The John Carter Brown Library PURCHASED WITH THE ASSISTANCE OF A DONATION FROM The Harper Fund and The Associates of The John Carter Brown Library f % ■Wjp /a? a o \ STRASBOURG , IMPRIMERIE DE Ve BERGER -LE VRAULT. DANS LAMÉRIQIE MÉRIDIONALE (liE BRESIL^ LiA REPUBLIQUE ORIENTALE DE L’URUGUAY, LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE, LA PATAGONIE, LA REPUBLIQUE DU CHILI, LA RÉPUBLIQUE DE BOLIVIA, LA RÉPUBLIQUE DU PÉROU), EXÉCUTÉ PENDANT LES ANNÉES 1826, 1827, 1828, 1829, 1830, 1831, 1832 ET 1833, PAR CHEVALIER DE L’ORDRE ROYAL DE LA LEGION D’HONNEUR, OFFICIER DE LA LEGION D’HONNEUR BOLIVIENNE, VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE ET MEMBRE DE PLUSIEURS ACADEMIES ET SOCIETES SAVANTES NATIONALES ET ETRANGERES. a. aáÁf. '¿e au et publié sous le0 au0ptee0 ïie M. le Mm&lxe îre Instruction publique (commence sous le ministère de M. Guizot). TOME TROISIÈME. 1 .re Partie. PARIS, CHEZ P. BERTRAND, ÉDITEUR, Libraire de la Société géologique de France , RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS, 38. STRASBOURG, CHEZ V.e LEVRAULT , RUE DES JUIFS, 33. 1844. * ALCIDE D’ORBIGNY. i\UK.' VOYAGE DANS J#- L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. V\VV\V\\ V'V\ VI V'VVXVVAVVYVVAYVV'VVA'VV'VVVAVIVVIA'V VAVVAVVYVVVVVVVVAA/IWX \ VIAAVWAA'V WVtYVtW VWVAA VAA/VVVV VVVAA'l-'VVVWV/V'VtWVAVVAVVAVV.AA vwwvm wvvwvwvw CHAPITRE XXXI. / ojage au pays des Guanay os ; description de ces Indiens et des contrées cjuils habitent. §. '1 .er Voyage au pays clés Guarayos.1 Au nord-ouest de la province de Chiquitos, il existe une autre province, celle de Moxos, non moins étendue, non moins ignorée et tout aussi inté- ressante sous le rapport de sa géographie que sous celui de ses hahitans, tous de race indigène pure. Il se rattachait même à l’étude de cette province un intérêt tout particidier pour moi, puisqu’elle était soumise au régime des missions du Pérou, tandis que la province de Chiquitos l’était à celui des missions du Paraguay. Je crus donc, indépendamment des autres observations scientifiques que j’y pourrais faire, devoir la parcourir en tous sens, afin de comparer ces deux centres, où l’homme sauvage des forêts du nouveau monde a reçu un premier degré de civilisation, en adoptant une des religions de l’ancien. En jetant les yeux sur les meilleures cartes, celle de JBrué, par exemple, on s’étonne de trouver entre Chiquitos et Moxos un espace blanc de près de quatre degrés de largeur, qui témoigne du manque complet de renseigne- 1. Les forêts habitées parles sauvages Guarayos dépendant politiquement et géographiquement de Chiquitos, je vais décrire ces régions avant de donner un coup d’œil d’ensemble sur la pro- vince de Chiquitos. 1831. Guarayos 1831. Guarayos ig Dec. ( 8 ) mens géographiques sur cette region. Combler cette lacune était encore une belle tâche à remplir. Je ne balançai pas un instant. Je pris la résolution de la traverser, en allant des parties nord de Chiquitos aux parties sud-est de Moxos. A cet effet, je fis tous mes préparatifs pour commencer mes nou- velles pérégrinations vers ces régions inconnues. Le 19 Décembre je laissai San-Xavier, afin de me rendre au pays des sau- vages Guarayos , que j’appris exister à quarante ou cinquante lieues au nord- nord-ouest. Ma troupe, composée de mes aides à cheval et de soixante indiens chiquitos à pied portant mes bagages sur leurs épaules, gravit par longues files les coteaux accidentés des dernières collines de gneiss de Chiquitos, au milieu de sites semés de vallons boisés et de collines pierreuses qu’ombra- geaient d’élégans palmiers hocayas ou de nombreux figuiers parasites, dont les racines semblent vouloir cacher partout la roche nue sous leurs réseaux étroite- ment enlacés. Du sommet de la dernière chaîne 1 s’offrit à mes yeux le plus beau contraste : à l’est, j e découvrais des collines amoncelées en amphithéâtre, au profil ondulé; à l’ouest, au contraire, comme une mer azurée, se montraient, sans bornes à l’horizon, ces vastes forêts2 qui s’étendent sur plus de quatre- vingts lieues jusqu’aux derniers contre-lorts de la Cordillère de Santa-Cruz. Je me mis à descendre à l’ouest vers le Rio de San-Miguel , sur des coteaux pierreux, couverts de petits roseaux épineux, contrastant avec les palmiers du sommet des collines, oh ils se détachent sur l’azur du ciel, tandis que le pied de ces mêmes collines est ombragé d’arbres gigantesques. En traversant un large ruisseau , je vis dans la lorêt une grande quantité d orangers sauvages, et plus loin, sur un plan incliné, je m’étonnai de trouver la végétation modifiée par de jeunes palmiers et par le palma Christi, croyant y reconnaître tous les indices d’une ancienne habitation. Mon guide m’apprit en effet quil y avait existé la Réduction de San-Pabîo, abandonnée depuis trente-deux ans.3 Je longeai le pied des dernières collines, près du Rio de San-Miguel, au sein de pays inhabités les plus beaux du monde, essuyant fréquemment les pluies torrentielles de la saison, constamment en butte à la piqûre des moustiques et privé de tout repos; mais à mesure que j’avançais, la nature devenait de plus en plus variée. De petites plaines vertes, circonscrites de sombres forêts, étaient souvent remplacées par des groupes de palmiers de 1 . J’étais alors à six lieues au sud sud-ouest de San-Xavier. 2. C’est le Monte Grande, que j’ai traversé. Voyez t. II, p. 582 et suiv. 3. Les ruines de l’ancienne Réduction de San-Pablo sont à l’ouest du passage de la chaîne, à huit lieues environ de San-Xavier. Voyez la Géographie spéciale. ( 9 ) 1831. diverses espèces, dont l’élégant feuillage contraste avec celui des autres végé- taux. Tout en ces lieux m’inspirait, la majesté de l’ensemble autant que la Guarav richesse des détails. La vie, l’animation de la campagne revêtaient le tableau d’un charme irrésistible, surtout pour un naturaliste. Devant nous s’élevaient des nuages de papillons aux ailes diaprées. Les feuilles , les troncs des plantes et des arbres étaient couverts de milliers d’insectes aux teintes métalliques, rivalisant d’éclat soit avec le sémillant oiseau-mouche, soit avec d’autres bril- lans oiseaux dont les accens égayaient à l’envi la solitude de cette terre vierge pour l’homme. En cheminant au nord-ouest, je m’arrêtai le second jour à vingt lieues de San-Xavier, sur les bords d’un ruisseau nommé la Puente (le pont), quoi- qu’on ne l’ait jamais passé qu’en pirogue. Là, je fus dévoré par des my- riades de moustiques. Le lendemain, je laissai la plaine et je montai vers de petites collines de gneiss, couvertes de la végétation la plus variée. J’y vis, pour la première fois, des massifs de quelques lieues du palmier Cucich 1 (couteau) au tronc droit, surmonté à vingt mètres de hauteur, d’une touffe de feuilles hautes de quatre et représentant une lame d’épée; c’est sans con- tredit l’une des plus lidies de cette admirable série de plantes. Du som- met d’une petite chaîne transversale je pus apercevoir, dans un lointain bleuâtre, les sommités qui avoisinent le pays des Guarayos, et cet éloigne- ment me fit craindre de ne pouvoir les atteindre le même jour. J’entrai, entre deux collines assez élevées, dans une vallée magnifique, peuplée de palmiers cucich, de motacus, entrecoupée de petits ruisseaux et montrant partout l’idéal de la nature intertropicale. Après une marche forcée j’espérais arriver de jour chez les Indiens Gua- rayos, mais mon espoir fut trompé : je ne pus résister au désir de chasser des troupes de singes, d’agoutis, et surtout un grand cerf, que j’atteignis mortellement d’une balle au milieu d’une plaine. Mes Indiens n’avaient pour toute nourriture que du maïs rôti. Je pensais à les faire profiter de ma chasse, ce qui me fit perdre du temps et retint en arrière le guide chargé de dépecer le cerf et d’en suspendre les quartiers aux arbres, dans le but de les préser- ver de la dent du jaguar, jusqu’à l’arrivée des Indiens. Je suivis long-temps au galop les détours sans nombre d’un sentier à peine tracé, tantôt dans la forêt, tantôt dans la plaine; mais le soir nos chevaux fatigués refusèrent le service. La nuit, la nuit sombre des tropiques, nous i. Espèce nouvelle du genre Orbignya (Martius). Voyez mes Palmiers, pi. XV. III. 1 -re partie. 1831. Gua rayos ( 10 ) surprit tout à coup au milieu d’un bois. L’obscurité devint extrême. Je n’aper- cevais plus rien, et les branches des arbres, que j’évitais le jour, me heur- taient constamment la figure. Mon cheval, sans queje m’en aperçusse, s en- fonça même dans le fourré, où je fus horriblement piqué par les fourmis rouges , pourvues d’un aiguillon aussi venimeux que celui de nos guêpes. 1 N’ayant pas été rejoint par le guide depuis la mort du cerf, je commençais a me croire égaré. Je descendis de cheval, j’allumai du feu et je pus alors regagner le sentier. Il faut se trouver en de pareilles circonstances pour apprécier le plaisir que font éprouver les premiers rayons de lumière qui succèdent aux ténèbres, et qui rendent le courage au voyageur enfin résigné à sa position, jusqu’alors insupportable. Yers onze heures j’entendis des cris : c’était le guide qui venait nous joindre et nous tirer d’inquiétude, en nous annonçant que nous n’étions plus qu’à deux lieues environ des premières habitations des Indiens. Cette nouvelle me ranima et je résolus de poursuivre. Le guide alluma une bougie, dont j’étais toujours muni, et se mit à la tête de la troupe , qui le suivit au pas , non sans que j’admirasse la solennité de notre marche nocturne au sein du silence des forêts. Yers une heure du matin, j’atteignis les huttes des Guarayos de l’Ascen- sion. Je me dirigeai vers celle du chef, ou bientôt un homme couvert d’une longue tunique d’écorce d’arbre vint me parler dans sa langue. J ignorais complètement à quelle race pouvait appartenir cette tribu ; aussi n’éprou- vai-je pas une médiocre surprise, en l’entendant me souhaiter le bonjour en guarani; langue dont j’avais appris un grand nombre de mots à la frontière du Paraguay. Je répondis de suite dans le même langage. Le chef guarayo en fut au moins aussi étonné que moi-même, et dès ce moment il me voua l’amitié la plus cordiale et m’accompagna partout pendant les quarante jours que je passai chez cette nation hospitalière. Je retrouvais avec un vif plaisir, dans leur état primitif, les restes d’une des anciennes migrations des Guara- nis ou Caraïbes, les conquérans les plus intrépides de 1 Amérique méridio- nale, qui portèrent leurs armes depuis les rives de la Plata jusqu’aux Antilles.2 J’entrai dans la hutte du chef, où je rencontrai toute sa famille, composée de femmes presque nues et d’un grand nombre d’enfans. J’y attachai mon hamac, et tout étourdi du voyage, du parler guarani que j’entendais , et de ma présence au milieu d’une nation encore sauvage, j’eus beaucoup de peine 1. Cette fourmi, des plus agiles, vit seulement sur un arbre appelé Palo santo (bois saint). 2. Voyez mon article Guarani, dans Y Homme américain, p. 313 et suiv. à trouver quelques heures de repos, impatient que j’étais d’arriver au len- demain. La réduction de V Ascension où je me trouvais avait été fondée, depuis 4824, par le père Salvatierra des débris des anciennes réductions de San-Joaquin , d’ Asunta et de San -Pablo. Ce village se compose d’environ trois cents In- diens Guarayos et de quelques Chiquitos échappés de Concepcion. Il est placé sur une jolie colline boisée, entourée de forêts ou de petites plaines au sein des terrains les plus fertiles du monde. Il était alors fort triste, le feu en ayant, le mois d’avant, consumé l’église avec la plupart des cabanes des Indiens, qui, couvertes en feuilles de palmier, représentent un octo- gone irrégulier, très-allongé, et sont identiques aux cabanes des Caraïbes des Antilles lors de la conquête1. Elles sont très-vastes , très-propres, sans com- partimens intérieurs, sans fenêtres, mais pourvues de portes aux extrémités. Le lendemain matin tous les Guarayos vinrent me visiter, m’apportant chacun son présent : des poulets, des oeufs, des bananes, de la canne à sucre, des papayes, des citrouilles, de la manioca, des ananas et même des pro- duits de sa chasse. Dans un instant j’eus des provisions de bouche pour plusieurs jours. Je remarquai que les fruits, les ananas surtout, étaient le double en grosseur et beaucoup plus savoureux que dans les autres parties de la république. Cette contrée, remarquable par ses produits, me parut une seconde terre promise. Je fus également frappé des manières aisées, des belles proportions et de la figure intéressante de ces Indiens. Les hommes âgés, appuyés sur leur arc, couverts d’une longue tunique decorce d’arbre, sans manches2, avec une longue barbe3, inspiraient réellement le respect par la noblesse de leurs traits et par une fierté de maintien, qui devrait toujours carac- tériser l’homme libre. Loin de prendre le ton soumis des Indiens des missions, ils s’avancaient d’un air aisé, s’exprimaient avec facilité. Chaque chef de famille était accompagné de ses femmes; celles-ci ne venant jamais seules. Je fus éga- lement frappé de la jolie figure de ces dernières et de la beauté de leurs formes, nullement voilées par leur costume, réduit à une simple pièce d’étoffe qui les enveloppe des hanches à mi-cuisse. Leur couleur foncée, mais beaucoup moins que celle des autres indiennes, leur peau lisse et brillante comme du satin , leur donnaient l’aspect de statues antiques. Elles portent leurs cheveux 1. Historia general de Indias occidentales , par Oviedo, édit, de 1547, fol. 59. 2. Voyez les differens costumes des Guarayos, Costumes, pi. IX. 3. Ce sont les seuls Américains que j’aie rencontrés avec de la barbe; les autres en ont peu et se l’épilent. 1831. Guarayos a5 Der, ( 12 ) flottans sur leurs épaules , coupes carrément en ayant , de manière à dégager le front; leurs bras sont ornés de bracelets, leur cou l’est de colliers de ver- roterie, et, quoiqu’elles aient la jambe nue, elles ont toujours des jarre- tières. Quelques-unes, sans doute pour relever leur beauté sauvage, étaient peintes de noir, d’autres de rouge de rocou, excepté la figure. D’autres avaient le tour de la bouche noir et des raies sur la face, ou les mains et les jambes noires, le reste du corps étant rayé en long de cette couleur. Je restai à l’Ascension cinq jours , pendant lesquels je parcourus les envi- rons en tous sens. Jamais je n’avais rien vu de plus beau, de plus fertile que cette campagne , où seulement quelques parcelles sont cultivées et rendent au centuple, tandis que la nature vierge la plus pompeuse brille de toutes parts, en étalant ses trésors : ici des bouquets de la Palma real, aux feuilles en éventail, là des bois de l’élégant palmier cucich aux feuilles en lame d’épée, ou des mélanges de palmiers1 variés, avec la végétation la plus vigoureuse et la plus riche en détails. Le 25, veille de mon départ, je voulus profiter de la fête de Noël pour utiliser la réunion des Guarayos et voir plusieurs cérémonies de leur religion primitive. J’avais un motif pour me presser ainsi. Le curé de l’Ascension, brave homme sans moyens, qui s’occupait plutôt de ses intérêts personnels que du salut des Indiens, me laissait faire ce queje voulais, tandis que je craignais l’austérité religieuse du père Lacueva , qui à Trinidad se serait sans doute opposé à ces manifestations que réprouve le christianisme. Je me prévalus de la complaisance du chef guarayo, qui fit tout préparer pour me satisfaire. 11 vint à midi me chercher en cachette. Il m’introduisit mystérieusement en silence dans une petite maison octogone a 1 extrémité du village, ou je trouvai assis en rond , autour de la chambre, des hommes nus, ayant derrière eux les femmes debout. Aussitôt que je fus entré, l’on ferma les portes, et le plus vieux, qui portait une longue barbe, frappa la terre d’un tronçon de bambou dont il était muni. Tous les autres l’imitèrent avec le même instrument, en fixant leurs regards à terre. Lorsque la mesure fut bien réglée, le vieillard, avec la plus belle basse-taille, entonna une hymne que tous répétèrent, en s’accompagnant des coups redoublés de leurs bambous, tandis que les femmes faisaient en mesure des génuflexions. Ces voix mâles , ces sons discordans des bambous, l’attitude imposante des chanteurs, leur 1. J’y découvris la nouvelle espèce d ’ Astrocaryum Huaimi, Martius. Voyez les Palmiers de mon voyage , pi. XIII , fig. 3. tenue, tout dans cette cérémonie me surprit et m’étonna; je ne savais en vérité où je me trouvais transporté, mais je n’aurais pas pour beaucoup cédé ma place à ce spectacle. Ces premiers chants s’adressaient au Tamoï ( grand père ) , que les Guarayos conjuraient de descendre parmi eux ou de les écouter. Bientôt ils lui demandèrent de l’eau pour leurs semences. Alors ils se levèrent, tous formèrent un cercle , et marchant par files en frappant la terre et chantant une autre hymne , les yeux baissés , ils allaient lentement dans un sens , puis se retournaient et marchaient en sens contraire. Ces hymnes sont pleines de figures et de comparaisons naïves. Ils les accompagnent des sons du bam- bou, parce qu’après leur avoir enseigné la culture, le Tamoï s’était élevé vers l’orient du sommet de l’arbre sacré, tandis que les anges frappaient la terre avec des bambous. D’ailleurs le bambou étant un des bienfaits du Tamoï, en ce qu’il entre dans la construction de leurs cabanes, ils le considèrent comme l’intermédiaire entre eux et la divinité. Après la cérémonie j’invitai tous les Indiens de la réduction à se rendre sur la place, où je voulais leur donner une espèce de fête. J’y rencontrai le curé, instruit, je ne sais comment, de ce qui venait de se passer. Je m’atten- dais à recevoir de lui tout au moins quelques reproches, mais il en fut autre- ment. Il me fit seulement remarquer que, devant partir le lendemain, j’avais eu tort de faire représenter la cérémonie par laquelle les Indiens demandent de I eau, parce qu’il était certain qu’il pleuvrait, les Guarayos, ajouta-t-il, obtenant toujours ce qu’ils demandent. Cette réflexion me surprit de sa part et me donna la portée de son esprit. Afin dejuger de l’adresse des Indiens et des Indiennes, je fis établir un tir à l’arc, où tous devaient concourir. Les jeunes filles vinrent d’abord et je dis- tribuai des bracelets, des verroteries aux plus adroites. Les hommes leur succédèrent. La précision de leur coup d’œil m’étonna : les flèches, lancées avec force , sifflaient dans l’air et heurtaient violemment le but. Je pus néan- moins m’assurer qu’à plus de soixante mètres ils ne sont pas sûrs de leur coup. Après m’avoir donné l’idée de leur savoir-faire, les Guarayos me prièrent de leur montrer à mon tour la puissance de nos armes à feu. Us placèrent un poulet à la même distance et me le firent tuer, ce qui les divertit tellement , que je dus me refuser à les priver de toutes leurs vo- lailles. Je voulus leur procurer un autre plaisir, celui de regarder dans une excellente longue-vue et dans un microscope. Rien ne pourrait peindre leur surprise et leur extase de voir de près les objets éloignés ou de trouver les petits êtres aussi volumineux. Dès ce moment je n’étais plus 1831. Guarayos ( H ) pour eux un étranger, et tous , me regardant comme un être extraordinaire , me nommaient, avec respect et contentement, leur frère ( Cheru ). Ce n’était pas peu de chose pour un Guarayo, le plus fier de tous les sauvages, ïui qui se croit, par la liberté dont il jouit, le premier des hommes; lui qui se fâche, quand on le traite ft Indien1 2, en disant avec hauteur : «Les Chiquitos « seuls sont Indiens; ils sont esclaves, je suis libre et non Indien; je suis « Guarayo. >>2 Le lendemain il pleuvait , et le curé ne manqua pas de me rappeler son observation de la veille. Je partis néanmoins dans la compagnie du chef gua- rayo pour Trinidad , située à quinze lieues au nord-ouest. Après avoir passé des bois de palmiers cucich, je foulai des lieux humides jusqu’au ruisseau de Sapococh, l’un des affluens du Rio Blanco. A la suite de quatre lieues d’une forêt magnifique , j’atteignis , sur les bords du Rio de San-Miguel , l’ancienne réduction de San-Pablo, abandonnée depuis 1828. Le feu ayant tout dé- truit, il n’y restait que des traces d’habitation, et de très -belles plantations de cacao , en partie délaissées , malgré leur richesse et les récoltes abondantes qu’elles donnent annuellement. Des ruines de San-Pablo j’avais dix lieues de bois à franchir. La forêt était d’abord toute remplie de bambous gigan- tesques, dont les épines crochues me déchirèrent impitoyablement et me laissèrent presque sans vêtemens ; mais ces végétaux singuliers furent rempla- cés par des palmiers motacus et par des arbres variés, venus dans un terreau noirâtre tout prêt à recevoir la culture. A cinq lieues , je passai près d’un immense lac et longeai bientôt de petites collines, où je rencontraf les pre- miers champs des Guarayos de Trinidad. J’arrivai de nuit à la réduction, où les Indiens me donnèrent l’hospitalité, en attendant que le lendemain je demandasse un meilleur logement au religieux de Santa -Cruz, autre réduction, située à une lieue de distance. Trinidad est près du Rio de San-Miguel, au sein d’une belle forêt, que je traversai jusqu’à Santa-Cruz. J’y trouvai le révérend père Lacueva, regardé comme saint dans les provinces voisines. Je ne vis en lui qu’un vieillard aimable, très - instruit , d’une conduite des plus exemplaires. Ses manières 1. M. de Humboldt a trouvé la même fierté chez les Caribes. Voyage , t. IX, p. 35. 2. Guarayo, comme Guarani , comme G alibi , comme Caribes ou Caraïbes (autant de dérivés du même mot), veut dire guerrier (voyez Homme américain, p. 313). Le père Lacueva croit que ce mot, prononcé Guarayu par les Indiens, vient de Guara, nation , et de yu, jaune, parce qu’ils sont plus blancs que les autres; mais les Guarayos ne l’expliquent pas ainsi. ( w ) me plurent au dernier point. Il appartenait à une riche famille d’Espagne. is3i. Il avait étudié les mathématiques ; mais sa vocation l’entraîna vers la pré- Guarayos dication de l’Evangile. Il se fit Franciscain et dut bientôt à son savoir et à ses vertus le titre de préfet de mission, que les prérogatives qui y sont atta- chées font équivaloir à celui d’évêque. Il vint en Amérique, où, fuyant la vie des couvents, il consacra son existence à la conversion des Indiens, en se refusant a tous les honneurs. Il vécut vingt ans chez les sauvages Yuraca- rès au pied des Cordillères, et, lassé de ne pas les convertir, il les abandonna pour venir chez les Guarayos, ou, après huit années de séjour, il commençait à craindre de terminer son humble et noble carrière, sans en avoir obtenu de grands résultats. A peine vêtu par les aumônes des dames de Santa-Cruz de la Sierra , il se nourrissait de riz cuit à l’eau , faisant lui-même sa cuisine et vivant seul , éloigné du monde entier. Je fus vivement touché de la per- sévérance de ce digne religieux, alors âgé d’au moins soixante-dix ans, et je mis tout en œuvre pour mériter une amitié qu’il voulut bien m’accorder. Il habitait une pauvre chaumière; son église n’était qu’une petite cabane couverte en feuilles de palmiers, oii un autel de terre se revêtait les dimanches d’un simple tissu de coton , sur lequel il disait la messe. Pour prévenir les fidèles, le vénérable vieillard n’avait qu’un vieux mortier de cuivre, sur lequel il frappait avec une pierre. Le père Lacueva me fit admirer la position de la réduction de Santa-Cruz, située sur une petite élévation , entre deux montagnes de gneiss , au bord d’un lac d’une demi -lieue de diamètre, entouré de forêts ou de collines boisées, chargées de la plus belle végétation \ Le village se composait d’une trentaine de maisons d’indiens, éparses autour de la petite chapelle. Entraîné par l’in- téressante conversation du père Lacueva, j’acceptai la moitié de son modeste repas, puis il vint avec moi a Trinidad. Il m’y installa dans sa propre demeure, où je séjournai jusqu’à mon départ pour Moxos, allant souvent le visiter ou recevant de lui de fréquentes visites. Cette résidence avait le double avan- tage, de me rapprocher de la rivière sur laquelle je devais m’embarquer, et de me laisser, loin de tout missionnaire, plus libre de continuer mon rôle d’observateur. Au pays des Guarayos coule le Rio de San-Miguel. Dans les cartes géo- graphiques 1 2 on dirige ce cours d’eau vers le Rio Guapaix ou Rio Grande , et 1. Voyez la vue n.° lô. 2. Celle de Brué en 1826. ( 46 ) 1831. de là au Mamoré. S’il en avait été ainsi, en m’y embarquant, je serais allé ' reioindre la mission de Loreto de Moxos, tandis que mon intention était Guarayos J _ de gagner les parties orientales de cette province. Je questionnai les Gua- rayos et le père Lacueva. Ils m’apprirent que, loin de tourner à l’ouest-nord- ouest, le Rio de San-Miguel se dirige au nord-nord- ouest , en passant près de la mission du Carmen de Moxos. Sans savoir alors s’il rejoignait plus bas le Rio Blanco ou le Rio Itonamas , aiïluens communs du Guaporé ou Iténès , je pris le parti de suivre cette route, afin d’éclaircir cette importante ques- tion de géographie. Mon projet n’était pas d’une exécution facile. Voyager par terre, la saison des pluies très-avancée, l’inondation de la campagne s’y oppo- saient absolument, indépendamment même des embarras inbérens à l’ouver- ture d’une voie de communication nouvelle. D’un autre cote, les pirogues des Guarayos, faites d’un seul tronc d’arbre creusé par le feu1, ne contenaient que deux personnes au plus, et je n’y aurais pu placer mes bagages. Je me prévalus des dispositions amicales du chefguarayo, et j’obtins de lui d’envoyer au Car- men deux Indiens porteurs d’une lettre, où je priais l’administrateur de m’ex- pédier des pirogues et des rameurs de cette mission pour me transporter à Moxos. En attendant le retour de mes messagers , je me livrai à des recherches d’histoire naturelle, tout en étudiant avec soin dans ses moindres détails la vie privée de mes nouveaux amis les sauvages. Initié à leurs usages domes- tiques, je fus à portée de les apprécier, ce qui m’inspira pour eux une affec- tion toute particulière. Tous les jours le cacique, vieillard au maintien patriar- cal, venait m’offrir ses services. Lui demandais-je quelque chose? il s’éloignait en toute hâte et reparaissait, quelque temps après, avec ses femmes chargées de fruits magnifiques, de légumes ou de volailles. Je recevais aussi les visites des autres Indiens, m’apportant des produits de leurs terres ou des objets d histoire naturelle. Je payais le tout soit avec de grosses aiguilles à coudre, soit a\ec des couteaux, des ciseaux ou des bagatelles semblables, 1 argent, comme à Chi- quitos et à Moxos, n’étant pas encore connu des habitans. Un beau poulet, par exemple, valait trois aiguilles à coudre, et le reste en proportion, sans que jamais d’ailleurs on me fixât un prix ou qu’on me fit la moindre obsei- vation sur ce que j’offrais; mon ami, le premier chef que j avais rencontré a l’Ascension , me guidant toujours de ses conseils. Jamais je n’avais fait une si riche moisson d’histoire naturelle, ayant 1. Ces pirogues, quelquefois longues de huit à dix mètres, ont à peine cinquante centimetres de largeur. é A. ( 17 ) pour auxiliaires tous les habitans des deux réductions. Je leur avais donné mes instructions, qu’ils suivaient à la lettre. Depuis le matin jusqu’au soir, ce n’était, chez moi, qu’une procession d’indiens, qui m’apportaient des insectes magnifiques dans des tubes de bambous ou dans des cornets faits avec des feuilles, des coquilles terrestres des forêts ou des coquilles fluviatiles des lacs et de la rivière. Des aiguilles à coudre et d’autres bagatelles semblables me procu- rèrent bientôt une admirable collection des productions naturelles de ces bois, que les Indiens parcouraient, pour moi, en véritables aides-naturalistes. Les Guarayos, très-contens de mes présens, n’auraient pourtant pas fait une bassesse pour les obtenir. Je les tentai de toutes les manières sans jamais ébranler leurs principes. Souvent je feignais cl’égarer un mouchoir dans la forêt, ou je laissais soit des couteaux, soit des haches hors de chez moi. Toujours ils me rapportaient ces objets, même sans les toucher, au bout d’un bâton. Ils venaient me dire : «Tiens, ceci doit t’appartenir;” ou bien : « J’ai vu quelque « chose à toi dans tel endroit , vas le chercher avant que les Indiens Chiquitos « ne te le volent. ” Ils poussent la délicatesse jusqu’au scrupule, ayant le larcin et l’adultère en horreur; aussi les femmes mènent-elles toutes une conduite exempte de reproches, ce qui est loin d’exister dans les missions des Chi- quitos. Le dirai-je? Le contraste entre les Guarayos tout à fait sauvages et les Chiquitos à demi civilisés était à l’avantage des premiers. Afin de prendre des relèvemens sur tous les points visibles des environs, me dirigeant au sud de Santa-Cruz, dans les bois, jusqu’au pied de la mon- tagne, je m’y ouvris jusqu’au sommet, la hache à la main, un sentier, d’où j’eus une vue magnifique. Dominant un immense horizon de la plus belle verdure, j’avais à l’est, dans un lointain bleuâtre, les montagnes de l’Ascen- sion, plus près le grand lac, au bord duquel j’avais passé1; au nord et au nord-ouest les collines de gneiss de Santa-Cruz, entourant deux jolis lacs, dont l’un, placé à mes pieds, était circonscrit de prairies. Sur la rive opposée du Rio de San-Miguel j’apercevais deux grands lacs au sein d’une vaste forêt, au delà de laquelle se montraient, comme une mer de verdure, les plaines de la province de Moxos, inondées une partie de l’année. Si quelquefois j’avais regretté de voir, en Amérique, de magnifiques campagnes rester incultes, lorsque tant de pauvres cultivateurs meurent de misère en Europe, je dus éprouver un sentiment d’autant plus pénible dans ces contrées, les plus riches que j’eusse vues jusqu’alors, en présence de cette nature imposante, de 1. Voyez t. III, p. 14. III. i.re partie. O 1831. Gua- rayos. 1832. 3 Janv. 4 ( 18 ) 1832. cette richesse de végétation extraordinaire, toute prête à céder sa place à la Gua culture la plus productive, dès que des bras se présenteront pour l’utiliser, .ayos. ]\ous étions beaucoup de personnes réunies. Les ressources alimentaires dont je disposais chez les Guarayos, consistaient en une grande abondance de mais, de manioc, de fruits et en quelques volailles; mais je ne pouvais chez eux me procurer de la viande, qu’ils ont en horreur. Je me trouvais presque dans l’embarras , lorsqu’ils m’apprirent qu’au delà des forêts de l’autre rive du Rio de San-Miguel il existait beaucoup de bestiaux sauvages. Je m’y rendis et fus assez heureux pour tuer un jeune animal, que nous rappor- tâmes. J’avais en même temps reconnu, au grand nombre de traces fraîches, qu’il y avait une multitude de taureaux et de vaches, auxquels je recourus au fur et à mesure de mes besoins. Cette chasse d’ailleurs n’était pas sans dangers, les taureaux furieux poursuivant souvent les chasseurs à outrance, quand la balle ne les atteignait pas mortellement. J’avais avec moi deux jeunes Indiens de la province de Chiquitos, et je désirais en obtenir un troisième des Guarayos. Mon intention alors était de les emmener tous en Europe, et d’y demander au gouvernement de les faire étudier dans les collèges, afin de juger de la capacité des indigènes1 amé- ricains. Je témoignai ce désir au père Lacueva et au cacique guarayo, qui me promirent de me donner un enfant. Effectivement, un jour je vis arriver le cacique avec toute sa famille, composée d’au moins soixante personnes. Ce patriarche à la longue barbe, après m’avoir souhaité le bonjour, me présenta un jeune Guarayo, en me faisant un discours solennel, dont voici à peu près le sens : «Cet enfant que je t’amène est mon petit-fils; il se « nomme Mbuca orî (Ris joyeux). Je te le donne, parce qu’il a perdu son père, et que je te crois digne de le remplacer; regarde-le comme ton fils et fais-en un homme; surtout qu’il ne connaisse jamais le vol, que « nous détestons, et qu’il soit toujours digne d’être Guarayo. " Je lui demandai ce qu’il désirait que je lui donnasse. « Donne-moi une hache et une serpe," me dit-il ; «donne une hache à sa mère et un couteau à son frère; ce sont les choses que nous estimons le plus et qui nous seront le « plus utiles, si quelque jour, pour fuir l’esclavage, nous sommes obligés de regagner la forêt d’oii nous sommes sortis. " Je lui donnai ce qu’il me demandait, et je devins propriétaire du jeune Indien. Je le fis immédiatement 1. Plus tard, une fois à Santa-Cruz de la Sierra, je fus, à mon grand regret, contraint, faute de fonds, de renoncer à ce projet et de renvoyer mes trois jeunes Indiens dans leur patrie respective. <¡* ■ti ( 19 ) habiller. C était un enfant de huit ans, d’une figure charmante, très- spiri- tuelle, à qui le nom de ris joyeux convenait parfaitement. Le 25 Janvier, des chefs indigènes du Carmen de Moxos m’apportèrent, de la part de l’administrateur de cette mission, une lettre m’annonçant qu’il mettait à ma disposition quatre grandes pirogues. Trois jours après, je taisais mes adieux aux lions Guarayos. Je n oublierai jamais l’impression que produisit sur moi cette séparation. Le père Lacueva et tous les Indiens m’accompagnèrent au bord de la rivière, avec les démonstrations de la plus vive amitié. Tout était embarqué, mes rameurs n’attendaient plus que mes ordres pour fendre les eaux. Je jetai un dernier regard sur la rive, et j’aperçus le bon père Lacueva, les yeux en pleurs, étendant vers moi les mains du haut de la berge, pour me donner une dernière bénédiction, tandis que tous les Guarayos, leur chef en tête, me faisaient aussi leurs adieux dans les termes les plus touchans. Un premier méandre de cette rivière tortueuse me sépara de cette scène attendrissante; et, livré à mes tristes pensées, je m’étourdis comme d’ordinaire, en m’occupant de tout ce qui m’entourait, afin d’oublier la solitude dans laquelle je me replongeais. 1832. Gua- rayos. a5 Janv. * b Description des Guarayos et du pays quils habitent. Répandus sur une quarantaine de lieues de longueur, les Guarayos habitent les sombres forêts qui séparent les provinces de Chiquitos et de Moxos, non loin des rives du Rio de San-Migueî, vers le 17.e degré de lati- tude sud et le 66.e degré de longitude occidentale de Paris. Au nombre de nulle environ, ils sont, indépendamment de quelques familles dispersées au sein de la forêt, divisés en trois villages, ceux de Trinidad, de l’Ascension et de Santa-Cruz, ou des religieux ont tenté de les amener au christianisme. Us se souviennent encore par tradition d’être anciennement venus du sud- est, probablement du Paraguay; ils se souviennent aussi d’avoir vécu avec les Chiriguanos, et de s’en être séparés à la suite de querelles. Quoi qu’il en soit, ils habitent les mêmes lieux depuis au moins trois siècles. D’après le curé de San-Xavier, quelques Guarayos auraient été, dès 1700, amenés de force a San-Xavier, d’oii ils se sauvèrent peu de temps après. Ce qu’il y a de certain, c est qu’en 1 71)0 le hasard les fit rencontrer, lors d’une expédition dont le but était d’ouvrir un chemin entre Chiquitos et Moxos1. Quand 1. Ces renseignemens et quelques-uns de ceux qui vont suivre, m’ont été communiqués par le père Lacueva. 1832. Gua- rayos. ( 20 ) les Guarayos, fixés alors près de la grande lagune entre l’Ascension et Tri- nidad, virent les Espagnols, ils s’enfuirent dans les bois, en criant : Ne nous tuez pas, nous sommes chrétiens. Un Nègre brésilien, qui entendait le gua- rani, le dit au commandant, qui les rassura et leur fit beaucoup de cadeaux. Il en prévint le gouverneur de la province, Don Juan Yerdugo, qui plus tard vint lui-même jusqu’à Santa-Cruz les visiter et leur apporter beaucoup de présens , afin de les déterminer à se faire chrétiens. Plusieurs se présentèrent à San-Xavier, où ils s’entendirent, en chiriguano, avec le curé, Don Gre- gorio Salvatierra, qui se passionna pour eux et voulut lui-même les aller convertir. Encouragé dans ce projet par le gouverneur de la province, le père Salvatierra fit en 1 793 construire, par des Chiquitos, l’église et les autres bâtisses de la réduction de San-Pablo, à huit lieues de San-Xavier , et suivi de cinquante Chiquitos armés il se rendit sur les lieux, afin d’en emmener de torce les Guarayos, en brûlant leurs villages, pour les empêcher d’y retourner. Il en amena environ trois cents, qui, peu satisfaits d’être ainsi retenus, retournèrent, six ans après, en 1793, dans leurs forêts, laissant à la porte de l’église les vêtemens qu’on leur avait donnés, et les cannes, signes des fonc- tions auxquelles on avait élevé leurs chefs, procédé digne en tout de la fierté qui les distingue. En 1 807, le père Salvatierra et le doyen des chanoines de Santa-Cruz de la Sierra, Don José-Joaquin Yelasco, conçurent le projet d’aller de nouveau réduire les Guarayos chez eux, en ouvrant un chemin d’un côté à Moxos, et de l’autre à Santa-Cruz de la Sierra, par Bibosi1 2. Ils établirent, en effet, un peu au-dessus de Trinidad, sur la rive opposée du Bio de San-Miguel, sous le nom de San- Luis Gonzaga, un village qu’on abandonna trois ans plus tard. Le père Salvatierra ne renonça pourtant pas à son projet. En 1 81 1 , il bâtit à ses frais un autre village, sous le nom de San-Joaqum, a un quart de lieue de l’Ascension; mais voyant qu’il ne pouvait y réunir tous les Gua- rayos, il suivit les conseils de ceux-ci, et fonda en 1820 une réduction près du Rio de San-Miguel, à cinq lieues de distance de l’Ascension actuelle, sous le nom de San-Pablo . 3 La même année, le gouverneur de Moxos, ayant voulu établir par eau des communications avec la province de Chiquitos , des pirogues atteignirent pour la première fois le pays des Guarayos. Ceux-ci, se voyant découverts 1. Voyez tome III, p. 8. 2. En partant de la réduction dont j’ai parlé tome II, p. o42. 3. C’est la même dont j’ai vu les ruines. Voyez p. 14. 'V ♦ ( 21 ) des deux côtés, et craignant qu’on ne les arrachât à leurs chères forêts, comme on l’avait fait quelques années auparavant pour la fondation du Carmen de Moxos, se présentèrent en toute hâte au père Salvatierra, en lui deman- dant a devenir chrétiens. Celui-ci profita de ces bonnes dispositions, et alla former les réductions de Santa-Cruz et de Trinidad , les Indiens aimant par- dessus tout le lieu de leur naissance. En 1823, le père Lacueva, avec deux autres religieux, vint diriger l’ensemble des Guarayos : il en trouva quatre- vingt-cinq à San- Joaquin, cent soixante-deux à San-Pablo, et trois cents entre Trinidad et Santa-Cruz. Ces réductions étaient du reste dans une grande O pauvreté. Animé d’un zèle infatigable, le père Lacueva s’efforça de ramener les Indiens de la forêt dans la réduction; il fonda l’Ascension, et y fit faire des plantations de cacao, de coton. Il établit des écoles et traça des chemins vers Chiquitos. Il espérait beaucoup de ses démarches, lorsque l’année sui- vante (1824), par suite du changement de gouvernement et de l’installa- tion de la république, il fut abandonné par les autres religieux, qui voulurent s’en retourner en Espagne. Resté seul, il demanda le père Salvatierra, qui laissa San-Xavier pour venir avec ses chers Guarayos; il se fixa quelques années à l’Ascension, ou il mourut. Dès 1824, le pays des Guarayos fit politiquement partie de la province de Chiquitos. Oublié pour ainsi dire de la terre entière, sans appui de la part du gou- vernement, contraint de tout faire par ses mains, le père Lacueva n’obtint que l’estime des Guarayos, sans avoir sur eux aucune prépondérance. Néan- moins, lorsqu’il les menaça de se retirer, ils lui dirent : «Si tu t’en vas, mon « père, nous irons vivre dans les bois, car nous restons ici pour toi;5> et, dans la crainte de les voir redevenir sauvages, le digne frère reste toujours, d’au- tant plus, que les Chiquitos, qui, fuyant la sévérité des missions, viennent vivre près des Guarayos, dégoûtent ceux-ci de leurs villages par les exactions qu’ils y commettent et par la dépravation de leurs mœurs. Il y a maintenant entre Santa-Cruz et Trinidad 544 âmes , ainsi divisées : 1832. Gua- rayos. HOMMES. FEMMES. AGE. NOMBRE. AGE. NOMBRE. De 1 à 7 ans 60 De 1 à 7 ans 50 De 7 à 15 ans 76 De 7 à 15 ans 61 De 15 à 70 ans 142 De 15 à 70 ans 154 De plus de 70 1 Total. . . 279 Total. . . 265 1832. Gua- rayos. ( 22 ) Grands, bien bâtis, presque blancs, pourvus d’une longue barbe (fait exceptionnel chez les Américains), les Guarayos ont le maintien fier, les traits réguliers et l’expression la plus douce. Leur caractère répond parfaite- ment à leur extérieur; ils offrent le type de la franchise, de l’hospitalité et de toutes les vertus. Bons pères, bons maris, quoique graves par habitude, ils se croient, au sein de l’abondance et dans leur liberté sauvage, les plus heureux des mortels. Leurs vieillards, véritables patriarches et les oracles de leurs familles, trouvent, chez les enfans, respect et soumission. Ils se divisent en petites familles dans les forêts, ou en villages. Leurs cabanes, octogones encore, semblables à celles des anciens Caraïbes des Antilles, sont spacieuses et couvertes en feuilles de palmiers. Un Guarayo passe sa première enfance auprès de sa mère, qui lui pro- digue les plus tendres soins. Dès l’âge de huit ou dix ans; il accompagne son père aux champs, à la chasse, en s’exerçant à tirer de l’arc et dans l’art de confectionner les armes. Il abandonne alors la compagnie des femmes et ne fréquente plus que les jeunes gens de son âge ou les hommes. Aussitôt que, dans le maniement de l’arc, il réunit à la force assez d’adresse pour se suffire, il pense à se choisir une compagne. Son choix fait, il traite avec les frères de la jeune fille, qui ont exclusivement le droit de disposer de leur sœur. Les conditions consistent soit en un nombre déterminé de haches, de cou- teaux ou d’autres instriunens, soit en une somme de travail, comme par exemple la construction d’une maison ou le défrichement d’un champ. La demande agréée, le jeune prétendant, entièrement nu, peint de rouge de la tête aux pieds, armé de sa macana ou casse-tête, se promène, pen- dant quelques jours, autour de la cabane de sa fiancée. Peu de temps après, les parentes de la jeune fille préparent la boisson de maïs fermenté, et le mariage se célèbre au milieu d’une réunion nombreuse, où sont invités tous les parens et amis. Le jeune couple vit quelquefois avec sa famille, mais, le plus souvent, il se construit une cabane dans son voisinage. Plus le Guarayo augmente sa famille, et plus il acquiert de considération. C’est dans ce but que, sans négliger sa première femme, toujours la plus estimée, il en prend successivement plu- sieurs autres, dans le cours de sou existence. Les enfans de toutes ces femmes semblent être d’une seule mère, tant ils sont étroitement unis. Jamais une querelle, jamais un reproche de la part du mari, qui respecte ses femmes, tout en se considérant comme leur étant tres-superieur. Devenu chei d une nombreuse famille, le Guarayo est un oracle; ses jours s’écoulent tranquille- ment sans soucis, sans peine; aussi atteint -il presque toujours la vieil- lesse, exempt d’infirmités et de la perte de ses sens; pourtant, comme on l’a vu, les Guarayos passent rarement soixante-dix ans.1 Au sein de l’abondance, le Guarayo pourvoit presque sans travail aux besoins de sa famille. Chaque culture de son champ se fait en commun avec ses parens, ses amis. Ses femmes préparent de la bière de maïs; puis il les invite. A l’aube du jour on se rend joyeusement au champ. Les invités travaillent avec une ardeur incroyable pendant les deux tiers de la journée, tandis que le propriétaire s’étend dans son hamac ou dirige les ouvriers. Ils retournent ensuite à sa cabane, où commencent des danses sérieuses et des libations de quelques jours; tout se passant néanmoins sans rixes ni que- relles; ainsi, chaque chef de famille réunit successivement ses amis, soit pour abattre les arbres et défricher, soit pour semer, et toutes ces opéra- tions deviennent l’occasion d’autant de fêtes. Les hommes abattent les arbres dans le défrichement des champs, qu’ils cultivent en commun avec les femmes; ils confectionnent leurs pirogues au moyen du feu et de la hache, et fabriquent leurs arcs et leurs flèches, faits avec beaucoup d’art; ils enlèvent l’écorce des figuiers pour s’en faire des vêtemens. Du reste, ils aiment passionnément la chasse et la pêche, pour lesquels, deux ou trois ensemble parcourent la forêt pendant quelques jours, et rapportent ensuite chez eux, des singes ou des poissons boucanés. Les femmes fabriquent la poterie, consistant en énormes vases de terre pour mettre la chicha, qu’elles font avec du maïs écrasé; filent le coton et tissent des hamacs, ainsi que la pièce d’étoffe qui leur sert de vêtement. La culture étant leur première ressource, puisque la chasse n’est pour eux qu’un amusement, ils y rattachent beaucoup de leurs cérémonies reli- gieuses. Leur religion est simple comme leurs moeurs. Leur Tamoï ou grand- père, dieu bienfaisant, qu’ils révèrent sans le craindre, a vécu parmi eux, leur a enseigné la culture, et, en les quittant, leur a promis sa protection du haut d un arbre sacre aux fleurs purpurines , pour s’élever à l’orient vers les cieux. On l’implore à l’époque des semailles ou lorsqu’on désire qu’une abondante pluie vienne ranimer la terre haletante sous les feux d’un soleil brûlant. Une simple cabane octogone est, au sein de la forêt, le temple où Ion prie le Tamoï. Des hommes entièrement nus s’asseyent en rond, tenant chacun à la main un tronçon de bambou. Le plus ancien, les yeux baissés 1. Voyez tome III, p. 21. 1832. Gua- rayos. ( 24 ) aterre, frappe le sol de son bambou, en entonnant, avec la plus belle basse- taille, une hymne que répètent tous les autres. Je les entendis demander à la nature, dans un style des plus figurés et des plus poétiques, de se revêtir de sa plus magnifique parure; aux fleurs, de s’épanouir; aux oiseaux, de prendre leur plus riche plumage et de commencer leurs joyeuses chansons; aux arbres, de se parer de leur verdure printannière, afin de se joindre à eux pour attirer l’attention du Tamoï, qu’ils n’implorerent jamais en vain. Dans leurs maladies, ils ont recours aux devins, qui conjurent le mal, en touchant la partie malade et la parfumant de fumée de tabac. Us jeûnent à la naissance et pendant les maladies de leurs enfans. Ils craignent le chant des oiseaux nocturnes, et le ciel lorsqu’il est fortement couvert le soir. Us l’appellent tétéo (la mort), et jettent alors de la cendre en l’air pour le con- jurer. Au temps des nouvelles lunes, ils élèvent en l’air leurs enfans, afin qu’ils grandissent. A leur décès, les Guarayos sont, par les soins du Tamoï, enlevés au ciel, vers l’orient du sommet de l’arbre sacré ( Tuirenda 1 ) , qu’ils plantent tou- jours, à cet effet, près de leur demeure. Us jouissent, dans l’autre vie, de tout ce qu’ils possédaient en celle-ci2; aussi les enterre-t-on toujours couverts de peintures, la tête tournée vers l’est, entourés de leurs armes, de leurs instrumens de culture et avec de la chicha. On place leur corps dans leur cabane ou dans leur champ, entre deux étages de nattes, au fond dune fosse, et leur famille jeûne, se cache quelques jours et prend le deuil en se peignant de noir. Les femmes chez les Guarayos ont peu de liberté. Enfans, elles ne quittent jamais leur mère; arrivées à l’époque de la nubilité, on les soumet a des jeûnes rigoureux, et quelques lignes de tatouage sur les bras, avec de pro- fondes blessures qu’on leur fait au milieu de la poitrine3, indiquent alors a tout le monde qu’elles passent de l’enfance à l’âge ou elles devront prendre rang dans la société. Jamais une femme ne se présente seule nulle part; elle est toujours accompagnée soit de ses frères, soit de son pere. Un des caractères les plus saillans des Guarayos est leur scrupuleuse pro- bité; jamais ils ne voudraient s’approprier une chose qui ne leur appartient pas. 1. Plante Iégumineuse, voisine du Seibo de Buenos-Ayres. 2. Ils y trouvent tous les animaux qui montent au ciel, par une liane tortueuse. Ils croient que les chrétiens vont à l’occident. 3. Cette coutume se retrouve chez beaucoup de peuples, chez les Patagons, les Puelches, les Araucanos, etc. Homme américain, p. 92. ■4 * '■W ( 25 ) Tel est le portrait rapide des anciens descendais des Caraïbes, hommes is32. féroces, sanguinaires, anthropophages, pour qui les écrivains des premiers siècles de la conquête n’avaient jamais assez d’anathèmes. rayos. Avec toutes ces vertus, on s étonné de trouver chez les Guarayos tant d’éloignement à se soumettre aux prescriptions de la religion catholique. Le père Lacueva, pas plus que ses devanciers, n’avait rien obtenu d’eux. Les indigènes, bien loin d’opposer la moindre résistance à ses vues, l’estimaient au contraire et le vénéraient beaucoup ; mais le petit nombre de ceux qui recevaient le baptême , venaient peu à l’église et n’abandonnaient pas leurs anciennes coutumes. Ils n’aiment à s’assujettir à aucune loi, animés du seul désir de vivre en paix; aussi ne font- ils jamais un bavardage. Le père Lacueva me disait que les deux plus grandes difficultés qu’il avait à vaincre, étaient de leur faire perdre l’habitude de la polygamie et d’amener les femmes à se vêtir davantage. J’ai souvent entendu le curé de l’Ascension se plaindre de leur paresse et de leur nonchalance, parce qu’il ne pouvait les faire travailler a son profit. Quelques jours de travail par année suffisent au Guarayo pour s’assurer à lui et sa famille les provisions de deux ou trois ans. Couvert de l’écorce des arbres de la forêt, nourri du gibier qu’il y chasse, du produit du champ qu’il y cultive, abrité sous son feuillage, pourquoi s’im- poserait-il une gêne pour obtenir ce que rien ne lui rend nécessaire et dont il soupçonne a peine l’existence? Dans l’abondance des biens réels, il se regarde , quand il est en dehors de tout asservissement , comme très-heureux de sa liberté, et traite d’esclaves tous les hommes assujettis aux réglemens des missions. ni ,.r« partie. 4 ( 26 ) 1832. Chiqui- tos. CHAPITRE XXXII. Généralités géographiques , historiques et statistiques sur la province de Chiquitos. — Des améliorations indus- trielles et commerciales qu on y pourrait introduire. g. 1.er Généralités géographiques. Située presque au centre du continent américain, la province de Chiquitos représente une surface irrégulière, presque ovale, comprise entre les 14.' et 21 degrés de latitude sud et les 58.' et 65.' degrés de longitude occ.dentale de Paris. Cette surface, d’environ trente degrés ou 18,750 lieues de vingt- cinq au degré de superficie, est bornée, à l’est, par le cours du Paraguay et par les possessions brésiliennes de la province de Cuyaba ou de Mato- Grosso; au nord (suivant les limites des Traités de 1750 et de 1777 entre l’Espagne et le Portugal), elle l’est par une ligne partant de la jonction des Ríos .lauru et Paraguay, et se dirigeant à Mato-Grosso, et au-dela par une seconde ligne tirée de ce point au confluent du Rio Verde avec le Rio Bar- bado ‘. Au nord-ouest de vastes forêts ou des marais inhabités la séparent de celle de Moxos, un peu au nord du pays des Guarayos. A l’ouest le cours du Rio Grande lui sert de limite avec la province de Santa-Cruz de la Sierra. Au sud, enfin, s’étendent les terres inhabitées du grand Chaco, qui n appar- tiennent encore à aucun gouvernement. Circonscrite de cette manière, la province de Chiquitos est entourée de rivières et de marais, au milieu desquels courent des chaînes de collines entièrement isolées, dirigées nord -nord -ouest et sud-sud-est. Ces collines, formant mon système géologique chiquiteen’ et dominant de quelques centaines de mètres les plaines environnantes, sont aussi les points culmi- 1. Voyez la carte d'Azara, Voyageât™ V Amérique méridionale. Aujourd'hui (1831) cea liantes sont illusoires , le Brésil ayant beaucoup empiété sur les possessions bolmennes, surtout entre Mato-Grosso et Santa-Àna. Voyez t. II, p. 662. 2. Voyez Géologie spéciale. nans, le faîte de partage entre les deux grands versans de l’Amazone et de la Plata. Elles constituent d’abord, vers le 62.e degré, un large massif ou plateau de gneiss, d’où partent, du côté de l’ouest- nord-ouest , les collines de même nature de San-Xavier et de Guarayos , qui s’abaissent à ce dernier point et finissent par disparaître sous les alluvions modernes des plaines inon- dées. A l’est-sud-est du plateau central, des chaînons souvent interrompus, toujours dans la même direction, s’étendent, sous divers noms, jusqu’au 58/ degré. Ce sont : \ .° la Sierra de San-Lorenzo , entre San-Miguel et San-José, toute composée de gneiss; 2.° la Sierra de San-José , qui prend successivement à l’est les noms de Sierra de San-Lorenzo , de Sienta de Tipias et de Sierra de Santiago; et qui se compose de terrains siluriens et dévoniens; 5.° la Sierra de San- Juan ou du Sumas > rameau du plateau central, d’abord composé de gneiss , puis , au Sunsas , des mêmes terrains que la chaîne pa- rallèle de Santiago. Ces deux dernières s’abaissent à l’est et se terminent assez loin du Rio du Paraguay. Cet ensemble de chaînes plus ou moins élevées, dessine, comme je l’ai dit, au milieu des plaines une grande île de sept degrés de longueur, sur un degré et demi de largeur moyenne, dirigée nord -nord -ouest et sud -sud- est. Latéralement à son grand diamètre, ce massif montre au nord-est une pente douce jusqu’à la plaine, où naissent les premiers afiluens du Rio du Paraguay et de l’Amazone. Au sud-ouest, la pente est plus rapide; mais elle cesse à la plaine, où coulent encore des affluens du Rio du Paraguay et de l’Amazone. 1 En considérant avec soin la géographie du centre de l’Amérique méri- dionale , on s’étonne de l’étendue de ces immenses plaines , bornées à l’ouest par les derniers contre-forts des Cordillères , à l’est par les montagnes basses du Brésil, qui commencent aux pampas de Buenos- Ayres et finissent à l’embou- chure de l’Amazone. A peu près de même largeur, elles s’étendent en effet du sud au nord, en s’élevant peu à peu, dans les provinces de Santa-Fé, d’Entre-Rios , de Corrientes , du Paraguay et dans le grand Chaco , j usqu’au \ 9/ degré de latitude. Limitées en partie à ce parallèle par le système oro- graphique ou Mot élevé de la province de Chiquitos, elles s’y divisent en deux grands bras. Le bras oriental suit la vallée du Rio du Paraguay, forme un détroit restreint, en contournant l’extrémité des montagnes de Chiquitos, et s’oblique ensuite au nord-ouest vers Moxos. Dans cet intervalle il donne 1. Voyez la carte générale de la Bolivia. ( 28 ) )832. naissance au Rio du Paraguay, affluent de la Plata, et au Rio Barbado, rh. premier affluent de l’Amazone. Le bras occidental des plaines, réduit égalé- es. ment à un large détroit, compris entre les derniers contre-forts des Cordil- lères, près de Santa-Cruz de la Sierra, et les collines de San-Xavier de Chi- quitos, appartient déjà tout entier au versant du nord. Ce bras s’élargit dans la province de Moxos, se réunit au bras oriental vers le 15.e degré de latitude. Les plaines, alors très-larges, suivent la direction nord-nord-ouest. Au 12.e degré de latitude, elles se rétrécissent encore par le cap que représente l’extrémité occidentale des chaînes du Rrésil, près du confluent du Rio Iténès ou Guaporé. Ce nouvel et large détroit suit le cours du Rio de Madeiras, en prenant de l’extension à l’est, jusqu’à former le grand bassin proprement dit du Maraîlon. Ainsi les vastes plaines de la Plata commu- niquent, à l’est et à l’ouest du massif de Chiquitos, avec ces grandes plaines de l’Amazone; elles traversent, du nord au sud, tout le centre de l’Amérique méridionale , et forment une île du système orographique des montagnes de Chiquitos. Tous les cours d’eau de la partie orientale de la province se dirigent à la rivière du Paraguay et à la Plata, tandis que tous ceux de la partie occi- dentale vont à l’Amazone. Les rivières importantes du versant de la Plata sont désignées ci-après : \ .