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BOUGHT WITH THE BEQUEST OF AMES J RSIT +. = 7 > (©) O :O O N [es > Ex « x « e” Sc [e e HARVARD UNIV OF MUSEUM À 7 { 7? SX 5 > DER Es 4 WT VOYAGE DANS e , L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE (Le Brésil, la République orientale de l'Uruguay, la République Argentine , la Patagonie, la République du Chili, la République de Bolivia, la République du Pérou). VOYAGE L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE (LE BRÉSIL, LA RÉPUBLIQUE ORIENTALE DE L’URUGUAY, LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE, LA PATAGONIE, LA RÉPUBLIQUE DU CHILI, LA RÉPUBLIQUE DE BOLIVIA, Lu LA RÉPUBLIQUE DU PÉROU ). EXÉCUTÉ PENDANT LES ANNÉES 1826, 1827, 1828, 1829, 1830, 1831, 1832 ET 1833, PAR ALBGIDS D'ORBIGMNY, CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D'HONNEUR, OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR DE LA REPUBLIQUE BOLIVIENNE , PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE ET MEMBRE DE PLUSIEURS ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES. Cure dele au 1229 et publié sous Les auspices de SM. Le Ministre de l’Instruction publique (commencé sous le ministère de M. Guizor). TOME QUATRIÈME. 3. Partie : OISEAUX. nr PARIS, CHEZ P. BERTRAND, ÉDITEUR, Libraire de la Société géologique de France, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS , 38. STRASBOURG, CHEZ V® LEVRAULT, RUE DES JuIFS, 33. 1835—1841. OISEAUX. PAR ALCIDE D'ORBIGNY. 1835— 1844. : PE vpacgncom nc — . +4 = COLE. + | A upix den vba Lost ir nan sim ps Li DL uw + sax! ser Ar mirent mivé ‘le 4 : 2 “ Va: Te n + : 13 L Ages , « sal. < A . LPAT AE e - sb) ds : , ON À af L] te LT: L Te L2 di L L d en ceSe 20061066 0120808 0208 0950218158 0008 0828 0058 CCR 60 ECOLES CAS IOLS CRIS LOEB CODE COS CSD CSL ee tee tee CS CLASSE DES OISEAUX. AVERTISSEMENT. À moment de livrer au public les résultats de nos études ornithologiques, nous avons un premier devoir à remplir, soit envers ce même public, soit envers nous-même. Ce devoir, cest celui de payer un juste hommage aux talens de deux hommes, dont les travaux ne seront rien moins qu’étrangers à la justesse et à la précision des nôtres, si, d’ailleurs, nos efforts personnels ne trahissent pas trop lexpectative de succès, dont lespoir nous soutient dans une entreprise aussi épineuse. Livré, dès notre début dans la carrière des sciences naturelles, à l'étude de lornithologie, le Voyage de Don Félix d'Azara dans l'Amérique méridionale fixa naturellement notre attention, et nous donna l’idée la plus favorable de la rectitude de jugement et de la bonne foi de son auteur. Long-temps avant notre départ pour PAmérique, nous avions beaucoup étudié Félix d’Azara; et quand, plus tard, notre des- tinée nous entraîna sur le théâtre même de ses observations, notre premier soin fut de vérifier, le livre d’Azara à la main, toutes ses allégations, dont plusieurs, en Europe, étaient regardées comme fabuleuses. Ayant toujours considéré cet écrivain comme un observateur aussi exact que consciencieux de tous les animaux qu’il a vus , nous reconnûmes bientôt, non sans une secrète jouissance d’amour-propre, que nous ne nous en étions pas le moins du monde exagéré le mérite; plus particulièrement en ce qui concerne ses IV. Ois. “ (Ci) remarques sur les mœurs et sur les habitudes des animaux, ainsi que les par- ties secondaires de ses groupes. C'est une justice qui lui est due; justice qui, bien que tardive, doit le replacer au rang des observateurs les plus distingués. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu'Azara nous a toujours servi de guide; mais nous devons à un autre observateur, plus profond sans être moins exact sous le point de vue scientifique, un complément heureux de cette partie de nos observations. Tandis qu'au bord des lacs, au bord des fleuves ou dans les lagunes de l'Amérique, au sein de ses plaines immenses ou sur ses mon- tagnes sourcilleuses, nous comparions, après une chasse souvent pénible, les descriptions de l'ingénieur espagnol à leurs sujets tombés sous nos coups, un savant, éminemment doué de cette patience minutieuse , Pune des pre- mieres vertus du naturaliste, M. de La Fresnaye, de Falaise, depuis long- temps avantageusement connu par des travaux utiles à la science; M. de La Fresnaye, disons-nous, s’appliquait laborieusement, au sein de ses belles col- lections, à reconnaître, dans les espèces décrites par les modernes, les espèces déjà observées et décrites par Azara, et souvent reproduites par Vieillot. De retour dans nos foyers, et rendu aux douces habitudes de Pamitié dont il nous honore, on sentira combien dut être piquant et curieux pour nous le rapprochement de ses déductions scientifiques, tirées de l'observation des pattes, des becs, de la longueur respective des ailes, et autres caractères ex- téricurs, avec nos observations pratiques faites sur le vivant, dans le pays méme ; et nous avons été plus d’une fois surpris de la précision avec laquelle ces moyens, tout artificiels, lui faisaient deviner, en quelque sorte, pour tels ou tels sujets, une manière d’être dont une longue suite d'expériences et de recherches avait pu seule nous instruire. Nous devons à sa complaisance et à son zèle pour la science une détermination plus exacte de nos espèces, et une partie de notre synonymie, indépendamment d'observations de la critique la plus saine et la plus judicieuse que nous nous ferons un honneur et un plaisir de citer, toutes les fois que l’occasion s’en présentera. Les citations montreront au reste de combien nous sommes redevable à ce digne collabo- rateur, aussi désintéressé qu’'instruit. Nous finirons par une sorte de profession de foi générale, que nous repro- duirons probablement de temps à autre dans le cours de ces études, au risque même de tomber en des redites, mais avec laquelle nos convictions les plus intimes ne nous permettent pas de transiger. Nous voulons parler de lex- trême importance dont il nous paraît être aujourd’hui de réunir, en zoologie, l'appréciation comparée des caractères moraux des êtres à celle de leurs carac- Ci) tères physiques et extérieurs. Les méthodes. purement artificielles n’y sont, en effet, dans l’ordre actuel des idées, pas plus admissibles qu'en botanique et dans les autres branches des sciences naturelles qui, avec tant de raison, n’en admettent plus, ou du moins en restreignent beaucoup l'empire exclusif. Nous tenons, en effet, plus que personne, aux bonnes classifications, et nous reconnaissons , des premiers, qu'on leur doit les progrès réels qui ont immor- talisé nos maïtres; mais nos réflexions spéciales, d'accord avec notre expé- rience personnelle, ne nous ont pas moins convaincu que la saine logique et les vrais intérêts de la science repoussent également, dans les études nouvelles, tout systeme qui n’allierait pas à l'observation des caractères physiques des animaux, celle de leurs mœurs et de leurs habitudes. Aussi nous efforcerons- nous toujours de reproduire, dans toute leur simple et énergique naïveté, sans autre ambition que celle de les faire, autant que possible, reconnaitre à tous, les traits de cette nature si variée, dans son inépuisable richesse ; de cette nature, source de jouissances si douces pour qui ne veut que lad- mirer, éternel désespoir de quiconque ose prétendre à la peindre! Ps À» L. Dé a ts nu mire Lise pores re = du * 212 Ci A e LR tré ner ds on er p coli fs PACRPRE Pas Gé mob VOYAGE DANS L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. AANNAANNANAENNNNNENN NN RARE ENRENNERREERNRENNERENNENNEEAREENNEREEENRNRAEN AN NRS OISEAUX. PREMIER ORDRE. OISEAUX DE PROIE, Æccrrirres. (Linné, Cuvier, Vieillot.) La distribution comparative des oiseaux de proie sur l’ancien et sur le oiseaux nouveau continent place dans l’ancien monde, en Europe, en Afrique ou Le en Asie, les vautours proprement dits; et dans le nouveau, les vautours à caroncules ou sarcoramphes. Parmi les derniers, le roi des vautours paraît exclusivement cantonné entre les parallèles des tropiques ou les dépasse peu, n’habitant que les lieux boisés et chauds; tandis que le condor, qui joue un si grand rôle chez les anciens Incas, fréquente les zones glaciales; et, là même, non pas exclusivement la région des Andes, comme on la cru jusqu’à ce jour, mais aussi les terrains ondulés et froids, depuis le sud de la Patagonie jusqu’à la ligne. Dans cette dernière localité, on le trouve succes- sivement à toutes les hauteurs, au niveau de la mer, où règne une chaleur étouffante, aux derniers sommets des Andes, en des lieux où nulle autre créature vivante ne peut résister à la raréfaction de l'air. Le condor est, sans doute, de tous les oiseaux connus, celui dont le vol est le plus élevé; circonstance qui lui aura probablement valu, chez les Aymaras et chez les Incas, le rang qu'il paraissait tenir auprès du soleil, comme lêtre qui s’en IV. Où. 1 Oiseaux de proie. (2) approchait le plus’. Les cathartes sont tous d'Amérique *, où ils habitent toutes les hauteurs et toutes les latitudes, sans, néanmoins, s'élever autant que le condor, des glaces du pôle sud aux feux de la zone équinoxiale, où ils vivent également dans les plaines ou sur les montagnes, et rendent, par l'abjection même de leurs mœurs, de grands services à certaines villes, dont ils corrigent la malpropreté, en enlevant les immondices qu'y accumule la négligence de leurs habitans. Le reste de la série des vautours de Linné appartient à l’ancien monde. Nous croyons pouvoir séparer de la série des Æccipitres, qui formait le genre faucon de Linné, et cela, afin d'en former une sous-famille des falco- nidées, des oiseaux appartenant exclusivement à Amérique, les caracaras d’Azara et de Cuvier, et ces rancancas de Vieillot, caractérisés par les mœurs dégoûtantes des vautours, qui ne vivent, le plus souvent, que d'animaux morts et corrompus, ou d’excrémens; ce qui les porte, comme les cathartes, à se rapprocher des lieux habités, émigrant en même temps que les hordes voyageuses et sauvages des plaines de l'Amérique. Ces oiseaux ont été dissé- iminés dans différens genres, sans égard pour les rapprochemens faits de leurs mœurs, par le judicieux observateur Don Félix de Azara. Vient ensuite une grande série d’oiseaux répandus dans les deux hémi- sphères, les aquiléides ou oiseaux de proie ignobles de Cuvier; et, d’abord, se présentent les rostrames de Lesson, qui ne se trouvent qu’en Amérique, dans les lieux inondés, où ils vont en grandes troupes, se servant de leur bec singu- lier et de leurs ongles démesurément longs, pour saisir les poissons. Parmi les pygargues, l'Amérique a aussi ses espèces propres. L’aguia d’Azara (falco aguia, Temm.) est répandu partout dans les contrées froides et tempérées, surtout au bord de la mer ou des rivières, où il remplace notre orfraie ou pygargue. Les circaëtes, oiseaux voisins de notre jean-le-blanc (circaëtus gallicus, Nieill.), sont également des deux continens; et la seule espèce de grande taille que nous en présente l'Amérique méridionale”, est aussi la seule qui veuille s'approcher des mouffettes empestées des régions australes qu’elle habite. La sanguinaire harpie, propre seulement aux immenses forêts chaudes 1. Voyez la description des monumens antérieurs aux Incas, Relation historique. 2. Nous ne pouvons, en effet, séparer des cathartes le Vultur urubu, que Cuvier range parmi les Percnoptères, et qui ne diffère que très-peu par les mœurs du Vultur aura, Lin., type de cette division. 3. Circaetus coronatus, Temm. (3) et humides de la zone torride de l'Amérique est, peut-être, dans cette zone, Voiseau de proie le plus fort, et celui qui détruit le plus de ces paisibles singes, quelquefois les seuls habitans de ces forêts silencieuses. Les aigles- autours ou spizaëtes habitent les deux continens. Ceux d'Amérique sont des pays entrecoupés de bois, de plaines et de marais, et ’urubitinga même peut être considéré plutôt comme un oiseau de marécages. Les autours et les éper- viers appartiennent aussi aux deux continens. En Amérique, ils peuplent plus particulièrement les bois et les montagnes boisées; ce sont les plus nombreux dans toutes les régions de PAmérique méridionale. Cest parmi les autours que se trouve le plus criard, peut-être, de tous les oiseaux de proie, l'autour rieur, dont les cris ont donné lieu à des traditions supersti- tieuses très-répandues parmi les indigènes américains et même parmi les colons. Les milans (sous-genres Vauclerus, Vigors, et Elanus, Savigny) sont d'Amérique et d'Afrique; ceux du premier sous-genre, au moins le nauclerus furcatus, Vigors, planent des journées entières au-dessus des lacs et des marais. Les buses sont aussi communes aux deux mondes; mais nous les croyons beaucoup plus nombreuses en Amérique qu’en Europe, et même qu'en Afrique, la grande quantité et l'étendue des marais et des terrains entre- mêlés de plaines et de bouquets de bois, favorisant beaucoup leur genre de vie. Elles se trouvent sous toutes les latitudes, depuis la Patagonie jusqu’à l'équateur, et du niveau de la mer à une très-grande hauteur sur les Andes. Il en est de même des busards, qui, assez voisins des buses par les mœurs, sont aussi répandus en Amérique, mais seulement dans les plaines boisées. Les falconides se trouvent dans les deux mondes, mais sont beaucoup moins nombreux en espèces dans le nouveau que dans l'ancien. Ce sont des oiseaux voyageurs, aussi peu sauvages que notre cresserelle d'Europe, et d’une adresse extrême pour la chasse. On les employait, après la conquête, à la chasse aux tinamous; et il n’y a pas long-temps qu'au Pérou et en Bolivia on les appliquait au même usage. Les oiseaux de proie nocturnes ou strixidées, contenus dans l'ancien genre Strix, Lin., et dont on a fait, avec raison, une série distincte de celle des autres oiseaux rapaces, sont également répandus dans lun et l'autre continent. Les effraies nous offrent, entre l'espèce d'Europe (strix flammea) et son analogue en Amérique, des rapports tels qu'il serait difficile de dire au juste si ces espèces ne sont pas identiques. De même qu’en Europe, les effraies américaines inspirent la terreur aux ames pusillanimes. Elles vivent aux lieux habités, dans les vieilles maisons ou dans les églises, et dans les rochers des Oiseaux de proie. — Oiseaux de proie. (4) déserts, occupant toutes les latitudes et toutes les hauteurs. Le duc barré n’habite que les forêts des lieux tempérés sous toutes les latitudes de lAmé- rique méridionale, où il remplace notre grand duc de France. Les chevêches, qui abondent dans les deux continens, sont également réparties sous les lati- tudes les plus différentes, depuis la Patagonie jusqu'aux régions chaudes, et depuis le rivage de la mer jusqu’à 17,000 pieds au-dessus de l'Océan. Ce sont tous des oiseaux criards, attristant de leurs accens plus ou moins mé- lancoliques les vastes solitudes dont le voyageur se trouve à chaque pas entouré dans PAmérique méridionale. Il est deux espèces de chevêches qui ne s’approchent jamais des lieux boisés, et qui n'aiment que les immenses savanes, ou les sommets arides des montagnes, où lune d’elles se blottit quelquefois dans des terriers appartenant à des mammifères. Les scops sont des parties chaudes et tempérées des deux continens. On voit par les généralités qui précèdent, que presque toutes les séries d'oiseaux de proie sont également propres à l’ancien et au nouveau monde. En résumé, les seuls genres qui appartiennent exclusivement à l'Amérique sont : parmi les vulturidées, les sarcoramphes et les cathartes, remplaçant, dans cette partie du monde, les véritables vautours, propres seulement à notre hémisphère; parmi les falconidées, le petit groupe des caracaras, qui n’ont point d’analogues dans l’ancien monde, et qui, dans le nouveau, ne diffèrent des vautours que par leurs formes; car leurs mœurs les rattachent véritablement à ce genre. La harpie et le rostrame sont aussi des oiseaux purement américains, manquant d’analogues en Europe; car aucun de nos aigles n’est aussi fort que la harpie, et aucun de nos oiseaux aussi sociable que le rostrame. Considérons maintenant les oiseaux de proie sous le rapport de leur dis- tribution géographique ou du nombre d'espèces de ces oiseaux, que présentent les diverses localités de l'Amérique méridionale. Nous divisons en trois zones tout le terrain sur lequel s'étendent nos ob- servations; et ces trois zones seront considérées, chacune, sous le triple point de vue de leur latitude, de leur élévation au-dessus du niveau de la mer, et de la nature des terrains dont elles se composent. Notre première zone s'étend, en latitude, du 41.° au 28.° degré; et, en 1. Cette division est celle que nous avons établie dans nos généralités sur toutes les branches de l’histoire naturelle, et qui fait le sujet de la planche géographico -zoologique de Patlas géo- graphique. (5) élévation, de 0 à 5,000 pieds, au-dessus du niveau de la mer; notre seconde, Oiseaux du 28.° au 34.° degré en latitude, et de 5,000 à 41,000 pieds en élévation; 4 notre troisieme, enfin, du 34.° au 45.° degré en latitude, et comprend, en élévation, toute hauteur supérieure à celle de 41,000 pieds. La première zone en latitude (celle qui s'étend du 41.° au 28.° degré) réunit naturellement, outre ses immenses plaines et ses immenses forêts, les terrains les plus élevés des Andes; aussi comprend-elle le plus grand nombre d'espèces ; car, indépendamment des espèces propres à la zone chaude et tempérée, on y trouve celles qui habitent une latitude moins élevée, la décroissance proportionnelle de la chaleur, à mesure qu'on s'élève sur le plateau des Andes, rendant bientôt la température de cette latitude égale à celle de la latitude la plus méridionale. Ainsi, pour peu que nous examinions, dans leur ensemble, sans tenir compte des zones d'élévation , toutes les espèces comprises entre ces deux parallèles, nous y en trouvons trente-huit, tandis que le nombre total des espèces observées ne s’élève qu'a quarante et une; calcul d’après lequel il ne reste plus, pour les deux autres zones en latitude, que trois espèces étrangères à la première, et propres aux plaines australes. Ce chiffre semblera d’abord énorme; mais les explications dans lesquelles nous allons entrer le feront paraître moins extraordinaire. Si nous considérons, dans cette première zone, les espèces propres à une élévation de 0, par exemple, à 5,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, au 12.° degré; élévation dont nous croyons la température moyenne équi- valente à celle de la latitude de quatre à cinq degrés en dehors des tropi- ques, on verra, de suite, notre grand total diminuer de toutes les espèces n’habitant cette latitude qu’en conséquence de lextrème hauteur qu'y attei- gnent les Andes; et le nombre en sera borné à vingt-huit; encore ce nombre se rapproche-t-il des deux tiers de la totalité des espèces observées; tandis que les espèces différentes, et propres aux 2.° et 3.° zones d’élévation, ne donnent qu'un nombre minime de dix; nombre dans lequel, il est vrai, ne sont pas comprises celles qui habitent également une zone d’élévation moindre. La deuxième zone en latitude (du 28.° au 54° degré) n'offre pas, à beaucoup près, autant d'espèces que la première; mais la diminution y est graduelle, ou de la moitié, si nous y faisons entrer la totalité des espèces qui se trouvent à toutes les hauteurs de la zone en latitude; et d’un tiers seule- ment, si nous n’en comparons les espèces qu'à celles de la zone proprement dite; car nous y trouvons dix-neuf espèces, dont neuf sont propres aux plaines et (6) Oiseaux dix aux montagnes. On voit donc que le nombre des espèces y est plus grand, de proie. OÙ au moins égal, sur les montagnes; tandis que, dans la première zone en latitude, les oiseaux de plaine sont plus nombreux. Parmi ces espèces, quatre seulement sont propres aux plaines; les autres sont alpines ou de la 3.° zone. La troisième zone en latitude (du 34 au 45 degré) est celle qui comprend le moins d'espèces; car nous n’y en avons pas trouvé plus de dix-sept, toutes des plaines ou des terrains peu élevés qui s'étendent des bords de l'océan Atlantique au pied des Cordillières du Chili. La proportion est de moins d’un tiers, comparée à la totalité des espèces de la première zone en latitude, et de près de la moitié, eu égard au nombre des espèces de la zone même dont nous parlons. Parmi ces dernières, huit se trouvent aussi au sommet des Andes, et neuf sont patagones ou propres soit aux plaines sèches, soit aux rives maritimes de la zone. Considérons maintenant les oiseaux de proie relativement à la distribution de leur habitation en hauteur, tout en comparant les espèces des zones d’élévation aux espèces des zones en latitude, pour les plus australes. La première zone en élévation (de 0 à 5,000 pieds au-dessus du niveau de la mer) comprend les espèces qui, au 27.° degré de latitude, par exemple, vivent surtout dans les plaines; mais la différence de température est si peu sensible, que toutes les espèces, à moins qu’elles ne soient propres à tels ou tels terrains, en occupent indifféremment les parties les plus basses ou les plus élevées. Dans la seconde zone en élévation (de 5,000 à 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer) nous trouvons neuf espèces, dont deux seulement propres à cette région ou à ses localités, outre les autres appartenant à la 2.° ou à la 3.° zone de latitude, où elles vivent dans les plaines dont la tem- pérature est à peu près la même, et dont le terrain présente à peu près le même aspect que dans la zone élevée; ces espèces ayant, d'ailleurs, retrouvé, lors de leurs migrations, des terrains analogues à ceux qu’elles habitent dans les plaines australes. La troisième zone en élévation (celle qui se trouve à plus de 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer) nous a offert neuf espèces, sur lesquelles il ne s’en trouve qu’une alpine, toutes les autres appartenant à la Patagonie et aux Pampas. On peut conclure de tout ce qui précède, que les oiseaux de proie suivent toujours la même loi de distribution géographique que les autres séries d’oi- seaux; c’est même parmi eux que, dans la 3.° zone en élévation, ou dans la (7) 3." zone en latitude qui lui correspond, nous retrouvons, le plus souvent, la oiseaux même espèce, au lieu des espèces seulement analogues que nous présentent nf quelques genres des ordres suivans. La structure des terrains doit influer beaucoup sur le lieu qu'habite chaque espèce. Celles qui couvrent une plus grande surface nous en offrent une preuve. Le condor, par exemple, qui habite depuis les terres les plus aus- trales jusqu’à la ligne, ne pousse jamais ses migrations jusqu'aux plaines éloignées des montagnes sèches et arides; et, sil se voit en Patagonie, c'est qu'il y est attiré par les hautes falaises du littoral de la mer, par le voisi- nage des montagnes de San-Jose, et par l’analogie des terres de la contrée avec celles qui lui sont propres. Il en est de même de la buse tricolore et de l'aigle aguia, qui appartiennent surtout aux localités montueuses; mais certaines espèces échappent à cette influence; car le caracara ordinaire et les deux espèces de cathartes habitent mdifféremment, sous toutes les zones, les plaines ou les montagnes, pourvu qu'il sy trouve, à défaut d'arbres, soit quelques buissons, soit même seulement des rochers escarpés, où ils puissent se poser. Si nous examinons, maintenant, la distribution des espèces sous le seul point de vue des localités particulières, nous voyons, par exemple, que très- peu d’entr’elles habitent les grandes forêts ; encore n’en habitent-elles que les lisières, et non l'intérieur, comme on a paru le croire jusqu’à présent. Les terrains qui abondent le plus en oiseaux de proie, et où ces oiseaux vivent et chassent de préférence, sont les terrains peu élevés, ou plutôt en- tièrement plats, ou les terrains entrecoupés de plaines, de bouquets de bois épars, de marais étendus, et d’un grand nombre de canaux naturels d’écou- lement, dont les bords sont toujours boisés. La grande harpie même, qui, sans contredit, peut être, plus que tout autre, considérée comme un oiseau forestier, ne suit jamais que les bords des rivières. En divisant tous les oiseaux en trois classes, et par le nombre des espèces qui habitent, d’abord, les terrains boisés que nous venons de décrire; en- suite, les plaines arides et seulement couvertes de petits buissons; puis, enfin, les montagnes; le nombre d’espèces, pour les plaines boisées, sera de trente-trois, c’est-à-dire de plus des trois quarts de la totalité des espèces observées; pour les plaines arides, il sera de dix-neuf, c’est-à-dire de moins de la moitié de ce chiffre, et de seize, ou un peu plus du tiers, pour les montagnes. Il est bien entendu qu'à ces nombres se joignent toujours les espèces qui passent sans cesse d’une localité à l’autre. Oiseaux e proie. (8) De toutes ces observations il résulte que le nombre des espèces décroissant proportionnellement aux yeux de l'observateur qui marche des parties chaudes au pôle, ou s'élève des régions basses des tropiques au sommet des Andes, diminue en raison à peu près égale, dans leur passage des terrains boisés aux plaines, et des plaines aux montagnes. Le petit tableau suivant offre, en résumé, l'échelle comparative de ce système de diminution dans le nombre des espèces. NUMÉRO ZONES des DE LATITUDE à ù à D'ÉLÉVATION Nombre D'HABITATION ; ré S - du ni de 1 des . es et (échelle des degrés). espèces. Œuise degré de Lt LV LE selon la nature des terrains. ATTA Le Di atan re 28 | Deo à 5,000 pieds» « « « . 28 Lieux boisés; marais; canaux 33 naturels. H Du 28.° au 34° ........ 19 À De 5,000 à 11,000 pieds..| 9 |Plainesarides etbuissonneuses.| 19 JIL,” | Du 34° au 45 .....,.. 17 A plus de 11,000 pieds...| 9 Montagnes élevées ....... 16 On pourra demander pourquoi le plus grand nombre d’espèces d'oiseaux de proie habite les régions chaudes, et particulièrement les parties où se trouvent des marais et des bouquets de bois séparés. C’est parce que la plupart des oiseaux de proie de l'Amérique méridionale ne se nourrissent pas seulement de petits oiseaux et de mammifères, comme la plupart de nos oiseaux d'Europe, mais aussi de reptiles aquatiques et terrestres qui abondent dans ces terrains, ainsi que de poissons, et même d'insectes. Les faucons sont, en Amérique, les seuls oiseaux de proie qui chassent spécialement aux oiseaux et aux mammifères; tous les autres mangent des animaux de toutes autres sortes; ce qui a fait supposer à Azara' que les oiseaux de proie améri- cains pourraient bien participer à l’indolence caractéristique des habitans de cette partie du monde. Ils sont, en effet, moins agiles que ceux d'Europe, à l'exception, pourtant, des falconides, qui conservent, partout, leur vivacité caractéristique, ce qui est, au reste, très-facile à concevoir; car, d’après leur genre de vie, ils ont, le plus souvent, besoin de se percher au bord des eaux ou à la lisière d’un bois, afin d’y guetter la sortie d’une grenouille, d’un lézard ou d’un insecte, qu'ils saisissent aussitôt, et qu'ils mangent à terre; aussi ne les voit-on que rarement planer à la manière de notre jean-le-blanc ou de nos LP 1. Voyages dans l'Amérique méridionale, tom. III, pag. 5. | (9) aigles; car l’aguia même et les buses, qui sont les oiseaux qui planent le plus, oiseaux ne le font que peu d’instans dans la journée, et surtout le matin. : Nous avons trouvé, dans beaucoup d’espèces d’oiseaux de proie américains, un instinct de sociabilité entièrement étranger à ceux d'Europe, qui, les vautours exceptés, ne se réunissent Jamais en troupes. Les vautours d’Amé- rique sont aussi sociables que ceux d'Europe; ils se réunissent pour dépecer les animaux morts; et les caracaras, leurs fidèles imitateurs , se réunissent, comme eux, sur les mêmes pâtures, aussi familiers et aussi peu défians ; mais, dans les réunions des caracaras, nous voyons un motif d'intérêt de plus, l’'appât d’un aliment qui leur est commun, et peut-être y entre-t-il peu d'idées vraiment sociales. Il n’en est pas ainsi de la réunion en grandes troupes d'oiseaux de la même espèce appartenant aux autres séries, lesquels voyagent de concert, s'arrêtent au bord du même lac, se posent tous sur le même arbre, ou sur le même buisson, voisins des eaux, dans les plaines boisées, et ne se séparent que rarement, au moins pendant leurs voyages; car nous ne savons pas encore s'ils ne se rassemblent pas pour une migration annuelle. Quoi qu’il en soit, les oiseaux doués de cette faculté sont les cy- mindis bec en hamecon (genre Rostramus), qui restent ainsi réunis au moins trois mois de l'année, comme nous avons pu nous en assurer par nos propres observations, à la frontière du Paraguay. Les buses plombées (Falco plumbeus, Lath.) ont les mêmes habitudes. Nous les avons vues, à la lisière des bouquets de bois, se poser, en grandes troupes, sur le même arbre mort, et rester là toute la journée, les unes chassant, les autres se reposant, et ces dernières reprenant leur vol, quand leurs compagnes revenaient au gîte. On s'étonne de rencontrer cet instinct social parmi des oiseaux que leur genre de vie semblerait devoir rendre jaloux, querelleurs, et disposer mal à se réunir; car, sauf les espèces que nous venons de citer, les oiseaux de proie vivent toujours isolés, sans éprouver cette sorte d'attraction qui rapproche les animaux de même espèce. À peine, même au temps des amours, ces oiseaux voraces restent-ils unis par couples deux mois au plus, pour s’abandonner et ne plus se reconnaître ensuite. Il est vrai que, dans cet intervalle, soumis comme le reste de la nature, à la loi qui régit tout être sensible, ils paraissent devenir aussi aimans qu'ils étaient farouches, et se partagent le soin d'élever leur nichée; mais dès que les petits sont assez forts pour chercher leur nourriture, le couple se sépare, et ne présente plus, comme auparavant, que des êtres égoistes et féroces. Plus ils sont carnassiers, moins ils sont disposés à la société, leur proie. IV. Ois. 2 (10) dia genre de vie les en éloignant naturellement; et nulle part on ne les voit de proie. vivre ensemble pendant presque toute Pannée, comme font habituellement les passereaux, les grimpeurs, les gallinacées , les échassiers et les palmipèdes. Un autre genre de réunion, purement fortuite, a lieu dans les immenses savanes de l'Amérique. Les habitans ont la coutume d’incendier, tous les ans, les campagnes, afin d’en renouveler les pâturages. Cet incendie porte le désespoir au sein d’une foule innombrable d’êtres paisibles qui se croyaient, dans leurs riches plaines, à l'abri des serres acérées de leurs mortels ennemis. Les petits mammifkeres, les reptiles, et des insectes en bien plus grand nombre, fuient, en toute hâte, ces torrens de flamme, au-delà desquels les attendent des myriades d'oiseaux de proie que leurs mœurs tiennent d'ordinaire éloignés les uns des autres, mais qu'un instinct commun de voracité rassemble, momentanément, sur ce théâtre de destruction, où les caracaras surtout se précipitent en majorité, plus criards et plus acharnés que les autres, au milieu du pétillement des feux dévorateurs, et parmi des flots d’une épaisse fumée, tandis que quelques buses, intimidées par les flammes, auxquelles les cara- caras sont aguerris, planent lentement autour du brasier, en y cherchant leur proie, que le faucon léger, plus rapide dans son vol, vient audacieuse- ment leur soustraire, à l'instant même où elles croient s’en saisir. Rien de plus singulier que cette réunion spontanée d'oiseaux, devancçant à tire d'ailes la marche accélérée des flammes, et se disputant avec avidité la conquête de faibles victimes, qui, déjà vaincues par l'épouvante, n’échappent à un fléau que pour succomber à un autre. Quand le feu vient à cesser, tous ces oiseaux se dispersent, et commencent isolément une chasse plus facile, quoi- qu'aussi productive, Ils parcourent les terrains incendiés et couverts de cen- dres, afin d'y chercher les cadavres à moitié brülés des reptiles et des petits mammifères qui n'ont pu se dérober aux flammes; mais alors, rentrés dans leur caractère, on les voit éviter approche de leurs semblables, en emportant leur proie dans leurs serres, afin d’aller la dépecer dans un lieu solitaire, où, quoiqu'isolés, ils jettent encore, de temps en temps, autour d’eux, un regard inquiet, dans la crainte d’avoir à la partager, délivrés de toute inquié- tude seulement quand ils ont consommé leur sanglant festin. Dans un pays où le plus grand nombre des oiseaux de proie se nourris- sent de reptiles et d'insectes, il est curieux de voir les oiseaux des autres ordres devenir aussi carnivores. Les oiseaux domestiques sont, pour la plupart, nourris avec de la viande, dont les poules sont très-friandes, ainsi que les canards; et il n’est pas jusqu'aux oiseaux sauvages qui abandonnent les graines (M) et les insectes, leur nourriture habituelle, pour venir manger la viande que les habitans exposent au soleil, afin de la faire sécher. Nous avons vu des frin- giles, des troupiales et des gobe-mouches rechercher cet aliment avec une voracité et un acharnement qui ne leur sont pas naturels à l’état sauvage, et qu'on ne peut attribuer qu’à l'extrême facilité qu'ils ont de se le procurer. Comme le démontreront nos comparaisons partielles des genres ou des espèces, la plupart des oiseaux de proie présentent, dans l’ancien et dans le nouveau monde, le même nombre d'œufs de ponte, la même disposition générale de nids; et, nous ne craignons pas de l’assurer, les taches de leurs œufs ont la même forme et sont généralement distribuées de la même manière. La marche des oiseaux de proie diffère beaucoup en raison de leurs diverses séries. Ainsi la marche lente et compassée des vautours et des caracaras se distingue bien du sautillement des faucons et des buses. Les oiseaux de ces deux premières séries restent, en effet, volontiers, à terre; quelques-uns même s’y tiennent continuellement, perchés par intervalle, et encore sur les rochers; tandis que les autres, quoique se promenant quelquefois, aiment à passer presque toute leur vie seulement sur les arbres. Les aquiléides et les falconides, par exemple, posent très-rarement sur le sol; d'ailleurs, ils ne vont que par sauts, pour se rapprocher de l'objet qu’ils cherchent; mais, le plus souvent, ils saisissent leur proie au vol, l’enlèvent avec leurs serres, et vont la manger au loin. Ils ne demeurent à terre que peu de temps, reprennent leur vol, et vont faire la digestion sur les branches basses ou élevées des arbres de la lisière des bois. Le vol diffère aussi beaucoup, en raison de la diversité des séries; parmi les vautours même il varie tellement, qu'il serait difficile d’en fixer, pour eux, le caractère général. Le plus souvent, néanmoins, leur vol est élevé, rapide par intervalle, la plupart du temps assez lent. Cest parmi les vau- tours, et non parmi les aigles, comme le pensait Buffon, que se trouvent les oiseaux dont le vol s'élève le plus; car le condor disparaît à la vue, au- delà du plateau des Andes, d’un point déjà placé à plus de deux mille toises d'élévation au-dessus du niveau de la mer, ce qui peut faire supposer une hauteur au moins égale au-dessus de son point de départ; hauteur effrayante, sans doute, pour tout le monde, mais que trouve plus extraordinaire encore l'observateur victime de la raréfaction de l'air, dans une région de 16 à 17,000 pieds au-dessus du niveau de l'Océan. Quelques autres oiseaux ont la singu- lière habitude de tournoyer sur un lieu quelconque, à une élévation pro- Oiseaux de proie. ——— (12) Oiaux digieuse, et de s’y laisser tout d’un coup tomber comme une balle, faisant de proie. alors un bruit semblable au sifflement d’une flèche lancée avec force; puis, en arrivant près de terre, ils reprennent leur vol habituel. Les vautours sont, en général (car très-peu d'espèces font exception à cette règle), les seuls oiseaux qui planent à une très-grande hauteur au-dessus du sol. Quel- ques espèces d’aigles s'élèvent assez haut dans les airs; mais elles y restent peu, et préfèrent les régions plus tempérées. Les buses planent à la manière des jean-le-blanc, sans toutefois pes jamais, avant de se reposer, une aussi grande surface de terrain qu'en Europe; ce qu'il faut peut-être attribuer à la plus grande facilité qu'elles ont de saisir leur pâture. Les oiseaux de proie qui, dans les autres parties du monde, sont toujours défians, inquiets, et peu accoutumés à vivre auprès de l’homme, semblent vouloir sen rapprocher en Amérique. Les cathartes et les caracaras ne se voient jamais dans les lieux déserts, à moins qu’ils n’y soient attirés par quelques troupes de grands mammifères, comme celles d’otaries, sur la côte de Patagonie. Ces oiseaux sont devenus les compagnons fidèles des migrations des nations sauvages; et, comme nous l'avons établi déjà, les voisins utiles des habitans des cités, où quelquefois même des lois spéciales les protègent. Les faucons sont géné- ralement plus farouches; mais quelques faucons proprement dits adoptent pour demeure une maison, une église, au sommet desquelles on les voit se reposer un instant, pour en partir ensuite à tire d'ailes, afin de parcourir les environs, sans paraître en rien s'inquiéter de la présence de l’homme. Les buses et, en général, tous les oiseaux ignobles de Cuvier ou aquiléides, sont, comparativement, moins sociables; se tenant toujours à distance des lieux habités, et même, par instinct de nature, plutôt que par besoin réel, s'envolant à la première approche de ennemi de tous les êtres. Ces oiseaux sont, pourtant, beaucoup moins farouches que les espèces européennes, que lon ne peut prendre que par surprise; ils ne s’envolent pas, à beaucoup près, d'aussi loin; mais le caractère de défiance propre aux animaux car- nassiers se trahit à chaque instant dans toutes les espèces de cette série. Les oiseaux de proie nocturnes suivent les mêmes lois que ceux d'Europe, pour le degré d’instinct qui les rapproche de notre espèce. Les effraies d'Amérique vivent, comme les nôtres, dans les édifices, au milieu des villes, tandis que tous les autres se tiennent, le jour, au plus épais des bois, pour chercher, la nuit, au sein des déserts, une nourriture abondante. Nous avons cru remarquer que quelques espèces d'oiseaux de proie pré- sentaient, en Amérique, une disproportion bien moins grande qu’en Europe (15) entre la taille du mâle et celle de la femelle; disproportion telle, que qui- oiseaux conque ne les verrait pas réunis, serait tenté d’en faire des espèces distinctes. proie. Cette disproportion se remarque surtout dans le nisus hemidactylus, Tem.; mais nous voyons, au contraire, que, dans la plupart des autres, elle se réduit presqu’à rien , et disparaît même entièrement. Les faucons proprement dits, par exemple, et quelques buses, ne diffèrent que très-peu pour la taille. Nous avons observé, dans les oiseaux de proie, une autre modification de forme résultant de la différence d'âge. Nous voulons parler du plus ou moins de longueur de la queue dans les jeunes et dans les adultes. Il est reconnu que, parmi les passereaux et les gallinacées, par exemple, les jeunes sont tout à fait privés de cet ornement dont se pare, chez eux, le mâle adulte; et, en raisonnant par analogie, la queue des oiseaux de proie devrâäit être aussi plus longue dans les adultes que dans les jeunes; mais l'observation nous a constamment présenté le phénomène contraire, qu’on peut regarder comme un caractère propre aux oiseaux de proie; les jeunes, en effet, ont toujours, chez eux, la queue plus longue que les adultes. exemple unique dans la série des oiseaux. Une dernière observation complétera, du moins dans nos vues, ces indi- cations générales. Buffon, assez plausiblement, a pu classer parmi les oiseaux de proie les pies-grièches, parce que, bien que privées de beaucoup de caractères du genre, elles en reproduisent quelques habitudes, puisqu'elles mangent de la viande, et même quelquefois tuent des oiseaux de petites espèces. Azara, d’un autre côté, a pu, jusqu’à un certain point, se croire autorisé à joindre aux oiseaux de proie les toucans, parce que, dans une saison de l’année, ils cherchent les nichées, pour en dévorer les œufs, et même les jeunes oiseaux; mais Cuvier , faisant justice de ces rapprochemens erronés, détache, avec raison, de la série des oiseaux de proie, et les pies-grièches et les toucans, qui appar- tiennent à des séries bien différentes, pour réduire la série qui nous occupe aux sujets qui la composent effectivement, et qui, probablement, lui appar- tiendront toujours; aussi ne saurions-nous trop nous étonner de voir notre savant collègue, M. Lesson', y placer le cariama ou sariama, uniquement parce qu'il mange des reptiles et surtout des serpens. Ne pourrait-on pas lui objecter que, comme le cariama, la cigogne habite les hauteurs, et $’y nourrit de serpens, sans avoir pourtant jamais été mise au nombre des oiseaux de PROPERTIES OT PRES 1. Traité d’ornithologie, pag. 16. (14) Disaux proie ? Nous avons beaucoup étudié les mœurs du sariama; et, sans parler à de ses longues jambes nues, du manque d'ongles crochus, et de son bec peu semblable à celui des oiseaux de proie, nous croyons pouvoir assurer qu'il appartient bien certainement à la série des échassiers, dont il a tous les caractères et dans laquelle il figure depuis long-temps. La description détaillée que nous donnerons de cette espèce à son ordre, pourra convaincre de ce que nous avançons. Le tableau suivant présente la division générale des oiseaux de proie telle que nous la concevons, en nous renfermant toujours exclusivement dans les espèces américaines. .{ Sarcoramphes. ‘| Cathartes. Rancancas. Phalcobènes. ” L" Famille : Vuzruriées. V’ultur, Lin. . . . . . . 1.7 Sous-famille : Caracarides . . .. Caracaras. Rostrames. Circaëtes. Aigles-pécheurs. Harpies. OISEAUX IL® Famille : Farco- i *{ Autours. é ‘ Aigles-autours. DE PROIE. nDÉEs. Falco, Lin.\ 9, Sous-famille : Agquiléides . . Milans. Cymindis. Buses. Busards. Éperviers. -| Falco. Fes .] Ducs. | Chevèches: Scops. 3.° Sous-famille : Falconides . . . IIL® Famille: SrrIMIDÉES. Sérir, Lan, :, .. . . . . . , . I." FAMILLE. VULTURIDÉES, Vigors. Famize pes VAUTOURS, Cuv.; Vautourins, Vieill.; f’ltur, Lin. Ceux des caractères des vulturidées qui les distinguent des falconidées sont trop connus pour que nous ayons à nous en occuper; et nous croyons même devoir relever seulement ceux qui sont propres aux genres américains , objet spécial de nos recherches. (15) Nous avons déjà démontré que les vulturidées, bien que se rapprochant beaucoup, quant à leur distribution géographique, puisqu'ils appartiennent à presque toutes les zones de latitude et de hauteur, n’en ont pas moins des mœurs et des lieux d'habitation très-différens. Les cathartes, en effet, sont toujours vagabonds et sans aucun domicile fixe; tantôt planant au sommet des montagnes glacées, tantôt abattus sur les plaines les plus chaudes, et vivant indifféremment dans les lieux arides, ou sur la lisière de ces immenses et majestueuses forêts, qui couvrent une partie des vastes déserts du pays; mais il en est autrement des sarcoramphes. Ainsi le vultur papa, craintif par nature, s'éloigne, seulement dans les pays chauds, des forêts ou de leur lisière; tandis que le condor cherche, tour à tour, les terrains arides et décou- verts, soit des lieux où l’homme pasteur porte sa domination habituelle, soit des lieux les moins accessibles; et s'élève du niveau de la mer à celui des neiges perpétuelles, vivant depuis les régions polaires jusqu’à la ligne. En général, les cathartes aiment les habitations, autour desquelles ils se montrent très- familiers, tandis que les sarcoramphes ne s’en approchent qu’à la dérobée, et seulement dans le cas où sy trouvent des troupeaux. Les cathartes exhalent continuellement une odeur que les habitans com- parent, pour quelques espèces, à celle du musc; aussi, dans l’intérieur de la Bolivia, disent-ils toujours, en flairant odeur du muse, qu’ils sentent le sucha (catharte). Il est vrai que l'odeur qu’exhale le corps de ces oiseaux et la liqueur sécrétée de leurs narines, ont quelque rapport avec celle du muse, mais désagréable et nauséabonde. Autant les cathartes sont dédaignés ou regardés avec indifférence, en ce qu'ils ne nuisent en aucune manière aux habitans, à qui même, comme nous l'avons dit, ils épargnent, dans les villes, la peine d’enlever les immon- dices; autant les sarcoramphes s’en font redouter, en portant souvent la terreur et le ravage parmi les troupeaux et dans les basses-cours. Ils compro- mettent constamment les intérêts des agriculteurs, et les embarrassent beau- coup, en les obligeant à une surveillance d'autant plus active, qu'ils sont plus promptement réunis par bandes, dès qu'une proie commune les attire dans un même lieu; sociables alors, mais alors seulement, sauf à se disputer, plus tard, le fruit de leur conquête; car chez eux, comme chez tous les bri- gands, la part du plus faible est toujours confisquée au profit du plus fort. Point de distinctions d’espèces dans ces associations dévastatrices. Tous les membres de la famille, y compris même les caracaras, s’'acharnent sur la même curée. [ls mangent alors avec tant de voracité, que leur jabot devient Oiseaux proie. ——— (16) Oiseaux Saillant après leur repas, qu'ils ne volent plus qu'avec peine, obligés qu'ils s.* sont de parcourir un assez grand espace de terrain avant de reprendre leur essor, ce qui même cause la mort de beaucoup d’entr'eux, surtout de beau- coup de sarcoramphes, les habitans saisissant ce moment pour les poursuivre, et les atteignant alors sans peine. Le catharte aura est le seul qui n'ait point à souffrir de son avidité dans cette circonstance. Tous ne volent pas de la même façon; mais, généralement, leur vol est très-prolongé. On les voit, pendant plusieurs heures, planer, en suivant la lisière des bois, ou les sinuosités des montagnes et des vallons, ou tour- noyer à une grande hauteur; puis, dès qu'ils sont repus, rester des journées entières perchés, soit au faite d’une maison, soit sur un arbre, soit dans les anfractuosités d’un rocher ou d’une falaise. Là, le col enfoncé dans les épaules, le corps presque horizontal, ils font la digestion, ou attendent la fin de l'orage, si le mauvais temps est le motif qui les oblige à s'arrêter. Ils marchent par sauts, et rarement à pas lents, comme les caracaras. Leur vue est au moins aussi perçante que celle des falconidées; car ils distinguent une proie et se laissent tomber dessus, bien que perdus au sein des nuages, à une hauteur telle qu'on ne saurait quelquefois les apercevoir; et nous supposons que leur odorat n’est pas moins fin, car ils paraissent flairer, au milieu d’un bois, telle proie que l'épaisseur du feuillage dérobe à leur vue. Nous les avons vus aussi sentir, d'assez loin, un corps caché sous terre, et dont leur odorat pouvait seul leur révéler Pexistence. Leur cri, géné- ralement, est rauque et désagréable; mais ils ne le font entendre que lorsqu'ils se disputent une proie, ou dans les querelles amoureuses. On ne les voit par paires qu’au temps des amours; ils dépouillent alors momentanément leur égoïisme naturel. La femelle pond, d'ordinaire, deux à trois œufs, jamais plus, et rarement moins de deux, toujours couvés par la femelle seule; mais, des que les petits sont nés, le père et la mère, devenus de tendres parens, se partagent leur éducation. Tous sont couverts, dès le premier âge, d’un duvet blanchâtre, long et doux, qu'ils ne perdent que lentement. Les Américains indigènes, naturalistes par instinct, savent bien distinguer, pour quelques-uns, les caractères génériques qui réunissent telles ou telles espèces ou les rapprochent de telle autre. Ainsi, par exemple, les Guaranis désignent tous les vulturidées par le nom générique d’iribu'; et, en leur 1. Ce mot, qui s'écrit tribu, suivant le dictionnaire guarani, doit se prononcer urubou, en donnant aux & un son guttural intermédiaire entre le son de cette lettre et celui de li. (17) donnant, de plus, un nom distinctif d'espèces, les Indiens Chapacuras de oiseaux Moxos leur conservent le nom générique de Motojo; tandis que les Mucho- a jeones de Moxos font entrer, dans la composition des noms spécifiques , une radicale, par exemple, celle d'Z, comme dans Zsevi, I-chan, l-ochere. N en est de même des Moxos pour la radicale n5, dans ni-cuya, ni-quetzo, ni-reech. Gevre SARCORAMPHE, Sercoramphus, Duméril. Comme nous l'avons déjà vu, ce genre n’est composé que de deux espèces, toutes deux exclusivement américaines. Les oiseaux qu’il rassemble sont si connus, qu'il nous paraît inutile d’en reproduire ici les caractères géné- riques, dont les principaux sont la présence de caroncules et de crêtes charnues. Temminck réunit sous le nom de Cathartes d'Illiger , les Percnoptères, les Cathartes et les Sarcoramphes ; il les divise en deux séries, selon leur distri- bution géographique, mettant, dans la première, les Cathartes et les Sarco- ramphes, qui sont des espèces américaines; et, dans la seconde, les espèces de l’ancien monde. Nous ne sommes pas de son avis, et nous croyons pouvoir conserver les deux genres déjà établis de Cathartes et de Sarcoramphes. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dans un mémoire de généralités sur les oiseaux ’, distingue, avec raison, le Condor des Sarcoramphes, en en formant, sous le nom de Gryphus, un sous-genre caractérisé par plusieurs rapports de formes et de taille, et surtout par la position du pouce, placé si haut qu'il peut à peine toucher à terre. SARCORAMPHE CONDOR , Sarcoramphus gryphus, Lin. Sarcoramphus cuntur, Duméril; Vultur gryphus, Humboldt, Zool. pag. 31, pl. 8, 9; Temm. pl. 133-408. Sarcoramphus caruncul& verticali , oblongä , integrä; gul& nudd, torque albo, reliquo corpore ex atro cinerascente. Humb. Le condor a été trop bien décrit par MM. de Humboldt et Temminck, pour qu'il soit besoin de le décrire de nouveau. Cet article se réduira donc, quant aux caractères, à quelques éclaircissemens qui nous paraissent indispensables sur les divers âges de l'animal; et, quant à ses mœurs, à tous les renseignemens que nous avons pu obtenir, pendant cinq années de séjour aux lieux qu’il habite. 1. Mémoires de l’Académie des sciences (savans étrangers), tom. III. IV. Ois. QI Oiseaux de proie. (18) Le mâle adulte seul porte la crète; la femelle en est toujours dépourvue, ainsi que des plis du cou. Les jeunes, au sortir de l'œuf, sont couverts d’un duvet long et frisé, que M. de Humboldt compare avec raison à celui des jeunes chouettes. Ce duvet, qui couvre également les jeunes de toutes les espèces de sarcoramphes et de cathartes, se maintient quelques mois. Il est gris-blanc dans le condor et bientôt recouvert de plumes d’un brun noiràtre, qui conservent deux ans cette teinte, d’ailleurs plus ou moins foncée. La seconde année, à l’époque de la mue, qui précède l’époque des amours, les plumes repoussent un peu plus noires, sans montrer encore la tache blanche des rémiges. La collerette blanche commence à paraître dès cette époque, et non pas, comme on l’a dit à M, de Humboldt, seulement la troisième année, Il est vrai qu’elle est alors étroite. Le mâle n’a pas encore de crête charnue et ne commence à la prendre que la troisième année, époque à laquelle la collerette devient touffue et aussi belle qu'elle doit l'être tout le temps de la vie de l'animal. C’est à cette même époque que les plumes, d’abord d’une couleur partout uniforme, commencent à blanchir aux rémiges; nous disons, commencent, parce qu’au dire des habitans, les condors ont d'autant plus de blanc qu’ils sont plus vieux. C’est cette tache blanche qui a fait dire à Garcilaso de la Vega! qu'ils étaient noir et blanc, par pièces, comme les pies. Nous avons remarqué que toutes les figures données jusqu’à présent ont outré la couleur des parties charnues, en les faisant beaucoup trop rouges. La crête est ordinairement noirâtre, et le bas du cou de couleur livide. Il serait inutile d'augmenter le nombre des discussions déjà publiées par les auteurs sur la véritable taille des condors, qu’on peut voir, d’ailleurs, tous les jours au Jardin des plantes. Nous nous contenterons de dire que ceux que nous ayons mesurés dans le pays n'avaient pas plus de trois mètres d’envergure. Nous en avons mesuré sur les Andes et sur la côte de la Patagonie, et tous approchaïent plus ou moins de cette taille. Leur longueur ordinaire est d’un mètre vingt-cinq à trente centimètres. Parmi ceux que nous avons mesurés sur les Andes et dans les régions australes, nous n’avons observé aucune différence de taille notable, quoique MM. Temminck et de Humboldt disent, d’après les voyageurs, que ceux du Chili doivent être plus grands. La femelle du condor est un peu plus grande que le màle, ce qui est vrai de presque tous les oiseaux de proie; mais nous avons cru remarquer que la différence est moins sensible dans cette espèce que dans toutes les autres. Nous ne voyons donc plus ces géans des oiseaux du nouveau monde, décrits avec tant d’exagération par le père Acosta?, qui dit qu’ils sont de force non-seulement à ouvrir un mouton, mais encore à manger un veau; où par Garcilaso de la Vega, contant, avec son ingénuité ordinaire, que deux condors attaquent une vache et un taureau et les mangent, et qu'ils ont tué des jeunes gens de quinze à seize ans; ou par Desmarchais, enfin, qui prétend que le condor enlève un cerf. Cette taille et cette force si exagérées, 1. «Son blancos y negros à remiendos como las urrucas.” Comentario real de los Incas. 2. Lib. IV, cap. 37. (19) et auxquelles a donné crédit le témoignage de tant d’auteurs, nous les ramènerons à leur Oiseaux juste valeur, comme l’a déjà fait M. de Humboldt. Elles ne sont pas au-dessus de celles ne du vultur barbatus où Läümmergerer. Le condor exhale, comme tous les vautours, une forte odeur de chair en putréfaction, qu'il faut, sans doute, attribuer à son genre de nourriture. Aucun des auteurs qui ont parlé de cet oiseau si célèbre, n’a signalé cette particularité, que nous croyons nécessaire de citer, parce que toutes les espèces n’exhalent pas, au même degré, cette odeur nauséabonde. M. de Humboldt, qui n'avait vu le condor que sur les montagnes, dit 1 :, Le condor, « comme la Ilama, la vigogne et l’alpaca, et plusieurs plantes alpines, est particulier à la « grande chaîne des Andes. La région du globe qu’il paraît préférer à toute autre, est celle « qui s’élève de 3,100 à 4,900 mètres de hauteur. Chaque fois que nos herborisations « nous ont menés jusqu'aux neiges perpétuelles, nous avons été entourés de condors. ” Quelque respect que nous professions, en général, pour les opinions de ce grand observateur, il nous est impossible de les adopter ici sans réserve. Il est bien certain que les condors habitent les hauteurs des Andes où paissent les Ilamas et les vigognes, mais nous ne croyons pas que cette zone soit leur zone spéciale d'habitation; nous ne croyons pas non plus que la chaîne des Andes soit seule habitée par eux; car nous en avons rencontré un grand nombre sur toute la côte de l’océan Pacifique et sur celle de l'océan Atlantique, au bord de la mer, à la côte de Patagonie, où les montagnes les plus voisines sont encore éloignées au moins de cent lieues, et où il est très-sûr qu'ils vivent, nichent et demeurent habituellement. Il est vrai qu’on peut supposer que les familles que nous vimes sur le bord des falaises de la côte ont pu pousser peu à peu leurs migrations du sud vers le nord, en allant des montagnes du détroit de Magellan à l'embouchure du Rio Negro de Patagonie. Par les mêmes raisons, nous ne croyons pas que les condors préfèrent une zone élevée à celle du niveau de la mer; car ceux de Patagonie sont tout aussi gros et tout aussi bien portans que ceux des Andes; et, de plus, nous en avons vu si souvent sur toute la côte du Pérou, surtout à Arica, planer, toute la journée, le long de la côte, en cherchant à découvrir des animaux morts rejetés par les vagues; nous en avons vu si souvent coucher sur les roches avancées de la colline dite Horro d’Arica, que nous les croyons susceptibles d’habiter également la zone la plus froide et le sol brülant des côtes de la mer, au Pérou. Il est probable que les hauteurs que visitait M. de Hum- boldt étaient voisines d'habitations ou de troupeaux; car nous n’avons jamais rencontré de condors sur le sommet des Andes, sans que l’une ou l’autre de ces deux circonstances les y attirât. Nous croyons donc devoir assigner aux condors une plus ample extension de limites, tant en latitude qu’en hauteur, et leur donner, en latitude, depuis le cap Horn (56.° degré de latitude sud?) jusqu’au 8.° degré de latitude nord, dans les parties élevées des Andes, ou sur leur versant ouest, sur la totalité du territoire du Pérou, de la Bolivia 1. Zool., pag. 36. 2, Le capitaine Middleton l'ayant rencontré dans le détroit de Magellan, la description qu’il en donne dans l'ouvrage de Shaw, Museum leverianum, vol. IE, pag. à (Lond. 1796), qui a étonné ( 20 ) Oiseaux et du Chili, et depuis le niveau de la mer, où ils nichent et séjournent, jusqu'aux régions de proie. glacées des Andes; car nous les avons vus souvent disparaître à nos yeux, étant déjà nous-même à plus de 4,700 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Le condor est, sans contredit, de tous les oiseaux celui dont le vol est le plus élevé. Nous l'avons vu jusqu'au niveau du sommet de lflimani, qui a 3,753 toises de hauteur, tandis qu’à la hauteur de 18,000 pieds, l’homme ne peut résister à la raréfaction de l'air, qu'autant qu'il est né sur ces plateaux élevés des Andes. À l’est des Andes, le condor ne va que jusqu’à leurs derniers contreforts, c’est-à-dire le long du rameau oriental de la Cordillière orientale jusqu’à Cochabamba, et mème quelquefois jusqu’au commencement des plaines de Santa-Cruz de la Sierra; mais, comme, de là, aucune chaîne de montagnes ne réunit les Andes aux premières chaines de la province de Chiquitos, il ne passe pas cette limite, et ne peut se rencontrer sur les montagnes du Brésil. Nous croyons que plusieurs autres motifs influent, plus que la latitude et la hauteur, sur la préférence que donne le condor à certains lieux. Son genre de vie loblige à choisir, pour asyle, des terrains couverts de rochers ou de falaises, parce qu’il ne se perche jamais sur les arbres, et qu’il lui faut non-seulement des points eulminans d’où il puisse découvrir autour de lui la campagne, mais aussi des anfractuosités, qui lui servent de perchoir, et qui le garantissent de la pluie; aussi ne descend-il ni dans les Pampas de Buenos-Ayres, quoiqu'il habite les montagnes qui les bornent à l’ouest, ni au milieu des forêts, ni même au milieu des montagnes boisées, où les branches le géneraient. Le condor habite donc spécialement soit les montagnes sèches ou seulement peu boisées, soit les côtes maritimes où les falaises escarpées remplacent les montagnes. On ne doit cependant pas croire qu'il habite toutes les montagnes ou tous les lieux élevés dépourvus de verdure. Il faut qu'il y soit attiré par de paisibles troupeaux appartenant à l'homme, comme ceux de brebis, de Ilamas ou d’alpacas , ou par beaucoup d’animaux sauvages, réunis en troupe. De là le grand nombre de condors qui suivent les côtes où se réunissent habituellement beaucoup de loups marins, comme celles du Pérou, et même celles de la Patagonie, toujours couvertes d’otaries et de phoques. Où il n’y a point de loups marins, il n’y a plus de-condors; ou bien on les voit, comme au Pérou, soit planer sur les détours des Andes, soit les parcourir d’un vol rapide, afin d’y chercher les petites troupes isolées, seuls restes de la destruction générale des vicuñas et des guanacos, dont la disparition graduelle entraîne celle des condors, qui, pour celte raison , se tiennent de préférence aux environs des lieux habités et sur les routes. À la différence des cathartes, qu’on voit, en tous lieux, par centaines, le condor s’isole tout le temps qu’il chasse, et ne se réunit guère à d’autres oiseaux que pour prendre sa part d’une pâture commune. On en voit cependant, quelquefois, deux ensemble se reposer dans le même creux de rocher. M. de Humboldt, parce qu’il indiquait les pieds blancs, n’a pourtant rien d’extraordinaire; ceux que nous avons vus en Patagonie les avaient blancs aussi, parce qu’ils étaient couverts d’une matière étrangère blanchâtre. (21) Le condor est assez paresseux. Après avoir passé la nuit dans une crevasse de rocher ou Oiseaux de falaise escarpée, la tête enfoncée dans les épaules, ce qui lui donne un air sournois, ns il s’éveille à l’aube du jour, secoue deux ou trois fois la tête, attendant, assez souvent, le lever du soleil pour quitter son gite, surtout s’il n’est pas pressé par la faim; s'incline au bord du rocher, en agitant ses vastes ailes, comme s’il balançait à partir; les déploie enfin , et s’élance dans l’espace. Il ne prend que difficilement son essor, et ne s’envole pas horizontalement, ainsi que beaucoup d’autres oiseaux. On le croirait d’abord peu sûr de sa marche aérienne; car il commence par décrire un are de cercle, en cédant à son propre poids; mais reprenant de suite son majestueux élan, les ailes arrondies, les rémiges écartées les unes des autres, il se joue dans les airs avec aisance, sans paraître éprouver la moindre fatigue. Par des mouvemens oscillatoires1 peu sensibles, il imprime à son vol toutes les directions imaginables; il suit gracieusement toutes les sinuosités du terrain qu'il parcourt; il monte et descend , toujours rapide; tout à l'heure, abaissé jusqu’à raser le sol; perdu, maintenant, dans les nues; mais que, du haut des airs, une proie vienne frapper sa vue perçante; alors il se précipite ou plutôt se laisse tomber sur elle, égal en promptitude à la flèche, avec une circonstance que signalent soigneusement les anciens auteurs : {Quand il descend, dit Garcilaso de la Vega ?, il fait un si grand bruit « qu'il étonne. Cuando bajan, cayendo de lo alto, hacen tan gran sombrido que « asombra;” circonstance des plus vraies, en effet; car nous avons nous-même, plus d’une fois, éprouvé cet étonnement, dont parle Garcilaso de la Vega; mais, dans laquelle circonstance, pourtant, on ne pouvait, sans risquer d’être démenti par les voyageurs, voir, ainsi que l'ont fait plusieurs écrivains, un des caractères généraux du vol du condor. En tout autre cas, le vol du condor est peu bruyant. Le condor, seul, parcourt successivement les côtes, afin d’y chercher les animaux de tout genre que la mer rejette, ou bien les environs des lieux habités et les détours des chemins, afin d’y recueillir des restes d’animaux, jetés par l’homme; et quand il n’a rien trouvé, il se pose sur un pic ou sur une pointe de rocher voisine des troupeaux, et attend là qu'une brebis ou une Ilama s’éloigne de la troupe, pour mettre bas son petit. Alors, si les bergers ne sont pas en mesure de défendre le jeune animal, le condor prend son vol; et, tournoyant, à une grande hauteur, au-dessus de la pauvre bête, il attend qu’elle ait mis bas, fond sur elle, non pour lattaquer elle-même, mais pour s’acharner sur son placenta, et tuer ensuite le jeune animal, en le déchirant par le cordon ombilical; et, si le berger n’accourt pas promptement pour lui faire lâcher sa proie, l’avide oiseau , dans un instant, a, malgré les efforts de la pauvre mère, dévoré les entrailles du petit. Nous avons remarqué que s’il se trouve quelque animal déjà attaqué par un condor, dans un lieu où l’on n’en aperçoit aucun autre, il s’en présente sur-le-champ plusieurs, sans qu’on puisse imaginer d’où ils viennent. Nous 1. Stevenson, Voyages en Araucanie, etc., trad. franç., tom. IT, pag. 9, est l'auteur qui a le mieux décrit le vol du condor; il n’en est pas de même de ses mœurs. 2. Comentario real de los Incas, pag. 290-2. (2) Oiseaux avons été témoin d’une de ces scènes sanglantes, dans un voyage d’Arica à Tacna, sur de proie. la côte du Pérou. C’est un trajet de onze lieues sans eau, au milieu d’un désert de sable brûlant que la pluie ne rafraichit jamais, et dont la poussière salée fait encore plus sentir la sécheresse. Des troupes de mules et d’ânes pesamment chargés parcourent incessamment le pays; et les ânes qui, à, plus qu'ailleurs, sont les souffre-douleurs des habitans, le traversent, allée et retour, sans qu’on les ménage le moins du monde, le plus souvent sans qu'on leur donne à manger; aussi en meurt-il beaucoup, dont on voit les cadavres desséchés, disséminés sur la route. Quand, dans une de ces caravanes, un âne vient à se fatiguer, on l’abandonne, sauf à lui à regagner, s’il ne meurt de soif, son habitation ordinaire. Un de ces pauvres animaux, ainsi abandonné, n’en pouvant plus, se coucha sur la route, prêt à rendre le dernier soupir. Des urubus s’en approchèrent de suite, et venaient lui donner quelques coups de bec, peu redoutables pour le mourant; mais bientôt un condor, qui avait aperçu cette lutte du haut des airs, fondit sur cette proie, que lui abandonnèrent à l’instant les urubus, restés à quelques pas en arrière, et attendant, sans doute, avec impatience la fin du repas du condor, dont ils n’osaient approcher. Ce premier condor ne tarda pas à se voir suivi d’abord de deux, et, bientôt après, de sept à huit autres, qui, s’acharnant à l’envi sur leur victime, lui déchique- taient de leur bec tranchant, ceux-ci les yeux, ceux-là les parties génitales, et le délivraient ainsi, promptement, d’un reste de vie, que tant de douleurs devaient lui rendre bien pénible. Nous nous approchàmes de l'âne; et, alors les condors se retirèrent, à une courte distance, sur les petites collines des environs, ou planaient au-dessus; puis, dès que nous feignimes de nous retirer , ils revinrent à la charge. Une fois repus, ils s’envolent, mais non sans beaucoup de peine, ne pouvant prendre leur essor qu'après avoir long-temps couru, en battant des ailes; ou lorsqu'ils sont poursuivis, ils cherchent à se rendre plus légers, en dégorgeant une partie de ce qu’ils ont mangé. S'ils ne sont pas inquiétés, ils s’envolent, et vont se reposer dans les crevasses de quelque rocher, leur séjour habituel; et là, comme on l’a vu plus haut, ils font tranquillement la digestion, la tête enfoncée entre les deux épaules. Quand un condor n’a pas trouvé de proie, il chasse jusqu’à la nuit tombante, et ce n’est qu’au commencement du crépuscule qu'il regagne son repaire. Îl supporte patiemment la faim pendant plusieurs jours, mais se dédommage amplement de ses privations, lorsqu'il trouve une proie facile. Garcilaso de la Vega avait dit, dès le commencement du 17. siècle, que «le condor « n’a pas de serres, comme les aigles, et qu'il a les pieds semblables à ceux d’une « poulet” Ce témoignage si positif et d'autant plus digne de foi qu’il émane d’un auteur péruvien, généralement bien informé, n’a pas empêché tous les écrivains plus modernes de donner à l'oiseau des mœurs qui n’appartiennent qu'aux falconidées. Stevenson, par exemple, prétend que 4 le condor tombe sur sa proie, et que, si c’est 1. Comentario real de los Incas, pag. 290 -2. (23) « un agneau, ou tout autre petit mammifère, 1l l'emporte avec ses serres sur quelque Oiseaux « montagne voisine. ! ” M. de la Condamine?, antérieurement à Stevenson, avait été es imbu de cette erreur, dans laquelle est aussi tombé notre grand voyageur, M. de Hum- boldt, dont la réputation européenne n’a, d’ailleurs, rien à craindre de la vérité. Il parle souvent de la force des serres du condor. Il va jusqu’à dire que « deux condors « se jettent, non-seulement sur le cerf des Andes, sur le petit lion Puma, ou sur la « vigogne ou guanaco, mais même sur une génisse; ils la poursuivent si long-temps, « la blessant de Zeurs griffes où de leur bec, que la génisse, essoufflée et accablée de « fatigue, étend la langue en mugissant.5 ” Le condor a des ongles longs, il est vrai; mais ces ongles, qu’il n’emploie qu’à soutenir son corps, sont généralement usés, parce qu'il ne se pose que sur les rochers; et, comme l’a judicieusement remarqué M. Tem- minck, ne peuvent lui servir à saisir quelque proie que ce puisse être. Nous ajoutons qu'il ne pourrait pas même s’en aider pour la manger. Il ne fait véritablement usage, à cet effet, que de son terrible bec, avec lequel il la déchire et la dépèce, en tirant forte- ment sur la portion saisie. Nous ne croyons pas non plus que le condor puisse attaquer des brebis, des cerfs et des Ilamas, et moins encore des génisses. Les habitans américains, amis du merveilleux pour tout ce qui concerne leur pays, inclinent toujours à exagérer les choses. Nous pouvons assurer que le condor n’attaque jamais un animal adulte, ne füt-il que de la taille du mouton, à moins que cet animal n’expire; mais, attiré par l'appat du cordon ombilical, il attaque toujours les animaux qui naissent dans les champs. Nous pouvons assurer aussi que le condor ne chasse jamais aux oiseaux, et nous n’oserions assurer qu'il chasse même les plus faibles mammifères. Ces renseignemens nous dispensent de démentir les fables écrites sur l'attaque des enfans par des condors; et nous ne croyons pas qu’on en puisse citer un seul exemple dans le pays. IL y a plus; les Indiens chargent ordinairement, dès l’âge’le plus tendre, leurs enfans de la garde de leurs troupeaux, que ces enfans savent fort bien préserver des condors, en prenant à côté d’eux les mères en gésine, ou en emportant les nouveau- nés dans leurs bras; sans compter qu’on voit fréquemment des bambins de six à huit ans poursuivre ces énormes oiseaux, fuyant timidement à leur approche, quand, de moitié plus gros qu'eux, ils pourraient les renverser d’un seul coup d’aile et les tuer d’un seul coup de bec. Il n’est pas moins inutile de réfuter les exagérations qu’on trouve dans Acosta et dans Garcilaso de la Vega lui-même, ordinairement si exact, relativement à la force du bec du condor, qu'ils prétendent pouvoir entamer la peau d’un bœuf. Nulle part les con- dors, du moins ceux d'aujourd'hui, ne nous ont paru aussi vigoureux; et 1l n’est aucun voyageur à la côte du Pérou ou sur le sommet des Cordillières qui n’ait vu les mules et les ânes morts sur les chemins, et dont les condors avaient mangé tout ce qu'ils en 1. Voyage en Araucanie, etc., trad. franç., tom. IT, pag. 60. 2. Relation abrégée du voyage à l’'Amazone. 3. Zool., pag. 41. Pen pouvaient saisir, entamés seulement au ventre, autour de l’anus et de la bouche, tandis ue proie. que le reste de la peau avait séché sur les chairs, sans avoir pu être dépecé par les ——— condors. Comme le roi des vautours et les cathartes, le condor mange de tout ce qui est animal. Nous l'avons vu se nourrir de mollusques, quoique ce soit là son dernier aliment. Il mange tous les animaux morts, sans exception, les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les poissons, ne manifestant quelque prédilection que pour la chair des mammifères. [| mange jusqu’à des excrémens quand la faim le presse. Les condors ne sont rien moins que familiers; ils fuient, de très-loin, l'approche de l'homme; et, si ce n’est en Patagonie, où, voyant des hommes peut-être pour la première fois, ils nous laissèrent passer à cent cinquante ou deux cents mètres au-dessous de leur habitation, nous n'avons jamais pu approcher un condor d’assez près pour le tirer, sans nous cacher dans le voisinage d’une proie présentée à son avidité, afin de le surprendre; différant beaucoup en cela des autres vulturidées d'Amérique, des urubus surtout, qui vivent, pour ainsi dire, avec les habitans. Il serait difficile d'apprécier au juste la véritable durée de la vie d’un condor; mais, si nous en croyons les indigènes, sa longévité surpasserait de beaucoup celle de tous les autres oiseaux. Les Indiens nous ont assuré en revoir encore, de temps à autre, quelques-uns, marqués par leurs pères, il y avait plus de cinquante ans, de certains signes particuliers. Le lecteur sent avec nous que le fait même et sa preuve auraient ici besoin, l’un et l’autre, d’une vérification plus désirable qu’aisée à se procurer; mais, ce qu’il y a de certain, c’est que les condors multiplient peu, et que, comparés aux cathartes, ils sont toujours en petit nombre. Les condors ne font point de nids; ils se contentent de choisir, dans les rochers, ainsi que nous-avons pu le reconnaître, en parcourant les falaises de la Patagonie, des concavités assez larges pour recevoir leurs œufs, préférant toujours, pour faire leur ponte, les points inaccessibles, moins par leur élévation que par l’àpreté de leur pente. Le condor femelle pond deux œufs, de dix à douze centimètres. Les naturels nous les ont dits blancs; mais un fragment que nous en avons vu nous ferait croire que, comme pour l’œuf de laura et de l’urubu, le blanc est couvert de taches espacées d’un brun rougeätre. C’est surtout de Novembre en Février qu'a lieu la couvée. Les couples, alors, s’éloignent encore davantage des lieux habités, pour chercher un emplacement propice. Les habitans nous ont assuré que la femelle couve seule, ce qui nous parait difficile à croire, parce qu’en des régions quelquefois froides et sans arbres, le petit aurait le temps de périr dans la coquille. En tout cas le mâle et la femelle s'occupent, de con- cert, du soin de nourrir les jeunes condors, en dégorgeant dans leur bec les alimens qu'ils ont pris eux-mêmes. Les jeunes grandissent assez lentement, et peuvent à peine voler au bout d’un mois et demi. Ils suivent long-temps encore le couple, qui les guide dans leurs premières chasses; mais le plus long terme de leur éducation ne passe jamais quelques mois; et, dès ce moment, on voit les jeunes condors s'isoler de leurs parens, et chercher eux-mêmes à pourvoir à leur nourriture. Plus voraces alors (25) que les vieux, mais moins prévoyans et moins défians, parce qu’ils ont moins d’expé- Oiseaux rience, ils tombent plus facilement dans les embüches des chasseurs; aussi tue-t-on Es souvent de jeunes condors et rarement des condors adultes. Les condors nuisent beaucoup aux troupeaux, en tuant les animaux nouveau-nés ; c’est pourquoi les habitans actuels leur font une guerre d’extermination et mettent en jeu, pour les détruire, beaucoup de ruses différentes. La plupart du temps, ils les guettent, cachés près d’un lieu garni par eux d’un appät propre à les attirer, et les tuent à coups de fusil; ou bien, attendant qu'ils soient repus, ils les poursuivent à cheval, les enveloppant, le plus souvent, de leur terrible /4:0; d’autres fois, enfin, ils les surprennent, gorgés de nourriture, dans un cercle étroit de palissades formé d'avance autour de la proie tentatrice, et les assomment à coups de bâton, sans qu’ils puissent fuir, faute d’espace, ni s'envoler, par suite de la gloutonnerie qui vient appesantir leurs ailes en surchargeant leur estomac. Nous n’avons pas entendu parler de la chasse décrite par Molina: : selon cet auteur, un homme se couche sur le dos, affublé de la peau d’un bœuf fraichement égorgé; le condor, trompé par l'aspect de cette peau, qu'il prend pour un animal mort, s’en approche, afin de le manger. L'homme, dont les mains sont armées de gants, saisit alors l'oiseau par les pattes, et d’autres chasseurs viennent promptement l’assommer. Nous croyons qu’on a trompé M. de La Condamine? en lui garantissant qu’on emploie, pour attirer le condor, une figure d’enfant pétrie d’une argile très-visqueuse, où l'oiseau vient engager ses serres. C’est une suite de l’erreur consacrée, que le condor se sert de ses ongles. Comme tous les oiseaux de proie, en général, le condor a la vie très-dure; mais les habitans tombent quelquefois, à cet égard, dans une exagération pareille à celle d’Ulloaÿ, qui prétend que le tissu des plumes du condor est si serré que la balle n’y pénètre pas, et ajoute même qu’on lui a tiré de huit à dix coups de fusil de suite sans lui faire du mal, les balles renvoyées par les plumes rebroussant vers le chasseur. Ce fait n’a pas besoin de réfutation. Nous avons tué des condors, et de très-loin, non-seulement avec des balles ordinaires, mais encore avec de petites balles ou plomb n.” 0, des chasseurs. Néanmoins le condor, étant plus grand et plus fort qu'aucun autre oiseau de proie, doit nécessairement être plus difficile à tuer; aussi vole-t-il long-temps encore, avant de tomber, même après avoir été grièvement blessé. Nous avons acquis la certitude que le condor est très-difficile à mettre à mort par telle autre voie, celle, par exemple, de la strangulation. Oserons-nous avouer qu’après en avoir blessé un d’une balle, sur la côte de la Patagonie, nous voulûmes l’achever de cette manière, et ne pümes y parvenir qu'après une heure des plus pénibles efforts? Cette 1. Essai sur l’histoire naturelle du Chili, trad. franç., pag. 249, 2. Relation abrégée du voyage de PAmazone, pag. 171. 3. Noticias americanas, pag. 158, . 18. IV. où. 4 (26) Oiseaux observation est applicable, et plus directement encore, aux oiseaux de mer, comme proie, les albatrosses. Le nom du condor vient peut-être de cuntur, mot par lequel les anciens auteurs le désignent; et M. de Humboldt fait dériver cuntur du verbe quichua cuntunii qui signifie exhaler une bonne odeur, sentir bon. Nous ne sommes pas de son avis. Dans la langue quichua ou des Incas, quand on veut parler de choses qui ont une bonne odeur , on se sert, en effet, de la radicale cuntun ou cuntuy; mais quand, au contraire, on veut désigner des choses de mauvaise odeur, on emploie la radicale aznak, aznay. Or ne pouvant, en conscience, admettre que les Quichuas eussent l’odorat assez dépravé pour trouver une bonne odeur au condor, nous ne croyons pas trop nous écarter de la vérité en tirant le mot cuntur de conturi, nom du condor dans la langue aymara?, que nous croyons antérieure à celle des Quichuas, qui pourrait bien lui devoir son origine; à moins qu’on ne veuille expliquer cette sorte d’anomalie étymologique par une anti-phrase analogue à celle dont usaient les anciens Grecs, en donnant à leurs furies le nom d’Æuménides, qui veut dire douces. Les Indiens Araucanos du Chili et des Pampas, du sud de Buenos-Ayres, nomment le condor mauké; les Puelches, qui habitent du 39.° au 41 degré sud, le nomment chanana, et les Patagons ou Tehuelches, de l'extrémité la plus méridionale du continent américain, le nomment Auirio. Les Espagnols le nomment bwytre, appellation par laquelle ils désignent les vautours d'Europe. H nous reste à considérer le condor sous un point de vue tout à fait neuf, ou qui n'a été, du moins, que partiellement indiqué par les anciens auteurs espagnols de l'histoire du Pérou. Nous voulons parler du rôle qu'a joué cet oiseau dans les anti- ques superstitions religieuses des grandes nations Quichua et Aymara. Il est curieux, sans doute, de voir un oiseau de proie révéré dans les deux vastes empires du Mexique et du Pérou, tandis que les vieux Aztèques faisaient, de leur côté, jouer un si grand rôle mythologique à leur cozcaquauthli, qui paraît être la grande harpie, et non pas le vultur papa, comme on l'a cru jusqu’à présent. Il est curieux aussi de retrouver des traces de ladoration du condor bien avant l’époque des Incas, et peut-être même avant celle des Aztèques. Garcilaso de la Vega dit5 vaguement, en parlant des diverses religions antérieures aux Incas, que quelques nations adoraient le condor à cause de sa taille, et parce qu'elles se glorifiaient d’en descendre. Ces traditions ne s'étaient, sans doute, conservées que par oui-dire, et sans qu’on désignät la nation à laquelle on pouvait les rapporter. I dit encore, en parlant des conquêtes que fit le onzième roi des Incas, Tupac Inca 1. Vocabulario del padre Diego Goncçalez Holguin (Lima, 1608), pag. 33 et 34. 2. Vocabulario de la lengua Aymara, por Ludovico Bertonio (Juli, 1612), pag. 52. C'est, peut- être, de tous les ouvrages de ce genre, le plus curieux sous le rapport bibliographique; car il est le seul livre imprimé par un Jésuite dans un petit village du sommet des Andes. 3. Comentario real de los Incas, pag. 12-2. (27) Fupanqui, que, quand ce prince pénétra à l’est de Cajamarca , au 6. degré sud, chez la Oiseaux nation Chachapuya, cette nation avait le condor pour principal dieu. Enfin, parlant R A des offrandes des chefs ou curacas à l'Inca, lors de leur visite, à l’occasion de la grande fête annuelle du soleil, appelée Raymi?, il dit que les Indiens donnaient à l’Inca beaucoup d'animaux, parmi lesquels on remarquait des condors. Dans cette même fête, où les Indiens se déguisaient de diverses manières, on en voyait quelques- uns se présenter avec des ailes de condor attachées aux épaules, comme prétendant descendre de cet oiseau 5. Nous avons vu les mêmes images se reproduire dans les déguisemens des Indiens Aymaras de la Paz (Bolivia) , lors des grandes fêtes du catholi- cisme, par exemple, le jour de la Saint-Pierre et de la Fête-Dieu. Il est assez singulier que les Indiens Aymaras aient conservé jusqu’à nos jours le goût de ces scènes bur- lesques, qu’ils représentaient lors des anciennes fêtes du soleil; mais il l’est plus encore que cette coutume se soit maintenue chez un peuple qui, dès les premiers temps de son histoire, que nous rappellent seuls aujourd’hui les monumens de Tiaguanaco, sur le lac de Titicaca, était sous l'empire d’idées religieuses, dans lesquelles le condor entrait pour beaucoup. En effet, sur des statues colossales, sur des portiques mono- lithes, nous avons trouvé partout des figures de condor, tantôt entières et tenant un sceptre, pour représenter allégoriquement les messagers du soleil, tantôt par fragmens, soit que les ailes de l'oiseau s'adaptent aux épaules des rois qui viennent rendre hommage à l’astre dominateur, soit que sa tête orne la couronne même ou le sceptre du dieu; sa tête prodiguée, d’ailleurs, dans toutes les sculptures de ces temps reculés, que nous croyons de beaucoup antérieurs au règne des Incas, regardés par nous, non sans quelques raisons, comme les derniers rejetons des Aymaras, cette nation brillante, bien plus avancée dans les arts que ne l’ont été depuis les Incas eux-mêmes. 4 Les Incas regardaient aussi le condor comme l’animal le plus noble, sans quoi ils ne se seraient pas représentés sous cet emblème, comme nous le voyons dans l’histoire de Viracocha, leur huitième roi 5, qui, après la mort de son père Yahuar Huacac, fit, au lieu même où son père s’était lèchement retiré, lors de l’attaque des Chancas, sculpter, sur une très-haute pierre, deux condors, l’un, les ailes fermées, la tète basse et enfoncée entre les épaules, comme s’il se cachait, et le bec dirigé vers le sud ou Co/lasuyo , tour- nant le dos au Cuzco; l’autre, le bec tourné vers la ville, l'air fier, les ailes éployées, comme s'il fondait sur une proie; celui-là représentant Yahuar Huacac soustrait au danger par la fuite, celui-ci Viracocha lui-même accourant à la défense de la capitale de l'empire. L'auteur du commentaire des Incas nous apprend que ces figures existaient encore en 1580. 1. Comentario real de los Incas, pag. 264-1, sous le nom de Cassamarca. 2. Idem, pag. 139-1. — 3. Idem, pag. 196-1. 4. Voyez partie historique : Environs de la Paz. 5. Garcilaso de la Vega, Comentario real de los Incas, pag. 161-1. Oiseaux de proie. ( 28 ) Plusieurs endroits ont tiré leur nom de celui du condor. Nous trouvons, sur la route de Potosi à Oruro, la côte de Condor-apacheta (la gorge du condor), et beaucoup de dérivés, comme Cuntur-marca (la demeure du condor, etc.) dont on a fait, par cor- ruption, Cuntumasca. SARCORAMPHE PAPA, Sarcoramphus papa. Vultur papa, Lin., Gmel.; Vultur elegans, Gerini; Gypagus papa, Vieillot, Gal. pl. 3; Encycl. tom. II, pag. 1176; Bufl., Enl. 428; Zribu rubicha, Azara, n° 1; Spix, pl. 1; Cuvier, tom. II, pag. 316. Cet oiseau, qu’on a vu souvent dans les ménageries d'Europe, est assez connu pour que nous puissions nous dispenser d’en reproduire la description. Comme le dit judi- cieusement Azara!, les jeunes naissent vêtus d’un duvet blanchâtre, bientôt recouvert de plumes noiràtres, dont se pare, pendant une année, cel oiseau, non encore pourvu des belles couleurs qui doivent, plus tard, orner son cou. Cette partie est noirâtre, ainsi que la crête, alors seulement rudimentaire, assez petite, libre et tachetée. La seconde année, le cou devient jaunätre et le noir commence à se teinter en violet; la crête demeure toujours noire et peu développée; tout le corps conserve encore la couleur noirâtre. À trois ans, l'oiseau présente encore quelques tectrices noires, qui disparaissent entière- ment , la quatrième année, pour faire place au blanc rougeàtre dont cette partie se couvre dans l'adulte. L'odeur que répand le sarcoramphe papa est bien moins forte que celle qu’exhalent le condor et surtout le catharte; il est vrai qu’il est aussi moins sale dans ses goûts. Il parait répandu dans les parties chaudes des deux continens américains, commun au Mexique, en Colombie, à la Guyane, dans tout le Brésil, à l’est du Pérou et de Bolivia. Vers le sud, il pousse ses dernières migrations jusqu’au 28." degré, au Paraguay et à Corrientes, où, cependant, il devient rare; car il ne semble pas s’éloigner volontiers des tropiques. On ne le rencontre jamais, non plus, sur les hautes montagnes; à peine au 15." degré sud atteint-il la hauteur de cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer, et il ne se trouve que rarement sur quelques points voisins des plaines, sans jamais s'étendre jusqu'aux régions tempérées; d’où nous concluons que, circonscrit, pour l'Amérique méridionale, aux pays situés à l’est des Andes ou de leurs contreforts, nous croyons pouvoir garantir qu'on ne le voit jamais à l’ouest des Andes, vivant ainsi dans les lieux où le condor ne paraît pas; remarque de statistique ornithologique qui pourra n’être pas sans utilité pour la science. Le genre de vie du sarcoramphe dont nous nous occupons est tout à fait différent de celui du condor. Celui-ci, par exemple, aime les lieux découverts et dégarnis d’arbres; le sarcoramphe papa, au contraire, ne vit que sur les montagnes ou collines basses, 1. Azara, tom. III, pag. 19. (29 ) couvertes de bois, ou, plus particulièrement dans les plaines boisées, préférant à toutes Oiseaux autres localités les terrains coupés de bois et de marais. Bien loin de montrer cette x familiarité caractéristique des cathartes, il se cache toujours, ne paraît qu’à la dérobée, et fuit à l’approche de l’homme. Nous l’avons rencontré presque toujours par couples, mais si rarement, qu’on peut dire, avec raison, que son espèce est la plus rare de toutes. À peine, en effet, dans les pays qu’il fréquente le plus, en pourrait-on comparer le nombre à la moitié de celui des condors, au quinzième de celui des auras, et au centième, au moins, de celui des urubus; aussi n'est-il pas étonnant qu’on n’en voie jamais plus de quatre à cinq ensemble; encore faut-il que l’appät d’une proie commune les tente depuis quelques jours. Nous les croyons aussi moins voyageurs et plus casa- niers que les autres espèces, fait dont la campagne de San-Carlos, près de Santa-Cruz de la Sierra nous a offert un exemple frappant. Depuis la fondation de Santa-Cruz, moins soigneux, peut-être, que les Indiens des Andes, placés, d’ailleurs, au milieu de bouquets de bois où la surveillance exacte des troupeaux devient impossible, les fermiers des environs de cette ville ont beaucoup de peine à élever leur bétail, et perdent, tous les ans, un grand nombre de veaux, malgré la guerre à mort qu’ils ne cessent de faire au roi des vautours, tandis que leurs confrères n’éprouvent jamais les mêmes pertes en des lieux à peine éloignés de dix ou douze lieues; et qu’en d’autres localités de la même province, non moins favorables à la vie de l'oiseau dévastateur, les habitans n’en ont jamais vu. Ce sarcoramphe aime la lisière des bois. Il passe ordinairement la nuit sur les branches basses des arbres, assez souvent en société; et semble, en chaque endroit, adopter une place à laquelle il revient tous les soirs , à quelque distance que ses courses de la journée l'en aient porté. Il est plus matinal que le condor. Chaque matin, soit seul, soit avec sa compagne, dès que l’aurore éclaire l'horizon, il prend son essor comme lurubu, et planant surtout à la lisière des bois, il parcourt les environs, en cherchant à s'assurer, par la vue ou par l’odorat, si des jaguars ne lui ont pas laissé une proie facile et de la pàture pour la journée. Nous l'avons vu, volant au-dessus d’un bois, s’abattre tout à coup sur un cadavre, qu'il ne voyait assurément pas. S'il n’aperçoit rien , 1l plane encore d’un vol léger peu différent de celui du condor, sans jamais se laisser tomber sur sa proie, et sans tournoyer dans les airs, comme le condor et les cathartes; et, après avoir ainsi parcouru la campagne, il va, de même que le condor, au sommet d’un pie, se percher sur le faîte d’un arbre mort, voisin des troupeaux, pour attendre là que quelque vache ou quelque brebis mette bas; puis, descendant avec rapidité, il parvient souvent, malgré la mère, à saisir le petit par le cordon ombilical, et le tue. Nous avons vu une pauvre vache nouvellement délivrée, prendre son veau entre ses pattes, avec une solli- citude toute maternelle, et le défendre contre deux ou trois sarcoramphes qui n’atten- daient que le moment de s’en emparer. Les urubus, si nombreux, sont, la plupart du temps, les premiers à se réunir autour du cadavre d’un animal dont ils se disputent entr’eux la jouissance. Mais un sarco- ramphe papa vient-il à s’abattre auprès, de suite les urubus se retirent à quelques pas, Oiseaux de proie. ——— (30 ) dans la crainte de recevoir de lui des coups de bec, plutôt que par respect, comme le croient les Américains; ce qui, ainsi que nous le verrons plus tard, lui a valu, dans plusieurs des langues indiennes, le nom de roi, de chef ou de capitaine des cathartes. Son bec est au moins aussi tranchant que celui du condor, ce qui fait qu’il déchire la peau des animaux avec la même facilité. Ses pieds ne lui servent pas plus qu'au condor, pour saisir sa proie. Nous ne croyons pas, en conséquence, et nous n'avons jamais en- tendu dire aux habitans qu'il attaque d’autres oiseaux, ni même des mammifères. Le vautour papa est, peut-être, de tous les vautours le moins familier et le plus difficile à tuer sans surprise, parce que, perchant au sommet des arbres, il aperçoit facilement les chasseurs et s’envole au plus tôt. Nous n'avons jamais vu son nid; mais les Indiens nous ont assuré, comme ils l'ont fait à Don Félix d’Azara, qu'il niche dans les bois, dans les trous des gros arbres morts, et que ses œufs sont blancs. Les naturels nous ont appris aussi que le couple donne des soins très-assidus à ses petits, qu'on voit ensuite accompagner leurs parens pendant quelques mois, à l'expiration desquels ils les abandonnent; et comme, le plus souvent, ces Jeunes sont de sexe différent, ainsi que nous avons cru le remarquer pour tous les oiseaux qui ne pondent que deux œufs, ils se trouvent tout naturellement accouplés, le frère et la sœur finissant par former un ménage semblable à celui de leurs pères. Les habitans usent de tous les moyens pour les détruire, Souvent ils les tentent par une proie placée à la lisière d’un bois dans lequel ils se cachent, afin de les tuer à coups de fusil; mais la chasse la plus singulière est celle qu’on leur fait aux environs de Santa-Cruz de la Sierra. Comme ils ont l'habitude de revenir jucher, tous les soirs, sur le même arbre, les habitans cherchent à découvrir cet arbre; et, la nuit, ils montent, tout doucement, dessus, les mains garnies de gants épais, les saisissent endormis, et puis les tuent. C’est ainsi qu’on nous a dit avoir réussi à en diminuer un peu le nombre. Ils n’éprouvent point, après leurs repas, cette difficulté de voler qu’éprouve le condor à la suite des siens. | Le nom de roi des vautours, que Buffon donnait au sarcoramphe papa, lui vient, sans doute, de celui de roi des couroumous, qu’on lui donne à la Guyane française, pour le distinguer des cathartes, qu’on y désigne, nous a-t-on dit, par ce nom même de couroumous. Cette désignation se retrouve chez les Guaranis, qui le nomment iribu- rubicha , roi ou chef des iribus (cathartes). Ce nom est celui qu’on emploie au Paraguay; car les Guaranis de la section des Guarayos, qui habitent au 16." degré dans l’intérieur du haut Pérou, nomment notre sarcoramphe urubu chi?. Dans la langue des Saraveca de Chiquitos, on le nomme acaso-amooré (capitaine des oiseaux). Dans cette même province il a son nom dans chaque langue particulière. Les Chiquitos le nomment upamacaïtuch, que les Cuciguia corrompent en pumacaïich; en Guaranoca, on l'appelle nanucutu3; en Samucu, naniïecuto; en Morotoca, nanioguto, trois noms qui ont évi- demment la même racine. Les Otukès de la même province le nomment acaracapa; les 1. Prononcez wrubou-roubitcha. — 2. Pron. ouroubou-tchi. — 3. Pron. nanoucoutou. (31) Quitemocas, Auitiara; les Paunacas, chenacone; les Paiconecas, isole. Si nous passons Oiseaux de aux langues de la province de Mojos, nous trouvons quelques noms analogues à celui dioie que lui donne la nation Paiconecas, dans celui de iseyi, qu’il reçoit des Baures et des Muchojeones ; mais tous les autres noms qu’il porte dans la même province, chez les autres nations, n’ont pas d’analogie entr’eux, comme on peut le voir dans le nom de motojo, que lui donnent les Chapacuras; dans ceux de kirapupui, des Itonamas ; de rapachahua , des Cayavara; de bocota, des Iten; de puicoroa, des Pacaguaras ; de talotalo , des Movimas; de nicutuya, des Canichanas, et de chognoï, des Mojos. Les Espagnols du Pérou le nomment buytre (vautour), et ceux du Paraguay, cuervo blanco (corbeau blanc), en désignant l’urubu par un nom tout à fait contraire, emprunté à la couleur inverse de son plumage. Genre CATHARTE, Cathartes, Ulig. Cuv., Temm.; Gallinazes, Catharista, Vieillot; 7’ultur, Lin., Lath.; Percnoptères, Cuv. Linné plaçait ces oiseaux dans le genre Vautour; Vieillot en forma ses Gallinazes; mais nous croyons ne pas devoir mettre les deux espèces améri- caines dans deux genres différens, comme le fait Cuvier, dans la nouvelle édition de son Règne animal. En effet, après avoir, dans sa première édition, confondu les deux espèces sous un nom identique, il range, dans la seconde, Aura parmi les Cathartes; et l'Urubu, son bec un peu plus alongé et grêle le détermine à le placer au rang des Percnoptères, ainsi qu'il l'avait fait dans sa première édition. Comme nous trouvons une grande analogie de mœurs et même de forme entre ces deux oiseaux, nous croyons qu’il serait difficile de les séparer lun de Pautre, sans forcer un peu leurs caractères distinctifs, qui ne sont que spécifiques. CATHARTE URUBU, Cathartes urubu , Vieillot. Vultur aura, Wils, Orn. am., tom. IX, pl. 75, fig. 1; Vautour du Brésil, Buffon, Enl. 187; Vultur brasiliensis, Lath., Sp. 8; Cathartista urubu, Vieïllot, Amér. sept., pl. 13 Cathartes Jota, Ch. Bonap.; Zribu, Azara, n° 2. Cathartes toto nigro-coruscante; trunco, basiremigium albicantibus; capite, collo nudis, verrucosis , obscuro-nigris ; extremo rostro albicante; caudd brevi, æquali. Cet oiseau avait été confondu par les auteurs, sous le nom de vultur aura, avec l'espèce suivante, dont le nom est dérivé d’une langue américaine. Azara, le premier, les sépara. Vieillot adopta cette division; mais sans tenir aucun compte de l’opinion de ces deux bons observateurs, on a, pendant long-temps encore, réuni, sous un même nom, les deux espèces. Dernièrement, enfin, on a reconnu la justesse de l’observation, et l’on y a fait droit. Il est singulier qu’on ait confondu dans la même espèce deux oiseaux des plus (32) Oiseaux communs de l'Amérique méridionale, et les plus anciennement décrits par les auteurs de proie. espagnols, quand il ne s'agissait que de les voir une seule fois sur les lieux pour les distinguer toujours, en raison de la dissemblance de leur vol, de leurs mœurs, de la couleur de leurs parties charnues, ainsi que des caractères de leur bec et de leurs ailes, caractères par lesquels, plus tard, Cuvier s’est cru suffisamment autorisé à placer lun parmi les cathartes et l’autre parmi les percnoptères. Nous n'avons pas conservé le nom de jota que Cuvier donne à l’urubu, d’après Charles Bonaparte, parce que ce nom, emprunté à Molina, dans son Histoire naturelle du Chili, n’était pas destiné à l’oiseau dont nous nous occupons, ainsi qu'il est facile de le reconnaitre par sa description, mais bien aux cathartes aura; et nous croyons devoir conserver à cette espèce, comme l’a fait Lesson’, le nom de cathartes urubu, que lui avait imposé Vieillot, d’après son nom guarani. L'urubu est un des oiseaux les plus anciennement décrits; mais nous pensons que les descriptions en ayant toujours été faites sur des sujets empaillés et déformés, on n’a pas assez insisté sur la forme des parties nues. Ces parties se composent d’un grand nombre de protubérances charnues, régulières, oblongues, courtes sur le cou, mais présentant de longues lignes transversales sur le dessus de la tête. Il y en a plusieurs petites autour des yeux, surtout en avant; fermes pendant la vie de l’animal, mais peu visibles; dès qu’on alonge le cou, elles s’effacent, excepté celles qui forment la paupière, et celles-ci même disparaissent entièrement dans le sujet empaillé. Comme toutes les autres espèces, l’urubu naît avec un duvet blanc, long et frisé, qui, contrastant avec la noirceur de sa face, lui donne une physionomie des plus originales. Le duvet se recouvre peu à peu de plumes noires, qui ont encore, pendant quelque temps, une teinte brune; teinte qui ne disparaît entièrement que la troisième année. La première année, l’urubu a quelque peu de duvet sur le cou, sur lequel les rides de l'oiseau adulte ne se dessinent qu’à la troisième mue. Indépendamment de l’odeur cadavéreuse de l’urubu, il exhale aussi une très-forte odeur de muse, ce qui a fait prendre cette odeur en aversion par tous les habitans du Pérou et de la Bolivia... Avis aux commerçans qui expédient pour ces contrées de la parfumerie européenne. Les auteurs, même les plus anciens, qui ont traité de l'Amérique, parlent déjà de cette odeur. Ainsi Oviedo, dans son Histoire naturelle des Indes?, dédiée à l’empereur Charles V, décrit parfaitement l’urubu sous le nom de gallina olorosa (poule odorante), en disant de cet oiseau : Auelen como almizcle (il sent le muse). Cela est si vrai que, dans les lieux où des troupes d’urubus ont coutume de se poser, cette odeur se répand au loin, avec une force qui la rend insupportable. Nous n'avons pas reconnu pour l’urubu de zone distincte d'habitation; car nous l'avons rencontré depuis les parties les plus australes de l'Amérique méridionale jusqu’à la ligne, et nous savons qu’il se trouve dans une partie de l'hémisphère nord. Nous um EE 1. Traité d’ornithologie, pag. 27. 2. Barcia, Historiadores primitivos de Indias, tom. 1, pag. 30. (35) l'avons vu également depuis les plaines ou les rivages de la mer jusqu'aux régions les Oiseaux de plus élevées. Il est vrai qu’il ne se trouve dans ces dernières localités qu’accidentellement gaie. et de passage, n’en faisant jamais son séjour habituel. Nous dirons donc que nous avons rencontré l’urubu dans tout le Brésil, dans la république de l’Uruguay, en Patagonie, au Paraguay, au Chili, au Pérou, dans la Bolivia; et nous savons, de science certaine, qu'il se trouve dans toute la Colombie et au Mexique. Nous savons aussi qu’il pousse ses migrations beaucoup plus au nord, jusqu'aux États-Unis. Peut-être même serait-il plus logique de substituer au nom des lieux qu’il habite celui des lieux qu’il n’habite pas. Commun, par exemple, à Maldonado, dans la Banda oriental de la Plata, on s'étonne de ne plus le trouver à Buenos-Ayres, où leremplacent, pendant une saison de l’année, des troupes innombrables de mouettes. Il ne commence à redevenir commun qu’en Patagonie, ce qui a fait dire à Don Félix d’Azara qu’il ne se trouve pas au sud du Rio de la Plata. Nous croyons pouvoir attribuer sa disparition au défaut d'arbres ou de buissons dans les Pampas; car il reparaît en nombre aux approches de la Cordillière des Andes. Il disparait également et se montre peu dans les régions élevées de cette Cordillière. Nous l'avons rencontré, le plus souvent et en plus grandes troupes, en Patagonie, sur les rives du Rio Negro, près des villes du Chili, et, surtout, sur les côtes maritimes du Pérou, ainsi que dans l’intérieur des plaines de la Bolivia; mais il est rare dans les montagnes. Il est à remarquer que des familles d’urubus sont quelquefois dispersées à de grandes distances les unes des autres, comme nous l’avons reconnu dans toute la partie sud de l'Amérique méridionale, depuis le 32. degré de latitude, et dans toutes les régions élevées des montagnes, où les attire soit le voisinage d’habitations et de troupeaux, soit le voi- sinage de bois, qui manquent en d’autres localités, tandis qu’il est des régions où l’on ne saurait faire un quart de lieue sans les trouver partout. Il nous est démontré que lurubu ne fréquente point les déserts ou les grandes forêts, dont il n'aime même les lisières que lorsqu'elles sont voisines de plaines; mais, dans les campagnes habitées, on le rencontre partout, particulièrement autour des maisons, où il habite en troupes nombreuses. Rien de plus curieux que de le voir suivre les migrations des indigènes, en s’arrêtant et se remettant en marche avec eux; fait qui peut expliquer la présence de quelques-unes de ses colonies isolées en des lieux qu’il n’habitait pas avant, comme le dit Azara!, d’après le témoignage duquel il ne serait venu à Montevideo que long-temps après la conquête, ce que nous croyons sans peine; car, avant cette époque, il n'aurait pu trouver en ces lieux ni arbres pour se percher, ni habitations entourées de bestiaux pour se nourrir. L’urubu est, sans contredit, le plus commun de tous les oiseaux de proie, pour ne pas dire de tous les oiseaux américains. Il n’est pas rare d’en voir des centaines réunies sur un seul cadavre. Sa familiarité et les services qu’il rend aux villes l'y font regarder, en quelque sorte, comme partie intégrante de la population; et comme, d’ailleurs, sa chair infecte n’est pas mangeable, comme il est dégoûtant au point de faire craindre 1. Tome III, page 20. IV. Ois. 5 (34) Oissux de le toucher, ce qui fait qu'on ne peut tirer aucun parti ni de sa peau ni de ses de proie, plumes , il est rare de voir les habitans, même dans les villes où les lois ne le pro- tègent pas, chercher à lui faire du mal; aussi multiplie-t-il à Pinfini partout, tandis que le condor et le roi des vautours deviennent de plus en plus rares. Pour faire mieux connaître la vie privée de lurubu, nous allons tenter de le suivre dans l'emploi de ses journées. L'urubu passe la nuit soit sur les branches inférieures des gros arbres, soit sur les assises des rochers ou des falaises des côtes, soit sur le faîte des maisons, soit même sur les buissons, lorsqu'il ne trouve pas d'arbres. Comme il aime la société, il est rare de le voir seul. On le voit, le plus souvent, en nombre sur le même arbre ou sur le même toit. Il revient toujours au même gite, et les arbres sur lesquels il perche se reconnaissent facile- ment , tout couverts qu'ils sont d’une fiente blanchätre, qui les fait promptement périr. Dans l'attitude du repos, on le voit, la tête rentrée dans les épaules, le bec horizontal, les pattes verticales et les ailes légèrement pendantes, position qui lui donne un air stupide et disgracieux. L’urubu, de tous les oiseaux celui qui se couche le plus tard, car il vole encore au crépuscule, est aussi le plus matinal de tous. En cas de mauvais temps et de pluie, il reste au gite quelques momens de plus, secouant la tête par intervalles; et, si la faim ne le presse pas, il s’y tient toute la journée; mais, quand il fait beau, c’est au crépuscule du matin qu'il prend son essor. A-t-il en réserve, quelque part, une proie entamée de la veille, il s’y rend à l’instant et déjeûne. N’a-tl, au contraire, aucune provende assurée, il parcourt, d’un vol circonspect, les environs de sa demeure, s’élevant quelquefois très-haut, comme pour s'assurer s'il n’apercevra pas, au loin, quelque réunion de ses congénères. S'il ne voit ou ne rencontre rien, il va, de suite, s’abattre sur une muraille, sur une barrière, sur un poteau, sur l’arbre le plus voisin de quelque habitation; d'où, la tête enfoncée entre les épaules, il regarde attentivement autour de lui, restant ainsi quelquefois des heures entières à ce poste, pour ne s’envoler que lorsqu'un autre urubu plus fort vient l'en débusquer; ou, s’il y a quelque proie aux environs, il passe toute la journée près des habitations, et couche dans les bois voisins. L'urubu est incontestablement l’oiseau qui peut rester le plus long-temps sans manger; mais s'il arrive qu'à portée de l'observatoire qu’il s’est choisi, on tue un bœuf ou un mouton, 1l descendra soudain, et viendra disputer aux chiens du logis les intestins de l'animal, jetés au loin dans la campagne, suivi bientôt de quelques-uns des siens, et de quelques caracaras, à la piste dans le voisinage, de sorte qu’en moins de rien, il n'en restera pas vestige. On le voit même souvent attendre que quelque besoin fasse sortir les habitans de la maison, les suivre à l’écart, et se repaître de leurs déjections. C'est ainsi, comme nous l'avons dit, que, dans les villes du Pérou, il remplace avanta- geusement , pour les habitans, le percnoptère des Égyptiens, en purgeant les rues des immondices de toute sorte que laissent s’y accumuler l’indolence et la paresse des citoyens, complices, à cet égard, de la négligence des autorités. Les Espagnols ont si bien senti la nécessité de protéger les urubus, que, dans les villes de Lima et d’Arequipa, qui- conque en tue un, est passible d’une amende de cinquante piastres (250 francs); aussi (35) les y voit-on, toute l’année, descendre, sans crainte, des toits des maisons, dans les Oiseaux cours et dans les rues. Comme le condor, ils suivent, sur les côtes maritimes, les troupes ns d’otaries ou de phoques, ou les innombrables volées d’oiseaux de mer qui couvrent quel- quefois de grandes portions de la côte. Lors de la descente sur le Paraguay et sur le Parana jusqu’à Buenos-Ayres, de ces immenses radeaux (angadas), mis en mouvement par plus de trente rameurs, et qui portent assez de bestiaux pour la nourriture de leurs équipages, l’urubu suit, en troupes nombreuses, ces caravanes fluviatiles, et s'arrête avec elles, dans l'espoir de saisir au passage quelques morceaux de chair, ou les restes des repas de leurs conducteurs, qui couchent habituellement à terre, Lorsqu'un urubu aperçoit dans la campagne le cadavre d’un animal, il se met de suite en devoir de l’entamer par les yeux, par la bouche, ou par les autres orifices; mais il n’est pas long-temps seul. Un grand nombre des siens se joignent à lui, avec les caracaras, leurs fidèles compagnons de fortune. Une journée suffit pour en assembler des milliers. Alors, acharnement égal entre tous et rixes de tous les momens, les plus affamés poussant les autres et cherchant à les chasser à coups de bec. Leurs luttes pré- sentent un spectacle assez singulier; ils sautent continuellement les uns contre les autres; et, de loin, on les croirait en danse. Quand ils sont parvenus à détacher un morceau trop gros pour être avalé, deux d’entr’eux se mettent à le tirer, chacun de son côté, espèce de joûte, à laquelle se joint quelquefois, en tiers, un caracara. Ils font entendre, alors, mais alors seulement, une espèce de croassement rauque, assez semblable à celui des corbeaux d'Europe. On les voit aussi, sans motifs apparens, s'élever, tous à la fois, de quelques pieds, puis retomber, de nouveau, l'instant d’après, sur leur proie. Quand ils sont très-nombreux, les plus avides s’acharnent sur l’animal, occupés à en arracher des lambeaux; les autres, en bien plus grand nombre, se promènent à une certaine distance, perchent sur les arbres des environs ou tournoient, à diverses hauteurs, dans les airs, au-dessus, ceux-ci digérant le repas déjà fait, ceux-là se préparant au repas à faire, en attendant leur tour d’y être admis. Le tournoiement dont nous venons de parler est, pour l'habitant des campagnes, un signe infaillible qu’il va trouver, au-dessous, le cheval ou la vache qui lui manque. Il ne saurait rendre un plus grand service aux urubus que de dépouiller de sa peau le cadavre de l’animal; car ces oiseaux ne peuvent en entamer les parties dures; aussi les voit-on s’écarter de la bête, dès que le propriétaire s’en approche pour l’écorcher; mais, l'opération terminée, ils se rassemblent de nouveau, toujours plus nombreux, autour des chairs dénudées, et les réduisent, en un jour ou deux, à l’état de squelette parfait, n’y laissant que les tendons les plus durs, auxquels même ils reviennent bientôt, s'ils ne trouvent pas de meilleure nourriture. Ces festins des urubus les réunissent tant qu'il reste quelque chose à manger. Les mieux repus demeurent encore un jour aux environs, puis ils se dispersent, et vont, de nouveau, chercher fortune ailleurs. Quand les urubus sont poursuivis immédiatement après leur repas, ils ont peine à s'envoler, et dégorgent la nourriture qu’ils viennent de prendre, non pas tant, peut-être, pour accélérer leur fuite, en allégeant le poids de leur corps, que pour obéir à l'instinct (36) Oiseau qui les porte à vomir leur manger devant les caracaras qui les poursuivent, afin de de proie, leur échapper, en retardant leur poursuite. L'urubu n’attaque jamais un animal vivant : il se contente de ceux qu'il trouve morts dans la campagne. Nous avons vu en Patagonie des réunions d’urubus des plus nom- breuses. On avait tué, dans un seul établissement, douze mille têtes de bétail, pour les saler, dans l'intérêt d’une opération commerciale. Pendant cette boucherie de quelques mois, les os, encore assez charnus, avaient été entassés au bord du Rio Negro, ce qui ne cessa d'y attirer des urubus et des caracaras, que devait séduire une si riche et si facile curée; aussi les carcasses en étaient-elles incessamment couvertes, et nous ne croyons pas exagérer en évaluant à plus de dix mille le nombre d’urubus alors agglo- mérés sur ce point. | La familiarité des urubus est extrême, Nous en avons vu, dans la province de Mojos, lors des distributions de viande faites aux Indiens, leur en enlever des morceaux, au moment même où ils venaient de les recevoir. À Concepcion de Mojos, au moment d’une de ces distributions , un Indien nous prévint que nous allions voir un urubu des plus effrontés, connu des habitans, parce qu'il avait une patte de moins. Nous ne tardàmes pas, en effet, à le voir arriver, et montrer toute l’effronterie annoncée. On nous assura qu’il connaissait parfaitement l’époque de la distribution, qui a lieu tous les quinze jours, dans chaque mission; et, la semaine suivante, étant à la mission de Magdalena, distante de vingt lieues de celle de Concepcion, à l'heure même d’une distribution semblable, nous entendimes crier les Indiens, el reconnûmes l’urubu boiteux, qui venait d’arriver. Les curés des deux missions nous ont garanti que cet urubu ne manquait jamais de se trouver, aux jours fixés, dans l’une et dans l’autre, ce qui dénoterait, dans l’urubu, un instinct très-élevé, joint à un genre de mémoire rare chez les oiseaux. Un autre fait, s’il faut admettre, prouverait que l’urubu n’est pas moins audacieux que familier. On nous a donné pour certain qu’il ne craint pas de disputer sa proie, même au terrible jaguar. La marche de lurubu est grave et lente; il alonge beaucoup les jambes pour faire de grands pas; mais, quand il est pressé d’arriver sur une proie ou de se sauver, il saute des deux pieds à la fois, surtout s’il veut s'envoler. En général, il marche peu. Son vol est quelquefois élevé, lorsqu'il cherche pâture ou qu’il sent l’approche de l’orage ; mais ordinairement il est bas et se fait entendre de loin. L’urubu diffère beaucoup de l'aura pour son vol; car il plane rarement et ne peut parcourir un grand espace sans mouvoir ses ailes, tandis que l’aura plane tout à fait comme la buse. Lorsque le temps est à l’orage, l’urubu s’élève en tournoyant, en troupes nombreuses, à une grande hauteur, et se perd alors au sein des nuages, d’où quelquefois il se laisse tomber comme une flèche, avec bruit, jusqu'’auprès du sol, puis reprend tranquillement son vol ordinaire, ou recommence à monter, en lournoyant, pour aller rejoindre ses compagnons, qui lattendent dans les airs. Il vole contre le vent avec une extrême facilité; mais sil com- mence à pleuvoir, il se pose sur les branches inférieures des arbres, et cherche à se préserver de la pluie. Les ailes basses, la tête enfoncée entre les épaules, il attend le (37) retour du beau temps; va se placer, alors, au faite d’un arbre, sur le pignon d’une Oiseaux de maison, se tourne du côté du vent, et étend ses ailes, qu’il tent, des heures entières, Le à demi ouvertes, sans se fatiguer. Rien de plus singulier que de voir, après un orage, un grand nombre d’urubus rangés en ligne sur une maison, tous les ailes ouvertes, pour les faire sécher; et quand, au contraire, il fait grand chaud, on les voit également ouvrir les ailes, pour recueillir le peu de fraicheur qui circule dans l'air. Au temps des amours, qui ont lieu de Novembre en Février, l’urubu se réunit par couple. IL s'éloigne alors des lieux qu'il habite ordinairement et cherche un endroit écarté, propre à recevoir ses œufs. Le plus souvent il les dépose dans un trou de rocher, ou dans les anfractuosités des hautes falaises qui bordent souvent les grandes rivières en Amérique. On nous a garanti qu’au sud, dans les parties froides, il fait son nid sur les saules du bord des fleuves ou sur les buissons, et qu’il le compose alors d’épines et de petites branches; mais, dans les parties chaudes, nous pouvons assurer qu’il ne fait aucun nid, se contentant de déposer ses deux œufs sur la terre. Ces œufs ont, sur leur grand diamètre, 7 /, centimètres, et, sur le petit, 5 centimètres. Ils sont d’un blanc sale, légèrement verdàtre, semés de taches d’un brun violet, irrégulières, de grandeur variable, le plus souvent arrondies, en plus grand nombre sur le gros bout que sur l’autre. Le couple donne à sa nichée et aux jeunes des soins assez attentifs. Nous avons vu l’urubu se baigner, mais seulement au temps des amours, sans pouvoir nous expliquer ce qui le fait aimer l’eau à cette époque plutôt qu’à telle autre. IL serait facile de faire contracter à cet oiseau les habitudes de la domesticité, mais il est rare que les habitans veuillent s’en donner la peine, d’autant plus qu'ils l'ont en horreur, à cause de son odeur forte et nauséabonde. Cependant nous en avons vu de domestiques dans quelques maisons. Azara nous cite plusieurs urubus qui avaient même pris de l’attachement pour leurs maîtres et qui répondaient à leur appel. Nous le croyons en tout, à cet égard; et nous ajouterons qu’un habitant digne de foi nous a dit qu’un urubu qu'il avait élevé l’aimait au point de l'accompagner partout, et devint très-triste en voyant son maître tomber malade. Le narrateur ajoutait qu’un jour la chambre où il était couché s’étant ouverte, l'oiseau vola avec empressement auprès du malade, pour lui témoigner la joie de le revoir. Les Guaranis appliquent la graisse de l’urubu à divers usages médicaux. Ils emploient en frictions contre les rhumatismes chroniques. Ils croient aussi guérir les fous de leur folie, en leur frottant les épaules de cette graisse. L’urubu étant très-commun dans toute l'Amérique méridionale et dans une partie de l'Amérique du nord, nous allons présenter, avec assez d'extension, sa synonymie américaine, qui donnera une idée des dérivés des langues !. Nous commencerons par le sud , en marchant toujours au nord. Les Tehuelches ou Patagons le nomment tebel-tebel, 1. Il nous semble qu’on a, jusqu'ici, attaché trop peu d'importance à l’orthographe des noms américains. Nous les trouvons tronqués ou dénaturés outre mesure dans tous les auteurs. Nous pensons qu’on ne saurait apporter trop de soin à les rectifier, ces rectifications pouvant n’être pas (38) Oiseaux qui est aussi son nom dans la langue des Puelches. Les Araucanos des Pampas du sud le proie. nomment ke/hui ou canin. Les Guaranis, la nation la plus répandue sur le sol de l’Amé- rique, le nomment iribu (pron. urubou), au Paraguay, et wrubu (pron. ouroubou), soit au Brésil soit chez les Guarayos de Bolivia, l’un de leurs rameaux. Le nom de couroumou, que lui donnent les Oyampis de la Guyane, lesquels sont également une section des Guaranis, n’est, sans doute, qu’une corruption de son nom propre dans cette langue. Les Bocobis du Chaco, entre Santa-Fe et Corrientes, le nomment oïc; les Tobas du Chaco, mbotagni; les Matacos, à l’est de Salta, cheguoo (pron. tchégouoo); les Incas ou Quichuas, suyuntu (souyountou); les Chiquitos de Bolivia, pachpakich. Les autres Indiens de la même province ont aussi leur manière particulière de le désigner. Par exemple, les Guarañocas, les Samucus, les Poturero et les Morotocas le nomment cohaboto ou comoto, dérivé, sans doute, du même nom; les Otukès le nomment asenavo; les Saravecas, acasso; les Quitemocas, mutojo ; les Cucikia, pénoki; les Paunacas, séhuma (séhouma) ; les Païconecas, chachirè (tchatchiré). Les indigènes de la province de Moxos lui donnent aussi un nom propre, chacun dans sa langue. Ainsi les Chapacuras le nom- ment m010j0 ; les Muchojeones et les Baures, han ou ijan; les Itonamas, séréman; les Cayuvava, bado; les Iten, také; les Pacaguaras, poico; les Moyimas, tuspa; les Cani- chanas, néréch; les Moxos, chupuki (pron. tchoupouki); les Yuracarès du versant oriental des Andes, suné (pron. souné). Les Espagnols ne lui donnent pas le même nom dans toute l'Amérique. Quelquefois les mots par lesquels ils le désignent sont analogues à ceux qui désignent des oiseaux d'Europe, et lui ont été appliqués à cause de ses mœurs; d’autres fois, ils dérivent de quelques langues indiennes. Dans toute la république Argentine, on le nomme cuervo (corbeau). Au Chili, les Espagnols lui ont conservé son nom araucano; sur toute la côte du Pérou et en Bolivia, on le nomme gallinazo , à cause de sa forme si analogue à celle des poules. À Santa-Cruz de la Sierra, on le nomme sucha; en Colombie, zamuro; les Mexicains l’appellent zopilote, nom qu’il conserve jusqu’à l’isthme du Panama. CATHARTE AURA, Cathartes aura, Wig. Vultur aura, Lin., Lath., Sp. 8; Jota, Molina, Chili, pag. 245; Cathartes Jota, Ch. Bonap., Syn., esp. 5; V’ultur atratus, Wils, Ornith. am., tom. IX, pl. 75, fig. 23 Cathartista aura, Vieillot, Gal., pl. 4; Cuvier, Règn. anim., p. 3173 Prince Max. de Neuwied, p. 64: Cathartes toto nigro-brunneo , trunco remigium nigro; capite, collo nudis , purpureis ; rostro roseo; caudd elongatd, graduatd; tarsis roseis. Îl est impossible de s'expliquer par quelle préoccupation des ornithologistes habiles ont pu confondre, un seul moment, cet oiseau avec celui dont nous venons de nous moins utiles à l’historien qu’au naturaliste. Nous avons eu déjà, et nous aurons souvent encore l’occasion de faire cette remarque, dont l'application constante nous semble être un devoir pour l'observateur consciencieux. (39 ) occuper. En les comparant, en effet, avec la moindre attention, ils auraient vu, de suite, Oiseaux de combien les formes en sont différentes. Ils auraient vu que la queue de l'aura est toujours vis élagée, tandis que celle de l’urubu est coupée carrément; que le premier a le bec com- parativement plus gros, les ailes plus aiguës et se rapprochant beaucoup plus de celles des falconidées, et qu’il diffère aussi beaucoup par la couleur. Dans laura, le bec, la tête entière Sont rouges, et le tarse est rosé; tandis que, dans l’urubu, ces mêmes parties sont noires. Son plumage, d’ailleurs, est toujours moins noir que celui de lurubu. Enfin, quiconque le verra voler ne pourra le confondre avec son congénère. Son vol, comme l’a judicieusement fait remarquer Azara 1, ressemble beaucoup à celui de la buse des champs ou busard des auteurs; car, ainsi que les busards, il tient les ailes plus élevées que le corps, plane, ainsi qu'eux, plus près du sol, des heures entières; et, souvent, il nous est arrivé de le confondre, de loin, avec les falconidées en général; d'autant plus que les pennes de ses ailes, loin d’être écartées les unes des autres, dans le vol, comme chez les sarcoramphes et chez l’urubu, sont, au contraire, pour ainsi dire, réunies. Azara est l’auteur qui a le mieux décrit l'aura; néanmoins, il indique le jaune-paille comme couleur de l'iris de l'œil, tandis que nous l’avons toujours vu rouge de carmin, avec un liséré bleu autour de la prunelle. La tête est d’un rouge plus ou moins violet, passant au jaunàtre, à la base de la commissure des mandibules. Sur la tête sont quatre rides profondes qui circonscrivent quatre sillons élevés d’une teinte jaunätre. On en remarque encore six à huit de la même couleur, sur le derrière de la tête; le reste de la peau est lisse ou légèrement verruqueux au col. Le tour de l'oreille est garni de poils noirs, et une touffe des mêmes poils se voit en avant des yeux. Ses pieds sont rosés, mais cette leinte est toujours altérée par les corps étrangers qui les recouvrent. Le bec est rose très-pâle. Quant au reste de Panimal, il est trop connu pour que nous ayons à nous en occuper davantage. L’aura répand une forte odeur de putréfaction, plus supportable toutefois que celle que répand l’'urubu. L’odeur du muse ne s’y mêle en rien, et l’on peut la comparer tout à fait à celle du roi des vautours. L’aura habite toutes les zones, depuis les pays les plus froids jusqu'aux pays les plus chauds de l'Amérique. Il vit aussi dans les plaines brülantes de la zone torride, jusqu’à la hauteur de 2,000 toises au-dessus du niveau de la mer. Nous ne croyons pas qu'il aille plus haut, et encore ne l'y avons-nous vu qu’accidentellement. Il habite, comme l’urubu, toute l'Amérique méridionale, et s'étend même dans l'Amérique du nord; mais il est généralement moins répandu que ce dernier; et, commun nulle part, ne l'est que par familles sédentaires dans des localités spéciales; aussi cesse-t-on souvent de le trouver sur une surface de terrain de plusieurs degrés de largeur, qui en séparent les diverses familles. Parexemple, après l'avoir perdu de vueau 28.‘degrédelatitudesud, dans la province 1. Voyages, tom. III, pag. 24. Oiseaux de proie. ( 40 ) de Corrientes, nous ne l'avons plus retrouvé que dans la Patagonie, au 41 degré; d’où il résulte qu'une distance de treize degrés sépare, là, des familles d’une même espèce. On pourrait se demander comment cette petite colonie, ainsi que celle que MM. Lesson et Garnot nous disent avoir rencontrée aux îles Malouines, ont gagné des lieux aussi éloignés de la demeure habituelle du reste de leur espèce? On peut supposer que les auras de Patagonie y sont venus par le sud, ou en suivant les Indiens qui descendent le Rio Negro, depuis la Cordillière; mais il n’est pas aussi facile d’expliquer l’émigration des auras des îles Malouines. L’aura est commun sur toute la côte de l’océan Pacifique, depuis Chiloé jusqu’à Guayaquil; c’est même là que les familles sont plus rapprochées les unes des autres; C’est là que nous l'avons rencontré plus nombreux et plus familier que partout ailleurs. On ne voit jamais laura par troupes, comme l’urubu. Le plus souvent il vit ou par couple ou dans l'isolement. Il couche aussi également partout, sur les rochers, sur les branches inférieures des arbres à la lisière des bois, ou même encore sur les maisons, à la côte du Pérou, principalement à Arica, où nous l'avons vu, avec l’urubu, percher sur les mâts ou sur les vergues même des bâtimens qui transportent le fumier du pays (guaneros). Le plus souvent, un couple, tout au plus, reste aux environs d’une habitation, dans la campagne, se posant, comme l’urubu, sur les barrières, sur les palmiers, lors- qu'il y en a autour des maisons, mais jamais avec autant de familiarité, et toujours pour peu de temps; car les mœurs de laura sont plus inquiètes. Sa posture diffère peu de celle de lurubu; seulement il laisse moins tomber ses ailes et tient la tête plus droite. Il est beaucoup moins paresseux que l’urubu. On le voit bien plus souvent voler. Il est très-matinal, et presque crépusculaire. Tous les matins, laura parcourt les environs de sa demeure, en planant, à la manière des buses, pour chercher de la päture. Son vol, nous l'avons dit, ne ressemble pas à celui de l’urubu. Il parcourt plus fréquemment, au ras de terre, les détours de la lisière des bois, ou les environs des lieux habités par les hommes, les ailes comparativement plus élevées que le reste du corps. À peine une légère oscillation annonce-t-elle qu’il les remue, quand, des heures entières, on le voit décrire, avec aisance, des cercles pleins de grâce et de majesté, sans jamais, comme l’urubu, s'élever à de grandes hauteurs, toujours prêt, en apparence, à prendre pied sur terre; mais, plus grave que l’urubu dans sa marche, ne s’y posant guère que pour manger. Les auras ont la vue très-perçante, caractère qui leur est, au reste, commun avec tous les oiseaux de proie. Nous ne les avons jamais entendus pousser aucun cri. Leurs habitudes sont celles de tous les cathartes, dégoütantes, mais un peu moins sales que celles des urubus. Ils se nourrissent également d’animaux morts, qu’ils mangent de la même manière, et des immondices des villes, se rendant en cela non moins utiles aux habitans du Pérou; mais ils sont moins voraces, et chassent quelquefois aux reptiles, aux coquilles et aux insectes, ce que les urubus ne font pas. Il est rare d’en voir plus d'un couple auprès de chaque animal mort. Ils se mélent quelquefois aux urubus et aux caracaras, pour manger une proie, mais jamais avec cel instinct d’avide fraternité (48 } qu’on remarque entre l’urubu et les caracaras. On ne le voit jamais se familiariser Oiseaux avec les habitans, et même, dans certains lieux, il s’en éloigne et les fuit. oo Les amours de l’aura commencent au mois de Septembre ou d'Octobre, suivant la latitude où il se trouve, ou plus tard, dans les régions australes. Il marche alors par paires et cherche plus particulièrement le voisinage des bois. C’est ainsi que nous l'avons vu au milieu des bouquets de bois isolés et déserts de la fameuse laguna d’Ybera, au 27° degré, et dans les bois de saules des rives du Rio Negro, en Patagonie. Souvent il construit, au milieu d’un fourré très-épais, son nid, composé de büchettes. C’est du moins ce que les Indiens nous ont dit, ajoutant qu’il bouche avec des épines l’entrée du buisson qui communique au nid, et que, lorsqu'un des deux couve, l’autre à soin de fermer en dedans, pour dérober l’asile commun aux regards indiscrets. Les Indiens disent aussi que, souvent, lorsqu'il est pressé, ou peut-être par paresse, l’aura ne se donne pas la peine de construire un nid, se contentant de pondre entre les broussailles sèches, sur le sol, ou même entre les pierres. Sa ponte se compose invariablement de deux œufs oblongs, acuminés à l’une de leurs extrémités, et longs de 83 millimètres sur 54 de diamètre. Ces œufs sont d’un blanc bleuâtre, agréablement marqués de larges taches d’un rouge brun, plus ou moins foncées, très-distantes les unes des autres, et bien plus rapprochées du gros bout que du bout opposé. Indépendamment de ces grandes taches, toute la surface est couverte de taches également espacées et très-peu apparentes, d’un beau violet. Tant que dure l’incubation, le màle et la femelle couvent alternativement et s’éloignent peu de leur nichée. Les petits naissent couverts d’un duvet blanc, et sont plus d’un mois avant de sortir du nid; après quoi ils suivent leurs parens, quelque temps encore, avant de se hasarder à vivre sans appuis et sans guides. L’aura paraît, comme l’urubu, susceptible de se plier aux habitudes de la domesticité; mais, pour des raisons analogues à celles qui les éloignent de s'occuper de l’urubu, les habitans songent rarement à élever des auras. Nous en avons cependant vu plusieurs chez des particuliers de la province de Corrientes, où ils nous ont paru plus farouches que les urubus. La synonymie américaine de laura n’est pas moins étendue que celle de l’urubu. Les naturels du pays, meilleurs observateurs que les premiers historiens, ont le plus souvent distingué par un nom différent, l'aura de l’urubu, et nous ne trouvons même de noms semblables que chez les peuples les plus méridionaux de l'Amérique, les Patagons ou Tehuelches, les Puelches et les Araucanos, qui l’appellent tebel-tebel, ces derniers lui donnant aussi le nom de canin et de jote, selon Molina. La nation Guarani, qui a con- sacré le nom #ribu ou urubu comme nom générique, donne à cette espèce le nom d’iribu (pron. uruboü) acäpirai?, qui veut dire téte pelée par la lèpre, ou seulement £ribu pirai (iribu lépreux), à cause de sa tête rouge. Les Guarayos, qui habitent l’intérieur de la Bolivia, au 16.° degré de latitude sud, le nomment, dans leur guarani corrompu, zrubu 1. Essai sur l’histoire naturelle du Chili, pag. 245. 2. Piraï veut dire nu ou pelé, dénudé ou pelé par la lèpre. IV. oùs. (e> (42) Oiseaux bébué (ouroubou béboué). Nous lui trouvons une grande variété de noms chez les de proie. nations du grand Chaco; par exemple, la nation Bocobis, du 31.° degré, le nomme oic; les Tobas, du 27.° degré, le nomment ndatéésa. Si nous pénétrons dans l'immense province de Chiquitos, à l’est de la république de Bolivia (centre de l'Amérique méri- dionale), nous trouvons aussi que les Chiquitos l’appellent okechoropés ; les Guarañocas, sugnaégno; les Samucus, sonahagno; ces deux derniers noms évidemment corrompus du même. Les Otukès, de l’est de Chiquitos, le nomment chokétoné éméséra; les Sara- vecas, du centre de la province, maripihuré; les nations du nord-ouest, comme la Quitémoca, chétu (pron. tchétou); la Cucikia, manunakich; la Paunaca, isichéti; la Paiconeca, ésovi. Au milieu des immenses plaines de la province de Moxos, nous retrouvons encore l'aura avec son nom propre chez toutes les nations; par exemple, les Muchojeones et les Baures du nord-est de la province le connaissent sous le nom de iochéré; les Ito- namas, du centre nord, sous celui de oochi (pron. ootchi); les Cayuvara, du nord- ouest, le nomment dakéé-bado; les Itès, du centre nord, chakiyé; les Pacaguaras, des rives du Rio de Madeiras, canapoico; les Movimas, du centre ouest, talatalo; les Cani- chanas, du centre, niketso; les Moxos, du sud, ojoro. À Corrientes, les colons le confondent avec l’urubu , sous le nom de cuervo (corbeau), ou l’appellent cabeza pelada (tète pelée). Au Pérou, on le nomme gallinazo. Son nom d’aura ou aoura vient, dit-on, d’une langue de la Guyane. I[° FAMILLE. FALCONIDÉES. Genre FALCO, Lin.; Faucons, Cuv.; Accipitrini, Ilig.; Accipitrins, Vieill.; Falconées, Lesson. Nous ne pourrions insister sur les caractères qui distinguent les falconidées des vulturidées, sans sortir du cadre que nous nous sommes tracé; car l'élève le plus novice les reconnaïtrait sans peine à la première vue. Il serait difficile d'établir des généralités de distribution et même de mœurs parmi les falconidées. Nous nous étendrons sur ce sujet dans chacune des trois grandes divisions que nous croyons pouvoir adopter pour cette série, savoir : 1. celle des caracarides, composée d’oiseaux de proie mangeurs d'animaux morts, et aussi dégoûtans que les cathartes ; 2.” celle des aguiléides, comprenant les aigles et les buses, ou pour mieux dire, tous les oiseaux de proie zenobles de Cuvier; tous chasseurs, mangeant des reptiles, des insectes et même des coquilles, mais, du moins en Amérique, jamais de charognes, 1. Nous n’avons pas conservé le nom de Falconées, pour établir, avec celui de Vulturidées, une sorte de symétrie grammaticale, qui nous paraît plus logique. (45) comme le dit M. Lesson, dans son Traité d’ornithologie‘; et 3.” celle des oiseaux falconides, oiseaux essentiellement carnassiers, aux habitudes pétulantes, ne mangeant que des oiseaux ou de petits mammifères, qu'ils dédaignent le plus souvent, quand ils sont morts. La famille entière des falconidées n’a pas de limite propre d'habitation ; cependant nous croyons pouvoir aflirmer, comme nous l’avons démontré dans nos généralités sur l'ordre, que les espèces de ces oiseaux varient bien plus dans les régions chaudes, surtout parsemées de bois, que dans les parties australes ou montueuses. Ils sont, à quelques exceptions près, sauvages, méfians et peu sociables. Leur première sous-famille toute entière (les caraca- rides) se distingue des deux autres par ses habitudes de familiarité avec l’homme, qu’elle accompagne partout, tandis que les aquiléides et les falco- nides s’en éloignent. Si les cathartes sont méprisés et regardés avec indiffé- rence, il n’en est pas de même des falconidées, redoutés, en général, par les dégâts que quelques-unes de leurs espèces font dans les couvées de jeunes poulets; aussi les habitans les poursuivent-ils par leurs cris, et emploient-ils toutes les ruses possibles pour les détruire. Leur vol, quoique généralement plus rapide que celui des vulturidées, varie beaucoup, etnous croyons qu'il serait difficile de lui assigner des caractères généraux, propres à la famille; car il est tantôt très-élevé, comme chez les aigles, tantôt bas, comme chez les busards; rapide chez les faucons; lent et majestueux chez les buses. Excepté les caracarides, que leur genre de vie attache à la terre, les falconidées ne sont pas marcheurs. Ils ne font jamais que sauter, sans pouvoir bien déployer leurs doigts, ce à quoi s’oppose la forme de leurs ongles crochus, qu’ils doivent tenir à ne pas émousser, puisque ces ongles sont leurs armes. Les falconidées sont, sans contredit, de tous les oiseaux, ceux dont la vue est la plus perçante. On les voit, au milieu d’une course, le plus souvent rapide, s'arrêter tout à coup pour un objet très-éloigné d’eux, et fondre sur leur proie, soit du haut des airs, comme quelques faucons, soit de près de terre, comme les buses. Ce sont aussi les plus criards de tous les oiseaux de proie, surtout les caracaras, et certaines espèces d’aigles qui, du sein de l'espace, épouvantent de leur cri de guerre toute la gent ailée; mais il arrive aussi quelquefois qu'avertis par ces bruyantes clameurs, de petits oiseaux, ligués contr’eux, les poursuivent à coups de bec et les con- traignent à fuir, compensant par leur nombre l’infériorité de leurs forces. 1. Page 31. ( # ) Oiseaux Les falconidées ne sont pas tous, comme les vulturidées, réduits à pondre de proie. seulement deux œufs; leur ponte est plus variable, et nous croyons que, ——— Je plus souvent, elle est de quatre œufs, quoiqu’elle s'élève quelquefois jus- qu'à six. Ce sont les oiseaux dont le plumage varie le plus ses teintes, en raison de la différence d'âge et de sexe; variété poussée au point que, le plus souvent, le jeune ne ressemble en aucune manière à l'adulte, ce qui explique comment, pendant long-temps, on en a indéfiniment multiplié les espèces. Nous avons déjà eu loccasion de reconnaître avec quelle rectitude de jugement les indigènes, naturalistes par instinct, désignent, le plus souvent, par des noms collectifs, une série d'animaux identiques pour la forme ou pour le genre de vie. Les noms qu'ils ont imposés aux oiseaux de proïe, en général, nous en offrent une nouvelle preuve. Nous trouvons, par exemple, que les Patagons ou Puelches les nomment guineguil; les Araucanos des Pampas du sud de Buenos-A yres, culfu (pron. coulfou), En marchant vers le nord, nous voyons les Tobas, qui habitent le grand Chaco, du 27.° au 46.° degré de latitude sud, les nommer cagnardi, tandis que les Botocudos, qui vivent bien loin d'eux, au milieu des forêts du Brésil, et dont la langue est différente, leur donnent le nom de cagnard, évidemment venu de la même source. Selon Azara, la grande nation Guarani les nomme taguato; mais nous croyons que ce nom désigne plus spécialement les éperviers et les buses”; tandis que nous avons souvent entendu désigner cette série sous le nom de gurra-poru”, qui vient de gwira, oiseau, et de poru, mangeur de viande; et nous croyons pouvoir assurer que tel est bien le véritable nom collectif. L® SOUS-FAMILLE. CARACARIDES, Caracaridæ, Nob. Caracaras, Azara; genre Caracara, Cuvier, Lesson; Gymnops, Spix. Nous croyons qu’on peut séparer du reste des falconidées des oiseaux que leurs mœurs et leurs principaux caractères doivent nécessairement réunir dans un même groupe, comme Vavait bien senti D. Félix d’Azara, mais dispersés, néanmoins, par d’autres auteurs en des genres tout à fait distincts. Nous voyons, par exemple, Cuvier, tout en conservant le polyborus vul- 1. Tesoro de la lengua guarani, du Père Antonio Rues (1639), page 351. 