déve 30 HARVARD UNIVERSIT Y. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY 13,Y23 GIFTÉ OF ALERANDER /AGASSIZ. Marcl 5, RUNE L { Ï ; ‘ * ' c: L ; l t Ne ' ° * TU _— NL “ Fi x l ' ". ; L 1 nl KUS] MONOGRAPHIE } 13,82 3 DES | GQUÈPES SOCIALES, OU DE LA TRIBU DES VESPIENS, ouvrage faisant suite à la MONOGRAPHIE DES GUÈPES SOLITAIRES, HENRI de SAUSSURE, Licencie ès-sciences de la Faculté de Paris, docteur en philosophie, membre de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, correspondant de la Société Philomatique de Paris, etc. qe £ornibus uti videmus boves, vespas aculeis, suam denique euique naturam esse ad vivendum ducem. CICERO, de Finib. TEXTE. —_————_—— TE) _ PARIS, _ GENÈVE, V. MASSON, _ JL. KESSMANN, ÉCOLE DE MÉDECINE. RUE DU RHÔNE. 1853-58 \ S EU DE © SUR LA FAMILLE DES VESPIDES. 2. PARIS, — IMPRIMERIE FÉLIX MALTESTE ET Cie, rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, 22. H. DE SAUSSURE ÉTUDES SUR LA FAMILLE DES VESPIDES. Supplément à l’errara de la monographie des Guêpes sociales. L Au bas de la page xxvr et ailleurs, au lieu de cécle, lisez : cycle. û 1 ’ . ZT — À Au bas de la page xxx, au lieu de : & — =, écrivez : 21 e 2 2 æ 1 OUEST Tone Même page, ligne 44, lisez: nombre. » » 12, » quantité. AVIS ESSENTIEL POUR LE LECTEUR ET POUR LE RELIEUR. L’explication de la PI. XXIV des Guêpes sociales, qui est marquée d’un V à son angle gauche, doit être supprimée, et on doit lui substituer celle qui est marquée d’un VV. — Dans un certain nombre d'exemplaires, cette der- nière explication de la planche XXIV, marquée d’un Vv à l'angle gauche, porte par erreur le titre de : Planche XIV, au lieu de: Planche XXIV. Il est essentiel d'ajouter un X au crayon à ce chiffre et d'expliquer cette faute au relieur. On pourra aussi découper le chiffre XXIV, placé ci-dessous, et le coller sur le chiffre XIV de l'explication de la planche, L’errata ci-dessus doit être coupé et relié avec le volume. XXIV RUN TRNE di 2h nl rgeNtbt MA 4 | « * FE NA D ARR LC PET ER A db th :aolhin y J\ EUX 296 il “Core Se AA PE 4 FPS UE AUS Hi Sr 4h Lu M h Hak 0 Al AU ï RAT de AO: Nail. tt nil a : Û Ê l e “ ÿ (D R \ è A ( AY D “à a À sk à TRE PS AAA LE LAC À RE CO NEA | ; “ An 1 A | NE P 1) . 1 ï "1 (1 Fe {1 : K 1! d os 1 Dr ù ne \” ACER ; ] EN AN) (TEA Du, EAP À ai Û 12), KT î l à L à | L Ÿ È JT ! { ANRT VA AA ne RO Ja HUF JE Au | Lu été nsallauiens à exticoé Mu ui mel rt fee sIgelt ë VW utb eaupranr dix x Han als mas n! ob Aa ah! uE "an ho | We nov sE dora ditex da. san és vob nitaio he) ri HN N à em mm MONOGRAPHIE DES GUÊPES SOCIALES, OU DE LA TRIBU DES VESPIENS, ouvrage faisant suite à la MONOGRAPHIE DES GUÉPES SOLITAIRES, PAR HENRI de SAUSSURE, Licencié ès-sciences de la Faculté de Paris, docteur en philosophie, membre de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, correspondant de la Société Philomatique de Paris, etc. Cornibus uti videmus boves, vespas aculeis, suam denique cuique naturam esse ad vivendum ducem. CICERO, de Finib. TEXTE. PARIS , GENÈVE, V. MASSON, J. KESSMANN, ÉCOLE DE MÉDECINE. RUE DU RHÔNE. 1853-58 ( AE | RRe noie DOTE su sr à su ER La jee ca a M in M sb FE PS As ns nr té Jen) at hi MEUA Afx OAI tv atran MAMA a PAR 1 MAMA UE HU Fr TABLE DES MATIÈRES. PRÉFACE. INTRODUCTION. AAUON 43140 JIUX CHAPITRE I. DE LA TRIBU DES VESPIENS EN GÉNÉRAL. Article [. De la classification des Vespièns. Article IL. De la division de la tribu en genres. Article III. Des différences sexuelles. CHAPITRE II. DE LA DISTRIBUTION COENPRIQUE DES VESPIENS. à CHAPITRE III. DE L'ARCHITECTURE DES Won tl EN BBNBRIAE. +. + à o: . 1. SOROTTE CHAPITRE IV. DES RAYONS CONSIDÉRÉS AU POINT DE VUE MATHÉMATIQUE. . . . . . . + . … . ÉPDe la celle LE UC de panta fa 1e 2° Des rayons. CHAPITRE V. CONSIDÉRATIONS A Honeuss SUR LES DIVERS MODES DE NIDIFICATION ET CLASSIFICATION DES GUÉPIERS. . . . ea le eue Article IL. Du ane entre les formes des Ale et fr nature variée de leurs artisans. Article IT. Des deux modes non. UE pilification: Des caractères qui servent à classer les nids: E Du premier mode de nidification, ou des nids indéfinis: . Du second mode de nidification, ou des nids ÉRPen : De la nomenclature des guépiers. . Article IT. Classification des Piragmocyiares où per indéfinis. Article IV. Ge urien des Stélocyttar es, où Pre LBnie CHAPITRE VI. DESCRIPTION DES DIVERS GUÉPIERS CONNUS. . , seu De l'architecture dés Gibes en général. XXXIV XXXV XXX VIT XXXVIH XL XLIII XLV XLVIT LIV LXVII LXIX Des Stélocyttares en gén er atENN PTE NEC URENNE UE LXXI Architecture du genre ISCHNOGASTER. . . . . . . . LXXII Id. Id. MISCHOCYTTARUS. . . . . +. LXXIII Id. Id. CAR TAN A LA LXXV Id, Id. POPISTESILS RAR LE LT En Ua TE LXXVI Id. Id. ABOIC ASE EUR EAN ANR GER IQ CA LXXXII Id. Id. MESPASIN SERRES CARTES TIRER TU LXXXIII DestPhragmocyttares en gENnCr AMIENS NEC TON CII Architecture du genre SYNOECA. . . . . . . . . . CIII Id Id. POLYBTA ES Le tnt ts tan CV Id. Id. MATUANL A NC NE TUE M ANeNENEnINEnR CXVI Id, Id. CHARTERGUS. D LAS PSE CXVIIT Id. Id. NECTARINIA. « . . EE "2 CXXIX CHAPITRE VII. COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR LA NIDIFI- CATION. . . . RONDE CHAPITRE VIIL. Des LA NOURRITURE DES à nou ET DE LEURS DÉGATS. . . . So e er CRM Article I. Nourriture des insectes noue. de deu tés Mr ORAN Article II. Nourriture des larves, question du miel. . . CXLV CHAPITRE IX. DES MALADIES DES GUÉÊPES. . . . . CLIII CHAPITRE X. DES ENNEMIS DES GUËÊPES. . . . . CLXV CHAPITRE XI. DE LA PIQÜRE DES GUÊPES. . . . . CLXXI CONCLUSION: : 427 cone dede de AOL HSE BIBLIOGRAPHIE DES VESPIENS. . . . . . . . CLXXXV PRRATA (1) A NERO REA Lu DENT À CXCVII SECOND SUPPLÉMENT A L En aa DE LA MONO CARD DES GUÊPES SOLITAIRES: 20/0020 IN 0e Etes CXCIX PARTIE SPÉCIALE. TRIBU DES VESPIENS. 3 SECTION I. STÉLOCOY®TTARES. 6 SOUS-SECTION I. GEMNODOMES . . . . . . . . . . . . 6 I. Groupe des RECTINIDES. 6 Genre ISCHNOGASTER: 507 20000 ANA ANR PRES 6 Genre RAPHIGASTER (2): 141007 RSA RSS 12 Genre iMISCHOCYTTARUS. 7 PEN MEN EME 19 Il. Groupe des LATÉRINIDES, | . 00. OS? (1) Voyez aussi l’errata de la page 255. (2) Belonogaster , voyez page 235. Genre ICARIA, . . LI AUUN NU AUFISRENERR 22 I Espèces de l’ Archipel Due CAN ROME OUR ALE 93 II. Espèces australiennes ou de L’archipel Dire -V\ EVER 25 III. Espèces de l’île de Madagascar. . . . 2.7, 7. 30 IV. Espèces asiatiques ou africaines. . , . . mel. dt, 26 V. Espèce que je n'ai pas vue, mais que je crois pouvoir RADPOTIET d'CELTENTEA Le, 0 1 LANTA AN ES CAN: bi SPEED. CR de ie Le be ne te ANR ES hi CENDORPOLISTES ARTE ed UN: 43 PRPMIBRUES DIVISION Ua CN UE RARES te h5 L Espèces européennes. . . . «… . MP : 1 46 IT. Espèces de l’Ancien-Gontinent et de a Nousoile Hollande. . 50 NF SDéceSs AMérICAUnESs NN AN NE tt AE 72 SÉCONDENDIVISIONMNEN CANTAL ENT ER NME Se OÙ SpeCresubies UN SL ANNE RENE De 107 (2401 Appendice. Division GYROSTOMA. . . . . . . . . . . 104 CENTER A BOICA SRE ER RL AU LE 4406 SOUS-SECTION IL CALYPTODOMES. . . . . . . . . . . . 110 CENTER M ESP A NOÉ NNARNnE Es RER EU RAR CRE SE O) PREMIER DIVISIONS A0 200 ROUES RAR ER SU DNA SECONDE DIVISION. . . . . EPSON SEE NET RAS A. Espèces appartenant à la faute raptenne: LA AN ADAU EE 112 D ANESDECESS A MCCNMESe. Las, LM En Un 154 du EISPéCes ASIATIQUES EL QfTICAINES. NUL UT LUN. LAS SECTION IL PŒCILOOYTTARBES (1) . . . . . . . . . 457 CONTES SUN OE CA PENDU RES Role" Le EL AST Genre EMA NME QU Qu al y ei te) +: 163 SOUS-SENTORCEYPEMRIA 2.04 ht LS cul NAT 465 Id. POLYBIA PROPREMENT DITES. . . . . . 167 SÉUINSECEESPAMERICAENS: 0. . . Ne 0 107 AE ŒAUES10N: PAIN A PP ARE EE LOT CEE EM ONE 167 Ile Id. OLA SA ER D LEA 0 AR A Er, AIR: JR R Pr ONE 174 TIR 4 1 NS RSR EE ARE UNE A M US U RTAN 183 ANSE TU tt MTS A AT MER PR RERMRRE 2 RSI En Re RE ER 191 Ve Id. KAPPA NS ARS MNT LA RARE SN ee AR tn ee np Ee 200 Vie Id. Omega. . . SR UNREAL ire SIT 206 S 2. INSECTES DE L'ANCIEN CONTINENT. Rene ur beae 27 Division ParaDOLY DIRE à PR EN RTE) COMORES 207 Species non visæ aut dubiæ. . . - . + …. . . . … … . 210 SECTION IILL FPHRAGMOCYTTARBES. . . . . . . . . . 943 CRE RARE ARS SN LE Ar ETS DURANT RER AA" PEN CO RAREER GUESS. 0. 00. 6 VERNON ET" 216 CNE NECEABRINTAL T0. PMR TERRIER GS ONE, 1225 (1) Fait partie des Phragmocyttares. Voyez chapitre V, de la partie générale. 4 APPENDICE... -: . SM un. ne, 250 Genre Raphigaster. OMR MAT 4e PSE Id. Jearias 41 LC RENIPMO eRentin ace S EDS Id: Polisies. 2 RENOM PSN Ste 22 Id:) -Apoieg.… , ÿ 222 MOMENT An, RARE eo Vespa: 25.225, MRC RE ANNE AU SN, SOU CSD RUE Id: . Anthreneidas: 2010000 OPEN ARRETE CR OURS LISTE DES ESPÈCES QUE JE N'AI PU RÉUSSIR A RECONNAÎTRE. 247 TABLEAU ALPHABÉTIQUE DES GENRES, DES ESPÈCES ET DE LEURS SYNONYMES.) RE LU 0 ENS ÉRRATA (A)... LE AA et PO ON SNS (1) Voyez aussi l’errata de la page cx£zvir. PRÉFACE. La bienveillance avec laquelle le public a accueilli la Mono- graphie des Guépes solitaires, m’a encouragé à poursuivre mes Études sur la famille des Vespides, et cet ouvrage a pris une extension que j'étais loin de vouloir lui donner dans l’origine, ei que je ne supposais même pas pouvoir naître d’un sujet en apparence restreint. Cette famille était, plus qu'aucune autre, abandonnée à un désordre toujours croissant, quoique bien anciennement signalé par Latreïlle lorsqu'il écrivait dans son Genera cette phrase significative : « Ulinam exurgat alius Kirby qui hanc familiam elucubrat ! » Un travail général était donc absolument nécessaire. Malheureusement, la publication de cet ouvrage a marché avec une extrême lenteur et a été brusquement interrompue par un voyage transatlantique qui, pendant vingt mois, m'a tenu éloi- gné de mes foyers. Diverses autres circonstances, telles que l'arrivée incessante de matériaux nouveaux el souvent le manque 1 de livres, ont retardé la rédaction de la partie générale de ce second volume, en sorte que le troisième a paru avant l’achève- ment complet de celui qui aurait dû le précéder. Il est nécessaire aussi de rappeler au lecteur que trois années se sont écoulées entre Ja publication de la seconde partie de ce volume et celle de la première. Ce long intervalle expliquera plusieurs discordances entre les faits avancés dans chacune de ces parties, car une étude plus approfondie nous amène toujours à modifier nos vues. On trouvera dans les pages qui suivent des détails nombreux sur la nidification des guêpes et la description d’un grand nombre de guépiers. Il aurait été intéressant d’ajouter à l’histoire de la nidification celle des mœurs des guêpes, de leurs évolutions, de leurs faits et gestes, de la nature de leurs sociétés. Mais cette étude, qui, malgré les beaux travaux de Réaumur, est encore presque neuve, exige plusieurs années d'observation ; il faut avoir, pour la faire avec fruit, la patience d’un Huber, et je me réserve cette tâche pour le moment où je pourrai vaquer en paix à une suite d'observations sédentaires. Elle sera l’objet d’un Complément aux Études sur la Famille des Vespides, et for- mera, s’il est en mon pouvoir de réaliser ce projet, un nouveau volume. Ici encore je viens remercier avec sincérité tous ceux qui ont bien voulu mettre à ma disposition des matériaux et des res- sources de quelque genre qu'ils soient (4). Tout ce qui se rap- porte à l’histoire de la nidification m’a particulièrement intéressé. C’est à M. le professeur Milne-Edwards que je dois à cet égard les plus grandes obligations. Je dois beaucoup aussi à la com- plaisance de M. Gray, directeur des collections zoologiques du British-Muséum. Je prie ces savants d’agréer l'expression de ma sincère reconnaissance. (1) Voyez la Préface de la Monographie des Guépes solitaires. INTRODUCTION. Le goût de l’entomologie fait tous les jours de si nombreuses conquêtes, que le nombre de ses productions prend des propor- tions effrayantes. Les livres, les mémoires, les travaux de toute espèce dont ses inépuisables ateliers inondent journellement le monde, forment une vaste collection qu'aucune bibliothèque ne Saurait plus renfermer en entier et qui s'augmente dans une progression toujours croissante. Cependant, en dépit de cette extrême prodigalité des esprits, on ne remarque pas dans cette science des progrès d’une immense importance. La grande majo- rité des travaux entomologiques est assez indiquée par le simple énoncé de leur titre. Ils ajoutent presque tous quelques détails à tant d'autres; mais changent rarement la direction de la voie suivie jusqu'alors. Pourquoi donc ferais-je, selon l’usage habituel, précéder cet écrit d’un exposé historique ? J’en ai dit assez, à ce sujet, dans la Monographie des Guëépes solitaires, et le peu que j'aurais à ajouter se trouvera dans la liste des mémoires cités. Il est cependant quelques noms qu’on ne peut omettre de célébrer, quelle que soit la branche de l’entomologie qu’on aborde; il en — IV — est d’autres qui se rattachent avec éclat à l’histoire des guêpes. Je mentionnerai avec soin soit les uns, soit les autres dans les pages qui suivent, maïs Je ne veux point entamer une sèche énumération des auteurs et des livres qu’ils ont enfantés ; je préfère parler de chacun à mesure que l’occasion s’en pré- sentera, et j'espère ne faire aucun oubli dans l'exposition de leurs mérites. Je me bornerai donc à parler ici des traditions que les tra- vaux des anciens nous ont conservées au sujet des guêpes, et qui ne méritent d’être rappelées que pour l’absurdité des opi- nions auxquelles pouvait alors s'attacher l'esprit humain. L'évêque Isidore suit Ovide dans ses métamorphoses, et fait naître les guêpes d’un cheval mort dans les combats, de même que les abeilles, dans l'opinion des Grecs, trouvaient leur origine dans les restes inanimés d’un fougueux taureau, et un des proverbes conservés par Aristoie prouve qu’ils comparaient à nos insectes les épouses acariâtres (4). On les faisait aussi sortir des viscères d’un loup, c’est pourquoi, dans son poëme intitulé Theriaca, Nicander de Colophon appelle les Guêpes a/xogmadeo. Ces misérables fables se sont perpétuées avec quelques variantes durant tout le Moyen: Âge et se virent consi- gnées avec foi dans divers auteurs : Vincent, abbé de Beauvais, le Pline du Moyen-Age (2), fait sortir les guêpes de la tête pourrie d’un vieux cerf, d’autres, de la terre ou de linté- rieur des fruits gâtés, etc. Ces erreurs peuvent s'expliquer par le fait que les guëpes se nourrissent de viande et de fruits et qu’on les voit souvent s'attaquer à ces substances qu’elles dévorent et. creusent avec voracité; les observateurs superficiels de l’antiquité, ayant vu sortir des guêpes du corps de quelques animaux morts ou de quelques fruits excavés à force d’être rongés, n’ont pas manqué de supposer qu’elles \ avaient pris naissance. Les idées de génération spontanée ont du reste toujours été en grande faveur chez les peuples anciens, (1) Da lcace æennomGd'ey dluyaTepes IT, (2) 11 mourut en 1256, après avoir compilé tous les ouvrages scientifiques de l'antiquité (Spécul, Doct. lib. I). dont les sciences, encore rudimentaires, se résumaient toutes dans un système théogonique ayant pour base la terre créa- trice, et où l’origine du monde et des êtres vivants s’expliquait par un panthéisme obscur. La boue et les substances organiques enétat de décomposition servaient de milieu fécond, parce qu’elles offrent à l'esprit un certain vague et une absence de forme qui récèle tout ce que l’on veut et d’où l'imagination peut faire surgir des créations infinies. La première est comme la subs- tance terrestre, elle ne revêt aucune forme, elleestprêteàse mou- ler ; les secondes représentent la matière organique en voie de transformation, et il était naturel de penser que la recompo- sition suivit la décomposition. Aussi les Egyptiens, dans leur système cosmogonique faisaient-ils naître le genre humain des limons du Nil, et Diodore de Sicile, en rendant compte de ces faits (1), cite, comme preuve, la grande fertilité du sol qui non seulement produit des plantes, mais aussi des rats : « L’on voit.encore dans la Théhaïde une contrée où naissent spontané- ment des rats si prodigieux par leur grosseur et leur nombre que le spectateur en reste frappé de surprise, et que plusieurs de ces animaux, formés seulement jusqu’à la poitrine et les pattes de devant, se débattent, tandis que le reste du corps, encore informe et rudimentaire, demeure engagé dans le limon fécondant. Il est donc évident qu'après la création du monde, un sol aussi propice que celui de l'Egypte a dû produire les premiers hommes. » Et plus loin, le même auteur dit : « Au moment où les eaux se retirent, le soleil, qui dessèche la sur- face du limon, produit, dit-on, des animaux dont les uns sont achevés tandis que les autres ne le sont qu’à moitié et demeurent adhérents à la terre. » Telles sont les croyances sur lesquelles se baserent les singu- lières erreurs qui surgirent au sujet de l'origine des guêpes et dont la première observation des faits a aussitôt fait justice. Les guêpes n’offrant pas à l'humanité d’utilité directe, n’ont joué dans l’antiquité aucun rôle qui puisse être rapproché de (1) Livre I, chap. x. celui des abeilles. On ne les trouve pas reproduites sur les monuments ni figurées dans les hiéroglyphes. Quoique souvent des dessins de ce genre semblent se rapprocher de leurs formes, rien ne paraît indiquer qu’ils se rapportent aux guêpes plutôt qu'aux abeilles, et tout semble prouver, au contraire, que ce sont ces dernières qu'ils doivent représenter. Telle est du moins la conclusion à laquelle m'a conduit l'examen de plu- sieurs de ces figures anciennes qui m'ont été soumises dans le but de les étudier. ee à | /) ! (ion CHAPITRE I DE LA TRIBU DES VESPIENS EN GÉNÉRAL. Pour la même raison que je nomme EuMÉniens la tribu des guêpes solitaires et MAsARIENS celle qui a pour premier type le genre Masaris, j'ai appliqué à la tribu des guëêpes sociales le nom de Vesprens. Je préfère ce terme à celui de Polistides que Lepeletier de Saint-Fargeau lui avait assigné, parce que le genre Vespa est de fondation plus ancienne que le genre Polistes, et que, par conséquent, il doit donner le nom à la tribu. Cette considération étant admise, la famille ne sera plus désignée par des noms arbitraires, d'autant plus nombreux que chaque auteur croit devoir inventer le sien. Il ne sera plus parlé de Diploptères, de Diplopteriges, d'Odynerites, ni de Polistides, mais on devra se borner à ceux de VEspipes, Masariens, Euméniens et Vespiens. ART. [. De la classification des Vespiens. Par la classification, j'entends deux objets : 1° Classer toute la tribu à sa place dans l’ordre des Hymé- noptères ; % Assigner à chaque genre la place qui lui convient dans la tribu elle-même. Pour bien fixer le premier point, il faudrait définir le groupe, décrire ses caractères, les comparer à ceux d’autres groupes; mais pour ce qui en est, je renvoie à l'introduction des guêpes solitaires, p. xvi (1), afin de ne pas retomber dans des répéti- tions inutiles. Partant, il ne me resterait qu’à arranger les genres (1) Ouvrage cité, page xxur, 4° ligne, à partir du bas, au lieu de : 12, lisez : 2, UE des Vespiens dans un ordre méthodique ; mais dans le but de faciliter encore la distinction des Vespiens et des Euméniens, j'éta- blirai le tableau suivant : VESPIENS. ° Chaperon terminé angulairement par une dent. Abdomen variable. EUMÉNIENS. Chaperon n'étant jamais terminé par une dent. Abdomen variable. Mandi- bules longues, aiguës, jamais aussi lar- 2° Chaperon polygonall, échancré, Ç ges que longues. nullement terminé par une dent (1). Ab- domen entièrement sessile, Mandibules aussi larges que longues. Armure des tibias intermédiaires com- posée de deux épines. Crochets des tarses simples (sauf exception). Armure des tibias intermédiaires n'ayant qu'une seule épine. Crochets des tarses dentés. Je passe maintenant au second point, c’est-à dire à l’établis- sement des genres et à leur arrangement. At. IT. De {a division de la tribu en genres. Avant de me fixer sur les coupes naturelles que je croyais devoir adopter, j'ai dû examiner avec attention quels étaient les organes sur lesquels portent les modifications, et parmi ces der- niers, lesquels les offrent avec le plas de fixité. Dans cette ana- lyse, je suis arrivé au même résultat que pour les Euméniens (voyez la Monog. des Guêpes solit., p. xxin), avec quelques diffé- rences toutefois, que je vais signaler. Les ailes et les mandibules m'ont présenté les mêmes analogies, mais j'ai trouvé dans les palpes si peu de variété que leur étude peut être négligée sans le moindre risque d'erreur. Le chaperon, au contraire, et les formes extérieures m'ont offert des caractères parfaite- ment fixes et parfaitement concordants, inversement à ce que l’on observe chez les Euméniens. En parcourant la série des organes, on arrive aux résultats suivants : | hi. (1) Genre Vespa. 4° Aile. L'innervation alaire offre les deux mêmes modes que dans les Euméniens, c’est-à-dire que la deuxième nervure récurrente s'insère tantôt dans la deuxième tantôt daus la troi- sième cellule cubitale (1). 2 Mandibules. Elles sont toujours moins longues que dans les Euméniens et forment, par leur réunion, un bec obtus, étant tronquées obiiquement à l’extrémité (pl. 1, fig. 5 ; pl. x1v, fig 5, h, 6, 73 pl. xxvi, fig. 7 a). Mais à cet égard l’on distingue sans peine deux types particuliers : Le premier, et de beaucoup le plus fréquent, a une forme plus ou moins allongée et se termine par une troncature oblique (pl. on, fig. 45 pl. xvin, fig. Ac; pl. xxi, fig. À c; pl. xxxiv, fig. 1 c). Les mandibules sont quelquefois assez longues pour se croiser (pl. xvinr, fig. 5, 6), et elles forment toujours un bec plus ou moins avancé lorsqu'elles se joignent par le bout. Si elles sont très courtes, elles peuvent se replier derrière le chaperon (pl. vi, fig; À c). Le second type ne consiste qu’en une pièce carrée, très courte, très épaisse et ayant une grande force (pl. xiv, fig. À c). Les deux mandibules combinées forment comme un bec de perro- quet (pl. x1v, fig. 3, 4). | 3 Chaperon. Ou pentagonal, terminé en bas par une dent ou un angle (pl. n, fig. 2 f; pl. xxi, fig. À d; pl. xxui, fig. À a; pl. v, fig. 6 c, 2 a, etc.), souvent arrondi au bout (pl. in, fig. 5; pl. xviu, fig. 6 a); ou polygonal, terminé par une troncature ou une échancrure (pl. x1v, fig. à, 4, 6, etc.). Ces deux formes marchent toujours de pair avec celle des mandibules : le premier type de l’un de ces organes ne se ren- contre que là où le premier de l’autre figure aussi et vice versé. On voit par là que ces formes de chaperon ne sont pas de simples accidents sans importance, mais qu'ils jouent un véri- (4) Dans le tableau que l’on voit à la page xx11 de l’Indrod. des Guépes solit. cette variété de forme est signalée à titre de caractère spécial des Euméniens. De- puis, le genre Anthéneïda m'a montré l'existence du même fait chez les Vespiens. — XX — table rôle zoologique, ce que leur constance indiquait du reste suflisamment. L° Formes du corps. Elles sont remarquablement tranchées et en général très uniformes dans un même genre. On ne peut pas dire d’elles, comme chez les Euméniens, que l’étranglement de l'abdomen soit un caractère sans importance, car il existe des limites très appréciables entre les formes d’abdomens sessiles et celles d’abdomens pédicellés. | 5° Les palpes. Le nombre de leurs articles est toujours très fixe : on en compte quatre aux labiaux et six aux maxillaires ; je n’ai rencontré dans les guêpes sociales qu’une seule excep- tion à cette loi, qui sert à caractériser le genre Ischnogaster. Voici à quel groupement nous ont conduit les considérations qui précèdent : I SECTION. La deuxième et la troisième cellule cubitale rece- vant chacune une nervure récurrente. Cette section ne comprend qu'un genre encore peu connu, 1. ANTHRINEIDEA White. Deuxième cubitale pédonculée, abdomen pédicellé (page 245). II° SECTION. La deuxième cellule cubitale recevant les deux nervures récurrentes. ter GROUPE. Mandibules grosses, très courtes; chaperon terminé par un bord ou une échancrure. 2. Vespa Linn. Corselet globuleux, abdomen entièrement sessile (page 110). 2e GROUPE. Mandibules plus ou moins ullongées, tronquées oblique- ment. Chaperon terminé par une dent ou arrondi au bout. A. Les infundibuliventres. Abdomen fusiforme. à. Poustes Fab. Corselet plus ou moins allongé ; abdomen subsessile, le premier segment en entonnoir (pages 43, 404, 212). B. Les pédonculiventres. Premier segment de l’abdomen rétréci en un pétiole. h. Icarra (mihi). Pétiole médiocre, en massue; deuxième seg- ment très grand, chevauchant sur le troisième (p. 22, 236). 5. Porysra Lepel. Pétiole variable; deuxième segment ne recouvrant pas le troisième; chaperon angulaire (4) (p. 163). 6. Apoïca Lepel. Pétiole linéaire; abdomen cylindrique, allongé; le troisième segment aussi grand que le deuxième ; ce dernier n’étant pas pédicellé (p. 106). 7. BELONOGaSTER (mihi). Pétiole linéaire, deuxieme segment longuement pédicellé, chaperon terminé par une dent; palpes maxillaires de cinq articles seulement (p. 235, 12). 8. Synœca Sauss. Pétiole subcampanulé ; le reste de l'abdo- men très conique; prothorax rétréci (p. 157). 9. Mrscocrtrarus (mihi). Pétiole linéaire ; chaperon insensi- blement échancré au bout (p. 19). 10. Iscanocasrer Guérin. Pétiole linéaire ; chaperon arrondi au bout; deuxième cubitale n’étant pas rétrécie vers la radiale (p. 6). C. Les sessiliventres. Abdomen sessile ou subsessile. 41. CæarTerGus Lepel. Premier segment de l'abdomen cupu- liforme, emboîtant le deuxième; postécusson placé à la suite de l’écusson (p. 216). 49. Nectarinia Shuck. Premier segment de l'abdomen très petit, le deuxième très grand, chevauchant sur le troisième; postécusson placé sous l’écusson, sur la tranche du métathorax (p. 225). (1) Sauf exception. = AU — Au premier abord, les caractères énoncés ne paraissent pas être tous d’une assez grande importance pour permettre la for- mation d’un nombre de genres aussi considérable. Mais après s'être familiarisé avec les Vespiens, on voit que les coupes sont très nettes, et que ces genres ne pourraient être réunis facile- ment. L'étude des mœurs est de plus un grand guide à consulter ; elle montre qu’à chacune de ces formes correspondent des habi- tudes diverses, et que, par conséquent, il réside dans les diver- gences extérieures plus que de simples variétés de formes. Les auteurs avaient établi beaucoup de coupes génériques que je n’ai pas adoptées, parce que je n’ai pu trouver entre elles de limites distinctes, et ceci s'applique surtout aux nom- breuses sections des Polybia qui s’enchaînent entre elles avec la même intimité que le font les sections si variées des Ody- nères. Enfin il m'a été indispensable de créer plusieurs noms de genres nouveaux pour des insectes qui, quoique anciennement connus, n'avaient su être distingués des Euméniens, et se trou- vaient arbitrairement classés dans des genres desquels on ne Saurait les rapprocher. Je donne, planche 1, un essai d’arrangement des genres, de même que je l'ai fait pour les guêpes solitaires, car, obligé comme on l’est de les placer bout à bout dans une monographie, leurs affinités risquéraient de ne pas être saisies si elles n'étaient représentées par un tableau, quelque défectueux que Soit toujours ce dernier. ART. [IL Des différences sexuelles. On peut répéter, quant à ce quitouche ces différences, ce qui a déjà été dit à propos des guêpes solitaires (voyez Monog. des Guép. solit. T° partie, p. xxxur). Chez les guêpes sociales, on voit de même les antennes des mâles se terminer par un crochet (caria), ou par une spirale (Belonogaster et certains Polistes, pl. 1, fig. 2 d), être simplement arquées (Mischocyttarus, Po- listes, pl. 1, fig. 6, pl. xir, fig. 4), ou être simples comme dans 1 RS les femelles (Vespa). Ces détails sont de peu d'importance et varient souvent dans un même genre. Le nombre des articles antennaires des mâles est de treize comme dans les Euméniens, le nombre de leurs segments abdo- minaux est aussi de sept, mais la forme du chaperon ne paraît pas varier sensiblement avec le sexe ; ses couleurs aussi sont moins variables. Du reste les mâles sont relativement rares dans cette tribu, rares surtout dans les collections, ce qui s'explique suffisamment par les mœurs de ces insectes chez lesquels les mâles ne vivent que peu de temps ét n'existent durant une partie de la saison qu’à l’état d'œuf ou de larve. Ici un nouvel état de chose surgit. Un troisième ordre d’êtres prend place à côté des deux sexes, c’est celui des ouvrières, dont la légion est la plus grande ; les ouvrières sont des femelles im- parfaites, mais la distinction d’avec les vraies femelles n’est pas toujours facile à établir. Il est à mes yeux certain que les ou- vrières apparaissent sous plusieurs formes plus ou moins par- faites, et qu’il existe à cet égard toutes les nuances possibles depuis l’ouvrière la plus complétement asexuelle jusqu’à la femelle la plus féconde, nuances qui peuvent tenir aux circons- tances ambiantes du cours du développement de l’insecte. Aussi, dans certains genres, est-on souvent dans l'impossibilité la plus complète de décider entre ces deux états de l'espèce. Je vais même plus loin dans mes suppositions : je soupçonne que cer- tains genres exotiques ne possèdent peui-être pas d’ouvrières, et que tous les travaux s’exécutent par des femelles fécondes, mais il n’est pas permis de rien formuler de positif sans avoir observé sur place. | En thèse générale, l’ouvrière diffère de la femelle par sa taille moins grande et par ses couleurs moins vives, mais ce n’est que par la comparaison des individus entre eux qu’on arrive à les distinguer avec plus ou moins de certitude, certitude toujours médiocre, puisque dans un même nid telle ouvrière peut être plus grande que telle femelle féconde selon la saison qui l’a vue naître. Cette distinction n’a du reste aucune importance réelle, puisque, zoologiquement parlant, l’ouvrière est une véritable : — XIV — femelle, qu’elle en offre les formes et les couleurs et qu'elle est aussi munie d’un aiguillon. CHAPITRE IL. DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES VESPIENS. En général, j'ai trouvé, dans l'étude des Vespiens, la con- firmation des faunes que m'avait dictées l'étude de la distribu- tion géographique des Euméniens. Mais les premiers sont des insectes plus grands, plus forts, plus nombreux en individus sinon en espèces, et il est naturel que chaque espèce occupe des régions plus étendues. Ainsi la Vespa vulgaris s'étend depuis la Laponie jusqu’au midi de l’Europe ; les Vespa germanica et Cra- bro, sur l'Europe et la barbarie ; la VW. orientalis, depuis la Grèce jusqu'aux Indes orientales, etc. Les faunes sont donc moins nombreuses et plus vastes. | Mais si au lieu d'envisager cette distribution d’après les espèces, on le fait par genres ou par groupes naturels, on remarque des faits du plus haut intérêt. Tandis que les Eumé- niens sont dispersés sans ordre apparent sur toute la surface du globe, les Vespiens offrent le frappant exemple de types localisés dans certaines régions ou bannis de telle autre. On peut tracer à cet égard des règles parfaitement fixes. Le nombre des espèces est bien moins considérable qu’il ne l'est dans les guëêpes solitaires, mais comme chacune d’elles forme des amas nombreux d'individus, l'espèce est néanmoins plus répandue à la surface du globe. Le nombre des individus ne peut, dans les Euméniens, atteindre à des limites extraordinaires. Chez eux, chaque ponte ne fournit qu’une progéniture peu nom- breuse, toujours limitée par la faiblesse de la mère, qui n’a d'autre ressource que ses propres forces dans l'établissement du berceau de sa descendance. Combien de puissance au contraire la guêpe sociale trouve à sa disposition ! Son premier effort est, il est vrai, aussi rude que celui de la guëpe solitaire ; une mère unique fonde aussi par ses seules forces le nid où doit grandir sa famille ; mais bientôt cette même famille s’augmente ; nombre d’ouvrières se chargent d'étendre les limites de la demeure qui, prenant des proportions considérables, peut renfermer une ponte nombreuse, à son tour souche d’une peuplade entière. Ainsi, dans une même saison, la descendance d’un seul individu s’augmente outre mesure ect va croissant selon une progression géométrique dont la raison est fort élevée et dont le nombre des termes (ou des pontes) peut, dans les années et dans les climats chauds, atteindre un chiffre extraordinaire. Des nids avancés contiennent souvent plusieurs milliers d'habitants ayant tous une origine commune dans la mère, qui, dès les premiers jours du printemps amasse les premières parcelles de sa charpente. Il résulte de cet admirable ordre de choses que dans toutes les contrées les guêpes sociales figurent au nombre des insectes les plus communs, quoique , dans plusieurs d’entre elles, le nombre de leurs espèces ne dépasse pas six ou huit. 2. Aïnsi partout où existent les guëêpes sociales, elles doivent être communes. Cependant, dans les régions froides voisines des pôles ou sur les plateaux froids aussi, en raison de leur position élevée, cette règle est de plus en plus infirmée. En effet, nous avons vu qu’à partir du printemps le nombre des individus va croissant selon une progression géométrique dont la raison est fixée par le nombre d’œufs que produit chaque guêpe et dont le nombre des termes est égal à celui des pontes. Pour que le nombre des individus devienne le plus grand possible, il faut que la raison et que le nombre des termes soient considérables, c’est-à-dire que le nombre des œufs pondus et réussis d’une part, le nombre des pontes de l’autre, atteignent eux-mêmes à des chiffres élevés. Or, plus la région où vit l’animal est chaude, plus ses facultés reproductrices sont stimulées, plus le nombre d'œufs pondus sera grand et plus il y en aura de féconds dans le nombre. De même, plus la région sera chaude, plus le déve- loppement de chaque ponte sera rapide, grâce aux lois chi- miques et physiologiques qui en règlent la marche, plus, par XNA conséquent, les individus éclos seront rapidement mis à même de pondre à leur tour, et plus il pourra se succéder de pontes dans l'espace d’une saison. C’est à cette cause qu’il faut attribuer l'abondance extraordinaire-des guêpes dans les étés chauds et leur rareté relative dans les froids. Il découle donc de là que les régions froides de notre globe ne peuvent être habitées que par des guêpes rares en individus, et, relativement aux autres insectes, d'autant plus rares, que le nombre de leurs espèces est très restreint. La loi de décroissance dans le nombre des espèces et des indi- vidus, si patente etsi connue pour les‘régions circumpolaires, est pour les guêpes d’autant pius exagérée que l’accroissement nu- mérique de leurs espèces dans le sens de l'équateur est plus extraordinaire. Néanmoins les guêpes s'étendent jusque dans les régions les plus septentrionales. 3. Chaque partie du globe, autant qu'il nous est encore connu, paraît posséder ses espèces de Vespiens. Sans doute il est des contrées qu'aucun investigateur n’a encore étudiées et où l'exception pourra surgir, mais comme la règle a cependant un haut degré de généralité, il n’est permis de révoquer en doute l'existence de cette tribu que dans les cercles parfaite- ment connus où leur absence a été constatée. Or, jusqu’à ce jour, l'absence de ces insectes n’a été remar- quée que dans une seule zone, la côte occidentale de l'Amérique méridionale, savoir la bande de terre représentée par le Chili, la côte de Bolivie et celle du Pérou. Ce qui nous autorise à pen- ser ainsi, c’est l'exploration soigneuse et patiente qu’en a faite M. Claude Gay, qui pendant de longues années s’est appliqué à rassembler les matériaux d’une histoire physique de ces con- trées. Dans les nombreuses et riches collections entomologiques de ses voyages, je n’ai vu figurer aucune guêpe sociale, et cepen- dant l’ordre des Hyménoptères y est richement représenté. M. d'Orbigny n’a pas non plus rapporté un seul vespien de cette partie de l'Amérique, qui, du reste, offre une création toute spéciale et tout exceptionnelle pour ce qui tient aux guêpes =WIAN/L LS. ere solitaires (1). Il n’en est pas de même du versant occidental des montagnes rocheuses. La Californie nous à fourni une Vespa et plusieurs Polistes. Selon divers rapports, les guêpes y abondent. h. La distribution des guêpes sociales sur la surface du globe peut se formuler comme suit : a. Coup d'œil général. Les sessiliventres sont répandus sur tous les continents. Les infundibuliventres habitent toute la surface de la terre. Les pédonculiventres sont limités dans les pays chauds et entièrement bannis de la zone tempérée de l'hémisphère boréal. Or, pour parler un langage plus scientifique, en prenant en considération les groupes naturels plutôt que les formes exté- rieures, on peut dire que : Les Phragmocyttares sont tous limités dans les régions chaudes de l'Amérique ; Les Stelocyttares gymnodomes habitent la totalité du globe; Les Stelocyttares calyptodomes sont probablement exclus de l'Amérique méridionale. b. Des groupes naturels limités à certaines régions. ci rentrent tout d’abord les genres compris sous le nom de Phragmocyttares, c’est-à-dire Nectarinia Chartergus, Tatua, Polybia (2), Synæca, et enfin les Apoica et Mischocyttarus, qui, quoique appartenant à un autre groupe, sont aussi limités dans les régions chaudes du continent américain, depuis les bouches du Rio-de-la-Plata jus- qu'aux confins septentrionaux du Mexique, y compris les An- tilles. L'Afrique nourrit les Belonogaster, genre très naturel, propre à tout le continent africain, à l’Arabie et aussi à Madagascar. Les Icaria représentent les Polybies dans l’ancien monde; elles ne dépassent guère non plus les pays tropicaux, s'étendant (1) Voyez la monographie de ces dernières. Prem. part., p. xLVIT, 17. (2) Font exception toutefois la section des Polybia nommée Parapolybia qui habite l'archipel Indien. 2 RUXVIIL sur l'Afrique, Madagascar, les Indes et sur l'archipel, et se conti- nuent, quoique dans des régions moins torrides, sur la Nouvelle- Hollande, la Tasmanie et l’archipel de l'océan Pacifique. Des genres répandus sur toute la surface du globe, le genre Polistes qui représente à lui seul les infundibuliventres est l'exemple le plus frappant de luniversalité géographique d’un même eroupe. Partant, où il existe des Vespiens, les Polistes abondent, et, chose très singulière, avec cette immense dispersion de ses représentanis , il offre cependant une parfaite homogénéité: quelle que soit la distance qui sépare le lieu d'habitation de deux espèces, quelle que soit l’étendue des océans jetés entre leurs patries, elles sont toujours de formes identiques. | Après les Polistes, ce sont les Vespa, ou guêpes proprement dites, qui couvrent la plus grande étendue de terre. Elles peuplent en abondance l'Amérique du Nord, l'Europe, l'Afrique et l'Asie entière, l'archipel indien et la Nouvelle-Hollande (1), mais nous n’en connaissons aucune de l’Amérique méridionale, contrée du reste suflisamment munie de guêpes par la grande abon- dance des autres genres (2). 5. Comme on peut en juger, la distribution des Vespiens est parfaitement nette et facile à saisir. Mais comme, en général, à chacun des genres est attachée üne nidification particulière, il n’est pas sans intérêt de chercher le rapport entre le mode de nidification et le pays qui en est le siége, et quoique j’anticipe ici sur l'histoire de la nidification, je ne saurais passer sous silence que les diverses formes de guêpiers ont aussi une distribution géographique très remarquable. Chaque genre ayant sa nidification particulière, on connaîtra la dispersion des nids lorsqu'on saura quel est le mode d’archi- tecture de chaque genre, et ce n’est pas sans étonnement que (1) 11 n'est pas bien certain que la Nouvelle-Hollande soit la patrie de cer- taines Vespa. Ce genre est peut être étranger au continent Austral. (2) Fabricius indique, il est vrai, plusieurs guêpes comme venant de la Nouvelle- Hollande, mais ces guêpes sont indiennes, et l’auteur a souvent l'habitude de tomber dans la même confusion. 0 ||, QU l'on verra l'Amérique du sud être le seul pays où se font lés nids en carton, ainsi que tous ceux dont nous formons le groupe des Phragmocyttares. CHAPITRE IIL DE L'ARCHITECTURE DES VESPIENS EN GÉNÉRAL. La qualité la plus essentielle des guêpes sociales n’est peut- être pas l'instinct qui les porte à vivre en société, car il est probable que plusieurs catégories d’entre elles ne forment que des sociétés très restreintes, mais elle consiste plutôt à savoir construire des alvéoles hexagonales qui s’agelomèrent avec ordre, pour former des rayons ou gâteaux, à la manière des abeilles. Toutefois, ces rayons sont d’un aspect très va- riable ; tantôt grands et étendus en forme de planche, tantôt n'étant qu'un faisceau ou un petit groupe de cellules. Par analo- gie, ils porteront toujours le nom de rayon ou gâteau, quoique dans ce cas ils n'aient guère de ressemblance avec les objets auxquels on les a comparés (1). (1) Ces termes rayon et gâteau ont d’abord été employés pour les ruches où ils étaient plus naturels. Les gâteaux de miel dans les ruches ont été nommés ainsi, parce qu'ils ressemblent effectivement à des gâteaux; leur nom de rayons leur vient de ce qu’ils sont disposés par étages comme les rayons d’une bibliothè- que. On a ensuite appliqué ces termes aux guépiers des Vespa, où l’on trouve des parties très analogues à celles qu’on distingue dans les ruches des abeilles, Pour cette raison il m’a fallu m’en servir aussi pour toute espèce de guêpiers, même pour : ceux dont les rayons ne sont plus que de simples agglomérations de cellules, et ne ressemblent pas plus à de véritables rayons qu'une mosaïque d’alvéoles de papier gris ne rappelle l'idée d’un gâteau succulent. Ces termes sont très défec- tueux et la nécessité d’en avoir d'autres plus précis se fait grandement sentir. Dans le IV® chapitre ce mot rayon m'a souvent embarrassé par sonidentité avec le terme par lequel on désignele rayon mathématique du cercle. Toutes les guêpes sociales construisent des alvéoles presque toujours hexagonales, dont l'assemblage forme une mosaïque parfaite d'éléments tous égaux et qui ne laissent entre eux aucun vide. Par contre, aucune guêpe solitaire ne possède cette indus- trie ; beaucoup d’entre elles bâtissent des alvéoles irrégulières et irrégulièrement groupées, mais aucune ne sait rien faire de semblable à ce que nous nommons un rayon, quelque petite qu’elle soit. Cette différence est essentielle. Les alvéoles ou cellules qui constituent les rayons servent de berceaux aux larves; celles-ci y sont élevées par la femelle ou par des ouvrières, en sorte que les gâteaux sont de grands nids communs à toute une société. Ces nids ont reçu le nom de guêpiers. Ils réunissent souvent encore d’autres parties, mais à vrai dire, ce qui constitue le guêpier, c’est le rayon; toutes les autres parties qu’on yÿ peut trouver ne sont qu’acces- soires ; beaucoup de guêpiers ne se composent même que du rayon, seul ou multiple, grand ou petit, et, partout où il y a guêpier, il y a rayon. Cette définition doit être bien notée, car on se représente en général par le nom de guëêpier un édifice compliqué qui n’est l’attribut que des guêpes les plus indus- irieuses et qu’on chercheraïit vainement chez beaucoup d’autres. Le guépier ou nid désigne en général l'ensemble de édifice qui sert de demeure aux guêpes, mais un seul rayon isolé, quelque minime qu'il soit, lorsqu'il existe à lui seul, est aussi bien un guëpier que la construction la plus vaste et la plus com- plexe. Des rayons en général. Dans ce chapitre introducteur, je ne parlerai que du rayon, qui est le seul élément commun à tous les guêpiers; dans les chapitres suivants je ferai connaître les autres parties accessoires qui peuvent s’y joindre. | Un rayon est le résuMat de l'assemblage d’un certain nombre d'alvéo!es selon une surface plane ou courbe. ee NA Les alvéoles ou cellules sont des godets le plus souvent en forme de prismes hexagonaux, limités par des parois minces et fermés à un bout par une calotte convexe, en d’autres termes, des éprouvettes polygonales. Un grand nombre de ces éprouvettes assemblées, collées les unes aux autres par leurs parois et s’ou- vrant toutes d’un même côté, formeront comme un casier en mosaique dont une des faces offrira toutes les ouvertures, et dont l’autre sera une surface bosselée par toutes les calottes terminales des alvéoles. Telle est l'apparence du rayon. Il faut, de plus, remarquer que toujours cette dernière surface est la supérieure, en sorte que les alvéoles s’ouvrent en bas et repré- sentent, pour ainsi dire, des éprouvettes renversées. C’est dans ces godets que les œufs sont déposés, que les larves éclosent et grandissent, puis s’enferment et se transforment en guêpes. Or, les guêpes ont des formes infiniment variées selon les espèces : les unes sont allongées, extraordinairement grêles ; d’autres grosses et trapues. Il faut naturellement que les alvéoles des guêpiers dans lesquels s’opère leur développement soient en rapport avec ces formes et que l'instinct de chaque espèce étant façonné à ces exigences, dicte à chacune la manière dont elle doit travailler : tandis que nos Vespa font leurs cellules larges et peu profondes, les guêpes exotiques à abdomen longuement pé- dicellé (Belonogaster, Miscocyttarus, ete.) les rétrécissent et les allongent extraordinairement (1). Les rayons de divers guêpiers suivent une surface courbe; ils sont convexes en bas, d’où il résulte que le fond des alvéoles est plus étroit que leur bouche. La forme du corps des larves qui les habitent est en général un peu conique et correspond à celle des alvéoles. La configuration de l’insecte parfait est in- fluencée par ce fait, et les Polistes et les Nectarinia dont les rayons offrent surtout cette particularité, sont aussi précisément ceux dont l’abdomen est le plus conique. (1) Je crois que ces guêpes à abdomen extraordinairement long ont, durant lear transformation et jusqu’à l’éclosion, l’abdomen replié contre le pétiole, ce qui diminuerait considérablement la longueur de l’insecte et nécessiterait des alvéoles moins longues, XXI Il existe aussi entre les alvéoles d’un même rayon des diffé- rences notables en ce que celles qui servent de demeures aux mâles et aux femelles sont sensiblement plus allongées que les cellules destinées aux ouvrières. Eufin, elles changent d’aspect avec leur âge : d’abord elles sont courtes et peu profondes, puis les guépes les allongent à mesure que les larves croissent et exigent des logements plus spacieux; enfin, lorsque ces der- nières sont arrivées au moment de leur translormation en nym- phes, les alvéoles sont fermées, comme murées par une calotte soyeuse, convexe, qui s'ajoute à leur extrémité inférieure. On ne sait encore au juste si c’est la larve qui la sécrète ou Fou- vrière qui la construit. On ne saurait trop admirer cette forme de prisme à base hexagonale qui réalise une si grande économie de place en per- mettant une exacte juxtaposition sans laisser de vide, et une si grande économie de matériaux en faisant servir chaque paroi simultanément pour deux alvéoles. Réaumur et Huber ont si bien expliqué cet ordre et ces propriétés dans leur tra- vaux sur les abeilles, qu’il serait superflu d’y revenir ici (4). Une attention réfléchie nous montre qu’en cherchant seulement à réaliser la plus grande économie de place, il fallait bien arriver à trouver cette forme de prisme à base hexagonale. Que l'on suppose, en effet, au lieu d’un rayon de cellules polygo- pales, une planche de cellules cylindriques parfaitement juxta- posées, puis qu’on leur fasse subir une pression transversale et régulière capable de les déformer; c’est nécessairement la forme hexagonale que prendra chacune d'elles, puisque cette forme est la seule par laquelle les éléments sont assemblés dans un ordre géométriquement régulier et sans laisser aucun vide entre eux, par cette simple raison que chaque cylindre est en contact avec six autres et qu'il est donc écrasé de six côtés à la fois. Réaumur, après avoir observé que souvent les alvéoles ébauchées avaient une forme arrondie, en a conclu que les alvéoles sont primitivement cylindriques et qu’elles ne (1) Voyez le théorème à la fin du premier volume de Huber. Ce 2. 11 deviennent prismatiques que par la pression exercée sur ses pa- rois par les larves dont le corps s’accroît. Il y a du vrai dans cette supposition, quoique les choses ne se passent pas matériellement ainsi. Souvent, à son début, l’alvéole est arrondie, puis lorsque la larve a grandi et grossi et que les guëpes sentent le besoin de l'allonger afin d'agrandir sa demeure, elles se trouvent dans la nécessité de l’élargir aussi, mais la place leur manque pour les élargir en leur conservant la forme cylindrique; Palvéole doit donc s’aplatir dans les six points de contact qu’elle a avec les six cellules environnantes, tandis qu'elle s’élargit dans les points intermédiaires qui correspondent aux arêtes des prismes. En donnant à chaque cellule un aplatissement parfaitement égal sur ses six faces et en élargissant chacune d'elles d'une quantité exactement la même dans les six points qui correspondent aux angles et où la cellule peut seule être élargie, on arrivera natu- rellement et sans grand effort d'esprit à la forme hexagonale. Les guêpes y arrivent tout naturellement en partant des six points tangents du cercle qui sert de base à chaque cellule pour élever la cloison, en ne donnant pas à l’une un élargisse- ment plus grand qu’à l’autre. La forme géométrique de l’alvéole n’est pas toute moulée dans: l'instinct de la guêpe; celle-ci y arrive pourainsi dire par la force des choses, par une conséquence de l'exactitude des mesures qu’elle applique à ses travaux. Ceci est si vrai, que les alvéoles margi- pales ne sont polygonales que du côté où elles s’appuyent contre d’autres alvéoles et restent simplement arquées à leur face libre, où rien ne les gêne dans leur voisinage. Dans certains guêpiers exotiques dont les dimensions sont très limitées, qui ne sont qu’un simple faisceau d’alvéoles peu nombreuses, celles-ci con- servent la forme cylindrique, parce qu’elles ont amplement place pour se développer, et ne subissent théoriquement aucune pres- sion, c'est-à-dire qu’elles ne sont pas forcément élargies quand même la place manque pour cette augmentation, mais lorsqu’au contraire un rayon est établi subitement et d’un seul jet, la néces- sité de gagner de la place, c’est-à-dire de serrer les cellules, fait que, dès le début, les guêpes leur donnent la forme polygonale. M, 0.0 0 Je pense donc que la guêpe a toujours la tendance de faire des alvéoles cylindriques, que cette forme réside dans son instinct, mais qu’elle se plie à la nécessité et arrive au prisme par déforma- tion. En effet, jamais les guêpiers ne sont établis que cellule par cellule ; on ne voit pas les guêpes bâtir d’abord un plancher et élever sur celui-ci des cloisons en zig zag qui, rejointes par des traverses, circouscriraient les alvéoles ; non, l’idée de mosaïque et de cloisons n'existe pas dans l'instinct des guêpes, celle de l’alvéole y est seule empreinte ; la pensée de l’insecte est uni- quement appliquée à la fabrication d'un godet ou d’une éprou- vette renversée capable de contenir la larve, et il est naturel que la forme la plus simple soit celle du cylindre ayant un fond arrondi en calotte. C’est cette forme que nous pensons devoir être le type idéal que conçoit la guêpe et ce n’est que par suite d’une nécessité matérielle qu’elle s’en écarte, tout en cherchant à s’y tenir le plus possible (1). Chez les abeilles, il n’en est pas de même; l'instinct est plus avancé et la structure de leurs cellules paraît être le résultat d’une science innée et invariable ; mais les guêpes et les abeilles, quoique se servant de matériaux différents et quoique ne travaillant pas exactement de la même manière, établissent les unes comme les autres leurs rayons en agglomérant des cellules, jamais en cloisonnant une surface ; les cloisons ne sont que la conséquence, non la cause, de l’existence des alvéoles. Ce fait, bien établi dans l’histoire de l’architecture des abeilles, a été démontré également dans celle des guêpes par les observations du docteur Barclay (2) d'où il ressort que les cloisons sont fermées par un double feuiliet qui se continue chacun d’un côté avec le fond de l’alvéole respective à laquelle chacun d'eux appartient. On voit bien par là que la cloison est, non seulement en théorie, mais même en réalité, le résultat de l’ac- collement des parois de deux cellcles, et que, par conséquent, ce que l’on désigne sous le nom d’alvéoles n’est pas une fiction théo- (1) Pour cette raison je donne souvent à la cellule cylindrique le nom de cellule primilive. | (2) Mém, Soc. Werner. IT, 260. ns NNENE = rique par laquelle on cherche à désigner le vide prismatique compris entre les parois qui le limitent, mais qu'il implique l'idée d’un prisme creux véritable, ou d’un godet jouissant bien réellement de ses parois. Chaque alvéole est un réservoir indé- pendant et le gâteau n'offre pas le résultat d’un système de cloisons bâties sur un fond commun, mais bien l'annexion d'une infinité de prismes creux. Afin de faire mieux comprendre ma pensée au sujet de ce qui précède, j’y reviendrai au chapitre suivant, où l’on trouvera la chose développée d’une manière géométrique qui servira à faire comprendre comment l’alvéole polygonale naît de l’alvéole cylin- drique. Cette dernière, qui est la plus naturelle et la moins savante, a été adoptée par la majorité vulgaire des Hyménop- tères, par toutes les races à vie solitaire et par plusieurs autres qui constituent des sociétés imparfaites. Les Bourdons ne savent point encore grouper leurs cellules sur un plan unique et écono- miser de la place et du travail en ne les séparant que par des cloi- sons minces. Les guêpes sociales sont infiniment plus avancées ; elles savent établir, les unes des faisceaux de cellules cylindriques habilement groupées ; d’autres, plus habiles, des plans d’alvéoles assez étendus pour que la gène de ces éléments les force à donner à celles du centre une forme prismatique ; les plus savantes, enfin, construisent des rayons étendus, en mosaïque polygonale, à la manière des abeilles. Quant à celles-ci, elles bâtissent des rayons d’alvéoles parfaitement hexagonales, sans passer par la forme cylindrique et réalisent au plus haut degré l'économie de place et de matériaux en composant leur gâteau d’une double couche d’alvéoles s’ouvrant en dessus et en dessous, et dont les fonds en demi-rhomboèdres, s’emboîtent dans un ordre alterne. Comme architecte, l'abeille est sans doute le plus parfait des in- sectes, elle l’est individuellement à un bien plus haut degré que la guêpe, par l’étonnante science géométrique qu’elle porte dans son instinct et applique à ses ouvrages, mais si l'on com- pare la famille des abeilles à celle des guêpes, non plus artisan à artisan, mais peuplade à peuplade, les guêpes auront la palme à titre d’auteurs d'édifices moins admirables mais plus variés. Cr ir L'instinct de l'abeille est le plus savant, celui de la guêpe ren- ferme plus d'imagination ; les abeilles sont de bons mathémati- ciens, les guêpes de bons ingénieurs. J'aimerais presque à dire : les premiers sont des architectes classiques, les seconds des architectes romantiques. Quoique le rayon soit l'essence du guêpier et qu’un rayon seul soit en réalité un guêpier complet, cependant un grand nombre de nids possèdent encore d’autres parties qui leur donnent un aspect très varié. Souvent les rayons sont dérobés aux regards et protégés par des enveloppes multiples ; aussi, à l'extérieur , pourrait-on confondre ces guêpiers avec les nids d’autres hymé- noptères, et il peut être utile d’en faire la distinction précise : Les termites, les fourmis et autres insectes bâtissent des nids en sociétés; plusieurs de leurs édifices ressemblent extérieure- ment aux ouvrages des guêpes. Diverses fourmis bâtissent en débris d’écorces des maisons qu’elles suspendent aux branches des arbres: d’autres rassemblent et accollent des feuilles sèches qu’elles empâtent de diverses matières; enfin j'ai fréquemment trouvé au Mexique des nids de fourmis d’un papier semblable à celui dont nos guêpiers européens fournissent l'exemple. Mais l'intérieur des fourmillières ne contiert pas trace d’alvéoles, ce qui suffit pour les faire distinguer des guêpiers. Il n’est que les guêpes et les abeilles dont les habitations renferment des rayons de cellules hexagonales. Beaucoup d’autres hyménoptères sociaux ou solitaires établissent des alvéoles cylindriques mais elles sont toujours disposées d’une manière irrégulière et ne forment pas de rayons. | Les rayons des abeilles sont doubles, comme je l'ai dit plus haut, tandis que ceux des guêpes sont simples, composés d’un seul plan de cellules dont le fond ou plancher est plat ou en ca- lotte. D’après cela, il sera toujours facile de distinguer un guê- pier du nid de tout autre insecte par l'inspection de ses rayons. Ajoutons que les abeilles bâtissent généralement en cire (4), (1) L'architecture des abeilles exotiques n’est pas assez connue pour que cette assertion ne soit quelque peu hasardée, — XXVIL — tandis que les guêpes emploient tout espèce de matériaux papyracés, ligneux ou terreux. La présence du miel dans les alvéoles, qu'on avait considérée comme étant exclusivement l'apanage des abeilles, appartient aussi bien aux guêpes et ne fournit aucun caractère, Je suppose connu tout ce que Réaumur, de Geer et autres observateurs ont écrit sur les sociétés des guêpes, et je renvoie à ces auteurs pour les détails qui pourraient manquer dans ce ré- sumé, surtout pour la manière dont les guêpes travaillent à l'établissement de leurs demeures (1). CHAPITRE IV. DES RAYONS CONSIDÉRÉS AU POINT DE VUE MATHÉMATIQUE. 