° Le Rio de Tucabaca , sous le nom de Rio de San-Juan, naît aux ruines de l’ancien San-Juan, entre le 6Le et le 62.e degré de longitude, reçoit toutes les eaux de la vallée de Tucabaca jusqu’aux ruines de Santo -Corazón, vers le 59° 50' de longitude. Il pourrait, au temps des crues, porter des bateaux jusqu’à la hauteur de Santiago. 2. ° Le Rio de San-Rafael naît sur le versant méridional de la Sierra de Santiago, vers le 61.e degré de longitude, et se réunit au 59° 30' au Rio Tucabaca. Il coule ensuite jusqu’au P\io du Paraguay, sous le nom de Rio Oxuquis. Il est navigable un peu au-dessus de son confluent. 3. ° Au nord de la Sierra de San-Juan naissent beaucoup de petits ruisseaux, qui , réunis plus loin en un seul cours d’eau , portent alors le nom de Rio de Tapanakich. Cette rivière se rend directement à l’est, à travers les marais, au Rio du Paraguay, vers le \7° 40' de latitude. Elle paraît être navigable dans la plaine. 4. ° Des environs de Santo-Corazon sortent encore, au nord de la Sierra de Sunsas, plusieurs petites rivières qui forment le Pùo de Santo -Tomas, lequel, vers le 17° 30' de latitude, se dirige à l’est, en traversant la Laguna ( 29 ) de Yarayès jusqu’au Rio du Paraguay. Il est aussi navigable dans la plaine, au temps des crues. h y a sans doute encore, à l’ouest du Rio Tapanakich, d’autres petits afïluens du Paraguay, jusqu’à présent inconnus. Le versant à l’Amazone offre les cours d’eau suivans: i -° Le Rio de San-Miguel traverse, à l’ouest-nord-ouest , toute la pro- vince, du 62.e au 65.e degré de longitude de Paris, en recevant successive- ment, depuis sa source, quatre affluens principaux. Le plus oriental, le ruisseau de San- José, naît dans la même vallée que le Rio Tucabaca, à l’est de San-José, et porte, peu après, le nom de Rio de San-Luis. Il reçoit, du nord, les eaux d’une partie des montagnes orientales du grand massif cen- tral. Le second bras prend une partie de ses afïluens dans les montagnes de San-Rafael, à la Laguna de los Migueleños et à Santa -Barbara. D’autres naissent près de Santa-Ana et de San-Ignacio, et forment bientôt le Sapococh oriental. Le troisième affluent ou Sapococh occidental , commence aux envi- rons de Concepcion et aux parties situées à l’est de cette mission. Toutes ces eaux réunies courent au sud-ouest jusqu’au Rio de San-Miguel. Le quatrième bras naît d’un grand lac au pays des Guarayos, vers le 64.e degré 30 mi- nutes de longitude, et court, sous le nom de Rio Huacari ou Rio Negro, jusqu’au-delà du 15.e degré de latitude, où il s’incorpore à la rivière princi- pale. Le Rio de San-Miguel, ainsi formé, est navigable jusqu’à la hauteur de San-Xavier de Chiquitos. Il suit sa direction au sein des plaines de Moxos, traverse la Laguna d’Itonamas, prend le nom de Rio Itonama, passe à la mission de Magdalena de Moxos, et se réunit à l’Iténès, non loin du Fort de Beira. 1 2. ° Le Rio Blanco ou Baures prend ses sources sur le versant septen- trional des montagnes de San-Xavier de Chiquitos. Formé d’un grand nombre d’affluens, il suit la direction du nord-ouest, traverse toute la province de Moxos, passe aux missions du Carmen et de Concepcion de Moxos, et va se jeter dans l’Iténès, très-près du Fort de Beira. Cette rivière est navigable jusqu’au pied des montagnes. 3. ° Le Rio Serre naît au nord de la mission de Concepcion de Chiquitos, 1. Dans la carte de Brué, publiée en 1825, on a commis deux erreurs très-graves. On y réunit le Rio Parapiti au Rio de San-Miguel, tandis que le premier forme l’un des affluens du Rio Grande, et l’on dirige le Rio de San-Miguel sur le Rio Grande, sous le nom de Rio Sara, tandis que le Rio Sara est le Rio Grande lui-même, comme je m’en suis assuré plus tard. (Voyez ma grande carte de la Bolivia.) ( 30 ) 1832. et se dirige au nord-ouest vers PIténès , auquel il se mêle vers le 64.e degré 33 minutes de longitude occidentale de Paris, tos. 4.° Le Rio Verde . Il commence au nord de San-Ignacio de Chiquitos , suit la même direction que le Puo Serre, et se réunit à PIténès vers le 63.e degré 40 minutes de longitude. 3.° Enfin, le Rio Barbados se forme dans les marais au nord des missions de Santa-Ana et de San-Rafael de Chiquitos, et constitue la source la plus considérable du Rio Iténès, en passant à Salinas, à Casalbasco et à Mato- Grosso , sur les possessions actuelles du Rrésil. Il est navigable jusqu’à Ca- salbasco. Les lacs de la province sont assez nombreux , mais on en compte peu de très-vastes. Les plus étendus de tous, sont les lacs ou Salinas de San- José et de Santiago, situés vers le 62.e degré de longitude et le 29.e degré 20 minutes de latitude, bien au sud de San -José. Ce sont des lacs salés qui, par Eva- poration naturelle de la saison sèche, donnent un fort bon sel cristallisé. Tous les autres sont d’eau douce. Ce sont : L° la Laguna de Quisere , située entre San-Xavier et l’estancia de San-Julian; 2.° les petits lacs arti- ficiels de la mission de Santa-Ana ; 3.° les autres réservoirs de même nature autour de San-Ignacio; 4.° la Laguna de los Migueleños , entre San-Rafael et San-José, de deux kilomètres de longueur; 5.° le lac de la Tapera de San- Juan, près de l’ancienne mission de San -Juan; 6.° le lac où naît le Rio Huacani, entre l’Ascension et Trinidad de Guarayos; 7.° le lac de Santa -Cruz de Guarayos; 8° deux grands lacs de la rive gauche du Rio de San-Miguel (pays des Guarayos); 9.° la Laguna de Chitiopa, sur le Rio Rlanco ; i 0.° le lac du Purubi , entre Santa-Ana et Mato-Grosso. De ces lacs d’eau douce aucun n’est considérable; mais tous sont remplis d excellens poissons. Les parties montueuses de la province et les terrains qui les avoisinent sont exempts d’inondation; elles offrent les terres les plus fertiles du monde. Le reste s’inonde partiellement à la saison des pluies; mais, à 1 exception de la Laguna de Yarayès, formée par les débordemens du Rio du Paraguay, tous les terrains sèchent l’hiver, et donnent des prairies excellentes pour l’élève des bestiaux. Ainsi, la province entière, formée de 18,700 lieues car- rées environ, pourrait être utilisée dans l’intérêt de l’agriculture, lorsqu une population industrieuse voudra s’en emparer et se livrer aux travaux néces- saires pour en tirer parti. §. 2. Généralités historiques. -f Première Epoque : Avant l’arrivée des Espagnols. Si Ton en juge d’après les historiens des premiers temps de la conquête, la province de Chiquitos était très-peuplée au seizième siècle. Agriculteurs et chasseurs, les peuples de ces régions vivaient disséminés en une multitude de petites nations, de trihus isolées les unes des autres, sans avoir néanmoins entr’elles d’autres barrières que d’épaisses forêts. Si , laissant de côté ces nations presqu’innombrables , citées par les histo- riens, et maintenant inconnues *, je ne prends que celles dont leur langage m’a permis de reconnaître la souche, j’en trouverai treize distinctes , parlant des langues différentes, divisées à l’infini. La plus considérable, la nation des Chiquitos occupait le centre sur les plateaux et sur leurs versans , où ils étaient disséminés en une multitude de petites tribus. Tous agriculteurs , ils durent se fixer de préférence en des lieux qui offraient des ressources à la culture; mais n’étant pas moins chas- seurs , ils se divisèrent en sections , afin de ne point se nuire mutuellement : de là leur usage de vivre au sein des bois, sous des ombrages protecteurs de la chasse, et conservateurs d’une humidité nécessaire aux terrains agri- coles. Leurs maisons, couvertes en feuilles de palmier, avaient une porte si basse , quelle ne permettait d’y entrer qu’en rampant , ce qu’ils avaient ima- giné, afin de se préserver des brusques attaques de leurs ennemis. Chaque famille laissait ses enfans libres jusqu’à l’âge de quatorze ans, époque à laquelle ceux-ci se séparaient de leurs parens, et allaient vivre en commun en des maisons distinctes. Leur langue est une des plus étendues et des plus complètes de l’Amérique; elle est surtout d’une fécondité illimitée, quant à la combinaison des particules.0 1. II y en a des centaines citées par le Padre Fernandez et par les premiers conquérans. (Voyez Homme américain .) 2. Homme américain, p. 258. Le nom de Chiquitos est espagnol, et veut dire petit. II a été donné à la nation, par suite du peu d’élévation des portes de ses maisons, qui faisait supposer de petits hommes. (Fernandez, Relación historial, p. 34.) 3. J’ai trouvé dans une des missions de Chiquitos un dictionnaire de la langue générale resté manuscrit, et se composant de trois volumes: l.° un volume in-folio de plus de 500 pages à deux colonnes, chiquito-espagnol ; 2.° un volume in-8.° espagnol-chiquito, et 3.° un volume in-8.° con- tenant la grammaire. Rien de plus complet n’a été écrit sur aucune langue américaine. Chiqui- tos. ( 32 ) 1832. Assez douce , cette singularité la distingue que chacun des deux sexes use . de mots differens pour désigner les mêmes objets. Non-seulement, en effet, tos. les noms des objets indiqués par une femme ont une terminaison autre que pour les hommes, mais encore ils sont souvent tout à fait dissemblables; ainsi, un homme exprime l’idée de père par le mot lyaï, tandis qu’une femme, qui voudra rendre cette idée, se servira du mot Yxupu. Tous les noms des parties du corps commencent par un O. Un garçon voulait-t-il se marier? il s’enfoncait dans la forêt et déposait, à son retour, le produit de sa chasse à la porte des parens de sa belle, qui l’acceptaient pour leur gendre s’ils étaient satisfaits de l’offrande. Les chefs seuls se permettaient la polygamie. Une fois mariée, la femme s’occupait du ménage, fdait et tissait, couchait à terre, tandis que le mari s’étendait dans son hamac. Celui-ci chassait, cultivait le champ. Tous les matins, jusqu a ce que le soleil eût séché la rosée, il jouait de la flûte, puis commençait sa journée de travail, achevée à midi. En automne, les Indiens gagnaient les forêts , pour chasser et rapporter à leur famille de la chair boucannée. Intré- pides guerriers, maniant avec adresse l’arc et la flèche, ils attaquaient leurs voisins à l’improviste et faisaient des esclaves, auxquels souvent ils donnaient leurs filles pour compagnes. Ils étaient fous de la danse et de la musique, aimant aussi passionnément le guatoroch, jeu de balle qui s’exécute avec la tête1. Les hommes allaient nus. Les femmes portaient des chemises sans manches2, et s’ornaient, les jours de fête, la tête et la ceinture de plumes de couleurs. Les hommes se perçaient les oreilles et la lèvre inférieure, afin d’y introduire des plumes de couleur. Ils étaient gouvernés par une foule de petits chefs ou Iriabos , élus par le conseil des vieillards, et conduisant chacun sa petite tribu, tout en rem- plissant les fonctions de médecin. Souvent ils attaquaient leurs voisins dans le seul but de se faire une réputation de bravoure. Us se recherchaient peu , faisaient rarement cause commune; et, disséminés en centaines de sections, ne formaient point, à proprement parler, de corps national. Leur religion se réduisait à la croyance d’une autre vie, qui motivait 1. Voyez tome II, p. 594. 2. Schmidel , édition de Buenos -Ay res, p. 48 — 52. Beaucoup des renseignemens cités sont empruntés au père Fernandez : Relación historial de las Missiones de los Indios que llaman Chi- quitos, etc. (Madrid, 1726). Je dois la communication de ce livre rare à la complaisance de M. Ternaux-Compans, qui depuis long-temps a réuni la plus belle et la plus complète bibliothèque américaine qui existe peut-être en Europe. 1832. l’usage généralement répandu chez eux, d’enterrer des armes et des vivres avec les morts. Ils craignaient un être malfaisant, le Séborès, et appelaient la lune leur mère, sans néanmoins lui rendre de culte; mais lorsque la planète s’éclipsait, persuadés que des chiens la mordaient, ils sortaient de leurs cabanes et lançaient des flèches vers elle. Les éclairs étaient les âmes des défunts qui descendaient du séjour des étoiles. Ils tiraient des augures du chant des oiseaux ou de la présence d’un animal, dans certaines circonstances données. Les Iriahos pratiquaient des succions aux malades ; ils attribuaient quelquefois la maladie au tort d’avoir donné à leur chien de la chair de tortue : injure dont l’âme de ce dernier animal se vengeait en compromettant leur santé. Si le mal résistait, l’Iriabo l’attribuait à l’influence maligne d’une vieille femme désignée par lui. Les parens du malade se hâtaient alors d’aller la tuer, ce qui amenait très -fréquemment des divisions entre les familles d’une même tribu et les tribus différentes. La nation Samucu , composée des tribus Morotocos , Potureros , Gua- ranocas, etc. 1, vivait au sud et au sud-est de la province , près de la Sierra de San-José et de Santiago, et à l’est de ces lieux. Elle était moins nom- breuse que la nation des Chiquitos, et lui ressemblait sous beaucoup de rapports, tout en parlant un langage distinct. Plus fiers, plus indépendans encore que les Chiquitos, ils avaient pour armes la lance, l’arc, le casse-tête à deux tranchans : ils aimaient la danse avec une sorte de frénésie; aussi leurs chants primitifs se sont-ils, jusqu’à présent , conservés dans le pays. A l’extrémité nord-ouest de la province vivait la nation des Guarayos, reste d’une ancienne migration des Guaranis ou Caraïbes2 3, venue, sans doute, du Paraguay, à une époque très-reculée. Les autres nations, peu nombreuses, étaient disséminées autour des pre- mières et souvent en guerre avec elles. Les Sarabecas , les Curucanecas habitaient au nord-est de la mission actuelle de Santa- Ana; les Otuk'es , au nord; les Curuminacas , les Covareccis , les T apiis, à l’ouest; les Curav'es, dans les forêts au sud de Santo-Corazon ; les Corabecas , au sud du San-Ra- fael d’aujourd’hui; les Paiconecas et les Chapacuras, au nord de Concepcion. Les premiers historiens parlent de la nation des Yaray'es, Jaray'es ou X arayes? 1. Voyez Homme américain, p. 253, pour cette nation et pour toutes les autres de la province. 2. Idem, p. 245, et Relation historique, t. III, p. 19. 3. Ce sont les differens noms sous lesquels on la désigne. Schmidel les vit en 1542. (Viage al Rio de la Plata, p. 21, édition de Buenos- Ayres.) — Comentarios de Alvar Nuñez Cabezade Baca, p.46. — Rui Diaz de Guzman , Historia Argentina , p. 1 4. — Funez , Historia del Paraguay, 1. 1 , p. 1 52 , 1 63. 5 Chiqui- tos. III. i-re partie. 1832. Chiqui- tos. ( 34 ) célèbre au temps de la conquête, et qui vivait sur les bords de la lagune du même nom, formée par les débordemens du Rio du Paraguay. Avant l’arrivée des Espagnols, on parlait, dans la province de Chiquitos, au moins treize langues *, aussi distinctes les unes des autres que le sont l’alle- mand et le français. Ces idiomes montrent néanmoins, à côté d’une disparité complète, des mots, des formes grammaticales identiques. On conçoit sans peine que cette diversité de langage, provenue sans doute de l’isolement dans lequel les indigènes vivaient depuis une longue suite de siècles, était un motif de plus, pour que le fractionnement de ces tribus s’augmentât par les querelles de famille; aussi les nombreuses sections de ces tribus qui habi- taient la province de Chiquitos, soit quelles appartinssent à des nations distinctes par le langage, soit quelles fissent partie des nations plus puissantes des Chiquitos et des Samucus, n’en formaient-elles pas moins une popula- tion divisée et subdivisée à l’infini, sans aucune union dont put résulter une force réelle. Amies aujourd’hui, demain ennemies, ces tribus avaient rare- ment des motifs de s’unir, tandis qu’au contraire, leur goût pour la chasse les portait à se fuir et à s’éloigner les unes des autres. Il en était résulté pour elles un morcellement pins grand de jour en jour, sans que l’augmentation de la population offrît jamais aucun élément de prospérité ni de civilisation progressive. J- -J- Deuxième Époque : Depuis U arrivée des premiers Espagnols à Chiquitos, jusqu à l’instant où les jésuites pénétrèrent dans la province {de 1542 à 1690). Tel était, à ce qu’il paraît, l’état des nations indigènes sur le sol de Chi- quitos, lorsque les premiers aventuriers espagnols se présentèrent à l’embou- chure de la Plata. Déjà en \ 5261 2 3, Alexis Garcia, partant du Brésil, et Don Juan de Ayolas, venu du Paraguay en 1656’, avaient, au sud de Chiquitos, tra- versé le grand Chaco pour aller au Pérou. Le premier, tué à son retour par les Guaranis, le second, également la victime des Payaguas, laissèrent encore plus enflammé , plus vif, par la renommée de l’or qu’ils rapportaient, le désir de participer à cette richesse si extraordinaire que Pizarro avait conquise. 1. J’ai formé des vocabulaires de toutes les langues qu’on parlait en 1831 dans la province de Chiquitos. Ce travail m’a conduit à réduire à treize les centaines de nations citées par les premiers historiens. 2. Rui Diaz de Guzman, Historia Argentina, p. 18. — Fernandez, p. 4. 3. Núñez Cabeza de Baca, Comentarios, cap. XLIX, p. 36. — Herrera, Dec., VI, lib. VII, cap. V , etc. ( 35 ) Alvar Nuñez Cabeza de Baca envoya, en 1542, par le Rio du Paraguay, Don Domingo Martínez de Irala, avec mission de faire des découvertes.' Irala remonta jusqu’à Chiquitos, où il trouva dans une île du Rio du Para- guay des peuples agriculteurs1 2, nommés Çacocies. Il pénétra trois journées dans l’intérieur et rencontra partout des Indiens agriculteurs, bien pourvus de vivres. A son retour au Paraguay, en 1543, il en fit part à Nuñez, qui se disposa au voyage3. Nuñez partit la même année avec dix brigantins, cent vingt pirogues, quatre cents Espagnols et douze cents Indiens4. Après une longue navigation, il parvint au Port de Reyes5, et rencontra des Indiens agriculteurs de la nation des Çacocies, qui lui parlèrent des Yarayès. Il leur envoya une députation, qui, après trois jours de marche, se trouva dans leur pays, où les femmes portaient des tipoïs de tissus de coton6, et où les hommes couchaient sur des hamacs. Ils furent parfaitement reçus du chef. Sur cette relation, Núñez se mit en route pour l’intérieur le 2fi Novembre 1 543 ; mais il s’avança seulement de cinq journées, et revint au port, fatigué des obstacles qu’il rencontrait. Il envoya par terre le capitaine Francisco Ribera, qui fit vingt journées à l’ouest dans l’intérieur, et arriva parmi des Indiens Tarapecocies , agriculteurs, lesquels l’attaquèrent et le contraignirent de revenir sur ses pas 7 . Núñez envoya par la rivière Hernando de Ribera , qui visita les Yarayès, et pénétra jusqu’au milieu de la nation Urtuésès8, où il reçut les premières nouvelles des Amazones du Paititi , et d’un pays très-riche, situé au nord-ouest. La saison des pluies étant arrivée, toute la troupe de Núñez tomba malade, et ses soldats, en partie révoltés contre lui, le forcèrent à revenir au Paraguay vers le commencement de 1 544. Ses capitaines étaient accoutumés au pillage. Il les mécontenta par la manière toute paternelle dont il traita les indigènes durant cette expédition, et par les mesures sévères qu’il prit contre les violences. En 1548, Domingo de Irala, devenu gouverneur du Paraguay, remonta 1. Nuñez Cabeza de Baca, Comentarios, p. 26. 2. Nuñez, Comentarios, cap. XXXIX, p. 30. 3. Idem, idem. 4. Idem , cap. XLIV , p. 33. 5. Suivant la relation du père Quiroga ( Descripción del Rio du Paraguay, p. 4), on pourrait croire que le Puerto de los Reyes est au 21.® degré 17 minutes de latitude sud. 6. Nuñez, Comentarios, p. 46. — Funez, Ensayo de la historia du Paraguay , t. I, p. 89. — Schmidel, Viage al Rio de la Plata, édition espagnole, cap. XXXVI. 7. Nuñez, Comentarios, cap. LXX , p. 54. 8. Nuñez, Comentarios , p. 68 ( Relación de Hernando Ribera). — Schmidel , cap. XXXVI , p. 32. 1832. Chiqui- tos. 1832. Chiqui- tos. ( 36 ) vers la province de Chiquitos1 2. Si l’on en croit Schmidel, cette expédition aurait été Tune des plus cruelles des Espagnols sous le rapport du traite- ment barbare qu’ils y firent éprouver aux indigènes9. Us rencontrèrent suc- cessivement un grand nombre de nations, parmi lesquelles les Samocosis , les Sivisicosis , les Carcokies 3, ces derniers vêtus de chemises de tissus de coton. Après avoir traversé toute la province de Chiquitos, ils parvinrent au Rio Grande, d’oii Nuflo de Chavez fut envoyé à Lima. Domingo Irala revint en 1549 à ses hrigantins, en attaquant sans cesse toutes les nations qu’il trouva sur sa route4. C’est ainsi qu’il emmena 12,000 captifs, hommes, femmes et enfans. Toujours avide de nouvelles conquêtes, il conçut le projet de fonder une ville dans la province de Chiquitos. En 1567 il envoya Nuflo de Cha- vez avec deux cent vingt soldats et quinze cents Indiens5. Celui-ci entra dans le Rio Araguay6, où il trouva les Indiens Guatos, qui le forcèrent à rebrousser chemin. Il pénétra sur un autre point; il y rencontra la nation Trabasicosis, contre laquelle il se battit long-temps , guerroyant successive- ment avec toutes les autres nations de la province avant d arriver au Rio Grande. Sur ce point il se vit en concurrence avec le capitaine Manso 7 . Il se décida à se rendre à Lima, ou il obtint du vice -roi 1 autoi isation de former son établissement. Avec soixante soldats seulement, les autres l’ayant abandonné, il traversa de nouveau la province de Chiquitos, et alla louder en 1560 Santa-Cruz de la Sierra, près de la mission actuelle de San-José8. Quatre ans après, Chavez revint chercher sa famille au Paraguay. Il donna 1. Suivant Schmidel, qui était du voyage, il y avait sept hrigantins, deux cents pirogues, trois cents Espagnols et deux mille Guaranis. (Voyez Schmidel, Viage al Rio de la Plata-, cap. XLIV.— Fernandez, Relación de las Misiones, p. 46.) 2. Schmidel, cap. LXV. Elle tue ou fait prisonnier 3000 Mbayas. — Funez, Ensayo de la his- toria del Paraguay, t. I , p. 131, parle de 1000 Cercosis égorgés. 3. Schmidel, cap. XLVII, XLVlll. D’après la mention que fait l’auteur du sel trouvé pendant la marche, on peut croire que l’expédition, en traversant le Rio du Paraguay au nord-ouest, a passé par la saline de San-José et de là aux environs de San-José actuel, ou se trouvaient sans doute les Carcokies. 4. Schmidel, cap. XLIX. — Funez, Ensayo, t. I, p. 132. 5. Funez, Ensayo, t. I, p. 163. — Rui Diaz de Guzman, Argentina, p. 101. 6. Sans doute le Rio Otukis d’aujourd’hui. Araguay est évidemment un nom guarani. 7. Funez, Ensayo, lib. I, cap. XIII, p. 167. 8. Voyez ce que j’en ai dit, partie historique, t. II, p. 628. — Funez, Ensayo, t. I , p. 1 69. Padre Guevarra, p. 126.— Rui Diaz de Guzman, p. 109.— Padre Fernandez, Relación historial, p. 46. ( 37 ) lintel retentissement à sa nouvelle colonie, que le gouverneur Don Francisco Ortiz de Bergara et l’évêque du Paraguay voulurent l’y suivre. Ils arrivèrent en 1 564 à Santa -Cruz, oil Cliavez les retint prisonniers’; ils purent néan- moins gagner Chuquisaca. Santa-Cruz, privée de ressources, prospéra peu. La mort de son fondateur, survenue en 4568, la laissa dans l’isolement. Les Indiens, d’abord amis et soumis au tribut annuel d’un peloton de fil, en signe de vasselage, furent pressurés de toutes manières par les Espagnols, qui, vers 4 5751 2 ou 4 592 3, abandonnèrent la province de Chiquitos et vinrent fonder San-Lorenzo de la Barranca, dite aujourd’hui Santa-Cruz de la Sierra, près des derniers contre-forts de la Cordillère , à cent cinquante lieues à l’ouest de l’ancienne ville de ce nom. Sauf pendant l’expédition de Nuñez Cabeza de Baca, les pauvres Indiens de Chiquitos furent toujours traités avec la dernière rigueur par les aventu- riers qui sillonnèrent successivement la province, sans même en excepter les compagnons de Chavez, qui voulurent les réduire en esclavage. Depuis l’aban- don de Santa-Cruz jusqu’en 4690, c’est-à-dire pendant près d’un siècle, ils furent abandonnés à eux-mêmes. On ne songea pas davantage à gagner Chi- quitos, en remontant le Rio du Paraguay, le résultat fâcheux de toutes les expé- ditions et la connaissance plus juste qu’on avait acquise du pays ayant mis fin à la manie des découvertes, et apaisé cette soif de l’or qui stimulait les Espa- gnols du seizième siècle. Les communications avec le Paraguay cessèrent entiè- rement dès 4 564 , et la province de Chiquitos ne fut plus peuplée que de ses indigènes. Ceux-ci, depuis l’arrivée des Espagnols, avaient de nouveaux besoins. Ils reconnaissaient la supériorité des couteaux et des haches de fer sur leurs informes outils, jusqu’alors fabriqués avec des pierres. Leur peu de relations avec les Européens les mettant dans l’impossibilité de s’en pro- curer par échange, ils se servirent de la ruse. Quelques-uns d’entre eux ve- naient au temps des sécheresses aux environs de Santa-Cruz : ils épiaient les habitans des fermes éloignées, et s’en retournaient après leur avoir volé des haches et d’autres instrumens de fer. Les Crúcenos les reconnurent et vou- lurent s’en venger. Deux fois ils entrèrent à Chiquitos , mais ils furent obligés de se retirer avec perte4. Néanmoins íes Crúcenos, en plus grand nombre, 1. Funez, Ensayo , t. I, p. 191. 2. Ibidem, p. 169; Guevarra, p. 126; Azara, Voyage dans V Amérique méridionale, t. 11, p. 378. 3. Viedma, Descripción de Santa-Cruz , p. 78. Il y a beaucoup de vague parmi les historiens sur cette époque; mais 1575 paraît être l’époque réelle. 4. Fernandez, Relación historial , p. 48. ( 58 ) 1832. attaquèrent les Chiquitos et parvinrent à les vaincre; alors ceux-ci se divi- Chiqui- surent de nouveau et s’enfuirent au plus épais des bois, ou long -temps les tns- Espagnols les poursuivirent à outrance. On doit même attribuer à ces guerres la création d’une compagnie de marchands , qui s’était formée à Santa-Cruz de la Sierra pour le commerce des hommes l. Ils achetaient à Chiquitos des femmes, des enfans, pour des couteaux ou des haches; ou, sous un vain prétexte, tombaient à l’improviste sur les hameaux, massacrant ceux qui se défendaient et faisant le plus possible de prisonniers , qu’ils vendaient fort cher au Pérou pour l’exploitation des mines. D’un autre côté , les habitans de la province de San-Pablo du Brésil , les forbans indépendans de cette époque , trop connus des Espagnols sous le nom de Mamelucos , étaient dans l’usage de donner la chasse aux indigènes, pour les vendre comme esclaves. Ces aventuriers , dont le corps , suivant les histo- riens, se composait du rebut de toutes les nations, ayant épuisé tous les envi- rons de leur résidence, s’avancaient journellement à de grandes distances. Ils pénétrèrent fréquemment dans la province de Chiquitos, d’oii ils enle- vèrent un grand nombre de prisonniers. 2 Attaqués ainsi de tous côtés , les Chiquitos , incapables de résister davan- tage, se réunirent et envoyèrent des députés des diverses nations à Don Au- gustin d’Arcé, gouverneur de Santa-Cruz, pour demander la paix, que celui-ci leur accorda en 1 690. 3 Troisième Epoque : Depuis l’entrée des Jésuites à Chiquitos jusqu’à leur expulsion. (De 1691 à 1767.) Profitant de ces circonstances favorables, le gouverneur de Santa-Cruz écrivit, en 1691, au supérieur des jésuites de Tarija pour le prier d’en- trer à Chiquitos. En même temps ce supérieur recevait de son chef de Buenos -Ayres l’ordre de faire explorer cette province, afin de joindre des jésuites partis du Paraguay par la rivière jusqu’à Xarayès4. Le père Arcé se rendit à cet effet à Santa-Cruz, ou, le gouverneur ayant été changé, on fit tout au monde pour l’empêcher d’entrer à Chiquitos. Le véritable motif 1. Fernandez, Relación historial, p. 59. 2. Fernandez, loc. cil., p. 50 , 53,70, 7 4. Le Paraguay et les missions eurent beaucoup à souf- frir des expéditions militaires des Mamelucos. Ceux-ci restèrent indépendans jusqu’au commence- ment du 18.e siècle. Funez, t. 2, p. 128; Padre Montoya, Conquista spiritual del Paraguay, p. 47, parle de leurs invasions dès 1637. 3. Fernandez, Relación, p. 49. 4. Fernandez, p. 56; Viedma , Descripción de Santa-Cruz , p. 139. 1. Le vice-roi ne défendit cet infâme trafic que plusieurs années après. 2. Fernandez, p. 6ô. 3. Idem, p. 71. 4. Idem, p. 93. •5. Idem, p. 192. 6. Idem , p. 303, 388, 397, etc. ( 39 ) était le commerce des hommes, qui se continuait, malgré la conclusion de la 1832. paix1 2. Parvenu à vaincre ces obstacles, le père Arcé, accompagné d’un autre Chiqui jésuite et de deux guides, partit en Décembre 1691 pour la province de tus- Chiquitos. Des transports de joie l’y accueillirent chez les Pinocas, avec les- quels il forma la mission de San-Xavier a. Il reçut bientôt après des députa- tions des Penoquis et des autres nations , qui désiraient ardemment vivre en paix. Tout allait bien; mais il fut rappelé par son supérieur de Tarija. Les Mamelucos, dans cet intervalle, vinrent attaquer les Penoquis, auxquels ils enlevèrent leurs femmes et leurs enfans3. Averti de cet attentat, le père Arcé se rendit en toute hâte à Chiquitos , ou , profitant de la terreur qui régnait par- tout, il s’efforça de réunir les Indiens des diverses nations à San-Rafael, et alla prévenir le gouverneur de Santa-Cruz , qui lui donna cent trente soldats , lesquels battirent complètement les Mamelucos campés à la nouvelle mission de San-Xavier, près du Rio de San-Miguel. Les vaincus ne reparurent plus dans la province. Contents de se voir soustraits aux attaques des Mamelucos et des Crúcenos , et de pouvoir, sous un joug paternel, recouvrer la paix et la tranquillité, les Chiquitos reçurent partout les jésuites avec bonheur. Ces religieux, en plus grand nombre , s’occupèrent activement de la conversion des indigènes. Une fois qu’ils eurent à leur disposition un noyau de population chrétienne , ils rayonnèrent vers les lieux ou ils savaient trouver des sauvages. Us par- taient avec vingt à trente Indiens chrétiens , qui leur servaient de guides et d’interprètes4; traversaient à pied la forêt, en y cherchant des prosélytes. D’autres fois ils envoyaient les Indiens chrétiens seuls5. Leur tactique, lors- qu’ils apprenaient l’existence d’une nation, était d’en emmener de gré ou de force ; ne fut-ce que deux ou trois , ils les gardaient dans les missions , les y traitaient parfaitement, leur enseignaient le chiquito, et allaient l’année suivante, avec ces nouveaux interprètes, chercher à endoctriner le reste de la nation. Ces excursions n’étaient pas sans périls : les tribus découvertes à l’impro viste se défendaient souvent contre les Indiens, et tuèrent même quel- ques religieux6. Toutefois, connaissant parfaitement le caractère des indi- ( 40 ) 1832. gènes, les jésuites se servirent avec discernement et succès des moyens que „hj(iu¡ leur expérience leur suggérait comme les plus propres à les captiver et à les ,os convaincre. Leur conquête spirituelle marcha donc très-rapidement. Us trou- vèrent surtout de grands secours auprès des Indiens chiquitos, qui leur furent entièrement dévoués dès leur arrivée. La langue des Chiquitos étant la plus répandue, les jésuites en firent le langage général de la province. S’ils formaient une mission de nations parlant des idiomes divers, comme à Concepcion par exemple, ils les obligeaient toutes à prier dans la langue commune et à s’entendre avec eux seulement dans ce dialecte. S’ils composaient une mission d’une seule nation distincte de la nation des Chiquitos, comme à Santiago et à San-Juan, ils y amenaient un certain nombre d’indiens de cette dernière, afin qu’ils leur apprissent leur langage et qu’ils leur enseignassent plus vite la doctrine chrétienne et les règles établies dans les autres villages1; aussi vit -on bientôt se fonder successi- vement les missions de San-Xavier, de San-Rafael, de San-José, de San-Juan , de San-Ignacio, de Concepcion et de Santiago, qui toutes, dès 17252, avaient une existence réelle et annonçaient devoir atteindre une grande prospérité. Les communications avaient lieu journellement avec la province de Tarija, dont dépendait Chiquitos; mais ces deux provinces relevant du collège des jésuites du Paraguay et de Buenos -Ayres, la compagnie fit tous ses efforts pour établir des communications directes avec le Paraguay. En 1702 les pères Her vas et Yegros3 partirent de San -Rafael avec quarante Indiens, pour les rives du Rio du Paraguay; ils arrivèrent après deux mois de marche près d’une rivière, sur le hord de laquelle ils plantèrent une croix, la prenant pour le Rio du Paraguay. Une expédition partit l’année suivante de Can- delaria ( missions ) ; mais elle chercha en vain la croix du père Ilervas et revint sur ses pas4. Une autre expédition, envoyée de San-Rafael en 1704, constata que le lieu oh l’on avait planté la croix n’était qu’un lac (sans doute le Yarayès). En 1705 des religieux de San-Pxafael firent une nouvelle ten- tative et reconnurent définitivement le port oh débarquaient les Mamelucos. C’était une pointe de terre ferme avancée dans la lagune de Yarayès5. En 1715 des religieux remontèrent encore du Paraguay vers le port qu’ils ren- 1 . M. de Humboldt approuve beaucoup ce mode employé par les jésuites. (V oy\ aux rég. équinox.) 2. C’est l’époque où le père Fernandez terminait sa relation historique des missions des Chi- quitos, imprimée en 1726. Depuis cet instant on n’a plus rien écrit sur la province. 3. Fernandez, p. ISO. 4. Idem, p. 161. 5. Idem, p. 177. 11 appelle improprement ce lac Laguna Mamoré. 1832. ( 41 ) contrèrent, et le père Arcé vint par cette route à San-Rafael. Il paraîtrait que plus tard la fondation de Santo -Corazón, à la jonction du Rio de San- Rafael et du Rio de Tucabaca, avait pour but la communication directe par le Rio Oxukis de la province de Chiquitos avec le Paraguay. Il paraîtrait même que cette voie aurait été suivie depuis l’époque de la splendeur des établisse- mens des jésuites jusqu’à leur expulsion. On a beaucoup parlé des établissemens des jésuites au Paraguay ; mais on n’a jamais dit un mot de leurs missions très -considérables de Chiquitos et de Moxos. Néanmoins, pour se faire une juste idée de leurs travaux, il faut examiner ces dernières provinces où ils sont restés livrés à eux-mêmes, plutôt que le Paraguay, où ils durent constamment lutter contre la jalousie des évêques et des gouverneurs. Ils arrivèrent au Paraguay en 1 603 1 ; ils furent violemment expulsés de l’Assompcion en 1644, par les ordres de l’évêque Cardenas. Rétablis en 1649 par le vice-roi, ils s’en virent chassés de nouveau en 1724 par une junte; rétablis encore, en 1 726, par l’audience de Charcas; expulsés de recbef en 1732, et réintégrés ensuite, ils furent définitivement renvoyés en 1767, lors de l’expulsion générale de leur ordre de toutes les possessions espagnoles du nouveau monde 2 3. Durant leur gestion , les missions du Paraguay fourni- rent constamment des troupes de Guaranis , chaque fois que les gouverneurs avaient besoin de défendre les frontières contre les sauvages, contre les Ma- melucos ou contre les Portugais0. Ces Indiens, devenus soldats par inter- valles , accoutumés alors au pillage et à tous les vices , rapportaient aux missions des mœurs déréglées. Il en résulta que les jésuites, constamment contrariés dans leurs vues, ne durent pas donner aux missions du Paraguay la même direction que s’ils en eussent été les seuls arbitres. Ce n’est donc pas le Paraguay qu’il faut prendre pour modèle des missions établies par eux. Les choses se passèrent tout autrement à Chiquitos, où les jésuites entrèrent en 1691. Là ils furent livrés à eux-mêmes pendant toute la durée de leur gouvernement jusqu’en 1767. Ils y firent donc tout ce qu’ils voulurent, sans avoir à subir aucun contrôle et sans qu’aucun des gouverneurs voisins les 1. Padre Montoya , 1639, Conquista spiritual del Paraguay, p. 4. 2. Funez, Ensayo , t. 1, p. 333 ; tome 2 , p. 12 , 262 , 303 , 317, 403, et tome 3 , p. 118. 3. Idem, t. 2, p. 11, 30, 31,36, 37, 121, 129, 131, 136, 164, 268, etc. A chaque page de cet historien on cite le nombre des Guaranis des Missions faisant partie de toutes les expéditions militaires. Chiqui- tos. III. 6 ( 42 ) 1832. dérangeât. J’ai voulu établir ce parallèle, pour démontrer que les missions de — Chiquitos peuvent donner une idée bien plus exacte des résultats obtenus par tos- les jésuites sur les peuples sauvages du nouveau monde, que celle qu’on en pourrait prendre d’après les missions du Paraguay. Depuis \ 723 elles ne firent que prospérer. On fonda Santa-Ana et Santo- Corazon, et les jésuites apportèrent tous leurs soins à l’amélioration de la province. Ils ouvrirent de vastes champs à la culture du maïs et du coton , afm de pourvoir aux besoins de leur grande famille. Bientôt à l’agriculture et au tissage, qu’ils perfectionnèrent, ils joignirent l’élève des bestiaux en des lieux appropriés, non sans se livrer dans l’intérieur aux arts industriels, en enseignant aux Indiens les différais états du menuisier, de l’ébéniste, du tourneur, du serrurier, du forgeron, du tanneur, du tailleur, du tisserand, du cordonnier, etc. Profitant du caractère enjoué des habitans, ils multi- plièrent les fêtes religieuses, et imaginèrent une foule de cérémonies qui, en les amusant, les attachaient davantage à la mission. Us établirent dans chaque village des écoles, où l’on enseignait à lire, à écrire l’espagnol, et surtout la musique, à laquelle les Chiquitos montraient une grande apti- tude. La musique sacrée italienne des grands maîtres de l’époque rem- plaça les chants indigènes ; tous les instrumens connus alors en Europe furent fabriqués par les Indiens, qui, les uns chanteurs, les autres livrés à l’étude de tel ou tel instrument, firent leur partie dans les chœurs aux grand’messes en musique. Multipliant à l’infini les emplois administratifs, afin d’avoir des récompenses à donner a la bonne conduite des uns , tandis que les indus- triels trouvaient les leurs dans leur grade, les religieux excitèrent une vive émulation parmi les Indiens, empressés à ne rien négliger de ce qui pour- rait leur mériter la confiance et la faveur des chefs , et surtout pour la con- server le plus long-temps possible. Le superflu des produits des missions, vendu à Santa -Cruz de la Sierra et au Pérou, servit bientôt à munir les ateliers de tous les outils nécessaires et à donner de la splendeur aux édifices. Chaque jésuite voulut varier l’archi- tecture de son église, de son collège. Des temples dignes denos villes s’éle- vèrent par les mains des Indiens. Transformés en colonnes, les unes torses et chargées d’ornemens sculptes avec gout, les autres plus simples, les plus beaux arbres des forêts , soutinrent de magnifiques frontons ou la vaste charpente du corps des bâtimens. Des maisons commodes pour les reli- gieux , pour les ateliers , composèrent le college ; des habitations pour les Indiens s’alignèrent autour d’une grande place , et formèrent des rues très- f ( 43 ) aérées \ Cinquante ans après l’apparition des jésuites les tribus sauvages de Chiquitos avaient formé dix grands bourgs ou missions1 2, où l’on rivalisait d’activité pour le bien et pour l’amélioration de tous. Il y avait dans la province un père provincial , relevant du Paraguay, et dans chaque mission, autant que possible, deux jésuites, l’un exclusivement chargé du spirituel, d’enseigner la doctrine chrétienne et d’accomplir les cérémonies religieuses; l’autre s’occupant des détails d’administration, des ateliers industriels , de la culture et de tout ce qui concernait les intérêts tem- porels. Un seul religieux dirigeait la mission, quand elle n’était pas assez con- sidérable pour occuper deux personnes ou lorsqu’on manquait de sujets. Quant aux autorités indigènes, instituées dans chaque mission, en voici l’ordre et les attributions respectives. Le corregidor était le premier chef, celui qui dirigeait tout. Il avait sous ses ordres le teniente (lieutenant) et l’ alferes (sous-lieutenant), qui le rem- plaçaient en cas de maladie ou d’absence. 3 Comme chaque mission se composait souvent de nations différentes, ou tout au moins de tribus primitivement soit ennemies, soit tout à fait indé- pendantes les unes des autres, au sein des forêts, les jésuites, pour ne pas les heurter, les laissaient, sous le nom de parcialidades (sections), entiè- rement séparées, chacune sous un chef spécial. Il y avait dès -lors autant de chefs que de sections. Ces chefs n’étaient pas entièrement égaux; leur ordre décroissant était le suivant : \ .° le corregidor ; en même temps chef de la mission; 2.° son teniente (lieutenant); 3.° son alferes (sous-lieutenant); A. ° Y alcalde primero (le premier alcalde) ; 5.° Y alcalde segundo (le second alcalde); 6.° le comandante (le commandant ou chef militaire); 7.° le justicia mayor (le chef de justice); 8.° le sergente mayor (le sergent- major). Tous ces chefs de section avaient le titre de juges. Us portaient une canne à pomme d’argent comme signe de leur pouvoir ; chacun dirigeait sa section ou sa nation; et ces juges réunis formaient le cabildo (tribunal). Tous les jours ils venaient prendre les ordres des missionnaires et les fai- saient ensuite exécuter. S’il y avait quel qu’affaire grave, ils étaient consultés, 1832. Chiqui- tos. 1. Voyez le plan d’une mission, pi. XXV, fig. 1. 2. San-Xavier, Concepcion, Santa-Ana, San-Rafael, San-lgnacio, San-Miguel, San-José, Sant- iago , San-Juan et Santo-Corazon. 3. J’ai recueilli tous ces renseignemens sur les lieux, rien n’ayant été modifié depuis l’expulsion des jésuites. ( 44 ) 1832. et rien d’extraordinaire ne se passait ou ne se faisait sans quils fussent T- appelés à en donner leur avis. C,;:r Chaque parcialidad (section) avait, sous son juge, des employés subal- ternes chargés de maintenir l’ordre et de diriger le travail des Indiens. Ces officiers subalternes avaient des attributions distinctes. C étaient dans leur ordre : Ylalguasil et le regidor : dirigeant chacun une petite partie de la section. Ils portaient pour insignes une longue baguette noire , ornée d’argent à son extrémité ; Le capitan (capitaine), Yalferes et le sergento (sergent) portant des hallebardes, et dont les attributions étaient toutes militaires. Aux proces- sions ils marchaient suivis de leurs flecheros ( Indiens portant des arcs et des flèches) : ils étaient chargés en temps de paix du maintien de l’ordre, de l’arrestation des malfaiteurs, et dès qu’on avait quelque chose à craindre, soit des sauvages, soit des jaguars, ils entraient en campagne sous les ordres du comandante ; Les fiscales , au nombre de trois par section, portant un fouet, et étaient chargés de mener les Indiens au travail. L’un dirigeait les femmes mères; l’autre les jeunes hommes ou pelados ; le troisième, les jeunes femmes ou peladas f les hommes étaient seulement surveillés par les juges. Chaque section avait de plus deux cruceros (porte-croix), dépendant directement des jésuites. Ils portaient toujours une petite croix de bois noir; c’étaient ordinairement des vieillards. Leurs fonctions consistaient à soigner les malades, à leur administrer des remèdes, à prévenir les juges que telle femme était enceinte, afin quelle fût exemptée de travail; à rendre compte aux religieux des naissances, des décès. Ils servaient d’intermédiaires directs entre le peuple et le chef spirituel, relativement aux mariages, aux confes- sions, etc. Il y avait, dans chaque mission, une série de chefs indépendans des sec- tions , placés sous la direction immédiate des religieux et ne relevant des juges que lorsqu’ils se trouvaient en dehors de leurs travaux ordinaires. Ces chefs étaient les Indiens les plus expérimentés dans les arts et l’industrie , qui chacun dans leur partie, étaient arrives a diriger les ti avaux. Ils portaient tous la canne à pomme d’argent. En voici l’ordre et les attributions : Le maestro de capilla (maître de chapelle) et son second, le maître de 1. Voyez ce que j’en ai dit t. II, p. 591. ( 45 ) chant, dependant directement du religieux chargé du spirituel. Ils dirigeaient la musique , les chants , les chœurs d’église ; ils enseignaient le chant , la mu- sique, la danse. Us montraient aux jeunes gens à lire, à écrire, à copier la musique; c’étaient, en général, les indigènes les plus instruits. Le sacristan mayor (le sacristain en chef) et son second. Us étaient char- gés de la direction des enfans de chœur; avaient le soin de la conservation et des réparations des édifices; étaient responsables des vases sacrés et des images de l’église. Us surveillaient le blanchissage, le repassage, l’entretien du linge, en qualité de tailleurs, de couturiers, de blanchisseurs. Us étaient sous les ordres immédiats du curé; leurs subordonnés, lorsqu’ils s’occupaient des travaux agricoles, étaient momentanément sous la dépendance du cor- régidor. Le capitán de estancia (le capitaine des fermes où l’on élève des bestiaux), chargé de la direction et de la surveillance des chevaux, des bêtes à cornes et à laine. U avait sous ses ordres, dans chaque ferme, un majordome rési- dant sur les lieux. Le mayordomo de colejio (majordome du collège), garde-magasin du collège, surveillant les approvisionnemens , s’occupant de la table commune, de la distribution générale de viande chaque semaine ou de la distribution particulière aux malades. U dirigeait les cuisiniers. Le capitán de pinturas (le capitaine de peinture), chargé, avec ses ouvriers, des peintures, du badigeonnage des églises et des appartemens, de la teinture des tissus, et de faire à la main des dessins sur ces tissus. Le capitán de carpintería ( le capitaine des charpentiers ) , dirigeant tous les travaux en bois, la charpente des bâtimens, la confection des meubles, la sculpture et les ornemens de tous genres. Non -seulement il faisait faire l’ébénisterie pour le collège , mais encore des tables , des lits et autres meubles de bois précieux, pour être vendus à Santa-Cruz. L’industrie était très-avancée dans cette branche. Le capitán de rosarios (le capitaine des rosaires). C’était le chef des tourneurs, chargé de tous les bois tournés, et de surveiller la fabrication des chapelets, qu’on expédiait en pacotille dans les villes du Pérou, où ils se vendaient fort cher. Le capitán de herreros (le capitaine des forgerons). Il dirigeait les tra- vaux de forges de fer. Les ouvriers sous ses ordres fabriquaient les haches et autres outils nécessaires à la mission; les serrures, les gonds, les fermetures des meubles et des malles confectionnées pour la vente à l’extérieur. ( 46 ) 1832. Le capitán de plateros (le capitaine d’orfèvrerie), chargé dans chaque Chîqui mission de réparer les vases sacrés ou de fabriquer les ornemens d’église, tos- les croix, les alliances, les pommes de cannes et tous les objets d’or, d’ar- gent ou de cuivre. Le capitán de tejedores (le capitaine des tisserands). Avant l’arrivée des jésuites, les Indiens tissaient sur des bâtons fixés à terre. Les religieux leur enseignèrent à tisser avec des métiers , et non-seulement les nombreux ouvriers sous les ordres du capitaine fournissaient les vêtemens de tous les indigènes , mais encore ils livraient à l’exportation des hamacs, des nappes, des serviettes, des ponchos et toute espèce de tissus de coton , vendus au Pérou. Le capitán de cerería (le capitaine cirier). Il s’occupait à faire raffiner la cire recueillie dans les bois par les Indiens* 1. Une fois blanchie, on l’exportait au Pérou. Le capitán d arrieros (le capitaine des muletiers). Non-seulement il avait sous ses ordres les muletiers , et par conséquent ce qui regarde les transports de tous genres, mais encore il surveillait le tannage des cuirs à l’usage de la communauté, et la confection des selles et des bâts. Le capitán de zapatería (le capitaine des cordonniers). Il fournissait les chaussures des religieux et surveillait la confection des chaussures propres à l’exportation hors de la province. Cette multiplicité d’emplois, nécessaire dans une bonne administration, avait encore pour but, comme je l’ai dit, de stimuler le zèle des employés, de récompenser leur bonne conduite et l’adresse des ouvriers. Il en résultait une grande émulation. Si tel indigène mettait d’abord toute son ambition à devenir chef de sa section , de son atelier , il fallait qu’il travaillât encore pour ne pas être dépassé par les autres. D’ailleurs il avait toujours en per- spective des emplois supérieurs au sien; et tous, jusqu’au corrégidor, pouvaient craindre d’être remplacés; aussi les Indiens ne négligeaient -ils rien pour se maintenir dans leur position respective ou pour l’améliorer. La perte de la canne était le plus grand malheur qui pût les frapper : ils en mouraient quel- quefois de chagrin.2 Si l’on juge de l’état des arts et de l’industrie par les monumens et par les ornemens qui les décorent , par les produits actuels de la province , qui n’ont dû que s’arriérer depuis l’expulsion des jésuites, vu l’apathie des administra- A * i 1. Voyez ce que j’ai dit t. II, p. 614, de cette récolte et de la fabrication. 2. J’en ai vu deux exemples pendant mon séjour dans la province. teurs, on peut croire que les missions , pendant le gouvernement des reli- gieux, étaient, sous le rapport artistique et industriel, au niveau et même au-dessus des villes espagnoles du nouveau monde. On mariait les jeunes garçons à quatorze ans, les jeunes fdles à onze et douze, pour devancer l’âge des passions1; chaque nouveau ménage avait sa chambre à part auprès de sa famille ; chaque famille avait sa maison distincte, et les plus belles, autour de la place, étaient réservées pour les juges. Le costume était uniforme , de tissus de coton. Les hommes portaient un panta- lon et une chemise par dessus ; les femmes le tipoï , chemise sans manches , tombant à terre. Ces vêtemens étaient fournis par la communauté. Indépendamment des ateliers de travail , il y avait les champs de la mis- sion et les champs propres aux Indiens. Dans les premiers on cultivait le coton, le maïs, le manioc et tous les autres fruits et légumes de la contrée, de manière à remplir chaque année de vastes greniers pour l’approvision- nement général, afin de subvenir aux besoins des Indiens, lorsque ceux-ci n’étaient pas assez prévoyans , ou de venir au secours des missions voisines , lorsque la récolte y aurait manqué. La culture, ainsi que tous les travaux généraux, se faisaient en commun; mais on accordait aux Indiens certains jours par semaine pour la culture de leur champ particulier. Les hommes, depuis l’âge de douze ans jusqu’à la vieillesse, étaient assujettis au travail de communauté; les jeunes filles et les femmes y étaient également astreintes. Lorsqu’une femme était enceinte, on l’en exemptait pendant sa grossesse et les trois années qui suivaient son accouchement, afin qu’elle put nourrir et élever son enfant. Sa seule tâche alors était de filer, tous les quinze jours, un peloton de fil. Un peu avant le jour, les juges parcouraient les rues, frappaient à toutes les portes des Indiens, en les prévenant d’aller prier. Au point du jour, la cloche appelait à la prière ou à la messe, qui se disait le jeudi et le samedi. Tous les Indiens et Indiennes se rendaient, suivant les besoins, au travail soit dans les ateliers, soit avec les juges et le fiscal : ils y restaient jusqu’à midi et se reposaient le reste du jour. Le soir, au coucher du soleil, on sonnait le Rosario, les Indiens y chantaient en choeur et se retiraient à la nuit chacun dans sa maison. Il s’exercait une surveillance nocturne des plus sévère, afin de maintenir le bon ordre et de prévenir le déréglement des mœurs. 1. C’est le motif donné par le père Montoya, 1639, Conquista spiritual del Paraguay, p. 64, verso. ( 48 ) La communauté habillait les Indiens, leur fournissait des vivres, lorsqu’ils en manquaient, leur faisait, chaque semaine, une distribution de viande, et leur donnait tous les outils et instrumens aratoires nécessaires à l’exploita- tion des terres de la mission et des champs qui leur étaient propres. Us vivaient donc heureux, sans souci de l’avenir, bornant leur ambition à la possession de la canne, insigne du pouvoir. Les vices étaient châtiés sévèrement, les vertus généreusement récompensées, et tout marchait vers un premier état de civilisation. Les jésuites, arrivés à Chiquitos en 4 691, réduisaient encore, vers 1723, des tribus au sein des forêts. Us furent expulsés en 1767; ils avaient donc en cinquante ou soixante années fait passer un grand nombre d’hommes de la vie la plus sauvage a un état que je ne crains pas de mettre au-dessus de la civilisation des paysans d’une bonne partie de nos campagnes. 1 Je n’aborderai point ici la question de savoir si ce régime de communauté, long-temps prolongé, pourrait ou non entraver le développement des facultés intellectuelles et rendre la civilisation stationnaire, quand une fois elle aurait atteint un certain degré; mais je pense, d’après la connaissance approfondie des choses2, qu’avec le caractère imprévoyant des Chiquitos, toujours de grands enfans , la marche suivie par les jésuites pour les tirer de leur état primitif, était certainement des mieux appropriée à ces vues et peut-être la seule qu’on y pût employer avec avantage. Il fallait même l’esprit de corps, la persévérance raisonnée et l’instruction générale de cet ordre pour l’atteindre aussi promptement. Le peu de progrès des missions des autres ordres religieux est du reste tout en faveur des institutions des jésuites. La civilisation d’un peuple ne peut s’opérer que peu à peu. Malgré tous les efforts tentés, une génération prise à l’état purement sauvage ne fran- chira pas certaine limite; une succession de générations placees dans telles conditions favorables, me paraissant, au moral comme au physique, indis- pensable au perfectionnement des races. 11 en est, je crois, de la civilisation comme du langage; c’est toujours le nombre qui l’emporte. On a vu, dans les missions, les idiomes de la minorité disparaître, remplacés par les dia- lectes des nations plus nombreuses. De même, pour que la civilisation mar- 1. Vied ma , Description de la province de Santa-Crnz, p. 141, 145, parle de la prospérité des missions sous les jésuites , et approuve en tout la marche qu’ds ont suivie. 2. Mon séjour parmi les Indiens m’a fourni toutes les occasions d’étudier et de connaître a fond leur caractère. (47 ) chat rapidement, il faudrait que les hommes à perfectionner fussent entourés <832. d’une population déjà très -avancée et fondus avec elle. Ce n’était pas du Chiqui tout le cas des missions de Chiquitos, où deux religieux tout au plus se tos- trouvaient à la tête de quelques milliers de sauvages. 