V\ «M *§ ^M ni H Miim mm Sj m/M m In » 1 0 -r S ~ « -S « a 2 -^ o- .2 5 § ■5s S SCl ^ -a — - . tti H Z < rE eM> ^ FROM THE LAWRENCE FUND É TïtÊORÏQUE E T PRATIQÎÏË DELA VÉGÉTATION. TOME PREMIER. ■ < r j - • TRAITE THÉ ORiqUE E T PRATIQUE DELA VÉGÉTATION, Contenant plufieurs Expériences nouvelles & démonftratives fur l'Economie végétale & fur la Culture DES ARBRES: Par M. MUSTEL , ancien Capitaine de Dragons , Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S* Louis , de l'Académie des Sciences , Belles-Lettres & Arts de Rouen , de la Société des Arts de Londres , & de plusieurs Sociétés d'Agriculture. m ■■ - — " ; ■ "■ " "■ Experientia rtrum magijïra* m ' ■ " TOME PREMIER. A PARIS, Chez les Libraires. Et A ROUEN > Chez LE BOUCHER le jeune , Libraire , rue Ganterie. »»■■■■■■ ■ ■■■■ — —■■.■. ■■■'■. i -i . .. ■—-■.,»■ ,.,.-■, .iJTT«rrTT^^^^^!r«zr^^^^y M. D C C L X X X I. Avec Approbation & Privilège du Roi, *i-7£l.M'97T~ A M\0 N S I E V R LE DUC DE HARCOURT, LIEUTENANT - GÉNÉRAL DES ARMÉES DU ROI, G O U V E R N EU R DE LA PROVINCE DE. NORMANDIE, ONSIEUR LEDUC, v OrJS àv'e'z Bien voulu permettre piâ ce Traité de îa Végétation parût fous votre nom QJuûs. vosaufpices : À qui ' ■■ »' S VJ.- pouvois - je plus juflement en faire l'hommage qu'a celui qui , comme les Confuls Romains y libre du commandement des Armées , s'occupe a fertilifer les Campagnes. Les excellents exemples & les encouragements que Monsieur zj£ Marèckal votre père , ne cejfe de donner dans cette Province pour les progrès de V Agriculture , font devenus l'objet de votre attention & de l'emploi de vos loifirs. Perfuadé qu'on ne peut faire plus de bien qu'en travaillant h multiplier les moyens de pourvoir a la fubfijlance & aux befoins des hommes , Vous ave^ fît pourvoir en même temps aux befoins de l'Etat. Vous avec rojfemblé & multiplié un grand nombre d'Arbres étrangers que vous vous plaife^ a communiquer : on en reconnoîtra de plus en plus , par la fuite y l'utilité & l'agrément. Quarante mille Pins que vous ave^ fait venir d'EcoJJe pour en faire des Plantations étendues & en diflribueraux Cultivateurs y s'élèvent aujourd'hui fur des Coteaux ci- devant arides y & dans des terrains qui' étaient incultes : ils vont y produire des forêts qui ferviront un jour a la viy mâture de la Marine > alnjtqu'à d'autres objets de conflruclion. v Ces fentiments bienfaifants ,. patrio~ tiques & vraiment bons , font pour alnji dire Innés dans votre lïluflre Mal/on 3 & attachés au nom de Harcourt ; au milieu de plufieurs autres éminentes qualités > ils n'ont pas peu contribué a V amour & à la vénération que toute la, Province a voués depuis long-temps a ce nom aujji chéri que refpectable. L'Ouvrage que j'ai Vhonneur de vous dédier aujourd'hui , MONSIEUR LE D UC , efl bien relatif à vos vues bien- faifantes,pulfqu'ïl a pour objet d'éclairer , de guider les Cultivateurs , & d'étendre les limites d'un Art qui ne peut faire de progrès que par une longue fuite d'obfervatlons réfléchies & d'expériences Julvles & répétées : tels font les guides que j'ai cholfis depuis vingt années, Agriculteur par goût & par le defir de me rendre utile > je n'ai travaillé a acquérir de nouvelles connolffances , que dans le dejfeln d'en faire part au Public. Vous avei daigné , MONSIEUR LE DUC , venir quelquefois vlfiter & a 4, encourager mes travaux ; vous m'aveç çxhorté a finir cet Ouvrage > jugeant qu'il devroit être utile , agrée\ - en le premier hommage avec les ajfurances du profond refpecl avec lequel je fuis , MONSIEUR IE DUC Wotrç xrbs-hutnhle & très-? obéifiantSti'Yit'tur fw— —— — 5BS8B5 ■— — — — — —— ssbbb ^ EXTRA1 Tdes Reglflres de V Académie Royale des Sciences 3 Belles- Lettres & Arts de Rouen. M Du Mercredi 7 Mars 1781. ESSIEURS Ba X LIBRE & Chefdostel y nommés dans la féance du %i Février dernier > pour la lecture du Manufcrit de M. Mu s tel , qui a pour titre: Traité théorique & pratique de la Végétation > Iere. &IIe. Partie , ont fait leur rapport en ces termes : Cet Ouvrage contient des propofi- tions curieufes , des obfervations & des explications intéreffantes , quel-' quefois oppofées aux fentiments géné- ralement adoptés. Mais c'eft du choc des opinions que jaillit la vérité 2 quand ces objets font utiles , c'eft déjà un mérite* de s'en occuper; il en réfulte toujours des éclaircifïements avantageux aux progrès des connoif- fançes, Il y 3 tout liçu de penfer que x cet Ouvrage fera reçu favorable ment. Collationné conforme au Regiftre. Signés \ L. DAMBOURNEY , Secrétaire perpétuel, H AILLET DE COURONNE , Secrétaire perpétuel. Scellé. H. de Couronne. APP R OBATI ON. J'AI lu par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Manufcrit qui a pour titre : Traité théorique & pratique de la Végétation. Les obferva- tions curieufes qu'il contient y font préfumer qu'il fera favorablement reçu- du Public. Je n*y ai rien trouvé qui doive en empêcher Pimprefïion, A Rouen , ce 7 Juin 1781. BAJXIERE DELAISMENT. Le Privilège fe trouvera a la fin de VOuvrage. XJ TABLE £> E S LIVRES ET DES CHAPITRES Contenus dans la première Partie. jLf I S COURS Préliminaire, Page i mil i ■ . ■ - ■» LIVRE PREMIER. DE L'ANATOMIE DES ARBRES. Chapitre I. Du Tronc , Page 20 Chap. II. De tEpiderme , 23 Ch AP. III. De r Enveloppe cellulaire , z$ Chap. IV. Des Couches corticales , , 28 Chap. V. Des Fibres corticales , 34 Chap. VI. 1}^ Vaiffeaux propres , 37 Chap. VII. Des Couches ligneufes , 40 Chap. VIII. Des Fibres ligneufes , 42 Chap. IX. Delà Lymphe , 46 Chap. X. De t Aubier , 49 xïj TABLE. CHAP, XI. Des VaiJJèaux propres du bois> 57 Ch AP. XII. De la Moelle & du Tiffii veficulaire , 60 CHAP. XIII. Des Trachées , £3 Chap. XIV. Des Racines, . 69 Chap..XV. Des Branches, 80 CHAP XVI. Des Boutons, 83 CHAP. XVII. Des Feuilles, 93 CHAP, XVIII. De la Chute des feuilles , 107 CHAP. XIX. Du. Revirement des feuilles, 119 Chap. XX. De la Caufe de la couleur verte des feuilles , 122 Ci^AP. XXI..Z3« Arbres toujours verds, 133 CHAI». XXII. Des Poils, 139 CHAP. XXIII. Des Epines > 142 Chap. XXIV. Des Plantes pourvues a* ejpeces de Vrilles & de Griffes , 148 LIVRE SECOND. DE L'ANATOMIE DES FLEURS ET DES FRUITS, Çha?ITRE ï« JDes Boufqns à fruit , rT A B L E. *ïîj CHAP. II. Des Fleurs complûtes , 162 ChAP. III. Des Calices, 163 CHAP. IV. Des Pétales, 167 Chap. V. £>w Etamines, 179 Chap. VI. I?w Pédicules ou Filets des éta- mines , 183 Chap* VII. Des Poujfieres contenues dans lés fommets , 188 Chap. VIII. Des Pïjîils, igo Chap. IX. Des Fleurs incomplettes , 19$ CHAP. X. Des Fleurs doubles , 205 CHAP. XI. Z?&r Monjlruofités des jkurs Sr. des fruits , 208 ClïAP. XII. Du Nectariam , 213 Chap. XIII. Z)w Plantes parajîtes , 116 Chap. XIV. £?w Fruits, 231 Chap. XV. Examen progrejfif des Fruits du - Poirier & de V Amandier , 239 Chap. XVI. Examen anatomique de la Poire , 24.1 Chap. XVII. Des Fibres delà Poire, 245 Chap. XVIII. Des Pépins, 251 Chap. XIX. Des Fruits à noyau, 2^5 Chap. XX. Des Amandes , 26a ôcîv T A B LE CHAP. XXI. Des Fruits capfulaires , %6% Çhap. XXII. Des Parties fexuelles des Plan» tes y 263 Chap. XXIII. Des Germes, 274 Chap. XXIV. De la Formation Jînguliere de quelques Plantes , 281 CHAP. XXV, Des nouvelles ejpeces & des variétés , 288 Table alphabétique , & Explication de plujieurs termes de Phyfique, de Botanique &dAgri~ culture y 299 'Explication des Méthodes de Botanique , 45 5 Expojïtion des vues de quelques BotaniJIes , 464 Méthode de MoriJ/6ny 467 Méthode de Ray , 461 Méthode de Tournefort , 475 Méthode de Magnol, 483 Méthode de Linnée, 488 Fin de la Table du Tome premier, 3 i 53 y - " ' * " AVERTISSEMENT. %^j ET Ouvrage devoir être en .deux Volumes, comme il eft an- noncé ; mais Pétendue de la théo- rie a obligé d'en faire deux Volu- mes y & les détails de la pratique compléteront deux autres Volu- mes non moins étendus. L'appli- cation que nous ferons des no- tions & des principes répandus dans ces deux premières parties y prouvera qu'il étoit indifpenfable de commencer par les établir. Il eft vrai que le Cultivateur qui fe contenteroit d'opérer fans con- noiflance de caufe ? pourroit s'en tenir aux Méthodes - Pratiques contenues dans les deux derniers Volumes; mais ce ne feroit qu'un bâton mis dans les mains d'un aveugle j il guideroit fa marche xvf "AVERTISSEMENT. fans l'éclairer : l'étude" de cette théorie le rendra clairvoyant ; il pourra même en tirer des induc- tions que j'aurai omifes. Ils'eft glifïe, malgré nos foins y plufieûrs fautes d'impreffion dans le fécond Volume \ deux pages ont été employées à manquer les plus grofîieres : nous invitons le Lec- teur à y jetter un coup d'œil y afin de ne pas mettre les fautes de l'Im- primeur far le compte del' Auteur ^ qui d'ailleurs peut bien n'en être pas exempt : s'il ne s'eft pas rendu ilîffifamment intelligible dans tou- tes les explications , desFlanches gravées y fuppléeront dans les deux derniers Volumes y qui met- tront mieux que ceux-ci en état de juger de l'utilité & du mérite de cet Ouvrage* DISCOURS v&éfrkJUéiz 's* >^Êê '■- -VJ^—— Bï^^sirsi W^m Wm^m0Ê 1ÈÈ&W/Mr lÛ illSiP fiKtiSJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. N appelle végétation les moyens que la nature emploie pour dévelop- per , faire croître & confervèr les êtres que nous nommons végétaux. La mar- che & les progrès de cette opération font l'objet de cet Ouvrage. On a toujours penfé qu'un Traité théoriquè-& pratique fur la Végéta- tion feroit très-Utile ; tel eft celui que j'ai ofé entreprendre , & qui eft le produit de vingt années d'expériences 9 d'obfervations affidues , & des remar- ques que j'avois faites précédemment dans plufieurs Provinces de France, en Allemagne , en Italie , en Hollande , & fur-tout en Angleterre. Quoique les principes généraux qui y font démontrés & expliqués puiffent s'étendre fur toutes les plan- Tome I. A ij ms cours tes , je n'ai eu ici principalement en vue* que les arbres. Cet Ouvrage en deux Volumes in* 8°., eft divifé en quatre Livres ; le premier traite de Panatomie des ar- bres ; le deuxième , des mouvements delà fève; le troifieme, de Paccroif- fement des arbres ; le quatrième , de la fruéHfication. Les deux premiers Livres font élémentaires ; on n'y trou- vera que quelques réflexions fur les bonnes & les mauvalfes méthodes : dans les deux autres ^ chaque Chapi- tre formé d'obfervations théoriques , fera terminé par des obfervations- pratiques relatives aux précédentes , & qui en émanent naturellement. Le grand avantage de ce Traité 9 très-différent de ceux qui ont paru jufqu'ici ; c'eft que le Cultivateur fe verra éclairé & dirigé par des prin- cipes raifonnés diaprés les expérien- ces y & par conféquent fûrs en agri- culture ; qu'il ne fer$ plus dans Pin- certitude fur les avis, fouvent oppo- fés , qu'on lui donne ; qu'il fera même en état de difcerner les bonnes & les mauvaifes méthodes que Pon trouve répandues , quelquefois contradi&oi- PRÉLÏMÏNAÏRË. iij rëment , dans les Traités Amplement méthodiques ^ dont la plupart n'ont fait que nous tranfméttré d'anciennes routines , de vieilles erreurs , même des abfurdités, tel que celui de PAbbé de Valmont, & autres. . Quelques Auteurs plus éclairés ont donné comme des principes généraux, ce qui n'eft que l'effet des circortftan- ces particulières dont ils n'ont point parlé. Par exemple , M. de la Quin- tinie corifeille fortement de couper toutes les râcilies chevelues d'un ar- bre en le plantant ; un autre bon Pra- ticien comme lui , dit qu'il faut les conferver i tous deux n'en donnent point la raifon. Un Cultivateur eft ainfi fort embàrraffé dé favojr auquel des deux il en doit croire. Il verra évideriimént ici que l'une & l'autre méthode eft bonne , félon les circonf- tances qu'il trouvera expliquées & démontrées clairement. Un Maître ne s'en laifferâ plus im- pofer par un Jardinier ignorant , qui lie manque jamais d'attribuer à laLune , ou à quelqu'autre caufe auffi indiffé- rente, les effets de fa négligence & de fon ignorance ; enfin , il faura A z iv DISCOURS difcerner par lui-même le vrai d'avec le faux. L'objet de cet Ouvrage eft d'exa- miner en particulier toutes les prin- cipales pièces de la machine végétale , & particulièrement arborique , d'en expliquer Taffembîage & la compofi- tion , & de démontrer enfuite le jeu de fes reflbrts. On fent que celui qui eft inftruit du méchanifme & du jeu d'une machine, eft certainement plus en état de la bien gouverner, de la régler, de connoître la caufe de fes 1 r T \ dérangements , d'y remédier a pro- pos , & même de les prévenir. Que feroit un Horloger qui ne connoîtroit pas le méchanifme d'une horloge ? Que feroit un Chirurgien qui n'auroit pas de connoiffances de l'anatomie du corps humain ? Il en eft de même d'un Cultivateur. D'après les connoiffances dont nous parlerons, des démonftrations éviden- tes ne laifTeront point douter de la fureté des méthodes -pratiques qui font indiquées ; on reconnoîtra com- bien ' font fauffes plufieurs autres > autorifées par une aveugle routine. Par exemple , lorfque je dirai que les PRELIMINAIRE. v arbres délicats , & fur-tout les arbres toujours verds , dont la fève eft plus en aétion pendant l'hyver qu'elle ne l'eft dans les arbres qui dépouillent , tels font les Lauriers 9 Arboufiers , Magnolia , Kalmia , Rhododendron , &c. ; lorfque je dirai que ces arbres plantés contre un mur , à l'expofitiori du midi , y éprouvent des circonftan- ces dangereufes ; que dans le cours des fortes gelées , le foleil vers le mi- lieu du jour, liquéfie, raréfie & met en aélion la fève alors épaifîie & con- denfée , & qu'enfuite> furpris fubite- ment par la gelée , ils en fouffrent beaucoup , & fouvent même périfTent : on ne doutera plus, malgré Pufage or- dinaire, qu'il ne foit préférable de planter de tels arbres contre un mur au nord, ou dans toute autre pofition où ils ne foient pas expofés aux rayons du foleil , & où ils relient constam- ment dans le même état d'engour- diffement, fans éprouver ces brufques alternatives de dégels & de gelées qui leur font mortelles. L'expérience ne manque jamais de prouver ce fait dans les grands hyvers : en celui de 1776 , tous mes Azarero ou Lauriers de Por- A3 vj DISCOURS tugal , qui étoient totalement expofés au foleil , périrent; ceux qui ne Pé- toient qu'en partie y furent comme brû- lés de ce côté-là , & ceux qui étoient totalement à l'ombre , refterent très-. verds & en bon état. On trouvera dans cet Ouvrage beaucoup d'idées neuves , beaucoup, d'opinions très-oppofées aux préju- gés reçus ; plufieurs mçme de ces opi- nions ne s'accordent pas avec celles de quelques Auteurs qui > à jufte titre 3 ont acquis de la célébrité. Tant de rai- fons m'auroient donné lieu de crain- dre de ne pas perfuader , fi je n'avois .un garant bien fur : c'eft l'expérience. J'ai moins lieu de redouter le juge- ment des gens inftruits dans la fcience de l'économie végétale , même fur les opinions contraires à celles qu'ils avoient prifes , que celui des gens à préjugés & attachés à la routine. Quoique dans plufieurs articles , & fur-tout dans celui des mouvements de la fève , j'aie décrit & expliqué la marche de la nature d'une manière différente de celle qui a été expofée par quelques Auteurs , on ne pourra pas dire que ce font de nouveaux PRELIMINAIRE. vlj fyftêmes; rien n'efl: ici fyftématique, tout eft fondé fur des expériences & des obfervations raifonnées : point d'opinion qu'elle ne foit démontrée ; & fî quelquefois je me fuis permis quelques conjectures , c'eft qu'il m'a paru les avoir vues & rendues très- probables. Si j'ai été affez heureux pour faire ces nouvelles obfervations ou , fî Ton veut j ces nouvelles découvertes, je n'ai point la vaine prétention de me donner pour plus habile que les favants Auteurs qui ont écrit avant moi. Mais ce n*eft, fans do; PRELIMINAIRE. xj félon les temps & félon les diverfes circonftances , j'ai foin de les indi- quer autant que j'ai occafion de le faire. Ceux qui voudront répéter les ex-? périences que je cite , y trouveront de nouveaux moyens de conviftion , & peut-être de nouvelles obfervations intéreffantes qui m'auront échappé ; ces expériences conduiront à d'autres, & ainfi à de nouvelles preuves. Il s'en faut bien que je croie avoir épuifé la matière s j'ouvre de nouvelles routes , en exhortant les Naturalistes à les étendre & à les perfectionner ; c'effc pinfi que s'augmentent les connoiffan-? ces & qu'on parvient à reculer les bornes des fciences; celle de l'écono-? mie animale & végétale , eft , à tous égards , bien digne de l'homme. Outre l'amufement & l'utilité qu'il eft affuré d'y trouver x cette fcience porte né- ceffairement tout homme qui s'y livre, à l'adoration du Créateur; elle eft une théologie démonftrative d'une force jnfurmontable à l'incrédule le plus opiniâtre. En effet , en examinant les êtres créés avec i^ne organifation fi variée â / • xîj D I S C O U R S mais qui ne manque jamais de pro- duire fes différents effets ; en voyant les individus du même règne fournis aux mêmes loix générales > ceux des efpeces particulières affujettis à la même organifation , au même genre de vie , aux mêmes coutumes _, au même travail y aux mêmes difpofitions , aux mêmes moyens pour fe régénérer , à peu près à la même forme , aux mêmes couleurs, à la même croiffance & à la même durée de la vie; en ob- fervant cet ordre confiant & immua- ble , & cette fucceffion invariable de l'ordre imprimé par une puiffance per- manente & irréfiftible , comment pour- roit-on douter de l'exiftence d'un Etre fuprême , de ce fublime Ouvrier qui nous devient toujours plus merveil- leux , à mefure que fes ouvrages nous donnent mieux ridée de fa toute-puif- fance , & nous infpirent une admira- tion fi bien fentie & un refpeét fi pro- fond que nous n'avons point de ter- mes affez énergiques pour pouvoir l'exprimer. Si l'aftronomie nous démontre la grandeur de cet Etre infiniment puif- fant , dans la diftance incroyable des X PRELIMINAIRE, xiî) corps céleftes , dans leur mafTe énor- me, dans leur nombre prefqu'infini ; Panatomie des animaux & celle des plantes nous démontre fenfiblement l'éclat de la Divinité , fa puiffance , fon intelligence infinie. Nous trouvons des marques évidentes de l'immenfité de fa fageffe dans la ftruéture , & dans l'ufage des parties des plantes & du corps des animaux , dans leur commencement, leur durée & leur fin, dans leur renouvellement continuel & leur multiplication : que de rapports , que d'harmonie entre les parties ! Combien de combinaifons , d'arran- gements , de caufes , d'effets , de prin- cipes qui tous concourent au même but, & que nous ne connoilfons que par des réfultats fi difficiles à com- prendre , qu'ils n'ont ceffé d'être des* merveilles que par l'habitude que l'on a prife de n'y pas réfléchir! Si nous paroiffons encore bien éloi- gnés de pofleder la connoiffance des premiers principes des êtres , de tou- tes les parties de leur conftitution & de leur organifation i ne regardons point comme impoffibîe la connoif- fance de toutes ces chofes que nous xîv DISCOURS ignorons préfentement , & quî noue paroît inlpofïible à acquérir. Depuis que y rejetant les fyftêmes , la faine phyfique s'en eft tenue aux vérités démontrées par l'expérience , cette fcience â fait plus de progrès depuis un fîecle qu'elle n'en avoit fait aupa- ravant pendant plus de deux millei ans. On doit être étonhé d'un fi heu- reux fuccès & de progrès fî rapides > malgré tant de faux préjugés fi ancien- nement reçus & fi généralement ap- prouvés, & par conféquent fi diffici- les à détruire ; malgré le zèle peu éclairé de tant de perfonnes ennemies de toutes fortes de nouveautés , quel- quefois même malgré leur crédit qui formoit tant d'obftàcles qu'il falloit furmonter ; malgré le peu d'inclina- tion à vaincre les difficultés qui fe préfentoient en chemin , pour appren- dre de qui n'eft point d'un ufage or- dinaire ; malgré le petit nombre de perfonnes qui s'y "appliquoient : en- fin , fi y malgré tous ces obftacles , la Phyfique eft parvenue à faire tant de progrès en fi peu de temps , que ne devons-nous pas efpérer aujour- d'hui où nous vivons dans un temps PRELIMINAIRE. xr fi favorable , où il femble que tout concourt à perfectionner les fciences ? Il ett vrai que les nouvelles décou- vertes font rares; mais enfin y il s'en fait de temps en temps quelques-unes i ne jugeons donc point de rimpofli- bilité des découvertes > parce qu'elles n'ont point encore été faites. Si on avoit parlé à nos anciens de toutes celles qui ont paru depuis eux , au- roient-ils pu les croire ? Si , par exem- ple, on leur eût dit que l'on feroit voler la mort fur quelques grains de poudre à de grandes diftances , & que par le même moyen , on renverferoit des Villes , on détruiroit des armées de fort loin ; fi on leur avoit dit qu'on parviendroit à tailler de petits morceaux de verres de manière qu'ils feroient appercevoir très-diftinéte- ment des objets invifibles , des plan- tes & des animaux qu'on n'auroit ja- mais foupçonnés, &c. &c. , auroient- ils pu le croire ? Nous devons donc présentement nous confidérer dans l'état où étoient les anciens par rapport aux découvertes à faire , & fufpendre notre jugement fur la pof- fibilité de découvrir des caufes & xvj DISCOURS même des effets qui paroifleiit au- jourd'hui hors de toute vraifem- blance. Mes efforts & mes travaux n'au- ront pas été inutiles , fi ce Traité eft reçu aufïi favorablement que l'a été le petit Mémoire que j'ai donné, il y a douze ans , fur la culture des Pommes de terre , & la manière d'en faire du pain. Il eft certain que ce n'éft que depuis cette époque que cette utile culture s'eft établie , mul- tipliée dans plufîeurs Provinces de France où on n'en faifoit pas ufage , & particulièrement dans les environs de la Capitale où l'on voit les Mar- chés abondamment pourvus aujour- d'hui de cette manne faifte & noùr- riffante qui y étoit prefqu'inconnue auparavant. On ne pourra bien juger de plufieurs propofitions contenues dans ce premier Volume, qu'après la leéhire du fécond qui ne tardera pas à paroître : on y trouvera de nou- velles preuves de ce que j'ai avancé dans celui-ci. On me rendroit peu de juftice 9 fi en penfoit que j'ai agi par efprit d'innovation & de contrariété ; je n'ai - ÏRELlMlNAÏRË. xvij n'ai d'autre objet que d'expofer la vérité telle que je l'ai apperçue & telle que l'expérience m*a paru la démontrer. Si d'ailleurs quelques Opinions qui m'ont femblé probables i quelques conjectures que je me fuis permifes , ne paroifTerit pas devoir être adoptées > je fuis très-difpofé à les abandonner > en recevant avec reconnoiflance les objections capa- bles de les détruire > & que Ton voudra bien me faire avec honnê- teté ; mais je déclare d'avance que je fuis très-décidé à ne jamais ré- pondre à aucune efpece de critique. Si mon zèle m'a porté à rendre mes obfervations publiques , la tranquil^ lité dont je jouis , ne doit point être troublée. Si l'examen m'a forcé à prendre des opinions différente^ de celles qui ont été adoptées , c'eft y je crois , de manière à ne pas blefler leurs Auteurs ; du moins , ce n'eft pas mon intention: au furplus , n'ayant , comme eux , d'autres vues que les progrès d'une fcience qui nous préfente plus d'in- certitudes que de vérités bien con- nues ; ce n'eft qu'en obfervant & en Tome I. B LE : xvïïj BÏ$CÔV:ïCS,Çc. difcutant/qîi'on' parviendra à diflîper les ténèbres où nous' femmes encore plongés! Heureux, fi "j'ai pu y eorL- tribuer 1 , r- " - .. ... .. r n ■ ■ j rjijc •■ ■■■ tno inp - ; griij tivri : il . • i 3Up . T R A I THE ORiq VE ET PRATIQUE DELA VÉGÉTATION. LIVRE PREMIER. DE L'ANATOMIE DES ARBRES. t^^wpqg*mj ljii A»>-awM»«anpigCT CHAPITRE PREMIER. Du Tronc. L lE tronc ou la tige des arbres peut être regardé comme la colonne qui foutient l'édi- fice , & qui , ramifiée à fa partie fupérieure & inférieure , y forme des branches & des racines. La terre ou l'air décide ces deux dif- férentes productions ; car lorfqu'une racine efl à l'air , elle pouffe des branches , & une bran- che mife en terre, pouffe des racines : bien plus , la tige ou feulement une partie de la tige , coupée & mife en terre , produit aulli B 2 20 Traité de ia des racines ; la nature paroît indifférente à l'une ou Vautre production , puifque l'élément feul la décide. Le tronc eft un corps inter- médiaire , niais contigu entre les branches & les racines auxquelles il fert de communi- cation , & qui fourniilent à ion entretien ; il s'élève plus ou moins haut & plus ou moins droit y félon ks efpeces & félon- la lituation & la nature du terrain où il croît. Dans les futaies , on voit des Chênes , des Pins , &c. qui élèvent leurs tiges , nettes de branches , jufqu à quatre-vingt pieds de hauteur. La tige des arbres ifolés produit & conferve des branches qui deviennent fort grottes , fi on n*a pas eu foin de les élaguer , & qui arrêtent & dimi- nuent l'élévation de la tige. Le tronc eft la partie principale de l'arbre ; il eft ordinairement droit , gros & élevé dans les grands arbres, moins élevé & moins gros dans les arbriffeaux , grefle & petit dans les arbuftes ; & à la différence des deux premiers , ceux-ci, au lieu d'avoir une tige unique, en produifent plufieurs , prefqu'au lortir de terre , qui toutes enfemble forment un buifïbn. Nous examinerons en particulier ces trois clafles d'arbres auxquels la nature a aftigné une croiffance limitée qui varie cependant en- tr'eux feîon le terrain & l'expofition. Tous les grands arbres , plufieurs arbrif- feaux , & même quelques arbuftes , élèvent & foutiennent leurs tiges droites ; mais il en eft qu'on nomme farmenteux , qui ont befoin d'ap- pui , tels que la Vigne , le Lierre , les Clé- matites , le Bignonia , &c. ; & la Nature lc& VEGETATION, IlV. I, Ch. I. Il a pourvus de vrilles , d'efpece de mains , au moyen defquelles elles s'accrochent aux par- ties folides qu'elles trouvent à leur portée* Ce petit phénomène , bien digne de l'admira- tion d'un Obfervateur , mérite bien lui feul un Chapitre fort étendu. D'autres arbrirTeaux farmenteux , tels que l'Evonimoïdes , lç Periploca qui n'ont point de mains pour s'accrocher , fe replient & s'en- tortillent autour des autres arbres , & les fer- rent quelquefois fi fort qu'ils les font périr ; ce qui les a fait furnommer bourreaux des arbres : d'autres , comme les Ronces , ram- pent fur terre , fans rechercher aucun fou- Éferi. Le tronc de tons les arbres eft à peu près de forme cylindrique , & feroit un cylindre parfait , fi fa croiffance n'étoit pas inégale par des circonftances particulières , dont nous parlerons ; fa coupe tranfverfale préfente l'aire de plufîeurs cercles , à peu près concentriques , qui font la crue de chaque année , comme nous l'expliquerons. Le tronc , partie principale de l'arbre , eft aufti celle qui fert le plus utilement ; on l'em- ploie en entier pour les pièces de réfiftance 9 telles que les poutres , &c. , ou on le débite en folives & en planches , Û nécerTaires à dif- férents ufages & aux befoins de l'homme. Il en forme fon logement pour fe parer des in- jures du temps & de l'intempérie des faifons. Il a fu en conftruire dçs habitations , & fnême des citadelles flottantes dans lefquelles il franchie rapidement l'efpace immenfo B-3 22 T R A I T É D E LA des mers & parcourt le tour du Globe* Le bois en général eft fi néceffaire à la con- fervation & à l'agrément de la vie , qu'il doic être confidéré comme un des premiers & plus efTentiels befoins ; ce qui rend la culture des arbres il précieufe , que tout ce qui peut tendrç à la perfectionner & à l'étendre doit ^être regardé comme un objet très-important. La nomenclature & les détails relatifs aux arbres , arbrifTeaux & arbuftes appartiennent à un Traité de Botanique ; ce qui n'eft poinc l'objet principal de celui-ci. Je dois m'en tenir au phyfique qui eft afTez le même dans tous les arbres , à certains égards , mais non pas à tous : je rapporterai plufieurs expériences qui font voir combien leur orga- nifation eft différente. Le tronc des arbres eft formé de fibres li- gneufes , alfemblées par faifeeaux , dont les; interftices , conduits de la fève , font entrelaf- fés de véficules , réfervoirs de cette fève , & d'autres vaifleaux qui contiennent le fuc pro- pre de l'arbre : tout cet appareil eft recouvert de l'écorce. Nous allons examiner en parti- culier toutes ces différentes parties ; je ne par- ierai de la moelle que pour prouver qu'autant elle a été nécefTaire à la première formation de la tige & des branches , autant elle y de- vient après inutile & même nulle. Il en eft de même des prétendues trachées que la manie de l'analogie avoit fait imaginer. Nous verrons que ce ne font que des rudiments , des fibres ligneufes , repliées en fpirale dans le bouton à bois j & enfuite dans la branche herbacée, & VEGETATION , IlV. I, OH. JI. 22 «qui s'étendent en fibres longitudinales, & mieux "formées à meftire/que l'a branché prend fa croîf- lance. allons, ■ commencer par examine^ fa'ftïuâufe &,' fes différentes parties. 1 *=- C H A P I T R.E-: I I. 6 uy. , ■ • al rîti ri Y ' ;' â^.'EcoîiCE eft compofée de cUverfes par- ties , dont nous allqris. parler , ripaarément. Ôp apperçoit d'abord fur., fécorce «u/ie , enveloppe j.qvii ne paraît être .qu'une me.m.Ur^p^.pince & lèche: c'eil une efpece de iùrpeaal ce qui la fait, nommer epi^erme g comme, tgpUç $ui recou- vre ia peau des animaux. ^Ççg ^ideçme fe dé- tache affez aifémenç des ar^re^Xur^tôut lort- qu'iis font eu pleine fève ^il^iF plus, dimcile à enlever dans un autre temps. L'épiderme ne:.-fe; remarque, plus -que par .fragments fur le^ tronc 'et les.groues branches . des vieux adirés 5 parce qu'il a été rompu., iorfque ces parties ont pris une croifiance plus çonfidérable que fon exteniion pouyoit le per- mettre : mais.il s'enlève en entier .iiir plufteuxs jeunes arbres ■,, SL particuliéremeni fur les Me- rifiers , les Cerifkrs , les Bouleaux,, &.c. Il paroît que la direction 4e cette membrane cJÏ circulaire au. tronc ; car elle soulevé plus ™ >4 Traité de ia aifément dans ce fens-là. On trouve un épi-' derme fur le tronc , fur les branches , fur le* racines, fur les feuilles, fur les fleurs & les fruits ; mais la couleur en eft fort différente., & vraifemblablement la contexture n'eft pas la même. Il y a quelques arbres qui , comme les fer- pens , fe dépouillent naturellement de leur épi- derme tous les ans , tels font les Platanes, les Pentaphylloïdçs , &ç, L'épiderme eft formé de plufleurs couches, comme on le voit à celui du Bouleau , dont on enlevé aifément plufleurs feuilles. Quçlque. . mince que foit cette membrane , il paroît qu'elle eft organifée , puifqu'elle a, la faculté de fe régénérer & décroître à un cer- tain point , en même proportion que la partie qu'elle recouvre , mais lentement & progrefïï- vement ; car on voit qu'elle fç rompt fur des poires , des figues , des cerifes , des abricots , ,&c, , qui , par des circonftances particulières, s'enflent & grofîinent trop rapidement, ; Quelques Auteurs ont prétendu que l'épi- derme n'avpit point de pores ; ce qui ne peut s'accorder avec l'expiration & l'infpiration bien reconnue dans les arbres , comme je le prouverai : d'ailleurs , il eft aifé de les apper- cevoir à la loupe fur les feuilles de plufleurs plantes , ëç le mîcrofeope les fait voir fur toute efpece d epiderme , comme dts trous ^ronds fur plusieurs, & fur d'autrçs comme $es points brillants & à jour; L'expérience fait çonnoître que fi on enlevé Vépiderme , il s'en forme un nouveau ; mais & VEGETATION , IlV. I, CH. III. 2Ç régénération , fa formation , & même fa tif- fure n'ont point encore été expliquées d une manière fatisfaifante. Je ne m'aviferai point de vouloir expliquer ce que je n'ai pas eu d'occafion d'obferver mieux que les autres , ne cherchant pas à pa- roître plus habile que je ne fuis. L'analogie que l'on a faite entre l'épidermê végétal & animal , n'a pas fervi à nous éclai- rer davantage , & peut-être que l'un n'a guerçs de rapport ayee l'autre. Effectivement, quel eft l'animal fur lequel on pourroit enle- ver des bandes d'épiderme, comme on le fait fur Je Bouleau , le Cerifier , elles repréfentent les feuillets d'un livre , c'eit pourquoi on îes a nommées Liber,- avec cette différence que les uns comprennent, fous cette dénomination, toutes les couches corticales, & d'autres n'at- tribuent ce nom qu'à la couche la plus inté- rieure qui touche au bois ; ce qui eft allez gé- néralement adopté. Je rends cette explication telle que l'ont donnée les Auteurs ; il paroît cependant que le mot Liber a plutôt été tiré des couches corticales dont on s'eft fervi pour écrire bien avant l'ufage du papier. L'efpece de rézeau que forment îes fibres cor- ticales ne paroît être-, à la vue , que l'entre- laflèment de plufieurs filets uniques qui fe fou- dent & s'anaftomofent les uns avec les autres. Mais on apperçoit bientôt, à l'aide du microf- cope , que ces filets que l'on croyoit uniques forment réellement un faifceau de filaments qui peuvent fe féparer les uns des autres , & que le dernier de ces fils qui eft fi fin qu'à peine peut-on l'appercevoir , eft encore divifi- ble : ainfi il n'eft pas aifé de concevoir & encore moins de pouvoir dire quel* eft le de- gré de fineffe du dernier de ces fils , appelles fibres corticales. Plufieurs obfervations qui paroiffent très- fondées , & dont j'aurai occafion de parler , me portent à croire qu'il v a deux Libers, l'un émané du corps ligneux , & l'autre , de le- corce. Ces Libers fe forment pendant Tété, paroiffent collés pendant l'hyver par une hu- meur vifqueufe , & fe féparent au printemps. VEéEÎATTOtt, LïV\ I, Ch, IV. fi Il eft à remarquer que quand le Liber eft en- levé de deffus le bois, cette partie du bois ne prend plus aucune croiifance ni adhérence avec les nouvelles couches qui le recouvrent. Les écorces, lesécmTons qu'on y applique ne sV uniffent jamais ; de même que les émanations qui fe font autour de récuffon y les fibres li- gneufes qui fe forment entre l'écuilon & ce bois dépouillé ne s'y unifient point. Quoique ces faifceaux de fibres, diftribués ça & là, ne fuivent pas une direction droite % ils s étendent cependant* longitudinaîement ; en forte que fi on remarque que Técorce des arbres fe déchire plus aifément fuivant la lon- gueur de l'arbre que fuivant la circonférence du tronc -y c'eft parce que dans ce ; dernier fens, il en faut rompre les fibres , au lieu que dans l'autre , on ne fait que les fépa- rer. Il ne faut pas croire que ce rézeau cortical foit toujours formé par le même faifeeau de fibres, comme l'eft le tifïu'de la toile par les mêmes fils. Ici , la nature a eu befoin d'en- tretenir des communications , foit pour la' formation des parties ,, foit pour leur confer- vation , foit pour leur régénération , félon les accidents ; c'eft pourquoi dans les rézeaux cor- ticaux plufieurs filets quittent le faifeeau dont ils faifoient partie ; ils s'inclinent plus ou moins obli- quement vers un autre faifeeau ; quelquefois ils s'y uniffent, & en fuivent la route ; d'autres fois , ils reviennent s'attacher au faifeeau qu'ils avoienE quitté , ou bien ils s'uniffent à des filets qu'ils rencontrent eu chemin \ & alors il fe forme §2 T R A I T É D E t k de nouveaux faifceaux , qui , dans ces dévia-* tions , ou augmentent de grofTeur en s'appro- priant de nouvelles fibres , ou deviennent plue- fins quand une partie de leurs fibres les aban- donne : tout cela forme un rézeau très-irrégu- lier & très-différent dans les différents genre» d'arbres. Quoique les faifceaux de fibres ne s'éten- dent pas du bas en haut È en fuivant des li- gnes droites, mais en ferpentant* cela n'em- pêche pas qu'eu égard à leur diredion géné^ raie , on ne les nomme les fibres longitudi- nales de l'écorce ; l'épaifleur de l'écorce aug- mente par l'addition des couches intérieure» comme les couches ligneufes fe forment fur le bois. Ces nouvelles couches intérieures de l'é- corce pouffent néceffai rement en dehors les couches extérieures qui font obligées de s'é- largir en proportion de l'étendue de leur cir- conférence ; & par conféquent les aires que laiffent entfelles les fibres longitudinales de- viennent plus larges , & les véficules groffif- fent d'autant pour remplir ces efpaces : c'eft ce qu'on voit très-diflin&ement au microfcope. Ces aires qui paroiffent fe répondre de couche en couche , font beaucoup plus ouvertes dans les couches les plus extérieures, fe refTerrant toujours du côté des intérieures, où à peine elles s'apperçoivent. On voit que les véficules augmentent en groffeur dans la même propor- tion de ces aires qu'elles rempliffent toujours. Leur pofition & leur arrangement paroît être dans Vë&etaîiOn, Lfv. I, Ch. ÎV. 33 dans une difpofition horizontale, & ainfi elles croifent les fibres & les entrelacent. Il eft à remarquer que tous les arbres dont les mailles font les plus grandes entre les fibres corticales & ligneufes, font ceux dont la croiflance eft la plus rapide & le bois le plus tendre, tels font les Saules, Peupliers f Tilleuls, &c. appelles arbres de bois blanc. Par tout ce qui vient d'être dit , on voit que l'écorce deftinée à couvrir le bois dont elle eft féparée, eft formée de plufïeurs cou- ches. i0. D'une ou de plufieurs membranes min- ces qui s'étendent fur toute la furface exté- rieure des arbres , qu'on nomme épiderme. 2Ô. Que fous cette enveloppe générale , on en trouve une autre différente en couleur 6c en épaiffeur, qu'on a appellée cellulaire. 30. Des couches corticales formées par des rézeaux de fibres longitudinales & de vaiffeaux lymphatiques & de fuc propre. 4°. Que les efpaces ou aires qui font entre les fibres font remplis d'un grand nombre de vélîcules. Voilà en général l'idée qu'on peut fe former de la texture de l'écorce : nous parlerons plus am- plement par la fuite de fes fondions & de la nature de fes productions. Paffons à préfent à l'examen particulier des fibres corticales. Tome I. $f T ït A I T É B E L A e ' " ■ - . : CHAPITRE V. .De.? Fibres corticales* E M (Mconvpofant les faifceaux dont nou& venons de parler , on divife aifément les fibres corticales. Mais cette opération devient de plus en plus difficile dans les dernières- divifions poiîibîes : je dis poffrbles f car après avoir réduit ces fibres à un tel degré de fineffe qu'elles font moins apparentes que des che- veux , lé microfcope nous fait voir que ce filet fi fin & à peine vifîble , eft encore un faifceau divifible en plufienrs filets -y mais ©n napperçoit rien qui puifTe laiiFer croire que ces filets foient des tubes creux : eh f que feroient les cavités les conduits des fucs lymphatiques & âes fucs propres ; mais ces fucs ne peuvent être fournis que par la fève defcendante ou latérale , puif- qu'on verra prouvé par les expériences des liqueurs colorantes , que la fève montante ne parfe point dans l'écorce/. c'eft ce qu'on verra démontré par la fuite. Les fibres corticales ne font point , dans leur état naturel , aufîi dures que les fibres li- gneufes ; mais cependant elles font fufcepti- Végétation , Liv. I , Cb. V. 35 blés de le devenir quelquefois davantage : on .en verra la preuve au Chapitre des Epines. Il eft inconteftable que plusieurs de ces Epi^ nés ne partent & ne font formées que des couches corticales ; ce ne peut donc être qu'une prolongation des fibres corticales ; & on fait quel degré de dureté acquièrent ces Epines qui paroifTent être plutôt une fubftance cornacée que ligneufe. L'expérience prouve bien que les nervures des feuilles font une prolongation des fibres ligneufes ; mais je crois qu'on verra fuffifam- ment prouvé , fur-tout dans le quatrième Li- vre , que les fibres du pédicule des fruits , qui fe ramifient fi admirablement dans la pul- pe , font , en grande partie , des fibres corti- cales , car il y a au centre un petit corps ligneux. Je n'en parle ici qu'en paffant, puifqu'il eft be~ foin d'établir quelques propofitions préliminaires pourl'intelligencede celle-ci. Les fibres corticales paroifTent absolument diftindes & féparées des fibres ligneufes , avec lefquelles elles ne pa- roifTent point avoir de communication ; les unes peuvent même exifter indépendamment des autres , puifqu'on voit quelquefois le bois fubfifter fans écorce , & Técorce fans bois : mais il n'en eft pas moins vrai que l'union de ces deux parties eft bien elTentielle à la végé- tation. Un arbre fouffre toujours beaucoup de leur féparation , & rien ne le prouve mieux que les efforts que femble faire la nature pour régénérer une nouvelle écorce fur la partie ligneufe qui en a été dépouillée , & cette ré- C 2 36 TRAITÉ DE LA génération fe fait évidemment par de* éma- nations qui fortent des couches corticales in- térieures , fur* tout aux parties fupérieures & latérales de la plaie ; ce qui décelé bien l'effet de la fève defcendante , qui fera démontrée par la fuite. Les fibres corticales , quoique plus flexibles & moins dures que celles du corps ligneux , ne laiffent cependant pas d'avoir beau- coup de confiftance & de force : la durée des tiffus que l'on fabrique avec quelques-unes de ces fibres filées & les cordages que Ton en forme f prouvent leur foiidité & leur réfif- tance. Le Lin & le Chanvre , fibres corticales des plantes de ce nom, font d'une utilité fi re- connue qu'il efi inutile de la faire remarquer : mais obfervons la différence des fibres ligneu- fes aux fibres corticales de ces plantes; les premières fe décompofent & pourriffent en peu de temps dans l'eau y & les autres y ré- liftent , & ne perdent de leur force qu'après un affez long ufage : cet effet , fi différent de la plupart des autres végétaux , ne parok-il pas un bienfait particulier du Créateur pous pourvoir aux beibins des hommes? Que de fu- jets d'admiration , que de motifs de reconnoif- fance dans toute l'étendue de la carrière que nous allons parcourir! m o VEGETATION, LïV\ I, Ch. VI. 37 "'" '' ' ' ' ' ' ' ! "1 CHAPITRE VI. Dts VaiJJeaux propres. N apperçoit , comme je l'ai déjà dit , à Taide rains aquatiques ou du moins très-fubftantieux pour remplir & entretenir cette grande quan- tité de réfervoirs , de magafïns féveux ; mais aufïi la fève terreftre qui efl abondante dans ces genres d'arbres , leur donne une croiffance très-rapide. Ce qui me refte à dire des fibres ligneufes ne peut être bien entendu qu'à la fuite des explications qui vont être données. CHAPITRE IX. De la Lymphe. 'A lymphe eft une liqueur peu différente de l'eau la plus fimple ; elle eft très-abondante dans de certains arbres , tels que l'Orme , la Vigne , l'Erable , le Bouleau , &c. , fur-tout lorfque ces arbres commencent à être en fève, & qu'ils n'ont point encore de feuilles ; car, lorfque l'arbre a développé toutes fes feuilles , la lymphe eft bien moins abondante , fur-tout pendant les chaleurs , pour les raifons qu'on -verra par la fuite. Cette liqueur qui eft le produit de la fève montante , eft répandue dans les vaifleaux féveux du bois ; il n'y en a que peu & peut-être point dans l'écorce. Je ne peux donner ici d'explications fur tout cela , on les verra dans le Livre fécond. Les arbres de différents genres rendent leur lymphe avec des circonftances qui leur font particulières, & il y en a beaucoup qui n'eu VEGETATION , IlV. I , Cïî. IX. 47 rendent prefque point. Si on perce un groi Orme à l'endroit où s'eft élevé une efpece d'exoftofe > ce qu'il n'eft pas rare de trouver fur ces arbres , on voit qu'il en fort un jet , comme celui d'une fontaine qui donne en peu de temps beaucoup de liqueur : &. cet arbre en donne même en toute faifon , en quoi il diffère des autres. J'ai répété plufieurs fois cette expérience fur le même arbre fans m'être apperçu qu'il en ait fouffert. On fait qu'au commencement du printemps la Vigne donne abondamment des pleurs ; mais lorfqu'elle a des feuilles ou même lorf- que fes boutons font ouverts , elle ceffe d'en donner : on en verra la raifon par la fuite. Les arbres font très -remplis de lymphe pendant l'hyver ; elle ne coule point pendant la gelée , mais très-abondamment lorfquJ après une forte gelée , il vient un dégel doux. On en verra la caufe évidente au Chapitre de la Raréfadion que le dégel opère dans la terre , Se qui pouffe l'eau en dehors avec tant de force ; ce qui rend la gelée fi dangereufe pour les arbres lorfqu'ils en font fur pris brufquement dans ces circonftances. La lymphe coule abondamment avant que l'arbre ait fait aucune production ; mais fon écoulement diminue à mefure que les produc- tions paroiffent : quand les boutons commen- cent à s'ouvrir , la lymphe ne coule plus fi abondamment, & elle contrade alors un goûc herbacé & défagréable , effet tout naturel du paf- fagede la lève aérienne par les boutons herbacés, comme on le verra démontré au Chapitre où Traité 6e la je traite de cette fève. Lorfque les feuilles vien- nent à prendre leur développement , l'écoule- ment de la lymphe cefTe totalement : on en verra la caufe au Chapitre des mouvements de la fève ; & alors cette lymphe qui étoit au- paravant Il abondante & fi claire , devient épaiffe & gelatineufè , parce qu'alors les parties aqueufes font diiïipées par l'abondante exha- laifon des feuilles , & de plus , les fucs nu- tritifs font portés bien plus abondamment dans les arbres. La lymphe ne coule point de l'écorce ni d'entre le bois & l'écorce, parce que pendant l'hyver l'écorce efl fort adhérente au bois ; mais elle y efl: très-abondante pendant l'été , lorfque les mouvements de la fève ont lieu : au furplus, les expériences prouvent que la fève montante ne palTe point dans les vaifTeatfx corticaux. La lymphe ne fort pendant l'hyver que du corps même du bois , & elle en coule d'autant plus abondamment que l'entaille pénè- tre plus avant. Les arbres gros & vigoureux & qui croif- fent encore, donnent plus de lymphe que ceux qui font trop jeunes ou qui font en retour ; & ceux qui font plantés dans un terrain gras en fourniflent plus que ceux qui font dans une terre maigre & feche. Je me fuis allure par plusieurs expériences que fi , pendant l'hyver , on fait une entaille à un arbre, la lymphe coule toujours de la partie fupérieure de l'entaille ; le contraire arrive lorfque l'arbre efl: couvert de feuilles. J'ai obfervé autant que le permet le peu de lymphe Végétation , Ltv. I > Gît; X. 49 lymphe qui féjourne alors dans les arbres, que la partie inférieure de l'entaille étoit humide ; mais je fuis afluré que la partie fiipérieure eft reftée feche pendant le jour , c'eft- à-dire pen«- dant le temps que la fève monte. J'ai remar- qué que le contraire arrive pendant la nuit , c'eft-à-dire lorfque la fève defcend : on verra évidemment la caufe de ces différents effets au Chapitre des mouvements de la feve> j chapitre x. De l'Aubier. 'Ai déjà eu occafion de parler de mon opinion au fujet de la formation des nouvelles couches de bois & d'écorce * & cette opinion deviendra plus probable par ce que je dirai par: la fuite ; je ne ferai ici que l'expofen On verra par mes expériences de liqueurs colorées , qu'il pafle une grande quantité de fève entre le bois & l'écorce j mais point du tout dans l'écorce & dans la moelle. Je parle ici de la fève montante ; on verra par la fuite la différence de celie-ci avec la fève defcen-* dante. Je crois être très- fondé à juger que les dépôts de la fève' montante , joints aux éma- nations du corps ligneux , forment un Liber qui enfuite fe convertit en aubier, & que le même effet $t la fève defcendante, joint aux émanations intérieures de l'écorce, forme auilï *n autre Liber qui fe convertit en une nou- Tomt L . D 5<3 T R A I T E ff E % A velle couche corticale : ainfi fe forment pen- dant l'été deux feuillets de différents Libers v dont l'un appartient au bois & Vautre à l'é- corce. La fève nouvelle les fépare au printemps: pour en former de nouveaux entr'eux. Cette opinion pourroit mettre d'accord les Auteurs qui ont parlé de la formation des nouvelles couches ligneufes ; les uns ont pré- tendu quelles étoient produites par le corps, ligneux ; les autres par l'écorce : en leur accor- dant à chacun leur Liber , c'eft être des deux opinions. Je ne crois pas qu'on imagine que je n'ai agi en cela que par complaifance ; car on trou- vera peut-être que j'aurai mérité le reproche- contraire dans le cours de cet Ouvrage. Je peux afFurer cependant que je n'ai pas eu le deffein de contrarier ; mais je n'ai adopté d'au- tres opinions que celles qui m'ont paru dé- montrées par l'obfervation & par l'expérience. Je reviens à mon fujet : on a déjà vu que jai donné une forte induction, à la formation des couches ligneufes par le corps ligneux,, en faifant voir qu'il fe forme dans le canal médullaire de nouvelles fibres Ligneufes qui le rempiifTent. Mais fi on ne peut douter qu'il fe forme de nouvelles couches ligneufes , il efl également certain qu'il fe forme de nouvelles couches cor- ticales ; que les unes & les autres font d'abord des feuillets très-minces qu'on appelle Liber. Il elt donc évident que l'écorce & le bois forment chacun leur Liber. Mais ce n'eft pas VEëETAtiON , tt V. 1 , Cïï. X ^ t ici le moment d'entrer en plus ample explica- tion à ce fujet. Le Liber adhérent au bois fè convertit en aubier , & chaque bande d'aubier eft formée de plufieurs couches qui font apparemment celles du Liber épaiilies & mieux formées : je ne peux mieux faire que d'emprunter de M* Duhamel les détails fuivants fur l'aubier.. Les couches ligneufes commencent par être molles & herbacées avant d'avoir acquis la fo- lidité du bois , elles ne pafîent pas fubitemenc de l'état de molleffe qu'elles ont d'abord à la dureté du bois parfait; elles n'acquièrent toute la dureté dont elles font capables qu'après bien des années. Dans un jeune arbre toutes les couches ligneufes font de force , de dureté & de denfité inégales ; celles du centre étant les plus dures & celles de la circonférence les plus tendres , l'endurciffement des couches fe fait donc par degrés ; & de la couche la plus tendre à la plus dure , on peut remarquer une nuance qui pafle par des dégradations infenfi- bles : on y remarque feulement à la première vue un reffaut dont on eft frappé , & c'eft ce reflaut , cette différence de denfité , fi aifée à appercevoir , qui diftingue l'aubier du bois. Si l'on coupe horifontalement un Chêne , on apperçoit fous le feuillet le plus intérieur de lecorce , une zone ou couronne plus ou moins épaiffe, d'un bois blanc, tendre & léger; c'eft là l'aubier qui recouvre le bois parfait qu'on diftingue aifément par fa denfité , fa pe- fanteur & fa couleur. Comme la nature ne fait rien que prbgreffi- D 2 52 Trait ébe la vement , il n'eft pas . iuf prenant que le bois: n'acquière fa dureté que peu à peu ; mais il eft très-fingulier de voir une partie de ce bois refter pendant un certain temps dans un état d'imperfedipn qui le rend , pour ainfi dire , mitoyen entre 1 ecorce & le bois , & paffer tout (le fuite de cet état d'imperfection à celui de bois parfait : c'eft néanmoins une obfervation qu'on peut faire fur prefque tous les arbres ; le Chêne , l'Orme , le Pin , le Sapin, TEbénier, la GrenadiUe , &c, ont un aubier très-diffé- rent du bois. Il efl: encore bien fingulier que l'aubier de l'Ebene verte foit blanc comme celui du Tilleul, pendant que le bois de cet arbre efl: d'un verd brun & foncé. La différence entre le bois & l'aubier n'eft cependant pas toujours aufli fenflble ; elle l'eft même quelquefois fi peu qu'on feroit tenté de croire que certains bois, comme le Peuplier, le Tilleul , le Tremble , l'Aune , le Bouleau, n'ont point d'aubier ; il fe peut bien faire même que quelques-uns de ces arbres confer- vent depuis le centre jufqu'à 1 ecorce la nuance d'endurciiïement dont j'ai parlé, fans qu'il y ait ce rerfant qui caraclérife l'aubier. Quoi qu'il en foit , les anciens Botaniftes ,. frappés de cette différence qu'ils remarqu oient entre le bois & l'aubier , comparoient cette fubflancé à la graiffe des animaux : pour moi , je la regarde avec Malpighy & Grew comme un vrai bois , mais qui n'a pas encore acquis toute fa perfection. En effet, l'aubier eft organifé ainfi que le bois i il efl formé de vaiffeaux lymphatiques, VEGETATION, LlV. I, Ch. X. ^3 âgés de quarante-fïx ans , avoient feîze à dix-fept couches d'aubier ; le- paifleur de cet aubier étoit double de celle de leur bois. a/\ Nous avons fait la même obfervation Vegetattok , Liv. I, Ch. XL ty fur des Chênes de même âge , qui produifent dit gland fort petit , il s'eft trouvé vingt-une cou- ches d'aubier. Nous penfons que de ces bbfervations , oa en peut tirer les conféquences fuivantes, i°. Dans tous les cas où la fève eft portée avec plus d'abondance dans un autre arbre ou dans quelque partie d'un arbre , les cou- ches ligneufes ou les couches d'aubier y font plus épaifles , félon l'abondance de la fève , ce qui dépend de la bonté du terrain , de la, bonne cotiftitution de l'arbre , de l'expofition, avantageufe, de fon âge, ou de la pofition de fes branches ou de celle de fes racines. 2°. Que l'aubier fe convertit d'autant plus promptement en bois , que la fève eft portée avec plus d'abondance dans le corps de l'ar- bre ou feulement dans une partie du même arbre. =* CHAPITRE XL Des VaiJJhaux propres du bois. o N ne peut gueres appercevoir la diffé- rence des vaiifeaux propres d'avec les vaif- feaux lymphatiques du bois , que par l'efFii- lion que donnent les premiers du fuc propre. Cette marque diftin&ive alfez généralement dans l'écorce , ne l'eft pas toujours dans le bois ; il eft vrai qu'elle eft très-apparente dans les arbres réfineux : mais combien y eii 5 8 Traité de la a-t-il d'autres dans lefquels elle ne fe trouve que foiblement ou point du tout dans le bois , tandis qu'elle eft très-fenfible dans l'écorce : de forte qu'on feroit autorifé à croire que les vaiffeaux propres n'exiftent que dans l'écorce , & que les arbres réfineux & très-peu d'autres font une exception occaiionnée par quelques circonftances particulières dont nous parle- rons. Quand on a examiné la différente organifa- tion des plantes ou feulement des arbres en particulier, comme le démontrent les expé- riences de liqueurs colorées , dont je rappor- terai plufîeurs , on fe fent bien éloigné de vouloir afîimiler des êtres fi différents. On fent combien il feroit hafardé de dire , j'ai reconnu telle chofe dans un arbre ; donc elle doit être la même dans tous les arbres. Il y a , à la vérité , des mouvements géné- raux dans tous les arbres , parce qu'ils font alfujettis aux loix immuables de la nature. Il y a une formation générale , dont réfultent des effets reffembîants ; mais tout ce qui pro- vient de l'organifation doit varier & varie comme elle. On voit par là qu'il eit plus prudent & plus inftrudif d'obferver des différences que de faire des analogies ; & c'eft à quoi on me verra très-difpofé dans le cours de cet Ou- vrage. Je ne pourrois gueres que répéter ici ce que j'ai dit au fujet des vaiiîeaux propres de l'é- corce , ou me préparer à des répétitions fur ce que j'en dois dire au Livre fuivant. J'ajou- terai feulement ici que dans les genres d'ar- VEGETATION, IlV. I, Clï. XI. $$ fcres où fe manifeftent les vaifTeaux propres dans le bois , ils. font fitués à peu près comme les vaifTeaux lymphatiques ; c'eft- à-dire qu'ils font pofés circulairement autour de l'axe du tronc ou des branches. Si on imagine une quantité de chapelets rafTemblés en forme cylindrique , dans une direction perpendiculaire, on aura à peu près l'idée des véficules ou vaifTeaux propres & lymphatiques. On conçoit que l'aire de la coupe tranfverfale de ces véficules doit , félon leurs différentes formes , offrir des trous plus ou moins ronds, plus ou moins grands, tels qu'on les voit effectivement , fur -tout dans le bois fec ; & qu'il y en a dans de certains bois qui for- ment des lignes très-diftindes du centre à la circonférence. J'ai déjà dit qu'on apperçoit au microfeope que ces véficules font enfilées par de petits faifecaux de fibres , au moyen d^C- quels elles ont une communication longitudi- nale , & il n'eft pas douteux qu'elles n'en aient une latérale : de forte que ces vaifTeaux de chaque efpece communiquent tous les uns aux autres en tout fens , de même qu'ils commu- niquent fans doute aux conduits de la fève. Comme il y a beaucoup d'air dans ces véficu- les , on peut juger des effets de la raréfadion & de la condenfation , dont je parlerai dans le fécond Livrer T& '6o Traité de i a CHAPITRE XII. De la Moelle & du TiJJii veficulaire. Ou s appellerons tifîu véficulaire l'aggré- gation des veiicules dont nous avons parlé, qui entrelace & remplit l'efpace compris en- tre les faifceaux des fibres ligneufes. Ce feroit ici le lieu de difcuter fi ces veiicules , qui , à la vérité,, ont bien quelque reffemblance avec celles de la moelle, font des productions de cette moelle , comme l'ont cru ceux qui les ôntappellées médullaires. J'avoue qu'aucune ex- périence ne m'a mis en état de prendre une opinion décidée à ce fujet. Il peut fe faire que ces veiicules aient été originellement des pro- ductions de la moelle dans les jeunes branches herbacées , qui alors paroifîent toutes remplies de cette fubftance ^ mais je prouverai quelles cefTent d'y avoir aucune communication dans le vieux bois , puifqu'elles y exigent indépen- damment de la moelle defféchée & même totale- ment anéantie. Je dis anéantie, car certainement on n'en voit aucun veftige dans le tronc d'un Orme, d'un Chêne, d'un Hêtre, &c. ; & on n'en apperçoit plus que quelques fragments defFéchés, dans le tronc des vieux Sureaux, où, comme on fait , cette fubftance abonde dans les jeunes branches. Ainfi , que les veiicules foient ou ne foient pas des productions de la moelle , il eft certain qu'elles continuent d'exif- cer quand celle-ci a totalement difparu. VEGETATION, LlV. I , OH. XII. 6ï Comment cette manie de l'analogie a-t-eîle pu fe porter jufqu'à comparer la moelle des ar- bres à celle des os dans les animaux ? Dans les arbres formés , la moelle ou a totalement dis- paru ou ne paroît plus que des lames d'une fub- ltance defféchée & inadive , car je prouverai par l'expérience qu'aucun lue n'y paffe : quelle comparaifon à faire avec la moelle toujours exiftante & fucculente dans les animaux ? Oa pourroit , avec plus de raifon , comparer la moelle végétale à cette fubitance que l'on voie dans les plumes des oifeaux. En effet v toutes deux fucculentes & adives dans la formation- de la plume & de la jeune branche , toutes deux fe defféchent & deviennent inutiles après leur formation. D'autres , obligés d'abandonner l'analogie de la moelle végétale & animale , en reconnoif- fant que dans une branche de deux ou trois ans, la moelle n'eft plus pourvue d'aucune fève , fe font rejetés fur une autre qui n'eft pas plus heureufe, en la comparant aux véfîcules pulmonaires des animaux. Si on ouvre longitudinalement la tige d'un arbre qui n'a fait encore que deux ou trois pouffes, qui, comme on fait, font bien mar- quées à chaque infertion , on trouve que la nouvelle pouffe qui fe forme eft très-remplie de moelle fucculente & d'une couleur verdâ- tre ; que celle de la pouffe précédente eft déjà rétrecie & defféchée , & que celle de Tan- née précédente l'eft beaucoup plus encore. On voit de plus qu'il fe forme aux inferrions de chaque pouffe unretréciffementidu canal médul- éi T %. a i t é m E t A laire qui ne paroît prefque plus biffer de com- munication entre les parties de moelle de cha- que année : il y a même des arbres , tels que le Siliquaftrum , le Sophora , &c. , où on n'ap- perçoit plus de moelle dans une branche de deux ou trois ans. J'ai obfervé que ce refferrement & enfin cette difparition de moelle feche, & pour lors inutile aiix opérations de la nature, fe fait à proportion que les nouvelles fibres ligneufes fe forment dans l'intérieur du corps ligneux. Or , comme ces fibres ligneufes qui fe for- ment évidemment dans l'intérieur du bois , ne peuvent être produites que par le corps li- gneux , il eft à croire que celles qui fe for- ment fur la circonférence du bois font les pro- duits de la même caufe ; c'eft- à-dire , comme je l'ai déjà dit , que le bois fait fes productions nouvelles , & que Técorce fait de même les tiennes. Mais fl le bois qui fe forme dans l'in- térieur eft fort dur , & celui de l'extérieur eft fort tendre , ce n'eft fans doute que l'effet de la différence de dureté des fibres qui le pro- duifent. Comme je parlerai plus amplement du tiffu véficulaire dans le Livre de la CroifTance des Arbres , pour éviter les répétitions qui ne font que trop fréquentes dans un pareil Traité t je n'en dirai rien de plus ici. VEGETATION , Irv. I , Ch. XIII. 6j Il , IIWIII II CHAPITRE XIII. Des Trachées, ['Analogie que deux Auteurs n on£ que trop voulu fuivre , les a portés à donner le nom de trachées à des fibres pliées en fpi- rales que l'on apperçoit très-réellement, dans les parties herbacées des plantes y lorfqu'elles fortent du bouton où elles etoient repliées % comme on voit que les jeunes feuilles con- servent pendant quelque temps le pli quelles y avoient pris. Ces prétendues trachées exif- tent bien dans les jeunes pouffes encore herba- cées, telles que les ont vues & accréditées G rew & Malpighy. Mais il ne m'a jamais été pof- fible de les retrouver dans le bois bien for- mé ; & ces vaiffeaux aériens , félon les uns , féveux , félon les autres > ne font dans leur principe que de véritables fibres ligneufes qui nous offrent un méchanifme bien digne d'ad- miration , & dont je ne peux m'empêcher de dire ici quelque chofe , en attendant une plus ample démonitration. On ne peut douter que la jeune pouffe ne foit contenue dans le bouton à bois , comme les fleurs & les fruits le font dans le bouton à fruit ; toutes les parties ne peuvent qu'être extrêmement refferrées & pliées étroitement dans un fi petit efpace , car enfin elles y font toutes. Il faut pour former une branche une préparation de parties ligneufes qui doivent 5 <% Traité de i A' dans leur développement , prende une loti* gueur quelquefois affez confidérable : admi- rons comment s'y prend la nature. Ces, par- ties ligneufes , rudiments du bois qui doit fe former, font pliées dans le bouton en fpi- rale-, comme le feroit un tire-bourre , dont les hélices feroient très- comprimées ; la finefle & la ductilité de ces tendres fibres s'y prête aifé- ment. Le bouton s'ouvre , & le tire-bourre fort tout replié ; la partie inférieure de l'hélice qui tient aux fibres ligneufes du bois , dont fans doute elle a été formée , s'allonge la première , en pouffant toujours en avant le paquet de fpi- rale. Lorfque le premier tour de l'hélice s'efî totalement allongé de ce point-là , la branche ne peut plus s'allonger ; & en effet , l'expé- rience prouve qu'elle ne s'allonge plus. On conçoit que la fpirale s'étend & s'al- longe fucceflivement jufqu'à ce qu'étant tota- lement déployée & étendue , fa longueur dé- termine celle de la nouvelle branche. Voilà ce qu'ont vu Grew & Malpighy ; Voilà ce qu'ont vu les autres, d'après leur rap- port. On voit à l'oeil cette fpirale , tant que la branche encore herbacée , n'a pas pris toute fa croiffance ; mais après , je défie de la trouver. Voilà ces trachées femblables à celles des infectes ; voilà ces poumons , ces organes de la refpiration des arbres , imaginés par la manie de l'analogie & adoptés par ceux qui n'ont pas voulu y regarder dauiïi près que je l'ai fait ; car je crois n'avoir d'autre mérite gue celui-là , & de tenir mes obfervations dégagées VEGETATION, tlV. I, Ch. XIII. 6% dégagées de toute prévention. On ne trouve point de trachées dans 1 ecorce non plus que dans le Liber , parce que ces parties n'étoient point repliées dans le bouton , & qu'elles fe forment par des émanations fuccefîivés de le- corce de la branche qui donne naiflance à la jeune poufle. Mais on remarque ces fpirales dans les feuilles , dans les fleurs & dans les fruits , & enfin dans toutes les parties qui étoient roulées ou repliées dans le bouton. On voit la raifon de ce méchanifme bien favora- ble à l'extenfïon, des parties , & uniquement fait pour leur développement, & la longueur de ces fpirales , déployées & étendues , dé- termine par-tout la longueur des parties. J'ai reconnu au Mi par la même raifon , ces fpirales dans les tiges des plantes herbacées, où il y a quelques fibres ligneufes. On voit que ces fpirales , bien reconnues pour ce qu'elles font, ne doivent plus porter le nom de trachées que l'analogie leur avoit donné mal à propos , puisqu'elles n'ont nul rapport aux trachées des infe&es , auxquelles on a voulu les comparer. On apperçoît ces fpirales dans la portion herbacée des jeunes branches ; & ainfi , comme le dit M. Duha- mel , on ne peut douter qu'elles n'exiftent dans le bois formé, puifqu'elles font devenues des libres ligneufes longitudinales ; mais il avoue qu'il n'a jamais pu les appercevoir pliées en fpirale dans le corps ligneux. Cet habile Ob- fervateur ne s'eft pas trompé , puifque les fpi- rales de la branche herbacée ne font plus que des fibres allongées & droites dans le bois Tome L E 66 THAIÏÉ DE tÀ formé : & fi d'après bien des recherches , je fuis parvenu à trouver encore quelques mar- ques de fpirafes dans l'extrémité d'une bran* che formée, c'eft que j'ai reconnu en même temps que cette branche n'avoit pas pris toute la croiffance qu'elle avoit dû prendre , foit pour avoir été coupée à fon extrémité , foie par des circonltances particulières ; & qu'ainlî la fpirale n'avoit pu fe développer entière- ment. jf'ai encore obfervé que foit par l'aridité dit terrain , foit par une grande féchereffe , il reftoit quelquefois à l'extrémité de la jeune branche une portion de ces fpirales qui ne s'étoit pas développée fans doute faute de nourriture ; ce qu'elle auroit fait dans des cir- conltances plus favorables. Voilà comme le merveilleux s'évanouit par iin examen plus fuivi ; ce n'eft pas que ce mé- chanifme ne foit vraiment admirable , il eft le même que celui que nous obfervons dans cer- taines plantes aquaciques qui tiennent , par leurs racines, au fond d'une rivière, & qui pouffent leurs feuilles & leurs fleurs fur la furface de l'eau : mais comme cette furface varie par l'é- lévation & par l'abaiffement de la rivière, comment cette plante pourra-t-elle conferver fa tête toujours à la fleur de l'eau ? C'eft en- core par notre efpece de tire-bourre : c'eft que la tige de ces plantes étant formée en fpi- rale , elle s'allonge & fe refferre au befoin pour faire fuivre à fa tête les variations de la ri- vière. Ceft ainfi que la nature emploie les mê- mes moyens pour parvenir à des fins diffé- Vegeïatïon , Li v. î , Ch* XIII. 67 rentes. Nous aurons occafïoa de reparler de ces trachées , & nous ne les prendrons que pour ce qu'elles font effectivement. Ces fpi raies fe trouvent dans toutes les par- ties herbacées des plantes qui étoient repliées dans le bouton , dans les jeunes arbres , dans les feuilles i dans les fruits : mais je le répète > je défie d'en trouver dans aucunes de ces par- ties, lorsqu'elles ont pris leur entier accroif- fement. Je dois cependant dire que j'en ai ap- perçu quelquefois dans les feuilles des arbres & dans les pétales des fleurs qui paroifïbient décidément formées ; mais il m'a été aifé de reconnoître que ce n'a été que quelque acci- dent qui a empêché cette efpece de tire-bourre ou plutôt les fibres ligneufes de fe développer entièrement. C'eft ou la piquure d'un infecte, ou quel- qu'autre caufe équivalente ; telles font les pi- quures des Pucerons qui fe multiplient très- abondamment au printemps , particulièrement fur les feuilles encore tendres des Pêchers ï tout le monde a pu remarquer combien les piquures réitérées de ces infedes rendent dif* formes les feuilles de cet arbre & de plufieurs autres , & cela parce que les fibres ligneu- fes pliées en fpirales, & les véfïcules tron- quées en plufieurs pièces , ne peuvent plus s'é- tendre en ligne droite , & que fe dilatant par parties , comme elles peuvent , la végétation devient totalement irréguliere ; il fe forme des tumeurs fur les feuilles qui fe contractent & fe replient en plufieurs fens. On pourra, fans doute, trouver des fibres en fpirales dans ces feuilles mu- E 2, 68 Traité de i a tilées ; & on en voit la raifon : ces fortes d'ac- cidents font appelles caprices de la nature par ceux qui n'oblèrvsnt pas les caufes qui doi- vent néceffairement produire leurs effets. On a dit & répété que pour appercevoir ces fpirales dans les branches encore herba- cées , il falloit couper avec dextérité lecorce v en prenant garde de couper les fibres ligneu- fes qui fe rompent en tirant les deux morceaux de la branche en feus oppofé. Quand > libre du préjugé des trachées , on voudra mieux, examiner , on reconnoîtra que les tendres, fibres que Ton trouve fous la première couche d'écorce , font de vraies fibres corticales qui par-*-- tent de l'écorce de l'ancienne branche , & qui n'étoient point repliées comme les autres par- ties dans- le bouton ; c'eft pourquoi il n etoit point befoin qu'elles fufïènt roulées en fpira- les , & elles ne font que fe prolonger longi- tudinalement. Si on ne trouvoit pas ces obfervations fuffl- fantes pour faire revenir de la prévention , on verra dans le cours de cet Ouvrage plufieurs» autres obfervations qui démontreront de plus en plus que le fyflême des trachées eft pure- ment imaginaire; & ce fyfïême ne doit fans doute la croyance qu'on lui a donnée , qu'à la célébrité^ bien méritée d'ailleurs , des Auteurs qui l'ont accrédité. Je finis par un fait bien connu , qui fufïiroit feul pour prouver mon opinion. L'expérience fait connoître que fi on coupe le bout d'une jeune branche ou d'une jeune racine > l'une & l'autre ne s'allonge plus. Ce Vecetation , Liv; I, Ch. XIV. 69 fuit qui a paru furprenant, devient aifé à con- cevoir : il eft évident que la branche ne s'ai- longeant qu'à mefure que les fpirales fe déve- loppent & s'étendent , m coupant le bout de la branche , on fupprime les rouleaux de fpi- rales , dont Je développement devok achever la longueur de cette branche : on verra ailleurs •que je me fuis bien affuré de ce fait. CHAPITRE XIV. JDes Racines* .1 JE tronc des arbres fe divife vers le bas en plufieurs portions qui forment les grolîes racines ,* celles-ci fe partagent en plufieurs .autres racines qui fe fubdivifent encore , & ces fubdivifions font tellement multipliées qu'elles le trouvent réduites à de petites raci- nes aufli minces qu'un cheveu, d'où on les nomme racines chevelues .: toutes ces ramifi- cations forment un épanouiflement prodigieux .de racines qui fe dïitribuent dans l'intérieur de la terre , quelquefois à une iiftance fort conïidérable de l'arbre auquel elles appartien- nent. Cette diftribution étendue des racines étoir. nécefiaire pour qu'elles ptiifent s'infinuer dans un nombre de molécules terreufes & y recueil- lir cette immenfe quantité de nourriture né- ceflaire à la iubliftance & à l'accroifTement 4'un grand arbre. Cette grande étendue de E3 70 Traité deia racines engagées profondément dans la terre « eft encore néçeffaire pour foutenir l'arbre con- tre l'effort des vents t dont l'impétuolïté les renverfe quelquefois , malgré la réfiftance que les racines oppofent en tout fens. Si un gros arbre , élevé & fort branchu , préfente une grande furface à l'effet du vent , il eft à obferver que les racines font toujours en même proportion que les branches , ainfi la réfîftance eft proportionnée à l'effort. Il y a autant de différentes racines qu'il y a de genres diffé-' rents de plantes. Je m'en tiendrai ici aux diftindions géné- rales , qui font les racines bulbe uf es qui ap-* partiennent aux oignons , les racines tubérein les qui font en tubercule charnu & folide qui groiîit bien plus que la tige , & qui n'y adhère que par un filet. Comme il n'eft point de mon fujet de parler de ces fortes de racines, nous nous en tiendrons à examiner celles des ai> bres , fans cependant entrer dans le détail de leur