2, Même dictionnaire, page 133. (45) garis , Vieillot, comme type de ses caracaras, en séparer le falco degener", oiseau Illig., ou chimachima d'Azara, pour le placer avec les aigles-pêcheurs; et a Lesson, après avoir, dans son Traité d’ornithologie, formé une tribu pour les —— caracaras, et y avoir aussi placé le polyborus vulgaris, renvoyer de même, très-loin de là, les autres espèces d’Azara, le chimachima et le chimango, pour les placer dans le genre pygargue?, tout en disant qu’elles sont anomales. Quelques rapports de forme avec les aigles-pêcheurs ont pu déterminer à faire ces rapprochemens; mais aucune de ces espèces ne peut être regardée comme appartenant aux aigles-pêcheurs, puisqu'aucune d'elles ne pêche, et que toutes ont des caractères de mœurs qui leur sont spéciaux, comme ceux de ne jamais chasser les animaux adultes vivans, ou ne le faisant que pour de jeunes poulets; de vivre, ainsi que les cathartes, de charognes, et même d’excrémens; de marcher beaucoup à terre, d’être fort criards, et surtout, les plus familiers de tous les oiseaux de proie. Nous voyons que les indigènes américains eux-mêmes les ont réunis sous un seul nom générique, sans jamais les confondre avec les aigles. Quand viendra donc l’époque où, tenant un compte plus exact des mœurs des animaux, enfin mieux connus, nos natu- ralistes sentiront l'indispensable nécessité de réunir dans un même groupe les espèces que rapproche leur genre de vie; et, sans plus s'abandonner à l'esprit de système, réunir par coupes naturelles des êtres presque identiques, et qui vivent, en quelque sorte, ensemble? Nous sommes loin de nier l’avan- tage des systèmes; mais nous croyons fermement qu'ils ne doivent pas être exclusifs, et qu'il faut surtout y faire entrer pour beaucoup les rapprochemens de mœurs, traités, jusqu’à ce Jour, avec trop d’indifférence, et qui, dans notre conviction intime, doivent devenir, tôt ou tard, la base première de l’histoire naturelle, la dépouillant dès-lors de l'aridité qu'on lui reproche avec tant de raison, pour en faire une des sciences les plus agréables, comme elle est déjà l’une des plus utiles. Nous caractérisons donc les caracaras ainsi qu’il suit : bec fortement com- primé, non courbé dès sa base, sans aucunes dents, muni quelquefois d'un simple sinus; cirrhe alongé, communiquant avec une partie nue, plus ou moins large, qui entoure les yeux; le dessus des orbites non saillant, comme chez les aigles; tarses longs et nus, souvent entièrement écussonnés, plus ou moins régulièrement; doigts, en général, plus longs que dans tous les 1. Règne animal, page 327. .2. Lesson, Traité d’ornithologie, page 43. ( 46 ) Oiseaux autres falconidées, l'intermédiaire très-long comparativement aux latéraux ; de proie, des proportions bien plus grandes que chez les autres oiseaux de proie; tous les doigts sont terminés par des ongles peu arqués, permettant une marche facile, et, le plus souvent, usés ou émoussés à leur extrémité; la troisième rémige des ailes la plus longue de toutes; les deuxième, troisième, quatrième et cinquième presque égales en longueur, donnant à aile ouverte une forme tronquée et oblongue. Caractères de mœurs : oiseaux essentiellement marcheurs. Plus amis de Phomme que les autres falconidées, les caracarides ont néces- sairement dà le suivre partout dans ses migrations lointaines; aussi les trouvons- nous à toutes les zones de latitude et de hauteur. Ainsi nous avons vu des caracarides depuis les terres les plus australes jusqu’à la ligne, et depuis le niveau de la mer jusqu'aux sommets les plus élevés des Andes; mais tous ne sont pas de même espèce, et chacune de ces espèces, bien qu'ayant une large limite d'habitation, n’en a pas moins sa zone propre. Le caracara ordi- naire vit partout, depuis la zone glaciale, en passant par la zone tempérée, jusqu’à la zone brûlante des tropiques; mais on ne le voit jamais s’élever sur les hautes sommités, où il est remplacé par notre phalcobène montagnard, qui, bien différent du premier, vit seulement dans les régions élevées, sèches et arides, tandis que le caracara chimango, fidèle imitateur du caracara ordinaire, accompagne partout au milieu des plaines, et suit ses habitudes demi-domestiques, sans oser jamais gravir la cime des montagnes, dont il n'habite guère que le pied ou les coteaux les plus bas. Le caracara chima- chima, au contraire, quoique de mœurs non moins paisibles, ne se voit qu'isolé près des maisons voisines des bois, et seulement dans les plaines chaudes, où il reste, pour ainsi dire, circonscrit entre les tropiques, car 1l ne s’en éloigne au sud que de quatre degrés. Les caracaras sont, en général, les parasites importuns de l’homme dans les divers degrés de sa civilisation. Compagnon fidèle du sauvage voyageur, le caracara l'accompagne de la lisière d’un bois à celle d’un autre, ou sur le bord des rivières, ou dans les plaines, transportant son domicile accidentel partout où l’homme veut s’établir. Que l’homme se fixe quelque part, et s’y construise une cabane, le caracara vient se percher dessus, comme pour en prendre possession le premier, et séjourne aux alentours, prêt à profiter des restes d’alimens rejetés par le colon isolé. Si lhomme bâtit un hameau, le caracara l'y suit encore, campé dans le voisinage, et rôdant sans cesse autour des maisons, qui lui promettent alors une nourriture plus abondante et plus facile. Que l’homme, enfin, plus entreprenant, vienne à former de (47) vastes établissemens agricoles, ou s’entoure d’un grand nombre d'animaux oiseaux domestiques, l’avide assiduité du caracara croît plus active, en raison de 3 l'espoir mieux fondé qu’il conçoit de trouver, dans une riche ferme, une pâture encore et toujours mieux assurée. Stimulé par cet appât, lintrépide oiseau ne craindra pas même de s’abattre au milieu des villes ou des basses- cours, enlevant de jeunes poulets, et profitant de la négligence des habitans, pour leur ravir le morceau de viande qu'ils font sécher au soleil, suivant l'usage du pays, ou toute autre partie de leur approvisionnement animal. Comme les cathartes, les caracaras remédient à lincurie des villageois et des citadins, en dévorant les animaux morts et les immondices des campagnes et des villes, alors véritables cathartes à serres; ou changés souvent en vau- tours à forme d'aigle, on les voit disputer , avec acharnement, à leurs dégoûtans rivaux, la possession d’un lambeau de chair; mais les caracaras sont plus ou moins familiers, selon les espèces. Le caracara commun et le caracara chimango sont toujours à portée des habitations, au milieu des plaines et près des bois. Le phalcobène montagnard, quoique menant en tout le même genre de vie, n’habiteque les montagnes culti- vées par l’homme, et couche sur les rochers; tandis que le chimachima, plus sauvage, se montre seulement par intervalle, pour dévorer des restes d’ani- maux, ou pour attaquer de pauvres bêtes de somme blessées par leur bât, et qui n’ont d'autre moyen de défense que de se rouler par terre. Les caracarides sont, de tous les falconidées, les plus disposés à la socia- bilité, se rapprochant en cela des cathartes, autant qu'ils s’'éloignent, sous ce rapport, des aquiléides; et, comme nous l'avons dit ailleurs, soit esprit de société, soit plutôt calcul d'intérêt, un de leurs caractères distinctifs est de se réunir sur la même pâture, sauf à s’en disputer ensuite, à chaque instant, le moindre lambeau. Ce sont enfin des oiseaux criards et querelleurs au der- nier point. Ils sont doués d’une extrême sagacité. Les habitans n’ont pas moins de haine pour les caracarides que d’indiffé- rence pour les cathartes. Ils les poursuivent à outrance par tous les moyens possibles; mais les légers et rusés caracaras se rient, le plus souvent, de leurs piéges et de leurs efforts, sans en devenir plus sauvages; car on les prendrait plutôt pour des oiseaux domestiques appartenant au propriétaire d’une ferme, que pour des oiseaux de proie, défians, d'ordinaire, et surtout peu habitués à vivre avec l'homme. Si un animal mort au milieu de la campagne attire les caracarides, on verra le polyborus vulgaris, le chimachima, le chimango et le phalcobænus montanus prendre part au festin, les trois premiers chacun (48) Oiaux dans les plaines, et le dernier sur les HRENUNeE Le caracara vulgaris est de proie muni de cette poche saillante du col qu'on remarque chez les vautours; et, seul de tous les caracaras, présente ce caractère, qui le rapproche des vautours. Les caracarides ont tous un vol qui les fait reconnaître de très-loin. Leur aile est coupée carrément à son extrémité, et ouverte, de manière à présenter une forme oblongue, égale en largeur. Les rémiges en sont écartées dans l’action du vol. Cette aile, ainsi faite, est, dans les quatre espèces que nous décrivons, de couleur blanchâtre à sa base, ce qui la rend plus facile à re- connaître. Le vol des caracaras est, en général, rapide, quand oiseau le veut; mais, le plus souvent, il n’est que léger. Le caracara plane, ou, pour mieux dire, parcourt lentement la lisière des bois ou les alentours des maisons; il se repose très-souvent, et n’embrasse jamais une grande surface de terrain, comme les buses. Si, tout en volant, il aperçoit une proie, il pousse des cris désagréables et souvent répétés, qui sont, sans doute, des cris de Joie. Le caracara commun à aussi un chant d'amour qui lui a valu le nom qu'il porte. Comme, en volant, ces oiseaux regardent partout au-dessous d'eux pour découvrir pâture, la vivacité de leurs mouvemens de tête atteste assez qu'ils ont la vue très-perçante; et, en effet, tout en passant rapidement, ils voient tout ce qui peut les intéresser. Leur marche les distingue de tous les autres falconidées. On les voit se promener, à pas lents, par terre, et y séjourner long-temps. Un de leurs genres même ne se perche jamais sur les branches des arbres, et ses ongles usés à leur extrémité, sont encore un caractère qui le rapproche des vautours. Ce genre, pour cette raison, préfère les rochers ou les pics les plus escarpés, voisins des habitations. Ces oiseaux nichent également à terre; mais, le plus souvent, sur des buissons. Leurs œufs ont la forme arrondie des œufs de la cresserelle d'Europe, et les taches même qui les recouvrent ont le plus grand rapport avec celles de cet oiseau. Leur ponte est variable, suivant les espèces. Ils sont attentifs pour leurs petits. Les Guaranis donnent à cet oiseau le nom de caräcarä, par analogie avec le chant d’amour du polyborus vulgaris, qui reproduit, en effet, assez distinc- tement, les syllabes dont ce mot se compose. Ce même nom, adopté d’abord par Azara, l’a été, depuis, par Vieillot, par Cuvier, par Lesson, etc. Nous en formons aujourd’hui le mot caracarides, destiné à désigner les oiseaux que leur forme rapproche des caracaras, et dont on ne devra chercher léty- mologie ni dans le grec ni dans le latin, puisqu'il est tout américain. Les (49) Guaranis du Paraguay ont aussi le genre caräcarä; mais, comme ils n’en Oiseaux possèdent que deux espèces, ils désignent la seconde, qui est le chimachima, proie. par le mot de caräcara- (£, contracté de mfrt ou mini, petit), petit card- carä, quoique ce dernier n’ait pas le chant de l’autre, mais seulement parce qu'il lui est analogue pour la forme et pour les mœurs. Les Guaranis de l’intérieur du haut Pérou, moins jaloux des contractions euphoniques, le nomment caräcarä mint. En d’autres langues américaines nous retrouvons encore ces noms collectifs. Par exemple, les Samucus du sud-est de la province de Chiquitos (république de Bolivia) ont le nom générique alor, qui s'applique au polyborus vulgaris, tandis que la petite espèce, ou chimachima, est nommée par eux alor-énap. Les Indiens Chapa- curas du sud-est de la province de Moxos ont aussi évidemment un nom générique, chuc; car ils appèlent chuc-tara, le caräcara ordinaire, et chuc- an, le chimachima. Autant que nous pouvons en juger par les formes, la marche et les mœurs du secrétaire où messager ( falco serpentarius, Lin.), cet oiseau doit appar- tenir à notre série des caracarides, plutôt qu'à toute autre. Il constituerait alors un genre voisin de celui du caräcarä, caractérisé également par la forme de son bec sans dents, de la partie nue du tour des yeux, et même de la huppe, remplacée, chez certains caräcaräs, par des plumes frisées ; chez certains autres, par la faculté qu’ils ont de relever, à volonté, les plumes du derrière de leur tête. Nous lui trouvons un rapport de plus avec les carä- caras dans la nudité de son tarse; et, enfin, il est, avec les caräcaräs, le seul oiseau marcheur, et plutôt omnivore que carnassier. Ce serait lanalogue, en Afrique, des caräcaräs américains, qui habitent également les hauteurs ou les terrains secs et arides; car la longueur proportionnelle du tarse ne peut suflire, à notre avis, ce à l'égard de quoi nous ne partageons pas celui de M. Lesson, pour autoriser la formation d’une famille; et nous sommes persuadé qu'on adoptera notre opinion, dès qu'on attachera quelque prix aux indica- tions de mœurs, comme caractères accessoires venant à l’appui des caractères extérieurs que nous présente le messager. Il n’est pas jusqu’à sa manière de tuer les serpens, en les laissant tomber de haut, qui ne lui soit commune avec les caräcaräs, ainsi que nous l'avons reconnu plusieurs fois. Nous réunissons aussi aux caracarides le genre zbycter de Vieillot, que nous croyons appartenir aux caracarides proprement dits. IV. Ois. — Oiseaux de proie. ( 50 ) Genre RANCANCA, Zbycter, Vieillot. Ce genre nous paraît devoir appartenir encore à notre groupe de caraca- rides. Ce sont des oiseaux que leurs habitudes rapprochent des aigles-pêcheurs, en ce qu'ils suivent les rives des fleuves, se perchant plus volontiers que les caräcaräs proprement dits; mais ce sont encore des oiseaux qui n’attaquent aucune proie vivante, se contentant des animaux morts, ou, le plus souvent, d'insectes. RANCANCA GYMNOCÉPHALE, Zbycter gymnocephalus, Nob. Dans un de nos voyages de découvertes, fait en descendant de la Cordillère orientale de Cochabamba, en Bolivia, aux plaines inondées de la province de Moxos, pendant une navigation sur le Rio Securi et autres, nous avons souvent aperçu, sans jamais pouvoir nous le procurer, un oiseau de la taille du caräcarä ordinaire, entièrement noir, les pieds jaunes, la tête tout à fait nue et d’une belle couleur rouge. Son cri et ses allures nous font croire qu'il doit appartenir aux caracarides; et, sans doute, au genre rancanca. Gevre PHALCOBÈNE:, Phalcobænus, Nob. Caractères. — Bec fortement comprimé, sans aucune dent ni sinus, à com- missure très-arquée à son extrémité; cire alongée et droite; un large espace nu entourant la partie antérieure et inférieure de Pœil, et s'étendant sur toute la mandibule inférieure; tarses emplumés sur un tiers de leur longueur, le reste réticulé; doigts longs, semblables à ceux des gallinacés, terminés par des ongles longs, déprimés et élargis, très-peu arqués, toujours à extrémité obtuse où fortement usée; ailes de la famille, la troisième penne plus longue que les autres. Nous formons ce genre, afin d'y placer une espèce qui fait le passage des vulturidées aux falconidées et aux caräcaräs ordinaires, dont elle diffère, ce- pendant, par des tarses réticulés et par des doigts proportionnellement bien plus longs. Cette espèce ne se perche jamais sur les arbres; ses pieds, analogues à ceux des cathartes, ne peuvent servir que très-imparfaitement à saisir une proie quelconque. Elle appartient aux terrains arides du sommet des Andes. Il est curieux de rencontrer, parmi les falconidées américains, des oiseaux spécialement marcheurs, qui ne se perchent jamais sur les arbres, leur pré- férant les rochers nus. C’est une anomalie assez singulière au milieu d’oiseaux qui peuvent à peine marcher à terre. On a déja remarqué, chez le secrétaire, une certaine analogie de forme avec quelques gallinacés; mais aucun cara- 1. De ox, faucon, et de Guy, je marche : Faucon marcheur. (51) caride ne nous paraît présenter un aspect plus frappant que l'espèce que Oiseaux ae nous rapportons à ce genre; le port, la démarche, les habitudes même en soie. étant celles des coqs et des poules. PHALCOBÈNE MONTAGNARD, Phalcobænus montanus, Nob. Oiseaux, pl. Il, fig. 1, 2. Mas et foœm. : Rostro cærulescente; vertice pennis crispatis ornato; regione ophtalt- morum aureo; pileo, cervice , dorso , alis et pectore nigre coruscantibus ; partibus alarum , crissi ventrisque inferioribus albis, nec non extremis tectricibus remigi- busque; caud& nigrd, in extremä parte alb&; tarsis flavis. Jun. : Toto corpore rufo-brunescente, et partibus posterioribus maculis bruneis variatis. Caracrères. — Formes. Toutes les plumes de la tête frisées, celles du cou effilées et ter- minées en pointe; les ailes longues, mais beaucoup plus courtes que la queue; les rémiges au nombre de douze et larges, la première plus courte de deux pouces que la seconde et égale à la sixième, la seconde presque égale à la troisième, quoiqu’un peu moins longue, la quatrième seulement un peu plus courte que la troisième, et toutes les autres allant en diminuant brusquement de longueur; les plumes du haut du tarse longues et soyeuses, sa base marquée de quatre squamelles; tout le reste réticulé par de larges écailles irrégulières. Le doigt médius est couvert de seize à dix-sept squamelles onguéales ; les autres en ont beaucoup moins, quoiqu’en ayant sur toute leur longueur. Ongles longs, fortement déprimés, larges et un peu tranchans à leur côté interne, très-usés à leur extrémité. Tout l’espace compris entre le bec et l’œil, nu, et muni seulement de quelques poils; le haut de la gorge également nu. Les narines petites, arrondies et placées au bord antérieur de la cire. Les oreilles couvertes de petites plumes rondes. Dimensions. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 55 centimètres : envergure ou vol, 1 mètre 18 centimètres; longueur du pli de l’aile à son extrémité, 36 centimètres; longueur de la queue, 20 centimètres; circonférence du corps sur les ailes, 33 centimètres; développement du bec, 3 centimètres; du tarse au bout des doigts, 12 centimètres; du doigt du milieu, 5 centimètres; de l’ongle du pouce, 22 millimètres. Couleurs. Le bec, bleu verdâtre; la cire et les parties nues de la tête sont du plus bel orangé; les yeux bruns; les tarses ont une teinte de jaune-orangé qui s'étend sur les ongles; la tête, le cou, la poitrine, le dos, les flancs, le dessus des ailes et la queue sont noirs, à reflets métalliques peu apparens ; tout le dessus de laile, le ventre, les cuisses et les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont blancs; l'extrémité et la base de chaque tectrice sont blanches sur un pouce de largeur; une petite bordure blanche termine aussi les rémiges et les tectrices : les premières sont transversalement rayées de blanc à leur base. Le plumage que nous venons de décrire est celui des adultes, mâle et femelle. Celui des jeunes est si différent qu’on serait tenté de les prendre pour des espèces distinctes. (52) Oiaux Dans les jeunes, en effet, les teintes vives des parties nues de la tête sont remplacées de proie. par des teintes beaucoup plus pales; les tarses sont jaune-verdätre; la couleur générale est roux-brun assez clair, avec une bordure plus pâle à chaque plume, et la tige noirätre; les rémiges sont brunes; les grandes ont du jaune-roux à leur base, avec quelques raies irrégulières brunes; le dessous de chacune est d’un beau roux vif, surtout au milieu; le croupion et les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont d'un jaune sale, avec quelques lignes irrégulières transversales d’un brun pale; les cuisses ont les mêmes raies; les lectrices sont toutes terminées par une tache jaune, excepté les deux médianes, qui sont brunes; les autres n’ont que le côté externe de cette couleur, et le reste, ainsi que la base, est d’un jaune sale; le dessous est jaune avec une tache oblique brune, placée près de l'extrémité interne de chaque tectrice. Tel est le plumage d'un individu d’une année; car ces teintes sont peu à peu remplacées par les couleurs tranchées des adultes; et, la troisième année, l'oiseau a revêtu toutes celles qu'il doit conserver toute sa vie. Cette espèce, par une antinomie assez remarquable dans la distribution géographique des oiseaux, se montre où disparaît le polyborus vulgaris ; aussi n’avons-nous jamais ren- contré ensemble ce dernier et notre phalcobène; et, s’ils se réunissent, c’est seulement aux confins de leurs zones respectives d'habitation. Nous avons vu, pour la première fois, notre espèce, en gravissant les contreforts occidentaux de la chaîne des Andes, sur le chemin de Tacna, du Pérou, à la Paz (Bolivia). Nous l'avons vue encore sur le plateau particulier des Andes, et notamment sur le grand plateau des Cordillères, qui conserve une élévation de 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer. À notre descente sur le versant est de la Cordillère orientale, elle disparut entièrement, et nous ne la retrouvàmes ensuite que sur le sommet de la chaîne orientale, à Cochabamba, sur la chaîne de Potosi, et sur tous les points qui correspondent à notre troisième zone d’élévation (la zone au- dessus de 11,000 pieds), ou dans toute la zone élevée que les habitans du Pérou nomment puna. Nous concluons de nos observations que cette espèce habite du 12.° au 20.° degré de latitude sud, seulement sur les montagnes de notre troisième zone. Elle descend cependant quelquefois jusque près de la mer, sur la côte du Pérou, mais ce n’est que pour peu de temps, et peut-être afin d’y chercher momentanément une nourriture qui lui manque dans son séjour habituel; peut-être aussi la nature du sol l'y attire-t-elle; car elle y trouve les terrains arides qui lui sont propres; au contrair& elle ne descend jamais sur le versant oriental des Andes, où une végétation active et une chaleur humide ne conviennent pas, à ce qu'il paraît, à son genre de vie. Elle aime les terrains secs et dépourvus de grands végétaux, qui lui seraient inutiles; car il nous est prouvé qu’elle ne se perche pas sur les branches; au moins ne l’avons-nous jamais vue ailleurs qu’à terre ou perchée soit sur les pics, soit sur les points culminans des rochers. Elle s’élève très-haut sur les montagnes, où l’on peut la voir, le plus souvent, à terre, ou planer, par intervalle, comme les caracaräs; elle s'élève ainsi de rochers en rochers jusqu’au niveau des neiges, mais très-rarement, parce que ses habitudes et son genre de vie lui rendent nécessaire le voisinage de l'homme; aussi n'est-elle sédentaire qu'aux lieux (55 ) où l’homme lui-même est fixé. Si donc elle le suit quelquefois dans ses voyages, c’est Oiseaux de seulement parce qu’elle espère profiter des restes de ses repas. Nous ne croyons pas qu'elle passe à l’est de Cochabamba, à cause des bois, qui commencent promptement à couvrir les ravins, et de l’abaissement graduel des montagnes. proie. Nos montagnards ne se réunissent jamais en troupes, comme les caräcaräs ordinaires, lorsqu'il se présente une proie à exploiter en commun. Nous les avons vus sédentaires, dans les mêmes lieux, parcourir, le plus souvent, à deux, la campagne, et s’y partageant, mais non pas toujours sans querelles, le butin qu’ils rencontrent ensemble, Il est rare d’en voir plus de trois ou quatre réunis; mais, alors même, leur caractère querelleur les porte à jeter des cris désagréables, en se poursuivant mutuellement pour se ravir leur proie. Ils ne se mêlent jamais aux cathartes ni aux condors, pour partager avec eux une pâture, attendant, le plus souvent, sur les pics voisins, que leur tour soit venu de prendre part au repas. Quoique répandus sur une surface de terrain immense, ils sont peu communs, et, sans doute, les moins nombreux de tous les caracarides. II nous est arrivé souvent de n’en voir aucun pendant toute la journée; mais, à peine nous élions-nous arrêté dans un ravin ou sur les coteaux des Andes, afin d’y passer la nuit, que nous en voyions paraître deux ou trois sur le haut des montagnes voisines. Ils y restaient en sentinelle jusqu’au lendemain; et, le lendemain, à peine étions-nous à quelques centaines de pas de notre halte de la veille, qu’ils y descendaient au plus tôt et y cherchaient avec empressement, à terre, en se promenant avec gravité, les restes de nos repas. Nous avons remarqué que chaque groupe de cabanes d’Indiens pasteurs du sommet des Andes a son couple de notre espèce vivant aux dépens des habitans ou des troupeaux; car, également aux aguets des Ilamas femelles qui mettent bas, on les voit en disputer le placenta au fidèle chien berger, ou causer la mort des petits, en les déchirant parle cordon ombilical, à la manière du condor et des cathartes, mais avec une extrême facilité, en raison de la force de leur bec. Quoique peu craintifs, ils sont défians, comme tous les oiseaux de proie, et ne se laissent pas approcher aussi volontiers que les caräcaräs ordinaires ; ce qui vient, sans doute, de ce que les bergers des Andes ne cessent de leur donner la chasse à coups de pierres, au moyen de la fronde, leur arme habituelle, dont ils se servent assez adroitement. Le vol du phalcobène montagnard est, en tout, celui de la famille des caracarides, et, en particulier, celui du polyborus vulgaris, quoique plus aisé et plus prolongé. Ses ailes aussi déploient, dans cet exercice, un carré long; il y est agile, rapide et léger à la fois. Il ne saute pas à la manière des faucons. Il est, de tous les caracarides, le plus essentiellement marcheur; il marche, réellement, d’un pas grave et mesuré, comme les coqs, tenant le corps horizontal et non pas incliné, ainsi qu’on représente toujours les oiseaux de proie. Il ne se pose que sur les rochers, lorsqu'il est au repos, au lieu de se percher sur les arbres, comme les autres caracarides; aussi ses ongles sont-ils tout usés, et le voit-on toujours à terre. Sa vue est aussi perçante que celle des autres espèces, et son cri, quoique très-fort et très-désagréable, est tout à fait différent de celui du polyborus vulgaris. On ne le voit jamais, comme ce dernier, replier sa (54) Oiseaux tête sur le dos, pour faire entendre ce chant d'amour qu’exprime le mot cardcard. de proie. Nous n'avons jamais vu notre espèce chasser aux animaux vivans. Îl serait cependant possible qu'elle chassät les cobayes, qui couvrent, en grand nombre, tout le plateau des Andes. Elle vit ordinairement des restes d'animaux morts, rejetés des maisons des Indiens, ou par les voyageurs; et l’on nous a même assuré qu’elle ne dédaigne pas les excrémens. Quoi qu'il en soit, il est certain qu’elle ne chasse pas aux oiseaux, et même que ces derniers la regardent sans crainte. Elle ne poursuit pas, non plus, les jeunes poulets, comme le caräcarà ordinaire, et se montre, en cela, moins carnassière. Nous n'avons jamais vu son nid. Elle s’accouple au mois de Novembre. Les Indiens disent qu’elle couve dans les anfractuosités des rochers abruptes, ce que nous croyons sans peine; car elle paraît aimer les rochers, vivant toujours dans leurs parties les plus déchirées. Les Indiens Aymaras et Quichuas des Andes nomment cet oiseau, quand il est adulte, allcamari*, et suamari, quand il est jeune. Les Espagnols le nomment dominico (domi- nicain), à cause des couleurs noire et blanche de son plumage. Genre CARACARA, Polyborus, Vieillot. Caräcarä, Marg., Azara, Cuvier, Lesson; Falco, Lin., Lath., Temm. CaracTÈrEs. — Bec comprimé, muni d’un indice de dent près de l'extrémité de la mandibule supérieure, ou, quelquefois, d’un simple feston, à commis- sure droite, arquée seulement à son extrémité; cire large et couverte de poils; un espace nu, plus ou moins large, entourant l'œil, et s'étendant jusqu’au bec; tarses entièrement nus, ou montrant quelques plumes soyeuses à la partie supérieure; le reste écussonné par des lignes de squamelles, dont deux antérieures et deux postérieures, et, ailleurs, réticulé; doigts plus longs que dans les aigles ordinaires, et plus courts que chez les phalcobènes, munis d'ongles peu arqués, permettant encore au sujet une marche facile, tous comprimés et bicarénés en dessous; le médius seul élargi à son côté interne; tous plus ou moins émoussés à leur extrémité; aile longue, oblongue, la quatrième penne la plus longue de toutes. Nous réunissons, dans ce genre, non-seulement le caräcara ordinaire ou polyborus vulgaris de Vieillot, mais encore les polyborus chimango et chi- machima du même auteur, que Cuvier et Lesson ont placés parmi les aigles- pêcheurs, quoiqu'il soit bien difficile de les séparer, pour peu que lon 1. Allca-mari a la même signification dans les deux langues. Ælca veut dire de deux couleurs, et mari est la radicale du verbe fuir et ses dérivés. L'oiseau se trouve ainsi désigné, tout à la fois, avec une précision remarquable, au propre, par lun de ses caractères extérieurs, €t au figuré, par l’une de ses habitudes. (55) connaisse leurs mœurs; ou, même indépendamment de cette connaissance, Oiseaux les caractères de leurs formes les liant intimement les uns aux autres. A Tous sont aussi des oiseaux marcheurs, quoiqu’ils ne le soient pas autant que les phalcobènes, puisqu'ils se perchent sur les maisons et sur les arbres; mais ce sont, parmi les falconidées, les seuls oiseaux qui aient encore une marche réelle et les mœurs des cathartes; aussi sont-ils toujours, comme ces derniers, les voisins peu agréables de l’homme civilisé et de l’homme sauvage, aux dépens desquels ils vivent. Ce qui les distingue des phalcobènes, cest qu'ils enlèvent leur proie avec leurs serres, et sont très-friands de reptiles, de serpens, surtout, comme le secrétaire d'Afrique. Ils habitent toutes les latitudes et tous les terrains, depuis la ligne jusqu'aux régions méridionales froides, et les montagnes aussi bien que les plaines chaudes. I. SECTION. Caräcaras à jabot saillant et nu. Nous ne retrouvons ce caractère que parmi les vulturidées; et le polyborus vulgaris nous en présente seul un exemple parmi les falconidées. CARACARA COMMUN, Polyborus vulgaris, Vieill., Gal. pl. 7, 4 Juin; Spix, pl. 1. Son œuf; Oiseaux, pl. I, fig. 5. Cuvier, Règne animal, tom. I, pag. 328; Falco brasiliensis, Gmel.; le Busard du Brésil, Briss. Polyborus pileo nigro-bruneo ; genis rubris; gutture albicante; pectore dorsoque nigro- et squalido-albo transverse lineatis ; ventre et hypochondrio nigricantibus ; caudd albidd, griseo-radiatd , extremd nigrä; remigium basi albo variatd. CaracrÈères. — Bec, bleuätre; yeux, jaune-roux; tarses, jaune-foncé; parties nues du tour des yeux, aurore; mêmes teintes pour l'adulte, mâle et femelle; mais dans le jeune, les lignes transversales de la poitrine sont remplacées par des plumes brunes, au milieu de chacune desquelles s'étend, en longueur, une tache longitudinale blanchätre; queue bien plus longue que chez l'adulte, et teintes des parties nues beaucoup plus pâles. Tous ont une odeur de putréfaction due à la nature de leurs alimens, mais beaucoup moins forte que chez les cathartes. Ce caräcarä, indiqué par Margrave 1, d’une manière incomplète, mais très-bien décrit par Azara ?, est, sans contredit, le plus commun de tous les falconidées américains; et nous répéterons même, avec l'observateur espagnol, qu’il l’est autant à lui tout seul que tous les autres falconidées ensemble. Nous l'avons rencontré dans toutes les parties froides, tempérées et chaudes de l'Amérique méridionale, sur les montagnes peu élevées, comme 1. Hist. Brasil., page 211. — 2. Tome II, page 32, n.° IV. ( 56 ) Oiseaux dans l’immensité des plaines. Nous l'avons vu, tour à tour, sur les collines de la Banda de proie. oriental et de la Plata; au milieu des Pampas de Buenos-Ayres et des marais de la frontière du Paraguay; sur les côtes arides de la Patagonie; dans toutes les parties montagneuses et buissonneuses du Chili; dans les déserts de la côte du Pérou; sur les montagnes de second ordre de la Bolivia, ainsi que dans toutes les plaines boisées et sur les collines du centre de l'Amérique méridionale; mais nous ne l'avons pas trouvé sur les Andes, sur les montagnes qui atteignent une hauteur de 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, ou dans les forêts humides et chaudes au milieu desquelles on ne voit plus de plaines; encore vit-il sur le bord des rivières qui les traversent , si, déjà, le bord de ces rivières est habité par l’homme sauvage. En effet, le caräcarä suit l’homme, soit dans la civilisation des villes, soit dans la simplicité de sa vie pastorale, au sein des plaines; il le suit, parcourant par hordes dévastatrices les immenses Pampas du sud, ou se fixant, enfin, et commençant à cultiver le sol si fécond des contrées chaudes. De même que le catharte, le caracarä ne trouverait pas assez de nourriture s’il ne s’associait à l’homme, dont il partage alternativement les privations et l'abondance, souffrant , comme lui, la faim, sans se plaindre, ou consommant, en un seul jour, les provisions d’une quinzaine. Sobre ou vorace, tour à tour, il sait se faire à tout, sans jamais abandonner l’homme, qui est quelquefois, malgré lui, son protecteur, mais, bien plus souvent, son persécuteur volontaire. Le caräcarä n’a donc pas d’asyle qu’il affectionne particulièrement ; et, comme le chien chez les mammifères, et la poule chez les oiseaux, il habite tous les lieux où l’homme peut habiter, puisque celui-ci lui devient indispensable; c’est, en un mot, un animal parasile, vivant, ainsi que tous les êtres de son espèce, aux dépens de ceux-là même qu'il craint le plus, et qui ne cessent de lui faire la guerre. Le caräcara se couche bien avant les cathartes. Il passe ordinairement la nuit à côté de sa fidèle compagne, sur les branches inférieures d’un vieil arbre adopté par lui. Dans les lieux où les arbres sont éloignés, sa journée s'achève bien plus tôt, un trajet de cinq à six lieues ne l’effrayant pas pour aller retrouver son gite habituel ; et, cet espace, il le franchit en un instant. C’est particulièrement en Patagonie que nous avons pu remarquer ce manège des caräcaras qui, chaque soir, allaient dormir sur les saules du haut du Rio negro, et descendaient, tous les matins, autour des différentes fermes où l’on élève les bestiaux. Dans les lieux où les arbres manquent, le caräcarà choisit, pour domicile, le point le plus élevé des buissons; ou, à défaut de buissons voisins, un tertre; mais cela, très-rarement ; car il aime beaucoup à se percher. Le matin, sans jamais devancer l'aurore, comme l’urubu, pour commencer sa chasse, il se lève avec le soleil, et commence sa journée. Planant d’abord ou plutôt volant avec assez de rapidité, en regardant tout sur sa route, il se dirige tout droit sur des fermes qu’il a choisies pour son terrain de chasse ordinaire, ou sur la maison dont il sait qu’il doit attendre la nourriture la plus abondante. Il se pose habituellement sur les arbres des environs, sur les barrières, sur le toit même des maisons , ou bien il parcourt les alentours à pas lents, visitant avec soin les ossemens répandus sur le sol pour en arracher le + -. ES LT # £ (57) moindre lambeau de chair; souvent par paires, mais, le plus souvent, en troupes nom- Oiseaux “breuses, dans lesquelles se perdent et se confondent les individus de chaque couple, pour ne plus se retrouver et se reconnaitre que le soir, en regagnant la retraite com- mune. Toute la journée, ils se mélent avec les chimangos, avec les deux espèces de cathartes; et, en d’autres saisons, avec les innombrables cohortes de mouettes et de goëlands qui viennent, comme eux, vivre, quelques mois, aux dépens de l’homme. Leur caractère querelleur devrait leur faire préférer la solitude; et nul doute que l'intérêt seul les rassemble; car ils ne montrent jamais entreux cet esprit de vigilance qui caractérise les oiseaux vivant en grandes familles; aussi ces réunions ne sont-elles que fortuites, et chacun n’y est-il que pour soi. Autour des établissemens où l’on sale la viande, et desquels on rejette souvent des centaines de carcasses, encore couvertes de chair, on voit quelquefois réunis des milliers de cathartes et de caräcaräs qu’attire de loin cette pature; car le caräcara, sans jamais quitter le pays, le parcourt dans un rayon de cinquante lieues et plus, en suivant la marche des voyageurs et des Indiens, ou quand le manque d’alimens le force à pousser au loin ses migrations. Les ressources épuisées , les caracaras se dispersent, et chacun va, de son côté, chercher, de nouveau, fortune ailleurs. Les caräcaras sont, peut-être, les plus familiers des falconidées. Ils sont si peu sauvages, dans certaines parties de l'Amérique méridionale, où les bestiaux abondent, qu’à peine se dérangent-ils au passage du voyageur; ou, s'ils se croient trop près, ils s’en éloignent seulement de quelques pas, soit en marchant, soit en sautant, pour se poser à peu de distance. Généralement querelleurs, ils se livrent sans cesse des combats sanglans, soit pour un perchoir, soit, et bien plus souvent encore, pour une proie. Alors, comme toujours et partout dans le monde, le plus faible doit céder. Impertinent et se fiant, sans doute, à la force de son bec, le caräcara s'attaque non-seulement aux siens, mais encore aux autres espèces de caracaräs, aux cathartes, aux mouettes, ou à tel autre oiseau qui le gène ou dont il est jaloux. A-t-il vu, par exemple, une mouette ou un catharte avaler un bon morceau? Soudain il s'acharne à sa poursuite, le presse, le harcèle, jusqu'à ce qu'il lait contraint à dégorger, pour s’en nourrir lui-même, cet aliment qu'il lui envie; et, nouveau stercoraire, vit ainsi, fort souvent, des déjections des autres oiseaux. Les moueltes, peu belliqueuses, dégorgent facilement, parce qu’elles sont accoutumées à le faire, quand, à la mer, elles sont poursuivies par les stercoraires et par les puffins : mais les cathartes osent quelquefois résister; et, alors, bataille sanglante, où les carä- caräs obtiennent toujours la victoire, qu'ils doivent à la supériorité de leurs armes. Nous n'avons jamais vu plusieurs caräcaräs ensemble sans être témoin de quelques différens et de quelques coups de bec. Le caräcarä, sans nul doute, est le plus bruyant et le plus effronté de tous les oiseaux de proie d'Amérique. Il est très-vif dans ses manières; il marche le corps horizontal, la tête élevée, en regardant fièrement autour de lui. Si quelque chose l’inquiète, il dresse les plumes qu’il porte sur locciput, et qui, alors, dessinent une espèce de capuchon. S'il attend, perché sur un arbre ou sur tout autre objet, il rentre la tête entre les épaules, et ses ailes sont alors un peu pendantes, ù) 1V. Ois. de proie. Diseaux de proie. (58) « surtout lorsqu'il a froid. Dans sa marche lente et composée, pendant laquelle il retourne de temps en temps la tête, pour ne rien laisser échapper de ce qui peut mériter son attention, il forme des pas assez alongés, en avançant alternativement les jambes l’une devant l’autre, et cela, des heures entières, sans jamais sauter, à la manière des aquiléides et des falconides. Il aime aussi beaucoup à percher, et c’est toujours sur les branches des arbres ou sur les maisons qu'il établit son observatoire de jour. Sa vue est très-perçante, et ses cris sont des plus désagréables. Ceux qu’il fait entendre lorsqu'il poursuit un autre oiseau ou dans les combats, sont bien différens de celui qu'exprime son nom guarani de caracard, et le nom que lui donnent beaucoup d’autres nations américaines. Îl ne fait entendre ce dernier cri que dans le repos, et seulement à terre, tout en retournant la tête en arrière, de manière à ramener le sinciput sur le dos. Ce cri, quand un caräcarä le profère, est répété, bientôt, à plusieurs reprises, et comme à l’envi, par son compagnon et par tous les caräcaräs du voisinage. C’est principalement au temps des amours qu'il le fait entendre; et, pourtant, il est difficile de le prendre pour un chant d'amour, surtout en se rappelant les mélodieux accens de notre rossignol. Le vol du caräcarä est toujours horizontal, très-rapide, et ses ailes forment alors un angle droit avec le corps. Il ne plane pas, comme la buse, et n'a pas de manière particulière de voler, quand il chasse. Quelquefois, après la pluie, il étend ses ailes, pour les faire sécher; mais une forme distincte de vol n’annonce jamais chez lui, comme chez les urubus, l’approche du mauvais temps. Le caracarä est omnivore, el se nourrit de toute substance animale, putréfiée ou non; mais il préfère les animaux vertébrés, et, parmi ces derniers, les reptiles ophidiens, remplaçant , à cet égard, en Amérique, le secrétaire du cap de Bonne-Espérance. Nous avons été plusieurs fois témoin de la préférence qu’il donne aux serpens. Un domestique à cheval ayant laissé trainer derrière lui une lanière de cuir ou courroie, un caracarà la prit pour un serpent, et suivit, en courant, le cavalier, jusqu’à ce qu'il eût enfin reconnu son erreur. Il mange quelquefois des limaçons et des insectes, mais il faut qu’il soit pressé par la faim. Les sauterelles lui servent plus souvent de pis-aller que les autres insectes. Il prend quelques petits mammifères vivans, mais préfère, en général, une chasse plus facile, et se contente des restes des charognes. Jamais il ne chasse aux oiseaux dans la campagne, quoique, dans certaines contrées, il ne puisse voler, sans se voir incessamment poursuivi par des troupes de gobe-mouches, surtout, qui le harcèlent pendant long-temps, sûrs qu’il ne cherchera pas à se défendre; mais plus hardi parmi les oiseaux domestiques, et vivant quelquefois près d’une couvée de poulets, on le voit descendre inopinément dans une basse-cour , et enlever dans ses serres, malgré la pauvre mère, accourue à la défense de ses poussins, un poulet qu’il va dépecer au loin. Ce corsaire de la gent volatile accompagne quelquefois le chasseur, sans que ce dernier s’en doute; et, dès que le chasseur a touché un oiseau, s’il n’est prompt à le relever, plus alerte que lui, le caracarä lui enlève sa chasse avec une effronterie sans exemple. L'oiseau, blessé par le chasseur, est, de suite, achevé par le caräcarä, qui, pourtant, n’attaquerait jamais le plus petit oiseau plein de vie. Les caräcaräs se réunissent aux cathartes pour dépecer 4 (59) un animal mort dans la campagne; et c’est alors que ces avides rivaux se livrent les plus Oiseaux sanglans combats. Que le berger attentif ne perde pas un instant de vue sa brebis prête à mettre bas; car le caracara la guette, et la moindre négligence peut coûter la vie au jeune agneau, bientôt déchiré par le cordon ombilical; aussi avons-nous vu le chien berger de la province de Corrientes, actif autant que judicieux, s’empressant autour du troupeau que, seul, il conduit, surveille et ramène, n’en laisser jamais impunément approcher un caracar4. Le voyageur a pu se croire entièrement seul au sein des vastes solitudes ... erreur; des hôtes cachés l’y accompagnent. Qu'il suspende sa marche; et, soudain, il verra plusieurs caräcaräs paraître aux environs, se percher sur les arbres voisins, ou attendre, auprès, les restes de son repas. Eux repus, et le voyageur endormi, plus de caräcaräs, jusqu’au lendemain... mais ils partent avec lui, le suivent toujours, sans se montrer, et ne reparaitront de nouveau qu’à sa halte prochaine. Met-on, enfin, le feu à la campagne, pour renouveler les pâturages? Le caräcarä, le premier, plane sur ce théatre de destruction, et vient y saisir, au passage, tous les pauvres animaux qu'une fuite rapide allait dérober à leur perte. Le caräcarà s’accouple toute l’année, comme les animaux domestiques, dont peut-être il a pris les mœurs. Les plus grands froids, même ceux du 28.° degré, comme nous en avons fait l’observation à Corrientes, n’y mettent pas le moindre obstacle; mais nous croyons pouvoir assurer qu'il ne fait qu’une ou deux couvées par an. Il commence ordinairement à construire son nid dans les mois d’Août et de Septembre; il le place sur les arbres les plus touffus et les plus enlacés de lianes, ou dans les halliers, à défaut de grands arbres. Ce nid se compose, à l'extérieur, de branchages secs et épineux; quelquefois il en tapisse de crins l’intérieur. Il y dépose deux œufs d’un rouge violet, couvert de taches plus foncées de la même couleur, et plus rapprochées sur le gros bout que sur l’autre. Ces œufs sont longs de 74 millimètres, sur un diamètre de 46 millimètres. Le diamètre en est un peu moins grand d’un côté que du côté opposé, sans que la forme en soit pourtant aussi acuminée que celui des œufs de cathartes. Les jeunes naissent avec un long duvet blanchätre. Ils reçoivent de leurs parens les soins les plus tendres, tant qu'ils sont dans le nid; mais leurs parens les abandonnent dès qu’ils commencent à pouvoir se suffire à eux-mêmes. Îls sont, pendant quelques mois, d’une voracité extrême, mais aussi d’une imprudence égale à leur voracité; ce qui fait que les habitans en tuent beaucoup. Quoique le caräcarä rende de grands services aux habitans, en les débarrassant de leurs immondices et des animaux morts que leur indolence laisserait s’accumuler dans les campagnes, ceux-ci le détestent et le poursuivent partout avec acharnement, parce qu'il détruit leurs poulets, et les oblige à surveiller leurs troupeaux de moutons à l’époque où les femelles mettent bas. Le nom du cardcard, d’origine guarani, est le même chez toutes les tribus de cette grande nation. Ce nom est-il formé de la réduplication de card, qui signifie adresse, astuce, curiosité, etc., toutes qualités que nous retrouvons chez l'oiseau qu’il désigne ? Ou, comme nous penchons à le croire, ne serait-il pas plus naturel d’y reconnaitre l'expression de son chant d'amour, dont nous retrouvons l’analogue dans beaucoup proie. (60 ) L + Oiseaux de mots des dialectes ou des langues américaines, par exemple, dans le chuctara des de proie. Chapacuras, du sud-est de la province de Moxos; le catavora des Baurès, leurs voisins ; le chara des Cayuvara, du nord-ouest de la même province; le palapala des Men ; le tayna des Pacaguaras, du nord du pays; le taruba des Movimas, et le Auaya des Moxos? À Chiquitos, nous constlaterons également l’influence du chant du caräcar4, dans les noms que lui donnent les diverses nations de cette contrée, comme les Morotocas et les Guarañocas, qui le nomment Æirakira, et les Saravecas, du centre de la province, qui le nomment acachacacha. Tous les autres noms qu’il porte chez d’autres nations ont, sans doute, une autre étymologie que celle qu’on peut tirer de son chant. Ainsi, parmi les nations méridionales, les Patagons le nomment kejru (prononcez kéjrou); les Puelches, chamcham (prononcez tchamtcham) , et les Araucanos des Pampas et du Chili, traru , laaru où taru (prononcez trarou, taarou ou tarou); les Bocobis du Chaco, près de Santa-Fe, l’appèlent sriartaic, et les Tobas du même Chaco le connaissent sous le nom de anéaradé. Dans la province de Chiquitos, certaines nations lui donnent une appellation étrangère à l’analogie de son chant. Ainsi la nation Chiquita l’appèle nutuickh ; les Samucas le nomment alor ; les Otukés aravo ; les Quitemocas, tipan; les Cucikia, nacogné ; les Paunacas, silla, et les Paiconecas, ketseco. Dans la province de Moxos, certaines tribus lui donnent encore des noms différens. Par exemple, il se nomme catavo chez les Mucho- jeones; catavora chez les Baurès; whuéké chez les Itonamas; neuchararu chez les Cani- chanas, du centre de la province, et ajuckag chez les Matacos du Chaco. Les Espagnols du Rio de la Plata l’appèlent carancho (pelé ou sans plumes), mot qui paraît dérivé de la langue quichua, comme la parlent les habitans du sud du Haut-Pérou. A Santa-Cruz de la Sierra, dans l’intérieur de la Bolivia, on le nomme {ui (prononcez toui). II SECTION. Caracaras à Jabot non saillant et emplumé. CARACARA CHIMANGO, Polyborus Chimango, Vieillot. Ses œufs. Oiseaux, pl. Il, fig. 3, 4. Chimango, Azara; Pycargue Chimanzo1, Halictus Chimanzo, Lesson. Polyborus corpore toto bruneo ; pennis margine pallidioribus ; rostro livido; ventre, uropygio squalide flavis; cauda transverse variegata, fascia extrema fusca, albo margine; tectricibus majoribus albicantibus , nigricante variatis ; remigibus bruneis ; tectricibus inferioribus rufis. Le jeune et la femelle ont toujours les mêmes couleurs. Teinte générale, le roux-brun ; le dessus du sinciput plus päle; les couvertures inférieures de l'aile, roux-jaune; le 1. Nous ne savons pourquoi M. Lesson a changé le nom de Chimango en Chimanzo, ce premier nom étant celui que porte l'oiseau dans le pays, et le nom adopté par Vieillot. LL (61) dessous, jaune-sale; les rémiges brunes, variées de cette couleur sur un fond jaunätre Oiseaux à leur base; les grandes tectrices presque blanches, avec quelques lignes irrégulières A transversales, brunes. Les tectrices ont une bande brune près de leur extrémité, bordée d’une teinte blanchâtre, le reste de leur superficie est plus ou moins marbré de brun sur une teinte blanchätre; ces marbrures diminuent en nombre, à mesure qu’elles se rapprochent de la base des pennes, et sont remplacées par des lignes irrégulières, placées à distance les unes des autres. Les rectrices latérales ont peu de marbrures; leurs lignes sont plus marquées, et leur teinte est roussâtre. Le derrière, les cuisses et le dessous de la queue sont jaune-sale. Bec jaune; yeux jaune-roux; tarses jaune-clair. Le mâle ne diffère de la femelle que par des teintes plus sombres. Sa longeur totale, prise sur le vivant, est de 36 à 37 centimètres; la circonférence de son corps, de 19 centimètres, et son vol ou envergure, de 75 centimètres. Il n’est pas étonnant qu’on ait long-temps confondu cette espèce avec le falco degener, Illiger, et qu’on lait cru de sa famille. Il est impossible de présenter plus de rapports de forme et surtout de couleur. Nous les avions nous-même confondus au premier abord; mais, en remarquant , ultérieurement, que le sujet que nous regardions comme le mäle ne se trouvait qu’à Corrientes, tandis qu’il y avait seulement des femelles sur les rives de la Plata, l'étude plus attentive des mœurs de ces oiseaux, et des localités respectives qu'habite chacun d’eux, ne tarda pas à nous y faire reconnaître, avec Azara, deux espèces vraiment très-distinctes; mais qui, depuis, ont encore été confondues , sous le même nom, par M. le Prince Maximilien de Neuwied.! Fidèle compagnon du caräcarä ordinaire, le chimango ne l'accompagne pourtant pas servilement partout. Nous l'avons rencontré principalement dans toute la république Argentine; depuis la Patagonie jusqu'aux frontières du Paraguay; sur la côte du Chili et sur celle du Pérou. Au sud, il se trouve jusqu’au détroit de Magellan; et dans le nord, il remonte jusque près d’Arica , par le 16. degré de latitude sud. Il préfère les plaines aux montagnes, et à toutes autres localités, les terrains secs et couverts de buissons. Il habite indifféremment à l’est ou à l’ouest des Andes; mais il est incomparablement plus commun dans les plaines orientales que sur les montagnes de loccident. C'est surtout dans les Pampas de Buenos-Ayres et dans la Patagonie qu’il établit ses colonies les plus nombreuses. Il ne suit point le caräcarä dans l’intérieur des plaines chaudes de la Bolivia, ni sur les montagnes secondaires de cette république, ni sur celles du Pérou: mais, dans tous les lieux qui les retrouvent ensemble, les mœurs, les habitudes, les goûts du chimango sont ceux du caräcara. Comme le caräcarä, il s'attache à l’homme dans ses établissemens, dans ses migrations, dans ses voyages; il a le vol du caräcarä, ses manières vives et bruyantes, son esprit querelleur; mais ici, différant de son modèle, il ne tourmente, n’atlaque, ne combat que les oiseaux de son espèce; et, sans doute en raison du sentiment de sa faiblesse, ne poursuit jamais les autres oiseaux pour les forcer à rendre leur nourriture, afin de s’en nourrir lui-même. Il se montre moins 1. Tome IIT, page 162. Oiseaux de proie, ( 62 ) 4 fier que le caräcarä, sans lui céder en familiarité, en audace et en effronterie. Sa nourri- ture est celle du caräcar4, les animaux morts, les chairs rejetées des maisons indiennes, les reptiles, les insectes, les jeunes poulets; et, comme dévastateur des basses-cours, il ne mérite et ne s'attire pas moins que lui lanimadversion des fermiers. Quant aux détails, nous nous référons à ceux que nous avons donnés dans l’article précédent, pour épargner à nos lecteurs des répétitions gratuitement fastidieuses. Le chimango est, après le caracarä ordinaire, l'espèce la plus commune, sans qu’on puisse, néanmoins, en porter le nombre même à un dixième de celui de cette première espèce. Plus marcheur que le caräcarä, il ne recherche pas autant les grands bois pour s'y coucher, se contentant, le plus souvent, du toit d’une maison, ou d’une butte élevée en terre ou en pierre. On le voit, comme nos poules, en été, se rouler, avec délices, dans la poussière des chemins. Il a une sorte de cri de guerre qu’on peut traduire par la syllabe chit; cri prolongé, cri aigu, répété continuellement, et de l'effet le plus désagréable. Ses amours commencent au mois de Septembre ou d'Octobre. Le chimango s'éloigne alors un peu des habitations, pour déposer sa nichée sur des arbustes touffus, ou même sur des arbres. Il y construit un nid volumineux, composé d’épines et de racines, et dans lequel il pond cinq à six œufs, dont les diamètres sont de 42 sur 34 millimètres. La couleur en est rougeätre, avec des taches rouge-brun, surtout au gros bout, quoi- qu'il y ait quelquefois exception. La forme de ces œufs et la distribution de leurs taches les font ressembler beaucoup aux œufs des cresserelles de France, les plus familiers de tous nos oiseaux de proie, puisqu'ils nichent dans les vieilles constructions. Le chimango, à cette époque, perd un peu de son égoisme ordinaire. Il partage souvent, alors, ses alimens avec sa compagne, et prodigue aux jeunes les soins les plus tendres; mais, dès que ceux-ci peuvent se suffire à eux-mêmes, il les abandonne pour ne les reconnaitre jamais, et reprend, sur-le-champ, son caractère de voracité et d’indé- pendance. Le nom que porte cette espèce lui a été donné par les Espagnols établis sur les rives de la Plata, lors de la conquête de l'Amérique, et s’est conservé jusqu’à nos Jours. Nous n'avons pu savoir s'il vient de la langue des Charruas, habitans primitifs du ter- ritoire de la Banda oriental; mais nous sommes sûr qu’il n’appartient à aucune des autres langues américaines qui, dans leurs divers dialectes, désignent aussi le chimango par un nom particulier. Ainsi les Patagons ou Tuelches le nomment yuna; les Puelches, léanché (prononcez héantché); les Araucanos de Patagonie, chiuco ou chiucu (prononcez tchiouco où tchioucou ), et ceux des Pampas, chima (prononcez {chima). Les habitans du Grand Chaco lui donnent aussi des noms différens. Les Bocobis, par exemple, le nomment acalecta. Sur toute la côte du Chili, on l’appèle tiuké; et c'est aussi, comme nous l'avons déjà dit, le cardcard-i, ou peut caräcarä des Guaranis. .” ( 63 ) CARACARA CHIMACHIMA, Polyborus Chimachima, Azara. Oiseaux de proie. Falco degener , Wlig., Prince Max. de Neuwied; Polyborus chimma, Vieillot, Ornith. Encycl., tom. IT, pag. 1181; Milvago ochrocephalus, Spix, Brasil., pl. 1; Aigle-pècheur de Cuvier; Pycargue chimachima, Haliætus chimachima , Lesson, Traité d'ornithologie, pag. 43. Polyborus capite, collo , uropygio subtus albido-flais ; superciliis nigris; alis, dorso atro-bruneis ; tectricibus majoribus nigris ; remigibus basi albis; rectricibus nigro- vartalis atque in extrema parte nigra zona Ornalis. Mâle adulte, tout entier d’un jaune-sale en dessous, mais cette couleur plus vive sous les ailes, et plus pâle sur la tête et sur le croupion; au-dessus des yeux, un trait noir, qui se prolonge derrière la tête; le dos et le dessus de l'aile, noirs; les grandes tectrices, noires aussi, mais terminées par une teinte blanchâtre; la base des rémiges blanche; queue terminée en noir; le reste rayé de brun sur un fond gris-sale aux rectrices intermédiaires ; les autres jaunâtres, sans lignes transversales; yeux blanchätres; bec plus pâle, ainsi que les tarses. Les parties nues du tour des yeux, communiquant avec le bec, sont d’une légère teinte rosée. Sa taille est de 40 centimètres. La femelle ne diffère du mâle que par des indices de bordure plus pales aux plumes du dos et des ailes; par de nombreuses taches noires, irrégulières et transversales sous l'aile, à la base des rémiges et aux rectrices; par un grand nombre de petites taches entre les bandes noirâtres des rectrices intermédiaires. Jeune de l’année : le dessus de la tête noirâtre, avec une ligne jaune au milieu de chaque plume; une espèce de collier jaune-sale; gorge gris-sale; poitrine de même couleur , avec des lignes jaunes longitudinales, ressemblant à celles de la tête; derrière roux-päle; tout le noir du dos de l’adulte remplacé par du brun; les plumes scapulaires présentant, de plus, des lignes transversales rousses; les rémiges brunes, seulement à leur extrémité; le reste marbré de brun sur du blanc-brun, formant des lignes transversales; la queue ornée de dix bandes transversales brunes sur jaune-sale, mais non terminée en noir, comme dans l'adulte. La synonymie montre combien il y a eu d’indécision sur la place que devait occuper le chimachima, Cuvier lui-même ayant cru pouvoir le ranger, en raison de l’analogie de ses formes, parmi les aigles-pêcheurs; mais, puisque les savans veulent, en zoologie comme en botanique, établir des groupes naturels, revenant, encore une fois, sur la nécessité de tenir compte du genre de vie et des mœurs des animaux, pour parvenir, oo 1. Voyages dans l'Amérique méridionale, page 37. IL est fâcheux qu’Azara, si bon observateur, n'ait pas donné à cet oiseau un autre nom que celui-ci, adopté par Vieillot et par les autres auteurs; car ce nom, appliqué, sur les rives du Rio de la Plata, au chimango qui habite la pro- vince, ne peut l'être également à un oiseau qu’on n’y voit jamais. Nous aimons mieux cependant lui conserver un nom impropre, que de lui en donner un nouveau; et cela, par respect pour les règles que nous nous sommes prescrites. Oiseaux de proie. ————— (64) ét ET enfin, à une bonne classification zoologique, nous pensons qu’en cette circonstance, comme en tant d’autres, ils auraient dû moins dédaigner l'opinion d’Azara, observateur le plus souvent très-exact et loujours consciencieux des oiseaux propres aux contrées qu'il a parcourues. Le chimachima n’a rien des mœurs des aigles-pêcheurs; et, nous le répétons, tous les rapprochemens qu'on pourrait tenter entre l’aigle-pêcheur et le chimachima , seraient des plus forcés et des moins naturels. Ex A Nous avons vu le caräcarä ordinaire et le chimango couvrir de leurs familles éparses une surface immense de terrain. Ainsi ne fait pas le chimachima, restreint en des limites bien plus étroites. Après l'avoir rencontré, pour la première fois, sur les frontières du Paraguay, nous ne l’avons jamais vu au sud du 28.° degré, ni au Chili ni au Pérou, et ne lavons retrouvé qu’au centre de la république de Bolivia. Nous en concluons qu'il habite seulement la zone tropicale, la passant à peine de quelques degrés, et qu'il ne vit dans la zone chaude du centre de l'Amérique méridionale, que sur les versans orientaux des Andes; car il n’a poussé aucune migration dans l’ouest. Son cercle d’habi- tation ne s'étend pas au-delà des lieux variés de bois et de plaines, et surtout des lieux habités, quoiqu'il soit le moins familier de toutes les espèces de son genre. On ne le voit jamais, par exemple, au milieu des immenses plaines, comme le chimango, non plus qu'au centre des forêts. Jamais nous ne l’avons trouvé, même sur les montagnes les plus basses de la chaîne des Andes, dans la république de Bolivia; tandis qu'il est assez commun dans les plaines boisées de Santa-Cruz de la Sierra et sur les petites collines de la province de Chiquitos; assez commun, disons-nous, sans trop savoir si c'est bien là le mot propre; car le chimachima n’est réellement commun nulle part. On ne le rencontre, en effet, qu’à de longs intervalles, soit isolé, soit par paire, sans qu'il soil même jamais aussi répandu que beaucoup d'espèces de buses. Nous croyons donc pouvoir n’en porter le nombre qu'à un centième de celui des caräcaräs, et à un dixième de celui du chimango. C'est toujours à la lisière des bois que se voit le chimachima. C'est là qu'il s'établit, auprès d’une ferme à bestiaux; c’est là qu’il vit aux dépens de l’homme, sans néanmoins avoir tout à fait les mœurs des autres caräcaräs. Abandonnant, chaque matin, les bois qui lui ont servi de retraite pendant la nuit, il vient se percher sur les poteaux des pares où l’on renferme les bêtes à corne et les chevaux, et regarde aux environs, en poussant, de temps en temps, un cri aigu et prolongé, ressemblant assez à celui que répèle si souvent le chimango, et qu’on peut aussi traduire par la syllabe chrir. Confiant, par habitude, quoique moins sociable que les autres espèces, il ne craint pas l'homme, avec lequel il vit le plus souvent; mais ne montre jamais cette familiarité et cet esprit de rapine qui rassemble les autres espèces, telles que le caräcarä, le chimango et les cathartes. La plupart du temps il est seul, et semble se complaire dans son isolement, quand, près d’une maison, il peut se croire maître de tout ce qui l'entoure, et chercher en liberté, à terre, ce qui tente son appétit; plus sobre, cependant, qu'aucune des autres espèces, et s’acharnant moins sur les animaux morts, qu'il approche que (6) lorsqu'il est seul. Il reste moins à terre que le chimango, mais il affecte, en tout, la ,.: q ) Oiseaux marche, le vol et les allures du caräcarä, dont il partage aussi les habitudes querel- leuses; car il demeure rarement en bonne intelligence avec les siens, et plus rarement encore avec le chimango. Nourri, comme les autres caräcaräs, d'animaux morts, de reptiles et d'insectes, il a, de plus, une coutume qui lui est exclusivement propre, et qui le distingue des autres espèces. Dès qu’il aperçoit, dans un parc, un cheval blessé par son bàt, il vole sur son dos, s’y cramponne, et déchire impitoyablement, de son bec, l’escarre déjà formée sur la plaie, sans s'inquiéter, le moins du monde, des bonds et des soubresauts du pauvre animal, qui n'échappe à son bourreau qu’en se roulant par terre, ou qu’en s’enfuyant au grand galop, au milieu des halliers, s’il est près d’un bois. On pourrait se demander quel était le genre de vie de cette espèce carnassière, avant que les Espagnols amenassent des bestiaux en Amérique; car, antérieurement à la conquête, aucune bête de somme n’étant employée dans les lieux chauds par les indigènes, les chimachimas n'avaient assurément pas cette habitude de déchirer ainsi les plaies des animaux domestiques. Cette observation prouverait seule combien la civilisation peut modifier les mœurs des animaux en général; et, en l’appliquant aux cathartes et aux caräcaräs, il deviendra présumable qu'avant l'introduction des bestiaux en Amérique, ils y devaient être beaucoup moins nombreux qu’à présent, faute d'y trouver la nourriture nécessaire pour multiplier autant qu'ils le font aujourd’hui. Si le chimachima est habituellement moins familier que les autres espèces, il le devient bien moins encore, pendant ses amours. Il s'éloigne alors des lieux habités, et va construire son nid à la lisière d’un bois isolé. Les Guaranis nous ont assuré qu’il le construit de la même manière que le chimango, et qu’il y pond à peu près le même nombre d'œufs. Le nom guarani du chimachima est, au Paraguay et dans la province de Corrientes, caräcarä-t (petit caracarä); et chez les Guarayos, qui parlent la même langue, card- carä-mini, même mot que ci-dessus, et présentant le même sens, mais sans con- traction. ! Dans la grande province de Chiquitos , au centre de l'Amérique méridionale (république de Bolivia), on le trouve désigné par un nom différent chez beaucoup de peuples divers. Par exemple, les Chiquitos l’appellent apacavahuch; les Guarañocas, du sud-est de la province, miagapa; les Samucus, leurs voisins, alorenap; les Otukès, caaca; les Paiconecas, du nord-ouest, piripiri. Dans la province de Moxos, au nord-est de la république de Bolivia, on lui assigne aussi des noms propres. Ainsi, les Chapacuras le connaissent sous celui de chucan; les Muchojeones, cachicano, évidemment dérivé du dernier mot; les Baurès, palasan; les Itonamas, du centre nord de la province, 1. Voyez page 49. IV. Où. 9 de proie. Oiseaux de proie. a ( 66 ) huachpiriri; les Cayuvaras, tiyé; les Iten, du nord, whuiyé; les Pacaguaras, érono- tetejna; les Movimas, yucamopa-chia; les Canichanas, nisia, et, enfin, les Moxos, chopo. Nous avons déjà signalé, dans le mot cardcard, une sorte d’onomatopée : il est à remarquer que beaucoup des mots ci-dessus rapportés en présentent une autre. En effet, on y trouve quelque chose qui indique cette espèce de chant flûté que nous avons rendu par la syllabe chi, et que les habitans de Santa-Cruz de la Sierra tra- duisent par chui, nom qu’ils donnent à l'oiseau même. L'onomatopée est surtout frap- pante dans les mots piripiri, huach-piriri, tiyé, uhuiye, chia et nisia des langues paico- necas, ilonamas, Cayuvaras, ilen, movimas et canichanas. Nous rencontrerons souvent de ces appellations qui expriment, soit le cri des animaux, soit quelques singularités de leurs mœurs, qui, également remarqués chez tous les peuples, ont dû nécessairement amener à d’autres analogues pour le sens, quand ils cessent de l'être pour les sons. IIS SOUS-FAMILLE. AQUILÉIDES, Aquileidæ, Nob. Oiseaux de proie ignobles, Cuvier; Aigles, Lesson, R. Leurs caractères sont : ailes aussi longues que la queue; la quatrième rémige presque toujours la plus longue, la première très-courte; le dessus des orbites le plus souvent très-saillant; bec très-robuste, droit sur sa lon- gueur, arqué vers la pointe seulement ; la mandibule supérieure quelquefois festonnée sur le milieu de sa longueur; le plus souvent lisse, sans dent près de la pointe. Le tarse plus ou moins long, en partie emplumé, jamais entièrement nu; les doigts robustes, peu allongés, terminés par des ongles fortement arqués et aigus, jamais émoussés, ne permettant pas une marche aisée. Autant les caracarides sont, pour ainsi dire, liés au sort de l’homme qu’ils accompagnent partout comme d’importuns parasites, autant les aquiléides fuient les lieux habités, ou les lieux trop fréquentés par lui, pour vivre, de préférence, au sein des déserts arides, sur des marais impénétrables ou au bord des rivières qui traversent les sombres et paisibles forêts vierges de l'Amérique ; aussi les aquiléides ont-ils dù moins se répandre sur le conti- nent américain, et chaque espèce occupe-t-elle des zones d'habitation plus restreintes et des lieux plus spéciaux, dont elle ne sort jamais, les suivant partout à travers l'Amérique, parce qu’elle y rencontre la nourriture qu’elle préfère. On ne la voit sur une grande surface de terrain qu'autant que s’y (67 ) présentent les circonstances qu’elle recherche; ainsi done, si tel oiseau habite oiseaux également à l’est et à l’ouest des Andes, barrière difficile à franchir, c’est ae qu'il a pu passer d’un côté à l’autre, sans perdre de vue les terrains ana- logues à ceux qu'il fréquente, soit sur la côte occidentale, soit dans les plaines de l’est. Il en est de même pour ceux qui se trouvent sur une grande surface du centre de l'Amérique. S'ils habitent les marais, ils suivent les terrains plans ou les savanes noyées, depuis les Guyanes jusqu'au Para- guay; si, au contraire, ils appartiennent à la lisière des grandes forêts humides, on les retrouvera depuis les Guyanes jusqu’au pied des Andes (haut Pérou), parce que des terrains identiques paraissent couvrir tout le cours de Amazone. Nous allons étudier les oiseaux de cette série, que nous avons observés, suivant les divisions naturelles de la géographie américaine, avant de les considérer selon la distribution des espèces d’un genre sur le sol de l'Amérique. En considérant, d’abord, les espèces qui couvrent les parties chaudes de l'Amérique, à l’est des Andes, c’est-à-dire depuis la ligne jusqu’au 28.° degré de latitude, ou bien, sous la zone chaude, de 0 à 5,000 pieds de hauteur sur les montagnes, ce qui forme nos deux premières zones d'habitation" ou de hauteur, sur quinze espèces, qui ne s’écartent jamais des 28 degrés de lati- tude sud, et qui ne passent aucunement à l'ouest des Andes, nous verrons que : 1. La harpyia maxima, le nisus concentricus, le nisus striatus, se trouvent seulement sur les rives des nombreuses rivières qui coulent au sein des forêts humides du pied des montagnes de la Bolivia, et, pour lune d'elles, jusque sur le versant est de ces mêmes montagnes. Il est singulier de recon- naître que toutes ces espèces sont également propres à la Guyane, où s'étendent des forêts aussi épaisses et aussi humides, tandis que nous ne les avons jamais vues dans les lieux où des plaines et des marais entrecoupent les terrains. 2. Le nisus poliogaster, Vastur magnirostris, Vastur nitidus, Vastur unicinctus, le macagua et Victinia plumbea, vivent seulement dans les terrains médiocrement boisés, entrecoupés de plaines et de petits bois, et ne s’'enfoncent jamais dans les forêts, ni ne montent sur les montagnes, sans rechercher non plus spécialement le bord des eaux, comme les cinq suivans. 3. Le buteo rutilans, le buteo busarillus, le nisus hemidactylus, ainsi 1. Voyez, page 8, le tableau des généralités sur les oiseaux de proie. ( 68 ) Oisaux que le milyus furcatus et le rosthramus, fréquentent les eaux stagnantes, les proie. trois premiers restant taciturnes et presque toujours perchés autour, tandis que les autres tournoïient continuellement au-dessus. 4° Le buteo unicolor est relégué seulement sur les montagnes boisées et chaudes de la Bolivia. Il y a des espèces qui, se trouvant dans toute la zone chaude jusque sous la ligne, ne s'étendent pas moins au sud. De ce nombre est le morphnus uru- bitinga et le circus macropterus. Le premier, surtout, se rencontre depuis le centre de la Bolivia jusqu’à la Plata , tandis que le second ne va pas jusqu’au nord du Paraguay. Tous deux aiment les marais et ne cessent d'exister vers le sud que lorsqu'ils n’y voient plus de grands amas d’eau. Une autre espèce, encore propre au versant oriental des Andes, le circaetus coronatus, se trouve depuis le 28.° jusqu’au 42.° degré sud, c’est-à-dire depuis le Paraguay jusqu’en Patagonie. Il est à remarquer que, dès qu’une espèce habite notre troisième zone de latitude, ou celle du 34° au 45.° degré, quand même elle remonterait bien plus au nord, elle fréquente, de suite, les deux versans des Andes, répandue également à l’est et à l’ouest de cette chaîne, qui divise PAmérique en deux parties; tandis qu'a lexception des caräcaräs, aucun des oiseaux des régions boisées et chaudes n’habite le versant occidental. Nous devons donc croire que c’est l'identité des terrains qui a stimulé les oiseaux à passer sur l'autre versant, d’abord parce qu'ils peuvent supporter une température beaucoup moins élevée; puis, parce qu'ils retrouvent toujours dans les Andes, soit celles du Chili, soit celles de la Bolivia, les terrains buissonneux , arides et secs de la Patagonie. Cette hypothèse nous paraît d'autant mieux fondée que, comme nous avons dit, aucune autre espèce des parties boisées et marécageuses ne passe à l’ouest des Andes, où d’abord elle ne pourrait vivre à cause de la sécheresse et du manque de plaines; puis, comment aurait- elle pu passer par les régions glacées des Andes, ayant l'habitude de vivre dans des régions chaudes? car, selon ce que nous avons été à portée d’obser- ver, sauf un très-petit nombre d'espèces propres, le versant occidental des Andes n’est peuplé que d'oiseaux des parties australes du versant oriental ; ce qui est vrai, du moins, de tout ce qui est au sud de Lima. Nous verrons que trois des quatre espèces communes aux deux versans se trouvent aussi au Paraguay, à la Plata, en Patagonie et au Chili. Ce sont le mzlvus leucurus, le circus cinereus et Vhaliætus melanoleucus ; mais ce dernier se trouve aussi sur les montagnes de Bolivia, à 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. ( 69 ) La quatrième, notre buteo tricolor, ne se rencontre dans les plaines qu'au oiseaux sud du 34.° degré et s'étend, à ce qu'il paraît, jusqu’à l'extrémité sud de l'Amé- es rique. Elle se trouve, aussi, sur le sommet des Andes, au 15. degré, au-dessus —— de 11,000 pieds. On voit donc, comme nous l'avons établi dans les généra- lités, que les espèces qui habitent le sud de l'Amérique, habitent aussi le sommet des Andes sous les tropiques, où elles ont une température égale (due à l’élévation) à celle que leur présentent les régions australes. Considérons, maintenant, la distribution géographique des genres, ce qui pourra jeter quelque lumière sur les rapports de mœurs des espèces qui les composent. Les rosthramus sont du versant oriental, des marais, où ils vivent en société, et de passage, depuis les parties chaudes jusqu’aux parties tempérées; ils ne montent pas sur les montagnes. Les circaëtes vivent depuis les régions tempérées jusqu'aux plus froides , au bord des rivières, chassant les mammifères du versant est. L’azgle-pécheur, que nous avons vu, appartient à tout le midi de l'Amérique méridionale, à Pest et à l’ouest des Andes, depuis le Paraguay jusqu’au sud de la Patagonie, et depuis le niveau de la mer jusqu'au sommet des Andes. La Aarpie est des forêts humides et chaudes, seulement; Pazgle- autour urubitinga, du versant est, dans tous les lieux plans où se forment des amas assez considérables d’eau, dont les environs boisés lui permettent de mener son genre de vie habituel; il ne passe pas à l’ouest des Andes. Les éperviers sont tous du versant oriental et des régions équatoriales, parce qu'ils vivent plutôt à la lisière des bois ou au bord des rivières, et qu'ils ne trouvent que là ces circonstances nécessaires à leur existence ; à peine quelques-uns gravissent-ils les montagnes les plus basses. Les autours sont tous aussi du même versant des Andes et des régions très-chaudes; c’est tout au plus si l'une de leurs espèces va jusqu’au Rio de la Plata , et tous vivent dans les terrains entrecoupés de bois et de plaines; aimant à rester posés, à atten- dre leur proie, et n’allant pas sur les montagnes. Le macagua vit sur le versant oriental, au bord des rivières. Les mzlans sont des deux versans. Le mzlvus furcatus est des régions équatoriales seulement; et, par cette même raison, du versant est, où il vit au bord des eaux voisines des forêts humides, tandis que le milvus leucurus se trouve des deux côtés des Andes, et depuis le Paraguay jusqu'à la Plata, dans les terrains secs, montagneux ou unis. L'ictinie est des régions chaudes, boisées et planes du versant est; c’est, sans contredit, l'animal le plus sociable. Dans les buses nous voyons trois genres de vie différens : 1.” les buses des marais, toutes du versant est, des lieux tem- pérés, chauds et plans, parce que à; seulement, on trouve des amas d’eau, (70) Oisaux entourés de bois, leur habitation spéciale; 2.° la buse tricolore, reléguée dans E. + les régions froides de PAmérique, à droite et à gauche des Andes, depuis le niveau de la mer jusqu’au sommet des montagnes, dans les terrains secs et arides; et 3°, notre buse unicolore, qui vit sur les montagnes boisées, chaudes et humides de léquateur. Les busards sont des régions tempérées et froides; une de leurs espèces se rencontre sur les deux versans des Andes; la première au Paraguay, en Patagonie et au Chili, dans les lieux unis, comme sur les montagnes ; mais toujours dans les lieux non boisés. On voit, par ce qui précède, que, si quelques genres vivent absolument dans les mêmes régions, comme les éperviers et les autours , la plus grande partie des autres sont assez bien distribués sur toute la superficie de Amérique méridionale, d'un côté et de l'autre des Andes; mais que ceux qui appartiennent au ver- sant occidental sont tous en petit nombre, comparativement à ceux du ver- sant opposé. Le vol n’est pas uniforme chez les aquiléides, comme chez les caracarides. Il est, au contraire, on ne peut plus varié. Nous l'avons vu très-élevé, sou- tenu et prolongé chez le pygargue aguya, qui plane majestueusement, soit en tournoyant, perdu au sein des nuages, soit en longeant les falaises escar- pées du bord de la mer; ou bien encore, en s’élevant au-dessus des sombres forêts, comme chez la harpie, qui, ainsi que laguya et le crcaetus corona- tus, fait retentir les airs de ses cris aigus, surtout à l'approche de lorage. Les milans tournoient aussi, même bien plus long-temps que les oiseaux que nous venons de citer, mais toujours au-dessus des eaux, voyageurs par excellence, dans toutes les parties chaudes de PAmérique ; tandis que les busards rasent la terre et pendant long-temps, s’élevant très-rarement et paraissant vou- loir se poser à chaque minute, ce qu'ils ne font, pourtant, qu'a de longs intervalles. Les autours, le macagua, les aigles-autours, les ictinies et les buses des marais, ne volent que très-peu, encore seulement le matin ou le soir, pour aller d’un marais à lautre, en suivant toujours la lisière des bois d’une manière lente et furtive. D’autres buses (les buteo tricolor, nob.), au contraire, aiment assez à voler, planant souvent au-dessus des déserts. Tous les oiseaux dont nous venons de parler tournent auprès des bois, mais n’y entrent jamais; ils ont besoin d’un air pur, d’un vaste champ pour s'exercer. Aux éperviers seuls est réservé de parcourir d’un vol aussi rapide que léger ce labyrinthe impénétrable de branches croisées en tous sens, de lianes tom- bantes, qui se trouvent sous la voûte formée par la cime des arbres, au sein de ces vastes et sombres forêts vierges des déserts ; et, seuls, ils osent en (71) troubler le silence au sein duquel le timide passereau se croyait à l'abri des oiseaux serres acérées des oiseaux de proie. Ils le saisissent au passage, et le dévorent ae _ensuite, en dépit de lessaim de timides hôtes de ces bois, rassemblés pour tâcher de sauver leur camarade, en effrayant son ravisseur. Parmi les aquiléides aucune espèce n’a de marche proprement dite. Le besoin qu’ils éprouvent de conserver leurs ongles affilés, ainsi que la confor- mation particulière de ces ongles, les empêchent de marcher; aussi ne les voit-on à terre que pendant qu'ils dévorent leur proie. Les buses seules et les busards y restent plus long-temps que les autres oiseaux. Tous aiment à se percher. Les aigles -autours , les buses, les autours, etc., sont toujours juchés à la lisière des forêts, ainsi que la terrible harpie; les pre- miers au bord des marais et sur des arbres morts, la dernière le long des bois; tandis que le busard cendré, par une habitude anomale dans cette série, ne se pose que sur les dunes de sable ou sur les buttes de terre, et la buse tricolore aux sommets des buissons ou des très-petits arbres. Les éper- viers sont aussi perchés dans leur profondeur; et de plus au bord des forêts; sur les branches basses des arbres. La plus grande partie de ces oiseaux sont sédentaires, et nous croyons que sils se déplacent, c’est seulement pour parcourir les environs du lieu qu’ils ont choisi. Nous en avons au moins rencontré toute l'année dans la même pro- vince ; cependant nous avons cru remarquer que plusieurs d’entr'eux voya- geaient les uns en troupes, comme les rosthramus, Victinia plumbea et le milvus furcatus, et quelques autres isolément. Tous ne mènent pas le même genre de vie et ne se nourrissent pas des mêmes animaux. La harpie chasse aux singes, qui ne peuvent pas lui résister. Le circaëte couronné, quoique ne vivant pas d'aussi grands ani- maux, aime aussi les mammifères, et le plus désagréable de tous, la mouf- fette, dont l'odeur fait fuir le plus affamé des carnassiers, lui sert exclusi- vement de pâture; il la tue en la laissant tomber de haut. Les busards, les buses et presque tous les autres aquiléides, mangent de petits mammi- fères, mais également les plus faibles et ceux qui offrent le moins de défense, comme les paisibles rongeurs. Les éperviers vivent, le plus souvent, de proie vivante, et seulement d'oiseaux qu’ils chassent avec beaucoup d'adresse ; quelques buses et quelques busards recherchent aussi particulièrement les gallinacés, mais non les oiseaux qu'il faut surprendre ou poursuivre long- temps. Presque tous les aquiléides mangent des reptiles : Purubitinga, les autours, les macaguas, les ictinies, les buses et les milans, en vivent presque (72) Oiex eXclusivement; cependant les derniers prennent aussi des poissons, lorsqu'ils de proie. sont morts au bord des eaux. D’autres oiseaux de proie dévorent des mollus- ——— ques et des insectes, comme les autours, les milans, les ictinies, les busards et quelques buses, plutôt omnivores que mangeurs de proie sanglante, comme le sont d'ordinaire les aquiléides d'Europe. . Tous les oiseaux de cette sous-famille sont ordinairement confondus ensemble, par les indigènes américains, sous un même nom, auquel ceux-ci en ajoutent quelquefois, pour les distinguer, un de couleur ou carac- téristique des mœurs. Nous commencerons leur synonymie par les parties plus australes, en marchant vers le nord. Les Puelches des Pampas de la Patagonie les appellent tataha; les Bejosos mataguayo et Matacos du Grand Chaco les nomment yesnag; les Chiquitos du centre de l'Amérique méridionale, utasikioch; les Guarañocas de la même province, aorita ; les Morotocas, curasuguto (courasougouto, pron. franc.), et les Guarayos, guira-été. Si nous passons à Moxos, province de la Bolivia centrale, nous leur trouverons encore des noms propres chez chaque nation, savoir : chez les Chapacuras du sud de la province, Auiyupt; chez les Mucheojones, piro ; chez les Baurès, huajé et piripiri; chez les Itonamas du centre de la pro- vince, Auambo, les grandes espèces, caruca, les moyennes; chez les Cayu- varas, kéré-kéré; chez les Iten, leurs voisins, cahur. Les Pacaguaras du bord du Rio de Madeiras, au nord de Moxos, les nomment tétépahua; les Movi- mas, /lijli; les Canichanas, nitsaha, et enfin, les Moxos, yacaha; les Indiens Yuracarès les appellent, selon leur taille, sr, essa, gigi. Genre ROSTHRAME, Rosthramus, Lesson. Cymindis, Cuvier, Temminck; Falco, Linn. La série des aquiléides s'ouvrira pour nous par un genre qui, sous le rapport des mœurs, de sa sociabilité et de sa manière de vivre, se rapproche encore un peu des caracarides ; ses espèces, en effet, au lieu de vivre isolées dans la campagne, comme tous les autres oiseaux de cette série, qui, en vrais égoistes , s’'éloignent les uns des autres, pour déchirer seuls la proie qu’ils pos- sèdent, se réunissent, au contraire, en troupes nombreuses, vivent en bonne intel- ligence et parcourent les lieux inondés, où ils cherchent avec soin les poissons et les reptiles aquatiques, dont la longueur démesurée de leur mandibule supé- rieure et de leurs ongles leur rend la capture facile. Il est bien positif que le (75) bec des autres genres ne pourrait retenir les poissons, dont le gluten super- oiseau ficiel le ferait glisser, ce qui n’a pas lieu pour les rosthrames, à cause ne de leur conformation particulière. Jusqu'à présent ces oiseaux paraissent se restreindre aux parties tempérées et chaudes de l'Amérique méridionale, ” principalement où de petits bouquets de bois isolés au milieu de marais et voisins des lacs leur permettent de suivre leur genre de vie. Jamais ils ne vont dans les pays montueux et semblent habiter exclusivement les plaines marécageuses. De tous les oiseaux de proie ce sont, peut-être, les plus faciles à caracté- riser par la grande longueur de leurs ongles, la forme en croc allongé de leur mandibule supérieure, d’abord peu courbée et ayant, alors, beau- coup de rapports avec le bec des cathartes; conditions de conformation propres, d’ailleurs, aux oiseaux se nourrissant d'animaux couverts d’une viscosité qui les défendrait de l’action d’un bec différemment conformé. Il est évident que les rosthrames doivent être éloignés des cymindis, dont les mœurs sont celles des buses, et qu'il faut les placer auprès des aigles-pêcheurs. ROSTHRAME SOCIABLE, Rosthramus sociabilis. Buse sociable, Azara (jeune), n° 161; Xerpetotheres sociabilis, Vieill., Encyclop., t. IT, p. 1248; Rosthramus niger, Less., Traité, p. 56; Falco rosthramus, Prince Max. de Neuwied, t. 3, p: 182, n° 21; Cymindis leucopygus, Spix, t. 2? Rosthramus (Mas). Nigricans, abdomine et cauda brunnescentibus; crisso et cauda ad basim albis. Capite fusco et albido vario; corpore supra fusco, subtus sordide albido; rostro nigro ; pedibus aurantiis (Jun.). Le bec est noir et la base en est d’un jaune rosé clair ; les yeux sont d’un rouge carmin ; les tarses sont noirs.2 Longueur totale : 45 centimètres. Nous avons rencontré cette espèce dans la province de Corrientes, au 28.° degré de latitude sud , à la frontière du Paraguay, et même jusque près de Buenos-Ayres , abso- lument dans les lieux où Azara l’a observée. M. Spix dit l'avoir trouvée sur les bords 1. Ilest étonnant que les auteurs n’aient pas reconnu, dans l'espèce d’Azara, son identité avec le rosthrame, et qu'ils aient demandé des renseignemens sur les mœurs de cet oiseau, quand l'écrivain espagnoi les décrit si bien. 2. Comme on n’a pas toujours été à portée d'observer les couleurs des parties nues, prises sur le vivant de l’animal, nous avons cru devoir les indiquer, afin que ces renseignemens puissent servir à ceux qui ne voient ces oiseaux que préparés. Nous suivrons la même méthode pour les dimensions des parties qui peuvent varier par la dessiccation. IV. Oùis. 10 Oiseaux de proie. (74) de l'Amazone; M. Auguste Saint-Hilaire, au Brésil. Nous en conclurons qu’elle habite une zone étendue, qu'on peut limiter de la ligne au 28.° degré, et bien plus encore; qu'elle a, dans cet espace, des lieux spécialement propices à son genre de vie, tels que des plaines marécageuses, de petits bouquets de bois et des buissons, qui lui permettent de se percher au bord des eaux stagnantes. Nous avons plusieurs fois ren- contré celte espèce, et Loujours dans les mêmes circonstances, c’est-à-dire auprès des lacs et des marais. Elle était par troupes nombreuses , composées de plus de trente individus perchés sur les buissons ou sur les arbres baiïgnés des bords des eaux; ces oiseaux sont tellement rapprochés les uns des autres, qu’une douzaine d’entr’eux se trouvent souvent réunis sur le même buisson. Là, farouches, moitié posés, moitié volant, ils jettent des cris aigus, en tournoyant, un instant, au-dessus des eaux près des rives, et se reposant ensuite, pour s'envoler de nouveau une minute après, et chercher à découvrir des poissons et des reptiles aquatiques, dont ils se nourrissent. é Ils voyagent d’un marais à l’autre, sans être, néanmoins, aussi in@onstans que les autres oiseaux de proie; rien ne les épouvante; on les trouve quelquefois une demi- journée de suite dans les environs du même lieu. Quoique sociables, ils sont on ne peut plus craintifs , et ils prennent tant de précautions pour n'être pas surpris, que nous n'avons jamais pu en approcher, sans être bien favorisé par les localités. On sent que leur genre de vie les oblige à se tenir souvent à terre, afin d’y saisir leur proie; aussiles voit-on quel- quüefois se jeter tout à coup, du haut de leur perchoir ou en volant, sur un poisson ou sur un reptile aquatique, le retenir, malgré la viscosité dont il est généralement recou- vert, au moyen du long croc de leur bec ou de leurs ongles, et le transporter sur un lieu plus sûr, à l'effet de le dépecer et de s’en repaître, puis s'envoler et revenir faire la digestion auprès des leurs, perchés sur une branche, où ils restent immobiles, jusqu’à ce qu'il plaise à la troupe de prendre son vol. Alors ils accompagnent aussi, la suivant partout et s’arrèlant toujours avec elle. Il serait bien possible que les volées que nous avons pu observer dans la province de Corrientes, fussent celles qu'ont rencontrées M. Auguste Saint-Hilaire au Brésil, el M. Spix en Colombie; car nous croyons pouvoir assurer que celles que nous avons vues, n’élaient que de passage. Elles parurent pendant les mois de Mars, d’Avril et de Mai, sans doute repoussées des parties plus septentrionales par les grandes inondations qu'y causent les pluies continuelles de cette saison, au sud de la ligne, en dedans des tropiques ; inondations qui, ne leur permettant plus de se procurer facilement leur nour- riture, les forcent à fuir et à chercher, vers le Sud, des lieux moins submergés. Nous serions d’autant plus disposé à le croire que, du mois de Juin au mois de Février, intervalle pendant lequel sont secs ces mêmes lieux naguères inondés , nous n’en rencon- rames jamais, dans la province de Corrientes; tant il est vrai que le chaud et le froid ne sont pas les seuls motifs des migrations des oiseaux, et que, sur le continent américain, les circonstances locales influent au moins autant que les variations de température. Lorsque les rosthrames sociables ont momentanément fixé leur domicile dans un pays, leur vol, quoique léger et facile, est bas et ressemble beaucoup à celui des caräcaräs, (75 ) comme l'avait bien observé Azara; mais, quand ils émigrent ou changent de contrées, Oiseaux ils s'élèvent dans les airs, volent très-haut, assez rapidement et suivant une direction ns donnée. Les Espagnols du pays les confondent avec beaucoup d’autres oiseaux de proie sous le nom de gabilan. CIRCAËTE, Circaetus. CIRCAËTE COURONNÉ, Ctrcaetus coronatus. Aigle couronné, Azara, n.° 7; Falco coronatus, Temm., pl. 234; Harpiya coronata, Vieillot, Encyclop., t. IIL, p. 1252. Circaetus corpore fusco, cæruleo misto , delutione , subtus ; occipite pennis quatuor elongatis cristato; tectricibus caudæ apice albis; remigibus primariis, rectricibus nigricantibus; cauda alba, transversim striata; cera pedibusque flavis. Bec, bleu corné , à base jaune-clair ; yeux, rouge-brun; pieds, jaune-foncé; longueur totale du bout du bec à l'extrémité de la queue, 73 centimètres; du vol, 1 mètre 77 cen- timètres; circonférence du corps, 64 centimètres. Cette espèce est trop connue pour que nous ayons à nous étendre sur ses caractères. Nous nous contenterons de donner quelques renseignemens nouveaux sur ses mœurs et sur ses habitudes, déjà décrites, en partie, par Azara. Assez souvent elle relève les plumes effilées du dessus de sa tête et en forme une huppe plus ou moins haute; les couleurs de ses parties dénuées de plumes sont les suivantes : l'iris est roux-brun; le bec, bleu-corné et jaune-clair à sa base; ses pieds sont d’un jaune foncé. C’est, du reste, l’espèce d'oiseau de proie qui varie le moins dans son plumage selon l’âge; car il est seulement plus ou moins bleuâtre ou teinté de brun sale. Nous avons rencontré cette espèce dans la Patagonie, sur les bords du Rio negro et près du Paraguay, dans la province de Corrientes. M. Auguste de Saint-Hilaire l’a recueillie au Brésil, et Azara l’a observée au Paraguay. On pourrait en conclure que cet oiseau habite toute la partie sud-est de l'Amérique méridionale, en dehors du tropique du Capricorne ou, pour mieux dire, le sud du Brésil et l’est de la république Argentine, jusqu’en Patagonie. Nous l'avons constamment vue habiter les bords des rivières où elle pouvait trouver des perchoirs sur les arbres ou sur les hauts buissons; là, séjourner long-temps , en attendant sa proie; puis parcourir la campagne en suivant les bords des rivières ou la lisière des bois. En Patagonie, elle se repose sur les saules qui bordent le haut du Rio negro. Elle se nourrit particulièrement de mammifères; et, le soir ou le matin , elle guette le moment où de petites espèces de cette classe d'animaux sortent de leurs terriers, pour les surprendre et les enlever. Nous avons même été témoin d’un fait assez curieux : la mouffette, dont l'odeur met en fuite jusqu'aux mammifères les plus carnassiers, est préférée par elle; d’où vient que, sur les peaux transportées et conservées dans les collections, on trouve encore un reste de cette odeur, si forte, quand l'animal est frais, qu’elle ferait fuir la personne la moins susceptible, De tous (76 ) Oisaux les oiseaux de proie de ces lieux, c'est la seule espèce qui veuille s’abaisser jusqu’à LÀ cet animal infect. Pour le saisir, elle se met en faction; dès qu’elle le voit à portée, —— elle fond dessus et l’enlève dans les airs, à ce que disent les habitans; puis le laisse tomber de très-haut pour le tuer et le dépecer plus facilement. Dans la petite colonie du Carmen, en Patagonie, on m'a aussi assuré que les tatous pichis lui servent de pâture, et que, pour les tuer et entamer avec moins de difficulté la carapace de ces animaux, elle Les enlève également dans les airs et les laisse retomber ensuite. C’est le seul exemple de ce genre que nous ayons pu observer dans nos voyages; car aucune des autres espèces d'oiseaux de proie d'Amérique n’est aussi exclusivement mangeuse de mammi- fères ; ses voisins d'habitation, les aigles aguyas, soumis au même besoin, dans les mêmes circonstances, ne les recherchent pas, préférant se nourrir d'oiseaux et de poissons. LES PYGARGUES ou AIGLES-PÊCHEURS, Zaliætus, Savi. Détachant des pygargues de Lesson le chimachima d’Azara, ainsi que son chimango, pour les placer plus naturellement parmi les caräcaräs, il ne nous reste plus en Amérique qu’une seule espèce de pygargue, dont nous allons décrire les mœurs, afin qu'on puisse les comparer à celles de notre pygargue d'Europe, et voir quelles sont les modifications qui peuvent résulter de Pin- fluence du climat sur des oiseaux assez voisins pour les formes. Ils vivent à l'est et à l’ouest des Andes. | PYGARGUE AGUYA, ÆHaliætus melanoleucus. Aigle noirâtre et blanc, Azara, n° 8; Aigle à queue blanche, Azara, n° 10; Spizaetus melanoleu- cus, Vieïllot, Encycl., t. 3, p. 1256; Spizaetus leucurus, Vieillot, Encycl., t. 3, p. 1257; Falco aguya, Temm., pl. 304; Haliætus aguya, Lesson, Traité, p. 423 Calquin, de Molina. Halicætus. Pennis capitis, colli superioris, corporisque supra, nigricantibus , cæruleo mixtis, apice sordide albis; cauda nigricante, albo punctata; tectricibus alarum cinereo lineatis; corpore subtus albo, rostro cæruleo, apice nigro; pedibus flavis. Vieillot. Nous croyons devoir dire, avant de décrire cette espèce, qu’il nous paraît convenable de lui restituer le nom que lui a donné Vieillot, d’après la description d’Azara, et de ne pas lui conserver celui d’aguya, qu’il a reçu postérieurement de M. Temmink; car nous regardons toujours comme une propriété sacrée le nom d’abord imposé. Nous croyons aussi devoir présenter une description complète des diverses livrées de cette espèce, selon son àge, pour qu'on puisse juger du changement qui s'opère dans les couleurs des oiseaux de proie. Nous commencerons par l’âge adulte. Couleurs. Le dessus de la tête, du col, du dos, de la queue et de la poitrine, noir, avec du blanc à la base des plumes; sur le derrière du col et de la poitrine, on remarque, \ (77) souvent, une très-petite tache blanche, à l'extrémité de chaque plume; l'extrémité des Oiseaux de rectrices est blanc sale; la gorge bleu plombé clair; le ventre et les cuisses sont blancs, ie. rayés quelquefois transversalement de petites lignes noirâtres; les petites tectrices supé- rieures sont bleu plombé pale, variées de lignes transversales noirâtres rapprochées, la tige noire; les inférieures sont seulement plus päles ; les grandes tectrices sont gris-bleu , rayé de noir, plus largement que les petites tectrices. Le bout de chaque plume est noir, avec l’extrémité blanchâtre; les rémiges sont de la même couleur; les yeux sont roux- brun clair; la base du bec et les tarses, jaune-foncé; le bec d’abord jaune verdàtre, puis noirätre à son extrémité. Sa longueur totale est, alors, de 70 centimètres et son vol de 1 mètre 80 centimètres. Suivant un observateur indigène, qui en avait élevé et conservé pendant long-temps et qui voulut bien examiner ceux que nous possédions, ce n’est qu'à l’âge de quatre ans que le plumage est à l’état parfait; alors il n’y a de différence entre les sexes que celle de la taille. Un individu de trois ans a le dos, le dessus de la tête et la queue noirs comme l'adulte; les plumes du côté du col et de la gorge sont mélangées de roux au milieu du noir, et cette teinte se voit encore en arrière de la commissure des mandibules. Les rémiges, les grandes tectrices, sont comme dans l'adulte; les petites tectrices ont du roux et du noir mélangé au bleu plombé; le ventre est muni de lignes transversales, beaucoup plus larges, sur un fond varié de roux et de brun; les tectrices inférieures et les cuisses sont rayées transversalement. La deuxième année, la gorge est déjà bleuâtre; le dos, la queue et les rémiges ont les couleurs de l'adulte; le dessus du col, la poitrine et le haut du ventre sont roux vif, avec une tache noire longitudinale sur le milieu de chaque plume. Au reste, les petites rectrices et les cuisses sont beaucoup plus mélangées de roux; les yeux roux; le bec est verdatre à sa base; les pieds sont jaune-clair. La première année, la gorge n’a pas encore de bleu; elle est entièrement rousse, avec des flammes noires sur toutes les plumes, couleur qui couvre tout le dessus de la tête et du col. La poitrine est d’un beau roux, avec un petit nombre de taches noirâtres; la partie postérieure du dos est rousse, avec des raies noires transversales; le milieu du ventre, presque noir; les cuisses et le bas-ventre, roux, rayé transversalement de noir; les tectrices inférieures sont celles des deuxième et troisième années, mais avec plus de noir et du roux plus foncé; les petites tectrices supérieures sont brunes, avec de petites taches transversales noires; enfin, on ne voit, du plumage de l'adulte, que les rémiges, les grandes tectrices et l'extrémité de la queue. Tout le reste est si différent, qu'il serait impossible de pouvoir le rapporter à la même espèce, si l’on n'avait pas tous les passages sous les yeux. Sa longueur totale est de 64 centimètres; celle du vol est ‘de 1 mètre 55 centimètres. Cet oiseau, ainsi que plusieurs autres que nous décrirons successivement, pourrait montrer combien Azara s’est égaré en ne tenant pas compte des modifications que l’âge détermine entre les individus d’une même espèce; aussi cet auteur a-t-1l beaucoup multiplié les espèces américaines, en les décrivant à mesure qu’il obtenait les oiseaux (78 ) Oiseaux et les comparant ensuite, pour les classer. Il est bien évident qu’en conférant les des- de proie. criptions disparates entr'elles du jeune âge et de l'adulte, de l'espèce dont nous nous occupons, il en aurait fait deux bien distinctes; mais il nous est démontré que les oiseaux de proie américains sont sujets à des variations au moins aussi grandes que celles que subissent les oiseaux de proie d'Europe; seulement on a été plus à même d'observer ces derniers. Cette espèce, répandue sur toutes les parties sud de l'Amérique méridionale, est une des plus importantes du continent américain. Nous l'avons rencontrée d’abord dans la province de Corrientes, à la frontière du Paraguay; ensuite sur toutes les rives escarpées du bord du Parana, dans les provinces d’'Entre-rios, de Santa-Fe et de Buenos-Ayres, dans la Banda oriental; puis, en force, en Patagonie, jusqu’au 42. degré. Nous avons appris qu’elle se trouvait jusque vers le détroit de Magellan. Nous l'avons revue, plus tard, sur le versant occidental des Andes, dans tout le Chili, où elle monte jusqu’au pied des Cordillères. Nous pouvons donc conclure de ces obser- vations et de celles d’Azara, qu’elle habite les plaines, depuis le tropique du Capri- corne jusqu’au 45.° degré de latitude sud , et s'élève jusqu’à une assez grande hauteur sur les montagnes chiliennes. On voit qu’elle habite des lieux assez différens; car, au Paraguay et à Corrientes, elle vit dans d'immenses plaines, au bord des rivières, sur- tout dans les lieux où il y a de hautes falaises. Il en est de même pour les provinces qui longent le Parana. En Patagonie, c’est également au bord des rivières ou sur les côtes maritimes arides et dépourvues même de buissons, mais munies de falaises d’une grande hauteur, qu’elle paraît se plaire; au Chili, on la rencontre dans les mon- tagnes, près des rivières, ou près de la mer. On voit que, si elle ne trouve pas de montagnes sur les rives du Parana, elle choisit, au moins, comme en Patagonie, les lieux garnis de hautes falaises et toujours le voisinage des eaux : elle ne se voit pas, comme beaucoup d’autres oiseaux de proie, près des grandes forêts; et, lorsqu’elle perche, elle choisit même, parmi les arbres du rivage, ceux qui sont morts et dépourvus de petites branches; car elle paraît, dans tous les cas, préférer les rochers. Elle couche ordinairement sur un arbre mort voisin des eaux, sur les branches les moins hautes, ou, le plus souvent, dans les anfractuosités des falaises; elle se réveille dès la pointe du jour; et, sur les falaises du bord de la mer, en Patagonie, elle s'envole presque aussitôt et suit la côte, en tournoyant dans les airs, à une grande hauteur, guettant les petits mammifères des plaines voisines, ou regardant si la mer n’a pas rejeté quelques poissons, des oiseaux aquatiques morts ou les cadavres de quelques otaries, qui abondent sur ces côtes; elle s’abat, alors, dessus et les dispute aux condors et aux cathartes; ou bien, si elle est au bord d’une rivière, elle cherche également à découvrir une proie, soit vivante, soit morte; car la délicatesse de son goût ne va pas jusqu'à manger exclusivement des animaux morts récemment; dans ce cas, elle s’abat et se repait; dès que son repas est terminé, elle s'envole de nouveau, regagne le faite d’un arbre ou la partie avancée d’une falaise, et s'y perche pour faire la digestion. Son attitude, dans ce moment, est stupide; la tête rentrée dans les épaules, elle reste immobile, (79) non sans regarder, tout autour d’elle, les objets qui peuvent lui donner des craintes; car elle Oiseaux est si défiante, qu'elle laisse rarement approcher le chasseur d’assez près pour qu’il puisse la tirer; elle reste ainsi une parte de la journée et ne paraît vouloir reprendre sa chasse que lorsque, le soir arrivant, elle doit, de nouveau, se remplir l'estomac; alors proie. elle recommence sa tournée aérienne et fait le même manége que le matin, pour revenir, ensuite, se coucher sur le perchoir qu’elle s’est choisie; ce n’est que dans ce moment que le chasseur peut espérer de latteindre; car, de jour, elle se perche bien plus haut que la nuit. On la rencontre constamment au bord des eaux douces et salées, et jamais à une grande distance de ces lieux; là, le màle et la femelle, unis toute l’année, vivent en bonne intelligence; et, tournoyant assez près l’un de l’autre, ils cherchent, sans trop d’égoisme, ieur nourriture particulière. Il est très-rare de voir un individu isolé, et c’est nécessairement un jeune; car les adultes sont invariablement accouplés et se séparent rarement. Au Rincon de Luna, province de Corrientes, après avoir tué l'un des consorts, nous vimes l’autre voler, pendant plus d’une heure, au-dessus de nous, sans doute pour nous redemander son compagnon, ce qui prouverait même de l’attachement chez ces oiseaux féroces. Nous avons cru remarquer que l'espèce suit, en Patagonie et même à la frontière du Paraguay, ces troupes innombrables de pigeons qui, en hiver, couvrent toutes les rives du Rio negro et des plaines qui bordent le Parana ; nousavons cru remarquer aussi qu’elle y est rare l'été, tandis que, l'hiver, nous en avons vu jusqu’à trente, sur un bois de saules de trois lieues au plus. Nous avons dû, tout naturellement, en conclure qu’elle venait là pour vivre plus à son aise, y trouvant une chasse si facile; et le grand nombre de pigeons qu’elle mange dans la campagne nous convainquit que notre opinion était fondée. Dès-lors nous ne pouvons pas dire que notre espèce soit sédentaire, puisqu'elle suit les migrations annuelles de ces pigeons, qui, l'été, sont disséminés, à ce qu'il paraît, sur le versant oriental des Andes, au pied de ses derniers contreforts, et ne se réunissent que vers les mois d'Avril et de Mai. C'est à cette époque qu’elle accompagne partout les nuages ambulans de ces gallinacés, qu’on voit en si grand nombre depuis le Paraguay jusqu’en Patagonie. Nous l’avons vue, souvent, se jeter au milieu d’une de ces troupes qui obscurcissent l'air à l'horizon, et en sortir toujours avec un de ces pauvres oiseaux dans ses serres. Du plus loin qu’on puisse apercevoir l’aguya, il se distingue, par son vol, de tous les autres oiseaux de proie américains. En effet, ses ailes sont courtes et le paraissent encore bien plus, en raison de la longueur démesurée des petites rémiges qui, jointes au corps, ne laissent dans l'aile aucune ligne de séparation, en formant de tout l'oiseau un rhomboïde allongé: L’extrémité des rémiges est aussi toujours relevée, et l’on croit reconnaitre, dans l’ensemble du vol, quelque chose qui le rapproche de celui des cathartes urubus , ce qui n'existe dans le vol d'aucune autre espèce américaine. Son vol est le plus souvent élevé; et toujours très-aisé, sans être rapide. Cette espèce plane d’abord très- long-temps, en tournoyant, et décrit, tout en chassant, des cercles à une grande hauteur; puis elle se laisse tomber tout à coup sur sa proie, avec une extrême promptitude; mais si elle la manque, ce qui est rare, elle s'élève de nouveau, jusqu’à Oiseaux de proie. a — (80) ce qu’elle ait atteint sa portée habituelle, et continue de planer, en attendant une meil- leure occasion. Lorsque le temps est à l'orage, elle monte dans les airs, toujours en tour- nant au-dessus du même lieu, jusqu’à ce qu’elle se soit dérobée à la vue, et faisant entendre, seulement alors, un cri aigu qui arrive jusqu’à terre et qui pronostique aux habitans de la campagne l'approche du mauvais temps, présage rarement démenti; aussi est-elle un bon hygromètre pour le campagnard. On ne la voit à terre que pendant qu’elle dépèce sa proie, ce qui n’est pas long; elle ne marche que rarement et se contente de rester dans la même place. Nous avons remarqué qu’elle se nourrit de beaucoup de choses diverses ; comme nous l'avons déjà dit, c’est une des plus cruelles ennemies des troupes voyageuses de pigeons, dans la saison où ces oiseaux restent réunis; elle s’en nourrit presque exclusivement, les suivant à cet effet, dans leurs migrations. Le reste de l’année, elle chasse aux petits mammifères , tels que les coboyes et les rats, et aux oiseaux, lorsqu'ils se trouvent dans la campagne; car elle n'entre jamais dans les bois, afin d’y chercher sa proie. Néanmoins , en temps de disette, elle mange tout ce qui peut apaiser sa faim, comme des poissons ou même des cadavres d'animaux. Pour chasser aux pigeons, elle se contente de fondre sur une troupe qui couvre la terre , quelquefois sur plus de dix- mille mètres carrés, et s'empare sans peine d’un de ces pauvres oiseaux; ou bien elle fond sur une volée et saisit au vol sa victime. Les habitans nous ont assuré qu’elle se construit un nid volumineux au sommet des arbres; que ce nid est composé de nombreuses büchettes et qu’il contient ordinairement deux œufs seulement, de couleur rouge-brun foncé. On nous dit aussi en Patagonie, qu’elle niche, quelquefois, dans les anfractuosités des falaises, ce que nous avons peine à croire. C'est là, au reste, tout ce que nous avons pu apprendre sur sa nichée; car, pour ce moment, elle s'éloigne tellement des lieux fréquentés, qu’il nous eût été difficile de vérifier le fait. Les Indiens, qui, comme nos anciens médecins, emploient toujours comme remèdes quelques parties de presque tous les animaux, attachent beaucoup de prix à l’aguya, à cause du duvet blanc du dessous de son aile, qui sert à la guérison des blessures. Nous avons retrouvé cette croyance chez les Guaranis, les Puelches et les Tehuelches ou Patagons. Les premiers appliquent le duvet sur la blessure fraîche et saignante; 1l sy attache, étanche le sang et ne tombe que lorsque la suppuration commence. Nous avons recueilli le nom de cette espèce dans quelques langues américaines. Les Tehuelches ou Patagons l’appellent fakamnété; les Puelches, leurs voisins, chactal (tchactal, pron. franc.) ; et les Araucanos du sud des Pampas la désignent sous le nom de #ñamcu (ignamcou, pron. franç.). Les Guaranis paraissent la connaître sous celui de J'upacani, qui veut dire aigle. Lorsqu'il est jeune, cet oiseau porte, au Chili, le nom de guanca, et lorsqu'il est adulte, on l'appelle ca/quin. (81) HARPIE, Æarpyia, Cuvier. HARPIE HUPPÉE, Æarpyia destructor, Daud. Grand aigle de la Guyane, Maud., Encycl.; Falco destructor, Daud., Ornith.,t. 2,p. 60; Autour destructeur, Temm., pl. 14; Harpyia maxima, Vieill., Encycl., t. 3, p. 1249; Uzquantzli, Fernandez? Harpyia capite pennis elongatis cristato; corpore supra nigro, candido et fuko mixto, subtus albo; pedibus flavis. Cette espèce est trop connue pour que nous ayons à nous en occuper sous le rapport descriptif. Ses mœurs feront seules le sujet de cet article, déjà elle a été décrite très-souvent. Peintes de couleurs plus ou moins exagérées, notre tâche est donc de ramener la fable à l’histoire. On a long-temps cru que la harpie se trouvait spécialement à la Guyane; on y avait rapporté les espèces d’aigles indiquées, dans l'Histoire des Incas, par Garcilaso de la Vega, mais, selon nous, sans aucun fondement; car cet auteur ne donne aucun caractère qui puisse justifier ce rapprochement. On sait seulement qu’elle habite les Guyanes, au milieu des immenses forêts de ces contrées, et ce n’est vraiment que là que son existence est bien avérée. Nous dûmes donc d’abord être surpris, lorsque nous la renconträmes au pied des Andes (république de Bolivia), vers le 17.° degré de latitude sud; que nous la vimes, ensuite, dans une dépendance du département de Cochabamba, au milieu des forêts sauvages habitées par les Indiens yuracarès, et que nous la retrou- vàmes encore dans les forêts qui avoisinent Santa-Cruz de la Sierra; mais notre étonne- ment cessa dès que, lisant la description des voyageurs et remarquant l’analogie de conformation, de végétation et d’ensemble des deux pays, nous eûmes la certitude que ces forêts communiquaient, par les affluens des Amazones et par le cours même de ce fleuve, avec celles de la Guyane, et quand nous nous fümes aperçu que beaucoup d'oiseaux identiquement les mêmes, se retrouvaient dans les mêmes lieux. Dès-lors nous dûmes croire, d’après nos propres observations et d’après celles des autres voyageurs, que la harpie a pour habitation les immenses forêts humides et traversées par cette multitude de rivières comprises entre le pied oriental des Andes, dans la Bolivia, le Pérou à l’ouest, la Colombie au nord, les forêts des Guyanes colombienne, hollandaise, anglaise et française, ainsi que l'immense province du Para, à l’est; et au sud les bois de la province de Moxos, en Bolivia. Ces indications prouvent qu’une surface des plus considérable composée seulement de terrains inondés et couverts de forêts, et en même temps un grand pays voisin de la ligne ou tout au moins intertropical, et toujours humide, servent d'habitation à la harpie, qui ne monte jamais sur les montagnes, et se trouve, tout au plus, au bord des rivières voisines des derniers contreforts. Nous ne l'avons observée que sur les berges des rivières et jamais au sein même des forêts; là, elle se perche sur les branches basses d’un arbre et paraît si peu craintive, qu'on l'approche presque à la toucher. À la vérité, dans toutes les contrées où nous l’avons vue, elle était au milieu IV. Ois. 11 Oiseaux de proie. (82) Oiseaux de contrées où l’homme n'apparaît que de loin en loin et où elle ne peut craindre, encore de proie. très-rarement, que les nations américaines, qui la recherchent pour ses plumes; alors elle parait fière et attend son ennemi, habituée peut-être à tout dominer, au sein des vastes forêts où elle se retire. Les indigènes des lieux qu’elle habite, interrogés par nous sur ses mœurs , ont complété nos observations sur son genre de vie et nous l'ont fait positivement connaître. Le matin elle vole, ordinairement , en tournoyant, le long des rives des canaux naturels, multipliés à l'infini, qui traversent les forêts, surtout des plus larges; dans son vol, elle épie les cris des nombreuses troupes de singes qui peuplent les lisières; et dès qu’elle en a vu une, elle cherche, d’abord, à la surprendre, en s’abattant du haut des airs; puis , malgré les efforts des singes et leur agilité , elle saisit l’un d’eux, le tue facile- ment, en lui brisant le crane à coups de bec, le dépèce et le dévore. Nous n’avons pu savoir si elle mange les paresseux qui se trouvent aussi sur les rives des mêmes fleuves. Cela pourrait bien être el n'aurait rien d'étonnant; mais, pour les singes, la chose est avérée. Nous avons aussi fait des questions aux indigènes sur sa force et sur ce qu'écrit Mauduit, qu’elle peut fendre le crâne à des hommes à coups de bec; ils nous ont assuré que cette dernière assertion est entièrement fausse, ce que nous avons pu vérifier sur les sujets qu'ils gardent à l’état de captivité. Nous ne saurions croire, non plus, que cette espèce soit assez forte pour enlever des faons, et nous sommes convaincu que l’on a beaucoup exagéré sa force, comme on la fait pour le condor; cependant une circonstance, qui nous fut assez désagréable, nous a montré qu’au moins elle ne craint pas d'attaquer un homme, lorsqu'il s’agit de se défendre. Dans une reconnaissance géographique, nous naviguions sur le Rio Securi, l’une des nombreuses rivières, inconnues jusqu’à nos jours, qui, descendant de la Cordillère de Cochabamba, en Bolivia, viennent grossir les eaux du Rio Mamoré, l’un des affluens de lAmazone. Notre pirogue était conduite par trois sauvages yuracarès, grands admirateurs de la harpie; et, justement, nous en aperçümes une, perchée sur les branches basses d’un arbre. Nous voulions débarquer pour la tirer; mais le terrain était fangeux, et nos Indiens, plus alertes, sautèrent les premiers à terre avec leur arc et leurs flèches, la tirèrent et la blessèrent, avant que nous eussions pu descendre; elle s’'envola, quoique percée d’une flèche, et alla reposer à peu de distance. Les Indiens la ürèrent encore; elle tomba, enfin; ils l’étourdirent , en lui donnant des coups sur la tête, se partagèrent sur le lieu même toutes les plumes des ailes, de la queue et de la tête, qu'ils estiment beaucoup, et commencèrent même à la dépouiller de son duvet; ils la rapportèrent ainsi toute mutilée, ce qui nous contraria d’autant plus, que c'était un sujet d’une taille extraordinaire. Regardé comme mort, l'oiseau fut placé dans la pirogue, en face de nous; et nous ne remarquàmes pas que, revenu de son étourdissement, il revivait peu à peu; nous ne nous en apercûmes que lorsque, furieux, et voulant, sans doute, se venger, il s’élança violemment sur nous, ne pouvant, par bonheur, se servir avec avantage que d’une seule deses serres; pourtant, il nous traversa l'avant-bras de part en part, entre le cubitus et le radius, des formidables ongles du point de la partie intacte, tandis que de l’autre, il nous déchirait le reste du bras. En même temps (85) il faisait des efforts, heureusement inutiles, pour nous percer deson bec; et malgré ses bles- sures, il fallut deux personnes pour lui faire làcher prise. Au milieu de forêts sauvages, loin de tout secours, et par les grandes chaleurs auxquelles nous étions exposé tout le jour, nous faillimes rester estropié, par suite de la forte déchirure que les tendons avaient éprouvée. On nous a assuré que la harpie ne chasse jamais aux oiseaux; que les mammifères seuls font sa nourriture; qu’elle préfère les singes à tous les autres animaux; que, cependant, elle mange aussi fréquemment les jeunes cabiais et même les jeunes de quelques autres mammifères; mais nous croirions volontiers qu’elle se trouve rarement dans la nécessilé de faire diète, au milieu des nombreuses troupes de singes qui couvrent le bord des rivières dans ces impénétrables forêts. Nous avons aussi remarqué qu’elle n’abandonne jamais les bois pour entrer dans les plaines, sans pourtant pénétrer dans l'intérieur, se contentant de parcourir les bords des rivières qui les traversent; et là, après avoir pris son repas, elle se perche sur l’une des branches basses des arbres, afin d’y faire digestion. Nous n’avons pas remarqué qu’ainsi que l'espèce précédente, elle vive accouplée toute l’année; au contraire, elle paraît se plaire isolée, craignant sans doute la concurrence, comme tous les animaux carnassiers et voraces, symbole de l’égoïsme. Nous ne voyons pas de raison, non plus, pour la croire voyageuse, et nous avons aussi appris des Indiens qu’elle n’abandonne point les environs du lieu de sa nais- sance : sa rareté au milieu de ces forêts parait extraordinaire; il semblerait que, maîtresse de tout ce qui l’entoure, elle devrait multiplier beaucoup plus; mais elle est si peu commune, que dans une navigation de dix à douze jours, au milieu des bois qui lui servent d’asyle, on en voit à peine une ou deux. Il est difficile de croire que cette rareté vienne de la chasse qu’en font les indigènes; car ceux-ci n’habitent guère que la millième partie de l'étendue des forêts. Il nous reste à parler des motifs qui portent les Indiens yuracarès à rechercher avec tant de soin les dépouilles de la harpie, et des usages auxquels ils les emploient. D'abord c’est un grand honneur pour eux de posséder cette espèce vivante, à l’état de captivité, et celui qui est assez heureux pour en avoir une, est regardé comme un homme privilégié. Nous avons été à portée d’en examiner deux à l’état domestique. Pour s’en procurer, les Indiens cherchent à découvrir la retraite qu’elle se-ménage au bord d’une rivière, sur le sommet d’un très-grand arbre; ils épient l'instant le plus favorable, transportent les jeunes chez eux, et les femmes mettent le plus grand zèle à les soigner et à les nourrir du surplus de la chasse de leurs maris. Devenus adultes, le martyre des harpies commence; deux fois par an leur propriétaire leur arrache les grandes plumes de la queue et des ailes pour empenner ses flèches; et, bien plus souvent encore, il leur enlève le duvet du dessous des plumes, pour s’en parer dans les grandes occasions. Ce qu'il y a d’incroyable, c’est que les Indiens font, pour ainsi dire, ce qu'ils veulent de cet oiseau, l’attachant avec facilité pour le plumer ou pour voyager d’un lieu à un autre; car, lorsqu'ils changent de résidence, les femmes sont obligées de porter tous les animaux qu’ils possèdent, et, comme on le pense bien, la harpie ne s’oublie jamais. Nous l’avons vue ainsi portée en voyage. Oiseaux de proie. Oiseaux de proie. (84) Les plumes de harpie sont de beaucoup préférées à toutes autres pour orner les flèches ; et l'Indien qui n’a pas été assez heureux pour en tuer une ou pour s’en procurer des plumes par échange, étant obligé de se servir du plumage des autres oiseaux, ne passe pas pour bon chasseur. Le duvet, que les indigènes préfèrent à tout, ne leur sert que dans les occasions solennelles, lors d’une visite chez des parens éloignés, ou bien lors- qu'ils se battent en duel; leurs cheveux sont, dans ce cas, bien peignés, bien huilés, avec de l'huile de coco, et saupoudrés de ce duvet blanc, ce qui ferait croire qu'ils ont la tête couverte de neige. Nous les avons vus ainsi parés, dans une visite que nous firent les Indiens des environs du lieu où nous nous étions arrêté, comme au premier homme blanc qu'ils eussent vu sur les rives du Rio Securi. Nous remarquàmes aussi qu'ils suspendaient à leur cou les ongles de l'oiseau , comme un trophée dont ils étaient fiers. Ces Indiens connaissent la harpie sous le nom de veso. , AIGLES-AUTOURS, Morphnus, Cuvier. Ce sont les buses mixtes d’Azara; ils habitent seulement à lest des Andes. AIGLE-AUTOUR URUBITINGA, Morphnus urubitinga , Cuvier. L'Urubitinga , Marcg., p.214, Buff.; Falco urubitinga, Lath., Gmel.; Autour urubitinga, Temm., PL col., 55 (m); Falco longipes, Nlig. (jun.); Aquila picta, Spix, pl. 1, c; Buse mixte noire, Azara, n° 20, mâle, et Buse mixte à longues taches, n° 17; peut-être aussi la Buse mixte peinte, n° 18; Falco urubütinga, Pr. Max., p. 196, n° 24. C'est, sans doute, aussi, l'Æigle de Montevideo de Sonnini, Ois., t. 2, p. 81; Pandion fulvus, Vieïllot, Encyclop., t. 3, p. 1200; F Falco brasiliensis, Briss., Ornith., p. 445. Morphnus (mas) cira pedibusque flavis, corpore toto nigricante; alis cinereo admixto , rectricibus albis, apice nigricantibus , albo terminatis. (Jun.) Corpore rufo , cinerescente-nigro maculalo. Le bec, noir à son extrémité, jaune-pàle à sa base; yeux, roux-foncé; pieds, jaune- vert; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 68 centimètres le male, 73 la femelle; circonférence du corps, 45 centimètres. Cette espèce est encore une de celles qui offrent les plus grands changemens de cou- leurs, selon la diversité des àges. En effet, entièrement noire, avec le croupion, la base de la queue et son extrémité blancs, quelques fascies cendrées sur les ailes, dans l'âge adulte, pourrait-on y voir cet oiseau qui, très-jeune, a le dessus de la tête, la poitrine et le ventre roussatre maculé de noir-brun; les ailes noires, variées de roux et de gris; les cuisses brunes; la queue rayée transversalement de noir sur un fond roux? ou bien, pour être moins avancé en àge, dans un oiseau à la tête variée de noir et de roux; à la gorge noire, et au reste du corps presque noir, varié de roux? En un mot, dans sa jeunesse et dans sa vieillesse, on n’y peut trouver de semblable à l'adulte que les rémiges, qui conservent toujours les lignes transversales grises et noires; el ce (85) nest qu'à ce caractère que les jeunes se font reconnaître comme appartenant à celle Oiseaux de espèce. Cest ce qui en à tant fait multiplier les noms, chez les auteurs; mais nous sommes étonné que l’on n’ait pas reconnu, d’après les bonnes descriptions d’Azara, l’urubitinga dans sa buse mixte noire; ainsi que dans le jeune âge, sa buse mixte à longues taches. | nous semble, en général, qu’on n’a pas assez rendu justice à cet observateur, celui de tous pourtant, qui, en raison de l’époque à laquelle il a écrit, a mis le plus de conscience dans son travail. Nous avons vu lurubitinga sur une surface immense du continent américain; nous l'avons souvent rencontré à la frontière du Paraguay, dans la Banda oriental de la Plata (république Argentine) et entre les tropiques, au centre de l'Amérique, dans les immenses déserts de la province de Chiquitos (république de Bolivia). Nous croyons donc pouvoir assurer qu’il habite la zone torride et tempérée au sud de la ligne, jusqu’au 32. degré de latitude; mais seulement à l’est des Cordillères, et dans les pays plats, entrecoupés de forêts, de marais étendus, plus encore d’eaux stagnantes et de petites plaines. Jamais nous ne l'avons rencontré ni sur les montagnes, ni dans les forêts épaisses, pas plus qu’au milieu des grandes plaines. Il est en Amérique, corame partout ailleurs, des accidens de terrain indispensables pour l'existence de tel ou tel animal; tandis que tel autre ne peut y vivre, et cherche, au contraire, des sites tout à fait différens. Aussi sommes-nous persuadé que, dans tous les lieux où se rencontreront les terrains néces- saires à la vie de l’urubitinga, joints au degré de chaleur qu’il préfère, on le trouvera communément. Nous savons d’une manière positive qu’il se voit dans la plus grande partie du Brésil, où les terrains sont si variés. Dans la province de Corrientes nous l’avons toujours remarqué au bord des lacs, des marais ou des rivières, perché sur le plus haut des arbres morts des environs, lorsqu'il chasse; ou bien sur les branches inférieures des gros arbres, lorsqu'il veut dormir. Taciturne, toujours seul, il reste immobile des heures entières, regardant avec attention autour de lui, pour découvrir une proie quelconque, un reptile, un petit mammifère ou un oiseau mort. Alors il descend avec rapidité, dévore sa proie el revient gravement à son poste. Bien rarement l’avons-nous vu voler; car, le plus souvent, il chasse tout en restant posé. Le matin, seulement, il se donne la peine de parcourir les environs du lieu où il a couché, pour prendre son premier repas; ou bien le soir, lorsqu’inutilement il a attendu tout le jour. Alors il vole lentement à une assez grande hauteur, se reposant souvent sur des arbres isolés, afin de mieux observer; repartant de nouveau, pour se reposer bientôt encore, et attendre, sans prolonger son vol. Jamais nous ne l'avons vu accouplé d’une manière intime; au temps même de la couvée le rap- prochement n’est pas aussi continu que chez certaines autres espèces. Le mäle et la femelle ne se réunissent alors que momentanément, et le reste de l’année ils vivent dans le plus grand isolement. Ce n’est bien certainement pas un oiseau voyageur. Nous le croyons on ne peut plus sédentaire, dans les lieux qu’il choisit pour domicile, des causes locales, comme des sécheresses, qui chassent ou détruisent les animaux dont il se nourrit, pou- vant seules le faire éloigner. Il ne faudrait néanmoins pas croire qu'il soit restreint dans un cercle étroit; nous voulons dire simplement qu'il reste dans la mème province. Oiseaux de proie, ( 86) L'urubitinga se nourrit principalement de reptiles, de petits mammifères, d'oiseaux morts, et peut-être de poissons; il ne paraît pas chasser aux oiseaux, el nous croyons qu'il n’attaque que ceux qu’il rencontre déjà blessés dans la campagne. Il reste peu sur le sol; cependant, lorsqu'il s'y pose, c’est de préférence dans les lieux fangeux; ce que nous avons supposé, d’après la terre qui couvre toujours ses pieds. Nous avons été à portée d’en voir à l’état domestique; il s’apprivoise assez bien; et vient alors, tous les jours, prendre sa nourriture, quand il a faim, passant le reste de la journée à voler sur les maisons et sur les arbres environnans. Dans tous les pays espagnols on le nomme indifféremment gabilan ou aguila. Pour les Indiens guaranis c’est un gutraporu-ht, qui veut dire oiseau de proie, ou bien yapacani hi (aigle noir). Si nous cherchons sa synonymie dans les langues des nations du centre de l'Amérique, nous trouverons l’urubitinga confondu avec les autres buses sous divers noms, selon chaque nation. Dans la province de Moxos, au centre de l'Amérique, en Bolivia, on voit les Chapacuras le nommer Auiÿyupi; les Muchojeones, prro; les Baures, huajé; les Itonamas, Auabo; les Cayubaba, hérékéré; les ten, tahuï; les Pacaguaras, télépahua; les Movimas, jlijli; les Canichanas, nitsaka, et les Moxos, yacaha. Si, ensuite, nous cherchons les autres noms de cette espèce, dans l’immense province de Chiquitos, même république, nous verrons les Chiquitos l'appeler utasikioch; les Guarañocas, aro- rita; les Morotocas, burasoguto. Pour les Guarayos, qui ne sont qu’une tribu éloignée des Guaranis, ils la nomment guira-été (le grand et bel oiseau). ÉPERVIERS , Misus, Cuvier. Accipiter, Ray. En Amérique, les éperviers sont vifs dans leurs manières, légers dans leur vol, chassent aux petits oiseaux et aux mammifères, ne cherchent Jamais à s'approcher des animaux morts et paraissent vivre exclusivement de proie vivante. Plus qu'aucun autre oiseau de cette famille ils habitent les forêts, se plaisent à voler sous lombrage des grands arbres, et restent peu en place, surtout sur les arbres isolés des plaines. Du reste, ils aiment, en A . E . même temps, les lieux secs et marécageux; le versant oriental des Andes; la zone torride, ÉPERVIER A DOIGT COURT, Vus hemidactylus. Buse mixte couleur de plomb, Azara, n.° 22; Falco hemidactylus , Temm., pl. 3, Prince Maxim. de Neuw., t. 3, p. 97. Nisus supra cinereo cærulescens ; femoribus, transversim albescente et cinereo infernis radiatis; remigiis nigris, ad extremam partem maculatis ; cauda longa , ternis fasciis nigris transversaliter variata; Jemoribus tarsisque longis atque gracilibus ; digitis curtis. (87) Bec noir, à base jaunâtre; yeux, jaune pâle; tarse, d’un rouge de vermillon très-vif'; longueur totale du bout du bec à l’extrémité de la queue, de 55 à 57 centimètres; vol, Î mètre 5 centimètres; circonférence, 31 centimètres. Les màles diffèrent tellement des femelles pour la taille, qu’on pourrait les regarder comme d’une autre espèce; ils sont plus foncés en couleur. Il nous est difficile de croire que le Wisus gracilis ou Falco gracilis de Temm., pl. 91, ne soit pas la même espèce, dif- férant seulement par le sexe du Msus hemidactylus ; cependant lassertion du prince de Neuwied, qui l’a disséqué, porterait à croire le contraire. Ainsi donc, pour décider, attendons encore. Nous avons rencontré cet épervier vers le 29.° degré de latitude sud, dans la pro- vince de Corrientes. Nous l'avons retrouvé ensuite au centre de l'Amérique, dans la province de Chiquitos, république de Bolivia, au 18.° degré. Il a été observé au Para- guay, par Azara; au Brésil, par M. de Saint-Hilaire et par M. le prince de Neuwied; aussi croyons-nous qu'il habite presque tout le Brésil, la Bolivia et le Grand Chaco, depuis les plaines du sud des derniers contreforts des Andes, ce qui lui donnerait pour habitation une surface immense de terrain; mais, si nous en jugeons par nos propres observations, cette espèce choisirait seulement, au milieu de ces contrées, les endroits les plus marécageux et les plus retirés; car nous ne l'avons vue qu’au sein des marais ou à la lisière de ces immenses plaines de jones inondées, qui occupent le lit des rivières dont le cours est peu sensible, ou dans les grands esteros qui caracté- visent toutes les plaines du centre de l'Amérique méridionale. C’est toujours sur les pal- miers ou sur les grands arbres de la lisière de ces lieux humides qu’elle perchait, d’abord le long des rives du Rio Batel, et puis dans les marais de San-Jose de Chiquitos : elle était par couple, même au mois de Juin, qui, dans ce pays, est comme on le sait en hiver, ce qui ferait croire qu’elle reste accouplée toute l’année. Ordinairement elle vole peu, reste perchée, en attendant sa proie; et, si elle prend son essor, ce n’est que pour se poser à peu de distance; son vol est aisé et assez rapide. Quant à sa nourriture, nous ne la connaissons pas au juste; mais l'habitude qu’elle a d’être toujours près des eaux, nous donnerait lieu de penser qu’elle vit de reptiles aquatiques ou même de poissons. Sous le rapport des mœurs cette espèce s'éloigne beaucoup des éperviers proprement dits; car elle n’est pas à beaucoup près aussi vive que ceux-ci, et paraît, au contraire, par son genre de vie et par les lieux qu’elle habite, se rapprocher des buses, des busards ou des aigles-autours; néanmoins, en nous attachant aux caractères généraux, nous la plaçons en tête des éperviers, comme formant la transition des dernières divisions des aigles à ceux-ci. L'on sait, au reste, que, parmi les oiseaux de proie, 1l est bien difficile d'établir des coupes dont quelques espèces ne soient pas le passage de l’une à l’autre. Azara avait placé celle-ci parmi ses buses mixtes, et non parmi les éperviers. Il avait donc, comme nous, remarqué celle anomalie de mœurs. 1. Ici s'applique l'observation que nous avons faite sur l'importance des couleurs prises sur le vivant; car Lesson, dans son Traité, pag. 63, le décrit comme ayant les tarses jaunes. Oiseaux de proie. a Oiseaux de proie. (88) ÉPERVIER A QUATRE LIGNES, Vsus concentricus. x Falco concentricus, Niger, Cuvier, 334. Nisus oculis circum nudis ; occipite, dorso, pallio, alis cærulescentibus ; cauda curta, brunnea albidaque; pectore et ventre brunneo circumlimbatis ; rostro et tarsis Jubis. Pieds, base du bec et partie nue autour des yeux, d’un beau jaune orangé; yeux, jaune-clair; bout du bec et ongles noirs; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 34 centimètres; du vol, 56 centimètres; circonférence du corps, 20 centimètres. Cette espèce a été rapportée de Cayenne au Muséum par M. Poiteau; aussi nous a-t-il paru assez intéressant de la retrouver au sein des montagnes boisées qui couvrent le versant oriental des Cordillères des Andes, dans la province de Yungas, république de Bolivia, contrées si éloignées de Cayenne. Nous l’avons encore rencontrée au sein des immenses forêts qui bordent le pied oriental des derniers contreforts des Andes, chez les Indiens yuracarès. En comparant l’ensemble zoologique de ces deux pays, dont la végétation paraît avoir les plus grands rapports, nous avons reconnu qu’un grand nombre des mêmes oiseaux leur sont communs. Nous pouvons donc supposer qu’elle occupe les forêts des Cordillères, qui commu- niquent, par le cours des Âmazones, à celles de la Guyane. Au reste, nous l'avons retrouvée sur les montagnes jusqu’à la hauteur de 2,500 mètres, et dans les parties les plus basses de notre seconde zone d’élévation. ? Elle paraît surtout aimer la lisière des bois, où elle chasse aux petits oiseaux et aux petits mammifères : ses manières sont pleines de vivacité; elle vole avec rapidité pres- qu’au rez de terre, et s'élève rarement. Elle se perche toujours sur les branches infé- rieures des arbres, où elle épie sa proie, lorsqu'elle ne chasse pas au vol; du reste, comme les éperviers ordinaires, elle se repose très-souvent. Les Aymaras de la province de Yungas la nomment mamani. ÉPERVIER MALFINI, Misus striatus. Falco striatus, Vieill., Amér. sept., pl. 143 Encycl., t. 3, p. 1265; le Malfini, Sonnini, Ois., t. 3,p. 67; Misus malfini, Less., Traité, p. 58. Nisus supra fuscus; alis caudaque transversim striatis; gula ventreque sordide albis ; jugulo pectoreque dilute rufis, fasciatis ; rostro nigro; pedibus flavis. Vieillot. Le bec est bleuàtre; sa base, le tour des yeux et les tarses sont d’un beau jaune; lon- gueur totale du bout du bec au bout de la queue, 17 centimètres. Plus encore que la précédente, cette espèce montre que les oiseaux de proie sont beaucoup plus répandus que les autres sur les continens; en effet, le malfini, décrit 1. Voyez le tableau de la distribution géographique des oiseaux, page 8. a ( 89) ar Vieillot comme habitant l'ile de Saint-Domingue, se retrouve, sur le continent, à Oiseaux P je d e la Guyane française, et s’avance, ensuite, vers l'Ouest, par les forêts des rives de l’Ama- ms zone et de ses affluens, jusqu’au pied des derniers contreforts des Andes, dans les pays que peuplent les Yuracarès, au 16. degré de latitude sud (république de Bolivia). Cest là, du moins, que nous l’avons rencontré, au bord des rivières qui traversent les immenses et majestueuses forêts constituant une large zone au pied même de ces montagnes. Jamais nous ne l’avons aperçu sur les montagnes mêmes. . Ainsi que l’espèce précédente, celle-ci a des manières très-vives: elle vole sous les arbres touffus, parcourant, avec vitesse, le dessous de cette voûte épaisse, et saisissant à l’impro- viste le malheureux oiseau qui, tranquille au sein de ces vastes déserts, est assez impru- dent pour ne pas se défier d’un agresseur rusé et redoutable. Le vol du malfini est rapide, et ses manières le rapprochent, en tout, de nos éperviers d'Europe, si ce n’est qu'il aime plus les forêts que ces derniers. Les Indiens yuracarès appellent cet oiseau tiyutiyuti (prononcez tiyoutiyouti); nom de tous les petits oiseaux de proie à mœurs de faucons, comme celui-ci. ÉPERVIER A VENTRE GRIS, MVisus poliogaster. 4 Falco poliogaster, Natterer; Autour à ventre gris, Temm., pl. 264 (mâle), et 295 (fem.); Nisus poliogaster, Lesson, Traité, pag. 62. Nisus supra fuscus, jugulo albido; pectore clare cinereo , super ventrem saturatiori colore; genis brunneis , oculos circum nudis; cera tarsisque flavis. Le bec bleuâtre; sa base et les parties nues du tour des yeux, jaune verdàtre; les yeux jaune-vif; les paupières jaunes; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 45 centimètres; vol, 77 centimètres; circonférence du corps, 28 centimètres. Comme la plupart des oiseaux de proie, le jeune de l’année est presque roux, marqué de flammes brun-foncé sur le milieu de chaque plume, principalement de celles du des- sous du corps et du col. Les individus plus âgés ou femelles ont encore le dessous du col et de la poitrine blanchàtre, avec une flamme noire sur la longueur de chaque plume; le milieu du ventre est rayé transversalement de larges bandes noiràtres, sur du blanc; tandis que les mâles adultes ont tout le ventre entièrement blanc. Les cuisses aussi sont rousses, rayées transversalement de brun, chez les femelles; blanches, teintées de roux, et seulement tachetées de noir à leur partie postérieure, chez les vieux mâles. Du reste, la queue présente toujours les cinq zones blanches et les cinq zones noires, d’égale lar- geur. Nous avons aussi remarqué que les adultes ont la queue un peu plus longue que les jeunes, ce qui est peu commun chez les oiseaux de proie. Nous avons rencontré cette espèce dans la république de Bolivia, au milieu des im- menses plaines, en partie boisées, qui occupent l’intervalle compris entre les derniers contreforts des Andes orientales, près de Santa-Cruz de la Sierra, et les frontières du Byésil, dans la province de Chiquitos. Elle a aussi été rapportée du Brésil par M. Auguste de Saint-Hilaire; ce qui nous porterait à croire qu’elle habite également la plus grande IV. Où. 12 Oiseaux de proie. ————_—t (90 ) partie du Brésil équatorial. Nous ne l'avons vue, en effet , que dans des régions chaudes; elle se tient soit à la lisière des bois, soit au milieu de taillis ou grands buissons assez clair-semés, qu'on nomme dans le pays caparales. Nous ne savons pas si elle préfère les lieux humides; car nous l’avons rencontrée un peu partout, menant à peu près le même genre de vie que nos éperviers d'Europe, volant, comme eux, avec rapidité, se perchant au sommet des arbres , entrant quelquefois au sein des bois, qu’elle parcourt sous l’ombrage, et poursuivant, sans cesse, les petits oiseaux et les petits mammifères, dont elle fait sa nourriture habituelle. Quoique répandue sur une grande surface de terrain, elle n’est commune nulle part. ÉPERVIER CHAPERONNÉ, Wisus pileatus. Falco pileatus, Temm., pl. 205; prince Max. de Neuw.,t. 3, n° 7, p. 1073 Lesson, Traité, p- 57, n° 2. Nisus corpore supra cinereo-brunnescente ; collo antice, thoraci, ventre cinereis; Jublis femoribus; cauda brunnea , duabus tribusve lineis intersecta. Cette espèce est remarquable par sa petite tête et par le large espace nu qui entoure les yeux et s'étend jusqu’au bec; du reste, elle a les serres longues comme celles des éperviers, ainsi que leur bec court; son acrotarse est recouvert d’une seule squamelle. L'individu d’après lequel nous avons rédigé cette description, diffère du sujet décrit par Temminck, en ce que le blanc du bas-ventre et de l’anus en est tacheté de roux. Le bec est bleuàtre et noir à son extrémité; le tour des yeux, le tarse et les yeux sont jaune-foncé; le dessus de la tête noir; la gorge, la poitrine et le dessus du col, bleu- ardoisé clair; le dos, bleu-foncé; les ailes et les tectrices supérieures sont brunes, les intérieures rousses ; le ventre est mélangé de roux vif, teinté de carmin; les couvertures inférieures de la queue sont blanches, munies de taches rousses; les rectrices sont bru- nâtres, marquées de quatre lignes transversales plus pàles; la longueur totale du bec au bout de la queue, est de 40 centimètres. Nous n’avons vu cette espèce qu’à la frontière du Paraguay, dans la province de Cor- rientes, du 27. au 28. degré de latitude sud, principalement dans les bois qui bordent le Parana; près du village d’ftaty et à Iribucua. Elle se tient toujours à leur lisière et dans l’intérieur des forêts : là, elle se perche sur un arbre près d’un sentier, et attend que quelques petits oiseaux ou quelques petits mammifères passent à sa portée; alors elle fond dessus avec la rapidité d’une flèche, et se met en devoir de les dévorer. Sou- vent aussi elle guette les paisibles tinamous qui, sans défense aucune, deviennent facile- ment sa victime : elle est si légère dans ses manières, et surtout dans son vol, qu’elle parait peu se défier de l’homme, par la conscience qu’elle a, sans doute, des puissans moyens qu'elle possède pour se soustraire à ses coups; même au milieu d’une épaisse forêt son vol est des plus rapide, suivant avec adresse les sinuosités sans nombre de ce labyrinthe naturel; aussi à peine l’a-t-on aperçue, qu’elle a déjà disparu au sein des bois. D'ailleurs cet épervier est si peu connu des habitans, que nous n’avons pu obtenir de renseignemens sur sa nichée. (MN ) AUTOURS, Astur, Bechst. Au lieu d’être vifs et fins, comme les éperviers, ces oiseaux sont assez lourds. En Amérique, ils vivent à la lisière des bois seulement , n’y pénè- trent Jamais et ne volent qu'en rase campagne. Ils se perchent, le plus souvent, au sommet des arbres isolés dans les plaines, et y attendent long- temps qu'une proie vienne s'offrir à eux. Du reste ils sont omnivores, mangeant des insectes, des vers et des limaçons; fréquentant, de préférence, les marécages; en un mot, ils ne ressemblent sous aucun rapport aux éper- viers dans leur genre de vie. Ils habitent le versant oriental des Andes et les régions chaudes. AUTOUR A GROS BEC, Astur magnirostris. Falco magnirostris , Lath., Linn., Syst. nat., 3° édit., Sp. 115, Gmel.; Épervier à gros bec de Cayenne, Buff., Enl., 460 (mäle); Temm., pl. 86 (jeune) ; l'/ndayé, Azara, n. 30 ; Sparverius magnirostris, Vieillot, t. 3, p. 1265; Misus magnirostris, Lesson, p. 57; Falco insectivorus, Spix, 17, tab. VITa; Falco magnirostris, Prince Max. de Neuwied, t. 3, p. 102; Enl. 464. MNisus capite gutturaque nigricantibus; pectore rufo, variegato subtus uropygioque rufo-brunneo radiatis ; dorso remigibusque obscuris; cauda fasciis quatuor nigris variegata. Bec noir bleuätre, jaune-vert à sa base; yeux, jaune-vif; tarses, jaune-foncé; les jeunes ont les yeux jaune-roux; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 40 cen- timètres le mâle, 47 la femelle. Les jeunes ont la queue bien plus longue que les adultes. Il existe bien certainement, dans cette espèce, deux variétés distinctes, différenciées par des couleurs plus vives ou plus päles. Tous les individus qu’on voit au Muséum, venant du Brésil, ont les teintes si faibles que, confrontés avec ceux que nous avons rapportés de Corrientes et de la république de Bolivia, on les aurait pris pour des oiseaux déco- lorés; du reste, tous les caractères sont exactement les mêmes. De là, nous conclurons qu’il existe des éperviers à gros bec de deux variétés distinctes et constantes, qui pro- viennent, probablement, de l’influence du lieu qu’elles habitent. Les jeunes différent des adultes en ce qu'ils n’ont pas les teintes uniformes de la poi- trine, du devant du col, de la tête, et qu’au contraire ces parties sont constamment marquées de taches longitudinales brunes, sur un fond jaunàtre ou bruñ. La queue a aussi plus de bandes transversales que chez les adultes; on en remarque jusqu’à six, au lieu de quatre. Si nous considérons cette espèce sous le rapport de ses mœurs, nous verrons qu’elle forme anomalie parmi les éperviers, dont elle n’a réellement aucune des habitudes; tandis qu’elle partage celles des macaguas et des autours proprement dits, sans être aussi criarde que les premiers; aussi avons-nous cru, malgré l’opinion dés auteurs, devoir la ranger Oiseaux de proie. (92) Oiseaux parmi les autours, où elle vient naturellement se placer, lorsqu'on la considère sous le de proie. point de vue de ses mœurs. Après avoir aperçu celte espèce vers le Sud, jusqu’auprès de Buenos-Ayres, sur les rives du Parana, nous l’avons rencontrée sur tout le cours de ce fleuve, jusqu'aux Mis- sions; dans les provinces de Santa-Fe, d’'Entre-Rios, de Corrientes et des Missions. Nous savons par Azara, qu’elle se trouve dans tout le Paraguay; par M. Auguste de Saint- Hilaire, qu’elle habite le Brésil; par d’autres zoologistes, qu’elle est commune à la Guyane, et nous l'avons vue dans la république de Bolivia, dans les montagnes comme dans les plaines inondées; ce qui nous prouve incontestablement qu’elle a pour patrie une surface immense du continent américain; car elle occupe, en latitude, une zone qui s'étend du 6." degré de latitude nord, au 34.