SEE \ - » t + # É Fa 7 " ES ë à / > - à ÿ Q Co. \ ps L & L > j : É 2 ï ; RE È i : 2 ï è . ; , R È < " : : F5 & i L2 si , Di : < d VOYAGE AUX VALLÉES DE LANZO | PRÉCÉDÉ j D’ UN MÉMOIRE SUR UN ORAGE DU 2. JUIN 1789: PAR LE COMTE AMÉDÉE PONSILLON f Ina d 2, ut A": 171.4! BAT 227 RS ès 711), = - Le =. {} j + [LS RE et p 1 ! sm /) VAR PE ad D 0) EE (pl = “ist TU l Z à ££ » dll SON YYE IEssE)27, Si Fan LERR EAN En EE A DS À ES OUR és cs DOUNIA RON © = "1 TURIN MDCCXC. DE L’IMPRIMERIE DE JACQUES FEA, x: 4% y PTT ON a Fri NE UN A ' nl { (FU HAS ASE UR gt Ib LOT ET > With fundin inois Urbana rsity of 1 Ÿ _ http//archive.org/det MÉMOIRE SUR UN ORAGE DU 2 JUIN 1789 PRÉSENTÉ A L’ ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES | DE TURIN PAR LE COMTE AMÉDÉE PONSILLON, L. deux du mois de juin sera à jamais ; Messieurs, un jour d’ horreur et d’effroi pout les malheureux habitans des villages de Forno di Groscavallo, Groscavallo, Bongo, Mottera, et Chialamberto tous dans la vallée de Lanzo, qui est à la distance de 25 mulles de Turin. Plusieurs qui jouissoient d’une fortune hon- nète furent dans ce jour de désolation réduits à la plus affreuse indigence , quelques-uns pé- tirent, et 1ls se virent tous au moment d’être ensevelis sous les ruines des montagnes ad- jacentes': les pauvres montagnards frémissent au souvent de ce qu’ils ont souffert. Les syndics des communautés endommagées, de qu je tiens tous les faits dont je vais vous ” instruire, he pouvoient tépondre à mes deman- des que par des mots sptrecqueeE de torrens de larmes. Ces maux cruels leur furent causés par l’é- boulement d’une partie des montagnes d’Or- giassa et Pessetto qui sont au nord de cette vallée , et de celles de Boscairola , Crosetto , et Turrione. Ce phénomène fut précédé et suivi d’un orage épouvantable , qui avoit commencé le jour précédent vers les 9 heures du matin; le tonnerre accompagné d’une pluie très-douce se fit entendre en même tems, et continua à gronder par intervalles jusqu’à minuit. À cette epoque le ciel se chargea de gros nuages tres- noirs; on entendit dans les airs des nouveaux roulemens de tonnerre. Le foyer de l’ orage paroissoit être du côté des montagnes d’ Or- giassa et Pessetto; aussi le vent qui Souffloit avec assez de force venoit-il du nord. À 2 heures des éclats. de tonnerre firent retentir la vallée d’un bruit épouvantable qui alla tou- jours en augmentant jusqu’ à 10. Ce fut alors que les malheureux habitans de cette contrée crurent toucher à leur dernière heure: en effet tout la leur annonçoït; le tonnerre grondoïit sans intervalle , les éclairs étoient très-vifs et $ se succédoient avec une rapidité étonnante et presque sans interruption : le vent changea de direction ; ou plutot n’en eut plus aucune, Ce n’étoit que tourbillons sur tourbillons: Ia pluie redoubla avec lobscurité, et à onze heures du matin des masses enormes de ro- chers commencerent à s’ écrouler du sommet des montagnes, et vinrent se précipiter dans le bas des vallons, Les montagnes d’Orgiassa et Pessetto furent les prémières à être ébran- lées; celles de Boscairola , Crosetto, et Turrione le furent bientot apres. Des que les éboulemens commencerent, la pluie , qui mêlée d’un peu de grêle tomboit avec la plus grande force, prit une couleur tougeâtre : un particulier de Groscavallo eut, au milieu de la frayeur qu’inspiroit un dé- sordre aussi affreux, assez de fermeté pour recueillir une quantité d’eau considérable dans une cruche, et l’y ayant laissée jus- qu’au lendemain , 1l trouva au fond une bonne dose de terre , de la même cou- leur que celle dont on trouve des couches dans les montagnes d’où partoient les ruines, Mais quelle étoit la capacité de la criche 2 quelle quantité d’eau y a-t'on recueillie 2 6 quelle portion de terre s’en est-elle séparée? de quelle nature étoit cette terre? . .”. Voilà, Messieurs, des détails qui seroient sans doute intéressans , mais qu’à mon grand regret je n'ai pu me procurer. Le tonnerre, les éclairs, la pluie, les tourbillons , les éboulemens con- tinuerent avec la même violence jusqu’à deux heures de l'après-midi. Alors les tourbillons cesserent et firent place au vent de midi, qui dans l’espace d’une demi-heure débar- rassa le ciel des nuages qui le couvroient , et les repoussa du coté des montagnes d’ Oz- giassa et Pessetto , d’où ils étoient venus: À trois heures et demie l'horizon étoit parfar- tement serein, et le soleil ayant remplacé l’ob- scurité laissa voir aux habitans de cette malheu- reuse vallée toute l'horreur de leur situation. Pendant F orage, c’est-à-dire depuis le premier juin jusqu’ à trois heures del apres- midi du jour suivant, il ne cessa de neiger sur la montagne d’ Æ/yana qui sépare la pro- vince de Turin de celle de Maurienne, et ferme la vallée du côté de l'occident; ceux de Forno di Groscayallo regardent celà comme un bonheur, puisqu’ ils sont persuadés que si au lieu-de la neige 1 y eut tombé de la pluie, _ 7 leurs maisons qui sont au pied de cette mon- tagne n’ auroient pu résister à la force des