diverfe ftrudure, qui eft telle qu'elle a fervi à établir un fyftême de botanique pour elafler les plantes ,; en prenant les caraderes diftindifs de la différence des racines , & par là les genres & les efpeces fe font trouvés iuffifamment diftingués ; mais ce fyftême n'é- toit pas praticable, puifqu'il falloit arracher la plante pour pouvoir la reconnoître. Sans rechercher ces caraderes diftindifs qui feroient feuls la matière d'un Volume , nous allons parler des racines des arbres % confidérées comme organes effènûeîs de la végétation. VEGETATION, LlV. I , Ch. XIV. 71 On diflingue en général les racines en offeu- fes , en fibreufes ou filamenteufes , & en che- velues. Il y a des arbuftes qui n'ont jamais de groCes racines , & qui n«n ont que de filamenteufes. On diftingae encore les racines en pivo- tantes & traçantes ; les premières s'enfoncent profondément en terre , & les autres ne s e- cartent gueres de fa fuperficie & s'étendent horizontalement. Les racines deftinées à fervir ia plante dans i'obfcurité , n'ont befoin d'au- cune parure ; mais elles font fufceptibles d'en prendre lorfqu'elles paroiflent au grand jour , comme nous allons le voir. Toutes leurs parties font de la plus grande milité pour les arbres; leur flruâure ne dif- fère point efTentiellement de celle des bran- ches/& leur chevelu , quoiqu'en apparence bien différent âes feuilles , fait en terre les iïïêraes fondions que celles-ci font en l'air. Ceft ce qui fera démontré par la fuite : on prouve dans les racines , comme dans îe tronc & les branches, le corps ligneux & Técorce, & toutes les autres parties dont nous avons parlé. L'organifation paroît abfolument la même ; & elle l'eM en effet , puifque ce n'efi qu'une prolongation des mêmes parties ; v & félon les circonfëances, les racines deviennent des branches, & les branches deviennent des racines. On voit fur les racines , des boutons comme fur les branches ; fi ces boutons ref- rent couverts de terre d'une certaine épaiïfeur , ils pouffent des racines j mais s'ils font décou- verts à la lumière du foleil ou même peu Et 7x Traité t> e i a couverts de terre , il en fort des branches qui ne différent en rien de toutes celles de l'arbre. Comme toutes les parties font repliées dans le bouton de la racine, comme elles le font dans le bouton de la branche , on trouve dans les jeunes branches qui a ont pas encore pris leur entière croiffance , beaucoup de fibres repliées en fpirales , comme dans les branches encore herbacées ; mais on ne les retrouve pas dans les racines qui ont pris leur entier allon- gement , comme il eft expliqué au Chapitre des Trachées. Je dis qu'un bouton de racine pouffe une branche , & qu'un bouton de branche pouife des racines , félon les circonstances. La preuve de la première propofition fe préfente fouvent à nos yeux : on fait qu'une racine découverte ou feulement à fleur de terre , pouffe des bran- ches qui deviennent de jeunes arbres , connus fous le nom de rejetons ; ce qui arrive fré- quemment aux arbres dont les racines font traçantes , & s'approchent de la furface du terrain , tels que les Pruniers , les Cornouil- lers , &c. ; & l'ufage connu des marcottes , des provins & des boutures prouve bien la féconde propofition. Mais il y a plus : c'eft que l'expérience a fait connoître que les branches deviennent ra- cines , & les racines deviennent, branches lors- que l'arbre eft planté dans un fens renverfé ; c'eft-à-dire les branches en bas & les racines en haut. J'ai fait cette expérience fur plufieurs arbres , & elle m'a réurli ; mais en prenant la pré- VEGETATION , IlV. I, CH. XIV. 75 caution de plier la tige pour mettre les extré- mités des branches en terre , afin de leur faire prendre racine un an auparavant que de tirer de terre l'ancien pied enraciné pour le lever en l'air , en l'aflujettifTant à une perche ; car en renverfant l'arbre fans cette précaution , c'eft-à-dire en l'arrachant & mettant fes bran- ches en terre & les racines en haut , avant que ces branches fuffent enracinées , j'avoue que je n'ai pu réufîir fur des arbres cependant très-vivaces , tels que des Grofeilliers , des Rofiers , &c. dont le bois prend aifément ra- cine. La même chofe arrive à une racine qu'à une branche : lorfqu'on en coupe le bout , elle ne s'allonge plus , parce qu'on emporte ainfî le refte de la fpirale qui ne fe déploie que fuc- ceiîivement , & cette fuppreiîion empêche né- cefîairement que la branche ne s'allonge , comme il eft mieux expliqué au Chapitre des Tra- chées. L'écorce des racines eft plus épaiffe que celle des branches; ce qui n'eft occanonné que par l'effet de l'humidité de la terre : car j'ai re- marqué dans l'expérience de transformer les racines en branches , qu'alors l'épaiffeur de l'é- corce diminue coniïdérablement en fe reffer- rant. La couleur de la terre influe beaucoup fur celle dés racines ; elles font plus noires dans un terreau de cette couleur. Les fucs co- lorants qui fe trouvent dans la terre donnent aufïi au corps ligneux de la racine des cou- leurs & des nuances différentes , félon que la nature & la difpofition des fibres ligneufes 74 Traité de la les rend plias ou moins fufceptibles de ces cou- leurs , qui font ordinairement à peu près les mêmes dans les racines des mêmes genres d'ar- bres* L'extérieur de ces mêmes genres eft aufïï de la même couleur : une racine d'Orme eft toujours rougeâtre , celle du Mûrier eft jaunâ- tre , celle du Cytife des Alpes tirant fur le blanc ; les racines dçs arbres qui viennent de mar- cottes & de boutures font moins pivotantes que celles des arbres de femence ; celles-ci s'allongent très-promptement & très-profondé- ment dans la terre : un gland a quelquefois produit une racine de trois pieds de long , tandis que fa tige n'a pas pris fïx pouces dç Tiauteur. Mais s'il fe rencontre un banc de pierre ou de tuf, ou quelqu'autre obftaçle qui s'oppofe à l'allongement de la racine , alors elle fe divife en plufieurs racines latérales ; mais fi cet obftaçle n'eft pas fort étendu, les racines fe dévoient pour glifTer à côté dans le bon terrain ; ç eft ce qui leur donne cette forme finueufe & îrréguliere que nous leur voyons; & c'eft ce qui a porté les Amateurs de l'ana- logie à admettre dans les plantes un mouve- ment local & fpontané , par lequel , comme les animaux , elles vont chercher leur pâture, On verra cette ingénieufe obfervation détruite dans le Chapitre des Effets de la Cqndenfation dans la terre. Les racines , comme les branches , ne s'al- longent que par l'extrémité ; c'eft l'effet évi- dent des fibres ligneufes pliées en fpirale ou en tire-bourre, comme il a été expliqué. On voit par le mouvement progreffif des VEGETATION, IïV\ I, Ch. XIV. 7$ racines , qu'elles parcourent fuccefRvement un nouveau terrain où elles trouvent toujours le fuc nourricier qu elles doivent tranfmettre aux parties de l'arbre, C'eft ce que nous verrons mieux ailleurs. Plus les racines fe trouvent dans un terrain délié & léger , & plus elles s'étendent & s'al* longent rapidement , c'eft pourquoi elles y font plus menues & pouffent peu de racines latérales ; telles elles fonç toujours dans des terreaux légers , dans la vafe , & encore plus dans l'eau. On fait que quand un petit rameau de racine pénètre dans une conduite d'eau , il y pouffe, une quantité de filaments très- menus , qui fe multiplient à un tel point que ces productions filamenteufes , connues fous le nom de Queues de Renard , ferment entier rement le paffage à l'eau. M. Duhamel rapporte une expérience qu'il a faite , au moyen de la- quelle il eft parvenu à faire de ces Queues de Renard , en introduifant des racines d'arbres dans des tuyaux de verre d'un pouce de dia- mètre & de trois pieds de longueur , qu'il tenoit toujours remplis d'eau ; au moyen de la tranfparence du verre , il voyoit qu'il fe for~ moit fur les racines des tubercules mol- lalïes qui les endorhmageoient : cependant le tuyau fe rempliffoit de longs filaments , & il parvint à avoir une Queue de Renard fèm- blable à celles qui bouchent les tuyaux des fontaines. Je n'oferois affurer que le chevelu fe déta- che des racines, comme les feuilles des bran- ches , lorfque les premières gelées de l'âu- 7$ Traité de la tomne arrivent ; mais je fuis afluré qu'il en périt beaucoup pendant l'hyver , & ce che- velu , auez inutile alors aux arbres dépouil- lés dans cette faiibn , repoufTe au printemps comme les feuilles : mais je n'ai point obfervé cette déperdition de chevelu pendant l'hiver , fur les racines des arbres qui confervent leurs feuilles. Il faut diftinguer les jeunes racines fibfeu- Jes du chevelu proprement dit , qui ne devient jamais racine ; celui-ci eft un tube capillaire filamenteux , très-mince & très-délicat. Il fe defleche & périt peu après que l'arbre , tiré de la terre, a été expofé à l'air; c'efl pour- quoi il faut le fupprimer lorfque l'on plante des arbres arrachés depuis quelque temps , parce qu'ayant perdu le principe de vie , ce chevelu pourrit en terre , & ne peut que nuire aux racines & à la formation d'un nou- veau chevelu , dont les racines bien préparées , comme nous le dirons , ne tardent pas à fe couvrir au printemps. Mais fi on levé un arbre de terre pour l'y remettre fur le champ , il faut, confèrver le chevelu : on reconnoît en cela l'avantage de lever une plante en motte. J'in- diquerai en fon lieu, un moyen que j'ai éprouvé avec fuccès pour confèrver les racines & le chevelu auffi frais qu'il eft en fortant de terre , îorfqu'on envoie des arbres très-loin ; ce moyen facile eft bien plus efficace que l'uiage connu de la moufle feule. Il y a des arbres qui ne font que des racines grefles & menues dans des terres légères , tandis que d'autres genres d'arbres qui s'y plaifent , y pouffent de très- VEGETATION , IlV. I > Ch. XIV. 77 grofies racines , tels que les Pfeudo-Acacia , les Gleditfia, les Amandiers , les Mûriers , &c. L'explication que je donnerai de l'allonge- ment des racines par la fève defcendante , fera concevoir comment une racine fi tendre peut pénétrer dans des terrains quelquefois fort durs. Les arbres plantés trop profondément enterre réuHifient mal , & vraifemblablement péri— roient , fi ce n'elt que la nature fait y remé- dier admirablement , en remettant l'arbre dans l'état qui lui convient. C'eft ce que j'ai reconnu fur plufieurs arbres , quelquefois même afTez gros ; ceci mérite le détail dans lequel je vais entrer. Si un arbre eft planté trop profondément en terre , la foibleiïe de fes productions , pen- dant quelques années , fait connoître qu'il en fouffre ; mais enfuite il pouffe très-bien , & en voilà la raifon : il fe forme à la profondeur où cet arbre auroit dû être planté , un fécond étage de racines qui bientôt s'étendent & grof- fiffent rapidement. Lorfque ce nouvel étage de racines eît bien formé , les anciennes racines tombent en pourriture , de même que la partie de la tige qui étoit.au-deffous des nouvelles racines ; & il fe fait là une réparation entre le mort & le vif. J'ai eu lieu de faire cette obfervation bien des fois , noivfeuiement fur des arbres trop enfoncés , foit en pleine terre , foit dans des pots, mais encore fur d'autres arbres qui , après dix années de plantation , avôient eu leurs tiges recouvertes de trois ou quatre pieds de terre , par la néceffité où l'on avoit été d'élever 78 ÏRÀ ÎTÊ 3)B U le terrain. Cette marche de la nature ferviroit bien encore à prouver , s'il en étoit befoin , l'explication que je donnerai des mouvements de la fève , & de la formation & l'accroifle- ment des racines. On concevra aifément , félon les détails que j'en donne , comment l'étage fupérieur des ra- cines doit arrêter & s'approprier toute la fève defcendante , dont l'autre étage étant privé ne peut plus que defTécher & pourrir. Les racines font pourvues de germes pro- ductifs de racines, ou de branches; les branches font également pourvues de germes productifs de branches, ou de racines, puifque la partie d'une bouture qui eft en terre produit des racines , & que celle qui eft à l'air produit des branches : de plus, une portion de racinè^plantée en terre, pourvu qu'il y ait un peu de chevelu , pouffe de la partie qui eft à l'air une tige , & devient un arbre. J'ai plufïeurs arbres qui fleuriflent & fructifient à préient , qui ont été ainfi pro- duits; c'eft le feul moyen que nous ayons encore pour multiplier plufieurs arbres exotiques , dont nous n'avons pas facilement des grai- nes , & que nous ne pouvons greffer , faute de connoître des fujets qui leur foient analogues t tels que le Bonduc , le Vernis du Japon , l'A- morpha , le Sophora , &c. , arbres que je n'ai jamais pu faire reprendre de boutures , & dont l'élévation ne permet gueres l'ufage des mar- cottes. On a mis en queftion fi les racines pom- pent les fucs dans toute leur étendue ou par- ticulièrement par leurs extrémités ? Quelques Végétation , Iiv. I , Ch. XIV. 79 expériences que j'ai faites ont vérifié l'opinion de M. Duhamel , que ces petites racines, aufïï- bien que le chevelu , font autant de fuçoirs défîmes à pomper la fève ; & que les groffes racines font l'office des canaux qui la trans- mettent au tronc; de même que c'eft par les canaux du tronc qu'elle paffe dans les bran- ches , dont les différents conduits la mènent jufqu'aux feuilles. On di flingue plufieurs arbres par la difpo- lîtion confiante que chaque genre affededans le port & la fituation de fes branches : fur les uns , elles font toujours alternes ; fur les au- tres , oppofées : fur les uns , elles forment avec la tige un angle plus ou moins aigu ; fur les autres , il eft très-ouvert. J'ai une efpece de Frêne dont les branches forment des angles droits , & ces branches , également & régu- lièrement efpacées , font quadrilatérement pla- cées. On ne voit point que les racines fuivent les mêmes difpofitions & le même arrange- ment que les branches ; d'ailleurs , quand même leurs boutons y feroient difpofés , il eft bien impoflible que ce même ordre régulier ait lieu dans la terre : il eft aifé d'appercevoir que différentes circonftances tendent à le dé- ranger. So T R A I T É D E t A i. - sa CHAPITREXV. Des Branches, JLjEs branches font des divifions du tronc qui fe divifent elles-mêmes & fe fubdivifent* ainfi que les racines, en plufieurs autres; elles font compofées & formées des mêmes parties que celles du tronc , elles n'en différent que par la groffeur & la difpofition qu'elles ont à fe ramifier à leurs extrémités. Chaque groffe branche forme , pour ainfi dire, une tige par- ticulière qui efl une prolongation des fibres ligneufes du tronc , enveloppée féparément par la prolongation de l'écôrce de la tige & pourvue de productions médullaires, de vaif- îeaux lymphatiques & de vaiffeaux propres. Si on coupe une groffe branche , on y ob- ferve , comme au tronc , ce qu'on appelle le cœur du bois , les couches ligneufes & l'au- bier. Les branches font des émanations du corps ligneux qui fe développent & s'accroiffent pendant le printemps & l'été ; mais la nature les a formées l'année précédente dans les boutons qui naiffent au pédicule des feuilles. Il efl certain , comme nous en parlerons plus amplement ailleurs , que ces boutons contien- nent les rudiments de la branche , des feuil- les , des fleurs & des fruits j opération de la nature plus admirable qu'intelligible , & fi fupérieure à tout ce que nous connoiffons des Végétation, Liv. I, Ch. XV. Êi des ouvrages de l'arc , que ne pouvant en cela former aucune comparaifon i il nous eft bien difficile d'en prendre une idée jufte : c'eii pourquoi je m'en tiendrai à expliquer ce qu'il nous eft permis d'en appercevoir, au Chapitre des Boutons. Toutes les branches ont la fa- culté de produire des boutons , que Ton dis- tingue en boutons à bois & en boutons à fruit , comme nous en parlerons Séparément, Les boutons à fruit font incapables de fe convertir en racines ; mais ies boutons à bois en pouffent lorfqu'ils font mis en terre : c'eft ce que prouvent les boutures. Les branches tirent des fucs nourriciers s quoique privées de racines , étant mifes en terre avant ou pendant l'hyver ; elles font en cet état les mêmes productions au printemps qu'elles auroient faites fur l'arbre : il eft vrai que cette lueur de végétation , fi fouvent trom- peufe , s'éteint aux premières chaleurs , s'il ne s'eft pas formé de racines. La pofition des branches varie fur les âr-» bres en général ; mais elle eft affez constam- ment la même fur ceux de même genre , ce qui aide à les reconnoître : fur les uns , elles font toujours oppofées \ fur d'autres , elles font alternes • d'autres les ont difpofées en fpi- raie , d'autres verticillées. Les branches forment avec la tige- des an- gles très-variés i félon les différentes efpeces j ces angles font plus ou moins aigus , & plus ou moins ouverts : il y en a même qui forment des angles parfaitement droits ; telle eft un@ efpece de Frêne dont j'ai parlé, Tomt L F %i Traité. »e i a Une branche quelconque, dont on a coupé' l'extrémité r n'allonge plus ; mais cette croif- fanée arrêtée , fait développer plufieurs bran-* ches latérales. Ce A: fur ce fait v bien reconnu* que font fondés les premiers principes de la taille & de Tébourgeonnernent des arbres ,, dont nous parlerons dans le fécond Vo- lume. Les branches couvertes de boutons afpirent & font monter la fève , comme il fera prouvé par mes expériences faites avec des liqueurs colorantes. Mais elles ont une grande force de fuccion lorfqu elles font couvertes de feuil- les ; c'eft ce qui eft prouvé par plufieurs ex- périences., Je ne rapporterai que celle qu'a faite M. Haies & qui m'a donné les mêmes réfultats. Il coupa dans un jour d'été une branche de Pommier d'environ quatre pieds de longueur & trois quarts de pouce de dia- mètre *; il mit le bout de cette branche cou- verte de fes feuilles , dans une cuvette où il avoir mis de l'eau qu'il avoit pefée;Jl trouva que cette branche avoit tranfpiré , ou , félon moi , difîipé vingt onces d'eau en huit heures de jour : ce qui prouve la prodigieufe fuccion des feuil- les fur les arbres r dont nous verrons la caufe, M. Haies avoit adapté une pareille branche s mais fans rameaux & fans feuilles t à un tube de fept pieds de hauteur qu'il avoit bien ci- menté à la branche & rempli d'eau ; il avoit difpofé la branche de manière qu'elle étoit au - deffous du tube , & ainfi chargée du poids d'une colonne d'eau de fept pieds de hauteur : cependant , malgré ce poids , il Végétation , Liv. î y Ch. XVÎ. §3 fie fe difîipa que fîx onces d'eâu pendant le iïiême efpace de temps , c'efl-à-diré environ le tiers de la quantité qu'avoit diiïipé la bran- che chargée de feuilles où l'eau avoit été for- cée de monter. Nous reconnoîtrons par la fuite quel eft cet agent puifTant qui fait mon- ter la fève avec tant de force , depuis les ra- cines jufqu a la cime des arbres. 1 CHAPITRE XVI. 'Des Boutons. L fe forme pendant le cours de l'été y foug l'aifTelle des feuilles , très-près de la bafe du pédicule , des petits corris conoïdes , c'efl ce qu'on appelle les boutons ; ils naifTent fur les jeunes branches , quelquefois fur les greffes * mais rarement fur le tronc 5 ils font attachés fur un bourfoufflement de la branche élevé en forme de confole : le bouton fe voit à nud pendant l'hyver fur cette éminence qui fervoit de fupport à la feuille , & dont elle fe déta- che vers le mois de Novembre. Ceux qui connoiffent bien les arbres favenû en diftinguer les différents genres , à l'infpec- tion de la forme différente de leurs boutons. Mais de plus , ceux qui font fort exercés dans cet examen , tels que les Pepiniérifles & les Jardiniers attentifs , favent très-bien re- connoître les efpeces particulières, à l'infpec- îion du bouton ; ce qui eft l'effet d'un grand F a Traité de la ufage qui fait faifir de petites marques diftinc- 4 tives qui échappent à la vue de ceux qui ne les obfervent pas. Ceft ainli que dans un trou- peau nombreux un Berger reconnoît très-bien à quelques marques particulières , chacun de fes moutons qui paroifFent tous les mêmes à ceux qui n'ont pas , comme lui , l'habitude de les obferver fréquemment ; c'eil ainli que j'ai acquis la facilité de reconnaître plus de mille efpeces d'arbres étrangers que je cultive , Se que je diftingue auiîi Jurement pendant l'hyver qu'en tout autre temps. M. Bonnet range en cinq cîafTesla difpofitiorf refpective des boutons fur les branches. Dans la première , il place les boutons alternatifs ou alternes. Dans la deuxième , les- boutons, oppofés. Dans la troifieme , ceux qui forment des efpeces d'anneaux autour des branches; lesBo- taniites les appellent verticiîiés. Dans la quatrième , ceux qui forment les uns à l'égard des autres , des quinconces , & tous enfemble une fpira-le fort allongée , & qui parcourt en forme de tire-bourre le tour des branches , ainli qu'on le voit fur quantité d'arbres , & particulièrement du Prunier. Enfin il range dans la cinquième clafTe, les arbres dont les feuilles font une double fpirale ou une vis à double pas , comme fur le Pin. Il eft à remarquer que dans les arbres qui ont leurs feuilles oppofées , les branehes fe terminent le plus fouvent par trois boutons qui repréfentent une efpece- de fleur de lis x VEGETATION , LïV. I , Ch. XVI. $% le bouton du milieu étant plus gros que les deux autres ; & que dans la plupart des arbres , dont les boutons font alternes , les jeunes branches font ordinairement terminées par un feul bouton ; on voit bien quelquefois à côté de petits boutons avortés qui ne s'ouvrent point, La pofition des boutons annonce pour l'or- dinaire celle des branches qui en doivent for- tir ; il y en a qui s'écartent tellement des bran- ches qui leur donnent naifîance , qu'ils paroif- fent implantés prefque perpendiculairement fur elles; tels font ceux du Lilas, du Frêne & de quelques eipeces d'Erables , dont les bran- ches forment un angle fort ouvert : d'autres font très-rapprochés de la branche ; tels font ceux âQS Cornouillers, du Peuplier d'Italie, dont les branches forment un angle fort aigu. Ce feroit entrer dans un détail botanique & très-long que de vouloir caraciérifer tous les boutons des différents arbres ; il fuffit ici de parler de quelques-uns. Pour en donner des exemples , nous dirons qu'il y a des boutons anguleux , comme ceux de l'extrémité des bran- ches du Noyer ; d'autres longs & pointus * comme ceux du Charme & du Hêtre. Il y a des boutons velus , comme ceux de la Viorne ; d'autres font on&ueux , vifqueux & odorants, comme ceux du Tacamahaca & de plufleurs autres Peupliers noirs : enfin , les uns font fort petits , les autres font gros , tels que ceux du Marronnier d'Inde. On voit fur quelques arbres fruitiers , tels que les Poiriers , les Pommiers , &ç, de petits F 2 fté Traite bêla boutons d'où il ne fort que des feuilles ; maïs ils deviennent par la fuite des boutons à fruit , dont nous parlerons au Livre de la Frudifi- cation , ne devant examiner ici que les bou- tons à bois. On ne croiroit pas au coup d'oeil de combien de différentes pièces eil formé un bouton ; leurs enveloppes extérieures ne font pas difficiles à appercevoir : on voit quelles font formées par des écailles creufées en cuil- ler on , lesquelles , en fe recouvrant les unes les autres , forment des enveloppes capables de protéger , pendant la rigueur de l'hyver ? les parties intérieures qui font extrêmement tendres & délicates. Ces écailles extérieures font ordinairement affez dures, & font garnies de poils intérieurement & fur leurs bords ; les écailles intérieures font plus minces & plus tendres , de couleur verdâtre. La nature les a couvertes d'une efpece de coton , comme pour fervir de berceau à la tendre production qu'elle y prépare : une humeur vifqueufe , dont ces écailles font enduites , les unit & les tient comme collées les unes aux autres , & elles forment ainfi des cloifons impénétrables aux injures du temps & à la rigueur du froid. Ces enveloppes ? ces cloifons deviennent de plus en plus fines , & par là plus impercep- tibles à proportion qu'elles approchent du centre ; les dernières ne paroiffent plus qqe de petits filets qui enveloppent immédiatement le dépôt précieux , objet de tout cet appareil , de toutes ces précautions , de tous ces foins ; & cet objet ne paroît qu'un petit point , comme implanté au fommet d'un petit cône Végétation, Liv. I, Ch, XVI. B7 ligneux 5 émané des fibres de la branche, & qui en a percé lecorce à laquelle les écailles paroifTent tenir. Ce petit point prefqu imper- ceptible contient cependant tous les rudiments , toutes les parties d'une jeune branche ., toutes les feuilles & les boutons qui doivent fe déve- lopper. C'eft ici où l'examen & l'obfervation devenant inutiles , il faut fe contenter d'admi- rer & d'adorer l'Etre fuprême , en attendant que ce point venant à grofîir, nous puiilions iiu printemps voir fes enveloppes s'ouvrir & fe féparer à mefure qu'il prend croiflànce, & qu'enfin nous voyions pointer la jeune branche qui fort & s'allonge rapidement ; & alors toutes ces enveloppes, tout cet appareil fï compliqué & fi admirablement difpofé, deve- nant inutile , tout fe deifeche & fe difÉpe en- tièrement. Ce nefl point ici le lieu de parler £le j'accroifTement de la branche , nous admi- rerons ailleurs par quel art merveilleux les feuilles font repliées dans le bouton, de même que les fibres ligneufes , dont la forme en fpî- rale leur avoit fait donneur le nom de tra- chées. Quoique ia branche contenue dans le bou- ton , foit réduite en un très-petit volume , elle n'en eft pas moins la branche toute en- tière , excepté lecorce , & toutes fes parties exiftent avec leurs qualités efléntklles , qua- lités qui ne fe peuvent acquérir , & que le hafard ne peut donner : ces parties ont déjà leur figure & leur extention déterminée > loti- que le développement en fera fait & la nu- trition reçue -3 elles font déjà propres aux fono F 4 §8 Traité bela tions auxquelles elles font deitinées , avec un certain nombre de pores & de véficules qu'elles doivent avoir quand elles auront acquis leur per- fection. À rnefure que le bouton prend de la nourriture ? la fève qui charte continuellement avec elle des fucs nourriciers, les dépofe, en chemin faifant , dans toutes les parties defti- nées par la nature à les recevoir ; les véficu- les s'en remplirent , fe gonflent ? s étendent & fe fortifient en acquérant de la fermeté ; ainfi Sa jeune branche fort du bouton & s'allonge progrefïïvement , comme nous l'expliquerons plus amplement ailleurs. Non-feulement tou^ tes les parties ligneufes de la branche re- pliées & très- reiferrées font conteaues dans le bouton , mais aufîi les fruits qu'elle doit por- ter : car il efl quelques genres d'arbres qui ne donnent du fruit que fur la branche nou- velle de l'année ; ëc fur ceux-là , telle qu'efl: la Vigne , on ne peut douter que les rudi-*- roents de la grappe ne foient formés & con- tenus dans le bouton , lequel efl: toujours plus gros fur ces genres d'arbres qui femblent faire exception à la règle générale. 11 faut avouer que pour croire qu'une bran* çhe j fes feuilles & ks fruits foient contenus dans un petit bouton , tel que nous les voyons, îl efl beibîn d'être accoutumé à faire ufage $e fa raifon & à fe tailler conduire par elle : fans cela aurpit-on pu concevoir & convenir que le point mathématique n'a point de par- ties ; que la ligne n'a point de furface ; que la furface n'a point depaiflèur ; que la matière çft divifible à l'infini ; qu'une infinité de cer-. Vegetàtiotst , Liv. I, Ch. XVI. g? des peuvent pafTer entre un cercle & une tangente , &c. ? On croit tout cela fur la foi de la raifon. Tout ce qui forme réduâion du palpable à l'impalpable échappe à notre con- ception , parce que nous ne fommes pas en- core parvenus à nous former une idée allez jufte de la matière , accoutumés à nous re- préfenter par ce mot un objet groflier, vifï- ble & palpable. Les rudiments des branches & des fleurs , contenues dans les boutons , fe forment pendant l'été <$t peuvent être apper- çus dans l'automne , & ils croiffent en s 'élabo- rant pendant l'hyver pour faire leur dévelop- pement au printemps. Le bouton étant formé, quoique féparé du corps ligneux fur lequel il étoit implanté , nç laiffe pas de pouffer & de fe développer , lorf- qu'il trouve des fues qui lui conviennent; c'efl ce qui eft bien prouvé par les écuiïbns. L'exa- men que j'ai fait de ces écuiTons dans les dif- férents temps , m'a fait connoitre qu'il fuffit que les émanations de leculTon & du fujet fe communiquent & fe joignent en un feul point pour que l'écuffon reprenne , & bientôt ces émanations s'étendent de tous côtés , & tout le morceau d'écorce fe trouve incorporé à celle du fujet, qu'il faut alors couper au-def~ fus de la greffe , fans quoi l'écufTon ne parti- roit pas. J'ai trouvé fur une groffe branche d'Oranger un écuffon qui y avoit été mis. il y avoit ûx ans ; il étoit vivant & bien repris , mais il n'avoit point pouffé : je coupai au mois de Juin la branche immédiatement au-deffus de cet écuffon , qui ne paroiffoi; alors ou u% yo Traité de la bouton implanté fur la branche , il pouffa un jet vigoureux qui prit dans la même année plus de deux pieds de longueur. Lorfque le jet de lecuflbn commence à s'allonger & qu'il a pouffé des feuilles , il en fort à fa bafe des émanations ligneufes qui s'étendent fous le morceau d'écorce & s'incorporent au bois du fujet ; mais il eft à remarquer que jamais ce nouveau bois ne s'unit à celui que l'on a dé^ couvert pour y appliquer l'écuffon. Ces éma- nations qui pour la plus grande partie font corticales , font produites fans doute par le cours de la fève defcendante; car ayant coupé les feuilles à mefure qu'elles paroiiîoient , ces émanations n'ont point eu lieu , & l'écuffon a péri. On voit qu'un bouton inoculé fur une tige ou fur une branche y fait exadement le même effet qu'il auroit fait fur la branche où il avoir pouffé & que l'on auroit coupée aiwleflus ; ce neft en effet qu'une branche poftiche , ou , iï l'on veut , c'eit une bouture qui , au lieu de prendre racine en terre , eft implantée & in- corporée à un autre arbre dont l'organifation eft à peu près la même, & qui lui fournit des itics nutritifs qui lui conviennent ; car s'il n'y a point d'analogie entre le fujet & la greffé, elle ne peut réufîir : mais comme une bouture fait toujours des productions pareilles à celles de l'arbre fur lequel elle a été prife , il en eft toujours de même de la greffe à laquelle le fujet n'apporte point de changement ; c'eil pourquoi on peut regarder comme des fables toutes ces greffes merveilleufes dont parient VEGETATION , llV. I , CH. XVI. 91 plusieurs Livres , remplis d'erreurs qui fe trans- mettent & s'adoptent fans examen ; tels font ces moyens de changer les couleurs des fleurs , comme , par exemple , de greffer un Rofier fur un Houx pour avoir des rofes vertes , ou bien fur un Genêt pour en avoir des jaunes , &c. &c. Je peux affurer que ces annonces font doublement fauffes ; i°. parce que n'y ayant point d'analogie entre le fujet & la greffe , elle ne peut réuffir ; 20. quand il feroiç pofîible qu'une pareille greffe reprît , la cou- leur de la fleur ne changeroit nullement. Mais tout cela , dont je ne parle ici qu'en paffant , relativement aux boutons , fera mieux expliqué «& prouvé dans la troifleme Partie , au Chapitre des Greffes. Je n'ai parlé ici d'écuffons que pour mieux prouver que la branche eft contenue & for- mée en petit dans le bouton , puifque celui d'un écuffon féparé de la branche qui le por- toit , étant placé & nourri fur une branche étrangère , ne laiffe pas de bien pouffer , & fouvent même plus vigoureufement qu'il n'au^ roit fait fur la branche à laquelle il étoit atta- ché ; car il eft à remarquer , comme je l'ai déjà dit , qu'il ne prend jamais d'adhérence au bois fur lequel il a été pofé : il ne reçoit de fève que par le morceau d'écorce qui s'eft incor- poré à la branche ou à la tige du fujet. Mais fi , comme il arrive quelquefois , en enlevant ce morceau d'écorce qu'on appelle écuffon , le bouton qu'on appelle l'œil s'en détache & refte fur le petit cône ligneux auquel il tient , alors ce morceau d'écorce, pôfé à l'ordinaire, y% Traité de la s'incorporera bien à la branche ; mais il ne fera aucune production , parce que l'écorcc difpofée à produire de nouvelles couches corticales , ne contenant point de parties ligneufes , ne peut produire ni bois ni raci- nes. J'ai tenté fouvent d'en faire prendre à des lanières decorce que j'avois mifes en terre comme des boutures , mais toujours fans ftfc- çès. Mais j'ai fait prendre racine à plulieurs feuilles dont j'avois mis le pédicule en terre , parce que ce pédicule eft rempli de fibres li- gneufes. J'ai remarqué que les feuilles de Lau- rier-Thym étoient principalement favorables au fuccès de cette expérience : des obfervations bien répétées , m'ont afluré que toute bran- che , dont le corps ligneux & les boutons ne font pas fuffifamment formés , ne reprend point de bouture ni même de marcotte. Il eft cer- tain que la formation du bouton à bois diffère de celle du bouton à fruit; mais fon organi- fation fë dérange & change félon les circons- tances. J'ai obfervé plulieurs fois que des bou- tons qui dévoient être à fruit font devenus des boutons à bois par différentes circonllan- ces; & j'ai éprouvé que lafuppreMion des feuilles pendant l'été , ne manque jamais de produire cet effet : on en verra la caufe au Livre des Mou- vements de la fève , ce n'eft point ici le lieu d'en parler. VEGETATION , LïV. I, CH. XVII. $} CHAPITRE XVII. Des Feuilles. Es feuilles font des organes fi nécef- faires & fi eiFentiels à la végétation r que fans elles un arbre ne pourrait produire ni fleurs ni fruits ; & s'il n'arrive pas toujours qu'il périffe par leur fupprefïion , au moins refte-t-il languifTant pendant tout le temps qu'il en eft dépouillé. L'expérience m'a prouvé qu'un tel arbre rie fait aucune nouvelle racine , & on ne lui voit gueres faire d'autres pro- ductions jufqu'à ce qu'il ait pouffé de nouvelles feuilles ; ce qu'il fait toujours alors en plus petite quantité. L'utilité des feuilles n'eft donc pas bornée à l'agrément qu'elles nous procurent, en fai- fant la plus belle & la plus durable parure des arbres , & en nous protégeant , par leur ombrage falutaire , contre l'ardeur des rayons du foleil ; elles fervent à la nourriture d'une grande quantité d'animaux ; c'eft à elles feules que nous devons l'exiftence & le précieux tra- vail de l'infede qui nous donne la foie. Plu- fieurs feuilles font employées utilement en Médecine. La polition des boutons décide de celle des feuilles ; ainfi , comme eux , elles font ou op- pofées ou alternes , ou verticillées ou en hé- lice. Quand la branche femble traverfer les feuilles , on les nomme perfoliées , comme eu $4 T & A i f É î> e t A f)lufieurs efpeces de Chèvrefeuilles. Les feuilles font toujours implantées , prefque dans tous les arbres fruitiers , fur un petit renflement de la branche , en forme de confole : plufieurs font accompagnées de deux efpeces de folioles qui tiennent au pédicule , & que Ton appelle ftipules. Il y a des arbres , tels que le Pla- tane , fur lefquels on voit ces ftipules fort étendues ; fur d'autres , elles font très - pe- tites. Il y â des genres d'arbres qui font peu pour- vus de feuilles , tels que les Genêts , & fur- tout celui d'Efpagne ; il eft à remarquer que ces genres d'arbres font toujours plus abon- damment remplis de moelle. On divife les feuilles en deux clafTes géné- rales , les fîmples & les compofées. On appelle feuilles fîmples, celles qui font portées fur un feul pédicule qui eft attaché à la branche j les feuilles compofées font celles dont les ner- vures fe diftribuent en éventail , Se qui font découpées jufqu'à la queue en plufieurs par- ties , de façon que chaque nervure occupe le milieu de chacune de ces découpures : on nomme encore ces feuilles palmées , telles que celles du Marronnier d'Inde. Si le pédicule s'é- tend en nervure allongée , garnie des deux côtés dune quantité plus ou moins grande de folioles , on nomme ces feuilles conjuguées ou empanées i telles font celles du Noyer, du Frêne , &c. Outre les autres caraderes diflindifs fur lefquels les Auteurs ont clafle les plantes , félon leurs différents fyftêmes f ils en ont tous VEGETATION , Ll V. I > CH. XVII. 9^ pris des différentes configurations des feuilles. Par exemple, ils ont dit qu'elles étoient ou allongées , ou ovales , ou rondes , dentelées , ou crénelées , ou entières , &c. Je ne m'étendrai point ici fur ces marques diitindives qui ap- partiennent plus à un Traité de Botanique qu'à celui-ci ; d'ailleurs , les feuilles fouffrent fou- vent de grandes variétés fur les mêmes ar- bres : nous nous en tiendrons à examiner les feuilles en tant qu'elles fervent à la végéta- tion ; il y a de quoi occuper FQbfervateur & faifir fon admiration. Un petit faifceau de fibres , à peine de la groffeur d'une épingle , qui tient au corps li- gneux de la branche , & qui eft recouvert d'é- corce très-tendre , prolongation de celle de la branche , ce petit faifceau de fibres refferrées dans le pédicule r fe divife en plufkurs nervures principales qui fe fubdivifent en quantité d'au- tres , qui fe fubdivifent encore f fe ramifient & s'anaflomofent mutuellement & forment àes rézeaux d'une manière & d'une finefîè qui feroit inconcevable , & que nous n'aurions ja- mais pu appercevoir fans le travail de ces petits infe&es mineurs qui rongent tout le parenchyme de la feuille , & ne laiifent que les nervures , trop dures apparemment pour la foibleffe de leurs dents. C'eft à ces petits ou- vriers , feuls capables d'une opération aufîi délicate , que nous devons le fquelette des feuilles parfaitement dépouillé des véficules qui le garniffoient , & de l'épiderme qui les couvroit. Ce fquelette donne le fpedacle le plus étonnant \ ces ramifications , ces rézeaux Traité de là de fibres d'une finefle extrême & d'un travail d'autant plus admirable qu'il eft varié & dif- férent dans chaque efpece de feuille ; ces mer- veilleux afTemblages d'un tiffu fi compliqué que l'œil ne peut le fuivre * font bien capables de confondre l'Artifte le plus habile qui vou- droit entreprendre d'imiter un pareil ou- vrage. Ces dernières ramifications , fi fines divi- lîons des principales , font cependant des fais- ceaux de fibres qui biffent entr'eux des in- terftices , & ces interfaces forment des vaif-- feaux féveux dont les orifices aboutiffent à la furface de la feuille , pour biffer tantôt éva- porer l'eau & l'air, & tantôt pour les y - admettre. Nous en verrons bientôt la preuve. La diftribution des nervures influe fur la' forme des feuilles & parok la décider. Dans les feuilles rondes , on voit un nom- bre de groffes nervures , lefquelles au fortir de la queue fe diftribuent en éventail ; dans les feuilles ovales , il arrive fouvent qu'il part de la queue trois nervures principales qui s'é- tendent prefque jufqu'à la pointe de la feuille; dans les feuilles ovoïdes , les principales ner- vures fe détachent à droite & à gauche de celles du milieu , & les plus confidérables s'épanouiffent dans la partie de la feuille qui a le plus d'étendue. Quand les feuilles font longues , on n'y apperçoit fouvent qu'une feule nervure qui les fépare en deux ; mais en y regardant de près , on voit qu'il part de la nervure du milieu d'autres nervures latérales affez déliées, qui s'étendent à droite & à gau- che* Végétation , If v. î j Cit. XVII. 9? the. On apperçoit encore fur les feuilles ovales * en y faifant attention , que les nervures fë divifent à leur extrémité , & que ces divifioné ife recourbent fuivant les divers contours des feuilles ; mais cependant que les principales divifîons aboutiffent toujours aux principales dentelures ou aux plus grandes découpures t dans plufîeurs feuilles i ces nervures excédent & forment alors des efpeces" d'épines Ou de poils. Nous parlerons ailleurs des odeurs & desi faveurs des feuilles dans lesquelles ort apper- çoit des fibres ligneufes > des véficules , vaif- feaux lymphatiques & vàifTeaux propres, une efpece d'écorce & un épidémie. Elles font donc formées des mêmes parties organiques que les branches ; mais la difpofition en efl fort diffé- rente. Les feuilles font contenues & repliées dans le bouton , mais très-différemment félon lest divers genres d'arbres ; dans les uns , elle» font roulées ; dans d'autres i elles font pliées en deux ; dans d'autres , elles font artiftemenc pliées , comme l'eft le papier d'un éventail ; d'autres font plifTées dans le fens de leur lon- gueur & dans celui de leur largeur > comme les papiers des lanternes. A mefure que les jeunes branches s'éten- dent en longueur , il fe développe de nou- velles feuilles à leur extrémité , pendant qud celles qui fe font montrées les premières pren- nent de l'étendue; mais elles ont toujours la même forme au fortir du bouton , qu'elles ont quand elles font parvenues à leur parfaite grandeur < toutes les nervures , toutes les dentelures fon£ Tome L G ç$ Traité de x a femblabîement placées dans les plus petites comme dans celles qui ont pris leur dernier degré d'accroifTement. Les feuilles croifîent comme les branches fucceffivernent , mais inégalement , à mefure que les fibres pliées en fpirales fe déploient , & l'étendue de ces fibres décide la lon- gueur & la 'largeur de la feuille. C'eil: pour- quoi on a dit que l'on y voyoit beaucoup de prétendues trachées , mais ce n'efl que dans les parties qui n'ont pas encore pris tout leur accroif- fement ou qui ont manqué de le prendre par quel- que circonilance ; c'eft ce qui rend les feuilles fi inégales , & quelquefois d'une forme fi bizarre. En examinant l'attache ou l'infertion d'une feuille fur une branche , on apperçoit qu'il fe détache du bois plufieurs faifceaux de fibres; lefquels après avoir traverfé les couches cor- ticales , & une petite éminence qui fe trouve en cet endroit, fe prolongent fuivant la lon- gueur du pédicule. Ces éminences qui fournif- fent un fupport aux boutons & aux feuilles > font formées par les fibres ligneufes & par un amas de véiicules. Le pédicule elt recouvert par des couches corticales très-minces, qui font des émanations, des parties corticales de la branche, & for- ment une efpece de fourreau dans lequel font contenues & reflérrées les fibres ligneufes p entrelacées de véiicules. Ces fibres font divifées en plufieurs faifceaux qui laiffent entr'eux des Lnteritices qui font les conduits féveux. Il a été fans doute néceflaire, par rapport! la différente configuration des VEGETATION, LlV. I, Ch. XVÎL 99 feuilles , que les pédicules fuffent de formes différentes ; les uns font plus courts , les autres plus allongés ; les uns font plus gros , les autres plus minces ; les uns font ronds , les autres applatis ; mais tous , fuivant cet ordre admi- rable & confiant de la Nature, font les mêmes fur les arbres de même efpeee , & dont les feuilles fuivent aufîi la même forme ; car s'il s'en trouve quelques-unes différentes,, c'eft toujours par quelqu'accident qui a dérangé l'orgaiiifation générale , & qui y occafîonne quelquefois des inégalités & des efpeces de boftelures. La longueur & la largeur des feuilles & même leur forme , dépend de la diftribution des principaux faifceaux de fibres. Dans la plupart des feuilles , les nervures principales fe divifent aux approches des bords en deux faifceaux , lefquels fe recourbent pour aller s'anarlomofer avec le rameau d'une autre nervure. Quand il y a des découpures ou des dentelures aux feuilles , on voit toujours un faifceau de fibres qui répond à la pointe de la dent , & même quelquefois ce faifceau l'excède & y forme une efpeee d'épine , comme on le voit aux feuilles du Chêne épineux ; & cette prolongation n'eft fur d'autres feuilles qu'un filet très-délié, comme au Chêne écarlate ; peut-être que c'eft cet entrelaffement de fibres , plus ferré au bord des feuilles qu'au milieu , qui fait que cette partie , qu'on nomme la marge de la feuille , eft ordinairement plus ferme que le refte. Il femble quelquefois que cette marge foit uniquement formée par une duplicature de lepiderme; dans ce cas ,* elle G z îoo Traité sb -t" a' cft mince & tranfparente \ d'autres fois , cette partie eft épaifTe , & elle ièmble formée par des véficules. On voit encore des feuilles qui femblent bordées d'une file de glandes, d'au- tres qui le font d'épines ; les unes font liiTes , & les autres velues ; les unes vertes des deux côtés, les autres blanches en deffous : toutes variétés qui tiennent à des caufes qui jufqu'ici ont échappé à nos connoifïances. Il y a une fi intime communication avec toutes les parties d'une feuille & les vaiffeaux qui s'abouchent les uns aux autres, & qui fc communiquent réciproquement les lues qu'ils contiennent , que quoiqu'un coup de grêle ou quelquinie&e ait percé une feuille ou coupé une nervure , toutes les parties environnantes confervent cependant leur verdeur ; fi on coupe avec des ci féaux un morceau d'une feuille , le refle ne meurt pas , mais la feuille ne prend plus de croifTance dans la partie tronquée , parce qu'on a emporté par cette opération les fibres en fpirale qui dévoient fe dévelop- per. Les nervures confervent encore long-temps leur verdeur , quoique le parenchyme des feuil- les ait été détruit par les inièdes. J'ai répété les expériences de M. Haies fur des branches coupées , qui prouvent la force de fuccion des feuilles ; ces expériences font confequentes , parce que les feuilles exercent la même action fur la branche que celle qu'elles exerçoient fur l'arbre ; mais on a fait beau- coup d'expériences fur des feuilles détachées , & toutes celles-ci font plus ou moins fau- tives. VEGETATION ,IlV. T,Ch. XVII. IOÎ En effet , comment a-t-on pu imaginer de reconnofere l'adion d'un membre féparé du corps qui Tanimoit ? C'eft ici où l'analogie auroit du mieux guider. La feuille, quoique féparée , donne encore, à la vérité , quelques marques de tranfpira- tion ; mais par quelle expérience pourroit-on re- connoître la force de fon adion pour attirer & pomper l'air & la rofée pendant la nuit , puil'que cette action qui lui étoit communiquée par la plante, n'eft plus en la feuille qui enefl féparée ? Cette adion qui fera expliquée & prou- vée au Chapitre des Mouvements de la Sève , juf- tifiera l'obfèrvation que je fais ici , & prou* vera linconféquence des expériences de M« IngenhoufT, comme je l'expliquerai plus am- plement dans un Chapitre particulier. Nous verrons de plus en plus dans le cours de cet Ouvrage , que les feuilles font ab fol Li- ment néceiïaires à la frudiflcation , & que fans elles la végétation eft nulle ou du moins très-foible. Je ferai feulement ici quelques re- marques à ce fujet. Dans les années où les feuilles font dévorées par les hannetons , les eantarides ou autres infedes, on fait combien les arbres en fouffrent. Quand les feuilles des plantes ont été endommagées par la rouille , alors toute la plante relie dans un état de langueur jufqu'à ce qu'elle ait produit de nou- velles feuilles. Lorfque les chenilles ont rongé les feuilles d'un arbre , il ne produit que de vilains fruits qui font comme avortés & de mauvaile qualité. Si on retranche une trop grande quantité de feuilles avant que les fruits g 3 102 Traité deia aient acquis leur groffeur , alors ils fannent , au -lieu de groilir , & ils ne prennent jamais une bonne maturité. Si on ôte les feuilles à un jeune arbre en pleine levé, & dont l'écorce fe détache aifement du bois , on trouvera dès k lendemain que lecorce eft auîïi adhérente au bois qu'elle left pendant l'hiver , parce que eeue iupprelîion de feuilles a fait celîer l'ac- tion de la levé montante, & fur-tout de la fee descendante qui paffe principalement dans lecorce & entre le bois & l'écorce : c'eft ce qu'on verra démontré ailleurs* Il nous relie à parler des feuilles que l'on appelle compoîées & conjuguées , parce qu'en effet la-même feuille eft compofée de plufïeurs autres petites feuilles qu'on appelle folioles; ces folioles font rangées de part & d'autre fur une nervure allongée ou filet principal , & qui eft commun à toutes ces petites feuilles. Les folioles varient en quantité & en éten- due félon les genres d'arbres ; il y en a qui n'en ont que cinq ; d'autres un plus grand nom- bre : on en compte jufqu'à dix- neuf attachées à la même nervure. Ces folioles font comme les feuilles Amples , ou entières, ou dentelées ; quelquefois elles font, alternes , quelquefois oppofées r les unes font immédiatement atta- chées au filet , les autres ont des pédicules ; furies unes, la nervure principale eft terminée par une feule foliole ; fur d'autres, elle eft ter- minée par deux folioles. Il n'eft point du fujet que je traite d'examiner toutes ces différen- ces , dont les Botaniftes ont tiré des carac- Végétation, Lîv.T, Ch.XVII. 103 ïeres diftindifs des genres & des efpeces. Il y a de ces feuilles conjuguées qui fe ra- mifient & s'étendent de manière à les faire prendre pour des branches , telles font celles 5e l'arbre , nommé Bonduc ; mais ces appa- rences de branches qui ne font effectivement que des feuilles , tombent en automne , & îarbre relie nu , ce qui lui a fait donner le fur nom de Chicot. Comme toutes les feuilles conjuguées périf- fent dans l'année , elles fuivent l'ordre des plantes annuelles ,; elles ne pouffent point de fcouton. Tous les arbres à feuilles conjuguées, fe plaifent & réufhffent mieux dans des terres légères & feches que dans des "'terres fortes êz. humides où ils, ne font que languir ; tels font les Acacia.,. Gleditfia , &c. : nous en ver- rons la caufe. Je ferai feulement ici une remarque qiii mérite attention. Non -feulement ces petites folioles tranfpirent moins que celles qui pré- fentent de plus grandes furfaces à l'action du foleii, mais elles favent s'y fouftraire d'une manière plus connue qu'elle iveft allée à expli- quer. La finguliere manœuvre de ces folioles pourroit fervir de thermomètre , puifqu'elie indique les degrés de las température de l'air. Dans un temps tempéré , on les voit rangées fur un plan horizontal; fî l'air devient chaud , aulli-tôt elles s'élèvent au-deffus de la nervure , & cela d'autant plus que l'air devient plus chaud ; de manière que dans un jour très- chaud , elles fe rapprochent Ç 4 ïD4 Traité d e % a quelquefois même jufqu'à fe toucher : à me^ fure que la chaleur diminue , elles fe rappro-* chent du plan horizontal ; & lorfque la fraî- cheur de la nuit commence à fe faire fentir y elles fuivent une marche inverfe à celle qu'elles tenoient pendant le jour , elles fe replient en deffous du filet commun. C'eft fur -tout fuç les feuilles des Aca- cia & des Gleditfia qu'il eft aifé d'obferver ces mouvements , qui quoique moins brufques qu'ils le font fur la Senlîtive , n'y font pas moins marqués. Les expériences que j'ai faites à ce fujet m'ont fourni des moyens de donner une explication de ces mouvements finguliers^ qui paroîtra , je crois , intelligible & fuffifam- ment prouvée , comme nous le verrons çl^ns la çroifieme Partie, Il eft à remarquer que les arbres à feuilles conjuguées, fur lefquels on cbferve plus parti- culièrement ces mouvements, donnent moins de fleurs que les autres , Sç très-fouvent il$ ne donnent point de graines. Nous en verrons la raîfon , lorfqu'après avoir donné les expli- cations néceflaïres pour l'intelligence de cç que j'ai à dire, nous entrerons dans de plus grands détails, je ne peux finir ce Chapitre fans direquelque chofe des découpures fingulieres &; bizarres des feuilles de certains genres d'arbres : plufieurs ont leurs feuilles échancries ; mais leTu- îipier a les fiennes tronquées à leur extrémité , d'une manière fi égale que l'on croiroit que c'eft l'effet d'un coup de cifeau , & on ne trouve pas fur cet arbre une feule feuille qui ne foit fembla- fclement tronquée $ cette fingularité d.e feuillp Vegetatiok, Iiv.X,Ch.XVIÏ. io.f eft d'autant plus remarquable que je la crois unique , de même que celle que nous préfen- tent les feuilles de l'arbre du Japon , nommé Genkeo Biloba ; ces feuilles qui ne reffemblent à aucune de celles qui nous font connues , font divifées en deux lobes , & leurs nervures fuivent des diredions longitudinales & paral- lèles, Mais rien n'offre un fpe&acle fi fingulier & fi varié que le feuillage d'une efpece de Mûrier de la Chine, Il eft impoffible de ren- dre les bizarres découpures des feuilles de cet arbre , puifqu'elles font toutes aufîi différentes qu'irrégulieres ; on çroiroit au premier coup d'œil qu'elles ont été rongées par des infectes : & ce qui me paroît auili étonnant que diffi- cile à expliquer , c'eft que ces feuilles fi profondément , fi irrégulièrement , fi diverfe- ment découpées qu'on a peine à en trouver deux qqi foient femblables fur le même arbre ? lorfqu'il eft encore jeune ; ces feuilles devien- nent entières & pareilles lorfque l'arbre a acquis une certaine çroiffance. J'ai tâché de découvrir la caufe de ce phénomène , & voilà ce que j'ai pu en appercevoir ; fi on, coupe circulairement les premières couches corticales d'une branche , ou même de la tige d'un jeune arbre de cette efpece de Mûrier , en'la rompant & tirant en fensoppofé, comme on fait pour voir les fibres pliées en fpirale dans les branches herbacées , on appercoit une grande quantité de filaments blancs oc bril- lants comme des fils de foie ; ils font dans, J'éçQrçe | dont on, les fépare aifément. Ils fonç tQé T HA I T E î> E î, A très-fins , très-déliés , "& pourroient être fîîés comme la plus belle foie: ils ne fe trouvent que dans l'écorce; on n'en voir, aucune appa7 rence dans le bois, l'ai trouvé ces filaments foyeux dans toutes les jeunes branches, mais ils difparoifïent & deviennent des fibres cor- ticales dans les branches qui ont acquis envi- ron un pouce de diamètre ; & ces mêmes branchés donnant alors des feuilles fans dé- coupures, & étant entières & régulières , il y a apparence que les découpures des feuilles qui naiffent fur les jeunes branches tiennent à l'exiflence des filaments dont nous venons de parler, ptïïfqué quand ceux-ci difparoirTent , celles-là ne paroiffent plus ; c'eft-à-dire que tant que cçs filaments ne font que des fibres impar- faites , les nervures des feui-lles ne peuvent s'é- tendre fuffifamment , & laifTent des imperfec- tions , des parties informes & manquées ; mais ces défauts de conformation difparoiifent quand toutes les fibres font bien formées. Je ne connais point d'autre arbre qui offre une pareille finguiarité ; mais aufli je n'en fais point d'autre où l'on trouve les filaments foyeux- que l'on voit dans celui-ci. Il eft vrai qu'on en apperçoit , mais en moindre quantité dans les autres efpeces de Mûrier , & ces filaments foyeux , produits élaborés des fucs de ce genre d'arbre y nous éclairent fur le travail de Fin— feâe qui fe nourrit des feuilles de cet arbre, & qui , abreuvé de fes fucs , les dégorge en filets femblables à ceux qu'on obferve dans l'écorce tendre du Mûrier. Mais comme le Mûrier de la Chine nous Végétation, Liv.I,Ch. XVIII. 107 offre une bien plus grande quantité de ces fila- ments foyeux , il efl à croire que le ver nourri de fes feuilles, doit rendre une plus grande quantité de foie. Je n'ai point eu doc- cafion de l'éprouver ; mais fi l'effet répondoit à la préfomption , il y auroit bien de l'avan^ tage , puifque cette efpece d'arbre , encore moins délicat fur le choix du terrain , croît plus rapidement que tout autre ,* peut-être même les vers qui fe nourriroient de fes feuilles , ne feroient pas fujets aux maladies que con- tractent dans notre climat ceux qui mangent les feuilles des Mûriers blancs d'Italie, û on n'a pas le foin de les effuyer avec des linges avant de les leur donner; manœuvre trop minu- tieulé & trop diipendieufe pour faire regar- der comme profitable l'éducation des vers à foie dans notre pays : c'eft pourquoi ceux qui ont voulu en faire l'effai , ont été obligés de l'abandonner. CHAPITRE XVIII. De la Chûtt des Feuilles, A caufe de la chute des feuilles n'eft pas encore bien connue. Les raifons qu'on a don- nées ne font nullement fatisfaifantes , & l'o- pinion allez généralement reçue , efl diamétra- lement oppofée à celle que l'examen m'a fait appercevoir. Je ne fais pourquoi on a cru , On a dit que pendant l'automne la fève def- Î08 TlAÏTÉ DE U cendoit vers les racines ; & qu'ainfi , les feuil- les en étant privées &: manquant de nourri- ture , fe deflechent & tombent. Il eft bien étonnant que l'on ait pu prendre une pareille opinion fi contraire à l'évidence & à l'expé- rience. En effet , il eft bien aifé de fe convaincre que non-feulement la fève n'eft pas descendue, comme on le dit , mais que jamais le tronc & les branches n'en font auiïi remplies que dans l'automne & pendant l'hyver. Je rappor- terai au Livre des Mouvements de la fève , plufieurs expériences qui prouvent incontefta- blement ce fait, qui fembloit ne devoir être méconnu de perfonne , puifqu'on fait que ja- mais la lymphe ne coule plus abondamment des arbres que vers la fin de l'automne & pendant lTiyver. Je ne connois que l'Orme dont on tire de la lymphe lorfqu'il eft couvert de fes feuilles , parce qu'apparemment cet arbre abonde en lymphe en tout temps. Il eft auiTi plus fujet à la gélivure , vice caufé par la gelée par laquelle cet arbre plus rempli de lymphe eft plus endommagé. On fait que le bois que l'on coupe en hyver, eft infiniment plus pefant, plus rempli de fève qu'en tout autre temps ; que l'on voit ruiiTé- ler l'eau des extrémités de ce bois , lorsqu'on l'a mis au feu ; ce qui n'arrive point au bois coupé pendant l'été : enfin, tout démontre, tout prouve que les arbres regorgent de fève pendant l'automne & pendant l'hyver. Je fais que les Jardiniers n'appellent un arbre en fève que celui dont l'écorce fe détache ai- Vegetatîos, Iiv. t, Ch. XVIII. 109 fément du bois ; ce qui ne peur arriver peu- ' dant l'hyver , par les raifons que nous expli- querons : mais il n'en eft pas moins vrai que les fibres ligneufes, & principalement les vé- ficules , réfervoirs & magafins de la fève, ea font plus remplies en ce temps qu'en touc autre. Il n'eft donc pas vrai de dire que c'efl: faute de fève , de fucs nutritifs , que les feuilles fe deffechent en automne & tombent; je vais prou- ver au contraire que cela n'arrive que parce qu'il y en a trop. Commençons par un raifonnement qui fera cnfuite prouvé. Les chaleurs de l'été avoient occafionné une tranfpiration très-coniidérable aux arbres , & principalement à ceux qui dépouillent ; car elle eft toujours moins forte dans les arbres toujours verds , dont nous parlerons en par- ticulier. Ces chaleurs ceffant en automne , la tranfpiration diminue beaucoup ,• les feuilles fe remplirent alors d'humidité & épaifliffent fenfiblement 1 elles ne font en cet état que plus fufceptibles des effets des gelées qui dé- truifent ou du moins vicient leur organifation ; ce qui les met hors d'état de faire leurs fonc- tions ordinaires , c'eft- à-dire d'exhaler le fu- perflu de la fève montante. Mais cette fève alors très-abondante dans l'arbre , venant à être 1 raréfiée par des moments de chaleur qui ont encore lieu en ce temps , elle s'étend , elle fe dilate avec affez de force pour pouffer ce qui lui fait réfiftance ; elle exerce principalement l'on action contre le pédicule de la feuille 9 itô Traité d e x a 1 lequel étant gonflé, & ne pouvant plus dofr> ner de paffage à la fève , eft fi fortement pouffé par fon effort qu'il eft détaché au point de fon infertion fur la branche ou il fe fait le plus d'effort & le moins de réfiftance. Voilà une explication bien fimple & bien intelligible de la caufe de la chute des feuilles , Se qui deviendra mieux prouvée par tout ce qui fera dit dans le cours de cet Ouvrage ; mais comme cette opinion eft très-oppofée aux préjugés reçus , il faut la mettre hors de doute. Je dis que la caufe de la chute des feuilles eft une trop grande abondance de fève qu'elles ne peuvent plus exhaler. L'examen feul jufti- fîe cette affertion. Il eft aifé d'obferver que le pédicule des feuilles qui fe détachent des arbres pendant Fautomne , eft très-gonflé & rempli de fève , au point de ne pouvoir plus en admettre; ce qui va être prouvé : il eft aifé de voir que la partie de fon infertion qui refte à l'arbre, eft très-fucculente & très-éva- fée par l'abondance des liqueurs qui s'y font engorgées. Sont-ce là des marques de féche- reffe & de défaut de fève ? Ce n'eft pas là ce qu'on obferve aux feuilles d'un arbre qui meurt pendant l'été dans un terrain trop aride. On yoit le pédicule refferré , pliffé , & il refte fi adhérent à la branche, qu'on a bien de la peine à l'en féparer ; il fe rompt même le plus fou- vent , au lieu de fe détacher ; & fi on parvient à le faire , on voit fon attache rétrécie & defféchée. . .Mais, dira-t-on, les feuilles deffechent fur Végétation, Li v. î, Ch, XVIII. m les» arbres pendant l'automne ; il y en a même qui relient telles pendant tout Thyver, fur le Charme & fur le Chêne. Je réponds à cela que c'eft apparemment parce que ces deux genres d'arbres ont des faifceaux de fibres plus forts & plus coriaces que les autres , & moins difpofés à fe féparer. .Quant aux pre- miers, ne fait-on pas que lorfque les feuilles en général ne font plus leurs fondions , elles ne tardent pas à fe defïecher & à devenir ce qu'on appelle mortes , quand même elles fe- roient plongées dans l'humidité , telles que nous les voyons , étant tombées fous les arbres fur des terrains très-humides & même dans l'eau. Ayant choifi des feuilles tombées au mois de Novembre & même d'autres , prifes fut l'arbre dont elles étoient prêtes à fe détacher > j'ai mis tremper leur pédicule dans des liqueurs colorantes , aucune n'en a pompé. Cette inac- tion fi différente de la force de fuccion qu'elles ont pendant l'été , m'a prouvé le dé-- rangement manifefte qui s'eft fait dans leur organifation , & que le pédicule eft fi gonflé, li rempli de liqueur, qu'il ne peut plus en ad- mettre. Ce dérangement d'organifation eft caufé fans doute par les premières gelées % puifqu'il n'arrive point aux arbres que l'on met en ferre ; j'en ai plufieurs qui y confervent leurs feuilles pendant l'hyver, tandis que ceux de même çfpece les perdent dehors , étant expofés à la gelée. Nous allons voir que les feuilles dont la couleur naturelle eft jaune , ne doivent leur couleur verte qu'au contait de la lumière qli lia Traité tf è t A au phlogiftique ; une trop grande abondante de parties aqueufes détruit le phlogiftique qui fe volatilife ; ainfî il nef! pas étonnant que les feuilles jauniffent en automne. Une expérience qui n'eft que trop connue des Jardiniers > prouve bien tout ce que je Viens de dire* Si en tout temps, niais fur-tout en automne*, on arrofe trop abondamment & trop fréquem- ment un arbre, principalement lorfqu'il eft en caiffe , les feuilles jaunilTent & tombent en peu de jours ; c'eft ce que j'ai éprouvé , même en été , fur de gros Orangers , dont prefque toutes les feuilles tombèrent pour avoir eu trop d'eau. Ce fait bien connu , ne prouve- t-il pas que c'eft la trop grande abondance de fève qui , en obitruant les canaux féveux: des feuilles , empêche la tranfpiration , & oc- calîonne leur chute ; car i certainement le defféchement auquel on en attribuoit la caufe, ce peut être attribué à une trop grande abon- dance d'eau ? Pour parvenir à connoître & à mefurer le degré de force que la dilatation de la fève peut acquérir > j'ai fait une expérience fur un morceau de bois verd mis au feu ; je fis un appareil avec des lames de plomb à une de fes extrémités qui devoit me faire connoître l'effort de la fève qui en fortiroit lorfque le fcois feroit raréfié par le feu : le réfultat fut que l'effort que fit la fève pour fortir fou- leva un poids de trois livres , & en eût même levé un plus confidérable. Je ne donne pas cette expérience comme plus concluante que Végétation , Ltv, I , Ch. XVIII. i 1 3 que plufieurs autres que l'on fait fur des par- . ries féparées des végétaux ; expériences qui n'étant point relatives ni conformes au cours naturel de la végétation , ne peuvent être que très-fautives, Mais des expériences très-bien faites par M. Haies fur les arbres mêmes , & dont j'ai répété quelques-unes , prouvent avec fureté que la dilatation de la fève a une très- grande force , & bien plus confidérable qu'il ne faut pour pouffer & détacher le pédicule d'une feuille ou d'un fruit ; car nous verrons que les fruits ne tombent que. par la même caufe , & que c'eft cette même caufe qui les fait fendre & fe crevaffer : dans des temps de pluies abondantes , les feuilles jauniflent en automne, & lorfqu'il furvient de la pluie a la fuite de quelques gelées blanches , elles tom- bent en peu de jours , parce que , comme nous l'avons dit , la fève , devenue plus abon- dante , fait alors plus d'effort contre le pédi- cule de la feuille. Il arrive quelquefois en été des chaleurs fî vives qu'elles brûlent & deffechent les feuilles qui tombent à la première pluie , & les ar- bres en produifent de nouvelles qu'on peut nommer automnales ; celles-ci fubfiflent fur les arbres plus long-temps que celles du prin- temps. Si des arbres ou des branches meurent pen- dant l'été , foit par l'effet de la fécherefle , foit par une extravafion du fuc propre dans les vaifTeaux , comme il arrive aux Cerifiers & aux Pêchers , ou par toute autre caufe qui dérange l'organifation & empêche le cours de Tome L H ii4 Traité de là la fève , alors les feuilles , privées des fucs nutritifs , fe deiîechent fur les branches mor- tes , & y reftent très-adhérentes , à la diffé- rence de celles qui tombent en automne par une caufe contraire , comme nous l'avons dé- montré. Si , trop attaché aux préjugés reçus , quel- qu'un doutoit encore que les arbres ne lbient plus remplis de fève en automne & en hyveç que pendant le cours de l'été , une expérience que j'ai répétée plusieurs années , le mettra hors de doute. Que l'on prenne pendant l'été une partie de la tige ou de la branche d'un arbre , par exemple , un morceau de deux pouces de dia- mètre & de deux pieds de longueur , & qu'on le pefe ,♦ que vers la fin de l'automne ou pen- dant l'hyver , on coupe fur te même arbre ou fur un arbre pareil un morceau de bois de même diamètre & de même longueur , & qu'on le pefe, on trouvera que celui-ci fera beaucoup plus pefant que l'autre. Mais cette différence de poids ne peut certainement être occafionnée ' que par une plus grande quantité de liqueurs, dont les vaiffeaux lymphatiques font alors rem- plis , puifque toutes choies font d'ailleurs égales. J'ai coupé pendant l'hyver des branches de Peupliers noirs, prifes au fommet de l'arbre, j'ai remarqué qu'en tenant ces branches à peu près perpendiculairement, la lymphe en for- tuit affez abondamment pour couvrir en peu de temps la coupe d'une petite nappe d'eau ; mais en retournant la branche , de manière que la coune fût en haut , alors je voyois ea> VEGETATION, LlV. I, CH. XVIII. îîf un inftant toute l'eau rentrer ; & cela répété plufieurs fois , toujours avec le même effet ; mais ayant coupé plufieurs branches du même arbre pendant l'été, je n'eu ai point vu fortir de liqueur. Je laiife tirer la conféquence de ce fait qui ne doit point étonner , & que Ton trouvera tout naturel en réfléchiflant qu'autant la fève eft en action & dans un état de difïïpa- rion pendant leté , autant elle y efl peu pendant l'hyver , & qu'ainfi l'arbre en doit être & en eft effectivement plus rempli que pendant l'été. La chaleur de cette dernière fai«* ion occafionnant une tranfpiration & une diflï- pation îi confldérable, que les racines & les réfervoirs féveux s'épuifent pour pouvoir y fournir ; les feuilles flétries & l'état de lan- gueur de l'arbre, quelquefois même de defle- chement , marquent affez l'épuifement où il fe trouve alors , & que la rofée d'une nuit très- courte peut à peine réparer. Enfin, le raison- nement & l'expérience démontrent que lorf- que les arbres font couverts de feuilles , ils tranfpirent & diflipent beaucoup plus que lors- qu'ils en font dépouillés. La Vigne dont on connoît l'abondance des pleurs fur la fin de l'hyver , celfe d'en donner au printemps , à mefure que fes feuilles fe développent. L'Era- ble & le Bouleau à fucre qui donnent une lymphe abondante pendant l'hyver , principa- lement dans le temps du dégel , n'en fournif- fent plus du tout lorsqu'ils ont pouffé leurs feuilles. Enfin après avoir , me femble , furfifamment H a n6 Traité de la prouvé que les arbres font plus remplis è$ lymphe ou de fève pendant l'automne & pen- dant l'hyver qu'en toute autre faifon , c'eft-à- dire pendant tout le temps où ils font dé- pouillés de leurs feuilles ; pour s'accoutumer à cette, vérité , il faut diftinguer ce qu'on doit entendre par î'exprefîion d'être en fève, & celle d'être rempli de fève. On appelle un ar- bre en fève, celui dont l'écorce fe détache facilement du bois ; ce qui a lieu dans le temps que la fève eil dans de grands mouvements , & qu'elle pafTe entre le bois & l'écorce ;. ce qui arrive au printemps & en été^lorique les arbres font en pleine végétation : mais lorf- qu'en automne & en hyver , les arbres font dépouillés de feuilles , la végétation eft très- lente , & la tranfpiration eft prefque nulle -% les effets de la condenfation dans la terre & dans le corps de l'arbre en rempliffent cepen- dant toutes les parties de fucs lymphatiques^ qu'il n'a prefque plus de moyens d'exhaler. IL eft donc tout naturel que l'arbre foit alors plus rempli de lymphe qu'en tout autre temps v puifqu'il en reçoit toujours de la terre r fans pouvoir en exhaler dans fait > il n'eft cepen- dant pas ce qu'on appelle en fève , puifque. le peu de mouvement de la fève r épaiffie & gluante , fait que l'écorce eft adhérente au bois , dont elle ne fe détache que quand les nouvelles feuilles ont mis la fève en action > & pour lors on ne voit plus couler la lym- phe dont les arbres étoient remplis , lorfqu'ils- étoient dépouillés de leurs feuilles. Je dois ce- pendant faire oblerver que les deux extrêmes ren- VEGETATION, LlV.Ï, Ch. XVIII. 