° degré de latitude sud; et, en longitude, tous les pays compris entre les derniers contreforts des Andes, de la Bolivia et du Pérou, à l'Est, jusques aux côtes de l'Océan atlantique. On voit, dès-lors, que c’est une des espèces d'oiseaux de proie le plus répandues sur le sol de l'Amérique méridionale, où elle est même partout commune, multipliée plus que toutes les autres, à l'exception de celle des caräcaras; cependant, il nous a semblé qu’elle devenait plus rare au Sud sur les montagnes que dans les plaines ou vers les régions tropicales. L’autour à gros bec est une des espèces qui, à proprement parler, n’ont pas de lieu spécial d’habi- tation. II vit dans les plaines, auprès des eaux et dans les lieux les plus secs; mais nous ne saurions dire laquelle de ces localités il préfère. Dans les provinces de la répu- blique Argentine nous l'avons presque toujours rencontré au bord des rivières, et en Bolivia sur les montagnes de la province de Yungas, élevées au moins de 2,500 mètres au-dessus du niveau de la mer; cependant, nous avons pu reconnaître que, sur l'immense surface de terrain que nous signalons comme sa demeure habituelle, il y a beaucoup de lieux où il ne se trouve jamais, par exemple, au sein des immenses forêts, ou dans les plaines dénuées d'arbres; et nous avons aussi remarqué que de petites familles isolées étaient séparées les unes des autres par d’assez grandes distances, pour qu'il leur fût difficile de se réunir. Cette espèce, d’ailleurs, est sédentaire, et n’émigre jamais comme certaines autres, restant en des cantons spéciaux, où chaque couple paraît fixé pour le temps de son existence, visitant toujours les mêmes endroits, se reposant souvent sur le même arbre et quelquefois sur la mème branche, Elle habite toujours de préférence les points entrecoupés de petits bois et de plaines. Aussi l’avons-nous rencontrée dans la province de Corrientes, à la lisière des taillis peu élevés, principalement des bois d’espinillos ou acacias épineux, dispersés çà et là, dans la campagne. En Bolivia, elle s’est offèrte à nous au bord des ravins ou sur les arbres qui avoisinent les petits bois; c’est sur les arbres morts qu’elle se repose le plus volontiers, et qu’elle vient altendre sa proie. Le màle et la femelle, unis toute l’année, ne s’abandonnent jamais, se suivant sans cesse de très-près, se plaçant souvent sur le même arbre, quelquefois à côté l’un de l’autre. On ne voit pas entr’eux cet égoïsme qui caractérise, en général, les oiseaux de rapine; si l’un des deux consorts s'éloigne de l’autre, ils font entendre un sifflement de rappel as$ez plaintif, que tous deux répètent tour à tour; jamais (95) nous ne les avons vus se quereller; mais nous avons cru remarquer que des rixes ont Oiseaux de lieu entre les mâles, principalement au temps des amours. Au reste, cette espèce est sie. peu craintive et ne redoute pas la rencontre de l’homme, qu’elle attend de très-près, en faisant entendre son sifflement habituel, pour se prévenir du danger; s’envolant, ensuite, pour se reposer, à une cinquantaine de pas, tout au plus, sur un autre arbre, d’où elle ne s'envole de nouveau qu’avec peine, après avoir sifflé, sans jamais chercher une retraite dans l'épaisseur des bois. Dans le repos, l'attitude de l’autour à gros bec est assez stupide; il rentre sa tête entre ses deux épaules et ne semble s'occuper de rien; mais, si quelque chose l’inquiète, il tourne continuellement la tête vers l’objet qui l’effraie et vers son compagnon, en sifflant sans cesse, ce qui le fait paraître comme fou, et lui a valu le nom espagnol de gabilancito bobo (petit busard fou), qu’il porte dans le Paraguay et à Corrientes. Son vol est peu rapide, quoiqu’assez léger, et rarement il s’élève dans les airs, se contentant de voler d’un arbre à l’autre ou restant long-temps immobile, lorsqu'il n’est pas dérangé: il y a dans le vol de ces oiseaux quelque chose de léger qui rappelle, jusqu’à un certain point, celui des oiseaux nocturnes. Ils ne vont à terre que pour manger, et n’ont pas l'habitude de marcher; car à peine leur repas est achevé qu’ils vont se percher sur l’arbre le plus voisin, où ils font la digestion, en regardant si quelque proie ne passe pas à terre à leur portée. Ils se nourrissent principalement d’insectes, de vers, de grillons, de coquilles terrestres; mais lorsqu'ils rencontrent des oiseaux morts, ils ne les dédaignent pas. Nous avons tué un autour à gros bec pendant qu’il dévorait un poisson mort; mais jamais nous ne l'avons vu s'approcher des grosses proies mortes. Le peu d’hostilités qu’il exerce envers les oiseaux vivans, explique peut-être pourquoi ceux-ci ne le poursuivent pas, comme ils ont coutume de le faire pour beaucoup d’autres espèces. Dans la saison des amours, qui commence en Septembre, et dure jusqu’en Janvier, les couples sont plus étroitement unis; on nous a assuré, qu'ils construisent leur nid à la lisière des bois sur les arbres touffus, que ce nid se compose de branches entrelacées, et qu’ils pondent quatre à cinq œufs, de couleur rougeàtre et presque ronds. Outre le nom de gabilancito bobo, que leur donnent les Espagnols, ou celui de gabilan de cabeza negra (busard à tête noire), qui leur vient de ce que leur tête paraît, de loin, entièrement noire, ils portent, chez les Guaranis, le nom d’indayé, et celui d’inkico chez les Aymaras du Yungas. AUTOUR A QUEUE CERCLÉE, Astur unicinctus. GE : EE 0 3 . . Falco unicinctus, Temm., pl. 313; Buse mixte noirtre et rousse, Azara, n° 191; Misus uni- cinctus, Lesson. Astur. Humeris viride rufis, nigro maculatis; brunneo occipite; Jemoribus rufis, 1. M. Temminck n’a pas reconnu, dans la description d’Azara, cette espèce, qu'il décrit comme nouvelle. * Oiseaux de proie. (M) transversaliter rufo radiatis ; pennis nigris; regione anali albida; cauda subtus nigra, albido limbata. Bec noir à son extrémité, bleuâtre sur le reste; la base et le tour des yeux est jaune verdètre clair; les yeux brun-roux; les tarses jaune-clair; longueur totale du bout du bec à l'extrémité de la queue, 55 centimètres le mäle, 60 centimètres la femelle; circon- férence du corps, 36 centimètres. Dans l’âge adulte cette espèce est, pour ainsi dire, noire, avec les épaules et les cuisses rousses, les premières variées de noir, les dernières rayées transversalement de roux- foncé; la base et l'extrémité de la queue, blanches; mais, moins elle est avancée en âge, plus elle est variée en couleurs, c’est-à-dire que le noir se mélange davantage de mou- chetures rousses ou brunes; le ventre a beaucoup plus de taches blanches et rousses; les cuisses sont plus fortement rayées, et les couvertures inférieures de la queue plus marquées; la gorge est presque blanche, avec une tache noiïrätre au milieu de chaque plume. Si nous la prenons encore plus jeune, c’est-à-dire pourvue du plumage de la première année, nous trouvons sa tête presque noire, variée de taches roussâtres; son col jaune, longitudinalement taché de brun; sa poitrine et son ventre de la même couleur; les couvertures de ses ailes noires, tachetées de roux; sa queue et ses ailes noiratres, rayées lransversalement de noir plus foncé; son croupion et l'extrémité de sa queue, blancs; et ses cuisses jaunes, rayées de brun. Ses dimensions sont aussi très-variables; nous avons trouvé sa longueur totale de 55 à 60 centimètres, selon le sexe. Cette espèce est encore une de celles dont les limites d'habitation sont très-étendues, el qui, cependant, paraissent propres aux régions chaudes et tempérées. Azara l’a observée au Paraguay; M. de Saint-Hilaire la rapportée du Brésil; pour nous, nous l’avons rencontrée assez fréquemment dans la province de Corrientes, au 27. degré de latitude sud, et retrouvée, ensuite, dans la république de Bolivia, au 17.° degré de latitude; ce qui nous ferait présumer qu’elle doit rester entre les tropiques ou quel- ques degrés en dehors. Nous la croyons bornée aux lieux formés de plaines décou- verles et de petits bois, situés seulement à Pest des Andes, qu’elle ne paraît franchir nulle part. Nous avons remarqué qu’habitant spécialement les terrains plans dans la province de Corrientes, elle étendait sa demeure jusque sur les montagnes peu élevées des derniers contreforts des Andes, à l’est; car nous l'avons vue près de Valle grande, département de Santa-Cruz de la Sierra, en Bolivia, à plus de mille mètres au-dessus des piaines de Santa-Cruz. Notre opinion se fortifie encore de ce fait, que beaucoup d'espèces cherchent partout la température à laquelle elles sont habituées, ce qui les décide souvent à gagner les hauteurs dans les régions chaudes, parce qu’elles y ren- contrent le climat recherché par elles, plus au Sud, vers le pôle; tandis que d’autres espèces ne recherchent que des accidens de terrains semblables. Nous dirons donc que celte espèce est plus particulièrement propre aux plaines, et qu’elle n’habite les régions élevées que lorsque celles-ci, cessant de se couvrir de cette végétation active et épaisse des lieux humides, sont, au contraire, redevenues arides. (9%) Nous avons rencontré cette espèce au bord des eaux, comme les buses, volant peu long-temps au-dessus des bosquets ou autour d’arbres épars, se reposant au sommet des plus élevés, et surtout sur ceux qui sont morts, à la lisière des petits bois inondés ou non, attendant sa proie ou chassant, en rasant la terre de son vol : elle est assez peu commune, et paraît néanmoins sédentaire dans le pays qu’elle choisit pour demeure : toute l’année elle vit dans l'isolement, et paraît même fuir son espèce; la sai- son des amours seule change ses dispositions, modifie son égoïsme, et seulement alors elle s’accouple. Ses manières sont, en tout temps, craintives; cependant sa pusillanimité n’est que l’effet des dangers qui l'entourent, et le résultat de l’expérience; car nous avons tué un jeune de l’année dans un jardin du milieu même de la ville de Corrientes; il ne parais- sait pas effrayé de se trouver au sein du bruit d’un lieu habité; tandis que les adultes cherchent les déserts les plus silencieux. Son vol, quoique rapide par momens, est ordi- nairement peu précipité, et surtout peu prolongé; car, lorsque la faim ne la presse pas, _elle passe à peine d’un arbre élevé au plus voisin; mais l'appétit lui donne un peu plus d'activité dans sa chasse : elle fond sur sa proie du haut de son perchoir, quoiqu'avec beaucoup moins de vivacité que les autres oiseaux de son ordre. Elle fait souvent entendre une espèce de sifflement aigu, répété plusieurs fois de suite, surtout lors- qu’elle aperçoit quelque chose qui Pintimide : sa nourriture paraît consister en oiseaux, en pelils mammifères, en reptiles et même en poissons; lorsqu'elle vole dans la campagne, elle est souvent poursuivie par les petits oiseaux, qui la forcent de se percher. Vers les mois d'Octobre et de Novembre, les individus, qui se craignaient naguères, commencent à se rechercher et à s’accoupler, pour quelques mois; ils s’éloignent plus encore des lieux habités, et cherchent, au milieu des bois d’acacias épineux ou espinillos de la province de Corrientes, un arbre bien touffu, voisin des eaux, sur lequel ils cons- truisent un nid spacieux, composé d’épines à l'extérieur, à l’intérieur de büchettes, dans lequel la femelle dépose quatre à cinq œufs entièrement blancs, dont les diamètres sont de 53 et 58 millimètres, de ceux du moins qu’on nous dit, dans le pays, appartenir à un nid que nous avions vu construire; mais nous les donnons avec doute, parce que cette couleur blanche n’est pas ordinaire aux œufs d'oiseaux de proie diurnes, qui sont, au contraire, rougeàtres, et toujours tachetés de brun ou de roux. C’est encore un gabilan des Espagnols américains, et un faguato des Guaranis du Paraguay et de Corrientes. AUTOUR MILLE-RAIES, Astur nitidus. Falco nitidus, Lath., Temm., pl. 87 (adulte), et 294 (jeune), sous le nom de Falco striolatus, 394; Asturina cinerea, Vieill., Gmel., pl. 20; Dædalion nitidus, Less., Traité, n.° 2. Astur. Capite corporeque plumbeus, lineolatus ; jugulo, cauda subtus , alisque albidis ; cauda nigra, larga zona albida transversaliter terminata. Bec noirâtre, la base jaune-vif; yeux, brun-clair; tarses, jaune-clair; ongles, noirs; Oiseaux de proie. (96 ) Oisaux longueur totale du bout du bec à l'extrémité de la queue, 42 centimètres; du vol, 96 de proie. centimètres; circonférence du corps, 33 centimètres. Nous croyons que cette espèce appartient plus particulièrement à la zone torride; on l’a toujours rencontrée à Cayenne, et nous l’avons vue assez communément au centre de l'Amérique méridionale, dans la province de Chiquitos, à l’est de la république de Bolivia; ce qui nous fait croire qu’elle doit se trouver dans toutes les contrées intermé- diaires, ou dans tout le Brésil équatorial, dans la Bolivia et dans les Guyanes; mais jamais sur les contreforts des Andes, ni dans les immenses forêts de leurs bords; elle est donc propre aux terrains peu élevés, mélangés de plaines et de bosquets, et non aux forêts, pas plus qu'aux immenses savanes. Nous l'avons toujours observée au bord des petites plaines environnées de bois, sur les collines ou les terrains plans; là, elle se montrait toujours isolée, perchée au sommet du plus haut des arbres morts des environs, immobile, en attendant sa proie, sur laquelle nous l’avons vue fondre plu- sieurs fois, la dévorant, lorsqu'elle la saisissait, puis allant reprendre sa position taciturne. Son vol est lourd et peu rapide : lorsqu'elle s’élance, elle plane peu, se contentant d'aller chercher un arbre d’où elle puisse recommencer son observation; elle paraît chasser principalement aux reptiles. Au reste, quoique très-répandue, elle nous à paru toujours assez rare. MACAGUA, Macagua, Azara. Cette section doit nécessairement être séparée des autours ordinaires, tant à cause de ses caractères singuliers, qu’en raison de ses mœurs plus singu- lières encore. Nous n'avons rencontré que lespèce la plus anciennement connue. MACAGUA RIEUR, Macagua cachinnans. Falco cachinnans, Linn., esp. 18 ; Lath., esp. 88; Herpetotheres cachinnans, Vieill., Gal., pl 19; Spix, pl. 3,4; le Macagua, Azara, n.° 15. Macagua, cera pedibusque luteis, palpebris albis, corpore fusco albidoque vario, annulo nigro verticem album cingente. Lath. Le bec est noir, sa base jaune; les yeux sont roux-foncé; les tarses jaune-sale; lon- gueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 47 centimètres; du vol, 91 centi- mètres; circonférence du corps, 33 centimètres. Un individu très-jeune, que nous avons été à portée d'observer, différait de l'adulte par une taille bien plus petite, puisque son vol n’était que de 84 centimètres; ses cou- leurs étaient un peu différentes; le collier était peu marqué; la tête et le ventre étaient variés de longues taches noires sur le milieu de chaque plume; le dos varié de roux, en bordure aux plumes, qui sont noires, et les raies de la queue obscures. On a, sans doute, beaucoup écrit sur le macagua; mais nous croyons qu’il y aurait encore (97 ) beaucoup à dire sur ses mœurs singulières. Azara, de tous les auteurs, est celui qui l’a Oiseaux le mieux étudié; nous savons, par lui, que le macagua vit au Paraguay. On le trouve Ke, aussi, communément, à la Guyane; et nous l'avons, de plus, observé dans les immenses plaines du centre de l'Amérique méridionale (république de Bolivia). Là, nous l'avons rencontré depuis les forêts qui bordent les derniers contreforts des Andes à l'Est, jusqu’à la rivière du Paraguay, dans les provinces de Santa-Cruz de la Sierra, de Moxos et de Chiquitos; ce qui nous donne lieu de croire qu’il habite sur toute l’immense étendue comprise entre les Andes et Cayenne; car c’est bien certainement dans ces lieux qu’existent, en Amérique, le plus de terrains unis, de marais, de canaux naturels et de savanes noyées, lieux où se tient exclusivement le macagua; car nous ne l'avons jamais vu en rase campagne, ni au plus épais des forêts, et moins encore sur les mon- tagnes. On est sûr de le rencontrer toujours à la lisière des bois, soit dans les plaines sèches, soit, plus fréquemment, sur le bord des rivières, soit, enfin, au bord des eaux stagnantes. Îl est sédentaire et assez répandu, sans être commun; nous l'avons tou- jours vu seul, isolé, perché sur le haut d’un arbre sec, dans une immobilité parfaite, présentant, alors, par sa grosse tête enfoncée entre les épaules, la position et les formes d’un oiseau de proie nocturne. Il est peu craintif, ou du moins s'éloigne peu lorsqu'il aperçoit quelqu'un, se contentant, alors, de répéter, d’une voix sonore, à peu près l’expres- sion de son nom indien, tout en restant au même lieu ou dans les environs; et fatiguant le voyageur des cris bruyans et cadencés qui lui ont valu l’épithète de rieur, parce qu’on y a cru remarquer une espèce de ricanement. Les Indiens et même, par imitation, les Espagnols de Santa-Cruz et de Moxos, ont tiré de ce ricanement l’idée que le cri du macagua annonce, infailliblement, l’arrivée prochaine d’une pirogue venant des contrées lointaines ; aussi, sans autre indice que celui-là, se rendent-ils, de suite, au port, pour attendre les arrivans. Quoique souvent trompés dans leur absurde croyance, ils n’y sont pas moins attachés depuis des siècles. Il est à remarquer que, tant que le macagua n’est pas troublé par la crainte, au sein des déserts qu’il a choisis, il ne crie pas, et ne com- mence ses conversations joyeuses que lorsque le silence imposant des rives boisées des nombreuses rivières de ces régions, est interrompu par l’arrivée de quelque gros mam- mifère, ou d’une pirogue battant, au loin, les eaux des coups précipités des pagayes de ses conducteurs indiens; d’où, sans doute, l’origine de la superstition dont j'ai parlé. Son vol est lourd, jamais prolongé; s'il part, c’est toujours pour aller se reposer sur l'arbre le plus voisin, ou pour parcourir, en s’arrêtant souvent, les rives d’un marais ou d’une rivière. Nous ne l'avons jamais vu planer à la manière des buses : il va rarement à terre, si ce n’est afin d’y dépecer sa proie, lorsqu'il l’a saisie; mais, dès qu’il a fini, il retourne se percher sur son arbre favori. D’après ce que nous avons pu observer, nous sommes de l'avis de tous les auteurs, qui disent qu’il se nourrit de rep- tiles qu’il paraît tuer à coups d’aile, comme beaucoup de buses; nous croyons aussi qu'il mange quelquefois des insectes, et même des poissons, quand ils sont morts au bord des eaux. C’est, au reste, le seul aquiléide qui ait le jabot nu et saillant, rappelant, par ce dernier trait, le Polyborus vulgaris, quand celui-ci a beaucoup mangé. IV. Oie 13 Oiseaux de proie. (98 ) Il s'établit, au dire des habitans, sur la lisière des bois, au sommet de très-hauts arbres, y construit un nid énorme, dans lequel il dépose de quatre à cinq œufs. Le couple, alors, semble devenir plus ricaneur que jamais, et poursuit long-temps les importuns, répé- tant avec plus de force encore ses cris aigus, sans doute pour mieux les éloigner de sa nichée. Son nom de macagua vient de la langue guarani; il est connu depuis le Paraguay jusqu’à Santa-Cruz de la Sierra, et adopté par tous les Espagnols du pays. Les Indiens vuracarès, du pied oriental des Andes, le nomment biyo. MILANS, Milvus, Bechst. Les milans, par la longueur démesurée de leurs ailes et de leur queue, sont des oiseaux spécialement voyageurs, faciles à distinguer par leur tête aplatie, leur bec court et leur bouche fortement fendue. Ils sont presque toujours en l'air, volant beaucoup plus long-temps sans se reposer qu'aucun autre oiseau de proie. Ils habitent les lieux marécageux, perchant rarement. On les trouve sur les deux versans des Andes. MILAN À QUEUE BLANCHE, Mivus leucurus, Vieillot.! Le Faucon blanc, Azara, n° 36; Milvus leucurus, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 20, p. 556; Elanoïdes leucurus, Vieill., Encycl., t. 3, p. 1205; Milan à queue irrégulière, Falco dispar, Temm., pl. 3193 Ælanus dispar, Less., Traité, p. 72. E. macula nigra circum oculos; corpore supra cærulescente; subtus , capitis lateri- bus, rectricibus lateralibus albis, intermediis duabus cærulescentibus ; rostro nigro; pedibus pallide flavis. Nous avons reconnu, avec M. de Lafresnaye, que cette espèce, décrite depuis bien long- temps par Azara (Voyage dans l'Amérique méridionale, t. II, p. 96), sous le nom de faucon blanc (n° 36), a été reconnue comme milan, dans les notes de la traduction de cet ouvrage par Sonnini; plus tard, Vieillot, laborieux ornithologiste, a scrupuleuse- ment reproduit les excellentes descriptions d’Azara, et celle de l'oiseau qui nous occupe, dans le Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle, t. XX, p. 5562, en donnant à l'espèce le nom latin de Milvus leucurus. Nous devons donc nous étonner de voir, dans le bel ouvrage du savant naturaliste, M. Temminck, faisant suite à Buffon, pl. 319, décrite et figurée sous le nom de milan à queue irrégulière (Falco dispar) , espèce même dont 1. Nous rétablissons ici le nom le plus anciennement donné. 2. Dans cet ouvrage, Vieillot a intercalé, suivant les genres et les familles, toutes les espèces d'Azara, en conservant religieusement les noms spécifiques, toutes les fois que lapplication en à été possible. (99 ) parlent Azara et Vieillot, et qu’adopte M. Lesson, dans son Traité d’ornithologie, p. 72. Oiseaux Il est fâcheux pour la science que, de nos jours, on impose des noms nouveaux à des 4 espèces anciennement décrites par des auteurs soit français, soit étrangers; il est fàcheux, surtout, que l’on conserve ces nouveaux noms seulement parce qu’ils sont accompagnés de belles planches; et, cela, au détriment de descriptions soignées. L’individu figuré par M. Temminck (pl. 319) est un individu femelle, qu’il décrit comme tel, et que M. Lesson a copié également dans son traité; mais M. Temminck copie aussi textuellement la description du mâle adulte dans Azara. Pourquoi n’a-t-il donc pas conservé le nom assigné par Vieillot ? Le milan à queue blanche que nous avons observé avait le bec noir; sa base, ainsi que les tarses, jaune pâle; l'œil était orangé; longueur totale, 43 centimètres. Cette espèce a les plus grands rapports avec le milan black, Falco melanopterus, Lath., du cap de Bonne-Espérance. Au premier aperçu, il est facile de les confondre; peut-être lont-ils été par les auteurs américains, entr’autres par Charles Bonaparte, qui la figurée dans le tome II, pl. 11, n.° 1, sous le nom de black, Vaillant, Falco melanopterus, avec un individu qui était peut-être le milan à queue blanche d’Azara, originaire du nouveau monde, et dont il est ici question. On n’a aucune certitude que le black habite l'Amérique, et il est certain qu'il existe dans l’Inde; car il se trouve, dans les Procee- dings of zool. soc. of Lond., cahier 1830-1831, page 115, au nombre des espèces rap- portées de cette contrée par le major Franklin. Comme il serait extraordinaire, d’après la distribution géographique des êtres sur les continens, de le retrouver en Amérique, l'intérêt de la science demande qu’on fasse des recherches à cet égard. C'est une des espèces qui paraissent le plus répandues dans l'Amérique méridionale; en effet, Azara l’a observée depuis le Paraguay jusqu'aux frontières du Brésil, par 32 degrés de latitude sud ; nous l'avons vue près de Buenos-Ayres, au 34° degré, dans les Pampas; M. de Saint-Hilaire l’a rapportée du Brésil. Voilà pour le versant oriental des Andes, où elle paraît habiter toutes les parties tempérées au sud du tropique du Capri- corne, jusqu’au 34.° degré; mais, ce qui nous a paru le plus extraordinaire, ç’a été de la rencontrer aussi à l’ouest des Andes, au Chili, où elle n’est même pas très-rare. D’après nos descriptions, on a pu voir que les espèces qui se trouvent également sur les deux versans ne sont pas nombreuses, et qu’elles n’ont jamais que peu de lieux spéciaux d'habitation. Il serait plus curieux encore de constater l'existence de celle-ci dans l'Amérique septen- trionale; ce qui nous porterait à admettre la description du black de M. Ch. Bonaparte. Elle paraît habiter indistinctement tous les lieux où se présente à elle, de loin en loin, de quoi percher; aussi la trouve-t-on tantôt à la lisière des plaines des Pampas, au bord des rivières, tantôt sur les collines buissonneuses du Chili. Partout nous l’avons vue voler long-temps avant de se reposer et planer en tournoyant, pour saisir, à l’occa- sion, de petits mammifères et de petits oiseaux, dont elle paraît faire sa nourriture. Elle est vive dans ses mouvemens; et, comme le dit Azara, elle a beaucoup des manières des faucons proprement dits. Oiseaux de proie. ( 100 ) MILAN DE LA CAROLINE, Mivus furcatus, Cuv. —— Falco furcatus, Gmel., Catesby, pl. 4; Elanoides furcatus , Vieill., Encycl., t. 3, p. 1204; Mil- ous furcatus, Cuv., Zcon., pl. 3, fig. 1; Mauclerus furcatus, Vigors, Less., Traité, p. 73. Milrus , cera obscura; pedibus flavescentibus; corpore supra cinereo, subtus albido; cauda furcata, longissima. Yeux saillans, non entourés de paupières nues; bec noir, bleuâtre à sa base; yeux, roux-foncé; tarses bleuätres; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 55 centimètres; vol, { mètre 17 centimètres; circonférence du corps, 35 centimètres. Cette espèce paraît occuper les parties chaudes des deux Amériques. Décrite d’abord comme étant de la Caroline, on a dû s'étonner de la rencontrer au Brésil. Elle habite aussi tout le centre de l'Amérique méridionale, dans les provinces de Moxos et de Chiqui- tos (république de Bolivia); c'est à, du moins, que, du 15° au 20.° degré, nous avons pu l’observer assez fréquemment. Nous ne l’avons jamais vue que près des eaux. Dans la province de Chiquitos elle était quelquefois par troupes, d’autres fois par paires, voyageant d’un lac à l'autre; restant près de l’un d’eux quelques jours; puis, l’aban- donnant pour aller en visiter un autre. Pendant tout le temps qu’elle ne donne pas aux amours, elle voyage ainsi, occupée des heures entières à tournoyer au-dessus des eaux, tantôt près de la surface, tantôt très-haut dans les airs; ouvrant parfois sa queue, et la refermant, comme des ciseaux; se reposant très - rarement et toujours au som- met des plus hauts arbres, où elle ne demeure que quelques instans, pour recom- mencer bientôt ses tournées aériennes. C’est surtout le matin qu’elle tournoie au bord des eaux: la crainte ordinairement la fait s'élever dans les airs; car elle ne com- mence à monter que lorsqu'on l’inquiète. Son genre de vie nous porte à croire qu’elle rase aussi la surface des fleuves, afin d’y saisir les poissons morts qui y surnagent; la longueur de ses ongles indiquerait encore ce genre de chasse. Nous croyons, toutefois, que les insectes sont la base de sa nourriture habituelle, surtout les ortho- ptères, qui abondent au bord des eaux. Vers le mois de Décembre, les couples aban- donnent les pays de plaines et se rapprochent des forêts, afin de s’occuper de leur nichée; nous les avons rencontrés, en celte saison, au milieu des forêts qui séparent les pro- vinces de Chiquitos et de Moxos, dans le pays des Guarayos, vivant autour des lacs de ces lieux ou sur les bords des rivières. Les Indiens guarayos nous ont assuré qu'ils y nichent au sommet d’un des plus hauts arbres; au reste, ils désignent cet'oiseau par le nom propre de fapè, qui est, sans doute, un dérivé ou une contraction du mot guarani tapecuri (oiseau pècheur). ICTINIES , Zctinia, Vieillot. Encycl., t 3, p. 1207. Quoique ces oiseaux aient les plus grands rapports de forme avec les buses, auxquelles Cuvier a réuni lespèce qui nous occupe, nous consi- ( 101 ) dérons ce groupe comme servant, tant pour ses caractères qu'en raison de ses Oiseaux mœurs, de transition des milans aux buses. On pourra voir, au reste, par proie. ce que nous en disons, combien peu de rapports existent entre la manière de vivre de cet oïseau et celle des derniers nommés. Il est du versant oriental des Andes et des régions tempérées. ICTINIE BLEUATRE, Zctinia plumbea, Vieill. æ Vieillot, Encycl. méth., t. 3, p. 1208; Falco plumbeus, Linn., Syst. nat., gen. 42, sp. 117; Lath., Syst., gen. 2, sp. 118; Hobereau couleur de plomb, Buffon de Sonnini, t. 39, p. 237; Vieill., Amér. sept., pl. 10 bis; Milan cresserelle, Temm., pl. 130, jeune; Spix , pl. 86; Buteo plumbeus, Cuv., t. 1,p. 337; Faucon d'un bleu terreux, Azara, n° 37; Ictinia plumbea, Less., Traité, p. 74; Falco plumbeus , prince Max. de Neuw., p.126, n° 12. ctinia , cera obscura; pedibus flwis; capite, dorso infimo abdomineque cinereis ; remigibus intus ferrugineis ; rectricibus lateralibus intus maculis tribus albis. Lath. Bec noir, sa base noir bleuâtre; yeux, rouge de carmin très-vif; tarses, jaune rou- geätre foncé; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 32 centimètres; vol, 83 centimètres; circonférence du corps, 24 centimètres. Les jeunes ont toutes les plumes du dos bordées de blanc; celles de la tête, ainsi que celles du ventre, variées de blanc et de plombé. L'ictinie plombée paraît être commune aux deux Amériques, puisqu'on la trouve au Mexique, au sud des États-Unis, à la Guyane, au Brésil, au Paraguay (selon Azara), et dans les provinces de Chiquitos et de Moxos (république de Bolivia), où elle s’est offerte à nous. Nous croyons pouvoir assurer que, toute répandue qu’elle soit sur une aussi grande surface de terrain, elle ne parait point passer à l’ouest des Andes, ni même remonter les plus basses montagnes de leurs contreforts orientaux; elle semble habiter spécialement toute la partie légèrement accidentée, boisée ou marécageuse du centre de l'Amérique méridionale. Nous l’avons assez fréquemment rencontrée dans la province de Chiquitos; toujours observée à la lisière des bois, près des marais, sur les collines, ou même au bord des rivières qui traversent les immenses forêts étendues entre cette province et celle de Moxos. Bizarre dans ses habitudes, cette espèce paraît constituer une anomalie singulière au milieu des oiseaux de proie; en effet, on trouve, en elle, non pas une sociabilité due à des circonstances qui lui facilitent les moyens de trouver sa nourriture, comme nous l'avons indiqué chez les caräcaräs, qui se réunissent, afin de se partager une curée, et se séparent, dès qu'il n’y a plus de quoi manger; non pas une réunion fortuite, comme celle de tous les oiseaux de proie, lorsque le feu est à la campagne, mais un véritable instinct de société, comme celui que nous avons décrit chez les rostrames, et qui consiste dans la réunion d’un grand nombre d'individus voyageant de concert, se posant sur le même arbre, restant unis des mois entiers, ne se divisant par couples que dans la saison des amours; et encore ces couples restent -ils ( 102 ) Oiseaux dans le voisinage, prêts à se rejoindre, dès que les jeunes sont assez grands pour de proie. accompagner les parens. C’est du moins ainsi que nous avons toujours vu se comporter cette espèce : chaque fois que nous en apercevions un individu, nous le suivions des yeux, et nous le voyions se réunir, non loin de là, à beaucoup d’autres, perchés et immobiles sur la partie la plus élevée d’un grand arbre mort; souvent ils étaient associés au moins au nombre de trente; alors la plupart s’envolaient en tournoyant à une grande hauteur; ou, séparément, parcouraient tous les environs d’une manière peu ordinaire aux oiseaux de proie, et analogue au vol de certains pigeons; puis, revenant se poser de nouveau sur le même arbre, que quelques autres abandonnaient à leur tour, où ils reparaissent quelque temps après. Ils ont, quelquefois, tellement l'habitude d’un arbre, qu'il nous est arrivé d’en tirer à plusieurs reprises, dans la même journée, sur le même, avant de voir la troupe renoncer à cet asyle. Ils sont, d’ailleurs, si peu sauvages que, dans le jardin de la Mission de San- Xavier, nos coups de fusil réitérés ne les empé- chaient pas de s'y poser cinq ou six fois, ne l’abandonnant que le lendemain. Comme nous ne les avons jamais rencontrés deux jours de suite dans les mêmes endroits, nous devons présumer qu'ils sont voyageurs, et ne se trouvent que de passage dans les lieux où nous les avons observés par troupes, suivant, en cela, la règle générale des oiseaux qui voya- gent toujours réunis ; ce qui expliquerait, peut-être, leur répartition sur l'immense étendue de terrain qu’ils habitent. Nous ne les avons jamais vus à terre : leur vol, parfois élevé, a, dans son tournoiement, quelque chose d’analogue à celui des milans ; ils semblent chasser aux insectes, sans paraître se plaire à poursuivre les oiseaux. Ils arrivent, sans doute, dans la province de Chiquitos à l'approche de la saison des amours; nous les y avons aperçus, par troupes, de Septembre à Décembre; en Janvier, ils étaient, au milieu des forêts qui séparent les provinces de Chiquitos et de Moxos, sur le bord des rivières, divisés par couples, occupés de leur nichée, placée, à ce que nous ont assuré les Indiens guarayos, au sommet des plus hauts arbres des rives du Rio de San-Miguel, ou à la lisière extérieure de ces forêts. BUSES, Buteo, Bechst., Cuv. Les buses d'Amérique, comme on pourra le voir par les descriptions suivantes, n’ont pas toutes les mêmes mœurs. Sur quatre espèces que nous décrivons, les deux premières vivent aux bords des eaux stagnantes des régions chaudes du versant est des Andes, et appartiennent aux buses des savanes noyées d'Azara; assez stupides dans leurs manières ; se perchant sur un arbre et y attendant paisiblement leur proie, qui ne consiste qu’en reptiles aquatiques , insectes et mollusques. La troisième espèce, au contraire, n’habite que les terrains arides des deux versans; ne se perche que sur des buissons, où elle attend que de petits oiseaux, des mammifères et des reptiles terrestres passent (103) à sa portée; ne reste pas dans les terrains chauds et humides, et on la voit Oise s'élever sur le sommet des plus hautes montagnes; tandis que la quatrième LS espèce paraît vivre au sein des forêts montagneuses du versant oriental des Andes, et y mener à peu près le même genre de vie que la troisième espèce. On voit, dès-lors, que dans cette série, sauf quelques caractères qui leur sont communs, toutes les espèces ne vivent pas absolument de la même manière, quoiqu’elles aient les mêmes caractères. Nous ferons remarquer, cependant, que les deux dernières ont les ailes proportionnellement bien plus longues que les premières, ce qui, au reste, s'accorde parfaitement avec leur manière de vivre. à BUSE BUSERAI, Puteo busarellus. Falco busarellus, Shaw; le Buserai, Levaill., Afriq., pl. 20; Buse des savanes noyées à téte blanche, Azara, n° 13, p. 53; Falco busarellus, prince Max. , t. 3,p. 213,n.° 27; le Buserai, Buff., Sonn., t. 36, p. 324; Circus busarellus, Vieill., Encycl., t 3, p. 1212. C'est aussi le C. leucocephalus , Vieill., Encycl., t. 3, p. 1216. Buteo fasciatus, supra rufo-fuscus, subtus flavescens ; remigibus rostroque nigris; pedibus flavis. Son bec et sa membrane sont noirs; les yeux roux-noir; les tarses blanc-rosé; les ongles noirs; la longueur totale du bout du bec au bout de la queue, est de 65 centimètres. Le buserai paraît occuper tout le centre de l'Amérique méridionale, au nord et au sud de la ligne : il a été rapporté de Cayenne; Azara l'a rencontré au Paraguay, et nous l’avons trouvé aux mêmes lieux, dans la province de Goes jusqu’au 29.° degré de latitude sud, qu’il ne dépasse jamais. Nous avons été à portée de le revoir dans la république de Bolivia, à l’est des derniers contreforts orientaux des Andes, et dans les provinces de Chiquitos et de Moxos; ce qui nous porterait à croire qu’il habite toutes les plaines que couvrent des marais entremélés de bois, depuis Cayenne jusqu'aux Andes, et depuis les Guyanes jusqu’au sud de Corrientes, où cessent les terrains marécageux boisés; car il ne se rencontre que dans les endroits ainsi constitués, el jamais sur les collines, ni dans les terrains secs. On le voit toujours isolé, perché silencieusement vers le tiers inférieur des arbres (le plus souvent des arbres morts), qui avoisinent les eaux stagnantes : il y reste immobile des heures entières, regardant tout autour de lui; s’il aperçoit une proie quelconque, il descend d’un vol léger, s’en empare, la dévore sur place; puis vient reprendre sa place, jusqu’à ce qu’il découvre un nouvel aliment et qu'il l'ait saisi; ou bien, il abandonne son poste, lorsqu'il croit l'attente inutile; ou bien encore, si l'homme vient le troubler dans sa solitude, il s'envole, tournoie quelque temps, et va se reposer , non loin de là, sur un autre arbre. Cet oiseau est des plus farouche; il vit seul, se défiant de tout, paraissant ne jamais avoir de tranquillité réelle. Nous l’avons vu, quelquefois, marcher en sautant, sur les rives des marais, sur les 2 Oiseaux de proie, ———— (104 ) lieux fangeux, pour chercher sa nourriture, et descendre même sur les plantes flot- tantes (camalota des habitans), afin d’y saisir les reptiles et les mollusques qu'il préfère; son vol n’est jamais prolongé ni très-élevé. Il parcourt aussi, le matin, en tournoyant, la circonférence des marais, qu’il fréquentera le jour, volant à la hauteur des arbres, afin d'y chercher un perchoir d’où il puisse faire une pêche facile; il ne plane pas aussi souvent que les aigles pêcheurs, et jamais comme les busards. Il paraît, de tous les oiseaux de proie, le moins propre à un vol soutenu; il est vrai que son genre de vie demande moins d’activité par la facilité qu’il a de se procurer les animaux dont il se nourrit, qui sont des reptiles aquatiques, tels que grenouilles, crapauds et quelques serpens; des poissons morts, des insectes, et, parfois, dans les disettes, des mollusques fluviatiles. On nous à assuré qu’il était doué d’une adresse toute particulière pour ouvrir l’opercule des ampullaires, et pour en retirer l'animal; les petits oiseaux ne le poursuivent jamais. Il niche, le plus ordinairement, dans les bois qui avoisinent les eaux : il choisit un arbre élevé et touffu sur lequel il construit un énorme nid, composé d’épines, dans lequel il pond deux à quatre œufs; son égoïsme habituel ne le quitte que dans la saison des amours; il s’accouple, alors, pour deux ou trois mois. Nous n’avons pas vu régner, même dans cette saison, une très-grande intimité entre les deux consorts. Les Espagnols du pays le nomment gabilan de cabeza blanca; et les Guaranis, guira poru pyta (oiseau de proie rouge). BUSE ROUSSATRE, Buteo rutilans. Falco rutilans, Licht., Temm., pl. 25; Buse des savanes noyées rousse, Azara, n° 113 Circus rufulus, Vieill., Encycl., t. 3, p. 12161; Buteo rutilans, Less., Traité, p. 79; Buserai ou Busard roux de Cayenne, Buff., Sonn.; Falco rutiluns, pr. Max. de Neuw.,t. 3,p.218,n.° 28. Buteo pennis capitis cærulescente-rufis; marginibus rufis, cærulescente striatis ; cor- P 7 ) pore supra nigricante; sublus rufo nigricanteque striato; cauda sordide albo, albido striata; rostro nigro; pedibus flavis. Le bec est noirätre, sa base jaune-clair; les yeux jaune-roux; les tarses jaune-clair; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 53 centimètres; vol, 1 mètre 28 centimètres; circonférence du corps, 34 centimètres. La buse roussàtre habite sur une très-grande surface de l'Amérique méridionale chaude, mais non toute l'Amérique méridionale chaude, comme l'ont dit quelques auteurs, ce qui est trop généraliser, On devrait donc la rencontrer également sur la côte ouest, au Pérou; tandis que, non-seulement elle ne passe point à l’ouest des Andes, mais même ne remonte pas sur les moins élevés des derniers contreforts 1. Si, comme nous le pensons, Vieillot est le premier qui ait imposé un nom latin à l’espèce d’Azara, il faudrait revenir à ce nom et abandonner celui de rutilans, donné par Lichtenstein et adopté par les auteurs. (105 ) orientaux des Andes. Nous croyons donc désigner plus exactement sa patrie, en Oiseaux de disant qu’elle occupe toutes les plaines marécageuses et boisées du centre de l'Amérique : q à P P 5 q proie. méridionale, depuis la province de Corrientes, un peu au sud du Paraguay, jusqu'aux Guyanes; et depuis les plaines du pied oriental des Andes jusqu’à l'Océan atlantique, dans le Brésil, le Paraguay, la république de Bolivia et les Guyanes. Il paraît, au reste, qu'on la rencontre presque partout où se voit le Buteo busarellus, sur la surface de terrain que nous avons indiquée comme lui étant propre: mais on ne la trouve assurément pas en tous lieux. Jamais, par exemple, on ne l’aperçoit ni sur les montagnes, même les plus basses, ni au sein des grandes plaines, pas plus qu’au milieu des forêts; il lui faut des terrains marécageux, couverts d’eau stagnante, de grands arbres, de petits bois, ou, au moins, de grands buissons, qui lui permettent de se reposer. Elle ne se voit jamais où ces conditions ne sont pas réunies. Nous dirons que ses mœurs, au reste, sont plus conformes à celles du Buteo busarellus; comme lui, elle vit sédentaire et isolée, se perche vers le tiers inférieur de la hauteur des arbres, au bord des eaux, et y attend sa proie, avec patience, des heures entières. Elle est très-craintive, et ne se tient que dans les déserts, d’où elle s'envole dès qu’elle aperçoit l’homme : son attitude la plus habituelle, lorsqu'elle est perchée, est d’avoir le col perpendiculaire aux pattes, et le corps presque horizontal; elle va souvent à terre, pour chercher, dans les lieux humides, la proie qui ne se présente pas assez vite; lorsqu'elle est aux aguets, sa démarche est-assez grave, quoiqu’elle ne fasse jamais que quelques pas; elle porte, alors, la tête basse, afin de regarder à terre. Le matin, elle vole en tournoyant autour des marais, afin d'y découvrir sa proie; mais qu’elle soit heureuse ou non dans sa recherche, elle ne paraît pas prolonger sa promenade aérienne au-delà d’une heure, et vient prendre son poste d'observation sur l’un des arbres voisins des eaux, d’où elle ne s'envole que lorsqu’elle y est forcée, pour aller retrouver un autre arbre, d’où elle puisse recommencer son inspection, soit autour du même marais, soit autour de ceux des environs. Elle ne chasse jamais aux petits oiseaux, ni ne plane à la manière des busards; elle se nourrit de poissons morts, qu’elle prend au bord des eaux, de reptiles batraciens, et, quel- quefois, d’insectes et même de coquilles. Comme l’espèce précédente, elle se laisse tomber du haut de son arbre sur sa proie avec beaucoup de légèreté; et, quand elle Pa saisie, elle ne la mange qu'après avoir regardé, d’un air inquiet, tout autour d'elle, pour s'assurer qu’elle est bien seule; car, à la moindre apparence de danger, elle s'envole, et va chercher un lieu où elle puisse la dévorer sans craindre d’être déran- gée. Ordinairement elle ne fait entendre aucun cri; mais, blessée d’un coup de fusil, elle se met à crier de manière à étourdir. Lorsqu'on incendie la campagne, pour détruire les insectes, cette occasion fortuite de trouver une nourriture plus facile ras- semble, de tous les points environnans, les individus isolés dans le pays; alors, réunis momentanément par l’appèt d’une curée commode, ils abandonnent pour un instant leur égoïsme ordinaire, qui se trahit, néanmoins, toujours, à la moindre occa- sion, dans la manière même d’épier les reptiles que les flammes et la fumée contraignent à quitter leur retraite. IV. Oùs. 14 Oiseaux de proie. ( 106 ) Vers les mois de Septembre et d'Octobre, ces oiseaux farouches changent de manière de vivre; au lieu de se fuir, ils se recherchent, se forment par couples, et restent unis ——— jusqu'en Janvier. Leur nid est ordinairement placé sur les arbres touffus des bords des marais : il se compose de petites büchettes et d’épines, et offre un diamètre de plus de 60 centimètres; il contient, selon Azara, deux œufs rouge tanné et tachetés de cou- leur de sang, dont les diamètres seraient de 27 lignes 1/3, et de 21 lignes 3/4; mais; si l’analogie n’est pas complète entre ces œufs et ceux des Polyborus vulgaris, il pourrait bien y avoir confusion avec les œufs de cet oiseau, tant pour les couleurs que pour les diamètres. Nous n'avons vu nulle part le busard à ailes longues à l’état de domesticité; et la fureur avec laquelle se débattaient les individus que nous avions blessés, en se couchant sur le dos, et faisant agir, en même temps, leur bec et leurs serres acérées, nous ferait croire très -difficile de garder l'oiseau vivant, à moins de l’élever. Les Espagnols du pays l’appellent gabilan rojo ou encanelado (buse rousse); les Guaranis le nomment de même {aguato pytà, ou bien guira poru pytà (oiseau de proie rouge); c’est le cagnardi des Indiens tobas du Chaco. BUSE TRICOLORE, Buteo tricolor, Nob.1 Oiseaux, pl. IT, fig. 1 (mâle), 2 (fem.). Mas. Alis longissimis; tarsis longis; cunctis quidem superioribus partibus, necnon capite, cærulescentibus; inferioribus vero albidis; cauda alba, nigro limbo ter- minala. Fœm. lisdem coloribus, basi posteriori, colli, dorsique virido-rufescente ; cauda nigris transversaliter lineis variegata. Jun. Rufo-pallescente, ad unamquamque plumam brunneis flammis partibus inferiori- bus sigillato; dorso brunneo, rufo variegato ; uropygio rufo; cauda plumbea, lineis brunneis crassissimis ornata. Le mâle, tête grise, bleuàtre en dessus; cette teinte entourant les yeux, et occupant la moitié postérieure du col; gorge, ventre, couvertures inférieures de la queue et cuisses, blanches; les côtés du ventre rayés transversalement de noirâtre; tout le dessus d’un brun bleuàtre, avec indice de bandes transversales gris-bleu; les rémiges de la même couleur, terminées par du noir, et blanches à leur base; queue blanche, avec une large bande noire près de son extrémité, que termine du blanc; bec bleuâtre, noir à son extré- mité; la cire, jaune verdàtre; pieds, jaune-vif; yeux, brun-roux. La femelle adulte diffère du mâle, en ce qu’elle a la base du col et le dos d’un beau roux vif; les côtés du ventre variés de roux foncé en lignes transversales; le dessus des cuisses el la queue, rayés transversalement de noirâtre par lignes peu marquées. Passant du plumage jeune à celui de l'adulte, la femelle est très-variée. La tête et la 1. Après la gravure et la publication de la planche, nous nous sommes aperçu que M. Meyen a décrit et figuré, sous le nom d’aquila braccata, un oiseau qui pourrait bien être un jeune mâle. ( 107 ) poitrine sont brunes, avec une bordure roussàtre aux plumes; la gorge noirûtre, le des- Oiseaux de sous roux, mélangé de brun; quelques plumes sont blanches, rayées transversalement nn de brun-noir, ce sont celles de la troisième livrée, ou celles qui précèdent l’âge adulte; les cuisses sont rousses, avec des raies transversales plus foncées; le dos est déjà roux, ainsi que les petites tectrices; les rémiges ont les couleurs de l'adulte; queue blanc- gris, marquée en travers de petites lignes brunes; les plumes de la tête ont toutes une flamme noirätre au milieu. Les jeunes des deux sexes, avant de prendre les couleurs de l’adulte, ont tout le dessous varié de roux et de brun, couleur qui domine surtout sur la poitrine; la gorge est variée de taches longitudinales noires et blanches; le dessus est roux vif, et la queue comme chez les adultes. Dans les premières années, les teintes sont tout à fait différentes. La tête est brune, quelquefois mélangée de jaune; de la commissure des mandibules part une tache brune, qui descend sur les côtés du col, et une autre au milieu de la gorge. Ces taches sont peu prononcées chez quelques individus; la poitrine et le ventre sont jaune-roux, avec une tâche brune au milieu de chaque plume; couvertures inférieures de la queue, jaunes, avec des taches transversales rousses; dos brun, varié de roux; croupion roux; queue grise, avec des indices de lignes transversales brunes rapprochées. Ses dimensions sont variables. La femelle adulte a de longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 52 centimètres; du vol, { mètre 27 centimètres; circonférence du corps, 40 centimètres; de la queue, 22 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 44 centimètres; du tarse au bout des doigts, 15 centimètres; du doigt du milieu, 5 cen- timètres. Le mâle, longueur totale, 50 centimètres; du vol, { mètre 20 centimètres; circonférence du corps, 36 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 40 centimètres; de la queue, 20 centimètres. Les jeunes mâles sont encore plus petits dans leur enver- gure; du pli de l'aile à son extrémité, nous n’avons trouvé que 16 centimètres; tandis que la queue est bien plus allongée chez les deux sexes, puisqu’une jeune femelle l'avait de 24 centimètres de longueur. Cette espèce diffère de la buse polysome de MM. Quoy et Gaimard (Uranie, pl. 14, p- 92), parce que celle-ci a le dessous bleuàtre, et non pas blanc. Nous avons pu l’observer très-souvent, et sur une très-grande surface de la partie australe de l'Amérique méridionale. Elle nous offre l’exemple le plus frappant de ce que nous avons dit, aux généralités de distribution géographique, des espèces sur le sol américain, que, lorsque l’une d’elles habite les parties australes, où une température assez froide lui est habituelle, elle doit, si des habitudes de vie ou de trop grandes dissemblances de nature de terrain ne s’y opposent pas, se retrouver sur les hautes montagnes dans une zone d’élévation qui lui offre la même température et surtout le même aspect de pays. En effet, nous l'avons d’abord observée au-delà du 41. degré de latitude sud, sur toute la côte de Patagonie, près des rives du Rio negro et de la mer. Nous l'avons retrouvée, ensuite, du côté opposé des Andes, dans les environs de Santiago du Chili. Jusque-là nous devions nous y attendre, vu l’analogie de terrain, et L ( 108 ) Oiseaux surtout de végétation; mais nous n’en fûmes pas moins surpris de la rencontrer encore de proie. à une élévation de 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, au 16.° degré de lati- tude sud, sur le sommet des Andes, près de la Paz (Bolivia), dans des terrains encore analogues à ceux de Patagonie. Dès-lors nous dümes rechercher si les autres oiseaux suivaient la même loi de distribution, et nous n’eûmes plus de doute à cet égard, en voyant beaucoup des mêmes oiseaux que nous avions déjà observés en Patagonie, ou au moins des espèces très-analogues, quand ce n’élaient pas tout à fait les mêmes. La buse tricolore paraît habiter toute la Patagonie, jusqu’au détroit de Magellan, si nous devons en croire les relations des Indiens tehuelches ou Patagons. Nous lavons toujours observée dans ces contrées, soit près des rivières, soit près de la mer, en des terrains arides, secs, et couverts seulement de buissons; nous l'avons également reconnue sur des terrains analogues, au Chili et sur le sommet des Andes. Elle aime surtout les coteaux, les montagnes ou bien la proximité des falaises : elle va toujours par paire, et se pose sur les buissons des points élevés des rochers; et, quoiqu'il y eût, non loin de là, au bord des eaux des saules élevés, nous ne la vimes jamais s’en appro- cher; tandis que nous l'avons trouvée jusqu’à huit ou dix lieues de distance du Rio negro, au milieu de plaines sèches et arides, où de très-petits buissons couvraient seuls le sol. Elle plane, quelquefois, à la manière des buses des marais, d’un vol léger, quoique peu prolongé; car, bientôt, le couple vient se poser sur des buissons d’où il regarde autour de lui; et si l’un part de nouveau, l’autre le suit de près. Nous n'avons jamais vu les deux consorts à plus de 200 mètres l’un de l’autre : ces oiseaux planent toujours, de préférence, le soir et le matin. Comme ils volent peu long-temps, et que nous les avons vus toute l’année dans les lieux qu’ils habitent, nous devons sup- poser qu'ils y sont sédentaires, non pas comme certains autres qui abandonnent rare- ment leur canton natal; mais parcourant continuellement le même pays. Quelquefois très-fuyards, ils évitent l'approche de l’homme, qui ne peut se dérober à leur vue dans une contrée assez découverte; d’autres fois ils paraissent plus familiers, ou moins craintifs. Il est vrai que, dans les déserts de la Patagonie, nous sommes probablement le premier qui ait cherché à les ürer; car les Indiens n’ont aucun besoin de les poursuivre, et ne se servent que très-rarement de flèches, seules armes qu'ils pussent craindre. Souvent cette buse chasse en planant, et nous l’avons plusieurs fois vue s’abattre pour saisir sa proie, et rester à terre pendant qu'elle la dévorait; mais, bien plus fréquemment encore, nous l'avons vue épier sa proie du haut d’un buisson, où elle restait des heures entières, regardant continuellement autour d'elle, d’un air fin et avec des manières vives. Sa nourriture consiste principalement en reptiles ophidiens et batraciens ; mais elle chasse aussi aux oiseaux, aux tinamous el aux petits passereaux; car l'inspection de son estomac nous a montré souvent des détritus de ce genre d’alimens; elle chasse aussi probablement aux jeunes cobayes qui abondent dans les mêmes lieux. Elle paraît nicher sur les petits buissons des lieux déserts, loin de l’homme sauvage; c’est au moins ce que nous dirent les Indiens , qui avaient rencontré plusieurs fois leurs nids, dans leurs voyages ahnuels, en remontant le Rio negro vers la Cordilière. ( 109 ) Les naturels des contrées qu’elle habite lui donnent des noms propres, chacun dans Oiseaux de leur langue. Les Tehuelches ou Patagons et leurs voisins les Puelches l’appellent tataha. ièie Les indigènes du sommet des Andes lui donnent aussi des noms différens; les Aymaras la connaissent sous celui de ancca ou pacapaca, et les Quichuas sous celui de uamantu (4ouamantou , pron. française ). On voit, par ce qui précède, que cette espèce a des mœurs bien différentes de celles des buses des marais, que nous venons de décrire; elle est beaucoup plus terrestre que les premières, et, quoique s’en rapprochant par ses manières, elle ne peut être regardée comme ayant le même genre de vie. BUSE UNICOLORE, Buteo uricolor, Nob. Buteo. Toto corpore nigricante; basi plumarum albida; basi rostri et occipite albes- centibus; remigibus, rectricibusque plumbeis, transversaliter lineisdistinctis ; tarsis squamellatis. Les formes de cette espèce sont celles de la précédente : son bec est assez court, courbé, très-aigu; une cire nue autour des narines seulement; les ailes longues, la troisième rémige la plus longue; queue médiocre, égale; partie supérieure et antérieure du tarse emplumée sur près de la moitié de sa longueur; doigts forts, ongles longs et très-aigus; tarses couverts de squamelles moyennes. Elle a les yeux bistrés; le bec noirâtre à son extrémité et bleuâtre à sa base; la cire est verdâtre, et les tarses jaune de paille très- clair. Toutes les parties supérieures et inférieures sont noirâtres; la base des plumes est blanche; du blanc à la base du bec, au derrière de la tête et au col; les rémiges et les rectrices rayées transversalement de gris ardoisé; le dessous de laile rayé de blanchätre et de noirûtre; les lignes des rectrices plus étroites; le dessous au côté interne presque blanc; quelques indices de taches rousses sur les couvertures inférieures de l’aile et aux cuisses. Dimensions : longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 47 centimètres; du vol, { mètre 8 centimètres; circonférence du corps, 32 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 37 centimètres; du tarse au bout des doigts, 13 centimètres; du doigt du milieu, 5 centimètres; de l’ongle du pouce, 2 centimètres. 4 La buseunicolore, pour ses teintes, n’a réellement aucun rapport avec aucune des espèces connues; par sa forme et par ses caractères, elle se rapproche beaucoup de notre buse tricolore. Nous ne l'avons, au reste, rencontrée qu’une seule fois près de Palca, province d’Ayupaya, département de Cochabamba (république de Bolivia), dans les montagnes du versant oriental des Andes, à au moins 8,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle était au milieu des forêts qui couvrent toutes les montagnes de ce versant, perchée, solitaire, sur le haut d’un arbre. Elle paraît chasser aux rats et aux reptiles, ce que nous avons reconnu par l'inspection de son estomac; elle semble très-rare. Oiseaux de proie, ———— ( 110 ) BUSARDS,, Circus, Bechst., Cuv. Il est étonnant que, depuis Vieillot, les ornithologistes n’aient pas reconnu, comme cet auteur, que les buses des champs d’Azara n'étaient autres que nos busards, judicieusement réunis en un groupe par ce dernier. Ces oiseaux, en Amérique, passent toute la journée à planer, légèrement et avec majesté, au-dessus des marais et des plaines; se posent très-rarement et le plus souvent à terre, vivant de petits mammiferes, d'oiseaux gallinacés, et même d'insectes et de mollusques ; ne s’approchant jamais des grandes forêts, cherchant ou les plaines inondées, ou les terrains arides et nus. Dans les deux espèces que nous avons observées, l’une est purement aquatique, tandis que Pautre vit sur les terrains élevés, et s'étend très-loin vers les par- ties australes de l'Amérique méridionale; ils sont des deux versans des Andes. BUSARD CENDRÉ, Circus cinereus, Vieillot. Buse des champs cendrée, Azara, n° 30; Circus cinereus , Vieill., Dict. des sc. nat.,t. 4, p. 454; Encycl., t. 3,p. 1213; Busard bariolé, Falco histrionicus, Quoy et Gaim., Zool. de l'Uranie, pl 15 et 16, p. 93 et 94; Lesson, Traité, p. 85; Cuv., p. 337. Peut-être la Buse brune des champs, Azara, n° 33; Circus campestris, Vieill., Encycl., t. 3, p. 1213. C. supra cinereus , fusco mixtus; nucha, torque albis ; corpore subtus albo, rufoque transversim Striato; remigibus quatuor primoribus nigris, reliquis cinereis , albo marginalis , versus apicem nigro striatis; rectricibus lateralibus basi albis, nec reliquo cinereis; uropygio, rostro cœæruleis, apice albo; pedibus aurantiis. Bec, bleuätre; yeux et tarses, jaunes; longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 47 centimètres. IL est facile de reconnaître, dans la description qu'a faite Azara de sa Buse des champs cen- drée, et daus celle que Vieillot a faite, d’après Azara, de son busard cendré (Circus cinereus), l'oiseau décrit de nouveau, long-temps après, figuré sous le nom de busard bariolé, Falco histrionicus , par MM. Quoy et Gaimard, dans la Zoologie de l’Uranie, et donné, par eux, comme espèce nouvelle, Il serait donc tout à fait juste de lui rendre son premier nom, celui de Circus cinereus, sous lequel Vieillot l'avait déjà décrit, et qui est plus conforme à celui que lui avait donné Azara, le premier qui l’ait fait connaitre. Il est certain que l'individu donné comme femelle, par MM. Quoy et Gaimard, n’est pas une femelle adulte, mais bien le plumage du jeune des deux sexes, tous ayant éga- lement des mouchetures sur la poitrine, et le dessous, avec le dos, presque brun. Azara dit qu'il n'y à point de différence de couleur due au sexe. Il est vrai que nous n’en avons trouvé que dans la taille; mais cet auteur ne tient que très-rarement compte de (111) la livrée du jeune âge; aussi la Buse brune des champs (n.° 33) ne nous paraïît-elle que le jeune âge de l'espèce : les dimensions sont, à la vérité, un peu plus fortes; mais nous avons remarqué aussi que les jeunes ont toujours la queue plus longue; d’ailleurs le peu de différence qu’il indique peut provenir du sexe. Cette espèce est encore une de celles qui paraissent se trouver dans toutes les parties les plus australes de l'Amérique méridionale, à l’est et à l’ouest des Andes. En effet, Azara l’a découverte au Paraguay et au Rio de la Plata; MM. Quoy et Gaimard l'ont rencontrée aux îles Malouines, et nous l’avons vue, ensuite, dans la province de Corrientes, à la frontière du Paraguay. Nous l'avons retrouvée à Buenos-Ayres et en Patagonie, jus- qu’au 42.° degré de latitude sud; sur les bords du Rio negro, et sur les côtes maritimes. Nous l'avons rencontrée encore au Chili, à l’ouest des Andes. Nous nous croyons, en conséquence, autorisé à penser qu’elle habite depuis le tropique du Capricorne jusqu’au 52." degré de latitude sud, à l’est et à l’ouest des Andes, dans tous les terrains non boisés, arides ou marécageux de toutes ces régions étendues et presque toujours désertes, qui couvrent l'extrémité sud de l'Amérique. Quoique répandue sur une aussi grande surface, elle est rare partout; et l’on n’en voit jamais que, de loin en loin, des indi- vidus isolés parcourir, en volant assez près de terre avec aisance et légèreté, bien que lentement, soit les bords des eaux stagnantes et des marais, soit les dunes des côtes de la mer, soit les rivages des rivières. Elle plane ainsi toute la journée, presque toujours en ligne droite et contre le vent, ne se repose que pour déchirer une proie, ne va pas sur les arbres faire la digestion, comme tous les autres aquiléides, et ne se repose même jamais sur ceux-ci, se couchant, le soir, au sommet d’une dune, ou à terre, au bord d’un ruisseau. Alors, elle a l’aspect d’un oiseau nocturne; mais, lors- qu’elle marche, ce qu’elle fait quelquefois, après avoir mangé ou en allant se coucher, elle ressemble, pour la démarche, à un caräcaràa chimango. Il est impossible de planer avec plus de majesté : il semble alors que ses ailes sont sans mouvement, ou du moins à peine y remarque-t-on une légère oscillation; cependant elles sont presque toujours obliques ou rarement horizontales, l’une touchant, le plus souvent, la terre, tandis que l’autre est relevée, ce qui ferait croire, à chaque instant, qu’elle veut se poser. C’est ainsi qu’elle parcourt tous les lieux où elle croit rencontrer une proie facile. Si elle s'élève dans les airs, c’est pour s’y dérober aux regards, tant elle vole haut; mais elle descend avec la même facilité, et continue ensuite à planer. Elle chasse aux petits mam- mifères, aux tinamous, aux reptiles, aux mollusques et même aux insectes; dès qu’elle les aperçoit, dans son vol, elle s’abat vivement dessus; et, s'ils s’enfuient, elle les suit soit en volant, soit en courant après, les dévore sur les lieux, quand elle les a saisis, et recom- mence incontinent sa chasse. Cetteespèce, au reste, a des manières vives et pleines de gràce: elle est spécialement voyageuse, et ne paraît séjourner que par saison dans les différens lieux; aussi supposons-nous que c’est dans les froids qu’elle s’avance vers le Nord, et vient jusqu’au Paraguay, tandis qu’en été elle reste en Patagonie. A l’est des Andes, elle ne se trouve que sur un sol plan, ou peu ondulé; tandis qu’à l’ouest elle est obligée de se tenir sur les pentes des montagnes, les terrains étant, là, beaucoup moins unis. Oiseaux de proie. Oiseaux de proie. ————— ( 112 ) Il est vrai de dire que ces lieux lui offrent très-peu de végétation, l'aspect sauvage et stérile de la Patagonie, et, par suite, sans doute, les mêmes alimens. Elle paraît nicher à terre, habitude qu'a seule, parmi les oiseaux de proie, la chevèche urucurea, si toutefois nous en croyons les indigènes; car nous n'avons jamais été à portée de vérifier personnellement le fait. Ce sont des oiseaux fuyards qui se laissent difficilement approcher dans leur vol, mais qui ont peine à s'envoler, lorsqu'ils sont occupés à manger; aussi n'est-ce qu’alors qu’on peut les tuer. BUSARD A AILES LONGUES, Buteo macropterus, Vieill. Buse des champs à ailes longues, Azara, n° 31; Busard longipenne, Circus macropterus, Vieill., Dict., t. 4, p. 458; Encycl., t. 3, p. 1215; Falco palustris, prince Max. de Neuw.,t. 2, p-224,n.° 293; Temm., pl. 223 Circus superciliosus, Lesson , Traité, p. 87, pl. 3, fig. 1. C. fronte, superciliis mentoque albis; vertice corporeque supra plumbeis et nigrit- cantibus; subtus albo; pectore nigro maculato; quatuor rectricibus lateralibus rufescentibus ; fasciis quinque nigris; rostro cærulev, apice nigro. Le bec est bleuâtre, noir à son extrémité; la cire, jaune vif, ainsi que les yeux et les tarses : la taille est très-variable. La femelle a 65 millimètres de longueur totale; de la queue, 23 centimètres. Le màle a 38 centimètres, et de la queue, 22 centimètres; ce sont cependant des individus identiquement les mêmes, différant seulement par le sexe. Nous avons reconnu, avec M. de Lafresnaye, que cette espèce a été décrite, pour la première fois, par Azara, sous le nom de Buse des champs à ailes longues. Comme nous l'avons dit, il était facile de retrouver les busards dans les buses des champs de cet auteur; aussi Vieillot ly reconnut-il; et, d’après la description d’Azara, il plaça cette espèce dans les busards, lui donnant seulement un nom scientifique, qui n’était que la traduction de celui d’Azara, Circus macropterus. Plus tard, M. le prince Maximilien de Neuwied l’appela Falco palustris, dénomination adoptée par M. Temminck dans ses planches coloriées, n° 22; et changée par M. Lesson, qui, dans son Traité, le nomma Circus superciliosus. W est impossible de se méprendre sur l'identité de ces trois descrip- tions; on reconnait seulement que l'individu décrit par Azara n’était pas encore entièrement adulte. Ainsi donc nous croyons devoir revenir au nom le plus ancienne- ment imposé, ce qui n'étendra pas la synonymie, et aura l'avantage de rendre justice à celui qui, le premier, enrichit la science d'espèces nouvelles. Il est ficheux qu’on néglige autant de consulter Azara, et surtout Vieillot, qui a reproduit toutes les espèces de cet auteur; ce serait un moyen de simplifier la science, qu’on surcharge, au contraire, d’une synonymie fatigante. Cette espèce se trouve, selon Azara, depuis le Paraguay jusqu’au Rio de la Plata; M. le prince de Neuwied l’a rencontrée aussi au Brésil, et nous avons pu la voir aussi à la frontière du Paraguay, à Buenos-Ayres et dans l’intérieur de la Bolivia (province de ( 113 ) Chiquitos). Elle existe donc depuis la zone équinoxiale jusqu’au 34° degré de latitude sud, sur toutes les plaines ou terrains peu accidentés, qui s'étendent des derniers con- treforts des Andes, à l’est, à la mer. Nous croyons pouvoir affirmer que, sur cette étendue du sol américain, elle n’habite soit momentanément, soit toute l’année, que les marais, ou tous les lieux inondés; c’est là, du moins, que nous l'avons toujours ren- contrée, planant sans relâche, se reposant très-rarement, mais le faisant, indifférem- ment, soit à terre pour dévorer une proie, soit sur les branches basses des arbres morts du bord des eaux, où elle paraît passer la nuit. Elle a, au reste, les mêmes allures et le même genre de vie que l'espèce précédente, dont elle ne diffère que par la préférence qu’elle donne au séjour des marécages, et en ce qu’elle est plus disposée à percher sur les arbres; car elle chasse, vole et se nourrit absolument de même, et il est impossible de ne pas la reconnaître de suite comme étant de la même série. Son vol est moins vif, et ressemble beaucoup, de loin, à celui du cathartes aura , avec lequel, comme l’a bien dit Azara, il est facile de la confondre, lorsqu'on n’en distingue pas encore la couleur. III: SOUS-FAMILLE. FALCONIDES, Falconidæ, Nob. Oiseaux de proie nobles, Cuvier; genre Faucon, Linn., Auteurs; Rapaces nobles ou Faucons, Lesson. Leurs caracteres sont assez connus pour que nous n’en donnions ici que les principaux : ailes plus longues que la queue dans plusieurs espèces; la deuxième rémige la plus longue; la première l'est presqu’autant que la troisième; bec fort, courbé dès sa base, muni d’une’ ou de plusieurs dents robustes sur les côtés de la mandibule; le tarse réticulé ou scutellé, souvent emplumé, jusqu’au tiers supérieur; ongles très-courbes, acérés et robustes. Il semble que les oiseaux les plus carnassiers devraient être les plus fuyards, et rechercher, avec un soin particulier, les déserts les plus impénétrables, afin d'y vivre et d’y faire une chasse plus abondante; il en est, cependant, tout autrement. De tous les oiseaux de proie les falconides, en Amérique, sont les plus familiers, après les vulturides et les caracarides; ils le sont, surtout, beau- coup plus que les aquiléides; et lon pourrait même dire de quelques-unes de leurs espèces, qu’elles ont besoin de l’homme pour s'assurer une vie plus facile, et qu’elles le recherchent, vivant, pour ainsi dire, en famille avec lui, au milieu des villages, se montrant toujours sur les points culminans, semblant se regarder comme maïtresses des lieux publics, tels que les églises, et disputant même aux effraies la possession du lieu le plus reculé des édifices, afin d'y établir IV. Ois. 15 Oiseaux de proie. —— Oiseaux de proie, — ———— ( 114 ) leur domicile nocturne. Aucune d’entr’elles ne vit au sein des sombres forêts, et toutes celles qui ne fréquentent pas immédiatement homme, habitent au moins en des lieux variés de bois, de rochers et de plaines; encore n’ont-elles pas de résidences aussi exclusives que les autres séries d'oiseaux de proie. Il en résulte que les faucons devaient se répandre sur toute la surface du conti- nent américain, et vivre également partout; c’est, en effet, ce que nous avons observé dans le peu d'espèces que possède l'Amérique; et, à l'exception de lune d'elles, nous croyons qu'aucune ne préfère bien spécialement des lieux identiquement les mêmes, pouvant en habiter aussi qui n’ont entr’eux aucun rapport ni pour la température, ni pour l'aspect, ni pour les accidens. De là vient, sans doute, qu’elles se trouvent, quelquefois, indifféremment à l’est ct à l’ouest des Andes. Des trois espèces que nous décrivons, les deux premières (les faucons proprement dits) vivent sur une surface très-étendue de l'Amérique; tandis que la troisième (le diodon) n'existe qu'aux régions équatoriales, et en des lieux spéciaux, comme les terrains entrecoupés de bois et de plaines. Les faucons mêmes ne sont pas également répandus partout; nous voyons que le Falco femoralis ne passe pas les Andes, et reste seulement à lest de ces barrières naturelles, occupant, néanmoins, une assez grande surface de terrain, puisqu'on le trouve depuis les régions équatoriales jüsqu’au 34° degré de latitude sud, et qu'il remonte du bord de la mer à la hauteur de 9,000 pieds au-dessus de son niveau, sur les montagnes du Pérou ou de la Bolivia, ce qui devrait lui permettre de franchir quelques points de la Cordillère des Andes. L’émerillon de la Caroline (Falco sparverius), au contraire, couvre, à peu près, toutes les Amériques des individus de son espèce, puisqu'on le trouve au nord et au sud dela ligne, tant dans PAmérique septentrionale, aux Antilles, que dans PAmérique méridionale; et, dans cette dernière, nous Pavons observé depuis les régions équatoriales jusqu'aux terres les plus australes du continent américain ; ainsi que depuis les côtes maritimes jusque sur le pla- teau des Andes, à une hauteur qui n’était pas moindre de 4,000 mètres, ou 12,000 pieds au-dessus du niveau de la mer; mais on pourrait croire, qu’ainsi que tous les oiseaux qui ont besoin de l’homme, les émerillons de la Caroline suivent ce dernier dans tous les lieux qu'il habite, parce qu'il porte ou amène avec lui toutes les circonstances favorables à leur existence. [ls sont souvent voyageurs et non sédentaires. Le vol, chez les falconides, n’est pas aussi variable que chez les aquiléides; cependant nous ne le trouvons pas absolument semblable. Nous pouvons dire, (115 ) néanmoins, qu'il n’est jamais élevé chez les premiers, qui ne tournoient jamais Oiseau dans les airs, et qui n’y planent non plus jamais. Le seul vol qu’affectent les ne oiseaux de cette série, est rapide, bas, très-aisé, presque toujours près de terre, ou peu au-dessus de la cime des arbres ou du sommet des édifices. Parmi eux, les diodons ont une manière de voler plus calme et plus rapprochée de celle des autours ; aussi se contentent-ils, le plus souvent, d'aller d’un arbre à l’autre; tandis que les faucons, au contraire, fatiguent les airs de leurs mouvemens répétés. Îls peuvent aussi long-temps battre des ailes au-dessus d’une proie, sans avancer ni reculer ; lorsqu'ils veulent s'élever, ils sont obligés d'aller contre le vent. Ils ne marchent jamais à terre ou n’y restent, tout au plus, que pour manger. Tous aiment à se percher; mais ils sont moins difliciles que les aquiléides pour le choix de leurs perchoirs. Les diodons ne se posent que sur les branches inférieures des arbres; tandis que les faucons se placent partout, sur les arbres, sur les rochers, sur le toit des maisons, sur les clochers, et même sur les girouettes de ces derniers, ainsi que sur les vergues des navires, au bord des rivières et dans les ports, cherchant toujours les points les plus élevés. Les mœurs des faucons sont bien différentes de celles des aquiléides : ils sont voraces, aiment le carnage; et, loin d’être craintifs, sauvages, taciturnes, loin de vivre au fond des déserts, ils sont vifs, pétulans, chassent ouvertement au milieu des hommes et souvent en leur présence, semblant les braver jusqu’à ne pas fuir le mal qu'ils pourraient en avoir à craindre, rassurés, sans doute, par l'espèce d'association habituelle qu'ils ont formée avec eux. C’est au moins ce qui à lieu pour lune de nos espèces, quoique toutes soient aussi peu timides. [ls épient les petits mammifères, le soir et le matin, soit de leur perchoir, soit en volant rapidement, les saisissant alors, le plus souvent s’en s'arrêter; ils chassent aussi aux oiseaux, qui constituent le fonds de leur nourriture, préférant, parmi ceux-ci, les tinamous, comme plus faciles à saisir à terre; ils poursuivent au vol les petits oiseaux, passant au milieu d’une de leurs troupes ou lorsqu'ils sont posés. Plusieurs ne dédaignent même pas les reptiles et les insectes; mais ces deux dernières séries d'animaux ne sont que pour les temps de disette. Pour nicher, ils ne cherchent pas le plus épais des bois, ni des lieux retirés; les clochers servent à l’une de leurs espèces, qui paraît s'être identifiée avec l’homme; aussi celui-ci a-t-il dû chercher à se la rendre utile. Il Va élevée pour chasser aux souris dans sa maison ; puis, lorsque les habitudes de l’ancien monde furent transportées dans le nouveau, les colons cherchèrent à les utiliser pour la fauconnerie, qui était (116) GaRe fort à la mode chez les grands au moyen âge. Après beaucoup d'essais inutiles, proie On y réussit enfin; et nous avons vu encore, près de Cochabamba, en Bolivia, — — des Indiens chasser aux petits tinamous, avec des faucons dressés à cet effet. Les Espagnols-Américains leur ont conservé le nom générique d’halcon (faucon), qu'ils portent en Europe; seulement ceux de Bolivia l'ont changé en celui de cernicalo (cresserelle). Les Américains ont aussi leurs déno- minations génériques, qui s'appliquent indifféremment aux deux espèces que nous décrivons. Parmi les montagnards de la Bolivia, nous voyons les Incas ou Quichuas les nommer Auaman ; les Aymaras, mamani; les Yura- carès, tiyu-tiyu (tiyou-tiyou, prononc. franc.). Parmi les nations des plaines centrales de la même république, celles de la province de Chiquitos, les Chiquitos proprement dits, les appellent ocinaus; les Guarañocas, arorama- mita; les Otukès, cadéchu (cadetchou); les Morotocas, tillidaté; des Gua- rayos, taguato-mini ( petit oiseau de proie). Les Indiens de la province de Moxos les connaissent aussi : les Moxos proprement dits, sous le nom de moti; les Baures, sous celui de peri-piri; les Itonamas, sous celui de caruca ( carouca ). FAUCONS, Falco, Bechst., Cuv. Les faucons sont lestes, pétulans, toujours en mouvement; ce sont, sans contredit, les oiseaux de proie les plus vifs; leur vol est aussi incomparable- ment plus prompt; ils couvrent toutes les parties de l'Amérique méridionale de leurs espèces, quoiqu’elles soient peu nombreuses. On les rencontre depuis les frimas du pôle austral jusqu'aux régions brülantes équatoriales; et du niveau de la mer au sommet des Andes, à l’est et à l’ouest de la Cordillère. FAUCON A CULOTTE ROUSSE, Falco femoralis, Temm. Temm., pl. 121 et 343 (mâle adulte); Cuv., Zcon., pl. 2, fig. 1; Émerillon couleur de plomb, Azara, n° 39, t. IL, p.103 ; Falco aurantius , Gmel.? Var. Bidens femoralis, Spix, pl. 8, ou cinerascens ; P- 15. Rufiventri affinis; plumbeo niger supra, subtus plumbeus ; rostro obsolete bidentato ; gula et crisso albicantibus ; femoribus castaneis; cauda nigra, cinereo obscure Jfasciata. Spix. Les seules variétés déterminées par l’âge sont des teintes plus pâles dans les jeunes. Bec bleuàtre; cire jaune-clair, ainsi que le tarse; parties nues du tour des yeux, jaune- clair; yeux, jaune-foncé, Le mâle a 35 centimètres de longueur totale du bout du bec (17) au bout de la queue; la femelle a quelquefois jusqu’à 43 centimètres. Vol, 82 centi- Oiseaux mètres 1/2; circonférence, 25 centimètres. E-: Nous avons observé cette espèce successivement à Buenos-Ayres, dans toute la pro- vince de Corrientes, à la frontière du Paraguay; puis, au centre de l'Amérique, à l’est des provinces de Moxos et de Chiquitos (Bolivia), ainsi que sur les montagnes du versant oriental des Andes; aux environs de Chuquisaca, même république. Elle a été rencontrée au Paraguay, par Don Félix d’Azara; et au Brésil, par M. le prince Maximilien de Neu- wied. Nous devons en conclure qu’elle occupe tous les pays compris entre le 16.° et le 34. degré de latitude sud, depuis le versant oriental des Andes jusqu’à la mer; et, en hauteur , depuis le niveau de la mer jusqu’à près de 9,000 pieds au-dessus, dans les mon- tagnes de Chuquisaca, ce qui s'accorde avec les zones d'habitation relatives que nous avons indiquées. Nous avons été à portée de remarquer qu’elle ne se trouvait pas par- tout sur cette immense étendue de terrain, qu’elle ne vivait ni au sein des grandes forêts, ni au milieu des plaines inondées; mais,que ses conditions d’existence étaient des terrains assez secs, recouverts de petits arbres épars et non serrés entr’eux, comme les lieux nommés, dans le pays, Espinillares ou Algarrobales ; ou bien encore des bois de palmiers yataïs ou carondaïs, toujours assez clair-semés. Aussi croyons-nous pouvoir lui assigner, comme habitation de choix, tout le grand Chaco, ou, pour mieux dire, tous les terrains compris entre le pied oriental des Andes et les bords de la rivière du Paraguay, parce que c’est là plus particulièrement que se trouvent les arbres épars dont nous venons de parler. Quoique répandue sur une vaste surface de terrain, elle n’est, à proprement parler, commune nulle part. On en rencontre quelquefois des individus isolés; mais, le plus souvent, ils vont par paires, épars dans les campagnes, et séparés les uns des autres par une grande distance; car ils sont des plus égoiïstes. Dans la province de Cor- rientes nous avons été porté à croire qu’ils étaient de passage; car nous ne les y avons trouvés qu’au temps des froids, et jamais en été; ce qui nous à fait supposer, peut- être avec raison, qu'ils y viennent des régions plus australes ou des montagnes qui bordent le grand Chaco à l’ouest; toutefois, ailleurs, nous les avons vus toute l’année; il est vrai de dire que les oiseaux qui vivent dans ces lieux n’émigrent pas; tandis que, dans la province de Corrientes, beaucoup d’espèces de passereaux ne viennent en troupe que l’hiver, descendant, alors, des contreforts des Andes et des régions australes. Ils couchent sur le sommet des palmiers, sur les feuilles sèches, ou sur les branches inférieures des arbres, à la lisière des bois: là, les deux consorts sont rapprochés sur le même arbre, et quelquefois sur la même branche; le matin ils s’'éveillent dès le point du jour, et commencent leur promenade. On les voit voler avec rapidité entre les arbres épars, souvent au rez de terre, cherchant à découvrir leur proie, qu'ils saisissent au vol avec leurs serres, et qu'ils emportent assez loin de là pour la dévorer, dans un lieu qui leur paraît sûr; puis, ils viennent se poser sur le point culminant d’un palmier ou de tout autre arbre isolé; là, ils restent quelquefois des heures entières à guetter une nou- velle prise, ou à se reposer, perchés non loin l’un de l’autre. Si l’on s’approche assez près d’eux pour leur donner des craintes, ils s’envolent et vont s’abattre sur un arbre voisin, ( 118 ) Oiseaux sans paraître trop s’effrayer de l'approche de Phomme. On pourrait même dire qu'ils de proie. sont insolens. Nous les avons vus, dans les campagnes, voler, souvent, en avant du voyageur qui traverse les hautes herbes, afin de saisir les petits oiseaux que sa marche en fait sortir : si l'un s'envole, l’autre le suit aussitôt, et tous deux s'occupent de la sûreté commune; car ils tournent, continuellement, de tous les côtés, la tête avec pétulance et vivacité, comme pour observer ce qui se passe autour d’eux. Ils paraissent peu sociables, el nous en avons vu ne faire que passer furtivement près des lieux embrasés, afin d’y saisir leur pâture, puis s'éloigner pour la dévorer, tandis que d’autres oiseaux y restent toute la journée sur place; il est vrai que, plus alertes, ils peuvent, bien plus vite, satisfaire leur voracité sur le malheureux animal qui cherche à échapper aux flammes. Ils sont que- relleurs, et montrent toujours beaucoup de bravoure; ils combattent quelquefois entr’eux, le plus souvent dans la saison des amours, pour la possession d’une femelle; alors ils se poursuivent des heures entières, tandis que la femelle reste passive; cependant nous l'avons aussi vue prendre parti pour l’un des deux combattans; et, dans ce cas, la lutte n'étant plus égale, la querelle se trouve assez souvent terminée. Ils ne peuvent pas, non plus, demeurer en paix avec les autres oiseaux : ils attaquent les caräcaräs, et les pour- suivent long-temps au vol; ceux-ci, quoique bien plus gros, redoutent leur approche. Blessés, ils menacent encore; ils se couchent sur le dos et se défendent à coups de bec et d'ongles. IT paraît que les petits oiseaux cherchent à les épouvanter; car s'ils volent, tous les suivent en jetant des cris; les plus acharnés sont toujours les gobe-mouches à longue queue (Muscicapa savanha) ; mais il arrive souvent que les faucons rusés, tout en se dérobant à leur poursuite, saisissent un de leurs persécuteurs, qu’ils vont déchirer plus loin, toujours en se cachant des autres oiseaux de proie, et montrant beaucoup de défiance de tous. Ils ne se posent à terre que pour manger, et y marchent rarement, étant presque toujours perchés. Leur vol est rarement élevé, toujours très-rapide et le plus souvent au rez de terre, ou à la hauteur des arbres, jamais très-long; mais ils parcourent, en la moitié moins de temps que les autres oiseaux de proie, les lieux qu'ils veulent explorer; si, en volant au rez de terre, ils aperçoivent une proie, souvent ils la saisissent au passage; mais, plus souvent encore, ils s'élèvent, de suite, à trente ou quarante pieds au-dessus, battant des ailes, sans changer de place, et regardant toujours à terre, comme font nos cresserelles d'Europe; puis fondant, comme un trait, sur leur proie, qu'ils saisissent presque toujours; car leur vue paraît on ne peut plus perçante, et leur coup d'œil des plus juste. Le seul cri que nous leur connaissions, C’est celui qu’ils poussent lorsqu’étant posés, ils veulent se prévenir mu- tuellement, ou se poursuivent et se battent; ce cri peut se traduire par les syllabes cricri- cri cri. En tout temps, ils ne vivent absolument que de proie fraiche, de mammifères et d'oiseaux, surtout des derniers, qu’ils préfèrent à tout, et qu’ils poursuivent avec une agilité et une adresse extraordinaires. I paraît qu’ils nichent, vers le milieu d'Octobre ou de Novembre, sur les mêmes arbres isolés où ils se perchent de préférence : leur nid est construit de branchages croisés; ils pondent quatre ou cinq œufs presque ronds, tachetés de rouge-brun sur un fond san- guinolent. (119 ) Les Espagnols les nomment kalcon ou halconcito, faucon ou petit faucon, dans toute la oiseaux république Argentine; mais, au Pérou, ils les appellent cernicalo (cresserelles). . ÉMERILLON DE LA CAROLINE, Falco sparverius, Gmel. Émerillon de Saint-Domingue, Bufl., Enl., 465; Falco dominicensis, Linn.; Wils. Amér., Orn., t Il, pl. 16, fig. 1, p. 117 (fem.), et t. IV, pl. 32, fig. 2, p. 57 (mâle); Ch. Bonaparte, Synops., esp. 10, p. 27; Malfini, Buff., Sonini, t. XXXIX, p. 245; la Cresserelle, Azara, n° 41,t. II, p. 107; Falco sparverius, prince Max. de Neuw., t. IL, p. 116, n.° 9; Falco sparverius , Vieill., Encycl., t. IT, p. 1234. Falco, superne rufo-vinaceus, nigro transversim siriatus, capite cinereo-cærules- cente; wertice rufo-vinaceo; tectricibus alarum superioribus cinereo-cærulescen- tibus (mas); rufo-vinaceis ( fem.); nigro transversim striatis; rectricibus rufo-vina- ceis , nigro terminatis (mas), nigro transversim striatis ( fem. ). La femelle a le dos beaucoup plus rayé de noiràtre; la queue rayée transversalement sur toute sa longueur. Les jeunes sont couverts de taches nombreuses, et ont toutes les teintes plus pâles. Le bec est bleuâtre; la cire et le tour des yeux sont d’un jaune très-vif, qui est aussi la couleur du tarse; les yeux sont jaune-päle. La longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, est de 29 centimètres. Cet oiseau est, sans contredit, le plus répandu dans les deux Amériques; décrit d’abord comme habitant des Antilles, par le père Dutertre, il fut reconnu au Paraguay, par Azara; au Brésil, par M. de Saint-Hilaire, et dans une partie de l'Amérique septentrio- nale, par Wilson et par Charles Bonaparte. Nous étendrons de beaucoup les limites de son habitation, en annonçant que nous l'avons aussi rencontré successivement à Cor- rientes, dans les provinces d’Entre-rios et de Santa-Fe, sur les rives du Parana, à Buenos- Ayres, dans une partie de la Patagonie, jusqu’au 42° degré; sur tous les contreforts orientaux des Andes, dans la Bolivia, sur les sommets élevés même de 12,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans tout le Chili, et dans une partie du Pérou. Nous pouvons dire, de plus, que nous l'avons rencontré dans toute l'Amérique méridionale, excepté dans les plaines chaudes et humides du centre de la Bolivia, et au sein des grandes forêts. On pourrait donc en conclure que cet oiseau habite, dans l'Amérique méridionale, depuis le niveau de la mer jusqu’à la hauteur de 12,000 pieds, et depuis la ligne jusqu’au 42.° degré de latitude sud, à l’est et à l’ouest des Andes. Il paraîtrait qu’il n’est pas moins répandu dans l'Amérique septentrionale; c’est, avec l’Urubu et l’Aura, loiseau de proie le plus commun sur le sol américain. Quelques auteurs ont prétendu qu’en hiver il passe de l'Amérique du Nord dans l'Amérique méridionale; nous croyons, nous, qu'il y reste toute l’année, dans les régions froides comme dans les régions tempérées ; car nous l’y avons toujours vu en toutes saisons. Quoiqu'il lui faille, pour vivre, des terrains montueux, peu humides et surtout boisés par intervalles, nous croyons pouvoir affirmer que cette espèce est bien plus répandue ( 120 ) Oiseanx et bien plus commune que le Falco femoralis ; ses convenances sont moins restreintes de proie. que celles de l'espèce que nous citons; et non-seulement elle vit au milieu des déserts, soit dans les montagnes, soit sur les falaises du bord de la mer, comme en Patagonie; mais elle est aussi un peu parasite de l’homme; car nous l’avons toujours rencontrée dans les endroits où l’homme construisait des maisons, imitant, en cela, notre cresserelle d'Europe, avec laquelle elle a, d’ailleurs, beaucoup d’autres points de ressemblance, Il lui faut, néanmoins, des lieux où des arbres épars lui permettent d’apercevoir, au loin, autour d’elle, ou un rocher, ou une maison; aussi est-on sûr de la rencontrer perchée sur la plus haute maison d’un village, sur le clocher, et même sur les croix ou les giroueltes. Elle est si familière qu’elle vit, le plus souvent, au milieu des villes, et que, même en Patagonie, nous l’avons vue à bord d’un navire, à la baie de San-Blas et dans le Rio negro, se percher sur les vergues. On sait que les oiseaux ne viennent se reposer sur les navires que lorsqu'ils se trouvent à la mer et fatigués; mais que, dans un port, et au milieu d’un pays le plus souvent sauvage, aucun oiseau n’ose approcher de ces objets nouveaux pour lui. Notre espèce, au contraire, paraît les rechercher sans aucune crainte, sans doute comme point culminant, d’où elle peut voir de plus loin ; il est vrai que son genre de vie lui fait rechercher naturellement le voisinage de l’homme, entouré de beaucoup d’animaux qui lui servent de nourriture. De tous les oiseaux de proie, cette espèce est, bien certainement, la plus matinale, son genre de chasse lexi- geant ; aussi la voit-on, le matin, voler, dès le point du jour; chercher, dès-lors, sa proie; et, le soir, ne se coucher que long-temps après que les oiseaux crépusculaires ont com- mencé à parcourir les campagnes. Nous croyons que sa première chasse consiste en chauves-souris, et en petits rongeurs, qu’elle saisit au lever de l'aurore; aussi parcourt- elle, d’abord, les environs des édifices dans les lieux peuplés, les vieux arbres dans les campagnes, les falaises ou les rochers sur les montagnes ou le bord de la mer. Lorsque le soleil parait, sa chasse est, souvent, faite; alors on la voit perchée sur le point le plus élevé des lieux, sur les clochers, sur les pointes de rochers ou sur le faîte des arbres morts ou isolés; là, tout en s’agitant continuellement, manifestant de l’impatience, et examinant tout ce qui se passe autour d'elle, elle reste long-temps; mais, le plus sou- vent, s’il y a un autre individu de la même espèce dans les environs, ce dernier viendra lui disputer son perchoir; et, alors, tous deux s’envoleront pour se poursuivre, en criant quelques momens, jusqu’à ce que l’un des deux revienne au premier poste; tandis que l'autre erre pour prendre position sur un autre point élevé du voisinage. Si cette espèce s'ennuie de son repos, elle vole autour du village, presque au rez de terre, à la hauteur du toit des maisons, le long des rochers, ou bien entre les arbres, et chasse ainsi pendant quelques instans; puis, elle regagne son poste, ou tel autre point élevé du lieu qu’elle a choisi. Nous n’avons pas pu déterminer d'une manière bien certaine si elle vivait toute l’année accouplée ou non; nous serions cependant porté à croire qu’elle vit par couple, car nous avons cru remarquer qu’il y en avait toujours deux par village, par mon- tagne, ou dans chaque canton, et que ces individus paraissaient assez unis. Cette espèce, loin d'être craintive, montre tant de familiarité, que les habitans même s’y attachent et (121 ) s'intéressent à elle; au reste, elle est d’une bravoure extraordinaire, $’inquiétant peu des Oiseaux de proie. centaines de petits oiseaux qui la harcèlent dans son vol; et, la première, elle poursuit les caracaras et les cathartes qui s’approchent de son domicile, surtout lorsqu'elle a son nid. Son vol est, comme celui de tous les faucons, très-rapide, mais peu prolongé; elle se tient immobile, en battant des ailes, au milieu des airs, et, ces momens exceptés, elle crie presque toujours en volant, surtout quand elle n’est pas seule. Elle ne demeure à terre que pour saisir une proie, ne marchant jamais, et inactive seulement sur son perchoir habituel. Elle se nourrit de chauves-souris et de petits mammifères rongeurs, ce qui l’oblige à voler depuis le crépuscule du matin jusqu’à la nuit close; le jour, elle poursuit quel- quefois de petits oiseaux. Les tinamous sont ceux qu’elle chasse le plus souvent; et, dans ce cas, le couple se réunit pour les attaquer ; mais elle se nourrit, aussi, de reptiles sauriens , d'insectes, et principalement d'orthoptères, ce que nous avons pu recon- naître par l'inspection de son estomac. Elle ne s’approche jamais d’un animal mort; elle chasse absolument comme notre cresserelle d'Europe. Vers le mois d'Octobre ou de Novembre, selon les pays, elle commence à s’occuper de sa nichée. Le couple, alors, est plus intimement lié, cherchant un lieu propre à déposer ses œufs; s’il est en possession d’une église, ou de tout autre bätiment élevé, il niche dans les galeries, dans les trous des murailles, presque tous les ans au même lieu; et les habitans ont remarqué que, si quelque cause que ce soit ne lui faisait pas abandonner la place une année, ou s'il n’était pas remplacé par un autre, il venait toujours nicher dans le même trou. Sur les rochers ou sur le bord des falaises, il niche dans un trou; son attention pour la sur- veillance de sa nichée est extrême. Jamais les deux consorts ne l’abandonnent en même temps. Ils déposent, selon Azara, deux œufs blancs. Les habitans nous ont assuré qu’ils en pondent souvent jusques à quatre; et ces derniers, dans tout le Haut-Pérou, sont bien à portée de le savoir, puisqu'ils les laissent vivre au milieu d’eux, sans jamais leur faire de mal, se contentant de les dénicher, quelquefois, quand ils veulent élever des jeunes, afin de les accoutumer, chez eux, à la chasse aux souris. Depuis la conquête, les Espagnols de Chuquisaca et de Cochabamba tenaient à honneur de les dresser pour la chasse aux tinamous, comme on dressait les faucons en Europe; ils y réussirent parfai- tement, à ce qu'il paraît, et s’en servaient avec succès. Depuis l'introduction de l'usage des fusils, et surtout depuis les guerres de l'indépendance, ce genre de chasse, réservé, jadis, aux premiers personnages des deux mondes, mais aujourd’hui tout à fait aban- donné, n’est plus mis en pratique que par quelques Indiens quichuas, de la province de Cochabamba. Notre oiseau a dû être remarqué de toutes les nations américaines, qui lui ont donné des noms que les Espagnols n’ont pas conservés, puisqu'ils l’ont appelé £alconcilo (petit faucon) ; ou bien, au Pérou et en Bolivia, cernicalo (cresserelle). Dans la province de Chi- quitos, république de Bolivia, qu'habitent un grand nombre de nations diverses, quel- ques-unes lui donnent des noms particuliers. Les Chiquitos l’appellent ocinaûs (okunaas, pron. fr.) ; les Guarañocas, aroramamita ; les Otukès, cadéchu ; les Morotocas, tididaté, et les IV, Oùis. 1 6 (122) Oiseaux Guarayos, {aguato-mini. Dans la province de Moxos, où ces oiseaux sont très-rares, trois de proie. nations seulement purent nous les indiquer nominalement. Les Moxos les nomment moti; les Baures , piri-piri, et les Itonamas, caruca (carouca, pron. franç.). Les Aymaras du sommet des Andes les nomment kii-kili, où mieux mamant; les Incas ou Quichuas, kuaman. En ÿuracarès on les appelle #yutiyuti (üiyoutiyouti, prononce. franç.). : Nous décrivons ici, comme une variété singulière, dont la livrée n’est pas due à l’âge, mais bien à un changement de couleurs, un Æ. sparverius, couvert des mêmes taches, et qui est de la même ville; mais qui, au lieu de se parer des teintes vives propres à l’es- pèce, présente une couleur plombée, uniformément répandue sur toutes les autres teintes. Nous l'avons tué dans la province de Chiquitos, en Bolivia, au milieu de beaucoup d’autres individus revêtus des couleurs normales. Nous avons obtenu aussi plusieurs individus, rapportés par M. de la Sagra, de l'ile de Cuba, et nous nous sommes assuré que c’est cette variété qui a servi à M. Vigors pour l'établissement de son F. sparverioides. DIODON, Diodon. Sous-GENrE DIODON, Lesson, Traité, p. 95. Les diodons nous paraissent avoir les mœurs indolentes des autours, et non celles des faucons; ils sont beaucoup moins répandus et semblent appar- tenir aux régions chaudes, à l'est des Andes. DIODON BIDENTÉ, Diodon bidentatus. Falco bidentatus, Lath.; Daud., t. IT, p. 118 ; Temm., pl. 38 et 228 (jeune); Falco diodon, Temm., pl. 198 (mäle) ; Bidens rufiventer, Spix, 6, col. 38, ou Bidens albiventer, Spix, 73 prince Max. de Neuw., t. IT, p. 132, n° 13. Diodon, rostro bidentato fusco; corpore plumbeo; pectore abdomineque rufis; crisso albo; remigibus fasciis plurimis, rectricibus tribus albis. Lath. Couleurs. Bec corné; yeux rouge päle; partie nue de la face, jaune-vert; tarse jaune vif. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 33 centimètres; du vol, 68 centimètres; circonférence du corps, 25 centimètres. Cette espèce avait été découverte au Brésil et à la Guyane. Nous l'avons trouvée près de la frontière occidentale du premier territoire, dans la province de Chiquitos, qui termine, à l’est, la république de Bolivia, non loin de la Mission de Santo-Corazon. Comme nous ne l'avons vue que rarement, nous n’en pouvons dire autre chose sinon qu’elle se tient à la lisière des bois, où elle chasse aux petits oiseaux, Nous ne lui avons jamais vu les mœurs agiles des faucons proprement dits; elle semble plutôt avoir l’apathie des autours. Presque toujours perchée sur les branches inférieures des arbres, elle attend long-temps sa proie, qui paraît consister en oiseaux, en repüiles et en mammifères. Le diodon bidenté est rare partout; son vol est peu prolongé, et beaucoup moins rapide que celui des faucons. (123) III. FAMILLE. STRIXIDÉES, Srarx1DE#. Strix, Linn.; Oiseaux de proie nocturnes, Cuv.; Strigidæ, Leach. On peut, même sans être naturaliste, distinguer un oiseau de proie noc- turne d'avec un oiseau de proie diurne; car il est impossible de se méprendre sur les caractères qui distinguent cette troisième famille des deux précédentes; aussi nous dispenserons-nous de les retracer ici. Les strixidées n’ont pas tous les mêmes mœurs, ni les mêmes manières de vivre; quoique nocturnes ou crépusculaires, nous avons remarqué qu’en Amé- rique ils sont loin de l'être au même degré, ne craignant pas tous également l'action de la lumière du jour. Le duc barré, la chevèche à collier et le scops choliba s’enfoncent au plus épais des bois pour la fuir, se blottissant le long des grosses branches des plus grands arbres; la chevèche caburée (strix passerinoides, Temm.), dort, au contraire, pendant que le soleil darde ses rayons, sur les branches les plus extérieures des arbres de la lisière des bois; et, enfin, l’effraie perlée se cache dans l’intérieur des édifices ou dans les fentes des rochers des pays déserts. Tous ces oiseaux sont également nocturnes; et, quoique vivant d’une manière si différente, quand on les surprend de jour, ils tournoient sans savoir de quel côté se cacher, et montrent autant d’in- quiétude qu'un oiseau de jour qu’on réveille dans l'obscurité. Telle est, ordinairement, la manière de vivre des oiseaux de nuit; mais il y a plusieurs exceptions assez singulières. On voit, par exemple, dans PAmérique méridio- nale, plusieurs espèces dont les mœurs semblent participer de celles des oiseaux diurnes et de celles des oiseaux nocturnes. À leur tête, nous citerons la chevèche urucuréa, qui se promène en plein jour ou vole avec presque autant de facilité que les oiseaux diurnes, vivant en rase campagne. Il en est de même du hibou (Otus brachiotos), qui habite également les plaines, et plane très-long-temps le jour, à la vérité sans chasser. On voit donc que tous les oiseaux de proie nocturnes sont plus ou moins crépusculaires, et qu'ils n’ont pas tous besoin des pleines ténèbres pour voir et pour vivre. L'Amérique mwa point de genres particuliers de strixidées; tous ceux dont se compose cette famille se trouvent, au contraire, partout. Nos Che- vèches ont, en Amérique, leurs espèces voisines : les Scops en ont une qui se rapproche tellement des nôtres, qu’elle a été long-temps confondue avec le type européen ; et, réellement, il y a si peu de différence entrelles proie. de (12 ) dis deux, qu'on pourrait n’y voir que l'influence du climat. Par un rapproche- proie. ment singulier, les strixidées américains sont les seuls oiseaux de proie qui offrent de semblables analogies avec les oiseaux d'Europe; car, si le petit duc d'Amérique differe peu de celui de Pancien monde, leffraie du nou- veau n’en diffère pas davantage; et l’on serait tenté de la confondre avec celle d'Europe; car elle a, en tout, les mêmes mœurs et vit aussi près des lieux habités. Le hibou chouette, identiquement le même que celui d'Europe, vit partout en Amérique. Nous trouvons donc trois espèces sur sept ayant leurs analogues, ou tout au moins des espèces tellement voisines, qu'il est facile de les confondre. Le duc barré n'est-il pas aussi , en Amérique, comme espèce distincte, le représentant de notre grand duc? Quand on trouve, sur le nouveau continent, des animaux entièrement différens de ceux de l'ancien, il est bien singulier de n’y retrouver des analogues que parmi les oiseaux de proie nocturnes. Ce qui viendrait appuyer lopinion que les espèces américaines qui ont beaucoup de rapports avec celles de l’ancien continent, n’en sont, souvent, que des variétés tenant au pays, et ne sont pas, comme on la pensé, des espèces distinctes, c’est que ces mêmes espèces, l’effraie perlée et le hibou chouette, n’ont pas de zone d'habitation qui leur soit propre; ainsi, nous les avons rencontrés, également, dans les parties australes de l'Amérique et sous la zone torride, à l’est et à l’ouest des Andes, barrières que franchissent rarement même les oiseaux, à cause de leur grande élévation et qui séparent deux zoologies distinctes. Il n’y a que bien peu d’exceptions à cette règle, comme les deux espèces citées qui, s’accommodant de toutes les températures, se trouvent aussi bien dans les plaines brûlantes du centre de Amérique qu'aux sommets neigeux des Andes. Si le duc barré, et surtout celui-ci, le scops choliba et la chevèche caburée, ont des mœurs qui les font habiter des zones très-différentes de température, il n’en est pas ainsi des autres espèces; car la chevèche à collier est reléguée seulement sous la zone torride, tandis que la chevèche caburée ne vit qu’à l’est des Andes, sur une étendue de latitude au moins égale à celle du duc barré. Nous avons examiné ces oiseaux sous le point de vue de leur distribution géographique. Quant à la zone de température, il nous reste à les considérer sous le rapport des lieux qu'ils habitent. Nous avons déjà dit que leur con- formation et leur genre de vie doivent leur faire rechercher les bois plutôt que les plaines; aussi leurs espèces, à l'exception de deux, vivent-elles dans les forêts ou à leur lisière, et ne peuvent-elles vivre qu'où elles trouvent à se (1% ) percher. Ne doit-on pas, dès-lors, s'étonner de voir la Chevèche urucuréa et le Hibou-chouette ne vivre qu’en rase campagne, et, surtout la première, habiter des terriers de mammifères, et marcher, en plein jour, sur la terre unie, sans crainte d’émousser ses ongles ? Tous, à l'exception de leffraie perlée, fuient, ordinairement, la présence de l’homme, pour rester soit au fond des forêts, soit dans les lieux les plus déserts; mais l'espèce citée, au contraire, paraît s'identifier avec l’homme, et l'accompagner partout dans ses migra- tions. En effet, vient-on de construire un clocher dans un nouveau village? bien certainement l’effraie, inconnue au pays tant qu’il est resté désert, ne tardera pas à s’y établir; et, dès-lors, un couple prendra toujours possession de ce nouveau monument, et sy verra successivement remplacé par d’autres couples. Au reste, les strixidées neportent, pour ainsi dire, jamais ombrage au cultivateur et au campagnard , ils ne leur nuisent en aucune manière; on pourrait même dire qu'ils leur sont utiles, en détruisant tous les animaux malfaisans ou incommodes, tels que les rats etles chauves-souris, quiabondent, partout, d’une manière effrayante. Cependant, ainsi qu’en Europe, le cri de l'oiseau nocturne est regardé comme de mauvais présage, et cette cause seule pourrait le faire craindre. Tout le monde connaït le vol léger des oiseaux nocturnes, et leur facilité à battre l'air, sans faire aucun bruit; faculté toute spéciale, due à une con- formation particulière des plumes, qui leur permet de s'approcher de lani- mal convoité et de le saisir, avant même qu'il.se doute de Papproche d’un ennemi si redoutable. Ils ne peuvent, au reste, parcourir, en Pair, une grande distance; aussi les voit-on s'envoler, se reposer un instant, s'envoler encore, pour aller se percher quelques minutes après. Ils ne sont pas, non plus, marcheurs; comme tous les oiseaux carnassiers, ils craindraient d’émous- ser leurs armes; ce qui fait qu'ils ne restent sur le sol que le temps voulu pour dépecer leur proie. On trouve, néanmoins, en Amérique une exception à cette manière de vivre. La chevèche urucuréa se tient presque toujours à terre, marche même, quelquefois, et fait anomalie, au milieu doiseaux dont les doigts ne sont pas conformés pour marcher. Si nous voulons, enfin, considérer leurs différens cris, nous verrons qu’ils en ont deux qu'on retrouve chez presque toutes leurs espèces. Ce sont les deux intonations si diverses qu'ils font entendre : lune, sorte de cri aigu, qui annonce, dans presque tous, la surprise ou la crainte; l'autre, rou- coulement monotone, cadencé et prolongé, qui a valu au plus grand nombre Oiseaux de proie ————— Oiseaux de proie. a — — ( 126 ) d’entr’eux des noms à peu près analogues dans toutes les langues américaines, comme on peut le voir aux espèces. CHEVÈCHE, Noctua, Sav., Cuv. I." Secrion. SILVICOLES. L Les chevèches proprement dites ont les jambes plus ou moinslongues. Toutes habitent les bois les plus épais, vivant soit dans leur intérieur, soit à leur lisière, se perchant toujours sur des branches d'arbres et jamais sur les tertres. On ne les voit à terre que le temps indispensable pour dévorer une proie; d’ailleurs , elles ne savent pas marcher, et navancent que par sauts, comme tous les oiseaux qui ne sont pas marcheurs; elles sont spécialement forestières et des plus nocturnes, fuyant les rayons du soleil. Elles appartiennent aux parties chaudes et tempérées de l'Amérique méridionale, et sont toutes de l'est des Andes. CHEVÈCHE A COLLIER, Voctua torquata. Strix torquata, Daud., t. II, p. 193 ; Levaill., Afriq., pl. 42; Vieill., Encycl., t. III, p. 1290; le Vacurutu sans aïigrettes, Azara, n° XL, t. III, p. 115? IV. vertice facieque nigris ; superciliis gulaque albis; corpore supra nigricante-fusco; corpore subtus rufescente-albo; collo inferiori torquato; rostro cærulescente, apice flavo; pedibus rufescente-albis. Les adultes diffèrent beaucoup des jeunes. Les premiers sont toujours munis d’une large ceinture brune qui manque chez les jeunes. Nous avons vu un jeune ayant la face entièrement noire; le reste du col et de la tête, blanc; le ventre et les cuisses, jaune- roux pale, uniforme; le dos brun, varié de quelques taches roux-jaune; les tectrices rayées de brun et de jaune; la queue et les ailes noirätres, rayées de plus pâle. Sur le vivant le bec est toujours jaune-blanc; la cire livide; les yeux sont jaunes, les iarses verdätres. Ses dimensions sont les suivantes : longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 46 centimètres; du vol, { mètre 8 centimètres; circonférence du corps, 36 centimètres. Cette espèce paraît propre seulement aux régions équatoriales. Elle avait été observée à Cayenne et au Brésil, et nous l'avons rencontrée jusque dans les forêts qui bordent les derniers contreforts des Andes, près de Santa-Cruz de la Sierra, république de Boli- via; nous l'avons vue dans la province de Moxos. Nous croyons, en conséquence , qu’elle vit habituellement au milieu des forêts bordant les innombrables rivières qui sillonnent, en tous sens, le territoire américain, depuis le pied des Andes jusqu’à la mer; dans toutes les Guyanes et dans le Brésil. Si nous en jugeons par nos observations particu- lières, nous pourrions la croire propre aux forêts humides du bord des rivières, au plus épais desquelles elle se cache de jour, paraissant alors ne distinguer qu’à peine les (127 ) objets. Elle se tient tapie sur une enfourchure de branches et dort toute la journée, Oiseaux ne se réveillant qu’au crépuscule; alors elle parcourt, en tous sens, le dessous des voûtes ss touffues , chassant aux petits mammifères, aux chauves-souris principalement; et, à ce qu'il paraît, quelquefois aux oiseaux, en faisant retentir de ses lugubres accens l'écho des sombres forêts. Elle ne vit que dans les lieux les plus sauvages et les plus éloignés des habitations : elle y est fort rare, et nous ne l'avons rencontrée qu’isolée dans les bois. Au crépuscule, elle suit aussi, en chassant, les bords des rivières, se perchant, de temps en temps, sur les arbres morts, pour épier sa proie. Elle ne reste à terre que pour la dépecer. CHEVÈCHE CABURÉE, Woctua ferox, Vieillot. Le Caburé, Azara, n° XLIX, p. 129, t. IL; Strix ferox, Vieill., Encycl., t. IL, p. 1289; Strix passerinoides , Temm., PI. col., 344; Chevéchette, Levaill., Hist. des Ois. d’Afr., t. I, p. 46. Noctua , capite nigricante fusco , albido maculato; superciliis albis; corpore supra obscure-fusco; rectricibus albo maculatis; gula ,‘jugulo , pectore fuscis ; ventre albido; rostro virescente; cauda brunnescente , fasciata. Sur le vivant : yeux d’un beau jaune; pieds jaune verdàtre; bec de même couleur. Longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 16 1/2 centimètres; vol, 36 cen- timètres; circonférence du corps, 14 centimètres. Nous avons eu plusieurs individus qui paraissaient femelles, différant de ceux figurés par Temminck, en ce qu’ils n’avaient pas quatre rangs de taches blanches espacées, dessinant des bandes étroites sur la queue. Ils portaient, au contraire, huit ou neuf lignes rousses ; la tête était aussi couverte de taches rousses et non pas blanches. Nous pour- rions croire que cette différence vient de l’âge et que c’est une livrée de jeune, qui disparaît à la seconde année. Azara, le premier, a fait connaître cette espèce; il l'a découverte au Paraguay et l'a rencontrée vers le Sud, jusqu’au 29.° degré de latitude. Elle avait aussi été observée au Brésil par divers naturalistes; et, en retrouvant des terrains analogues à ces derniers, dans la province de Chiquitos (république de Bolivia), nous n’avons pas dû nous étonner de l’y rencontrer, jusqu’au 17. degré de latitude, près de la Mission de San-Xavier, et ensuite bien plus au Nord, dans la province de Moxos; mais nous ne l’avons pas, sans surprise, retrouvée vers le Sud, jusqu’au 41.° degré de latitude, dans la Patagonie, ce qui nous amène à conclure qu’elle habite des régions les plus chaudes aux pays tempérés, ou de la ligne au 41. degré. Nous avons cru remarquer qu'elle se trouvait, surtout, à la lisière des grands bois humides qui bordent les rivières, au milieu des plaines; car nous ne l’avons jamais vue dans les arbres des montagnes, n1 dans les lieux secs et arides. Le jour on la rencontre toujours dormant, non au milieu des forêts, comme certaines espèces, qui fuient le soleil, mais toujours à leur lisière et sur les petites branches 1. Cette espèce a été décrite d’abord par Azara , sous le nom de caburé, que Vieillot a traduit, en latin, par le nom de Strix ferox. M. Temminck ne la décrite que bien plus tard. ( 128 ) Oiseaux basses, mortes ou peu feuillées, les plus extérieures. Là, elle se laisse souvent balancer de proie. —— chée, elle gardait la même immobilité, ce qu'il faut attribuer à la pesanteur de son au gré des vents, dormant ainsi, sans se réveiller au bruit ; car souvent, presque tou- sommeil ou à la difficulté qu’elle éprouve d'ouvrir les yeux, de supporter les rayons du soleil et de voir en plein jour. Elle est peu commune et on la rencontre constamment seule et jamais par couples, hors le temps des amours. Le soir, elle ne commence à voler que lorsque le crépuscule est déjà avancé; alors elle parcourt tous les environs, sui- vant la lisière des bois, chassant aux insectes et aux petits rongeurs, seulement. Elle vole ainsi toute la nuit, faisant souvent entendre un chant lugubre, mais très-faible. Son vol est léger, comme celui de tous les oiseaux nocturnes : il est peu prolongé et surtout peu élevé; sa marche est gènée et par sauts, et non précipitée comme celle des urucuréas; nous croyons même qu’elle pose rarement à terre. Elle niche au sein des bois, dans les trous des arbres morts, sans aucune préparation. Elle dépose dans son nid deux œufs à peu près sphériques et entièrement blancs. Le couple n’est uni qu’alors, et toute liaison est rompue, dès que les petits sont assez grands pour se suflire à eux-mêmes. À Moxos la nation Cayuvava la nomme vadzi; les Chiquitos, okück, et les Morotocas, sédségué. : IL Secriox. MARCHEUSES. Nous croyons qu’on pourrait séparer des chevèches ordinaires des espèces qui ne vont jamais dans les bois, comme les chevèches proprement dites. Elles restent toujours à terre sur le sol, se perchant sur les tertres et très- rarement sur de petits buissons; jamais sur les arbres. Elles marchent sur le sol, long-temps, avec vitesse, et non par sauts, se cachant dans des ter- riers de mammifères, passant, le plus souvent, toute la journée en rase campagne, menant presque le genre de vie des oiseaux diurnes. Elles sont reléguées dans les plaines ou sur les terrains les plus arides du sud de l'Amé- rique méridionale. On les trouve à l’est comme à l’ouest des Andes, et depuis le niveau de la mer jusque sur les sommets des montagnes. CHEVÈCHE URUCURÉA, Woctua cunicularia. Chevèche lapin, Feuillée, Journ. des observ. phys., t. Il, p. 562; Le Pequen, Strix cunicularia, Molina, Chili, p.243 ; Linn., Syst. nat.; gen. 43, sp. 28; Lath., sp. 38; Chouette de Coquimbo, Buff., Sonn., t. XL, p. 167; l’'Urucurea, Azara, t. III, p. 123, n.° 473 Strix cuniculuria, Vieill., Encycl., t. IT, p. 1293; Voctua urucurea, Less., Traité, p. 103; Strix cunicularia, prince Max. de Neuw., t. III, p. 248, n° 4; Meyen, Zool., Vügel, p. 70. NN. corpore supra fusco, subtus albo; pedibus tuberculatis, pilosis; rostro wires- cente-albo. Les jeunes sont plus chargés de couleur brune en dessous; les teintes, en eux, sont généralement très-sombres. ( 129 ) Si on les prend avant qu’elles aient revêtu leur livrée d’adulte, elles sont toutes brunes Oiseaux de en dessus, marquées, sur le milieu du dos, de larges taches indistinctes roux pâle; le dessous est blanc-jaune, et le collier fortement marqué. IL est à remarquer que les individus que nous avons tués en Patagonie, sont beaucoup plus blancs que ceux de Buenos-Ayres. L’urucuréa subit à peu près les mêmes lois de distribution géographique que la chouette (otus brachiotos), ce qui paraîtra d’autant plus naturel qu’elle a, presque en tout, le même genre de vie et les mêmes habitudes. Azara avait observé cette espèce au Paraguay; le père Feuillée et Molina l'avaient vue au Chili; on savait donc qu’elle était commune aux deux versans des Andes. Plus tard, M. de Saint-Hilaire et le prince Maximilien de Neuwied l'ont rapportée du Brésil; puis, nous avons pu l’observer dans toute la Banda oriental , dela Plata à Montevideo, à Maldonado; dans les provinces d’Entre-rios, de Santa-Fe, de Cor- rientes, de Buenos-Ayres; ainsi qu’en Patagonie, au Chili, et même au milieu des plaines de la province de Chiquitos, en Bolivia, On voit qu’elle habite toute la zone chaude, tempérée et froide de l'Amérique méridionale, depuis le 16.° jusqu'au 42.° degré de lati- tude sud, à l’est et à l’ouest des Andes. Il est cependant bon de dire que, sur cette surface immense de terrains, elle choisit seulement ceux qui lui plaisent et sont conformes à son genre de vie; aussi ne se trouve-t-elle jamais au milieu des bois, ni même des plaines buissonneuses, à moins que, sur ces dernières, il n’y ait des clairières étendues; encore faut-il que celles-ci soient arides et sèches; car ce qu’elle préfère, ce sont ces immenses plaines ou Pampas, qui occupent tout le sud de l'Amérique méridionale, ainsi que les coteaux également dépourvus de bois des versans est et ouest des Andes, près de Men- doza ou au Chili, et les dunes côtières. L’urucuréa est assez commune dans les lieux que nous venons de désigner, c’est-à- dire qu’elle est disséminée de manière à ce qu’on n’en trouve jamais de très-voisines l’une de l’autre, excepté les deux consorts; car elle reste accouplée toute l’année, et paraît vivre ainsi constamment. Chaque couple choisit son canton, où 1l s'établit pour la vie, ne voyageant pas, et ne permettant guère aux autres de s'établir près de lui. L’urucuréa prend pour domicile un terrier abandonné de tatous, de biscachas, de renards ou d’au- tres animaux des contrées qu’elle habite, et y passe sa vie; si l’on s'approche de sa résidence vers le milieu du jour, heure à laquelle les autres oiseaux nocturnes sont plongés dans le sommeil le plus profond, on la trouve, quelquefois, dans son trou; mais, le plus souvent au dehors, le mâle et la femelle l’un près de l’autre. Elle voit, de très-loin, ceux qui viennent troubler son repos, et fait entendre alors son cri de guerre ou d'alarme, qu’on peut exprimer par les monosyllabes £chï-tchi-tchi-tchi long-temps prolongés. Elle s'envole pour aller se poser à quelques pas de là sur une butte, où, tout en tournant la tête avec crainte, et regardant, avec une effronterie apparente, l’importun qui la dérange, elle se laisse approcher de très-près, puis s'envole encore, ainsi que sa compagne, va se percher sur un tertre voisin, au sommet d’un petit buisson ou d’un chardon, et recommence son cri, ne pensant à s’aller cacher au fond de son terrier que lorsqu'elle a grand’peur, ce qui est très-rare. Elle reste ainsi toute IV. Oùis. 1 fl (150 ) Oisaux la journée autour de son nid, chasse même, quelquefois, pendant le jour; cependant de proie. c'est de préférence vers le soleil couchant, à l’heure où les petits rongeurs sortent de leurs terriers, qu’elle commence sa chasse, en planant, comme le font les autres oiseaux de proie; et nous avons cru remarquer qu'au milieu de la nuit elle se repo- sait de nouveau, pour chasser dès le crépuscule du matin. Il nous à semblé qu’elle dormait également pendant les nuits obscures et pendant les fortes chaleurs du jour, chassant plus spécialement le matin et le soir : le matin, après le soleil levé, quel- que temps encore; ainsi que le soir, avant la nuit. Elle vole dans la campagne, comme le font au crépuscule seulement les autres oiseaux de proie nocturnes. Nous pouvons donc dire que c’est presque un oiseau diurne, ou, tout au moins, le plus diurne de toute sa série : au crépuscule, elle éloigne davantage de sa demeure, et parcourt tous les environs à un quart de lieue à la ronde, en chassant; se perchant, alors, plus volon- üers, sur les arbres secs, les barrières, les ruines, les maisons et les rochers. Elle fait, dans ce cas, entendre un chant plaintif, qu’on peut traduire par Lou-hou-ououou, visitant tous les lieux habités des environs avec moins de crainte que de jour, quoique ce soit, même alors, un oiseau assez familier qui se laisse facilement approcher. Sa pose habituelle, lorsqu'elle est à terre dans linaction, est presque perpendiculaire, les ailes basses, et la tête enfoncée entre les épaules; si quelque bruit vient troubler sa tranquillité, ou si la sentinelle des autres oiseaux des plaines, le vanneau armé, fait retentir les environs de son cri d'alerte, l’urucuréa dresse la tête, et son attitude, alors, est grotesque; elle tourne la tête de tous côtés. Perchée, son corps est également ver- lical; et, même lorsqu'elle marche, il ne prend pas la position horizontale, qu'il affecte chez presque tous les autres oiseaux de proie : elle marche vite et à pas précipités; on peut dire qu’elle est presque toujours à terre, se perchant seulement par occasion, et plus particulièrement lorsqu'elle chasse. Son vol est celui des chevèches ordinaires, léger et rapide; quand elle poursuit sa proie, elle vole au rez de terre, ou à quelques pieds au-dessus, planant, le plus souvent, en tournoyant soit sur les terriers des rongeurs, soit autour des buissons ou des haies. Le jour, elle ne s'envole que pour aller à vingt-cinq ou trente pas de distance, se reposer de nouveau, continuant ce manège tout le temps qu’elle est poursuivie; elle se nourrit de rats, de jeunes coboyes, de reptiles et d’in- sectes. Quelques auteurs, comme le père Feuillée et Molina, prétendent qu’elle se creuse des terriers profonds dans la campagne. Nous croyons pouvoir affirmer que cette assertion est dénuée de tout fondement; ce qu'il est facile de vérifier par la nature de ses ongles loujours aigus, jamais émoussés, et peu propres, d’ailleurs, à ce genre d’exercice. Il nous est, au contraire, démontré qu’elle s’approprie un terrier de tatou, de renard, de mara , et, surtout, de biscacha, plus commode à cause de ses diverses issues et de ses divers compartimens souterrains; aussi est-on certain de rencontrer l’urucuréa dans les endroits où la campagne est infestée de cette dernière espèce de mammifère. Les habi- ———————Z ro 1. Tringa cayennensis, Lath. ( 131 ) tans nous ont assuré que, lorsqu'un couple prend possession d’un de ces terriers, les Oiseaux véritables propriétaires sont obligés de l’abandonner, à cause de la ténacité de l’urucu- Ve réa , et, sans doute, aussi, pour raison de propreté; car la biscacha, si soigneuse, ne peut, à ce qu'il paraît, supporter l’odeur désagréable que porte avec elle lurucuréa; odeur com- mune, au reste, à tous les oiseaux de proie nocturnes. On sent que le couple, intimement lié toute l’année, n’a pas besoin de se réunir pour la saison des amours, ni de chercher, au loin, un lieu où il puisse nicher commodément ; son terrier habituel lui en offre les moyens. Il se contente donc de déposer, au fond, trois ou quatre œufs blancs, dont les diamètres sont de 31 et 34 millimètres; et c’est là qu’il couve alternativement. Les jeunes naissent avec un duvet blanc: ils grandissent avec promptitude, le couple leur portant fréquemment de la nourriture; dès qu’ils sont assez grands pour marcher, on les voit, tous les jours, venir, en dehors du terrier, s’exposer au soleil. Is s’habituent ainsi, peu à peu, à chasser; dès qu’ils sont assez forts, les parens ne souffrent plus qu’ils rentrent dans le terrier paternel, et ils n’ont plus qu’à se chercher une compagne et à s’appro- prier dans la campagne, et toujours assez loin de leurs parens, un terrier qui devien- dra leur domicile pour toute la durée de leur existence. On voit, par ce qui précède, combien l’urucuréa empiète sur les mœurs qui nappartiennent ordinairement qu'aux mammifères; c’est, en effet, une anomalie singulière que les mœurs de cet oiseau. On l'élève, quelquefois, à cause de sa douceur, chez les habitans de la campagne, en le nourrissant de viande crue; et il y peut, en quelque sorte, remplacer les chats dans les maisons; cependant nous dirons que les habitans s’en donnent rarement la peine. Le père Feuillée vante la bonté de sa chair; nous avons voulu vérifier son assertion, et nous avons trouvé cette chair très-dure et sans saveur. Les habitans, au reste, ne mangent nulle part les urucuréas, ayant une aversion marquée et fondée contre cette espèce, au moins comme nourriture; car ils sont tellement indifférens pour elle, qu’elle s'établit, sansse voir dérangée, quelquefois à moins de cent pas des habitations. Les Espagnols la confondent avec les autres oiseaux de proie sous le nom de /echuza. Les Patagons ou Téhuelches la connaissent sous le nom de /es-kes, qui est, sans doute, l'expression de son chant ; leurs voisins, les Puelches, la dénomment, aussi, d’après son chant, mais par un mot plus dur, comme tous ceux de leur langue, en l’appelant ketz-hetz. Les Araucanos du Sud la nomment péhé ou pékel, appellation très-voisine de celle de péquen, qui est son nom chilien. Les Indiens bocobis du grand Chaco la nomment huettüc, et les Gua- ranis wrucuréa. Il est à remarquer que tous les noms qui lui sont imposés par les nations du Sud , sont évidemment l'expression de son cri de jour, rendu de différentes manières, selon leur prononciation; son seul nom guarani est, au contraire, l'expression de son chant nocturne. Nous aurons souvent l’occasion de faire remarquer des noms dérivés des cris des animaux. Oiseaux de proie. ——_— (132 ) SCOPS , Scops, Sav., Cuv. Les scops sont des chevèches munies de petites aigrettes et dont les doigts sont nus, au lieu d’être couverts de poils. Si nous les comparons à ces der- nières, sous le rapport des habitudes, nous voyons que, du moins en Amé- rique, ce sont de véritables chevèches pour les mœurs et pour la manière de vivre. Ils sont des parties chaudes de Amérique méridionale, à Pest des Andes seulement. SCOPS CHOLIBA, Scops choliba. Choliba, Azara, n° XLVIII, t. LE, p. 1 26 ; Strix choliba, Vieill., Encycl., t. IT, p. 1279 ; Strix decussata, Lichtenst., Cat., p. 59, n° 615? Peut-être le Strix crucigera, Spix, t. 9. S. pennis corporis nigricantibus, dilute fusco, nigricante punctato marginatis ; remi- 9 , gibus primoribus nigricantibus , maculis magnis rufescentibus ; rectricibus fuscis, punctatis; scapularibus albis nigrisque; rostro dilute cæruleo ; apice flavescente. Bec verdàtre; cire de la même couleur; yeux jaunes; tarses et doigts gris. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 21 centimètres; du vol, 55 centimètres; circonférence du corps, 20 centimètres. Cette espèce varie à l'infini dans ses teintes, selon les différens âges : si nous la prenons dans sa livrée de l’année, elle a partout, en dessus et en dessous, des lignes transver- sales gris pâle, sur du gris foncé; la queue participe de ces deux teintes par zones. L'année d’après, elle est encore grise; mais, alors, tout le dessus est agréablement varié de petites taches et de lignes irrégulières plus foncées; le dessous a, sur chaque plume, une ligne longitudinale noire assez large, et de petites lignes transversales de la même couleur placées irrégulièrement ; tandis que, dans l’äge adulte, l'oiseau est entièrement roux, avec les mêmes taches du ventre qu’on remarque à la seconde année de la livrée; et le dos, qui est roux vif, est muni, sur chaque plume, d’une ligne longitudinale brune. On voit, par ces changemens successifs, combien il est difficile de bien caractériser une espèce d'oiseau de proie, lorsqu'on n’en peut pas comparer tous les âges. Cette espèce paraît habiter toutes les parties chaudes de l'Amérique méridionale : elle a été désignée par Azara comme habitant le Paraguay ; on l’avait aussi rencontrée à la Guyane; et nos propres observations sont venues étendre encore son domicile en Amé- rique. Nous l'avons trouvée à Corrientes jusqu’au 30° degré de latitude sud; et, de nouveau, dans les vastes régions de la république dè Bolivia, qui bordent, à l’est, le Brésil, dans la province dé Chiquitos; ce qui nous ferait croire qu’elle habite toute l'immense étendue de plaines comprise entre les derniers contreforts des Andes et la mer, en suivant le cours de lAmazone; et, en latitude, depuis la ligne jusqu’au 30. degré sud. Nous ne l'avons vue que dans les lieux boisés, et surtout auprès des habitations et des villages; elle est sédentaire. Le jour, elle se tient d'ordinaire au (135) plus épais des bois, surtout de ceux qui avoisinent les villages, se cachant, endormie, sur les branches les plus surchargées de feuillage. Le plus souvent les consorts sont ensemble, et posés si près l’un de l’autre qu’on peut facilement les tuer tous deux du même coup de fusil : comme l'espèce est on ne peut plus nocturne, elle ne com- mence pas à voler dès le crépuscule, si ce n’est sous la feuillée la plus sombre des bois; on ne la voit s'approcher des lieux habités que lorsqu'il fait très-obscur. Aux alentours des maisons champêtres, elle passe la nuit voltigeant d’un toit à l’autre, visitant tous les enclos, les cours, les jardins, se posant sur les arbres du voisinage, sur les murailles, sur les poteaux; elle se familiarise alors, plus que jamais, avec les hommes, et les débarrassant de tous les animaux incommodes, comme rats, chauves-souris, blattes, elc.; et les hommes, en retour, ne lui font jamais de mal. Ils la protègent, au contraire, autant que possible, l’élevant même chez eux, pour lui faire remplacer les chats. Cest au milieu de leurs courses de nuit, que les cholibas font retentir les airs de leur chant monotone, qui a deux caractères différens; un cri de crainte ou de colère, qu'ils font entendre rarement, espèce de sifflement accompagné, le plus souvent, d’un claquement du bec, ou bien un chant de rappel ou d'habitude, qu'ils poussent lorsqu'ils sont posés, et qu'on peut rendre par les sons de fourourou-tou-tou, qui, comme on le verra à la synonymie américaine, se traduisent de bien des manières par les diverses nations; chant que le paisible cultivateur, ou le voyageur bivouaquant au sein des campagnes, entend, de temps à autre, résonner , autour de lui, dans le silence imposant des belles nuits des pays chauds, et qui lui fait apprécier davantage celte nature entièrement plongée dans le sommeil. Le choliba fait son nid au milieu des bois épais; il choisit le creux d’un arbre mort, et y dépose deux ou trois œufs entièrement blancs, des diamètres de 28 et de 32 milli- mètres. Le mâle et la femelle couvent alternativement pendant la nuit; le jour l’un couve, tandis que l’autre est perché sur une branche voisine. Les habitans les recherchent pour les élever, parce qu'ils se familiarisent facilement et mangent de tout; mais s'ils man- quent de nourriture, ils attaquent et dévorent tous les autres oiseaux domestiques. Leur vol est léger et peu prolongé; et leur marche un sautillement qui leur est peu habituel à l’état sauvage, qu'ils exécutent péniblement lorsqu'ils sont captifs déjà âgés, mais qu'ils apprennent, lorsqu'ils sont élevés très-jeunes. Des noms que donnent au choliba les indigènes américains, la plupart viennent de son chant de repos, et quelques autres de son chant de colère. Parmi les premiers, nous pou- vons citer, en Bolivia, les Chiquitos, qui le nomment nosoomo ; les Otukès, qui l'appellent simiurucucu (simiouroucoucou, .pron. franc); les Morotocas, gossogossoco; les Quite- mocas, {iorococo ; les Cucikias, usupupuch (oussoupoupouche, pron. franc.) ; les Paunacas, turucuco (touroucouco, pron. franc.) ; les Paiconécas, nonomococué. Dans la province de Moxos, on retrouve encore la traduction littérale de son chant dans les langues suivantes : la cayuvava, qui le nomme niomorocoto ; la movima, orococo ; celle des Moxos, qui le désigne par le mot curumucucu (couroumoucoucou, pron. franç.). D’autres nations n’ex- priment pas précisément ce chant; mais emploient une redondance de sons analogues : à Oiseaux de proie. ——— ( 134 ) Oiseaux Chiquitos, chez les Samucus, néago; à Moxos, chez les Muchojeonès, macacao; chez de proie. les Itonamas, ococha ; chez les Pacaguaras, {éutéu (téoutéou, prononc. franç.). D’autres noms paraissent évidemment dérivés de son cri de colère, comme on peut le voir dans celui des Guaranocas, dikiriki, et des Canichanas, néhitip ; tandis que d’autres semblent vouloir réunir les deux expressions de chant contractées dans un seul mot, comme le nom des Chapacuras, chichéru (tchitchérou, prononce. franc.) ; des Baures, kryahua (liyahoua, pron. franç.), et des Sarabéca, aritia éché. Les Guaranis le nomment suinda, et les Guarayos urucuréaæ (ouroucouréa, prononc. franç.), mot où l’on retrouve encore l'expression de son chant. On voit, par les différens noms de cette espèce, que le chant des oiseaux est, le plus souvent, employé par toutes les nations, comme désignation spéciale et distinctive; que, selon le génie de leur langage, elles ont cherché, par une redondance de sons, reproduits de diverses manières, à exprimer ce qu’elles entendaient journellement; fait que nous aurons fréquemment occasion de prouver, surtout pour les oiseaux de proie nocturnes dont nous avons encore à parler. HIBOU, Orus, Cuvier. HIBOU CHOUETTE, Otus brachyotos, Linn. Chouette, Buffon, Enl., 438; Strix ulula, Linn., Syst., ed. 3, gen. 43, sp. 10. Otus, albo rufescens, maculis longitudinalibus fuscis varia; remigibus exterius rufis, (ænüs transversis fuscis variüs, interius albo-rufescentibus ; rectricibus rufescentibus fusco transversim striatis. Briss. | Il est bien singulier que cette espèce se soit rencontrée partout en Amérique; ancien- nement connue en Europe, elle a été tour à tour rapportée de l'Amérique du Nord, du Brésil, par M. Auguste de Saint-Hilaire; des îles Marianes, des îles Sandwich, du Bengale; nous l'avons vue en Bolivia, au Pérou, au Chili, en Patagonie, depuis les plaines jusqu’à la hauteur de 14,000 pieds au-dessus de la mer, sur les Andes; de sorte qu’elle parait aussi bien répandue sur les parties chaudes que sur toutes les parties les plus australes de l'Amérique méridionale. Nous l'avons aperçue pour la première fois, vers le 42.° degré de latitude sud, sur les côtes maritimes de la Patagonie, au-delà du Rio negro; nous l'avons retrouvée, ensuite, au Chili, sur les montagnes; et, enfin, encore au sommet des Andes, près du Tacora, dans la république du Pérou, et sur tout le plateau élevé de la Bolivia. Il paraïtrait aussi qu’elle existe au Brésil, dans les parties australes. Nous devons naturellement en conclure que cet oiseau habite les parties froides, tem- pérées et chaudes des plaines de tous les pays qui bordent la mer sur la côte orientale de l'Amérique; et, sur le versant opposé des Andes, les montagnes, mais seulement jusqu'au 15° degré de latitude. Nous avons déjà fait remarquer que les terrains qui couvrent les régions élevées et glacées des Andes, sont absolument dans les mêmes conditions que les parties australes de la Patagonie, sous le rapport du froid, de la température et de l’aridité du terrain; et, enfin, de l'aspect général, à tel point ( #65 ) qu'une personne transportée tout à coup de la Patagonie au Tacora, croirait ne pas Oiseaux de avoir changé de pays. La raréfaction de l'air seule lui prouverait qu’elle à changé de sie. lieu; aussi n'est-il pas étonnant que l'espèce se trouve également dans les deux régions. Nous ne l'avons rencontrée que dans les terrains ondulés, ou dans les plaines rocailleuses, sablonneuses, arides ou couvertes de hautes graminées; elle se cache quelquefois, pendant le jour, au milieu de ces herbes. Le plus souvent, elle dort peu dans la jour- née; car on la voit, sans être poursuivie, s'élever du milieu des herbes, s'envoler, planer long-temps; puis, aller se poser sur un tertre, sur un petit buisson ou dans les herbes, d’où elle repart dès qu’on s’en approche, même de très-loin; et nous pouvons assurer qu'elle est beaucoup moins crépusculaire que les autres espèces de sa famille, puisque, même dans la journée, elle chasse encore lorsque le soleil n’est pas fort, et paraît y voir parfaitement. Elle est toujours seule dans la campagne, où elle marche au milieu des herbes; dès que le soleil se couche, avant même que le crépuscule soit arrivé, elle commence à la parcourir, faisant, parfois, entendre un chant mélancolique qui rompt d’une manière désagréable le silence sauvage de ces affreux déserts; et, là, se met à poursuivre les innombrables rongeurs qui peuplent ordinairement ces contrées, faisant bien facilement sa chasse habituelle; aussi, le reste de la nuit continue-t-elle à faire retentir les échos de ses chants lugubres. Ses postures ordinaires sont celles de nos individus d'Europe: son vol est le vol com- mun à tous les oiseaux nocturnes, quoiqu’avec plus de rapports avec celui de quelques oiseaux drurnes, surtout lorsqu'elle plane en tournoyant au-dessus des plaines à une hauteur de 15 à 20 pieds seulement. Elle se perche sur les rochers, sur les tertres, et, parfois, sur les grandes plantes ou les petits et rares buissons des contrées qu’elle habite; tournant alors continuellement la tête tout autour d'elle, avec inquiétude ou défiance, elle répète son cri favori. Au dire des habitans, qui parcourent plus fréquemment ces contrées, elle nicherait soit entre les rochers, soit dans des terriers de mammifères. Les Espagnols des contrées qu’elle habite, la confondent sous le nom générique de lechuza (chouette). EFFRAIE, Strix, Sav., Cuv. . r °\ = , Les effraies d'Amérique ont, en tout, les manières de nos effraies d'Europe. Elles aiment les ruines, les églises, les roches, et se trouvent partout, sous toutes les latitudes et à toutes les hauteurs. EFFRAIE PERLÉE, Strix perlata, Lichtenst. Strix perlata, Licht., Cat., p. 59, n° 613; Tindara, Marcgr., p. 205 ; Effray, d'Azara, Voy., vol. IT, p. 122; Strix perlata, prince Max. de Neuw., t. III, p. 263,n. 5. V’alde afjinis strici flammeæ, sed tarsis longioribus insignis. * x r r “3° . , Cette espèce se trouve partout dans l'Amérique méridionale, au moins l'avons -nous rencontrée dans tous les lieux où nous sommes allé : elle se montra à nous à Rio de ( 136 ) Oiseaux Janeiro au Brésil, à Montevideo et à Maldonado, sur les rives de la Plata, à Buenos- de proie. Ayres, sur les bords du Rio negro, en Patagonie, dans les provinces riveraines du Pa- rana, celles de Santa-Fe, d'Entre-rios, de Corrientes, au Paraguay; nous l'avons vue, aussi, dans toute la république de Bolivia, sur les versans des Andes, ainsi que sur les plaines brülantes du centre de cette république; au sein des provinces de Santa -Cruz, de la Sierra, de Chiquitos et de Moxos; enfin, en deux mots, depuis le 13.° degré de latitude sud jusqu'au 42° degré en longitude; depuis les Andes jusqu’à la mer; en hauteur, depuis le niveau de l'Océan jusqu’à 12,000 pieds sur les Andes. Nous avons lieu de croire qu’elle se trouve, encore , dans toutes les contrées américaines voisines de celles que nous avons visitées; ce qui peut s'expliquer très-facilement. L’effraie paraît ne vivre qu'où l’homme a commencé à bâtir des édifices; elle doit done le suivre par- tout, ce qui la fait s'étendre, peu à peu, sur tout le sol américain. Une chose qui nous a cependant étonné dans celte espèce, c’est cette facilité même à s'établir en tous lieux; en effet, si dans un endroit désert, sans rochers, aux environs duquel il ne peut y avoir aucune effraie, endroit souvent séparé des habitations par une très-grande étendue de terrains sauvages; si dans un tel endroit, disons-nous, on établit une ville ou seulement un grand village, il ne se passera pas deux ans avant qu’un couple d’effraies ne vienne prendre possession des nouveaux édifices, sans qu’on sache comment il aura pu sy rendre et franchir l’espace qui le séparait de son nouveau séjour. C’est surtout au milieu de ces immenses plaines inondées de la province de Moxos, en Bolivia, que nous avons été frappé de cette idée, rencontrant partout des effraies, dans des Missions modernes, sépa- rées souvent des autres par une traite de cinquante lieues de marais ou deterrains inondés, où l’effraie pouvait difficilement vivre. On doit donc supposer que la nuit elle s'éloigne beaucoup de sa demeure habituelle, ou qu’elle voyage plus que ne le font d'habitude les espèces d’oiseaux de proie ordinaires; on pourrait encore supposer que les jeunes couples, chassés du lieu de leur naissance par leurs parens, dès qu’ils sont en àge de pourvoir à leur existence, ne pouvant pas vivre dans le même édifice, ou ne trouvant pas d’édifices voisins, errent long-temps dans les campagnes, jusqu’à ce qu’ils aient rencontré un lieu habité où ils puissent se fixer. Ces faits expliqueraient peut-être cette migration jour- nalière; néanmoins, dans nos voyages, nous n’avons jamais rencontré l’effraie au milieu des bois; et, si nous l’avons aperçue loin des habitations, c’est en des endroits où des rochers caverneux viennent remplacer les édifices; mais ces localités sont rares, et ne pourraient, en rien, expliquer ce qui se passe au milieu des plaines des Pampas, non plus que la manière dont vivaient ces oiseaux lorsque, avant la conquête, de simples huttes d’Indiens ne leur permettaient pas de faire société avec l’homme, habitant primitif de ces contrées. ; Nous ne nous étendrons pas beaucoup sur les mœurs des effraies en Amérique; elles sont, en tout, les mêmes qu’en Europe, où ces oiseaux sont connus de tout le monde. De même 1ls se cachent dans les églises, dans les ruines, dans les trous de rochers; de même ils sont tellement nocturnes qu'ils ne sortent que lorsque le crépuscule est déjà très-sombre, et chassent alors aux petits mammifères, tels que les rongeurs et les chauves-souris. Ils (137 ) saisissent aussi quelquefois les jeunes poulets dans les basses-cours. Ainsi que les effraies Oiseaux de proie. européennes, celles d'Amérique sont craintives, sauvages et bizarres dans leurs postures. Elles pondent également quatre à cinq œufs blancs dans les trous de rochers et dans les églises; leur cri, encore, est identique; aussi, soit que les superstitions répandues en Europe dans la classe peu éclairée, aient été transportées en Amérique, soit que ces superstitions appartiennent originairement au pays, on les retrouve partout. Depuis l'Espagnol jusqu’à l’Indien, tous craignent d’entendre l’effraie attrister de son chant les environs , lorsqu'elle se pose sur leur maison; comme en Europe, ce chant est profondé- ment mélancolique, lorsque l'oiseau est au repos; il se change en un sifflement aigu, quand il s’irrite ou quand il a peur. L’effraie américaine porte une quantité de noms, que nous allons classer d’après leur dérivé du chant de crainte ou du chant habituel de l’espèce, en commençant par le dernier. Dans la Bolivia, les Chiquitos la nomment osupupuch (osoupoupouche, pron. franc.) ; les Guarañocas, urucoco (ouroucoco, pron. franç.); les Otukès, siniurucucu (simiouroucoucou, pron. franç.); les Cucikias, usupupuchk. À Moxos, d’autres nations lui donnent encore des noms analogues à ce chant : par exemple, elle est nommée, chez les Iténes, coromoco ; chez les Pacaguaras, popo ; chez les Movimas, suhunta (sou- hounta, pron. franç.). Tous les autres noms qu’elle porte à Moxos ont rapport à son cri de colère, ou dérivent de quelques circonstances de sa vie. Elle est nommée, chez les Muchojéones, oviropiri; chez les Baures, cacharaké; chez les Itonamas, oc; chez les Cayuvavas, taho; chez les Canichanas, nicha, et chez les Moxas, yusa ou huakirina. À Chiquitos elle est aussi nommée, par les Samucus, Airiséna ; par les Saravécas, sihi-huaré ; chez les Kitémocas, chichi (ichitchi, pron. franç.); chez les Paunacas, séhu. Les nations des Andes ont aussi leurs noms : les Incas ou Quichuas l’appellent chhuisik ; et les Aymaras, cchusica, ou chuseja, à Yungas. DUC, Bubo, Cuvier. Caractérisés par une tête surmontée de deux aigrettes de plumes, par le disque de la face, qui n’est presque pas apparent, et par les tarses emplumés jusqu'aux ongles. Les ducs, en Amérique, sont, pour les mœurs, de véritables chevêches, en ce qu'ils habitent constamment les bois épais, loin des habita- tions, se perchant sur les arbres seulement, n’allant pas à terre et marchant par sauts, lorsqu'on les force à s’y tenir. Ce sont des oiseaux très-nocturnes, qui habitent également les régions chaudes, tempérées et froides des deux Amériques , à l’est et à l’ouest des Andes. GRAND-DUC BARRÉ, Zubo magellanicus. Strix magellanica, Gmel., Buff., Enl. 585; Strix wirginiana, Gmel.; Strix punicola, Vieill., Amér., pl. 19; Encycl., t. IT, p. 1282 (var.); Jacurutu, Marcg., Hist. nat. bras., p. 199; IV. Où. 18 Oiseaux de proie. ———— ( 158 ) le Nacurutu, Azara, n.° XL, p. 3, pag. 113 ; Strix nacurutu, Vieill., Encycl., LIL, p. 1281; Strix nacurutu, prince Max. de Neuw., t. IT, p. 274, n° 7. Bubo. Corpore fusco-rufo cinereoque lineato, subtus cinerascente ; striis transversis Juscis; remigibus rectricibusque fusco striatis. Lath. On a réuni, jusqu’à présent, sous la même espèce, le Strix virginiana et le Striz magel- lanica, quoiqu’ils soient toujours différens lun de l’autre. Le premier, plus grand, plus foncé, plus tacheté de noir, la bande blanche du thorax moins large, appartient à toute l'Amérique septentrionale; le second, au contraire, plus petit, moins tacheté et à collier moins large, habite l'Amérique méridionale. Nous ne nous occuperons que de cette seconde variété, parce que c’est la seule que nous ayons observée en Amérique. Nous l’avons vue, successivement, à la frontière du Para- guay, sur les rives du Parana, jusqu’à Buenos-Ayres, et encore bien plus au sud, en Patagonie, sur les rives du Rio negro, au 41. degré de latitude sud. Elle avait été ren- contrée, antérieurement, aux îles Malouines, et mème près du détroit de Magellan. Azara l'avait vue au Paraguay; puis, nous l'avons rencontrée dans la république de Bolivia, dans les provinces de Chiquitos et de Moxos, jusqu’au 12.