eaux, et les dommages, quoiqu’ excessifs , auroïent été encore plus grands dans toute la vallée. Dans la nuit du deux la gelée fut très- forte , mème dans les villages: 1l gela encore les nuits suivantes du trois et du quatre, mais non pas autant. IL seroit important de sçavoir au juste l’état du baromètre, du thermomètre et de l’hygro- mètre à ces différentes époques, mais aucun des habitans n°’ étoit pourvu de ces instrumens au tems de lorage, de sorte que nos souhaits de mème que nos recherches à cet égard ne purent qu’ être vaines. Une circonstance qui me paroît mériter vo- tre attention , Messieurs , est que les vaches mugirent beaucoup plus qu’à l'ordinaire à commencer du dernier jour de mai jusqu’ après que orage fut entierement dissipé, et il faut réellement que leur mugissement eût quelque chose d’extraordinaire , puisque les montagnards en furent frappés, et chercherent long-tems à en deviner la cause: 1l y avoit très-peu de mulets à | étable ces jours-là, la plus grande partie Ctant au marché de Lanzo, mais ceux "8 qui s’y trouvèrent, hennirent, aussi plus fré- quemment qu’à l’ordinaire. On ne put fai- xe la même observation sur les chiens, puis-. qu’il n’y en a absolument point dans ce pays-l . D’ après tout ceci, Messieurs , que doit-on penser de l éboulement dont jai eu lhon- neur de vous rendre compte? Quelle en a été Ja cause? Il paroïit que c’est la force des eaux qui étant extrèmement grossies s’ouvrifent un passage au milieu des couches de sable, ét roulerent en bas du sommet des montagnes ces enormes masses de rochers qui y étoient comme enclavées. On pourtoit aussi croite que la décomposition de quelques pyrites, qui dans ces montagnes abondantes en miné- xaux ne doivent pas être rares, ait augmenté le ravage. Mais n’ayant point été sur les lieux, toute espèce de jugement qu’ on porteroit ne ‘pourroit être que hasardé. Vous ne sçauriez, Messieuts, vous figu- ter au juste l’état de misère et d’accablement auquel ce malheureux événement a réduit les cinq paroïsses susnommées. Les procès verbaux dressés à cet égard par les administrations lo- cales, dont. j'ai tiré en partie les notices que ” ‘jai Jhonneur de vous présenter, font mon- ter les dommages à 147,550 livres: ceux dé la seule communauté de Bonzo sont éva- lués à 63,400 livres, de sorte qu’elle a été sans contredit la plus endommagée: ces som- mes vous paroitront, Messieurs, très-excessi- ves lorsque vous ferez attention que le canton qui a été la victime de la fureur du ciel n’a que cinq milles en longueur sur deux milles de largeur, et que la population y est consi- dérable , puisqu'elle monte à 2300 personnes * environ. La partie cultivée de ces terroirs quoique très-resserrée étoit des plus riantes, et présentoit un coup d’oeil d'autant plus agréable que tout à l’entour , et à une bien petite distance on ne voit que des montagnes dont le sommet * La voici en détail Fomo mr Groscavallo “2 1) ‘Sn 187, OP Te DU a CES TR EURO EU 7e ne 0 3 TS Gr. OMC UE 654 CRAN CN D NE RUES, 294 En ER f PS ERA LE COLE) Total n.° 2325. re étant toute l’année couvert de neige «et de” glace offre l aspect d’un hiver éternel. Mais ces prairies ces champs qu’on ne pouvoit se lasser d’admirer n’ existent plus depuis la der- nière catastrophe . Les décombres des mon- tagnes en ont couvert la plus grande partie, et en plusieurs endroits ci-devant très-fertiles la surface du sol est tellement changée ; qu’ On y aperçoit à peine quelque vestige de la main du cultivateur. Malheureusement les dommages ne se bor- nent point aux terres; les chemins ont été g4- tés au point de ne pouvoir être restaurés sans des dépenses énormes. Le fleuve Siurz qui prend sa source dans les glaciers adjacents au mont Ælyana , débordant de tout coté em- porta presque tous les ponts, plusieurs mou- lins à bled, et deux forges *. Une maison à Mottera et une autre à Groscavallo furent écra- sées par des masses de rochers de la grosseur de 4 à $ toises quarïces. Un homme de 30 * Il est à remarquer que NOUS aVONS EU près de Turin une inondation très-forte de la Stura d-pew-près dans le même tems. 11 ans et uné petite fille de quatre périrent sous les ruines. | | D’après cette esquisse quoique foible des maux soufferts par les habitans de cette val- le, vous ne pourrez sans doute, Messieurs, vous persuader qu’ils en ayent encore à crain- dre de plus grands: telle est pourtant leur malheureuse destinée , car ces montagnes qui leur ont causé tant de dommage ne cessent de les menacer. Des fentes considérables lais- sent appercevoir plusieurs masses de rochers d’une très-sgrande grosseur presqu’ entièrement déracinées , et ne tenant au corps de la mon- tagne que très-foiblement. Toutes les fois que le tonnerre gronde, ou qu’il pleut, ces pau- vres montagnards craignent avec raison d’être ensevelis sous ces énormes masses qui sont comme suspendues sur leurs têtes. Je sens , Messieurs, que mon travail est fort loin de cette exactitude qui seroit né- cessaire pour le rendte digne de vous être présenté, mais, je