11 en résultait néces- sairement une marche lente, seulement progressive, ce qui rend d’au- tant plus remarquables les progrès des jésuites à Chiquitos en si peu de temps. On a souvent parlé de l’excessive sévérité de ces religieux envers les indigènes. S’il en eût été ainsi, les Indiens encore aujourd’hui ne s’en sou- viendraient plus avec tant d’amour1. Il n’est pas un vieillard qui ne s’incline à leur nom seul qui ne rappelle avec une vive émotion ces temps heureux toujours présens à sa pensée, dont la mémoire s’est reproduite de père en fils dans les familles. D’après les documens que j’ai trouvés dans les archives, et ce que m’as- sura Don Antonio Alvarez, ancien gouverneur de Chiquitos, les missions produisaient environ soixante mille piastres (300,000 francs) par année. Il en résultait une grande abondance, qui permettait d’approvisionner large- ment la province, de donner aux indigènes tout ce qu’ils désiraient, et d’introduire toutes les améliorations nécessaires au bien général. Tel était l’état florissant de ces missions, lorsqu’en 1767 l’Espagne, craignant le pouvoir toujours croissant des jésuites, décréta leur expulsion de tous ses domaines. Le décret qui les expulsait et confisquait leurs biens au profit de l’Etat, fut signé le 27 Mars 17672. Rempli de craintes, Bucareli, alors vice-roi de Buenos- Ayres, prépara contre eux, dans le plus grand silence, un plan d’attaque militaire, dont il confia l’exécution à ceux des officiers de l’armée qu’il savait leur être le plus hostiles. Le 22 Juillet était le jour d’abord fixé pour cette expédition, mais une circonstance vint le hâter. Le 2 du même mois, Bucareli apprit que les jésuites avaient été expulsés d’Espagne, il réunit de suite son conseil, et dans la même nuit, à Buenos-Ayres , le décret leur fut signifié. Ils ne firent aucune résistance 3. On expédia les ordres les plus sévères à Tucuman, au Paraguay, partout.... Ils obéirent sans murmurer. Bucareli en eut la preuve, lorsqu’il arriva dans les missions 1. Voyez ce que j’en ai dit t. Il, p. 606. 2. Funez, Ensayo, t. III, p. 118. 3. Idem, ibidem, p. 120. III. 1 — , i . / - i i . i * ; ■# 0 na ns ta ca na na ris ta ca na na ris VI f 0 iPSjBj _j 9 0 - } j J 0 É=r~K • L_ /- — £ — * h ta ca na na ris z u ma a qui tu ri qui qui tu ri qui pio pe no zu zu ma a Ü a - que me - nu que me _ nu a que me - nu que me - nu . l 4 ) CHANTS DES INDIENS MOROTOCAS N'.' 10. eu - nia - ra ye ca - ta - ca to ca - ta - ca ? -r-i j i to ca - ta - ca ^00=0 a eu - ma - ra ye ca - ta - ca a eu - ma - ra ye ca - ta - ,-a eu - ma - ra ye ca - ta - ca to ca - ta - ca a eu - ma - ra ye ca- ta - ca Ba - ra to ca - ta - ca N ° II. a _ ne co co-cha-pia a -ne co-cha - l,ia a - ne io-iha 1 ( G ) IN. 1« ( 7 ) ( 7 ) n: ih. ( 9 ) Y yo ve _ na ai ra yo Y yo ve na ai ra yo ÿ ■ ...... ■ -q , i , i Eü 1 , i , 1 H L— 1 ^ g f d é\ p j¡¿ — - i ti a eo a yo ve na ai ra yo a yo ve na a yo ve na ai ra yo N” i9. a». 4 a- s; T * * 7 i f Î £i f p.I_J= A a-gue_na a a gue na a a gue na a a gue na a a gue na a a gue na a a gue na a a gue na -J ü >■— » |f f=i * *= — i ■ r ' f r ~it- — k — p — p F- i i ■ — ^ 1 - Ay to - ma to - ma Ay £— P E=P P i to - ma to ma Ay É i 'jp'--- to ma to ma Ai to ma to ma Ay to ma to ma Ay r jr — rr: — -]7 — C r — =¡ w f i # — * — 0 T ' • f § -.1— 1--= £ H ^ F i f|=i — »! — p i i to ma to ma Ay to ma to ma ay re a to ma to ma Ai to ma to ma Ai to ma to ma ' í:- ' 1 ' ■ ■ ' ■ ’ • - V - í ■ ■ . > . ' , » ' Température ; salubrité. La position de la province, située entre les 14.e et 2î.e degré de latitude sud, c’est-à-dire en dedans des tropiques, n’offre pas à beaucoup près une température aussi chaude qu’on pourrait le croire. Son élévation au-dessus du niveau de la mer , comme point de partage entre la Plata et l’Amazone , en fait un pays infiniment plus tempéré qu’on ne devrait s’y attendre, des brises fréquentes y amenant souvent une fraîcheur salutaire. On ressent sur- tout l’impression de la chaleur à l’époque des sécheresses, mais les pluies la modifient beaucoup. Les missions de San-José, de Santo -Corazón sont les plus chaudes, tandis que Santiago, Santa-Ana et San-Xavier, sont relative- ment plus tempérées. On y peut diviser l’année en deux saisons distinctes : la saison des séche- resses et la saison des pluies. Il pleut très-rarement de Juin en Octobre, et même il ne pleut pas du tout pendant les mois d’Aout et de Septembre. Alors les campagnes sont très -sèches et les arbres se dépouillent de leurs feuilles. S’il doit pleuvoir, le temps se charge au sud et au sud-ouest, vers le soir; le tonnerre gronde dans la nuit, et le vent de sud le plus fort arrive avec des orages violens. Cette pluie dure peu; mais le vent règne deux à trois jours, en abaissant considérablement la température. La saison des pluies commence en Novembre ou Décembre, et dure jusqu’en Mars; alors des pluies torrentielles tombent presque journellement et inondent bientôt les parties basses, en interrompant une partie des communications. Les vents régnans viennent du nord ou du nord - est ; ce sont les plus chauds. Ils amènent du grand bassin de l’Amazone beaucoup de nuages qui s’accumulent au sud plus ou moins long-temps jusqu’à ce que l’orage éclate. Quelquefois le vent est à l’est; il est alors aussi chaud que celui du nord. Le vent d’ouest ne règne jamais, sans doute par suite de la hauteur des Cordil- lères, qu’il ne peut franchir. En voyant l’eau d’immenses marais s’évaporer tous les ans lors de la sai- son sèche, on pourrait croire que l’air se corrompt dans ces parties et cause de nombreuses maladies; mais il n’en est pas ainsi. Ces marais sèchent sans se putréfier, et je n’ai jamais entendu parler de fièvres intermittentes sur aucun point de la province; ce qui est d’autant plus étrange qu’à Mato- Grosso sévissent des fièvres endémiques des plus pernicieuses. A Chiquitos il n’y a , nulle part , de maladies régnantes. Les habitans y meurent de vieil- ( 62 ) 1832. fesse ou d’accidens, à moins que leur imprudence ne les rende victimes des Chiqui- épidémies de petite vérole. 1 tos. Produits industriels. Les jésuites avaient peuplé la province de nombreux troupeaux, destinés à subvenir aux besoins des habitans et à fournir des cuirs tannés aux diverses branches de l’industrie. On comptait, immédiatement après leur expulsion, sous le gouvernement espagnol, jusqu’à soixante ou quatre-vingts mille têtes de bétail et un très-grand nombre de chevaux pour les transports et pour les travaux de la campagne. Après les guerres de l’indépendance , en 1825, l’effectif des troupeaux était réduit aux nombres exprimés dans le tableau suivant. ANNÉES BÊTES A CORNE. CHEVAUX. Mules Anes. Bœufs. Vaches. Veaux. Total. Che- vaux. J ti- men s. Pou- lains. Total. 1825. 346 10621 2421 13388 151 548 260 959 3 27 1828. 737 12248 3005 15990 134 511 295 990 12 19 1830. 806 13183 3222 17211 203 434 208 845 15 17 Il résulte de l’état comparatif de 1 825 à 1 850 que l’économie , rétablie de nouveau quant à la direction des troupeaux, amena dans la province, les besoins prélevés , une augmentation sensible , dont la continuation lui rendra promptement l’abondance. Seulement il n’y a pas assez de chevaux pour le service des employés et pour celui des fermes où l’on élève des bestiaux. Les produits actuels de la recepturia (marchandises pour l’Etat) con- sistent en cire, que les Indiens vont chercher dans les bois, qu’on raffine ensuite et qui s’exporte vers les régions montueuses pour les églises2 ; elle ré- pand en brûlant une odeur aromatique fort agréable. On en récolte par année de 55 à 50,000; on en raffine de 4 à 5000 kilogrammes. Santa- Ana, San- Rafael, San -José et Concepcion en fournissent le plus. C’est la branche de 1. Voyez t. II, p. 591. Les Chiquitos meurent plus particulièrement de Janvier à Février. Je me suis assuré que cette mortalité a pour cause la bière de maïs faite avant que le maïs n’ait atteint sa maturité. Cette boisson amène alors des coliques aiguës qui, mal soignées, emportent les malades. 2. La cire raffinée se vend ordinairement 70 piastres (350 francs), la charge de 125 kilogr. ( 63 ) revenus la plus certaine et la moins susceptible d’être détournée par les admi- 1832. nistrateurs. . . Chiqui L’indigo croît partout naturellement; pourtant on en fabrique à peine tos quelques livres pour les besoins locaux, et ce n’est point aujourd’hui un article important d’exportation. On en a fabriqué 29 kilogrammes en 1 825. Le tamarin , dont il existe de belles plantations à San-José et à San-Rafael , donne un bon revenu annuel par l’exportation; néanmoins en 1828 on n’en a pas exporté plus de 591 kilogrammes. La vanille, non cultivée, croît dans toutes les campagnes humides et boi- sées. On l’y recherche quelquefois, mais elle est, le plus souvent, consom- mée par les employés. Les salines naturelles de San-José ont produit, en 1829, 27,750 kilo- grammes de sel. Avec de la bonne volonté l’on pourrait en extraire vingt fois plus, et en faire un objet d’exportation pour Santa- Ana et pour Moxos, qui s’approvisionnent dans la province de Cochabamba. Jusqu’à présent le sel se consomme sur les lieux. La canne à sucre est très-productive, mais on n’en cultive que pour les besoins des employés, sans en exporter le résultat. En 1825 on en a fabri- qué 3850 kilogrammes de sucre. La production en coton est considérable; elle sert à fabriquer des tissus grossiers, nommés lienzo1, des nappes, des serviettes, des bas pour l’exporta- tion vers Santa-Cruz. C’est particulièrement sur cet article qu’il y a fraude de la part des employés ; aussi serait-il facile de tripler le produit indiqué sur les livres des administrateurs. On tanne quelques cuirs pour être expédiés à Santa-Cruz. Le reste se con- somme dans la province. On en a tanné 135 en 1 828 ; mais le plus souvent ils se perdent faute de débouchés. On fabriquait jadis toute espèce de meubles; on en fabrique encore; pour- tant je ne vois figurer aujourd’hui sur les états que des chapelets, oeuvre des tourneurs. Il y en a eu 23,436 de vendus en 1828, tandis que les autres années on n’en a pas exporté un seul. Voici en résumé, par missions, l’état des produits de 1829, d’après le compte que le gouverneur en a passé aux agens des finances. 1. Ces tissus se vendent ordinairement, à Santa-Cruz, 2 reales (1 franc 25 centimes) le mètre. ( 64 ) NOMS DES MISSIONS. CIRE COTON TAMA- RIN. Kilogr. SEL. Kilogr. RAFFINÉE Kilogr. NON RAFFINÉE Kilogr. NON FILÉ. Kilogr. FILÉ. Kilogr. lienzo. Mètres. FABRIQ nappes. Nombre. ÜÉ EN serviettes Nombre. bas. Nombre de paires. San-Xavier 250 5262 2662 240 2164 i - = - Concepcion 30 6566 8013 466 4685 * * 40 Í San-Miguel 300 6300 375 241 1823 - ; = - San-Ignacio 110 5689 1425 125 835 ' s 54 : ■ Santa-Ana S 7600 1812 ; = - = * '' San-Rafael 250 9938 503 17 100 = = 48 24 i San-José î 6575 1500 ' = * * = 549 16750 San-Juan ' 3900 1512 172 1343 3 47 = ; 5288 Santiago 662 1012 = 84 672 * - - : 5712 Santo-Corazon 331 5038 2013 27 231 - - = - = Totaux. . • . 1933 57880 19815 1372 11853 3 47 142 573 27750 Ce tableau démontre que les travaux sont très -inégalement répartis et que les produits de chaque mission sont loin d’être en rapport avec leur po- pulation respective. Nul doute que telle d’entr’elles ne soit plus propre que telle autre à donner des productions spéciales 5 mais on 11e saurait admettre que les femmes, les tisserands de Santa-Ana et de San-José, liaient file ni tissé pendant toute cette année. Il est donc tres - probable que ces produits ont été absorbés par les employés. Le tableau suivant donnera les produits comparatifs de la province dans les années 1825, 1826, 1827, 1828 et 1829. r.ipr COTON CUIRS FABRIQUÉ EN INDI- GO. TAMA RIN. — CHAPE- LETS. VA- ANNÉES RAFFINÉE NON RAFFINÉE NON FILÉ. FILÉ. tissus dits lienzo. nappes ser- viettes bas. Nombre VA- NILLE NON TANNÉS TANNÉS SEL. LEUR produite. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Mètres. Nombre Notaire de paires. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Nombre Nombre Kilogr. Nombre. Francs. 1825. 1702 16225 ! 732 - - 4 58 25 29 306 5 Z 9500 57699 ; 1826. 5378 4054 3058 2685 2903 ? s 129 17 179 ' = - - * 40930 1827. 4589 36918 4011 4087 5616 Z Z ; 2 234 = 450 213 - 59915 1828. 5493 35231 8637 1001 5069 2 5 130 6 591 2 315 135 = 23436 54640 1829. 1933 57880 19815 1 1372 11853 3 47 142 - 574 5 27750 ' ■? ( 65 ) Ces cinq années, comparées entr’elles, annoncent, il est vrai, une marche m2, très-progressive, mais elles sont loin encore de couvrir les dépenses annuelles. “Chi ' . Sous les jésuites, Chiquitos produisait environ 300,000 francs; sous les tos- premiers gouverneurs espagnols, elle en donnait autant. Aujourd’hui elle fournit à peine 59,000 francs, tandis que les appointerons des employés, la solde d’un petit détachement de soldats placé à la frontière du Brésil, sur la route de Mato-Grosso, et le strict nécessaire en fer et autres objets de première nécessité, portent les dépenses à 69,500 francs. Il y a donc un excédant de 4300 francs entre les revenus et les dépenses. Je ne doute pas que l’état de progrès dans lequel M. Peña avait mis la province en 1831, ne puisse promptement combler ce déficit; mais les ressources industrielles actuelles ne permettent pas d’obtenir les mêmes revenus qu’à la fin du siècle dernier. On ne donnait pas alors aux étrangers la faculté d’y apporter leurs marchandises, et les tissus de Chiquitos avaient beaucoup de valeur, tandis que les produits des fabriques européennes encombrent maintenant toutes les villes, se vendent à très-bas prix, et diminuent tous les jours d’au- tant la consommation des produits indigènes. Il faudrait donc, pour rendre au pays sa prospérité passée, y introduire les machines à filer, à tricoter et toutes les ressources que nous ménage l’état actuellement si prospère de notre mécanique industrielle. Outre le coton, le tamarin, la canne à sucre, on cultive encore dans la province les diverses espèces de manioc ou mandioca ressource immense pour les populations indigènes et espagnoles; la batata , les différentes sortes de citrouilles, de melons, le pavi, le maïs, le riz, les haricots, les calebasses ou tutuma. Les fruits cultivés sont : le cédrat, le citron, l’oranger, le bana- nier, l’ananas, le cajou, etc. -j~r++ Produits naturels. La province de Chiquitos offre, en raison de sa position géographique entre les tropiques, à peu près les mêmes productions naturelles que Santa-Cruz de la Sierra. Ses montagnes, ses terrains variés et accidentés en font un pays très- riche. Il suffira d’indiquer ici les productions utiles ou nuisibles à l’homme. Les bois sont remplis de singes, parmi lesquels les alouates donnent de magnifiques fourrures noires ou rouges. Les campagnes récèlent beaucoup de chauves-souris, dont quelques-unes détruisent les moustiques et rendent ainsi de grands services à l’humanité1; mais d’autres (les vampires) nuisent 1. Différentes espèces des genres Noclilio et Molossus. III. i.re partie. Q ( 66 ) 1832. à l’élève des bestiaux par les saignées quelles leur font la nuit. Les hommes, 77“ surtout à San-Xavier et à Concepcion, ne sont point à l’abri de leurs mor- ]hiqui- A . .j tos- sures \ Les jaguars étaient très-communs dans la province et exerçaient de grands dégâts sur les fermes; ils le sont aujourd’hui beaucoup moins, par suite des sages mesures prises par le gouverneur actuel1 2. Les renards, les didelphes , les gloutons, les chats-tigres et les cougouars y sont peu nombreux, s’approchent rarement des habitations et ne font aucun mal aux fermes. Quelques rats et quelques souris, parasites indispensables de toute agglomé- ration de population, se sont établis dans les missions, mais ils ne s’y mon- trent pas aussi importuns qu’en Europe. Des lapins tapitis, des agoutis, des pacas, des coboyes ou cochons dinde sauvages, fournissent au chasseur une chair excellente. Les divers tatous s’y rencontrent fréquemment et donnent un mets recherché. Les pécaris ou sangliers de ces contrées s’éloignent de plus en plus des lieux habités , continuellement poursuivis par les chasseurs indi- gènes qu’animent contre eux le double motif de préserver leurs champs de leur atteinte et de s’approprier leur chair, qu’ils trouvent exquise. Les tapirs abondent dans tous les lieux humides et sont d’une grande ressource, soit comme nourriture, soit par leur cuir, que font remarquer son épaisseur, sa force et sa souplesse.3 Les chevaux de Chiquitos , qu’on ne prend aucun soin de choisir pour en perfectionner les races, ressemblent aux chevaux arabes. Ils sont en général assez beaux, et ont sur les chevaux de Santa-Cruz de la Sierra et de Moxos une incontestable supériorité, qui les fait rechercher dans les montagnes de la Bolivia. Élevés au sein de plaines sablonneuses ou marécageuses, les che- vaux de Santa-Cruz et de Moxos ont les pieds très -délicats, les sabots si tendres , qu’ils ne sauraient être d’aucun usage dans les ¡parties pierreuses des régions mon tueuses, tandis que ceux qui sont nés a Chiquitos, sur un sol rocailleux, prennent une corne très-dure et servent dans tous les pays. On laisse les troupeaux vaguer dans la campagne : ils y deviennent ce qu’ds veulent; seulement on enlace les jeunes chevaux qu’on veut monter, en devançant l’âge ordinaire pour les dompter. Il n’y a pas dans la province une seule écurie, et les chevaux de selle se nourrissent de ce que leur présentent les plaines, au sein desquelles on les lâche en arrivant aux missions. Les bêtes à cornes ne reçoivent pas plus de soins que les chevaux ; elles 1. Voyez t. II , p. Ô88. 2. Voyez t. II, p. 662. En 1831 les Indiens ont présenté au gouverneur 150 peaux de jaguar. 3. Le curé de San-José en a tué à lui seul 76 en deux ans. paissent librement dans la plaine, divisées par troupeaux d’un millier environ. On les rassemble tous les mois dans un parc, afin de les habituer à ne pas s’éloigner. Leur surveillance n’est absolument rien. Près de Gua- rayos, des troupes nombreuses de bestiaux, devenus sauvages, couvrent la campagne et pourraient donner lieu à une chasse régulière. Quatre espèces de cerfs ¡abondent dans la province : l’une ( le guazu pneu) , de la taille d’un âne , se tient près des marais ; le gnazu ti habite la plaine ; les deux autres préfèrent la lisière des bois. Toutes offrent une chasse agréable, et leur peau tannée est des meilleures pour la chaussure. Les oiseaux y sont moins variés que dans les montagnes. Partout les perc- noptères vivent en parasites peu incommodes autour des parties peuplées. Les campagnes offrent des oiseaux brillans , tels que les todiers , les pics , les colibris et de nombreux passereaux, parmi lesquels le cardinal, les caciques tojos , maticos et chopis, s’élèvent en cage, possédant deux qualités rarement réunies, la mélodie et l’éclat du plumage. Des toucans au bec difforme font retentir les bois de leurs accens aigus , qui se mêlent souvent aux cris désa- gréables des perroquets d’une multitude d’espèces et des aras rouges et jaunes. Ceux-ci et les perruches sont en lutte continuelle avec les Indiens, occupés soit à les chasser de leurs plantations lors de la récolte, soit à s’appro- prier leurs plumes, afin d’en parer les danseurs et les danseuses aux fêtes solennelles de l’église. Les plaines, la lisière des bois sont remplis de tourterelles, de pigeons, de beaucoup d’espèces différentes de tinamous ou perdrix du pays. Le soir et le matin les bois retentissent encore des cris cadencés des pénélopes, des hoccos , faisans de ces contrées. Les marais sont partout couverts de canards musqués. Tous ces oiseaux, très-multipliés , ont une chair succulente, digne du chasseur le plus délicat. La blanche aigrette parcourt les marais en troupes innombrables et présente au commerçant ses légers panaches. Les jabirus, les cigognes poursuivent les reptiles malfaisans, ennemis de l’homme. Le kamichi cornu sert, par ses cris à heure fixe, d’horloge aux Indiens, lorsque le soleil, couvert d’un voile de nuages, ne les guide plus pour la division de la jour- née. Le vanneau, armé de ses accens, les prévient, dans la plaine, du moindre mouvement de jour ou de nuit; le vanneau, que la pie bleue rem- place, de jour, au sein des bois. Ces deux oiseaux se partagent ainsi la surveillance de toute la campagne. Si quelques serpens à sonnettes se montrent quelquefois et inspirent des craintes à l’indigène, il trouve une compensation dans la chair agréable des 1832. Chiqui- tos. ( 68 ) tortues de terre et des igouanes , dont les forêts sont remplies. Si , par une nuit tranquille et chaude, le calme le plus parfait de la nature, au lieu d’offrir toute sécurité au voyageur , est au contraire le précurseur de l’orage qui doit lui succéder, le voyageur n’est jamais surpris; il en est toujours prévenu par les concerts discordans des crapauds et des grenouilles , semblables à de nom- breuses cloches carillonnant sur tous les tons. Les lacs , les rivières , surtout celles du versant nord , offrent partout des poissons, que les indigènes pêchent en les enivrant avec la racine du barbasco.1 Au temps des pluies, le sol des forêts montre des limaçons terrestres aux brillantes couleurs, tandis que les lacs donnent aux indigènes des coquilles bivalves dont ils font des cuillers commodes. La nacre brillante de celles-ci est plus riche que l’argent des Espagnols. Les insectes sont à la fois le tourment du voyageur et l’ime des plus grandes ressources de l’indigène. Si le jour, en effet, les taons, les maringouins, les quejenes , et même les abeilles2 tourmentent le premier, surtout en été; si des myriades de moustiques acharnés l’empêchent, la nuit, de goûter le repos après la fatigue de la journée; s’il souffre, enfin, dans la campagne de la piqûre envenimée des tiques garapatas , ou dans les villages des importu- nités de la puce pénétrante, il oublie facilement ces inconvéniens passagers en présence des nuages de papillons aux couleurs diaprées, qui paraissent le guider dans les sentiers tortueux des forêts ; devant les teintes métalliques dont se parent , au temps des pluies , les magnifiques coléoptères qui ornent partout la végétation; devant la lumière animée et persistante que répandent, la nuit, les nombreux élaters ou les feux instantanés de myriades de lam- pyres. Il perd le souvenir de ses souffrances en voyant les Indiens se faire une fête de manger les fourmis3, en savourant lui-même le miel délicieux des abeilles sauvages, l’aliment des indigènes chasseurs; en songeant que la cire de ces petits êtres donne la plus belle partie des revenus annuels de la province. Du reste Chiquitos n’éprouve point l’inconvénient des migrations annuelles des sauterelles ( langostas ) , qui , plus au sud , détruisent souvent l’espoir du laboureur 4, et ses thermites restent dans les forêts sans nuire souvent à la conservation des édifices en bois. 1. Tome II, page 612. 2. Idem, page 600. 3. Idem, page 661. 4. Tome I.er, page 194. :âià ( 69 ) En hiver la plupart des arbres perdent leurs feuilles, et pendant le repos 1^32. général de la nature, les palmiers et quelques autres végétaux privilégiés CW(jli viennent seuls égayer la campagne; mais au mois d’Octobre les premières tos- pluies amènent une métamorphose complète1. Tout change d’aspect. Les arbres se parent de fleurs brillantes ou de feuillage d’une verdure tendre ; la plaine s’émaille de toutes les couleurs , et rien n’égale la beauté de ces riches régions , où tout est contraste, où tout est magnifique d’ensemble et de détails. La multiplicité des bois de construction et la richesse de leurs couleurs sont très- remarquables. Les lapachos ; les plus beaux cèdres peuvent donner partout des bois de charpente d’une grande dimension, et le cuchi , le laurel (laurier), etc., des bois jaunes, rouges, violets, les plus propres à l’ébénisterie et le placage des meubles. D’autres bois donnent aussi les couleurs jaune et rouge les plus vives, et offriraient des produits avantageux pour la teinture des étoffes. Les palmiers sont très-répandus et très-variés à Chiquitos : leurs divers feuil- lages présentent les contrastes les plus gracieux, tout en rendant les plus grands services à la société. Quelques-uns, comme le cucich, le total , le motacu et le carondaï , forment des bois immenses; les autres croissent isolé- ment. Les feuilles du motacu, du sumuqué, du totaï servent à couvrir les cabanes des indigènes. Le tronc du carondaï s’employe à faire des tuiles pour couvrir des toits encore plus durables; les feuilles de la plupart se tressent en chapeaux des plus fins. La dureté du bois de la chonta le rend très-utile à l’industrie, puisque les Indiens actuels en font l’extrémité de leurs flèches, en fabriquent leurs arcs, leurs armes offensives et des outils de culture. Le marajahu des lieux inondés, le totaï et plusieurs autres donnent un fruit très-agréable; le motacu, le totaï, et surtout le cucich, présente un immense avantage par l’huile que renferme leur coco. La palma real fournit par la fermentation une liqueur très-agréable, tandis que le totaï devient une res- source dans les temps de famine , son tronc pouvant donner un pain nour- rissant, une liqueur fermentée de bon goût, et son cœur, ainsi que celui du motacu, étant susceptible de se manger cuit ou cru. 2 1. Voyez tome II, p. 639, etc. 2. Les palmiers de la province, avec leur synonymie scientifique, sont les suivans : l.° le cucich ( Orbignya phalerata. Mart.), formant des bois immenses au pays des Guarayos; 2.° le motacu ( Maximïliana princeps ) , dont les bois se rencontrent sur beaucoup de points; 3.° le sumuqué ( Cocos botryophora ), un peu plus rare; 4.° le total ( Cocos totaï), commun près de San-Xavier; ô.° le marayahu ( Bactris infesta), répandu dans la vallée de Tucabaca; 6.° le saho ( Trithrinax brasilien- sis ), commun dans le Monte Grande; 7.° le carondaï {Copernicia cerífera), formant bois dans tous les marais; 8.° la palma real ( Mauricia vinifera) , commune près de Concepcion, etc. ( 70 ) 1832. Parmi les autres plantes sauvages une multitude sont utiles ou peuvent -"T recevoir diverses applications. Un acacia à gousse triangulaire donne la tein- Jhtr ture 110jre la plus brillante. Le barbasco fournit une racine qui, concassée et jetée dans l’eau, étourdit le poisson et permet de le prendre avec la main. Une iris à racine bulbeuse produit une teinture rouge magnifique. L’indigo ordinaire pousse partout sans culture; une autre espèce à larges feuilles, sau- vage chez les Guarayos, leur erimuni , produit un indigo bien préiérable au premier. Le guatoroch fournit le meilleur caoutchouc, que les Indiens seuls emploient pour la fabrication de leurs balles. Le lapacho , espèce de mi- móse, donne une gousse qui, pour le blanchissage du linge, remplace le meilleur savon. L’arbre de l’herbe du Paraguay ou maté est commun aux environs de Concepcion. Le copahu abonde au pays des Guarayos, et pour- tant il reste inutile. Plusieurs arbres, à leur racine, distillent des résines qu’on brûle comme encens dans les églises, et parmi lesquelles se trouve le copal. Le ricin se montre partout autour des missions ou des lieux habités et poui- rait être exploité pour son huile. Les fruits sauvages sont très-nomhreux dans leur saison : Yuguaporu , gros comme une prune , est commun dans les hois ; les chilimoyas embaument les forêts. Le guatoroch ou mangara est sans aucun doute le plus exquis de tous : il ressemble beaucoup à la meilleure poire. Le guaponion, le vi , le lucarna ( acuchi des Guarayos) et beaucoup d’autres, donnent une bonne nourriture aux Indiens et decorent la table des Espagnols. y y y y y Améliorations agricoles, industrielles et commerciales dont la province est susceptible. Les produits naturels de Chiquitos font facilement entrevoir les amélio- rations agricoles et commerciales qu’on y pourrait introduire et les incalcula- bles avantages qu’on en retirerait. L’élève, seul, des bestiaux 1 enrichirait , en utilisant d’immenses plaines aujourd’hui sans emploi. La moitié de la pro- vince (9000 lieues carrées) s’appliquerait aisément à l’élève des bêtes à cornes et des chevaux. Sous les jésuites la province comptait 80,000 têtes de bétail; il est certain que ce nombre, vu la surface à peupler, serait promptement quadruplé ; alors Chiquitos exporterait chaque année pour une grande valeui de cuirs et de suif. Un troupeau s’augmente ordinairement tous les ans de la moitié de sa totalité; on peut donc calculer, d’après le nombre primitif1, le 1. Voyez mes considérations générales sur l’élève des bestiaux, partie historique , t. I. ,p. 104 et suiv. temps nécessaire à chaque entreprise de ce genre, pour atteindre un fort revenu. Dans tous les cas la main-d’œuvre n’est rien pour cette exploitation. Les troupeaux de brebis seraient faciles à y introduire, puisqu’à Santa- Cruz, par la même température, ils prospèrent et donnent une laine des plus fines. Les montagnes de Santiago et de San-José offriraient surtout une plus grande chance de succès , vu leurs pâturages naturels plus rapprochés des nôtres. Les habitans des montagnes de la Bolivia tirent aujourd’hui leurs chevaux et leurs mules des provinces argentines de Jujui, de Salta, de Tucuman, etc., qui s’enrichissent ainsi à leurs dépens. Si, à Chiquitos, on s’occupait de cette branche d’industrie, la république y trouverait, pour l’avenir, l’économie des sommes immenses que ces achats en font sortir annuellement. J’ai dit que, par suite de la fermeté du sol de Chiquitos, les chevaux et les mules qui y naissent sont excellens pour les montagnes , tandis que ceux de Santa -Cruz et de Moxos n’y pourraient être transportés , leurs pieds n’étant pas faits à leur sol rocailleux. Le Gouvernement de Bolivia pourrait donc, en stimulant l’élève des chevaux à Chiquitos, y approvisionner son armée, tout en conservant ses fonds1. Quant aux mules, leur usage exclusif pour le transport des marchandises leur donne, dans les montagnes, une valeur double de celle des chevaux ; ainsi en les élevant, on doublerait le produit dans le même laps de temps, sans augmentation de frais et de peine. La récolte de la cire, déjà considérable, offrirait plus de résultats, sur- tout en améliorant le mode de raffinage, qui entraîne aujourd’hui la perte de beaucoup de matières premières. L’indigo ordinaire, et surtout l’autre espèce, Yerimuni, sauvage partout, fourniraient une fabrication productive presque sans aucuns frais , et les pro- duits en seraient d’autant plus importans, que la Bolivia reçoit cette matière d’Europe. La vanille , assez commune à l’état sauvage au nord de Concepcion , pour- 1. Mes réflexions sur ces questions, pendant mon séjour à Chiquitos, m’ont engagé à proposer au président de la république de faire , avec la province de Moxos , un échange de sel pour des jumens. Celte proposition a été favorablement accueillie, et j’espère que maintenant quelques milliers de jumens peuplent les campagnes de Chiquitos, et pourront y ramener l’abondance. Je me félicite aujourd’hui d’avoir obtenu cette grande amélioration pour les habitans de la province. ( 72 ) rait y être cultivée et deviendrait une branche importante de revenu, surtout pour l’exportation en Europe. Le tamarin , dont on ferait des plantations nouvelles , donnerait tout à la fois, dans chaque mission, des arbres d’agrément et d’utilité. Le cacao, déjà planté à Guarayos, serait susceptible de propagation sur toutes les régions nord et nord-ouest de la province. Ses produits , admirables dans ces régions, rivalisent avec ceux de Moxos, oii il est des meilleurs. Le café réussirait sur les collines, où l’agriculture des céréales ne trouve pas assez de terre végétale; ainsi tous les coteaux déserts des environs de San-Xavier et de Concepcion s’utiliseraient et produiraient des récoltes abon- dantes. La canne à sucre pousse avec une extrême vigueur près des lieux humides si nombreux dans la province. On la cultiverait avec avantage sur les points où le mais ne croîtrait pas. La fabrication du sucre, du tafia, recevrait alors une impulsion nouvelle, et les produits seraient expédiés à Buenos -Ayres par le Rio du Paraguay. Le maïs donne ordinairement, dans la province, en terme moyen, de deux cents pour un; le riz, de cinquante à cent. On en ferait une branche d’exportation importante pour Buenos-Ayres. Les montagnes de Santiago offriraient, sur leurs croupes recouvertes de terre végétale l, des points où l’on pourrait cultiver le blé , la vigne , le mû- rier, les vers-à-soie; ainsi ces montagnes, aujourd’hui désertes, inhabitées, se couvriraient de notre industrie agricole la plus productive. En un mot, la province de Chiquitos , par ses plaines , ses montagnes , ses terrains humides, ses terrains secs et ses marais , par la différence de température des divers points, suivant leur élévation, admettrait à la fois toutes les branches de culture, depuis celles des pays les plus chauds jusqu’à celles des régions tempérées. J’ai souvent eu occasion de vanter la richesse de ce sol encore vierge2, malgré la beauté de sa vegetation naturelle, qui en fait le plus beau pays du monde. Les bois de construction abondent partout. Les plus beaux bois de vives couleurs rouges , jaunes , violets, roses, etc., pour lebenisteiie et le placage des meubles , seraient d’un excellent retour comme matière d’exportation en Europe. Une foule d’espèces de bois de teinture pourraient encore être exploités. L’huile de coco, dans ces immenses forêts de palmiers cucich, de motacus 1. Voyez tome II , page 640. 2. Voyez tome II, page 614; tome III, page 17. ( n ) et de totaïs, donnerait un produit abondant, sans autre soin que celui de ramasser les fruits tombés à terre. Il en est de même du ricin. Ainsi qu’on l’a vu aux productions naturelles, on pourrait encore utiliser les plantes de teinture , le caoutchouc , le copahu , les résines diverses , comme le copal ; exploiter l’herbe du Paraguay, si commune aux environs de Concepcion et trouver au sein des forêts une foule de produits encore ignorés. En énumérant encore les diverses branches exploitables à Chiquitos, on trouve que les bords de la saline de Santiago et de San-José pourraient pro- duire de la soude par les plantes maritimes qui s’y trouvent en abondance. L’arbre nommé ajo (ail, à cause de son odeur) donne une grande quantité de potasse. Le sel lui-même, attendu que les provinces de Moxos et de Santa-Cruz en manquent totalement, y serait avantageusement transporté et donnerait de bons revenus, si l’on améliorait les chemins et les moyens de transport, encore aujourd’hui très-grossiers. 1 Les grès de San-José et de Santiago feraient de très -bonnes meules à repasser. Les couches de phyllade de Santiago, qui servent aujourd’hui à fabriquer d’excellentes pierres à rasoirs, pourraient très-bien être exportées. Les environs de San-José et la chaîne du Sunsas2 offrent de bonnes pierres à chaux. Les grès de San-José, de Santiago et de Santo-Corazon , les quartz hyalins de Concepcion, fourniraient d’excelîens matériaux pour une fabrique de verre et de cristaux. Les environs de Santa-Ana offrent du kaolin d’une exploitation facile. On pourrait l’employer à l’établissement d’une fabrique de porcelaine. Une des sources les plus fécondes de la richesse à venir de la province con- siste dans ses mines de fer hydraté , constituant tout le sol de la mission de Santa-Ana et des plaines de Concepcion3. Le minerai en gros grains, facile à extraire, permettrait d’établir des forges catalanes, les forêts voisines offrant tout le combustible nécessaire. On pourrait ainsi approvisionner la province et exporter, dans toute la république, les fers et les aciers, qu’elle tire aujourd’hui d’Europe. Il me reste à citer une autre branche d’exploitation naturelle, qui n’est pas sans avantages. Je veux parler des mines d’or : on en retire quelques 1832. * ♦ Chiqui- tos. 1. Tome II, page 632. 2. Idem, pag. 627 et 613. 3. Idem, page 594. ill. partie. 1 O ■ vi 1832. Chiqui- tos. ( 74 ) parcelles près de San-Xavier1 2; mais j’ai découvert que le Rio de Tucabaca*, de Santo-Tomas3 et du Tapanakich 4, présentent les plus fortes chances de succès. J’ai reconnu l’or à San-Xavier et à Santo-Tomas, et je ne doute pas que le Rio de Tucabaca et du Tapanakich n’en montrent de même. L’exploi- tation consiste seulement à creuser et à laver les sables et les cailloux du lit actuel des rivières , et surtout des anciennes alluvions de leurs vallées. C’est dans les mêmes conditions géologiques 5 et avec les mêmes moyens qu’on a obtenu tant de richesses du Rio de Tipoani et du rav(in de Potopoto 6, dépar- tement de la Paz. Peu de pays offriraient plus de ressources industrielles que la province de Chiquitos. Les sources thermales de San -José, de Santiago, pourraient être utilisées7. Les ruisseaux de la Sierra de San-José, de San-Juan, du Sun- sas, et surtout les nombreux afïluens du Rio de San -Rafael8, sur la Sierra de Santiago, offrent des différences de niveau qui, par les moteurs qu’ils présentent, permettraient l’établissement d’un grand nombre de fabriques de tous genres. Du reste, l’abondance des bois, la promptitude avec laquelle ils croissent partout , deviendraient les mobiles de toute espèce de machines à vapeur. Quand, profitant des dispositions actuelles des indigènes, on rédui- rait l’industrie manufacturière aux fabriques de tissus de coton et de tricots au métier , la province , en y introduisant nos machines , pourrait fournir à elle seule aux besoins de la république entière. Dans l’état actuel des choses , le commerce de Chiquitos se fait seulement avec Santa-Cruz de la Sierra; encore les débordemens du Rio Grande et la saison des pluies interrompent -ils les relations quatre à six mois de l’année. Pour donner à la province toute 1 importance commerciale dont elle est susceptible , il faudrait que son industrie fut augmentée simultanément de toutes les branches dont j’ai parlé, et qu’elle s’ouvrît des communications faciles avec Moxos, avec Santa-Cruz, et surtout avec Ruenos-Ayres et avec l’Europe, par le cours de l’Amazone et de la Plata. Je vais passer succes- 1. Tome II, page 592. 2. Idem, page 642. 3. Idem, page 654. 4. Idem, page 654. 5. Voyez Géologie spéciale. 6. Voyez chapitre XXIII. 7. Tome II, p. 626 et 641. 8. Idem, page 635. 1832. ( 75 ) sivement en revue les différentes branches de commerce spécial qu’on pour- rait faire avec ces différens points et les chemins qu’on pourrait y établir. Les productions de la province de Moxos étant à peu près identiques à celles de Chiquitos , le commerce du sel est le seul qu’il importerait d’y intro- duire; mais il faudrait préalablement s’occuper des moyens de transport de San-Xavier jusqu’aux salines. Ce serait peu de choses, le terrain étant pres- que plat. Une jetée serait seulement nécessaire pour traverser, en tous temps , les marais qui séparent San -José des plateaux de San -Miguel. Le sel, une fois rendu à San-Xavier, s’embarquerait sur le Rio de San-Miguel et arri- verait ainsi au Carmen, à Concepcion, à Magdalena de Moxos, et passerait de ces missions à toutes les autres par les nombreuses rivières qui arrosent le pays. Le commerce avec Santa-Cruz et les parties élevées de la république de Bolivia consiste aujourd’hui en articles de recepturias^ c’est-à-dire en cire raffinée, en tissus de coton, en indigo, en tamarin, en vanille, en cuirs tannés et en chapelets. On a vu par les tableaux 1 qu’avec un peu d’industrie ces produits seraient facilement centuplés. On pourrait encore, en introdui- sant les améliorations agricoles et industrielles dont j’ai parlé, ajouter aux avantages qu’elles procureraient le trafic des chevaux, des mules, du cacao, du sucre, du riz, de la soie, des bois de teinture, de l’huile de coco, de l’huile de ricin, de la gomme élastique, du copahu, du copal, de l’herbe du Paraguay, de la porcelaine, de la verrerie, du fer, etc.; mais, pour que ce trafic fût profitable, il faudrait pratiquer un chemin plus commode, surtout au travers du Monte Grande. Ce chemin n’aurait besoin , pour devenir praticable toute l’année, que de s’élargir un peu et d’être élevé en chaussée sur les points qui s’inondent; ces points étant tout au plus d’un mètre au-dessous du niveau des parties qui restent sèches toute l’année. Le travail personnel des Indiens rendrait très-facile cette amélioration , qui donnerait une immense impulsion au commerce. Il faudrait aussi, dans le cas où l’établissement de ponts en bois sur le Pxio de San-Miguel et le Rio Grande offrirait de trop grandes difficultés , qu’on y plaçât tout au moins un bac , où les bêtes chargées et les marchandises pussent, en tout temps, passer sans craindre les sinistres qu’on y doit redouter aujourd’hui , puisque la nature oppose encore tous ses obstacles ordinaires à l’industrie, qui jusqu’à présent n’a porté remède à rien. L’exportation de Chiquitos avec l’Europe demanderait pour ainsi dire Chiqui- tos. ; : V 1. Partie historique, t. III, p. 64. ( 76 ) 1832. moins de travail que celle de la Bolivia intérieure. Il suffirait en effet damé- u. liorer les chemins existans dans la province, ou d’en faire seulement quel- tos ques parties d’un côté, à l’est, vers les affluens de la Plata, et de l’autre, au nord, vers les affluens de l’Amazone. Dans l’état actuel, les produits exportables consisteraient en cuirs secs de bestiaux, aujourd’hui sans au- cune valeur, et qu’on obtiendrait à vil prix1; en cire raffinée, en coton, en indigo, en vanille, en sucre. Quelques améliorations agricoles et indus- trielles , permettraient d’ exporter encore utilement en Europe les pelleteries des animaux sauvages, comme les singes hurleurs, dont la fourrure noire ou rouge est magnifique; les peaux de jaguars, celles des paresseux, des renards, des cougouars, etc.; les cuirs des tapirs pour la sellerie, les cuirs des cerfs, des daims, pour la chaussure; les belles plumes des aigrettes. La végétation, soit naturelle, soit cultivée, donnerait ses magnifiques bois d’ébénisterie, ses bois de teinture; de l’huile de cocos, de l’huile de ricin, de la gomme élastique, du baume de copabu, de la resine copal, d excellent cacao, du cafe, du riz, de la soie, de la soude, de la potasse, etc. Quel- ques-uns de ces mêmes produits seraient certainement de défaite à Buenos- Ayres; et quelques autres, qu’on ne pourrait exporter en Europe, donne- raient aussi de grands avantages dans cette même ville, comme l’herbe du Paraguay, le fer, le riz, le maïs et les tissus de coton. Actuellement l’argent n’a pas cours dans la province de Chiquitos ; aussi les premiers negocians qui pourront y parvenir avec des marchandises d Eu- rope, y feront -ils des échanges très - avantageux. Malgré les difficultés de transport qui existent aujourd’hui, les commercatis de Santa-Cruz, munis de marchandises d’Europe2, réalisent des bénéfices immenses. Quels ne seraient donc pas ceux qu’obtiendraient les spéculateurs qui remonteraient dnecte- ment soit l’Amazone, soit la Plata et le Rio du Paraguay? Les marchandises d’importation a Chiquitos sont d un transpoi t facile et se fabriquent toutes en Europe. Ce sont des draps bleus et noirs , des 1. A Santa-Cruz on les paie 4 reales ou 2 francs 50 centimes; ainsi, en supposant que le prix en doublât, on pourrait encore avoir à 5 francs des cuirs qui , à Buenos-Ayres , en valent déjà 30. Ce serait la branche de commerce la plus productive. 2. Ces marchandises doublent le cap Horn , sont débarquées au Chili ou sur la côte du Pérou et de Bolivia; se rendent de là par terre soit à la Paz, soit à Potosi; y sont achetées souvent de la troisième main par des pacotilleurs qui détaillent à Santa-Cruz. Après avoir franchi trois cents lieues de montagnes, après avoir souvent quintuplé de prix, elles restent entre les mains des marchands, qui annuellement exploitent les provinces de Chiquitos et de Moxos. indiennes de coton de couleurs vives, telles que le rouge, le violet, le bleu; des mouchoirs de coton rouges, jaunes, bleus, mais plus particulière- ment avec des fleurs rouges; des rubans de soie larges de cinq à huit centimètres , rayés ou à fleurs , de petits rubans , tels que de la faveur rouge, jaune, verte, toujours de couleurs vives; des boutons de métal, des verroteries très-ordinaires pour colliers, de la fausse bijouterie, comme boucles d’oreille, bagues, petites croix d’or; dorées ou d’argent, à suspendre au cou des femmes; des médailles en cuivre et en argent, avec des croix et des images de la vierge. On y recherche beaucoup les objets de quin- caillerie , comme ciseaux très-communs , couteaux droits à manche de bois , aiguilles à coudre, principalement des numéros 0 et \ ; haches et outils de menuiserie, limes, râpes, etc.; quelque peu d’images encadrées, de petits miroirs, et beaucoup de ces objets qu’on trouve à Paris dans les boutiques de cinq à vingt-cinq centimes. Pour régulariser le commerce d’exportation de la province de Chiquitos avec l’Europe, il n’y aurait que peu de chose à faire. Ce commerce aurait lieu d’un côté par le Rio du Paraguay et de la Plata, de l’autre par le Rio de Madeiras et par l’Amazone. Rien de plus facile que la navigation par le Rio du Paraguay et la Plata, j’ai dit que les rivières de Santo -Tomas, de Tapanakis1, et surtout le Rio d’Oxukis2 3, pouvaient servir à gagner le Rio du Paraguay avec des bateaux à vapeur. C’est, en effet, par ces rivières que se sont faites les nombreuses expéditions des Mamelucos de San-Pablo , durant leur recherche des esclaves0, et que des jésuites sont remontés du Paraguay , lorsqu’ils cherchaient à établir des communications faciles avec le centre de leurs missions. D’ail- leurs, si ces affluens offraient quelques difficultés , on aurait bientôt établi un port sur le Rio du Paraguay même, non loin de l’embouchure du Rio Oxukis, par 19° de latitude, ou le père Quiroga4 assure qu’il y a, sur la rive occidentale de la rivière , des collines élevées , sans doute la continua- tion de la Sierra del Sunsas. Quant à la navigation du Rio Paraguay, le même auteur, qui l’a descendu depuis sa source, dit que le Jauru est navi- gable pour de grandes barques , cinquante lieues au-dessus de son confluent 1. Voyez tome II, p. 652. 2. Idem, ibid. 3. Padre Fernandez. 4. Descripción del Paraguay, Colección de documentos , t. II, p. 4. Í832. Chiqui- tos. ( 78 ) avec le Rio du Paraguay, et de ce point jusqu’à la Plata1, 11 suffirait donc, pour établir cette navigation, de pratiquer une route jusqu’aux rivières dont j’ai parlé ou jusqu’au Paraguay, c’est-à-dire sur une trentaine de lieues tout au plus. Tout le monde sait que les plus grands bateaux à vapeur ne trouveraient ensuite aucun empêchement jusqu’à Buenos - Ayres. Au temps de la conquête, de nombreux brigantins remontèrent du Para- guay jusqu’à Chiquitos2. On sait encore qu’une des plus grandes frégates de guerre des Espagnols fut construite à l’Assomption du Paraguay, et que tous les jours des bricks, des goilettes font ce trajet, afin de commercer avec le Paraguay et Corrientes. Í! n’y aurait donc pas d’autres empêchemens que ceux apportés par les gouvernemens riverains, tels que le Paraguay, Cor- rientes, l’Entre-Rios et surtout Buenos- Ayres. Quant à la navigation de l’ Amazone jusqu’à la province de Chiquitos, en traversant la province de Moxos, je me propose d’en traiter à fond, lorsque je parlerai de cette dernière province. Je me contenterai de dire ici que la province de Chiquitos peut offrir une navigation facile avec des bateaux à vapeur, sur le Rio de San-Miguel, jusque près de la mission de San-Xavier, sur le Rio Blanco jusqu’à peu de distance au nord-ouest de Concepcion, sur les Rios Serré et Y erdé jusqu’au nord de San-Ignacio. D’un côté Chiquitos pourrait exporter ses produits en Europe par le Rio du Paraguay et la Plata, de l’autre par le Rio de Madeiras et l’Amazone. Lorsqu’on réfléchit aux immenses avantages que le commerce tirerait de ces grandes voies de communication , en profitant des produits variés du sol le ’plus fertile du monde, on s’étonne que, dans le but de servir l’humanité, des gouvernemens européens, en se créant un débouché au surplus de leur population trop grande, relativement à la surface quelle occupe, et dès-lors malheureuse, n’établissent pas ce réseau de navigation intérieure, dont les avantages sont si positifs. La navigation de la Plata , de l’Amazone et de tous leurs affluens, serait sans aucun doute une source inépuisable de richesses pour la nation d’Europe qui, se joignant à la Bolivia, prête à tout sacrifier à ce résultat, voudrait entreprendre cette grande et belle œuvre, si digne d’un siècle de progrès. 1. Descripción del Paraguay, Colleccion de documentos, t. II, p. 3. 2. Nuñez Cabeza de Baca, Comentarios. NOTE SUPPLÉMENTAIRE. Ce chapitre était imprimé, lorsque j’ai reçu directement de M. Manuel Luis de Oliden, dont j’ai dit quelques mots (t. II, p. 653), une seconde édition espagnole, imprimée à Buenos-Ayres, 1843, de la notice écrite par M. Mauricio Bach sur la nouvelle province d’Otuquis et sur la concession de cette petite partie de la province de Chiquitos, faite à M. Oliden par la Chambre des repré- sentans de Bolivia , à la condition d’établir un port pour la navigation du Rio Paraguay. Je crois devoir donner un extrait de ces renseignemens , qui complètent mon histoire de Chiquitos. J’ai dit qu’en 1831 (t. II, p. 652) je m’étais beaucoup occupé des moyens de navigation de la pro- vince de Chiquitos par le Rio du Paraguay. J’ai dit encore que j’avais fait ouvrir un chemin de Santo- Corazon au confluent du Rio Tucabaca et de San Rafael, qu’à cette même époque j’avais adressé une note au gouvernement de Bolivia , en lui signalant les avantages qu’on pourrait retirer de ces nou- velles communications commerciales. Quoiqu’il ne soit pas fait mention de mes notes officielles dans la notice imprimée, il est certain qu’elles ont donné, l’année suivante, à M. Oliden, qui n’avait jamais vu cette partie de la république, l’idée de faire au gouvernement une demande tendant à obtenir le droit exclusif de former un port au confluent des Rios Otuquis et Tucabaca , de manière à faciliter la navigation de ces rivières jusqu’au Paraguay. La Chambre des représentans , dans sa séance du 5 Novembre 1832, admit cette demande, et chargea le pouvoir exécutif d’aider M. Oliden dans son projet et de lui accorder les privilèges que méritait son utile entreprise.' Sur cette décision, le gouvernement prit, le 17 Novembre 1832, un arrêté, par lequel il concède à M. de Oliden, du point où il fixera le port, sur les rives du Rio d’Otuquis, vingt -cinq lieues de terrain en toutes directions, pour lui et ses descendants* ; la propriété de ce port pendant cinquante années ; de plus, le droit de transférer sa propriété comme bon lui semblera; aux con- ditions que si, dans le terme de quatre années, à dater du jour de cet arrêté, le port n’était pas formé et la navigation découverte, ces concessions seraient nuiles. Le 15 Avril 1833, le ministre de la marine donna à M. de Oliden une patente de navigation pour une barque de vingt-cinq tonneaux, avec laquelle on devait descendre de Chiquitos au Paraguay.1 2 3 Muni de ces pièces, M. de Oliden se rendit à Chiquitos en 1833, et s’établit à Santiago pour commencer ses opérations. A sept lieues de distance, sur les anciennes ruines de la mission, i! fonda, près des rives du Rio de Agua Colliente4, un hameau sous le nom de Florida. Il y fit construire une belle maison pour lui, fit défricher de vastes champs et y fixa sa résidence. Il ouvrit un chemin vers la Salina de Santiago 5, un autre jusqu’au point qu’il avait choisi pour centre de ses possessions, à seize lieues à l’est de Florida, sur les anciennes ruines de Santo Corazón. 1. La copie de toutes ces pièces est imprimée dans la notice de M. Bach, intitulée : Descripción de la nueva provincia de Otuquis en Bolivia. Buenos-Ayres, 1843; in-4.°, de 25 pages, avec une carte. 2. Un rayon de vingt-cinq lieues autour d’un point forme une figure ronde et non un carré, comme l’indiquent le plan qui accompagne la notice et les démarcations fixées par 1 acte de possession. Sans doute que d’autres pièces changent le texte de l’arrêté primitif. 3. Comme nulle part, dans la notice, il n’est question de la navigation, sur le Rio Otuquis, de Chiquitos jusqu’au Rio du Paraguay, il est probable que cette barque naura pas été construite. 4. Cette rivière naît à cinq lieues de Santiago, de la source thermale dont j’ai eu occasion de parler. 5. Cette saline, dont j’ai parlé, est exploitée par les Indiens de la mission depuis la domination des jésuites. 1832. C’est là qu’il avait l’intention de fonder la ville et le port d’Oliden. Mais M. Bach annonce dans sa notice qu’en 1842 la ville était encore en projet. M. Oliden ouvrit un autre chemin, de 22 C^qsnl“ lieues, d’Oliden à la mission actuelle de Santo Corazón. Il établit encore deux fermes; l’une, le Sutos, à 15 lieues d’Oliden, sur le chemin de Santo Corazón, l’autre, la Rinconada, sur la chaîne de Santiago. Le 18 juin 1836 le gouverneur de Chiquitos donna l’acte de possession à M. de Oliden, en fixant provisoirement pour limite une surface carrée de cinquante lieues de côtés, renfermant les missions de Santiago et de Santo Corazón’, et s’étendant jusqu’au Rio du Paraguay. M. de Oliden donna à sa concession le nom de province d’Otuquis, prit le même jour le titre de gouverneur , et publia un arrêté, par lequel, considérant que la meilleure garantie qu’on puisse offrir aux nouveaux colons est la propriété, il concède aux cent premiers, en toute propriété, aux conditions de l’occuper d’ici à deux ans, un terrain pour se construire une maison dans la ville d’Oliden, un autre extra muros pour l’établissement d’un jardin, un troisième pour cultiver et un quatrième pour élever des bestiaux.1 2 Afin de chercher à intéresser une société étrangère à la réalisation de ses projets , M. de Oliden envoya, en 1837, M. Maurice Bach, le secrétaire de la province d’Otuquis, à Rio de Janeiro; mais il paraît que, jusqu’à présent (1844), rien n’a pu se faire, et que la province d’Otuquis reste à peu près dans le même état. Si la navigation en descendant le Rio d’Otuquis n’a pas encore été tentée, M. de Oliden n’en a pas moins cherché à s’assurer, par d’autres moyens, de la possibilité de cette navigation. Il envoya, en 1836, son fils, Don José Léon de Oliden , à Cuyaba au Brésil, où celui-ci s’embarqua jusqu’au Rio du Paraguay, qu’il descendit jusqu’à Albuquerque et au fort de Coimbra, appartenant au Brésil , bien qu’il soit sur la rive occidentale de la rivière. II se rendit même jusqu’au fort de Borbon ou d ’Olimpo, première possession du Paraguay, où le commandant ne voulut pas le recevoir. En remontant, il entra dans le Rio d’Otuquis (Rio Negro), où il navigua quatre lieues; il s’y trouva arrêté par des plantes aquatiques ( Jguapè ) , qui l’empêchèrent d’aller plus avant. D’ Albuquerque M. de Oliden, apercevant, du haut d’une montagne, l’extrémité de la chaîne du Sunsas, voulut se rendre par terre à Oliden, mais après avoir marché dix lieues, jusqu’à la montagne de Yacadigo, où ¡I monta , il reconnut qu’ii était à l’extrémité orientale de la Sierra del Sunsas. De ce point , l’extrémité est de la Sierra de Santiago, près d’Oliden, lui parut à douze ou quinze lieues. Malgré cette courte distance, la difficulté de s’ouvrir un sentier au milieu de petits bois épineux le força de revenir sur ses pas. Il revint à Chiquitos par Villa Maria. La lettre que M. Don Manuel Luis de Oliden a bien voulu m’écrire de Buenos-Ayres , le 20 Décembre 1843, m’apprend qu’il est nommé consul de Bolivia au Paraguay. J espère que, dans ces circonstances favorables, le zèle avec lequel il a cherché à établir des relations entre Chiquitos et le Paraguay va trouver un nouvel aliment, et que les siècles futurs lui devront d avoir mis à exécution un si utile projet, dont je m’applaudis d’avoir suggéré l’idée, et d’avoir même fait faire les premiers travaux. (Voyez t. II, p. 652.) 