117 $ent également lecorce adhérente au bois ; ceft-à-dire que les trop foibles ou les trop grands mouvements de la fève produifent éga- lement cet effet. On fait que .pendant les grandes chaleurs de l'été , fur-tout dans les terrains fecs , 1 e- oorce efl prefqu'aûfH adhérente au Sois qu'elle left pendant l'hyver ; lepuifement de fève qui produit cet effet ., met , jufqu'à ce qu'il foit i-éparé , les arbres dans un titat de langueur qui fait périr ceux qui ., nouvellement plantés ,. n'ont pas leurs racines profondément en terre. Pouriobferver la différence que l'on peut remarquer dans cet état d'épuiiement des ar- bres , je coupai une branche dont je pris la principale partie , que .je raefurai exactement félon fa longueur & fa groffeur; je la pefai ,* fon poids étoit de onze onces & demie : quel- ques jours après ., il tomba -une pluie affez abondante ; & l'arbre m'annoncant par fa vi- gueur qu'il avoit pompé de nouveaux fucs , j'en coupai une branche , fur laquelle je pris, un morceau pareil en longueur & en gro£-. leur, à celui que j'avois pefé précédemment;- fon poids fe trouva être de treize onces , c'eft-à- dire qu'à volume égal le même bois avoir ac- quis alors une once & demie de pelanteur. Vers la fin du mois de Novembre de la même, année, j-e pris fur le même arbre un morceau- de branche de même longueur Se de même, groffeur , & je trouvai qu'il pe fait; .al ors qua- torze onces & douze gros ; c'cli :à - dire trois onces & quatre gros plus que le même volume 4e bois dans un temps de féchereilè , & une ïi8 Traité de la, once & douze gros plus qu'en temps de pluie pendant l'été. Ces expériences qui s'accordent très-bien avec ce que nous avons dit & que nous dirons de la végétation , ajoutent de nouvelles preuves à tout ce qui a été dit dans ce Chapitre. Je finis en prouvant qu'un arbre n'eft en fève, c'eft- à-dire que lecorce ne fe détache aifé- ment du bois que lorfque les mouvements de la fève font excités par les agents que je ferai connoître : fi pendant l'été un arbre étant en pleine végétation , on le dépouille de toutes ou feulement d'une grande partie de fes feuil- les , on trouvera que dès le lendemain lecorce fera auffi adhérente au bois qu'elle l'eft pen- dant l'hyver, parce que la fuppreflion de fes feuilles a oçcafionné celle des mouvements de la fève ; cet arbre n'eft donc pas ce qu'on ap- pelle en fève , & cependant l'expérience fait connokre qu'il en eft très-rempli. Il faut donc diftinguer ce qu'on appelle être en fève ou être rempli de fève ; état très- différent pour les arbres, & prelque oppofé dans le cours ordinaire de la végétation , puis- que l'un a lieu dans le temps des grands mou- vements de la fève , c'eft-à-dire dans le temps d'une grande tranfpiration ou diilipatiôn , & l'autre dans le temps où la fève eft peu en mouvement & que l'arbre en diflipe très- peu , & que par conféquent il en doit être & en eft effectivement plus rempli. VEGETATION , LlV. I( Ch. XIX. 1 19 CHAPITRE XIX. Du Revirement des Feuilles. v. Oïl A un phénomène de la végétation qui eft bien connu de tous ceisx qui op.: voulu i'obferver, mais dont je ne fâche pas qu'on ait encore donné d'explication. Je l'appelle revirement àzs feuilles , parce qu'ef- fectivement elles fe retournent , elles fe revirent d'elles-mêmes , plus ou moins fortes , ne font fans doute que l'effet d'une plus grande ou plus petite combinaifon de ce principe éthéré , dont chaque genre de plante eft en particulier plus ou moins fufceptible. Mais en général , il eft aifé d'obferver que ce vernis ne brille que fur la partie des feuilles qui eft expofée au Con- rad immédiat de la lumière i & beaucoup plus dans un temps ferein & chaud qu'en tout autre temps : on ne remarque point ce vernis fur la furface inférieure qui iv*eft point expo- fée à la lumière, & cette furface en deifous de la feuille n'eft pas auiïi verte que le def- fus. Toutes les feuilles velues & cotonneufes > ne font jamais d'un beau verd , parce que les poils dont elles font couvertes, les privent du contaâ de la lumière. Il y a des feuilles de certains arbres donc la panachure paroît fe foutenir afTez confia m- ment , telles font celles du Houx , du Saule, du Grofeillier y d'une efpece de Prunier , de l'Orme , d'une efpece de Sureau , &c. , que je n'ai point vu changer dans toute efpece de terrain & de fituation. Mais il en eft d'autres qui, étant plantés au foleil, ont leurs feuilles panachées ; & elles » cefTent de l'être , lorfque l'arbre ell planté à l'ombre : on en voit la laifon. Il arrive auiïi fouvent que des arbres qui font plantés dans un terrain aride ,. ont Végétation , Li v. I , Ch. XX. 131 leurs feuilles bien panachées, & la panachure difparoît en tout ou en grande partie , lorsqu'ils font tranfplantés dans un bon terrain , parce qu'y trouvant des fucs plus nutritifs , les fibres ligneufes , mieux nourries & plus fortes, s'é- tendent & fe ramifient dans toute l'étendue de la feuille : mais il eft à remarquer qu'il refte toujours dans ces arbres une forte de difpofition à la panachure ; car j'ai éprouvé qu'après deux ans qu'elle s'étoit diflïpée fur un Cournouiller , par la raifon que je viens de dire, l'ayant remis dans un terrain affez fec , la panachure eft revenue ; mais cette même expérience ne m'a pas réufïi fur un pied de Viorne, dont la feuille eft velue. Je dois parler ici de l'efpece de Sureau dont la panachure eft confiante en toute efpeee de terrain & d'expofition ; elle s'opère aufîi diffé- remment : cet arbre pouffe au printemps tou- tes fes feuilles très-vertes ; lorsqu'elles vien^ nent à achever leur entière croiffance , il fe fait alors une extention à laquelle ne peuvent fournir toutes les fibres ligneufes , & il fe forme de ces parties imparfaites qui reftent blanches ; & en peu de temps , ces feuilles , toutes vertes auparavant , fe trouvent cou- vertes de filets blancs détachés , ce qui leur fait donner le nom de tigrées. Cette jolie & finguliere efpeee d'arbre , m'avoit été donnée par mon bon & refpedable ami le Chevalier de JanfTen , dont le riche jardin , à Chaillot, proche Paris , a mérité autant de célébrité que la mémoire du Maître qui eft , à jufte ti- tre , bien généralement regreté : que de ver- I 2 13?. -Traité. de la tus & que de connoifîances enfevelies avec lui dans fou tombeau ! Je crois que l'on trouvera afFez juftes les explications que je viens de donner ; je vais finir ce Chapitre par une expérience qui doit mettre hors de doute mon opi- nion. Dans le deffein de m'afïurer fi la couleur verte des feuilles n'étoit due qu'à la combi- naifon du phlogiftique avec la couleur jaune y & de prouver en même temps mon opinion fur la panachure , je couvris bien exactement une feuille de Laurier d'une lame de plomb laminé & très-mince ; avant d'aflujettir cette feuille de plomb , j'avois eu foin de la percer de fix trous afîez larges qui lailïbient ainfî fix '-parties de la feuille expofées au contaâ libre de la lumière , & tout le refte de la - fuperfïcie de la feuille étoit mafqué. par le plein du plomb : il m'étoit aifé d'appercevoir que les parties découvertes reftoient conf- tamment vertes ; mais il ne m'étoit pas auîîi aifé de voir ce qui fe paffoit fous le plomb ; cependant en regardant le deilbus de la feuille , je m'appercevois qu'elle jaunifibit de plus en plus aux parties couvertes: je voulus prévenir. la chute de la feuilie ; & l'ayant coupée dans les premiers jours de Septembre, & ayant levé l'ap- pareil , je trouvai qu'outre les parties totale-* ment découvertes qui étoient reftées vertes, il y avoit quelques prolongations d'un verd plus clair & plus foible qui s'étoit confervé. fous quelques parties de découpures du plomb qui s'étoieot foulevées ; mais toutes les partie^ VEGETATION, LlV\ I, Ch. XXL 133 qui avoient été bien couvertes étoient devenues jaunes. Je conclus de cette expérience que le phlo- giftique qui , fans doute > eft fujec à quelque diilipation , n'ayant pu être entretenu par le cours de la lumière , à caufe de l'interpofi- tion de la lame de plomb , s'étoit totalement volatilifé , & que fa retraite avoit laifîe la. feuille dans fa couleur naturelle , qui eft la couleur jaune. Toutes les expériences que j'ai faites rela- tives à celles-ci , m'ont toujours donné les mêmes réfultats. 1 CHAPITRE XXI. Des Arbres toujours verds. L y a àes arbres qui confervent leurs feuil- les toute l'année , & dont la verdure conf- iante eft à l'épreuve des plus rigoureux hy- vers ; tels font les Pins, Sapins , Cyprès, Cèdres , Thuya , &;c. Les feuilles de ces ar- bres font très-petites , mais coriaces; il y en a même qui ne paroiffent être que des articu- lations , telles que celles du Thuya : leur ver- dure en général plus fombre doit faire juger que le phlogiftique y eft plus abondant & plus fixé. La fève de ces arbres qui eft réfineufe & plus épaifTe , eft moins fufceptible d^s effets de la gelée. En examinant les attributs de ces 1 3 134 Traité de i a genres d'arbres , il ne fera pas difficile de vois pourquoi ils ne fe dépouillent pas. Je crois avoir fuffifamment prouvé, malgré l'opinion reçue, que les feuilles ne tombent en automne que parce que leur organifation , dérangée par l'effet des gelées, les rend moins propres à la tranfpiration ; c'eft- à-dire qu'elles font dans cet état moins difpofées à exhaler le fluide aqueux, dont l'arbre efr plus pourvu alors qu'en tout autre temps , comme tout le prouve , & que ce fluide qui tend à s'exhaler par les feuilles, dont les orifices obftrués ne lui procurent plus un libre pafTage, doit faire un violent effort dans le temps de la raréfac- tion ; cet effort qui fe fait immédiatement fur le pédicule de la feuille , très-gonflé alors de liqueur qui ne peut plus s'exhaler , doit né- ceffairement pouffer avec force , & détacher ce pédicule , comme il arrive au fruit en pleine maturité qui n'admet plus de liqueurs : c'eft ce qui fera expliqué par la fuite. Rien de tout ce que nous venons de dire n'arrive dans les arbres verds réfmeux ; leurs petites feuilles renforcées & dures , ne font point , comme les autres , endommagées par la gelée, Se leur organifation , d'ailleurs très- différente , n'en eff point dérangée. Ces genres d'arbres tranfpirent beaucoup moins en tout temps que ceux qui ont de lar- ges feuilles , & leur tranipiration s'opère plus ou moins en toute faifon. Leur fève réfineufe plus épaiffe & gluante ,_ eft bien moins iufceptible des effets de la ge^ lée. Ces coniiderations , bien connues , font VEGETATION, LlV. I, Ch. XXI. Itf les caufes évidentes de la propriété qu'ont ces arbres de conferver leurs feuilles ; mais il eft des arbres à larges feuilles qui ont aufïi la propriété de les conferver , tels font les Lau- riers , les Arboufiers , le Magnolia , les Pyra- canta, les Houx, &c. La diffedion & l'examen de ces feuilles , nous fait appercevoir qu'elles font plus épaif- fes , plus fortes , plus coriaces que les au- tres ; leur fève eft alTez généralement oléagi- neufe , ce qui doit les rendre moins fufcepti- bles des effets de la gelée , & favorifer leur confervation. Mais malgré ces avantages, ces genres d'arbres ne laiflent pas de fouffrir dans les grands hyvers ; leurs feuilles , frappées par de fortes gelées , fe refufent à leur tranfpira- tion habituelle , & il leur arrive d'être déta- chées comme ies autres , fur-tout lorsqu'elles - font expofées pendant quelques heures aux rayons du foîeil ; polition très dangereufe pour ces genres d'arbres dans les grands hyvers. Ces arbres privés de la tranfpi ration qui leur eft ordinaire & néceffaire en toute fai- fon , pérhfent ordinairement lorfqu'ils font privés du fecours de leurs feuilles , foit qu'elles en aient été détachées , foit qu'el- les foient reliées mortes fur les branches; mais ils ne lailfent pas de fubflfter , lorfque n'en ayant perdu qu'une partie , il en refte encore de vertes : il y a peu d'hyvers où l'on ne voie plufieurs de ces feuilles endommagées par la gelée , qui tombent ou fe delfechent fur l'arbre. Comme ces arbres produiient de nouvelles feuilles à mefure qu'ils perdent les 14 135 Traité dï ue anciennes , ils ont toujours un feuillage con£ tamment verd. Je ne parle point des arbres exotiques qui confervent leurs feuilles ; on fait qu'où il ne gelé jamais , la verdure eft toujours confiante : nous ne les confervons tels chez nous pen- dant l'hyver , que parce que nous les mettons dans les ferres. On connoît l'impreflion que leur font les premières gelées : cependant on eft parvenu à naturalifer plulîeurs de ces ar- bres exotiques , de manière à les accoutumer par degrés aux intempéries de notre climat. Les exemples que nous en avons mériteroient bien d'être fuivis ; ce feroit , j'ofe le dire , une des plus importantes opérations du Gouverne- ment ; je dis du Gouvernement , car elle ne peut que très-imparfaitement être celle d'un particulier, quelque riche & quelque dévoué qu'il ibit au bien public- il faut pour la faire réufïîr bien des années & bien des moyens , dont ne jouit point un homme ifolé. D'après les expérien- ces que j'ai faites , je fuis en état d'aflurer que fî on vouloit m'entendre, je donnerois des moyens de naturalifer & d'accoutumer à notre climat une grande quantité d'arbres exotiques ; j'en ai plusieurs qui ne paroiflent plus fouffrir de la rigueur de l'hyver dans mon jardin : eh , que ne doit on pas efpérer , puilque des plantes grafles d'Afrique s'y foutiennent en bon état î Outre les arbres dont je viens de parler , il y en a d'autres que je ferois tenté d'appeller arbres fermvverds , tels font quelques efpeces de Chênes , nommés des A/lgaves , Ragnols , ■Turner, Leuçomb, Sic. , une eijpece de Cornouil- Végétation , Lrv. I , Ch. XXL 137 1er d'Amérique , une efpece d'Epine, & plufieurs autres de différents genres que je cultive , donc les feuilles , moins i'ufceptibles de i'imprefîion des premières gelées , reftent vertes fur les arbres long- temps après que les autres font tombées ; mais iorfque les gelées deviennent: plus fortes , les feuilles àé ces arbres privilé- giés éprouvent le même fort ; ce qui n'arrive pas cependant dans les Mes où la gelée eft moins âpre & où l'athmofphere eft plus hu- mide. Dans ces circonflances , la verdure s'en- tretient toujours plus vive; c'eft ce qu'on re- marque par rapport à ces arbres & aux ga- zons en Angleterre. On fait ■ que dans nos Provinces maritimes , on conferve en plein air pendant l'hyver plufleurs arbres qui péri- roient à Paris ; & la différence du degré de latitude , dont l'avantage eft en faveur des Pro- vinces qui font plus éloignées de la mer, prouve qu'il y a d'autres circonflances auxquelles on eft redevable. J'ai mis en ferre quelques-uns de ces arbres qui perdent leurs feuilles par l'effet des fortes gelées , ils les ont confervées étant à l'abri pendant tout l'hyver ; plufieurs même qui , étant en pleine terre , ont été abrités , les ont aufli confervées : il eft donc évident que c'eft la gelée qui endommage les feuilles d'une conf- titution trop foible pour pouvoir en fupporter l'effet , & que toutes celles qui font en état d'y réfifter reftent faines & vertes fur les bran- ches. La chute des feuilles en automne donne une preuve fenfible de cette vérité ; on voit que «38 Traité de 14 celles qui font les plus minces tombent tou- jours les premières , telles font celles du Til- leul d'Hollande ; car nous avons des Tilleuls de l'Amérique feptentrionale , dont les feuilles font beaucoup plus larges & plus épaiffes , & qui relient vertes fur l'arbre long-temps après que celles-là font tombées. Les feuilles d'un arbre languiffant dans un mauvais terrain tom- bent beaucoup plutôt , parce qu'elles font minces & foibles ; tandis que celles d'un ar- t>re de même genre , qui a pouffé yigoureu- fement dans un bon terrain , réfiflent plus ïong-temps aux mêmes impreilions du froid. L'expérience m'a fourni beaucoup d'autres preuves que je me difpenferai de rapporter , croyant bien fuffifantes celles que je viens de rendre. On ne peut douter qu'il n'y ait de l'air fixe dans les feuilles , & principalement . dans celles des arbres toujours verds ; c'eft fur- tout dans celles des arbres réfineux , tels que les Pins , les Sapins , Thuya , &c. , que l'air fixe eil en très-grande quantité ; les pétards multipliés que font entendre ces feuilles , lorf- qu'on les met au feu , le prouvent évidemment. Nous verrons que les expériences de M. Haies prouvent que les vapeurs fulfureufes & réfineufes fixent l'air plus fortement & plus abondamment , il n'eft donc pas éton- nant qu'il y ait beaucoup d'air fixe dans les arbres réfineux. Je n'ai dû parler ici des arbres toujours verds qu'en ce qui concerne leurs feuilles ; ils exigent d'autres détails particuliers que Végétation , Lit. I , Ch. XXII. 1 3 9 nous verrons au Livre de la CroifTance des Arbres. J'évite , autant qu'il eft poîîible , les répétitions , & fi on en trouve dans ce Traité , c'eft que je les ai cru néceiîaires pour rendre plus intelligibles des proportions qui , plus elles font nouvelles & contraires aux préjugés reçus , plus il eft difficile de les bien faire en- tendre. Peut-être trouvera-t-on des répétitions de mots trop fréquentes ; mais ce n'eft point un Ouvrage de rhétorique : li je fuis parvenu à me bien expliquer & à me faire entendre, mon objet eft rempli. CHAPITRE XXII. Des Poils. o N voit que plufîeurs parties des plantes, & fur-tout les feuilles , font couvertes de poils ; plulieurs Botaniftes les ont regardés comme âzs parties vafculeufes , & ont dit que cette efpece de duvet que l'on apperçoit fur les feuilles font des organes fecrétoires , excrétoires ou abforbants, parlefquels les plan- tes fe déchargent de leur tranfpiration , ou par lefquels elles afpirent l'air & les vapeurs qui y font répandues. Les matières vifqueufes qui enduifent plu^ fleurs efpeces de plantes , telles que le Lab^ danum qui fe ramalTe fur les feuilles du Cifte; les diverfes fortes de mâne qui fe trouvent fur les feuilles des Erables & des Mélèzes -, ks *4° Traité de la grains réfineux ou gommeux qui fe recueillent fur d'autres plantes , tout cela efh-il le pro- duit de ces organes excrétoires ? C'eft ce qui eft moins prouvé qu'apparent. Il ny a point, ce me femble , de plante plus favorable à cette opinion que celle que l'on nomme glaciale , parce qu'il en tranfude un fuc blanc & bril- lant, qui eft d'autant plus abondant & fixé que le foîeil eft plus ardent ; de forte qu'alors elle paroît comme couverte de glace, ce qui lui a fait donner le nom de glaciale. Il y a lieu de croire qu'une partie des or- ganes que nous appercevons fur les feuilles , font de véritables vaifTeaux abforbants ; on a dit que les végétaux font au moins autant pourvus de ces organes que les animaux ; mais ce n'étoit encore que pour avoir le plaiflr de faire une comparaifon qui ne peut être que fort inutile; car l'embarras où font les Ana- tomiftes fur la diftinction des organes excré- toires d'avec les organes abforbants des ani- maux , fubfifteroit également quant à ceux des végétaux : & ainfi cetîQ analogie, fût-elle juite, ne pourroit rien éclaircir. Je n'entreprendrai point de parler des fonc- tions de ces poils , de ce duvet végétal ; elles font encore peu connues , & je n'aime pas à parler de ce que je ne conçois pas clairement : je dirai peu dechofes de certaines petites tumeurs que Ton apperçoit fouventiur les feuilles , que a nommées glandes. M. Guettard qui en a fait une étude particulière , après avoir examiné avec attention leur figure , en a fait fept clai- res , qu'il a défignées par autant de noms : VecttatioïTjIiv.I, Ch.'XXII. i$i jftdus nous contenterons d'en examiner ici îa formation, Nous avons vu que les rézeaux de fibres longitudinales forment le fquelette des feuil- les , & nous avons vu que les mailles de ces rézeaux étoient remplies d'une quantité de vé- ïicules ou tifïu véficulaire ; il arrive quelque- fois que plufieurs fibres affez confidérables % venant aboutir à un petit amas de ce tiffii vé- ficulaire , le gonflent & forment ces petits corps faillants, ces tumeurs que l'on a nom- mées glandes : je ne crois pas que perfonne ait entrepris de prouver qu'elles en faflent les fondions , & je ne m'avilerai pas de l'entre- prendre. M. Guettard ayant fait aufîi une étude par-* ticuliere des formes & des figures différentes des poils que l'on voit fur les plantes, a ob- fervé que toutes celles du même genre, ont des poils de même forme; ce qui pourroit fervir à établir un nouveau fyftême de botanique. Cette conformité de configuration dans les mêmes genres de plantes , prouve que les poils font des parties organiques & nécefTaires au vœu de la nature ; mais quelles font leurs vraies fondions \ Peut-être le faurons-nous mieux ua jour. m 14* Traité se z a CHAP I T R E XXIII. jDé.t Epines. L Es épines proprement dites font des corps ligneux de forme ordinairement conoïde plus ou moins allongée, & qui fe terminent en pointe ; elles fe développent fur les branches de certains genres, & même fur les feuilles & fur les fruits. Il n'appartient qu'à un Traité de Botanique de faire l'examen très-étendu de leurs formes très-variées , & de leurs por- tions différentes fur les parties des végétaux qui les produifent. Nous n'en citerons que quelques exemples, & nous n'entrerons dans d'autres détails que ceux qui font relatifs à la végétation. Les épines ne font point renfermées dans des boutons particuliers ; les unes qui n'éma- nent que de l'écorce ne paroiffent être que des excroiflances des fibres corticales , mais très- endurcies; d'autres, produites par le corps ligneux , font pareillement des excroifïances des fibres ligneufes : d'autres enfin :très-fines ne paroiffent tenir qu'à l'épiderme , & d'autres ne femblent qu'une prolongation des angles faillants des feuilles. Prenons quelques exem- ples de ces variétés. . Sur l'Oranger qu'on- nomme Sauvageon, on voit les épines , une à une ou deux à deux , immédiatement à côté des boutons qui font dans l'angle que les pédicules des feuilles font Végétation, Iiv. I,Ch. XXIII. 14! avec la branche. Les épines du Rofier qui font» crochues en deflbus, partent de différents points des branches , & fouvent du deflbus des bou- tons ; les pédicules des feuilles en font également garnis : les feuilles de l'Epine-vinette & celles du Grofeillier épineux font accompagnées de trois & quelquefois de cinq épines affez lon- gues & déliées qui fe réunifient par leur bafe. Le Gkdltfia porte au-deflus des boutons & des jeunes branches , des épines rarement fïm- pies ; l'Epine principale eft pour l'ordinaire garnie de trois autres plus petites , implantées à angle droit , ce qui l'a fait nommer Tria" chantos. J'ai une efpece de Gkdltfia dont l'é- pine principale eft très-longue , & qui eft gar- nie de cinq & quelquefois de fept autres pe-* tites épines. Les branches du Palliurus font garnies d'épines accouplées, affez courtes, mais très -pointues & fort incommodes , en ce qu'une de ces deux épines qui eft toute droite remonte vers le haut , & l'autre qui eft ordi* nairement plus courte & plus grofle , forme un crochet dont la pointe eft vers le bas, ce qui fait qu'on a beaucoup de peine à fe débarraffer de ces épines : les Anglois l'appellent Chriji-Torn. Il y a un grand nombre de plantes , dont les épines n'ont aucune communication avec le corps ligneux , & ne tirent leur origine que des couches corticales ,* telles font les Ronces, les Pvofiers , le faux Acacia , les Epine -vi- nettes, &c. Il eft aifé d'en avoir la preuve en détachant l'écorce de ces arbres lorfqu'ils font en fève , ou même en tout temps , en la fai- fant macérer dans l'eau. ^44 Traité de iâ; Il y a des arbres dont les branches fonl terminées .par des épines, tels font les Pru- neliers , plufieurs efpeces de Pruniers , de Néfliers , de Poiriers fauvages ; ces arbres ont leurs jeunes branches garnies de rameaux qui fe terminent par une pointe ou épine très- piquante : ces rameaux pointus ne fe trouvent quelquefois garnis d'aucuns boutons , mais feu- lement d'épines ; d'autres fois , ils font char- gés de boutons dont il fort des fleurs , des feuilles & des branches qui fe terminent en- core par des épines. Le Houx Frelon n'eft épi- neux qu'à fes feuilles ; le Houx a tous les an- gles du tour de fes feuilles terminés par des pointes. Celui que l'on appelle Hérijfon a , outre cela , fes feuilles hériifées à leur fuper- ficie de quantité de pointes. On connoit beaucoup de plantes dont les feuilles font garnies d épines , telles que les Solarium épineux , les Chardons , &c. 11 y a auîîî plufieurs fruits épineux ,- tels que ceux du Châtaignier , du Platane , du Hêtre , &c. Si on dépouille de fon écorce une jeune branche de P*ofier ou d'Eglantier , il eft aifé de fe convaincre que toutes les épines s'en- lèvent avec l'écorce ; qu'il n'en refte pas la moindre impreifion fur le corps ligneux , & qu'ainlî elles n'y ont certainement aucune adhé- rence. Si l'on fend en deux une de ces épines, on y remarque 1 epiderme , l'écorce , le corps li- gneux des vélîcules, de la moelle, & Ton voit que l'épine n'a aucune communication ni avec la VWEf'Af ion, Lîv. I, Ch. XXIÎÎ. Î41 la moelle ni avec le bois , & qu'il y a même une couche corticale interpofée encre la baie de lepine & le bois* J'ai obiervé que ces épi- nes qui font fucculentes pendant le temps de leur croilfance i sendurciffent enfuite , fe def* fechent , deviennent dune couleur rembrunie > Se alors on n'y trouve plus de moelle. Arrêtons-nous ici pour obferver un phéno- mène d'autant plus digne de remarque que perfonne n'en a parlé , & qui mérite bien ce* pendant toute l'attention des plus habiles Phy- ficiens. Je viens de dire qu'en féparant en deux une épine d'une jeune branche d'Eglantier , il eft aifé de voir & de fe convaincre que non-feu- lement elle ne tient pas au corps ligneux , mais qu'elle en eft vifîblement féparée par une couche corticale , interpofée entre la bafe de l'épine & le bois de la branche ; mais on trouve de la moelle dans cette épine , & cer- tainement cette production médullaire ne com- munique pas à la moelle de la branche. Que devient ici l'afTertion des Botaniftes qui ont affuré que les nouvelles productions médul- laires n etoient que des émanations de la moelle du corps ligneux , & qui ont ainfl établi une nécefïité de communication de la nouvelle à l'ancienne moelle ? On a déjà vu que j'ai nié cette néceilité, & je crois que ceux qui au- ront douté de mon opinion , doivent actuelle- ment en être convaincus. Ceft ainfi que l'on trouvera dans le cours de cet Ouvrage des preuves des propofitions nouvelles qui auront pu étonner , & ne pas perfuader d'abord. Voilà 146 Traité de t a donc un fait inconteftable qui prouve qu'il fc fait des productions médullaires totalement ifr- dépendantes , totalement féparées du corps itr gneux , & par conféquent de la moelle : per- sonne n'a dit encore que l'écorce produife de la moelle ; d'où vient donc celle-ci ? Tâchons d'approfondir & d'examiner cette queftion qui le mérite bien , ce me femble , comme article très-important ce la Végétation. Examinons d'abord ce que c'efi qu'on a appelle la moelle. Ce n'efl autre chofe qu'un amas de véfjcules très-peu différentes de celles qui entrelacent les libres ligneufes & corticales. Il parok même que ces dernières n'ont été formées cjue des autres. Mais fi les. véiicules ligneufes & corticales font formées des véfîcules médul- laires , elles font donc de même nature r & par conféquent les unes peuvent réciproque- ment former les autres ; ainfl ia moelle que nous voyons dans l'épine aura été formée par une émanation àçs véiicules corticales , avec lefqueiles nous la voyons communiquer ; & c'eft effectivement ce que le microfcope nous fait ap percevoir : voilà donc l'écorce capable de faire des productions médullaires ; nous retrouverons ailleurs les effets de cette pro- priété. S'il y a , comme nous venons de le voir > des épines qui non- feulement ne font point adhérentes au corps ligneux, mais ne prennent, nàiffance que du milieu de l'écorce , il y en a d'autres très-adhérentes au bois, & qui font des émanations & des productions-, des fibres ligneufes \ la coupe longitudinale de ces épi^ Végétation, Liv.I, Ch.XXIIÎ. ttf nés y nous fait voir en elles une écorce , du bois & de la moelle , & la baie de cette moelle porte fur le eorps ligneux , interpofé entre l'épine & la moelle de la branche qui n'a nulle communication avec celle de l'épine. Nous voilà encore dans la néceffité de deman- der d'où vient cette moelle , abfblument fépa- rée de l'autre ; & là folution de cette queftion eft fans doute la même que celle de la quef- tion précédente. La moelle des épines qui ne tiennent qu'à l'éeorce, eft une production des vélicules corticales ; celle des épines qui tiennent au bois ne peut être produite que par lés véfîcules ligneufes. On peut donc dis- tinguer les épines en corticales & en ligneu- fes ; ces dernières font toujours beaucoup plus grofles , plus longues & plus dures que les autres ; la moelle n'occupe que la partie in- férieure y elle n'y eft pas même en grande quan- tité : c'efi pourquoi on ne voit que peu de véfîcules dans le corps ligneux , & ce bois eft toujours plus dur que celui de la branche,- \t n'ai jamais pu appercevoir de véfîcules dans la partie ' fupérieure où on ne voit jamais de moelle; c'eft aulîi cette partie vers la pointe qui eft la plus dure , & qui fe defTeche la première, Malpighy a dit que les épines fervoient à donner une préparation à la fève : je ne vois rien qui puifTe favorifer cette opinion; mais je ne m'avi ferai point de vouloir expliquer à quoi elles fervent pour la végétation ; ne voyant point en quoi elles peuvent y être utiles , elles ne peuvent être confidérées que comme ces petites branches que l'on nomme chifFones K z ' 148 Traite de t a : mais formées différemment. La nature qui nf fait rien en vain auroit-elle eu en vue d'ar- mer certains arbres qu'elle a pourvus d'épines comme autant de défenfes contre l'attaque de leurs ennemis ? On fait cependant que ces ar- mes ne défendent pas le Rofier des attaques des pucerons qui fe multiplient fi abondam- ment fur fes boutons , que fouvent ils en font rongés : & n'eft-ce pas pour y remédier qu'elle a pris plaifir à couvrir d'une efpece de mouife le calice de la plus belle de toutes les Rofes , ce qui la défend de l'attaque de ces infe&es- que l'on ne voit jamais fur le Rofier qui la porte , que l'on appelle Rofier mouileux. Au furplus , bornons-nous à admirer les variétés des productions végétales , dont le jeu des refforts échappe à notre examen Se à nos ob- fèrvations : peut-être qu'à force d'appliquer les expériences aux opérations de la Nature , ce qui efï pour ainfi dire la mettre à la queftion > on la forcera à révéler tous les fecrets. CHAPITRE XXIV. Des Plantes pourvues d'ejpeces dt vrilles & de griffes. 'Il y avoit des indications qui puffent faire admettre du fentiment & des mouve- ments fpontanés dans les plantes , ce feroit fans doute ici où on les trouvéroit : en effet , ce que j'en vais dire , d'après des expériences & des oblèrvations que je me fuis plu -à ré- VEGETATION, LîV.Ï,Ch. XXIV. 149 péter , eft certainement plus admirable que fa- cile à expliquer. Nous avons parlé d'arbres qui fe foutiennent •& fe tiennent droits par eux-mêmes ; nous en avons vu auxquels il convient de ramper contre terre; nous en avons vu dont la tige grêle ne pourrok les foutenir, mais ils favenc s'entortiller autour des arbres qu'ils trouvent à leur portée : mais il y en a d'autres qui n'ont point la poffibilité de fe foutenir ni la faculté de s'entortiller, êc qui périrhient ou ne réuîfiroient pas s'ils reftoient rampants par terre : que deviendroient-ils il la Nature les avoir abandonnés dans cet état ? Non , elle y a pourvu. Outre les branches , les boutons Se les feuilles qu'ont de commun ces genres d'arbres avec les autres , on y obferve de plus des filets affez forts , très-difpofés à fe replier en fpirale , dont l'extenfion permet à la bran- che de s'accrocher à un appui plus ou moins éloigné : fera- ce encore là une trachée des in- fectes ? Non ; mais c'efl le même moyen que ia Nature emploie à différentes fins. Il y a des arbres , tels que le Lierre , le Bi- gnonia , &c. , qui croiffent naturellement contre les murs. Ceux-là ne font pourvus que d'efpeces de griffes alfez courtes , parce que devant toujours être très-proche de leurs points d'appui , ces griffes courtes fuffifent pour s'accrocher , & quelquefois même pren- dre racine dans les murs. Mais il en efl d'autres , tels par exemple que la Vigne, qui, croiffant ifolés, pourroienc bien ne pas rencontrer un appui fî prochain : k3 «5© Traité de la ceux-là font pourvus de filets afTez longs, 08 qui repliés çn tirre-bourre peuvent s'étendre au befoin. Le point d'appui fe trouve-t-il très- proche ? tout le filet s'entortille autour : efh-il plus éloigné? il s'étend pour aller l'accrocher, ne fût-ce que par fon extrémité , qui alors fait un fimple crochet , mais cçn eft allez pour foutenir la branche , quoique chargée de rai- fins, J'ai vu fouvenr manquer les liens que for- ment nos Jardiniers ; mais jamais ceux- ci ne man- quent que par des circonftances particulières. J'héfite , je n'ofe rendre tout ce que des obfervations fuivies & répétées m'ont fait ap- percevoir de fingulier & de vraiment merveil- leux dans ces genres de plantes : je ne peux cependant m'empêcher d'en dire quelque chofe. Ayant détaché d'affez longues pouffes de Vigne dont les filets s'étoient déjà entortillés pux perches qui les foutenoient , j'étendis le plus qn il me fut poflible en lignes droites ces filets qui n'étoient pas encore bien ligneux , & j'é- cartai plus ou moins les branches de la per- che • je trouvai le lendemain que quelques franches s'étoient rapprochées du point d'ap- pui , & les filets s'y étoient repliés en fpirale; d autres branches plus pelantes ne s'étoient point redreifees , mais leurs filets s'étoient étendus pour former le crochet contre la perche. J'ai fait plufieurs autres expériences fur la Vigne, dont les réfultats ont toujours été à peu près les mêmes dans le tçmps que les filets îbnt affez formes , fans être trop ligneux ; car alors n'ayant plus la même du&ilité , ils iiç font plus aufli flexibles. Végéta tioîT , Lt v. I , " Ch. XXIV. 1 5 r Mais rien ne m'a paru fi fingulier que les «bfervations que j'ai faites fur la plante nom- mée Apios americana ; cette plante tubéreufe pouffe une tige grêle & très-flexible , affez reflemblante à celle du Houblon. Elle ne peut fe paîfer d'appui ; & rien n'eft fi merveilleux que la manière dont elle le recherche : outre k fecours de quelques vrilles , elle fait très- bien s'entortiller autour des arbres qu'elle trouve à fa portée , & c'eft même le leul moyen qu'elle ait en fortant de terre ; elle n'en, fort que vers la fin de Mai , mais elle pourTe rapidement & s'allonge en peu de temps. 0 ferai- je rendre les expériences que j'ai fai- tes fur cette finguiiere plante ? On eft dans l'ufage de lui donner des perches très-élevées comme on en donne au Houblon , & bientôt elle s'y accroche ; l'ayant détachée & éloigné la perche du côté du nord , elle s'y étoit rac- crochée dès le lendemain; l'en ayant détachée, êc mis la perche du coté du midi , elle ne tarda pas à fe retourner de ce côté, ôt je l'y trouvai attachée ,• enfin , de quelque côté que je mi(fe la perche , elle ne manquoit jamais d'aller trouver fon appui & de s'y entortiller. Ayant mis deux perches à côté de cçttç plante, dont j'éloignai davantage celle qui etoit du côté où elle s'inclinoit , elle fe redrefla pour s'attacher à l'autre qui étoit plus près d'elle. Je ne finirois pas, fi je rendois tous les mou- vements que j'ai fait faire à ces plantes ; je n'entreprendrai point de les expliquer, je les crois bien dignes de l'attention & de l'examen des Phyiiciens qui voudront les obferver & en K 4 I<;z TKAITE BELA rechercher les eau Tes qui font fans doute dans l'organifation particulière de cette plante. Parmi les arbres farmenteux , dont la tige eft foible , il y en a qui ne trouvant point d'arbres à portée pour s'y accrocher , roulent leurs branches les unes fur les autres, de ma- nière que formant toutes enfemble une efpece de corde , cette union leur donne affez de force pour fe foutenir & s élever à une cer- taine hauteur, Les filets de la Vigne paroiffent de la même organifation que ceux de la grappe ; en effet, on trouve quelquefois quelques grains de rai- fin à l'extrémité de ces filets, Les filets ou vrilles dont les plantes fe fer- vent pour s'accrocher à un point d'appui , ne fe roulent pas toujours du même fens ; les unes forment leurs fpiraîes de droite à gau- che, les autres de gauche à droite : ce qu'il y a de flngulier , c'eft que cet entortillement en fens contraire arrive prefque toujours quand un échaîas ou une branche fe trouve placée dans la bifurcation d'une vrille ; enforte qu'il femble que ces filets ne foient déterminés à fe rouler que par le contad du corps folide au- quel ils s'accrochent, & qu'il fe plient indif* féremment dans un fens ou dans un autre, fé- lon qu'il en eft befoin. J'ai vu des filets de la Vigne étendus pre£- qu'en ligne droite , je leur ai préfenté un ap- pui ; à peine ils y ont touché qu'ils fe font re~ plies , & le lendemain , ils y étoient entortillés. Nous devons donc juger que la nature ayant pourvu ces plantes de vrilles , de griffes , de VEGETATION, LlV.I, Ch. XXIV. x^ J filets pour les foutenir , elle les a douées de la faculté de rechercher, pour ainfî dire, les corps foiides qui font à leur portée , & d'une grande foupleffe pour s'y attacher. Voilà tout ce que j'en peux dire , ce qui approche bien des qualités occultes des an- ciens Philofophes ; on les plaifante aujourd'hui de cette manière de s'exprimer fur des effets dont ils ne pouvoient concevoir les caufes : mais cependant cela n'eft-il pas plus fage que d'entreprendre d'expliquer des chofes que l'on n'entend pas ? Quelques merveilleufes que foient les obfer- vations que je viens de citer , ne nous laiffons point féduire par les apparences : tout eft pafTif dans les plantes ; l'uniformité de leurs mouvements prouve que la volonté n'y a point de part ; l'organifation particulière à chaque genre de plante , règle invariablement tous tes mouvements , toutes fes productions. t> Je dis invariablement , car quand il en eft autrement , c'eft toujours par quelqu accidenc qui a dérangé l'organifation ; c'eft ce que nous aurons fouvent occafion de remarquer dans le cours de cet Ouvrage. On verra que ce qu'on appelle des jeux, des caprices de la Nature , ne font que des accidents qui ont tous leurs caufes : nous en remarque- rons plufieurs quand l'occaiion s'en préfentera. On fait que l'organifation eft très-différente dans les plantes en général , mais elle eft uni- forme dans celles de même efpece ; & cette uniformité d'organifation ou , fi l'on veut , de ftruchire , eft fi conitarament la même dans t$4 Traité-deia Végétation,^; toutes les parties des plantes de même efpece, que quelques fyftêmes différents qUelesBotaniftes aient adoptés pour prendre les caractères dif- tindifs des plantes , ils n'ont jamais pu les ré- parer , ck les claiïes fe font toujours trouvées les mêmes. Mais on ne peut difconvenir que la Botanique , bornée à la nomenclature , ne fût une fcience bien ftérik , fi onnes'appliquoit pas à tirer de cette première connoifl'ance des plante s, des lumières & des moyens pour les bien cultiver & faire ufage de leurs propriétés. MM. Tournefort , Linuée ont laine peu à délirer fur la nomenclature ; mais il s'en faut bien que la partie la plus eflentielle , celle de la culture, ait été également fuivie& approfondie. Il exiile un bon Livre en ce genre; mais il faut favoir la langue Angloife pour pouvoir en profiter : c'eft le Didionnaire de Miller. Il îcroit bien à délire r que quelque bon Patriote prît la peine de le traduire , & qu'il nous fît ce précieux préfent , comme M. de Buffon nous a fait celui de la Statique des végétaux de M. Haies. Il eft étonnant que cette traduction de Miller n'ait pas encore été donnée. Le Tradudeur en retireroit beaucoup d'hon- neur & de profit , & acquerrait des droits à la reconnoifTance de tous les Bctaniftes& Cultiva- teurs François. M. le Baron de Tshoudich nous a donné quelques extraits de ce Didionnaire , qui font faits de main de Maître , & qui nous font regretter qu'il n'en ait pas donné davantage. Ce n 'eft que dans cet Ouvrage & dans ceux de M. Duhamel , que l'on trouve après la defeription des arbres , de bonnes inllrudions fur la culture. Fin du Livre premier. TRAITÉ THÉORIQUE ET PRATIQUE DELA VÉGÉTATION. &XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX LIVRE SEC ON DE VANATOM1E DES FLEURS ET DES FRUITS. CHAPITRE PREMIER. L Des Boutons à Fruit. E S Jardiniers appellent bourgeons ce que nous nommons boutons à fruit ; leur forme , leur pofition & leur organifation les rendent fort différents des boutons à bois. La forme & la pofition de ces boutons varient félon les différents genres d'arbres & même félon les efpeces. Les Pepiniérifles & k§ Jardiniers qui ont fait un examen habituel t^6 Traité de la clés Poiriers, favent très -bien diftinguer les efpeces à l'infpedion des boutons. Les boutons à fruit font plus gros, moins pointus , plus arrondis que les boutons à bois , Se ils ne tiennent pas de même au corps li- gneux ; leur polition varie fur les différents genres d'arbres : aux Poiriers , les boutons à fruit font fitués à l'extrémité de petites bran- ches particulières qui ne s'étendent jamais beaucoup , & qui font garnies de petites houp- ■ pes de feuilles , & qui contiennent plus de vé- iicules que les branches à bois. Aux Pêchers & à plufieurs autres arbres de la même famille , les boutons à fleur font pofés fur la même branche que ceux à bois ; de forte qu'on voit quelquefois un bouton à fleur à côté d'un bouton à bois , fouvent deux boutons à fleur accompagnent un bouton à bois , ou celui-ci efi au milieu des deux autres. Les boutons à fleur qui ne font point ac- compagnés de boutons à bois , tombent ordi- nairement fans produire de fruit , parce que les feuilles font néceflaires pour opérer & entretenir la frudiflcation , comme il fera mieux expliqué par la fuite. Les boutons font im- plantés fur un renflement de la branche > en forme de confole , fur laquelle on voit la marque de l'infertion de la feuille précé- dente. Les branches de plufieurs arbres font ter- minées par des boutons à fleur , comme aux Pentûphylloïdes , ou bien ils fortent de Taif- • felle des feailles , comme au Myrrhe, Végétation, Liv. II, Ch. î. 157 La poîîtion des boutons à fleur , eft con£ tamment la même dans tous les arbres d'un même genre. Je n'en fuivrai point ici toutes les variétés. Pénétrons dans Fintérieur des boutons , afin de voir & d'examiner les productions aux- quelles travaille clandeftinement la Nature pen- dant l'automne & même pendant l'hyver; mais fans nous étendre fur les boutons de tous les genres d'arbres , nous nous bornerons à ea examiner quelques-uns. Les fleurs du Me^enum ou Boisjoli qui paroilfent au mois de Février , peuvent être apperçues dans leurs boutons dès le mois d'Août; de forte qu'en les difféquant , on ap- perçoit dès-lors les pétales , les étamines & les enveloppes des jeunes fruits. Si dès le mois de Février on dépouille de fes enveloppes écailleufes un bouton à fleur d'un Pêcher , on apperçoit la fleur ; fi on coupe en deux ce bouton , fuivant fa longueur , on voit que les enveloppes extérieures font plus épaiffes que les intérieures ; que toutes font repliées les unes fur les autres , & même collées avec un art vraiment admirable : on voit au microfcope que les couches intérieu- res font garnies d'une efpece de duvet très- fin qui fert de berceau à l'enfant chéri que la Nature a pris foin d'emmaillotter avec tant de précaution , en le couvrant de plufîeurs diffé- rents langes qui fe diilipent aufïi-tôt qu'il n'en a plus befoin. Ces langes font extérieurement les écailles du bouton qui tombent quand la fleur s'épa- $58 T IL A r T Û B Ê t A nouit ; intérieurement , ce font les pétales des fleurs qui accompagnent & protègent l'embry ont jufqu'à ce qu'il foit bien formé & fécondé par les pouiîieres des étamines , introduites dans le piftil. Toutes ces parties s'apperçoivent à la loupe dans le bouton , lorfqu'on a écarté les enve- loppes ; & fi on les dillipe entièrement y on voit paroître le calice de la fleur avec fes découpures qui , étant rabattues l'une contre l'autre , renferment & cachent les autres parties de la fleur ; mais en écartant ces découpures, on découvre les étamines & le piftil, on ap- perçoit même les pétales , quoiqu'ils foient fort courts. Toutes ces parties , quoique très-fines, font déjà organifées , puifqu'en écrafant les fommets des étamines au foyer d'un microfcope, on en voit fortir une liqueur & des grains de pouf* fiere. En examinant dans le mois de Janvier les boutons à fleur du Poirier , on voit qu'ils font alors renflés & terminés par une pointe obtufe. Une branche fort courte , mais afTez groffe , prefqu'entiérement formée de tifTu véficulaire , fournit un fupport aux boutons ; cnforte que cette branche refïemble plutôt à la queue de certains fruits qu'à une vraie branche. '. Ces boutons font compofés de vingt-cinq à trente écailles creufées en cueilleron ; elles pro- tègent par cette forte enveloppe les jeunes fleurs contre la rigueur de l'hyver. Les écailles extérieures font fermes & même V^EGETATIOK, LlV. fi, CH. I. *$$ dures & d'une couleur brune , elles font peu velues à l'extérieur ; mais on apperçoit dans l'intérieur de chaque cueiîleron des toupets de duvet jaune qui réfléchirent une couleur dorée. Les écailles ou feuillets intérieurs font plus grands que les extérieurs ; ils font verdâtres vers le bas ; ils font garnis des deux côtés d'un duvet très-fin ; fous ces feuillets , il s'en trouve encore beaucoup d'autres plus petits & plus minces : ils font velus & d'un verd blan- châtre. Quand on a détruit toutes ces enveloppes, on apperçoit les embryons des fleurs ; ils font grouppés fur une queue commune , & ils y font attachés par de petites queues particuliè- res, fort courtes en premier lieu , mais qui s'al- longent plus ou moins par la fuite , félon les différentes efpeces de poires. . Entre les embryons de ces fleurs qui font alors prefque fphériques , on diftingue plufieurs peti- tes feuilles velues > fort minces , de différentes formes & d'un verd pâle ; elles remplirent tous les vuides, & probablement elles ne con- tribuent pas peu à garantir les jeunes fleurs de la rigueur de l'hyver : peut-être aufîi fer- vent-elles à ranimer le mouvement de la fève dans ces jeunes productions ; car on verra dans la fuite de cet Ouvrage que la principale pro- priété des feuilles eft d'exciter le mouvement de la fève dans les branches. Ces embryons examinés au microfcope ref- femblent extérieurement à un bouton de rofe ; en les ouvrant au foyer de la lentille , on les t6o Traité de t â voit tout chargés d'efpece de duvet très-fin % & on apperçoit dans l'intérieur plulieurs éta- mines dont les fommets' n'ont point encore la couleur rouge qu'ils prennent par la fuite : les pétales ne font gueres apparents , & on peut diftinguer à une lentille qui force beaucoup , les piftils, qu'il efl alors aifé de confondre avec les filets des étamines qui font prives de leurs fommets. En examinant ces boutons vers la fin de Février , ils font alors considérablement grof- lis , quoiqu'entiérement recouverts encore des enveloppes écailleufes ; car à mefure que les embryons des fleurs grofliflent , les écailles in- térieures s'étendent , & par ce moyen , les embryons fe forment clandeftinement , n'étant pas expofés à l'air dans une faifon où la gelée les fer oit périr. On voit alors au microfcope , ces embryons bien mieux formés ; les fommets des étami- nes font rouges , les pétales s'apperçoivent clairement , & on voit diftinclement les pif- tils , de même que la différente forme des pe- tites feuilles ou filets qui accompagnent les embryons. On voit que plulieurs filets enveloppent im- médiatement les embryons auxquels ils font collés par une humeur gommeufe fort claire. Les boutons des Feapliers noirs & des Mar- ronniers d'Inde font abondamment pourvus de cette fubftance vif queufe , qui ell très-odorante, fur-tout dansl'efpece de Peuplier noir, nommé T.acamahaca ou Baumier du Pérou. Vers la fin de Mars , on peut appercevoir les ^EGETATÎOH, lit. U] Ch. I. ï6l ks deux corps olivaires qui forment par leur réunion les ibmmets des étamines ; on voit mieux les pétales , quoiqu'encore verds &: plus courts que les étamines; on commence à découvrir les jeunes pépins raflemblés deux à deux dans un épanouiiTemènt de la bafe des piftils. Si on ne les découvre pas plutôt , ce n'eft pas qu'ils ne foient formés , mais c'eft qu'il rTeft pas aifé de parvenir à diftinguer des par- ties aufïï délicates que celles-là, qui fe trou- vent étroitement reflerrées & confondues avec nombre d'autres organes qui ne font que com- mencer à fe développer, & qui, outre cela *. font empâtées d'une efpêce de glu qui en rend la difleclion très-difficile. Le lieu de la formation des pépins fe trouve déterminé à la bafe des piftils ; ces pépins pa-* roilfent alors fort blancs , & d'une forme affez approchante de celle de ces nymphes qu'on nomme mal à propos , œufs de fourmi i ilâ rie font point alors fenfiblement adhérents aux parois intérieures de la loge que leur fournie la bafe des piftils. Il n'eft pas douteux que les fleurs qui fe montrent au printemps ne foient réellement formées avec le bouton dès l'année précédente ; ainfî leur formation fe fait pendant l'été , & leur développement fe fait au printemps fui- vant. Les Amateurs de l'analogie ponrroient dire que le bouton eft un œuf pondu pendant l'été , couvé pendant le temps de l'automne & de J'hyver , & dont le nouveau né fort au pria- Tome L L l6z T RAI TÉ DE LA temps : mais nous verrons le peu de rapports1 & l'inutilité de ces analogies. Après avoir pris quelques notions des bou- tons , dont nous parlerons plus amplement au Livre de la Frudi'ncation , paiïbns à l'examen des rieurs dans leur état de perfedion ; com- mençons par celles qui font nommées com- plexes , parce quelles contiennent tous les organes de la frudiflcation. CHAPITRE IL Des Fleurs compleîies. Ou s nommons fleurs complettes ou comme d'autres difent hermaphrodites , celles qui font pourvues àes organes des deux fexes ;. c'eit-à-dire d'étamines & de piftils réunis à la même fleur. Les é aminés font des filets terminés par certains corps ordinairement plus renflés que le filet qui les porte, différemment figurées, Se colorées. Les piftils font d'autres filets dif- férents des précédents , & qui font ordinaire- ment en petit nombre , fouvent même il n'y en a qu'un feul à chaque fleur. Les pétales font les feuilles de la fleur ; ces pétales font colorées différemment félon les efpeces; dans plufieurs , elles font blanches : quelques fleurs contiennent encore d'autres parties que l'on peut regarder comme furnuméraires, puifqu'el- les ne le rencontrent point dans quantité d'au- Vegeîatîon, Liv. Il, Ctt. III. i6% très fleurs ; M. Linnée a nommé ces fortes de parties Ntclarium. A l'exception d'un très-petit nombre de fleurs , tous ces organes font enveloppés 6c foutenus par une efpece de coupe qui eft une continuation de lecorce de la branche ,• c'eft ce qu'on nomme le Calice. Nous allons examiner chacune de ces par- ties dans autant de Chapitres particuliers. CHAPITRE m. Des Calices, JLj E pédicule du calice eft attaché à l'écorce de la branche qui le porte , & fon épanouiffe» ment forme une coupe différemment décou- pée , félon les différentes efpeces de plantes , mais prefque toujours d'une couleur verte : ainfi de même que la feuille eft formée par l'épanouiffement des faifceaux fibreux , conte- nus & reiferrés dans fon pédicule , de même le calice n'efl qu'un développement des fibres contenues dans le fien. Le calice doit être regardé plutôt comme une enveloppe de la fleur que comme une par- tie- effentielle à la fructification , puifqu'on voit quelques fleurs qui n'en ont pas , telles que celles de la Clématite , & qui néanmoins pro- duifent des fruits ou des femences bien for- mées. Mais je ne connois point d'arbres qui donnent des fleurs fans calice ; il eft vrai L z i^4 Traité de la qu'il y en a plufieurs où il eft fort peu ap- parent. Dans les fruits qui font formés par un ren- flement de la bafe du piflil , attaché au ca- lice , celui-ci refte adhérent au fruit , même après fa maturité , & forme à fa partie fu- périeure une elpece de petite couronne qu'on appelle vulgairement l'œil de la pomme , de la poire , de la nèfle , &c. Dans d'autres fruits formés différemment , le calice n'ayant fervi que d'enveloppe aux fleurs , de même que les pétales & les écailles , fe defTeche & tombe comme elles , lorf- que l'embryon , fufrifamment formé , peut fe parler' de ces enveloppes , qui ne feroient plus que des parafites qui lui nuiroient. Les calices, comme nous l'avons déjà dit , font formés différemment fur les diverfes ef- peces d'arbres. Il y a des calices d'une feule pièce, comme ceux des Poiriers, Coignafïiers, Abricotiers , Pêchers , &c. ; d'autres font compofés de plufieurs pièces qui forment des ef- peces de feuilles qui offrent de grandes variétés. il y en a fix à de certains calices, comme à ceux des Epines-vinettes ; quatre à d'autres, comme au Câprier , &c. Le calice de plufieurs fruits & de la plu^ part des fleurs légumineufes , fubfifte jufquà la maturité des femences , ou au-deffous des fruits , comme au Bella dona , ou à la naif- fance des fyliques , comme XAnagyris. Les fe- mences des fleurs labiées , telles que celles du Romarin, n'ont point d'autre enveloppe que le calice. Vegetatîoît , tiv. II , Ch. III. 1 6 boriques : nous allons entrer dans quelques dé- tails à ce fujet. Prefque toutes les fleurs ont des pétales ; mais comme l'axiome qui dit qu'il n'y a point de règle fans exception , eft fur-tout applica-* ble à la végétation , dont les opérations font fi variées , il y a quelques fleurs qui ne pré- fentent point de pétales colorés , telles que celles de YEpkedra , du Chenopodium , du-Ca-* fia , &c. ; & comme ces fleurs donnent des femences bien conditionnées, on en peut con- clure que les pétales ne font point abfpîument rjéçefiaires pour la fruâificatiqn, Végétation , Ii v. II , Ch. IV. 1 591 les couleurs des fleurs font variées dans les genres , & quelquefois même dans les efpe- ces des plantes. Il y en a dont les pétales font verds ; dans d'autres ils font de différents jaunes, ou vif f ou orangé, ou citron. Pluiieurs fleurs ont leurs pétales d'un rouge plus ou moins foncé , ou pourpre, ou violet , ou gris de lin : il y en a beaucoup de bleus, ou de blancs, de noirs ^ ou du moins d'un brun très- foncé. De la différente combinaifon de ces cou- leurs , il naît une infinité de nuances & de teintes des plus agréables. Si un même pétale fe trouve chargé de ces * différentes couleurs , de manière que chacune conferve toute fa pureté & fon intenfîté, alors on nomme les fleurs auxquelles il appartient flturs panachées : il en réfulte fouvent des effets admirables. C'eft ce qui engage les Fleuriftes à cultiver, avec tant de foin , les Oreilles-d'ours , les Prime-veres , les Hyacinthes , les Tulipes , les Anémones , les Semi-doubles, les (Sillets, les Iris , & quantité d'autres plantes qui fournif- fent des variétés infinies de couleurs. C'eft cette facilité que les plantes de cer-' tains genres ont à changer de couleurs , & qui les a tant fait eftimer des Fleuriftes , qui a détourné les Botaniftes d'établir leurs mé- thodes fur un fondement qui eft fujet à tant de changements. La forme des pétales eft aufîi variée que leur couleur , mais elle eft plus confiante dans cha- que genre ; c'eft pour cela que pluiieurs Mé* ï7o Traité de la thodiftes , & entr autres Ray & Tournefort , ont étudié ces formes, afin d'établir leur mé- thode fur une partie qui eft ordinairement très- apparente, & qui fixe d'abord les regards des Qbiervateurs les moins attentifs. Toutes les fleurs des arbres ont des péta- les , excepté ÏAmorpha qui n'a qu'un feul feuil- let qui ri enveloppe point toute la fleur ; on pourrait appeller cette fleur , que je crois uni- que , femi- -pétale. Il y a quantité de fleurs qui n'ont qu'un feul pétale, les Botaniftes les nomment monopétales ; d'autres qui en ont plufieurs , font appellées po~ ly pétales. Il n'eu: pas toujours aifé de décider lî les fleurs font ou monopétales ou poly pétales ; car lorfqu'un pétale unique eft divifé pref- que jufqu'à la baie , il femble alors être l'af- iemblage de plufieurs pétales : on eft dans cet embarras à l'égard de la fleur du Laurier où les découpures s'étendent jufqu'à la bafe. Cet embarras celle quand le pétale fe détache tout d'une pièce , & qu'il relie feulement une ou- verture au fond de la fleur ; mais quelquefois le pétale n'eft point percé par en bas , comme au Tymalea. Les fleurs monopétales font quelquefois ré- gulièrement divifees par les bords ; on les nomme alors monopétales régulières. Les 7720- nopétales irrégulier es ont leurs bords divifés inégalement , comme au Chèvrefeuille. Quelques-unes de ces fleurs monopétales irrégulieres , font divifees en deux grandes lèvres , lesquelles fe fubdivifent en plufieurs Végétation, Liv. II , Ch. IV. 171: autres petites ; on les nommes fleurs labiées , telles font celles de l'Hyffope , &c. Lorfque le pétale unique forme un tuyau fort court & qui s'évafe beaucoup , il repré- fente quelquefois une rofette diviiee en cinq , comme au Sureau , & en quatre au Burcar- dia. Si la partie poflérieure du pétale forme un tuyau plus allongé , & que fes découpures fuient évafées , cette fleur eft nommée fleur en foucoupe ; de ce genre font le Houx , qui a quatre découpures ; le Kalmia qui en a cinq; le Guakeria porte un pétale en forme de gros tuyau droit , & divifé en cinq ; le Dirca pré- fente aulîï un gros tuyau en forme de cornet recourbé : mais à l'un & à l'autre les décou- pures ne s'étendent point en pavillon. Le Periclimenum forme aufîi un tuyau ; mais il eft plus long & terminé par cinq découpu- res : les découpures de Y A\alca font beaucoup plus grandes ; les découpures du Chionanthus font prefque filamenteufes. On appelle fleurs en entonnoir , celles donc le pétale forme, par fa partie poftérieure, un tuyau afTez menu , lequel fe termine le plus fouvent par cinq découpures larges & renveL> fées en dehors , comme au Jafmin & au Lilas. On nomme fleurs en cloche , celles dont le pétale s'évafe un peu depuis fa partie poflé- rieure jufqu'aux découpures ; les fleurs dont le pétale fe rétrécit par haut , en forme de globe , fe nomment fleurs en grelot , telles fonc celles de la Bruyère, de rArboufier, du Gua- jaçana. $7* Traité de la Ceft pour donner une idée de la forme de ces fleurs que , conformément aux vues de Tournefort , elles font comparées à des cho- fes allez généralement connues. Nous avons déjà dit qu'on appelle fleurs monopétales irrégulieres , celles qui n'ont qu'un pétale découpé inégalement , quoique fouvent îymétriquement , par les bords , telles font les fleurs du Chèvrefeuille , du Chamacerafus , du Dieryilla , du Xilojleon , du Symphoricarpos ; cinq genres de Tournefort , dont Linnée n'en a fait qu'un fous le nom de Lonicera. Les fleurs labiées fe diftinguent des autres monopétales irrégulieres , en ce qu'elles ont quatre étamines attachées au pétale , dont deux font plus courtes que les deux autres , & quatre femences qui n'ont pour enveloppe que le calice qui fubfiiîe jufqu'à la maturité du fruit : elles font formées d'un tuyau ordinai- rement un peu recourbé , qui fe divife en deux lèvres principales , lefquelles fe fubdivifent en plufleurs autres pièces ,• & comme ces fubdi- vifions font afTez coniiamment les mêmes dans toutes les plantes d'un même genre , les Bo- taniftes en ont fait ufage pour rétablifTement des caraderes. Prenons - en quelques exem- ples. La fleur de YHyfJbpe a la lèvre fupérieure de moyenne grandeur , platte & échancrée dans le milieu ; la lèvre inférieure eft divifée en trois ; la divifion du milieu plus grande que les autres , eft creufée en cueilleron , & elt fubdivifée en deux parties qui fe terminent en pointes. VEGETATION, LlV. II, CH. IV. ïff Le pétale de la Lavande eft divifé en deux îevres principales ; la fupérieure eft relevée , arrondie & échancrée ; l'inférieure eft divifée en trois parties qui font prefqu'égales &, ar- rondies. Le pétale des fleurs du Chamadeis & celui du Teucrium font divifés en deux lèvres prin- cipales ; mais la fupérieure eft divifée en deux dans toute fa longueur , ce qui a fait croire qu'elle manquent ; la lèvre inférieure eft divi- fée en trois ; la pièce du milieu eft plus grande que les autres , & elle eft creufée en cueilleron :. c eft de cette façon que l'on dif- tingue les genres des fleurs labiées. Quoique Tournefort ait placé le Bignonia au rang des fleurs en mafque , cependant ces fleurs ne caraâérifent pas affez la figure de celles que l'on nomme ainfî ; j'emploierai pour en donner une légère idée le Mufle de veau , ou , comme d'autres difent , Mufle de lion : on peut y joindre la Linaire pour donner un exemple de l'éperon ou, du capuchon qui fe trouve à la partie poftéiïeure du pétale de plufieurs fleurs. Toutes les fleurs dont nous venons de par- ler font folitaires ; c'eft-à-dire que chacune renferme féparément un appareil complet des organes qui font reconnus néceiTaires pour la fructification. Il y a une autre efpece de fleurs rafTemblées en forme de tête , ou qui font formées par l'ag- grégation d'un nombre de petites fleurs ; ces petites fleurs font toutes réunies dans un ca- lice commun: quoiqu'elles fe trouvent rare- *74 Traité î> e la ment fur les arbres , nous allons en dire quel- que chofe. Ces fleurs, nommées fleurs à ombelles y font compofées de plufieurs fleurs qui ont toujours leur pétale d'une feule pièce : fi ce pétale eft régulier , ces petites fleurs fe nomment fleu- rons ; fi , au contraire , leur pétale efl irré- gulier, on les appelle demi - fleurons : mais il eft effentiel à ces fortes de fleurs d'être renfermées dans un calice commun , & c'eft ce qui les diftingue des fleurs en bouquet. En voici des exemples : la fleur de XAbfyn- the efl compofée de fleurons ,• celle du Bac- charis efl formée de fleurons , raifemblés dans un calice commun ; celle du Globurla , fe nomme fleur à fleurons. On pourroit encore rapporter à ce genre le Cephalantus , dont la fleur eft formée d'un amas de fleurons raifem- blés en manière de tête dans un calice com- mun. On appelle fleurs à demi-fleurons , celles qui font formées d'une certaine quantité de demi-fleurons ; c'efï-à-dire de petites fleurs monopétales irrégulieres , terminées par une lèvre , & renfermées dans un calice commun. Nous ne connoiffons point d'arbre qui porte de ces fortes de fleurs. Il y a auffi des fleurs dont le milieu eft occupé par des fleurons, & le pourtour par des demi-fleurons qui forment des efpeces de rayons , ce qui les a fait nommer fleurs ra- diées ; telles font celles de XOthonna. Les fleurs compofées de plufieurs feuilles fe peuvent diftingiier en polypetalcs régulières Vegetatioît, Itv. II, Ch. IV. i7| & en polypétales irrégulicres. Les fleurs po- lypétales régulières font garnies de plusieurs feuilles à peu près femblables & rangées aflez régulièrement en rond autour de ia fleur, on les appelle aufli fleurs en rcfe ; telles font cel- les des Pommiers , Abricotiers , Pruniers , &c. Les feuilles ,des polypétales irrégulieres font très-différentes les unes des autres , par leur forme & par leur pofition ; nous n'entrepren- drons point de les examiner ici en particu- lier. A l'égard des endroits où les pétales font attachés aux fleurs , les uns le font au fond du calice ou au-deflbus de l'embryon ; d'autres font attachés aux angles rentrants , formés par les découpures du calice , comme au Poirier ; & quelques-uns font attachés à l'angle faillant, ou à la pointe des découpures du calice , comme au Ceanothus. Pour ce qui eil de leur difpofition récipro- que , les arbres ne donnent point de fleurs telles que celles que produifent pluiieurs plan- tes , que l'on appelle crucifères & lyliacées. Les pétales de prefque toutes les fleurs ré- gulières des arbres & des arbuites , font dif- pofés en forme de rofe ; mais les uns font larges & arrondis comme aux Giflés ; d'autres font ovales , comme à YAfcirum ; d'autres font très-longs relativement à leur largeur , comme à Y Hamamelis : plufleurs font très- petits , comme à Y Alaterne ; il y en a de plats ; beaucoup font creufés en cueilleron; quelques-uns font échancrés ou même dentelés par les bords. f]6 Traité de ia Toutes ces circonftances fervent à diftingue£ les plantes de différents genres & de diftë* rentes efpeces. Il nous refte à parler des fleurs légumineu* [es ou papillionacies : ces fleurs qui fe trou^ vent fur plufieurs genres de plantes herbacées & ligneufes 4 font compofées de quatre ou de cinq pétales auxquels on a donné des noms différents. Le pétale qui occupe la partie fupérieurc de la fleur , & qui eft ordinairement plus grand que les autres , fe nomme le pavillon ; il eft étendu & renverfé en arrière , comme au faux Acacia , au Genêt, au Colutœa , &c. Il eft rabattu fur les autres pétales qu'il enve- loppe en partie , comme à ÏAnagyris ; quel- quefois il eft tout uni ; d'autrefois il eft échan- cré dans fon milieu : certaines fleurs ont ce pé- tale fort grand ; d'autres Font aifez petit. Le bas des fleurs légumineufes eft formé par la nacelle ; cette partie eft ordinairement re- courbée 5 quelquefois elle eft figurée comme une efpece de fabot ; & quoique la nacelle foit compofée d'une feule pièce ou de deux immédiatement appliquées l'une contre l'autre , elle forme prefque toujours une convexité en dehors , & une concavité en dedans. Entre le pavillon & la nacelle & vers les Cotés, on apperçoit les ailes qui font quel- quefois pointues , d'autres fois plus ou moins arrondies , & plus ou moins écartées de l'axe de la fleur. Comme il feroit ennuyeux de détailler tou- tes les formes de ces pétales dans les différents genres % Végétation, Liv. II, Ch. IV. 177 genres , nous nous en tiendrons à quelques exemples. Dans XEmerus & le Cytïfè i là nacelle eft cachée par les ailes ; au Coronilla^, on n'ap- perçoit point la nacelle ; à YAnonis , le pa- villon & les ailes font rabattues fur la na- celle. Les pétales font formés de faifceaux de fibres & de tiffu véficulaire , êc ces fibres fe diflribuent en forme de ramifications dans toute leur étendue, comme dans les feuilles. Pluiieurs de ces fibres qui ne fe font pas en- tièrement développées , y paroifTent pliées en fpîrale ; c'eft ce qui a fait dire à Malpighy que les pétales tirent leur origine du corps ligneux. Cette aiïertion i contraire à l'éviden- ce , n'a été foutenue par cet Auteur que pour favotifer fon fyftéme des trachées. Il eft certain qu'on voit dans les pétales beaucoup de fibres pliées en fpirale i or , comme Malpyghi prétendôit que c'étoient deâ trachées , & qu'il a été obligé de convenir qu'on n'en trouvoit point dans lecorce , il a donc fallu foutenir que les pétales apparte- noient au corps ligneux , dans lequel feule- ment on apperçoit ces trachées. Ce que nous avons dit de cette faufle ana- logie des trachées , ne doit plus , je crois > laifTer de doute ; & fi on apperçoit des fibres pliées en fpirale dans les pétales , c'eft qu'étant ainfi pliées dans le bouton , elles ne fe font point entièrement développées. Je prouverai d'ailleurs inconteftablement que les pétales ne font & ne peuvent être que Tome L M 178 Traite ï> s 1 A des procédions corticales , de même que le- calice dont ils émanent immédiatement : on ne peut douter que les pétales ne foient remplis de fuc propre, leur odeur le prouve. Si par exception à la règle générale y il y a , comme nous l'avons déjà dit , quelques fleurs qui foitrhiîTent des fruits ou des femen- ces bien conditionnées, quoiqu'elles n'aient pas de pétales, on n'en doit pas conclure qu'ils foient inutiles dans les autres fleurs. L'expérience m'a prouvé que li on coupe les pétales , îorfque la fleur commence à se- panouir , toutes les autres parties périiTent ;.. mais j'ai éprouvé auifi que Iorfque ces autres parties font devenues ce qu'on pourroit appel- ler adultes , fl on prévient de quelques jours la chute des pétales alors inutiles , l'embryon 11e fe fortifie que mieux. Je parlerai de ce que l'expérience m'a prouvé à ce fujet. Ainfi quoique les pétales ne foient pas des parties eftentielles à la fructification , comme le font les étamines & les pifliis, ils font utiles & nécellaires pour la confervation de celles-là pendant un certain temps. Nous avons vu que les feuilles font pliéesdans le bouton d'une manière différente , félon les dif- férents genres d'arbres ; de même les pétales affectent dans chaque genre une manière par- ticulière de fe plier. On voit dans les boutons de rofe, que les pétales font Amplement cou- thés & preffés les uns fur les autres. Dans la Blaîtaria , ils font concaves & pofés les uns dans les autres ; ils font roulés dans une ef- pece de ciématite. Dans la Mauve , ils font: Vesetatiqn , Ltv. II , Ca. V. t?$ tournés en fpirale. Ils font pareillement tour- nés en fpirale & plifles dans le Lifiret & la Doronique. Ce que j'ai à dire fur les couleurs, les odeurs & les propriétés des fleurs , ne peut être entendu qu'à la fuite de plufieurs propo- sitions qui feront démontrées dans la féconde Partie. CHAPITRE V. Des Etamines, 1 à E s étamines font les parties fexuelles ,. ïïiafculines des plantes ; elles font effentielles à la frudification ; elles font aux fleurs mâles ce que font les piftils aux fleurs femelles % point de fécondation dans celles-ci fans le con- cours des autres. Ces deux parties font réunies dans la même fleur fur plufieurs arbres , tels font nos arbres fruitiers ; fur d'autres , les fleurs mâles & femelles font féparées , mais exiftent fur le même individu. Quelqu'autres arbres , tels que le Palmier^ portent féparément des fleurs mâles & des fleurs femelles ; & on ne peut efpérer de voir de fruits fur ces arbres qu'autant qu'ils font à portée de pouvoir fe féconder. On appelle étamines des filets qui occupent le difque intérieur des fleurs ; ces filets font furmontés d'une petite maffe colorée qui pa- M a 180 Traité de l i* roît une aggrégation de petits grains qu'ori appelle pouflïeres àçs étamines ; mais ces grains vus au microfcôpe , paroiftent être de petites boîtes qui renferment d'autres grains , qui étant prefTés au foyer du microicope , éclatent comme de petites bombes & lancent des petits jets de liqueur. Les corps , ou ces petites mafTes dont nous venons de parler, que porte chaque filet, font nommés fommets des étamines : ils font très- différents en forme & en couleur dans les di- vers genres; mais ils font conftarament les mêmes dans chaque genre , de même que le nombre des filets ; c'eft ce qui a décidé les Botaniites à les choifir de préférence pour ca- ractères diitindifs , d'autant plus que de tou- tes les parties des fleurs , celle-là eft une des plus apparentes & des plus effentielles. Il y a une infinité de variétés à obferver , foit fur la forme des fommets , foit fur la manière dont ils s'ouvrent , foit fur le nom- bre des filets. Le Chevalier Linnée en a fait 3a bafe de fa Méthode généralement reçue au- jourd'hui. Cet habile & infatigable Obfervateur a fi amplement moiflbnné dans ce varie champ , qu'il a peu 1 aille à glaner après lui. Nous n'entreprendrons pas de parcourir toutes les variétés que présentent les étami- nes; nous allons feulement , pour en prendre une idée , en examiner quelques-unes. Les étamines des fleurs du Poirier & du Pommier prennent naifïàhce du calice. -Quand on fe contente d'examiner ces éta-. VEGiErÂTrosr , tiv.