Loeffler.- Les fausses membranes que produit ce Coccus sur les muqueuses. ressemblent souvent beaucoup à celles du Bacille de Loeffler; elles se reproduisent aussi très vite lorsqu'on les enlève. Elles paraissent cepen- dant plus friables, moins élastiques et plus blanches. RE (1) Fraxcke, Xérose, Diphterie und Pseudodiphterie-bacillus (Münch. med. Wo- M chenschr., 1898, n° 16). — Scnaxz, Der sogenannte Xerosebacillus und die ungiftigen ne Loeffler’ schen Bacillen (Zeilschr. für Hygiene, XX XII, 1899, p. 435). 5e (2) Ke, Ein neuer pathog -ener Microbe, zur Gruppe der Diphteriebacillen gehôrig # (Centralbl. für Bakt., 1® Abth., Orig., XXXIII, 1903, p. 488). ù : #30 (3) Zurxi, Bacterium muris (1bid.. XXXIV, 1903, p. 213). : 37 (4) Roux, Manrrix et CHairLou, Trois cents cas de diphtérie traités par le sérum | a antidiphtérique (: Ann. de l’Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 650). 4 L'ÉER (5) Rourn, Micrococcus Brisou (Boston FE and. Surg. Journ., CXXXIV, 1896, 70% n° 4, p. 83). ' De . { eT” DIPHTÉRIES ANIMALES. 895 L'existence du Coccus Brisou avec le Bacille diphlérique serait d'un pronostic favorable. Ce Coccus Brisou est peut-être à identifier avec le Microcaque de Barbier (1) qui se développe lentement sur la gélatine et n’est pas patho- gène pour le cobaye. DIPHTÉRIES ANIMALES Un certain nombre d'espèces animales peuvent présenter des sym- ptômes rappelant la diphtérie de l'homme, entre autres montrer les fausses membranes typiques dans la gorge, le larynx, la trachée, voire même être atteintes de vrai croup. ‘Ce sont surtout les oiseaux, principalement ceux de basse-cour, qui sont sujets à ces diphtéries ; les lapins, les veaux, les moutons, excep- tionnellement le chien, montrent des affections similaires. On a voulu faire jouer à ces affections, principalement à celle des oiseaux, un rôle important dans la transmission dela diphtérie à l'homme etla production d'épidémies. Les recherches expérimentales prouvent qu'il n’y a le plus souvent aucun rapport avec le Bacille diphtérique et les microbes isolés dans ces différents cas; les rapports observés, si l'on a été en présence de diphtérie vraie chez l’homme, ne doivent être considérés que comme de simples coïncidences. Cependant bien des faits anciens d'observation clinique, quelques faits appuyés de preuves bactériologiques, comme celui de Loir et Ducloux, démontrent que ces affections peuvent s'im- planter chez l'homme, y causant non plus de la diphtérie vraie à Bacille de Loeffler, comme on l’a voulu longtemps, mais des affections pseudo- diphtériques comme celles que nous avons vu pouvoir se développer sous l'influence d'autres infections microbiennes. D'autre part, plusieurs animaux domestiques, le chat, la vache, semble-t-il, peuvent gagner la diphtérie vraie au contact de l'homme, et être ainsi une source de contage. On voit par là que le médecin est loin d’avoir à se désintéresser de ces diphtéries animales. DIPHTÉRIE AVIAIRE Un grand nombre d'oiseaux de basse-cour, de faisanderie, de volière, sont sujets à une affection diphtérique qui se caractérise par un exsudat se produisant à la surface de la muqueuse de la bouche et du pharynx, montrant une grande tendance à s’élendre aux fosses nasales et à la muqueuse oculaire. Il se forme des fausses membranes souvent épaisses, d’une consistance plutôt caséeuse qu'élastique. Ces fausses membranes, enlevées, se reproduisent très rapidement ; elles peuvent avoir une odeur forte, fétide. Chez la poule, la maladie se localise souvent sous la langue ; il s’y forme une fausse membrane jaunàlre, consistante, élastique, diffi- cile à détacher (pépie) ; au-dessous, la muqueuse est intacte ou ulcérée, parfois même nécrosée La santé, peu altérée au début, est atteinte à la longue. L'oiseau peut (1) Barnier, De quelques associations microbiennes dans la diphtérie (Arch. de méd, expér., II, 1891). — Barprer et ULmanw, De la diphtérie (Actualités médicales). nl : —_ 896 | | MAGTÉRIAGÉES, ERA mourir d asphyxie s'il survient des fausses membranes dans le larynx, - ou tombe dans un véritable état cachectique, se hérisse, refuse de man- ger, se refroidit, tombe dans le coma et meurt. On n'observe jamais de symptômes de paralysie, si caractéristiques de la diphtérie vraie. AS La maladie est contagieuse de proche en proche et détermine souvent :. dans les élevages des épidémies meurtrières. 1 Cette diphtérie des volailles paraît due à plusieurs espèces miICcro- biennes (1). Une déterminerait la diphtérie des pigeons : c'est celle que Loeffler a décrite sous le nom de Bacillus diphteriæ columbarum. Une . ou plusieurs autres occasionneraient les diphtéries des poules, dindons, “FE faisans, petits oiseaux. Il est certaines diphtéries des oiseaux qui semblent pouvoir être produites par des êtres d'autre nature, des Proto- zoaires flagellés. Enfin, le Bacille de Loeffler vrai peut occasionner une diphtérie des volailles, ou des lésions pathologiques diverses. C’est ce qui résulte des recherches de Gailez (2) qui a rencontré, dans l'affection des volailles désignée par les vétérinaires sous le nom de calarrhe contagieux où morve, un Bacille ne différant du vrai Bacille diphlérique que par une virulence moindre. A la dose de 3 à 5 centimètres cubes, il tue le cobaye avec des phénomènes identiques à ceux produits à dose moindre parle, Bacille diphtérique bien virulent. Chez les poules, il reproduit les sym- ptômes de la maladie primitive, sécrétions glaireuses des muqueuses de la bouche, des narines et de l'œil, un amaigrissement rapide, la para- lysie des pattes ; l'affection est très grave et très contagieuse. Le sérum antidiphtérique a eu une action nie certaine, mais cependanta guéri difficilement. - à “LT Gratia et Lienard (3) ont isolé de fausses membranes de volailles un assez grand nombre d'espèces microbiennes, du Colibacille, des Staphy- locoques, des Streptocoques, du Tétragène et une fois seulement un … Bacille semblable au Bacille de Loeffler, mais à virulence peu marquée. Ferré (4) a isolé un Bacille se colorant bien à la méthode de Gram et e présentant des caractères morphologiques voisins de ceux du Bacille de :3 Loeffler, se trouvant sous les formes longues, moyennes ou courtes, 2e donnant des cullures semblables d’aspect, virulent pour le cobaye, 1 0 lapin, les oiseaux, non virulent pour la souris. Lesérum antidiphtérique agit favorablement sur les fausses membranes qu'il provoque el sur les accidents produits par la toxine obtenue de ses cultures. Chez le cobaye et la poule, cette toxine produit particulièrement des accidents 14 paraly sie. *appin et Vanney (5) ont isolé d'une épidémie de diphtérie aviaire, … ayant sévi sur des centaines de volailles d’un poulailler et occasionné de nombreux décès, du Bacille de Loeffler dans la presque totalité des. … (1) Gazu-Vazeri0, L'état actuel de la question sur l'identité de la D. de l'homme et. des animaux (Centralbl. für Bakt., XXII, 1897, p. 500). ; (2) Gazzez, Recherches expérimentales sur l'origine aviaire de la D. (Acad. de Dh A de Belgique, 28 mars 1896). + 84 (3) Graria et Lréxarn, Bactériologie de la D. aviaire (Acad. de méd. de Belgique, d Fa 30 avril 1898). ‘5 (4) Ferré, D. aviaire (Journ. de méd. de Bordeaux, juillet et août 1896). — Id... À D. humaine et D. aviaire (Congrès intern. d'hygiène de Madrid, 1898). - (5) Rarrix et Vanxey, Sur l'identité des diphtéries aviaire et humaine (Soc. de Biol mars 4911). pr - DIPHTÉRIES ANIMALES. 