1 . M. Bach nous apprend que ces missions , tout en étant comprises dans les limites de la concession de M. de Oliden, sont encore sous la direction du gouverneur de la province de Chiquitos. 2. Le premier de 25 varas de front sur 50 de fond; le second, un carré de 100 varas de côté; le troisième de 1500 varas de côté; le quatrième d’une lieue de front sur deux de fond. ( 81 ) CHAPITRE XXXIII. Voyage à la province de Moxos par le Rio de S an-Miguel. — Séjour dans les missions Baures et Itonamas de la province de Moxos. — Fort do Principe de Beira et na- vigation sur le Rio Iténes ou Guaporé. §. \ .ei Voyage à la province de Moxos par le Rio de San-Miguel. 1832. Rio Je naviguai huit jours de suite sur le Pxio de San- Miguel, admirant la m 1. Le texte espagnol de cette pièce est ainsi rédigé: República Boliviana. Ministerio de estado del despacho del interior. Palacio de gobierno en Cochabamba à 25 de Junio 1832. En cualquiera ciudad, pueblo, ô lugar de la República Boliviana que se presente M. d’Orbigny, viagero francés , sera tratado por las autoridades con la mayor consideración auciliandole con Cocha- bamba. 1832. Cocha- lia in La. ( 172 ) Je ne restai à Cochabamba que vingt jours durant lesquels je manquais rarement daller au palais, soit pour dîner avec le président, soit pour passer la soirée chez lui. Je m’occupais aussi activement avec M. Carrasco et avec le colonel Davila , gouverneur de la province de Poopo , venu en toute hâte pour prendre le gouvernement de Moxos , de la réorganisation de cette malheureuse province et des préparatifs de mon expédition , que j’avais l’in- tention de diriger vers Tiquipaya et vers la Cordillère de Tutulima. J’avais demandé des Indiens pour porter des vivres, une personne chargée de leur parler en quichua et de les payer, ne voulant, en aucune manière, qu’il passât de fonds par mes mains. Cette personne devait de plus, durant le voyage, recevoir mes instructions sur les points où le chemin devrait être tracé avec plus d’avantages , afin d’y établir un sentier propre aux bêtes de charge. Pour moi je n’ambitionnais que le plaisir de rendre un service a la république. Le jour de la Fête-Dieu le président voulut bien m’inviter à voir passer la procession sur la place , des balcons du Cabildo ou palais du gouverne- ment. J’en fus d’autant plus ravi que je n’avais jamais vu une cérémonie plus solennelle. Il n’y avait point , comme à la Paz , d’indiens danseurs devant le Saint-Sacrement, mais l’affluence était immense. Je remarquai que tous les militaires formant la haie marchaient tête nue, portant leur gros bonnet à poil pendu entre les deux épaules. Du reste cette procession n’avait rien de lugubre comme celle de la Paz , où toutes les Indiennes ont des costumes noi- râtres. Elle offrait, au contraire, l’ensemble le plus gai. Ce grand nombre de vêtemens des couleurs les plus vives, de rouge, de jaune, de violet, de vert et de rose, rappelait à distance l’émail des fleurs d’un parterre. Nulle part, en effet, les costumes n’ont une teinte plus voyante; aussi quelques Espa- gnols disent-ils , en comparant les Indiens de Cochabamba à ceux des régions habitées par les Aymaras , que les premiers seuls ont cessé de porter le deuil de leurs ancêtres, les Incas. Un autre jour le président m’engagea à l’accompagner dans une visite au cuanto nécessite y pida dejándole transitar libremente y aun mandándole escoltar si pidiere algunos hombres para la seguridad de su persona en aquellos puntos que creiere de peligro. Su Excelencia el Presidente de la república mirara con el mayor desagrado cualquiera falta por pequeña que sea à la persona de M. d’Orbigny tanto por los respectos que merece el gobierno francés , como por los servicios particulares que presta à la República. A los Prefectos, gobernadores, corregidores y alcaldes se les reencarga el complimento de lo ordenado en este pasaporte. El Ministro de estado del despacho del interior. Signé Casimiro Olaneta. ( ira ) couvent de femmes de Santa-Clara , où le besoin de réprimer certains désor- dres avait rendu son intervention nécessaire. C’était une occasion que, sans cette circonstance, j’aurais en vain cherché de pénétrer dans l’intérieur d’un couvent cloîtré. Je m’y rendis donc avec le président, les ministres, M.me Santa-Cruz et les aides-de-camp du président. Je trouvai un local immense, occupé par un très-petit nombre de sœurs; aussi chacune d’elles avait- elle un très-grand appartement, où souvent, indépendamment des pensionnaires, elle logeait, pour la servir, une douzaine de jeunes fdles métis. C’est cette nombreuse réunion de femmes , dont quelques-unes pouvaient sortir à volonté, qui, jointe à la rivalité de pouvoir, avait amené les troubles. Je trouvai dans cet asyle de l’humilité une recherche à laquelle j’étais loin de m’attendre. Nous parcourûmes les jardins particuliers de chaque religieuse. On nous régala de chants en l’honneur du président, d’une collation composée des mets les plus délicats, et chacun de nous reçut, des mains des sœurs, soit un citron piqué de doux de girofle et représentant le cœur de Jésus , soit de petits agneaux ou de petits oiseaux artistement faits avec des fils d’argent. A l’une des soirées du président, M.me Santa-Cruz me montra, pour me consulter sur leur exactitude, des vues d’optique, qu’elle venait de recevoir. Je ne saurais dire ce que j’éprouvai en voyant passer tour à tour sous mes yeux les images des principaux monumens de Paris. Je me crus presque un instant de retour dans ma chère patrie, dont néanmoins quelques mille lieues me séparaient encore pour long-temps. Je n’avais pas perdu un instant, mais les formalités à remplir m’avaient retenu plus encore que mes travaux. Enfin tout fut prêt, et je pus faire mes adieux au président et a mes nombreux amis. §. 2. Voyage a travers des pays inconnus, pour chercher une nouvelle route de Cochabamba a Moscos. Le 2 Juillet, je laissai Cochabamba, abandonnant encore une fois la civi- lisation d’une ville pour aller de nouveau m’enfoncer au sein de déserts , où je devais être seul avec moi -même. J’étais accompagné d’un religieux de Saint-François , ayant pour mission de convertir à la foi chrétienne les sau- vages que nous devions rencontrer; de M. Tudela, chargé de recevoir mes instructions sur l’ouverture de la route projetée, et de s’entendre en quichua avec les Indiens porteurs des bagages; d’un métis (Amito), qui savait un 1832. Coeha- liamLa. Juillet. il 111 I : 1832. Cor- dillère orientale. ( m ) peu la langue des Yuracarès , que je croyais retrouver de l’autre côté des Cordillères; de mon interprète cayuvava, Angelo ; d’un mulâtre, mon domes- tique, et de quelques autres pour le religieux et M. Tudela. Je traversai deux lieues et demie de la belle plaine cultivée de Cochabamba, et je parvins le soir au bourg de Tiquipaya, où je devais réunir les Indiens nécessaires à l’expédition. Je m’y vis en butte à l’importune curiosité du curé et des habi- tans , qui concevaient difficilement quel intérêt pouvait déterminer un étran- ger à un tel voyage, et je fus involontairement la cause de beaucoup de larmes. Je dus enlever presque de force à leurs familles les Indiens destinés à me suivre. L’absolue nécessité de mon départ me rendait , bien malgré moi, sourd aux plaintes douloureuses d’une mère âgée, d’une jeune femme, qui restaient sans soutien. Comme je l’ai souvent dit, en ces contrées l’indigène n’est pas, il est vrai, astreint au service militaire, mais sur lui seul pèsent toutes les autres charges de la société, sans qu’il ait jamais le droit de se plaindre. Le lendemain, après beaucoup de retards occasionnés par la désertion des Indiens du village, je partis ayant pourtant une partie des hommes néces- saires, grâce à la précaution prise par l’alcalde de les renfermer la veille. Mon expédition avait fait beaucoup de bruit, et je rencontrais à chaque pas, en traversant la campagne, des femmes postees sur la route avec des vases remplis de chicha , qu’ elles vendaient à mes compagnons de route. A plus d’un kilomètre de Tiquipaya j’avais atteint le pied d’une pente rapide, sur laquelle, après trois lieues de zigzags, en gravissant des terrains secs et couverts de pierres mouvantes , j’arrivai au sommet du plateau de la Cordillère orientale. Je m’y arrêtai dans le but de relever, par un réseau de rumbs, tous les points du vaste horizon qui se déployait sous mes pieds. Au sud la belle vallée de Cochabamba, queje venais de quitter, circonscrite de montagnes sèches et arides, contrastant avec l’animation de la plaine. A gauche une grande ville ornée des dômes de ses édifices religieux; puis, dans toutes les directions, des villages semés au milieu des nombreuses cabanes de l’humble descendant des Incas , semblables à ce quelles étaient il y a quatre siècles , mais entou- rées aujourd’hui de jardins, de vergers, que composent nos arbres fruitiers, apportés par les conquérans du nouveau monde, et de guérets que sillonne tous les ans la charrue. Tel est l’aspect de l’antique Colcha pampa ( plaine du lac) des anciens Incas, qui, de même que les fertiles vallées de Clisa et de Sacava, que j’avais à l’est, jouissent, neuf mois de l’année, d’une température douce et d’un ciel toujours sans nuages. Mien de ce qui carac- ( m ) tér i sc l’Amérique ne se montrait à moi dans ces lieux. Tout, au contraire, m’y retraçait trop vivement le souvenir du sol de notre belle France, dont j’étais éloigné depuis plus de six années. J’aimais à m’abuser un instant. Je promenais ma vue sur ce beau paysage avec le plaisir que nous éprouvons a contempler le fidèle portrait d’un parent chéri, dont une longue distance nous sépare; mais ce bonheur fut de courte durée. Mes compagnons de voyage m’arrachèrent assez brusquement à mes illusions, à mes douces rêveries, en me montrant le soleil déjà très-avancé dans sa course. Je levai les yeux.... La nature avait changé d’aspect. Des montagnes sèches , des ravins profonds, le sol le plus stérile, s’étendaient au loin, et comme la simple bordure d’un riche tableau, faisaient ressortir la beauté des vallées, auxquelles je dis, non sans peine, un dernier adieu; puis je me retournai tristement vers la Cor- dillère orientale , que j’allais franchir pour la cinquième fois. A droite et à gauche des pics aigus , sur lesquels çà et là les pointes déchi- rées d’une roche noirâtre contrastaient avec la blancheur des neiges qui les recouvraient; devant moi un plateau presque uni, où l’été le berger amène ses brebis, mais dont alors, en hiver, les agiles guanacos, la légère vigogne, sont les seuls habitans ; retraites sauvages et silencieuses que fréquente aussi le majestueux condor. Je pris à ma droite un sentier, que je suivis plus de deux lieues sur une plaine assez unie. Nous y rencontrâmes des Indiens, qui nous dirent cpie, loin d’aller, comme nous le croyions, vers Tutulima , nous nous dirigions trop à l’est, vers la Yunga de Maïca monté, antre point habité dans ces vastes solitudes. Il était beaucoup trop tard pour retourner; aussi dûmes-nous camper en rase campagne , à la hauteur de plus de 4500 mètres au-dessus des océans. Nous avions atteint ces régions que les montagnards nomment Puna brava. Un froid extreme s y faisait sentir, sans qu il fut pos- sible de le tempérer par le feu. On essaya bien d’en faire avec de 1 herbe sèche; mais le vent violent qui régnait le fit gagner toute la campagne, sans qu’il réchauffât l’air. La nuit fut terrible : le froid était si intense, que l’humi- dité de notre haleine se gelait à mesure sur nos vetemens. Le 4 Juillet, il fallut commencer la journée par retourner sur nos pas jus- qu’au sommet de la côte de Tiquipaya. Je pris alors un sentier qui, au milieu de ces plateaux à peine accidentés, serpente dans la vallée Y Alt amachi , 1 une des plus élevées peut-être de celles où l’homme ait osé fixer sa demeure. En effet, je vis, à deux lieues, abritées par un léger escarpement, les maisons et les parcs en pierres de quelques Indiens pasteurs, dont les troupeaux occu- paient le fond de la légère dépression de la vallée. Le vent du sud souillait ( 176 ) avec force , et nous glaçait la figure , en la faisant gercer de toutes parts ; j’éprouvais pourtant, malgré ces souffrances physiques, un grand plaisir à me trouver ainsi sur ces sommets élevés, séjour éternel des frimas. La vue de la neige couvrant toutes les sommités environnantes, les troupes de vigognes, de guanacos sauvages, ainsi que l’herbe roide et sèche que je foulais, tout s’harmonisait très-bien. Je voyais, depuis le commencement de la vallée, les restes d’un canal qui , du temps des Incas , conduisait les eaux des sommités de la Cordillère à la vallée de Cochabamba, afin d’arroser une grande surface. Aujourd’hui, de ce magnifique travail, long d’au moins six à huit lieues, il n’existe que des parties, le reste ayant été détruit par les pluies de trois siècles, et les eaux, au lieu d’aller féconder les champs de la plaine, sur le versant sud de la chaîne, se dirigent au nord vers le Rio Béni. C’est une des vestiges de la civilisation éteinte des Incas. Je suivis d’abord le coteau occidental du petit ruisseau d’Altamachi. La vallée devenant plus profonde à mesure que j’avançais, je passai sur le coteau opposé, et je gravis vers les sommets neigeux que j’apercevais; mais la journée avancée me força de m’arrêter dans un ravin , non loin d’un lac glacé à près de fiOOO mètres au-dessus du niveau des mers. L’excès du froid s’y faisait d’autant plus sentir que nous n’avions aucun abri, et la raréfaction de l’air y était telle qu’à peine pouvais-je respirer. La nuit nous parut bien longue, mais, comme de coutume, le jour, consolation du voyageur, vint nous faire tout oublier. Parcourant des sommités en partie couvertes de neige, qui présentaient dans toutes les directions de nombreux lacs glacés , des rochers noirâtres à nu , sans offrir pourtant d’autres difficultés à les franchir que l’excès du froid et de la raréfaction de l’air, je parvins bientôt au point culminant de cette espèce de nœud isolé, appartenant à la chaîne orientale. Là, malgré mes souffrances , je m’arrêtai pour contempler un spectacle vraiment imposant : au sud brillait le ciel le plus pur; au nord, sur le versant des plaines chaudes, à un millier de mètres au-dessous de moi, s’étendait au loin, à l’ho- rizon, une zone permanente de nuages, qui formait comme une vaste mer agitée, se heurtant sur les flancs des montagnes plus élevées, et du sein de laquelle, semblables à des îlots, sortaient les sommités des chaînes inférieures. Je commençai à descendre sur des pentes douces, couvertes de pelouses et dominant des étages de lacs, premières sources du Rio de Tutulima. J’avais donc franchi la chaîne sans obstacles , et l’une des difficultés de mon entreprise se trouvait déjà vaincue; je n’avais plus qu’à descendre. En la corn- ( \77 ) parant au chemin de Palta cueva, à tous ces points dangereux de la route actuelle1, je trouvai que cette nouvelle direction, si je pouvais la suivre jus- qu’à Moxos, remplacerait l’autre avec l’immense avantage de n’exposer à aucuns dangers ni les hommes ni les animaux. Je me dirigeai au nord-nord-ouest, ayant de chaque côté des sommets neigeux. Je foulai d’ahord des terrains en pente , peu accidentés , couverts de pelouses; mais après avoir descendu toute la journée le penchant occidental du Rio Tutulima, je me trouvai, vers quatre heures, entièrement enveloppé de ces nuages que j’avais admirés le matin. Impossible de distinguer aucun objet à dix pas de distance; et j’eusse infailliblement été forcé de m’arrêter, si je n’avais suivi un sentier à peine tracé au milieu de rochers sur la pente on ne peut plus abrupte et inégale d’un coteau , où je trouvai soit de larges fentes à franchir, soit des roches isolées , sans parler des cailloux anguleux rou- lant sous mes pieds. Avec la région des nuages commença la végétation; j’avais jusqu’alors senti ma poitrine oppressée, aussi ne saurais-je exprimer avec quel plaisir je commençai à respirer plus librement un air moins raréfié, déjà par- fumé par les fleurs des zones plus basses. Quand j’eus traversé une couche épaisse de vapeurs blanchâtres, chaque fois que s’écartait, devant mes yeux, le rideau mouvant de nuages alors moins pressés , j’apercevais , encore à quelques mil- liers de pieds au-dessous de moi , un ravin profond , couvert d’une végétation active, et quelques cabanes, terme de ma course de la journée. Je roulai plu- tôt que je ne descendis jusqu’à la limite des bois et de là jusqu’au fond de la vallée. J’arrivai à la nuit close, mort de fatigue, au hameau de Tutulima, dernier lieu où l’homme agriculteur ait osé fixer sa demeure, ayant ainsi passé, dans un seul jour, des glaces du pôle aux limites des régions chaudes. Le lendemain, j’oubliai mes fatigues, en revoyant avec bonheur voltiger 6 les légers oiseaux-mouches ; et en attendant ma troupe , qui ne fut complè- tement réunie que deux jours après, je m’occupai de recherches d’histoire naturelle , non sans porter quelquefois mes regards sur cette voûte de nuages qui s’ouvrait et se refermait alternativement sur ma tête, mais qui ne s’a- baissait jamais jusqu’à moi. Tutulima n’est qu’un petit hameau, composé au plus de huit à dix maisons d’indiens quichuas, fermiers d’un gros propriétaire de Cochabamba2. Ces 1. Voyez t. III, p. 167. 2. Les titres de ce propriétaire, délivrés peu après la conquête, donnent pour limites dix lieues de large est et ouest , bornées au sud par la Cordillère, au nord par les régions inconnues. On con- çoit le vague de ces titres, qui permettent aux intéressés de s’étendre autant qu’ils le jugent à propos. III. i.re partie. 2 5 1832. Cordil- lère orientale. Juillet. I S ’ 1 I II K 1832. ( 178 ) fermiers cultivent avec le plus grand succès les uns le maïs, les autres la canne à sucre; ou surveillent de belles plantations d’orangers couverts à la fois de 1ère fruits et de fleurs. Ils cultivent encore les racines de l’ajipa et de la gualuza, excellentes à manger crues. Cette vallée, étroite et profonde, est bordée de chaque côté de montagnes des plus escarpées. Sur le versant opposé à celui sur lequel j’étais descendu, je voyais, en couches presque perpendiculaires, des schistes phylladiens presque partout à nu, remplis de végétation seulement dans les inégalités. Comme un seul propriétaire venait en ces lieux, on n’a jamais songé à s’y frayer un chemin, aussi le sentier par lequel je tais descendu devait-il tout à la nature, sans que l’art en eut enlevé les difficultés. Il serait néanmoins facile, en serpentant, d’y tracer, sans beaucoup de frais, une route bien plus belle que celle de la Cumbre1. Alors cette jolie vallée, véritable oasis perdue au milieu des escarpemens des montagnes déchirées, pourrait produire au centuple. Elle n’est aujourd’hui cultivée que sur quelques points, le reste étant couvert encore de la plus belle végétation des régions tropicales. J’y recueillis plusieurs espèces de coquilles terrestres des plus curieuses, queje dus, pendant la suite de ce voyage, transporter dans le fond de mon chapeau.2 8 Juillet. Le 8 , après beaucoup de contrariétés provenant de la mauvaise volonté de mes Indiens, dont plusieurs, une fois payés, avaient déserté, je fus obligé de les remplacer à Tutuhma, a 1 instant meme de paitn. Enfin je quittai le dernier point habite pour m enfoncer dans le desert , et pour fouiei le premier une terre vierge. J avais vingt Indiens de charge, ce qui, avec les personnes dont j’ai parlé plus haut et leurs domestiques, formait un total de vingt-neuf personnes. Trouvant que la vallée de Tutulima dirigée au nord- nord-ouest de la boussole, corrigée par la variation a lest , me donnait une bonne route, je la suivis; d’ailleurs il meut ete impossible den giavir les coteaux escarpés. Charge de ma grande boussole a alidade, d un fusil a deux coups, d’un couteau de chasse et d’une petite hache, pour ouvrir le fourré, je dirigeai la marche, non sans être arrêté à chaque pas; suivant quelquefois le lit du torrent, passant et repassant les rivières, selon les obstacles, me frayant un chemin, la hache a la main, au travers des bois ou des hallieis de ses coteaux, déchiré par les épines ou bien ayant à franchir des rochers de quelques mètres de hauteur, roulés par le torrent et amoncelés sur ses bords. Les fatigues inouïes du jour nous rendirent la nuit bien douce. Le creux dun 1. Voyez t. Ill, p. ¡67. 2. Bulimus onça, etc. 1832. ( 179 ) rocher, près du torrent, reçut une partie de la troupe, l’autre se groupa tout autour. Je ne pourrais peindre les sensations que me faisait éprouver l’idée d’être lèrc x ' 1 1 orientale. ainsi transporté dans un lieu oii nul autre homme n’était encore parvenu. Je me trouvais heureux de pouvoir, en même temps, servir mes semblables et les sciences , en faisant , à chaque pas , de nouvelles découvertes en histoire naturelle et en géographie. Je passai une partie de la nuit plongé dans mes réflexions; couché sous ma roche sauvage, je me berçai de ces douces illusions, de ces espérances, qui soutiennent le voyageur et qui me souriaient encore, lorsqu’au point du jour, un organiste (organito) , l’oiseau chanteur par excel- lence , fidèle habitant des précipices , perché sur une branche suspendue au- dessus du torrent , commença ses mélodieux concerts , mêlés au bruit des eaux mugissantes. Les gammes chromatiques les plus douces, la modulation des sons les plus purs et les plus étendus s’y succédaient rapidement. Je l’écoutais avec un ravissement pour lequel l’expression me manque, ses accens s’harmonisaient et sympathisaient si bien avec ma situation d’esprit, que j’aurais voulu pouvoir en prolonger la durée; mais cette espèce d’extase dura peu et mon retour sur moi-même fut presque pénible. Quand la troupe se réveilla,, on découvrit que six de nos Indiens avaient déserté pendant la nuit, avec les vivres qu’ils portaient, et néanmoins il fallait affronter de nouvelles fatigues. L’excavation du rocher sous lequel je m’étais réfugié avait été creusée par les courans , bien au-dessus de la ligne des eaux actuelles. Je remarquai que les alentours étaient couverts de bancs de cailloux roulés , reposant sur les phyllades , formés probablement par d’anciennes alluvions. Je savais que dans les vallées parallèles de Choquecamata , situées plus à l’ouest, on avait trouvé, entre ces cailloux ou cascajos , de très-grosses et de très-nombreuses pépites d’or. Je savais aussi , par expérience , que ce métal se rencontre dans les vieilles dénudations des roches de phyllades. Je voulus m’assurer si, placés dans les mêmes circonstances que les lieux les plus riches d’exploitation, ces bancs de cailloux contenaient également de l’or. J’en arrachai des fragmens en un point oii ils reposent sur les phyllades; j’en enlevai avec soin les graviers les plus inférieurs, je les lavai dans une calebasse et j’en retirai plusieurs par- celles d’or. Ce résultat me donna la certitude que des recherches spéciales, des travaux réguliers procureraient, dans ce petit cours d’eau, de très-grands avantages, d’autant plus que ces cascajos aurifères, mélangés de cailloux de quartz laiteux , se remarquent sur près d’une lieue de longueur. J’aurais pu demander la concession de cette exploitation, que j’aurais sans doute obtenue; 1832. Cordil- lère orientale. g Juillet. 10 Juill. ii Juill. ( 4 80 ) mais j’étais venu en Amérique pour faire de la science et non pour m’en- richir. 1 Le chemin au fond du ravin devint de plus en plus pénible. Les coteaux de la rive droite surtout offraient néanmoins les moyens d’y établir, avec du travail, un chemin facile, en le traçant à mi-hauteur de la montagne. En attendant , n’ayant ni le temps , ni les moyens d’aplanir les obstacles , il fal- lait les vaincre. Je sautai de pierres en pierres; je passai sur des rochers, ou je franchis dix fois la rivière marchant dans l’eau jusqu’à la ceinture, sur des roches glissantes, et luttant contre un courant rapide. Telle fut la route de la journée, ou je fis au plus quatre lieues. Les rives du torrent présentaient par instant des îamhaïvas et de petits bambous verticillés , mélangés à une multitude d’arbres differens , plus variés à mesure cpie je descendais; mais, au milieu de ce beau paysage, la nature restait silencieuse, inanimée. Plus de ces nombreux oiseaux qui pullulent ordinairement dans les forêts chaudes. On serait tenté de croire que la pré- sence de l’homme est réellement la condition nécessaire de l’apparition de la gent ailée, ou peut-être, en ces lieux, le bruit du torrent épouvantait-il les oiseaux ; car à peine y apercevait-on quelques pies criardes ou le solitaire coq de roche au plumage de feu , seuls habitans de ces coteaux escarpés. La journée fut terrible, la rivière s’accrut à deux lieues du point de départ du Rio d’ Altamachi , dont j’avais passé le commencement de la vallée au som- met des Cordillères2, et prit alors le nom de Rio de Pedrillo. Les eaux, plus larges, plus profondes, tombaient par sauts, et chaque fois que les obstacles forçaient de la passer, c’était réellement au risque de se faire em- porter par le courant; aussi m’arrêtai-je à trois lieues de distance du départ. Jusqu’à la jonction du Pxio d’Âltamachi, qui vient du sud-ouest, j’avais suivi la direction moyenne au nord, et je m’en réjouissais, pensant être sur un des affluens du Mamoré. Après ce confluent, je tournai au nord-est, ce qui soutint mon courage. Le \ \ Juillet, le torrent, de plus en plus large, cou- lait toujours avec fracas entre deux hautes montagnes boisées; du profond sillon dans lequel j’étais, je ne pouvais apercevoir que la paroi très-abrupte d’une partie de la pente de ces montagnes. Dans certains endroits , le torrent s’encaisse tellement, qu’il nous fallut chercher à passer sur les corniches avan- cées du coteau, où, suspendus au-dessus des eaux bondissant de rochers en 1. Je me contentai plus tard de signaler ma découverte, afin que d’autres pussent en profiter. 2. Voyez page 175. ( 181 ) rochers , un faux pas pouvait nous y précipiter de cinquante mètres de hau- teur. Heureusement que les lianes auxquelles nous pouvions nous accrocher empêchèrent qu’il n’arrivât d’autres accidens que celui causé par une pierre qui, en tombant du haut de la montagne sur la figure d’un de mes Indiens, lui brisa les os du nez. En suivant ces corniches, j’arrivai au confluent d’une rivière aussi forte que l’Altamachi, qui vient du sud. Comme j’éprouvai, pour la passer, toutes les difficultés possibles, vu l’escarpement deses bords, je la nommai Rio del mal paso (rivière du mauvais pas). Au-delà de ce confluent la vallée suit au nord quelques degrés à l’est. Je m’arrêtai à moins d’une lieue au-dessous. En traversant un fourré, je donnai avec force un coup de hache sur une branche, qui, morte, desséchée, au lieu de résister au choc, céda plus faci- lement que je ne l’aurais cru, et l’un des angles de l’outil m’entra violem- ment dans le genou, en entamant la rotule. Obligé, malgré cette blessure, de monter et de descendre, de passer la rivière à plusieurs reprises, je me contentai d’y attacher mon mouchoir; mais la nuit, tout mouillé, exposé à la fraîcheur de la rosée, je sentis une vive douleur qui m’empêcha de goûter le repos. Le 12, au matin, à peine pouvais-je marcher, par suite de ma blessure; néanmoins, comme il m’était impossible de rester en ce lieu, je dus conti- nuer la marche d’autant plus difficilement que je me donnai une légère entorse à l’autre pied. Je n’en passai pas moins cinq fois la rivière, mais la dernière fois elle était si profonde, qu’il fallut, pour la traverser, se fabriquer un radeau avec des branches sèches. Je fis encore à peine trois lieues dans la direction nord. J’avais pourtant franchi le confluent d’une assez grande rivière venant du sud-ouest, que j’appelai, en raison des rochers dont ses bords étaient couverts, Rio de las penas (rivière des rochers). La nuit trois Indiens désertèrent. La rivière, moins resserrée, offrait quelquefois de larges plages et des eaux moins encaissées; mais en d’autres endroits il fallait gravir les coteaux ou escalader des rocs énormes. J’avais aussi franchi sept fois la rivière, ayant de l’eau jusqu’à la poitrine, et j’avais vu deux affluens s’y jeter sur la rive gauche. Le premier, queje nommai Rio del oto (rivière de l’or), m’offrit une très- grande surface de cascajos ou d’anciens cailloux, placés bien au-dessus du lit actuel de la rivière; j’en lavai quelques parcelles, et je retirai une pépite d’or, signe certain des richesses qu’ils renferment. Je nommai le second Rio de la paciencia , parce que je m’y arrêtai et dus en vain y attendre une partie ( m ) 1832. de ma troupe. Je trouvai pour la première fois, dans ces lieux sauvages, ~ ^ une magnifique espèce de palmiers, queje m’empressai de dessiner* : c’était peut-être une des plus élégantes que j’eusse vue jusqu’à ce moment. Le 1ère orientale. gros de la troupe ne put nous rejoindre, et nous dûmes l’attendre tout le len- .4 juin, demain , encore n’en arriva-t-il qu’une partie. La direction suivie était au nord-ouest, ce qui commençait à m’inquiéter. i5 juin. Le 15, impatient du temps perdu, je me mis en route avant l’arrivée des traînards; je vis bientôt, sur la rive gauche, un nouvel affluent, dont les rives étaient garnies de petites pierres de toutes les couleurs, rouges, vio- lettes , noires , enlevées sans doute aux phyllades de ses bords1 2. Je passai plusieurs fois le torrent, mais sur un point la profondeur en était telle, qu’il fallut construire un radeau pour traverser des eaux limpides et bleues , sem- blables à celles des Pyrénées et des Alpes. J’avais vu les Yuracarès construire ces radeaux avec les troncs du palmier vina, que j’apercevais de toutes parts; je voulus les imiter. Je fis abattre ces arbres dans la partie où le tronc est renflé; je les fis couper par tronçons; je fis pratiquer des trous de chaque côté, passer des chevilles de hois par ces trous, pour assembler les morceaux , en les attachant avec des lianes, et j’eus bientôt un radeau solide, que mon Indien rnoxos à la nage traîna de l’autre côté et qui servit successivement à toute la troupe. Peu de temps après je trouvai une grande rivière. Je pouvais jusqu’alors me croire sur un des aflluens du Rio Mamoré et la direction suivie était bonne; mais tout à coup une chaîne de montagnes élevées se montra devant moi, et la rivière queje suivais, recevant cet autre cours d’eau, venant de l’est -sud- est , tourna brusquement au nord-ouest. Tout espoir semblait m’être ravi; car, sans aucun doute, ce devait être un des tributaires du Rio Béni. Mon embarras était extrême , et je ne vis d’autre moyen que celui de franchir la Cordillère, coupant à angle droit la direc- tion que je devais prendre. Je passai le dernier gué et je remontai le nouvel affluent3, tout en examinant la chose en moi-même, lorsque, fixant par hasard les yeux sur le sable, j’y reconnus l’empreinte de plusieurs pas d’hommes, qui se dirigeaient aussi vers le nouvel affluent. Dans le désir de communiquer avec les maîtres de ces lieux, je m’avançai en suivant les traces fraîches, et bien- tôt j’aperçus, au milieu de la rivière, un sauvage armé d’un arc et cherchant 1. C’est Y Euterpe longivaginala , Palmiers, pl. 12, fig. 1. 2. Je l’appelai Rio de las piedrecitas (rivière des petites pierres). 3. Je le nommai Rio de la reunion, parce que ma troupe s’y trouva réunie avec des Yura- carès et des Mocéténès. ( 185 ) à percer d’un trait1 le poisson qu’il épiait d’un œil attentif au sein d’une onde 1 832. des plus pures. Il ne parut point effrayé de notre présence. Je reconnus de c ail suite à sa tunique sans manches, à son bissac placé sur l’épaule gauche, à ses traits surtout et aux peintures de sa figure, que ce n’était pas un Yuracarès ; ce dont je m’assurai d’ailleurs, en lui adressant, dans la langue de cette nation, quelques mots qu’il n’entendit pas. Il me fit signe d’aller plus loin , ou je trouvai huit Indiens de sa tribu, celle des Mocéténès et quelques Indiens yura- carès , occupés , sous une ramée de feuilles de palmiers , à faire rôtir des singes et du poisson. Nous étions peut-être aussi étonnés les uns que les autres de nous trouver en présence , et la plus grande curiosité régnait de part et d’autre. Les sauvages s’empressèrent de m’offrir de partager leurs repas ; mais il fallut attendre le gros de ma troupe , pour apprendre de l’interprète yuracarès où nous étions et à qui nous avions à faire. C’étaient des Indiens mocéténès , habitant à une journée de là sur la même rivière en la descendant ; ils revenaient de faire une visite amicale aux Y uracarès , qui vivent de l’autre côté de la chaîne, et avec eux quelques-uns de ces derniers, qui avaient accompagné leurs visiteurs. Tous mélangés, nous formions le plus singulier assemblage, les contrastes les plus curieux de couleur, de traits, de costumes, et tandis que chacun s’occupait de ce qui pouvait l’intéresser, je repris mon rôle d’observateur. Je comparai les caractères physiques des trois nations américaines qui se trou- vaient là fortuitement réunies. Le Quichua montagnard ou descendant des Incas, à la couleur foncée, au corps court et large, dont le tronc, par son grand développement, n’est pas en harmonie avec les extrémités; le Quichua au nez aquilin très-prononcé, à la figure sérieuse et triste; près de lui le N ura- carès, presque blanc, aux belles formes élancées et mâles, à la figure itère, hautaine; plus loin le Mocéténès, tenant entre eux un juste milieu, par sa taille, par ses formes, par sa couleur encore presque blanche, mais ayant des traits efféminés, un sourire gracieux, plein de douceur, le nez court et la face à peu près ronde. Je cherchai, comme je l’avais toujours fait dans les mêmes circonstances, à m’expliquer ces différences par des causes natu- relles, qui influent à la longue sur les caractères physiques et moraux de l’homme. Je me demandais si la forme massive des Quichuas , la largeur extraordinaire de leur poitrine , n’étaient pas déterminées par le besoin d as- 1. Voyez la planche 10 des Coutumes et usages , que je dessinai le lendemain, en suivant la pêche des indigènes. 1832. Cordil- lère orientale. ( 484 ) pirer une plus grande quantité cl’air, par suite de la raréfaction des plateaux élevés sur lesquels ils vivent. Je me demandais encore si la teinte presque blanche des Yuracarès, qui, du reste, ont les traits des Quichuas, si leurs belles formes ne pourraient pas provenir de la continuité de leur séjour au sein de ces forêts humides, chaudes, impénétrables aux rayons du soleil, très-différentes des montagnes sèches où vivent les nations montagnardes. Je me demandais, enfin, si les Mocéténès qui présentent les traits efféminés des Indiens des plaines de Moxos et de Chiquitos, ne seraient pas les descendans des nations de ce rameau dont la même cause aurait pâli la couleur. Je n’étendrai pas davantage ces réflexions, que j’ai d’ailleurs consignées dans mon travail spécial sur l’homme américain. Le soir , comme des frères d’armes , nous étions tous les uns près des autres, au bord de la rivière, sous une voûte épaisse du feuillage le plus varié. D’un côté l’on entendait la langue gutturale des Quichuas , qui rappelle un rauque croassement; plus loin le parler doux et mielleux des Mocéténès, con- trastant avec le langage arrogant, avec la parole fière et hautaine des Yura- carès, orateurs prétentieux. Les idiomes de l’ancien monde étaient là tout à fait en minorité; à peine, trois ou quatre d’entre nous les faisaient -ils entendre. Il est difficile de se rendre compte de l’impression qu’éprouve le voyageur européen, à l’aspect des grands traits d’une nature imposante et sauvage, en se voyant entouré d’objets si différens de ceux qu’il rencontre au milieu de la civilisation des villes. J’étais privé de toutes les commodités de la vie. Pour me reposer de longues fatigues, je n’avais d’autre lit qu’un sol humide, et néanmoins je n’aurais pas cédé ma place du moment pour une des plus commodes au milieu de la fête la plus somptueuse de notre brillante capitale. L’ensemble de la route suivie depuis Tutulima me porte à croire, comme je l’ai indiqué à M. Tudéla, durant notre voyage, qu’il conviendrait de prendre de suite, en sortant de ce hameau, le versant occidental de la montagne sur la rive droite du Rio Tutulima, et de le continuer jusqu’au confluent du Puo del mal paso; de traverser cette rivière et de suivre toujours le même versant jusqu’au Rio de la réunion; ainsi l’on n’aurait qu’une descente à faire, tandis qu’en suivant la montagne sur la rive gauche , il faudrait monter et descendre pour franchir successivement le Puo d’Altamaclii, le Rio de las peñas, le Rio del oro , le Rio de la paciencia , et le Rio de las piedrecitas. Il convient de toutes les manières d’éviter ces rivières, parce que ce sont des torrens rapides, qui peuvent se gonfler d’un instant à l’autre par les pluies et arrêter les 1832. ( 185 ) voyageurs. Combien de fois, au fond de ce ravin, ou j’ai passé près de sept jours, il ai-je pas craint cet embarras! Il est certain que si, au lieu du beau temps dont j’ai joui, des pluies continues et torrentielles, comme celles que j’avais essuyées en remontant de 1’ Asuncion de Yuracarès vers Cochabamba , fussent venues m’assaillir au milieu de ma route, j’aurais été obligé de m’arrêter jusqu’à ce qu’une suite de beaux jours m’eût permis de continuer. La nation des Mocéténès, que j’avais rencontrée, et que les Yuracarès nomment Maniquíes1, habite le fond du ravin, le long du Rio Béni, depuis ce point jusqu’au nord de la Paz , c’est-à-dire sur une cinquantaine de lieues géographiques, où ils sont distribués , par villages, sous l’ombrage des forêts. Plus petits de taille que les Yuracarès, ils ont aussi des traits differens. Leur caractère paraît très-doux , et j’aurais bien voulu pouvoir céder à leurs instances , en les allant visiter chez eux , mais la chose m’était impossible. Us sont culti- vateurs et chasseurs tout à la fois. Us suivent les cours d’eau pour chasser les singes et les pécaris, au milieu des bois, ou pour épier, au sein d’une onde cristalline, les poissons, qu’ils percent de leurs flèches aiguës. Si la chasse est abondante , ils la boucanent et reviennent chargés de provisions. Souvent ils descendent ou remontent les torrens avec des radeaux. Leur costume consiste en une tunique sans manches de tissus de coton , d’une belle couleur violette , bordée de rouge. Us ont les cheveux coupés carrément en avant, et réunis, par derrière , en une queue , à laquelle ils suspendent leurs couteaux ; ils ne s’arrachent pas les sourcils. Leur figure est peinte ou pour mieux dire marquée de trois raies bleues, l’une en arc, passant des joues à la lèvre supérieure, la seconde au-dessous de la lèvre inférieure et une troisième sur le nez. Ils s’ornent la tête de plumes des ailes des perroquets. En voyage ils ont tous sur l’épaule gauche un bissac de toile. Je remarquai que quelques-uns avaient la peau toute tachetée de blanc , ce qui les rend comme tapirés. Le lendemain je me séparai des Mocéténès, qui retournèrent chez eux, chargés des présens dont je les avais gratifiés , mais les Yuracarès voulurent nous guider vers leurs bois; ils nous conduisirent à deux lieues, en remontant la rivière, à l’endroit d’oû ils étaient descendus de la montagne, afin de la franchir le jour suivant. La journée étant trop avancée pour commencer notre ascension, j’en consacrai le reste à l’étude de la magnifique végétation qui couvre ces lieux. Elle se compose principalement de palmiers, et ressemble beaucoup à celle que j’ai décrite au pays des Yuracarès 2. Pour ménager 1. Voyez, Homme américain , la description complète de cette nation. 2. Voyez t. III, p. 155. III. i.,e partie. 2 Iv Cordil- lère orientale. ( 186 ) 1832. nos vivres, dès que nous avions atteint la région des palmiers, nous faisions ' du cœur de ces arbres le fond de notre nourriture. lère Au lever du soleil la troupe s’ébranla. D’abord perdu au milieu du fourré, .7 juin, s’accrochant aux branches pour s’aider à monter, chacun gravit péniblement, sans rien apercevoir autour de lui; puis, au travers des hautes fougères, la forêt, moins épaisse, permit de voir, avec le ciel, le ravin que nous aban- donnions. Après quelques baltes que la fatigue rendait nécessaires , nous arri- vâmes enfin, vers quatre heures, sur la partie la plus élevée de la chaîne; mais quel ne fut pas mon désespoir, lorsque je m’y trouvai enveloppé de nuages, qui m’empêchaient de rien distinguer autour de moi! Ma seule espé- rance de succès reposait sur le choix à faire d’un cours d’eau , queje ne pouvais reconnaître que de la sommité sur laquelle je me trouvais. J’attendis et laissai la troupe me devancer. Une heure d’inquiétude me parut bien longue. Je perdais presque courage, lorsque, par un bonheur inattendu, les nuages s’ouvrirent un instant, et je pus plonger sur un immense horizon. Les derniers contre-forts des montagnes descendaient lentement, comme des sillons irré- guliers , couverts d’arbres , en serpentant vers une 111er de verdure sans bornes , composée des forêts de la plaine qui bordent les montagnes sur une étendue de plus de quarante lieues. Plein d’anxiété, je suivais d’un œil avide la direc- tion des ravins profonds, cherchant leur point de réunion pour découvrir un cours d’eau navigable. Un rayon de soleil me le dévoila , en faisant briller à une distance considérable une rivière qui coulait au milieu de la forêt, dans la direction du nord 15° est. Cetait le port qui s’ouvre au navigateur après une longue traversée; c’était le résultat de mes calculs, le triomphe de mes idées!... un affluent du Rio Sécuri, que j’avais laissé près de Trinidad de Moxos Je me livrai comme un enfant à la joie la plus folle. Je relevai tous les points visibles de cette immense surface. Je remar- quai que, très -prolongée à l’est et à l’ouest, la chaîne sur laquelle je me trouvais servait de limites aux deux versans du Rio Béni et du Rio Ma- moré, et n’était, sans doute, que la continuité de la Cuesta de Yanacaca ou Séjéruma, voisine du Paracti2. Au sud je dominais toutes les mon- tagnes qui séparent les rivières déjà reconnues par moi, et je pus les des- siner. Je distinguai parfaitement les cours des deux rivières de la Réunion de Pedrillo, formant le Rio de las Palmas , qui , lorsqu’il reçoit plus bas du sud î. Voyez t. III , p. 144. 2. Ibidem, p. 159. 1832. ( 187 ) le Rio de Choquécamata , prend le nom de Rio Movia , le plus important et le plus oriental des tributaires du Rio Béni, réunissant tous les cours d’eau que j’avais vus depuis Altamachi1. Tout le sommet delà montagne, mais le sommet seulement, est couvert d’une belle espèce de palmiers, que je n’avais jamais rencontrée ailleurs2. J’en recueillis les diverses parties et j’en dessinai l’ensemble. Je rejoignis mes compagnons après une lieue d’un chemin affreux, oh je sautais de grandes hauteurs , en m’accrochant aux lianes et courant vingt fois le risque de me casser le cou. Je les trouvai tristes : ma joie m’avait fait oublier que je n’avais pas bu de la journée; mais eux, que le même intérêt n’animait pas, me le rappelèrent par leurs plaintes amères. Confiant en la Providence, qui s’était toujours montrée si bonne pour moi, je parcourus des yeux les environs, je demandai un vase et je m’éloignai. Ils me regardaient comme un fou. Un instant après, au grand étonnement de la troupe, je rapportai le vase plein d’une eau des plus pures. Aux frontières du Paraguay, dans une circonstance semblable, un Indien guarani avait apaisé ma soif dévorante en m’apprenant qu’une espèce de Bromelia contenait toujours de l’eau dans l’intérieur du calice formé par la réunion de ses feuilles3. J’avais aperçu autour de moi beaucoup de ces plantes parasites sur les troncs des arbres, et j’y trouvai le même secours qui, tant de fois depuis, m’a rendu la force et le courage. Dès-lors plus de murmures ; chacun de son côté se mit à en recueillir et à satisfaire au plus impérieux des besoins, tout en me remer- ciant de mon heureuse découverte. Les Yuracarès étaient arrivés les premiers à cette halte ; ils y avaient trouvé un léger abri de feuilles de palmiers. Ils s’en emparèrent, sans songer à nous l’offrir. Il est vrai que la nuit des plus belles invitait à bivouaquer. Je suivis deux jours en descendant la crête des mêmes montagnes, sons une voûte éternelle de branches croisées, que le soleil ne perce jamais de ses rayons ; aussi ces lieux humides donnent-ils naissance à des plantes cryp- togames des plus belles, dont je me chargeais chaque jour. Ces plantes figurent aujourd’hui dans les collections du Muséum et me rappelleront toujours les plus doux souvenirs. Après avoir descendu sur des pentes rapides , j’arrivai au Rio que les Yuracarès nomment Icho. J’y rencontrai des Indiens occupés 1. Voyez ma carte de la Bolivia. 2. Iriarlea Lamarckeana, Palmiers, pl. 11, fig. 3. 3. Voyez t. I.er, p. 169. Cordil- lère orientale. i8 Juill. ( 188 ) 1832. g. boucaner , afin de le rapporter diez eux le poisson cjuils avaient tue a coups de flèches. Cette opération se fait en fichant en terre quatre petites c^rdeil_ fourches d’un mètre de haut , sur lesquelles on croise des branches destinées orientale. ^ recevoir, connue un gril , le poisson placé au-dessus de charbons ardens. Le '9 J"i" Rio d’Icbo n’étant pas navigable, je me laissai conduire par les Yuracarès vers un autre affluent, plus considérable. ■ - ■ - ■ ’ • .... ’ . > • • . i §. 3. Séjour ’ chez les Indiens Yuracarès. En laissant la rivière, je commençai à gravir une assez haute montagne, formée de sable argileux et d’argile. Il plut lorsque j’étais au sommet, ce qui rendit le sentier tellement glissant, queje tombai plusieurs fois, ainsi que mes compagnons de voyage. Un des Yuracarès glissa aussi et resta suspendu , le col accroché aux arbres, par la bandoulière qui retient leur sifflet et quel- ques ornemens. Nous eûmes de la peine a le degagei. A. la suite de beau- coup de fatigues et tout mouillé, après avoir passé le Rio Iñesama, je chemi- nais en avant au milieu de la forêt, en suivant un sentier tracé. Tout à coup mes Y uracarès s’arrêtent et me font signe de les imiter : chacun d’eux saisit le sifflet pendu à son côté , et tous ensemble exécutent trois sifflemens aigus que l’écho répète au loin. Un instant je me crus trahi; mais bientôt ils reprirent leur marche et quelques minutes plus tard nous avions atteint une maison de la même nation. J’appris que jamais un Yuracarès ne s’approche d’une habitation à l’improviste; ce serait un signe d’hostilité. La hutte était un vaste hangar couvert de feuilles de palmiers, ouvert aux deux extrémités et entouré de champs de bananiers. Je fus reçu sans aucune cérémonie. Les femmes pourtant me présentèrent des racines de mandioca rôties. A peine entrés, mes conducteurs allèrent s’asseoir en silence près du maître de la maison. L’un d’eux, sans le regarder, prononça un discours animé, qui dura plus de deux heures , pendant lequel ses intonations étaient alternativement craves et chaleureuses. Quand il eut fini, le chef de la famille, sans regarder non plus le premier orateur, parla aussi long-temps que lui. Toute la nuit se passa en pourparlers du même genre relatifs à notre arrivée, dont le sens n’avait rien d’inquiétant. Nous dormîmes tous sous le même toit avec la famille yuracarès. ,„¡1, Le lendemain les habitans de la hutte voulurent nous accompagner vers une autre de leurs cabanes. Les hommes prirent leurs arcs et leurs flèches, tandis que les femmes portaient non -seulement tout lavoir de la famille, ( 189 ) mais outre leur charge, soit leurs jeunes enfans, soit leurs singes, leurs *832- poules ou leurs perroquets, ce qui formait pour elles un bien lourd far- Cordil_ deau. L’une d’elles portait ainsi une grande harpie apprivoisée, qu’il avait or¡^eale. néanmoins fallu garroter, afin de la mettre hors d’état de nuire avec ses serres acérées. Les Yuracarès estiment beaucoup ces oiseaux, dont les plumes des ailes et de la queue leur servent à empenner leurs flèches, tandis qu’ils emploient le fin duvet blanc placé plus près du corps à se couvrir la tête dans les grandes cérémonies. Après une marche pénible sur les coteaux du Rio Iñesama , j’arrivai à la maison des derniers Yuracarès , ou l’on me donna de la canne à sucre. Je traversai le confluent du Rio Moleto, sur lequel j’avais résolu de m’embarquer. Je remontai cette rivière et je parvins enfin au sein de la forêt, aux maisons des premiers Yuracarès que j’avais rencontrés au Rio de la Réunion , où je devais me reposer de toutes mes fatigues. Des courriers furent dépêchés dans toutes les directions pour prevenir de ma visite les Yuracarès disséminés dans les bois. Apres avoir renvoyé mes Indiens quichuas vers leurs montagnes, je m’établis dans un coin de la mai- son des Y uracarès , où je repris l’étude des hommes singuliers parmi lesquels je vivais, et me livrai de nouveau à mes recherches d’histoire naturelle, ne négligeant rien d’ailleurs pour obtenir des renseignemens sur de nombreuses rivières encore inconnues aux géographes. Deux jours après une fanfare bruyante m’annonça l’arrivée d’une visite. Je vis bientôt une douzaine d’indiens marchant sur une seule ligne les uns derrière les autres. Ils avaient la figure et les jambes barriolées de rouge et de noir, les cheveux bien peignés et couverts de ce duvet blanc des aigles, assez analogue, pour la couleur, à la poudre dont se paraient nos peres. Us étaient tous vêtus d’une tunique sans manches en écorce de mûrier , ornée de peintures rouges très -régulières; ils avaient par dessus un large cordon de perles de verre , passant sur l’épaule droite et soutenant leurs instrumens de musique, pendus au côté gauche du corps. Dans la main droite ils por- taient une espèce de sabre ( machete) , et dans la gauche un faisceau de leur arc et de leurs longues flèches. Ils s’avancèrent gravement, me firent, l’un après l’autre , une légère inclination de tête 1 ; allèrent , sans rien dire au maître de la maison , s’asseoir en rond , en plaçant leur arc et leurs fleches à droite, se croisèrent les bras, en tenant la pointe de leur sabre en bas, et 1. Voyez Coutumes et usages, pi. 11. 1832. Yura- carès. ( 190 ) restèrent ainsi un instant silencieux. Tous les habitans de la maison, les hommes les premiers , les femmes ensuite , vinrent les saluer chacun en par- ticulier, en passant devant eux; puis ils commencèrent, sans se regarder, des discours cpii durèrent toute la journée. Je leur fis aussi, moi, par l’interprète, ma petite harangue, pour les remercier de leur bienveillant accueil, et je trouvai les nouveaux venus bien disposés à me servir. Le soir, après m’avoir salué de nouveau , ils allèrent , dans le même ordre , s’établir dans une maison voisine. J’appris cpi’ils venaient des rives du Rio Icho. Ne voulant pas laisser refroidir leur zèle, je partis avec eux dès le lende- main et m’enfonçai au sein de la forêt la plus belle du monde , pour décou- vrir un arbre propre à la construction d’une pirogue. Je la parcourus sans obstacles, en suivant mes sauvages vers le plus gros arbre, car tous leur étaient connus. Enfin l’un d’eux est choisi : son tronc, qui peut-être a déjà vu plusieurs siècles; son tronc, de plus de huit mètres de circonférence à sa base, est aussitôt entamé par la hache, comme un rocher que sape la mine. Les éclats volent, mais le soir seulement, après un travail forcé, sa chute fait trembler la terre, renverse devant lui tous les autres arbres, et à plus de cents pas il en tombe encore entraînés les uns par les autres. Les coups redoublés de la hache firent retentir la forêt sept jours de suite, pendant lesquels je dirigeai les travaux des Indiens et soutins leur courage par mon exemple, en travaillant avec eux. Enfin le doyen des arbres des environs s’est transformé en une nacelle assez grande. Les obstacles qui s’opposent à sa marche vers la rivière sont aplanis sur tous les points à la fois au travers de la forêt, l’espace de près d’un quart de lieue; elle y est lancée triomphale- ment, et je commence à pouvoir m’applaudir du succès de mes vœux. Pour accomplir la mission que je m’étais donnée, il ne me restait plus qu’à voguer vers Moxos. Durant ce travail, j’avais constamment étudié soit les Yuracarès, soit l’admirable végétation des forêts qu’ils habitent. Un jour je laissais un instant mes ouvriers pour chasser, une autre fois je parcourais les plages des rivières, en observant que toutes sont couvertes de nombreuses plantes graminées qui pourront servir de nourriture aux mules lorsque le chemin sera ouvert. Pour se garantir à la fois des moustiques et de la morsure des chauves-souris, les Y uracarès dorment sous des espèces de moustiquaires faites avec l’écorce des mûriers; comme ils aiment beaucoup leurs chiens, ils les couvrent toujours la nuit. Ils s’éveillent à la pointe du jour et causent alors longuement, surtout des parens qu’ils ont perdus; souvent on les entend gémir et pleurer. Un soir ( 191 ) . ■ tous les Indiens se réunirent à la maison où j’étais, pour danser et boire de 1832. la cliicba faite avec les racines de la mandioca. La liqueur fermentée était contenue dans de grandes auges de bois. Les hommes avaient prévenu leurs voisins de la réunion, en faisant dans toutes les directions retentir la forêt du bruit de leur sifflet. Ils s’étaient couvert la figure et les jambes de pein- tures rouges et noires ; ils avaient coupé leurs cheveux et rasé leurs sourcils. Les femmes avaient fait la même toilette, et les jeunes filles s’étaient orné les épaules soit de touffes de plumes rouges, soit de plumes noires et de paquets d’élytres du bupreste géant ou de grelots de cuivre. Tous, placés sur deux lignes, se mirent à danser, d’abord au son de flûtes de Pan, puis au son de la voix; iis se croisèrent les bras en allant en mesure tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Les femmes vinrent se mêler à eux et se placer entre chaque danseur, prenant d’abord le côté de la tunique des hommes , croisant ensuite les bras avec les leurs1 et sautèrent long-temps, toujours d’un sérieux imper- turbable. Elles portaient sur leurs épaules, leurs jeunes enfans, et les jeunes filles leurs singes ou tel autre animal qu’elles se plaisent à élever. On dansa ainsi une partie de la nuit. Le lendemain, étant à l’ouvrage, quelques Indiens se plaignirent de maux de tête , qui étaient sans doute des suites de la fête. Pour s’en guérir , ils se firent enfoncer sous la peau des tempes de longues aiguilles, se prétendant alors sou- lagés. Les Yuracarès croient que les blancs apportent toujours avec eux des ma- ladies qu’ils n’auraient pas sans cela ; aussi ne manqua-t-on pas d’attribuer à notre arrivée une coqueluche qui se déclara pendant notre séjour. Il en fut de même de fortes douleurs rhumatismales que ressentit à la jambe la femme du propriétaire de la maison que j’habitais. Pour la guérir, une vieille indienne se mit à fumer du tabac et lui administra une espèce de fumigation. Ce spécifique étant resté sans effet, le lendemain on lui fit, avec un morceau de bambou très-tranchant, de nombreuses incisions, qui déterminèrent une copieuse saignée; puis on la mit a la diète la plus rigoureuse. La malade ne se rétablissant pas davantage, on l’enleva de la cabane et on la porta dans la forêt , sous un très-petit toit fait avec des feuilles de palmiers. Sa mère et son mari l’accompagnèrent seuls, et elle ne voulut rentrer chez elle qu’après notre départ. Un jour, revenant du travail, je trouvai une vieille indienne de la maison dans une colère affreuse et brisant tous les vases de sa cuisine; j’en demandai — — j 1. Voyez Coutumes et usages, pl. 17. Yura- carès. ' - •" / /. ; ' ■ ' ■ * K - •’ . i ■ 1 J ■ \ . , ' ' . *■ 1832. Yura- carès. ( 192 ) la cause. Cela tenait à l’horreur que les Indiens éprouvent pour la chair de boeuf, et conséquemment pour notre nourriture. Cette femme avait donné à mon domestique quelques pots de terre, dont il devait se servir exclusivement en faisant sa cuisine bien loin de celle des Yuracarès ; mais ayant eu mo- mentanément besoin d’un plus grand vase, il s’était permis d’en prendre un qu’il remettait en place. Lorsque la propriétaire s’aperçut de l’emprunt , dans la crainte qu’il n’eut touché les autres vases , elle avait tout brisé , l’accablant de reproches. Fabriquer de la faïence n’est pas une opération ordinaire chez ce peuple superstitieux ; aussi l’entour ent-ils de précautions singulières. Les femmes , qui en sont exclusivement chargées , s’en vont avec le plus grand recueillement et seulement quand il n’y a pas de récolte pendante , chercher la terre; dans la crainte du tonnerre, elles se rendent aux lieux les plus cachés de la forêt, de manière à ne pas être vues; elles s’y construisent une cabane. Pendant quelles travaillent, elles remplissent plusieurs cérémonies et n’ouvrent jamais la bouche, se parlant par signes , persuadées qu’une parole prononcée ferait infailliblement casser tous leurs vases à la cuisson , et ne s’approchent pas de leurs maris , car tous les malades mourraient. Peu fait aux mortifications, le Franciscain qu’on m’avait donné n’avait cessé de se plaindre durant notre voyage, employant à lui seul presque tous les hommes de ma suite à l’aider, quoiqu’il eût tout au plus vingt-huit ans, et qu’il fût en bonne santé. Arrivé chez les Yuracarès , il devint toujours plus exigeant. Il trouvait mauvais que je dirigeasse la marche et que je voulusse conduire les ouvriers. Il avait voulu trop obtenir des Yuracarès > qui n avaient pour lui aucune considération. Au lieu de remplir sa mission, qui était de chercher à convertir les Indiens, en restant avec eux, il changeait tous les jours de résolution, voulait gagner par terre le Rio Coni ou nous suivre à Moxos. Il finit par s’arrêter à ce parti, ce qui me contraria, la pirogue étant déjà trop petite pour nous contenir tous sans danger. Avant de laisser le pays des Yuracarès, je donnerai une description de leurs moeurs si singulières, dont je n’ai jusqu’à présent parlé qu’accidentellement. ( 195 ) 1832. CHAPITRE XXXVII. Description des Indiens Yuracares , et voyage du pays des Yuracares à Moæos , par le Rio Se'curi. §. 