vous l'avoue, le désir de vous informer d’un phénomène qui peut, à ce qu’il me paroit, mériter à plus d’un égard votre attention, le plaisir de vous four- nir le moyen de faire quelque découverte 12 utile ou curieuse par lexamen des parties mtérieures de ces montagnes, qui mainte- nant se montrent presqu’ à découvert, m°ont fait passer sur toute autre considération. J’es- père , Messieurs, que si dans l’exécution je n'ai sçu mériter votre approbation, vous agrée- fez au moins le but que je me suis proposé. VOYAGE AUX VALLÉES DE LANZO. LAN Ne j 7 PORUR Hs LE k exo re sh VOYAGE AUX VALLÉES DE LANZO \ C: fut au $ du mois de juillet de l’année 1789 que nous partimes M." Fontana et mot pour aller visiter les vallées de Lanzo. Le désir de voir par nous mêmes les affreux dé- gats que l’orage du 2 juin précédent, dont j'avois dejà eu l'honneur de rendre compte à l’ Académie , y avoit causés, et d’examinef de près l’éboulement de quelques montagnes arrivé en mème tems, nous décida à entre- prendre le voyage dont je vais donner ici les détails. Je ne sçaurois pourtant commencer mon mémoire sans avoir auparavant déclaré que je dois infiniment aux lumicres de M.' Fontana, qui pendant les dix jours que notre voyage a duré, n’a cessé de me faire part de ses connois- sances très-étendues sur l’histoire naturelle. Sous le nom de vallée de Lanzo on com- prend ordinairement trois vallées: celle de Lanze 16 proprement dite, celle de V2, et celle d’ 4. Ces vallées se distinguent par autant de tor- rens, qui portent tous également le ñom de Stura. Ces torrens prennent leur source dans le mont Îseran, dans les hauteurs de Roche- melon, et dans les glaciers qui séparent le Pié- mont de la Maurienne: ils viennent ensuite après avoir baigné un pays de la longueur..d’ environ dix milles se réunir tout pres de Tra- ves en un seul fleuve, qui conserve toujours le nom de Siura. La vallée d’ Ale est au mi- leu, celle de Lazzo à sa droite en remontant le fleuve , et celle de J3à à la gauche. La vallée de Lanzo tient à celle de Pont, mais elle en est séparée par une chaine de mon- tagnes assez élevées, qu'on nomme Ongrassa Pessetto et Wercellina *. D’ autres monta- gnes connues sous le nom de Turrione, Bos- cairola et Crosetto , égales à peu-près en hau- teur aux précédentes la séparent de la vallée d’Ala, qui est séparée elle-même de celle ; ; DEEE (oo pres emenent * Description minéralogique des montagnes du Canavois par M.' le Chevalier Napion. Mém-. de l'acad. des sciences de Turin ann. 1754 178$ première partie pags 374» | i} de Vià par une troisième chaîne de montagnés appellées comunemient les montagnes de Va. Cette dernière vallée enfin tient à celle de Suse dont elle est divisée par les montagnes du col de s. Jean. R La vallée de Lanzo aboutit aux glaciers , et Forno di Groscavallo en est la dernière pa- roisse : les deux autres vont se terminer aux pieds de Rochemelon: Margiausia canton d’ Usseil et Balme en sont les derniérs endroits habités. En y arrivant on ne voit de tous côtés que des montagnes, dont les cimes toujours couvertes de neige et de glaces touchent pour ainsi dire au ciel. Cette barrière formée pat la mature ne laisse entrevoir aucun débouché x aucun chemin pat lequel on puisse la franchir. Les montagnards pourtant grimpent cès mon- tagnes dans la bonne saison; et en quatre à cinq heures ils vont à la Weirole, Scôt, Bessan , villages de là Maurienne. Le passage moins incommode, et en même tems moins dange- reux est du côté d’Useil *: on cite même » * D’ Usseil on se rend à Margon, de Mar- gon à Marciausia petits bourgs de la même pa- soisse: or monte ensuite la montagne de Ÿ Au- 2 18 quelques exemples de personnes qui ont eula hardiesse de le traverser À cheval, mais le nombre en est fott petit . Tandis que nous ctions à Margiausia nous avons vu des con- trebandieïs qui venoient de Savoie très-heu- teusement , ayant passe de ce coté-là, et on nous a assuré que dans la belle saison ce pas sage est très- “fréquenté . Lanzo est pour ainsi dire la capitale de ces vallées. Il y a chaque semaine deux marchés: es montagnards y apportent leur beurre, leur fromage , y amènent le bétail, dont ils veu- lent se défaire, et par la vente de ces pro- ductions de leur pays il se mettent en état d'acheter celles qui leur manquent, et sur- tout du bled et du vin qu’on leur apporte du Piémont abondamment. Ces vallées sont fort peuplées : ‘on: y com- pte: vingt-deux patoisses, et environ vingt-deux mille habitans *: comme le sol de leur pays taretto et on descend'à la Veitole village ‘en Maurienne: dans la bonne saison-les gens du pays vont très-commodement d Use à la Vei- tole ex cinq heures. * Mes lecteurs verront, je pense ; avec plaisir [9 ne leur fournit pas de quoi subsister pendant LS DS le détail de cette population | Vallée de Lanzo. Lanzo RPC ; Rok ao AVI T Tao DT us non LE, U0, PAL LA >> 533° OL AT gt LIST F0, EUR ses NS DS ES RS M Re ME à 12" TT UV af Gun, VTOUT LE: MAD D ras CNE + 200 et AVEC M + dt COX D OUR D 0 e 2 Lis 4e A Un etc «Vous | UN a ue Forno di Groscavallo + . . ss ON Fotaln 11776. Vallée d'Al Lu PR en 0 OÙ o17. Chralambertetias "1 sr % W\LO0 2e Morndron 20 sh ant. soupe À ? 