° degré sud. Nous croyons donc qu’elle n’habite pas seulement les régions australes, comme on l’a assuré, mais qu’elle vit encore depuis la zone torride jusqu'aux régions les plus australes de l’'Amé- rique méridionale; et, sans doute, depuis le pied des Andes, à l’est, jusques aux côtes de l'Océan. Cet oiseau est peu commun; on ne le rencontre que dans les bois, et, surtout, dans ceux qui avoisinent les rivières ou les lieux humides, principalement dans les plus touffus, voisins de plaines ou tout au moins de clairières. Le jour on le voit, le plus souvent, seul, isolé, dormant sur les grosses branches les plus cachées des arbres touffus, dans des endroits où le soleil pénètre peu. Nous avons cru remarquer qu'il est sédentaire, et qu'il vient souvent au même perchoir de jour, restant ainsi long-temps possesseur du même bois; aussi, excepté dans la saison des amours, ren- contre-t-on rarement deux de ces oiseaux l’un près de l’autre. Surpris dans leur retraite de jour, ils cherchent peu à s'envoler, contens de siffler et de faire claquer leur bec, en se balançant d’un pied sur l'autre, sur leur branche; cependant, quand on les approche trop, ils s’envolent; mais, éblouis par la lumière du jour, ils se dirigent mal et cherchent promptement à se cacher dans le fourré voisin. Il n’en est pas ainsi quand le crépuscule est arrivé; alors , ils sortent de leur léthargie, s’envolent légèrement, et planent, sans bruit, à la lisière des bois ou au bord des marais, s’ap- prochant même, quelquefois, des habitations voisines de leur demeure; ils se perchent, à chaque instant sur les arbres morts, sur les pieux des parcs à bestiaux; et, chaque fois, font retentir les échos des forêts de leurs accens monotones et mélancoliques. Ils paraissent même très-curieux; car nous n'ayons pas dormi dans la campagne, auprès de leur habitation, sans les avoir vus se percher, à plusieurs reprises, sur l'arbre le plus voisin, comme pour faire retentir les environs de leur chant. Ce chant de rappel ou de contentement peut être exprimé ainsi: gnacouroutou-tou; les deux derniers sons = ( 139 ) long-temps prolongés, et d’un ton nazillard et fort. Un autre de leurs cris s’entend seule- Oiseaux de ment dans la crainte ou dans la colère; c’est un son aigu et cadencé. Un troisième son, He accompagné, presque toujours, du claquement de bec, est un sifflement analogue à celui qu’on peut produire en serrant les dents. Ces oiseaux, lorsqu'ils sont pris, ont des pos- tures un peu moins ridicules que celles de leffraie; mais ils tournent aussi leur tête d’une manière extraordinaire. Blessés , ils se renversent, de suite, sur le dos, comme les oiseaux de proie diurnes, et cherchent à se défendre avec leurs serres acérées : ils ne marchent pas ou sautillent, lorsqu'on les force à se tenir à terre; car, habituellement, ils ne se posent que pour dépecer une proie. S'ils voient peu le jour, la nuit ils paraissent découvrir les plus petits objets, et, alors, font une chasse abondante, d’autant plus que leur vol est si peu bruyant qu’ils ne réveillent pas les oiseaux qu’ils veulent saisir à l’im- proviste, ou qu'ils fondent plus facilement sur les petits mammifères, rongeurs et chauves- souris, qui constituent le fonds de leur nourriture; ils se contentent de leur briser la tête d’un coup de bec, et les avalent ensuite tout entiers, avec les plumes ou les poils, rejelant, subséquemment, en paquets, les os, les poils ou les plumes, qui ne peuvent pas se digérer. Ils nichent au plus épais des bois, sur les branches croisées et chargées de feuilles. Les naturels nous ont montré un nid voûté, qu’ils nous disaient appartenir à cette espèce. Les habitans prétendent qu’elle pond deux œufs blancs, et qu’alors le couple est très-attentif pour la nichée. On élève facilement les petits dans les maisons; mais ils finissent toujours par se jeter sur les volailles; ce qui fait qu’on ne les con- serve pas. Le nom qu’Azara donne à cette espèce, est l'expression de son chant paisible, prononcé à l’espagnole et non à la française; car, dans ce dernier cas, il ne serait pas l'expression fidèle de ce chant. Nous voulons aussi donner les noms de l'oiseau selon leur dérivé du chant paisible, ou du premier sifflement (cri d’alarme). ' Noms dérivés du chant paisible. Chez les Puelches des Pampas, Lo4o. — — Auraucanos des Pampas, ucutrel (oucoutrel, pron. franç.). — — Guaranis, ñacurutu (gnacouroutou, pron. franc.). — — Chiquitos de Bolivia, utamohochich (outamohochiche, pron. franç.). — — Samucus de Bolivia, nigoroco. — — Otukès de Bolivia, cucu (coucou, pron. franç.). — — Morotocas de Bolivia, gogoassaga. — — Paunacas de Bolivia, {urucuco (touroucouco, pron. franç.). — — Guarayos de Bolivia, Aacoroto (gnacoroto, pron. franç.). — — Chapacuras de Bolivia, turucoco. — — Muchojéonès de Bolivia, {omorokéké. — — Jionamas de Bolivia, churupupu (ichouroupoupou, pron. franç.). — — Cayuvavas de Bolivia, curuhupu (courouhoupou, pron. franç.). — — liénes de Bolivia, fucu (toucou, pron. franç.). Oiseaux de proie. ( 140 ) Chez les Pacaguaras de Bolivia, popoka. — — Movimas de Bolivia, {ucuco (toucouco, pron. franç.). — — Canichanas de Bolivia, nichupégucuru (nichoupégoucourou, pron. franç.). Noms dérivés du sifflement. Chez les Patagons ou Téhuelches, maméké. — — Botocudos du Brésil, kékégnocgnou. — — Guarañocas de Bolivia, dékirikr. — — Poturéros de Bolivia, #rikr. — — Sarabécas de Bolivia, sir. — — Kitémocas de Bolivia, #kuico (ihouico, pron. franç.). — — Paiconécas de Bolivia, #aka. — — Moxos de Bolivia, chinchiri (tchinthiri, pron. franç.). Deux dénominations seulement ont peu de rapports avec les chants : ce sont le nom des Baures de Moxos, qui appellent cet oiseau bocaya; et le nom des Bocobis du Chaco , chez lesquels il est nommé cagnorec. Il est à remarquer que, parmi tous ces noms, qui expriment si bien les différentes inflexions du chant de cette espèce, celui que lui donnent les Chiquitos, utamohochich, et celui que lui donnent les Muchojéonès, tomorokéké, expriment, en même temps, ces deux chants réunis. (14 ) SECOND ORDRE. PASSEREAUX, Passeres. Passeres, Linn., Lath.; Passereaux, Cuv., Lacép., Dumér.; 4mbulatores, Illig.; Insessores, Vig. Nous allons nous occuper de la série la plus nombreuse des oiseaux américains, des passereaux, si souvent ornés de couleurs brillantes; de ces oiseaux dont le plumage diapré, si varié dans ses teintes, fait l’ornement des zones chaudes; de ces êtres sémillans et légers qui couvrent, de leurs innom- brables familles, les coteaux et les plaines ou font retentir les campagnes de leurs mélodieux accens. Les généralités que nous avons à présenter sont d'autant plus importantes qu'elles roulent sur un total de 395 espèces, nombre beaucoup plus élevé que celui des passereaux d'Europe; aussi pourront-elles servir de base à toute comparaison qu'on voudra établir entre l'hémisphère boréal et l'hémisphère austral, sur cette partie de l’ornithologie. Nous considérons d’abord, compa- rativement, le nombre des espèces que présentent les diverses localités de l'Amérique méridionale, dans leurs différentes zones de latitude et de hauteur au-dessus du niveau de la mer, sans avoir égard aux distinctions de familles et de genres, que nous traiterons ultérieurement. Commençons par diviser les régions de l'Amérique méridionale, que nous avons visitées, 1.” en trois zones de latitude”, pour l'hémisphère austral : la L°, du 11. au 28.° degré; la IL, du 28.° au 34.° degré, et la IL‘, du 34.° a 45.° degré; 2.° en trois zones d'élévation au-dessus du niveau de la mer, entre les tropiques du Capricorne et la ligne, celles-ci correspondant, en tout, aux zones de latitude: la L.”, de 0 à 5,000 pieds; la IL", de 5,000 à 11,000 pieds, et la IIL.°, de toutes les hauteurs supérieures à 11,000 pieds. Nous allons, successivement, faire connaître le nombre des espèces propres à chacune de ces zones en particulier. Au lieu de diviser en zones d’élévation toutes les régions comprises entre le 11. et le 28.° degré de latitude sud (notre I." zone en latitude), nous pouvions les confondre, sans tenir compte ni de la décroissance proportion- 1. Nous avons déjà fait connaître cette division dans nos généralités relatives aux oiseaux de proie. (Oiseaux, p. 4 et 5.) Passe- reaux. Passe- reaux. ——— (142 ) nelle de la chaleur, à mesure qu’on s'élève sur les plateaux des Andes, ni des modifications qu'apporte à la végétation et aux moyens d'existence des êtres, cette plus où moins grande hauteur, qui crée, sous la zone torride, des terrains absolument analogues à ceux des régions glacées de Pextrémité sud de l'Amérique méridionale. Dans ce cas, nous aurions dù réunir aux oiseaux propres aux immenses plaines boisées, les oiseaux particuliers aux montagnes, et, dès-lors, y faire figurer presque tous les passereaux que nous avons observés ; car, sur nos 395 espèces, 354 y peuvent vivre, et il ne resterait plus, aux zones plus méridionales, que 41 espèces étrangères, au 15." degré de latitude, par exemple. Aussi, avant de parler des autres zones en latitude, croyons-nous devoir faire connaître la répartition des 354 espèces de la premiere, selon les zones d’élévation qu’elles habitent, et qui correspon- dent parfaitement aux zones en latitude. Des plaines du 11.° au 28.° degré sud (1." zone de latitude). . . . . 189 espèces. Des montagnes élevées de 0 à 5,000 pieds (1. zone d’élévation) . . . 32 — Espèces qui se trouvent, en même temps, dans ces deux zones . . . 51 — Des montagnes élevées de 5,000 à 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer (II.° zone d’élévation) , qui correspondent , par leur tempéra- ture , à la II. zone de latitude, du 28.° au 34. degré sud. . . . . 60 — Des montagnes élevées de plus de 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer (IIL.° zone d’élévation) , qui correspondent, par leur tempéra- ture, à la III." zone de latitude, du 34.° au 45° degré sud. . . . 22 — Total égal. : . . . . 354 — 1." zone de latitude (du 11. au 28.° degré sud). Cette première zone offre 240 espèces. En comparant ce nombre avec celui de 395 (totalité des espèces observées), nous avons été étonné de le voir en former presque les deux tiers, ce qui est réellement énorme, mais, néanmoins, n'a rien de surprenant, lorsqu'on réfléchit que c’est dans cette zone que la nature varie le plus; que la végétation y déploie toute sa grandeur, toute sa force, que des myriades d'insectes y prennent naissance, comme pour ali- menter cette multitude d'oiseaux insectivores, formant plus des deux tiers des passereaux ; tandis que lextrême variété des graines et des fruits permet aux autres d'y trouver aussi une nourriture abondante. Sur les 240 espèces, 51 vont également sur les montagnes qui n’excèdent pas en hauteur 5,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, parce qu’elles y rencontrent les mêmes moyens (145) d'existence; de sorte qu'il reste 189 espèces de passereaux propres aux plaines Passe- reaux. de cette première zone. IL zone de latitude (du 28.° au 34.° degré sud). Nous avons rencontré, dans cette zone, 72 espèces, nombre qui montre combien elles diminuent, à mesure qu'on s'avance vers le Sud; en effet, il n'est, comparativement au nombre total des espèces observées, que d’un peu plus du cinquième, et que d’un peu plus du tiers, comparativement à celui de la première zone. Cette grande diminution vient du changement de la nature des terrains... Plus de forêts épaisses, de plaines si variées par leur végétation : le sol de cette zone prend un aspect uniforme; le nombre des plantes, et, par suite, celui des insectes qui les courtisent, a diminué d’une manière plus tranchée que la disproportion trouvée entre la première zone et celle-ci. De ces 72 espèces, 29 se rencontrent également au 15.° degré de latitude, sur les montagnes élevées de 5,000 à 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer (notre IL.° zone d’élévation), qui, en raison de leur tempéra- ture et du changement qu’elle amène dans la nature entière, correspondent, en tout, à la latitude de cette zone. Il ne reste donc plus que 43 espèces spéciales à cette latitude. IL. zone de latitude (du 34.° au 45.° degré sud). Le nombre des espèces diminue encore plus rapidement dans cette zone; elles ne s’y élèvent qu’à 37, et ne sont plus, comparativement au nombre total, que de près d’un onzième; à celui de la L"° zone, que d’un peu moins d’un septième, et à celui de la IL, de la moitié. Cette diminution est encore une suite des changemens comparatifs qui se sont opérés dans la végétation sous cette latitude: un hiver rigoureux, une nature stérile, ou, du moins, plus uniforme encore que sous lautre....; de là, diminution de ressources pour tous les êtres. En général, la diminution du nombre des espèces d’oi- seaux passereaux, suit, dans chaque localité, celle du nombre des plantes et des insectes, et ces derniers gardent, toujours, dans leur quantité, une proportion relative à celle des végétaux; aussi les oiseaux insectivores et granivores doivent-ils devenir d'autant plus rares, qu'on se rapproche davantage des régions froides. Des 37 espèces de passereaux de cette zone, on s'étonne, malgré léloignement du 15.° degré, d’en rencontrer encore huit qui se trouvent, également, sur les montagnes élevées de plus de 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer (notre IL.° zone d’élévation); ce qui Passe- reaux. ——— (444) prouve encore que les changemens qui ont eu lieu dans la nature, en mar- chant de la zone torride vers le pôle, se sont reproduits en s’élevant du niveau de la mer sur les montagnes, dans les régions équinoxiales; et que Panalogie de température y a créé, pour eux, des moyens d'existence analogues. Il ne reste donc plus que 29 espèces spéciales à cette zone. Nous avons vu le nombre des espèces de passereaux diminuer successive- ment, en marchant de la zone torride vers le pôle sud, et suivre, en cela, la diminution graduelle de la variété des plantes et des insectes. Nous allons, maintenant, examiner, comparativement avec les zones de latitude, le nombre d'espèces observées dans les trois zones de hauteur, qui, ainsi que nous avons dit, leur correspondent le plus exactement possible. L"° zone d'élévation (de 0 à 5,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, au 15." degré de latitude sud). La totalité des espèces que nous y avons rencontrées ne s'élève qu'a 83, qui, comparées au nombre des espèces observées, est d’un peu plus d’un cinquième; et à celui de la 1." zone de latitude, à peu près le tiers. Ainsi, les montagnes boisées et chaudes n’offrent pas aux passereaux autant de moyens d'existence, que la grande variété de terrains qui caractérise les plaines, où des marais, des buissons, donnent naissance à une multitude d'insectes divers, auxquels la grande humidité des impénétrables forêts des montagnes n'offre pas autant de conditions propices. Des 83 espèces, 51 descendent également sur les plaines; de sorte qu'il n’en resterait plus aux montagnes des régions chaudes que 32, ce qui est bien peu, comparativement au 489 propres aux plaines des terres équatoriales. IL zone d'élévation (de 5,000 à 11,000 pieds d’élévation au-dessus du niveau de la mer, au 15.° degré de latitude sud). Nous y avons rencontré 60 espèces, ce qui est, à peu près, le sixième des passereaux observés ; comparativement à la [." zone d’élévation, les trois quarts, et à la IL." zone de latitude, qui lui correspond, moins d’un douzième. Ces comparaisons montrent que, sil y a peu de rapports entre la diminution graduelle des nombres des deux premières zones de latitude et d’élévation, il y en a un très-grand entre les nombres de cette zone et les nombres de la zone 1. Ce nombre augmenterait beaucoup, si nous y réunissions les espèces de passereaux de la province de Chiquitos ; mais nous croyons devoir considérer celles-ci comme propres aux plaines, où elles se trouvent toutes. (145 ) de latitude qui lui correspond; ce qui devait être... Car les changemens passe- indiqués dans la nature des terrains, entre la L." et la IT.zone de latitude, ont lieu sur les montagnes, comme le prouve l'existence simultanée de 29 espèces sur 60, dans cette zone et dans la IL. de latitude. Il ne reste donc plus, à celle-ci, que 31 espèces propres aux montagnes. IL zone d’élévation (de plus de 11,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, au 45.° degré de latitude australe). Cette zone nous a encore offert 22 espèces, nombre qui, comparé à celui des espèces observées, n’en est que la dix-huitième partie; et la IIL.° zone en latitude, qui lui correspond, n’en présente que les quatre sixièmes. De ces 22 espèces, 8 se rencontrent aussi du 34° au 45.° degré de latitude sud, dans notre II." zone en latitude ; ce qui montre encore, évidemment, que, sous les tropiques, l'élévation fait subir, aux terrains des montagnes, des modifications susceptibles d'y réunir, en faveur des oiseaux, des conditions d’existence égales à celles de la Patagonie. En conséquence, il ne reste plus que 14 espèces propres aux montagnes élevées. Ce qui précède démontre lunité de moyens d’existence que présentent nos zones de hauteur et nos zones en latitude; puisque non-seulement toutes les espèces qui y vivent sont voisines, entre les zones qui se correspondent, mais encore que plus du tiers des espèces des montagnes sont identiquement les mêmes que celles des latitudes plus australes. Ceci se conçoit sans peine; car la loi de distribution géographique des êtres sur notre globe est l'unité de la température, et surtout des moyens d'existence; ainsi, la plus ou moins grande élévation des montagnes, amenant, par la raréfaction de Pair, un changement semblable à la décroissance de chaleur qu’on remarque en mar- chant de la ligne vers le pôle, on devait s'attendre à trouver, dans ces loca- lités, la nature entière soumise à cette loi. Les plateaux des Andes, du 15.° au 23. degré de latitude australe, offrent, en effet, avec la Patagonie, pour la végétation et pour les différentes classes d'êtres qui les habitent, une iden- tité d’aspect réellement remarquable. Mêmes genres de plantes, mêmes genres de mammifères, d'oiseaux, de reptiles, d’insectes. Cette identité de produits et de température devait amener, sur les plateaux des Andes, malgré l'énorme distance de vingt-deux degrés en latitude, ou de 440 lieues marines, qui les sépare de la Patagonie, des animaux de même espèce; c’est ce que nous venons de démontrer pour les passereaux. | La décroissance graduelle du nombre des espèces, en marchant des régions 1V. où. 19 ( 146) base chaudes vers le pôle sud, où en montant du niveau de la mer jusqu'aux 7" sommets des montagnes, au 15.° degré de latitude sud, peut être comparée, comme nous l'avons déjà fait aux généralités sur les oiseaux de proie", à une division de la totalité des espèces en trois séries : 4.” les espèces des plaines et des montagnes boisées et humides; 2.° les espèces des plaines buissonneuses ou sèches; et 3.” les espèces des montagnes élevées et sèches. Nos espèces ainsi divisées, la première série nous présentera le chiffre 291, qui est près des trois quarts de la généralité des espèces observées; la seconde, le chiffre 109, c’est-à-dire beaucoup plus du tiers de la première, et la troisième, le chiffre 85, ou un peu plus du quart de la même série. Le tableau suivant offre, en résumé, échelle comparative de nos trois systèmes de distribution, et de diminution graduelle de nos 395 espèces de passereaux. * à ZONES sys À des Nombre D'ÉLÉVATION -| Nombre DE LATITUDE SUD ; , D'HABITATION , des au-dessus du niveau dela mer| des Nombre des ZONES, (échelle des degrés). espèces. | (au 15€ degré de latitude sud). | espèces. selon la nature des terrains. | espèces, Dumsanaf.... 4. Plaines et montagnes boisées.| 291 Total des espèces des mon- Total des espèces des plaines.”| 349 Ainsi, il y aurait 349 espèces des plaines, et seulement 165 espèces des montagnes; ce qui confirme ce que nous avons dit plus haut, que les mon- tagnes, en général, n’offrent pas, en Amérique, autant d'espèces distinctes que les plaines, surtout sous la zone torride. Nous avons déjà fait remarquer que lhabitation simultanée d’espèces iden- tiques sur les plateaux des Andes et dans les plaines australes, n’était due qu'à une similitude exacte de température et de terrains. Nous insistons sur ce fait; car l’analogie des terrains exerce la plus grande influence sur Phabi- tation de beaucoup d'animaux ; et nous trouvons, même parmi nos passereaux, 1. Voyez Oiseaux, page 7. 2. Ilest bien entendu que le nombre est augmenté de toutes les espèces qui se trouvent dans plusieurs zones à la fois. (147) quelques espèces qui, sans égard pour la différence des températures, suivent passe- cette analogie dans les plaines, depuis la zone torride jusqu’en Patagonie; dans les montagnes du sommet des Andes, sous les tropiques, jusqu’au niveau de la mer; ou, encore, au sein des plaines et sur les montagnes, de toutes les zones, pour peu qu'ils y trouvent leurs conditions d'existence. À l'appui de ce fait, nous pouvons citer : 1.°, pour la première série, le Fluvicola perspi- cillata, qui parcourt les plaines inondées, depuis les rives du Rio negro en Patagonie, jusqu'aux marais brûlans de la province de Moxos; le Pepoaza polyglotta, le Furnarius rufus et Ÿ Anumbius vulgaris, qui, au contraire, cherchent les pays couverts de buissons, depuis la Patagonie jusqu’à la zone torride; 2.”, pour la seconde série, le Muscisaxicola ruficeps, qui, au 15. degré, habite, également, les sommets des Andes ou les rivages de la mer, pour peu que les terrains y soient secs et arides; et, enfin, 3.”, pour la troisième série, le Muscisaxicola mentalis, habitant toutes les zones de montagnes sous les tropiques, ainsi que les bords de la mer et la Patagonie, où ils recherchent les terrains secs et stériles; l'Anthus fulvus, marchant au bord des eaux, aussi bien au sommet des Andes que sur les marais de la Pata- gonie et sur ceux des plaines chaudes; tandis que le Certhilauda commu- nis, Nob., préfère, par toutes les températures de hauteur et de latitude, les plaines sèches, couvertes de parties stériles et de quelques graminées. Après avoir cité ces espèces comme indifférentes à la température, et ne cherchant que l’analogie des terrains, nous croyons devoir faire remarquer qu’elles font seulement exception à la règle générale; car le plus grand nombre des espèces sont circonscrites dans des limites plus ou moins larges, qui, le plus souvent, rentrent dans les zones fixées. Il sera facile de se convaincre du fait, en comparant, dans le tableau suivant, l’ensemble des espèces obser- vées à celui des exceptions. Espèces communes à toutes les zones dE TÉMIDETALUTe - m0: eng ee 14 Espèces communes à la Il. et à la IIL.° zone de température . . . . . . . 18 Espèces communes à la [."* et à la IL.° zone de température. . . . . . . . 24 Espèces propres à nos zones de température déterminées. . . . . . . . . 339 Total égal au nombre d’espèces observées. . . . . . 395 Ainsi, sur la totalité, il n’y aurait qu'un septième, à peu près, des espèces 1. Ayant admis, en fait, la correspondance des zones d’élévation à celles de latitude, nous con- fondons les espèces dans ces sommes, sans tenir compte de leur habitation sur les montagnes ou sur les plaines. (#8 ) re observées, non circonscrit dans nos zones d’élévation ou de latitude, qui se reaux. correspondent. Si, maintenant, nous voulons comparer, entreux, les chiffres des espèces propres aux deux versans des Andes, sans avoir égard aux différentes zones de latitude ou de hauteur, nous trouverons, avec surprise, 374 espèces sur le versant oriental ; tandis que, sur le versant occidental, nous n’en rencontrons que AG, nombre qui n'est que le huitième du premier, Vingt-cinq espèces pas- sant également des deux côtés des Andes, il n’en reste plus, à l'est, que 252, et 20, à l'ouest. Cette énorme disproportion est encore un effet du changement que les vents régnans, venant du Nord-Est, arrêtés par les Andes, produisent dans la nature entière. À l’est, sous la zone torride, des montagnes couvertes d’impénétrables forêts, où des pluies bienfaisantes alimentent continuellement une végétation des plus active; au pied de ces montagnes, des plaines cou- vertes de forêts, tantôt entrecoupées de bouquets de bois et d’espaces libres, tantôt noyées de marais. À l’ouest, par la même latitude, quel contraste! les montagnes montrent à peine soit quelques buissons, soit des cactus rabou- gris, qui croissent entre des rochers secs et arides, où jamais il ne pleut : plus bas, presque plus de végétation naturelle; des torrens, dus à la fonte des neiges des pics élevés, et qui, divisés à l'infini, font croître des plantes européennes transportées. On sent quelle modification cette différence si remarquable de terrains” doit apporter aux moyens d'existence des passe- reaux; néanmoins le Chili offre, sous cé rapport, moins de disproportion avec l'est, que n’en présente la côte du Pérou. En général, les espèces des régions chaudes du versant occidental ont plus de rapport avec les espèces des mon- tagnes ou des zones méridionales, qu'avec celles des zones chaudes qui leur correspondent, à l’est des Andes. Nous allons, actuellement, donner le chiffre comparatif des passereaux de points déterminés, et éloignés les uns des autres en latitude, à l’est et à l’ouest des Andes, pour qu’on puisse juger des espèces propres à chaque localité. 1 Nous ne doutons pas que, vers Guayaquil, l’ornithologie ne soit beaucoup plus riche, là végétation y étant rendue à sa vigueur tropicale; mais, comme nos observations ne vont pas au-delà du 11° degré, nous ne pouvons établir de généralités que de cette région vers le Sud. (149) Passe- VERSANT ORIENTAL. VERSANT OCCIDENTAL. resRE Patagonie, du 40.° au 42.° degré de htitudesud sn :trse: EME DE GES NT TR n, D A Re che + Buenos-Ayres et Montevideo , du 34.° Valparaiso , au Chili, au 34.° degré de au 35." degré de latitude australe. 20 — Rbitader(sudts es UE 28 espèces. Bolivia et Corrientes, du 11.° au 28.° degré de latitude australe, sans Pérou (Arica et Lima) du 11.° au 18.° distinction de hauteur . . . . . 354 — degré de latitude sud . . . . . . 29 — Prenons, parmi ces localités , les points extrêmes, à l’est et à l’ouest des Andes, pour établir, comparativement, l’analogie qui peut exister entre les espèces de passereaux qui les habitent, ainsi que celles qui appartiennent, également, à des zones de latitude plus chaudes, ou aux différentes zones d’élévation sur les montagnes. Patagonie, du 40 au 42° degré de latitude sud. Espèces qui se trouvent également à Valparaiso, au Chili. n #2 3 — — — à Valparaiso, au Chili, et en Bolivia (IL.° zone . ten 2 — — — à Valparaiso, au Chili,et en Bolivia (III. zone dehauteur) 3 — — — à Valparaiso, au Chili, eten Bolivia (III. zone de hauteur), ainsi qu’à Corrientes. . . . . 4 — — — . à Valparaiso, au Chili, et au Pérou. . . . . . . . 1 _ _ — sur la Il zone de hauteur, en Bolivia . . . s 5 _ — — sur la Il. zone de hauteur, en Bolivia et à Buenos-Ayres. 4 — : — sur la 1. zone de hauteur, en Bolivia et à Buenos-Ayres. 3 _ — PP AP DUR OS ANT ENE de Re Re Penh eee tie Let à 2 Espèces propres seulement à la Patagonie. . . . . . . . . . . . 10 37 Ainsi, sur 37 espèces, 13 se trouvent également au Chili, dans la même zone de latitude; et 21 dans les différentes zones de hauteur correspondantes en Bolivia. V’alparaiso, au Chili, au 33: degré de latitude sud. Espèces qui se trouvent en Patagonie. . . . . . . .". . + : 3 — — — en Patagonie et en Bolivia (IIl.°zone de hauteur) 4 — — — en Patagonie et en Bolivia (IIL.° zone de hauteur) et Bue- DOS AVES TA ee def she, à ++. es Le 2 À reporter. 9 1. Ilest bien entendu que ces chiffres sont donnés sans déduction des espèces qui se trouvent simultanément dans plusieurs localités. Passe- reaux. (450) Report. . . . 9 Espèces qui se trouvent en Patagonie et en Bolivia (II. zone de hauteur) et à BUEROS ARTE" ETS TT TON D — — — en Patagonie etiaubérou. . SPC ES 1 — — — ,. en/Bolivia (IL*?,zohe de hauteur). ,# étant » nel el _— — +" 'Au PF RS 7 ON COOL EE PENSE e — — 4 PREUVES PE TT Se ON TS Poe 1 Espèces propres ‘Aë. CRIE: TENTE RER ENT SNOS 30 Ainsi, sur 30 espèces chiliennes, 13 se trouvent aussi en Patagonie, dans la même zone de latitude, et 10 dans les différentes zones de hauteur cor- respondantes, en Bolivia. Sur les 28 espèces de passereaux observées au Pérou, 10 lui sont propres, et ne se trouvent pas ailleurs. Nous allons, maintenant, passer, successivement, en revue tous les genres de passereaux que nous avons observés dans l'Amérique méridionale, depuis les zones glacées rusqu’aux plus chaudes, et depuis le niveau de la mer Jus- qu'aux sommets élevés des Andes, en indiquant, pour chacun, les limites de latitude et d’élévation sur les montagnes, tout en cherchant à fixer, d’après nos propres observations, les régions spéciales qu’ils habitent dans l'Amérique du Sud. s Nous avons pensé que le meilleur moyen de faire juger, d’un seul coup d'œil, de la distribution géographique des passereaux sur le sol américain, était de présenter, dans un tableau, les limites d'habitation de chaque genre, ainsi que le nombre par genre et par famille des espèces que nous avons observées, ce qui permettra de réunir, en un seul cadre, toutes les généralités qui doivent précéder chaque division, dans la description des espèces, et pourra donner, en même temps, une idée de la classification que nos obser- vations sur les mœurs nous ont fait adopter, classification des plus naturelle, puisqu'elle repose sur l’analogie des habitudes et du genre de vie avec les caractères zoologiques. ( 151 ) TABLEAU COMPARATIF De l'habitation, en latitude et en élévation au-dessus du niveau de la mer, à l'est et à l'ouest des Andes, des Passereaux que nous avons observés dans l'Amérique méridionale ; montrant, aussi, le nombre des espèces de chaque genre et de chaque famille, ainsi que la classification que l'étude de leurs mœurs nous a déterminé à adopter. CLASSIFICATION DES PASSEREAUX. EE A SE PRE EE Dumicoles . . NOMS DES GENRES ET DES SOUS-GENRES. Embernagra.... Saltator LU prepannlle loecssese +... Laniagra ...... Laniadées. Los co VMireo"s Fate | Thamnophilus. . Dumicoles. ../Formicivora. . .…. IL.° Famille. M Myothérinées. Ne Humicoles | Conopophaga... Ê Myothera. ..... ST IAUP=FanulleL-------s Rhinomya ..... à Rhinomydées.},,,,..,... .. | Pteroptochos... S . ; IV Famille. Sylvicoles....|Turdus.....,.. S |Turdusinées. ! Dumicoles ... |Orpheus....... * rase Donacobius . ... 5 SYVaser er ee e Sylvicoles.. .. { Hylophilus..... © . = V.: Famille. Dacnis. AT A | Sylviadées. \Dumicoles . .JSynallaxis ..... ns __. Humicoles . [Anthus DOC TEE 5 Nemosia se æ Tachyphonus. . = Sylvicoles… * Euphonia...... © o = VL.: Famille. Tanagran En Tanagridées. Pyranga....... < ne “e A CS À Phytotoma..... cl VIFS Famille loc ecosse a ue EE Er È Pipradées.® We 10. 3 pi RE RNA ES S {VIIL: Famille, F AE NE © JR, | Cephalopterus. . Y Coracinées. Oberula = Fam SOA fee + par E Ainpélidées, |" """""" ss P eee 2 Passe SANTErSina:s et (2) LIMITES D’HABITATION DES GENRES] Nombre Se, | des DRE Le à V'ouest | sonne [me smist) des Andes. tude australe. | 5°776s- E. |11°au 28°/0 à 5,000[ 1 | E. {11° au 28°10 à 5,000! 1 E. |11° au 32°/0 à 7,000| 13 E. |11° au 18°10 à 6,000[ 6 MA AUS IE te 3 E. |{1°au 23°|0 à 5,000 3 DA A EU 8 CEST ET UE 2 BA au PET : 1 | Dora Ha le ee 4 E. et O.[11° au 45°|0 à 11,000 5 E. et O.]11° au 45°10 à 11,000 5 | EMA raUP 28)... es 2 E. et O.|11° au 28°|0 à 5,000 5 Eu lama an ie Î E. |11° au 23°|0 à 5,000 4 E. et O.11° au 45°/0 à 11,000! 15 E. et O.|11° au 45°/0à 11,000 7 E. et O.|11° au 45°|0 à 18,000 5 E. |11° au 23°|0 à 5,000 3 E. |{1° au 28°|0 à 5,000 6 E. |11° au 28°|0 à 5,000 4 E. et O.|11° au 34°/0 à 11,000! 14 E. |11° au 28°/0 à 5,000 2 E. [11° au 23°/0 à 5,000| 1 E. [11° au 43°/0 à 8,000] 4 E. |11° au 34°|0 à 11,000 9 E. et O0.11° au 34°/5 à 11,000 3 / E. |11° au 18°/0 à 5,000 1 | End aur287) RENE 2 Et 0 à 5,000] 1 | E: "+ M9rau 20) 298000 1 E. |11° au 28°|/0 à 5,000 3 | ne EPA PR GS EE Î Nombre des espèces des familles. 27 37 46 Passe- reaux. Passe- reaux, Nombre LIMITES D’HABITATION DES GENRES] Nombre EE des à l'est NOMS CIC à CLASSIFICATION DES GENRES en élévation en : pieds au-dessus] SPECES du niveau de la mer, au 15.° des des degré de lati- tude australe. DES espèces PASSEREAUX. ET ou en latitude DES SOUS-GENRES. Ur t à l'oues australe. des Andes, genres. | familles, Report. 138 11° au 23° 5 11°’au 23° 11° au 45°10 à 11° au 28°0 à .[11° au 34°10 à 11° au 34°10 à lijaugail Labs 31° au 34° 11° au 45°|0 à 11,000 ra 23% ee . [11° au 45°)0 à 11,000 Muscigralla . L T8? 11° au 45°|0 à 18,000 11° au 45°,0 à 18,000 lieau 20h PER ere Psaris Pachyrhynchus. Sylvicoles.…... A7 à sai Hirundinea .... Muscipeta...... Muscicapa Alecturus....." X.° Famille. | Muscicapidées ; Dumicoles ... Gubernetes .... Fluvicola Humicoles ... Pepoaza SE Muscisaxicola.. .ÎE. L."° Famille. He Era Nyctibius FISSI- dées. ROSTRES Caprimulgus . … Hirundo 11° au 45°|0 à 18,000 11° au 23°|0 à 18,000 11° au 45°|0 à 18,000 11° au 34°,0 à 13,000 11° au 45°|0 à 18,000 11° au 34° 11° au 45°|0 à 11,000 11° au 23°|0 à 11,000 11° au 28°/0 à 9,000 .(11° au 23°10 à 5,000 11° au 28°/0 à 5,000 11° au 28°10 à 5,000 11° au 45°/0 à 18,000 11° au 45° 11° au 28°/0 à 5,000 11° au 28°/0 à 5,000 11° au 28°/0 à 5,000 11° au 45° 11° au 45°|0 à 8,000 11° au 34°|0 à 8,000 .[11° au 45°|0 à 18,000 11° au 28°|0 à 5,000 11° au 21°/0 à 7,000 11° au 34°|0 à 11,000 11° au 28°10 à 11,000 11° au 23°|0 à 5,000 IL. Famille. Hirundinées. Cypselus 40h Certhilauda . .. .JE. Dumicoles et (Emberiza ,.....1E. Graminicoles. | Passerina Fringilla Carduelis Sylvicoles.. . . {Linaria Pitylus Pyrrhula Garrulus Cassicus Sturnidées. L'° Famille. : LR Dendrocolaptes. Certhidées. à} Lo KENUDS.... ie " } Anabasitta Anabates Grimpeurs. . IL.° Famille, Sittadées. > à Dumicoles .../Anumbius. .... | TÉNUI- TIT.° Famille, ROSTRES Uppucerthi- dées. IV.® Famille. Cœrébidées. Furnarius = x Uppucerthia... JE. Cœrebas 72. Serrirostrum ... L.'° Famille, Alaudinées. I1.° Famille. Fringillidées. CONI- ROSTRES IL. Famille. | Corvidées. IV. Famille. | V." Famille. Trochilus \ Trochilidées. SYNDAC- | Ornismya...... Prionites. ..... Alcedo .|11° au 34°|0 à 8,000 ( 155 ) Nous n'avons jusqu’à présent considéré les oiseaux passereaux que d’après passe- le nombre des espèces réparties dans nos diverses zones d'habitation, sans distinction de famille ni de genre; mais, après avoir fait connaître, dans le tableau, l’ensemble de ces familles et de ces genres, nous ne pouvons nous dispenser d’en tirer les déductions qui se présentent naturellement à nous. La première est la comparaison des familles que nous avons observées dans l’hémisphère austral, avec celles de notre Europe. Elles se divisent en deux séries distinctes : 1.”, celles qui sont communes à l’ancien et au nouveau monde; et 2.”, celles qui sont spéciales à l'Amérique méridionale. Dans la première série, les Laniadées ou Pies-grièches nous offrent un très- petit nombre d'espèces. Les Turdusinées ou les Merles s’y présentent en nombre à peu près égal à ceux de l’Europe; mais il n’en est pas de même des Syl- viadées ou Becs-fins, qui, comparativement, sont bien plus variés en espèces, en Europe, que dans les pays que nous avons visités; tandis que le contraire a lieu pour les Muscicapidées ou Gobe-Mouches. Cette dernière famille, à peine représentée, chez nous, par quelques espèces, forme, à elle seule, en Amé- rique, beaucoup plus d’un cinquième de la totalité des passereaux; ce qui montre , évidemment, que les insectes y sont bien plus communs que dans nos régions tempérées. Les Caprimulgidées ou Engoulevents sont plus variés en espèces dans les régions chaudes que dans notre Europe; les Hirundinées ou Hirondelles sont à peu près en proportions relatives de nombre. On en peut dire autant des Alaudinées ou Alouettes et des Fringillidées ou Moineaux. Les Corvidées ou Corbeaux sont en minorité dans l'Amérique méridionale, où quelques petites espèces à mœurs de geais viennent à peine remplacer ces oiseaux, si communs dans nos pays tempérés. Les Sturnidées ou Étourneaux offrent les résultats contraires. L'Europe possède, tout au plus, deux espèces de ces passereaux , amis de la société ; tandis qu'ils couvrent de leurs légions les plaines, les marais, la lisière des bois des zones tempérées, comme des zones brûlantes, de l'Amérique du Sud. Les Certhidées ou Grimpereaux sont, dans le pays qui nous occupe, beaucoup plus variés qu'en Europe; il en est de même des Sittadées ou Sittelles; mais les Alcyonidées où Martins - pêcheurs n’y sont pas très-nombreux, quoiqu’ils le soient plus que chez nous. Dans la seconde série (celle des familles propres seulement à l'Amérique), nous voyons les Rhinomydées relégués vers ses parties les plus australes, où leurs teintes sombres sont en harmonie avec une nature généralement aride; tandis que les Tanagridées, les Pipradées, les Ampélidées au plumage brillant, varié des couleurs les plus vives, habitent, au contraire, spéciale- IV. Or. 20 reaux. (4154) Pass ment des régions chaudes, au sein de cette végétation active et si diverse reaux. de la zone torride. Il en est de même des légers T'rochilidées ou Oiseaux- Mouches, répandus, le plus souvent, dans les seules régions chaudes et tem- pérées, dont ils ne sont pas le moindre ornement. Si nous venons, ensuite, à considérer les familles en raison du nombre d'espèces qu’elles renferment, elles se présenteront dans Pordre suivant : Muscicäpidées 7 SEE RENE N) RCSPTIEMIBIREES TIR EU 6 Tanagridées , + vins 6, C0 40 MAMpENdEET. 5 Fringillidées 40 aa Cuébidéesé. anal yst à à 5 Sylviacéest.. y vanotidaihe ion Rhynomydéess.use srgeme 5 Trochilidées ut. case. te ace EURE Corvidéessts # dust à 4 Myothérinées.:. sous m4 et. 9210) Alcronidées 02 A SERIES. 52 RL 77 Pipradées. . 3 SIA ÉBS ES CO RURR E EESTI Alaudinées 3 TUTAUSINÉES.. ES 2 2e cet in DAMIATERS IR us ste où Melle 2 HITURUIRÉES 7 0 A TN I CDPACIREES. à 7e rs TT Î CertRidées ; CRE A ONE CEA PIONILES PE) SOE ERE 1 Uppucerthidées; et 0 OO 7 Il nous reste à envisager les passereaux de notre tableau sous un dernier point de vue, celui de la comparaison des genres qui s’avancent le plus vers les parties australes de l'Amérique méridionale, ou de ceux qui s'élèvent davantage sur les Andes, au 15.° degré de latitude. Le tableau suivant les présentera sur la même ligne. ÉLÉVATION NOMS DES GENRES. LOTPE au-dessus du niveau AUSTRALE. de la mer, au 15. degré sud. Pieds. Ptéroptochos. 55° z Rhinomya. 45° Ê Turdus. 55° 11,000 Orphæus, 45° 11,000 Synallaxis. 45° 11,000 Troglodytes. 45° 11,000 Anthus. 45° 18,000 Culicivora. 43° 11,000 Fluvicola. 45° 11,000 Pepoaza. 45° 18,000 Muscisaxicola. A5° 18,000 Hirundo. 45° 18,000 Certhilauda. 45° 18,000 Passerina. 45° 18,000 Icterus. 45° 18,000 Sturnella. 45° Ê Uppucerthia. 45° 18,000 (155) Il est facile de juger, comme nous l'avons déjà fait remarquer, en parlant de nos zones de latitude et de hauteur, qu'il y a concordance parfaite entre les genres qui habitent les parties australes du continent américain et ceux qui s'élèvent le plus sur les Andes. De tous les passereaux, ceux qui nous ont semblé arriver à une plus grande hauteur au-dessus du niveau de la mer, sont principalement les Huppucerthies, les Sirlis, les Muscisaxicoles et les Passerines, qu'on rencontre peu au-dessous des neiges perpétuelles et sur tous les plateaux élevés. Si nous considérons les passereaux sous le rapport de leur habitation, de leurs mœurs et de leur division, suivant qu'ils vivent dans les forêts, dans les plaines buissonneuses, dans les marais, sur les rochers ou sur les plaines de graminées, leur étude nous présentera les résultats suivans : CRUE te ADM 158 de l'extérieur des branches . . . . 67 espèces. de l’intérieur des branches . . . . 58 — asile nnmsodto { du sommet des buissons . . . . . 149 — de l’intérieur des buissons . « . . 70 — Oiseaux des marais, sur les jones ou plantes aquatiques. . . . . . 14 — Du des Tuchers Ou des MAISONS. _. . . .…,. . … à + + ce + + T1 — Oiseaux des plaines, spécialement marcheurs et non percheurs . . . 26 — Ces chiffres comparatifs montrent, de suite, que les lieux couverts de buissons recèlent le plus d’espèces; aussi, dans les régions chaudes, comme nous l'avons vu, le nombre des passereaux des plaines se trouve-t-il bien supérieur à celui des passereaux des montagnes; parce que, là, se rencon- trent plus de buissons que partout ailleurs; et parce qu'ils trouvent aussi, là, plus d'insectes et de graines propres à leur nourriture. La migration des passereaux, si régulière en Europe, est tout à fait diffé- rente dans lhémisphère austral, Plus d'oiseaux voyageurs qui pondent dans une région, dans une saison déterminée, pour aller, ensuite, en faire autant en des régions plus chaudes en hiver, plus tempérées en été. Beaucoup de passereaux de l'Amérique méridionale voyagent, il est vrai, soit pour fuir les rigueurs du froid, soit pour chercher les alimens qui leur manquent; mais aucun n’émigre dans le sens que nous donnons à ce mot en Europe, et quoique, souvent, l’une de ces causes y amène, nécessairement, l’autre, il n’en est pas toujours ainsi en Amérique. La migration des passereaux, déterminée par le froid, les force bien à se diriger du Sud au Nord, ainsi que le dit Azara ‘; mais non pas invariablement, 1. Azara, Voy. dans l’Amér. mérid., t. IL, p. 10. ( 156 ) Pas comme le croit l’auteur espagnol, qui n’a vu que des pays de plaine; car, reaux. si les espèces des régions froides ou tempérées des pays plats suivent cette marche, en s’avançant vers des zones plus chaudes, il arrive précisément le con- traire pour les oiseaux montagnards, lesquels descendent, alors, des sommets élevés dans les plaines, se dirigeant de l'Ouest à l'Est, sur le versant oriental des Andes, et sur le versant occidental, de PEst à l'Ouest. Ce fait établi, lon voit facilement que la direction des migrations, due à l’abaissement de la température, ne suit pas, invariablement, la marche du soleil, ni même une direction fixe. En effet, indépendamment des oiseaux sédentaires des parties froides, comme la Patagonie (du 41° au 45.° degré), et qui sont en petit nombre, tous les autres en partent peu après la nichée, en Mars ou en Avril, et S'avancent vers le Nord, jusqu'à Buenos-Âyres, au 34.° degré; tandis que ceux de ces contrées en partent à la même époque, pour aller jusqu’au 28.° degré de latitude, à Corrientes, au Chaco et au Brésil méridional, remplacer, dans ces nouvelles régions, les espèces qui s’en éloignent, afin d'aller encore plus vers le Nord. Ainsi, lon voit, dans ces trois zones, des espèces distinctes se remplacer périodiquement, tous les ans, les unes en été, les autres en hiver; mais ces oiseaux, dans leurs migrations d'hiver, ne font jamais leur nid’, et nous les avons toujours vus, aussitôt les froids passés, en Août et en Septembre, repartir par troupes, comme ils sont, le plus souvent, venus, et retourner nicher dans les contrées qu’ils fréquentent, tous les ans, pendant les chaleurs. Ces migrations sont on ne peut plus régulières dans tous les pays au sud des tropiques, sur les plaines et sur les collines orientales des Andes, depuis la Patagonie jusqu'au Brésil et au Paraguay; mais, sur le versant occidental des Andes, nous n’en avons vu aucune du Sud au Nord, n’y ayant rencontré que celle d'hiver des montagnes vers les vallées. La migration des espèces montagnardes vers les plaines, s'opère aux mêmes époques et dans les mêmes conditions que celles des plaines; ces espèces passent aussi tout lhiver dans des régions plus tempérées; mais elles n’y font pas leur nid. Ainsi presque toutes les espèces des Andes descendent les unes vers les plaines des Pampas, du Chaco ou même plus au Nord, dans celles de Santa -Cruz de la Sierra; tandis que les espèces du versant opposé vont jusqu'aux rivages de la mer, au Chili, au Pérou, et retournent, ensuite, dans leurs montagnes, afin d’y nicher. Les genres qui exécutent, le plus régu- 1. Le savant observateur, M. le prince de Neuwied, a fait la même observation au Brésil. Voyez p- 2 du t. IT, Beiträge zur Naturg. von Brasilien. (157 ) lièrement, ces voyages annuels, sont : les Merles, les Becs-fins, les Synallaxes, pase- les Pipis, les Embernagres; presque toutes les divisions des Gobe-Mouches; 7 les Engoulevents, les Hirondelles; tous les Fringillidées, les Troupiales, les Anabates; et, enfin, les Martins-pécheurs. On sent bien que, puisque des oiseaux insectivores et granivores viennent remplacer, en des contrées déterminées, des oiseaux ayant le même genre de vie, ce n’est pas toujours le manque de nourriture, mais souvent le froid, qui chasse vers le Nord les espèces d’une latitude méridionale. De ce que les nouvelles arrivées trou- vent à vivre pendant toute la saison froide, on doit conclure que l’abaisse- ment de la température a plus de part aux migrations que le manque réel d’alimens, à moins, toutefois, que quelques espèces n'aient besoin de graines ou d'animaux particuliers, qui disparaissent, momentanément, pendant les froids. IL est une seconde classe d'oiseaux émigrans, dont les voyages ne sont pas déterminés par l’abaissement de la température, mais bien par habitude ou par le besoin de chercher leur nourriture; ce sont ceux de la zone torride, quelques-uns voyageant périodiquement et d’autres continuellement, sans suivre des directions toujours régulières. On pourrait croire que ceux qui paraissent périodiquement observent la loi générale des migrations; mais doit-on attribuer les habitudes voyageuses de ceux qui ne paraissent pas à des époques fixes, à l'influence de la saison sur la maturité des graines ou sur léclosion de telles ou telles espèces d'insectes? ou l’irrégularité de l'époque de leur apparition serait-elle due à des circonstances locales tout à fait exception- nelles, qui peuvent faire manquer totalement, dans tels lieux déterminés, les graines ou les insectes, et forcer les passereaux qui s’en nourrissent à en aller chercher ailleurs? Ces deux circonstances nous paraissent influer également sur ces voyages, que nous regardons moins comme des migrations réelles, que comme des changemens accidentels de localités. Quoi qu'il en soit, la proportion relative des passereaux voyageurs et des passereaux sédentaires est de 129 pour les premiers, et de 266 pour les seconds; ainsi, dans les parties de l'Amérique méridionale que nous avons parcourues, les passereaux sédentaires lemporteraienten nombre d'un peu plus de la moitié sur les passereaux voyageurs. Ces derniers sont particulièrement des régions tempérées et froides; néanmoins, il y a des passereaux sédentaires par toutes les latitudes; et si, dans notre tableau, nous n’avons pas indiqué les genres qui suivent ces diverses lois, c’est que, très-souvent, chacun d’eux offre des espèces qui appartiennent aux deux catégories. Passe reaux, (158 ) Dans un pays où les insectes sont si nombreux, il devait, nécessairement, y avoir plus d'oiseaux insectivores que d'oiseaux granivores ou frugivores; et c’est ce que nous avons observé; car, des espèces recueillies, 267 vivent d'insectes, tandis que 128 seulement se nourrissent de graines ou de fruits; ainsi les insectivores ne seraient supérieurs en nombre aux granivores que d'un peu plus de la moitié. Néanmoins, l'Amérique méridionale est, peut- être, le pays du monde où les oiseaux suivent le moins un régime régulier; aussi voit-on beaucoup de granivores et surtout de frugivores manger, selon les circonstances, des insectes et des mollusques. Il serait plus juste de dire qu'en hiver beaucoup d’entr’eux sont omnivores; car nous avons vu, souvent, dans cette saison, près des fermes où l’on élève les bestiaux, des passereaux insectivores et granivores venir manger, avec plaisir, la chair de bœuf, qu'on étend, fréquemment, sur des cordes, pour la faire sécher. La pie acahé, les diverses espèces de troupiales, des tyrans et autres gobe- mouches, le fringille pavoare, se disputent, alors, à l’envi, des lambeaux de chair, qui remplacent leur nourriture habituelle. La sociabilité est, proportion gardée, plus rare chez les passereaux que parmi les gallinacés, les échassiers etles palmipèdes; non-seulement beaucoup d'entr'eux, comme les fringillidées et quelques tanagridées, se réunissent par troupes, aussitôt après la pariade, mais encore on voit plusieurs autres espèces, les caciques et les troupiales, se rapprocher davantage, en cet instant, qui, parmi les autres oiseaux, motive, d'ordinaire, une séparation momen- tanée par couples. En général, les plus sociables sont ceux des plaines, presque toujours les granivores, d’où provient la minorité numérique des oiseaux sociables; car, parmi les insectivores, nous ne rencontrons que quelques gobe-mouches, les hirondelles et les engoulevents, qui se réunissent seule- ment pour les migrations lointaines. Lei se termine l'exposé des généralités que nos observations nous ont permis de recueillir sur les passereaux. Tous les autres points de vue sous lesquels nous pourrions les envisager, sont trop spéciaux pour trouver place ailleurs qu'en tête de chaque genre en particulier, Nous renvoyons donc aux descrip- tions partielles pour tout ce qui se rapporte aux mœurs et aux habitudes des espèces, aux modes si divers de vol, de marche, de chant, et, surtout, de nidification, aussi variés que les oiseaux qui les composent. (159 ) FAMILLE: LANIADÉES, Lanr4px. Laniadiées, Lesson. Nous ne laissons, parmi les vrais laniadées d'Amérique, que les genres Laniagre et Viréon, les seuls, entre les oiseaux insectivores à bec fort, crochu et denté à son extrémité, qui conservent, au nouveau monde, des mœurs analogues à celles des pies-grièches de l’ancien. Ce sont, en effet, les seuls qui soient essentiellement voyageurs, et qui se tiennent exclusivement au sommet des arbres et des buissons, ne pénétrant jamais dans les halliers. Ils habitent exclusivement à l’est des Andes dans l'Amérique méridionale. Quel- ques-uns se trouvent, aussi, aux Antilles et dans l'Amérique du Nord; de sorte qu'ils s'étendent bien plus que les myothérinées, ce qu’explique la lon- gueur de leurs ailes, qui leur permet de passer des zones chaudes aux zones tempérées et d’habiter également les continens et les îles. Genre LANIAGRE, Zaniagra, Nob. Tanagra, des auteurs; Lanius, Licht.; Thamnophilus, Temm.; Laniagra, d'Orb. et Lafr., Syn. CaracrÈres. Tête très-grosse; corps raccourci; bec très-élevé, fort, peu long, arqué, dès sa base, fortement comprimé, crochu à son extrémité, et muni, à cette partie, d’une légère échancrure; commissure presque droite; narines arrondies, placées à la base des plumes; queue longue, égale, grêle?; ailes courtes, la cinquième rémige la plus longue, la première très-courte; tarses médiocres, robustes ; doigts forts, à ongles brusquement recourbés. Nous formons ce nouveau genre, afin d'y placer un oiseau (le T'anagra guyYanensis , Gmel. ) renvoyé, successivement, par les auteurs, dans plu- sieurs genres, auxquels on ne pouvait le rapporter en aucune manière. Décrit parmi les Tangaras, par Gmelin, Buffon et Azara, il y a été conservé par M. Lesson ; Cuvier, dans son Règne animal *, le renvoie aux pies-grièches ; 1. Une revue sévère des espèces et de leurs mœurs nous a forcé de changer quelques-unes des divisions que nous avons établies, avec M. de Lafresnaye, dans notre Synopsis avium. 2. Les pies-grièches de cette division et les viréons qui suivent, sont les seules pies-grièches dont la queue ne soit pas étagée, celles d'Europe, d'Afrique et les bataras d'Amérique ayant tou- jours ce caractère. 3. Seconde édition, t. 1, p. 368, notes, et p. 351. Passe- reaux, Passe- reaux. ( 160 ) Lichtenstein le place dans le genre Zanius; M. le prince Maximilien de Neuwied, avec les Thamnophilus, où M. Temminck Pa conservé. Cepen- dant il est, à la première vue, facile de se convaincre que cet oiseau n’a que des rapports éloignés avec les bataras, qui ont, en effet, le bec tou- jours beaucoup plus long, le tarse plus allongé, la queue étagée. Ses mœurs n’y sont pas plus analogues, puisqu'il se tient au sommet des arbres, et non dans les halliers; d’un autre côté, comme la compression de son bec à l'extrémité crochue Péloignait des tangaras, nous prenons le parti d’en former un nouveau genre, auquel nous imposons le nom de ZLaniagra, qui rappelle, en même temps, ses ressemblances avec les deux genres aux- quels on Pa rapporté. On peut dire, en un mot, que cet oïseau est une pie- grièche à mœurs de tangaras. On ne l’a rencontré qu'à l’est des Andes. Le sexe n’amène aucun des changemens de couleurs qu'on remarque chez les bataras. Ce groupe serait bien voisin des falconelles de la Nouvelle-Hollande ; car il en a le bec. LANTAGRE VERDEROUX, Zaniagra guyanensis, Nob. Tanagra guyanensis, Linn., Gmel., Syst. nat., edit. 13, gen. 3, sp. 30 ; le Verderoux, Buff., t VIT, p. 385 ; Lath., gen. 37, sp. 24, Syn. Il, p. 231, n° 25; Lindo verte de frente de canela , Azara, n° XCVN; Lanius guyanensis, Licht., n° 5273; Thamnoplilus guyanensis, prince Max., p. 1016 ; le Sourci-roux, Levaill., Ois. d'Afr., t. II, p. 81, t. 76, fig. 2; Ta- nagra guyanensis, Desm.; Tangaras, 44, Less., Traité, t. I, p. 162. Laniagra. Capite supra griseo rufo; superciliaribus rufis; genis guttureque griseis ; supra viridi; pectore abdomineque fulvis; remigüs, rectricibusque brunneis , viridi limbatis. À l'état vivant. Bec brun, rosé à la mandibule supérieure; bleu vif à la base de l’infé- rieure; yeux aurore vif; tarse rosé pâle. Longueur totale, 16 centimètres; vol, 26 centi- mètres; circonférence du corps, 10 1/2 centimètres. L'âge et le sexe amènent peu de changemens : les mâles ont constamment les couleurs plus vives, la tête plus bleuàtre, et le ventre roussätre; chez les femelles ou chez les jeunes, le ventre est presque blanc, et le jaune du devant du col à peine distinct du gris de la gorge.! Le verderoux paraît être répandu sur presque toutes les parties chaudes du versant oriental des Andes. En effet, il a été observé à la Guyane, par Sonnini; au Paraguay, par Azara; dans la province des Mines du Brésil, par M. le prince Maximilien; tandis que, d’un autre côté, nous l'avons rencontré beaucoup plus au Sud, dans la province de mo 1 7 OR 00 VOOR COR ON OS D ANIIONS LINE RER EN DR 1. Nous avons fait en voyage même, sur le vivant, les descriptions complètes de chaque espèce 1. 2. : le : she « d'oiseaux; mais nous nous abstenons de les reproduire ici, lorsque ce sont des espèces connues. ( 161 ) Corrientes, dans celle de Chiquitos (Bolivia), et sur toutes les montagnes boisées du versant oriental des Andes boliviennes , dans les provinces de Yungas, d’Ayupaya et de Rio grande. Nous pouvons en conclure qu'il habite depuis la ligne jusqu’au 28. degré de latitude sud; et depuis les Andes jusqu’à l'Océan atlantique. S'il y a, pour les oiseaux, des parages préférés, où les individus d’une même espèce soient plus communs, cette règle n’est pas applicable à tous; car l’oiseau qui nous occupe, cité comme rare par Sonnini et par Azara, dans les lieux qu’ils ont visités, nous a paru l'être également partout. Nous l'avons pourtant trouvé moins rare dans les ravins des montagnes de la province de Yungas, à la hauteur d'à peu près cinq à six mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Cet oiseau, sous beaucoup de rapports, a les mœurs des tangaras proprement dits: on le voit, comme ceux-ci, toujours au sommet des arbres des ravins ou des bois, sur- tout dans les lieux chauds et humides; rarement il descend sur les branches basses, et jamais nous ne l’avons vu à terre; mais on ne le rencontre pas par troupes, ainsi qu'eux; il vit, au contraire, par couple ou isolé. Il mène, sur les petites branches, à peu de choses près, le même genre de vie que les bataras, dans les halliers; toujours en mouve- ment, parcourant toute la coupe d’un arbre, y poursuivant les insectes dont il se nourrit, tout en faisant entendre, à chaque instant, un cri assez fort, qui décèle sa présence avant qu’on ne l’aperçoive; mais, dans certains cas, pour saisir un insecte, il se cramponne aux branches, à la manière des mésanges, ce que ne font jamais les bataras. Il est assez familier pour s'approcher mème des habitations; il ne se mêle pas aux autres oiseaux, ceux-ci le fuyant, sans doute parce que, souvent, il les attaque et même les tue. Un oiseau de cette espèce, qu’on avait mis dans une cage à Corrientes, pour nous l’apporter en même temps que beaucoup d’autres espèces de passereaux, avait mis à mort, en un jour, deux de ses compagnons de captivité, dont il avait mangé la cervelle. Il serait possible que, dans les contrées où nous avons rencontré le verderoux, il y fût seulement de passage; car nous ne l’avons aperçu que dans les mois de Juillet à Septembre, qui correspondent à la fin de l'hiver et au printemps de l’hémi- sphère austral. GExRe VIREON, 72reo, Vieill. Sylvia, Wils.; Pie-grièche, Cuv.; Tangaras, Less. Les viréons different essentiellement des pies-grièches proprement dites, par leur bec plus allongé et plus mince; ils se confondraient avecles T’am- nophilus, S'ils n’en différaient par leur queue terminée carrément, et même échancrée, par leurs ailes longues, dont les deuxième, troisième et quatrième pennes sont égales. Leur facies est celui des fauvettes; mais leur bec est, en tout, celui des bataras, et non celui des tanagridées, dont Vieillot et M. Lesson les avaient rapprochés. Ce sont des T'hamnophilus à queue égale et allongée, et à bec grêle. Le sexe n’amène, en eux, aucun changement de couleur, caractère IV. Oùs. 21 Passe- reaux. ( 162 ) Passe- négatif qui distingue encore les viréons des bataras. Ces oiseaux sont forestiers. reaux. Quelques-unes de leurs espèces habitent également les deux Amériques et les Antilles; mais, dans l'Amérique méridionale, on ne les trouve qu’à l’est des Andes. : VIREON VERDATRE, Y7reo olivaceus, Nob. Motacilla olivacea, Linn., Gmel., Syst. nat., n° 14? Sylvia olivacea, Lath., Syn., III, p. 351, n.” 52? Muscicapa olivacea, Wils., 4m. orn., t. I, pl. 12, fig. 3; Lanius olivaceus , Licht., n° 525; Wireo wirescens, Vieill., Dict., t. 36, p. 407, et Encycl. méth., p. 786; Thamno- philus agilis, Spix, pl. 34, fig. 1. V'ireo. Viridi-olivaceus , pileo leucophaco, superciliis flavicantibus, gastræo albo, remige prima quarlam æquante. Sur le vivant. Bec bleuàtre; yeux bistrés; pieds bleus. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 14 centimètres. Les seules différences de couleur que nous ayons remarquées sont des teintes plus sombres chez les femelles, qui ont la tête moins bleue; et, chez les jeunes de l’année, le ventre quelquefois entièrement jaune. Cette espèce est du nombre de celles qu’on rencontre également dans les deux Amé- riques. Jusqu'à notre voyage, elle n’avait été trouvée que dans l'Amérique septentrionale, où elle parait commune; mais nous l’avons rencontrée, successivement, depuis le 30° degré de latitude sud, sur les rives du Parana, à Corrientes, jusque dans les plaines chaudes du centre de l'Amérique méridionale (provinces de Moxos et de Chiquitos), ainsi que sur les montagnes boliviennes des provinces de Yungas et de Yuracarëès, seulement jusqu’à la hauteur de trois à quatre mille pieds au-dessus de la mer, et sur le versant oriental des Andes; et, comme M. de la Sagra l’a aussi rapportée de l'ile de Cuba, on peut dire, avec certitude, qu’elle habite toutes les parties chaudes des deux Amériques et des Antilles. Ce n’est pas exclusivement au sein des halliers, demeure habituelle des Tamnophi- lus, que nous avons rencontré notre viréon : il y descend bien quelquefois, lorsqu'il les trouve assez élevés; mais il aime plus particulièrement les bois, qu'il parcourt incessamment, en tous sens, sans paraitre au sommet des grands arbres, ni approcher beaucoup des lisières. Là, commun par cantons seulement, on le voit, dès le matin, sautiller de branches en branches, surtout sur les plus basses, avec une extrème vivacité, sans jamais prendre de repos, et parcourir l’intérieur des bois, y cherchant les insectes, dont il se nourrit. Non-seulement les grandes forêts des plaines lui servent de demeure, mais encore celles des montagnes, ainsi que les ravins humides des rivières, le milieu des coteaux secs. Nous avons tout lieu de croire qu’il vit, toute l’année, dans les mêmes lieux; car nous l'avons également rencontré, chaque saison, parcourant, avec détail, 1. Nous rappellerons cette circonstance dans le bel ouvrage que publie, en ce moment, M. de la Sagra, sur l'ile de Cuba, et pour lequel nous nous sommes chargé de la partie ornithologique. (163) le plus épais des forêts. Il est presque toujours solitaire, hors la saison de la nichée; et Passe- son petit cri, qu’il fait entendre continuellement, en sautillant, avertit seul de sa pré- NS sence. Cependant il ne se cache pas, et l’apparition de l’homme l’effraie rarement ; son vol a beaucoup de rapport avec celui des bataras; il est, néanmoins, plus prolongé et peut fournir de bien plus longues traites. Nous ne l'avons jamais vu à terre. II FAMILLE. MYOTHÉRINÉES, MYOTRERIN #. Myotherinæ, Richards., Ménétr.; Myotheridæ, Boie; Fourmiliers, Less. Cette famille, dans laquelle nous réunissons les genres T'hamnophilus, Formicivora, Myrmothera, Conopophaga et Myothera , nous paraît on ne peut plus naturelle; car elle ne renferme que des oiseaux qui vivent, pour ainsi dire, ensemble, dans les mêmes lieux. Bien différens des pies-grièches de l’ancien monde, qui se tiennent sur les arbres ou, au moins, sur les buissons, des laniagres et des viréons, qui ont le même genre de vie, ils sont tous essentiellement buissonniers, habitant le plus épais des halliers et des fourrés. En comparant ces oiseaux avec les pies-grièches, on trouvera que les bataras s’en rapprochent par leur bec crochu et denté, par leur queue longue et étagée; mais qu'ils en diffèrent essentiellement par la brièveté de leurs ailes arrondies, qui en fait des oiseaux sédentaires et non voyageurs, par leurs tarses et leurs doigts longs et grêles, qui les rapprochent des espèces à mœurs purement terrestres, des fourmiliers, par exemple, auxquels ils se lient intimement par des passages insensibles. En effet, que, de ces ’amnophilus à bec fort, comme le 7°. major, on passe aux f'ornucivora, on trouvera, en tout, les mêmes mœurs, le même genre de vie; mais ils ont déjà le bec faible et comprimé des fourmiliers, ne ressemblent déjà plus à nos Lanius, et pré- sentent, au contraire, les premiers chainons qui unissent les bataras aux fourmiliers, par les myrmothères, aux mœurs semblables, encore distingués de ceux-ci seulement par une queue plus courte, caractère de peu d’impor- tance, et qui annonce pourtant, déjà, des oiseaux plus marcheurs. D'ailleurs, nous le répétons, toutes les espèces de cette famille, indépendamment de ce qu’elles mènent le même genre de vie, ont un facies qui les rapproche les unes des autres. Leurs traits les plus saillans sont d’avoir les tarses et les doigts allongés, grèles ; le doigt externe réuni à l'intermédiaire à sa base; les ongles médiocres; les plumes coccygiennes longues et fines, et surtout du blanc, qui se montre à la base des plumes des interscapulaires, chez les mâles Passe- reaux. ( 164 ) de presque toutes les espèces. Ce dernier caractère est, il est vrai, de peu d’im- portance en zoologie ; mais il annonce, au moins, des rapports intimes qu’on chercherait vainement dans beaucoup d’autres familles. Nous en concluons, qu'il est on ne peut plus naturel de séparer entièrement cette famille des pies- grièches de ancien monde, tant à cause de ses habitudes et de ses caractères, si différens, que d’une certaine unité de formes et de mœurs qui lie toutes les espèces que nous y plaçons. On voit que, par cette division, nous avons restreint, de beaucoup, les Laniadées américains, pour augmenter largementles Wyotherinæ, en y ajoutant tous les véritables Z’'hamnophilus, qui sont, tout simplement, des Myothérinées à bec plus fort, mais également buissonniers. Après y avoir mûrement et long-temps réfléchi, nous avons été amené à changer l’ordre des idées admises. Huit années d'observations sur le sol américain, et, à notre retour, une revue des travaux de nos devanciers, nous ont tout à fait fixé à cet égard, et nous présentons, ici, le résultat de ces recherches. Pendant long-temps, le genre Myothera, créé par Iliger, était le réceptacle de tous les oiseaux qui avaient, parmi les passereaux dentirostres, peu de caractères tranchés; aussi nos ornithologistes, tels que Cuvier', Temminck?, Vieillot? et Lichtenstein‘, n’avaient-ils pu réussir à le débrouiller, faute d'observations sur les mœurs, propres à fixer les coupes à établir, et à faire que celles-ci fussent plus naturelles qu’artificielles. Azara * n'avait parlé que des bataras; en vain M. le prince de Neuwied jeta-t-il de la lumière sur cette famille, dans son excellent ouvrage sur les oiseaux du Brésil; en vain, aussi, Swainson ? établit-il quelques coupes génériques. Il restait encore à faire un travail d'ensemble, qui demandait du courage, et qu'un voyageur ayant vu les espèces vivantes pouvait seul entreprendre. M. Ménétries vient enfin de combler cette lacune, en publiant sa monographie de la famille des Myotherinæ®. Nous ne saurions donner trop d’éloges à ce travail, pour la jus- tesse des coupes génériques et pour le fonds d'observations qu'il demandait. . Règne animal. . Planches coloriées et Système général. . Encyclopédie méthodique et Dictionnaire d’histoire naturelle. . Verzeichniss der Doubletten, etc. . Apuntamientos para la historia de los Pajaros. . Beiträge zur Naturgeschichte von Brasilien. . Zoological Journal, 1. 1,n. VI. QD "1 © Or A C0 RO ma . Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. (165 ) On verra que, dans le nôtre, nous avons adopté presque toutes les divisions a de ce savant, joignant seulement les bataras à la famille des Myotherinæ, généralisant beaucoup moins les mœurs de la famille, qui varient infiniment, selon les genres, et les spécialisant à chaque coupe, la seule chose que laisse à désirer la monographie de M. Ménétries. Les oiseaux que renferme cette famille, sont tous du versant oriental ‘des Andes et des plaines boisées de Pest; restreints entre les tropiques, ou $’'avan- çant à peine à quelques degrés en dehors, ils ne paraissent jamais dans les régions froides, ne s'élèvent pas, par la même raison, à plus de quelques mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur les montagnes; ne sont pas voyageurs et se tiennent toujours au sein des halliers et des forêts. L® Division. MYOTHÉRINÉES DUMICOLES, Dumicolæ , Nob. BATARA, Thamnophilus, Vieill. Caractères. Bec fort, droit, arrondi en dessus, fortement courbé et denté à son extrémité, comprimé; mandibule inférieure concave en dessous, à sa base, et munie d’une échancrure à son extrémité; narines ovales, quelque- fois cachées en partie; tarses forts, assez courts; doigts robustes, l’externe et l'intermédiaire faiblement unis à leur base, ce doigt plus long que l’interne; ailes courtes, la première rémige tres-courte, la quatrième ou cinquième la plus longue; queue étagée, le plus souvent longue et large; plumes coccy- giennes longues; le plus souvent du blanc à la base des plumes interscapu- laires, chez les mâles; les deux sexes tout à fait différens de teintes; les mâles généralement avec la tête noire, et plus ou moins variés de cette teinte; les femelles presque toujours roussâtres. Les bataras sont, en Amérique, les représentans de nos pies-grièches, avec cette différence importante dans les mœurs, qu’au lieu d’être continuellement sur les buissons, ils sont, au contraire, toujours dans Pintérieur et paraissent rarement en dehors. Ce sont des buissonniers par excellence, qui tous vivent à l’est des Andes; au moins n’en connaissons-nous aucune espèce qui ait été apportée du versant occidental de cette grande chaîne. Ils sont circonscrits entre les tropiques, et peu de leurs espèces en sortent; encore restent-elles dans des régions tempérées. Nous ne les avons pas vus passer, vers le Sud, le 32.° degré de latitude, ni remonter sur les montagnes au-delà de cinq à six mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Ils vivent en tous les lieux où se présentent des fourrés épais, soit dans les haies, autour des maisons, soit dans ( 166 ) Passe- Jes champs abandonnés, au sein des forêts, ou bien dans ces petits bois peu reaux, élevés et chargés d’épines, nommés chaparrales par les Espagnols, et qui carac- térisent certaines parties du centre de PAmérique méridionale. Is vont habi- tuellement isolés ou par couples; et, des plus familiers, s’'approchent des lieux habités, toujours en sautillant sur les branches basses des buissons, qu'ils parcourent, en tous sens, afin d’y chercher des insectes et leurs larves, et des fourmis; ils descendent très-rarement à terre, et seulement à leffet d'y saisir une proie, qu'ils vont manger, ensuite, sur les branches basses des arbustes. [ls nous ont paru sédentaires dans les contrées où ils naissent, mais passant toujours d’un lieu à Pautre. Quel voyageur, au sein de ces sites sauvages, si communs en Amérique, n’a été frappé, surtout au printemps, des chansons bruyantes des bataras, de ces gammes sonores que les mâles font entendre, surtout au temps des amours ? Tout leur corps frémit de bon- heur; leur huppe se relève; ils ouvrent les ailes, et montrent tous les signes du plaisir, tandis que la femelle s'apprête à répondre à leurs transports, mais par des accens moins prononcés. Ces conversations frappent souvent l'oreille; cependant on cherche en vain qui les produit, les oiseaux étant presque toujours cachés en des fourrés si épais que les rayons du soleil y pénètrent à peine, C’est même là qu'ils déposent, à quelques pieds au-dessus de terre, leur nid, formé de bûchettes, en dehors, et, quelquefois, de crin en dedans; leurs œufs ont beaucoup de rapports avec ceux de nos pies-grièches ; de même ils sont souvent blanchâtres, tachetés de rouge-violet. Ce sont les Bataras des Guaranis. SecTion À. Queue longue et large. CaracrÈres. Queue longue, fortement étagée, large; bec fort, comprimé, arrondi en dessus. Les mâles toujours d’une couleur différente des femelles. LE GRAND BATARA, Thamnophilus major. Thamnophilus major, Vieill., Encycl., p. 7443; Batara el major, Azara, n° 211; Lanius sta- gurus, Licht., n° 487; Thamnophilus albiventer, Spix, p. 3413 Thamnophilus stagurus , prince Max., p. 9903; d'Orb. et Lafr., Syn., n° 1, p. 10; Mag. de zool. Thamnophilus. Mas. Subcristatus (pennis verticis elongatis angustis), supra ater; subtus albus, maculis albis ad apices tectricum et ad latera rectricum omnium." V'ariat adultior maculis rectricum majoribus, confertioribus, subtus confluentibus ; cauda subtus septem fasciata; remigibus albo marginatis. Long. 21 cent. Fem. Subcristata, supra cinnamomea; subtus sordide alba; tectricibus apice cine- rascentibus. ( 167 ) Sur le vivant. Pieds bleuâtres; yeux rouges; bec noir à son extrémité et en dessus, bleu ailleurs. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 21 centimètres; vol, 29 centimètres; circonférence du corps, 12 centimètres. Les mäles adultes ont toutes les parties supérieures noires, les inférieures blanchà- tres, la base des plumes du dos blanc vif. Chez les jeunes mäles, les rémiges, au lieu d’être bordées, extérieurement, de blanc, le sont de roux assez vif; il en est de même des couvertures inférieures de la queue et des tectrices supérieures des ailes. L'oiseau n'a pris qu'à la troisième année les teintes qu’il doit conserver. Les femelles n’offrent aucune variété d'age; elles ont toujours les parties supérieures rousses, les inférieures blanchâtres. Jusqu'à nous, on n'avait vu le grand batara qu’au Paraguay et au Brésil, où M.’le prince Maximilien et Spix l'ont observé; mais nos voyages lui donnent des limites bien plus larges, puisque nous l’avons rencontré vers le Sud, bien au-delà des tropi- ques, dans la province de Corrientes, et même jusques au 32.° degré de latitude sud, sur les rives du Riacho de Coronda, près Santa-Fe, sur le Parana; puis, nous l'avons retrouvé, de nouveau, en Bolivia, à l’est des Andes, dans les provinces de Yungas, de Cochabamba, de Santa-Cruz de la Sierra; et, vers l'Est, dans toute celle de Chiquitos, jusqu’à la rivière du Paraguay. Nous croyons, en conséquence, qu’il couvre de ses indi- vidus le Brésil entier, le Paraguay, la république Argentine, jusqu’à Santa-Fe, tout le versant oriental des Andes, depuis la hauteur de cinq à six mille pieds, dans les mon- tagnes, jusqu'aux plaines les plus chaudes du centre de l'Amérique. Comme nous l'avons dit aux généralités sur le genre, celte espèce, sur la grande sur- face de terrain qu’elle habite, ne se trouve pas partout : il lui faut ou ces bois d’espi- nillos petits et rabougris, caractérisant le grand Chaco et la province de Corrientes, ou ces chaparrales qui, parmi les plaines du centre de l'Amérique méridionale, sont for- més de buissons d’épines et de petits arbres seulement; ou bien, encore, les haïes ou les halliers qui, au sein des bois, viennent toujours remplacer, dans les lieux cultivés, les champs momentanément soustraits, par l’homme, à l'ombre des forêts éternelles (les capuaires des Brésiliens); mais jamais on ne la trouve dans les forêts élevées. C’est invariablement au plus épais de ce tissu croisé de mille branches épineuses, que la vue perce à peine, qu'elle reste presque toujours, n’en sortant que quelques instans pour parcourir, quelquefois, l'intérieur d’un buisson isolé, sans jamais arriver à son extérieur; car elle se tient, de préférence, sur les branches basses, sur lesquelles elle sautille continuellement, en cherchant sa nourriture, qui consiste en insectes de tous genres. Elle est très-commune partout, et il est rare de ne pas l’entendre, lorsqu'on est près des halliers épais. Si, en parcourant le branchage, elle aperçoit, à terre, un insecte, elle des- cend aussitôt, mais remonte immédiatemeni sur le buisson, pour le manger. Nous devons supposer qu’elle n’est pas de passage, parce que nous l'avons vue dans toutes les saisons. Toute l’année elle vit seule, excepté l'instant des amours, qui est, pour elle, une époque de régénérescence; car, alors, les individus se recherchent, s'unissent; leur cri devient plus joyeux; ce n’est plus l'habitude qui le leur fait répéter, mais peut-être le désir qu'a Passe- reaux. (168 ) Passe le male d’égayer sa femelle. Celui-ci, au milieu des épines, relève les longues plumes de reaux. L : k k sa Lète, bat des ailes et articule, fréquemment, une gamme que nous avons bien souvent entendue, et que M. le prince Maximilien de Neuwied exprime par les notes suivantes’ : . L2 . Cette chanson est sonore et s'entend de très-loin. Le couple recherche le plus épais des fourrés, et la femelle y construit, assez près de terre, un nid composé de racines Lressées à l’intérieur, protégé, à l'extérieur, par beaucoup de petites branches épineuses; elle y dépose deux à quatre œufs blancs, tachetés de violet ?, dont les diamètres ont 26 et 20 millimètres. Il serait difficile de peindre jusqu'où va la sollicitude des parens pour leurs petits : si l’on approche d’eux, ce sont des cris, des menaces, même; la tête hérissée, les deux époux poursuivent limportun, jusqu’à ce qu'il se soit éloigné; mais, dès que les jeunes peuvent se suflire, tous les liens sont rompus, les parens ne les con- naissent pas plus qu’ils ne se recherchent eux-mêmes, et chacun reprend ses habitudes solitaires. Loin d’être craintif, toujours voisin des habitations, le grand batara se contente de s'enfoncer dans les épines, et paraît peu s'inquiéter de la présence de l’homme. Essentiellement querelleur, il poursuit fréquemment les individus même de son espèce, ou les autres petits oiseaux, qui viennent le déranger dans la solitude : alors ses allures sont celles de l'amour; sa huppe est relevée et sa pose menaçante. Il est toujours vif dans ses mouvemens, empressé dans ses manières, vole, néanmoins, paisiblement et seulement d’un buisson à l’autre; ce qu’explique la brièveté de ses ailes. Il ne va point à terre, et n’y descend qu’afin d’y saisir une proie. BATARA RAYÉ, 7 hamnophilus doliatus. Müäle. Lanius doliatus, Linn., Gmel., Syst. nat., ed. 13, p. 309, n° 16; Lath., Syn.,1, p.190, 2. 443 Pie-grièche rayée de Cayenne, Buff., Sonn., v. 3, p. 360, et Enl., n.° 297, fig. 1; Batara listado, Azara, n° 212; Lanius doliatus, Licht., n° 492; Thamnophilus doliatus, prince Max., p. 995; d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2, p. 10; T. radiosus, Spix, 4v., p. 24, tt. 25-2, et 38-1. Fem. Lanius rubiginosus, Bechst.? Lanius ferrugineus, Act. Par.; le Rousset, Levaill., Afr., t. 77, fig. 23 T'hamnoplilus radiatus, Vieïll., Encycl. méth., p. 746. Thamnophilus. Mas. Ater, albo undique confertim fasciatus. Fem. Supra castanea, subtus ferruginea, torque albo nigroque varia. Sur le vivant. Bec bleu, teinté de noirâtre à son extrémité; pieds et ongles bleu céleste; 1. Beiträge zur Naturg., p. 994. 2. Ces œufs, que j'ai vus à Santa-Cruz, ressemblent beaucoup à ceux de notre écorcheur. ( 169 ) yeux, blanc jaunâtre. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 18 centi- mètres; vol, 23 centimètres; circonférence du corps, 11 centimètres. Les vieux mâles ont le dessus de la tête noir, avec le milieu blanc; toutes les parties supérieures et inférieures rayées, transversalement, de noir et de blanc bleuàtre, la pre- mière teinte dominant en dessus, la seconde en dessous; gorge grivelée de noir, en long. Chez quelques individus, les stries ne se continuent pas sur le bas-ventre, qui, alors, est d’un blanc teinté de bleu. Les jeunes mâles ont les mèmes distributions de taches noires; mais, partout , le bleuätre est remplacé par du roux vif; le ventre n’a que des mouchetures noires, indiquant les stries qui doivent les remplacer, à la mue de la seconde année. Les femelles sont roux vif en dessus, roux très-pàle en dessous, avec quelques-unes des mouchetures noiràtres des mâles, seulement sur la gorge et sur les côtés de la tête. Le batara rayé avait été rencontré, avant nous, seulement à la Guyane et au Brésil; dès-lors, 1l était tout naturel de le retrouver dans toutes les zones chaudes des autres parties de l'Amérique méridionale; aussi Pavons-nous vu, successivement, dans toutes les parties de la république de Bolivia qui sont à l’est des Andes, depuis les montagnes boisées, élevées de cinq à six mille pieds au-dessus du niveau de la mer, jusqu'aux plaines centrales les plus chaudes; car nous l'avons observé, d’abord, à Chulumani et à Irupana, province de Yungas; ensuite dans celles de Santa-Cruz de la Sierra, de Chiquitos et de Moxos; de sorte que, si nous en jugeons par nos observations person- nelles, il ne serait propre qu’aux régions comprises entre les tropiques, et seulement à l'est des Andes. Cette espèce, beaucoup plus commune que la précédente, vit absolument dans les mêmes conditions; et, s’il est possible, recherche, avec plus de soin encore que les autres, les halliers les plus épais et les fourrés les plus impénétrables, où elle se croit tellement à l'abri des attaques de l’homme, qu'il faut, quelquefois, frapper long-temps sur un buisson, pour l'en faire sortir. Jamais nous ne lavons aperçue dans les bois, ni même dans les fourrés des grandes forêts, où, quelquefois, le grand batara se ren- contre encore. Elle est toujours en mouvement, le plus souvent isolée, sautillant au milieu du tissu le plus épais des épines croisées, cherchant les insectes dont elle se nourrit, et faisant entendre un cri fort et sonore, qu’elle répète fréquemment : elle descend rarement à terre; el son vol est toujours court et lourd, ne s'étendant que d’un buisson à l’autre; nous la croyons sédentaire. À l'instant des amours, elle niche au sein de ces mêmes halliers; son nid, très-profond, est attaché, par des fils, aux branches basses de l’intérieur des buissons; le dedans du nid est composé de paille fine, de crin, et recèle, selon Azara!', deux œufs blancs, jaspés, rayés de violet rougeàtre, et dont les diamètres sont de 1 1 3/4 et de 8 lignes. Les deux sexes les couvent alternativement. Les Espagnols de la province de Yungas, en Bolivia, connaissent les mâles sous le nom de recolete, à cause de leur plumage, varié de noir et de blanc. 1. Apuntamientos para la historia natural de los Pajaros del Paraguay, t. W, p. 197. IV. Ois. 22 Passe- reaux. Passe- reaux (170 ) BATARA ARDOISÉ, Thamnophilus schistaceus, Nob. Oiseaux, pl. V, fig. 1 (sous le faux nom de 7. fuliginosus1), et cité sous le même nom, Syn., p-10, n. 3. Thamnophilus. Totus schistaceus, obscurus; subtus pallidior ; remigibus posterio- ribus albescente limbatis; rostro pedibusque cæruleis. Sur le vivant. Yeux jaune rougeàtre; pieds bleus; bec ardoisé. Longueur totale, du bout du bec au bout de la queue, 14 centimètres; vol, 22 centimètres; circonférence du corps, {1 centimètres. Entièrement bleu ardoisé foncé, un peu plus clair en dessous; une bordure blan- chätre aux rémiges postérieures. Nous n'avons rencontré cette espèce qu’une seule fois, dans les halliers d’un champ abandonné, au sein des immenses forêts habitées par les Indiens yurucarès, au pied des derniers contreforts des Andes boliviennes, voisines de Cochabamba. Elle paraissait avoir les mœurs des autres oiseaux de ce genre; elle voltigeait au plus épais des buissons, tout en jetant un petit cri, d’instans en instans. BATARA TACHETÉ , Thamnophilus nœvius. Lanius nœvius, Linn., Gmel., Syst. nat., p. 304, n° 203; Licht., n° 496, p. 36; mas, Batara negro y aplomado, Az., n° 213, et fem., Batara pardo dorado, n° 2143 Thamnophilus nœvius , d'Orb. et Lafr., Syn., p. 10, n° 4; Thamnophilus cærulescens, Vieill., Enc., p. 743, et T. auratus , id., p. 743. Thamnophilus. Mas. Cæsius ; vertice medio atro ; alis caudaque atris, albo maculatis ; remiges extus albo limbatcæ. Fem. Supra olivaceo fusca; pileo castaneo; abdomine cinerascente pictura maris, sed rectricibus non, nisi apice, albis; quod quoque in junioribus masculis obser- vamus. Laicht. Sur le vivant. Yeux blanchätres; bec bleu, plus foncé en dessus; pieds bleus. Lon- gueur totale, du bout du bec au bout de Ja queue, 14 centimètres; vol, 21 centimè- tres; circonférence du corps, 10 centimètres. Le mâle. Tête noire en dessus; la queue; les ailes et le milieu du dos noir varié de blanc; une bordure blanche aux rémiges; les tectrices et les rectrices terminées de cette couleur; le reste du corps ardoisé, foncé en dessus, très-päle en dessous. La femelle à les mêmes taches blanches, mais le dessus de sa tête est roux vif. Cette couleur rem- place aussi le noir du dos et de la queue; le reste du corps, en dessus, est brun, et fauve très-clair, en dessous. Cette espèce a été rencontrée à Cayenne et au Brésil; Azara l’a observée au Paraguay, 1. Cest par erreur que ce nom a été donné dans la planche. (171 ) et nous l'avons vue au milieu des halliers de la province de Chiquitos (république de Bolivia), au centre de l'Amérique méridionale; mais nous ne l’avons pas aperçue sur les montagnes du versant oriental des Andes. Elle paraîtrait, alors, habiter dans la zone équinoxiale, le Brésil, la Guyane, la Bolivia et le Paraguay; mais là seulement les plaines boisées ou les montagnes peu élevées du système brésilien. Elle est assez commune aux environs des Missions de San-Miguel, de Conception et de Santa-Ana de Chiquitos. On la rencontre toujours au plus épais des fourrés, des chaparrales, où elle vit de la même manière que les espèces précédentes, et plus particulièrement comme le 7kamnophilus doliatus, dont elle a même le chant, la vivacité, les mœurs. On la voit, quelquefois, isolée, mais aussi par couples. Elle nous a paru sédentaire. BATARA À VENTRE VARIE, Zhamnophilus aspersiventer, Nob. Oiseaux, pl. IV, mâle et femelle. 1 Thamnophilus aspersivenier , d'Orb. et Lafr., Syn.; Magasin de Guérin, p. 10,n.°5. Thamnophilus. Mas. Supra ater; pennis dorsi longioribus intus basi nivæis; tectri- cibus omnibus superis alæ caudaque maculis albis terminatis ; remigibus prima- ris angustissime albo marginatis; secundariis eodem colore vix conspicue, apice tenuissime fimbriatis; cauda cuneata, rectricibus omnibus (duabus intermediis exceptis) apice albo maculatis, extima laterali in medio duabus externis macu- lis ejusdem coloris notata; subtus, a gutture ad ventrem, aterrimus ; abdomine tectricibusque, caudæ inferis griseis, nigro quasi aspersis. Long. corp., 16 cent. Fem. Difjèrt colore griseo non atro supra, olivaceo tinto occipite nigro; tectrices alæ nigræ albo terminatur, ut in mare; abdomen et tectrices caudæ inferiores rufescurnt. Sur le vivant. Pieds bleus; bec noir; yeux bistrés. Longueur totale, du bout du bec à l'extrémité de la queue, 16 centimètres; du vol, 23 centimètres; du pli de l'aile à son exirémité, 75 millimètres; de la queue, à centimètres; du tarse au bout des doigts, 4 centimètres; du doigt du milieu, 2 centimètres; de l’ongle du pouce, 6 millimètres ; du bec, 14 millimètres; sa hauteur, 6 millimètres; sa largeur, à millimètres ; circonfé- rence du corps, 10 centimètres. Sa forme est celle du Thamnophilus nœvius , avec la queue plus longue, en coin et très- étagée; le bec plus fort, surtout un peu plus large; la cinquième rémige la plus longue; la première et la seconde très-courtes. Couleurs. Mäle adulte. Tout noir en dessus, les plumes du dos blanches, terminées de noir, le croupion ardoisé; petites tectrices supérieures de l'aile blanches, les grandes noires, terminées de blanc; rémiges noiràtres, bordées de blanc; rectrices noires, ter- minées de blanc, les deux intermédiaires entièrement noires; couvertures inférieures de 2. Cest mal à propos que la figure IT porte le nom de 7, schistaceus ; c’est la femelle du T., aspersiventer, Nob. Passe. reaux. Passe- reaux. (172) l'aile blanches; cette teinte colore aussi le côté interne des rémiges; gorge et poitrine noires; le ventre en entier bleuàtre, aspergé, ou comme rayé, transversalement, de noirâtre. Jeune mâle. Tout le croupion et le bas du dos ardoisés; les plumes terminées de rous- sùtre; cette couleur couvrant aussi le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue. Femelle. Varties supérieures ardoisées, passant au bleu sur la tête, et à l’olivatre sur le croupion; la base des plumes du dos blanchätre, comme chez les mâles; la gorge et la poitrme gris mélangé de roux; une vive couleur rousse couvre tout le reste des parties inférieures, sans en excepter les tectrices des ailes et de la queue; celles des mâles, avec beaucoup moins de blanc; il en est de même des rectrices. Cette espèce, au lieu de se rencontrer, comme les autres, sur une grande surface du sol de l'Amérique méridionale, paraît être propre, seulement, aux montagnes du versant oriental des Andes boliviennes, dans les provinces de Yungas, de Sicasica et d’Ayupaya; au moins ne l’avons-nous rencontrée que là, au 17.° degré de latitude sud; ce qui pourrait nous faire croire qu'elle préfère l'humidité continuelle qui caractérise ces contrées. Cependant, elle y mène encore le genre de vie des autres espèces; car elle ne se trouve que dans les halliers les plus épais, les haies, principalement au milieu des coteaux cultivés ou autour des habitations. Elle y est assez commune, des plus familière; et rarement passe-t-on une journée dans une ferme quelconque, sans qu’elle fasse entendre, aux environs, en sautillant au sein des broussailles, son cri, qu’on peut comparer à un miaulement plaintif. Elle est toujours en mouvement, cherchant les insectes dont elle se nourrit: elle vit, ordinairement, isolée; cependant il n’est pas rare d’en rencontrer plusieurs individus dans les mêmes halliers, mais non ensemble. Son vol est on ne peut plus court, et elle ne part d’un buisson qu’à la dernière extrémité; encore est-ce pour aller se poser sur les branches les plus basses du buisson voisin, qu'elle parcourt, de suite, en sautillant. Dans la province de Yungas, on nous montra, placé sur les dernières branches d’un buisson, son nid, construit de petites racines et contenant trois œufs blancs, teintés de taches violettes. BATARA TACHETÉ, Thamnophilus maculatus, Nob. Thamnophilus maculatus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 7; Magas. de z0ol., p. 11. Thamnophilus. Mas. Supra griseus; pileo nigro; maculis dorsi nonnullis; cauda , tectricibusque alæ nigris, his macula alba terminatis; rectrices etiam, duabus intermediis exceptis, apice albo notantur, extima laterali pogonio externo versus medium macula alba. Subtus griseo pallidior ; abdomine pallide rufescenti. Fem. Supra rufescenti-olivacea, pileo uropygioque rufescentioribus ; alæ nigro-fuscæ, rufescente limbatæ; tectricibus nigris, apice albo notatis, ut in mare, caudaque nigro-fusca , albo terminata. Sur le vivant. Yeux bruns; bec bleuàtre; pieds bleus. Longueur totale, du bout du bec à l'extrémité de la queue, 16 centimètres; de la queue, 6 centimètres; du pli de (175) l'aile à son extrémité, 8 centimètres; du tarse à l'extrémité des doigts, 35 millimètres; du bec, {{ millimètres; sa hauteur, 5 millimètres. Mäle. Dessus de la tête noir, le reste des parties supérieures gris ardoisé, excepté les plumes du milieu du dos, qui sont blanches, à leur base, et marquées d’une tache noire, en contact avec le blanc; tectrices supérieures, grandes et petites, noires, terminées de blanc; rémiges brunes, bordées, extérieurement, de gris pàle; couvertures inférieures des ailes, ainsi que la bordure postérieure inférieure des rémiges, blanches, teintées de roux; gorge et côté de la tête gris-bleu pale, comme nuagé de blanchätre, cette couleur couvrant la poitrine; ventre et couvertures inférieures de la queue roussätres; queue longue, étagée; les deux rectrices intermédiaires noirâtres; les autres ont, de plus, l’ex- trémité terminée de blanc; les deux inférieures ont une seconde tache blanche sur le côté externe de la moitié de leur longueur. Femelle. Dessus de la tête et croupion roux- brun, le reste des parties supérieures verdàtre; gorge et joues variées comme chez le mâle, mais avec une teinte roussàtre; le dessous du corps roux, plus vif sur le derrière; ailes et queue noir-brun bordé de roux. Cette espèce a beaucoup de rapports avec le Tamnophilus nœvius ; mais elle en diffère par une taille bien plus grande, une queue beaucoup plus longue; par une couleur plus foncée en dessus, le manque de bordure blanche aux rémiges secondaires, et par le ventre roux. La femelle est aussi bien différente; elle n’a pas la tête rousse, ni aucune des couleurs de la femelle du 7° nœvius, surtout sur le ventre, qui est roux vif. Elle est voisine aussi du 7’amnophilus albo notatus , Spix (pl. 38, fig. 2); mais elle s’en distingue parce qu’elle a plus de blanc aux tectrices. Nous n'avons rencontré cet oiseau que dans la province de Corrientes (république Argentine), dans les halliers de la lisière des bois des rives du Parana, près du village d'Itaty; c'était aux mois de Septembre et d'Octobre : nous le voyions toujours isolé, au plus épais, sur les branches basses, sautillant continuellement, dans toutes les direc- tions, inclinant le corps en tous sens, et tournant la tête de manière à apercevoir tout ce qui pourrait se trouver là, tout en parcourant, ainsi, même les bois peu élevés. Le mâle fait entendre un cri qui ressemble au miaulement d’un jeune chat, ce qui lui a valu des Guaranis le nom de guira-mbaracaya (oiseau-chat). Il vole peu, seulement lorsqu'il y est forcé, descend très-rarement à terre, et se nourrit, principalement, d’arai- gnées ; on ne le voit par paires qu’au mois d'Octobre, époque à laquelle 1! niche, au plus épais des buissons. BATARA À COIFFE NOIRE, Thamnophilus atropileus, Nob. Batara encanelado, Azara, n° 215 (peut-être la femelle du nôtre); Thamnophilus atropileus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 6 ; Magas. de zool. de Guérin, p. 113 T’hamnophilus rutilus , Vieill., Encycl., p. 747? Thamnophilus. Supra rufescenti-griseus; alis rufis; pileo rectricibusque nigris, his pogonio interno albo maculatis ; subtus griseo-albescens; pectore nigro transver- sim radiato. Passe- reaux. ( 174 ) Sur le vivant. Bec noir en dessus, bleuàtre en dessous. Longueur totale, 17 centi- mètres; du pli de Paile à son extrémité, 7 centimètres; de la queue, 5 centimètres; du larse au bout des doigts, 42 millimètres; du doigt du milieu, 18 millimètres; du bec, 13 millimètres; sa hauteur, à millimètres. Müle. Dessus de la tête noir; front, joues et dessus du corps, gris cendré, mélangé, sur le dos, d’un peu de roux; gorge gris-blane, ainsi que le milieu du ventre; poitrine grise, rayée, transversalement, de noir; ailes et leurs couvertures supérieures, roux vif; les rémiges ont les barbes internes noiràtres; couvertures inférieures blanc teinté de fauve, cette couleur couvrant aussi le côté interne du dessous des rémiges; queue longue, élagée, noire, marquée, sur les rectrices supérieures, de six larges taches blanches, au côté interne; les inférieures rayées, en travers, des deux côtés. Le batara roux d'Azara, n° 215, est, sans aucun doute, la femelle de celui-ci; car il n’en diffère que par sa tête, qu'il a rousse, au lieu de lavoir noire, caractère distinctif de toutes les femelles : ainsi le batara à coiffe noire est, bien certainement, une espèce distincte, assez voisine, par ses formes, du 7! doliatus, mais ayant le bec plus grèle; d’ailleurs, ses couleurs l’en distin- guent facilement. C'est la première qui manque de plumes blanches au dos. Nous n'avons rencontré cette espèce qu’une seule fois, au milieu de halliers épais des champs abandonnés, au sein des immenses forêts qui couvrent le pays habité par les Indiens guarayos, au nord-ouest de la province de Chiquitos, république de Boli- via : elle nous à paru avoir, en tout, par son sautillement et par son cri, les mœurs des espèces voisines; au reste, selon Azara, elle nicherait au Paraguay à la fin d'Octobre, construisant son nid comme le batara rayé; et pondrait deux œufs blancs, légèrement tachetés de rouge. BATARA À MANTEAU, Thamnophilus palliatus. Lanius palliatus, Licht., Doublett., p. 46, n° 492 et 493; Thamnophilus palliatus, prince Max., p. 1010, n° 63; d'Orb. et Lafr., Syn., n° 8; Mag. de zool. (1837),p. 11; T’hamnoplilus lineatus , Spix. Thamnophilus. Mas. Castaneus, capite, gastræo toto atris, albo transversim undu- latis; gutture alba et nigra striata; pileo atro. Fem. Pileo castaneo, dilutior, fasciis abdominalibus pallidis latioribus. Sur le vivant. Bec bleuâtre, plus foncé, en dessus; yeux jaune pàle; pieds bleus. Lon- gueur totale, 15 1/2 centimètres; de la queue, 5 1/2 centimètres; vol, 23 centimètres ; circonférence du corps, {1 centimètres. Les couleurs, chez le mâle, sont très-vives; plus päles chez la femelle, dont le ventre est teint de jaune roux. Cette espèce a été rencontrée au Brésil par M. le prince Maxi- muilien, qui a été à portée de l’étudier; mais elle n'avait été indiquée par aucun natu- raliste comme propre aux autres parties de l'Amérique méridionale. Nous lavons trouvée au centre du continent américain, dans les lieux habités par les Indiens guarayos, au nord de la province de Chiquitos (Bolivia) ; ainsi, nous pouvons supposer qu’elle (ar } est propre aux régions chaudes du Brésil et des pays voisins. Nous ne l'avons jamais vue que sur les bords des rivières, au sein du fourré formé par les branches des bam- bousiers; on l'entend là, bien long-temps, avant de l’apercevoir, tandis qu’elle sautille, en poursuivant les insectes dont elle se nourrit. C’est, sans contredit, l’espèce qui nous a donné le plus de peine à obtenir, quoiqu'’elle ne soit pas rare, parce qu’elle se cache toujours au plus épais. Nous devons au savant observateur, M. le prince Maximilien de Neuwied, la connaissance de son chant, qu’il exprime ainsi! : 4 b Les Indiens guarayos la nomment Uraï pyta. SECTION B. Queue longue, gréle. Queue longue et très-grêle; bec un peu déprimé et subeariné. BATARA A COIFFE, Thamnophilus pileatus. Myothera pileata , Licht., Verz. der Doubl., p. 44, n° 4793 prince Max., p. 1078, n° 10; Griff. Anim. Kingd., t. VI, p.406; Formicivora pileata, Ménétr., Mon. des Myothères, p. 43; Thamnoplilus pileatus , d'Orb. et Lafr., Syn., n° 13 ; Magas. de zool. (1837), p. 12. Thamnophilus. Interscapularibus basi superciliüsque niveis; supra cinerea; pileo, regione ophthalmica et parotica atris; tectricibus rectricibusque NIOTIS , albo ter- minatis ; subtus dilutior, gula ventrique albis. Sur le vivant. Bec corné en dessus, bleu à la mandibule inférieure; yeux bruns; tarses bleuätres. Longueur totale, 12 centimètres; du pli de laile à son extrémité, 48 milli- mètres; de la queue, 48 millimètres; du bec, 12 millimètres; du tarse au bout des doigts, 3 centimètres. Cette espèce est surtout remarquable par sa queue longue, des plus grêle et fortement étagée; son bec est aussi haut que large; ses tarses sont grêles. Nous l'avons rencontrée une seule fois aux environs de la Mission de San-José, province de Chiquitos, répu- blique de Bolivia, au plus épais des halliers et des chaparrales qui couvrent cette partie de l’ancien Haut-Pérou; elle a, en tout, le genre de vie des bataras. BATARA À TÊTE VARIÉE, 7 hamnophilus affinis, Nob. Thamnophilus affinis, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 17; Magas. de zool. (1837), p. 12. Thamnophilus. Subtus griseus; capite nigro, albo striato; fronte rufescente; subtus sordide flavescente; remigibus nigris, griseo externe limbatis; rectricibus nigris , 1. P.:1012: Passe- Teaux. Passe- reaux, albido terminatis ; cauda graciliore ; rectricibus quidem supernis nigris; alis albido terminatis ; inferioribus fere albidis; tarsis gracilibus. Sur le vivant. Bec bleu, yeux blanchàâtres, pieds bleus. Longueur totale, 15 cen- timètres; du pli de l'aile à son extrémité, 45 millimètres; de la queue, 45 millimètres; du tarse au bout des doigts, 3 centimètres; du doigt du milieu, 15 millimètres; du bec, 13 millimètres; circonférence du corps, 9 centimètres. Bec assez robuste; ailes courtes , la quatrième penne la plus longue ; queue très-grêle, longue, élagée; tarse long; doigts courts. Dessus de la tête noir, moucheté de blanc au milieu ; front varié de roux; toutes les parties supérieures gris-bleu, passant au blanchätre au croupion, et au vert aux parties interscapulaires; gorge blanchätre; le dessous blanc, fortement teinté de roux pâle; tectrices des ailes noires, toutes termi- nées de blanc; rémiges brun-noir , bordées de gris jaune ; les dernières bordées de blanc; queue noirâtre , terminée de blanc; les rectrices inférieures presque entièrement blanches. Tel est le seul individu que nous ayons de cette espèce : il nous a paru adulte et màle; il se rapproche un peu de l'espèce précédente; mais il en diffère par une taille plus forte, par le bec moins large, et par ses leintes. Nous l'avons rencontré isolé au milieu d’un hallier, près de la Mission de Santa-Ana de Chiquitos, république de Bolivia ; il paraissait avoir les mœurs des bataras, en géné- ral; car il sautillait sur les branches basses d’un buisson. Son estomac contenait des larves d’insectes hémiptères. BATARA A POITRINE STRIÉE, Thamnophilus striato-thorax. Myothera striato-thorax, Temm., Col., 197-1-2; Lanius guttulatus, Licht., n° 500 et 501? Thamnoplilus striato-thorax , d'Orb. et Lafr., Syn., n.° 16; Mag. de zool. (1837), p. 12. Thamnophilus. Capite supra nigro, albido maculato; gutture, capitis lateribus, collo pectoreque albis, nigro variatis; supra brunneus ; uropygio et abdomine rufis ; rectricibus nigris, albo maculatis ; remigibus brunneis, viridescente limbatis ; cauda brunnea pallidiori terminata. Sur le vivant. Bec noir en dessus, bleuätre.en dessous; yeux bruns; pieds livides. Longueur totale, 12 centimètres; de la queue, 32 millimètres; circonférence, 8 centi- mètres. Nous avons tué cette espèce au sein des halliers des champs cultivés abandonnés des forêts chaudes et humides du pays habité par les Indiens yurucarès, au nord de la ville de Cochabamba , république de Bolivia. Elle y était peu commune et y menait le genre de vie des espèces précédentes. SEcTION C. Queue courte. Queue très-courte, étagée; bec fort, en tout semblable au groupe 4. Mâles et femelles peu différens de couleur ; leurs mœurs sont celles du genre. ( 177 ) BATARA MOUCHETÉ, Tkamnophilus guttatus, Nob. Myrmothera guttata, Vieill., Gal., 155, p. 251; Thamnoplilus guttatus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 193 Mag. de zool. (1837), p. 13. Thamnophilus. Corpore antice nigrescente, postice rufo ; pennis interscapularibus ad basim albidis ; abdomine albescente; rectricibus rufis ; parvis remigium tectricibus nigrescentibus, rotunde albo maculatis; aliis rufis, nigra macula, necnon altera saturatius clara terminatis. Sur le vivant. Bec noir; yeux bruns; pieds bleuâtres. Longueur totale, 14 centi- mètres; du pli de laile à son extrémité, 55 centimètres; de la queue, 3 centimètres; du bec, 13 millimètres; sa hauteur, 4 1/2 millimètres; sa largeur, à millimètres; cir- conférence, 11 centimètres. Toutes les parties antérieures du corps noires, bleuätres en dessus; toutes les parties postérieures rousses; la base des pennes interscapulaires blanche; milieu du ventre blanchâtre; petites tectrices des ailes, noires, terminées d’une tache blanche; les autres, rousses, ornées d’une tache noire et d’un roux clair; épaules blanches. Nous avons obtenu cette espèce au sein des immenses forêts qui bordent le pied oriental des Andes boliviennes, au nord de Cochabamba, dans le pays habité par les Indiens yuracarès. Là, au milieu des halliers les plus épais, au bord des rivières ou dans les champs depuis long-temps abandonnés , on la voit sautiller, à la manière des autres bataras, en faisant entendre un petit cri plaintif. Elle descend souvent à terre, afin d'y chercher les insectes qu’elle ne trouve pas sur les branches basses des buissons, qu'elle parcourt incessamment. Elle est rare. BATARA GORGERET, Thamnophilus mentalis, Nob. Myothera mentalis, Temm., PI. col., 179-3 ; Myothera poliocephala, prince Max., p. 1098; Thamnophilus mentalis, d'Orb. et Lafr., Syn., n.° 15; Mag. de zo0l. (1837), p. 12. Thamnophilus. Gutture, collo pectoreque, albescentibus, cæruleo variegatis, infra viridescentibus ; humeris albis ; ardesiaco capite; dorso griseo-ardesiaco ; uropygio viridescente. Sur le vivant. Pieds et bec bleuâtres; yeux bruns. Longueur totale, 143 centimètres; vol, 21 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 64 millimètres; de la queue, 35 millimètres; du tarse au bout des doigts, 3 centimètres; du bec, 1 centimètre; sa hauteur, 4 millimètres ; sa largeur, 5 millimètres; circonférence du corps, 8 centi- mètres. Tout le dessus de la tête ardoisé foncé, passant au noirâtre, sur les oreilles ; cette couleur s'étend , en diminuant d'intensité, sur le dessus du col et sur le dos, où elle prend une teinte verte, qui domine au croupion ; gorge, devant du col et poitrine blanchätre, nuagé de bleu, surtout sur la poitrine; ventre jaune verdätre, vert sur les IV. Où. 235 Passe- reaux. ( 178 ) Passe flancs; épaules blanches; les petites tectrices supérieures noires , terminées de verdâtre; "les autres et les rémiges brunes, bordées de verdàtre; queue brun-vert, peu étagée. Le bleu de la poitrine s'étend plus ou moins sur le ventre, selon le sexe. Nous n'avons rencontré celte espèce qu'à l’est des Andes boliviennes, province de Yungas, au 17.° degré de latitude sud, dans les ravins boisés et humides, toujours au milieu des buissons épais, sautillant comme les autres Thamnophilus, en cherchant des insectes. Elle se tient de préférence loin des habitations, dans les champs abandonnés et dans les halliers des bords des rivières et des torrens, où elle fait entendre, par intervalle, son petit cri plaintif. Gexre FORMICIVORE, Formicivora, Swains. Genus Drymoplila, Pars.; Formicivora, Swains., Ménétr.; Fourmilier à longue queue, Temm., Licht.; Thamnoplili tenuirostres, d'Orb. et Lafr., Syn. Bec droit, un peu allongé, subcariné supérieurement , un peu comprimé vers l'extrémité, courbé et échancré vers la pointe; narines arrondies, peu recouvertes; langue frangée ; tarses longs, minces; doigts médiocres ; externe réuni à l'intermédiaire, à sa base; ongle du pouce recourbé; ailes courtes, arrondies ; queue longue, étagée. Les oiseaux de cette division ont les mœurs des T’hamnophilus proprement dits; comme ceux-ci, ils vont seulement dans les fourrés et dans les halliers les plus épais, où ils sautillent continuellement, en cherchant des larves d'insectes; faisant, parfois, entendre soit un sifflement plaintif, soit une gamme chromatique, terminée par un petit gazouillement. Ils volent mal et des- cendent peu à terre; ils diffèrent, cependant, un peu des bataras propre- ment dits, en ce que quelques-unes de leurs espèces nichent encore à terre, tandis que les autres placent leur nid sur les troncs d'arbres et même sur les buissons; ils s'élèvent moins aussi que les espèces à bec fort, au sein des halliers, montant rarement plus haut que huit ou dix pieds. Ils sont tous du versant oriental des Andes. FORMICIVORE NOTODÈLE, Formicivora domicella. Lanius domicella, Licht., Doubl., p. 47, n° 502 et 503; Drymophila trifasciata, Swains., Zool.journ.,t.1,p.302,etn.VI,p.152; Less., Man.,t.1,p.196;Griff., Ænim. Kingd., v. 7, p- 283; Myothera leuconota, Spix, 4v., p. 72, fig. 2 (fem.); Formicivora domicella, Ménétr., Mon. des Myoth., p. 61, n° 28; Thamnophilus domicella, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 9; Mag. de zool. (1837), p. 11. Formicivora. Mas. Aterrimus, interscapularibus basi, humeris, tectricibus mediis majoribusque apice niveis. ( 179 ) Fem. Fusco rufescens, subtus cinerascente et fusco-olivaceo; gastræo medio palli- diore; alis fuscis, rufo-marginatis ; cauda nigra. Sur le vivant. Bec noir, chez le mâle; noir en dessus, bleu rose à la base de la man- dibule inférieure, chez la femelle; pieds violets; yeux rouges. Longueur totale, 17 cen- timètres; vol, 23 centimètres; de la queue, 5 1/2 centimètres; circonférence du corps, 10 1/2 centimètres. Cet oiseau, que les auteurs que nous avons cités avaient observé ou reçu du Brésil, s’est montré à nous au centre de l'Amérique méridionale, dans la province de Chiqui- tos, république de Bolivia, surtout aux environs de la Mission de Santa-Ana. Nous ne l'avons pas rencontré au sein des forêts, où M. Ménétriest l’a observé au Brésil; mais bien, seulement, dans les chaparrales ou petits arbustes et buissons, qui équivalent aux capuaires des Brésiliens; là, il menait le genre de vie des bataras à gros bec, sautillant toujours au milieu des fourrés, assez près de terre, en faisant entendre un sifflement monotone et plaintif, et cherchant les insectes mous, tels que les larves d’hé- miptères et de lépidoptères. Il est plus commun sur les coteaux que partout ailleurs, allant par couples, isolés ou en petites troupes de quelques individus seulement. II des- cend rarement à terre. FORMICIVORE NOIR, Formicivora atra. Planche V, fig. 2.2 Drymophila atra, Swains., Zool. journ., n° VI, p. 153; Less., Man., 1, p. 196; Formici- vora atra, Ménétr., Mon. des Myoth., p. 63, n° 29; Thamnophilus aterrimus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 10; Mag. de zool. (1837), p. 11. Formiciwora. Totus ater, interscapularibus , pennis tantummodo basi niveis , apice nigris. Sur le vivant. Bec et pieds noirs; yeux rouge vif de carmin. Longueur totale, 20 centimètres; vol, 26 centimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 8 centimètres; queue, 65 millimètres; du tarse au bout des doigts, 55 millimètres; du doigt du milieu, 24 millimètres; du bec, 15 millimètres; sa hauteur, à 1/2 millimètres; sa largeur, 5 milli- mètres; circonférence du corps, {1 centimètres. Tout noir profond; la moitié de la base des plumes interscapulaires blanche; l’ex- trémité noire, de manière que, lorsqu'elles sont couchées, on n’aperçoit pas le blanc. Cette espèce diffère du Formicivora domicella par le manque de blanc aux tectrices des ailes, et du Lanius luttuosus, Licht., n° 504, par le manque de blanc à la queue et aux scapulaires. M. Swainson avait obtenu cette espèce de Bahia au Brésil; et, jusqu’à notre voyage, elle n'avait été reçue que de cette contrée, où même elle paraît rare; cependant le 1. Mon. des Myoth., p. 62. 2. Lorsqu’avec M. de Lafresnaye nous imposämes à cette espèce le nom d’aterrimus, qu’elle porte dans la planche citée, nous n’avions pas connaissance du travail de M. Swainson. Passe- reaux. ( 180 ) Passe- Brésil n’est pas exclusivement sa patrie; car, dans la république de Bolivia, lorsque reaux. nous eûmes passé les Andes au 17.° degré de latitude sud, et que nous parvinmes sur le versant oriental de cette chaine, aux montagnes élevées de cinq à six mille pieds au-dessus du niveau de la mer, nous commençàämes à en rencontrer quelques indivi- dus près du Rio de Chajro, province de Yungas; et, de là, nous la retrouvames dans l'immense province de Chiquitos, à plus de trois cents lieues à l’est; ainsi nous pou- vons aflirmer qu'elle habite le Brésil et la Bolivia, depuis les plaines les plus chaudes des tropiques , jusqu'aux montagnes peu élevées du versant oriental des Cordillères. À Yungas, elle paraît rare, tandis qu’elle est très-commune à Chiquitos et dans les bois des Guarayos. Nous l'avons rencontrée au milieu des plantations, autour des maisons, sur les coteaux, près des bords des rivières, mais, plus souvent, dans les chaparrales de Chiquitos, surtout les plus fourrés; là, elle sautille continuellement, en jetant, d’instans en instans, un pelit cri perçant. Elle est, la plupart du temps, isolée; ses mœurs sont celles des autres espèces. FORMICIVORE ROUX-NOIR, Formicivora rufatra, Nob. Thamnoplilus rufater, d'Orb. et Lafresn., Syn., n° 12; Mag. de zool. (1837), p. 12. Formicivora. Mas. Supra fuliginoso-rufescens; capite obscuriore ; superciliaris tæniaque ad latera colli et pectoris alba; tectricibus alæ rectricibusque nigris , albo terminatis et fuliginoso limbatis, his basi fusco fuliginosis; gutture, pec- tore, abdomineque medio atris ; hyÿpocondriis rufescentibus. Fem. Minimæ quædam longitudinalis nigræ maculæ albescente superpositæ nigræ, juguli pectorisque vicem implent. Sur le vivant. Bec noir; yeux bruns; pieds bleu clair. Longueur totale, 14 centi- mètres; vol, 17 centimètres; du pli de laile à son extrémité, 56 millimètres; de la queue, 4 centimètres; du tarse, 39 millimètres; du bec, 13 millimètres; circonférence du corps, 8 centimètres. Mäle. Toutes les parties supérieures roux fuligineux, plus teinté de brun sur la tête; gorge, poitrine et milieu du ventre seulement, noirs; un large sourcil blanc part des narines et circonscrit le noir; plis de l'aile blancs; les tectrices noires, terminées chacune d’une goutte blanche; les postérieures teintées et bordées de roux; rémiges brunes, bordées , des deux côtés, de roux; flancs blanchàtres, derrière et couvertures inférieures de la queue fauves; queue longue, étagée, brune en dessus, noire en dessous, surtout à l’extrémité, qui est terminée, pour toutes, par une tache blanche plus large sur les rectrices inférieures. Jeune mâle. Le noir du dessous ne s'étend pas sur le milieu du ventre; cette teinte y est remplacée par du blanc. Femelle. Les mêmes teintes que le mâle : tout le devant du cou, de la gorge, de la poitrine et du haut du ventre, blanc, moucheté, en long, de taches noires, une sur chaque plume, (181) On voit, par la description, que cette espèce a les plus grands rapports avec le For- micivora nigricollis, Swains. et Ménétr.; mais ce dernier diffère de l’autre par le manque de bordure blanche aux rémiges postérieures, parce que les rectrices sont toutes termi- nées de blanc, tandis que, dans l'autre, il n’y a que les six inférieures qui le soient; par le manque de noir jusqu'aux couvertures de la queue, en dessous, chez les mâles; et, enfin, parce que sa femelle a des couleurs qui rendent toutes différentes les grivelures de sa poitrine; cependant il y a, d’un autre côté, tant de ressemblance, que, tout en lui imposant un nom nouveau, nous n’oserions pas annoncer comme positif que ce ne fût pas une variété de l’espèce citée. Nous l’avons rencontrée au centre de la république de Bolivia, principalement dans les provinces de Chiquitos et de Moxos, toujours au milieu des halliers des lieux cul- tivés, au sein des chaparrales les plus épais, et dans les haies, où elle sautillait à la manière des autres espèces du genre, cherchant les insectes, principalement sur les branches basses, tout en faisant entendre, de temps en temps, un petit cri plaintif. Elle va isolément. FORMICIVORE ALAPI, Formicivora alapr. Turdus alapi, Gmel., Linn., 1, 826; Lath., Znd. orn., 1, 359; \'Alapi de Cayenne, Buf., Enl., 701-2; Thamnophilus alapi, Vieill., Dict., t. II, p. 311, et Enc., p. 7423 Griff., t. VI, p. 279 ; Myothera alapi, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 3; Mag. de zool. (1837), p. 14. Formicivora. Fusco-olivacea ; dorso macula alba notato; tectricibus minoribus mediis- que albo punctatis; subtus cinerea; gutture pectoreque nigris; cäuda nigra. Sur le vivant. Bec noir; yeux bruns; pieds bleuàätres. Longueur totale, 14 1/2 centi- mètres; vol, {9 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 6 centimètres; de la queue, 45 millimètres; du tarse au bout des doigts, 47 millimètres; du bec, 13 millimètres ; sa hauteur, 4 1/2 millimètres; sa largeur, 5 millimètres; circonférence du corps, 10 centimètres. On retrouve encore, dans cette espèce, un caractère propre aux bataras : c’est d’avoir la base des plumes du dos blanche, comme dans beaucoup des espèces de ce genre, caractère de plus qui rapproche ces deux genres. Cependant l’alapi est un de ces oiseaux qu’on ne sait réellement où placer. Il a le bec des myrmothères ; les tarses allongés des fourmiliers; la queue longue et large des bataras, ainsi que les plumes longues du derrière de ce genre; et, avec tout cela, ses mœurs participent également des uns et des autres. Buissonnier comme les bataras et les myrmothères, il aime les grandes forêts comme les fourmiliers, et marche souvent à terre, ainsi qu'eux, sans néanmoins être aussi terrestre. Nous l'avons rencontré dans la république de Bolivia, dans les immenses forêts du pied oriental des Andes, à Yuracarès, et bien au-delà vers l'Est, dans le pays des Guarayos; il est partout rare, mais surtout difficile à apercevoir, par suite de son habitude de se cacher entre les broussailles ou sur les branches les plus basses; il se nourrit exclusivement d'insectes. Passe- reaux4 (182) FORMICIVORE LAFRESNAYE, Formucivora Lafresnayana, Nob. Oiseaux, pl. VI, fig. 13 Thamnophilus Lafresnayanus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 18 ; Mag. de zool. (1837), p. 13. Formicivora. Rostro superne brunneo, inferne cœærulescente; cæruleis pedibus ; flavescentibus oculis; supra griseo viridescente, subtus pallide rufus; alæ cauda- que nigricantibus et rufescente limbatis. Sur le vivant. Bec brun en dessus, bleuâtre en dessous; pieds bleus; yeux jaunätres. Longueur totale, 11 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 5 centimètres; de la queue, 3 centimètres; du tarse au bout des doigts, 25 millimètres; du bec, 12 milli- mètres; sa hauteur et sa largeur, 4 millimètres; circonférence du corps, 8 centimètres. Toutes les parties supérieures gris ardoisé, devenant verdätre au croupion; toutes les parties inférieures roux pâle; joues gris clair; ailes et queue noiràtres, bordées de roux brun; tarses faibles, ainsi que les pieds. Cet oiseau, qui, par la faiblesse de ses tarses, le peu de longueur de sa queue, doit faire le passage des formicivores aux myrmothères, se trouve au sein des halliers, des vieux champs abandonnés, des grandes forêts humides et chaudes du pays habité par les Indiens yuracarès, à l’est des Andes boliviennes, département de Cochabamba. Il nous a paru des plus rare, et avait, en tout, les mœurs des bataras. MYRMOTHÈRE, Myrmothera, Nieill. Turdus, Lath.; Fourmiliers, Buff.; Myothera, Wlig., Licht., prince Max.; Thamnophilus, Spix ; Formicivora, Swains.; Myrmothera, Ménétr. Caracrères. Bec presque droit, grêle, allongé, caréné en dessus, courbé brusquement et échancré à sa pointe, légèrement déprimé à sa base; man- dibule concave à sa base, puis relevée, insensiblement, jusqu’à l'extrémité ; langue concave, frangée à son extrémité; narines ovales; tarses courts et fai- bles ; le doigt externe réuni à l'intermédiaire, à sa base; ailes médiocres, souvent arrondies ; queue courte, étagée; les plumes coccygiennes longues, soyeuses. Peu de différences de teintes entre les deux sexes. Les espèces que nous connaissons manquaient de blanc à la base des interscapulaires. Les myrmothères sont tous des régions intertropicales, situées (dans VAmérique méridionale) à l’est des Andes, et ne remontent même pas sur les montagnes qui forment les derniers contreforts des Cordillères; ils habitent les forêts vierges, mais principalement les halliers de celles-ci, et les chaparrales ou petits bois composés d’épines; ils vont souvent par couples, descendant fréquemment à terre, mais se tenant, plus souvent encore, sur les branches ( 185 ) basses des buissons ; ce sont, en un mot, des bataras un peu plus marcheurs que les grandes espèces : ils volent peu, sont assez familiers, et vivent de larves et de petits insectes. D’après M. Ménétries, qui, plus que personne, a été à portée de les observer, ils nichent à terre ou sur les troncs d’arbres. MYRMOTHÈRE GRISIN, Myrmothera axillaris, Vieill. Le Grisin de Cayenne, Buff., Enl., 643, fig. 2; Turdus cirrhatus, Lath., ]nd. orn., 1, 359? Gmel., 1, 826? Myrmothera axillaris, Vieill., Dict. des sc. nat., t. 17, p. 321; Ménétr., Mon. des Myoth., 1, p. 36,n.° 13; Myothera fuliginosa, Wlig., Licht., Doubl., p. 45, n° 483 et 484; prince Max., t. IT, p. 1067; Formicivora brevicauda , Swains., Zool. journ., 1825, p. 148; Thamnophilus melanogaster, Spix, p. 3, pl. 43, fig. 1; Thamnophilus axillaris, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 11, Mag. de zool. (1837 ), p. 12. Myrmothera. Schistacea, axillaris albis; jugulo, pectore, ventreque mediüis nigris; abdominis lateribus albidis ; remigibus secundartüs, tectricibusque atris, albo ter- minalis. Sur le vivant. Bec bleuâtre, en dessous; yeux brun foncé; pieds bleus. Longueur totale, 10 centimètres; vol, 15 1/2 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 5 cen- timètres; de la queue, 2 centimètres; du tarse au bout des doigts, 27 millimètres; du doigt du milieu, 11 millimètres; du bec, 12 millimètres; sa hauteur, 3 millimètres; sa largeur, 4 millimètres ; circonférence , 9 centimètres. Nous avons cru nous apercevoir qu’il y avait confusion dans les caractères donnés par Lichtenstein pour cette espèce, lorsqu'il dit qu’elle varie beaucoup; et nous sommes persuadé que plusieurs espèces ont été confondues en une seule, comme on peut le voir par la description de l'espèce suivante, qu’il était difficile de distinguer de celle-ci; c'est pourquoi nous reproduisons ici les véritables caractères du Myrmothera aæillaris. Mäle. Gris ardoisé, foncé en dessus; dessous de la même couleur, avec le milieu de la gorge, du col, de la poitrine et du ventre noir; les flancs sont d’un blanc brillant; et celte teinte entoure, postérieurement, le noir du ventre; côtés de la tête comme variés ; couvertures inférieures de la queue noirätres, terminées de gris-blanc; queue noire, terminée de blanc; toutes les épaules, ainsi que les couvertures inférieures de l'aile et une bordure aux rémiges postérieures, d’un blanc brillant; tectrices supérieures des ailes noires, terminées de blanc; les rémiges brunes. Femelle. Grise en dessus, roussètre au croupion; dessous jaune ferrugineux; gorge et ventre blanchàtres. Cette espèce habite la Guyane et le Brésil, et nous l’avons rencontrée au sein des hautes forêts humides du pied des Andes orientales, république de Bolivia; à l’est de la ville de Cochabamba, dans le pays habité par les Indiens yuracarès. Là elle ne vit pas dans les forêts mêmes, mais au bord des ruisseaux et des rivières, et principale- ment dans les champs abandonnés, où des halliers touffus ont remplacé les forêts. Elle Passe- reaux. Passe- reaux, ( 184) se tient sur les branches basses des arbustes, sur lesquelles elle sautille continuellement, en cherchant les larves des insectes dont elle se nourrit. Son cri est monotone et sou- vent répété. Nous ne l'avons que bien rarement aperçue à terre. M. Ménétries nous apprend, dans son excellent travail sur les Myothères (p. 37), que la femelle pond trois ou quatre œufs, qu’elle dépose sur de petites élévations à surface plane. MYRMOTHÈRE DE MÉNÉTRIES, Myrmothera Menetriesit, Nob. Toto griseo-cærulescens, subtus pallidior; gutture et pectore supra mediis nigris ; regione ophthalmica albescente; humeris subtus albidis; tectricibus parvis supe- rioribus nigris, albido terminatis ; remigibus griseo-brunneis, griseo albescente limbatis; cauda brevi, grisea, pallidiore terminata. Sur le vivant. Bec bleu en dessous, noirâtre en dessus; yeux bruns; pieds bleus. Longueur totale, 11 centimètres; du pli de laile à son extrémité, 47 millimètres; de la queue, 2 centimètres; circonférence, 9 centimètres. Mâle. Toutes les parties supérieures gris-bleu clair, uniforme; le dessous est aussi de celte teinte, mais un peu moins foncée, surtout sur le derrière; bas de la gorge, haut du col et le haut de la poitrine, au milieu, noirs; du blanchätre autour des yeux; épaules blanches; petites tectrices des rémiges noires , terminées de blanc; les grandes grises, terminées de deux taches, l’une noire et la dernière blanche; les couvertures inférieures de l’aile gris pale; rémiges gris-brun, bordées de plus päle; queue gris-bleu , terminée de plus pâle. | Cette espèce diffère du Myrmothera aæillaris, Vieill., par le manque de blanc sur les côtés du ventre; par une teinte uniforme bleuâtre bien plus claire; par le manque de blanc sous l'aile; parce que les tectrices des ailes, ainsi que les pennes des ailes et de la queue, sont bleues, au lieu d’être noires; et, enfin, par un bec plus étroit, plus long, et une queue moins étagée. Elle diffère aussi du Myrmothera unicolor, Ménétr., parce que celui-ci n’a pas de blanc aux épaules ni aux tectrices; mais, en dépit de ces dissem- blances, ces trois espèces ont, entr’elles, la plus grande analogie de formes et même de couleurs, et peut-être Lichtenstein les a-t-il regardées comme n'étant que des variétés l’une de l’autre; cependant, il ne nous reste aucune incertitude sur leurs caractères distincufs. Nous avons rencontré celle-ci dans les mêmes lieux et dans les mêmes circonstances que le Myrmothera aæillaris. MYRMOTHÈRE PETIT, Myrmothera minuta, Nob. Gobe-moucheron ou petit gobe-mouche tacheté de Cayenne, Buff., Enl., 831-2; Thamnophilus minutus, Syn., d'Orb. et Lafr., n° 14; Mag. de zool. (1837), p. 12. Myrmothera. Capite, collo, dorso superiore superne flaso-rufis, nigro maculatis ; uropygio schistaceo, flao terminato ; cauda brevi, brunnea, albescente terminata , subtus flava; pectore nigro maculato; tectricibus alarum remigiisque nigrescen- tibus, pallide flao limbatis; ala subtus Jlavescente. ( 185 ) Sur le vivant. Bec bleuàtre; yeux bruns; pieds bleus; longueur totale, 10 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 43 millimètres; de la queue, 15 millimètres; du tarse, 27 millimètres ; du bec, 13 millimètres; sa hauteur, 3 1/2 millimètres; sa largeur, 4 1/2 millimètres; circonférence du corps, 7 centimètres. Bec allongé, un peu déprimé, crochu et denté à son extrémité; dessus de la tête et haut du dos, tachetés de noir sur du jaune fauve; une large tache sur chaque plume; joues, côtés du col et de la poitrine, également mouchetés, mais moins largement sur la teinte jaune qui couvre ces parties, tout le dessous du corps et des ailes; toutes les tectrices supérieures des ailes et les rémiges noires, terminées et bordées de jaunâtre plus pâle sur les tectrices. Les rémiges postérieures tout à fait entourées de cette teinte; queue des plus courte et des plus grêle, légèrement étagée, noirâtre, terminée de jaune pâle. Cet oiseau, qui, par ses caractères el par ses mœurs, doit nécessairement être placé ici, fait le passage avec les /odirostres, dont, cependant, il n’a pas le bec. Sa cinquième rémige est la plus longue; il a les plumes du dos longues et soyeuses des Thamnophilus. Nous l’avons rencontré dans les halliers des lieux habités par les Indiens yuracarès, au pied des derniers contreforts orientaux des Andes boliviennes , au 17.° degré de latitude sud, dans les mêmes circonstances et avec le Myrmothera axillaris. Il est des plus rare. 2. Division. FOURMILIERS MARCHEURS, 4mbulatores. CONOPOPHAGES, Conopophaga, Vieill. Turdus, Lath.; Fourmiliers, Buff.; Myothera, Temm., Licht.; Moucherolle, Cuv.; Myioturdus, prince Max.; Myiagrus , Boie, prince Max. ; Conopophaga, Ménctr. Placé, par quelques auteurs, parmi les gobe-mouches, le genre Conopo- phage doit, d'autant plus naturellement, figurer dans cette série, que, par ses mœurs, il fait le passage entre les Myothéres et les Myrmothères. On le caractérise ainsi : Bec plus ou moins long, muni d’une arête souvent très- marquée, large à sa base et déprimée; pointe courbée assez brusquement; mandibule inférieure arrondie en dessous ; tarses longs, ainsi que les doigts; les latéraux presqu'égaux; l’externe réuni jusqu’à la première articulation ; ailes arrondies, courtes ; la quatrième ou la cinquième rémige la plus longue ; queue plus ou moins longue, presqu'’égale. Les plumes coccygiennes longues et soyeuses. Peu de différence de teintes entre les mâles et les femelles. Tous les Conopophages connus ont été rencontrés à l’est des Andes et seulement dans les régions intertropicales chaudes; car jamais nous n’en avons vu à plus de quatre ou cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer, encore dans les bois exposés à l'Est ou au Nord-Est et continuellement échauffés par les rayons du soleil. Îls vivent tantôt au sein des immenses forêts vierges, tantôt dans les halliers. Nous les avons rencontrés soit dans les bois les plus IV, Ois. 24 Passe- reaux. ( 186 ) Pie chauds et les plus humides, soit dans les bois constamment secs et peu 7 feuillés. Ils voyagent toujours isolés ou deux ou trois ensemble, se tenant tantôt à terre, tantôt sur les branches basses des halliers où même se per- chant sur les arbres. Beaucoup moins terrestres que les fourmiliers, ils se perchent aussitôt qu'ils éprouvent des craintes. Ils courent avec agilité à terre et volent peu; ils se tiennent, le plus souvent, dans les lieux sauvages, loin des habitations, sifilant là d’une manière assez monotone; ils vivent d'insectes et de leurs larves. M. le prince de Neuwied a rencontré un nid d’une des espèces du genre (Conop. nigrogenys, Less.), placé à trois pieds au-dessus du sol et contenant trois œufs ponctués. 1. Secriox. Conopophages pie-grièches, Nob. À queue assez longue; tête petite; formes élancées; bec assez long, forte- ment déprimé; tarses et Jambes médiocres en longueur. Quelques-uns mon- trent encore la base des plumes interscapulaires blanche des T’amnophilus. Ils sont plus buissonniers que les autres et beaucoup plus agiles. CONOPOPHAGE T ACHETÉ, Conopophaga nœvia, Vieill. Pipra nœævia, Lath., Syn., 11,p. 527, n° 12; Gmel., Syst. nat., ed. 13, p. 1003, n. 18; Fourmilier tacheté de Cayenne, Buff., Enl., 823, fig. 2 ; Dict. des sc. nat., t. 17, p. 321; Cono- pophaga nœvia, Viaill., Dict., v. 7, p.458; d'Orb. et Lafr., Syn., n.° 1 ; Mag. de zool. (1837), p- 13. Conopophaga. Suprà fusca; subtus alba; tectricibus nigris rectricibusque albo ter- minatis; gul4 colloque atris; pectore maculis elongatis nigris signato; abdomine crissoque rufo aurantiacis ; pennis interscapulartiis basi niveis. Sur le vivant. Bec noir; yeux bleu-noir ; pieds blancs. Longueur totale, 13 centimètres; du vol, 20 centimètres; du pli de laile à son extrémité, 6 centimètres; de la queue, 34 millimètres; du tarse au bout des doigts, 32 millimètres; du bec, 11 millimètres; sa hauteur, 4 millimètres; sa largeur, 6 millimètres; circonférence du corps, 11 cen- tüimètres. La femelle diffère du male par une teinte plus sombre en dessus, par le manque de plumes noires, ornées d’une goutte blanchätre sur les interscapulaires, celles-ci n’étant pas non plus blanches à leur base, comme celles du mäle. Sa gorge est blanchàtre, au lieu d’être noire; la poitrine est rousse, sans taches noires, et cette couleur couvre aussi tout le haut du ventre. Cette espèce fait, en tout, le passage des genres précédens aux véritables Conopophages; mais elle ne peut, en aucune manière, entrer dans le groupe des espèces à bec court, 1. Beitr. zur Naturg. von Brasil., L HI, p. 1045. ( 187 ) par lesquelles nous terminons ce genre : c’est, en un mot, un Myrmothère à queue moins courte et à bec plus déprimé. On retrouve encore, dans cette espèce, la base des interscapulaires blanche; caractère qui ne se retrouve que dans les oiseaux de la famille des Myothéridées. Nous l’avons rencontrée au sein des forêts du pied oriental des Andes boliviennes, dans le lieu habité par les Indiens yuracarès. Là on ne la voit, comme les Thamnophilus, qu’au plus épais des halliers , dans les champs abandonnés; elle descend souvent à terre, mais remonte aussitôt sur les buissons, sur lesquels elle cherche les insectes dont elle se nourrit. Elle y est assez commune et les Indiens l’y connaissent sous le nom de churu, venu, probablement, de son chant. Comme on ne l’a rapportée que de la Guyane, où des forêts humides et chaudes couvrent le sol, et qu'à Yuracarès les bois sont dans le même cas, on pourrait croire que c’est une condition nécessaire à son existence; car on ne la trouve pas dans les lieux plus secs du Brésil. CONOPOPHAGE A CEINTURE NOIRE, Conopophaga nigro cincta, Nob. Oiseaux, pl. VI, fig. 2. Conopophaga nigro cincta, d'Orb. et Lafresn., n° 3, Mag. de zool. (18337), p. 13. Conopophaga. Suprà fusco-olivacea, pileo paululum grisescente; subtüs alba; pec- tore maculis magnis nigris confluentibus quasi cincto; aliis minoribus concolori- bus ; medio abdomine et lateribus sparsis; rostro elongato, corneo, mandibulà albä; pedibus violaceis ; tarsis valdè elongatis. Sur le vivant. Bec brun en dessus, jaunätre en dessous; yeux bruns; pieds violet noirâtre. Longueur totale, 14 centimètres; vol, 20 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 65 millimètres ; de la queue, 45 millimètres; du tarse au bout des doigts, 4 centimètres; du doigt du milieu, 15 millimètres; du bec, {1 millimètres; sa hauteur, 5 millimètres; sa largeur, 5 millimètres; circonférence du corps, 9 1/2 centimètres. Toutes les parties supérieures vert sombre olivatre; gorge blanc jaunàtre; ventre blanc; poitrine couverte de larges taches noires, qui forment une ceinture, en se con- fondant entr’elles ; quelques mouchetures de cette couleur sur les côtés; rémiges, rec- trices et leurs couvertures supérieures brunes, bordées de la teinte du dessus; queue presqu’égale, longue. Nous avons tué cette espèce dans les ravins de la province de Chiquitos, aux envi- rons de la Mission de Santa-Ana (république de Bolivia). Elle se tenait sur les branches basses des arbres, sautillant à la manière des Bataras, descendant souvent à terre, mais remontant sur les branches, dès qu’elle était effrayée. Elle se nourrit d'insectes et parait rare. Nous ne l’avons vue qu'isolée. € à | . 2. SECTION. Conopophages proprement dits. Queue courte, faible; tête grosse, souvent munie, sur les côtés, de plumes allongées, roides et blanches; formes raccourcies; bec court et déprimé; Passe- reaux. (188 ) Pase- farses et Jambes longs. [ls sont plus terrestres et moins agiles que les pré- reaux, cédens. CONOPOPHAGE A POITRINE ARDOISÉE, Conopophaga ardesiaca, Nob. Conopophaga ardesiaca, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2; Mag. de zool. (1837), p. 13. C. suprà tota fusco-olivacea ; subtus lateribusque colli ardesiacis ; abdomine medio albicante; hypocondriis parum olivascentibus; fasciculo plumarum nivearum lon- giorum utrinque pone oculos, tarsis longioribus; rostrum nigrum, mandibula rosea; pedes plumbei. Sur le vivant. Bec noir en dessus, rosé en dessous; yeux brun-roux; pieds livides. Longueur totale, 14 centimètres; vol, 24 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 68 millimètres; de la queue, 33 millimètres ; du tarse au bout des doigts, 55 milli- mètres; du doigt du milieu, 23 millimètres; du bec, { centimètre; sa longueur, 7 milli- mètres; sa hauteur, 4 millimètres; longueur des plumes blanches des joues, 15 milli- mètres; circonférence du corps, 11 centimètres. Dessus de la tête et du corps brun olive, un peu plus intense sur la tête : deux fais- ceaux de plumes longues, roides, blanches, partant du dessus des yeux, forment comme deux cornes; côtés de la tête, gorge, poitrine et les côtés du corps, bleu ardoisé foncé; le milieu du ventre blanc; les flancs et le bas-ventre brun-roux clair; rémiges et rec- trices, ainsi que leurs couvertures supérieures, brunes, bordées de brun olive; tectrices inférieures des ailes bleuätres. Cette espèce a, par les taches blanches des côtés de la tête, les plus grands rapports de formes avec le Conopophaga leucotis (Turdus auritus, Less.), et le €. vulgaris, Ménétr.; mais elle en diffère essentiellement par des couleurs ardoisées sur la poitrine et par d’autres détails de teinte que peuvent signaler les descriptions comparatives. Nous avons rencontré celte espèce à l’est des Cordillères boliviennes, sur les mon- tagnes boisées du versant oriental des Andes, dans la province de Yungas, département de la Paz, principalement aux environs du Rio Meguilla et du village de Carcuata. Elle - se tient toujours au sein des forêts humides des coteaux escarpés, où elle est très-rare, se cachant dans les fourrés élevés et épais de la lisière des bois, sautillant, quelquefois , au milieu des arbres et des hauts buissons, descendant souvent à terre, afin d’y courir et d’y chercher les insectes dont elle se nourrit; mais se perchant, aussitôt qu’elle éprouve la moindre crainte. Elle n’est pas, à beaucoup près, aussi vive que les Bataras; elle est moins légère dans les broussailles ; son vol est bas, lourd et surtout des plus court. MYOTHÈRES, Myothera, Ulig. Myothera, Ilig., Cuv., Temm.; Myrmecophaga, Lacép.; Fourmilier Buff.; Turdus, Lath.; Grallaria, Vieill.; Myioturdus, Boie, prince Max., Ménétr. De ce grand nombre d’espèces dont se compose le genre Myothera des auteurs, nous ne conservons, sous cette dénomination, que les véritables ( 189 ) Fournuliers de Buffon, ceux dont Vieillot a fait son genre Grallaria, et que Passe- M. Boie a nommé Myioturdus, genre adopté par MM. le prince Maximilien is et Ménétries. Nous voulons parler des espèces dont le bec est droit, fort, convexe, souvent subcariné en dessus, comprimé et légèrement courbé à son extrémité; des espèces dont la mandibule inférieure est droite sur la moitié de la longueur; de celles qui ont les narines ovales, souvent cachées par les plumes; une langue bifide cornée, un peu frangée; les tarses longs, forts; les doigts peu longs, l'intermédiaire réuni, par sa base, à l’externe, les autres séparés ; l'externe et l’interne presqu'égaux; les ailes courtes, arrondies; la premiere rémige tres-courte, la quatrième ou cinquième la plus longue; la queue courte, peu étagée; les plumes coccygiennes (au moins pour nos deux espèces), courtes et non touffues, comme dans tous les autres oiseaux voisins; des teintes peu variées entre les sexes, et jamais de blanc à la base des inter- scapulaires. En un mot, ce sont des oiseaux seulement marcheurs, qui repré- sentent, en Amérique, les Breves de l’ancien monde; et, dans les régions chaudes, ce sont les représentans des Leptonyx, propres aux parties froides du versant oriental des Andes. ; Ces véritables myothères sont aussi différens des genres précédens par leurs mœurs que par leurs caractères. Tous ceux qu'on connaît jusqu’à ce jour ont été rencontrés à l’est des Andes et seulement dans les régions chaudes et boisées du Brésil, de la Guyane, de la Bolivia. Nous ne les avons jamais aperçus sur les montagnes un peu élevées; mais dans les forêts des plaines , encore dans les plus étendues, le plus souvent humides et chaudes, bien qu'ils entrent aussi dans les halliers. Seuls dans leur série, ils pré- fèrent les forêts vierges aux fourrés, quoique leurs mœurs soient tout à fait terrestres. On les voit d'ordinaire parcourir, isolés, Pintérieur des bois, toujours marchant, sautillant avec une rapidité extrême, entre les brous- sailles ; se blottissant, lorsque quelque objet les épouvante. Ils ne se perchent que très-rarement; ils voyagent d’un lieu à autre, parcourant toute l'étendue des contrées qui se trouvent dans les mêmes conditions, sans jamais émigrer, comme beaucoup d’autres passereaux; d'ailleurs , la brièveté de leurs ailes s’opposerait, en eux, à un vol prolongé. Ils se tiennent, de préférence, au milieu des lieux sauvages, où ils sont peu troublés dans leur manière de vivre. C’est là principalement qu'ils font entendre, le matin, un chant sonore, répété par l'écho; mais ils se taisent aussitôt qu'ils ont peur. Leur nourriture consiste en insectes, qu'ils cherchent à terre, entre les feuilles mortes. Is préfèrent les fourmis. Selon M. Méné- ( 190 ) Pase- tries”, qui a le mieux étudié ces oiseaux, ils nichent vers le mois de Septembre, mi déposent à terre, sans apprèts, deux ou trois œufs blanchâtres, variés de rous- sâtre; leurs petits courent à terre peu après leur naissance et suivent leur mère presqu'à la manière des gallinacés. Au Brésil on les nomme perdix ou galinha do mato (poules de bois). Les Espagnols les connaissent aussi sous le nom vague de gallineta (petite poule). MYOTHÈRE TACHETÉ DE NOIR, Myothera nigro maculata, Nob. Oiseaux, pl. VI bis, fig. 2. Myothera nigro maculata, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2; Mag. de zool. (1837), p. 14. Myothera. Pennis dorsi et scapularibus, tectricibus superis alæ, caudd, remigibus- que secundariis totis, laté nigro maculatis ac terminatis distinguitur; caput, col- lum, pectusque atra; tectrices remigisque primariæ, pogonio externo cinnamomecæe ; illis antè apicem maculis minutis hastatis nigris notatis; circuitu oculorum et spatio postoculari nudis. Sur le vivant. Un très-grand espace nu, d’un beau rouge carmin vif, entoure l’œil et se prolonge en arrière; yeux bruns; bec et pieds noirs. Longueur totale, 18 centi- mètres; vol, 27 centimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 9 centimètres; de la queue, 5 centimètres; du tarse au bout des doigts, 54 millimètres; du doigt du milieu, 25 millimètres; du bec, 17 millimètres; sa hauteur, 6 millimètres; sa largeur, 5 millimètres; circonférence du corps, 10 centimètres. Bec assez long et fort, cariné en dessus; les plumes de la tête petites et comme vil- leuses; ailes courtes; tarses longs et forts. Tête, haut du col et le dessous du corps, noir vif, tout le dos et le dessus des ailes, brun; chaque plume, à son extrémité, munie d’une grande tache noire; rémiges rousses, les secondaires ayant une large tache noire à leur extrémité; les tectrices supérieures des ailes rousses, avec une tache noire au milieu; de petites taches blanches au pli de l'aile; rectrices roux vif, chacune munie, devant son extrémité, d’une petite tache noire, en forme de fer de lance. C'est du Palikour où Turdus formicivorus, Gmel., que se rapproche le plus cette espèce. Mèmes formes de corps et de pieds, seulement ses ongles sont plus forts et plus courbés; même espace nu derrière les yeux; même réunion du doigt externe avec l'intermédiaire, sur leurs deux premières articulations; mais il suflit de jeter les yeux sur leurs descriptions pour voir combien ils diffèrent spécifiquement. Nous avons découvert cette espèce remarquable au sein des immenses forêts qui couvrent 1. Monogr. des Myoth., p. 21. (1H ) les plaines centrales de l'Amérique méridionale, dans le nord-est de la république de Bolivia et au nord de la province de Chiquitos, au pays habité par les Indiens gua- rayos. Elle se tient presque toujours à terre, y courant avec légèreté, surtout sous les fourrés des champs abandonnés. On a de la peine à la faire s'envoler, et son vol, alors, est court et lourd. Nous avons souvent entendu l'écho des forêts répéter son chant sonore, auquel nous en devons la possession. Elle se pose quelquefois sur les branches basses des buissons. MYOTHÈRE A DERRIÈRE ROUX, Wyothera analis, Nob. Oiseaux, pl. VI Lis, fig. 1. Myothera analis, d'Orb. et Lafr., n° 1; Mag. de zool. (1837), p. 14. Myothera. Suprà brunneo-olivacea; subtüs grisea; gutture, collo anteriore, cauda- que nigris; tectrices, alæ inferæ remigisque infra basi pallide rufæ, his nigro varis ; tectricibus caudcæ inferis intense cinnamomeis. Sur le vivant. Un large espace nu, blanchätre, autour des yeux; yeux roux; pieds violets. Longueur totale, 19 centimètres; vol, 31 centimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 9 centimètres ; de la queue, 4 centimètres ; du tarse au bout des doigts, 55 millimètres; du doigt du milieu, 25 millimètres; de l’ongle du pouce, 10 millimètres; circonférence, 13 centimètres. Mäle. Toutes les parties supérieures brun olivâtre, plus foncé sur la tête, passant au roux, au croupion; dessous cendré bleuàtre; gorge et devant du col, noir; milieu du ventre blanchätre; rémiges noirâtres, bordées de verdàtre; base des rémiges en dessous et couvertures inférieures de l'aile roux clair, tacheté de noirâtre; couvertures inférieures de la queue, roux vif; bec droit, comprimé, crochu à son extrémité; narines dans une petite fosse; ailes très-courtes; queue courte, légèrement étagée. La femelle diffère du mâle par le manque de noir sous la gorge, sous le col et par des couleurs plus blanchätres en dessous. Cette espèce a les plus grands rapports avec le Zurdus colma, Gmel., Myiothera tetema, Nlig.; mais elle s’en distingue par le manque de roux sur la tête, par les cou- vertures inférieures de la queue, qui sont constamment roux vif dans les deux sexes; et par un bec plus élevé en dessus. Nous n'avons vu cette espèce qu'au centre de la république de Bolivia, au milieu des immenses forêts qui séparent Santa-Cruz de la Sierra de la province de Chiquitos ou dans celles du pied oriental des Andes, à Yuracarès. Elle se tent tou- jours dans les forèts vierges, y vit continuellement à terre, en retournant les feuilles pour chercher les insectes dont elle se nourrit; son chant sonore se fait entendre surtout lorsqu'elle change de place; elle est si peu farouche, qu’on peut facilement s’en approcher sans qu’elle s’en inquiète. Passe- reaux. Passe- reaux, —————— (19 ) III FAMILLE. RHINOMYDÉES, RuImomrpxx, Nob. Il est impossible de ne pas reconnaître les caractères qui rapprochent les Leptonyx et les Rhinomyes des Myothéridées : ensemble de leurs formes, la brièveté de leurs ailes, la grandeur de leurs tarses et de leurs doigts, en rapport avec leurs habitudes buissonnières et terrestres, les unissent plus intimement encore à cette dernière famille. ils paraissent s’en éloigner par le peu de longueur et par la configuration de leur bec, ce ne sera que dans l'ensemble ; car nous trouvons que, chez les Myothéridées, cette partie subit aussi de grandes modifications, se trouvant assez élevée chez les uns, allongée chez les autres; ainsi, le bec un peu plus arqué chez les Rhinomy- dées ne doit pas empêcher de les grouper tout auprès. M. Lesson, d’après la longueur des ongles des Leptonyx (Megalonyx, Less.), rapprochait ces derniers des Mégapodes et des Ménures ; mais ceux-ci n’ont pas les ongles semblables : ils les ont longs, déprimés, élargis à leur base, aigus à leur extrémité, semblant destinés à assurer leur marche sur les sables mouvans; tandis que ceux des Rhinomydées, comprimés plutôt que déprimés et usés à leur extrémité, annoncent des oiseaux marcheurs, grattant la terre ou vivant sur des terrains rocailleux. Cette différence, ainsi que des mœurs toujours très-distinctes, nous font penser que tous les rapprochemens avec les Mégapodes ne seraient que forcés et peu naturels. Le caractère le plus essentiel des oiseaux de cette famille est la forme des narines, toujours recouvertes d'un opercule cartilagimeux bombé, de sorte que l'ouverture est au-dessous, comme une fente longitudinale. Leur plumage est lâche et de couleurs sombres, roux et blanchâtre. Ils sont, en général, spécialement marcheurs et buissonniers , ne se perchent presque jamais, courent à terre avec vitesse, y grattent et volent très-peu ; tous relégués, dans PAmérique méridionale, sur les parties situées au sud du 34.