4° De la cellule. La cellule, envisagée isolément, est un étui quienveloppe la larve. Sa forme primitive est celle d’un cylindre creux, parce qu’ainsi ses parois enveloppent avec le moins de matériaux pos- sible une larve allongée. Sil’alvéole était destinée à rester isolée, elle aurait certainement la forme d’un cylindre, c’est pourquoi je donne le nom de cellule primitive à cette cellule cylindrique que je suppose, en théorie, mère de l’alvéole prismatique. Mais siun grand nombre de cellules se juxtaposent, la forme cylindrique n’est plus économique, attendu que chacune d’elles nécessite des parois propres, tandis qu’une autre forme qui limiterait le vide à enfermer par des parois planes, permettrait de juxtaposer les deux alvéoles au point qu’elles ne seraient plus séparées que (l) A défaut de ces ouvrages on en trouvera des extraits dans Lep. de Saint- Fargeau, Hist. des Hymén.; Lacordaire, Introd. à l’Entomologie; Westwood, Introd, to Mod, class. of Ins. et autres ouvrages généraux. RMI — par deux plans se touchant en tous points et auxquels on pour- rait substituer une seule cloison, commune aux deux espaces. L’insecte arrive, du reste, naturellement à découvrir cette nouvelle forme, par suite d’une nécessité impérieuse, lorsque l'espace vient à lui manquer; d’ailleurs, son instinct le conduit naturellement à substituer une cloison plane à deux murs courbes tout-à-fait juxtaposés. Voici comment les alvéoles prismatiques doivent naître des cellules cylindriques. Proposition : Lorsqu'un cercle est entouré par six cercles de même rayon que lui et qui lui sont tangents, ces cercles entourants seront tangents entre eux. (PL. xxxv, fig. 2). Supposons que le cercle À fig. 4, soit le cercle central. Parta- geons-le par trois diamètres qui divisent sa circonférence en six parties égales, et sur chacun des point de rencontre, entre la circonférence et les diamètres, plaçons un cercle tangent au pre- mier. Soient B et C de ces cercles. Joignons leurs trois centres par les lignes cd, cf, df, et nous aurons le triangle def qui est un triangle isocèle, vu que cd — cf —2r. Donc les angles cdf, cfd sont égaux ; mais le troisième angle def —60°, donc les deux premiers sont aussi chacun égaux à 60°, par conséquent le triangle est équilatéral et df—2 rayons, donc les cercles Bet C sont tangents. Le même raisonnement pourrait s'appliquer aux quatre autres cercles entouranis ; les cercles sont donc tous tangents deux à deux (fig. 2). Supposons maintenant que la fig. 2 représente la coupe trans- versale de sept cellules cylindriques, dont une centrale et six groupées régulièrement autour d'elle. L’inspection seule de la figure montre que ces sept cylindres se toucheront tous deux à deux selon une ligne, et c’est le cas dans un groupe d’alvéoles ébauchées dont le fond est souvent rond et moins large que la bouche. Les cellules doivent maintenant et s’allonger et devenir plus larges. Évidemment, aucune des alvéoles ne peut s’élargir aux points tangents a, b, c, d, e, etc., sans déplacer ce point commun à deux cellules et sans rétrécir l’une d’elles. Mais cha- ne. 0) Los cune d'elles pourra s’élargir dans tout autre point de la circonfé- rence au détriment des triangles perdus entre les cercles. Cha- cun de ces triangles est enfermé entre trois cercles ; or, si la paroi qui suit la circonférence de chacun de ces cercles est écar- tée de son centre d’une manière parfaitement égale pour chacun d’eux, point par point, à partir du point tangent, les parois des deux cercles suivront toutes deux la tangente commune aux deux circonférences (fig. 1); les parois ba, bs, refoulées plus loin de leur centre, suivront toutes deux la tangente bo. A par- tir des trois points tangents des trois cercles a, d et s, les parois se placeront sur les trois tangentes bo, ao, so et chaque cercle se sera exactement augmenté du tiers du triangle perdu. Mais comme le cercle central est entouré par six cercles tangents qui enferment six triangles perdus, à propos desquels on peut faire le même raisonnement, le cercle central se sera augmenté de six petits triangles, et sa circonférence se sera confondue avec les six tangentes menées aux extrémités des trois diamètres qui partagent le cercle primitif en six parties égales. Chacune de ces tangentes représente le côté d’un hexagone régulier circonscrit, donc le cercle se sera transformé en hexagone. Ce qui est vrai pour le cercle central, l’est aussi pour les cercles entourants, pourvu qu’ils soient en contact avec d’autres cercles, de façon à en être complétement entourés. Les circonférences de ces cercles pe représentent que la coupe des parois des cellules ébauchées ; et leur transformation graduelle en polygone représente ce qui se passe lorsque les alvéoles se complètent et s’élargissent au détri- ment de leur forme. Si l’on a bien suivi ce qui précède, on comprendra que pour terminer en prisme une alvéole ébauchée en cylindre, il suffit à la guêpe d’être douée d’une assez grande exactitude pour ne pas empiéter, en bâtissant, sur une alvéole à l'avantage d’une autre ; en d’autres termes, il lui suffit de partager les triangles perdus en trois parties égales pour ajouter chaque tiers à chaque cellule voisine. Si elle possède cette exactitude de coup d’æil, elle suivra la tangente sans s'en douter et simplement parce qu’elle n’a aucune raison pour ne pas la suivre, vu que ce SARA chemin est ie plus simple de tous; il ne lui faut pour cela aucune science dans son instinct (1). Certaines guêpes, comme les Polistes par exemple, travaillent de la manière suivante ; elles donnent à la base de leurs alvéoles une forme circulaire, puis elles les terminent en prismes hexa- sonaux et arrivent à cette dernière forme par une espèce de tâtonnement. D’autres guêpes ont tout acquis dans l’instinct ce que celles-ci apprennent par la nécessité d'augmenter le vo- lume de leurs cellules, et donnent d'emblée aux premiers rudi- ments de leurs alvéoles la forme hexagonale ; telles sont les Vespa et les Phragmocytiares en général. On pourrait dire que, dans leur manière de travailler, elles veulent, par économie de place, éviter le triangle perdu et qu’elles rapprochent suffisam- ment les cercles des cellules primitives pour que ce triangle disparaisse. Dans cette supposition, les cercles se couperont par arcs égaux, chacun au sixième de leur circonférence (fig. 3). Alors, au lieu d’éleverdes parois qui se coupent, les guêpes pren- draientleterme moyen, et suivraient dans leur tracé les cordes qui joignent les points d’intersection, d’où naîtrait encore l’hexa- gone régulier. 2° Des rayons. Que la cellule primitive soit cylindrique ou prismatique, le rayon est toujours un disque polygonal, car c’est à cette forme que conduit le groupement régulier d’un grand nombre de cylin- dres. Lorsque les cellules ont une forme légèrement conique, le disque qui doit naître de leur assemblage aura pour base une surface gauche en forme de calotte sphérique. Du reste, il im- porte fort peu qu’il en soit ainsi, car le même raisonnement peut s'appliquer à tous les rayons, soit qu'ils suivent dans leur déve- loppement une surface plane ou une surface sphérique. Mais (1) Il est inutile de s’arrêter à réfuter l’absurde assertion de Harris, que les guêpes mesurent leurs cellules à la longueur de leurs antennes et se servent de ces dernières à titre de tiges graduées dont les graduations seraient représentées parles articles deces organes !! — AR AE— lorsque le rayon est parfait, c’est-à-dire composé d'éléments nombreux, les cellules ont toujours la forme prismatique, et la coupe représente invariablement une mosaïque à éléments hexa- gonaux. Ceci ne change absolument rien au fait mathématique, puisque, comme il a été montré plus haut, les hexagones se groupent, les uns par rapport aux autres, selon des loïs identiques à celles qui règlent l’arrangement des cercles. La première cellule construite, celle autour de laquelle se groupent toutes les autres et qui, par suite, se trouve occuper le centre du rayon, sera désignée sous le nom de cellule nu- cléale (fig. A). Autour d'elle, il s’en groupe six, comme je l’ai montré plus haut, qui sont placées aux extrémités des trois dia- mètres par lesquels la circonférence de la cellule nucléale est partagée en six parties égales. Si l’on prolonge indéfiniment ces diamètres, on verra que sur chacun d’eux vient se placer un chapelet d'alvéoles ou de cercles tangents deux à deux et dont les points tangents coïncident avec les points d’intersection des diamètres prolongés et de leurs circonférences. Cette proposition est trop claire pour exiger aucune démonstration. Les six séries divergentes de cellules qui rayonnent ainsi de la cellule nucléale, forment les six rayons mathématiques (4) du gâteau qui partagent sa circonférence en six parties égales et enferment entre eux six triangles égaux. On peut leur donner le nom de séries rayonnantes. Chacun des triangles qu’elles en- ferment est un tout idéal qui se trouve répété six fois dans le gâteau. Il suffit donc d’en examiner un seul pour les connaître tous. L’angle compris entre deux séries rayonnantes est rempli par un triangle d’alvéoles rangées selon les nombres 1, ®, 8, k, etc., si on les prend par séries parallèles à la circonférence du gâteau, ou par cicles s’écartant du centre. Sur la figure 4, chaque eicle porte ses numéros d’ordre. Ceci montre de quelle manière on peut calculer le nombre de cellules que compte un gâteau. Laissant de côté la cellule nu- (4) I s’agit ici d’un rayon de cercle, non d’un rayon d’alvéoles ou gâteau. EN, OU EE cléale, on peut considérer chaque secteur comme composé : 1° d’une série rayonnante ; 2° du triangle intercalé, qui repré- sente une progression arithmétique dont la raison est un et dont le nombre des termes est égal à celui des cellules qui composent la série rayonnante, moins une. Soit » le nombre des cellules de la série rayonnante,; celui des cellules du triangle sera : n/21{n 1) auquel il faut ajouter celui que renferme la série, savoir n, donc : n/2 (1 + n;. Le nombres des cellules contenues dans le gâteau tout entier sera représenté par six fois cette quantitée plus la cellule nucléale, c’est-à-dire : on (l+n) +1 Si de ce gâteau idéal on passe au gâteau réel dont les cellules sont hexagonales (fig. 5), on n’y remarquera aucune différence, quant au résultat. Les cellules des rangées rayonnantes sont précisément celles qui, sous la pression théorique, cause de la transformation en hexagones, auraient seules agi sur la cellule nucléale et auraient agi dans le sens des diamètres qui joignent les points de tangence et déterminent la direction des séries rayonnantes. L’aplatissement, avons-nous vu, donne naissance à une facette perpendiculaire à ces diamètres, d’où il résulte que les alvéoles constituantes des séries, se trouvent placées bout à bout, côté contre côté ; les triangles intermédiaires suivent aussi exactement la même loi que précédemment, mais ils sautent aux yeux avec moins d’évidence à cause de l’engrenage de leurs angles avec ceux des séries. Pour trouver le nombre n, il suffira de prendre le gâteau au point de sa plus grande largeur et de compter les alvéoles dispo- sées sur la série qui dessine son diamètre. Si ce nombre est x, n sera égal à x — 1/2. Mais on n’arrivera jamais dans le calcul des alvéoles qu’à une approximation, vu que le gâteau est rare- ment parfaitement régulier, et d’ailleurs, il n’est jamais polygo- pal; les guëpes l’arrondissent, comme de juste, par l’addition de Me. C0, 0 1 Qi quelques cellules sur les côtés de l'hexagone, pour cette raison, probablement, que l'enveloppe du guêpier circonscrit ainsi plus d'espace avec les mêmes matériaux. Le gâteau est partagé en six triangles égaux par les diamètres primitifs prolongés jusqu’à ses angles. On peut dire qu’il se com- pose de ce triangle six fois répété (fig. 4) et se représenter un gâteau simple uniquement composé de ce triangle élémentaire ; seulement pour qu'il puisse exister, il faudra lui ajouter la se- conde moitié des cellules des deux séries qui le bordent et la cellule nucléale, toutes partagées par les deux demi-diamètres qui le dessinent. Ce gâteau élémentaire n’est point une fiction théorique, mais se trouve réalisé dans la nature, comme nous aurons plus d’une occasion de le montrer plus bas. Dans le triangle élémentaire, on peut nommer séries longitu- dinales celles que forment les cellules parallèlement à une des séries rayonnantes, et séries transversales celles que l’on peut tracer paraïlèlement à la base du triangle dont la cellule nucléale forme le sommet. Dans le rayon élémentaire, ces séries transversales vont croissant selon les nombres 1, 2, 3, 4, 5, elc., mais le gâteau est toujours terminé irrégulièrement par un ajouté qui s’arrondit et transforme le triangle en secteur de cercle. Quel- quefois le triangle élémentaire n’est pas entier ; il lui manque un de ses angles par suite de l'absence des dernières séries longi- tudinales (fig. 4, d, ce, b, a). Cette décroissance peut même être poussée si loin qu’il ne reste du gâteau qu’une des séries rayon- nantes (D) et sa série parallèle voisine qui, elle-même, est in- complète. D’autres fois, il existe plus que le triangle; une série longitudinale lui est annexée (r), en sorte que la première série transversale se compose de deux alvéoles. Des séries longitudinales peuvent être retranchées d’un côté et ajoutées de l’autre, ce qui donnera la forme esovt; deux triangles élémentaires peuvent être réalisés ensemble, ou enfin on peut avoir le gâteau polygonal tout entier, mais auquel il man- queraitles dernières séries transversales de deux ou trois triangles élémentaires juxtaposés, ce qui donnera ur gâteau excentri- * 3 LA RUN que, etc. Les combinaisons possibles sont infiniment nom- breuses ; on pourrait toutes les désigner par des formules mathé- matiques, mais ce sont là des spéculations de l'esprit plus amu- santes qu'utiles et que je ne poursuivrai pas au delà deces limites. CHAPITRE V. CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES SUR LES DIVERS MODES DE NIDIFICATION ET CLASSIFICATION DES GUÉPIERS Les auteurs qui ont étudié les ouvrages des guêpes, et décrit les étonnants édifices qu’elles se construisent, ont en général traité le sujet en simples curieux de la nature, en décrivant seulement, tels qu’ils leurs tombaient sous les yeux, les nids de ces insectes. Chacun s’est borné à observer des faits et des objets isolés, aucun d’eux n’a cherché à s'élever à des considé- rations plus générales et à un examen d'ensemble destiné à mettre au jour les lois qui régissent cette nidification. Il est vrai que, pour arriver à ce résultat, il eût été indis- pensable d’avoir à sa disposition une collection de matériaux que personne n’a pu réunir Jusqu'à présent; mais on a lieu de s'étonner cependant qu'aucun observateur n’ait songé à mettre en regard les différents travaux exécutés de part et d'autre, et à soumettre à une analyse judicieuse les divers principes dont on peut constater la prédominance dans l’économie des guêpes. Il n’est pas jusqu’à l’inimitable Réaumur, dont le livre est cependant un trésor où il a versé toutes les richesses de son génie, qui n’ait aussi négligé ce côté de la question. Il a étudié les guêpes avec la rare sagacité qui lui était propre, mais ses nan 0.2 9.) ls observations sont demeurces à l’état de matériaux dispersés faute d’un lien commun; plusieurs difficultés n’ont pas même été entrevues par l’auteur, parce que, ne voyant dans la diver- sité des modes de nidification qu'un caprice de la nature, il n’a pas songé un seul instant qu'elle pût être expliquée et com- mentée à l’aide de l'hypothese d’un système complet, d’un ordre régulier dans cette partie de la création. De Geer, de son côté, en continuant l’œuvre de son devan- cier a fort peu ajouté aux éléments déjà connus de l’histoire de la nidification des guêpes. Enfin, depuis ces deux grands observateurs, cette branche de l’entomologie est restée pour ainsi dire stationnaire; ses progrès se bornent à l’acquisition à la science de quelques points de détail et à la description isolée de quelques nids jusque- là inconnus. : Je vais donc chercher à montrer certaines relations théo- riques qui ont échappé aux investigateurs. Je m'’attacherai sur- tout à faire comprendre que les modes très différents de nidifi- cation des guêpes ne sont pas de simples caprices accidentels de la nature, mais bien les termes divers d’un plan unique, unis par des rapports du même genre que ceux qui relient les animaux entre eux, et dont les apparences variées ne sont que le résultat de transformations théoriques, semblables à celles que l'étude de l'anatomie a démontrées dans l’organisation des êtres (1). ART. I. Du rapport entre les formes des nids et la nature variée de leurs artisans. La forme des organismes étant étroitement liée à leur mode (1) La plupart des faits qui suivent ont éié établis dans mon mémoire intitulé : Nouvelles considérations sur la nidification des guëpes, publié dans la Biblio- thèque universelle de Genève, février 1855, reproduit dans les Annales des Sciences naturelles, 1855, MA XXVI == d'application, il est évident que les différences de struciure dans les organismes doivent correspondre à des différences ana- logues de leur usage et de leurs productions, et que les résultats de la mise en œuvre des instruments divers doivent pouvoir être classés en groupes naturels, corrélatifs à ceux établis parmi ces instruments dont ils sont, pour ainsi dire, la traduction dynamique. Cette concordance logique et nécessaire existe si bien, que souvent on a vu la classification chercher ses points d’intersection et ses caractères dans l’étude des produits plutôt que dans celle des organes, et trouver un appui plus solide dans les résultats que dans les causes qui les engendrent : c’est à cette manière de procéder que plusieurs classes d’insectes ont dû leurs dénominations, et, pour n’en citer qu'un exemple, c’est ainsi qu'on à distingué les guêpes sociales des guêpes soli- taires. Je ne crois pas néanmoins, quel que soit l’usage qu’on en puisse faire dans certains cas particuliers, que les mœurs des animaux offrent un degré de fixité suffisant pour qu’elles cons- tituent un ensemble de caractères susceptible de servir de base à une distribution naturelle des espèces. Rien, en effet, n’est plus frappant que la singulière diversité par laquelle, en mainte occasion, en voulant généraliser ce système, on arriverait infail- liblement à placer fort loin les uns des autres des animaux tout voisins. Je crois donc que, pour être dans le vrai et né pas dépasser les limites d’une sage application, il ne faut faire de l’étude des mœurs qu’un auxiliaire de la méthode naturelle; elle ne peut lui servir de base, mais son rôle est encore assez important, si, par ce moyen, on arrive à étayer solidement les faits tirés de l’organisation par une concordance judicieusement établie. Il est une circonstance que l’on ne doit pas oublier pour pouvoir apprécier sainement la valeur des caractères offerts par l’organisme, à côté de celle des caractères que les mœurs peuvent fournir : on comprend aisément que les premiers, qui dépendent de la forme, du nombre, de la présence ou de l’ab- sence de certains instruments physiologiques, présentent une Er MARIE —— netteté relative bien plus grande : ce sont des faits permanents, soumis à l'appréciation de nos sens et dont l’observation, par conséquent, ne prête guère à l'erreur; les caractères fournis par les mœurs n'existent au contraire comme faits que dans notre esprit, et sont le produit de l’examen rapide et difficile des mouvements fugitifs de certains organes, que nous sommes obligés de chercher au hasard et que nous ne découvrons sou- vent qu'après une longue série de tentatives infructueuses. Il est des cas cependant, où, par suite d’une grande unifor- mité de structure, les faits anatomiques manquant pour établir des sections, les faits moraux présentent, malgré cette unifor- mité extérieure, des différences si notables, qu'ils exigent des divisions parmi les êtres les plus voisins. C’est ainsi que les guêpes sociales ne diffèrent presque des solitaires que par leurs mœurs, si bien que Fabricius, cet habile naturaliste de cabinet, n’a pas su les distinguer. Ces remarques viennent, d'une part comme de l’autre, à l’appui de l'importance qu’il faut accorder aux caractères mo- raux; nous allons, du reste, montrer de quelle utilité ils peuvent être, en esquissant à leur aide une théorie de la nidifi- cation des guêpes. Naturellement, ce genre d’observations four- nira ses données les plus instructives en étant appliqué aux guêpes sociales, dont un des attributs est d'établir des cons- tructions admirablement variées. ART. Il. Des deux modes principaux de nidification. Je suppose connu l’arrangement d’un guépier. Il’ ‘consiste toujours dans l’ensemble d’un certain nombre de gâteaux ou rayons parallèlement disposés, chacun de ces gâteaux étant formé de l’agglomération d’une grande quantité d’alvéoles papy- racées, le tout étant ou non enveloppé d’un manteau d’une matière analogue à celle qui sert à la construction des alvéoles ou d’un carton d’une consistance plus ou moins solide, XX AMNIIL = Des caractères qui servent à classer les nids. 4. Il suffit d’avoir jeté un coup d’æil sur des guêpiers origi- naires des divers continents, pour s’apercevoir qu’il règne dans leur établissement des différences assez considérables. En effet, les uns sont protégés par une enveloppe dure, les autres par de simples feuilles d’un mince papier, d’autres enfin montrent leurs alvéoles complétement à découvert. Ces différences ne sont pas des variations accidentelles : chacune correspond à un mode de nidification parfaitement fixe, parce que les guêpes ne construisent jamais au hasard, mais qu’elles sont guidées par des principes particuliers qui varient selon les espèces ; chaque espèce crée des guêpiers toujours identiques entre eux, mais différents de ceux des autres espèces : les nids peuvent donc être étudiés comme des objets spécifiquement distincts. 2. Examinés avec attention, tous les guëpiers sans excep- tion, même des natures les plus diverses, présentent des cellules toujours établies sur le même plan. Cette portion de leur archi- tecture n'offre donc aucun caractère à utiliser pour la distri- ‘ bution des espèces : il en est tout autrement de la partie qui enveloppe les rayons (là où elle existe, car elle manque entiè- rement dans bien des cas). On pourrait donc, par l'inspection de ce seul caractère, res une première division, une catégorie contenant les guëêpiers dé- couverts, une autre catégorie embrassant les guêpiers revêtus, d’une enveloppe; mais cen’est point là le seul mode de distinc- tion possible : les guëpiers diffèrent encore notablement dans. leur forme extérieure, leur disposition intérieure, la nature de leur tissu, leur station, le nombre de leurs rayons, elc. (1). 3. En examinant chacun de ces caractères pour en déter- miner la portée, on arrive aux conclusions que voici : les (1) C’est sur ce dernier caractère que Latreille a voulu baser sa division en espèces ; mais il est facile de reconnaître qu'il ne présente rien de solide, ce: nombre variant avec l’âge du guép'er. ER formes et le nombre n’ont rien de suflisaminent certain ; ils constituent du reste, en général, en zoologie, un caractère d’une valeur très minime; la nature du tissu dépend, le plus souvent, du genre des matériaux, nécessairement très variables, que l’insecte trouve à sa disposition; la différence entre les nids nus et les nids habillés ne consiste que dans l’absence ou la présence d’une pièce (le manteau), mais ne repose point sur une diversité dans le principe de leur architecture ; la disposi- tion intérieure, au contraire, est le résultat d’un mode particu- lier de construction et les différences qu’elle offrira seront donc celles auxquelles il faudra s’arrêter avant tout. h. Il est évident que, pour arriver à une appréciation parfai- tement nette des diverses nidifications, il faudrait pouvoir suivre les insectes dans le développement successif de leurs travaux et assister à la construction de leurs demeures, depuis la première pièce jusqu’à la dernière; c’est ainsi seulement qu’on trouverait d’une manière assurée le nœud de nombreuses difficultés qui se présentent à l'observateur réduit au simple examen anatomique des corps arrivés à leur état parfait. Malheureusement, il n’est pas possible de saisir cette série de transformations ; le plus grand nombre des nids qui sont soumis à l’investigation du naturaliste lui viennent de pays éloi- gnés, théâtre sur lequel il ne peut se transporter; et ceux mêmes placés à notre portée immédiate, ceux qui peuplent nos campagnes, ont été observés si superficiellement, qu’on ne connaît pas encore, à vrai dire, leur mode d’accroissement. Le défaut de connaissances physiologiques (si l’on peut s’ex- primer ainsi) force donc à s’en tenir au procédé relativement incomplet de l’étude anatomique des guêpiers, et à déduire de l'inspection attentive de leur charpente les lois qui régissent leur construction. En procédant par cette voie, on trouve que les guëêpiers peuvent se diviser en deux grandes catégories principales, au- tour desquelles viennent se grouper la presque totalité de leurs combinaisons variées. Du premier mode de nidification, ou des nids indéfinis. 5. Un premier iype se rencontre dans certains guêpiers exo- tiques, déjà connus fort anciennement, et qui sont l'ouvrage des insectes du genre Chartergus (pl. XXXV,-fig. 8). Ceux-ci sont composés d’une enveloppe plus ou moins cylin- drique, fermée de toutes parts (1), percée seulement d’un trou qui établit la communication avec l'extérieur (e) ; l’intérieur est partagé en loges par des cloisons parallèles horizontales qui sont en connexion intime avec le tissu de l’enveloppe ; les cloi- sons sont toutes joue d’un trou correspondant à celui de l'euveloppe, et servent à supporter les alvéoles dont l’assem- blage forme les rayons (fig. 6, 7, 8). A première vue on est tenté de considérer les nids de ce genre comme cloisonnés, non comme édifiés par étages successifs : c’est ce qu'ont fait quelques auteurs. Un coup d’œil attentif sur une coupe apprend que les différents tronçons de l'enveloppe cylindrique ne forment pas un tout continu, mais que les fibres du carton d’un tronçon se prolongent avec la cloison placée au-dessous, en sorte que le premier étage (2) a dû être construit de toutes pièces avant que le second fût commencé. À ce moment-là, le premier étage devait représenter un nid complet à une seule loge (fig. 6), et ce qui s'appellerait la première cloison (fig. 8 aa) dans un lan- gage moins exact, n'est donc autre chose que la portion infé- rieure de l'enveloppe. Au-dessous de cette première chambre, il s’en élève une seconde par la construction d’un nouveau tron- con du cylindre et d’un disque terminal qui le clôt au-dessous (fig. 7). Et s’il s’en ajoute de la même manière plusieurs autres, on aura un nid du genre de celui que représente la figure 8, En même temps, à mesure que la portion inférieure de l’enve- loppe du nid se transforme en une cloison intérieure par l’addi- (1) Les figures qui se rapportent à ce chapitre sont purement théoriques ; elles ont uniquement pour but de faire comprendre le principe de la nidificatien, et ne représentent point des nids véritables. (2) C'est-à-dire l'étage supérieur, car c'est celui-là qui tient au point d'appui. CT 4.10) tion d’un nouvel étage, elle se charge plus ou moins d’alvéoles : chacune des cloisons sert successivement ainsi de plancher à un gâteau de cellules. Il existe, en outre, un autre fait qui conduit directement à la même conclusion que l'examen attentif de la charpente du nid: je veux parler de la circonstance qu’on trouve de ces nids de différentes grandeurs à différentes périodes de leur agrandisse- ment; or, ils sont toujours également larges à la base, mais de longueurs très variables, et cette dernière dimension est tou- jours proportionnelle au nombre-de chambres que porte le nid: Ces guëpiers (du reste très communs dans les collections) repré- sentent donc les états différents d’un même édifice; par consé- quent, il ne serait point logique de les considérer comme une maison allongée coupée par des cloisons ; on doit, au contraire, les comparer à une maison bâtie étage par étage, chaque étage étant recouvert d'un toit sur lequel s’édifie le suivant. 6. J'ai donné à cette catégorie de guëpiers le nom de Phrag- mocyttares (1), et, par ce terme, je désigne non-seulement les nids, mais aussi leurs artisans ; ceci ne peut être la source d’au- cune confusion, puisqu'on dira, d’une part: nid PpHONre de l’autre: insecte phragmocyttare. 7. Si l’on a bien compris ce que je viens d’exposer, il sera facile d'en déduire les conséquences: | 1° Dans un nid phragmocyttare, l'enveloppe sera toujours en continuité de tissu avec les cloisons qui le partagent, et ces cloisons seront percées d’un trou qui établira la communication d'une chambre à l’autre. 2 La portion terminale du nid, après avoir servi d’enve- loppe inférieure ou plutôt après avoir fait partie de l'enveloppe, devient partie interne et sert à son tour à supporter des alvéoles. 11 ya donc,dans ce genre de construction, une grande simpli- (1) Préyuæ, cloison ; «ürr2p0y, gâteau de miel, nid. Ge nom, comme on le voit, n’est pas bien choisi ; il aurait été préférable de rappeler plutôt l’idée de nid à chambres ; mais commeil exprime bien au fond l’état anatomique de ces consiruc- tions, je ne crois pas devoir le changer. NO cité théorique et économie de travail, en ce sens que l’insecte trouve un plancher tout construit lorsqu'il veut établir un nou- veau rayon. Il est vrai qu’en revanche il doit bâtir une nouvelle enveloppe inférieure; néanmoins, il ne faut pas s’abuser sur l'étendue relative de ce dernier travail, bien qu’au premier abord il puisse paraître qu’il serait moins laborieux d'établir premièrement une autre enveloppe extérieure, puis de la cloi: sonner, parce que des cloisons minces semblent moins dispen- dieuses à établir qu’une série d’épaisses enveloppes inférieures. En effet, pour que le travail soit le moins considérable possible, et exige le moins possible de matériaux, le nid doit être aussi petit possible, et, par conséquent, il sera calculé de façon à renfermer juste le nombre d'habitants qu’il doit abriter. Or, la société allant toujours croissant, il est évident qu’à chaque accroissement elle réalise une économie de temps, de travail et de matériaux, à pouvoir construire une nouvelle chambre sans rien détruire, ce qu’elle serait obligée de faire avec l’autre système. 3 L’accroissement se fera toujours dans un même sens (fig. 8), par exemple, de haut en bas, en longueur; la largeur restera immuable, puisque les parties qui constituent cette dimension ne sont plus, une fois établies, ni remaniées, ni aug- mentées. 4 Grâce à l'identité des parties internes et des parties externes, ainsi qu'à leur mode d’accroissement, les guêpiers phragmocyttares sont toujours simultanément achevés et incom- plets ; achevés, parce que, à quelque période de leur existence qu’on les surprenne, ils offrent un tout parfait; incomplets, parce qu’ils sont continnellement, quel que soit l’état de leur déve- loppement présent, susceptibles de l’adjonction de nouveaux étages. C’est en considération de cette propriété de s’accroître indé- finiment, que je nomme leur mode de construction la nidifica- tion indéfinie, de même qu’en botanique on appelle inflorescence indéfinie, une inflorescence telle, que, par suite de la disposition des axes floraux, la floraison peut se produire indéfiniment. NX EIRE 8. Les deux désignations de nids phragmocyttares et de nids indéfinis sont donc synonymiques et caractérisent également le premier mode de nidification. Celui-ci se subdivise en plusieurs variétés que je ferai connaître après avoir décrit le second mode. 9. Dans l'exposé qui précède, je n’ai pu parler d’une ma- nière parfaitement générale, parce qu’en histoire naturelle on ne peut, comme dans les mathémiques, procéder par formules algébriques ; j'ai dû, pour fixer les idées, prendre une forme de nid particulière, et j'ai choisi la forme cylindrique comme la plus simple, Tout ce que j'ai dit ne pourrait donc s’appliquer avec la même rigueur à toutes les variétés de nids phragmo- cyttares; mais il me sera facile, en avançant, de rectifier dans chaque cas spécial ce que peuvent présenter de trop absolu les considérations que j'ai émises, en m’attachant uniquement à la forme cylindrique. Du second mode de nidification, ou des nids définis. (PI. XXXVID. 10. Ce mode est commun chez les guêpes de l’ancien conti- nent, et notamment chez celles de nos contrées. Ici l’on ne voit plus construire une première chambre qui sert de base ou de noyau à un développement ultérieur ; l'appa- reil est différent, il présente un simple rayon de cellules dispo- sées sur un plan horizontal (fig. 10 ab). Au-dessous de ce premier rayon, il s’en bâtit un autre (cd), et comme il n’existe dans ce cas aucune enveloppe, aucune cloison intérieure qui puisse lui servir de support et le joindre au premier, la nature y supplée par des espèces de colonnes qui, s’attachant à l'un et à l’autre, les unissent et les tiennent en même temps à distance. Au-dessous de ce second rayon, il s’en construira un troisième, relié au précédent de la même façon, et ainsi de suite, Dans certains cas, ces nids sont protégés par une enveloppe celluleuse (fig. 11), percée d’un ou plusieurs trous (e) et c'est XIV ce genre que Je choisirai comme type du second mode de nidi- fication, parce que c'est celui qui est le plus complet et qui constitue la demeure la mieux établie. 11. En comparant ces nids aux phragmocyttares, il est facile de reconnaître que d'importantes différences les distinguent entre eux. Comme eux, ils offrent une enveloppe générale ren- fermant des rayons parallèles ; mais ici l'enveloppe est entière- ment indépendante des rayons, et ceux-ci, au lieu d’être soutenus par ses dépendances, le sont par des pièces fabriquées ad hoc, par les piliers décrits ci-dessus. En raison de cette cir- constance, j'ai nommé stélocyttares (1) les nids de cette seconde catégorie. 12. Outre les différences essentielles qui viennent d’être mentionnées entre ces deux modes de nidification, il en est plusieurs autres que la comparaison permet de déduire aisé- ment : 1° À Ja rigueur, un stélocyttare peut se passer de son enve- loppe, puisqu'elle est indépendante des rayons, tandis qu’elle est indispensable dans les phragmocyttares, où le manteau éta- blit seul leur cohésion. Chez ces derniers, les rayons n’existent pour ainsi dire que par suite de l'enveloppe; chez les premiers, au contraire, l'enveloppe n’est qu’une PIÈEe additionnelle ajoutée pour la protection des cellules. 2° Dans cette seconde catégorie, chacune dei ses deux parties a un rôle particulier et distinct ; : le manteau ne sert que comme enveloppe ; il y a, par conséquent, une plus grande division du travail: mais il serait difficile de dire que ce fût ici un élément de supériorité. En effet, si les guëêpiers stélocyttares sont établis à moins de frais que les phragmocytitares, puisqu'ils n’exigent pas ce gaspillage des matériaux, si évident dans l'épaisseur plus que superflue des cloisons, ils exigent un travail de plus. On ne sait ce qu’on doit admirer le plus, de ce procédé qui économise ingénieusement le travail, en profitant des parties (1) Zr#», colonne ; xérrapos, rayon, nid. AMEN — externes, devenues inutiles; pour en faire le support des rayons intérieurs, ou de l’industrie peut-être moins savante des autres, mais plus économe de matériaux. Quoi qu’il en soit, cette double solution d’un problème difi- cile montre une fois de plus combien le Créateur s’est plu à varier à l'infini toutes les productions de la nature. 3° Ces guëpiers sont parfaitement définis, car une fois les rayons intérieurs établis et l’enveloppe close de toutes parts, le nid ne s'accroît plus; aussi la dénomination de nid ou guépier défini sera-t-elle le synonyme de stélocyttare, de même que celle de guêpier indéfini l'était de phragmocyttare. 4° Tandis que dans les phragmocyttares les rayons sont per- forés pour la communication d’un étage à l’autre, chez les stélo- cyttares la communication se fait par les vides laissés entre les rayons et l'enveloppe; en d’autres termes, dans les premiers elle est centrale, dans les seconds elle est périphérique. 13. Une fois ces différences comprises, ainsi que les bases des deux systèmes opposés, il sera facile de reconnaître auquel des deux groupes appartiendra chaque nid soumis à l’obser- vation, et l’on ne sera point induit en erreur par des apparences extérieures souvent trompeuses ou tout au moins embarras- santes. De la nomenclature des quëpiers. Ah. Jusqu'ici je me suis servi, dans l’exposé des faits qui sont relatifs à la nidification, de termes très arbitraires, parce qu'il ne m'était pas possible d'en fixer la valeur sans avoir préalablement fait connaître les objets qu’ils doivent désigner ; maintenant, et avant d'aller plus loin, je dois en préciser la signification, afin d’écarter le vague des expressions que j'aurai à employer. IUT L'ensemble d’un certain nombre de cellules disposées sur une surface quelconque se nomme rayon ou gâteau. Nous nommerons entrées les trous qui servent à la communi- cation entre l’intérieur du nid et l'extérieur. = XENR Termes applicables aux phragmocyttares. (PL XXXV). Quoique je me sois servi souvent des termes enveloppè, man- teau, il n’existe à vrai dire rien de semblable dans le guêpier, puisque toutes les parties de la charpente se confondent, et que les séparations intérieures appartiennent à un même tout qui forme en même temps ce qui se voit à l'extérieur. Mais comme l’idée de cet ensemble extérieur peut devoir être exprimée, il est bon de conserver à cet effet le mot d’enveloppe, mais sans perdre de vue le côté arbitraire de cette désignation. Je nomme chambre chacun des compartiments du nid consi- déré isolément : ces diverses chambres seront numérotées de haut en bas en suivant l’ordre de leur construction successive. Ainsi la première chambre sera celle qui aura été formée la première ; la seconde sera celle placée immédiatement au-des- sous; la dernière, celle de l'extrémité inférieure du nid. La paroi cylindrique qui limite chaque chambre sur les côtés est la muraille (fig. 7, ac). Le plan supérieur est le plancher (b) et l'inférienr le plafond (d) ; en effet, dans un guépier tout est ren- versé : les cellules sont dirigées de haut en bas, et c’est le plan supérieur qui leur sert de base. Le plancher de la première chambre est aussi celui de tout le nid; mais comme il prend ordinairement une forme particulière, il exige peut-être un nom spécial. De même le plafond de la dernière chambre est celui de tout le nid; mais à raison du rôle qu'il joue comme partie de la surface extérieure, je le nomme toit. Le toit est percé de l'entrée. Chaque plafond est d’une manière semblable traversé par le trou de communication. Enfin, on peut nommer éfage, au point de vue général, cha- cune des chambres en cheminant du bas vers le haut, dans le sens que suit l’insecte lorsqu'il pénètre de l'extérieur jusqu’à la première chambre; on pourra donc dire monter ou descendre les étages, maïs il ne faudra pas se servir de ce mot en l’accom- pagnant de numéros qui commenceraient au bas pour finir en ee. à L) 4) | Gone haut, parce qu’ainsi le premier étage serait précisément le dernier bâti; dans ce cas, et pour indiquer un compartiment particulier ou dans sés rapports avec les autres, il faudra employer le terme de chambre. Termes applicables aux stélocyttares. (PL. XXXVID. Les piliers (fig. 10, 41) sont ces petites colonnes qui relient entre eux les rayons. Celui qui sert à attacher le premier rayon est le pédicelle; il exige un nom particulier, parce que, dans cer- tains guêpiers, il prend un développement exceptionnel et sou- vent très considérable. L’enveloppe (fig. 11) est la couche celluleuse et foliacée qui recouvre les rayons et les renferme dans la cavité qu’elle cir- conscrit. Souvent ceite enveloppe prend une étendue considé- rable, et ressemble plus un à amas qu’à une couche de substances papyracées; dans ce cas nous ne lui conservons pas moins le même nom. ART. I. Classification des phragmocyttares ou nids indéfinis. (PI. XXXV). Division en deux sections. Un nid indéfini est zoologiquement caractérisé comme suit : Nid toujours protégé par une enveloppe extérieure; offrant dans son intérieur une ou plusieurs chambres séparées par des cloisons (plafonds) perforées, qui supportent les rayons, sans qu’il existe aucun espace libre entre l’enveloppe et les rayons. Comme avant d'aborder les détails qui vont suivre il est absolument nécessaire d’avoir bien saisi le mode d’accroisse- ment des phragmocyttares, je vais y revenir encore ici. Le nid représenté dans la figure 8, et qui m’a servi de type pour la description des guëpiers de ce groupe, était, si l’on s’en sou- vient, un cylindre terminé à la partie supérieure comme à la — XEVIIL — partie inférieure par un disque plan (plancher et toit) ; mais cette forme est complétement idéale, et je l’ai choisie seulement à cause de sa simplicité, pour m'en servir à établir un principe général. Si, au lieu d’avoir comme première base un plancher circu- laire plan lfig. 6), on a une sphère, cette sphère peut être envisagée comme une modification du plancher circulaire dont les bords se seraient réfléchis sur le centre et soudés, en entraînant dans leur mouvement d’inflexion les cellules du premier gâteau (fig.12); le noyau premier du nid, au lieu d’être un plan de cel- lules, sera une sufface sphérique tapissée de cellules. Le plancher (0° fig. 8) deviendra une sphère; ses bords réfléchis en arrière se sont confondus sur un point de suture théorique, -en sorte que toute la muraille de la première chambre (fig. 8 o’a’) se réduit à une colonne (fig. 9 oa). Le plafond (fig. 8 aa’) parallèle au plancher suivra ce dernier dans son inflexion, s’étendra et se courbera en une autresur- face sphérique parallèle à la premiere. La première chambre (fig. ®) sera donc sphérique, et com- prise entre les périmètres de deux sphères inscrites l'une dans l’autre. Le trou (e) subsistera comme dans le type primitif. Les autres chambres se circonscriront successivement autour de la première, et le guêpier se trouvera composé d’une série de sphères emboîtées, présentant à l'extérieur l'aspect d’une sphère parfaitement énigmatique quant à son intérieur. Le toit formera une véritable enveloppe extérieure de tout le nid, et remplacera entièrement la muraille dans ses fonctions protectrices. Cette dernière se trouvera réduite au rôle d’une simple colonne inté- rieure, ainsi qu'il est facile de le voir a priori. En effet, la mu- raille suivant dans son développement le pourtour du plancher, une fois que ce dernier n’est plus qu'un point, elle-même ne peut plus être qu’une colonne, et en même temps s'explique comment cette colonne est intérieure, tandis que la muraille était primitivement extérieure. Du reste, ce genre de nid pourrait également se déduire du type par une autre transformation, si l’on y voyait un phragmo- mr 0, LI D, ion cyltare à plancher sphérique, le toit étant assez étendu pour former une sphère complète. En suivant la transformation des parties du guëpier de l'extérieur à l’intérieur, au lieu de la suivre de l’intérieur à l'extérieur, on arriverait à un résultat identique. Ces considérations, peut-être un peu abstraites, étaient néces- saires pour rendre compte de l’analogie qui unit au fond deux types en apparence aussi différents. Je nomme phragmocyttares sphériques les nids construits sur le principe que je viens d’expliquer, parce qu’ils croissent suivant les trois dimensions (fig. 9), et phragmocyttares rectilignes, ceux qui m'ont servi de premier type et qui, partant d’une surface plane comme hase, ne se développent que suivant la direction d’une ligne plus ou moins droite. Ces deux dénominations divisent et indiquent les deux sections dars lesquelles se partagent les phragmocyttares. Les sections une fois établies, on pourra les fractionner encore d'après les détails variés de construction qui se mani- festent dans chacune d'elles; en suivant cette voie, on finira par avoir un certain nombre de genres et d'espèces de guëêpiers suffisant pour former une bonne classification ; mais le mot d'espèces ne doit pas être pris ici dans un sens zoologique; en effet, chaque espèce de guêpe n’a pas touiours une nidification assez différente de celle des autres espèces du même genre, pour que, à la seule inspection de ses guëpiers, ils puissent être distingués et immédiatement attribués à l’une ou à l’autre. D'une part, une même espèce zoologique peut admettre dans la construction de sa demeure des formes variables dans une cer- taine limite, comme elle peut comporter l'emploi de matériaux changeant avec les contrées et les ressources diverses qu’elles offrent à l’insecte constructeur. D’autre part, des espèces diffé - rentes, quoique voisines, bâtissent souvent, d’après un même principe, avec des matériaux bruts identiques, préparés et mis en œuvre d’une manière identique. L’espèce dans les guëpiers, représente pour ainsi dire l'espèce morale et ne doit pas être mise en parallèle rigoureux avec l'espèce animale ou zoologique proprement dite. 4 pue a. Des phragmocyttares sphériques. Cette section ne se subdivise pas. Du moins je ne connais qu'une espèce qui lui appartienne, je n’ai donc rien à ajouter à son sujet (fig. 9, 10 et pl. xxxvi, fig. 6). b. Subdivision des phragmocyttares rectilignes. J'ai fait comprendre plus haut que le nid théorique qui sert de type à cette section est entièrement imaginaire, parce qu'il offre des éléments de régularité mathématique absolue qui ne sont point dans les habitudes de la nature ; l’insecte se plie dans la construction de son nid et en subordonne les formes à celles des objets voisins qui le servent ou le gênent : mille autres causes insignifiantes contribuent en outre pour leur part à in- troduire dans le guêpier des irrégularités accidentelles ; il n’y a de régulier que les cellules dont la formation suit toujours avec précision les lois mathématiques. | On distingue dans les phragmocyttares rectilignes deux caté- gories principales de constructions. Dans l’une, le guêpier s'étend en longueur, recoit plusieurs étages : il est toujours suspendu à des branches d’arbre ; c'est le phragmocyttare pro- prement dit. Dans l’autre, le guêpier s’étend plutôt en largeur sur un plan : il ne présente qu’un ou deux étages et adhère à un objet plat; c’est le phragmocyttare imparfait. 1. Genre des phragmocyttares parfaits. (PI XXXVI). Les nids de ce genre sont toujours construits d’un carton solide et d'autant plus ferme que le nombre des étages doit être plus grand. Leur construction commence invariablement par l'établissement d’ane couche de carton (fig. 4, p) qui encroûte une partie de la branche à laquelle doït être suspendu le gué- pier : ce travail achevé, la branche se trouve prise dans un man- chon de carton (p) qu’on peut nommer anneau suspenseur et dont la face inférieure est aplatie de façon à pouvoir se tapisser - LL — d’une couche de cellule qui formera le premier gâteau. Le plan sur lequel repose cette couche (1) sera le premier plancher ; celui-ci une fois établi, le reste de la construction se fait comme il a été dit plus haut, et un nombre plus ou moins considérable de chambres s'ajoutent successivement. 1"° espèce. Elle tient presque le milieu entre les phragmocyttares sphé- riques et les rectilignes. À son origine, le nid croît par sphères concentriques, presque comme un vrai Phr. sphérique, puis les cercles deviennent de plus en plus incomplets et finissent par ne plus être que des calottes sphériques ajoutées à la suite les unes des autres pour former les étages. Le toit est convexe. Dans le seul spécimen que uous connaissions et qui appartienne à cette espèce, l'enveloppe, même le toit, est hérissée d’apo- physes extrêmement curieuses. L’artisan de ce nid est la Polybia scutellaris, White. — (PI. xxxvi, fig. 5). 2e espèce, Le toit est conique et l’entrée est centrale. C’est dire en même temps que les plafonds, et par suite aussi les rayons, sont tous coniques, et que les trous de communication sont centraux. En général, le cylindre est comprimé et la con- figuration dominée par la forme conique, en sorte que le nid s’élargit vers le bas. — Architecture du genre Chartergus, Lepel. (pl. xxx). 3° espèce. Le toit est plan ; l'entrée latérale ; la forme très conique; il s'ensuit des plafonds plans et percés latéralement. Peut-être existe-t-il une différence positive et fixe entre ceux qui ont une forme conique, et ceux qui affectent une forme cylindrique. Ce mode est propre au genre Tatua, Sauss. (pl. xxx1r). h®° espèce. Le toit est en forme de caloite; l’entrée latérale, souvent (1) 00° pl. xxxv, fig. 8. —= Le multiple. Cetie espèce admet diverses variétés, en particulier quant aux matériaux employés dans la construction, j'en ai vu qui étaient bâtis de toutes pièces en argile. La Polybia occiden- talis, que j'ai souvent observée au Mexique, construit son nid selon ce mode et le fait d’un papier assez semblable à celui que fabriquent nos Vespa. »"e espèce. Les formes sont très irrégulières. L’anneau suspenseur est souvent incomplet ou nul; dans ce dernier cas il est remplacé par un simple accolement ; les étages sont peu nombreux; le nid complet revêt une forme plus ou moins ovoïde, ou pyriforme ; le toit est en calotte sphérique, l'entrée latérale ; l’enveloppe est épaisse, souvent celluleuse, et les plafonds sont relative- ment très minces. — Architecture du genre Polybia, Lepel. (pl. xvi, fig. 3, pl. xxix, fig. 2). Cette espèce est la moins bien connue; elle doit probable- ment se subdiviser elle-même. Elle n’est plus exactement phrag- mocyttare, en ce sens que les éléments sont distincts et séparés : la charpente et le mode de construction, moins judicieusement combinés pour un accroissement considérable, limitent à un nombre fort restreint les étages de ces guépiers. Ils se rap- prochent en cela des nids définis, parce que, à une certaine épo- que, on peut les considérer comme complets et parce que leurs parties internes (plafonds) commencent à être distinctes de l’en- veloppe. En effet, lorsque ces guëêpiers ont acquis deux ou trois étages, ils sont devenus pyriformes ou ovoïdes et c’est là que s'arrête en général leur développement ; leur principe de con- struction est toujours indéfini, mais, de fait, ils sont plus ou moins définis. Les plafonds sont très minces ; en cela ils diffèrent de l'enveloppe qui, elle, est très épaisse. Le toit, épais aussi, se confond avec la muraille pour former l'enveloppe extérieure et il diffère beaucoup de chacun des plafonds. Cette espèce admet diverses variétés : certains de ces nids sont en terre, d’autres en carton, d’autres en écorce mâchée, etc. — LI 2. Genre des phragmocyttares imparfaits. Si l’on ne jetait qu’un coup d’æil superficiel sur les guépiers de cette catégorie, cet examen fournirait si peu de points de comparaison avec ceux que nous venons de décrire, qu’il fau- drait une certaine bonne volonté pour voir en eux les variétés d’un même type; ils n’offrent, en effet, aucune analogie exté- rieure avec les phragmocyltares parfaits; mais si l’on ramène les uns et les autres à leurs types théoriques, on ne pourra manquer de reconnaître le rapport qui les unit véritablement. Supposons que dans le nid théorique, représenté pl. xxxv, fig. 8, toutes les chambres, sauf la première, viennent à être suppri- mées (fig. 6), et que cette chambre prenne un grand accroisse- ment dans le sens du plan qu’elle occupe : on aura, comme à la figure 11, un guêpier composé d’une couche de cellules, reposant sur un plancher 00°, couverte d’un plafond aa’, avec une entrée quelconque en e; le nid, au lieu de S’étendre en longueur, a acquis de grandes dimensions latérales. Il est encore plus défini que la troisième espèce de la précédente section, puisqu'il se trouve complet avec un seul étage; il est même, de fait, parfaitement défini; mais on doit néan- moins le rattacher aux indéfinis, parce que son principe de construction est le même que celui de ces derniers, et qu’il n’est défini que par arrêt de développement. Ici l’on ne trouve point d’anneau, car le guêpier ne se fixe pas à un support mince (comme une branche, par exemple), mais adhère à une large surface (feuilles, troncs d’arbres, etc.). . 47° espèce. Un plancher distinct, plus ou moins libre; le nid se fixant par des colonnettes bâties dans ce but spécial; plafond plat, disposé parallèlement à une couche de cellules plane ; forme très variable suivant celle de l’objet auquel est attaché le guê- pier; un ou deux étages irréguliers, entrée latérale. — Architec- ture de la Polybia sedula, Sauss. (pl. xx1). Ci PE 2®e espèce. Le plancher n’est pas libre, mais ne consiste que dans un encroûtement de la surface de l’objet qui lui sert de base ;le pla- fond, convexe, figure une voûte allongée ; l’entrée latérale est prolongée en goulot. — Architecture du genre Synoeca, Sauss. (pl. xx). ART. IV. Classification des stélocyttares ou nids sfidéfinis. 3 | Division en deux sections. (PI. XXXVII). Les rayons sont libres dans les guëêpiers de cette section, libres du moins en ce qu’ils n’ont pas de connexion intime avec le manteau dont ils ne sont pas une dépendance comme chez les phragmocyttares. Ainsi, chaque rayon est un tout indépendant qui peut être séparé du reste du guêpier et qui peut exister à lui seul. Ce fait est d’une grande importance pour l'explication de ce qui va suivre. Les cellules sont, comme on le sait, des prismes hexagonaux parfaits, qui, en se juxta-posant, ne laissent entre eux aucun vide. D’après cela, on doit considérer le type primitif du rayon comme étant un disque polygonal ou rond, puisque c’est à cette forme qu'aboutit un groupement régulier de cellules autour d’un centre unique. Mais l'observation montre que si cette forme est la plus gé- néralement employée, elle n’est cependant pas seule dictée à l'instinct des artisans. D’autres formes, irrégulières en appa- rence, frappent souvent nos yeux ; mais, avec un peu d’attention, on les ramène facilement à ce type primitif. Souvent le cercle —1 LV me entier (fig. 3) est réalisé, et le rayon affecte la forme discoi- dale. Dans d’autres cas, un des secteurs du cercle (fig. 3 apb) se remplit seul d’alvéoles, et alors le rayon n’a qu’une forme triangulaire. Dans le premier cas, l’insecte bâtit les cellules autour de l’alvéole nucléale dans un ordre parfaitement régu- lier ; dans le second, il ne les accumule que d’un seul côté et ne remplit qu'un secteur du cercle idéal. Il est des rayons de l’un et de l’autre genre dans lesquels on peut suivre le principe avec une rigueur mathémetique. Maïs dans la plupart des cas cette précision est négligée ; l'instinct de l’insecte se plie avec facilité aux exigences de la station et des corps voisins, d’où naissent d'ordinaire des irrégularités plus ou moins considé- rables, dans lesquelles il faut voir des traductions poétiques de la nature plutôt que des infractions à la règle. J'aurai lieu de les expliquer plus bas. Le pédicelle du nid occupe toujours le centre du disque, vrai ou idéal. Lorsque le disque tout entier est développé, le nid sera donc supporté par un pédicelle central (fig. 3, p). Les nids de cette catégorie sont droits et non obliques, c’est pourquoi on peut leur appliquer le terme de rectinides. Maïs dans le second cas, le secteur (r) aura son pédicelle placé à l'extrémité du triangle ; il est supporté latéralement : le guê- pier sera latérinide. Chacune de ces deux sections peut facilement se subdiviser en deux autres, car on sait déjà que lorsqu'un nid comprend un certain nombre de rayons, il n’est plus suffisamment abrité par les objets de la nature et qu’il exige un manteau qui l'enveloppe et le protége (fig. 11). Lorsqu’au contraire le guêpier ne doit pas acquérir de grandes dimensions, il peut subsister à l'air libre (fig. 10), à l’abri seulement des feuilles des plantes, des rochers ou des toits. Ce fait donne lieu aux deux sous-sections pour lesquelles je propose les noms de calyptodomes (L) et gymno- domes (2). (1) Kaximre, cacher; dôuos, demeure, maison, (2) Tunvée, nu; duos, demeure, maison. —— EVE — a. Des rectinides calyptodomes. Ils offrent deux modes de construction particuliers, qui per- mettent d'y distinguer deux genres. Dans le premier, le guêpier est assez large dès sa base, il ne se suspend pas, mais s’accole à un objet plat, contre lequel vient d'emblée s'établir un rayon. L’enveloppe ne se compose que d’un feuillet unique, assez épais, et se termine en goulot (pl. xxvunr, fig. 8). Dans le second, l'enveloppe est celluleuse, plus ou moins épaisse ou composée de plusieurs feuillets, et ne se termine pas en goulot. 10 Genre des calyptodomes à enveloppe simple. Espèce unique. Rayons attachés sous un corps étranger par des piliers et unis entre eux de la même manière. Enveloppe en forme de bouteille ou se prolongeant en goulot (4). 20 Genre des calyptodomes à enveloppe multiple. Ils sont si semblables entre eux qu’on a quelque peine à les fractionner en espèces bien nettes, mais des observations ulté- rieures et plus complètes permettront probablement de fairemieux sous ce rapport. Ces guêpiers, qui sont les plus grands de tous et qui appartiennent tous à l’industrie des insectes du genre Vespa, se composent d'un certain nombre de rayons discoïdaux suspendus les uns au-dessous des autres par un axe central. Lorsque les rayons sont petits et peu nombreux, un seu! axe médian les supporte tous; mais quand ils ont acquis un grand poids, le nombre des colonnes. doit être augmenté. Souvent les rayons sont très nombreux, acquièrent une très grande dimension et sont unis par une multitude de colonnettes. L’enveloppe augmente la solidité de leur union en se mettant JU L4 " } Lane Te (1) Dans mon mémoire sur la nidification, publié en 1854, j'avais rangé cette espèce dans les phragmocyttares imparfaits. Depuis lors j’en ai vu un exemplaire plus parfait, possédant plus d’un rayon, sur lequel sa nature stelocyttare était par- faitement évidente. TA par place en connexion avec les rayons. Mais cette soudure n’est qu’accidentelle et n’a rien de commun avec ce qui se voit chez les phragmocyttares. Ici les rayons se construisent et l'enveloppe vient après, tandis que là l'enveloppe est néces- sairement antérieure au rayon. 1" espèce. Enveloppe foliacée, composée de feuillets concentriques ; nids réguliers, ovoïdes, sphériques, construits à l’air libre, sur les arbres ou sous les toits (Vespa sylvestris, etc., pl. xv et xvix, pl. xxxvi, fig. 12). 2% espèce. Enveloppe celluleuse, irrégulière ; nids souvent construits dans des cavités souterraines, etc. (Vespa vulgaris, etc., pl. xvi, pl. xxxvi, fig. 14, 13, 4h). b. Des rectinides gymnodomes. Les constructions de ce groupe sont les plus légères, les plus gracieuses et les plus variées de l’architecture des guêpes, et, grâce à leur admirable diversité, il est possible de distinguer ici plusieurs genres. Comme les rayons sont abandonnés à leurs seules forces, et qu’ils ne jouissent pas d’une enveloppe qui les fixe en s’atta- chant aux branches ou en remplissant les cavités qui les re- cêlent, le nid est toujours attaché par un pédicelle ou tout au moins accolé à quelque objet; dans certains cas, il arrive même que des rayons prennent à la fois pour axe et pour support la branche d’un arbrisseau. Le pédicelle, qui sert à les fixer, en supporte ordinairement le poids à lui seul, et nous n’en avons jamais observé plus d’un pour un même nid. Il est évidemment l'analogue des colonnettes, puisqu'il s'étend souvent entre les gâteaux et les supporte comme le font ces dernières. Les rectinides gymnodomes forment un genre dans lequel je connais trois espèces, mais qui en comprendra certainement un plus grand nombre par la suite. , NUL — Genre des rectinides gymnodomes. Un ou plusieurs rayons superposés, suspendus à un axe cen- tral qui sert en même temps de pédicelle au nid (pl. xxxvrr, fig. 1, 2). 1'° espèce (fig. 1). Nid composé d’un gâteau discoïdal très grand et supporté par un très court pédicelle (pl. xir1). Il est construit par un Poliste exotique (1). 2e espèce. Nid composé d’un petit amas d’alvéoles et supporté au bout d’un très long pédicelle filiforme (pl. ur, fig. 9).— Nidification des Mischocyttarus. Les alvéoles sont très nee et cylindriques, et le centre de l’amas de cellules qui constitue ce nid n’est pas occupé par une seule alvéole nucléale, maïs par un petit amas de trois cellules et c’est entre ces trois cellules que s’insère le pédi- celle. 3" espèce (fig. 16). Nids à plusieurs étages fixés au même axe (pl. u, fig. 4 f).— Nidification des Zschnogaster. c. Des Latérinides. (PL XXXVID. Ici le pédicelle n’est plus central, maïs latéral, et les gâteaux se trouvent supportés comme à l'extrémité d’un manche (fg. 7, vu de profil; fig. 4, vu en dessus). Comme je l’ai montré, on peut considérer ces nids comme des portions de rectinides. En effet, si le cercle (fig. 3) représente un rayon ou gâteau (1) Les Polistes sont essentiellement latérinides ; je crois donc que cette espèce serait mieux placée parmi les latérinides imparfaits et que le nid en question doit être considéré comme faiblement irrégulier, j'oserais presque dire comme théori- quement irrégulier, quoique de fait régulier, l’irrégularité étant dans ce cas nulle ou presque nulle. NL PE d’un rectinide dont le pédicelle serait en p, le secteur a p b sera le gâteau du latérinide correspondant au même rayon; un laté- rinide dont un segment seul existe réellement ; partant, le laté- rinide ne peut être aussi grand que le rectinide et c’est précisé- ment ce qu’on observe dans la nature. Les nids latérinides sont toujours petits et ne réunissent pas des sociétés de beaucoup aussi nombreuses que les rectinides. Le pédicelle est en général élargi à son extrémité, comme le montre le profil de la figure 1, mais lorsqu'un segment seul du gâteau qu’il supporte existera réellement, il ne correspondra _ qu’à un segment du pédicelle, tel qu’il est représenté fig. 5, p. La position latérale du pétiole est donc normale, ainsi que sa direction latérale : seulement, dans la nature, ceite direction s’exagère et finit souvent par devenir horizontale (fig. 6, 7). Ce phénomène est très singulier, en ce qu'il semble indiquer un fait contraire à la grande règle de l’économie du travail que la Nature suit dans ses œuvres. Par suite de l’excentricité du pétiole et du poids du nid placé au bout d’un levier plus ou moins long, le pétiole doit être plus fort, plus épais, par consé- quent plus difficile à construire que si le mode de suspension était mieux calculé sur les lois de l’équilibre ; aussi les latéri- nides n’offrent-ils jamais que de faibles dimensions. De ce mode de construction il résulte encore que le guêpier ne peut guère acquérir plus d’un étage, parce que, l’axe étant dévié, il se confond nécessairement plus ou moins avec la direc- tion des gâteaux ; mais nous montrerons plus bas par quel arti- fice la pature a tourné la difficulté. Les latérinides ne sont pas tous excentriques, mais passent par transitions successives aux rectinides. [1 a cependant fallu ranger dans ce genre certains nids concentriques irréguliers qui, de toute manière, se rattachent aux latérinides. Entre les latérinides, il existe la même différence qu’entre les rectinides, laquelle permet de les partager aussi en calypto- domes et en gymnodomes ; mais afin de mieux suivre leurs trans- formations, nous les prendrons dans l’ordre inverse, commen- çant par les gymnodomes. d. Latérinides gymnodomes. 