897 cas, mais un Lype à virulence amoindrie pour le cobaye ; la Loxine obte- nue à l’aide du Bacille aurait les mêmes propriétés que la toxine diphté- rique ordinaire, avec une activité réduite ; le sérum antidiphtérique a permis de guérir un certain nombre d'animaux. Il semble bien y avoir identité entre ces Bacilles et le vrai Bacille de la diphtérie. Toutefois il faudrait encore des äonnées plus complètes pour pouvoir l’affirmer. Les caractères morphologiques sont peu de chose, on l’a vu; ce qu'il est nécessaire de mettre en évidence, c'est le fait de production de la toxine spécifique et celui de la destruction de cette toxine par l’antitoxine spécifique. Ces observations ont cependant un intérêt réel au point de vue de la transmission de la diphtérie à l’homme. DIPHTÉRIE DES PIGEONS La diphtérie est une affection fréquente chez les pigeons : elle décime souvent les colombiers. Le pigeon malade est frissonnant, a les plumes hérissées, les yeux fermés, le bec entr'ouvert, présente de la diarrhée. La gorge, la base de la langue, lé palais sont couverts de fausses membranes caséeuses, jau- nâtres. L’appétit disparaît vite ; il existe une soif vive. La mort sur- vient d'ordinaire en quelques jours. Loeffler (1) a isolé de l’exsudat et du sang des organes un Bacille spécial cause de l'affection, qu'il a nommé Bacillus diphleriæ columba- rum. On trouve en outre, dans l'exsudat, de nombreux Microcoques el des formes de Levures. Morphologie. — Les bâtonnets sont un peu plus longs et plus fins que ceux de la septicémie du lapin, toujours immobiles ; leurs extré- mités sont arrondies; ils se disposent le plus souvent les uns à côté des autres, en petits amas. Il se décolorent par la méthode de Gram. Cultures. — CULTURE SUR GÉLATINE. — Sur gélaline, en piqûre, ils donnent à la surface une petite colonie blanchâtre, ressemblant à celle du Bacille typhique ; le long de la piqûre, de petites colonies rondes, blanches. La gélatine n'est pas liquéfiée CULTURE SUR GÉLOSE ET SUR SÉRUM. — Il se forme une bande grisätre, assez transparente. CULTURE SUR POMME DE TERRE. — La culture se distingue peu facilement, par une simple nuance un peu grise, dela surface où elle se développe. CULTURE EN BOUILLON. — Il se produit un trouble léger ; les cultures ne donnent pas la réaction de l’indol. Inoculation. — Le microbeest pathogène pour les pigeons, les souris, les lapins, les petits oiseaux ; beaucoup moins pour les poules, les rats, les cobayes; le chien est tout à fait réfractaire. La souris est l'animal le plus sensible. Elle succombe en cinq à dix jours à l’inoculation sous-culanée de culture. La rate est hypertrophiée, le foie marbré, les poumons congestionnés par places. Le Bacille se retrouve en abondance dans le sang de lous les organes. (1) Logrrzer, Untersuch. über die Bedeutung der Mikroorganismen für die Entste- hung: der D. bei Menschen, bei der Taube und beim Kalbe (Mitth. aus dem kaïserl. Gesundheitsamte, IT, 1884, p. 421). Macé. — Bactériologie, 6° édit. I. — 57 898 BACTÉRIACÉES. Les pigeons jeunes sont plus sensibles que les vieux. L’inoculation de culture dans les muscles pectoraux donne, au bout de trois à quatre jours, uneinduration de la grosseur d'une noisette entourée d’une région ædématiée. Le centre se nécrose, la peau s’ulcère et l’abcès se vide ; il peut se former un séquestre. En scarifiant la muqueuse buccale et met- tant du produit de culture au contact des plaies, il se forme des fausses membranes, la maladie évolue et la mort survient en une à trois semaines. Les Bacilles se retrouvent dans tous les organes. DIPHTÉRIE AVIAIRE PROPREMENT DITE Tous les oiseaux de basse-cour, les poules principalement, peuvent présenter une affection diphtérique distincte de la précédente. La maladie . est souvent grave et évolue vite, ou a une forme plus lente, se terminant quand même fréquemment par la mort ou passant à l’état chronique. Haushalter (1) à Nancy, Loir et Ducloux (2) à Tunis, Guérin (3) à Lille, ont étudié cette affection et ont isolé des lésions un même microbe. C'est aussi le même qui a été trouvé par Muller (4) et Hausser (5) en AI lemagne, par Davalos à Cuba (6). Les fausses membranes sont tantôt sèches. tantôt molles, caséeuses. Elles peuvent envahir rapidement toute la muqueuse de la bouche, des fosses nasales, la conjonctive, ou se limiter en quelques endroits; limi- tées sous la langue, elles donnent ce que l’on appelle communément la pépie. Lorsqu’elles ne forment que des plaques isolées, elles peuvent ne déterminer aucun trouble; l'animal les conserve souvent longtemps en restant en bonne santé. Lorsqu'elles attaquent le larynx, ce qui serait assez rare, il se produit une sorte de croup. La localisation peut être intestinale avec diarrhée fétide, muqueuse, purulente ou hémorragique et cachexie rapide. On trouve parfois des lésions cutanées, autour des orifices naturels ousur des parties dépourvues de plumes. Les poules atteintes présententune grande prostration et‘une somno- lence très marquée qui leur donnent un aspect assez particulier (fig. 284). La maladie est causée par un microbe que l’on trouve en grande abon- dance dans tous les tissus et liquides de l’organisme d’un oiseau qui a succombé. Morphologie.— Les éléments sont des bâtonnets de la grandeur du Bacille tuberculeux, d'après Haushalter, lorsqu'on les examine dans le sang; plus courts, souvent presque ovoïdes, de forme coccobacillaire dansles cultures, arrondis aux extrémités. D'après Galli-Valerio (7), dans (1) Hausaarrer, Note sur la D. aviaire; ses rapports avec la D. humaine (Revue méd. de l'Est, 1891, p. 289). (2) Lo et Ducroux, Contrib. à l'étude de la D. aviaire en Tunisie (Ann. de l'Inst. Pasteur, VIII, 1894, p. 599). (3) Guérax, La diphtérie aviaire. Étude expérimentale, vaccination, sérothérapie (Ann. de l’Inst. Pasteur, XV, 1901, p. 941). (4) Murrer, Zur Ætiologie der Geflügeldiphterie (Centralbl, für Bakt., 1€ Abth., Orig., XXXI, 1906, p. 423, 515 et 621). (5) HAUSSER, Bakteriologische Untersuchungen über Geflügeldiphterie (Zbid., XLVIIL, 3 1909, p. 535). (6) Davacos, La difteria aviaria en la isla de Cuba. Habana, 1904. (7) Gauui-Vazermio, Études bactériologiques (Centralbl. für Bakt., le Abth., Orig., XXXVI, 1904, p. 467). DIPHTÉRIES ANIMALES, 899 les cultureson peut trouver des formes filamenteusesdroitesou courbées, parfoisavec desrenflements en massue. Ils sont nettement mobiles. Ils se colorent par les procédés habituels et se décolorent par la méthode de Gram. Cultures. — Ce microbe se cultive très bien sur les milieux ordinaires; il pousse facilement à la température de la chambre. Il meurt lorsqu'on le chauffe à 60° pendant cinq minutes; il résiste longtemps à la dessiccation. CULTURE SUR GÉLATINE. — Vers 18°, il donne une culture blanche, nacrée, un peu translucide ; la gelée n’est pas liquéfiée. CULTURE SUR GÉLOSE. — Il forme une bande lisse, d’un blanc grisâtre. Fig. 284. — Poules atteintes de diphtérie aviaire. CULTURE SUR SÉRUM. — Le développement est rapide à 37°; la culture ressemble à celle sur gélose. CULTURE SUR POMME DE TERRE. — À la température ordinaire, la cul- {ure est abondante, d’un blanc jaunâtre. D'après Guérin, ce microbe ne se cultive pas sur ce milieu. CULTURE DANS LE BOUILLON. — Le développement est rapide à 35°; le liquide se trouble uniformément. CULTURE DANS LE LAIT. — Le lait estcoagulé, ou non (Galli-Valerio). Les cultures ne donnent pas la réaction de l'indol et dégagent une odeur spéciale. Le microbe fait fermenter facilement le lactose, Inoculation. — Le microbe est pathogène pour la poule, le pigeon, le canard, les petits oiseaux, le lapin ; les cobayes et les bovidés parais- sent réfractaires. En inoculalion intraveineuse, la mort survient en quelques jours, sans formation de fausses membranes ou avec fausses membranes dans la gorge. En inoculation intratrachéale, la mort est aussi la règle, avec une grosse rate et beaucoup de fausses membranes. 900 BACTÉRIACÉES. En enoculation sous-culanée, beaucoup d'animaux résistent, même avec 3 centimètres cubes de culture. Chez ceux qui guérissent comme chez ceux qui succombent, on n'observe jamais de réaction locale au point d'inoculation; la maladie se rapproche, par là, des septicémies hémorragiques, du choléra des poules par exemple, et s'éloigne de la diphtérie humaine. Les poules qui ont résisté à une première alteinte de la maladie, à une inoculation de produits virulents, sont à l'abri de toute tentative d’inoculation, même d'une injection intraveineuse à dose massive; elles sont vaccinées. Loir et Ducloux ont obtenu un vaccin actif en chauffant des cultures pendant une demi-heure à 55°. Un centimètre cube d'une telle culture, inoculé sous la peau de poules, leur donne simplement une légère aug- mentation de température et les met dans un état d'immunité relatif, qui est complété en inoculant comme deuxième vaccin un centimètre cube d'une culture vieille de deux mois; l'immunité est alors absolue. Guérin oblient l'immunité chez le pigeon et la poule, par inoculation, dans le péritoine, de cultures atténuées par le chauffage d'une heure à 55° d'abord, puis à 50° en second lieu. Il aurait obtenu, avec le cheval, un sérum préventif très efficace. Tous ces caractères démontrent avec évidence qu GL n'y à aucun rapport entre le microbe en question et le Bacille de la diphtérie humaine. Le Bacille de la diphlérie aviaire est peut-être à ranger parmi les Pasteurella. Il peut cependant se développer chez l’homme et occasionner seul une pseudo-diphtérie à fausses membranes minces peu adhérentes, comme le montre l'observation d'une angine grave, observée par Loir et Ducloux chez un enfant d'une ferme où sévissait la diphtérie aviaire, ou une sorte d'affection phlegmoneuse, comme l'a vu Thomas (1)(son Bacillecependant restait coloré par laméthode de Gram); il peut aussi entrer en association avec le Bacille de Loeffler sans imprimer à la diphtérie de caractère spécial. Bordet (2) a trouvé dans la diphtérie des poules un très petit mierobe immobile, n'apparaissant que comme un point aux plus forts grossisse- ments. I se colore surtout bien par la méthode de Giemsa. Il ne se déve- loppe pas sur les milieux ordinaires stérilisés à l'autoclave, bien sur les milieux additionnés de sang défibriné de lapin, dans le bouillon addi- tionné de sérum, sur la gélôse au sang, où il forme une strie ou un revêtement peu perceptible à l'œil. En inoculation dans la paupière, il détermine une diphtérie oculaire identique à la maladie spontanée. DIPHTÉRIE À PROTOZOAIRES Davaine (3) a signalé la présence de Flagellés dans des fausses mem- branes diphtériques des volailles. Babès et Puscariu (4) en ont retrouvé (1) THomas, La diphtérie aviaire est transmissible chez l’homme (Gazelte méd. de Paris, 1er février 1910). (2) Bonper et Fazcy, Le microbe de la diphtérie des poules (Ann. de l'Inst. Pas- teur, XXIV, 1910, p. 563). É (3) Davaixe, art, Monadines du Dictionnaire encyclopédique de DECHAMBRE. ;) Voy. Conmis et Basës, Les Bactéries, IT, 2e éd., p. 81. 