1 Y Description des Indiens Yuracares . 1 Les Yuracares vivent au pied des derniers contre-forts de la Cordillère orientale, de Santa-Cruz de la Sierra à l’est, jusqu’au nord-est de Cocha- bamba , sur une bande de vingt à trente lieues de large , et de soixante-quinze de long, comprise entre les 66.e et b9.e degrés de longitude, et les 15.e et 18.e degrés de latitude sud. Ils paraissent avoir, dès les temps les plus reculés, habité ces mêmes lieux, sous le nom de Mansinos, de Solostos ; mais ils se retirèrent vers l’ouest pour se soustraire aux attaques des Crúcenos, qui leur donnaient la chasse pour les vendre comme esclaves2. En 1751 un franciscain se présenta chez eux, afin de les convertir; il n’est jamais revenu, etdifférens vestiges, ainsi que les relations des Yuracarès , porteraient à croire que ce religieux a été leur victime3. Du temps des jésuites, les Yuracarès ont encore été obligés de fuir, inquiétés, d’un côté, par les Moxos, de l’autre, par les Chiquitos de Buena -Vista, près de Santa-Cruz, qui, chargés par les jésuites d’amener des néophytes, allaient fréquemment jus- qu’au Rio Chimoré, y surprenaient les Yuracarès, les chargeaient de liens, les amenaient ainsi vers les missions, souvent jusqu’à Concepcion ou Santiago de Chiquitos, ce qui ne les empêchait pas de retourner vers leurs forêts. Quoiqu’il en soit, les paroles d’un air de danse qu’ils chantent encore dans la langue des Chiquitos, et les noms des pirogues et des rames qu’ils em- pruntent à la langue des Moxos, prouvent les communications qu’ils ont eues avec ces nations. 1. J’ai déjà parlé des Yuracarès ( Homme américain ); mais j’en compléterai ici la description par l’exposé de beaucoup de faits, que le cadre restreint de ce premier ouvrage ne m’avait pas permis d’y faire entrer. 2. Sans doute vers 1680. Voyez t. III, p. 38. 3. - Ces renseignemens et beaucoup d’autres qui vont suivre sont tirés d’un mauuscrit du père Lacueva, qui a vécu dix-huit ans avec les Yuracarès. Yuraca- rès. III. j.repart. 2D 1832. Tí uraea- rès. ( m ) L’humeur entreprenante des Yuracarès les a, de tout temps, portés à communiquer avec les Espagnols, dont ils avaient besoin pour se procurer des instrumens de fer. C’est ainsi qu’ils pillèrent la Yunga de Choque-Oma, et qu’ils vinrent à différentes reprises, soit à Chilon et à Mizqué, soit à Tiraque et à Cochabamba, en franchissant les plus affreux précipices. Les Espagnols des montagnes les ayant ainsi connus, songèrent à les réduire au christianisme. En 17(18, l’évêque de Santa -Cruz, Don Francisco Ramon Hervoso, fit ouvrir un sentier jusqu’au Chapari', en suivant leurs traces par la Cordillère neigeuse de Palta cueva ; mais on suspendit tout jusqu’en 1 775, époque à laquelle les deux frères Don Angel et Don Mariano Moscoso, curés, l’un de Punata, l’autre de Tarata, dans la vallée de Glissa, deman- dèrent et obtinrent de l’évêque la permission de tenter, à leurs frais, la réduction des Yuracarès. Us envoyèrent, le 28 Juin 1775, le père Francisco Marcos, récollet, qui partit avec vingt hommes pour ouvrir le chemin. Le religieux eut à surmonter des obstacles sans nombre, au milieu des neiges, des précipices et à travers l’épaisseur des bois. Il fut abandonné de ses ouvriers et resta seul avec quatre hommes. Ayant rencontré quelques Yura- carès, il parvint, après vingt jours de marche dans leur compagnie, à l’un de leurs villages, situé sur le Rio Coni et composé de cent cinquante habitans de cette nation , qui le reçurent parfaitement , lui donnèrent des vivres et lui témoignèrent le désir de se faire chrétiens. Le religieux, après leur avoir fait ses conditions, revint à Cochabamba rendre compte de sa mission. L’année suivante, le père Marcos et un autre religieux retournèrent, par le même chemin , au Coni , où ils furent accueillis avec enthousiasme ; ils y bâtirent une chapelle, et l’année suivante cinq cents Yuracarès étaient déjà réunis , tant au Coni qu’à San- Antonio , où l’on sépara la tribu des Cuchis.1 2 On transféra la réduction près du Rio Paracti, et on la nomma Ascención de Maria Santissima. Yoyant de si bons résultats, mais ayant beaucoup dépensé sans aucun bénéfice, le père Marcos se présenta à l’archevêque de Chuquisaca et à l’audience de Charcas; le premier ne lui donna que vingt-cinq piastres, et l’audience lui refusa des fonds. Sur le point d’abandonner son établissement, le père Marcos s’en désespérait, lorsqu’en 1779, Don Ignacio 1. yiedma, Informe de la provincia de Santa- Cruz , §. 339. Cette relation est faite sur des pièces originales par le père Marcos, de San-José y Menendes, en vertu des ordres que lui passa Viedma , le 23 Juin 1778. 2. Cette mission fut bientôt détruite. ( i95 ) Flores fut nommé gouverneur de Moxos. Ce fonctionnaire avait l’intention d’ouvrir , de Moxos à Cochabamba , un chemin plus direct que celui de Santa- Cruz. Le père Marcos en profita pour s’offrir; il reçut l’ordre de toucher mille piastres à Moxos, et de prendre des Indiens de ces missions pour l’aider a ouvrir cette nouvelle communication et à endoctriner les Yuracarès; mais l’œuvre avancée, Flores fut obligé d’aller prendre le commandement des troupes envoyées contre Tupac Amaro , et Peralta , son lieutenant a Moxos , ayant intérêt a laisser subsister la route par Santa-Cruz, enleva de suite les Indiens Moxos, sans vouloir rien faire pour la réduction ni pour les com- munications nouvelles. Le manque complet de ressources fit déserter les Yuracarès, qui retour- nèrent au sein de leurs forêts, et cette réduction, d’abord florissante, était réduite au tiers de ce qu’elle avait été, lorsque, lassé de tant de contrariétés, le père Marcos la quitta. Elle alla de mal en pis sous des curés séculiers, jusqu’en 1784, époque à laquelle un missionnaire d’Apolobamba , Francisco Buyan , vint s’en charger , y ramena les fugitifs par la douceur et y resta jusqu’en 1788; mais, dénué de tout, ne trouvant aucun appui près du gouvernement, et surtout n’obtenant rien des Yuracarès, il abandonna 1’ Ascención , qui resta sans religieux. D’un autre côté, Don Andres del Campo, ayant été de Santa-Cruz à Santa- Rosa, entendit parler de la tribu des Solostos des Yuracarès de ces régions, s’y rendit en personne en 1789, et fut bien reçu des Indiens, qui deman- dèrent instamment a se faire chrétiens, et, en 1791 , on fonda définitivement le village de San-Carlos, au nord-ouest de Santa-Cruz de la Sierra, où il existe encore. En 1795, le docteur Velasco fonda, vers les sources du Rio Mamoré, une autre réduction de Yuracarès, nommée San Francisco del Mamoré; mais il la remit, en 1796, au couvent des Franciscains. Cette mission étant mal située au milieu des montagnes, on la transféra en 1799, par ordre du gouverne- ment, à vingt-six lieues plus bas, dans un terrain plat, où bientôt des champs nombreux de cacaotiers, de tamarins, de caféiers donnèrent de beaux produits. Néanmoins au moment où l’on y pensait le moins, la versatilité de caractère des Yuracarès les porta, le 2 Avril 1805, à se sauver tous dans la forêt, en abandonnant la réduction après y avoir mis le feu. En 1795 le frère Thomas Anaya fonda, près du Rio Coni, la troisième réduction de cette nation, nommée San-José, dont le collège de Tarata se chargea en 1796, après le voyage de Bernardo Ximenes Bej araño, préfet de ( 1% ) 1832. mission', et le rapport du naturaliste Don Tadeo Haink1 2. Elle fut transférée cinq lieues plus à l’est, près du Rio Cliimoré, et l’on prit toutes les mesures *+*■ nécessaires pour la faire prospérer. On fit d’immenses plantations, et la mission était grandement en voie de progrès, lorsqu’en 17118 les Indiens se retirèrent dans les bois. Ils revinrent néanmoins encore, s’enfuirent de nou- veau en Mars 1805; furent plus tard rassemblés derechef, et ensuite laissés sans religieux à la place où ils sont encore aujourd’hui. Le père Lacueva avait déjà habité la mission du Mamoré, il y revint en 1805, accompagné de deux autres franciscains. Avec une patience infinie, il parvint à les réunir à la réduction de 1’ Ascención, située entre le Pûo Coni et le Chapari, au lieu où je l’avais trouvée3, Il fit des efforts inouïs pour avancer cette mission; mais, postérieurement, le manque de religieux con- traignit à tout abandonner. De toutes ces missions il ne reste que celle de San-Carlos, toutes les autres ayant été désertées, et les Yuracarès sont encore dans leurs forêts. La seule section de cette nation qui n’ait jamais eu de connexion avec les religieux, est celle qui habite les sources du Rio Sécuri, où je me trouvais4. Ils ont toujours conservé leur indépendance. Lorsqu’on réfléchit aux immenses avantages que le commerce en général retirerait de missions bien organisées au pied oriental des Andes, pouvant à la fois donner les plus beaux produits des régions chaudes, et servir de port pour la navigation intérieure de la province de Moxos, on s’étonne que les divers gouvernemens qui se sont succédé depuis un siècle sur ce territoire, n’y aient encore pris aucune mesure pour assurer tant d’avantages. La con- naissance intime que j’ai acquise des intérêts rivaux qui se sont opposés jus- qu’à ce jour à la régularisation des missions des Yuracarès, me permet de les détailler. Si les jésuites se fussent chargés des Yuracarès, avec leur esprit de méthode, avec leurs ressources et leur persévérance, ils seraient sans doute arrivés à des résultats importans; mais les réductions laissées à la disposition, soit de particuliers, soit des frères récollets, soit encore des franciscains, qui ne pouvaient y mettre beaucoup de fonds, durent necessaire- 1. Je possède la relation manuscrite de ce voyage, dont je donnerai un extrait dans la partie géographique. 2. Je possède la carte qui accompagnait ce rapport, faite sans doute d’après 1 itinéraire du père Bejarano. 3. Voyez t. 111 , p. 158. 4. Voyez t. 111, p. 188. ( 197 ) I ' t ment végéter, quand, d’un côté, l’évêque de Santa-Cruz devait toujours s’opposer à leur réussite, secondé qu’il était, dans son opposition, par la fai- blesse du gouvernement de Cochabamba. Depuis l’expulsion des jésuites, les provinces de Chiquitos et de Moxos dépendirent de Santa-Cruz de la Sierra, et furent regardées comme des fermes de cette ville, qui recevait tous leurs produits et fournissait les employés religieux ou séculiers propres à leur administration. Il est vrai que l’intendant de Cochabamba gouvernait Santa- Cruz de la Sierra, tandis que Cochabamba dépendait du diocèse de Santa- Cruz; combinaison dont il résultait que, si l’administration tentait, soit d’ouvrir, par le pays des Yuracarès, un chemin de Cochabamba à Moxos, soit de soutenir les missions de cette tribu, elle trouvait la plus vive oppo- sition de la part de l’évêque de Santa-Cruz, qui, vu l’immense influence du clergé en Amérique, neutralisait toutes les bonnes dispositions, ou arrê- tait tous les efforts tentés pour établir des communications entre Cocha- bamba et Moxos. De ces intérêts différais il est résulté que, jusqu’à ce jour, la lutte continue sans que la fermeté du gouvernement vienne y mettre un terme, en s’occupant de l’amélioration générale de son commerce intérieur. Les motifs qui s’y sont toujours opposés étant bien connus sous les gouverne- mens d’aujourd’hui, espérons que les choses prendront une tournure plus satisfaisante. Les Yuracarès, au nombre d’environ \ 500, sont disséminés au sein des plus belles forêts du monde. Ils habitent le pied des derniers contre-forts du rameau oriental de la Cordillère. Très-bien bâtis, tout annonce chez eux la force et la souplesse. Us sont droits, bien plantés; leur démarche fière, arrogante s’accorde parfaitement avec leur caractère et la haute idée qu’ils ont d’eux- mêmes. Leur physionomie est fine, remplie de vivacité, et ne manque pas d’un certain enjouement; leur figure est plutôt bien que mal. Les femmes, bien faites, plus fortes et plus robustes encore que les hommes, ont les mêmes traits; mais leur figure est plus arrondie. On peut les dire jolies. Le caractère des Yuracarès offre la réunion la plus monstrueuse de tous les défauts que peut amener, chez l’homme sans instruction et superstitieux, une éducation à tous les âges affranchie des réprimandes et même des plus simples conseils. Ennemis de toute espèce de contrainte qui pourrait leur ôter quelque peu de leur indépendance, ils vivent par familles, et dans celles-ci même on ne connaît ni les égards mutuels, ni la subordination, chaque individu y demeurant pour son compte propre et personnel. Tou- jours ambulans, les Yuracarès semblent se fuir, n’habitant jamais plus de 1832. Y u ra ta- rés. 1832. . Yuraca- rès. ( 198 ) trois ou quatre ans le même lieu. Disséminés au sein de la forêt , ils s’établissent non loin d’un ruisseau, d’une rivière, y abattent les arbres, s’y construisent un grand hangar ouvert aux deux extrémités, couvert en feuilles de palmiers, dans lequel ils placent quelques étagères pour déposer soit leurs vases de cuisine, soit de petites boîtes où sont leurs ornemens de danse et les choses qui leur paraissent précieuses, soit encore leur arc et leurs flèches. A l’un des cotés , ils construisent, en écorce de mûrier, de petites cabanes, sous lesquelles ils se garantissent des moustiques, et couchent sur des nattes formées de l’attache des feuilles du palmier Vina, leur première ressource. Ils plantent autour de cette cabane un champ de bananiers, de la yuca (mandioca) , de la canne à sucre et quelques autres végétaux, et vont au loin cultiver d’autres champs dans la forêt. Un sentier, dont l’entrée est masquée près des rivières par un buisson, conduit ordinairement à leur demeure. Le jeune Yuracarès reçoit dès sa naissance les soins les plus tendres de sa mère, devenue l’esclave de tous ses caprices, de toutes ses volontés. Elle le nourrit pendant trois ans, puis continue à l’élever. Vers huit ans il com- mence à préférer la compagnie de son père, qui l’emmène à la chasse, à la pêche, lorsqu’il ne s’éloigne pas beaucoup, et lui enseigne à se servir de l’arc et de la flèche, ainsi que les autres travaux des hommes. Il ne cesse de s’exercer à tirer de l’arc depuis l’instant qu’il peut marcher, l’adresse dans le maniement de cette arme étant pour lui de première nécessité. Leurs flèches sont longues d’un mètre et demi, ornées de plumes des plus grands oiseaux de proie, et de petites plumes des couleurs les plus vives. Elles sont artistement travaillées , et terminées , suivant l’usage auquel on les destine , soit par une longue lame faite de bambou , soit par de longues tiges du bois le plus dur des palmiers, à l’extrémité de laquelle est un croc pour les gros animaux, soit encore par deux petits bâtons croisés pour la chasse aux petits oiseaux. Les flèches à pêcher le poisson dans les rivières n’ont ni plumes ni crocs. Leur arc, aussi long que les flèches, est de bois de palmier, il est droit et ne se courbe que lorsqu’il est bandé. Pour fabriquer les flèches , les hommes ont des cabanes où les femmes n’entrent jamais. Ils enseignent aux jeunes gens tous leurs travaux, et l’art de la parole, qui, après la chasse, est très- estimé parmi eux. Dans les danses, les jeunes gens se distinguent des hommes mariés par les touffes de plumes et les nombreux grelots qu’ils portent sur les épaules. Le Yuracarès ne se marie pas jeune, parce que la première qualité dont ( m ) il doit justifier, est une adresse extrême dans fart de tirer la flèche. Une fois quil est bon archer, il fait d’avance sa demande en règle aux parens de celle qu’il désire, ou son mariage est improvisé par ses parens eux- mêmes pendant une orgie. Il se marie toujours au milieu d’une réunion nombreuse. Lorsque la famille est assemblée, et que tous les membres se trouvent échauffés par la chicha, les grands-parens unissent souvent les jeunes gens sans leur consentement et presque de force. Celui qui remplit l’office de parrain use le premier des droits réservés ailleurs au mari, puis, avec les autres parens, il renferme le jeune homme et la jeune fille sous une petite case d’écorce, et leur fait de longs discours sur leurs devoirs respectifs. Les Yuracarès se marient entre parens les plus immédiats, en exceptant néan- moins le premier degré en ligne directe. Si un jeune homme épouse une jeune fille qui ne lui est pas alliée, il est obligé, soit d’acheter très -cher, par de nombreux cadeaux, la bonne volonté des parens de sa femme, soit de se battre successivement en duel avec chacun d’eux1. Us n’ont pas la coutume de la polygamie, à moins que ce ne soit par exception. Souvent ils rompent leurs liens, et cette rupture vient la plupart du temps de la femme, qui n’estime et n’aime son mari qu’autant qu’il lui apporte fréquem- ment de sa chasse. Le nouveau couple habite presque toujours la maison de la mère de la femme, et y reste jusqu’à ce qu’il soit en famille. Le Yuracarès, dont le caractère est un mélange singulier de vices et de vertus, est patient dans la souffrance, vif de pensée, d’action, et pourtant paresseux. Envieux, menteur effronté, voleur, il déteste même ses compatriotes. Il se croit le premier du monde, et traite d’ignorans tous les autres hommes, même ceux des villes, se regardant comme bien au-dessus. Il se fâche quand on l’appelle Indien et quand on ne nomme pas sa femme señora. Souvent il prend le nom des personnes dont on parle avec respect. Ainsi l’on a vu des Yuracarès s’appeler Audiencia ¿ parce qu’ils avaient entendu parler de l’au- dience de Charcas, ou même se nommer . Fernando Septimo , sans jamais vouloir prendre son nom de baptême. Le seul nom dont les Yuracarès se souviennent est celui d’un insecte, d’un oiseau, d’un animal quelconque, 1. Parmi les Yuracarès devenus chrétiens, aucun n’a voulu se soumettre au mariage catholique, à moins que les parens, ne pouvant pas obtenir de leurs enfans qu’ils s’unissent comme ils le désiraient, ne vinssent en prévenir le curé le samedi soir, afin qu’il les mariât par force le lende- main avant la messe. Sans cela, ils prévenaient le prêtre lorsque le mariage était déjà consommé. Ils ne font aucun cas du mariage religieux. (Je tiens ces renseignemens et beaucoup de ceux que renferme cette description, du père Lacueva, qui a vécu dix-huit ans avec les Yuracarès.) ( 200 ) ,832. qu’ils se donnent entre eux dès leur jeunesse. Lorsqu’ils vont a Cochabamba, ils ne veulent rien regarder, tant ils se croient supérieurs a tout; aussi res. jamais ils n’admirent une eghse ni un autre objet dart, le souvenir quils rapportent de la ville, étant toujours défavorable aux citadins. Ce sont d’in- satiables demandeurs, que rien n’arrête dans leurs importunités: ils désirent tout ce qu’ils voient, voulant toujours ce quil y a de mieux. Si on leur donne un grand nombre d’objets et qu’on leur en refuse un seul, ils n’ont de mémoire que pour le refus. Quoiqu’ils aient une idée du bien et du mal , et qu’ils regardent comme peu régulier de voler, de mentir ou de tuer, il paraît qu’ils ne blâment guère ces actions que chez les autres. Ils font dependre la bonté morale d une seule chose, qui consiste à ne pas faire de reproches, à ne pas se fâcher; aussi se disent-ils entre eux: «tu es tres-bon, tu ne tes jamais fâche avec moi, tu ne m’as jamais rien reproché. ” Il faut dire qu’une de leurs nombreuses superstitions consiste à croire que lorsqu’on les réprimande, ils tombent malades et meurent. Quand un enfant commet quelque faute, si sa mere a le malheur de le gronder, tous les parens lui en font un crime, en lui laissant entrevoir que, si elle perdait son fils, il ne pourrait, plus tard, lui apporter sa chasse ou du poisson; car ils rattachent tout à l’intérêt personnel. Jamais on n’a vu un père corriger son enfant; aussi n’ont-ils aucune idee du droit de correction , ni même de parole dans leur langue pour en exprimer 1 idée. Les emfans sont donc, ainsi que les hommes, abandonnés à tous leurs caprices, à toutes leurs passions. Il résulte de ce mode d éducation, quils ne soufflent pas qu’on leur enseigne la moindre chose, ni qu’on leur donne un conseil. Il est arrivé dans plusieurs circonstances que le seul motif donné par les Indiens pour abandonner la mission, consistait dans la predication des mis- sionnaires, qu’ils ne pouvaient supporter , la regardant comme une réprimandé. J’ai dit que les Yuracarès ne savent pas rester en place, ce qui tient essen- tiellement à leur goût dominant pour la chasse et la peche. En effet, tous les deux ans, ils abandonnent leur maison, leurs champs, bientôt remplaces par la forêt, et sous le prétexte qu’ils ne trouvent plus de chasse, qu’ils ont détruit autour d’eux tous les palmiers, ils vont s’établir ailleurs. Vers le mois de Mars, lorsque le palmier Tembé1 est encore couvert de fruits dont les Yuracarès se nourrissent le tiers de l’année, de Février en Juin, ils choisissent un jour serein, rare à cette époque, et, guides par le chef de la famille, les 1. Guilielma insignis, Palmiers, pi. 10, %. 3. ( 201 ) frères, les gendres, les fils, partent à la fois avec les femmes portant le is32. ménage, et vont s’établir près d’une rivière. En peu de jours ils abattent les y ' arbres, y bâtissent leurs maisons, y sèment les plantes nécessaires à leur earès nourriture, et en attendant qu’elles fructifient , ils profitent de la chasse abondante qu’ils trouvent dans une contrée neuve, tandis que les femmes font cuire les fruits du tembé et en fabriquent de la chicha. Bientôt le maïs, la yuca, et plus tard les bananiers, donnent leurs produits et remplacent le tembé ou la chasse. Les hommes mangent ensemble, séparément des femmes, dans la petite maison consacrée à la confection des flèches. Tant que durent le maïs et la yuca, les femmes ne s’occupent presque à autre chose qu’à faire de la chicha, et les hommes à la boire, en dansant et en chantant. Il en résulte que les provisions qui, si l’on prenait la peine de les ménager, suffi- raient à l’approvisionnement d’une année, ne tardent pas à manquer; aussi les Yuracarès sont-ils obligés de recourir de nouveau à la chasse. Us ne veulent pas élever d’animaux domestiques , mais ils aiment beaucoup à s’entourer d’ani- maux sauvages. Us ont les poules en horreur, parce qu’elles se nourrissent de toutes espèces d’objets immondes. Lorsqu’ils en ont, ils ne leur donnent pas de maïs, en disant que, ne sachant pas cultiver, elles ne doivent pas en manger. Us goûtent rarement de la chair du mouton, et plus rarement encore de celle du bœuf, ce qu’ils regardent comme une bassesse. Dans leurs disputes, la plus grande injure qu’ils puissent se dire, c’est de s’appeler mangeurs de viande de bœuf, ou plus encore de se traiter de cuisiniers. 1 Leurs repas sont accompagnés de beaucoup de pratiques superstitieuses. Us ont en mangeant le plus grand soin de recueillir, soit les os d’un oiseau ou d’un mammifère, soit les arêtes des poissons, qu’ils mettent au feu ou qu’ils vont enterrer au plus épais de la forêt, ou jeter dans un ruisseau, afin que les animaux de l’espèce tuée ne s’en fâchent pas , et qu’ils se laissent tuer une autre fois. La chasse aussi a ses superstitions. Quand , par exemple , les Yuracarès s’apprêtent à poursuivre les grands singes , ils commencent par prendre un breuvage fait avec l’écorce du sumuque (acacia qui sert à tanner), pour s’assurer une meilleure chance, et surtout pour ne pas recevoir sur la tête la flèche qu’ils ont lancée en l’air, au sommet des arbres, ce qui n’est malheureusement que trop fréquent. 11s se peignent la figure avec beaucoup de soin, afin d’épouvanter les animaux féroces, et partent deux heures avant 1. On sait que chez eux les femmes seules font la cuisine. III. i.re part. 20 1832. Yura- tarès. ( 202 ) le jour. Ils vont toujours plusieurs ensemble, et se dispersent dans les bois pour suivre leur gibier; ils ont toujours un langage de convention exécuté avec leurs sifflets. Tel sifflement , par exemple , demande du secours , tel autre indique l’abondance de la chasse ou quelque circonstance particu- lière. Jamais les Yuracarès n’abandonnent la flèche qu’ils ont lancée. Si elle s’est fixée aux branches d’un arbre, ils y grimpent afin de la chercher, et ne s’épargnent aucune fatigue pour la retrouver. Ils montent aux arbres et sur- tout passent de l’un à l’autre par la cime avec une extrême agilité. Lorsqu’ils reviennent de la chasse, ils mettent tous les singes qu’ils ont tués sur une feuille de palmier, la tête tournée du même coté, et un Indien, muni d’un plat rempli de chicha, les en asperge, en leur disant : «Nous vous aimons, puisque nous vous avons apportés chez nous. * Ils croient, après avoir rempli cette céré- monie, que les singes restés dans la forêt doivent être très-contens. Ils croient également que les chiens ne peuvent plus chasser, s’ils mangent les os du gibier, aussi ne leur en donnent-ils jamais. Ils font rôtir les oiseaux sans les vider. Ils pêchent de diverses manières , avec des filets ou à coups de flèches. Comme les eaux des rivières sont très-limpides, ils attendent que des pluies torrentielles les aient troublées pour la pêche au filet, qu’ils font, le plus souvent , la nuit. La pêche à la flèche se fait au contraire , lorsque l’eau est très -claire. Us nagent en se servant d’un morceau de bois léger placé sous un bras, et ne redoutent alors ni la largeur ni la rapidité des courans. Us font souvent leurs voyages par eau, alors ils abattent un palmier, en creusent le tronc, y mettent leurs enfans et leurs meubles, et le mari nageant d’un côté, la femme de l’autre, font ainsi, en suivant le courant, dix ou douze lieues en un jour. Ils commencent à parler long-temps avant l’aurore et se lèvent avant le soleil. Ils vont de suite se baigner, quelque temps qu’il fasse. Ils se coiffent, en coupant les cheveux de devant à la hauteur des sourcils. A cet effet ils portent toujours un petit peigne et leur couteau; celui-ci, dont ils coupent la pointe le matin, étant à jeûn, est attaché à deux morceaux de bois, de manière à représenter un ciseau. Lorsqu’ils partent pour le travail agricole, ils sont réellement à peindre. Ils vont en file, suivant l’un d’eux qui joue de la flute, tous couverts de peintures, vêtus de leur tunique d’écorce sans manche, artistement colorée, ornés de leurs plus belles plumes et de perles; le couteau pendu au cou, la hache sur l’épaule, leur pelle à la ceinture, la serpe à la main droite; dans la gauche, l’arc et les flèches. Lorsqu’ils vont abattre les arbres pour défricher un champ , ils se gardent 1832. ( 205 ) bien , ainsi que leurs femmes , de manger la chair du pécari (sanglier de ces contrées), dans la crainte de se voir écraser par les arbres qui tombent. Quand ils ont semé le maïs, ils ne reviennent aux environs que lorsqu’ils le croient en maturité, parce qu’ils craindraient de le voir périr, s’ils s’en approchaient avant cette époque. S’ils le sèment près de leur maison, ils vont momenta- nément s’établir au loin. Ils croient aussi que le maïs meurt infailliblement, s’ils vont chercher du sel pendant la croissance de cette plante. Le maïs en maturité, ils font de la chicha d’une partie de la récolte et laissent perdre le reste sur le champ. Us sont d’une adresse extrême pour les ouvrages manuels, et pourtant ils ne fabriquent que leurs arcs, leurs flèches, des plaques de bois sculptées pour l’impression 1 en couleur sur leurs chemises d’écorce de mûrier, ou des peignes de petits morceaux de roseaux unis ensemble avec du fil de couleur artiste- ment tressé. Ces peignes, très-recherchés dans les villes, joints aux animaux sauvages qu’ils élèvent et aux plumes qu’ils enlèvent aux brilians oiseaux de leurs forêts, sont leurs seuls objets de commerce. Iis vont les échanger à Cochabamba contre des haches, des serpes et des couteaux, tout le reste leur étant indifférent. Us sont insatiables pour ces outils et n’en ont jamais assez; aussi le Yuracarès qui n’a pas quarante haches en sa possession, se regarde-t-il comme pauvre. Ils se montrent même très-difficiles dans le choix de ces outils, n’en voulant sous aucun prétexte, s’ils ne sont à leur goût. Ils ne font aucun cas des habits des blancs, et s’ils s’en couvrent, ce n’est que pour s’en moquer. Lorsqu’ils partent pour un voyage, ils prennent leurs vétemeos d’écorce les mieux peints, et se peignent la figure de rouge et de noir, se couvrant la tête bien imbibée d’huile de cocos, du duvet blanc des aigles, et prenant tous leurs ornemens de luxe. S’ils passent dans le voisinage d’une habitation, ils se baignent, se peignent de nouveau, laissent leurs armes et leur charge dans la forêt, et font retentir les airs d’une flûte avant d’y arriver; puis, après avoir attendu quelque temps, ils s’en approchent en file, avec le plus grand sérieux, portant la serpe d’une main, et de l’autre leur arc et les flèches propres à la chasse du jaguar. Us se dirigent vers la maison où les hommes se réunissent ordinairement pour faire leurs flèches, et avant qu’ils n’arrivent, celui des habitans qui veut les recevoir, prend également sa serpe, son arc Yura- carès. 1. Il est très-curieux de trouver, chez ces sauvages, l’impression au mojen de planches en bois , tandis que les dessins sur toile s’exécutent encore à la plume dans les missions de Moxos. 1832. Yura- carès. ( 204 ) et ses flèches, s’approche des visiteurs avec beaucoup de gravité, et tout d’uu coup jette un cri, en s’adressant à l’un d’eux, et lui disant : Es -tu mon oncle (ou tel autre parent), qui , te rappelant de moi, est venu me voir? L’autre s’avance avec la plus grande arrogance et lui répond sur le même ton : Oui, je suis celui qui, me rappelant de toi, viens te visiter. Ils s’ap- prochent l’un de l’autre et, debout hors de la maison, le premier, avec une volubilité incroyable, commence une relation qui paraît étudiée, dure des heures entières et pendant laquelle, par intervalle, il secoue sa serpe, en criant toujours plus fort. On dirait ce discours appris par coeur; et il varie souvent d’intonations. Dès que le premier a fini , le second répond de même. Souvent les deux interlocuteurs restent ainsi, de pied ferme, une journée entière, sans que la pluie ni le soleil leur fassent changer d’attitude. Us se parlent alors de leur origine , des lieux que leurs ancêtres ont habite , de leurs souffrances , de celles des leurs, et de tout ce qui leur est arrivé depuis la dernière fois qu’ils se sont vus. Ces relations réciproques achevées, sans se parler davan- tage, ils vont se baigner, entrent dans la maison, s’asséient l’un près de l’autre et se mettent à pleurer, en se couvrant la figure de leurs cheveux, et ne cessent de parler des heures entières par strophes , comme s’ils récitaient des vers, des parents qu’ils ont perdus et de leurs bonnes qualités. Passant brusquement à un genre d’entretien plus simple, ils se demandent récipro- quement, avec beaucoup de sérénité, des nouvelles de leur santé, et l’on donne à manger au voyageur, qui en offre à toutes les personnes présentes. Ils restent ordinairement trois jours, pendant lesquels ils ne font que parler avec toutes les personnes des maisons voisines et passent les nuits sans dor- mir. Les voyageurs sont toujours assis près les uns des autres et marchent toujours en une file. Avant de s’en aller, ils vont faire successivement leurs adieux aux habitans de toutes les maisons. Presque tous les matins avant le jour les vieillards commencent par pleurer jusque bien après le lever du soleil. Alors ils parlent non-seulement des parens morts, mais encore des contrariétés qu’ils ont éprouvées ou des indisposi- tions de leurs alliés. S’ils se souviennent fréquemment de leurs parens, ils n’oublient pas non plus leurs inimitiés, leurs motifs de haine, et ne craignent point d’empoi- sonner leurs ennemis. De tous les indigènes sauvages, ce sont les seuls qui connaissent le suicide. Ils se pendent lorsqu’ils sont trop long-temps malades ; ou, s’ils ont de grands chagrins, ils montent au sommet des arbres et se jettent du haut en bas pour se tuer. Le duel est très-commun chez eux. Les motifs en sont, par exemple, le mariage d’un Indien avec une jeune fille à laquelle un autre avait pensé on la mort d’un homme par suite de la piqûre d’un serpent; car alors les parens du défunt croient que telle autre personne a envoyé ce serpent , et qu’ils ont à venger la mort par un duel ; aussi les duels sont-ils intermi- nables. Celui qui veut se battre, se baigne, se pare de ses plus beaux vête- mens, se rend à la maison de son futur adversaire, et frappe dessus en inju- riant celui auquel il en veut. L’autre , prévenu par les menaces , sort avec des flèches faites exprès pour les duels*, se place à cinq pas de distance,1 2 en présentant son épaule gauche aux coups de son ennemi, qui, avec son arc le plus fort, lui lance la flèche dans le bras. C’est ensuite au tour de l’autre, et ils tirent ainsi huit à dix fois jusqu’à ce que celui qui attaque soit satisfait ou que l’autre s’avoue vaincu. Us sont souvent très -sérieuse- ment blessés et en meurent; car, soit par maladresse, soit par malice, la flèche, au lieu d’atteindre le bras, partie désignée par les règles du duel, frappe le côté ou le col et cause ainsi des blessures dangereuses. Les jeunes filles sont élevées par les femmes avec les mêmes soins que les garçons, sans qu’on les contrarie jamais et sans qu’on réprime leurs caprices. Arrivées à l’instant de la nubilité , les parens en font leur fête la plus solennelle. Dès que la jeune fille s’aperçoit qu’elle est femme, elle en prévient ses parens. La mère se met à pleurer et le père fait, près de sa maison, avec des feuilles de palmier, une petite cabane ou il enferme sa fille, de manière à ce qu’elle ne puisse voir la lumière et la soumet quatre jours au jeûne le plus rigoureux. Pendant ce temps la mère avec toutes les femmes du voisinage vont en file chercher du bois, de l’eau, delà yuca ( mandioca ) de leurs champs , tandis que le père fabrique un grand nombre d’auges de bois ou de feuilles de palmier, dans lesquelles les femmes font de la chicha. Lorsque la boisson est fermentée, le matin du quatrième jour, trois heures avant l’aurore , le père , après avoir fait sa toilette , appelle successive- ment à grands cris tous ses voisins. On fait asseoir la jeune fille sur une pierre , on allume un paquet de feuilles de palmier, et chaque invité lui coupe à son tour une poignée de cheveux, et court, en criant, la cacher au sein de la forêt , dans le creux d’un arbre , puis revient gravement s’asseoir en cercle. Lorsque tous les parens sont revenus et placés, la jeune fille offre à chacun 1. Ces flèches sont terminées par un bouton de bois au-delà duquel est une pointe triangu- laire de six centimètres de longueur, sur deux de large, qui ne peut pénétrer plus avant. 2. Costumes, pl. 11. 1832. Yura- carès. 1832. Yu ra- rarès. ( 206 ) une petite calebasse remplie de très-forte chicha, préparée pour la cérémonie. Avant de commencer à boire , les hommes prennent leurs fds assis près d’eux , et leur donnent des coups dans les bras avec un os de singe très-aigu. Tous ensuite boivent, jouent de la flute, chantent et dansent jusqu’au soir. La pluie et le tonnerre ne les empêchent pas de continuer jusqu’après le coucher du soleil. Dans cette fête presque tous se couvrent de ces blessures qu’ils appellent culucute. Ils pincent la peau des bras , frottent l’os très-aigu d’un singe avec du piment très-fort et le font passer à travers la peau, comme pour faire un séton, de distance en distance sur toute la longueur comprise entre l’épaule et les doigts. On culucute ainsi les jeunes gens pour qu’ils deviennent adroits à la chasse , et à chaque blessure on promet au patient une nouvelle sorte de gilder ou de poisson. On fait subir la même opération aux jeunes lilies aux bras et aux jambes, afin qu’elles aient du courage et de la force, et même aux chiens, afin qu’ils chassent mieux. J’ai vu un jeune homme dont les bras étaient ainsi chargés de trente-quatre doubles blessures ou soixante-huit trous. Le jour suivant, les voisins se réunissent de nouveau pour boire de la bière de mani (pistachier de terre). Quinze ou vingt jours plus tard on recom- mence la fête, et alors la jeune fille se mêle aux femmes et prépare elle- même la chicha propre à la cérémonie. Cinq ou six mois de suite elle se couvre la tête avec de l’écorce d’arbre et ne parle jamais aux hommes. Les Yuracarès font subir ce jeûne rigoureux aux jeunes filles dans l’idée que s’ils n’en usaient ainsi, leurs enfans périraient d’accidens, soit de la morsure d’un serpent, soit par l’orage, sous les griffes d’un jaguar, par la chute d’une flèche ou d’un arbre. Ils le font encore afin que la jeune fille ne soit plus peureuse, quelle affronte, comme eux, tous les dangers. Les Yuracarès se culucutent encore les bras, s’ils manquent un coup de flèche, et les jambes, lorsqu’ils se fatiguent en marchant. Les femmes portent une chemise d’écorce d’arbre, mais plus courte que celle des hommes. Avant leur mariage, elles se parent dans les fetes les épaules de paquets de plumes de couleurs vives. Elles sont chargées de faire la cuisine, de fabriquer la chicha, de semer les champs, excepté la yuca, dont la culture est réservée aux hommes; daller chercher du bois, de l’eau, des légumes; elles font la poterie, en se cachant alors seules dans la foret, sans parler aux hommes; quelques-unes savent filer et tisser. Dans les voyages, tandis que les hommes ne portent qu’un très-léger fardeau sur le dos, afin de ne pas être gênés dans le maniement de leurs armes , les femmes se 1832. ( 207 ) chargent extraordinairement des meubles de la maison quand elles changent d’habitation, et par surcroît de leurs jeunes enfans, lorsqu’elles sont mères. Leur fardeau est soutenu en avant par une forte courroie appuyée sur le front. Comme je l’ai dit, le mariage se fait souvent par les parens dans un moment d’ivresse, sans le consentement des parties; il en résulte que la femme n’aime pas toujours son mari, et que quelquefois elle l’abandonne pour aller au loin se marier avec un autre; néanmoins le cas est rare. Quand les femmes sentent les premières douleurs de l’enfantement, elles s’en vont dans la forêt , ou elles se font aider par leurs vieilles parentes. Aussitôt après l’accouchement, elles se baignent au ruisseau voisin et reviennent chez elles reprendre leurs travaux ordinaires. Le mari a soin alors d’aller pêcher un poisson particulier, qu’il regarde comme le meilleur dans cette circonstance. Quand on réfléchit au peu de soin qu’on donne aux femmes sauvages, et même aux femmes des villes de ces contrées lorsqu’elles accouchent, on est étonné que la civilisation ou la manière de vivre des Européennes amène si fréquemment des accidens à la suite de leurs couches. Ne pourrait-on pas en conclure que les difficultés se multiplient à mesure qu’on s’éloigne davan- tage de la nature? L’égoïsme est aussi grand chez les femmes que chez les hommes, et détruit souvent en elles des sentimens qu’on retrouve toujours, même chez les ani- maux les plus féroces. Afin de s’épargner la peine d’élever leurs enfans , elles emploient des moyens pour se faire avorter ou pour ne pas concevoir. L’infanticide est aussi très-fréquent. Les enfans illégitimes sont immédiate- ment étouffés par la mère ou tués par le père; et même dans les bons mé- nages, lorsqu’ils croient avoir assez d’enfans pour les soutenir dans leur vieil- lesse, ils tuent les autres. Ils en font ainsi des enfans contrefaits, des enfans adultérins, et lorsqu’ils en ont plusieurs du même sexe, ou lorsque leurs premiers enfans meurent; car alors ils auraient la peine d’élever les derniers, sans pouvoir profiter de leur travail. Du reste, la femme ne fait nulle diffi- culté de publier d’avance qu’elle n’élèvera pas l’enfant quelle porte dans son sein. Par opposition à cette infâme conduite, on trouve, chez ces femmes, les soins les plus tendres pour les enfans quelles se décident à élever, et qui, comme je l’ai dit, sont toujours exempts même de la plus petite réprimande. Non- seulement les enfans n’ont aucune déférence pour leurs vieux parens, mais encore ils les regardent comme un pénible fardeau. Les maladies des Yuracarès sont des fièvres intermittentes ou non , des Yura- chacune sous les ordres d’un capitaine et de son second. Ces capitaines commandaient les pirogues lors des voyages, et guidaient les soldats ou rameurs. Il y avait encore des Fiscales chargés des corrections, et un Alcalde de Estancia qui surveillait les fermes où l’on élève les bestiaux. Tous ces employés subal- ternes portaient comme insigne une baguette noire, et concouraient à former le collège ( Colejio ), qu’on réunissait dans les grandes occasions et toujours à l’époque des fêtes religieuses. Si l’on juge de l’état industriel par ce qui en reste encore, malgré le manque complet de connaissances appropriées des curés et des administra- teurs qui se sont succédé depuis l’expulsion des jésuites, on trouve que les habitans de Moxos étaient aussi avancés qu’on l’était généralement dans les villes espagnoles d’Amérique vers le milieu du siècle dernier. On y fabriquait des tissus fins de tous genres et beaucoup d’objets divers. Quant au costume, les hommes et les femmes portaient le tipoï de coton et les cheveux longs. Les vêtemens étaient fournis par la communauté. Pour le travail en commun aux champs et dans les ateliers, tout se passait comme à Chiquitos : on laissait les Indiens cultiver des champs particuliers. Les heures de prières étaient bien plus multipliées qu’à Chiquitos. On y avait introduit aussi la coutume en usage au Pérou de faire danser devant les processions des Indiens déguisés 2. En décrivant les excès des pratiques reli- gieuses actuelles des Indiens Moxos , pendant la semaine sainte, j’avais pu croire que ces abus avaient été établis par les curés après l’expulsion des jésuites ; mais en lisant la description des cérémonies de cette époque, en usage vers la fin du dix-septième siècle, je trouve qu’au sermon de la passion, le Vendredi saint, les Indiens se donnaient des soufflets, de grands coups dans la poitrine, 1. Voyez t. Ill, p. 45. 2. Padre de Eguiluz, p. 27. Il parle de cent danseurs devant une procession à San-Ignacio. 1832. Moxos. 1832. Moxos. ( 252 ) et qu’à la procession un grand nombre de pénitens de sang ( Penitentes de sangre) s’appliquaient des coups de fouets et de discipline, les uns traînant des poutres pesantes, les autres portant des croix sur leurs épaules autour de la place1, absolument comme je l’ai vu en 18522. Dès-lors nul doute qu’à Moxos les jésuites n’aient été infiniment plus sévères qu’à Chiquitos , à l’égard des actes religieux. Il est vrai que , superstitieux au delà de toute expression, les indigènes s’y sont prêtés et s’y prêtent encore avec une certaine fureur. Habitués dans leur culte primitif à se martyriser de toutes les manières, ils apportèrent dans le christianisme la même exagé- ration religieuse, et surtout la même insensibilité physique. Celui qui dans l’état sauvage ne craignait pas de sacrifier sa femme, ses enfans à de vaines superstitions et de se soumettre à toutes les souffrances , ne devait pas, comme chrétien, craindre de leur faire, au moindre soupçon, donner des coups de fouet par le fiscal, et de se faire châtier lui-même chaque fois qu’il croyait avoir offensé la divinité3. On est du reste moins étonné de ce fana- tisme, lorsqu’on se reporte à l’époque oh il s’est établi. Alors l’inquisition existait en Espagne, et partout il y avait bien plus d’actes extérieurs qu’au- jourd’hui. 4 La communauté habillait et nourrissait les Indiens : on leur faisait tous les quinze jours une distribution de viande, et chaque mission était fournie de tout ce qui pouvait être nécessaire aux diverses exploitations. Les habitans n’ayant pas à s’occuper de l’avenir, vivaient très-contens, malgré la sujé- tion coninuelle dans laquelle ils se trouvaient, si l’on en juge du moins par le souvenir qu’ils ont des jésuites. Tous ont conservé la tradition de ces temps, ou ils étaient bien plus heureux qu’aujourd’hui. En résumé, à Moxos les indigènes avaient beaucoup moins de liberté indi- viduelle qu’à Chiquitos, et, quant à la religion, ils étaient astreints à des règles ordinairement réservées pour les cloîtres. En 1767, Moxos était dans l’état le plus florissant sous le rapport du pro- duit et sous celui des monumens5. La capitale était à San-Pedro, mission 1. Padre de Eguiluz, p. 62. 2. Voyez t. Ill, p. 138. 3. Le père de Eguiluz, p. 52, nous apprend combien ces cliâtimens étaient fréquens, et avec quelle facilité s’y prêtaient les indigènes. 4. On montre encore au château de la Favorite, près de Baden, les instrumens de supplice que s’appliquait volontairement la favorite durant la semaine sainte. ô. Viedma, Informe , etc., p. 140, §. 496, s’exprime en ces termes à l’égard de jésuites: «Ces 1832. ( 233 ) du centre, et les jésuites y avaient une église magnifique remplie de sculp- tures , dans laquelle il ne se trouvait pas moins de mille kilogrammes d’argent1 2 en ornemens, sans compter les joyaux dont les vierges étaient couvertes. La province donnait par année environ 60,000 piastres ou 300,000 francs. Tel était l’état de Moxos, lorsque les jésuites furent en 1767 expulsés de toutes leurs possessions. Ils se retirèrent de Moxos, sur la simple injonction qui leur en fut faite par l’audience de Charcas, cent ans après leur première entrée dans cette vaste province, laissant à la place de tribus ennemies et sauvages , une population a demi-civilisée et vivant en paix. ffff Quatrième Epoque. Depuis l’expulsion des jésuites en 1767 jusqu’à 1832. Aussitôt après l’expulsion des jésuites, l’évêque de Santa-Cruz, Francisco Ramon de Herboso, fit, le 15 Septembre 1768, un réglement, approuvé de l’audience de Charcas, par lequel toutes les institutions des jésuites furent conservées, seulement ceux-ci devaient être remplacés par des curés, arbitres uniques du gouvernement spirituel et temporel de chaque mission. Ce régle- ment autorisait la liberté du commerce avec les habitans de Santa-Cruz. La province de Moxos reçut, de plus, un gouverneur espagnol choisi parmi les capitaines de la marine royale; mais celui-ci n’ayant point le droit de se mêler de l’administration des curés, il en résulta les plus grands désordres. Ces curés, sans éducation spéciale sous le rapport de l’industrie, et n’ayant aucune notion du langage, ne s’occupèrent que de leurs intérêts personnels. Us y restèrent vingt-deux ans, pendant lesquels, comme le dit Yiedma9, «les « missions devinrent le triste squelette de ce quelles avaient été. Les quinze « missions se réduisirent à onze3 * *; la plus grande partie de leurs richesses fut « pillée, transportée chez les Brésiliens, et les malheureux Indiens perdirent « le fruit de leur bonne éducation. Les vices fleurirent à l’ombre de l’oisiveté « et les arts industriels tombèrent dans l’oubli,...* «religieux, à l’aide d’une adroite politique et d’un zèle délicat, mirent ce pays dans l’état le plus «prospère, secondés dans leurs vues par la fertilité du sol et par les ingénieux moyens qu’ils ensei- « gnèrent aux indigènes. Le plus haut degré de félicité avait été atteint dans les quinze missions « qu’ils abandonnèrent. » t. Voyez t. III, p. 152. 2. Viedma, Informe, etc., p. 140, §. 498. 3. Les missions, alors abandonnées par les curés, furent San- José, San-Borja, San-Martin et San-Simon. III. i.re part. Jq Moxos. 1832. Moxos. ( 234 ) Les abus devenaient intolérables; mais parmi les gouverneurs espagnols, muets témoins de cet état de choses, sans y pouvoir remédier, un homme osa élever la voix. Don Lazaro de Rivera présenta successivement des mé- moires à l’audience de Charcas, et fit enfin, en 1789, adopter son nouveau plan de réforme, qui consistait à laisser aux curés le pouvoir spirituel, tandis que l’exploitation industrielle de la province serait confiée, dans chaque mission, à un administrateur séculier, chargé de suivre les anciennes règles établies par les jésuites. Ce nouveau réglement prohibait le com- merce sous les pemes les plus graves. Les Indiens étaient plus esclaves qu’ils ne l’avaient jamais été; au lieu d’un maître absolu, ils en eurent deux, dont les continuels discords et la mauvaise conduite amenèrent la perte des missions. Néanmoins la première année de ce réglement la province fournit encore à l’État 40,000 piastres ou 260,000 francs de revenus. Animé des sentimcns les plus liberaux, 1 intendant de Cochabamba, Don Francisco Viedma b voulut soustraire à l’esclavage les habitans de Moxos. Il demanda l’affranchissement de cette province et sa soumission aux lois qui régissaient le reste des possessions espagnoles du nouveau monde; mais l’au- dience de Charcas maintint le règlement de Rivera, qui encore aujourd’hui (1852) sert de guide aux administrateurs. Si, d’un côté, la mesure prise par l’audience de Charcas a déterminé la conservation des missions de Chiquitos et de Moxos* 2, elle fut, de 1 autre, la source de tous les désordres, par suite de la rivalité des pouvoirs religieux et séculiers, et du peu d’instruction des mandataires de toutes les classes.3 Des employés avides surchargèrent, dans leur intérêt particulier, les indi- gènes de travail, et les revenus baissèrent de plus en plus pour lEtat, qui ne donna plus le nécessaire à l’entretien des missions et les outils pour les ateliers. La province ne fit que végéter. Les premiers gouverneurs, pris dans la marine royale, tentèrent néan- moins encore quelques améliorations: ainsi, sous Zamora, en 1/92, on divisa Magdalena pour former San-Ramon4; en 1794 on fonda la mission !. Viedma, Informe, etc., p. 142, §. 505. 2. Voyez ce que j’en ai dit tome III, p. 49. 3. Voyez les résultats décrits à Chiquitos, t. III, p. 50, et partiellement ce que j’ai dit à chaque mission en les visitant. 4. Voyez t. Ill, p. 97. ( 255 ) du Carmen avec les Indiens Chapacuras1, et en 1796 on transfera San- Joaquin, mais ensuite on se contenta d’envoyer des habitans de Santa-Cruz gouverner Moxos. Durant la guerre de l’indépendance Moxos fut tout à fait abandonnée; mais elle resta en dehors de la crise politique qui, de 1810 à 1824, tourmenta le reste de l’Amérique. On s’en souvint pourtant, pour mettre à contribution les richesses de ses églises. Les joyaux des saints et des vierges avaient été succussivement pillés; néanmoins il restait les plaques d’argent des autels qui, étant données au poids par inventaire, ne pouvaient être touchées. En 1 81 4 , le général Aguilera , pour soutenir les troupes espagnoles , envoya de Santa-Cruz son frère à Moxos , afin d’enlever à chaque église une partie de ses ornemens. San -Pedro seulement fournit 352 kilogrammes d’argent. En 1820, la rigueur du gouverneur Yelasco amena pour la première fois une rixe entre les indigènes et l’autorité. Ce gouverneur, croyant avoir à se plaindre du cacique de San-Pedro, nommé Marasa, se le lit amener et lui demanda sa canne, signe du pouvoir. Le cacique la lui refusa, en disant qu’il la tenait de Dieu. Outré de voir un Indien lui résister, Yelasco tua Marasa d’un coup de pistolet dans la poitrine. Le iiîs de ce cacique, attiré par les cris des juges, vint enlever le corps de son père et ameuta les Cani- chanas contre le gouverneur, qui fut obligé de se renfermer avec ses soldats dans l’ancien collège des jésuites, faisant de temps en temps des décharges sur les indigènes; ce qui les irrita davantage et leur fit pousser des cris de vengeance. Les Indiens, ne pouvant entrer dans le collège, amoncelèrent, autour de ce monument, malgré le feu des militaires, tout ce qu’il y avait de suif dans les magasins, et les flammes l’enveloppèrent en un instant. Le gouverneur, forcé de sortir, fut mis à mort avec la plupart de ses soldats, et bientôt les précieuses archives de la province, contenant tous les travaux manuscrits des jésuites, furent pour toujours anéanties. Des troupes de Santa-Cruz vinrent plus tard soumettre les Canichanas de San-Pedro, qu’on transféra sur un autre point, et la capitale, jusqu’alors à cette mission, fut transportée à Trinidad. Moxos baissa constamment, et en 1829 ses revenus étaient au-dessous de 20,000 piastres ou de 100,000 francs, tandis qu’ils étaient de 300,000 sous les jésuites. En 1 831 , pendant mon séjour à Chiquitos, j’avais proposé au gouvernement 1832. Moxos. ( 236 ) de faire avec la province de Moxos un échange de sel pour les bestiaux, ce qui avait été accordé. Ayant parcouru la province de Moxos, je m’étais, d’après l’au- torisation du président de la république et de concert avec M. Carrasco, efforcé de réformer par un nouveau réglement les abus sans nombre dont avaient à souffrir les malheureux indigènes. On a vu que le colonel Davila 1 avait été enlevé par une mort violente, à l’instant de venir opérer cette sage réforme. Il devait de plus s’entendre avec l’évêque de Santa-Cruz, M. Cor- dova , pour faire cesser les abus religieux ; mais , malgré la visite de ce prélat instruit, avec lequel je me suis trouvé plus tard sur le Rio Piray, la pro- vince de Moxos ayant encore été confiée aux mains d’un gouverneur de Santa- Cruz, homme probe, mais peu éclairé, je doute que l’esprit de routine ait rien changé à ce qui existait. §. 