1° Genre des latérinides gymnodomes imparfaits. Dans ce groupe on trouve des nids qui représentent les formes intermédiaires entre les rectinides et les latérinides. La tendance au développement latéral est très prononcée mais non exclusi- vement dominante. 1° espèce. Pas de pétiole : un simple gâteau à cheval sur une branche qui lui sert d'appui (pl. xxxvi, fig. 11). Cette forme n’est laté- rinide que par analogie avec la suivante. C’est un latérinide sans pétiole. J’ai vu un grand nid de cette espèce qui avait été rapporté du Brésil, mais dont on ne connaissait pas l'artisan, que je suppose devoir être un Polistes. 2®° espèce. Nid variable, irrégulier, oblong ou circulaire, avee un pétiole plus ou moins central, gros et court, ou sans pétiole et simple- ment accolé à son appui (pl. vin, fig. 1, 2, 3, 6 a; pl x, fig. 5). Ces nids servent de trait d'union entre les latérinides et les rectinides. On voit représenté dans Réaumur (VI, pl. 25, fig. 2) un nid de cette catégorie qui a deux étages. C’est le seul exemple à moi connu d’un latérinide à deux étages tenant l’un à l'autre ; encore ici le nid est-il presque circulaire et le pétiole peu excentrique. Cette figure (pl. xxxvr, fig. 12) a été reproduite dans l'ouvrage de Lepel. de Saint-Fargeau ; mais jamais je n’ai eu l’occasion de rien rencontrer qui lui ressemblât, quoique ce guépier ait bien appartenu au Polistes gallicus. Pour s'expliquer cette forme, on peut la considérer comme résultant d’un rectinide dont le développement d’un des côtés a marché plus lentement que celui de l’autre. On peut aussi voir en elle la superposition des deux principes, en supposant le nid formé d’un nid latérinide d’abord, lequel servirait ensuite de noyau central à un rectinide, lequel prendrait une forme excen- trique en se bâtissant avec régularité autour du centre irrégulier, DS de facon à constituer un tout irrégulier supporté par le pétiole du latérinide central. On pourrait distinguer ici plusieurs variétés selon la forme. PI. vu, 6 a, on voit la figure d’un nid ovale, ou en semelle, dont deux côtés sont atrophiés, d’où renaît une régularité acci- dentelle. Genre des latérinides gymnodomes parfaits. Ces nids sont réduits à un secteur de cercle. Le pétiole est donc entièrement latéral. Il est bien clair que la forme ne peut être toujours mathéma- tiquement celle d’un secteur, La nature vivante préfère les con- tours pittoresques aux angles mathématiques ; elle arrondit les formes et réalise le type idéal de plusieurs manières différentes. 17° espèce. Pétiole entièrement latéral; nid représentant souvent un secteur parfait et triangulaire (pl. xxxvi, fig. 13; voyez aussi pl. 1x, fig. À a, 2, 3, et pl. vu, fig. 4 a, 5). Ces figures représentent diverses variétés plus ou moins régulières. Souvent la forme du secteur est altérée par l'addition de cellules à droite et à gauche lorsque l’insecte éprouve le besoin d'agrandir son nid. De là naissent des formes diverses et pour la plupart accidentelles. Ces nids appartiennent tous aux vrais polistes. 2e espèce. Nid entièrement latéral, réduit à une étroite bande de cellules alternes (pl. xxxvi, fig. 14, pl. 1v, fig. 8 a). Cette espèce représente le secteur de cercle le plus petit qui puisse encore se réaliser; l’atrophie poussée aux dernières limites du possible. C’est pour ainsi dire le secteur devenu si petit qu’il n’est plus qu’une ligne. Les insectes du genre Jcaria ont adopté cette architecture aérienne et gracieuse; j'ai aussi figuré (pl. 1v, fig. 7) un de ces guêpiers qui doit sa construction à des guëèpes américaines qui sont probablement des Polybies. e. Des Latérinides calyptodomes. Ce sont des nids latérinides multiples, renfermés sous une VUS même enveloppe. mais leur construction est si curieuse, qu’elle m'a d’abord beaucoup embarrassé lorsqu'il s’est agi de la ratta- cher aux autres types. La figure 15, pl. xxxvi, représente la coupe d’un guêpier du geure de ceux que nous avons en vue dans ce moment; cet édifice se compose : 1° D'un axe formé par une tige naturelle, ab ; 2° D'un certain nombre de gâteaux (latérinides) pédicellés fixés à cet axe, pr, pr’ ; 3° D’une cnveloppe générale, m. Cette construction est tout exceptionnelle ; elle devrait ren- trer dans les stélocyttares, puisque les rayons sont libres et que le nid est défini. Chacun des rayons étant pédicellé latéralement, nous sommes d’abord reportés aux laiérinides par analogie. Un latérinide est, suivant notre théorie, une portion de rectinide; on peut donc supposer, par la pensée, un latérinide à plusieurs étages qui ne serait qu’un secteur du rectinide multiple (pl. xxxvrÿ fig. 2), de même que la fig. représente un latérinide produit du x rectinide de la fig. à. Ge serait le nid hypothétique dont la coupe est représentée fig. 8. Mais on a vu que, lorsque le nid devient latérinide, son axe p (fig. 5) ne conserve pas sa position pri- mitive, mais qu’il est dévié comme le montre la figure 7. Le latérinide multiple (fig. 8j devra donc être représenté par trois rayons superposés et libres les uns par rapport aux autres, comme sur la figure 9. Ce nouveau nid n’est autre que celui de la figure 8, dans lequel l’axe aa a été détruit par la dévia- tion de chacun de ses tronçons p, p’, p’” qui sont devenus les pétioles des rayons. Mais ce nid (fig. 9) serait impossible si rien ne reliait ses diverses parties. Pour qu’il devienne possible, il faut qu’il s’établisse contre une branche d'arbre ou tout autre axe naturel qui en réunisse les différentes parties. On n’est donc fondé à n’y voir qu’un latérinide multiple, et comme de plus il est muni d’une enveloppe, c'est en même temps un calypiodome. Ces guêpiers, forment un genre très intéressant. L’élégance de leurs formes et l’art délicat qui frappe dans leur charpente, les mt LP.) | os rend très dignes de remarque. Leur manteau n’est qu’un simple voile plissé qui prend la forme d’un faisceau et qui diffère essen- tiellement de l'enveloppe des rectinides calyptodomes, mais comme ces charmants édifices sont décrits plus bas dans tous leurs détails, je n’anticiperai pas, en parlant dans ce chapitre d’autre chose que de leur principe de construction. Les latérinides calyptodomes ne forment qn'un genre dans lequel je distingue deux espèces qui pourraient bien appartenir à la même. 1'e espèce (pl. xxxvi, fig. 15). Axe unique ; rayons pétiolés ; entrée sans goulot; forme étant celle d’un fuseau régulier (pl. xxvir). (Artisan inconnu). 2e espèce. Axes multiples; rayons excentriques traversés par l’axe; entrée au bout d’un goulot (pl. x1x et x1x bis). J’ai fréquemment observé ces nids qui ne sont pas rares sur les arbrisseaux des savannes des terres chaudes du Mexique. Leur artisan est le Chartergus apicalis. f. Des Gibbinides. Enfin il existe parmi les stélocyttares, outre les rectinides et les latérinides, un troisième type que je nomme celui des gibbi- nides et qui se trouve caractérisé comme suit : Nid sans pédicelle ; composé d’une calotte hémisphérique celluleuse, servant de plancher à une couche d’alvéoles (pl. xxxvVII, fig. 15). Cesnidsappartiennent évidemment aux stélocytiares, puisqu'ils n’ont pas d’enveloppe, car, l'enveloppe formant chez les phrag- mocyttares l'essence du nid, elle ne saurait manquer, et cette section ne saurait donc renfermer des guëpiers nus. Mais parmi les stélocyttares ils forment une coupe bien tranchée, bien dif- férente des autres par la présence de cette masse spongieuse sur laquelle le véritable rayon est établi (1). Je n’en connais (1) C’est à tort que dans la description des insectes j'ai réuni les gibbinides aux latérinides gymnodomes à cause de leur analogie avec certains nids de Polistes. = IEXIN qu'une seule espèce, figurée pl. xxvin, et qui représente l'architecture du genre Apoica, Lepel. — L'ordre que j'ai suivi dans l'exposé qui précède n'est pas régulier. Je me suis laissé guider plutôt par le désir de me faire comprendre que par celui d’un groupement méthodique des genre et des espèces ; je n’ai pas procédé des formes les plus simples aux plus compliquées, en suivant la marche que semble suivre la nature dans ses transformations. Il m'avait fallu prendre d’abord les types les plus complets afin de donner d’emblée des idées nettes sur les principales entités de la nidification ; maintenant que ces modes sont connus, il sera plus naturel d’aller du simple au composé, car les nids composés renferment en eux les parties des plus simples et n’en sont pour ainsi dire que des dérivés d’un ordre supérieur, ayant reçu plus de parties et les ayant toutes plus complètes. Le résumé qui suit montrera dans un ordre plus méthodique l’arrangement des diverses catégories de guêpiers avec renvoi aux figures explicatives plus ou moins théoriques par lesquelles j'ai cherché à représenter chaque espèce (pl. xxxvi). I. STÉLOCYTTARES. Ï. ST. GIBBINIDES. Genre unique. Une espèce (fig. 15, pl. xxxvin). IL. ST. LATÉRINIDES. PI. XXXVI. Genre latérinides gymnodomes imparfaits. Deux espèces (fig. 10, 12 et 11). Genre latérinides gymnodomes parfaus. Deux espèces (fig, 13 et 14). Genre lalérinides calypiodomes. Deux espèces (fig. 15 et pl. x1x). — LXV — Ï11. ST. RECTINIDES. Genre rectinides gymnodomes. Trois espèces (fig. 9, 7, 8). Genre rectinides calyptodomes. Trois espèces (fig. 2.— PI. xxxvir, fig. 19, — 14, 13, 14). 11. PHRAGMOCYTARES. I. Genre Phr. rectilignes imparfaits. Deux espèces (fig. À et 3, pl. xxxvi). IL. Genre Phr. rectilignes parfaits. Cinq espèces (fig. 4 et 5. — PI, xxxIf, XXXII). IT. Genre Phr. sphériques. Une espèce (fig. 6). Tel est l’ensemble des divers groupes que nos observa- tions nous ont conduit à admettre, Sans doute, ce n’est là qu’une première ébauche d’un travail qui n’a pas encore été abordé, et, sur ce terrain, les faits observés et constatés sont encore bien peu nombreux pour permettre de généraliser à coup sûr ; aussi ai-je peut-être été trop loin dans mes déduc- tions. C’est aux naturalistes plus heureux que moi dans leurs recherches, mieux partagés dans leurs ressources ou plus habiles dans l’art de grouper les faits, que revient la tâche de corriger ce que ces lignes peuvent présenter de hasardé ou d’imparfait. Art. V. Rapport entre lu classification des nids et celle de ses artisans. Après avoir classé les productions des guëêpes en groupes qui paraissent naturels, il faut chercher si ces groupes corres- pondent à ceux que l’on est porté à admettre dans l’arrange- ment des insectes mêmes qui en sont les auteurs. ne DANIC Il existe à cet égard des règles et des exceptions. Ainsi, tous les nids phragmocyttares se rattachent aux guêpes de l'Amérique tropicale et méridionale, et sont construits par les genres Nec- tarinia, Chartergus, Tatua, Polybia et Synoeca. Chacun de ces genres naturels a son mode de construction assez spécial. Cer- tains genres s’attachent exclusivement dans leur architecture à un mode particulier : tels sont les Nectarinia, artisans des phrag- mocyttares sphériques ; les Tatua, dont les nids rentrent dans la catégorie des phragmocyttares rectilignes de la troisième espèce; les Synoeca, phragmocyttares imparfaits de la deuxième espèce ; les Apoïca, constructeurs exclusifs des gibbinides; les Mischocyttarus et les Ischnogaster, auteurs de ces nids rectinides gymnodomes à long pédicelle, à formes si gracieuses et spéciales pour chacun d'eux. Les Zcaria ont aussi leur architecture toute particulière décrite comme les latérinides parfaits de la deuxième espèce, et les Vespa enfin sont exclusivement et à eux seuls calyptodomes rectinides (1). Mais à côté de ces genres si bien limités par la concordance remarquable qui régne entre les résultats fournis par les carac- tères zoologiques des insectes et par ceux de leurs productions morales, on en voit d’autres moins nettement partagés. Tels sont ceux des Chartergus, Polistes et Polybia. Le premier de ces genres offre cette particularité singulière que, quoique zoologiquement parfaitement net et naturel, ses espèces se groupent autour de deux genres d'architecture en- tièrement différents. En effet, le Ch. chartarius, Oliv. bâtit des guêpiers phragmocyitares rectilignes de la deuxième espèce, et le Ch. apicalis est l’auteur des latérinides calyptodomes (2). (4) Par la suite on découvrira peut-être des exceptions pour les genres qui pré- cèdent, mais il n’est pas probable qu'on en trouve dans le genre si homogène des Vespa. (2) Dans mon mémoire sur la nidification cité plus haut, je croyais inadmissible que les insectes d'un même genre fussent, les uns phragmocyttares, les autres stélocyttares. Je suis entièrement revenu de cette opinion depuis que j'ai pu véri- fier le fait par l'observation des insectes mêmes dans les pays lointains qu'ils habitent. MEN — Le genre Polistes, qui n’est pas moins naturel, dont les espèces sont toutes si extrêmement semblables de formes, offre aussi quelques irrégularités de même nature, quoique bien moins fortes. Ses espèces sont toutes des latérinides gymnodomes des trois premières catégories (1), qui ont toutes les trois ce carac- tère commun d’avoir les formes lourdes. Enfin les Polybies forment un genre si peu naturel, embras- sant tant de formes variées, qu’il n’est pas étonnant que leur architecture soit très variable. La P. scutellaris est un phragmocyttare rectiligne de la pre- mière espèce; les P. sericea, atra, etc., appartiennent à la quatrième espèce du même genre; la P. occidentalis, à la troi- sième; J'ai observé la P. cubensis construisant un nid latérinide gymnodome du genre de ceux des Polistes, et d’autres espèces paraissent en construire de très étroits à la manière des Icaries. C’est probablement aussi à une Polybie qu’on doit le nid stelo- cyttare calyptodome du premier genre. On voit donc que les divers modes de nidification corres- pondent à des groupes naturels ; que, lorsque le genre est nette- ment délimité, son architecture est spéciale aux espèces qu'il renferme. Toutefois, un même genre de guêpe peut réunir deux ou plusieurs modes d'architecture à lui spéciaux. Enfin lorsque le genre n'est pas net, comme celui des Polybies, qui est un genre par enchaïnement, la multiplicité et le vague règnent dans l'architecture aussi bien que dans les formes z09- logiques de ses espèces. La nidification correspond donc aux groupes naturels et ne peut par conséquent rester étrangère à la classification des insectes. Ces divers ordres de nids ont naturellement aussi une distri- buiion géographique correspondante à celle de leurs artisans. Ainsi nous trouvons les phragmocytiares et les latérinides calyp- todomes localisés dans les régions chaudes de l'Amérique; les (1) Quelques-unes sont peut-être rectinides gymnodomes, ainsi que je l'ai indi- qué plus haut, mais comme leurs nids ne sont jamais bien réguliers, on peut consi- dérer les espèces comme étant toutes latérinides. ANNE stélocyttares rectinides, généralement répandus, aussi bien que les latérinides ; enfin les rectinides calyptodomes s'étendent sur toute l’Amérique du nord et sur l’ancien continent, comme les Vespa qui en sont les constructeurs. NOTA. Dans la deuxième partie de ce volume, qui a paru trois ans avant la première, outre les deux divisions des Phragmocyttares et Stelocyttares, j'ai adopté une troisième classe de guëêpiers que j'ai désignée sous le nom de Pœcilocyttares, ou nids variés, et j'y ai placé une partie des phragmocyttares dont Je n’avais pas encore bien reconnu les analogies. Depuis lors, j'ai abandonné cette coupe inutile et fautive. Partout où figure le nom qui la désigne, on substituera donc celui de phragmocyttares. CHAPITRE VI. DESCRIPTION DES DIVERS GUËÊPIERS CONNUS. Dans le chapitre précédent, j'ai cherché à donner une idée des divers modes de nidification et à les coordonner selon un ordre méthodique ; je n’ai pu parler que des nids en général, en les ramenant à des types généraux et théoriques. Il me reste ici à décrire, non plus le principe de leur construction, mais les nids eux-mêmes ; non plus leurs formes théoriques, mais leur apparence réelle. Dans cette étude, je ne suivrai pas le même ordre que dans le chapitre précédent, mais je m'’attacherai à l’ordre zoologique adopté dans la deuxième partie de ce volume, lequel ne s’écarte pas essentiellement de celui auquel j’ai été conduit dans le cha- pitre V, puisque la classification naturelle des guêpiers suit de près celle des guêpes. — LXIX — De l'architecture des quépes en général. Les guëpiers sont des constructions en même temps légères et solides, dont le but principal est de servir de berceau aux générations incessantes, et le but accessoire d’abriter la famille de ses artisans. Ces édifices sont presque toujours faits en papier ou en car- ton, avec des matériaux ligneux triturés et agglutinés de diverses manières. Îl existe, du reste, sous ce rapport, de nombreuses va- riétés : certaines guêpes font avec les débris qu’elles arrachent aux bois mort une pâte très homogène, finement triturée, un véritable carton fin; d’autres se bornent presque à agglutiner ensemble des parcelles ligneuses ; d’autres enfin mêlent les deux genres de matériaux et leur carton est un mélange de particules brutes unies par un mastic papyracé. Ces faits sont faciles à observer au microscope (1). Certaines guêpes exotiques fabriquent même du carton avec les excréments des quadru- pèdes, et l’on connaît déjà quelques exceptions remarquables qui bâtissent avec de l'argile (2). Réaumur, frappé de l'extrême ressemblance du papier des guëê- piers avec celui dont les hommes font usage, proposa d’imiter ces insectes dans leur industrie et de chercher à tirer parti du bois en le substituant aux chiffons qui servent à la fabrication de la pâte du papier, mais les expériences qu’il proposa de faire ne parais- sent pas avoir été jusqu’à ce jour l’objet d’aucune recherche. Certains guëpiers exotiques offrent assez d’analogie pour les formes et les couleurs, avec les nids que les fourmis sculptent dans le bois. La distinction n’en est, du reste, pas difficile. (1) White, Ann. a. Mag. VII, 318. (2) Shuckard prétend (Gabin. cyclopæd. Ins., p. 183) que certaines guèpes mêlent de l'argile et des brins de paille. I! faut qu'il ait été trompé par l'apparence de certains cartons grossiers, Je ne sache pas que jamais on ait observé ce pro- cédé chez les guêpes. D Tandis que les guëépiers n’ont qu’une ou deux entrées, les fourmilières en sont en général criblées et ressemblent presque à une éponge grossière. Il est aussi d’autres fourmilières que l’on prendrait facilement pour des guëpiers, à en juger par l'extérieur, telle est, par exemple, celle de la Myrmica Sallei, Guér. (1). Il est digne de remarque que dans l'Amérique tropicale où l'hiver n'est pas moins chaud que l'été, où les plantes persistent pendant toute l’année, les insectes n’en meurent pas moins. Fort peu d'espèces, et de rares individus seulement, peuplent les bois durant la saison sèche, et les guêpes aussi subissent les lois rigides de la nature qui mettent entre chaque période de vie une saison de repos et d'arrêt aux approches de l'hiver. Les guêpiers sont abandonnés, sans qu'il soit possible d’en découvrir la cause, car il semble que ni l’abaissement de la température, ni la disetie ne les font souffrir. On dirait que la mort des in- sectes est la suite d’une nécessité physiologique (2) qui se mani- feste dans toute la nature vivante. Les insectes meurent et la végétation languit. C’est ce qui explique pourquoi les guêpiers n’atteignent jamais un très grand volume. La nature semble permettre aux guêpes de les étendre indéfiniment, mais elle y met obstacle par une destruction périodique. Quelques guêpiers isolés restent comme oubliés par les rigueurs de la saison et continuent à héberger un essaim chétif et sans activité. Est-ce à ces sociétés rares et malheureuses que revient la tâche de repeupler les bois et les savanes à l'entrée de la belle saison, ou des femelles fécondées, éparses, s’abritent-elles de leur mieux durant l'hiver, comme sous nos climats ingrats, c’est ce que l’on ignore complétement. Il en est de même de presque tous les insectes. Quelques individus isolés et qui se sont pour ainsi dire fourvoyés, quant au moment de leur naissance, éclo- sent en automne et persistent pendant l'hiver. (1) Revue zoologique, 1859, pl. à. (2) Sans douteles fleurs manquent beaucoup en hiver ; elles ne manquent cepen- dant pas absolument et j'ai peine à croire que les guêpes meurent de faim durant la saison sèche. MPAXE -— Les guèpiers sont commencés au début de la belle saison; ils s’accroissent jusqu’au moment où les froids et le manque de nourriture font périr leurs artisans, alors ils restent abandon- nés aux intempéries de l’air et finissent par se détruire. Dans l'Amérique tropicale où certaines constructions des guêpes acquièrent une grande solidité, indispensable pour résister aux pluies torrentielles de l'été, ils persistent souvent pendus aux arbres longtemps après avoir été abandonnés. Au Mexique, j'ai fréquemment trouvé de ces nids abandonnés et déjà couverts de mousse. Cuming rapporte qu’il a observé dans les environs de Buenos-Ayres un vieux guêpier de ce genre daus lequel une hirondelle avait établi son nid (1). Des stelocyttares en général. Les guêpiers dont l’architecture se règle sur ce mode général ont tousquelque chose de commun ; c’est la ténuité de leur tissu. On ne trouve pas ici un carton dur et épais, maïs seulement un papier mince et léger. Ce n’est pas à dire pour cela que les Phragmocyttares ne sachent de leur côté faire que du carton; au contraire, ils fabriquent toute espèce d’enveloppes papyracées, en sorte que ce caractère est négatif, mais il n’en doit pas moins êlre noté. Il ressort du principe de la construction des Stelocyitares que la nature de l'enveloppe n’a rien à faire avec la direction des rayons. Souvent le manteau loin de suivre le contour de ces derniers, recèle des vides considérables qui sont destinés à laisser à de nouveaux gâteaux la place que réclamera leur éta- blissement. Les guëêpiers de cette catégorie sont à proportion de leurs artisans moins grands que les phragmocyttares les plus parfaits, c'est-à-dire que le nombre de leurs alvéoles est moins considé- rable et, par suite, le nombre de leurs habitants aussi très infé- rieur. Même nos nids de Vespa, qui sont parmi les Stelocyitares (4) Ann.-a-Muagas, WI, 315 (note). EX les mieux disposés pour supporter une nombreuse population, ont un développement relativement très limité. Certains petits nids stelocyttares sont même si exigus que je suis naturellement conduit à penser que les espèces qui les construisent ne forment pas des sociétés de même uature que nos guêpes indigènes. Je crois que ces insectes n’ont pas à proprement parler des mœurs vraiment sociales; en tout cas, elles ne vivent qu’en asso- ciation très restreintes et peut-êlre sont elles plus ou moins soli- taires. Chaque femelle construit son nid à la manière des sociales, mais il est probable que les jeunes s’échappent à leur éclosion et s’en vont chacune de leur côté fonder une colonie comme le font les guëêpes solitaires. Du reste, ce ne sont ici que des suppositions et, en tout cas, il n'existe aucune limite distincte entre ces guêpes que je suppose à peine sociales et celles qui le sont essentiellement ; aussi ne saurait-on les séparer de cette tribu si bien caractérisée par le fait que toutes ses espèces bâtissent des rayons ou gâteaux d’alvéoles hexagonales. Comme les guëpiers que j'ai figurés sont en grande majorité encore inédits, j’ai pensé qu'ils méritaient en tous cas une des- cription détaillée. | Architecture du genre ISCHNOGASTER,: STELOCYTTARES, rectinides, gymnodomes. Je ne connais qu’un seul nid qui se rapporte à ce genre, c’est celui qui se voit pl. 11, fig. 1 f. Il est arrivé à ma connaissance par notre compatriote, feu M. Melly, qui en fit don au musée de Genève avec les insectes qui l’habitaient. Ce guêpier a été trouvé dans l’île de Java (2). Il est composé de trois gâteaux successifs, de forme sensiblement circulaire, tous supportés par un axe central, dont la première partie forme le pédicule qui servait à fixer le nid à une branche et à en sup- (1) Voyez : de Saussure, Note sur le genre Ischnogaster, Ann. Soc. Ent, de France, 1852. X, p. 24, pl. L = PAL porter le poids. Un certain nombre de cellules sont revêtues de leur calotte ; il en est qui sont plus longues les unes que les autres et celles-là se trouvent placées sur le pourtour du rayon moyen; elles sont si longues qu’elles dépassent la base du troi- sième gâteau. Ce sont sans doute celles qui renfermèrent les nymphes des femelles. Comme je ne connais qu’un seul exemplaire de guêpier de ce genre, je n’oserais affirmer que l’Ischnogaster Mellyi fasse tou- jours son nid à trois étages ; évidemment cette construction peut s’agrandir, chaque rayon peut croître par la circonférence et un quatrième, un cinquième rayons peuvent venir s’y ajouter. Dans ce nid, le pédicelle vient se fixer à une cellule centrale; le noyau de chaque rayon est dans une simple cellule, non dans une réunion de trois, comme cela se voit dans le nid du Wischo- cyttarus labiatus. La figure représente le nid renversé ; dans la position natu- relle les cellules regardent en bas. Architecture du genre MISCHOCYTTranUS. STELOCYTTARES, rectinides, gymnodomes. (PL. II, fig. 9.) Le genre Mischocyitarus ne comprend que deux espèces, et je ne connais que le nid du M. labiatus. Ce charmant guëêpier est, comme celui de l’Zschnogaster Mellyi, entièrement inédit. J’en possède un dans ma collection, un autre se voit au Muséum de Paris. Sa forme gracieuse et très extraordinaire rappelle celle de certains nids d’oiseaux. Suspendu par un long pédicelle, ou plutôt par un fil, il est comme pendu à la branche d’un arbris- seau. Lui-même n’est qu’une masse allongée de cellules, mais qui offrent ceci de particulier qu’elles sont beaucoup plus longues que d'ordinaire dans les guëêpiers ; ce qui est parfaitement en rapport avec les formes très grêles et très allongées des insectes dont elles sont le berceau. A EXXIM Ces cellules aussi sont arrondies, cylindriques plutôt qu’hexa- gonales ; d’où résulte un vide triangulaire entre chaque trois cellules, et ce vide est rempli de matière corticale. Les matériaux de cette construction sont très grossiers ; on dirait de simples parcelles d’une écorce brune , formant des filaments transversaux; ce n’est pas un véritable carton collé ou un papier bien mastiqué et bien trituré comme dans la majo- tité des nids des guêpes. Le fil suspenseur est comme toujours simplement collé à son support ; il est élargi à son origine, et l'espèce de petit renflement qui lui sert de racine est formé d’une véritable gomme. Le pétiole lui-même contient beaucoup de subtance gommeuse ; il est dur et élastique. Il faut supposer que ce nid n’est qu’au début de sa formation, et qu'avec le temps il aurait pris des dimensions un peu plus considérables ; mais il n’est pas admissible qu’il fût destiné à recevoir plus d’un étage. Ici les alvéoles centrales ou nucléoles sont au nombre de trois ; c’est entre ces trois que vient se fixer le pétiole et c’est autour de ce noyau que sont groupées les autres alvéoles, contrairement à ce qui a lieu chez les Ischno- gaster, où le premier noyau est formé d’une seule cellule. Quand on compare la petitesse relative de ce nid à la gran- deur de son artisan (fig. 8) (et il en est de même dans le genre Ischnogaster) on est conduit à se demander comment il se fait que des insectes aussi grands habitent d’aussi petites demeures. Le simple raisonnement nous montre que les nids de ce genre ne Sont pas susceptibles d’un grand accroissement, attendu que leur faible pédicelle ne suffirait plus à en supporter la masse ; il faut donc qu’ils soient voués à ne posséder jamais qu’un petit nombre d’alvéoles. Or, il faut, pour la même raison, que les guêpes qui les construisent et les habitent soient très peu nom- breuses. Frappé de cette circonstance ainsi que des rapports zoologiques intimes qui lient ces insectes aux Euméniens, par- ticulièrement les Ischnogaster, j'ai déjà posé la question (1) de savoir si dans ces quelques genres il existe des ouvrières, ou si (1) Note sur le genre Ischnogaster, loc. cit. = SL). ET les femelles n’ont pour construire leurs demeures que le secours de leurs propres forces. Je ne connais malheureusement aucune construction du genre Belonogaster. Il est probable que ses nids sont établis sur le même principe que ceux des deux genres précédents. La lon- gueur extraordinaire de ces insectes doit exiger des cellules d'une forme très allongée ; c’est en effet ce que j’ai remarqué sur un fragment de rayon appartenant au B. filiformis. Il suffit du du reste de jeter un coup d'œil sur la figure du B. Guerini (pl. ur, fig. 3) pour comprendre que c’est dans ce genre qu'on doit trouver les nids jouissant des plus longues alvéoles, quoiqu’elles soient passabiement raccourcies par le fait que chez les guêpes à abdomen longuement pédicellé, la masse de l'abdomen est repliée contre le pétiole durant le terme de leur évolution. Architecture du genre ICAREA, STELOCYTTARES, laterinides, gymnodomes. (PI. IV, fig. à, a.) Ce n’est pas ici une des constructions les moins singulières des guêpes ; la forme en est vraiment extraordinaire; on dirait que la nature s’est plue à exercer sur ces guépiers la variété de ses moyens. Comme dans les précédents, on remarque un pétiole d'attache, mais ici il est entièrement excentrique, latéral, dévié horizontalement. [l ne se fixe au nid que par une seule alvéole toute latérale, qui soutient à elle seule l’ensemble de la construction. Le reste du nid est composé d’une double série linéaire d’alvéoles, disposées dans un ordre alterne. De ces cellules, les premières sont comme de juste les plus grandes, les plus parfaites ; vers le bout, elles deviennent de moins en moins longues, et les dernières ne sont que commencées. Ici, plus encore que chez les Rectinides, les sociétés doivent êlre restreintes ; peut-être même sont-elles entièrement passa- gères ; il est possible que chaque nid soit l'ouvrage d’une seule XVI femelle, qui se borne à y élever sa progéniture, laquelle se dis- perse aussitôt après l’éclosion. Peut-être chaque société établit- elle plusieurs nids voisins les uns des autres: ilest, sous ce rapport, bien des faits à étudier. Le nid n° 3 a est construit par l’Zcaria Mellyi, guêpe qui vit dans les îles de la Sonde d’où cet intéressant objet a été envoyé à M. Melly, qui en a fait hommage au musée de Genève. Il est bien possible que les Icaria bâtissent encore d’ane autre manière; mais n'ayant pas eu l’occasion de voir d’autres constructions de ces insectes, je laisse aux entomologistes étran- gers le soin de les décrire. J’ignore quel est l'artisan du nid n° 7, qui est d’une espèce tout à fait semblable. Comme il a été rapporté du Brésil, il est à présumer qu’il est la création d’une Polybie. Archiéecture des P@OLISTES, STELOCYTTARES, laterinides, gymnodomes. (PL. VIII à X.) Les Polistes ont un système de nidification plus vaste que les précédents, mais ils sont loin de posséder l’art des Vespa. Réaumur en a décrit les détails avec précision à la fin de son VII mémoire du tome VI; il a de plus figuré les nids de nos Polistes indigènes, pl. 25. Lepeletier de Saint-Fargeau a copié une partie de cette planche dans son histoire des Hyménop- tères , mais il n’a pas parlé des mœurs des Polistes. L'art de ces insectes est assez varié; ils font des nids de formes très diverses et très variables aussi quant à leur gran- deur et à leur mode d'attache. Mais ils ont cela de commun que les gâteaux sont toujours à nu. Comme l’a très bien fait remarquer Réaumur, ces guêpiers ont toujours une position oblique ou verticale, afin de ne pas être trempés par la pluie. Si les alvéoles regardaient en haut, elles se rempliraient d’eau; si c'était au contraire la base du CU LD, CA) | (es nid qui eût cette position, l’eau séjournerait dessus comme sur un toit plus ou moins plat, et elle finirait par le percer de part en part. Au contraire, le nid étant disposé obliquement ou verticalement, l’eau s'écoule avec facilité. Il n’y a de mouillé que les cellules périphériques les plus supérieures qui ne sont en général qu'ébauchées et qui ne contiennent jamais rien. Nos insectes ont de plus la précaution de tourner les cellules du côté du nord ou du nord-est, comme la fait remarquer Réaumur, parce que, dans nos climats, les vents qui amènent la pluie soufflent de lhorizon opposé. Mais, en outre, les Polistes ajoutent beaucoup à l’imperméabilité de leurs nids en les vernissant ; il est facile de remarquer que tous les nids de ces insectes, soit indigènes, soit exotiques, ont un aspect perlé qui tient ou à un vernis particulier ou à la compo- sition même du papier : « Un des grands ouvrages des mou- ches dont nous parlons, dit Réaumur, est de mettre ce ver- nis; je les ai vues employer beaucoup de temps à frotter et refrotter avec leur bouche les différentes parties du nid; et j'ai lieu de croire que tous leurs frottements ne tendaient qu’à étendre sur ces parties une liqueur qui, lorsqu’elle serait sèche, serait un enduit capable de les conserver. » On remarque chez les Polistes une grande variété de modèles dans leurs consiructions. Sous ce rapport, il ne règne point la même homogénéité qui est si manifeste dans les formes exté- rieures du corps de ces insectes. Les uns bâtissent des nids entièrement excentriques, et qui sont de véritables Latérinides (pl. vu, fig. 5) ; tandis que d’autres se rapprochent de la forme régulière (pl. x). Les premiers sont susceptibles de plusieurs variélés ; ainsi, pl. vu, fig. 5, on en voit un qui est triangulaire, et qui ne compte à son origine qu'une seule cellule, puis en viennent deux , appuyés sur la première, puis trois, puis quatre, et ainsi de suite jusqu’à sept, ensuite de quoi les séries vont en dimi- puant, et l’extrémité du nid est arrondie. Rien n’empêche du reste qu’il ne prenne un plus grand accroissement en suivant toujours le même principe, ce qui s’exécuterait par l'addition — LXXVIIL — de nouvelles cellules à l’extrémité de chacune des séries, à partir de celle qui commence la décroissance. On voit fig. 4 a, un autre nid de ce genre dans lequel le premier noyau est composé de deux cellules. Je ne sais mal- heureusement pas quels sont les Polistes auxquels on doit at- tribuer ces nids qui ont été rapportés de l'Amérique méri- dionale, et qui se voient au Muséum de Paris. J'ai eu l’occa- sion d’en examiner encore plusieurs autres; en particulier celui des Polistes canadensis, pl. 1x, fig. À a, qui avait du reste déjà été décrit par M. Fr. Smith (4). Celui-ci est bien moins régulier que les précédents, plus large, presque sans symétrie aucune. Sur la même planche, fig. 2 et 3, en sont figurés d’autres de formes diverses. Chaque espèce paraît avoir une forme qu’elle affectionne ;: cette forme est sans doute fixée par son instinct particulier, mais l’insecte sait très bien varier ses tra- vaux pour les plier aux circonstances et aux exigences des objets qui les entourent. Rien v’est plus facile du reste que de varier les formes d’un nid de ce genre; le guëêpier est une mosaïque dont tous les éléments sont des hexagones réguliers ; dont les propriétés mathématiques font qu’on pourra, en ajou- tant des éléments sur tel ou tel point, allonger, élargir la mo- saïque, lui donner toute espèce de formes, sans jamais causer aucune irrégularité intérieure. Il serait intéressant d'étudier quelles sont les règles d'architecture auxquelles obéissent les Polistes dans l’exécution de ce travail. Les nids de la seconde forme sont ronds, ou du moins se rap- prochent de la forme circulaire. Ils consistent en un simple gâteau plus ou moins régulier, comme on peut le voir pl. xx, fig. 1. Par derrière, ils sont fixés au moyen d’un pédicule central, fig. 2, ou bien ils sont simplement accolés, ce qui est le cas le plus rare. Le nid que je viens de citer est d’origine inconnue; on le voit au Muséum de Paris où M. le professeur Milne-Edwards a (1) On the nect of Polistes Lanio, elc. in Trans. Ent, Soc, of London, 2° sér. 1, 1851. LLXAIX a bien voulu me le communiquer ; on ignore quel est son ar- tisan, mais il est certain qu’il est exotique et qu’il appartient à une très grande espèce de Polistes. Enfin entre les formes de ces nids, dont les uns sont parfai- tement latérinides, et les autres presque rectinides, comme le dernier cité, se trouvent toutes les transitions imaginables. PI. vu, fig. 4, l’on voit un nid de P. tepidus, que M. Verreaux a rapporté de la Nouvelle-FHollande et qui est presque régulier. D’autres nids, plus irréguliers, en ce sens qu’ils sont comme cemprimés, ovales ou rectangulaires, se voient pl. x, et pl. vu, fig. 6 a; mais ils ont encore un pétiole central. Ceci n’a plus lieu au nid du Poliste gaulois qui est manifestement excentrique, pl. var, fig. 2 ; on pourrait le considérer comme un nid circu- laire à pétiole central, dont le bord aurait été tronqué et enlevé sur la moitié de la circonférence. Si la troncature était plus grande, de façon à enlever toute une moitié du nid jusqu’au pétiole, ou même les deux tiers, on aurait un vrai Latérinide, comme pl. 1x, fig. À a. D’après cela, il n’est pas facile de trouver la véritable place naturelle des guêpiers des Polistes; je les ai rangés de préférence parmi les Latérinides; parce qu'ils sont loin d’être réguliers, et que tous montrent plus ou moins de ten- dance à la forme excentrique. Un nid parfaitement latéral, comme se voit, pl. vin, fig. 5, ne saurait avoir qu'un seul étage ; en effet la règle veut que les rayons soient parallèles ; si donc un second rayon devait s’ajou- ter au premier, il ne pourrait se placer que bout à bout avec lui, grâce à la direction horizontale du pétiole; l’insecte alors agrandirait son nid avec moins de peine en ajoutant des cellules au gâteau unique. Mais si le guêpier n’est qu’excentrique, ayant un pétiole oblique et incliné au rayon, plusieurs étages pourront être élevés les uns au-dessus des autres. C’est à ce système de construction qu’appartient le nid figuré par Réau- mur, pl. xxv du tome VI. (Voyez pl. xxxvi, fig. 12). Les alvéoles qu’établissent les Polistes ne sont pas toujoursd’une parfaite régularité, ce qui résulte de leur mode de groupement. == LXKNT — Un nid de Polistes est moins un gâteau plat qu'un faisceau. d’alvéoles convergeant vers un centre commun qui est le pétiole, (pl. vur, fig. 3), d’où il résulte, comme l’a du reste fait remarquer Réaumur, que ce sont des pyramides tronquées, ou espèces d’entonnoirs plus larges à la bouche qu’à leur base. La pvature profite habilement de cette circonstance pour loger la nymphe de façon à ce que ia tête qui est large corresponde à l'ouverture, et l'abdomen pointu au fond de l’entonnoir. Par suite de cette disposition en éventail, la face inférieure du nid est souvent concave, ‘pl. vin, fig. 2), ou si elle ne l’est pas, c’est que les rangs des cellules se fixent par gradins successifs, de façon à ce que les plus anciens, ceux du milieu, fassent le plus saillie en dessous, fig. 1 et pi. x, fig. ». Les cellules périphériques ne sont jamais parfaites ; elles ne sont que des ébauches ou des rudiments ; celles du milieu sont au contraire grandes, longues et larges ; elles sont en général pleines de larves et couvertes de leur calotte. C’est que les guëêpes ont l'habitude de construire non seulement les alvéoles qu’elles veu- lent remplir, mais aussi de préparer celles qui doivent être cons- truites plus tard. Elles ne font que les ébaucher, établissant seulement le fond de l’alvéole, en forme de petit godet; l'œuf peut déjà être pondu dans le godet de ce genre, et plus tard, ses parois se compléteront et allongeront l’alvéole. Ces ébauches sont disposées sur les bords du nid; on les distingue pl. vor, fig. 1,2, etsurtout pl. xu1, où on leur voit former un quadruple rang autour des grandes alvéoles qui forment le gâteau propre- ment dit. Les alvéoles accessoires et sans usage direct, n’ont pas seulement l'avantage de permettre d’ajouter en très peu de temps un grand nombre de cellules au nid, mais, étant placées sur le bord, elles protégent le centre en recevant les chocs qui endommagent le nid ou les eaux qui en imbibent les bords. Au premier coup d'œil, on croirait que ces alvéolesincomplètes sont avortées et trop exiguës pour être d'aucun usage, Mais ceci tient seulement à ce qu’elles n’offrent au regard que leur fond, qui est plus petit que l’autre bout, comme je l'ai expliqué plus haut. — LXXXI — Souvent aussi elles ne sont pas polygonales, mais arrondies ; en effet le côté externe est toujours arrondi, parce qu'il est libre, et parce qu'aucune cloison ne s’appuyant sur lui, il ne s’y détermine pas des angles et des plans. Mais les alvéoles ne se bä- tissent pas de toutes pièces comme je viens de le dire. Les guèpes établissent d’abord un plan &e godets (ou fonds de cel- lules) qui sont assez irréguliers. Ensuite elles les allongent sur tout un plan à la fois. Les godets ne sont plus alors libres d’un côté, mais forment une surface d’alvéoles solidaires les unes des autres qu'il faut compléter ; alors le fait seul de la coïncidence des cloisons et de la nécessité de faire chaque cellule iden- tique à sa voisine, conduit nécessairement à la forme d’hexa- gones réguliers, forme qui est loin d’exister daus les godets primitifs. Maigré toutes ces causes de rectification, il se rencontre tou- jours certaines irrégularités, mais les insectes savent les corriger avec un art admirable, et l’on voit toujours l'erreur se raccorder au bout de quelques alvéoles voisines. La forme même des nids indique que les alvéoles latérales sont les plus divergentes, les plus obliques, les plus difficiles a construire avec toutes leurs proportions, aussi sont-elles moins belles que les médianes; c’est peut-être à cette cause qu’on doit attribuer les nombreuses variétés auxquelles toutes les espèces de Polistes sont sujettes. Les individus nés et élevés dans des cellules trop latérales sont probablement moins par- faits, moins colorés, moins grands que ceux qui sont sortis du centre du nid. Chez les Polistes, on distingue sans peine des femelles et des ouvrières; ces deux catégories d’êlres existent dans la société, mais leur limite n’est pas plus tranchée qu’elle ne l’est chez ies bourdons. 11 me semble qu’on peut également trouver des femelles, des petites femelles, des demi-neutres et des neutres proprement dites, états qui n'ont aucune limite fixe, qui se graduent par degrés insensibles, et qui ne dépendent que de léducation plus ou moins heureuse de la larve. — LXXXI — Une bonne partie de ce qui touche les Polistes peut se dire aussi des Vespa ; comme j'ai traité en détail des premiers, il me sera permis de ne pas revenir sur ces faits en traitant des secondes. Les nids des Polistes ont été figurés par divers auteurs anciens; voici quelques citations à ajouter à celles déjà faites : Roesel, Abh. v. Ins. IT. Hummeln und Bienen, tab. 7 (1). Christ, Hyménoptères, tab. xx1. Polistes gallicus. Latreille, Annales du Muséum, E, pl. 21, fig. 6. Lepel. de S'-Fargeau, Hymén., pl. 11. Architecture des APoïiCA. STÉLOCYTTARES, gibbinides. (Pl. XXVIIL, fig. 4.) L'architecture des Apoïca se rapproche beaucoup de celle des Polistes. Que l’on empâte la face dorsale du nid figuré pl. xnr d'une grande abondance de matière celluleuse, et l’on aura un nid d’Apoica. En effet, ce dernier n’est auire qu’un gâteau plus ou moins concave d'alvéoles profondes qui reposent sur une calotte d’une substance spongieuse, celluleuse, ressemblant presque à de l’écume de savon, mais formée d’une matière jaunâtre, gommée et luisante, qui, lorsqu'on veut la déchirer, offre quelque rapport avec la ouate. L’extérieur de la calotte sphérique, qui en forme le dos, ressemble aussi à cette substance. J'ai représenté, fig. 2, le mode d’accroïissement du nid. Ici c’est l'inverse de ce qui se passe chez les Polistes : les cellules ne se groupent pas en faisceau autour du point central de façon à - (1) Kirby a cité ce nid en le rapportant à l'Odynerus parietum (Kirb. a. Spence. Introduc.). — LXXXIIL — donner souvent naissance à une surface convexe, mais il existe un vaste plancher plat formé par la face inférieure de l’hémis- phère celluleux qui leur sert d'appui. La calotte celluleuse sert en outre à deux usages : par son épaisseur el son vernis gras, elle est impénétrable à la pluie eu tient lieu de toit imperméable ; ensuite, en empâtant les ramus- cules des arbrisseaux, elle sert à supporter le nid, c’est-à-dire à le faire supporter par les plantes qui sont engagées dans son tissu. Ce guêpier n’a qu’un seul étage; il n’offre ni pétiole ni colon- neltes, et, vu cette circonstance, il ne peut rentrer que par analogie dans les Stélocyttares. [l appartient à ce groupe parce qu'il n’a rien de commun avec les Phragmocyttares, tandis qu'il ne diffère pas essentiellement du système qui prévaut dans la construction des nids de Polistes, lesquels sont de vrais Stélocyttares (1). Architecture des VESPA. STÉLOCYTTARES, rectinides, calyptodomes. Une grande incertitude a régné jusqu'à ce jour dans toute l’histoire du genre Vespa. C'est que, d’une part, l’étude des espèces est très difficile dans ce genre, et que leur confusion perpétuelle amène de graves erreurs dans l’histoire de leurs mœurs ; de l’autre, que, malgré leur fréquence et leur abondance souvent très nuisibles, on est loin d’avoir étudié avec soin leur architecture. Ainsi, Westwood ({ntrod. Mod. Classif., 249) fait valoir que la V. vulgaris Linn. doit habiter sous les toits, puisque Linnée l'indique ; mais Linnée peut d'autant mieux avoir fait cette erreur, qu'il n’a pas vu de différence entre les V. vulgaris, ger- manica , Syluestris, media. Il n’y a donc pas de raison pour (4) Grâce à cette circonstance, j'ai rangé dans la deuxième partie de ce volume les Apoica parmi les Latérinides, mais il me semble maintenant indis- pensable d'en faire une section particulière. 2 EXKXAIN — révoquer en doute la synonymie de la V. vulgaris. Maïs ce qu est plus étonnant, c'est que M. Wesiwood déclare n'avoir trouvé aucune différence entre les guêpes souterraines et les guêpes aériennes. M. Bigge, qui a voulu débrouiller les espèces indigènes, n’a fait que les embrouiller au delà de toute expression. Il met la V. vulgaris sur les arbres et en fait deux espèces, baptisant du nom de V. gallica celle qui reste sous terre, confondant celles que De Geer a décrites, dont il ne connaît même pas les espèces, etc. Je vais chercher à jeter quelque jour sur cette partie de l'histoire de nos insectes qui mérite certes d’être analysée avec soin. C'est dans ce genre surtout que nous verrons les guêpes déployer tous les ressorts de leur industrie pour élever ces ou- vrages vastes et complexes qui les caractérisent. Elles en font de deux espèces, comme je l’ai indiqué plus haut; mais celles-ci ont tant de points communs, qu’on ne peut les séparer bien netiement. Dans chaque espèce, le nid renferme une infinité d’alvéoles disposées en plusieurs étages ou rayons, et ces rayons sont protégés par une puissante enveloppe foliacée, composée de lamelles de papiers fabriquées avec un art parfait. Lorsqu'on tient une feuille de ce papier détachée du nid dont elle fait partie, on est étonné de la ressemblance qu’elle offre avec notre papier gris; ce papier est seulement plus mince, plus soyeux, plus lisse, et il ne boit pas l'encre. Pour son lustre, on pour- rait le comparer à certains papiers grossiers de la Chine, dans la composition desquels il entre beaucoup de soie; il n’est pas non plus sans offrir une grande analogie avec les papiers d’écorce d'arbres que fabriquent les sauvages des îles, ou encore avec les rouleaux de papyrus sur lesquels sont inscrits ou peints les hiéroglyphes égyptiens. C’est, qu’en effet, ce papier est aussi fabriqué avec l'écorce des plantes, et il est des espèces de guêpes qui choisissent toujours Îes plus fines. « J'ai vu, dit Lepcletier de Saint-Fargeau, et des guêpes et des Polistes posés sur des planches depuis longtemps — LAXANT — usées et qui laissaient à nu des fibres déjà ramollies par un grand nombre de pluies successives qui les avaient en quelque sorte rouies. Les travailleuses ouvrant leurs mandi- bules, et appesantissant en même temps leur tête, pour enfoncer dans le bois les dents apicales, détachaient en cherchant à fer- mer ces mandibules, des fibres à peu près d’une ligne de lon- gueur ; ensuite, en comprimant ces fibres à plusieurs fois, elles en diminuaient la longueur et les divisaient même en plusieurs fibrilles, selon leur longueur; ensuite le dégorgement d’une liqueur gluante donnait une liaison à toute la mase travaillée, et les mandibules la transportaient au nid, à l’accroissement duquel elle devait être employée. Là, pressée de nouveau par les mandibules, elle est réduite en une lame, à peu près comme une masse de métal l’est par les cylindres du laminoir. Lorsque cette opération première est finie, la langue achève l'ouvrage et lui donne une espèce d'éclat et de poli en l’induisant de la liqueur gluante qui a déjà été employée pour sa compo- sition. » Avant lui déjà, Müller avait observé ces faïts sur la Vespa crabro. Elle apportait continuellement entre ses paties des bou- lettes de pâte, qu’ensuite elle allongeaït en forme de ruban, comme le fil qui sort d’une quenouille, et ce ruban s’ajoutait au bord de l’enveloppe du nid. Toujours la guêpe marchait à recu- lons dans cetie opération. Quels que soient les nids sur lesquels on observe le papier, il offre toujours des zones transversales, parfois peu distinctes, parce qu’elles ne varient que du gris au gris pâle, mais souvent aussi tout le nid est zébré de plusieurs couleurs très tranchées. J’en ai un sous les yeux dont la couleur foncière est d’un gris cendré, mais qui est parcouru de zones blanches, jaunes, orangées, brunes, même vertes, et entre ces couleurs se nuancent toutes les teintes intermédiaires, de façon à former une bigarrure complète. Il n’est rien là qui doive étonner dans la manière de fabri- cation du papier. L’enveloppe se bâtit de haut en bas, par zones circulaires horizontales ; toute la colonie travaille simulta- nément à cet ouvrage, et les guêpes se répandent isolément dans — LXXXVI — la campagne pour ramasser des matériaux. Elles les trouvent dans les écorces et les bois pourris des environs qu’elles coupent ou arrachent avec leurs mandibules et qu’elles triturent ensuite avec divers sucs de facon à produire la pâte du papier. On les voit souvent arrachant la couche foliacée qui se troyve à la superficie des branches de peuplier et de bouleau et qui ressemble à de la pelure d’oignon. Lorsqu'une guèpe a trouvé un bon lieu d'exploitation, plusieurs autres accourent, puis elles portent leurs matériaux au même point du nid et construisent une Zone, qui sera d’une couleur particulière, parce que tous ses matériaux viennent du même endroit ; si, par exemple, les guêpes se sont attaquées à un bouleau, la zone sera blanche; puis il en viendra d’autres qui auront exploitéun pieu de peuplier et dont l’ouvrage sera gris, et ainsi de suite. Müller a fait cette observation piquante : que la même guêpe n'apporte pas tou- jours de la pâte de la même couleur, mais que toujours chacune place ses matériaux à la suite de ceux qui ont la même couleur, de façon à ne point faire de bandes mixtes. Les matériaux qui servent à fabriquer les bandes vertes se trouvent dans les feuilles du Æypnum purum L. dont les guêpes coupent des morceaux. Plusieurs autres plantes leur conviennent sans doute également. La disposition des zones ne peut donc avoir aucune règle fixe, puisqu'elle est due au hasard ; ni leur longueur ni leurlargeur ne sont limitées, mais, en général, elles ont une certaine longueur, parce que les mêmes individus font plusieurs voyages et reviennent travailler au même endroit. Le papier qui naît de ce procédé se déchire régulièrement selon les zones colorées ; il se déchire aussi facilement en travers des zones parce qu’il est peu filandreux, mais alors la déchi- rure est très irrégulière. Nos guêpes vulgaires travaillent avec finesse; elles font un papier fin, très mince et très flexible (pl. xvu). Les grandes guêpes, particulièrement les exotiques, se servent de matériaux plus grossiers; leur papier, dont la pâte est plutôt faite avec des écorces celluleuses qu'avec des écorces filandreuses, est alors épais, grossier, cassant et peu flexible (pl. xv). — LAXANEL — Les cellules qui constituent les rayons sont faites du même papier que l’enveloppe. Je vais maintenant décrire séparément l'économie de chacune des deux espèces : De la première espèce. Les guêpes qui ont adopté ce mode d'architecture construisent en plein air, presque toujours sur les arbres, ou du moins, sielles s’abritent sous quelque accident, elles ne sontguère protégées par lui. Comme les nids sont exposés à toutes les intempéries de l'air, leur forme est presque dictée naturellement ; elle est en effet toujours celle d’un œuf, dont le sommet, large et obtus, sert de toit au reste de la bâtisse, qui est plus étroite. Les guêpes ont aussi la précaution de choisir pour leur établisse- ment des arbres touffus, tels que des sapins, dont les branches sont un abri de premier aloi; mais j'en ai vu qui, plus mala- droites, s'étaient établies au sommet d’un poirier nain, comme si elles s’étaient plu à défier les orages . Il est bien difficile de se rendre compte des motifs qui déci- dent les insectes à choisir tel endroit plutôt que tel autre, et à s'arrêter dans leur choix précisément au lieu dont l’intelli- gence de l’homme les aurait bannies. Les guêpes qui, à ma connaissance, bâtissent selon ce prin- cipe sont la Vespa sylvestris Scop., la V. media et, dans certains cas, la V. crabro Linn. Peut-être la V. norwegica nidifie-t-elle de la même manière (1). Lorsque les guêpes veulent établir un nid, elles font choix du lieu où il doit être placé et commencent par accumuler une bonne provision de papier , lequel est employé à faire une calotte celluleuse qui formera la voûte supérieure de l'édifice. Cette masse papyracée est collée contre les tuiles d’un toit ou accumulée autour de plusieurs branches d’arbres qui se trouvent prises dans la bâtisse et lui servent de soutien. Un exemple de chacun de ces modes se voit pl. xv et pl. xvrr. (1) M. Fréd. Smith a aussi trouvé le nid de sa V. arborea dans les arbres. — -EXXXVIN — C’est cette calotte, plane en dessous, qui forme le plancher du nid sur lequel s'établit le premier gâteau. Le reste de louvrage consiste à prolonger la calotte en forme d’enveloppe et à établir un certain nombre de gâteaux dans son intérieur. Le premier rayon qui est fixé à l’enveloppe en est naturelle- ment enclavé de toutes parts, mais ceux qui suivent en dessous sont libres et ne pendent qu'aux petites colonnes que le plafond de chaque rayon envoie au rayon immédiatement supérieur. Cependant le principe n’est pas sauvegardé d’une manière par- faitement pure : pour renforcer les ravons, on voit souvent l’en- veloppe envoyer des feuilles qui s’en détachent pour se mettre en continuité de tissu avec eux, en sorte que ces derniers ne sont pas libres dans tout leur pouriour. C’est ici une première analogie avec la continuité si caractérisque qui, chez les phrag- mocyltares, règne entre l’enveloppe et les cloisons. Ces faits sont très visibles dans les nids de la Vespa media, l'espèce qui nidifie avec le plus de régularité. Dans ces guêpiers, les rayons sont reliés les uns aux autres par un axe central; cet axe, quoique assez épais, n’obstrue aucune ces alvéoles auxquelles il s'attache par sa base, parce que, creusé et façonné ad hoc, il finit par venir s’attacher au point où trois cellules se réunissent, sans pour cela les encom- brer. On voit jusqu'où va l’économie des guêpes, qui, pour gagner une cellule, ne font reposer les soutiens des gà- ieaux que sur les cloisons mêmes des alvéoles. Il en est de même de plusieurs autres colonnettes qui se trouvent placées latéralement. Ces colonnettes ne sont pas des piliers bâtis pour servir de soutiens; elles ne sont que les restes d’une autre construction et sont encore un admirable exemple de l’écono- mie du travail dont la nature est si savante à profiter. Lorsqu'on ouvre un guêpier de Vespa media, on y trouve en général deux rayons, mais au-dessous du deuxième il règne un grand vide destiné à en recevoir un troisième et souvent un quatrième. Comme ici la nature semble avoir horreur du vide, cet espace est rempli par de larges circonvolutions papyracées dont les parois tortueuses viennent s’insérer sur celles des alvéoles des MER AlEUe-— rayons, en suivant les contours que font les bords de ces der- nières. Lorsqu'un nouveau rayon est ajouté, il remplit espace vide celluleux, et les replis papyracés doivent disparaître; ils sont en effet rongés, enlevés, détruits, et leur substance sert de matériaux au nouvel étage; mais les guêpes ménagent avec art certains rudiments d'insertion de ces replis qui deviennent des colonnettes de support, Tel est l’origine de ces piliers que l’on serait tenté de prendre d’abord pour des soutiens établis de toutes pièces dans le but de servir comme tels, mais qui ne sont en définitive que les restes d’un autre contingent. On peut les con- sidérer indifféremment comme les derniers rudiments des folioles papyracés qui remplissaient la chambre inférieure ou comme des prolongements des parois des alvéoles. De tout ceci il résulte que ces colonnettes sont souvent très irrégulières. C’est particulièrement dans les guêpiers du genre Vespa qu'on peut bien étudier les alvéoles, parce qu'ici elles atteignent un développement considérable soit dans leur nombre, soit dans leurs dimensions. Dans les nids de la Vespa media, les rayons ressemblent assez à ceux des guêpiers des Polistes; les alvéoles sont obliques et rayonnent un peu comme les éléments d'une fleur composée, mais dans les grands nids à gâteaux bien plats on n’observe plus rien de semblable : toutes les alvéoles sont verticales. En général, un grand nombre d’entre elles sont closes au moyen d’une calotte sphérique blanchâtre. Réaumur et De Geer ont pris cette calotte pour un couvercle, mais la moindre obser- vation montre qu’elle se continue dans la cellule et en tapisse toutes les parois de façon à envelopper la larve. Ce n’est autre chose que le cocon de la larve dont une des extrémités fait saillie; aussi la calotie est-elle toujours un tissu de soie et non un couvercle de carton. Dans les alvéoles qui servent de ber- ceau aux femelles, la calotte continue la cellule de façon à lallonger au delà de ses limites premières, parce que la larve exige plus de place qu’il ne lui en est accordé. Réaumur a fort bien décrit cette opération (1), De Geer (2) a de plus remarqué que certaines alvéoles étaient plus longues que d’autres, et il ajoute que leur prolongement doit être l’ou- vrage des guêpes, non celui des larves, attendu que ces dernières ne sauraient où prendre les matériaux qui servent à faire le papier nécessaire à l’allongement des cellules. Cette question est loin d’être encore parfaitement résolue. L’enveloppe du nid est composée d’un grand nombre de couches séparées ou plutôt de feuilles de papier qui se recou- vrent concentriquement; ces feuilles ne font que se toucher sans adhérer ensemble (3). Cependant il est à remarquer que chacune d’elles ne forme pas un sac complet enfermant le nid