° degré de latitude, à l'est et à l’ouest des Andes; ainsi, non- seulement leurs caractères, mais encore leurs mœurs et leur distribution géographique, en font le groupe le plus naturel. ( 193 ) Gexre RHINOMIE, Rhinomya', Isid. Geoffr. Rlhinomya, Isid. Geoffr., Mag. de zool. (1832), cl. 2, pl. 3. Caracrères. Bec médiocre, assez court, comprimé, arrondi et arqué en dessus, légèrement denté, près de l’extrémité de la mandibule supérieure ; mandibule inférieure droite, non échancrée à son extrémité. Narines placées dans une cavité profonde de la base du bec, formant une fente longitudinale, recouverte par un opercule ovale, fortement convexe. Tarses forts et longs ; doigts tres-robustes, à ongles assez longs et peu arqués. Ailes très-courtes, la première rémige très-courte, la quatrième la plus longue : toutes n’arrivant qu'à la base de la queue. Cette dernière partie assez longue et étagée, com- posée de douze rectrices. Plumes coccygiennes lâches et longues. Nous avons, de Patagonie, adressé cet oiseau à M. Isidore Geoffroy, en l’ac- compagnant de nos observations personnelles. Ce savant, dans ses intéressantes considérations sur les rapports de la Rhinomie*, la rapproche des Geais, avec lesquels il lui trouve de analogie, et indique ensuite sa place entre les Mainates et les Martins. Nous reconnaissons la précision de son travail et l'identité des rapports constatés par lui; mais les caractères et les mœurs de la Rhinomie nous conduisent à la placer de préférence près des Fourmiliers , avec lesquels elle en a de plus immédiats encore. Quand on compare les Leptonyx aux Rhinomies, il est impossible de ne pas reconnaître que ce sont des animaux on ne peut plus voisins, qui ne diffèrent qu'en ce que le bec de la Rhino- mie et son ongle du pouce, qui n’est pas arqué, sont un peu plus courts. Nous retrouvons d’ailleurs ce dernier caractère dans les Leptonyx pittoïdes, tandis que toutes les autres parties sont absolument semblables. La brièveté des ailes, la force des tarses, la longueur des doigts, dénotent, pour les uns et pour les autres, des oiseaux spécialement marcheurs ; aussi les Rhinomies et les Leptonyx ne se perchent-ils presque jamais et mènent-ils, au contraire, absolument le genre de vie des Myotheres, dont tous leurs caractères et leurs mœurs les rapprochent intimement, ainsi qu'on peut le reconnaître par la comparaison des formes. Nous ne connaissons, jusqu'à présent, que lespèce que nous avons décou- verte : elle est des côtes de la Patagonie. 1. De éwes, narines, et de UUw , je ferme. 2. Mag. de zool., 1832, pl. 3. IV. Oï. 25 Passe- reaux. Passe- reaux, —_—— ( 19 ) RHINOMIE LANCÉOLÉE, Fhinomya lanceolata, Xsid. Geoffr. et d’Orb. Oiseaux, pl. VII, fig. 1, 2. Rhinomya lanceolata, Xsid. Geoffr. et d'Orb., Mag. de zool. (1832), cl. 2, pl. 3. R. gutture pectoreque cinereis, hypocondriüs rufis; ventre albescente; capite supra , pennis elongatis, brunneo-rufis, albo striatis ; suprà brunneo olivascens ; remigiis brunneis, griseo-rufo limbatis ; caud& nigrescente. $ ; 5 Sur le vivant. Yeux bruns; bec corné; pieds noirs. Longueur totale, 22 cent.; du vol, 25 cent.; de la queue, 6 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 8 cent.; circonférence du corps, 11 cent. Müle. Dessus de la tête couvert de longues plumes effilées, que l'oiseau tent tou- jours relevées en huppe. Le dessus de la tête, la huppe, le dessus du cou, brun-roux fauve; chaque plume ayant, au milieu, une ligne blanche longitudinale, circonscrite de brun foncé; gorge et poitrine gris ardoisé; dos et toutes les parties supérieures olive foncé; milieu du ventre blanc, ses côtés roux vif, queue noiratre, légèrement olive à sa base et au bord des rectrices. Les jeunes ont les couleurs moins vives. Nous n'avons rencontré celte espèce que sur les rives du Rio negro en Patagonie. Elle se tient toujours à terre, dans les buissons les plus épais, d’où elle ne sort que pour courir aux environs, et y rentre au moindre bruit; aussi est-il difficile de se la procurer, quoiqu’on l’entende souvent. Lorsqu'elle n’éprouve aucune crainte, elle répète deux fois par minute, tout en marchant au pied des buissons, un petit cri que rendent assez bien les syllabes clot, clot. L’inquiète-t-on ? Elle se tait aussitôt, se cache dans les buissons, et attend en silence, pour reparaître, que la tranquillité renaisse autour d'elle; mais, si l’on s'approche de sa retraite, il est on ne peut plus difficile de l’en faire sortir, même en frappant sur le buisson. À peine s’est-elle assurée de la cessation du danger, qu’elle avance la tête entre les branches, regarde de tous côtés, puis sort en sautillant, tenant sa huppe très-relevée et la queue perpendiculaire, comme les Lepto- nyx, démarche qui lui a fait donner, par les habitans espagnols du pays, le nom de gallito, peut coq. Tous ses mouvemens sont pleins de vivacité : elle court autour des buissons, toujours sautillant, toujours regardant autour d’elle; sa marche est rapide et elle l’accélère encore en s'aidant de ses ailes, comme certains ràles; alors, moitié marchant, moitié volant, elle arrive avec promptitude au buisson voisin. Elle ne vole que très-rarement et très-mal, seulement pour franchir une très-courte distance, sans jamais s'élever à plus de deux mètres au-dessus du sol. La Rhinomie lancéolée est sédentaire sur les rives du Rio negro; elle vit d'ordinaire isolée; mais plusieurs individus dans le même canton se répondent les uns aux autres par leur chant. Nous ne l'avons jamais rencontrée loin de la rivière; elle aime néanmoins les coteaux arides, couverts de buissons et les haies sèches, On ne la trouve point à (195 ) l'embouchure du Rio negro; elle est rare près du Carmen et devient commune en remon- tant ce fleuve, près de la Salina d’Andres Paz. Elle se nourrit principalement d'insectes, d’araignées, peut-être de petites graines, ce dont nous ne sommes pas bien certain; car il y en avait très-peu dans son estomac. Elle niche dans les buissons presqu’à terre; son nid est composé de plusieurs couches d'herbes sèches. Genre LEPTONYX, Zeptonyx, Swainson. Genre Leptonyx , Swains., 1821, Zool. illust., 2 série, n°26, pl. 117; Pteroptochos, Kitilitz, 1830, Mém. prés. à l'Acad. impér. des sc. de S. Pétersb. , t. 1, p. 175 ; Aylaetes, King, 1830, Proc. zool. soc. of Lond., p. 15; Megalonyx, Less., 1830, Cent., p. 200, pl. 66. M. Swainson, dès 1821, a bien décrit et bien figuré, sous le nom de Lep- tonyx, l'espèce la plus commune de ce genre. Nous devons donc nous éton- ner que, neuf ans après, presque simultanément, en Russie, en France et surtout en Angleterre, patrie du naturaliste qui en a donné la description, on lui ait imposé de nouvelles dénominations génériques; ce qui montre d’abord que les caractères de cet oiseau sont assez marqués pour avoir frappé tous ces auteurs à la fois; et prouve ensuite que, pour ne pas surcharger la science d’une synonymie tout à fait gratuite, on ne saurait mettre trop de soin à s'assurer si le nouveau groupe qu'on veut former ne la pas été déjà. Il est peu de genres mieux caractérisés, disons-nous, que celui des Leptonyx: en effet, leur bec médiocre, mais fort, comprimé sur les côtés ; leurs narines protégées par un large opercule ovale ou allongé, leur grosse tête, leurs plumes coccygiennes très-longues et soyeuses , leurs ailes courtes, très-concaves; leur queue médiocre, étagée; mais surtout leurs tarses forts, leurs doigts robustes, leurs ongles souvent longs et peu arqués, en font des oiseaux assez distincts des autres passereaux décrits, pour qu'on ne balance pas à les en séparer entièrement. Les Leptonyx, par leur distribution géographique, doivent encore être placés ensemble; car tous sont relégués, surtout sur les parties les plus méri- dionales du continent américain, à Pest et à ouest des Andes, s'avançant à peine vers le nord, encore du côté des montagnes, jusqu’au 34.° degré. Comme on a vu aux caractères de la famille, tous sont buissonniers , constamment sur le sol, où ils vivent sédentaires, courant avec vitesse, volant peu. Chaque espèce se cantonne dans une région qui lui est propre. Nous divisons les Leptonyx en deux groupes : le premier, celui qui se rap- proche le plus des Rhinomies, se composera des espèces qui ont les tarses et Passe- reaux. ( 196 ) Pas Îles pieds robustes, mais qui n’ont pas les ongles allongés et droits, comme 7 les véritables Leptonyx, n’en différant, du reste, que par ce caractère. Nous les nommerons : * LEPTONYX À FORME DE BRÈVE, Leptonyæ pittoides. LEPTONYX À COL BLANC, ZLeptonyz albicollis, Nob. Oiseaux, pl. VIE, fig. 2. Pteroptochos albicollis, Kittlitz, 1830, Mém. prés. à l'Acad. impér. des sc. de S. Pétersb., t. I, p- 180 ,pl. 3; Megalonyx medius, Less., 1834 , Iust., pl. 60; Megalonyx albicollis, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 15, n° 3. L. suprà rufescenti-olivaceus ; fronte, vertice, uropygio, rectricibus remigibusque rufis, harum duabus primariis limbo externo dilutioribus ; vitt4 superciliari à fronte ad cervicis fossam ductd ; guld, collo antice pectoreque medio albis; colli pectorisque lateribus diluté rufescentibus ; abdomen totum, tectricesque infere caudeæ rufescentes, striis fuscis, transversis, flexuosis notantur. Quædam tectrices alæ superæ, maculis nigro alboque varis terminantur; lora nigra; rostrum nigrum, corneum. Sur le vivant. Yeux bruns; bec corné noiràtre; pieds plombés. Longueur totale, 20 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 74 mill.; du bec, 18 mill.; sa largeur , 6 mill.; du haut du tarse au bout des doigts, 58 mill.; de l’ongle du pouce, 7 mill. | Cette espèce est surtout très-commune dans le sud du Chili, principalement à Con- cepcion et à Valdivia, d’où elle nous a été communiquée par M. Fontaine. Elle vit autour des buissons et y court à terre, comme les autres espèces, sans cesser de relever sa queue verticalement, comme les Troglodytes. LEPTONYX RUBÉCULE, Leptonyx rubecula, Nob. Oiseaux, pl. VII, fig. 3, 4. Pteroptochos rubecula, Kitilitz, Mém. prés. à l'Acad. impér. de S. Pétersb., t. I, p. 179, pl. 2; Megalonyx rubecula, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1835), p. 16, n° 4. L. supra brunneo-rufescens, vittd superciliari, à naribus ad regionem paroticam ductä; gutture, collo anticè, pectoreque intensive rufis, pectoris inferis abdominisque lateribus griseis, eorum medio vittis nigris et albis transversis notato, abdomine uno pallide rufescente. Caudd rectricibus mollioribus et gradatioribus. Pedes digitis, inter- medio præcipue, longioribus, ungulis anticis brevibus ac debilibus, hallucis vero mullo fortiore. Bec brun, pieds brun pâle. Longueur totale, 16 1/3 cent. Cette espèce vient de Valdivia , au sud du Chili, d’où elle nous a été rapportée par M. Fontaine. Nous ne l'avons point vue vivante; mais M. Fontaine nous a appris qu’elle mène le mème genre de vie que l'espèce précédente. ( 197 ) Nous croyons qu'on peut encore rapporter à ce genre le Troglodytes paradoxus de M. Kittlitz (Mém. prés. à l'Acad. impér. de S. Pétersb., 1830, t. 1, p. 184, pl. 5); alors ce serait le Leptonyx paradoxus, Nob., caractérisé par sa taille plus petite; le dessus et les côtés de la poitrine gris ardoisé; les ailes et la queue brun noirâtre; les rémiges secondaires terminées par une petite tache rousse et noire; le devant du col et le milieu de la poitrine blancs ; flancs et bas-ventre roussâtres, rayés en travers de noirâtre; le bec conique, à narines operculées. ** LEPTONYX PROPREMENT DITS. Tarses longs, très-robustes; doigts très-longs et forts, terminés par des ongles presque droits, légèrement comprimés, très-longs, constamment ‘usés à leur extrémité. LEPTONYX À GRANDS PIEDS, Leptonyæ macropus, Swains. Lepionyx macropus , Swains., 1821, Zool. illust., 2 série, pl. 117; Pteroptochos megapodius, Kittlitz, Mém. de l'Acad. de S. Pétersb., 1830, t. I, p. 182, pl. 4; Megalonyx rufus, Less., 1830, Cent., p. 200, pl. 66; id., d'Orb. et Lafresn., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 16,n.° 1. L. suprà brunneo-olivascens; pennis griseo limbatis, uropygio rufescente, striis trans- versis albidis radiatis ; vittd superciliari, guld, latere colloque albescentibus; pectore brunneo-rufescente; ventre albescente, brunneo transversim radiato; uropygio rufo-brunneo, rufo transversim radiato ; caudd brunned ; remigiis brunneo-fulvo limbatis. Longueur totale, 25 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 92 cent.; de la queue, 70 mill.; du bec, 19 mill.; sa hauteur, 8 mill.; du tarse au bout des doigts, 80 mill.; de l’ongle du pouce, 18 mill. Cette espèce est bien caractérisée par sa couleur brun grisàtre, plus foncée sur le milieu de chaque plume en dessus, par ses sourcils blancs, par sa gorge, et par deux lignes de chaque côté de son cou, de la même couleur; par le haut de la poitrine roux-brun; par son ventre blanc, avec une tache en croissant brun-noir et roux sur chaque plume; par son croupion et par les couvertures inférieures et supérieures roux rayé de blanc en travers. Ses teintes la distinguent essentiellement du Leptonyx Tarnu. Un jeune individu , qui n’avait pas encore pris sa livrée complète, offre les différences suivantes avec les adultes : les parties supérieures à peu près les mêmes, avec une teinte 1. On a, tout à fait à tort, rapproché ces oiseaux des Mégapodes, avec lesquels ils n’auraient d’autres rapports que la longueur de leurs ongles; car, du reste, ils en sont très-éloignés, par les mœurs et par les autres caractères. Passe- reaux. Passe- reaux. ———— (198 ) roussètre répandue partout; le croupion roux uniforme, sans stries transverses; le ventre et la poitrine roux pàle, marqué seulement, au bas-ventre, de quelques lignes trans- versales ; les tectrices de la queue d’un roux pàle uniforme; ses ongles sont longs, mais crochus à leur extrémité, ce qui prouve évidemment que c’est l’action continue de gratter la terre, qui, dans les adultes, en use l'extrémité, Nous avons souvent aperçu cet oiseau aux environs de Valparaiso, Chili; néan- moins il paraît plus commun vers les régions plus australes de cette république. IL se tient au milieu des ravins, dans les lieux couverts de buissons, y court continuellement à terre, avec une grande vivacité, se cache dans les broussailles, reparaît un instant après, en saulillant, gai, agitant sa tête, tenant sa queue droite et ayant, en tout, les allures de la Ækinomya lanceolata, à Varticle de laquelle on peut voir, avec plus de détails, l'exposé de ses mœurs. Nous lavons vu souvent gratter à terre, pour chercher les insectes, dont il paraît se nourrir exclusivement; car nous n’avons jamais rencontré de graines dans son estomac. : Les Chiliens l’appellent Tapa-culo. LEPTONYX DE TARN, Zeptonyx Tarni, Nob. Oiseaux, pl. VILT, fig. 1. Hylactes Tarniü, King, Proc. zool. soc. of Lond., 1830, p. 15; Megalonyx ruficeps?, d'Orb. et Lafresn., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 16,n. 2. L. brunneo-rufescens; pileo, uropygio, pectore hypocondriisque cinnamomeis, ultimd parte nigro latè squamosis; tectricibus superis alæ fuscis, apice rufescentibus , linedque nigrä tenuissimd terminatis ; tectricibus superis ac inferis caudæ rufes- centibus, nigro vittatis; caudd nigrd ; tectricibus basi pogonio externo rufescentibus. Longueur totale, 24 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 110 mill.; de la queue, 80 mill.; du bec, 17 mill.; sa hauteur, 7 mill.; du tarse au bout des doigts, 92 mill.; de l’ongle du pouce, 19 mill. Son bec est étroit, allongé, comme celui du Zeptonyx macropus, conique, mais un peu plus étroit; ses pieds sont au moins aussi forts; ses ongles longs et aussi peu arqués, surtout celui du pouce. Couleur brun foncé, passant au roux sur plusieurs parues; le front et la poitrine roux vif; cette même teinte, ornée, sur chaque plume, d’un croissant noir, couvre les flancs et le ventre; le croupion et les couvertures supé- 1. Nous reproduisons ici la courte phrase de M. King, pour qu’on voie s’il est possible de recon- naitre une espèce avec aussi peu de détails : AyL. saturatè fusco-brunneus ; fronte, dorso, abdomi- neque rufis, hoc fusco fasciato. Réellement, il vaudrait mieux ne rien dire que de dire aussi peu; car un pareil procédé conduit à des doubles emplois, auxquels il est impossible de remédier. C'est, dans notre siècle, une triste innovation, qui pouvait être bonne au temps de Linné, mais qui, vu la multiplicité toujours croissante des espèces, devient une véritable calamité pour ceux qui s'occupent de science. ( 199 ) rieures et inférieures de la queue, roux, avec des indices de bandes transversales noi- râtres ; ailes et queue noiratres, bordées d'olive roussätre; les couvertures supérieures des ailes brun olivatre, bordées extérieurement de roux; derrière de la tête, gorge et devant du cou, noiràtres. Bec brun en dessus, rose à la mandibule inférieure; pieds violacés. La description démontre que cette espèce est, par son plumage, tout à fait distincte de l'espèce la première connue (ZLeptonyæ macropus), quoiqu’elle ait la même taille et la même forme. Elle habite les environs de Valdivia , au sud du Chili, où elle a été tuée par M. Fon- taine, chirurgien-major du brick le Griffon, commandé par M. du Petit-Thouars. Il paraîtrait qu’elle y est assez commune et y mène le même genre de vie que ses congé- nères. Son nom est aussi, au Chili, Zapa-culo (qui se couvre le derrière), dû à son habi- tude de relever la queue perpendiculairement. IV. FAMILLE. TURDIDÉES, Tunpipx. Nous n'avons rencontré, en Amérique, que trois genres de cette famille, des Merles, des Moqueurs, des Donacobius. Les deux premiers sont de l’est et de l’ouest des Andes, tandis que le troisième reste toujours à l'est et dans les régions chaudes; aussi trouve-t-on les deux premiers sur une surface beau- coup plus étendue en latitude et en élévation sur les montagnes. Ce sont, au reste, des oiseaux tous plus ou moins buissonniers. *TURDIDÉES SYLVICOLES, Turdidæ sykicolæ, Nob. ai r . r . . « . Nous réunissons, sous cette dénomination, les espèces qui entrent, plus volontiers, dans les bois, par opposition avec la division suivante, qui se tient, au contraire, seulement sur les buissons. Gexvre MERLE, Turdus, Linn. Les caractères de ce genre sont trop vulgaires pour que nous les reprodui- sions ici. Nous nous bornerons à quelques généralités relatives à la distribu- - tion des espèces sur le sol américain. Si nous voulons examiner comparative- ment le nombre des Merles que nous avons rencontrés en Amérique avec celui de nos espèces d'Europe, nous verrons de suite que l'Europe est, pour la quantité de ces oiseaux, beaucoup plus favorisée que le continent américain, puisque, sur l’immense surface que nous en avons visitée, nous n'avons trouvé Passe- reaux. ( 200 ) Pas que quatre espèces de Merles proprement dits. De ces quatre espèces, lune reaux, (le Turdus Falklandiæ) est reléguée sur les parties les plus froides de la partie méridionale; l'autre (le Turdus chiguanco) ne se trouve qu'à l'ouest des Andes, dans les régions chaudes; la troisième ne se rencontre que sur les parties élevées des Andes, au 16.° degré de latitude, tandis que la quatrième habite toutes les régions chaudes et tempérées des vastes plaines orientales de l'Amérique. I est curieux de voir chacune de ces espèces circonscrite dans son canton particulier, sans se mêler jamais aux autres. De ces faits nous pouvons conclure que les Merles sont de toutes les régions américaines, depuis les parties glacées jusqu'aux plus chaudes, et depuis le niveau des mers jus- qu’à 41,000 pieds (près de 3,700 mètres), au-dessus, sur les montagnes. Du reste, ils ont le même genre de vie que nos Merles européens. MERLE NOIRÂTRE, Zurdus fuscater, Nob. Oiseaux , pl. IX, fig. 5. Turdus fuscater, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de z0ol. (1836), p.16, n° 1. T° suprà totus fusco-ater; dorso pauld brunneo olivaceo cincto; capite , alis caudäque parum gradatä saturatioribus, ferè nigris, subtùs dilutioribus; ano grisescente; rostro pedibusque flavis. Sur le vivant. Yeux brun-roux; paupières, bec et pattes jaune vif. Longueur totale, 29 cent.; queue, 11 cent.; vol, 45 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 10 cent.; du bec, 23 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 8 mill.; du tarse au bout des doigts, 7 cent.; circonférence du corps, 14 cent. Formes de notre merle ordinaire; bec long, droit, légèrement denté à son extrémité; ailes longues, la quatrième penne la plus longue; queue allongée, les deux rectrices inférieures un peu plus courtes que les autres; tarses longs; acrotarse muni d’une seule squamelle; une paupière charnue. Couleurs : Partout en dessus noirâtre, un peu brun, comme teinté d’olivatre; la tête, les ailes, la queue, un peu plus foncées; chaque plume noirâtre, bordée de plus pale, dessous plus pâle, passant au grisätre; toujours chaque plume bordée de plus pâle; le derrière entièrement gris. Les seules différences apportées par le sexe sont des teintes plus roussätres en dessus et plus grises en dessous. Variété accidentelle. Nous avons tué un individu ayant un grand nombre de plumes blanches sur les parties supérieures du cou; le tour des yeux entièrement blanc, ainsi que la gorge; du reste, aucune autre différence. Cette espèce habite toute notre IL.° zone d’élévation, sur les montagnes de la république de Bolivia, c’est-à-dire de 1,700 à 3,700 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous l'avons successivement rencontrée aux environs de la ville de la Paz; puis à l’est de la a ——— — ( 201 ) Cordillère orientale, à Enquisivi, dans la vallée de Cochabamba , à Mezque, Valle grande, et à Chuquisaca. Elle se tient ordinairement dans les ravins couverts de buissons , sur- tout près des lieux habités, entre volontiers dans les jardins; quelquefois même, en hiver, elle se montre assez familière pour pénétrer dans l’intérieur des maisons. On la voit tantôt seule, tantôt en compagnie de deux ou trois individus de son espèce, sau- tiller auprès des haies, des buissons, retourner les feuilles sèches, afin d’y chercher sa nourriture ; relever fréquemment la queue, surtout lorsqu’elle s'arrête; entrer dans les buissons, s’y enfoncer , en sortir ensuite pour parcourir, de nouveau, d’un air gai, les environs. Poursuivie, ses mœurs, si peu craintives, la portent à ne s'envoler qu’à la dernière extrémité, et encore est-ce pour ne se porter qu’à peu de distance. Sédentaire dans le pays, elle y est très-commune, ne se mêlant jamais aux autres espèces d'oiseaux; mais, du reste, y menant, à peu de choses près, le genre de vie du Merle ordinaire d'Europe. Son chant même, au temps des amours, a beaucoup des accens mélodieux de celui-ci. Elle se nourrit de petites graines et d’insectes. Au mois d’Août et de Septembre, elle construit, dans les buissons, qu’elle fréquente habituellement , un nid qui ressemble à celui du Merle commun, excepté qu’il n’est pas extérieurement enduit d’une couche de terre. Souvent on l’élève dans le pays, où les Aymaras lui appliquent la dénomination de Chiguanco, générique pour les Merles. MERLE CHIGUANCO, Turdus chiguanco, Nob. Oiseaux, pl. IX, fig. 2. Turdus chiguanco, d'Orb. et Lafresn. (1835), Syn., Mag. de zool., p. 16, n° 2. T. suprà totus griseo-marinus , alæ caudæque pennis pauld saturatioribus ; subtus pallidior; gutture albo-rufescente, strüs longitudinalibus fuscis ; ano albescente ; tectricibus caudæ inferis margine scapoque albis; tectricibus alæ inferis, rufo limbatis ; rostro pedibusque flavis. Sur le vivant. Bec et pieds jaune vif; yeux bruns. Longueur totale, 27 cent.; du vol, 38 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 13 cent.; de la queue, 9 cent.; du haut du tarse au bout des doigts, 7 1/2 mill.; circonférence du corps, 16 cent. Formes. Bec fort; tarses robustes et longs; ailes longues; la quatrième rectrice la plus longue; queue allongée, presqu’égale. Couleurs. Toutes les parties supérieures gris-brun ; les ailes et la queue un peu plus foncées, mais bordées de la même teinte; le dessous gris très-pàle; la gorge couverte de taches allongées, brun très-clair, sur le milieu de chaque plume; le derrière presque blanc ; les couvertures inférieures de la queue gris bordé de blanchätre; les tectrices inférieures de l'aile roux pale. Cette espèce, quoique peu différente de la précédente, s’en distingue par une taille moindre, par les grivelures de sa gorge, par des teintes beaucoup plus päles. Il y a aussi IV, Oùis. 26 Passe- reaux. ( 202 ) Pase- un caractère plus tranché, celui des tectrices inférieures de l'aile, qui sont d’un beau reaux., roux pâle, ce qu'on ne voit point dans l’autre espèce. Elle est aussi voisine du Griveroux. Nous n'avons rencontré ce Merle que sur le versant occidental des Andes péruviennes, du niveau de la mer à 2,000 mètres au-dessus, c’est-à-dire aux environs de la ville de Tacna; et de là, en remontant la Cordillère, jusqu’au village de Palca. Dans tous ces lieux, il est très-commun au fond des ravins, et en général, sur tous les points où se montrent soit des buissons, soit des arbres fruitiers, soit des haies, qu’il n’abandonne jamais, Souvent par couples, souvent isolé, on le voit, surtout autour des lieux habités, y vivre sans crainte et avec beaucoup de familiarité, comme s’il était chez lui. Il gratte souvent la terre, retourne les feuilles mortes, se perche toujours sur les branches basses des buissons, courtavec vivacité, en relevant fréquemment la queue; en un mot, pour les allures et pour le vol, nous ne pouvons mieux le comparer qu’à notre espèce commune d'Europe. Il est sédentaire, se nourrit de graines et d'insectes. Nous avons voulu en manger; mais sa chair est dure, désagréable, et les habitans la méprisent. On nous a assuré qu’au temps des amours son chant est harmonieux, ce qui a déterminé quelques personnes à en élever; chose très-facile. Les Indiens Aymaras le nomment aussi Chiguanco , nom que nous avons pris comme spécifique. MERLE DES MALOUINES, Turdus Falklandiæ, Quoy et Gaim. Turdus Falklandiæ, Quoy et Gaim., Zool. de l'Uranie, p. 1043 Pernetti, Hist. d'un voy. aux îles Malouines, t. 2, p. 20; T'urdus magellanicus, cap. King, Proc. zool. soc. of Lond. (1830), p+ 143 Turdus magellanicus , d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1835), p. 16, n.° 3. T. suprà griseo-rufescens; capite, remigibus primariis cauddque fusco-atris, subtus pallidè rufus; guld albo-flavicante, fusco-atrd, guttata. Sur le vivant. Bec et pieds jaune aurore; yeux roux-brun. Longueur totale, 27 cent.; de la queue, 8 cent.; du vol, 44 cent.; du pli de laile à son extrémité, 14 cent.; cir- conférence du corps, 16 cent. Paupières charnues, jaunes. Remarquable par le dessus de sa tête noir, par ses ailes et par sa queue noiratres, par ses parties supérieures gris-brun, par sa poitrine brun-roux, par son ventre roux, par sa gorge très-agréablement mouchetée, en long, de grivelures noires. Ce Merle, indi- qué, dès 1770, dans Pernetti, comme propre aux Malouines, a été décrit ensuite, zoolo- giquement , dans la Zoologie de l’expédition de l'Uranie, par MM. Quoy et Gaimard, qui lui ont imposé le nom de Turdus Falklandiæ. W paraîtrait que M. King n’a pas con- sulté cet intéressant ouvrage; car nous trouvons plusieurs des mêmes espèces reproduites par lui sous de nouveaux noms, et notamment celle-ci, qu'il décrit sous la dénomi- nation de Turdus magellanicus. La femelle a la tête beaucoup moins noire, et quelquefois des taches blanches sur les côtés du col et sur le tour des yeux. ( 203 ) Comme on l’a vu par les deux noms que porte cette espèce, elle habite, en même temps, le détroit de Magellan et les îles Malouines, d’où il paraîtrait qu’elle émigre à l'instant des grands froids, pour aller s'établir momentanément en des régions plus tempérées; c’est au moins ce que nous pouvons inférer de sa présence en hiver sur les rives du Rio negro, dans la partie septentrionale de la Patagonie, où nous l'avons trouvée assez abondante. Elle vit dans l’intérieur des bois de saules des îles du Rio negro, à douze ou quinze lieues au-dessus de son embouchure, surtout dans les lieux marécageux; sautille d’une branche à l’autre des arbres, principalement sur les basses branches; descend souvent à terre; et là, gratte et retourne les feuilles tombées, afin d'y chercher sa nourriture. Rarement isolée, elle va plus ordinairement par couple, mais jamais par troupes, et fuit la société des autres oiseaux. Chose assez remarquable pour un oiseau peu inquiété par l’homme, elle est des plus sauvage. Ses mœurs sont celles de nos grives; son vol est court, saccadé, peu prolongé, jamais élevé; vive dans ses mouvemens, elle marche avec vitesse et fait souvent entendre une espèce de siffle- ment de rappel entre les différens individus. Nous croyons lavoir retrouvée à Valparaiso, au Chili; mais les individus différaient en ce que la tête n’était pas noire, ce qui pour- rait indiquer une livrée du jeune àge. Les habitans nous ont assuré que quelques couples nichent dans les bois de saules. MERLE BRUN ET ROUX, Zurdus rufiventris, Vieill. Oiseaux, pl. X, fig. 1, son œuf. Mas. Zorzal obscuro y rojo, Azara, Apunt. de los Paj., t. 1,p. 336, n° 79 ; Turdus chocki, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 20, p. 226, et Encycl., t. 2, p. 639 (d'après Azara); Turdus rufiventris, Vieill., Encycl., t. 2, p. 639 ? Turdus rufiventris, Licht., Doubl., p. 38 ,n.° 435 ; id., prince Max., Beitr. zur Naturg. von Bras., I, p. 639; id., Spix, 4v.,t. 1,p. 68. Fem. Zorzal obscuro y blanco, Azara, Apunt., t. 1, p. 341, n° 60; Turdus leucomelas, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 20, et Enc. méth., t 2, p. 644 (d'après Azara); Turdus crotopezus, Licht., Doubl., n° 436, p. 38; Turdus albiventer, Spix, Æv.,t. 1,p. 70, t. 69; Turdus crotopezus, Illig., prince Max., t. IL, p. 646. T. Mas. Suprà brunneo-olivascens ; guld juguloque albis, brunneo striolatis ; pectore ventreque rufis; palpebris fuscis. Fem. Supràä brunneo-olivascens ; guld juguloque albis, brunneo striolatis; pectore brunneo-pallescente; ventre griseo-albido. Sur le vivant. Yeux bruns, le tour pourvu de bourrelets jaunes ; bec jaunâtre dans le mâle, quelquefois noiràtre chez la femelle et chez les jeunes mâles; pieds bruns. Longueur totale, 27 cent.; femelle, 24 cent. Une circonstance favorable, celle de la nichée, nous ayant mis à portée d'étudier les deux espèces de Merle d’Azara (les n.” 79 et 80), nous nous sommes bientôt con- vaincu que l’une était la femelle de l’autre, et qu’il devenait indispensable de les réunir Passe- Treaux. Passe- reaux. ( 204 ) en une seule, quoique plusieurs ornithologistes célèbres, ainsi qu’on a pu le voir à la synonymie, aient suivi et suivent encore l'auteur espagnol. Nous nous étonnions de rencontrer constamment ces deux espèces ensemble, et nous soupçonnions que le couple devait se composer d'individus des deux sexes. L’instant de la nichée est venu fixer tout à fait nos idées à cet égard. Les jeunes Indiens que nous stimulions à nous cher- cher des nids, nous annoncèrent qu’ils en avaient rencontré un de cette espèce ; nous vimes effectivement, dans les environs, le mâle et la femelle, et les tirèmes même près de leur nid; dès-lors nous n’eûmes plus d'incertitude, à moins qu’un hasard bien sin- gulier n’eût rassemblé, dans le même lieu, deux individus de sexes différens, ce qui nous eût paru d'autant plus extraordinaire que partout nous avions rencontré les deux espèces volant et voyageant de concert, et que l'inspection de leur intérieur nous avait toujours montré des mâles dans les individus roux, et des femelles dans ceux à ventre blanchâtre. Nous avons trouvé cette espèce, des environs de Buenos-Ayres aux plaines brülantes de Santa-Cruz de la Sierra, en Bolivia, où , sans être commune, elle est assez répandue, mais selon la saison; car, dans les mêmes lieux, il s’est écoulé de longs intervalles de temps, sans que nous l’aperçussions; ce qui dénoterait un oiseau voyageur. Elle ne vient qu'en hiver à Buenos-Ayres. Elle se tient plus particulièrement dans les lieux buis- sonneux ou boisés; mais, l'été, fréquente la lisière des bois. On la rencontre isolée ou par petites troupes; sa timidité est extrème. Quoiqu'elle préfère les environs des lieux habités, elle se cache au plus épais des buissons, lorsqu'elle est effrayée, et c’est là qu'elle passe ordinairement la nuit; le jour, elle se tient constamment sur le tiers infé- rieur des arbres ou dans les buissons , ne se perchant jamais au sommet des premiers. Ses allures sont celles de nos Merles : elle vole au rez de terre, le matin principalement; se tient à terre près des haies, des buissons, à la lisière des bois; y sautille, s'arrête, afin de retourner les feuilles sèches, où elle cherche les graines et les insectes dont elle se nourrit. En hiver, son chant peut être exprimé par la syllabe cot ou pot, que répètent souvent les individus mâles ou femelles d’une même troupe, ce qui vient encore appuyer notre opinion qu’elle ne forme qu’une seule espèce; mais, au temps des amours, quand les couples sont formés et séparés pour la nichée, commencent de nouvelles chan- sons, variées, quoique souvent mélancoliques. Le jour, leurs couplets sont différens, préludant souvent par choché, comme l’a dit Azara, puis continuant d’une manière agréable; le soir, c’est un miaulement plaintif assez monotone. En Octobre , le couple s'occupe de sa nichée : il construit alors au centre d’un buisson épais, un nid de 25 à 30 centimètres de diamètre, composé, à l'extérieur, d’une grande quantité de bran- chages , formant un tissu serré, qui protège un lit de plantes sèches, principalement d’une espèce d’immortelle, dont les tiges sont très-serrées, souvent de deux centimètres d'épaisseur, sur lequel est une garniture de crin bien contourné. La forme en est profonde (7 centimètres de diamètre intérieur, 4 de profondeur). Les œufs, au nombre de quatre à cinq, sont verts, lachetés de rougeätre; mais les taches y sont plus rapprochées sur le gros bout; les diamètres sont 31 et 22 millimètres. Le mâle et la femelle paraissent ( 205 }) couver tour à tour et avoir le plus grand soin de leurs petits. On les élève avec facilité à l’état domestique. Les Guaranis connaissent ces oiseaux sous le nom générique d’Æabia, et en raison de l'harmonie de leur chant, quelques Espagnols leur appliquent celui de Calandria. Nous avons, dans notre Synopsis, p. 17, n° 5, donné, sous le nom de Zurdus oli- vaceus, des Merles rencontrés, province de Yungas (république de Bolivia), au sein des bois épais et humides du versant oriental des Andes. Nous n’en avons vu, alors, que des individus à plumage de femelles; mais, comme aucun caractère ne peut les dis- üinguer des femelles du Turdus rufiventris, nous pensons qu’on doit les y réunir. Néan- moins nous avons souvent cherché à nous expliquer pourquoi, dans ce dernier lieu , nous ne rencontrions aucun mâle, tandis que, partout ailleurs, il y avait à peu près nombre égal d'individus des deux sexes. Il faudrait peut-être admettre que, dans ces montagnes, il existe une espèce en tout semblable à la femelle du 7. rufiventris, et différente spécifiquement. * TURDIDÉES DUMICOLES, Turdidæ dumicolæ. Au lieu de fréquenter les bois, de chercher lombrage, d’entrer dans les buissons, cette division des Turdidées se tient surtout dans les plaines cou- vertes de quelques broussailles, sur le point le plus élevé desquelles elle se perche constamment. Gexre MOQUEUR, Orpheus, Swains. Les Moqueurs se distinguent des Merles principalement par un bec plus grêle, plus convexe, par une queue longue, par des plumes souvent usées sur le front, tout en ayant les autres caractères de ce genre; mais ils s’en distinguent : plus nettement encore, par leurs mœurs: ce ne sont plus ces oiseaux craintifs, amis de l’ombrage, toujours cachés sous les arbres ou dans linté- rieur des buissons. Les Moqueurs, au contraire, sont familiers, vivent près de homme et souvent à ses dépens, se perchent sur sa demeure ou sur les buissons qui lenvironnent et semblent toujours vouloir qu’on les aperçoive; car non-seulement ils se posent sur les points culminans, mais encore ils font entendre leurs mélodieux accens, si justement vantés chez tous les peuples, même chez les plus sauvages ; accens qui, variables au dernier point, ont été souvent regardés comme une imitation de ceux des autres oiseaux, ce qui leur à valu, sans doute, le nom de Moqueur. Les Merles ne chantent, pour ainsi dire, qu’au temps des amours; les Moqueurs chantent toute l’année. Nous décrivons cinq espèces d'Orpheus, dont, sur le sol américain, chacune a une région déterminée qui lui est propre, sans que jamais aucune d'elles Passe- reaux. ( 206 ) Pas empiète sur le territoire de Pautre. L’Orpheus patagonicus est confiné à Pest reaux. __— des Andes, dans les régions les plus méridionales; POrpheus thenca habite une latitude un peu plus septentrionale, seulement à l’ouest des Andes du Chili. L'Orpheus calandria se montre où cesse de se montrer PO. patagoni- cus, et il est très-commun du 34.° au 28.° degré. Au lieu qu’il cesse d’habiter vers le nord, paraît lOrpheus triurus, qui vit au sein des plaines les plus chaudes de la Bolivia, tandis que notre Orpheus dorsalis se tient spéciale- ment sur les montagnes élevées de plus de 2,000 mètres au-dessus du niveau des mers, mais à l’ouest des Andes; ainsi les Orpheus, allant au sud jusqu'au 45." degré, s'étendent de là jusqu'aux régions les plus chaudes; et, en élévation, du niveau des mers à 3,500 mètres au-dessus. Ils ont donc, sous ce rapport, les mêmes limites d'habitation que les Merles; et, comme les Merles amé- ricains , sont des oiseaux sédentaires. Ce genre est encore peu connu, quant aux espèces qui le composent, sou- vent confondues ensemble; et, quoique nous n’ayons rien négligé de tout ce qui pouvait Jeter quelque jour sur lhistoire de celles que nous avons été à portée d'observer, nous signalons aux ornithologistes le genre entier, comme ayant besoin d’une monographie complète. MOQUEUR CALANDRIA, Orpheus calandria, Nob. Oiseaux, pl. X, fig. 2. La Calandria, Azara, Æpunt. de los Paj., t. Il, p. 231, n° 223; Turdus thenca, Vieill., Dict. d'hist. nat.,t. XX, p. 297; Encycl., t. II, p. 679; Turdus Orpheus, Spix, 4v.,t.1,t. 71, fig. 1; Mimus saturninus, prince Max., Beitr., p. 658? Orpheus calandria, d'Orb. et Lafr., Syn. (1835),p. 17, n° 1. Mas. Supra fusco-fuliginosus, pennis disco obscurioribus; tectricibus alæ, remigi- busque secundariüs, apice sordide albescentibus ; remigiis primartis angustissimé albo marginatis; flexurdä alæ albd; vittd latd superciliari, corpore subtüsque sor- dide albescentibus; caudd fusco-nigr4, quatuor lateralibus tectricibus utrinque apice maculi magn& albd. Junior. Staturä minore, gutture hypocondriisque fusco striolatis. Sur le vivant. Yeux bruns; bec et tarses noirs. Longueur totale, 25 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 11 cent.; de la queue, 11 cent.; du doigt du milieu, 3 cent.; du bec, 15 mul. Mäle. Toutes les parties supérieures brun fuligineux, uniforme; chaque plume légè- rement bordée de plus pale. Grandes et petites tectrices supérieures de laile, ainsi que les rémiges secondaires, de la même couleur que le dessus du corps, terminées de ( 207 ) blanc sale; rémiges primaires bordées extérieurement d’une ligne étroite blanche; le pli de l’aile blanc, ainsi que les couvertures inférieures. Parties inférieures blanc sale, légèrement cendré; queue noiràtre, les quatre rectrices extérieures de chaque côté ter- minées de blanc : cette teinte est plus étendue sur la plus extérieure, et diminue gra- duellement sur les autres; une bordure blanche à la rectrice intérieure; un large sourcil blanc passe au-dessus des yeux, et une ligne brune prend à la base du bec et traverse les yeux. Jeune. 1 diffère des adultes en ce que toutes ses parties postérieures en dessus, les rémiges secondaires et leurs couvertures , sont terminées de roussàtre. La gorge, la poi- trine et les flancs sont couverts de taches brunes assez marquées. Cette espèce, bien décrite par Azara, a été confondue, par Vieillot, avec le Zurdus thenca de Molina, quoique ces deux espèces soient on ne peut plus distinctes : il est vrai que la simple phrase de Molina lui rendait la distinction difficile. Quelques années après, M. Lichtenstein donna, de son Turdus saturninus, une très-courte description, qui nous montre clairement que c’est une espèce voisine de l'Orpheus calandria, sans qu’on puisse toutefois l’y rapporter avec certitude, puisqu'il ne parle pas du nombre de rec- trices terminées de blanc, caractère général chez toutes les espèces; et puisque, d’ail- leurs , les taches indiquées sur les flancs annoncent un individu jeune et non pas un adulte. Néanmoins, M. le prince de Neuwied, dans son intéressant ouvrage sur les oiseaux du Brésil, rapporte la Calandria d’Azara au Turdus saturninus de Lichtenstein, et donne, pour synonyme, le Turdus thenca de Molina. Il y a toute probabilité que c’est avec raison; mais, dans la crainte d’embrouiller davantage le genre Orpheus, bien assuré que notre Orpheus calandria est l'espèce décrite par Azara, puisque nous l’avons trouvé dans les mêmes lieux, nous conservons à l'oiseau le nom que cet auteur lui a donné, sans adopter celui de M. Lichtenstein, appartenant peut-être à une espèce différente. Cette espèce s’est montrée à nous dans toute la Banda oriental de la Plata, aux envi- rons de Maldonado, de Montevideo , près de Buenos-Ayres; et de là jusqu'aux frontières du Paraguay : elle est partout commune et se rencontre dans les lieux couverts de buis- sons, par intervalles; jamais elle ne se montre dans les bois, ni au sein des plaines entiè- rement dénuées d'arbres ou d’arbustes. C’est peut-être l'oiseau le plus familier de ces contrées; on l’y voit, sans cesse, aux alentours des lieux habités, sur les haies, sur les barrières; et, l'hiver surtout, il ne craint pas d'entrer dans les fermes et autres habita- tions des campagnes, afin d’y manger la viande ou les fromages qu’on y fait sécher. On ne le voit jamais se cacher, comme les Merles..…. au contraire; comme les Pepoaza, il se tient sur les buissons et toujours sur les points élevés des environs. Il ne chante pas en hiver; mais, au mois de Septembre, les couples s'unissent : alors commence pour eux une nouvelle vie. C’est en ce moment que le mâle se perche sur les points culmi- nans, s'envole de là, s'élève verticalement à quelques pieds seulement du sol, et se met à chanter, en se laissant tomber doucement, le corps horizontal, les ailes ouvertes, sur le point d’où il était parti, où il continue et achève sa chanson Joyeuse, pour reprendre, un instant après, le même manége. Posé, il chante tout à fait immobile; Passe- reaux, ( 208 ) Passe son chant est on ne peut plus varié et des plus harmonieux. Il nous est arrivé de l’en- reaux. tendre des heures entières sans qu'il reproduisit jamais les mêmes sons. Ce chant, prover- bial dans le pays, mérite bien la réputation acquise à lartiste ailé. Nous avons été assez heureux pour rencontrer plusieurs nids de Calandria : ils étaient toujours placés sur des buissons ou sur des cactus et peu élevés de terre, peu cachés. Ces nids sont composés d'herbes sèches, tressées , à l'extérieur et à l’intérieur , de petites racines contournées avec art. Leur diamètre intérieur est de 7 centimètres ; leur diamètre extérieur de 15. Les œufs (voy. pl. X, fig. 2, a), au nombre de trois, sont bleu ver- dätre très-pale, avec des taches rougeàtres assez grandes, formant une large couronne à l'extrémité du petit côté; leurs diamètres sont 25 et 18 millimètres. Les parens sont des plus attentifs à défendre leur nichée : ils veillent continuellement autour et ne per- mettent pas aux autres oiseaux de s’en approcher; les poursuivant même à outrance, pour peu qu'ils paraissent insister. Les colons espagnols nomment l'espèce Calandria, par allusion à son chant. Les Indiens bocobis du Chaco, non loin de Santa-Fe, lui donnent le nom d’Æctonic. MOQUEUR A TROIS QUEUES, Orpheus triurus, Nob. Calandria de tres colas, Azara, Apunt. de los Paj., t. 1, p. 237, n° 224; Turdus triurus, Vieill., Dict., t. XX, p. 276; Enc., t. IT, p. 668 (d'après Azara) ; Orpheus tricaudatus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1835), p. 18, n.° 4. O. suprà anticè brunneo-griseus, uropygio rufescente; alis nigris ; remigibus prima- ris totis nigris, externo apice albescentibus ; secundariarum sex prioribus ferè totis albis, scapo nigro, tribus aut quatuor maculis ante apicem nigro notatis, tribus ultimis nigris, margine rufescentibus. Caudä medid nigrd, rectricibus tribus late- ralibus totis albis, quart& albà lateraliter latè nigro limbatd; subtus cinerascens ; gulä abdomineque medio albescentibus; hypocondriüs pectorisque lateribus rufes- centibus; rostro pedibusque nigris. Sur le vivant. Yeux bruns; pieds et bec noirs. Longueur totale, 24 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 10 cent.; de la queue, 9 cent. En dessus, les parties antérieures gris-brun assez clair; le bas du dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue roux sale; rémiges primaires noiratres, bor- dées, très-légèrement, de blanchätre à leur extrémité; les six premières rémiges secondaires presqu’entièrement blanches, avec la tige noire; les trois premières marquées, en outre, d’une tache noire, près de leur extrémité; les trois dernières noires, bordées de rous- satre. Queue longue, les quatre pennes médianes noires, les deux extérieures de chaque côté blanches, à tige noire; la troisième, blanche aussi, avec une ligne longitudinale noire à son côté externe; la quatrième, noire, avec une ligne blanche longitudinale oblique, commençant au côté externe à la base, passant au côté interne vers la moitié de sa longueur, en s’élargissant jusqu’à l'extrémité. Le dessous du corps gris, presque blanc sur la gorge et au milieu du bas-ventre, passant au roux päle sur les flancs. ( 209 ) Nous avons observé cette espèce au centre de l'Amérique méridionale, dans la pro- vince de Chiquitos, principalement près de la Mission de San-José. De ce qu’Azara l’a aussi rencontrée au Paraguay, nous pouvons conclure qu’elle habite les plaines chaudes, depuis le 15. degré jusqu’au 26.° de latitude australe; mais, comme Azara, nous avons la certitude qu’elle ne passe pas les régions chaudes et qu’elle ne s’approche point du Rio de la Plata. Cet oiseau , assez rare, a les mœurs de l'espèce précédente : il se tient de même dans les lieux buissonneux et peu couverts, au sommet des arbustes et des arbres; mais il est très-farouche. Nous ne l’avons pas entendu exécuter les chants joyeux de la Calandria. Azara l’a nommé de tres colas, à trois queues, parce que, lorsqu'il vole , sa queue s’ouvre; et comme le milieu en est noir et que les deux côtés en sont blancs, il paraît, en effet, avoir trois queues distinctes. MOQUEUR THENCA, Orpheus thenca, Nob. Oiseaux, pl. X, fig. 3. Turdus thenca, Molina, Hist. nat. du Chili, trad., p. 231; Lath., /nd., Merle thenca , n° 46; Turdus thenca, Vieill., Dict., t. XX, p. 297, et Enc., t. Il, p. 679. O. suprà fusco-brunnescens ; capitis pennis disco obscurioribus ; remigibus primartiis nigris, angustè albo marginatis ; tectricibus remigibusque secundariis nigris, rufo marginatis, albo terminatis ; rectricibus nigris, lateribus macul& cuneatd, terminali, albä, versus intermedium sensim minore. Subtus, præcipue ad pectus, tectricibus caudæ hypocondriisque maculis elongatis nigris striolatis, sordide rufescens ; vittd superciliari post oculos multo latiore sordide albd; vitt& inferiore, per oculos transeunte, fusco-nigrd; gutture longitudinaliter albo, utrinque vittd nigrd circum- dato; lateralibus capitis infrà oculos collique maculis minutis, nigro variegatis. Sur le vivant. Yeux bruns; bec et pieds noirs. Longueur totale , 26 cent.; de la queue, 10 cent.; du vol, 34 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 12 cent.; du tarse au bout des doigts, 7 cent.; circonférence du corps, 16 cent. Parties supérieures brunes, un peu fauves; dessus de la tête couvert de plumes longues, étroites, ornées d’une tache plus foncée au milieu; rémiges primaires noires, bordées d’une ligne étroite blanche; rémiges secondaires et tectrices supérieures des ailes noi- rätres, bordées de brun roussàtre et terminées de blanc. Queue étagée; les deux rectrices médianes noires, bordées et terminées de plus päle; les autres terminées par une tache blanche plus longue sur les plus externes, qui ont aussi leur côté extérieur blanc. Les parties inférieures sont roux-brun pâle, légèrement striées en travers de plus päle sur la poitrine, passant au roux sur les flancs, où l’on remarque de longues taches longitu- dinales noires, passant au blanchâtre sur le derrière. Un très-large sourcil blanc jaunàtre s'étend sur chaque œil; une bande brune le traverse et se prolonge sur les côtés du cou; les joues sont roussätres, légèrement variées de plus foncé; la gorge est#blanchätre : de IV. où. 277 Passe- reaux. Passe reaux. —— ( 210 ) chaque côté part, de la base de la mandibule inférieure, une tache noire qui s’élargit en descendant sur les côtés du col, et se divise en un assez grand nombre de petites mouchetures de cette couleur. Les jeunes manquent entièrement des moustaches et des grivelures des côtés du cou. Cette espèce, indiquée seulement par Molina, avait été confondue, par Vieillot, avec la Calandria d’Azara; mais nous nous sommes assuré que C’étaient bien deux espèces distinctes : celle-ci a surtout comme caractère qui la distingue de tous les autres Mo- queurs, les moustaches des côtés de sa gorge, ainsi que les longues plumes du dessus de sa Lèle. Nous ne l'avons rencontrée qu'aux environs de Valparaiso, au Chili, où elle est très- commune, Elle se tient principalement près des lieux habités, dans les vallées ou dans les plaines couvertes de buissons; et nos observations nous ont prouvé qu’elle a les mêmes mœurs que l’'Orpheus calandria, occupant de préférence les points élevés des buissons et des pares à bestiaux. Le chant de cet oiseau est très-célèbre dans tout le Chili. Non- seulement on lui attribue l'avantage de varier à l'infini ses intonations, mais encore celui d’imiter le chant d’un oiseau quelconque. Tout en retranchant ce qu’il y aura d’exagéré dans cette croyance, nous ne craignons pas d’assurer que la réputation dont- jouit le Moqueur dont il s’agit, et mème celle de tous les Moqueurs que nous décrivons, restent de peu au-dessous de la vérité; car ils peuvent tous prendre toutes les inflexions, rendre toutes les gammes. | Molina : s’est trompé dans la description du nid de cette espèce, celui qu'il indique appartenant à l’Anumbi et non pas au Thenca. MOQUEUR DE PATAGONIE, Orpheus patagonicus , Nob. Oiseaux, pl. IL, fig. 2. Orpheus patagonicus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 19,n. 5. O. suprà fusco-cinereus, vitt& superciliari angustd, albicante ; tergo parüum rufescente ; alæ nigræ, remigibus primariis angustè, secundariis tectricibusque latè albo mar- ginatis; rectricibus nigris, lateralibus maculd cuneat&, terminal, albd; caudä pro mole breviori, subtus cinerascens; gulä abdomineque medio albis, hypocondriis rufescentibus, fusco striolatis ; gutturis albidine maculis minutis, fuscis, lateralibus quasi limbatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs; yeux bruns. Longueur totale, 23 cent.; du vol, 31 cent.; circonférence du corps, 12 cent. Mâle. Dessus gris-brun clair, passant au gris fauve sur le croupion; plumes de la tête longues, plus foncées au milieu; dessous gris très-pàle, passant au blanc pur sur la gorge, et au roussàtre sur le ventre; tout le milieu plus pàle. La poitrine a chaque plume légèrement terminée de plus pàle ou même de blanchâtre, ce qui rend cette partie 1. Molina, Hfst. nat. du Chili, trad., p. 231. ( 211 ) comme nuagée. Sourcil étroit, blanc; joues variées de gris et de blanchâtre; ailes noires; les rémiges primaires bordées d’une ligne étroite, blanche; les tectrices largement bor- dées et terminées de blanc, ainsi que les rectrices secondaires, dont la bordure est un peu roussàtre. Queue noire, un peu étagée; chaque rectrice terminée d’une tache en coin, d’un beau blanc; les deux supérieures terminées de gris. Jeune. La taille est beaucoup moindre; les teintes en dessus sont plus fauves; la poi- trine et les flancs maculés de brun fauve; du roussàtre remplace les bordures blanches des tectrices, des ailes et des rémiges secondaires. Cette espèce diffère essentiellement de l'Orpheus thenca par le manque de moustaches et des grivelures constantes de la gorge et des flancs, par ses rémiges plus largement terminées de blanc. Elle diffère aussi des autres espèces par des caractères tranchés : par sa queue, de l’'Orpheus triurus, et de l'Orpheus calandria, par ses rémiges et par leurs - rectrices, largement terminées de blanc. Nous avons observé et recueilli cette espèce sur les bords du Rio negro, en Patago- nie : elle y est commune l'été, mais beaucoup plus encore l'hiver, parce qu’un grand nombre d'individus viennent, dans les froids, des parties plus méridionales ou du ver- sant oriental des Andes. On la voit toujours sur les petits buissons, sur les haies, dans les parcs où l’on renferme les bestiaux et sur les maisons; car c’est une espèce on ne peut plus familière, qui fréquente surtout les lieux habités. En tout temps et même au milieu de l'hiver, elle fait entendre ses harmonieux concerts. Nous ne connaissons aucun oiseau qui ait un chant aussi varié; il en change d’un moment à l’autre: tantôt ce sont des cadences suivies; tantôt c’est un gazouillement doux ou des gammes chromatiques; en un mot, dans chacune des occasions où nous l’avons entendu, nous avons cru entendre un nouvel oiseau, quoique ce füt Loujours le même; et si la mélodie n’est pas aussi riche que celle du Rossignol, elle est du moins bien plus variée. Cette espèce vit comme les Merles, marche avec vivacité, relève sa queue, de temps en temps, en cherchant les insectes dont elle se nourrit. Elle à été distinguée par tous les sauvages des contrées méridionales : les Patagons la nomment Zÿé, les Puelches Ocansoa, et quelques Araucanos, pour la distinguer du Thenca du Chili, lui donnent le nom de 7eca ou Thenca tehuelcha, c'est-à-dire Thenca du sud ou de la terre des Patagons. MOQUEUR A DOS ROUX, Orpheus dorsalis, Nob. Oiseaux, pl. XI, fig. 1. Orpheus dorsalis, d'Oxb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 18, n.° 3. O. suprà totus rufescens, capite anticè pallidé rufescente; subis totus albescens ; pectore et hypocondriis parüum grisescentibus ; caud& albd, quatuor exceptis rectri- cibus mediis, quarum duabus intermediis totis nigris, duabus sequentibus nigro et albo variatis, his quatuor basi rufescentibus ; alis nigris, duabus primo- ribus remigibus subtilissimè albo fimbriatis, secundariis eodem colore marginatis Passe- reaux Passe- reaux. (212) ac terminatis ; omnibus remigibus basi, primariis usquè ad medium, secundariis basi tantummodb, albis, coloreque dorsali rufo. Sur le vivant. Bec et pieds noirs; yeux verdätre pâle. Longueur totale, 25 cent.; du vol, 34 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 11 1/2 cent.; de la queue, 10 cent.; circonférence du corps, 13 cent. Parties supérieures roux-brun, passant de la tête, qui est brun pâle, avec une tache plus foncée au milieu de chaque plume, au roux-brun sur le dos, et au fauve ou roux clair au croupion et sur les couvertures supérieures de la queue. Parties inférieures entièrement blanches, colorées de gris-fauve très-pale, sur la poitrine et sur les flancs. A la queue, les deux rectrices intermédiaires noires, terminées et bordées de plus pale; celles qui les suivent, de chaque côté, noires, terminées de blanc; les huit autres rec- trices externes blanches, excepté la quatrième, qui a du noir aux côtés internes et externes; les quatre supérieures roussàtres à leur base. Aïles noires; les deux premières rémiges légèrement bordées de blanc; les autres primaires, noires, blanches à leur base, et un liséré de cette couleur à leur extrémité; les rémiges secondaires également blanches à leur base, bordées et terminées de blanc; les grandes et les petites tectrices terminées de blanc. Un sourcil blanc assez large. Cette espèce, à l'extérieur de laquelle le sexe et l’âge apportent peu de modifications, se distingue facilement de toutes celles que nous venons de décrire, par ses huit rectrices inférieures entièrement blanches et par la teinte rousse de ses parties supérieures. Nous avons rencontré ce Moqueur dans la république de Bolivia, sur toutes les parties montagneuses, sèches et arides du versant oriental, entre la Paz, Cochabamba et Chu- quisaca, c’est-à-dire sur tous les points élevés de 2,000 à 3,700 mètres au-dessus du niveau de la mer, seulement dans les lieux couverts de buissons, jamais dans les lieux boisés et humides, ni dans les plaines chaudes. Très -répandu, sans être commun, sédentaire, il vit souvent par couples, et se distingue de tous les autres oiseaux de ces contrées par son caractère querelleur. Au reste, il mène le même genre de vie que les autres espèces. Toujours perché sur le point le plus élevé des buissons, il fait entendre un chant des plus mélodieux et tellement varié, qu’il nous est toujours arrivé de le prendre pour une tout autre espèce : tantôt c’est un gazouillement doux et agréable; tantôt ce sont des sifflemens qui s'entendent de loin. À Cochabamba, les habitans lui ont donné le nom de Corejidor, juge, sans doute parce qu'il se perche sur les lieux élevés, d’où il paraît dominer et commander, par ses accens , à tous les autres oiseaux. ** TURDIDÉES ARUNDINICOLES, Turdidæ arundinicoleæ. Cette division, en Amérique, ne comprend que des oiseaux qui ne sortent pas des endroits couverts de roseaux ou des autres lieux maréca- geux. (215 ) Gexre DONACOBIE, Donacobius, Swains. Ce genre peut être regardé comme le passage des Merles aux Becs-fins; en effet, par son bec allongé et grêle, il nous représente, en grand, celui de notre Rousserolle, Turdus arundinaceus, qui de même vit toujours au bord des eaux, dans le plus épais des roseaux. Il est remarquable par les côtés nus de sa gorge, par sa tête petite et étroite, par les plumes serrées qui la recou- vrent, par sa queue longue et étagée, par ses tarses et par ses doigts longs et grêles. Nous ne lavons rencontré que dans les régions chaudes des plaines situées à l’est des Andes. DONACOBIE JACAPANI, Donacobius brasiliensis, Nob. Jacapani, Marcgr., p. 212; Turdus brasiliensis, Linn., Gmel., Syst. nat., ed. 13, gen. 107, sp. 1113 Lath., Syn. ornith., gen. 32, sp. 49 ; Oriolus jacapani , Lath., Gmel.,t. 1, p. 385, n. 26; /cterus jacapani, Daud., vol. I, p. 343 ; Briss., Æppendix, p. 47, n° 66; Merle à tête noire du cap de Bonne-Espérance, Buff., Ois., t. IL, p. 388; Enl. 392; Merle du Brésil, Sonnini, t. 46, p. 265, et Merle des Savanes, Sonnini, t. 46 ,p. 266; Batara agallas peladas, Azara, Apunt. de los Pax.,t. 11, p.214,n.° 219; Turdus pratensis, Vieill., Dict., t. XX, p- 286, et Enc., t. Il, p. 672; T'roupiale jacapani, Vieïll., Enc. méth., t. Il, p. 717; Mimus brasiliensis , prince Max., Beitr., t. III, p. 662, n° 3 ; Donacobius vociferans, Swains., Zool. illust., pl. 72, new ser. ; id., d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 19, n.° 1. D. suprà nigricans, subtus ferrugineo-flavescens ; capite nigro, uropygio ferrugineo; caudä subcuneatä; rectricibus extimis totis, cæteris apice albis ; hypocondriis nigro striatis; rostro nigro. Long. 21 cent. Nous avons rencontré un seul couple de cette espèce dans les parties les plus septen- trionales de la province de Corrientes, au milieu des marais les plus couverts de joncs. Nous entendions, depuis long-temps, les deux oiseaux qui faisaient retentir l'écho de leur cri de rappel souvent répété, tout en changeant de place au sein des joncs, sans néan- moins se montrer au dehors; et ce n’est qu'après une longue altente que nous ayons pu les apercevoir et les tirer. Il paraît qu’ils ne quittent jamais les lieux noyés, si ce n’est momentanément le matin. D’après ce qu’en disent les auteurs, cet oiseau serait répandu depuis le 28.° degré jusqu’à la ligne, sur tout le Paraguay, au Brésil, dans les Guyanes. Il avait déjà fixé l'attention des premiers voyageurs, puisque Marcgrave l’a décrit en 1648. DONACOBIE À BANDELETTE BLANCHE, Donacobius albo vittatus, Nob. Oiseaux, pl. XII, fig. 1. Donacobius albo wittatus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 19, n.° 2. D. Mas. Capite niger ; suprà brunneo-nigrescens ; uropygio ferrugineo; subtus ferru- Passe- reaux. ( 214 ) gineo-flavescens ; vittä superciliari alb&, ad nucham per latere capitis ductà; caudd subcuneatd, rectricibus apice albis, albo terminatis, duabus superioribus exceptis ; hypocondriis nigro striatis. Sur le vivant. Yeux jaune vif; pieds bleuàtres; bec noir; partie nue de la gorge jaune vif. Longueur totale, 22 cent.; du vol, 25 1/2 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 82 mill.; de la queue, 80 cent.; du bec, 19 mill.; circonférence du corps, 14 cent. Mäle. Tête en dessus et sur les côtés noir velouté, cette teinte s'étendant sur le haut du cou; le reste des parties supérieures brun noiràtre, passant au ferrugineux vif, sur le croupion. Une large ligne blanche prend derrière l'œil et s'étend sur les côtés du cou; parties inférieures jaune-roux uniforme; quelques stries transversales noires sur les flancs. Ailes et couvertures supérieures noirtres; huit des grandes rémiges blanches à leur base, sur près de la moitié de leur longueur. Queue étagée, noire, terminée de blanc, les deux supérieures exceplées. Les jeunes et les femelles diffèrent en ce qu'ils n’ont pas le dessus de la tête noir, mais brun, comme le reste du dessus. Cette espèce ne diffère de la précédente qu’en ce qu’elle a toujours deux lignes blanches aux côtés de la tête; elle présente les mêmes couleurs. La présence de ces lignes blanches ne peut être un accident, puisque nous avons indistinctement ren- contré ce caractère sur tous les individus que nous avons tués au centre de l'Amérique, tandis que ceux que nous avons vus à Corrientes et tous ceux que les auteurs ont décrits, en étaient dépourvus. Azara seul avait vu, parmi un très-grand nombre de l’autre espèce, deux individus de celle-ci, qu’il regarde comme le jeune age du Donacobius brasiliensts ; mais, comme nous avons rencontré des màles et des femelles au mois de Septembre, époque de la nichée, et qu'ils pouvaient alors n’être qu’adultes, nous sommes autorisé à penser que le Donacobius albo vittatus forme bien une espèce distincte. Nous avons rencontré cette espèce dans les marais des environs de San-José, Mis- sion de la province de Chiquitos, en Bolivia, et au sein des lacs entourés de forêts, au lieu qu'habitent les sauvages Guarayos. Il est rare qu'il y en ait plus d’un couple par lac; mais chacun paraît avoir le sien. Toujours au plus épais des roseaux et des joncs, on entend plutôt qu’on ne voit les deux consorts se répondre à la distance d’une trentaine de pas l’un de l’autre. Au temps des amours, leurs chants redoublent de force : ils en font alors retentir au loin le marais; ils semblent vouloir couvrir à eux seuls le chant des autres oiseaux. Jamais nous ne les avons entendus ailleurs que dans les lieux inondés, où ils vivent d'insectes; ce que nous avons pu reconnaitre par l’ins- pection de leur estomac. V FAMILLE. SYLVIDÉES, Srzr1pr. Les caractères généraux de cette famille sont assez connus pour que nous soyons dispensé de les reproduire ici : nous nous bornerons à dire que (215 ) nous y réunissons les genres Sylvia, Hylophilus, Dacnis, comme Sy vidées sylvicoles; le genre Anthus, comme Sybidées humicoles'; puis les genres Troglodytes, Synallaxis, Anabates et Anumbius, comme Sy1- vidées dumicoles. Ces oiseaux, ayant du reste, suivant leurs genres respec- tifs, des caractères bien tranchés de formes, de mœurs, de lieu d'habitation, nous ne pouvons établir de faits généraux; aussi renverrons-nous, pour les caractères d'ensemble, aux têtes de chaque genre. + SYLVIDÉES SYLVICOLES, Sykidæ sybicolæ, Nob. Les oiseaux de cette division se tiennent, presque toujours, au sommet des arbres des bois épais; et, en Amérique, ne sortent pas des régions chaudes; à pee s'étendent-ils dans les plaines, à quelques degrés en dehors des tropiques, et toujours on les trouve au pied des montagnes ou, tout au plus, sur les plus basses de la zone torride, à l'est comme à l’ouest des Andes. Gexre BEC-FIN, SyZia, Auctor. Ce genre, si riche en espèces en Europe, qu'il y forme la plus grande masse des Passereaux, n’est, dans l'Amérique méridionale, représenté que par un petit nombre; on le croirait même remplacé, au nouveau monde, par les Muscicapidés, aussi nombreux là qu’ils sont rares en Europe, et y formant la plus grande partie des oiseaux insectivores. Il semble aussi qu’au lieu de mener le genre de vie de nos gracieuses fauvettes, qui, tout en se trouvant quelque- fois dans les bois, ne dédaignent pas les buissons, les haies, les fourrés, les Becs-fins d'Amérique craignent de descendre jusqu’à terre ; aussi les trouve-t- on, presque toujours , au sommet des arbres les plus élevés et seulement dans les bois. On s'étonne aussi de les voir, dans PAmérique du Sud, ne pas sortir des régions chaudes, tandis que le plus grand nombre, en Europe, vit au sein des pays tempérés et même très-froids; aussi nos espèces n’émigrent-elles jamais, sur le nouveau continent; tandis que sur l’ancien les Becs-fins sont cons- tamment en voyage. Nous les avons rencontrés à l'est et à l’ouest des Andes. Sous-GExRE BEC-FIN, Syria. Nous navons observé que trois espèces de ce groupe sur une surface presque aussi étendue que notre Europe. Elles habitent les deux versans des Andes boliviennes. 1. On pourrait joindre à cette division les Alouettes proprement dites. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 216 ) BEC-FIN UNIFORME, SyWia concolor, Nob. Oiseaux, pl. XVIII, fig. 1. Sylvia concolor, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 20, n.° 5. S. suprà tota schistacea, fronte lorisque nigrescentibus; alis brevioribus, apice obtusis ; tectricibus fusco-nigris, margine extüs cinerascente; caudd elongatä, cuneatd ; rec- tricibus fuscis, margine angustè cinerascente; subtùs tota cinerascens, abdomine medio pallidiore; rostro pedibusque flavis. Sur le vivant. Yeux brun clair; bec et pieds jaune vif. Longueur totale, 18 cent.; du vol, 21 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 7 cent.; de la queue, 6 1/2 cent.; du tarse au bout des doigts, 4 cent.; du bec, 11 mill.; circonférence du corps, 10 cent. Toutes les parties supérieures sont bleu schisteux; le front, le lorum noiràtres; ailes courtes, la troisième rémige la plus longue; elles sont noirâtres, bordées de bleu-gris ; queue longue, étagée, noiràtre, bordée de gris-bleu. Les parties inférieures gris-bleuàtre pale, moins foncé au milieu du ventre et sous la queue. Cette espèce, par son bec conique, un peu arqué, légèrement caréné en dessus, nous paraît indiquer le passage aux Némosies; elle est, du reste, très-grande pour le genre Sylvia. Sa teinte uniforme, ses pieds, son bec, jaunes, la distinguent facilement des autres espèces connues. Nous n'avons rencontré ce Bec-fin que sur la côte occidentale de l'Amérique méri- dionale, dans la vallée d’Arica, au Pérou, et il ne s’en est offert à nos yeux qu’un indi- vidu, qui, toujours en mouvement, perché sur un figuier, sautait d’une branche à l'autre, et paraissait rechercher des insectes. Il s’envola, en jetant de grands cris et s’alla reposer sur un arbre voisin, où nous l’avons tué. BEC-FIN CONTRE-MAITRE, Sylvia leucoblephara , Vieill. Oiseaux, pl. XIT, fig. 2. ET Contramaestre, Azara, Apunt. de los Pax., t. I, p.40, n° 153; Sylvia leucoblephara, Vieill. , Dict., t. IT, p. 206 , et Enc., t. IL, p. 459; id., d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 20, n° 3. S. capite ardesiaco , corpore suprà obscurè viridi, flavo mixto, subtüs albo grises- cente; crisso flavescente ; palpebris albis ; vitt& superciliari albd ; rostro nigricante ; pedibus flavis. Sur le vivant. Bec noir; pieds jaunes; yeux roux vif. Longueur totale, 14 cent.; de la queue, 4 cent.; du pli de laile à son extrémité, 6 1/2 cent.; du tarse au bout des doigts, 35 mill.; du bec, 9 mill. Tête ardoisé foncé; toutes les parties supérieures , ainsi que la queue, vert-jaune bril- lant; gorge et ventre blancs; poitrine et flancs blancs, nuagés de gris ardoisé; dessous ( 217 ) de l’aile gris perlé; pli de l'aile jaune pur, ainsi que les couvertures inférieures de Ia queue et les cuisses; rémiges noirâtres, bordées de vert jaunâtre; les paupières blanches ; les deux côtés du front blancs. Cette espèce, que Don Félix d’Azara décrit bien, a été rencontrée par nous, province de Corrientes, dans les lieux où cette province confine au Paraguay, et dans les grands bois qui bordent les affluens du Parana , en face de Corrientes (grand Chaco). Nous ne l'avons vue qu’au milieu des grands bois épais, où elle paraît être sédentaire et vivre on ne peut plus isolée; peu craintive, néanmoins, les chasseurs sauvages de ces contrées n'ayant jamais songé à l’inquiéter. Son vol est court, mais rapide; elle ne fait que passer d’un arbre à l’autre; on ne la voit jamais à plus de dix pieds au-dessus du sol, se tenant toujours sur les branches inférieures des arbres, où elle saute d’une première à la sui- vante, sans jamais déployer beaucoup d’agilité, cherchant partout les petits insectes dont elle se nourrit et faisant entendre , à chaque instant, un léger sifflement doux et expres- sif, peu varié, qui ne sort pas de l’octave. Elle descend toujours, en sautant dans les branchages, jusqu’à ce qu'elle arrive à terre, se tait alors et se met à retourner les feuilles sèches. Nous avons remarqué qu’elle était plus souvent à terre que perchée. M. d’Azara nomme cette espèce Contre-maitre, pour la distinguer de son Gabrer, celui-ci se tenant toujours au sommet des arbres, comme les Gabiers se tiennent dans les hunes d’un navire, tandis qu’à l'exemple du Contre-maître, qui reste sur le pont, celui-là est plus souvent à terre que perché. Cette comparaison est très-juste, ainsi que ce que dit l’auteur cité, que ces deux espèces se sont partagé les forêts par étages; l’une restant à la partie supérieure, l’autre à la partie inférieure des arbres. BEC-FIN VOILÉ, Sybia velata, Vieill. Sylvia velata, Vieïill., Ois. de l'Amér. sept., t. IL, p. 22, pl. 74, Dict., t Il, p. 232; Enc., t. If, .p- 434; Contramaestre verde pecho de oro, Azara, Æpunt., t. I, p. 54,n.° 155; T'anagra canicapilla, Swains., Zool. illust., v. IT; Sylvia canicapillu, prince Max., Beitr.,t. IL, p. 701; Sylvia velata, d'Orb. et Lafr., Syr., Mag. de zool. (1836), p. 20, n.° 2. $. fronte genisque nigris, vertice ardesiaco; corpore suprà wiridi-cærulescente , subtus flavo. Sur le vivant. Bec noir en dessus, rose en dessous; yeux bruns; pieds rosés. Lon- gueur totale, 14 1/2 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 58 mill.; de la queue, 4 cent.; circonférence du corps, 9 cent. Les jeunes n’ont point de noir aux côtés de la tête et le dessus de cette partie est verdàtre. Nous avons rencontré cette espèce successivement à Rio de Janeiro, au Brésil , à Cor- rientes, sur la frontière du Paraguay et au centre de l'Amérique méridionale, au sein de la province de Chiquitos. Plusieurs naturalistes l'ont observée en d’autres parties du même continent et dans l'Amérique septentrionale; ce serait donc une espèce des plus répandue. Nous l'avons toujours vue se tenir dans les halliers ou sur les arbres de moyenne hauteur, jamais dans les grands bois; et là, par paire au printemps, isolée IV.'08. 28 Passe- reaux. Passe- reaux, ( 220 ) ainsi que les Mésanges, habitude qu'en effet l'étude de leurs mœurs nous a — dévoilée, Ts ne sont qu'américains, faisant réellement par les caractères de leurs mœurs, le passage entre les Becs-fins et les Mésanges. On leur reconnaît facilement au bec la légère échancrure que n’ont pas les Mésanges; et d’ailleurs, quant à leur genre de vie, bien qu'ils s’'accrochent aux arbres, ils ne le font qu'alin de saisir les petits insectes, ainsi que presque tous les Sylvidées syl- vicoles. Is se tiennent au sommet des arbres, sans jamais descendre plus bas. Nous n'avons rencontré de Dacnis qu'à lest des Andes et seulement encore dans les parties les plus chaudes et les plus humides, naturellement toujours les plus boisées. À peine ces oiseaux s’élèvent-ils sur les montagnes à quatre ou cinq mille pieds au-dessus du niveau des mers. PITPIT À VENTRE JAUNE, Dacnis flaviventer, Nob. Oiseaux, pl. XIIT, fig. 2. ; Dacnis flaviventer, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 21, n° 3. D. Mas. Capite supra obscure viridescente; fronte, oculorum circuitu, dorso superiori, alis, caudd, gutture et antero collo, nigris ; corpore et alis infrà, tectricibus, infero dorso uropygioque splendidè flavescentibus ; pectore nigrescentibus maculis varie- galo. Fem. Supra obscure viridescens, infrà griseo-brunneo variata ; alis caudäque brun- neis pallidiore limbatis. Sur le vivant. Mäle. Bec noir; yeux rouges; pieds noir bleuätre. Femelle. Bec corné; yeux bruns; pieds bleus. Longueur totale, 12 cent.; du vol, 20 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 6 1/2 cent.; de la queue, 35 mill.; du haut du tarse au bout des doigts, 24 mill.; du bec, { cent.; circonférence du corps, 10 cent. Mäle. Bec droit, pointu, aussi large que haut, muni, près de son extrémité, d’un indice de dent; dessus de la tête vert foncé; tour des yeux, front, oreilles, gorge, ailes, queue et haut du dos noirs. Toutes les parties inférieures d’un beau jaune, ainsi que les côtés de la gorge; à partir de la mandibule inférieure, les couvertures supérieures des ailes et la partie postérieure du dos, verdàtres; le noir du milieu de la gorge, en descendant sur le devant du cou, forme de petites taches comme ondées. Femelle. Tout le dessus du corps verdätre obscur, uniforme, plus clair sur le crou- pion; le dessous gris Jaunàtre, passant au jaune roux sur les couvertures inférieures des rectrices; rémiges et rectrices brun foncé, bordées de plus clair. Cette charmante espèce diffère beaucoup de ses congénères par ses teintes brillantes de jaune; nous l’avons rencontrée au milieu des forêts chaudes et humides du pied oriental des Cordillères boliviennes, dans la partie habitée par les Indiens yuracarès. On la voit, au bord des rivières, se tenir constamment par paires, au sommet des plus (221 ) hauts arbres et des palmiers, s’y cramponner, afin d’y chercher sa nourriture, qui con- siste en petits insectes. Elle est assez rare, mais le paraît plus encore par l’extrème difficulté qu’on éprouve à l’atteindre sur la coupe élevée des arbres, où le plomb n’ar- rive qu'avec peine. PITPIT BLEU, Dacnis cayanus. Motacilla cayana, Linn., ed. 12, p. 336, et Gmel., Syst. nat., ed. 13, sp. 40 ; Sylvia cayana, Lath., Syst. ornith., gen. 43, sp. 143; Pitpit bleu, Buff., t. X, p. 14, Enl. 669 ; Sylvia cayana ; Vieill., Enc., t. Il, p. 478, etc.; Sylvia cayanensis cærulea, Buff., Orn., t. III, p- 534, pl. 26, fig. 1; Dacnis cayanus, d'Orb. et Lafresn., Syn., Mag. de zool. (1836), pe 20,10 1. D. totus cæruleus, fronte, capistro, humeris, alis caudäque nigris ; abdomine crissoque albis; rostro nigricante, pedibus cærulescentibus. Sur le vivant. Bec bleu noirätre; pieds bleuâtres; yeux rougeatres. Longueur totale, 12 cent.; du vol, 22 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 6 cent.; du bec, 9 mill.; circonférence du corps, 8 cent. Les nombreuses recherches que nous avons faites pour découvrir si cette espèce est bien une des livrées de sexe du Pitpit vert, Buff., et du Sykia cyanocephala, Linn., nous ont démontré jusqu’à l'évidence qu’elle en diffère essentiellement; il ne s’agit que de les confronter pour reconnaître, au premier coup d'œil, que le bec de celle-ci est toujours beaucoup plus court, moins arqué, plus robuste, ce que nous avons aperçu sur tous les individus sans distinction. Les pieds, qui varient peu de couleurs, selon les espèces, sont aussi toujours de couleurs différentes; dans celle-ci ils sont bleuâtres , presque noirs; dans l’autre, ils sont toujours rosés , à tous les âges; d’ailleurs nous ne l’avons rencontrée que sur un seul point, tandis que l’autre, avec ses livrées d’âge, se trouve sur une grande étendue, toujours par troupes et jamais avec les autres. Nous croyons qu’on n’a pas besoin de plus de preuves pour se ranger à notre opinion, d'autant plus qu’à l’espèce suivante on verra que nous en avons suivi les changemens de livrée sur un très-grand nombre d'individus, au temps des amours comme après. Nous avons rencontré cette charmante espèce au pays des Yuracarès, en des forèts chaudes et humides, aussi belles que celles de la Guyane, et qui leur ressemblent beau- coup. Elle y est très-rare et se tient sur la coupe la plus élevée des grands arbres. Les Yuracarès la connaissent sous le nom de Chuspi. PITPIT À TÊTE BLEUE, Dacnis cyanocephalus, Nob. Mâle. Manakin bleu, Edw., Glan., pl. 263; Dacnis cyanater, Less., Traité, p. 458; id., d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 21, n.° 2; Pico de punzon celeste y negro, Azara, Apunt,, 1. NII, p. 408, n.° 103. Passe- reaux. ( 222 ) Passe Femelle, Motacilla cyanocephala, Linn., Syst. nat., gen. 114, sp. 263 ; Sylvia cyanocephala, reaux, Lath,, Syst. orn., gen. 43, sp. 144; Pütpit vert, Buñ., t. X, p. 13; Sylvia wiridis, Briss. , Orn., 1. II, p. 531, pl. 28, fig. 4. D. Mas. Totus cœæruleus, fronte, humeris, gutture cauddque nigris; remigits TIgTES, cæruleo limbatis ; rostro cæruleo ; pedibus roseis. Fem. Viridis, capite suprà, humerisque cæruleis; alis caudäque nigris, viridescenti limbatis ; gutture griseo-cærulescente Sur le vivant. Bec noirätre en dessus, bleuàtre en dessous; pieds rosés; yeux rouges. Longueur totale, 13 cent.; du bec, 11 mill.; circonférence du corps, 8 1/2 cent. Mäle adulte. Bleu de ciel; une tache entre Pæil et le bec, la gorge, le haut du dos, la queue, les ailes noires; cette dernière partie bordée de bleu. Femelle. Entièrement vert vif; le dessus de la tête et l'épaule bleu de ciel, la gorge gris bleuàtre, C’est seulement à la seconde année que les jeunes mâles, en tout sembla- bles à la femelle, prennent les teintes bleues et noires. Cette espèce diffère essentiellement de la précédente par son bec toujours de deux millimètres plus long, par les teintes que nous venons d’indiquer, par ses pieds constamment rosés. Nous ne doutons pas de cette séparation comme espèce : nous avons en effet trouvé, plusieurs fois, le male et la femelle, au temps des amours, près de leur nid, en des contrées où jamais l’autre espèce n’a paru; car, tandis que le Dacnis cayanus ne se trouve que dans les forêts les plus humides et les plus chaudes des vingt premiers degrés de chaque côté de la ligne, et seulement dans les plaines, on voit celle-ci s'étendre bien au-delà, jusqu’au Paraguay, où elle a été rencontrée par Azara, et s'élève par la même raison sur les montagnes, jusqu’à cinq ou six mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Nous l’avons communément rencontrée dans la république de Bolivia, au Rio Tamam- paya, province de Yungas; aux environs de Santa-Cruz de la Sierra, et dans les forêts habitées par les Indiens yuracarès et guarayos. Elle se tient toujours au sommet des plus hauts arbres, principalement de ceux qui sont en fleurs, et par conséquent, ne se rencontre que dans les lieux boisés, habités ou non, toujours par paire et même par troupe; au mois d'Octobre, elle fait son nid au sommet des arbres isolés, et nous ayons été assez heureux pour en suivre un de près; ce qui nous a entièrement fixé sur ce que nous avons dit relativement aux caractères distinctifs d’espèces. ++ SYLVIDÉES HUMICOLEFS, Sykidæ humicolæ , Nob. Les espèces de cette série vivent constamment à terre. Non-seulement elles n'abandonnent jamais les plaines, les terrains unis, mais encore elles ne se perchent que très-rarement sur les buissons les moins élevés. On les rencontre à l'est et à Pouest des Andes à toutes les latitudes comme à toutes les hauteurs. (225) Gexre PIPI, Ænthus, Bechst. Les caractères de ce genre peuvent être décrits en quelques mots de manière a ce qu'on les reconnaisse facilement : ce sont des Alouettes dont le bec est grèle et marqué d’une dent, dont les habitudes sont un peu moins ter- restres ; ils se perchent quelquefois. Quoique ce caractère de dent ait fait on ne peut plus éloigner ces genres lun de Pautre, nous croyons qu'ils doivent être réunis. Si nous ne le faisons pas ici, c’est pour ne pas intervertir l’ordre de nos planches; car, du reste, nous sommes intimement persuadé qu'il n'y a pas lieu de les séparer. Peut-être ne présentent-ils pas même des caractères suflisans pour qu’on en fasse plus que des sous-genres d’un même genre. Les Anthus sont de toutes les latitudes, de toutes les régions, de toutes les zones d'élévation au-dessus du niveau de la mer. L'Anthus fulvus et VA. furcatus se trouvent, en même temps, sur les plaines glacées de la Patagonie, sur les plateaux élevés des Andes; V4. correndera paraît se borner aux plaines chaudes et tempérées situées à l'est des Andes; tandis que V4. rufescens est relégué sur les montagnes encore assez chaudes de la zone torride. Ainsi les uns semblent fixés en des contrées distinctes, et les autres, au contraire, se trouvent simultanément dans les plaines méridionales et sur les montagnes élevées de la zone torride, où ils retrouvent la température qu'apporte Péléva- tion. En résumé, les Anthus vivent en latitude depuis la zone torride jusqu’au 50.° degré, et, en élévation, depuis le niveau de la mer jusqu’à 6,000 mètres au-dessus, sous la zone torride, à l’est comme à l'ouest des Andes. En Amérique, ils mènent le même genre de vie qu'en Europe, tout en étant peut-être plus terrestres; sous ce point de vue, ils se rapprochent beaucoup plus des vraies Alouettes, et sont moins disposés aux voyages ou du moins ne se réunissent point par troupes pour émigrer, comme quelques- unes de nos espèces. Nous pourrions dire aussi qu’ils sont, en général, moins communs, moins répandus. Le sol du nouveau monde en nourrit à peu près autant d'espèces que celui de l'Europe. PIPI À DOS FAUVE, Anthus fulvus, Vieill. Alouette noire à dos fauve, Buff., Ois., t. IX, pl. 33; Enl. 738, fig. 1; Ælondra de espalda roja, Azara, Apunt. de los Paj., t. ,p. 15, n° 149; Alauda rufa, Linn., Gmel., Syst. Passe- eaux. meme Passe- reaux. (224 ) nat., ed. 13, gen. 105, sp. 73 Alauda fulva, Lath., Syst orn., gen. 41, sp. 2; Alauda Julva, Vieill., Enc. méth., t. 1, p. 309; Ænthus fulvus, id., loc. cit., p. 328, et Dict. de Déterv., t 26, p. 502; Ælauda rufa, Less., Traité; Anthus variegatus, Gerv. et Eydoux, Voy. de la Favor., p. 38, pl. 15; Ænthus fulvus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (18 36), p- 26, ni de A. Mas. Totus niger, dorso scapularibusque fulvis. Junior. Coloribus suprà pallidioribus, rufescens, subtus fulvo alboque variatis ; guld albä. Sur le vivant. Bec, yeux et pieds noirs. Longueur totale, 12 cent.; de la queue, 3 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 7 cent.; du bec, 8 mill. Cette espèce habite, en été, les parties les plus méridionales de l'Amérique du Sud, c’est-à-dire au-delà du 41° degré de latitude australe; mais, lorsque l'hiver la chasse de ces régions froides, elle s’avance sur toutes les Pampas de Buenos-Ayres, et même jusqu’à la province de Corrientes, au 28.° degré de latitude. Nous l'avons retrouvée à l’ouest des Andes, dans la république du Chili, et sur toutes les Andes boliviennes, au milieu des plaines, des plateaux élevés au-dessus de 4,000 et 5,000 mètres. En résumé, dans les plaines orientales des Andes, cette espèce habite depuis le 27.° jus- qu'au 43. degré de latitude sud; et, en élévation, dans la zone tropicale, depuis le niveau de la mer jusqu’à 6,000 mètres au-dessus. Sans être, nulle part, bien commune, elle est on ne peut plus répandue. On la voit, par petites troupes composées d’un très- petit nombre de mâles et de beaucoup de femelles ou de jeunes, se tenir principalement dans les plaines, surtout dans les plaines inondées, ou du moins très- humides, ou au bord des ruisseaux et des rivières, comme les Alouettes, dont elle a les mœurs: elle préfère soit les sentiers battus, soit les ornières, où tantôt elle court avec vitesse, tantôt marche gravement, sans Jamais s'inquiéter des personnes qui s’approchent d'elle, recherchant les petits vers et les graines dont elle se nourrit. Jamais nous ne l'avons vue perchée. Son vol est léger, rapide, souvent prolongé. En Octobre et en Novembre elle fait son nid dans les plaines ou au bord des eaux et le cache entre les herbes. Nous n'avons été à portée de la suivre, à cet instant, que sur les rives du Rio negro, en Patagonie; car elle ne niche pas dans les plaines situées au nord du 46.° degré de latitude. 1. Nous ne rapportons pas, comme synonymie, la Variole de Buffon, Ois., 1. 9, p. 99; Anthus variegatus , Vieill., Encycl., t. 1, p. 317, parce qu’elle nous laisse du doute sur son identité avec celte espèce, pouvant bien être la Correndera d’Azara, n° 145. 2 (2%5 ) PIPI CORRENDERA,, Anthus correndera, Vieill. Alondra correndera, Azara, Apunt. de los Pax., t. I, p. 2, n° 145; Ænthus correndera, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 26, p. 491; Enc. méth., t. I, p. 325.1 A. corpore suprà plumis nigricantibus, albo auratoque marginatis vestito; subtus aurato, maculis nigricantibus lateralibus ornato; pectore aurato, nigro maculato ; guld albidescente, tectricibus minoribus alarum aurato-rufescentibus ; remigibus Juscis, albo limbatis ; caudd nigricante, rectricibus extimis albis. Sur le vivant. Bec brun à son extrémité, rosé ailleurs; yeux bruns; pieds rosés. Longueur totale, 17 centimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 43 mill.; du bec, 10 millim.; de l’ongle du pouce, 21 mill. Cette espèce, bien décrite par Azara, s’est montrée à nous principalement aux envi- rons de Buenos-Ayres et jusqu’en Patagonie; Azara l’a rencontrée au Paraguay ; ainsi, l’on doit supposer que sa patrie d'adoption est au sein des plaines, depuis le tropique du Capricorne jusqu’au 41.° degré de latitude sud. L'auteur espagnol en a parfaitement observé les mœurs; car, ainsi que lui, nous l’avons rencontrée dans les plaines, suivant les sentiers, la tête levée et marchant gravement: par paires, pendant la saison des amours, elle est, presque toujours, par petites troupes, le reste de l’année. Elle se tient le plus sou- vent à terre et ne se pose que sur les petits buissons, et cela encore très-rarement. Silen- cieuse presque toute l’année, en Septembre et Octobre, saison de la nichée, elle rompt le silence eL commence ses chants, mais seulement aux instans où, s’élevant presque verticalement dans les airs, elle se laisse ensuite, tout en gazouillant, tomber perpen- diculairement jusqu’à la moitié de son ascension; puis remonte un instant après, s’éle- vant ainsi, par saccades, à une telle hauteur, qu’on finit par la perdre de vue; enfin, elle termine ce manége en se laissant tomber jusqu’à terre. Son nid, artistement tissé avec de la paille, est placé sur le sol et attaché à une touffe d'herbes qui le cache; ses œufs, au nombre de quatre, sont blancs, pointillés de roux, surtout au gros bout. PIPI CHI, Anthus chi, Vieill. Alondra chü, Azara, Apunt. de los Pax., t. I, p. 6, n° 146; Anthus chi, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 26, p. 490; id., Enc. méth., t. I, p. 326; Licht., Verz., p. 37 ; Prince Max. de Neuw., Beitr., Vügel, p. 631; d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de z00l., p. 26. A. corpore suprà fusco, maculis nigrescente fuscis ornato ; subtus albescente; pec- tore guldque nigro-fusco maculatis; caud& nigricante; rectricibus intermediis Jus- cis, albido marginatis ; tectricibus lateralibus albis. 1. Les traits de la description de l’Æouette variole ou de Buenos - Ayres, tels que les donne Buffon, ne sont pas assez précis pour que nous osions prononcer sur l’identité du Pipi correndera avec cette espèce; néanmoins il serait possible que la Correndera fût cette espèce et non l'Anthus fulvus , auquel on Fa rapportée. IV. Où. 29 Passe- reaux. Passe- reaux., ( 226 ) Sur le vivant. Bec brun en dessus, jaunàtre à la mandibule inférieure; yeux brun- roux; pieds gris. Longueur totale, 14 1/2 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 8 cent. ; de la queue, 5 cent.; du bec, 11 millim. Cette espèce, décrite pour la première fois par Azara, sous le nom de Ci, fut placée, par Vieillot, dans le genre Anthus, avec le nom spécifique imposé par l’auteur espa- gnol, et le docteur Lichtenstein, qui lui a conservé ce nom, ne l’a donné qu'après Vieillot. Elle diffère de la précédente par une taille beaucoup moindre, par des taches beau- coup plus nombreuses, et enfin, parce qu’elle n’a que très-rarement un peu de jaune mélangé au blanc grisätre qui forme le fond de sa couleur. Nous l'avons rencontrée surtout dans les plaines de la Banda oriental, à l'embouchure de la Plata, aux environs de Maldonado et de Montevideo; puis nous l'avons revue près de Corrientes, à la frontière du Paraguay. Elle se tient dans les lieux humides et secs, particulièrement sur les pelouses, et court avec rapidité ou se faufile entre les her- bages, faisant alors entendre, de temps en temps, un petit sifflement qui exprime son nom; mais, si quelque chose l’inquiète, elle se tapit à terre, se réfugie derrière une touffe de plantes, et se croit tout à fait en sûreté, dès qu’elle ne peut voir l’objet qui l’a effrayée. Au mois de Novembre, saison de ses amours, elle vit par couples, s'envole, plane, en battant des ailes, et se laisse tomber à peu près comme l’espèce précédente, sans jamais s'élever aussi haut. Son nid, composé de tiges de graminées contournées en cercle et caché au milieu des herbes, contient cinq à six œufs bruns, tachetés de plus foncé, à peu près comme ceux de notre Alouette commune de France. Elle se nourrit de graines. PIPI BRUNÂATRE, Anthus rufescens, Nob. Anthus rufescens, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 27, n.° 5. A. suprà rufescens, pennis totis disco nigro ornatis; alis nigris ; tectricibus remigi- busque rufo marginatis ; caudd nigrd, rectricibus utrinque extimis limbo extus et apice pallidé rufescentibus, duabus mediis margine æqué pallidè rufescentibus ; sublus totus rufescens, medio abdomine pallidiore, hypocondriis obscurioribus; collo lateribus, punctis vix conspicuis, pectore rufo maculis parvis, fusco-nigris notatis. Sur le vivant. Bec corné en dessus, rosé en dessous; pieds blanc-jaunâtre sale; yeux bruns. Longueur totale, du bout du bec à l'extrémité de la queue, 16 cent.; du vol, 26 1/2 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 75 cent.; de la queue, 5 cent.; du tarse au bout des doigts, 44 mill.; de l’ongle du pouce, 1 cent.; du bec, 12 mill.; sa hau- teur, # 1/2 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 10 cent. Les parties supérieures de la tête et du corps brun noiràtre, chaque plume bordée de roux jaunàtre; gorge jaune sale; les côtés du col et de la poitrine jaunâtre roux, varié de petites taches brun noirâtre; ventre et couvertures inférieures de la queue jaune-roux; flancs variés de roux; ailes et leurs tectrices noir-brun, bordées de roux-jaune sale; cou- ( 227 ) vertures inférieures jaunâtres. Queue noire, bordée en dehors de jaune pâle, les deux rectrices extérieures brun sur la barbe externe, blanc jaunätre sur l’autre. Cette espèce diffère essentiellement des espèces précédentes par ses teintes beaucoup plus foncées, plus rousses, et en ce qu’au lieu d’être entièrement blanche, la rectrice externe de chaque côté n’a de cette couleur que son côté externe; encore est-il teinté de jaune. Nous n’avons rencontré qu’une seule fois cette espèce, sur le sommet de la montagne dite du Biscachal, non loin du village de Carcuata, dans la province de Yungas, départe- ment de la Paz (Bolivia), c’est-à-dire sur les contreforts orientaux de la chaîne des Andes orientales, à peu près à la hauteur de 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle se tenait sur les plateaux couverts de graminées qui forment le sommet de cette montagne, s’y cachant si soigneusement, qu'il nous était difficile de la faire partir; elle faisait alors entendre un sifflement de rappel analogue à celui de lAnthus arboreus, et allait se cacher de nouveau, à peu de distance. PIPI À QUEUE FOURCHUE, Anthus furcatus, Nob. Antlus furcatus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 27, n.° 4. A. suprà fuscus, plumis totis grisescente rufo marginatis; alarum eddem picturd , remigibus primaris anguste albo marginatis ; caudd nigro-fuscä, rectricibus utrin- que duabus extimis albis, primd basi tantüm margine, secund& margine toto intus nigris ; subtus non rufescens ; pectore maculis minoribus fuscis, hypocondriis longio- ribus notatis. Sur le vivant. Bec corné à la mandibule supérieure, jaunâtre à la base de l’inférieure ; pieds rosés; yeux bruns. Longueur totale, du bout du bec à l'extrémité de la queue, 16 cent.; du vol, 26 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 8 cent.; de la queue, 47 mill.; du tarse au bout des doigts, 4 cent.; de l’ongle du pouce, 9 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 4 mill.; circonférence du corps, 10 cent. Queue légèrement fourchue; dessus du corps et de la tête orné de plumes brun- gris clair, bordées de roux-jaunâtre très-clair; gorge blanche; côtés du cou variés de blanc et de noirätre; poitrine jaune-roux, avec une tache noiràtre au côté interne de chaque plume; ventre et couvertures inférieures de la queue blancs; flancs jaunâtres, avec quelques indices de mouchetures brun pale; rémiges et leurs tectrices supérieures brunes, bordées largement de jaune-roux très-pale ; le côté externe des pennes primaires presque blanc; les deux rectrices médianes brun-roux, largement bordées de jaunâtre; les autres noiratres, excepté les deux latérales, dont le côté externe et une partie de l’autre sont blancs. Plus grande, beaucoup plus forte que l’Anthus correndera , cette espèce en diffère encore par sa tête plus grosse, par ses ongles toujours moins longs, par son plumage, dont les taches en dessus sont moins vives, plus nombreuses, moins distinctes; par son ventre blanc, par sa queue plus large. Passe- reaux. ( 228 ) Nous l'avons d’abord rencontrée aux environs du Carmen, en Patagonie, au 41. degré de latitude sud; puis dans la vallée tempérée de Cochabamba (république de Bolivia), sur les plateaux élevés de 2,500 mètres au-dessus du niveau de la mer, au 17. degré de latitude ou par une température à peu près égale à celle de Patagonie. Voilà donc une espèce qui habite, en même temps, au 41. et au 17. degré de latitude, sans s'être montrée à nous sur tous les points intermédiaires. Elle se tient, à Cocha- bamba, dans les champs cultivés, sur les chemins et reproduit, en tout, les mœurs de notre Alouette des champs en France; mais elle est moins/commune et ne se réunit pas en grandes troupes, comme celle dernière, vivant presque toujours isolée ou par paires, comme notre Cochevis. tft SYLVIDÉES DUMICOLES, Sykidæ dumicolæ, Nob. Les oiseaux de ce groupe ne vont jamais au sommet des arbres : ils se tiennent constamment au sein des halliers les plus épais, des buissons isolés, et même des grandes plantes. Ils descendent souvent à terre, sans jamais y rester long-temps. Ils habitent toutes les latitudes, toutes les zones d’éléva- tion, sur les montagnes, à l'est et à l'ouest des Andes. Gex TROGLODYTE, Troglodytes, Cuv. Tout le monde connaît les caractères généraux des Troglodytes ou, tout au moins, leurs manières vives, leur sautillement autour des habitations, dans lesquelles, en Amérique comme en Europe, ils entrent même pour nicher. Tout le monde a remarqué leur petit bec grêle et allongé, leurs ailes courtes et concaves, leur queue à chaque instant relevée; mais tout le monde n’a pas été à portée de les étudier sur le continent américain ; aussi nous reste-t-il à parler des espèces que nous y avons rencontrées. Notre premier sous-genre (Thryothorus) est seulement des pays chauds et boisés et des forêts situées à l'est des Andes. Les Troglodytes proprement dits ne nous offrent pas, à beaucoup près, la même distribution géographique : tous oiseaux buissonniers et sédentaires, ils sont également répartis dans toutes les régions; ainsi le Troglodytes platensis se trouve dans notre seconde zone de latitude et de hauteur, c'est-à-dire du 28.° au 34.° degré à Pest et à l'ouest des Andes, et sur les montagnes, dans la zone torride, de 1,000 à 3,700 mètres au-dessus du niveau de la mer, tandis que, des trois autres espèces, la première est de l’ouest des Cordillères, dans la zone torride; la seconde, des mêmes régions, mais seulement à l’est; la troisième, reléguée sur les parties les plus méridionales du continent américain. De ces faits nous tirons la conséquence ( 229 ) que les Troglodytes habitent depuis le niveau de la mer jusqu’à près de 4,000 Passe mètres au-dessus, sur les montagnes de la zone torride, et en latitude, depuis la ligne jusqu'au 41° degré de latitude. Sous-GEexre THRYOTHORE, Thryothorus, Vieill. Nous ne concevons cette subdivision des Troglodytes qu'autant qu'on n’y mettra que les espèces ayant pour caractère un bec assez long, comprimé, plus large verticalement à la base qu'au milieu, ou, pour mieux dire, les espèces dans lesquelles cette partie conique diminue graduellement de la base à l’extrémité, d’une manière égale; avec les espèces ayant de plus les tarses et les doigts robustes. Tels sont les caractères distinctifs des véritables Troglo- dytes; mais, si nous voulons considérer leurs mœurs, nous trouverons, de suite, des oiseaux bien différens ; les Thryothores se tenant seulement dans les pays chauds et sur les arbres près de leur coupe, tandis que les Troglodytes ne sont que buissonniers. Ce sont encore les oiseaux chanteurs par excellence, parmi les américains, et ceux qu'on peut, à plus juste titre, comparer au Rossignol; car, s'ils lui cèdent par la variété, ils le dépassent par la force, par la pureté, par Pharmonie de leurs hymnes. THRYOTHORE CORAYA, Thryothorus coraya, Vieill. Le Coraya, Bull. , t. IV, p. 484, Enl.n. 701, fig. 1; Turdus coraya, Lath., Syst. orn., gen. 22, sp. 1173 Linn., Gmel., Syst. nat., ed. 13, gen. 107, sp. 88; Myothera coraya, Spix, pl. 73, fig. 2. T'. capite suprä brunneo-viridescente, corpore suprà rufo-fuscus, subtus dilutior; superciliis albis, capitis lateribus nigro maculatis, gutture albo; caudd grised, lineis nigricantibus transversim varid. Sur le vivant. Bec noir en dessus, bleuâtre en dessous; yeux rouge de carmin vif; pieds brun-violet. Longueur totale, 16 cent.; du vol, 21 cent.; du pli de laile à son extrémité, 7 cent.; de la queue, 56 mill.; du bec, 24 mill.; sa hauteur, 5 mill.; sa lar- geur , 5 mill.; civconférence du corps, 10 cent. Cette espèce ne s’est montrée à nous que dans les régions chaudes et boisées de la zone torride, tant sur les montagnes peu élevées qu’au milieu des plaines; ainsi, nous l'avons rencontrée dans la province de Yungas, aux environs du village de Carcuata (Bolivia); puis dans la province de Chiquitos, près de Concepcion; et enfin, au milieu des forêts humides habitées par les Indiens guarayos. Partout elle est assez rare, quoi- que très-répandue. Nous l'avons toujours vue sur les branches basses des arbres de moyenne hauteur, entre les feuilles ou les lianes enlacées, sautillant et cherchant les reaux, insectes, qu'elle préfère à toute autre nourriture. Son vol est lourd et jamais prolongé. Sa voix est assez agréable, sans pouvoir être comparée à celle de l'espèce suivante. THRYOTHORE CHANTEUR, Tryothorus modulator, Nob.' T. supra brunneo-fuscescente, fronte, superciliis, gutture, pectoreque rufis ; subtüs brunneo-fuscescente dilutior ; remigiis nigrescentibus, pogonio externo rufo, nigro- que transversim maculatis; caudd brevi, brunneo-fuscescente, nigro transversim radiatd; rostro compresso. Sur le vivant. Yeux bruns; bec noirâtre; pieds bruns. Longueur totale, 15 cent. ; du vol., 22 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 63 mill.; de la queue, 30 mill.; du tarse au bout des doigts, 43 mill.; du bec, 13 mill.; sa largeur et sa hauteur, 5 1/2 mill.; circonférence du corps, 12 cent. Toutes les parties supérieures brun-roussätre foncé et uniforme; le front, un large sourcil, qui s'étend jusque derrière la tête, la gorge, le devant et les côtés du cou, le haut de la poitrine, d’un beau roux uniforme foncé; parties inférieures d’une teinte semblable à celle du dessus, mais beaucoup plus pâle; les rémiges et leurs tectrices supérieures brun noiràtre, rousses et tachetées, transversalement, de noir sur leur côté externe. Queue de la teinte générale supérieure, avec de petites bandes noiràtres, inter- rompues el en travers. Dès le premier coup d’æil, il est facile de s’apercevoir que cette espèce diffère essen- tellement de l’'Arada, Turdus cantans, Linn., par sa teinte uniforme supérieure, par le manque de collier et de taches noires et blanchätres des parties antérieures du haut du dos, ainsi que par une taille toujours beaucoup plus forte. Toutes ces différences, constantes chez tous les individus que nous avons vus, nous ont déterminé à les séparer entièrement. Nous n'avons rencontré cette espèce que sur les montagnes basses et boisées du pied oriental de la chaine des Andes boliviennes, principalement dans la province de Yungas et dans le pays habité par les Indiens yuracarès, toujours dans les ravins des lieux les plus escarpés, au sein des précipices les plus affreux, pour peu qu'ils soient couverts d’une végétation active. C’est là que, perchée sur les branches basses des arbres suspen- dus au bord des torrens, son chant sonore et mélodieux vient contraster avec le triste aspect des environs : ses accens, que nous ne pouvons comparer à rien de ce que nous connaissons en Europe, sont beaucoup plus forts que ceux du Rossignol; et, sans en avoir peut-être toute la flexibilité, ils sont bien plus sonores, bien plus clairs; ils sont beau- coup plus remplis d'effet. Souvent ce sont des gammes chromatiques rendues par des notes flûtées, qui s'entendent à une grande distance; d’autres fois, des cadences variées, interrompues par des éclats de voix, par les plus belles basses, ou, enfin, une musique 1. C’est par erreur que, dans notre Synopsis, nous avons rapporté cette espèce au Turdus arada, Lath., qui en est bien différent. D ( 251 ) grave, formée des sons les plus purs. En un mot, nous n’avons réellement aucun terme assez fort pour rendre l'impression que ce chant nous à faite, au milieu de cette nature si active, mais en même temps si accidentée, des montagnes déchirées des lieux solitaires qu'il habite. | Connu de tous les habitans des montagnes, le Thryothore chanteur reçoit d’eux le nom d'Organito (petit orgue) : il est, pour eux, le sujet de beaucoup de contes absurdes. Comme on l'entend aussi souvent qu'il est rare qu’on l’aperçoive, les habi- tans de la province de Yungas croient, pour la plupart, que l'animal qui produit de si beaux accords n’est pas un oiseau, mais bien un insecte, caché sous l'écorce des arbres; aussi assurent-ils qu'on chercherait vainement à le voir. Nous en devons la découverte et la capture aux Indiens yuracarès, meilleurs observateurs, qui nous ont dit le nommer Z/jubiju. Sous-cexre TROGLODYTE, Troglodytes, Cuv. Les Troglodytes diffèrent des Myothères par un bec plus mince, moins conique , par une taille beaucoup moindre, par des mœurs tout à fait buis- sonnieres et familières. TROGLODYTE DE BUENOS-AYRES, Zroglodytes platensis. Troglodyte de Buenos-Ayres, Buff., Enl., n° 780, fig. 2; T'roglodyto basacaraguay, Azara, Apunt., t. I, p. 17, n° 150; T'roglodytes platensis, Prince Max., Beitr., t. III, p. 742, n° 13; Sybia platensis, Vieill., Dict., t. 34, p. 510, et Enc. méth., t. Il, p. 472; Troglo- dytes hyemalis et Troglodytes fulvus , d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 26, n.” 6 et 7. T. suprà brunneo-rufescente, uropygio rufo; subtus fulvo-albescente; remigibus, rec- tricibus nigrescentibus, pogonio externo rufo nigroque maculato; rectricibus rufes- cente-nigro transversim radiatis ; rostro tenui, subarcuato. Sur le vivant. Bec noirâtre en dessus, jaune à la base de la mandibule inférieure ; yeux bruns; pieds roses. Longueur totale, 14 cent.; du vol, 19 cent.; circonférence du corps, 8 cent. Parties supérieures du corps brun-roussätre uniforme ou portant quelquefois de très-légers indices de stries transversales fines, plus foncées. La teinte roussàtre passe graduellement au roux au croupion; mais cette teinte est plus ou moins vive, selon les individus. On remarque aussi que les plumes coccygiennes sont terminées de roux, que la base en est blanche, et qu’une légère bande noire transversale sépare ces deux couleurs sur certains individus, tandis que d’autres montrent seulement un indice du blanc. Gorge, devant du col et poitrine fauves; couleur de tourterelle, passant au roux, sur les flancs et sur les couvertures inférieures de la queue; rémiges noirâtres, dont le côté externe est rayé transversalement de noirätre et de brun-roux plus ou moins vif; Passe- reaux. Passe- reaux, ( 232 ) queue roux-brun, rayée en travers de noirätre, par bandes souvent interrompues. C'est une variété 4. Une variété 2, constante et locale des montagnes du Haut-Pérou, que nous ne pou- vons réellement pas distinguer comme espèce, car les caractères n’en sont pas assez dis- tinets, ne diffère de celle-ci qu’en ce que les couleurs des parties inférieures en sont uni- formément roux très-pàle, sur la poitrine et sur la gorge, sans qu'on y remarque cette teinte fauve, couleur de tourterelle; elle est aussi généralement plus rousse au bas- ventre et au croupion. Nous avons rencontré la variété 4 dans les environs de Buenos-Ayres, à Corrientes , frontière du Paraguay, et près de Valparaiso, au Chili. Nous avons vu la variété 2 non loin de Rio de Janeiro, au Brésil et en Bolivia, depuis l'élévation de 3,500 mètres au-dessus du niveau de la mer, en descendant presque jusqu'aux plaines chaudes du centre de l'Amérique méridionale, aux environs de la ville de la Paz, de l’autre côté de la chaîne orientale, provinces de Yungas, de Sicasica, de Valle grande; ainsi, voilà un oiseau qui se trouve du 34.° au 28.° degré de latitude à l’est et à l’ouest des Andes, et au 16.° degré seulement sur le versant oriental, mais du niveau de la mer jusqu’à près de 4,000 mètres au-dessus. Quant à ses mœurs, elles sont bien décrites par Azara, notre illustre devancier; nous nous bornerons donc à confirmer quelques-unes de ses observations, en y en ajou- tant de nouvelles. Un des plus familiers parmi les oiseaux américains, ce Troglodyte vit toujours près de l’homme dans les haies, dans les jardins, dans les buissons voisins des habitations, dont, en hiver, il se rapproche encore davantage; car alors il entre dans les maisons, sous les hangars, probablement afin d’y chercher la nourriture plus facile que lui offrent les espèces d’araignées si abondantes aux pays chauds. Sans être très-commun, on le voit partout sautiller légèrement sur la terre ou dans les halliers , en relevant constamment la queue, et se faufilant, en tous lieux, comme une souris, ce qui lui a valu le nom de Æatoncito (petit rat), qu'il porte à Buenos-Ayres. Son chant ressemble à celui des Fauvettes : agréable sans être fort, varié sans être continu, 1l est remarquable, surtout dans la saison des amours. Ce Troglodyte niche sous les poutres des maisons et dans les trous des murailles. Son nid, composé de quelques plumes et de paille, est, en dedans, tapissé de crins; sa ponte, de quatre œufs rosés , tachetés de rouge, de 13 et 17 millimètres de diamètre, a lieu en Septembre et en Octobre. Les Guaranis du Paraguay le nomment Basacaraguay. Au Chili, on le connaît sous la dénomination de Czircan. TROGLODYTE A QUEUE EN DAMIER, 7roglodytes tecellata, Nob. Troglodytes tecellata, d'Oxrb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836); p. 25, n.° 4. T. suprà omnind brunneo claré tincta, et transversim obscurè brunneo striata, striis in dorso largioribus ; uropygio paulatim rufo; remigibus nigrescentibus, extrinsecüs griseis maculis parvis limbatis ; rectricibus nigrescentibus, lineis rufescentibus inter- ruptis ornatis ; subtus griseo-fulvo, hypocondriis rufescentibus; crisso rufo, nigro- que vartegato. Sur le vivant. Bec brun au bout, jaune à sa base; yeux roux; pieds brun rosé. Lon- gueur totale, 11 1/2 cent.; du bec, 12 mill.; de la queue, 30 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du vol., 465 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 55 mill. Tout le dessus du corps brun-gris, légèrement teinté de roux sur le dos, et passant au roux sur le croupion, avec des stries transversales noirätres, beaucoup plus larges au milieu du dos; du jaune roux au-dessus des yeux; rémiges primaires noirâtres, avec une série de taches jaune päle sur le côté extérieur; rémiges secondaires noirâtres, rayées transversalement de gris-fauve; rectrices rayées transversalement aussi de très-larges bandes noirätres et roux-gris; mais ces lignes sont interrompues et représentent des taches ressemblant aux carrés d’un jeu de dames. Couvertures inférieures de la queue roux clair , tachetées, en travers, de brun; dessous du corps gris-fauve, passant au roux sur les flancs; couvertures inférieures des ailes blanchâtres. Cette espèce diffère de la précédente par une teinte supérieure beaucoup plus grise; par les stries toujours très-prononcées de cette partie; par sa queue plus courte, beau- coup plus large, ayant les lignes transversales du double plus larges et toujours brus- quement interrompues; par les couvertures inférieures des ailes blanchâtres. Nous l’avons rencontrée seulement à l’ouest des Andes boliviennes, dans la vallée de Tacna (Pérou), au milieu des haies et des buissons, où , du reste, elle mène le même genre de vie que l’espèce précédente. TROGLODYTE DE GUARAYOS, Troglodytes guarayanus, Nob. Troglodytes guarayanus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836),p. 24, n° 5. T. supra obscurè brunneo-rufescente ad uropygium rufescens ; vittd, superciliis, gut- tureque albescentibus; pectore, ventreque rufis ; remigibus brunneo-nigris, pogonio externo rufo maculato ; remigibus secundarts rufis, nigro irregulariter zonatis ; caudd& gracili, elongatd, rectricibus rufis, nigro irregulariter zonatä et variegatà. Sur le vivant. Bec corné en dessus, jaune en dessous; yeux roux; tarses violets. Lon- gueur totale, 13 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 50 mill.; de la queue, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 37 mill.; du bec, 15 mill.; sa hauteur et sa largeur, 4 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Dessus de la tête gris-brun, passant sur le dos au brun-roux, et au roux foncé au croupion ; un large sourcil blanchätre passe sur l'œil; oreilles et joues variées de gris et de blanchàätre; gorge et devant du cou blanc grisàtre, le reste du dessous du corps et des ailes roux foncé; lectrices des ailes et rémiges primaires noirâtres, bordées exté- rieurement de petites taches rousses; les dernières rémiges secondaires rousses, rayées et variées irrégulièrement, surtout à leur extrémité, par des bandes noirâtres en zig- 5 zag. Queue longue, très-grêle, rousse, avec des raies noires espacées, d’abord par IV. Ois. 30 Passe- reaux. Passe reaux, ( 234 ) bandes irrégulières transversales, à la base des rectrices; mais ensuite elles sont dispo- sées irrégulièrement par zigzags , suivant, à leur extrémité, la forme de la plume. Cette espèce se distingue de suite des précédentes par sa gorge et par ses sourcils blanchätres; par la couleur roux foncé qui colore ses parties inférieures; par sa queue longue et grêle, et surtout par les zigzags que forment les taches noirâtres de la queue et des dernières rémiges , lesquelles, au lieu de présenter des bandes transversales, suivent le contour de l'extrémité des pennes. Nous ne l'avons rencontrée que dans les halliers épais qui entourent les habitations des sauvages Guarayos, au sein des forêts chaudes et humides qui séparent la province de Chiquitos de celle de Moxos (république de Bolivia); ses mœurs sont les mêmes que celles de l'espèce précédente , et elle n’est pas moins rare. TROGLODYTE PALE, Troglodytes pallidus , Nob. Troglodytes pallidus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 25, n.° 3. T! capite suprä, colloque griseo-cinerescens; dorso griseo-rufescente; uropygio rufo- pallidissimo, subtüs griseo-flavo pallidiore; remigiis brunneo-pallescentibus, pogo- nio externo griseo maculatis ; rectricibus angustatis, rufescentibus, brunneo trans- versun slrialis. Sur le vivant. Yeux bruns; bec corné; pieds rosés. Longueur totale, 10 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 39 mill.; du bec, 12 mill. Dessus de la tête, du col et haut du dos gris cendré pâle, passant au gris-roux pâle sur le dos et au fauve très-pàle, au croupion; parties inférieures uniformes ; fauve- gris très-pale ; les couvertures inférieures de la queue roussàtres; rémiges brun-gris, bordées extérieurement de roussàtre, et rayées, en travers, sur cette partie, de brun päle; queue longue, grèle, légèrement roussätre , rayée transversalement de bandelettes non interrompues et rapprochées, d’un brun très-ple. Ce Troglodyte se distingue, au premier aperçu, de toutes les autres espèces par ses teintes infiniment plus pales sur toutes les parties, tout en offrant, du reste, à peu près la mème distribution de couleurs que le Troglodytes platensis : en lui c’est le gris qui domine, tandis que c’est le brun dans les autres. Nous ne l'avons rencontré qu’en Patagonie, sur les coteaux buissonneux des rives du Rio negro, au 41.° degré de latitude sud : il y est peu commun, et par ses mœurs ressemble aux autres espèces du genre. Gexre SYNALLAXE, Synallaxis, Vieill. Le genre Synallaxe est trop connu pour que nous en reproduisions ici les caractères. Comme on le verra par les mœurs de chaque espèce en particu- lier, ce sont des oiseaux essentiellement buissonniers ou graminicoles; car ils ne sortent des halliers, des grandes herbes, que pour marcher aux environs, (255 ) en relevant la queue d’instans en instans, en sautillant avec gaîté, mais s’en- foncant immédiatement au milieu du fourré, dès qu'ils éprouvent la moindre crainte. Il est impossible de ne pas voir, dans les Synallaxes, pour beaucoup de leurs espèces, indépendamment des caractères de bec et de pieds, qui les rapprochent des Anabates et des Anumbius, des mœurs tout à fait identiques à celles des oiseaux appartenant à ces genres. D’un autre côté, sauf le bec beau- coup moins long, quelques-uns ont les manières des Huppucerthies, tandis que d’autres font évidemment le passage aux Becs-fins par les Troglodytes et les Anthus; ainsi, considérant séparément les espèces qui ont des rapports certains avec ces différens groupes, placés, par les auteurs, plus ou moins près les uns des autres, nous trouvons : 1.” que le Synallaxis dorso maculatus et le $. maluroides se rapprochent, quant aux mœurs, du Donacobius, dont ils ont les habitudes marécageuses, tandis que, jusqu’à un certain point, leur queue aiguë leur sert, comme aux Dendrocolaptes, de point d'appui pour grimper sur les arbres ; 2.° que le Synallaxis torquatus, le S. Maximiliani, le S. phryganophilus et le S. ruficauda, par leur ongle du pouce assez allongé et droit, qui en fait des oiseaux plus spécialement marcheurs dans les grandes herbes, se rapprochent des Anthus; 3.° que le Synallaxis rufi- ceps, le $. humicola, le S. fuliginiceps et le $. striaticeps, buissonniers et marcheurs à la fois, par leur queue longue, étagée, souvent usée, par leurs tarses longs, par leur coutume de marcher autour des buissons, en relevant constamment leur queue, par leurs mouvemens toujours craintifs et empressés, ressemblent, on ne peut plus, à quelques Huppucerthies et aux Furnarius ; et4.”, enfin, que le Synallaxis albiceps, le $. ægythaloides, le $. leucocepha- lus, le S. patagonicus, par la manière dont ils se cramponnent aux branches, qu'ils abandonnent peu, par leur bec court, quelquefois sans dent marquée, par leur queue usée, par leurs jambes fortes, nous offrent un passage évident aux Anabates, aux Anumbius et aux autres oiseaux buissonniers. Malgré tous ces rapprochemens, qui démontrent la difliculté de grouper naturellement certaines séries de passereaux, il nous paraît évident qu’on ne peut séparer les Synallaxes des Sylidées, avec lesquels ils ont, du reste, tant de rapports intimes, ni placer, près d'eux, tous les genres que nous avons signalés comme s’en rapprochant par quelques traits de ressemblance. Il est vrai que les genres Ænabates et Anumbius, que nous croyons cependant devoir plus particulièrement leur adjoindre, sont eux-mêmes intimement unis aux Sittines, qui conduisent aux Dendrocolaptes, dont on ne peut les éloigner. Dans cet embarras, que faire? Nous laissons les Synallaxes avec les Sy/vidées ; Passe- reaux. (254 ) Pase- bandes irrégulières transversales, à la base des rectrices; mais ensuite elles sont dispo- reaux, sées irrégulièrement par zigzags, suivant, à leur extrémité, la forme de la plume. Cette espèce se distingue de suite des précédentes par sa gorge et par ses sourcils blanchätres; par la couleur roux foncé qui colore ses parties inférieures; par sa queue longue et grêle, et surtout par les zigzags que forment les taches noirâtres de la queue et des dernières rémiges , lesquelles, au lieu de présenter des bandes transversales, suivent le contour de l'extrémité des pennes. Nous ne l'avons rencontrée que dans les halliers épais qui entourent les habitations des sauvages Guarayos, au sein des forêts chaudes et humides qui séparent la province de Chiquitos de celle de Moxos (république de Bolivia); ses mœurs sont les mêmes que celles de l’espèce précédente , et elle n’est pas moins rare. TROGLODYTE PALE , Troglodytes pallidus , Nob. Troglodytes pallidus, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 25, n.° 3. T.. capite suprà, colloque griseo-cinerescens; dorso griseo-rufescente; uropygio rufo- / UE FIBRE > pallidissimo, subtüs griseo-flavo pallidiore; remigiis brunneo-pallescentibus, pogo- nio externo griseo maculatis ; rectricibus angustatis, rufescentibus, brunneo trans- versim Strialis. Sur le vivant. Yeux bruns; bec corné; pieds rosés. Longueur totale, 10 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 39 mill.; du bec, 12 mill. Dessus de la tête, du col et haut du dos gris cendré pâle, passant au gris-roux pâle sur le dos et au fauve très-pàle, au croupion; parties inférieures uniformes ; fauve- gris très-pàle ; les couvertures inférieures de la queue roussàtres; rémiges brun-gris, bordées extérieurement de roussätre, et rayées, en travers, sur cette partie, de brun pâle; queue longue, grêle, légèrement roussâtre, rayée transversalement de bandelettes non interrompues et rapprochées, d’un brun très-päle. Ce Troglodyte se distingue, au premier aperçu, de toutes les autres espèces par ses teintes infiniment plus pàles sur toutes les parties, tout en offrant, du reste, à peu près la même distribution de couleurs que le Troglodytes platensis : en lui Cest le gris qui domine, tandis que c’est le brun dans les autres. Nous ne l'avons rencontré qu’en Patagonie, sur les coteaux buissonneux des rives du Rio negro, au 41. degré de latitude sud : il y est peu commun, et par ses mœurs ressemble aux autres espèces du genre. Gexre SYNALLAXE, Synallaxis, Vieill. Le genre Synallaxe est trop connu pour que nous en reproduisions ici les caractères. Comme on le verra par les mœurs de chaque espèce en particu- lier, ce sont des oiseaux essentiellement buissonniers ou graminicoles; car ils ne sortent des halliers, des grandes herbes, que pour marcher aux environs, ne me — ( 255 ) en relevant la queue d’instans en instans, en sautillant avec gaîté, mais s’en- fonçcant immédiatement au milieu du fourré, dès qu'ils éprouvent la moindre crainte, Il est impossible de ne pas voir, dans les Synallaxes, pour beaucoup de leurs espèces, indépendamment des caractères de bec et de pieds, qui les rapprochent des Anabates et des Anumbius, des mœurs tout à fait identiques à celles des oiseaux appartenant à ces genres. D’un autre côté, sauf le bec beau- coup moins long, quelques-uns ont les manières des Huppucerthies, tandis que d’autres font évidemment le passage aux Becs-fins par les Troglodytes et les Anthus; ainsi, considérant séparément les espèces qui ont des rapports certains avec ces différens groupes, placés, par les auteurs, plus ou moins près les uns des autres, nous trouvons : 1.” que le Synallaxis dorso maculatus et le $. maluroides se rapprochent, quant aux mœurs, du Donacobius, dont ils ont les habitudes marécageuses, tandis que, jusqu’à un certain point, leur queue aiguë leur sert, comme aux Dendrocolaptes, de point d'appui pour grimper sur les arbres ; 2.” que le Synallaxis torquatus, le $. Maximiliani, le S. phryganophilus et le S. ruficauda, par leur ongle du pouce assez allongé et droit, qui en fait des oiseaux plus spécialement marcheurs dans les grandes herbes, se rapprochent des Anthus; 3.° que le Synallaxis rufi- ceps, le $. humicola, le $. fuliginiceps et le S. striaticeps, buissonniers et marcheurs à la fois, par leur queue longue, étagée, souvent usée, par leurs tarses longs, par leur coutume de marcher autour des buissons, en relevant constamment leur queue, par leurs mouvemens toujours craintifs et empressés, ressemblent, on ne peut plus, à quelques Huppucerthies et aux Furnarius ; et4., enfin, que le Synallaxis albiceps, le S. ægythaloides, le $. leucocepha- lus, le S. patagonicus, par la manière dont ils se cramponnent aux branches, qu'ils abandonnent peu, par leur bec court, quelquefois sans dent marquée, par leur queue usée, par leurs jambes fortes, nous offrent un passage évident aux Anabates, aux Anumbius et aux autres oiseaux buissonniers. Malgré tous ces rapprochemens, qui démontrent la difliculté de grouper naturellement certaines séries de passereaux, il nous paraît évident qu'on ne peut séparer les Synallaxes des Syloidées, avec lesquels ils ont, du reste, tant de rapports intimes, ni placer, près d'eux, tous les genres que nous avons signalés comme s’en rapprochant par quelques traits de ressemblance. Il est vrai que les genres Ænabates et Anumbius, que nous croyons cependant devoir plus particulièrement leur adjoindre, sont eux-mêmes intimement unis aux Sittines, qui conduisent aux Dendrocolaptes, dont on ne peut les éloigner. Dans cet embarras, que faire? Nous laissons les Synallaxes avec les Syidees ; Passe- TeEaux. Passe- reaux, ( 256 ) nous y adjoignons, contrairement au tableau placé en tête des Passereaux, les ÆAnabates et les Anumbius ; et nous renvoyons les deux derniers genres aux Ténuirostres. La distribution géographique des Synallaxes n’est pas moins singulière, par les exceptions qu'elle présente : les uns sont sédentaires en des contrées spé- ciales, comme nos cinq premières espèces et quelques autres encore; mais par des latitudes différentes, depuis la Patagonie jusqu'aux régions les plus chaudes, sur les plaines et sur les montagnes, tandis que d’autres, au con- traire, viennent parfaitement confirmer nos observations sur la concordance d'habitation, selon la latitude ou selon Pélévation sur les montagnes de la zone torride. Par exemple, le Synallaxis striaticeps, les $. humicola, S. rufi- ceps, se sont montrés à nous au milieu des plaines, seulement dans notre seconde zone d'habitation, c’est-à-dire du 28.° au 34.° degré de latitude. Sur les montagnes de la zone torride, ils ont dù chercher une température ana- logue, et, dès-lors, nous ne les avons retrouvés que dans notre IL. zone d'élévation, c'est-à-dire de 1,700 à 5,700 mètres (11,000 pieds) au-dessus de la mer. Le Synallaxis ægithaloides nous a montré la même concordance, mais, entre les troisièmes zones, se trouvant en Patagonie et à près de 4,000 mètres sur les Andes boliviennes. En résumé, les Synallaxes habitent, en latitude, depuis la zone torride jusqu'au 45.° degré de latitude, et, en élévation, depuis le niveau des mers jusqu'à 4,000 mètres au-dessus. Trois espèces sont, en même temps, des deux versans des Andes, tandis que 12 appartiennent seulement au versant oriental. + SYNALLAXES ARUNDINICOLES, Synallaxes arundinicolæ , Nob. Ce groupe de Synallaxes ne comprend que les espèces que nous avons ren- contrées parmi les roseaux et parmi les jones des marais, sans qu’ils paraissent jamais se poser sur les buissons : ils ont tous le bec plus long, plus grêle que les autres Synallaxes, les doigts plus longs, les ongles beaucoup plus pointus ; du reste, les mêmes caractères d'ailes et de queue. Nous ne les avons ren- contrés qu'au sud des tropiques, et de là jusqu'au 41° degré de latitude aus- trale, seulement à l'est des Andes, au sein des marais des Pampas ou de la Patagonie et Jamais sur les montagnes. ( 257 ) SYNALLAXE À DOS TACHETÉ, Synallaæis dorso maculatus, Nob. ; Oiseaux, pl. XIV, fig. 1, 2. Cola aguda de escapulario chorreado, Az., Apunt. de los Pax.,t. 11, p.260, n.° 232; Sylvia melanops, Vieil., Dict., t. Il, p. 232, et Enc. méth., t. II, p. 434 (copié d'Azara 1); Synal- laxis dorso maculatu, d'Orb. et Lafresn., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 21,n.° 1. S. suprà rufo nigro, cinereo, albidoque variegatus; pileo nigro-fusco subtilissimé rufo- striato, maculis dorsalibus nigris, albo striatis; alis fusco-nigris; vittis duabus longitudinalibus cinnamomeis ; caudd valdè gradatd, rectricibus nigris apicemaculd grised, duabus intermediis rufis; superciliis à naribus ad nucham, gutture, collo anteriore medioque abdomine albis ; lateribus collis et pectoris, hypocondriis, ano- que, olivaceo rufescentibus. Sur le vivant. Bec noirâtre en dessus, jaunâtre à la base de la mandibule inférieure; pieds brun noirâtre; yeux bleuätres. Longueur totale, 12 cent. 7 mill.; de la queue, 3 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; du haut du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 13 mill.; du vol, 16 cent. Bec très-allongé, grêle, un peu arqué, comprimé et caréné en dessus; dessus de la tête brun noiràtre, la tige des plumes plus pâle; un large sourcil jaune blanchâtre part de la base des narines et va se perdre sur les côtés du cou; toutes les parties inférieures blanc roussâtre, plus foncé sur la poitrine et plus brun sur les flancs; dessus du cou roux, avec une tache brune au milieu de chaque plume; sur le dos, chaque plume à sa moitié extérieure gris ardoisé; l’autre noire, séparées par une ligne blanche; queue en coin, étagée, les rectrices les plus supérieures terminées par une pointe; croupion et les deux rectrices médianes roux-brun, les autres noirâtres; petites tectrices supérieures des ailes rousses, les grandes de la même teinte, avec une tache noire ovale, sur sa longueur; rémiges brun noirâtre, avec la moitié inférieure d’un beau roux vif; couvertures inférieures de l'aile de la même couleur. Chez les jeunes individus la tête est variée de roux, les pennes scapulaires posté- rieures sont variées de roux, mais ayec des teintes moins vives, moins distinctes. Nous n'avons rencontré cette charmante espèce qu'aux environs de Buenos-Ayres, et seulement dans les jones inondés des marais de la Plata, du côté de Barracas. Nous avons souvent entendu son sifflement aigu et de rappel, sans apercevoir lPoiseau , qui sautillait en se cramponnant aux jones et ne se montrant jamais au dehors. Ses mouvemens sont vifs et légers, son vol court. L’inspection de son estomac nous a démontré qu'il se nourrit de petits moucherons. Comme nous ne l'avons jamais aperçu l'été aux environs de Buenos-Ayres, nous devons supposer qu'il y est de pas- sage, et vit, sans doute, dans les marais des Pampas. —— 1. Nous n'avons pas conservé le nom imposé par M. Vieillot, parce que l'espèce qui nous occupe n’a pas les yeux noirs. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 258 ) SYNALLAXE MALUROIÏDE, Synallaxis maluroïdes, Nob. Oiseaux, pl. XIV, fig. 3, 4. S. capite subtüs rufus; occipite dorsoque nonnullis nigris longitudinalibus maculis signatis ; oculorum circuitu, gutture antero, collo, medioque ventre albicantibus ; lateribus colli griseo-brunneis; caudd elongatd, acutd, rufescente ad inferiores rectrices, scapis albescentibus ; remigibus brunneis, externè griseo pallidiore lim- batis, basi rufis ; interné medio nigris. Sur le vivant. Yeux bruns; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous ; pieds jaunätres. Longueur totale, 15 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 54 mill.; du bec, 9 mill.; de la queue, 55 mill. Bec long, grèle, fortement comprimé sur les côtés, caréné en dessus; doigts et ongles longs; rectrices longues, étagées, pointues à leur extrémité; dessus de la tête roux vif; quelques petites taches noires se mêlent à cette teinte, sur le derrière de l’occiput; dessus du col et toutes les parties supérieures roux-gris pâle, chaque plume ornée d’une longue tache médiane, longitudinale. Côtés du col et flancs roux-gris uniforme; tour des yeux, gorge et milieu du ventre blanchàtres; rémiges rousses à leur base; deux rectrices supé- rieures noirätres, bordées de roux, toutes les autres rousses, avec une tache noiratre à leur base. Cette espèce, dont les individus ne nous ont montré aucune différence entr'eux, s’est présentée à nous absolument dans les mêmes circonstances que l'espèce précédente , seulement aux environs de Buenos-Ayres, en hiver, parmi les joncs qui bordent la Plata, du côté de la Boca. De même, elle ne sort jamais des joncs, qu’elle parcourt en tous sens, sautillant d’une tige à l’autre, en poursuivant les petites espèces de diptères dont elle se nourrit. Elle est assez rare. SYNALLAXE TROGLODYTOÏDE, Synallaxis troglodytoides, Nob. $. capite dorsoque subtus flavicantibus nigroque striatis; dorso brunneo-rufescente ; caudd elongatä, gracili, transversim nigro griseoque rufescente radiatä, inferius griseo rufescente; remigibus brunneis, pallidè rufo limbatis. Sur le vivant. Bec brun au bout, jaunâtre à la base; yeux bistrés; pieds rosés. Lon- gueur totale, 11 cent.; de la queue, 4 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 45 mill.; du bec, 10 mill.; du tarse à l'extrémité des doigts, 3 cent.; circonférence du corps, 7 cent. Dessus de la tête brun noirâtre , avec une tache jaunâtre au milieu de chaque plume; col en dessus de la même couleur, la tache jaunâtre beaucoup plus grande; gorge et ventre d’un blanc teinté de roux-jaune pâle; dos roux très-clair; tectrices supérieures de l'aile tachetées, par lignes irrégulières transversales, de brun foncé sur du jaune-roux ; tectrices inférieures blanches; rémiges brunes, la barbe externe marquée alternativement, sur sa longueur, d’une tache brune et d’une tache jaune-roux; queue longue, étagée, grèle, faible, d’une teinte roux-jaune clair, avec dix bandes transversales noiràtres sur les plus grandes rectrices. ( 239 ) Nous avons rencontré cette espèce en Patagonie, mais seulement aux environs de la Bahia de San-Blas, au 40.° degré de latitude sud. Un matin, une troupe de dix à , 8 ? Ë douze de ces oiseaux voltigeait sur les plantes maritimes, et chaque individu restait là ’ 4 à peine deux minutes en place, toujours en mouvement, en parcourant chaque tige, montant et descendant toujours et sans s’effrayer. La troupe s’envolait tout à coup, pour aller se poser à peu de distance. Un coup de fusil, qui coucha l’un d’eux par terre, fit disparaître le reste de la famille ambulante, dont jamais nous n'avons depuis revu » J P d’autres membres. C'était au mois de Janvier. jt SYNALLAXES BUISSONNIERS ET MARCHEURS, Synallaxes dumicolæ, Nob. Nous avons séparé, des espèces qui précèdent, celles qui , au lieu d'entrer au sein des marais et de ne vivre qu'au-dessus des eaux, sur les jones, se tiennent sur les buissons et sur les grandes plantes, quelquefois assez près des eaux, mais aussi souvent sur les coteaux les plus arides; c’est parmi ceux-ci que se rencontrent les plus marcheurs du genre, qui même, par cette manière de vivre, font, par le caractère de leur ongle du pouce allongé et souvent peu arqué, le passage entre les Synallaxes et les Anthus. Ces espèces sont plus répandues que les autres : elles occupent les régions froides, tempérées et chaudes du continent américain, et s'élèvent sur les montagnes jusqu'à 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Quelques-unes des espèces de ce groupe font évidemment le passage aux Anabates et aux Anumbius. SYNALLAXE À GORGE TRICOLORE, Synallaxis phryganophilus, Nob. Cola aguda de horqueta tricolor, Azara, Æpunt.,t. I, p. 255, n° 229; Sylvia phryganoplila, Vieill., Dict., 1810, t. Il, p. 207, et Encycl., t. Il, p. 460 (d'après Azara); Synallaxis tecel- lata1, Temm., Col., tab. 311, fig 1; Synallaxis phryganophila, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 22, n. 4. S. vertice humerisque rufis; plumis colli superioris, dorsi anterioris, brunnescentibus, in medio fulvo marginatis; dorso uropygioque fusco-fulvescentibus ; gutture albescente, in medio flavo nigroque pectore fusco; ventre albescente, caud& elon- gatissimä, acutä, brunnescente. Sur le vivant. Bec bleu; pieds rosés; yeux rouge-aurore. Longueur totale, 22 cent.; de la queue, 12 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 6 cent.; du bec, 9 mill. Cette charmante espèce, bien caractérisée par sa longue queue et par sa gorge trico- 1. M. Temminck n’a décrit cet oiseau qu'après le retour de M. Saint-Hilaire. Il est, dès-lors, évident que Vieillot l'avait décrit au moins cinq ans avant lui. Passe- reaux. ——— (240 ) Passe lore, s'est offerte à nous, principalement en hiver, dans toute la province de Corrientes reaux, (république Argentine), où elle est très-rare. Nous l’avons toujours vue dans les lieux marécageux, dans les petits buissons, dans les grandes herbes, surtout les plus sau- vages, où elle parait vivre sédentaire el presque toujours par couples. On la voit se poser constamment à la partie moyenne de la hauteur des buissons ou même sur les branches les plus basses. De là, elle descend, en sautant d’une branche à l’autre, s’enfonçant, de plus en plus, vers le centre, jusqu’au sol, où elle cherche, le plus souvent, les insectes dont elle se nourrit; d’autres fois, elle s'enfonce de suite, dans une touffe d'herbes et s’y cache si bien, qu'il nous est arrivé de la poursuivre long-temps, sans pouvoir l’apercevoir où elle s'était posée, tandis qu’elle s’envolait de dessous nos pieds. Son vol est saccadé, pesant; sa marche assez agile à terre, ce qui s’annonce par le peu de courbure et la longueur des ongles du pouce; mais alors on la voit exclusivement parmi les grandes herbes; elle fait entendre un léger cri, lorsqu'elle s'envole. Nous n'avons rien appris touchant sa reproduction. SYNALLAXE À QUEUE ROUSSE, Synallaxis ruficauda, Vieïll. Cola aguda anegadizos, Azara, Apunt. de los Pax., t. I, p. 262; Sylvia russeola, Vieïll., Dict., t. Il, p. 217, et Enc. méth., t. II, p. 463 (d'après Azara) ; Synallaxis ruficauda , Vieïll., Dict., t. XXXIT, p. 3103 Enc. méth., t. Il, p. 623; Opetiorynchus inundatus, Temm.; Synallaxis ruficauda, Spix, Av., t. LXXXV, fig. 2; Synallaxis caudacutus , Prince Max., Beitr., t. UT, p. 692, n° 3; Synallaxis ruficauda, d'Orb. et Lafresn., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 22,0. 5. S. suprà rufo-fuscus, subtüs albescens ; guld flavd; fronte, caudé alisque rufis; remi- gibus nigrescente terminatis ; caud4 acutissimt. Sur le vivant. Yeux brun pàle; bec brun; pieds bleus. Longueur totale, 17 cent.; de la queue, 5 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 6 cent.; du bec, 11 mill.; du tarse au bout des doigts, 6 cent. | Ce Synallaxe, remarquable par sa gorge jaune, par ses parties supérieures brun-roux, par son front, ses ailes, sa queue roux vif, ainsi que par ses parties inférieures blan- châtres, ne s’est offert à nous que dans les parties méridionales de la province de Cor- rientes , dans les plaines marécageuses du Rincon de Luna et seulement en hiver. Il est rare, se üent près des maisons, sur les buissons, dans lesquels il n’entre pas, perché sur les grandes plantes, ou marche à terre avec rapidité, cherchant les insectes et les petites graines dont il se nourrit. Peu crainüf, il s'inquiète peu de la présence de l’homme, vient dans les jardins, sur les haies sèches, toujours par petites troupes, composées de couples; il vole par saccades et assez lourdement, tout en faisant entendre, par instans, un léger cri de rappel. (21) SYNALLAXE À TÊTE STRIÉE, Synallazis striaticeps, Nob. Oiseaux, pl. XVI, fig. 1. Synallaxis striaticeps, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p.22, n.° 6. S. suprà rufescenti-griseus; tectricibus alæ, rectricibusque acuminatis, totis cinna- momeis ; remigibus fuscis, margine exteriore rufescentibus ; frontis et verticis pen- nis elongatis, acuminatis, rufescente-albis, in medio longitudinaliter nigro striatis ; superciliis ad nucham intensis ; guld pectoreque albescentibus ; hypocondriis abdo- mineque rufescente-grisescentibus. Sur le vivant. Yeux rouge carmin; bec noirätre en dessus, rose violet à sa base; pieds gris. Longueur totale, 16 centimètres; du vol, 21 1/2 cent.; du pli de l’aile à son extré- mité, 68 mill.; de la queue, 6 cent.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 3 1/2 mill.; circonférence du corps, 8 cent. Müle. Sur la tête des plumes longues, effilées, jaunätres, dont chacune est pourvue, sur sa longueur, d’une tache noire; dessus gris roussätre, passant au brun sur le der- rière du col, et au roux au bas du dos; gorge et devant du cou blancs; poitrine, ventre et flancs gris-brun. Tectrices supérieures de laile, de la queue et rectrices d’un beau roux vif; tectrices inférieures de l'aile blanchätres; un large sourcil blanc sur chaque œil; une ligne grisatre prend à la commissure du bec, traverse les yeux et se prolonge sur les oreilles, qui sont variées de roux et de brun; rémiges noirâtres, bordées exté- rieurement de brun clair. Le jeune ne diffère du mäle adulte qu’en ce qu'il a le dessus de la tête brun, les taches longitudinales à peine marquées et les plumes de celte partie moins allongées. Nous avons rencontré cette espèce d’abord au sud de la province de Corrientes (répu- blique Argentine), en hiver; puis sur les vallées du Haut-Pérou, aux environs de Cocha- bamba et à Valle grande, à une hauteur de plus de 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui amenait une température à peu près semblable à celle du 29. degré de latitude sud , où nous l’avions observée primitivement. Partout elle paraît très-rare, se tient près des buissons et des grandes plantes qui avoisinent les petits cours d’eau. Presque tou- jours isolée, on la voit s’enfoncer dans l’intérieur des buissons ou courir autour; mais, entend-elle quelque bruit? elle s’y cache de suite et ne reparaît que lorsque ses craintes sont calmées. En marchant, elle relève constamment la queue et montre beaucoup de vivacité, Elle se nourrit de petits insectes. SYNALLAXE A COIFFE BLANCHE, Synallaxis albiceps, Nob. Oiseaux, pl. XVI, fig. 2. Synallaxis albiceps, d'Orb. et Lafresn., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 23, n.