3. Généralités statistiques. État actuel de la province. T Population. D’après ce cpii était arrivé aux missions du Paraguay 2, on doit croire que la conservation des institutions des jésuites sous les différens gouverne- mens qui se sont succédé depuis soixante - cinq ans, a prévenu la destruc- tion des missions de Moxos; aussi avais-je, en 1832, trouvé encore intactes sous d’autres hommes, avec des mœurs différentes et une prospérité très- inférieure, toutes les institutions administratives et religieuses que les jésuites y avaient laissées lors de leur expulsion en 1 767. En parcourant la province, j’ai donné un aperçu détaillé de l’état actuel des missions, des mœurs, des usages des différentes nations qui les habitent.3 Je me bornerai, dans ce résumé, à des considérations d’ensemble. La population actuelle de Moxos, divisée par nations et par missions, est la suivante, d’après les renseignemens de 1830 et 1831. 1. Vovez t. III, p. 220. 2. Voyez t. I.er, p. 271. 3. Voyez t. III, les chap. XXXIII et XXXIV. ( 237 ) NOMS DES MISSIONS. NOMS DES NATIONS ET LEUR NOMRRE PAR MISSIONS. TOTAL Il FS H A RIT A NS Moxos. itona- mas. Cayu- vavas. Cani- chanas. Movi- mas Chapa- curas. Maro- pas. Paca- guaras. Iténès. par mis 1830. sion, en 1831. Trinidad 2604 = = s S s ï s s 2604 2645 Loreto 2145 = = = 5 s - 2145 2014 San-Xavier 1515 = = = s r 5 Z 1515 1389 San-Ignacio 1948 - s "S 5 5 c £ 1876 1948 Concepcion 2426 = S - 'r 700 3 Z - 3126 3033 San-Joaquin 690 s s = : 5 s 690 690 El Carmen 592 = s 3 . - 340 s - 932 897 Magdalena = 2831 î c î z c £ 5, 283 T 2669 San-Ramon = 1984 s- 5 S 5 1984 1893 Exaltación s 5 2060 i 3 5 12 3 2070 3073 San-Pedro - S S 1939 î S S £ 1939 1576 Santa-Ana = = - = 1238 î Z. % 1238 1156 Reyes - = - = = s 1001 = S 1001 900 11920 4815 2060 1939 1238 1040 1001 12 3 23951 22883 Le tableau démontre que la population indigène actuelle, de 22,883', appartient encore a neuf nations distinctes, qui ont conservé leur idiome particulier. La nation des Moxos, avec ses tribus des Baures, est la plus nombieuse; mais elle na point donne son idiome à la province, comme la langue des Chiquitos a la province voisine. 11 paraît que les jésuites ne prit ent pas a Moxos 1 excellent moyen1 2 de fondre les nations, afín de réduire les dialectes, et quils conservèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent dans la province. Il en est résulté qu’à l’exception du curé, de l’administrateur et de quelques indigenes interprètes, personne ne parle l’espagnol. Les curés et les administrateurs communiquent avec les Indiens par l’intermédiaire des interpretes, a moins que les premiers ne se servent, pour les devoirs religieux, de formulaires laissés par les jésuites, où les demandes et les réponses sont exprimées dans les langues indigènes. 3 1. D après Viedma, Informe, etc., en 1788,1a population de Moxos aurait été de 22,000 ames. Il n y aurait donc aucune augmentation de population dans la province. 2. Voyez t. III, p. 58. 1 * . L incendie de San-Pedro a détruit des vocabulaires manuscrits laissés par les jésuites. Il n est plus resté des langues de la province que le Dictionnaire de la lengua moxa du père Mar- ban, imprimé en 1701, et une grammaire manuscrite de la langue baurès, que je possède. 1832. Moxos. ( 258 ) Aujourd’hui les habitans des Moxos sont, sous le rapport religieux, gou- vernés comme du temps des jésuites; mais quant au travail, on n’a pas amélioré leur sort; au contraire. Ces malheureux doivent tout leur temps à l’État; on leur laisse à peine quinze jours par an pour semer et récolter, et ils doivent se vêtir. Ils sont plongés dans la plus profonde misère, et les moeurs, chez eux, sont très-dissolues. On châtie les hommes et les femmes à coups de fouet, suivant les caprices de leurs chefs espagnols ou indigènes; aussi leur aspect annonce-t-il des êtres dégradés par l’esclavage. -f -j- Température ; salubrité. La province de Moxos, située entre les 10.e et 1fi.e degrés de latitude sud, est infiniment plus chaude que Chiquitos, tout en participant aux mêmes influences météorologiques. Pourtant les pluies y sont plus fréquentes et plus prolongées. Si, au centre de la province la saison sèche et la saison des pluies sont assez tranchées, il n’en est pas ainsi au pays des Yuracarès, ou il pleut d’abord sans interruption de Septembre en Mai, et même dans le reste de l’année les averses deviennent si fréquentes, cpie les journées un peu passables sont très -rares. Cela s’explique facilement. Les vents du nord ou du nord-est y amènent constamment des nuages qui, arrêtés par la Cor- dillère, doivent nécessairement y séjourner. A Moxos, les vents du sud déter- minent un tel abaissement dans la température, que relativement on y éprouve alors un froid très-vif. La province, comme je l’ai dit, s’inonde entièrement pendant la saison des pluies, et, lorsque les eaux commencent à s’évaporer, il reste des marais souvent putrefies, dont les exhalaisons occasionnent des lievies intermit- tentes très-fréquentes, et par suite une grande mortalité, surtout chez les hommes obligés de passer les nuits à l’air, lors de leurs navigations jour- nalières. + -f -j- Produits industriels. Les bestiaux introduits à Moxos par les jésuites s’y sont considérablement multipliés. Voici l’évaluation, très-au-dessous de la réalité, donnée en 1850 par l’administrateur général : ( 239 ) 1832. 1830. BÊTES A CORNE. CHEVAÜX. ce G O C/î O) U MISSIONS. Vaches. Bœufs. Veaux. Total. Juments. Chevaux Poulins. Total. 'fl S eu fl O S '5 ) Cordillère, toujours le ciel le plus pur; la température y est sèche : il y 1833. tombe par grains seulement en été, de Décembre en Mars, de la grêle ou de la neige. Lorsqu’on franchit la Cordillère, on trouve un niveau permanent de nuages, à la hauteur de 5000 mètres environ au-dessus des océans; là, comme à Pelechuco, par exemple, il y a presque toujours des brouillards qui obscurcissent l’air; il y pleut très-souvent. Plus bas, le ciel redevient pur, la pluie tombe principalement dans la saison ordinaire, c’est-à-dire de Décembre en Mars. Il en est de même des plaines, ou pourtant il y a plus de régularité encore pour la saison pluvieuse. Les vents rêgnans sont ordinairement nord ou nord-est; ils apportent un air humide et chaud, favorable à toute la nature; mais lorsqu’ils changent tout à coup après un orage, et que le vent du sud souffle avec force, la température s’abaisse immédiatement de dix degrés au moins, et tout en souffre, l’homme, les animaux, la végétation. Comme on devait s’y attendre, d’après les diverses zones de hauteur et de température, les productions naturelles et l’aspect de la province varient suivant ces zones et les climats quelles déterminent. A Suches, à l’ouest de la Cordillère, c’est encore une partie du grand plateau bolivien; le sol y est sec, aride, la végétation pauvre et rabougrie; la zoologie et la botanique particulièrement y offrent un aspect en tout analogue et souvent identique à celui de la Patagonie. 1 A l’est de la Cordillère, une première zone est couverte de pelouses au- dessus de la région des nuages. Plus bas commence la végétation ligneuse, qui couvre alors avec profusion jusqu’aux rochers les plus escarpés. Ici ce sont les arbres les plus beaux, comme feuillage et comme élévation, entre- mêlés avec la liane enlaçante ou les plantes les plus variées, ornées de brillantes fleurs; là, d’élégans palmiers aux légers panaches; partout des contrastes, des points de vue pittoresques, dont les êtres les plus diversifiés de forme et de couleur2 animent toutes les parties. Les oiseaux, en effet, y rivalisent avec les fleurs. Les nombreux perroquets, les coqs de roche au plumage de feu, le céphaloptère à la robe sombre, mais à la forme bizarre, les cotingas, les tangaras chamarrés, les inconstans oiseaux-mouches, et une multitude d’autres couvrent les campagnes. Les quadrupèdes n’y sont pas moins nombreux. Sur les plateaux, le lama et l’alpaca, ressource de 1. Voyez tome II, p. 307. 2. C’est l’aspect de la province de Yungas. Voyez t. II, p. 427. ( 564 ) 1833- l’indigène montagnard; plus bas des singes des plus variés, des cerfs, des pécaris, des tapirs et une multitude d’autres êtres qu’il serait trop long de décrire. Lorsqu’on descend dans la plaine, on remarque moins de variété. Partout le sol est entrecoupé de bois épais aussi anciens que le monde, et d’herbages étendus. Ici la nature, bien que moins prodigue, est pourtant riche encore, soit en animaux sauvages, soit en plantes de toute espèce. En résumé, Cau- polican , grâce à ses diverses zones de hauteur, réunit à la fois presque toutes les productions naturelles de la Bolivia. §. \. Histoire . f Première époque, avant l’arrivée des Espagnols. Si l’on en juge par l’état actuel et par les traditions populaires, la pro- vince de Gaupolican aurait, de tout temps, été habitée par trois nations distinctes : les Quichuas, les Apolistas et les Tacanas. Attirée sans doute par l’abondance de l’or et par les pâturages propres aux lamas et aux alpacas, la nation des Quichuas avait fondé, depuis les temps les plus anciens, le village de Suches et celui de Pujo - cucho 1 . Ces indigènes restèrent sous la domination des Incas jusqu’à l’arrivée des Espa- gnols, et dépendirent de la province de Guancane ou de Carabaja. La nation des Apolistas habitait le lieu que dans sa langue particulière elle nomme Hahuachili 2, lieu situé non loin de l’endroit occupé aujourd’hui par les bourgs d’Apolo et de Santa-Cruz. Les Apolistas étaient d’une couleur assez foncée, d’une taille médiocre; ils avaient les traits efféminés, le caractère doux et docile. On ne sait du reste rien sur leurs mœurs avant la conquête. Leur langue était tout à fait distincte de la langue quichua et de la langue tacana. La nation des Tacanas vivait à l’est et au nord-est de la nation des Apolistas, dans ces régions de montagnes et de plaines qu’elle nommait Limo ou lieu de son origine. Elle s’étendait depuis Aten jusque bien au delà de Cavinas, c’est-à-dire sur une large bande nord et sud, située entre les derniers contre-forts des Cordillères et le Rio Béni, depuis le ILe jusqu’au 1. Mot qui signifie en quichua séjour de Niebla; il a été corrompu par les Espagnols en Pelechuco. 2. Ce mot signifie intérieur. ( 365 ) delà du \ o. degre de latitude sud. Cette nation , dont la langue s’appelle tacana, portait, pour les tribus septentrionales, le nom de Toromonas. La langue des Tacanas était l’une des plus dures d’Amérique. A en juger par ceux qui sont encore sauvages, ils vivaient en tribus, soit au sein des forêts humides des dernières montagnes, soit dans les immenses plaines qui les longent. Ils y menaient la vie du chasseur, sans négliger l’agriculture. Chaque homme devait bâtir à lui seul la maison destinée à lui servir d’asile ainsi qua sa famille; le mépris de cet usage lui faisait perdre le titre d’homme, et le rendait la risée de ses concitoyens. Les femmes tissaient grossièrement le coton, se formaient des ornemens brillans, en nuançant agréablement et tissant les plumes des oiseaux de leurs forêts pour en confectionner des tur- bans1. Elles se couvraient quelques parties du corps, mais les hommes étaient entièrement nus. Chaque tribu avait ses chefs, chargés de la conduire à la guerre ou dans les expéditions lointaines, et qui lui servaient de médecins; mais il n’existait pas, à proprement parler, chez eux de corps de nation, bien que toutes les tribus fussent unies et en paix. Au nord de ces trois nations il s’en trouvait encore quelques autres qui nous sont inconnues : au nord, les Hiiacanahuas , les Surigaas et les belli- queux Machuis ; au nord-ouest, les Ultume-cuana ou hommes rouges, et les Chuntaquiros. ff Deuxième époque, depuis l’arrivée des Espagnols jusqu’à nos jours. Placée tout à fait en dehors des routes suivies par les aventuriers espagnols lors de leur arrivée au Pérou, la province de Caupolican resta long-temps ignorée. Les villages de Suches et de Pelechuco passèrent sans doute du joug des Incas sous celui de divers conquérans , si fréquemment remplacés au milieu des querelles toujours renaissantes de ces temps orageux de l’histoire d’Amérique qui s’étendent presque jusqu’au dix-septième siècle. Sans pou- voir percer la complète obscurité de cette partie de l’histoire de la province, qui ne s’appuye sur aucun document imprimé, il est permis de croire cjue quelques-uns des propriétaires auxquels Suches, Pelechuco et le reste de la province échurent en partage, auront tenté d’y pénétrer afin d’y chercher des mines, et qu’à ces excursions ou à ces travaux est due la fondation, par les Indiens quichuas, des bourgs de Pata et de Mojos, dont il est impos- sible de fixer la date. 1. Ceux des hommes s’appellent Panisas, et ceux des femmes Toromayas. 1833. ( 56G ) Le premier fait historique bien constaté est l’entrée des franciscains dans la contrée. Sans doute que, prévenus de l’existence des nations sauvages, ces religieux se décidèrent à en tenter la conquête spirituelle. Ils y entrèrent vers 1750, et fondèrent, avec la nation des Apolistas, les missions dû Apolo et de Santa- Cruz de Valle- ameno. Ils réussirent si bien auprès de ces indigènes, que bientôt les cabanes de l’état sauvage furent remplacées par une vaste église, un couvent et par des villages qui respiraient l’ordre et la propreté. Ne bornant pas là leurs conquêtes, les franciscains, animés du zèle le plus louable, s’avancèrent dans l’intérieur. Parvenus à rassembler, dans la mission d 'Aten, les fiers Tacanas, ils ouvrirent un vaste champ à leurs travaux. En effet, ils pouvaient alors, avec ces derniers, s’avancer vers les plaines, où d’autres Tacanas les attendaient. Après beaucoup de fatigues, ces religieux pénétrèrent au milieu des déserts, afin d’y chercher des prosélytes. A plus de trente lieues à l’est ils formèrent avec les Tacanas la mission de San-Jose , puis fondèrent successivement celles de Tumupaza , àAsiamas. Enfin, s’embarquant sur le Béni, ils parvinrent encore à créer Carinas , aux confins des peuplades sauvages. Bien que les franciscains n’aient pas introduit, dans leurs missions, le luxe des temples et l’industrie chez les habitans, comme l’ont fait les jésuites à Chiquitos et à Moxos, ils n’en ont pas moins rendu de grands services à l’humanité, en faisant passer un nombre assez considérable d’hommes, de l’état tout à fait sauvage à la demi-civilisation, au commencement de la vie sociale. Le principe de la communauté était dans toute son extension celui du gouvernement de ces missions. Le couvent d’ Apolo, qui relevait de la Paz, donnait les frères nécessaires à leur entretien. Chacune en particulier avait un ou deux religieux chargés de l’église et de l’administration. On n’avait point enseigné aux indigènes le tissage, mais seulement l’agriculture; aussi les missionnaires ne profitaient-ils que des produits agricoles, tels que le cacao, la coca et une foule de productions naturelles qu’ils faisaient recueillir dans les forêts. Les charges légères qu’ils étaient obligés d’imposer aux indigènes pour se ménager les moyens de les pourvoir des instrumens nécessaires à leurs tra- vaux, charges indispensables au bien-être de toute société, parurent néan- moins trop dures à quelques nations. L’homme entièrement sauvage, libre de toutes ses actions, conçoit difficilement les devoirs qu’une société nais- sante doit se prescrire, si elle veut prospérer; aussi s’effraye-t-il de la plus légère contribution. Il paraît que les franciscains avaient réduit au delà de ( 567 ) Gavinas, la tribu des Toromonas , et même quelques Pacaguaras; mais ,833- ces indigènes ayant fait courir le bruit que, sous le voile de la religion, les missionnaires avaient un motif spécial d’intérêt personnel à les réunir et à les faire travailler, les chassèrent, en les priant de ne plus revenir parmi eux. Vers la fin du dix-huitième siècle, les franciscains avaient obtenu tout le succès qu’ils pouvaient espérer. C’est néanmoins à cette époque, avant. 1800, que, je ne sais sous quel prétexte et pour quel motif, cet ordre aban- donna son œuvre, et toutes les missions, avec Suches, Pelecbuco, Pata et Mojos, rentrèrent sous la domination espagnole, en formant la province de Caupolican , dépendant de l’intendance de la Paz. On plaça de suite un curé et un alcalde dans chacune des paroisses, et un subdélégué fut nommé pour gouverner et diriger la nouvelle circonscription, dont Apolo resta la capitale. Le plus grand mérite des employés espagnols, aux yeux de l’autorité supérieure, était alors d’augmenter les revenus de l’Etat. Tout ce qui con- courait à ce but était particulièrement récompensé. Le premier subdelegado, Don José Santa-Cruz, père du général Santa-Cruz, plus tard président de la république de Bolivia, mit, dès son arrivée, tous ses soins à soumettre à la contribution personnelle les indigènes, jusqu’alors libres d’impôts régu- liers. Il les taxa sur le pied de cinq piastres par homme, ce qu’on appelait alors real ti'ibuto, impôt auquel étaient assujetties les autres nations des plateaux. Les indigènes des missions se soumirent à cette charge, et le sub- délégué Santa-Cruz reçut du roi d’Espagne, pour ce service, le titre de Maestre de campo; mais, dès cet instant, les nations encore sauvages, prêtes à se soumettre, s’enfoncèrent au plus épais des bois, afin de se sous- traire au tribut annuel, et surtout aux vexations de tous genres, et à la violence trop souvent exercée par les employés chargés de le percevoir. C’est sans doute pour cette raison que Cavinas seule, comme la plus éloignée, put se dérober à l’impôt. Les choses restèrent ainsi jusqu’en 1814, époque à laquelle, par suite de la lutte engagée pour l’indépendance nationale entre le parti patriote et les troupes espagnoles, Muñecas pénétra dans Caupolican et s’efforça de le gagner à la cause de la liberté. Il s’empara de la capitale et des autres pa- roisses; mais poursuivi bientôt par l’armée espagnole, que commandait le capitaine Don Agustín Gamarra, postérieurement président de la république du Pérou, il fut chassé d’ Apolo et plus tard d’Aten, où ses derniers partisans ( 368 ) 1833. se firent tuer plutôt que de se rendre1. C’est alors qu’un Indien tacana, pour échapper aux durs cliâtimens infligés par Gamarra aux amis de la liberté, emmena avec lui trente familles, et vécut sept années caché dans les forêts. 2 En 1824, après la bataille d’Ayacucho, Caupoïican dépendit du départe- ment de la Paz, l’un des six de la république de Bolivia. Un gouverneur remplaça le subdélégué, mais rien ne changea pour les habitans, qui durent continuer à payer leur contribution annuelle. Yers 1830 la récolte du quin- quina vint donner une vie nouvelle à la contrée par le commerce qu’elle y attira. Assujettis jusqu’alors au simple commerce d’échange, les habitans commencèrent, à cette époque, à connaître la valeur de la monnaie. Enfin, vers 1 842 , entr’autres mesures propres à l’amélioration de la province , elle a cessé de faire partie du département de la Paz, et dépend aujourd’hui, comme je l’ai dit, du nouveau département du Béni. §. 2. État actuel de la province. f Division politique. Afin de bien faire connaître la province, je vais décrire séparément chacun des lieux habités. On divise généralement Caupoïican en deux parties, l’une nommée Partido grande (la grande portion) ou Pueblos de Caupoïican , composée de Suches, de Pelechuco, de Pata, de Mojos, d’Apolo-hamba , de Santa-Cruz de Yalle- ameno et d’Aten. L’autre partie, considérée comme Partido chico (la petite portion) ou Pueblos interiores , composée de San-José, de Chupiamonas, de Tumupaza, d’Isiamas et de Cavinas. Suches. Ce village , annexe de Pelechuco , appartient au versant occidental de la Cordillère orientale; il est situé sur sa pente même, entre des mon- tagnes escarpées, séjour de frimas éternels. C’est une des nombreuses colonies que pouvaient seules faire établir la cupidité des hommes et la soif de l’or chez les Incas et chez les conquérans. En effet, placé au milieu des anciens déblais des lavages d’or, Suches ne doit sa fondation qu’à ces exploitations minérales, qui ont donné d’immenses produits, et qui , encore aujourd’hui, fournissent seules à tous les besoins de trente-deux familles d’indiens quichuas 1. Voyez ce que j’ai dit de cette lutte en parlant d’Aten. 2. Voyez cette histoire spéciale à Aten. ( 369 ) habituées à ce genre de travail. Le froid excessif qu’on y ressent, l’aridité des montagnes, ne permettent aucune culture, et la seule industrie des habitans est la recherche du précieux métal. Composé de quelques cabanes placées sans ordre et dépourvues de toutes les commodités, Suches offre peu de chances d’amélioration, a moins que des hommes intelligens ne viennent exploiter en grand, par des moyens simples et moins coûteux, les richesses que renferme encore le sol froid et inanimé de ces tristes régions. Suches est annexe de Pelechuco, mais on n’y passe pas pour se rendre d’Escoma à ce dernier bourg ; on le laisse sur la gauche. Les petits ruisseaux qui naissent à Suches se rendent au Rio Cojata, qui se réunit au lac de Titicaca, assez près d’Escoma. Pelechuco, dont le nom n’est qu’une corruption de Pujo - cucho , qui, dans la langue quichua, signifie le recoin des brouillards, est situé à sept lieues de Suches, sur le versant est de la Cordillère orientale. C’est de toute la province la paroisse dont l’élévation est la plus grande au-dessus du niveau des mers. En effet, à peine a-t-on franchi l’étroite gorge de Cololo, entourée de neiges perpétuelles, qu’au milieu de montagnes escarpées se trouve Pele- chuco, sur une pente rapide et rocheuse, à droite d’un torrent. Sa position, encore très-voisine des frimas éternels, en fait un pays froid, oh les pluies sont beaucoup trop fréquentes pour qu’on y puisse vivre agréablement. Le bourg, bâti sur un terrain en pente, arrosé d’excellente eau, n’est pas aligné et n’a rien de remarquable. Il est en partie habité par des Indiens quichuas, occupés à élever sur les hauteurs voisines des troupeaux de vaches, de brebis et de lamas; à cultiver aux alentours quelques productions des régions froides, telles que les pommes de terre et l’orge, ou plus bas, dans les vallées tempérées, la racaclia, les patates douces, les citrouilles, la yuca ou mandioca, le maïs, tandis que, dans les vallées chaudes, ils sèment les mêmes plantes, avec le riz, les bananiers, les ananas, les papayos, la gualuza, le tabac, la canne a sucre, le coton et la coca. Néanmoins si, dans les deux premières régions, la salubrité de la température permet toute espèce d’amélioration, il n’en est pas ainsi des régions chaudes, surtout au fond des vallées, où des fièvres intermittentes viennent rigoureusement sévir contre les habitans qui s’y fixent. Du reste, comme il est plus facile aux indigènes de gagner beaucoup d’argent en cherchant, dans les montagnes de Motosolo, del Fuerte, d’Amantala, de Yuncapampa et des environs de Tapi, le quin- quina , qui y abonde , ils négligent beaucoup l’agriculture , ce qui rend très- rares et très-chères les denrées de première nécessité. Beaucoup d’entr’eux III. i.re partir. An venus ( 570 ) 1833. sont aussi occupés à transporter à dos de lamas, soit les produits des autres lieux habités de la province, soit lecorce du quinquina. La population est d’environ 2500 âmes , en y réunissant l’anqexe de Suches et les divers hameaux épars dans les vallées voisines. Pelechuco se trouvant au passage de la seule entrée du pays, sa position commerciale est on ne peut plus avantageuse. En effet, tous les objets d’échange apportés par les commerçans et tous les produits des autres can- tons intérieurs doivent y passer; aussi le gouvernement y a-t-il placé un receveur des douanes, dépendant de l’administration principale de la Paz.1 1. La route actuelle, en partant de Suches, est la suivante: On va d’abord sur les coteaux, en montant pendant trois lieues, jusqu’à Y Alto de Cololo, puis on fait une lieue en descendant la côte, par un mauvais chemin, une lieue et demie de coteaux, et une légère montée jusqu a Calantica; puis on a une descente de deux lieues et demie jusqu’à la Garita , où l’on n’est qu’à une lieue de Pelechuco. Ce chemin, mal entretenu, et pour lequel on perçoit néanmoins un péage, serait facile à entretenir, vu l’abondance des matériaux de tous genres. Le bourg de Pelechuco est à trente-trois lieues au sud-ouest de Pata. La route suit le coteau droit de la vallée de Pelechuco, en montant et descendant sans cesse, du lit des rivières au sommet des côtes qui les séparent. Voici du reste, avec les distances, les détails de cette route: De Pelechuco , en descendant toujours sur la pente des montagnes et passant par Piguara , Lavanara l’on arrive au Rio de Sania- Ana, six lieues. — Du Rio de Santa-Ana, l’on monte une côte d’une demi-lieue jusqu’à Cocotica; puis on suit le flanc de la montagne jusqu’au Pasto orande une lieue. — On descend la montagne par des pentes abruptes jusqu’à Taunaza, o 9 , \ une lieue, d’où il ne reste qu’une descente douce sur le coteau jusqu’au Rio de Pilcobamba, une demi-lieue. Après avoir passé la rivière , qui n’est qu’un torrent peu rempli d’eau , on gravit la montagne jusqu’à l’endroit nommé Huancapata, une lieue et demie. — On descend ensuite par des chemins pierreux à Quichara, une lieue et demie. — En montant et descendant sur de petites distances, on arrive à Cliamaljata, une lieue, et sur le flanc de la montagne à Culi, une demi-lieue. En montant quelquefois ou descendant peu sur les mêmes flancs, on arrive à Mamaljata, deux lieues, d’où il ne reste plus qu’à descendre jusqu’au Rio de Puente grande, qui , beaucoup plus grand que les autres, se passe effectivement sur un pont de branchages, deux lieues. — En laissant le Rio de la Puente grande, l’on monte quelques côtes, où l’on suit le coteau jusqu’à Paracorin, une ]¡eue> On monte et l’on descend de petites côtes jusqu’à Huayamacan, deux lieues et demie. — On suit le coteau et l’on passe des côtes assez courtes jusqu’au hameau del Fuerte, une lieue. — On monte une petite côte, puis on la descend par un sentier des plus mauvais jusqu’à Sumpulo, une lieue. On en monte et descend deux autres, également très-mauvaises, jusqu’au Rio de Aman- tala, très-fort, roulant toujours beaucoup d’eau, une lieue. — Du Rio de Amantala, l’on gravit une montagne pendant une lieue, et l’on en suit les flancs sur la même distance à Ayapata, deux lieues. — On descend ensuite à Raqui-raqui, une lieue. — On suit le coteau à Santa-Rosa, une lieue; puis on monte encore à Cuquipata, une demi-lieue, et à Cruz-pata ou San-Jose, une demi-lieue. — On descend ensuite, on monte, et l’on marche sur le flanc des coteaux jusqu’à Peliapo , deux lieues. — Après avoir descendu dans la vallée de Pata, et avoir fait une lieue en traversant la rivière de ce nom, par des chemins qui, faute d’entretien, sont remplis de fondrières, il ne reste plus qu’une lieue de montée pour arriver au bourg de Pata. Pata. Ge bourg, situé sur une colline couverte de plantes graminées ou de bois rares, se compose de pauvres cabanes, alignées, où vivent cent soixante-cinq habitans de la nation quichua, sous une température agréable, légèrement chaude et humide , au milieu du pays le plus fertile du monde. Bien que leau soit rare a Pata meme, les environs offrent des ressources immenses pour lelève des bestiaux et la culture des plantes tropicales. En effet, les larges plages du Rio Tuyche, qui est à courte distance, les bois de ses berges, les plaines de Piliapo, la Quebrada de San Antonio, et une foule d’autres points, où les habitants enlèvent quelques parcelles de terre à l’action active de la végétation , prouvent l’extrême fertilité de ces régions pour ainsi dire désertes. II est certain que les terres cultivables pourraient nourrir une nombreuse population , tandis qu a peine une poignée d’hommes s’y trouvent, pour ainsi dire perdus, sur un sol encore vierge. Aujourd’hui les habitans récoltent assez de riz, de maïs, de yuca, de bananes, de canne à sucre, de mani, pour leur consommation personnelle; mais leur seul commerce consiste en un peu de riz et de tabac, qu’ils échan- gent, afin de se procurer des vêtements. Quelques-uns cependant aiment mieux exploier les forets, dans le but dy recueillir les productions naturelles, qui consistent en écorce de quinquina, en baume de copahii, en storaque, en encens, en résine copal. Ils s’occupent aussi à pêcher, dans le Rio Tuyche, des sabalos et des bagres, ou à chasser dans les bois les nombreux oiseaux, les singes de diverses espèces, les cerfs ou les autres quadrupèdes. Nul doute que les collines ne pussent offrir la nourriture nécessaire à de nombreux troupeaux de vaches; mais actuellement les habitans n’en ont pas plus dune trentaine, par suite des dégâts que leur causent les jaguars, qui abondent dans ces contrées, et qui, à la saison des pluies, ne pouvant plus poursuivre librement leurs proies sauvages, gagnent les lieux élevés et attaquent les troupeaux. 1 1. Pata est à sept lieues à lest-sud-est de Sania - Cruz de V aile - ameno. Pour se rendre à ce dernier point, on prend un sentier tracé pour les mulets, en parcourant l’itinéraire suivant: En partant de Pata, on monte sur une pente facile jusqu’à Huichu-huichu , une lieue et demie. On suit le flanc de la montagne jusqu’à Tentación, une lieue et demie. — On descend par un très-mauvais chemin jusqu’à la Palizada, une demi-lieue. — Une fois dans la plaine, il a fallu, poui tiaveiser les fondrières, placer des tronçons d’arbres en travers, ce qui n’empêche pas, vu la mauvaise construction de ce chemin, et surtout son peu d’entretien, que les mules n’y éprouvent beaucoup de difficultés, surtout dans la saison des pluies. On arrive ainsi à San-Juan Pampa , trois lieues, d’où l’on n’a plus qu’une mauvaise chaussée pour se rendre à Santa-Cruz de Valle-ameno, une demi-lieue. Pata est à douze lieues au sud-est de son annexe de Mojos. Pour s’y rendre , on traverse le Rio Tuyche, et l’on prend les montagnes jusqu’à la vallée où est situé Mojos. 1833. ( 572 ) L’annexe de Mojos se trouve à peu près dans les mêmes conditions que sa paroisse. De même, elle a ëtê bâtie sur une colline en partie couverte de plantes graminées; de même, elle est entourée de terrains fertiles, de lieux propres à la culture ou à l’élève des bestiaux, surtout dans sa vallée et ses quebradas; mais bien que sa population ne soit que de cent vingt- deux âmes, elle est beaucoup mieux partagée sous le rapport des conditions d’existence. Placée sur un point plus élevé, elle peut produire, dans ses vallées, les plantes tropicales, et sur les montagnes voisines, les plantes des zones tempérées, telles que le blé, la pomme de terre, etc. Les lamas pénètrent jusqu’à Mojos et y transportent les marchandises, ce qui est infini- ment moins coûteux que les mules. On y pourrait avec avantage élever des bestiaux, et reprendre les travaux d’exploitation des lavages d’or, dans les montagnes les plus voisines de la Cordillère. Apolo-bamba 1 , aujourd’hui capitale de la province, a été fondée vers la moitié du siècle dernier, par des missionnaires franciscains, qui y réunirent les indigènes de la nation apolista, et en formèrent une mission, laquelle, avec les autres bourgs voisins, composa, vers 1800, la province de Cau- polican. Apolo est situé au centre d’une plaine légèrement ondulée, couverte de plantes graminées, qui, large de cinq à six lieues, se prolonge nord et sud, sur une longueur de douze à quatorze lieues, en formant un carré long. Au sud, cette plaine est bornée par des montagnes auxquelles les vallées qu’elles forment donnent un aspect très-pittoresque. A l’est s’élève, comme une muraille, une grande montagne dirigée nord et sud, nommée Altun- cama, par suite de son élévation au-dessus de la plaine. A l’ouest court parallèlement une colline basse, qui sépare la plaine d’Apolo de celle de Santa-Catalina , occupant la partie ouest et sud-ouest. Cette dernière vallée horizontale, longue de douze lieues, large de cinq et en partie couverte de pâturages, est traversée par le Rio Tupili, dont les berges sont ornées sur une grande largeur de bois épais, qui tranchent tellement avec la plaine qu’ils paraissent plantés. Le bourg est formé de trois groupes distincts. Une portion, avant de passer la rivière, composée de maisons éparses et nommée la Parcialidad de la Concepcion, est occupée par ceux que, dans leur langue, les habitants 1. Bamba est une corruption de pampa, qui en quichua signifie plaine. nomment Mat aguas ou étrangers, et qui vendent toutes espèces de denrées. La seconde portion, placée au centre, sur une légère élévation de grès rouges, de l’autre côté de la rivière, se forme de la maison consistoriale, de l’église paroissiale, du couvent des franciscains, dont la façade est à l’ouest, sur une place dont le nord et le sud sont formés de divers bâtiments; à l’est, en face du couvent, se trouve une série de maisons habitées par les indi- gènes. Celles-ci, longues de quinze à vingt mètres, pourvues d’une seule porte à l’est, sont rangées en amphithéâtre sur une colline, de manière à ce que du couvent on puisse voir tout ce qui se passe. Les franciscains les avaient ainsi disposées, pour inspecter leurs Indiens et surveiller toutes leurs actions. Alors les commerçans qui venaient dans la province devaient néces- sairement se loger au couvent et faire leurs échanges en présence des reli- gieux. De l’autre côté de cette seconde portion du bourg se trouve, sur la route d’Aten, dans l’ordre que je viens de décrire, la troisième portion, qui en est séparée par un ruisseau. La température d’Apolo est agréable et saine; néanmoins l’air y est plus sec qu’à Santa-Cruz , par suite de ses plaines , qui laissent un libre accès à tous les vents. On y cultive les mêmes choses qu’aux autres bourgs , et le seul objet important du commerce d’échange des habitans est la coca. On y compte de deux mille à deux mille cinq cents têtes de bétail. Pour peu que les habitants prissent la peine, ils auraient sans nul doute tout en abondance. Un seul fait le prouve. Un indien, nommé Pedro Chambi, avait réussi par son industrie à réunir et à élever quinze vaches; et quoiqu’il en eût vendu pendant sa vie, à sa mort, arrivée en 1828, il en laissa environ mille têtes. Les collines et les plaines se couvriraient facilement de bestiaux, de troupeaux de brebis et même de chevaux. Les montagnes de Altuncama pourraient aussi, par suite de leur élévation, produire des pommes de terre et de la vigne. L’extraction du quinquina a quelque peu changé la manière d’être des habitans, en commençant à leur montrer la valeur réelle des choses, et en leur donnant une idée de l’argent. Ge commerce leur a fait connaître beaucoup d’objets qu’ils ignoraient, en augmentant pour eux les commodités de la vie. Si le commerce eût continué, ils auraient certainement marché vers une civilisation contre laquelle luttent sans cesse ceux qui les dirigent, sous le vain prétexte que les étrangers corrompent leurs mœurs. Bien que cela soit quelquefois un peu vrai , on ne peut nier les immenses avantages qu’ame- naient la fréquence et la variété des relations. <833. ( 374 ) On y compte environ 2775 habitans, tous Apolistas. On ne peut plus doux et plus dociles, ils aiment par-dessus tout le plaisir. Les nombreuses fêtes du christianisme, encore augmentées par la coutume locale, leur ménagent de fréquentes occasions de réunions, de danses joyeuses, toujours stimulées par l’eau-de-vie, dont ils abusent jusqu’à perdre la raison. Ils passent ainsi leur vie sans s’occuper de leur avenir, ni de celui de leurs enfans, se confiant sans doute en la richesse naturelle du pays, qui pour- voit à tous leurs besoins. Leur caractère est vif et léger; ils sont très-adroits à tout imiter, et plus susceptibles de se civiliser même que les nations indigènes des Andes; mais il leur manque pour cela des hommes qui, laissant de côté leurs intérêts particuliers, veuillent se consacrer, en les gouvernant au moral comme au physique, au développement de leurs facultés intellec- tuelles et à leur éducation sociale.' La délicieuse position de Santa - Cruz lui a valu son surnom de Valle- ameno. Rien, en effet, de plus charmant, de plus pittoresque, de plus gai que ses environs, de plus tranquille que son séjour. Situé dans une plaine, sur une pente douce inclinée au sud, au pied d’un cerro de forme conique, le bourg est entouré de collines basses, qui s’élèvent graduellement vers le nord, jusqu’à former de hautes montagnes couvertes de l’élégant feuillage des palmiers, mêlé aux cimes gigantesques des arbres les plus vigoureux. Le contraste des plaines avec les collines couvertes d’une végétation délicate et variée, le cours de la rivière de Santa-Cruz, qui traverse l’ensemble, en répandant une fraîcheur salutaire, tout concourt à faire de ce lieu le point le plus agréable de la province. Rien que petite, puisqu’elle ne contient que 941 âmes, en partie de la nation apolista, la paroisse de Santa-Cruz est propre, et l’on oublie facile- ment, en jetant les yeux sur ses environs, l’irrégularité de ses rues et de ses maisons. Les terrains qui l’entourent donnent, en abondance, toutes les productions de la zone torride; aussi ses habitants sont-ils agriculteurs. Non- seulement ils sont richement pourvus de vivres, mais encore ils font le commerce de leur superflu. C’est ainsi qu’ils sèchent les bananes, coupées en lanières, pour les transformer en excellents fruits secs; qu’ils préparent 1. On compte d’Apolo à Aten neuf lieues au sud-est, en prenant l’itinéraire suivant : En par- tant d’ Apolo, on suit la plaine à Puente chico, une lieue; puis à Puente grande , deux lieues, et jusqu’à Pampa-Tupili, trois lieues. — On monte ensuite la côte de Chiinasacro grande, une lieue. — On la descend et l’on prend la pente de la montagne jusqu’à Chiinasacro chico, une lieue, et ensuite jusqu’à Jten, une lieue. ( 5TB ) leur bon tabac et la coca, et qu’ils les convertissent en objets d échangé, remplaçant la monnaie, jusqu’à présent sans cours chez eux. Ils élèvent aussi beaucoup de troupeaux de vaches, qui réussissent parfaitement sur les collines. Ils se sont un temps occupés avec une telle activité, dans leurs montagnes, de l’exploitation du quinquina, qu’ils l’ont entièrement détruit, et se voient maintenant contraints à s’éloigner de dix à douze lieues pour en trouver. La pêche, la chasse sont chez eux aussi abondantes qu’à Pata; il en est de même des productions naturelles. On y a de plus découvert dans les forêts une infinité des plus beaux bois d’ébénisterie, tels que le granadiîlo , le guayabo ou palissandre. En résumé, si les habitans voulaient profiter de tous les avantages qui les entourent, de l’élève des bestiaux, de l’agriculture au sein de leurs terrains si fertiles, où la nature leur offre ses trésors, de l’exploitation rai- sonnée du quinquina, des mines d’or et de plomb qu’on dit se trouver à la Sierra de Santa-Cîara, ils pourraient sans doute doubler leur richesse; mais ils auraient à vaincre leur apathie naturelle, qui les porte à ne pas travailler au delà de ce qui peut leur procurer le nécessaire de la vie. Il est vrai qu’il faudrait, pour activer leur ambition, une population plus nom- breuse et des débouchés plus étendus. Jusqu’à 1850, Santa -Cruz était un lieu très -sain; mais on a remarqué que, depuis cette époque, des maladies, jusqu’alors inconnues, commençaient a sevir contre les habitans. Les fievres intermittentes se sont maintenant emparées du bourg.' Quelques personnes ' ont cru quelles provenaient de l’introduction d’arbres propres aux vallées chaudes ; mais d’après mes obser- vations sur la province de Yalle grande1 2, je pense que ce changement a pour cause le déboisement produit par les incendies annuels que les habitants ont l’habitude de pratiquer, dans l’intention de renouveler l’herbe des plaines et des collines. Il est au moins bien certain que beaucoup de lieux naguère très-sains, sont envahis aujourd’hui par ce fléau destructeur, qui gagne à mesure que le déboisement s’étend. 3 Aten. Ce bourg, ancienne mission des franciscains, est situé au milieu 1. Cest 1 opinion d’un des auteurs des notes manuscrites que je possède sur la province. 2. Voyez tome II, p. 500. 3. Santa-Cruz est à cinq lieues à l’ouest-sud-ouest d ’ Apolo-bamba ; pour s’y rendre on suit 1 itinéraire que je vais détailler: On monte la côte de Sanla-Teresa , une lieue; on la descend jusqu à Huilipisa, une lieue; on marche dans une plaine à Baqueria, une lieue, d’où il reste un terrain uni jusqu’à Apolo , deux lieues. 1833. 1833. ( 376 ) des montagnes, dans un bas-fond assez uni. Ses maisons sont dispersées, quoique régulières. Son climat, chaud et humide, est très- sain, malgré les pluies ahondantes qui y tombent fréquemment. Ses productions, sa culture, son commerce sont les mêmes qu’à Apolo. On y élève aussi quelques bestiaux dans les plaines herbeuses du Tupili. Les habitans, au nombre de deux mille trente-trois environ, d’une nation distincte des Apolistas, parlent la langue tacana , peut-être l’une des plus dures, des plus saccadées et des plus gutturales de l’Amérique. Leur carac- tère, en rapport avec leur langage, est entier, irritable, rempli de hauteur et sans beaucoup de gaîté; néanmoins ils sont bien plus ardens au travail que les Apolistas, surtout pour l’agriculture ou pour les recherches au milieu des forêts. Chaque Indien doit bâtir à lui seul la maison qu’il veut habiter plus tard avec sa famille; en manquant à cet usage, sans doute conservé de leur état sauvage, il n’est pas homme et se couvre d’opprobre. Comme il est prodigue, et qu’il désire beaucoup obtenir des ornemems pour lui et pour sa femme, il ne redoute aucun des travaux qui peuvent les lui pro- curer. Il préfère surtout des vases d’argent qu’il peut mettre en évidence sur sa table, ou des vétemeos étranges, couverts soit de franges, soit de parties brillantes, dont il s’affuble dans les processions du culte catholique, afin de se distinguer des autres. Les traits des Ateníanos, auxquels les femmes par- ticipent, sont assez grossiers; leur nez est court et épaté, leur couleur est brune, et presque tous sont tapirés ou tachetés de blanc sur la ligure et sur le corps, ce qui leur donne un aspect assez singulier. Un épisode de l’histoire de la province, spécial à Aten, fait bien connaître le caractère de ses habitans1. En 1814, en conséquence de la défaite complète par les Espagnols du détachement de l’armée patriote sous les ordres du général Pinelo, lorsque celui-ci se rendait du Cuzco à Sa Paz, son secrétaire, le docteur Muñecas, ecclésiastique de mérite, se réfugia avec quelques officiers et des patriotes dans la vallée de l’Arecaja, où, par son influence, il réussit à soulever en masse Ses habitans contre les Espagnols. Après une longue lutte, où ses soldats d’un jour avaient, avec un courage héroïque, soutenu la cause de la liberté et de l’indépendance, ces derniers cédèrent enfin aux efforts des troupes réglées des Espagnols, et Muñecas se vit obligé d’abandonner Lare- caja, d’où, suivi de quelques-uns des siens, il gagna Aten par le Rio Juyo. 1. Ce passage intéressant appartient à M. Don Antonio Acosta, qui a bien voulu me le com- muniquer. ( 577 ) Il souleva de suite les Indiens ateníanos, avec lesquels il s’empara d’ Apolo. «33. Les Espagnols, qui ne le perdaient pas de vue, ne tardèrent pas à envoyer le combattre. Le capitaine Don Agustín Gamarra (depuis président du Pérou) fut chargé de cette expédition. Dans plusieurs rencontres, vu la différence des forces et des armes, les patriotes furent partout vaincus. Enfin il ne restait plus qu’Aten, que les Espagnols résolurent d’emporter. Douze Ateníanos, sous les ordres du capitaine Pariamo, ne pouvant résister en rase campagne à cent soldats de vieilles troupes et à cinq cents archers ( flecheros ), s’embus- quèrent à une lieue d’Aten, dans un bois épais situé sur une colline, et là résolurent de mourir plutôt que de se rendre. Après un combat de deux heures, le capitaine Pariamo fut le seul qui s’échappa, et Gamarra prit Aten, où, suivant la coutume des Espagnols, il commença par châtier d’une manière atroce tous ceux qu’il supposait avoir fait partie de Farinée patriote. Comme les persécutions augmentaient de jour en jour, un indigène nommé José Pacha, l’un des plus compromis, proposa à vingt ou trente familles d’abandonner leurs demeures pour aller chercher la tranquillité au plus épais des forets. Conduites par Pacha, ces familles cherchèrent un lieu où elles pussent nôtre pas découvertes; elles franchirent des déserts, et s’arrêtèrent enfin, à douze ou quatorze lieues à l’est d’Aten, dans un bas-fond quelles nommèrent Irimo \ Elles y restèrent cachées plus de sept ans. Grâce aux mesures qu’avait su prendre Pacha, rien ne manquait à la nouvelle colonie. On fit, pour se vêtir, des plantations de coton; et, tandis que les hommes s occupaient a la chasse et à la culture, les femmes tissaient et soignaient leur menage. Le chef établit une police intérieure très-sévère, en distribuant les emplois suivant les sexes et l’âge. Tout se faisait en commun, la culture et la chasse. Ceux qui chassaient aujourd’hui, cultivaient demain, et les produits se partageaient avec égalité, comme s’il n’y avait eu qu’une seule famille. Pour ne pas renoncer a la religion catholique, les habitans de cette petite république bâtirent une chapelle, où ils placèrent quelques images de saints qu ils avaient emportées dans leur emigration. Pacha, qui s’était approprié les pouvoirs civils, voulut encore cumuler les fonctions religieuses. Il célé- brait les baptêmes, bénissait les mariages et enterrait les morts, à la fois cure , juge et législateur de sa colonie. Parmi les mesures sévères de sécurité quil avait prises, afin de ne pas être découvert, se trouvait une loi, en 1. C’était le lieu d’où la nation prétendait descendre. III. i.” part. * 48 ( 378 ) 1833. vertu de laquelle on devait enterrer vivans tous ceux qui, sous quelque pré- texte que ce fût, se seraient mis en communication avec les habitans d’Aten. La crainte de cette terrible loi protégea pendant sept ans leur retraite; mais une circonstance les fit enfin découvrir. Une des familles exilées, celle de Manuel Cito, se composait de sa femme et d’une fille de treize ans. Cette jeune idle, ayant beaucoup entendu parler du goût agréable que le sel donnait aux alimens, forma le projet de s’en procurer. A l’insu de ses parens elle s’échappa, se rendit à Aten, où, sans être vue, elle s’empara, dans une maison isolée, de tout le sel qu’elle y rencontra. Le chef, qui s’était aperçu de sa fuite, fit des perquisitions pour la découvrir, et pressa fortement les parens de dire ce qu’elle était devenue. La jeune fille reparut, trois jours après, avec le produit de son vol, et par la nature de son fardeau l’on découvrit qu’elle avait été à Aten; ce que, du reste, elle confessa. Pacha voulut la soumettre à toute la rigueur de la loi; mais au moment de l’exécution, les habitans réunis implorèrent sa grâce avec tant d’instances, et la coupable fit tant de protestations, qn’ enfin le chef lui pardonna. Six ou sept mois plus tard, oubliant la clémence dont elle avait été l’objet, l’imprudente entreprit une nouvelle excursion pour le même objet. Pacha la fit chercher dans toutes les directions, avec ordre de lui infliger le supplice quelle avait mérité. Quatre jours après elle fut arrêtée, et ses pleurs ni son désespoir ne purent, cette fois, la sauver. Elle fut enterrée vive. Saisis d’horreur en apprenant cette catastrophe, ses parens s’enfuirent dirimo et gagnèrent Aten, afin de s’y plaindre au juge de l’épouvantable châtiment de leur enfant, en découvrant le séjour de Pacha. On envoya de suite s’emparer de celui-ci, qui fut conduit à la Paz pour être jugé; mais on tarda tellement à l’exécuter, qu’en 1823, lorsque la Paz fut prise par les patriotes, Pacha, compris dans un pardon général, revint dans son pays. Irimo existe encore et se compose des mêmes familles, assujetties aujour- d’hui à la juridiction civile et ecclésiastique d’Aten. Les habitans, grâce à l’extrême fertilité des terrains, y jouissent de toutes les commodités de la vie, sous une température suave et dans une position charmante. Les eaux de la rivière d’Aten vont se réunir au Mapiri, l’un des affluens du Béni. C’est, du reste, le seul cours d’eau du centre de la province qui ne se rende pas à Tuyche. San -José de Chupiamonas. En marchant à l’est-nord-est d’ Apolo et ( 579 ) traversant des chemins affreux, remplis de dangers de tous genres, au milieu de déserts sans fin, après trente-huit lieues de fatigues, on arrive à ce village, ainsi appelé du nom d’une rivière dont les eaux sont rouges, et qui, à peu de distance de là, se réunit au Tuyche. Le village, habité par soixante-treize Indiens parlant la même langue que les Ateníanos, et leur ressemblant en tout, est situé près du confluent d’une rivière avec le Tuyche, si large alors qu’on ne peut le franchir que sur des radeaux; aussi les habitans de San-Jose se rendent-ils très-utiles aux voyageurs et aux commerçans, en les passant d’une rive à l’autre. On avait pensé, vu le petit nombre des habitans, à réunir ce village a Aten; mais les réclamations des commerçans Font fait conserver, comme un point indispensable au commerce. La température de San-Jose est très - chaude , sans qu’il en résulte de maladies, et son séjour est agréable. Il semble que la nature ait tout donné à ces lieux sauvages avec une prodigalité digne de la terre promise. L’étranger y est saisi d’admiration devant la beauté de la végétation et l’abondance des fruits. Les bois, en effet, y offrent partout de la vanille, du baume de copahu, des résines, des écorces aromatiques, des gommes, une foule de plantes médi- cinales , la cire et le miel des abeilles. Les fruits les plus exquis y viennent spontanément, et dans le nombre le cacao, qui s’y trouve partout à l’état sauvage, donnant des récoltes abondantes. La chasse offre beaucoup d’oiseaux et de quadrupèdes, parmi lesquels on peut citer le tapir, les fourmiliers, les paresseux, beaucoup de cerfs, de pécaris, et une très-petite espèce de cochon, qu’on nomme dans le pays quebo-queres. Le Tuyche abonde en poissons! La terre, d’une extrême fertilité, produit en abondance du riz, du maïs, de la yuca, du mani, des bananes, des ananas, du coton, de la canne à sucre; mais tous ces produits sont utilisés dans le village, et ne servent point au commerce. A douze lieues au nord-est de San-Jose est située l’ancienne mission de Tumupaza 1 , aujourd’hui paroisse. Elle se trouve sur une légère colline composée de pierres blanches, au milieu d’une campagne horizontale, cou- verte de forêts vierges ou de quelques petites parties d’herbages. Lorsque, dans les mois d’Août, de Septembre et d’Octobre, on gravit les collines, on aperçoit, sur plusieurs points differens, de la fumée, produite sans doute par des Indiens sauvages inconnus jusqu’à présent, qui se sont fixés dans ces lieux si fertiles dont Tumupaza est entouré. La paroisse, peuplée de 1 . Tumu i-paza , en tacana, signifie pierre blanche. ( 580 ) 1833. 