comme la coque enferme l’œuf ; les feuillets sont limi- tés, se soudent et se fondent par place en s’imbriquant, de façon à intercepter de grands espaces celluleux plats, ce dont on juge facilement en passant le doigt entre deux feuillets ou en disséquant le guëêpier avec délicatesse. Vers le sommet du nid, l'enveloppe ne forme qu’une masse épaisse irès celluleuse ; mais sur les côtés et vers le bas, la disposition en feuillets est parfaitement nette (4). | Cette disposition en cellules ou en feuillets offre de grands avantages contre les intempéries de l’air. En effet, les différentes couches de papier ne sont en contact que par leurs points de fusion, partout ailleurs elles sont séparées par une couche d'air, et comme les feuillets s’imbriquent, leurs points de soudure alternent; ceux de deux couches successives ne tombent jamais l'un sur l’autre et reposent toujours sur un espace plein d’air. Toute la couche extérieure du nid peut donc être trempée sans que les autres se mouillent, parce que partout les couches mouillées sont séparées des couches suivantes par des vides (4) VI, p. 190. (2) HU, p. 789. (3) De Geer, IT, p. 785. (4) Voyez pl, xvi, l’orifice placé au bas du nid où ces feuillets sont très dis- tinctement représentés. RUE EE qui ue permettent pas le contact. Le papier que fabriquent les Vespa est bien collé, il ne boit pas, cependant il n’est pas verni comme celui des Polistes, et il se mouille très facilement. Mais bien que mouillé, il ne se décompose pas, et un nid peut faci- lement, après avoir été trempé extérieurement, ressécher au soleil sans être le moins du monde détérioré. L’orifice du nid de la Vespa media est placé vers le bas, mais un peu latéralement. Les guêpes ont soin de le tourner au nord, c’est-à-dire du côté d’où la pluie ne vient pas (pl. xvnr, fig. 4). Le guëpier de la Vespa media se voit fréquemment suspendu aux arbres de nos campagnes. Il est donc bien extravrdinaire que ce nid ait entièrement échappé à l'infatigable Réaumur. C’est à peine s’il a connu celui de la V. sylvestris, qui est, lui, très commun. De Geer, plus heureux que son devancier, a trouvé ce nid ; il l’a figuré tome Il, pl. 27. Ce même guëpier fut aussi figuré par Leach dans ses Zoolog. miscellany, sous le nom de Vespa britannica ; Newman (1) a aussi publié une note qui s’y rapporte ou du moins à la V. britannica; mais il n’apprend rien de nou- veau, si ce n’est que les alvéoles contenant des nymphes de mâles sont fermées par des couvercles en papier faits par les guêpes, non par la larve, ce qui a besoin d’être vérifié. Les guëpiers de la Vespa media ne paraissent pas atteindre une taille bien considérable. Le plus souvent ils ont la grosseur d’un beau melon ou d’une petite citrouille. On trouve souvent sous les toits de nos maisons d’autres petits nids en papier gris qui ont une taille bien moindre et qui, au lieu d’être ovoïdes, sont sphériques ou même plus larges que longs. Les plus petits que je connaisse sont de la grosseur d’une noix (pl. xvir, fig. 2-4) et sont formés d’une enveloppe simple ou multiple qui renferme un noyau d’alvéoles (2). Réaumur en représente (VI, pl. 27) un autre construit autour (1) The Entomologist, p. 106. (2) La position est renversée sur la figure ; le pétiole d'attache devrait être en baut et la branche en bas. (UP d’une branche d’une taille un peu supérieure, dont l'enveloppe offre une multitude de feuillets concentriques parfaitement ré- suliers et dont l’intérieur contient deux gâteaux. De Geer paraît l'avoir trouvé aussi; il en figure des parties, tome IT, pl. 26, mais il a confondu lespèce avec la Y. vulgaris, et j'ai continué cette erreur à la page 114 de la monographie, en la répétant dans la synonymie de cette dernière (1). J’ai sous mes yeux un nid du même genre ayant cinq pouces de diamètre etqui, du reste, est l'identique de celui qu'a figuré Réaumur, Il contient de même deux rayons dont le second est de beaucoup le plus petit. Son enveloppe est formée de dix feuilles de papier qui représentent autant de sphères s’emboîtant les unes dans les autres, mais n’ayant nulle adhérence entre elles. Des individus arrivés au terme de leur développement et extraits des cellules de ce nid m'ont fait voir qu’il est celui de la Vespa sylvestris. Le guêpier a encore ceci de particulier que son ou- verture est centrale, non latérale comme chez celui de la Vespa media. Il est bien étonnant que Réaumur ne l'ait vu qu’une fois et qu’il n’en ait jamais connu l'artisan. Swammerdam déjà en avait donné une mauvaise figure { Bibl. Nat., tab. 26, fig. 44) ; Christ l'avait figuré pl. xx de son ou- vrage sur les Hyménoptères. Latreille a représenté avec art et fidélité un autre de ces nids qui a trois feuillets d’enveloppe (Ann, du Mus. I, pl. 21, fig. 2, 3). Il l'avait détaché du pla- fond d’une chambre, et en cite encore un autre établi au fond d'une ruche vide. Kirby et Spence l'ont décrit aussi (Intr. I, 510); enfin ce guêpier a été encore, à diverses reprises, décrit et représenté sans que jamais les auteurs aient su découvrir son véritable artisan (2). (1) La V. vulgaris est une des plus rares de nos guêpes. Les figures données par De Geer ne permettent pas de doutes relativement à l'espèce; les yeux sont écartés des mandibules, le premier segment n’a qu'un bord jaune, étroit, etc. Il s’agit donc bien de la V. sylvestris. (2) Aussi figuré dans le Magazine of Nat. Hist. 1830; ensuite par Knapp dans le Journal of Naturalits, p. 333, sous le nom de nid de Vespa campanaria et Schaw dans les Nat. Miscell. XV, pl. 608, a encore représenté le nid de la guêpe campanulaire. Westwood l’a figuré (Ent. Text, Book, p. 389) à un état tout à fait — XCII — Il est encore d’autres guêpes qui nichent en plein air. M. Fr. Smith a trouvé sur un arbre le nid de sa V, arborea, et les pays exotiques ne peuvent manquer d’en fournir. Dans divers musées j'ai même vu plusieurs guêpiers exotiques du genre des précédents, ouvrages des Vespa. Ils ont tous une enveloppe celluleuse ou foliacée entourant une série de gâteaux en étages et ne différant que par le degré de finesse de leurs matériaux ou par le nombre de leurs rayons. Tous ils ont été détachés des toits des maisons ou des branches des arbres et ont une forme ovoïde. Un de ces nids, trouvé au Canada, ressemblait en tous points à celui de la Vespa sylvestris, mais je n’en connais pas l'artisan. C’étaient les mêmes sphères papyracées emboîtées les unes dans les autres. Après avoir décrit les guëpiers aériens, je vais arriver, par une transition naturelle, à ceux qui se consiruisent sous terre. I} est certaines guêpes dont les nids sont intermédiaires entre les deux espèces, en ce sens qu'ils occupent les deux stations, que tantôt ils sont libres et suspendus, tantôt remplissent des cavi- tés et se trouvent naturellement protégés par les objets qui leur servent de siége. Il s’agit ici des constructions des frêlons. Les guêpes, capables de varier ainsi leur industrie, possèdent un instinct complexe qu’il est bien difficile d'expliquer, car quelque complexe qu’il soit, il est toujours invariable, toutes les guêpes se pliant simultanément et par une volonté unique à un seul et même plan, variable selon les lieux. Réaumur a si bien décrit les guêpiers des frêlons, que je dois me borner à de brefs détails. Il nous a montré ces bestioles bâtissant des guêpiers assez semblables à ceux de la Vespa sylvestris, maïs bien plus grands et faits d’un papier cassant et ligneux : c’est qu’elles se servent pour le faire de matériaux tirés du bois pourri et non de l'écorce filandreuse des arbres. Ces guêpiers sont souvent fixés par un jeune où le noyau des cellules est encore à nu. Les noms attribués à l’espèce ont été bien nombreux aussi, comme on peut en juger par sa synonymie; le nid offrant selon son âge une apparence très variée, les entomologistes myopes ont trouvé l’occasion d'en faire plusieurs espèces. —1XCIV — pédicelle ou simplement accollés, mais toujours ils sont natu- rellement abrités. On en trouve très fréquemment sous les toits, dans les greniers, sous des pierres ou des planches, sous des auvents quelconques, enfin partout où les météores ne les inquiétent pas. Ils ont alors la forme d’une poire et leur enveloppe est très celluleuse. J'ai fait graver (pl. xv) un grand guëpier de la V. crabro que Laireille a fait figurer dans la collection des vélins du Muséum de Paris et dont la représentation m'a été obligeamment com- muniquée par M. le professeur Edwards. Ge nid était établi à l'angle d’une fenêtre et il était protégé par une espèce de paravent (a) que les insectes avaient construit dans ce but. Ce qu’il offre de plus singulier, ce sont les goulots de son enve- loppe. Cette dernière n’est plus, comme dans les guëêpiers qui pré- cèdent, un manteau de feuillets en sphères emboîtées, mais une épaisse paroi de cellules papyracées, boursoufflées et rem- plies d’air. Ces cellules ont une très grande régularité à la sur- face du nid, et les plus périphériques se terminent par les gou- lots en question qui s'ouvrent en dehors, mais en ayant toujours leur bouche tournée en bas de façon à ce qu'aucun corps tom- bant d’en haut n’y puisse pénétrer. Je crois que l'usage de ces goulots est de permettre l'accès et la circulation de l'air dans les vacuoles de l'enveloppe dans le but d’amener un prompt desséchement de ses feuillets chaque fois qu’elle a été mouillée et ramollie à sa surface. La véritable entrée du nid est à son extrémité inférieure ; les goulots ne communiquent point avec l'intérieur et ne servent pas d'entrée aux insectes comme j'ai pu le remarquer sur d'autres nids identiques à celui qu'on voit figuré (1. Ces guêpiers sont de beaucoup les plus grands de nos contrées : ils atteignent jusqu’à trois pieds de longueur. Long- temps ces nids restent petits, parce que le nombre de leurs habi- (4) Sur le dessin que j'ai cité, et auquel est empruntée la planche xv de ce vo- lume, on a supposé à tort que les goulots sont des eatrées pour les différents étages, et l'artiste s’est plu à représenter avec trop d'imagination une multitude de guêpes entrant et sortant par ces orifices. — XCV — tan{s ne croît d’abord que lentement ; mais en automne il pren- nent des dimensions colossales et peuvent porter au delà de douze gâteaux. Müller a suivi le développement d’un de ces nids et donne sur le travail des frélons les plus curieux détails. Ge développe- ment n’est pas facile à suivre ; Réaumur y a échoué, parce que, lorsqu'on transporte un guëpier chez soi pour l’élever; les guêpes ne savent plus le retrouver, elles s’égarent, et la seule femelle qui en est la reine à son début une fois perdue, le nid est peu à peu abandonné. Beaucoup d’autres guêpes, qui par leurs formes se rapprochent de la V. crabro, bâtissent de la même manière. La V. orientalis et d’autres exotiques lui ressemblent tellement qu'on aurait pu le présumer ainsi. J’ai vu un nid de la V, velutina rapporté des Indes orientales et qui avait une longueur de trois pieds sur une largeur d’un et demi. Il était pendu à une branche de cyprès et son enveloppe celluleuse et grossière était d’un papier brun qui ressemble beaucoup à l’écorce de ces arbres. J’ai de même vu le guëpier de la V. crabroniformis qui n’offre rien de particu- lier et qu’on prendrait volontiers pour celui de la V. crabro. Les guêpiers des frélons n’offrent pas toujours des goulots autour de leur enveloppe. Celle-ci est très variable ; souvent elle est simplement foliacée et celluleuse. Mais les frélons sem- blent ne se résigner à bâtir leurs belles demeures régulières que lorsqu'ils ne trouvent pas de cavité uaturelle pour y loger leurs gâteaux. Ils paraissent être assez paresseux à bâtir, et comme une cavité de ce genre leur évite, en tout ou en partie, le soin de faire l'enveloppe et les abrite beaucoup mieux avec moins de peine, ils préfèrent cette station à celles de l’air libre. C’est pour cela que je dis que les frélons ont un mode ‘d'architecture intermédiaire entre celui qui caractérise les guêpes à mœurs aériennes et celles à mœurs souter- raines. Les frélons affectionnent tout particulièrement les vieux arbres creux et pourris. L'intérieur d’un arbre leur offre en effet un abri des plus complets contre la pluie et contre les cu- — XOVI — rieux. Réaumur a remarqué que les frélons savent distinguer les arbres pourris intérieurement quoique sains en dehors; ils perforent alors le bois sain pour arriver dans l'intérieur, mais comme ce travail est rude, le trou n’est pas élargi au delà des limites voulues pour laisser passer un insecte, et c’est par ce trou qu’elles vident le tronc en rongeant ensuite le bois pourri. Plus souvent nos guêpes s’établissent dans des creux naturels résultant de la pourriture qui succède à la mutilation d’une branche. Elles établissent leurs gâteaux dans l'intérieur ou les suspendent au plafond de la cavité, et lorsque la place leur manque pour en établir de nouveaux, elles rongent le bois pourri et augmentent le creux. Les matériaux enlevés servent à faire des alvéoles et à tapisser les vides. Ainsi le trou d'entrée est toujours obstrué de feuilles de papier qui le ferment autant que possible sans gêner la sortie. Ce qui est surtout remarquable, c’est la sagacité avec la- quelle les guêpes savent établir leurs ouvrages, n’obéissant point à un instinct aveugle comme tant d’autres insectes qui font leurs ouvrages toujours de la même manière, et sou- vent en dépit de la nature des lieux environnants qui les rendent impossibles ou qui pourraient, par leur nature même, leur en éviter les frais. Ainsi une larve de Phryganide, qui fait sa coque de parcelles de bois, lorsqu’elle n’aura pour la construire: que des pierres, ne changera pas pour cela la nature de son tissu très impropre à les retenir ensemble ; tandis que d’autres larves habituées à s’entourer de pierres sont tout aussi gauches lors- qu’elle doivent y substituer des parcelles végétales ; ni l’une ni l'autre ne sauront profiter d’un tube naturel pour s’éviter la peine d’en construire un. Les guêpes-frélons comprennent par- faitement que le creux d’un arbre les dispense de former une enveloppe, et elles s’en évitent la peine, comme on peut le voir pl. xvi, fig. 2, sur laquelle est représenté un guépier de ces in- sectes (4) établi dans la cavité d’un arbre creusé par une _ (1) ILest renversé et considérablement réduit. Ce nid m'a éié communiqué au Musée de Londres. = XUVAIU = femelle qui jetait les premiers fondements d’une société de guêpes. La première espèce des guêpiers du groupe des Stélocyttares rectinides calyptodomes, renferme donc trois variétés, auxquelles on pourra sans doute en ajouter d’autres. Ces trois variétés sont représentées par les nids des Vespa sylvestris, media et crabro, et different surtout par la nature de leur enveloppe : 1° Enveloppe composée de feuillets concentriques, formant des globes qui s’emboîtent, en papièr fin et souple. (Guêpier sphérique ou ovoïde, ayant rarement plus de trois ou quatre rayons; on général exposé à l’air libre.) 2% Enveloppe comme dans le premier cas, mais ses feuillets s’accolant par points et enfermant de vastes vacuoles. (Comme le précédent, mais les rayons souvent plus nombreux.) 3° Enveloppe celluleuse, composée de boursoufflures irrégu- lières et très variables, d’un papier plus épais et plus cassant. (Nid en général abrité, atteignant des dimensions considérables, souvent très irrégulier et logé dans des cavités.) Cette dernière variété pourrait à tout aussi juste titre se ran- ger dans la seconde espèce, puisque souvent elle en a la station et les formes. J’ai cependant cru devoir la laisser dans celle-ci à cause de la perfection du guêpier lorsqu'il est établi de toutes pièces et à l’air libre, ce qui est son état normal. Développement. Dans l’étude des nids des Vespa il est une question impor- tante qui n’a pas été envisagée encore. Ces guêpiers, comme je l'ai expliqué plus haut, sont définis, c'est-à-dire qu'arrivés à un certain terme, ils sont parfaitement complets et n’ont plus de raison de croître. En effet, on ne comprend pas comment un nid contenant un certain nombre de rayons, et de toute part limité par une enveloppe, peut s’augmenter, à moins que les 7 — XCVIIL — guêpes ne consentent à en détruire une portion chaque fois que la nécessité d’ajouter de nouveaux rayons se fera sentir, quitte à la reconstruire ensuite. Mais comme il paraît être prouvé que Faccroissement des guêpiers n’est pas dû à cet expédient, il faudra nécessairement chercher une autre explication à ce phé- nomène. | | La société des guëêpes s'accroît incessamment, et comme, au bout d’une ou deux pontes, le nid ne peut plus contenir ses habitants, il doit nécessairement être agrandi. Au printemps, les guëpiers sont très rares, ils sont toujours petits et n’ont été fondés que par une seule mère, sans le secours d'aucune ou- vrière (pl. xvu, fig. 2-4). Lorsque cette première fondatrice d’une colonie a réussi à élever un certain nombre de larves, elle s’est adjoint autant d’ouvrières qui l’aident dans ses travaux, et lui permettent de pondre sur des bases plus étendues qui exi- geront aussi plus d'espace. Deux cas peuvent alors se présen- ter : ou le nid trop limité sera abandonné, et l’on en cons- truira un autre; ou il sera agrandi. La seconde alternative me paraît la normale, sans que toutefois la première puisse être entièrement rejetée. En effet, si les guêpes trouvent le lieu mal choisi, elles le quitteront pour s'établir ailleurs; il n’est pas rare de trouver de ces nids rudimentaires délaissés par leurs habitants ; peut-être aussi cet abandon sera-t-il dû à la mort de la femelle, car, dans cette occurrence, les ouvrières se dispersent et abandonnent le nid. Mais il me semble que normalement les faits doivent se passer tout autrement, et voici quelle est mon opinion à cet égard, quoique aucune observation ne l’ait encore confirmée. Si l'on prend un nid très jeune (pl. xvu, fig. 2 et 3), on le - voit composé d’une seule enveloppe sphérique (a), ayant au bas une ouverture circulaire (0). Bientôt un nouveau feuillet extérieur vient envelopper le premier (b). Cette enveloppe part de la base, croît et finit par embrasser tout le nid en ne laissant qu’un orifice en 0. {} s'établit ensuite un troisième feuillet (fig. 4 c) qui enve- loppe le tout semblablement, et ainsi de suite. Le guêpier croîtra NX CET ee ainsi dans tous les sens par une série de sphères emboïtantes, On finira de cette manière par avoir le nid de la Vespa syluestris, cité plus haut et figuré par Réaumur, qui se compose d’une douzaine de sphères papyracées concentriques. Mais par suite de cette série d’accroissements, l’espace intérieur n’aura pas augmenté. Comment se fait-il qu’on le trouve cependant grand en proportion et logeant deux ou plusieurs gâteaux? C’est que probablement à mesure que les guêpes ajoutent des couches à l'extérieur, elles détruisent les intérieures et se servent de leurs matériaux pour bâtir les alvéoles. Ainsi le nid ira toujours s’élargissant au dedans comme au dehors, mais plus au dehors qu’au dedans, parce qu’à mesure qu’il s’accroit ses parois doivent être plus épaisses, c’est-à-dire avoir plus de feuillets. Il est bien singulier que jusqu’à ce jour aucune observation ne soit venue instruire de ces faits, ainsi que d’une multitude d’autres qu’il reste à éclaircir sur l’histoire des guêpes, et que cette partie de l’entomologie soit restée dans un oubli aussi complet, Moïi-même, obligé jusqu’à présent de me transporter incessamment d’un lieu dans un autre, je n'ai pas eu le loisir de m'en occuper. Si le mode d’accroissement que je viens de décrire est juste, les nids définis seraient pour ainsi dire indéfinis, en ce sens qu’ils sont aussi susceptibles de s’accroître indéfiniment. Mais il y a cette différence avec les nids indéfinis proprements dits que leur principe est défini ; que, pour les agrandir, il faut dé- truire certaines parties et que par conséquent, quoique indé- finis de fait, ils sont définis dans leur mode et basés, quant à leur construction sur un principe, sur une pensée, qui est bien celle du défini. De la seconde espèce. Celle-ci est déjà très bien connue par les beaux travaux de Réaumur, De Geer, Müller et quelques autres. Elle comprend — CC — tous les guêpiers dont l'habitude n’est pas d’être suspendus à l'air libre, mais bien au contraire d’être logés dans des cavités souterraines, et dont les formes générales sont beaucoup influen- cées par la station. Ce sont, dans nos contrées, ceux des Vespa germanica, vulgaris et rufü. Un guêpier qui remplit une cavité ne peut être fait de même que celui qui pend à l'air libre. Il faut qu’il suive les accidents des parois du vide qu’il occupe, et sa forme en sera modifiée de la manière la plus capricieuse et la plus accidentelle. Son enve- loppe ne sera nécessaire qu’autant que la cavité laissera des fentes à boucher ou des orifices à diminuer ; elle pourra donc être ou nulle ou incomplète, ou complète mais irrégulière ; le hasard seul en décidera et les convenances locales serviront de guide aux travaux que dirigent chez les guêpes aériennes une loi fixe et immuable. En général, l'édifice occupe une cavité souterraine que les guêpes creusent à la profondeur d’un pied sous les gazons des prés. Un canal étroit conduit dans cette cavité, que le guêpier remplit entièrement. Celui-ci a été très bien figuré par Réau- mur (1) etencore mieux décrit par lui. Il se compose, comme ceux qui stationnent dans l'air, d’une certaine quantité de gà- teaux parallèles, soutenus les uns au-dessous des autres par des colonnettes ou piliers plus réguliers que ceux qui sont décrits dans la première espèce. Le nombre des rayons est en général grand, il va facilement jusqu’à douze. L’enveloppe n’est pas formée de longues et larges feuilles qui s’emboîtent, mais seule- ment de couches de papier très irrégulières, contournées, et qui, par leur assemblage, forment une enveloppe celluleuse et moutonnée. Les parties les plus profondes surtout sont cellu- leuses, les plus externes, au contraire, moutonnées et flocon- neuses, ayant souvent l'apparence de feuilles qui s’imbriquent. Ilexiste dans cette enveloppe deux trous, l’un servant d'entrée et l’autre de sortie. Je ne connais pas au juste les détails de nidification des trois 4) Mém, Ins,, VI, pl. xiv et xv. espèces que j'ai citées, et je ne sais pas si chacune d'elles offre des circonstances particulières de forme ou d’arrangement. Le nid qu'a figuré Réaumur appartient à la Vespa germanica ; et se trouve très communément. Lorsque la guêpe creuse la cavité souterraine qui doit récéler sa maison, elle donne autant que possible à son ouvrage une forme arrondie; c’est pourquoi souvent le guêpier, quoique souterrain, a la figure d’une sphère. Mais lorsqu'elle rencontre sur son chemin des obstacles qui l’arrêtent, tels que des pierres ou des racines, elle les contourne sans s'inquiéter de l’irrégu- larité qui en naît. Souvent aussi elle s'empare d’une cavité toute creusée et s’accommode fort bien des vides les plus anguleux; aussi voit-on des guêpiers, d’une dimension souvent considé- rable, qui, au lieu d’être arrondis, sont carrés ou triangu- laires (pl. xvr, fig. 1), ayant une enveloppe celluleuse des plus épaisses et des plus irrégulières. Ce n’est cependant pas ici une manière d’édifier qui soit spéciale à une espèce, mais seulement une forme accidentelle due à la nature de la cavité que le nid était appelé à remplir. Le guëêpier figuré pl. xvr a une longueur de deux pieds ; la masse celluleuse de son enveloppe occupe les trois quarts de son volume ; elle est presque carrée et a évidemment été moulée sur des objets voisins. On peut supposer que les guêpes ont éta- bli cette masse celluleuse dans le seul but de se préserver de l'humidité qui peut suinter à travers la terre ; cependant une bien moindre provision aurait suffi et il est plus probable que, lorsqu'elles trouvent une cavité toute faite, elles l’occupent, et qu’ensuite elles remplissent de feuillets boursoufflés tout l’espace qui n’est pas pris par les rayons, dans le but peut-être d’y pré- parer un magasin de matériaux pour l’agrandissement des gà- teaux, pour boucher quelque ouverture ou simplement pour fixer le nid avec stabilité. Il n’a pas encore élé constaté si cette forme, tantôt arrondie, tantôt carrée, des nids souterrains tient ou non à des différences spécifiques. J'ai remarqué que, dans les guêpiers carrés, les rayons ue sont pas libres sur tout leur pourtour, mais que d’un AIR eôté ou de l'autre ils adhèrent à l'enveloppe en faisant corps avec elle. C’est, si l’on veut, une exception à la règle. Je suppose que les guêpiers souterrains s’accroissent de la même manière que les aériens, et je n’ai donc rien à ajouter sur cet objet. ——— Ilserait peut-être hasardé d'avancer qu'on peut, d’après l’ins- pection de la guêpe, juger de la station qu'affectionne son espèce. J'ai remarqué que, chez nos guêpes européennes, celles qui habitent sous terre ont les yeux qui s’étendent jusqu’à toucher la base des mandibules, tandis que celles qui nichent en plein air ou du moins au-dessus de la surface du sol, offrent toujours un espace libre entre ces organes (1). La V. arborea, Smith forme exception à cette règle, puisqu'elle a les yeux faits comme chez celles de la première catégorie et qu’elle niche sur les arbres ; mais cette exception tombera peut-être si l'observation de M. Smith ne se confirme pas ou si la V. arborea est reconnue pour une variété de la V. rufa. Les grosses espèces asiatiques, qui sont certainement aériennes, viennent confirmer cette règle. Des phragmocyttares en aënéral. Les guêpiers qui appartiennent à cetle manière de construction ont tous un cachet commun. Ce qui les distingue d'abord des Stélocyttares, c’est que leur papier est en général moins fin, plus cassant, quoique souvent Pexception se remarque. Les Stélocyttares font du papier, mais jamais du carton, et ils suppléent à la faiblesse de ce moyen par la superposition d’un grand nombre de feuiliets. Les Phragmo- eyttares, au contraire, n’ont jamais à leur enveloppe qu’une (1) Voyez à la page 125 de la seconde partie de ce volume. Al V1 \ QE seule couche, tantôt de carton épais et très résistant (4), tantôt mince, souple, selon le degré de protection qu’exige le guèpier. Ici encore, et par suite de sa manière de construction, l’enve- loppe suit de près la direction du plan des cellules. On voit les guêpiers de cette catégorie prendre un dévelop- pement extraordinaire auquel ne sauraient atteindre ceux des Stélocyttares ; soit que les sociétés de ces insectes soient établies sur d’autres bases, soit que la température des climats qui les enfantent ne mette pas un terme aussi court à leur durée. Architeciure du genre SYNŒCA:. PHRAGMOCYITARES imparfaits. (Planche XX.) L'architecture des Synœca n’était pas encore connue lorsque, pour la première fois, je vis au British-Museum un guëêpier très curieux que je crus devoir être l'ouvrage de ces insectes. Je ne tardai pas à en acquérir la certitude à la vue d’un autre nid de ce genre dans les cellules duquel plusieurs guêpes étaient encore engagées; je ne pouvais done commettre d'erreur lors- qu'en publiant une figure du guêpier je l’attribuai aux Synœca. Depuis lors j'ai fréquemment observé la Synœca cyanea dans les terres chaudes du Mexique et j'ai vu que toujours elle bâtit une demeure parfaitement semblable à celle qu’on voit ici repré- sentée. | Après ce que j'ai dit de ces édifices dans le chapitre précé- dent, il me reste peu de chose à ajouter. Le nid est une espèce de demi-fuseau irrégulier établi contre le tronc d’un arbre. Il est uniquement composé d’une couche de cellules qui encroûte l'écorce et d’une voûte d’un carton (1) Il en est que l’on peut impunément frapper et qui ne s'écrasent pas sous une forte pression. ei CV IS assez épais qui la protége ; les bords de cette voûte sont ridés, ce qui tient à ce qu’elle suit le contour des alvéoles du bord ; vers l'extrémité inférieure est un grand orifice qui sert d’en- trée aux guêpes, et afin qu’il ne serve pas en même temps d'entrée aux corps nuisibles qui tombent de haut en bas, il est un peu avancé en goulot. Le carton de ce nid est grossier, cassant, de couleur brune et formé de molécules rugueuses et agglutinées ; ce n’est pas un carton lisse et résistant comme celui des guëpiers que font certains Chartergus. Sa couleur est celle de l'écorce de l'arbre qui le porte, aussi est-on tenté de le prendre à première vue pour une excroissance du bois. On distingue nettement, sur la voûte protectrice, des stries longitudinales qui indiquent ses zones d’accroissement. Elles sont concentriques de la circonférence à la ligne médiane, ce qui indique que l'enveloppe est commencée sur le pourtour et achevée sur la ligne médiane; car si, au contraire, elle était com- mencée par un bout, achevée par l’autre, les stries seraient transversales. Vers le bas, les zones viennent toutes continuer le goulot et y former des lignes circulaires. Le goulot est comme le nœud (on pourrait dire le nombril) du nid auquel viennent aboutir et converger les parois de tous côtés ; il est donc cons- truit en dernier lieu. L’irrégularité de la forme (en d’autres termes, du toit) doit naturellement donner aux zones corticales une forme irrégulière et une direction qui n’est pas celle de lignes parallèles ; on remarque avec admiration l’habileté avec laquelle les insectes savent augmenter tel côté de l’une, dimi- nuer telle courbure de l’autre pour les raccorder autour du gou- lot. Cette diminution graduelle des courbes ressemble beaucoup à celle que forment les couches du bois des arbres lorsqu'elles contournent une branche, et qù’on peut observer sur les planches qui offrent des nœuds. Ces guêpiers ont des dimensions très diverses. Les plus petits que j'ai vus sont de la grandeur de celui qui est figuré ; le plus grand avait près d’un mètre de longueur sur un décimètre et demi de largeur. J’ai déjà dit que je ne comprenais pas de quelle manière ces nids s’accroissent ; peut-être ne s’accroissent-ils pas, mais sont-ils abandonnés pour d’autres plus spacieux lorsque les in- sectes le jugent nécessaire? Peut-être aussi chaque guëêpier émet-il des colonies toutes les fois qu’il ne suffit plus à loger ses habitants? C’est ici l'exemple remarquable d’un nid défim quoique construit suivant le principe indéfini. De fait, il est bien défini, mais, en théorie, il est indéfini et ne peut figurer que dans cette dernière catégorie, parce qu’il représente une des loges définies d’un nid indéfini. La nature de son papier est du reste parfaitement celle d’un Phragmocyttare ; l’enveloppe est unique, point celluleuse, mais épaisse et dure, et les cellules forment un plan qui n’est pas libre mais accolé contre un objet et en continuité de tissu avec la voûte qui le protége et qui lui sert de manteau. Architecture du genre POLYBIA. Les faits moraux qui se rattachent à ce genre sont si variés qu’on à peine à le comprendre. Les Polybies bâtissent des guê- piers de toute espèce, et, sous ce rapport, elles méritaient bien le nom d’insectes pæcilocyttares que je leur ai donné dans la partie spéciale de cette monographie. Peut-être, lorsque la nidi- fication du plus grand nombre de ses espèces sera connue, pourra-t-on scinder le genre en divers groupes qui renferme- ront des insectes à formes respectivement différentes, mais, pour le moment, nous ne pouvons que décrire les faits isolés qui sont arrivés à notre connaissance. Je vais le faire successi- vement en plaçant les nids à décrire dans un ordre correspon- dant à celui qui a été adopté dans le chapitre précédent. 1. Pragmocyttares imparfants. Ici vieunent se placer les guêniers de Polybia sedula, figurés pl. xxI. = J'ai recu plusieurs de ces intéressants objets de Bahia, au Brésil, où ils semblent être communs. Chose singulière, l'in- secte paraît avoir deux manières de bâtir : l’une à un, l’autre à deux étages ! En général, le nid a la forme donnée sur la figure quatrième. Il forme un gâteau allongé de cellules, recouvert par un plafond mince en matière corticale, cassante, et percé de l'entrée vers le bas. Ces guëpiers sont attachés à la face infé- rieure des feuilles de divers végétaux au moyen d’un grand nombre de piliers très irréguliers qui partent de sa base et de son pourtour. Il est bien étonnant de voir avec quelle sagacité l'insecte profite de l’abri des feuilles. C’est la feuille qui protége le nid, et, pour que sa protection soit efficace, il faut qu’elle le déborde de toutes parts. Peut-être les guêpes ont-elles un moyen d’obienir qu’elles réfléchissent leurs bords en dessous en em- brassant le nid. Toujours est-il que le nid suit la forme de la feuille. Il est rond ou ovale lorsqu'il pend sous des feuilles à formes larges; il est allongé, fusiforme, en semelle, lorsqu'il se cache sous des feuilles linéaires. Au premier abord, on a peine à croire à l'identité de ces deux nids, mais après avoir retiré des alvécles de l’un et de l’autre des Polybies spécifiquement iden- tiques, le doute ne m’a plus été permis. Fig. 5, on voit un de ces nids en partie dépouillé de son plafond dans le but de faire voir le gâteau dont plusieurs alvéoles sont occupées par les nymphes. Enfin, il paraît que lorsque l’insecte veut accroître le guêpier, il sait dans certains cas élever un second étage (fig. 6) au-dessus du premier ; celui-ci est irrégulièrement placé, mais bien établi selon toutes les règles des Phragmocyttares (4). Je ne suppose pas que jamais ceci arrive lorsque le nid à la forme allongée; la feuille ne suflirait plus pour le protéger, et d’ailleurs on ne comprendrait pas bien un second étage sur une forme aussi extraordinaire ; l’insecte a de l'avantage, s’il veut angmenter son nid, de le faire plus ou moins rond, afin de gagner en solidité et d'économiser les matériaux. La forme arrondie représente un nid indéfini, de fait et en théorie; la (1) Le plafond a été déchiré autour de l'entrée, — HV Ur première en fuseau est celle des nids qui ne sont indéfinis qu’en principe, tandis qu’en réalité il sont définis. Outre les guêpiers de cette espèce que je possède, j'en ai vu encore un certain nombre au Musée de Londres qui sont de grandeur très variable, et dont les plus grands atteignent près d’un pied de longueur. En regardant attentivement leur couverture, on y voit des zones concentriques qui partent d’un point situé sur l’un des bords et qui ressemblent d’autant plus à un hile que souvent le guêpier a la figure d’un grand haricot. Le toit est donc com- mencé par le milieu d’un des bords et va croissant par zones qui s’enveloppent successivement. 2. Pragmocyttares parfaits de la 5° espèce. (Planche XXIX.) Rien n’est plus gracieux que les guëpiers construits par une multitude de Polybies, qui donnent à leurs demeures la forme d’un œuf. Un grand nombre de leurs espèces paraissent affec- tionner cette manière de bâtir. Après ce que j'en ai dit dans le chapitre précédent, je n’ai plus à ajouter que quelques détails : ces nids sont faits de matériaux très grossiers ; on dirait abso- lument des parcelles d’écorce accolées les unes aux autres. Sur la figure quatrième qui montre la face inférieure du nid représenté fig. 5, on voit distinctement les zones de construction, qu'il ne faudrait pas prendre pour des zones d’accroissement. La Polybia rejecta est l’artisan du nid représenté fig. 4 et 5 (réduit de près de moitié) ; ce nid continué et poussé très loin deviendra celui que représente la fig. 6, qui compte un grand nombre d’étages. Les fig. À et 2 représentent le guëpier de la Polybia sericeu. J'ai aussi vu ceux des Polybia chrysothorax et occidentalis, qui sont presque identiques à celui de la P. sericea. Le Musée de Londres possède une admirable collection de guëpiers de ce genre. Il faut qu'ils soient très communs au Brésil pour qu’on ait pu er réunir un si grand nombre. — CVNII — J’ai encore fait représenter un autre nid de Polybie d’après un dessin que voulut bien me faire M. le marquis Spinola (voyez pl. xvr, fig. 3). Ce nid est pyriforme et ressemble en tout à ceux dont je viens de parler, mais il offre ceci de parti- culier, qu’au lieu d’être fait d’écorce ou de carton, il est com- posé de terre. Certaines guêpes du Brésil paraissent bâtir avec de l’argile, et j'aurai l’occasion d’en citer un autre exemple, bien plus remarquable encore. Ce qui doit étonner dans ces guëêpiers, quand on connaît leur mode d’accroissement par étages surajoutés successivement, c'est la ténuité relative des planchers et l'épaisseur souvent très grande du mantean. Ce fait est extraordinaire, parce que, à un moment donné, chaque plancher a servi de toit et qu’alors il devait bien avoir autant d'épaisseur que le reste de l'enveloppe. Je suppose que lorsqu'une fois le plancher est couvert de cellules, qui, à la rigueur ont assez de force pour se soutenir par elles-mêmes, sans le secours d’un plancher, je suppose, dis-je, qu'à ce moment, les guêpes voyant son inutilité, le rongent et l’amincissent afin d'employer à la construction de nouveaux étages les matériaux qu’ils enlèvent ainsi. Cet amin- cissement des planchers est visible dans tous les nids, même dans les plus parfaitement phragmocyttares. Dans ceux des Charterqus, par exemple, les planchers inférieurs sont encore in- tacts et aussi épais que le toit, tandis que les supérieurs n’offrent plus qu’une couche très mince et paraissent avoir été rongés. Dans le nid d'argile (pl. xvi) dont j'ai parlé, l'enveloppe est extraordinairement épaisse et surtout celluleuse, offrant des vides dont le but est probablement de le rendre plus léger, tout en lui conservant une grande force, en vertu du principe qu'une certaine quantité de matière étant donnée, la forme sous laquelle elle offrira le soutien le plus solide sera celle de tube, non de cylindre plein. Ces vacuoles de l'enveloppe existent pour la même raison que nos os sont creux. Ceci n’est aucunement nécessaire pour le carton des nids papyracés, car le carton n’est nullement fragile et il allie à une extrême légèreté une force considérable. D) C’est très probablement aussi un guêpier de Polybia qui fut figuré par Latreille, pl. xx1, fig. 3, de la Zoologie du voyage de Humboldt et Bomplan, d’après une ancienne figure méconnais- sable de Hernandez. On voit aussi dans les Mémoires de la Société Linnéenne de Londres (1) la figure du nid de la Polybia occidentalis que l'on doit à M, Curtis. 3. Pragmocyttares rectilignes parfaits de la L"° espéce. Un guëêpier de cette espèce se voit planche xxix où je lai fait représenter, considérablement réduit, d’après un dessin que j'avais fait au British-Museum. Ce guêpier, d’un carton brun très dur, n’offre rien de très particulier si ce n’est sa grandeur extraordinaire, car, en réunissant les divers tronçons qui en subsistaient, on arrivait à une longueur de plus d’un mètre. Il devait loger plus de cent mille guêpes si toutes les alvéoles étaient occupées, car l'insecte dont il est l’ouvrage est d’une taille remarquablement petite. Ce guêpier est celui de la P. re- jecta; son toit est plat à la manière de celui des guëêpiers des Tatua, et je n’ajoute rien à sa description car ces derniers seront décrits avec plus de détails. Mais d’autres Polybies, au lieu de faire du carton, bâtissent en papier gris des guêpiers à nombreux étages qui ont une forme ovoïde avec une entrée laté- rale. Ce papier est semblable à celui que fabriquent nos Vespa, aussi est-il bien faible pour des guêpiers phragmocyttares dont la charpente exige toujours uue grande solidité. Pour suppléer à cette faiblesse, nos Polybies établissent en général leur de- meure conire des murs, dans les angles rentrants des fenêtres, des toits ou des rochers; ainsi deux ou trois de ileurs faces se trouvent naturellement protégées ; cette station les met aussi à l'abri des pluies qui leur causeraient de grands dommages. La P. parvula, espèce très commune au Mexique, bâtit à la (4) Tome xix, pl. 31, fig. 8, 9. — CX — manière qui vient d’être décrite. J’en ai fréquemment rencontré les nids dans les montagnes du Michoacan ; l’espèce est du reste répandue sur tout le plateau et s'étend aussi sur les terres tempérées. Divers autres guêpiers, que nous avons reçus du Brésil et qui sont, sans nul doute, l'ouvrage des Polybies, se rapprochent beaucoup de ceux de la P. parvula, mais ils sont faits d’un papier plus grossier, plus jaune et plus cassant. Ils ont souvent une configuration très irrégulière. Enfin je connais un guêpier ovoïde, qui du reste est exécuté selon le même principe, mais dont la substance constituante est une argile jaune. J’ai eu le bonheur d’avoir entre les mains un nid de cette espèce, mais comme M. Fr. Smith a été le premier à décrire et à figurer son semblable (1) c’est à lui qu’en revient tout l'honneur. Ce guêpier est assez semblable à celui du Chartergus charta- rius, seulement ses parois sont beaucoup plus épaisses, comme l’exigeait la nature si peu résistante de l'argile. Malheureusement on ne connaît pas l’artisan de ce guêpier, mais sa forme ovale indique qu’il est probablement l'ouvrage d’une Polybie. L. Pragmocyttares de la 8”° espèce. La Polybia hiliacea bâtit un guëpier de même nature que celui des Tatua, maïs qu’elle établit sur une échelle bien autrement grande! Le Muséum de Paris a reçu du Brésil un édifice de cette espèce qu’on peut considérer à juste titre comme un des plus grands miracles de l'architecture des insectes. Ce guëêpier n’a pas moins de quatre à cinq pieds de longueur, sur une lar- seur de un à deux pieds. Il est suspendu à une branche d'arbre, comme tous les Phragmocyttares parfaits; sa forme est com- primée et il va s'évasant vers le bas. Il est bâti avec des maté- riaux ligneux assez grossiers, dont la couleur est d’un brun (1) Transact. of the Ent. Soc. of Lond., 2° sér, I, pl. xvi, fig. à, OX rougeâtre ou violet lie-de-vin, couleur que je n’ai vue chez aucun autre guêpier. L’enveloppe est très ruguense, irrégulière, rela- tivement mince. Les rayons sont très rapprochés et irréguliers, leur plancher étant souvent bosselé, ce qui amène un écartement inégal des diverses parties des gâteaux. J'ai compté vingt-six rayons successifs, et il en existait un plus grand nombre, car le guëpier a été brisé et se trouve privé de sa portion inférieure; on possède quelques gâteaux libres qui venaient s’ajouter à la suite, mais le toit manque. Ce gué- pier pouvait fort bien avoir une longueur de deux mètres et de trente à quarante rayons, aussi le nombre de ses habitants était-il prodigieux. Cependant on ne voit aucune entrée latérale correspondant à une chambre intermédiaire ; la seule entrée de cet édifice était évidemment au milieu du toit qui devait être plat puisque les rayons le sont. Les trous de communication percent aussi le milieu des rayons, mais comme ja société était immense et que le nombre des allants et venants devait être d'autant plus grand qu’ils ne pouvaient gagner la sortie qu’en traversant toutes les chambres. Ces trous ont une assez grande dimension pour offrir passage à une douzaine d’insectes à la fois. Je n’ai pas fait figurer ce guëpier, parce que son principal mérite consiste dans sa prodigieuse grandeur, et qu’en le rédui- sant pour le faire cadrer dans le format d’une planche, il n’offri- rait plus rien de curieux. 9. Phragmocyttares subsphériques. Ce sont encore les Polybies qui font ces guëpiers si singuliers que M. White a fait connaître (1) d’après un beau spécimen rapporté de l’'Uruguay par M. Hawkins. Son artisan est la P. scutellaris. Ce nid, qui fait partie de la collection du British-Museum, (1) Annals a, Magaz. of Nat, Hist. VI, 615. or MODO 1 avait du reste déjà été cité par Westwood (Zntrod. to mod. class. 11, 251), et c’est probablement à un guëpier de la même espèce que se rapportent quelques phrases de Burmeister dans son Handbuch d. Entomol., à 296, et que l’auteur applique à tort à celui du Tatua morio. Ce nid est aussi d’une grandeur considérable par rapport à son artisan (4). Il est de forme ovale, un peu étranglé au milieu. Son carton est d’une dureté étonnante; il est épais, brun, à texture grossière, et les naturels du pays disent qu'il est fait avec les excréments du Capincha, qui paraît être le tapir. Deux choses remarquables frappent dans cet édifice tout exceptionnel : L : D'abord, après en avoir fait la coupe, on est étonné d'y voir une disposition toute particulière des rayons (2). Les plus supé- rieurs sont des espèces de sphères emboîtées, exactement comme dans les phragmocyttares sphériques (voyez la figure théorique). Ensuite les insectes ont trouvé trop laborieux de bâtir une sphère entière toutes les fois qu’ils augmentaient le guëpier d’un rayon; ils n’ont plus fait que de grands arcs de cercle, et le nid a été croissant, comme je l'ai figuré pl. xxix, fig. 3; puis ces arcs de cercle vont en diminuant, en sorte que la moitié inférieure du nid est un vrai phragmocyttare rectiligne croissant par chambres successives, comme le nid figuré pl. xxxu, avec cette différence que les planchers sont convexes en bas. M. White ne nous apprend pas comment est placée l'entrée. D’après ses expressions, on serait tenté de croire qu’il en existe plusieurs, mais ce fait me paraît inadmissible, et quoique ayant vu cet admirable guêpier au Muséum de Londres, je ne me souviens pas des détails de cette circonstance. Ce nid est donc à volonté un phragmocyttare sphérique ou rectiligne, ou plutôt il est mixte; on pourrait-aussi le nommer sphérique imparfait, parce (1) Il a dix-sept pouces de longueur. Voyez la figure de la Polybia scutellaris. (2) La figure donnée par White, loc, cit, pl. 1v,représente le nid coupé selon son petit diamètre. MOMIE que son principe de sphéréité ne se poursuit pas au delà d’un certain nombre de rayons. La seconde circonstance exceptionnelle qui se remarque au guèêpier de la Polybia scutellaris, c’est la configuration extraordi- naire de son enveloppe. Le carton extérieur est épais, assez fin et donne naissance à une infnité de gros piquants ou plutôt de grosses apophyses également de carton. Ces apophysessont dispo- sées par zones horizontales qui semblent correspondre plus ou moins aux rayons du nid et sont formées de plusieurs couches papyracées très compactes et peu distinctes qui leur donnent une grande dureté. Quoique peu aiguës, on comprend qu’elles puissent peut-être devenir une arme défensive contre certaines bêtes fauves qui sont souvent très friandes de miel (1), mais je vois dans ces piquants plutôt un simple jeu de la nature qu'une arme protectrice. Chose singulière, la face inférieure du nid (ou le toit) est également pourvue de piquants; il faut donc que l’in- secte ronge ces apophyses et les détruise chaque fois qu’il veut ajouter un étage au nid; je suppose qu’il le fait en ramollissant le carton par quelque suc que fournit son économie et que ce même carton sert à bâtir le nouvel étage ou à établir les alvéoles nouvelles. Il reste encore bien des recherches à faire sur l’in- dustrie étonnante des guêpes américaines qui nichent toutes sur les arbres, mais avec une variélé de procédés qu’on ne peut assez admirer ! Au dire de M. White, les cellules du guêpier qui nous occupe étaient remplies de miel desséché. C’est la seconde observation positive de miel trouvé dans les guêpiers; Lepel. de Saint-Far- geau en a fourni la troisième, en sorte que maintenant il n’est plus permis de révoquer ce fait en doute. M. White a fait remarquer avec justesse que Latreille se trompe en pensant que la guêpe Chiguana ou Lechequana soit une Nectarinie; car d’Azarra dit expressément que le guêpier est dur et que sa surface est couverte de saillies, ce qui correspon- (1) Les tigres (jaguars, kuguars et autres chats), sont, selon Hawkins, les enne- mis les plus redoutables des guépiers; ils réussissent souvent à les abattre des arbres et les ouvrent pour en dévorer le miel (Ann. a, Magaz, XII, 268). 8 Sen MONINE drait bien au nid de la Polybia scutellaris ; il faut ajouter à cette probabilité que ce dernier vient de l'Uruguay ou de la Répu- blique Argentine, pays que d’Azarra a particulièrement parcou- rus. Ce serait donc à la P. scutellaris que reviendrait le nom spécifique de Lechezuana, mais il est probable que, sous ce nom, les habitants de l'Amérique confondent plusieurs guêpes d'espèces voisines, et qu'ilest plutôt le terme générique de toutes les petites guêpes à miel que d’une espèce en particulier. Il est inutile de s'arrêter à l'opinion erronée d’Audouin au sujet de la Polybia scutellaris, que ce savant croyait n'être que le parasite du nid. G. Stélocyttares latérinides qymnodomes. Plusieurs espèces de Polybies paraissent avoir un mode d’ar- chitecture identique à celui des Polistes. J’ai observé dans l’île de Saint-Domingue la Polybia cubensis occupée à fonder un petit ouêpier oblique, semblable à celui du Polistes gallicus, qu’elle atta- chait à un rocher. Il est probable que beaucoup d’autres Polybies édifient de la même manière, mais les observations manquent complétement à ce sujet. \ 7. Stélocyttares rectinides calyptodomes à enveloppe simple. C’est sans doute encore au genre Polybia qu’on doit rapporter le nid figuré pl. xxvin, fig. à. Ici il est vu renversé, parce qu'étant établi sur la face inférieure d’une feuille, il a fallu la relever pour le faire voir. L’enveloppe du guêpier a la forme d’une bouteille. En regar- dant par son goulot, on distingue au fond un petit amas de cellules comparable à celui qui forme le premier noyau chez les Stélocyttares calyptodomes (pl. xvin, fig. à); mais la forme parti- culière de l'enveloppe et le fait que la base de la bouteille est tout entière collée contre la feuille, lui donnent une fausse ana- en KE S logie avec les nids de la deuxième espèce du genre des Phrag- mocyttares imparfaits. Cette terminaison de l'enveloppe en goulot est une ressemblance de plus qui m'avait d’abord induit en erreur (1). Mais le noyau des cellules est pédicellé, ce qui est un caractère très positif de Stélocyttares. Je ne connais pas l’'in- secte auquel il appartient ni le lieu de sa provenance. Je l'ai dessiné d’après le seul spécimen qu'eu possède le British-Mu- séum. Depuis lors, un autre échantillon, reçu du Brésil dans un déplorable état de conservation, et toujours sans aucun de ses artisans, m'a montré les restes de deux rayons qui étaient réunis par des colonnettes à la manière des rayons que font les Vespa. On voit que les Polybies bâtissent selon presque tous les modes de construction. On dirait que la nature s’est plu à semer au hasard les faits moraux parmi les espèces de ce groupe, ou plutôt que certaines d’entre elles sont arrivées à un mode de construction plus avancé dans l’ordre des transformations théo- riques (2), tandis que chez d’autres une incapacité morale ou physique, ou encore une station différente, ont fait prévaloir un mode plus simple. Autrement comment s’expliquer cetieirrégu- larité entre les mœurs d’insectes identiques pour l’organisation, quand cependant nous voyons la structure des guêpiers être sou- mise à des règles de construction parfaitement fixes quoique très variées. Comment s'expliquer autrement le fait singulier que, les différents modes de constructions étant donnés, les espèces identiques en organisation se soient attachées à des modes très différents, tandis que des espèces très différentes se sont emparées du même mode? (i) Voyez la note au bas de la page Lvr, {2) Voyez le chapitre VIE, — CXVI — Architecture du genre FATUA. 0] PHRAGMOCYTTARES rectilignes parfaits de la 3"° espèce. (PL XXXI). Les Tatua ont une architecture admirable. Ce sont eux qui savent produire le carton le plus solide, c’est-à-dire en même temps le plus dur et le moins cassant. Le guêpier de ces insectes a été figaré par G. Cuvier (1), et comme j'ai eu sous les yeux précisément le spécimen qui a servi à cet auteur pour sa description, j'ai pu le faire représenter d’une manière plus satisfaisante. Depuis, un autre exemplaire a encore été cité avec quelques détails par White (2) comme faisant partie de la collection du British-Museum. Ce guëpier a la figure d’un pain de sucre irrégulier; il est d’un carton brun, épais, très dur, nullement fragile. Les planchers sont des plans circulaires ; ils sont presque aussi épais que la muraille et aussi forts qu’elle, comme on peut bien en juger sur la coupe que l’on en voit planche xxxir. C’est à cette espèce de guêpiers que s’appliquerait surtout la phrase par laquelle Réaumur peint celui du Charterqus char- tarius : « L'union de chaque gâteau avec la boîte est si parfaite qu'il sewble que le guêpier entier ait été fait d’une pâte fluide jetée en moule, et que la boîie et les gâteaux soient venus du même jet. » . Lorsqu'on examine de près sur la coupe la texture du carton, on distingue dans son épaisseur deux sortes de tissus. L'un est brun (fig. ®, bb) et forme toute la charpente du guêpier; l’autre est plus fin, plus gris ; il tapisse les parois des chambres (fig. 2, ce). Enfin la couche la plus extérieure a aussi une apparence parti- (4) Bulletin de la Société Philomatique, N° 8. (2) Ann. a. Mag. of Nat. Iist. VI, 8316. — J'ai reçu du Brésil plusicurs nids de Tatua mcrio qui ne diffèrent en rien de ceux dont il cst question. Dan CVS culière qui est à peu près intermédiaire entre celle des deux autres. L'entrée est très latérale (fig. 1, c) et par suite aussi les trous de communication sont très excentriques, logés presque en dehors du mas d’alvéoles de chaque rayon. Le guêpier que représente la figure est arrivé à un terme très avancé de son développement. Il compte un très grand nombre de rayons complets, mais ceux qui occupent les der- nières chambres sont encore incomplets, parce que les guêpes prenuent toujours de l’empars afin de ne jamais manquer de place dans un moment pressant. Elles bâtissent de nouyeaæx étages avant de s’en servir et ne font qu'y préparer les alvésles. En effet, la ponte peut s'effectuer dans des alvéoles qui ne sont qu’ébanchées, parce que les guëêpes ont le temps de les achever durant l’évolution des larves, mais il leur est indispensable d’avoir à l’avance des chambres toutes préparées afin d’être prêtes, s’il le faut, à ébaucher les cellules qui doivent les ta- pisser, car les cellules sont vite ébauchées, mais les chambres sont d'une construction longue et pénible. Je possède dans ma collection plusieurs nids de Tatua Guerini que J'ai rapportés des terres chaudes du Mexique où ils sont communs. On les trouve en général suspendus aux branches des arbres dans les jardins où sur la lisière des forêts. C’est à l’entrée de la saison des pluies qu’ils commencent à prendre da développement, et c’est pendant le cours de cette saison que la société devient très nombreuse. Telle est l'excellence du carton parfaitement collé dont le guèpier est fait, qu’il ne se laisse point ramollir et qu’il reste imperméable aux ondées torren- tielles de l’été tropical ; mais, sans cesse soumis à cette influence d'humidité, les guëpiers se tap'ssent en géncral de mousses et d’autres cryptogames. À l’entrée de l'hiver, les nids sont aban- donnés, mais la solidité de leur charpente fait qu'ils résistent bien longtemps encore aux agents destructeurs. Que de ques- tions intéressantes se rattachent à ces guêpiers encore à peine connus. Les sociétés des Tatuas sont-elles dissoutes chaque année, ou quelle est la cause de l'abandon des nids? Les colo- — CXVIII — nies naissantes s'emparent-elles des vieux guêpiers délaissés ou en font-elles de nouveaux? Chaque rayon ne sert il qu’à une seule ponte, ou les cellules sont-elles nettoyées pour servir de rechef, etc.? Tels sont les problèmes auxquels pourront s'exercer les curieux de la nature, lorsque le goût des sciences aura pénétré dans les contrées lointaines. Architecture du genre CHARTERGUSe Ure anomalie frappante semble se complaire à ne grouper dans ce genre que des espèces tout à fait homogènes de formes et à leur assigner deux modes de nidification entièrement gis- semblables ! | Malheureusement, nous ne connaissons avec certitude que les guêpiers de deux espèces qui offrent ces deux extrêmes ; en sorte qu'on ne saurait encore tirer de cette anomalie aucune conclusion générale. Les deux modes adoptés sont les suivants : À. Pragmocyttares rectilignes de la 2*° espèce. Le Ch. chartarius est l'artisan de ces guêpiers de carton gris, si fin et si solide, qui sont de tous les plus communs dans les collections, Ils paraissent être très fréquents dans l'Amérique ixéridionale et ont été décrits et figurés bien anciennement déjà par plusieurs auteurs. Réaumur en a donné une descriptien très complète (1), accompagnée de bonnes planches, ce qui me dis- pense d’y revenir d’une manière détaillée. Christ aussi l’a figuré (Hym., pl. xx), et l’on voit déjà dans Seba, pl. 98, la représentation de deux nids qui, s’ils ne sont pas de la même espèce, comme je le pense, en sont au moins singulièrement voi- sins, Kirby et Spence ont décrit ces édifices artistiques. (Introd. J, 506), et il est peu d'auteurs qui n'aient été frappés de leur (1) Mein, Ins. VI. CNE == charmante architecture et qui n’en aient parlé. Le carton est d’une finesse parfaite, cotonneux, blanchätre, très épais et très résistant. « Ce ne serait pas assez dire, écrit Réaumur, que cette espèce de vase paraît de carton; il en est réellement, et d’un carton qui ne le cède en rien au plus blanc, au plus fort que nous sachions faire. Qu'on remcette ce vase entre les mains d’un de nos ouvriers en carton, sans lui dire par qui il a été fabriqué : il aura beau le tourner et le retourner, le manier, le remanier, examiner en tout sens, le déchirer, il ne lui viendra jamais à l'esprit de soupconner qu’il puisse avoir été fait par quelqu'un qui n’est pas de sa profession. » La figure que j’ai donnée de sa coupe (pl. xxxu) le fait mieux connaître que la meilleure description. Le toit, et par consé- quent les cloisons, ont une forme conique, et l'entrée a, qui est percée au sommet du cône, se continue à travers tous les étages. Mais il existe dans cet individu une anomalie particu- lière. Le nid s’était accru régulièrement jusqu’au sixième rayon. Il était alors terminé par le toit ff’. À ce moment, par suite d’un accident ou seulement parce que les cartonnières trouvaient leur plan trop petit, au lieu de continuer à ajouter des étages régulièrement, elles ont subitement donné au nid une plus grande largeur en attachant le rayon suivant, non point en f”, comme elles auraient dû le faire, mais à la muraille de la troisième chambre en dessus. Ainsi la surface externe de la muraille de la sixième chambre s’est trouvée enfermée dans le nid d’un côté et s’est couverte d’alvéoles. Il fallait pour cela chez les guêpes un certain raisonnement, et il est probable qu’une bonne por- tion d’entre elles se sont trompées dans la construction de l'étage suivant, en sorte que le rayon eé a été manqué, mais l’expé- rience leur a profité pour le suivant dd qui est parfaitement raccordé. Peut-être aussi le rayon eé avait-il été fait régulièrement, lorsqu'une cause fortuite, en détrnisant le côté gauche, a obligé les guêpes de le réparer ex leur créant un travail accidentel auquel elles ont de la peine à se plier. | TR ACXX ME On voit ces mêmes guêpiers affecter des formes très variées. Il en est de coniques, dé cylindriques, de droits, mais plus sou- vent ils sont un peu arqués comme sur la figure. Ils peuvent encore être très comprimés. Toutes ces variations ont peu d’im- portance et sont toujours accidentelles. Leur grandeur est sou- vent considérable ; J'en ai vu qui n'avaient pas moins d’un demi-mètre de longueur. J'ai expliqué dans le chapitre précédent comment s’accroissent ces guêpiers; et ce qu’il y a de singulier, c’est que, quoique formés d’étages successivement ajoutés les uns à la suite des autres, on n’en voit nulle trace sur l’enveloppe que l’on croirait être élablie d’un seul jet. Cependant sur la coupe de sa char- pente (pl. xxx, fig. 2) on distingue bien que la muraille de chaque chambre ne tient à la précédente que par une espèce d’accollement (da, muraille d’une chambre; ab, commence- ment d’une cloison; a ce, muraille d’une chambre inférieure). On voit :dmirablement dans ces guêpiers toutes les particula- rités des Phragmocyttares. On voit surtout que les planchers supérieurs sont infiniment minces ou même nuls, tandis que les inférieurs deviennent de plus en plus épais, parce que les supé- rieurs ont été diminués et amincis comme je l'ai expliqué plus haut. L'anneau suspenseur embrasse la branche qui lui sert de pivot, mais il ne pivote pas, le carton y est collé avec force. J’ai bien de la peine à croire que le nid dont parle Westwood (1) n’apparlienné pas à cette catégorie. Selon cet auteur, son anneau serait lâche, en sorte que le vent le ferait osciller autour de sa branche comme nn pendule! On ne saurait croire que les guêpes sc plaisent à être ainsi balancées, ce qui leur donnerait mille difficultés pour atteindre l'entrée. Je suppose donc que M. Westwood a eu sous les yeux un nid délérioré qu'on avait violemment détaché de sa branche, en sorte que cette dernière tournait dans son anneau après avoir été déchaussée. J'ai plusieurs fois observé au fond des alvéoles de ces nids (1) Intr. to Mod, Class. I, 251. UNIES une espèce de matière brune que je prends pour du miel dessé- ché. On ne saurait en effet douter que les Chartrrqus ne fassent du miel puisque plusieurs autres guêpes en produisent ; mais il est certain que dans la grande majorité des nids on n’en voit pas trace. Quelque bien fermés que soient ces guêpiers, ils ne sont pas à l'abri des parasites ; on en trouve souvent dans leur intérieur, mais ces faits appartiennent au chapitre des ennemis des guêpes. 