-IP-, Ch," V. «Si înines à la vue fimpie , on apperçoit chaque filet terminé par deux petits corps colorés ; mais avec le fecours d'une loupe, on voit fen- iiblement que ces corps colorés font deux cap- fules figurées en olive , & divifés fuivant leur longueur par une rainure. Ces obfervations doivent être faites dans le temps que la fleur n'eit pas encore épa- nouie ou quand elle l'eft nouvellement ; car ces capfules fe vuident en faifant leurs fonc- tions , & elles ne paroiflentplus que comme de "petits corps noirs-; c'eft-à-dire qu'il n'y a plus que l'enveloppe deifechée & qui tombe en pouîlïere. C'eft alors qu'il elt bon de fupprimer les pétales pour mieux afïurer la frudification , comme je le dirai ailleurs. Ces capfules de figure olivaire , font les fommets des étamines ; elles font allongées dans les Poiriers & les Pommiers ; ces fom- mets font rouges aux Poiriers , jaunes aux Pommiers : mais en les examinant au microf- cope ou feulement à la loupe , on apperçoie que la couleur générale de ces fommets eit feulement d'un rouge ou d'un jaune pâle , mais tiqueté ou marbré d'un rouge ou d'un jaune plus foncé qui augmente la vivacité de leur couleur. A l'égard des pédicules ou filets , ils font ordinairement blancs dans les arbres dont nous parlons, mais colorés dans d'autres; ils font couleur de rôle dans les fleurs des Néfliers oidînaires. Quelque temps après que les fleurs font épa* M3 %%% Traité de la: nouies , les Commets des étamines s'ouvrent par la rainure longitudinale dont nous avons parlé ; les capfules étant ouvertes repréfçntent ideux écufîbns collés l'un contre l'autre par leur partie poflérieure ; ils font attachés l'un à l'autre par le pédicule : ces fommets renfer- ment des efpeces de grains de poufïïere très^ fine, qui font , comme nous l'avons déjà dit , autant de petites cafTblettes qui contiennent une certaine liqueur fécondante. Un rayon de foieil un peu vif accélère l'ou^ yerture de ces capfules ; & peut-être cela fe fait-il par un raccourciffement fubit des fibres qui forment les capfules , & par une mécha- nique adêz femblable à celle qui fait jaillir les femences de la Bal fa mine & du Concombre fauvage. Ce qu'il y a de certain, c'eif que ces fom- îïiets s'ouvrent ordinairement par une fecouffe qui fait jaillir beaucoup de pouîfiere : on la voit comme un brouillard au lever du foîeii fur des champs de bled qui entrent en fleur , & elle fort en fi grande abondance des Cyprès , $es Sapins , &c. qu'on l'a quelquefois prifç pour de la fumée. Il en reffe cependant afTez fur les capfules ouvertes pour leur donner la couleur qui eft propre à ces pouîfieres : cette couleur eft fou- vent jaune ? quelquefois violette ou de toute autre couleur, fuivant les différentes efpeces de plantes. Les écuffons font relevés vers leur milieu d'une éminence, ils font aulîi bordés d'une gfpecç d'ourlet ; ces écuiïçms dans les efpe- Végétation, Iiv. II, Ch. V\ i ces dont nous parlons , font ordinairement ovales ; mais en le deiféchant , ils ne coniervent plus de formes diiiindives ; ce font des corps morts qui ne font plus organifés. On a nommé les grains que contiennent les capfules , pouifîere , relativement . à leur ex- trême finefle ,• car le microfcope nous les fait voir ovales & tranfparents dans les ef- peces dont nous parlons , & il paroît que chacun de ces grains foit divifé par des lo- bes ou par des efpeces de ramifications plus ©blaires que le refte. ? 11 y a apparence que ces grains font atta- chés dans les fommets par des filets exrre» roemènt déliés & faciles à rompre , ce qui fait qu'ils fe détachent aifément par la moin- dre agitation de l'air. Nous nous en tiendrons à cette defcription des étamines- des fleurs des Poiriers & des Pommiers , fans entreprendre de parcourir toutes les variétés quelles offrent dans les •fleurs de différents genres, iMuummm— CHAPITRE VI. Des Pédicules ou Filets des étamines. s Ans entreprendre une énumération exacte des différentes formes que prennent les pédi- cules ou filets & les ibmmecs des étamines f bornons-nous ici à remarquer les différences tes plus fenfibles. M 4 n$4 Traite de la Dans plufieurs plantes , comme dans ïff Ketmia ou \Althea , les filets des étamines font réunis par le bas en une niafle ; d'autres, fois ces pédicules fe réunifient par paquets qui forment des corps féparés , comme au Millepertuis. Dans prefque toutes les fleurs légumineufes, les pédicules font réunies & forment une gaine dans laquelle paffe le piftil ; enfortç qu'un des bouts de cette gaine s'attache à la foafe du piftil ou au fond de la fleur, & que l'autre bout porte les fommets. • Le plus fou vent chaque étamine a fon pé- dicule féparé des autres dans toute fa Ion-»- gueur : dans quantité de plantes , ces étami- ties font attachées à la Laie du piftil , comme au Câprier ; elles le font au piftil même dans Ja Grenadille , furnommée fleur de la Paflion. Dans quantité de fleurs,telles que celles de l'A- Tnandier , du Pêcher, du Roiier, &c, les étamines font attachées aux parois intérieures du calice. Xes étamines de I'Aiaterne ont leur attache au même point que les pétales ; dans beaucoup de fleurs, ""les' étamines partent du pétale, mais leur infertion eft % différentes hauteurs. Par exemple , à la Belladona l'attache des étamines. eft tout près de la baie (lu pétale ; $C il eft à différentes hauteurs dans l'intérieur du pétale des fleurs du Bignama , du Cïu~ yrefeuille , du Cepkalantus , du J afmincïdes . " Les fommets font immédiatement attachés &u pétale dans le Guy , fans qu'on puiffe ap- percevoir aucuns filets qui les foutiennenc. Les pédicules font quelquefois fi courts que Végétation, Lit. II, Ch. VI. i les étamines n'excèdent point le pétale , tels ils font aux Cephalantus , an Guaïacana , au Gualteria ; & au contraire , ces filets font quel- quefois fi longs , qu'ils excédent de beaucoup les pétales , comme dans le Câprier. Les pédicules des étamines du Diervilla & de la Pervenche font garnis de poils. Dans les fleurs de la Sauge , on voit deux fommets attachés enfemble & d'une façon finguliere par un filet fourchu. Les fommets offrent aufiï beaucoup de va* riétés , tant par rapport à leur couleur qui eft fouvent d'un jaune rouge comme au Pa- yla , violet foncé comme à l'Aubépine , que par le nombre de leurs capfules , & celles de la Fritillaire , quatre. Dans les arbres , les fommets des étamines font le plus fouvent formés de deux capfules en figure d'Olives , quelquefois elles font pref- que rondes , d'autres fois elles forment par leur alfemblage une malfe quarrée , ou elles font allongées comme au Periclimenum. Les étamines des Arundinacées pendent à un filet délié ; quelquefois les fommets font fermement- foutenus par le pédicule , ou figu- rées en manière de T , comme au Cepha- lantus. Les étamines du Clethra font compofées d'un fommet formé de deux capfules, lesquelles s'écartent par le haut quand les étamines ap- prochent de leur maturité ; tandis qu'à d'au- t26 Traité de la très étamines , ceft le bas des capfules" qui s'écarte ,* celles du Gualteria font implantées droites fur leur pédicule ; & comme elles s'é- cartent par le haut & qu'elles fe terminent en pointe , elles forment deux efpeces de cornes. La Grenadille ou fleur de la Pafîion a de gros fommets qui femblent attachés au pédi- cule , comme un marteau eft alTemblé à fon manche ; les fommets des étamines du Tuli- pier font très-allongés ; ceux du Magnolia font applatis & bordés. Les étamines du Nerion ou Laurier rofe font fingulieres en ce que leurs fommets ref- femblent à un fer de lance , dont la pointe eft terminée par un filet garni de dents , comme Ja barbe d'une plume. Les étamines des fleurs à fleurons & à de- mi-fleurons fe terminent alTez fouvent comme un tuyau enfilé par le piftil. Les capfules s'ouvrent auflï diverfement : fouvent elles s'ouvrent fuivant leur longueur , comme à celles du Pêcher , ou à leur bafe , comme à Y Epimedium ; dans d'autres plantes , elles s'ouvrent à la pointe , comme au Galan- thus , ou par deux endroits , comme à la Bruyère. Les capfules ne font quelquefois qu'un ren- flement du pédicule ; dans les étamines des fleurs mâles du Potiron , les grains ou pouf- fieres font contenues dans des capfules lon- gues, attachées ainfi qu'un ruban fur une tête qui a la figure d'une demi-ellipfe. Comme les étamines font formées des me- VEGETATION , IlT. II , CH. VL 1S7 mes parties que les pétales , émanations des parties corticales , il n'eft pas furprenant quel- les fe changent quelquefois en tout ou en par- tie , en pétales , ce qui , dans certaines cir- conftances , fait des fleurs doubles itériles : nous en parlerons en particulier. Si , comme nous venons de le voir , les étamines font fort différentes dans les diffé- rents genres de plantes , par rapport à leur forme , leur pofition , leur couleur , elles va- rient de même par rapport à leur nombre ; mais il eft affez conftamment le même dans les mêmes genres de plantes : car, fi quelque- fois on trouve quelques différences > elles font fi rares qu'on ne doit point y avoir d'égard. On ne doit s'arrêter qu'à ce qui arrive le plus fréquemment , fans s'embarraffer de mettre en confédération des accidents ou des exceptions rares qu'on ne doit regarder que comme des fingularités qui tiendraient toujours dans des incertitudes , dont on ne fortiroit jamais. Dans quelle fcience auroit-on pu établir des règles générales , li on s etoit laiiïe arrêter par quelques exceptions qui fe rencontrent tou- jours ? Revenons au nombre de nos étamines , dont nous allons donner feulement quelques exemples. Les fleurs du Lilas , du Jafmin , du Troè'f- ne y du Phyllaria , &c. , ont deux étamines ; la fleur du Rofeau & du Chamœka en a trois; on en trouve quatre dans les fleurs du Biïh* cardia , de XElœagnus , du Houx , du Cor- nouillier & d-e toutes les fleurs labiées ; cinq dans les fleurs du Sureau , du Periciïrnenum, iSS Traité de la de la Pervenche , du Nerprun , de h Vigne'; iîx dans celles de Luycea & de l'Epine-vi- «ette ; fept dans le Pavia & le Marronnier d'Inde ; huit dans la Bruyère , le Guaïacana , la Rhue ; neuf dans le Laurier ; dix dans le Chamœrododendros , l'Àrboufier , & dans les fleurs légumineufes : enfin , d'autres fleurs , comme celles du Pêcher , Poirier, Rofier , Câprier, Cyfte , contiennent un plus grand nombre d'étamines. ! m—- 1— i i ■"■ " "■"'-'■-' — » CHAPITRE VIL Des Pouffieres contenues dans les fomtnets. Ou s avons dit que les pouffieres des étamines font très-différentes dans les diffé- rents genres d'arbres ; elles varient dans leur couleur , leur grofTeur & même leur figure : nous allons en donner quelques exemples. Les unes font tranfparentes , comme dans l'Erable; d'autres font blanches , d'autres pour- prées , d'autres couleur de chair , d'autres bleues ou brunes : mais la plus grande partie de ces pouffieres e(l d'un jaune plus ou moins foncé. Quoique ces pouffieres foient très-fines, on ne laifTè pas de voir , à. l'aide du microfcope , que celles des plantes de différents genres ont des formes très-différentes. On en voit d'ovales , de cannelées plus ou Tegetation , Liv. Iï , Cil VII. x$9 Sioins allongées ; tantôt on pourroit les com- parer à un grain de bled , tantôt à un grain d'Orge t ou à un grain de Café , ou à une Olive. Il s'en trouve de cylindriques , de p.rifma- tiques ; d'autres font de la figure d'un boulet ramé , d'autres ont la forme d'un rein ; enfin', les unes font lifles , unies , & d'autres paroif- lent chagrinées. Il eft hors de doute que cette poufïïere con- tient beaucoup de fubftance fulphureufe, puif- qu'elle brûle à la flamme d'une bougie , & même mieux que la réfine pulvérifée. La plante nommée Lycopodium , fournit abondamment de ces pouîîieres ; comme elle donne une flamme très-vive & fans odeur , on en fait beaucoup d'ufage fur nos théâtres , & principalement à l'Opéra , pour repréfenter des éclairs , pour les torches ardentes des fu- ries , &c. Il eft à remarquer que cette pou- dre qui prend vivement au contad de la flam- me , ne fait que fondre fans s'enflammer fut des charbons ardents ; elle ne fond point dans l'eau même bouillante ; l'efp rit-de-vin en tire une légère teinture , mais il ne la diflbut pas ; & on fait qu'il a la propriété de diflbudre les réfines , ce qui prouve qu'elle eft d'une nature différente. Les grains de cette pouffiere font organï- {es y le microfcope nous en fait voir la preuve : fi l'on met certaines pouiîieres d'étamines, de la Valérianne , par exemple , fur une glace pofée au foyer d'une forte lentille , on en apperce- vra quelques-unes qui crèveront par le bout Jf0 TîtAÎTÊ DE I* comme une petite bombe , & i'on en verr* fortir une liqueur femblable à de la falive , dans laquelle on découvre quelques petits grains. En mettant des grains de certaines pouffie- res fur de l'eau , on en voit fortir un jet de liqueur qui nage & s'étend fur la furface de ce fluide , comme une goutte d'huile. En examinant au microfcope les pouffieres de l'Erable , on les apperçoit d'abord de forme ronde; mais on les voit s'ouvrir & fe féparer en quatre , & alors elles reffemblent à de pe- tites croix. Les obfervations microfcopiques de Malpi- ghy, de Grew & de Marilan donnent à con- noître que les pouffieres offrent autant de figu- res différentes qu'on en peut obferver dans les femences. CHAPITRE VIII. Des Pijtils. JL-J _E pîftil eft la partie fexuelle féminine, c'elt elle qui produit le fruit , c'eft pourquoi il eft toujours implanté fur l'embryon ; c'eft le canal de la fécondation , comme nous allons l'expliquer. On apperçoit au centre des fleurs un ou plufieurs filets qui fe diftinguent aifément des étamines par leur forme ; ils ne font point terminés par des capfules remplies de pouffie- Vegït Af roTT , Liv. II , Ch. VIII. i gt te : les Botaniftes ont appelle cette partie le piftil. Les piftils font très-différents dans les plan- tes de différents genres. Avant d'entrer dans les détails qui les feront connoître , prenons par exemple ceux de quelques fleurs pour ea ob fer ver les parties. Le piftil de la fleur de l'Amandier s'évafe par fon extrémité fupérieure , & repréfente l'ouverture d'une trompette ; on apperçoit fur cet évafement des petits grains ou des petites vefîies remplies d'un fuc vifqueirx : cette partie fupérieure du piftil eft nommez ftigmate ; elle eft portée fur un filet qu'on a nommé le fiyle ; ce filet ou plutôt ce tuyau aboutit à un renfle* ment renfermé dans le calice , auquel il eft tou- jours,mais différemment, adhérent: c'eft X embryon dans lequel on apperçoit le noyau & l'amande, dépositaire du germe, partie utile des fruits, relativement à la confervation & à la multi- plication des efpeces. Il y a des piftils dont le ftigmate eft velu, quelquefois même il paroît velouté ; d'autres fois les petits filaments font difpofés en pana- che ou en aigrette. Dans les pêches velues , ainfl que dans les amandes, une partie du ftyle & la totalité de l'embryon eft garnie de poils ,• mais on en apperçoit fort peu fur les piftils des fruits qui ne font pas velus , tels que le brugnon , les pêches violettes , les abricots , &c. Le Poirier & le Pommier , dont les fruits renferment cinq loges ou capfules}, ont leur piftil formé de cinq filets , termi- kçà Traité de % m nés par autant de ftigmates , ou cinq pî$ tils. . ' Les arbres qui , comme les Mûriers , ont leurs fruits remplis de quantité de femences * ont autant de piftiîs que d'embryons ; cette règle générale fouffre cependant quelques ex- ceptions. Par exemple , la fleur de .l'Oranger n'a qu'un piftil , & on fait que l'orange con- tient plufieurs pépins ; la Grenade qui con- tient tant de pépins , n'a qu'un piftil; le Cha- mœrodendros , dont le fruit eft une capfule à cinq loges , dans lefquelles il y a un grand nombre de femences , n'a non plus qu'un pif- til : voilà comme la nature fe plaît à nous dérouter. . Dans plufieurs fleurs, le ftigmate fe partage en autant de parties que l'embryon contient de loges : par exemple, le ftigmate de la tu^ lipe & de prefque toutes les liliacées fe di- vife en trois parties , & l'embryon contient autant de cellules. Les ombelliferes qui portent deux femen- ces , ont leur ftigmate double. 11 y a des plantes dont les fruits ont qua- tre loges , & qui ont quatre ftigmates ; d'au- tres fix loges & fix ftigmates , d'autres dix loges & dix ftigmates. On apperçoit au milieu de la fleur du Poi- rier cinq ftyles , terminés par des ftigmates qui s'éyafent à peu près comme celui de l'A- mandier ; ces cinq ftyles pàroiffenc implantés fur un feul embryon. . Mais par la diffeâion , on voit qu'ils paf- feat dans un trou ou canal glanduleux , fans contracter Végétation, Liv. II , Ch. VHI. 193 contra&er aucune adhérence avec ce canal ; & dans l'intérieur de la poire , il y a une ca- vité bordée de cinq arrêtes qui font la pro- longation des piflils. Chacune de ces arrêtes répond à une cap- fuie , dans laquelle doivent être deux pépins. Si Ton veut confidérer chaque capfule com- me un embryon féparé , on peut dire que la fleur du Poirier a cinq piflils* Mais fi on s'en tient à la fimple infpedion , fans pénétrer dans l'intérieur du fruit , fe con- tentant de regarder la petite poire comme un embryon unique , on pourra dire que le piftil de la fleur du Poirier eft formé d'un embryon de cinq ftyles & d'un pareil nombre de flig- mates. Les fleurs de l'Amandier & celles du Poi- rier , que nous avons choifies pour donner une ' idée détaillée des piflils , nous mettent à por- tée de faire remarquer la différente pofition des embryons , dont les uns , foutenus par un pédicule , font feulement contenus dans le ca- lice , & les autres font partie du calice. On voit donc qu'en général les piflils font formés de trois parties différentes , favoir , de l'embryon , du ftyle & du ftigmate. Cependant il y a des piflils, bien organifés, où l'on n'apperçoit que l'embryon & le ftig- mate,- il n'y a point de flyle, ou du moins il - eft fi court qu'on ne peut le voir ; tel eft celui du Thymœka & du Toxicodendron. On n'apperçoit au Ptelea que trois ftigma- tes pointus , fans ftyle ; il en eft prefque de même au Sumac. Tome J. N 194 Traité de t a On en peut dire autant du Molle , du JVe- rion & du Noyer ; ce qui n'empêche pas que la fructification ne s'opère. Il y a des piftils dont le ftyle paroît for- tir du fond de la fleur; il porte à ion extré- mité l'embryon fur lequel le fhgmate eft im- médiatement pofé : tels font ceux du Câ- prier. D'autres ftyles , tels que ceux du Jafmin , font fimples & droits. Les ftyles de plufieurs fleurs , fur-tout des fleurs en gueule , ainfï que ceux de prefque toutes les fleurs légumineufes , font cour- bes. D'autres font fourchus comme à l'Aûfône 9 l'Erable , le Lilas. Le ftyle du Guatacana fe divife en quatre ; celui du Kttmia en cinq. A la fleur de la Paiïion , il part de l'em- bryon trois ftyles , terminés par de gros ftig- mates qui reflemblent à des clous. Il y a dans les fleurs des Clématites cinq à fix piitils qui répondent à autant d'em- bryons. Cette multiplicité de piftils s'ob fer ve dans plufieurs fleurs , dont les femences font raffem- blées en manière de tête. Mais les ftyles des Clématites offrent une fingularité , en ce qu'ils s'allongent > & font garnis de poils femblables à la barbe d'une plume. En examinant les piftils de toutes les plan- tes , on en trouve de filamenteux ,. de ronds , minés par de gros ftigmates , comme au Ketmia. Il y a des ftyles dont les ftigmates font velus , comme au Smilax. Le Térébinthe, le Lentifque * le Grtwla & le Ctethra ont leurs ftigmates divifés en qua- tre. Le ftigmate du Tilleul eft pentagonal. Les embryons du Noifetier , du Chêne font fiirmontés de quantité de filets qui forment une efpece de houpe. Le ftigmate de la Pervenche à une forme linguliere ; il termine le ftyle en forme d'une maffe bordée d'une lame plate. Au Laurier-Thym , l'embryon eft furmonté d'une efpece de glande qui forme trois ftigma^ tes : le ftyle du Phaféolides eft roulé en fpirale* Ni i$6 Traité bêla Les embryons affedent aufîi plufieurs for- mes particulières ; les uns font ronds , d'au- tres font ovales, d'autres cylindriques, d'au- tres font menus & allongés , d'autres ont la forme d'une pyramide , d'autres , au contraire, font comprimés & applatis. Mais comme leurs différentes formes ont quelque rapport avec celle de leurs fruits ,. dont nous parlerons dans la fuite de cet Ou- vrage j nous nous boi;nons ici aux généralités que nous venons d'indiquer. Quelque forme qu'aient les ftyles , on ap- perçoit fenfiblemenc qu'il y a dans leur inté- rieur une ouverture qui pénètre jufqu'à leur bafe , c'eft-à-dire jufquaux embryons des femences ; fi on coupe ces ftyles , on voit qu'ils font creux , & que ce font des petits tuyaux. Il y a cependant beaucoup de ftyles dans; lefquels on ne peut diftinguer cette ouverture ; mais il paroît que ceux-ci font formés de faif- ceaux de fibres qui s'étendent depuis chaque divifion du ftigmate jufqu'à chaque loge de l'embryon , & que ces faifeeaux laiiTent en- tr'eux un vuide , quoiqu'ils foient tous renfer- més par des enveloppes communes ; ce qui donne l'apparence d'un feul ftyle , quoiqu'effec- tivement il y en ait plufieurs. Cette idée quadre bien avec ce qui s'ob- ferve dans la pomme & dans la poire ; car ft on fuit par la difte&ion l'un des ftyles de ces fruits, on appercevra qu'il fe divife en deux par le bas , & que chaque portion répond à un pépin. VEGETATION, IlV. II, CH. VIII. 197 Ainfi il pourroit bien fe faire qu'un ftyle unique fe diviferoit dans l'intérieur de l'em- bryon pour fournir des portions de lui-même à chaque fruit ou à chaque loge. Quand les fruits font noués , la plupart des ftyles & des ftigmates fe deiTechent, ainfi que les étamines } & il n'y a, plus que les embryons qui fubfiilent. Nous parlerons plus amplement ailleurs de Fufage des piftils ; je dirai feulement ici qu'on doit les confidérer comme â^s tuyaux , des canaux par lefquels paflent les pouiïieres des étamines , qui , comme nous l'avons vu , con- tiennent une certaine liqueur qui eft lancée de ces pouiïieres lorsqu'elles s'ouvrent , & qui , conduite dans ces canaux jufqu'à l'embryon , vient la féconder. Cette fécondation , abfolument néceffaire pour opérer la frudification , prouve afTez ce que nous en difons. Mais lorfque l'embryon efl: fécondé , ces parties qui étoient auparavant fi effentielles f devenant inutiles , fe deUechent & tombent quand le vœu de la Nature eft rempli. Plulîeurs expériences répétées m'ont cons- tamment prouvé que fi on fupprime ou même que l'on endommage les étamines & le piftil avant que l'embryon foit fécondé , celui-ci avorte & périt. Mais cette fécondation étant faite, & on peut en être afïuré , lorfqu'on voit tous les fom- mets vuides de pouiïieres , noircis & deifé- chés. Alors on peut couper les filets & le ftyle M 3 Traité de z a fans que l'embryon en fouffre , puifque ce n'eft ainfi que prévenir la chute 4e parties devenues inutiles. Je terminerai ce Chapitre en rendant compte d'une expérience que j'ai faite & répétée : je coupai fur quelques rieurs de Poirier un des cinq ftyles que Von trouve dans cette fleur avant que les poufïieres des étamines fe fulfent répandues. J'eus foin de marquer le côté de la fleur où j'avois coupé ce ftyle , l'embryon n'en fouf- frit point , & le fruit noua comme fi je n'a-^ vois rien fupprimé. Lorfqu'il eut acquis fa maturité , je l'ouvris en remarquant le côté où j'avoîs coupé le ftyle , je trouvai que la capfule coriacée s e- toit formée à l'ordinaire ; mais elle ne conte- noit point de pépins , comme j'en trouvai dans Jes loges qui répondaient aux ftyles qui n'a- voient pas été fupprimés. Nous verrons dans le quatrième Volume de plus grands détails fur tout cela. CHAPITRE l X, Des Fleurs incomplet tes. 0 u s avons nommé fleurs complétées „ ou comme d'autres difent hermaphrodites % celles qui font pourvues de toutes les parties çfTentielles à la fruâification , ou, fi l'on veut? $es, parties féminines & mafçulines ; celles-ci VEGETATION, LlV. II > Ch. IX. 199 peuvent fe féconder elles-mêmes comme nous l'avons vu. Mais il y a des fleurs qui ne font pour- vues que d'une feule de ces deux parties, nous les appelions incompîettes; les unes font des fleurs mâles, & les autres des fleurs femelles ; c'eft-à-dire que les unes renferment des ëta- mines bien formées , mais elles manquent de piftils : & comme cqs fleurs ne portent point de fruits , elles ont été nommées fleurs ftéri- les par les Botaniftes , & par les Jardiniers , fa lî (lès fleurs. L'autre efpece de fleurs incompîettes, efl celle où les fleurs", manquant d'étamines , font pourvues de piftils bien conditionnés ,• elles refteroient dénies comme les autres : mais lorsqu'elles en font fécondées, elles produifent des fruits ; c'eil pourquoi on les appelle fleurs vraies ou fleurs à fruits. Il y a beaucoup d'arbres & de plantes qui portent fur le même pied de ces deux efpeces de fleurs incompîettes ; les unes fécondent les autres. Mais il y a plufleurs plantes, dont les unes ne portent uniquement que des fleurs à étami- nes ou fleurs mâles , & les autres ne portent que des fleurs à piftils ou des fleurs femelles. Ces arbres font toujours ftériles , s'ils ne font pas plantés aflez à portée les uns des au- tres pour pouvoir fe féconder. Nous allons donner quelques exemples de ces fleurs incompîettes , & des arbres qui les portent raffemblées ou féparément. Commençons par les arbres qui portent fur " N 4. 100 Traïtéde % x le même individu , mais féparément , des fleurs mâles & des fleurs femelles ; tels font le Noyer, le Noifetier , le Charme , le Chêne , le Hê- tre , le Pin, le Sapin , le Châtaignier , l'Aulne , le Bouleau , le Mûrier , le Platane , &c. Les fleurs mâles féparées fur ces arbres , s'appel- lent fleurs à chatons» Le plus fouvent un nombre d'écaillés fem- blables font toutes attachées fur une branche ou filet fouple , & ces écailles recouvrent les étamines raffemblées fur ce filet commun ; on a appelle chatons ces filets chargés de fleurs à étamines ; tels font ceux des arbres que nous venons de nommer. Quelquefois ces chatons font plus courts , & alors ils ne font point pendants ; tels font ceux du Sapin , de la Meleze , &c. On voit. fur le Pin plufieurs chatons afïez reffemblants . à ceux du Sapin , & qui font grouppés autour d'une branche qui continue à pouffer & à fe garnir de feuilles au-deffus des chatons. Ceux des Cèdres & du Genévrier font fort petits. Le Tcrébinthe^ le Lentifque ont leurs fleurs à étamines raffemblées par bouquets ou en forme de grappes. Plufieurs arbres & arbuftes , ainfi que l'A- laterne & le Fagara , portent leurs rieurs à étamines folitaires ou féparées les unes des autres. Les fleurs à piflil font auflî quelquefois at- tachées à une branche fllamenteufe qui les fou- tient , & elles forment toutes enfemble une ef- pece de chaton comme au Charme. Vegetàtïom, Liv. II, Ch. IX. lot Cette branche chargée de piftils s'étend par la fuite , & forme des efpeces de guirlandes. Les fleurs à piflil du Saule , du Peuplier , du Bouleau forment des efpeces de chatons plus réguliers. Celles du Sapin ne s'écartent pas beaucoup de cette forme ; mais elles fe foutiennent fer- mement, & elles repréfentent un petit cône écailleux. Les fleurs de l'Aulne font au m* grouppées f de façon qu'elles repréfentent un cône écail- leux. Les fleurs femelles ou à piflil du Platane forment par leur afTemblage des boules très- rondes. Enfin , au Noyer & au Châtaignier , ces fleurs qui ont des formes fingulieres , font féparées les unes des autres , & chacune ne contient pour l'ordinaire que deux ou trois piftils , & un pareil nombre de fruits. Il nous refte à parler des arbres dont les uns ne portent que des fleurs mâles ou à éta- mines , & les autres n'ont que des fleurs fe- melles ou à piflil fur le même individu. La première efpece de ces arbres ne donne jamais de fruit , & l'autre n'en donne qu'autant qu'elle eft allez à portée de celle-là pour en être fécondée ; tel eft le Palmier qui fe dis- tingue avec raifon en mâle & en femelle. Il y avoit dans les ferres du jardin d'Upfal en Suéde , un Palmier femelle qui fleuriifoit toutes les années , mais qui ne donn'ok jamais de fruit. Le Chevalier Linaée , Direâeuf de ce jar- 202 Traité de la din royal , fâchant qu'il y avoit à Drefde un Palmier mâle , en demanda des fleurs , on lui en envoya. Il pofa ces fleurs à éramines , & en fecoua les pouflieres fur les rieurs à piftils de fon Palmier qui frudifîa très-bien cette même année. J'ai fait la même expérience fur d'autres arbres , le fuccès a été le même. Il y a une efpece de Fraifier du Chili qui, quoique pourvu des organes des deux fexes , tfe frudifie bien que lorsqu'on a foin de fe- couer deflus des pouffieres d'autres Frai- fiers. Mais les fruits ne deviennent pas auiïi gros que ceux que produit naturellement cette ef- pece. On trouve aufïï quelques arbres qui donnent fur un même pied des fleurs complettes , c'eft- à-dire pourvues d'étamines & de piftils; & des fleurs incomplettes , dont les unes n'ont que à^s étamines , & les autres n'ont que des piftils. Enfin , quelques fleurs , telles que celles de F Aubier à fleur en globe , que les Jardiniers ont nommée rofe de Gueldres , font dépour ■ vues d'étamines & de piftils ; on peut les nom- mer , à jufte titre , faujfes fleurs , puifqu'elles font incapables de frudification. Il faut bien fe garder de les confondre avec les fleurs mâles ftériles qui accompagnent , fur plufieurs plantes , les fleurs femelles ., comme nous l'avons déjà dit ; car , quoique ces fleurs ne portent point de fruit , elles fé- condent celles qui en doivent donner. Végétation, Liv. II, Ch. X. $èf Telles font , par exemple , les fleurs de toutes les plantes cucurbitacées ; les melons étant de cette famille , il eft important d'en parler ici pour faire connoître Terreur ou font plufieurs Jardiniers à ce fujet. Ils ont vu que les fleurs mâles ne portent jamais de fruit ; de là ils les appellent faujfès fleurs. Il y en a d'afifez ignorants pour les fuppri- mer toutes , & pour lors, il efl impoflible que les melons nouent , à moins que quelques* unes de ces fleurs mâles n'aient échappé aux recherches & à l'abbatis de ces ignorants , qui , comme j'en ai vu plufienrs , s'en pren- nent à la lune ou à des roux vents , de ce qu'après avoir fupprimé les fleurs mâles , tou- tes les fleurs femelles avortent & ne donnent point de fruit. chapitre x. Des Fleurs doubles. JLjEs plantes en général que nous cultivons font originaires ou des bois ou des champs , des prés ou des montagnes ; plufieurs trou- vant dans nos jardins une terre mieux prépa- rée , une culture plus foignée & une nour- riture plus abondante , y deviennent mécon- noiffables en peu de temps. Tel eft , par exemple , un petit Rofier que Von appelle Pimprenelle ; parce qu'ayant les £04 Traité de i a feuilles très-reffemblantes à celles de Cette plante , il ne s'élève pas beaucoup plus fur les montagnes arides , où on le trouve quel- quefois en très-grande quantité. Si on tranfplante ce très-petit arbufte dans nos jardins , de nain qu'il étoit fur les mon- tagnes , il devient en peu d'années plus grand & plus fort que nos Rofîers ; mais trop rem- pli alors de fucs terreftres , il donne beaucoup moins de fleurs. C'eft à pareilles caufes que nous devons les fleurs dont les pétales fe font multipliés , & que nous appelions rieurs doubles. L'abondance des fucs nutritifs a donné une telle énergie au germe, que les filets des éta- mines fe font développés & élargis de manière à devenir des pétales , & ces pétales fe font quelquefois multipliés en ii grande quantité qu'on en peut compter jufqu'à cent dans la rofe , à caufe de cela nommée rofe à cent feuilles. Mais quoiqu'il arrive que dans de certai- nes rieurs , les pétales fe foient multipliés aux dépens des étamines , on fe trompe- roit fi l'on croyoit que l'addition des pétajes ne fût produite que par ces organes défigu- rés. Il n'y avoit certainement point cent étami- nes dans la rofe où l'on trouve cent pétales ; & plnfleurs autres efpeces de rofes augmen- tées d'un grand nombre de pétales , ont con- fervé leurs étamines & leurs piflils fi bien conditionnés qu'elles donnent de très-bonnes graines, VEGETATION, tlV. II, Ch. X. ao$ Il y a plufieurs efpeces d'arbres dont les pétales des rieurs font très-multipliés , & ces fleurs n'en font pas moins complettes. Tels font, par exemple, celles du Prunier à fleur double : quoique les pétales aient tri- plé en nombre , on y diftingue la même quan- tité detamines avec leurs fommets , le piftil & l'embryon bien formé. Si cet arbre ne donne que peu de fruits qui nouent, je fuis fondé à croire qu'il en faut attribuer la caufe à la trop grande quantité des pétales qui affament l'embryon , puifque j'ai éprouvé qu'en fupprimant ces pétales, le fruit a bien noué. Il en efl de même du Pêcher à fleur dou- ble ; quelques-unes de fes fleurs pourvues d'é- tamines & de piftils , ne biffent pas de donner du fruit. Mais quand ces organes font changés en pétales , il ne peut plus y avoir de fructifica- tion. Ces fleurs qui ne font pas dans l'ordre de la Nature , & qu'on doit confidérer comme accidentelles , fe distinguent en doubles & en femi-doubles ; les premières étant dépourvues des organes eîTentiels à la fruâificarion , ne peuvent plus donner de fruits, Telles font celles des Cerifiers & Meri- fiers , Epines , Géroflées , &c. , à fleurs dou- bles. Les autres , quoique chargées d'une addition plus ou moins forte de pétales , ayant con- fervé des étamines & des piftils , ne laiffent jpas de donner des fruits ; telles font les fleurs tbS ïiAtTi 25É tA des Pruniers , Renoncules > Pieds-d'alouette * (Sillets , &c. Les plantes qui proviennent de ces graines donnent fouvent les mêmes rieurs femi-dou- bles , quelquefois même plus doubles. Mais d'autres fois, la Nature reprend fes droits & produit des fleurs fimples ; & au contraire , quelquefois des graines de fleurs fimples donnent des fleurs doubles. Ceft ainii que nous avons des Géroflées § dont les fleurs font fi belles & garnies d'un grand nombre de pétales ; mais celles-là ne donnent jamais de graines. Dans le nombre de celles qui fleurifTent fimples , il y en a qui ont quelques pétales de plus ; c'eft de celles-là dont il faut récolter les graines * pour être plus affuré d'avoir des fleurs doubles. On doit regarder en général les fleurs dou- bles comme des monllruofités ; & quoiqu'elles brillent avec plus d'éclat dans nos jardins > & que leur beauté nous les rende plus précieu- fes , elles font méconnues & difgraciées de la Nature qui leur refuie la faculté de per- pétuer leur efpece* La beauté de ces fleurs , par rapport à nos yeux , pourroit être comparée , par rapport à nos oreilles i à la voix douce & agréable de ces hommes malheureux , qui , victimes d'une cruauté qui n'auroit jamais dû être tolérée , ne doivent les fons qu'on fe plaît à entendre qu'au facrifice de leur fexe. Il eft bien rare de trouver des fleurs dou- bles dans les bois & dans les prés ; elles ne Végétât ion y Liv. II, Ch. XL 207 fuivent là que les loix de la Nature, & ne favenc point s'en écarter. Mais fi l'homme a fu mettre les plantes hors d état de fe reproduire , il a l'art de les mul- tiplier par les greffes , les boutures & les marcottes , moyens bien naturels aux plantes , mais dont les unes exigent des circonftances, qu'elles ne peuvent que rarement fe procurer d'elles-mêmes. On voit quelquefois dans les bois , des arbres qui fe font greffés naturellement , & des plantes qui fe font marcottées de même. Nous finirons ce Chapitre , en faifant re- marquer que les fleurs doubles n'ont point autant d'odeur ni de propriétés que les fleurs iimples de même efpece ; telles font les fleurs de la Violette , de l'Œillet , &c. On fait que la vertu narcotique du Pa- vot, eft plus efficace dans la fleur fimple que dans la fleur double, & que le fuc propre nommé opium , que l'on tire de la tête de Tune , eft préférable à celui qui fort de l'au- tre. *o8 Traité de la v ■ ; . . , j CHAPITRE XL Des Monftruojités des fleurs & des fruits. o Ut RE les fleurs doubles qui, comme cous l'avons dit , font des monftruofîtés , on en remarque beaucoup d'autres dans les fleurs, dans les fruits & fur les feuilles : nous allons en examiner quelques-unes. Il fe forme des galles fur les feuilles des plantes , fur leur tige , fur les chatons , &c. On fait , par exemple , que les feuilles des Ormes forment quelquefois des vefïies affez girofles , dans lesquelles on trouve un fuc epaifli qui attire fans doute des infe&es que Ton y voit prefque toujours. Ce feroit une longue tâche que celle d'en- treprendre de faire l'examen de toutes les gal- les qui fe forment fur les feuilles des arbres. Nous nous bornerons ici à en donner quelques exemples. Il fe forme fur les feuilles du Chêne une efpece de galle qu'on appelle noix de galle , fubftance dont l'utilité en connue. Les étamines de ce même arbre font quel- quefois chargées de galles molles & colorées , on les prendroit pour des fruits ; ce qui fait qu'on les appelle improprement pommes de Chêne. On voit fur les étamines du Térébinthe des Teflies en forme de deux cornes qui font rem- plies Végétation, Liv. II, Ch. XI. 209 plies du fuc propre de cet arbre ; on y trouve ordinairement des infedes. Les concrétions fingulieres que l'on trouve fur l'Eglantier , qu'on a nommées pommes de ronces , nous fournifîent un exemple des gal- les qui fe forment fur les branches. On a publié beaucoup d'Ouvrages qui trai- tent expreiïement de ces galles , qui toutes font formées parla piquure de quelques infedes , & elle fervent de dépôt à leurs œufs. C'eft ce qui occaiionne en ces endroits des tumeurs accidentelles qu'il faut fa voir diftin- guer des produdions naturelles des arbres , de même que d'autres produdions qui leur font étrangères. On trouve fur une efpece de petit Chêne verd, dont la feuille eft très-épineufe , une de ces tumeurs occafionnée par des infedes, à peu près de la nature de la punaife d'O- ranger. Ces infedes fe fixent fur les branches du petit Chêne vert ou llex , fe nourrilTent de fa fubftance , grofïiffent aux endroits où ils font attachés , & ne changent point de place tant qu'ils fubfiitent. M. de P^eaumur a nommé ces animaux Galle infecte ; ceux-ci ont été appelles Kermès ou graine d'écarlate. Nous avons vu que les étamines fe chan- gent quelquefois en pétales. Les piflils font auiïi expofés à différentes monftruofités , ils fe changent quelquefois en feuilles. On voit dans quelques efpeces de Ceriflers que les piftils forment fouvent deux petites Tome I. O 2ïo Traité de la feuilles pointues , & les fleurs où cela arrive font toujours ftériles. On voit auiîi quelques fleurs dont le piftil fe métamorphofe en une branche chargée de feuilles ou d'une féconde fleur ; cela leur a fait donner le nom de prolifères : les Œillets font allez fujets à cette monftruofîté. Il n'eft pas rare d'avoir occaiion de remar- quer dans les fruits difîéreiltes difformités , quelquefois même fort fingulieres ; elles font toujours occaiionnées par des accidents ou in- térieurs ou extérieurs , & c'efl toujours un dérangement dans l'organifation. Par l'extérieur , c'eil un coup de grêle ou quelqu'autre accident qui rendent les fruits difformes , par le défaut de quelques parties , ou bien les iniedes qui attaquent les fruits par un de leurs côtés. Dans l'intérieur, quelques-uns des principaux vaiffeaux qui fervent à la formation de la chair , ayant fouffert quelqu altération , l'ac- croifTement du fruit fe fait irrégulièrement , & cela occafionne le contour irrégulier qu'on apperçoit à des fruits ainfi affectés. Quelquefois une furabqndance de fève dans des années fort pluvieufes , forme des fruits difformes Se même prolifères. La nourriture fe portant trop abondam- ment d'un côté , il s'y fait un développement monfirueux par furabondance de parties ; cela s'obferve particulièrement fur quelques efpe- ces de bigarades <5c de citrons. D'autres fois auiîi ces additions de parties dépendent des greffes- qui fe font dans le bouton même. ' • • * Végétation , Lîv. II , Ch. XI. itt Cet accident particulier qui produit les fruits qu'on nomme gémeaux , arrive commu- nément aux fruits qui fe font râfTemblés plu- îieurs enfemble dans le même bouton. Les fleurs preffées les unes contre les au- tres , fe joignent enfemble , elles fe greffent elles-mêmes ; & s'il arrive que deux embryons fe trouvent ainfî collés l'un à l'autre , il en. refaite un fruit double. Lorfque l'union de ces deux fruits fe fait dânâ une plus grande ou plus petite étendue, les fruits , ainfî réunis , prennent , relativement l'un à l'autre > plus ou moins d'étendue i d'où il refaite quelquefois des formes très-bifarres* Parmi toutes les monftruofités que j'ai vu fur les fruits , rien ne m'a paru aufîî fingulier que les productions d'un arbre qui mérite d'être cité. Parmi la grande quantité d'efpeces qui for- ment mon Orangerie , j'ai un Oranger qu'on a nommé mal à propos hermaphrodite ; cet arbre donne prefque tous fruits monftrueux & difformes. Les uns font en partie orange & en partie citron , -d'autres , citron & cédra , d'autres participent des trois efpeces ; ils font en par- tie orange , citron & cédra ; de forte que le même fruit eft divifé en trois parties diftin&es f fans être féparées , & chaque partie a l'écorce , l'odeur & la faveur qui eft propre à fon ef- pece. D'autres fois , c'eft une orange qui a feu- lement quelques excroiffances de citron ou de cédra ; enfin , quelques fruits purs & bien 0 2 212 TRAITÉ DE I A formés fe trouvent auffi fur cet arbre fîngu- lier. 11 en efi de même de fes feuilles , dont les unes font celles de l'Oranger ,* d'autres de Ci- tronnier , d'autres de Cedra. Ce qui eft encore plus digne de remarque, c'eft que les fruits varient iur la même bran- che ; telle qui a produit une orange l'année précédente, donne un citron ou un cédra Tan- née fuivante , eu un fruit qui participe des deux ou des trois efpeces. Nous tenterons au Chapitre des Greffes de donner une explication de l'origine de cet arbre qui eft devenu moins rare qu'il eft vrai- ment fingulier. J'ai ouvert plufieurs de ces fruits , fans y avoir jamais trouvé de pépins formés. Quoique la réunion de plufieurs fruits foit plus ordinaire dans les efpeces où ces fruits font renfermés dans un même bouton , on ne laifTe pas d'en obferver de femblables dans les fruits foiitaires, comme des concombres, &c. Il s'opère auffi cuelcuelois des greffes dans • les boutons à bois ; il y a apparence que ce font ces greffes qui produiient les branches plattts & contournées , qu'il n'eft pas rare de trouver fur les Frênes , lur les Saules, &c. M. Bonnet a rapporté plufieurs exemples de feuilles qui le font greffées les unes avec les autres dans les boutons. On a tente de comparer ces monftruofités du règne végétal à celles du règne animal ; mais comme il eu plus ailé , comme nous le verrons , da caïa&enier les diflereucçs ieniï- VEGETATION, IlV. II, CH. XII. 21 3 blés que les lîniilitudes qu'on s'eft efforcé de trouver entre ces deux règnes , ces coinparai- fons n'ont pas été plus heureufes que tant d'autres qu'on a voulu faire.. Où trouver dans les animaux quelque chofe de iemblabie à ces monitruoiîtes dans les fleurs & les fruits , aux fruits de deux ou trois chairs différentes, aux fleurs doubles & prolifères, &c. ? Quant aux excroiffances , aux tubercules qui fe trouvent fur quelques individus des animaux & des végétaux , ne s'y en trouve- t- il pas encore davantage fur pluiieurs miné* raux qui ont auili kurs monllruoiités ? CHAPITRE XII. Du Nectar ium* LusiEURS Heurs contiennent une li- queur plus ou moins iucrée , que les abeilles Viennent pomper. On apperçoit au fond de certaines fleurs des corps qui paroifTent glanduleux ; & comme on a jugé qu'ils pouvoient fervir à la fépa ra- tion de ce lue mielleux que quelques Bota- nifles appellent Nectar 9 on les a nommés Nec- tar i uni. On découvre, par exemple, dans les Heurs du Laurier , près de l'embryon , trois tu- bercules colorées , & deux petits corps arrondis qui font attachés à la bafe desetamiues. o3 zi4 Traité de la Les fleurs de la Pervenche renferment de même deux petits corps glanduleux. Ces obfervations ont engagé les Botaniftes à appeller ntclarium toutes les parties des fleurs qui ne font ni le piftil , ni les étami- îies , ni les pétales des plantes. Dans la fleur de la Paiïion , c'eft une triple couronne de filets qui partent de la bafe du piftii. On ycit au fond de la fleur du Gualteria dix corps pointus , foutenus par des pédicu- les très-déliés. On apperçoit dans la fleur de YRamamdis quatre petits onglets. À chaque divifîon du pétale de la fleur du JJerion , on voit un appendice frangé. Au Ptriploca , ce font des filets qui par- tent de la bafe du pétale. Ces filets font recourbés en forme de demi- cercle ; de forte que les extrémités rentrent fouvent dans quelques parties de la fleur : j'en *û vu qui paroiiïbient entrer dans le piftil , ce ui rendroit nulle la fécondation dans pareille cur. A YA^eâarach , c'eft un cornet. Outre ces parties qu'on défigne toutes fous le nom général de ntclarium , on apperçoit au-dehors de certaines fleurs , des parties fou- vent colorées que n'ont point les autres fleurs. Il y a , par exemple , une efpece de Cor- nouiller qu'on appelle Cornouiller à très-grande enveloppe y parce que les boutons à fleur de cet arbre font renfermés dans des feuilles co- lorées qui reffemblent à une tulipe, VegstatioNj, Liv. II, Ch. XII. 215^ On a nommé ces larges enveloppes involu- cmm ; telles font les enveloppes des fleurs de plufieurs efpeces de Thytimaîe. Les fleurs du Charme font accompagnées de plufieurs feuilles ; celles du Tilleul partent d'une feuille qui eft d'une forme & qui a une organifation très-finguliere. Ces involucrum fervent probablement à for- mer des enveloppes qui protègent les jeunes productions qui en font recouvertes , & peut- être encore à ranimer le mouvement de la fève dans ces parties. A l'égard de cette liqueur mielleufe dont_ nous avons parlé , il \ paroît que ce n eft que le produit des fucs propres de la fleur. ÎAiiage n'en eft pas connu , ëc elle ne pa- roît pas néceflaire à la fructification , puifque malgré le larcin continuel qu'en font les in- fedes , il ne paroît « point que la plante en iburfre , non plus que les fleurs & les fruits. Quelques-uns ont penfé que les infedes , attirés par cette liqueur , occaiionnoient par leur piquure la diiperfion des pouiîieres des étamines ; mais cette diiperfion ne fe fait pas moins dans les fleurs où il n'y a point de femblable liqueur , & où il ne vient point d'infedes. $t 0 4 ii6 Traité d e ï, a e - , CHAPITRE XIII. Des Plantes parafites. o N appelle plantes parafttes , celles qui croiflent fur d'autres plantes & fe nourriflent de leurs fucs. Nous les diftinguerons de cel- les qui s'attachent également à d'autres plan- tes , mais qui ne fe nourrirent pas de leurs fucs, & que l'on a nommées faujfes parajîtesi nous allons examiner les unes & les autres. Le Guy eft une plante vraie parafite ; cette plante ne fe trouve jamais attachée à la terre , on ne la trouve que fur les bran- ches des arbres, telles que celles du Pommier, de l'Epine blanche , &c. Si l'on s'en tenoit à la feule infpedion , on croiroît quelle y eit. greffée ; mais l'examen fait reconnaître qu'elle fe nourrit par des ra- cines quelle jette dans lecorce & dans le bois de l'arbre auquel elle eft attachée , & dont elle s'approprie la fubftance. Ainfi elle ne peut que nuire beaucoup aux arbres fur lefquels elle végète , s'accroît & multiplie comme nous allons le voir. Nous fuivrons pour les détails , comme je le fais fouvent , M. Duhamel qui a fait une étude particulière de cette plante. Le Guy ne porte que des fleurs mâîes fur Je même individu , & des fleurs femelles fur un autre, Son fruit confifle en une baie molle, ovale 3 Végétation, Lit. II, Ch. XIII. 217 prefque ronde, un peu plus girofle qu'un pois; cette baie eft attachée par un court pédicule au fond d'un calice charnu. Quand elle eft mûre , la peau qui la re- 1 couvre eft ferme , luifante , demi-tranfparente: fous cette peau , on trouve une fubftance vif- queufe , dans laquelle fe voit un corps ver- dâtre applati , c'eft la femence. Il y en a d'ovales , de triangulaires & d'au- tres formes ; car cela dépend de circonftances particulières dont je parlerai dans la fuite. Si on écrafe de ces fruits fur du bois mort , fur des teflbns de pot , fur des branches d'ar- bres de différentes efpeces , ils y germent ; ce qui n'eft pas furprenant , puifqu'on fait que l'humidité des pluies & des rofées fuffit pour la germination de toutes les femences. Si les femences font ovales , on voit fortir d'un de leurs bouts un petit corps rond ; fi elWs font triangulaires , il en fort à deux des angles de ces femences ; quelquefois il en fort à la pointe des trois angles , & même quatre quand la figure de ces femences eft irréguliere. Chacun de ces petits corps ronds , dont je viens de parler , tient à la fubftance charnue de l'amande par un pédicule , & a fon in- fertion dans cette fubftance charnue. On apperçoit une petite rainure qui.femble montrer que le pédicule fort de deflbus une enveloppe. Cette germination eft particulière au Guy; car on ne connoît que cette femence qui pro- duife plufieurs radicules. Cette femence du Guy ne paroît être qu usç 2i8 Traité de la feule amande, dans l'intérieur de laquelle on remarque des veines blanches qui fe dirigent vers les endroits d'où les radicules doivent fortir. Cette multiplicité des radicules deviendra encore plus digne de remarque , quand on faura que les radicules d'une même femence ne fe montrent pas toujours dans le même temps ; elles femblent végéter à part ?* car telle radicule n'aura quelquefois qu'une demi- ligne de longueur , pendant qu'une autre en aura plus d'une ligne & demie. Au refte , cette différente longueur des ra- dicules dépend quelquefois de la pofition des femences fur. les branches. Nous verrons en parlant de la germination des lemences , que dans quelque fituation que le hafard les ait placées , les radicules fe re- courbent pour defcendre perpendiculairement & s'enfoncer en terre. Quand les radicules du Guy fe font allon- gées de deux ou deux lignes & demie , elles fe, recourbent , & elles continuent de s'allon- ger jufqu'à ce qu'elles aient atteint les corps fur lefquels la femence êft dépolée. Si-tôt qu'elles y font parvenues , elles cef- fent de s'allonger ; voilà ce qui fait que , fui- vant la difpolition des femences , certaines ra- dicules doivent s'étendre plus que d'autres. Mais ce qui eit fort fingulier , c'eil que ces mêmes radicules s'allongent & fe recourbent, tantôt en montant & tantôt en defeendant • & elles paroiffént prendre le chemin k plus court pour arriver à une branche , & y po- Végétation, Liv. II, Ch. XIII. 219 fer leur extrémité qui eft figurée en trompe. Ces radicules offrent le même phénomène que quelques plantes dont j'ai parlé. Si on renverfe des femences dont les radi- cules étoient déjà recourbées du côté d'une branche , les éloignant par ce renverfement du point où elles tendoient , elles font alors une nouvelle inflexion pour porter leur extrémité. vers cette branche. Elles s'allongent beaucoup , & apparemment plus qu'il ne convient , puifque la plupart pé- riffent avant d'avoir pu contracter avec la branche vers laquelle elles tendoient , l'union qui leur eft nécefîaire. Les radicules du Guy , que je nommerai dorénavant des trompes , font formées , comme je l'ai dit , d'une petite boule , ibutenue par un pédicule qui part de la femence ; quand cette petite boule s'eft pofée fur l'écorce , fon extrémité s'ouvre, elle change de figure, & prend celle de l'extrémité d'une trompe ; c'eft en cet état qu'elle s'applique fortement fur l'écorce des arbres , & qu'elle y refte attachée . par un fuc vifqueux. La partie de ces trompes qui pofe fur les branches , paroît formée de deux fubftances grenues , renfermées dans l'écorce. Celle qui occupe le centre , eft plus fuccu- lente que celle qui l'environne ; ces fubftances s'engagent par la fuite dans l'écorce des bran- ches , & ce font elles qui fournifTei.it les raci- nes , pendant que l'écorce du Guy femble se« panouir fur celle des arbres , de la même ma^ jaiere que les pieds des litophius s'étendent 22o Traité de la fur les corps auxquels ils s'appliquent. Après avoir expliqué la germination des femences du Guy , je vais maintenant prouver que cette plante tire la nourriture des arbres auxquels elle s'attache, & qu'elle la tire, comme les plantes ordinaires , par les racines quelle jette dans leurs fubflances. 11 me mftit pour prouver la première pro- portion , de remarquer que le Guy languit fur une branche malade , & qu'il ne furvir pas à cette branche. Quant au moyen qu'il emploie pour tirer fa nourriture , Scaliger & après lui pluiieurs ont perle que le Guy n'avoit point de raci- nes , & qu'il fe nourriffoit fur les arbres de la même manière que les greffes. Malp:ghy , Tournefort qu'il tire fa nourriture par le moyen de fes racines , en un mot , qu'il végète comme tou- tes les autres plantes , qu'il eft lui-même une véritable plante, mais une* plante paralite , puis- qu'elle tire fa nourriture des arbres qui la portent; & on a tenté inutilement de l'élever en pleine terre. Donnons encore quelques autres exemples de plantes parafites. Les unes après avoir germé dans la terre , de même que les plantes ordinaires , vont en- fuite chercher leur nourriture fur les tiges & fur les branches qu'elles rencontrent dans leur voifinage : telle eft la Cufcute. D'autres, comme l'Orobanche, germent dans la terre ; mais elles s'attachent aux racines d'autres plantes , & en tirent leur nourriture. * Les femences de la Cufcute ne font poinç Tome L P 2i6 Traité de i a vifqueufes comme celles du Guy , elles tôrri-* bent à terre , elles y germent , elles pouffent dans la terre un filet , & hors de terre une tige qui porte la femence à fon extrémité. Cette tige s'entortille autour de celles de toutes les plantes qu'elle rencontre , elle fe répand fur leurs feuilles , & elle tire fa nour- riture de toutes les parties qu'elle touche ; car aurïi-tôt qu'elle s'eft attachée à d'antres plantes , fa racine qui étoit en terre , périt , & elle ne fubiifte alors que par les mame- lons qui l'attachent aux plantes qui la fuppor- tent. Ces mamelons qui font la plus finguliere partie de cette plante , ont été foigneui'ement décrits par M. Guettard ; je vais faire ufage d'une partie des obfervations de cet habile N a* turalifte. De la furface des rameaux de la Cufcute qui touchent aux plantes auxquelles elle s'atta- che , fortent des mamelons coniques qui s'ou- vrent par leurs pointes , & qui s evafent à peu près comme la trompe du Guy. Ces mamelons renferment dans leur intérieur lui organe qui mérite d'être connu , puifque c'efi lui qui tire de la plante nourricière l'a- liment néceffaire à la fubfiilance de la plante parafite. La tige de la Cufcute contient des vaif- feaux longitudinaux , & une fubftance véficu- laire. Lorfque cette plante enveloppe un corps étranger, tout fe trouve en dilatation dans la gartie extérieure de la courbure qu'elle forme, Végétation , Lit. Il , fcà. XÎÎÎ. iàj et par ce moyen les vaifTeaux & les véficules ne fe trouvent point gênés. . Mais dans la concavité de cette courbure ^ les. mêmes parties étant en contraction ; bien- tôt les véficules font des ouvertures à lecorce Se forment les mamelons qui s'attachent à l'é- corce de la plante nourricière. Peu après , dès vaifTeaux longitudinaux 3 qui apparemment ont fuivi les véficules , fortent d£ l'extrémité des mamelons ; ils s'infînuent entre les fibres longitudinales de la plante nour- ricière, & pénètrent quelquefois au-delà dé lecorce. Ce ne font cependant pas là de vraies ra- cines comme au Guy , mais ce font des fuçoirs qui en font l'office , & qui fuffifent pour nour- rir cette plante. La tige de l'Orobanche fe renfle beaucoup par le bas , & elle forme en cet endroit une éfpece de bulbe écailleufe. La partie inférieure de YRypoJîftt & de là Clandeftine , autres plantes parafites , eft écail- leufe par le bas ; mais la tige n'eft prefque pas plus groffe en cet endroit qu'ailleurs. Outre l'adhérence que ces plantes ont tou- jours par le bas de leurs tiges avec les raci- nes des plantes qui leur fournirent de la nourriture , elles ont plus ou moins de ra- cines fibreufes qu'elles répandent dans la terre. Comme il eft certain que ces plantes ne peu- vent fubfifter fans être adhérentes à là racine d'une plante nourricière , on peut conjedurer que leurs racines font deftinées à pomper daag P * %1% T R A T T É D E t A la terre un fuc particulier qui fe combine avec celui qui eft tiré de la plante. 3Vï. Guettard eft d'une opinion différente. Comme il a remarqué que l'Orobanche ra- meule , outre l'adhérence qu'elle contrade avec une racine nourricière , par la bulbe qui ter- miné fa tige , s'en forme encore d'autres par les mamelons qui fortent de fes racines fibreuies. Il penfe que ces racines font deflinées à chercher dans la terre des racines nourricières qu'elles fucent, quand elles les ont rencontrées. Ce fentiment eft juflifié. par l'obfervation ; car on a trouvé quelquefois les racines de l'Orobanche attachées aux racines des plantes qui fe rencontrent à leur portée. M. Guettard , en examinant avec attention les racines de l'Orobanche rameufe, a vu que plufieurs racines d'un pied d'Orobanche font quelquefois attachées à des racines d'une autre Orobanche ; ce fécond à un troifieme , & ce? lui-ci quelquefois à un quatrième qui tient à la plante nourricière. Ênforte que toutes ces plantes fe fournifTent l'une à l'autre la nourriture , & qu'elles fub- fi lient toutes aux dépens de la racine nourri- cière qu'elles attaquent. Cette reflburce n'eft pas donnée à toutes les plantes paralites du genre dont nous parlons; car plufieurs ei'peces d'Orobanche & dHypo- fifîes. font fimplement adhérentes à la plante nourricière par le bas de leur tige ; au lieu que d'autres tirent , outre cela , de la nourri- ture par les fuçoirs dont j'ai parlé. Végétation , Itv. II, Ch. XIII. 22,9 L'Orobanche rameufe & la Clandeftine fe procurent d'autres fuçoirs par rallongement de leurs racines chevelues , & ces plantes tou- tes formées en terre, femblent n'en fortir que pour fleurir & porter leur graine , laquelle auili-tôt qu'elle eft germée , enfonce en terre une radicule qui va chercher à s'établir fur la racine qui la doit nourrir. Le Guy germe fur les branches des arbres, il jette des racines dans lecorce , mais prin- cipalement entre le bois & lecorce , & fes tiges perpétuellement à l'air , fe- nourrirent fans avoir jamais tiré aucun fecours, au moins immédiat , de la terre. La Cufcute tient un milieu entre ces deux parafites ; fa graine germe en terre , & elle y produit des racines & une tige qui ne s'é- lève que pour s'attacher aux branches & aux feuilles des autres plantes , dont elle tire fa nourriture. Une fois bien établie fur ces plantes & en état d'y (ubnTter , tout ce qui tient à la terre périt , & elle ne vit plus que par le moyen de les fucoirs. Il y a d'autres plantes que Ton a nommées faujfîs parafites , parce qu'à la différence de celles dont nous venons de parler , elles ne s'incorporent point aux plantes qui les por- tent, & n'en tirent point les lues; telles font les Moufles , les Lichens , les Agarics & autres efpeces de Champignons. Ces fortes de plantes , dont la nature ne nous eft pas encore bien connue , croiifent fur les végétaux. & même fur les minéraux j p 3 £19 Traité ee % m inais il paroît qu'elles se fubfiftent & croîfe fent que par ce qu'elles tirent de l'humidité de l'air & de celle des corps fur lefquels elles végètent ; ce qui fuffit à l'organifation qui leur a été donnée. Quoique ces plantes ne fe nourrifient pas de la fève des arbres, il paroît qu'elles fati- guent & endommagent ceux auxquels elles, s'attachent , foit en fournifiant des retraites à des infecles , foit en retenant l'humidité , foit: en nuifant à la tranfpiration. Ceft pourquoi tout Cultivateur foigneux ne jnanque pas d'çti délivrer les arbres qui en font atteints. Il eft à remarquer que ces plantes croiflenç $c multiplient particulièrement fur des arbres languiiîants , plantés dans des terrains arides * nous en verrons la caufe dans un autre Cha- pitre. Je termine celui-ci qui paroitra peut-être fort long à ceux qui ne recherchent pas ces fqrtes de détails auxquels les N attirai iites fa- veur, donner toute leur attention. Pliifieurs de ces détails qui ne paroirTent pro- pre^ qu'à fatisfaire la curiofité , peuvent don- ner fujet à des considérations, très- utiles pour Ja culture. - Nous aurons occafion de le reconnoître dans Jç çeiurs de cet Ouvrage. VEGETATION, LlV. II, Cïï: XIV. .23* - .......ni. ■ , m, i i» ■ i wapp CHAPITRE XIV. Des Fruits. A Près avoir parlé des parties des arbres effentielles à la fructification , parties unique- ment formées pour concourir' à la conferva- tion de l'embryon ou jeune fruit , nous allons examiner cette partie utile pour laquelle la Nature a pris tant de précautions & tant de foins. Aufïi-tôt que le jeune fruit eft en état de fe foutenir par lui-même , & qu'il peut pren- dre une nourriture plus forte , tout ce qui lui étoit auparavant fi néceîiaire lui devient alors inutile , & difparoîc. Ceft un enfant qui quitte fa nourrice & fe débar rafle des langes & des maillots qui fer- yoient à l'envelopper, & dont la force qu'il a déjà acquife le met en état de fe pafTer. Tel eft l'embryon parvenu à un certain de- gré de développement & de confiftance ; fe confiant alors en fes propres forces , il femble écarter tous les fatellites qui l'environnoient , qui formoient fa garde & faifoient fervice auprès de lui. Calice , pétales , étamines , piftils , tout eft congédié , tout difparoît. Le fruit refte feul ; ceft ce que les Jardi- niers appellent le fruit noué. Ce n'efl cependant encore qu'un enfant qui change de nourrice j de jeunes feuiiles qui #32. Traité de x a croiflent auprès de lui , vont lui attirer & lui procurer un lait plus nourriflant qui convient mieux à fes organes plus fortifiés. Au moyen de ces nouveaux fecours , le jeune fruit groiîit & prend en peu de temps la forme qu'il doit avoir, & parvient enfuite peu à peu à l'état de maturité. La Nature a tellement varié la forme des fruits, que je n'entreprendrai pas ici de les exa- miner tous j nous en citerons quelques exem- ples. Il y a des arbres qui portent des fruits charnus qui contiennent des femences recou- vertes d'une enveloppe cpriacée ; on les nomme fruits à pépins. Les poires, les pommes , les coings, les oranges , ont leurs pépins renfermés au centre d'une grande épaifieur de chair fucculente. Il y a d'autres fruits , tels que la figue , la grenade , &c. , qui ont beaucoup de pépins renfermés dans une chair plus ou moins fuc- culente. Outre ces fruits connus par les Jardiniers fous le nom de fruits à pépin , les Botaniftes ont compris fous le même nom plufieurs au- tres fruits, tels que ceiix du Châtaignier, du Hêtre , du Marronnier d'Inde qui font recou- verts d'une enveloppe plus feche que fuccu- lente , que l'on appelle brou. L'enveloppe du pépin des Chênes efl aufli lin brou , mais qui ne forme qu'une coupe dans laquelle le pépin efl: enchalfé , comme une pierre l'eftdans fon chaton. Im fruits de plufieurs arbres ont leurs Végétation, Iiv. II, Ch. XIV. 23 j . amandes contenues dans une boîte ligneufe , on les nomme fruits à noyaux. Le Pêcher , l'Abricotier , le Prunier , le Cerifier portent des fruits dont le noyau eft recouvert d'une chair fucculente. L'Olivier , le Jujubier , le Cornouiller , le -Laurier , &c. , ont aufïi leur noyau enveloppé d'une chair fucculente ; mais le noyau contient deux amandes. Les noyaux des Noyers & des Amandiers font couverts d'un brou; ce- lui de la noifette eft feulement enchalfé dans le brou. Beaucoup d'arbres & arbuftes portent des petits fruits charnus, fucculents ou non, que l'on nomme haies \ celles de l'Obier , du Phyl- lyrea , du Daphné , de la Viorne , : &c. font fucculentes , & elles ne renferment qu'une feule femence. f La baie de XA\edarach qui eft fucculente , renferme un noyau & cinq amandes. Les baies du Gale ^ du Sumac , du Lentif- que & du Térébinthe font peu charnues & ne renferment qu'une femence. D'autres arbres ou arbuftes portent des baies qui renferment deux femences ; telles font les baies du Chèvrefeuille , de l'Alifler , du Jaf- min , de l'Afperge , de l'Epine-vinette , &c. On trouve trois femences dans les baies du Su- reau , du Genévrier , du Cèdre, du Nerprun, Sac. Il y a quatre femences dans les baies du jBurcardia, du Troëfne , du Houx. On en trouve ordinairement cinq dans les railins , dans les baies de YUva-Urfi , de l'Ai- iclle , des Néfliers & dans celles du Lierre, j ; *34 Traité, d-e la Enfin , on en voit un plus grand nombre dans les baies du Jafminoïdts , du Myrthe , de la Rofe , du Butneria , de l'Arboufier, du Groiéillier. ^n examinant avec attention toutes ces baies, on apperçoit qu'elles forment différents Pla- centa qui fourniffent la nourriture aux fe-> mences. Les Botanifles appellent en général fruits tout ce qui contient des germes capables de .reproduire les efpeces : ainfi ce que les Jar- diniers appellent graines , font confédérées comme de vrais fruits par les Botanifles. Il y en a une grande quantité de formes très- variées. Tels font les fruits fecs qui contiennent , fous des écailles > un certain nombre de fe-> mences. , Si ces fruits y font de figures pyramidales, on les nomme cônes au Pin , au Sapin , à la Meleze. On pourroit aufli donner ce nom aux fruits; de l'Aulne & du Bouleau. Comme les fruits du Cyprès font ronds , on les nomme noix. Les fruits du Liquidambar font fphériques % & les femences font contenues dans des al- véoles. Lçs femences du Tulipier font nues , mais elles font tellement arrangées autour d'un poinçon commun , qu'elles reffembient affez à un cône écailleux. Tels font aufli à peu près les fruits du Met* gnolia ou Laurier-Tulipier: les. femences fon* VEGfc'TATÏON, LlT. II, CH.XIV. ïtf d'abord renfermées dans des alvéoles qui s ou* vrent lorfqu'il en eft temps ; les femences qui font aflez greffes & très-rouges en fortent , mais elles ne tombent pas. Elles reftsnt fufpendues , attachées à des fils qui tiennent au fond de l'alvéole. Ces femences , ainiî fufpendues, paroiffent comme autant de belles perles rouges , qui , agitées par les vents au milieu du grand & t>eau feuillage de cet arbre fuperbe , lui don- nent un éclat pendant l'automne qui l'emporte fur celui que fes belles & très-odorantes fleurs lui donnent au printemps. Lorfque ces femences qui apparemment n'auroient pas mûri fuffifamment dans les, alvéoles , ont acquis le dernier degré de ma- turité , le fil qui les foutient fe çaffe , & elles tombent pour germer en terre. Je m'étends davantage fur la defcrsption çie cet arbre charmant , le plus beau de tous ceux que nous connoiflbns, dont je tiens plu- lîeurs pieds en pleine terre & fans abri depuis J)ien des années. D'autres femences font contenues dans des efpeces de boites qui fe deffech'ent après être parvenues à leur maturité ; on les nomme cap- filles. Les fruits capfulaires du Charme n'onc qu'une feule cavité , & ne contiennent qu'une femence. . L'Orme , le Ptœlea , Y A triplex ont une ou deux femences renfermées dans une cavité formée de deux membranes minces. • ï^es capfules du Lilaç n'gnç qu'use ca- x-\S Traité de la vite , mais qui contient quantité de femences. Le F a gara & l'Erable ont leurs fruits cora- pofés de deux capfules qui ont chacune une cavité dans laquelle une femence cft renfer- mée. Le Saule , le Peuplier ont pareillement deux capfules qui ont chacune une cavité , mais qui contiennent plufieurs femences. Le Lilas & X Hamamelis ont deux capfules qui ont chacune deux cavités garnies d'une femence. Le Pallurus , le Ceanothus & le Chamœha ont trois cavités qui contiennent chacune une femence. Le Clethra , XEvonimoïdes ou bourreau des .arbres.,, le Thytimale , &c. ont aufïi leurs .fruits compofés de trois cavités ou loges qui contiennent beaucoup de femences. ... :La. caplule du Tilleul a aufïi cinq cavités , & elle devrait; contenir cinq femences ; mais il n'y en a ordinairement qu'une feule qui .réufïifTe. Les fruits de XAfcyrum , de X À^aka , du .Kalmia, du Qhamœrododtndros , &c. font aufïi des capfules à cinq. loges, mais dans lesquelles on trouve quantité de femences. Enfin , les capfules qui forment les fruits des cifîes ont un nombre indéterminé de lo- ges qui contiennent quantité de femences. Sans vouloir entrer dans un trop grand dé- tail anatomique de ces capfules ,' nous remar- querons feulement que jufqu'à la parfaite for* mation de leurs femences , elles lont fuccu- lentes, formées de quantité de vaiffeaux, dont VEGETATION, LlV. II , CH. XIV. 2^f les principaux forment des arrêtes où les fe- mences font attachées par nn faifceau de fibres qui leur porte la nourriture. Plufieurs de ces capfules que l'on trouve vuides après leur deflechement , étoient dans le temps de leur, verdeur remplies d'une pulpe Aicculente qui doit certainement être très- utile aux femences. Les fruits qui fuccedent aux fleurs légumi- neufes font des capfules allongées , auxquelles on a donné le nom de jiliqu.es ou cqjffes quand - elles ont une cer raine étendue , & que l'on nomme filleules lorfqu'elles font petites. Nous allons faire remarquer les principa- les différences qu'on trouve entre celles que produisent les différents arbres ou arbuftes. Les fruits du Spartiarn , de YAmorpha, du Barba-jovis cretlca , ne font que des filleules fans cloifon , qui ne contiennent qu'une feule femence. Les filleules du Tragachanta , du Genifia Jpartium & de YAnonis contiennent plufieurs femences. D'autres longues & fans cloifon , font com- primées entre chaque femence , comme au Coronilla. \ Celles de la Pervenche , du Gaînier ou ar- bre de Judée, du faux Acacia, du Cydfo- genifta , du Cytife , du Genêt , &c font aifez grandes, fans cloifon, ocelles ne contiennent point de pulpe. Les Cliques du Carouge, du Bonduc , &c. ne font point divifées par des cloifons; mais les. femences y font environnées de toutes parts d'une pulpe. *3§ Traité ht là Quantité de plantes ont leurs filiques pafJ tagées en deux par une cloifon qui s'étend dans toute leur longueur. Cette cloifon fe remarque dans les filiques du Phajéolides & dans les fruits du Bignonia. Les fruits du Nerion & du Periploca appro- chent de la forme des filiques , fans en avoir cependant le cara&ere. YlAnotia produit des fruits charnus dans lefquels on trouve des femences afïez greffes „ rangées comme dans les filiques. Le Staphylladtndron & le Colutœa portent des veflies membraneufes , dans leiquelles on trouve les femences attachées à une nervure principale qui s'étend dans toute la longueur des veilies. Comme les filiques font de vraies capfules , en peut leur appliquer ce que nous avons déjà dit des çapfules ordinaires. Nous ferons remarquer qu'un côté de lat Clique efî toujours garni dans toute fa lon- gueur de gros faifeeaux qui portent la nour- riture aux" femences qui y font attachées cha- cune en particulier. . Les femences de toutes les plantes en om- belles , telles que le Bupkvrum , l'Aubier , &c. font nues ; ainfi , il faut néceflairement qu'elles tirent leur nourriture du filet qui les fondent. On en peut dire autant de la Clématite dont les femences n'ont aucune enveloppe , & en- core du Chenopodium dont la femence unique eft recouverte par le calice , fans cependant avoir aucune adhérence avec lui. Il en eft de même de toutes les fleurs la- VEGETÀTION,lrV. H,Ch. XV. 23$ Viées qui ont quatre femences recouvertes par le calice , comme l'Hyflbpe , la Lavande % ic St & plus Végétation , Li v. IL Ch. XVII. 247 elle doit devenir tendre & fucculente ; & c'efl ce qui arrive. Quand on coupe tranfverfalement une poire , de façon qu'on divife en deux les pépins & les loges qui les renferment , autour defquelleg font placées les pierres qui forment la cap- fule p.ierreufe , on apperçoit dix. points de différente couleur que celle de la chair de la poire , & qui font la fedion de faifeeaux de fibres. On découvre aifément dans les queues des poires un affez grand nombre de faifeeaux de fibres qui toutes paroifTenc d'abord corticales ; ils fe prolongent fuivant la longueur de cette partie, fans former de ramifications fen- fihles , parce qu'ils y font fort reiïerrés. Ces libres font tendres & flexibles dans les jeunes fruits ; mais elles s'endurciffent par là fuite, au point que ces fibres corticales pa- roiffent comme ligneufes dans les fruits mûrs. Elles forment dans cette partie une efpece de tuyau dans lequel on difïingue , lorfque les fruits font jeunes, les rudiments de fibres li- gneufes qui forment par la fuite , au centre du pédicule, un corps cylindrique, ligneux, noir & très-dur. Ces fibres fe prolongent félon la diredioiv de l'axe du fruit dans la gaine pierreufe , jufqu'au-defîbus de la capfule dans laquelle font les pépins. Elles ne fe divifent prefque point dans cette route , on apperçoit feulement quelques foi- bles rameaux qui s'épanouiifent dans la fub- fiance charnue qui les environne. Q4 &fî Traité dbxA Quoique l'homme difpofé à croire que tout eft fait .pour lui , fe plaife à imaginer que la pulpe fucculente & lavoureuie des fruits ne foit formée que pour flatter fon goût , jouif- fance qui d'ailleurs lui eft commune avec tous les animaux frugivores ; 1 examen nous fait connaître que les parties de tous les fruits fonr faites pour concourir au but que la Na- ture le propofe , qui eft , comme nous l'avons déjà dit , la coniérvation des germes qui doi- vent perpétuer l'efpece. Dans la poire , c'erT le pépin qui eft: l'objet de toutes fes attentions , & qui l'eft fi peu des nôtres : nous en voyons la preuve dans le fruit dont nous parlons. Quelques failceaux sépanouiftent dans la chair lorl'qu'ils ont quitté le faifceau de l'axe pour fournir de !a nourriture à la partie char- nue du fruit ; les dix autres plus gros , dont nous avons déjà parlé , après s'être féparés de ceux de l'axe , un peu au-deflbus de la capfulc pierreufe , vont en ferpentant , & en décrivant un arc autour de cette capfule , aboutir à la roche comme à un rendez-vous commun. On apperçoit comment les pétales & les examines étoiçnt implantées fur les grains ou efpeces de glandes qui forment la roche. On y diitmgue Je canal par lequel paflbienc les piftils ; on apperçoit aufîï cinq de cqs gros failceaux dont nous venons de parler , qui aboutirent à la roche. Cette difpoiirion d'organes, bien reconnue f fait voir que dans le temps que la roche étoit yne iubuance glauduleufç , dans laquelle s'im- Vjegetàtïott , Ii v. II , Ch. XVIï. 14 9 plantoient les pétales & les étamines, les dix gros faifceaux de fibres étoient les canaux par lefquels paflbient dans la fleur les fucs qui lui étoient néceffaires. Quand les fleurs font pafïees , les glandes venant à s'obftruer & à s'endurcir , les liqueurs conduites par ces fibres font obligées alors de refluer d'une manière bien avantageufe pour l'accroifTement du fruit , & de fe former de nouvelles routes par les fibres latérales dans la fubftance charnue du fruit. Il paroît que dans le temps de la fleur, la Nature femble ne s'occuper que de la forma- tion des pépins. Alors le calice qui doit devenir le fruit , ne groîîit que proportionnellement à l'augmenta- tion du volume des pépins. Après que la fleur eft pafïee & que les fruits font noués, ils refient encore quelque temps fans augmenter fenfiblement de volume , & cela dure jufqu'à ce que les pépins foient par- venus prefqu'à leur groffeur naturelle. Dans ce premier état , la fubftance char- nue des poires manque prefqu'entiérement ; les dix gros faifceaux de fibres rampent entre les téguments & la capfule pierreufe ou glandu- leufe qui touche prefqu'à ces téguments ; car alors l'entrelacement de la peau ne fe peut diftinguer. Quand les pépins font parvenus à peu près à leur groffeur, & que les glandes commencent à s enduicir > & que les fibres deviennent plus formées , alors la fubflance charnue fe forme fenfiblement>& les poires groffiflent rapidement. %