3, 1221 Balme e | s Lis ‘ e e Ë e 39 3 24e Total n° 1567a LE ZO | ‘toute l’année , ils réparent par l'industrie et par le travail les torts de la nature: la plus grande partie d’eux, les jeunes surtout, et ceux qui sont en état de travailler, viennent passèr l'hiver dans les différentes. provinces du Piémont, où ils gagnent leur vie en s’a- donnant, à plusieurs genres d’ occupation. Les travaux les plus durs ne les rebutent pas: ils Los er ee x. Vallée de Viù. : D ORNE RE CU Cobsss Clare it se SOON ES Poe Leme 197 1 0 PR LL demie VS 0 USE NS RON {ASE RON DR A D PR 5» 180% Pere Total n.° 8462. Vallée de Lanzo n.° 11776. | Vallée d Ala . ,, 1567. Vallée de Vit . ,, 3462. Dee er | Total des trois vallées n.° 21805. En 1752 la population totale de ces trois val lées n'étoit. que de 18859 ames: elle s'est donc augmentée depuis de 2946, c’ est-&-dire ‘environ d’un sixième. 2Y sont en général bien faits, d’une taille assez siche., robustes, ee , et: d’une fidélité à toute épreuve. On trouve dans ces vallées ci objets d'histoire naturelle fort. intéressants. M.' le Chevalier de Robilant dans son Essai géogra phique Suivi d'une topographie souterraine etc. parle de plusieurs mines observées par lui-méme dans ces vallées, * La plus remarquable de toutes est celle de cobalt, qui se trouve à. quelque distance du village d’ Usseïl dans les monta- gnes du Bessinet, et de la Mulatère: ñous ne sçaurions rien ajouter à la description que P il- lustre Académicien en a donnée. Cette mine est la seule qu’on’exploite dans les trois val- lées. Plusieurs autres furent attaquées en difé- rens tems, mais elles ont été ensuite abandon- nées faute de produit, ou d’ expérience dans ceux qui en dirigeoient les trayaux. Parmi cel- les-ci on trouve une mine de CuIVIE dans la wbnsitaent einen nm * Essai géographique suivi d’une topographie souterraine. minéralogique , et d’une. docimasie des états de S. M. en terre ferme. Mém. de Ê Acad. des sciences de Turin ani 1784-85 grémière partie pag. 236. | | " DERPPRE ER 7 CENT 22 montagne de Monitbas tout près de Lanzo. Certain chanoine Virand en entreprit l’ exploi- tation il y a 30 ans environ, mais après y avoir fait travailler pendant deux ans il P aban- donna sans qu’on en scache précisement la taison . Le même chanoine fit presqu’ en même tems travailler à Ÿ exploitation d’une autre mine dans la montagne de Rodovai à une très-petite dis- tance de Lanzo. Les montagnards nous ont assuré qu’il en tiroit de l'argent , mais lefaie est qu’ après y avoir travaillé pendant trois ans :l fit boucher l'entrée de la galerie de manière que pour l ouvrir il faudroit y employer un tems considérable: nous n'avons trouvé aucun ins dice de veines argentifères dans cette montas gne, et 1l paroît que le pauvre chanoine troma pé par la lueur des pierres micacées qui abons dent dans ces environs entreprit de faire ex: ploiter cette montagne , et que s’ étant enfin appercu de son erreur après avoir fait une déx pense assez considérable, il voulut cachér sa honte à la posterité, en faisant fermer avec des grosses pierres Ja porte de Îa peer qu 1 avoit fait ouvrir. | 23 C’est dans la montagne de Turrion * aut environs du village de Groscavallo, qu’il y à réellement une mine d’argent: ellé a été ex- ploitée pendant un tems considérable par une compagnie , mais depuis quelques années on l’a entièrement abandonnée faute de produit, a ce que l’on nous a dit. Je suis fiche que nous n’ayons pu visiter cette mine, mais le seul! chemin qui y conduisoit ayant été entie- rement ruiné par les éboulements de la mon- tagne , il ne nous a pas ét possible d’y gra- vi, quelque diligence que nous ayons fait pour y réussir. Une autre raison non moins in- téressante nous faisoit désirer de pouvoir par- courir la montagne de Turrion. Un particulier de Groscavallo nous avoit résalé un morceau d’antimoine trouvé à ce qu’il nous à assuré parmi les cailloux à quelque distance de la mine d'argent, dont nous venons de parler, Nous envisagions la découverte d’une mine d’antis * Sur le sommet de cette montagne on voit un rocher qui s'élève en pyramide, et qu’à une certaine distance on prend pour une tour: c'est probablement à cause de cela qu'on lui a donné le nom de Turion, Le 2 9 ; PA Da a RON HN he 4 moiñe, Comme tres-utile pour notre payssur- tout , où l’on n’en connoît point jusqu’ ici: mais à notre grand régret nous n’avons pu nous procurer pour le moment des notions plus EXaC- tes à cet égard. À quelques pas de Germagnan on trouve du bol en assez grande abondance; l’usage qu’on fait de cette terre en pharmacie, etdans plusieurs arts devroit en encourager lexcavation. Sur le sommet des montagnes qui bordent le village de Viù, et qu'on nomme commu- nément les montagnes de Viü, 1l y a beaucoup d'amiante. de couleur d’argent, ou grisâtre: nous en avons emporté en assez grande quan- tité : il y a des filets, qui n’ont