2, Stélocyttares latérinides calyptodomes. Lorsque j'écrivis mon précédent mémoire qui traite de l’ar- chitecture des guêpes, je ne soupçonnais pas que les guêpiers dont il va être question pussent être l'ouvrage des Chartergus, dont certaines espèces bâtissent les nids si différents qui viennent d’être décrits, et je ne savais pas alors à quels artisans rappor- ter les guêpiers latérinides et calyptodomes. Dès lors j'ai eu fréquemment l’occasion d'observer les Charterqus dans les forêts du Mexique et j’ai pu me convaincre de la réalité d’une archi- tecture si étonnamment variée parmi les espèces d’un même genre. J'ai distingué parmi les latérinides calyptodomes deux espèces, Pune est incomplétement latérinide, l’autre l’est parfaitement. Je ne connais que l'artisan de la première espèce, celle qu’on voit figurée pl. x1x et xix bis : c'est le Charterqus apicalis. A l'extérieur, ces guêpiers affectent des formes diverses, qui toutes se rapprochent plus ou moins de celle d'un fuseau terminé inférieurement par un prolongement en goulot servant d'entrée. Le guëpier tout entier entoure et empâte les ramuscules des arbres qui le supportent en le traversant de part en part. Je vais maintenant décrire chacune des parties de ces gracieux édifices en commençant par l’intérieur. Lorsqu'on enlève la mince enveloppe qui sert de manteau, on voit à découvert une série de rayons disposés par étages et très semblables à ceux des guêpiers des Vespa, si ce n’est qu’ils Nr CN — sont moins irréguliers. Ces rayons prennent leur appui sur les branches qui se ramifient dans l’intérieur du nid ; en général, la plus grosse et la plus droite d’entre elles sert d’axe à l'édifice tout entier. Quoique fixés à cet axe, les rayons n’en sont pas moins reliés les uns aux autres — de même que dans les gué- piers des Vespa — par des colonneites, des lames et appuis divers ; mais toutes ces parties sont très irrégulières. Les rayons pris isolément peuvent être envisagés comme des latérinides semblables aux guêpiers des Polistes; cependant ils affectent toujours une forme plus circulaire, afin d’être plus exac- tement logés dans le fuseau de l'enveloppe (fig. 3) (1). Par suite de cette forme en fuseau, les rayons du milieu doivent être plus grands que ceux du haut et du bas; ils représentent l’état avancé, tandis que ceux des extrémités ne sont pour aipsi dire que le jeune âge des rayons. C’est aussi dans ces derniers que l’on distingue le mieux la forme latérinide (pl. xxvn, fig. 6). Mais dans cette espèce de guêpier, les ravons sont à peine pétiolés; les plus petits sont simplement collés contre laxe et les autres l’en- tourent de tous côtés, en sorte que l’axe les traverse maïs tou- jours dans un point excentrique, ce qui caractérise bien sa nature latérinide, les grands rayons entourants naissent naturel- lement des petits subpédicellés par l'accroissement en arrière de leurs deux angles postérieurs jusqu’à leur rencontre et leur soudure (pl. xix bis, fig. 3-3 c). Souvent la rencontre est irrégulière et laisse le rayon percé d’un trou (fig. 8 d); ce trou est alors tout à fait accidentel, mais on peut le comparer à celui qui traverse tous les étages des nids phragmocyttares. Ici, comme dans les calyptodomes rectinides, la communication entre les étages est périphérique et se fait par les vides laissés sur le pourtour inté- rieur de l'enveloppe. La régularité dans la disposition des rayons est loin d’être parfaite. Souvent un grand rayon est le résultat de deux gâteaux juxta-posés, collés à deux faces difié- rentes de l’axe, et comme souvent ils n’ont pas été établis dans leur origine à une hauteur exactement pareille, la rencontre se fait mal, et de leur soudure naît un gâleau tordu. Lorsque les (1) Corsultez l'explication de la pl, x1x bis. =, CRI — axes sont multiples, ils troublent beaucoup les travaux qui s'exé- cutent dans l’intérieur du guêpier. Un grand nombre d'individus travaillent chacun de leur côté sur des axes différents et com- encent, à des niveaux divers, de petits gâteaux qui ne se ren- contrent pas pour former des étages complets. J'ai sous les yeux un exemple remarquable de ce genre d’irrégularité dans un guêpier que j'ai rapporté du Mexique et qui est criblé de petits rameaux. L’enveloppe n’est qu’une simple feuille de papier mince, du genre de celui que fabriquent nos Vespa, mais elle est d’une texture plussolide, mieux gommée et en général plus fine. Cette feuille, qui circonscrit et dessine le fuseau du guêpier, l’enferme comme en un sac, entoure et tapisse les branches qui le percent, sans laisser aucune solution de continuité; elle se rétrécit enfin à l'extrémité inférieure du guêpier et se prolonge en un goulot ouvert qui sert d'entrée (pl. xix bis). À sa surface, l'enveloppe est rugueuse, irrégulière et bosselée; elle est parfois ridée transversalement et circulairement : il est même des nids où ces cannelures affectent une régularité qui les fait ressembler à une espèce de dentelle frisée (pl. x1x). Sur l’une des faces de l'enveloppe on voit en général comme un raphé où les zones de papier et les rides se rencontrent. Lorsque le nid est enchevêtré de plusieurs branches, servant chacune de point d'appui et de centre de construction à l'enveloppe, les rides se groupent séparément autour de chacune de ces branches et il part de ces points des arêtes plus ou moins prononcées qui forment le raphé des zones des diverses faces. Souvent il naît de cette origine multiple de l'enveloppe des irrégularités de soudure ; mais on les voit toujours se raccorder un peu plus bas avec un art parfait. La branche qui sert d’axe réel au guëêpier n'est pas verticale, mais celui-ci s'établit dans une position oblique par rapport àson soutien, en sorte que son axe mathématique est plus ou moins vertical. Le goulot se place donc toujours au-dessous de la branche, et il résulte de cet arrangement que pour con- server üne position horizontale, les rayons doivent couper le support à angle oblique. SRNICONINE— L'édifice tout entier serait très fragile tant à l’intérieur, qu’à sa surface s’il n’était renforcé par divers appuis. J’ai déjà parlé des colonnettes irrégulières par lesquelles les rayons sont unis; mais il en est d'autres encore. D'abord tous les rayons sont soudés à l’enveloppe par leurs bords au moyen de petites lames de papier ; il est seulement ménagé des vides irr éguiiers sur le pourtour du rayon pour donner passage aux allants et venants. Par ce moyen les gâteaux sont fixés solidement et l'enveloppe est considérablement solidifiée en gagnant un grand nombre de points d'appui. Ces soudures ne sont autres que le développe- ment et l’exagération de celles que j’ai mentionnées en décrivant les guëêpiers des Vespa. Ici elles acquièrent une si grande impor- tance, que le guêpier commence à ressembler à un phragmo- cyttare mal réussi, quoique sa nature, essentiellement stélocyt- tare, soit bien nettement indiquée par la présence des colon- nettes, par la circulation périphérique, par le fait que le rayon inférieur est le plus petit, que la forme extérieure ne suit pas la direction des gâteaux, et, comme on va le voir, par le mode d’accroissement. Mais c’est peut-être dans les guëpiers de cette espèce que la transition eutre les deux modes de nidification est le plus évidente et qu’un examen attentif la révèle avec le plus de netteté. Outre lesmoyens de renforcement que je viens d'indiquer, on en voit encore un autre qui n'est pas moins important, c’est celui des lames verticales de papier, adhérentes à l'enveloppe et perpendiculaires à celle-ci qui traversent et unissent les bords des rayons, mais qui n’ont pas une grande largeur; ce sont comme des planches formant des cloisons verticales sur le pour- tour, ou comme des liteaux arqués qui unissent les différents élages entre eux (pl. x1x bis). La manière dont s'opère l'accroissement du guêpier m'a longtemps embarrassé; je fus même sur le point de croire que celui-ci n’était pas susceptible de s’agrandir ; mais j'ai fini par me convaincre du contraire à l'inspection d'un de ces nids qui avait acquis un grand développement eu grandissant exactement de la même manière que les guëpiers des Vespa, c’est-à-dire — CXXY — des calyptodomes rectinides (1). La chose était difficile à trouver, parce que le manteau n’ayant qu’un seul feuillet, il semblait que nos insectes ne pouvaient augmenter l’espace intérieur du nid sans détruire son enveloppe. Pour arriver à cette découverte, il faut surprendre les guêpes au moment où elles l’agrandissent; on les voit alors établir sur certaines parties de sa surface des feuillets en forme de voûtes qui y dessinent des protubérances etenferment de grandes cellules papyracées (fig À a be d\. Lorsque ce travail est achevé, les bestioles rongent depuis l’intérieur le morceau de l’enveloppe qui s’est trouvé recouvert par une voûte de ce genre; ainsi le feuillet nouvellement établi remplace l'ancien, qui est supprimé, et l’espace intérieur du nid s'agrandit d'autant. Le guêpier s’élargit et s’allonge de cette manière, place par place; les voûtes qui servent à l’augmenter occupent souvent toute sa longueur et elles sont parfois soutenues par des lames papyracées transversales, en sorte que l’enveloppe devient momentanément celluleuse. Lorsque les insectes détruisent ancien fetillet (intérieur) afin de prolonger les rayons dans l’espace que circonscrit la nouvelle enveloppe, ils en ménagent cerlains restes qui se trouvent naturellement adhérer aux rayons; ces restes qui s'étendent d'un gâteau à l’autre, forment ensuite les colonnes de support dont j'ai parlé pins haut, les- quelles conservent encore une forme comprimée et lamellaire. Tout se passe donc exactement comme dans les guêpiers des Vespa. Enfin, les bords de l’ancien feuillet, sur ses lignes de rencontre avec le nouveau, sont également ménagés avec soin et donnent naissance à ces lames verticales plus ou moins per- pendiculaires à l'enveloppe, et encore à ces cloisons rudimen- taires par lesquelles les rayons sont solidifiés. À ce moment elles ne font que relier les rayons avec la portion nouvelle de l'enveloppe; mais lorsqu'ensuite les rayons s’augmentent au point d’atteindre cette dernière, les feuillets verticaux se trou- vent pris dans leur pourtour (pl. xix bis f). Enfin, comme dernier résultat de ce mode d’accroissement, (1) Voir pages xc 11 et suivantes. = CXXNMI on doit noter que l’espace le plus inférieur du guëêpier, celui qui se trouve compris entre le dernier rayon et le goulot, est souvent rempli de feuillets papyracés, de même que le vide correspondant daus les nids de Vespa est rempli de matière celiuleuse. Ces feuillets sont les restes de l’ancien goulot autour et audessus duquel l'enveloppe s’est étendue de façon à l’enfer- mer dans son intérieur. Ces lames papyracées sont un magasin de matériaux pour le moment où l'établissement d’un nouveau rayon en exigera de nouveaux (pl. xix bis, fig. 2. Voyez l’expii- cation). Malgré l’habileté architecturale qu’on remarque dans la char- peute de ces guêpiers, l'extrême fragilité de leur faible enve- loppe en fait toujours de bien frêles demeures, et j'ai peine à comprendre comment elle suffit pour protéger le nid contre les pluies torrentielles des tropiques. Je n’ai du reste trouvé ces guêpiers que vers la fin de l'hiver et au printemps, c'est-à-dire avant le commencement des pluies ; mais je suis loin de vouloir affirmer qu’en été ils ne continuent à subsister, toutefois ils n’atteignent pas de Bien grandes dimensions; je n’en ai pas vu qui dépassassent de beaucoup la longueur d’un pied. Deuxième espèce. Après ce que j'ai dit de la première espèce, l'explication de la seconde ne sera pas longue. Celle-ci diffère surtout de la pre- mière par son caractère de latérinide parfait, en ce sens que les gâteaux sont pétiolés. L’enveloppe est beaucoup plus régu- lière et ne se termine pas par un goulot. Le seul exemplaire de cette espèce qui paraisse exister dans les collections, se voit au Muséum de Paris. Il a été décrit par M. Milne-Edwards (1), et c’est d’après un des vélins du Muséum que cet illustre pro- fesseur a bien voulu me communiquer, que je l’ai fait graver (pl. xxvnr ). Les figures qui en sont données représentent le nid (4) Annales de la Soc. Entom. de France, 2° série, I, 1843, Bull. p. 18. L’au- teur le rapporte à la guêpe T'atua, mais ce nom de Tutua s'applique à une multi- tude de guêpes de l'Amérique du Sud. En i(L), 9, 1) (CS de grandeur naturelle. Tei les guëpes ont su avec un art admi- rable profiter de la branche d’un arbrisseau pour en faire l’axe et le support de toute la construction. Les rayons viennent tous s'attacher à l’axe par un pétiole qui les maintient dans une posi- tion horizontale et parallèle, comme on peut en juger| par la fig. 1, qui montre l’arrangement des gâteaux dans l’intérieur du nid (1). On voit un de ces gâteaux par sa face supérieure (fig. 6 et fig. 5). Le même rayon est représenté de profil (2). Ici les rayons sont pelits; leurs pétioles les supportent avec assez de solidité pour que les colonnettes soient inutiles. L’enveloppe est très digne de remarque. Elle forme un fuseau composé d’un feuillet unique en papier ligneux ; ce papier est admira- blement ridé transversalement, en quelque sorte tuyauté, ce qui lui donne une apparence tout à fait artistique qui rappelle presque la dentelle. Le fuseau d’enveloppe s'appuie d’une part autour de la branche qui forme l’axe, comme on peut le voir fig. 2, qui représente le côté postérieur du nid, et, d'autre part, il prend encore divers points d'appui sur quelques ramuscules; mais il n'est nulie part en continuité de tissu avec les rayons. La position entièremet latérale de ces derniers par rapport à l'axe fait que celui-ci ne doit pas nécessairement occuper le centre du fuseau. C’est pour cela qu’il se trouve placé sur le côté, non pas dans le fuseau, mais en dehors sur sa surface. Au sommet le manteau se resserre autour de l'axe et se ferme entièrement en s’accollant au bois (fig. 3). Au bas il se rétrécit de même, mais il ne se ferme pas complétement; les guêpes ont ménagé un orifice assez large (fig. À a et À a) qui sert d'entrée. On ne saurait assez admirer cette habile et gracieuse cons- truction. L’enveloppe en particulier est faite avec un art qui rappelle les tissus les plus délicats. Les guêpes conduisant leurs fils avec une adresse surprenante, toutes les zones sont réguliè- (1) Le guêpier est ouvert artificiellement sar un côté que l'on a excisé afin d’en laisser voir l’intérieur. (2) Voyez l'explication de la planche. == CXXMIIT — rement unies et viennent converger sur une ligne qu'on pour- rait nommer raphé et qui est ici parfaitement nette (voyez le lambeau, fig. À b. ) Le guëêpier n’est pas moins distingué sous le rapport des cou- leurs. Il est bigarré de bandes longitudinales, les unes d’un roux pâle, les autres d’un beau rouge d’acajou. Ces bandes sont paturellement très irrégulières; elles ne tiennent qu’à la nature des matériaux employés à leur construction, de même que les zones sont longitudinales, ce qui s'explique parfaitement par le fait que le nid a dû être construit en partant de da branche qui lui sert d'appui, pour finir par se clore sur la face opposée, par le raphé médian, en sorte qu’il a crû par zones longitudinales successives. Habitués que nous sommes à voir les guêpiers se commencer par le sommet et s'achever par le bas, nous sommes instinctivement portés à croire qu'il en est de même pour nos fuseaux, d'autant plus que les rides horizontales et parallèles semblent indiquer des zones accroissement. Toutefois il n’en est absolument rien : la base du nid est toujours sur son appui etson accroissement est toujours indiqué par des zones colorées. On ne saurait assez admirer l'excellence de la demeure qui vient d’être décrite, l’intérieur de l'habitation est spacieux, bien clos et parfaitement à l'abri. Il y règne enfin, par suite de la translucidité de l'enveloppe, un demi-jour qui est loin d’exis- ter dans les autres guëêpiers enveloppés. Il existe encore au Muséum de Paris un guêpier du même genre que celui-ci, mais qui a la forme d’un fuseau excessive- ment allongé (pl. x1x bis, fig. 4). li n’est remarquable que par son extrême longueur et par sa très pelite largeur. Ces rayons sont pédicellés comme chez le dernier qui vient d’être décrit, mais il est fait d’un papier gris qui rappelle parfaitement celui du guêpier du Charterqus apicilis, aussi ne serais-je pas clonné qu'il appartint à celle espèce. Dans ce cas, l'existence de rayons nn Ce. ©. 0 D. Come pédicellés ne devrait plus être considéré comme un caractère spé- cifique du nid, cette forme ne serait qu'une variété de la précé- dente; on pourrait presque dire : le jeune âge des rayons. En effet, dans ces guêpiers des Charterqus apicalis, les rayons extrêmes sont souvent pédicellés, comme je l’ai montré plus haut, et, en s’agrandissant, ils deviennent enveloppants, de façon à être tra- versés par l’axe. Lorsque le guêpier a une forme très étroite et allongée, les rayons, ne pouvant acquérir de grandes dimensions, restent petits et pédicellés. Il en est de même chez les Polistes qui {font indifféremment leurs guêpiers nettement latéraux on seule- ment excentriques. Le curieux nid dont il est question a été rapporté du Brésil. Architecture du genre NECTARINIA (1). PI. XXX et XXX bis. PHRAGMOCYTTARES sphériques. Les Nectarinies ont une architecture toute particulière, et peut-être la plus admirable de celles des guêpes améri- caines. Elles s’éloignent dans leurs constructions de tous les travaux qu'exécutent les autres phragmocyttares, et il faut une certaine force d’abstraction pour saisir, malgré cette diversité, les rapports d’analogie qui les y rattachent. À l'extérieur, les guêpiers des Nectarinies ressemblent en tout à ceux des Vespa. C'est le même papier gris, plus fin en- core, la même configuration irrégulière approchant d’une boule. Aussi ai-je vu, non sans surprise, des nids de ce genre être, dans les musées, attribués à tort à ces insectes. Il existe cependant bien des moyens de reconnaître par la simple inspection de l'extérieur du nid qu’il n’est pas l'ouvrage des Vespa. En effet, les Nectarinies bâtissent entre les ramuscules (1) Ce nom étant employé en ornithologie, Shuckard a proposé pour le rem- placer celui de Melissaia ; mais je ne vois pas la nécessité de le changer. () NOR AN NE des buissons, c’est-à-dire à l'air libre, et l’irrégularité des formes de leur nid ne permet de le comparer qu’à ceux des Vespa qui bâtissent sous terre. [is n’ont pas, comme les nids des Vespa aériennes, une forme ovoïde et un grand orifice inférieur. Maïs lorsqu'on vient à lever l'enveloppe, la différence est bien plus frappante, car cette enveloppe ne forme pas un épais manteau de cellules papyracées ou de feuillets concentriques : elle n’est qu’une simple feuille de papier souvent irrégulière et non point une couverture multiple (pl. xxx bis). Quant à l’intérieur, il ne s’y trouve rien d’analogue aux guêpiers des Vespa. J’en ai expliqué l’arrangement dans le cha- pitre précédent et me bornerai ici à rappeler que les gâteaux, au lieu d’être des plans parallèles, sont des sphères concen- triques. Il ne faut pas toutefois prendre ce mot au pied de la lettre : un côté se développe plus que l’autre, et en réalité les sphères sont incomplètes vers le sommet du nid. Ces guëêpiers, qui viennent de contrées lointaines, sont des objets rares et précieux qu’on n’aime pas laisser couper en mor- ceaux, vu leur extrême fragilité, aussi n’aurais-je pu donner une description détaillée de leur arrangement intérieur si je ne les avais trouvés au Mexique d’où j'en ai rapporté divers échan- tillons. Comme on l’a vu dans le chapitre précédent, la muraille devrait être réduite à un simple cylindre intérieur, mais, en général, la nature vivante n’aime pas les formes mathématiques, et à cette colonne de carton elle substitue des lames de papier contournées qui forment ensemble de grandes vacuoles et se soudent entre elles de diverses manières, de façon à former un parenchyme lâche auquel se fixent les différents rayons dans leur ordre d’emboîtement (pl. xxx bis). Chaque rayon est une sphère irrégulière (1) emboîtée et em- boîtante, à part la première qui n’est qu'emboîtée (pl. xxx bis). (1) Je demande de pouvoir me servir de ce terme qui rend mieux qu'aucun autre l’idée que je veux exprimer ici. Quoiqu’un non-sens, il est compris de chacun. cd Le, 04 La coupe intérieure du nid laisse donc voir les rayons comme une série de cercles conceniriques dont le dernier est formé par le feuillet d’enveloppe. La régularité de cet arrangement m'est cependant pas complète, et elle ne peut l’être, attendu que si les rayons n'étaient unis que par leur sommet, ils ne seraient pas bien fixés dans leur position relative ; ils se rapprocheraïent ou s’écarteraient sous la moindre pression, et comme ce guêpier n’est pas un stélocyttare, il ne saurait exister de piliers d’uniou entre les étages pour empêcher les déformations. La nature y a suppléé par un admirable artifice qui sert à double fin : c’est une véritable rampe en spirale qui part du centre et s’élend jusqu’à la surface inférieure du guëêpier, rampe qui sert de lien commun à tous les gâteaux et d'escalier aux insectes. Dans les autres phragmocyttares la circulation se fait par de simples trous dont les étages sont percés. On voit aussi un grand nombre de ces trous dans les rayons de nos guêpiers. En effet, ceux-ci sont si larges, que le nombre des portes de commu- nication ne saurait être trop grand, autrement les guêpes au- raient à faire de longs détours peur trouver des issues, et l’af- fluence des habitants occasionnerait des encombrements perpé- tuels. Mais les Nectarinies ne se contentent pas de ces sorties grossières. On dirait que, recherchant le comfort dans leurs habi- tations, elles veulent une rampe par laquelle elles puissent monter sans se fatiguer autant (1). Voici comment cette rampe est établie : chaque rayon est percé d’un grand trou; l’un des bords de cet orifice se prolonge obliquement en bas pour atteindre le plan- cher du rayon immédiatement inférieur ; celui-ci est arrangé de la même façon, son trou est situé au-dessous de celui du rayon supérieur ; il en est de même des autres jusqu’au dernier. En suivant le bord de ces rampes d’union et des trous par lesquels elles descendent, on passe, en spirale, du centre au pourtour du nid, et, comme pour opérer cette descente on peut suivre l’un ou l’autre bord des lames, la rampe offre un double chemin sclon deux spirales qui tournent en sens inverse. Enfin l’enve- (4) PI XXX bis, fig. À, 2 1 — CXXXII —- loppe elle-même est percée du trou par lequel la lame oblique fait saillie à sa surface externe et sert de sortie par une assez large fente (pl. xxx bis, fig. 4, e). Mais ces faits ne peuvent être compris et appréciés que sur Ja nature même, et encore faut-il une grande attention pour saisir la complication de cet arrangement. Lorsque le plan par lequel on divise le guëêpier tombe de façon à partager les lames de communication, on peut facilement être induit en erreur et croire que les rayons sont bâtis en spirales (fig. 1, z, voyez l'explication de la planche) ou qu’ils prennent naissance les uns sur les autres (o). Ces irrégularités ne sont qu'ap- parentes et tiennent aux différents aspects que produisent les diverses coupes géométriques selon lesquelles on peut partager Ja rampe ; elles ne sauraient être parfaitement comprises que par ceux qui possèdent quelques notions de géométrie descriptive. Dans le guêpier qui me sert à établir ces faits, je compte cinq rampes, mais toutes ne traversent pas la totalité des étages ; rien n'empêche que leur nombre ne soit plus grand, mais celui des sorties ne dépasse pas le chiffre 2. Les lames qui communiquent ainsi entre les rayons équivalent à des piliers et servent de liens entre eux; et comme aucune place n’est gaspillée par nos indus- trieux insectes, ces lames sont elles-mêmes tapissées en dessous d’alvéoles et servent aussi bien de planchers que d’escaliers et de piliers. Enfin, les nombreuses branches qui toujours supportent et traversent le nid dans tous les sens sont des appuis naturels plus solides que tous les autres, et qui suffiraient à eux seuls à fixer les rayons ; mais l’insecte a l'habitude de ne jamais compter que sur sa propre industrie, et lors même que la nature lui en fournit la facilité, il ne s’affranchit pas de ses règles de cons- truction. Il me reste maintenant à dire comment les Nectarinies éten- dent les limites de leurs demeures. En principe, on peut croire qu’elles ajoutent autour du guêpier une nouvelle sphère en papier, et qu’elles tapissent d’alvéoles l’ancienne enveloppe ainsi enfermée. Mais une aussi grande sphère de papier n’est —GEXEIIE — pas facile à établir tant que les points d’appui manquent encore ; aussi procèdent-elles par morceaux successifs en fixant chacun d'eux à mesure qu’il est construit. Elles établissent autour d’une portion du guêpier une de ces grandes cellules papyracées, déjà décrites à propos des nids des Charterqus apicalis, en ayant soin de l’aplatir et de lui faire suivre la courbe de la surface du guêpier (fig. 2, acb). (La portion de cette surface qui est ainsi recouverte peut déjà se tapisser d’alvéoles.) Puis elles bâtissent à côté une nouvelle chambre plate (c ob), détruisent la cloison qui la sépare de la première (cb), et ainsi de suite, jusqu’à ce que la nouvelle enveloppe soit complète et forme une sphère qui en- ferme le guêpier tout entier. Mais lorsque celui-ci commence à acquérir un grand volume, il est rare que les rayons nouveaux deviennent des sphères complètes; les insectes bâ- tissent de préférence en dessous, probablement parce que le sommet risque d’être gâté par la pluie et c’est sans doute pour cette raison aussi qu ec dernier est rempli de grandes vacuoles dépourvues d’alvéoles. Il en résulte que les derniers étages sont des calottes hémisphériques plutôt que des sphères complètes. Les demeures des Nectarinies sont très vastes par rapport à leur taille, Le nid figuré ici — qui est réduit des deux tiers —- peut en donner une juste idée, si l’on compare la petitesse Ges'alvéoles à la grandeur du tout. Ici les rapports de grandeur entre le guêpier et les cellules sont parfaitement traduits, grâce au procédé photographique auquel on en doit la représentation. Si toute la surface du guêpier était couverte d’alvéoles, il pourrait en contenir plusieurs milliers, et comme l’intérieur est rempli de surfaces semblables, on ose à peine se prononcer sur le chiffre effrayant des habitants d’une cité en apparence aussi peu spacieuse. C’est de tous les genres de guëêpiers celui qui pour sa forme et son arrangement doit en contenir le plus. En vertu de sa sphéricité, c’est aussi celui qui exige le moins de matériaux pour donner le plus de place aux alvéoles ; aussi ces nids, quoique remarquablement grands, par rapport —— CXXXIM, —— à la taille de leurs artisans, ne sont-ils pas les plus étendus (1), mais ils sont certainement les plus populeux. Je ne sais pas au juste à quelle Nectarinie l’on doit attribuer le guêpicr figuré pl. xx. C’est probablement à la N. lechiguana sur laquelle À. de Saint-Hilaire a donné de si intéressants détails. La photographie a reproduit non seulement le nid mais aussi ses défauts, ses déchirures, etc. Il faut faire abstraction par la pensée d’une bonne partie de ces défauts. Gertaines plaques d’alvéoles ne se voient que par suite de déchirures ; néanmoins il est constant que de grandes plaques de ce genre sont ébau- chées sur l'enveloppe, fait très exceptionnel que je n’ai remarqué chez aucune autre guêpe. On voit distinctement que le nid s’augmente par une série de plaques de ce genre : dès que l’une d’elies est achevée, elle se recouvre d’un feuillet papyracé, et, lorsque toutes les parties de la surface ont subi la même trans- formation, un nouvel étage concentrique ou plutôt une nouvelle sphère d’alvéoles se trouve ajoutée et recouverte d’une enyve- loppe de papier. Ce travail se fait avec irrégularité, mais finit par amener à l’intérieur une disposition très régulière. L'architecture des Nectarinies est restée inconnue jusqu’à ce, jour ; je crois cependant que le petit guëpier que Latreille a figuré (pl. xxx, £. 4, de la Zoologie du Voyage de Humbolt) estun nid rudimentaire de ces insectes dont l'enveloppe avait été arrachée.. ) À la suite de la description des guêpiers, je crois devoir citer un nid dont M. Westwood a parlé (2). Ce nid, originaire de Ceylan, avait deux mètres de longueur et était établi sous une feuille de palmier. Il est bien à regretter qu’on ne connaisse pas avec plus de détails un ouvrage aussi remarquable. (1) J'ai vu un nid de Polybia rejecta qui avait plus d’un mètre de longueur, et cette espèce n’est pas beaucoup plus grande que le Lechiguana. Les plus grands nids de Nectarinies atteignent un diamètre de deux pieds. (2) Introd. to Modern Glassif. of Ins. AL. — CXXXV . Azara (1) parle aussi de divers nids qu’il décrit d’une ma- nière trop incomplète pour qu'il soit possible de les reconnaitre. Il dit seulement que la chigquana et le camuaty font des nids dont les rayons ont jusqu’à un pied de diamètre, et que la première suspend aux branches des arbres. Ces rayons contiennent du miel et n’offrent pas de cire, ce qui prouve bien qu’il s’agit de guêpiers et non de ruches sauvages. Les noms de chiquana et lechiquana servent du reste à désigner diverses guêpes dans le midi du Brésil et ne s'appliquent pas aux abeilles. CHAPITRE VIL COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR LA NIDIFICATION. Dans le chapitre V, j'ai montré que les diverses espèces de guêpiers se groupaient autour de deux types, et que chacune d'elles résultait d’une modification théorique de celui des deux types auquel elle appartient. Je ne pouvais encore parler d’une manière parfaitement générale; pour être compris, il fallait d’abord faire connaître les nombreuses espèces de guêpiers qui viennent d’être décrits; mais quelques mots sufliront mainte- nant pour compléter ce qui restait à dire. Je voudrais montrer qu’il n’est pas même nécessaire d'admettre deux types premiers dans l'explication des diverses espèces de nids, mais que les phragmocytitares ne sont eux-mêmes qu’une modification des stélocyttares. | Le guêpier le plus rudimentaire, avons-nous vu, est un simple gâteau d’alvéoles, circulaire de forme et fixé par un pétiole central : c’est le gymnodome par excellence. Le nombre des rayons peut s’accroître ; ils sont alors unis entre eux par des (1) Voyages, I, 171, — CXXXVI — piliers et reçoivent une enveloppe; c’est ainsi que naissent les calyptodomes. Si le rayon primitif est un disque circulaire complet, le guê- pier auquel il sert de base est rectinide; s’il est incomplet, il est latérinide ; mais ceci importe peu pour les déductions que nous voulons en tirer. Supposons maintenant un stélocytiare calyptodome, comme par exemple un nid de Vespa crabro, ou mieux, de Charterqus api- calis (1). Le bord des rayons est soudé par places à l'enveloppe. Supposons que les soudures envahissent tout le pourtour des rayons, ne laissant plus qu’une petite solution de continuité en forme de trou sur un: point de ce pourtour; nous aurons ainsi un véritable trou de communication comme chez un phragmo- cyttare. Ce trou pourrait du reste devenir plus ou moins central. Ce serait le premier pas vers la transformation en phragmocyt- tare (2). Grâce encore à ces soudures, les rayons auraient un appui suffisant dans l'enveloppe, et si les piliers devenus inutiles venaient à manquer, le second pas serait fait. Le guêpier stélo- cyttare qui nous sert de point de départ augmente de volume, avons-nous vu, par une constante addition de grandes vacuoles à sa surface, surtout vers le bas; l’intérieur s'agrandit et sur- tout la partie inférieure s'allonge par ce procédé et par la des- truction subséquente des parties de l’enveloppe ainsi enfermées et devenues inutiles. Par ce moyen, un nouveau rayon irouve aujourd’hui place au-dessous du plus inférieur de la veille. Ce rayon est établi sur les restes de l'extrémité inférieure de l’an- cienne enveloppe (le goulot) devenue interne (ces restes de l’ancien goulot forment alors les piliers de support du rayon). La substance de cette enveloppe est rongée et ses matériaux sont remaniés pour être refondus en un nouveau plancher horizontal (pl. xxx bis, fig. 2). (1) PI. XIX bis, (2) Un guépier réalisant ces conditions serait parfaitement intermédiaire entre les stélocyttares et les phragmocyttares ; ce type ne s’est pas encore trouvé, mais celui qui s’en rapproche le plus se voit dans les'nids du Chartergus apicalis où les soudures sont très étendues, quoiqu'il soit bien stélocyttare. — (CXAAEVIE—— Lorsque maintenant, dans le nid, chaque étage sera, non plus un gâteau libre dans ses bords, mais une cloison adhérente à l'enveloppe, les insectes comprendront qu’il est inutile de dé- truire le bas de l’ancien nid pour avoir ensuite à construire un plancher, et qu’il y aurait moins de peine à se servir de la surface déjà existante à titre de plancher ou, en d’autres termes, à tapisser d’alvéoles l’extrémité enfermée de l’ancienne enve- loppe (fig. 3, a o q), ce qui donnerait un rayon tout fait. Mais il faut que les rayons soient parallèles, et l’insecte arrivera à comprendre que la face inférieure du nid, devant un jour servir de plancher, doit être parallèle au rayon inférieur (fig. 4; a b, c d). Dès lors, on aura obtenu un nid phragmocyttare et parfait. L’accroissement se faisant ainsi très facilement par Le bas, il cessera d’avoir lieu par les côtés, et le guêpier prendra une forme très différente, par le fait que les rayons inférieurs n’au- ront pas besoin d’être moins grands que ceux du milieu, ce qui conduira à la forme cylindrique ou conique. Le phragmocyttare n’est donc pas un style spécial, mais seu- lement un stélocyttare perfectionné. Je ne veux cependant pas dire par là qu’il soit matériellement né comme je le fais naître ci-dessus ; seulement il m’a fallu me servir, ici comme dans plusieurs autres endroits, d’un langage figuré pour me faire comprendre. Cette transformation réside dans la pensée de la Création, et il ne se manifeste matériellement que les types tout transformés. En d’autres termes, le principe de cons- truction des phragmocyttares est une déduction de celui des sté- locyttares. Mais on ne peut dire que chaque espèce de phrag- mocyttare en particulier soit née d’un stélocyttare correspon- dant. Le principe une fois trouvé, si je puis m’exprimer ainsi, il se réalise sous diverses formes arbitraires qui échappent aux rapports de liaison existant entre les deux modes de construction. Ainsi nous avons passé matériellement du stélocytiare composé au phragmocyttare à étages multiples. Ce dernier naît par répéti- tion et développement du phragmocyttare à chambre unique. Pour avoir une série de transformations régulières, on devrait passer du stélocyttare composé au phragmocyttare à loge unique. Il — CXXXVIIL — n’en est rien : le principe phragmocyttare une fois trouvé, il se réalise du simple au composé d’une manière entièrement indé- pendante, et donne naissance à cette série de guêpiers si variés que j'ai décrits plus haut. Je demande pardon d’insister sur ces considérations théori- ques, que quelques esprits étroits nommeront peut-être de creuses spéculations ; mais il me semble qu'il est toujours inté- ressant de remonter à l'unité de plan des productions de la nature, et qu’il l’est surtout dans ce cas où il ne s’agit plus des organismes, mais des travaux que ceux-ci servent à exécuter et des manifestations de l'instinct des êtres. Cette étude d’unité de plan dans les ouvrages des animaux n'avait jamais encore été tentée, et la nouveauté de l’observation servira d’excuse à la témérité des déductions. CHAPITRE VIIT. DE LA NOURRITURE DES GUÊPES ET DE LEURS DÉGATS. On remarque souvent chez les Hyménoptères, entre les ins- tincts des larves et ceux des insectes parfaits, des divergences frappantes. Il est telle larve au régime entièrement animal qui, transformée en insecte parfait, ne s’attaquera plus qu'aux fleurs de la campagne; ïil est aussi des larves phytophages qui donnent naissance à des insectes carnassiers. Aussi voit-on en général dans la bouche de ces insectes des particularités très dignes de remarque. Souvent les organes buccaux de l'animal parfait sont taillés moins en vue de sa propre nourriture qu’en vue de celle de sa progéniture. Les guêpes ne sont pas de tous les Hyménoptères les moins curieuses sous ce rapport. Elles ont même un genre de vie proba- blement plus varié que celui d'aucune autre famille. —MmOXKNIX us Nous savons que les Euméniens se rapprochent par leurs mœurs des Hyménoptères fouisseurs; les larves des Masariens, comme je l’ai montré (1), vivent en parasites aux dépens d’autres insectes, ou se nourrissent à la manière des Euméniens ; tandis que parvenues à l’état parfait, ces guêpes, munies d’une longue langue extensible, vont probablement puiser le nectar au fond du calice des fleurs. Les Vespiens réunissent en eux tous les instincts les plus éloignés, et méritent à juste titre le nom d’omnivores. Ant. I. Nourriture des insectes parfaits. Les guêpes sont des insectes de rapine et de pillage. Elles at- taquent les objets dont nous faisons notre nourriture, ce qui leur vaut d’être plus mal réputées que d’autres insectes beaucoup plus nuisibles. Leur voisinage même est gênant par la terreur qu’inspire leur aïguillon, mais malgré tous les moyens mis en œuvre pour en extirper la race, l’homme ne parvient même pas à en diminuer les innombrables légions. On dirait que la nature a doué ces insectes d’un goût uni- versel pour toute espèce de substances alimentaires afin de leur faciliter la vie en toute saison. Depuis les premiers jours du printemps jusque dans l’arrière-automne on rencontre soit les Polistes soit les Vespa sur les plantes de la campagne, léchant le nectar des fleurs. Il est bien facile de les observer occupés à rassembler les matières sucrées que fournissent les Ombelli- fères ou d’autres végétaux ; les uns et les autres sont obli- gés de choisir les fleurs les plus petites et les moins pro- fondes, parce qu'avec les courts lobules de leur langue ils ne sauraient atteindre à la profondeur où les Mellifères vont puiser les mêmes substances. Au printemps, ils profitent des fleurs (1) Tome III de eet ouvrage, page 56. NOTE précoces des arbres fruitiers et y trouvent presque la seule nourriture que leur offre la nature en ce moment. Mais en au- tomne, ils tombent sur les fruits avec une voracité qui figure au premier rang parmi les fléaux des jardins, des vignes et des vergers, Quoique voraces, les guêpes ont une grande délicatesse de goût. Elles ne s’attaquent qu'aux fruits les plus mûrs et les plus succulents, aux pêches, aux fraises de bonne qualité, aux figues, aux raisins, etc., et causent, souvent des ravages con- sidérables. On a vu des propriétaires hâter le moment de la vendange, moins en vue des dégats dus aux oiseaux qu’en vue de ceux qu’occasionnaient les guêpes. C’est donc en automne que ces insectes trouvent à meilleur compte la nourriture la plus abondante; aussi leur nombre prend-il à cette époque un accroissement extraordinaire. Les nouvelles pontes éclosent, jettent dans les campagnes des légions de guëpes d’autant plus nombreuses que les guêpiers sont alors très volumineux et que le nombre de leurs alvéoles est immense. Dans les années chaudes, où les pontes réussies sont plus nom- breuses que dans d’autres, on a vu les guêpes devenir une véri- table plaie; non contentes de dévaster les jardins, elles péné- traient dans les maisons, inondaient les plats et tenaient les gens dans une agitation perpétuelle par la crainte que leurs aiguillons inspirent. « Elles s’introduisent dans nos salles à manger, dit Réaumur, et viennent hardiment goûter de tous les mets qu'on sert sur nos tables. » Les espèces du genre Vespa sont très friandes de viande crue; elles la mangent après en avoir découpé des morceaux au moyen de leurs fortes mandibules, et elles opèrent ce travail avec upe telle voracité qu’on peut alors les toucher sans crainte d’être piqué. Lorsqu’elles se sont rassasiées, elles ne partent jamais sans avoir préalablement excisé quelque morceau qu’elles emportent comme provision (1) ; elles le font d'ordinaire si gros que son poids les entraine et les fait tomber à terre. Elles préfèrent (1) Réaumur, Mém, Ins. VI, 165. —MOXEX — toutefois aux muscles les parties plus molles, telles que le foie et les glandes en général, qui, moins filandreuses, se laissent mieux entamer par leurs mandibules. Toutefois les bouchers ne doivent pas les craindre ; leurs dégats sont en somme minimes, et elles les rachètent par de vrais avantages qui leur font pardonner leurs larcins. Témoin ce boucher philanthrope de Charenton, dont parle Réaumur (1), qui avait fait avec ses guêpes un contrat fort bien entendu, par lequel il leur donnait chaque jour un foie de veau à dévorer, en revanche de quoi elles laissaient intacte l’autre viande, et débarassaient la boucherie des mouches bleues. Les guëpes ont un faible pour les douceurs : elles aiment le sucre et recherchent le miel avec avidité. Il est facile de l’observer sur nos tables où elles viennent se prendre à nos tartines gluantes. Lorsqu'on a nettoyé des ruches et qu’on a jeté la paille un peu enduite de miel qui a servi à les essuyer, on voit les guêpes tomber par centaines sur ce régal, et longtemps après l'avoir léchée et dépouillée de tout son miel elles vol- tigent encore aux alentours de cette paille. On les voit souvent aussi à l’affüt près des ruches, soit pour tomber sur les abeilles, soit pour s’y introduire et s’y rassasier de miel. En Allemagne, on redoute beaucoup leur voisinage, et, en Amérique, on les a vues, dans des momenis de grande disette, empêcher la multiplication des abeilles, tant elles s’acharnaient à les dé- truire (2). Mais ce qui, au milieu de tout cela, paraît le plus singulier, c'est l’audace avec laquelle les guêpes attaquent et dévorent d’autres insectes. Postées dans les environs des ruches, elles tombent comme des éperviers sur les abeïlles, les saisissent au moment où elles arrivent chargées de miel, les entraînent à terre et les tuent en leur séparant du thorax l'abdomen, qu’elles emportent ou qu’elles dévorent sur place. Pourquoi est-ce toujours l’abdomen qu’elles dévorent? Réaumur l’attribue (1) Loc. cit., 166. (2) Brandt und Ratzeburg, Medizinische zoologie, 198. — CXLII — à ce que celte partie est plus tendre et plus succulente que le thorax; Saint-Fargeau pense qu’elles ne le font que pour en extraire le miel. Les deux raisons peuvent être plausibles, car si les guêpes aiment beaucoup le miel, elles mangent aussi très volontiers les insectes dont les téguments sont tendres. Elles attaquent, en effet, les mouches sur les feuilles des buissons, en fondant subitement sur elles; en moins d’un clin d'œil, elles leur ont coupé ailes, pattes et tête, après quoi elles dévorent ou emportent le tronc. M. Westwood (1) en a observé qui saisis- saient au vol des mouches bleues sur les ordures mêmes, en ayant soin de ne faire que les effleurer afin de ne point se salir, et certes, dans ce cas, ce n’était pas pour y trouver du miel. | Dans ces attaques contre d’autres insectes, nos bestioles ne se:servent pas de leur aiguillon à la manière des fouisseurs, elles ‘se bornent à mettre en pièces leur proïe avec leurs mandibules; mais si l’insecte est petit, comme la Musca domestica, elles le mâchent tout entier et en font une boule qu’elles em- portent (2). Saint-Fargeau pense que les guêpes n’attaquent les mouches ou les autres insectes que lorsque la sécheresse des plantes occasionne pour elles une disette. Il vit, dans des cas de détresse, des guëêpes couper en morceaux des Locustes piquées sur une planche de liége et les dévorer vivantes. En effet, J'ai souvent observé durant des heures entières des guêpes occupées, côte à côte avec des mouches, à manger des raisins ou d’autres fruits, sans que jamais aucune mouche n’ait été attaquée tant que l'appétit des guêpes trouvait à se satisfaire sur les fruits. Peut être pourrait-on exploiter cet instinct carnassier des guêpes pour faire la guerre aux mouches, à l'instar du boucher de Charenton; maïs le remède serait pire que le mal. Il paraît cependant certain qu'en Amérique on pend, dans ce but, des guêpiers dans les chambres (3). (1) Introd. to Mod. Classif., I, 26. (2) Lepel. Saint-Fargeau, Hyménopt., I, 181. (3) Sir John's letter to an American Farmer, et Wesiwood, Introd, ta Mod, Classif., IX, 246. AIT Une observation piquante dans le genre de celles qui précèdent a été faite par Davis (1) : — « J'étais fort ennuyé, dit-il, par des bandes de guêpes qui entraient dans la maison, venant d’un nid établi dans le voisinage. Je mettais sur une tablette de che- minée les papillons nocturnes que je capturais tous les soirs. Un beau jour, je vis une guëêpe entrer par la fenêtre, se diriger sans tâtonnements vers ma cheminée, s’y arrêter et séparer avec ses mandibules le corps d’un papillon fraîchement étalé. Bientôt je m’aperçus que tous les autres papillons avaient subi le même sort : il ne me restait d’eux que les épingles et les ailes qui, retenues par les liens, étaient restées en place, en sorte que le larcin n’avait pas été remarqué quoiqu’ayant continué pendant plusieurs jours! » M. Davis a également vu les guëêpes prendre des mouches, les mutiler et les emporter dans leur nid. « J'ai aussi observé, dit-il encore, une guêpe qui, se tenant sus- pendue à une feuille par les crochets d’un des tarses postérieurs, avait l'air d’être très occupée de ses autres pattes. En examinant de plus près, je la vis tenant une mouche qu’elle était en devoir de mutiler et, cette opération faite, elle s’envola avec le tronc. Une autre fois une guêpe saisit devant mes yeux une mouche bien plus grande (l’Eristalis nemorum); à l’instant même elle se suspendit et lui coupa, avec ses mandibules, ailes, pattes et tête. » Depuis, M. Newport est venu confirmer tous ces faits par une autre observation de même genre (2). Il écrit que per le grand soleil de midi, moment où les guêpes sont le plus actives, ces insectes volent de fleur er fleur, de chardon en chardon, cherchant une proie. Souvent elles attaquent les papil- lons de diverses espèces; il en vit fondre sur la Pontia rapæ, ce commun papillon blanc de nos campagnes, lui couper les ailes et les pattes et s'envoler en emportant le tronc. Elles s'arrêtent sur la première plante qui leur paraît favorable, se pendent par les pattes de derrière et achèvent de mâcher le corps de leur (1) Entomological Magazine, I, p. 90. — V. vulgaris? (2) Trans. Ent, Soc. of Lond., I, série I, 228, ACXPIV victime, qui, façonné en un maillot, est emporté entre les jambes de la guêpe. Les guëêpes fondent sur les papillons comme les éperviers sur les oiseaux, mais les papillons les craignent et les évitent en se laissant choir de côté. Cette manœuvre réussit quelquefois, et alors, la guêpe qui a manqué son coup ne revient pas à la charge mais continue son chemin, de même qu’un lion qui, ayant sauté à faux et manqué sa proie, reste honteux et ne bondit pas une seconde fois. M. Darwin avait cru voir l’objet d’un raisonnement dans le fait que les guêpes mutilent leur proie : la guêpe allégerait ainsi son fardeau (1). Comme le montre M. Newport, la raison est bien pauvre; ce procédé est simplement dicté par un instinct aveugle; c’est une autre forme de celui qu'ont tous les insectes carnassiers, comme, par exemple, les Philanthes et autres, qui percent de leur aiguillon les abeilles qu’elles capturent, afin de les étourdir et de les emporter plus facilement. Enfin, après avoir pendant tout l’été vécu de rapines et de brigandages, les guêpes se trouvent subitement au dépourvu lorsque viennent les froids de l'automne. Manquant d'insectes et de fruits, chassées par les vents du nord, engourdies par le froid, elles abandonnent le guëêpier, se dispersent et cherchent avec peine à pourvoir à leur chétive subsistance jusqu’au mo- ment où elles périssent de misère. J’ai vu dans ces moments des Vespa crabro s’acerocher aux branches des arbustes des jar- dins, les ronger par place pour pénétrer jusqu'au bois et sucer les restes de sève qui circulaient encore sous l'écorce. Le 4% octobre 1852, par un temps sombre et pluvieux et par un vent du nord assez froid, j'ai observé plusieurs frêlons fixés contre un arbuste dans une attitude presque immobile. Ils étaient si bien à leur affaire et si engourdis par le froid, qu’ils ne sem- blaient pas se préoccuper le moins du monde de ma présence, (4) Je ne connais pas cette note citée par M. Newport. Ce dernier dit seule- ment : M. Darwin a fait quelque part une assertion... etc. » COX EN si ce n’est lorsque je m’approchais de très près et sans aucune précaution. Ils se retiraient alors par un mouvement brusque et prenaient une attitude guerrière, les pattes de devant levées ; mais ils se remettaient presque aussitôt à leur ouvrage. Chacun d’eux se trouvait placé devant un trou circulaire qu’il avait fait à l'écorce et dont les bords déchirés étaient entourés d’un cercle humide, provenant probablement de l’imbibition des sucs de l'arbre. Je pensai d’abord que cette humidité n’était autre que la salive de la guêpe, au moyen de laquelle celle-ci cherchait à ramollir le bois afin de l’entamer plus facilement; mais bientôt je m’aperçus, en l’observant à la loupe, que l’insecte ne faisait que lécher les sucs du bois mis à nu, et quisont arrêtés par l’a- blation de l'écorce. Dans cette opération, les mandibules entr’ou- vertes ne servent qu’à racler le bois pour mettre à découvert les parties humides. Lorsqu'une nouvelle guêpe arrivait sur une branche, la plus voisine de celles qui y étaient déjà fixées se tour- nait vers elle, toutes les deux faisaient alors vibrer leurs antennes en les croisant et la première conduisait la seconde à son repas. Le même arbuste portait un grand nombre d’anciens trous des- séchés, il y en avait même dont le bois avait été fortement en- tamé. — Lorsque le froid augmente encore, les guêpes qui survivent n’ont pas la force de se nourrir; elle recherchent avec peine un abri pour l'hiver et y attendent, dans un état de complet engourdissement, la réapparition de la belle saison. Tous les lieux abrités leur sont bons : il en reste souvent quelques- unes dans les guêpiers abandonnés. M. Smith (1) a trouvé pen- dant la saison morte les Vespa vulgaris et germanica dans un même nid où il pense qu’elles ont été chercher le même quartier d'hiver. ART. Il. Nourriture des larves. — Question du miel. Les larves sont apodes. Enfermées dans les étroites limites des alvéoles qui leur servent de berceau, elles ne sont capables (1) Zootogist,, CVIT, p. cl, xxv. 10 < | — CXEVI — que de fort peu de mouvements et ne peuvent en aucune façon aller à la recherche de leur nourriture, elles sont réduites à recevoir des ouvrières la béquée, exactement comme les oiseaux dans les nids. Les guêpes qui errent dans la campagne ramassent beaucoup d'aliments qu’elles avalent et qu’elles viennent ensuite dé- gorger au profit des larves, et celles-ci ouvrent la bouche à l'approche des nourrices pour recevoir la liqueur. Mais cette liqueur est-elle une espèce de chyme résultant de tous les aliments qu'a pris la guêpe ou n'est-elle qu'un simple nectar avalé et rendu tel quel ? C’est ce que personne n’a encore observé. Est- ce que, par exemple, les larves de telsexe ne sont nourries qu'avec des substances animales, tandis que celles d’un autre sexe ne recoivent que des aliments végétaux ? Ceci paraît possible, car on sait par les belles expériences d’Huber quelle grande influence la nourriture exerce sur le sexe des abeilles. Muller est celui qui a le mieux observé comment se fait ce tra- vail, Il a vu la guêpe apportant dans le nid une balle de pâte qui consistait en insectes triturés et réduits en bouillie, en morceaux d’abeilles, soit neutres soit mâles; on pouvait même lui fournir ces aliments ainsi que du miel en les lui tendant au bout d’un bâton; ils étaient sur-le-champ triturés et réduits en boule, la guêperepassait cette bouie entre ses mandibules et la tendait à une larve qui la saisissait avec avidité. Ce manége se renouvelait pour chaque alvéole (1). Le même observateur a même réussi à donner de ses propres mains la béquée aux larves et elles ne s’en sont pas plus mal trouvées pour cela. Pendant bien longtemps on a cru que les guëêpes se bornaient à construire des alvéoles en papier, mais qu’elles ne les remplis- saient point de miel. D’Azara avait, il est vrai, déja parlé depuis longtemps de la guêpe Chiguana qui ramasse du miel et en remplit son nid ; mais Latreille révoque ce fait en doute dans la partie z00- logique du voyage de Humboldt et avance l'opinion que les in- sectes qu’Azara prenait pour des guêpes n'étaient en réalité que (1) Naturgesch, d. grossen Hornisse. mn PORENAI = des Mélipones, lesquelles ramassent du miel à la manière des abeilles. Mais il fut bien étonné lorsque l’illutre Auguste de Saint- Hilaire rapporta du Brésil le miel trouvé en abondance dansun nid de Nectarina et lorsqu’après l'inspection de l’insecte il ne put rester de doute sur la réalité du fait. — Depuis, M. White, qui a pro- bablement eu sous les yeux la guêpe Chiquana de F. d’Azara, a trouvé du miel dans les cellules de ce guëpier (1) et il faut bien croire avec Latreille que les nids décrits et figurés par Hernan- dez, l'historien du Mexique, sous le nom de Nicatzenteco, Minia- vatl et Yzachalagmitl, n'étaient que ceux de guêpes voisines qui ramassent aussi du miel. Il en est sans doute de même des Camua- tis d’Azara. Enfin Lep. de Saint-Fargeau a trouvé du miel dans les grandes alvéoles de nos Polistes indigènes (2) et comme les autres alvéoles n’en contenaient pas, il pense que le miel est la nourriture destinée aux individus sexués seulement, et qu’il exerce sur le développement des crganes reproducteurs une influence importante. Moi-même, j'ai, à plusieurs reprises, obser- vé du miel desséché dans les guëpiers américains, et M. Hawkins prétend que les bêtes fauves n’attaquent les guêpiers que pour en manger le miel ; tous ces faits prouvent d’une manière incontes- table que, quoique les guêpes n’accumulent pas en général des provisions dans leurs nids, il est certaines époques auxquelles elles remplissent les alvéoles de miel. Ce qu’il y a de curieux, c’est que bien rarement les guëêpiers en contiennent, tellement que la présence de cette substance a entièrement échappé à Réaumur et àtant d’autres observateurs. Ceci n’est du reste pas inexplicable. On sait que les pontes des guêpes ne donnent pas toutes des femelles, et si, comme j'incline fort à le croire, le miel est la aourriture de ces dernières, on n’en trouvera dans le nid qu’à un moment donné, qui pourra être bien court, et qui sera toujours celui où les guêpes l’habitent en abondance, celui auquel on redoute de s'emparer de leur demeure. Quoi qu’il en soit, il reste à élucider bien des points à cet égard: Le miel est-il (1) Ann, a. Magazine of Natur. Hist., VIL (2) Hist. des Hyménopt., I, 482. mn CR EYAIT— J’unique nourriture de certaines larves, n’est-il qu’un supplé- ment accordé à celle des femelles, ou remplace-t-il telle autre nourriture? Voila des questions qui viennent grossir la liste assez considérable de celles qui, dans l’histoire des Vespides sont encore un mystère. On sait par exemple, que parmi les guêpes solitaires, les Eumènes accumulent dans leurs nids des larves diverses pour la nourriture de leur progéniture; mais on a aussi trouvé du miel dans ces nids, l’on ignore pour quelle raison. | Chez nos guêpes indigènes, le miel est rare, parce qu’elles ne vivent que pendant une saison, et que le nombre des pontes est assez limité, en sorte qu’il n’existe pas toujours dans les nids des larves de femelles; mais chez les guêpes américaines, qui habitent des contrées où régne un printemps éternel, rien de semblable n’a lieu. Ici le froid ne vient pas détruire les sociétés; un certain nombre d’entre elles paraissent exister en permanence comme chez nous celles des abeilles (1). Par suite, les nids sont beaucoup plus peuplés et il se fait continelle- ment des pontes d'individus de tous les sexes, ca exigent de perpétuelles accumulations de miel. Le miel des guêpes est d’un goût agréable, et dans l'Amérique du sud, où les guêpiers qui en contiennent sont fréquents, ilest très recherché ; mais le goût qu’on a pour cet aliment n’est pas sans danger. Quoique inoffensif par sa nature propre, il peut devenir un poison violent lorsque les guêpes l'ont récolté sur des plantes vénéneuses. Gette qualité nuisible avait déjà été signalée chez les anciens par les auteurs grecs et latins. Pline dit (2) que les abeilles des régions de la mer Noire font du miel qui est souvent vénéneux, lorsqu'elles l'ont puisé sur une plante qu’on nomme Æjgolethros parce qu’elle empoisonne les chèvres qui en mangent ainsi que les animaux de race chevaline. Cette plante (1) Lacordaire, Introd. à l’Entomologie, H, 508. — Comme je l'ai dit plus baut, les guépiers qui persistent sont des exceptions constantes mais peu nom- breuses. La piupart des guêpiers semblent être désertés périodiquement ; is sub- sistent néanmoins bien plus longtemps que sous notre latitude. (2) Livre XXI, chap. xir. COX EI toutefois n’est vénéneuse que lorsque le printemps est pluvieux. Ce miel a une odeur et une couleur étranges qui le rendent facile à reconnaitre et souvent une partie seulement du gâteau est vénéneuse. Le miel du pays des Saumiens, dit-il encore, est récolté sur le rhododendron dont les montagnes sont tapissées et il rend insensés ceux qui en mangent, aussi les Saumiens, quoique payant aux Romains un large tribu de cire, ont garde de leur vendre du miel. En Perse aussi, dit l’auteur, on trouve du miel vénéneux. Il faut donc que cette circonstance soit extrêmement fréquente. Pline indique contre ce poison divers remèdes, tels que du vin mêlé de miel et le suc de diverses plantes. | Aristote et Dioscoride parlent aussi de ce miel vénéneux ; mais l’observation la plus importante qui nous soit rapportée par les anciens se lit dans l’Anabasis de Xénophon (1) où cet auteur raconte qu’une multitude de soldats de l’armée faillirent être empoisonnés par du miel, sauvage ou non, durant la marche sur Trébizonde : « Les Grecs, dit-il, trouvèrent beaucoup de villages abon- » damment remplis de vivres, et y cantonnérent. Ils n’y ren- » contrèrent rien qui les étonnât, si ce n’est qu’il y avait » beaucoup de ruches, que tous les soldats qui mangèrent des » gâteaux de miel eurent le transport au cerveau, vomirent, » furent purgés, et qu'aucun d’eux ne pouvait se tenir sur ses » jambes. Ceux qui n’en avaient que goûté avaient l’air de gens » plongés dans l'ivresse. Ceux qui en avaient pris davantage » ressemblaient, les uns à des furieux, les autres à des mou- » rants. On voyait des soldats étendus sur la terre comme après » une défaite : la même consternation y régnait. Personne, néan- » moins, n’en