1 DIPHTÉRIES ANIMALES. 901 dans la diphtérie du pigeon, mais avec le Bacille spécial; leur forme les rapproche des Trichomonas ou des Cercomonas. Pfeiffer (1) trouve des formes semblables dans les fausses membranes de la diphtérie du pigeon et admet l'existence d'une diphlérie à Flagellés. Mais dans ces expériences on n'a pas recherché la présence des microbes qui occa- sionnent d'ordinaire les affections diphtériques chez les oiseaux; les Flagellés observés peuvent bien simplement accompagner le microbe dans les fausses membranes et n'être pour rien ou pas grand'chose dans le processus pseudo-diphtérique. DIPHTÉRIE DU VEAU La diphtérie du veau, très rare en France, est commune en Alle- magne. Elle se caractérise par la production de fausses membranes sur la muqueuse buccale, dans la gorge, parfois dans le larynx et les fausses nasales. L'animal est très abattu, a du jetage et de la diarrhée. La mort est la règle; elle survient en quelques jours ou en quelques semaines. À l’autopsie, on trouve des fausses membranes sur la mu- queuse des voies respiratoires et dans l'intestin, des noyaux de pneu- monie et un exsudat trouble dans la plèvre. Damman (2) attribue la maladie à des Microcoques très abondants dans les fausses membranes. Loeffler (3) regarde comme spécifiques des bâtonnets dont la largeur est à peu près la moitié de celle du Vibrion septique; la longueur est de cinq à six fois la largeur. Ces bâtonnets sont presque toujours unis en longs filaments. Ils se rencontrent sur- tout dans les couches profondes de la fausse membrane. Loeffler n'a pas obtenu de cultures pures. DIPHTÉRIE DE L'INTESTIN DU LAPIN Ribbert (4) a étudié une diphtérie intestinale du lapin, sévissant sous forme épidémique. . Il en donne comme cause des bätonnets immobiles de 3 y à 4 » de long sur 1 & à 1,4 y de large, ne restant pas colorés par la méthode de Gram. Ces Bactéries se trouvent non seulement dans les fausses mem- branes, mais dans tous les organes. Elles ne liquéfient pas la gélatine: sur gélatine et sur gélose, en strie, elles forment une bande blanche, brillante, légèrement nacrée; sur pomme de terre, une culture blan- châtre, aplatie, s'étendant lentement. Les cultures pures, en injection intraveineuse ou intrapéritonéale au lapin, amènent la mort en trois à quatorze jours, avec des symptômes seplicémiques et pas de fausses membranes dans l'intestin. Des fausses membranes intestinales se pro- duisent, si l'on inocule par la voie digestive. (1) Prerrer, Beiträge zur Kenntniss der pathogenen Gregarinen (Zeilschr. für Hygiene, V, 1889, p. 363). — Die Protozoen als Krankheïtserreger. léna, Fischer, 1890, p. 84. (2) Dammaw, Deutsche Zeilschr. für Thiermed., 1877. (3) Loerrcer, Loc. cil., p. 897. (4) Risserr, Ueber einen bei Kaninchen gefundenen pathogenen Spaltpilz; Bacillus der Darmdiphterie der Kaninchen {Deutsche med. Wochenschr., 1887, n° 8). 902 BACTÉRIACÉES. . (TE \ DIPHTÉRIES CHEZ D'AUTRES ANIMAUX On a décrit une diphtérie du mouton, sévissant surtout sur les jeunes agneaux, où souvent on observe du croup. D'anciennes obser- vations cliniques semblent démontrer que l'affection peut se trans- mettre à l'homme. Les diphtéries du chat et de la vache, qui peuvent contagionner l'homme, sont probablement des vraies diphtéries à Bacilles de Loeffler, de provenance humaine. On connaît des affections diphtériques chez le porc, les équidés ; l'étude bactériologique n'en a pas encore été faite. J'ai observé un cas de diphtérie chez un chien courant. Il existait dans la gorge des fausses membranes grisâtres, montrant à l'examen microscopique de très nombreuses formes spirillaires; les essais de culture n'ont rien donné. La maladie a pris rapidement une allure grave et s'est terminée par la mort au bout de quelques jours. La vache pourrait prendre la diphtérie de l’homme, et son lait, dans certains cas au moins, être virulent (Klein). On connaît un certain nombre d'observations cliniques qui paraissent indiquer une transmis- sion de diphtérie à l'homme ou à des animaux réceptifs (chat) par l'usage de lait provenant de vaches suspectes d'affections diphtériques. TABLE DES MATIÈRES OI eue 4 RTE at Ne rs dun re ar Éd s ne 2. De la place des Bactéries RE les êtres vivants. HET A RDS Indes DaCtÉTIES (5% 2 Mie à qe ae ee duc Soda ee AHolerdes bactéries dans la nature... 10... ae PREMIÈRE PARTIE MORPHOLOGIE ET BIOLOGIE GÉNÉRALES DES BACTÉRIES érormanondes ZO0p16eS:2:20 000 UE ee DRE MO AT TS A ae NO EC eu te terne Lo 19 — Un “3 == Ur! g (@) æ = 4 @ Gnapirre IL — Biologie des Bactéries....,.................,..... I. — Fonctions des Bactéries................. RÉAL E ARE MOD MR ee ICE ce 2 dou à ed ee ed oem eu ill 2. Nutrition, 48. — Composition chimique des Bactéries, 49. — Aliments, 52. 3. Produits de la vie cellulaire, 57. — Diastases, 57. — Toxines, 64. — Ptomaïnes, 67. — Produits divers, 68. Reproduction, 69 : 4° Multiplication par division, 70. — 2° Repro- duction par spores, 74. => 11. — Action de différents agents sur les Bactéries................ 1° Agents chimiques aa ele al op tale à e'erolels) si lsuolelrlone se eue ° ee an vtr 28 Oxygène, 82. — Hydrogène, carbonique, 84. — Oxyde de carbone, 84. — Hydrogène sulfuré, 84. — Hydro- gène protocarboné, 84. sthésiques, 92. EC HSIDENSIQUE Su Re la en Aie ot Line AO 23 M Chaleur, 93. — Dessiccation, 103. — Lumière, 103. — Pression, 108. —— Électricité, 109, — Magnétisme, 110. — Agitation, 110. 39 Microorganismes III. — Action des Bactéries sur les milieux où elles vivent........... DA nESRdE DATE AC ton ET OT TL, the a na ane do RER M TOP Me REA LOT. A DA Ten Mie Me DU ec a us OS cet de CORP RSS Ce ER TRE PRET D OR DENe 0 Mae en 0 UP e SV MTS Lie NO M PE nee Pouvoir bactéricide des humeurs 904 | TABLECDES MATIERES: . : © ON 0 Alexine et sensibilisatrices ................. ÉaC SMES 2 SOUS ONE À Sp lR Te Re RE AC SERA RENE IL CT PréCIPUNES FN ENRNE A C IEP EIRE RE Te DURE KO Antitorines. RU NE AN LR DEN EE RE RES SRE Opsonines AE NERO EN ET EE ES MapulenCR Ar PR MT RSR CR RE Te A EE EMULE. 28 MN SE Rat nes ccm es ee Hactéries Chromonenes EL EN Te MR PEER PSE EE DIS Baetéries;photogenes "see mes MR 3 CIM EE RENE DEUXIÈME PARTIE TECHNIQUE BACTÉRIOLOGIQUE Cuaprrre [°7. — Méthodes de recherche et d'étude des Bactéries. PE tEnstrEnments.. tir EURE Se ee RES IN ER EEE 1eMicroscope et aecessoires 4 ALAN ENS RERNER Ultra-microscopie, 187. — Mensuration, 190. — Dessin, 191. — Photographie, 192. 20, Sppareils.Ue chauffage." "re e Appareils à stérilisation &airisec :. 24007. CP MERMAE SEEN Appareils 4 stérilisation À Vapeur.< 02.02". RER ES Appareils à température constante. Étuvest : : FE UPS AE TORRES = Cultures it 02 Se EE Ur PET 2 RTE RSR au 1o Généralités sur les milieux de culture.................. ga 20 Préparation des milieux de-culiure 24206 RE l'EMiieux liquides 55.2, RC SN PE RREEREEEe 2e Milieux liquides chimiquement définis................. Mieux diquites végétaux, :,.57. LECLERC ES Milieux liquides animaux 2: 1.077208 P rt eR Bouillon de viande peptonisé, 230. — Bouillon de PÉpIÈRES 232. — Bouillon d'extrait de viande, 232. Liquides de l'organisme: ACER Sang, 233. —- Sérum, 234. — Sérosités pathologiques, 238. — Urine, 238. — Lait, 239. — OEufs, 240. 2: Milieux sohes 6.08, 204 00 OR CREER Milieux nutritifs à la gélatine, 240. — Milieux nutritifs à la gélose, 246. — Gélose au sang, 249. — Gélose aux albuminates alcalins, 249, — Sérum solidifié, 250, — Gelées minérales, 250. — Pommes de terre cuites, 251. — Carottes, 252. — Artichauts, 252. — Matières amylacées cuites, 252. — OEufs cuits, 253. — Bouillie de viande, 253. — Substances inertes imbibées de liquides nutritifs, 253. 