° 7. $. suprà cinnamomeus; uropy gio olivascente ; pileo albo, albidine super collum extensd; collo fusco-grisescente; genis supercilisque usque ad nucham nigrescentibus ; alis EVS Où. 31 Passe- reaux. Passe- reaux, (242 ) | caudäque rufis ; remigibus pogonio externo fusco nigris; subiüs totus fusco-griseus, hypocondriis parüm rufescentibus; caud& mediocri, rectricibus gradatis. Sur le vivant. Bec noirätre en dessus, bleuâtre en dessous; yeux rouge carmin; pieds verdàtres, pointe des ongles jaune. Longueur totale, 16 cent.; du vol, 20 1/2 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 63 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 4 mill.; circonférence du corps, 9 1/2 cent. Dessus de la tête blanc, quelquefois teinté d’un peu de roux au front, mais d’une couleur pure, en s'étendant sur la nuque; du noirâtre circonscrit le blanc, entoure les yeux et couvre les oreilles; gorge, col et poitrine gris-bleuâtre foncé; ventre, flancs et derrière brun-verdàtre pàle; haut du dos, couvertures supérieures de l’aile et queue d’un beau roux vif; rémiges noirâtres à la barbe interne, bordées, des deux côtés, de roux clair; tectrices inférieures de l’aile roux-jaunâtre clair; rectrices très-étagées, usées à leur extrémité; leur tige noire à sa base; ailes courtes, la quatrième rémige la plus longue; bec long, arqué, comprimé sur les côtés, sans carène supérieure; narines en fentes longitudinales et comme operculées ; tarses forts et courts; doigts robustes, longs, à ongles fortement crochus. Nous avons rencontré cette charmante espèce dans les ravins boisés des environs du village de Capiñata, province de Sicasica , sur le versant oriental des Andes boliviennes, à une élévation d’à peu près 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous l'avons toujours aperçue dans les halliers élevés et les plus épais des ravins, se tenant dans le fourré et surtout près de terre, sautillant d’une branche à l’autre, restant peu en place, et cherchant les insectes dont elle se nourrit. Quelquefois par couples, d’autres fois isolée , elle paraît préférer les lieux sauvages et éloignés des habitations, et là même elle est très-rare. SYNALLAXE A COIFFE ENFUMÉE, Synallaxis fuliginiceps, Nob. Oiseaux, pl. XVII, fig. 1. Synallaxis Juliginiceps , d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 23, n° 8. S. suprà rufescente-griseus; uropygio pallidé rufescenti; pileo cristato, fumigato; remigibus nigris, primartüs basi ad medium tantummodd, secundarüs toto extüs margine cinnamomeis. Caudd elongatä, apice acutd; rectricibus rufis, scapo nigro valdè gradatis, duabus intermediis apice angustatis, in medio nigro striatis; subtus totus pallidè murinus; guld albescente; ano rufescente ; rostro minuto. Sur le vivant. Bec corné; pieds vert jaunâtre; yeux brun-roux. Longueur totale, 17 cent.; du vol, 20 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 64 mill.; de la queue, 9 cent.; du tarse au bout des doigts, 35 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur 2 1/2 mill.; circonférence du corps, 8 1/2 cent. Adulte. Dessus de la tête couvert de plumes longues, sans être effilées, d’une couleur — ( 243 ) enfumée, brun-roux; les parties supérieures , d’abord grisàtres, teintées de roux sur le cou, se teintent, de plus en plus, de la même couleur, jusqu’au croupion, qui est d’un roux très-pur; dessous gris, plus saturé de roussätre vers le bas-ventre et vers les couvertures inférieures des rectrices; queue très-longue, fortement étagée, roux pâle; les rectrices inférieures très-courtes , les deux intermédiaires très-longues, aiguës, rousses, leurs tiges noires; yeux entourés d’une teinte gris blanchàtre; tectrices supérieures des rémiges brunes, bordées de roux, les inférieures roux pâle; rémiges primaires noiratres, bordées de roux à leur base interne et externe; rémiges secondaires rousses, ayant sur le milieu une large tache noirûtre, qui continue jusqu’à l'extrémité. Bec très-court, comprimé, grèle, légèrement arqué; tarses et doigts médiocres; ongles arqués, de moyenne force. Cette espèce ne nous a montré aucune variété d’àge ni de sexe; seulement les jeunes de l’année sont d’une couleur beaucoup plus terne. Nous lavons rencontrée sur le ver- sant oriental des Andes boliviennes, au 16.° degré de latitude sud , tant aux environs du bourg d’Enquisivi (province de Sicasica), que près de Valle grande, toujours dans une limite de hauteur comprise entre 1,700 à 2,700 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle est assez rare et se tient dans les ravins couverts de buissons épars, voisins des eaux. On la voit sautiller avec vitesse aux environs, en relevant souvent, presque perpendiculairement , la queue; mais, à la moindre crainte, s’allant cacher au plus épais des halliers, d’où il est bien difficile de la faire sortir; alors elle vole au rez de terre, jusqu’au buisson voisin. Elle se nourrit d'insectes. SYNALLAXE ÆGYTHALOÏDE , Synallaxis ægythaloides, Kiuitz. Synallaxis ægythaloides, Kittlitz, Mém. des sc. de S. Pétersb. (1830), pl. 7; id., d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 23, n. 9. S. suprà rufescente-griseus; pileo rufo nigro striato, strisque albis post nucham torque, Jormibus; alis fusco-nigris ; tectricibus ferè totis, remigibus primariis basi usque ad medium margine cinnamomeis; caudd& nigrd, valdè gradatd, rectricibus apice acutis, margine extus albo, griseis, primd laterali brevissimd duabus intermediis longe cæteras ,superantibus ; superciliis à naribus ad nucham extensis, gutture albis ; genis collique lateribus maculis albis fuscisque variatis ; pectore abdomineque medio griseis; hypocondriis anoque parum rufescentibus ; rostro breviore quam in omnibus cœæteris, recto compressiusculo ; digitis unguiculisque brevibus et fortibus. Sur le vivant. Bec et pieds noirs; yeux bruns. Longueur totale, 16 cent.; vol, 18 cent.; du pli de aile à son extrémité, 6 cent.; queue, 8 à 10 cent.; du bec, 7 mill.; circon- férence du corps, 7 cent. Cette petite espèce, comme les autres Synallaxes, ne nous a pas offert de variétés d’àge ni de sexe, mais seulement des variétés locales. Les individus recueillis en Pata- gonie, au Chili et sur la côte du Pérou, sont constamment plus petits, d’une teinte très- claire, tandis que les individus pris sur les Andes chiliennes et ceux des Andes boli- Passe- reaux. (2% ) Passe viennes sont toujours plus grands et fortement saturés d’une teinte roussâtre, répandue eaux. sur toutes les parties du corps et principalement sous le corps; ils montrent néanmoins les mêmes distributions de teintes et les mêmes caractères de formes. Cette jolie petite espèce se rencontre sur une surface immense de l'Amérique méridio- nale : nous l'avons d’abord vue sur les rives du Rio negro en Patagonie, au 41.° degré de latitude sud. Nous l'avons retrouvée sur le versant opposé des Andes, tant aux envi- rons de Valparaiso au Chili, que sur les montagnes jusqu’à Santiago; elle s’est montrée encore à nous aux environs du port de Cobija; puis, et même très-commune, au 15 degré de latitude, sur les plateaux des Andes boliviennes, jusqu’à la hauteur de 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer; ainsi l'on doit supposer que, sur le versant oriental des Andes, elle suit, de la Patagonie jusqu'aux environs de la Paz en Bolivia, la zone d’élévation qui amène les mêmes circonstances locales, en s’élevant, de plus en plus, jusqu’à la zone torride; ce qu’elle fait encore à peu près sur le versant opposé, circonstance parfaitement d'accord avec ce que nous avons dit, aux généralités, des modi- fications apportées par l'élévation dans toute la nature animée. Sédentaire en tous les lieux qu’elle habite, on la voit, toute l’année, sur les petits buissons des coteaux arides et secs, sautiller d’une branche à l’autre, avec une extrème agilité, les parcourant ainsi en tous sens; puis les abandonner, pour voler, non sans peine, à cause de sa longue queue, jusqu’au buisson le plus voisin, où elle recommence, tout en cherchant les petits insectes dont elle se nourrit, et faisant entendre un sifflement perçant, qui paraît être plutôt d'habitude que de rappel, entre les divers individus répandus dans la même contrée. Toujours seule, elle parcourt ainsi tout le pays, en changeant, à chaque instant, de place, sans jamais paraître s'inquiéter de ce qui l’en- toure. Elle se tient particulièrement dans l’intérieur des arbustes, même les plus bas, s'y cramponnant comme les Mésanges, avec lesquelles elle a beaucoup d’analogie pour les mœurs. Elle ne descend pas à terre dans les lieux où il y a des buissons; mais à Cobija, où nous l'avons aussi rencontrée, comme il n’y a pas du tout de végétation, elle suit le bord de la mer, entre les rochers. En Patagonie, elle s’accouple au mois de Septembre et niche au milieu des buissons, qu’elle fréquente le reste de l’année; son nid, construit de mousse et de petites racines, est placé au plus épais des halliers. SYNALLAXE À TÊTE BLANCHE, Synallaxis leucocephalus, Nob. Synallaxis leucocephala, d'Oxb., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 24, n. 10. $. subiüs rufus, infrà brunneo-rufescens; capite suprà albido ; caud& elongatä. Dans les environs du Carmen en Patagonie, sur les coteaux du Rio negro, à l'instant des plus grands froids de l'hiver, nous avons vu, sur les buissons, deux individus d’une charmante espèce de Synallaxe, facile à distinguer, par ses teintes, des espèces voisines; mais, comme dans le moment où nous l’ayvons aperçue, nous m’étions point armé, force nous fut de les suivre long-temps des yeux et de très-près, tandis qu'ils sautillaient au (25) sein des buissons, comme ceux de l'espèce précédente, sans pouvoir toutefois les joindre Passe à notre collection. La taille de cette espèce est un peu plus grande que celle du Synral """ laxis ægythaloides , dont elle se rapproche aussi par ses formes et par sa longue queue; sa couleur est rousse, un peu teintée de brun en dessus et sa tête d’un beau blanc. SYNALLAXE HUMICOLE, Synallaxis humicola, Kititz. Oiseaux, pl. XVII, fig. 2. Synallaxis humicola, Kittlitz,-Mém. des sav. de S. Pétersb. (1830), pl. 6; id., d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 24. S. suprà griseo-rufescens; pileo obscuriore, uropygio cinnamomeo; alis nigris, lec- tricibus remigibusque secundariis margine latè rufis; caudd atrd, rectricibus omni- bus basi, lateribus margine extüs cinnamomeis; subtüs sordidè albus, hypocon- dris anoque rufis ; pennis gularibus, basi cinnamomeis, apice tantummodo albis ; TOSÉTO COTr€0. Sur le vivant. Bec bleuàtre; yeux brun-roux; pieds bleus. Longueur totale, 16 1/2 cent. ; de la queue, 6 cent.; du vol, 21 1/2 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 6 cent.; du bec, 1 cent.; sa hauteur, 4 mill.; du tarse au bout des doigts, 4 cent. ; circonférence du corps, 10 cent. Cette espèce est encore du nombre de celles qui se trouvent sur une grande surface du continent américain, et qui suivent en tout les lois de distribution que nous avons établies aux généralités sur les Passereaux. Nous l’avons rencontrée, en hiver seule- ment, aux environs de Corrientes. Cette circonstance nous a fait penser qu’elle descen- dait alors des montagnes du versant oriental des Andes; elle se trouve aussi au Chili, dans les environs de Valparaiso, au 33.° degré de latitude sud; et là, habite le niveau de la mer. La loi des vraisemblances devait nous la faire rencontrer sur les Andes, dans notre seconde zone d'habitation ou dans la zone comprise entre 1,700 et 3,700 mètres au-dessus du niveau des mers, au 16. degré de latitude, ce qui est arrivé; car elle est, en effet, très-commune dans le ravin de la Paz, dans la vallée de Cochabamba, aux environs de Palca, province d’Ayupaya, dans la république de Bolivia; ainsi, en latitude, elle paraît habiter du 27. au 33.° degré, et en hauteur, de 5,000 à 11,000 pieds (ou de 1,700 à 3,700 mètres) au-dessus du niveau des mers, sous la zone torride. Elle est buissonnière par excellence et ne va jamais dans les bois, tandis qu’elle se trouve à sa convenance dans les lieux où les coteaux sont couverts seulement de petits buissons, et principalement près des ruisseaux. Là, tantôt enfoncée au plus épais des fourrés, elle sautille, de branche en branche, surtout sur les plus basses, cherchant les insectes qui font la base de sa nourriture; tantôt elle court rapidement autour de ces mêmes buissons, relevant, de temps en temps, sa queue dans la direction perpendi- culaire; mais, entend-elle du bruit? elle va se cacher dans un buisson ou s'envole au rez de terre, d’une manière lourde, fournissant à peine une carrière d’une cinquan- taine de pas, pour se réfugier dans un autre fourré. Nous l'avons toujours vue isolée. Passe- reaux (246 ) SYNALLAXE CHICLI, Synallaxis ruficapilla, Vieill. Cola aguda chicli, Azara, Æpunt. de los Pax., t. I, p. 266, n° 236; Synallaxis ruficapilla, Vieill., Dict.,t. 32, p. 810; Enc. méth., t. 2, p. 622 ; Synallaxis albescens, Temm., PI. col., 227, fig. 2; Sphænura ruficeps, Licht., Doubl.,p. 42,0. 463; Parulus ruficeps, Spix, pl. 86; Synallaxis cinereus, Prince Max., Beitr., t. TI, p. 686 , n° 1; Vieill., Dict., t. 28, p. 474, et Encycl., t. Il, p. 497; d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 24, n. 11. $. fronte fuscus ; vertice, tectricibus alarum superioribus cinnamomeïs; caud4 cas- taneo-cinnamomed ; corpore suprà fusco-rufescente, abdomine schistaceo ; hypo- condriis olivaceis ; gutture nigro, albo punctato; caudd elongatdä, gradat&, dilutiore. Sur le vivant. Bec noir en dessus, bleuätre à la base; yeux gris-roux; pieds verdà- tres. Longueur totale, 15 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 73 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 4 mill. Nous avons été à portée d'examiner et de comparer entr'eux un très-grand nombre d'individus de cette espèce, et jamais nous n’avons remarqué que la gorge füt, comme le dit M. Lichtenstein, entièrement blanche; elle est toujours noir bleuàtre, avec l’extré- mité des plumes blanchätre, mais seulement l'extrémité; et, bien loin que les jeunes aient plus de noir, nous croyons, au contraire, que les adultes en ont davantage; car, d’après l'inspection de leur intérieur, nous les avons toujours reconnus comme mâles, tandis que les femelles avaient beaucoup plus de blanc. Les jeunes de l’année ont toutes les parties supérieures uniformes, olivätres et la gorge presque blanche. Ils ne prennent qu'à la première année les plumes rousses du dessus de la tête et des couvertures supé- rieures de Paile. Un individu, que nous avons tué dans la république de Bolivia, est d’une taille beaucoup plus grande (longueur totale, 20 1/2 centimètres, et 9 centimètres pour la queue). Il présente la même distribution de teinte, et diffère des autres : 1.° en ce que le roux de sa tête est beaucoup plus vif et s'étend sur les parties supérieures du cou; 2. par le roux plus pàle des tectrices des ailes; 3.° par la queue également roux clair et beaucoup plus longue que chez les autres. Représenterait-il une race plus grande? une espèce distincte ? Nous pencherions pour cette hypothèse; et si notre opinion paraît fondée, nous nommerions cette espèce Synallaxis Azaræ, a dédiant à l'illustre observateur, à qui la science doit tant. Nous avons rencontré cette espèce, en hiver, aux environs de Corrientes, au 28. degré sud; puis toujours sur le versant oriental des Andes boliviennes, dans les limites inférieures de notre IL.° zone d’élévation, c’est-à-dire de 2,700 à 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, aux environs de Carcuata (Yungas), d'Enquisivi (province de Sicasica), à Chaluani, province de Mizqué; mais nous l'avons aussi rencontrée dans les plaines de la province de Moxos, ce qui lui donnerait des limites d'habitation très-éten- dues. Elle se tient toujours dans les petits buissons, et s’y fait entendre plutôt qu’aper- cevoir; car, tout en sautillant au plus épais des halliers, sur les branches les plus J » » ( 247 ) rapprochées de terre, elle profère souvent un petit sifflement qu’Azara traduit par Passe- chicli; elle abandonne pourtant quelquefois son asile; et, dans ces occasions, on la voit mener à terre le même genre de vie que l’espèce précédente. Vive à l'excès, à peine les yeux peuvent-ils la suivre dans ses mouvemens; aussi, quoiqu’elle soit partout com- mune, a-t-on beaucoup de peine à se la procurer. SYNALLAXIS DE MAXIMILIEN, Synallaxzis Maximiliani, Nob.: Oiseaux, pl. XV, fig. 1. Cola aguda pardo de collar negro, Azara, Apunt. de los Pax., t. Il, p. 264,n 235; Vieill., Dict., t. 28, p. 474, et Encycl. méth., t. IT, p. 497; Synallaxis torquata, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836),p. 26, n.° 14. S. superciliis albo-flavescentibus, capitis lateribus nigris; gutture flavescente ; corpore suprà brunneo-viridescente ; interscapulariis basi albis ; subtüs rufus ; torque nigro. Sur le vivant. Bec noiratre en dessus, bleu à sa base; yeux bleuâtres; pieds rose clair. Longueur totale, 16 cent.; vol, 17 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 5 cent.; de la queue, 54 mill.; du tarse au bout des doigts, 4 cent.; du bec, { cent.; sa hau- teur, 3 mill.; circonférence du corps, 8 cent.; narines comme operculées. Toutes les parties supérieures sont d’un gris-verdàtre foncé; la base des plumes inter- scapulaires blanche, comme dans les Thamnophilus , et cette teinte bordée de noir; un large sourcil blanc, légèrement jaunätre, prend à la narine et s'étend jusqu’au-dessus de l'oreille; la gorge et le devant du cou sont de la même teinte; les côtés de la tête compris entre le soureil et la gorge, sont d’un beau noir velouté; un large demi-collier, placé à la partie supérieure de la poitrine, sépare le jaune de la gorge du roux foncé qui colore toutes les parties inférieures; pli de laile varié de noir et de gris, les deux plumes du point de l’aile noires, extérieurement bordées de blanc. Cette charmante espèce a été rencontrée, par Azara, au Paraguay; nous ne l’avons vue qu’au sommet d’une montagne (celle du Biscachal), aux environs du village de Carcuata, province de Yungas, sur le versant oriental des Andes boliviennes, à 2,000 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Elle se tient sur les parties dépourvues de bois, sur les grandes herbes, où elle sautillait de branche en branche, se cachant souvent au rez de terre. IL est évident que cette espèce, ainsi que la suivante, tout en ayant réellement les mœurs des Synallaxes, a aussi beaucoup de rapports avec certaines petites espèces de 1. Nous avions désigné cette espèce sous le nom de $. torquata, ne Vayant pas reconnue dans celle qui porte ce nom, dans l’ouvrage du Prince Maximilien de Neuwied ; mais, après nous être aperçu que c'était l’espèce suivante que décrivait ce savant, nous avons rétabli la dénomination de celle-ci, décrite par Azara et que le Prince rapporte, avec doute, à son espèce, dont elle est différente, nous nous empressons de la lui dédier, comme une marque de la haute estime que nous professons pour ses utiles travaux. reaux. Passe- reaux. (28 ) Thamnophiles, par la base blanche de ses plumes interscapulaires, par ses plumes coccy- giennes làches, et même par son bec légèrement crochu, plus fort que chez les autres Synallaxes. SYNALLAXE À COLLIER, Synallaæis torquatus, Prince Max. Oiseaux, pl. XV, fig. 2. Synallaxis torquatus, prince Max., Beitr., t. TT, p. 697; Synallaxis bitorquata, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. (1836), p. 24, n° 12. $. capite suprà brunneo, superciliis albido-flavis, subtüs nigro marginatis; hocce colore auribus circuituque oculorum maculatis ; gutture et parte inferiori rufis; duplici torque albido nigroque; rectricibus, remigiüis et dorso brunneïs; uropygio atque collo superiore rufis. Sur le vivant. Bec bleuätre; yeux rouges; tarse rose-jaune. Longueur totale, 16 1/2 cent.; du pli de laile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 62 mill.; du tarse au bout des doigts, 38 mill.; du bec, {1 mill.; sa hauteur, 4 mill,; sa largeur, 3 1/2 mill.; cir- conférence du corps, 9 cent. Dessus de la tête et du corps, gris-brun; un sourcil blanc passe sur l'œil et s'étend sur les côtés et sur le dessus du col, où il est formé de taches de cette couleur, cir- conscrites de noir, comme une ligne qui l'accompagne supérieurement. Une large bande noir velouté prend à la base de la mandibule, traverse les yeux et couvre les oreilles; gorge, devant du col et parties inférieures roux très-clair; sur le devant du col un double collier blanc en dessus et noir sur le côté; un large collier roux vif; queue longue, grèle, roux-brun; rémiges brun-roux, bordées extérieurement de roux; les petites couvertures noires, bordées de blanc; la base des plumes du haut du dos blanc brillant; le croupion roux. Nous avions d’abord considéré cette espèce comme une variété de la précédente; mais une comparaison scrupuleuse nous a, pour ainsi dire, convaincu que ce devait être une espèce différente; car, non-seulement elle en diffère par des teintes toujours distinctes, comme le double collier, la teinte uniforme et beaucoup plus pâle des parties inférieures, au lieu des teintes tranchées de l’autre espèce; par le collier roux supérieur, qui n'existe point dans la première espèce; par son croupion roux, au lieu d’être brun-gris; ainsi que par bien d’autres détails; mais elle en diffère encore par sa queue longue, grêle, tandis qu’elle est large dans le $. torquatus, et par son bec, qui, bien que de la même forme, nous a toujours paru plus petit. On voit donc que, malgré les rapports de forme qui existent entre celte espèce el la précédente, nous pouvons les considérer comme n'étant pas du tout les mêmes. Nous avons rencontré ce Synallaxe au centre de l'Amérique méridionale, dans la pro- vince de Chiquitos en Bolivia, principalement aux environs de la Mission de Concepcion. Il se tent presque loujours dans la campagne découverte, au sein des grandes plantes et même à lerre, où il est d'autant plus difficile de l’apercevoir, qu'il s’y cache constam- ment au milieu des fourrés. 11 y est toujours rare. (249 ) N° 128. SYNALLAXE PATAGON, Synallaxis patagonica, Nob. $. suprà griseo-fuliginescente; capite suprà brunneo; gutture et antice collo, griseo- albescente ; abdomine crissoque rufescentibus ; rectricibus fuscis, fuligine limbatis ; caud4 nigrd, gradatä; rectricibus rufo-limbatis. Sur le vivant. Yeux brun-vert pâle; bec noir en dessus, bleu en dessous; pieds bruns. Longueur totale, 15 cent.; de la queue, 5 cent.; du vol, 19 cent.; du pli de l’aile à son extrémité, 55 mill.; du tarse au bout des doigts, 34 mill.; du doigt du milieu, 26 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 5 mill.; sa largeur à la base, 2 1/2 mill.; circonfé- rence du corps, 8 cent. Bec droit, court, un peu courbé , fortement comprimé, sans dents bien marquées ; ailes courtes, la troisième rémige la plus longue; queue large, assez longue, un peu étagée, fortement usée à son extrémité, qui forme une pointe arrondie. Dessus de la tête brun-roux; toutes les parties supérieures gris fuligineux uniforme; gorge et devant du cou gris blanchâtre; la base des plumes noirâtre, ce qui ne s’aperçoit qu’en les rele- vant; poitrine gris-roux, passant par gradation au roux vif, qui colore le bas-ventre et les tectrices inférieures de la queue; cette même couleur se remarque sur les cou- vertures inférieures des rémiges. Ailes brun noiràtre; la barbe extérieure de chaque penne bordée de roussätre. Queue noire; les deux rectrices supérieures brun-roux à leur base; les rectrices latérales bordées extérieurement de roux vif. Nous n’avons rencontré cette espèce que sur les coteaux des rives du Rio Negro en Patagonie, où, quoique très-rare, elle séjourne toute l’année; isolée, elle se tient sur les buissons, même sur ceux qui avoisinent les habitations; et là, sautille conti- nuellement d’une branche à l’autre, cherchant les petits insectes dont elle se nourrit, sans descendre à terre; du moins ne l’y avons-nous jamais vue. Son vol est court, et ses manières, quoique vives, le sont beaucoup moins que celles des espèces précé- dentes. Gexre FOURNIER, Furnarius, Vieilll. Opetiorkynchos, Temm.; Figulus, Spix; Merops, Linn. Dans ce genre nous ne réunissons point, comme Vieillot, le véritable Fournier, qui fait son nid en terre, aux Ænumbius, plus buissonniers, qui construisent le leur avec des épines; nous sommes loin aussi d'y joindre, comme le font MM. Temminck et Lesson, des oiseaux purement marcheurs, dont les habitudes, si différentes des Fourniers, nous ont déterminé à former le genre Æuppucerthia. En effet, les mœurs de l’oiseau qui nous occupe ne permettent, en aucune manière, ainsi que nous le prouverons plus tard, de le placer avec ceux-ci. Nous ne classons dans le genre Furnarius que la seule IV: Oz 32 Passe- reaux. Passe- eaux, ( 250 ) espèce qui se construit un nid en terre, espèce caractérisée, en outre, par son bec assez long, courbé, ‘un peu élargi à sa base, comprimé, à bords lisses, à arête arrondie; par ses ailes médiocres, sa queue peu longue, presqu’égale; par les plumes de sa tête allongées ou acuminées; par ses habitudes mar- cheuses et percheuses à la fois; par son chant composé de gammes chro- matiques sonores, par sa grande familiarité; caractères que nous rencontrons en partie chez les Ænumbius, mais qu'on ne trouve point chez les ÆZup- pucerthia aux mœurs sauvages, aux habitudes purement marcheuses, et auxquelles tout chant harmonieux est étranger. N.° 129. FOURNIER ROUX, Furnarius rufus, Vieill. Oiseaux, pl. LV, fig. 2 (son nid). Merops rufus, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 465, n° 20; Fournier, Bufl., Enl., 739; Hornero, Az., 1805, Apunt. para la list. de los Paxar., t. 2, p. 221, n° 2213 Furnarius rufus, Vieill., 1823, Enc., t. 2, p. 513; Turdus badius, Licht., 1823, Doubl., p. 40, n° 451; Figulus albogularis, Spix, 1824, 4v., t. 78; Opetiorkynchus rufus, Prince Max., 1831,t.3, p. 667; Furnarius rufus, d'Orb. et Lafresn., Synopsis. F. caudd, remigibusque secundariis cinnamomeis, primoribus fuscis, subis dilutè Jerrugineis ; guld et flexur4 alæ albis. Sur le vivant. Bec brun-jaune; yeux aurore, pieds jaunàtres. Nous avons rencontré successivement cet oiseau à l'embouchure de la Plata, à Buenos- Ayres, à Corrientes, à la frontière du Paraguay; à Chiquitos, à Santa-Cruz de la Sierra, dans les plaines du centre de la Bolivia, à Cochabamba, à Valle Grande, sur les contre- forts des Andes boliviennes au-dessous de 3,000 mètres d’élévation au-dessus du niveau des mers. Comme il a été trouvé au Brésil par MM. Spix, Martius et le prince Maximilien de Neuwied , nous croyons pouvoir lui assigner, pour habitation , l’espace compris entre les 25 et 35." degrés de latitude sud, nos deux premières zones d’élévation et de latitude. Depuis les importantes descriptions d’Azara, de M. Spix et du prince Maximilien de Neuwied, il reste peu à dire sur les mœurs de cet intéressant animal. Nous devons donc nous borner à affirmer ce que ces savans en ont dit. Le Fournier vit par paires dans les environs des lieux habités, au sein même des villes, des villages, plaçant son singulier nid sur les églises, sur les barrières et sur les arbres : ce nid, bàti en terre, décrit dans l’intérieur deux tours d’une spire, au milieu de laquelle est un lit de plumes et d'herbe sèche, où sont déposés des œufs blancs, dont les diamètres sont de 23 et de 34 millimètres. L'entrée de ce nid étant, comme celle des limaçons, sur le côté, il est impossible de toucher les œufs sans le rompre; mais les Fourniers sont amis des habitans, et l’on respecte partout leur asile; ce qui ne contribue pas peu à les rendre des plus familiers. ( 251 ) Marcheurs et percheurs, on les voit à terre mener le même genre de vie que les merles, y courir, y gratter pour y chercher des insectes et des graines; perchés, ils sont vifs, gais, aimant autant les murailles que les arbres, et faisant entendre ces gammes chromatiques si particulières, que nous ne retrouvons que chez les Anumbis, dans lesquelles le mâle chante avec force, en baissant par demi-ton, tandis que, le plus souvent, sa femelle répète les mêmes sons à la tierce et bien plus bas. Rien de plus curieux que ce couple uni, défendant l'approche de son nid par ses cris, par ses postures menaçantes; rien de plus comique que ces petites scènes de jalousie entre le mâle et la femelle, lorsque le premier la voit s'approcher des autres oiseaux; ce qui ne les empêche pas de faire bon ménage. Remarquable par ses habitudes, le Fournier est partout connu des habitans; c’est le Casero (faiseur de case) des habitans de Santa-Fe, république Argentine; l’Æornero (le Fournier) des Espagnols; le Fornero des Brésiliens; l'oncito garsia des Correntinos; le Tiluchi des habitans de Santa-Cruz de la Sierra. IL a aussi des dénominations propres dans les langues indigènes. C’est en mbocobi, Sotare-conec; en chiquito, Poychch; en guarañoca, Asabio; en samucu, Tochihuap; en otukè, Xekihi; en morotoca, Xichabeta ; en saraveca, Caanapare; en kitemoca, Tucham; en cuciquia, Otauma (Otaouma); en paunaca, Mocha; en païconéca, Moseren; en guarayo, Ayumbi; en chapacura, Chucchure; en muchojéone, sisi; en itonama, 7%0k1; en cayuvava, Tutu (Toutou); en iten, Capare ; en pacaguara, /sapistia ; en movima, Titi; en moxo, Chikeo ; en canichana, Mchinichijlé. Plusieurs de ces dénominations sont des imitations de son chant. Gexre ANUMBI, Ænumbius, Nob. Anumbi, Azara; Furnarius, Nieillot; Anabates, Spix; Sphænura, Licht.; Malurus, Swains. Nous réunissons sous ce nom des oiseaux ayant le chant par gammes des Fourniers, leurs habitudes sédentaires, leur démarche, leur vol, leur forme de bec, quoique moins long; mais s’en distinguant par ce qu'ils sont plus percheurs, qu'ils pénètrent plus dans les halliers, et que leur nid non moins remarquable, suspendu aux branches des arbres, est composé d’un très-grand amas d’épines, artistement enlacées, qui laissent dans l’intérieur deux compartimens communiquant entr'eux par un corridor tortueux. Ils différent encore zoologiquement par une queue longue, très-étagée, comme celle de certains synallaxes ; par des ailes plus courtes, des tarses plus robustes, moins longs ; par les plumes du front plus eflilées encore; par les ongles plus aigus. { On peut dire, en résumé, que les ÆAnumbius sont des Fourniers plus buis- sonniers, ayant un nid différent, nous représentant les coutumes des Synal- laxes et des Anabates surtout, dont ils se distinguent néanmoins par quelques Passe- reaux. Passe- reaux. (252 ) différences zoologiques, par leur mode de nidification et par leur chant. Les analogies de leurs mœurs avec celles des Synallaxis, et leur voix sonore comme celle des Zriothorus, nous ont déterminé à les placer à la suite des Sylvidées, en les enlevant aux Ténuirostres, parmi lesquels on ne trouve aucun oiseau chanteur. Comme on le verra par les espèces, les Anumbius sont des oiseaux propres, dans l'Amérique méridionale, à toutes les régions, à toutes les zones de hauteur, puisque nous en trouvons depuis le 11° jusqu'au 41.° degré sud, et depuis le niveau de la mer jusqu'aux plateaux élevés des Andes. Nous en connaissons déja six espèces, réunissant tous les caractères géné- raux que nous avons indiqués. N.° 130. ANUMBI ANTHOÏDE, Anumbius anthoides, Nob. Anumbi, Azara, 1805, Apunt. de los Pax.,t. 2, p. 226, n° 222; Furnarius Anumbi, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 12, p. 117, et 1823, Enc.,t. 2, p. 514; Anthus acuticaudatus ? Less., 1831, Trait.,p. 4243; Ænumbius anthoides, d'Oxb. et Lafr., Syn., Mag. de z0ol. A. suprà murino rufescens, pileo brunneo, pennis verticis et dorsi supremi in medio nigro-fuscis ; loris vittäque superciliart à naribus ad nucham , ochraceo albescen- tibus , infräque maculd paroticd brunned. Alæ rufescentes, remigibus intus fusco- nigris , extüs pallidé rufis. Caudd angustd, valde gradatd; rectricibus apice intus angustatis et parüm acuminatis, omnibus, duabus intermediis exceptis, basi fusco- nigris, apice albis; intermediis rufescenté-fuscis. Subtus totus ochraceo albescens, pectore et hypocondriis parüm obscurioribus; mento guttureque purè albis, hoc albidd line punctis nigris à rictu ad pectus protensd lateraliter circumdato. Sur le vivant. Bec brun-roux, pieds rosés, yeux roux. Longueur totale, 18 à 19 cent.; de la queue, 8 cent.; du pli de Paile à son extrémité, 9 cent.; du bec, 13 mill.; circon- férence du corps, 12 cent. Les seules variétés que nous ayons vues se bornent à une teinte plus ou moins claire en dessus et en dessous, ce que nous croyons pouvoir attribuer à l'instant plus ou moins éloigné de la mue; il en est de même d’une teinte plus ou moins rousse du front; du reste, on ne remarque aucune variété d'âge ni de sexe. Nous avons observé cette espèce sur les rives du Rio Negro et près de la baie San-Blas en Patagonie. On la rencontre fréquemment dans toute la Banda oriental de la Plata, aux environs de Montevideo et de Maldonado, et de là jusqu’à la frontière du Paraguay, c'est-à-dire du 28 au 41. degré de latitude sud, où partout elle est également commune et sédentaire. Azara le premier a parfaitement décrit ses mœurs remarquables, que nous avons également observées avec soin, On la trouve toujours par paires au sein des bois de ( 255 ) mimoses ou à la lisière des halliers; là, toute l’année elle se perche non loin de son énorme nid, sa demeure habituelle, et ne s’en éloigne que pour chercher sa nourriture el y revenir ensuite, défendant avec courage l'approche de cette demeure contre les autres oiseaux, qu’elle attaque alors sans réserve et sans s'inquiéter de leur grosseur. On ne peut plus familiers, les Anumbis anthoïdes vivent souvent tout près des mai- sons champêtres, et même on aurait lieu de croire qu'ils préfèrent ce voisinage ; néanmoins nous en avons quelquefois trouvé près des eaux, en des lieux sauvages. Perchés, leur posture est menaçante et animée comme celle des Fourniers : c’est alors que le mäle commence une gamme chromatique des plus sonore et baissant d’un demi-ton ; chant dont la femelle répète les dernières syllabes, à peu près comme le Fournier. Lorsqu'ils volent, ce n’est que pour aller d’un buisson à l’autre et par sac- cades, se poser sur le point le plus élevé. Souvent on les voit à terre marcher d’un pas grave et chercher les petits insectes, les vers et les mollusques terrestres, dont ils se nourrissent. Leur habitation, à laquelle ils travaillent constamment, est placée à l'extrémité des branches inclinées des arbres épineux, ou au milieu des buissons isolés. Dans le premier cas, ils la construisent souvent au-dessus des eaux, et il n’est pas rare d’en voir deux réunies ensemble. Ce domicile ou nid, dans lequel tous les soirs le couple vient dormir, est réellement extraordinaire, pour la taille des constructeurs, en ce qu'il a jusqu’à 40 centimètres de longueur, représentant un ovale allongé, dont la plus grande largeur est en bas; son extérieur est protégé par beaucoup de grandes branches d’épines, croisées avec un tel art, qu'on ne peut les arracher sans les rompre; l’intérieur, tapissé de chiffons, de plumes, de crins et de paille, se compose de deux chambres, dont l’une, assez spacieuse, s'ouvre latéralement; dans cette première chambre existe un corridor qui, montant d’abord, descend ensuite dans un second appartement, mieux tapissé que le premier. Au mois d'Octobre commencent les amours; alors les chansons redoublent, et l’on répare mieux encore la demeure, dans laquelle la femelle dépose quatre à cinq œufs blancs, dont les diamètres sont 26 et 17 millimètres. Les parens, qui ont un soin tout particulier de leur nichée, chassent pourtant leurs petits des envi- rons de leur demeure, dès que ceux-ci sont assez forts pour se suflire. On ne les élève pas à l’état domestique. Les Guaranis les nomment 4ñumbi ou Guira añumbi; mais à Corrientes on les connaît sous le nom de #onzito cercobe. N.° 131. ANUMBI ROUGE, Anumbius ruber, Nob. ARumbi roxo, Azara, 1805; Apunt. de los Pax., t. 2, p. 217, n° 220; Furnarius ruber, Vieill., Nouv. Dict. d'hist. nat., t 12, p. 118, et Tableau encycl., 1823, t. 2, p. 514; Anumbius ruber, d'Orb. et Lafr., Syn., Mag. de zool. A. suprà totus brunnescens aut rufescente-brunneus; pileo, alis caudäque rufo- cinnamomeis ; frontis pileique plumis rigidis apice angustatis et acuminalis , Passe- Teaux. Passe- reaux, —_————— ( 254 ) illarum scapis lævibus, nitidis ultra apicem earum protensis. Alæ brevissimæ , obtusæ, remigibus intüs fusco-nigris, apiceque fuscescentibus. Cauda elongata, lateribus expansa, lat rufa, rectricum pogoniis utrinque dilatatis, apice latè rotundatis. Subiüs pallide rufescens, gutture abdomineque medio griseo albescen- tibus; pectore hypocondriisque pauld obscurioribus. Sur le vivant. Bec brun; pieds rosés; yeux jaune aurore. Longueur totale, 20 à 22 centimètres; de la queue, 7 centimètres; du bec, 15 millimètres. Les seules différences que nous ont présentées les divers individus, consistent en des teintes plus ou moins vives, ce qui dépend de lâge. Nous avons rencontré cette espèce dans la province de Corrientes, république Argen- line, et dans celle de Moxos en Bolivia; Azara l’a observée dans tout le Paraguay; ainsi elle habiterait les plaines du 12.° au 28.° degré de latitude sud; nulle part elle n’est très-commune. Ayant en tout les mœurs de l'espèce précédente, elle vit également par paires et dans les mêmes lieux, y est sédentaire, a des mœurs inquiètes pour les autres oiseaux; tout en se montrant moins familière avec l’homme, elle a les mêmes allures, le même genre de chant cadencé et en gammes, se nourrit de la même manière, pénètre davantage dans l’intérieur des buissons et reste peu à terre. Son nid, un peu plus grand, est identique, sur les mêmes lieux; et ces oiseaux mettent le même soin dans sa con- struction; seulement plusieurs couples vivent souvent les uns près des autres sur la même branche, les nids se confondant en une seule masse d’épines. De même, ils nichent aux mois d’Août et de Septembre; leurs œufs, blancs et au nombre de quatre à cinq dans les deux espèces, ont 27 et 18 millimètres de diamètre. Leur vol ressem- ble un peu à celui des grimpereaux. Ils portent, au Paraguay, les mêmes noms que l'espèce précédente. Celle-ci se distingue de l’autre par l'absence de stries à la poitrine, par son front, qui seul est rouge, au lieu du dessus de la tête tout entier, par sa teinte brune géné- rale, et par son bec plus large à l’extrémité. Commun au Brésil, où il a été observé par M. Spix et par le prince Maximilien de Neu- wied, lAnumbi rouge se rencontre encore jusque dans la province de Chiquitos, répu- blique de Bolivia, où nous l'avons recueilli, quoiqu'il y soit rare : il habiterait ainsi toute la largeur du Brésil dans les régions chaudes. Il se tient dans les buissons par paires, et y fait entendre ses cadences sonores et souvent répétées, propres à toutes les espèces du genre. N° 132. ANUMBI À COIFFE STRIÉE, 4rumbius striaticeps, Nob. Anumbius striaticeps , d'Orb. et Lafr., Syn., n° 5. A. suprà fusco-brunnescenti; uropygio, alæ medio, illius flexurd, caudäque exceptis, duabus rectricibus intermediis rufis; frontis verticisque plumis acuminatis , rufis, ( 255 ) sed apice punclo minimo argenteo notatis; loris superciliisque rufescente-albrs. Subtus sordidè albescens; hypocondrits anoque rufescentibus. Sur le vivant. Bec brun en dessus; yeux rougeàtres, pieds violacés. Longueur totale, 170 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 72 mill.; de la queue, 61 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 4 mill. Parties supérieures, brun foncé olivätre, passant graduellement au roux vif sur le croupion; celte dernière couleur colore les rectrices (excepté les deux médianes), et l'extrémité de quelques-unes des plus longues, se montre à la base et en bordure aux rémiges, ainsi qu'aux petites couvertures supérieures et aux inférieures des ailes. Le front et le dessus de la tête sont couverts de plumes étroites, raides, acuminées, rousses, terminées chacune par un petit point blanc argenté; joues rousses; sourcils roux, très- pâles; dessous du corps, blanc grisätre, passant au roux pâle sur les flancs et aux tectrices inférieures des rectrices. Cette espèce diffère des deux précédentes, avec lesquelles elle a beaucoup de rap- ports, par les points de sa coiffe, et par une teinte plus foncée en dessus; elle se distingue de V4. striaticollis par le manque de stries et par la teinte inférieure toute différente; de V4. frontalis, par le roux de sa queue, ainsi que par d’autres détails que fait ressortir la comparaison immédiate. N° 133. ANUMBI À COU STRIÉ, Anumbius striaticollis, Nob. Anumbius striaticollis, d'Orb. et Lafr., Synopsis, TOC A. pectore toto hypocondriisque rufis, illorum collique plumarum scapis albidis nitidis, striam albidam angustissinam formantibus ; alis caudäque, rectricibus duabus intermediis fusco-rufescentibus ; pileo rufo-cinnamomeo. Sur le vivant. Bec jaunàtre, la mandibule supérieure brune; yeux jaunes, pieds rosés. Longueur totale, 85 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 57 mill.; de la queue, 74 mill.; du bec, 14 mill. Dessus de la tête roux vif, chaque plume effilée, ferme et luisante sur son milieu; dessus du corps et les deux rectrices supérieures d’un brun-roussàtre uniforme; gorge bleu roussâtre, devenant roux clair sur la poitrine et passant au roux-brun sur le ventre et les flancs. Chaque plume de la poitrine est marquée, sur le milieu et en long, d’une teinte plus claire et brillante, ce qui rend cette partie comme striée; ailes brunes, bordées en dedans et en dehors de roux clair; rectrices inférieures roussatres. Cette espèce, bien différente de la précédente par les stries de la poitrine, par moins de roux sur la tête, et la queue brune au lieu d’être rousse, s’en distingue encore par une taille bien moins grande, par la queue plus arrondie. Nous l’avons rencontrée en assez grande abondance aux environs de Montevideo, de Maldonado et de Buenos-Ayres, dans les lieux humides, sur les buissons et les arbustes, où elle se cache sous les feuilles et vit par paires. Elle a en tout, pour la nidification, les mœurs des espèces précédentes. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 256 ) N° 134. ANUMBI À FRONT ROUX, Anumbius frontalis, d'Orb. Sphænura frontalis, Licht., 1823, Doubl., p. 42, n° 460; Malurus garrulus, Swains., Zool. illust., pl. 138; Anabates rufifrons ? Spix, 1823, pl. 85-13; Prince Max., 1831, Beitr. von Bras., 1. 3,p. 12191; Ænumbius rufifrons , d'Orb. et Lafr., Syn., n° 4. A. suprà totus fusco-olivascente unicolor ; fronte rufo-cinnamomeo, plumis rigidis, angustatis, acuminatis; stria ante oculos alba, posique vix conspicua, sordide pallescente. Subtüs griseo-albescens , hypocondriis anoque rufescentibus; cauda gradata, fusca. Sur le vivant. Bec corné, pieds bruns, yeux rougeûtres. Longueur totale, 18 cent.; du pli de laile à son extrémité, 63 mill.; de la queue, 60 mill.; du bec, 12 mill.; cir- conférence du corps, 11 cent. Nous avons rencontré cette espèce sur les plateaux des Andes boliviennes, dans la pro- vince de Sicasica , à près de 4,000 mètres d’élévation au-dessus du niveau de la mer; elle y est rare, s’y tient principalement dans les ravins, seuls endroits où elle trouve les halliers ou les buissons nécessaires à sa nidification. Elle a, du reste, les mêmes allures, les mêmes habitudes générales, le même chant, le même nid que les autres espèces. Elle est toujours rare. N.° 135. ANUMBI DES BOIS, Anumbius scolopaceus, Nob. Turdus scolopaceus, Licht., 1823, Doubl., p. 39,n.° 444 ; Campylorhynchus scolopaceus , Spix, 1823, Av., pl. 79, fig. 1; Picolaptes scolopaceus, Lafr., Mag. de zool., p. 46. A. suprà fusco-cinereus, pennis margine albo punctatis, vitt& superciliari utrinque albd; subtus albescens ; pectore maculis cordatis ; hypocondriis , femoribus crisso- que fasciis fuscis. Sur le vivant. Bec corné pale, yeux rouges ou roux vif; pieds bleuätres. Longueur totale, 20 cent.; du vol, 27 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 70 mill.; du bec, 18 mill.; circonférence du corps, 11 cent. Les jeunes de l’année manquent des taches de la poitrine, des flancs et des zones des couvertures inférieures de la queue; les rémiges et les rectrices sont largement bordées de roux clair. Cette espèce démontre l'abus des coupes basées sur la seule inspection des caractères extérieurs. Il est certain que son bec se rapproche de celui des Picolaptes; mais, en la confrontant avec les Fourniers, on y trouve encore plus de rapports, et sa place ne peut être pourtant parmi des oiseaux grimpeurs, puisqu'elle ne grimpe jamais (ce dont on peut s'assurer par l'inspection des ongles, toujours usés, indiquant un oiseau mar- cheur). On doit la placer parmi les Anumbius, dont elle a les mœurs. ( 257 ) Nous l’avons rencontrée au centre de la Bolivia, dans les provinces de Chiquitos, de Santa-Cruz et au pays des Guarayos et des Yuracarès, toujours au sein des bois, mais seulement près des habitations, et par paires unies et sédentaires; elle vit, comme les autres, très-familièrement près de l’homme, tout en cherchant souvent querelle aux oiseaux qui veulent s’approcher de son domicile. De même si l’un s'envole, l’autre le suit. Le mâle, perché toujours sur les grosses branches des arbres, fait entendre ses gammes chromatiques; la femelle, non loin de lui, prend l’octave au-dessous, comme les Four- niers, pour l'accompagner; et alors, tout à sa chanson favorite, il bat des ailes, mani- festant une joie extrême, une incessante vivacité. Ces oiseaux se perchent rarement sur les petites branches; ils restent sur les enfour- chures des troncs ou sur les grosses branches, ce qui explique pourquoi leurs ongles sont usés; car ils ne descendent que très-peu à terre, cherchant sur les arbres leur nourriture , qui consiste en insectes. Leur nid est absolument semblable à celui de l’Anumbius anthoides, et de mème souvent plusieurs sont réunis. Ce qui précède démontre que l'oiseau qui nous occupe n’a rien des oiseaux grim- peurs, tels que les Picucules, les Grimpereaux, les Sittines, etc., tandis qu’au contraire il ne peut être séparé des Anumbius. GExre ANABATE, Ænabates, Temm. Nous ne gardons parmi les Anabates que les oiseaux qui ne grimpent pas, renvoyant aux Sittines tous ceux qui y ont été classés d’après la forme seule du bec, caractère souvent bien insuffisant et qu'on ne doit jamais employer exclusivement; ainsi les oiseaux que nous placons dans ce genre tel que nous l’envisageons, ont en tout les mœurs des Synallaxis buissonniers et des ÆAnumbius, sans rien avoir de commun, dans leurs habitudes, avec les Sittines ni avec les Picucules. Ils n’entrent jamais dans les bois et sont essen- tiellement buissonniers. Leur bec est long, comprimé, la mandibule supérieure plus longue que Pinférieure; les narines sont en fente et presqu’operculées ; les tarses robustes ; la queue faible, la troisième penne de Paile la plus longue. Nous avons recueilli trois espèces de ce genre, depuis les régions froides de la Patagonie jusqu'aux parties les plus chaudes; mais seulement dans les plaines et jamais sur les montagnes. N° 136. ANABATE À GORGE BICOLORE, Anabates gutturalis, Nob. PREV; fig:.3: Anabates guituralis, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 6. A. Suprà fusco-cinereus , remigibus rectricibusque obscurioribus , pallido MArgINAUs ; subtus dorso concolor, sed pallidior; mento gulaque niveis, jugulo schistaceo, crisso pulvescente, apice albo. IV. Ois. (eà| QI Passe- reaux. Passe- eaux, ( 258 ) Sur le vivant. Yeux noir-bleu, bec noir en dessus, bleu à la base en dessous; pieds bleus. Longueur totale, 25 cent.; du vol, 34 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 10 à {{ cent.; de la queue, 9 cent.; du tarse au bout des doigts, 6 cent.; du doigt du milieu, 22 mill.; du bec, 23 mill.; sa hauteur à la base, 8 mill.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 4 cent. Toutes les parties supérieures brun-cendré, beaucoup plus clair en dessous; gorge blanche; au-dessous une large tache bleu ardoisé noirâtre; ailes et queue plus foncées que le corps, bordées de plus pale; couvertures inférieures de la queue roussätres, terminées de blanc. Formes robustes, tête grosse, couverte de plumes longues, efflées, se relevant en huppe; queue longue, peu étagée, chaque rectrice formant une pointe sur le côté externe, les barbes étant très-inégales. Aucune variété de sexe. Nous avons rencontré cette espèce non loin des rives du Rio Negro en Patagonie, dans les lieux couverts de buissons, où elle est sédentaire. Nous avons remarqué qu’elle est plus commune dans les environs de la rivière qu'ailleurs, sans doute parce qu’elle y trouve plus de buissons épineux, qu’elle paraît préférer aux autres. Sans s’ap- procher beaucoup des habitations, elle est néanmoins peu craintive; constamment en mouvement, sautant de branche en branche dans l’intérieur des fourrés; descendant quelquefois à terre, et y marchant en sautant autour des arbustes, elle ne vole que pour franchir un court espace. Elle paraît se nourrir d'insectes et peut-être aussi de quelques graines. On la rencontre le plus souvent par troupes de dix à douze individus dispersés sur des arbustes voisins, et s’appelant sans cesse par un petit cri; mais, lors- qu'elle s’est posée, on la voit relever sa huppe et faire entendre un chant très-sonore, assez varié, composé d’un sifflement assez agréable ou de gammes cadencées analogues à celles que nous avons signalées parmi les Ænumbius et les Furnarius. Des plus que- relleuse, elle est également criarde et peu endurante pour les autres oiseaux. En résumé, nous ne trouvons rien dans ses mœurs qui rappelle celles des Sittines, landis que tout, au contraire, y est analogue à ce que nous avons dit de quelques Synallaxes et des Anumbius. N° 137. ANABATE HUPPÉ, Anabates cristatus, Spix. Anabates cristatus, Spix, 18, pl. LXXXIV. A. suprà cinnamomeus, subtüs uropygioque fusco-rufescens. Capite suprà fusco- nigricante. Sur le vivant. Les plumes de la tête se relevant en huppe; yeux jaune päle, pieds bruns, bec rembruni. Longueur totale, 27 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 13 cent.; de la queue, 10 cent. Nous avons rencontré une seule fois cette espèce dans les bois d’Espenillards (mimoses épineux) des rives du Parana, près de San-Lorenzo, province de Santa-Fe, république Argentine; elle sautait de branche en branche, sans rester en place un instant, dans les buissons et dans les arbustes, ayant en tout les allures de l'espèce précédente. ( 259 ) N.° 138. ANABATE ROUX, Anabates unirufus, Nob. PI. LV, fig. 1. A. suprà subtüsque rufus , unicolor; remigibus totis (tertiariis prope dorsum excep- lis) pogonio interno nigris. Bec corné, pieds bleuâtres. Longueur totale, 23 cent.; du pli de Paile à son extré- mité, 88 mill.; de la queue, 93 mill.; du bec, 16 mill.; sa largeur, 5 mill.; sa hauteur, 6 mill. Teinte uniforme d’un roux assez vif, plus intense sur la queue et les ailes, plus pâle en dessous; teintée de brun au milieu des plumes du dessus de la tête; rémiges noirätres au côté interne et à leur extrémité; les trois secondaires, les plus près du dos exceptées, ont la teinte rousse générale. Les plumes du dessus de la tête peuvent se relever en huppe; elles sont eflilées, mais moins longues que chez les espèces précédentes. Queue longue, étagée, large et faible; cependant l’extrémité de chaque rectrice est un peu acuminée. Nous n'avons rencontré cette espèce qu’une seule fois, sur un arbre épineux, dans les plaines de la province de Moxos (Bolivia), près de la mission de Magdalena. Elle nous a paru avoir les habitudes des espèces précédentes. VI. FAMILLE. TANAGRIDÉES, T'4v4crrDx. Nous nous dispenserons de rappeler les caractères si connus qui distinguent les Tanagridées des familles voisines. Nous ne donnerons pas non plus de généralités sur la famille, les mœurs disparates des genres nous obligeant à les donner en tête de chaque division. Nous dirons seulement que nos observations immédiates sur les habitudes des oiseaux de ce groupe nous les ont fait classer ainsi qu'il suit: re Nemo ve e eu - 3 Pyranga: . 4... ne ÿ S : Euphonia® . + : 1... 4 YLVICOLES. « + « Beth} hasta ann in Î Tanagrass eus en 70 ent 13 TANAGRIDÉES, . . . Tachyphonus. . ...... 5 ‘Ramphocelus.t.:..,.... l Arremon. its 92 mar 3 Dumicoes. . . .{ Embernagra. . . . . . . . . 3 Sallator 24840. he opt ol Phytolomad fe 4 3 Passe- reaux. Passe- reaux. ( 260 ) Sur ce nombre de quarante-huit espèces, que nous avons recueillies dans nos voyages, trente-trois sont de notre première zone de latitude ou des régions les plus chaudes, situées à Fest des Andes boliviennes; Auit appar- tiennent à la deuxième zone de latitude : de ces dernières, une seule est propre au versant occidental des Andes, et une seule s’avance jusqu'à notre troisième zone de latitude. Presque toutes les espèces de la première zone de latitude se trouvent égale- ment dans notre première zone d’élévation, tandis que cinq seulement sont spéciales à la deuxième zone. Dès-lors il est facile de juger que les régions chaudes sont celles que préfèrent en général les Tanagridées ; quelques Sa/- tator et les Phytotoma paraissent seuls rechercher les régions tempérées. + TANAGRIDÉES SYLVICOLES, Tanagridæ sybicolæ, Nob. Non-seulement tous les oiseaux de cette division sont des plus épaisses forêts de l'Amérique, mais encore ils ne se tiennent habituellement qu'au sommet des arbres, sans descendre sur les petites branches inférieures. Ils ne sortent jamais des régions chaudes, et n’habitent que le versant oriental des Andes. GENRE 1. NÉMOSIE, Nemosia, Vieill. Tanagra, Lath., Gmel., Temm.; Vemosia, Vieill. Les Némosies, par leur bec étroit, assez long, par leurs formes élancées, établissent le passage entre les Sylvidées et les Tanagridées. Elles n’habitent que les forêts chaudes. Nous avons dàù renvoyer dans les autres séries quel- ques espèces que Vieillot avait données comme Némosies. | - N.° 139. NÉMOSIE À GORGE NOIRE, Wemosia nigricollis, Vieill. Tangara à gorge noire, Buff., Ois. 4, p. 283; idem, enl. 720; fig. 1; Black troated, Lath., 1783; Syn., 11, p. 337, n° 33; Tangara nigricollis, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 694, n° 31; Pico de punzon amarillo de barba negrä, Azara, 1802, t.1, p.400, n°102; Nemosia nigricollis, Vieill., 1818; Dict., t. 22, p. 4913 idem, Enc. méth., 1823,t. 2, p. 788; d'Orb. et Lafri, Syr., n°1. N. supra olivacea, subtus flava; guld nigrd; pectore uropygioque aurantiis; super- cilis flavis ; remigibus rectricibusque fuscis, margine olivaceis. Sur le vivant. Bec jaune, brun en dessus, pieds bleuâtres, yeux jaunes. Longueur totale, 14 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 68 mill.; de la queue, 50 mill.; du bec, 11 mil. ( 261 ) La femelle manque du noir à la gorge, et de l'aurore à la poitrine et au croupion, Passe- ces couleurs étant remplacées par du jaune-verdâtre plus ou moins foncé; le reste des teintes, seulement un peu plus pâle, est en tout semblable. Les individus qu’Azara regarde comme femelles, nous paraissent être des jeunes de l’année; car nous n’avons jamais vu de taches aux femelles. Nous avons rencontré cette espèce en Bolivia, près du Rio Tamampaya, province de Yungas; près de San-Xavier, province de Chiquitos, et aux pays des Guarayos et des Yuracarès. Gmelin l'a dite de la Guyane, Azara du Paraguay; ainsi nous pourrions croire qu'elle habite toutes les régions chaudes et boisées situées à l’est des Andes, remontant sur les premiers contreforts de cette chaîne. Comme les Tangaras sylvains, elle se tient par troupes au sommet des grands arbres, sans jamais sortir des bois ni des forêts; elle se nourrit de petites graines, de bourgeons et peut-être même d’insectes. Des plus vive, elle est toujours en mouvement et vole avec rapidité. Elle n’est com- mune nulle part. N° 140. NÉMOSIE YURACARÈS, Vemosia sordida, Nob. PL. XVIII, fig. 2. Nemosia sordida, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2, p. 28. N. supra olivascente-grisea; fronte, lateribus capitis stramineis; gutture, collo antico pectoreque pallidé stramineis; abdomine medio albescente; hypocondriis anoque rufescentibus. Sur le vivant. Bec rosé, yeux jaunes, pieds bleuâtres. Longueur totale, 14 cent.; du vol, 23 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 65 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du doigt du milieu, 13 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 4 1/2 mill.; sa largeur égale; circonférence du corps, 80 mill. Le front, le tour des yeux, la gorge et la poitrine d’un beau jaune d’or, passant au roux sur les sourcils; la tête jaune verdätre; toutes les parties supérieures verdätres; ailes et queue noirûtres, les plumes bordées de verdâtre; il en est de même des petites rectrices supérieures des rémiges; le pli de laile jaune, ainsi que les couvertures infé- rieures; ventre blanc au milieu, roussâtre sur les flancs et les couvertures inférieures de la queue. Cette espèce, voisine de la précédente par la taille, s’en distingue tout à fait par les couleurs. Nous l’avons rencontrée au sein des immenses forêts qui couvrent le pied oriental des Andes boliviennes, au pays des Yuracarès; elle se tient au sommet des arbres ct des palmiers, où elle ne parait pas commune. N.° 141. NÉMOSIE À COIFFE NOIRE, MNemosia pileata. Tangara à coiffe noire, Buñf., Ois., 4, p. 284; enl. n° 720, fig. 2; Tanagra pileata, Lath., 1783,p. 223, n.° 11;idem, Gmel., 1789, p. 698, n° 40; Pico de punzon negro, azul y Passe- reaux. ( 262 ) blanco, Azara, 1802; Apunt. para la hist. de los Pax.,t 1, p. 414, n° 105; Pico de pun- zon azul y blanco, Azara; ibid., p. 423, n°1103; Nemosia pileata, Vieill., Dict., 1818, t. 22, p+ 4903 Enc. méth., t. 2, p. 787. N. suprà cœærulescente-cinerea , subtüs albida; vertice, temporibus collique lateribus nigris ; maculd oculari albd ; rostro atro; pedibus flavis. Sur le vivant. Bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; yeux jaune vif; pieds d’un beau jaune. Longueur totale, 14 cent.; du vol, 24 cent.; du pli de l'aile à son extré- mité, 75 mill.; circonférence du corps, 9 cent. La femelle manque de noir; ses parties inférieures sont roussàtres au lieu d’être blanches. Nous avons rencontré cette espèce à San-Miguel et à San-Jose, province de Chi- quitos en Bolivia ; peu commune, elle se tient souvent par paires au sommet des arbres, dont elle parcourt la cime avec vivacité, afin d’y chercher sa nourriture. Ses mœurs sont, du reste, identiques à celles des autres espèces. Gexre 2. PYRANGA, Pyranga, Vieill. Tanagra, Linn., Lath., Gmel.; Tangaras cardinals, Cuv. Nous ne plaçons dans ce genre que les espèces dont le bec, bien carac- téristique, allongé et renflé, a le bord de la mandibule supérieure pourvu d’une dent où dune saillie vers le milieu de sa longueur ; dont les ailes sont longues, la queue allongée, souvent fourchue; aussi n’aurons-nous que des oiseaux forestiers assez remarquables par les livrées si différentes qu'affectent les deux sexes dans toutes les espèces. Dans ce genre, une seule, le Pyranga Azaræ, s'avance jusqu'au 34° degré de latitude sud ; toutes les autres sont des régions chaudes. N° 142. PYRANGA VERSICOLOR, Pyranga versicolor, Nob. PI. XIX, fig. 1. Tachyphonus versicolor, d'Orb. et Lafr., Syn. n° 1, p. 28, Mag. de zool. P. capite guldque olivaceo-nigris ; remigibus tectricibusque nigris, subtüs dorsoque Jlawis; dorso anticé pectoreque aurantio-castaneis; tectricibus alarum albis. Sur le vivant. Bec noir, pieds bleus, yeux bruns. Longueur totale, 140 mill.; vol, 240 mill.; du pli de laile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 25 mill.; du doigt du milieu, 14 mill.; du bec, 12 mill.; circon- férence du corps, 120 mill. Müle. Dessus de la tête, les ailes et la queue d’un beau noir; front, tour des yeux, la gorge et une bordure aux rémiges, brun verdâtre; toutes les parties inférieures, le dos et le croupion jaune vif : cette teinte passe à l'aurore sur le haut du dos et un ( 2653 ) peu sur la poitrine; tectrices des ailes blanches; cette couleur forme une ligne trans- Passe- versale sur l'aile; bec assez long, courbé, aigu, comprimé à son extrémité, pourvu d’une dent à son extrémité, et d’une autre très-grande à la moitié de sa longueur; de fortes moustaches; queue longue, égale, tarses et doigts médiocres, grèles. Femelle. Entièrement vert-roux en dessus, passant au vert foncé sur la tête; gorge, cou, poitrine, aurore verdatre, passant au jaune vif sur le milieu du ventre, et au roux sur les flancs et les couvertures inférieures de la queue. Son bec étroit et ses teintes, nous ont fait, dans notre Synopsis, ranger cette espèce parmi les Tachyphones ; mais la dent du milieu du bec, ainsi que ses mœurs forestières, bien distinctes des mœurs buissonnières des Tachyphones, la font évidemment rentrer, d’après nos observations, dans le genre Pyranga de Vieillot, où nous la plaçons aujourd’hui. Nous l'avons rencontrée au sein des forêts chaudes, humides et des plus épaisses du pied des Andes boliviennes, au pays des Yuracarès. De même que d’autres Tangaras, elle voyageait par petites troupes, toujours sautillant au sommet des plus hauts arbres et des palmiers, cherchant là les petites graines et les bourgeons, dont elle se nourrit. Elle est peu commune et surtout très-difficile à obtenir, par suite de la grande éléva- tion où elle se place. N.° 143. PYRANGA EN DEUIL, Pyranga luctuosa, Nob. PL. XX, fig. 1-2. Tachyphonus luctuosus, d'Orb. et Lafr., Syn. n° 4, p. 29, Mag. de zool. P. totus niger, tectricibus alæ superis minoribus ac mediis totis niveis; rostro nigro; basi infrà cæruled. Sur le vivant. Bec noir, bleuâtre à sa base inférieure; pieds bleus, yeux bruns. Lon- gueur totale, 132 mill.; du vol, 190 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 45 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du doigt du milieu, 13 mill.; du bec, 11 mill.; sa hauteur, 51/2 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Müle. Entièrement noir lustré foncé; les couvertures supérieures de laile d’un beau blanc argenté; bec assez long, arqué; la mandibule supérieure à bords arqués et marqués, dans le milieu de leur longueur, d’une dent ou renflement peu marqué; la troisième rectrice la plus longue; queue longue, égale, un peu fourchue, grèle. Femelle. Tète gris foncé en dessus; gorge gris pale; parties supérieures vertes, dimi- nuant d'intensité du cou au croupion, où cette teinte est fortement mélangée de jaune; parües inférieures jaunes; rémiges noiratres, bordées de vert; queue verte. Dans notre Synopsis, cetle espèce a été placée parmi les Tachyphones; mais, pour les motifs exposés à l’article précédent, il est évident qu’elle doit appartenir aux Pyranga, tant en raison de l'indice de dent de la commissure de son bec, que de ses mœurs purement forestières. Passe- reaux. ( 264 ) Nous l'avons observée au pays des Indiens guarayos, entre les provinces de Moxos et de Chiquitos, république de Bolivia, ainsi que dans les immenses forêts humides et chaudes qui couvrent ces plaines; nous l'avons retrouvée encore au pays des Yuracarès, au pied oriental des Andes boliviennes, dans les mêmes circonstances. Elle va par paires, el sautille continuellement au sommet des plus hauts arbres, tout en faisant entendre un petit cri de rappel. « N° 144. PYRANGA D’AZARA, Pyranga Azaræ, Nob. Habia punzo, Azar., 1802; Æpunt. de los Pax. t.1,p. 359, n.° 88 (mâle); Habia amarilla, id., n° 87, p. 358 (fem.); Saltator ruber, Vieill., 1823, Enc. méth., p. 792 (d'après Azara, n. 88); Saltator flavus, Vieill., ibid., p. 791 (d'après Azara, 87); Tanagra mississipensis , Licht., 1823, Doubl., p.30, n° 333, 334; Pyranga mississipensis, d'Orb. et Lafr., Syn.,n. 1. P. superciliis corporeque subtüs rubro-miniatis, suprà rubro-fusco mixto; remigibus Juscis rubro limbatis ; rostro obscurè cyaneo. Sur le vivant. Bec corné, noirâtre ou bleuàtre; yeux rouges; pieds bleuätres. Longueur totale, 21 cent.; du vol, 29 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 65 mill.; du bec, 16 mill.; sa hauteur, 9 mill.; sa largeur, 10 mill.; circonfé- rence du corps, 11 cent. Cette espèce diffère du Pyranga æstiva par une taille un peu plus forte, par son bec plus foncé, ainsi que par sa teinte générale toujours d’un rouge de minium et non couleur de carmin. La femelle est jaune en dessous, verdâtre en dessus; les jeunes mâles uennent souvent des deux teintes propres aux deux sexes, et sont aussi fréquemment bigarrés. Azara, n'ayant pas reconnu les sexes, a décrit le mâle et la femelle sous deux noms différens, en les plaçant dans ses Habias; de là Vieillot a donné deux noms latins à ces mêmes descriptions d’Azara, en les plaçant dans son genre Saltator. Quoiqu'il ait l’antériorité, nous ne pouvons conserver sa dénomination de Ruber, déjà prise pour une autre espèce du même genre. Nous ne croyons pas non plus pouvoir prendre le nom de Wississipensis, de M. Lichtenstein; dans la conviction où nous sommes que le Tanagra mussissipensis de Gmelin est le Pyranga æstiva des auteurs, et non pas notre Pyranga. D'ailleurs, le nom de Wississipensis ne peut être conservé à un oiseau can- tonné seulement dans l’hémisphère méridional. Ces raisons nous ont déterminé à le dédier à l’auteur espagnol, qui le premier en a donné une bonne description. Nous avons rencontré cette espèce jusqu'aux environs de Buenos-Ayres, où néan- moins elle n'arrive qu’accidentellement; elle est, suivant Azara, assez commune au Para- guay. Nous l'avons ensuite retrouvée en Bolivia, dans les provinces de Chiquitos, de Yungas et de Valle Grande, c’est-à-dire en latitude depuis le 15.° jusqu'au 34.° degré sud, et depuis le niveau de la mer jusqu’à près de 2,000 mètres au-dessus dans les Andes, sur leur versant oriental seulement. Elle se tient au sommet des grands buissons ( 265 ) et même des petits arbres; elle y mène le genre de vie des autres espèces, c’est-à- dire qu’elle est criarde, toujours en mouvement, se nourrissant de bourgeons, de graines et peut-être d'insectes. N° 145. PYRANGA À GORGE BLANCHE, Pyranga albicollis, Nob. PI. XXVI, fig. 2. Pyranga albicollis, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2, p. 33. P. suprà olivacea; uropygio flavescente; capite colloque sordidè griseis; subtus flava; collo antico late albo; mandibuli pallidd, maxillä corned; pedibus roseis. Sur le vivant. Bec corné, yeux bruns, pieds rosés. Longueur totale, 180 mill.; du vol, 290 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 90 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 37 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Dessus de la tête gris-verdätre pâle; gorge et devant du cou blancs; toutes les parties inférieures jaune très-vif;, toutes les supérieures vert-olive, plus teinté de jaune au croupion; rémiges brunes, bordées extérieurement de vert; du jaune au pli de l'aile et aux tectrices inférieures de l'aile; queue verdàtre. Son bec est renflé à la mandibule supérieure, comme celui des autres Pyrangas, sans avoir cependant la dent du milieu du bec; la queue est longue, un peu étagée; en un mot, elle a tous les autres carac- tères du genre. Elle est voisine de la femelle de l'espèce précédente, tout en s’en distinguant par sa gorge blanche et quelques autres différences de teintes; son bec est aussi très-différent. Nous avons observé ce Pyranga dans la province de Chiquitos en Bolivia, près de la mission de Santa-Ana et au pays des Guarayos, toujours au sommet des arbres moyens, où il paraissait avoir les habitudes de l'espèce précédente. N° 146. PYRANGA ROUGEATRE, Pyranga rubicus, Nob. Habia roxisa, Azar., 1802; Apunt., t. 1, p. 351, n.° 85; Saltator rubicus, Vieill., 1817, Dict. d’hist. nat., t. 14, p. 1807 et 1823; Enc. méth., t. 2, p.792 (d'après Azara); T'anagra porphyrio, Licht., 1823, Doubl., p. 31, n° 335,336; Tanagra flammiceps, Prince Max., 1830, p. 497, n° 13; Temm., pl. col. 177; Saltator rubicus, d'Orb. et Lafr., Sÿn., p. 36, OM TS P. crist& ignicolore , suprà Jusco-rubra; gutture, crissoque rubris; ventre sordidé rubro; remigibus fuscis, rubro limbatis, rectricibus fusco-rubris. Sur le vivant. Bec corné, yeux bleu noirätre, pieds livides. Longueur totale, 180 mill.; du vol, 290 mill.; de la queue, 70 mill.; circonférence du corps, 120 mill. Cette espèce, dont la femelle est brune en dessus, grisàtre en dessous, porte beau- coup de noms, comme on le voit par la synonymie; néanmoins celui de Vieillot étant, sans aucun doute, le plus ancien, nous avons dü le conserver, tout en plaçant l’oiseau IV. Oùs. 34 Passe- reaux. Passe- reaux, ( 266 ) non parmi les Saltator, mais bien avec les Pyrangas, dont il a les mœurs, les habitudes, tous les caractères zoologiques de bec, de queue, et jusqu'aux couleurs si disparates du male et de la femelle, que nous retrouvons dans toutes les espèces du genre. Nous avons rencontré ces Pyrangas aux pays des Guarayos et des Yuracarès, au milieu des plus épaisses forêts; Azara nous dit avoir recueilli les siens également dans les forêts; ainsi, indépendamment des caractères, voilà déjà une habitude tout à fait contraire à celles des Habias purement buissonniers. Comme tous les autres Pyrangas, celui-ci se tient en effet au sommet ou au moins près de la coupe des arbres, sans descendre près de terre, et ne diffère en rien, pour les habitudes, des Tangaras qui précèdent et qui suivent. Genre 3. EUPHONE, Zuphonia, Desm. Tanagra, Lion., Lath., Gmel.; ÆEuphones, Desm.; Tangaras Bouvreuils, Cuv. Faciles à distinguer des autres Tanagridées par leur bec court, bombé O D , convexe, fortement denté, crochu et un peu comprimé sur les côtés; par eurs ailes courtes, leur qu di 1 ifférent davantage I Il tes, I eue médiocre, les Euphones diffèrent davant des Pyrangas par ieurs mœurs; néanmoins ils sont encore plus forestiers, plus pétulans, et le plus souvent vivent par petites troupes. On les rencontre, dans l'Amérique méridionale, seulement au milieu des régions chaudes situées à l’est des Andes. N.° 147. EUPHONE A BEC DE PIE-GRIÈCHE, Æuphonia lanürostris, Nob. PL. XXII, fig. 1. Euphonia lanürostris, d'Orb. et Lafr., Syn. > P- 20, m1. E. suprà nigro-violaceo nitens ; remigibus rectricibusque nigris , violaceo marginatis ; maculd frontali, posticé rotundat& subtüsque aureo-flava. Sur le vivant. Bec et yeux noirs; pieds bleus. Longueur totale, 130 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 30 mill.; du bec, 7 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Male. Au front une large tache arrondie et élargie sur le dessus de la tête, d’un beau jaune doré : la même couleur couvre, depuis le menton jusqu'aux couvertures inférieures des rectrices, toutes les parties inférieures, la gorge comprise; la tête, le dos, le croupion et les tectrices supérieures des ailes et de la queue, d’un beau noir à reflets bleu-violet; rémiges et rectrices noires; la base des rémiges, et une tache sur la rectrice externe, blanches. Bec court, très-épais, fortement crochu, avec une carène peu marquée en dessus. Femelle. Verdàtre olive en dessus, plus mélangé de jaune au croupion; les parties inférieures jaune verdàtre; les jeunes mâles ressemblent aux femelles, et ne prennent la livrée du mäle qu’à la seconde année; alors ils sont tachetés. ( 267 ) Voisine de l’Euphonia violacea par sa teinte générale, cette espèce s’en distingue par Passe- une taille plus grande, par un bec beaucoup plus gros et ressemblant à celui des Pies- Grièches et par la tache du front beaucoup plus arrondie en arrière. Nous l'avons rencontrée dans les immenses forêts du pied oriental des Andes boliviennes, dans les provinces de Yungas et de Santa-Cruz de la Sierra, et aux pays des Yuracarès et des Guarayos, toujours en petites troupes au sommet des arbres, surtout de ceux qui avoi- sinent les clairières ou le bord des rivières. Des plus vive, des plus pétulante dans ses mouvemens, elle change continuellement de place. N.° 148. EUPHONE A TÉTE BLEUE, Æuphonia aureata, Nob. Lindo azul y oro cabeza celeste, Azara, 1802, Æpunt., t. 1, p. 290, n° 98; Tanagra aureata, Vieill., 1823, Enc. méth, t. 2, p. 782 (d'après Azara); Euphonia nigricollis, Vieill., d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2, p. 30. E. fronte, genis, mento, dorso, tectricibus alarum nigro-cæruleo nitens, remigibus rectricibusque nigris, Capite suprà cyaneo; pectore, ventre, uropygio crissoque flavis. Sur le vivant. Bec noir, yeux bruns, pieds bleus. Longueur totale, 110 mill.; de la queue, 10 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 60 mill.; du tarse, 25 mill.; du bee, 6 mill.; sa largeur, 5 mill. Bien différente par son front noir et bleu, au lieu d’être jaune, par son bec à trois dents à son extrémité, de l’Organiste avec lequel elle a été confondue, cette espèce, observée par Azara au Paraguay, s’est également montrée à nous dans la province de Corrientes, où elle paraît rare. Le mois de Juin, époque où nous l’avons tuée dans le Rincon de Luna, est celui où Azara dit l'avoir rencontrée; comme c’est l'hiver, on pour- rait croire qu’elle n’y est alors que de passage. Nous l’avons vue au sommet des mimoses, dans un bois près du Rio Batel. N.° 149. EUPHONE A BEC EN SCIE, Æuwphonia serrirostris, Nob. ID AO NE TE ES Euphonia serrirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., n.° 3, p. 30. E. suprà olivacea, cæruleo-grisea, remigibus rectricibusque nigris olivaceo limbatis, subtus aureo-flavis; collo olivaceo; maxilld quatuor minutis dentibus. Sur le vivant. Bec bleuâtre, yeux roux, pieds bleus. Longueur totale, 110 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 57 mill.; de la queue, 24 mill.; du tarse au bout des doigts, 26 miil.; du doigt du milieu, 15 mill.; du bec, 7 mill.; circonférence du corps, 50 mill. Partie supérieure olivätre, passant au bleu-gris sur le derrière de la tête; rémiges et rectrices noiràtres, bordées de vert olivatre; partie inférieure jaune, passant au vert sur les flancs. Bec court, conique, arqué, un peu caréné en dessus, renflé à sa base, Passe- reaux. ——————— ( 268 ) pourvu de quatre dents à la mandibule supérieure, près de son extrémité. D’autres individus, qui peuvent être femelles, ont le front jaune, passant au vert sur le dessus du corps; gorge, flancs jaune vif, devant du cou et milieu du ventre cendré blanchätre. Nous avons considéré cet Euphone comme espèce distincte des précédentes. 11 en diffère essentiellement par son bec plus mince, plus long et muni de quatre dents; par sa tête plus petite et par ses couleurs. Pendant quelque temps nous avons cru que ce pouvaient être les jeunes de l’'Euphone à bec de Pie-Grièche, parce qu’ils sont du même pays; mais alors il faudrait supposer que le bec pourvu de dents à cet àge, deviendrait lisse et bien plus volumineux chez les adultes, changement que nous ne trouvons dans aucun Tangara. Nous croyons donc que c’est bien une autre espèce. Nous avons rencontré celle-ci en petites troupes dans les clairières des forêts qui bordent le Rio Grande, au hameau de Pacu, province de Santa-Cruz de la Sierra (Bolivia). Avec les allures des espèces précédentes, elle se posait sur les arbres isolés, tout en faisant entendre un léger sifflement. N° 150. EUPHONE CHICANA, Æuphonia ruficeps, Nob. PL. XXII, fig. 2. ÆEuphonia ruficeps, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 30, n. 4. E, suprà toto gutture colloque nigro-violacea; fronte castaneo; infrà flava; pectore, abdomine mediis, crissoque rufescentibus ; remigibus, rectricibus nigris. Duabus rectricibus lateralibus intus macul& alb& notatis. Sur le vivant. Bec noir, bleu à sa base; pieds noirätres; yeux bruns. Longueur totale, 120 mill.; du vol, 300 mill.; du pli de laile à son extrémité, 65 mill,; de la queue, 30 mill.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du doigt du milieu, 15 mill.; du bec, 12 mill.; circonférence du corps, 100 mill. | Müäle. Front et la moitié antérieure de la tête en dessus, d’un beau marron foncé; toutes les parties supérieures, la gorge et le devant du cou, noir à reflets bleus métal- liques; tout le dessous jaune, passant au roussàtre sur la poitrine, au milieu du ventre et sur les couvertures inférieures de la queue; ailes et queue noires; une tache blanche aux côtés internes des deux rectrices latérales. Bec court, gros, pourvu de trois dents. Femelle. Front roux-brun, mélangé de vert; le haut du cou en dessus bleuätre, le reste des parties supérieures olivätre; gorge verdatre; poitrine gris-cendré foncé; ventre et couvertures inférieures de la queue roux pâle; flancs vert-olive; point de taches à la queue. Par ses teintes bien tranchées, cette espèce se distingue des autres Euphones con- nus. Nous l'avons rencontrée seulement dans ces immenses forêts sombres et humides du pied oriental des Andes boliviennes, au pays des Yuracarès, où les indigènes la nomment Chicana. Elle vit par petites troupes et se tient au sommet des grands arbres. Sans être très-commune, elle est peu rare. ( 269 ) Gare 4. BÉTHYLE , Bethylus, Cuv. Lanius, Lath., Gmel.; Cissopis, Vieill. Ce genre, établi par Cuvier dès 1816, appelé ensuite Céssopis par Vieillot, comprend une seule espèce d'oiseaux classée parmi les Lanius par Latham et Gmelin. Cuvier, dans sa classification, place, ainsi que Vieillot, ce genre dans la grande série des Pies-Grièches; mais, en examinant avec soin ses caractères de bec, en consultant ses mœurs, nous le croyons infiniment mieux parmi les Tanagridées, dont il a le bec et les habitudes. Illiger avait déja senti ces rapprochemens, puisqu'il le range parmi les Tangaras. N° 151. BÉTHYLE PIE, Betkylus picatus. Lanius picatus, Lath., 1781, Syn., t. 1, p.192, n° 49; Lanius leverianus, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 302, n. 31. Genre Bethyle, Cuv., 1816, Règne anim., t. 1; Cissopis hicolor, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 26, p. 417, et Enc. méth., 1823, t. 2, p. 750. B. capite , collo , pectore, rectricibus , remigibusque nigris; dorso, tectricibus alarum minoribus, remigium secundariarum margine, corpore subtus, rectricibus late- ralibus apice albis; rostro pedibusque nigris. Sur le vivant. Bec, pieds et yeux noirs. Longueur totale, 260 mill.; du vol, 390 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 110 mill.; de la queue, 130 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 10 mill.; sa largeur, 9 mill.; circonférence du corps, 140 mill. Nous avons rencontré cette espèce dans les immenses forêts qui couvrent le pied oriental des Andes boliviennes, au nord de Cochabamba, pays habité par les sau- vages Yuracarès. Comme tous les autres Tangaras sylvains, elle se tient au sommet des plus hauts arbres, et paraît y vivre de bourgeons et de fruits. Elle est rare. Gexre 5. TANGARA, Tanagra, Linn. Tanagra et Aglaia, Sw. Les vrais Tangaras se distinguent facilement des autres Tanagridées, par leur bec court, un peu plus long néanmoins que celui des Euphones, con- vexe en dessus, à pointe recourbée, à mandibules un peu renflées sur leurs bords; leurs ailes sont assez courtes et pointues; leur queue est médiocre. Ils ont en tout les habitudes des Euphones, voyagent par petites troupes et se tiennent au sommet des arbres. Tous sont des régions chaudes. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 270 ) N.° 152. TANGARA YENI, 7anagra yeni, Nob. PI. XXIV, fig. 2. Aglaia chilensis, Vigors, 1832, Proceedings, p. 3; Aglaia yeni, d'Orb. et Lafr., Syn. n° 1, pe 31. T' dorso, caud& crissoque nigris; uropygio rubro; capite viridi; gutture , alisque violaceis ; pectore hypocondrisque cæruleis. Sur le vivant. Bec et yeux noirs; pieds violet-bleu. Longueur totale, 150 mill., du vol, 245 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; du doigt du milieu, 9 mill.; du bec, 8 mill.; cir- conférence du corps, 120 mill. Plumes du dessus de la tête et des joues, écailleuses, vert tendre brillant; gorge, cou en avant, une ligne sur les tectrices de l'aile et une bordure aux rémiges d’un beau bleu de cobalt violacé; la poitrine, les flancs, d’un bleu céleste d'outre-mer ; le croupion rouge de feu; tout le reste d’un beau noir velouté. Cette espèce, voisine du Tanagra latao, en diffère par une taille plus forte, par son croupion rouge au lieu d’être jaune, ainsi que par quelques autres petits détails. M. Vigors l’a nommée Aglaia chilensis ; mais nous ne pouvons conserver ce nom à un oiseau qui, loin d’habiter aucun point du Chili, ne se trouve qu’à plus de cent lieues de ses parties les plus septentrionales, sur le versant opposé des Andes et seulement dans les forêts chaudes et humides des Yungas et des Yuracarès, en Bolivia. Cette circon- stance montre combien il importe de s'abstenir de donner des noms locaux, lorsqu'on est peu sûr de l'habitat des espèces. Comme tous les Tangaras proprement dits, celui-ci se lient au sommet des grands arbres et des palmiers, par troupes isolées ou mélangées avec quelques-unes des espèces suivantes. Les Indiens yuracarès le nomment Yeni yeni, de son petit cri de rappel, entre les différens individus. Il est peu commun. N.° 153. TANGARA SEPTICOLOR, Tanagra tatao, Linn. Tanagra prima, Marg., 1648, Hist. nat. Bras., p.214; Briss., Orn., t. 3, p. 3; Tanagra tatao, Gmel., 1789, Syst. nat., éd. 13, sp. 113 Buff., Ois., 4, p. 379, Enl. 7, fig. 1, etc. T. violacea; dorso nigro; uropygio fubo, capite viridi; pectore alisque violaceis. Nous avons trouvé celte espèce aux environs de Saint-Christophe, près de Rio de Janeiro au Brésil; nous rie l’avons revue nulle autre part dans nos voyages. N.° 154. TANGARA DE SCHRANK, Tanagra Schrankiü, Spix. PI. XXIV, fig. 1. Tanagra Schranki, Spix, Aves, pl. 51; Aglaia Schrankü, d'Orb. et Lafr., Syn., n. 3, p. 31. T. fronte, regione paroticä, dorso, alis caudäque atris ; vertice, uropygio, pectore, ventreque medüis flavis; pennis omnibus collaribus et dorsalibus, tectricibus wiridi- aureo limbatis ; remigibus rectricibusque cæruleo marginatis ; hypocondriis viridibus. ( 274 ) Sur le vivant. Bec noir en dessus, bleuâtre en dessous; pieds bleus. Longueur totale, 150 mill.; du vol, 180 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 65 mill.; de la queue, 34 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; du doigt du milieu, 13 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 110 mill. La femelle ne diffère que par des couleurs moins vives. Nous avons rencontré cette espèce en grandes troupes, mélangées souvent avec le Tangara yeni, parcourant le som- met des arbres et se posant sur les grappes des palmiers en fleurs, dans les forêts humides et chaudes du pied des Andes boliviennes, au pays des Yuaracarès. Constamment en mouvement, nous ne lui avons entendu proférer qu’un petit cri de rappel. Voisine du 7. thoracica, Tem., cette espèce en diffère beaucoup par ses couleurs. N.° 155. TANGARA À CHAPERON BLEU, Zanagra cyanicollis, Nob. PL XXV, fig. 1. Aglaia cyanicollis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 33, n.° 11. T. atra; capite colloque totis nitide cœæruleis ; remigibus , rectricibus viridi-cæruleo limbatis; tectricibus minoribus viridi-stramineo splendentibus ; uropygio viridi- stramineo; hypocondriis violaceis. Sur le vivant. Yeux bistrés; bec et pieds noirs. Longueur totale, 140 mill.; du vol, 230 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 31 mill.; du doigt du milieu, 15 mill.; du bec, 9 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Mâle. Front et l’espace compris entre le bec et l'œil, le dos, la poitrine, le ventre, les ailes et la queue, d’un beau noir velouté; toute la tête et le cou entier d’un beau bleu céleste brillant; le croupion et les tectrices supérieures, les rémiges, vert doré métallique, plus vert sur le croupion; derrière et flancs bleu de cobalt; les rémiges et rectrices bordées de bleu en dehors. La Femelle a seulement les teintes moins vives. Cette jolie espèce, une des plus brillantes du genre par son chaperon bleu céleste, vit, avec les Tangaras yenis et les Tangaras de Schrank, dans les forêts habitées par les Indiens yuracarès, qui la nomment Pisuta. Elle se trouve aussi en petites troupes, constamment perehées au sommet des arbres et des palmiers. N° 156. TANGARA DIABLE ENRHUMÉ, 7 anagra flaviventris, Vieill. Tanagra mexicana, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 893, n° 103 Lath., Index, n.° 23; Tanagra Diable enrhumé, Buff., Ois., 4, p. 2703; Enc., 290, fig. 2; T'anagra flaviventris, Vieill., Dict. d'hist. nat., t. 32, p. 4103; Enc. méth., t. 2, p. 774; Aglaia mexicana, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 32, n. 9. T. nigra, subtüs flavicans ; pectore, uropygio, fronte, gutture, collo, tectricibusque alarum cæruleis; remigibus nigris cœæruleo limbatis; rectricibus nigris, cæruleo- viridi marginatis; hypocondrüs cæruleo nigroque maculatis. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 272 ) Sur le vivant. Bec et pieds noir bleuàtre. Longueur totale, 125 mill.; du vol, 220 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 65 mill.;.de la queue, 40 mill.; circonférence du corps, 100 mill. Nous n'avons pas conservé à cette espèce le nom de 7. mexicana, pensant qu'elle n’est pas du Mexique, et que la description de Fernandez, qui a donné lieu à ce nom, s'applique à un tout autre oiseau; c'est probablement même ce motif qui avait déjà déterminé Vieillot à lui donner une nouvelle dénomination, que nous adoptons. Nous ne l'avons rencontrée que dans les forêts humides du pays des Yuracarès et des Gua- rayos en Bolivia, où elle est peu commune, se tenant toujours au sommet des arbres, comme les espèces précédentes. N.° 157. TANGARA ROUVERDIN, Tanagra gyrola, Gmel. Fringilla gyrola, Linn., 10 édit., Syst. nat., sp. 12; Tangara, Briss., Orn., t. IE, p. 23, pl. 4, fig. 13 Tanagra gyrola, Gmel., 1789, Syst. nat., id., 13, p. 891,.n.° 7; Vieill., Encycl., t.2,p. 778; Rouverdin, Buff., Ois., t. 4, p. 286; Aglaia gyrola, d'Orb. et Lafr., Syn., p- 32, n. 103 Prince Max., Beütr., t. 3, p. 471. T. viridis; infernè uropygioque cæruleis; capite castaneo-rubro; collari maculd in alis luteä; remigibus rectricibusque fuscis, viridi limbatis. Sur le vivant. Yeux bruns, pieds bleus, bec corné. Longueur totale, 140 mill.; du vol, 240 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 40 mill.; du bec, 10 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Les femelles manquent de bleu au croupion, du collier jaune, et le reste des teintes est beaucoup moins vif. Cet oiseau, connu des Indiens yuracarès du pied oriental des Andes boliviennes sous le nom de Chachindala, est aussi commun dans ces lieux que les espèces précédentes, et en présente absolument les mœurs. j N.° 158. TANGARA DE CAYENNE, Tanagra Cayana, Gmel. Tangara cayennensis, Briss., Av., 3, p. 21; Passe-vert, Buff., Ois.; t. 3, p. 494, Enl., 290; Tanagra cayana, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 892, n° 8; Lindo precioso, Azar., 1802, Apunt.,t.1,p.281,n. 95; Vieill., 1823, Enc. méth., t. 2, p.777. LI T. capite rufo; tectricibus alarum uropygioque aureo-viridibus ; remigibus rectri- cibusque nigris, viridi limbatis ; genis, pedibus, rostroque nigris. Sur le vivant. Bec et pieds noirs. Longueur, 125 mill. Nous avons rencontré ce charmant oiseau au mois de Juillet, dans les jardins de la ville de Corrientes, sur les orangers. Azara dit qu'il se montre au mois d'Octobre, ce qui ferait supposer deux passages annuels de cette espèce. ( 275 ) N.° 159. TANGARA ONGLET, Tanagra striata, Gmel. L'œuf, pl. LXIL, fig. 3. Tanagra striata, Gmel., 1789, Syst. nat., ed. 13, p. 899, n.° 44; Lath., Syn., Mie Dr 224, n° 14; l'Onglet, Buff., Ois., 4, p. 256; Lindo celeste, oro y negro, Azar., 1802, Apunt. de los Paxar:, & 1, p- 377, n. 94; Vieill., 1823, Enc. méth., t. 2, p. 776. T. Mas. Subtus uropygioque aurantio-flavis, capite, collo, tectricibus alarumque cæruleis; dorso superiori nigro; caudd remigibusque nigris, cæruleo-limbatis. Foœm. Dorso viridis. Jun. Suprà fusco-olivascente; uropygio viridi; subtus griseo- Julvus ; remigibus rectricibusque fuscis , griseo-cæruleo-marginatis. Sur le vivant. Bec noirätre en dessus, corné ailleurs; yeux brun-roux assez vif; pieds bruns. Longueur totale, 180 mill.; du pli de laile à son extrémité, 90 mill.; de la queue, 55 mill.; du bec, 12 mill. . Cette espèce des plus connue, rapportée pour la première fois en Europe par Com- merson , est peut-être, de toutes, celle qui occupe le plus grand espace sur le continent américain. Nous l’avons d’abord rencontrée dans la Banda oriental près de Montevideo, à Buenos-Ayres, à Corrientes; nous l’avons ensuite retrouvée à l’ouest des Andes dans le ravin de Palca, au Pérou; puis près de la Paz et dans les provinces de Yungas, de Sicasica, de Cochabamba, de Valle Grande, de Chiquisaca, dans la Bolivia; ainsi son habitation serait en latitude du 24° au 34.° degré sud, et en élévation toute notre seconde zone d'habitation, à l’est et à l’ouest des Andes. Très - commune partout où elle se trouve, cette espèce paraît sédentaire; car toute l’année nous l'avons rencontrée par petites troupes, dont les membres sont dispersés sur des arbres voisins ou sur le même arbre. Des plus familière, nous ne l'avons vue qu’auprès des lieux habités, principalement dans les vergers, les jardins, où elle devient la terreur des cultivateurs par les dégàts qu’elle exerce sur les bourgeons des arbres, et sur leurs fruits, qu’elle préfère comme nourriture. Constam- ment en mouvement, sautant d’une branche à l’autre, surtout vers la coupe des arbres, elle sy mêle aux autres Tangaras et aux Habias, auxquels elle dispute fré- quemment la possession de leurs alimens. Elle descend rarement à terre, ne vole que par saccades, et seulement en franchissant de petites distances. Son cri, assez perçant, assez désagréable, n’est qu’un rappel entre les individus d’une même troupe. A la Paz et dans les autres lieux de la Bolivia, elle fréquente surtout les pommiers, les poi- riers, les cerisiers; mais à Corrientes et à Buenos-Ayres, c’est sur les pêchers et les orangers qu’elle semble surtout élire son domicile. Vers le mois d'Octobre, les Tangaras onglets s’accouplent, choisissent un oranger touffu ou tout autre arbre et y construisent un nid, de paille et de petites branches à l'extérieur, de foin fin à l’intérieur. Ils y déposent ensuite trois à quatre œufs verdâtres, marqués de petits points irréguliers violet foncé, de taches peu apparentes violettes, D 2) [er] IV. Ois. Passe- reaux. ( 274 ) Passe et de taches allongées irrégulières noires; leurs diamètres sont 27 et 16 millimètres. Caux, La femelle seule couve; mais le père et la mère se partagent la surveillance de leurs petits. À Corrientes on nomme celle espèce Santa Lucia; à VArroyo de la China, Sete colores (les sept couleurs); à Buenos-Ayres, Site vestidos ; les Guaranis l’appellent Chobi. N.° 160. TANGARA ÉVÈQUE, Tanagra episcopus, Licht. L'œuf, pl. XXII, fig. 3. Episcopus avis, Briss,, 4v., 3, p. 40, n° 23, t. 1", fig. 23; Bluet, Buñl., Ois., 4, p. 265; Évéque, id, Enl., n° 178; Tanagra episcopus, Lath., Syn., 11, p. 226, n° 18; id., Gmel., 17893 Syt. nat., p. 896, n° 193 Vieill., 1823, Encyc., t. 2, p. 775, Tanagra sayaca, Gmel., n° 203 Lindo Saihobi, Azar., 1802, Apunt.,t. 1", p. 370, n° 92; Licht., 1823, n” 350; Prince Max., Beit., t. 3, p. 484. T. griseo-cærulea, alis cauddque cæruleis. Sur le vivant. Bec et pieds brun clair; longueur totale, 190 millimètres. Nous avons rencontré successivement celte espèce dans tous les lieux où se trouve la précédente, avec laquelle elle se mêle souvent ; ainsi elle habite toute notre seconde zone d'habitation, depuis la Plata jusqu’en Bolivia, seulement sur le versant oriental des Andes, à Cochabamba, Valle Grande, Yungas, etc. Elle a en tout les mœurs du Tanagra striata; elle va de même par troupes, fréquente les vergers, les jardins, où elle se montre des plus familière, et se nourrit aussi de bourgeons, de fruits et d'insectes, faisant de grands dégâts dans les plantations. Son cri se borne à l'articulation d’un rappel monotone, qu’on peut exprimer par cui cui-cui-cui cui. Au mois d'Octobre, une fois accouplés, ces Tangaras construisent sur les orangers ou tel autre arbre voisin des habitations, un nid composé de branches sèches à l'extérieur, et à l’intérieur de crin aristement contourné. Le diamètre extérieur en est de 15 centimètres, et en dedans de 8 centimètres. Ils y déposent deux à trois œufs bleuätres, tachetés de brun bistré, principalement sur le gros bout, et en outre de taches noires, larges et arrondies; leurs diamètres sont de 19 et 25 millimètres. Aux missions on nomme ces oiseaux Prririquiti, dénomination dérivée de leur cri habituel. N° 161. TANGARA OLIVATRE, Tanagra olivascens, Licht. Tanagra Sayaca, fem., Auct.; Tanagra olivascens, Licht., 1823, Doubl., p. 32, n° 351. T. lucido-olivacea, vertice virescente; alis caudäque fuscis, olivascente limbatis ; tectricibus alarum viridi-cyaneis. Sur le vivant. Yeux bruns, bec noir corné, ainsi que les pieds. Longueur totale, 200 millimètres; vol, 290 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; de la queue, 55 mill.; du bec, 13 mill.; circonférence du corps, 125 mill. Cette espèce, confondue bien à tort avec la femelle du Tanagra episcopus ou T. sayaca des auteurs, en diffère par des caractères bien tranchés, par sa tête vert-pomme, ( 278) par son plumage lustré et de teinte distincte, ainsi que par une plus grande taille. D'ailleurs, nous n’avons jamais rencontré cette espèce en des lieux où l’autre était très- commune; et si le Tangara évêque est largement répandu sur le continent américain, il n’en est pas ainsi de ce dernier, que nous avons rencontré dans les provinces de Santa- Cruz de la Sierra, à Guarayos et à Yuracarès, dans la Bolivia, ou seulement dans les régions chaudes des plaines situées à l’est des Andes. À Santa-Cruz il venait jusque dans le jardin de la maison que nous occupions, sur des orangers, dont il recherchait les fruits et les fleurs, paraissant avoir les mêmes habitudes que les deux précédentes espèces. N.° 162. TANGARA DE MONTAGNE, Tanagra montana, Nob. PL. XXII, fig. 1. Aglaia montana, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 32, n.° 4. T°. capite, guld, colloque atris; suprà nitide cærulea, ad nucham pallidior; dorso intensiore; tectricibus alarum minoribus, superis cauddque cæruleis; subtus flava. Sur le vivant. Yeux rouges; bec corné en dessus, rosé en dessous; pieds noiràtres. Longueur totale, 240 millimètres; vol, 400 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 130 mill.; de la queue, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 55 mill.; du doigt du milieu, 28 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 11 mill.; sa largeur, 10 mill.; circon- férence du corps, 160 mill. Toute la tête, la gorge et le devant du cou, noir foncé; dessus du cou en contact avec le noir, d’un beau bleu céleste päle, passant au bleu céleste foncé et au bleu de cobalt foncé sur le dos et sur les parties supérieures; ce bleu descend de chaque côté du cou en avant et est alors bordé de noirätre. Toutes les parties inférieures sont d’un beau jaune très-vif; tectrices supérieures des rémiges et des rectrices, bleu de cobalt; couvertures inférieures bleuàtres; grandes couvertures supérieures de laile, rectrices et rémiges noiratres, bordées extérieurement de bleu vif. Cette magnifique espèce, sans doute la plus grande du genre, s’est montrée une seule fois à nous, au sommet de la montagne dite del Biscachal, près du village de Carcuata, province de Yungas, sur le versant oriental des Andes boliviennes; elle formait une troupe composée de quatre individus, voltigeant au sommet des arbres d’un petit bouquet de bois. Comme elle était très-sauvage, et se posait sur les points très-élevés des arbres, nous ne pümes nous procurer que l'individu qui a servi à cette description. Nous n’en avons jamais vu d’autres pendant nos nombreuses excursions dans la Bolivia. N.° 163. TANGARA A VENTRE ROUGE, Tanagra igniventris, Nob. PI. XXV, fig. 2. Aglaia igniventris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 32, n.° 5. T. suprà nigro cærulea, capite colloque nigris ; uropygio tectricibusque alarum cæ- ruleis; alis caudüque nigris, cæruleo limbatis; subtus maculdque oculari rubro minialo. Passe- reaux. Passe- reaux, ( 276 ) Bec et pieds noirs. Longueur totale, 200 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 88 mill.; de la queue, 70 mill.; du tarse au bout des doigts, 37 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; du bec, ff mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 6 mill.; circon- férence du corps, 120 mill. Tête et cou noirs; dos et parties supérieures noir un peu bleuätre; poitrine, ventre, derrière, couvertures inférieures de la queue et une tache derrière l'œil, d’un beau rouge aurore; petites couvertures des ailes et croupion d’un beau bleu de cobalt brillant; rémiges et rectrices noires, bordées extérieurement de bleu verdàtre. Cette espèce, bien distincte par ses teintes de toutes celles connues, habite la pro- vince d’Apolobamba, au nord de la Paz, république de Bolivia; elle y est assez rare. N° 164. TANGARA A TÉTE BLEUE, Tanagra Maximiliani, d'Orb. Pl. XXII, fig. 2. Aglaia cyanocephala, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 32, n° 6. T° Lined interoculari nigrä, auribus nigrescentibus; capite colloque supra cæruleis ; jugulo, pectore, ventre griseo-cæruleis; suprà wiridescentibus ; caud4 alisque nigrescentibus, wiridi marginatis. Sur le vivant. Bec noir en-dessus, bleuâtre à la base de la mandibule inférieure; pieds bleuätres teintés de vert; yeux brun-roux. Longueur totale, 200 millimètres; du vol, 270 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 90 mill.; de la queue, 72 mill.; du larse au bout des doigts, 40 mill.; du doigt du milieu, 18 mill.; du bec, 11 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 120 mill. Un trait noir entre l’œil et le bec; oreilles noirâtres; dessus de la tête et cou bleu vif, gorge, poitrine et le milieu du ventre gris bleuàtre; toutes les parties supérieures, les flancs et la queue d’un beau vert tendre; tectrices inférieures de la queue, les cuisses el les couvertures inférieures des rémiges, jaune clair; rémiges noiratres, bordées extérieurement de vert tendre. Au nord de la Cordillère qui s'étend de la Paz à Cochabamba (Bolivia), sur les montagnes dominant le village d’Enquisivi, province de Sicasica, nous avons rencontré, sur les baies d’un champ de blé, deux oiseaux de cette espèce; ils s’envolèrent et allèrent se poser sur un arbre voisin, où nous avons tué l'individu qui a servi à cette description. Nous n'avons pas conservé le nom de Cyanocephala, donné à cette espèce dans notre Synopsis, parce que Vieillot l’a employé pour une autre espèce, dans l'Encyclo- pédie méthodique, p. 780. Nous l’avons alors dédiée à M. le prince Maximilien de Neuwied. it TANAGRIDÉES DUMICOLES, Tanagridæ dumicolæ , Nob. Les oiseaux de cette division habitent les lieux plus découverts, les buis- sons, les halliers; au lieu de se tenir dessus, ils pénètrent toujours dans (277) l’intérieur, et descendent quelquefois à terre, ce que ne font point ceux de Pass- reaux. la première division ; C'est parmi eux que se trouvent les espèces qui s’avancent le plus avant vers les régions méridionales. Gex 6. TACHYPHONE, Tachyphonus, Vieill. Tanagra, Auct.; Tangaras-Loriots, Cuv. Les Tachyphones ont le bec allongé, convexe, presque droit, à peine denté à son extrémité, comprimé sur les côtés, à bords rentrés aux mandibules; les ailes courtes, la queue longue, large. Ce sont des buissonniers par excel- lence, mais qui habitent plus particulièrement intérieur des halliers. N.° 165. TACHYPHONE NOIR, Tachyphonus leucopterus, Vieill. L'œuf, pl. LXII, fig. 4. Tanagra nigerrima, Gmel., 1789, Syst. nat., éd. 13, p. 899, sp. 45; Oriolus leucopterus, WA pr 92s no; late 09) 10 LP. 440, 1029, EDP, 2,1, De 2205, 02 15; Tangara noir d'Amérique et Tangara roux de Cayenne, Buff, Enl., n° 179, f. 2 et n. 711; Tordo de Monte negro cobijas blancas, Azar., 1802, Apunt., t. 1°, p. 326, n° 76; Tachyphonus leucopterus, Vieill., 1823, Encycl. t. 2, p. 803; T'anagra nigerrima, Prince Max., 1830, p. 534, n. 22. T. Nigra, maculd ad alas albd. Fœm. rufa. Sur le vivant. Yeux et pieds noirs, bec bleuâtre. Longueur, 210 millimètres. Nous n'avons vu cette espèce que dans la province de Corrientes, à la frontière du Paraguay. Elle se tient dans l’intérieur des bois et des halliers, d’où elle ne paraît sorlir que pour se promener très-rarement à terre; elle est peu craintive, et peu active dans ses mouvemens. On nous a vendu à Corrientes un nid qu'on nous a dit appar- tenir à cette espèce : il est composé de foin à l'intérieur, et à l'extérieur de petites racines; les œufs, au nombre de trois, sont verdàtres, marqués de quelques grandes taches rares d’un noir brun; au gros bout se remarquent encore quelques taches vio- lettes peu apparentes. Leurs diamètres sont de 16 et 22 millimètres. À Corrientes on nomme ces oiseaux Guira hu (oiseau noir). N° 166. TACHYPHONE À GORGE ROUSSE, Tachyphonus ruficollis, Nob. Tanagra ruficollis, Licht., 1823, Doubl., p. 30, n° 330; Tachyphonus ruficollis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 28, n. 6. T. Nigra, gutture rufo, versus pectus sensim dilutiore ; abdomine, crisso uropygioque albidis ; maculd alarum duplici et tergo albis; rostro pedibusque nigris. Passe- reaux. ( 278 ) Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 180 millimètres; vol, 280 mill.; du pli de l'aile, 80 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 46 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 7 mill.; circonférence, {10 mull. Cette espèce, qui évidemment se rapproche autant des Fringilles que des Tangaras, est remarquable par sa couleur noire, sa gorge rousse, dont la teinte diminue gra- duellement sur la poitrine; par ses parties inférieures et son croupion blanchâtres; par la base des tectrices, des ailes et des rémiges d’un beau blanc. La femelle, au lieu de noir, à partout du brun. l Nous l'avons rencontrée seulement dans la province de Chiquitos, république de Bolivia, auprès des missions de Concepcion et de Santiago. Elle voyageait par petites troupes composées de quatre à six individus, voltigeant de buissons en buissons sur les coteaux peu boisés, restant peu en place, et jetant continuellement des cris aigus, en se rappelant les uns les autres. Elle paraissait se nourrir de graines et de bourgeons. N° 167. TACHYPHONE CAPITA, Tachyphonus capitatus, Nob. PI. XIX, fig. 2. Chipiu capita, Azara, 1802, Apunt. para la hist. de los Pax., t. 1.7, p. 509, n.° 137; Tachyphonus capitatus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 29, n° 5. T' suprà nigra, subtus alba; capite rubro; gutture colloque anticé nigris; remigibus nigris; rostro pedibusque roses. Sur le vivant. Bec et pieds rouges chez les mâles; mandibule supérieure noirätre chez les femelles; yeux carmin vif. Longueur totale, 170 millimètres; du pli de aile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 54 mill., du bec, 10 mill. Mäle. Tète entièrement d’un beau rouge cramoisi; gorge et devant du cou noir-brun; un collier et toutes les parties inférieures blanches ; toutes les parties supérieures, les ailes et la queue, noires. Jeune de l'année. Noirètre en dessus, blanc en dessous, dessus de la tête brun pèle; côtés de la tête, gorge et devant du cou, roux très-clair. Cette espèce, confondue avec le Tachyphonus gularis (Rouge - cap, Buffon) par Vieillot (Encyclopédie méthodique, t. IT, p. 788), s’en distingue par une taille beau- coup moindre, par son bec entièrement rougeätre, au lieu d’être noir en dessus et jaune en dessous, et par ses pieds rosés, au lieu d’être noirs; le rouge de la tête est aussi moins foncé; car, du reste, ces deux oiseaux ont absolument la même distribu- üon de couleurs. Nous ayons souvent rencontré cette espèce, mais seulement dans les provinces de Santa-Fe, d'Entre-Rios et de Corrientes, république Argentine, c’est-à-dire du 28° au 32. degré de latitude sud, principalement sur les rives du Parana; car, amie des lieux humides et boisés, elle se tient dans le voisinage des fleuves et des rivières, par petites troupes composées d’un assez grand nombre d'individus. Tout l'été, au prin- (279 ) temps et enautomne, ces oiseaux se montrent en grand nombre par 30 et 32° de lautude sud, et alors manquent, pour ainsi dire, au 28.° degré, ou ne s’y trouvent que rare- ment et seulement dans les bois de saules des îles du Parana; mais, aussitôt que les froids se font sentir, ils gagnent le nord, et deviennent très-communs à Cor- rientes et au Paraguay; ils se dispersent ensuite dans les campagnes, recherchent le voisinage des maisons, les jardins, vont même jusque sous les corridors, pour y manger la viande qu’on y fait sécher, en se mêlant aux Habias et aux Fringilles, ayant soin srands buissons ou 5 dans les bois de saules, pour s’y coucher. Plus rarement à terre que perchés, ils se néanmoins de se rendre, tous les soirs, dans les lieux couverts de üennent de préférence sur les buissons qui bordent les eaux, et là sautent avec vivacité d’une branche à l’autre, cherchant les graines et les bourgeons dont ils se nourrissent. Leur vol est rapide, interrompu et assez lourd. Leur cri habituel est un sifflement aigu dépourvu de tout charme. Au mois de Novembre ils s’accouplent et se dispersent per paires. On les élève quelquefois à Corrientes, en leur donnant toute espèce de nourriture. Les Guaranis de cette province les nomment Camyté ou Capytä, qui veut dire téte rouge. N.° 168. TACHYPHONE ROUGE-CAP, Zachyphonus gularis, Nob. Cardinalis americanus, Briss., Aves. app., p. 67, n° 34; Rouge-cap, Buff., Oiseaux, 4, p. 267, Enl., 155; Tanagra gularis, Lath., 1783, Syn., 2, 1, p. 228, n° 21; Tanagra gularis, Gmel., 1789, Syst. nat., éd. 13, t. 2, p. 894, n° 13; Memosia gularis, Vieill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 788. T. suprà nigra, subtüs alba; capite rubro; gutture colloque anticè fusco-rubes- cente; rostro suprà nigro, subtüus aurantio; pedibus fuscis. Sur le vivant. Bec noir en dessus, jaune-orange en dessous, pieds bruns. Longueur totale, 190 millimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 87 mill.; de la queue, 70 mill.; du bec, 11 mill. Cette espèce bien connue, dont nous avons décrit les différences à l’article de Pespèce précédente, s’est montrée à nous seulement dans les provinces de Chiquitos et de Moxos, république de Bolivia, c’est-à-dire au centre du continent américain, du 12. au 18.° degré de latitude sud, où elle mène, à peu de chose près, le même genre de vie que le Tachyphonus capitatus, tout en étant moins riveraine que celle-ci et plus buissonnière. Elle nous paraît dès-lors spéciale aux régions chaudes, où elle est assez commune. N.° 169. TACHYPHONE MAGNIFIQUE, Zachyphonus flavinucha, Nob. PL XXI, fig. 2. Tachyphonus flavinucha, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 29; D. 2. T. suprà sericeoater, subtüs maculâque longitudinali nuchæ flavis; axillis, dorso imo, uropygioque cæruleis; remigibus primaris quinis, primd exceptd, basi, viridi-cæruleo marginatis. Passe- Caux, Passe- reaux, ( 280 ) Sur le vivant. Yeux rouge foncé, bec noirâtre, pieds noirâtres en dessus, jaunâtres en dessous. Longueur totale, 190 millimètres; vol, 280 mill.; du pli de l'aile à son extré- mité, 90 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 15 mill.; sa hauteur, 71/2 mill.; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 120 mill. D'un beau noir velouté en dessus; sur le derrière de la tête est une large tache allongée jaune brillant, s'étendant au-dessus du cou; toutes les parties inférieures de la même couleur; de larges épaulettes, le bas du dos et le croupion d’un beau bleu de ciel vif, des rémiges primaires cinq, la première exceptée, sont, à leur base, largement bordées en dehors, de bleu verdàtre brillant; queue noire, bordée extérieurement de bleu terne; dessous de laile d’un beau jaune. Ce bel oiseau, lun des plus brillans du genre, s’est offert à nous dans la province de Yungas, seulement dans les ravins des parties élevées des montagnes du versant oriental des Andes boliviennes de la Paz; principalement auprès des villages de Chupé, d'Irupana et de Suri. Ne descendant pas dans les régions chaudes de ces mêmes mon- tagnes, il se tient sur les grands buissons et même sur les arbres, où il paraît (en hiver) vivre isolé et solitaire, tout en étant très-rare. Il ne va pas à terre, sautillant constamment de branche en branche pour chercher les bourgeons et les graines dont il se nourrit. Gexre 7. RAMPHOCÈLE, Ramphocelus, Vieill. Tanagra, Auct.; Tangaras ramphocèles, Cuv. Le bec des Ramphocèles est robuste, comprimé sur les côtés, épais, les bords de la mandibule inférieure recouverts par la supérieure; les branches de la mandibule inférieure se prolongent fortement sur les côtés, sont ren- flées et entament les plumes; leurs ailes sont courtes, leur queue médiocre; leurs tarses sont gréles. Plus buissonniers encore que les précédens, ils se tiennent toujours au plus épais des halliers et des buissons, où ils sont tristes et taciturnes, sans jamais montrer beaucoup d'activité. Nous ne les avons vus que dans les régions chaudes. N.° 170. RAMPHOCÉÈLE NOIR VELOUTÉ , Ramphocelus atrosericeus , Nob. Ph XVI "HE Ramphocelus atrosericeus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 34, n° 1. R. sericeo-aterrimus; capite suprà ad nucham tantummodà lateribusque nigro obscurè purpureis; mento, guld pectoreque supero obscurè coccineis. Sur le vivant. Yeux brun-roux clair, pieds noirs, mandibule supérieure et extrémité de linférieure noires; élargissement de la mandibule inférieure bleu blanchätre. Lon- gueur totale, 190 mill.; du vol, 260 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 80 mill.; ( 281 ) de la queue, 70 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du doigt du milieu, 17 mill.; de la mandibule supérieure du bec, 12 mill.; de l’inférieure, 18 mill.; hau- teur du bec, 71/2 mill.; sa largeur, 7 mill.; circonférence du corps, 100 mill. Vieux mâle. D'un beau noir velouté uniforme; le dessus et les côtés de la tête et du cou, d’un noir cramoisi obscur; gorge, devant du cou et poitrine, d’un beau cramoisi foncé brillant. Jeune mâle, entièrement noir terne ou même brunûtre. Femelle, noirätre; le croupion, la poitrine, le ventre et les couvertures inférieures de la queue, roux-brun rougeàtre; l'élargissement de la mandibule inférieure beaucoup moins marqué. Cette espèce est voisine du ÆRamphocelus jacapa; néanmoins elle en diffère par son bec, ses doigts beaucoup plus courts, par sa couleur cramoisie, infiniment plus foncée sur la tête. Nous l'avons rencontrée dans presque toutes les parties chaudes des plaines et des montagnes de la Bolivia, à Chupé, province de Yungas; sur le versant oriental des Andes de la Paz, au pays des Yuracarès, dans les forêts habitées par les Guarayos, et dans les provinces de Moxos et de Chiquitos. On la voit toujours au sein des halliers les plus épais et dans les haies, les parcourant sans cesse, sans descendre à terre. C’est, en un mot, le plus buissonnier de tous les Tanagridées que nous ayons décrits jusqu’à présent. Les Indiens aymaras de Yungas les appellent Cuitiro. Gexre 8. ARRÉMON, A4rremon, Vieill. TH anagra, Auct. Le genre Arrémon, établi par Vieillot pour le T'anagra silens des auteurs, nous paraît constituer une coupe on ne peut plus naturelle; telle que nous la concevons, elle renfermerait seulement les espèces dont le bec est sem- blable à celui du Ramphocelus, moins le prolongement postérieur de la mandibule inférieure, dont les ailes et la queue ont aussi la forme de celle du Ramphocele. Leurs mœurs sont, du reste, identiques aux siennes, et en un mot, on peut dire que ce sont des Ramphocèles à bec sans prolongement postérieur. N° 171. ARRÉMON À COLLIER, Arremon silens, Nob. Tanagra silens, Lath., 1783, Syst. ornithol., sp. 42; Oiseau silencieux, Buf., Ois., t. 7, p- 429, Enl., 742; Tordos de monte torquato, Azar., 1802, Apunt.,t. 17, p. 331,n. 78; Aremon torquatus, Vieill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 794; Tanagra silens, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3, p. 507, n° 16; Embernagra silens, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 34, Lo n02: A. suprà viridis, subtus albescente; capite supra incane; superciliis albis; vittd ocu- lari, fascidque jugulari nigris; rostro suprà nigro; mandibul& flavd. 2 TV: Os. 56 Passe- realix, Pa ssC— reaux. ——— ( 282 ) Sur le vivant. Bec jaune aurore, une ligne noire à la partie supérieure; tarses violet clair; yeux bruns. Longueur totale, 170 millimètres; du vol, 220 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 72 mill.; de la queue, 55 mill.; du bec, 11 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Müle, sans raie grise sur la tête; les parties supérieures gris ardoisé. Femelle, les parties supérieures vertes. Nous avons successivement rencontré cette espèce à Corrientes, république Argentine; dans les provinces de Yungas, de Chiquitos et de Valle grande, république de Bolivia. Ainsi, d'après nos seules observations, elle habiterait du 15. au 28.° degré de latitude sud, dans les plaines, comme sur la seconde zone de hauteur, dans les montagnes du versant oriental des Andes boliviennes. Nous l’avons toujours trouvée dans les halliers, au plus épais des buissons, sur les branches basses seulement, où sans crainte elle se laissail toujours approcher; tandis qu’elle sautait en silence d’une branche à l’autre, ou qu'elle restait perchée triste et taciturne. Nous l'avons vue par couple, isolée au temps des amours, et ne chantant pas; d’autres fois par petites troupes. L’assertion de Sonnini, qui en fait un oiseau marcheur, est erronée, puisque, de mème qu’Azara, nous ne « l'avons jamais vue à terre. N.° 172. ARRÉMON VOISIN, Arremon affinis, Nob. PL XXNIE, fige. Embernagra torquata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 34, n° 3. A. suprà viridi-olivascens; capite colloque suprà griseis; superciliis albis, capite laterali, fascidque pectorali, nigris; remigibus, rectricibusque nigrescente-viridi limbatis ; hypocondriis, crissoque obscurè viridibus; gutture, ventreque mediis, albescentibus ; rostro nigro. Sur le vivant. Bec noir, pieds brun-violet, yeux brun-roux foncé. Longueur totale, 190 millimètres; du vol, 245 mill.; de la queue, 60 mill.; du pli de Paile à son extré- milé, 78 mill.; du tarse au bout des doigts, 60 mill.; du doigt du milieu, 25 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 120 mil. Sur la tête sont, de chaque côté, deux larges bandes noires qui partent du front, passent au-dessus des yeux et s'étendent sur les côtés du cou; au milieu est une ligne cendré clair; les côtés du cou sont de cette couleur; de larges sourcils blancs surmontent les yeux; côtés de la tête, joues, et un très-large hausse-col sur le haut de la poitrine, d’un beau noir; gorge et milieu du ventre blancs; toutes les parties supérieures vert-olive foncé; le pli de l'aile jaune; rémiges et rectrices noirätres, bordées extérieurement de verdätre : cette dernière teinte, mélangée d’ardoisé, couvre les flancs, mais est pure sur le derrière, les couvertures inférieures de la queue et les cuisses. 1. Nous avons changé le nom de Torquata pour celui d’Affinis, le premier ayant déjà été employé par Vieillot pour l’A#rremon silens. Voyez l'article précédent. (283 ) Cette espèce diffère de la précédente par une taille d’un quart plus grande, par un bec bien plus long, plus droit, et noir au lieu d’être orangé; par des pieds du double de force; par un hausse-col bien plus large; par les bandes noires de la tête prolongées sur les côtés du cou; par les flancs verdàtres et non gris; par le derrière, les cuisses et les couvertures inférieures de la queue, d’un beau vert-olive et non blancs. Enfin, quoique cetle espèce ait, jusqu’à un certain point, les mêmes distributions de couleurs que la précédente, il suffit de les examiner toutes deux comparativement, pour recon- naître les différences qui les caractérisent. Nous l’avons rencontrée seulement en Septembre dans les halliers des ravins voisins du village de Circuata, province de Yungas, république de Bolivia, c’est-à-dire au 17.° degré de latitude sud, sur le versant oriental des Andes. De même que l'espèce précé- dente, elle était silencieuse et triste. N.° 173. ARRÉMON À NUQUE ROUSSE, Arremon rufinucha, Nob. PI. XXVII, fig. 2. Embernagra rufinucha, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 34, n° 4. A. suprà nigra; subtus, macul& ante oculos sulfurescente; pileo, nuchä, colloque superis rufis; fascid oculari, vittd angust&, utrinque ad latera gutturis, nigris; remigibus albo marginatis; rostro nigro. Sur le vivant. Bec noir, pieds brun-violet, yeux roux. Longueur totale, 170 milli- mètres; vol, 215 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 45 mill.; du doigt du milieu, 22 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 100 mill. Du roux vif couvre tout le dessus de la tête et du haut du cou, formé de plumes larges pouvant se relever en huppe; du noir profond entoure largement l'œil, en revêtant les côtés de la tête, se prolonge sur ceux du cou, et forme, sur les côtés de la gorge, une ligne qui descend de la mandibule inférieure et entoure le bec en dessus. Du jaune vif dessine, en avant de l'œil, près de la narine, une petite tache, et s'étend sur toutes les parties inférieures du corps, devenant plus verdâtre sur les flancs; toutes les parties supérieures sont d’un noir qui prend une teinte verdâtre au croupion; rémiges courtes, noires, la première bordée extérieurement de blane, les autres de la même couleur à leur base au côté interne; queue longue, terminée en pointe. Cette charmante espèce, Lout à fait différente par ses teintes de toutes celles du genre, est encore remarquable par la brièveté de ses ailes, par sa queue longue, étagée et acu- minée. Nous l'avons rencontrée très-rarement et seulement au 17. degré de latitude sud, sur les montagnes boisées et humides du versant oriental des Andes boliviennes, à notre seconde zone de hauteur, dans les lieux tempérés, sans jamais la voir dans les régions chaudes. Nous l’ayvons observée aux environs de Yanacaché et de Carcuata, province de Yungas, et au nord de Cochabamba. Elle se tient toujours au plus épais des fourrés dans les ravins, loin des habitations; elle est néanmoins peu craintive, Passe- reaux. Passe- réaux. ( 284 ) vivant isolée, sans descendre à terre, sautillant sans cesse et avec activité de branche en branche, ne s’envolant qu'à la dernière extrémité et pour aller se cacher dans le buisson le plus voisin. De temps en temps elle fait entendre un petit cri peu go | ressemblant à un rappel. ei LL Gexre 9. EMBERNAGRE, Æmbernagra, Less. Ce genre a le bec conique, allongé, presque droit, pointu, à bords renflés, à narines ouvertes, rondes; les ailes courtes, la queue longue, souvent étagée ; les tarses longs, forts et robustes. Bien différent des genres précédens, celui-ci s'en distingue par les caractères que nous venons d'indiquer, autant que par ses mœurs; en effet, les oiseaux dont il se compose sont, de tous les Tana- gridées, les plus marcheurs, et ceux qui préferent les petits buissons, les herbes même et les lieux marécageux. Nos observations locales nous ont obligé d’ap- porter quelques changemens à ce que nous avons publié dans notre Synopsis, relativement aux espèces de cette division, qui seules s’'avancent jusque dans notre troisième zone de latitude, vers les régions froides du continent. N.° 174. EMBERNAGRE DES BUISSONS, Æmbernagra platensis, Nob. L'œuf, pl. XXII, fig. 3 Emberiza bonariensis, Comm.; Emberiza platensis, Lath., 1783, Syn., t 2, p. 201, n. 58; Embérise de cing couleurs, Buff., Ois., t. 4, p. 364; ÆEmberiza platensis, Gmel., 1789, Syst. nal.,t. 1-2, p. 886, n° 68; Habia de Banado, Azar., 1802, t. 1”, p. 363, n° 90; Embernagra dumetorum, Less., 1831, Traité, p. 465; ÆEmbernagra platensis, d'Orb. et Lafr., "Syn., n° 1. ÆE. suprà virescente-fusca; dorso longitudinaliter nigro striato; subtus cinereo- albo; remigibus fuscis olivaceo-viridi limbatis ; capite colloque griseo-cærulescente Juscis; rostro flwo, subtus fusco. Sur le vivant. Yeux gris, pieds roses, bec aurore, noir en dessus. Longueur totale, 210 millimètres. Nous avons rencontré celte espèce depuis la frontière du Paraguay jusqu’en Pata- gonie, dans les provinces de Montevideo, de Buenos-Ayres, de Santa-Fe, d’Entre-Rios et de Corrientes; néanmoins nous avons remarqué que ces oiseaux sont infiniment plus communs du 30.° au 36. degré de latitude, que plus au nord, où ils n'arrivent que l'hiver, lorsque les froids les chassent des régions méridionales. Ils sont également rares au 41." degré sud, où ils ne viennent que pour nicher. Nous les ayons toujours rencontrés dans les marais, dans les joncs des lacs, et jamais ailleurs; là ils se perchent sur les plantes aquatiques, tout en se tenant le plus souvent à terre pour y chercher ( 285 ) leur nourriture, qui consiste en graines. Aux mois d'Octobre et de Novembre nous avons rencontré, aux environs de Montevideo, au milieu des grandes touffes d'herbes des marais, plusieurs de leurs nids, formés de graminées sèches, artistement contournées, et dans lesquels étaient déposés cinq à six œufs bleuàtres, marqués irrégulièrement de grandes taches violet foncé, de petites de la même couleur, sur un fond légèrement nuagé de brun violacé; leurs diamètres sont de 16 et de 24 millimètres. Nous avons remarqué que, tandis que la femelle couve, le mâle, placé à peu de distance, la pré- vient par des cris de l’approche du danger. N.° 175. EMBERNAGRE OLIVATRE, Æmbernagra olivascens, Nob. £. capite, collo, pectoreque ardesiaco-fuscis; suprà olivascens, uropygio griseo- virescens ; ventre albo; crisso pallide rufescente; remigibus nigrescentibus , viridi limbatis. Sur le vivant. Bec orange vif, une ligne brune en dessus, yeux brun-jaune, pieds jaunàtres. Longueur totale, 330 millimètres; du vol, 311 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 101 mill.; de la queue, 95 mill.; du bec, 15 mill.; sa hauteur, 11 mill.; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 140 mill. Dessus de la tête noirâtre, passant au gris-ardoisé foncé sur le cou, les joues, la gorge et la poitrine, où cette teinte va en diminuant jusqu’à passer au blanc sur le milieu du ventre, au gris verdàtre sur les flancs; dos verdätre sans taches, devenant gris verdâtre au croupion; tectrices des rémiges vert jaunätre, ainsi qu'une bordure extérieure aux rémiges; le pli de l’aile jaune vif, queue brun verdàtre; couvertures inférieures et cuisses roux très-clair. Cette espèce, qui réunit presque toutes les teintes de la précédente, s’en distingue néanmoins par une taille toujours plus forte, par le manque constant de taches noires sur le dos, par toutes les couleurs plus foncées, et surtout par des mœurs on ne peut plus dissemblables, ce qui nous fait croire que ce sont bien deux espèces diffé- rentes. En effet, l’Enbernagra platensis ne vit que dans les marais des plaines du sud de la république Argentine, tandis que celle-ci n’habite que les montagnes, les coteaux escarpés et secs de la Bolivia. Nous l'avons rencontrée très-communément à Enquisivi, province de Sicasica; à Palca, province d’Ayupaya, et dans la vallée de Cochabamba, sur les coteaux cultivés et couverts seulement de petits buissons. Ces oiseaux y sont isolés ou par petites troupes de cinq à six au plus, mêlés aux Habias. Aussi familiers que ceux-ci, ils parcourent les jardins avec vivacité, et descendent souvent à terre pour chercher les graines dont ils se nourrissent. Leurs cris sont perçans. N° 176. EMBERNAGRE MACROURE, Æmbernagra macroura, Nob. Fringilla macroura, Lath., Syns; il; 2,p. 3104, n480; Gmel:;W1789 Systlnat., éd. 13, pe 918; n.° 723; Cola aguda de encuentro amarillo, Azara, 1805, Æpunt. de los Pax., Passe- reauix. Passe reaux. ( 286 ) tu 2,p. 257, n.° 230; Emberizoides marginalis, Temm., pl. col. 1143; Sphænura fringillaris, Licht., 1823, Doubl., p. 42, n° 466; Passerina sphœnura, Vieillot, Dict., t. 25, p. 25. E. suprà viridi-olivacea, maculis elongatis nigris ornata; flexura alæ flava; remi- gibus, tectricibusque alarum fuscis, virescente marginatis, subtüs albo; rectri- cibus elongatis acutis, fuscis, medio obscuris. Sur le vivant. Yeux bruns, bec jaune, vif brun en dessus de la mandibule supérieure; pieds jaunes. Longueur totale, 230 millimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 105 mill.; du tarse au bout des doigts, 55 mill.; du doigt du milieu, 28 mill.; de l’ongle du pouce, 9 mill.; du bec, 12 mill.; circonférence du corps, 120 mill. Cette espèce, lour à tour placée parmi les Fringilles, dans un nouveau genre des Conirostres par M. Temminck; dans les Sphœnura par M. Lichtenstein; avec les Passe- rina par Vieillot, nous paraît toujours avoir été méconnue, quant à sa véritable place. IL est évident qu’elle a en tout le bec des Tangaras, par sa forte dent; qu’elle a, jusqu’à un certain point, les couleurs des deux espèces précédentes; que, par son bec, ses ailes, ses pieds et par ses mœurs, elle leur ressemble encore beaucoup. Seulement un peu plus terrestre, nous croyons dès-lors qu’on ne saurait mieux la placer que parmi les Embernagres. Azara l’a rencontrée au Paraguay; nous l’avons souvent vue dans la province de Santa-Cruz de la Sierra, république de Bolivia; au sein des plaines du centre de l'Amérique méridionale. Nous l'avons aperçue dans les plaines marécageuses, dans les lieux où de très-grandes herbes ou des buissons couvrent le sol. Là, toujours cachée au plus épais, elle n’en sort que lorsqu'elle y est contrainte par l'approche des chiens: elle vole alors l’espace de quelques toises, se pose de nouveau, et il est difficile de la faire partir. Elle paraît rare; vit isolée; sa marche est assez rapide, son vol très- lourd : elle se nourrit de graines. Gexre 10. HABIA, Azara; SALTATOR, Vieill. Tanagra, Auct.; Tangaras gros becs, Cuv. Le bec des Habias est très-gros, tres-élevé, robuste, comprimé sur les côtés, à bords lisses, l’intérieur de la mandibule supérieure pourvu de crêtes élevées; leurs ailes sont courtes, leurs tarses robustes, allongés; leur queue large, un peu échancrée. De tous les Tanagridées, ces oiseaux sont les plus forts, les plus agiles parmi les buissonniers, et ceux qu’on voit toujours dessus ou dans les buissons, dans les vergers, où, comme les Phytotomes, ils vivent de fruits, de bourgeons, en dévastant les jardins; ils avancent tous vers le sud, et paraissent aimer Îles régions tempérées. ( 287 ) N° 177. HABIA À SOURCILS BLANCS, Saltator cærulescens, Nieill. L'œuf, pl. XXVIIL, fig. 4, et pl. LIV, fig. 4. Habia de ceja blanca, Azar., 1802, Apunt., t. 1°, p. 344, n° 81; Saltator cærulescens, Vieill., 1818, Dict., t. 14, p. 105; id., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 791; Tanagra superciliaris, Spix, Apv., t. 57; Prince Max., Beitr., t. 3, p. 518, n° 18. S. capite corporeque suprà nigricante-cærulescentibus; subtüs griseo-rufa; gulä albd; utrinque strid nigrd; crisso rufo. < Sur le vivant. Yeux bruns, pieds plombés, bec noirâtre. Longueur totale, 240 mill. Nous avons rencontré cette espèce, dans la province de Corrientes, république Argen- une, jusqu'au 30. degré de latitude sud, où partout elle est on ne peut plus commune et répandue dans les haies, les buissons, sans jamais entrer dans les bois épais; elle y paraît sédentaire, vivant par paires ou par petites troupes mêlées aux autres espèces d'Habias, et s’approchant volontiers des habitations rurales. Toujours dans l’intérieur des buissons, vers le milieu de leur hauteur, ces oiseaux ne font qu'y sautiller avec vivacité, y cherchant leur nourriture, qui consiste en graines, en bour- geons, en insectes et en hélices, sans qu'ils dédaignent la viande sèche près des habita- tions : ils descendent rarement à terre; mais, lorsqu'ils y sont, ils y marchent avec mauvaise grace en sautant les deux pieds à la fois. Quelquelois criards, ils font entendre un cri de rappel souvent proféré. Leur vol est peu rapide, interrompu et lourd. Au mois de Novembre, ils construisent, près du sommet des buissons, dans la partie la plus fourrée, un nid spacieux composé de racines de diverses grosseurs, arrangées sans beaucoup d’ordre; ils y déposent deux ou trois œufs d’un beau bleu- vert, marqués, au gros bout seulement, d’une foule de petites lignes noires, très- déliées en zigzag, qui y forment une espèce de cercle; d’autres ont des taches au lieu de lignes; leurs diamètres sont de 19 et de 28 millimètres. À Corrientes on les nomme Juan chito chibiro; les Guaranis les appellent Æabia ou Capi. N.° 178. HABIA D’AZARA, Saltator Azaræ, Nob. Nous avons rencontré, dans les provinces de Moxos et de Santa-Cruz de la Sierra en Bolivia, des individus qui doivent peut-être constituer une espèce différente. Ils sont tout à fait noirätre foncé en dessus, au lieu d’être brun verdatre; leur queue et leurs ailes sont noires, au lieu d’être brunes; et les rémiges en sont bordées de bleu blanchètre, au lieu de vert. La longueur est de 250 millimètres, c’est-à-dire de 10 milli- mètres plus grande; leur bec est noir au lieu d’être obscur; sa forme est plus allongée, beaucoup plus aiguë à son extrémité; du reste, les autres teintes sont les mêmes. Si, comme nous le croyons, ces différences, que nous avons trouvées sur tous les individus sans exceplion, suflisent pour en faire une espèce distincte, nous proposons de la nommer Saltator Azaræ. Ces oiseaux ont les mêmes habitudes que le Saltator cærulescens. La femelle est un peu plus terne de teintes. Passe- reaux. Passe- reaux, ( 288 ) N° 179. HABIA À BEC ORANGE, Saltator auranti rostris, Nieill. L'œuf, pl. XXVUI, fig. 3. Habia de pico naranjado, Azar., 1802, Æpunt. de los Pax., t. 1", p. 349, n° 83; Saltator aurantü rostris, Vicill., 1817, Dict., t. 14, p. 1033; Encycl. méth., t. 2, p. 789; ibid., d'Orb. et Lafr., Syn., p. 35, n.° 2. | S. vertice, regione paroticd, jugulo, nigris; gutture rufescente-flavo ; supercilits albis; corpore suprà plumbeo; subtüs rufescente; remigibus nigris; cærulescente limbatis; caud& nigrd, rectricibus lateralibus albo terminatis; rostro aurantio. Sur le vivant. Bec orangé, noir avec des lignes jaunes, ou jaune avec des lignes noires; yeux bruns, pieds noirätres ou bleuàtres. Longueur totale, 230 millimètres ; du vol, 310 mill.; du pli de laile à son extrémité, 105 mill.; du bec, 15 mill. La femelle a toutes les parties supérieures verdàtres, ainsi que le noir du cou, qui n'est qu'indiqué; les sourcils sont jaunes, au lieu d’être blancs; toutes les autres teintes comme chez les màles. ; Nous avons rencontré celte espèce dans la province de Corrientes jusqu'au 30. degré de latitude sud; et, dans la république de Bolivia, aux provinces de Sicasica, de Cochabamba, de Mizque, de Valle grande, d’Ayupaya, de Chuquisaca, de la Paz, où elle fréquente toute l’année les lieux élevés à l'est de la Cordillère des Andes, les ravins tempérés et cultivés, et enfin tous les lieux habités et plantés d'arbres fruitiers. Des plus familière, on la trouve toujours auprès des maisons, dépouillant les vergers de leurs fruits, de leurs fleurs ou de leurs bourgeons, sautant de branche en branche, el y menant le même genre de vie que lespèce précédente. À Corrientes, vers le mois de Novembre, les Habias à bec orangé construisent, au milieu des buissons, un nid composé de petites racines de lianes, entrelacées sans beaucoup de soin, dont les plus minces sont à l’intérieur; cest sur ce lit que la femelle dépose deux ou trois œufs bleu verdàtre, marques sur le gros bout de taches peu nombreuses, noirätres el rouges, en zigzag, et quelques petites ailleurs; sur le gros bout on remarque en outre une ligne fine noire, entourant cette partie. Les diamètres de ces œufs sont de 29 et de 19 millimètres. Cette espèce porte à Corrientes les mêmes noms que le Saltator cærulescens; aux environs de la Paz en Bolivia, les Aymaras la nomment Cucki-chuchr. N.° 180. HABIA À GORGE NOIRE, Saltator atricollis, Vicill. Habia de gola negra, Azara, 1802, ÆApunt. para la hist. de los Pax.,t. 1.",p. 348,n.° 82; Habia robustona, ibid., p. 350 ,n 84; Saltator atricollis, Viaill., 1817, Nouv. Dict. d'hist. nat., p. 106, et Encycl. méth., t. 2, p. 790 (d'après Azara, n° 82); Saltator validus, Vieill., 1817, Nouv. Dict., t. 14, p. 106; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 792 (d'après Azar., 1.84); Tanagra atricollis, Spix, 1824, pl. 56, f. 2; Saltator validus, d'Orb. et Lafr., Sie, D, - ( 289 ) S. supra fuscus; gutture nigro, corpore subtus albido-rufescente ; crisso rufescente, rostro aurantio, Suprà nigro. Sur le vivant. Bec orangé vif, avec une ligne noire à la carène supérieure, yeux roux- brun, pieds brun-rosé. Longueur totale, 230 millimètres; du pli de l'aile à son extré- mité, 95 mill.; de la queue, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 53 mill.; du bec, 15 mill.; sa hauteur, {1 mill.; sa largeur, 81/2 mill.; circonférence du corps, 140 mill. Azara, du reste si bon observateur, a décrit deux fois cette espèce sous les n.° 82 et 84; Vieillot a reproduit les deux sous les noms de Saltator atricollis et de S. validus, sans reconnaître leur identité; et donné, par une faute grave de traduction , des teintes qui ne sont pas dans l'ouvrage d'Azara, et qui peuvent perpétuer à jamais cette division inutile. Azara a rencontré ces oiseaux dans la province de Paraguay; nous les avons retrouvés dans la province de Chiquitos en Bolivia, au 17.° degré de latitude sud : ainsi cette espèce habiterait les plaines et les collines du centre de l'Amérique; aux environs de Santa-Ana de Chiquitos, dans les lieux isolés, sur les arbres et les buissons; elle est pe com- mune, va par paires, et du reste a les mêmes mœurs que les espèces précédentes. N. 181. HABIA À VENTRE ROUX, Saltator rufiventris, Nob. PL. XXVIIT, fig. 1. Saltator rufiventris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 35, n.° 4. S. totus schistaceus ; superciliis albis; abdomine crissoque rufo -cinnamomeis , remi- gibus rectricibusque fusco-atris, schistaceo marginatis ; rostro corneo. Sur le vivant. Bec brun en dessus, blanc sale en dessous; yeux roux vif; pieds brun- violet. Longueur totale, 240 mill.; vol, 360 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 95 mill.; de la queue, 85 mill.; du tarse au bout des doigts, 55 mill.; du doigt du milieu, 27 mill.; du bec, 15 mill.; sa hauteur, {1 mill.; sa largeur, 8 mill.; circon- férence du corps, 140 mill. Mäle. D'une belle couleur bleu ardoisé sur les parties supérieures et la moitié anté- rieure du corps; un large sourcil blanc s'étend du front à l’occiput; le ventre et les couvertures inférieures de la queue sont roux vif foncé; les rémiges et les rectrices noires, bordées de bleu-ardoisé. Femelle et jeunes. Du verdàtre mélangé au bleu des parties supérieures et à la moitié antérieure du corps; un peu de blanchâtre à la gorge; le roux plus päle et mélangé au bleu verdatre sur la poitrine. Nous avons rencontré celte espèce au nord de la Cordillère orientale des Andes boliviennes, au 18.° degré de latitude sud, seulement aux environs d’Enquisivi, pro- vince de Sicasica, et de Palca, province d’Ayupaya; elle y est très-commune. On la voit dans les ravins tempérés des montagnes, près des lieux cultivés, et dans les villages même, sur tous les points couverts de buissons, où, par petites troupes, elle se mêle Di IV. ois. [ex Passe- reaux. ( 290 ) Passe. aux autres Habias et aux Phytotomes, elle y est sédentaire et pousse un cri sonore reaux,. d'appel. Ses habitudes sont celles des autres espèces décrites. N.° 182. HABIA VOISIN, Saltator similis, Nob. PI. XVIII, fig. 2. Saltator similis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 36, n.° 5. S. suprà fusco-cinereus ; dorso alisque ocraceis; caud& plumbed ; vitt& superciliari, en SUR . . “ . gutture colloque anticé niveis; vittd utrinque à mento ad collum nigr&; abdo- mine crissoque pallidè rufescentibus. Sur le vivant. Bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; pieds violets; yeux bruns. Longueur totale, 230 millimètres; de la queue, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 45 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; du bec, 13 mill.; sa largeur, 10 mil.; sa hauteur, 14 mill. Parties supérieures cendrées, passant à l’olive sur la tête, le dos et les ailes, et au vert aux bordures des rémiges secondaires, un large sourcil s’étendant jusqu’à la nuque; la gorge et le haut de la poitrine blanc de neige; une ligne noire descendant de chaque côté de la gorge; milieu du ventre et couvertures inférieures de la queue roux très-pâle; rectrices plombées. Voisine du Saltator magnus, celte espèce en diffère néanmoins par son bec beaucoup plus court et non de la même forme, par le devant du cou blanc, au lieu d’être roux; par sa queue plombée, au lieu d’être verte; par ses sourcils prolongés en arrière de l'œil. Elle constitue dès-lors une espèce bien distincte. Elle ne s’est offerte à nous qu’au Rincon de Luna, au sud de la province de Cor- rientes, république Argentine, au 29.° degré de latitude sud; elle a les mêmes habi- tudes que les espèces précédentes. N.° 183. HABIA GRIVERT, Sa/tator cayana, Nob. Grivert ou Rolle de Cayenne, Buff., 1775, Ois., t. 3, p. 134. Enl. n° 616; Coracias cayana, Lath., 1781, Syn., t. 1”, part. 1°, p. 415, n° 15; Coracias cayennensis, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 381, n° 12; Saltator virescens, Vieill., 1823, Enc. méth., t. 2, p. 790. S. suprà viridis; subtus sordidé-albus, gutture superciliisque albis, collo antice rufescente, guld striatd, utrinque nigrd; crisso rufo; caudd wiridi, remigibus nigres- centibus, viridi limbatis; rostro nigro. Nous avons rencontré cette espèce au sein des forêts épaisses qui couvrent le pied oriental des Andes boliviennes au nord de Cochabamba, au pays des Yuracarès; dans les halliers épais remplaçant les autres arbres aux lieux défrichés et abandonnés ensuile; elle y est peu commune, et y mène le même genre de vie que les précédentes. ( 29 ) N.° 184. HABIA A CAMAIL, Saltator melanopis, Vieill. Le Camail, Bufr., Ois., t. 4, p. 254. Enl. n° 714; fig. 2; Tanagra melanopis, Lath., 1783, Syn., t. Il, 1, p.222, n.° 10; Tanagra atra, Gmel., 1789, t. 1", p. 898, n° 39; Tanagra melanopis, prince Max., 1831, Beitr., t. 3, p. 504; Saltator atra, d'Orb. et Lafr., Syn., p- 36, n. 7. S. suprà cæruleo-cinereus; fascie, mento, guttureque nigris; rectricibus remigibusque Juscis, cæruleo limbatrs. Sur le vivant. Bec noir à son extrémité, bleuatre ailleurs; yeux roux vif; pieds noirs. Longueur totale, 180 mill.; vol, 250 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 14 mill.; sa hauteur, 9 mill:; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 115 mill. Cette espèce, commune à la Guyane et au Brésil, habite aussi, dans la Bolivia, les provinces de Moxos et de Chiquitos. Nous l'avons rencontrée surtout près de Concep- cion et de San-Jose de Chiquitos, par petites troupes, sur les coteaux, au sein des halliers; ses mœurs sont celles des Habias ordinaires. GExre 11. PHYTOTOME, PAytotoma, Molina. Phytotoma, Molina, Gmel., Vieill., etc. Ce genre singulier, bien caractérisé par les nombreuses dents des com- missures, des mandibules et de Pintérieur de la mandibule supérieure, porte en outre, comme les Saltators, une forte dent près de lextrémité du bec; ses ailes sont courtes, sa queue égale assez longue. Par ses caractères z6olo- giques, il ne peut être éloigné des Habias, chez lesquels on retrouve, non les dents du bec, mais les crêtes saillantes de la mandibule supérieure; ses pieds sont robustes comme ceux des Saltators, et ses ailes sont semblables aux leurs. Par les mœurs, les Phytotomes s’en rapprochent encore davantage; car non- seulement ils vivent dans les buissons, les halliers, sy nourrissent de fruits, de baies, de bourgeons, comme les Habias, mais encore font constamment société avec eux. En conséquence, nous avons cru devoir les ranger dans la famille des Tanagridées et à la suite des Saltators, place qui nous parait la plus convenable de celles qu'on peut leur assigner. Nous en avons rapporté trois espèces : lune, la plus anciennement con- nue , habite seulement le versant occidental des Andes au Chili; autre, décrite par Azara, rencontrée par nous au sud de la province de Corrientes, au 29.° degré de latitude sud, et la troisième, sur le versant oriental des Andes boliviennes, assez près des plateaux ; ainsi ces oiseaux paraissent être spéciaux aux pays tempérés et non à la zone torride. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 292 ) N.° 185. PHYTOTOME DE BOLIVIA, Pzytotoma angustirostris, Nob. PI. XXIX, fig. 2. Phytotoma angustirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 37, n° 2. P. suprà plumbea, maculis fuscis nebulosa; fronte, gutture, collo anticè, pectore, ventre, crissoque rufis; remigibus nigro-fuscis plumbeo limbatis; caudd nigres- cente-fuscd; ‘tectricibus minoribus albo terminatis, duas obliquas vittas forman- tibus ; rectricibus albo terminatis. Sur le vivant. Bec corné, yeux orangés, pieds bruns. Longueur totale, 210 mill.; du vol, 305 mill.; de la queue, 70 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 95 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 10 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; de l’ongle du pouce, 6 mill.; circonférence du corps, 120 mill. La femelle a, longueur totale, 185 mill.; du vol, 270 mill. Mäle. Front d’un beau roux vif : cette teinte couvre aussi toutes les parties inférieures, beaucoup plus intenses sur la poitrine, plus päles au derrière et sur les couvertures inférieures de la queue; flancs gris plombé; parties supérieures plombées, avec des taches nébuleuses noirâtres au milieu des plumes; ongles et queue noiràtres; les rémiges bordées extérieurement de gris bleuätre; les rectrices terminées de blanc; les tectrices des rémiges bordées et terminées de blanc, ce qui forme sur l'aile comme deux raies blanches; dessous de Paile varié de blanc, de roux et de gris. Les jeunes mâles sont plus grivelés en dessus et d’une teinte brun livide; le rouge de la tête mélangé de gris; la gorge, le haut du cou et les couvertures inférieures de la queue rouges; la poitrine blanchätre, grivelée de noir; très-peu de blanc sur les ailes, dont les tectrices et les rémiges sont bordées de gris-roux. La femelle n’a pas de rouge sur la tête, cette partie et le dessus du cou est gris-blanc, chaque plume ayant une large tache noirûtre lon- gitudinale au milieu; le dessus du corps est bleuàtre avec de larges taches noirâtres; la gorge et la poitrine sont gris un peu lavé de roux, avec des grivelures brunes, marquées également sur les flancs; ventre roux très-pàle; le reste comme chez le mâle. Nous avons rencontré cette espèce sur le versant oriental des Andes boliviennes, dans le ravin de la Paz, aux environs de Cavari, d’Enquisivi, de Palca, provinces de Sicasica et d'Ayupaya; dans celles de Cochabamba, de Mizque, de Chuquisaca, etc., toujours dans les lieux tempérés secs et arides des coteaux et des plaines, sans jamais descendre dans les vallées chaudes, boisées et humides. On dirait que la température qu’elle préfère est celle où le blé peut pousser; car nous ne lavons jamais vue ni au-dessus ni au-dessous de cette limite, qui est notre seconde zone de hauteur. Elle se tient toujours aux environs des lieux habités et cultivés, et est très-commune. On la voit toute l’année seule, par paires ou par pelites troupes, parcourir les vergers, les jardins des villes, mélangée aux Habias, et dévaster les plantations , en coupant les bourgeons, en entamant les fruits, et cela sans danger, puisque jusqu’à présent, on s’est conlenté de se plaindre de ce parasite incommode, sans chercher les moyens de s’en défaire. Son ( 295 ) vol est court et bas, jamais prolongé; ses mœurs sont celles des Habias; néanmoins nous Passe- ne l'avons jamais vue à terre. Son cri souvent répété est on ne peut plus désagréable; "7 c'est un bruit semblable aux grincemens que produiraient des dents de scie frottées les unes contre les autres. À la saison, le Phytotome est friand du fruit d’un So/anum, qui lui colore le bec en violet, N.