mourut, et le transport cessa le lendemain, à peu » près à la même heure où il avait pris la veille. Le troisième » et le quatrième jour ils se levèrent fatigués ainsi que des » malades qui ont usé d’un remède violent. » (4) Livre VI, chap. vaux. « Ces récits ont été confirmés par plusieurs modernes (4), par le P. Lambert, par Tournefort, surtout par Guldenstaedi, le compagnon de Pallas, et ces voyageurs ont reconnu que c’étaient les fleurs de l’Azalea pontica, et peut-être aussi celles du Rhodo- dendron ponticum, qui communiquaient au miel de la Mingrélie ses propriétés délétères. gay » Ce n’est pas seulement dans l’Asie-Mineure que l’on a trouvé du miel d’une qualité dangereuse : Seringe raconte l’histoire de deux pâtres suisses, qui furent victimes d’un affreux empoi- sonnement causé par du miel que le bourdon commun avait sucé sur les Aconitum Napellus et Lycoctonum. Celui que les abeilles de la Pensylvanie, de la Caroline méridionale, de la Géorgie et des deux Florides, recueillent sur les Halmia (Pyrus) angustifolia, latifolia et hirsuta et sur l’Andromeda mariana, cause souvent, selon Benjamin Smith Barton, des maux d’estomac, des vertiges et du délire. Enfin, Azarra rapporte que le miel de deux espèces d’abeilles communes au Paraguay, occasionne l'ivresse la plus complète, des convulsions et de violentes dou- leurs. . » Malgré tant d’autorités réunies, de nos jours encore plu- sieurs écrivains ont traité de fabuleux les récits de l'historien des dix mille, mais si ces récits avaient besoin d’une confirmation nouvelle, on la trouverait dans un événement qui est arrivé à M. Auguste de Saint-Hilaire pendant le cours de ses voyages, dans l’intérieur du Brésil et de l’Uruguay. » Dans l’une de ses excursions, il vit un guêpier, qui était suspendu à environ un pied de terre, à l’une des branches d’un petit arbrisseau, et qui avait une forme à peu près ovale, de la grosseur de la tête, une couleur grise et une consistance cartacée, comme les guëpiers d'Europe. Deux hommes qui l’accompagnaient, un soldat et un chasseur, détruisirent le guêpier, et ils en tirèrent le miel. M. de Saint-Hilaire mangea (1) Nous empruntons ce qui suit à l’intéressante relation d’Auguste de Saint- Hilaire, rapportée par Latreille (Ann. Sc. Nat., 1° sér,, IV, 340). = CL, — environ deux cuillerées de ce miel ; le soldat et le chasseur en goûtèrent également, et tous s’accordèrent à le trouver d’une douceur agréable, et absolument exempt de cette saveur phar- maceutique qu’a si souvent celui de nos abeilles. » M. de Saint-Hilaire éprouva bientôt une douleur d’estomac, plus incommode que vive, il se coucha sous sa charrette et s’endormit. À son réveil, il se trouva d’une telle faiblesse, qu'il lui fut impossible de faire plus de cinquante pas; il retourna sous la charrette, et sentit son visage baïigné de larmes, aux- quelles succéda un rire convulsif, qui se prolongea quelques instants. » Sur ces entrefaites, arriva son chasseur, qui lui dit d’un air égaré, que depuis une demi-heure, il errait dans la campagne, sans savoir où il allait. Cet homme s’assit sous la charrette, à côté de son maître, et ce fut alors que commença pour celui- ci l’agonie la plus cruelle. Il ne ressentait point de grandes douleurs, mais il était tombé dans le dernier affaiblissement et éprouvait toutes les angoisses de la mort; un nuage épais obscurcit ses yeux, et il ne lui fut plus possible de distinguer que les traits de ses gens, et l’azur du ciel. Il demanda de l’eau tiède, et s'étant aperçu que toutes les fois qu’il en avalait le nuage qui lui couvrait les yeux, s'élevait pour quelques instants, il se mit à boire presque sans interruption. » Cependant le chasseur se leva tout à coup, déchira ses vête- ments, les jeta loin de lui, prit un fusil, le fit partir, et se mit à courir dans la campagne, en criant que tout était en feu au- tour de lui. » Le soldat qui avait pris sa part du miel vénéneux, avait commencé par être fort malade, mais comme il avait vomi très promptement, il avait bientôt repris des forces; il s’en faut cependant qu'il fût entièrement rétabli; après avoir donné quelque temps des soins à M. de Saint-Hilaire, il monta tout à coup à cheval, se mit à galoper dans la campagne; maïs bientôt il tomba, et quelques heures après on le trouva profondément endormi dans l'endroit même où il s’était laissé tomber. NCCUNSS » Cependant l'eau chaude, dont M. de Saint-Hilaire avait bu une quantité prodigieuse, finit par produire l'effet qu'il en avait espéré, et il vomit avec beaucoup de liquide une partie des ali- ments et du miel qu’il avait pris le matin. Alors il commença à se sentir soulagé, il put distinguer sa charrette, les pâturages et les arbres voisins, il indiqua à ses gens où ils trouveraient un vomitif; il le prit en trois portions, et, après avoir rendu la troisième, il se trouva dans un état naturel. » À peu près dans le même moment, la raison revint tout à coup au chasseur, et il prit de nouveaux vêtements. » Le lendemain, M. de St-Hilaire était encore un peu faible ; le soldat se plaignait d’être sourd d’une oreille ; le chasseur as- sura qu'il n’avait point encore recouvré ses forces, et que tout son corps lui paraissait enduit d’une matière gluante. » M. de Saint-Hilaire s’étant remis en route, dit à ses gens qu'il serait bien aise d’avoir quelques guëêpes de l'espèce qui produit le miel dont il avait failli être la victime. Bientôt il aperçut un guêpier absolument semblable à celui de la veille, et ce guëpier fut reconnu par lui et par toutes les personnes de la suite, pour appartenir également à la guêpe appelée dans le pays Lechequana (1). Malgré ce qui était arrivé le jour précédent, quelques Indiens qui accompagnaient M. de Saint-Hilaire eurent l’imprudence de manger le miel de ce der- nier guêpier, mais ils furent assez heureux pour n’en point être incommodés. | » Aussitôt que M. de Saint-Hilaire fut sorti du désert où il était alors, et qu’il entra dans la province des Missions, il interrogea beaucoup de gens, sur le miel du ZLechequana. Tous, Portugais, Guaranis, Espagnols, s’accordèrent à lui dire que le miel de la guèpe Zechequana n’était pas toujours dangereux, mais que, lorsqu'il incommodait, il occasionnait une sorte d'ivresse et de délire, dont on ne se délivrait que par des vomissements, et qui allait quelquefois jusqu’à donner la mort. (1) Nectarina lecheguana, voy. p. 232. it) 11 » On lui assura que l’on connaissait parfaitement la plante sur laquelle la guêpe Lechequana va souvent sucer un miel em- poisonné, mais comme on ne la lui montra pas, il se trouva malheureusement réduit à former de simples conjectures. » CHAPITRE IX. DES MALADIES DES GUÉËPES. Les affections morbides auxquelles les animaux sauvages peuvent être accidentellement sujets, sont difficiles à surprendre. Chez les insectes elles échappent à la grossièreté de nos sens et restent pour cette raison complétement inaperçues. Mais si l’état de maladie, suite de causes internes inhérentes à l’organisme, est chose presque inconnue chez les êtres que la domestication n’a pas assujettis à nos habitudes et à nos maux, rien n’est plus fréquent que l’envahissement de leur corps par des parasites animaux et végétaux, dont les effets délétères plus ou moins graves, occasionnent des troubles divers dans les fonc- tions de la vie. Les parasites animaux sont infiniment plus ré- pandus que les végétaux, mais ils n’ont pas sur l’économie des individus qui les portent une action aussi désastreuse que les seconds. Rarement ils amènent la mort, ei même, chez cer- taines espèces, le fait d’être habité par des intestinaux, est presque une condition normale, Les parasites végétaux, au contraire, sont beaucoup moins répandus ; ils ne s’attaquent qu’à certaines races animales mais avec une violence bien autrement grande, car, non contents d’entrainer la destruction de la vie, ils se reproduisent par graine et propagent la contagion de la manière la plus redoutable. es (0 | Le seul cas du premier genre qui soit arrivé à notre connais- sance est celui d’un tænia, que M. Géné a trouvé dans l'intestin d’une Vespa crabro (1). Ge fait est très intéressant, en ce qu'il montre combien la maladie des vers est générale partout où il se trouve un intestin pour les loger. On sait du reste que les intestinaux ne sont pas rares chez les articulés. On en trouve assez souvent chez les Myriapodes, les Orthoptères, les Coléop- ières, etc. Il est donc prohable que les guëêpes aussi en sont fré- quemment infestées. Les parasites végétaux ont beaucoup attiré l’attention des micrographes depuis quelques années, mais, malgré les beaux travaux d’un grand nombre de savants, et, en particulier, l'important ouvrage de M. Robin (2), cette partie de la science des végétaux est encore très incomplète, et le nombre des cas observés, quoique déjà infiniment nombreux, est cependant bien minime en comparaison de ceux qu’il reste à connaître. On peut être à juste titre effrayé de l'étendue que pourra acquérir un jour cette fraction des connaissances humaines. Le parasitisme végétal chez les insectes est, ou interne, ou général. Dans le premier cas, les parasites croissent sur la sur- face interne des viscères, et ils méritent, pour cette raison, le nom d'Entophytes. La maladie qui résulte de ces végétations est tout à fait locale et n’entraîne pas en général la mort de l’indi- vidu. Dans le second cas, les parasites germent dans les tissus du corps et font saillie à l'extérieur, à travers les téguments. Les champignons sont alors ectophytes, en ce sens qu’ils végètent au dehors, mais la maladie, dans ce cas, est bien interne, puis- que la cause du mal est répandue dans tout le corps et que les végétations externes n’en sont que des manifestations locales. Souvent aussi les parasites sont uniquement répandus dans le sang et méritent alors le nom d’Hæœmatophytes. Lorsque la ma- ladie est ainsi générale, elle devient promptement mortelle, et (1) Soc. Ital. d. Modena, 18h2, 20. (2) Histoire naturelle des végétaux parasites, etc., Paris 1853. — CLV — personne n’ignore quels ravages elle exerce chez les vers à soie, où elle apparaît sous une forme particulière et engendre la ma- ladie connue sous le nom de Muscardine. Les Entophytes ont été étudiés avec soin par M. Leydi, qui en a découvert un grand nombre dans les intestins de divers insectes et Myriapodes du nouveau continent. Ensuite M. Ch. Robin a décrit, sous le nom générique de Mouliniea, trois espèces qui croissent dans les intestins de divers Coléoptères d'Europe. Les Ectophytes sont beaucoup plus communs, ou du moins ils se rencontrent bien plus souvent, parce qu’ils sont plus faci- lement visibles. Sous tous les climats, ils constituent une des causes de la mor- talité des insectes, et il n’est pas de collection un peu vaste qui ne possède un certain nombre de sujets attaqués de ce mal. Cette maladie peut se communiquer à d’autres insectes par graine ou par inoculation des spores, comme le prouvent diverses expériences d'Audouin. En général, elle règne parmi les insectes d’une manière endémique, mais lorsque certaines circon- stances inexpliquées favorisent outre mesure le développe- ment des parasites ou la dispersion de leurs germes, le mal devient épidémique et décime à outrance les espèces qu’il affec- tionne le plus. La muscardine détruit souvent la race tout entière des vers à soie de certains districts. Mais ce n’est pas à cet insecte presque domestique que s'arrêtent les ravages de la contagion. Les insectes des champs sont eux-mêmes sujets à des épidémies du même genre, dont un exemple aussi remarquable que récent nous a été fourni par ce choléra des mouches, si général en Suisse dans les années 1855 et 1856, et que M. le docteur Lebert a décrit en détail dans un mémoire du plus haut in- iérêt (1). | Les champignons qui, en se développant sur le corps de l'insecte, occasionnent sa mort, sont d’une nature très variée ; (1) Ueber die Pilzkrankheit der Fliegen (Nouveaux Mémoires de la Société Helvétique des Sciences Natur.), tom. XV, 1857. Avant Jui déjà, M. Cohn avait publié sur ce sujet un important mémoire. NCLVI = il en existe un grand nombre d'espèces, et chacune d’elles germe de préférence, sinon exclusivement, sur une espèce zoologique particulière qui lui sert de sol ambiant. Chez les guêpes, les maladies de ce genre paraissent ne pas être rares : elles ont déjà été remarquées dans le siècle passé, mais uniquement sur des insectes exotiques, habitant les pays chauds. Dans l’origine, on ne comprit pas la relation naturelle du végétal à l’insecte; on se figura que les cryptogames n'étaient que des excroissances de la guêpe; on supposa que celle-ci produisait les végétaux comme des espèces de poils, et on crut voir, dans ces appendices, le caractère spécifique d’une espèce particulière de guêpes, qu’on nomma pour cette raison la guêpe végétante où végétale. Lorsqu'on eut reconnu la nature individuelle des crypto- games, on chercha diverses explications de leur origine, et l’on eut d'abord recours à la génération spontanée ; l’on attribua leur naissance dans le corps des animaux au simple fait de la trans- formation chimique des sels, transformation qu’on était loin de s’expliquer. Cependant bien des naturalistes se refusaient à admettre des faits aussi hypothétiques. En 1774, Gmelin, dans un mémoire sur la guêpe végétante, explique la naissance et le développement des cryptogames dans le corps des bêtes par une autre hypothèse tout aussi peu plausible. Selon lui, les animaux vivent de la décomposition des matières végétales et les végé- taux de celle des matières animales (4). À plus forte raison, dit-il, les plantes doivent-elles se développer dans le corps des animaux morts, et c’est pourquoi des cryptogames poussent dans les cadavres des insectes en voie de putréfaction. A cette époque, on ignorait que les champignons fussent la cause et non la conséquence de la mort des insectes qui en sont atta- qués. Le cryptogame germe dans l’insecte vivant ; il s'attaque indif- (1) Ainsi dans les couches où l’on met beaucoup de fumier, on voit se produire des champignons. (Mais le champignon naît par suite du développement de germes et non par la simple combinaison des substances chimiques que la décomposition du fumier dégage et recombine.) —HOLVIL => féremment à la larve, à la nymphe et à l’insecte parfait; l'œuf lui-même peut en être infesté. 11 se développe avec une mer- veilleuse rapidité ; il fait saillie en filaments de formes diverses par les articulations des pièces tégumentaires et fait périr l'insecte au bout de peu de jours (1). Mais l'influence qu'il exerce sur l’animal est assez diverse; tantôt, comme l’a remar- qué M. Lebert, il est pris d’une torpeur particulière qui aug- mente graduellement, et l’insecte, en mourant, se laisse choir ; tantôt il est agité de mouvements violents et convulsifs, et meurt subitement en se cramponnant à un objet avec une contraction et une roideur tétaniques. Les guêpes qui succombent sous cette influence, périssent dans cette attitude, et restent cramponnées à la branche, même après la mort. J’ai fait représenter une guêpe du genre JZcaria, morte dans cette position. (PI. v, fig. 9.) Une multitude de filaments plus ou moins allongés, sortent de toutes les jointures de son corps, et ceux qui ont atteint leur maturité, sont terminés par des renflements. Sous chaque écaille, il a crû un gros tronc, terminé en boule irrégulière et qui a rendu l'aile incapable de se mouvoir. Les renflements placés au bout des filaments ou des troncs, contiennent les organes reproducteurs, mais on ne voit ces espèces de boules que lorsque la maladie a pu se développer entièrement. En effet, le champignon continue à croître après la mort de l’in- secte, et c'est alors seulement qu’il atteint sa maturité. Or, une des principales conditions de réussite du végétal, c’est l’humi- dité; aussi les insectes qui meurent sur une branche exposée au soleil des tropiques, se dessèchent-ils trop vite pour permettre au champignon d'arriver au terme de son complet accroisse- ment. L'insecte figuré pl. x1, fig. 5, présente un cas de ce genre. Son corps est hérissé de filaments qui n’ont pu mûrir et qui ont séché avant d'acquérir leurs capsules terminales. La même espèce de Poliste, attaquée des mêmes crypto- (1) M. Lebert, qui a suivi ce développement chez les mouches, a trouvé que le champignon tue ces dernières dans l’espace de 6 à 8 jours. nr CNT games parfaitement développés et terminés par un renflement, a été représentée dans le siècle dernier, par Felton, qui, frappé -de la longueur et de la régularité de ces filaments, l’a décrite comme une espèce d’insecte-oiseau-de-paradis, et qui, prenant de bonne foi ces appendices pour des poils, l'a nommée, pour cette raison Vespa crinita (1). Lorsque les sporanges ont atteint leur maturité, les spores sont répandus au dehors en merveilleuse abondance. Ils s’en- volent dans l’air et se fixent aux corps circonvoisins ; transpor- tés par le vent, ils vont saupoudrer au loin les végétaux que les insectes fréquentent, les fleurs dont ils lèchent les sucs et les fruits dont ils font leur nourriture. C’est ainsi que par le con- tact les germes reproducteurs se fixent au corps des insectes et pénètrent par les pores de leurs téguments dans l’intérieur de leurs tissus. La maladie est ainsi transmise par pénétration (2). Peut-être aussi les spores sont-ils introduits dans le tube diges- tif avec les aliments, et de là pénètrent-ils dans le reste de l'organisme; mais il n’existe à cet égard aucune expérience concluante. Chez les guëpes sociales, la maladie se communique avec une remarquable rapidité, car si un seul individu vient à la prendre; s’il ne meurt pas hors du nid avant qu’elle arrive à maturité, il devient incapable de mouvement ; son cadavre reste fixé au guëpier, où il nourrit les cryptogames qui ne tardent pas à infester tout le nid de germes reproducteurs. Ceux-ci se répandent sur tous les sujets de la société : guêpes et larves en sont attaquées, et celles même qui échappent au premier accident, succombent nécessairement à la contagion toujours croissante, car leur instinct ne les avertit pas du danger et ne les porte pas à fuir le foyer de l'épidémie en abandonnant le guêpier. Ricord-Madiana rapporte à ce sujet une observation piquante (1) Voyez le Polistes americanus, page 95. (2) Il est bon de dire toutefois que cette opinion n’est pas admise par tous les physiologistes. Mais si les spores ne peuvent pénétrer les téguments, ils peuvent au moins s'introduire par les stigmates. UD que nous reproduisons dans son entier (1). Il s’agit de guêpes dont le genre n’est pas indiqué, mais qui sont probablement des Polistes et qui vivent à la Guadeloupe (2). « Un jour.étant sur les bords de la petite Rivière-du-Coin au quartier de la baie Mahout, île de la Guadeloupe, occupé à récolter quelques plantes pour mon herbier, je vis, contre le tronc d’un vieux poirier (Bignonia pentaphylla, Lin.), un nid de guêpes qui attira mon attention. J’observai que la plus grande partie de ces insectes tombaient à mesure qu’ils sortaient des alvéoles du nid où ils avaient été nourris. Je m’avançai plus près, et, à ma grande surprise, je vis que chaque guêpe portait à la partie postérieure du sternum une espèce de végétation qui les empêchait de voler, et qui les faisait tomber par terre, sans qu'elles pussent reprendre leur vol. Il y avait cependant quel- ques-unes de ces guêpes qui n'étaient point embarrassées de cette excroissance, et qui voltigeaient tout autour du nid, dans lequel j'observai aussi quelques larves encore dans leurs alvéoles, et qui portaient le même fardeau; mais leurs excroissances étaient infiment plus petites, n'ayant, de même que ces larves, point encore atteint tout leur développement. Je me mis alors à faire provision de ces insectes pour ma collection, et tenant une de ces guêpes à la main, j'observai que la plante cryptogame qui s'élevait en son sternum pouvait avoir cinq à six lignes de long (il yen avait de plus longues) était de l'épaisseur d’un gros fil à coudre et terminée par une tête ovale de deux lignes de haut en forme de massue: la couleur de cette végétation était brune. Ce cryptogame était le même que celui que Dickson a décrit en Angleterre sous le nom de Sphæria entomorhiza; mais il ne l’a jamais recherché que sur les larves mortes des IASSIESNE comme il le dit dans son ouvrage, etc. (3). , Cette intéressante observation de Ricord-Madiana n’est du (1) Voyez aussi Family library. Nat. Hist. of Insects, II, 296. (2) Le Polistes americanus ? (3) Ces conclusions sont très hypothétiques ; il en est de même des observations dont il fait suivre cette intéressante note, et qu'il serait inutile de reproduire ici, RCD reste pas entièrement nouvelle, car la guêpe végétante des Antilles a depuis longtemps occupé les naturalistes et a même donné naissance à des fables diverses. Ainsi, en 1763, Watson rapporte que la guêpe végétante de Saint-Domingue (qui est évidemment le Polistes americanus) n’a pas d’ailes (1). Cet insecte, dit-il, a l’habitude de s’enterrer au mois de mai, et, après s'être introduit sous terre, il végète à la manière d’une graine et pousse un arbusie qui ressemble à un corail. Les branches de cette plante laissent tomber une poussière, qui germe à son tour pour donner naissance à des vers, lesquels se transforment en mouches comme les chenilles en papil- lons (2). | Déjà à cette époque le docteur Hill sut reconnaître la nature véritable des appendices de la guêpe, qu’il considère comme étant des champignons parasites. Mais il assimile ces végétaux aux champignons qui croissent sur les cadavres en putréfac- tion, particulièrement sur les sabots des chevaux morts, et il les nomme Clavaria sobolifera. Dans cette même notice, Watson parle des Cicadelles qui meurent durant le cours de leur trans- formation et sont attaquées du même champignon qu’'Edwards a figuré dans ses Gleanings of natural history (3). En 1767, Buch- ner redécrit la Clavaria sobolifera, d’après le docteur Hill, sur des individus venant de Cuba et de Saint-Domingue (4). En 1770, le même auteur donne la description de deux autres Cla- varia, dont l’une européenne s'attaque à la mouche domes- (1) Elles étaient sans doute tombées après la mort. (2) Le fait, quoique entièrement emprunté au domaine du merveilleux, offre cependant un certain intérêt, parce qu’il montre que l’idée des générations alter- nantes avait été abordée il y a près d’un siècle déjà. Il est vrai qu’elle n’était alors qu’une supposition faite a priori et un rêve de l'imagination qui n'avait aucun fondement; mais il n’est pas sans intérêt de constater qu'avant d’être dicté par l’observation des faits, ce phénomène avait été comme deviné d'avance. Seu- lement ici l’auteur dépasse de beaucoup les règles que la nature s’est assignées, puisqu'il fait alterner les plantes et les animaux et qu'il représente un végétal comme semant des insectes, (3) III, 262, pl. 335. (h) Nov. Act. Natur. Cur,, 1767, I, 437. OLA tique (1), et l’autre à une chrysalide américaine, mais tout en expliquant ce phénomène de la manière la plus naturelle. I] laisse au pinceau qui les représente, plus d'art que dé vérité, en figu- rant ces végétaux munis de racines longues et déliées à la ma- nière des plantes phanérogames. Ces mêmes figures furent réproduites un an plus tard dans le Journal de Physique (2) avec une lettre de l’auteur, dans laquelle il réfute l'opinion du savant anglais, et prétend avec raison que le parasite végète sur l’insecte vivant (3). C’est sans doute dans les parasites dont il vient d’être ques- tion qu’on doit chercher l’origine et l'explication d’une ancienne fable populaire aux Antilles, que la crédulité des naturalistes du siècle dernier nous a léguée et qui fait naître du corps des guêpes un arbrisseau très répandu dans ces îles. Le premier auteur qui s’en fit l'interprète, ou qui en est peut-être l'inventeur, fut Torrubia, historien espagnol, lequel publia, vers l’as 4773, un essai sur l’histoire naturelle de l'Espagne. Après avoir trouvé la guëêpe végétante, il décrivit les filaments des champignons dont le corps des insectes était garni comme formant les pre- miers rudiments d’un arbuste qu’on nomme Guia. 1l est même assez hardi pour ajouter au récit de cette merveille imagi- paire une gravure qui représente le phénomène dans toute sa naïveté. On y voit des guêpes voltigeant dans les airs, affublées chacune d'un petit rameau implanté dans leur corps, comme une bouture dans un pot à fleurs. « Le 10 février 4749, dit-il, me trouvant à deux milles de la Havane, je vis quelques guêpes gisant par terre, mais bien conservées. De leur abdomen il avait poussé des arbrisseaux qui atteignaient souvent la longueur de cinq points (?) Les habitants de Cuba nomment cette plante Gia. (1) C'est sans doute le Myo, kyton Gohnii de Lebert. Voyez Nov. Act. Natur. Cur.., 1770, IV, 215, table VIT. (2) I, 1771, page 150, table II. (3) Il ajoute qu’il ne la connaît qu’enterrée sous le sol; peut-êlre parce que les chrysalides qui les portaient se trouvaient être enterrées. 11 mel LOI LIN D Mie Elle est hérissée d’épines, ce que l’on atiribue à sa sortie du ventre des guëêpes mortes, lequel on dit étre plein de piquants. Avant que j’eusse fait cette observation, personne ne connais- sait l’origine de cet arbrisseau. Après avoir scrupuleusement ‘examiné ces guêpes au microscope, j'en envoyai une à mon bienfaiteur, le général ...., accompagnée de quelques dizains (strophes de dix vers) que j'avais composés dans ma solitude. » | Suivent les dizains. Gmelin reproduit cette observation dans le Naturforscher (1), et s’épuise en conjectures sur la nature du Gia. I] trouve, il est vrai, la chose un peu voisine du domaine de l'imagination, mais il n’en nie cependant pas la possibilité, et se demande si cette fameuse plante ne serait pas un corail ouun lichen, ce qu’il ne trouve pas admissible, attendu que la gravure représente cinq de ces plantes sous la forme de perches droites hérissées d’épines et émettant une multitude de petits rameaux garnis de feuilles bien nettes. Il reproche avec raison à Torrubia de n’avoir fait connaître ni la structure, ni la fructification, ni la reproduction de son végétal, ce qui eût été sans doute bien plus goûté que ses dizains. On pourrait être tenté de croire que les pointes fines ou épines dont parle Torrubia fussent les filaments du mycelium de nos champignons que l’auteur aurait observés au microscope. Mais, comme la planche qui accempagne sa description repré- sente des arbustes chargés de grosses épines, cette opinion ne saurail prévaloir, car c’est évidemment à ces épines qu'il fait allusion. Une chose certainement très digne de remarque, c’est que l’histoire que nous fait l'écrivain espagnol se trouve comme confirmée par une observation récente, qui laisse du reste sin- gulièrement à désirer sous tous les rapports. Hearne rapporte, d’après le général Inginac, secrétaire de Son Excellence le pré- sident d'Haïti que « la guêpe végétale, servant de semences au Limoncelle, arbrisseau chargé d’épines fort dangereuses, se nourrit de la graine, bien plus volumineuse qu’elle, que produit cet (1) IV, Stück, p. 67, tab. 4. — CLXIII — arbrisseau (1). » Ceci semblerait indiquer que la guêpe mange Ja graine d’un arbrisseau, que cette graine germe dans son estomac, que le végetal fait irruption au dehors, tue la guêpe, qui tombe à terre et se décompose, tandis que l’arbrisseau pousse des racines dans le sol.-Il paraîtrait donc que cette singulière tradition d’une plante qui germe dans le corps d’un insecte avant de se fixer en terre, est en vogue à Haïti comme à Cuba, et que la Limoncelle n’est autre que le Gia des Espagnols (2). Du reste, si cette fable avait besoin d’être réfutée, on pourrait dire qu'il est passablement inexplicable que des guêpes pussent encore voler lorsqu'elles portent déjà un rameau; cette supposition n’est d’ailleurs point nécessaire, car les figures qu’en donne Tor- rubia sont entièrement imaginaires. Il dit , en effet, qu’il a trouvé pur terre des quêpes mortes, mais non qu'il les ait vues voler emportant un jeune arbrisseau, comme il les a fait repré- senter. Enfin, on ne comprend pas comment la guêpe peut manger une graine plus volumineuse qu’elle sans la détruire, et comment cette graine peut germer dans l’intérieur de son corps après avoir été avalée par petits morceaux. Durant mon séjour dans l’île de Cuba, j'ai recherché avec soin la plante que l’on nomme Gia. Aucun habitant du pays p’avait la moindre connaissance de sa merveilleuse origine, Je n'ai donc pu éclaircir quelle est la raison qui lie d’une maniere _si singulière le Gia à la guêpe végétante. Les deux espèces de champignons qui sont figurées dans ce volume, et que j'ai mentionnées plus haut, ont été étudiées par M. Robin et M. Lebert. Ils ont tous les deux offert un cas in- (1) Proceed. of the Entomol. Soc. of London, I, p. 66. (2) Gette concordance entre les traditions des deux pays mérite d'attirer l’atten- tion, et l’on peut se demander s’il y a au fond de celte assertion quelque chose de vrai. Quoi qu'il en soit, cette question mérile d’attirer l'attention des voyageurs, et il est d’un véritable intérêt, soit au point de vue de la botanique, soit à celui de Tentomologie, d’éclaircir si les guêpes mangent oui ou non la graine de certains végétaux phanérogames, et si ces graines germent accidentellement dans l'inté- rieur de leur corps ou s’il faut voir dans l'existence des champignons parasites la seule cause de cette assertion, qui paraît trop merveilleuse pour ne pas devoir être reléguée dans le domaine de la fable. CRAN téressant. L’Icarie (pl. v, fig. 9) est originaire de l'Afrique tropi- cale, et M. Robin a trouvé en elle une nouvelle espèce de Sphaeria (section Cordyceps), qu’il a nommée C. Humberti (1). pour la distinguer des 1,800 autres espèces du même genre (et dont il s’est chargé de donner la description anatomique et physiologique). L'intérêt qu'inspirent ces faits extraordinaires de la vie des insectes m'a conduit à leur accorder quelque attention pendant le temps que j'ai séjourné sous le tropique, mais les recherches les plus actives ne m'ont fait découvrir qu'une seule guêpe végétante. C'était à la Jamaïque, et l’espèce se trouva identique à celle qu’on voit figurée pl. xx, fig. 5 (Polistes americanus), mais j'eus le bonheur de rencontrer le cryptogame arrivé à son état de parfaite maturité. Ce végétal, étudié par M. le docteur Lebert, est venu former un genre nouveau, que le savant micrographe a désigné sous le nom de Polistophthora (destruction des Polistes) en assignant à l'espèce pour nom spécifique celui de P. ant llarum. Non content d’être infesté de champignons, le Poliste qui le nourrit offrait encore d’autres parasites végétaux, et en particu- lier des épiphytes qui avaient pris naissance sur les champignons mêmes. Mais ce serait sortir du cadre de cet ouvrage que d’in- sister ici sur des détails qui sont exclusivement du domaine de la botanique (2). (1) Dédiée à notre ami, M. Aloïs Humbert, conservateur du Musée de Genève. (2) Ces faits sont décrits en détail par M. le docteur Lebert dans un nouveau travail sur les parasites végétaux des insectes, et je me borne par conséquent à renvoyer à son mémoire pour les détails de structure et de développement de nos champignons. (Voyez : Zeïtschr. f. wissensch. Zool. 1x.) Voici la diagnose que l’auteur donne de notre parasite : Genus PozisroPxTorA, Lebert. — Stroma claviforme, simplex vel subramosum, et cellulis fistulosis contextis compositum, conceptaculis liberis in facie irregula- riter dispositis. Sporæ in ascis. à S P. antillarum, Lebert, — Ascis 0,027 m. longis, 0,007 m. latis ; sporis 0,010 m. ad 0,014 m. longis, 0,027 m. latis, in apice rotundates continentes. — Habitat in Poliste americano, Fab. Il aurait été préférable de conserver l’ancien nom spécifique sobolifera, Watson, qui évidemment à droit à une longue priorité. # L CHAPITRE X. DES ENNEMIS DES GUÊPES. Les guêpes sont des insectes redoutables, que leur force et le danger de leurs aïguillons, mettent à l’abri d’une multitude d’ennemis dont les autres insectes ont à souffrir. Les oiseaux insectivores qui happent les mouches au vol se garderaient bien de saisir ainsi les guêpes; les insectes carnassiers les redoutent et ne leur livrent aucun combat. Il n’est guère que les quadru- pèdes grimpeurs qui, presque tous avides de miel, osent les affronter pour satisfaire leur gourmandise. En Amérique, les animaux de la famille des Ours et de celle des Chaïs font aux guêpiers une guerre assez fréquente; ils les abattent, les ou- vrent et les dévorent lorsqu'ils recèlent du miel. J’ignore quels sont les procédés dont ils se servent pour en expulser les habi- tanis ou pour se mettre à l’abri de leurs aiguillons. Il semble du reste que la faiblesse des petites guêpes des genres Polybia et Nectarinia, dont l'Amérique est surtout peuplée, dispense jusqu’à un certain point les animaux sauvages d’user de pré- cautions avec elles. Parmi les oiseaux, les Guêpiers (Merops) saisissent et avalent les guêpes sans en être le moins du monde incommodés. Ces oiseaux se nourrissent exclusivement d'insectes Hyménoptères, tout particulièrement de Bembex et de Guêpes. Tantôt ils chas- sent au vol à la manière des hirondelles, tantôt, plus expéditifs, ils recherchent l’entrée des excavations souterraines qui re- cèlent les nids de certaines guêpes, puis, comme l’ont montré les observations de Savi, ils s’établissent tout à côté et gobent sans plus de façons tous les insectes qui en sortent. Aussi, comme ces oiseaux fondent souvent en très grand nombre sur certains districts, ils ne tardent pas à y-détruire la race des guêpes et des abeilles, Mais les Guêpiers n’habitent qu'une CO DD AE RE petite portion de notre globe, en sorte que, en somme, tous ces ennemis sont d'assez minime importance, Les guêpes n’auraient donc pas grand souci en ce monde, si elles n’étaient exposées, comme tous les autres insectes, à ces ennemis si faibles mais si rusés qui se glissent inaperçus entre les aiguillons et les man- dibules les plus redoutables. Je veux parler de ces intrus qui détruisent par avance les générations futures en déposant au sein des familles naissantes les germes parasitiques qui en occa- sionnent la ruine. Ces insectes, on le sait, sont chargés par la nature de rétablir l’équilibre entre les races les moins fécondes et celles qui le sont trop. Quelque bien fermés que soient les guêpiers, quelque nombreuses et redoutables que soient les légions chargées de les défendre, ces hôtes incommodes réus- sissent à se faufler dans la demeure commune, à tromper la vigilance de ses habitants, à vivre côte à côte avec eux sans être aperçus et à infester les cellules de leurs œufs. De ces œufs sortent ensuite des larves qui dévorent celles des guêpes dans leur berceau et se développent à leur détriment. L'existence de ces parasites est constatée, mais leur essence et leurs procédés sont encore fort peu connus. Réaumur déjà, en vidant un guêpier de Chartergus Fa tarius, y découvrit des Chalcidides dont il ne soupçonna pas la nature, mais qu’il décrivit et figura à tort comme étant les artisans du nid. (Mém. Ins., t. VI, pl. 20, fig. 2 et 4; pl. 921, fig. 3.) G. Cuvier, le premier , releva cette erreur et montra la véri- table relation de ces insectes avec les guëêpiers. (Bull. de la Soc. Philomat., 1787, n° 8, p. 57.) Il les considère comme devant être le Chalcis annulata Fabr. Mais, en 1798, Fabricius redécrivit ce parasite sous le nom de Ch. conica (4), sur des individus tirés d’un nid de la même guêpe. Depuis lors, M. Sells a retrouvé ce même parasite dans un autre nid (Pro- ceed. ofthe Entom. Soc. of Lond., II, 30), et M. Westwood en a donné une meilleure figure. (Trans. of the Ent. Soc. of Lond., {l (4) Qu'il changea ensuite en pyramidea (Syst. Piez,, 163, 15). a Rte ner CLR HAE II, pl. 20, 6.) Enfin, en 1851, M. Fr. Smith a observé que la: - Trigonalis compressa de Géer se développe en parasite dans le nid du Polistes canadensis. (Entom. Trans. N, $S., 1, 176.) Nos guëpiers indigènes sont infestés de la même manière que les exotiques. Mais, jusqu’à ce jour, les parasites de nos guêpes sont restés à peu près inconnus. La plus intéressante observation qui les concerne, dont nous ayons eu connais- sance, a été faite par M. Drewsen, de Copenhague, lequel a bien voulu nous là communiquer fort obligeamment. Cet ento- mologiste zélé a découvert que les nids de la Vespa crabro pou- vaient être infestés par un Coléoptère fort rare, dont jusqu’à présent on ne connaissait guère le genre de vie, savoir, le Sta- phylinus ( Gredius ) dilatatus, Fabr. « Déjà Gyllenhal (1), m'écrit l’auteur de cette piquante observation, dit avoir trouvé ce Coléoptère dans le nid des guêpes-frélons : « {n nido V. crabonis intra quercus truncum » cavicum prope villam meam Hœberg semel decem specimina legi, » et depuis, Kelner a aussi capturé ce Staphylin près d’un nid de. la même guêpe (2). _ » Il ya plusieurs années que je découvris un nid de Vespa crabro dans un vieux hêtre creux, dont le tronc, entièrement pourri à l’intérieur, avait cependant une écorce parfaitement saine, si ce n’est que d’un côté il se trouvait une longue fissure qui servait aux guèpes d’entrée et de sortie, et qui se terminait au niveau du sol par un trou de la largeur de la main. Je ne retirai de cette excavation que des débris de feuilles et de bois, et ne pus rien observer de ce qui se passait dans l’intérieur du trou, parce que les habitants de ce repaire firent mine de vou- loir m’attaquer lorsque je voulus m’approcher trop près, et me mirent en fuite, J’observai seulement que le tronc de l'arbre paraissait bien peu peuplé et qu’il n’en sortait que des ouvrières sans aucune femelle. Au mois d'octobre je retournai visiter mon guêpier. Ses habitants étaient alors déjà engourdis par le (1) Fauna suecica. (2) Entomolog. Zeilung von Stettin, 1844, p. 415. { —= CLXVIN — froid et je pus examiner l'intérieur de l'arbre sans être inquiété. Ma surprise fut grande d'y trouver plusieurs larves que je re- connus être celles d’un Coléoptère du groupe des Staphyliens. Je retirai successivement onze larves semblables du tronc de l'arbre, et je les emportai pour les élever. Ensuite, les ayant placées dans un vase rempli de terre, je ne tardai pas à obser- ver que ces larves ont des habitudes nocturnes. Pendant le jour, elles s’enterraient, et, pendant la nuit, elles revenaient à la surface et se promenaient avec inquiétude sans vouloir prendre aucune nourriture. Enfin, elles se creusèrent une petite caverne souterraine, s’y transformèrent et y passerent l’hiver. Au mois de mai, elles moururent toutes, à l'exception de trois, qui, au mois de juin, donnèrent des Staphylinus dilatatus. On peut con- clure de ces faits que les larves de ce Coléoptère sont carnas- sières comme, en général, toutes celles des Staphyliens. Ileest probable que, lors de ma première visite en septembre, les larves étaient encore dans l’intérieur du guëêpier, occupées à dévorer celles des guêpes, et c'est pour cette raison que je n’en trouvai aucune au pied de l’arbre, tandis que, au mois d'octobre, le moment de leur transformation approchant, elles étaient descendues à la surface du sol. T1 est à présumer que les guêpes ne tolèrent pas facilement l'introduction des Staphi- liens dans leurs demeures et que dans certaines occasions elles savent distinguer les larves parasitiques et les tuer. Cette circonstance suffirait peut-être pour expliquer l’extrème rareté des Staphilini dilatati, grâce au perpétuel danger qu’ils courent leur vie durant et à la terrible vengeance dont leur dol est si souvent puni. » À l’intéressante observation de M. Drewsen, nous pouvons ajouter celles que l’on doit à M. Perrot, observateur patient, dont je parlerai plus bas. En déterrant un guêpier, il trouva un grand nombre de grosses larves blanches qui étaient logées autour du nid dans la cavité souterraine et en tapissaient le fond. On voyait en outre de petites excavations de deux pouces de profondeur, toutes remplies de ces mêmes larves apodes. Outre ces larves, il s’en trouvait d’autres plus petites, SA à) Ve.0 be coniques ou filiformes, d’espèce très différente, et la même cavité souterraine recelait encore un essaim de très petites mouches. Evidemment tous ces hôtes inattendus étaient les parasites du guêpier et il y avait lieu de s’étonner que sa popu- lation eût résisté à tant de causes de destruction. Mais ce n’était pas tout : en séparant les rayons, il vit encore cheminer rapidement à leur surface une troisième espèce de vers apodes, très aplatis, transparents sur leurs bords, qui pénétraient dans les cellules et allaient se loger à côté des larves de guêpes. De temps à autre on voyait aussi sortir quelque grande larve de la première espèce et, par transparence, on apercevait des individus logés dans des cellules munies de leur calotte. Lors- qu’on enlevait cette dernière, le parasite s’en échappait et il ressemblait absolument aux larves qui étaient en terre, tout à l’entour du nid. Les plus grandes remplissaient entièrement les cellules et alors il ne restait plus trace de leurs légitimes habi- tants, qu'elles avaient entièrement dévorés. D’autres, moins avancées, avaient encore près d'elles une portion de la partie antérieure de leurs victimes. M. Perrot recueillit près de cent larves de cette espèce tant dans le nid qu’au fond de l’excavation qui le contenait et en les pesant il trouva que 10 larves étaient d’un poids égal à 39 guêpes, c'est-à-dire que chacune était environ quatre fois plus lourde que l’un de ces insectes. L’on peut comprendre d’après cela quels ravages ces parasites doivent exercer dans un guëépier. Chez celui dont il est question, la conséquence de son envahisse- ment par tant d’ennemis fut que les ouvrières vinrent à man- quer. Par suite, le nombre des cellules ne s’accroissant pas, et la mère guêpe n'étant pas secondée comme elle aurait dû l'être, elle se voyait obligée de pondre dans chacune des alvéoles encore disponibles deux ou plusieurs des œufs dont elle se sentait surchargée. Enfin, le même observateur trouva un jour un nid de Vespa crabro entièrement déserté, dont un rayon offrait cependant trois alvéoles munies de leurs calottes. Dans l’une d'elles on voyait a! * une larve prête à se métamorphoser en nymphe; l'une des ee CEE deux autres commençait à se percer, mais la cellule ne conte- nait que le cadavre d’une larve et les excréments d’un autre animal. Les parois de la cellule étaient elles-même percées et celle-ci communiquait ainsi avec la troisième alvéole fermée, dans laqueile il se trouva une nymphe à moitié dévorée, sous laquelle on apercevait, au milieu d’un tissu de soie irrégulier, une grande chenille d’un brun pâle un peu verdâtre et longue de près d'un pouce. Cette chenille avait seize pattes (les inter- médiaires placées sur les anneaux 6, 7, 8 et 9°), quelques poils épars sur les côtés des segments et quelques petits points plus foncés que le fond. En marchant elle filait une soie et elle che- mipait aussi vite en arrière qu’en avant. Il est évident que cette chenille se promenait dans les guêpiers, passant d’une alvéole dans l’autre en perçant leurs parois et semant sur son passage la destruction et la mort. C’est sans doute à elle qu'était due la désertion du nid. L’abondance des parasites dans le premier cas pourrait je | douter de la perspicacité des guêpes et suggère la réflexion qne ces insectes ne savent peut-être pas discerner les intrus ni deviner leurs intentions, au point de les laisser vivre en paix même après les avoir découverts ? On voit, par ce qui précède, combien peu est avancée la connaissance des ennemis des guêpes, tant exotiques qu'in- digènes, puisqu'on n’ea connaît encore que peu d'espèces (1), dont on n’a même pu surprendre ni les évolutions ni les pro- cédés trompeurs. On ignore en particulier si les insectes para- sitiques vont pondre leurs œufs dans les alvéoles, ce qui paraît probable, ou si certaines larves réussissent à s’introduire dans | le guêpier après leur éclosion. C’est encore un de ces nombreux objets qui, dans l’étude infinie des insectes, s'offre aux investiga- tions des curieux de la nature, et ce n’est certes pas le moins intéressant, puisque, jusqu'ici, il n’a pas été traité, mais seule- ment indiqué. (1) Curtis décrit l’'Anomalon vesparum (Brit. Ent.) comme parasite des gué- piers; Bigve cite un autre Ichneumonide et Leach la Lebia (Dr one linearis, qui seraient dans le même cas. FN OLXAI === CHAPITRE XI. DE LA PIQÛRE DES GUËPES,. Parmi les insectes qui piquent sous nos climats, les guëêpes possèdent l’aiguillon le plus redoutable. Il est beaucoup plus à craindre que celui des abeilles et des bourdons, et les accidents qu’il détermine acquièrent , dans certaines circonstances , un haut degré de gravité. Les guêpes sont aussi beaucoup plus irritables que les abeilles, Elles répondent à la moindre injure par des piqûres doulou- reuses dont les effets inspirent une légitime terreur. Aussi nos insectes sont-ils voués à la haine éternelle du genre humain, dont ils sont un des ennemis naturels. Cependant, au fond, ils ne sont pas beaucoup à craindre; ils ne piquent jamais sans raison et ne le font que pour se venger ou lorsqu'on les met en état de légitime défense, soit en les attaquant, soit en leur cau- sant quelque frayeur. Leur aiguillon est une arme plutôt défen- sive qu'offensive ; les mâles en sont dépourvus et ne sont, par cela même, nullement à craindre. Et, comme nous venons de le dire , si la vengeance des guêpes est terrible, elle n’a point lieu sans provocation. Les premiers torts ne sont jamais de leur côté, mais, en revanche, leur susceptibilité est extrême. Lorsqu'on approche inconsidérément de leur repaire et que, par des mouvements trop brusques, on attire l'attention de ses habitants, on risque fort d’être assailli, Mais surtout malheur à qui, sans le savoir, a agité la branche à laquelle un guëépier est fixé, ou qui cherche imprudemment à détruire un de ces édi- fices. Alors l’essaim tout entier se précipite au dehors, et, chose vraiment surprenante, au milieu des objeis de la nature, nos insectes distinguent sans peine l’agresseur et le poursuivent avec acharnement à de longues distances. L Je me souviens que, étant enfant, je m'amusai un jour fort MC EXXII — inconsidérément à lancer des pierres contre le tronc d'un vieux chêne qui recélait dans son intérieur un nid de frelons. L'un des prejectiles vint à frapper le trou qui servait d'entrée au guêpier et aussitôt la gent ailée en sortit en frémissant. J’eus beau m’enfuir à toutes jambes, les frelons me poursuivaient sans relâche et j’entendais toujours à mes oreilles le bruit stri- dulent de leur vol. À force de m'’éloigner, j'en lassai le plus grand nombre, mais quelques-uns s’acharnaient encore à ma poursuite. Enfin, après que j’eus franchi un espace de près d’un demi-kilomètre, le dernier frelon parvint à se cramponner à mes cheveux et consomma sa vengeance en n'infligeant une correction dont je me souviendrai à tout jamais. Les souffrances accompagnées de fièvre que j'en éprouvai durant deux jours m'obligèrent à garder le lit. | | Le caractère irritable des guêpes et la violence de leurs piqûres, sont choses trop connues pour qu'il faille beaucoup insister sur cet objet. Toutefois, je crois pouvoir reproduire ici la merveilleuse histoire que Palissot de Beauvois relate dans son ouvrage sur les insectes d'Afrique et d'Amérique. Il s’agit du Polistes minor, le plus petit Poliste des Antilles. « Un habitant de Saint-Domingue, grand chasseur, fort curieux de m’accompagner dans l’une de mes courses botani- ques et entomologiques, se trouva pressé par quelque besoin ; il se retira dans les buissons, et se plaça, sans s’en apercevoir, près d’un arbrisseau où se trouvait un nid de la troisième espèce. En se relevant, il toucha une des branches; aussitôt il est assailli par ces animaux; tous ses vêtements en furent cou- verts. Son premier mouvement fut de fuir en relevant du mieux qu’il put sa culotte, ne se doutant pas qu’il y enfermait plu- sieurs de ces insectes. Arrivé dans le chemin, il poussait les cris les plus perçants en courant et s’agitant, et ne’ parvint, d’après mon conseil, à se débarrasser de ces ennemis qu’en se. déshabillant entièrement : mais il en avait été horriblement piqué. ». Manquant d’alcali volatil, je lui conseillai de se frotter avec son urine, Ge moyen, le seul à notre disposition, ayant été re- — CLXXIII — nouvelé plusieurs fois, apaisa les grandes douleurs; mais il avait été tellement maltraité dans les endroits les plus sensibles, qu’il ne put éviter un petit mouvement fébrile qu’il conserva pendant deux jours. Ce fâcheux début ralentit son zèle et étei- gnit son goût naissant pour l’histoire naturelle. » L’agilité des guèpes est toujours proportionnelle à la chaleur. Par les belles journées d'été elles sont plus particulièrement irascibles et promptes à la riposte. C’est alors qu’elles piquent avec le plus de violence. Au contraire, durant les journées froides de l’automne, elles subissent un véritable engourdisse- ment produit par l’abaissement de la température, et c’est à peine si, dans cet état, elles songent à faire usage de leur ai- guillon. On peut alors les toucher sans éveiller leur fureur ; la force leur manque pour se venger. Le même effet se produit, quoiqu’à un moindre degré, à la chute du jour. Les Hyménop- tères, en général, ne sortent que par le soleil. À peine un nuage en obscurcit-il la splendeur qu’aussitôt ces insectes disparais- sent comme par enchantement (1). À l’entrée de la nuit, surtout par la pluie, elles tombent dans un état de complète torpeur. _ Elles cessent alors d’être redoutables, et c’est de ce moment qu'il faut profiter pour s'emparer du guêpier , en coupant les branches qui le supportent. De toutes les guêpes sociales, les insectes du genre Vespa offrent de beaucoup l'instinct le plus belliqueux. Leur colère est Ja plus prompte, leur aiguillon le plus terrible. Les petites guêpes américaines, quoique habitant un climat brûlant, sont d'humeur beaucoup plus iraitable. J’ai fréquemment secoué des guëpiers de Nectarinia, de Chartergus, de Tatua et de Polybia, en . coupant les branches qui les portaient, sans avoir jamais été piqué, quoique je fusse souvent, perdant cette opération, en- touré d’une nuée de guêpes. Aussi, rien n’est plus facile que de s'emparer de ces guêpiers; on n’a même à se plaindre que de la facilité avec laquelle leurs habitants les désertent, car, loin (1) Toutefois les observations de M. Perrot prouvent que les guêpes travaillent aussi au clair de la lune, CG EXXIVE EE de le suivre et de le défendre, ils abandonnent au ravisseur, qui l'emporte complétement vide. Pour parer à cet inconvé- nient, autant que pour éviter les effets de la colère des guêpes, j'avais l'habitude de transformer la demeure en prison en fer- mant la porte sur ses habitants, c’est-à-dire en bouchant l’en- trée avec un tampon de papier dans les nids cartacés, ou en liant le goulot à l'improviste sur les fuseaux des Chartergus. Ceite ruse réussit à merveille, mais il faut se hâter, pour con- server le fruit du larcin, d’enfermer le guêpier dans un sac ou dans une caisse, car les insectes ont bien vite compris le tour qu'on leur joue. Aussitôt ils rongent le carton à côté du tam- pon, agrandissent l'entrée, ou percent l'enveloppe au-dessus de la ligature, et trouvent ainsi le moyen de s’échapper. Mais, lors- qu'on a affaire à un nid de Vespa crabro, on ne saurait user de trop de précautions et il doit en être bien pis encore des grosses Vespa asiatiques. Comme je l’ai dit plus haut, si les guêpes piquent, c’est tou- jours par voie de représailles, tantôt c’est pour leur défense personnelle, tantôt c’est par vengeance. Dans ce dernier cas, elles poussent l’ire jusqu’à prendre l'offensive et à poursuivre leur ennemi. Mais, tant qu'on ne les agace pas, on peut en toute sécurité rester au milieu d'elles, leur permettre même de se promener sur son visage ou sur ses mains. Elles ne piquent jamais tant qu'on se tient immobile ou qu’on se meut avec len- teur, mais au moindre mouvement qui les effraie, elles répon- dent par un coup d’aiguillon. Les gens chez qui la vue de ces insectes excite une terreur ridicule et qui cherchent à les chasser loin d’eux par des mouvements provocateurs sont pré- cisément ceux qui se font piquer, tandis que ceux qui leur. laissent la liberté de se mouvoir autour de leurs personnes ne le sont jamais, au grand étonnement des premiers. Il serait facile de porter cet étonnement à son comble et de mystifier ceux qui ont des guëêpes une crainte puérile. En effet, lors- qu’on sait distinguer les mâles, on peut sans inconvénient les saisir avec les doigts, les enfermer dans la main, se les placer sur le visage ou les donner à toucher aux spectateurs attérés. — CLXXV — Le mauvais caractère des Vespa est évidemment la cause du peu de soin qui fut accordé à leur étude. Les abeilles, les bour- dons s’apprivoisent et apprennent à connaître leur gardien. Les guëêpes ne sont pas aussi accommodantes ; elles attaquent l’ex- périmentateur avec fureur et le dégoütent bien vite de recher- ches trop dangereuses. Loin de se plier comme les bourdons, aux besoins de l'observateur et de s’habituer à obéir dans leurs travaux à la volonté du naturaliste, elles prennent chaque plus petit dérangement qu'on leur crée pour une provocation, et ne es pas se résigner. J’en ai fait plus d’une fois l'expériente à mes dépens. Il est toutefois certain que, avec beaucoup de ménagements, on réussit à faire plier leur roideur. Mueller était même par- venu à apprivoiser suffisamment une Vespa crabro pour pouvoir sans danger renverser la ruche au fond de laquelle elle bâtis- sait son nid et l'observer dans ses travaux. Cette guêpe finit _ même par se laisser caresser du bout du doigt. Bientôt on pat lui donner sa nourriture au bout d’un bâton et même avec la main. ‘ Dès que la guêpe sentait soulever sa ruche et qu’elle voyait approcher le morceau, elle se dressait sur ses pattes de derrière pour le recevoir, et, à mesure que la société s’accrut, les nou- velles guêpes s’habituèrent au même traitement, en sorte que tout une grande colonie fut apprivoisée. Lorsqu'il survenait des visiteurs, Mueller prenait la ruche et l’emportait avec lui pour la montrer à découvert. Jamais personne ne fut piqué durant ces promenades. Si l’expérimentateur désirait examiner les alvéoles, il écartait simplement les frelens avec un morceau de bois, sans que ceux-ci s’en montrassent irrités. Enfin, les _ guêpes lui permirent même de couper à plusieurs reprises l’en- veloppe du nid afin de conserver les cellules à découvert: Mais. pour obtenir un pareil résultat, il faut prendre la société à son début et la suivre sans relâche. Après avoir dit dans quelles occasions les guêpes font usage de leurs armes, il nous reste encore à montrer quels sont les effets de leurs piqûres. Nous ne nous arrêterons pas à décrire — CLXXVI — leur aiguillon; ceci rentrerait plutôt dans un chapitre d'anato- mie (1); il est établi sur les mêmes principes que celui des abeilles, mais il est plus grand, mieux armé, et, comme l’a re- marqué Réaumur, il forme une canule par laquelle linsecte projette, à plusieurs pouces de distance, le liquide venimeux. C’est uniquement à l'injection de ce venin dans la blessure qu’il faut attribuer les douleurs aiguës et le trouble physio- logique qui succèdent aux piqûres. Je ne connais aucune expérience positive à ce sujet, néan- moins, il est généralement admis qu'un enfant ou un animal de la grosseur d’un chien succomberait s’il était piqué simultané- ment par un grand nombre de nos guêpes de la plns grosse espèce (V. crabro). Mais, à défaut d'expériences, les observa- tions sur cette matière sont assez nombreuses et plusieurs d’entre elles remontent à une haute antiquité. On trouve sur cet objet une intéressante série de faits rassemblés avec une grande érudition dans l'excellent ouvrage de Cloquet (2), mais comme ces faits appartiennent presque exclusivement au do- maine de la médecine, nous ne pensons pas devoir reproduire son mémoire en entier, nous nous bornerons à noter les chser- vations les plus importantes qu’il a consignées dans ce travail, fruit d’habiles et patientes recherches. ‘ Pline, déjà, cite à ce propos des auteurs plus anciens et soutient avec eux, à tort ou à raison, que la piqûre de vingt frelons est nécessairement mortelle. On connaît dans l'histoire de la science un grand nombre de cas où la piqüre’des guêpes a entraîné des accidents d'une haute gravité. Il est vrai que l'état général de la santé du patient entre pour beaucoup dans sa prompte guérison ou dans les conséquences fâcheuses dont ces blessures sont suivies. On a vu des gens n'être que fort peu éprouvés de piqûres nombreuses reçues en même temps, tandis que d’autres ont succombé à la piqûre d’une seule guêpe. La (4) Voyez Lacaze Duthiers, Annales des Sc. nat., 3° série, tome XII, p. 855 et suivantes. (2) Faune des Médecins, tome V. — CLXXVIL — délicatesse plus ou moins grande de l'organe piqué est une autre source d’irrégularité dans les effets morbides de l’aiguillon de ces insectes. Parmi nos guêpes indigènes, l’espèce de beaucoup la plus dangereuse est la Vespa crabro. Les autres, quoique bien plus petites, sont cependant fort redoutables aussi, même prises iso- lément. Ainsi, la piqûre de ces dernières est suivie, dans bien des cas, d’enflure considérable , de gonflement érysipélateux, et finit quelquelois par laisser une tumeur persistante. Dans d’autres cas graves, la tuméfaction s’est résolue par une sup- puration abondante accompagnée de gangrène, ou bien il en est résulté des ulcères rebelles. Evidemment tous ces effets sont accidentels et proviennent de causes prédisposantes dans la condition du sujet atteint. Richerand cite une femme qui fut piquée au doigt. En un instant le corps entier fut tuméfié, la peau devint boutonneuse, et une fièvre ardente se développa. Un bücheron, aitaqué par un essaim de guêpes, fut saisi d’une manie furieuse, sans doute sous l'influence d’une douleur exces- sive. Le délire n’est pas rare, au dire de quelques médecins modernes et, même chez les personnes en parfaite santé, la fièvre est la conséquence presque inévitable des piqûres de guêpes. Les phénomènes qui précèdent ne sont cependant pas les plus graves. Dans certains cas la mort succède à la lésion d’une manière plus ou moins immédiate. Cloquet cite deux paysans qui succombèrent sur le lieu même où ils travaillaient, non loin de leur demeure; ils cite aussi des mulets qui, atta- chés près d’un guêpier, furent piqués jusqu’à ce que mort s’en suivit. D’autres exemples ne seraient sans doute pas difficiles à compulser. Mais la piqûre la plus dangereuse est celle qui se fait au pharynx et cet accident n’est pas aussi rare qu’on pourrait le supposer, parce qu’on introduit souvent sans s’en douter des guêpes dans la bouche lorsqu'on y porte un fruit qu’elles ont excavé et où l’une d'elles est restée logée. L'effet d’une piqûre dans cet endroit sensible amène la tuméfaction du voile du palais et fait périr le patient par suffocation dans l’espace de 12 — CLXXVII — quelques heures. Dans un cas pareil, le mal exige un remède immédiat. « Un agronome anglais, dit Chaumeton (1), voyant » un de ses amis piqué au pharynx par une guêpe qu'il avait » avalée dans de la bière, lui fit prendre à plusieurs reprises » du sel commun, simplement délayé dans une petite quantité » d’eau. Les symptômes alarmants qui s'étaient manifestés à » l'instant de la piqûre cédèrent comme par enchantement à ce » remède administré par les mains de l’amitié, et la vie du » blessé fut ainsi manifestement sauvée... puisque, dans une » autre occasion, un jeune homme qui se irouvait dans le » mêrne Cas mourut sufloqué. » La gravité des blessures que font les guëpes explique suffi- samment comment celles-ci ont pu devenir une véritable plaie lorsque leur nombre prenait un accroissement extraordinaire. On ne doit pas s'étonner que, par suite des tourments que leur faisaient endurer ces insectes, certains pays aient été abandonnés de leurs habitants, comme celui des anciens Pharsalites, que l'on cite en particulier sous ce rapport (2). Il faut rapporter au même phénomène les faits mentionnés à plusieurs reprises dans les