que quel- ques lignes de longneur: on en trouve des plus longs, et ceux-ci sont ordinaifement les plus blancs, comme aussi les plus rares::on Jes prendroit pour de da soie, si on ne les gxaminoit de près: chaque fil se détache aisé- ment des autres, mais 1l y ena aussi-de cel, qui est collé, et. dont les fils sont unis les uns aux autres: nous. en avons emporté quel- ques morceaux *. L’amiante. n’atteint que par * L’Auteur se propose de présenter àl'Aca- 2$ dégrés cet état de perfection, ou de maturité: il commence par prendre une couleur verte luisante avec quelques veines blanchîtres: on y remarque ensuite des filets déliés posés lon- gitudinalement les uns contre les autres en manière de faisceau: ces filets commencent à se détacher les uns des autres et prennent de plus en plus une couleur d'argent, ou grisatre, et arrivent ainsi petit à petit au véritable état d'amiante. Nous avons eu soin de choisir plu- sieurs mofceaux qui marquent assez distincte- ment les différens progres que l’amiante fait avant de parvenir à une parfaite maturité. Tout lPamiante que nous avons pris sur ces montagnes est produit par la décomposition d’un schiste : ces montagnes mêmes étant toutes schisteuses. Le Sanctuaire de s. Ignace à une heure de chemin de Lanzo situé sur une assez haute mon- tagne présente un phénomène digne d’attention: le rocher qui s’éleve au milieu de l'Eglise, sur lequel est posée la statue du dit sant, et qui par sa base est adhérent au reste de la pme PE TT démie ces morceaux d'amiante avec plusieurs autres pièces d'histoire naturelle. ke a" 26 montagne, est schisteux, et il commence à se décomposer assez visiblement en amiante: plu- sieurs cailloux que nous en avons emportés, en fournissent une preuve non équivoque: La grotte de Pugnetti dans le territoire de Mezenil est remarquable à plusieurs égards. Les habitants de cétte paroisse lui donnent le nom de Creus, qui dans leur patois signifie caveau , ou grotte : ils appellent de même les galeries des mines. Pour y arriver il y a depuis le village de Mezenil un chemin de deux heures environ très-penible, mais dès qu’on a fini de gravit la montagne , on trouve une petite plaine très-riante peuplée de plu- sieurs maisons rustiques. Au fond de cette plaine est l’entrée de la grotte. Des chataigniers très touffus l’environnent, et font de cet endroit le plus charmant et le plus pittoresque des paysages. Le trou par lequel on entre n’a que deux pieds de largeur sur quatre de hauteur ; mais apres avoit fait quelques pas on se trouve dans un sallon très-vaste, dont la voûte ést si éle- vée , qu'il nous a été impossible de la voir quoique nous fussions éclairés par plusieurs lambeaux. Ce salon est suivi de plusieurs au- tres entièrement semblables , et ornés par dif- 27 férentes cascades d’eau, qui faisant beaucoup de bruit augmentent l’horreur, que lobscurité de l'endroit inspire naturellement. Après en avoir traversé un assez grand nombre nous fumes ar- rètés par une espèce de lac, que nous ne pü- mes franchir : dé sorte qu’il nous fallut retour- ner sur nos pas. Deux montagnards que nous ‘avions pris pour nous accompagner assurerent que nous étions à la moitie de la caverne, et par la mesure du fil que nous avions attaché a la porte pour nous aider à sortir de ce la- byrinthe souterrain nous reconnumes qué nous avions fait un chemin de 420 pieds liprands. On ne voit de toute part dans cette grotte, que des stalactites , ce qui nous paroit prouver assez clairement qu'elle est entièrement l'ouvrage de la nature ; on découvre pourtant de fréquen- tes traces du ciseau, que la main avide de Yhomme y a porté dans l'espoir d’y trouver des richesses. Cette grotte tient d’un coté à l’autre de la montagne: il y avoit autrefois du coté op- posé une sortie, que ceux du pays nommoïient le creus de l'arborai, mais une grosse pierre tombée du sommet de la montagne l’a entiè- tement bouchée. Le thermometre étoit lorsque nous entrames dans cette grotte au 2$ degré, et lorsque nous fumes obligés de nous arréter, au 10. Parmi les différentes sources, dont les mon- tagnes des vallées de Lanzo abondent, nous n'en avons ‘observé aucune, qui présente la moindre particularité digne d’attention, si ce n’est la fontaine del Castagno, qui est entre l’hermitage de Lanzo et le village. Cette source est remarquable en ce qu’elle n’est jamais si abondante comme en tems de sécheresse, et qu’elle ne gcle jamais en hiver, Par le moyen des réagents convenables nous avons reconnu que les eaux de cette fontaine sont tant soit peu martiales , et sélémiteuses. Jai observé au commencement de mon mé- moire, que le pays est de la plus grande sté- tilité, ses productions peuvent se réduire à quatre , sçavoir le seigle, l’orge, l’avoine, et les pommes de terre, qu’on cultive à pré- férence , et dont la récolte est ordinairement tres-abondante. A Germagnan on voit sur un petit coteau des vignes fort fiantes, mais ce n’est que dans ce territoire seul, qu'on en. trouve, et il s’en faut de beaucoup; que le vin qu’on en tire