6 Traité b e l * Nous avons dit que chaque pépin de là poire avoit auprès de fa partie pointue un faifceau de fibres qui y portoit les fucs né- ceflaires ; que ce faifceau traverfoit la peau brune du pépin , & qu'il alloit fe rendre vers le gros bout fous les enveloppes : on obfervc quelque chofe à peu près femblable dans les noyaux des amandes , des abricots , des pru- nes , des pêches. Les noyaux, des abricots & des prunes font relevés par un de leurs côtés d'une arrête tranchante -> & de l'autre , ils font creufés d'un lillon. Les noyaux des pêches , en place de cette v arrête tranchante, ont un fillon peu réguler; & de l'autre côté, ils ont une rainure plus pro- fonde & plus régulière qui eft bordée de deux lèvres faillantes. Si on fend le noyau en deux , on apper- çoit une gouttiete creufée dans le bois ; il y a lieu de. croire que c'étoit le canal du faif- ceau de fibres qui portoit la nourriture à la- mande. Nous avons vu que dans les pépins des poi- res ce faifceau pénètre leur écorce brune, & qu'entre cette écorce & les enveloppes inté- rieures de l'amande, il alloit gagner le gros bout où il s'unifToit à ces enveloppes. Il en eft - à peu près de même dans les fruits à noyau , les- quels , indépendamment de la boire ligneulë t ont encore-leur amande recouverte de plufieurs enveloppes ; cependant la route que tient ce - faifceau fibreux dans les fruits à aoyau, n'efl pas la même, II Végétation, Liv. II, Ch. XIX. itf Il y a lieu de ciroire que la boîte ligneufê des fruits à noyau a commencé par être glan* duleufe , ce qui fait penfer qu elle peut terni, lieu dans ces efpeces de fruits, de la capfulc pierreufe dans les poires. Nous avons dit que les pépins des poires font finies de façon que la pointe où eft le germe eft tournée du côté de la queue ; en- forte ,que le faifceau de fibres s'engage tout de fuite entre les enveloppes & parvient à l'extrémité la plus renflée du pépin. Il en eft tout au contraire dans les fruits à noyau ; la partie pointue des amandes eft tournée du côté du ftyle., & la partie renflée du côté de la queue ; de forte qu'il paroîc que le faifceau qui paiTe par la rainure du noyau entre dans fa cavité , & fe ramifie dans les enveloppes de l'amande , & qu'il va , comme dans le pépin , gagner le gros bout. L'intérieur des noyaux eft formé d'une cou-^ che de bois afTez mince ; elle eft polie , lui— fante ; elle ne contracte aucune adhérence avec l'amande qu'elle contient* Toutes ces circonftances la rendent com- parable au parchemin des loges où font ren- fermés les pépins des poires ; mais cette mem- brane a acquis plus de confiftance dans les fruits à noyau que dans ceux à pépin. Le plexus réticulaire fe fait diftinguer fut le parchemin des poires ; on remarque un pareil plexus dans l'intérieur des amandes à coquilles tendres , & l'on voit fenfiblement toutes les ramifications des réfeaux fibreux % quoique couvertes en bois , & qu'ils jettent de§ Tome L R a$8 TlAITÉ DE f I rameaux dans le feuillet intérieur & dans le corps ligneux qui a été d'abord glanduleux dans les jeunes fruits. Si on fait macérer dans de Veau des fruits à noyau de différents âges , on en trouve dont le noyau fe divife totalement en grains , qui ref- femblent beaucoup à ceux des pierres des poires. Il y a même des efpeces de prunes dont le noyau eft a (Fez tendre pour être aifément di- vife par grains , fans avoir été mis en macé- ration. Mais dans les noyaux durs , on ne peut appercevoir ni le plexus ni les grains dont je viens de parler ; & l'examen fait connoître que tous les fruits à noyau ne font pas tout à fait organiiés de même. Les variétés que la Nature fe plaît à mettre dans fes ouvrages fe retrou- vent par-tout. Dans les fruits à noyau comme dans les fruits à pépin , la partie charnue ne groiîit rapidement quaprès que l'amande eft formée. Ce n'eft que quand les fruits font parvenus à une parfaite maturité, qu'on peut bien apperce- voir la diihïbution des faifceaux de fibres dont ils font remplis. On les diitingue aifément dans les abricots , après les avoir pelés pour enlever les tégu- ments & l'entrelacement àts faifceaux qui font à la circonférence du fruit , & qu'on décou- vre feniiblement dans les cerifes qu'on a dé- pouillées de leur peau. Après avoir ainfi pelé les abricots & les avoir mis tremper dans l'eau , on apperçoit les gros faiiceaux qui partent de la queue & qui vont fe répandre dans la chair ; on en voit- Végétation, Li V. II, Ch* XIX. £(f un qui eft engagé dans la rainure du noyau * & qui fournit beaucoup de branches à la par- tie charnue. Ces faifceaux ou troncs principaux fe divi- fent en une infinité de rameaux qui font gar nis d'un duvet très-fin : dans les abricots , dont la chair n'eft point détachée du noyau , quan- tité de fibres , ainfï que le duvet femblent par- tir de tous les points de la boîte ligneufe. Dans ceux qui quittent le noyau , il femble que ces fibres aient été coupées par le noyau même qui a pris une confiftance très-dure , & que la chair ayant continué à prendre de l'éten- due depuis que le noyau avoit ceffé de croî- tre , fe foit éloignée de cette boîte ligneufe. Dans les pêches , on apperçoit fréquemment de gros faifceaux qui fortent des filions du noyau; on apperçoit dans la queue d'une pê- che, qui eft fort courte , un aflemblage de quantité de faifceaux de fibres , dont quelques- uns , en contournant le noyau , vont fe rendre, au bout du fruit, à l'endroit où étoit placé le ftyle dans le temps de la fleur. Plufieurs de ces faifceaux vont tout de fuite s'épanouir dans le bois du noyau pour y porter les fucs qui leur conviennent. Il fort de la fuperficie de la boîte ligneufe une grande quantité de fibres , & ces fibres fe répandent par leur épanouifîement dans toute la fubftance charnue de la pêche , formée de véficules , magafin du fuc propre , qui y eft très-abondant , & dont ces faifceaux de fibres tf corticales , pour la plupart , font les con- duits» R z z6o Traité de la Cela fera mieux expliqué au Livre de la Fructification ; je ne rends ces détails préli- minaires que pour en donner une première idée, en fuivant l'anaromie de toutes les par- ties arboriques. Parlons à l'examen des aman- des. chapitre xx. Des Amandes. 0 u s avons vu que dans les poires , les pépins étoient prefque parvenus à leur grofTeun avant que la chair fût fenfîblement formée ; il en eft de même des noyaux qui ont atteint prefque toute leur grofleur long-temps avant que les fruits aient atteint toute leur croif- fance. 11 n'eft pas rare de trouver des pêches dont la chair eft à peine formée , & dont le noyau qui eft déjà gros renferme une amande déjà très-apparente , quoiqu'à la vérité bien impar- faire encore. Si on ouvre un noyau , parvenu à fa grof- feur , dans un fruit qui foit encore verd , on le trouve rempli d'une fubftance glaireufe , qui paroît cependant organifée & entrecoupée de plufieurs membranes. Dans les jeunes fruits, lecorce des amandes - eft blanche 'j dans ces fruits devenus plus gros , l'intérieur de la membrane qui recouvre ira- ^ médiatement l'amande eft encore blanche. Végétation, trv.1I, Ch. XX. iêi L'extérieur de cette membrane eft jaune dans les amandes proprement dites ; cette écorce jaune eft en quelque façon grenue & aflez épaifïe. Lorfque les amandes font parvenues à. leur maturité , cette écorce devient plus mince , & elle brunit. Si on met tremper pendant quelques jours des amandes feches , on apperçoit que cette enveloppe brune eft traveriée de plufieurs faif- ceaux qui fe ramifient dans toute fon étendue. Lorfque l'amande fe forme , on apperçoit à îa pointe du noyau un petit point blanc , le- quel devient plus fenftble quelque temps après ; on voit qu'il eft enchafle par le bas dans une petite verfie tranfparente , très-diftinde du refte de l'humeur glaireufe , avec laquelle elle ne communique que par un filet. Le corps blanc qui eft le dépôt précieux du germe pour lequel la Nature a prodigué tant de foins, grofïït & proportionnellement à l'augmentation de groffeur de l'amande. La vefîïe prend auiîi de l'étendue ; l'amande continue à augmenter de volume { de même que la veffîe qui s'approprie peu à peu toute îa fubftance glaireufe qui remplifToit la co- quille ; de forte qu'il ne refte plus que les membranes. Alors l'amande grofiït aux dépens de là veflie dont elle confomme toute la fubftance, & elle remplit toute la capacité du noyau ; aînfi l'amande fe nourrit aux dépens de la vef- fîe , de même que la vefîïe fe nourrit de l'hn* meur glaireufe qui eft dans le noyau. R3 %êi • Trai ri de i A Knm mu — i^— — ■— — — ^— — — —— ^— ■uni 'i»«b—wj[ CHAPITRE XXI. .Dw Fruits capfulains. \ 0 u s avons vu qu'au fruit à pépin , tel que la poire , le renflement du calice forme l'em- bryon ; ainfi le calice renferme , outre les or- ganes qui appartiennent aux pétales & aux; étamines , ceux encore qui fervent au déve- loppement & à la nourriture des fruits. Dans les fruits à noyau , dont les calices tombent quand l'embryon eft formé , la dif- pofition des organes eft' différente ; on n'y trouve que ceux qui appartiennent immédiate- xnent à la femence, & d'autres qui fervent à îa formation de la chair. Il y a des fruits encore plus fimples , tels font les çapfalaires ; car les étamines & les pétales étant nourris par le calice , les fruits qui font peu charnus n'ont que les organes néceflaires à la nourriture des femences : pre- nons pour exemple les Jîliques qui font dç vrais fruits capfulaires. Dans ces efpeces de fruits , les étamines prennent leur origine du calice à la bafe du piftil qui eft terminé par un ou deux ftigma- îes d'un ftyle qui fé courte au fortir dç l'embryon qui eft allongé. Le ftyle fe çlivife en deux faifceaux , dont l'un eft plus confidérable que l'autre , mais tous deux bordent la filique ; le faifceau le plus gros fournit quelques rameaux à un peu ' Végétation, Liv.II5Ch, XXI. i6y de chair qui couvre les goufFes vertes; & cette distribution de faifceaux forme un plexus qui reifemble arTez à celui donc nous avons parlé à l'occafion des poires & des aman- des. L'intérieur des gonfles eft formé par une efpece de parchemin formé par des fibres dont la direction ell oblique ,* le faifeeau principal pafle par la grofle nervure ; c'eit lui qui four- nit la nourriture aux femences qui ne fonc point adhérentes aux capfules , mais qui tien- nent par un pédicule très-court à ce faifeeau fibreux. Les organifations qu'on obferve dans les fruits capiulaires font ii variées que je ne dois pas entreprendre de les examiner ici tou- tes en particulier ; j'aurai occafïon d'en par- ier plus amplement au Livre de la Fructifi- cation, CHAPITRE XXII. Des Parties fexuelles des plantes. T Ou s les Auteurs ont paru s'accorder fur l'opinion où Ton a toujours été , que le grand appareil d'organes , dont font formés les rieurs & les fruits , font deftinés à la formation des femences qui fervent à la multiplication des efpeces ; mais les fentiments ont été bien par- tagés fur les fonctions qu'on devoit attribuer à chacun de ces organes. R 4 Traité de xâ Quelques-uns ne pouvant appercevoir cette refTemblance qu'on s'eft efforcé de trou- ver entre les animaux & les végétaux , n'ont voulu en admettre aucune , & ont refufé de reconnoître les parties fexuellesfcjans les plantes. Les uns , & le célèbre Tournefort eft de ce nombre, ont regardé les étamines & les piftils comme des organes excrétoires , dont îa fondion fe réduifoit à débarrafler les plan- tes d'un excrément fuperflu. D'autres , comme Pontedera , ont prétendu que ces vifeeres étoient formés d'un nombre d'utricules , dans lefquels la fève recevoit une préparation qui la rendoit propre à nourrir les jeunes fruits. M. Alflon regarde, ainfi que M. Tourne- fort , la poufliere des étamines , comme un excrément ; & en comparant les embryons des fleurs aux boutons & aux caïeux , il n'héfîte pas de dire que de même que ces parties des végétaux font des productions fans, le fecours des poufîieres , les embryons peuvent aufîi , fans ce fecours, devenir des fruits bien con- ditionnés. Quoique Théophrajie ait diftingué les Palr m;ers en mâles & femelles , parce que les uns portent des fruits , & que d'autres font ûé- riles & ne paroiîfent défîmes qu'à la fécon- dation des embryons , & quoiqu'il dife expref- fément que les fruits du Palmier coulent , fi l'on n'a pas l'attention de fecouer fur les em* fcryons les poufîieres des étamines. Néanmoins cet Auteur retombe dans la dif* finSiQii abuflyç çjue plufieurs ont faite } eq Végétation , Iiv. I , Ch. XXII. i5f appellant mâles ou femelles des arbres qui font inconteflablement hermaphrodites , en éta- bliffant cette diftin&ion de genre fuir la vi- gueur , la force & la grandeur des arbres > fans avoir aucun égard aux organes du fexe. Quelques Se&ateurs de Théophrafte ont pouffé la chofe jufqu'à nommer femelles les arbres qui donnent les plus beaux fruits , & cette dénomination s'eft étendue à des objets qui n'en font nullement fufceptibles. C'eft en conféquence de cet abus que Ton nomme dans les boutiques l'Encens mâle , le Maftuc mâle , &c. C'eft encore par une diftindion qui n'eft, fondée fur aucune difpofition organique , rela- tive aux fexes , que l'on a divifé les Ormes , les Chênes , les Cyprès , les Cornouillers en mâles & en femelles , fe bornant à regarder comme plantes femelles celles qui font plus délicates & dé plus petite taille , & comme plantes mâles, celles qui ont un port plus ro- bufte ; diftinction abufive , qui n'a nul rapport avec le fentiment que nous expofons, fondé fur les organes pris dans un feiil ou dans deux individus , dont les uns fervent à pro- duire la femence & à la nourrir jufqu'à fou état de perfection , & les autres à rendre cette femence féconde. v Les fleurs complettes font , comme nous l'avons dit , formées du calice , des pétales y des étamines , & d'un ou de plufieurs pi'ftils., & les fleurs incompîetces manquent' é la Chanvre, dans fon Ouvrage fur les manœuvres des vaifTeaux , dans les recherches qu'il a fai- tes fur la caufe des nouvelles efpeces de fruits i & fur l'anatomie de la poire. Quoique la fécondation des animaux ait bien peu de rapports avec celle des végétaux , nous allons cependant en dire quelque chofe pour faire connoître que tout être vivant fe reproduit par des germes. Les Anciens ont admis deux fortes de géné- rations ; Tune qui étoit le réfultat de la cor- ruption , en conféquence de laquelle ils croyoient que la plupart des infe&es lui dévoient leur ori- gine. L'autre comme dépendante d'un germe qui réfultoit du concours des deux fexes. Ils ne pouvoient pas s'y méprendre dans les gros animaux ; mais ils étoient dans l'erreur par rapport aux petits dont ils ne pouvoient voir l'accouplement , comme on l'a vu *depuis par le moyen des verres. L'invention & l'ufage du microfcope n'a plus permis de douter que quantité de petits in- feâes qu'on foupçonnoit tirer leur origine de la corruption , s'accouplent & fe reproduifent comme les autres. On en a vu d'autres dépofer leurs oeufs dans des chairs qui fournirent , après leur corrup- tion , un aliment convenable aux vers qui en doivent fortir. D'autres pénétrer dans le corps même des animaux pour y faire leur ponte. Comment quelques-uns percent le cuir des bœufs , l'é- corce des arbres, le bois même, & toujours Végétation, Liv. Il, Ch. XXII. %jt pour placer les vers qui doivent fortir de leurs ceufs , dans un lieu où ils puflent trouver une nourriture convenable. De même l'examen & le fecours des microf- copes a fait découvrir des femenees dans plu- sieurs plantes qu'on en croyoit dépourvues. Tous les arbres qui portent des fleurs mâ- les & des rieurs femelles fur des individus dif- férents , ont befoin d'être à portée de fe fé- conder, tels font les Palmiers. On lit que dès le temps d'Alexandre , les habitants de la campagne qui cultivoient ces arbres s'étoient apperçus qu'il étoit important à la fructification que les deux invidus fe trou- vaient rapprochés les uns des autres. Hérodote rapporte que dans l'Orient où l'on fait un grand ufage du fruit du Palmier , les payfans attachent des branches de Palmier mâle aux branches de ceux qui portent le . fruit. Ce fait fe trouve confirmé par les obferva- tions de Tournefort , quoique ce célèbre Bo- tanifte n'admette point l'exiftence des deuxfexes dans les végétaux. Théophrafte , Pline , Profper Alpin , Kemp- fcr penient tous que fans le fecours des fleurs mâles , les dates feroient d'un mauvais goût , & leur noyau hors d'état de germer. Dans le Levant , on diftingue les Térébin- thcs & les Lentifques en mâles & femelles ; ceux-ci portent du fruit , & les autres fervent à les féconder. \ Il y a près de vingt ans que j'ai un Len- tifque femelle qui fleurit toutes les années , * 'ïji Traité de la mais il ne donne jamais de fruit; ce qu'il fé' toit s'il étoit à portée d'un Lentifque mâle qui le féconderoit. Nous en avons la preuve par l'expérience que M. Duhamel dit avoir faite avec M. Ber- nard de Jujjïeu fur un pareil arbre , qui de- puis long-temps étoit ftérile. On fit apporter auprès de lui l'autre indi- vidu qui étoit en cahTe , & il frudifia très- bien cette année-là ; mais l'ayant privé de ce fecours les années fuivantes , il ne donna plus de fruits. Toutes les obfervations , toutes les expé- riences prouvent la néceflïté du concours des deux fexes. Elle eft reconnue par ceux mêmes qui nient la fécondation dans les plantes , & n'admettent point la diftindion fexuelle. Mais ils difent que les organes dont nous avons parlé, font des organes fécrétoires & pro- pres à donner à la fève les préparations né- ceffaires aux femences , Se par conféquent que la fuppreiîion de ces organes doit nuire à la fruôification & même l'annuller. Mais cela ne fatisfait point à l'explication de la néceiîité du concours des deux fexes fur deux différents individus. L'opinion de la fécondation des plantes fe trouve fortifiée par plufieurs raifons de con- venance. On remarque que la poufliere des étamines fe répand lorfque le ftigmâte des piftils paroît difpofé à recevoir les influences de cette pouf- ûere fécondante. Aufli-tôc Végétation, Liv. II, Ch.XXII. 273 Aufli-tôt après que la fécondation s e(l opé- rée , les étamines & les piftils le deflechent. La difpolîtiou des piftils , relativement aux étamines , paroît favorable pour recevoir la pouflïere ; mais quand cela ne ferait pas ainfi , la pouflïere fe répandant avec tant d'abon- dance qu'elle forme une efpece de brouillard qui flotte dans l'air , quelques grains de cette poufliere peuvent aifément fe placer dans les points convenables pour opérer la féconda- tion. Les pluies abondantes qui furviennent dans le temps de la fleur , font couler les fruits , & particulièrement les raiîîns ; ce qui paroît provenir de ce que l'humidité intercepte ces pouflieres , & les met hors d'état de fe por- ter où il convient. La plupart des plantes aquatiques fortent à: la furface de l'eau pour fleurir , & quelques- unes s'y replongent aufîi-tôt que leurs fruits font noués. Comme les pouffieres des mêmes efpeces de plantes font de figure femblable , au lieu que la figure des pouffieres eft fort différente dans les plantes de différent genre , & que toutes font autant de capfules organifées , il femble qu'on en peut conclure que la poufliere des étami- nes n'eft pas un fimple excrément , comme le prétendent ceux qui n'admettent point les fexes. S'il fe trouve quelques plantes qui donnent du fruit , mais dont on ne connoiflë pas bien encore les organes qui caradérifent leurs fe- xes , on ne doit pas conclure que ces orga- nes leur manquent ; & puifque les Natura* Tome L S 274 Traité de r à liftes Obfervateurs , en découvrent tous les jours , il faut efpérer que dans la fuite les par- ties fexuelles des autres parviendront à notre connoifTance. Je terminerai ce Chapitre par une obferva- tion importante. J'ai déjà dit que les plantes cucurbitacées , telles que les melons , portent féparément fur le même pied des fleurs fe- melles , & des fleurs mâles ; celles - ci , que les Jardiniers appellent faujfes fleurs , parce quelles ne donnent pas de fruit , font effentiel- lement nécefiaires à la fécondation de celles qui en doivent donner. C'eft pourquoi il faut s'oppofer à l'ignorance & à l'entêtement de plufieurs Jardiniers qui fuppriment ces fleurs , qu'ils regardent comme inutiles ; ce qui fait avorter les fruits en tout ou en partie , & ne peut que nuire à leur for- mation & à leur croifTance. Ceft une pernicieufe manoeuvre à laquelle font fort attachés tous ceux qui ne fuivent qu'une aveugle routine. CHAPITRE XXIII. Des Germes. c E T énoncé eft devenu un axiome généra- lement reçu aujourd'hui. 11 étoit méconnu des Anciens , qui penloient que la plupart des in- feâes ne dévoient leur origine qu'à la putré- faction dont ils étoient les effets. Végétation, Liv.ïI,Ch6 XXIII. 275 Plufieurs ont cru aufli , que les fumiers en- gendroient des plantes , qu ils produifoient des champignons , que les moufles n'étoient que l'effet de la pourriture des vieux bois & de la décompofition des minéraux; Les Physiciens plus éclairés aujourd'hui % reconnoiflent que toute production eit due aux germes & aux femences. Aux vues bornées des Anciens, ont fuccédé deux hypothefes , qui ont paru mériter plus d'attention que les autres. Harvey penfoit que la cicatricuh renfermoit t embryon ou les rudiments de l'animal entier f qui attendoit du mâle l'imprefïion des premiers mouvements , ou la vie. Les Sedateurs de ce célèbre Auteur ne pou- vant concevoir qu'une machine aufîi admirable qu'eft le corps d'un animal, pût être formée par un autre , ont foutenu que tous les germes avoient été formés dès la première création. On démontre géométriquement que la ma- tière eft divifible à l'infini ; mais il n'eft pas aifé de concevoir que les germes de toutes les fuccefîions d'une efpece d'animal , aient été contenus dans l'ovaire de celui qui eft forti le premier des mains du Créateur. Mais combien d'autres merveilles échappent à nos fens & à notre imagination ! Lcwenhoeck ayant apperçu , à l'aide du mi- crofcope , des corps qui fe mouvoient dans la liqueur feminale , en a conclu que chacun de ces corps , qu'il regardoit comme des efpeces particulières de vers , fe logeoit dans la cica* tricuk de l'œuf , qu'il y prenoit de l'accroif* S 2. 176 Traité de l je fement , qu'il s'y métamorphofoit à la manière des infecles , & qu'il devenoit enfin un animal femblable à celui qui l'avoit produit. Ce fentimeut a emporté pre.fqne tous les fuf- fràges , & le germe que Malpigtiy a obfervé dans les œufs qui ont été couvés , & qu'il re- gardoit comme le premier rudiment du fœtus, a paru peu différent du ver féminal de Lewen- hoeck. Ce fentiment , quoique fort ingénieux , fouf- fre cependant bien des difficultés. Si , félon Lewenhoeck , les vers féminaux fe rnétamorphofent dans les œufs , les jeunes ani- maux devroient , au moment de la naiffance , être enveloppés par les membranes du fœtus. Mais on obferve qu'un poulet , par exemple , eft contenu dans les enveloppes de l'œuf , & qu'il n'en a point qui lui foient propres. On de- vroit donc du moins trouver les dépouilles de l'animal qui s'y eft métamorphofé. Comme ces vers émanent d'un père , les en- fants devroient lui refiembler toujours ; cepen- dant il eft d'expérience qu'ils tiennent du père & de la mère ; un Lévrier & une Barbette font des métifs qui tiennent de l'un & de l'autre. Quelle eft l'origine de ces prétendus vers ? Dira-t-on qu'ils font produits par d'autres vers ; ceux-ci encore par d'autres, & ainïî à l'infini ? C'eft une fuppofition difficile à admettre , & qui ne fait que tranfporter fur les vers la diffi- culté qui fe préfentoit pour les animaux. . Enfin , quelques-uns prétendent que les pe- tits corps que Lewenhoeck a obfervés , ne font Végétation, Iiv. II, Ch. XXIII. 277 point de véritables animaux vivants , mais feu- lement des parties organiques qui , .par leur aggrégation , peuvent former des corps orga- nifés. Ce nouveau fentiment n'a pas rendu la ques- tion plus claire, non plus que plufieurs. autres fyftêmes dont je ne parle point. Ils n'ont fervi qu'à faire connoître dans quels égarements fe porte l'efprit humain , quand , fortant de la iphere qui lui eft prefcrite , il veut s'élever à des objets inaccefîibles , & pé- nétrer dans des routes où il ne peut être guidé ni par l'expérience , ni par l'obfervation. Si les Anatomiftes ne font pas d'accord fur la manière dont s'opère la fécondation dans les animaux , les Botaniftes ne s'accordent pas plus fur la façon dont fe fécondent les végé- taux. 11 eft vrai qu'une queftion ne ferviroit pas à éclaircir l'autre , puifqu'il y a apparence que ces deux opérations , quoiqu'également né- ceffaires pour perpétuer les efpeces , ne peu- vent avoir que des rapports très - éloignés. Nous avons vu que toutes les parties des fleurs fe forment clandeftinement dans les bou- tons pendant l'automne & l'hyver, & que les premières chaleurs du printemps opèrent leur développement ; les boutons s'ouvrent , è tA différentes efpeces de Fougères, il les dépofi fur une fenêtre d'un appartement , au rez-de- chauffée de fa rhaifon : elles y furent oubliées + & Tannée fuivante le bas de cette fenêtre le trouva abondamment fourni de Fougères qui avoient levé entre les pavés* Notre objet n'eft pas d'étendre les recher* ches fur toutes les plantes dont on ne connoît pas bien encore les organes , mais feulement de donner une légère idée des obfervations que l'on peut faire à ce fujet , en faveur de ceux qui , fans fe livrer à une étude fuivie de la Botanique , ne dédaignent pas de s'occuper de pareilles recherches phyfiques. Nous termi^ nerons cette digrellion par un examen des tê- tes de la Mouffe capillaire à feuille un peu large. Lorfqu'on expofe au microfcope la tête de cette Mouffe , elle paroît être une capfuie ovoïde formée de l'aflèmblage de plufieurs fu* féaux , & terminée par un capuchon ; & l'on apperçoit dans l'intérieur de la capfuie une efpece de noyau pareillement capfulaire & terminé par un couvercle. Si l'on fend cette tête fuivant fa longueur, on découvre au centre le noyau qui eft verd , & qui eft terminé d'une fubflance blanchâtre Se tirant plus ou moins fur le jaune , félon le degré de maturité de ce fruit. Le tout eft recouvert de la capfuie , qui eft d'un beau verd. On découvre au - deffus de cette capfuie un opercule ou capuchon , auquel eft atta- chée une petite partie de cette fubftance blan- VÊeËTÀTîOtf,Lîv.ÏÏ,Ctf.XXIV. 187 Châtre , le furplus étant renfermé dans le fruit. Le noyau efl formé de la réunion de plu- fleurs fufeaux afTemblés fur un culot commun qui s'en détache quelquefois. Au refte , dans le temps que les capfules font vertes , on en voit fortir une liqueur fort claire , dans la- quelle on apperçoit des grains blancs. La fub- llance blanchâtre paroît être une efpece de pâte remplie de quantité de grains fort ap- parents. Voilà bien des organes qui paroifîent def- tinés à la formation des femences ; mais ils font fi fins , qu'on ne peut que les entrevoir , & même d'une façon trop confufe pour ofer hafarder aucune conjedure fur leurs ufages. Ces incertitudes ne peuvent néanmoins four- nir d'objections folides fur le fyltême général de la fécondation ; elles doivent feulement en- gager les Phyficiens à faire de nouveaux ef- forts pour acquérir de nouvelles connoiffances fur un point auiïi intéreflant. a88 T r a i t £ d e la fa ' ' ■ . -f CHAPITRE XXV. Des nouvelles ÈJpeâes , & des Variétés. p LusiEURS confondent les termes d'ef- peces & de variétés ; cependant leur acception ne doit pas être tout à fait la même. Nous dirons qu'on appelle efpeces, des pro- ductions d'un même genre , lefquelles ayant les cara&eres généraux de ce genre , en ont encore de particuliers qui les font aifément diftinguer ; & que l'on donne le nom de va- riétés à ces mêmes productions qui offrent bien quelques différences entr'elles , mais il peu fen- iibles , qu'elles ne font remarquées que de ceux qui y apportent une attention particulière ; c'eft pourquoi on a dit que tel Botanifte a fait des efpeces qui ne doivent être regardées que comme des variétés. Par exemple , on m'a envoyé d'Angleterre des Houx panachés , diftingués en cinquante efpeces nommées ; mais la plupart ne font que des variétés , encore faut-il y regarder de bien près pour les appercevoir ; & dans ce nom- bre il y en a à peine vingt qui aient des carac- tères allez diftin&ifs , des différences affez mar- quées, pour devoir être confidérées comme des efpeces. Il en efl de même de plufieurs autres gen- res d'arbres que l'on a diftingués en efpeces , foit à caufe de la panachure , caradere qui n'eft Végétation , Lî v. II , Ch. XXV. 289 n'efi: pas confiant fur plufieurs, foit à caufe de la différence de fes feuilles > de fçs fruits , ou de la pofition de fes branches & de fou port , ou enfin par toute autre différence mar- quée & ai fée à faifir. Ces différences ont paru même il confidéra- blés à quelques Botaniftes , qu'ils ont jugé à propos de faire de ces efpeces des genres par- ticuliers ; d'autres , comme le Chevalier Linnée , n'ont fait qu'un même genre de plufieurs ef- peces , & même de plufieurs genres : il a mis fous la même dénomination générique , & a nommé Prunier , l'Abricotier , le Cërifier , le Padus & le Laurier-Cerife , ne faifant qu'un même genre de tous ces arbres , dont il fait enfuite des efpeces. Mais il ne paroît pas que l'autorité de ce célè- bre Botanifie ait prévalu en cela fur l'habi- tude & l'ufage généralement reçu, La culture & les effets des circonftances particulières dont nous allons parier , nous ont donné & nous donnent tous les jours des efpeces nouvelles ; c'efl par le moyen des fenlences que nous les obtenons , car je prouverai que les autres moyens de multipli- cation , tels que la greffe, les boutures , les raai- cottes , ne peuvent donner que la même efpece. Nous parlerons dans le cinquième Livre, âcs moyens d'obtenir ces nouvelles efpeces ; je m'en tiendrai ici à examiner & à tâcher d'en reconnoître & d'en expliquer les caufes: elles vont fe préfenter affez naturellement , en fe rappeilant ce que nous avons dit de la fécon- dation des plantes. Tome L T n)o Traité de la Nous avons vu la nécefîité du concours des deux fexes pour opérer la fécondation des embryons ; nous avons vu que cette opéra- tion ie fait par l'introduction des pouiîieres des ctamines dans les piitils ; le vent fait vo- ler ces pouiîieres , & peut même les porter fort loin. Il eft aifé de concevoir que le piftil d'une fleur peut recevoir la poufliere des étamines d'une autre fleur ; & qu'étant du même genre, l'embryon fera fécondé par cette poufliere étrangère : cette efpece de polygamie eit bien capable de produire ce qu'on appelle , parmi les animaux, des métifs ; de là toutes ces ef- peces nouvelles, toutes ces variétés que nous donnent les femences. On remarque que ces variétés font beaucoup plus fréquentes & plus multipliées , par le moyen des graines que l'on récolte fur àes plantes d'efpeces différentes , que l'on rafiemble très-près les unes des autres dans une même partie de terrain ; telles font ce qu'on appelle des planches de fleurs. On fait combien nous donnent de variétés les femences des Tulipes , des Renoncules ferai - doubles , des Anémones , àes Prime- vères , &c. , dont les plantes fe trouvent ainfi raffemblées , & par conféquent plus à portée d'être fécondées par des pouiîieres voifines. Les variétés que donnent les femences de ces. plantes font telles que les graines d'un feul pied prodniient quelquefois des plantes qui donnent des fleurs de toutes les couleurs de celles qui étoiect dans la planche, & fou- VEGETATION, Ll 7. IÎ,Clî.XXV. ÎÇt Vent très-peu de la Couleur pure de la plante qui les a produites. Tout ce que je viens de dire pourroit ce- pendant n'être regardé que comme des rai^ îonnements , comme des conjectures qui pour- roient être révoquées en doute : pour m'affu- rerdela vérité , j'ai fait une expérience qui en donne la preuve, Je choifis une griffe de Renoncule femi* double qui avoit donné des fleurs blanches t je la plantai en pot que j'ifolai le plus qu'il me fut poiîible des autres plantes de même genre qui étoient dans mon Jardin ,* je pris dé plus la précaution de couvrir la plante & le pot d'une gaze très-fîne , & que je jugeai capable d'arrêter les pouflieres que le vent pourroit apporter ; ma plante donna des fleurs blanches , comme elle en avoit donné l'année précédente. Lorfque je vis que les étàmines & les pif- tils commençaient à fe deffécher, & que par conféquent la fécondation étoit opérée , je retirai la gaze qui couvroit la plante , pour mieux affûter la maturité des femences , que je récoltai avec foin. Mais pour avoir un point de comparaifon , j'avois marqué dans ma planche de fleurs une pareille plante qui avoit donné des fleurs blanches. Je femai les graines de ces deux plantes dans deux cuvettes féparées , & j'eus foin de mettre féparément dans deux tiroirs les jeu- nes griffes produites de ces femences. Je les plantai féparément , & j'eus la fatisfac- tion de voir que l'effet répondit à mon attente. T 2 292. ÎRAÎTÊ DE 1 A Toutes les plantes provenues de celle que j'avois mife féparément & couverte en pot , me donnèrent des fleurs toutes blanches , à l'exception d'une feule qui fleurit panachée de rouge ;feroit-ce que, malgré les précautionsqne j'avois prifes , quelques grains de pouiîïere , portés par le vent , avoîent pafle au travers de la gaze ; ou parmi ces griffes n'en aurois- je pas mêlé une àcs autres ? c'eit dont je ne fuis pas bien affuré. Quant aux autres jeunes plantes , provenues de celles à fleurs blanches , dont j'avois ré- colté la graine dans ma planche de fleurs , elles me donnèrent un grand nombre de va- riétés ; & fur la quantité , il n'y en avoit que deux qui euflent des fleurs toutes blanches. Cette expérience prouve que c'eit le mélange âes poufïieres des étamines qui donne les nou- velles efpeces & les variétés ; mais je n'ai ja- mais vu ni ouï dire qu'il en provienne de nou- veaux genres , car je crois' que les plantes ne peuvent pas être fécondées par des plantes d'un genre différent. On obtient auiïi par la même caufe des fruits de nouvelle efpece ; c'eft aux femences ainfî fécondées qu'eft due cette grande quantité de nouvelles efpeces , qui ont augmenté les ca- talogues de nos arbres fruitiers. Nous par- lerons dans le cinquième Livre, des moyens par lefquels on fe les a procurés & on peut s'en procurer encore d'autres. Ces fruits font des métifs : effectivement ces nouvelles efpeces ne font que des compofés de fruits plus anciens. Le Calmar , par exemple , Végétation , Li v. II , Ch. XXV. 293 qui parlé pour être venu d'un pépin de Bon- chrétien , parole être compofé du Bon-chré- tien & de la Bergamotte d'automne ; & en goûtant avec attention les fruits de ces nou- velles efpeces , on trouvera plulieurs exemples de pareils métifs. Mais il en eft qui vraifembîablement ont été produits par la même caufe , & dont il n'eft pas aulli aifé de rendre raifon ; telle eit cette ef- pece linguliere d'Oranger dont j'ai parlé , que l'on nomme improprement X hermaphrodite 9 qui, fur le même arbre, produit ôqs bigara^ des , des citrons , des çédras féparés ou même rafTemblés par quartiers dans le même fruit. Telle eft auiïï cette efpece de raiiin qui produit fur le même cep des grappes rouges & des grappes blanches , & fur une même grappç des grains rouges & des grains blancs. Il paroît d'autant moins douteux que les va- riétés infinies que fournirent certains genres de plantes , ne proviennent que du mélange des poufïieres des étamines , qu'elles font d'au- tant plus fréquentes que les différentes efpe- ces du même genre fe trouvent raflemblées en plus grand nombre ; au lieu que les plan- tes d'un même genre qui croiflént à la campa- gne , étant en quelque façon ifolées , ne don- nent aucune variété. On fait que tous les Coquelicots qui croif- fent naturellement dans nos champs, portent des fleurs rouges ; que les Barbeaux ou Bluets fleuriilènt tous de couleur bleue ; que tous les Prime-veres des prés & des bois ont des fleurs couleur de citron \ ces mêmes plantes tranf- T3 ^94 Traité de la plantées dans nos jardins , étant à portée de plantes de même genre & de différentes cou- leurs , donnent des femences qui produifent alors une quantité de variétés. Ceft donc le mélange des efpeces raffem- blées plufîeurs enfemble qui produit les varié- tés ,* & comme les Fleuriftes fe plaifent à for- mer cet affemblage , il n'eft pas étonnant qu'ils obtiennent tant d'efpeces nouvelles & fi va- riées par le moyen des graines qu'ils récoltent fur ces plantes raffemblées ; de là toutes ces variétés dans les Tulipes , les Oreilles-d'ours, les Anémones , les Semi-doubles , les Prime- vères , &c. Quelques-uns ont cru qu'ils en étoient re- devables à différentes infufions dans lefquelles ils avoient mis tremper leurs graines , ou à quelques couleurs qu'ils mêloient dans la terre de leurs jardins ; de là ces fecrets , ces moyens merveilleux que l'on trouve répandus dans plufîeurs- Livres , dont les Auteurs peu inf- truits de la marche de la Nature , donnent aifément croyance à tout ce qu'on leur dit , & répandent les erreurs qu'ils ont adoptées. J'ai commencé , comme un autre , par vou- loir faire ufage de plusieurs de ces fecrets ; j'ai effayé fans fucçès ces infufîons , ces mé- langes de couleurs , & je peux certifier leur inutilité. On trouve dans les potagers beaucoup d'e- xemples des variétés dont nous venons de par- ler , que les Jardiniers attribuent ordinairement I la nature de leur terrain , en difant que leurs1 plantes dégénèrent , fans faire attention à la Végétation , Lïv. II, Cit. XXV. 29^ véritable caufe qui vient du mélange des fe- mences. M. Duhamel nous en donne un exemple bien frappant. Cet habile Obfervateur nous dit qu'il cultive dans fes potagers la Rave-corail qui eft cette Rave rouge qu'on élevé aux en- virons de Paris ; il cultive aufîï une Rave blan- che & moins délicate , qu'on nomme Raifort à Orléans ; enfin des Radis blancs & des Pu- dis gris. Quand il feme des graines de ces plantes qu'il tire des pays où elles font communé- ment ck même uniquement cultivées , il re- cueille ces racines très-parfaites chacune dans leur efpece ; mais ayant fouvent remarqué que les femences qu'il récoltoit dans fes pota- gers , lui donnoient des métifs qui tenoient plus ou moins de ces différentes racines , il avoir pris le parti de planter fort éloignés les uns des autres , les pieds qu'il deftinoit à lui donner de la graine , au moyen de quoi fes femences fe confervent plus conftamment les mêmes. Cette obfervation faite pareillement fur plu- sieurs autres plantes , telles que les Carottes pâles , jaunes , rouges , confirme bien ce que nous avons dit qui peut réfulter du mélange des pouiïieres des étamines. Après cela , il eft très-facile de concevoir quelle prodigieufe multitude de variétés doit naître de ces différents mélanges. Par exemple , lorfque la poufliere des éta- mines d'une Oreille-d'ours rouge aura fécondé une Oreille-d'ours blanche , la graine qui eu t4 tç6 Traité de la viendrg. doit nécefTairement produire des pieds dont les pétales feront non-feulement rouges ou blancs, ou panachés de rouge & de blanc, mais encore dont les embryons & les poufîieres des étamines participeront de l'un & l'autre pied ; enforte qu'une de ces plantes n'a plus befoin pour être panachée , d'être dans la fuite fécondée par une autre , puisqu'elle fe trouvera pofleV der la difpoiition non-feulement des parties propres à produire le rouge & le blanc , mais encore celle d'opérer différents mélanges de ces deux couleurs , leiqnelies combinées en^- fémble pourront faire différentes coupes de nuances fort agréables. On peut faire l'application de ce que nous venons de dire au jaune, au bleu , au rougç & au verd : il eft aifé de voir que la multi- tude des variétés eft aulvi étendue que peuvent l'être les combinaisons qui réfultent du mé- lange de ces différentes couleurs, En fuivant le (yltême du mélange des fQY.es. , on conçoit aifément que la différente difpoii- tion organique des parties doit empêcher les . genres de fe confondre ; & que fi cela arrive quelquefois , il n'en peut naître qu'un monftre incapable de produire fon femblable. La difproportion de grandeur & de grof- feur dans les plantes de différents genres dojt être uq obftacle au mélange des efpcces, ainfi qqe la différence des faifons dans lefquellçs elles fleuriflënt ; le Safran automnal ne peut être fécondé par le Safran printanier. Ç'eft à quelqu'une de ces caufes que l'on peut attribuer l'uniformité confiante que Yqa VEGETATION, LlV. II, Ch. XXV. 297 remarque dans certains genres. C'efl: par la même raifon que le Bled, l'Orge & le Seigle qu'on cultive dans le même champ , ne pro- duifent point d'efpeces mitoyennes. Nous terminerons ici l'anatomie des plan- tes ; les détails que j'en ai rendus me paroif- fent fuffilants pour faire prendre une jufte idée de leur formation , & les connoiflances nécef- faires pour l'intelligence de ce que nous allons expliquer. On trouvera encore dans la Table alphabé- tique qui termine cette première Partie , beau- coup de détails relatifs aux parties des plantes. J'ai cru ne pouvoir mieux faire dans ce Volume élémentaire, que d'emprunter plufieurs defcriptions dç M. Duhamel ; quand j'aurois cherché à les rendre en termes différents , je n'aurois dit que la même chofe , puifque la vérité n'eft qu'une , & que tous les Botaniftes ne peuvent fur cela que fe répéter. Toujours porté à fuivre les principes de cet habile Naturalise , j'ai la fatisfa&ion de voir que mes obfervations & mes expériences m'ont prefque toujours conduit à prendre les opinions qui lui font propres, Mais il n'en eft pas de même de celles de plu- fieurs Auteurs qu'il a rendues , & pour les- quelles il a marqué peut-être trop de com- plaifance : au refte , cet homme fupérieur 110 recherchant que la vérité , a prouvé fouvent qu'il eit toujours prêt à abandonner les opw nions qu'il avoit adoptées quand il en a re- connu d'autres meilleures. Comme je rae fais honneur d'être fou dit» ig9 Traité de la Végétation, '&c ciple & de fuivre Tes exemples, je fuis très- difpofé à faire de même. Je n'ai rien avancé que ce qui m'a paru vrai : j'ai démontré , ou plutôt j'ai fait voir que l'expérience démontre & prouve que plu- sieurs Auteurs célèbres fe font trompés faute d'avoir fufîifamment examiné & fuivi la mar- che de la Nature dans la végétation. Si on trouve dans le cours de cet Ouvrage quelqu'erreur démontrée & prouvée pareillement par des expériences bien faites , je les reconnoîtrai & les avouerai fans peine : mais les préjugés , quelqu'accrédités qu'ils foient , lesraifonnements les mieux faits en apparence , doivent être comptés pour rien , s'ils ne font pas conformes à ce que démontre l'obfervation. Fin du Livre fécond» 299 ##:sr##*##.#.*^^ TABLE A L P H A B ET I Q U E , ET explication de plufieurs termes de Phyfique% de Botanique & d7 Agriculture , où l'on trouvera des de'tails de nomenclature des différentes parties des arbres , des feuilles 9 . des fleurs & des fruits. A ./\.BRI, lieu à couvert foit du foleil, foit du vent & du froid. On dit abrier ou abriter pour dire mettre à l'abri , ou couvrir pour former un abri. ACCOLER. , attacher quelque chofe avec de la paille , de Tôlier ou du jonc à quelque corps folide. Il faut accoler les branches des plantes farmenteufes , parce qu'elles font trop foibles pour fe foutenir d'elles-mêmes : on accole la Vigne. ACIDE , ce qui a une faveur aigre. ACRE , goût acerbe comme celui des fruits fauvages, 300 T A B L E. ADHERENCE , terme de phyfique , état de deux corps qui tiennent enlèmble , foit parce que leurs parties font engagées les unes avec les autres , foit par l'action des corps extérieurs qui les touchent immédiate- ment. ADOS , ç'eft un terrain qui eft naturelle- ment ou par art incliné du côté du midi ; les plantes délicates s'élèvent fur à^s ados. AGGRÉGATION , c'eft l'amas de plufieurs chofes qui n'ont point entr'ellcs de liaifon ni de dépendance naturelle : ainfï un monceau de fable , un tas de bled font des eorps par aggrégation. AIRE , terme de géométrie qui lignifie Tef- pace enfermé entre plufieurs lignes ou dans un cercle , ou en quelque figure que ce foit. AISSELLE, on entend par aiffelle l'angle ou le finus qui fe forme par la réunion du pédicule d'une feuille avec la tige : les boutons fe forment dans les aiffelles des feuilles ,* cej> taines fleurs qu'on nomme axillaires nairTént dans les aiiîelles des feuilles, ALTERNE , on dit que des branches ou des feuilles font alternes ou pofées alternative- ment , lorfque les menu.es branches , à regard des plus groflés, ou les feuilles à l'égard des menues branches , font placées l'une au-de(îus de l'autre des deux côtés d'une branche ; de forte qu'il ne fe trouve qu'une branche ou une feuille à une même hauteur. Ce mot aiternç T A B L E. 301 convient aux fleurs, aux feuilles, aux fruits, aux boutons , aux branches. AMANDE, la partie intérieure des noyaux; on dit une amande d'abricot, de cerife, de pêche, &c. : quelquefois on appelle amande les lobes des femences. ANALOGIE , rapport oit proportion ou convenance que quelques chofes ont enfemble ; les raisonnements qui fe font par analogie fer- vent à expliquer la chofe , & ne la prouvent point. ANALYSE , examen des parties d'un corps décompofé , en féparant & en développant les parties d'une chofe qu'on ne connoiflbk qu'en gros , pour les confidérer à part & en détail , afin de connoltre plus précifément la nature du tout : quand on fait l'anatomie d'un animal ou d'une plante, c'e-û une efpece da- nalyfe. ANASTOMOSE , terme d'anatomie, jonc- tion de deux vaifTeaux ; ce mot efl grec , & lignifie la rencontre de deux bouches qui don- nent la communication à deux vaifleaux. ANDROGYNE , eft la même chofe qu'her- maphrodite, qui a les deux fexes ; beaucoup de plantes & d'arbres font dans ce cas. Mais il y a des plantes hermaphrodites de deux for- tes ; car les unes ont les deux fexes dans la même fleur ; les autres portent des fleurs mâ- les féparées des fleurs femelles , quoique ces deux fleurs fe trouvent fur le même pied. 3©i TABLE. ANGULAIRE, qui a des angles ; les jeu^ nés branches de pluîîeurs arbres ont des ex- croifiances angulaires qui fe diilïpent à mefurc que la branche groflït, ANNUEL, qui ne fubfifte qu'un an. Tou- tes les plantes qui , après avoir produit des femences , périflent dans l'année où elles font levées , font des plantes annuelles; ainfï on dit que les plantes annuelles ne peuvent fe multiplier que par les femences. AQUATIQUE, qui naît & fe nourrit dans l'eau. Les plantes aquatiques font en afTez grand nombre ; on étend ce terme aux plantes qui fe plaifent dans les terres fort abreuvées. AQUEUX , qui eft de la nature de l'eau , qui en eft tout rempli ; on appelle un fruit aqueux celui qui n'a point de goût, qui ne fent que l'eau. ARBRE. Les arbres font des plantes vi- vaces d'une grandeur confidérabîe , dont l'in- térieur du tronc , des branches & des racines eft ligneux ; ils ont un tronc principal ou tige qui fe divife par le haut en pluiieurs bran- ches, & par le bas en racines. Les arbres de haute-futaie font les Chênes, les Ormes , les Châtaigniers , les Hêtres , les Pins , Sapins & autres grands arbres qu'on laiiïe parvenir à toute leur hauteur ; il n'y a que les arbres de haute- futaie qui foient pro- pres à faire de belles avenues. Les arbres de plein vent font ceux qu'on laifle s'élever de toute leur hauteur , & qui font TABLE. 303 éloignés les uns des autres dans les champs ; les vignes ou les vergers. Cette dénomination convient particulièrement aux arbres fruitiers. Les arbres de demi-vent ou demi-tige font ceux dont on borne la hauteur de la tige à trois ou quatre pieds. Un arbre nain proprement dit , eft celui qui eft de petite taille. Le Pommier de Paradis eft naturellement un Pommier nain; mais on donne aufïi ce nom aux arbres dont on reftreint la tige par la taille à quinze ou vingt pouces de hauteur. Si cet arbre eft taillé dans la forme d'un verre , on le nomme en buiffbn ; s'il eft taillé à plat , on le nomme en éventail ; & de ceux-ci les. uns font appuyés contre des mu- railles, & font dits en efpaliers ; d'autres qui font attachés à des treillages ifolés , font dits en contre/palier. Les arbres de haute tige , font ceux auxquels on forme une tige de cinq , fix ou fept pieds de hauteur ; & entre ceux-là il y en a de plein vent & en efpalier. On diftingue les arbres en arbres fauvages qui viennent naturellement dans les bois , & en arbres cultivés ou domejliaues , ou encore en arbres for eftier s & arbres fruitiers, ARBRISSEAU , eft une plante ligneufe , vivace , moins gtande que l'arbre ; les jeunes branches font chargées de boutons comme aux arbres , & ils n'en différent que parce qu'ils font moins élevés : mais comme on com- prend fous cettemême diftindion tout ce qui eft moins grand qu'un arbre , & ce qui eft moins 3 V % '3ô8 TABLE. c'eft donner un troifieme labour. Comme ces labours font plus fuperficiels que ceux qu'on donne pour la première fois , on dit donner un binage pour lignifier un labour léger : dans les potagers, ce labour fe donne quelquefois avec un petit inftrument qu'on nomme une bi- nette ; on appelle aurîi ce petit labour fuper- ficiel ferfouir. Comme on emploie encore pour ces petits labours un inftrument qu'on nomme béquille , on dit au Mi béquiller. BISANNUELLE , une plante lifannuellt eft celle qui périt après avoir fubfifté deux , ans ; ces plantes donnent leur femence la fé- conde année , & elles meurent enfuite. BLANC Kc'eft une maladie qu'on peut com- parer à la rouille des bleds ; elle attaque les feuilles , & enfuite la tige des Œillets & des plantes cucurbitacées ; on appelle bîanc de Champignon des filets blancs qu on trouve dans le fumier , & qui produifent des Cham- pignons. BOCAGE , petit bois touffu & agréable pour la promenade ; on appelle pays de bo- cage y celui qui eft coupé de haies , de boque- teaux & même de landes. BOIS , ce terme fe prend en deux fens dans la langue françoife ; quelquefois il lignifie la partie îigneufe des arbres ou la fubftance dure oui forme le corps des arbres : dans ce fens , on peut confidérer le bois comme un corps organifé. On. peut encore regarder le bois comme T A B L Ë. 50? matière; & fous ce point de vue, on le dis- tingue , relativement à Ces ufages , en bois mé- decinaux , tels que le SalTafras , le Partira* brana , le Néphrétique , &c. ; ou en bois de fenteur, tels que celui de Cèdre, de Geniè- vre , deRofe , de Sainte-Lucie ,&c. ;ou en bois de couleur , qu'emploient les Ebéniftes, le Pa- lifTandre , l'Ebenç , le Bois violet , &c. ; ou en bois de -teinture , le Brefîl , le Campêche ; ou en bois de chauffage, ou en bois de conjlruc- tion , de charpente , dç charronnage. On appelle bois durs , ceux qui font de meilleur fer- vice, le Chêne, l'Orme, le Frêne , &c. , 6ç bois blancs , tels que îe Saule ,-lç Tilleul, le Tremble qu'on emploie à des ouvrages de moindre conféquençe L'autre point de vue fous lequel on peut confldérer lés bois , eft • dans leur état de vie & d accrqilTement , ce qu'on nomme , en termes d'Eaux & Forêts , bois en e fiant ^ comme qui diroit bois fur pkd\ en ce cas , bois vif , eft celui qui eft en état de vigueur & d'acçroifTement ; bois dentuc 011 en retour , eft celui qui commence à fe cou- ronner ou à avoir des branches mortes à la tête ; bois mort , eft celui qui eft defTéc]né fur pied ; ce qui diffère de mort-bois , terme qui. défigne des arbriffeaux de peu de valeur > tels. que le Marfault , l'Epine, le Sureau, le GeV net , le Genévrier , le Houx , &c. Le Bois en grume , eft celui qui eft encore dans fon écorçe. Bois roxdé. ou roulis x eft. ce- lui dans, l'intérieur duquel on trouve dçs fentes circulaires qui marquent que les couches li- gnçufes ne fç font pas unies les unes aux au-* V 3 3Ï0 TABLE. très ; ce défaut cft confidérable. Bois cadran/ au cœur , font ceux qui ont au cœur des fentes qui font comme les lignes horaires d'un cadran , c'eft un ligne de la mauvaife qualité du bois de cœur. Bois * gel if ou gelis , font ceux qui ont inté- rieurement des fentes qu'on attribue à la ge- lée. L'orme efl plus fu jet à ce défaut que tout au- tre arbre, parce qu'il eft plus rempli de lymphe. Bois iranché , eft celui dont les fibres ne fui- vent pas une ligne droite , mais font des in- flexions dans l'arbre. Ces Bois font rebours , ruftiques , noueux , difficiles \ travailler , & ils ne valent rien pour la fente. Bois à double aubier , font ceux qui par maladie , & ordinairement par l'effet de la ge- lée , ont une portion de bois tendre comme l'aubier qui efl enveloppée par une couche de bon bois , & par l'aubier ordinaire. Les Bois de charpente & de conftruclion fe vendent à la Marine au pied cube , & à Parjs à la pièce , qui a douze pieds de longueur fur fîx pouces d'équarriffage ou trois pieds cubes. Bois de conflruction , font ceux qu'on four- nit à la Marine pour la conflrudion des vaif- fcaux. On les diftingue en général en Bois, droits , & Bois courbes ou torts ; & en parti- culier , fuivant les ufages auxquels on les de& tine , tels que varangues , allonges % J>aux , hi-? loires , <&c. Bois de ckarronnage , font ceux qu'on dé- bite pour les Charrons , & qui fervent à fai- re les roues , les voitures , & les inftruments du labourage. L'Orme , le Frçne & le Chên,ç T À B £ E. §it font particulièrement deftiriés à cet ufage. Bois de menuiferie , font ceux qui font em- ployés par les Menuifiers à faire des lambris, des c roi fées, des portes , des meubles ; ils font prefque tous de fciage. On nomme Bois refait , du bois dreffé & corroyé à la varloppe. Les Bois de fciage , font ceux que l'on refend avec la fcie de long pour en faire du chevron , des membrures , des planches , de l'obage , de la volige , &c. Le Bois d'ouvrage, eft celui que l'on travaille dans les forêts pour en faire différents ouvra- ges , tels que fabots , febilles , faunieres , ar- çons de felles & de bât , attelles de colliers, pelles, &c. Le Bois de fente , dont on fait du merraîtt ou enfonçure , & du traveriîn & do u vain pour les tonneaux & barils , des panneaux pour les fou filets ; du cerceau , des cliiïes, des cercles pour les féaux & les cribles , de la latte , des échalas , &c. peuvent être regar- dés comme des Bois c? ouvrage. Bois de chauffage. On le divife en plufïeur$ efpeces ; favoir , le Bois flotté , qui eft celui qu'on fait flotter fur les rivières pour diminuer les frais de tranfport ; fi , comme cela fe pra- tique fur les rivières non navigables , on jette les bûches dans l'eau , qui les entraîne par fon> courant , on le dit , flotte h Bois pepdu. Sur les grandes rivières , on forme de grands trains de Bois de charpente ou à brûler , que l'on conduit à leur deftination eu defcendant les rivières ; c'eft le Bois flotté. liÇ Bois neuf , eft celui qui eft ■ verni p$ç " Y V $i% T A B L ?. terre ou dans des bateaux fans avoir été flotté. On nomme Bois pelard , du bois menu & rond , dont on a levé lecorce pour en faire du tan. le Bois de corde çft formé de bûches de différente grofleur & longueur. On le mefurc en l'arrangeant dans une membrure ou afTem- blage de foliyes qui a huit pieds de largeur , & quatre de hauteur. Cette mefure s'appelle Corde , & celui qui préfide à cette mefure fe nomme Mouleur de Bois, Les fagots ou cotte- rets font formés de branches , ou de bûches refendues, liées avec des harts. Les bourrées fonç formées de menues branches ou rameaux. Le terme de Bois , 1er prend encore pour; l'aflémblage d'une grande quantité d'arbres. C'eft dans ce fens qu'on dit cette terre efi bien boifée; voilà un Bois d'une belle étendue. C'elt dans ce fens qu'on appelle un Bois de hauteT futaie , un Bois qui eft parvenu à toute fa grandeur. On appelle futaie fur taillis , celle qui e(t formée par des brins qui font des repro^ duits d'anciennes fouches. Le Bois-taillis , eft celui qu'on met en coupes réglées. On emploie différents termes , pour défigner les Bois félon leur étendue ; tels que Forêt , Bouquet de Bois , Boqueteau , Garenne, Ré- mi fe, Parc, On appelle Çtariere , les efpaces où il n'y a point d'arbres. BOMBER une Plate-bande , eft la charger de terre , afin que le milieu étant plus élevé que les bords , elle forme le dos dane, pu le dos de bahut. T A B I JÇ 313 BOSSELURE. Les feuilles bofTeîées , fonc celles dont le parenchyme fait entre les nervu^ res des éminences en deffus , & des cavités en deffous. BOTANIQUE , eft la fçience qui traite de la connoiffance des Plantes. On appelle Bo^ tanifte , celui pofTede cette fcience. BQTTE. On appelle racines en botte, celles qui font raffemblées en paquets, telles que celles des Afperges. BOUQUET , eft proprement l'affemblage de plulîeurs fleurs. On il eft tout broui. BROUSSAILLES , mauvais bois formé par de petits arbriffeaux. On dit , ce n'eft pas ua bois , ce ne font que àcs broujfaîlks. ■1? A B L £ pi BRUINE , petite pluie qui furyient après un brouillard ; on la regarde comme la caufç de bien des accidents qui arrivent aux végé- taux. BUISSON. On dit un arbre en buiflbn > lorfqu'il efl: taillé en forme arrondie. On em- ploie auffî ce ternie pour figqilier un amas de broufTailles & d'arbrifîeaux qui s'élevenç peu. BUTTER , c'eft raflembler de la terre en forme de butte au pied d'un arbre , pour le rendre plus ferme. On butte les arbres de haute tige , pour empêcher qu'ils ne ibiçnt renverfés par lç vent. c c ALICE. On peut regarder le Calice des fleurs , comme un évafement de l'extrémité des branches ou des queues qui portent les fleurs. Quelquefois le Calice enveloppe les fleurs t d'autrefois il les foutient , & d'autrefois en^ çore il fait ces deux fondions. Il y a des Calices qui font d'une feule, pièce , & d'au- tres font compofés de plufieurs : les uns tom- bent quand la fleur eft paffëe , d'autres fub- fiftent jufqiva la maturité du fruit. Entre ceux- là , on en voit qui enveloppent les femences ifo- lées au fond du Calice , pendant que d'autres deviennent le fruit. La plupart des Calices font de couleur verte ; niais il s'en rrouve qui font blancs ou jaunes, ou d'autres couleurs; en ce cas pu les diç colorés, La forme des fi* T A- B L E. Calices varie beaucoup , les uns font orbicu- laires , d'autres cylindriques ; & pour en don- ner une idée par une expreflion abrégée , on les compare à une calotte , à une cloche , à un godet , à une foucoupe , &c. Il y en a de liffes , de velus , de raboteux f d'écailleux , dont les échancrures font ou cré- nelées , ou dentelées , ou laciniées. M. Linnée en a diftingué fept efpeces. CANAL , conduit des liqueurs dans les ani- maux & dans les végétaux. CANELURE , terme botanique dans la defcription des tiges & des fruits de quelques plantes. Cantlures à côtes , font celles qui fonc îeparées entr'elles par des côtes, ou plates en defTus , ou arrondies en côtes de Melon. Ca* mlures à vives arrêtes , font celles dont les fé-s paradons font en feuillet vif & tranchant. CAPILLAIRE. On a fait un ordre particu- lier des plantes Capillaires. Qn dit aufli des aigrettçs Capillaires. Mais outre cela on ap- pelle racines Capillaires , celles qui font longues & déliées. On avoit dit aufli, que les plantes étoient fournies de vaijfèaux Capillaires , c'eft- à-dire de vaiffeaux très-fins ^ comme dès tubesv nommés Capillaires, CAPSULE , forte de boîte ou étui qui ren-- ferme les femences. CARACTERE d'une plante , cft ce qui la diftingué ii bien des autres plantes , qu'on ne fauroit la confondre quand on fait attention. TABLE. 317 aux marques caradériftiques & eflenti'élles. On appelle un Caractère, générique , celui qui convient à tout un genre ; & Caractère fpéci- fique , celui qui ne convient qu'à une feule ef- pece. M. Linnée diftingue quatre efpeces de Caraderes ; favoir , le Caradere effentiel , le fadice , l'habituel , & le naturel. CARIE. Un bois carié , eft celui qui eft attaqué de la pourriture. On appelle une ma- ladie de froment , la carie. CASQUE , armure de tête. Tournefort a appelle fleurs en Cafque , celles qui par leur forme reffemblent à cette armure. Tel eft la fleur de l'Aconit. CAUTÉRISER , fermer les embouchures des vaifTeaux. On emploie ce terme de Chi- rurgie dans ce fens : les pleurs de la vigne ceffent de couler , quand les vaiiïeaux fe font cautérifés. CAYEU , ce font les petits oignons qui naiffent aux côtés des vieux : ils font comme les boutons des plantes bulbeufes. La gtfufTe d'ail & d echalotte , eft un Cayeu de cette plante. CELLULE. On appelle Cellules , de petites chambres féparéçs entr'elies par des cloifons. Ainfi ce mot eft pris en Botanique pour les loges ou cavités des fruits , féparées entr'elies par des cloifons. s CEP , pied de vigne. pi t A 8 t E. CERCLE, terme de Géométrie. Ceft unt figure comprife fous une feule ligne , qui a un point au milieu qu'on appelle centre , du- quel fi on tire des lignes à fa circonférence ; elles font toutes égales : on les appelle rayons. A proprement parler , le Cercle eft tout l'ef- pace renfermé dans cette ligne ou circonférence. Le Cercle eft la plus parfaite des figures , & qui a le plus de capacité. CHAGRINÉ , .forte de Cuir dont la fur- face eft relevée de petits points faillants. On appelle un fruit chagriné , une feuille chagri- née , lorfque leurs furfaces font couvertes de pareilles petites éminences. CHAIR. La chair des fruits eft leur partie •fucculente. On dit la partie charnue dune poire , d'une orange ; la chair de ce fruit eft beurrée , caffante , fondante. On dit encore une racine charnue. CHALUMEAU , tige des plantes grami- nées. CHANCRE , forte d ulcère qui attaque les végétaux. CHASSIS. Les Chafîis des Jardiniers > font des croifées garnies de carreaux de verre qu'on place , au lieu de cloches , fur les couches où on élevé des plantes délicates , ou qu'on veut beaucoup avancer. CHATON. On appelle ainfî certaines fleurs attachées plufieurs enfemble fur un filet com- mun. Souvent ces Chatons ne contenant que T A B L E. 3î$ des fleurs mâles , ne donnent point de fruit. Tout le monde connoît les Chatons du Châtai- gnier , du Noifetier , &c. Il y a auffi dts Cha- tons qui portent des fleurs femelles. CHATRER , fe dit de la taille des Melons & Concombres. Châtrer , fïgnifîe aufli lever du plan enraciné autour d'une plante; en ce cas , il eft fynonyme avec œil/etonner. CHEVELU , fe dit de petites racines dé- liées qui partent d'autres plus grottes ; mais il en eft de très-petites qui ne deviennent ja- mais de grottes racines , & qui périflent & fe renouvellent. CHICOT , fe dit d'un morceau de bois mort qui eft fur une branche ou fur une fouche/ C'eft à peu près la même chofe qu'ergot. CICATRISER , c'eft conduire une plaie à parfaite guérifon. tes plaies qu'on couvre de cire & de thérébentine , ou Amplement de boufe de vache & d'argile ? fe cicatrifent plus promptement que celles qui reftent à l'air : il refte defliis une marque qu'on a nommée la Cicatrice. CIRCONFÉRENCE , la ligne courbe qui renferme un efpace circulaire , ou la furface qui termine une chofe ronde , ou encore le tour ou pourtour d'un corps de forme ronde ou même irréguliere. CIME , le haut ou la fommité fupérieure des arbres. jié T A B X E. CLASSES de plantes ; c'eft l'aflemblage de plulieurs genres de plantes qui ont toutes cer- taines marques communes par lefquelles elles font eflentiellement distinguées de toutes les autres plantes. Il y a Clafles naturelles & Claf Jes artificielles. CLOCHE. Fleur en Cloche. On fe fert du mot de Cloche pour exprimer la figure de plu- lieurs rieurs monopétales. La forme de ces fleurs diffère félon que le fond f les parois ou la bouche font plus ou moins renflés ou ou- verts. CLOCHES de verre\ font de grandes ca^ lottes de verre dont on couvre les plantes dé- licates. CLOISON. On fe fert de ce terme pour exprimer les membranes qui divifent Tinté- rieur des fruits , & forment des loges ou des cellules. COLLET à l'égard des arbres , eft la partie où fe partage ce qu'on doit appeller tige , d'avec ce qui doit être regardé comme raci- nes. On fe fért encore du terme de Collet , pour défigner la partie fupérieure de la tige où les branches prennent nailfance. COMMUNES. On appelle ainfî des ter- rains qui appartiennent à une ville , à un bourg , ou à un village. Ils en jouiffent en commun pour y couper du bois , ou y faire paître leurs befliaux. Ces terrains conlidérables & infruc- tueux en cet état , produiroient beaucoup s'ils étoieat î A B H. 511 êtoient partagés & mis en valeur , & aug* menteroient confïdérablement la mafîe des fub- fiftances ; ce feroit certainement une des meil^ leures opérations du Gouvernement* COMPRESSION , adion de ce qui preffe une chofe fur une autre. Les pompes agiffent par comprefliori. CONCENTRIQUE , terme de Géométrie » <|ui a le même centre. Il fe dit principalement des corps & des figures rondes comme circu- laires , elliptiques & autres* On le peut dire des polygones parallèlement tracés fur un même Centre. CONCRÉTION , aflemblage de plufîeurs cbofes. On dit , Une Concrétion lignéuje forme les loupes & les autres éminences qu'on voie fur les plantes* CONDENSER, fendre plus dur, plus pe- fant , plus folide ; faire qu'un corps occupé moins de place. Le froid condenfe l'air* Il fe Condenfe avec le pifton dans un corps de pompe* Les métaux fe condenfent & fe rétréeiffent par le froid* CONDUIRE un arbre , eft le tailler , l'é- monder fuivant fon efpece. Il faut être bon jardinier pour bien conduire les arbres. CONE. On emprunte quelquefois ce terme de la Géométrie , pour définir les parties qui ont la figure d'un cône ; mais ce mot eft par- ticulièrement confacré aux fruits des Pins , des Tom$ I. X 52^ T A B t E. Sapins , des Mélèzes, On les nomme arbres conifères. CONGENERE , terme de Botanique. Les plantes congénères , font celles qui font d'art même genre, CONOLDE , qui approche de k figure d'un, cône. CONSOLE, ornement de fcuîpture qui fert â fupporter un bufte , un vafe , &c. On ap- pel çoit à la riaiflance des feuilles des éminenr €es , ou fupports en forme de Confole. CONTACT , terme dogmatique. Aâio» par laquelle deux corps fe touchent. Le Con- tact de deux globes parfaitement fphériques ne fe fait qu'en uîi point. CONTEXTUEL, dïfpofition & arrange- ment des parties.. La Çontexture des fibres li- gneufes & corticales, èft une chdfe qu'on ne fanroitalfez admïréh Il'y a dans la Çontexture de fous les corps, des pores &,'des efpaces vuides par où il fe fait une é million continuelle de' ëorpïi feules impercép cibles. CONTR'ESPALIER , arbres ,de demi-tige f ©H nains qu'on taillé en éventail, & dont on lie ïes branches à des treillages ifoiés & rete- nus par des pièces f de forte' que toutes les par- ties des arbres, en- çontr!efpalier font frappées fM l'air. - COQUE V COQUILLE , en parlant àes fe~ «lances. On apptlle Cvfyue' les* 'enveloppes qui' f À fi t È. . §i$ font prefqu'ovales , légères & déliées. On âiè vulgairement Coquille de noix > de rioifette » d'anïande , pour -fignifler h partie ligneufe àïi noyau , ce qui diffère beaucoup de la Coque j & la Coque diffère de la capfule uniloculaire, eu ce que les panneaux en font irions & moins roides*- CORDÉ ,- rempli de filaments durs 6i iî* gneux. Quand les raves montent en graine j elles font cordées. ' - • i •■--'••„ '- COR0IFORME , qui fèpféfente la figiùrë d'un cœur.- Oft dit une feuille, cordiforme. COROLLE^ Pétale , ou Ntctarium : feuillet écs fleurs qui enveloppent immédiatement îes^ organes de là frudificatioif. On dit Corolle égale & Corolle inégale , Se encore Corolle ré- gulière & Corolle irrégulièré, • •■■.......■ . . . T ' ■ » t CORTICAL , qui appartient àî'écofde. È'èf£> dans ce fens qu'on dit lès Couches corticales, , # COSSE v font îles panneaux qui formene îësu filiques j ou : les igoulïès des légumes * on les? nomme saifi battants. . . ?£OSSÔft~, yiîtoVdè &' Vigne. Comnte i! y j en a toujours deux à la même hauteur : te piusf gj#is fe ]:q<^Wfal%&fttre~cfffin'\&. fonvent il n'y a j que Jui qui fe développe : le petit fe' nomme ^o^(çe\qojjpri , parce ;que quand le pre« mier a péri f le fécond fe développe» CQJTE, .On appelle ainfî .les arrêtes refe véjSes/^ ou lés.iieL-yures qui font fur le dos des , &uînes'« Le même te-rme fîgnife aulîi le ' X 3r 3H T A B L E. qui foutient les folioles des feuilles compofées: on dit encore côte de Melon \ ce fruit eft re- levé en côtes de Melon ; il eft divifé par côtes. COTYLEDONES , feuilles féminales qui font produites par les lobes des femences ou les lobes eux-mêmes. COUCHE fe prend en plufîeurs lignifications fort différentes, i°. Les Jardiniers appellent cou- che une épaifleur de fumier couvert de terreau : ils font aufli des couches avec de la tannée qui fort des folfes des Tanneurs. Ils appellent couches four des celles qui font placées dans une tranchée faite en terre. 2°. Dans la def- crïption des fleurs , la couche qu'on a auffi. nommée \efhpport & le placenta t eft l'endroit. qui foutient les jeunes graines. 