livres saints (3), de peuples mis en fuite par les iour- ments que leur causaient les guêpes; ainsi, dans l’Exode, il est dit que le Seigneur dirigeait des essaims de guêpes contre les Héviens, les Cananéens et les Hétiens, pour leur faire graduel- lement abandonner la terre qu’il destinait à son peuple, et au livre de Josué le même fait est répété (4). De tout temps, même dans les siècles les plus reculés, les médecins et les charlatans ont imaginé des recettes contre les piqûres des guêpes, et la littérature ancienne ainsi que celle du moyen-âge, voire même la moderne, nous ont transmis une mul- (1) Cloquet, loc. cit , d’après le Dictionn. des Sc. méd., I, h0. — Les exem- ples de piqûres dans la bouche suivies de mort sont fréquents. La piqûre dans l'estomac est très rare; ‘en connais un cas, et il n’a pas été suivi de mort. (2) Cloquet, loc. cit (3) Exode, XXII, (4) Jesué, XXIV,1?2 -— CLXXIX — titude de spécifiques dont les recettes sont plus divertissantes qu’utiles. Voici, pour en donner une idée, la composition de quelques-uns : des feuilles de chou; du sel marin incorporé dans de la graisse de veau; la mélisse des bois; la fiente de bœuf; le jus de la citrouille et du pissenlit; la neïge, etc., qui sont de simples résolutifs; puis aussi: la pommade com- posée avec la lentille d’eau et des têtes de mouches ; la prétendue pierre des crapauds , le sang des chouettes, le fiel de certains oiseaux, et la pâte faite avec des toiles d'araignées, de l'oignon et du vin; le décoctum vineux de semences de mauves, admi- nistré en boisson par Guillaume de Varignana, médecin de l'empereur Henri VII (1); les cataplasmes d’abeilles et de guêpes écrasées, préconisés par Gilbert Anglais, à côté des- quels on peut citer la singulière habitude des Indiens du Mexique, de bander les piqûres venimeuses avec la peau d’un serpent à sonnettes , sous prétexte que le venin doit être détruit par le venin. À la liste de ces vulnéraires on peut ajouter l’eau de rose, l’eau de Cologne et le vinaigre, appliqués à toute sauce par des femmes vieilles et jeunes de notre siècle. En fait de remède sérieux, il n’en est guère qui scient d’une grande efficacité. Le seul traitement, applicable en pareil cas, consiste à suivre d’abord le conseil donné par Swammerdam : c’est-à-dire, à couper avec des ciseaux tranchants, à fleur de peau, l’aiguillon qui reste enfoncé dans les chairs, afin d’en- lever ainsi la vésicule de venin et le venin même qui est contenu dans la base de l’aiguillon, et que ia pression pourrait faire jaillir dans la blessure. Ensuite, il faut extirper ce qui reste engagé dans les chairs au moyen d’une aiguille. On peut alors couvrir les parties qui avoisinnent la blessure d’émollients divers, tels que compresses à l’eau salée, à l’eau de mer, comme (1) Voyez encore par exemple: Weckerus, de Secretis, p. 316, d'après Mizal- dus : Si quis sylvestris malvæ succo perunctus erit cum oleo, vel plantam ipsam secum habebit, a Vespis non pungetur, Quod si recenter punctus faerit, etiam _infixo aculeo idem opitulabitur succus, aut oleum simplex. — Matthiole, Com- mentaires sur Dioscor., 838, où il préconise les cataplasmes de mouches écrasées, etc. Te ICEXXX) — l'a déjà recommandé Dioscoride, ou simplement à l’urine, lors- qu'on est en voyage. D’autres substances telles que : l'huile d'amandes douces ou d'olive, le suc laiteux du pavot, sont d’un bon effet. Si les douleurs sont aiguës on peut ajouter un peu de laudanum. Enfin, dans les cas graves, il est bon de boire de l’eau salée chargée de quelques gouttes d'ammoniaque. J'ai vu pratiquer au Mexique un autre traitement contre la morsure des serpents, qui ne laisse pas que d’avoir un bon effet. Ilest surtout utile en voyage, où les médicaments manquent fré- quemment, et consiste simplement à faire boire au malade une assez grande quantité d’eau-de-vie. Dans le cas de piqûre dans la bouche, le remède est simple, comme on l’a vu, il serait plus eflicace encore si l’on ajoutait quelques gouttes d’ammo- niaque. Nous ne parlons pas ici du conseil peu pratique que donne Réaumur, de se laisser piquer avec patience au lieu de chasser la guêpe trop précipitamment , ni de l’instillation de l’'ammo- niaque (ou alcali volatil), remède qui nous paraît être pire que le mal et qui, dans bien des cas, ne sert qu’à enfermer le venin dans la plaie en cautérisant superficiellement. CONCLUSION. Dans les pages qui précèdent j'ai fait l'histoire détaillée de l'architecture des guèpes. Malheureusement cet ouvrage, en pa- raissant, se trouve déjà incomplet, parce que les interruptions auxquelles m'ont entraîné mon voyage en Amérique d’abord, et de nombreuses difficultés ensuite, ont laissé à d’autres le temps de publier sur le même sujet des observations diverses. C’est à M. le docteur Môbius qu’on doit le travail le plus considérable sur cette matière. Ce naturaliste, abordant après moi l’histoire de la nidification des guëpes, a livré au public un mémoire étendu et d’une belle exécution, qui ajoute plusieurs nouvelles espèces de nids à celles que j'ai fait connaître, et dont les détails pleins d'intérêt sont de nature à le faire apprécier de tous les entomo- logistes (1). Ce n’est pas sans le plus vif regret que j'ai dû renoncer à compléter ce livre, en y faisant entrer les nouveaux types de nidification que l’auteur allemand a décrits et figurés avec art, mais j'ai dû m’y résigner, parce que mon manuscrit, livré et composé en partie, ne pouvait recevoir de nouveaux change- ments (2). (1) Dans ce travail, l’auteur reproduit plusieurs de nos idées. Quant aux ob- jections qu'il nous fait sur quelques points, nous aurions de la peine à les admettre, et elles ne nous ont pas fait modifier notre manière de voir. (2) Les lenteurs interminables, suite de mon absence de Paris, qui ont présidé à l'impression des dernières livraisons et à l'exécution des planches qu’elles con- tiennent, ont fait vieillir à l'imprimerie le manuscrit et diverses parties tirées plus d'un an avant d’avoir été livrées au public. C'est à cette absence de Paris que tient aussi la déplorable exécution des planches xix bis, xxx bis et xxxvr. — CLXXXII — Pour compléter l'histoire des guêpes, il me resterait à traiter de l’organisation de leurs sociétés, de l'éducation des larves, de leur développement et de leur anatomie. Mais, manquant sur tous ces points d'observations assez complètes, j'en suis presque réduit à rassembler simplement ce que les naturalistes ont dit sur ce sujet. Outre qu'un résumé de ce genre, aussi stérile en faits nouveaux, n'entre pas dans mes goûts, des travaux d’une autre catégorie absorbent maintenant tout mon temps et m’obli- gent à renoncer, pour le moment du moins, aux recherches qu’exige une semblable étude. D’ailieurs un sujet aussi intéres- sant ne saurait manquer d'amateurs et déjà bien des travaux assidus en ont facilité l'abord. Pour l'anatomie des Vespides, on trouvera d’amples matériaux dans les écrits de Ramdohr (4), Muralto (2), L. Dufour (3), Strauss (4), Blanchard (5), Grube (6), etc., mais il est bien à regretter que jusqu’à ce jour le superbe travail de M. Strauss ne soit connu que par un extrait. «i On trouvera sur les mœurs des guêpes en général et sur les parties que je n’ai point traitées de nombreux détails dans Réaumur, De Geer, Müller (7), Disderi (S), Lepeletier de Saint-Fargeau et quelques autres. Je renvoie en particulier à la bibliographie que l’on voit plus bas et où sont consignées un grand nombre de notes peu connues des entomologistes (9). Les principes de la constitution sociale des guêpes, de Paccou- plement, de la ponte et de l'éducation des larves, sont éiablis dans les ouvrages de Réaumur, De Geer ; dans les mémoires (1) Recherches sur la digestion dans les insectes. (2) Anatomia crabronis (Ephém. Nat. Curios. Déc., 2). (3) Recherches anatomiques et physiogiques sur les Orthopières, Hyméno- ptères et Névropières, (4) Anatomie du frelon (Bullet, de Férussac, 1830). (5) Règne animal illustré. Insectes, pl. 107. (6) Müllers, Arch. für Anat, u. Physiol., 1849, 47-7h. (7) Germar, Magazin der Entom., III, 86. (8) Acad, de Turin, 1815. (9) Voyez la liste des Auteurs cités, — CLXXXIIL — de Müller (Naturgesch. der Grossen Hormisse) (1); Disderi (Vespæ Gallicæ historia) ; dans le livre de Lepeletier de Saint- Fargeau (tome I), et dans les ouvrages généraux d'introduction à l’entomologie de Kirby et Spence, Lacordaire, Westwood, etc. Enfin, l’on trouvera encore quelques détails peu importants dans une série de petites notes publiées surtout en Angleterre. Je dois toutefois excepter de cette liste les travaux de M. Fr. Smith, publiés dans le Zoologist, et qui sont le résumé de longues et scupuleuses recherches. Enfin, je ne dois pas omettre de citer ici les travaux, mal- heureusement inédits, d’un observateur patient et consciencieux, que sa trop grande modestie a seule empêché de faire connaître. Je veux parler de M. Perrot de Pourtalès, qui, à l'instar d'Huber, a pendant plusieurs années poursuivi les recherches les plus intéressantes dans sa campagne de Chambésy, située près de Genève, et qui a réussi à élucider plusieurs points pro- blématiques de l’histoire morale des guêpes. Mais il ne m’'ap- partient pas de livrer à la publicité des faits qui sont la propriété d’un autre et le fruit de laborieuses recherches. Je me borne done ici à faire des vœux pour que l’auteur se décide de donner à la science les travaux dont il est resté jusqu’à ce jour le seul à jouir. (1) Mémoire très intéressant. — On y lit que le temps nécessaire au dévelop- pement de la guêpe est de 26 à 30 jours, au gros de l'été. Saint-Fargeau ne con- naissait pas ce mémoire; il croyait cette période inconnue. FIN DE LA PARTIE GÉNÉRALE. BIBLIOGRAPHIE DES VESPIENS. LISTE DES AUTEURS CITÉS ET DES OUVRAGES QUE L’ON PEUT CONSULTER POUR COMPLÉTER L’HISTOIRE DES INSECTES DE CETTE TRIBU (1). Abhandlungen der Kônigl. Schwedischen Akademie der Wissenschaf- ten, etc., aus dem Schwedischen übersetzt von A.-G. KÆSTNER. Leipzig, in-80. — Recueil qui contient plusieurs notes sur les guêpes : Tome xvinr, 1757. KALM nous apprend que les Indiens de l'Amérique du Nord font griller les nymphes des Guêpes et les mangent avec délice. Tome xxxu1, 1774. CRONSTADT dit que les Guêpes dévorent en si grande abondance la Phalæna defoliaria, Lin. (Réaum., IL, t. 6, 30), qu’elles deviennent incapables de voler. Tome xxxvi, 1774. BIERKANDER indique l'utilité et le moyen de détruire les Guêpes au printemps en faveur des Abeilles. (1) Je ne cite pas à nouveau les mémoires et ouvrages qui ont déjà été indiqués dans la Monographie des Guêpes solitaires. Voyez tome I°", page 266. Quelques citations sont restées incomplètes parce que j'ai été dans l’impossi- bilité de me procurer les ouvrages. D’auires se rapportent à des travaux dont ce livre ne fait pas mention, parce qu'ils ont paru postérieurement à la parie spé- ciale qui suit. — CLXXXVII — GoLpsmirx (Olivier). An History of the Earth and Animated Nature. London, 1779. 8 vol. in-8. (Dans le tome VIIL, on trouve des considérations sur les Guêpes tirées de Réaumur, mais sans le citer.) GRUBE (Ed). Fehlt den Wespen und Hornissenlarven ein After oder nicht? Abermalige Untersuchung. (Müllers Archiv. für Anatomie und Physiologie, 1849, p. 47-74.) Mémoire sur le tube intestinal des larves des Guêpes, et de divers autres Hyménoptères. GuizLou (Dr LE). Catalogue raisonné des Insectes Hyménoptères recueillis dans le voyage de circumnavigation des corvettes l’Asiro- labe et la Zélée, etc. (Annales de la Soc. Entomol. de France, ire sér. X). Paris, 1541, in-80. HazidAy (A.-H.). Description of the Insects collected by capt P. P. King in the Survey of the Straits of Magellan. (Transact. of the Linn. Soc. of London, XVII), 1835, in-49. Harris. Exposition of English Insects, etc. London, 1776, 1 vol. in-40. Harris. Report on the Insects of Massachusetts injurious to vegetation. Cambridge, 1841, — et la seconde édition, sous le nom de : Trea- tise of some of the Insects of new England, which are injurious to vegelation. Cambridge, 1842. HARRISON (J.). Two letters concerning a small species of Wasps (Philosophical Transactions, 1752, p. 53). — Contient des détails intéressants sur les mœurs d’une petite Vespa de l’Amérique sep- tentrionale, qui établit un nid de même espèce que la V. sylves- tris.— Voyez Transactions Philosophiques, ci-dessus (article XX). HEARNE. Note sur la guëèpe végétale (Proceedings of the Entomolo- gical Society of London, I, p. Lxvi). HERNANDEZ. Nova Plantarum, Animalium et Mineralium Mexicano- rum Historia. Romæ, 1651, 1 vol. in-folio. — Dans son Histoire des Insectes, chap. XVII, il indique le Quetzalmichuatl comme étant une guëpe qui fait un nid composé de rayons, sans doute un Poliste (P. annularis ?) Histoire naturelle et morale des îles Antilles de l'Amérique, etc. (par le Pr. de Rochefort). Rotterdam, 1658, 1 vol. in-4o, indique des remèdes contre la piqüre des Guëpes. Insects architecture (formant le tom. Ille de la Library of entertain. Knowledge). London, 1838, in-12, et la seconde édition, voyez RENNIE. —— CLXXXIX — Joansronus (John, Méd. Doct.) Historia naturalis de Insectis, de Ser: pentibus et Draconibus. Amsterdami, 1657. 1 vol. in-folio (la tab. III, représente divers guëpiers). KiRBy. Voyez SWAINSON. KirBy and SPENCE. Introduction to Entomology, etc. London, 1828, in-80. KLuG. Voyez WALTL. Knapp. Note sur la Vespa campanaria (Journal of Naturalits, 333). LacorDAIRE (Th.). Introduction à l'Entomologie. Paris, 1838, 2 vol. in-8° (Suites à Buffon). LamarcKk. Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres. Paris, 1815-22, 7 vol. in-8o. LATREILLE. Notice sur un Insecte Hyménoptère de la famille des Diploptères, connu dans quelques parties du Brésil et du Para- guay, sous le nom de Lechequana, et récoltant du miel ( Annales des Sciences naturelles, Ile sér. IV, 335), Paris, 1825, in-80. Id. Observations sur quelques guêpes (Annales du Museum, I, 287, Paris, 1802, in-4, et Zoological Journal, n° 5. Extrait). Id. Observations sur quelques guêpes (Mémoires du Museum, XI). 1824, in-40. LEacx. Zoological miscellany, being descriptions of new or interes- ting animals, etc. London, 1814, 3 vol. in-8o. Lesert. Ueber die Pilzkrankheit der Fliegen (Nouveaux Mémoires de la Société Helvétique des Sciences naturelles, XV). Zurich, 1857. Id. Ueber einige neue oder unvyollkommen gekannte Krankheiten der Insekten, welche durch Entwickelung niederer Pflanzen im lebenden Kôrper entstehen. {Zeitschrift fur wissenschaftliche zoologie, 1858.) In-80. LEPECHIN ([wan). Journal d’un voyage dans les différentes parties de l'empire de Russie, de 1768-70. Allemburg, 1774-1783, 3 vol. in-4°. Mac GARVIE (J.). Observations in the great brown Hornet of New south Wales, etc. (Edimburgh new Philosophical Journal, IV, 1828, 237, et extrait: Bulletin de Kérussac, 1829, XVII, 457. — Voyez aussi : Magazin of Natural History, no 2). NX Mac Leav. Description du thorax de deux Guêpes (Zoologicai Journal, n° 18). London, 1824, in-8o. Magazin of Natural History (the) and Journal of Zoology, Pi Geo- logy, etc., by Loudon. London, 1837-40, in-80. Marmowsky (be). Beitrag zur Naturgeschichte der Vespa crabro (Berliner Magazin, 1808, IH, 151 el Isis, 1818, IX, p. 1459). MatTrmiore (P. André), médecin Viennois. Commentaire sur les six livres de Ped. Dioscoride, etc, mis en français sur la dernière édi- tion latine de l’auteur, par. J. Des Moulins, D. M., etc. Lyon, 1579, 1 vol. in-folio, et l’édition latine la plus récente : Marrmout (Petri Andreæ), medici Cæsari et Ferdinandi Archiducis Austriæ Opera, hoc est Commentarii in VE Hbros Dioscori- dis, etc., etc., a C. BAUHINO, D. Bot. aucti, etc. 1598, im-foho. — Ouvrage contenant quelques détails sur la piqüre des Guêpes. MénesrrièËs. Catalogue des Insectes recueillis par feu M. Lehman, avec/les descriptions des nouvelles espèces (Mémoires des Sciences natur. de l’Acad. Impér. de St-Pctersb., VI, 1848), en deux par- ties. Saint-Pétersbourg, 1847, in-40. MERRET. Pinax rerum naturalium britannicarum, continens vegeta- bilia, animalia et fossilia in hac insula reperta, etc. Londini, 1767, 1 vol. in-80. Môgrus. (D: K.) Die Nester der geselligen Wespen (Abhandlungen: von dem Naturwissenschaftlichen Verein in Hamburg, IH). Ham- burg, 1856, in-40. Mourrer. Theatrum Insectorum, sive minimorum animäalium, etc. Londini, 1634, 1 vol. in folio. Müzrer (P.-W.-J.). 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Vegetable substances growing on the bodies of living animals (Edim- bourgh new Philosophical journal, 1828, IV, 38). Citation relative à la Guëpe végétale. Warer. Voyage and description of the Isthmus of America. 1704. WazTz (Dr Joseph). Reise durch Tyrol, Oberitalien und Piemont, nach dem Südlichen Spanien. Passau, 1835, 1 vol. in-8o (Hymé- noptères par Klug). Watson (W.). An account on the insect called the Vegetable Fly (Phi- losophical Transactions, 1863, 271). London, in-4°. WEBER (Fr.). Observationes entomologiæ, continentes novorum quæ condedit generum characteres et nuper detectarum specierum descriptiones. Kiliæ, 1801, in-40. WeckEeRus (Joh.-Jacob Basiliensis Medeci Colmar). De Secretis, li- bri XVII, ex variis auctoribus collecti, methodice digesti, etc. Basileæ, 1750, 1 vol. in-8o. WESTLEY and Davis. Entomological magazine. London, 1833, 1 vol. in-8°. (1) Ouvrage sans aucune valeur, dans lequel l'auteur se borne à copier les explications des planches de Réaumur en ajoutant des noms nouveaux aux iasectes que ce dernier n’a pas nommés, sans aucune confrontation avec les espèces créées par les auteurs récents. — CXEV — Wesrwoop. Introduction to modern Classification of Insects. London, 1839-40, 2 vol. in-8°. Id. The Entomologist’s Text Book, etc. 1838, 1 vol. in-80. Id. On the proceedings of a colony of Polistes gallica, etc. (Transac. of the Entom. Soc. of London, IV, 136). 1845, in-80. L Id. On the apod larvæ of Hymenoptera, etc. (ibid., 1re sér., II, 121). Id. Communication pour SerLs sur les Chartergus et leurs parasites (Proceeding of the Entomol. Soc. of London, II, xxx). — Note insignifiante. Id. On caprification, etc. (Trans. of the Entomol. Soc. of London, IL. — Description des parasites des Chartergus, p. 224, pl. 26, 6). 1837-40. Id. Natural history of the insects of India, etc. London, 1842, 1 vol. in-40. Wire (Adam). Description of a South American Wasp which collects Honey (Annals and Magazine of Natural History, etc., VII). Lon- don, 1841, in-8°. Id. Note on a paper in Annals a Magas., etc. (Annals a Magazine of Nat. Hist., XII, 268). London, 1843, in-8°. Zoological Journal (The). Conducted by Ta. BELL, J.-G. CHILDREN and Sowergy. London, 1824-34, 5 vol. in-80. Zoologist (The) a popular monthley Magazine of Natural History, etc., edited by Newman. London, 1843 et suiv. on si aa " ik seu Lu “ie” | A anbno 70. 508 “Labor dl - RU! VS Le à ii ho TT ï ra Ë he ACCRU RAY pi ti a NI #2 | 4 Li sh ds iky "1 NES ERRATA (1). “ Page LIV, art. IV. Au lieu de : nids indéfinis, Lisez : nids définis. Page LVI, ligne 4, à partir du bas, lisez : 1855. cé Page LXII, ligne 48. Au lieu de : PI. XXXVE, lisez : PI. XXXVIL. Page CXXVIIL, ligne 5, à partir du bas. Au lieu de: Ces rayons, lisez : Ses rayons. Page CLXI, ligne 27. Au lieu de : gisant par terre, lisez : gisant à terre, etc. Page 72, ligne 7. Au lieu de : IL, lisez : III. Page 75, ligne 18. Au, lieu de : dessus, lisez : dessous. Page 102, ligne 5. Au lieu de : Id. 1767, lisez : Edit. 1767. Id. Id. ligne 11, à partir du bas, Au lieu de : V. maculata, lisez : V. Caro- lina. (Correction essentielle.) Page 132, ligne 15, dans la diagnose. Au lieu de : Li, 5, lisez: 3, h. Page 141. Vespa consobrina. Il y a eu transposition d'imprimerie ; cette espèce appartient à la division +, page 134. Page 159, ligne 4, à partir du bas, Au lieu de : joues au-dessous, lisez : au- dessus. Page 165, ligne 14. Au lieu de : similissima, lisez : simillima, Page 181, ligne 15. Au lieu de : jucunda, lisez : injucunda. Page 182, n° 21, à PL XXIV, fig. 6. Ajoutez : PI. XXXIIX, fig. 8. Page 186, ligne 13. Bifez le 5. Page 188, ligne 7. Lisez : simillima, et pardonnez au compositeur trop zélé. Page 189, ligne 15. Au lieu de : segments 2-6, lisez : 3-6 Page 192, ligne 19, dans la synonymie. Au lieu de : Myraptera, lisez : Myra- petra. Page 194, ligne 9, id. (1) Voyez aussi l’errata de la page 255, — On est prié de faire les corrections indiquées. — CXCVII — Page 200, ligne 2. Au lieu de: aussi large que le corselet, lisez: aussi long que le corselet. Page 211, dans la synonymie de la P. BRUNNEA. Au lieu de: Myraptera, lisez : Myrapetra. Page 226, ligne 2 du tableau. Au lieu de : 2, mettez:2eth, Page 232, ligne 2, à partir du bas. Lisez : faillit être victime, etc. Page 24h, ligne 13. Au lieu de : 182, mettez : 152. Page 249, seconde colonne, ligne 7. Lisez : Myrapetra, Page 256, ligne 6, à partir du bas, Au lieu de : Stalocyttares, lisez : Stelocyt- tares. Planche XII, aux fig. 1, 2, 5, les couleurs sont trop vives dans la plupart des exemplaires ; les taches rouges devraient être d’un roux sombre. Planche XXII, fig. 8 Au lieu de : P. PHTHISICA, lisez : P. FASCIATA. re 2, 4 0) LE SECOND SUPPLÉMENT A L'ERRATA DE LA MONOGRAPHIE DES GUËPES SOLITAIRES (1). Dans la dédicace, ligne 10. Au lieu de : tribu, lisez : tribut, Page 156, ligne 6, à partir du bas, Ax lieu de : plus arrondi, lisez : moins arrondi. Page 249. Supprimez le tableau dichotomique, qui est entaché d’erreur , et substituez-lui celui qu’on voit page 236, du IIT° volume (Supplément). Page 275, 2° colonne, ligne 5, à partir du bas. Au lieu de : 188, lisez : 252. Page 276, ligne 5. Au lieu de : 939, lisez : 238. (1) Voyez l’errata placé en tête du tome I*, et le premier Supplément à cet Errata, tome III°, p. 351, AVIS IMPORTANT Toutes les mesures de longueur des insectes décrits dans cet ouvrage sont prises depuis le front jusqu'à l’extrémité du deuxième segment abdominal. Nous avons trouvé cetie manière de mesurer les Vespides plus exacte que celle qui consiste à prendre leur longueur totale, parce qu’elle élude les chances d'erreur qui naissent de la rétractilité des derniers anneaux. Les espèces dont le nom spécifique est suivi d’un point d'exclamation, ont été décrites sur les types étiquetés par les auteurs mêmes. La partie spéciale de cet ouvrage à paru de 4853 à 4859. La partie générale n’a vu le jour qu'en 4857 et 1958. PARTIE SPÉCIALE. Dans la Monograplae des Guépes solitaires j'ai dit ce qui différenciait ces dernières des sociales, j'ai énuméré les faits qui servent à reconnaître l’une et l’autre de ces tribus, j'ai mis en évidence les caractères qui permettent de les distinguer ou qui les rattachent l’une à l’autre, je n’ai donc pas à revenir sur ce chapitre. J’en dirai autant de ce qui concerne la séparation bien plus nette des Vespiens et des Masariens; je m’abstiendrai donc également d’en parler ici, pour ne pas tomber dans des répétitions inutiles, et je me bornerai à donner les caractères zoologiques de la tribu. * Li % “ ‘nant tot (he bi ie Jah x Ÿ ET: A a À MR NTARE CANNOT LT" À , je TRIBU DES VESPIENS. VESPIT. Car. Ailes pliées longitudinalement; cellules cubitales au nombre de quatre; la deuxième recevant les deux nervures récurrentes. Lèvre courte, quadrilobée, rarement quadrifide, portant au bout de ses divisions quatre points cornés (sauf exception (1)). Palpes labiaux de trois ou quatre articles (2). Mächoires courtes, palpes labiaux de six, rarement de cinq articles (3). Mandibules en général courtes, et armées de dents termi- nales (4). Antennes brisées ou arquées, en massue allongée, ou fili- formes, de douze articles chez les femelles, de treize chez les mâles, tous distincts. Chaperon en général terminé angulairement en une dent (5). Yeux échancrés, ne couvrant pas entièrement les côtés de la tête, n’alteignant pas toujours les mandibules. Corselet variable, souvent rétréci en avant; le métathorax toujours plus ou moins convexe, arrondi, sans côtes tran- chantes. Abdomen très variable. (1) Le genre Ischnogaster fait seul exception à cette règle, (2) Le genre Raphigaster semble n’en offrir que trois. (3) Le genre Raphigaster offre seul ce caractère. () Les genres Ischnogaster et Tatua les ont cependant longues. {5) Sauf dans les genres Vespa, Ischnogaster et Myschocytharus. Ce caractère appartient exclusivement aux VESPIENS, Pattes grèles, armées comme dans les Euméniens, si ce n’est que la patte moyenne offre deux épines styliformes (1) ; hanches postérieures souvent longues, prolongées en arrière du corselet ; crochets des tarses simples, sans dents (2). Ailes : quatre cellules cubitales. Insectes vivant en sociétés composées de mâles, de femelles et de neutres, et construisant avec des matières terreuses ou papyracées des nids à cellules hexagonales, qu’ils remplissent de miel pour en nourrir leur progéniture. (4) Dans les Euméniens les deux premières paires de pattes portent au bout du tibia un seul appendice styloïde, la dernière en offre deux. Cette différence doit être ajoutée à celles que j'ai signalées dans la Monographie des Guëpes solitaires, et qui servent à distinguer les Euméniens des Vespiens. (2) Dans le genre Ischnogaster ils sont cependant dentés comme dans les Euméniens. Ce genre est, par tousses caractères, entièrement intermédiaire entre les deux tribus. Ses mœurs seules obligent à le classer dans les Guêpes sociales. La] “91098 onber9 2p 9191 uo so99eçd juos mb S991H19p SaSouSerP S9] UONUINE 2948 191MNSU09 e uIos pueig Said 91 J9110dde e mayo ajouop o8e8uo.f ‘ayoadioqur; 29 uo ossmd oubndoufs neoçqer un,nb mod osnonods don 159 soiuo$ stotutop bu s99.9p uoneiedas eT (6) *OOU9PIAY U9 AMJOU FIRMES OÙ JoUr2INS neorqe] un, nb saau919pip ‘sd109 np sand Sa[ Sa0] 2P S2SN2IQUOU SUIAUIP S2P LR JUAIT 9$ UAUOPAC.] 9P AUMOJ LI SULP SOIU9I9IP SOI 19 ‘JUOUTOIMNE 159 U9 [I SNHIASTA SOL SUCP SIC "SNTINTNAT SA SUP M 1 152 2501 np Mb ‘[CJUOUWEPUO} 2191004109 99 9p ANILA E[ 9100p U9 JONDOAII 9P JIUI 159 UO pIOqR JOIWOAË nY (9) -pnos un u9 / 224091] 19 “snANYyIhooyISÈN ‘vrqfiod Sa41u98 so[ a1puoyz op sodoxd 8 9.n9-mnod eto6nf uo ‘oyms ej 14 “Huna4 saç ap 1e4os of [Rnb “roues saç ap apoggip 1ssne 159 nb 10 ‘quaisrxo suonsuen soute1199 onb ‘19P9d KUTOpR] AOAB,p 189 91Q1ILICI 9] JUOP “SIU28 Sp SInaISN[d anuo quepuodos suonbiewoi SNON "SNHINANANT SOf SUEP JuouIQNUo anbuelx o1re.nuo09 ne mb 99 ‘oyou 91) 2.1QIUCUE JUN P S91U98 59] JU2ALDSUOD sonbrqde18095 912.199 Sof “SNA 2Q *SNTINANAT SO[ SUCP JuasseLreque mb suoNISUr.N un 39 af 09 “arpne.] & 9 MA un,p pPou9$ ua sed 919 U [I 19U9 UT *S2199SUI S9P S2NIAIXO SOULIOF XNE IMNOIO1 19401) $9[ MO ayprey nb 19 ‘xn9 9.Qu9 JNoUrSIp 21919LIL9 UNINE anbsoid assrumoy où oremorpuodde awaisés aç onbronb ‘SX&INgNA soç suep onb saut xnoTUE OUOP 1UOS sa1u9 SO[ “AULIOY OUQUI PJ JUOUW9Y -2exo anbsa1d sn0} Ju0 5275704 SOI 19 PAS2A SOI ISUIE : SOIU9S SOUQUE SOL SULP 9187 9p AUAOIUN 9J9du09 oun profeur uo ju94yo 19 ‘sodAr 2P 21QUIOU UTe]192 UN,P AMOME JUNE ose JU9dNOIS 9 sJI ‘Su9IUIUMA S9[ anb sosnoÎUTON SUIOU SOULIO S9D AU9IJO SNTIASTA SOT (1) ‘DNIDL ‘ * **" " "J0[918 9P OUIO} U9 U9UOP -qe ‘noq ne Sany2019 ‘ Sn SUOT SANAIpUCIE ‘D1Qh104 |* * * * * * *AUP[LAO UoWOpC ‘S9NHIOI9 *DLUDII ee “auap anenb ed sogurwi97 soMapurit oi e "pIauñg * *" * "+" * “onbuoo wuouoagnue ‘gumduos uomopqy / 7 MORE LE Sp soureç (onandt ofe "snADPIRIOYISUT tt" "+ + * * up samod xnop Jed gum) uoxodeyn /-jreur sodpeq \-1qn9 omy109 -1915D60d0Y De nee 0, ee Re Se RS OO) ID JUOUL -anSu0] “NOUUOIU9 U9 UHUOPAL,] 9P AU9US9S AUQIXNOP 8 1 QUADRICINCTA, D. Sp. Nigra; prothoracis margine posteriore abdominisque segmentorum marginibus, orantiacis. $. Long. 9 mill. ; env. 18 mill. Feu. Formes de la P. bifasciata. Ailes longues et étroites ; chaperon pentagone ; deuxième segment carré en avant; front très plat. Insecte noir; bord postérieur du prothorax, post- écusson, et celui de tous les segments de l'abdomen, orangés. Pattes d’un brun noirâtre Ailes transparentes, avec la côte brune ; deuxième cubitale plus longue que large, la troisième presque carrée. Habite.…...? L'Amérique. (Musée de Londres ) ” Q. P. ExIGua, n. Sp. (PI. XXII, fig. 1.) Sedulæ affinissima ; minima, nigra ; flavo variegata ; petiolo angusto, præcedentium lon- giore; abdominis segmenlis flavo marginatis; secundo, basi fasciis duabus obliquis flavis. @. Long. 5 1/2 mill. ; env. 12 mill. Fes. Presque aussi petite que la P. sedula. Semblable à cette dernière pour la coloration, mais en différant par son pétiole qui n’est pas si court, ni si gros, mais linéaire; un peu élargi au bout. La bordure jaune du grand segment de l’abdomen après avoir remonté le long des côtés jusqu’à la base, s’infléchit subi- tement en dedans et en arrière, et forme ainsi sur la base de cet anneau deux lignes obliques qui, si elles étaient prolongées, se joindraient pour former un V. La troisième cubitale est aussi longue que large, c’est-à-dire moins large que dans l'espèce mentionnée; et sa nervure externe n’est pas sinuée en S, mais droite. Les ailes sont parfaitement hyalines, avec les nervures noires et sont ornés de reflets pourprés et verts. Habite : Le Brésil. Capitainerie de Goyaz. (Musée de Paris.) 174 POLYBIA. DIVISION IOTA. [ITI° Div.] Yeux atteignant presque les mandibules. Antennes presque fili- formes. Corselet assez court, large et carré en avant. Pétiole moins long que le corselet, campanulé, c’est-à-dire subitement élargi au milieu de sa longueur. Troisième cubitale moins large que longue, (c’est-à-dire son bord radial moins long que son bord interne), fortement élargie vers le limbe. Quatrième cubitale pas plus grande que les deuxième et troi- siéme réunies. 1. Formes se rapprochant beaucoup de celles de la section I”. Pétiole ter- miné par une cupule bombée, mais la quatrième cubitale moins grande que dans la section B. 40. P. Larracea (4) (PI. XXIL, fig. 7.) Nigra ; thorace flavo variegato, mesothorace lineis flavis ; abdominis segmentis flavo margi- natis; alis hyalinis, nervis fuscis. Sy. Fabr. Polistes liliacea. Syst. Piez. 271. 10. Lep. St.-Farg. Polybia liliacea. Hymen. 1, 533. ©. Long. 13 mill. ; env. 31 mill. Ouvre. Mandibules assez longues. Chaperon presque ovale, insensiblement échancré; corselet large en avant, sans rebord. Métathorax plat ou un peu concave. Pétiole court, linéaire dans son tiers antérieur, campanulé et formant une petite cupule dans ses deux tiers postérieurs, portant un faible sillon dorsal. Anus très aigu. Insecte noir, souvent d’un brun violet; mandibules un peu brunes ; un point sous l’aile, une ligne en demi-ovale le long du (1) Ne confondez pas cette espèce avec le Polistes liliaciosus (mihi), qui a identiqnement la même coloration. POLYBIA. 175 bord postérieur du prothorax, de chaque côté une autre ligne qui part de l'extrémité postérieure de la première, longe l’écaille, et gagne les angles de l’écusson, jaunes; deux autres lignes jaunes sur le mésothorax, assez larges et se confondant posté- rieurement avant de gagner l’écusson, lequel est également jaune, ainsi que le post-écusson, et sur le métathorax deux bandes longitudinales, un peu élargies en haut et interceptant un espace noir assez petit. Tous les segments de l'abdomen ornés d’une étroite bordure jaune, tant en dessus qu’en des- sous. Anus noir. (Les parties jaunes sont d’un jaune chaud, mais dans les individus anciens il devient blanchâtre.) Pattes et antennes noires. Ailes transparentes, avec les nervures brunes, et le long de ces dernières souvent un peu de brun-jaurûtre. Rapp. et diff. On ne peut confondre cette Polybie avec aucune autre, son pétiole très fortement campanulé et ses grands orne- ments jaunes, surtout la grande tache bifurquée du mésothorax, la distinguent de toutes les autres ; mais il faut se garder de la confondre à l’œil avec le Polistes liliaciosus qui lui ressemble étonnamment, et qui ne s’en distingue que par la forme de l'abdomen. (Voyez PI. XL, fig. 7.) Habite : Cayenne. (Musée de Paris.) Il est singulier qu’on ne connaisse pas la nidification de cette espèce, d’ailleurs si com- mune. "PETP SULCATA, N. SP. (PI. XXII, fig. 4.) Nigra, depressa ; petiolo breve; facie antennisque rufis; mesothorace et metathorace lineis fulvis ; abdomine rufo, petiolo nigro, segmentis flavo limbalis. €. Long. 41 mill. ; env. 20 mill. Fev. Tête très large, concave en arrière. Mandibules forte- ment dentées. Corselet large, déprimé; prothorax arrondi; métathorax large, portant un large sillon longitudinal ; pétiole court, campanulé, moins élargi que dans la P. liliacea, plus court et plus renflé que dans la P. sericea, Le reste de l'abdomen 176 POLYBIA. ovalo-conique, très grand ; le deuxième segment très large. Tête noire, avec toute la face rousse; bordure des orbites derrière les yeux, jaune; sur le vertex une ligne arquée jaunâtre ; base des mandibules et bords du chaperon, jaunâtres. Mandibules rousses, avec leur seconde moitié noire en dessus. Thorax noir : écailles rousses ; bord postérieur du prothorax et l’antérieur des écussons, jaunes ; sur le mésothorax deux lignes jaunes; deux autres sur le métathorax ; sur les flancs deux lignes jaunes obliques ; les ornements jaunes sont d’un jaune pâle. Abdomen roux-noisette ; pétiole noir ou brun; tous les segments réguliè- rement bordés de jaune. Pattes ferrugineuses ; cuisses et han- ches noires. Ailes hyalines ; nervures brunes. Rapp. et diff. Par son abdomen d’un beau roux, cette espèce offre quelque ressemblance avec plusieurs autres, en particulier avec les P. amæna et injucunda, mais elle s’en distingue bien par ses ailes non ferrugineuses, avec une tache noire au bout; par sa face et ses antennes rousses ; par son pétiole bien plus court et plus campanulé ; par son fort sillon métathoracique, etc. Habite : Le Brésil. (Collect. de M. Smith.) f / A2. P. JURINEI, n. Sp. (PL XXIL, fig. 6.) Nigra; scutellis flavis ; alis hyalinis, costa nigra. ®. Long. 11 mill.; env. 20 mill. Formes de la Pol. liliacea; pétiole court, campanulé; pro- thorax arrondi en avant; abdomen ovalo-conique. Insecte noir ; les deux écussons d’un beau jaune-orangé. Ailes enfumées, avec quelques reflets violets ; nervures noires. Rapp. et diff. Très voisine pour les couleurs des P. scutellaris, metathoracica, etc., mais distincte par son métathorax noir et son pétiole fortement campanulé, comme dans la Polyb. liliacea, et non linéaire comme dans les espèces citées. Habite : Le Brésil. (Musées de Londres et de Paris, collections de M. le marquis Spinola et de M. Smith.) POLYBIA. D 71 2. Pétiole s'allongeant; son renflement, faible, de largeur moindre que la moitié cle celie du deuxième segment, portant une dépression dorsale. Fe 13. P. Drmiprara. Magna, nigra ; abdomine rufo ; alis hyalinis ; prothorace inerme. Sy. Oliv. Vespa dimidiata. Encycl. Meth. vi. 675. 28. ©. Long. 16 mill. ; env. 37 mill. Ouvr. Grande. Formes de la P. angulata, mais le prothorax sans angles saillants. Tête et corselet lisses, luisants, noirs. Abdomen roux; le pétiole un peu noirâtre en dessus, surtout sur sa partie renflée. Pattes noires. Aïles transparentes, à peine enfumées, nervures noires ; quatrième cubitale à peine deux fois aussi grande que la troisième. Var. Pétiole roux. Rapp. et diff. Elle a presque la même coloration que les P. rejecta et jucunda; mais elle est beaucoup plus grande ; pour la forme elle ressemble à la P. rejecta, mais ses ailes ne sont pas rousses le long de la côte, la radiale n’est pas brune, etc., etc. Pour ia forme et la grandeur elle ressemble parfaitement à la P. testacea. Habite : Cayenne. (Collection de M. Spinola ; Musée de Paris.) VA. P. SocraLIS, n. Sp. - (PI. XXIV, fig. 1.) FA Nigra; mandibulis rufis ; alis nigris, apice albidis. ©. Long. 9 mill. ; env. 22 mill. Ouvr. Comme la P. atra, dont elle ne diffère que par les ca- racières suivants : Mandibules plus courtes, rousses. Chaperon plus large en bas qu’en haut, tronqué droit ou presque droit à son bord antérieur. 12 178 POLYBIA. Corselet large en avant, finement rebordé. Métathorax un peu excavé au milieu. Pétiole plus cylindrique, peu élargi en arrière. Corps plus noir, ne portant pas de poils argentés. Ailes d’un brun presque noir, le bout seulement, transparent. Habite : Le Brésil. (Musée de Paris.) © 15. P. AURICHALCEA, n. sp. Nigro-brunnea, purpureo sericea ; alis infuscatis. @. Long. 19 1/2 mill.; env. 27 mill. Ouvr. Chaperon pentagone, aussi large que long, terminé par un angle très obtus. Corselet rétréci en avant; pétiole allongé, un peu moins long que le corselet, linéaire dans se moilié antérieure, élargi et un peu renflé en arrière, portant en dessus ua petit sillon longitudinal. Abdomen en général arrondi au bout, non conique comme dans presque toutes les espèces. Insecte d’un brun noirâtre. Un point roux à l'insertion des antennes. Prothorax liseré de ferrugineux blanchâtre à son bord postérieur ; écaille ferrugineuse. Abdomen noirâtre ; pé- tiole brun à son bord postérieur; le reste un peu soyeux, chan- geant en reflets pourprés. Pattes d’un brun ferrugineux. Ailes transparentes, un peu enfumées , avec la côte un peu ferrugi- neuse. Var. Pétiole d’un ferrugineux clair. Rapp. et diff. Gette espèce pourrait être confondue avec les voisines qui sont d’une seule couleur et couvertes de poils soyeux et chatoyants ; elle est surtout distincte par les reflets de son abdomen qui sont d’un pourpré obscur, et non d’un jaune doré comme sur le corselet de la P. aurulenta. Ces reflets ne sont pas toujours parfaitement visibles, surtout sur les individus dété- riorés. Habite : Le Brésil. (Bosc.) (Musée de Paris.) 16. P. CHRYSOTHORAX. (PL. XXIV, fig. 3.) Fusca; capite antennisque nigris ; horace aureo-seriéeo ; alis infuscaéis. POLYBIA. 179 : Syx. Weber. Vespa chrysothorax. Obs. Ent. 105. 9. Fabr. Polistes aurulenta. Syst. Piez. 275. ©, Long. 12 mill. ; env. 29 mill. Ouvr. Yeux atteignant presque les mandibules. Chaperon terminé angulairement. avec un sillon vers le bas. Corselet rétréci en avant, assez large. Pétiole allongé, linéaire à sa base, assez élargi en arrière; deuxième segment presque aussi large que long ; anus un peu arrondi. Insecte brun: tête et antennes noires ; corselet couvert de poils brillant des plus beaux reflets dorés ; abdomen un peu satiné et obscur. Pattes ferrugineuses. Aïles enfumées, ferrugineuses le long de la côte, avec des reflets dorés. Deuxième cubitale subtriangulaire. Var.? Aïles brunes, avec quelques reflets violets; presque transparentes au bout. Pétiole noirâtre au milieu. Long. 14172; env. 33 mill. (Corrientès.) Rapp. et diff. Voyez les affinités des P. aurichalcea et sericea. Habite : Cayenne, le Brésil. Construit un nid cartonné qu'elle attache à un petit buisson. (Musée de Paris. Rapportée par M. Alc. d'Orbigny.) 47. P. SERICEA. (PI. XXIV, fig. A.) Fusca; capite et aïdomine nigris, petiolo fusco ; alis infuscatis, costa nigra. Syw. Oliv. Vespa sericea. Encycl, Meth. Ins. vi. 675. 29. Lep. St.-Farg. Rhopalidia rufithorax. Hymen. 1. 539. ©. Long. 14 mill. ; env. 31 mill. Ouvr. Tête et antennes noires Corselet étroit, rétréci en avant, fortement velouté, d’un brun roux, avec le métathorax brillant d’un vif reflet doré, et couvert d’un duvet tomenteux. Abdomen noir; pétiole brun comme le corselei, un peu campa- vulé. Anus arrondi, nullement aigu. Pattes brunes. Ailes d’un brun foncé, noires le long de la côte, presque transparentes le long de leur bord postérieur. 180 POLYB1IA. Rapp. et diff. Très distincte : se rapprochant beaucoup des P. aurichalcea et aurulenta, maïs s’en distinguant bien par ses ailes brunes. Var. Abdomen brunâtre. Nota. Cette espèce semble être bien voisine du Polistes nigri- pennis labr. | Habite : Le Para, Cayenne, etc. (Musée de Paris.) 18. P. LucuBris, n. sp. (PL. XXIV, fig. 2.) Magna, nigra; alis hyalinis, subflavescentibus. ©. Long. 43 mill. ; env. 33 mill. Exactement semblable pour la coloration à la P. angulata, même taille, mais en différant essentiellement par son prothorax rétréci en avant, arrondi, sans épines ; par un pétiole qui n’est pas linéaire, mais qui porte un renflement postérieur ayant presque la même forme que dans le genre Synæca, tandis que dans l’angulata il est linéaire, un peu élargi en arrière, mais sans renflement subit; la troisième cellule cubitale est aussi élargie vers le limbe, tandis que dans l'espèce citée elle est en parallélogramme régulier. Insecte d’un beau noir luisant; antennes noires, sans ferru- gineux en dessous. Ailes lavées de brun-jaunâtre. Habite : La Guyanne. (Musée de Paris.) * 49. P. REIECTA. (PI. XXII, fig. 5.) Nigra; abdomine ferrugineo; alis ferrugineis, apice fuscis. Sn. Fabr. Vespa rejecta. Ent. Syst. Suppl. 264. 1400. — Polistes rejecta. Syst. Piez. 280. 51. ©. Long. 11 mill. ; env. 22 mill. Ouvr. Chaperon portant un petit sillon à l'extrémité; ocelles POLYBIA. 181 en triangle allongé, l’antérieure un peu écartée des autres. Métathorax peu oblique; corselet lisse; pétiole un peu plus que moitié aussi long que le corselet. Tête et corselet noirs. Mandi- bules portant une tache brune à leur base, le bout roux. An- tennes ferrugineuses en dessous à l’extrémité. Bord postérieur du prothorax et antérieur du post-écusson liserés de jaune ; écailles ferrugineuses. Abdomen roux ou brun, soyeux; pattes d’un brun noirâtre; bout des tarses roux. Ailes transparentes, ferrugineuses le long de la côte, grises au bout, avec la cellule radiale brune, et le point brun-foncé ; troisième cubitale carrée, aussi large que longue. Var. A. Mandibules brunes ; pétiole noir ou roux. Var. B. Abdomen brun. Rapp. et diff. Ne confondez pas cette espèce avec la P. jucunda. Habite : Cayenne. (Musée de Genève. Collect. Jurine. Musée de Paris et collect. de M. Spinola.) 90. P. ATra. (PL XXIV, fig. 3.) - Nigra sericea ; alis fuscis, marginibus hyalinis. Syn. Oliv. Vespa atra. Encycl. Meth. Ins. vr. 674. 20. Halid. Polistes ignobilis.! Trans. Linn. Soc. xvu. p. ©. Long. 11 mill. ; env. 26 mill. d, Long. 12 mill. ; env. 28 mill, Ouvr. Chaperon presque cordiforme, angulaire et arrondi au bas. Corselet rétréci en avant; métathorax arrondi; pétiole court, déprimé, en massue tronquée. Insecte d’un noir un peu argentin. Abdomen soyeux. Pattes noires. Ailes transparentes dans les bords, fortement enfumées à la base et le long de la côte ; deuxième cubitale en trapèze, plus longue que large. MALE. Chaperon allongé, pentagone, terminé angulairement, et portant de chaque côté une ligne argentée Antennes un peu 182 POLYB1A. ferrugineuses en dessous ; le premier article orné d’une ligne ferrugineuse ou jaune-pâle. Rapp. et diff. Très voisin de la P. socialis. Voyez la descrip- tion de cette espèce. Habite : Le Brésil, les îles du Parana. Elles se trouvent en grande abondance, et construisent un nid en carton de forme pyramidale , qu'elles suspendent aux arbres. Elles poursuivent avec acharnement ceux qui touchent à ces nids. Les rayons sont disposés à l’intérieur par couches horizontales, et sont percés d’un trou au milieu. (Musée de Paris.) Rapportée par M. Alc. d’Orbigny qui la dit très commune. “94. P. Fascrara (1). (PI. XXIV, fig. 6.) Sulphurea, fusco variegata ; antennis ferrugineis, primo articulo supra nigro ; mesothorace lineis duabus flavis, metathorace punctis duabus fuscis; abdominis segmentis supra fuscis, mar- gine sulphureo, secundo basi sulphureo. Sxn. Lep. St.-Farg. Polistes fasciata. (2) Hymen. 1. 534. (Synon. omnibus exceptis.) Long. 8 mill. ; env. 20 mill. ; longueur totale, 11 mill. Feu. Insecte d’un jaune soufre; front et vertex noirs; sur le front une tache jaune, et sur le vertex une ligne arquée jaune, qui se fond avec les bordures des orbites. Antennes ferrugi- neuses, plus foncées en dessus: les deux ou trois premiers articles noirâtres en dessus. Prothorax et flancs jaunes; méso- thorax noir ou brun, avec deux lignes jaunes qui en occupent toute la longueur. Angles postérieurs du prothorax, noirs; (1) Cette espèce a des formes tout exceptionnelles. (2) Ilne faut pas confondre cette Polybie avec la Polybia fasciata Oliv., fulvo- fasciata Deg., Serv. et Lep., comme la fait Lep. St-Farg. Ces dernières ne sont évidemment que la P. phthisica, car il n’est point fait mention de la base du deuxième seyment de l’abdomen, qui est jaune comme son bord dans l'espèce décrite par Lepeletier, espèce plus rare, que l’auteur a confondue avec la P. fas- ciata, antérieurement citée par lui dans PEncycl., tom, X, p. 172, 4. POLYBIA. 183 écaille jaune , avec un point brun; écusson jaune; une bande brune longitudinale sur son milieu, une ligne brune dans le sillon du mésothorax, et dechaque côté un point, brun. Cor- selet large en avant, mais parfaitement arrondi, point rebordé ; métathorax étroit, comprimé. Pétiole un peu campanulé en arrière, brun en dessus, bordé de jaune. Le reste de Fabdomen ovale, très déprimé, jaune en dessous, brun en dessus, avec le bord des segments et la base du deuxième, jaunes. Pattes jaune- soufre; cuisses postérieures variées de brun. Aïles grandes, hyalines, à nervures ferrugineuses; radiale atteignant presque le bout de l'aile; deuxième cubitale subtriangulaire ; la troisième plus longue que large ; la quatrième près de trois fois aussi grande que la troisième. Rapp. et diff. La base du deuxième segment de l'abdomen qui est jaune, en d’autres termes, ce segment jaune avec une bande brune sur son milieu, différencie cette espèce de toutes celles avec lesquelles on pourrait la confondre, à savoir les P. phthisica et voisines. La forme de son pétiole faiblement cam- panulé au bout seulement la fait aussi reconnaître. Habite : Panama. (Collection de M. Smith.) DIVISION PHI. [IIT° Div.) Pétiole s’allongeant un peu, mais bien moins long que le corselet, en entonnoir très allongé , n’offrant pas de renflement distinct ; souvent un peu bosselé, et assez gros à sa base. w 99. P. TESTACEA. (PI. XXII, fig. 1.) Magna, ferruginea; abdominis segmento secundo nigro, basi et margine flavis; alis ferrugi- neis. Syn. Fabr. Polistes testacea. Syst. Piez. 276. — Polistes flavi- cans. Id. 276. Long. 15 1/2 mill.; env. 40 mill. 184 . PoLYBla. FEm. ou Ouvr. Chaperon ovoïde, formant à son bord anté- rieur un angle arrondi. Yeux n’atteignant pas jusqu'aux man- dibules. Prothorax fortement rebordé antérieurement, ses angles épineux ; corselet comprimé. Pétiole court, bituberculé, s’élargissant un peu en arrière; deuxième segment en clo- che, plus large que long; abdomen ovalo-conique, déprimé. Tête et corselet veloutés, soyeux; abdomen lisse. Insecte d’un jaune ferrugineux; chaperon lisse, jaune, ainsi que les mandibules, dont les dents sont brunes; deux lignes d’un ferrugineux plus foncé sur le front; sur le métathorax, trois bandes longitudinales d’un ferrugineux un peu obscur, ainsi que des teintes sur l’écusson, sur les flancs, et surtout sur les côtés du métathorax; pétiole un peu nuancé de brun; base du deuxième segment abdominal jaune : en arrière de cette couleur naît une teinte brune qui devient très foncée près du bord pos- térieur du segment, lequel porte une bande jaune plus étroite au milieu que sur les côtés ; le reste de l’abdomen noir. Pattes et ailes d’un jaune ferrugineux ; deuxième cubitale subtriangu- laire; la quatrième presque carrée. Var. Bordure du deuxième segment interrompue au milieu. Mare. Corselet assez rétréci en avant, sans angles saillants ; pétiole plus grêle. Devant de la tête jaupâtre ; sur le prothorax, de chaque côté, une tache brune ; sur le mésothorax une ligne médiane et une transverse le long de l’écusson, brunes ; souvent deux lignes plus claires longitudinales. Deuxième segment de l'abdomen ou entièrement jaunâtre, ou brun à sa base ; le troi- sième souvent bordé de jaunâtre. Rapp. et diff. Cette espèce a la même coloration que le Polistes analis. Habite : L’Amérique du Sud. La Mara. (Musées de Paris et de Genève. Collect. de M. Spinola.) “93. P. AnGuzicozzis. Spin. ! (PI, XXII, fig. 3.) Nigra; prothorace bispinoso; antennis et alis ferrugineis; Libiis tarsisque flayis. POLYBIA. 185 Syn. Spinol. Polistes angulicolhs. Voy. Entom. de Ghiliani. p. 61. N° 58. @. Long. 13 mill. ; env. 34 mill. Fev. Prothorax carré en avant, fortement biépineux ; pétiole médiocrement long, un peu élargi, mais sans renflement subit, portant deux très petits tubercules latéraux. Ecussons fortement saillants. Ocelles en triangle allongé, l’antérieure écartée des autres. Insecte d’un noir brillant; mandibules rousses au bout. Antennes ferrugineuses, le premier article noir; pattes noires ; genoux, jambes et tarses, d’un jaune pâle ; hanches tachées de jaune vers le bas. Aïles ferrugineuses. Rapp. et diff. Voyez la description des P. lugubris et angulata. Habite : Le Para. (Collection de M. Spinola.) Te Nigra; alis infuscalis ; antennis supra fuscis, subtus ferrugineis; pedibus nigris aut fuscis. Syn. Fabr. Polistes angulata. Syst. Piez. 275. 32. ®. Long. 15 mill. ; env. 36 mill. Comme la P. angulicollis, et n’en différant presque que par ses mandibules plus rousses, par ses antennes noires ou brunes en dessus jusqu’au bout, ou à peu près, et par ses pattes en- tièrement noires. Les nervures des ailes sont aussi moins jau- nes. Il est cependant évident que c’est une espèce distincte. Elle diffère de la P. lugubris par son prothorax à angles épi- neux, et par son péliole qui n’est pas aussi distinctement cam- panulé. Var. Flagellum ferrugineux ; pattes brunes. Rap. et diff. Voyez encore la description de la P. carbonaria. Habite : Le Brésil. (Musée de Paris. Collect. de M. Spinola.) ja V 95. P. PARÆNSIS. (PI. XXII, fig. 2.) Fuiva, mesothoracis discho abdomineque brunneis, illo lineolis duabus flavis insignito, hoc ‘Segmentis omnibus flayo marginatis, 186 POLYBIA. Sy. Spinol. Polistes parænsis ! Voy. Entom. Ghiliani. N° 57. $. Long. 11 1/2 mill. ; env. 24 mil. Feu. Antennes et pattes ferrugineuses. Thorax rétréci en avant; pétiole un peu élargi en arrière. Tête d’un roux ferru- gineux ; thorax ferrugineux , varié de jaune, avec le mésothorax brun, orné de deux lignes jaunes. Abdomen brun-ferrugineux, les segments bordés de jaune ; anus jaune. Aïles jaunâtres. Rapp. et diff. Cette espèce a la coloration et les formes de la P. phthisica (var. jaune), mais elle est deux fois plus grande; voyez la figure. Habite : Le Para. (Collection de M. le marquis Spinola.) / 96. P. PuaruisicA. (PI. XXII, fig. 7-8.) Fulva aut fusca; mesothorace lineis duabus flavis arcuatis; segmentis flavo marginatis. Sy. Fabr. Vespa phthisica. Ent. Syst. -— Polistes phthisica. Syst. Piez. 278. 12. — Vespa cayennensis. Ent. Syst. Suppl. 265. 103. — Polistes cayennensis. Syst. Piez. 280. 5h. — P. hectica. Id. 278. 0. | Réaum. Mém. Ins. vr. 207. tab. 1/4. fig. 8. Weber. Vespa ochrosticta. Obs. Ent. 104. 40. De Geer. Mém. Tns. 11. 581. tab. 29. fig. 8. (Syn. exc. (LE) Coqueb. Vespa cayennensis. Il. Icon. p. 62. tab. xv. fig. 3. ©. (mauvais). Oliv. Vespa fasciata. Encycl. Meth. vr. 676. 35. Serv. et St.-Farg. Polistes fasciata (2). Encycl. Meth. x. 172. A. Latr. P. fulvo-fasciata. Gen. Crust. et Ins. 1v. 142. ©. Long. 11 mill. ; env. 25 mill. (1) Ce synonyme est la V. fulvo-fasciata Réaum., qui est un vrai Poliste ; voyez les Species dubitæ, (2) Lepeletier à plus tard appliqué à tort ce nom et tous ses synonymes à une autre espèce ; voyez la P. fasciata. POLYBIA. 187 Ouvre. Chaperon pentagone, terminé angulairement; corselet assez large et arrondi en avant; pétiole un peu moins long que le corselet. Insecte assez lisse, jaune-ferrugineux : chaperon et orbites, jaunes; antennes noirâtres en dessus, sauf le premier article et le bout qui sont souvent orangés ; vertex portant un peu de noir. Prothorax liseré de jaune postérieurement; méso- thorax brun, avec deux lignes arquées longitudinales, jaunes. atteignant l’écusson d’une part, le prothorax de l’autre, et un peu de jaune à côté de chaque écaille. Ecusson brun au milieu, jaune des deux côtés; post-écusson jaune ; deux taches sur le métathorax et le bord de tous les segments de l'abdomen, jaunes. Pattes d’un jaune ferrugineux. Ailes transparentes, légèrement jaunâtres, nervures ferrugineuses. Var. À. Le brun du mésothorax noir; écusson noir, avec deux points jaunes. Abdomen d’un ferrugineux brunâtre, ses bordures indistinctes. Antennes noires en dessus. Var. B. Tout l’insecte d’un jaune testacé. Var. C. Tête ferrugineuse, orbites bordées de jaune ; corselet noir en dessous, ferrugineux en dessus; bords du prothorax, l’antérieur de l’écusson, post-écusson et un point sous chaque aile, jaunes ; métathorax noir ou roux, avec deux taches jaunes: abdomen roux; pétiole noir; segments 1-3 bordés de jaune. Pattes noires ou rousses; genoux, tibias et tarses, jaunes: hanches tachées de jaune. Ailes ferrugineuses. Souvent le bord du chaperon et le devant du premier article des antennes, jau- nes. C’est alors le Polistes phthisica Fabr. Var. D. Entre les antennes, sur le front, un tubercule spini- forme. Insecte d’un jaune ferrugineux. Tête jaune; antennes un peu orangées,; sur le vertex une tache noire bifurquée, en forme presque de fer-à-cheval ; une petite tache noire de chaque côté du prothorax; mésothorax brun-noir, avec deux lignes longitudinales jaunes ; écusson brun, avec ses deux angles antérieurs jaunes; une bande brune irrégulière sur le sillon du métathorax et une petite tache de chaque côté au haut de ce dernier, brunes; pétiole et tous les segments bordés de jaune päle. Pattes d’un jaune ferruginenx. Ailes transparentes, un 188 PoLYBIA. peu ferrugineuses le long de la côte ; deuxième cubitale en tra- pèze, son bord radial égal à la moitié du bord postérieur, ou plus. Rapp. et diff. Gomme on le voit, cette espèce est sujette à varier à l'infini pour les couleurs; on doit surtout la reconnaître à la forme de son pétiole qui se rapproche cependant singuliè- rement de celle des P. surinamensis, consobrina, similissima, vi- cina, etc. Voyez les rapports de ces espèces et les figures qui s’y rapportent. Habite : Cayenne, le Brésil, l’île de Saint-Thomas. (Musées de Paris, de Genève, etc.) K 27 P. MurrTipicrA. Flavo fuscoque varia; antennis nigris; alis fuscescentibus. SyN. Haliday. Polistes multipictus. Trans. Linn. Soc. of Lond. XVII. p. 922. 29. Longueur totale : 6 lignes. FE. Caput flavum. Macula magna, hexagona, fusca, ver- ticem fere totum occupans et punctum flavum præ ocellis inclu- dens; macula altera trifurca clypei basi signat, his se jungit macula cordaia flava inter antennas. Mandibulæ apice ferru- gineæ; antennæ nigræ; occiput fuscescens. Thorax subtus nigro flavoque vaerius ; supra nigricans; prothoracis margine, lineolis 2 dorsi, macula laterali scutelli, metathoracis fascia transversa maculisque duabus pone illam flavis. Pedes flavi; litura externa femorum anteriorum et posticis fere totis ferrugineis ; coxæ posteriores fusco-maculatæ. Alæ dilute fuscæ, costa lutescente. Abdomen nigrum, margine segmentorum flavo. Segmentum primum fere infundibuliforme at brevius præcedenti. Variat : magis flavescens. Habite : Le Brésil. Saint-Paul. (Collection de la Société Lin- néenne de Londres.) POLYBIA. 189 4 28. P. PALLIPES. (PI. XXV, fig. 2.) Pallide ferruginea ; antennis obscuris ; mesothorace nigro, ferrugineo bilineato ; abdominis segmenlis ultimis nigris; alis hyalinis, nervis ferrugineis. SyN. Oliv. Vespa pallipes. Encycl. Meth. vr. 675. 30. Lep. St.-Farg. Rhopalidia pallens. Hymen. 1. 539. Long. 10 1/2 mill. ; env. 24 mill. ; longueur totale, 13 mill. FEm. et Ouvr. Formes entièrement semblables à celles de la P. phthisica. Tête colorée de même d’un ferrugineux pâle , avec sur le vertex deux taches noires pyriformes. Corselet d’un ferrugineux pâle ; coloré comme celui de l’espèce citée, avec le mésothorax noir ou obscur, orné de deux lignes longitudinales sur son milieu, et de deux autres à côté de l’écaille ; une teinte brune sur le milieu de l’écusson. Abdomen d’un ferrugineux pâle ; les segments 2-6 noirs ou noirâtres. Souvent deux lignes ou mar- ques noires sur les épaulettes et sur le métathorax. Pattes d’un ferrugineux pâle. Antennes noirâtres ; le premier article ferru- gineux, ainsi que le dessous du flagellum. Aïles transparentes, nervures ferrugineuses. Var. Tout l'abdomen ferrugineux. Cette variété ressemble beaucoup à celles de la P. phthisica, et n’en diffère guère que par la couleur noirâtre des antennes. Habite : Le Brésil, Cayenne, etc. (Musée de Paris.) “29. P. ViciNa, n. sp. (PI. XXIV, fig. 7.) Fusca; alis hyalinis, subferrugineis, abdominis secundo segmento fulvo marginato. S, Long. 8 1/2 mill. ; env. 22 mill. Ouvr. Formes de la P. phthisica, mais le prothorax rebordé et biépineux ; le pétiole moins long, plus grêle à sa base. L’ab- domen plus allongé; le deuxième segment plus long que large. 190 POLYBIA. Insecte lisse, soyeux, d’un brun foncé; bordure interne des orbites et le bout des antennes en dessous, plus clairs. Ecaïlle brune. Bord des segments 2-5, jaunâtre, passant souvent au brun, et visible seulement en dessus. Pattes d’un brun ferru- gineux. Ailes grandes, transparentes, lavées de ferrugineux le long de la côte, nervures ferrugineuses, deuxième cubitale en trapèze, la troisième en carré long, beaucoup plus longue que large. Habite : Le Brésil. (Musée de Paris.) ” 30. P. ANceps. n. sp. P. vicinæ similissima, sed thorace flavo ornato, abdominisque segmentis 2 et 3 flavo mar- ginatis. Formes et taille de la P. vicina, mais différente de couleur (1). Mandibules, orbites, bords du chaperon, blanchâtres. Antennes ferrugineuses en dessous. Bord postérieur du corselet, deux points aux angles antérieurs de l’écusson, post-écusson, et bord des segments 2 et 3 de l'abdomen, jaunes ; souvent deux lignes au métathorax, et le bord du quatrième segment jaunes. Pattes brunes, tibias et tarses ferrugineux. Aïles hyalines, la côte lavée de ferrugineux. Habite : Le Brésil. (Musée de Londres.) # AUD XANTHOPUS, D. SP. Fusca aut nigra; lateribus testaceo variegatis; abdominis secundo segmento subtus testaceo; pedibus ferrugineis; alis hyalinis. ©. Long. 11 mill.; env. 14 mill. Prothorax anguleux, rebordé. Tête et corselet d’un jaune testacé. Chaperon brun, bordé de jaune; front. vertex, et sommet de la tête derrière les yeux, noirs. Antennes noires; le premier article roux en dessous. Corselet noir ou bran en (1) Ce n’en est peut-être qu’une variété. POLYB1A. 191 dessus ; flancs figurant une mosaïque testacée et brune. Pétiole assez court, mais point campanulé, brun; abdomen d’un brun noirâtre ; le deuxième segment testacé en dessous ; et en dessus à sa base un peu de testacé à l'articulation du pétiole. Pattes ferrugineuses, hanches tachées de testacé. Ailes transparentes, nervures brunes. Habite : Le Mexique. : Collect. de M. le marquis Spinola.) DIVISION MY. (IV: Div.) Pétiole s’allongeant, mais toujours moins long que le corselet ; linéaire à sa base, s’élargissant depuis le milieu, quoique nullement campanulé. Ailes variables, mais toujours la quatrième cubitale très grande. Yeux n’atteignant pas à la base des mandibules. Cette division se distingue de la précédente en ce que le pétiole est très grêle à sa base, tandis qu’il est assez gros dans la TIT°. £ 82. P. CONSTRUCTOR, n. sp. À (PI. XXIIT, fig. 6.) é Albescens ; dorso fuscescens; mesothoracis discho et metathorace lineis duabus, abdominisque primi segmenli basi albidis; prothorace bispinoso. Long. 13 mill. ; env. 30 mill. Ouvre. Angles du prothorax portant deux épines saillantes. Pétiole un peu moins long que le corselet, presque linéaire, un peu élargi en arrière, avec un petit enfoncement en dessus à son bord postérieur. Insecte lisse, luisant, finement soyeux. Tête et corselet d’un blanc brunâtre : front et vertex bruns : une ligne blanche verticale entre les antennes sur le front ; depuis le vertex deux lignes brunes descendant sur la pente de la tête, l’une le long des orhites, l’autre vers l’angle postérieur de la tête. Antennes brunes, ferrugineuses en dessous. Prothorax brun, avec ses deux bords d’un blanc sale; mésothorax brun, avec deux lignes blanchâtres ou jaunâtres; écaille tachée de 192 POLYBIA. bruu; écusson d’un blanc sale, avec sa partie postérieure brune ; métathorax brun en arrière , avec deux lignes blanchâtres. Sur les flancs quelques dessins bruns. Pétiole blanchâtre en dessous, brun en dessus; abdomen d’un brun noirâtre, la base du deuxième segment (le quart antérieur) blanche. Pattes d’un blanc sale avec des teintes brunes, surtout sur les cuisses. Aïles transparentes, lavées de ferrugineux, ner- vures ferrugineuses. Rapp. et diff. Surtout remarquable par son corselet blan- châtre en dessous, et par la base du deuxième segment, qui est blanche, tandis que le reste est brun-noirâtre. C’est la seule es- pèce qui offre ce caractère, sauf la sedula, dont la taille est très petite. Habite : L'Amérique méridionale. Cayenne. {Musée de Paris.) 