° 186. PHYTOTOME D’AZARA, Phytotoma rutila, Vieill. PI. XXIX, fig. 1. Habia dentudo, Azara, 1802, Æpunt. de los Pax., t. 1", p. 366, n° 91; Phytotoma rutila, Vieill., 1818, Nouv. Dict. d'hist. nat., t. 26, p. 64. P. suprà griseo-fusca; fronte, gutture, pectore, crissoque rufis; remigibus nigro- Juscis, albo limbatis ; caudd nigrescente albo terminat&; tectricibus alarum nigris, albo limbatis. Sur le vivant. Yeux jaunes, bec couleur de plomb, pieds violet brun. Longueur totale, 190 mill.; de la queue, 70 mill.; du pli de laile à son extrémité, 85 mill.; du tarse au bout des doigts, 45 mill. Cette espèce diffère de la précédente par une taille beaucoup moindre, par ses parties supérieures d’un gris-brun mélangé de verdätre, uniforme au lieu d’être bleu et tacheté de brun; par sa queue à proportion beaucoup plus longue, par ses grandes couver- tures bordées de blanc, au lieu d’être bordées de gris-roux; pour tout le reste, les dispositions sont les mêmes. Nous l'avons rencontrée au sud de la province de Corrientes, au 29.° degré de latitude australe, dans les lieux les plus sauvages des fourrés du Rincon de Luna, près du Rio Batel. Elle était silencieuse et isolée dans l’intérieur d’un buisson. Son estomac conte- nait des graines, des bourgeons et des débris d’insectes. N.° 187. PHYTOTOME RARA, Pytotoma rara, Molina. Phytotoma rara, Molina, Hist. nat. du Chili, p. 235; id., Gmel., 1789, Syst. nat., éd. 13, p. 926, n° 13; Phytotoma Bloxhami, Children, Williams Jardine /{lustrations. Phyto- toma silens, Kititz, 1827, Ueber einige Vügel von Chili, pl. 1, fig. 1-2; Lafr., 1832, Mag. de zool., cl. 11, pl. 5. P. suprà rufescente-grisea, maculis nigris notata; pileo, subtùs rectricibus (duabus mediis exceptis), pogonio externo, basi, cinnamomeis, maculd ante oculos, vittä post oculari aliäque paroticd rufescente-albis; alis nigris, tectricibus mediis albo terminalis ; caudd nigrd, apice fuscescente. Sur le vivant. Pieds bruns, bec bleuàtre-noir, yeux rouge vermillon. Longueur totale, 210 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du bec, 12 mill.; sa hauteur, 9 mill.; sa largeur, 10 mill.; vol, 270 mul. Passe- reaux. ( 294 ) On reconnait sans peine, en lisant la description du Rara dans Molina, qu’elle n’a été faite que de souvenir; car elle est remplie d’inexactitudes de dimensions et de teinte; ce qu'il dit des mœurs est bien plus exact. Comme ses habitudes sont les mêmes que celles du Phytotoma angustirostris, les dégâts qu’il cause le font poursuivre par les Chi- liens; et sa voix, quoique M. Kitilitz lait appelé Siens, est en effet l'expression de son nom, et ressemble beaucoup à celui de notre espèce bolivienne. Nous l'avons rencontré dans les ravins des environs de Valparaiso au Chili, où il est assez commun. VII FAMILLE. PIPRADÉES, PrPr4Dx. Dans cette famille, composée seulement d'oiseaux américains, nous ne possédons que trois espèces, toutes trois des forêts chaudes situées à l’est des Andes dans la Bolivia. GExre 4.7 COQ DE ROCHE, Rupicola, Briss. N° 188. COQ DE ROCHE DU PÉROU, Rupicola peruviana. Coq de roche du Pérou, Buff., Ois., t. 4, p.437, Enl. 745; Pipra peruviana, Lath.; Pipra rupi- cola, var. (2, Gmel., 1789, Syst. nat, p. 998, n° 13 Rupicola peruviana, Vieill., 1823, Encyc. méth., 1823, t. 1.”, p. 266. A. corpore croceo-rubro; tectricibus alarum majoribus cinereis, remigibus caudäque nigris, tectricibus rectricum non truncatis. Nous avons rencontré cet oiseau, mais très-rarement, sur le versant oriental des Andes boliviennes, province de Yungas, et sur les montagnes à l’est de Cochabamba, toujours à mi-hauteur des coteaux les plus boisés et les plus humides. Là il se tient constamment dans les bois épais, par couples, et le soir et le matin, il fait entendre une espèce de croassement rauque qui n’a rien d’agréable, mais qui seul annonce sa pré- sence; car, autrement, on ne l’apercevrait que très-difficilement, tant il est sauvage et fuit les environs des lieux habités. En le rapprochant des Gallinacés, et faisant un crime aux Péruviens de ne lavoir pas élevé comme oiseau domestique, Buffon se trompe entièrement sur ses mœurs. À la Yunga de Cochabamba on le nomme Chapeton. Genre 2. MANAKIN, Pipra, Linn. Nous avons deux espèces de ce genre, toutes deux des parties chaudes et boisées de la Bolivia, situées à l’est des Andes. 2 N.° 189. MANAKIN À TÈTE ROUGE, Pipra rubrocapilla. Manacus rubrocapillus, Briss., Orn., t. 4, p. 450; Pipra erythrocephala, Gmel., 1789, var. O2, Syst. nat., p. 1001,n. 6; Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 19, p.185 ; Temm., pl. col, 54, fig. 3. Vo To en ( 295!) P. Nigro chalybeus, capite suprà coccineo; cruribus flavescens externis, in infimd parte coccineis, rectricibus lateralibus nigricantibus. Sur le vivant. Yeux jaunes, bec corné, pieds rosés. Longueur totale, 120 millimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 20 mill. La femelle est vert foncé en dessus, plus pâle en dessous, passant au blanchâtre sur le ventre. Nous n’avons rencontré cette jolie espèce qu’au sein des forêts humides et chaudes du pied oriental des Andes boliviennes au pays des Yuracarès. Elle se tient au milieu des bois, sur les branches des arbres; elle y est peu commune et des plus sauvage. N.° 190. MANAKIN À QUEUE RAYÉE, Pipra fasciata, Nob. PL XXX, fig. 1. Pipra fasciata, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 38, n.° 2. P. suprà à rostro ad dorsi medium aurantio-coccineus ; fronte, gutture, pectore, flexurdque alæ, aureo-coccineis ; abdomine , vittd latd ad medium caudæ fasciatd, crissoque flavis; dorso, uropygio, alis, caudäque nigris. Sur le vivant. Bec bleuätre, pieds violets, yeux blancs. Longueur totale, 110 mill.; du vol, 220 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 30 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur, 3 mill.; circon- férence du corps, 100 mill. Mäle. Toute la moitié antérieure du corps et la tête d’un bel orangé vif, passant au rouge sur le derrière de la tête et sur la poitrine; le pli de Paile, le ventre, les cou- vertures inférieures de la queue et une large fascie en travers de la queue, d’un jaune pale; ailes, dos, croupion, base et extrémité de la queue, d’un beau noir. Une tache blanche sur le milieu de la longueur des rémiges à leur côté interne. La femelle et les jeunes mâles sont verdätre uniforme. Cette charmante espèce est voisinie du Pipra aureola, mais s'en distingue par ses pieds plus forts, plus foncés, et par sa queue fasciée. Nous l’avons rencontrée successive- ment aux environs de Santa-Cruz de la Sierra et au pays des Guarayos, république de Bolivia, au centre de l'Amérique méridionale. Quoique toujours rare, elle est peu crain- tive et se tent sur les branches basses des grands arbres, dans les bois les plus épais. VIII. FAMILLE. CORACINIDÉES, CorAcrN1px. Les oiseaux de cette famille sont tous des régions chaudes et humides situées à l’est des Andes. Passe- reaux, Passe- reaux. ( 296 ) Gex CÉPHALOPTÈRE, Cephalopterus, Gcoff. Saint-Hil. N.° 191. CÉPHALOPTÈRE ORNÉ, Cephalopterus ornatus, Geoff. Cephalopterus ornatus, Geoff., Ann. du Museum, t. 13, pl. 15; Coracina cephaloptera, Vieill., Gal., pl. 114; Temm., col., 255; Coracina ornata, Spix, 59. C. Totus niger, nitens ; crist& concolore et albd; lateribus colli glabris, cyaneis ; rostro pedibusque nigris. Nous n'avons pas vu cet oiseau vivant; mais on nous en a montré une peau en mau- vais état, rapportée de la province d’Apolobamba, au nord de la république de Bolivia, et prise sur les rives du Rio Béni; fait que nous n’indiquons que comme pouvant déterminer son habitat. IX. FAMILLE. AMPÉLIDÉES, {wP£L1Dx. Famille composée d’oiseaux propres aux forêts chaudes de la zone tropicale situées à l’est des Andes, et n’habitant que les bois. Gexre 1. PIAUHAU, Querula, Vielll. Ampelis, Muscicapa, Auct. Nous n'avons rencontré qu’une seule espèce de ce genre. N.° 192. PIAUHAU GRIS, Querula cineracea, Nob. Ampelis cineracea, Vieïill., 1817, Nouv. Dict., t. 8, p. 162; Muscicapa plumbea, Licht., 1823, Doub., n° 553; Querula cinerea, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 39. Q. cinereo-fusca , subtus cinerea, rostro nigrescente, pedibus cærulescentibus. Sur le vivant. Bec noirätre, pieds bleuàtres, yeux bruns. Longueur totale, 280 mill. ; du pli de l'aile à son extrémité, 125 mill.; de la queue, 110; circonférence du corps, 180 mill. Nous avons rencontré cette espèce dans les jardins de la mission de Magdalena, pro- _ vince de Moxos, république de Bolivia, c’est-à-dire dans les plaines chaudes situées à l'est des Andes; elle sautillait sur les branches d’un arbre. Genre 2. COTINGA, Ampels, Linn. Cotinga, Brisson. Nous ne possédons que trois espèces de ce genre, dont deux nouvelles, des contre- forts orientaux des Andes boliviennes. ( 297 ) N° 193. COTINGA QUEREIVA, Ampelis cayennensis, Nob. Cotinga cayennensis, Briss., 1760, Orn., t. 2, p. 344, n° 3; t. 34, fig. 3; Quereiva, Buff,, Ois., t. 4, p. 444, Enl., 624; Æmpelis cayana, Lath., 1783, Syn., 2, t.1., p. 95, n° 3; id. Gmel., 1789, Syst. nat., p. 840, n° 6; Ampelis cayana, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 40, nn 2. A. nitida, cærulea, collo subtus violaceo ; remigibus rectricibusque nigris, cæruleo marginalis ; rostro pedibusque nigris. Nous avons rencontré ce bel oiseau dans les immenses forêts chaudes et humides qui couvrent le pied oriental des Andes boliviennes au pays des Yuracarès. Il se tenait au milieu des bois sur les branches des arbres touffus. Il y est rare, et les indigènes, lorsqu'ils parviennent à le tuer à coups de flèche, en conservent la peau comme une chose précieuse. N° 194. COTINGA À HUPPE ROUGE, 4mpelis rubrocristata, Nob. PI. XXXI, fig. 1. Ampelis rubrocristata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 39, n.° 1. A. suprà cinereo-cærulea; uropygio albo variegato; crist& elongatä splendidé cinna- momeä, loris, alis caudäque nigris; subtüs cinerea, abdomine, crissoque albo variegatis , rectricibus (duabus mediis exceptis) macul& quadrat& albà. Sur le vivant. Pieds noirätres, bec noir à son extrémité, bleu pale à sa base; yeux rouge vif. Longueur totale, 210 millimètres; du vol, 350 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 111 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 48 mill.; du doigt du milieu, 24 mill.; du bec, 12 mill.; sa largeur, 9 mill.; sa hauteur, 6 mill.; circonférence du corps, 140 mill. Mäle. Toutes les parties supérieures d’un gris ardoisé, uniforme sur les parties anté- rieures du corps, variées de blanchâtre au croupion; les parties inférieures gris foncé sur le cou, plus pale en arrière, variées de blanc au milieu du ventre et sur les cou- vertures inférieures de la queue; sur le derrière de la tête un faisceau de plumes longues el étroites, acuminées, d’un beau roux foncé vif, et pouvant se relever en huppe, accom- pagnées, en dessus, de quelques-unes qui sont grises; rémiges et leurs couvertures, rectrices, noires; les dernières, les deux supérieures exceptées, marquées sur leur côté interne, au milieu de leur longueur, d’une tache blanche carrée. Femelle où jeune sans huppe, le dessus de la tête noirätre, les parties supérieures brunes, variées d’un peu de roux aux plumes scapulaires, et de jaune au croupion ; devant du cou gris-brun, très-peu varié de jaunâtre; le ventre et les couvertures infé- rieures de la queue marqués de longues taches noires sur un fond jaune clair; les ailes et la queue comme dans le mâle. QY IV. Oùis. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 298 ) Cette charmante espèce habite les montagnes boisées chaudes et humides du versant oriental des Andes boliviennes, au nord de la Paz, dans la province de Yungas et d'Ayupaya, où elle parait très-rare. Nous l'avons rencontrée près de Chupé et de Palea, seulement dans les lieux élevés, voyageant par paires au sein des bois touffus, d’où elle ne sort jamais. Elle est des plus sauvage, et lorsqu'on linquiète, elle relève de suite la huppe dont sa tête est ornée; dans le repos les plumes tombent sur le cou. Nous ne lui avons entendu proférer aucun cri. N° 195. COTINGA VERT, 4mpelis wiridis, Nob. Pl. XXX, fig. 2. Ampelis viridis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 40, n.° 3. A. suprà pecloreque prasino-viridis; oculis parvis plumis ciliiformibus, luteis cir- cumdatis; gutture, ventro crissoque luteis, viridi variatis; remigibus nigris, viridi limbatis, secundariis, albo terminatis ; caud& supra wiridi; rectricibus, pogonio interno nigro, maculd magnd nigr& ante apicem albescente terminatis ; rostro pedibusque rubris. Sur le vivant. Bec et pieds rouge de vermillon vif, yeux jaunes. Longueur totale, 210 millimètres; du vol, 310 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 95 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 47 mill.; du doigt du milieu, 17 mill.; du bec, 11 mill.; sa hauteur, 5 mill.; sa largeur, 7 mill.; circonférence du corps, 150 mul. D'un beau vert foncé vif; le tour des yeux jaune, cette couleur variant le haut de la orge , le milieu du ventre et les couvertures inférieures de la queue, où elle est écaillée de vert; rémiges noiràtres, bordées de vert, toutes les secondaires terminées de blanc; les trois postérieures ornées en outre, près de leur extrémité et du côté interne, d’une tache noire; les deux rectrices supérieures vertes, les autres noiràtres du côté interne; elles sont, de plus, marquées d’une tache noire près de leur extrémité, et terminées d’un peu de blanc en bordure; dessous de la queue noirâtre; queue longue, arrondie, les pennes terminées un peu en pointe; ailes courtes, la quatrième rémige la plus longue, les rémiges secondaires terminées en pointe. Nous devons au hasard la connaissance de cette espèce, qui figure aujourd’hui dans les collections du Muséum. Étant à Chulumani, capitale de la province de Yungas, à l’est des Andes boliviennes de la Paz, un habitant vint nous prévenir que, dans une église en construction, il y avait un oiseau étranger; nous nous y rendimes, et rencon- trames cette espèce, qui volait d’une poutre à l’autre, sans chercher à sortir; nous la tirames pour ne pas la perdre, et jamais depuis nous n’en avons rencontré d’autres individus. C'était sans doute un oiseau égaré; car les habitans nous assurèrent tous ne l'avoir pas encore vu dans le pays. ( 299 ) Genre. 3. TERSINE, T'ersina, Vieilll. Nous n’en connaissons qu'une espèce. N.° 196. TERSINE BLEUE, Zersina tersa. Ampelis tersa, Linn., Lath., 1783, Syn. TI, 1, p.95; n. 4; Gmel., 1789, Syst. nat., p. 841, n. 73 la Tersine, Buff., Ois., 4, p. 446; Procnia ventralis, Illig.; Tersina cærulea, Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 33, p. 401; Procnia ventralis, Prince Max., Beitr., t. 3, p. 385. T. capistro guttureque nigris, corpore suprà, pectore, hypocondris, tectricibus alarum minoribus diluté cæruleis; ventre medio albo; rostro pedibusque nigris. Nous avons rencontré cette espèce dans les bois qui bordent le Rio Pyray, non loin de Santa-Cruz de la Sierra en Bolivia; ainsi elle habiterait tout le Brésil, ou pour mieux dire, toutes les parties chaudes situées à l’est des Andes et de leurs contreforts. Elle va par troupes nombreuses, comme les Tangaras, et tout nous ferait croire qu’elle doit être rapprochée des Tanagridées. X.° FAMILLE. MUSCICAPIDÉES, MoscrcarrDr. Cette famille, bien facile à reconnaître par les longs poils roides qui ornent la base de son bec, est du reste trop connue pour que nous en décrivions les caractères. La grande disparité dans les mœurs et les habitudes des oiseaux qui la composent, ne nous permettant pas non plus d'établir des généralités, nous nous bornerons à dire que nos observations immédiates sur les habitudes de ceux que nous y réunissons, nous ont déterminé à la diviser ainsi qu'il suit”: : 1. C’est après avoir discuté tous les caractères zoologiques et les mœurs des espèces, après avoir revu avec.critique nos descriptions écrites sur les lieux, que nous avons donné cette divi- sion, qui nous parait infiniment plus naturelle que celle que, d'accord avec M. de Lafresnaye, nous avions présentée dans notre Synopsis. Passe- reaux. Passe- reaux. Nombre des espèces, AIS: UN à ve TO SYLVICOLES. ON. ONE . . + <{Pachyrhynchuss . . 1 LVTARNUS., 7: 1 04 Hiranidinen 24.270 Todirostrum. . . . . 4 Muscipéta . « + . 11 DUMICOLES proprement dits, se tenant ee k Muscicapara . . . . . 13 dans l’intérieur des fourrés et ne se perchant pas au dehors. Setophaga . ..... 3 MUSCICAPIDEES . COURCNOMMNE NL AT 3 Dumicozes. . 4 (4 11115 CRIER Arundinicola . . . . jamais dans les fourrés et se perchant ALT RE STELTT 2 2 DUMICOLES PERCHEURS, n’entrant Suiriri. ....... 3 5 toujours au dehors. q Alectürus 2402084 Flüvicolas 205 7 00704 ) HuxicoLes. . . . . . re 0 VASE Pepoaza . . ..... 13 Muscigrallar: um Muscisaccicola . . . . 4 89 Sur ce nombre de quatre-vingt-neuf espèces, que nous avons observées dans nos voyages, 1. quarante-sept, ou plus de la moitié, sont de notre première zone de latitude, dans les plaines, ou des régions chaudes situées à l'est des Andes; dans ce nombre, six sont également de la première zone de hauteur, six se trouvent simultanément dans la première et la seconde zone, et deux (le Tyrannus savana et V Ada perspicillata) habitent en même temps les trois zones de latitude. 2° Douze, ou plus du huitième, appartiennent à notre seconde zone de latitude; de celles-ci trois se trouvent encore dans notre seconde zone de hauteur en Bolivia. 3. Quatre sont spéciales à notre troisième zone de latitude, sur lesquelles la moitié se rencontre simultanément dans notre troisième zone de hauteur, au sommet des Andes. Après les distinctions que nous venons de faire et le nombre simultané des espèces qu'on rencontre dans les deux séries de zones, il nous reste encore, pour les zones d'élévation au-dessus du niveau de la mer, sur les Andes, 1. douze espèces dans la première zone; 2.° six dans la seconde, et 3.° six dans la troisième. De toutes les espèces, dix seulement se trouvent à l’ouest des Andes, toutes les autres sont de lest; encore parmi les premières y en a-t-il quatre qu’on rencontre simultanément à lest et à l’ouest. ( 501 ) 1. DIVISION. MUSCICAPIDÉES SYLVICOLES, Muscicapidæ sykicolæ, Nob. Tous habitent les forêts ou se perchent au moins sur les arbres. Par cette même raison ils sont presque tous des régions chaudes et tempérées. Gexre 1. BÉCARDE, Paris, Cuv. Lanius, Linn., Gmel., Lath.; Tityra, Vieill. Ce sont, parmi les Muscicapidées, les oiseaux qui se tiennent le plus volon- üers au sommet des grands arbres des forêts, tout en ayant là les mêmes habitudes que les Tyrans sur les buissons. Toutes les espèces que nous con- naissons appartiennent aux régions chaudes et boisées des plaines du centre de PAmérique méridionale. N.° 197. BÉCARDE ORDINAIRE, Psaris cayanus. Lanius cayanus, Linn., Gmel., 1789, Syst. nat., édit. 13, p. 304, n° 20; Lath., 1781, Syn., 1,1,p.181,n. 413 Lanius nœævius, Lath., Gmel., n° 20, f2; Becarde, Buff., 1770, Ois., t.1.", p. 311, Enl., 304; Tityra cinerea, Viell., 1823, Enc. méth., t. 2, p. 859; Caracte- risado blanco cabos negros, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 176, n° 207; d'Orb. et Lafr., Syn., p.41, 0. 13 Pachyrhynchus cayanus, Spix, pl. 44. P. suprà cinerea, subtus alba; capite, remigibus rectricibusque nigris; rostro basi rubro, apice nigro. Sur le vivant. Bec rougeätre à sa base, noir à son extrémité, partie nue du tour des yeux rouge; pieds bleuâtres. Longueur totale, 245 millimètres; vol, 390 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 125 mill.; circonférence du corps, 150 mill. Nous avons rencontré les oiseaux de cette espèce dans les grandes forêts qui séparent Santa-Cruz de la Sierra de Chiquitos, et au pays des Guarayos, entre les provinces de Chiquitos et de Moxos, république de Bolivia, toujours par paires, se perchant au sommet des plus hauts arbres, y restant immobiles, sans monirer de crainte. Ils sont peu répandus et même rares. N.° 198. BECARDE À QUEUE BARRÉE, Psaris semifasciatus, Nob. Pachyrhynchus semifasciatus, Spix, Aves, pl. 44, fig. 23 Psaris Cuvieri, Sw.; Psaris semi- Jfasciatus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2. P. suprà sublüsque cinerea, capite antice, remigibus rectricibusque apice nigris ; caudd basi albd; rostro roseo, pedibus nigris. Sur le vivant. Bec rosé à la base, corné à son extrémité; yeux roux, partie nue du tour des yeux rouge vif, pieds noirs. Longueur totale, 230 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 130 mill.; de la queue, 65 mill.; du bec, 23 mill.; sa hauteur, 121/2 mill.; circonférence du corps, 150 mill. Passe- reaux, Passe- reaux. ( 502 ) La femelle manque de noir à la tête; cette partie, ainsi que le dessus, est en elle cendré sale, tirant sur le brun. Nous avons aperçu plusieurs fois cette espèce aux environs de Santa-Cruz de la Sierra, près Santo-Corazon de Chiquitos, en Bolivia. Elle y est très-peu commune, et se tient sur les grands buissons et sur les arbres à la lisière des bois; souvent elle reste immo- bile sur une branche, comme les Tyrans. Elle se nourrit d'insectes. N.° 199. BÉCARDE INQUISITEUR, Psaris inquisitor, Nob. Lanius inquisitor, Licht., 1823, Doub., n° 530, 531; Psaris erythrogenis, Selby, Zool. Journ., cah. 8, p. 483 (fem.); Psaris inquisitor, d'Orb. et Lafr., Syn., n.° 3. L. Mas. Loris plumatis, capite suprà, remigibus rectricibusque nigris; dorso cinereo, subtüus albo; rostro pedibusque cœæruleis. | Fem. Fronte, regione ophtalmicd et paroticd rufescentibus; dorso nigro notato, subtüs cinerascente. Sur le vivant. Bec et pieds bleu foncé, yeux rougeàtres. Longueur totale, 210 milli- mètres; du pli de l'aile à son extrémité, 110 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 20 mill.; sa hauteur, 9 mill.; sa largeur, 14 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Cette Bécarde, que la différence de livrée entre les sexes avait fait mal à propos diviser en deux espèces, habite les provinces de Santa-Cruz de la Sierra et de Chiquitos en Bolivia, seulement dans les plaines chaudes; elle se tient sur le haut des arbres comme les Tyrans, et y attend les insectes dont elle se saisit. Elle est peu craintive. Nous pouvons d'autant mieux affirmer que le Psaris erythrogenis de Selby n’est que la femelle du Psaris inquisitor, que nous avons tué près de leur nid des individus des deux sexes. N.° 200. BÉCARDE À GORGE ROSE, Psaris roseicollis, Nob. Jun. Caracterisado canela y ‘corona de Pizarra, Azar., 1805, Apunt. de los Pax., t. 2, p. 181, n° 208; Tityra rufa, Vieill., 2816, Nouv. Dict. d'hist. nat., t. 3, p. 347; id. Enc. méth., t. 2,p. 859 (d'après Azara, n.° 108); Lanius validus, Licht., 1828, Doub., p. 50, n.° 532. Fem. Caracterisado canela y cabeza negra, Azara, ibid., p. 182,n. 109; Tityra atricapilla, Vieill., 1816, Nouv. Dict., p. 348, Enc., p. 859 (d'après Azara, n° 109); Lanius validus, Licht., n° 532; Psaris atricapillus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 4. Mas. Psaris roseicollis, d'Orb. et Lafr., Syn. n.° 5. P. suprà ater aut fusco-niger; capite nigro; subtüs schistaceus, collo anticé pecto- reque roseis, scapularibus basi albis. Sur le vivant (mâle). Pieds noirâtres, yeux bruns, bec noir. Femelle. Bec bleuàtre en dessus, olivatre en dessous; yeux bruns, pieds bleuâtre foncé. Longueur totale, 200 mill.; du vol, 31 mill.; circonférence du corps, 130 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 95 mill.; de la queue, 65 mill.; du bec, 16 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 81/2 mill. ( 305 ) Le male est noirâtre sur le corps, sa tête est noir foncé, le dessous ardoisé, la base des scapulaires blanche. La femelle a également la tête noire en dessus, le dos brun, le croupion verdàtre, teinté de roux, les parties inférieures d’un roux gris, plus foncé sur la poitrine; sur le devant du cou une tache plus pâle, presque blanche, remplace le rose du màle; la base des scapulaires est également blanche. Les jeunes ont les parties inférieures roussàtres : cette dernière teinte est plus généralement répandue en dessus. Ces trois âges différens, comme on le voit par la synonymie, ont motivé pour les auteurs quatre noms distincts; néanmoins nous pouvons assurer qu'ils appartiennent bien au même oiseau, auquel nous avons conservé la dénomination qui caractérise le màle en plumage d'amour, toutes les autres ayant été données sur des oiseaux non parfaits. Nous avons rencontré cette jolie Bécarde dans les immenses forêts humides et chaudes du pays des Guarayos et des Yuaracarès en Bolivia, ainsi que dans la pro- vince de Chiquitos, où elle a le genre de vie des espèces précédentes. Elle n’est jamais commune et sa livrée parfaite est rare. Genre 2. PACHYRHYNQUE, Pachyrhynchus, Sw. Ce genre, dont nous ne connaissons qu’une espèce américaine, vit dans les mêmes lieux et a les mêmes habitudes que les Psaris. N.° 201. PACHYRHYNQUE A BORDURES, Pachyrhynchus marginatus, Nob. PL XXXL fs. 2, 3,14. Todus marginatus, Licht., 1823, Doub., p. 51, n° 539; Pachyrhynchus marginatus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 1. P. capite suprà rufescente; dorso viridi; alis nigris, tectricibus remigibusque secun- dariis ferrugineo limbatis; caudd gradatd, rufescente; rectricibus intermediis olivaceis. Sur le vivant. Bec bleu, pieds bleuâtres, yeux jaunes. Longueur totale, 140 mill.; du pli de laile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 45 mill.; du bec, 9 mill.; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Nous avons rencontré cette espèce dans les immenses forêts chaudes et humides du pied oriental des Andes boliviennes, au pays des Yuracarès. Elle se tient sur les petits arbustes du bord des rivières. Gexre 5. TYRAN, Z’yrannus, Vieill. Suiriri, Azara. Remarquables, parmi les Muscicapidées, par leur taille et par leurs mœurs, les Tyrans ont le bec fort allongé, crochu à son extrémité, renflé sur les côtés. Ce sont des oiseaux voyageurs qui vivent dans les savanes, les cam- Passe- reaux. ( 504 ) Passe pagnes habitées ou à la lisière des bois, se tiennent sur le sommet des buis- reaux. sons et des petits arbres, poursuivent les insectes qui passent à leur portée, descendent rarement à terre, ne pénétrant pas dans Pintérieur des bois; ils sont courageux, criards et disputent les approches de leur nichée à tous les oiseaux de proie, 1. SECTION. À. TYRANS A BEC FORT, Tyranni fortirostres, Nob. Ailes médiocres, à extrémité entière; queue égale, pieds courts, bec très- fort, peu déprimé. Is se tiennent dans les lieux boisés, sauvages ou Lu Is habitent toutes les régions situées à l’est des Andes, surtout les plaines. N.° 202. TYRAN BELLIQUEUX, Tyrannus sulfuratus. L'œuf, pl. XXXIX, fig. 3; XLIX, fig. 3. Bécarde à ventre jaune, Buff., 1770, Ois., t 1°, p. 312, Enl., 296; Geai à ventre jaune de Cayenne, Buff., 1775, Ois., t. 3, p. 119, Enl.249; Lanius cayanensis luteus, Briss., 4v., 2, p-176; Lanius sulfuratus, Lath., 1581,$yn., 1, p.188, n°40; Corvus flavus ,id., 1,p. 392; Lanius sulfuratus, Gmel., 1789, Syst., n° 19, p. 304; Corvus flavus, id., n° 38, p. 373; CRE L'ENEAS ; : = Suiriri bienteveo où Puitanga, Azara, 1805, Æpunt. par. los Pazx., t. 2, p. 157, n° 200; 5%; ) Da à / ) ) 75 T'yrannus bellicosus, Vieil., 1819, Dict.,t. 35, p. 743 id. Enc. méth., t. 2, p. 846 (d'après \zara); Tyrannus magnanimus, Vieill., 1823, Enc., t 2, p. 850 (d'après les auteurs); "7? ep ü nr H u f 9 T'yrannus sulfuratus, d'Orb. et Lafr., Sy Ty Te” le T. superné fuscus, inferné sulfureus ; capite nigricante , medio flavo; fronte, super- ciliis guttureque albis ; remigibus rectricibusque fuscis , rufo externé limbatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Comme on le voit par la synonymie, cette espèce porte un grand nombre de noms dans les auteurs qui se sont copiés les uns les autres sans critique; confusion provenue, sans doute, de ce que, sous le nom de Bienteveo (sa dénomination espagnole), elle a été confondue avec le Pitanga (Tyran bec en cuiller), qui en est bien différent; et cela, parce que le nom guarani Pitanga est le même pour les deux. Nous avons cru dès-lors devoir revenir au nom le plus ancien pour désigner celle-ci. Nous avons trouvé ce Tyran depuis Buenos-Ayres, Montevideo, Corrientes, jusque dans presque toute la Bolivia, au moins à Chiquitos et sur tout le versant oriental des Andes, à Cochabamba, Chuquisaca, etc. Il habite donc simultanément nos deux pre- mières zones de latitude et de hauteur. On le voit partout, des plus familier, vivre non loin des habitations, dans les vergers ou sur les arbres qui bordent les rivières. Là, perché sur le point culminant ou sur les grosses branches des arbres, il reste 1mmo- bile, ne s’envolant subitement qu’afin de poursuivre un insecte qui passe à sa portée. Au bord des eaux nous l'avons vu prendre son essor, planer comme les Martins-pécheurs, ( 505 ) fondre, de même que les oiseaux de proie, sur l’insecte qu’il convoitait, puis revenir se poser à la place qu'il avait quittée. Il n’émigre pas; et quand lhiver il manque d'insectes, on le voit s'approcher encore davantage des habitations, pour manger la viande qu'on y met sécher; c’est alors aussi qu’il suit les Urubus et autres cathartes, pour se saisir des petits lambeaux de chair que ceux-ci détachent du cadavre des animaux morts. Nous les avons vus se réunir par paires au printemps (Septembre et Octobre). A cette époque ils choisissent un arbre isolé de moyenne hauteur ou un buisson, et y construisent leur nid, à la bifurcation des branches supérieures. Ce nid volumineux est mélangé de branchages et de plumes, formant une masse sphérique, sur le côté de laquelle est pratiquée une petite ouverture par où l'oiseau peut pénétrer au centre, tapissé de duvet très-fin : c’est là que la femelle dépose quatre à cinq œufs de trente millimètres de diamètre, allongés, d’un blanc sale, tachetés de points violets arrondis, rares, excepté sur le gros bout, où ils forment une couronne. Tant que les amours durent, le mäle et la femelle, des plus unis, se tiennent aux environs de leur nid, qu'ils défendent avec courage contre les oiseaux de proie et les autres oiseaux, les poursuivant à coups de bec en jetant des cris; ce qu’ils font également, quand quelqu'un s'approche de leur nichée. Leur cri habituel rend assez bien ces paroles espagnoles Bien te veo (je te vois bien), qui est leur nom à Montevideo et Buenos-Ayres; et cette habitude de crier les à fait appeler 7estigos (témoins) à Cochabamba; ils portent encore dans les langues indigènes des noms propres plus ou moins imitatifs de leurs cris ou de leurs habitudes. Les Guaranis les nomment Pitagua; les Mbocobis du Chaco, Coalac; les Cayuvavas de Moxos, Daquirilr. N.° 203. TYRAN CAUDEC, Tyrannus audax, Vieill. Caudec, Buff., Ois., t. 4, p. 582, Enl., 453, fig. 2; Muscicapa audax, Lath., 1783, Syn., Il, 1,p. 353,n. 64; id., Gmel., 1789, Syst. nat., p. 934, n° 34 ; Suiriri chorreado todo, Azara, 1805, Æpunt.,t. 2, p.145,n.° 196; Tyrannus solitarius, Vieill., 1816, Nouv. Dict., t. 3, p. 88; Encycl. méth., t. 2, p. 853 (d'après Azara, n° 196); T'yrannus audax, Vieill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 846; id., Prince Max., 1831, Beitr., t. 3, p. 8809. T'. vertice pennis intus flavis, extus nigricantibus ; loris, circeum oculos , auribusque nigris; suprà fusco, pennis flavescente marginatis; uropygio cauddäque margine rufis; subtus flavescente nigro maculato, gutture albescente; remigibus , tectrici- busque nigris luteo marginatis. Sur le vivant. Bec noiràtre en dessus, corné à sa base; pieds bleus, yeux roux. Lon- gueur totale, 225 millimètres; du vol, 365 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 110 mill.; circonférence du corps, 130 mil. Nous avons rencontré cette espèce d’abord au 28.° degré de latitude sud dans la province de Corrientes; nous l’avons retrouvée vers le 15.° degré dans celles de Santa- Cruz de la Sierra et de Chiquitos, en Bolivia, toujours dans notre première zone de latitude. Elle se tient près des eaux, sur le sommet des buissons et des petits arbres, IV. Ois. 39 Passe- reaux. ( 506 ) fase d'où elle s'envole pour saisir sa proie. Elle est peu commune et paraît constamment reaux, voyager. Son cri l’a fait confondre avec tous les autres Tyrans sous le nom de Srriri ou Sourriri, dont il est l'expression. N.° 204. TYRAN COLÉRIQUE, Tyrannus crinitus, Nob. Turdus crinitus, Linn., Syst. nat., éd. 10, sp. 103 Muscicapa virginiana cristata, Briss., Orn., tu 2,p. 412, n° 28; Moucherolle de Virginie à huppe verte, Buff., Ois., t. 4, p. 565, Enl. 569, fig. 1; Zyran de la Louisiane, Buff., Ois., t. 4, p. 583; Catesby, Car., t. 1, p. 52; Muscicapa crinita, Lath., Syn., I, 1783, p. 357, n° 61; Muscicapa ludoviciana , id., Syn., p. 358,n. 63; Muscicapa crinita, Gmel., 1789, Syst. nat., éd. 13, p.934, n." 6; Muscicapa ludoviciana, id., n° 33; Suiriri pardo y rojo, Azara, 1805, 4 punt., 1.2, p.143, n°195; Tyrannus irritabilis, Vieil., 1823, Encycl. méth., t. 2,p. 847; Tyrannus crinius, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 43, n.° 3. T. capite, dorso colloque suprä fusco virescens; gutture cærulescens, abdomine Jlavescente, remigibus fuscis, externè rufo limbatis, rectricibus nigrescentibus , intus rufescentibus. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bistrés. Longueur totale, 200 millimètres; du vol, 280 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Cette espèce, confondue sous plusieurs noms par les auteurs et décrite comme appar- tenant exclusivement à l'Amérique septentrionale, s’est montrée à nous à Corrientes, république Argentine, au 28. degré de latitude sud, et dans la province de Yungas, en Bolivia, sur les contreforts boisés et chauds des Andes. Loin d’avoir les mœurs familières de l'espèce précédente, celle-ci se tient toujours au sein des bois ou loin des habita- lions, On la voit perchée solitairement et sans crainte au sommet des branches, y rester immobile, la tête rentrée dans les épaules d’un air mélancolique, guettant les insectes; mais en aperçoit-elle un? les plumes de la tête se redressent subitement, elle s'envole, le saisit et revient le dépecer sur sa branche, en le frappant plusieurs fois. Nous ne l'avons jamais vue à terre. À Corrientes, ces oiseaux sont de passage; néanmoins on nous à assuré qu'ils nichent dans les lianes, au sommet des arbres. Dans tous les cas ils arrivent aux mois de Mai et de Juin; c’est à la mème époque que nous les avons vus dans la province de Yungas. Moins criards que les autres espèces, leur cri est encore analogue à celui de l'espèce précédente. N.° 205. TYRAN FÉROCE, Tyrannus ferox, Vieill. T'yrannus cayennensis, Briss., Av., 2, p. 398, n.° 21; Tyran de Cayenne, Buff., Ois., t. 4 d ) ) ete CE, j=3, DEP ) ) ) pe 5821, Enl. 571, fig. 1; Muscicapa ferox, Lath., 1783, Syn., t. Il, 1, p. 357, n. 62; idem, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 934, n° 32; Suiriri pardo amarillo mayor y menor, Azara, 1805, Apunt., t. 2,p.140 et138, n° 194 et 193; Tyrannus ferox, Vieill., 1823, Encyc. méth., te 2, p. 848; Muscicapa ferox, prince Max., 1831, Beitr., t 3, p. 855; Tyrannus ferox, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 43, n° 4. ( 307 ) T. supra saturate fuscus, subtüs dilute sulphureus, gul& pectoreque cinereo-cæruleis, remigibus nigris, margine fusco-olivaceis; rectricibus nigrescentibus, externe albes- cente marginalis. . Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 180 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 70 mill.; circonférence du corps, 120 mill. Les mâles sont beaucoup plus foncés en dessus que les femelles, et leurs couleurs sont plus vives. Cette espèce, que nous croyons reconnaître parfaitement dans les n.® 193 et 194 d’Azara, avait été confondue par Vieillot avec le n.° 195 de l’auteur espagnol, qui est véritablement le Tyrannus crinitus; ce-sera l’une des nombreuses erreurs que nous aurons rectifiées dans les auteurs qui ont cité Azara. Nous avons assez fréquemment rencontré cette espèce dans la république de Bolivia, au sein des provinces de Yungas, de Moxos, de Chiquitos et de Santa-Cruz de la Sierra, ou, pour mieux dire, dans toute notre première zone de latitude et de hauteur. Elle se tient familièrement à la lisière des bois, et a les habitudes du Tyrannus sulphuratus, sans néanmoins se percher aussi haut sur les branches. N.° 206. TYRAN À AILE ARMÉE, Tyrannus tuberculifer, Nob. PL XXXII, fig. 2-2. Tyrannus tuberculifer, d'Oxb. et Lafr., Syn., n° 6. T. supra olivascens , vertice alarum caudäque fumosis ; collo antico pallidé cinereo, pectore, abdomine pallidé sulphureis; alis intus et prope flexuram tuberculis duobus minutis corneis armatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bistrés. Longueur totale, 190 millimètres ; du vol, 250 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 78 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du doigt du milieu, {5 mill.; du bec, 16 mill.; sa largeur, 9 mill.; sa hauteur, 41/2 mill.; circonférence du corps, 110 mill. | Tout le dessus du corps olivàtre, passant au noirätre sur la tête et au vert sur le croupion; gorge et devant du cou gris ardoisé très-clair; ventre et couvertures inférieures des ailes et de la queue jaune pâle; ailes et ses couvertures brun noiràtre, légèrement bordées de plus pale; queue égale, longue, brune, bordée de verdatre; les deux pennes extérieures limbées de plus pale; deux tubercules cornés au pli de Paile. Cette espèce, voisine de la précédente, s’en distingue par une taille plus petite et par le manque de bordure blanchätre aux plumes scapulaires. Nous l'avons rencontrée dans les bois du centre de l'Amérique méridionale, entre les provinces de Chiquitos et de Moxos, au pays des sauvages Guarayos; elle a en tout les mœurs de lespèce n.° 205. N.° 207. TYRAN ARDOISÉ, Tyrannus fumigatus, Nob. Tyrannus fumigatus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 43, n° 7. Supra totus fusco-ardesiacus, pileo paulultm obscuriore, alis caudäque Jusco-nigris, remigibus læviter apice emarginatis; tectricibus remigibusque secundariis griseo limbatis; subtüs obscurè cinerascens , abdomine medio anoque pallidioribus. Passe- reaux. = Passe- reaux, ( 508 ) Sur le vivant. Bec noir en dessus, brun en dessous; pieds noirs, yeux bruns. Lon- gueur totale, 185 millimètres; du vol, 300 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 95 mill.; de la queue, 70 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du bec, 13 mul; sa largeur, 8 mill.; sa hauteur, 5 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Toutes les parties supérieures brun ardoisé, plus foncé sur la tête; toutes les parties inférieures gris ardoisé, passant au blanchätre sous la gorge et au derrière; du blan- chätre autour des yeux; ailes et queue noiràtres, les premières secondaires bordées de plus pale. Nous avons lué celte espèce sur la crète des montagnes boisées voisines du village d'Irupana, province de Yungas, sur le versant oriental des Andes boliviennes. Elle était, dans un bois humide, perchée sur le haut d’un arbre, où, tout en chantant, elle relevait les plumes du dessus de la tête. Nous ne l'avons pas revue depuis. 2. SEcrion. B. TYRANS A BEC DROIT, Tyranni rectirostres, Nob. Bec droit en dessus, extrémité courbée subitement et crochue; tarses longs, ailes courtes, entières; queue médiocre, égale; couleurs rousses ou roussâtres. Ils vivent principalement dans les bois, près des eaux, préférant les buissons aux grands arbres. Tous sont de lest des Andes et des régions chaudes. N.”208° TYRAN ROUSSATRE, Tyrannus rufescens, Nob. T. suprà rufescens, capite parum grisescente, uropygio caudäque intensè rufis; remigibus nigrescentibus, primariis margine externo, secundariis interno et externo, horumque tribus ultimis totis rufis; subtus rufescens; abdomine pallidiore; rostro Jusco , elongato. Sur le vivant. Bec brun en dessus, rosé à la base; yeux jaune clair, pieds bleu violacé. Longueur totale, 220 millimètres; du vol, 330 mill.; de la queue, 75 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; du tarse au bout des doigts, 45 mill.; du bec, 20 mill.; sa hauteur et sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 140 mill. Cette espèce, voisine du Tyrannus cinereus (Muscicapa cinerea, Gmel.), en diffère par son bec moins long, par sa base plus large et par le manque de cendré au cou. Nous l'avons recueillie au sein des immenses forêts chaudes et humides habitées par les sau- vages Guarayos, entre les provinces de Moxos et de Chiquitos, en Bolivia. Elle se tient sur les hauts arbres, tout en ayant les habitudes ordinaires aux Fyrans; comme eux, elle saisit les insectes au vol, et les frappe sur les branches, avant de les avaler. Elle est rare. N° 209. TYRAN ROUX, 7yrannus tamnophiloides, Nob. Suiriri roxo, Azara, 1805, Apunt. para la hist. de los Pax.,t. 2, p. 128, n° 188; Batara roxo, Azara, idem, t. 2,p. 212, n° 218; Muscicapa rubra, Vieill., Nouv. Dict., t. 21, ( 509 ) p+ 4573 Encycl. méth., t. 2, p. 831 (d'après Azara, n° 188); Tamnophilus rufus, Viell., 1816, Nouv. Dict., t. 3, p. 316; Muscicapa tamnophiloides, Spix, pl. xxvr; Tyrannus rufus, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 9, p. 44. T. suprà rufus ; pileo, alis caudädque saturatioribus; remigibus nigris, pogonio externo rufo, apice nigro; subtus dilutè rufescens, gutture pallido; abdomine medio ochroleuco. Sur le vivant. Bec brun en dessus et à son extrémité, rosé ailleurs; pieds noir bleuàtre, yeux brun-roux. Longueur totale, 190 millimètres; du vol, 280 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; du bec, 15 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 7 mill.; circonférence du corps, 100 mill. Comme Azara ne faisait pas de collections, qu'il se bornait à décrire les oiseaux qu’il chassait, il n’est pas étonnant de trouver l’espèce qui nous occupe deux fois et sous deux noms différens, dans ses Bataras et ses Sourriris ; ce qui a fait donner deux noms latins par Vieillot; mais une circonstance plus facheuse, source d’erreurs graves, c’est l'emploi qu'a toujours fait Azara, pour tous les oiseaux roux, du mot espagnol désignant la couleur. Il a constamment dit color de bermellon ou roxo, ce qu’on a traduit, avec raison, par Cramoisi ou rouge de vermillon. C’est ainsi que son Surriré roxo est devenu le Muscicapa rubra, et qu'il est décrit comme cramoisi; et, sans aucun doute, si nous n'avions pas étudié Azara sur les lieux et avec soin, nous nous serions également trompé à cet égard. L'oiseau n'étant pas rouge, nous n'avons pu conserver la dénomination de rubra , et celle de rufus ayant été imposée par Vieillott à une autre espèce de Tyran, nous avons été obligé de donner à celle-ci le seul nom qu’elle puisse conserver. Nous l'avons rencontrée en Bolivia, dans les provinces de Yungas et de Chiquitos, c’est-à-dire dans notre première zone de hauteur et de latitude, dans les lieux boisés et chauds, où elle a en tout les habitudes de l'espèce précédente. N° 210. TYRAN PLOMBÉ, Tyrannus cæsius, Nob. Gobe-mouches plombe, Tem. et Lang., Col. 17, fig. 1; Lanius cæsius, Licht., 1823, Doubl., p- 46,0. 498, 499; Muscicapa cæsia, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3, p. 826, n.° 12. T. Masc. Totus cæsius. — Fem. suprà cæsia, pectore ardesiaco, albescente punctato ; remigibus nigris, margine interno, tectricibus inferioribus abdomineque ferrugineis. Sur le vivant. Bec noirätre en dessus, bleu en dessous; pieds bleus, yeux rougeûtres. Longueur totale, 150 mill.; vol, 230 mill.; de la queue, 15 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 65 mill.; du bec, 11 mill.; circonférence du corps, 120 mill. M. Temminck a figuré comme femelle un jeune màle de cette espèce, et M. Lichten- stein a donné évidemment comme femelle adulte une jeune femelle. Presque tous les individus de ce sexe que nous avons examinés à l’état parfait, avaient en tout le bleu 1. Encycl. méth., t. II, p. 852. Passe- reaux. Passe- reaux, ( 510 ) ardoisé foncé des mâles, avec le dessous de l'aile et le ventre roux foncé. Cette espèce fait évidemment un chainon entre les Laniadées et les Muscicapidées, se rapprochant un peu des Bataras, quoiqu'elle soit un véritable Tyran. Nous l'avons recueillie dans les forêts sombres et humides du pays des Yuracarès, au pied oriental des Andes boliviennes, où elle est rare. Ses mœurs sont celles des Tyrans ordinaires; seulement, elle nous à paru plus buissonnière que les autres, sans néanmoins pénétrer dans l’intérieur des buissons, comme les Bataras. 3. SECTION C. TYRANS HIRUNDINACÉS, Tyranni hirundinacei, Nob. Bec médiocre, déprimé; pieds courts; queue ample, longue, fourchue; ailes longues; les trois ou quatre rémiges primaires échancrées à leur barbe interne et étroites à leur extrémité. Ces oiseaux vivent plus particulièrement dans les lieux boisés près des eaux, où ils planent comme les hirondelles. On les rencontre à l’est et à l’ouest des Andes, dans les régions tempérées et chaudes. N° 211. TYRAN SAVANA, Tyrannus Tyrannus, Nob. L'œuf, pl. XLIV, fig. 3. T'yrannus cauda bifurcata, Briss., 1760, 4v.,2,p. 395,n20,t. 39, fig. 3; Savana, Buff., Ois.,t. 4, p.557, Enl. 571, fig. 2; Muscicapa tyrannus, Lath., 1783, Syn., IL, 1, p. 355, n° 59; idem, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 931, n° 43 Suiriri tixereta, Azara, 1805, Apunt., t 2, p. 130, n° 190; Tyrannus savana, Vieill., 1823, Encycl. méth., t 2, p. 853; Muscicapa tyrannus, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3, p. 834, n° 15; Tyrannus savana, d'Orb. et Lafr., Syn. n. 10. T. capite supra nigro, medio flavescente, suprà cinereo, subtus albo; remigibus nigrescentibus , dilutiore marginatis ; cauddä elongatissimd, bifurcat&, nigrd ; rec- tricibus primariis albo marginatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns; les deux premières rémiges légèrement échancrées. Cette espèce habite une immense surface de l'Amérique méridionale : nous l'avons trouvée vers le sud, dans les provinces de Corrientes, d’Entre-Rios, de Buenos-Ayres, de Montevideo, et jusqu’au 41." degré sur les bords du Rio Negro en Patagonie. Nous l’avons revue ensuite dans toutes les plaines du centre du continent à Santa-Cruz, dans les provinces de Chiquitos et de Moxos en Bolivia; ainsi, indifférente à la tempé- rature, elle habite seulement les plaines, par toutes les latitudes; mais sur cette surface elle est partout de passage. Au printemps, elle part des régions chaudes, s’avance plus ou moins vers le sud pour nicher, et, en automne, revient vers ces mêmes régions, afin d’y passer l’hiver. Dans ces migrations annuelles elle s’avance vers la (5H ) Patagonie. Peu de temps après son arrivée, elle choisit un lieu propice, et place sur Passe- des arbustes de moyenne taille un nid de six à sept centimètres de diamètre, composé de racines, de plumes, de laine et de coton entremêlés, dans lequel la femelle dépose trois à quatre œufs, très-pointus à une extrémité, blancs et marqués de taches rouges rares, formant une couronne sur le gros bout; leurs diamètres sont de seize et vingt- huit millimètres. C’est à l'instant de la nichée que, plus acharnée encore contre toute la gent ailée, elle poursuit à outrance les oiseaux de proie et surtout les Caracaras, se précipitant sur eux à coups de bec, lorsqu'ils volent et même lorsqu'ils se posent. Après la nichée, la famille entière, quand elle est en état de voler, accompagne les parens dans cette poursuite contre les autres oiseaux. Le Tyran savana se lient non loin des habitations, dans les lieux où quelques buissons ou des vergers lui permettent de s'arrêter, surtout aux environs des eaux; 1l se perche sur les points élevés, et là ouvre et ferme souvent son énorme queue; s'il s'envole, il exécute le même mouvement, ce qui l'a fait appeler par les Espagnols Tixera ou Tijereta (petits ciseaux), et Fetapa par les Guaranis. Quelquefois il plane au-dessus des eaux ou de la terre, comme les hirondelles, pour saisir des insectes, et va aussi les chercher à terre, tout en allant ensuite se percher w, sur les plantes élevées les plus voisines. Remarqué de tous les indigènes, cet oiseau porte différens noms dans chaque nation. Les Patagons l’appellent 7echaga; les Araucanos, Pichi-anchu ; les Puelches, 4bilrabake. N.° 212. TYRAN MÉLANCOLIQUE, Tyrannus melancholicus, Vieill. L'œuf, pl. LI, fig. 33. Suiriri guazu, Azara, 1805, Apunt., 1.2, p. 152, n° 198; T'yrannus melancholicus, Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 35, p.48; idem, Enc. méth., 1823,t.2, p. 851; Muscicapa despotes, junior , Licht., 1823, Doubl., n° 567; Muscicapa furcata, Spix, pl. 19; Tyrannus melan- cholicus, d'Orb. et Lafr., $yn., p. 44, n.° 11. T. capite suprà cinereo, medio rubro ; gutture juguloque cinereis ; pectore virides- cente; corpore subiüs saturatè flavo, suprà olivascente; remigibus rectricibusque nigrescente-fuscis, pallide limbatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 240 millimètres; vol, 350 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 120 mill.; de la queue, 100 mill.; du tarse au bout des doigts; 33 mill.; du doigt du milieu, 15 mill.; du bec, 33 mill.; sa hau- teur, 8 mill.; sa largeur, 11 mill.; circonférence du corps, 130 mill. Le Tyran dont nous nous occupons est encore répandu depuis le 34.° degré de lati- tude sud, à l'embouchure de la Plata, jusqu'aux régions équinoxiales; car nous l'avons rencontré à Montevideo, dans les provinces de Buenos-Ayres, de Corrientes, république Argentine, et dans celles de Santa-Cruz de la Sierra, de Chiquitos et de Moxos en Bolivia, toujours au milieu des plaines peu boisées. Il recherche néanmoins les lieux où il peut se fixer, et y montre les mêmes habitudes que l'espèce précédente; toujours perché près des habitations, quelquefois au bord des eaux, il est des plus familier, Passe reaux. (312) se posant sur les maisons, sur les poteaux, et y restant mélancolique et triste, en atten- dant les insectes, qu'il aperçoit même à une grande hauteur; alors il s'envole, les poursuit et revient à sa place. On le voit aussi battre des ailes comme le faucon, et planer, de même que l'hirondelle, au-dessus des eaux. L'hiver il se tient dans les régions chaudes; mais au printemps il s’'avance en dehors des tropiques, où il niche. Nous en avons vu le nid à Corrientes, au mois d'Octobre : ce nid, placé en évidence sur un pêcher, un oranger ou tel autre arbre, est composé, à l'extérieur, de branchages, à lin- térieur de crin et d'herbes fines enlacées; il contient trois à quatre œufs de vingt-cinq el vingt-sept millimètres de diamètre, d’un blanc rose, couverts de taches oblongues rouge-brun foncé, plus rapprochées sur le gros bout. Les parens défendent avec acharne- ment l'approche de ce nid, comme le font tous les autres Tyrans. N.° 213. TYRAN À VENTRE ROUX, Tyrannus rufiventris, Nob. PI. XXXIL, fig. 3, 4. Tyrannus rufiventris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 45, n.° 12. T. suprà griseo-fuscus; superciliis pallidioribus; maculd ante oculos nigrd; uro- pygio parüm rufescente; gutture albo, fusco striato; infrà totus rufescens ; caudä nigrd; rectrice extim& laterali, pogonio externo, rufis; alis nigris, remigibus , pogonio interno , apice exceplo , rufis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux brun clair. Longueur totale, 240 millimètres; du vol, 430 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 140 mill.; de la queue, 90 mill.; du tarse au bout des doigts, 43 mill.; du bec, 18 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 9 mill.; circonférence du corps, 150 mill. Tout le dessus cendré brun assez foncé, passant au roux au croupion, et chaque plume du dessus de la tête plus foncée au milieu; gorge blanchätre, striée en long de noiràtre; cette couleur passe graduellement au brun sur les côtés du cou; toutes les parties inférieures du corps, des ailes et de la queue d’un beau roux; rémiges noires, échancrées à l'extrémité des deux premières, toutes rousses à leur base, sur chacune des barbes internes; les deux rectrices supérieures noires, les autres noires avec le côté interne de la base roux; les deux externes rousses, terminées de noir. Nous avons rencontré cet oiseau dans les ravins boisés de la province de Yungas en Bolivia, près des rives du Rio de Meguella, à l’est des Cordillères orientales de la Paz; il a, tout en étant sauvage et solitaire, les mœurs des Tyrans ordinaires et en particulier de lespèce précédente. N° 214. TYRAN GRIS À HUPPE D'OR, Tyrannus aurantio-atra-cristatus, Nob. Tyrannus aurantio-atro-cristatus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 45, n.° 13. T° suprà cinereo-fuscescens, remigibus nigrescente-cinereo limbatis; rectricibus fuscis ; pileo toto cristato; cristæ pennis elongatis, nigro mediis aurantio splendide flais ; remigibus tribus primis ante apicem semi-truncatis et angustatis; subtüs cinereus, abdomine anoque griseo-flavescentibus. (315 ) Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux roux-brun. Longueur totale, 200 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; de la queue, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 24 mill.; du doigt du milieu, 7 mill.; du bec, 12 mill., sa largeur, 7 mill.; sa hauteur, 6 mill.; circonférence du corps, 70 mill. Tout le dessus du corps gris ardoisé brunâtre; tête ornée d’une huppe noire sur les côtés, d’un beau jaune doré au milieu, cette teinte entièrement cachée par le noir, dans le repos; gorge et dessous du corps cendré pur, passant au jaunätre au ventre et aux couvertures inférieures de la queue; tectrices des ailes grises; rémiges noiràtres, bordées de plus pàle; queue gris-brun. Les trois premières rémiges comme tronquées, et terminées par une partie très-étroite et aiguë, les autres pennes un peu arquées en dehors. Cette espèce, dont l'aile est échancrée comme chez les espèces précédentes, a le bec plus faible, et forme dès-lors le passage aux Moucherolles. Nous l’avons rencontrée dans la province de Corrientes, à la frontière du Paraguay, et dans celle de Valle grande en Bolivia; elle se tient au bord des eaux, au fond des ravins, sur les buissons, et parait y vivre comme notre 7yrannus rufiventris : elle est rare. | N° 215. TYRAN PIPIRI, Tyrannus intrepidus, Vieill. Tyran de la Caroline, Buff., Ois., t. 4, p. 577, Enl. n° 676; Muscicapa tyrannus, var. (, Donunicensis et Carolinensis, Lath., 1781,1, 1, p. 185, 186, n.° 37; Lanius tyrannus, Gmel., 1789, Syst. nat., idem, 13, p. 302, n° 13 B. C.; Tyran of Carolina, Catesb., Carol., 1, p. 55, & 55; Tyrannus intrepidus, Vieill., 1819, Dict., t. 35, p. 79, et Encycl., 1823,t. 2, p. 8493; Muscicapa animosa, Licht., 1823, Doubl., p. 54, n° 558; Tyrannus Fr animosus , d'Orb. et Lafr., Syn., n° 14, p. 45. T. suprà cinereo-fuscus ; remigibus rectricibusque nigrescente-albescente marginatis; caudä nigrä albo terminatd; capite suprà nigro, strid longitudinali fulva; subtus cinereo-albus. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 211 millimètres; du vol, 350 mill.; du pli de laile à son extrémité, 122 mill.; de la queue, 72 mill.; du bec, 15 mill.; circonférence du corps, 120 mill. Cet oiseau, dont l’adulte a les trois premières rémiges échancrées à leur extrémité, comme dans les espèces précédentes, offre des variétés d'âge assez remarquables. Le jeune a les rémiges toutes arrondies à leur extrémité et sans échancrure; il manque du jaune de la tête, et cette partie, au lieu d’être noire, est gris-brun pâle. Nous avons rencontré cette espèce à Santa-Cruz de la Sierra en Bolivia, c’est-à-dire dans les plaines du centre de l'Amérique méridionale; elle n’y est que de passage, et arrive au mois de Décembre par troupes innombrables, composées d'adultes et de jeunes. Autour de la ville et dans la ville même on voit ces troupes se poser un instant sur les arbres des jardins, sur les maisons, qu’elles couvrent quelquefois entièrement, puis repartir en volant rapidement et jetant des cris aigus. Nous avons remarqué que, dans la campagne, ces oiseaux se posaient de préférence au bord des eaux; là, de même LV, Ois. 40 Passe- reaux. Passe reaux ( 314 ) que les hirondelles, ils planent au-dessus des eaux stagnantes, en parcourent la surface avec vilesse, y saisissent les insectes en volant, continuent cet exercice assez longtemps, puis reviennent se percher en jetant de grands cris. Le soir ils volent dans l'air, en se poursuivant el criant, comme nos martinets. 22: DIVISION. MUSCICAPIDÉES DUMICOLES, Muscicapidæ dumicolæ, Nob. Tous vivent dans ou sur les buissons, sans se percher sur les arbres. Nous en formons deux groupes, suivant qu'ils se tiennent dans Pintérieur ou au dehors des buissons. A. DUMICOLES proprement dits. Ils habitent seulement Pintérieur des fourrés, sans jamais se percher au dehors. [ls sautillent continuellement, en cherchant les insectes sur les branches ou sous les feuilles. Gexre 4. HIRUNDINÉE, Zirundinea, Nob. Ailes longues, aiguës, la seconde rémige la plus longue, toutes à extrémité entière non échancrée; queue longue, égale, non fourchue; bec très-large, très-déprimé, crochu à son extrémité, à narines très-petites, étroites; pieds très-faibles, excessivement courts; tarses et doigts très-courts. Nous avons entièrement séparé des autres Gobe-mouches loiseau qui nous occupe, remarquable par ses caractères et par son habitude de nicher sous les toits, dans les nids de fourniers, et de ne vivre que sur les maisons. N° 216. HIRUNDINÉE BELLIQUEUSE, /Ærundinea bellicosa, Nob. Suiriri roxo obscuro, Azar., 1805, Æpunt.,t. 2, p.129,n 189; Tyrannus bellicosus, Vieill., 1819, Dict., t. 35, p. 74 (d'après Azara); Platyrhynchos hirundinœus, Spix, 1824, pl. 13, fig. 1; Hirundinea bellicosa, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 46, n.° 1. H. vertice dorso colloque suprà rufescente-fuscis; tectricibus alarum nigris rufo marginatis; uropygio, corpore subtus, alis caudäque rufis, remigibus rectricibusque PU9TO Lermunalis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 180 millimètres; du vol, 325 mill.; circonférence du corps, 100 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 110 mill.; de la queue, 70 mill.; du tarse au bout des doigts, 25 mill.; du doigt du milieu, 13 mill.; du bec, 15 mill.; sa largeur, 9 mill.; sa hauteur, 41/2 mill. Nous avons rencontré celte espèce sur le versant oriental des Andes boliviennes à Cochabamba, Chuquisaca, Challuani; puis nous l’avons retrouvée dans la province de Chiquitos, à la mission de Santiago; ainsi elle habite notre première et notre seconde ( 515 ) zone de hauteur dans les régions chaudes. On ne la trouve qu’au sein des villes, des bourgs et des villages, où elle se tient aussi familièrement qu’un oiseau domestique, restant toujours dans les cours, dans les rues, sur les toits, sur les balustrades des corridors; c’est même là qu’elle cherche sa nourriture, y saisissant les araignées et les insectes. Pour nicher, elle s’approprie le nid d’un fournier ou d’une hirondelle, après en avoir chassé les propriétaires, et même y vient coucher toute l’année. D'une humeur querelleuse, comme tous les muscicapidées, elle s’acharne surtout contre les hirondelles et les fourniers, qui, par habitude, fréquentent les mêmes lieux. Son vol est horizontal comme celui des hirondelles, et tout, dans ses mœurs, rappelle celles de ces oiseaux. Gexre 5. TODIROSTRE, Zodirostrum, Less. Remarquable par son bec large, long et aplati comme celui des Todiers, avec lesquels il avait été confondu, ce genre en diffère par les pieds et par ses habitudes. Ses caractères en font un véritable Muscicapidée, et ses mœurs sont celles des Moucherolles proprement dites, c’est-à-dire que, buissonnier par excellence, on le trouve au sein des halliers, près des habitations et dans les forêts. Il habite le versant oriental des Andes et seulement les régions chaudes. N° 217. TODIROSTRE TICTIC, Zodrostrum cinereum, Nob. Todus cinereus, Briss., 1760, 4v., app., p.134; Tictic, Buff., Ois., t. 7, p. 223, Enl. 585, fig. 3; idem, Lath., 1782, Syn., I, 2,p: 658, n° 2; idem, Gmel., 1789, Syst., p. 443, n.” 2; Todus cinereus, Desm., Vieill., 1819, Dict., t. 34, p. 148; Todus melanocephalus, Spix, 1824, pl. 9; Todirostrum cinereum, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 46, n.° 1. T. suprà cinereo-virescens, subtus luteus; capite suprà nigro; remigibus tectricibusque alarum nigris, luteo marginatis; caudd nigrd, rectricibus inferioribus albo terminatis. Sur le vivant. Bec noir à son extrémité et aux côtés de la mandibule inférieure, le milieu rosé; yeux jaunes, pieds bleuàtres. Longueur totale, 120 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 45 mill.; de la queue, 35 mill.; du bec, 10 mill.; sa largeur, 4 mill. Cette espèce s’est montrée à nous au mois de Janvier à la mission de Concepcion de Moxos en Bolivia; elle se tient dans les jardins au milieu des buissons, où, tout en sautillant continuellement entre les branches, elle fait sans cesse entendre un léger cri imitatif de son nom. N° 218. TODIROSTRE GORGERET, Todirostrum gulare, Nob. Tachuri cabeza de plomo, Azara, 1805, Æpunt., t. 2, p. 86, n° 169; Muscicapa guluris, Natterer, Temm., pl. col. 167, T'odirostrum gulare, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 46, n.° 2. T. mas. Supra olivascens; subtus: albo-lutescens ; capite supra cinereo; regione paro- ticd guläque r'UJLS ; remigibus rectricibusque nigris ; viridi-lutescente Mar ginalis ; caudd fuscescente. — Foœm. Pileo brunescente; gutture albicante; tectricibus mino- ribus alarum aurantio-rufis. Passe- reaux. Passe- realix, ( 316 ) Sur le vivant. Bec noir pieds bleu clair, yeux roux clair. Longueur totale, 105 mill.; vol, 150 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 45 mill.; de la queue, 30 mill.; du doigt du milieu, {2 mill.; du bec, 10 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 70 mill. Cette jolie petite espèce, rencontrée au Paraguay par Azara, s’est montrée à nous en Bolivia, à Circuata, province de Yungas, sur le versant oriental des Andes et à Santo- Corazon de Chiquitos, toujours au sein des halliers épais, dans les ravins sombres et humides, sautillant de branche en branche, à l’intérieur des buissons, et cherchant là les insectes dont elle se nourrit. N.° 219. TODIROSTRE GRIS DE PERLE, Todirostrum margaritacei-venter, Nob. PI. XXXIII, fig. 3, 4. Tachuris pardo vientre de perla, Azar., 1805, Æpunt.,t. 2, p. 90, n° 172; Vieill., 1819, Dict., t. 32, p. 354; Todirostrum margaritacei-venter, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 46, n. 3. T. suprà fusco-olivascens; subtüus albo margaritaceus ; capite suprà cinereo ; pectore hypochondriisque cinereo-lutescentibus; tectricibus alarum fuscis, cinereo limbatis, remigibus rectricibusque fuscis, viridi-olivascente marginatis. Sur le vivant. Bec noiratre, yeux Jaunes, pieds rosés. Longueur totale, 110 mill.; du pli de laile à son extrémité, 50 mill.; de la queue, 30 mill.; du bec, 11 mill.; circon- férence du corps, 70 mill. | Nous avons rencontré celte espèce à Corrientes, dans les jardins de la ville; nous l'avons retrouvée ensuite, dans les mêmes circonstances, à Santo-Corazon de Chiquitos en Bolivia; ainsi elle parait habiter toutes les plaines du centre du continent méridional. Ses mœurs sont celles des espèces précédentes. N.° 220. TODIROSTRE À COURTE QUEUE, Todirostrum ecaudatum, Nob. Pl. XXXIIL, fig. 1, 2. T. suprà flaso-olivaceum; pileo cinereo, subtüs albicans ; pectore hypochondrüsque virescentibus, alis nigris, remigibus primariis anguslissinus , secundariis tectri- cibusque late flawo-viridi limbatis; caudä minutissimd, brevissimé&, rectricibus nigris flavo-viridi marginatis. Sur le vivant. Bec corné en dessus, bleuätre en dessous; yeux jaunes, pieds jaunes. Longueur totale, 70 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 30 mill.; de la queue, 7 mill.; du tarse au bout des doigts, 20 mill.; du doigt du milieu, 8 mill.; du bec, 8 mill.; sa largeur, 41/2 mill.; circonférence du corps, 45 mill. Dessus de la tête gris ardoisé; dessus du corps vert tendre, plus pâle au croupion; parties inférieures blanchâtres, teintées de jaune-vert sur le ventre et les flancs; dessous de l’aile jaune vif; ailes noiràtres, avec une bordure étroite d’un jaune verdätre aux rémiges primaires, et une large aux secondaires et aux tectrices; queue des plus courte, très-faible, brune, bordée de vert tendre. ( 347 ) Ce passereau est, sans contredit, celui de tous qui porte la queue la plus courte; caractère qui, Joint à la très-petite taille de lespèce, la distingue nettement de toutes les autres. Nous lavons vu seulement au pied oriental des Andes boliviennes, au pays habité par les Indiens Yuracarès; il se tient au sein des forêts, dans les halliers des lieux cultivés auprès des habitations. Gexre 6. MOUCHEROLLE, Muscipeta, Cuv. Caractérisées par leur bec large et déprimé, ainsi que par leurs moustaches, les Moucherolles se distinguent des Gobe-mouches proprement dits, en ce qu’au lieu de se tenir sur les branches élevées des arbustes et des arbres pour y attendre leur proie, elles senfoncent dans les buissons, dans les halliers, pénètrent dans les: fourrés des forêts, sans se percher au dehors. Continuelle- ment en mouvement, elles sautillent, en faisant entendre un léger cri de rappel. On les trouve seulement dans les régions chaudes, à l’est et à l'ouest des Andes. N.° 221. MOUCHEROLLE COURONNÉE, Muscipeta regia. Le Roi des Gobe-mouches, Buff., Ois., t. 4, p. 552, Enl. 289, Todus regius, Lath., 1783, Syn.,t. 2, p.662, n°10; idem, Gmel., 1789, Syst., p. 445, n°10; Platyrhynchus regius, Vieill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 843; Muscicapa regia, Prince Max., 1832, Beitr., t. 3, p. 944: | M. atro-fuscus, subtus rufescens; crist& spadiced apice nigro maculatä; mento, superciliis pectoreque albis; rostro obscurè fusco; pedibus incarnatis. Cette charmante espèce, recherchée par les amateurs comme l’une des plus brillantes, n'a pourtant pas toute la beauté que lui prêtent les peintres, d’après la fausse position des plumes de la huppe que lui ont donnée les préparateurs, afin d’en faire ressortir l'éclat. Cette huppe, au lieu d’être transversale, est au contraire, à l’état naturel, longitudinale, et jamais l'oiseau ne létale latéralement; il se contente de la relever, comme le font les autres Muscicapidées. Nous l'avons trouvé au sein des forêts du pied oriental des Andes boliviennes, au pays des Yuracarès; il y est rare, et y vit à la manière des autres Moucherolles. N° 222. MOUCHEROLLE À VENTRE JAUNE, Muscipeta cayennensis, Nob. Muscicapa cayennensis, Briss., Aves, 2, p. 404, n° 24,t. 38, fig. 4; Gobe-mouche à ventre jaune, Buff., Ois., t. 4, p. 550, Enl. n° 569, fig. 2; M. cayanensis, Lath., 1783, Syn., Il, 1,p. 355, n° 58; idem, Gmel., 1789, p. 937, n° 12; M. flava, Vieill., 1819, Dict., t. 32, p. 213 idem, Encycl. méth., t. 2, p. 827; M. cayennensis, Prince Max., 1832, Beitr., t. 3,B, p. 846, n° 17; M. cayennensis, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 1, p. 47. (318) M. suprà fusco-olivascens ; subtüs lutea; gutture colloque anticè albis; capite suprà nigro; pennis verticis flavo-aurantiis ; vittd supra oculos albd ; remigibus rectrici- busque fuscis, laté rufo marginatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 190 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 65 mill.; du bec, {3 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Nous avons rencontré cette espèce sur les rives du Rio Blanco et du Rio Itonama, dans la province de Moxos, en Bolivia; elle y est assez commune et se tient sur les branches des buissons, où elle épie les insectes qui passent à sa portée. N.° 223. MOUCHEROLLE À COL BLANC, Muscipeta albicollis, Nob. Suiriri chorreado sin roxo, Azar., 1805, Apunt.,t. 2,p. 123, n 186; Tyrannus albicollis, Vieill., 1819, Dict., t. 35, p. 893 idem, 1823, Enc. méth., t. 2,p. 854 (d'après Azara); Muscicapa legatus, Licht., 1823, Doubl., n° 574, p. 56? Muscipeta albicollis, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 2, p. 47. M. pennis verticis nigricantibus, intüs flavis; strigd alb& à medio oculi ad occiput ; corpore supràä fusco; subtus flavescente, nigro maculato; gutture albescente, strigä laterali nigrescente; remigibus fuscis, pallidè limbatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs; yeux bruns. Longueur totale, 160 millimètres; du pli de aile à son extrémité, 73 mill.; du tarse au bout des doigts, 27 mill.; de la queue, 50 mill.; du bec, 9 mill.; sa largeur, 7 mill.; sa hauteur, 4 mill.; circonférence du corps, 95 mill. Cette espèce ne s’est offerte à nous qu’au bord de la rivière de San-Miguel, au pays des Guarayos, en Bolivia, sur les buissons qui la bordent; elle y mène, du reste, le même genre de vie que les Moucherolles ordinaires. N.” 224. MOUCHEROLLE VERDOYANTE, Muscipeta acadica, Nob. Lesser crested fly-catcher, Arct. zool., t. 2, p. 386, n° 268; Muscicapa acadica, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 947, n° 82; Muscicapa querula, Wils., Amer. Orn., pl. xur, fig. 2; Platyrhynchus virescens , Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 27, p. 22; idem, Encyc. méth., 1823, t.2,p. 8443; Muscipeta querula, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 47, n° 4. M. supra olivaceo-viridis; subtus virescente-flava; alis saturatè fuscis; binis fasciis flavescente-albis. Sur le vivant. Bec brun en dessus, jaune en dessous; yeux bruns. Longueur totale, 145 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 65 mill.; de la queue, 55 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; du bec, 12 mill.; sa largeur, 8 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Cette espèce, propre à l'Amérique septentrionale, s’est montrée à nous dans les grands bois des environs de la mission de Santo-Corazon de Chiquitos, en Bolivia; elle y parait rare. (519) N.° 225. MOUCHEROLLE À TÊTE BLANCHE, Muscipeta albiceps, Nob. Muscipeta albiceps, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 47, n.° 5. M. suprà fusco-olivacea, pileo obscuriore, pennis verticis basi albis; remigibus Jusco-nigris, viridi-albescente marginatis; tectricibus alarum sordidè albescentibus vittasque duas formantibus; gutture pectoreque cinerascentibus; abdomen albescens. Sur le vivant. Bec corné en dessus et à son extrémité, jaunàtre à la base de la man- dibule inférieure; yeux bruns. Longueur totale, 160 millimètres; du vol, 250 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 34 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Dessus du corps brun verdètre, un peu plus foncé sur la tête; les plumes du milieu de la tête sont blanches, brunes à leur extrémité; gorge et poitrine gris bleuâtre pâle; le milieu du ventre et les couvertures inférieures de la queue blancs, teintés de jaune- vert; flancs gris verdätre; rémiges et leurs tectrices brunes, les rémiges bordées de blanc sale, les tectrices terminées de blanc gris, ce qui forme deux lignes transversales de cette couleur sur l'aile; couvertures inférieures jaune verdâtre très-pàle; queue brune. Cette espèce habite les deux versans des Andes; nous l’avons observée à Rio de Janeiro au Brésil, à Tacna au Pérou, sur le versant occidental des Cordillères, puis sur le versant oriental des Andes, dans la province de Yungas; ainsi elle occuperait notre première zone de hauteur et de latitude. Elle se tient dans les jardins, les vergers, près des habitations ou dans les halliers des ravins, dans les bois, où elle sautille de branche en branche, poursuivant les insectes. N.° 226. MOUCHEROLLE VERDATRE, Muscipeta Guillemini, Nob. Muscipeta obscura, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 48, n° 6. M. supra fusco-olivacea ; remigibus nigrescentibus viridi marginatis; tectricibus ala- rum concoloribus, sordidè albescente limbatis, gutture pectoreque pallidè olivas- centibus ; abdomine medio et flexurd alcæ sulphureis ; caudd fuscd; viridi marginatd. Sur le vivant. Bec corné à son extrémité, rosé à sa base; yeux bistrés, pieds bruns. Longueur totale, 175 mill.; vol, 270 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 80 mill.; de la queue, 73 mill.; du tarse au bout des doigts, 35 mill.; du doigt du milieu, 17 mill.; de l’ongle du pouce, 7 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 5 mill.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Toutes les parties supérieures du corps olive foncé, plus intense sur la tête; parties inférieures vert olive très-pàle, passant au jaune, sur le milieu du ventre; une teinte plus pâle entoure les yeux; rémiges et leurs rectrices noiratres, les premières bordées 1. Ce nom ayant déjà été employé par Vieillot, Encycl. méth., t. Il, p. 826, pour une autre espèce de Moucherolle, nous avons été obligé de le changer. Passe- reaux. Passe reaux. ( 320 ) de verdàtre, les secondes largement terminées de la même couleur, ce qui figure deux larges bandes transversales; queue brune, bordée de vert; couvertures inférieures et fouet de l'aile jaunes. Cette espèce, voisine de la précédente, mais de plus grande taille, et en différant encore par son bec plus petit, par le manque de blanc sur la tête, par la poitrine verdètre, par son ventre jaune, habite communément le versant oriental des Andes boliviennes, dans la province de Yungas; elle se tient au sein des halliers qui entourent les villages, sur les coteaux boisés et humides; et là, sautillant sans cesse, en faisant entendre de temps en temps un léger sifflement plaintif, elle y poursuit les insectes dont elle se nourrit. N.° 227. MOUCHEROLLE BIMACULÉE, Muscipeta bimaculata, Nob. Muscipeta bimaculata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 48, n° 7. M. supra fusco-olivacea; maculd utrinque ante oculos albescente, alterd infrà nigrd; tectricibus alarum nigrescentibus , apice rufescentibus, duas vittas obliquas alæ formantibus ; infra pallidè sulfurescens. Sur le vivant. Bec corné en dessus, bleuâtre en dessous; pieds bleuàtres, yeux bruns. Longueur totale, 170 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 55 mill.; du tarse au bout des doigts, 28 mill.; du bec, {1 mill.; sa hauteur, 5 mull.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Un sourcil peu large, jaune päle, passe en avant et au-dessus des yeux; une tache noiratre entre l'œil et la base du bec; parties supérieures du corps brun olive, passant au verdàätre foncé sur la tête et au roussàtre au croupion; parties inférieures verdàtre pale, passant à lolive sur la poitrine et au jaune päle sur le milieu du ventre, les tectrices inférieures de l'aile et la queue; rémiges noirätres, bordées de verdàtre roux; iectrices de l'aile noirâtres, terminées de roux clair, formant, dans leur ensemble, deux lignes transversales; queue noiràtre. | Différente des deux précédentes par ses teintes, par la largeur de son bec, cette espèce habite les fourrés épais de la province de Yungas, où elle a les mêmes habitudes. N.° 228. MOUCHEROLLE TACHETÉE, Muscipeta virgata, Nob. Gobe-mouche tacheté de Cayenne, Buff., Ois., t 4, p- 545, Enl. 573, fig. 3; Muscicapa vir- gata, Lath., 1783, Syn., Il, 1,p. 360, n° 67; idem, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 948, n° 893 idem, Vicill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 820; Muscipeta virgata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 49, D? 10. M. Mas. Suprà fusco-rufescens; cristé cinnamomed; gutture pectoreque sordide Jusco maculatis; abdomine albescente-flavo, tectricibus alarum rufescente termi- natis, fasciis duabus formantibus.— Foœm. Crist& flavescente. — Jun. Capite supra non cristato, fusco-cinereo. NE ( 324 ) Sur le vivant. Bec brun en dessus, pàle en dessous; yeux brun-roux, pieds noirs. Longueur totale, 135 mill.; du vol, 195 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 57 mill.; de la queue, 45 mill.; du bec, 9 mill.; sa largeur, 6 mill.; sa hauteur, 4 mill.; circon- férence du corps, 80 mill. Nous croyons que cette espèce habite toutes les parties chaudes de l'Amérique méri- dionale; nous l’avons vue successivement à Rio de Janeiro, au Brésil; dans les provinces de Moxos, de Chiquitos et de Yungas, en Bolivia; toujours au sein des lieux boisés, humides et chauds, où elle se tient dans les bois et les halliers, y manifestant, avec des manières pleines de vivacité, les mêmes habitudes que l'espèce précédente, à laquelle elle se mêle souvent. N° 229. MOUCHEROLLE À CROUPION BARRÉ, Muscipeta Vieilloti, Nob. PI. XXXIV, fig. 1, 2 (sous le nom de Muscipeta cinnamomea). Muscipeta cinnamomea?, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 49, n° 11. M. supra fusco-rufescens, pileo obscuriore; uropygio transversim pallidè rufo; cristä nitidé flavä; remigibus primariis bast intus et extus apiceque Lectricibus cinnamo- meis, rectricibus nigrescente apice rufescentibus; subtus tota cinnamomea. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 135 mill.; du vol, 230 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 22 mill.; du doigt du milieu, 11 mill.; du bec, 9 mill.; sa largeur, 71/2 mill.; sa hauteur, 4 mill.; circonférence du corps, 75 mill. Dessus brun-roussâtre, la tête plus foncée; en ouvrant les plumes de cette dernière partie, on voit une huppe d’un beau jaune. Dessous roux, plus pàle à l'abdomen; rémiges primaires noiratres, bordées de roux à leur base interne; rémiges secondaires entièrement rousses à leur base; tectrices, grandes et petites, terminées de roux foncé et formant deux lignes sur Paile; sur le croupion, une large bande transversale roux pale; rectrices et leurs couvertures supérieures noirâtres, terminées de roux; bec large, triangulaire, déprimé. Nous avons vu rarement celte espèce dans la province de Yungas, sur le versant oriental des Andes boliviennes, toujours au sommet des arbres des coteaux boisés et humides, où elle sautille continuellement, cachée au milieu des branches, tout en faisant entendre un léger cri de rappel et cherchant les insectes dont elle se nourrit. Elle ne descend jamais à terre. N° 230. MOUCHEROLLE À BEC COURT, Muscipeta brevirostris, Nob. Muscipeta brevirostris, d'Orb. et Lafr., Sy., p. 49, n.° 9. M. suprà cinerea, fronte vittäque angust& superciliari albis; alis cauddque fuscis , remigibus margine angustissinmé , tectricibus apice albis; his tres vittas obliquas formantibus; subiüs pallidèe sulphurescens; gutture pectoreque albo-cinereis. 1. Nous avons été obligé de changer le nom que M. de Lafresnaye et nous avions donné à celte espèce dans notre Synopsis, celte dénomination de Cinnamomea étant déjà employée par Vieillot, Encyel. méth., t. Il, p. 826, pour une autre Moucherolle. io | 41 Passe- eaux. Passe- eaux. ( 522) Sur le vivant. Bec noir, pieds noirâtres, yeux bistrés. Longueur totale, 150 mill.; du pli de laile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 60 mill.; du bec, 7 mill.; sa hauteur, 31/2 mill.; sa largeur, 7 mill. Parties supérieures gris, plus foncé et un peu roussätre sur la tête; gorge cendré blanchàtre, plus prononcé sur la poitrine, passant au jaune très-clair sur le ventre et le dessous des ailes; ailes brunes, les rémiges légèrement bordées de plus pâle, les tectrices terminées de blanchätre et formant trois lignes obliques sur Paile; queue très-longue, égale, brune; bec triangulaire, très-court, aussi large que long, fortement crochu à son extrémité. Nous avons observé celte espèce, remarquable par son bec court et sa longue queue, dans la province de Corrientes, à la frontière du Paraguay, où elle arrive à la saison des amours; elle se lient alors au sein des buissons, qu’elle parcourt en sautillant de branche en branche, ne paraissant pas au sommet. Elle est peu craintive, s'envole diffi- cilement, el ce n’est que pour regagner le buisson le plus voisin. Elle à un léger cri de rappel. * N° 231. MOUCHEROLLE RALLOÏDE, Muscipeta ralloides, Nob. Muscipeta armillata ? Vieill.; d'Orb. et Lafr., Syn., p. 48, n.° 8. M. suprà fusco-rufescens, uropygio rufo; fronte cinerascens; gutture, pectore, ven- treque cinereo-plumbeis; hypocondriis olivascentibus, remigibus, tectricibusque nigris brunneo limbatis; remigibus basi albis, caud& gradatd nigrescente fuscis, rectricibus lateralibus albo terminatis. Sur le vivant. Bec noir, pieds jaune roux; yeux bruns. Longueur totale, 180 mill.; du vol, 280 mill.; du pli de aile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 35 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 31/2 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 120 mill. Dessus de la tête brun-noiratre; dessus du corps brun olivätre, passant au roux au croupion; dessous du corps bleu ardoisé foncé; les flancs brun roussätre; tectrices des rémiges noirätres, bordées de roussätre; rémiges noiràtres, bordées de brun roux, blanches à leur base : cette teinte formant une large bande transversale à la base des pennes, les deux premières entièrement noiratres; rectrices supérieures brunes, les intermédiaires noires, les deux latérales de chaque côté terminées de blane, la plus extérieure bordée de cette teinte; bec court, médiocre. Cette espèce diffère essentiellement du A. armullata (Vieill., Enc. méth., t. IT, p.824) par le manque de bracelet, de tache blanche aux côtés de la gorge et autour de læil, et par la teinte supérieure brun roux et non pas bleu ardoisé; aussi, après une com- paraison minulieuse, nous sommes-nous convaincu que c’est bien une espèce distincte et non pas une variété de sexe, et, d’après sa couleur, analogue à celle des Ralles, nous l'avons nommée Æalloides.— Nous l'avons rencontrée une seule fois dans les halliers des coteaux escarpés des environs de Chulumani, province de Yungas, à l’est des Cordillères orientales dela Bolivia, au 17.° degré de latitude méridionale. ( 323 ) Grxre 7. GOBE-MOUCHES PAROÏDES, Muscicapara, Nob. Ce sont, en général, de petites espèces à bec assez faible, court, peu déprimé , , ; ; P ; la tête petite, les ailes longues, les doigts longs et forts, la queue courte. =) 2 2 Toutes sont forestières ou buissonnières, se tiennent cachées dans l’intérieur 2) des fourrés, qu’elles parcourent continuellement en v chassant les insectes 2 , se cramponnant aux branches comme les Mésanges, sans jamais descendre à terre. On les trouve dans les régions chaudes et tempérées situées à Pest des Andes. N.° 232. GOBE-MOUCHE PAROÏDE VERT, Wuscicapara oleaginea, Nob. Muscicapa oleaginea, Ticht., 1823, Doubl., p. 55, n° 565? M. chloronotus, Less.? d'Orb. et 5 Lafrs, Syn.5 p. 51, n. 2. M. suprä tota viridis, subtüs férruginea; gutture colloque antico viridi indutis ; alis nigris; remigibus viridi marginatis ; tectricibus remigibusque secundaris ultimis, apice rufescentibus; rectricibus fuscis, viridi limbatis. Sur le vivant. Bec noiràtre, jaune à la base de la mandibule inférieure, yeux roux, pieds gris. Longueur totale, 140 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 28 mill.; du doigt du milieu, 12 mill.; du bec, 10 mill.; sa largeur, 6 mill.; sa hauteur, 4 Mill.; circonférence du corps, 70 mill. Cette espèce, qui nous paraît bien être celle que M. Lichtenstein a décrite, habite les bois du pied oriental des Andes boliviennes au pays des Yuracarès; elle nous à semblé avoir des mœurs très-forestières. N.° 233. GOBE-MOUCHE PAROÏDE À COU STRIÉ » Muscicapara striaticollis, Nob. PI. XXXV, fig. 2 (sous le nom de Muscicapa striaticollis). Muscicapa striaticollis, d'Orb. et Lafr., Synopsis, n° 3, p. 51. M. suprà viridis, capite colloque supero obscurè plumbeis; ald nigrd, remigibus tectricibusque viridi limbatis; rectricibus fuscis, viridi marginatis ; gutture, collo antico pectoreque griseis, longitudinaliter albo striatis ; abdomine viridi-sulphureo, striis olivaceis notato. Sur le vivant. Bec noir en dessus, blanc à la base de la mandibule inférieure; yeux noiràtres, pieds plombés. Longueur totale, 130 mill.; du vol, 210 mill,; du pli de l'aile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 43 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du doigt du milieu, 15 mill.; du bec, 9 mill.; sa largeur, 6 mill.; sa hauteur, 3 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Dessus de la tête et du cou bleu ardoisé foncé; gorge et poitrine gris ardoisé, avec une tache blanche longitudinale au milieu de chaque plume; parties supérieures vert Passe- reaux. Passe reaux. ( 524 ) clair, ventre jaune verdàtre, grivelé de vert bleuàtre; ailes et leurs couvertures noirâtres, bordées de vert; le pli de Paile jaune, les rémiges bordées intérieurement de roussatre; queue brune, bordée de verdàtre. Ce joli petit oiseau habite les montagnes du versant oriental des Andes boliviennes dans la province de Yungas et dans les forêts du pied des Cordillères, au pays des Yuracarès; il se tient dessus et dans les halliers, où il est peu craintif. N° 234. GOBE-MOUCHE PAROÏDE MANGEUR DE VERS, Muscicapara vermivora, Nob. Ficedula pensylvanica, Briss., Av.,t. 6, Sup., p. 102; le demi-fin Mangeur de vers, Buff., Ois., tu. 5,p. 325; Sylvia vermivora, Lath., 1785, Syn., Il, 2, p. 499, n° 133; Motacilla vermivora, Gmel., 1789, Syst., 951, n.° 55; Contramaestre coronado, Azara, 1805, Æpunt., tu 2,p. 44, n° 1543 Sylvia vermivora, Nieill., Dict., t 2, p. 278, Encycl. méth., t. 2; Muscicapa vermivora, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 51, n° 4. M. suprà wiridi-olivacea, subtus flava; capite aurantio; duabus utrinque fasciis , una per oculos, altera supra oculos ; remigibus tectricibusque fuscis, viridi lim- batis ; caudd olivascente. Sur le vivant. Bec corné, yeux bruns, pieds jaune vif. Longueur totale, 145 mill.; du vol, 212 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill., de la queue, 44 mill.; du bec, 10 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Cette espèce habite les grandes forêts du centre de l'Amérique méridionale et une partie de l'Amérique septentrionale. Nous l'avons rencontrée à Corrientes, à la fron- lière du Paraguay, et dans le Monte grande (grande forêt) qui sépare Santa-Cruz de la Sierra de Chiquitos, en Bolivia; solitaire et peu craintive, elle s’y tient néanmoins isolée au tiers supérieur des arbres, sautillant de branche en branche, s’y cramponnant pour chercher les insectes dont elle se nourrit : elle a un léger cri de rappel monotone. N° 235. GOBE-MOUCHE PAROÏDE À DOUBLE BANDEAU, Muscicapara bivittata, Nob. Muscicapa bivittata, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 5, p. 51. M. supra olivacea, subtüs flava; pileo tribus wittis latis notato, quarum media flaso et rufo variegata, duabus lateralibus nigris, et infrà altera superciliaris flavo- viridi; hypocondriis olivascentibus. Sur le vivant. Bec noir, yeux bruns, pieds jaune sale. Longueur totale, 150 mill.; du vol, 220 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 55 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 4 mill,; sa largeur, 1/2 mill.; circonférence du corps, 85 mil. Sur la tête trois bandes longitudinales, une médiane jaune, chaque plume ter- minée de roux; de chaque côté une ligne noire prend au front et se perd sur le cou; sourcils et tour des yeux jaunes; une tache noire entre l’œil et le bec; parties supérieures vert-olive, plus clair au croupion; partes inférieures jaunes, passant à l’olive sur les flancs; rémiges et leurs couvertures noiràtres, bordées d’olive; queue verdàtre. (3%) Cette espèce, voisine de la précédente par ses teintes, mais s’en distinguant par une taille plus grande, par le jaune du tour des yeux et ses sourcils, s’est montrée à nous près du village de Carcuata, province de Yungas, à l’est de la Cordillère orientale de la Paz, en Bolivia; elle se tient dans les ravins boisés, au sommet des-hauts buissons; elle y a, comme le Muscicapa vermivora, l'habitude de se cramponner aux branches, à “ la manière des mésanges. N.° 236. GOBE - MOUCHE PAROÏDE BRUN VERDATRE, Muscicapa viridicata, Nob. Contramaestre pardo verdoso de corona amarilla , Azara ; 1805, Apunt., t. 2, p.52, n°156; Sylvia viridicata, Vieill., 1817, Dict.,t. 2, p.171; Encycl. méth., t. 2, p. 433 (d'après Azara); Muscicapa elegans , d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 52, n. 6. M. suprà griseo-olivacea , pileo nigrescente; vertice aurantio-flavo, alis caudäque nigro-fuscis, remigibus, tectricibus, rectricibusque margine viridi- -flavis ; gutture colloque antico cinerascentibus; subtüs pallidè sulphurascens. Sur le vivant. Bec corné, pieds bleuâtres, yeux bruns. Longueur totale, 145 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 63 mill.; de la queue, 53 mill.; du tarse au bout des doigts, 27 mill.; du doigt du milieu, 13 mill.; du bec, 8 mill.; sa largeur, 4 mill. Dessus de la tête brun noirâtre, le milieu jaune vif; du gris entre Pæil et le bec; gorge gris-cendré verdàtre; ventre et tectrices inférieures des ailes et de la queue jaune pale; parties supérieures vert-olive très-pàle; rémiges, leurs tectrices supérieures et les rectrices brun noirätre, bordées de jaune verdatre. Cette espèce, assez voisine des précédentes, mais distincte par ses teintes, habite les environs de Santo-Corazon, la dernière mission à l’est de Bolivia, dans la province de Chiquitos; elle se tient sur le haut des grands arbres et y voltige de branche en branche. Elle paraïit rare. N° 237. GOBE-MOUCHE PAROÏDE À BEC ÉTROIT, Muscicapara angustirostris, Nob. Muscicapa angustirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 52, n° 7. M. supra wviridi-olivacea, remigibus, rectricibusque nigris, viridi-olivaceis margi- nalis; tectricibus alæ nigris, apice flavo-viridibus, duas vittas formantibus ; subtus sulphurascens, gutture colloque parum griseo-albescentibus. | Sur le vivant. Bec corné, teinté de bleu en dessous; yeux jaune-gris clair, pieds noir bleuàtre. Longueur totale, 125 millimètres; vol, 200 mill,; du pli de l'aile à son extrémité, 57 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill., du doigt du milieu, 10 mill.; du bec, 7 mill.; sa hauteur, 2 mil!.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 80 mil. Toutes les parties supérieures vert obscur uniforme, toutes les parties inférieures jaune verdàtre très-pàle, plus clair sur le derrière et passant au gris sur la poitrine; rémiges et rectrices brun-noirâtre, bordées d’olive-jaunàtre; tectrices supérieures des ailes terminées de jaunätre formant deux lignes obliques sur l'aile; queue longue, grêle ; bec étroit, droit, orné à la base de poils droits; tarses grèles. Passe- reaux. Passe- reaux, ( 326 ) Nous avons trouvé celle espèce assez communément dans la province de Yungas, à l'est de la Cordillère orientale de la Paz en Bolivia, au sein des bois et des halliers des coteaux humides et des haies, près des lieux cullivés, toujours enfoncée au plus épais et en parcourant avec agilité l'intérieur. Elle sautait de branche en branche, en cher- chant les insectes, et faisant entendre un léger sifflement. N° 238. GOBE-MOUCHE PAROÏDE DE GAIMARD, Muscicapara Gaimardii, Nob. Muscicapa albicella? Vieill., 4f.; d'Orb. et Lafr., Syn., n° 8, p. 52. W. supra olivascente, grisea; pileo nigrescente, pennis verticis sulphurascente-albis, apice fusco-nigris; alis nigris, remigibus secundariis margine, tectricibus majo- ribus et mediüs apice flavo-albescentibus ; rectricibus fusco marginatis; subtis sulphurascens, gutture albescente; lateribus capitis albo Juscoque variatis. Sur le vivant. Bec et pieds noiratres, yeux bruns. Longueur totale, 130 millimètres; du pli de Paile à son extrémité, 60 mill.; du tarse au bout des dogits, 30 mill.; du bec, 8 mill.; sa largeur, 5 mill; sa hauteur, 4 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Nous n'avons pas conservé le nom d’#bicella à cette espèce, n'ayant pas la certitude que ce soit celle de Vieillot. Nous l'avons trouvée au pays des Yuracarès, au sein des vastes forêts du pied oriental des Andes boliviennes, où elle a les habitudes du Musci- capa vermivord. N° 239. GOBE-MOUCHE PAROÏDE À TOUPET, Wuscicapara subcristata, Nob. Contramaestre copetillo ordinario, Azara, 1805, Æpunt.,t. 2, p, 66, n°160; Sylvia subcristata, Vieill., 1817, Nouv. Dict., t. 2, p. 229; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 443 (d’après Azara); Muscicapa straminea, Vemm., col., 167-2; Muscicapa cristata, d'Orb. et Lafr., Synopsis, D. D'A 9. W. suprà vertice griseo-nigricante; corpore suprà griseo-virescente; pectore gutltureque griseo-albescente; abdomine flaso; caudd fusct, griseo marginatd, remigibus mar- gine albescentibus; tectricibus alarum extimis albis, duas vittas formantibus. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 105 mill.; du vol, 150 mill.; du pli de laile à son extrémité, 48 mill.; de la queue, 33 mill.; du tarse au bout des doigts, 26 mill.; du bec, 7 mill.; circonférence du corps, 65 mill. Cette espèce, dont la femelle a le ventre presque blanc, vit en nombre dans la pro- vince de Corrientes, au Paraguay et dans la province de Chiquitos en Bolivia, ou, pour mieux dire, dans toutes les plaines du centre de l'Amérique méridionale. On la voit au sein des halliers, des buissons, sur les arbres fruitiers des jardins, sautiller familièrement de branche en branche, au plus épais, tout en jetant un léger cri et poursuivant les insectes. Souvent elle bat des ailes, à la manière d’un oiseau-mouche, pour saisir une proie dans un endroit où elle ne peut se poser. Au mois d'Octobre, elle niche au sein des bois; son nid est ouvert en dessus et couvert de lichen. À Corrientes on la nomme Saquecilo. | nS Q\ 19 ax 7 Passe- reaux. N° 240. GOBE-MOUCHE PAROÏDE À SOURCIL BLANC, Muscicapara leucophrys, Nob. Muscicapa leucophrys , d'Orb. et Lafr., Syn., n°10, p. 53. M. suprà fusca, uropygio dilutiore, superciliis albescentibus; gutture albo , pecto- reque cinerascentibus; subtus sulphurascens, tectricibus alarum nigris, apice albescentibus, his duas vittas formantibus; remigibus fuscis albo lutescente- limbatis; caudd nigro-fuscd, sordidé flava marginal. ur le vivant. D! noirs, yeux bistrés. Longueur 5 null; ; Sur L nt. Bec et p'eds noirs, yeux bistrés. L totale, 135 mill.; du vol 190 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 57 mill.; du tarse , , , q , , au bout des doigts, 22 mill.; du bec, 7 mill.; sa largeur, 31/2 mill.; sa hauteur, 21/2 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Dessus de la tête brun-olivätre foncé; cette teinte, moins prononcée, couvre les parties ? ; P ; supérieures, en devenant plus pale et olivatre au croupion; un large soureil blanc; gorge blanchätre, passant au gris-bleuàtre sur le devant du cou, au jaunätre sur la poitrine; le ventre est jaune clair, les flancs sont teints de bleuàtre; rémiges brunes, bordées, excepté les deux premières, de jaune clair; leurs tectrices sont noires, terminées de jaune sale, cette teinte formant deux raies sur l'aile; pli de l’aile et les tectrices D inférieures jaunes; rectrices brun-verdätre, bordées de jaunàtre. Ce Gobe-mouche habite le versant oriental des Andes boliviennes dens la province de Yungas, près du village de Yanacaché. On le voit sautiller sans crainte au milieu des 5a$ ; 5 bois, des halliers épais ou des haies, d’où il sort rarement. Il est très-vif, son vol est 2 2 léger, mais très-court. N° 241. GOBE- MOUCHE PAROÏDE À VENTRE PAILLE, Muscicapara stramineo- ventris, Nob. Muscicapa stramineoventris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 53, n°11. - M. suprà fusco-rufescens , pileo obscuriore, uropygio dilutè rufo; alis fusco-brun- neis, remigibus margine, tectricibusque apice, pallidè rufescentibus ; caudd [uscä ; subius pallide stramined; pectore parüm rufescente. Sur le vivant. Bec corné, yeux et pieds bruns. Longueur totale, 110 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 44 mill.; de la queue, 33 mill.; du tarse au bout des doists, 30 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 3 mill.; circonférence du corps, 75 mill. Dessus de la tête brun sale, la base des plumes bleuâtre, le corps en dessus plus päle, passant au jaune roux sur le croupion; parties inférieures jaune-paille très-clair, un trait de cette couleur entre les narines et l'œil; aile brune, les rémiges bordées légèrement, et les tectrices terminées et bordées de jaune-paille; queue brun pâle, dessous de l’aile jaune. Assez rare aux environs de Santa-Ana, province de Chiquitos en Bolivia, cette espèce s'enfonce dans les buissons et y fait entendre un cri de rappel plaintif. ( 328 ) N° 242. GOBE-MOUCHE PAROÏDE PASSEGRIS, Muscicapara obsoleta, Nob. Muscicapa obsoleta, Natterer, Temm., col., 275-1 (Gobe-moucheron passegris); Muscicapa obsoleta, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 52, n°12. M. suprà cinerea, pileo obscuriore; gutture pectoreque griseis, abdomine albo- lutescente; caudd nigrd, tectricibus alarum fuscis, rufescente marginatis. Sur le vivant. Bec noir, yeux bruns, pieds bleuàtres. Longueur totale, 120 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 30 mill.; du tarse au bout des doigts, 22 mill.; du bec, 7 mill. Avec la même taille, la même distribution de couleurs, nous avons remarqué qu'un individu, tué à Cochabamba, manque de verdàtre au croupion; l'extrémité des tectrices, des rémiges est roussàtre et non pas blanchätre; le ventre blanc et non pas jaunûtre, comme l'était un autre individu tué dans la province de Chiquitos. Nous les avons vus dans les jardins et les halliers des environs des habitations, où ils ont les habi- tudes des espèces précédentes. | N° 243. GOBE-MOUCHE PAROÏDE AVENTRE JAUNE, Muscicapara ventralis, Nob. Muscicapa ventralis, Natterer, Temm., col., 275-2; idem, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 53, n°13. M. supra olivacea; subtus lutea; remigibus nigris, luteo-viridi marginatis, tectricibus alarum fuscis , luteo apice maculatis ; caudä elongatd, gradatd, fuscd, luteo-viridi limbatd. Sur le vivant. Bec noir, pieds bleuätres, yeux roux. Longueur totale, 125 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 47 mill.; de la queue, 47 mill.; du tarse au bout des doigts, 26 mill.; du doigt du milieu, {1 mill.; du bec, 8 mill.; circonférence du corps, 75 mill. | Nous avons rencontré cette espèce au sein des halliers des lieux cultivés, au pays habité par les indiens Guarayos. Elle est rare et ses habitudes sont celles des espèces précédentes. N° 2%. GOBE-MOUCHE PAROÏDE BOLIVIEN, Muscicapara boliviana, Nob. Muscicapa olivacea?, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 54, n°14. M. suprà tota intensè viridi-olivacea; alis NIQTIS , remigibus secundariis , Lectrict- busque majoribus, angustè flaso marginatis; rectricibus nigrescentibus , margine exlus virescentibus; subtüs pallidè flavescens, gutture parüm cinerascente. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 128 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 44 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur, 3 mill.; sa largeur, 4 mill. 1. Ce nom ayant dejà été employé par Vieillot (Encycl. méth., t II, p. 817) et ses devanciers pour une autre espèce, nous sommes forcé de le changer. ( 329 ) Toutes les parties supérieures vert olivätre foncé, plus intense sur la tête, moins Passe- foncé au croupion; parties inférieures jaune pâle un peu verdàtre, mélangé de gris à "*”" la gorge et à la poitrine. Aïles noires, rémiges primaires presque sans bordures, les secondaires et les tectrices bordées d’une ligne fine d’un beau jaune. Queue brune, bordée de vert olive. Nous avons rencontré cette espèce dans la province de Yungas, sur le versant oriental des Andes boliviennes, au sein des halliers et des buissons élevés des ravins; elle y est peu commune, et a les mêmes habitudes que le Muscicapa angustirostris, Nob. Gare 8. SÉTOPHAGE, Setophaga, Swains. Cette division, que caractérisent son bec étroit et néanmoins comprimé, ses ailes courtes, sa longue queue étagée et grêle, ses tarses longs et faibles, diffère des autres Muscicapidées par habitude de se tenir en dehors des buis- sons, et de s’y cramponner à la manière des mésanges, pour en parcourir toutes les parties, en y cherchant sa nourriture. N° 245. SÉTOPHAGE À COIFFE BRUNE, Setophaga brunniceps, Nob. PI. XXXIV, fig. 3-4. Setophaga brunniceps, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 50, n°1. S. supra cinereo-olivacea; pileo cinnamomeo; superciliis palpebräque albis; subtüs flwa; remigibus tectricibusque nigris, cinereo marginatis; caud& elongatd, gra- datd , rectricibus nigris, quatuor lateralibus apice albis, duabus pennis totis albis. Sur le vivant. Bec noir, pieds violacés, yeux bruns. Longueur totale, 140 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 64 mill.; de la queue, 60 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 3 mill.; sa largeur, 4 mill. Parties supérieures bleu ardoisé; passant à l’olive sur le milieu du dos; parties infé- rieures d’un beau jaune vif; le tour des yeux blanc, et cette teinte se prolongeant jusqu’à la commissure du bec en un sourcil marqué; tout le dessus de la tête d’un beau roux vif; rémiges et leurs rectrices noiràtres, bordées de cendré; queue longue, élagée, grêle, noire; les deux rectrices latérales blanches, les deux suivantes blanches à l’extré- mité et sur leur milieu, les côtés noirätres; bec étroit, caréné en dessus, allongé, conique, peu déprimé; tarses longs et grèles. Cette charmante espèce s’est montrée à nous à l’est des Andes boliviennes, dans fa province de Yungas, sur les contreforts encore élevés des Cordillères, toujours au sein des lieux les plus boisés et humides, où elle se tient sur les parties extérieures des buissons et des fourrés, sans jamais pénétrer dans leur intérieur. Elle se contente d’en parcourir avec vivacité les branches extérieures, -y cherchant les insectes dont elle se nourrit, se cramponnant en lout sens à la manière des mésanges; elle vole peu, et ne fait entendre qu’un sifflement monotone et triste. IV. Ois. e 42 Passe- reaux ( 550 ) N. 246. SÉTOPHAGE ARDOISÉ JAUNE ET ROUX, Setophaga verticalis, Nob. PI. XXXV, fig. 1. Setophaga verticalis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 50, n° 2. S. supra schistacea; pennis verticis cinnamomeis, apice nigris, remigibus , tectrici- busque nigris, cinereo fimbriatis; gutture pectoreque nigro-schistaceis; subtus aurantio-flava; caud& nigr4, gradatd , rectricibus duobus lateralibus albis, tertid maculd longitudinali apiciali albd. Sur le vivant. Bec noir, pieds bruns, yeux bistrés. Longueur totale, 130 millimètres; du vol, 200 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 63 mill.; de la queue, 45 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du doigt du milieu, 14 mill.; du bec, 7 mill.; sa hauteur, 3 mill.; sa largeur 5 mill.; circonférence du corps, 80 mill. La tête et les parties supérieures bleu ardoisé foncé, une huppe roux foncé sur le milieu du vertex; cou et poitrine bleu ardoisé très-foncé; dessous du corps jaune orange, plus foncé au bas de la poitrine, passant au vert sur les flancs; rémiges et leurs tectrices noires, bordées de cendré bleu; queue longue, étagée, noire, les deux rectrices latérales blanches, la troisième blanche au milieu et à son extrémité. Nous avons trouvé cette espèce au même lieu et dans les mêmes circonstances que l’espèce précédente; et, s'il n’y avait eu de grandes dissemblances de taille, le manque de blanc à l'œil, la gorge bleue au lieu d’être jaune, la tête ardoisée et non pas rousse, nous aurions pu regarder les deux espèces comme n’en faisant qu’une. N.° 247. SÉTOPHAGE BUDYTOÏDE, Setophaga budytoides, Nob. PI. XXXVI, fig. 2 (sous le nom de Culicivora budytoides). Culicivora budytoides, &Orb. et Lafr., Synopsis, p. 56, n° 2.1 S. suprà fusco-murina; subtüs fronte supercilisque pallidè flavis ; alis nigris, remi- gibus angustissimé, tectricibus mediüis et majoribus laté albo marginatis, vittam latam obliquam formantibus ; caudd fusco-nigrä, longissind gradat&, maculis duabus albis notatä. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 150 mill.; du vol, 190 mill.; du pli de laile à son extrémité, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du doigt du milieu, 17 mill.; de la queue, 80 mill.; du bec, 7 mill.; sa hau- teur, 2 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Parties supérieures gris ardoisé, plus foncé sur la tête; parties inférieures jaune pâle, passant au cendré sur les flancs; front et sourcils jaunes, ailes noirâtres, les rémiges faiblement bordées en dehors de gris pâle; les grandes tectrices terminées de blanc; 1. Ayant reconnu que cet oiseau était beaucoup mieux avec les espèces précédentes, nous n'avons pas balancé à l’ôter des Culicivora, où M. de Lafresnaye et nous lavions d’abord placé dans notre Synopsis. ( 331 ) cette teinte formant une bande sur laile; queue très-longue, étroite à sa base; les deux rectrices supérieures brun noiràtre, les deux inférieures blanches, avec une grande tache carrée noire au côté interne, près de son extrémité; les autres sont noires, avec une tache blanche à l'extrémité et une autre au milieu de sa longueur au côté interne. Peu communs, ces oiseaux se sont montrés à nous dans la vallée de Chaluani, pro- vince de Mizque, république de Bolivia, sur le haut des mimoses en fleurs. Ils par- couraient en tout sens les branches du sommet, sans jamais descendre à terre, s'y cramponnaient comme les mésanges ou voltigeaient, en cherchant les petits insectes dont ils se nourrissent; ils vont deux ou trois ensemble sur le mème buisson et font entendre un petit sifflement aigu de rappel, en relevant souvent leur longue queue. Gexre 9. CULICIVORE, Cukicivora, Swains. Nous ne séparons ce petit groupe des Setophaga qu'en raison de la forme lus étroite et plus eflilée du bec; car, du reste, mêmes ailes courtes, queue [! , , , +: q 5 ment longue, tarses longs et grêles, doigts courts, et mœurs absolu- alement longue, t longs et g s ; ment identiques. CULICIVORES PROPRES. ESPÈCES NON HUPPÉES. N.” 248. CULICIVORE BLEU, Culiciwora dumicola, Nob. Contramaestre azuladillo, Azara, 1805, Apunt.,t. 2,p. 60, n°158; Sylvia dumicola, Vieill., 1817, Nouv. Dict. d'hist. nat., t.11,p. 1703 idem, 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 433 (d'après Azara); Sylvia bivittata, Ticht., 1823, Doubl., n° 397, p. 35; Culicivora bivittata, d'Orb. et Lafr., Syr., p. 56, n°1. C. supra cærulea, subtüs cærulescente albd; remigibus nigris, cæruleo marginatis ; rectricibus superioribus atris, inferioribus albis ; fascid oculari nigrd. Sur le vivant. Bec noir en dessus, blanc dessous; yeux bruns, pieds livides. Longueur totale, 125 mill.; du vol, 175 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 50 mill.; de la queue, 50 mill.; du bec, 8 mill.; du tarse au bout des doigts, 27 mill.; circonférence du corps, 130 mul. Ce charmant petit oiseau habite toutes les régions chaudes et tempérées du continent américain situées à l’est des Andes; car nous l’avons successivement rencontré à Buenos- Ayres, à Corrientes, république Argentine; puis nous l'avons retrouvé dans les vastes provinces de Chiquitos et de Moxos en Bolivia. Partout des plus familier, il se tient de préférence non loin des eaux, sur les petits arbres ou arbustes isolés; on le voit voltiger et sauter avec vivacité, en tous sens et sans repos, aux parties les plus élevées des branches, s’y glissant en furetant partout, afin d’y chercher des insectes, et répé- tant souvent un petit cri aigu de rappel. Son vol est court et rapide; mais il ne s'envole que pour aller sur l'arbre le plus voisin. Néanmoins nous croyons qu'il voyage, l'ayant vu à Buenos-Ayres en été et jamais en hiver. Il ne descend pas à terre. Au mois de Passe- reaux. arr ( 382 y Passe Novembre il se construit, au sommet des mimoses, un nid composé à l’intérieur de reaux, colon et garni en dehors de lichen artistement appliqué, de manière à former corps avec la branche. CULICIVORES ROITELETS, Culicioræ reguloides, Nob. ESPÈCES POURVUES D'UNE LONGUE HUPPE RELEVÉE. N.° 249. CULICIVORE TORITO, Culicivora parulus, Nob. Muscicapa parulus, Kilitz, 1830, Ueber einige Vügel von Chili, t 9; Culicivora parulus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 57, n°1. C. suprà cinereo-olivacea, pileo nigro, plumis wverticis valdè elongatis, linearibus , recurvis, frontalibus albo marginatis ; maculd ante oculos regioneque paroticä nigris; capitis collique lateribus griseo nigroque variegatis ; alis Juscis, remigibus mar- gine, tectricibus apice griseis; caud4 fuscd, extimä laterali albo marginatis ; subis pallidè sulphurascens; gutture colloque antico albescentibus, plumis omni- bus in medio nigro striatis. Sur le vivant. Bec mince, noir; tarses longs, noirs; doigts médiocres, yeux jaune clair. Longueur totale, 110 mill.; de la queue, 40 mill.; de la huppe, 20 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 52 mill.; du tarse au bout des doigts, 25 mill.; du doigt du milieu, 9 mill.; du bec, 6 mill.; du vol, 150 mill.; circonférence du corps, 60 mill. Cette petite espèce habite toute notre troisième zone de latitude et de hauteur. Nous l'avons d’abord rencontrée en Patagonie, au 41° degré sud, non loin du Rio Negro; nous l'avons retrouvée ensuite à Valparaiso, au Chili, puis sur le versant oriental des Andes, au 16.° degré, à une hauteur moyenne de 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, par une température égale à celle de la Patagonie. On la rencontre toujours par couples, dans tous les lieux couverts de buissons épineux et épais, près des ravins et sur les coteaux, où elle est sédentaire; elle sautille avec vivacité et gentil- iesse des basses branches aux branches supérieures des buissons, en s’y cramponnant, en inclinant son corps dans tous les sens, et paraissant se replier comme un serpent pour en parcourir toutes les parties, tandis qu’elle cherche les petits insectes dont elle se nourrit. Ses mœurs sont familières; elle s'approche des habitations, et se dérange rarement lors- qu'on passe près d'elle; et si elle s'envole, c’est d’un vol court, léger et saccadé, pour aller se poser tout au plus à vingt mètres de là, sans jamais s'élever au-dessus du sol. Toujours par couples, les deux Culicivores, qui s’éloignent peu, se répondent constam- inent par un petit cri et paraissent on ne peut plus unis. Au Chili les habitans appellent cet oiseau Torito (petit taureau), de la forme de sa huppe. N° 250. CULICIVORE ROITELET, Culicivora reguloides, Nob. PL. XXXVIL, fig. 1. Culicivora reguloides, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 57, n.° 2. C. fronte, gutture fasciäque nigris, suprà nigra, maculis magnis albis; pileo albo, crist& elongatd albd, nigroque variegatis ; alis nigris, tectricibus apice albis; (555) pectore hypocondrisque maculis oblongis nigris alboque striatis; abdomine albo læviter sulphureo induto; caudd nigrä, rectricibus lateralibus albo marginatis. Sur le vivant. Bec noir en dessus, jaune à sa base; yeux bistrés, pieds noirs. Longueur totale, 110 millimètres; du vol, 165 mill.; de la queue, 41 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 55 mill.; du bec, 8 mill.; sa largeur, 4 mill.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du doigt du milieu, 12 mill.; circonférence du corps, 70 mill. La face noire, c’est-à-dire le front, le tour des yeux, les joues et la gorge; la huppe très-longue, retroussée, composée en avant de quelques plumes longues, noires, bordées de blanc, et en arrière de plumes blanches; sur la poitrine, les flancs et le dos les plumes sont noires, bordées de blanc; ventre blanc-jaunâtre; ailes noires, les grandes et pelites tectrices , les dernières rémiges, sont noires, terminées de blanc, ce qui forme deux lignes transversales; queue noirâtre, l'extrémité blanchätre, les deux rectrices exté- rieures bordées extérieurement de blanc. — La femelle n’a pas la face noire, cette partie est variée comme la poitrine; son ventre est plus jaune. Cette jolie petite espèce, distincte de la précédente par ses teintes, tout en ayant les mêmes caractères, la mème taille et les mêmes habitudes, s’est montrée à nous à Tacna (Pérou), sur le versant occidental des Andes, près de la ville, dans les jardins, sur les oliviers, les grenadiers. Elle est assez peu commune. Genre 10. TACHURIS, T'achuris, Nob. Tachuris, Azara. Bec très-mince, comprimé; queue arrondie, ailes très-courtes, arrondies. Ce sont de petits oiseaux vivant toujours au sein des roseaux au-dessus des eaux, se cramponnant aux tiges pour chercher les insectes dont ils se nour- rissent, et descendant quelquefois à terre pour les y saisir; ils sont des régions tempérées situées à l’est des Andes, et seulement des plaines. Tous leurs caractères sont ceux des Roitelets, tout en étant muscivores, et ayant les moustaches des Muscicapidées. N.° 251. TACHURIS ROI, Tachuris rubrigastra, Nob. Tachuris rey, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 72, n°161; Sylvia rubrigastra, Vieill., 1817, Nouv. Dict., t, 11, p. 227; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 481; Regulus omnicolor, Vieill., Galerie, pl. 166; Tachuris omnicolor 1, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 55, n°1. I” corpore suprà viridescente, subtus flavo; abdomine vertice in medio ignicoloribus ; strigd suboculari flavd. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, le dessus des pieds brun-jaune; yeux bleu clair. Longueur totale, 110 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 50 mill.; de la queue, 35 mill.; du bec, 8 mill. 1. Le nom spécifique de Rubrigastra ayant été le premier imposé, nous le conservons. Passe- eaux. Passe reaux. ( 554 ) Nous avons rencontré celte charmante espèce, au mois de Septembre, aux environs de Buenos-Ayres, sur les bords de la Plata du côté de la Boca, dans les jones des lieux inondés, d’où elle ne sort jamais, sautillant seule, sans crainte, d’une tige à l’autre avec vivacité et légèreté, y cherchant les petits insectes dont elle se nourrit, ne volant que très-peu. Elle nous a paru de passage, ne se trouvant pas l'été dans les mêmes parages. N. 252. TACHURIS OBSCUR, Tachuris nigricans, Nob. l'achuris obscurito minor, Azara, 1805, Æpunt., t. 2, p. 83, n°167; Sylvia nigricans, Vieill., 1817, Nouv. Dict.,t. 11, p. 204; idem, 1823, Encycl. méth.,t. 2, p. 458; Tachuris nigricans, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 55, n° 2. 1. supr& fusco-brunnescens, pileo colloque ardesiacis, pennis verticis basi niveis ; alis fuscis, remigibus secundariis margine, tectricibusque apice rufo-cinerascen- tibus; caudd nigrd; subtüs cinereus, gutture ventrique medio albescentibus ; rostro minulo , elongalo, conico. Cette petite espèce s’est montrée à nous aux environs de Maldonado, près de lem- bouchure de la Plata, et à Buenos-Ayres, dans les jones ou dans les roseaux du bord des rivières et des lacs, où elle vole de tige en tige au-dessus de l’eau, et se jetant sur l'eau mème pour saisir les petits insectes dont elle se nourrit. Son vol est interrompu. Gexre 11. ARUNDINICOLE, Æ{rundinicola, Nob. Caractérisé par son bec tres-long, très-fort en raison de la taille, déprimé, à dos arrondi; par sa queue un peu étagée, plus où moins longue, en coin; par ses ailes courtes, arrondies, les premières rémiges étroites et aiguës; par ses pieds et ses tarses longs, à doigts très-allongés, armés d’ongles longs et ires-peu arqués. Ces oiseaux se tiennent exclusivement aux bords des eaux, dans les Jones et dessus, et se posent peu à terre. [ls sont tous des régions chaudes et tempérées situées à l'est des Andes.— Nous les avons, dans notre Synopsis, placés avec les Ælecturus; mais ils en diffèrent par le bec beau- coup plus long et parce qu'ils pénètrent dans l’intérieur des jones, au lieu de rester toujours en dehors. N° 253. ARUNDINICOLE À TÈTE BLANCHE, Arundinicola leucocephala, Nob. Pallas, Spicil., 6, p.19,t. 3, fig. 2; Todus leucocephalus, Lath., 1782, Syn., t. 1", p. 66, n.” 6; idem, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 444, n° 6; Suiriri de cabeza blanca, Azara, 1805, ÆApunt.;t 2, p.103,n.176; Platyrhynchus leucocephalus, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 27, p. 21; idem, Encycl. méth., t. 2,p. 842; Muscicapa dominicana, Spix, Av., p. 21, tab. 29, üg. 2; Muscicapa leucocephala, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3 B, p. 822, n°11, Alecturus leucocephalus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 54, n° 3. ( 355 A. Mas. Migra, capite subcristato, guläque lacteis; rostro suprà nigro, subis Jflavo; pedibus atris. — Foœæm. Fronte subtusque albis, capite posticé supra, alis caudäque fuscis. Sur le vivant. Pieds noir-brun, yeux brun-roux, bec noir en dessus, jaunàtre en dessous. Longueur totale, 120 à 130 millimètres, Nous avons rencontré cetle espèce successivement à Rio de Janeiro, à Corrientes et dans les provinces de Moxos et de Chiquitos, ce qui nous porterait à croire qu’elle habite toutes les régions chaudes de l'Amérique méridionale. Néanmoins elle n’est com- mune nulle part; elle se tient toujours parmi les joncs des lacs et des marais; là, par paires toute l’année, et sédentaire dans le même lac ou le même marais, on est presque certain de ly trouver, ne s’en éloignant que d’une centaine de pas tout au plus. Le matin et le soir on la voit perchée sur la sommité des joncs, d’où elle épie les insectes, qu'elle saisit au vol, revenant ensuite à sa place; elle descend aussi sur les plantes flottantes pour les chercher, ou bat des ailes au-dessus de l’eau pour saisir les insectes aquatiques. Posée, elle balance continuellement sa queue de haut en bas d’un air gai, mais assez farouche; si on l’inquiète, elle se cache au milieu des joncs et ne reparait que long-temps après; ce qu’elle fait aussi sans motifs à l’instant des fortes chaleurs du jour. Au temps des amours elle construit un nid en forme de grotte, garni à l’exté- rieur de graminées fines et à l’intérieur seulement de plumes blanches; ce nid est attaché par des fils à cinq ou six joncs à la moitié de leur hauteur au-dessus des eaux, et contient quatre œufs d’un blanc rosé, tacheté de rouge. N° 254. ARUNDINICOLE À VENTRE JAUNE, Arundinicola Jlaviventris, Nob. PI. XXXVI, fig. 1 (sous le nom d’Alecturus flaviventris). Tachuris de vientre amarillo, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 89, n°171; Vieill., Nouv. Dict., t. 32, p. 355, et Encycl. méth., t. 2, p. 446; Ælecturus flaviventris, d'Orb. et Lafr., Syn., p- 55, n° 4. A. suprà olivaceo-füsca, pileo pauld obscuriore, rufo induto; alis fuscis, remigibus secundariis margine, tectricibus apice albido-rufescentibus , caud& pallidé fuscü , rectricibus medis juncorum collisu sæpe detritis, subtüs tota flavescens, gutture pallidiore. Sur le vivant. Bec noir; la femelle l’a brun en dessus, plus pale en dessous; tarses noirs, yeux roux. Longueur totale, 125 mill.; de la queue, 40 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 7 mill.; de l’ongle du pouce, 6 mill. Cette espèce et la précédente, par la grande longueur de leurs ongles et surtout de celui du pouce, par la longueur des doigts, par la brièveté des ailes et la queue conique, rappellent entièrement la forme des Roussollies; aussi habitent-elles les mêmes lieux. Nous avons trouvé la Fuvicola flaviventris à Montevideo et à Corrientes, et seulement Passe TeAUX. Passe- reaux, dl (-336 ) dans les jones des lacs et des marais, où, tout en ayant les mêmes habitudes que l'espèce précédente, elle se tient de préférence dans l’intérieur des joncs et moins au dehors; pourtant elle descend quelquefois à terre. B. DUMICOLES PERCHEURS. Ils n’entrent jamais dans les fourrés, se perchent toujours au dehors, d’où ils chassent aux insectes qui passent à leur portée. Gexre 12. SUIRIRI, Swriri, Nob. Le genre Suiriri se compose d'espèces fortes, dont le bec est long, robuste, caréné en dessus et très-légèrement déprimé, la tête grosse, les ailes longues, la queue longue, les doigts courts et robustes. Elles n’entrent jamais ni dans les fourrés, ni dans les bois, se tiennent toujours sur le point le plus élevé des arbres ou des buissons, d’où elles chassent aux insectes, en les pour- suivant au vol. Elles ne descendent pas à terre. Elles sont des deux versans des Andes, dans les régions tempérées et chaudes. N. 255. SUIRIRISUIRIRI, Surriri-Suiriri, Nob. Suiriri ordinario, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p.111, n°1793; Muscicapa suiriri, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 21, p. 287; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 820 (d'après Azara); idem, d'Orb. et Lafr., Syn., p.51, n°1. S. corpore suprà griseo-plumbeo; dorso, uropygio wviridi dilutè mixtis; subtus albo ; pectore dilutè plumbeo ; remigibus tectricibusque nigris, albo marginalis, caud& nigrd, rectricibus exterioribus albo limbatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux roux-brun. Longueur totale, 150 millimètres; du pli de aile à son extrémité, 77 mill.; de la queue, 55 mill.; du bec, {1 mill.; sa largeur, 6 mull.; sa hauteur, 4 mill.; circonférence du corps, 80 mill. Cette espèce, bien décrite par Azara et nommée par Vieillot d’après l’auteur espagnol, s’est montrée à nous à Corrientes, à la frontière du Paraguay, et dans les provinces de Moxos et de Chiquitos, en Bolivia. Elle parait alors habiter toutes les plaines du centre du continent méridional du 12.° au 28.° degré de latitude sud; elle se tient au sommet des arbres et des grands buissons, d’où elle chasse aux insectes, comme les Pepoaza. On la rencontre en troupes au mois de Juillet. C’est sans doute alors qu’elle fait ses pelts voyages annuels. Elle est très-peu craintive. N.° 256. SUIRIRI RUBIN, Surriré coronata, Nob. fiubin ou Gobe-mouche huppé, Buff., Ois., t. 4, p. 547, Enl. 675, fig. 1; Muscicapa coronata, Lath., 1783; Syn., II, 1,p. 362, n° 72; idem, Gmel., 1789, Syst. nat., p. 932, n° 25; Suiriri churinche, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 105, n°177; Platyrhynchus coronatus, Vieill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 840; Muscicaparcoronata, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3 B,p. 880; Muscicapa coronata, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 3, p. 47: ( 5334.) $. Mas. Corpore suprà, alis caudäque nigrescente-fuscis; cristä capitis rotundatd, temporibus corporeque subtus rubris. — Mas. jun. Capite corporeque suprä, fusco- cinereis; alis nigrescentibus pallidè limbatis caudé nigrescente, rectricibus exte- rioribus albo limbatis; gutture albo, pectore albo, fusco maculato; abdomine crissoque rubescente-flavis.— Foœm. Capite corporeque suprà fusco-cinereis, fusco maculatis, remigibus tectricibusque fuscis, albo marginatis; gutture, pectore, abdomine albescente-fusco maculatis; ano crissoque flavescentibus. Sur le vivant. Bec, pieds et yeux noirs. Longueur totale, 160 millimètres; du vol, 270 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 80 mill.; circonférence du corps, 100 mill. Cette espèce, décrite à tort par Azara et par Vieillot comme ne variant point de teinte suivant l’age et le sexe, est au contraire sujette à des différences telles qu’il serait facile d’en faire deux ou trois espèces distinctes. En effet, dans le jeune âge elle est entièrement gris-brun en dessus, blanc grivelé en dessous; le rouge commence d’abord à paraitre sous le ventre; celui de la tête ne vient que long-temps après. Nous l’avons rencontrée successivement à Maldonado, à Montevideo, à Buenos-Ayres et à Corrientes; nous l'avons revue à Chiquitos, en Bolivia, puis à Tacna, Arica et Lima, au Pérou; ainsi elle habite toutes les plaines de l’est des Andes, depuis les régions chaudes jusqu’au 36. degré, et le versant occidental des Andes sur la côte du Pérou. Elle est sédentaire dans ce dernier endroit, tandis qu’elle voyage dans les plaines, n’arrivant qu’en hiver dans les régions chaudes, où elle niche en grand nombre près de l'embouchure de la Plata. Très-commune auprès de tous les lieux habités de Montevideo, de Maldonado et du Pérou, elle paraît préférer les vergers, les bois de pêchers, de grenadiers ou de tout autre arbre fruitier, servant ainsi d'ornement aux maisons de campagne. On la voit toujours, isolée et familière, perchée sur les branches les plus élevées des arbustes ou sur les grandes plantes; elle y reste immobile, puis tout à coup elle s'envole, se met à planer au-dessus des arbres, en battant des ailes, sans avancer ni reculer, faisant entendre un chant assez agréable, et ensuite se laisse tomber comme une flèche sur un autre lieu élevé, où elle se perche. Ses mouvemens sont vifs et enjoués; rarement la voit-on à terre, et seulement pour y saisir un insecte et reprendre son poste; souvent aussi elle poursuit au vol les insectes qui passent à sa portée. — Nous avons trouvé plusieurs nids de cette espèce dans les bois de pêchers des environs de Maldo- nado; 1ls sont placés sur les branches horizontales ou inclinées des pêchers, ouverts en dessus, et composés de plumes et de mousses, à peu près comme celui de notre pinson de France. Ils contiennent quatre à cinq œufs grisätres, tachetés de rouge et de brun. Au temps de la nichée le mâle et la femelle couvent alternativement, et tandis que l’un est occupé de lincubation, l’autre se tient aux environs, perché sur le buisson voisin, prévenant par un cri son consort au moindre danger. Remarqué de tous les habitans par son habitude de se mettre toujours en évidence, et généralement aimé à cause de son Joli plumage et de sa gentillesse, cet oiseau porte différens noms et a motivé plusieurs croyances populaires. À Maldonado et à Buenos- 4 IV. oùs. 43 Passe reaux. Pa sse- reaux. (558 ) \vres on le nomme Colorado (rouge), et il est regardé comme l’embléme de la liberté, parce qu'il préfère la mort à l'esclavage. À Corrientes, les Guaranis le connaissent sous le nom de Guira pyta et de Guira cayera (oiseau rouge); mais sa belle teinte le fait désigner encore sous le nom poétique de Quarakr raht (fils du soleil), allusion à l’éclat de sa parure. À Tacna et à Arica il est appelé Saca-tu-real (ôte ton royal), nom imitatif de son chant, et les habitans croient qu'il faut être sorcier pour pouvoir le tuer; aussi nous prirent-ils pour tel, lorsqu'ils nous en virent tuer plusieurs devant eux. À Lima on l'appelle Putilla, mot dont nous nous dispenserons de donner l'explication. Les \raucanos le désignent sous le nom de Czurrincho. N° 257. SUIRIRI À SOURCILS JAUNES, Suiriri icteropkrys, Nob. L'œuf, pl. XLV, fig. 3. Suiriri obscuro y amarillo, Azara, 1805, Apunt., t. 2,p.118;n.183; Muscicapa icterophrys, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 21, p. 458; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 832; Fluvicola icterophrys, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 59, n.° 5. S. suprä saturatè viridis, superciliis corporeque subtus flavis; alis nigris, remigi- bus tectricibusque albescente marginatis ; caudä nigrescente. Cette espèce est du nombre de celles que nous avons rencontrées en abondance aux environs de Montevideo, de Buenos-Ayres et jusqu’à Corrientes, dans notre seconde zone de latitude, et qu’ensuite nous avons retrouvées sur les parties élevées des Andes y correspondant par la température (notre seconde zone d’élévation au-dessus du niveau de la mer), dans la province de Chuquisaca et de Sicasica, en Bolivia. On la voit toujours dans les mêmes circonstances que les deux espèces précédentes, dont elle a en tout les habitudes percheuses. Au mois d'Octobre nous avons pu observer sa nichée : son nid, composé à l'extérieur de branchages tissés avec du coton et du lichen, et à l'extérieur de plumes ou de foin, contourné en rond, est placé au sommet des buis- sons et en vue; il contient trois à quatre œufs, de 17 et 24 millimètres de diamètre, blancs, tachetés de rouge, les taches plus grandes sur le gros bout et rares ailleurs. Le mäle et la femelle couvent chacun à leur tour. Cette espèce se distingue des deux précédentes par sa tête plus petite, par son bec plus effilé, mais caréné en dessus, et par ses tarses plus longs; néanmoins, attendu qu’elle diffère encore plus des Adas par son bec caréné en dessus, par le manque de change- ment de plumage suivant les sexes, puis, enfin, parce qu’elle ne descend jamais à terre, nous avons dû la placer ici comme établissant un passage entre les deux sous-genres. Sous-Gexre 13. ADA, Ada, Less. Comme nous lPentendons, cétte division devrait, par les mœurs des espèces qui la composent, rentrer entièrement dans la précédente; mais les caractères qui les distinguent nous ont empêché d'opérer cette réunion. Leur bec est 1. Le Æeal espagnol est une monnaie d'argent qui vaut à peu près 63 centimes. (539 ) allongé, triangulaire, très-peu déprimé, arrondi en dessus, peu crochu à son extrémité; les tarses longs, ainsi que les doigts; l'aile longue, la queue médiocre, égale. Ce sont des oiseaux essentiellement percheurs, qu'on voit toujours au sommet des grandes herbes et des buissons, d'où ils chassent aux insectes, descendant rarement à terre. [ls sont des régions froides, tempé- rées et chaudes de l'Amérique, à l'est des Andes. Les deux sexes ont des livrées entierement différentes, ce qu’on ne trouve pas habituellement dans les Muscicapidées. N.° 258. ADA CLIGNOT, Ada perspicillata, Nob. Mäle. Le Clignot, Commerson; le Clignot ou Traquet à lunette, Buff., Ois., t. 5, p. 23;; Sylvia perspicillata, Lath., 1783, Syn., I, 2, p. 452, n.° 503 Motacilla perspicillata, Gmel., 1789, Syst., p. 969, n°103; Colas raras, pico de plata, Azara, 1805, Apunt., t.2,p. 260, n° 228; Œnanthe perspicillata, Vieill., Nouv. Dict., 1818,t. 21, p.433; Sylvia perspicillata, Vieill., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 490; Muscicapa Commersoni, Less., Traité, p. 388 , n° 48; Fluvicola perspicillata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 58, n.° 2. — Femelle. Suiriri chorreado, Azara, 1805 , Apunt.,t. 2, p.117,n° 182; Muscicapa nigricans, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 21, p. 4543; Encycl. méth., t. 2, p. 818. A. Mas. Niger, gutture remigibusque alarum macul& alb& notatus; rostro, circulo orbitæ nudis, flavicantibus. — Foem. Superciliis albidis; corpore suprà fusco, pennis rufo marginatis; tectricibus alarum nigris, rufo limbatis ; remigibus rufis, apice nigris ; gullure ventreque albis, dilutè rufis, pectore unicolore, longitudinaliter Jfusco maculato. Sur le vivant. Bec, yeux, une rosette découpée en crête de coq, libre autour des yeux, d’un beau jaune; pieds noirs. La femelle a le bec noiràtre à son extremité, jaune ailleurs; les jeunes ont le bec noir, avec les couleurs de la femelle. Longueur totale, 160 millimètres; du vol, 250 mill.; circonférence du corps, 109 mill. Connue depuis Commerson et remarquable par ses paupières en crêtes, cette espèce, comme nous l’avons établi dans la Synonymie, avait néanmoins motivé deux espèces basées sur les variétés de sexe, erreur dans laquelle il était facile de tomber en raison de la dissemblance totale qui existe du mäle à la femelle. Nous avons reconnu qu’elle est sujette à des migrations annuelles. L'hiver (en Mai et Juin) elle s’avance à Corrientes, et dans les provinces de Chiquitos et de Moxos, en Bolivia, jusqu'au 14° degré de latitude, tandis qu'au printemps (en Septembre et Octobre) elle se dirige vers le sud, et niche en très-grand nombre près de l'embouchure de la Plata à Montevideo et Buenos- Ayres, et va même en petit nombre jusqu'au Rio Negro en Patagonie, au 41. degré; ainsi son centre d'habitation, le lieu où elle niche de préférence, serait du 30.° au 35. degré sud. On la voit toujours dans les lieux humides qui avoisinent les marais, où 1l y a de grandes herbes et de petits buissons. Là, toujours perchée sur le point culmi- nant, elle y reste quelquefois immobile; mais, le plus souvent, y bat des ailes, fait Passe- reaux. ( 340 ) Passe le balancier avec sa queue et relève les plumes de la tête en forme de huppe, dilatant reaux, el _épanouissant plus ou moins, suivant qu’elle est tranquille ou inquiète, la rosette qui entoure ses yeux. Passe-t-11 un insecte à sa portée? elle s'envole pour le poursuivre, et descend même quelquefois à terre pour le saisir, puis revient à son poste. Son vol est saccadé; le soir elle va se coucher dans les buissons. Dans la saison des amours le male et la femelle se séparent peu : l’un se tient toujours perché non loin du lieu où l'autre couve, et le prévient du danger. Nous avons même remarqué que le mâle ne s'envolait que lorsqu'il avait vu se sauver la femelle. Leur nid, placé dans les marais au sommet d’une grande plante où d’un buisson, est énorme, composé d’herbe fine el de crin, protégé en dehors par des épines; la forme en est arrondie, et il n’a qu'une pelite ouverture qui donne entrée dans son intérieur; les œufs, au nombre de quatre ou cinq, sont d’un beau blanc, de forme arrondie, et du diamètre de 19 et 24 milli- mètres. À Buenos-Ayres on nomme cet oiseau Pico de plata (bec d'argent), et à Cor- rientes V'iudita (petite veuve), de sa teinte noire. N.° 259. ADA À BEC BLEU, 4da cyanirostris, Nob. Mas. Suiriri negro pico celeste, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 116, n° 181; Muscicapa cyanirostris, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 21, p. 447; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 823 (d'après Azara).— Fœm. Suiriri de cabeza y rabadilla de canela, Azara, t. 2, p.109,n. 178; Muscicapa ruficapilla, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 21, p. 459; idem, Encycl. méth., t. 2, p+ 833; Æluvicola cyanirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 59, n° 4. 4. Mas. Viger; rostro cyaneo, apice nigro. — Foœm. Supra fusco-brunnea, capite nigricante , uropygio rufo; alis nigris; remigibus omnibus basi, secundaris mar- gine, tectricibus mediis et majoribus late apice rufescentibus ; caudd nigrä, basi usque ad medium rufd, rectrice externd laterali, pogonio externo pallide rufes- centibus, subtus sordidè rufescens ; gutture, collo antico medioque abdomine palli- dioribus. Sur le vivant. Bec bleu de ciel, l'extrémité supérieure noire. Longueur totale, 170 mill.; de la queue, 55 mill.; du pli de aile à son extrémité, 70 mill.; du bec, 10 mill. Nous avons rencontré cette espèce depuis le 31.° degré sud jusqu’à Corrientes, à la frontière du Paraguay. Peu commune et vivant isolée, elle se tient à la lisière des bois, dans les marais, où, perchée sur les buissons élevés, elle attend les insectes, qu’elle saisit au vol; elle descend aussi rarement à terre, mais y resle peu : ses manières sont peu craintives, el nous la croyons sédentaire. N.° 260. ADA NOIR, 4da nigerrima, Nob._ Fluvicola nigerrima, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 59, n° 3. A. Mas. Niger, remigibus basi, pogonio interno albis ; rostro cæruleo, apice nigro; pedibus nigris. — Foœm. Suprà fusca, uropygio rufo; subtus sordidè rufescens ; gutture medioque abdomine albescentibus; caudä nigr&, basi rufä; alis nigres- centibus , tectricibus apice albo-rufescentibus. ( 541 ) Sur le vivant. Bec bleu de ciel, terminé de noir; yeux bruns, pieds noirs. Longueur Passe- totale, 165 millimètres; du vol, 360 mill.; du pli de laile à son extrémité, 68 mill.; er de la queue, 57 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du doigt du milieu, 18 mill.; du bec, 12 mill.; sa largeur, 6 mill.; sa hauteur, 5 mill.; circonférence du corps, 105 mill. Mäle adulte, entièrement d’un beau noir brillant, les rémiges noir terne, le côté interne de la moitié de leur longueur blanc. Femelle. Dessus du corps brun foncé, plus intense sur la tête, passant au roux vif au croupion; du blanc jaunâtre autour de la base du bec; parties inférieures roussätre très-clair, passant au blanc sous la gorge et le milieu du ventre; ailes noiràtres, les rémiges bordées de roux en dedans et en dehors, les petites tectrices terminées de roussätre, les grandes de blanc, ce qui fait deux bandes sur laile; queue noiràtre, les deux rectrices exceptées, toutes rousses à leur base, à leur côté interne; les deux latérales bordées extérieurement de blanc. Cette espèce, différant de la précédente par le blanc de la base des rémiges, ainsi que par son bec plus étroit, habite tout le versant oriental des Andes boliviennes dans les provinces de Yungas, d’Ayupaya, de Cochabamba, de Chuquisaca; et, par consé- quent, ne s’écarte pas de notre seconde zone de hauteur, au-dessus du niveau de la mer. Partout elle est commune sur les coteaux, dans les plaines, où, toujours perchée au sommet des petits buissons, elle a en tout les habitudes des espèces précédentes. Genre 14. ALECTURE, Æ/ecturus, Vieill. Les Alecturus ont le bec fort, large, aplati et fortement crochu; la tête grosse; les ailes allongées, pointues; les doigts et les ongles longs et forts; la queue singulièrement ornée d’une sorte de rectrices, les rectrices ordinaires et d’autres verticales. Ils se tiennent dans les plaines, dans les marais, au sommet des plantes les plus élevées, d’où ils chassent sans descendre à terre. Tous sont des régions chaudes et tempérées situées à lest des Andes. N.° 261. ALECTURE PETIT COQ, Æecturus tricolor, Vielll. Cola rara gallito, Azara, 1805, Æpunt.,t. 2, p.240,n. 225; Alecturus tricolor, Vieill., 1 817, Nouv. Dict., t. 12, p. 402, Gal., pl. 131; Encycl. méth.,t. 2, p. 860; Muscicapa Alector, Temm., Col., 155; Muscicapa alector, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3 B, p. 874. A. fronte albo nigroque varid; capite, lateribus, corpore subtüsque albis; vertice, collo caudäque nigris ; tectricibus alarum minoribus albis, majoribus remigibusque nigricantibus, albo marginatis ; caudd transversali latà. Bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; yeux bruns, tarses noirs. Longueur totale, 145 millimètres. Nous avons rencontré cette espèce aux environs de Corrientes, république Argentine, près de Guarayos, et dans la province de Moxos en Bolivia, c’est-à-dire dans les plaines Passe- reaux. (342 ) du centre de l'Amérique méridionale, seulement au milieu des marais et des lieux inondés couverts de graminées, où elle voyage continuellement. Elle se tient toujours aux sommités des grandes tiges des plantes, et là remue souvent la queue, s'envole quelquefois, papillonne en l'air au-dessus, et se laisse tomber ensuite à la même place, d'où elle épie les insectes, qu'elle saisit le plus souvent au vol. Quelquefois cependant nous l'avons vue saisir des insectes à terre, mais sans s'y poser, el revenir à son posle. Elle est des moins craintive, se laisse approcher de très-près, et lorsqu'elle s'envole, c’est pour aller à peu de distance, d’un vol gêné et interrompu, se replacer sur le sommet de quelqu’autre plante. Nous ne lui avons entendu proférer aucun cri. Azara dit qu'il y a beaucoup plus de femelles que de màles; mais il a pris pour femelles les jeunes mèles qui n'ont pas encore la queue prononcée. N° 262. ALECTURE GUIRAYETAPA, #ecturus guirayetapa, Vieill. Cola rara pardo y blanco, Azara, 1805, Æpunt., t. 2, p. 244, n° 226; Alecturus guiraye- tapa, Vieill., 1817, Nouv. Dict., t. 12, p.409; Enc. méth., 1823,t. 2, p. 861 (d'après Azara); Tyrannus bellulus, Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 35, p. 75; Encycl. méth., t. 2, p. 846; Muscicapa risoria, Vieill., Gal., pl. 131; Muscicapa psalura, Temm., Col., 286, 296; idem, Prince Max., Beitr., t. 3 B, p. 877; Alecturus guirayetapa, d'Orb. et Lafr., Syn., : ° p- 54, n. 2. 1. subtus fusca; pallidè marginata; uropygio cinerea; remigibus fuscis, albo mar- ginatis; tectricibus nigris, albo limbatis; gutture subtusque albis; pectore nigro. Sur le vivant. Bec jaunätre, pieds noiràtres, yeux bruns. Dans la saison des amours, toute la gorge est nue, d’un bel orangé, et comme gonflée par des glandes graisseuses. Nous avons rencontré ce singulier oiseau, l'hiver, à Corrientes, où il arrive l'automne, disparaissant au printemps pour aller s'établir vers le 34.° degré sud, dans la Banda oriental de lUruguay et près de Maldonado. Elle à en tout les habitudes de l'espèce précédente, recherche les plaines inondées où humides, et s’y perche sur les plantes, en agilant incessamment sa longue queue. Nous croyons qu’elle niche au milieu des grandes herbes et près de terre, dans les marais; car elle s’y tient continuellement à l’époque des amours. N.° 263. ALECTURE YIPÉRU, Alecturus yetapa, Vieill. Viperu , Azara, 1802, Apunt.,t. 17, p. 322, n° 75; Muscicapa yetapa, Vieill., 1818, Nouv. Dict., t. 21, p. 460; idem, Enc. méth., t. 2, p. 834 (d'après Azara); Muscicapa yiperu, Licht., 1823, Doubl., n° 547, p. 52; Gubernetes Cunnighami, Such, Zool. Journ., t. 2, pl. 43; Muscicapa longicauda, Spix, pl. 17 ; Gubernetes yiperu, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 58, o n,. 1. A. cinerea; guld albä, arcu castaneo è regione parotica versus jugulum descen- dente cinctd. ( 343) Vieillot ayant cinq années d’antériorité de nom sur M. Lichtenstein, nous avons dû tout naturellement y revenir. Quant à considérer cet oiseau comme type d’un genre, nous croyons aussi que ce serait vouloir trop les multiplier, et qu’il rentre parfaitement, par ses mœurs et par ses caractères, dans le genre #/ecturus de Vieillot, où nous le pla- cons aujourd'hui. Cette espèce habite la province de Chiquitos, où elle est rare; elle a les mêmes habi- tudes que l'Æecturus guirayetapa, tout en se montrant plus sociale entre les indi- vidus de son espèce, ce qui l’a fait ranger à tort par Azara parmi les Troupiales. 