30. Enfin ce terme fe dit de plufîeurs plants qui fe recou- vrent ; on dit dans ce fens les couches corti~ cales, les couches ligneufes, COULER , on fe fert de ce terme pour dire que les fruits de quelque plante font avortés, & qu'ils n'ont pas noué ,• c'eft dans ce fens qu'on dit que les pluies froides font couler la Vigne ; que la coulure eft auffi à craindre que la gelée. COURONNÉ, un arbre couronné eft celui: dont les branches de la cime font mortes; c'eft un commencement de dépéri fFéittent ou un figne de retour. ' • » "' COURSOtt , fe dit d'un far ment de Vigne qui a été taillé & raccourci à ,jrois ou qua- TABLE. V* trc yeux ; on le dit aufli des autres arbres frui- tiers. CROISSANCE , augmentation de la gran- deur & de la groffeur d'un arbre. CROSSETTE, c'eft une branche de Vigne qui , à un des bouts du farment de l'année , conferve un peu du bois de l'année précédente; en mettant en terre ce bout qui forme une pe- tite croffe , il pouffe des racines : le terme de croffette. fe dit auffi de quelques autres boutu- res & marcottes. CUCURBITACÉES , les plantes cucurbi- tacées font celles de la famille des Courges , comme Melons , Concombres , Coloquintes > Citrouilles , Sec, CUILLERON , on fe fert de ce terme pour exprimer un pétale ou une autre partie qui a la forme d'une cuiller ; ainfî on dit le pétale eft creufé en cuil/eron. CYLINDRIQUE , corps qui eft d'une figure ronde , & à peu près de même grofTeur dans toute fa longueur. D D A R D , les Jardiniers & les Fleuriftes appellent ainfi ce que les Botaniftes nomment le piftil des fleurs ; & de ce mot, ils ont fait dardilkr qui lignifie pouffer le dard. 'DÉCHAUSSER un arbre , c'eft ôter autouj X 3 htf T A B L % du pied, une certaine quantité de terre ; oa *TécnaurTe à rentrée de l'hyver les arbres qu'on veut fumer. DÉFRICHER, généralement parlant, fignifie mettre en valeur une terre vague ou qui eft en friche ; mais il fignifie particulièrement arracher les Bois , les Bruyères pour mettre la terre £n une autre valeur , y fémer des grains, y plam- ter des Vignes , &c. DEGRE fe dit des marques ou divifions de pïufieurs chofes qui reçoivent du plus ou du moins , qui vont en montant ou en def- pendant , ou fucceffivemenc les unes après les autres; ainfi on dit le degré dp froid } le degré de chaud. DEMI-FLEURON : les fleurs en demi- fleuron font des bouquets applatis en de dus 9 formés d'un nombre de demi-fleurons , ralFem- blés dans un calice commun ; chaque demi- fleuron eft un tuyau qui fe termine par une grande lèvre ,• ces pétales portent chacun fui- un embryon de graines s il y a auffi des demi- fleurons dénies. DEMI-TIGE , c'eft m arbre mitoyen en- tre celui qu'on appelle à haute tige $ç celui à baffe tige. DENSITE , terme de phyfique K qualiré 4'un corps denfe ; les corps dénies, compac- ts, durs, ont moins de pores ou les ont plus petits que les autres. La denfité d'un corps empêche fouvent qui} ne foit cliaphane , cei|- |"4ireque îa lumière ne le .pénètre aifément. DENTE. Un pétale, une- feuille dentée nç diffèrent d'une dentelée qu'en ce que les décou- pures font plus 'fines '& plus égaies ; ainfi on dit que le calice des fleurs de l'Olivier , du Styrax , efl denté par les bords. DENTELE , ce terme fignifie découpé en pointes moins égales & plus écartées que les dentures : la feuille de l'Orme eil dentelée. DÉPOUILLÉ à on dit qu'un arbre fe dé- pouille lorsqu'il perd fes feuilles; l'automne & l'hyver achèvent de dépouiller les arbres de leurs feuilles. Il y a des arbres qui ne fe dépouillent point, & qui confervent leurs feuilles l'hyver, tels que le Pin , le Sapin, l'If , Sic. : comme ces arbres produifent de nouvelles feuilles à mefure qu'ils perdent les anciennes , on les nomme arbres toujours yerds. DERACINER ,' découvrir les racines dç terre ; les écoulements d'eau & les ravines déracinent les arbres. DEVOYE, qui celle de fuivre la même voie écarté , détourné de la même direction \ on dit cette cheminée eft dévoyée. DIAPHRAGME , terme d'anatomie qui lignifie une cloifqn tranfverfale qui s'étend dans une filique ou autre fruit çapfulaire. DISTILLATION ,• aâion de diftiller ou îa chofe même diilïllée ; c'eft une (éîéyation $es parties acmeufes x fpiritueufes , oléagineux X \ 3*8 TABLE. fes ou falines des mixtes , féparées des grofUe- res & terreftres , par le moyen du feu , qui fe , refTerrent &fecondenfent après par le froid. La diftillation droite fe fait par l'alambic ordi- naire , quand la liqueur s eleve & tombe dans le récipient. DIRECTION , route , ligne félon laquelle -une chofe eft dirigée ; on dit cet arbre eft dans une direction droite , ou bien il eft dans Il ne direction oblique, DISQUE , en terme de Botanique , efl la partie des fleurs radiées qui en occupe le cen- tre ; le difque eft compofé de plufieurs fleu- rons pofés à plomb. On prend aufîi ce terme pour toute l'étendue de§ fleurs compofées d'un nombre de pétales, DISSECTION , terme d'anatomie ; opéra- tion par laquelle on diflçque & on divife les parties d'un animal Se d'un végétal pour les confidérêr chacune à part. DRAGEONS 3 ce font de jeunes tiges qui s'élèvent des racines rampantes ; les Ormes & les Pruniers produifènt beaucoup de drageons ; on dit drageons enracinés de ces jeunes planâ- tes , & même quelquefois des boutures & des jnarcottes s les arbres dont les racines font pivotantes , tels que le Chêne, ne pouffent point çle dmgeons^ DRU , épais , touffu ; les arbres font bien ims. dans cette forêt , les bleds font bien drus; "t a B I E. 'jài fes graines ne réunifient pas , quand elles font femées trop dru ou trop près à près. E E BOURGEONNER, retrancher les bourgeons , les jeunes pouffes inutiles. EBRANCHER , retrancher des branches à un arbre. ECAILLES, ce font des produ&ions que l'on compare aux écailles des poiffons ; elles forment l'enveloppe des boutons ; on en voit fur quelques calices aux chatons, aux bulbes, &c. : les cônes font des fruits écailleux. ECHALAS , perches de bois de brin ou refendues , dont on fe fert pour foutenir les farments de la Vigne & pour faire les treil- lages des efpaliers ; les meilleurs font ceux de cœur de Chêne. ECHANCRE , une feuille échancrée eft une feuille dont les bords font entamés , comme fï on en avoit emporté une pièce avec des cifeaux ; les échancrures des feuilles font en croilfant, en cœur, en pointe & en ligne droite , comme au Tulipier. ECIMER , couper la tête ou la cime d'un arbre ; beaucoup de baliveaux ont été tcîmés par le vent. ECORCE , enveloppe extérieure des arbres : en fait des cordes avec Técorce du Tilleul & 3*p T A S l >j£ £vec celle des Mûriers ; lecorce des jeunes Chênes fert à faire du Tan , lecorce de l'Aune & celle du Noyer fervent aux teintures. ECUSSONNER , opération par laquelle on fubftitue les branches d'un arbre à celles qui font naturelles à un autre ; lecuflbn eft la partie de l'ambre qu'on veut appliquer à un autre : nous en traiterons au Chapitre des Greffes, . EFFEUILLER , ôter les feuilles d'un ar- bre ; on effeuille les Mûriers pour nourrir les vers à foie , mais on a foin de ne pas les effeuil^ 1er entièrement. EFFICACITÉ , qualité de ce qui eft effi* eace , qui produit fon effet. EFFRITER, fe dit d'une terre qui perd fa fertilité ; il faut fumer ce terrain , fans quoi il fera bientôt effrité, ELAGUER , c'eft retrancher avec la ferpe ou avec le croiffant les branches qui défigu- rent les grands arbres : on élague les arbres qui forment les avenues & les arbres de plein vent des vergers. ÉLANCÉ, un arbre élancé eft celui qui a beaucoup de hauteur & peu de groffeur ; tels font ceux qui s'élèvent en maffifs fort épais. ELASTICITE , adion de reffort qui , après avoir été condenfé, contraint & comprimé, fait un effort en fe remettant en liberté 8 & T A B L Ef 331 en repouffent les corps qui le preffbïent, pour reprendre fon extenlîon naturelle. La vertu élaftique d'un arc bandé vient de la compreilion de l'air dans fes pores ; les arquebufes à vent prouvent la vertu élafiiquz de l'air : le mot éjaitique lignifie en grec pouffer , agiter * preffer. ELEVER , eiî donner une culture con-? yenable pour faire croître une plante : on dit élevé de femence , de marcotte, de bou?? pure, EMANATION , écoulement des fucs mw tritifs qui fe font à la partie d'un arbre ou pn a fait une plaie ; ç'eft ainli que la Nature travaille à fe réparer & à cicatrifer la plaie. EMBRYON fe dit des rudiments des jeu^ nés plantes & des jeunes fruits qui exiitent d'une façon confufe dans les germes des fe- mences & dans les boutons des arbres. On dit qu'on apperçoit Y embryon des fleurs dans les oignons , X embryon des femences dans les jeunes fruits , Xembryon des branches & des feuilles dans les boutons : on appelle au m* em- bryon la bafe i\x piftil qui doit devenir un fruit. EMONDER , ôter les menues branches des arbres , comme lorfquon coupe les menues branches qui viennent le long de la tige des Ormes : cette opération ne rend point les arbres noueux , comme fait celle d'ébraacher. SMPANÉE fe dit d'une feuille çompofée 33* T A B L E. de plufieurs folioles rangées des deux côtés d'un pédicule commun. EMPORTER fe dit d'un arbre qui pouffe plus fortement fur une branche que fur les autres. ENGRAIS , toutes les chofes qui fervent a fertilifer les terres ; les fumiers , les boues , les marnes : engraifler une terre , c'eft la ren- dre meilleure & plus féconde par les en- grais. ENTAILLE , c'eft la coupe d'une partie du corps ligneux. ENTONNOIR , on fe fert de ce terme pour défigner la figure de certaines fleurs & de certains calices : on dit fleur en entonnoir ou qui a la forme d'un entonnoir , étant for- mée par un tuyau & un difque ou évafe- ment. EPANOUIR fe dit des fleurs lorfque les boutons s'ouvrent ; les boutons des Rofiers font fort gros , les fleurs feront épanouies dans quelques jours. EPERON , c'eft une pointe qui eft derrière certaines fleurs; la fleur de la Linaire eft épe- ronnée. EPI défîgne proprement l'amas de fleurs & de grains de bled ; on dit un épi de fro- ment , de feigle , d'orge , &c. : & par com- paraison , on dit que les fleurs de la Lavande , de l'Amorpha , &c, font raffemblées en épi , T A B L E. 53J parce qu'elles forment un cône allongé qui termine les branches. EPIDERME, enveloppe générale des plan- tes. EPINE , eft une produdion pointue & pi- quante qui eft tellement adhérente à différen- tes parties des plantes qu'on ne fauroit l'arra- cher fans faire une plaie ; le mot épineux s'ap- plique aux tiges , aux feuilles & aux fruits. ERGOT , voyei Argot. * ERUPTION , adion qui pouffe en dehors. ESPALIER , eft une muraille Couverte d'ar- bres : pour faire un efpalier , on palifTe les branches des arbres ou on les attache au pa- rois d'un mur , au moyen d'un treillage ou autrement ; à un bel efpalier , on ne doit point voir la muraille. Il y a des arbres délicats qu'on ne peut élever qu'en efpalier. ESPECE de plantes , on appelle ainfi les plantes qui , outre le caradere générique , ont quelque chofe de fingulier qui les diftingue de toutes les plantes du même genre; Le buif- fon ardent eft une efpece du genre des Néfliers. ESSARTER , eft arracher tous les arbres, les arbriffeaux & les broufTailles ; effarts , ea vieux françois , fignifioit des broufTailles. ESSOUCHER un champ , c'éft en arracher les fouches. ESTANT; on appelle un bois en efiant f À S t Ë. Celui qui cft fur pied , vivant , & prenant fô* àccroifTement. ESTROPIÉ , oïl dit qu'un arbre â été ef- tropié par un ignorant qui l'a mal taillé. ETAM1NE , les étamines font les parties mâles des fiantes ; elles font corrîpofées d'un filet & d'tfn fommet : le filet fert à foutenir le fommet , faifant fon&ion d'un pédicule; le fommet eft une ou plufieurs bourfes ou cap- fules remplies de poufîiere. On nomme fleurs à étamines ou mâles celles qui n'ont point de piftil. M. linnée a défîgné la différence de l'une & l'autre partie des étamines, ayant égatd ^ leur nombre , leur figure ,- leur -. policion , eomme quand il dit un fommet qui fe tient droit fur ion filet , un fommet qui eit attaché' au filet par un côté. ETÊTER un arbre, ceft couper toutes f#v Branches jufques fur le tronc ; les arbres ainfV étêtés forment des têtards. • ETIOLE , on dit que lés plantes ou les : branches font étiolées , quand elles s'élè- vent beaucoup fans prendre de grorTeur : les feuilles des plantes fort étiolées n'ont point ïa couleur verte, ép celles qui fe portent bren. fi* ETOC , figïiifîe- une fouche morte ou un1' refte de branche qui deifechç fur le çronc. ETRONÇONNER un arbre, eft en cou- per toutes les branches, & ne lui coaferver que le,tronc. J - ' - * If A B L E jjf ÉVASE , c'eft fe dilater vers fon ouverture en manière de vafe ; on emploie ce terme dans k defeription des fleurs & des fruits : on* dit évaièr un arbre en builîbn, EVENTAIL , cm dit que les branches étf efpalier doivent fe diftribuer en éventail ; & on appelle un arbre taillé en éventail celui1 qu'on taille de façon que fes branches reiTem- blent à un éventail ouvert : il y en a qui don-* nent'Ia préférence aux arbres taillés en éveû- tail fur ceux que l'on taille en buiiïbn. EXFOLIATION , eft la réparation d'une' partie morte & deiféchéé d'avec celle qui eft vive ; ce terme qui s'emploie pour les os des animaux y eft auift employé, pour le bais <8â l'écorce. EXHALAISON , air iubtil & fpiritueu* qui s'exhale des corps ; on refpire dans les mines des exhalaifons vitriol iques & arfénicaîe& *pji font dangereufes. EXOTIQUE,,, les plantes exotiques font les plantes étrangères au pays ; les naturelles font dites indigènes, EXPIRATION , fignifie la moitié de h refpiration qui a deux parties ; favoir , Yinfî- piration, celle par laquelle l'air eft attiré, & l'expiration f celle par laquelle il eft rejeté. EXPOSITION , eft la fituation d'un lietr relativement au foleil , à la pluie ou à d'au- tres météores ; on dit ce coteau eft expofé air vent ou à la pluie ; le plus commuRément on f$6 T A B t Ë; emploie ce terme relativement au foîeil , k l'expofition du levant ; le foleil donne fur la muraille depuis fon lever jufqu'à midi ; l'ex- pofition du midi eft frappée par le foleil de- puis neuf heures du matin jufqu'à trois heures après midi ; l'expolition du couchant reçoit le foleil depuis midi jufquau coucher; & l'ex- pofition du nord ne reçoit le foleil que dans 1 été , quelques heures après le lever du foleil * & quelques heures avant qu'il fe couche. EXTIRPER* détruire, extirper les mau- vaifes herbes. EXTENSION , l'aâîon par laquelle les corps s'étendent & prennent plus de volume qu'ils n'en avoient. EXTRA VASE, fe dit du fang qui fort de fes vaiiTeaux , ou pour remplir les vaiffeaux lymphatiques , ou pour fe répandre dans le tiffu cellulaire ; e'eft dans ce fens que l'on dit que le fuc propre , étant extravafé , caufe des maladies ; mais ce fuc s'extravafe quelque- fois de façon qu'il fort entièrement des vaif- feaux, & fe montre au-dehors fous la forme de réfine au Pin & au Sapin , fous celle de gomme au Cerifier , au Pêcher , au Prunier , & aux Ormes fous celle d'une fève épaiffie. Ce fuc extravafé , qui fort ainfi des plaies de plu- fieurs arbres , caufe moins de mal aux végé- taux que le fuc propre qui fe répand dans les vaiffeaux lymphatiqnes &' dans le tiffu cellu- laire. TABLE. 337 F F AISCEAU y paquet ou fagot de plufîeurs chofes réunies enfemble par le moyen de quel- que lien ou de quelque enveloppe. On dit un faifceàu d'herbes , un faifceàu de flèches , &c* FANE. C'eft là tige & les feuilles d'une plante morte & deffechée. Les Fleurifles em- ploient ce mot , pour fîgnifier l'herbe de leurs oignons. FARINEUX. Les femences font ou fari- neufes comme le froment , ou oléagineufes comme le lin , la rabette > Sec. Il y a des ra- cines farineufes , dont on peut faire de l'ami- don. On dit qu'un fruit eft farineux ou pâteux , quand fa chair eft fans goût & point fondante. FAUSSES FLEURS. Les Jardiniers a^M lent faujfes fleurs , les fleurs mâles qui ne por- tent point de fruit. Plufieurs ignorant combien ces fleurs mâles font néceflaires à la féconda- tion des fleurs femelles , les fuppriment fur les plantes de Melons ; ce qui nuit à la fructifi- cation & la rendroit nulle , s'il n'en reftoit point quelques-unes qui échappent aux recherches de ceux qui font affez peu inftruits pour n'en vou- loir point biffer. FAUX BOIS. On appelle ainfî des bran- ches menues, chiffonnes & mal conditionnées, qui font incapables de produire de belles bran- ches fi on les laiffe fubfifter. On dit auffi que Tome /. Y 3^3 T A B t Ei les branches gourmandes font de faux lois ; ces branches inutiles & même nuifibles étant taillées convenablement , comme nous le dirons , donnent des branches très-bonnes. FEMELLE. On appelle ainfî les rieurs qui n ont que des piflils , & qui donnent des fruits. FENTE , forte de greffe qu'on nomme en fente. On appelle auîîi Bois de fente , celui qu'on débite en fendant le bois en plufieurs morceaux. C'eii ainiî qu'on fait les échalas , les lattes , le douyain , &c. FERTILE, FÉCOND. On rend les terres fertiles par les labours & les amandements. FEUILLE. On diftingue en général les feuil- les en fîmples , & en compofées i les feuilles limples , font celles dont lés queues font ter- minées par un fêul épanouifîement ; de forte qu'il n'y a qu'une feuille au bout de chaque queue. Les feuilles compofées , font celles où plu- fieurs feuilles font attachées à une queue com- mune. Ces feuilles qui par leur réunion for- ment les feuilles compofées , fe nomment Fo- lioles , elles ne font qu'une partie d'une feuille, puifque le filet commun qui fondent ces folio- les , tombe l'automne avec elles. On coufidere les feuilles par rapport à leur circonférence , à leurs angles, à leurs fînus , à leur bordure , à leur fiirface , à leurs fommets , à leurs côtés. Quand on confidere les feuilles par rapport TABLÉ. 339 à leur circonférence , on regarde là feuille comme entière , & faifant abftra&ion des fïnus & des angles ; ainfi l'on doit comprendre fous Ce titre, toute figure qui fe préfënte fous la forme d'un anneau diversement comprimé. Ceci bien entendu , il y en a de rondes ; comme elles font aufîi larges que longues , leurs bords font à une égale diftance du centre. De fous- orbiculàires , elles ont plus de largeur que de - longueur ; ou , dans un fens plus étendu , ce font toutes celles qui font à peu près rondes. 'D'ovoïdes , ce font celles qui ont la forme d'un œuf, lorfque le grand fegment de Cercle eft du côté de la queue ; on les appelle en feuille de myrthe , & ovoïdes renverfées , ou en fpatule , lorfqué le grand fegment de cercle eft du côté de l'extrémité de la feuille; en rondache , quand là queue s'attache au difque même , & non pas à la bafe ou au bord de la feuille } ce qui forme une feuille umbiliquee. Ovaks ou elliptiques ff celles qui font plus longues que larges , & dont les fegments de cercle du côté de là queue & vers l'autre extrémité, font égaux; ft elles fe terminent par une longue pointe , ont les dit àcuminées. ~D'oblongues , celles dont la longueur contient plufleurs fois la largeur, & dont les deux extrémités fe terminent en pointe , on les dit en navette* S'il y a des ap- pendices où des oreilles à toutes ces feuilles auprès de la queue , on les dit oreillées : en forme de coin , la bafe du coin eft du côté de la queue. En confidérant les feuilles relativement à leurs angles , on ne confidere que l'angle fail- Y a 340 TABLE. lant ; car l'angle rentrant ou 1 echancrure eft le fînus. Il y en a qui , étant étroites & fe terminant en pointe par les deux bouts , font dites en fer de lance. On nomme /inaires , à feuilles de lin , celles qui font étroites Se d'une égale largeur dans toute leur étendue ; on les nomme en- core filiformes ou filament eu fes. Celles qui fe rétrécifTent depuis le milieu jufqu'au fommet , , Se fe terminent en pointe , font dites en alêne. On nomme acéreufes , celles qui font longues , étroites , figurées en alêne , & attachées à la branche , fans prefqu'aucun pédicule , comme au Sapin , à l'If. Celles qui font compofées de trois côtés re&ilignes y font dites triangulai- res ; deltoïdes , celles qui forment un loiange. Les fînus , comme nous lavons déjà dit , font des échancruresqui partagent le difque de la feuille en plufieurs parties , formant des angles rentrants ; il s'en trouve à la bafe , à l'extrémité oppofee > aux côtés & autour ôqs feuilles , ce qui leur donne différentes formes. Celles en forme de rein , font des feuilles arrondies , qui ont une grande éahancrure ar- rondie , ou un fînus du côté de la queue , qui s'attache au milieu de la partie concave. Celles en forme de cœur font ovoïdes i & ont une echancrure ou un fînus qui forme un angle curviligne , à la pointe duquel eft attachée la queue. On les dit en cœur renverfé , quand le fînus eft à la partie oppofée à la queue. Celles en croiflant , différent de celles en forme de rein , parce que le fiuus eft plus grand , & que les bords font plus pointus. Celles en fer de TABLE. 341 flèche , ont un -fin us triangulaire à leur bafe, au milieu duquel eit attachée la queue. Lorf- que les bords de cette feuille font convexes , on les nomme fagittees en cœur. Si les pointes des feuilles fagittees font un crochet du côté de la bafe , ou fl elles secartent beaucoup , formant comme deux oreilles , on les dit eu fer de pique. On appelle feuilles en violon , quand leur forme approche de celle de cet iniïrument , comme font celles d'une efpece de Lapatum. On dit lyrtt , fi la forme d'une feuille appro- che de celle d'une lyre. Les termes de bifide, trifide , &c. indiquent le nombre des découpures des feuilles ;mais il faut que l'intérieur de la découpure foit coupé droit , car û elles font arrondies & que cha- que découpure repréfente comme la partie d'une feuille , ces parties fe nomment lobes ; & fuivant leur nombre, on les dit bilobes, tri- lobes , &c. Une feuille pennée , eft celle qui eft coupée comme l'aile d'un oifeau. Lorfque les décou- pures font femblables aux doigts d'une main ouverte , on la dit palmée. On appelle Laci- niées y les feuilles qui non-feulement font pro- fondément découpées , mais dont les lobes font encore découpés \ car fi les lobes font peu dé- coupés, on fe fert du mot Jînué. Quand une feuille a des finus à fa bordure, cela n'empêche pas qu'on ne la nomme entière ; tais lorfqu'on la dit très -entière , c'eft qu'elle l'a pas de finus même à fa bordure. Les feuilles finueufes , dont nous venons d$ Y3 34X TABLE. parler , peuvent être dites découpées profondé- ment : nous allons parler de celles qui font dé- coupées peu profondément. Il faut remarquer qu'une feuille entière ne doit être ni incifée , ni découpée , ni laciniée \ mais elle peut être déno- tée ou dentelée. Il faut maintenant examiner les diverfîtés qui fe rencontrent à la bordure ou au bord, pourvu qu'elles n'intéreffent point le difque, D'abord fans confidérer celles qui fç rencon- trent à la bordure du fommet , ii les bords de ïa feuille font garnis de pointes horizontales de même confiftançe quç la feuille , & féparées les unes des autres , on dit que les feuilles font dentelées ; on emploie auili le diminutif denticule'. Si les dents refîemblent à celles d'u^ pe fcie , que leur pointe regarde l'extrémité pppofée à la queue , & que les découpures fç Recouvrent les unes les autres , on emploie lç rriot denté. Affez fpuvent la pointe des dents eft tout> pée en dehors, fans incliner ni vers la queue s ni vers l'autre extrémité. On exprime cette dentelure par le mot crénelé ; d'où l'on dit crénelé d'une manière pointue , quand les poin- Çç-S font aiguës ; crénelé d'une manière ob- tufe , quand les pointes ne font pas aiguës ; crénelé doublement lorsqu'il y a deux fortes de çrenelures , dont les unes font plus grandes que les autres. Lorfque les bords d'une feuille font garnis Ô'ém.neueçs formées par des legments de cer- cle?, , dont alternativement la convexité fi cet angle eft furmonté d'une pointe. On doit encore examiner le port général d'une feuille , en la confidérant de toutes parts dans une fituation perpendiculaire ; ce que M. Linnée a nommé les cotés. Les unes font creufes , d'autres ne le font pas ; elles font ou fijluleufis , ou grajfes & fuc« tulentes , ou charnues. On appelle cylindriques ou otite m gouttières , celles qui font pliéçs TABLE. 34$ dans une partie de leur longueur ; imprimées , celles qui ont une empreinte , comme il elles avoient été prefîëes par la tige ; comprimées , comme il elles avoient été preffées des deux côtés oppofés , & qui ne font point face à la tige ; planes , celles qui fe préfentent fur un mê- me p an , convexes , relevées dans le milieu ; concaves , creufées dans le milieu ; en formé d'épét , plattes relevées à leur milieu , tranchan- tes des deux côtés ; informe defabre , lorfque le côté convexe e(l tranchant , & que l'autre côté prefque droit ne l'eft pas ; informe de langue % lorsqu'elles font étroites , obtufes , charnues , convexes en deffous , & ordinairement cartila- gineufes ; d'autres à peu près fphériques , font dites globuleufès ; d'autres font en forme de nacelle ; d'autres flriées ou cannelées ; les unes font douces , les autres rudes au toucher. Les feuilles compofées font , comme nous l'avons déjà dit , formées d'un nombre de fo- lioles attachées à une queue commune. Pref- que tout ce que nous venons de dire des feuil- les fimples , a fon application aux folioles, qui forment parleur aggrégation les feuilles com- pofées. On diltingue les feuilles compofées en trois çlaffes générales ; favoir : Celles dont les folioles font toutes attachées à l'extrémité d'une queue commune , on les nomme palmées. M, Linnée les a nommées digi- têes ; mais on donne plutôt ce nom aux feuil- les fimples qui font échancrées profondément formant des digitations. Entre les feuilles de cette claîTe , il y en a 34* T A B L E. qui n'ont que deux folioles au bout de la queue; on les nomme binées : celles qui étant compo- fées de trois folioles forment un trèfle , font nommées ternaires , & ainil de celles qui ont un plus grand nombre de folioles. Les termes de bipkylliques , îriphylliques , font aulli en ufage pour lignifier qui a deux ou trois feuilles. Quelques feuilles palmées pouffent de la queue commune plufieurs petites queues bran- chues qui portent les folioles , on les nomme lameufes : fi les folioles n'ont point de queue propre , on les dit fans queue ; fi chaque fo- liole a une queue propre , on la dit foliole à petiol. Lorfque les folioles font rangées aux deux cotés d'un filet qui les fupporte toutes , on les compare aux plumes des oifeaux , on les nomme empennées. Entre les feuilles empennées , les unes ont leurs folioles oppofées deux à deux fur le filet commun , d'autres les ont placées alternative- ment ; on les nomme alternes : membranées , lorfque les queues font garnies d'ailes mem- braneufes : ftipulées , lorfque les queues font accompagnées de ftipules. Le nom de feuilles conjuguées a fouvent été regardé comme un fynonyme de feuilles em- pennées. Mais M. Linnée a réfervé ce mot pour les feuilles compoiees d'une feule paire de fo- lioles attachées à un petiol commun. Il y a encore des feuilles plus compofées , car les rameaux latéraux qui ne portent point de folioles , fourniflent encore des filets qui font chargés de folioles. M. Linnée les a nom- TABLE. 347 mées trois fois compofees ; les feuilles Jhrcom- pofées font celles dont le petiol commun fe divife plus de deux fois avant de fe charger de folioles. On a encore confidéré lçs feuilles relative- ment à d'autres circonftances , telles que leur direction , l'endroit où elles s'attachent , la raa^ niere dont elles font attachées à la plante , qu'on nomme infertion. Par rapport à la diredion , les unes fe re-> tournent par la pointe vers la plante , d'autres approchent beaucoup de la perpendiculaire , d'autres font avec la tige un angle prefque droit ; les unes prennent une direction hori- zontale, d'autres font pendantes, &c. A l'égard de l'endroit où elles font atta- chées , on distingue les cotylidones ou feuil? les féminales , celles qui partent des racines , de la tige , des branches , des airFelles : celles qui accompagnent la fleur , & qui ne paroiflenç qu'avec elle, on les nomme florales . Pour ce qui eft de la manière dont elles font attachées à la plante ; fi la queue s'at- tache au difque de la feuille , & non pas à la bafe , on les dit umbiliquées ;petiolêes quand la queue entre dans la bafe de la branche ; s'il n'y a point de queue , & que la feuille naiflb immédiatement de la tige , on la nomme fef- file. Les feuilles perfoliées , font celles qui fonç traverfées dans leur difque par une branche ou un péduncule , fans qu'elles foient attachées par leurs bords ; ainfi elles font enfilées : elles différent des feui^es oppofées qui s'uniiïenç, g48 TABLE. l'une à l'autre par leur bafe, & qu'on nomme connées ; fi la baie de la feuille forme un tuyau qui foit enfilé par la tige , on la nomme va- ginée. Il relie encore à confidcrer la pofition de chaque feuille par rapport aux autres. Quand une feuille croît du fommet d'une autre , elles font articulées ; quand elles entourent une tige ou une branche , elles font verticillées : elles font oppofées lorfque les pédicules fe trouvent à la même hauteur, & vis-à-vis les uns des autres ; alternes , lorfqu'une feuille fe trouve d'un côté de la tige ou de la branche , pen- dant que la fupérieure & l'inférieure font de l'autre côté ; éparfes , quand elles font difper- fiées fur les branches fans ordre ; entaj/ées , quand elles font rademblées par bouquets ; fafciculées ou en houppe , quand plufieurs par- tent du même point. En général , le mot feuillage fignifie les feuilles confédérées en gros avec les branches , les fleurs , les fruits , &c. Il y a encore , com- me nous l'avons déjà dit , des feuilles pofées en hélice fîmple & double. FEUILLETS , FEUILLETÉ. L'écorce des arbres effc feuilletée , ou compofée de feuillets. FIBRES. Ce font de petits filets ou filaments dont les arbres font entre-tifTus , & qui forment des modifications du corps ligneux qui pénè- trent leur parenchyme, FIBREUX, qui eft compofé de fibres. C'efl dans ce fens qu'on dit un faifceau fibreux ou TABLE. 34^ filandreux. On dit auflî des racines fibreufes , pour exprimer des racines menues. FILAMENTEUX , qui eft comme un fil. FILET , fe die de tout corps menu & afFez long. On dit un filet ligneux , un filet cortical ; les folioles des feuilles conjuguées font portées par un filet commun. Mais ce mot eft particu- lièrement attribué au pédicule qui fupporte les Commets des étamines ; il eft dit alors filamen- teux. On trouve aurlî dans les fleurs , des filets / qui ne font point terminés par desfommets. FILTRATION , adion de filtrer. Efpece de diftilîation qui fe fait par le filtre , par le linge , le drap , le papier gris , le fable , &c. FISTULEUX , qui forme un tuyau ou un canal creux. FLEURS. Les fleurs font des productions des végétaux qui contiennent les parties de la fructification. Celles qui font reconnues effen- tielles pour cette fonction , font les étamines & les piftils. Outre ces parties , plufieurs fleurs ont de plus un calice , un ou plufieurs pétales , quel- quefois des nedars. Quoique ces trois parties ne paroiiTent pas cflentielles à la frudification , puifquil y a des fleurs privées de calice, ou de pétales, ou de nectars qui donnent cependant des fruits , on ne laifTe pas de regarder ces parties comme ap- partenant aux fleurs , parce que la plupart en font pourvues. n fto TABLE. D'où il fuit même qu'on ne'laifTe pas de donner le nom de fleur à certaraes produ&ions qui n'ont que ces parties auxiliaires , & qui manquant de celles que nous avons dit efîentiel- les,font itériles. On les nomme aufli faufTes fleurs. Quantité de fleurs doubles font de ce genre * & c'eft mal à propos qu'on a donné ce nom de faujfes fleurs aux fleurs mâles des cucur- bitacées , comme les Melons & autres , puif-* qu'elles font aufli eiTentielles à là fru&ificatioti que les fleurs nouées ou femelles. Ainfî il ne faut pas confondre ces fleurs ftériles , qui font pour ainfi dire mutilées , avec les fleurs à éta- mines , qui étant des fleurs mâles ne font point fui vies de fruit ,• elles font par elles-mêmes fté- riles , mais non pas de faufles fleurs. On oppdfe aux fleurs mâles & itériles , les fleurs fécondes qu'on nomme aufli fleurs nouées ? qui font fuivies de fruit. Les unes font femel- les , & les autres hermaphrodites. Les fleurs peuvent donc le diftinguer en mâ- les , femelles , & hermaphrodites. Les fleurs mâles , ne contiennent que les or- ganes mâles ou les étamines. Les fleurs femelles , ne contiennent que les organes femelles ; favoir , un ou plufieurs piftils. Les hermaphrodites contiennent les organes- mâles , & les organes femelles , étamines & piftils raiîemblés dans une même fleur. On diftingue encore les fleurs en fimples & compolées. Les Fleurifles nomment fleurs iimples , celles qui n'ont qu'un rang de pétales. Ils nomment fleurs femi-doubles , celles qui en ont plufieurs rangs ,• fleurs doubles , celles TABLE. 351 dont tout îe difque eft tout rempli de pétales- Mais les Botaniites appellent Fleurs Jimples , celles qui ne contiennent qu'une fleur , ou ua appareil d organes réparés des autres. Fleurs compofëes , celles qui font formées d'un atfèmblage de fleurs mâles & femelles , ou hermaphrodites > réunies dans un calice commun. De ce genre font les fleurs à fleurons, à demi- fleurons, & les radiées. Nous en parlerons dans la fuite. En confîdérant les fleurs en général , nous: devons faire remarquer qu'elles font quelque- fois clair- femées fur les branches , d'autrefois elles font placées fans ordre dans les aifTelles des branches & des feuilles , ou rafTemblées par bouquets , ou entaifées les unes fur les au* très par pelotons. Si elles forment des anneaux qui entourent la tige ou les branches , on les nomme v^r- iicillées. Ou elles font attachées à des queues rameu- £çs9 comme les grains d'une grappe de raifin^ alors on dit qu'elles font en grappes. Quelquefois elles terminent les branches par des bouquets coniques & affez longs , & alors elles font en épi. Quelques fleurs en épi , font contournées comme une crofle. Les branches fe voient aufli terminées par des fleurs uniques. On les nomme folitaires. On a confacrë le terme de paquets à ces pe- tits tas de fleurs qui naiffent fur les épis dos plantes graminées. 3^ TABLE. Et celui de corymbes aux têtes de certai- nes plantes qui portent quantité de fleurs ou de fruits raflemblés près à près. La Tanéfie eft une plante corymbifere. Enfin les branches font encore terminées par des fleurs en ombelle ou en parafîoL Pour faire un vrai ombelle , il fort du bou- ton , comme d'un centre commun , des bran- ches nues & rayonnées qui s'évafent comme les bâtons d'un paraflbl formant quelquefois un plan , & d'autrefois un hémifphere. De l'extrémité de ces rayons principaux , il en part d'autres petits qui font difpofés de même , & ceux-là portent les fleurs. L'ombelle fimple n'a qu'un ordre de rayons comme le Panais. Il y a de faux ombelles qui , au lieu de rayons dont nous venons de parler , ont des grappes rameufes qui fe distribuant régulière- ment en rond , ont aflez la forme de paraf- fols ; mais ils n'en ont point les caractères eflentiels , qui confident à avoir cinq étami- ties , un pifîil fourchu , quatre ou cinq pétales difpofés en rofe , & qui repréfente ordinaire- ment une fleur de lis de lecufTon de France. Lorfque la fleur eft pafTée , le calice devient un fruit qui d'abord femble unique , mais qui fe divife en plufîeurs graines qui font chacune foutenues par un pédicule. Suivant qu'un péduncule eft chargé d'un , deux ou trois fleurs, &c. on emploie les ter- mes ûuniflore , de biflore , triflore , &c. FLEUR FLEURDELISÉE. On fe fert de ce TABLE. 353 et terme pour décrire les fleurs de plu fleurs plantes en paraflol , qui font compofées de cinq pétales inégaux , difpofés à l'extrémité du ca- lice comme la fleur dé lis d'un écuflbn. Ainfï il ne faut pas confondre ces fleurs avec celles qu'on nomme liliacées, FLEURON , petite fleur partielle. FLUTE , forte de greffe qu'on nomme ent fiûte ou enflfflet. FLUIDE j qui n'eft pas folide , mais cou- lant & difpofé à fe mouvoir , qui coule aifé- ment. L'air & l'eau font des éléments fluides. Un tas de fable efl un corps fluide , différent des corps liquides , en ce que les parties de ceux-ci fe meuvent actuellement , & que celles de l'autre ne font que difpofées à fe mouvoir. C'efl la configuration des parties dont un corps efl compofé , qui fait la fluidité. Lorf- que la furface de ces particules efl ronde & unie , le corps qui naît de leur affemblâge eft fluide. FLUIDITÉ , qualité des chofes liquides & fluides , qui leur donne la facilité de fe mou- voir. La gelée arrête la fluidité' de l'eau. Un fyrop trop cuit s'épaiflit & perd fa fluidité. FOLLICULE , bourfe membraneufe qui en- Teloppe les femences; telles font les véfïcules du Çolutœa. FONDS eft fynonyme de terrain. On efl tou- jours dédommagé de fon travail quand on cul- cive un bon fonds. Tome I, 2 3$4 TABLE. FONDRE. On dit, les couches trop chau- des font fondre les .plantes ; c'eft-à-dire qu'elles y périffent. FORÊT , grande étendue de terrain couverte de bois. Il y a des Officiers nommés pour veil- ler à leur confervation , dont la Jurifdiâioa s'appelle Maîrrife. FORTE. Terre forte , eft celle qui étant compade & ferrée , tient de J'argille. Son dé- faut eft d'être difficile à labourer & de trop retenir l'eau. On l'améliore en y mêlant du fa- ble ou des terres légères. FOUIR , remuer la terre ; d'où vient enfouir en terre , & refouir. FOURCHET. La divifion d'une branche en deux. C'eft un défaut dans la taille de laiffier des fourchas ou des branches qui fourchent. FRANC , oppofé à fauvageon. FRANGE. On fe fert de ce terme pour don- ner l'idée de découpures fines & profondes. Hem frangée , bordée par une frange. FRETIN , fe dit de tout ce qui eft mal con- ditionné , & preique inutile. Il faut à la taille des arbres en ôter tout le fretin , toutes les branches chiffonnes dont on ne peut efpérer ni fruit , ni belles branches. FRICHE , champ inculte. FRUCTIFIER , porter des fruits. FRUIT. Le fruit eft dépofitaire du germe, TABLE. 355 ou la partie qui fert pour la multiplication de fon elpece. On entend généralement par ce terme , les produdions qui fnbfiftent après que les fleurs font paffees , foit qu'elles contiennent les fe- mences , foit qu'elles foient les femences mêmes dépourvues d'enveloppes. On a coutume d'appeller grain , graine ou femence , celles qui croiiïent nues , ou qui font dépouillées des enveloppes qu'elles avoient fur les plantes. C'eft dans ce fens qu'on dit un grain de fro- ment , ou d'orge , ou d'avoine ; une graine de laitue , &c. : & on applique plus particuliè- rement le mot de fruit à ceux qui font charnus , tels que les poires , pommes , prunes , ceri- fes , ou qui font affez gros , tels que les mar- rons. ■'.; • L'embryon forme , en croiflant & s'étendant > ce qu'on appelle le fruit ; & comme il y a des embryons de formes très-différentes , les fruits ont aufîi des figures très - variées ; favoir , la capfule , la coque, la fîlique , la gouffe, le fruit à noyau , le fruit à pépin , la baie , le cône. Il eft bon d'obferver que M. Linnée nomme péricarpe , la partie de l'embryon qui s'étend & renferme les femences ou les graines. Cette partie manque quelquefois ; alors les femences font renfermées dans ce que le même Auteur appelle le réceptacle , qui eft l'endroit fur le- quel eft porté la fleur ou le fruit , ou tous les deux enfemble. La capfule. Les fruits capfulaires font ordi« Z i ^6 TABLE. nairement fucculents & charnus , lorfqu'ils ne font point parvenus à leur maturité ; mais à mefure qu'ils munirent , ils fe deflTechent plus ou moins , & deviennent membraneux. Alors ces fruits font compofés de plufleurs panneaux fouvent fecs & élaitiques , qui s'écar- tent les uns des autres par leur fommet. On les dit à une loge ou à pluiieurs loges, fuivant que l'intérieur eft divifé , ou non , par des cloifons. Quelquefois il femble que les fruits foient formés par pluiieurs capfules qui fe tiennent feulement par des parties de peu d'étendue ; alors on les dit hicapfulaires , tricapfulaires , multi- capfulaires. La coque diffère de la capfule , en ce que les panneaux en font mous ou moins roides ; quelquefois on n'apperçoit point la diftindion ûqs panneaux. La Jîlique , pour la forme extérieure , eft compofee de deux panneaux qui s'ouvrent de la baie vers la pointe , étant féparés par un diaphragme ou cloiion membraneufe à laquelle les femences (ont attachées \ très-fouvent on % confondu h Jîlique avec la goujje dont nous allons parler. Exadement parlant , on ne doit appel- ler Jîlique que les fruits en gaine & à bat- tants qui fuccedent aux rieurs qui ne font point légummeufes ; ceux qui fuivent celles-ci , font appelles gouffès. La goujje eft , fuivant M. Linnée , un péri- carpe oblong , à deux cofTes a Fembiéesen dtÇ" fus & en delfous par une iuture lonytudiriaiefc T A B 1 t. 357 les femences font attachées alternativement au limbe fupérieur de chacune de ces coffes. Le fruit à noyau , que plufieurs Auteurs ont nommé prùnifere , eft compofé d'une pulpe ou chair molle '& fucculente , qui renferme dans fbn milieu un noyau , lequel eft formé d'une boîte ligneufe qui contient l'amande ou la fe- mence proprement dite. Le fruit à pépin , les pomiferes , font pris par les Botaniftes pour tous les arbres qui portent des fruits à pépin ; ces fruits contien- nent des femences qui n'ont qu'une enveloppe coriacée : ces femences font ordinairement contenues dans des loges membraneufes. La baie ; c'eft un fruit mou , charnu , fuc- culent qui renferme des pépins ou des noyaux : ii faut encore qu'ils ne foientpas fort gros ; car une Pêche n'eft pas une baie. Mais on appelle ainfi les fruits du Genévrier & de l'O- livier , &c. Il y a des baies qui différent peu des grains ; néanmoins on ne dit pas un grain , mais une baie de Laurier ; on ne dit pas non plus une baie , mais un grain de Raifin. Quelques- uns , pour diftinguer la baie du grain , difent que la baie doit être clair-femée , & le grain raffemblé en grappe , en épi , ou par bouquets. Le cône eft compofé de plufieurs écailles li- gneufes qui s'ouvrent par le haut & font atta- chées par le bas à un poinçon ligneux qui eft dans l'axe du fruit. Les Pins & les Sapins qui portent de ces fruits , font dits Conifères. Comme les fruits font formés par les em- Z3 5$& T A B L E. bryons , ils fe trouvent placés fur les plantée aux mêmes endroits que les fleurs. On appelle fruits ,fucculents , ceux dont les femences font enveloppées d'une chair rempliç de fuc ; & fruits fecs , ceux qui étant parvenus à leur maturité n'ont point de fuc. De ce genre font les membraneux. Il y a aufïi des fruits qu'on nomme ailés Y lorfqu'ils font accompagnés d'un appendice membraneux. Les fruits aigrettes , font garnis de poils. Aiïez fouvent pour décrire les fruits en moins de mots , on les compare à des choies connues, comme à une cafîblette , à une boîte à favoti- nette , à un étui , &c. On dit que les fruits font noués , quand la fleur étant paflee ils grouillent ; & qu'ils font coulés , quand ils avortent. FUMIER, végétaux imbus des excréments des animaux ; c'elt un excellent engrais. Un fiamier confommé , eft celui qui eit bien pourri. FUTAIE , bois qu'on lailTe parvenir à toute fa hauteur fans l'abattre1. Jeune Futaie ; c'efl un bois qu'oa laifTe s e- Içver. f Quand ce bois eft parvenu à la moitié de fa hauteur , on le nomme demi-Futaie. m Lorqu'il eli à toute fa grandeur , c'efl: une haute Futaie* Un Semis qui n'a jamais été abattu , forme une Futaie de brin. Un Taillis qu'on laifTe croître fans l'abattre f forme une Futaie fur taillis. G TA B L E. 3^ G AINE. On fè fert de ce terme pour ex- primer certains fruits dont la figure approche de celle delà gaine d'un couteau. On s'en fert .aufli en parlant de certains pé- tales , & de pluiieurs nedars qui forment une gaine dans laquelle parle le piftil , ainfi que des"' feuilles qui entourent les tiges dans une cer- taine longueur par leur bafe. GALE , maladie des végétaux : elle s'annonce par des rugofités qui s'élèvent fur l'écorce des fruits, dés feuilles & des branches. GARENNE, bois-taillis ou brouffailles où il y a beaucoup de Lapins. Il y a des garennes où il n'y a prefque point de bois. On donne quelquefois le nom de garenne à de petits bois où il n'y a point de Lapins. Les garennes privées ou forcées font enclofes de murailles. GAULES , perches de bois longues & me- nues. GAULIS , menues branches d'arbres que les Chafleurs détournent quand ils percent dans le fort. On emploie encore ce terme pour fîgnifîer un jeune bois. GAZON , herbe fine qui fe trouve dans les champs. Les gazons à l'Angloife femblent un tapis de velours. Z 4 35© T A B I E. Les plus beaux galons fe trouvent aux en-* droits où Ton met paître les moutons. GAZONNER ; c'eft garnir de gapns. On dit ga^onner un parterre , une allée , &c. . GELATINEUX , fuc épaiffi en confittance de gelée. . ' GELIS ou GELIF. Ce font des bois qui ont été fendus par les grandes gelées d'hyver : ces fentçs fe manifeftent dans leur intérieur. Les Foreftiers les nomment gellvure ou ge-. lijfure, * GEMEAUX , deux chofes raffemblées , qui dans Tordre naturel devroient être féparées. Lorfqu'une fructification en renferme deux raffemblées , on la dit gemelle, GENRE de Plantes , eft laflemblage de plufieurs plantes qui ont un caradere commun établi fur la ftruclure de certaines parties qui distinguent effentiellement ces plantes de toutes les autres. Tournefort a fait des genres du premier or- dre , dansfétabliffement defquels il n'a eu égard qu'à la ftrn&ure des fleurs & des fruits ; & dçs genres du fécond ordre , dans letablifle- ment defquels il fait entrer des parties qui font étrangères aux fleurs & aux fruits. ' GERME , eft proprement la même chofe qu'embryon ; néanmoins on appelle le germe des fimences , une petite partie faillante qui con- tient l'embryon de la radicule & celui de la plume. T A B I E. $81 On dit qu'une femence eft germêe , quand la radicule commence à fe montrer. GERMINATION , eft le premier dévelop- pement des parties qui font contenues dans le germe d'une femence, La chaleur & l'humidité précipitent la ger-« mination des femences. GERSURE y fe dit des petites fentes qui endommagent les arbres. Cet arbre eft de mau- vaife qualité , fon écorce eft toute gerfie. Les bois de bonne qualité font fujets à fe gerfer & à f e fendre en fe deflechant. GIURE , brouillard qui fe gelé furies bran- ches des arbres, enforte qu'elles femblent char- gées de neige. Le giure n'étant qu'une glace fuperficielle , fait moins de tort que le verglas ; il charge ce- pendant quelquefois les branches au point de les faire rompre, GLAISE. La terre glaife eft graiïe , tenace ; elle fert à faire des ouvrages de poterie. On la nomme aufli argile : elle eft difficile à labourer. Lorsqu'elle eft trop compade & trop hu- mide , on peut la corriger en y mêlant du fa- ble ; & elle fert dé même àamander une terre trop légère. GLAND, fruit de chêne. On dit que la glande't eft bonne , lorsqu'il y a beaucoup de gland. Aller à la glandée , c'eft aller ramaifer $6% T A B L tr du gland , ou mener des pores en panage dans Içs bois. GLANDE , partie Taillante & de forme va- riée, qu'on trouve fur différentes parties des plantes , & qu'on croit fervir à quelque fecré- tion. Il y a aufïï des glandes dans l'intérieur des fruits. GLOBULEUX; ce qui eft de figure ronde. Les rieurs de l'Aubier à rieurs doubles , ou Rofe de Gueldres , font globuleufes. GOMME. La Gomme eft un amas du fuc propre de certains arbres , qui s'épaiifit à l'air. Elle diffère des refînes , parce qu'elle fedifTout dans l'eau , au lieu que les réfines ne fe dif- folvent que dans l'efprit-de-vin. GOURMANDE. Les branches gourmandes? pouffent avec une vigueur extrême , & elles epuifént les branches voifines. Nous expliquerons la formation des branches gourmandes , & la manière dont il faut les traiter à la taille. GOUSSE , eft un fruit capfulaire qui a la forme d'une fi rique , mais qui en diffère en ce qu'il n'eft pas divifé fuivant fa longueur par une cloifon , & qu'il eft produit par une fleur légu- mineufe , comme celle du pois , du genêt, &c. On dit fort improprement une gouffe d'ail , pour fîgnifier les caieux de cette plante. GOUTTIERE, demi-canal ou tuyau coupé fuivant fa largeur par fon axe ,. & qui fert à conduire de l'eau. T A B I ff. 3 refTerré par le haut. -, GRUME. On appelle bois en grume , celui qui étant ébranché ou coupé par billes , eft relié avec fon écorce. GRUMELEUX, qui eft formé d'un affem- blage de grumeaux. La chair de ce fruit eft grumeleufe & pâ- teufe ; la fuperficie de ce fruit eft grumeleufe. GUERET, terre labourée à la charrue. GUEULE , fleur en gueule ou labiée. Les fleurs en gueule font des tuyaux ordi- nairement perces, dans le fond , terminés en devant par une efpece de gueule formée de deux lèvres. Quand la fleur eft pafiee , on trouve au fond du calice quatre femences mûres j ce qui les diftingue des fleurs performées & des ano- males. H H ABITATION. On fe fert de ce mot pour lignifier le lieu où croifTent naturellement les plantes ; ce qu'il eft bon de connokre pour TABLE. /fâ les planter dans un terrain à peu près pareil, & pour favoir où il faut s'adreffer quand ou "veut en avoir. HAIE, clôture d'un héritage qui fe fait avec des branches entrelacées. On diftingue haie vive & hah morte ou fiche; celles-ci font faites avec des bfanches mortes entrelacées les unes dans les autres ; les au- tres font formées par des arbres enracinés. On dit une haie d'épines , un champ clos ayçc une haie vive & un folfé , eft aufli en sûreté que s il étoit renfermé par une muraille. HALLIER , bluffons , arbrifleaux & brouf- failles. HATIF , fe dit de tout fruit qui parvient à l'état où l'on peut en faire ufage avant ceux des plantes d'une même efpece. Ceit la même chofe que précoce. Un Jardinier habile parvient à avoir des Pois, des Melons hâtifs. HAUTE-FUT AIE.On appelle Bois de haute- futaie y celui où on a lailfé parvenir les arbres à toute leur grandeur. HAUTE-TIGE , arbre fruitier auquel on, forme une tige de cinq à iix pieds de hauteur. Les arbres de demi-tige ne l'ont qu'à trois ou quatre pieds. HÉLIOTROPE. Il y a plufieurs plantes qui portent ce nom ; mais en général on appelle^ plantes héliotropes , ce les qui tournent le dif- que de leur fleur vers le ioieil. TABLE. HERBACE , qui n'a pas plus de dureté & de folidité que l'herbe. Les jeunes pouffes ten- dres & fucculentes font herbacées. On appelle ainfi en général les plantes qui te font point ligneufes. On dit aufîi un goût herbacé , pour exprimer une faveur d'herbe. HERBAGE. Ce terme a différentes lignifi- cations. ; Les Jardiniers appellent herbages , toutes les plantes qu'ils cultivent dans leurs potagers. On appelle aufîi herbages y d'excellents prés où l'herbe croit en abondance. Enfin le droit ^herbage , eft celui d'aller couper de l'herbe , ou d'exiger un droit de ceux qui veulent en couper. HERBE. Nous regardons comme des her- bes , toutes les plantes qui perdent leur tige en hyver , foit que les racines foient vivaces ou annuelles. Ainlî les herbes font toutes les plantes qui ne font ni arbres , ni arbrifTeaux , ni arbuftes. HERBIER , eft un recueil de plantes deffe- chées que l'on conferve entre des feuilles de papier. L'Herbier d'un habile Botanifte , eft regardé comme 'une chofe précieufe. HERBORISER , c'eft aller à la campape reconnoître les herbes fur les lieux où elle» croifient naturellement. On nommoit autrefois les Botaniftes , des Herborijïes ; mais maintenant on a attaché cette / T A B L E. 367 dénomination à ceux qui ramafFent des plan- tes utiles , & les confervent pour les vendre. T f HERISSE. On fe fert de ce terme , lorfque les poils des plantes font rudes au toucher. HERMAPHRODITE. Fleur hermaphrodite, qui renferme les organes des deux fexes , les ctamines & les piftils. HOUPPE , lignifie un aflemblage de poils que l'on compare aux houppes de foie dont on fe fert pour poudrer. Telle eft la houppe 4u fruit du Platane , quand on en a retiré les fe- «lences. HUILE. Les huiles graffes & ondueufes qu'on obtient par l'expreffion de plufieurs fruits, font différentes des huiles ejfentielles , qui font des réfines très-exaltées. On dit qu'une plante huile , quand elle eft affectée d'une maladie qui la fait paroître com- me imbibée d'huile. Les plantes élevées fur couches font fujettes à huiler. j 1 ACHERE , fe dit d'une terre qu'on laifFe pendant une année fans la femer, pour la dif- pofer à produire du Froment par les labours qu'on lui donne pendant ce temps. JALON , bâton dont on fe fert pour prendre des alignements. ! JARDIN , eft un efpace de terre renfermé 368 TABLE. de haies ou'de murailles , & qu'on cultive avec grand foin pour y faire croître des plantes utiles ou agréables , & pour en faire un lieu de promenade. C'eft pourquoi on diftingue les Jardins , en Jardin de propreté , Jardin fleurifte , Jardin fruitier , Jardin potager , Jardin botanique. Le célèbre Lenoftre avoit fait adopter le goût des Jardins fymmétriques. Cette ordon- nance généralement reçue en France, s'étoit étendue dans prefque toute l'Europe. Les An* glois l'avoient aufîi fuivie. Mais ayant eu con- noifTance des Jardins Chinois , ils leur ont don- né depuis la préférence. Ces Jardins, que nous appelions aujourd'hui Jardins Anglois , dont tout le monde parle , & que peu de gens connoiffent , ne doivent avoir d'autre nom que celui de Jardins dans tordre naturel. Diamétralement oppofés à ceux de l'ordon- nance fymmétrique de Lenoftre , ils ne con- noiffent ni fymmétrie , ni lignes droites ni angles droits ; la nature , dit-on , qui efl leur modèle, n'en forme jamais dans les bois. Il y a lieu de douter que ces Jardins foient adoptés en France , parce qu'ils demandent une varie étendue de terrain. J'en ai vu en An- gleterre de fept ou huit cents acres. Hermenonville eft encore le feul lieu en France qui puhTe donner une jufte idée de ces vaftes Jardins dans le goût naturel & champêtre. JARRET , fe dit d'une branche qui forme un TABLE. 36? un angle. En raillant les arbres , on ne conferve les jarrets que pour garnir des viiides. JASPE, fe dit des fleurs dont les panaches font petites. JAUNISSE, couleur jaune des feuilles avant la faifon où elles doivent tomber ; elle annonce que la plante eft malade : ainfi la jaunifle eft une maladie des plantes , mais quelquefois la fuite d'une autre maladie. JET , eft la dernière prôdudion qu'a fait une plante ; c'eft le bourgeon développé. On dit qu'un arbre jette beaucoup de bois ; que les jets de cet arbre font beaux & annon- cent fa vigueur. IMBIBITION , la faculté de s'imbiber ou de fe charger de l'humidité qui environne. Les plantes fe nourriffent en partie par l'im- bibition de leurs feuilles. IMPARFAITE. On ne peut légitimement appeller fleur imparfaite , que celles qui man- quent des parties eflentielles à la frudification ; telles que font les fleurs totalement doubles qui n'ont ni étamines , ni piftil. Il ne convient pas d'appeller ainfi celles dont nous ne connoiflbns pas bien encore les parties de la fructification. \ Néanmoins quelques Auteurs ont nommé fleurs imparfaites , celles qui manquent de pé- tales ou de calices. IMPALPABLE , ce dont on ne peut diftinguer les petites parties par les fens ? Tome L A a 37<> TABLE. & particulièrement par celui du toucher. Le Mercure fe divife en parties fi menues ,' qu'elles font impalpables. Les Me'taux réduits en chaux , font une poudre impalpable , tant elle eft menue. IMPERCEPTIBLE , qu'on n'apperçoit point , qui ne tombe point f ou qui tombe difficilement fous l'aâion de nos fens. Lé Microfcope nous a fait découvrir dans les corps naturels des parties auparavant im- perceptibles. IMPREGNE, qui eft imbibé de fuc , de l'humidité , ou de petites parties d'un autre corps. Les fels fe fondent dans l'eau , mais elle ne peut s'en imprégner que jufqu'à une certaine quantité. L'eau peut en même temps être imprégnée de divers fels qui feront dé différentes figures. ' '■ - . INCISE , coupé comme avec des cifeaux. INCULTE. On appelle terre inculte , celle qui eft abandonnée à elle-même , & qui ne pro- duit que les herbes qui y croilfent naturelle- ment. INDIGENE. Les plantes indigènes font na- turelles à notre pays , ou à celui dont on parle; hs autres font dites étrangères ou exotiques, INGRAT. Oh appelle terrain ingrat ou in- fertile , celui qui malgré une bonne culture ne donne que de médiocres productions. f 1 il t 37Î INJECTION , introdudion d'une liqueur colorée dans l'intérieur des vaifleaux. M. Bonnet a remarqué que l'extrémité de \% ♦radicule eft conftamment ce qui fe colore le plus ; ce qui fait conjedurer que c'eft par cet endroit que la fève entre principalement dans les plantes. On a vu plufieurs expériences que j'ai faites ^vec la liqueur colorée ; elles prouvent que la partie colorante qui pénètre l'écorce , ne com- munique point immédiatement avec les fibres ligneufes. ,11 eft aifé de conclure que ce n'eft pas par là que les fibres ligneufes tirent les fucs nutritifs. INONDE. Les plantes inondées , font celles qui font fubmergées , ou qui naiffent dans l'eau. INSECTES , petits animaux tels que les Fourmis , les Pucerons, &c. dont la plupart caufent des dommages cpnfidérables aux végé- taux. ■ INSERTION. L'infertion des feuilles , eft la manière dont elles font attachées à la plante. INSIPIDE , qui n'a point de faveur. Ce fruit eft infipidë > il n'a qu'un goût aqueux. INSPIRATION, fe dit de l'adion d'infpi- rer & de la chofe infpirée. C'eft l'adion de la poitrine par laquelle l'air entre dans les pou- mons. Cette adion de l'air dépend immédiatement de fon' propre reflbrt , qui produit cet effet dans le même temps que la cavité de la poitrine Aa 2. 37i TABLE. s'élargit par l'élévation du thorax & de Vahdo men , & fur- tout par le mouvement du dia- phragme en bas. Ainli l'air n'entre point dans les poumons, parce qu'ils fe dilatent. Mais , au contraire , les poumons fe dilatent , parce que l'air y entre. Ce n'eft point non plus la dilatation de la poitrine qui pouffe Pair dans les poumons , comme on le croit d'ordinaire ; le reflbrt de l'air iuffit pour cela. Cependant cette dilatation eft une condition abfolument néceflaire, fans laquelle Y infpiration ne fauroit fe faire. L'ufage de Xinfpiration eft pour animer le fang , & lui donner le mouvement particulier qu'il doit avoir pour entretenir la vie. INTERSTICE , eft ici fynonyme à inter- valle ; c'eft la diftance , i'efpace qui eft entre deux corps. I a A BIÉE. Fleur labiée. Nous en avong parle à l'article Pétale. LABOURER , eft fouir & renverfer la terre avec des inftruments propres à cette opé- ration , non-feulement pour détruire les mau- vaifes herbes , mais encore pour foulever la ter- re & la rendre perméable aux influences de l'air, du foîeil , des pluies , des roiëes , de la gelée , & fur- tout à l'action de la raréfatûoa & de la condeufationi T À B L vs m Oh fait des labours avec des charrues tirées par des chevaux ou des bœufs , & à bras avec la houe , la bêche , &c. On appelle labourage , le travail du Labou- reur; &i'on dit d'une terre quelle eft labourable^ pour dire qu'elle eft propre à- être labourée. LABYRINTHE, eft un bofquec formé d'al- lées étroites , & qui s'entrecoupent de façon que quand on y eft engagé , on a peine à trou- ver la route pour en lbrtir. LACÉRÉ , déchiré. Ce terme convient aux pétales & aux feuilles. LACINIÉ , découpé en lanière. LAIT , eft une liqueur blanche qui coule de certaines plantes quand on les coupe. Ou nomme ces plantes laittufts. Le Figuier , le Tithymalt , &c. fonc des plantes laiteu/es, LAITEUX , couleur de lait. LANCEOLE , en fer de lance. LANDE , grande étendue de terre où il ne vient que des brouiïailles ; c'eft ce qu'on ap- pelle en d'autres pays gâtine ou bocage. Mais cette dernière dénomination convient jnieux à un petit bois agréable. Le Jonc-marin ou Lajonc , fe nomme Lande en Bretagne. LANGUE ou LANGUETTE , eft un ap- pendice étroit , qui n'eft adhérent que par une de fes extrémités. JVL Linnée veut que cet appendice foie car- Aa 3 374" TA. B l E, tilagineux par le bout. On a dit en languette ? en parlant des demi-fleurons. LANUGINEUX , couvert de poils fembla- bles à de la laine ; ce qui eft prefque la même chofe que villofeux , & convient à toutes les parties des plantes , feuilles , fruits , tiges , &c. Les termes lanigères , font aufïï en ufage. LEGERE. Une terre légère , eft celle qui n'ayant pas de corps , fe remue facilement. Or- dinairement elle eft mêlée de fable ou de pe- tites pierres. Son défaut eft d'être maigre & de fe deifé- cher aifément. LÉGUMINEUSE. Fleurs légumineufes. La plupart des plantes qu'on nomme légumes , Pois , Fèves , &c. & plufieurs arbres , tels que les Cytifes , Colutœa,&.c. portent de ces fleurs. LEVER ; LEVÉ. Ces termes s'emploient dans des lignifications différentes. En fait de labours , lever les guerets , eft don- ner la première façon de l'année de jachère. On dit qu'une femence levé, quand on la voit fortir de terre. C'eft ce qu'on entend , quand on dit que le Froment a levé promptement, que la levée de Mars eft belle. On fubftitue encore quelquefois lever à en- lever ; comme quand on dit , on a bien de la peine à lever les gerbes, LEVRES , découpures de fleurs labiées. On diftingue dans ces fleurs la lèvre fupérieure , & la lèvre inférieure, . .. TABLE 27* JJBER pu LIVRE. Quelques Auteurs ont fiommé toutes les couches de Téçorce , le liber. Mais on appelle ordinairement liber , la feule partie de lecorce qui confine au bois. LIERRE , te dit des feuilles qui reffemblent à celles du lierre. LIGNEUX. On appelle plantes ligneufes , celles qui ont fous leur écprce une couche de bois. Les Jardiniers les, nomment plantes boifeufes. Ces plantes étant vivaces , elles font ou des ar- bres , ou des arbriffeaux , ou des arbuftes. On nomme au Mi fibres ligneufes , celles qui font du es. La fubftance de plufieurs plan- tes annuelles eft traveriée par d^s fibres li- gneufes Le bois eft formé par l'aggrégation de fibres ligneufes. LILIACEE. Fleur liliack , ou en lis. LINEAIRE étroit , filiforme, ou filarnen* teux. LIS. Fleur de lis. LISETTE , petit fcarabée qui coupe les bourgeons des arbres. On l'appelle aufli coupe- bourgeon. LISIERE , eft le bord d'un bois, & les arbres de lifiere , font ceux qui croiflent au bord du bois. LISSE. On fe fert de ce terme pour ren- dre en François le mot glaber , qui fignifie Aa 4 fjê T A B I E. qu'une partie d'une plante n'a point de poils jj ou ne paroît point en avoir. LIT , lignifie une épaifleur quelconque. On dit un lit de fumier , un lit d'argille , un lit de pierre , &c. La bonne terre eft pofée fur un lit d'argille , ou fur un lit de gravier. LITIERE , eft le fourrage , mais communé- ment la paille qu'on répand fous les chevaux pour les coucher. La litière n eft pas perdue , on en fait du fumier pour engrahTer les terres. La litière de paille longue & qui n'eft pas confommée , fert utilement pour couvrir pen- dant les fortes gelées le pied des arbriffeaux délicats. Par là on conferve les racines qui font de nouveaux jets , fi la tige périt. LIVIDE , couleur plombée comme une meurtriffure. LOBE. A l'égard des femences , ce font les amandes ou les cotylédones , au ces corps quel- quefois aftez confidérables , qui font attachés aux germes , & qui nourrirent les jeunes plan- tes, jufqu'àce qu'elles aient produit des racines. Nousxavons parlé des lobes des fruits & des feuilles. LOGE, cellule ou cavité qui fe trouve dans l'intérieur du fruit, & qui renferme les femences. LONGITUDINAL , qui eft dans te direc- tion de la longueur. TABLE. 37? IOUPE. On appelle ainfi des grofleurs ou cxcroiiTances ligneufes & couvertes d'écorce* qui fe voient fur la tige & aux branches des arbres. LUCIDE , brillant. Ce terme convient aux feuilles qui paroiffent couvertes d'un vernis. LUNE, en forme de croiffant. Ce terme con- vient aux fruits , aux feuilles , & à d'autres par- ties des plantes. LUXURIANT. On appelle fleurs luxurian- tes , celles qui font monftrueufes , & dont quel- ques parties prennent trop d'étendue , & où d'autres parties manquent. LYMPHE , humeur flegmatique qui fe trou- ve dans les plantes. M AILLE , font les aires ou efpaces qui font entre les fils-de-fer qui font un rézeau , ou en- tre les échalas qui forment un treillage. Nous nous fervons aufli de ce terme pour lignifier les efpaces qui font entre les rézeaux des fibres corticales & ligneufes. MAINS. Ce font des productions menues & fllamenteufes , au moyen defquelles plufieurs plantes farmenteufes s'attachent aux corps fo- lides qui font à leur portée. Comme ces productions fe roulent en tire- bourre , on les nomme aufli des vrilles. 37* I A î H. MAIRRA1N ou MERRAIN , bois de fente dont on fait les fonds des futailles. MALADIES. Les plantes étant des êtres vi- vants , font fujettes à des maladies. Nous en parlerons. MALE. Fleur mâle qui n'a que des étamines. MANNEQUIN , pannierfdans lequel on plan- te des arbres; ce que l'on' appelle emmannequiner* Cette méthode eil très-bonne, parce qu'on peut àinfï mettre des arbres en place en toute faifon , fans qu'ils en fouffrent. Nous en parlerons. MARAIS , eit un terrain bas & fubmergé , qui ne peut fournir que de mauvais pâturage. Néanmoins , à Paris , ce qu'on appelle ma- rais , eft un terrain peu élevé au-defïus de l'eau , & dans lequel on cultive des légumes. Ceux qui cultivent ces terrains , fe nomment Marqr» gers ou Maraifchers. MARBRE , fe dit des fleurs qui ont un pa- nache irrégulier. MARCOTTER, faire des Marcottes ; c eft une opération par laquelle on parvient à faire produire des racines à une branche qu'on ne fé- pare point de l'arbre qui la porte. Il y a pour cela plusieurs moyens dont nous parlerons. MARE , endroits bas où fe ratfembîent les eaux pluviales. La Fauve va s'y abreuver. T A B % ë; . les arbres aquatiques fe trouvent auprès des mares. ; MARNER , c'eft répandre de la marne fur une terre pour l'améliorer. La marne eft une terre compacte , ou une pierre tendre qui eft grade au toucher. Quand on la mouille , elle fufe à l'air , & fe réduit d'elle-même en poufliere. La bonne marne eft un excellent engrais , dont l'effet eft très-durable. MASQUE. Fleur en mafque. Nous en avons parlé. MASSE , amas de plufieurs çhofes enfemble qui compofent un tout. La maffe du monde eft compofée de tous les êtres corporels. La mer & la terre ne font qu'une feule mafle. MafTe, lignifie aum* l'enfemble , la grandeur d'un édifice ; gros affemblage fait par les mains des hommes ; de plufieurs corps qui ont en- tr'eux quelque liaifon. - Mafle-, fignifie encore un fort gros marteau qui fer t à donner des coups violents, tels qu'il en faut pour caîTer des blocs de pierre & de marbre. MATURITÉ ; c>ft letat de bonté d'un fruit. On reconnoît qu'un fruit eft mûr , à la couleur , à l'odeur & à la conliftance. MÉCHANISME , manière d'agir félon le» loix de la méchanique. Le méchanifme de la nature eft toujours le même , & elle agit toujours par lçs mêmes loix, tfo T A B £ E/ MEDULLAIRE. Produaion médullaire ; c'eft celle qui eft produite par la moelle. Les jeunes branches font remplies de productions médullaires qui diminuent & fe diiïipent à me- fure que le corps ligneux Te fortifie. MEMBRANEUX , fe dit de ce qui eft min- ce, & prefque dénué de fubftance intérieure. MERE. Les Vignerons appellent mère, le cep principal qui a fourni des iarments pour faire des marcottes qu'on nomme fojffes ou provins. f Ils appellent auiïi mère , la principale ra- cine , comme lorsqu'ils difent que la vigne coule , quand la mère eft trop humedée. On dit aufïi la raere branche , pour fignifier celle qui partant du tronc , en fournit plu- fîeurs autres. Les Jardiniers difent qu'ils font des mères , quand ils coupent un jeune arbre fort près du pied , pour lui faire produire des branches avec îefquelles on fait des marcottes. On dit qu'on a une bonne mère , quand elle pouffe beaucoup de branches. MÉTHODE ou SYSTEME DE BOT A- NIQUE. C'eft une iaçon de ranger les plan- tes par claffes , fedions & genres , pour fou- lager la mémoire & faciliter la connoifiance des plantes. Il y a beaucoup de méthodes différentes ; toutes portent fur des caraderes diftindifs pris fur les différentes parties des plantes. Ce qui prouve que les plantes d'un même genre foat organifées de même;, c'eft que quel- T A $ L E. 3t\ ques variées que foient les méthodes f les plan- tes nom. point été féparées. MEUBLE , une terre meuble eft celle qui eft aifée à labourer , ou qui eft rendue meuble ou ameublie par de fréquents labours & par des amendements. MEULE ou MEULON , eft un tas de gerbes ou de foin qu'on arrange de façon que l'eau n'y puilTe pénétrer. Les Jardiniers appellent meule des tas defur mier ; ils font avec des tas de fumier chanci des meules ou des couches de champignons. MODERNE. On nomme ainfi les Baliveaux qui ont depuis vingt ans jufqu'à trente ; après çz temps, ce font des arbres de haute -fu- taie. , MOELLE , fubftance rare & légère qui fe trouve dans l'intérieur des végétaux. MOIGNON, eft une branche allez grolTef & qu'on a taillée un peu loin de la branche principale. Il fore ordinairement pluiïeurs jets de ces fortes de moignons ; un boa élagueur ne laiiTe point de moignons. MOISSINE ou MOINSSINE, pampre ou, farment de Vigne , garni de feuilles & de rai- fins. Les Jardiniers conf;rv:at long -temps les railins ea pendant les momjfines à leur plan- cher. %Zz T A B t È MOISSON , récolte des grains ; on dit les fîioiiïbns ont été abondantes. MOLECULES , petites parties très-divjfées d'un corps , & qui font devenues à peine per- ceptibles. MOLETTE. On connoît la figuse d'une molette d'éperon. M. Tournefort emploie cette comparaifon pour donner l'idée de la forme des pétales de certaines fleurs. MONADELPHE , les fleurs hermaphrodi- tes où tous les filets des étamines font réunis par leur bafe en un feul corps. MON ANDRE , les fleurs hermaphrodites qui n'ont qu'une étamine. MONOCOTYLÉDONES , plantes qui n'ont qu'un cotylédon, MONGECE , ce nom convient aux plantes qui ont des fleurs mâles & des fleurs femel- les fur les mêmes pieds , mais, féparées les unes des autres. M. Linnée les divife en monandres , dian- dres y &c, fuivant le nombre des étamines des* fleurs mâles , & en monadelpkcs , polyadelphes , fuivant la difpofîtion des étamines. MONOGAME, eft une forte de fleuron qui eft hermaphrodite & folitaire. On dit fleuron, parce que les étamines font réunies & forment un cylindre. T A >• L E? , MONOGYNES , les fleurs qui nont qu'un piftîl. MONOPÉTALE ; fleur monop/tale , qui a «n feul pétale ; il y en a de régulières & dlr- régulieres. MONOPYRENE , un fruit charnu qui ne renferme qu'un noyau. MONSTRE, on appelle ainfi les plantes qui ont des formes bifarres. Lts fleurs doubles font regardées comme monflweufes , parce que les étamines s étant développées en pétales, elles ne fourniffent point de femençe. 