39 Stérilisation © eo rejele pe orace) D 0 Dose clefs ss'ole sesute sie ss inigspin sv 1. Stérilisation par les agents chimiques................... 2. Stérilisation par la chaleur, 222 Re PSS . 4. Stérilisation par la chaleur sèche... 1000000 2. Stérilisation par la chaleur humide................... 3. Stérilisation par chauffages répétés.................... 3. Stérilisation par filtration. 712440007420 RCE > #. Stérilisation par les gaz sous forte pression............. ko Pratique.des cultures. 2212240808 AN TON Re Æ TABLE DES MATIÈRES, 1. Cultures en vases fermés CPR sed ea 6 lnheas sie e le lea data crois Cultures en tubes à essai, 273. — Cultures en ballons, 276. — Cul- tures en tubes clos, 277. — Cultures sur pommes de terre, 278. — Cultures sur porte-objet, 279. HN Ueltures surplaques 6424 dnt TU nt . Cultures des anaérobies ........ elEVelo aiste she lniela state lois etes vie . Ensemencement des cultures et isolement des espèces... ©: + © 1 Prélèvement de sang — LENCO ESA AR GE LS A UE LE ARGCE 1 PLUS € === HÉRSUTALSE SU AE me SI ER MERE _ HENSCrONIES SE GPA TE NE Val nes Ponction de la rate, du foie, du poumon Ponction lombaire . Développement des cultures et modifications des milieux. 1. Procédés d'étude des produits formés dans les cultures. . 1 Rebneiehe des plomaines.f 2.1. ee Sie arr Mer, + ER RIE SM OM ER RP LE Lt LU MR eIE à Recherche des albumoses et des peptones...... Mechénehonderla mucine. si: 40220440 sate due el Récherche des matières colorantes. .:. 2-12: 01 uit LEE CREER ER SR ER PER RAS RS EMA IREUE à 2.1 Recherche de l’ammoniaque REPHEMEBE IPS TTL OSS RE ocre D Den NON 4112 NT Récheghede la triméthylamine. 11.121.127 + 712 ee ne Recherche de la leucine et de la tyrosine. ........ HEchEroRe des acides orpaniques.,.« 1.4 : 22.02.44 di Recherche de l'alcool et de l’aldéhyde Herhedehe de mercaplansis 1. 4 nee Ne are 2 LR A Recherche de la tryptophane Recherche de l’indol eee) eNotelelslate ele isrel or en in afioeliotele alle 1e y ele re tone Spies rer rhehete latte iehis prie, à 0e tokio lotus fe aie tele el} Cain MS Geo eee atoliolele sue /eleis le + nho els sels eletat- ete et ciel a At ee rpolshe lon ete rte lelele) e'inge eefatefet nl atote na se ab ets telle ete CCACROD TO DA PO RON TES CC EE EP SIT IONCL CAR ON R AMEN EU A Hndeulaton par ingestion (1,504 2 2100 Doit Lie Mivveutionparimhalation 11.1... Lens rnoculetionipar le peau. 32%... eLEUIU te NS . Inoculation intraveineuse. ............. . Inoculation HAN TAONÉAlES. MES TR TR Un socio mir pleurale..: "0.0. Rent LA . Inoculation dans la chambre antérieure de l'œil. ........ 8. Inoculation intracranienne A0 LEONE ECS NOR AT = À! DA Ne PE ART EE : Fe td 7 } PY éa Ace Vie Nr < jé, ere Le "1 Te a a 906 | “FABLE DES MATIÈRES. à (VA à > ET 4 x É GEO 3 A ai nd PRES IV. — Préparations et étude microscopiques..... His e 2e REENR 360 Examen à l'état OyyAnt 17. ME Me M TER A ME CERN FL TRS OR ste ss pieces tuoreteip lee 5 7 01e em pee ein toto ls ele) = ta Il. — Fixation des préparations 1° Fixation par la dessiccation simple, 365. — 2° Fixation par la chaleur, 367, — 3° Fixation par les réactifs chimiques, 368. I. — Coloration des préparations rGolorahon par-liode 5.720 ME a Ne ea POUR PColorahon parle carmin. "ZT ST NL ETS SR EC ETC ORRREE | Coloration: par lhématozxyline::-"5,2 2.652214 RIRE PPRCRE 4° Coloration par les couleurs d’aniline pue 5.5 js Detése noise ser ce = plie Nairie 1° Solutions colorantes simples srotale » 6.1.0 d'ores Polo none fire Else) let ele Rouge, 372. — Violets, 313. — Bleus, 373. — Bruns et orange, 374. — Verts,374. — Noirs, 374. 2° Solutions colorantes composées Solution alcaline de Koch, 375. — Solution alcaline de Loeffler, 375. — Solution anilinée d'Ebrlich, 376. — Solution de Weigert, 376. — Solution de Ziehl, 377. — Solution de thionine phéniquée, 377. — Bleu de toluidine, 377. — Bleu de Kühne, 377. — Bleu de Roux, 378. 5° Emploi des agents décolorants ee cZale cp one (ee motte riniotalet a or sta en 5 40 eo 519 + © 19.5 seole miaisie sole) toipan die = be essor ele) eue le eee s'o$a-eth 1. Tableau des principales espèces qui restent colorées par l-méthode de Gram:."t 2200 02e CREER RE 2. Tableau des principales espèces se décolorant par la méthode de Gram 2 Décoloration parles acides... .: 2.641620 MONS EEE 3° Décoloration par d’autres réactifs Méthode de Claudius Méthode de Weigert 6° Double coloration Procédé de Giemsa Procédé de Marino a. à se. vi» se +0 o déja 1e 5 jee, 01210:8.5) 0,010 lee saines tee 5° Recherche des Bactéries dans les tissus . Méthode de Gram appliquée aux coupes Méthode de Nicolle-Gram Méthode de Kühne-Gram Méthode‘de Wéigert:, nu SEE nr het OUTRE Méthode de Nicolle pour les Bactéries qui ne prennent pas le (ram: nrmiese fet Moasts OO SERA DEN CE DIE Méthode de Claudius Méthode de Giemsa 8° Étude de quelques méthodes et procédés spéciaux 1. Préparations par impression 2. Coloration des spores +. Coloration” des. cils: Le AR OR Le ee bee et DRE Méthode de Loeffler, 395. — Méthode de Nicolle et Morax, 396. Méthode de Bunge, 396. — Méthode de Van Ermenghem, 396. — Méthode de Bowhill, 397. — Méthode de Pietfield, 397. nes ve ss eo 0% es etre eo lis.5 te 0e e so eos prolelo) 5 s 0, 01= tem el ele 0 © oise à. 0 60 5» c1o1s,e 501% 5e Da ses sine 50 en sn Sale ete craie) 54 oo 10 01008: 7 vise jolie p'stellie loto sie RP NIRTeES TABLE DES MATIÈRES. #. Coloration des capsules 5. Colorations spéciales du Bacille de la tuberculose, du Bacille de la lèpre, du Bacille de la syphilis 6. Coloration des microorganismes dans le sang HT Montage des préparations Dose. D Meéthodest biologiques... eue. ce... A: 1. Agglutination et précipitation Réaction d’agglutination et sérodiagnostic Sérodiagnostic rapide au microscope Sérodiagnostic lent microscopique Mensuration du pouvoir agglutinant Réaction de précipitation 2, Pouvoir opsonisant 3. Fixation du complément 4. Cytodiagnostic TROISIÈME PARTIE CLASSIFICATION ET DESCRIPTION Généralités sur la classification rép aies vous dal leiate oiode tete sus tome se shete 1e cletendiols aefpnn di eue ele stals se) pis "5,2 du pte)» oies ects sine misfeoteleterstole pie aies viens etes s1d.e! 5 eleleltitelehe ac. sha tels ete tofs se solos ls lolo nee pa eo otets eo dll vie se prele s/iéfsfials siete Ehanoumeétuderdes Bactéries. …...:....%0.." Mini ss cle 0 pere D 'irleletio tp totate safe te siaicle Etablissement de groupes Division en familles peur M IeracoceutEer ren, M ee RE Ne Espèces pathogènes Espèces chromogènes Espèces ferments ou à action indifférente m'olele sn els else oies s sie iele sUshelo mise nier, £e sie e es, eo c'olelolss 23 ee veto tte Tableau indiquant l’action sur la gélatine et la coloration des colo- nies des principales espèces du genre Micrococcus Tableau résumaut les caractères les plus importants des princi- pales espèces du genre Micrococcus 2e genre. Sarcina Tableau de détermination des Sarcines.............. RCE ASCOCOCCUSS 0 en s « de es ee se PNDles ABAGTÉRTACGEESE NT 0 MUC LE D EMA CHU Use ra hntee Espèces pathogènes Bacille du charbon Bacille de la lèpre Bacille de la morve 10817-10. — Conveir. Imprimerie Créré. Holeieie sa diélolstals ete loto nie Mletpllishete ls «sw 1e sous a nids Lételnestole ete er vre0pho etallalots te sl ete ste ets ele Riobeutious se see cle celle otelr este à 01e etes ec Ün eo soie ete der steys pie 907 398 399 399 400 401 301 102 402 10% 405 405 406 409 410 410 At 45 us EE & SNS QG OO © D D D 5 © DO Æ Cr Qt Qt ©: += © —æ -1 [ær] (2) LIBRAIRIE J.-B. BAILLIERE et FILS, 19, rue Hautefeuille, à Paris Bibliothèque du Doctorat en Médecine PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE A. GILBERT & L. FOURNIER Professeur à la Faculté de médecine de Paris Médecin des hôpitaux de Paris. Membre de l'Académie de Médecine. 1908-1911. — 30 volumes in-8, d'environ 500 pages, illustrés de nombreuses figures, Chaque volume cartonné : 10 à 16 fr. Premier examen. ANATOMIE — DISSECTION — HISTOLOGIE Anatomie, 3 vol.................. Grégoire ... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. Histologie.......,...,........... Branca..... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris.. 15fr. Deuxième examen. PHYSIOLOGIE — PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES Physique MÉUICOLBE EE Te. Broca (A.). Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. 12fr Chimie biologique................ Desgrez.... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. een Dada mine Loue Qolsle@etes de 22 na au ere tale lee US ie ne Troisième examen. 