885 âmes, se trouve, quant aux produits agricoles et autres, absolument dans les mêmes circonstances que San- José. Les Indiens, tous de la nation tacana, de couleur blanc pâle, sont bien faits, gracieux de tournure; leur figure est régulière; leurs cheveux, très-fins, sont noirs. Leur physionomie est agréable et gaie, et tout annonce chez eux de l’enjouement. Ils sont très -sobres. Leur vêtement consiste en une tunique de tissu de laine, qui tombe jusqu’aux genoux; cette tunique n’a que des demi-manches; de plus ils vont pieds nus et ne se couvrent jamais la tête. Les femmes, toujours très-propres, aiment beaucoup la toilette, et veulent, à cet égard, renchérir sur la nature. A cet effet, elles portent, dès leur jeunesse, afin de se façonner les bras et les jambes, plusieurs bracelets et des jarretières de tissus de coton, dans le but de modifier ieurs formes en les perfectionnant. Elles s’ornent le cou de faux corail, et se montrent sous ce rapport tellement insatiables, que, s’il était possible, elles se couvriraient d’un magasin de bijoux. Elles portent également une tunique de tissu de coton sans manches, quelles nomment clapi. Cette tunique, blanche, bleue ou rouge, elles la remplacent, lorsqu’elles le peuvent, par de l’indienne à grands ramages de couleur rouge. Elles vont les pieds nus comme les hommes. Du reste, tout l’avoir d’une famille consiste dans sa maison, ses ustensiles de cuisine, ses instruments de chasse, tels que les arcs et Ses flèches, deux ou trois tuniques, autant de dapis, et deux ou trois cou- vertures, dont ils s’enveloppent sur le sol. Leurs terres sont très-productives , mais le manque de commerce fait qu’ils ne cultivent qu’autant que le demande leur existence. Ils ne connaissent pas l’argent monnayé1, qu’ils remplacent jusqu’à présent par leurs produits, en pourvoyant par échange à leurs besoins. Leur excellent cacao, aujourd’hui par- tout sauvage chez eux, est assez abondant pour fournir à la consommation des plus grandes villes. Les Espagnols croient que, d’abord planté, il a été ainsi répandu dans les bois par les singes. Quoi qu’il en soit, il couvre actuellement des surfaces immenses, et l’on pourrait s’en procurer des quantités considé- rables, sans autre peine que celle de le récolter. Cette abondance ne fait qu’augmenter par l’extension que prennent les cacaotiers , et cependant les indigènes se contentent de recueillir le nécessaire pour payer leur contri- bution personnelle de chaque année, qui est de six livres de cacao en grain, de huit pour la ration du curé, et de dix à quinze pour se procurer 1. L’argent métallique est nommé par eux chipilo. ( 381 ) les vêtements de la famille. Tout le reste, c’est-à-dire des milliers de 1833- livres, se perd tous les ans, abandonné aux oiseaux ou autres animaux des forêts. Ils aiment mieux laisser perdre le surplus de leurs récoltes, cjue de se voir contraints par leur curé ou par leur alcalde, à le transporter l’espace de soixante ou quatre-vingts lieues, jusqu’à la capitale. Ces malheureux sont, en effet, les seules bêtes de somme de leur pays, et se louent comme on le ferait des mules. Chaque homme doit, outre ses vivres, prendre trente-trois livres pesant dans un panier nommé chiquito , qu’il porte sur ses épaules , et cela pour une somme payée en marchandises, qui ne représente que la moitié de sa valeur réelle. Lorsqu’ils font ces voyages pour l’Etat, pour le curé ou pour l’alcalde, on les paye quatorze réales (8 francs 75 centimes); lorsque c’est pour les commerçans , ils reçoivent trois piastres (15 francs ) de Tumupaza , et trois piastres et demi (17 francs 50 centimes) d’Isiamas. Il est certain que cette charge, non-seulement les abrutit et leur fait constamment regretter leur état sauvage, où du moins ils étaient libres, mais encore paralyse une des branches les plus productives du commerce de la république. Si, dans l’état actuel, les habitans s’employaient plus activement à la récolte du cacao, ils pourraient centupler leurs ressources; mais il faudrait que des chemins praticables permissent de voyager avec des mules, ou qu’on se servît de la navigation du Tuyche. Gette récolte ne les occupant qu’une très-petite partie de l’année, ils pourraient employer le reste au tissage du coton, et ne payeraient pas cinq francs la vara le plus mauvais tissu de coton que leur apportent les commerçans. Isiamas. Ce bourg, ancienne mission des franciscains, est situé à dix-neuf lieues au nord-nord-est de Tumupaza, au sein d’une immense plaine entre- coupée de forêts et d’herbages. Capitale du Partido-cbico , en raison de sa position centrale, par rapport aux autres bourgs intérieurs, Isiamas est le séjour d’un vicaire distinct de celui d’ Apolo. Il jouit, pour l’agriculture et pour la chasse, des mêmes avantages que Tumupaza. Néanmoins il y a, de plus, de grands cerfs, et la pêche se fait régulièrement dans le Rio Béni, qui n’est plus qu’a treize lieues à l’est. Les Indiens vont tous les ans, aux mois d’Août et de Septembre, recueillir dans cette rivière des œufs de tor- tues, qui s’y trouvent en abondance. Us font aussi la pêche dans les rivières voisines de Tequije et d’Itaca, ainsi que dans une foule de marais et d’étangs formés pendant leurs crues. Les habitans, au nombre de 1170, appartiennent à la nation tacana, * ( 382 ) 1833. et ont en tout le costume et les usages de ceux de Tumupaza. Leurs forêts, peuplées d’arbres propres à l’ébénisterie , entre lesquels on peut citer le Jacaranda, l’acajou, sont de plus ri dies en arbres résineux, tels que le sang- dragon, et en plantes oléagineuses. L’une d’elles, le tumijojo , est un palmier dont les cocos, très-solides, contiennent des amandes remplies d’une huile qu’ils extraient pour le luminaire des églises et qu’ils n’exportent que rarement. On en tire encore de diverses espèces de palmiers, tels que du camoruru , dont l’écorce est épineuse, de la tuema et de Yasajo. On plante surtout la dernière espèce dans les villages mêmes, près des maisons, où l’on voit encore quelques tamarins. On élève quelques bestiaux et des chevaux, mais en très-petit nombre. Ca vinas est la dernière mission au nord de la province, située quelle est à une immense distance 1 d’Isiamas. On y arrive de ce dernier bourg, en navigant avec des radeaux ( balsas ) sur le Rio Béni, qui passe à peu de distance à l’est. Bien qu’on pût facilement établir un chemin par terre, au milieu des plaines , il est certain que la navigation est de beaucoup préfé- rable; seulement il s’agirait de la rendre plus commode, en employant des barques au lieu de radeaux. Réduite postérieurement aux autres paroisses , Gavinas est encore exempte de tribut. Elle est peuplée de Tacanas, et n’a d’autre chef que son curé, chargé de diriger les habitans au civil comme au spirituel. C’est en effet lui qui conduit leurs produits aux autres villages, et cpii les échange pour les objets qu’ils désirent. Du reste, les environs donnent les mêmes productions que Tumupaza, plus un grand arbre, qui fournit des amandes contenues dans une grosse écorce commune. On pourrait croire que les plaines servi- raient avec avantage à l’élève des bestiaux; mais le grand nombre de chauves- souris 2 qui, la nuit, font des saignées aux animaux, ont jusqu’à présent empêché d’v élever des chevaux ou des vaches. Près de Cavinas passe, au nord, le Rio Madidi, qui prend sa source non loin de Carabaya, au Pérou. Le village est bâti sur le delta très-aigu que forme la réunion de cette rivière au Béni. Sa position le rapproche de beaucoup de tribus sauvages, des mieux disposées à devenir chrétiennes. Déjà, en 1850, soixante-dix indépendans vinrent d’eux-mêmes à Gavinas, et les autres, si le gouvernement protège leur conquête, ne tarderont pas à 1. L’auteur d’une note donne cent lieues de distance, ce qui me paraît fort exagéré. 2. Ce sont des espèces du genre vampire. former de grands villages , avec d’autant plus de facilité qu’ils se soustrairont alors aux incursions des belliqueux Machias , leurs implacables ennemis. tf Population de la province. La province de Caupolican se compose, comme on vient de le voir, de dix bourgs, dont la population, divisée par nations, est la suivante: 1 NOMS DES BOURGS. NOMS DES NATIONS ET LEUR NOMBRE PAR BOURG. TOTAL DES HABITANS QUICHUAS. APOLISTAS. TACANAS. PAR BOURG. Suches 2500 2500 Pelechuco Pata 165 , 165 Mojos 122 - Z 122 Apolo - 2775 £ 2775 Santa-Cruz de Valle-ameno . . . - 941 941 Aten - Í . 1033 1033 San-Jose de Chupiamonas. . . . - - 73 73 Tumupaza - 885 885 Isiamas ' = 1170 1170 Cavinas Z - 1000 1000 Totaux 2787 3716 4161 10664 1 Le tableau qui précède démontre que la population, toute indigène, à l’exception du curé et de l’alcalde de chaque bourg, s’élève encore à 10,664 habitans, dont 2787 de la nation quichua, 3716 de la nation apolista, et 4161 de la nation tacana. Si à ces nombres on ajoute environ 3000 indigènes encore sauvages, au nord-ouest, au nord et au nord-est de Tumupaza et de Gavinas , on aura un total de 1 3,664 habitans. Les trois langues primitives de la province se parlent encore partout; ainsi a Suches, a Pelechuco, a Pata et a Mojos, les habitans s’expliquent seulement en quichua; à Apolo, à Santa-Cruz de Valle-ameno, on continue de s’exprimer en apolista, tandis qu’à Aten et dans tous les pueblos de 1, D’après les renseignemens obtenus en 1832. ( 584 ) ,833- l’intérieur la langue tacana est exclusivement en usage. Comme les fran- ciscains avaient besoin de communiquer sans cesse avec les indigènes, on trouve des interprètes dans chaque bourg; du reste, les relations commer- ciales, dues à la récolte du quinquina, tendent à répandre l’espagnol chez les Indiens, qui déjà commencent à entendre quelques mots. En général des plus soumis, les indigènes adoptent sans murmurer les lois qu’on leur impose, et leur facilité naturelle, leur caractère, les rend propres à tout. Ce que j’en ai dit à chaque paroisse sulïira pour faire apprécier leurs moeurs et leurs habitudes. J’ajouterai seulement que tous les habitans sont pauvres, sans que cette pauvreté les afflige, parce qu’ils ont le nécessaire pour se nourrir, pour s’habiller, se procurer des plaisirs, et que l’avenir des leurs, au sein d’une nature si fertile, ne peut jamais les inquiéter. Dans l’état actuel des choses, leur pauvreté relative est une véritable richesse. Comment, en effet, désireraient -ils des objets qu’ils ignorent ? et pourquoi travailleraient-ils plus qu’il n’est nécessaire pour se procurer ceux qui leur sont connus aujourd’hui? L’esprit de possession des richesses, le désir de se procurer, dans l’avenir, toute espèce de jouissances, sont un commencement de civilisation, étranger à des peuples aussi rap- prochés de l’état primitif que les habitans de Caupolican. Le seul moyen de mettre fin à cette apathie, à cette indolence qu’on reproche à toutes les nations encore demi -sauvages, c’est de leur créer, par la continuité des relations commerciales, des jouissances dont elles n’ont pas encore l’idée. On pourrait dire, en faveur du caractère des habitans, qu’ils se regardent tous comme de la même famille. Celui, par exemple, dont la récolte n’a pas été assez abondante pour sa provision de l’année, trouve tout naturel de s’adresser à son voisin, qui donne avec plaisir la moitié de tout ce qu’il possède; aussi les indigènes ne demandent-ils jamais la moindre des choses à des étrangers, leurs compatriotes étant toujours là pour les aider. S’ils donnent à leurs frères le nécessaire à la vie, ils ne prodiguent pas moins le superflu à leurs amis. Les abus introduits par le clergé, à Caupolican, comme sur le plateau bolivien, à l’occasion des fêtes du catholicisme, ont été, sans aucun doute, la principale cause du désordre et de la ruine. Si ces jours -là, dans les villages intérieurs, les indigènes se contentent de s’affubler des costumes les plus grotesques, ou de se couvrir du plumage varié des oiseaux de leurs forêts, en buvant de la chicha, boissons fermentées faites avec la yuca, qui sont peu fortes et n’attaquent pas leur santé, il n’en est pas ainsi des autres. Avec les mêmes costumes singuliers, l’introduction % ( 585 ) de l’eau-de-vie est, pour ceux-ci, tout en minant leur santé, l’une des causes de la ruine de leur fortune. Les fêtes religieuses, pendant lesquelles ils boivent avec leurs amis plusieurs jours de suite, se multiplient à tel point, qu’il leur reste peu de temps à donner à l’agriculture, et que les plus grands désordres en sont la conséquence naturelle. La province est en général très-saine. On n’y a jamais éprouvé aucune maladie épidémique , et les affections endémiques même y sont rares ou can- tonnées, on peut le dire, sur des points très-limités; car les deux seuls fléaux qui aujourd’hui nuisent au progrès de la population de la province, s’ar- rêteront dès qu’on le voudra. Le premier est la petite vérole, que fera disparaître l’introduction de la vaccine; le second a pour cause, dans l’inté- rieur, les vents du sud. Rien de plus exagéré que la crainte qu’inspire aux habitans des régions chaudes Je vent froid du sud, qui abaisse sur-le-champ la température de LS à 20 degrés, lorsqu’il succède au veut chaud du nord. Ce vent du sud, en amenant un froid piquant, agit avec force sur des hommes toujours vêtus de même. On conçoit qu’il suffirait, pour en tem- pérer les effets, de se couvrir davantage, ce que les indigènes ne font pas, et ce qui leur cause fréquemment des rhumes et des pleurésies, lesquels emportent surtout un grand nombre d’enfans. Cela seul empêche la popu- lation d’augmenter dans des proportions d’autant plus rapides , que les femmes y sont d’une extrême fécondité. 1 Il existe dans les plaines une maladie qu’on appelle espundia, laquelle n’est autre chose qu’une affection syphilitique, qui se gagne par le contact. Dans l’état actuel, lorsque la maladie attaque la bouche, le nez ou d’autres parties, les naturels comme les étrangers en meurent après dix ou vingt ans de souffrances horribles. Nos moyens curatifs la détruiraient aussi facile- ment, ou du moins en diminueraient considérablement l’intensité. fjf Produits naturels. En raison des diverses régions de hauteur et de température qui déter- minent ses montagnes et ses plaines, la province offre les produits les plus 1. Non-seulement le vent du sud nuit aux habitans des bourgs de l’intérieur, mais encore il compromet quelquefois la récolte du cacao. Il paraît influer également sur les animaux. On dit que des singes ont été trouvés morts de froid dans des postures très -singulières, avec tous les traits décomposés. 1833. III. i.repart. 49 ( 586 ) 1833. variés. Suches et Pelechuco nourrissent les mêmes animaux que la Paz; mais, plus on descend dans les vallées chaudes, et plus ils se multiplient. Les mammifères surtout y sont très-nombreux. Une multitude de singes par- courent incessamment les forêts, offrant leur chair au chasseur indigène, ou leur pelage au commerce h Plusieurs espèces de cerfs , les uns petits , les autres très-grands 2 , peuvent procurer une chasse abondante , ainsi que le tapir 3, les pécaris ou jabalies, et une foule d’autres animaux, comme l’hayupas 4. 11 y a de plus des animaux singuliers , comme le paresseux 5 et •les fourmiliers. 6 Peu de pays sont aussi favorisés, pour la variété et la beauté du plu- mage de leurs oiseaux. Les montagnes s’animent de la présence du brillant coq de roche7, du céphaloptère 8, d’oiseaux - mouches , de tangaras9, de cotingas10, tous plus magnifiques les uns que les autres. Nombre de per- roquets, d’aras babillards vivent dans les montagnes et dans les plaines, où se trouvent encore les couroucous 1 11 et beaucoup d’autres espèces diaprées. A coté de ceux-ci, la chasse peut fournir l’excellente chair des paujes 12 ou pavas del monte , des manacaracos ou gallinetas del monte 13 , des huangues ou des palomas torcazas. 14 Les reptiles ne sont pas communs et ne font presque jamais de mal aux habitans. Les tortues d’eau douce15, si communes sur les bords du Béni, leur donnent annuellement une immense quantité d’œufs. Les rivières sont remplies de poissons, parmi lesquels les sábulos'6 1. Mycetes seniculus et Caray a. 2. Cervus paludosus, campestris, rufus, etc. 3. Tapir us americanas. 4. C’est le Paca, Ccelogenus fulvus. i». Les Bradypus didactylus et tridactylus. 6. Myrmecophaga jubata. 7. Rupicola peruviana. 8. Cephaloplerus ornatus. 9. Une multitude d’espèces du genre Tanagra. 10. Plusieurs espèces du genre Ampelis. 11. Espèce du genre Trogon. 12. C’est une espèce de Penelope. 13. C’est une espèce du genre Titiamus. 1 4. Columba. 15. Sans doute une espèce du genre Emys. 16. Paca lineatus. ( 387 ) remontent très-haut, et sont surtout des plus abondans. On y pêche encore 1833. le jiiucie des Quichuas, ou veladores , poisson tacheté de brun et de noir et d’une extrême activité, des bagres1 2, des sollos; des suches et une multitude d’autres, qu’il serait trop long de détailler. Les indigènes aujourd’hui pêchent a coups de flèches, ou avec le jus d’une plante nommée manuno , qui, versé dans l’eau, fait immédiatement mourir le poisson, sans le rendre malsain. On conçoit facilement que ce dernier moyen ne puisse être employé que dans un pays où l’on ne craint pas de détruire en même temps toute la pêche à venir; car dans nos rivières, la police le défendrait immédiate- ment. La végétation offre, dans ses variétés infinies, une foule de plantes utiles à l’homme. Les bois de construction y abondent partout, et, dans le nombre, les bois les plus propres à la confection des meubles précieux, tels que le granadilla , le guayavo ou palissandre ; un bois tout à fait identique à notre buis, si utile pour la gravure sur bois, et une foule d’autres espèces qu’il ne s’agit que de choisir. Les nombreux palmiers donnent à la fois leur bois, dur comme du fer, pour la confection des flèches de l’indigène, des fruits succuîens, et des cocos oléagineux, qu’on pourrait utiliser. D’autres arbres, tels que celui qui produit des amandes , offrent aussi leurs fruits. Le copahu abonde dans les forêts, ainsi que les arbres qui fournissent les résines les plus variées, comme le storaque, le copal, l’encens, le sang-dragon, la gr imilla, Yacco-acco , etc.; d’autres arbres produisent en abondance la gomme élas- tique ou caoutchouc. Quelques-uns, comme le yiisuma ou canelón, four- nissent leurs écorces aromatiques; le campèche et le yarimilas , leurs tein- tures; enfin la grande variété des formes botaniques présente toute espèce d avantages industriels et commerciaux. Parmi les produits des plantes sauvages, je puis encore citer les cacaotiers, qui, dans les pueblos interiores, forment aujourd’hui des bois immenses, s’étendant tous les ans de plus en plus, et offrant au commerce d’inépuisables ressources. II en est de même de la vanille, naturelle dans les bois. Les plantes médicinales sont très-multipliées. Je mettrai en première ligne le quinquina, ou cascarilla* , qui abonde dans toutes les montagnes voisines de Pata, de Moxos, de Santa-Cruz de Talle- ameno, d’ Apolo et d’Aten, où l’on ne fait encore qu’exploiter les environs, tandis que des dizaines de lieues 1. Espèces des genres Pimelodos et Bagrus. 2. Espèce du genre Cinchona. ( 388 ) 1833. de superficie, soit au nord, soit au sud, sont encore vierges de toute exploi- tation. D’autres plantes médicinales, connues seulement dans le pays, sont le jiiatico' des Espagnols, que les Indiens nomment moco-moco, dont les feuilles astringentes ferment les blessures, arrêtent la gangrène et sont antiscorbutiques; le vejuco antidote célèbre contre la morsure des serpens; Y ebacua-ruro , qui, en tacana, signifie simiente de hijos. Ce sont de petits bulbes que les Tacanas écrasent et font infuser dans du vin , pour les donner, pendant trois mois, aux femmes stériles avant certaine époque. Le tribi- cirué produit précisément l’effet contraire. Les Indiens de l’intérieur, au lieu des cendres remplies de potasse ( lejia ) que mâchent avec la coca les habitans des plateaux, se servent des feuilles d’une plante nommée chimacro. On emploie aussi en médecine le chepereque. Les plantes vénéneuses abondent également. On peut citer dans le nombre l’arbre du mammo, qui croît près de Pata. L’espèce noire, prise à haute dose, devient un poison terrible; mais l’espèce blanche n’est plus qu’un purgatif. On se sert du manuno pour pêcher. On l’a emporté dans l’intérieur à cet effet, et en même temps pour détruire les vers (gusanos) qui attaquent les bestiaux après la morsure des chauves-souris. De tous ces produits de la végétation, on exporte seulement quelques bois d’ébénisterie, lorsqu’ils sont demandés; un peu d’huile de coco, d’amande, de copahu, les résines du storaque, du copal, de l’encens; beaucoup de quinquina et de cacao. Le règne minéral offre encore beaucoup d’avantages naturels. L’or abonde sur une grande surface. On en trouve beaucoup de mines de lavage ou abentaderos , aux environs de Suches, où les anciens Incas {’exploitaient et où les habitans actuels l’exploitent encore; mais le manque d’eau nuit à ce genre de travail. Il y en a de plus des mines à l’état de filons dans le Rio Mutu-solo, sur les plages du Rio de Pelechuco, au-dessus du bourg. Les montagnes de Sunicbuli, dans la direction de Charasani, au nord de Pelechuco, en renferment les veines les plus riches. Le Rio d’Amantala en offre aussi près de ses sources; on trouve également sur les coteaux du Rio de Santa- Rosa et dans le Rio d’Aten des lavaderos , mines de lavage, mais on ne les exploite sur aucun point. Dans tous les lieux oii se rencontrent les roches 1. Espèce de Piperritée. 2. Espèce du genre Aristolochia. siluriennes représentées par les schistes bleuâtres, on doit s’attendre à trouver de l’or; car ce métal, lorsqu’il est au fond des vallées, provient des anciennes dénudations géologiques de ces roches. On a découvert encore une mine d’argent et de plomb dans les montagnes de Santa-Glara, près de Santa-Cruz de Valle-ameno; elle n’est pas non plus exploitée. Produits industriels. La province nourrit quelques lamas à Suches et aux environs de Pelechuco. Les autres bourgs ont quelques troupeaux de vaches, de brebis, quelques chevaux, des mules et des ânes; mais ces troupeaux sont en général loin de suffire aux besoins des habitans, obligés de les acheter aux commerçans qui entrent dans la province. Les produits de l’agriculture sont bien plus nombreux. Alix environs de Suches et de Pelechuco on cultive la pomme de terre, l’orge pour pâturage, le blé, la qiiinua, la occa 1 et toutes les plantes des régions froides. Dans les autres villages, beaucoup plus chauds, on cultive le maïs, le riz, la coca, le meilleur café du monde, le tabac, le coton, la canne à sucre, et beaucoup de fruits et de racines, tels que le papayer, l’oranger, les citrouilles, le bana- nier, les ananas, le mani, les melons d’eau (, sandias ), la palta, la raca- cha , les patates (camotes^) , la guatuza et la juca ou manioc2. Dans quelques-uns des villages de l’intérieur on a de plus introduit le tamarin. Ces produits agricoles se consomment dans la province, à l’exception d’un peu de coca, de tabac, de café, de riz et de bananes sèches converties en orejones , qu’on échange pour des marchandises étrangères. Commerce. En résumant les produits de tous genres qui servent au commerce de la province, on peut les évaluer approximativement aux chiffres suivans: Coca, 20,000 arrobas (25 livres), à 20 francs 400,000 f Cacao, 10,000 livres, à 5 fr. en échange 50,000 Tabac, 10,000 carottes, à 2 fr. 50 cent, en échange. ...... 25,000 A reporter 475,000 1. Espèce du genre Oxalis , aujourd’hui plantée en Europe. 2. C’est une espèce du genre Janipha. ( 590 ) 1833- Report 475,000 f Riz, 100 quintaux, à 40 francs 4,000 Diverses drogues, bois, singes, perroquets, etc. . . , 5,000 Quinquina, 3,000 quintaux, à 40 francs 120,000 1 Total 604,000 Les dépenses de la province sont les suivantes : Contributions personnelles des indigènes 39,000 Droits de douane 80,000 Appointerons des curés en espèces et argent 70,000 Total. . 189,000 D’après ces sommes, on voit qu’il reste encore à la province 41 5,000 francs, que les habitans emploient à se procurer les marchandises de l’extérieur. Le commerce d’importation se fait avec les provinces voisines des plateaux du departement de la Paz et avec les Péruviens. Ce commerce, comme je 1 ai dit en parlant des paroisses, est jusqu’à présent un pur commerce d’échange sur des valeurs fictives, bien au-dessus de leur valeur réelle, fait par des marchands voyageurs qui viennent à cet effet. Les matières commerciales d importation sont : la viande fraîche ou salée, le suif, les fromages, le pain, le sel, la farine, l’eau-de-vie; toute espèce de grossiers tissus indigènes de laine et de coton pour les Indiens, et quelque peu d’étoffes européennes pour les employes; les mules, les chevaux et quelques ânes de charge pour les transports. Le premier mobile du commerce et de la civilisation d’un pays, est la facilité des communications. Sous ce rapport, comme on a pu l’entrevoir par les itinéraires, l’imperfection des chemins est restée long-temps le prin- cipal empêchement a sa propagation, et cet état de choses était entretenu par les employes séculiers ou religieux, afin de se conserver le monopole exclusif des échanges. Long-temps, en effet, les gouverneurs avaient entièrement abandonné la réparation des chemins, et les relations commerciales ne pou- vaient plus exister qu’en exposant à des risques nombreux les hommes et les animaux. Il fallait que le commerçant étranger fît entrer dans ses chances de pertes, les mules qui s’estropiaient et celles qui périssaient par suite des 1. Lorsque le gouvernement aura établi le Banco de rescate, il est certain que ces produits doubleront, et que la province jouira d’un revenu annuel de 300,000 francs. ( 391 ) mauvais chemins. Les grands espaces de terrains fangeux sur lesquels on avait placé des tronçons en travers, étaient les parties les plus mauvaises, parce que le défaut d’un seul de ces tronçons y laissait s’enfoncer la pauvre mule, qui s y cassait la jambe ou entrait jusqu’au poitrail. Le gouvernement paraît avoir déjà pris à eet égard des mesures qui ont pour but de donner une impulsion au commerce. On a refait quelques routes anciennes, on en a établi une nouvelle de vingt-deux lieues d’ Apolo à Guanay. Les charges personnelles qui pèsent sur les Indiens de l’intérieur, obligés de faire l’office de bêtes de somme et de transporter les marchandises à dos sur une grande distance, sont sans aucun doute la cause qui retarde le plus le progrès commercial de ces contrées, en paralysant même jusqu’au désir de récolter les fruits que la nature offre de toutes parts, sans qu’on s’en soit occupé. Ameliorations agricoles , industrielles et commerciales dont la province est susceptible. Ce chapitre, vu la variété des terrains et des zones d’élévation de la pro- vince, pourrait s’étendre à l’infini; mais je ne parlerai ici que des améliora- tions qui me paraissent les plus spéciales. Aujourd’hui, malgré les excellens pâturages que la nature présente sur les hauteurs de Pelechuco, aux environs de Pata, de Santa-Cruz de Yalle-ameno, d’Apolo et d’Aten; malgré ceux qu’offrent les plaines des bourgs de l’intérieur, on a vu qu’une des branches du commerce extérieur était encore la viande fraîche ou salée. Nul doute qu’en stimulant sur tous les points l’élève des bestiaux, l’on ne pût, au lieu d’en recevoir du dehors, en exporter, au contraire , a 1 extérieur. Les troupeaux de vaches , de brebis pourraient aussi se multiplier en une foule d’endroits, et donner à la fois leur laine et leur chair. Il en est de même des chevaux et des mules, dont le nombre faci- literait 1 extraction des marchandises et augmenterait considérablement les revenus. Les pauvres Indiens de l’intérieur seraient alors déchargés de leurs corvées, et pourraient sans crainte se livrer activement à la récolte de leurs produits naturels ou meme seulement à l’agriculture. L’immense extension des plaines de 1 intérieur en ferait, comme à Moxos, le centre de l’élève des bestiaux et des chevaux, où des milliers d’animaux prospéreraient tout en donnant au pays un tout autre aspect. Le gouvernement y trouverait pour son armee des ressources que sont loin de posséder les républiques du Chili et du Pérou. ( 592 ) La recherche des animaux pourvus d’une belle fourrure, comme les singes hurleurs ( marimoños ) noirs et rouges, ne serait pas sans avantage, ainsi que la conservation des peaux de tapir, qui donnent, par le tannage, les meilleurs cuirs pour les attelages de voiture, ou bien les peaux de cerfs, dont on fait ces cuirs de daims qu’en Europe on transforme soit en gants recherchés, soit en chaussures des plus souples. Les oeufs de tortue du Béni donneraient, par la préparation employée sur les bords de l’Orénoque, l’excellente graisse de tortue ( manteca de tortuga ), l’un des élémens de la cuisine des indigènes. L’abondance extraordinaire des poissons dans le Rio Béni et dans ses affluens, permettrait d’établir sur quelques points une pêcherie en regle, où l’on salerait ou sécherait le poisson de manière à en faire une branche importante du commerce extérieur. 11 est probable qu’ainsi conservé l’on y attacherait du prix dans les villes des plateaux, telles que la Paz et Or uro. La végétation surtout procurerait des améliorations considérables. Dès que l’industrie des villes s’emparera des produits naturels de l’intérieur, on verra les magnifiques bois d’ébénisterie , dont fourmillent les mon- tagnes et les plaines, s’exploiter avec soin et de nombreux débouches s’ouvrir au commerce. Le buis, aujourd’hui rare en Europe, toujours tres-cher et dont les grandes plaques manquent à notre industrie, serait avantageuse- ment remplacé par les bois jaunes aussi compactes, aussi tenaces qui abondent dans ces contrées, où l’on peut en obtenir des tables de toutes les dimensions. Les palmiers non -seulement offriraient aussi leurs cocos au commerce, leur bois à Fébénisterie, mais encore leurs huiles à l’industrie. 11 en est de même des grosses almendras de Cavinas. On pourrait rechercher avec plus de soin les résines, surtout le copal, l’élément des plus beaux vernis de notre Europe. La gomme élastique, employée dans l’ancien monde pour les corsets, les bretelles, les jarretières, devient de jour en jour la branche la plus pro- ductive du commerce et de l’industrie des habitans du Para, qui vont tout abandonner pour en faire la culture en grand. Ne pourrait-elle pas offrir ici les mêmes avantages? Le quinquina qui, pendant quelques années, a produit des millions, est loin d’être épuisé. On ne l’a jusqu’à présent recherché qu’aux envi- rons des lieux habités; il s’agit de le poursuivre partout où il se ren- contre. D’après ce que j’ai appris, isolés au milieu des forêts, les Indiens ( 595 ) qui se livrent à ce genre ¿’exploitation, se dispersent dans les montagnes, 1833. coupent les arbustes sans précaution et sans choisir la saison. Dépourvus d’abris pour se préserver des pluies fréquentes, il leur arrive très-souvent de perdre entièrement leur récolte, ou de la voir au moins considérablement avariée. Comme cette récolte peut devenir Tune des branches les plus certaines du revenu du gouvernement, l’administration devrait veiller à ce que les coupes fussent réglées, afin de ne pas détruire, comme on Fa fait jusqu’à présent, tous les arbres à la fois sur les points oii ils croissaient naturellement. La nécessité de conserver nos bois de construction , de charpente et même de chauffage, a depuis long-temps obligé la France à créer une administration des forêts , afin de faire cesser les abus de tous genres , et de se conserver des ressources pour l’avenir. Il est temps que la Bolivia, dont le gouverne- ment possède encore plus de la moitié des terrains , songe aussi à établir une surveillance active, dans le but de peupler d’arbres européens, tels que sapins, bouleaux, etc., les montagnes qui avoisinent les grandes villes (La Paz, Chuquisaca et Potosi), afin de les pourvoir de bois à brûler et de bois de charpente; d’empêcher, sous les peines les plus sévères, le déboise- ment des montagnes par le feu, ce qui augmente de jour en jour la séche- resse, en n’arrêtant plus les nuages, détruit l’arrosement naturel des champs et les rend incultes, ou bien laisse les pluies torrentielles entraîner la terre végétale, remplacée bientôt sur les sommités par des rochers nus, aux lieux où naguères se trouvaient les plus beaux arbres; de défendre aux indigènes d’arracher, au lieu de les couper, les buissons qui servent au chauffage et à faire du charbon, pour que les branches repoussent, et que les récoltes, en se succédant, préviennent la complète destruction des plantes ligneuses, qui menace beaucoup de points 1 ; de régulariser, de fixer la saison des coupes, et de surveiller l’exploitation en grand du quinquina, dans le but d’en conserver pour l’avenir, et d’utiliser entièrement le produit des récoltes annuelles. La seconde branche importante du commerce de la province, susceptible également d’une immense extension, est, sans contredit, le cacao. On a vu que, près des bourgs de l’intérieur, de San-Jose, de Tumupaza, d’Isiamas et de Gavinas, les forêts sont peuplées de cacaotiers, qui donnent annuelle- ment des récoltes abondantes, mais que les Indiens aiment mieux perdre que de les recueillir, pour ne pas être obligés de les transporter à dos d’hommes1. 1. Voyez page 381. III. partie. 5o ( 394 ) 1 833. On conçoit que, pour faire cesser cet état de choses, il suffirait de supprimer les corvées personnelles, et d’établir sur chaque paroisse, dans l’intérêt du commerce, soit des comptoirs particuliers, soit des comptoirs du gouverne- ment, chargés de donner aux indigènes la valeur correspondante en échange de tout ce qu’ils pourraient récolter. Bien qu’on pût augmenter dans la province la culture de la coca, elle ne saurait rivaliser avec celle des provinces de Yungas et de Muñecas ; bien qu’on pût stimuler la culture du riz, du café, du maïs, du tabac; bien qu’on pût s’occuper des mines d’or qui abondent dans les montagnes, et en retirer les avantages quelles offrent aux spéculateurs; bien qu’on pût enfin y utiliser la filature du coton et de la laine, pour l’usage des habitans, je crois que ces branches de commerce et d’industrie n’y doivent être regardées que comme d’un ordre secondaire. Pour que les diverses parties d’un territoire donnent le maximum de leurs produits; pour que le commerce y ait un but, un intérêt particulier, il faut, au contraire, donner, fût-ce au détriment des autres, une grande extension à la branche commerciale qui, avec le moins de travail, peut être la plus utile, surtout lorsqu’elle n’a pas à craindre une concurrence voisine. Je pense donc, en dernière analyse, que pour activer, dans la province de Caupolican, la récolte des deux seules denrées qui offrent une utilité générale, par l’ex- tension que le commerce peut donner à leur culture, savoir, d’un côté celle du quinquina, dans les montagnes, et de l’autre celle du cacao, dans les plaines, on aurait intérêt, afin d’ouvrir des débouchés aux autres pro- vinces des plateaux , à n’y pas encourager la fabrication des tissus. De cette manière on se ménagerait auprès des indigènes des moyens de les stimuler à la récolte du quinquina et du cacao. 11 est certain que si l’on pouvait toujours cantonner les produits par pro- vinces; donner par exemple aux plateaux de la Bolivia, dans les départemens de la Paz, d’Oruro et de Potosi, les tissus de laine; aux provinces de Chi- quitos et de Moxos, les tissus de coton; aux provinces de Yungas, de Muñe- cas, etc., la culture de la coca; aux vallées tempérées de Sicasica, d’Ayupaya, de Cochabamba, de Chuquisaca, la culture du blé, des vers à soie et de la vigne; à Santa-Cruz de la Sierra, à Moxos et à Chiquitos, l’élève des bestiaux, des chevaux et la culture de la canne à sucre; enfin à Caupolican, le quinquina et les cacaotiers, puisque ces plantes y croissent naturellement, on obligerait, pour ainsi dire, les habitans de chaque province à un com- merce intérieur d’exportation mutuelle, qui sèmerait partout à la fois la richesse et les germes de la civilisation. ( 395 ) r Nos Etats d’Europe ont besoin de leur commerce mutuel pour utiliser les produits spéciaux à chacun d’eux. Sous ce rapport, la république de Bolivia offrant, dans ses diverses provinces, toutes les températures, toutes les zones, et pouvant dès lors donner par l’industrie les productions propres à tous les peuples du monde, à tous les pays, on voit qu’on peut lui appliquer, du petit au grand, les plus hautes questions d’avenir commercial. La première mesure à prendre pour que Caupoîican s’améliore et pour quelle puisse acquérir l’importance commerciale dont elle est susceptible, est sans contredit l’établissement des voies de communication avec les provinces de l’intérieur, et entre les divers points habités. Des routes de mules sont faciles à tracer dans toutes les montagnes, et seront peu con- teuses, puisque les premiers matériaux, les pierres, s’y trouvent tout rendus, et elles durent surtout très-longtemps, ne demandant qu’un entretien peu considérable. Caupoîican est peut-être, sous le rapport des voies de communication, la plus favorisée de toutes les provinces, étant arrosée par des rivières navigables, auxquelles on paraît n’avoir pas songé. Conçoit-on, par exemple, que, depuis plus de soixante années, on fasse porter sur le dos des mal- heureux indigènes, jusqu’à la capitale, l’espace de cinquante ou soixante lieues, tous les produits des bourgs d’Isiamas, de Tumupaza et de San-Jose, quand on n’avait qu’à les embarquer sur le Pùo-Béni, et à les faire remonter à une très-petite distance d’ Apolo? Conçoit-on encore, qu’ayant à sa disposi- tion une magnifique rivière comme le Béni, on se soit servi jusqu’à présent, d’Isiamas à Gavinas, de simples radeaux, tandis qu’à Moxos on naviguait, depuis un siècle et demi, avec des pirogues? Il n’est pas douteux que cet état arriéré de Caupoîican, même relativement aux provinces voisines, ne provienne du manque de communications. En effet, parler à un habitant de Potosi, par exemple, de la province de Caupoîican, c’est l’entretenir d’un pays dont il ne connaît que le nom, sans se douter le moins du inonde de ce qui s’y passe. Avec des moyens aussi faciles que la navigation, on peut juger de ce que deviendront Gavinas, Isiamas et Tumupaza, quand des bateaux à voile ou mus par la vapeur pourront transporter leurs produits, quel qu’en soit le poids, d’un côté jusqu’auprès d’Apolo, par le Tuyché, de l’autre, jusqu’à peu de distance de la Paz, par les Bios Mocéténès et Bogpi. Il ne s’agirait, pour supprimer la corvée personnelle des Indiens de l’intérieur, que d’établir des barques sur les rivières. ( 396 ) 11 me reste à parler de quelques autres améliorations indispensables au bien-être des habitans de Caupolican. Au premier rang je place la nécessité d’arrêter la mortalité des enfans de l’intérieur, par l’effet du froid du vent du sud, et des grandes personnes, par les ravages de la petite vérole. On pourrait peut-être, lorsque les écoles de médecine de la république donne- ront plus de sujets, placer dans chaque province un médecin, à des appoin- temens fixes. Celui-ci prendrait, avec le secours des curés, des mesures préservatrices pour la conservation des enfans, et pour la propagation de la vaccine, ainsi que les autres mesures sanitaires propres à l’amélioration de la province. Des missionnaires instruits et entreprenans , appuyés par le gouvernement , pourraient également être chargés d’amener les castes sauvages qui se trou- vent au nord et au nord-ouest de Tumupaza , d’Isiamas et de Gavinas, à un état social plus satisfaisant, en les réunissant dans des villages, où ils commenceraient une conversion sociale, qui tournerait sans doute au bien général du pays. Aujourd’hui Faims des liqueurs fortes, comme l’eau-de-vie, à l’époque des fêtes religieuses, amène tout à la fois, la ruine des indigènes, une grande détérioration dans leur santé et un dérèglement de mœurs qui en sont l’inévitable conséquence. Ne pourrait- on pas, soit en mettant un fort impôt sur ce genre de boissons, soit en prenant toute autre mesure que la sagesse du gouvernement pourrait apprécier, faire cesser ces abus, qui abru- tissent au moral comme au physique ceux qui s’y livrent, et qui sont si nuisibles aux progrès sociaux ? Une dernière mesure, déjà parfaitement sentie par le gouvernement, est l’établissement des écoles primaires dans chaque bourg, afin que l’espagnol, la langue nationale de la république, devenue de plus en plus nécessaire par suite des relations commerciales, remplace peu à peu les langues indigènes encore en usage. Tant que ces langues subsisteront, elles arrêteront ou du moins entraveront beaucoup la marche progressive de la civilisation. ( 507 ) 1833. CHAPITRE XLÏII. Départ de Bolivia. — Voyage par mer d’ Arica à Islay et à Lima , sur la cote du Pérou. — Retour en Europe par Valparaiso et le cap Horn. §. 1 .er Départ de Bolivia. — Voy ape par mer d’ Arica h Islay et à Lima, sur la cote du Pérou. De retour à la Paz, je ne perdis pas un instant. Je m’occupai, sans relâche, de terminer mes préparatifs de départ, d’autant plus considérables que j’étais entouré de toutes les collections que j’avais formées depuis trois ans. Malgré mes efforts, le manque de moyens de transport me contraignit d’attendre l’arrivée d’une troupe de mules de Tacna. Je pus alors faire mes adieux aux bons Pásenos qui m’avaient si bien accueillis. A la fin de Juin je repassai, pour la dernière fois, la Cordillère, par la route que j’avais suivie en 1850, lorsque je me rendis de Tacna à la Paz1, et j’abandonnai pour toujours la Solivia, 27 Juin, après l’avoir parcourue en tous sens pendant plus de trois années. Je remportais de cette belle et riche partie du continent américain non-seulement une immense quantité de matériaux de toute espèce, propres à la faire connaître sous ses differens points de vue, mais encore la plus vive reconnaissance envers son gouvernement et ses habitants, dont je n’avais jamais reçu que de bons offices et les marques d’estime et d’hospitalité les plus délicates. Un spectacle admirable frappa mes regards au sommet de la Cordillère. Cor- Par les belles nuits de ces hautes régions de l’atmosphère, sur le ciel le plus pur du monde, je pus admirer, tout à mon aise, de mon observatoire, élevé de 4500 mètres au-dessus des océans, une éclipse totale de lune, dont toutes les phases furent on ne peut mieux marquées. Lorsqu’on n’a vu ces phénomènes de la nature que de nos pays brumeux d’Europe, oh le ciel est constamment chargé de vapeurs, on ne peut s’imaginer combien ils se montrent differens au sommet des Andes, où, pendant neuf mois de l’année, aucun nuage ne paraît à l’horizon, tandis que les astres s’y détachent, pendant la nuit, sur 1. Voyez tome II, chap. XXV, p. 370 et suiv. 1833. Cor- dillère. a5 Juill. ( 398 ) l’azur le plus foncé. La lune y verse une clarté inconnue clans les régions inférieures de l’atmosphère, et les étoiles y scintillent du plus vif éclat : c’est un spectacle réellement imposant, cpii fait oublier au voyageur le froid piquant dont il est saisi. Après une marche que ralentissait le nombre des mules de charge qui portaient mes collections, je descendis vers le grand Océan. Je ne saurais dire avec quel sentiment de joie je saluai de nouveau la vaste étendue des mers, en l’entrevoyant par-dessus les derniers contre-forts du versant occidental de la Cordillère : c’était la route qui devait me ramener en France, le but constant de mes pensées, et dont le désir de remplir dignement la mission qui m’avait été confiée, avait pu seul me tenir si long-temps éloigné. A mon arrivée à Tacna, j’éprouvai une quatrième rechute de fièvre intermittente, que je brusquai comme à l’ordinaire, et cpie me fit promptement oublier la nouvelle qu’un navire français venait d’arriver au port, et devait faire voile pour la France, après avoir parcouru la côte jusqu’à Lima. Je franchis les déserts de sable mouvant qui me séparaient d’ Arica, et je me rendis en bâte à cette ville, lieu de mon embarquement. Je traitai avec le capitaine du Philanthrope, de Bordeaux, pour la somme de deux mille cinq cents francs de passage; et des lettres de recommandation ayant aplani pour moi les difficultés de la douane péruvienne, je n’attendis plus que l’instant où le navire lèverait l’ancre. Cet instant se lit long-temps attendre au gré de mes désirs, et il ne fallut rien moins que mes actives recherches sur la côte, pour me faire prendre un peu patience, durant les longues journées qui restaient jusqu’au départ. Au milieu de mes continuelles pérégrinations, des travaux auxquels je me livrais constamment, le retour dans ma patrie s’offrait toujours à moi comme un but tellement éloigné, qu’au moment d’effectuer mon retour, je ne pouvais me persuader que le terme de mon exil fût enfin arrivé et que j’allais voir se réaliser mes plus chers désirs. Le 23 Juillet je m’embarquai. Le même soir on appareilla, et je fis mes derniers adieux aux côtes arides d’Arica, et aux montagnes neigeuses des Cordillères, dont l’imposant rideau me voilait les dépendances de la république de Bolivia. Nous longeâmes trois jours de suite les côtes du Pérou, accompagnés de nombreux pétrels damiers, de quelques pétrels géants, d’une multitude d’autres oiseaux des hautes mers, et voyant, de temps en temps, les Andes avec leurs neiges par-dessus des côtes sèches et rougeâtres. Au milieu des montagnes se distinguait, le dernier jour, le fameux volcan d’Aréquipa, que sa forme en cône tronqué faisait parfaitement reconnaître. ( 599 ) Les navires marchands qui viennent dans l’Océan pacifique, vont néces- sairement à Valparaiso et à Lima, et quelques-uns font ce qu’on appelle les intermedios , c’est-à-dire, qu’en partant du Chili ils toucheut successi- vement aux divers ports de la côte de Bolivia et du Pérou , afin d’y commercer. Le Philanthrope setait, pour cette raison, arrêté à Cobija et à Arica; puis, avant de retourner à Valparaiso, il devait rester quelques jours a Islay , port d Arequipa , et au Callao , port de Lima. Bien que cet arrange- ment retardât d’autant mon voyage, je ne vis pas sans plaisir une circonstance qui me permettait de connaître plusieurs points différents du Pérou. Le 28, en longeant des côtes arides, où la vue cherche en vain la moindre verdure, nous doublâmes d’énormes rochers isolés en îlots coniques, qui forment le port d’Islay, en garantissant un peu des vents du sud qui régnent toute l’année, et nous mouillâmes dans ce port, à peu de distance de la terre. La côte est coupée perpendiculairement en falaises. La mer, avec une vio- lence sans égale, se heurte sur ses parois escarpées, s’élève en écume blanche et retombe ensuite en une pluie fine. Au-dessus des flots agités, sur une campagne uniforme, sèche et aride, où l’on n’aperçoit qu’un sol poudreux, sans aucune apparence de végétation, est situé, en amphithéâtre', le triste village d’Islay, composé de deux à trois rues parallèles, mal tracées sur une pente assez raide. Il est formé de petites huttes en bois, couvertes, pour la plupart, de nattes de jonc. La douane, le logement du vice-consul anglais et de quelques agens de commerce, se distinguent seuls au milieu de la misère du lieu. Islay était habité par des pêcheurs, lorsque, il y a peu d’années, on imagina d’en faire le port d’Aréquipa. Il est à trente lieues de cette ville; et, malgré l’aridité du chemin, dépourvu d’eau, il reçoit presque toutes les marchandises qui se rendent à cette cité populeuse, peuplée de 00,91)0 habitans. Pour descendre à terre, on a profité d’un rocher avancé dans la mer, à l’extrémité duquel on a suspendu une échelle de bois sur un échafaudage. Luttant contre les efforts d’une mer constamment agitée, il faut promptement s accrocher entre deux lames a cette echeîîe, au risque de se rompre les jambes ou de voir le canot se briser, soit sur les pieces de bois, soit sur les rochers ou elles sont fixées. L extreme difficulté qu’on éprouve à descendre à terre , ou même à décharger les marchandises, oblige d’attendre que la mer soit calme. Lorsqu’elle est un peu agitée, il est impossible d’aborder. 1. \ue n. 22, dessinée, en 1832, à bord du Griffon, par M. de Lorgeril, officier de marine. 1833. Islay ( Perón). ( 400 ) Comme je l’ai dit en parlant de Cobija1, il ne pleut jamais sur le versant occidental de la Cordillère, depuis le désert d’ Atacama, jusqu’à Guayaquil. 11 en résulte que toute cette partie est dénuée de végétation, seulement en hiver des brouillards s’arrêtent sur les montagnes, et y font pousser quelques plantes éphémères qui se dessèchent ensuite. Je parcourus les environs tous couverts de cendres trachytiques , dont la blancheur fatigue la vue , et je reconnus un conduit en terre cuite, cpii apporte, de deux lieues de distance, l’eau propre à la consommation des habitans. Un immense ravin qui descend des montagnes et se remarque au nord du village, ne me montra aucune trace d’humidité. Partout des sahles mouvans et des cendres trachytiques reposent sur des roches de même âge. Je trouvai, par endroits, malgré la sécheresse, trois espèces de plantes, qui poussent au milieu des sables, mais pas un seul être vivant n’ose aborder ces tristes régions. Un autre ravin, situé au sud d’Islay, m’offrit le même aspect, sans aucune apparence d’humidité. Le débarquement des marchandises, complètement arrêté par suite d’un gros temps qui nous empêcha, pendant cinq ou six jours, de communiquer avec la terre, nous retint à Islay jusqu’au 7 Août. Je m’y serais beaucoup ennuyé si je n’avais eu à écrire, et si je n’eusse été distrait par une affluence considérable d’oiseaux de mer, analogue à celle que j’avais trouvée au port d’Arica, lors de mon premier voyage2. La mer se couvrit de nuées de pétrels noirs, dont les nuages obscurcissaient l’horizon. Ces myriades d’êtres vinrent nous entourer, en poursuivant des bancs de petites sardines, et obscurcirent la mer de leur teinte sombre sur une demi-lieue de largeur. Des fous plon- geaient à qui mieux mieux par milliers , en se laissant tomber dans les eaux la tête la première. Des hirondelles de mer voltigeaient par troupes, tandis que les graves cormorans et les pélicans nageaient à la surface. A l’instant où ces bancs de sardines vinrent dans la rade, tous les oiseaux les suivirent, et quelques coups de fusil, lâchés au milieu, en abattirent un grand nombre, sans que le reste s’inquiétât de l’épouvantable carnage que j’en faisais. Comme un torrent débordé, rien ne les arrêtait, et ils n’abandonnèrent la place que lorsque les bancs de sardines s’éloignèrent. Pendant le mauvais temps, je pouvais admirer tout à mon aise la furie de la mer déferlant sur la cote. Semblables à des montagnes de neige, les houles venaient se briser sur les rochers et se perdaient ensuite en nuages 1. Voyez tome II, p. 353. 2. Idem, p. 360. 1833. ( 401 ) blancs et légers, d’autant plus beaux que les rayons d’un brillant soleil leur donnaient un nouvel éclat. On se serait alors difficilement cru dans ces mers que leur calme ordinaire a fait nommer pacifiques. La vague s’engouffrait avec une telle force dans une espèce de grotte naturelle, située près du débar- cadère, qu’elle y occasionnait un bruit comparable au choc le plus violent, approchant parfois du bruit d’une décharge de grosse artillerie. Je voulus un jour faire une excursion vers les montagnes. Je gravis une pente douce de plaines couvertes de sable mouvant. Bientôt je remarquai sur le sol quelques plantes sèches, remplacées, plus haut, par des plantes vivant dans la poussière et n’ayant d’autre aliment que la faible rosée de la saison. A une lieue et demie du port, j’atteignis le lieu nommé Los olivos (les oliviers), oh j’aperçus un grand nombre de ces arbres qu’arrose un petit ruisseau, amené de loin d’un profond ravin. Ces oliviers font un singulier contraste au milieu de coteaux sans verdure. J’y rencontrai , sous une tente de toile, une famille établie là momentanément pour surveiller la récolte et la vente des olives. Témoin de son repas, je la vis se contenter, pour toute nourriture, d’un peu de maïs, bouilli dans de l’eau et d’olives confîtes. Le fond du ravin d’où vient le ruisseau me montra, avec d’autres oliviers et des pêchers, plantés par les Espagnols, quelque végétation indigène, formée de buissons et de plantes peu diversifiées. Le paysage qui entoure Islay est assurément loin de pouvoir donner une idée satisfaisante de cette richesse proverbiale du Pérou qu’on se figure encore en Europe. Le 7 Août, nous mimes a la voile pour nous rendre au Callao. Entourés 7 Août, d’oiseaux marins, nous voguâmes lentement, par suite des calmes, et nous n approchâmes du Callao que le 14 du même mois. De grands rochers isolés .4 Août, se montrèrent d’abord; puis file de San -Lorenzo, qu’il fallut doubler, en longeant ses côtes déchirées, tristes, desséchées et surmontées de mame- lons de sable. Enfin, de l’autre côté, nous aperçûmes tout à coup les forts avec la ville du Callao et sa rade remplie d’une multitude de navires1. Le pavillon national flottait sur des bâtiments de guerre français , anglais , américains, et beaucoup de navires de commerce s’y voyaient également. Tout, en un mot, annonçait un grand centre de mouvement commercial. Le Philanthrope vint mouiller en rade, et resta dans le port dix-huit jours, pendant lesquels je tâchai de bien voir les environs du Callao et ceux de Lima. Deux navires de guerre français se trouvaient alors au Callao, la frésate 1. Vue n.° 23. Panorama de la rade et de la ville. 5 i in. partie. ( 402 ) 1833. la Thisbé et le brick le Griffon , commandé par M. Du Petit -Thouars. Je Oaiiarï crus devoir ^a^re une visde aux officiers des deux navires. Je rencontrai à ( Pérou), bord du Griffon tous les secours imaginables pour mes courses d’histoire naturelle, et la société la plus aimable auprès de son digne capitaine et de tous ses officiers. Qu’il me soit permis de leur en témoigner ici ma recon- naissance. Ce port, ainsi que la ville de Lima, dont il est à deux lieues, ont été si souvent décrits par les voyageurs au Pérou, que je crois devoir me dispenser d’en donner une description étendue. Je me bornerai donc à quelques détails relatifs à l’impression que j’en ai reçue. Le port du Callao, le meilleur et le plus tranquille de la côte péruvienne, est garanti des vents du sud par une longue pointe caillouteuse, s’avançant dans la mer, ainsi que par l’île de San-Lorenzo, qui l’enveloppent d’un demi- cercle. On n’y a donc à craindre aucun coup de vent, mais seulement ces tremblemens de terre, heureusement assez rares. On se souvient encore de ceux qui détruisirent entièrement la ville du Callao, et transportèrent des navires à près d’une lieue dans les terres, en changeant tout à fait l’aspect du pays. Je vis, en effet, dans la campagne, les cailloux charriés au loin et beaucoup d’autres traces de ces malheureux événemens. 1 Le tremblement de terre du 28 Octobre 4 746 ne laissa, dans la capitale, que vingt-cinq maisons debout, et lit périr onze mille personnes à Lima et au Callao. La ville du Callao, toujours provisoire depuis sa destruction, n’est com- posée que de maisons en bois et de magasins pour les marchandises. Elle consiste en une grande rue parallèle à la côte, et en une autre qui conduit à Lima. Au nord sont des marais formés par l’embouchure du Rimac, rivière qui arrose Lima et féconde son agriculture; et au sud sont deux forts en pâté circulaires, entourés de bastions couverts d’artillerie. Une jetée en bois sert de débarcadère. Les navires de petit tonnage peuvent s’en approcher de très -près pour leur déchargement. Un grand mouvement commercial règne au Callao, et tout annonce l’importance de la ville à laquelle elle sert de port. Deux lieues d’une belle grande route conduisent du Callao à Lima. Des voitures publiques y transportent plusieurs fois par jour les voyageurs2, ce î. Choix de lettres édifiantes, tome II, p. 48 et suiv. 2. Lorsque j’étais au Callao , on payait 2 piastres ou 10 fr. par personne pour faire ces deux lieues. qui permet aux négocians de venir le matin de Lima pour leurs affaires et de retourner le soir à la ville. Après chaque révolution, ce court trajet est infesté de voleurs, qui se placent en embuscade, armés de fusils, et dévalisent les passans; aussi est -il peu prudent de s’y hasarder de trop bonne heure le matin, trop tard le soir, ou à l’instant de la sieste. La route, d’abord nue, passe au milieu d’un marais, et s’ombrage près de Lima, de belles avenues d’arbres. L’entrée de la ville, où j’allai passer quelques jours, annonce tout à fait cette splendeur passée de la cité des Rois ( de los Reyes) , où l’on a vu tour à tour les scènes les plus sanglantes de l’histoire de la conquête 1 2 et le faste effréné des plus riches Espagnols d’Amérique. C’est là que résidaient les vice-rois du Pérou , et qu’exerçait son empire la haute aristocratie diplomatique et financière. Lima, la plus opulente des villes du nouveau monde, est en même temps la plus corrompue. Je pour- rais beaucoup m’étendre sur ce sujet, et chercher à peindre le luxe extra- ordinaire des uns, et la plus grande misère des autres; mais je ne ferais que répéter ce qu’a dit avec tant de vérité l’auteur d’un petit livre publié sous le titre de Lima por dentro y fuera 2 (Lima en dedans et en dehors), en faisant connaître les mœurs du siècle dernier à Lima; mœurs qui, bien que modifiées, n’ont rien gagné au moral. Cette ville, au contraire, en perdant sa centralité comme capitale du vice-royaume , est tombée dans l’indigence , sans que le luxe y soit diminué; il en est résulté une corruption extraordi- naire, qui ne fait qu’augmenter chaque jour. Tout y prête : le grand laissez- aller des habitans; chez les hommes, la soif des jouissances matérielles; chez les femmes, l’exagération de la toilette, et surtout Y incognito dans lequel celles-ci vivent toujours, grâce à leur costume, toutes portant des jupes noires plissées, nommées sayas , qui serrent le corps, sans voiler les formes, et le fameux tapado de soie noire dont elles s’enveloppent la tête, sans montrer jamais qu’un œil. Sûres, à la faveur de ce vêtement, de ne pas être reconnues, les femmes peuvent intriguer à leur aise, même leur mari, si cela leur convient. Cette extrême licence , la misère générale du pays , dont les revenus sont bien au-dessous des dépenses propres à subvenir au luxe dont elles aiment à s’entourer3, les entraînent nécessairement vers l’inconduite. Le soir 1. Sous les frères Pizarro et les premiers vice-rois du Pérou. 