3 3 MONTANT , on appelle montant ou dard la principale tige qui s'élève toute droite. • - ... MONTER , on dit des laitues, des choux, & de pluîieurs autres légumes qu'ils ne font plus bons à manger quand ils montent en graine; on dit encore que les bleds montent en épi , que la fève monte dans les arbres. MORUE. les Jardiniers appellent ainfi unfc fubftance glaireufe qui fe trouve dans certains fruits avant leur maturité ; on dit que les cen- neaux & les fèves ne font point en état d etrb .mangés , ils ne contiennent que de la morue. On appelle aufïi de ce nom certaines extra- valions qui en s epaifïïfTant deviennent glai- reufes. MOTTE , pelotte de terre qui fe tient fans 384 ? AELE, fe fëparer , quand on laboure une terre : ce\ champ eft très-motteux. On brife les mottes pour femer le chanvre : on dit des mottes de gazon. Lever en motte , eft tirer de terre une plante avec des précautions pour que les racines ref- £ent engagées dans une motte de terre. MOUILLER , eft arrofer. ,Quand le temps eft difpofé à Forage , il faut donner une bonne mouillure , afin que l'eau pénètre dans la terre. MOULINE , le bois mouliné eft vermoulu ou piqué par les vers. Les Jardiniers appellent une terre moulinet celle qui eft piquée par les vers. MOUSSE , petite plante qui s'attache fou- vent à lecorce des arbres & leur fait tort, les Botanistes appellent la mouffe blanche des Lichens. MUFLE , c'eft la partie extérieure dû bas de la tête de quelques animaux , comme d'un bœuf, d'un lion; on fe fert de ce terme dans la defeription de certaines fleurs, comme quand on dit le mufle de veau , le mufle de lion. MULOTS , petites fouris de jardin qui man- gent les fruits , les femences , oc qui fouvent endommagent les racines des plantes : on en prend dans des fouricieres ou on les empoi- fonne. MULTIPLICATION. On multiplie les plantes par les femences , les marcottes & les boutures. , MULTIPLIEE, T A B l E. 38$ MULTIPLIÉE , eft une fleur femi-double qui a plufieurs rangs de pétales , mais qui , ayant des étamines & des piftils , donne des femences fécondes ; ce qui la différencie des fleurs doubles qui n'en donnent point. MULTISILIQUE , plantes donc les fruits font renfermés dans plufieurs filiques qui par- tent du même endroit. MURIR , on dit que les fruits mûriffent chacun dans leur faifon ; c eft- à-dire qu'ils par- viennent à «et état de maturité où ils font bons à manger. N N ACELLË , c'eft la partie inférieure d'une fleur légumineuie. NAIN, qui eft de petite taille ; c'eft dans ce fens qu'on dit le Carijîer nain , ÏAmandUr nain. On appelle auîîi arbres nains les arbres tail- lés en buiflbns ou en efpaliers , auxquels on ne forme qu'une tige de huit à dix pouces de hauteur. NAISSANCE , origine de quelque chofe ; on dit les feuilles embraflent les tiges par leur naijjhnce , c'eft- à- dire par la partie qui tient à la plante. NECTAR , c'eft une partie des fleurs qui n'eft ni pétale , ni étamine , ni piftii , & qui neft point eifentieils à la fru&iflcation , puif- Tome I. Bb 386 -TABLE. qu'elle ne fe trouve pas dans beaucoup de iîeurs qui néanmoins donnent beaucoup de fe- mences. Ceit quelquefois des filets , quelquefois des écailles , ou des cornets , ou des mamelons -glanduleux , ou des cavités. Comme arTez fouvent ces parties fe trou- vent imbues d'une fubftance mielleule , on les a nommées nectar , & ce nom a été attribué à des parties qui ne contiennent aucun fuc par- ticulier. NEIGE , eau gelée qui tombe par flocons légers ; la neige préferve les plantes d'être en- dommagées par les grandes gelées. Comme elle fond peu à peu , fon eau pénètre bien avant dans la terre , ce qui fait dire quelle l'en- ■graifle. NERVEUX , fe dit des faifceaux de fibres des plantes qui s'étendent tout droit , fans for- mer de ramifications : on les compare aux nerfs. Ce terme convient aux feuilles & aux fruits. NIELLE, maladie, des grains qui conver- tit la fubftance farineufe en une pouffiere noire. NITIDE , luifant ou luïtré. NOMBRIL, on appelle ainfi certaines ca- vités qui s'apperçoivent à l'extrémité des fruits, comme on le voit aux poires ; les Jardiniers • appellent cet enfoncement l'œil:" On dit aufft une feuille umbili^uéc , quand T A B I Ë. 3S7 toutes les nervures partent d'un point pris dans la feuille. NOMENCLATURE, eft cette partie de la Botanique qui enfeigne à connokre les plantes & à leur aiîigner des noms , à les féparer par clafles, fedions , genres , efpeces, d'après l'exa- men de leurs caraderes diftindifs. NOVALE , terre nouvellement défrichée ; les bois & garennes défrichées & mifes en vi- gnes ou en grains , font des noyaks \ elles doi- vent la dîme au Curé, r NOUEE , on appelle fleur nouée une fleur femelle ou hermaphrodite qui furmonte l'em- bryon , comme les fleurs femelles des cucurbi- tacées. On dit aufîi que les fruits font noués quand après que la fleur eft paffée , ils prennent de la groffeur. On connoit que les fruits à noyaux fdnt noues quand leur ftyle s'allonge plus que les pétales, ou qu'il paroît s'allonger >parce que les étamines fe raccourcirent. NOUEUX, fe dit d'un bois rempli de nœuds, ou d'une tige garnie de nœuds. NOYAU , c'eft une boite ligneufe qui ren* ferme une ou plufieurs amandes. On emploie aufîi ce terme dans un fens figuré pour lignifier une partie qui eft entourée par d'autres ; comme quand on dit que les écailles des cônes s'attachent toutes fur un noyau #- gneux. Bb 2, 338 TABLE. NUTATION , la nutation des plantes con- filte dans une Courbure que prennent les tiges pour préfenter les fleurs au îbîeil ou les jeu- nes pouffes à la lumière de cet allre. NUTRITION \ elle fe fait par la di'ftribution du fuc nourricier qui le répand & gonfle tou- tes les parties ; le flegme fe diîlipant par la tranfpiration , les parties nutritives , dont il étoit chargé , relient dans les plantes qui s'ap- proprient celles qui leur conviennent , & qui s'y attachent par la raifon d'affinité. o o BLIQUE ,' qui s'incline, qui panche d'un côté : on dit les fleurs des plantes héliotropes font obliques ; elles fe panchent du côté du îb- îeil : une tige obbique qui fort de la perpendi- culaire. " OBLONG , allongé : ce qui convient aux feuilles , aux fleurs & aux fruits. OBSTRUÉ , bouché , fe dit lorfque les li- queurs dans leur cours trouvent un empêche- ment à leur paffage , comme dans les vifeeres des animaux & les conduits lymphatiques des plantes. OBTUS , qui eft arrondi -'à fsn extrémité. . ' in \h ■■ . ! . • ODORANT , qui fent bon ; le pays odorant eft l'Âlie où croiffent les Aromates; les cho- fes qui -fentent bon , l'encens , la mirrhe , TABLE. 389 le mufc , font des drogues odorantes : beaucoup de fleurs font odorantes , ce qui s'étend auiîi aux feuilles , aux fruits, aux écorces , aux bois. (EIL, lignifie quelquefois le bouton, comme quand on dit écuflbnner à œil dormant ; œil lignifie auiîi un enfoncement , un umbilique , comme quand on dit l'œil de la poire. (SILLET , fleur ; on dit fleur œilletée qui reifemble à celle des œillets. ŒILLETONS , ce font de jeunes pieds qui partent de la tige des plantes , & qui font gar^ nis de racines ; les Artichaux fe multiplient par les œilletons ; c'eit à peu près ce qu'on appelle drageons dans les arbres. OIGNON , plante bulbeufe. OLÉAGINEUX , qui tient de la nature de l'huile , dont on peut exprimer de l'huile. Les olives , les noix , les amandes font deg fruits oléagineux • on en tire de l'huile : les bois oléagineux brûlent mieux que les autres , tels font les Pins , les Sapins , d'où fort la poix-réfine , d'où l'on tire la thérébentine. OMBELLE-, fleur en ombelle, OMBRAGÉ, qui eft. privé du foleiî , qui croît à l'ombre d'un terrain élevé, d'un mur, de hauts arbres ; les plantes trop ombragées croifTent étiolées. ONCTUEUX % qui contient quelqu'humeur Bb 3 390 • A B I E, grafTe , vifqueufe & fulfureufe que pouflent ou que contiennent quelques corps : les Pins , les Sapins font des bois onctueux. ONGLE ou ONGLET , c'efl: l'endroit par lequel le pétale s'attache au calice. OPAQUE, qui n'eft point cranfparent ou diaphane , qui ne donne aucun pafTage à la lu- mière. La lune eft un corps opaque comme la terre ; une glace ne réfléchit point la lumière', s'il n'y a derrière quelque corps opaque pour la renvoyer. OPPOSÉ , fe dit des feuilles , des fleurs & des branches qui ont leur origine à une même hauteur , mais placées des deux côtés oppofés de la branche qui les porte. Ainfî on dit des feuilles, des fleurs, des branches oppofees. ORBICULÉ , rond qui eft aufli large que Ions:. ORDRE , méthode : les Jardins Anglois , Chinois i Anglo Çrunois , dont tout le monde parle , & que peu de gens connoiflent , dont on n'A' pas même l'idée, font proprement dits de* jardiés dans l'ordre naturel', ce qui les dif- férencie des jardins dans l'ordre iymmétnque que îe génie Je Lenojhe & la magnificence de ion Iriaître Louis XIV t ont fait adopter. ORGANE, partie de l'animal ou de la ph re , difpoiée d'une certaine manière qui la rend propre aux u;ages, aux fondions aux- quelles elle eft defLnée. T A B L E. 391 Dans l'animal, les mufcles font les organes du mouvement ; l'œil elt Xorganc de la vue , l'oreille de louie , la langue du goût. Comme il n'y a rieiv de tout cela dans les plantes, & que tout y elt d'une ftructure in- finiment plus fimple , nous n'y appercevons d'organes que les fibres & les véfkules , & ces parties dirferem Tient difpoiees. varient en elles l'organisation & l'es effets. ORGANISATION, dlfpofition des or-ga* nés; toutes les variétés que nous appercevons dans la Nature ne viennent que de la diffé- rence d'organifarion. OREILLE, ORILLONS, font des appen- dices qui le trouvent à la bafe de certaines feuilles ou de quelques pétales ; les Jardiniers appellent oreilles les feuilles iéminales. ORMAIE, champ planté d'Ormes. OSERAIE , plantation d'Ofier. OSSELET. On appelle ainfi certains noyaux fort durs , & qui par leur forme ne femblent point être une boîte , comme celle des noyaux. On dit les offelets de la Nèfle , de l'Azero- lier, &c. OVALE , qui efl plus long que large ; telles font les feuilles qu'on a nommées ova- les. OVAIRE, on a appelle ainfi le lieu où les femences ion: placevS d:s leur première ori- gine , en liuvaat ia comparaison des graines H b 4 |$t TABLE. avec les œufs des animaux , comparaison la moins fautive. OUDRI, fi on arrache un arbre avant que les feuilles (oient tombées , lecorce des bour- geons fe ride , ils font oudris. Loriquon envoie des branches pour faire des écufïbns ,fi on n'a pas foin de couper les feuilles, ces branches oudrijfent , & on ne peut lever les édifions. OVE , fait en forme d'œuf. OUVRAGE , on appelle bois d'ouvrage ceux qu'on travaille en petits ouvrages dans les fo- rêts; il faut les diftinguer des bois ouvrés qui font travaillés. JL AILLASSON , couvertures de paille qu'on fait de différentes façons, tantôt avec des per- ches , & tantôt avec des entrelacements de cordes ; on s en fert pour couvrir pendant l'hy- ver les plantes délicates , & pour les ombra- ger pendant l'été. PAILLE, ou les TIGES des graminées. M. Linnée nomme paille de petits filets qui fe trou- vent entre les fleurons & les demi-fleurons des fleurs compofées. PAILLETTES , les Fleurifles nomment ainfi les étamines de certaines fleurs. PAISSE AUX, bâtons qui fervent à foute- TABLE. 395 nïr les farments , d'où vient paiffèler , mettre des paifjcaux \ on dit aufiï paijfdage. PALE , planche qui fe termine en pointe , & qui fert à faire des paliffades ; de ce mot vient pali-pîanche qu'on emploie en architedure pour lignifier des planches ou des membru- res terminées en pointes , & qui fervent à faire des encaiftements lorsqu'on fait des ou- vrages dans l'eau. PALE ACEE , fleurs en paillettes. Ray nomme âiufî les rieurs mâles ou à étamines. PALIS , clôture qu'on fait avec des pales , des perches ou des claies feches pour défendre un terrain du bétail ou du fauve. On enclos ainii fouvent les parcs pour y renfermer & y contenir les bêtes fauves ; mais elles fautent, par-deffus , fi les pales ne font pas fuffilamment élevées. PALISSADE , haie formée d'un filet d'arbres plantés près les uns des autres , & qu'on a foin de tondre pour leur donner la forme d'un mur. Les arbres qui branchent dans toute l'éten- due de leur tronc font les plus propres à for- mer de belles paliffades. Les arbultes fervent à faire des paliffades à hauteur d'appui. PALISSER , fignifie attacher les branches d'un arbre à un treillage d'efpalier ou de con- tr'efpalier. On fait ordinairement ces attaches avec des liens d'Ofier ou de Jonc. 394 TABLE. Paliffader , eft encore former une clôture avec des palijjades. PALISSON ou PALET , bois refendu dont on fe fert pour garnir les entrevoux des folives & pour faire des barres aux futailles ; on les fait avec du boisrblanc. PALME , qui reflèmble aux doigts d'une main ouverte; de là une feuille palmée. PALPABLE , ce qui fe peut appercevoir par les fens , & particulièrement par celui du toucher. Les Anges , les Efprits ne font point pal- pables ; il y a des vapeurs qui ne font point palpables , telles font celles qui fortent des plantes par la tranfpiration. Les ténèbres d'Egypte étoient fi épaiffes qu'elles en étoient palpables. PARALLÈLEMENT , terme de géométrie qui fe dit des lignes également diftanres l'une de l'autre , & qui ne fe toucheroient jamais quand elles feroient prolongées à l'infini ; il fe dit aulli des fuperficies ; ces deux murail- les font parallèles. PARENCHYME , terme d'anatomie qui fe dit de la propre fubitance de plufieurs par- ties du #orps des animaux , comme du cœur, des poumons , du foie , de la rate, des reins. Erajijirate l'a ainfi appeliée ,. parce qu'il croyoit qu'elle n'étoit autre chofe qu'un amas & une efFufion du fang coagulé entre les. vaiffeaux de ces parties. TABLE. 39c les Modernes rejettent cette opinion , & ils démontrent clairement que le cœur eft un véritable mufcle ; que les poumons & la rate font un amas de véficules membraneu fes & de vaiffeaux ,. & que le foie & les reins font un compofé de glandes par où la bile & l'u- rine fe filtrent. Grew , grand Analogifte , a appelle dans fon Anatomie des plantes , parenchyme la partie du corps intérieur de la plante dans laquelle le fuc eft diftribué ; & fi on le regarde avec un microfeope , on voit qu'il refïernble à de la moelle. Le parenchyme de l'écorce fe peut compa- rer à une éponge, parce que c'eft un corps poreux. , ployable , & qui le peut dilater ; fes pores font innombrables & fort petits , & re- çoivent autant d'humeur qu'il en faut pour d'autres bonnes pratiques. PAROIS ou Arbres de lijiere , font des arbres marqués par l'Arpenteur, & qu'on ré- ferve pour fixer les limites des ventes ou des bois entre ceux du Roi & ceux des particu- liers. On fe fert aufll du terme de paroi ou paroy pour fignifier une muraille , ou plutôt une cloifon , une féparation ; on dit les parois d'une boîte, les parois d'un tube, d'une bou- teille , &c. Ce mot vient du mot latin paries. PARTERRE , eft une partie découverte d'un jardin , voifine de la maifon , & décorée de buis nain & de découpure de gazon , avec desfteurs & desarbuftes dans les plattes-bandes* l96 TABLE. PATIS , lieu où l'on met paître les bef- tiaux ; il eft fynonime avec pâturage. PATTE-D'OIE , on appelle ainfi plufieurs allées qui le réunifient à un centre commun , n'occupant qu'une partie de la circonférence du cercle ; fi les allées occupoient toute la circonférence , ce feroit une étoile. Les Fleuriiles appellent pattes les racines des Anénomes. PAVILLON, partie évafée d'un entonnoir, d'une trompe , &c. On appelle pavillon le pétale fupérieur des fleurs légumineufes. PÉDICULE ou PÉDUNCULE : fuivant M. Linnée, le péduncule fert à foutenir les parties de la fructification. Si la fructification part de la racine , elle cft dite radicale ; de la tige , cauline , des aif- felles, alaire ; des extrémités, terminée. La fructification eft Jolitaire ou éparfe , ou ramaffée en grouppe , en pelotons , en panicu- les , en bouquet , en paquet > en anneau , en épi ,, en grappe , en ombelle , en tête. Souvent le mot pédicule eft. pris dans une lignification plus étendue ; car on dit le pédi- cule des feuilles , ou le pédicule qui foutient les lbmmets desétamines , pour lignifier \ç\.\ys filets. Péduncule cernué , eit le pédicule qui, étant recourbé par le haut, fait que la fleur s'incline comme au Carduus nu tans. i Péduncule partagé , eft celui qui répand fes rameaux de tous côtés. TABLE. 397 Pédicelle , fuivant M, Linnée , efl: un pédun- cule partiel. PELARD , le bois pelard e(t celui qui a été écorcé fur pied pour en faire du tan. PELTE , en rondache. PELUCHE. Les Fleuriftes appellent ainfi une houppe de feuilles étroites ou béquillons qui remplirent le difque des Anémones. La pelucha doit former un dôme , & être bien fournie de béquillons \ on dit une Ané- mone p duc fiée. PEPIN, femence couverte d'une enveloppe coriacée , comme le pépin d'une poire ou d'une pomme ; les fruits qui ont ces femences , fe nomment fruits à pépin : on dit auili un pépin de raifin , quoique ce nom ne convienne pas à cette femence. PEPINIERE, efpace de terre dans lequel on plante de jeunes arbres pour les y élever par une bonne culture, les y greffer, en un mot , les difpofer à être tranfplantés dans les vergers , les jardins , les avenues : on appelle Jardinier pepiniérifie celui qui s'adonne à cette culture. Quelques-uns appellent pépinière l'endroit où l'on feme les pépins ou graines d'arbres , ce qu'on nommoit anciennement feminaire , & maintenant femis. PERCHE , gaule , brin de bois long & menu ; on nomme perçais un affemblage de perches qui forment un enclos. g98 TABLE. Perche eft aufli une mefure en ufage pour les terres , dont là longueur varie fuivant les coutumes ; elle a tantôt dix-huit , tantôt vingt, tantôt vingt-deux pieds de longueur : le pied varie aulli félon les coutumes ; là , il à dix , là onze , là douze pouces. Quand verrons-nous effe&uer le vœu de réduire tout dans le même Royaume à une même mefure, connue par- tout & par-tout invariable ? PERFOLIÉ, fe dit d'une feuille qui eft en- filée par la branche qui la porte. PÉRIANTHE , le calice proprement dit , ou ce qu'on entend le plus communément par calice. i PÉRICARPE , eft proprement l'enveloppe des femences. PERPENDICULAIRE, qui ne penche ni d'un côté ni d'un autre; les trges des arbres font perpendiculaires , mais les tiges des plan- tes farmentetifes ne le font pas : les racines qui forcent des femences & qu'on nomme le pivot , font perpendiculaires. PERSONNE , fleur perfonnée , ou en mufle ' ou en maique , eft une fleur irréguliere ou anomale. PETALE , les pétales font des feuilles des fleurs ordinairement variées de belles couleurs, qui environnent les parties de la fructification. Cette partie n'eft point eiîentielle pour la produâiôn des fruits , puisqu'il y a des " fleurs fécondes qui n'out point de pétales , «TABLE. 399 & qu'on nomme pour cette rai Ton apétales. Mais la plus grande partie des fleurs ont des pétales , ôc font dites pétalées Entre celles-ci^ les unes n'ont qu'un pétale , & font dites ftiû~ nopétales \ d'autres font dites bipétales , tripe- taies , tétr apétales , & en général poly pétales. Ceiles-ci en ont plufieurs , mais il né faut pas que ce foit par une furabondance de parties monftrueufes & contre l'ordre de la nature , comme aux Heurs doubles ; car à proprement parler, le Stramonium à fleur double , eft une fleur monopétale double. Mais la fleur du Poirier êft vraiment polypétale, puifque dans fon état naturel elle a cinq pétales ; s'il y en a un plus grand nombre , la fleur eft poly pétale femi- double ; fi le difque eft prefque rempli de pé- tales , elle eft polypétale double. Dans les fleurs , on diftingue le tuyau & le lymbe , qui eft la partie évaiee ; elles font ou ' fimples, ou compofées. On a vu au mot Fleur > ' en quoi confifte cette diftinâion» Les fimples font régulières ou irréguîieres. Les régulières ont un contour régulier & fym- métrique. On déflgne la ferme des régulières , en les comparant àquelque choie de fort connu, com- me fleur en cloche , en entonnoir ', en rofette , en molette d'éperon , en bajjin , en fous-coupe. Entre les anomales ou irrégulières, les unes - ont une forme qui reflemble à un calque , ou à -un mafque , ou à un mufle , ce qui leur a fait donner le nom de perfonnées ou gâléates. Elles font eflèntiellement diftinguées (}es Ai- hiées , en ce que leurs femences font renfej:- v_ ► 400 T A B L E. mées dans une capfule qui n'eft point le calice. Quelques-unes portent un corna ou un capu- chon ; d'autres font en tuyau irrégulièrement découpé , & pluficurs font terminées par une languette , comme dans X Arijioloche \ ce qui convient aufîi aux demi-fleurons. Si le tuyau eft ouvert par les deux bouts , c'eft ce qu'on exprime par tabulée, ouverte ; il le tuyau eft terminé par un mufle à deux mâchoires, tubulie perfonnèe : il y en a qui font terminées en anneau par le bas ; elles font dites tflniJJant en anneau. Enfin il y a des fleurs monopétales irrégulie- res, qu'on nomme labiées ; elles font formées d'un tuyau percé ordinairement par le fonds , terminé en devant par une efpece de mafque compote de deux lèvres principales ; la fupé- rieure fe nomme galet ; l'inférieure , la barbe , & l'ouverture, palate ou ricl. La forme , la pofition & la découpure de ces lèvres fervent à diftinguer les genres ; mais toutes les rieurs de cette famille ont quatre fe- mences nues placées au fond du calice. Une fleur à fleuron , eft compofée de l'ag- grégation de plufieurs petites fleurs monopéta- les régulières ; chacune eft formée par un tuyau étroit , évafé & découpé par le bout eu plu- fieurs parties. Souvent chaque fleuron repofe fur un em- bryon de graine ; \tftyle enfile un tuyau formé par les filets des étamines. Tous les fleurons qui compofent une fleur, font rafTemblés dans un calice commun ; ce qui donne à ces fleurs - une forte de refîemblance avec une broife. \\ ya T A B L m 40^ y à des fleurons ftériles , & d'autres qui four- ni (Tent de bonnes femences. Le demi-fleuron eft formé par un tuyau étroit , qui s'évafe par le haut formant une langue ; ce qui le fait nommer pétale à languette. Le bout de cette languette a fouvent quelques dente- lures ,• le refte eft comme un fleuron. On nomme fleurs à demi-fleurons , celles qui font formées de Faggrégation d'un nombre de demi-fleurons. On nomme fleur radiée , celle dont le milieu ou le difqué eft formé par des fleurons , & le tour ou la couronne, par des demi-fleurons qui repréfentent des rayons ; ce qui fait qu'on, a nommé plulîeurs de ces fleurs , fleurs en foleiL A l'égard des fleurs poly pétales , on coa- fidere : i°. La figure de chaque pétale. 2°. Leur nombre. 30. La forme qu'ils donnent aux fleurs par leur aflemblage. A l'égard de la figure de chaque pétale , on diftingue Yonglet , qui eft l'endroit par où il s'attache au bord ou au fond du calice , l'épa- nouiflement ou la lame qui a différentes for- mes, & qui eft ou dentelée , ou crénelée , ou frangée , ou échancrée. Il y en a de plattes , de pliflees , de creufées en cuilleron. Pour ce qui eft de leur nombre , il y a des fleurs qui n'ont que trois pétales, on les nom- me tripétales; d'autres quatre, tétrapétales ; d'au- tres cinq , pentapétales , d'autres fix , hexapéta- les ; un beaucoup plus grand nombre rfolypâaks* Tome I. Ce 4oi TABLE. À legard de la forme quïls donnent aux fleurs par leur aiîemblage , on les diftingue d'abord comme les fleurs monopétales , en fleurs polypétales régulières ck polype taies irrégulieres. Les fleurs polypétales régulières , font ou en croix , qui ont quatre pétales difpofés à peu près en forme de croix , dont le piftil devient une filique , ou une Jilicule ; ou en rofe qui eft compofée de plusieurs pétales diï pôles en rond à l'extrémité du calice ou à la bafe de l'embryon , à peu près comme le font les pé- tales des fleurs du Rofier. Quelques fleurs de cette clafle n'ont que quatre pétales , mais leur fruit les diftingue âifément des fleurs en croix. Entre celles-ci , font comprifes les fleurs à ombelles. D'autres font dîfpofées en œillet ; le calice de ces fleurs eft un tuyau , au fond duquel les pé- tales font attachés , & ils s'écartent lorfqu'ils font fortis du tuyau ; ce qui fait la différence des fleurs en rofe , auxquelles les pétales font attachés au bord du calice. La dernière famille des fleurs polypétales ré- gulières , eft celle des fleurs //z lis. Il eft bon de remarquer que les fleurs de cette famille ne font pas toujours polypétales ; les unes d'une feule pièce , font découpées en fix ; d'autres font formées de trois ou de fix pétales ; mais leur piftil ou calice forme tou- jours un fruit qui eft divifé en trois loges t ainfi que celui du lis. 11 ne faut pas confondre les fleurs en lis , avec les fleurs fleur delifées. Les fleurs polypétales irrégulieres , font les fleurs papillonacéts ou légumineufes. TABLE. 403 Ces fortes de fleurs font compofées de qua- tre ou cinq pétales qui fortent du fond du ca- lice. Le pétale fupérieur , qu'on nomme le pa- villon , eft ordinairement plié , grand , en dos d'âne ; tantôt il eft. relevé , & tantôt il eft ra- battu fur, les autres parties de la fleur. Il fe trouve au bas de la fleur un ou deux pétales , qui par leur réunion femblent n'en former qu'un ; mais dans ce cas le pétale uni- que a prefque toujours deux attaches ; ce qui fait que quelques Auteurs ont dit que les fleurs papillonacées , ont toujours cinq pétales. Soit que le bas de la fleur foit formé par un ou deux pétales , on apperçoit la forme de l'a- vant d'une nacelle ; ce qui lui a fait donner ce nom. Entre le pavillon & la nacelle , on voit fur les côtés deux autres pétales qu'on a nom- més les ailes ; elles ont ordinairement une oreil- lette vers leur naifîance. Enfin les fimrs poly pétales irregulieres propre- ment dites , font formées d'un nombre de pé- tales de figures irregulieres & rangées fans or- dre ; de forte qu'on ne peut point en donner une idée, en les comparant à quelque chofe connue. PÉTIOLE; qui a des pétioles on des queues propres : ce qui fe die particulièrement des feuilles & des folioles. PETIOLE. Le pétiole,, fuivant Linnée , eft la queue des. feuilles , comme le péduncult eft le foutient des parties de la fructification. Néanmoins plufieurs Auteurs ont nommé pédicule les queues des feuilles , regardant ce mot comme fynonyme depétioU. . Ce 2 404 TABLE. Mais il eft bon de diftinguer ces deux par- ties en leur affignant des noms différents. C'eft ce qu'a fait Tournefort , en diftinguant les queues des feuilles des pédicules des fleurs. PICOT. Les Fleuriftes difent que les fleurs des Oreilles-d'ours ont h picot , quand les étâ- mines étant courtes ne remplirent pas la fleur, & qu'on voit un trou au milieu du difque ; ce qui eft , félon eux , un grand défaut. PIED. On dit un beau pied d arbre , pour dire un arbre de belle taille. PIEU" , morceau de bois allez gros , terminé en pointe , qu'on enfonce en terre pour fournir un point d'appui à une paliifade , à un contre- efpalier, &c. PINCER , fe dit dune efpece de taille qu'oa fait dans le mois Juin , en coupant avec l'on-* gle l'extrémité d'une branche vigoureufe & en- core herbacée. Nous en parlerons au Chapitre de la Taille. PINNATIFIDÉ, découpé en aile d'oifeau. ' PINNÉ , EMPANÉ ou CONJUGUÉ , fe dit particulièrement des feuilles conjuguées qui font formées par des folioles rangées des deux côtés d'un filet commun. PIQUET , bâton pointu qu'on pique en, terre ordinairement pour défigner un certain point, . PISTIL , c'eft l'organe femelle de la frudi- fication qui eft prefque toujours au centre d» T A B L E. 405 là fleur ; aînfî les fleurs qui n'ont que cette par- tie , font nommées fleurs femelles. On diftingue trois parties dans le piftil ; la- voir , Y embryon , \tftyle , le ftygmate. L'embryon devient le fruit , & il a différen- tes formes; ileft tantôt rond ou prefque rond; d'autrefois ovale & plus on moins allongé. Il y en a de lilfes , d'autres font velus ou raboteux ; mais de quelque forme qu'il foit , il contient la plus grande partie des organes qui fervent pour la nourriture des femences & des fruits. M. Linnée ayant examiné attentivement les embryons , il les a défignés par des expreffions atlez connues , comme relativement à leur fi- gure orbicuLaire , arrondi , ovale, ovale-allongé, oblong , un peu allongé , conique , de la fi- gure d'une Poire , ovale terminé comme une toupie , fe terminant en pointe , obtus , appla- ti , comprimé, quarré , à quatre augles, divifé en quatre , dont les divifïons au nombre de trois font tellement féparées , qu elles forment autant de lobes. Ou relativement à leur nombre deux à deux, trois à trois , plufieurs enfemble , lorfque plu- sieurs embryons font réunis. Relativement à la grofleur des embryons , ils font ou grands ou très-peu grands , petits ou très-petits , ou ténus. Leur fuperflcie eft ou lifîe , ou velue , ou rabote ufe. Enfin , relativement à leur pofition , ils font placés fous le calice , fous le pétale , ou dans le pétale. Ce 3 406 T A BLE. Lefiyle , eft une partie plus ou moins dé- liée , & plus ou moins longue , qui porte fur Y embryon , & qui eft terminée par lefligmate. M. Linnée a confidéré les ityles relativement à leur longueur , qu'il compare fouvent au ca- lice , aux étamines , ou aux pétales. Relativement à leur groffeur, il les appelle filamenteux , capillaires. En les confiderant relativement à leurs poils , velus , garnis de poils , HJJes , couverts de pe- tits poils blancs , relevés d'éminences & comme chagrinés. Eu égard à leur forme fimple , divifé en deux en forme d'alêne , recourbé , droit , pointu , ferme. A l'égard des fligmates , qui font quelquefois immédiatement attachés à l'embryon , ou qui pour l'ordinaire terminent le ftyle , M, Linnée , en confiderant leur nombre , les diftingue en fi igmate fimple, double , triple , & en plufieurs en emble : par rapport à leur groffeur , en épais & en ténus. En confiderant leur fupercifie , en blancs , velus , emplumés & lifles. Enfin relativement à leur forme , il emploie beaucoup de termes , comme linéaires ou étroits; cl tus % en forme de tête ; échanc ré , de forme triangulaire , dont les angles font obtus ; en pointe , qui fe tient droit , qui s'incline , qui a la forme d'un cône ; hérifie, qui eft ouvert , qui forme une volute ; eu pinceau, qui eft renfermé; & beaucoup d'autres termes qui défignent les diffé- rences: qu on peut remarquer entre les figmates. Ainfi on emploie , pour faire appercevoir les T À B t E, 407 différences qui caradérifent les trois parties des piftils , un grand nombre de termes qu'il feroit trop long de rapporter tons. Comme M. Linnét a prêté attention au nom- bre des piftils pour la diviîion de fes clafles , il a fait des mots q-ui expriment les nombres d'une façon très abrégée , comme digyne , tri- gyne , poli gy ne , &c. PIVOT. On appelle ainfi une grofTe racine qui s'enfonce perpendiculairement en terre,. On dit , il faut couper la racine pivotante ou le pivot , aux arbres qu'on élevé de femence pour leur faire produire des racines latérales. On dit qu'un arbre pào.te\ quand il a cette racine qui s'enfonce en terre. PLANCHE , tranche longitudinale de bois, levée à la icîe. On appelle aiîffi planche , un ter- rain large de trois ou quatre pieds , & afTez long , bien labouré & amande, dans lequel on élevé des plantes délicates .& des légumes. PLANT , fe dit des jeunes arbres bons à planter , ou à faire des plants. On dit aufli , voilà un beau plant d'arbres ; pour dire , une belle étendue de terrain plantée en arbres. PLANTARD , eft une branche afTez grofTe , qui n'a ni branches ni racines , & qu'on met en terre pour produire un arbre. On fait des plan- tards de Saule , ou d'arbres qui reprennent ai* iëment , de boutures. PLANTATION , terrain planté. On dit C c 4. 408 TABLE. qu'un homme a fort amélioré fa terre par le* plantations qu'il y a faites ; c'eft-à-dire , en y plantant beaucoup d'arbres. PLANTE. Ce mot comprend tous les végé- taux , herbes & arbres. On dit, plantes herbacées , & plantes Hgneufes. Les premières fe diftinguent en plantes - an- nuelles , bijannuelles , trifannuelles ; vivace , qui ne quitte point fes feuilles; marine , maritime, de montagnes , de marais , aquatique. PLANTER ,- c'eft mettre les racines d'une plante ou d'un arbre en terre , de forte qu'el- les y foientdifpofées , autant qu'il eft polîibîe , au(îi avantageufement qu'elles fétoient avant d'être arrachées. La faifon de planter les arbres qui quittent leurs feuilles & qui ne craignent point la gelée', eft l'automne & l'hyver. A l'égard des arbres qui craignent les fortes gelçes , ainfi que ceux qui confervent leurs feuilles , on les plante au printemps. Tranfplanter , eft arracher une plante pour la planter dans un autre lieu. PLANTOIR , eft une cheville de bois dur ou de fer avec laquelle on fait des trous pour planter les boutures ou les petites plantes. Dans quelques Provinces , on plante la Vigne avec le plantoir. Les plantards de Peuplier & de Saule fe plantent avec le plantoir, PLAQUER, du ga\on , eft pofer dans un en- droit des plaques de gazon , & les y affermir avec la batte. T A B L E. 40£ On levé le plus beau gaion , dans les endroits où paillent les moutons. PLATEAU , fe dit des corTes de Pois nou- vellement défleurés , & qui ne contiennent point de femences formées. On dit que ces Pois ne font encore qu'en plateau. PLATTE-BANDE, eft une bande de terre longue & étroite qu'on laboure pour y planter des fleurs, ou qu'on ratifie pour faciliter la promenade. Les parterres font bordés de platt es-bandes. Il faut bomber les platt es-bandes , elles en ont meilleure grâce. Lcsplattes-bandes bien ratifiées détachent les charmilles d'avec les gazons. PLEIN. Les ouvriers difent , qu'un bois eft plein , lorfque fes pores fon fort petits , & que le tifiu en eft ferré. On dit auiîi , qu'un bois fur pied eft plein , quand il eft bien garni d'arbres. On dit encore , des arbres de plein vent, des arbres de pleine terre , pour déligner ceux qui n'ont pas beioin d'être élevés dans des pots , dçs caiffes , &c. & qui peuvent relier dehors pendant Fhyver. PLEIN-VENT, arbre fruitier qui s'élève de toute fa hauteur. PLEYON , eft quelquefois fynonyme avec hart , lien de bois ; mais il lignifie encore une longue perche de bois ployante. PLISSE , fe prend en différentes lignifica- tions. Une plante plijjïe > eft celle qui produit 4** TABLE. quantité de petites branches qui font un four- ré & beaucoup de confufion. Une feuille plijfée , eft celle de la bafe de jj laquelle il part des nervures qui s'étendent juf- ' qu'au bord , la furface de la feuille s'élevant & s'enfonçant alternativement ; ce qui forme com- iiie les plis d'un éventail. PLOMBER ; c'eft marcher & trépigner une terre meuble pour l'affermir. Il faut plom- ber les terresjapportées, les terres qu'on met dans de grandes cailles , afin qu'elles taflent moins. PLUME. C'eft ainfî qu'on nomme la tige d'une plante , quand elle fort de la femence. On compare aufîi quelquefois certaines par- ties des plantes aux plumes des oifeaux. PNEUMATIQUE , terme de méchanique qui fe dit des machines qui fe remuent & agif- fent par la modification de l'air ou du vent. Un jeu d'orgues eft une machine pneumati- que. Héron a fait un Traité des Machines hy- drauliques & pneumatiques , comme les pompes , fontaines jailliiTantes , &c. On appelle particulièrement machine pneu- matique , celle qui fert à pomper l'air & faire le vuide : elle eft fi connue , qu'il eft inutile d'en donner la defeription. POILS , petits filets très-déliés qui s'obfer- vent fur différentes parties des plantes. POIX , fubftance réfineufe qu'on tire du Pin & du Picéa. T A B I E. 41* POLLEN , la poufliere des étamines qu'on regarde comme fécondante. POLYADELPHIE , fleurs hermaphrodites , dont les étamines font réunies en trois faifceaux ou plus , diftingués les uns des autres. M. Linnée les a divifés encore par le nombre de leurs étamines , comme pentandrie , celles qui ont cinq étamines. Ou encore ayant égard à la partie où el- les font attachées , comme icofandrie , quand plus de douze étamines forment différents faif- ceaux qui partent des parois intérieures du calice. Polyandrie , quand plus de douze étamines forment différents faifceaux qui partent de fond du calice. ^ POLYCOTILÉDONES,plantes qui ont plu- fleurs cotylédones. POLYGAMIE. Cette dénomination con- vient aux plantes qui ont des fleurs hermaphro- dites , avec des fleurs d'un feul fexe , mâles ou femelles, fur un même individu. M. Linnéeles diftingue par le nombre de leurs étamines. Mais outre cela , le mot polygamie fert à former une diftindion des fyngéneri es , ou fleurs à fleurons , demi-fleurons & radiées. Il faut feulement obferver qu'on ait polyga- mie égale , lorfque les fleurons & les demi-fleu- rons , tant du centre que de la circonférence, font hermaphrodites. Polygamie fuperflue , lorfque les fleurons du 4ii TABLE. difque font hermaphrodites , & les demi-fleurons de la circonférence femelles. Polygamie frujhée , lorfque les fleurons du difque l'ont hermaphrodites , & ceux de la cir- conférence fans fexe. Et enfin polygamie necejjaire , lorfque le difque eft compofé de fleurs mâles & la cir- conférence de femelles. POLYGINIE : les fleurs qui ont un nom- bre indéterminé de piftils. POLYGONES , qui a plufieurs côtés & plufieurs angles ; ce qui s'obferve aux tiges , aux calices , aux fruits. POLYPÉTALE , fleur polypétale qui a plu- fieurs pétales) on les diftingue en polypetales régulières & polypetales irrégulieres. POLYPIRENE , un fruit charnu qui ren>- ferme plufieurs noyaux. POLYSPERMES , font les plantes qui con- tiennent plufieurs femences. POMME , quoique ce nom convienne par- ticulièrement au fruit du Pommier , on a nommé arbres pomiferes ceux qni portent des fruits à pépin. POMMERAIE , champ planté en Pom- miers. POMPER , afpirer , élever de l'eau avec une pompe ; on le fert de ce terme pour dire élever des liqueurs en afpirant & fuçan.t comme avec un chalumeau. T A B L Ë. 41} On pompe aufïï l'air dans la machine pneu- matique. PORES , petites cavités qui admettent dif- férents fucs; la tranfpiration des arbres fe fait principalement par les pores des feuilles : un bois poreux , eft celui qui a de grands pores ou beaucoup de pores. PORT d'une plante , eft la forme d'une plante confidérée dans toutes fes parties, d'une façon aflèz frappante à la vue , mais difficile à décrire : on dit qu'une plante a le port d'une autre , comme on diroit qu'un homme reffem- ble à un autre homme* POT , c'eft un vafe de terre ou de faïanc€ dans lequel on élevé des plantes délicates. POTAGER, eft une portion de jardin dans laquelle on élevé des plantes potagères ou des légumes. Les Jardiniers qui s'adonneat à cette culture, fe nomment légumijïes. POUDRETTE , excréments humains qui , étant reliés long-temps à l'air , font réduits en poudre ,* c'eit un très-bon engrais. POUPÉE, eft une efpece de tête qu'on fait avec de la terre , de la moufTe ou du foin aux endroits où l'on a fait une greffe en fente ou en couronne. POUSSE , eft une jeune & nouvelle pro- duction des arbres \ on dit cet arbre a faic Une belle poujji. 4i£ TABLE. Ondiftinguela première & la feconiz pouffe*, favoir : celle que les arbres ont faite au pria* temps , & celle qu'ils font en automne. POUSSIERE , grains fins , déliés & fort légers : on emploie ce terme pour exprimer une efpece de poudre qui eft contenue dans les fommets des étamines. PRAIR.IE , étendue de terre deftinée à pro- duire de l!herbe. Les prairies naturelles font celles dont les lierbes croifîent naturellement ; & les prai~ ries artificielles font celles où Ton feme du Trèfle , du Sainfoin , de la Luzerne , &c. . PRE , terre deftinée à produire de l'herbe pour fournir du foin : les près bas font ceux qui font fréquemment fubmergés ; leur herbe eft moins eftimée que celle des près hauts qui ne font jamais où rarement inondés. On dîftingue encore les près en naturels & en artificiels. PRENDRE ou REPRENDRE , à l'égard d'un arbre nouvellement planté , c'eft lorfqu'il jette en terre de nouvelles racines. On dit les arbres bien enracinés prennent infailliblement, ou cet arbre eft repris , car il pouffe avec vigueur ; c'eft-à-dire qu'il a pris terre , ou qu'il a pris poflefïion de la terre par fes racines. C'eft dans le même fens qu'on dit qu'une bou- ture , une marcotte, une greffe eft reprife, PRINTANNIER , ce qui pouffe > fleurit- TABLE. 415 ou frudifle pendant îa faifon du printemps. On peut dire que le Marronnier d'Inde eit plus printannier que le Chêne , parce qu'il pouffe plutôt au printemps. PROLIFEPvE. Ce mot vient du latin pm* lifer : on appelle fleur pro/ifire celle d'où parc une tige qui porte un bouquet de feuilles, ou celle d'où il part une tige qui porte une autre fleur. Il y a des poires prolifères , de l'œil des- quelles il fort ou des feuilles, ou des fleurs, ou des fruits. PROVIGNER , c eft coucher en terre des fârments pour leur faire prendre racine ; ces farments le nomment provins ou marcottes : & le terme de provigner s'eit étendu à tous îes arbres qu'on multiplie de cette façon. PRUNE : quoique ce nom déligne une ef- pece de fruit, néanmoins on en a fait une fa- mille qui comprend les fruits à noyau, que Tournefort appelle fruits mous avec des ojfè- lets , & M. Linnée les appelle tous arbres prunifires. PUCERON , petit infeâe qui multiplie beaucoup , ck qui fait bien du tort à quantité de plantes , comme aux Pêchers , aux Ro- fiers , aux Chèvrefeuilles , &c. M. de Réaumur a dit que les fourmis étoient attirées par les excréments fucrés des puce- rons , mais qu'elles ne mangeoient pas ces infectes. Cet habile Obfervateur s'eit bien trompé en cela : j'ai vu les fourmis dévorer les puce- 4ï6 T A S t E. rons dont elles tirent le fuc ; & la quantité de peaux de pucerons que l'on voit après l'opération des fourmis ne permet point d'en douter. Nous en parlerons plus amplement au Livre de l'Ac- croifïement des arbres. On fait périr les pucerons en mouillant les feuilles avec une infufion de tabac. PULPE , fubftance médullaire ou véficu- laire qui forme la chair des fruits ; c'eft un tifïu parenchymenteu£. PUNAISE , infede puant qui fe trouve dans les maifons & fur les arbres : la punaifè des champs eft beaucoup plus grande oc d'une odeur infede. La punaifè d'Oranger eft nommée galle in~ fecle ; elle fe trouve auili fur les plantes que l'on conferve dans les ferres. Les fourmis qui fuçent ces galles infècles^ ren- dent , comme nous le dirons , de grands fer- vices aux Orangers auxquels d'ailleurs elles ne font aucun mal. Je rendrai ce que l'expérience m'a prouvé à ce fujet. PYRAMIDE , terme de géométrie qu'on emploie pour décrire le port & les parties de certaines plantes , telles que le Sedum , la pyramidale ', &c. UAPv.RÉ ; comme les parties de jardin 'renfermées par des allées forment fouvent desfurfaces quarrées , les Jardiniers difent : j'ai planté TABLE. 417 planté un quatre de Choux , d'Afperges , d' Ar- tichaux, &c, lors même que les lieux qu'ils plantent ont d'autres figures. QUINCONCE , échiquier ou tiers point. Pour planter ainli , on fait enforte que les arbres d'une rangée répondent précifément au milieu de deux arbres d'une autre rangée pa- rallèle : on fait des quinconces de Tilleuls , d'Ormes , &c. R R ABATTRE , fignifle quelquefois tailler court un arbre qui pouffe foiblement ; il faut de temps en temps rabattre les Abricotiers , fur-tout ceux qui fe dégarniffent par le bas : rabattre eft auili étêter un arbre. On dit auili rabattre une terre quand on unit celle qui a été billonée. RABOUGRI , iignifîe un arbre de mauvaife venue , dont le tronc eft court , raboteux , plein de nœuds & de mauvaifes branches : on dit cet arbre eft rabougri , il faut le réceper. RACINE , eft la partie des plantes qui eft en terre , & par laquelle elles tirent la fève terreftre : la plupart fe répandent dans la terre, d'autres fe diftribuent dans l'eau. Les plantes parafites qui fe nourrirent de la fève des autres plantes , jettent leurs raci* nés dans la fubftance des plantes nourricières. La racine la .plus fimple eft celle qui, ayant une forme conique , s'enfonce en terre , fans Tome L D d 4i8 "T A B L Ë. former prefqu'aucune divîfion , & qui jette de tous côtés de petits filaments prefqu'impercep- tibles ; tels font les Raves, les Radis, les Navets, les Carottes, &c. ,* & comme la racine elt la partie la plus utile de ces plantes, on a cou- tume de les appeller Amplement des racines. Les racines compofées ou branchues , font for- mées de ramifications : on diftingue encore les racines par rapport à leur poiition dans la terre ; prefque tous les arbres élevés de fe- mence, jettent en terre une racine qui s'enfonce perpendiculairement , on la nomme la racine pivotante , ou le pivot ; de ce pivot , il s'étend des racines qui s'étendent latéralement , on les appelle racines horizontales \ quand elles font proche de la fuperficie de la terre , on les nomme racines rampantes. On diitingue encore les racines par rapport à leur forme & à leur texture. L'Oignon ou la Bulbe a des racines qui ont une forme ronde ou ovale ; les uns font formés de pluiieurs tuniques ou couches , on nomme ces oignons tunicés ; s'ils font for- més par écailles , on les nomme écailleux : fi deux Bulbes le trouvent unies , on les dit dou- bles ; aggregees , fi elles font afièmblées plu- Heurs eniemble. , Au bas de toutes les racines buibeufes , eft une fubftance charnue d'où partent les racines fibreufes. Le Tubercule ou la racine tuhéreufe diffère de la Bulbe , en ce qu'elle ett d'une fubftance • uniforme, & non point par couches & par écailles. TABLE. '41* M. Linnée nomme celles qui font adhéren- tes à la tige, feflilts , & celles qui font fuf- pendues par un filet, pendantes. Il y en a qui font comme formées d'articulations , il les nomme articulées \ d'autres couvertes d'écaillés , écailleufes; d'autres , comme celles des Afperges , font raffemblées en bottes , ou comme la Renon- cule forment des griffes, ou comme l'Anénome, des pattes , on les nomme racines m bottes ou en faifceau. Toutes ces racines jettent de tous côtés des filaments très-déliés, qu'on nomme racines che- velues, ou fibreufes, ou filamenteufes , ou capil- laires. Mais il y a des racines qui fe divifent en plufîeurs branches ou rameaux , ce qui forme une racine rameufe ; fi toutes les divilions font fort déliées , on les nomme fibreufes. Enfin, il y a des racines noueufes, d'autres qui font roulées en tire-bourre , d'autres qui fe partagent comme une main ouverte , qu'on nomme palmées , de charnues , de grumeufes , de Jphériaues , iïovaIesK RADICAL , qui part immédiatement de la racine ; plufîeurs feuilles , quelques fleurs & toutes les tiges , font de ce genre. RADICANT , qui produit des racines. RADICATION , eft la difpofition des ra- cines confidérées par rapport au lieu d'où elles partent , à leurs divifions , leurs directions, &Tc. RADICULE , eft la première production des femences qui devient la racine. Dd z 4io TABLE. RADIEE , fleur radiée , eft une fleur coffl- pofée , donc le difque eft ordinairement com- pofé par des fleurons , & la circonférence par des demi-fleurons qui forment des rayons comme la fleur du Soleil des jardins. RAFRAICHIR, fe prend dans des fens fort différents : on rafraîchit une couche trop chaude en la découvrant ; on rafraîchit des plantes atténuées en les arrofant. Mais rafraîchir une racine , eft en couper l'extrémité. Il ne faut point planter un arbre fans en rafraîchir les racines & les bran- ches. RAME, fignifle des branches ou rameaux fecs qu'on pique en terre pour fou tenir des plantes flexibles ; c'eft dans ce fens qu'on dit des pois rames. RAMEAUX , on appelle ainfi des branches vertes qu'on coupe pour faire des greffes & des écuîfons ; & en général on appelle rameaux des branches chargées de leurs feuilles. RAMEE , eft un aîfemblage de branches entrelacées. RAMEUX , eft une partie qui fe divife en plufieurs branches ou rameaux ; c'eft dans ce fens qu'on dit une racine rameufe qui fe divife en branches : on dit auiîi une tige rameufe. RAMIFICATION , eft la difpofition des branches confïdérées en elles-mêmes > & rela- tivement les unes aux autres. T A B I t. 41* RAMIFIER : fe ramifier , eft fe divifer eu plufieurs branches, RAMILLES , c eft le diminutif de rames ; ce font de menues branches qui reftent après l'exploitation : il eft aulli fynonyme de bran- ches chiffonnes. RAMPANT , fe dit des parties des plantes qui setendent fur le terrain ou dans la terre, fuivant une ligne horizontale ; ainfi les plantes farmenteufes , dont les branches fe couchent fur terre , font dites des plantes rampantes , comme les Ronces; & les racines qui s'éten- dent en terre à une petite profondeur , font dites racines rampantes. r RANGEE , fe dit de plufieurs chofes qui font difpofees en ligne droite ; on dit une ran- gée d'arbres , une rangée de pieux , &c. RAPE. On s'eft fervi de ce ternie pour exprimer le filet qui foutient les grains du. froment , du feigle , &c. RARÉFACTIF , qui a le pouvoir de m* réfier : la chaleur a une vertu rare/active. Les Médecins appellent remèdes raréfjclifs , ceux qui ouvrent les pores de la peau & les élargiflent , de telle manière que les vapeurs qui y font contenues ont moins de peine à fe dilliper ; tels font VAnethy la Guimauve, la Pariétaire , les fleurs de Camomille , la graine de Lin , &c. RARÉFACTION , terme de phîlofophïe : oa appelle raréfaction , lorfqu'un corps parole D d j 4ii TABLE. fous une plus grande étendue que celle fou* laquelle il paroifïbk auparavant , fans qu'on fe foit apperçu qu'il y foit entré aucune matière. On prétend que ceux qui définiffent la rare* faction , la dilatation ou l'extenfion d'un corps , fe trompent , parce que toute extenfion n'eft pas raréfadion , & que tout ce qui enfle ne raréfie pas. , La raréfaction fe fait donc lorfqu'il entre plus ftéthèr ou d air fubtil dans les corps qu'il n'y en avoit auparavant , ou lorfque l'eau & l'air fe gliffent entre les parties & les écarte les unes des autres , enforte qu'elles occupent un plus grand efpace. C'eft la raréfaction qui caufe les effets mer- veilleux de la poudre à canon , des Eotipiks f des Thermomètres. RARÉFIER , dilater , rendre un corps plus étendu , fans qu'il paroifîe qu'il y foit entré aucune matière qui lui foit propre. Les corps fe raréfient par la fermentation , comme le vin quand il bout. La fueur ne fort que quand les pores fe rarefient-ÔL fe dilatent. RATATINE , qui pouffe , qui fe développe mal : un Jardinier dit , mes racines ne vien- nent ni groffes ni longues , elles font toutes ratatinées. RATISSER , c'eft donner un labour fuper- ficiel , avec un inftrument qu'on nomme ratif- foire. • RAVALER, eft tailler court, raccourcir une branche» T A B L E. 423 RAYONS , petites raies qu'on fait pour femer certaines graines qu'on ne feme pas en plein champ : on dit femer par rayons \ & rayonner , c'eft faire des rayons. REBOURGEONNER, pouffer de nouveaux jets ou bourgeons , comme on dit qu'un arbre boutonne quand il produit des boutons. REBOURS , terme d'artifan. Les lois re- tours font ceux qui ont des nœuds , & dont les fibres prennent différentes directions , en- forte qu'ils font difficiles à travailler. RECEPER , recouper , abattre un bois avant qu'il foit parvenu à la grandeur où on vonloit le laiffer parvenir. Il faut réceper les bois languiflants ; pour rétablir ce bois , il faut avoir recours au ré- cepage. On ordonne le récepage des bois qui ont été broutés ; les Jardiniers récepent les arbres qu'ils veulent greffer. RÉCEPTACLE , fendro't fur lequel por- tent les fleurs & les fruits. RECHAUSSER un arbre , e(t rapporter de la terre au pied de fa tige & fur feâ raci- nes : on réchauffe les arbres qui ont été déra- cinés par les ravines. RECHAUT fe fait avec le fumier chaud de cheval ; on l'arrange le long des couches pour les réchauffer : de fréquents réchauffements avancent beaucoup les melons. Les Jardiniers difent réchauts. Dd4 4*4 T A B £ E. RECHIGNER , fe dit d'une plante qui lan- guit dans un mauvais terrain. RÉCOLTER, eft ramaffer les fruits de la terre : on fait la récolte des grains , des fruits , du raifin. RECOUVRIR , fe dit des plaies qui fe ci- catrifent , parce que le bois elt recouvert par Técorce : on dit cette plaie étoit grande, mais elle eft prefque recouverte. RECROQUEVILLER ou RECOQUIL- LER , fe dit des feuilles & des fleurs qui fe chiffonnent au lieu de s'étendre , ou qui ont été piquées par les infeâes ; ce que les Jar- diniers ignorants attribuent toujours aux rcux- vents. REGAIN , fe dit d'une féconde moiflbn qu'on fait fur lç même champ ; quand l'été eft frais , le regain des prairies eft bon. REJETS, REJETONS , nouvelles pouf- fes que font les arbres qui ont été étêtés ou récepés \ rejeter , eft pouffer un nouveau jet. REMISE , petits bois formés d'arbriffeaux , & qui font deftinés à la confervation du gi- bier , qui fe plaît beaucoup mieux dans la brouffaille que dans les grands bois élevés. REPRENDRE , fe dit d'un arbre nouvel- lement planté qui a produit de nouvelles ra- cines ; quoiqu'un arbre pouffe, il n'eft pas cer- tain qu'il foit repris. TABLE. 4if RESPIRATION , c'eft à 1 égard des ani- maux, l'introdu&ion de l'air dans leurs pou- mons, où le fang reçoit de cet air une flui- dité qu'il n'avoit pas en y entrant; il y a une forte de refpiration , mais bien différente dans les végétaux. RETOUR , un arbre en retour , eft celui qui donne des marques fenlibles de dépérifle^ ment. RETOURNEMENT ou REVIREMENT des feuilles , eft un mouvement forcé par le- quel elles fe retournent lorfqu'elles ont été dérangées , pour préfenter toujours leur fur- face fupérieure du côté du ciel. REVOLUTE , qui fe roule en deffous. RIGOLE , petite tranchée qu'on fait pour écouler les eaux ou pour planter de jeunes arbres : les Charmilles fe plantent dans des rigoles, RIVERAIN , lignifie proprement celui qui a des terres au bord d'une rivière : on l'ap- plique auili à celui qui habite ou qui poiïede des terres auprès d'une forêt. ROSACEE , fleur en rofe dont les pétales font rangés en rond autour du calice , comme ceux des rofes : les fleurs de cette famille font dites rofacées. ROSER.AIE , endroit planté en rolîers. ROSETTE , fleur en rofetu , eu molette d'éperon. 4z6 TABLE. ROUGE , d'où Ton dit feuille marquée de rouge , feuille veinée de rouge , comme au Peu- plier de Caroline, &c. ROUILLE , maladie des plantes, par la- quelle les feuilles fe trouvent couvertes d'une pouiliere rouge , femblable à la rouille du fer ; enfuite les feuilles fe deifechent , & les plantes en foufFrent beaucoup. ROULEAU , cylindre de bois qu'on fait rouler fur les terres pour brifer les mot- tes. On fait ufage en Angleterre de rouleaux de fer d'un grand diamètre , mais creux , qu'on fait parler fur les gazons pour les unir & les cou- cher avant de les tondre. ROULES ou ROULIS , les bois roulés ont des fentes intérieures qui font circulaires , f ri- vant le contour des couches ligneufes : la rou- lure déprécie beaucoup les bois. ROUX-VENTS , font des vents froids , fecs & afTez forts qui gâtent au printemps la verdure & les jets tendres des arbres. RU, canal d'un petit ruirTeau : le Saule & le Peuplier viennent à merveille quand ils font plantés au bord d'un Ru. : RUMPES , les farments de vignes fauvages qui s'entrelacent dans les haies , & les bran- ches des arbres. RUSTIQUE , cft a(Tez fynonyme avec re- bours ; les Ormes qu'on émonde fouvent TABLE. 417 foumiflent des bois rufiiques & nouailhux qui font très-bons pour le charronnage. On dit auilï qu'un arbre eft ruftique quand il vient bien fans culture & fans fûin. s s A B L E : le terrain fableux , eft celui oi le fable domine ; on le dit fablonneux il le fable eft fin comme eft le fablon. SAGITTE, feuille fagittée qui refTemble à un fer de lance. SALLE , eft une enceinte de Charmille ou Ormille avec des arbres de haute-tige ; ce qui forme un lieu d'aflemblée agréable. SANGUIN , d'une couleur rouge de fang ; telles font les branches d'une efpece de Cor- nouiller que l'on nomme fanguin. SAPINIERE , forêt de Sapins. SARCLER , c'eft arracher à la main les mauvaifes herbes ; opération trop négligée dans les champs de bled , puifque de l'aveu des La- boureurs, les mauvaifes herbes qu'on n'a pas foin de farder privent fou vent d'un quart de la récolte. SARMENT, proprement dit, eft la bran- che de la Vigne ; mais on l'a appliqué aux: plantes qui ont leurs branches fouples & plian- tes ; on les nomme des plantes fartrwitm- fcs. 4*8 TABLE. SAUSSAIE , terrain planté de Saules. SAPIDE , qui a un goût relevé, piquant", une faveur très- -fenfïble ; le poivre , le fel , &c. font des fubftances fapides : fapide eft l'oppofé iïinjïpide. SAUVAGEON : on appelle ainfi les arbres fauvages qu'on arrache dans les bois pour les planter en pépinière & greffer defîus de meil- leures efpeces : les Poiriers greffés fur Jau- vageon réullifTent mieux dans les terres légè- res. SCAPE ou la HAMPE , eft une tige qui porte les fleurs & les fruits , fans être chargée de feuilles , comme eft le NarcifTe. SCION , rejeton d'un arbre. SCOURSONS ou COURSONS , farments {m'on coupe en taillant à deux ou trois yeux. SELLER , ce terme s'applique à une terre qui fe durciflanc à la fuperficie , ne peut être labourée : on dit cette terre eft bonne, mais elle eft fujette à fe Jelltr. SEMAILLES , c'eft l'opération de femer les grains ; le temps eft propre pour les fe- mailles, SEMER , répandre de la femence dans un terrain : refemer , eft femer une féconde fois. SÉMINAL , qui part de la femence ; c'eft pourquoi on dit les feuilles féminales. La racine féminak fe diitnbue dans la femence même. TABLE. 429 ÎLes feuilles féminales , font celles qui paro'Tenc immédiatement après que les femences font le- vées : on les a nommées cotylédones. Les Jar- diniers les appellent les oreilles. SEMIS , endroit où Ton feme des graines d'arbres , ou pour y former un bois , ou pour les lever & les mettre la troifieme ou la qua- trième année en Pépinière. Les Anciens nom- moient ce lieu alfez convenablement le fimi- naire. SEP, pied de Vigne qui porte des farments & des pampres. SEPEE , touffe de plufieurs arbres qui ont été produits par une même fouche. SERFOUIR , eft donner un labour fort lé- ger , qui ne fait que détruire les mauvaifes herbes. SERPE, forte de grand couteau recourbé, qui a un manche court , & qu'on manie avec une main. Il fert à élaguer les arbres & à dé- biter le menu bois. SERPETTE , eft un petit couteau court & recourbé , dont fe fervent les Jardiniers pour tailler les arbres. SERRE, lieu expofé au midi & bien clos, où l'on renferme l'hy ver les arbres qui craignent les gelées ; les J erres où l'on renferme les Oran- gers , fe nomment orangeries» Pour les plantes exotiques très- délicates , on a des /erres en vi- trages , échauffées par des poêles; on les nomme 436 TABLE. ferres chaudes. Il faut préferver les ferres de l'humidité , qui eft aufîi mortelle aux plantes en général que la gelée. SESSILE , qui forme un fiege , un fupport : lorfqu'une racine tubéreufe groîlït plus que la tige, on la dit fejfile. Lorfque des feuilles ou des folioles font fans pétioles propres , elles font dites fejjîles. Lorfqu'une aigrette eft fans pied , on la dit fejfî/e. SEVE. C'eft l'humeur de la terre & de l'air qui parle dans les plantes. Nous en avons donné tous les détails. SEVRER , fe dit d'une marcotte ou d'un arbre greffé par approche lorfqu'on fépare la marcotte ou la greffe de leur arbre propre. Il ne faut fevrer les marcottes & les greffes que quand elles font bien reprifes , & lorfque les premières ont fuffifamment produit des ra- cines pour pouvoir fe pafTer de la mère. SEXE , le fexe des plantes. Comme on a re- connu qu'il falloir dans les plantes , comme dans les animaux, le concours des deux [ex es pour obtenir une femence féconde , il a fallu diftinguer les parties qui appartiennent à chacun de ces fixes. Nous en avons amplement parlé. SIFFLET. Greffe en fifflet , dont nous par- lerons. SILICULE, petite filique. SILIQUE, plantes ajlliaues dont nous avons çarlé. TABLE. 431 SILLON , rais profonde qu'on fait en labou- rant. Suivant la nature des terres , on fait les" filions plus ou moins larges & profonds. SILLONNER , eft ouvrir des filions. On en ouvre de tels pour femer des graines. SIMPLE , eft le nom général qu'on donne aux plantes d'ufage , parce que ces plantes for- ment un médicament fimple. On emploie aufTi ce terme comme par oppo- sition à double y comme quand on dit une rofe fimple , up£ GéroMe fimple , ou bien par oppo- fition à compofe. Ceft dans ce fens qu'on die fleurs (impies , par oppofition à fleurs compo- fies. On donne aufîi le nom de fimple , aux feuil- les qui font uniques fur une queue ; à une ra- cine qui s'étend comme une rave, fans former de ramifications ; à une tige qui s'élève fans fournir de branches latérales ; à une ombelle qui porte fes fleurs à l'extrémité des premiers rayons. SINUE , qui a des fin us , ceft-à-dire des échancrures. SITUÉ. On a égard en Botanique à la fitua** " tion des fruits , des fleurs & des feuilles qu'on dit éparfes , conglobées , verticillées , &c. On dit aufîi, un lieu bien fitué. SOL , terroir confidéré relativement à fa qua- lité. Ce fol eft trop humide , ou trop aride, &c. SOLE , étendue de terré deftinée à une cér~ 43i TABLE. taine culture. On dit , la foie des bleds , des avoines , &c. Divifer des terres par Joies. SOLITAIRE , un à un. Se dit de toutes les parties qui fe trouvent féparées ou uniques , lorfque quelquefois elles font raffemblées plu- fieurs enfemble. C'eft dans ce fens qu'on dit, fleurs folit aires , feuille fblitaire; ce qui con- fient , par exemple , à une efpece de Frêne dont les feuilles font uniques, tandis que tous les autres frênes connus, ont dQS feuilles con- juguées. SOMMET , eft l'extrémité fupérieure d'une plante. En général, on a confacré particulière- ment ce mot , pour défigner les petites capfu- les qui terminent les étamines , & qui contien- nent les poufîieres fécondantes. M. Linnée appelle le fommet d'une feuille , ce que d'autres ont appelle la pointe , c'eft-à-dire la partie qui eft oppofée à la queue. SOUCHE , eft le bas d'un tronc d'arbre au- quel tiennent les racines. On appelle arbre de fouche , celui qui a pouffé fur hfouche d'un ar- bre qu'on avoir, abattu. On dit ejfoucher , lorf- qu'on arrache les fouches des arbres, qu'on avoit abattus à coupe blanche. SOUCOUPE, efpece de jatte qui a les bords peu relevés : & par comparaifon on dit fleur en foucoupe. SOUS - ARBRISSEAU , eft le fynonyme d'arbufte. SPATHE , voile , ou forte de calice. SPATULE , t A B £ t; SPATULE , qui a la forme d'une fpatule. SPÉCIFIQUES , font les noms qui convien- nent aux efpeces , & qui les cara&érifent. e STERILE , qui ne rapporte point de fruit. On dit , un arbre ftérile , une terre ftérik , une fleur flérile. Les fleurs mâles ïpnt ftérilts. STIGMATE , eft une partie finguliérement organifée qui fe trouve à l'extrémité du ftile , ou immédiatement fur l'embryon. STILE , eft la partie du piftil qui eft entre lefligmate & ? embryon. STIPULES , font de petices productions de la nature des feuilles , qui fe trouvent à la naif- fance des vraies feuilles , ou à une petite dif- tance fur le bourgeon. On dit , ftipuléy garni de fiipules. STRIE , cannelé , qui a des Jïries , des can- nelures. SOUS-ORBICULAIRE. Une feuille fous- orbiculaire , eft celle qui a plus de largeur que de longueur. SUBSTANTIEUX. Une terre fubftantieufe, eft celle qui, ayant beaucoup de fubftance , eft propre à la végétation. On a fouvent dit , une terre fubflantielle. Mais comme ce terme s'em- ploie dans des fens fort différents de celui dont il s'agit , celui de fubflantieux paroît devoir lui , être préféré. Tome L E e 434 TABLE. SUC-NOURRICIER , eft la partie de la fève qui fert à la nutrition des plantes. SUC-PROPRE , eft une liqueur particulière à chaque plante , qui eft allez la même dans les mêmes genres , mais très-différente en couleur , en faveur & en odeur dans les genres diffé- rents» SUCCULENT , qui eft rempli de fuc. La chair des fruits fondants , eft fucculente & agréable. SUPERFICIE. La furface. Quand on dé- crit une plante , on a égard à l'état de la furface des feuilles , des fruits , àes tiges , &c. qui eft ou velue , ou hérirTée de poils , ou raboteufe , ou piquante , ou épineufe , ou garnie de ma- melons , ou lifte , ou pliffée t ou ridée , ou vei- neufe , ou nerveufe , etc. SUPPORT. Suivant M. Linnée, ce font des parties qui fervent à foutenir ou à défendre les autres. Il en dîftingue de dix efpeces ; favoir, la flipule , la feuille florale , la vrille , l'épine , l9 aiguillon , le pétiole ou la queue , le pédunculc ou pédicule , la hampe , la glande , V écaille. SUR-FEUILLE , membrane qui couvre le bourgeon. SURGEON , rejeton qui fort de la tige d'un arbre , principalement vers le pied. SYNGENESIE , toutes les étamines unies par leurs fomrnets en forme de cylindres. Ce font les fleurs à fleurons & demi-fleurons. On les dîf* TABLE. 43Î tfflgue twpoly garnie égale , polygamie fuperflue , polygamie nécejjaire. A SYSTEME des plantes , eft un arrangement méthodique des plantes. T T AILLE. La taille des arbres conîïfte à re- trancher avec art & connoifTance certaines branches , afin que l'arbre ait une forme agréa- ble , &tqu'il produife de plus beaux fruits. La taille des Pêchers eft plus favante que celle des Poiriers. TAILLIS. Les bois*taillis , font ceux qu'on met en coupe réglée de dix , douze , vingt , vingt-cinq ans» Ceux qui font plus âgés , font des demi-futaies. TAN ,'écorce de jeune Chêne pulvérifée , & qu'on emploie pour tanner les cuirs. Tannée , eft le tan qui a fervi , & qu'on tire des forTes. On en fait des mottes à brûler , & on s'en fert pour faire des couches chaudes dans les ferres. TAON , forte de mouche qui mange les fruits. On appelle aufîi Taon ou Turc , & en Nor- mandie Mans , un gros ver blanc qui mange les racines. C eft le ver du Hanneton. Nous parle- rons du moyen de s'en préferver. TAPIS VERD , efpace de terre garni d'her- be. Les beaux tapis font faits avec des gazons rapportés, qu'on levé dans les endroits oùpaif- Ee x TABLÉ. fent les moutons. On les afllijettit à la batte, cm les foule avec de gros rouleaux très-pefants, & on les fauche fou vent. Ceft ainfi que le font les beaux tapis à i'Angloife. TARÉ. Un arbre taré , eft celui qui a quel- que défaut qui diminue de fon prix. TAUPE , petit animal de la groffeur d'un Rat , qui fouille la terre & forme des éminen- ces ou des buttes qu'on nomme taupinières. Il faut abattre les taupinières dans les prés, afin que la faux coupe l'herbe près de terre. TEIGNE , maladie de 1 ecorce. .TEIGNE ou TIGNE , infede qui ronge les étoffes , & qui dévore les grains. TENDANCE, action qui tend , qui eft di- rigée à un point déterminé. Les corps ont une tendance au centre des graves. : TENSION , état d'une chofe tendue , ou l'effort qu'on fait pour l'étendre. Un arc le gâ- teroit , s'il étoit dans une perpétuelle tenjion* Une corde a un fon plus bas ou plus aigu , félon fa différente wifion. Il faut donner du relâche à fon efprit , afin qu'il ne foit pas dans une continuelle unjion. > TÉRÉBENTHINE , eft un fuc qui découle des incifions qu'on fait à plufieurs efpeces d'ar- bres, comme l'Epiçaea, la Mélèze, le Térébin- the. Elle fe diilbut dans l'efprit de vin , & non pas dans l'eau ; ce qui diftingue les réfines des gommes. TABLE. 437 TERMINALES , fe die des péduncuïes qui ne à l'extrémité des branches. ■ TERRAIN & TERROIR /indique une étendue de terre relativement à fa qualité. Un arbre planté en bon terrain , réufïit toujours. Les fruits de ce Jardin font beaux, mais ils ont un goût de terroir. TERRASSE, terrain élevé naturellement ou- par art, fur lequel on forme des allées qui do- minent fur le relie du terrain. TERRE , fe prend pour le fol , comme quand on dit, cette terre eft fertile , ou pour une éten- due de terres feigneuriales. En ce fens on dit : ctt homme poiFedeafe grandes terres. On distin- gue les terres relativement à leurs qualités , comme quand on dit, une terre forte , une terre glaifiufey une terre argilleufe , une terre légère , une terre fableufe , pierre ufe , crayonneufe , mar- neufe? marée ageufe , fertile , ufée> &c. TERREAU , eft un fumier très-pourri & réduit en terre ; d'où vient terreauder , amélio- rer une terre avec du terreau. On dit, du ter- reau de vieilles couches , du terreau de rues & des chemins; c'eft-à-dire , des boues qu'on a laiiTé mûrir pendant plulieurs années. TERRER , eft rapporter de la terre dan& un endroit. On ne fe fert gueres de ce terme , qu'à l'égard delà Vigne. Terrer une Vigne, eft; y tranfporter de la terre neuve; ce qui lui vaut mieux que du fumier. Ee 3 .43* T A B L E. TESTÀCEE , couleur de terre cuite, prêt» que iy nonyme de ferrugineux. - TESTICULES des végétaux. Quelques-uns ont nommé ainfi les fommets des étamines. TÊTARD. On nomme ainfi les Saules, les Peupliers , les Ormes, &c. qu'on étête tous les quatre otf cinq ans, & qui produifent de nou- velles branches de l'extrémité de leur tronc. TÊTE, eft , à l'égard d'un arbre, l'amas des branches garnies de feuilles & de fruits , qu'on apperçoit au haut du tronc. Ce que nous .nom- mons tête , les Bûcherons l'appellent chapeau. Ils augurent bien d'un arbre, quand, ils n'apper- çoivent point, diient-ils , de bois mort dans le chapeau. On emploie aufïi ce terme à l'égard des plantes , comme quand on dit , tête dorée, THALAME , c'eft proprement ce qui ren- ferme les organes de la frudification ; ainfi c'eft quelquefois le calice, quelquefois le placenta, quelquefois la nacelle , quelquefois le fupport. Enfin on Ta au (fi nommé le réceptacle. THYRSE , eft un panicule raffemblé en for- me ovale, comme au Syringa. TIGE. La tige eft la produdion principale &. verticale dun arbre & d'une plante; ainfi l'on dit , cette plante a une lelle tige , cet ar- briffeau pouffe plufieurs tiges , &c. La tige des fiantes graminées , fe nomme la paille , le cha- umeau ou le chaume. Ce terme eft propre aux graminées , qui ont une tige crçufe 6c garnie de feuilles, „ TABLE. 43 . On'diftingue les tiges en Jîmples & compo- ses. La tige fimpk , eft celle qui fe continue fans interruption depuis le bas jufqu'en haut. On l'appelle entière , lorfqu'elle ne poulie au- cune branche ; nue, fi elle eft fans feuilles \ fo- liée , fi elle en eft garnie ; direcle , fi elle s'élevc droite; oblique , fi elle penche ; volubile & tor- tueufe,fi elle s'entortille ; flexible , lorfqu'elle s'attache aux corps ibîides en fe pliant ; re- courbée , lorfqu'elle tombe du côté de la terre ; rampante , fi elle fe couche par terre ; farmen- teufe , quand elle pouffe de grands jets menus & flexibles comme à la Vigne^ vivace , fi e41e dure pluiieurs années ; annuelle , quand elle périt tous les ans ; triangulaire , fi elle a trois an- gles ; quadr angulaire , fi elle en a quatre , &c. cylindrique , lorfqu'elle ne forme point d'angles. Enfin on dit qu'une tige eft cannelée , en gout- tière, lijje , velue y raboteufe y hérijfée de poils. • On dit qu'une tige eft rameufe , lorfqu'elle a beaucoup de branches : fi elles montent en formant avec la tige des angles aigus , on les dit afeendantes ; fi elles s'écartent en formant des angles preique droits , on les dit diffufes ; fi elles s'inclinent comme au Saule oriental , dit Saule pleur eux , on les dit tombantes ; fi la tige a de grofles branches , on la dit brachiée ; ra- meufe 9 fi elle a beaucoup de rameaux \fulcrée , fi elle eft chargée de fupports ; prolifère , s'il en fort des branches. La tige compofée , eft celle qui fe perd en fc ramifiant. On la dit dichtome , lorfqu'elle for- me des bifurcations ; difîique , fi elle fe iépare en deux rangsde branches -,jubdiviféey fi elle fe di- Ee 4 440 T A B L B. vife. A l'égard du chaume , nous avons dit que c'eft la tige fiftuleufe des plantes graminées, qu'on nomme plantes culmiferes ; elle porte d'ordinaire des épis ou des panicules ; elle eft entière ou branchue , uniforme ou articulée , écailleufe , fans feuilles ou garnie de feuilles ; quelques plantes qui produifent leurs fleurs im- médiatement des racines , font dites acolos. Les tiges reprennent toujours la perpendicu- laire ; il n'efl pas rare de voir unetige tortueufc devenir très-droite en végétant, TIGRE , petit infecte qui fe métamorphofe en efpece de Papillon : il fuce la fubftance des fleurs des arbres , & particulièrement celle des Poiriers de bon chrétien ; ce qui y fait beau» coup de tort. TIRER , fe prend enplufieurs fîgnifîcations. On dit , tirer un alignement Mais quand on dit , tirer des arbres d'une Pépinière, c'eft les en ar- racher pour être plantés ailleurs, On a tant tire d'arbres de cette Pépinière , qu'elle eft épuifée. TISSU cellulaire , utriculaire , véficulaire t ou parenchymenteux. , 10MEJMTOSE , drapé, couvert de poils ordinairement blanchâtres, qui font tous près 2 près, mais que i œil ne peut pas diftinguer. Ce terme convient aux feuilles, aux fruits , &c. TONDRE > c'tft retrancher indiftinâement toutes les hra tentés q ni dengurent un arbre. On coud les paliifades avec le croiffam y ou avec 'TABLE. 