1. MÉDECINE OPÉRATOIRE ET ANATOMIE TOPOGRAPHIQUE PATHOLOGIE EXTERNE ET OBSTETRIQUE Anatomie topographique........... Soulié ....., Prof. adjoint à la Fac. de méd. de Toulouse. 16 ft Faure, Ombrédanne ........ à : ; Pathologie externe\ Chevassu, Schwartz... Prof. agrégés à la Fac, de méd. de Paris./ Chaque CS CREER LUTAUORO RENE EEE Te Chirurgien des hôpitaux de Paris. Hd Cauchoix, Mathieu......... Chefs de clin. à la Fac. de méd. de Paris. )1O fr. Médecine opératoire............... Lecène..... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. Jo fr. TE a... Fabre: terre Prof. à la Fac. de méd. de Lyon........ 16 fr. 11. PATHOLOGIE GÉNÉRALE — PARASITOLOGIE, MICROBIOLOGIE PATHOLOGIE INTERNE — ANATOMIE PATHOLOGIQUE $ (Claude (H.) ....... ne Pathologie générale........ | Camus (J.)..... Prof. agrégés à la Fac. de méd. de Paris. 19 fr. Parasitologie.............. Giants ne es. Prof. à la Faculté de médecine de Lyon. 12 fr. Microbiologie.............… Dopter, Sacquépée. Prof. agrégés au Val-de-Grâce..........…. Gilbert aWidal ee rAmin ee Professeur à la Faculté de méd. de Paris.\ Castaigne, Claude.......... R p 1 d : Pathologie interne Lœper, Rathery........... RCE ASE N ENTRE RUN EN A CE Faute cie NEA Garnier, Jomier, Josué.... : : : En RPierre ele Médecins et anc. int. des hôp. de PAS 10 fr. LOS EDR AE SRE Prof. agrégé au Val-de-Grâce. Anatomie pathologique ....... Achard et Lœper. Prof. et agrégé à la Fac. de méd. de Paris. 12 fr. Quatrième examen. THÉRAPEUTIQUE — HYGIÈNE — MÉDECINE LÉGALE — MATIÈRE MÉDICALE PHARMACOLOGIE MMÉPANBUTIQUE.\,. ::.:............ Vaquez..... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. 1O fr. 5... Macaigne... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. Or. Médecine (LOTERIE Balthazard.. Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris.. 12 /fr. Ro Eu nel Phürmaenlngie:: au Li inside cn e teste des deteste Cinquième examen. 1. CLINIQUE EXTERNE ET OBSTÉTRICALE — 11. CLINIQUE INTERNE Dermatologie et Syphiligraphie.... Jeanselme.. Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. ODNEGIMIOIOBER ee. 404 a noise Terrien.. .. Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. 2fr. Laryngologie, Otologie, Rhinologie. Sébileau.... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. Dupré...... Prof. agrégé à la Fac. de méd. de Paris. 1 Tir CPAS SCENE Fnn RE M M Maladies des Enfants............. ADET Médecin des hôpitaux de Paris.......... to tr Introduction par le professeur MarFan. Les volumes parus sont soulignés d’ün trait noir. bliothèque de Thérapeni lis À KCILBENT à Pc RNOT Professeur de chnique médicale Professeur agrégé de thérapeutique à la Faculté de médecine de Paris. à la Faculté de médecine de Paris. 30 volumes in-8, d'environ 500 pages, illustrés de nombreuses figures. [re Série. — LES AGENTS ACER L'Art de Formuler, par le professeur Gicgert. 1 vol. ; Lee: 1 Re RE Technique thérapeutique médicale, par le Dr Mizran. 1 ‘vol. Technique thérapeutique chirurgicale. par les Drs Paucaer et Ducroquer. 1 vol... 15 fr. | Physiothérapie : | Electrothérapié,; parle Dr Nocræn. 1:vOL. :..:.42, ee de etat 2 10 fr" Radiothérapne, Radiumthérapie, Photothérapie, par les D'SOunnx et ZrmmErx.1 vol. Kinésithérarie: Massage. fiymnastlique, par les Drs P. Carnor, DAGRON, DUCROQUET, NAGEOPrE CAUTRU, BOURCAN TL VOL. 5.2... ee se Se OCR CCE TEE 1247 Mécanothérapie, Hydrothérapie, par les D'S FRAïKIN, DE CARDENAL, CONSTENSOUX, Tisst DELAGENIÈRE, PARISET. VOL. :. LL NN OU PTS 8 fr. Crénothérapie (£aux minérales), Thalassothérapie, Climatothérapie, par les professeurs Lanpouzy, Gaurier, MourEu, DE LauNay , ius D Hertz, LAMARQUE, LALESOUE,S P"CARNOT: À VOL. 2 2e Re ER RTE EE EEE Médicaments chimiques et végétaux, par le Pr Pic, les Drs Boxxamour et IMBERT. 2 vol. Opothérapie, par le Dr P. CarNor. 1 vol..........,.... ec STE ÉTAPES 12 tr. Médicaments microbiens (Bactériolhérapie, Vaccinations, Sérothérapie), par METCHNIKOFF, SACQUEPÉE, REMLINGER, Louis MARTIN, VAILLARD, DoprEr, BESREDKA, 14fr. SALIMBENI, WASSERMANN, DUJARDIN-BEAUMETZ, CALMETTE, À VOl ................... 8 fr. Régimes alimentaires, par le Dr Marcez LABBÉ. 4 vol.......................... 12 fr. Psychothérapie, par le professeur DEJERINE et le Dr ANbRÉ THowas. 1 vol. 2e Série. — LES MÉDICATIONS. Médications générales, par les Drs Boucnarp, H. RoGEr, SABOURAUD, SABRAZÈS, BERGONIÉ, LANGLois, PINARD, APERT, MAUREL, RauziER, P. CarNoT, P. MARIE et CLuner, LÉPINE, POucHET, BALTHAZARD, A. Rogix et Covon, Caaurrarp, WipaL et ; BEMERaB. 1201.26 usine eve eee ces III EN EEE 14 fr. Médications symptomatiques (Mal. nerv., circulat., génilales et cutanées), par J. LÉPINE, Sicarn, GuiLLaIN, M. DE FLEeury, Mayor, Jacquer et FERRAND. 1 vol. Médications symptomatiques (Mal. digest. hépat., rénales, respiraloires), par GILBERT, CASTAIGNE, MENETRIER. 1 vol. û 9° Série. — LES TRAITEMENTS. Thérapeutique des Maladies infectieuses, par les Drs Nogécourr, Noc, MARCEL GARNIEK. 1.vol. Thérapeutique des Maladies de la Nutrition et Intoxications, par les Drs LEREBOULLET, LOPER. 1 vol. Thérapeutique des Maladies nerveuses, par les Drs Ce LEJONNE, DE MARTEL. 4 vol. Thérapeutique des Maladies respiratoires et Tuberculose, par les Drs HE L Rist, RIBADEAU Dumas, TGrrier, Kuss et MARTIN. À vol....................::40% 14 fr. Thérapeutique des Maladies circulatoires (Cœur, Vaisseaux, Sang), par les È Drs Josué, VAQuEZz et AUBERTIN, WianT. 4 vol. Thérapeutique des Maladies digestives. Foie. Pancréas, par les Drs P. Cannor, Comee, LECÈNE. 1 vol. Le Thérapeutique des Maladies urinaires (Reins, Voies urinaires, Appareil génital CR de l'homme), par les D'S ACHARD, MARION, PAlssEAU. À vol...................... 12 fr. fs Thérapeutique gynécologique et obstétricale par les D's BriNpEAU et JEANNIN. ] 4 vol. Thérapeutique des Maladies cutanées et vénériennes. par les Drs Aupry, DURAND, : 230 NICOLAS: À VOÉ. 022 0e CAL NICE AT A TON EE SR EEE 12 fr. Thérapeutique osseuse et articulaire, par les D's MarrFaw, PIATOT, MoucHET. | 1 vol. Thérapeutique des Maladies des Yeux, des Oreilles, du Nez, du Larynx, de la Bouche, des Dents, par les D's Dupuy-Durewps, ETIENNE LomearD, M Roy. 1 vol. Les volumes parus sont soulignés d’un trait noir. = Librairie J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Hautefeuille, Paris Les Actualités Médicales Collection de volumes In-16 de 96 pages et figures, cartonnés à | fr. 50 Le Rachitisme, par le Pr A.-B. Marran, 1911. 4 vol. in-16.......... 4 fr. 50 Hygiène dela Peau, par J. Nicozas, Präla Fac. de Lyon, 1941. 1vol.iu-16 4 fr. 50 Diagnostic de la Syphilis, par le Dr P. Gasrou. 4910. 1 vol. in-16.... 4 fr. 50 L'Ultra-microscope, par le Dr P. Gasrou 19410, 4 vol. in-16...,..... 4 fr. 50 Hygiène du visage, par le Dr P. Gasrou. 1910, 4 vol. in-46......... 4 fr. 50 Les Courants de haute fréquence, par le D: Zrmmern.1910,1 vol.in-16. 4 fr. 50 Les Opsonines, par le D" R. GauLriEr. 1909, 1 vol. in-16 ............. 4 fr. 50 L'Artériosclérose, par le D° Goucer. 2° édition, 1911. 1 vol. in-16... 4 fr. 50 Moustiques et Fièvre jaune, par Cuanreuesse et BoreL. 1 vol... 4 fr. 50 Mouches et Choléra, par CANTEMESsE et BoreL. À vol. in-16.... ... 4 fr. 50 La Déchloruration, par le P" F. Wipac et Javau. 4 vol. in-16....... 4 fr. 50 Traitements des maladies nerveuses, par Lannois et Poror.1 vol. 4 fr. 50 Exploration du Tube digestif, par le Dr Gaurrier. 4 vol. in-46... 4 fr. 50 Les Dilatations de l’'Estomac, par le Dr Gausrier. 4 vol. in-16... 4 fr. 50 Les Traitements des Entérites, par le Dr Jouausr. 1 vol. in-16.... 4 fr. 50 Les Myélites.syphilitiques, par le Dr Gires px LA Tourerte. 4 vol. 1 fr. 50 La Syphilis de la Moelle, par Guserr et Lion. 4 vol. in-16.... .. 4 fr. 50 Traitement de la Syphilis, par le D° Emery. 1 vol. in-16,,......... 2 fr. 50 La Diphtérie, par H. Banster et G. ULMANN. 1 vols in 1024222 Re A fr. 59 Cancer et Tuberculose, par le Dr CLaune. 4 vol. in-16.............. 4 fr. 50 Les Rayons de Rôntgen, par le Dr BÉcLÈRE. 3 vol. in-16............ 4 fr. 50 Les Accidents du Travail, par le Dr G. BrouarpeL. 1 vol. in-16... 4 fr. 50 Diagnostic des Maladies de la Moelle, par le D' Grasser. 1 vol. 1 fr. 60 Diagnostic des Maladies de l'Encéphale, par le D° Gnasser. 1 vol. 4 fr. 50 Calculs biliaires et pancréatites, par le D' R. GauLrien. 4 vol.in-16. 4 fr. 50 Les Médications nouvelles en obstétrique, par le Dr Kerm. 1 vol. 4 fr. 50 La Mécanothérapie, ‘par le D° Récnier. 1 vol. in-16................ 4 fr. 50 Le Diabète et ses complications,parleDr R.LéPine.2vol.in-16,chaque. 14 fr. 50 Les Albuminuries curables, par le Dr J. Tessier, 4 vol. in-16..... 4 fr. 50 LeRhumatismearticulaireaigu, parles Drs Trisouer et Covon.Avol. 4 fr. 50 Les Régénérations d'organes, par le D" P. Cannor. 