puisse suflire aux trois vallées. Les environs de Germagnan sont aussi fort | 29 peuplés d'arbres fruitiers , on y trouve assez souvent des truffes noires, quelquefois, mais rarement, des blanche: celles-ci sont très-insipi- des en sortant de terre, et si nous en croyons les habitans, après avoir êté exposées à l’a pendant quelques jours elles acquièrent l'odeur _et le goût de celles de Piémont. Les cha- taignes doivent aussi être rangées parmi les productions les plus abondantes de ces vallées, mais le chataignier ne croit pas partout égale- ment. Dans la vallée de Lanzo on ne voit plus cet arbre depuis Chialamberto: dañs celle d’Ala il disparoît avec les territoires de Mondron: et dans celle de Viù avec celui de Forno di Le- mie. Plus on s’avance , plus on voit la nature s'appauvrit: à Usseil, à Forno di Groscavallo, à Balme le voyageur cherche vainement une plante, qui puisse le mettre à labri du soleil: quelques frêles, et rares arbustes, quelques plantes de seigle, qui coûtent aux pauvres montagnards des fatigues incroyables , et qui bien souvent n'arrivent pas mème au désré de maturité nécessaire, sont les seuls objets, qui se présentent à l'oeil dans ces tristes contrées: on rencontre enfin à quelque distance des gla. ciers les lichens, derniere production de la na- ture Mourante, : 2 30 Les quadrupèdes sauvages, dont ces vallées sont peuplées, sont le loup , le renard , le cha- mois, la marmotte, et le lievre: on m'a as- suré qu'en hiver on voit fréquemment des lie- vres blancs. M. 4m-stein a donné la description d’un animal de cette espèce, trouvé dans les montagnes du Faucigny *, ce qui rend assez vraisemblable qu'il y en ait aussi dans celles de Lanzo, mais il faudroit scavoir si la blan- cheur de leur poil se change en été en une couleur grise, comme celle de M. 4m-stein, ou fauve: je serois porté à le croire, puisque les habitans m'on dit qu'ils ne voyent jamais des lievres blancs qu’en hiver. Anciennement il y avoit aussi des ours, puisqu'on trouve dans les statuts de Lans de l’an 1351, que lon conserve manuscrits dans la bibliothèque de notre société litteraite, un arti- cle, dans lequel il est fait mention du droit, que le Prince avoit sur tous les ours, qu’on auroit pris dans les vallées de Lanzo. ** * MW, hist. et méèm. de la société des sciences physiques de Lausanne Tom. IT. 3. partie p. 266. *% Jtem concedimus, quod st aliquis ursus fuerit captus in ipsis vallibus et villis et vallium 31 Dans les montagnes de Groscavallo on voit de tems à autre quoique bien rarement des bouquetins: ce sont probablement les mêmes, qui habitent les vallées de Pont, et de Loca- na, et les montagnes de Ceresole. Parmi les reptiles les familles des viperes et des lézards sont les plus nombreuses. Je n’ai eu ni le tems, ni les moyens de pren- dre aucune connoissance des herbes qui crois- sent sur les différentes montagnes de ces val- lées: d’ailleurs je crois, que quand même j’en autois eu le loisir il m’auroit été difficile d’ajou- ter quelque chose à ce que lillustre M. Alloni en a écrit dans son immortel ouvrage. * Outre ces différens objets d'histoire natu- telle on rencontre dans ces vallées plusieurs particularités dignes d'attention. Le pont del Rocco sur lequel on traverse la Stura à quelques pas de Lanzo est remarquable à plusieurs égards. Il est formé d’un seul arc: il unit les deux montagnes de Buriasco, et de Monbasso, et sa structure gothique prouve son antiquité. nl podertis ipsarum, quod jus nostrum solitum in ipso utso habeamus , et habere debeamus. * Flora Pedemontana. 32 A Pessinetto village dans la vallée de Lanzo on voit une espèce de monstre. Il est. imposz sible de le considérer sans éprouver deux sen- timens contraires, la compassion et le dégoût, Qu'on s’imagine un petit corps haut environ . deux pieds, ayant une tête d’une grosseur extra- ordinaire, une physionomie plate, un petit nez tetroussé , une bouche d’une largeur affreuse de laquelle sort une langue de l’epaisseur d’un pouce, de la longueur de trois, de couleur presque noire, et couverte de petites pustules: qu’on joigne à ce portrait deux goîtres , et l’on aura une idée de la hideuse fille , que le hasard nous a fait rencontrer à Pessinetto. Née sans aucun défaut elle a été réduite à cet état déplorable par le chirurgien de la paroisse en lui coupant le filet. Elle a attemt sa 29 année. Je n’ai pu sçavoi comment il s’y est pris, mais-il pa- roit que cette opération mal éxécutée , ayant occasionné une tumeur dans le larynx de la pauvre fille, cette tumeur, à laquelle on ne donna point les soins nécessaires, n’a.pu se dissiper , et il en est résulté la monstruosité, que je viens de décrire. Mais ce qu'il y a-deplus singulier, c'est que quoique cette misérable créature ne puisse jamais retirer sa langue dans 33 la bouché, elle parle néanmoins assez claire- ment: qu’elle chante en modulant assez distin- ctement les tons : qu’elle mâche le pain, même le plus sec, et qu’elle boit sans la moindre difficulté. Nous avons constaté par nous-mêmes la verité