441 des cifeaux , ainfi que les arbriffeaux & les bor- dures des parterres. TONNELLE ; c'eft une efpece de berceau pour décorer les Jardins. On les fait avec àes treillages peints en vert , que Von garnit avec des arbriffeaux , ou avec des plantes farmenteu • fes dont on aftujettit les branches fur les treil- lages» Ces fortes de décorations ne conviennent que dans les petits Jardins. TOQUE , bonnet cylindrique en forme de chapeau , dont le bord elt étroit. Il y a des fruits que l'on dit en toque. i TOUFFE , fe dit d'un gros pied d'arbrif- feau , qui eft accompagné de plufieurs autres petits, qu'on peut lever pour les tranfplanter ailleurs. Une touffe de Lilas , une touffe de Cor- nouillers, &c. TOUPILLON , fe dit d'un tas confus de mauvaifes petites branches. Cet arbre eft plein de toupillons ; on voit bien qu'il a été mal taillé. TOURBE , terre qui fe tire des marais , & qui eft inflammable. Il y a de la tourbe for- mée par une multitude de racines, & d'autre qui eft fort bitumineufe. On s'en fert pour fe chauffer dans certains pays. Le Saule ne fe plan; point dans la tourbe; mais l'Aune & le Gale , & quelques autres plantes y viennent bien. TOURNER , à l'égard des fruits , eft un changement de couleur qui annonce leur matu^ rite. Le Raifin commence à tourner. Ce Melon- C& tourne' i il faudra le couper inceirarament. 44* TABLE. TRACER , fe dit des racines qui s'étendent entre deux terres ; c'eft-à-dire, proche de la fuperficie , & qui produifent des drageon*. Dans ce fens ont dit , que le Chiendent trace ; que le Prunier & l'Acacia tracent, &c. Quelque- fois les branches qui s'étendent fur terre , pro- duifent des racines. C'eft dans ce fens que l'on dit , que le Fraifier , la Ronce tracent , &c. Tracer un alignement ; c'eft le marquer par un trait léger. Ce trait fe fait quelquefois avec un bâton pointu qu'on nomme traçoir , ou avec une pioche étroite. On dit , un trait de Buis , ou de Staticé , ou de Primevères , pour lignifier une rangée unique. TRANSPIRATION, fortie infenfible ou prefque infenfible des humeurs par les porcs de îa peau. Il y a une infinité de ces porcs , dont les plus confidérables font les orifices des tuyaux qui partent des glandes miliaires ren- fermées dans la peau. La caufe de \z tranfpiration dans les animaux, eft le mouvement circulaire & la chaleur du fang. La tranfpiration infenfible feule , eft plus grande que toutes les évacuations fenfibles en- semble. On voit combien la tranfpiration des .animaux eft différente de celle qu'on a ainfi nommée dans les végétaux ; l'une eft pouffée en dehors , l'autre y eft attirée ; l'une eft adive , l'autre eft pafîive , & n'eft à proprement parler qu'une exhalaifon , une diilipation occafionnée par l'adion du foleil. Nous l'avons démontre affez évidemment. TRANSPLANTER, tirer une plante d'us TABLE. 443 endroit pour la placer dans un autre. Cette opération exige plufieurs précautions dont nous parlerons. TRANSVERSALE , coupe faite en travers de droite à gauche, ou de gauche à droite.Toute ligne qui fait des interfe&ions avec la perpen- diculaire , eft une ligne tranfverfale. Si on coupe un arbre , ou une branche félon une ligne per- pendiculaire ou oblique à fon axe , cette coupe eft dite tranfverfale ; ce qui la différencie de toute autre coupe faite parallèlement à l'axe. TREILLAGE , ouvrage fait avec des écha- las , des perches , ou des lattes , ou des bois refendus & équarris à la varloppe, qu'on atta- che les uns aux autres avec du fil de fer , ou mieux de laiton , en formant des mailles quar- rées ou en lozange. On garnit de treillage les murs des efpaliers ; & on fait avec des treil- lages des berceaux & des tonnelles. TREILLE. C'eft un treillage garni de quel- ques plantes farmenteufer; -particulièrement de Vignes. On diftingue le Railin de treille , de celui de Vigne. TRIANGULAIRE, qui a trois angles. Ce mot convient aux feuilles , aux tiges , aux pé- diincules , aux fruits. TRIGONE, qui a trois arrêtes tranchantes, la partie d'entre les arrêtes étant convexe \ ce qui convient à toutes les parties des plantes. TRINATE , trois qui ont une même origine. Une feuille en tréfile, eft dite trinate. 444 T ^ BLE. TRIPLÎQUÉ. Corolle tripliquée , fe dit des fieurs qui ont fun'é dans 1 autre rr'pjs rctaïts , comme ia Campcinûlh double , le s Strumonium à rieur double , le Magnolia y &c. TRIS-ANNUELLE , eft une plante qui pé- rit après avoir vécu trois ans^ Elle levé ia pre- mière année ; elle le fortirie la ieconde \ la troi- fïeme , elle porte fes femences , & périt. TRIVIAUX. Noms triviaux, font les noms qui font en uiage parmi ceux qui ne font point Èotaniftes. C'eft ainfi qu'on nomme Baguenau- dier> le Colutsa veficulaire ; qu'on dit la Gro- feillé au Maquereau , &c. TROCHET , eft l'aiTemblage d'un nombre de fruits raiïemhlés près les uns des autres II y a du Noyer à trochet , du Cerilier à trochet > &c. TRONC , eft la tige des arbres & des arbrif- féaux. On dit un beau tronc d'arbre , & auilî une belle tige. On entend iouvent par tronc , la partie balle de la tige d'un gros arbre. On dit , on a étêté cet arbre , il ne lui relie que le tronc. Cet arbre eft etronçonne. M. Linnee emploie gé- néralement le mot de tronc , pour deiigner la tige d'un arbre & celle d une plante. TRONÇON , pièce de boïs qui faifoit par- tie du tronc d'un arbre. On a débité la tige de cet arbre par tronc es ou tronçons. TRONQUÉ , fe dit des parties qui fe termi- tienc comme iï Ton avoit retranché leur extrê- 't A î t È. 44$ fïVité. Ce terme convient à plufîeurs parties des plantes , feuilles , fruits , piftils , &c. TROUEE , ouverture faite dans un bois ou dans une haie 0;i a fait une trouée pour tirer 1§ bois de cette vente. TUBE , ou TUYAU , ou CYLINDRE CREUX. On emploie ce terme pour différentes parties des plantes ; mais finguliérement pour les fleurs monopétaies , qu'on nomme fleurs tri tuyau ou tubulée. On dit aufli , feuille tubulée. TUBERCULE , eft un petit corps faillant qui s'abferve fur différentes parties des plantes. TUF , terre dure & compacte , qui n'efl pé- nétrée prefque par aucune racine. Le tuf te trouve prefque au-deffous de la bonne terre. La plupart des arbres périlfent quand leurs racines ,ont atteint le tuf. TUMEUR , boffe , enflure qui fe fait fur quelque partie. C'eft une folution de continuité provenant de quelqu 'humeur fuperflue ou can- tonnée en certain endroit , qui disjoint les par- ties unies. TUNIQUE On appelle ainfi les différentes peaux d'un oignon , qui fe recouvrent les unes les autres. Et dans d'autres cas on s'en fert pour lignifier une enveloppe ; d'où vient tunique, TURBINE , défigne une figure qui ref- femble aflez à une toupie , d'où efl venu tur- £i/^',quia la forme d'une Poire. Aiofi c'eft ua i'ynonyrae de pyrifbrme* 44* TABLE. TURIONS , bourgeons nailTants, ou pouffes tendres & nouvelles des arbres. TUTEUR, font des perches , petites ou grof- fes, qu'on pique auprès de la tige des jeunes arbres pour les redrefîer & les aflujettir. v. V A GUE , fîgnifîe le lieu d'une forêt où il n'y a point d'arbres. On dit , cette vente efl mauvaife , il y a beaucoup de vague ; pour dire, qu il y a bien des endroits où il ne fe trouve point d'arbres. VAISSEAUX , tuyaux qui contiennent diffé- rentes humeurs ou liqueurs. Ainfi il y a des vaijfeaux lymphatiques , des vaijfeaux propres ,. des vaijfeaux féveux. De plus , on appelle vaif- feaux excrétoires , ceux qui fervent à vuider les humeurs qui font filtrées dans les glandes ,- ou à exhaler le fuperflu de la fève. C'eft dans ce fens que les vaiîTeaux des feuilles font des vaif féaux excrétoires : vaijfeaux fécrétoires , ceux qui fé parent une humeur : vaijfeaux ab forçants , ceux qui fe chargent d'une humeur pour la por- ter dans la plante. Les vaijfeaux des racines font abforbants pendant le jour , & ceux des feuilles pendant la nuit. VALVULES , panneaux d'une capfule qui en forment l'extérieur, d'où Ton a fait bivalve , tri valve, quadriyalve* T A B L E. 44^ VARENNE , champ inculte qui ne fe cul- tive , ni ne fe fauche. VARIETE. On diftingue dans les plantes les variétés d'avec les efpeces. Les efpeces doi- vent être confiantes , ne doivent point changer; les variétés font des jeux de la nature , Sç ne font qu'accidentelles. VASE. On plante les fleurs dans des vafes pour orner les jardins. On les décore avec des vafes de marbre , de pierre , de terre cuite , de bronze ou de fer, qu'on met fur des pied-d'ef- taux. On fait aufli des vafes de treillage , qu'on met fur des tonnelles. Vafe , terre bourbeufe. Un terrain vafeux ou va) ard , eft un terrain trop abreuvé d'eau; ce qui le rend comme de la boue. Il y a des arbres qui viennent dans ces fortes de terres , tels que les Saules , &c. VÉGÉTAL , au plurier VÉGÉTAUX , dé* ligne tout ce qui végète. Ce mot fe prend pour plante. VÉGÉTATION ; c eft radion par laquelle les plantes fe noumfTcnt , croiffent , fe forti- fient, fructifient. On dit , les engrais font fa- vorables à la végétation. La végétation fe ranime au printemps. VEHICULE ; ce qui fert à conduire , à pouf- fet , à ch aller , à faire palier plus facilement. L'air & l'eau font les véhicules des fubftances nutritives des plantes. L'air eft le véhicule de la lumière. Les purgatifs font des véhicules aux humeurs peccantes , &c. TABLE. VEINE. Ceft un nom qu'on donne à âcs vaifleaux qui reçoivent de toutes les parties du corps le fang que les artères y ont porté du cœur , & qui le rapportent au cœur. Les vei- nes font des efpeces de tubes , de vaifleaux fer- més qu'on a mal à propos comparés aux con- duits féveux. Veine de terre , fe dit de la différente difpo- fîtion & nature de la terre , qu'on trouve quand on la creufe. Voilà une veine de terre qui eft fablonnenfe , une autre qui eft d'argile , une autre de roche. Voilà une veine d'ocre , de vi- triol , d'alun , de calamine. Les eaux minéra- les ne prennent leur qualité qu'en paflant dans des veines de vitriol , d'alun , de foufre , de fer, &c. On dit en ce fens , une veine d'or, une veine d'argent , une veine de mercure, &c. qui font certains endroits de la terre où fc trouve la glèbe des métaux. VEINEUX , fe dit des parties dans le tiffii defquelles on apperçoit des ramifications que l'on avoit comparées à celles des vaifleaux fan- guins. VELU, ce qui diffère peu de hériffë. Ce mot convient à toutes les parties des plantes. VENDANGE. Récolte du Raifm pour en faire du Vin. VENTE, étendue de terrain que Ton déter- mine dans une fqrêt, & dont on adjuge la coupe. On diflribue un bois en ventes en coupes réglées. VERDURE yte dit de la couleur verte que produifent TABLE. 44£ produifeht les feuilles, ^verdure eft charmante au printemps. La belle verdure de ce bois indique fa vigueur. Les infedes ont détruit toute la verdure* VERGÉE , mefure de terre en ufage dans quelques Provinces. VERGER , lieu planté d'arbres fruitiers en plein vent. VERGLAS , efpece de glace qui couvre les branches des arbres. Quand après une pluie il furvient une forte gelée , les arbres font chargés de verglas. Le verglas fait plus de tort aux ar- bres , que les fortes gelées. Il ne faut pas con- fondre le verglas avec le givré , qui eu auffi un amas de glace fur les branches , mais qui étant moins adhérent , ne fait pas tant de tort. VERMOULU. Le bois vermoulu eft piqué par les vers ; d'où eft venu vermoulure , qui lignifie la trace que font les vers dans le bois 9 ou la pouiîiere que les vers laiflent après eux. VERNALES. Plantes vernales ou printan- nieres. VERSATILE , fe dit d'un fommet qui eft attaché au filet par le côté. VERTICILLES , anneaux qui entourent les branches. On dit que les fleurs font verticillées t quand d'étage en étage elles forment des bou- quets en anneaux autour des tiges. On dit que les feuilles font verticillées, quand un nombre de feuilles entourent les tiges ou les branches. Tomt l% F f 4^o TABLE. VÉSICULES , petites veffies qui s'obfervent fur les parties tendres des plantes , d'où eft ve- nu le nom de glandes vèjiculaires. Les plantes , en général , font remplies de vifieuhs qui en- trelacent les fibres ligneufes & corticales , & font les réfervoirs de la lymphe & du fuc propre. VEULE, menu. Un arbre veuk , eft un arbre fort menu , relativement à fa hauteur. VIF. On nomme bois vif, celui qui eft en état de vigueur & d'accroiffement. VIGILES des plantes, fuivant M. Lîrme'e, eft la détermination des heures auxquelles les plantes épanouiffent leurs fleurs. VIS. Roulé en pas de vis , en tire-bourre , en hélice. Il y a des fleurs & des fruits qui ont cette forme , & que l'on dit cirrheufes. VISCERE. Nous entendons par ce terme qui eft pris de l'anatomie , une partie compofée de glandes, ou d'autres parties organiques , & qui a des ufages relatifs à l'économie végétale. VISCIDE, gluant , vifqueux, fe dit de tou- tes les parties des plantes qui font enduites d'une humeur gluante. VITICULE , jet rampant, les Fraifiers , les Ronces pouffent fur terre des jets quiproduifent des racines. VITRÉE. Couleur vitrée > eft une couleur verdâtre. TABLE. 4ÇÎ VICISSITUDE , changements alternatifs. On dit vicijfitude de froid & de chaud , de féchereffe & d'humidité. Ceft la vicijfitude de température qui produit l'a&ion de la raréfac- tion & de la condenfation. VISQUEUX \ onctueux , gluant. La pohc- réfine , l'encens & autres gommes , font des humeurs vifqueufes des arbres. La pierre s'en- gendre des humeurs vifqueufes , des glaires qui fe durciflent dans la veiïie. VIVACE , qui fubfîfte un nombre d'années. UMBILIC , efpece de nombril. On dit, un. fruit umbilique\ &c. UNDULÉ , ONDE, fe dit lorfque des in- flexions alternativement convexes & concaves repréfentent comme les ondes de la mer. UNICAPSULAIRE , fruit à une capfule. Il y a des fruits qui fontformés de deux , trois ,&c. capfuksy qui fe réunifient par une de leurs par- ties : on les nomme bicapfulaires , tricapfulaires > &c. Ceux qui n'ont qu'une capfule, font unicap* fulaires , quoiqu'ils foient quelquefois divifés en plufieurs loges. UNIFLORE , fe dit lorfqu'il n'y a qu'une fleur fur un péduncule : s'il y en a plufieurs , oa dit , biflore , triflore , multiflore. UNILOCULAIRE , fruit à une loge. Cela fe dit des capfules qui n'ont qu'une loge • fi elles 4$2 TABLE. en ont deux , felles font biloculaires ; trois , tri* loculairts , &c. ce qui fe diftingue par des cloi- fons qui les partagent intérieurement. VOLUBILE , qui s'entortille : ainfi les tiges yolubiles font comme celles de YEvonimoïdes , du Périploca , &c< qui s'entortillent les unes fur les autres; ou fur les corps folides qui font à leur portée. On emploie auffi ce terme pour les feuilles. ^ « VRILLES des plantes , font des filets au moyen defquels elles s'accrochent aux corps fo- lides quelles trouvent à proximité. USÉE. On appelle terre ufée , celle qui à force de rapporter devient infertile. Il eft nécefïaire de la bonifier par des engrais. On dit auffi qu'une Pépinière eft #/&, quand on a enlevé tout le boa plant. USUELLE. Une plante ufuelle Ou d'ufage , eft celle dont on connoît les vertus & les pro- priétés pour les différents ufages de la vie, prin- cipalement pour la Médecine. Chomel a fait un Traité des Plantes ufuel/es. UTRICULE ou VÉSICULE , petite veffie ou bourfe. La fubftance utriculairc ou véficulaire , eft une partie intérieure des plantes qui forme le tiffu véficulaire ou parenchymateux qui remplit les efpaces entre les fibres. C'eft auffi ce qui forme la pulpe des fruits. On emploie auffi quelquefois le terme d'utri* TABLE. 4ïj cuit , pour défîgner certains fruits , ou les fora- mets des étamines. • \ VULGAIRE, ce qui eft commun. On em- ploie ce terme pour les plantes qui fe trouvent communément en un lieu. Fin de la Table. Ff) m ■ ■'■ ■- ' '- »'■ i i — — — — — — i w*mà0 AVERTISSEMENT. Uoique je n'eujfe point dejfeirt de" 'faire entrer dans cet Ouvrage des détails de Botanique , après avoir don- né dans la Table précédente la nomen- clature des parties caraclérifliques des arbres 9 on m9 a engagé a y ajouter une expofition abrégée des Méthodes Bota- niques les plus connues & pratiquées. Ce que j'en vais dire d' 'après M. Duha- mel yfujfirapour ceux qui ^ne voulant pas faire une étude fuivie de la Botanique ,fe contentent d'en prendre quelques con- noijfances. C'ejl ainjl rajfembler dans cet Ouvrage élémentaire toutes les notions nécejfaires. Ceux qui voudront prendre des connoijfances plus étendues _, auront recours aux Ouvrages des Auteurs dont on va voir les Méthodes. EXPLICATION DES MÉTHODES OU SYSTÈMES DE BOTANIQUE. N appelle Méthode ou Syftême de Bo- tanique , l'ordre qu'un Auteur a établi pour ranger les Plantes par divifions générales & par fubdivifions. Cet ordre eft établi fur des ca- raderes diftindifs pris fur diverfes parties des Plantes. Les uns les ont pris fur la polition de la fleur, relativement au fruit ; les autres à la forme des fruits ; d'autres , au nombre ou à la forme de pétales ; d'autres , à celle des calices ; d'autres , au nombre des étamines & des péta- les ; d'autres enfin , aux feuilles , aux racines , aux poils , aux glandes , &c. On n'oleroit affûter l'exiftence des Familles naturelles , c'eft pourquoi on appelle ces mé- thodes, artificielles ; c'eft-à-dire, inventées par l'art du Botanifte. Mais ce qu'il y a de sûr , c'eft que certaines Familles portent des carac- tères finguliérement diftindifs de toutes les au- Ff4 tf6 Explication des Méthodes," très ; de manière que prefque tous les Bota- niftes ont réuni ces fortes de Plantes en fui- vant des méthodes très-différentes; c'eft-à-dire, en prenant leurs caraderes fur différentes par- ties. En effet , quand on examine avec attention les Plantes , on en ap perçoit qui fe rangent comme d'elles-mêmes par Familles ; c'eft-à-dire , qu'il y a des collections d'efpeces qui fe tien- nent par un fi grand nombre de caraderes fem- blables , & qui font tellement féparées des au- tres efpeces , qu'il eft impofïible de ne les en pas diftinguer ; de forte que fi dans une Plante on apperçoit quelques-uns de ces caraderes, on eft prefque afluré qu'on y découvrira les autres. On peut donner , pour exemple , les Plantes labiées , les graminées , les crucifères , les liliacées , les malvacées , les légumineufes , les cuçurbitacées , &c. Bornons -nous à citer les conifères & les ombelliferes. Si je rencontre un fruit écailleux , dur & ligneux , dont les femences foient placées fous des écailles ; en un mot , de ces fruits qu'on nomme des cônes , je fuis certain que l'arbre qui a produit ce fruit a fes rieurs mâles fépa- rées des fleurs femelles , & grouppées fur un filet commun en forme de chaton. De même , quand on a obfervé la façon dont les feuilles des ombelliferes embraffent les ti- ges , on peut , en examinant avec attention une Plante de cette Famille qui n'a point encore produit de fleurs , affurer que cette jeune Plante produira une ombelle qui fupportera des fleurs à cinq pétales avec cinq écamines , un ftyle four- ou Systèmes de Botanique. 457 chu & un embryon double qui fe changera en- deux femences nues. La nomenclature efl la clef de la Botanique. Ce n'eft que par fon moyen , que ceux qui fe livrent à l'étude de cette feience , peuvent s'en- tendre & fe communiquer les obfervations qu'ils ont faites fur les Plantes. Or comment la no- menclature pourroit-elle s'apprendre autrement que par une méthode qui , en établiflant des divifions générales & des fubdiviiions particu- lières , mette les commençants en état de ran- ger les Plantes qu'ils rencontrent , & qui leur font inconnues , dans telle ou telle fedion , afin que venant à les comparer enfuite avec les des- criptions des Plantes contenues dans la fedion à laquelle elles appartiennent , ils puiffent re- connoître celles qu'ils ont fous leurs yeux, & leur appliquer les noms qui leur conviennent? Ceft ainli qu'on peut parvenir à contrader avec les Plantes cette habitude qui forme le vrai Botanifte. Toutes les tentatives que Ton a faites pour établir des méthodes , quelles qu'elles foienc , font très-avantageufes , puifqu elles fourniflenc des matériaux pour étendre le petit nombre de connoifTances que nous avons fur les Familles naturelles. Les Plantes qui compofent ces fortes de Familles , fe refïemblent non-feulement par leur forme extérieure , elles font de plus liées les unes aux autres par des qualités intérieures; en un mot , elles font organifées de même. Nous en trouvons une preuve dans les gref- fes , qui réunifient prefque toujours fur une me me Famille naturelle , & qui fe refuient à 4?8 Explication des Méthodes toute efpece d'union avec celles d'une Famille étrangère. De plus , on fait que tous les tithymaks -donnent un lait cauftique & violemment pur- gatif; tous les pavots font plus ou moins nar- cotiques ; prefque tous les jolanum occaflon- lient une efpece d'ivre (Te & de manie ; prefque toutes les rubiacées donnent plus ou moins de teinture rouge. On peut conclure des réflexions précédentes, que les recherches qui tendent à augmenter les Familles naturelles font très- utiles, & que l'attachement à cette méthode , qui ne fera peut- être jamais parfaite , eft la voie la plus fûre pour perfectionner les méthodes artificielles , qui font indifpeniablementnéceffairespour faire des progrès dans l'étude de la nature. Un coup d'œil jette vaguement fur toutes les Plantesd'une prairie, éblouit & n'inftrnit point; le nombre & la variété étonnent.' Au premier abord tout paroit confus , parce qu'on apper- çoit à la fois trop d'objets différents, on n'en diftingue aucun. Mais quand on fait un examen méthodique & détaillé de toutes ces Plantes , le cahos fe débrouille peu à peu , & les objets deviennent moins compliqués. C'eft pour re- connoître & ranger les Plantes dans un cer- tain ordre , qu'on a formé des méthodes dans îeiquelies les Plantes fe trouvent diftribuées par €laffes , par ordres ou feciions , par genres & par efpeces. Ces fortes de méthodes s'appellent Méthodes ou Syftêmés artificiels ; parce que , comme on le verra dans rénumération abrégée que nous ou Systèmes de Botanique. 459 ferons de quelques-unes des meilleures Métho- des , chaque Méthodifte a choili à fon gré les parties des Plantes qui lui ont paru les plus propres à les faire connoître. Si l'on remonte même avant l'origine de ces divifions exades , qu'on peut nommer Métho- des , on verra que les Anciens ont toujours efïayé de ranger les Plantes par bandes. C'eft pour cela que les uns ont divifé les racines en bulbeufes , tubéreufes , cépacées , pivotantes y rampantes , fibreufes , écailleufes , &c. que d'autres ont diftingué les feuilles en Jîmples \ compofées , lijfes , velues , dentelées , découpées , laciniées , & les feuilles compofées en palmées' & en empanées. Plufieurs Bqtaniftes ont féparé les fruits en fecs ^filiqueuxy capfalaires , ècail- leuz , charnus & fucculents , dont les uns con- tiennent des pépins , & les autres des noyaux. On a auiîi obfervé le nombre des femences , & plufieurs ont porté leurs vues fur le nombre & la pofition , foit des pétales , foit des étami- nes & des piftils, ainfique fur la pofition de l'embryon relativement au calice , dont les dif- férentes formes ont auiîi été obfervées. Si l'on examine pourquoi dans ces métho- des il y a certains genres qui , quoiqu'ils aient beaucoup de rapport entr'eux , font placés ce- pendant fort loin les uns des autres, on apper- cevra que c'eft parce que la circonftance qui conftitue leur différence , eft préciféroent celle que l'Auteur de la Méthode a adoptée pour fon caraclere principal , & qu'il a établie comme bafe de fon fyftême. C'eft ainfi que dans la Méthode fexueîle de 460 Explication des Méthodes, M. Linnée , les parties de la fru&ification de l'Ortie, différant peu de celles du Mûrier , ces deux Plantes font fort rapprochées , quoiqu'il y ait une grande différence entre le port de ces Plantes. Mais lî-tôt qu'on eft averti qu'il eft queftion d'une méthode artificielle , on ne doit pas être plus étonné de voir ces deux Plantes rapprochées , que de voir deux mots qui ne différent que par la première lettre initiale , placés l'un au commencement & l'autre à la fin d'un Diâionnaire. Dans les Méthodes Botaniques de Cœfalpin , JMoriffbn , Magnol , Ray , Boerhaave , Tourne- fort , les Plantes herbacées font féparées des Plantes ligneufes ; ceft-à-dire , les herbes des arbres. Cette différence eft prefque indifpenfa- ble dans une Ecole de Botanique , puifqu'il^feroit difficile de cultiver dans un jardin l'un près de l'autre , le Piftaçhier , par exemple , avec l'Epi- nard , ou le Chanvre avec le Chêne , le Noyer avec la Pimprenelle, Mais cet inconvénient ne fubfifte point dans les Traités de Botanique : & pour éviter de partager les genres , en ran- geant , par exemple , le Sureau avec les arbres, & FHieble avec les herbes, Rivinus , Ruppius, Lwdvlge , Knaut & Linnée n'ont fait aucune diftinâion entre les arbres & les herbes : la nature les produit pêle-mêle & fans ordre ; ces Auteurs les préfentent de la même manière. Comme nous ne parlons ici que dés arbres , nous les féparerons. On a fenti qu'il y avoit de l'avantage à ne point trop multiplier les noms , & qu'il feroit prefque impoffible d'en retenir quinze ou feize ou Systèmes de Botanique. 461 mille. Pour obvier à cet inconvénient , on a pris le parti de ranger fous une même déno- mination les efpeces qui auroient entr'elles un certain rapport , fous le nom général de genre, & de les diftinguer par des épithetes qui for- ment de courtes defcriptions. On ne peut pas apurement s'empêcher de re- connoître l'utilité des noms génériques & des phrafes qui en donnant une efpece de fignaîe- ment de la Plante , en abrègent la defcription & foulagcnt la mémoire. Ces phrafes que tous les Auteurs ont rendues en latin , pourroient être mifes en françois ; mais comme elles n'appar- tiennent qu'à un Traité de Botanique, nous n'en parlerons point ici. Par la même raifon qu'on a rafTemblé les Plantes qui ont certains points de relfemblance pour en faire des genres , on a rafTemblé les genres qui fe refTemblent en certaines parties , pour en former des bandes féparées qu'on nomme clajfes , & on a fnbdivifé ces clafles en fedions. Ainfi les caraderes qui conflituenc les claffes & les fedions , doivent être plus fimples & plus généraux que ceux qui coniK- tuent les genres ; de même que ceux - ci doi- vent être plus généraux que ceux qui diftin- guent les efpeces ; en forte que le règne végé- tal , après toutes ces diftindions , fe trouve divifé comme un corps de troupes , par régi- ments , par bataillons & par compagnies^, Pour bien connoître les Plantes , il faut exa- miner attentivement toutes leurs parties. Les Jardiniers ne fe bornent pas à l'examen exad des fleurs & des fruits ; ils prêtent attention 4^2. Explication des Methdoes à toutes les parties des plantes , racines , tiges , feuilles , rieurs , fruits , femences , boutons. Munis de ces connoiffances , ils difthmient tous les Poiriers qu'ils cultivent dans leurs Pé- pinières, par leurs fruits , lorfque ces arbres en font chargés ; quand ils ne portent point de fruit , ils les connoidént par leurs feuilles ; & en byver , quand ils font dépouillés de leurs feuilles , il les diftinguent encore par le bois & par la forme de leurs boutons. Aufîi quand les Botaniftes ont voulu faire connoître une Plante , ils ont eu foin d'en donner la deferip— tion totale. Les Botaniftes cultivateurs qui voient fou- vent les Plantes , & qui fe font rendus vrai- ment habiles par l'examen & l'infpedion , con- noifTent prefque toutes les Plantes , en quelque état qu'on les leur préfente , quand même elles feroient mutilées & défigurées ; d'autres les connoiîlent à la feule infpection des graines, dont ils ont fait une étude particulière , & fouvent après avoir raffemblé des fragments de feuilles déchirées , ils décident à quelle Plante elles appartiennent. Parmi plus de mille efpeces d'arbres ou arbriMeaux que je cultive , il n'y en a point que je ne reconnoiile auiiî bien en hyver qu'en été. Mais, dira- 1- on , pourquoi les Botaniftes ont-ils choifi par préférence les parties de la fruâification pour former les clarîes & les fec- tions ) Il faut croire qu'ils y ont été détermi- nés par de bonnes raifons \ puifque tous les Méthodiftes qui ont bien obiervé la Nature , fe réunifient en ce point. Ils ont remarqué qu'il otf Systèmes de Botanique. 463 y a plus de chofes à obferver dans ces or- ganes de la fructification , que dans toutes les autres parties. En effet , les organes font, pour ainfi dire , entaffés dans les fleurs. L'obfervation a fait encore connoître que les caractères -tirés des parties de la fructification, font moins fujets à varier , que ceux qui font établis fur toute autre partie. Enfin on a re- marqué que. les Plantes quife refîemblent par les parties de la fructification , ont auffi de grands rapports dans leurs autres parties. Ce ne font donc point des raifonnements mé- taphyfiques qui ont déterminé Cœfalpin , Morif- fon , Ray ,Hermarm , Tourne fort & Linnée a rirer leurs caraderes des parties de la fructification. Us y ont été fans doute conduits par les obferva- tions ; elles leur ont prouvé que les caraderes tirés des parties de la frudification , font les plus commodes , les plus certains & les plus conformes à la marche de la nature. Mais pourvu qu'on fatisfafle aux conditions îiéceffaires pour former une bonne méthode , on peut tirer les caraderes de telle partie qu'on voudra choifir. Ceci bien entendu , nous allons parcourir très-fuccindement les Méthodes de Botanique les plus accréditées , en infiftant fur la partie de ces Méthodes qui regarde les arbres, les arbriffeaux & les arbuftes. <»*^P 4^4 Exposition des vues exposition DES VUES DE QUELQUES BOTANISTES. G ESNER, Médecin Suifle, eft le premier qui ait apperçu qu'il convenoit de chercher les différences caradériftiques des Plantes, plutôt dans les parties de la frudLfication , que dans les feuilles. Mais il eft mort avant d'avoir pu former une méthode félon ce plan. CISALPIN, Profeffeuren Médecine dans l'Univerfité de Pife , & premier Médecin du Pape Clément VIII , difoit que c'étoit avec raifon qu'on avoit établi plufieurs genres de Plantes fur la ftrudure des fruits , puifque la nature n'emploie pour la production d'aucune autre partie des Plantes , un aufli grand nom- bre de pièces différentes. Cet Auteur , qui eft le premier qui ait jette les fondements d'une Méthode par les parties de la frudification , commence par féparer les arbres d'avec les herbes. Il divife enfuite , foie les arbres , foit les herbes , en plufieurs ban- des , qu'il fubdivife encore pour en former quinze çlalles. Quand •DE QUELQUES BOTANISTES. 46$ Quand on fait attention à l'état où la Botani- que étoit de fon temps , & qu'en coniequence on vient à examiner fa Méthode , on y recon- noît un efprit vafte qui a fu furmonter de gran- des difficultés pour jetter les premiers fonde- ments de toutes les Méthodes que l'on a vu pa- roitre dans la fuite. Il faut avouer qu'il a laide ce germe précieux bien imparfait \ mais il a le grand mérite de l'invention, FABIUS COLUMNA, d'une illuftre famille d'Italie s fit voir par fon Hiltoire des Plantes , publiée en 1616 , une grande fagacité dans l'é- tabliffement qu'il fit des genres. Il a foin d'a- vertir qu'il ne compte pour rien les feuilles % & qu'il ne coniidere que les parties de la fructi- fication. Malheureufement il yjoignoit la faveur des Plantes , qui ne peut fournir que des carac- tères très-incertains. GASPARD BAUHIN, inclinoitpour qu'on établît les genres fur les vertus des Plantes. On doit de la reconnoiflance à ceux qui ont donné des Traités des Plantes ufuelles, rangées félon leurs différentes vertus. Ces ouvrages font très-utiles pour la pratique de la Médecine ; mais ils ne peuvent abfolumeat être d'aucune utilité pour conduire à la parfaite connoiflance des Plantes. Outre que les propriétés des Plan- tes font quelquefois incertaines , celles qui font le mieux conilatées ne fe montrent point au- dehors. Rien ne m'indique en voyant un Pavot, qu'il a une qualité narcotique. Le Séné , la Rhubarbe , la Scammonée , &c. ne manifeftenç Tome I. G g 466 Exposition, &cé point leur vertu purgative* D'ailleurs , une même riante peut avoir plufieurs propriétés , foit pour la Médecine , foit pour les Arts. Dans ce cas , il eft embarraflant de décider dans quelle claffe il convient de la ranger. Cette idée reftoit néanmoins tellement incul- quée dans lefprit des Botaniftes, que les Mé- thodes n'ont fait aucun progrès jufqu'au temps de Morijjbn , Médecin Ecofîois , qui fut retenu en France par S. A. R. Gafton, Duc d'Orléans. 4*7 METHODE DE M O R I S S O N. c E Médecin , qui connoiflbit très-bien les Ouvrages de Caefalpin & de Columna , a donné une Méthode de Botanique bien moins impar- faite que fes Prédéceiïeurs. Le but de Moriflbn étant d'établir une Méthode par les fruits , ii â rangé toutes les Plantes en dix-huit clafles , dont trois font deftinées pour les arbres , les arbrilTeaux & les arbuftes , & les quinze autre* pour les herbes» Nous ne parlerons que des trois premières. Nous terminerons par des points , les Sedions où il n'y a point d'arbres qui puifTent s'élever en pleine terre. PREMIERE CLASSE* Des Arbres. Cette clafTe eft divifée en dix Sedions. '■; - Kl î. Section. Les Conifères. Le Pin , le Sapin * la Mélèze , le Cyprès, le Thuya , l'Aune , le Tulipier ê le Bouleau. II. Section. Les Glandiferes, Le Chêne, le Chêne verd. ill. Section. Les Nucifères, Le Noyer , le Noi-* Gg z %6È MîïîioijÉ fetièr , îe Piflachier , le Laurier , le Hêtre $ Û Châtaignier. ÎV. Sect ï o n. Les Vturîiferes. Le Prunier, l'A- bricotier , le Pêcher , l'Amandier , le Jujubier , le Ceriiler , le Micocoulier , l'Azedarach t l'Olivier , l'iEleagnus , le Laurièr-Cerife. V. Section. Les Pomiferes. Le Pommier , ïè Poirier, le Coignafïïer , le Sorbier Gultivé , l'O- ranger , le Grenadier , le Figuier , le Ploquemi- nier. -, VI. Section. Les Baccifires, i°* qui n'ont qu'une . amande , comme le Lentifqué , le Molle , le Saiia- fràs , l'If: 2.°. qui ont deux amandes , comme la Bourdaine : 30. qui ont trois amandes ; le Gene- : vrier : 40. qui ont quatre" amandes ; le Houx ; 50* 1 qui ont un nombre indéterminé d'amandes j le Mûrier 5 l'Arboufier , le Sorbier, i'Aliiier. VII. Se ct 1 on. Les- Siîiqueux , i°. dont les feuilles ■ font fimpîes & uniques; le Gainier. ,%% Ceux qui ont les feuilles cpmpofées de deux folioles. ..... , 3^. Qui om les feuilles, compofées de trois folio- tes jÏAnagyris. 4Q. Qui ont les feuilles compofées de quatre folioles :"',' .. 1 !5Q. Qui ont les feuilles compofées d'un nombre indéterminé de folioles ; l£~Gfèditfia ; rÂcacria,Te Ffeudo-Acatia. VIII. Section. Ceux qui portent les fruits garnis d'une membrane frËraële -, -le £harnïe -, l'Orme , le Tilleul, le. Frêne. Q ■' ['", ' ■ i 1 IX. Sectiom. Ceux dont les fleurs Se les fruits fpnc accompagnés,, d'une efpece de coton ou de ouate 1 le PUtane , le Peuplier", le Saule. X. Section. Ceux qui ne peuvent pas fe rapporter • «lus Sections ci-^eiTus.. I - - '. • . « s e .M o r | s si.o #; â£| S MQQNDECL A S $E. Des Arbrisseaux» Il la divife en. fept Se&ions. . _ , I, Section, Des ArbrilFeaux conifères, II. Section. Les Nucijères, Le JVf? coupé ou »?r^ phylladendron , le Styrax. JII. Sectio n. Les Pruniferes, L'Amandier nain, Iô Cornouiller mâle. JV. Section. Les Bacciferes, 10. Qui ne eoncien* . nent qu'une amande , le Sanguin , la Viorne, TAu^ bier , le Sumac , le Bois-joli , le Fuftet , le Galte', le Chionantus, ao. Qui contiennent deux amandes :1e Troëlhe, l'Epine-vinette , le Chamscerifier. 30. Qui renferment trois femences ; le Sabinier , l'Alaterue , le Chamœlœa-Triccocos , VEmpetrum, le Sureau, le Buis , le Palliants ou Porte-chapeau , le Nerprun , le Jafminoïdcs. 40. Qui renferment quatre femences ; le Fufain , le Virex , le Grewia; 50. Qui renferment un nombre indéterminé de femences ; le Myrthe , le. Néflier , le Rofier , le Grofeiller ,1e Vitis-ldœai, V» Section à fleurs légumineufes Le Genêt , le Cytife ? le Spardum 3 Je Çolutœa % le Barbajovis , &C VI. Section à fruits Capfulaires, 10. Ceux quf font à deux loges ; le Liias. i0. Ceux qui ont qua- tre loges ; le Syringa. 30. Ceux qui ont cinq lo- ges ; le Cyfte. 40. Ceux qui ont un nombre indé^ terminé de loges } le Spirœa 9 le Çorteria 9 I4 Bruyère, VU. Section. Ceux dont les fleurs ou les fruits font accompagnés d'une efpece de 'coton ou d© ouate ; le petit Saule ? le Tamarifque , le, Nériog ©u Laurier-rofe, Gg 3 47Ç M E T H O D f TROISIEME CLASSE. Des Sous-Arbrisseaux ou Arbustes* Il la divife en trois Sedions , qui ne comprennent que des Plantes farmenteufes. ï. Section. Ceux qui ont des mains ; la Vigne , une efpece dç Bignonia , Je Smilax. ÏI. Section. Ceux qui grimpent par leurs ra- i meaux ; le Periclimenum , le Jafmin , le Dulcamara # le Câprier , la Clématite. ill. Section. Ceux qui s'attachent par des r*» cines j le iierre. de Ray. METHODE DE R A Y. L E célèbre Ray , Miniftre Angloïs , \ qui la Botanique a de grandes obligations , en nous donnant , dans ion Hiftoire des Fiantes, tout ce que les Auteurs qui l'avoient précédé avoient dit de mieux fur chacune d'elles , eîl outre cela parvenu à réformer les Méthodes de Cœfalpin & de Moriffbn , & rapprocher pîufîeurs clafles de l'ordre naturel. On apper- çoit dans fes Ouvrages un eiprit jufte , & un homme très-laborieux. Pour diflinguer les arbres & les arbriffeaux des herbes , il commence à féparer les Plantes qui ont leurs tiges & leurs branches garnies de boutons , de celles qui n'ont point de bou- tons. Il faut remarquer que le caradere devoir les branches chargées de boutons , qui défigne très-bien les arbres & les arbrifîeaux , exclut les arbuftes ou fous-arbriiïeaux ; aufïï Ray les range-t-il avec les herbes. Après plufïeurs diviiîons générales , Ray parvient à ranger toutes les Plantes dans trente- trois claiïes , dont fix pour les arbres & les arbriffeaux, GS * 47^ Méthode PREMIERE CLASSE. Des Arbres arrondinacés. ...... SECONDE CLASSE. Des Arbres dont les fleurs font féparées des fruits, ou qui n'ont point de pétales. I* Section. Xes Conifères. Le Sapin , le Pin , la Méteçe , le Cyprès 9 le Thuya , la Sabine , le Bouleau , VAune. II. Section. Ceux dont les fleurs font éparfes , ou féparées les unes àç.s autres. Le Buis , le Térébinthe 9 '■ l Empetrum. ÏII. Section. Ceux qui portent leurs fleurs mâles raffembîées en chatons, ou grouppées fur un filet com- mun. Le Noyer , le Noifetier , le Charme , le Chêne , le Chêne verd , le Hêtre , le Châtaignier , le Platane , le Peuplier , le Saule. IV. Section. Geux qui portent des baies. Le Ce- dre , le Genévrier y Vîj\ le Mûrier. TROISIEME CLASSE. Des Arbres dont les fruits font terminés par un umbilic qui eft formé par les débris du calice. ï. Section. Ceux dont les fruits font, gros , fuc- '"' cuîents , & qui renferment plufieurs femences, Lé Poirier , le Pommier , le Coignajper , le Sorbier , VA- lifier , le Néflier , le Grenadier , le Rofier. Jî. Section. Ceux dont les fruits font petits , fuc- '■■ èulents , & qui renferment plufieurs femences. Le Crofeiller 3 le Chèvrefeuille 9 le Lierre , le Sureau , le Myrthe» '■ l 53 e Ray. 475 UL Section. Ceux qui portent âes baies difpofées en ombelles , & qui ne renferment qu'une femence. Le Laurier- tkim , V Aubier , la Viorne , le Cornoui- ller 9 le Sajfafras. IV. Section. Ceux qui portent des baies qui ren- ferment plufieurs femences. Le Jafmin , le Troëfne , la Bourdaine , VAlaterne , la Vigne , le Fufain , le Houx , le Nerprun t le Câprier yVArboufier. QU4TRIE ME CLASSE. Des Arbres dont le fruit n'eft point terminé par un umbilic , ou dont les fleurs prennent naifTance à la bafe du fruit. Les fruits de cette clafTe font fucculents, ou au moins pulpeux. I. Section. Les Pruniferes. L'Abricotier , le Pru- nier , le Pêcher , V Amandier , le Cerijîer , le Jujubier , le Micocoulier , V Olivier , VA{edarac , le. Laurier- cerife. II. Section. Les Bacciferes qui n'ont qu?une fe« mence. Le Guy , le Filaria , le Bois-joli, III. Section. Les Pomiferes. V Orange , VAnona 9 le Plaqueminitr , le Styrax , la Ronce , V Uva-urfi. Ç LN QULEME CL4SSE. Des Arbres à fruits fe.cs , qui ne font point en filique , & qui n'ont point d umbilic. I, Section. Dont les femences font contenues dans des enveloppes ailées. L'Erable , le Frêne. II. Section. Ray fait ici une Section , qu'il nomme Mélanges , dans laquelle font compris les arbres, qui ne fe rapportent pas exactement aux Sections précédentes. Le Laurier 9 le S taphylladendron , U 474 Méthode Tilleul , le Vitex , le Tamarifque , le Porte-chapeau^ VEfpiccea , le Toxicodendron , le Ch:mœ!ea , la Bruyère , le Fufiet , le Lilas 3 VOrme , le Sumae 9 h Chama rododendros, SIXIEME CLASSE. Des Arbres qui portent des Cliques. I. Section. Ceux dont les fleurs ne font point papiiîonacées. Le Ccrrouge t le Nerion , l'Acacia. JI. Section. Ceux qui portent des fleurs papilîo- nacées , & dont hs feuilles fontfimples. LeCainier9 le Genêt , le Spartium , le Genita-Spartium. SEPTIEME CLASSE. DesArbb.es anomales. Le Figuier. Plufîeurs Méthodifres depuis JR.œy, ont fait des changements à fa Méthode , s'attachanc toujours aux fruits pour l'établiiTement âts pre- mières divifions 3 & n'ayant recours aux pétales que dans des cas particuliers pour les fous- divifions ; mais nous ne parlerons ici que de la Méthode de Tournefort, fc E T o tr R ?r E F O B. T. fff ,J'®^RwS©5 METHODE D E TOURNEFORT. P Ersonne n'a mis autant d'ordre dans les Méthodes de Botanique , que le célèbre Tour- nefort , de l'Académie Royale des Sciences de Paris, ProfefTeur en Botanique au Jardin Royal des Plantes. Il a , ainfi que Gefner , Cœfalpin , Columna , Moriffbn & Ray , tiré fa Méthode des parties de la fructification. Mais au lieu de confidérer en premier lieu les fruits , il porte fes premières vues fur les pétales , com- me étant la partie des fleurs la plus frappante ; & il prête moins d'attention à leur nombre, comme ont fait plulîeurs Méthodiftes , qu'à leur forme. Après avoir féparé les arbres & les arbrif- feaux d'avec les herbes , il diftingue dans l'une & l'autre famille, les fleurs qui ont des pétales, d'avec celles qui n'en ont point. Comme les fleurs qui ont des pétales font en grand nom- bre , il les a fubdiviiees en fleurs fimples & en fleurs compofées ; celles - ci qui font formées d'une aggrégation d'un nombre de fleurs , font ou à demi-fleurons , ou à fleurons , ou radiées ; & les fimples font ou monopétales ou polype- taks. Les unes & les autres font fubdiviiees 476 ,. ...M E T H O B S en fleurs régulières & en fleurs irrégulieres. x l)e toutes ces divifions il en forme vingts deux claiïes , dont dix-fept font pour les her- bes , & les cinq autres pour les arbres & les arbrifTeaux. Chacune de ces claffes eft divilée en plufieurs Sedions ; & les caraderes diftino tifs de ces Sedions font relatifs aux fruits qui viennent du piftil ou du calice , qui font mous ou fecs , formés en Clique ou en capfule, à une ou plufieurs loges , &c. Souvent toutes les Plantes qui forment une Sedion , pourroient être regardées comme étant d'un même genre. Par exemple, la Sedion où font rapportées les herbes à fleurs en cloche pu en baflin , dont le calice devient un fruit char- nu , comprend toutes les cucurbitacées , en forte qu'on pourroit ne faire qu'un genre des Colo- quintes , des Concombres , des Melons , des Citrouilles , des Potirons , & même des Mo-* mordica. Mais comme ce genre feroit trop nombreux , & comme Tournefort s etoit fait une loi de conferver , le plus qui lui étpit pof- fible , les dénominations reçues , il a cherché à divifer les cucurbitacées en plufieurs genres , par des caraderes pris des parties étrangères à la fructification ; mais qui , à la vérité, laif- fent quelquefois de la confufion. En effet , îe Momordiça diffère du Concombre , parce que fon fruit n'e-ft pas , à proprement parler , charnu. Le Concombre diffère de la Citrouille, parce qu'il eit moins gros & plus allongé , & du Melon par fa figure ; XAnguria fe difïingue par fes feuilles qui font très-découpées. Enfin DE ToÛRNEFORT. 47^ 1a mollefTe des feuilles des Coloquintes, ferc à les diftinguer des Citrouilles. On en pourrait dire autant des arbres à fleurs légumineufes , dont les différents genres ne fe distinguent que par les feuilles. Il faut convenir que ces caractères forcent de l'efpric de la Méthode ; mais il n'en peut jamais ré- fulter un grand inconvénient , car perlbnne nô fera embarraffé à diftinguer les Plantes com- munes , & qui font d'un grand ufage. A ie- gard de celles qui font rares , & qui ne fonc connues que des Botaniites , il n'y auroit pas grand mal tmand un Auteur r.angeroic une plante parmi les 'Melons , pendant qu'un autre en feroit un Concombre , pourvu que l'un ôc l'autre ait l'attention de les placer dans la Sec- tion qui convient à l'une ou à l'autre plante ; car encore une fois , fuivant Totirntfort , pref- que toutes les cucurbitacées pourroiént ne faire qu'un feul & même genre. A l'égard de la dif- tindion des efpeces d'un même genre , Toar- nefort la tire de ce qui fe préfente de particu- lier dans la ftrudure de quelques-unes de leurs parties , tiges, feuilles , racines; ce qui lui fert à conitruire fes phrafes , qu'il a fait aufli cour- tes qu'il a pu. Par exemple , Soleil à racine tubéreufe , Soleil à feuilles profondément dé- coupées , Soleil à tige ailée. Ces phrafes font courtes , E TOURKEFOÙT. 479 parées des fleurs femelles , quoique Tune & l'autre "le trouve fur tes mêmes pieds : le Buis , YEmpetrum , VÈphedra, III. Section. Ceux dont les fleurs mâles & les fleurs femelles font fur des individus féparée : le Galle , le Térébinthe , le Lentifque , le Rhamnoïdes , îe Cajia , le Figuier, Nota. Il eft reconnu que les fleurs mâles 8c les fleurs femelles fe trouvent renfermées dans le fruiç qu'on nomme la figue, SECONDE Cl AS SE, Des Arbres & Arbrisseaux dont les fleurs mâles font grouppées fur un filet commun qu'on nomme chaton ; ainfi les chatons font formés par des étamines ou des écailles attachées fur un filet : dans cette claffe , les fleurs mâles font toujours fépa- rées des fleurs femelles ; mais tantôt elles fe trouvent toutes les deux fur le même indi- vidu , & tantôt fur des individus différents. ï. Section. Ceux dont les fleurs mâles, group* pées en chaton , font féparées des fleurs femelles , quoique portées par les mêmes pieds , & dont tes fruits contiennent un noyau : le Noyer , le Noijè- tier , le Charme, , ÎL Section. Ceux dont les fleurs mâles, group- pées en chaton , font féparées des fleurs femelles , quoique portées pas les mêmes pieds , & dont les femences font des pépins coriaces : le Chêne , le Chêne vtrà , le Liège , le Hêtre , le Châtaignier, III. Section. Ceux dont les fleurs mâles, group- pées en chaton , font féparées des fleurs femelles , quoique portées par les mêmes pieds , & dont les fruits font écailleux ou conifères : le Sapin 9 le Fin > 4S0 Méthode !e Thuya , la Mélèze , îe Cyprès , le Bouleau , Y Aune, IV. Section. Ceux dont les fleurs mâles , group- pées en chaton , font féparées des fleurs femelles , tantôt portées par les mêmes pieds, & tantôt par différents , & dont les fruits fucculents font de pe- tites baies ou compofées de petites baies : le Cèdre , .le Genévrier , le Mûrier , Y If. ' V. Section. Ceux dont les fleurs mâles, group- pées en chaton , font féparées des fleurs femelles , quoique portées par les mêmes pieds , & dont les fruits fecs font ramaffés en peloton : le Platane» VI. Section. Ceux dont les fleurs blanches , grouppéesen chaton , viennent fur d'autres pieds que les fleurs femelles : le Saule , le Peuplier, TROISIEME CLASSE. Des Arbres & des Arbrisseaux dont les fleurs font monopétales. I. Section. Ceux dont le piftil devient un fruit fuccuîent qui renferme des pépins : le 'Nerprun , le Tymœlea , YAlaterne , le Filaria , le Troëfne , le Lau- rier 3 le Jafmin, VArboujier , le Chamœlea, II. Section. Ceux dont le piftil devient une baie , dans laquelle fe trouvent un ou plufieurs offe- lets : le Styrax , Y Olivier 9 le Roux 9 YUva-urfi9 le Plaqueminier, IÏI. Section. Ceux dont le piftil devient un fruit membraneux : Y Orme, JV. Section. Ceux dont le piftil produit un fruit Çec , divifé en plufieurs loges: le Lilas^h Bruyè- re , le Vitex , le Charnœrodoàendros, V. Section. Ceux dont le piftil devient une t - *f*iique : le Nérion-, Y Acacia, VI. DE TOUÏLNBFOÏIT. 481 VI. Section. Ceux dont le calice devient une baie ; le Sureau , Y Aubier , la Viorme , le Laurier-Thym , le Vitis idea , le Chèvrefeuille , le Periclimenum , le Xilofteon , le Symphoricarpos , YIElcagnus , le Chamcp* eerajus. VII. Section. Ceux dont les fleurs mâles font féparées des fleurs femelles qui produifent les fruits : le Guy. QUATRIEME CLASSE. Des Arbres & Arbrisseaux qui portent des fleurs en rofe , ou dont les pétales font attachés en rond autour de la fleur. I. Section. Ceux dont le piftil devient un fruit qui n'a qu'une cavité : le Fuflet , le Toxicodendron 9 le Sumac , le Tilleul , le Marronnier d'Inde» fa. Section. Ceux dont le piftil devient une baie , ou un fruit compofé de plufieurs baies : lé Micocoulier , la Bourdaine , le Lierre 9 la Vigne , VE- pine-vinette , la Ronce, le Molle , YAnona. III. Section. Ceux dont le piftil devient un fruit à deux ou plufieurs loges : VErable , le Ne{ coupé y le Laurier-Tulippier , le Syringa f le Tama» ri/que , le Spirœa. IV. Section. Ceux dont les fruits font des filiques : le Bonduc. V. Section. Ceux dont le piftil devient un fruit charnu qui contient des pépins : YOrangtr. VI. Section. Ceux dont le piftil devient un fruit à noyau : le Prunier , Y Abricotier , le Cerijïer % le Pécher , Y Amandier p le Laurier-Cerife , le Juju- bier. VII. Section. Ceux dont le calice devient un TomcL H h M E T H O B S fruit à pépin : le Poirier , le Pommier, le Coi~ gnaffïer, VAlifieryle Sorbier , le Grenadier ,1e Rofier , le Grofeiller , le Myrthe. VIII. Section. Ceux dont le calice devient un fruit charnu , dans lequel on trouve plufieurs offe- lets : le Cornouiller , le Néflier, CINQUIE ME CLASSE. Des Arbres & des Arbrisseaux à fleuré légumineufes. j. Section. Ceux qui ont leurs feuilles fimpîes|& alternes , diflribuées le long àss branches : le Genêt , le Spartium , le Genifta-fpartium ,1e Gaînier ou arbre de Judée. II. Section. Ceux qui ont des feuilles en trèfle , ou qui portent trois folioles à l'extrémité d'une queue : YAnagyris ou bois puant , le Cytife , le Genêt-Cytife* III. Section. Ceux qui ont des feuilles empan- nées ou rangées par paire fur un filet commun : le faux Acacia , le Colutaa } VEmerus , le Coronilla 7 le Harbajovis. D E M A G N Q I. 483 METHODE D E M A G N O L. P Lu sieurs autres Méthodiftes nous ont» donné des Ouvrages ; les uns ont pris des ca- ractères diiïindifs fur d'autres parties des plan- tes , les autres ont travaillé d'après les princi- pes de Tourne fort ; les uns ont rangé dans les clafTes déjà établies les plantes qu'ils décou- vroient , d'autres ont fait de nouveaux genres & même de nouvelles clafles , quand ils ont cru que cela leur étoit néceflaire ; d'autres en- fin ont corrigé quelques défauts qu'ils ont trouvés dans la Méthode originale. Je ne parlerai ici que de la Méthode de Magnol, célèbre Pro- fe fleur de Botanique à Montpellier. Cette Mé- thode n'eft , à la vérité , qu'une ébauche qu'il n'a pu conduire à fa perfection ; on ne Ta pu- bliée qu'après fa mort , & telle qu'on lavoit trouvée dans fes papiers ; mais cette Méthode mérite qu'on en parle, attendu qu'elle eft éta- blie fur des principes très- différents de toutes les autres. • | Il distingue deux efpeces de calices ; Fim extérieur, qui enveloppe & foutient la: fleur1 9 & qui eft le calice proprement dit ; l'autre forte de calice , qu'il nomme intérieur f efl le H h z 4S4 Meteodb péricarpe ou le fruit: ainfi , fuivant cette idée* toutes les plantes ont, ou un calice extérieur,^ ou un calice intérieur , ou tous les deux en- femble. Cette confédération a engagé Magnol à tirer fes principales divifions de cette ieule circonftance qui lui fournit trois claffes , fa- voir : I. Cz^SSE. Les plantes qui n'ont que le calice extérieur. II. CLASSE. Les plantes qui n'ont que le calice intérieur. III. Cza s s E. Les plantes qui ont un ca- lice extérieur & un calice intérieur. La première clace eft divifée en deux fec- tions , favoir : I. Section. Les plantes dont le calice extérieur enveloppe la fleur \ cette feclion comprend , 1°. Toutes les plantes dont on ne connoît pas bien les fleurs. a°. Celles qui portent des fleurs à étamines. 3°. Plufieurs fleurs monopétales. 4°. Plufieurs fleurs poly pétales. 5°. Les fleurs compofées. II. Section. Les plantes dont le calice extérieur foutient les fleurs ; cette feclion comprend , 1°. Plufieurs fleurs monopétales. a°. Plufieurs fleurs polypétales. La féconde clarTe, qui eft compofée des plan- âtes qui n'ont qu'un calice intérieur, comprend, c fous une même feâion , toutes les plantes bul- beufes outubéreufés, ainfi que beaucoup d'au- tres qui approchent de cette famille. DE MAGNOt 485 La troifîeme claffe , qui comprend les plantes qui ont un calice intérieur & un calice exté- rieur , eft divifée en quatre fedions , favoir : I. Section. Les fleurs monopétales. II. Section. Les fleurs bi & tripétales. III. Section* Les fleurs quadripétales. IV. Section, Les fleurs qui font compofées d'un nombre indéterminé de pétales. Ces indications générales fuffifent pour ce qui regarde les herbes ; mais nous allons en- trer dans quelques détails fur la partie de cette Méthode qui regarde les arbres & les arbrif- feaux. Magnol les divife , ainfi que les herbes , en trois clarTes générales , favoir : I. Classe. Les arbres & les arbriffeaux qui n'ont qu'un calice extérieur. II. Classe. Les arbres & les arbriffeaux qui n'ont qu'un calice intérieur. -^ III. CLASSE. Les arbres & les arbriffeaux. qui ont un calice extérieur & un calice intérieur. Enfuite il fubdivife la première claffe en cinq fedions , favoir : I. Section. Les arbres à chatons dont les femén* ces font renfermées dans des chatons : le Saule f le Peuplier, IL Section. Les arbres à chatons , dont les fruit* féparés des fleurs font renfermés dans un calice Hh 3 Met ho d e extérieur : !e Noyer 9 le Noifetier , le Châtaignier^ le Hêtre , le Chêne , le Chêne verd, III. Section. Les arbres conifères : le Cyprès , le «?apz7z , le Pin , la Mélèze. IV. Section. Les arbres qui portent des fruits fphériques , compofés de plufieurs femences : le Platane. V. Section. Les arbres à fleurs monopétales , renfermées dans un calice extérieur : le Figuier. , La fecondç clarTe çffc diviféç en trois fec- tîons , lavoir ; I. Section. Les arbres à fleurs monopétales : .. YOrme , le Nerprun , YJEleagnus ou Olivier fau- vage , YAlaterne 9 Y Acacia , Cafia poëtica. Iï. Section. Les arbres dont les fleurs ont qua'- tre pétales : le Sanguin. ÎII. Section, Les arbres dont les fleurs ont un ' nombre indéterminé de 'pétales : le S taphylladen-* dron , la Vigne. La troifieme çlafle efl: divifée en cinq fec- tions , lavoir : h Section- Les arbres qui ont des fleurs à éta-» mines : le Mûrier , le Buis. H. Section. Les arbres dont les fleurs font mc- nopérales : le Lilas , YAgnus-Cafius , la Bruyère , le , Nérion , le Styrax , le Plaqueminier , le Troëfne , la Viorme , le Coriaria , :Y Aubier , le Sureau , le Cornomller , le Periclimenum , Y Olivier , le Laurier* ' : Thym , le Jïoa* , le Jafmin. ÎII. Section. Les arbres dont les fleurs ont qua- tre pétales : le .Frète , le Syringa. JV. Section. Les arbres dont les fleurs ont un nom- ïb Magkoi; 4*7 t fcre indéterminé de pétales, & dont les fruits ne font point en filique : le Tilleul 9 le Fufain , le Spirœa f le Toxicodendron , le Fuflet , le Tamaris , le Marronnier d'Inde , VEpine-Vinctte, V Abricotier, le Pécher y V Amandier \ le Cerifier , le Jujubier , Y A\edarach , le Pommier , le Poirier , le Sorbier , le Néflier , le Rofier , la Bourdaine , le Grenadkr , Y Oranger. V. Sectjon. Les arbres dont les rieurs ont un nombre indéterminé de pétales , & dont les fruits font en ftliques : le Gainier ou arbre de Judée , le faux Acacia , le Cytife , le Barbajovis , le Genêt» On voit qu'on peut faire de fort bonnes Métho- des artificielles , en partant de principes dirl¢s. H h 4 488 Méthode M E T H O DE D E L I N N É E. O N ne peut afTez publier les obligations que les Botaniftes ont au Chevalier Linnée , célèbre Profefleur de Botanique à Upfal. Pour faire convenablement l'éloge de ce Savant infa- tigable , il ne faudroit que préfenter le tableau de tous fes Ouvrages : on y voit un Naturalise qui joint une profonde érudition à l'obferva- tion la plus exade de la Nature. L'efprit rem- pli des Ouvrages des Botaniftes qui l'ont pré- cédé, connoifîant les plantes par fes propres obfervations , il a fait un nombre de combi- naisons fur ce qui peut former des Méthodes , foit naturelles , foit artificielles ; & il en a entr'autres rédigé une très-complette , que Ton peut regarder comme un compendium de tou- tes celles qui avoient été faites avant lui , puif- qu2 les caraderes des genres font tirés de la forme des calices , de celle des pétales , dei piilils , des nectarium , des fruits , des femen- ces. Mais la bafe principale de cette Méthode confifte dans les parties qui n avoient pas afTez fixé l'attention des Méthodiftes , c eft-à-dire les étamines & les piftils : oous allons en donner un plan abrégé. r> e Lin née. 489 M. Linnée ne fépare point les arbres d'avec les herbes ; mais comme fa Méthode eft tirée des organes de la fécondation t il diftingue les plantes dans lefquelles ces parties font incon- nues ou à peine perceptibles , de celles où elles font fort apparentes. Entre les plantes dont les organes qui fer- vent à la fécondation font connues , les unes contiennent les organes des deux fexes , c'eft- à-dire les étamines & les piftils , & celles-là font hermaphrodites : d'autres ne contiennent que les organes d'un feul fexe , foit des éta- mines feulement , foit des piftils feulement ; alors elles font ou mâles ou femelles. Ces deux efpeces de rieurs fe trouvent quelquefois fépa- rées l'une de l'autre , mais fur un même individu , ou bien un même individu ne porte que des fleurs mâles , pendant qu'un autre ne porte que des fleurs femelles. Ces confldéra- tions engagent M. Linnée à faire plufieurs di- visions générales , & qui font partagées en fub- divifions. Ainfi confidérant d'abord les rieurs herma- phrodites qui font en grand nombre , il diftin- gue celles dans lefquelles les étamines font en- tièrement féparées les unes des autres d'avec celles dont les étamines fe réunifient dans quel- ques unes de leurs parties ou qui s'unifient au piftil ; il diftingue encore les fleurs où les éta- mines font féparées les unes des autres en deux bandes ; favoir , celles dans lefquelles les éta- mines n'ont point entr'elles de différences con- fiâmes , relativement à leur longueur , d'avec les fleurs dans lefquelles deux étamines font plus courtes que les autres. 4§ô Méthode Pgr ces Vivifions & par ces fubdivifions f~ dans ïefquelles on ne confîdere que les étami- nes , M. Linnée le trouve en état d'établir vingt-quatre clafTes ; il divife ces clalfes en un nombre de fedions qui ne tirent leur différence que des ftyles ou dçs piftils ; car quoiqu'il foit plus exad de diftinguer le flyle qui n'eft qu'une partie , d'avec le piftil qui eft le tout , nous les confondrons. Enfin , ces fedions font compofées d'un grand nombre de genres, dont les caraderes font pris de tous les organes de la frudiflcation. Pour préfenter quelques détails de cette Méthode , nous ferons obligés de parcourir les vingt-qua- tre çîafTes , parce que l'Auteur n'a point féparé les arbres , les arbriffeaux & les arbuftes d'avec les herbes, Mais nous ne parlerons que des ar- bres ? & nous terminerons par des points tou~ tes les fedions où il ne s'en trouvera point. Nota. Pour les treize premières clalfes , il Faut, i°. que les fleurs foient aifées à apperce- voir ; z°. qu'elles foient hermaphrodites ; 3°f que les étamines foiçnt féparées les unes des autres ; 40. qu'elles n'aient point entr'elles de différence confiante dans leur longueur, PREMIERE CLASSE, ,MoNj4NI)RIE. Les fleurs ne contiennent qu'une étamine. I. Section. Monogynie , un feul piftil.... IJ. Section. Digynie , deux piftils é e L i n n é e; SECONDE CLASSE. Diandrie. Les fleurs contiennent deux étamines. I. Section. Monogynie , un piltil ; le Jafmznf le Troè'fne , le Filarïa , V Olivier , Chionanthus , iSy- r/flgtt , Je Z/tas , le Romarin y la Sauge, II. Section. Digynie , deux pifliîs...... III. Section. Trigynie , trois pifHIs TROISIEME CLASSE. Triandrie. Les Heurs contiennent trois étamines. I. Section. Monogynie , un piflil : le Cneorum ou II. Section. Digynie , deux pifHIs : le Rofeau* III. Section, Trigynie , trois piftils..... QUATRIEME CLASSE. Tetrandrie. Les rieurs contiennent quatre étamines, I. Section. Monogynie , un pifriî : Cephalantus , Globulaire , Burcardia , le Cornouiller , Ptœlea , JEleagnus, II. Section. Digynie , deux piflils : Hamawelis^ III. Section. Tetragynie , quatre piftils , Je 491 M E T H ï) D B CINQUIEME CLASSE. Pent^nbrÎe. Les fleurs contiennent cinq^ étamines. I. Section. Mono gy 'nie , un piflil : Chamœrododen- dros , A\aUa , YOnicera , ou Diervilla , ou Chèvre jeuille , ou Periclimenum , ou Chamacerafus , ou Xilofieon , ou Symphoricarpos , dont M. Linnée n'a fait qu'un genre ; Salanum ou Dulcamara f Atropa , ou Bellaâona , Jafmino'ides , Licium , Syderoxilon , îe Nerprun } la Bourdaine , YAÎaterne , le Porte- Chapeau , ou Paliurus , le Jujubier , Ceanothus , Celaflrus ou Evonimoïdes , F/ïfa , le Grofeiller , le Lierre , la Vigne , la Pervenche , le Nérion , le IL Section. Digynie , deux piftils : Feriploca , YOrme , Vermiculaïre ou Cheno'podium , le i?^- phvrum. ~ lïï. Section. Trigynie , trois pîflils : le Sumac 9 eu Toxicodendron , ou Cotinus, la Viorme , le Laurier- Thym ,Y Aubier, le Sureau, Zantoxiïon ou Fagara, Ta~ marifeus f S taphylodendron ou Nez coupé , Caffine, IV. Section. Tetragynie , quatre piitiîs..... V. Section. Pentagynie , cinq piftiîs : A\clea. VI. Section. Polyginie , un nombre indéterminé de piftils SIXIEME CLASSE. IlEx^iNBRlE. Les fleurs contiennent fix étamines. I. Section. Mono gy nie 9 un piftil : VAfpergt 5 J^cca , V Epine - vinette, IL Section. Digynie , deux piftils : Polygonum. D £ L I N.N..É E, 49J III. Section. Trigynie , trois piftils : Menifptr- mum. IV. Section. Tetragynie , quatre piftils V. Section. Polygynie. Un nombre indéterminé de piiciis..... SEPTIEME CLASSE. [ Heptandrie. Les fleurs contiennent fcpt étamines, L Section. Monogynie , un piftil : Vavia ou Efiu* lus 9 U Marronnier d Inde. HUITIEME CLASSE. Octandrje. Les fleurs contiennent huit étamines. I. Section. Monogynie , un piftil : Vaccinium ou Vitis-Idœa , la Bruyère , Daphné ou Tkymelœa, Le Bois de Plomb ou d'Irca. II. Sectio n. Digynie , deux piftils. . . . III. Section. Trigynie , trois piftils : Polygonunu IV. Section. Tetragynie , quatre piftils NEUVIEME CLASSE. Enneandrie. Les fleurs contiennent neuf étamines. I. Section. Monogynie , un piftil. Le Laurier* II. Section. Trigynie, trois piftils. .. . III. S s c t i o n. Hexagynie ^ fix piftils tyq Méthode DIXIEME CLASSE. DecandRIE. Les fleurs contiennent dix étamines. I. Section. Monogynie , un piftil : Anagyrh ou Bois puant , le Gaînier ou arbre de Judée , le Bon- duc , la Rhue , Molle , Kalmia , Càamœrododendros , Ledum 9 Gualtcria , E le ara , VArboufier , Uva-urfi. IL Section. Digynie » deux piftiJs : Hydrangea* III. S e c t i of n. Trigynie , trois piftils IV. Skction. Pentagynie , cinq piftils V» S etc t i o n. Décagynie , dix piflils. ONZIEME CLASSE. Dodecan&rie. Les fleurs contiennent douze piftils. I. Section. Monogynie , un piftil : Styrax, II. Section. Digynie , deux piftils IIÎ. Section. Trigynie , trois piftils : Y Euphorbe y le Tiihymale. IV. Section. Pentagynie , cinq piftils V. Section. Bode cagynie , douze piftils. . . . DOUZIEME CLASSE. le os A nd Ri E. Les fleurs contiennent plus de douze étamines qui prennent leur naiflance de la paroi intérieure du calice. 1+ Section» Monogynie , un piftil : le Syringa, le DE L I N îtf É E. 49^ Myrthe , le Grenadier , V Amandier , le P/cAgr, le Prunier , le Cerifier, le Laurier-Cerife 9 V Abricotier. II. Section. Digynie , deux piftils : YAUJïer , 1© Sorbier* III. Section. Trigynie , trois piftils : le Sorbier- cultivé, IV. Section. Pentagynïe , cinq piftils : le Poirier , Je Pommier , le Coignaffier y quelques efpeces de Néflier , Spircsa. V. Section. Polygynie , un nombre indéterminé de piftils ; le Rojier , la Ronce , Pentaphylloïdes ou Quinte-feuille. TREIZIEME CLAUSE. PolYj4NDRIeXzs fleurs contiennent plus de douze étamines , qui prennent naiiTance de la bafe du piftil. I. Section. Monogynie , un piftil: le Câprier 9 le Tilleul , le Cï/fe 3 V Acacia» II. Sectio n. Digynie , deux piftils III. Section. Trigynie , trois piftils. . . . IV. Section. Tetragynie , quatre piftiis. . . . V. Section. Pentagynie ,cinq piftils. ... VI. Section. Hexagynie , fix piftils VII. Section. Poligyoie , un nombre indéter- miné de piftils : le Tulipier , Magnolia 9 Anona. , la Clématite. Nota. Jufqu'à préfent M. Linnée n'a eu aucun égard à la longneur des étamines comparées les unes aux autres ; il n'en fera pas. de même dans les deu£ clafles drivantes, 4Ç)6 M E T H ODE QUATORZIEME CLASSE. D1DYNAMIE. Les fleurs contiennent quatre étamines , dont deux font plus courtes que les deux autres, I. Section. Gymnofpermie , quatre femencesnues dans le calice : le Teucrium 9 VHyJfope , la Lavande , Phlomis , le Thym, XII. Section. Angyofpermie , plufieurs femences renfermées dans une enveloppe particulière : Bigno- nia , Vitex , Agnus-Caflus. QUIN ZIEME CLASSE. Tetradynamie Les fleurs contiennent prefque toutes fix étamines ; mais dans toutes on obferve quatre étamines plus grandes que les autres. ï.. Section. Siliculeufe , dont le fruit* eft une pe- tite filique ou filicule II. Section. Siliqueufe , dont le fruit eft une filique. .... SEIZIEME CLASSE. Monadelpbie. Les fleurs contiennent des étamines qui font réunies en un feul corps. I. Section. Pentandrie , cinq étamines. II. Section. Décandrie , dix étamines. III. Section. Polyandrie , un nombre indéter- miné d'étamines : Ketmia Sttwartia* DIX- 5)E L ï N K É $ 49^ DÏX^SEPTIEME CLASSE. JDiadezphiÊ. Lès fleurs contiennent plu*» fleurs étamines raflemblées en forme de gaine » mais divifées en deux corps» î. Section. Hèxandrie , fix étamines....;.*, II. Section. Qclandrie , huit étamines. ...» III. Section. Décandrie , dix étamines , dont neuf réunies , & une féparée : Spartium , le Genêt $ Arrtor* pka , Anonis , Barbajovis , Robinia ou Pfeudo-Aca* cïa , Colatœa * le Cityfe t Çoronilla % Emerus , Me~ dicago» DIX-HUITIEME CLASSE. PoZFadelphîè. Les fleurs contiennent plulieurs étamines rafTemblées par leur bafe, en trois ou en un plus grand nombre dé faifceaux. .,> î. Section. Pentandrie , cinq étamines. . •• ■ ÎI. S ec t î o n. Icofandrie , plus de douze étaminefi attachées àii câlicé , & non au placenta : l'Oranger: ' ^ III. S e C t î o Ni Polyandrie , pîufieurs étamines qui prennent leur origine du fond du calice : le Milk-* permis } Androfœmum. DIX-NEUVIEME CLASSE. .. ■ ■■ ■ • . Stngenesib. Les fleurs contiennent un nombre d'étamines , dont les fomrnets font raffemblés en cylindre. Nota. M. Linnée tire les Sections fuivanus des fleurons mâles , femelles & hermaphrodites. Tome I. I i iiï»sl 49"& Méthode I. Sec t i o n. Polygamie égaie ; tous les fleurons font hermaphrodites , tant au difque qu'à la circonférence : ia Santoline, IL Section. Polygamie fuperflue ; les fleurons du difque font hermaphrodites , & ceux de la circon- férence font femelles : Y Auront , VAbfynthe , Bac- caris, III. Section. Polygamie fruftrée ; les fleurons du difque font hermaphrodites , & ceux de la circon- férence font ftériies. IV. Section. Polygamie nécefTaire ; les fleurons du difque font mâles , & ceux de la circonférence font femelles : Othonna. V. Section. Monogamie ; les fleurons ne font pas formés de vrais fleurons , on peut les regarder - comme anomales ; mais les fcm mets font réunis en cylindre VINGTIEME CLASSE. GYN ANDRI E. Les fleurs contiennent deséta- mines qui prennent leur origine du piftil. I. S ec t i on, Diandrie , deux étarriines. ... II. Section. Triandrie, trois étamines III. S e cï i o n. Tétrandrie t quatre étamines IV. Section. Pentandrie , cinq étamines : Grena- dilU , ou fleur de la Paiïion. V. Section. Hexandrie , fix étamines VI. Sec t î o n. Décandrie , dix étamines VIL Section. Polyandrie , un nombre indéter- miné d'étamines qui partent de la bafe du piftil : Grewià, Nota. Dans les clalTes fuivantes , les fleurs mâles & Us fleur*; femelles font féparées. de Linné e. 499 VINGT-UNIEME CLASSE. Mon un nombre indéterminé d'étamines X. Section. Monadelphie , les étamines réunies en un feul corps : le Genévrier , la Sabine , le Cèdre 3 Vif, Ephedra. %ï. Section. Syngénéfie , les étamines réunies en forme de cylindre : Rufcus ou le petit Houx , dit Fragon9 jtll. Section, Gynandrie , îeç étamines attachées au flyîe qui eu. infçcond, . . . , VINGT-TROISIEME CLASSE, Polygamie, Il fe trouve fur les mêmes pieds des fleurs hermaphrodites , jointes ou à des fleurs mâles, ou à des fleurs femelles , ou ces trois efpeces de fleurs ; mais il eft important que fur l'un des individus il fç trouve çles fleurs hermaphrodites, 2$Qta, ïî y a dans cçttç cîafle , des fleurs hermaphro-» dites >'cta lef<|uelles , aux unes, la partie mile, eft 3> E L ï N tf é e. ioi âéTec"hieufe ; on les nomme hermaphrodites femelles ; & aux autres , c'èfr la partie femelle qui eft défec- tueufe , & pour cette raifon on k$ nomme herma* phrodites mâles, I. Section. Monœcie. On trouve fur le même pied , i°. par hermaphrodites , des fleurs hermaphro- dites mâles , & des fleurs hermaphrodites femel- les. . . . . 2.0, Par mâles , toujours furie même pied , des fleurs hermaphrodites , jointes à des fleurs mâles ; le Cdtis ou Micocoulier. 3p. Par femelles , des fleurs hermaphrodites avec des fleurs femelles fur le même pied: V Erable. II. Section. Diœcie. lorfque fur différents pieds on trouve Io. par hermaphrodites , des fleurs her- maphrodites mâles fur les uns , & fur les autres des fleurs hermaphrodites femelles 2.q. Par mâles, lorfque fur des pieds on trouve des fleurs hermaphrodites ,, & fur d'autres des fleurs mâles : Gleditfia. 3o. Par femelles , quand on trouve fur des pieds des fleurs hermaphrodites , & fur d'autres des fleurs femelles : le Frêne, ÎJI. Section. Triœcie. Quand fur différents pieds on trouve des fleurs hermaphodites , fur d'autres des fleurs mâles , & fur d'autres encore des fleurs femelles. . . . , ffl. Section. Polyœcie. Quand ces trois efpeces de fleurs fe trouvent réunies fur le même arbre; le Figuier , où ces trois fortes de fleurs fe trouvent yenfermie-s dans le même fruit. $02. Méthode de Linnée. il* VINGT-QUATRIEME CLASSE. Grtptog^MIE.Ixs Plantes dont toutes les parties néceffaires à la fructification font peu connues , ou difficiles à appercevoir. I. Section. Les Fougères IÎ. Section. Les Moujfes III. Section. Les Algues IV. Section. Les Champignons Fin du prsmkr Volume wwnwpw» A ROUEN. De l'Imprimerie de LOUIS OURSEL, rue de la Vicomte. 1781. i il ■ V \ %