1 vol. in-16... 4 fr. 50 La Fatigue oculaire, par le Dr Don. 1 vol. in-16............. doses 4 fr. 50 Thérapeutique oculaire, par le D° TernEN. 1 vol. in-16............ 4 fr. 50 Diagnostic de l'Appendicite, par le Dr Auvray. 1 vol. in-16........ 4 fr. 50 Les Auto-Intoxications de la grossesse, par B.ne Sair-BLaise. 4 vol. 4 fr. 50 Traitement des névralgies et névrites, par le Dr Pucque..... 4 fr. 50 Radiothérapie et Photothérapie, par le Dr Récnier. 1 vol. in-16.. 4 fr. 50 Les Enfants retardataires, par le Dr Aperrt. 1 vol. in-16........... 4 fr. 50 La Goutte, par le Dr AperT. 4 vol. in-46............................. 4 fr. 50 Les Oxydations de l'organisme, par Enniouez et Sicanp. 4 vol... 4 fr. 50 Les Maladies du Cuir chevelu, par le Dr Gasrou. 4 vol. in-16..... A fr. 50 Le Cytodiagnostic, par le Dr Marcez LaBgé. À vol. in-16............ 4 fr. 50 La Démence précoce, par les Drs Deny et Roy. 1 vol. in-16......... 4 fr. 50 Les Folies intermittentes, par Deny et Camus, 1 vol. in-16......... A fr. 50 Chirurgie intestinale d'urgence, par le D' Moucuer. 1 vol. in-16.. 4 fr. 50 La Protection de la santé publique, par le D' Moswy. 1 vol. in-16, 4 fr. 50 La Médication phosphorée, par H. Lassé. À vol. in-16............. 1 fr. 50 La Médication surrénale, par Orrenaeim et Lœrer. À vol. in-16.... 4 fr. 50 Les Médications préventives, par le Dr NaTran-Lanrrier. 1 vol. in-16. 4 fr. 50 Les Rayons N et les Rayons N', par le D' Bonpier. 1 vol. in-16... 4 fr. 50 Le Traitement de la Surdité, par le Dr CHavanNe. 1 vol. in-16.... 4 fr. 50 Le Rein mobile, par le Dr Leçueu. 4 vol. in-16.................... 1 fr. 50 L'OV6sité; par le Dr Lx Nom: 1. vol. in-16.........,:.....s0..t4... 4 fr. 50 L'Ionothérapie électrique, par DecHErm et LAQUERRIÈRE......... 4 fr. 50 Syphilis et Cancer, par le Dr Honann. 1 vol. in-16.................. 4 fr. 50 La Radioscopie de l’Estomac, par CERNÉ et DELAFORGE..,......... 4 fr. 50 L'Alimentation des Enfants, par PéÉau. 1 vol. in-16.............. 4 fr. 50 La Diathèse urique, par H. Lassé. À vol. in-16..................... 4 fr. 50 Les États neurasthéniques, par A. Ricue. 4 vol. in16............ 4 fr. 50 L'Arthritisme, par le Dr Mausan, 1911. 4 vol. in-16................. A fr. 50 LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Hautefeuille, à P \ PL A * + L *$ ictionnaire Médecine De CHIRURGIE, de PHARMACIE se et des Sciences qui s'y rapportent PAR À LA ÉRAFTRE A. GILBERT MEMBRE DE L'INSTITUT ee PROFESSEUR À LA FACULTÉ DE MÉDECIN - {Académie Française, Inscriptions et Belles-Lettres) DE PARIS A MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE VINGT ET UNIÈME ÉDITION ENTIEREMENT REFONDUE 1908, 1 vol. grand in-8 de 2000 pages à deux colonnes, avec 1000 figures nouvelles. Broché #2 1009 ITHRElE ere 30 fr. pm" _ 14 Le Dictionnaire de médecine de Littré est certainement le plus grand succès de la librairie 3 médicale de notre spoques et il s'explique non seulement par la valeur scientifique du livre, mais par la nécessité, quand on lit ou quon dore d’avoir, pour la recherche d'une étymologie ou d'une définition, un guide sûr et méthodique. rs C0 Ce Dictionnaire, — dont l'étendue s'explique par sa compréhension même, puisqu'il embrasse à la fois les termes de médecine, de chirurgie, de pharmacie, des sciences qui s'y rapportent, — présente dans des articles courts, mais substantiels, un résumé synthétique des connaissances » actuelles sur les sujets qu'il embrasse. s Il est incontestable que le Dictionnaire de médecine le plus complet est celui qui porte le nom de Littré, le grand phiiosophe, le savant universel, et qui a été entièrement refondu par le « professeur GILBERT. RUE. Cent soixante-quinze mille exemplaires vendus de ce Diclionnaire de médecine sont le témoiynage le plus éclatant de sa haute valeur et de sa grande utililé, pour les savants, pour les étudiants, pour les gens du monde, pour tous ceux qui veulent se lenir au-courant des progrès des sciences contemporaines. TA C’est une œuvre rédigée avec une précision et une netteté admirables, illustrée de figures d'une excellente exécution qui sont semées dans le texte avec profusion. pa) 7 à Il y a cent ans exactement que parut la première édition du Dictionnaire de la médecine” de NysTEN, devenu par la suite Dictionnaire de medecine de LiTTRÉ. EX, Voici que, nouveau phénix, il renait de ses cendres. Un grand travailleur, doublé dun 12 éminent praticien, le professeur GiLBErT, vient de remanier l'antique dictionnaire de fond en comble, avec la collaboration du Dr MarcEL GARNIER, médecin des hôpitaux de Paris. Ils en ont” fait une œuvre nouvelle et considérable (2000 pages et 1000 figures) bien à jour et qui, par suite, sera d'une extrême utilité non seulement pour les étudiants, voire même les médecins, mais aussi, pour le public lettré. Les uns pourront y apprendre beaucoup de choses et être sûrs que les descriptions sont exactes et au courant de la science. Les autres y retrouveront souvent le : 3 détail oublié, le point particulier qu'on sait au moment et dont on ne se souvient plus après … quelques semaines. De nombreuses figures nouvelles illustrent et éclairent le texte. Le Dictionnaire de médecine de LiTTRÉ est un véritable monument historique. Et il a cela de particulier qu'il peut indéfiniment se rajeunir, lorsque des maîtres comme le professeur GILBERT, en donnent de nouvelles éditions. Celle-ci formera une honne encyclopédie de choses médicales, … le Larousse de l’art médical, bien illustré, sévèrement revisé. Au reste, le nom du professeur GILBERT n'est-il pas la meilleure garantie de sa valeur ? ”, Il est bien difficile d'analyser un pareil ouvrage. En le feuilletant page par page, en s'arrêtan Re aux articles que l'on connaît le mieux et qui nous intéressent particulièrement, on se rend compte facilement que pour chaque mot tout est dit, résumé en quelques phrases concises a," précises, au courant des dernières découvertes de la science. | Aussi ce dictionnaire rendra-t-il service à tous, même aux plus documentés 1 40 1000 figures. BROCHÉ “4 2000 pages à deux colonnes. 25 Me # FRANCS En k: 45.000 articles. {5.000.000 de lettres. RELIÉ 30 LAC Librairie J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19. rue Hautefeuille, à Paris TECHNIQUE MICROBIOLOGIQUE ET SÉROTHÉRAPIQUE (MECROBES PATHOGÈNES DE L HOMME ET DES ANIMAUX) GUIDE OU MÉDECIN ET DU VÉTÉRINAIRE POUR LES TRAVAUX DE LABORATOIRE Le D' Albert BESSON ANCIEN CHEF DE LABORATOIRE DE BACTÉRIOLOGIE DES HÔPITAUX MILITAIRES ET DE L'HÔPITAL PÉAN, LAURÉAT DE L'INSTITUT CINQUIÈME ÉDITION REFONOUE ET AUGMENTÉE 4911. 1 vol. gr. in-8 de 886 pages, avec 393 fig. noires et coloriées. 18 fr. ENCYCLOPÉDIE AGRICOLE MICROBIOLOGIE AGRICOLE Par E. KAYSER Maitre de Conférences à l'Institut national agronomique. 2° édition très augmentée 13/0, 1 votume in-18 de 500 pages. avec {00 figures. RTE. RAR Nu nr CAttonne Ve as 22 6 fï. x BACTÉRIOLOGIE Atlas-Manuel de Bactériologie, par les professeurs LEHMANN, déeelenr de rinstite) d'hygiène de Wurzbourg, NEUMANN, sous-directeur de F Institut d’ Hygiène de Ham- F8 Re” bourg, et V. GRIFFON, médecin des hôpitaux de Paris, chef de Laboratoire à la Faculté . de Médecine. 1906, 1 vol. in-16, avec 76 planches comprenant plus de 500 fig. colo- à D HIÉCS, SECHE eee de ep ioe mis eSe € à ne ieje ue ane C CRAN UE SE 20° FES Tableaux synoptiques de Bactériologie médicale, par A. DUPONT. 1901, 1 vol. in-16 de 4 WW SOPPALES CREER Talene 2 oi de Male aies le le al ele cola ee Ne Eee A LEE T'ES TOR Aide-mémoire de Bactér:ologie, par P. LEFERI. 1901, 1 vol. in-18 de 275 pages, car- Ce TS EE NN SR TE CN RE fe Don dnccc 3 {7200 Maladies microbiennes en général,par le D' PAUL CARNOT, professeur agrégé à la Facultéde médecine de Paris. Septième édition. 1912, 1 vol. gr.in-8 de 272 pages, avec 75 figures HOITES CE /COÏOTIÉES eee Sn re Devos de areas à lee ete mu oiole à Se DV IE 6 fr. | Les Microbes pathogènes, par Ch. BOUCHARD, professeur à la Faculté de Hé de Re ; Paris, membre de l’Institut. 1892, 1 vol. in-16 de 304 pages............ 3- Ît. 50 00 Microbes et Maladies, par SCHMIIT. 1886, 1 vol. in-16 de 300 pages, avec 24fig. 3fr. 50 La Variabilité des microbes, par le Dr À. RODET, professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier 1895, 1 wvolgr. in-8de 224pages CE ere bee 61122000 Bactériologie de la Tuberculose pulmonaire, par le D: CHAZARAIN- WETZEL. 1905, I Vol," 2euH-8ide 264 pages avec 13 )planches MUR NT CES OPEN ee EEE 7 it.1000s Le Rhumatisme articulaire aigu en bactér ologie, par les D'S TRIBOULET, médecin des HOpitaux,et\COYON- 1900, r1vol in-16 de o6ipIcarte ES CECI CE L fE SOS La Pratique de l'Analyse des Urines et de la Bactériologie urinaire, par DELEFOSSE. 