de ces différens faits, en la faisant chanter, manger, et boire. A’ Usseil , et à Margiausia canton di cette paroisse on rencontre Lu objets non moins dignes d’attention. Dans ce pays où la terre refuse de produire de quoi nourrir ses habi- tans , les doubles, et les triples accouchemens sont fort communs; nous avons vu une fem- me à Margausia, qui quelque terms avant no tre arrivée avoit accouché de quatre enfans , trois mâles, et une femelle: on avoit eu le tems de les porter tous à la paroisse, de les y faire baptiser, et de les reporter encore vi- vants à la chaumière de leur pere: ils véçu- rent douze à treize heures , et moururent après dans le même ordre dans lequel ils étoient nés, de sotte que celui qui vint au monde le der- nier, fut aussi le- dernier à le quitter. On parle dans ces vallées différens patois, dont quelques-uns méritent d’être observés. Dans la vallée de Lanzo on parle depuis Lanze 34 jusqu'à Pessinetto uñ patois assez semblable au Piémontois , mais entremêlé de mots Fran- cois et Provençaux. À Pessinetto, à Traves, à Mezenil, qui sont au centre de la vallée, on parle le Francois comme il est écrit, et dy à bien peu de mots, qui, la prononciation à part, ne soient exactement françois. Daris la reste de la vallée depuis Chialamberto jus- qu’à Forno di Gtoscavallo le patois change en- tièrement , et devient inintelligible aux étran- gèrs: 1l a beaucoup de tapport au patois Sa- vojard': /o lua par exemple, lo fua, la eiva, signifient comme en Savoye de lieu ou village, le feu, l’eau : on trouve pourtant encore quelques traces quoique foibles de langue italienne, ainsi allons à la Ghiesa veut dire allons à l'Eglise: mais il y a aussi plusieurs mots, qui me pa- roissent ne tenir à aucune langue: j’eh citerai ici un seul exemple: alyana est le nom qu’on donne à l’orient: aussi la montagne , sur la- quelle on voit paroitre les premiers rayons du soleil porte le nom d’alyana, comme qui di- roit la montagne du levant. Dans les vallées d'Ala et de Viù le patois est presque le mé- me, et à quelque petite différence près, on peut dire qu’il est entierement semblable à celui 35 qu ’on parle à Lanzo et à Germagnan, c’est-à« dire un Piémontois grossier mêlé de paroles Francoises , et Provencçales. Les points de vue pittoresqués ne sont pas rares dans ces vallées, mais il y en a deux surtout , qui par leur étendue, et la variété des objets, qu'ils présentent, offrent un spec- tacle des plus beaux et des plus surprenans. On trouve le premier au devant du grand por- tail du Sanctuaire de s. Ignace près de Lanzos et le second sur le sommet d’une des mon: tagnes de Viù à l'endroit queles habitans ap- pellent {4 ponta de Vià. De la montagne de s. Ignace on découvre tout le Piémont, et de cette dernière on voit le Piémont, le Canavois, le Novarois , et lAlexandrin. L'homme le plus insensible ne sçauroit contempler sans émotion un si grand nombre d'ouvrages de la nature aussi variés que merveilleux réunis ensemble dans un même tableau. Il me reste maintenant à parler des dégits que lorage, et les éboulemens, dont j'ai fait mention au commencement de mon mémoire, ont causés aux malheureux habitans des paroisses de Chialamberto, Bonzo, Mottera, Grosca- valo, et Forno di Groscavallo toutes dans la 36 vallée de Lanzo. Je manquerois Le but de mon voyage, Si je passois sous silence cette affreuse catastrophe qui intéresse également les scien- ces, et l'humanité. On ne peut approcher sans horreur des t ter- titoires endommagés. D’après ce que j'ai vu, je crois pouvoir assurer, que les procès ver- baux dressés d’après ce funeste évenement, dans lesquels on a évalué les dommages à 147,550 livres, ne sont point du tout éxagérés. C’est à Chialamberto où les éboulemens ont commencé: à peine à-t-on fait quelques pas dans le territoire de cette communauté, que l’oeil cherche vainement un chemin par lequel continuer la route; on ne voit que des tas immenses de pierres d’une grosseur énorme, En apptochant de Mottera les maux sont en- core plus grands , mais c’est en arrivant à Bonzo que le spectacle devient réellement effrayant; les deux tiers de ce petit territoire ci-devant tres-flant , et très fertile n'offrent dans le mo- ment que l'aspect du plus affreux désert. A’ mon atrivée je me vis entouré d’une foule de montagnards, qui sçachant que j'étois porteur : des subsides que la bonté du roi * leur avoit CRE se AR RTE TQU RE EPEOREE * Le roi remit les tailles aux habitants des cinq PR accordé, vouloïent me faire cohnoîtte an juste: toute l'horreur de leur situatron. Voici, me disoit un, où J'avois une prairie qui me donnoit abondamment de quoi nourrir mes:vaches. C’est ici, me disoit un autre, où je recueillois du seigle en, assez grande quantité pour donner: du pain à mes enfans : mais les larmes me tom-. bérent des yeux lorsqu'un vieillard de 75 ans. me prenant par la main me dit en sanglotant:. voyez vous, Monsieur, ce rocher qui s’éleve au-dessus de tous les autres, qui est d’une gros- seur si énorme? Eh bièn,ma maison, un petit moulin qui me donnoit dé quoi vivre, et mon fils âgé de 36 ans qui étoit le soutien de ma vieillésse sont ensevelis sous ce rocher. Mon: fils a laissé quatré enfans: Îeur âge ne me lisse espérer d’eux le moindre secours ; et c’est: moi qui doit songer à les nourrir sans que j'en. aye Jes moyens .'