99. P. SCUTELLARIS. (PI. XXII, fig. 4.) Parva, nigra; scutellis flavis; alis hyalinis; peliolo lineare. Sy. White. Myraptera scutellaris. Ann. and Magaz. of Nai. Hist. var. p. 315. pl. iv. fig. 4-7. ©. Long. 8 à 9 mill. ; env. 18 mill. Ouvre. Chaperon presque cordiforme, un peu arrondi à son bord antérieur. Prothorax arrondi en avant. Pétiole court, droit, presque linéaire, à peine renflé en arrière, et portant un petit sillon dorsal. Insecte noir, couvert de poils gris cha- toyants. Antennes un peu ferrugineuses en dessous; écusson et post-écusson orangés ; deuxième segment de l'abdomen à peine liseré de ferrugineux à son bord postérieur. Ailes un peu enfumées ; quatrième cubitale à peine deux fois aussi grande que la troisième. Maze? D’un brun noirâtre; antennes ferrugineuses. Pétiole liseré de jaune à son bord postérieur ; ailes hyalines. Rapp. et diff. Identique par la coloration avec la P. Juriner, POLYBIA. 193 mais plus petite, plus grêle, le pétiole linéaire, nullement campanulé. Distincte de la P. metathoracica par sa petite taille, son métathorax noir, etc. Habite : Le Brésil. (Musée de Paris. Collection de M. Guérin- Méneville. ) 34. P. Pycmea. (PL XXII, fig. 5.) Nigra; prothoracis margine posteriori, postscutello, maculis duabus in mesothoracis disco abdominisque segmentorum 1-4 margine, flavis. Syn. Fabr. Vespa pygmea. Ent. Syst. 11. 283. 102, -— Polistes pygmea. Syst. Piez, 280. 58. Long. 9 mill.; env. 18 mill. Feu. et Ouvr. Corselet ovale, métathorax peu oblique. Pé- tiole étroit, s’élargissant peu en arrière, plus long que la moitié du corselet, Tout le corps presque lisse, un peu chatoyant ; métathorax sans ponctuations ni stries distinctes. Insecte noir : ocelles rouges. Chaperon noir, ou bordé de jaune, ou entière- ment jaune; antennes ferrugineuses en dessous. Bord postérieur du prothorax, post-écusson dans sa moitié antérieure, une tache oblique et irrégulière sous l’aile, et deux de grandeur très variable sur le métathorax, jaunes. Les quatre premiers anneaux de l’abdomen liserés de jaune. Ecaille brune. Pattes noires ou brunes. Ailes transparentes, enfumées dans la radiale et le long du radius. Var. A. Bordure jaune du post-écusson biéchancrée ; taches du métathorax presque nulles. Var. B. Bordure du troisième segment de l'abdomen, nulle. Individu anomal. L’individu qui offrait la var. A présentait la deuxième cellule cubitale de l'aile droite longuement pétiolée. Mae. Chaperon, orbites, front, devant du premier article des antennes, et deux ligues sur le mésothorax, jaunes. 13 194 POoLYyBrA. Rapp. et diff. Très voisine de la P. occidentalis. Voir les affi- nités de cette espèce, Habite : Cayenne. (Musées de Paris et de Genève. Collect. Jurine.) | y 35. P. OCCIDENTALIS. Parva, nigra, flavo variegata ; metathorace, scutellis, prothoracis margine abdominisque segmen\orum marginibus, & lineis duabus in mesothorace flavis. SYN. Oliv. Vespa occidentalis. Encycl. Meth. vi. 675. 34. Curtis. Myraptera eleqans. Trans. Linn. Soc. of Lond. xix. 257. pl. 31. fig. 8, 9. (le nid). @. Long. 9 mill. ; env. 18 mill. ; longueur totale, 11 1/2 mil. Fem. et Ouvr. Formes comme la pygmea; coloration la même, mais plus ornée : bord du chaperon et des orbites, jaune. Antennes ferrugineuses en dessous. Bord postérieur du pro- thorax, une ligne ou tache sous l’aile, écusson, post-écusson et plaque du métathorax, jaunes, souvent un peu orangés, souvent, au contraire, pâles; tous les segments de l'abdomen bordés de jaune. Pattes d’un brun noirâtre. Le reste comme dans la P. pygmea, si ce n’est que la deuxième cellule cubitale me paraît plus grande. Var. Les écussons seulement bordés de jaune; métathorax noir, avec deux taches jaunes; les dernières bandes de l'ab- domen très étroites. Mare. Chaperon, front, devant du premier article des antennes, jaunes; deux petites lignes jaunes sur le mésothorax. Antennes simples. Var. Couleur foncière, lilas. Rapp. et diff. Très voisine de la P. pygmea, dont la diffé- rencient ses couleurs (1). Semblable pour les formes et la gran- deur à la P. Jurinei, qui s’en distingue par son mélathorax noir et son abdomen presque toujours sans bordures, etc. Habite : Le Brésil. (Musées de Paris, de Genève, etc.) (1) Je ne suis point convaincu que la première ne soit pas une variété de la seconde, POLYBIA. 193 36. P, INFERNALIS, n. Sp. (PL XXV, fig. 3.) Parvula, ferruginea; alis magnis; antennis supra nigrescentibus; mésothorace el abdomine fuscescentibus; hujus apice rotundato. ©. Long. 7 mill. ; env. 17 mill. ; longueur totale, 9 mill. Feu. Petite, d’un ferrugineux pâle; à ailes très grandes. Chaperon terminé par une dent aiguë; thorax rétréci en avant, nullement anguleux ; post-écusson un peu saillant; pétiole droit, à peine élargi en arrière ; le reste de l'abdomen en ovale régu- lier; le deuxième segment court; l’anus arrondi. Insecte ferru- gineux; antennes ferrugineuses, avec le flagellum noirâtre en dessus; le bord postérieur du prothorax un peu plus clair; mésothorax varié de brun. Abdomen, sauf le pétiole, brun, avec le bord des segments parfois plus clair, maïs sans bordure dis- tincte. Pattes ferrugineuses. Aïles très grandes, très arrondies au bout; deuxième cubitale bien plus longue que large, en trapèze ; la troisième presque carrée ; la quatrième trois fois plus grande que la troisième. Rapp. et diff. Cette espèce a quelques rapports avec les P. phthisica, pallipes, et celles en général qui sont peintes de ferru- gineux. Elle se distingue surtout par sa petite taille, par ses ailes très larges, et par son abdomen dont le bout est arrondi, non pointu, par son pétiole plus grêle, etc. Sa petite taille et son corselet inerme empêchent qu’on la confonde avec la P. testacea. Habite : Le Para. (Musée de Paris.) MA UREE OEcopomA, n. sp. (PL XXV, fig. 7.) Parvula, fusca, flavo variegata ; mesothoracis disco flavo bilineato, melathorace flavo ma- vulato. ©. Long.7 1/2 mill. ; env. 8 mill. Ouvr. Prothorax rétréci en avant, pétiole un peu moins long 196 POLYBIA. que le corselet, un peu campanulé. Antennes noires, ferrugi- neuses en dessous; base des mandibules, tour du chaperon, une tache entre les antennes, orbites, d’un blanc sale. Bord posté- rieur du prothorax, deux lignes sur le mésothorax, écaille, deux taches sur l’écusson, post-écusson, plaque postérieure du métathorax, trois lignes obliques sur les flancs, et bord des trois premiers segments de l’abdomen (parfois le bord de tous les segments), jaunes ou blanchâtres ; les derniers anneaux noi- râtres. Pattes brunes, articulations plus claires. Aïles un peu enfumées, nervures brunes ; troisième cubitale élargie vers le limbe, aussi large que longue. Rapp. et diff. Très voisine de la P. pygmea, mêmes formes ; en différant surtout par ses deux lignes sur le mésothorax et par la troisième cubitale qui est un peu élargie vers le limbe, tandis que dans l'espèce citée elle est presque carrée, etc. Habite : Le Brésil. Bahia. (Musée de Paris.) “ 88. P. ParvurA. Elongata, nigra; petiolo albo marginato; alis hyalinis. Sy. Fabr. Polistes parvula. Syst. Piez. 280. 55. Long. 9 mill, ; env. 20 mill. Ouve. Forme très allongée; corselet fortement rétréci en avant; pétiole long, linéaire , un peu élargi en arrière. Insecte noir ; ailes transparentes, nervures noires; du brun le long de la côte ; le bord du pétiole à peine liseré de blanc. Maze. Chaperon argenté, bordé de jaune, ainsi que le bord postérieur du prothorax et du pétiole; bout de l’abdomen en dessous, roux. Rapp. et diff. Cette espèce pourrait être confondue avec la P. lugubris, mais sa couleur est beaucoup moins brillante, ses formes sont plus grêles, et l’insecte est de plus de moitié plus petit. Habite : Le Mexique. (Collect. de M. le marquis Spinola.) POLYBIA. 197 ” 39. P. FASTIDIOSUSCULA. (PI. XXV, fig. 4.) Liliacea; flavo mullipicta; capite flavo, clypei medio nigro ; antennis supra migrescentibus ; tertia cellula cubitali latiore quam longiore. $. Long. 8 1/2 mill. ; env. 20 mill. ; longueur totale, 10 mil. Feu. Taille un peu supérieure à celle de la P. occidentalis ; forme la même; le pétiole un peu plus grêle, et le reste de l'abdomen plus petit. Coloration’ presque comme dans les P. phthisica (var. brune), indeterminabilis, etc. Tête orangée ; un point noir au vertex, comprenant les ocelles ; chaperon portant sur son milieu un ovale noir, et deux points noirs à l'insertion des antennes. Mandibules jaunes comme la tête. Antennes obscures, avec le bout ferrugineux ; ferrugineuses en dessous, avec le premier article jaune en devant. Corselet orangé (1), avec le mésothorax noir, orné de deux lignes jaunes ; flancs variés de noir. Abdomen brun, avec tous les segments bordés de jaune; la bordure du deuxième très large, couvrant le tiers ou la moitié postérieure de ce segment et remontant sur les côtés. Pattes brunes, tibias et tarses ferrugi- neux. Ailes lavées de ferrugineux le long de la côte ; nervures. brunes, troisième cubitale plus large que longue ; la quatrième égale à peine au double de la troisième. Var. Couleur foncière, noire, avec tous les crnements jaunes; ces ornements très nombreux (2). Rapp. et diff. Cette espèce ressemble trop à un grand nombre d’autres pour qu’il soit possible de l’en différencier par une description. Son principal caractère réside dans la nervation de l'aile, dans la couleur de la tête et du deuxième segment de l'abdomen. Habite : Le Brésil. Capitainerie de Goyaz. (Musée de Paris.) (4) On pourrait dire aussi : noir, avec tous les ornements jaunes; ici le jaune envahit presque tout le corselet, mais dans les variétés on voit de nouveau appa- raître les taches. (2) Ces ornements étant toujours les mêmes, il est inutile de les décrire ici. 198 POLYBIA. #0. P. CarsoNanIA, n. sp. (PL. XXVI, fig. 5.) Nigra; prothorace inermi, alis hyalinis. $. Long. 45 mill. ; env. 36 mill. Feu. Chaperon ayant au bas un sillon vertical. Prothorax arrondi, ses angles nullement saillants. Pétiole droit, sans ren- flement aucun. Insecte noir : bouche et pattes brunes; flagellum des antennes ferrugineux, brun en dessus vers sa base. Ailes transparentes, nervures ferrugineuses. Rapp. et diff. Gette espèce est presque exactement semblable pour la couleur aux espèces suivantes : 1° P. lugubris, dont elle diffère par son pétiole qui n'est point campanulé ; 2° P. angulata; cette dernière se distingue de la P. carbo- naria presque uniquement par les angles épineux de son pro- thorax ; 9° P. angulicollis, qui a les pattes peintes de jaune; L° Pachymenes atra (3). Cette espèce a les mandibules longues, le chaperon tronqué cet bidenté, etc. | Habite : Le Brésil. (Collection de M. Baly, de Londres.) à h1. P. METATHORACICA, D. SP. (PI. XXV, fig. 1.) Nigra; scutellis, metathorace abdominisque segmentorum f-2 margine, flavis ; genubus ef tarsis flavis. 4 ©. Long. 15 mill. ; env. 27 mill. Ouvr. Prothorax très finement rebordé; pétiole linéaire, moins long que le corselet. Insecte noir : antennes sauf le pre- mier article, ferrugineuses en dessous, ; bord postérieur du pro- thorax portant un cordon jaune ; écaille brune; écussons et deux taches réunies, ou un carré sur le métathorax, orangés : les deux premiers segments de l'abdomen finement bordés de {3) Voyez la Monographie des Guêpes solitaires. POLYBIA. 199 jaune ; pattes noires ; une ligne sur les hanches, bout des cuisses et des tibias, jaunes. Aïles transparentes, à peine un peu en- fumées, mais brunâtres le long de la côte. Var. À. Métathorax et abdomen noirs. Var. B. Entièrement noire, sauf les genoux et le post-écusson qui sont jaunes. Rapp. et diff. Voyez les affinités des P. Jurinei et scutellaris, dont elle se distingue par sa grande taille, par son pétiole allongé et linéaire, par son métathorax jaune, etc. Habite : Cayenne. (Musée de Paris. Collect. de M. le marquis Spinola.) h2. P. FLaviTarsis. Nigra, flavo multipicta; abdomine flavo, petiolo nigro, apice flavo: tibiis tarsisque flavis; alis ferrugineis, apice griseis. $. Long. 15 mill. ; env. 28 mill. Fev. Formes de la P. mefathoracica. Prothorax très large, mais nullement anguleux. Insecte lisse. Tête noire; chaperon, mandibules, orbites, un V sur le vertex, un triangle sur le front, jaunes. Antennes orangées ; le premier article jaune en devant, un peu obscur en dessus. Corselet noir; les deux bords du prothorax, une tache sous l'aile, bord antérieur des deux -écussons, et deux taches pyriformes sur le métathorax, jaunes. Ecailles rousses. Abdomen jaune; base du deuxième segment et pétiole, noirs; ce dernier jaune au bout. Pattes noires; genoux, tibias et tarses, jaunes, variés de roux. Hanches tachées de jaune. Ailes ferrugineuses, le bout gris. Le noir de la base du deuxième segment est assez irrégulier. Habite : La Californie, (Musée de Londres.) 200 PorysiA. DIVISION KAPPA (V: Div.). Pétiole très long, aussi large que le corselet, ou à peu près linéaire ; et cylindrique. Quatrième cubitale très grande ; les deuxième et troi- sième prises ensemble plus petites qu’elle. h3. P. Insucunpa. (PI. XXV, fig. 8.) Capui et thorax nigra, flavo ornata; abdomen rufo-fuseum , petiolo lineari, subdentato. ©. Long. 11 mill. ; env.? 3 mill. Feu. Presque semblable pour la couleur à la P. rejecta, maïs ayant les hanches postérieures plus longues, et le pétiole tout à fait linéaire, aussi long que le corselet et bidenté. Tête et cor- selet noirs; dessous des antennes ferrugineux au bout. Bord postérieur du prothorax et bord antérieur du post-écusson, liserés de jaune ; bas du métathorax un peu roux sur les côtés. Abdomen d’un brun ferrugineux ; pétiole brun, bordé de jaune. Pattes d’un brun noirâtre; articulations jaunes ; hanches posté- rieures ayant deux arêtes saillantes, jaunes. Aïles hyalines, la côte un peu jaune, le bout grisâtre. Rapp. et diff. Même coloration que la P. rejecta, mais ayant le pétiole linéaire. Outre les différences mentionnées, elle en diffère par son pétiole roux, par ses antennes rousses en des- sous, par ses hanches postérieures tachées de jaune, ainsi que les genoux, par son prothorax carré et anguleux en avant. Ses ailes sont sans tache noire au bout; la troisième eubitale est en carré long, beaucoup plus longue que large. Habite : Le Para. (Collect. du marquis Spinola.) V Ah. P. SURINAMENSIS, n. sp. Flavo-ferruginea; mesothorace fusco aut fulvo, Jineis duabus pallidis; melathorace maculis duabus flavis. Los “0 U = b “] . de | ‘ : Ï SPA # ï S à É ri (fs! x jl / I =) Où à € ND PLANCHE III. Genre MISCHOCYTTARUS. Caractères du genre MISCHOCYTTARUS. . Partie caractéristique de l'aile. (La radiale devrait être plus allon- gée, et son bord postérieur plus convexe en avant.) . Lèvre du M. labiatus, Fab. . Mâchoire du même. . Mandibule du même. . Tête du même, montrant la forme du chaperon, qui n’est pas dis- tinctement terminé par une dent, comme cela a lieu dans les autres genres. (Voyez pl. IL, fig. 2 f.) . Antenne du mâle du même. . Tarse d’un Vespien pour montrer la forme des crochets qui sont entièrement simples, sans dents. 7 a. Le même vu en dessus. . M. labiatus, Fabr. 9. 8 a. Profil du même. . Nid du même. n1e iscboeythat A PU ‘ 7 J'auss et Nicouland del : Pebuffetse. M, LAPIATUS, Lari 1mp-6èny Eros: 7. S'Jrcques, 83, sé d j ie er =D 8: _—. fon of 300 obus dd OA # 40 rent à HR | LACET Hit a op V9 ai iso. À dés 8 ÿ po V PLANCHE IV. Genre ICARIA. Caractères du genre. 1 a. Lèvre de l’I. guttatipennis, Sauss. 1 6. Mâchoire de la même. 1 c. Mandibule de la même. 2. Aile de l’I. Cabeti. 3. 1. variegata, Smith. ® (grossie). 3 a. Nid de la même. 4. Î. constitutionalis, Sauss. (grossie). 4 a. Profil de la même. Le pétiole offre un fort renflement, le deuxième segment est tronqué de haut en bas et d'avant en arrière. . L. phalansterica, Sauss, ® (grossie). 5 a. Profil de la même. 6. LI. socialistica, Sauss. ® (grossie). 6 a. Profil de la même. 7. Nid tout à fait semblable à celui figuré en 3 a, composé comme lui d’une double rangée d’alvéoles, et que je présume avoir été construit par une espèce d’Icaria. Ce nid est censé venir de l'Amérique du sud; je suppose qu'il y a là erreur et qu’il est bien originaire de l’ancien conti- nent ou d'Australie, car le genre Icaria ne se trouve pas en Amérique. Si cependant ce nid avait bien l’origine qu’on lui suppose , il aurait été construit par quelque Polybie, et les genres Îcaria et Polybia ne devraient plus en former qu’un seul, puisqu'ils sont si voisins et que leur mode de nidification est une des principales raisons qui porte à les séparer. ox Jeaxua. PL. IV. Mcoulaud et Sauss del Lebrun se 3.J. VARIECATA. L,J. CONSTITUTIONALIS. … 5.J. PHALANSTERICA. 6.J. SOCIALISTICA. Laris. Inp. Ceny Gras, r. SA Jacques, 33. + 25 Ab: | : as sv) Se nel … | : " suvei à ha ” orétret Éd QUE ; pos LL 0e oiesot Haonf ka jo ner NE LS LE as A8. di magie eh. out ni ob upisle de pr so. RE ta a lup euvishgor 2omynol dk dioiron anoisätioitys eus 4 of ol pe - Hôn pibh dnobeué dot gb 0 ie ob rom h Dao F5 2 shot no top 9 sols ob LAURE NOT at sup is à eornongt 4 | dhouyrfe 0 2 ages es) Trondotinon A ; conan 6 dti ouob FILE À dits @ob Diediok prog 0 bé Lier) esitun ape "à #0) Hi LE 2seuintobde ETES ob CHUTES #0b. de. enoislus FA As5) bliiatuen wo} Jah Va je au ao 4p pes 4 | aa DE couplet noel à Étouri deu ofss “à À : À oufiquus aoyob) : aies dl Te Ca ca a sn Ve Hip. VV. PLANCHE V. Genre IcARIA. 1. Aile de l’I. phalansterica, Sauss. (IIIe section). 2. [. Cabeti, Sauss., ® , grossie. a. Tête de la même. 3. I. pomicolor, Sauss., ®, grossie. 3 a. Profil de la même. Le 2e segment de l'abdomen est tronqué de haut en bas et d’arrière en avant. 4. I. anarchica, Sauss., ®, grossie. SD © 4 a. L'abdomen de la même. . Aile de l’I. guttatipennis, Sauss. (IVe section). . JL. ferruginea, Fab., ®, grossie. Chez l’ouvrière la bande jaune du 2e segment de l'abdomen est étroite. 6 a. Tête de la même. 7. I. revolutionalis, Sauss., ®, grossie. 7 a. Profil de la même. 8. I. quitatipennis, Sauss., ®, grossie. 9. I. cincta, Lepel., ®, fortement grossie, var. Cet individu est attaqué de la maladie des champignons. De toutes ses articulations sortent de longues végétations qui ont occasionné la mort de l’insecte. On en voit surtout deux très grosses faisant saillie sous les écailles des ailes et qui ont rendu les organes du vol (b) immobiles. Les renflements (a a) que l’on voit à l'extrémité de ces excroissances contiennent les corps reproducteurs du champignon; celui-ci est donc arrivé à matu- rité. Plusieurs autres filaments du même genre sortent des arti- culations et des interstices des segments abdominaux, parmi lesquels deux sont près d’avoir atteint leur maturité {c c). L’insecte est mort dans des convulsions tétaniques en embras- sant et en mordant une petite branche. (Voyez chapitre X; voyez aussi pl. XI un Poliste qui est dans le même cas.) PLV. 16 . <)CAUX. Wicoulaud et Saurs del. Lebrun se. 2.J. CABETI. 3.J. POMICOLOR. 4 J:ANARCHICA 6.J. FERRUCINIA. 7..J REVOLUTIONALIS. 8.J. GUTTATIPENNIS. 9.J. CINCTA, /anom. Paris, Imp. Cergy Gres,r. S'Jacquesr. De Î nt rad gb we \ di ae Le ' "4 PPEU: bo + hi | PLANCHE VI. Genre POLISTES. A. Caractères du genre POLISTES. 1 a. Lèvre du Polistes gallicus, Fab. 1 6. Mâchoire du même. 1 c. Tête du même, pour montrer la forme du chaperon, ter- miné par un angle, et la brièveté des mandibules qui, dans l'état de repos, sont à peine visibles par devant. 1 d. Mandibule du même. Dans ce genre, ces organes sont presque aussi courts que dans les Vespa, et sensiblement moins longs que dans les Polybia. 2. Polistes marginalis, Fabr. Fem. grossie. 3. — stigma, Fabr. Fem. grossie. 4. — maculipennis, Sauss. Fem. grossie. — synæcus, Sauss. Fem. grossie. — Tasmaniensis, Sauss. Fem. grossie. diabolicus, Sauss. Fem. — Picteti, Sauss. Fem. LE os Postes PAPE ? : * 2 2272 : : 9,4 777777 97/28 AE Clerge we. 2,P MARGINALIS. Ô.P STIGMA. L.P MACULIPENNIS. D.P SYNOE CUS. Ô.P TASMAMNENSTS. 7.P.DIABOLICUS. Ô.P. PICTETT. Imp. Tourfait PLANCHE VIL Genre POLISTES. 1. Polistes hebrœus (var. macaensis), Fab. ©. 2. — chinensis, Fabr. 9%. 3. — Smithii, Sauss. $ grossie. 4. — metricus, Say. ?. 5. — versicolor, Fabr. (Voyez encore pl. vu, fig. 6, 6 a.) 6. — binotaius, Sauss. $. 7. Les valves articulaires du métathorax vues par derrière. 8. Les mêmes vues en dessus. a a. Stries du métathcrax. v v. Les valves. 0 0. Saillies qui emboitent la base de l'abdomen. m. Funiculus, ou muscle qui sert à relever l'abdomen. orato a PI. VIL. 8,a | 6,a Rebuffet se Mcoulaud et Saurr del, LP. MACAENSIS 2.P. CHINENSIS 3.P. SMITH 4.P. METRICUS 5. P. VERSICOLOR. 6.P. BINOTATUS Père Inp Cerar Cros tn Jde O3 in à he gsm lt LD * ET and sh is ECC EU Es + ir “e ‘ne | CU sé * site: nm Pi + # "À MLOLS sh D PRE Le Diapason. dun on 6 a 1 rot Latiaber fn V. C9 PLANCHE VIII. STELOCYITARES. GYMNODOMES LATERINIDES. {enre POLISTES. . Polistes tepidus, Fabr., avec son nid. Celui-ci est composé d’un disque de cellules supporté par un pédicule excentrique qui vient se fixer à une branche d'arbre. . Jeune nid de Polistes gallicus. . Nid de Polistes tasmaniensis, commençant à se former. . Polisies annularis, Fab. Ÿ. 4. a. Nid du même, presque de grandeur naturelle. — Ce nid entièrement prolongé dans le sens latéral, est très réguliè- rement construit ; il offre un noyau de deux cellules, puis il va croissant selon les nombres 3, 4, 5, 6, etc. . Autre nid américain, très voisin du précédent pour la structure, mais encore plus régulier. ( Vu par sa face dorsale). Il commence par le nombre 1, et va croissant régulièrement selon les nombres 2,3, 4, 5, 6, etc. . Polistes versicolor, Fab. Ÿ. Var. sans noir, entièrement ferrugi- neuse, manquant de plusieurs taches jaunes. (Voyez pl. VIE, fig. 5, une autre variété). Cet individu est probablement éclos dans une saison avancée et n’est pas arrivé à un parfait développement des couleurs. Rien n’est plus fréquent que ces variations chez le Polistes. 6 a. Nid du même, vu par sa face supérieure et de forme très extraordinaire. Il est en forme de rectangle et comme étranglé au milieu ; au centre était probablement une simple petite masse gommeuse servant à le fixer. Je ne puis supposer qu’il fut porté par un pédicule, car sa face supé- rieure est concave, et le contraire a lieu lorsque le pédicule existe. (Il est possible que la forme de ce nid tienne à ce qu'il ait été gêné dans son accroissement par les objets environnants.) Pts PL NII. Lackerbauer del. Znp. Lemercier, Paris 1. P. TEPIDUS. À.P.ANNULARIS. Ü.P. VERSICOLOR . VAR. roniog ay Je Me ion ES à Mot an à pneu : NOR fox) Sisrdhe fi ts pl k090 pl ne send L dot sh bd Mad 04,4 1000 por p pps su eu ; UT ob: è je NATES | À Sup par 5b qu g [ie à Li “oh: nou of egoe Æ le Li UE jstioS ef anal dèm AN f | Ne dons “) onde ET Sr CN. EN AN ti sh Qu Y. PLANCHE IX. STELOCYITARES. GYMNODOMES LATERINIDES (4). Genre PoLIsTEs. 1. Polistes canadensis, Linn. ©. 1 a. Nid du mème, renversé. Ce nid est composé d’un disque de cellules assez irrégu- lières, plutôt rondes que polygonales, et dont plusieurs contiennent des nymphes et des insectes parfaits. Il est fixé par un pédicule tout à fait latéral, qui s'étale à sa base sur la surface à laquelle il adhérait. (Probablement quelque rocher ou le bord du toît de quelque maison. 1 6. Mandibule du mâle du P. canadensis. 2. Nid de Poliste vu en dessus, attaché à une branche d'arbre par un pédicule tout à fait latéral , et dont la forme va croissant selon les nombres 2, 3, 4, 5, 6, 7, etc. 3. Autre nid de Poliste vu en dessous, dans lequel les séries de cellules sont rangées selon la longueur du nid. Ces trois nids fournissent un bon exemple de ce que j'appelle les GYMNODOMES LATERINIDES. Nota. J'ai figuré les nos 2 et 3, sous le nom de Polistes gallicus, parce que ces objets portent ce nom dans la collection du Musée de Paris, mais je suis bien convaincu qu’en acceptant ainsi sur parole une détermination hasardée, je tombe dans une erreur. En effet, tous les nids bien authentiques de P. gallicus, que j'ai examinés, ont un pédi- cule plus ou moins central, comme par exemple pl. VII, fig. 2; et je ne crois pas me tromper en rapportant le no 3, au P. marginalis. Il offre même une si grande ressemblance avec le nid de cette espèce figuré dans les ns. d’Af. et d’Amér., que je suis tenté de croire quil s’agit bien ici du nid typique de Palissot de Beauvois. (1) Voyez encore les pl. VITI, X et XIII. Lackerbauer del Jmp.Lemorcer, Paris. LPPACANADEN SUN S PM GCATDIC A \fe PLANCHE X. Genre POLISTES. Polistes callimorpha, Sauss. Ÿ , grossi. Polistes instabilis, var., Sauss. Ÿ, grossi (1). Polistes ruficvrnis, Sauss. Ÿ , grossi. Polistes cinerascens, Sauss. Ÿ , grossi. . Polistes carnifex, Fabr. Ÿ , avec son nid de grandeur naturelle. Ce ni a une forme comprimée ; il est attaché à une branche d'arbre par un pétiole de substance gommeuse. Et à © D (1) Voyez aussi PI. XI, fig. 1. Polistes PT RER. EE | Micoulaud del. Clergé se LP, CALLIMORPHA 2. P.INSTABILIS var, 5.P. RUFICORNIS Li PACINE RAS CMS. D: P, CARNIFTEX Paris Dnp. Gery-Cros.r. S'Uacques. 33 Ki ot | ls. s À jam wo. 8. (4 amd sb ssl ii _auoæ wdngiedb Ab s ofle non bou do HS. PLANCHE XI. Genre POLISTES . Polistes instabilis, Sauss., ®. (Voyez aussi pl. X, fig. 2.) . Polistes Acteon, Halid., ®, grossie. . Polistes minor, Pall. Beauv., ©, grossie. . Polistes americanus, Fab., ® , var. rouge (1). OT M OO ND = . Polistes americanus, Fab., ®, var. noire. Individu attaqué de la maladie des champignons. Il sort de toutes les articulations de son corps de longues végétations fila- menteuses qui ont occasionné la mort de l’insecte. Celui-ci a succombé en se cramponnant à la branche d'un arbrisseau. (Voyez aussi pl. V, fig. 9.) Cette espèce de Poliste est très sujette à être infestée de cham- pignons parasitiques et pour cette raison elle a été désignée sous le nom de Guëêpe végétante. (Voyez le chapitre X.) Déjà, dans le siècle dernier, Felton avait décrit un Poliste attaqué du même mal et l'avait nommé Vespa crinila à cause des longs filaments qui sortaient de son corps. Les champignons de l’individu figuré ici n’ont pas encore atteint leur maturité; ils ont été décrits par le docteur Lebert sous le nom de Polistophtora antillarum, sur des individus plus parfaits que j'ai rapportés de la Jamaïque. 6. Polistes lineatus, Fabr., $. 7. Polistes liliaciosus, Sauss., ®, grossie. 8. Polistes Cavapyta, Sauss., ®?. (1) Les taches du mésothorax sont trop rouges dans la plupart des épreuves. Polistes PL. XI. Wrcolaud del Clerge- se 1.P. INSTABILIS, D'OPCACTIP, ON 5. P. MINOR 4-5. P. AMERICANUS 6. P. ZINEATUS. 7. P. LILIACTOSUS 6: P. CAVAPTTA Parcs. Imp.Gery-Cros r.d. Jacques HA il PLANCHE XII. Genre POLISTES. 1-4. Polistes pallipes, Lepel. Fem. Cette espèce est très variable, et les quatre figures ne représentent que les variétés extrêmes ; elles sont si nombreuses qu’on passe de la première à la der- nière par une série de transitions insensibles. 5. Polistes exilis, Sauss. Mâle. 6. Polistes opalinus, Sauss. Fem. (Les iaches de l’abdomen sont trop grandes et trop écartées du bord; dans la nature elles apparais- sent comme des morceaux de la bordure qu’on aurait déchirée. Il a été impossible de rendre les reflets opalins de l'abdomen de cette espèce.) 7. Polistes subsericeus, Sauss. Mâle. (Type de la deuxième division.) 8-10. Formes théoriques de l’abdomen des Polistes. La figure 8 représente un losange allongé auquel on peut approximativement rapporter la forme de l’abdomen des Polistes. Les angles a et o représentent la base et l'extrémité de l’ab- demen ; les angles e et w n’existent pas, car les lignes aeo et au o sont toujours arquées, mais si l’on venait à comprimer le losange par les angles e et w, on obtiendrait la forme ae 0 w, figure 9, qui est celle des abdomen que nous nommons comprimés. (Polistes americanus, lineatus, canadensis, etc.) Si au contraire on raccourcit le losange en rapprochant ses deux angles extrêmes (fig. 10), on obtiendra la forme a’eo’u, ou celle des abdomen que nous nommons déprimés. (P. minor, pallipés, ruficornis, metricus, etc.) C’esl en suivant celte transformation qu’on se rendra le mieux compte de la différence, souvent difficile à apprécier, qui existe entre ces deux formes très caractéristiques des espèces. Potrstes. PL. XII. « Vicoulaud del. Zebuffet re LA P PALLIPES UN SP EXILIS GP: OPALINUS : 7.P. SUBSÆRICEUS Paris Imp GCeny Cros r S'EJacques 33 | api Ve | d'abre RAI | mr ! ee cie Ÿ PLANCHE XII. STELOCYITARES. GYMNODOMES LATERINIDES. 1. Grand nid de Polistes. 2. Le même vu par derrière et considérablement réduit. Comme ce nid est réduit de moitié, il n'offre en surface que le quart de sa grandeur naturelle. Il forme un grand gâteau plat, attaché à une - branche d'arbre par un pédicule central court. — On distingue aisé- ment à sa surface des cellules de grandeurs diverses. Certaines d’entre elles sont beaucoup plus longues que les autres et ont servi de berceau aux femelles et aux mâles. Les autres étaient destinées à recevoir les larves des ouvrières. Un grand nombre de cellules sont encore fermées et contiennent la progéniture, tandis que d’autres ont déjà été percées et sont dépourvues de leurs opercules. Enfin au pourtour du nid est une large zône de cellules, commencées seulement, qui avec le temps auraient acquis les mêmes dimensions que celles du milieu. On ignore quel est l'artisan de cette demeure et quel est le pays qui l'a fournie. Cette belle pièce fait partie du Musée de Paris. 3. Vespa magnifica, Smith ®, de grandeur naturelle. PL XII 1.2. NID DE POLISTES J,VESPA MAGNIFICA V1 n° à. bee 08 TELE Ke: pr casque che en A . a dé nn LE di ki us Si $ a ee ss pit LE PT y " NA A V. PLANCHE XIV. Genre VESpPA. 1. Caractères du genre Vespa. 1 a. Lèvre de la Zespa orientalis, Fabr. — 1 6. Mâchoire de la même.— 1 c. Mandibule.— 1 d. Labre. 2. Vespa dorylloïides, Sauss. ® .— 2 a. La même de profil. 3. Tête de Ÿ. vulgaris, Linn. $ .— 3 a. Pénis du mâle.— b, c, d, e, formes des taches frontales dans cette espèce, d’après Smith. 4. Tête de V. germanica, Fabr. ® . — 4 a. Pénis du mâle, pour aider à distinguer cette espèce de la précédente.— b, c. Formes des taches frontales. 5. V. rufa, Linn. ®.—5 a. Tête de la même. 6. Tête de V. syluestris, Scop. ®. 7. Tête de V. norwegica, Fabr. %. 8. Vespa arborea, Smith. ? .— 8 a. Tête de la même. 9. Vespa media, De Geer. ?. 10. Vespa bellicosa, Sauss. ?. PLANCHE XV. STELOCYITARES. CALYPTODOMES. Cette planche représente un grand nid de Vespa, considérablement réduit (1). Ce nid offre ceci de particulier, que son enveloppe est bien plus régulière qu’elle ne l’est en général dans les nids de Vespa. Le carton dont elle est formée se roule pour donner naissance à des espèces de goulots, qui sont autant de sorties pour les guêpes. Il existe néanmoins une grande ouverture vers le bas (b), par où l’on voit tomber des gouttes de miel ou de liquide découlant des cellules. Ce nid était construit dans un appartement à l'angle d'une fenêtre, attaché par un sommet c, et les insectes avaient en outre eu le soin de le protéger par une grande lame papyracée, placée entre lui et le vide de la fenêtre (a). (1) J'ai fait graver ce nid d’après un vélin du Museum que M. Milne Edwards voulut bien me communiquer. Sur le dessin qui remonte probablement à Latreille, on à représenté un grand nombre de Vespa crabro, mais j'ai la conviction que ce nid est exotique et qu'il est bâti par une tout autre espèce. Vespa PL.XIV, Trcoulaud del, Rebufret se, 2.V. DORYLLOIÏDES 5.7. VULGARTS LV. GERMANICA 3. RUFA 6. SYLVESTRIS 7. V NORWEGICA (8.7. ARBOREA,, | 9.V WEDIA 10. BELLICOSA u Paris Gera/- Cros Fnpir. S'ÉJacques, 33, PAS TA TO LA D 277777) esuous at au mr au ou. v6g bone , sa ÿ db pi à | pb iivpo su b oluob #08 5 POUUE UE : Desypiame ea bsnlpoit Bay oux vo {I EN TA ne ei en as robe niRatt: yo tr Mot 01 6h 49 Earag sets lg cod | ’ ssh et 30 20 9'U 64) en deg 5 spa uu'p Hoi pois do: mot 39 ,b! y Jd vol iap ll teniot en imp (3) e9 Bt. 00 6 Nbr do hi #aigilt-ofe ù me ene0l) hp ob. rh m8 ya asains ak 5 9108 À #9 Ne diva” il eanb oi as ob immions: bi S: DDR NC CURE st op pis oi Ï 08 bp Pauain nomoUldi dno entr el op f y ELU Minrano oo Ashno HUE AT 1 end os TL Ha VEN eonel TOFEY AoTUe . RETETE ro da eq ef à noi 2400) no sod MT sh 39 6. P'SEDOIA, Znp. Tourféut DUT nu L tre te Ces AR TE ï ! te éd) ATOL » + | mb PLANCHE XXII. Genre PoL.yBrA. DivisioN ALPHA ( page 167). . Polybia exigua, Sauss. ?, grossie. . Polybia sylveiræ, Sauss., ® , grossie. 2 b. La même vue de profil. 2 c. Aïle de la même (type de nervation dans cette division.) . Polybia bifasciata, Sauss. ®, grossie. . Polybia sulcata, Sauss. ®, grossie. Division IOTA (page 174). . Polybia rejecta, Fabr. ® , grossie. . Polybia Jurinei, Sauss. ?, grossie. 6 b. Abdomen de la même. . Polybia liliacea, Fabr. , grossie. 7 \b: Abdomen de la même. g CA € FE à û JA 6 CAN PLAT AR RATE -Polyb ra PL XXIL 2, Ta C2 AD —_—> / 7 À 1 > Ca Ï KZ? 1 À | | f 7, @ / | | | | Mrorutaud del, Aebuffèc se 1, 2 PATGUAL D PIS EINIITIEAE D. 2 BITASCIATA # PSUDOATANDP'RETJECTA C.2TRINEZ. J- PLIDIACEAÀ, en Vote ë Znp. Lourfacut PLANCHE XXII. Genre PoLyBIA. Divisions PHI. (p. 183.) et MY. (p. 191.) . Polybia testacea, Fabr. %. 1 a. Tête de la même. 1 6. Abdomen vu de profil. . Polybia paraensis, Spin. %. . Polybia angulicollis, Spin. %. . Polybia scutellaris, White ® grossie. 4 a. Profil de la même. . Polybia pyjgmea, Fabr. ® grossie. 5 b. Abdomen de la même. . Polybia constructrix, Sauss. %. . Polybia cayennensis (phthisica.) Fabr. grossie. 7. a Aile de la même. - Polybia phthisica, Fabr., var. noire. ® grossie. - : PL, XXUI. Ticoulaud del, Rebuffit se. LP. TESTACEA. 2.P.PARAENSIS. 5.P.ANGULICOLLIS. LP. SCUTELILARIS. 9. P. PYG MBA. G.?. CONSTRUCTOR , 7. P. CAYENNENSIS. 6.P. PHTHFSICA. Paris. mp. Gery-Gros,r. SE Jacques. 33. Aro DT ‘t s@ ( s Cr bo ma ; LUS sh Pr op "R 1 a ÿ sat Yan yo Sa sp un oh: Lo à fi 4 à mi AT l'A'A PLANCHE XXIV. Genre PoLyBia. 4, Polybia atra (1), Sauss. & grossie. = Ÿ 2. Polybia lugubris, Sauss. $. 2 a. La même, de profil. 78, Polubia chrysothorax, Sauss. $ grossie. 4. Polybia sericea, Oliv. $ grossie. 5, Polybia socialis (2), Sauss. $ grossie. : Fès M à Cle AS - 6. Polybia fasciata, Lepel. Ÿ grossie. M do. 6 a. La même, de profil. 7. Polybia vicina, Sauss. © grossie. (1) Page 181, n° 20, corrigez l'erreur. Au lieu de : fig. 5, écrivez : fig. À, et changez le nom au bas de la planche. (2) Page 177, n° 14, au lieu de : fig. 1, écrivez : fig, 5, et changez le nom au bas de la planche. Nota. Après avoir corrigé cette double erreur dans la ciiation des figures et dans la lettre de la planche XXIV, il faudra en corriger une troisième qui porte sur la syronymie, et que je relèverai dans un prochain travail. En effet, la Vespa atra d'Olivier est évidemment ma Polybia socialis et non ma Polybia atra. Ainsi ces deux espèces doivent être envisagées comme suit : Pozyg. ATRA, Oliv. — Encycl. VI, 674, 20, ayant pour synonyme : P. so- cialis, Saus., Guêpes sociales, p. 477, n° 44. PI, XXIV, fig, 5. POLYB. NiGRA, Sauss. —— Ayant pour synonyme : P. atra, Sauss., Güuêpes sociales, p. 181, n° 20 (Syn. exclus.) (4). PI XXIV, fig. 4. (1) Le Polistes ignobilis n’appartient pas à ce genre, maïs au genre Montezumra. . ( PD ? $ ; $ Poly es : PL. XXIV. Wcoulaud det. VA Aebzfet ne } L ?. SOCIALIS. 2,P. LUGUBRIS. S3.P. CHRYSOTHORAX. 4, P. SERICEA 5. P.IGNOBILIS. 6.P. FASCIATA 7. P. VICINA. Paris. Imp. Germy-Gros,r. SÉ Jacques, 33. eo ot à & NN Vs. PLANCHE XXV. Genre PoLYBIA. Division MY (page 191.) . Polybia metathoracica, Sauss. ®, grossie. 1 6. Abdomen vu de profil. 1 c. Partie caractéristique de l'aile. . Polybiæ pallipes, Oliv. ®, grossie. (Division Par.) . Polybia infernalis, Sauss. ® , grossie. . Polybia fastidiosuscula, Sauss. ?, grossie. . Polybia cubensis, Sauss. ® , grossie. . Polybia cubensis, Sauss. &, grossi. Les segments de l’abdomen étant écartés. . Polybia œæcodoma , Sauss. ® , grossie. Division KAPPA (page 200.) Polybia injucunda, Sauss. %, grossie. Poly Éte PL, XXV. Wécoutaud del, Aebrffet se. 1 P.VETATHORACICA. 2.P. PALLIPES 5.P.INFERNALIS. UP. FASTIDIOSUSCULA. 5-6. 2. CUBENSIS; 7. P. OECODOMA. 8.2. INIUCUNDA. Pare. Zmp. Gery-Cros, 7. S. Jacques. FA AU EN VB ENS ET mit or T q e nt rarqu 00 ms» bn = o SE EE | | lee da M rie hour a Par à Au Une td un à sr nb nu do Fo re v. PLANCHE XXVI. Genre Apoïca. (Voyez encore pl. xvur.) 1. Apoica arborea, Sauss. %. Genre Poryia (suite). ‘2. Polybia orientalis, Sauss. £ — 2 a, la même de profil. 3. Polybia indica, Sauss. 9. 4. Polybia tabida, Fabr. ® grossie. °5. Polybia carbonaria, Sauss. ® grossie. 6. Polybia mexicana, Sauss. $ grossie. — 6 a profil de la même. 7. Polybia pediculata, Sauss. ® grossie. 7 a. Tête de la même. — 7 6. Profil de la même. -8. Polybia filiformis. Sauss. ® grossie. — 8 a. Profil de la même. PLANCHE XX VII. POECILOCYTTARES. Nid d'une PoLyrA, de grandeur naturelle (1). Ce nid est construit avec un art admirable, mais on ignore quel en est l'artisan ; à en juger par la forme, j'ai cru pouvoir le rapporter aux Polybies. L’insecte a su profiter d’une tige ou d’une branche pour en faire l’axe et le support du tout. A cette branche sont fixés douze petits rayons demi-circulaires et pédicellés. Le tout est enveloppé d'un manteau fusiforme, d'un papier fauve et rougeâtre d’une admirable délicatesse et plissé en rides parallèles très nombreuses. Sur la face antérieure de ce manteau est une ligne verticale ou une espèce de raphé qui figure comme une suture, ou le point vers lequel viennent converger les fibres (Voyez fig. 4, le lambeau b); pour l'entrée et la sortie il n’existe qu'un seul orifice qui se trouve placé au bas contre l’axe du nid. 4. Nid dont on a découpé et renversé un lambeau de l'enveloppe pour montrer la disposition intérieure, vu par devant. — a. Orifice du nid. 2. Le même vu par derrière. (L’axe se voit dans presque toute sa longueur , car il n’est pas enveloppé par le manteau.) L. Sommet du nid ; replis du manteau autour de différentes branches. h. Extrémité inférieure du nid ; son entrée a vue par devant. 5. Un morceau de l’axe supportant un des rayons, vus de profil; — a, axe. — b. Rayon. — c. Son pétiole. À 6. Le même vu en dessus. — a. Coupe de l’axe., — b. Rayon. — c. Son pétiole. Nid conservé au Musée de Paris ; gravé d’après un vélin du Muséum. Nota. Dans la nature, les parties claires de ce nid sont fauves, et ses parties foncées ont une couleur rougeûtre. (1) Voyez aussi pl. XIX. Nicoulard dt Pébuffet Je. 1, A, ARBOREA 2. P, ORIANTALIS : &,P, INDICA \ 4, P, TABIDA 9, P, CARBONARIA 6, P,.MEXICANA 7, P, PEDICULATA 8.P, FILIFORMIS, Certiy CroR 1772 re yuv 8 4 Fr n” 4 4rdih A PS PE 70/77/77 M /TTE £ #F pen ##. CETTE PR En E pa SR PE NT Nage — | LE 58. ER. | Le puy Futé ss sq au "er n si Sum De 14. A 69 2 4 LE PLANCHE XXVIII. STELOCYTTARES. GYMNODOMES. 1. Nid d’Apoïca pallida, Oliv. 2. Coupe théorique de ce nid selon un plan vertical. Ce nid est composé d’un simple plan de cellules comme celui des Polistes, mais avec cette différence, que le gâteau est en continuité avec une grande masse hémisphérique de matière celluleuse qui enveloppe les branches auxquelles se fixe le nid, et dont l’usage paraît être de pro- téger la couche de cellules contre la pluie et les corps qui peuvent le frapper en tombant. Les matériaux dont il est construit sont un papier fauve bien travaillé, un peu gommeux et lustré. La masse celluleuse, lorsqu'on la coupe pour en voir la structure, ressemble à une écume à petites bulles. Le plan des cellules est concave, afin que les bords saillants du nid protègent mieux son milieu. Cette forme concave résulte de son mode d’accroissement indiqué par la figure 2. Avant d’avoir eu la forme abc, il a passé par les intermédiaires a D” 6’, a b” c”’. On voit plusieurs de ces nids au Musée de Londres. POECILOCYTTARES. Fig. 3. Nid d’origine inconnue, de grandeur naturelle. Ce nid se compose d’un manteau cortical en forme de bouteille, et fixé par sa base à la face inférieure d’une grande feuille. En regardant par le goulot qui le termine, on voit sur le plancher un petit noyau de cellules. Théoriquement parlant, c'est avec les nids de Synœca que cette construction a le plus d’analogie. Je suppose qu’à l’état parfait il n’offre, comme les nids des insectes de ce genre, qu'une couche de cellules collée à plat sur la feuille et recouverte du manteau dont l’orifice est prolongé en tube. PL. XXVIIL. É 2” Ne Jauss. del Lackerbazer Lith 1-2. NID DEF L'APOICA PALLIDA. 3. NID DE.......7 Paris Lrp. Ceny -Cras r ST. Jacques 35. RERO ER Hitie à tuer | ET EM PLANCHE XXIX. PHRAGMOCYTTARES.. Nids de Polybies se rapprochant pour leur forme de ceux des parfaits Phragmocyttares. 1-2. Nid de Polybia sericea Oliv., réduit à 1/3 de sa grandeur. La figure 1 représente le nid au début de sa formation. Il n’est alors qu’une simple chambre tapissée de cellules à son plancher, et percée d’un orifice de sortie. Dans la fig. 2 on voit un nid semblable qui a reçu deux étages de plus, lesquels sont venus s’ajouter en dessous, de la même manière que dans les nids de Phragmocyttares. 3. Coupe théorique des nids de ce genre, pour montrer quel est leur mode d’accroissement Fig. 4, 5, 6, nids de Polybia rejecta Fabr., considérablement réduits. La fig. 5 montre le profil du nid qui n’a encore qu’un seul étage, comme dans la fig. 1. (Il est réduit à 1/4 de sa grandeur). Fig. 4. Ce même nid vu par sa face inférieure et réduit de moitié, pour montrer les zônes concentriques de son enveloppe. , Fig. 5. Nid ayant acquis un grand déveioppement et considérable ment réduit. Un grand nombre d'étages successifs sont venus s'ajouter au premier, chacun de ces étages est indiqué par un étranglement. La première chambre du nid (fig. 5) correspond au cône qui le ter- mine en haut o a b, ensuite sont venus les étages c d, e f, ete. Ces nids sont absolument des Phraymocyttares imparfaits, ils diffèrent des parfaits par la grande différence d'épaisseur entre les cloisons et l'enveloppe, différence qui est bien en faveur de cette dernière , en sorte que la construction des parties internes reste assez indépendante de celle de l'enveloppe. (Voyez les Considérations générales sur la Nidi- fication, la troisième espèce des Phragmocyttares parfaits.) PL. XXIX. Grosr Séacques 53. Zap Gen Laris Zackerbauer ad nat Lit}. NLDS DE POLTPIA. à Rae TR { CET AE je 0 k + te Len eu 1 à 4 à hi tà “sig vi ar Mere UE h-0al T:# RU a, bu Danois ui: AAA RU #4 A if ue ve * quon" HATTE w SRE ni Ki) Han. 1g 94 NOEL md, her 10R AT | . sal Dee re eee T LU (PR) V. PLANCHE XXX. PHRAGMOCYTTARES. Nid de Nectarinia Lechegquana, réduit de plus de moitié. Il est d’une grandeur disproportionnée à la taille de l'insecte qui en est l’artisan, comme on peut en juger à la petitesse des cellules. C’est une grande masse papyracée qui enveloppe les nombreuses ramifi- cations d’un arbrisseau. Son papier est gris, mince comme celui que fabriquent les Vespa. A l'extérieur il a aussi l’apparence d'un nid de Vespa, mais il en diffère essentiellement par le fait que certaines par- ties de l'enveloppe sont couvertes de cellules en voie de construction, ce qui n’est jamais le cas dans les nids des STELOCYTTARES, dont les rayons sont toujours indépendants de l'enveloppe, et ce qui a toujours lieu chez les PHRAGMOCYTTARES, qui ont l'habitude de construire les cellules sur des portions de l'enveloppe même. La coupe du nid montre effectivement que les gâteaux sont disposés en couches concentriques qui suivent la forme de l’enveloppe et qui ne communiquent que par des trous. Ce guêpier rentre dans le genre des Phragmocyttares sphériques. (Voyez l'Histoire de la nidification.) Ce nid a été photographié sur pierre et ensuite tiré à la lithographie d’après le nouveau procédé dont on est redevable à M. Lemercier. C'est ici la première application de la l'thophographie aux sciences naturelles. PIXAX". lan, lithopholograplue de Lemercier ê if pur Phacherbau AID DE À AAC ANA ï uns | À ; > LE 1 F ’ x = ‘ v Ç e a 4 ‘ 1e l l e ) , = ; ; & R ES Lee DT 22 & g 8 4 # ‘ L - v ‘ L 7. . L À à ‘ à î ï e Ù L F3 É ; Fa à x Le I V GE Ra Si 1 , + ! A ” = ‘ \ Le Lt : è > - à è ; k 1 p ï e » ; . Ni il . M : 1 l C L 4 1 1 . ÿ 7 \ , “En 4. ; h ; x ï F o ! Ü f 1 < Ù n . fr ‘ + es ù : $ MG - F L Ÿ | PAR L Va | ë ' L “ L A } 1" k or *. , e - A Ar ; ap du A Here lama Mot Fi k Er RUE Fohb by : ob, pt to ice À |: ré Mae de DR IT) ERTIUT PAU ES dl de ADI Ton Pie UE BOL bo Bb HAN Pau nv omis ini ae io #01g 1e #14 nf db | | 1 Pre su E A fu de L 1568) PLANCHE XXX bis. PHRAGMOCYTTARES sphériques. Fig. 1. Coupe d’un guëpier de NECTARINIA MELLIFICA, Say, de même espèce que celui d’une autre Nectarinie dont l'extérieur est figuré pl. XXX. Ce nid est soutenu par une branche qui le traverse et le ra- mifie dans son intérieur. On voit au centre l'espèce de sphère papyracée qui sert de plancher et qui est tapissée de cellules. Tout autour sont les rayons sphériques qui s’emboîtent concen- triquement. Toutefois ces rayons sont incomplets vers le haut où ils sont remplacés par de grandes cellules papyracées qui servent à relier les rayons entre eux et qui sont l’analogue de de la muraille devenue interne dans ce type de phragmocyttares. Les derniers rayons sont de plus en plus incomplets, mais ils tendent à se compléter à mesure que le guêpier s’augmente par de nouvelles couches emboïtantes. 000, z2z2, ss. Coupe des rampes en spirale qui servent de communice- tion entre le centre et les parties périphériques. — £ t. Toit. — mm. Enveloppe (analogue du toit qui dans ce type recouvre l'édifice tout entier). — e. Entrée, formant l'extrémité de l’une des rampes. Fig. 2. Coupe du même guépier pour montrer son mode d’accroisse- ment. a c e b. Cellule papyracée recouvrant une partie de l'enveloppe. — eso. Nouvel espace circonscrit par une autre lame de papier, L'un des côtés a ainsi reçu une nouvelle enveloppe ; la lame e b peut être détruite et la portion de l’ancienne enveloppe peut recevoir des cellules et devenir une portion de rayon. Le même travail se continuant sur le reste de l’enveloppe permettra de la transformer graduellement tout entière en un rayon sphérique qui se trouvera ainsi recouvert d’une nouvelle enveloppe. PL. XXX Ds MELLIFICA . NID DE' NE CTARINIA 7. SE Jacques, 33 arts Cery- Cros Trep D di VAN UT ue UT F TT ET pi ch Ÿ: Round à io sn nn ielol Lt) DEUX Aa td sms st Le Fibihsnée “roc Be br en danbe Al 6h: vesobEÀ n L 6 Anpiovidler sm vo ot do dise Lu so 4 pa PLANCHE XXXI. Genre TATUA. . Tatua morio, Guy. ® grossie. 1 a. Tête du même. Genre CHARTERGUS. Ire DIvIsIox. . Chartergus colobopterus, Web. %. grossi. 2 a. Mâchoire du même. 2 b. Mandibule du même. 2 c. Tête du même, pour montrer la forme du chaperon. . Chartergus globiventris, Sauss. ®. grossi. 3 a. Profil du même. . Chartergus chartarius, Oliv. ®. grossi. . Chartergus fulgipennis, Sauss. ®. grossi. 5 a. Profil du même. Ile Drvisiox. . Chartergus compressus, Sauss. ®. grossi. 6 a. Tête du même. . Nervation de l’aile dans les Chartergus, et en particulier dans Ir Chartergus apicalis. 7 a. Anomalie très fréquente chez le Chartergus apicalis. Genre NECTARINIA. . Nectarinia Smithi, Sauss. ® grossie. 8 a. Abdomen de la même vu de profil, pour montrer l’extrème petitesse du premier segment, relativement à la taille qu'il a dans les Chartergus. (Fig. 3 a, et 5 à.) Catua - Charte tqua-lectæ LUL ÉPAROXEXTe Mcozlaurt et S'auss. del. Aebufet se. 1. 7. MORIO. 2.C. COLOBOPTEARUS. 3. C GLOBIVENTRIS. 4..C. CHARTARIUS, 5. CFULGIPENNIS. G6.C. COMPRESSUS. 6.8B. SYITHIL. Paris. Imp. Gery-Gros, 7. J'ÉJacques, FH ain Jan enhéiqueos es eus Je fi anrattyunlose sol ann ouh bte Lie iront mn ss no ei .sohque be ns ph | | - au à she en d : a à nono el Mani ass T l ( mn de ai où em ee Jos of sruyd st psp mrécs Sie ms D ie Y. PLANCHE XXXII. PHRAGMOCYTTARES. Genre TaATuA. 1. Nid de Tatua morio (voyez pl. xxx1, fig. 1), partagé par une coupe verticale. Ce nid, ainsi que le suivant, fournit un exemple parfait de la catégorie de ceux que je nomme phragmocyttares, c’est-à-dire de ceux où les gâteaux ne forment pas dans l’intérieur de l’enveloppe une masse libre supportée par des colonnettes qui s'étendent d’un rayon à l’autre, mais où ils reposent sur des cloisons complètes qui font partie de la char- pente même du nid. Tandis que dans les Stelocyttares il existe toujours entre l’enveloppe et les rayons, un espace libre, on ne voit ici, d'un étage à l’autre, qu’un trou de communication (ec, b, a, etc.), qui se trouve tout à fait latéral, et qui perce toutes les cloisons. Les gâteaux les plus inférieurs ne sont que commencés ; ils s’accroissent à mesure que de nouveaux étages s'ajoutent au nid. Les Tatua font les cloisons planes, en sorte que le nid est comme tronqué. Celui-ci qui est conservé au Musée de Paris, et qui a été figuré par Cuvier (1), est trois fois aussi long que la figure le représente. Il pend à une branche d’arbre, et va en s’élargissant jusqu’au bas. La matière qui a servi à sa charpente est un carton brun, assez gros- sier, probablement fait avec l’écorce des arbres, et d’une étonnante ténacité. Les chambres sont tapissées à l’intérieur d’une couche plus fine. 2. Coupe d’un morceau de l'enveloppe et d’une cloison, pour montrer la structure de leur tissu.— 66, morceau de l’enveloppe. — «, extrémité de la cloison qui la continue.— r, cellules du rayon. —c, couche blan- châtre qui tapisse les chambres. Ce nid est comme celui qui se voit représenté à la planche suivante, un nid indéfini. (4) Bullet. Soc, philomat., n. 8, (Voyez p. 214 de ce volume.) PL.XXXIL. Lakerbauer lith. Imp Lemeraier Paris. NID DE TATUA MORIO. oo. #0 . ol sun MA 104 us are) omrogot ant onpl on fui banyar ent Aussi Jo. 0h 0. ni dre y QUE me nos nee 5 CSN Rose jt: ap ss ARS ER SE SE ju à V. PLANCHE XXXTIIT. PHRAGMOCYTTARES. Genre CHARTERGUS. 1. Nid de Chartergus chartarius. Ofiv., partagé par une coupe verti- cale, et réduit de moitié. Ce nid est presque construit comme le précédent, seulement, les cloisons au lieu d’être planes ont une forme plus ou moins conique, forme qui paraît être caractéristique dans le genre Chartergus. Les trous de communication sont centraux et percent les rayons par le sommet du cône. Le carton est toujours très ténace, très fin, et de couleur blanchâtre, mais rien n’est plus variable que la forme et la grandeur que peuvent affecter ces constructions ; en général elles sont cylindriques et arquées, mais bien souvent aussi on en rencontre de très comprimées ; j'ai vu de ces nids très petits qui n'avaient que deux rayons, et d’autres dont la longueur atteignait près de deux pieds. Ils paraissent être très communs dans les forêts de l’Amérique méridionale. On voit nettement combien sont minces les cloisons supérieures; elles ont probablement été rongées par les insectes qui faisaient servir ces matériaux à la construction de nouveaux étages. L'exemplaire figuré offre une anomalie dans la disposition de ses gâteaux, qui est probablement due à quelqu’accident. 2. Coupe d’un morceaü de enveloppe et d’une cloison. On voit dis- tinctement que la cloison ab n’est que la continuation de l’enveloppe ad, et qu’anciennement elle faisait partie de cette enveloppe avant qu’une nouvelle chambre füt venue s'ajouter en dessous. PL.XXXIT Lakerbauer lith Imp.Lemercier Paris. NID DU CHARTEROUS CHARTARIUS Vi .. dr ms. on > ne : us rest. sait 112 xinoilr | M D onu: natindog à Li CSN PS à PEINE de vapginon Ve vnrirapect SA nada AT CUDELU TEE ETS Hi ATTIE) Hdiuty 420 GED © Ne FA Do re M ht 4h) He 25 pus 1 AE D 0 mn Sd 2 ei QUE : a €. ae ñ nhosiilée A: #. 2 Me SATA] ph à vof % pue # Pour he (LU LE ge: ME M NUE à sr M0n Me. Se LE PS ts eus DLL EPL ETITE : tes sn SRE 1 Ha d vd | RDS LL | L2 w bee x PARQUET | " Un at US ei ne st À | RS ea pet … &. ae LE PLANCHE XXXIV. Genre NECTARINIA. 1. Caractères du genre Nectarima. Fig. 1. Thorax vu en dessus : a, b, prothorax — m, métathorax — e, écusson. L’écusson chevauche sur le postécusson et le cache entièrement. Fig. 1, a. Thorax vu par derrière : #, métathorax — e, écusson — p, postécusson. L'écusson se voit au sommet ; sa face postérieure est tronquée et surplombe ; le post- écusson est visible entre lui et le métathorax. 1, 6. Mâchoire de la Nectarinia Lechegnana. 1, c. Mandibule de la même. 2. Nectarinia bilineolata. Spin. $, grossie. 3. Nectarinia Lechegnana. Latr. $, grossie. 3, a. Profil de la même. 3, b. Tête de la même, pour montrer la forme du cha- peron. Genre ISCHNOGASTER. (Supplément à la pl. 1°.) 4. Ischnogaster nitidipennis. Sauss. ®, grossie. Genre IcaRIA. > _( Supplément aux pl. IT et IV.) 5. Icaria Australis. Sauss. $, grossie. 5, a. Profil de la même. PL.XXXIV. Le > ‘ e] Ce Ale cLarimicæ — 5) wpP Lee _— & A ES ES Wicoulaud et Sauss del Aebuffèt Je”. 2.N, BILINECOLATA 35.N.LECHEGUANA 4, ISCHNOGASTER INITIDIPENNIS 5 .-ICARTIA AUSTRALIS. © Paris Geny-Gros, np.r S'Jacques .38. s qe. Le | ri suis pire Asr te | nes RS PCR fax v. PLANCHE XXXV. Fig. 1 à 5. Figures mathématiques relatives à la théorie de la nidifica- tion. (Voyez chapitre IV.) Fig. 6. Coupe théorique d’un guëêpier phragmocyttare rectiligne à une loge. a b c d. Enveloppe du guêpier. — b b. Plancher. — r. Rayon ou gâteau composé d’alvéoles. — a c. Muraille. — d d. Toit. — e. Entrée. Fig. 7. Coupe théorique d’un guëpier du même type à deux loges ou étages. 0 0’. Plancher. — a a’. Cloison qui servait de toit lorsque le guépier n’avait qu'une loge. Fig. 8. Coupe théorique d’un guëpier du même type à plusieurs loges. Fig. 8 o 0’, a a’. Gomme ci-dessus. — e. Entrée. — 1, 2, 5, 4, 5, 6. Nu- méros d'ordre des loges. Fig. 9. Coupe théorique d’un guëpier phragmocyttare sphérique à une loge. a. Colonne représentant l’homologue de la muraille. — 0. Sphère cellu- leuse centrale représentant l’homologue du plancher, tapissée par un rayon sphérique. — r. Le toit servant d'enveloppe. — e. Entrée. Fig. 10. Coupe théorique d’un guëpier phragmocyttare sphérique à plusieurs loges. n. Sphère celluleuse centrale servant de noyau à l'édifice. Fig. 11. Coupe d’un phragmocyttare rectiligne à une loge dans la po- sition verticale avec entrée latérale. 0 0’. Plancher. — a a’. Toit. — e. Entrée. Fig. 12. Coupe d’un phragmocyttare idéal indiquant le passage du phragmocyttare rectiligne à une loge au phragmocyttare sphé- rique. Le guépier fig. 6 s’infléchit et son plancher vient plaquer sur la sphère qui est indiquée en ligne ponctuéc. THÉORIE DE LA NIDIFICATION. PL.XXXV. Fig. 6. RE fi \ 1 l \ CESR | CNE 5 VE Xe er Se CO jf UT Fig. Te oO a COTE f da Ù EEE RTE el \ | | Saussure del. Y. PLANCHE XXXVI. Coupe des principaux types de guépiers réalisés. I. PHRAGMOCYITARES. Fig. 1. Phragmocyttare rectiligne à une loge établi contre le tronc d'un arbre. (Phragmocyttare imparfait de la 2e espèce, p. LIv.) r. Rayon. — {. Toit. — e. Entrée. Fig. 2. Ce guëêpier appartient au groupe des stélocyttares, comme je l’ai reconnu après l'exécution de la planche. (Voyez l’explica- tion de la planche XXXVIT.) Fig. 3. Phragmocyttare rectiligne à deux loges, attaché à la face infé- rieure d’une feuille. (Phragmocyttare imparfait de la ne espèce, p. LUI.) Fig. 4 Phragmocyttare rectiligne parfait à plusieurs étages, suspendu à une branche au moyen d’un anneau chartacé qui sert aussi de plancher. {Phragmocyttare parfait de la 4e espèce, p. LI.) LE) Fig. 5. Phragmocyttare à étage multiple, commençant par la forme sphérique, se continuant par la forme rectiligne, servant de transition entre les deux types, et à enveloppe hérissée de piquants. (Phragmocyttare rectiligne de la 1re espèce, p. Lr.) a. Coupe de la branche à laquelle il pend. — p. Coupe de l'anneau char- tacé qui entoure la branche et qui sert de plancher. — e. Entrée. Fig. 6. Phragmocyttare sphérique à trois étages concentriques (p. L.). p. Sphère celluleuse centrale servant de plancher au premier rayou qui est le plus central. — £. Toit formant l'enveloppe papyracée. II. STÉLOCYTTARES. Fig. 7. St. gymnodome rectinide à un rayon, et longuement pétiolé. (2e espèce, p. LVur.) r. Rayon. — p. Pétiole qui s'attache à une branche. Fig. 8. St. gymnodome rectinide à plusieurs rayons. (3e espèce, P- LV.) Fig. 9. St. gymnodome rectinide à un rayon peu ou pas pédicellé. (1re espèce, p. LVxIr.) Fig. 10. St. gymnodome imparfaitement latérinide à un rayon, et à | pédicelle seulement excentrique. (22 espèce des gymnodomes imparfaitement latérinides, p. Lx.) Fig. 11. St. gymnodome latérinide sessile, à un rayon tenant à une branche qui lui sert d’axe oblique. (1re espèce du même groupe, P- LX.) Fig. 12. St. gymnodome latérinide à deux rayons. (Accident rare de la 2e espèce.) Fig. 13. St. gymnodome parfaitement latérinide, ayant son pédicelle complétement latéral. (Latérinide parfait de la 1re espèce, P. LXI.) a. Vu en dessus. — b. Coupe de profil. g. 14. St. gymnodome latérinide parfait n'ayant qu'une double rangée de cellules. (2e espèce, p. LxI.) a. Vu en dessous. — b. coupe de profil. g. 15. St. calyptodome latérinide, offrant plusieurs rayons attachés à un axe vertical par leurs pédicelles latéraux, le tout étant revêtu d’une enveloppe simple. (re espèce, p. Lx.) a b. Axe naturel formé par une branche. — 7. Rayons. — p. Pétioles des rayons. — m. Enveloppe ou manteau. — e. Entrée. Fi TT Fi = à THÉORIE DE LA NIDIFICATION. PL XXXVI. . É Saussure del. Coupe théorique des différentes espèces de Cuépiers. | alu à vohaaees bag” Compas : oynq mé LL hits, Ps.‘ sb + A à, | CAT solioiiaot Pr avis h. MS Lodel DE ne saéE UE sq raqi | 0 | AnoYE $ à eupiqu! omobotauh obiniion d st: pas 50 oofuli (ant) Es gs y dre M à | mme sa d A anna ie ni At | 13 hs At ; cu fe | Igogue euiq Fra usoin F7 ont, À n Li MES Fa PILE shui à y 4 j'ais Fokrecou ce ta 10, “umo usé: Aime Le) tique ce h og 00 “on à ol s vs Brhensie ne LA Ch D 0 Fr ” a ag À; da Minc Hit: ME b. #0 ad eggobras nae 0j 276) RENAN PTSAM CEE OéEr it ; yo) role s] sen pion: t à 2 a Pan L Mu Ur À, n # Le 070 M: sh ex 4: A : %. mi _ si mi e EE V. PLANCHE XXXVIL. STÉLOCYTTARES (suite). Fig. 1 à 9. Figures théoriques pour l'explication des rapports qui lient les rayons latérinides aux rectinides. (Voyez page Lvan, Lix et LxII ({).) Fig. 10. Figure théorique pour servir à l’explication des rectinides calyptodomes, (Voyez page XLItI.) TT Coupe d'un St. rectinide calyptodome typique à 7 rayons, muni d’une épaisse enveloppe (manteau) celluleuse ou multiple. Fi da p. Pédicelle par lequel le premier rayon se fixe à la base de l'édifice, — a b, c d, etc. Rayons successifs unis les uns aux autres par des colonnettes. — e. Entrée du guépier, Fig. 12. Coupe d’un guépier appartenant à ce genre, à enveloppe com- posée de feuillets emboîtants. ({re espèce, p. Lvir.) p. Pétiole d'attache. — a b. Feuillets du manteau, dont le plus superficiel est encore incomplet. — 7. Rayons. — e. Entrée. Fig. 13. Coupe d’un guëêpier du même genre, à enveloppe celluleuse. (2e espèce, p. Lvxr.) Fig. 14. Coupe d’un guëpier de même espèce que le précédent, ayant une enveloppe très épaisse qui remplissait entièrement la cavité souterraine d’où on l’a tiré. Il faut ajouter ici le guêpier représenté pl. XX XVI, fig. 2, qui forme un autre genre, parce que son enveloppe est com- posée d'un feuillet unique terminé en forme de goulot. (Voyez 1er genre, p. LVI.) . 15. Coupe d'un Gibbinide. p. Masse celluleuse qui empâte le support et protége le rayon r placé à sa face inférieure. (Voyez p. LxIII.) Fi da (1) A la ligne 18° de cette page, au lieu de : PI. XXXVI, lisez : PI. XXXVI DÉFORIE DE LAN NIDIFICATION: / \ / \ DER: F=- à SÈ (1/0 a (DD & s ÿ EU a NS Due PEER ) A ) ( LE nus ) nn pl) S = = IS I a ÿ TN CT D = € Se 4 nn = on à D ee rom S . Ann DONIN D DES RE SŸ 4 T cu nn LEE ES Saussure del Coupe théorique des differentes espèces de Guépiers A Et EN VENTE CHEZ LES MÊMES LIBRAIRES : ÉTUDES SUR LA FAMILLE DES VESPIDES, 3 volumes et atlas, ou : MONOGRAPHIE DES GUËPES SOLITAIRES (1er volume), 22 planches. | 4 Prix : 36 fr. MONOGRAPHIE DES GUÊPES SOCIALES (2e volume), avec atlas colorié de 39 planches. Prix : 66 fr. MONOGRAPHIE DES FAUSSES GUÉPES et le SUPPLÉMENT à la Monogra- phie des Guëpes solitaires (3e volume), 14 planches coloriées. Prix : 42 fr. - MÉLANGES HYMÉNOPTÉROLOGIQUES, brochure in: 49, 1 planche coloriée. : Prix : 4 fr. À MÉMOIRES POUR SERVIR À L'HISTOIRE NATURELLE DU MEXIQUE, DES . ANTILLES ET DES ÉrTatTs-Unis. 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