5e édition. 1893, 1 vol. in-18 de 210 p., avec 28 pl. comprenant 106 fig., cartonné 4fr. Fe. De l’Agglutination du bacille de Koch par les Epanchements tuberculeux, par R. FEITU-. TODO NOESIS, TO TUDASES 22 rdaielegrsle eine raele cie ere eV CE SES Le Proteus vulgaris, par L. FELTIZ. 1900, gr. in-8, 110 pages, avec 3 planches COIDFIÉES rec info atere ee Nonté Dares ele see aie ee nlere one le te EU CS LUE LE AT Recherches bactériologiques sur l’Infection urinaire, par KROGIUS. 1892, gr. in-8, OO PPARES UMR 2 teen lo jo re ser ese Velos ie soie ste 0 see U ee ten ee PA PC EEE La Technique histo-bactériologique moderne. Procédés nouveaux. Méthodes rapides, par le D’ LEFAS, 1906, 1 vol. in-16 de 96 p., cartonné................ : T1: Îr:4608 Les Bacilles dits « Pseudo-Diphtériques », par le Dr Ch. LESIEUR. 1902, 1 vol. gr. in-8 de228}/pases avec tmplicoloriée PCT MERE CRE PRET ERÉERELE Ît9 Le Pneumocoque et les Pneumococcies, par le D' A. LIPPMANN, 1900, 1 vol. in-16 de 96 PASSES TAVECAIQUEES, N CALE. 2700. 2 sv etes este ed aus ee EC IE I. fr: 5000 Le Microbisme biliaire normal et pathologique, par le D' A. LIPPMANN. 1904 gr. mes E7SMPDADES RE en nes alone de 0 eme 0e ane De eo PO PE SE EE EEE AT Examen bactériologique des Eaux naturelles, par R. de MALPERT-NEUVILLE. 1887, : 187606 pages, avecrz2 figures... Linea eee CCE TE DER TOC CLRE 25e Études sur les Bactéries dites «Acidophiles ». Les paratuberculibacilles, parle D' POTET. 4 TOOZ SI II-S, 210 DALES. : .s cime n à etelaietels Dons es eee ee CCE TES SUITE Bactériologie des Eaux minérales de Vichy, par ROMAN et COLIN. 1892, gr. in-8 SARDALES rt Deientetiee sine eue ets. e ete eme lie ob cale ee NE DCE DEEE 30 Les Microbes des Eaux minérales du bassin de Vichy,par ROMAN et COLIN. 1893, gr. AD HIOS APALES Le »2 eee de ges on 0 ie D à end d 0 sie ter as eine ee a GT CRE EEE 3 Ére: Précis d'Analyse mi icrobiologique des Eaux, suivi de la description et de la diagnose des espèces bactériennes des eaux, par le Dr G. ROUX. 1892, 1 vol. in-18 de 404 pages, AVEC 78 digures, Cartonné®# 2123054: 40e EUR ER CRE REC CR 5 :fE 0 Bacille polychrome et Actinomyces mordoré, par le D’ THIRY. 1900. 1 vol. gr. in-8 de réupages, aveci7.platiches/coloriées UE L REC e CEC EN ET ET EERE 6 fr Bactériothérapie, Vaccination, Sérothérapie, par METCHNIKOFF, SACQUÉPÉE, REMELIN- GER, MARTIN, VAILLARD, DOPTER, BESREDKA, WASSERMANN, LEBER, DUJARDIN- - BEAUMETZ, SALIMBENTI, CALMETTE. 1 vol. in-8 de 400 pages, avec 26 feu CARLOMNEM ES 24 Date es de Dente ets o ele Se et NE NE SC EEE EEE 8 fr. Les Médicat'ons préventives : Sérothérapie et Bactériothérapie, par le Dr L. NATTAN 9 LARRIER, chef de clinique de la Faculté de Médecine à l'Hôtel-Dieu. 1905, 1 vol. ne deoGpages cart. 60e. 2eme np ere PCT IEEE r Ü Précis de technique histologique et cytologique, par G. RUBENTHALER. Préface def M. À. PRENANY, professeur d’histologie à la Faculté de Médecine de Paris. 1910, A. 1 vol. in-18 de 395 pages, avec 48 figures et 12 microphotographies hors texte. 5 ft. La repars RASE et D HU) Introduction pratique à l'anatomie né “ CATTONNÉ pee oran cseos ere ed nee eee Ie EE ER EEE Précis de Microscopie, par E. COUVREUR, 1890, 1 vol. in-16 de 350 pages, avec 112 nn CAHOURÉ a RAT De ce sers Me er LÉ en Cr ARR PRO LR RER AE ENVOI FRANCO CONTRE MANDAT POSTAL “Le __ Librairie J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Hautefeuille, PARIS NOUVEAU TRAITÉ DE CHIRURGIE Publié en fascicules SOUS LA DIRECTION DE A. LE DENTU PIERRE DELBET Profésseur à la Faculté de Médecine de Paris Professeur à la Faculté de Médecine de Paris Membre de l’Académie de Médecine. Chirurgien de l’hôpital Necker. l. Grands processus morbides [traumatismes, infections, troubles vasculaires et trophiques, cicatrices] (PIERRE DELBET, BHEVSESU POCHE AREZ:. VBAU).- 0e Mie Docu nue I0Mrey 2. Néoplasmes (Pre RRE DELBET). 3. Maladies chirurgicales de La peau (J.-L. FAURE)..........,... GI: 4. Fraclures (1 ANTON). Des ES OS (P'AMAUCLAIRE) LL relate 6 fr. » 6. Lésions lraumaliques des Articulations, | plaies, entorses, luxa- LT ONE Re CR) GAfr 7. Maladies des Articulations [lésions inflammatoires, ankyloses et néoplasmes]| (P. MAUCLAIRE) [Troubles trophiques et corps CRT ES IODUIARRIER 2222. nue 0 Ur A CU OMR) br Ares tuberculeuses (GANGOLPHE). 1.2.0... 0.1.0 5fr. .» 9. Maladies des Muscles, Aponévroses, Tendons, Tissus périlen- dineux, Bourses séreuses (OMBRÉDANNE)..................... 4 fr." 45 NP AdrestdesiNer fe (CUNÉO). 2. EM ua e Na mi RU A fr. » 11. Ajfections chirurgicales des Arlères (PIERRE DELBET et PIERRE A ON Lu CR ALES TE ASSR 8 fr. » 12. Maladies des Veines (LauNay). Maladies des Lymphaliques Le CROIENT ER RAAMEEDNENRN EEE EME NEO MATE 0 13. Maladies dit Crâne et de l'Encéphale (AUVRAY)................ 10" re 14. Maladies du Rachis el de la Moelle (Auvray el Moucer). 15. Affections chirurgicales de la face (Le DEenru et MORESTIN). Névralgies faciales (P. DELBET et CHEVASSU)............... SAT 16. Maladies des Mâchoires (OMBRÉDANNE)................. ..:... EMEA 17. Maladies de l'OEit (A. TERsoN) (490 p., 142 fig.)............... S Îr. » 18. Ofo-Rhino-Laryngologie (Casrex et LuBer-BARBON) (601 p., RE AR PA De er RES TON Re RETRO 12 fr-15 19. Maladies de la Bouche, du Pharynx et des Glandes salivaires (CAUCHOIX). Maladies de AREDRAUe (GANGOLPHE). A MMaladies du Corps thyroïde (BÉRARD)...........4:9, 4. MN SX S5 21. Maladies du Cou (Arrou et FRÉDET). 22. Affections chirurgicales de la Poitrine (SOULIGOUX)......,... GEr y 23. Maladies de la Mamelle (BAUMGARTNER). 24. Affeclions chirurgicales de l'Abdomen (A. GUINARD)........... 127: 2» D TrmanouEArx el PATEL) 1.111 5.051. 4e Aus SCC. 15 26. oe du Mésentère, du Pancréas et de La Rale (CHAVANNAz et UYOT). 27. Maladies du Foie et des Voies biliaires (J.-L. Faure et LaBry). 6 fr. » 28. Maladies de l'Anus et du Reclum (Pierre DELBET). 29. Maladies du Rein et de l'Urelère (ALBARRAN). 30. Maladies de la Vessie el du Pénis (F. Lecueu et E. Micaon|. 31. Maladies de l'Urètre, de la Prostate (ALBARRAN et LEGUEU). 32. Maladies des Bourses et du Testicule (P. SEBILEAU). 33. Maladies des Membres (P. MAUCLAIRE). CHAQUE FASCICULE SE VEND SÉPARÉMENT Chaque fascicule se vend également cartonné, avec une augmentation de { fr. 50 par fase Les fascicules parus sont soulignés d'un trait noir. ERA 0 TRAITÉ DE MÉDECINE Publié en fascicules SOUS LA DIRECTION DE MM. A. GILBERT L. THOINOT Professeur à la Faculté de Médecine de Paris Professeur à la Faculté de Médecine de Paris Médecin de l'Hôtel-Dieu Médecin de l'hôpital Laennec Membre de l'Académie de Médecine Membre de l'Académie de Médecine. 1. Maladies microbiennes en général,Te tirage (272 p., 75fig.). 6 fr. 2. Fièvres éruptives, 6e Urage (255 pages, 8 fig.)........... 9 Fe 3. lièvre typhoïde et ro paralyphoîdes, 6e Lirage (Bad pages: 10h69: ES RER EEE 6 fr. 4. Maladies parasitaires, 3e tirage-(566 p;-8Rf0 9720 terre 10 fr. 9. Paludisme et Trypanosomiase, 5e lirage (124 p., 13fig.). 2 fr. 6. Maladies exoliques, 3° tirage (440 pages, 29 figures).... 8 fr. 7. Maladies vénériennes, 6° lirage (318 pages, 20 fig.)...... 6 fr. B-hhüimatismes; 6trage.(164.p. 18" fig), LA UANNE. DUFTE 9. Grippe, Coqueluche, Oreillons, biphlérie, 3° rage n 3 fr. 50 10. Sfreplococcie, Staphylococcie, l’reumococcie, 3° Lirage.. 3 fr. 50 1 Intoxications, 2° lirage (352 pages, 6 fig.)........ 00. 6 fr. 19. Maladies de la nutrition (diabète, goulle, obésité) 3*tirage 7 fr. BCancér (662 pages el 180 fig JE. ELA PMR ERIRE BE TS 14. Maladies de la peau (508 pages et 180 fig.) ............ DE à 15. Maladies dela Bouche, du Pharynx el de l te ANT QUES LE 5 16. Maladies de l'Eslomac. 17. Maladies de l'Inlestin, 3° tirage (501 pages, 79 fig.)..... 9m 18. Maladies” du Péritoine (394,1) HUE ETES PRES 5 fr. 19. Maladies du Foie el de la Rale. 20. Maladies des Glandes Salivaires et du Pancréas....... VALLE 21. Maladies des Reins (462 VON CS RE AN ENT Fr TOR TE 9xÉr: 22. Maladies des Organes génito- urinaires(Â58 p., 67fig.)3Uür. 8 fr 23. Maladies du Cœur. 24. Maladies des Arlères et de l’Aorte (472 p., 63 fig.) 2 Ur. 8 fr. 25. Maladies des Veines el des omvhihiques. RE ER A 4 fr. 26. Maladies du Sang. 27. Maladies du Nez et du Larynæ 1277 p., 65 fig.) 2° tirage. RS à 28. Sémiologie.de l'A pparerl respiratoire :176 p., 93 fig.)..... 4 fr. 29. Maladies des Poumons eldes Bronches (860 p., 50 fig.).. 16 fr. 30. Maladies des Plèvres et du Médiastin . sn Sémiplopie nerveuse (020/p4 1220): 40e RACE 12 fre 32. Maladies de l'Encéphale. 33. Maladies menlales. 34. Maladies de la Moelle épinière (839 p., 420 fig.)