. . le pauvre vieillard aux premiers coups de tonnerre s’était rendu à l’eglise avec sa-belle fille, et ses petits fils : jugez de paroisses endommagées , et fit distribuer aux ha- bitans des sommes considérables pour les mettre en tai de réparer les dommages soufferts, et de pour- voir à leurs besoins jusqu'à la nouvelle récolte. 38 sa désolation, lorsqu'en étant sotti, il ne res trouva plus sa maison, son moulin, son fils, l'appui de toute la famille. Deux autres mai- sons, et trois forges ont eu le même soit, et certes que pour peu de tems que l'orage, et les éboulemens eussent encore duré, tout le village: de Bonzo auroit été enseveli, car les pierres, qui ont abattu ces maisons continuant à rouler , et acquérant une nouvelle force par la chute de celles qui seroient survenues, aus roient tout ruiné, et réduit ce village à un tas de pierres. Des tels malheurs ne sont pas nou- veaux dans ces environs. Deux bourgs faisant partie de la paroisse de Bonzo, dont l’un étoit peuplé par 40, et l’autre par 1 $ familles furent ensevelis avec leur population au commence- ment du siècle sous les décombres des mêmes montagnes, qu’un orage fit écrouler *, et toute la paroisse est ménacée du même soit. En quittant le territoire de Bonzo on entre APE * Ces fais se trouvent rapportés dans le registre des procés verbaux de cette communauté. Cïanseia et Teppe étoient les noms des bourgs qui subirent la malheureuse catastrophe dont Ju parlé. | 39 dans celui de Groscavallo , où l’on voit à pew près les mèmes horreurs, quoique les dom- mages y ayént été un-peu moindres. On passe de là à Forno di Groscavallo, mêmes dégats, mêmes malheurs, mêmes maux, mêmes tableaux enfin d'horreur , et dé désolation: mais tout cela n'est rien encore en proportion du péril, dont ce village -est menacé La situation de Bonzo est heureuse relativement à celle de Forno di Groscavallo: cette paroisse est au pied de la montagne d'Ongiassa, dont le sommet fort élevé laisse entrevoir plusieurs masses de rochers d’une grosseur extraordinaire, qui ne tiennent que foi- blement au corps de la montagne: ces rochers sont presque déracinés, et le plus petit choc, le moindre mouvement peut les faire écrouler: toutes les circonstances locales nous annoncent ce malheur, et s’il arrive, tout le village ab- solument est enseveli. À ce foible récit des dégats soufferts par ces communautés je joindrai encore quelques mots sur la cause de ces éboulemens. Elle me paroît fort simple : les pierres, qui compo- sent les montagnes éboulées, sont entassées les unes sur les autres, enclavées dans le sable, et présentent des couches inclinées. Or il est à clair que l’eau qui tomboit en abondance ai tems de ce. phénomène, filtrant entre une cou- che et l’autre a séparé ces rochers, qui man- quant de leur base on dû nécèssairement rou- ler en bas. Il est très-possible que la décom- position de quelques pyrites , qui dans ces mon- tagnes très-abondantes en minetaux , ne doivent: pas être rares , ait eu Leu en même tems , d’au- tant plus que pendant les éboulemens les: ha- bitans eurent beaucoup à souffrir d’une très- forte odeur de soufre, mais cela n'empêche pas que nous ne devions regarder la quantité extraordinaire de la pluie tombée à l’occasion de cet orage, comme la cause principale, la plus. sûre, et la plus naturelle de ce désolant nt phés, aomèene . AI TABLE Des différentes hauteurs dans les Vallées de Lanzo prises par le baromètre. * “ “4 + 2 - ; SUR TURIN LS n'a. |; Hermitage de Lanzo au devant du ., Srañd portail de l’Eglisé . Toses 144. 4, PONRMEL hoéco … + à JMS IOU E SIND ES 2) Capucins de Lanzo au devant du « grand portail de PEglise ,. . 166. 3: Sanctuaire .de s. Ignace de Lanzo au devant du grand portail de Phi, ins. 0 nav aprés; Te CR Lee | * J'ai suivi pour le calcul la fnéthode de M. De-Luc. Les observations correspondantes aux miennes ont été faites dans la salle de l’Académie des sciences , dont la hauteur sur le mer vient d'être fixée par M. le comte Mos ro770 beaucoup plus bas qu'on ne croyoit, c'est- à-dire à 111. toises 2. pieds et demi ( Mém. de l’ Ac. 1788-89.) On n’a qu’à ajouter ce numéro aux miens pour avoir l'élévation au- dessus de la mer des endroits que j'ai observés. Sanctuaire de la Vierge de Loretto près de Groscavallo au devant du grand portail. s : Groscavallo au devant de l'Eglise de la paroisse Usseil au devant de lg É là paroisse . Marciausia canton J'UsseiLa aux a de la montagne d’Autaretto Grotte de Pugnetti. ; Montagne de le Cret des Takpel Montagne dite le Cret des Tornets Montagne dite Cret de Turo .. . Montagne dite la Ponta di Vi Viù au devant de l'Eglise de la PAÉOISIG- Super mee à 855: 49 4e 22. 808. 296. 3 21 349: 420. $ 14: 80: & 2e AVEC PERMISSION. LE EN NN lists