3° DIVISION. MUSCICAPIDÉES HUMICOLES, Muscicapidæ humicolæ. Quelques-uns des Muscicapidées de cette division se perchent encore; mais tous chassent, le plus souvent, les insectes à terre, y courent avec vitesse et sont d’excellens marcheurs. La longueur de leurs tarses, la force de leurs doigts et leurs ongles usés les font facilement reconnaître. Ils balancent leur queue comme les Motacilles et les Saxicoles. Ce sont entre les Muscicapidées ceux qui s’avancent le plus vers le sud. Gexre 15. FLU VICOLE, ÆZuvicola, Swains. Les Fluvicoles ont le bec assez long, grêle, un peu comprimé, à arête peu vive; leurs tarses sont longs, comprimés ; leurs doigts longs, leurs ongles souvent usés, peu courbés; leur queue égale, assez longue. Toutes nos espèces, au moins, ont les caractères qui précèdent et leurs mœurs sont identiques; elles ne se perchent jamais au sommet des buissons, se tiennent au bord des eaux, courent à terre et se perchent sur les branches basses des fourrés. Nous les avons trouvées dans les régions chaudes, mais souvent à une très-grande élévation sur les Andes. N.° 264. FLUVICOLE GILLIT, Æuvicola bicolor, Nob. L'œuf, pl. LVII, fig. 3. Gillit où Gobe-mouche-pie de Cayenne, Buff., Ois., t. 4, p. 542, Enl., 675, fig. 1; Muscicapa bicolor, Lath., 1783, Syn., Il, 1, p. 327, n.° 4; idem, Gmel., 1789, Syst., p. 946,n. 78; Suiriri dominico, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p.100, n°195; Plaiyrhynchos bicolor, Vieill., 1818,t. 27, p. 13; idem, Encycl, méth., t. 2, p. 837; Muscicapa albiventris, Spix, pl. 30, fig. 1; Æluvicola bicolor, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 58, n°1. F. suprà alis caudäque nigris ; subis, fronte, ared oculorum , uropygio, tectricibus alarum, rectricibus apice albis; rostro pedibusque nigris. Nous avons rencontré cette espèce à Corrientes, république Argentine, et dans la province de Chiquitos, république de Bolivia; aussi croyons-nous qu'elle habite toutes Passe- reaux, Passe- reaux, ( 544 ) les plaines du centre de l'Amérique méridionale du 15° au 28.° degré de latitude sud. Elle se tient familièrement dans les lieux humides et momentanément inondés par les pluies, où se trouvent des buissons, des halliers et de hautes herbes. Là elle parcourt incessamment les branches basses et descend fréquemment à terre, où elle marche en sautillant, poursuivant les insectes dont elle se nourrit; si elle s'envole, c’est très-bas el pour passer au buisson le plus voisin. Nous ne l'avons jamais vue sur les branches élevées des buissons. Son chant est un sifflement peu étendu. Au mois d'Octobre nous avons trouvé son nid placé en vue sur le bord d’un buisson touffu : il a la forme d’une bourse, dont l'entrée est latérale et couverte, et construit de petites branches de lianes, de foin, de plumes et de chiffons entrelacés à l'extérieur, de duvet à l’intérieur. Son diamètre est de 10 centimètres, sa hauteur de 15; il contient trois à quatre œufs, de 15 et 20 millimètres de diamètre, blancs, avec quelques taches arrondies rougeàtres, placées seulement au gros bout. Connue à Corrientes sous le nom de Yrudita (petite veuve), cette espèce n’y est que de passage; elle y arrive au printemps et s’en va aussitôt après la ponte. N° 265. FLUVICOLE OŒNANTHOIDE, Æuvicola œnanthoides, Nob. PI. XXXVIIL, fig. 2. Fluvicola œnanthoides, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 60, n.° 8. F. suprà murina vel fumosa, uropygio parum rufescente; fronte, superciliis albis ; alis nigro-fuscis, remigibus secundariis margine, tectricibus majoribus apice pal- lidè rufescentibus ; caud& nigro-fuscd, gutture cinereo, pectore ventreque rufis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 160 millimètres; de la queue, 50 mill.; du vol, 250 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du doigt du milieu, 16 mill.; de l’ongle du pouce, 6 mill.; du bec, {f mill.; sa hauteur, 3 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du corps, 100 mill. Dessus du corps couvert de plumes longues, làches, cendré brun, passant au roussätre au croupion; gorge el devant du cou gris sale; poitrine et toutes les parties inférieures roux-jaunàtre; de très-larges sourcils blancs, réunis au front, se prolongent sur le cou; une tache noire commence à la commissure du bec, traverse les yeux et se perd aux oreilles; couvertures de la queue blanches; ailes noiràtres, les rémiges bordées et les tectrices terminées de roux pale; queue brune, les rectrices latérales bordées de blanc. Cette espèce, dont le plumage rappelle celui de la femelle du Saxicola œnanthe, habite notre troisième zone d’élévation, sur les parties élevées du plateau des Andes boliviennes, dans la vallée de la Paz; elle se tient dans les ravins près des eaux, et, toujours isolée, se montre si peu craintive, qu’elle s'approche des habitations, marchant, le plus souvent, autour des buissons ou sautillant sur les branches basses, sans jamais se percher au sommet. Sa nourriture consiste en insectes, surtout en insectes aquatiques, qu'elle cherche en marchant au bord des eaux; son cri est un sifflement léger; son vol est court et toujours bas. (345) N° 266. FLUVICOLE À SOURCILS BLANCS, Æuvicola leucophrys, Nob. PI. XXXVIIL, fig. 1. Fluvicola leucophrys, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 60, n. 6. F! suprà fusco-brunnea, uropygio rufescente; subtus cinerea, fronte superciliisque niveis; alis nigris, remigibus secundariis angustè albescentibus; tectricibus apice cinnamomeis, duas vittas formantibus ; caudé nigrd, rectricibus lateralibus pogonio externo albo. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 160 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 57 mill.; du tarse au bout des doigts, 33 mill.; du doigt du milieu, 15 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 3 mill.; sa largeur, 4 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Toutes les parties supérieures brunes, plus noiratres à la tête, passant au roussätre au croupion; toutes les parties inférieures gris ardoisé, passant au blanchätre au ventre et aux tectrices inférieures de la queue; un large sourcil blanc prenant au front, passant au-dessus des yeux et se terminant derrière la tête; les joues variées de noiràtre et de blanc; ailes noirätres, les rémiges secondaires faiblement bordées de blanc roussâtre, les tectrices terminées d’une tache rousse formant deux lignes transversales sur l’aile, l'inférieure la plus large; queue noiratre, les deux rectrices latérales bordées extérieure- ment de blanc. Différente de la précédente par une taille plus petite, par le manque de roux aux parties inférieures et par d’autres détails de teintes, cette espèce a néanmoins beaucoup de rapports avec elle, pour la distribution des couleurs; elle en a encore plus dans les mœurs, qui sont en tout identiques; seulement, au lieu d’habiter les envisons de la Paz, celle-ci se trouve sur le versant opposé des Andes, à peu près à la même hauteur (3,600 mètres au-dessus de l’océan), aux environs d'Enquisivi, province de Sicasica, en Bolivia, où elle n’est pas commune. N° 267. FLUVICOLE À POITRINE ROUSSE, Æuvicola rufipectorals, Nob. PL XXXVII, fig. 2. Fluvicola rufipectoralis, d'Oxb. et Lafr., Syr., p. 60, n° 7. F. suprà fusco-fumigata, subtus cinereo-albida; mento cinerascente; collo antico, pectoreque rufo-badiis; capite nigro-schistaceo; fronte superciliisque totis albis; alis nigris, remigibus albo fimbriatis ; caudd nigrd, rectricibus lateralibus externe albo limbatis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 130 millimètres; du vol, 210 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 65 mill.; de la queue, 45 mill.; du tarse au bout des doigts, 34 mill.; du doigt du milieu, 13 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 5 mill.; circonférence du'corps, 80 mill. Dessus de la tête noirâtre ardoisé foncé, teinte qui, moins intense, couvre toutes les parties supérieures; menton cendré-roux, devant du cou et poitrine roux assez vif; IV. Ois. 44 Passe- reaux. (346) Passe ventre, dessous de la queue et des ailes gris-ardoisé très-clair; un très-large sourcil blanc reaux prend au front et s'étend jusque derrière la tête; les côtés de la tête et les oreilles noirâtres; ailes noires, les grandes tectrices, avec un indice de tache, rousses à leur extrémité; une petite bordure presqu'imperceptible aux rémiges; queue noirâtre, les deux rémiges inférieures blanches au côté externe. De la même taille que la Æuvicola leucophrys, celle-ci s’en distingue par sa poitrine rousse, par sa teinte ardoisée et par son bec plus caréné. Nous l’avons trouvée dans les mêmes circonstances aux environs de Palca, province d’Ayupaya, en Bolivia; peu mar- cheuse, néanmoins elle nous à paru préférer les lieux plus ombragés. Gexre 16. PÉPOAZA, Pepoaza, Nob. Pepoaza 1, Azara. Azara avait parfaitement distingué, par suite de leurs habitudes marcheuses, les Muscicapidées que nous plaçons dans cette division, en les séparant entière- ment des Tyrannus, où les auteurs les ont placés. En effet, au lieu de vivre, comme les Tyrans, dans les lieux boisés, ceux-ci se tiennent dans les plaines, et, comme les Ada, se perchent sur les points culminans des plantes et des arbustes, d’où ils descendent à terre pour prendre leur nourriture. Ce sont des oiseaux percheurs et marcheurs, dont la queue, égale, est constamment en mouvement, et dont les manières sont vives et pétulantes. Ils appar- tiennent aux plaines tempérées et chaudes. “ A. PEPOAZÆ GENUINÆ. Bec médiocre, allongé et conique, déprimé à la base, comprimé vers l'extrémité; couleurs blanche et noire ou variées par grandes plaques. N° 268. PÉPOAZA ORDINAIRE, Pepoaza polyglotta, Nob. L’œuf, pl. XXXIX, fig. 4. Pepoaza, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 166, n° 201; Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 35, p- 913; Tyrannus pepoaza, Vieïll., 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 855; Muscicapa polyglotta, Licht., 1823, Doubl., n° 554, p. 54; idem, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3 B, n° 22; Pepoaza polyglotta, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 62, n.° 1. P. suprà cinerea, subtus alba, pectore cinereo; vitt& duplici, quarum una ante ocu- los, altera sub oculo albis; remigibus primariis nigris, basi albis, rectricibus nigris, apice sordidè albis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux orangés. Longueur totale, 230 millimètres; vol, 310 mill.; circonférence du corps, 120 mill. 1. Pepoaza vient du mot guarani pepo, aile, et de aza, rayé, traversé : aile rayée. (347) Nous avons observé ces oiseaux à Corrientes, république Argentine, et dans la pro- vince de Chiquitos, en Bolivia, où ils sont cependant peu communs. Sédentaires, ils se répandent familièrement dans les champs et dans la campagne, près des habitations, aux lieux où se trouvent de petits buissons isolés ou de grandes plantes. On les voit toujours seuls, perchés sur les points les plus élevés, y montrer beaucoup de vivacité, descendre fréquemment à terre, y courir pour chercher des insectes, puis s'envoler légèrement, et, avant de se poser, balancer leurs ailes comme en se jouant, et se laisser ensuite tomber sur leur perchoir. Nous ne leur avons entendu jeter aucun cri; aussi croyons-nous fort impropre le nom de Polyglotta que leur a donné M. Lichten- stein; il ne leur vient sans doute que de leur ressemblance extérieure avec lOrphœus polyglottus. Jamais ils ne sautillent de branche en branche; encore moins pénètrent-ils dans l’intérieur des buissons; ils sont aussi loin d’être querelleurs. N.° 269. PÉPOAZA DOMINICAIN , Pepoaza dominicana, Azara. Pepoaza domünicana, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p.170, n° 203; Tyrannus dominicanus, Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 35, p. 92; idem, 1823, Encyc. méth., t. 2, p. 856; Muscicapa dominicana, Licht., 1823, Doubl., p. 54, Pepoaza dominicana, d'Orb. et Lafr., Syn., P:62%072: P. alba, alis caudäque nigris; remigibus apice albis, primd remige tantummodo apice intus et exlus emarginatd, acuminatd. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Peu commune, cette espèce habite les environs de Montevideo, de Maldonado et de Buenos-Ayres, mais disparaît entièrement au nord, vers le 30. degré; elle est ainsi reléguée entre les 30. et 38.° degrés de latitude, seulement dans les plaines, où, du reste, elle montre en tout les mêmes habitudes et la même manière de vivre. A Cor- rientes on l'appelle petite Veuve, de son plumage noir et blanc. N.: 270. PÉPOAZA VOILÉ, Pepoaza velata, Nob. Muscicapa velata, Licht., 1823, Doubl., n° 555 , p. 54; idem, Spix, Æv.,t. 11, p.17, pl. 22; idem, Prince Max., 1831, Beitr., t. 3 B, p. 859; Pepoaza velata, d'Orb. et Lafr., Syn., D- 625 n-03. P. fronte albida, pileo cinerascente; dorso cinereo; abdomine toto, uropygio caudäque dimidi& albis, caudæ parte apicali remigibusque primariis nigris, secundariis extus albis. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux roux. Longueur totale, 220 millimètres; du vol, 390 mill.; du pli de lailé à son extrémité, 120 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du bec, 16 mull.; sa largeur, 7 mill.; sa hauteur, 5 mill.; circonférence du corps, 130 mill. Ce Pépoaza s'est montré à nous dans les plaines qui environnent Santa-Cruz de la Sierra , en Bolivia, où il est peu commun. Il a en tout les habitudes du Pepoaza polyglotta. Passe- reaux. (348 ) N.° 271. PÉPOAZA IRUPÉRO, Pepoaza irupero, Azara. Pepoaza irupero, Azara, 1805, Æpunt., t. 2, p.171, n° 204 ; idem, Vieill., 1819, Nouv. Dict., tu 35,p. 92; T'yrannus irupero; Vieill., 1823, Encycl. méth., t.2,p. 856 (d'après Azara); Muscicapa mæsta, Vicht., 1823, Doubl., p.54,n. 557; Muscicapa nivea, Spix, pl. 29-1 ; Pepoaza nivea, d'Orb. et Lafr., Syn., n.° 4, p. 62. P. nivea; caudä apice, remigibus quatuor primoribus, rostro pedibusque nigris; duabus primis remigibus apice subito valdè emarginatis et angustatis, in filum desinentibus. C'est surtout par le parallèle du 30.° au 34.° degré, près de la Plata et de ses affluens, que nous avons trouvé celle espèce; néanmoins elle s’avance vers le nord, jusqu’à la province de Chiquitos, en Bolivia. Ses mœurs ressemblent en tout à celles du Pepoaza polyglotta; elle est si familière que souvent elle se perche sur les maisons ; d’instans en instans elle s'envole, bat des ailes et revient au même lieu; nous l'avons vue répéter dix à douze fois de suite ce manège. Au mois d'Octobre, elle s’approprie un vieux nid d'Hornero (Fournier) et y dépose trois à quatre œufs jaunàtres, tachetés de quelques mouchetures brunes; leurs diamètres sont 18 et 24 millimètres. On l'appelle Yiudita ; les Guaranis la nomment Guira ty ou Guira moroty (oiseau blanc). N° 272. PÉPOAZA YUCON, Pepoaza pyrope, Nob. Muscicapa pyrope, Kitlitz, 1830, Ueber einige Vügel von Chili, pl. 10; Pepoaza pyrope, d'Orb. et Lafr., Sym, p. 63, n. 6. P. suprà cinerea, subtüs albescens, remigibus nigris cinereo limbatis, duabus pri mis remigibus ante apicem subito valdè emarginatis et angustatis, in filum desi- nentibus; rectricibus nigrescentibus, albido latè marginatis; rostro pedibusque nigris, tectricibus infra alarum fuscescentibus. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux rouge de vermillon. Longueur totale, 210 mill.; du pli de laile à son extrémité, 112 mill.; de la queue, 83 mill.; du tarse au bout des doigts, 45 mill.; du vol, 340 mill. Cette espèce, connue des Chiliens sous le nom de Yucon, se ent dans les ravins buissonneux de cette république, surtout aux environs de Valparaiso, où nous l'avons rencontrée rarement; elle a les mœurs des espèces précédentes. N.° 273. PÉPOAZA BRUN, Pepoaza murina, Nob. Pepoaza murina, d'Orb. et Lafr., Syn.s p. 63, n° 7. P. suprà cinereo-murina; maculd ante oculos albescente; alis nigris, remigibus rec- tricibusque margine apiceque albescentibus ; caud& nigrä, margine apiceque mar- ginatis; subtus pallidè rufescente-cinerascens ; abdomine medio anoque pallidio- ribus; gutture albido, fusco striato. ( 349 ) Sur le vivant. Bec corné, yeux roux vif, pieds noirs. Longueur totale, 200 millimètres; vol, 310 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 45 mill.; du pouce, 15 mill.; du bec, 16 mill.; sa largeur, 6 mill.; sa hauteur, 5 mill. Tête et parties supérieures brun-gris foncé; gorge blanche, légèrement mouchetée de brun; parties inférieures gris-roux clair, plus rousses au derrière, et aux couvertures inférieures des ailes et de la queue; ailes noirätres, les tectrices et les rémiges postérieures largement bordées et terminées de gris-blanc; queue noire, bordée et terminée de gris foncé, les pennes latérales bordées de blanc en dehors; les deux pennes externes de l'aile échancrées à leur extrémité, absolument comme dans l'espèce précédente. Nous avons tué cette espèce près du Rio Negro en Patagonie, où elle se montre seulement en hiver; elle marche souvent à terre et a les mœurs des espèces précédentes. Elle vient sans doute des régions plus australes. N° 274. PÉPOAZA VARIÉ, Pepoaza variegata, Nob. PI. XXXIX, fig. 2. Pepoaza wariegata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 63, n.° 8. P. suprà murino-cinerea; capite suprä, pennis margine obscurioribus; uropygio parüm rufescente; subtus rufescens, cinereo maculatä, pectore cinereo; alis nigris, remigibus secundartiis, tribus ultimis exceptis, castaneis, apice albis, tectricibus albis, disco fuscescentibus. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bistrés. Longueur totale, 250 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 150 mill.; de la queue, 70 mill.; du tarse au. bout des doigts, 60 mill.; du doigt du milieu, 22 mill.; du bec, 16 mill.; sa largeur, 7 mill.; sa hauteur, 6 mill. Dessus de la tête brun-bleuâtre, chaque plume bordée de brun à son extrémité; dessus du corps gris-ardoisé, une teinte roussätre aux sourcils, une tache brune sur l'oreille et à l'angle antérieur de Pœil; gorge roux clair; sur les côtés du cou, le gris se mêle au roux par mouchetures; ventre roux clair, queue brune, les rectrices bordées de blanchâtre; tectrices supérieures de laile blanches, avec du gris clair au milieu de chaque plume; petites tectrices entièrement noires, les six premières rémiges noires, les deux suivantes noires au bord externe, roux foncé sur l’interne, les huit qui suivent entièrement roux marron vif, les trois dernières presque brunes; toutes, excepté les quatre rémiges primaires, terminées de blanc. Cette belle espèce, qui se distingue de toutes les autres par la variété de ses teintes, s'est montrée à nous sur les cailloux et sur les dunes du bord de la mer, dans Pile de los Jabalis, à la baie de San-Blas, en Patagonie. Ses habitudes nous parurent analogues à celles des Moteux : elle relevait la queue chaque fois qu'elle se posait et qu’elle s’en- volait. Comme il n’y a pas de buissons dans le lieu qu’elle habite, elle se perche sur les points culminans, tout en étant bien plus marcheuse que les espèces précédentes, dont pourtant elle a le vol et les allures. Passe- reaux. Passe reaux. ( 350 ) N° 275. PÉPOAZA COURONNÉ, Pepoaza coronata, Nob. Pepoaza coronada, Azara, 1805, Æpunt., t. 2, p.168, n° 202; Tyrannus coronatus, Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 35, p. 92; idem, 1823, Encycl. méth., t. 2, p. 855 (d'après Azara); Muscicapa vittigera, Licht., 1823, Doub., p. 54 (d'après Azara). P. vertice nigro; fronte genisque albis; corpore suprà fuscescente-cinereo, subtius albo; caud& nigrd, albo marginatd. Sur le vivant. Bec, pieds et yeux noirs. Longueur totale, 230 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 130 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 24 mill.; du pouce, 15 mill.; du bec, 15 mill. Le Pépoaza couronné habite au sud du 26. degré; nous l'avons rencontré, mais très- rarement, à Corrientes et à Buenos-Ayres, autour des lieux cultivés, où ses habitudes sont en tout identiques à celles du Pepoaza polyglotta. N° 276. PÉPOAZA SUIRIRI, Pepoaza rixosa, Nob. L'œuf, pl. LI, fig. 4. Suiriri, Azara, 1805, Apunt., t. 2, p. 148, n° 197; Tyrannus rixosus, Vieill., 1819, Nouv. Dict., t. 35, p. 85; idem, Encycl. méth., t. 2, p. 852; Tyrannus ambulans, Swains.; Mus- cicapa joazeiro, Spix, 1824, Aves, pl. 23; Pepoaza rixosa, d'Orb. et Lafr., Syn., p.62,n.°5. P. suprà olivascens; capite cinereo; verticis pennis coccineis, apice fuscis, subtus Jlavis; caud& alisque fuscis; gutture albescente. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux rouge de vermillon. Cette espèce, l’une des plus remarquables par ses habitudes, paraît habiter toutes les plaines du centre de l'Amérique méridionale, dans les régions chaudes et tempérées. Nous l'avons vue successivement à Buenos-Ayres et à Corrientes, république Argentine, el nous l'avons retrouvée ensuite dans les provinces de Santa-Cruz de la Sierra, de Chiquitos et de Moxos, en Bolivia. Elle semble néanmoins préférer, dans ces lieux, les plaines, et surtout celles qui avoisinent les habitations. On la voit par paires ou par petites troupes composées de paires, vivre familièrement avec les hommes et les bestiaux, se poser sur les toits des maisons, sur les poteaux, entrer dans les cours et les jardins, marcher autour des bœufs et des chevaux, et se laisser transporter sur leur dos, pendant des heures entières. Plus querelleurs que tous les autres, malgré leur petite taille, ces oiseaux attaquent les Caräcaräs et les Urubus, en se cramponnant sur le dos de ceux-ci et leur donnant des coups de bec. C’est alors surtout qu’ils font entendre le cri de suirirr, commun à beaucoup de Muscicapidées. Leur vol est rapide, bas et léger; ils marchent aussi avec rapidité, en poursuivant les insectes; ils sont même plus souvent à terre que perchés; là ils accompagnent les bestiaux, se placent à moins d’un mètre de distance en avant de la tête, pour saisir les insectes que ceux-ci font lever en paissant. Leur habitude de se percher sur les bestiaux a sans doute déterminé pour eux le choix d’un genre de nourriture qu’ils ne pouvaient connaître avant la conquête de Amérique. Non- (354) seulement ils se nourrissent d'insectes, mais ils paraissent aimer les croûtes qui se forment sur le dos des chevaux blessés, ce qui les a fait nommer Matadura par les Correntinos, du nom même de ces blessures. Sédentaires dans le pays, ils vivent avec les hommes, qui les protègent, et le contact de ceux-ci a changé leurs habitudes. Indépendamment de ce que nous venons de dire, ils viennent sous les corridors manger la viande qu’on y met sécher. — Au mois d'Octobre ils s’'approprient un nid d’Anumbius, et y pondent quatre à cinq œufs, de 18 et 24 millimètres de diamètre, blanc rosé très-pale, marqués de taches longitudinales irrégulières d’un rouge-brun foncé, plus grandes au gros bout ; entre ces taches il y en a quelques autres petites de la même couleur.— Le mäle et la femelle couvent alternativement, tandis que l’autre veille au dehors à la sûreté commune; et après la sortie du nid, les parens conduisent encore les petits pendant quelque temps. Nous avons trouvé dans un nid quatre petits couverts de pustules très-grandes, formées par des larves d’'Œstre. Les Mbocobis du Chaco les nomment Cologgo. B. PEPOAZÆ RECTIROSTRES, Nob. Bec allongé, comprimé, cylindrique, tres-droit, crochu subitement à son extrémité; ailes courtes, pieds très-forts: leur couleur est sombre, brunâtre et tachetée. N.° 277. PÉPOAZA À GORGE VARIÉE, Pepoaza livida, Nob. Thamnoplilus lividus, Kiulitz, Mémoire présenté à l'académie de Saint-Pétersbourg, t. 11, p. 465, pl. 1; Tyrannus gutturalis, Eydoux et Gervais, Voyage de la Favorite, Ois., pl. 11. P. suprà saturatè fusca, subtus fusco-rufescens; crisso rufo; gutture albescente, maculis nigris longitudinaliter ornato; tectricibus alarum, remigibus, nigro- Juscis, cinereo limbatis; caud4 nigro-fuscd, rectricibus exterioribus cinereo mar- ginalis; capile supràä fusco maculato. Sur le vivant. Bec brun en dessus, rosé en dessous; yeux bruns, tarses noiratres. Longueur totale, 280 millimètres; de la queue, 90 mill.; du vol, 390 mill.; du tarse au bout des doigts, 70 mill.; du doigt du milieu, 32 mill.; du pli de l'aile à son extré- mité, 120 mill.; longueur du bec, 25 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 9 mill.; circonférence du corps, 150 mill. Cette espèce, la plus grande de la série, est excessivement commune aux environs de Valparaiso, où elle a les habitudes des espèces suivantes. N.° 278. PÉPOAZA DES ANDES, Pepoaza andecola, Nob. Pepoaza gutturalis, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 9, p. 64. P. supra murina, unicolor, subtüs pallidè cinereo-rufescens; crisso pallidè ochraceo ; superciliis rufescentibus; alis nigro-fuscis, remigibus tectricibusque albescente marginalis; caudd fusco-nigrd;rectrice laterali pogonio externo, omnibus externo apice albescentibus ; gutture albescente, maculis nigris striato. Passe- reaux. Passe- reaux, ( 352 ) Sur le vivant. Bec corné en dessus, rosé en dessous; pieds noirs, yeux bruns. Lon- gueur totale, 160 millimètres; du pli de l'aile à son extrémité, 120 mill.; de la queue, 90 mill.; du bec, 22 mill.; sa hauteur, 81/2 mill.; sa largeur, 7 mill.; du tarse au bout des doigts, 55 mill.; du doigt du milieu, 25 mill.; circonférence du corps, 140 mill. Parties supérieures brun uniforme, gorge blanchätre, grivelée de brun foncé à ses parties latérales; un sourcil jaune prend à la base des narines et entoure les yeux; les parties inférieures cendré-roussàtre clair, passant au jaunàtre aux couvertures infé- rieures de la queue; rémiges et tectrices noirâtres, bordées de blanchätre; queue noire, les rectrices latérales largement bordées à leur côté externe et toutes les autres seule- ment terminées de blanchâtre. Cette espèce diffère de la précédente, dont elle a les distributions de teintes, par une taille moindre, par le manque de taches sur la tête, par ses parties inférieures Jjaunàtres el non pas rousses, par ses leintes plus claires et par le tour des yeux jaunâtre. Nous lPavons rencontrée seulement sur les parties les plus élevées du plateau des Andes, dans les plaines élevées de près de cinq mille mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle se tient de préférence dans les plaines, où elle se pose sur le sommet des herbes, descend souvent à terre pour chasser aux insectes, el revient ensuite à son perchoir. Elle est si peu farouche, qu'en ayant manqué un individu d’un premier coup de fusil, il nous laissa l’approcher de nouveau pour le tuer. Son estomac contient loujours beaucoup d’insectes. N° 279. PÉPOAZA DES MONT AGNES, Pepoaza montana, Nob. Pepoaza montana, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 10, p. 64. P. supra saturatè fusco-fumosa, unicolor ; supercilits albido-rufescentibus, gutture albescente, maculis oblongis, Juscis ornato; pectore rufo, cinereo mixto; abdomine crissoque albescentibus; alis nigris, pallidè limbatis; caudä fusco-nigrd; tertid parte apicali (duabus rectricibus mediis exceptis) albd. Sur le vivant. Bec noir en dessus, jaune en dessous; pieds noirs, yeux bruns. Lon- gueur totale, 250 millimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 133 mill.; de la queue, 100 mill.;, du bec, 18 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 7 mill. Toutes les parties supérieures uniforme brun, un peu roussàtre; gorge blanchätre, nuagée de grivelures brunes; un sourcil jaunâtre, poitrine roux-brun; le ventre, le dessous des ailes et les couvertures inférieures de la queue blanc roussätre très-clair; ailes noirâtres, bordées de plus pâle et terminées de la mème teinte; queue noirâtre; toutes les rectrices, les deux médianes exceptées, ont le tiers à leur extrémité d’un beau blanc : cette teinte colore aussi le côté externe de la rectrice latérale de chaque côté. Le Pépoaza des montagnes se distingue facilement des deux espèces précédentes par le blanc de l'extrémité de la queue. Il habite les montagnes des Andes, dans les ravins rocailleux à la Paz, à Enquisivi, province de Sicasica, et près de Palca, toujours sur les rochers des coteaux les plus déserts et les plus arides, et m'est commun nulle part; on ne le voit que dans les ( 355 ) lieux découverts, où elle vit isolée et très-craintive, se perche seulement sur les rochers et jamais sur les buissons, court à terre avec vivacité et paraît s’y plaire; c’est là même qu'elle cherche les insectes dont elle se nourrit. Son vol est bas et droit. Les Aymaras de la Paz la nomment, dans leur langue, Guaichu. N° 280. PÉPOAZA MARITIME, Pepoaza maritima, Nob. Pepoaza maritima, d'Orb. et Lafr., Syn., n° 9, p. 65. P. suprà fuscescente-cinereo unicolor; gutture albicante, submaculato; pectore hypocondrüsque rufescenti-cinerascens; abdomine crissoque albis; alis nigrescens, albo marginatis ; caudä& alb&, rectricibus duabus mediis fusco-nigris, extimo apice albicante, omnibus bast nigris ; duabus primis remigibus subito emarginatis, in filum desinentibus. | Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux gris-blanc. Longueur totale, 240 millimètres; du pli de laile à son extrémité, 130 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; du bec, 22 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 3 mill.; du vol, 410 mill. Toutes les parties supérieures brun ardoisé uniforme; gorge blanc-bleuàtre, avec quelques indices de grivelures; du gris cendré sur la poitrine et les flancs, passant au blanc au ventre et aux couvertures inférieures de la queue; ailes noiràtres, les rémiges bordées et terminées de blanc; à la queue les deux pennes supérieures brunes, terminées de blanc, toutes les autres blanches, avec le côté interne noirâtre sur les deux tiers de leur longueur; un soureil jaunàtre; les deux premières rémiges de chaque côté tout d’un coup échancrées près de leur extrémité, et terminées par une partie très-étroile. Ce Pépoaza, tout en ayant beaucoup d’analogie avec la précédente espèce, s’en distingue par l’échancrure de ses rémiges; par une taille plus petite et par quelques différences de teintes; le premier caractère le fait aussi différer de tous les autres de la mème section. Nous l’avons rencontré sur les rochers qui bordent la mer à Cobija, en Bolivia, à la côte du désert d’Atacama, où il ne croit aucun arbre ni arbuste, pas mème de plantes maritimes sur lesquelles il puisse se percher; il est très-vif dans ses mouvemens et vole avec rapidité. Il nous à paru très-rare. Gexre 17. MUSCIGRALLE, Muscigralla, Nob. Jambes très-longues, le bas de la cuisse et le tarse nus et couverts d'écailles; bec long, conique, déprimé, courbé à son extrémité; ailes courtes, à extrémité arrondie; les secondes, troisièmes et quatrièmes rémiges égales entr'elles ; queue très-courte, égale. Les habitudes de ces oiseaux sont aussi singulières que leurs caractères zoologiques; ils marchent presque continuellement, ne se perchant jamais au sommet des buissons. LV Ois, 45 Passe- reaux, (354 ) Passe or N° 281. MUSCIGRALLE À QUEUE COURTE, Muscigralla brevicauda, Nob. Muscigralla brevicauda, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 61. W. suprà cinerea; subtus albescens; pennis verticis basi flavo-ranunculaceis, apice Juscis ; uropygio rufescens ; remigibus tectricibusque fusco nigris albo limbatis ; caudd nigrd, apice ru escens. Sur le vivant. Bec noir, pieds livides, yeux bruns. Longueur totale, 120 millimètres; de la queue, 30 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 58 mill.; du vol, 215 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 31/2 mill.; sa largeur, 5 mill.; longueur de la partie écussonnée de la jambe, 10 mill.; du tarse au bout des doigts, 12 mill. Dessus du corps gris ardoisé. En ouvrant les plumes du dessus de la tête on aperçoit une large tache jaune pâle; un trait blanchâtre part des narines et passe au-dessus des yeux; une tache noirätre à la base de la mandibule supérieure; gorge blanche, poitrine et flancs un peu teintés de gris; ventre et couvertures inférieures de la queue jaunes; lectrices des rémiges noiràtres, largement bordées de blanc à leur extrémité, rémiges également bordées de la même couleur; croupion roux pale; tectrices supérieures des rectrices et lextrémité de celles-ci roux vif; queue noire. Nous avons rencontré cette charmante espèce aux environs de la ville de Tacna (Pérou), dans les environs des lieux cultivés et couverts d’arbustes, où elle est rare; on la voit dans les haies, dans les champs de patates ou d’autres légumes, toujours isolée, sautillant autour, en courant dans les sillons. Elle est très-craintive et rarement on peut la rer. Son vol est court et interrompu; elle vole rarement, peu long-temps, et seulement pour aller se cacher à quelques pas, d’où il est difficile de la faire partir. Ses mouvemens sont vifs; sa marche précipitée. Elle se nourrit d'insectes. Gexre 18. MUSCISAXICOLE, Muscisaxicola, Nob. Pieds longs, grêles; les ongles des doigts antérieurs courts, usés, celui du pouce long, peu arqué; aile longue, pointue; queue médiocre, tronquée carrément à son extrémité; bec mince, comprimé, allongé. Les Muscisaxicoles sont des oiseaux purement marcheurs, dont les habitudes sont identiques à celles des Motteux. N.” 282. MUSCISAXICOLE A COIFFE ROUSSE, Muscisazicola rufivertez, Nob. PL Xbfg. 2: Muscisaxicola rufivertex, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 66, n.° 1. M. supra pallidè cinerea ; subtus albescens; vertice cinnamomea; uropygio nigres- cente; superciliis albis; remigibus nigro fuscis, cinereo limbatis ; caud& nigrd , extimo rectrice laterali, pogonio externo albescente. ( 555 ) Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 170 millimètres; du pli de l’aile à son extrémité, 110 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du doigt du milieu, 9 mill.; de l’ongle du pouce, 5 mill.; de la queue, 60 mill.; du bec, 14 mill.; sa largeur, 9 mill.; du vol, 350 mil]. Toutes les parties supérieures grises, les inférieures blanchätres, une large tache rousse, composée de plumes longues, sur le vertex; grandes rémiges noires, les autres et les tectrices noirätres, bordées de gris; queue noire, les deux pennes latérales bordées extérieurement de blanc; un large soureil blanc au-dessus des yeux. La femelle et les jeunes ont moins de roux sur la tête, et leurs couleurs sont plus pales. Les individus de la Paz et du sommet des Andes ont la queue brune et les couleurs plus sombres. Nous avons successivement rencontré celte espèce au bord de la mer à Cobija, sur la côte du désert d’Atacama, et sur les plateaux les plus élevés des Andes (à 4600 mètres au-dessus du niveau de la mer), dans les terrains salés ou couverts d’effloreseences salines. Au bord de la mer, où elle est des plus communes, on la rencontre sur les rochers ou sur les galets de la plage. Elle s’y pose sur les points culminans, en agitant sa queue de haut en bas, à divers reprises et relevant la tête; ses mouvemens sont brusques, pleins d’agilité, et lorsqu'elle s'envole, elle fait entendre un léger cri, et va peu loin chercher une autre sommité, faisant le trajet d’un vol léger; en marchant elle saute, cherche à terre les insectes et les petits crustacés maritimes, qui abondent, et doit se contenter de boire de l’eau salée, puisqu'il n’y en à pas d'autre à huit ou dix lieues à la ronde. Sur les montagnes, elle se tient sur les rochers au bord des eaux, et y mène le même genre de vie. N.° 283. MUSCISAXICOLE À MENTON BRUN, Muscisaxicola mentalis, Nob. PÉPREERAENT Muscisaxicola mentalis, d'Orb. et Lafr., Syn., pe 66, n°2 M. suprà fusco-murina, subtus pallidé cinerea, uropygio nigrescente; pileo brunneo- rufescente ; remigibus tectricibusque nigris cinereo marginatis ; caudd atrd, mento fuliginoso; crisso albo. Sur le vivant. Bec, yeux et pieds noirs. Longueur totale, 165 millimètres; du vol, 275 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du doigt du milieu, 17 mill.; de l’ongle du pouce, 7 mill.; du bec, 1f mill.; circonférence du corps, 100 mill. Dessus de la tête brun-roux foncé, le reste des parties supérieures gris sombre; tour des yeux noir, menton brun, les parties inférieures gris pâle, passant au blanc au ventre et aux couvertures inférieures de la queue; ailes noiratres, les rémiges et les tectrices bordées légèrement de gris; queue noire, frangée de plus päle à son extrémité, le côté extérieur des rectrices latérales blanchàtre. Cette espèce est encore du nombre de celles qui paraissent habiter, l'été, les régions les plus méridionales du continent américain; car l’été nous n’en avons aperçu aucun Passe- TEAUx. Pass reaux: ( 556 ) individu, même en Patagonie, tandis que l'hiver elle vient en petites troupes sur les bords du Rio Negro. Il est probable qu'elle habite les deux côtes de l'Amérique, puis qu'elle suit la côte jusqu'à Cobija, en Bolivia, et même jusqu'à Arica, au Pérou, où nous l'avons également rencontrée. Sur la côte du Pérou, cette espèce a les mêmes habitudes que la précédente, sans néanmoims se trouver sur les plateaux des Andes; en Patagonie elle arrive en Juin et y reste jusqu'en Septembre, se tenant sur le haut des coteaux dans les lieux sablonneux, autour des murailles du fort; elle y est par troupes de trois à quinze individus, vit familièrement avec l’homme, saute à terre sur les points élevés, les murailles, les mottes de terre, reste long-temps à la mème place et fait souvent balancer sa queue, puis court à terre avec vivacité, cherchant les insectes dont elle se nourrit. N° 284. MUSCISAXICOLE À BEC TACHETÉ, Muscisaxæicola maculirostris, Nob. Pl. XLI, fig 2. Muscisaxicola maculirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 66, n.° 3. M. suprà murina; subtus rufescente-albicans, gutture superciliisque albescentibus, caudd nigrd; remigibus tectricibusque Jusco-cinereis , rufo-ochraceo marginatis, rostro nigro, mandibuld basi flavd. Sur le vivant. Bec noir, la base de la mandibule inférieure jaune, pieds noirs, yeux bruns. Longueur totale, 150 millimètres; de la queue, 45 mill.; du vol, 270 mill.; du pli de laile à son extrémité, 85 mill.; du bec, 11 mill.; sa largeur, 5 mill.; sa hau- teur, 31/2 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du doigt du milieu, 20 mill.; de longle du pouce, 6 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Toutes les parties supérieures gris-brun clair uniforme, tour des yeux et gorge blanchätres, une ligne obscure entre Pœil et le bec; toutes les parties inférieures gris- blanc, un peu teinté de roux; ailes et leurs tectrices brun pale, toutes les scapulaires et les couvertures bordées, les rémiges de plus pale; queue noire, terminée d’un peu de roussàtre; les pennes latérales bordées en dehors de roussàtre. Cette espèce habite les plateaux des Andes boliviennes aux environs de la ville de la Paz, c’est-à-dire à la hauteur moyenne de 3609 mètres au-dessus du niveau de la mer; nous l'avons vue, l'hiver, dans les champs en chaumes ou sur les coteaux des montagnes, où elle a les mêmes habitudes terréstres que les espèces précédentes. N° 285. MUSCISAXICOLE A TETE STRIÉE, Muscisaæicola striaticeps, Nob. PI. XLI, fig. 1. Muscisaxicola striaticeps, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 66, n° 4. M. capite suprà rufo nigro strialo; uropygio caudique basi rufis; dorso cinereo; alis fusco-nigris, remigibus tectricibusque albescente-marginatis ; subtus sordide albescens, pectore et gutlure sirialis. ( 357 ) Sur le vivant. Bec brun, pieds livides, yeux bistrés. Longueur totale, 145 mill.; du ph de laile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 47 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du doigt du milieu, 14 mill.; du bec, 12 mill.; sa hauteur, 4 mill. Dessus de la tête et croupion roux, la première partie ornée de grivelures noirätres; parties inférieures gris sale, la gorge et la poitrine légèrement striées de plus foncé; couvertures inférieures de la queue rousses : cette couleur couvre les rectrices à leur côté interne, excepté l'extrémité de chacune et les deux pennes supérieures, qui sont brunes; le côté externe des deux rectrices latérales est blanc; ailes brun-noirûtre, les tectrices terminées de blanchâtre, cette teinte formant, dans l’ensemble, comme deux bandes sur aile; les rémiges simplement bordées de gris clair. Nous avons rencontré cette espèce sur les plateaux des Cordillères de Bolivia et près de la Paz, à près de 4000 mètres au-dessus des Océans. Elle se tient isolée dans les champs et sur le bord des ruisseaux, y est peu craintive, s'y perche sur les mottelettes comme notre Motteux d'Europe, ou y court avec vitesse. Nous la croyons de passage. : FISSIROSTRES, Cuvier. XI FAMILLE. HIRUDINÆ. Gexre MARTINET, Cypcelus. N.” 286. CYPCELUS MONTIVAGUS, Nob. PP AT ere Cypcelus montivagus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 70, n.° 1. C. supra Jusco-niger, tectricum alis majorum quatuor aut quinque tantummodo dorso proximis apice margine albis, rectricibusque (prim& laterali except&) apice pogonio externo pallidé rufescentibus , duabus mediis apice albescentibus. Maculä parvd ante et supra oculos albd; subtus fusco-niger ; gutture colloque antico usque ad pectus fasciäque anali albis; tectricibus caudæ inferis, pectore ventreque nigris, alis plicatis lineas octo caudd longioribus; rostrum minutum, breve, suprä valde curvatum. Sur le vivant. Bec noir, yeux bruns, pieds rosés. Longueur totale, 150 millimètres ; circonférence, 80 mill.; du pli de laile à son extrémité, 125 mill.; de la queue, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 18 mill.; du bec, 5 mill. 1. Jusqu'ici nous avons pu donner nos observations sur toutes les espèces de chaque genre, de manière à présenter le cadre complet de nos recherches ornithologiques, et des considérations générales qu’on peut en déduire; mais forcé, faute de place, d'abandonner cette marche, nous devons nous borner à quelques notes relatives aux espèces figurées, afin de ne pas tronquer tout à fait cette partie importante de nos investigations lointaines. Passe- reaux. Passe- reaux, ( 358 ) Nous avons rencontré cette espèce sur le versant et aux confins des derniers contre- forts orientaux de la Cordillère bolivienne, entre Samaypata et Santa-Cruz de la Sierra, au sommet des montagnes dites de las Æabras, Elle vole en grandes troupes avec une extrème vitesse. N.° 287. CYPCELUS ANDECOLUS, Nob. Cypcelus Andecolus, d'Orb. et Lafr., Ye» Pas 701x Ts Le C. supra fuscus, vittd latd uropygiali et torque in medio nuchæ interrupto albis ; alæ longissimæ, angustæ , acutæ prope dorsum cinerascentes ; rectrices superæ caudæ caudaque satis profunde emarginata nigræ; rectricibus lateralibus septem lineas intermediis longioribus ; subtus sordidè albus vel pallidè cinerascens , colli albidine usque ad mediam nucham ascendente torqueformi; primd laterali rectrice basi præserlim pogonio externo cinerascente. Sur le vivant. Bec et pieds noirs, yeux bruns, tarses emplumés rosés. Longueur totale, {45 millimètres; de la queue, 60 mill.; du vol, 340 mill.; du pli de l’aile à son extré- mité, 150 mill.; du bec, 4 mill.; du tarse au bout des doigts, 19 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Cette espèce, voisine de la précédente, en diffère par sa queue non rigide. Nous l’avons vue au nord et au sud de la Cordillère orientale, dans les ravins secs et élevés de plus de 3000 mètres au-dessus du niveau des mers, aux environs de la Paz, de Cavari et d’Inquisivi (Bolivia). Elle parcourt le fond des vallons, en troupes, et se pose au sommet des montagnes sur les rochers, où les habitans disent qu’elle niche dans des trous. Son vol est plus rapide que celui de notre Martinet; ses cris sont bien plus faibles. CONIROSTRES, Cuv. (Cowrrosrres Humrcozss). XII° FAMILLE. 4LAUDIDÆ. Gevre CERTHILAUDA, Swains. N.° 288. CERTHILAUDA CUNICULARIA, Nob. PI. XL, fig. 1. Alouette mineuse, Azara, n° 148; ÆAlauda cunicularia, Vieill., Dict., t. 17, p. 369. PS S |. suprà fusco-brunnea, vittd superaliari à naribus ad occiput pallide rufescente, alæ dorso concolores, tectricibus pallidioribus in medio fuscis; remigibus prima- ris, pogonio extlerno et apice fusco-nigris, pogonio interno rufo-castaneis ; secundariis basi et apice hujusce coloris, tribus ultimis nigro-fuscis, pallido- marginatis; caud& brevi fusco-nigrd, rectricibus totis basi rufis, ultimd laterali extus albd;subtüs pallidior, gutture colloque antico sordidè albescentibus ; pectore quibusdam maculis nigris aut fuscis variegato , illo abdomine crissoque rufescen- tibus; alæ subtus fere totæ rufescunt. | ( 559 ) Sur le vivant. Bec long, grêle, arqué, noiràtre en dessus à son extrémité, blanchätre à la base. Yeux bistrés, pieds noiràtres. Longueur totale, 165 millimètres; vol, 330 mill.; circonférence du corps, 110 mill.; du tarse au bout des doigts, 34 mill.; du bec, 18 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 4 mill. Cette espèce s’est montrée à nous dans la république Argentine, aux environs de Buenos-Ayres, de San-Pedro , de Maldonado; en Patagonie, sur les bords du Rio Negro, et ensuite, sous les tropiques, sur les plateaux des Cordillères, qui correspondent, par leur élévation, près de la Paz, à Cochabamba, et au sommet des Cordillères en Bolivia; c’est-à-dire en latitude, du 33.° au 43. degré, et en élévation, sous les tropiques, de 3500 à 4500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle se tient dans les plaines, y mène le même genre de vie que l’Æ/auda cristata en Europe, auprès des habitations et des lieux cultivés, y est familière, et a, jusqu’à un certain point, le même chant. Elle se perche quelquefois sur les maisons. Elle niche à terre; son nid est formé de tiges de graminés artistement contournées. N.° 289. CERTHILAUDA TENUIROSTRIS, Nob. PEUXIIIE, -fr2, Certhilauda tenuirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 72, n.° 2. C. suprà fusco-brunneus, pilei pennis totis in disco parüum obscurioribus loris , vittä- que superciliari rufescenti albidis ; alæ nigro-fuscæ , tectricibus totis rufo-pallido late marginatis, remige primd fusco-nigrd, limbo interno basi tantüm rufo, secundä , tertiä , quartd, quintäque pogonio interno r'UJES ; pogonio externo apice- que fusco-nigris, sequentibus secundariisque totis rufis, apice intüs tantüm nigro- Juscis, tertiariis basi intus tantum rufis; pogonio externo apiceque fuscis, limbo externo pallide rufescentibus ; caudä brevi, rectricibus totis, duabus mediis fuscis exceplis, rufis, apice tantüum nigris; prima laterali apice vix nigro punctatà ; subtus pallidior, gutture atbicante ; pectore abdomineque rufescenti-albescentibus, pennis pectoralibus fusco marginatis. Sur le vivant. Bec très-long, grêle, arqué, comprimé, corné; yeux bruns, pieds noirs. Longueur totale, 185 millimètres; vol, 350 mill. Circonférence du corps, 110 mil. ; du pli de Vaile à son extrémité, 110 mill.; de la queue, 50 mill.; de l’ongle du pouce, 10 mill.; du bec, 30 mill. Sa largeur, 4 mill.; sa hauteur, 4 mill. Nous avons observé cette charmante espèce aux environs de Cavari, province de Sica- sica et près de Cochabamba (Bolivia), sur le sommet découvert des montagnes de la Cordillère orientale, à 3500 mètres environ au-dessus des Océans, dans la zone du blé. Elle se tient dans les champs cultivés et y montre les mêmes habitudes que l4/auda cristala. On la voit par paires, grattant la terre et y fouissant avec son bec. Ses habi- tudes sont sauvages, sa marche très-rapide; au moindre bruit, elle se tapit à terre et reste sans mouvement. Passe- Teaux. Passe- reaux, ( 360 ) N.° 290. CERTHILAUDA MARITIMA, Nob. PI. XLIV, fig. 4. Certhilauda maritima, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 72. C. suprà parum rufescenti-cinerascens ; vitt& superciliari rufescenti-albd ; alæ dorso concolores, tectricibus pallido -marginatis ; remigibus nigro-fuscis, basi intus apiceque parüm rufescentibus; caudd fusco-nigra, rectricibus totis, apice extimd- que laterali pogonio extus rufo-albescentibus ; subtus pallidior, gutture colloque antico albis, pectore abdomineque parüum rufescenti-albescentibus ; alæ subis roseo rufescunt. Sur le vivant. Pieds noirs, bec brun à l'extrémité, rosé à sa base; yeux brun-bistré pèle. Longueur totale, 150 millimètres; du pli de laile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 40 mill.; de l’ongle du pouce, 6 mill.; du bec, 12 mill.; sa hauteur, 3 mill. Nous avons rencontré rarement celte espèce à Cobija, port de Bolivia, sur la côte d’Atacama : elle a les mœurs de l’Alouette huppée, se tenant de préférence sur les terrains sablonneux et secs, ou dans la poussière. Son vol est court et son chant assez agréable. (CONIROSTRES DUMICOLES OÙ GRAMINICOLES.) XIIL° FAMILLE. FRINGELLIDÆ, Gexre EMBERIZA, Linn. N. 291. EMBERIZA LUTEO-CEPHALA, Nob. PL REIN spi: Emberiza luteo-cephala, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 74, n° 4. FE. supra tota fusco-cinerea, pileo flavo-oliascente, loris aurantiacis, genis capt- tisque lateribus pileis concoloribus , prope rostrum flavis ; alæ dorso concolores , tectricibus minoribus totis, mediis margine tantüm, extüs flavo-olivascentibus ; remigibus nigris, primariis totis, apice excepto, margine extüs late flavis, secun- dariis cinereo-marginalis ; caudd Jusco-nigr& , rectricibus totis, extimo apice exceplo, extus flavo marginatd. Subiüs gutture, collo antico , pectore abdomine- que mediüis, caudæque tectricibus inferis splendente flavis; colli pectorisque late- ribus et hypocondriis cinereis ; foœmina aut junior suprà tota olivascenti brunnea, plumis totis in disco nigro-fuscis, tectricibus alæ minoribus , remigibusque pri- maris margine extus olivascentibus ; caud& nigro-fuscd, rectricibus basi margine extus olivascentibus. Subtus sordide albescens , pectore paululum olivascente, hoc, hypocondris , tectricibusque caudæ inferis fusco-striatis; alæ subtus sulphuras- centes. Long. 14 centim. Sur le vivant. Bec et pieds noirätres ; yeux bistrés. Longueur totale, 160 millimètres; vol, 250 mill.; circonférence du corps, 110 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 85 mill.; de la queue, 56 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 6 mul. ( 361 ) Cette espèce est commune sur toutes les montagnes du versant oriental de la Cor- Pare reaux. dillère, depuis Cochabamba et Vallé Grandé, jusqu’à Chuquisaca (Bolivia). Elle vit, au mois de Novembre, en troupes nombreuses, qui ont les mœurs de notre Linotte d'Europe. N.° 292. EMBERIZA HYPOCHONDRIA, Nob. PI. XLV, fig. 1. Emberiza kypochondria ; d'Orb. et Tafr., Syx., p- 80. E. suprà griseo-murina; pileo obscuriore, vitt& superciliari alb& à naribus ad nucham ductä; alis caudäque fusco-nigris, remigibus tectricibusque griseo-rufes- cente late marginatis ; rectricibus quatuor utrinque lateralibus , pogonio interno , maculä oblongd albi notatis, extimä& laterali æque pogonio externo albo mar- ginatd ; subtus, gutture colloque antico albis, capitis et colli lateribus, pecto- ralique vittä latd lineäque mystaciformi à mandibulä descendente plumbeis ; ventre abdomineque mediis late albis; hypocondriis rufo-badiis. Sur le vivant. Bec corné, yeux bruns, pieds noirätres. Longueur totale, 150 millim.; vol, 230 mill.; circonférence du corps, 100 mill.; du pli de laile à son extrémité, 70 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 10 mill. Sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 5 mill. Cette charmante espèce est très-commune sur toutes les montagnes situées au nord de la Cordillère orientale de Bolivia, principalement aux environs d’Inquisivi, province de Sicasica , et de Palca, province d’Ayupaya. Elle se tient près des lieux habités, dans les ravins entourés de buissons; on la voit seule ou par petites troupes, avoir les habi- tudes de notre Moineau ordinaire, avec autant de familiarité. Elle entre dans les jardins, dans les cours, et se pose souvent sur les maisons, où l’on dit qu’elle niche. N.” 293. EMBERIZA CARBONARIA, Nob. PL. XLV, fig. 2. Emberiza carbonaria, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 79, n° 17. Æ. supra obscure schistacea, ambitu rostri fere nigro, plumis colli et dorsi in medio obscurioribus; alæ caudaque nigræ, remigibus tectricibusque cinereo mar- ginatis ; rectricibus nigris unicoloribus; subtus tota nigra schistacea, crissi plumis cinereo vix Cconspicue lerminalis; rostrum flavo-albidum, pedesque pallescentes. Sur le vivant. Yeux noirs, pieds et bec jaune brillant. Longueur totale, 145 millim.; du vol, 120 mill.; circonférence du corps, 90 mill.; du pli de laile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 55 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 5 mill.; du tarse au bout des doigts, 36 mill. Je n'ai vu cette fringille qu'une seule fois sur les coteaux qui bordent le Rio Negro, en Patagonie. Elle sautillait isolément au milieu des buissons épineux dans le fort de l'été. Je la crois de passage. IV. Oùis. 40 Passe- reaux ( 362 ) N.° 294. EMBERIZA SPECULIFERA, Nob. PL XLVT, f8."2 Emberiza speculifera, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 82. FE. subtus griseo cœrulea, maculü parv& infrà oculos albd ; remigibus primariis primd exceptd à basi ad medium extus niveis, vittam obliquam et marginatam albam formantibus, rectricibus nigris fere unicoloribus extimd tantum extùs albis, cæteris angustissime griseo-fimbriatis ; crissum totum album non rufo-maculatum ; rostrum LoluUm TIgTrUum , pedesque Jusco-nigri. Sur le vivant. Bec et pieds couleur de corne, yeux rouge de vermillon. Longueur totale, 200 millimètres; vol, 376 mill.; circonférence du corps, 160 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 125 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du bec, 12 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 6 mill. Au milieu de l'hiver (mois de Juin) étant près du sommet de la Cordillère orientale qui sépare la ville de la Paz de la province de Yungas, en Bolivia, à la hauteur de plus de 4500 mètres au-dessus des Océans, j'ai rencontré un grand nombre d'individus de cette espèce. [ls étaient sur le versant occidental par petites troupes, sur les prairies et dans les champs qui dépendent du canton de Palca. Ils venaient familièrement autour de nous, sans s'inquiéter de notre présence. Ils grattaient la terre et ressemblaient à nos Moineaux d'Europe, dont ils sont les représentans sur ces montagnes glacées. N° 295. EMBERIZA FULVICEPS, Nob. Pl XVI" É02 Emberiza fulviceps , d'Oxrb. et Lafr., Syn., p. 77. E. suprà nitide olivaceo-viridis , capite colloque suprà et lateribus rufo-fubis, ante oculos macul& semilunari aliäque infra oblique descendente flavo-ranunculaceis ; alæ caudaque. fusco-nigræ, illarum tectricibus remigibusque secundariis olivaceo, primariis cinereo-marginalis; rectricibus æque fusco-olivaceo fimbriatis ; subtus gutture, collo antico abdomineque mediis flavis, pectoris abdominisque lateribus olivaceo-viridibus ; rostrum nigrum maxillä intus lævi, pedesque fusci. Sur le vivant. Yeux bruns, bec noir, pieds bruns rosés. Longueur totale, 180 milli- mètres ; du vol, 255 mill.; circonférence du corps, 120 mill.; du pli de laile à son extrémité, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 47 mill.; du bec, 11 mill.; sa hau- teur, 7 mill.; sa largeur, 7 mil. J'ai rencontré cette espèce dans un ravin boisé aux environs de Totora, province de Mizqué, république de Bolivia, sur le revers oriental des Cordillères. Elle sautillait sur les branches d’un arbre où je la tuai. Elle paraît y être rare. ( 363) N° 296. EMBERIZA GRISEO-CRISTATA, Nob. PI. LXVII, fig. 1. Emberiza griseo-cristata, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 79, n.° 15. E. suprà plumbea unicolor, plumis verticis elongatis,angustis,in medio paulo obscurio- ribus, cristam apice subrecurvam formantibus ; alæ caudaque fusco-nigræ ; remigi- bus cinereo-marginatis , rectricibus (quatuor mediis exceptis), à medio ad apicem pogonio interno albis, infrägue vittam latam albam formantibus ; subtüs tota cinerea, abdomine medio crissoque albis, rostrum corneum, mandibulä Jlavo- albidä, pedes fuscescentes. Junior difjert colore supero et infero brunnescente, tectricibus alæ cinereo-terminatis cristäque breviore. Sur le vivant. Yeux bistrés, pieds bleus, bec noiràätre en dessus, bleu rosé en dessous. Longueur totale, {60 millimètres; du vol, 245 mill.; circonférence du corps, 90 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 55 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; du bec, 10 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 5 mill. Cette espèce habite tout le versant oriental de la Cordillère de Bolivia, dans les pro- vinces de Cochabamba, de Mizqué et de Vallé Grandé, surtout aux environs des lieux habités. Elle vit sur les coteaux des rivières de cette région sèche et aride si bien carac- térisée, se tient sur les buissons et les arbustes, où elle mène une vie active. Elle tient sa huppe verticale et a les mœurs de notre Moineau. N.° 297. EMBERIZA ATRICEPS, Nob. PI. XLVII, fig. 2. Emberiza atriceps, d'Orb. et Lafr., Syr., p. 82. E. supra rufo brunnea, uropygio flavescente, capite toto, nuchd, genis, gutture colloque antico usque ad pectus aterrimis ; alæ caudaque nigræ , illarum hujusque tectricibus nigris, cinereo-marginatis, remigibus rectricibusque angustissime extüs cinereis, subtus pectore, colli abdominisque lateribus , rufo-flavescentibus, abdo- mine medio flavo, ano caudæque tectricibus inferis albis; rostrum valde elon- galo-conicum, lateribus compressum. Junior aut potius pullus valde difjèrt; suprà fere unicolor fusco-brunneus, capite fusco, obscuriore; subtüs sordidè rufescens, abdomine medio pallide flavescente, gutture colloque antico rufescen- tibus, fusco-striatis. Sur le vivant. Yeux bruns, bec corné, pieds bruns. Longueur totale, 170 millimètres ; des plis de laile à son extrémité, 90 mill.; de la queue, 60 mill.; du bec, 13 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 6 mill.; circonférence du corps, 90 mill. Cette espèce se trouve à la fois sur le grand plateau bolivien, sur le plateau occi- dental, et même à l’ouest de la Cordillère, depuis le 15. degré jusqu’au 22° Elle est surtout commune aux environs d'Oruro et de Potosi (Bolivia) et se tient dans les lieux couverts de buissons; ses habitudes sont celles de notre Pinçon d'Europe. Nulle part elle n’est commune. Passe- reaux. Passe | Teaux, ( 564 ) Genre LINARIA. N.° 298. LINARIA ANALIS, Nob. PI. XLVIII, fig. 1. Linaria analis, d'Orb, et Lafr., Syn., p. 83, n° 1. L. suprà tota plumbea, capitis, colli, dorsique medii plumis apice rufescentibus, uropygio plumbeo; alæ nigræ; remigibus primariis, duabus externis exceptis , basi albis, macularnque mediam alæ formantibus,præterea griseo extus angustissime limbatis, secundariis Lectricibusque mediis et majoribus late cinereo rufoque mar- ginatis; caudd nigrd, rectricibus extus et apice cinereo fimbriatis, omnibusque, duabus mediis exceptis, maculi magnd quadratä alb& ad medium caudæ notatis ; subtüus tota plumbea, crisso cinnamomeo, abdomine imo albicante plumisque pectoris et hypochondriorum extimo apice parum rufescentibus. Foemina suprà tota brunneo-rufescens, plumis in medio nigricantibus, uropygio cinerascente, alis eddem picturä ut in mare, sed pennis totis rufo non cinereo marginatis ; caudé huic maris simili. Sur le vivant. Yeux bruns, pieds bleuàtres, bec corné. Longueur totale, 130 millim.; vol, 210 mill.; circonférence du corps, 80 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 65 mill.; de la queue, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; du bec, 6 mill. ; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 55 mul. Cette espèce est répandue sur tout le plateau bolivien des Cordillères et sur leur versant oriental, mais seulement dans les régions élevées. Nous l'avons successivement rencontrée à la Paz, à Inquisivi, à Cochabamba, à Totora et à Chuquisaca, république de Bolivia. Partout elle est commune, dans les lieux peu boisés et secs, sur les coteaux et y mène le genre de vie de notre Linotte d'Europe. Elle marche à terre, se perche sur les buissons, y vil isolée ou en troupes, et n’est pas du tout sauvage. Gevre CARDUELIS. N.” 299. CARDUELIS ATRATUS, Nob. PI. XLVIIT, fig. 2. Carduelis atratus, d'Oxb. et Lafr., p. 83, n.° 2. C. totus intense ater absque nitore, remigibus rectricibusque, harum duabus mediis exceptis, basi flao-ranunculaceis, hoc colore super alas et vittam, alæ caudaque fuscæ, albo-maculatæ ut in mare; subtüs tota flava, gutture, collo, pectore hypo- chondriisque fusco-striatis, mazillä cornet, mandibul& albicante. Sur le vivant. Yeux bruns, bec corné, pieds noirs. Longueur totale, {135 millimètres; de la queue, 35 mill.; du vol, 250 mill.; des plis de l'aile à son extrémité, 35 mill.; du bec, 8 mill.; sa hauteur, 7 mill.; sa largeur, 6 mill. Circonférence du corps, 90 mill. ( 365 ) Ce Chardonneret est propre seulement au grand ravin de la Paz (Bolivia), à la hau- teur de 3700 mètres au-dessus du niveau de la mer, au 17." degré de latitude sud. Il se tient sur les buissons, vole par petites troupes, surtout en hiver, y est très-familier et a les mœurs de notre Chardonneret d'Europe. Ses habitudes sont vives, son vol léger et court. On l’élève en cage pour entendre son chant très-agréable : les Espagnols le nomment Grlguero et les Aymaras Chaïjña. I est probable qu'il nicherait dans les volières. GEexrE PITY LUS, Curv. N.° 300. PITYLUS AUREO-VENTRIS, Nob. PIRE Mig 2e Pitylus aureo-ventris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 84, n.° 1. P. caput, collum, pectorisque supremum dorsum notæumque totum sericeo-aterrima; alæ atræ, tectricibus minoribus aureo-flasis , mediis majoribusque atris, large albo terminatis duasque latas vittas alæ formantibus; remiges primariæ, præterea basi, albæ, vittam tertiam cum secundd irregulariter conjunctam constituunt ; remiges secundariæ punctis minutissimis albis vix conspicuis apice notantur ; caudä nigrä, rectricibus utrinque tribus aut quinque apice albis; subtüs à pectore Lotus aureo-flavus, hypochondriis nigro-maculatis, tectricibus caudæ inferis, lon- gissimis , albis, nigro punctatis; rostrum forte elongatum, arcuatum , lateraliter compressum, maæxillé tomiis prope basim late marginatis intusque curvatis. Sur le vivant. Yeux bleuàtres, bec corné en dessus, rosé en dessous; pieds bleuàtres. Longueur totale, 230 millimètres; vol, 340 mill.; circonférence du corps, 130 mil. ; du pli de l’aile à son extrémité, 115 mill.; de la queue, 80 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; de l’ongle du pouce, 6 mill.; du bec, 20 mill.; sa hauteur, 15 mill.; sa largeur, 12 mill. J'ai successivement rencontré cette espèce en Bolivia, dans la province de Yungas, d’Ayupaya, de Mizqué, de Chuquisaca et de Chiquitos, c’est-à-dire, sur le versant oriental de la Cordillère et sur les collines de l’intérieur. Elle vit auprès des habita- tions et des lieux cultivés, sur les buissons, sur les arbres, elle y est très-commune et des plus familières, sans descendre à terre. Son vol est lourd, court et jamais élevé, son cri aigu et souvent répété. Les Aymaras la nomment Cantero. CONIROSTRES SYLVICOLES. XIV FAMILLE. STURNIDÆ. Genre CASSICUS, Auct. N.° 301. CASSICUS YURACARES, Nob. PI. LI, fig. 1. Cassicus yuracares, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 7, n° 3. C: rostro, ejusque casside frontali latd elevatä nigris, fasciä apicali aurantid , alter basali mandibulæ rubicundä, verticis cristd è plumis quatuor longissimis , Passe- reaux. Passe- reaux. ( 566) linearibus , recumbentibus ; capite, cristd, collo toto , pectore ventreque summo et medio olivascenti-flavis ; tergo, uropygio, alis totis, caudæ tectricibus longissimis superis ac inferis; hypochondriis, ventre imo, crisso, tibüsque totis saturate et late castaneis unicoloribus; caudä& cuneat&, rectricibus duabus intermediis totis olivaceis , reliquis unicoloribus latissime citrino- flavis ; pedes valide TESTÉ. Sur le vivant. Bec noir, rouge à son extrémité, partie nue de la mandibule inférieure Jaune, pieds noirs. Longueur totale, 600 millimètres; circonférence, 360 mill.; du pl de l'aile à son extrémité, 250 mill.; de la queue, 200 mill.; du tarse au bout des doigts, 100 mill.; du bec, 65 mill.; sa hauteur, 36 mill.; sa largeur, 20 mil. Cette espèce se rencontre au milieu des plus belles forêts du monde, au sein de la végélation la plus active, au pied oriental des Cordillères boliviennes, au nord de Co- chabamba, dans les pays habités par les sauvages Yuracarès. Elle y vit au sommet des arbres, par petites troupes ou par couples, et n’y est que de passage. N.° 302. CASSICUS ATROVIRENS, Nob. PI. LI, fig. 2. Cassicus atrovirens, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 1, n.° 1. C. caput, collum corpusque totum suprà et infrà fusco-olivacea aut nigro-viridia , pennis gutturis, nec non colli, basi niveis; alæ dorsi concolores ; remigibus atris, primariis angustissime, secundariis late viridi-olivaceo marginalis, tergo, uropygio, caudæ tectricibus superis ac inferis ferrugineis, rectricibus caudæ quatuor inter- mediis totis obscure olivascentibus, extimd laterali tot& secundd pogonio externo apiceque ejusdem coloris, illius pogonio interno reliquisque duabus rectricibus citrino-flavis, apice externo tantum obscure-olivaceis; pennæ occipitalis parum elongatæ cristam brevem et non filiformem formant. Sur le vivant. Yeux bruns, bec jaune verdätre, pieds noirs. Longueur totale, 420 millimètres; du vol, 690 mill.; circonférence du corps, 240 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 250 mill.; de la queue, 180 mill.; du tarse au bout des doigts, 95 mill.; du doigt du milieu, 40 mill.; du bec, 50 mill.; sa hauteur, 24 mill.; sa largeur, 14 mill. Cette espèce est propre à la province de Yungas, république de Bolivia, sur le revers oriental de la Cordillère des Andes. Elle se Lient spécialement sur les montagnes boisées et chaudes, au milieu de Pactive végétation des environs de Yanacaché, de Chulumani, d'Irupana et de Cajuata, préférant les lieux cultivés et plantés de bananiers. Sédentaire toute l’année, elle vit par troupes, dans les champs, mais laissant toujours une sentinelle pour la prévenir des dangers, tandis qu’elle dévaste les plantations, ce qui la fait redouter des habitans, qui la nomment Ucki, en aymara. Ses cris sont perçans, aigus et par fois étourdissans. ( 367 ) N.° 303. CASSICUS CHRYSONOTUS, Nob. Pl. LI, fig. 1. Cassicus chrysonotus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 3, n.° 5. C. rostrum in exwiä flavo-albidum , in vivd basi obscure-cæruleo nebulatum, apice depressiusculum; casside frontali angustd tereti, quamwis posterits rotundatd ; suprà et subtüs totus niger, dorso postico et uropygio tantüum flavo-aurantiis ; tectricibus caudcæ superis ac inferis nigris; alæ his Cassici icteronoti longitudine æquales, sed caudä multo longiore , maris nigridine suprà nitente, fæminæ obscurd; hujus non- nullæ alarum tectrices mediæ puncto aut strid minimis aurantiis terminantur. Sur le vivant. Bec jaunàtre à son extrémité, bleuätre à sa base, pieds noirs. Lon- gueur totale, 320 millimètres; circonférence, 160 mill.; du pli de l'aile à son extré- mité, 150 mill.; de la queue, 120 mill.; du tarse au bout des doigts, 60 mill.; du bec, 35 mill. Nous n'avons vu cette espèce que deux fois sur le versant oriental des Cordillères de Bolivia à Charapaccé, entre Suri et Inquisivi, province de Yungas, à Morochata, province d’Ayupaya, et loujours dans les régions élevées des montagnes. Elle est rare, des plus fuyardes et très-difficile à se procurer. Elle vit par petites troupes. Genre ICTERUS. N° 304. ICTERUS MAXILLARIS, Nob. PER He, 259 Icterus maxillaris, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 4,n 10. 1. caput, collum, dorsumque totum, pectus et abdomen, violaceo-purpurino splen- dent, alis caudäque virescentibus, maæilld basi, tantummodo tomiis intüs, constrictd, deinque usque ad apicem rect&; caput, collum, pectusque tandummodo violaceo- cæœrulea, dorso abdomineque ad viridem colorem vergentibus, maxillä suprà perfecte rectä, nullo modo curvatd, basi tomis constrictd quasi late emarginatd , deinque sinuosd, apice iterum angustatà. Sur le vivant. Yeux, bec et pieds noirs. Longueur totale, 225 millimètres; du vol, 360 mill.; circonférence du corps, 130 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 120 mill.; de la queue, 70 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du bec, 20 mill.; sa hauteur, 9 mill.; sa largeur, 7 mill. Cette espèce est très-commune dans toute la vallée de Cochabamba (Bolivia), où elle a les mœurs de nos Étourneaux. Elle vit sans défiance aucune en petites troupes auprès des bestiaux, en chassant les insectes qui s’envolent sous leurs pas. Souvent elle se perche sur le dos des vaches et des chevaux. Ses sociétés sont bruyantes: elle marche avec vitesse à terre et son vol est horizontal. Les Indiens aymaras l’appellent Burrumicki. Passe- reaux. ( 368 ) Favuze pes COR VID Æ. Gexre GARRULUS. N° 305. GARRULUS VIRIDI-CYANEUS, Nob. PI. LIIL, fig. 1. * Lu . , Lu Garrulus viridi-cyaneus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 9, n° 4. G. Lotus obscure cæruleus aut quodam luminis projectu thalassino-viridis; capistrum, _mentum, genæque atræ, gutture colloque antico supremo obscure nigro-cæœrules- centibus aut viridescentibus, hoc colore suprà pectus terminalo ibique lined semi- circulari angustä albd circumdato ; post vittam capistri atram, alid frontali albä erect& supràä oculos superciliariforme, adque latera capitis protensd; caudd cu- neatd , remigibus intus nigris; rectricibus suprà obscure-cyaneis aut viridescentibus, sicut dorsum unicoloribus infräque nigris; rostrum satis forte, culmine elevato arcuato, naribus, ut in pleribusque corvis, plumis setiformibus appressis , obtectis. Sur le vivant. Yeux noiràtres, bec et pieds noirs. Longueur totale, 340 millimètres ; du vol, 410 mill.; circonférence du corps, 160 mill.; du pli de l'aile à son extrémité , 150 mill.; de la queue, 145 mill.; du tarse au bout des doigts, 70 mill.; du bec, 24 mill.; sa hauteur, 11 mill.; sa largeur, 12 mill. En descendant à l’est de la Paz (Bolivia) sur le versant oriental des Cordillères, j'ai rencontré celle espèce près de Cajapi, c’est-à-dire, à la limite supérieure de la végétation ligneuse, dans les lieux les plus escarpés du monde. Elle passait en hiver, par troupes d’une dizaine, se montrait farouche, jetait des cris perçans et menait le genre de vie de notre Geai. Les Indiens aymaras la nomment Qquéhué de son chant. TÉNUIROSTRES. Cuv. (TÉNUIROSTRES GRIMPEURS.) I FAMILLE. CERTHIDÆ. Gevre DENDROCOLAPTES. N° 306. DENDROCOLAPTES LAFRESNAYANUS, Nob. Pl. LIL, fig. 2. Dendrocolaptes procurvus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 12, n° 6. D. supra tota rubiginosa, pileo rufescente fusco, gutture strüs pallidis, angustiori- bus, irregulariter dispositis, pectoris et colli antici numerosioribus , gulä plumis squamiformibus vestitd, rostro pallidè rubescente. Sur le vivant. Bec rosé, yeux bruns, pieds verdàtres. Longueur totale, 280 millim.; du bec, 50 mill.; vol, 310 mill.; circonférence du corps, 140 mill. ( 369 ) Cette espèce diffère du D. procurvus, Tem., par sa tête plus grosse, par le bec moins Passe- arqué et rosé, au lieu d’être noir, et par beaucoup d’autres détails. eu Nous l'avons rencontrée dans les iles du Rio Parana, près de Goya, au 29." degré de latitude. Elle grimpait sur un saule à la manière des Grimpereaux. Nous l'avons retrouvée ensuile dans la province de Chiquitos (Bolivia) où elle est rare. N.° 307. DENDROCOLAPTES ATRIROSTRIS, Nob. PLEIN fie. nt Dendrocolaptes atrirostris, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 12, n.° 7. D. rostro atro, suprà paulo curvatiore, apice non subitd deflexo , mandibuld albi- cante. Suprà totus rufo-olivaceus, alis caudäque cinnamomeis , pilei nuchæque plumis in medio angustissime rufo-striolatis ; vittä superciliari, sed taritum post oculari concolore. Subius dorso concolor, gutture colloque antico parum grisescen- tibus, pallide ut caput striolatis ; tarsi breves ut digiti debiles. Sur le vivant. Pieds bleus, yeux bleu pâle. Longueur totale, 210 millimètres; du vol, 310 mill.; circonférence du corps, 120 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 100 mill., de la queue, 80 mill.; du bec, 20 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 8 mill. Cette espèce s’est montrée à nous au milieu des forèts épaisses, humides et chaudes qui séparent les provinces de Chiquitos et de Moxos, sur les lieux habités par les sauvages Guarayos (Bolivia). Elle y est rare et montre les habitudes ordinaires des Picucules. DES RAMILLE. SLPTIDÆ: Gexre ANABATES. N.° 308. ANABATES SQUAMIGER, Nob. PL. LIV, fig. 2. Ænabates squamiger, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 14, n.° 1. À. suprä, pileo, dorso, alis cauddque intensè rubiginoso-cinnamomeis; remigibus nigTis, primariarium Lerlid , quartä quintâque margine externo, sequentibus basi tantum obscure rufis, ibique vittam obliquam alæ formantibus, secundariis margine exlerno, terliariis fére totis cinnamomeo-rubiginosis; caud& intense rubiginosd; subis rufo-olivascens, tænid superciliari à naribus, gutture, guldque totà læte Jlavis, genarum, colli, laterum usque ad nucham, pectoris, ventris, crissique medliis plumis totis læte flavis, nigro-cinctis, squamæformibus ; rostrum debile allenuatum sylkiæ, maxillä corned, mandibuld albicante; pedes pallidè fusci, halluce ungueque valde elongatis, ut in scansoriis avibus. Sur le vivant. Yeux brun-noir, bec brun, rose-violet à sa base, pieds violet-brun. Longueur totale, 165 millimètres; vol, 230 mill.; circonférence du corps, 95 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 70 mill.; du bec, 10 mill.; sa largeur, 3/ mill.; sa hauteur, 3 mill. IVA 0 _ ( 370 ) Passe- Nous avons rencontré celte jolie espèce dans les environs du bourg de Palca, pro- reaux. . R s j: . As a vince d'Ayupaya (Bolivia), c’est-à-dire sur le versant oriental des Cordillères, au milieu d'un bois épais. Elle grimpe sur les arbres comme les Grimpereaux ordinaires. Cette habitude la distingue nettement des autres Anabates. N° 309. ANABATES UNIRUFUS, Nob. PLV, Ne 2 Anabates unirufus, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 16, n.° 7. À. suprä et subtus totus læte rufus unicolor, plumis capitis ut in præcedente parüm elongatis, acuminatis cristamque mediocrem formantibus, remigibus totis (tertiariis prope dorsum exceptis) pogonio interno nigris; rectricibus totis rufo-cinnamo- meis, apice acuminatis sed vix rigidis; pedes robusti, plumbei, halluce ejusque ungue ut in præcedente fortibus, elongatis. Nous avons rencontré cette espèce dans la province de Moxos (Bolivia). Elle se tenait dans l'intérieur d’un bois et s'y perchait sur les branches basses des arbres. Elle y est peu commune. N.” 310. ANABATES GUTTURALIS, Nob. 90 AA TA Anabates gutturalis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 15, n.° 5. A. suprà lotus fusco-rufescente-cinereus, pilei plumis totis angustatis, elongatis, cristam formantibus; remigibus obscurioribus, pallido-marginatis; rectricibus æque obscuris, apice acuminatis ut in dendrocolaptibus, sed vix rigidis; subtus dorso concolor sed pallidior, sordidé cinerascens ; mento, guläque niveis, jugulo schistaceo, tectricibus caudæ inferis parum fulvescentibus, apice albis, rostrum turdi sed for- lius, corneum, mandibul& basi pallidä; tarsi plumbei ita ut digitt valde robusti. Sur le vivant. Yeux noirs, bec noir en dessus, bleu à la base en dessous; pieds bleus. Longueur totale, 250 millimètres; du vol, 340 mill.; circonférence du corps, 140 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 105 mill.; de la queue, 90 mill.; du bec, 23 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 6 mill. Nous avons rencontré cette espèce près du Rio Negro, en Patagonie, où elle est assez commune et reste toute l’année. Elle se tient en troupes de dix à douze ou isolée dans les buissons ou sur l’arbuste nommé chañar, dans le pays. Lorsqu'elle est en troupe, tous les individus font entendre un cri de rappel souvent répété, ou une chanson ca- dencée, formée en descendant de gammes chromatiques. Très-criarde, il y a souvent des rixes entre les individus d’une troupe, pour la possession d’un fruit. On la voit toujours au plus épais des buissons, relever sa huppe, et faire entendre son chant. ( 371 ) TÉNUIROSTRES HUMICOLES. III FAMILLE. UPPUCERTHIDZÆ, Nob. Gexre UPPUCERTHIA, Isid. Geoff. et d'Orb. N° 311. UPPUCERTHIA MONTANA, Nob. Pl. LVI, fig. 1. Uppucerthia montana, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 22, n° 4. Caudä nigro-rufd, rectricibus pogonio interno apiceque nigris, superciliis puré albis, plumisque pectoralibus et abdominalibus sordide rufescentibus, in medio longitu- dinaliter albis. Sur le vivant. Yeux bruns, bec noir, tarses bruns. Longueur totale, 190 millimètres ; de la queue, 60 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 80 mill.; du bec, 22 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 45 mill. Nous avons rencontré cette espèce du 15.° au 17. degré de latitude sud, sur les crêtes et sur les plateaux de la Cordillère de Bolivia et du Pérou, principalement aux environs de la Paz, à la hauteur de 3500 à 4500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle se tient isolée, ou par couples, dans les lieux rocailleux, où elle court d’une pierre à l’autre, y reste quelques secondes et continue sa chasse aux insectes. Très-craintive , elle se cache derrière les rochers, au moindre bruit. Ses mouvemens sont remplis de vivacité : elle tourne à chaque instant la tête en tous sens et relève sa queue perpen- diculairement, chaque fois qu’elle s'arrête. Son vol est bas et court, et sa marche rapide, même sur des rochers très-inclinés. N.° 312. UPPUCERTHIA ANDECOLA, Nob. PL LVL, fig 2. Uppucerthia andecola, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 21, n° 2. U. suprà tota rufescente-fumosa, uropygio cauddque rufo-cinnamomeis, alæ dorso concolores ; remigibus intus fusco-nigris, extus basique (quatuor externis primariis exceptis) obscurè rufis; vittd superciliari à naribus ad occiput ochraceo-albà ; regione paroticd fusco-brunned; gutture, collo antico albidis, lateribus pallidè ochraceis; pectore abdomineque medis albescentibus, leviter ochraceo tinctis ; pectoris abdominisque lateribus concoloribus, sed pennis totis fusco-marginatis , longitudinaliter squamæformibus ; tectricibus caudæ inferis rufescentibus ; tarsis digitisque nigro-fuscis, tenuibus , ungulisque parum arcuatis. Sur le vivant. Yeux bruns, bec et pieds noirätres. Longueur totale, 200 millimètres; de la queue, 70 mill.; du vol, 280 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 90 mill.; du bec, 24 mill.; sa hauteur, 5 mill.; sa largeur, 4 mill.; circonférence du corps, 110 mill. Passe- reaux. Pa sse- reaux, ( 372 ) Cette espèce, qui a beaucoup des mœurs de VU. montana, habite à peu près les mêmes régions sans s'élever aussi haut. Nous l'avons rencontrée du 17." au 19.° degré de latitude et de 3000 à 4000 mètres au-dessus des Océans, dans les ravins rocailleux près de la Paz, d'Inquisivi, de Totora et de Vallé Grandé (Bolivia). Elle se tient près des eaux, dans les lieux solitaires, où elle n’est pas du tout craintive. Elle marche avec rapidité au bord des ruisseaux, relevant sa queue chaque fois qu'elle s'arrête. Elle vole peu, toujours au ras de terre et fait souvent entendre un petit sifflement. Sa nour- rilure se compose d'insectes. Les Aymaras la nomment chiruchiru. N° 313. UPPUCERTHIA VULGARIS, Nob. Pl. LVII, fig. 1. Uppucerthia vulgaris, d'Orb. et Lafr., p. 22, n° 8. U. suprà fusco-fumosa, aut brunnescenti-fumosa unicolor; remigibus fusco-nigris, basi rufo- pailidis, vittam obliquam alæ formantibus, exceptis tantüum tribus primartis externis; tectricibus majoribus quatuor externis rufo-pallidis, extus limbatis, striamque secundam minorem alæ formantibus ; caudd fusco-nigrd, exceptis duabus rectricibus mediis dorso concoloribus, tribus lateralibus utrinque apice et extus sordidè rufo-pallidis; vitt& superciliari ut in congeneribus albo- rufescente; gutture toto albo, plumis totis apice transversèque fusco - notatis ; lateribus colli rufo-pallido variegatis; pectore, abdomine, crissoque pallidé fumigatis, in medio albescentibus, hypochondriis obscurioribus ; rostrum debile, rectum, com- pressum, acuminatum, nigro-corneum , mandibul& paulo pallidiore; tarsi debiles sed ita ut digiti elongati, unguibus anticis brevibus, postico elongato, omnibus paucissimè curvatis ut in avibus graminicolis et ambulatortis. Sur le vivart. Yeux brun-noir , bec et pieds noirs. Longueur totale, 160 millimètres ; du vol, 300 mill.; circonférence du corps, 110 mill.; du pli de aile à son extrémité, 100 mill.; de la queue, 60 mill.; du bec, 16 mill.; sa hauteur, 4 mill.; sa largeur, 4 mill. Nous avons rencontré cette espèce dans les plaines, au 34° degré, près de Buenos- Ayres, el dans les montagnes du 16. au 20. degré, à la hauteur de 3000 à 4500 mètres d’élévation au-dessus des Océans. Elle est surtout commune aux environs de Potosi, d'Oruro, de la Paz et de Chuquisaca, où elle mène le même genre de vie que l'espèce précédente. Elle vient souvent au milieu des villages et s'y montre partout très-commune. Jamais elle ne se perche sur les arbres. Les Aymaras la nomment Lahuayo agualirt. N.” 314. UPPUCERTHIA NIGRO-FUMOSA, Nob. PI. EVIL o-2. Uppucerthia nigro-fumosa, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 23, n° 6. U. suprà tota fumigato-nigra; remigibus nigris basi (secundum morem in alüs spe- ciebus) rufescente et vittam obliquam formante; caudä nigrä, rectricibus tribus (373 ) externis æque apice et extus pallidè rufis; regione paroticü dorso concolore, plumis albo-striatis; vitt& superciliari albä, parum nigro-variegatd; gutture toto albo, plumis apice fusco-punctatis; subtus tot& fumigatä dorso paulo pallidiore, pennis totis strid medid longitudinali alb4 notatis; rostrum elongatum, parum arcualum , CoMmpressum, aCuminatum , nigrum ; Larsi digitique robustiores, nigTO- Jusci. Sur le vivant. Yeux, bec et pieds noirs. Longueur totale, 250 millimètres; vol, 360 mill.; circonférence du corps, 150 mill.; longueur de la queue, 70 mill.; du bec, 25 mill.; sa hauteur, 6 mill.; sa largeur, 6 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 110 muill. Nous avons rencontré cette espèce seulement sur le versant occidental des Cordillères, à Valparaiso (Chili), à Cobija (Bolivia) et à Arica (Pérou), toujours sur le littoral maritime où elle est partout commune. Elle vit par couples qui se rappellent par un peut cri et y suit les mœurs des espèces précédentes. TÉNUIROSTRES MELLIPHAGES. Genre SERRIROSTRUM, Nob. ’aldé affine generi Coœæreba hoc novum genus. Form& pedum etenim, digitis ungu- lisque fortibus , atque lingud bifidä apice penicillatd, cum Coœrebis flaveola et atricapilla, etc., omnino congruit, sed multà difjert rostri form insolitä, maxillä valdé sinuosd, basi parum depressä, posteà ascendente, apiceque tandem uncinato- curvatä; tomiis ante uncum duobus aut tribus dentibus obliquis notatis ; mandibulii autem per totam longitudinem sursum curvatä, maæillä breviore ut in genere Xenope, /{{ligeri. Ce genre, bien caractérisé par son bec singulier, vit, comme les oiseaux-mouches, principalement de petits insectes. N° 315. SERRIROSTRUM CARBONARIUM, Nob. PE EVIL, fig. 1 et 2. LJ Serrirostrum carbonarium, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 25, n.° 1. S. capite, collo pectoreque totis, dorsi interscapulio , uropygio, alis, caudd tibiisque aterrimis ; tectricibus alæ minoribus, tergo, abdomineque cinereiïs, tergo obscuriore, ano rufo; rostrum nigro-plumbeum. Sur le vivant. Yeux bistrés, bec noir, pieds bruns. Longueur totale, 140 millimètres ; du vol, 210 mill.; circonférence du corps, 80 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 75 mill.; de la queue, 50 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 8 mill.; sa largeur, 3 mill. Nous avons découvert cet intéressant oiseau sur le versant oriental de la Cordillère bolivienne au 17. degré de latitude sud, principalement aux environs de Cajapi, pro- vince de Yungas, d’Inquisivi, province de Sicasica, et de Palca, province d’Ayupaya Passe- reaux. Passe- reaux, ( 374 ) (Bolivia). Elle se tient dans les lieux boisés et chauds, voltige sur les petites branches des buissons et des arbres, y faisant la chasse aux petits insectes avec une activité de mouvement très-remarquable, jetant de temps en temps un pelit sifflement de rappel. N.° 316. SERRIROSTRUM SITTOIDES, Nob. Pl. LVIIL, fig. 3. Serrirostrum sittoides, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 25, n° 2. $. suprä totum cyaneo-ardesiacum ; remigibus rectricibusque nigris, ardesiaco colore marginatis; subtüs totum pallidè rufum; rostrum mazxilld corne, mandibulà pallidiore. Sur le vivant. Yeux brun-roux vifs, bec brun en dessus, rose à la base de la man- dibule inférieure; pieds brun-rosé. Longueur totale, 130 millim.; du vol, 180 mill.; circonférence du corps, 90 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 60 mill.; de la queue, 40 mill.; du tarse au bout des doigts, 30 mill.; du bec, 9 mill.; sa hauteur, 47 mill.; sa largeur, 27 mill. Cette espèce, qui mène le même genre de vie que la précédente, habite aussi les mêmes lieux; nous lavons rencontrée successivement à Chupé, province de Yungas, à Chuquisaca et à Vallé Grandé (Bolivia), toujours à l’est de la Cordillère. Elle se tient dans les lieux boisés et humides, sur les arbres fleuris et surtout sur les orangers, où, sans s'arrêter, elle parcourt avec une vitesse extrême toutes les branches fleuries, en suçant les fleurs ou cherchant les petits insectes. GEexre CONIROSTRUM, Nob. Hoc novum genus à duobus præcedentibus, rostro rectissimo, conico, compresso , valde discrepans , attamen pedibus, alis , moribusque mellivoris illis affine vide- lur, generisque Dacnis æqué vicinum est. N° 317. CONIROSTRUM CINEREUM, Nob. PI. LIX, fig. 1. Conirostrum cinereum , d'Orb. et Lafr., Syn. , p. 25, mn. 1: C. supra totum schistaceo-cinereum; pileo, alis , caudäque nigris ; remigibus, tectri- cibus rectricibusque griseo - albescente marginatis ; maculd mediä& alæ albä ; remigum basi albd, exceptis tribus primis, formatd ; superciliis latis, albis, à naribus ad nucham ductis; subtüs totum pallidè cinerascente; abdomine medio anoque pallide. Sur le vivant. Yeux bruns, pieds bleuâtres, bec noirâtre. Longueur totale, 120 milli- mètres; de la queue, 40 mill.; du bec, 70 mill.; sa hauteur, 3 mill.; longueur du vol, 160 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 32 mill.; circonférence du corps, 60 mill. ( 375) Nous avons rencontré cette espèce à l’est et à l’ouest des Cordillères à Tacna (Pérou) et à Inquisivi, province de Sicasica (Bolivia), dans les lieux fourrés ou aux alentours des habitations, où elle préfère les arbres fleuris. On la voit sautiller sans cesse, par- courant en tous sens les petites branches, où elle nous a paru sucer le suc des fleurs, tout en chassant les petits insectes. Son sifflement est faible, ses mouvemens sont des plus vifs. Favuze Des TROCHILID Æ. Gexre ORTHORHYNCHUS, Lacép. N.° 318. ORTHORHYNCHUS SMARAGDINICOLLIS, Nob. PL. LIX, fig. 2. Orthorhynchus smaragdinicollis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 31, n. 23. O. capite suprà dorsoque aureo-viridibus; alis fuscis; guld colloque antico saturate smaragdino-splendentibus; subtüs viridi-aureo parum micante; caudä ferè rectt, latä, suprà aureo-infrà violaceo-purpured; rostro gracili. Junior difjért colore subtus pallidè ochraceo; gutturis et colli aliquot tantum pennis apice smaragdinis, alis aurato-viridibus. Sur le vivant. Bec, pieds et yeux noirs. Longueur totale, 90 millimètres ; du vol, 130 mill.; circonférence du corps, 50 mill.; du pli de l’aile à son extrémité, 47 mill.; de la queue, 28 mill.; du bec, 12 mill. Cette espèce habite les montagnes boisées et un peu chaudes du versant oriental de la Cordillère, du 17. au 18.° degré de latitude sud, principalement aux environs du hameau de Cajapi, près de Yanacaché, province de Yungas, et à Palca, province d’Ayu- paya (Bolivia) : nulle part elle n’est commune. Comme toutes les espèces de ces régions elle vit plus des larves et des nymphes des petites espèces d’hémiptères que du pollen des fleurs. N.° 319. ORTHORHYNCHUS PAMELA, Nob. PI. LX, fig. 1. Orthorhynchus pamela, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 29, n° 14. ©. supra tota nigro-fuliginosa; capile nigro; penis uropygialibus apice, tectricibusque caudæ superis metallicè cyano-viridibus ; alæ fuliginosæ , primarüis violaceo , secundariis et tectricibus olivaceo tinctis; remige primd basi, pogonio externo, cinnamomeo; rectricibus cinnamomeis, lateribus anguste, apice late olivaceo- marginalis; subtüs aterrima; ventre et abdomine parum fuliginoso-tinctis ; pectore maculi mediä niveä, e plumis elongatis basi nigris apice albis formatd, notato ; tectricibus caudæ inferis cinnamomeis, parum fusco-adumbratis ; rostrum rectissi- mum , mediocre. Sur le vivant. Bec, pieds et yeux noirs. Longueur totale, 120 millimètres; du vol, 175 mill.; circonférence du corps, 70 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 70 mill.; du bec, 19 mill.; de la queue, 35 mill. Passe. reaux. Passe reaux ( 576 } Nous avons vu cette espèce au 17° degré de latitude sud, à l'est de la Cordillère de la Paz (Bolivia), province de Yungas, mais seulement à la limite supérieure de la végé- lation ligneuse, près du hameau de Tajési. Nous lavons retrouvée ensuite dans la province d’Ayupaya, près de Palca-Grande, encore au sommet des montagnes. Nous croyons pouvoir en conclure qu’elle est propre à ces régions montagneuses, élevées d'environ 3300 mètres au-dessus des Océans. Nous n’en avons jamais aperçu que deux individus, ce qui nous porterait à croire qu’elle est très-rare : il est vrai de dire qu’on ne peut séjourner sur les lieux qu’elle habite. N.° 320. ORTHORYNCHUS AMETHYSTICOLLIS, Nob. PL EX Hg 2 Orthorhynchus amethysticollis, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 31, n° 24. O. suprà totus viridis, uropygio parum aurato ; fronte smaragdino; alis Juscis, pur- pureo tinctis ; caudd latä, rect&, cyano-nigrd, pennis duabus intermediis viridibus, tribus utrinque ultimis extremo apice albo-notatis; subtus guld colloque antico amethystino - pulchré splendentibus; pectorali semicollare abdomineque medio pallidè ochraceis; colli, pectoris et abdominis lateribus aureo-viridibus; ano caudæque tectricibus inferis albescentibus. Sur le vivant. Bec, yeux et pieds noirs. Longueur totale, 120 millimètres; circon- férence, 70 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 55 mill.; de la queue, 36 mill.; du bec, 17 mul. En remontant le versant oriental de la Cordillère, du pays des Yuracarès vers Cocha- bamba, à la limite supérieure de la végétation ligneuse, sur les montagnes les plus accidentées du monde, nous avons aperçu le seul individu de celte espèce que nous ayons pu nous procurer. Îl avait dans son estomac beaucoup de pucerons et de larves d’hémiptères. Gene TROCHILUS. N° 321. TROCHILUS ESTELLA, d'Orb. PI. LXI, fig. 2. Trochilus Estella, d'Oxb. et Lafr., Syn., p. 32, n° 31. T! caudü cuneat& et rigidiusculd, suprà brunneo-griseus; collo dorsoque viridi cupreo paucissimé relucentibus, hujus plumis rufo-pallido marginatis, caudæ tectricibus cupreo-aurato viridibus; alis fuscis, apice chalibeo-nigris,caudü cuneat, rigidä,albä, pennis apice rotundato-acutis, duabus mediis cyaneo-viridibus, extimd laterali nigrä, basi tantum et intus alb&, tribus sequentibus totis albis, margine externo tantum angustissime nigro, subtuüs , guld et collo antico viridi-smaragdino resplendentibus, hoc colore colli maculä pectorali, triangulari, nigro-chalibæü ter- minatis, dein pectore ventreque albis, hypochondriis et ano rufo-fuscis, vittd medii longitudinali castaned pectoris et abdominis; rostrum breve, parum curvatu , nigrum. Junior diffèrt gulä et collo antico non viridibus sed albis, maculisque minutis, rotundatis, fusco notatis, pectore abdomineque absque colore cinnamomeo. Sur le vivant. Bec, pieds et yeux noirs. Longueur totale, 130 millimètres ; du vol, 180 mill.; circonférence du corps, 70 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 70 mil. ; de la queue, 50 mill.; du bec, 22 mill. Nous n'avons rencontré cette charmante espèce que dans le ravin où est situé la ville de la Paz en Bolivia, au pied occidental de la Cordillère orientale. Elle se tient dans les lieux élevés et secs, à plus de 3000 mètres au-dessus des Océans. Elle va isolé- ment, voltigeant de fleurs en fleurs et se posant très-souvent sur les buissons ou sur les grandes plantes. Elle se nourrit principalement de pucerons. N° 322. TROCHILUS ADELA, d’Orb. PI. LXI, fig. 2. Trochilus adela, d'Orb. et Lafr., Syn., p. 33, n° 32. T°. suprà totus griseo obscure wiridis, alis fuscis, apice parum purpureo tinctis; caudä cuneatd, rigidd, fusco-nigrä, purpureo-tinctd; rectricibus totis(duabus mediis exceptis) pogonio interno, sordidè rufo-pallido albescentibus ; subtus gulä colloque antico viridi-smaragdino resplenderitibus, pectore ventreque mediis nigro-chali- bæis, lateribus cinnamomeis; rostrum mediocre, nigrum , parum arcuatum. Sur le vivant. Yeux, bec et pieds noirs. Longueur totale, 140 millimètres; du vol, 160 mill.; circonférence du corps, 80 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 65 mill.; de la queue, 43 mill.; du bec, 23 mill. Nous avons rencontré cette espèce une seule fois sur les montagnes sèches et arides des environs de Chuquisaca (Bolivia). Elle voltigeait entre les rochers, en se posant sur les plantes les plus élevées. Orore Des OISEAUX GRIMPEURS, Cuv. LÉ RAMILLE.: PIC ID Æ. Gexre COLAPTES. N° 323. COLAPTES RUPICOLA, Nob. PL. LXIL, fig. 1. C. supra pallidè ochraceus; pileo toto à naribus nuchäque sericeo-plumbeis, collo supero, dorso toto à nuchd, alis cauläque, tectricibus, vittis flexuosis, nigris, lineatis, rectricum migrarum scapis aureo-flavicantibus;caudd nigrä,rectriceutrinque extremdä duabusque mediis strictis, vittis, pallidè ochraceis, capitis collique lateribus, gutture, collo antico, pectore et abdomine, caudæque tectricibus inferis ochraceo-albis, hoc colore medio abdomine paululum flavicante; vittd malari, nigro -plumbe , rubro mixt4, collo infimo guttis minimis, nigris, pectoreque majoribus conspersis. 1h An 45 Passe- reaux. Passe- reaux. ( 378 ) Sur le vivant. Yeux jaune-vert, bec noir, pieds bruns. Longueur totale, 340 milli- mètres; du vol, 540 mill.; circonférence du corps, 200 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 170 mill.; du bec, 47 mill.; sa hauteur, 11 mill.; sa largeur, 11 mill.; de la queue, 90 mill.; du tarse au bout des doigts, 60 mill.; du grand doigt, 30 mill. Cette espèce habite le plateau bolivien et le plateau occidental de la Cordillère boli- vienne, depuis le 16. jusqu'au 20° degré de latitude sud, et les régions élevées du versant oriental de la Cordillère dans les régions sèches de plus de 3000 à 4500 mètres d'élévation seulement. Nous lavons effectivement rencontrée près de la Paz, de Chu- quisaca, de Cochabamba et de Potosi (Bolivia). Elle vit par paires au milieu des rochers, dans les lieux dénués de buissons, se perche sur les rochers, et y mène une vie très- sauvage. Ses mouvemens sont vifs dans la recherche des insectes qu’elle poursuit entre les pierres; sa marche est rapide à terre, son vol lourd; son cri désagréable et fort, se fait entendre chaque fois qu’elle se perche. Les Indiens aymaras la nomment Facayaca. Gexre PICUS, Linn. N 324. PICUS CACTORUM, Nob. PL LXII, fig. 2. P. supra ater, maculd latä frontali pone rotundatä et ad verticem extensd; maculd alid verticali triqueträ, coccined; nuchd transversè sordidé grise&; dorso medio lined albii; uropygio nigro alboque æque variegato; alis caudüque nigris, maculis albis, viltatis; subtüs totus sordidè griseus ; gul& tot4 ranunculaced. Sur le vivant. Tour des yeux et bec noir, yeux bistrés, pieds gris. Longueur totale, 190 millimètres ; circonférence du corps, 120 mill.; vol, 370 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, {15 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 38 mill.; du bec, 18 mill.; sa hauteur, 5 mill.; sa largeur, 6 mill. La femelle manque de tache rouge sur la tête. Nous n'avons rencontré cette espèce que dans les grandes vallées sèches et arides qui sillonnent , de lest à l’ouest, le versant oriental des Cordillères, près de Chaluani et de Chilon , province de Mizqué (Bolivia). Elle vit par paires au milieu des cactus arborescens, et ne se perche que sur ces végétaux. Elle se pose aux parties inférieures et gravit ensuite jusqu'au sommet, en y cherchant des araignées, dont elle paraît se nourrir exclusive- ment. Ce sont des oiseaux familiers, très-communs, et qui se montrent très-attachés les uns aux autres. N° 325. PICUS ATRIVENTRIS, Nob. PL LXIIL, fig. 1. P. ventre atro, non lineato; capile cristato colloque supremo rubris, macul& au- rium tantum nigrä, deorsum albo marginat&; suprä totus ater; collo supero dorsoque medio vittà lat pallidè stramined notatis; flexurä alæ remigibusque intus ochraceis; rostro albo. ( 379 ) Sur le vivant. Yeux et bec blancs, pieds noirs. Longueur totale, 330 millimètres. Nous avons rencontré cette espèce dans la province de Corrientes et dans les îles du Parana, du 28.° au 32. degré de latitude sud; nous l’avons ensuite retrouvée dans la province de Chiquitos et de Vallé Grandé, république de Bolivia. Elle se tient dans l’intérieur des grands bois, où du mois de Février en Mars elle vit en troupes, tandis qu'elle est par paires le reste de l’année. Ses cris sont perçans, et le bruit qu’elle fait en frappant les arbres morts de son bec, pour en faire sortir les insectes, est réelle- ment remarquable. Lorsqu'elle voit quelqu'un, elle se retire toujours du eôté opposé d’un arbre, de manière à ne pas être aperçue; mais la curiosité la porte à venir, d’instans en instans, regarder si l’on est toujours à la même place. Ce sont des oiseaux criards, querelleurs, très-actifs. N.° 326. PICUS CANIPILEUS, Nob. PI. LXIIT, fig. 2. P. supra olivaceus, uropygio leviter flavo striato; alis extus parum aurulentis, remigium pogoniis intus nigro-fuscis, rectricibus fusco-olivaceis, apice nigris, harum scapis suprà nigris, illarum brunneis, omnium subtus luteis; fronte pileoque plumbeis, occipite et nuch& coccineis, regione ophthalmicä et paroicä sordide albescentibus ; guld tot& et collo antico nigris, punctis minutis, griseis conspersis ; subtus pallide olivaceo-flavescens, viridi-fusco striatus; alis subis pallidè ochraceis. Sur le vivant. Yeux bruns, pieds bleuàtres, bec noir. Longueur totale, 250 milli- mètres; vol, 440 mill.; circonférence du corps, 160 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 130 mill.; de la queue, 75 mill.; du tarse au bout des doigts, 50 mill.; du bec, 24 mill.; sa hauteur, 8 mill.; sa largeur, 10 mill. Cette espèce s’est montrée à nous sur le versant oriental des Cordillères, aux environs du bourg de Chupé, province de Yungas (Bolivia), au plus épais des bois qui couvrent le fond de tous les ravins de ces contrées humides et chaudes. Nous ne l'avons vue qu'une fois. N.” 327. PICUS PUNCTICEPS, Nob. PL EXSIN, Mig 0 P. suprà totus brunneo-niger, undique albo transversè vittatus; pileo toto nigro- brunneo , striis minimis albis consperso, nuCh& coccined, utrinque tæniis duabus, und suprà, alter& infra oculos, albis, spatio inter eas oculum includente nigro; subtus sordidé albus; gutture, collo antico, ventreque nigro striatis. Foemina pileo toto, nuchäque unicoloribus , brunneo-nigris. Sur le vivant. Yeux rouge-carmin, bec corné, pieds gris. Longueur totale, 180 milli- mètres; du vol, 300 mill.; circonférence du corps, 115 mill.; du pli de l'aile à sou extrémité, 90 miil.; de la queue, 60 mill.; du tarse au bout des doigts, 37 mill.; du bec, 20 mill.; sa hauteur et sa largeur, 6 mill. Passe- reaux. Passe- reaux. ( 380 ) Cette espèce se trouve dans les mêmes régions que le P. cactorum, c’est-à-dire dans les vallées sèches et arides de Chaluani et de Cochabamba, république de Bolivia. Elle se lient sur les coteaux, au fond des ravins, et dans les jardins mêmes de la ville de Cochabamba, mais elle est bien plus commune dans la vallée du Rio Chaluani, pro- vince de Mizqué. Elle grimpe aux petits arbres et aux cactus, n’est nullement craintive, vit par paires et sautille avec vitesse. Elle se nourrit principalement d'araignées et ne pique pas les écorces, comme les autres espèces de Pics. N.° 328. PICUS FUMIGATUS, Nob. PI. LXV, fig. 1. P. supra totus fumigatus; pileo toto nigro, striis rubris consperso; caudd fumigato- nigra; subtus capitis collique lateribus fumigatus unicolor; ano pallidiore. Sur le vivant. Yeux couleur de bistre pale, bec et pieds noiràtres. Longueur totale, 170 millimètres; de la queue, 50 mill.; du pli de l'aile à son extrémité, 100 mill.; du tarse au bout des doigts, 35 mill.; du bec, 20 mill. Cette espèce parait propre au centre du continent américain, car nous l’avons ren- contrée d’abord dans la province de Corrientes, république Argentine, au 28.° degré de latitude, et ensuite à Santa-Cruz de la Sierra et dans la province de Chiquitos, en Bo- livia, vers le 18.° degré. Elle se tient dans les grands bois et principalement à la lisière de ceux-ci, dont elle parcourt tous les points, le plus souvent isolée et silencieuse. Les Indiens guaranis la nomment /pecu-mini, et les Indiens tobas du Chaco Comironac. N° 329. PICUS NIGRICEPS, Nob. PI. LXV, fig. 2. P. suprà totus aurulento-olivaceus ; pileo toto nigro, nuchæ et dorsi plumis aliquot apice rubiginosis; strid à naribus ad nucham flavä nigro mixtd; subtüs olivaceo- nigro et pallido vittatus. Sur le vivant. Yeux rouges, bec corné, pieds brun-bleuätre. Longueur totale, 200 millimètres; vol, 320 mill.; circonférence du corps, 110 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 90 mill.; de la queue, 65 mill.; du tarse au bout des doigts, 40 mill.; du bec, 21 mill.; sa hauteur et sa largeur, 8 mill. Nous n'avons vu cette espèce qu’une seule fois dans les grands bois des coteaux qui avoisinent le bourg de Palca Grande, capitale de la province d’Ayupaya, république de Bolivia. Gexre PICUMNUS, Tem. N° 330. PICUMNUS ALBOSQUAMATUS, Nob. PI. LXIV, fig. 2. P. pennis totis gutturis, colli antici, pectoris et abdominis albis, subtiliter nigro- marginatis, squamæformibus ; Capile suprà nigro, antrorsum Striis parvis rubris, posteä punctis minimis albis consperso. ( 381 ) Sur le vivant. Yeux gris, pieds et bec bleuätres. Longueur totale, 150 millimètres ; du vol, 180 mill.; circonférence du corps, 70 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 54 mill.; de la queue, 25 mill.; du tarse au bout des doigts, 25 mill.; du bec, 9 mill.; sa largeur, 5 mill.; sa hauteur, 5 mill. Nous avons rencontré celte jolie petite espèce dans la province de Yungas, près des rives du Rio de Tamanipaya, république de Bolivia, sur le versant oriental de la Cor- dillère. Elle menait sur les petits arbustes le genre de vie des Pics ordinaires. FAMILLE DES TROGONIDÆ. Genre TROGON, Linn. N° 331. TROGON ANTISIENSIS, d’Orb. Pl LXVI, fig. 1. Trogon antisiensis, d'Orb., 1837, Magasin de zoologie, classe 2, pl. Lxxxv. Caractères. Bec assez fort, déprimé à la base, arqué, comprimé vers son extrémité, lisse sur la longueur des commissures, marqué seulement d’une dent près de lextré- mité de la mandibule supérieure ; ailes longues, les rémiges acuminées à leur extrémité, la quatrième la plus longue ; tarses courts, emplumés sur la moitié de leur longueur. Des plumes relevées verticalement de chaque côté, forment une huppe en crête qui couvre seulement les parties antérieures aux yeux; ces plumes sont dirigées en haut et en avant, sans néanmoins descendre plus bas que la mandibule supérieure. Indépen- damment de cette huppe, la tête, jusqu’à l’occiput, est couverte de plumes un peu plus longues que celles du cou, mais non susceptibles de se relever. Les tectrices supé- rieures des ailes sont làches, comme celles des Autruches, longues, étroites, aiguës et tombent de chaque côté; les couvertures supérieures de la queue sont de même nature que les couvertures des ailes, mais plus longues que la queue et tombent par-dessus les rectrices; douze rectrices étagées, les plus longues en dessus. Dimensions. Longueur totale du bout du bec au bout de la queue, 29 centimètres; circonférence du corps, 24 cent.; du pli de l'aile à son extrémité, {9 cent. ; de la queue, 12 cent.; du bec, 15 millim. Couleurs. Bec jaunätre, yeux rougeàtres; pieds brun-noir; une petite partie de la gorge noire; celte même teinte forme une tache à la base de la commissure du bec; rémiges el scapulaires entièrement noires; la huppe est, en dehors, du plus beau vert Jaunàtre métallique; les barbes, surtout les plus antérieures et les plus inférieures, sont terminées de rougeàtre métallique; le côté interne des plumes de cette huppe est bleu-verdätre très-foncé; les plumes qui recouvrent la tête sont absolument de la même teinte que celles de la huppe, mais avec moins de reflets rougeatres; le devant du cou el le commencement de la poitrine sont vert brillant; cette teinte est coupée carrément un peu au-dessus du pli de laile dans le repos; tout le dos, les couvertures tombantes des rémiges et des rectrices et le croupion d'un beau vert métallique très-brillant; les Passe- reaux. (38 ) Passe- petites lectrices inférieures des rémiges vert doré, les grandes noires; toules les parties reaux. inférieures du rouge le plus éclatant. La queue se compose : 1.° de six rectrices intermé- diaires noires; 2.° de deux latérales noires sur la moitié de leur longueur et sur la tige; le reste blanc; 3° de quatre pennes extérieures blanches, la tige et la base noires, plumes des tarses noires, terminées de vert métallique. Cette magnifique espèce a beaucoup de rapports de formes avec le Couroucou pavonin ; mais elle s'en distingue par les caractères suivans : 1° par une taille moins grande de près d’un huitième; 2,° par ce que les plumes relevées en crêtes du Couroucou antisien ne couvrent que la partie de la tête antérieure aux yeux, et ne descendent pas sur la partie inférieure du bec, tandis que, chez le Pavonin, la crête couvre toute la tête, et ses plumes en avant tombent de chaque côté sur la mandibule inférieure du bec; 3° en ce que le vert de la poitrine ne descend pas jusqu’à la hauteur du pli de laile dans notre espèce, tandis qu'il descend beaucoup plus bas chez le Pavonin; 4.° par ce que les rectrices inférieures des ailes sont vert doré dans le Couroucou antisien et vert bleu dans l'espèce à laquelle nous le comparons; 5. enfin, par les tarses, emplumés sur plus de la moitié de leur longueur dans notre espèce, et presque nus chez le Pavonin. Malgré ces différences qui distinguent parfaitement le 7rogon antisiensis du Trogon pavoninus, beaucoup de traits de ressemblance en font des espèces très-voisines : l’allonge- ment et la nature des couvertures des ailes et de la queue, la huppe, ainsi que beaucoup d’autres détails de couleur. Nous l'avons rencontrée dans la république de Bolivia, à l’est des Andes , au sein des forêts humides et chaudes de la province de Yungas; elle y est constamment rare et se lient presque toujours près des torrents, au plus épais des bois, où ses mœurs, comme celles du genre auquel elle appartient, sont mélancoliques el sauvages. On entend sou- vent, le soir et le matin, son chant monotone, presque imitatif du nom de Couroucou ; mais combien de difficultés à vaincre pour arriver jusqu’à l'oiseau, au milieu du pays peut-être le plus accidenté du monde! FAMILLE DES R4AMPHASTIDÆ. Gexre AULACORHYNCOCHUS, Gould. N° 332. AULACORHYNCHUS COERULEO-CINCTUS, Nob. PI. LXVI, fig. 2. À. Suprä totus prasinus unicolor, macul& tantummodd uropygiali rubrä, rectrici- busque duabus intermediis apice castaneis ; subtuüs pallidior, guld tot& albd; vittä superciliari et postoculari, genarum parte suboculari, zonäique subpectorali azu- reis ; rectricibus subtis cyano-glaucescentibus; rostrum cœruleo-plumbeum apice, albescens. Sur le vivant. Yeux jaune-clair; tour des yeux noiràtre, avec une tache jaune à la paupière inférieure; bec bleu foncé, rosé à son extrémité, pieds bleus. Longueur totale, ( 583 ) 370 millimètres; du vol, 480 mill.; circonférence du corps, 230 mill.; du pli de Paile à son extrémité, 140 mill.; de la queue, 140 mill.; du tarse au bout des doigts, 75 mill.; du bec, 65 mill.; sa hauteur, 25 mill.; sa largeur, 23 mill. Le bec est pourvu de chaque côté d’une rainure assez profonde qui part des narines et se perd à la moitié de la longueur. Entre ces deux sillons est une surface plane carrée. Cette rare espèce paraît appartenir exclusivement aux grandes forêts humides et chaudes qui couvrent le versant oriental des Cordillères, à l’est de la ville de la Paz, en Bolivia. Nous l’avons effectivement rencontrée seulement aux environs de Yanacaché, de Chupé et d’Irupana, province de Yungas. Elle se tient au plus épais des bois, dans les ravins, où son cri la fait découvrir, car son plumage la confondait avec le feuillage. Elle se nourrit de fruits qu'elle jette en l’air pour les recevoir ensuite. Son cri, souvent répété, lui a fait, par imitation, donner par les Espagnols le nom de Pros dara (Dieu vous donnera). Passe- reaux. lun Un ur db PALTIUUT Je Lol} nfite URL coter nt aspot :hn : Aid dd, vedh 0 Fbs din L] L vo CE: EN OLRELT 14 y na a) , , nor dt À Lire] D In, Ca 12 L'2 f Fur a TT) 1 re nl } A Lulu ‘IPN bat & À rF tt hu] ï 2. (PTS LAC CS | Ï A ET | [AL itar Fi CAEITN! LA, . À ces ris TR. dti ljas} 44 | Start noué Vty tot ;, ‘où nugaok soit uunét) ati ( 385 ) TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE DES OISEAUX. ACCIPITRES, Ada, Less. . cyanirostriss Nobi. 4428: eue Linn. Ordre. nigerrima, Nob. perspicillata, Nob. AGLaya. SPP chilensis , Vice: on nas ora Yeni . cyanicollis. Voy. Tanagra ar cyanocephala. Voy. usa Maximi- liant . : : gyrola. Voy. Tneud Pate : igniventris. Voy. Tanagra igniventris . M. Voy. . ns - montana. Voy. Tanagra montana . Schrankü. Voy. Tanagra Schrankii . yeni. Voy. Tanagra yeni. Alauda Chir. Voy. ie Chi . fulva, Linn. Voy. Anthus fulvus . rufa, Less. Voy. Anthus fulvus. Azecrurus, Vieill. né flaviventris. Voy. ventris . gutrayelapa , Vicill. - leucocephalus, nob. Voy. Prssrol cola leucocephala . tricolor, Vieill. . yelapa, Vieill. . Awrezipx. Famille . Ampelis, Linn. Arundinicola flavi- cay ana, Lath.Voy. Antennes cayennensis . ie cinerea , Vieill. Voy. Ouei D cinerea. Nob. tersa, Linn. Voy. Tersina tersa . . viridis, Nob. . Anabates, Temm. crislatus, Spix . : AE gutturalis, Nob. PI. 55, fig. 5. ; PT Spix. Voy. Arunbius fron- lalis . : squammiger, Nob. PI, 54, Ég. 2 unirufus, Nob. . PA IV. Ois. rubro-cristata , Anthus, Bechst.. acuticaudatus , anthoides . Clui, Vieill. . correndera, Vieill. fulvus, Vieill. Jurcatus, Nob. rufescens, Nob. . Anumbi, Azara. Voy. Anumbius ae roxo , Azara. Voy. Anumbius ruber. Anumbius, Nob. . anthoides, Nob.. frontalis, d'Orb. ruber, Nob. . scolopaceus, Nob.. straticolis, Nob. striaticeps , Nob. . ; unirufus, Nob. PI 55, fig. 1 Aquila picta, Spix. Voy. Morphnus uru- bitin ga . Less. Voy. Anumbius AQUILEIDE. nn Na. Arremon, Vieill. . affinis, Nob.. rufinucha, Nob. Nob. . : ; torquatus, Vieill. Voy. a He Arundinicola , Nob.. Jlaviventris, Nob. . Nob. . silens , leucocephala , Astur, Bechst.. magnirostris . nilidus unicinclus . ‘ . ° Asturina cinerea , Vieill. re A. us Aulacorhynchus cærulei-cinctus , Nob. Pl:466 618% 2r- Batara roxo, Azara. Voy. Tyrannus tamno- pluloides Bethylus, Cuv. picalus Va Arr. 0 -0M0 Bidens femoralis, Spix. Vos Falco femoralis rufiventer, Spix. Voy. Diodon bidentatus 49 NO ND Co ND 19 ND D D 9 19 © ©r Or N © WW ND C0 19 9 9 KO NO D 19 RO 19 Or Or Or O7 Or Or Or Or Qr 10 Où NO en (0 ID © I © Or 1 Cr à Bubo, Cuv. . . Magellanieus . + + + + . Buteo, Bechst.. busarellus . macropterus, Vieill. : plumbeus, Cuv. Voy. Ictinia nine TUINANRS RS NA ETES tricolor;:n0bs: + 45 7" NB unicolOr, G6b. 127.604 18, è Campylorhy ME scolopaceus, Spix. von Anumbius scolopaceus . Caracarinx. Sous-famille, nob. . Caracterisado blanco , cabos negros, Azara. Voy. Psaris cayanus . « . : Cardinalis americanus, Briss. Voy. Tachy- phonus gularis . : sh, Carduelis atratus, nob. PI. 48, fig. 2: Cassicus atrovirens, nob. PI 51, fig. 2 . chrysonotus, nob. PI. 52, fig. 1 yuracares, nob. PI. 51, fig. 1 Cathartes, Ag: 4% +6 0 2074 aura, Hlig. jota, Ch. Éon ie GEnes aura jota, Ch. Bonap. Voy. Cathartes urubu urubu, Vieill. . CEE: LE Cathartista aura, Vieill. Voy. Cathartes aura urubu, Vieill, Voy. Cathartes urubu. . CepnaLoprerus, Geoff. Saint-Hil. . ornatus , Geof. . 15 D 18 Certhilauda cunicularia, nob. PI. 43, fig. i maritima, nob. Voy. PI. 44, fig. 1 . tenuirostris, nob. PI. 43, fig. 2. . Chimango, Azara.Voy. Polyborus chimango Chipiu capita, Azara. Voy. fuck phonus ca pilatus : Choliba, Azara. Voy. scie ONE Circaetus . coronalus : — Ctreus; Bechst:: #2 3/5 205 2008 busarellus, Vieïll. Voy. Buteo busarellus campestris, Vieill. Voy. Circus cinereus cinereus, Vieill.. . «+ . . me macropterus, Vieill. Voy. Buteo macro- DIETUS NON NON. relie rufulus, Vieill. Voy. Buteo rutilans . superciliosus,Less.V.Buteo macropterus Cissopis bicolor. Vieill. V. Bethylus picatus Cola agouda anegadizos, Azara. Voy. Sy- nallaxis ruficauda. ( 386 ) Pag. 137 137 102 103 112 101 104 106 109 256 44 301 279 364 366 367 365 31 38 38 31 31 38 31 296 296 39 360 359 60 278 132 75 75 110 103 110 110 112 104 112 269 240 Cola aguda chicli, Azara. Voy. Synallaxis ruficapillas 14404 Adi aguda de encuandro amarillo, Azara. Voy. Embernagra macroura . .…. aguila de horqueta tricolor, Azara. Voy. Synallaxis phryganophilus. aguda pardo de collar negro, Azara. 4. Synallaxis Moritlinst rara gallita, Azara. V. Alecturus tricolor rara pardo y blanco, ES Alec- turus guirayelapa + Colaptes rupicola, nob. PI. 62, f ig. 1. Conapophaga, Vieill. . + + . . . . ardestaèt, mob "0% AIORE ME nœvia, Vieill. . nigro cincela, nob. route Conirostrum cinereum, nob. PI. 59, fig. 1. Contramaestre azuladillo, ue Cu- licivora dumicola . £ copelillo ordinario, Azara. Voy. Moi. capara subcristata . coronado, Azara. Voy. Muscicapara ver- MVOrE, 4 LE UPRE MENT nr. pardo verdoso de corona amarilla, Az. Voy. Muscicapa viridicata .… . . Coracias cayana, Lath. V. Saltator cay ana Coracina cephaloptera, Vieïll. Voy. Cepha- lopterus ornalus. . . . . . Coracina ornata, Spix. Voy. Cephalépires OFROIUS NE ER. Dee Coracaninæ. Famille. . . . . Corvus flavus, Gmel. V. TPS E rate Cilicivora, Swains.: + 2: à PIRE MINE bivittata, nob. V. Culicivora dumicola. budytoides, nob. Voy. TEE bu- dytoides. 2" « dumicola, nob.. . . . parulus, nob. . . reguloides MOD." "+ NS. > Cine ele en Spix. Voy. Rorihra mus sociabilis. - + . . PA d Cypselus Andecolus , nob. PI. 12. fig o. montivagus, nob. PI. 42, fig. 1. Dacnis, Cuv. cayanus . PP A cyanater, Less.V.Dacnis nb cyanocephalus, nob. . flaviventer, nob. . . . . . Dœdalion nitidus, Less. Voy. AE rie Pag. 246 285 239 247 341 342 377 185 188 186 187 374 331 326 324 325 290 296 296 295 304 331 331 330 351 332 332 73 38 357 219 221 221 221 220 95 | | | Dendrocolaptes atrirostris, nob. PI. 54, fig. 1 procurvus, Temm. PL. 53, fig. 2 . . Dion ide. ee ie, marées cé BORA EN SN ME Be Colis Donacobius;1Swains.s, 20. sun: albo-uitiatus,Enob:, .) 2 ET Abe brasiliensis,\ mob... « … a: vociferans, Sw. V. rene Denteiie Drymophila atra, Sw.Voy. Formicivora atra trifasciata, Sw. Voy. Formiciv.domicella Elanoïdes furcatus, Vieïll. V. Milous furcatus leucurus, Vieill. Voy. Milvus leucurus . Elanus dispar, Less. Voy. Milvus leucurus . Emberiza atriceps, nob. PI. 47, fig. 2. . bonariensis, Comm. Voy. Embernagra platensis. . . . . . PUR carbonaria, nob. PI. 45, fig.2 : fulviceps, nob. PI. 46, fig. 2-. griseo-cristata, nob. PI. 47, fig. 1 . hypochondria, nob. PI. 45, fig. 1. luteo-cephala, nob. PI. 44, fig. 2. platensis, Lath. V. Emberiza bonariensis speculifera, nob. PI. 46, fig. 1. . Emberizoides marginalis, Temm.Voy. Em- bernagra macroura . . + . . Embernagra, Less. … . . . .. . . . . dumetorum , Less. V. Embern. platensis MALRDUIASOD AC NT MEME SE olivascens Wnob. Len : 1 plaiensis, nob. . . . . . : rufinucha,nob. v. Arremon Erustats silens, nob. Voy. 4rremon silens . torquala, nob. Voy. Arremon affinis . Episcopus avis, Briss. V. Tanagra episcopus Euphonia, Desm.. . . . + . . . . . credit mob. hs, chtis TAnTNOSITIS MOD. Le Re nigricollis, Vieill. V. Euphonia aureata ruhcepset00bn. 4 54. ohne SernRosImsenOb ie Le lue Falco; Bechst:®4 : 41: ie CE arguya, Temm. Voy. Halioige melano- Teresa ls EN nr Ve aurantius, Gmel. Voy. Falco femoralis bidentatus, Lath. V. Diodon bidentatus brasiliensis, Briss. Voy. Morphnus uru- biinga . + + . . ONE Er ie Gun. V. ot one pan busarellus, Azara. Voy. Buteo busarellus ( 387 ) Pag. 368 369 192 122 213 215 213 213 179 178 100 98 98 Falco cachinnans, Linn. Voy. Macagua ca- CUITS EU EU 2 er 0 Ua te) ca concentricus, Ilig.V. Nisus concentricus coronatus, Temm.V.Circaetus coronatus degener, Hlig.V.Polyboruschimachima destructor, Daud. V. Harpyia destructor diodon , Temm. Voy. Diodon bidentatus dispar, Temm. Voy. Milous leucurus . dominicensis, Linn. V. Falco DAVIS femoralis, Xemm:0ev-9. ds furcatus, Gmel. Voy. Milvus PE a hemidactylus, Temm. Voy. Misus hemi- HOCLIRS EME LE ROUE histrionicus, Quoy.Voy. Circus cinereus inseclivorus, Spix. V. Astur magnirostris longipes, Uig. V. Morphnus urubitinga magnirostris, Lath.V.Astur magnirostris nitidus, Lath. Voy. Astur nitidus . palustris, Vieill. Voy. Buteo macropterus pileatus, Temm. Voy. Wisus pileatus . plumbeus, prince Max. de Neuw. Voy. Ictinia plumbea +. "AUS plumbeus, Linn. Voy. {ctinia plumbea . poliogaster, Natt. Voy. Nisus poliogaster rosthramus, prince Max. de Neuw. Voy. Rosthramus sociabilis. . . rulilans, Licht. Voy. Buteo rutilans . Spa Venils RG el ER RE SCOR striatus, Vieill. Voy. Msus striatus . striolatus. Voy. Astur nitidus . unicinctus, Tewm.Voy. 4stur unicinctus urubütinga,Lath.V.Morphnus urubitinga Farconnx. Sous-famille. Nob.. FATCONIDERS. Famille 2.0 NN Ficedula pensylvanica, Briss. Voy. Muscica- par a vermivora . Figulus albogularis, Spix.V. Furnar Fsrafes Fencota. Swains. . ænanthoides, nob. . . . : bicolor, nob.. +. OU DE cyanirostris, nob. V. Ada cyanirostris . icterophris, nob.V.Suiriri icterophrys . leucophrys, nob. . ME nigerrima, nob.Voy. Ada nigerrima . oies nob.V. 4da per ill rufiipectoralis, nob. Formicivora, SNS Je CL: alapt . CUT ANSE Formicivora brevicauda, Sw.V.Myrmothera OUAIS où Ne ee US TU domicella MA Lu Lafresnayana , nob. . . . . . . . pileata, Ménét.V.Thamnophilus pileatus rufatra, nob.. . . . . . . Fringilla gyrola, Linn.Voy.Tanagragyrola macroura, Lath. V. Embern. macroura FUPNRATIUS ONE RS ET I anumbi, Vieill. V. Anumbius anthoides ruber, Vieill. Voy. Anumbius ruber. . TUJUS NICUBe me, ne eee ne Garrulus viridicyanus, nob. PI. 53, fig. 1. Généralités sur les oiseaux de proie. . Généralités sur les passereaux. . . . . GEIMPEURS APS RER SALE Gubernetes Cunninghami, Such. Voy.Alec- lurus yelapa. + + + + + + … yiperu, nob. Voy. Alecturus yelapa. Gypagus papa, Vieill.V.Sarcoramphus papa Habia de Bañado, Azara. Voy. Embernagra platensis. “un de cejablanca, Azara. Voy. Saltator cæ- FILIESCENS ee le ee Cie de gola negra, Az. V. Saltator atricollis de pico raranjado, Azara. Voy. Saltator CUT ATINOS ITS ee Re re punzo, Azara. Voy. Pyranga Azaræ . robustona. Voy. Sallator atricollis …. rojica, Azara. Voy. Pyranga rubicus . HOIICELUS SANT EN CE aguya, Less. V. Haliætus melanoleucus . chimachima, Less. Voy. Polyborus chi- MRACREMA" à Dee PSS chimanzo, Less. V.Polyborus chimango IMÉLAROLEUCUSe Te rer ee Harpya, Cuv.. PORTERA coronata, Vielll. V. Circaetus coronatus destructor, Daud: 910000 EE mazima, Vieill. V. Harpiya destructor. Herpetotheres cachinnans, Vieill. Voy. Ma- cagua cachinnans. .°. . . . soctabilis,Vieill.V.Rosthramus sociabilis Hirundine@; HOb7 2 NS CROEMENE bElTICOSR; MOD PR EEE Hornero , Azara. Voy. Furnarius rufus … Hylactes Tarnii, King. V. Leptonyx Tarnit HPiephus, TENUE: EN SENTE ER ruficeps, prince Max. . ( 588 ) 96 73 16ÿ cter, NA@Nt/ 17 00 007 UE gymnocephalus , nob. . . . . . . JCREPUS ANNE PPT PS maxillaris, nob. PI. 52, fig. 2. . . Ictirig Nes STORES (NA Dlurmbea; Vieille" + ONE ribu, Azara. Voy. Cathartes urubu .… … . rubicha, Azara. V. Sarcoramphus papa Jacapani, Maregr. V. Donacob. brasiliensis Jacurutu, Maregr. Voy. Bubo magellanicus Lartag ra AO ORT JRRAMEUR LEUVANENSESS GDS ANT HN Lanwz. Famille. Less. : . . . à: . . Lanius cæsius, Licht. Voy. Tyrannus cæsius cayanensis luteus, Briss. Voy. Tyrannus sulfuralus +9 5 9" CR cayanus, Linn. Voy. Psaris cayanus doliatus, Linn.V.Thamnophilus doliatus domicella, Licht. Voy. Formicivora do- MCE 00 LTD PE gultulatus, Licht. Voy. Thamnophilus siriatothorat rss 0 une guyanensis, Licht. Voy. Laniagra guya- REPSISS TS OT TE MENNEMEINRE inquisitor, Licht. Voy. Psaris inquisitor leverianus, Gmel. Voy. Bethylus picalus nœævius, Lath. Voy. Psaris cayanus. . nævius, Lion. V. Thamnophilus nœvius palliatus,Licht. V. Thamnoph. palliatus picatus, Lath. Voy. Bethylus picatus stagurus, Licht.V. Thamnophilus major tyrannus,Gmel.V. Tyrannus intrepidus validus, Licht. Voy. Psaris roseicollis . Leptonÿ tr SWAN RON EME albtcollisf mob: + "Ve Ftoemples macropus ; SWaïins.s .»°..1. 00 Dies paradous, "mobs..." UN Pipes Re €, HR PROS rubecula noob}... 20.480 Tarn; mob: 0200: ARMES Lesser crested fly-catcher. Voy. Muscipeta actes MIS RER À Linaria analis, nob. PI. 48, fig. 1 . . . 314 | Lindo azul yoro cabezaceleste, Azara. Voy. d14 250 198 219 2 2) Euphonia'aurentor.. *. 0007 0106 celeste, oro y negro, Azara. Voy. Ta- RON SIT ee. 6 70 12 00 NEO precioso, Azara.Voy. Tanagra cayana . Saïhobi, Azara. Voy. Tanagra episcopus RC CS Macau; AzATAE EE © 05, à 4 CACRIMNANS RME à LS + Malurus garrulus, Swains. Voy. PR Fons Ps PNEUS pe Manacus rubrocapillus, Briss. Nés is rubrocapilla . + . . . - Megalonyx medius, Less. Voy. Leponye ADCONS ETS. sa ETES S rubecula, nob. V. Lepionyx Éesee ruficeps, nob. Voy. Leptonyx Tarni rufus, Less. Voy. Leptonyx macropus. Merops rufus, Gmel. Voy. Furnarius rufus Milvago ochrocephalus, Spix. Voy. Polybo- rus chimachima. MPa Milvus s0Bechstee nul Et 4 20 urediuspiCuva 0 ee 47 élan leuedrrss Nabil 20e MONET 4 Mimus Saturninus, prince Max. Voy. Or- pheus calandria. . . . Morphnus, Cuv.. . . Urub Red Cuy.". te 7 MINNEMENM Motacilla cayana, Linn. V. Dacnis cayanus olivacea, Linn. Voy. Vireo olivaceus perspicillata, Gwel. V. Ada perspicillata vermivora, Gmel. Voy. Muscicapara vermivora … : ë Muscicapa albiventris, Spix. Vôr: rase bicolore: : : alector, Temm. V. eutards Bic animosa, Licht. V. Tyrannusintrepidus audax, Lath. Voy. Tyrannus audax bicolor, Lath. Voy. Fluvicola bicolor. cæsia, prince Max. V. Tyrannus cœsius cayennensis , Briss. Voy. cayennensis . Commersoni, Less. V. 7 Spontue coronala, Lath. Voy. Suiriri coronata crinita, Lath. Voy. Tyrannus crinitus . Muscipeta crislata, nob. Voy. me sub- crislala . = cyantrostris, Vieill. V. Aepee despotes, Licht. Voy. Tyrannus melan- cholicus. PRES Mautci dominicana , Spix. Voy. bé undinicola leucocephala . RL CALE dominieana, Licht. Voy. us do- minicand re : elegans, nob. V. Muscicapa vir ta ferox, Lath. Voy. Tyrannus Jerox . ( 389 ) Pag. 96 96 Muscicapa furcata, Spix. Voy. ES me- lancholicus. . s gulare, Natt. Voy. Todoëts um nas Jjoazciro, Spix. Voy. Pepoazarixosa. legatus, Licht. Voy. Muscipeta albicollis leucocephala, prince Max. Voy. 4run- dinicola leucocephala. … ludoviciana, Lath. V. Tyrannus crinitus meæsta, Licht. Voy. Pepoaza irupero nigricans, Vieill. Voy. {da perspicillata nivea, Spix. Voy. Pepoaza irupero . obsoleta, nob.V. Muscicapara obsoleta olivacea , nob. Voy. Muscicapara bo- liviana . . . ë SL olivacea, Wils. vüg vi ireo Re parulus, Kitilitz. V. Culicivora parulus plumbea, Licht. Voy. Querula cinerea polyglotta, Licht. Voy. ca 17 glotla. + . . boot a, Temm. Vor: Hier us 36 rayelapa ICT À prrope, Kittlitz. Voy. Pb p pYrrope querula, Wils. Voy. Muscipeta acadica risoria, Vieill. V. Alecturus guirayetapa rubra , pluloides. . . . Ë ruficapilla ;;,Vieill. V. A cyanirostris straminea, Temm. Voy. Muscicapara subcristalæ. Vieill. Voy. NS tanno- suirirt, Vieill. Voy. Suiriri-Suiriri . tyrannus, Lath. V. Tyrannus intrepidus tyrannus, Lath. V. Tyrannus tyrannus velata, Licht. Voy. Pepoaza velata. vi ginia cristala, Briss. V OY. Tyrannus CRIRALLES Ie Dee viridicata, nob.. nos vitligera, Licht. V. Pepoaza coronala yetapa, Vieill. Voy. Alecturus yetapa. Muscicapara, nob. . : angustirostris, nob. . bivittata, nob. boliviana , nob. . Gaimardi, nob. leucophrys, nob. oleagina, nob. . obsoleta, nob. . slramineo-ventris , striaticollis, nob. nob. nob.. subcrislala , Muscicapara ventralis, nob. . vermivora , nob. Moscicarinx. Famille, . Muscigralla brevicauda, nob. PL. 39, is 1 Muscipeta, Cuv. . TL CT " acadica, nob. albiceps, nob. albicollis, nob. . armillata, Vie. V. de 24e Ne bimaculata, nob. brevirostris, nob. cayennensis , un cinnamomea, mob. Voy. Fra Vieillotir. OU flava, Vieill. Voy. Mic ca) “ennensts Guillemini, nob. . obscura, nob. V. Muse Guillemini. ralloides , nob. regia « + Ag A Vieillotii, nob. . virgala, nob.. . . . . . *. Méchadenle maculirostris , Er PI. 41, fig. 2. j 1% u mentalis, nob. PI. 40, fl. va rufivertez, nob. PI. 40, fig. striaticeps, nob. PI. 41, on 1. Myothera, Wig. . . alapi, nob. Voy. Re dpi. analis, nob. . n ss coraya, Spix. V. Mao coraya. fuliginosa,Wig.V.Myrmotheraaxillaris leuconota, Spix. Voy. Formicivora do- micella . mentalis, Temm. Voy. Trente mentalis . nigro-maculata, nob.. SN Are pileata, Licht.V. Thamnophilus re poliocephala, prince Max. Voy.Thamno- philus mentalis . st strialo-thorax, Temm. Voy. Has plilus striato-thorax . Myorarrinx. Famille. . Myrmothera, Vieill. axillaris, Vieïll. gultata, Vieill. V. Thon oullatus Menestriesii, nob. . minuta, nob.. ue du Nacurutu, Azara. Voy. Bubo cames Nauclerus furcatus, Vig. V. Mitus furcatus ( 390 ) Pag. 328 324 299 34 317 318 319 318 322 320 321 317 321 317 319 319 322 317 321 320 356 309 354 36 188 181 191 229 183 178 177 190 175 177 176 163 182 103 177 184 184 138 100 Nemosia, Vieill. gularis, Vicill. Va ekyrahert gui nigricollis, Vieill. . ; pileala « . «… . sordida, nob. Nisus, Cuv.. concentricus . hemidactylus . dans magnirostris, Less.V. Mers sé malfini, Less. Voy. Nisus striatus. pileatus . poliogaster. . strialus . - ‘ unicinctus, Less. pee pars unicinclus. Noctua, Sav. cunicularia. . Jerox, Vieill.. lorquala. . . be urucurea, Less. Voy. Noctua diet Œnanthe perspicillata, Vieill. pre Ada perspicillata Ah OISEAUX DE PROIE. Ordre . ; Opetiorynchus inundatus , Temm. Voy. Sy- nallaxis ruficauda . : rufus, prince Max. Voy. Furnarius sr Oriolus leucopterus, Gmel. Voy. pas sq nus leucopterus . Orpheus, Swains. calandria, nob.. dorsalis, nob. palagonicus , thenca, nob.. s : ‘ tricaudatus, nob. V. 0 alé triurus . triurus, nob.. Orthorhynchus. amethysticollis, nob. PI. ‘60, fe: 2. pamela, nob. PI. 60, fig. 1. smaragdinicollis, nob. PI. 59, fig. 2. Otus, Cu. . à srl: dt brachyotos, Linn.. Pachyrhynchus, Sw. . : cayanus, Spix. Voy. Psaris cayanus . marginatus , nob. . if semi-fasciatus, Spix. Voy. Psaris semi- Jasciatus. : Pallas, Spic. V. 4r ARE dre Pandion fulvus,Vieill.V.Morphn. urubitinga Parulus ruficeps, Spix. Voy. Srnaliari ruficapilla . 2 nob.. Pag. 226 279 260 261 261 PASSEREAUX. Ordre... : PASSERES: Ordres. .! + . Pepoaza, nob. s dé Pepoaza, Azara. He Pepouse pol onde andecola, nob. . . . DUT LE coronata, nob. . dominicana, Azara. . £ à gutturalis, nob. V. Pepoaza andecola . irupero , Azara . livida, nob. . montana. » montana, nob. . murina, nob. Voy. Pepoaza pyrope . polyglotta, nob. . pyrrope, nob.. rELos®, :nOb.+.: ": : variegata, nob. PI. 39 Lie 2. velata, nob. LÉ AMAR AN Phalcobænus, 4 we montanus, nob. Phytotoma, Molina. angustirostris , nob. ent ban, Children. V. Phytotoma rara rara, Molina . rutila, Vieill.. 1 À D silens, Kit. Voy. Phytotoma rara . Picnzx . a. u Picolaptes pans Dee Voye ns bius scolopaceus. . .… . Picumnus albo-squamatus,nob. PI. 64, fig. 2 Picus atriventris, nob, PI. 63, fig. 1. cactorum, nob. PI, 62, Fe 2. canipileus , nob. PI. 63, fig. 2 . fumigatus, nob. PI. 65, fig. 1 nigriceps , nob. PI. 65, fig. 2 . puncticeps, nob. PI. 64, fig. 1 . Pipra, Linn. erythrocephala, Gal Maïs Fes ru- brocapilla . fasciata, nob. . 3, ÉENŸS nævia, Lath. Voy. Conophaga nœvia peruviana, Lath. V. Rupicola peruviana rubrocapilla . siNafNe rupicola, Gmel. V. Rupicola pere Pipranx. Famille . L Pitylus aureo-ventris ,nob. PI. 59, fig. 15 2 Platyrhynchos bicolor, Vieïll. Voy. Fluvi- cola bicolor . PACE coronatus, Vieill. Voy. tsntéez ( 391 ) Pag. 141 141 346 346 351 350 347 3o1 348 351 353 325 348 346 348 361 349 347 50 51 29 292 293 293 293 273 377 256 380 378 378 319 380 380 379 294 294 295 186 294 294 294 294 365 343 336 Platyrhynchos hirundinœus, Spix. Voy. Hirundinea bellicosa . leucocephalus, Vieill. V. ndntents leucocephala « . . . regius, Vieill. Voy. Mischa regia + virescens, Vieill. V. Muscipeta acadica Polrboras Neillewrék 008 à chimachima, Azara. chimango , Vieill. she Fe Vieill. Voy. no D Feu chimasner. sut vulgaris, Vieill.. Line Procnia ventralis, Wlig. V. Tersina tersa . Psaris, Cu. SR AS € atricapillus , nob. V. Psaris roseicollis . cayanus . 86 auf Cuvierü, Sw. Voy. Pen semifascialus erythrogenis, Selby.V. Psarisinquisitor inquisitor, nob.. roseicollis , nob. . a nob. . Pleroptochos albicollis, Kiul. Voy. lp nyx albicolis. . megapodius, Kit. Voy. Lapins ma cropus … k £ sa rubecula, Kit. V. Capote PR Pyranga, Vieill.. albicollis, nob. . Azaræ , nob.. luctuosa, nob. . nob. versicolor, nob.. Vieill. . cinerea, nob. . Ramphocelus, Vieill. . rubicus , Querula, atrosericeus, nob. . Lure Regulus omnicolor, Vieill. D Tachuris rubrigastra. Rhinomidæ. Famille. Nob. . Fhinomya, Isid. Geoff. . lanceolata, Isid. Geoff. . Rosthramus, Less. sets : niger, Less. Voy. Rosthramus sociabilis octabiss Rupicola, Briss. . peruviana . Saltator, Vieill. atra, nob. Voy. Saltator mélané. atricollis, Vieill. Pag. 314 334 317 318 54 63 60 63 bb 299 301 302 301 301 302 302 302 301 196 197 196 262 265 264 263 265 262 296 296 280 280 333 192 193 194 72 73 73 294 294 286 291 288 Saltator aurantii rostris, Vieill, . . . . ds, Mob: neue. cp tit cærulescens, Vieille. eau cayana,.nob. … . « … bu Jflavus, Vieill. Voy. Pyranga ” zaræ « melanopis, Vieill. . . . . . . . . ruber, Vieill. Voy. Pyranga Azaræ… rubicus, Vieill. Voy. Pyranga rubicus. rufiventris,,-nob.. 1. 4e: catus similisétinoba ét snot St an validus, Vieill. Voy. Saltator atricollis . virescens, Vieill. Voy. Saltator cayana . Sarcoramphus , Dumér. . . . . . . gryphuss-Lian. 5... tte papæsrareuaarnt, os ecijnsi vuliur, Dum. Voy. $. gryphus. Sébps, Sagan vds alé one cholibisprnene}. ru. sus Serrirostrum carbonarium, nob. PI.58, gi sütôtdes, mob. PIl..58, 66:18. lee Setophaga, Swains.. . les . seems brunniéènsyrtobili média dities budytoides;;, mob: . : Mbits ge vertlealissmobe. A M te Sparverius magnirostris, Vieill. Voy. 4stur 5 magnirostris fem at-il nu fringillaris, ne Voie Ember- nAgrA MUCTOUTAs + + dti ae Licht. V. PROS PE ruficeps, Licht.V. Synallaxis ruficapilla Spizaetus leucurus, Vieill. Voy. Haliætus MelANOleLCUS 00 ER ER melanoleucus, Viaill. Voy. Haliætus me- lanoleucus ee 2 EREREN RE, Sie ae ane choliba, Vieill. Voy. ue De cunicularia, Mol. \" . Noctua cunicularia decussata, Licht. Voy. Scops choliba . Jerox, Vieill. Voy. Noctua ferox magellanica, Gm.V.Bubo magellanicus ñacurulu, Vieill. V. Bubo magellanicus passerinoides, Temm. V. Noctua ferox perle; hichtommenet us. punicola, Vieïll. Voy. Bubo magellanicus lorquata, Daub. Voy. Noctua torquata. ulula, Linn. Voy. Otus brachyotos. . virginiana, Gmn. V. Bubo magellanicus. STRIXIDE. Famille, . . . Sec nobs :::. l'or, 3. MEME ( 592 ) Pag. 288 287 287 290 264 291 135 132 128 132 127 137 138 127 135 137 126 134 137 123 336 Suiriri, Azara. Voy. Pepoaza rixosu . . chorreado, Azara. V. Ada perspicillata . chorreado sin-roxo, Azara. V. Musci- peta albicollis. . . . . . . . . chorreado todo, Az. V. Tyrannus audax churinche, Azara. Voy. Suiriri coronata coronatt, mob. + +. @ral e nméte de cabeza blanca, Azara.Voy. Arundini- cola leucocephala . . . . . . . de cabeza y rabadilla de canela. Azara. Voy. Ada cyanirostris. «+ + . . . dominico, Azara. Voy. Fluvicola bicolor guazu, Az. NV. Tyrannus melancholicus. iclerophrys, nob. + . . . . . . . negro pico celesle, Azara. Voy. Ada cya- RNOSLÉES a 1 ae ie à Co Elie à 08 ordinario, Azara. Voy. Suiriri-Suiriri . pardo amarillo mayor y menor, Azara. Voy. Tyrannus ferox. . . . . . pardo y rojo, Az. V. Tyrannus crinitus rojo, Az. V. Tyrannus lamnophry loides. rojo obscuro, Az.V.Hirundineabellicosa. Suiririanobd it cnslldisdentes Splrics tee me aide te sc Me: € bivillata, Licht. V. Culicivora dumicola. canicapilla, prince Max. V. Sylvia velata capana, Lathous sis sestan ee concalorsxnobe ul svansines sais dumicola, Vieull. V. Culicivora dumicola leucoblephara, Vieill. . + . . . . melanops, Vieill. + . . . . . . . olivacea, Lath. Voy. Vireo olivaceus . perspicillata, Lath. V. Ada perspicillata perspicillata, Vielll. V. Ada perspicillata phryganophila, Vieill. Voy. Synallaxis phryganophilus .… . . . + . . . platensis, Vieill.V. Troglodytes platensis plumbea, Swains. Voy. Sylvia venusta rubrigastra, Vieill. Voy. Tachuris rubri- gastra + + . . radis nob.V. Hy phil alé ps russeola, Vieill. V. Synallaxis ruficauda velatas Niels ec venusiaslemmt Et - viridicuta, Vieill. V. Muscicapaviridicata viridis, Briss. V. Dacnis cyanocephalus. SyLzvinx. Famille . Synallaxis, Vieill. ‘ ægythaloides, Kiulitz . . + + . . Pag. 380 339 133 305 336 336 334 340 343 311 338 340 336 306 306 308 314 336 215 331 217 221 216 331 217 237 162 339 339 239 231 218 333 219 240 217 218 325 222 215 234 243 L Tachuris , Synallaxis albescens, Temm.. . albiceps, nob. . . . . . . caudaculus, pr. Mat .Syn. rafale cinereus , pr. Max. Voy. ce Fee dorso maculatus , nob. fuliginiceps, nob. humicola, Kittlitz. . . . . leucocephalus , nob. . . . . . . . maltroitess NOb. +": « + 00: Maximiliant, nob.. patagonica , nob. phryganophilus, nob. ruficapilla, Vieïll.…. ruficauda , Vieill. . . . striaticeps, nob.. . tecellata,Temm.V.Syn. Derbi torquata, nob. V. Synall. Maximiliant torquatus, prince Max. . troglodytoides, nob. . HOME TE ; ; cabeza de plomo , Azara. Var. Ro trum gulare . CORRE de vientre amarillo , Azara. Voy. Arun- dinicola flaviwentris + . . . . . nigricans, nob.. . EE obscurilo minor, Azara. Voy. bars TISNICANRSN EN ED. 4 x nobles nob. V. Tach. case rubrigastra, nob.. : laglphones, Villiers, capitatus, nab.. —… . .".,. Jlavinucha, nob. . . . FX 1/1 RO ALIIC à D: MONS CIC ER EEE EERES leucoptents Neil ee 2 Ro luctuosus , nob. V. Pyrang a luctuosa NUfCOUIS MOD SNS OMS, versicolor, nob. V. Pyranga versicolor ICS EN D CL CREER ESS Tanagra , Less. Voy. Laniagra guyanensis atra, Gmel. Voy. Saltator melanopis . atricollis, Spix. Voy. Salv. atricollis . aureata , Vieïll. Voy. Euphonia aureata canicapilla, Swains. Voy. Sylvia velata Cayana, Gmel.. + . .. . es cayanensis , Briss. Voy. Tan. Car ana cyanicollis, nob. . episcopus, Licht. . . . . : flammiceps, pr.Max.V.Py rubieus Jlaviventris, Vieill. . IV. Oùis. ( 395 ) Pag. 241 Tanagra gularis, Gmel. V. Tach. gularis guyanensis, Linn. V. Laniagra guya- DENISE Te FO EN e ONCE CEE ioniventris, nob. + - = 0. Marimiian, nobe. 20.168200 melanopis, prince Max. Voy. Saltator melanopis . . . . . . . . . . meæicana, Gm.V. Tanagra flaviventris mississipensis, Licht.V.Pyranga Azaræ MONA NON Le 0e 0 NUE se nigerrima, Gm.V.Tachyph. ter nigricollis, Gm. V. Nemosia nigricollis olascens AIICRE. 4. M Se pileata, Lath. Voy. Nemosia pileata . porphyro, Licht. Voy.Pyrangarubicus prima, Marcgr.. . . . ruficollis, Licht. V. Tach) ". rfeoie Sayaca. Voy. Tanagra olivascens Sayaca, Gmel. Voy. Tanagra episcopus SCRTERCAT AN SPL NN Le Te silens, Lath. Voy. Arremon silens. striata, Gmel. : À superciliaris,Spix.V.Saltat.cær ns tatao, Linn. . yeni, nob. Tanagridæ. Famille . rain, Vieill. . : : cærulea, Vieill. Voy. Teréin lersa . ler me eue ET MU TS Thamnoplhilus , Vicill.. : affinis, nob.. st agilis, Spix. Voy. Vireo ÉAC Plans Vieill. V. Fornucivora alapr. albiventer, Spix. V. Thamn. major . aspersiventer , nob. aterrimus. Voy. Formicivora atra . atropileus , nob. : axillaris, nob. V. Myrmothera ans cærulescens, Vieill. V. Thamn.nævius. doltauss 1. Re ST domicella, Mén. V. For muciv. Drécels gultatus, nob. . . ER guyanensis, prince Max. Voy. ras a BUYANENSISs + + 1 Pr Lafresnayanus, nob. V. Formicivora Lafreyana. + . . . . . . ; lineatus, Spix. Voy. Thamn. palliatus . lividus, Kitulitz. Voy. Pepoaza livida 50 Pag. 279 160 212 275 276 291 271 264 275 271 260 274 261 265 270 277 274 274 270 281 273 287 270 270 259 299 299 299 165 175 162 181 166 171 179 173 183 170 168 178 177 160 182 174 301 Thamnophilus maculatus, nob. major, Vieill.. + . . . . melanogaster, Spix. Voy. Mme GAUANS es et m4 re » TT TO mentalis, nob. . .-. .": sctale minutus, nob. Voy. Myrmoth. minuta . nŒUIUS Er. à OT RS NES palliatus. . . . + . . . . pileatuss ris faments nf uette ati radiosus, Spix. Voy. Thamn. doliatus rufater, nob. Voy. Formiciv. rufatra . rufus, Vieill.V. Tyrann.tamnophiloides rutilus, Vieill. Voy. Thamn. atropileus. sehistaceut, "noob: :. - 14001. Lise stagurus, pr. Max. Voy. Thamn. major striato=thorazs . … .:.n.1. Thryothorus, Vieill. . . . . . . . coraya, Vieill.: 4. «: «ele ii modulator, nob.. . . ? Tindara, Marcgr. Voy. Strix perlata. Tityraatricapilla, V ieill.V. Psaris roseicollis cinerea, Vielll. Voy. Psaris cay anus. rufa, Vieill. Voy. Psaris roseicollis. Todirostrums. Less 27 site tes CINETELIIL, DOD. = ee EE ecaudatum, nob. . . . gulare, nob.. . . margarilacei venter, nob. . + . . Todus cinereus, Briss. V. Todirost. cinereum Lath. V. Ærundinicola leucocephala .… .". . + « + . . marginatus, Licht.Voy. hé nes leucocephalus , mar ginalus. site site nl EE Spix. \. Todir ostrum CINCRELIN" HEIN Us de regius, Lath. V. Muscipela regia. +. Tordo de monte negro cobijas blancas, Az. Voy. Tachyphonus leucopterus . de monte torquato, Azara. Voy. Arre- MOnNSILENS nes Tele A TROIE EE ONE EE Trochilus, Linn.. . ddelt } d'OTD.1.r 25 Ce estella::d'OFbAE nets Cu. . LAURE Sue Troglodytes, fulvus , nos Voy. Troglod. Der 3 SUArAyarnus, DO. + Ne pallidus,:mob.…..:".. lampes plalensis. © and jette Pag. 172 166 183 177 184 170 174 175 168 180 309 173 170 166 176 229 229 230 135 302 301 302 315 315 316 315 316 315 334 303 315 317 277 281 375 376 377 376 228 231 233 234 231 594 ) Troglodytes tecellata, nob.. . . . $ Trogon antisianus, nob. PI. 66, fig. 1. Hé Panile.és ce 7 en Re Minas so aus..s af 1 um alapi, Gmel. V. Formicivora alapi. albiventer, Spix. V. Turdus rufiventris badius, Licht. Voy. Furnarius rufus brasiliensis, nob. Voy. Donacobius bra- SHTENSIS 7 re Turdus , chiguanco, nob:;.:.10. er chochi, Vieill. Voy. Turdus rufireirtes cirrhatus, Lath. V. Myrmoth. axillaris. coraya, Lath. Voy. Thryothorus coraya crinitus, Linn. V. Tyrannus crinitus . crotopezus, Licht. V. Turdus rufiventris Falklandiæ , Quoy. - +... fuscaler,enab, ue 7608 Se leucomelas, Vieill, V. Turdus rufiventris magellanicus, King.V.Turd. Falklandiæ orpheus, Spix. V. Orpheus calandria pratensis, Vieill. V.Donacob.brasiliensis rufiventris, Nieill. 4. 29400 00e scolopaceus , nob. Voy. Anumbius sco- lupaceus. . . . ? thenca, Vieill. V. Chers once thenca, Vieill. Voy. Orpheus calandria triurus , Vieill. Voy. Orpheus triurus Tyrannus , Nil 4er Ce. 5 albicollis , Vieill. V. Muscipeta albicollis ambulans, Swains. V. Pepoaza rixosa . animosus,nob.V. Tyrann.intrepidus . aude, Neil CO OR auranliaco-atro-cristatus, nob. , . . bellicosus, Vieill.V. Hirundinea bellicosa bellicosus, Vieill. V. Tyrann. sulfuratus bellulus,Vieill. V. Alecturus guirayetapa bifureatus, Briss. V. Tyrannus tyrannus cæsius, nob.. . . AE A cayennensis, Briss. V. Tyrannus pi coronatus, Vieill. V. Pepoaza coronata. crintus sm0bhéemt.. EUR 24 dominicanus , Vieill. V. Pen domi- nicana een 4e) Ho. NAME: Jeroæ:," Vieill #21 18e. ne fumigatus, nob. . . ARE gutlluralis, Eydoux. Voy. Pepoaza livida intrepidus, Vieill. . . . . . . irrilabilis, Vieill. V. Tyrannus crinilus irupero, Vieill. V. Pepoaza irupero ( 395 ) Pag. Pag. Tyrannus magnanimus, Vieill. Voy. Tyran- Uppucerthianigro-fumosa,nob.PI.57,fg.2 372 nus sulfuratus . . + . . . . . 304 vulgaris, nob. PL. 57, fig. 1. . . . 372 melancholicus, Vieill. . . . . . . 311 Dracures Azara. Voy. Nochie cunicularia 128 pepoaza, Vieill. V. Pepoaza polyg glotta. 346 | Uzquantzli, Fernand. V. Harpya destructor 81 rixosus, Nieill. NV. Pepoaza rixosa. . 380 | Vireo, Vieill. . . . . . . . . . . . 161 rufescens , nob.. . . . . . . . . 308 OHVACeRS MOD ete me: 162 rAfiventris, mob. eu. + à, : 312 virescens, Vieill. Voy. Vireo olivaceus 162 rufus, nob. Voy. Tyrannus tamno- Vultur atratus, Wils. Voy. Cathartes aura. 38 JTE RENOM RENTE CRE | 2 aura, Linn. Voy. Cathartes aura + . 38 savana, Vieill. Voy. Tyrannus tyrannus 310 aura, Wils. V. Cathartes urubu. . . 31 solitarius, Vieill. V. Tyrannus audax. 305 brasiliensis, Lath. V. Cathartes urubu. 31 sulfuratus + . . RS EE LL elegans, Gerini. V. Sarcoramphus papa 28 tamnophiloides , ue MR Nr 08 gryphus, Humb. Voy. Sarcoramphus tuberculifer, nob. che 0307 gryphus. + . . tte 17 tyrannus, nob.. . . 310 papa, Linn. Voy. Suroranphus pape 28 Uppucerthia andecola , nob. PL 56 a 2. 371 | Vurruriées. Famille. . . . 14 montana, nob. PI. 56, fig. 1. . . . 371 | Fiperu, Azara. Voy. autres n An FIN DE LA PARTIE DES OISEAUX. al: UE 7 ÿ ; NE + An m0 7 ; PSS SCT + on Le, (a j me Qu), ) AU: TON Si y Ÿ Ge 2 À / ES 24 s Se n#.®'/101 2, 4 > KO. A. GS à aus ” À + 7? ( C' 4 CA & . 4 \ Se Y ROC v \ S Re" LA à ù U | #8 % PNOINEE Qu 265 LH se ÿ At je Des Où 1 2 s » +. px GER La ZATSPIQE £ ri +: D pt Fe e ALORS RO L e (E À A? AS Ls w Ke HE 3 mere (2 STE Lx À È . CA U A? Ts éd RS SE P 24 ra Hs 4 VX Æ 22 EN , © L « 4 - : : > Æ L bo : . b p LA ge") \ ( le . 1 ALES » L rs IART Ls ( fA E ÿ e 4! RS x \ k Tin A \ Q 5 S Lee À 9) SA " (a @ Le à: e 2 * y Lox = V4 Des + 2 à f À Ÿ À * Ÿ } TL C1 - C ; : C4 4, d er \ÉR re” = ? S er 4 7) 5) TU - p l ER 1 e @ AT 23 ‘a À > nR YP,8, ) À Û S) F. A É DL 1 , B. . : CA S AY