..... ne + 1 LOS 35. Maladies des Méninges. 36. Maladies des Nerfs périphériques. 37. Névroses. DEA" de Maladies des! Muscles {170 p:} 727423, CARPE RENE 5. fr 39. Maladies des Os (750 p. avec 150 fig.)............4.. 15 fr. 40. Maladies du Corps thyroïde et des Capsules surrénales. 3 CHAQUE FASCICULE SE VEND SEPARÉMENT ; Chaque fascicule se vend également cartonné, avec une augmentation de 1 fr. 50 par fase Les fascicules parus sont soulignés d’un trait noir. ‘ 7 {+ n sd) ? A TARN NT 7 L La _ EU \ LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Hautefeuille, à Paris AR ru rrescone ardlterho passés doatr M + Minnesota Pas sou Toute la Bibliothèque du praticien en 2 volumes à 10 fr. HERZEN — MARTIN Le meilleur Formulaire par ordre alphabétique de maladies GUIDE er FORMULAIRE 0e THÉRAPEUTIQUE GÉNÉRALE ET SPÉCIALE Par le D' HERZEN 6° édition 1911. 1 vol. in-18 de 1012 pages sur papier mince. Reliure souple... 10 fr. Le formulaire du D' HERzEN est conçu dans un esprit très pratique qui lui a assuré dès son apparition un succès sans précédent, auprès des étudiants et des praticiens, Ce formulaire a our but de donner au médecin un schéma des cas particuliers qu peul être appelé à soigner. es formules sont simples et bien choisies. L'auteur a adopté l’ordre alphabétique des mata- dies, qui permet facilement de s'orienter dans un cas donné sans perdre du temps en recherches. La thérapeutique de chaque maladie embrasse les diverses phases qui demandent un traite- ment spécial, les diverses formes, les complications, les symplômes dominants. Un des graves défauts des formulaires de ce genre était l'absence de toute indicalion de thérapeutique chirur- gicale ; c'est là une lacune que comble ce lormulaire. M. IERZEN a donné la préférence aux moyens recommandés par les médecins des hôpitaux de Paris, tout en faisant une large place aux traitements que prescrivent les cliniciens étrangers les plus renommes. Il a paru bien des formulaires depuis quelques années. Il n'en existe pas d'aussi pratique que celui du D' HErRZEN, où il soit tenu compte dans une aussi large mesure des indications si xariées qui peuvent se présenter dans le cours d'une même maladie. M. HERZEN a ienu à remanier la sixième édition de ce livre, à le. compléter et à le déve- Hopper, tout en s’efforçant de lui garder l'esprit et les qualités qui ont fait le succès des deux premières éditions : concision, clarté, utilité pratique. Tous les Chapitres ont élé repris el refondus ; quelques-uns ont été complétement transformés. Plusieurs sont entièrement nouveaux. M. Herzen a dû tenir grand comple de la rénovation qui s’accomplit de nos jours dans les méthodes thérapeutiques (thérapeutique pathogénique, thérapeutique compensatrice, thérapeu- tique préventive, balnéolhérapie, sérumlhérapie, opothérapie) et mème suivre le mouvement qui entraîne actuellement la médecine vers la chirurgie, dans le traitement de nombreuses affections considérées jusqu'à ces dernières années comme de son ressort exclusif. 11 a dû, en outre, ciler dans cette édition les nombreux médicaments nouveaux introduits en thérapeutique pendant le cours de ces dernières années. Cette édition a été enrichie d'un grand nombre de formules nouvelles. Le meilleur Formulaire par ordre alphabétique de médicaments NOUVEAU FORMULAIRE MAGISTRAL de Thérapeutique clinique et de Pharmacologie Par le D' O0. MARTIN PRÉFACE DU PROFESSEUR GRASSET 5e édition 1912. 1 vol. in-18 de 1000 pages, sur papier mince. Reliure souple.... 10 fr. Le Nouveau Formulaire magistral du Dr O. Martin vaut plus et mieux qu'un Formulaire. Un formulaire est en effet, étymologiquement et par définition, un recueil de formules : c'est-à- dire que, dans le formulaire classique, sur chaque substance, l'article débute par une ligne de caractéristique physique ou chimique; puis viennent trois lignes sur la posologie aux divers âges etsur les incompatibilités chimiques, el ensuite s'alignent les formules, empruntées à l’un ou à l’autre, avec le nom des maladies auxquelles on peut les appliquer. 11 y a bien tout cela dans le formulaire du D Odilon Martin, Mais il y a aussi autre chose : il Ï a sur chaque médicament un chapitre résumé de thérapeutique. a formule n'est utile que si le médecin en connait bien les indications et les contre-indica- tions : le livre ne doit pas seulement lui enseigner les maladies dans lesquelles il faut la pres- crire, mais les malades auxquels elie sera ulile ou nuisible C'est pour cela que le D' Odilon Martin ne se borne pas à une sèche énumération en deux colonnes, contenant : l’une, les formules, et l'autre, les maladies. fl expose d'abord la pharma- cologie du médicament, puis ses actions pharmacologiques, son histoire à travers l'économie pro transformations, élimination) ; les premiers signes de l'intolérance (toxicité): de là, il éduit les applications thérapeuliques (indications et contre-indications) ; expose les modes d'admi- nistration et les doses, les incompalibilités (en précisant les conditions particulières dans les- quelles certains médicaments sont incompatibles), et enfin les diverses formules avec leurs indications particulières et respectives. Avec un livre comme celui-là, le praticien saura formuler non seulement dans une maladie donnée, mais chez un sujet donné, en tenant comple de son tempérament, de ses antécédents héréditaires et personnels, physiologiques ou pathologiques, de la période de la maladie, de sa forme, de ses complications. En un mot, tout médecin capable de faire d'abord un diagnostic vrai, précis et complet, pourra faire une bonne thérapeutique, rationnelle et appropriée. Dr GrasseT, professeur à la Faculté de médecine de Monthellier. Ce formulaire est certainement un des meilleurs que nous possédions. . Journal des Praticiess de Hucnaro. Ce formulaire est excellert. Malgré ses 1000 pages, l'impression sur papier mince en fait un volume portatif et léger, Lyon Médical PARIS MÉDICAI LA SEMAINE DU PRATICIEN PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DU Professeur A. GILBERT PROFESSEUR DE CLINIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, MÉDECIN DE L'HOTEL-LIEU, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE rer COMITÉ DE RÉDACTION : Jean CAMUS Paul CARNOT DOPTER Professeur agrégé à la Professeur agrégé à la Professeur agrégé au Faculté de médecine de Paris. Faculté de médecins de Paris. Val-de-Grâce. P. LEREBOULLET G. LINOSSIER MILIAN Médecin Professeur agrégé à la Faculté Médecin des des Hôpitaux de Paris. de médecine de Lyon. Hôpitaux de Paris. MOUCHET A. SCHWARTZ ALBERT-WEIL Chirurgien des Hôpitaux ProfeeuE agrégé à la Faculté Chef de Laboratoire de Paris. de médecine de Paris. à l'Hôpital Trousseau Secrétaire G\ de la Rédaction : Paul CORNET Médecin en chef de la Préfecture de la Seine. PARIS MÉDICAL paraît tous les Samedis. Les abonnements partent du 1* de chaque mois. Prix de l'abonnement (rer Décembre au 30 Novembre): France, 12 fr. — Etranger, 15 fr. : Adresser le montant des abonnements à ia Librairie J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Hautefeuille, à Paris. Le premier numéro de chaque mois, consacré à une branche de la médecine, contient 52 à 68 pages. ; Tous les autres numéros ont 36 à 52 pages. Le troisième numéro de chaque mois contient une Revue générale sur une question d’actualité. Ordre de publication des numéros spéciaux (68 pages) Janvier. Maladies des voies respira- | Juillet...... Maladies du cœur, du sang, toires. — Tuberculose. . des vaisseaux. Février. Physiothérapie; physiodia- | Août..... .. Bactériologie; — hygiène; gnostic. — maladies infectieuses. Mars... Dermatologie; — syphilis; ma- | Septembre. Maladies des oreilles, du ladies vénériennes. nez, du larynx; des yeux; Avril... Gynécologie; — obstétrique; des dents. — voies urinaires. Octobre .... Maladies nerveuses et men- Mai... Maladies de la nutrition, — tales ; médecine légale. eaux minérales, climatothé- | Novembre.. Thérapeutique. rapie; — diététique. Décembre.. Médecine et Chirurgie juin.... Maladies de l’appareil digestif. infantiles. Les née d'une année sont remboursés par des primes représentant six fois le prix de l'abonnement. ENVOI FRANCO D'IN NUMÉRO SPÉCIMEN SUR DEMANDE | AR QD À LA tee) MM re CSA PA ÈS 2er : 2 À Lg \ \ \ ta LS 2 Ÿ ; NE SA Mu 18.) \TÈE be) VERRE ni À VU NE ( Neav E A (7 ER) À 17 / Ÿ Ré CRD A CS Ga PAS ), Ÿ à/ Jreer"e \4 94/7 A Ÿ (re &\ \ k w) ( M té ( \ à 5% + - x pa’ Se : = l'a è eo à Ÿ LR E NT) AN X ARS À 2 \ fs As) VE ÿ D © SE DE A I Ni LES DS = S % ns Ex GE ARRETE NE 4L dé / W ; AN FA Hu “ AY ! \ sh, ee RAA Ne 5 l; ! ES | oO L 7,’ 6: ) ” Mr 65 N- en 231, à re 224 v 2 SANS » re à ‘ A2 RU 59? B NRA! 2 : 1 + trs ET mie) D