2. Luna, en dedans et en dehors , contient la critique la plus sévère et la plus vraie de l’état de corruption de la cité des rois. Écrit à la fin du siècle dernier, ce petit volume a été réimprimé depuis peu d’années. 3. Il est rare qu’une de ces élégantes de Lima s’abaisse jusqu’à mettre deux fois la même chaussure, ou à porter d’autres bas que des bas de soie. 1833. Lima ( Pérou). 1833. Lima ( Pérou). ( 404 ) elles remplissent, ainsi déguisées, les rues et les spectacles, où elles assaillent les étrangers. Très-vaste, la ville de Lima offre une multitude d’églises et de couvents, dont les dômes la dominent de toutes parts On y voit un beau palais pour le président de la république, jadis occupé par le vice-roi, une belle place ornée de jets d’eau, des rues bien percées, que rafraîchissent toujours de clairs ruisseaux, de vastes promenades bien ombragées, des environs charmans, remplis de jardins et de maisons de plaisance. Le Rimac, dont les eaux, distribuées en une multitude de canaux, vivifient la vallée, traverse la ville et se passe sur un pont. Non loin sont les deux montagnes de San- Cristoval et de San-Bcirtelemi , dont la sécheresse contraste avec la fertilité de la riche vallée du Rimac. Si l’on s’éloigne des eaux, dans quelque direction que ce soit, un désert de sable mouvant, des montagnes entière- ment dénuées de verdure se montrent de suite et entourent cette oasis; car à Lima, comme sur toute la côte, il ne plent jamais, et l’irrigation y peut seule entretenir une végétation purement factice et en partie transplantée. Les vergers sont en effet, à l’exception des bananiers, exclusivement composés de grenadiers, d’oliviers, d’orangers et de figuiers apportés au nouveau monde par les Espagnols. Le voisinage des montagnes abaisse considérable- ment la température que devrait donner à Lima sa position tropicale. On y jouit d’une douce chaleur. Ce qu’on remarque surtout, c’est l’invariabilité du temps, qui permet de former des projets long -temps à l’avance, sans crainte de les voir dérangés par ces journées pluvieuses, si fréquentes en Europe. La ville est néanmoins presque tous les matins enveloppée de vapeurs, qui disparaissent avec l’action du soleil. Il est certain que si Lima n’était pas aussi corrompue, et si la vie matérielle y était moins dispen- dieuse1 2, ce serait un séjour enchanteur; mais ces plaies des grands centres, qui , sur ce point , ne sont rachetées par aucun des avantages sociaux qu’on trouve dans nos villes d’Europe, en éloigneront toujours les personnes que leurs intérêts personnels ne retiendront pas dans son enceinte. Après quelques jours employés à tout voir à Lima, je revins au Callao, où je repris mes courses d’histoire naturelle. Tantôt je parcourais la côte en étudiant les coquilles, tantôt je pénétrais dans les marais du Rimac. Souvent 1. On en compte plus de soixante. 2. Aucune ville d’Amérique ne peut être comparée à Lima pour le prix élevé des objets de première nécessité. On y dépense considérablement à l’hôtel, et tout y est d’une cherté fabuleuse. 1833. ( 405 ) j’employais ma journée à draguer le fond de la mer, accompagné de M. Fontaine, médecin du Griffon, ou je gravissais les sables mouvans de l’île de San-Lorenzo, afin d’atteindre les sommités. Là, des nuages s’arrêtant quelquefois y font pousser, dans le sable, quelques plantes, parmi lesquelles je recueillis une solanée bulbeuse, dont la racine est, comme la pomme de terre, mangeable et d’un assez bon goût. D’autres fois je poursuivais, sur les rochers, les troupes d’oiseaux de rivage, et surtout ces taciturnes pélicans, qui passent une partie du jour immobiles, le bec reployé sur le cou, dans le repos le plus complet. §• 2. Retour en Europe par Valparaiso et par le cap Horn. Le 3 Septembre toutes les affaires commerciales du Philanthrope étant terminées, nous mîmes à la voile et perdîmes bientôt de vue le Pérou. Long-temps les navires espagnols naviguèrent seulement sur la côte. Le vent, favorable pour se rendre de Valparaiso à Lima, devient contraire pour retourner, et quand on serre la côte, on met trois mois à cette traversée, qui, en sens contraire, s’accomplit en douze jours. Un capitaine espagnol prit le premier le large ; ayant trouvé des vents variables , il se rendit au Chili en moins d’un mois. Depuis cette époque on s’éloigne toujours de cent lieues du continent, pour aller de Lima au Chili. Nous prîmes cette route, et après vingt et quelques jours d’une navigation fort douce, par une mer magnifique, nous touchions au Chili. Je vis d’abord les îles de Juan-Fernandez, couvertes de végétation, et deux jours après, je descendais à Valparaiso. Trois années d’absence avaient changé pour moi l’aspect de cette ville1. Depuis mon passage, on y avait construit un vaste bâtiment pour l’administration des douanes, et un débar- cadère en bois, destiné à faciliter le débarquement des canots, remplaçait la plage sablonneuse sur laquelle autrefois il fallait s’échouer, malgré la vague. Je revis avec intérêt les lieux que j’avais si souvent parcourus , et je fis de nouvelles recherches; mais, comme je n’étais au Chili qu’en passant, il me tardait trop d’en partir pour y trouver le moindre plaisir. Enfin le 18 Octobre j’abandonnai cette république, et je commençai ma traversée. Je fis mes derniers adieux aux côtes américaines , non sans éprouver un moment de tristesse, a la pensée que je ne les reverrais plus. J’avais été si favorisé, Callao ( Pérou). 3 Sept. 27 Sept. 18 Oetob. 1. Voyez tome II, p. 334. 1833. Val- paraiso (Chili). ( 406 ) pendant mon séjour dans le nouveau monde, que je ne pouvais le quitter sans en regretter les habitans; mais le regret de leur perte trouvait pour moi sa compensation dans le sentiment de la plus vive gratitude que m’in- spirait la bienveillance dont je m’étais constamment vu l’objet auprès d’eux. Accompagné de six jeunes gens de la Bolivia, nommés par le gouverne- ment pour étudier en France, je voguai lentement vers l’Europe. Après avoir essuyé des gros temps sur la côte chilienne, je me trouvai, au commencement de Novembre, par un calme parfait, à quelques lieues du cap Horn, dont le cône écrasé, couvert de neige, se dessinait à l’horizon. C’était la dernière partie de l’Amérique que je devais apercevoir. Une navigation longue, mais heureuse , me conduisit ensuite vers ma chère patrie. Le \ .er Février i 834 , les observations ayant annoncé l’approche de terre, j’éprouvai un bonheur que rien ne peut égaler. La nuit, la sonde toucha le sol de la France. Je me levai pour en voir les premiers grains de sable, en éprouvant une émotion impossible à définir. Peu d’instans après, le phare de la tour de Cordouan nous annonça l’embouchure de la Gironde, oh j’entrai le 2 Février. Toutes mes souffrances passées étaient oubliées. Je revoyais ma famille, mes amis — ; et j’allais commencer une existence nouvelle. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES DES TROIS VOLUMES DE LA PARTIE HISTORIQUE. Nota. Les chiffres romains indiquent les tomes et les chiffres arabes les pages. A. Abajeños, habitants des provinces ar- gentines . Abara, mine d’argent en Bolivia. Abeilles de Chiquitos (Bolivia). . Abeilles sans aiguillons à Chiquitos. Abipones, Indiens du Chaco. . . A buen tiempo à Corrientes . . . Abus des liqueurs fortes à Caupolican Acero, rivière de la province de la Laguna (Bolivia) ... Ill 268 Achacadle , bourg près du lac de Chu- cuito Achat des jeunes Indiens en Patagonie Achehenat - Kanet , malin esprit des Patagons Achilla, bourg, province de Yamparaës (Bolivia) Achiras, ruisseau des Pampas. . I Acunas, palmier en Bolivia .... Acutani, hameau de Sicasica (Bolivia) Acutani, mine d’argent en Bolivia . Administrations à Corrientes. . . . Administration militaire à Corrientes Administration de la Patagonie. . . Administration des jésuites .... Administration de Moxos sous les jé- suites Agriculture de la Patagonie. . . . Aguilera, général à Moxos .... Albuquerque , village du Brésil. . . Aleman (Diego) à Moxos en 1564 . Alertes des Indiens en Patagonie . . Alerte sur le Barradero II 507 II 461 II 615 II 600 I 439 I 128 III 396 271 273 III 354 II 108 ¡I 87 III 276 642 670 III 156 II 456 Il 461 I 353 I 356 II 312 III 43 III 230 II 309 III 235 III 112 III 227 II 116 I 474 Alexis Garcia, Portugais, pénètre le premier à Chiquitos II 543 559 III 34 Alfaro, négociant de Patagonie . . II 12 Algarrobo (arbre à fruit). . . . II 160 497 Alluvions anciennes en Bolivia. . . Ill 322 Almagro (Diego), conquérant ... Ill 278 Almendral, promenade à Valparaiso (Chili) II 336 Alonzo de Mendosa, fondateur de la Paz (Bolivia) II 405 Alpacas, animaux domestiques de Bo- livia, leurs mœurs III 328 Altamaclii (Rio de), province de Co- chabamba (Bolivia) Ill 180 Altamahi , hameau de la | Cordillère orientale (Bolivia) Ill 175 Alto de Cobija, montagne de la côte de Bolivia II 346 Altuncama, montagne de Caupolican (Bolivia) Ill 360 372 Aharado à Chuquisaca Ill 279 Alvarez (Don Manuel), négociant en Patagonie . II 19 316 Amandau (Ignacio), Indien guarani à Ia Colonia I 76 Amantóla, rivière de Caupolican ( Bo- livia) Ill 361 370 Amasa, île du lac de Chucuito (Bo- livia) ¡II 349 350 Améliorations commerciales et agri- coles de Caupolican III 391 Améliorations agricoles à Chiquitos . Ill 70 Améliorations agricoles à Moxos . . III 243 Améliorations commerciales de Moxos III 243 ( 408 ) Ameublement à Corrientes .... I 365 Amusements des Indiens de Caupolican III 384 Ancacato, rivière du département d’O- ruro III 309 Ancacato, bourg de la province de Poopo (Bolivia) Ill 308 Ancco-Unca, montagne de Sorata (Bo- livia) Ill 360 Anciennes fermes des jésuites dans les missions I 259 Ancomarca, montagne du Pérou II 368 383 Ancomayo , bourg situé sur les bords du lac de Chucuito III 354 Ancor aimes , bourg près du lac de Chucuito (Bolivia) Ill 355 Ancumani, montagne de Bolivia . . II 389 Andamarca, bourg, province de Ca- rangas (Bolivia) Ill 315 Andes, montagnes (en voir l’expli- cation) II 388 Andonaegui , ses ordres sanguinaires aux missions I 55 276 Angadas, radeaux à Corrientes • • I 226 Anglais à Buenos-Ayres . . . . . I 481 484 Animaux des forêts non sauvages dans les lieux inhabités III 83 ’ Animaux marins de la côte de Pata- gonie II 40 Animaux divers rencontrés dans les salines de Patagonie II 128 Anumbi, oiseau chanteur I 65 Antara, mine d’argent en Bolivia. . II 461 Antequera, bourg, province d’Oruro (Bolivia) Ill 315 Antequera, mine d’argent de Bolivia III 314 Antiquera, gouverneur au Paraguay I 274 Antiquités de Samaypata (Bolivia) . Ill 258 Antiquités des Incas III 356 Antiquités de Tiaguanaco (Bolivia). Ill 338 Apachetas, monticules de pierres éle- vés par les Aymaras de Bolivia. . II 372 Apacheta de la Paz, montagne de Bo- livia II 399 Apere, rivière de Moxos (Bolivia) III 129 224 Apolista, nation de Bolivia .... Ill 364 Apolo, bourg de Caupolican (Boliv.) III 366 372 Apypé, île sur le Parana 1 188 Arábate, bourg de Yamparaës (Bolivia) III 276 Aracoyo, lac sur les Cordillères du Pé- rou II 383 Araignées qui donnent de la soie. . I 352 Arani, bourg, province de Clisa (Bo- livia) II 487 Aras bleus, oiseaux I 220 Aras rouges à Corrientes I 229 Araucanos des Pampas, nation. . . I 638 II 89 105 118 225 Arbre sacré du Gualichú en Patagonie II 156 Arbres fruitiers d’Europe à Maldonado I 40 Aredondo, gouverneur à Buenos-Ayres I 483 Arequipa, ville du Pérou III 399 Argent (mines) II 456 461 499 III 314 316 Argent (mode d’exploitation en Bolivia) II 456 A, -ica, ville du Pérou II 357 Aridité des côtes du Pérou III 399 Armados, poisson du Parana ... I 100 Armée en marche en Bolivia. ... Ill 333 Aroma, acacia I 447 Arroyo Azul, ruisseau dans les pampas I 599 Arroyo Chatico, ruisseau dans les pam- pas I 644 Arroyo de las Achiras, ruisseau dans les pampas I 642 Arroyo de las Achiras, ruisseau de la Bahia blanca (pampas) I 670 Arroyos délas Mortazas , ruisseau dans les pampas I 640 Arroyo del Tandil, ruisseau dans les pampas I 635 Arroyo gualiche, ruisseau dans les pampas I 599 Arroyo pareja, ruisseau à la Bahia blanca I 646 Arroyo quequen , ruisseau dans les pampas 1 640 Arroyo sadado, ruiss. dans les pampas I 642 Arroyo Tapalquen, ruisseau dans les pampas 1 599 Arroyo Viruta, ruisseau dans les pam- pas I 644 Artichaut sauvage couvrant toutes les pampas de Buenos-Ayres .... I 47 1 Artigas (général) à Maldonado. . . I 45 — — aux missions. . . î 213 Ascension, village de Guarayos, pro- vince de Chiquitos (Bolivia). ill 10 21 Ascension d’Isiboro. Réduction d’in- diens yuracarès (Bolivia) .... Ill 157 Ascension de Yuracarès (Bolivia). . Ill 194 Aspect des villes où l’on ne cultive pas I 427 Aspect des rives du Mamoré à Moxos III 121 Assassinats à la Bajada I 426 Asunto , mission de Guarayos , pro- vince de Chiquitos Ill II Asusaqui, hameau, province de Santa- Cruz (Bolivia) II 540 Atacama (désert), côtes de Bolivia . Il 353 Atalaya (punta de) dans la Plata. . II 10 Aten, bourg, province de Caupolican (Bolivia) Ill 366 374 375 Atita, bourg, province d’Oruro (Bo- livia) Ill 332 Attaque de la Bahia blanca par les Indiens II 70 Attaque des Indiens en Patagonie II 137 217 Attaque des corsaires I 464 Aucas de Patagonie , description de cette nation .... II 225 Aucas, nation des pampas. . I 634 II 105 118 225 Aucas qui attaquent le Carmen de Patagonie II 217 Autels à la nature à Santa-Cruz (Bolivia) II 554 Autruche d’Amérique I 71 Autruches d’Amérique; leur chasse en Patagonie Il 192 Averses à Moxos 111 96 Avestruz petizo (autruche) de Pata- gonie II 147 Avicaya, mine d’argent de Bolivia . . Ill 314 Ay gachi, bourg, département de la Paz (Bolivia) Ill 348 350 Aymar as, Indiens de Bolivia II 379 395 411 Ayo-ayo, mine d’argent en Bolivia. . II 461 Ayo-ayo, bourg, province de Sicasica (Bolivia) III 334 Ayolas, conquérant au Paraguay. I 315 479 II 559 III 34 Ayo p aya, province du département de Cochabamba (Bolivia). . . . II 462 Ayopaya, rivière de Bolivia. . . . II 462 Ayquile, bourg , province de Mizque (Bolivia) II 498 B. Baca, bourg, province de Mizque (Bo- livia) II 489 Bagres , poissons à Caupolican . . . III 371 Bagual ( Laguna del ) lac dans les pampas I 612 Bahia blanca, côte du sud I 646 Bahia de San -Blas en Patagonie . . II 25 Balua de Somborombon , à l’embou- chure de la Plata ¡I 11 Bahia de Todos -Santos en Patagonie II 35 Baie blanche , côte de Patagonie . . I 646 Baie de Barragan dans la Plata . . . II 8 Baie de Ros, côte de Patagonie II 63 137 211 Baie de San-Blas en Patagonie . . . II 25 Baie de Somborombon à l’embouchure de la Plata II 11 Baie de tous les saints en Patagonie . II 35 Baie de Todos-Santos (Patagonie). . II 35 Baie del agua de los Loros, côte de Patagonie H 137 212 Bains de mer à Ténériffe I 11 Bajada, capitale de la province d’Entre- Rios. I 102 425 Bal à Chiquitos (Bolivia) H 603 Bal à Itaty (Corrientes) ..... 1 209 Bal à Moxos (Bolivia) ...... ni 146 Bal à Santa-Cruz de la Sierra (Bolivia) II 525 Baleine échouée sur la côte de Pata- gonie Il 138 Baleines, leurs migrations I 17 Baleines par troupes près des Ma- louines ¡J 325 ( 41 0 ) Balsa, bateau de jonc du lac de Chu- Bestiaux enlevés aux Brésiliens. . . I 360 cuito (Bolivia) Ill 352 Bestiaux, manière de les élever. . . I 152 Balsa, bateau de peaux soufflées , côte Bestiaux nombreux dans l’Entre-Rios I 436 de Bolivia II 350 Bestiaux sauvages à Moxos III 85 Balsero, l’Indien qui conduit les balsas II 351 Bibosi, figuier énorme à Moxos . . . III 121 Bambous sur le Parana .... 1 225 228 Bibosi, mission, province de Santa- Bañado, marais dans les pampas . . I 560 Cruz (Bolivia) II 541 Bañados, marais à Corrientes . . . ! 181 Bilbao (Damaso), gouverneur deYungas II 441 Banc du Brésil composé de crustacés I 17 Binchuca, punaises des maisons à Yun- Banco chico, banc de sable dans la gas (Bolivia) II 434 Plata 11 to Blanca ( Laguna ) de Patagonie . . . II 29 Banco de Ortiz, banc de sable dans la Blanca ( Laguna ) dans Ies pampas. . I 577 Plata. II 8 Blanco, rivière à Moxos (Bolivia) III 88 222 Banda oriental, république .... I 33 Blanco, rivière de Bolivia ..... III 29 et suivantes. Blasco -Nuñez -Felá, vice-roi. . . . III 279 Banda oriental ( voyage à travers la ) I 61 Blé à Buenos-Ayres I 528 Baños , eaux thermales de Potosi (Bo- Blé à Maldonado I 41 livia) III 289 Blé cultivé dans la province d’Entre- Barbados, rivière de Chiquitos (Bolivia) III 30 Bios I 422 Barb asco , plante qui sert à pêcher. . 11 613 Blé ( immenses champs de) en Bolivia 11 472 Barradero, bourg sur le Parana . . I 474 Blocs de granit dans la Banda oriental I 67 Barradero, bras du Parana .... I 93 Blocs erratiques de Potosi. . . III 287 297 Barragan , haie dans la Plata . . . II 8 Bois à brûler en Bolivia III 284 Barrancas del Norte, falaises en Pa- Bois de construction à Corrientes. . I 346 tagonie . II 13 113 Bois de construction en Bolivia . . III 72 Barrancas del Sur, falaises en Patagonie 11 114 Bois d’ébénisterie à Moxos .... III 244 Barranqueras , village à Corrientes . I 234 Bois d’ébénisterie à Caupolican. . . III 387 Barre du Rio Negro en Patagonie 11 14 16 Bois fossiles sur les rives du Parana. I 422 Bartolo, bourg du département de Po- Bois, refuges des animaux sauvages à tosi (Bolivia). ........ III 288 Moxos lors des inondations . • . III 101 Barua, son mémoire sur les missions I 274 Bois d’orangers à Corrientes. . . . I 283 Bateau de jonc du lac de Chucuito Bofas, vallée de Chiquitos (Bolivia). II 644 (Bolivia) . IIS 352 Bolas, armes des Indiens des pampas I 129 Batel, rivière de Corrientes .... Í 150 Bolas perdidas, armes des Indiens des Batuque, danse à Santa-Cruz. . . . II 528 pampas II 117 Bauros, nation de Moxos. . . III 90 225 Bolero, danse à Santa-Cruz (Bolivia). II 527 Becs-en-ciseaux , oiseaux I 111 Bomberos , sentinelles avancées en Pa- Beira, fort du Brésil. ...... III 109 tagonie SI 158 Bella vista, village près de Corrientes I 402 Borda (île de) en Patagonie. . . . II 36 Bénédiction à Corrientes ..... 1 125 Botanique à Corrientes I 336 Bénédiction des vivres à Chiquitos . 11 608 Botanique des environs de Montevideo I 37 Beni, rivière à Moxos ill 224 349 361 382 Braseritos, pour mettre du feu à Cor- Bestiaux cherchant le sel des falaises I 451 rientes I 201 Bestiaux de Chiquitos (Bolivia) . . III 62 Brebis à Moxos III 244 Brebis mangées par un cougouar. . I 219 Caïmans, manière de les prendre. . I 121 Brésiliens vaincus au Carmen de Pa- Calacala, village, province de Quilla- tagonie ÎI 289 collo (Bolivia) 11 477 Brojelones, tiques à Santa -Cruz . . II 547 Calacaya, hameau, province de Ca- Bromelia, plante qui contient de l’eau III 187 rangas (Bolivia) III 324 Bucareli, lors de l’expulsion des jésuites I 277 Calacote, village près de la Paz (Bolivia) II 423 Buena-vista, mission de Santa-Cruz. II 568 Calacote, bourg sur la Cordillère de Buenos- Ayres , ses environs .... I 624 Bolivia II 391 Buenos- Ayres , son histoire .... I 478 Calamarca, bourg, province de Sica- Buenos- Ayres , ville de la Plata. .. . I 79 sica (Bolivia) III 334 Buey ( Medaño del), dunes dans les Calamarca, mine d’argent en Bolivia. 11 461 pampas I 600 Calaña, village du Pérou 11 370 Buslamenle, bourg au Chili .... II 342 Calera, hameau de Bolivia .... III 285 Callao, port de Lima ...... III 402 Calmars, mollusques qui sautent à Caacaty, bourg à Corrientes. . . . I 235 bord des navires I 30 Caballu-cuatia, village sur les rives du Calmes sur la côte du Pérou .... 11 356 Parana . I 421 Camapoa, bourg du Brésil .... III 112 Cabines sur les bords du Parana . î 414 415 Campagnard de Santa-Cruz .... 11 536 Cacao à Chiquitos. III 72 Campagne de Chiquitos II 621 Cacao à Moxos III 240 Campagnes semblables à celles de Cacao, culture à Moxos III 99 France .... I 425 Cacao sauvage à Caupolican. . ¡11 380 393 Campanario , île du lac de Chucuito Cachalots sur la côte du Brésil . . I 30 (Bolivia) III 355 Cachimayo , rivière de Bolivia . . . III 283 Canada , noms des marais à Corrientes I 143 Cachucha, danse du Chili II 336 Cañada, marais dans les pampas. I 560 601 Caciques à Moxos III 94 Cañadon (marais) dans les pampas . I 599 Cacique Muñol dans les pampas . . I 669 Canal d’irrigation sur les Andes. . . III 355 Cacique Negro, dans les pampas . . I 665 Cañamiña, rivière de Bolivia. . . . II 449 Cacique Negro ( Laguna del ) lac dans Canards musqués sur le Parana . . I 111 les pampas I 635 Canards nombreux sur les rives du Cacique Venancio dans les pampas . I 637 Parana ¡ 420 448 Cacocies, ancienne nation de Chiquitos III 35 Canards nombreux à Corrientes. . . I 143 Cactus énorme à Santa-Cruz (Bolivia) 01 257 Canaux d’écoulement des mines de Cactus nombreux de la province de Potosi. HI 292 Valle-Grande (Bolivia) ..... III 266 Candelaria, hameau, province dcSanta- Cadavres desséchés en Bolivia . . . III 326 Cruz (Bolivia) 11 537 Café à Moxos III 240 Canelón grande, rivière de la Banda Cahua, chemise de laine des indiens oriental • . . . I 65 aymaras II 412 Canelones , ville de la république de Caiconi, gisement de mine en Bolivia II 440 l’Uruguay I 64 Cajuata, village de Yungas (Bolivia) II 450 Cangrejales (crabières) sur les côtes Caïmans à Moxos (Bolivia) .... III 103 de la Babia blanca . I 147 Caïmans friandsdela chairdesdauphins ¡II 111 Canichanas , nation de Bolivia. . Ill 132 225 ( 412 ) Canne à sucre à Corrientes .... I 247 Carnaval à Santa-Cruz .... II 531 551 Canne à sucre, culture à Santa -Cruz II 540 Carpinchos , cabial à Corrientes. . . I 121 III 63 Carvajal (Francisco) , conquérant. . III 279 Canne à sucre à Moxos III 240 Casa blanca, bourg, route de Valpa- Canne à sucre cultivée dans les mon- raiso à Santiago (Chili) .... II 341 tagnes . III 268 Casa blanca, hameau du Pérou. . . II 370 Cantaros, vases de terre cuite . . . I 201 Casalvasco , bourg du Brésil . II 663 III 112 Cap Corrientes, côtes des pampas. . 11 11 Cascade à Yungas (Bolivia) .... II 443 Cap Horn ». II 328 III 406 Cascarilla , quinquina de Bolivia . . II 440 Cap San- Andres , côtes des pampas . II 11 Cascavi, chapelle, province de Sicasica Cap San- Antonio dans la Plata. . . I! 10 (Bolivia) II 460 Cap Santa-Maria dans la Plata . . . 11 10 Castilla, révolté de Chuquisaca. . . III 279 Capac -Yupanqui , Incas. . . II 47 3 III 277 Catonapapa, danse à Chiquitos. . . 11 604 Capmata, bourg de Sicasica (Bolivia) II 456 Caupolican , province de Bolivia . . III 359 Capouaires, lialliers au Brésil. . . . 11 631 Cavalerie dans les pampas ... I 569 570 Captives des Aucas dans les pampas . I 609 Cavari, bourg de Sicasica (Bolivia) . II 458 Caquet ( Laguna de) lac dans les pampas I 633 Cavendish, corsaire sur les côtes de Carabaya, province du Pérou . . . III 359 Patagonie et à Buenos-Ayres I 481 II 275 Car acara, oiseau parasite II 29 Cavinas , bourg, province de Caupo- Car acuto , bourg près de la Paz (Bolivia) 11 460 lican (Bolivia) Ill 366 382 Caracollo, bourg, province d’Oruro Cayuvava, nation de Bolivia. . Ill 126 225 (Bolivia) ........ Ill 315 332 Centeno (Diego), conquérant . . . III 279 Carangas, province du département Cepita, bourg du Pérou. ..... III 349 d’Oruro (Bolivia) Ill 315 319 Cerfs à Chiquitos . III 67 Carapato , bourg près de la Paz (Bolivia) in 358 Cerfs en Patagonie 11 48 Caray as , singes hurleurs ..... I 186 Cerfs (très-grands) à Corrientes . . 1 260 Carava, chapelle , province de Sicasica Cerrillo , hameau, province deTomina (Bolivia) h 460 (Bolivia) (II 268 Caravuata , plante conservant l’eau Cerrito colorado, montagne dans les dans les sécheresses ...... i 169 pampas I 577 Carcarcman , rivière dans les pampas. i 453 Cerro del Incas, montagne sculptée — Gabot y fonde un fort .... i 454 par les anciens incas III 258 Careo kies, nation de Chiquitos. . . Hi 36 Cerro de las Chaquiras , montagne de Cardoso, employé de la douane en Chiquitos 11 623 626 Patagonie 11 18 Cerro de Montevideo I 33 37 Carême à Santa-Cruz H 551 Cerro de Santa -Lucia, montagne de Cargadero , montagne de Yungas (Bo- Santiago ( Chili ) II 342 livia) 11 45! Cerro du Viscachal, montagne à Yun- Cari, ancien cacique des Quichuas . II 473 gas (Bolivia) (I 451 Carmen de Patagonie, sa position cri- Cerro largo, montagne, province de tique II 117 Valle grande (Bolivia) II 516 Carmen de Patagonie II 17 280 Cespedes (Louis) au Paraguay . . . I 272 Carmen, mission de Moxos (Bolivia). 111 86 Cétacés de grande taille I 7 Carnaval à Chuquisaca (Bolivia) . . III 282 Chaa, oiseau du Parana I 101 Chacra, ferme de culture I 116 Chacra, ferme de culture à Buenos- Ayres I 541 Chaco (grand) ■ . I 185 Chacu, chasse aux vigognes .... II 381 Challacollo, bourg, province de Poopo (Bolivia) III 315 Challapaia, bourg, province de Poopo (Bolivia) III 315 Challhuani, bourg, province de Mizque (Bolivia) II 495 Chalona, moutons secs II 393 Chambe, danse à Santa- Cruz. . . . II 527 Champs de culture à Moxos .... III 91 Chananoca, rivière à Moxos. . . . III 222 Chañar, arbuste des pampas du sud . I 645 11 27 Chanchiguel, village, province de Ca- rangas (Bolivia) . III 330 Changos, indigènes de la côte de Bolivia II 348 Chant harmonieux II 265 Chapacuras, nation de Bolivia II 596 III 225 Chapare, rivière de Moxos . . III 151 223 Chaparrales , balliers à Chiquitos . . II 630 Chaqui, bourg, départent/ de Potosí 11! 289 Chaqui, rivière du départem.* de Potosi III 289 Charapacce, hameau deYungas (Boliv.) II 453 Charcas, ancien nom de Chuquisaca (Bolivia) III 277 Chardons dans les pampas I 471 Charque, viande sèche I 126 161 Charrettes à Corrientes ..... I 258 269 Charrettes dans les pampas I 567 Charrettes de voyage à Buenos-Ayres. I 509 Charrettes de voyage dans la Banda oriental I 75 Charula, chapelle, province de Sicasica (Bolivia) II 460 Chascomus, bourg dans les pampas. I 632 Chasse aux autruches d’Amérique en Patagonie II 192 Chasse aux chevaux sauvages. . . . I 432 Chasse aux grands cerfs à Corrientes I 260 264 Chasse au jaguar I 107 Chasse aux phoques à crinière sur la côte de Patagonie II 140 Chasse aux singes hurleurs .... I 186 Chasse aux vigognes sur les Cordillères II 381 Chasse des Indiens aucas des pampas I 642 649 Chatico , ruisseau dans les pampas . I 644 Chauves-souris nombreuses à Chiquitos II 588 Chauves-souris par myriades au Car- men de Moxos ........ III 86 Chaux exploitable à Chiquitos ... Il 643 Chaux incrustante à Carangas (Boliv.) III 318 Chayanta, province de Bolivia . . . HI 283 Chemise d’écorce à Moxos. .... III 121 Cheval traîné par un jaguar . ... I 166 Chevaux à Chiquitos Ill 66 71 Chevaux à la nage dans le Parana . . I 103 Chevaux, manière de les élever à Bue- nos-Ayres .......... I 535 Chevaux, manière de les dompter . I 535 Chevaux propres à passer les rivières en Bolivia Ill 265-267 Chevaux sauvages à Corrientes I 206 431 432 Chicha, boisson fermentée. . . II 467 478 III 94 Chien gardien d’un troupeau . ... I 175 Chien perdiguero , chasseur de perdrix I 207 Chien sauvage 1397 Chiens tués tous les ans à Buen os- Ayres 1 513 Chili, république II 333 III 405 Chillapata, village de la province de P°opo III 309 Chilon, bourg, province de Valle- grande (Bolivia) Il 502 Chimore, rivière à Moxos ¡¡I 223 Chinas, cailloux roulés en Patagonie. II 27 Chinchilla, animal qui donne lesfour- rures • III 330 Chinchín, hameau, province d’Ayo- paya (Bolivia) II 468 Chinganas, danses au Chili .... II 336 Chipana, ancien cacique des Quichuas II 473 Chipiriri, rivière à Moxos. .... m 223 Cluqui, île du lac de Chucuito (Bo- ,¡via) Ill 349 352 ( 414 ) Chiquina, bourg, province d’Oruro (Bolivia) III 331 Chiquipa, île du lac de Chucuito (Boliv.) III 355 Chiquitos, nation d’indiens en Boliv. II 591 605 III 31 Chiquitos, province du département de Santa-Cruz (Bolivia) . II 578 III 26 Chirca, arbre dont l’écorce sert à tanner I 203 Chirca, bourg de Yungas (Bolivia) . II 433 Chiriguana, miel des guêpes. . . . II 555 Chiriguanos , tribu de la nation Gua- ranis de Bolivia . . . . II 513 541 559 Chitiopa Laguna province de Chiquitos III 30 Chochiis, montagne de Chiquitos . . II 632 Cholas , métis d’Indien et d’Espagnol en Bolivia II 413 Cholehechel, île dans le Bio-Negro de Patagonie II 37 96 Cholos , métis d’Indien .... III 282 571 Choluncoy, hameau du Pérou . . . SI 373 Chonta, palmier à Santa-Cruz . . . II 546 Choque enmata (Rio de) [Bolivia] . III 187 Choquecota, bourg, province de Ca- rangas (Bolivia) III 315 Choquehapu, ancien nom de la Paz (Bolivia) II 405 Choquetanga, mine d’argenten Bolivia II 461 Chorillo , vallée du département de Potosi III 288 Chuchio, roseau à Mojos ¡II 119 Chuchu, dieu de la guerre chez les Yuracarès (Bolivia) IIS 215 Chucuito , lac sur le sommet des Andes boliviennes Ill 336 349 Chulpa, ancien tombeau des Aymaras (Bolivia) 11 375 376 459 III 309 322 324 329 330 Chulumani, bourg, capitale de Yungas (Bolivia) II 434 Chuño, pommes de terre gelées et sèches II 376 4SI Chunquiagillo, gisement d’or à Yungas (Bolivia) Chuntaquiros , tribu de Bolivia. . . Ill 365 Chupe, bourg de Yungas (Bolivia) . II 431 Chupiamonas , rivière, province de Caupolican (Bolivia) Ill 361 Chuquichambi , village, province de Carangas (Bolivia) Ill 330 Chuquiraga , belle plante des monta- gnes de Bolivia Ill 273 Chuquisaca, ville capitale de Bolivia III 276 277 Churlaquin, cacique des Patagons. . II 188 Chuspa , bourse dans laquelle les Ay- marás portent la coca H 412 Chute sous un cheval I 217 Ciel de Patagonie II 136 Ciel du Chili II 337 Cimbra, instrument de chasse à Cor- rientes I 137 Cinti, province de Bolivia Ill 276 Cire à Moxos III 240 244 Cire, manière de la recueillir à Chi- quitos II6146Î7 III 64 Cirjuata, bourg de Yungas (Bolivia) II 449 Classes de la société à Santa-Fe. . . I 443 Clisa, bourg, province du même nom (Bolivia) II 486 Clisa, province du département de Cochabamba Il 485 Clisa, vallée, province de Cochabamba II 485 Cisneros à Buenos-Ayres ..... I 487 Coacollo, mine d’argent en Bolivia . II 461 Coali, île du lac de Chucuito remplie d’anciens monumens ..*... III 356 Cobija, port de Bolivia II 347 Coca, herbe que mâchent les Indiens en Bolivia II 373 436 Coca, sauvage, dans la province de Valle grande (Bolilivia) .... II 517 Cochabamba , capitale du département du même nom (Bolivia) . II 472 III 170 Cochabamba (sa vallée) [Bolivia] . . II 472 Cochons d’Inde au Pérou ..... Il 37 1 Cocos botryopliora II 546 Code bolivien juré II 554 II 440 Coimbra, fort au Brésil Colcapirqua, bourg, province de Quil- lacollo (Bolivia) Colcha-pampa, ancien nom de Cocha- bamba Colla, nom des étrangers àSanta-Cruz Colomi, vallée, province de Cocha- bamba (Bolivia) Colonia del Sacramento, ville de la Plata Colonies en Patagonie Colons espagnols en Patagonie. . . Colorado, rivière sur le bord du lac de Chucuito (Bolivia) . . . . . Colorado, rivière dans les pampas. . Coloration des eaux ....... Colque, bourg, province de Carangas (Bolivia) Colquiri, mine d’argent en Bolivia . Combats de coqs à la Paz Commerçans à Buenos-Ayres . . . . Commerce avec le Paraguay .... Commerce de Buenos-Ayres .... Commerce de Caupolican (Bolivia) . Commerce de Chiquitos Commerce de Corrientes Commerce de la Patagonie Commerce des chefs militaires dans les expéditions Commerce des Indiens des pampas . Concepcion, mission de Baures à Moxos (Bolivia) Concepcion , mission de la province de Chiquitos (Bolivia) Concession de terrains dans les pampas Conde-auqui, mine d’argent de Bolivia Condo, bourg, province d’Oruro (Bo- livia) Condor -Apacheta , vallée du départe- ment d’Oruro (Bolivia) Condors en Patagonie Confluens du Guaporé et du Mamoré à Moxos Coni, rivière à Yuracarès (Bolivia) ill Conservation des forêts en Bolivia . . Ill 112 Conspiration à Santa-Cruz U 552 Constellations des Patagons .... H 94 il 475 Construction des maisons dans les pampas I 528 ni 174 Contribution à Caupolican (Bolivia) III 367 11 523 Convois de charrettes à Corrientes . I 258 Convois de pirogues à Moxos . . . III 148 ni 169 Copahu à Caupolican. ...... III 371 i 76 Copabu à Moxos III 240 h 275 Copal à Caupolican III 371 o 281 Copiapo , ville du Chili II 346 Coquilles d’eau douce S 73 ni 350 Coquilles fossiles, province deTomina i 662 (Bolivia) ¡¡J 272 273 i 183 Coquilles fossiles en Patagonie . . . II 43 Coquimbo, ville du Chili II 346 in 315 Corabeca, tribu de Chiquitos (Boliv.) II 618 o 461 Corachapi , chapelle et exploitation de h 417 mines dans la province de Sicasica i 522 (Bolivia) II 456 461 i 345 Corcovado , montagne au Brésil . î 22 24 i 519 Corde suspendue pour passer les riviè- ni 389 res en Bolivia III 266 ni 75 Cordillera, province de Bolivia. . . III 256 i 343 Cordillère occidentale. II 376 0 308 Cordillère orientale (Bolivia). . II 425 469 III 166 175 264 i 583 Cordova, évêque de Santa-Cruz . . Coripaloma , montagne, province de III 252 o 237 Mizque (Bolivia) II 490 ni 89 Coripata, bourg de Yungas (Bolivia). Cormorans, oiseaux sur la côte du II 434 h 594 Pérou II 361 i 589 Cormorans, oiseaux sur le Parana. . I 108 ni 314 Corocoro, village, mines de cuivre du département de la Paz (Bolivia). . II 397 ni 315 Coronda, village sur les bords du Parana • . . I 451 in 309 Coronilla , montagne , province de ii 144 Valle grande (Bolivia) II 516 Corregidor chez les Chiquitos . . . SU 43 ni 116 Corrientes (cap de), sur les côtes des 154 223 pampas II 11 III 393 Corrientes , province I 115 ( 4i¡; ) Corrientes , histoire I 314 Crues du Pilcomayo en Bolivia. . . Ill 285 Corrientes , rivière à Corrientes. . . 1 413 Crues périodiques du Parana . . . I 452 Corrientes , ville. I 360 Crustacés à Corrientes I 329 Corruption des Chiquitos III 51 Crustacés de Patagonie H 306 Corsaires sur le Parana ...*.. I 464 Crustacés par banc servant à nourrir Costume à Corrientes I 383 les baleines I 17 Costume des habitans de Moxos . . III 90 Cruz de Guerra, fort dans les pampas I 576 Cotani, bourg, province de Cocha- Cruz de Guerra ( Laguna de la) dans bamba (Bolivia) III 168 les pampas I 576 581 Côte de Zapata , montagne au Chili . II 341 Cruz de Guerra (Medaño de), dunes Côtes du Chili II 331 dans les pampas I 578 Côtes de Patagonie II 273 Çuchi-huasi, bourg de Bolivia . . . III 286 Cotoca, bourg, province de Santa-Cruz 11 535 Cucich, palmier dé Chiquitos . . . III 9 Coton à Chiquitos III 63 Cucillo (Bio de), province deTomina Coton à Moxos • . 111 239 (Bolivia) • . . III 269 Coucou piaye, oiseau I 193 Cuciquia, tribu à Chiquitos (Bolivia) II 596 Cougouar, espèce de tigre .... I 219 Cuesta de Peluca, montagne, province Couplets guaranis I 358 de Valle grande (Bolivia). . . . II 517 Courans au cap Horn II 330 Cuirs, la manière de les préparer. . I 161 Courans dans le Grand Océan . . . II 346 Cuirs tannés à Chiquitos III 63 Couroucou, oiseau à Corrientes . . I 193 Cuirs tannés à Moxos III 240 Courriers à Corrientes I 353 Cuivre , mines en Bolivia III 321 Course des chevaux I 539 11 554 Culta, bourg , province de Poopo (Bo- Couvens de femmes à Cochabamba . III 173 livia). . « III 315 Covareca, tribu de Chiquitos . . . I! 605 Culture des rives du lac de Chucuito . ill 350 Crabes des rivages du Brésil. . . . I 26 Culture du tabac ........ 1 245 Crabières sur les côtes de Patagonie. I 147 Cumbrecilla, montagne de Yuracarès Crapauds, leurs cris à Corrientes . . I 116 (Bolivia) III 161 Crespo, île dans le Bio Négro de Pa- Curacas, cacique des Indiens. . . . II 420 tagonie II 22 Curaguara, bourg, province de Ca- Crieurs de nuit au Chili II 337 rangas ( Bolivia) III 315 Cris des oiseaux dans les marais. I 419 450 Curares, tribu de Chiquitos. . . . II 646 Cristaux de quartz sur le sol des Cor- Curichis , marais à Santa-Cruz . II 583 586 dillères 11 385 III 323 Curucanecas, tribu de Chiquitos . . II 618 Croix indiquant la sépulture d’hommes Curuminacas, tribu de Chiquitos. . II 605 victimes des jaguars sur les rives du Curupaï, arbre dont l’écorce sert à Parana » I 419 tanner (Corrientes) .... I 192 203 Crotale, ou serpens à sonnettes. . . II 545 Cusich, palmier magnifique .... II 593 Croyances religieuses des Yuracares Cuyaba, ville du Brésil III 112 (Bolivia) III 209 ' Croyances religieuses à Chiquitos. . II 606 D. Crúcenos de la campagne II 536 Damiers Pétrels, oiseaux de mer . . I 30 Crucero, hameau, province de Caran- Danois à Buenos-Ayres I 482 gas (Bolivia) 111 329 Danse des Guarañocas de Chiquitos . II 638 ( 41 7 ) Danse des Indiens aymaras de Bolivia. II 418 Danses des indigènes à Chiquitos II 603 638 III 59 Danses des Nègres à Montevideo . . . I 58 Danses religieuses des Aymaras de Bolivia III 348 Dauphins d’eau douce à Moxos .... ni 89 Dauphins sur la côte du Pérou. . . . h 356 Dautan, capitaine de corsaire de Bue- nos-Ayres II 12 26 33 Davila nommé gouverneur à Moxos (Bolivia) Ill 172 236 Delaforêt, consul général de France au Chili II 343 Delinguil, montagne de Bolivia . Il 384 387 Déluge universel des Araucanos ... II 259 Dénominations des rivières I 182 Départ de France . I 6 Desaguadero , fort de Bolivia Ill 349 Desaguadero , rivière sur le sommet des Andes (Bolivia) II 396 III 309 318 331 349 Désert sur la côte du Pérou ..... Il 363 Désert sur le sommet des Cordillères II 381 Despoblado , désert sur les montagnes III 309 Despoblado , désert sur le sommet des Cordillères II 381 Deuil des Yuracarès de Bolivia .... Ill 209 Diamantino, bourg du Brésil III 112 Dîner (coutumes à Santa-Cruz) . ... II 512 Dispositions préliminaires de l’auteur . I 2 Distribution de viande à Moxos ... III 92 Distribution des eaux à Tacna .... II 368 Distribution des maisons à Buenos- Ayres I 504 Distribution des orages en Bolivia. . Ill 149 Division du territoire de Comentes . I 352 Dolores, village près de Buenos-Ayres I 633 Don Pedro I.er, empereur du Brésil. I 491 Dorado, rivière à Santa-Cruz (Bolivia) III 255 Dorados, poisson du Parana I 100 Dorr ego , gouverneur de Buenos-Ayres II 6 Dorrego renversé par Lavailé. . . I 442 499 Dunes de sable à Maldonado I 39 Dunes de sable au sommet des Cordil- lères Ill 312 Dunes de sable dans les pampas de Buenos-Ayres I 558 572 Dunes de sable de la côte de Patagonie II 48 137 Du Petit -Tbouars, commandant du Griffon, au Pérou III 402 E. Eaux curatives du Parana. I 417 Eaux (leur profondeur dans les pampas) I 553 Eaux, leurs couleurs S 291 Eaux thermales à Caracato (Bolivia ). Il 461 Eaux thermales à Chiquitos. ... II 627 641 III 74 Eaux thermales de Potosi .... III 289 299 Ëboulemens dès berges du Mamoré à Moxos III 124 Échaurri chasse les Français de Mal- donado I 44 Eclipse de lune sur les Andes .... III 397 Edifices à Corrientes I 363 Effets des eaux sur les falaises du Parana I 113 Effets du vent dans les plaines .... ï 427 Elater, insecte lumineux à Montevideo I 61 Elephante marino, loups marins sur la côte de Patagonie. . ...... II 57 Eléphans marins ou phoques de la côte de Patagonie II 53 Elève des bestiaux en Patagonie ... Il 310 Elio, gouverneur de Montevideo . . I 55 487 Embouchure de la Plata I 31 Embrasement de la campagne à Cor- rientes. 1171 Émides ou tortues d’eau douce, leur ponte J 414 Empedrado, rivière à Corrientes ... I 140 Empedrado , village à Corrientes ... I 400 Empereur du Brésil rencontré .... I 24 Empoisonnement des Indiens aucas en Patagonie . O 222 Emprisonnement par les Brésiliens. . I 50 Encadenadas , lacs dans les pampas . I 574 Eiïesama, rivière à Yuracarès (Bolivia) III 215 53 III. i.re partie. ( 418 ) Enfans , leur granel nombre par famille à Buenos- Ayres I 516 Engoulevens, oiseaux I 115 Ensenada, village près de Buenos-Ayres II 8 Ensenada de Barragan, baie dans fa Plata . . . II 8 Ensenada del aqua de los Loros , côte de Patagonie II 137 212 Ensenada de Ros, côte de Patagonie II 63 137 211 Ensenadas ( Las ) lacs à Corrientes. . 1 124 Enterremens des Araucanos de Pata- gonie II 256 Entre-Rios , province de la Plata. . . 1 416 Erosions des falaises à Corrientes. . . I 402 Escoma, bourg près du lac de Chu- cuito (Bolivia) Ill 355 Espagnol , manière de le parler à Buenos -Ayres 1514 Espagnols , leur conduite envers les indigènes II 400 Espinillo, arbre (acacia) épineux . I 78 420 Espíritu- Santo , plaine de Santa -Cruz (Bolivia) Ill 257 Esquina, village à Corrientes I 413 Estancia , ferme ou l’on élève les bes- tiaux, à Corrientes I 152 156 et suivantes. Estancias de Buenos-Ayres I 541 Esteros, marais couverts dejones I 119 255 566 Etriers singuliers des Chiliens II 336 Etain, mineen Bolivia Ill 316 Etourneau à col rouge, oiseau. ... 1111 Etudes premières de l’auteur I 2 Euphorbes à Ténériffe ........ I 12 Évêque de Santa-Cruz III 252 Exagération des habitans . 1113 Exaltación de Moxos, mission de Bo- livia Ill 125 Exploitation des mines de Potosi. . . III 291 Exploitation du minerai d’argent (Bo- livia) II 456 Exportation à Buenos-Ayres I 520 Expulsion des jésuites III 47 F. Faïence, manière de la fabriquer . . I 199 Falaises de Feliciano sur le Parana. . I 107 Falaises du Parana; effets des eaux. . I 113 Falaises du Parana au-dessus de Cor- rientes I 272 Falaises du Riachuelo à Corrientes. . I 399 Falaises du nord en Patagonie. ... II 113 Falaises remplies d’ossemens I 456 Falaises sablonneuses d’Entre-Rios . . I 421 Fallkner, auteur peu véridique. ... I 452 Falllmer, jésuite en Patagonie .... II 278 Fédéral, parti politiquea Buenos- Ayres II 6 Feliciano, village sur les rives du Pa- rana I 423 Femmes portant les fardeaux. .... III 157 Fer hydraté à Moxos Ill 105 Fer digiste à Cobija ( Bolivia ). ... II 354 Fer, mines à Chiquitos. ... II 594 III 73 Ferme où l’on élève les bestiaux à Buenos-Ayres I 541 Fermes à Moxos III 100 Ferre ( Pedro ) , gouverneur de Cor- rientes I 238 353 Fêle civique à Buenos-Ayres 1 495 Fête de sainte Anne à Chiquitos. . . II 607 Fête-Dieu, second carnaval à Santa- Cruz Il 555 Fêtes des Indiens aymaras de Bolivia. II 418 Fêtes souhaitées aux dames à Santa- Cruz II 529 550 Fièvre intermittente sur les Andes. . III 355 Fièvres intermittent, des montagnes II 433 509 Fièvres intermittentes à Moxos .... III 136 Figuier d’une grande taille à Moxos . III 121 Figuiers parasites des palmiers .... I 240 Filature à Moxos (Bolivia) Ill 92 Fils du soleil, oiseau à Montevideo. . I 37 Fissure du sol dans les montagnes. . III 308 Flamans, oiseaux de Patagonie. ... II 400 Flamenca, mine d’argent de Bolivia . Ill 314 Fleurs des rives du Parana ...... I 110 Florida blanca, colonie de Patagonie II 280 Forêt de Santa-Cruz fl 538 ( m ) Forêts vierges du Brésil I 23 Forêts vierges à Corrientes I 1 30 Formation des îles du Parana .... Í 410 Fort du Tandil dans les pampas ... I 635 Forts dans les pampas 1 534 Forts des frontières dans les pampas. f 586 Fossiles de Patagonie. II 150 Fossiles marins à la Bajada I 437 Fossiles sur le plateau des Cordillères III 350 353 358 Fougères arborescentes I 22 Four à chaux à la Bajada I 437 Fourmilier tamanoir à Corrientes . . I 262 Fourmilières en terre à Corrientes. . I 205 Fourmis à Corrientes I 147 Fourmis à Moxos . III 101 Fourmis, leurs migrations à Yuracarès (Bolivia) Ill 160 Fourmis mangeables à Chiquitos. . . II 661 Fous, oiseaux sur la côte du Pérou. II 361 Français à Buenos-Ayres I 482 Français à Maldonado I 44 Français devenu Guarani. . t ... . I 254 Franciscains à Caupolican (Bolivia) . Ill 366 Frio, cap, au Brésil. I 18 Frontières de Buenos-Ayres dans les pampas. . . . • I 576 Fruits sauvages de Chiquitos Ill 70 Fruits sauvages à Corrientes I 339 Fruits sauvages à Santa-Cruz. .... II 568 Fumée, télégraphe des Indiens dans les pampas I 608 G. Gabolo, découvreur du Rio de la Plata I 44 53 478 — à Corrientes I 271 315 Gallinazos , vautours près des os des animaux en Patagonie Il 155 Golean ( Laguna de) dans les pampas 1571 Gamara {J gus tin) , général à Caupo- lican (Bolivia) Ill 367 Garapatas , tiques , insectes à Santa- Cruz. . . • Garay (Juan de) fonda Buenos-Ayres I 271 480 — tué par les Minuans I 429 — fonde Santa-Fé [ 439 Garcia (Alexis) pénètre le premier à Chiquitos II 543 559 III 34 Garde nationale à Corrientes I 357 Gariteas, bateaux des Brésiliens ... III 113 Gasea ( Pedro de la), lors delà conquête II 405 Gciücho , homme de la campagne de Buenos-Ayres I 36 39 48 62 583 639 663 II 189 315 Géologie de Corrientes ........ I 342 Géologie des falaises de la Patagonie. II 145 Géographie de Moxos Ill 221 Giron QFrancisco-Hernandez), révolté III 280 Glaucus, mollusque dans l’Océan atlant. I 1 6 Goitcicas, tribu au Brésil I 28 Goitres dans les provinces de Yungas et de Valle grande II 504 Gomme arabique des arbres en Bolivia II 504 Gomme élastique à Chiquitos. .... Ill 76 Gouvernement de Corrientes. .... I 353 Gouvernement des Yuracarès III 209 Gouverneur à la Bajada I 428 Gouverneurs à Chiquitos ....... Ill 48 Goya, ville de Corrientes 1 403 Gran-chaco I 185 290 310 Gran-diosa, hameau de Santa-Cruz . II 537 Grande, rivière de Bolivia . II 493 498 505 533 580 III 223 Grande ( Laguna ) en Patagonie ... Il 109 Graminées épineuses de la Cordillère I 233 Granizo, journal de Buenos-Ayres. . I 494 Grès exploitable à Chiquitos ..... Ill 73 Grès ferrifères à Corrientes. ..... f 232 Griffon , navire de guerre français au Pérou HJ 402 Grilles aux fenêtres à Buenos-Ayres. . I 502 Grillons par myriades la nuitàGuarayos III 81 Guacaraje, rivière à Moxos ...... III 9g Guachacalla, bourg, province de Ca- rangas (Bolivia) HI 315 Guachambe, danse à Santa-Cruz. . . II 528 II 547 ( 420 ) Guaicaras, village à Corrientes. ... I 122 Guaina -Potosí, montagne de Bolivia III 295 Gualca, celui qui découvrit les mines de Potosí Ill 290 Gualiche, ruisseau des pampas. ... I 599 Gualichú, génie du mal en Patagonie II 75 159 Gualillas (passage de) au Pérou ... II 379 Guallapata, montagne de Bolivia. . . Ill 317 Guallapata, hameau, province d’Oruro (Bolivia) Ill 318 Guancane, province du Pérou. ... III 359 Guanca-velica , ville du Pérou III 292 Guano, engrais sur la côte du Pérou II 361 Guanuni, mine d’argent en Bolivia. . Ill 314 Guapore, rivière à Moxos (Bolivia) III 108 222 Guarachas , renards en Patagonie . . II 50 Guarani, langue ancienne du Brésil. I 28 Guaranis, nation de Bolivia II 522 Guaranis vendus par les Portugais. . 1273 Guarañocas , tribu de Chiquitos. . . II 636 Guarapo, boisson faite avec du miel. II 615 Guarayito, montagne de Chiquitos. . II 599 Guarapos ( le pays des ) , province de Chiquitos (Bolivia). . Ill 8 Guarapos , tribu des Guaranis de Bo- livia Ill 9 19 Guardia del monte, bourg dans Ies pampas I 628 Guardia de Lujan, bourg dans les pampas I 548 Guardias, bourg sur le bord du lac de Chucuito (Bolivia) Ill 353 Guata, bourg, province de Yamparaës (Bolivia) . Ill 276 Guatoroch, gomme élastique II 594 Guatoroch, jeux de balle à Chiquitos II 594 Guapquiraro , rivière sur la limite de Corrientes 1416 Guapra, ancien nom des missions. . 1271 Guazaroca, tribu de Chiquitos. ... II 605 Guazos , les hommes de la campagne au Chili H 336 Guerres des missions 1212 Guides dans les pampas ... I 547 563 577 Guido ( Tomas ) , ministre à Buenos- Ayres II 7 Gypse des rives du Parana I 424 H. Habitans des campagnes à Corrientes I 381 Haciendas , fermes de culture à Yungas (Bolivia) II 434 Hahuachili , ancien nom de Caupolican (Bolivia) . Ill 364 Halliers II 630 631 Halte de nuit à Chiquitos II 598 Haltes à Chiquitos II 593 Harangue des Indiens du sud .... II 163 Harpe des Indiens guaranis. ..... Í 236 Herboso, évêque de San ta-Cruz en 1 768 III 233 Hernandarias sur le Parana I 272 Héroïsme d’un enfant. ........ I 168 Hierra, marque des bestiaux dans les fermes I 153 Higueron, figuier à Moxos III 121 Hinojosa, conquérant à Chuquisaca. . III 279 Hirondelles de cheminées prises à cent lieues des côtes d’Afrique I 16 Hirondelles de mer sur le Parana. . . I 108 Histoire de Chiquitos Ill 31 Histoire de Corrientes 1314 Histoire de Montevideo I 53 Histoire de Moxos III 225 Histoire de Caupolican (Bolivia). . . Ill 364 Hoazin, oiseau à Moxos III 91 Hollandais à Buenos- Ayres ...... I 481 Hommes de couleur I 21 Hospitalité des campagnards I 242 Houles du Mamore à Moxos III 150 Huacanaliuas , tribu de Bolivia. ... Ill 365 Huacare, rivière à Moxos. ...... III 222 Huacha, orphelins à Santa-Cruz. ; . Il 555 Huallamarca , bourg, capitale de Ca- rangas (Bolivia) HI 315 320 Huallamarca, montagne de Bolivia. , III 320 Huallas, montagne près de Chuqui- saca (Bolivia), III 284 Huaqui, bourg sur le lac de Chucuito (Bolivia) Ill 348 Huarinas, bourg de Bolivia. ..... II 405 Huarichona, rivière à Moxos III 102 Huataasis, iribú de Chiquitos II 618 Huile de cocos à Chiquitos Ill 76 Huiliches, nom des Patagons II 95 Huttes de voyage dans les pampas. . I 563 HychocoUo, mine d’argent de Bolivia III 314 I. Ibcibo, rivière à Moxos III 223 252 Ibahai, arbre dont le fruit est bon, à Corrientes Í193 Ibaporu , figuier parasite des palmiers I 240 lba-poru, fruit à Santa-Cruz II 568 Iba-vira, fruit à Santa-Cruz II 568 Iba-viyu , fruit à Corrientes I 244 lba-viyu, fruit à Santa-Cruz .... II 568 Icho, rivière à Yuracarès (Bolivia) III 187 215 If, arbre commun en Bolivia ¡I 499 III 27 0 Ile de Borda en Patagonie Il 36 Iles de Chanchos en Patagonie. . . II 36 40 Ile de Cholehechel dans le Rio Negro de Patagonie II 37 96 Ile de Crespo dans le Rio Negro (Pa- tagonie) . II 22 Ile longue en Patagonie II 36 Ile rase en Patagonie Il 36 Ile de las Gamas en Patagonie. ... II 35 Ile de los Jabalíes en Patagonie. ... II 31 Ile des ruisseaux (Patagonie) .... II 36 Iles du Parana I 410 Iles du Rio Guaporé. ......... III 114 Iles Malouines en Patagonie II 278 Illimani, montagne de Bolivia II 389 401 446 III 321 327 332 334 336 lio, port du Pérou Iï 347 Imamasama, village des Yuracarès (Bo- livia) . . Ill 216 Importation à Buenos-Ayres I 520 Imposteur rencontré à Montevideo. . I 34 Inahen, Patagons du sud II 95 Inca Roca II 491 III 278 Incendie de la campagne. . I 230 N 00 O 592 II 45 503 625 Incendie des montagnes (Bolivia) . . II 471 Indépendance de Buenos-Ayres. . . . I 488 Indien amoureux .... I 454 Indiens de charge à Caupolican . . . III 331 Indigènes de Caupolican (Bolivia). . III 384 Indigo à Chiquitos (Bolivia) III 63 Indigo à Moxos III 244 Industrie à Moxos sous les jésuites. . III 231 Industrie à Santa-Cruz . II 572 Iñesáma, rivière à Yuracarès (Bolivia) III 189 Inocentes (jour des) à Santa-Cruz. . II 531 Inondation du Rio Negro en Patagonie II 203 Inquisivi, bourg de Sicasica (Bolivia) II 453 455 Insalubrité dans les vallées II 499 Insectes à Chiquitos III 68 Insectes, à Corrientes . I 329 Insectes à la surface des eaux de la mer 1 31 Insectes de Santà-Cruz II 567 Insectes lumineux la nuit II 643 Insectes rencontrés dans les salines de Patagonie II 126 182 Instruction à Corrientes I 357 Instrumens de musique singuliers, à Moxos 10 90 Intermedios sur la côte d’Amérique. . III 399 Ipias, montagne de Chiquitos .... II 632 Ipuchi, rivière à Yuracarès (Bolivia) III 215 Irala, conquérant à Santa-Cruz. . II 559 627 III 35 Irubucua à Corrientes I 130 Irimo , ancien nom de la province de Caupolican . III 364 377 Irupana, ville de Yungas (Bolivia) lí 435 443 Iruyani, rivière à Moxos III 224 hallo, écharpe des Indiens aymaras. II 412 Isiamas, bourg, province de Caupo- lican (Bolivia) .Ill 366 381 ísiboro , rivière à Moxos Ill 223 Isla de las Gamas en Patagonie. ... II 35 Isla de los arroyos en Patagonie ... Il 36 Isla de los Jabalíes en Patagonie ... II 31 ( 422 ) Isla de Borda en Patagonie. ..... II 36 Isla de Chanchos en Patagonie. . II 36 40 Isla de Cholehechel dans le Rio Negro de Patagonie II 37 96 Isla de Crespo dans le Rio Negro de Patagonie II 22 Isla larga en Patagonie II 36 Isla rasa en Patagonie II 36 Islas, les bois à Corrientes 1 119 Islay, port d’ Arequipa au Pérou ... Ill 399 haca, rivière, province de Caupolican (Bolivia) Ill 362 lla-cor a (parc des pierres) à Corrientes I 188 Itapaque, hameau de Santa-Cruz. . . II 579 Italy, village près de Corrientes ... I 191 Itènès, nation de Bolivia Ill 116 225 Ilénès, rivière de Moxos (Bolivia) III 108 222 249 Iterama ou Paracti, rivière à Yura- carès (Bolivia) Ill 159 Itira-pampa, lieu à Yuracarès (Bolivia) III 161 Itirizu, rivière à Yuracarès (Bolivia) III 160 Ilonama, nation de Moxos (Bolivia) III 97 225 Itonama, rivière de Moxos III 96 99 222 loar y, rivière de Moxos ¡II 140 223 J. Jacanas, oiseau aquatique ...... ¡ 118 Jaguar Í 95 219 223 III 107 Jaguar, mule tuée par lui ¡I 520 Jarayes, nation de Chiquitos Ill 33 Jauru, village du Brésil Ill 112 Jésuites à Chiquitos m 38 Jésuites à Moxos en 1667 ni 228 Jésuites aux missions du Paraguay. . I 271 Jésuites en Patagonie u 277 Jesus del V alie grande, ville de Bolivia III 261 Jetées à Moxos m 89 Jeûnes du carême à Santa-Cruz. ... II 552 Jeûnes de la semaine sainte à Moxos III 135 Joueurs de cartes à Buenos-Ayres . . I 620 Joya, bourg et mine d’argent, pro- vince d’Oruro (Bolivia). ... HI 315 318 Joya, montagne de Bolivia Ill 318 Juan de Piedra faillit perdre l’établis- sement de Patagonie II 282 Juan de Soto à Moxos III 228 Juan-Tapita, rivière de Bolivia. ... Ill 287 Jugement à San Pedro sur le Parana I 473 Juncal ( Laguna del ) dans les pampas I 634 K. Kamichi huppé, oiseau I 101 L. Lac de Potosi (Bolivia) Ill 296 Lac servant de partage des eaux ... III 102 Lacaya, village sur les rives du lac de Chiquito Ill 349 La Cruz, ancienne coutume chevale- resque II 554 Lacs des rives du Parana I 453 Lacs nombreux à Corrientes 1116 Lacs à Guarayos, province de Chiquitos III 17 Lacs salés de Patagonie Il 293 Znci¿mr,missionnairechez les Guarayos III 14 Laguna, ville de Bolivia . Ill 271 Laguna-Braoa près de Corrientes. . . 1116 Laguna de Larata près de Cochabamba II 48 1 Laguna de Mercedes à Ténérifïè. ... I 13 Laguna de Galvan dans les pampas. . I 571 Laguna del Juncal dans les pampas. . I 634 Laguna, de los Migueleños à Chiquitos II 63 III 29 30 Laguna-grande de Patagonie II 109 Lagunillas, hameau de Bolivia , dépar- tement de Potosi. . . III 287 Lagunillas , hameau de Bolivia , dépar- tement d’Oruro III 303 304 Laja, bourg près de La Paz (Bolivia) III 336 Lamas , animal domestique du Pérou et de Bolivia II 377 III 228 Lambaiva, fruit à Santa-Cruz II 568 Lambaiva, arbre à Moxos. III 119 Lampyres, insectes lumineux. . . 1 66 109 Langostas, sauterelles à Corrientes. . I 194 Langue guarani à Corrientes I 358 Lanza, général de l’armée indépen- dante II 464 II 380 Lanza, ville de Yungas (Bolivia) II 435 442 Lapacho, arbre à fleur rouge 1 192 La Paz, ville de Bolivia, capitale de département II 403 Lara (pointe de) dans la Plata ... II 5 Lar ala ( Laguna de) près de Cocha- bamba (Bolivia) II 481 Las Abras, montagne, province de Valle grande (Bolivia) II 514 Las Bacas, montagnes de Yungas (Bo- Bvia) II 452 Las Conchas , bourg près de Buenos- Ayres I 476 Las Peñas, bourg près de la Paz (Boliv.) III 357 Las Saladas, bourg dans les pampas de Buenos-Ayres 1 546 Las-vacas, bourg de la Banda oriental I 78 Laurani, mine d’argent en Bolivia. . II 461 Lavage d’or ancien à Samaypata (Bo- livia) ... v. .......... . JO 258 Lavage d’or moderne à Suches (Bolivia) III 368 Lavalle (général) à Buenos-Ayres I 442 499 Il 6 Lavalleja , général à Montevideo I 57 491 Lazaro de Ribera, gouverneur de Moxos III 234 Leñas, poste de Bolivia ¡II 302 Lenguas, nation du grand Chaco. . . I 293 Leon marino (phoque) de la côte de Patagonie II 140 Lièvre des pampas ...... 1 640 II 27 Limon , hameau , province de Valle grande (Bolivia) Ill 261 Limon, montagne de Valle grande (Bo- Iivia) III 262 Liniers, vice-roi de Buenos-Ayres. . . 1 484 Liqueurs fortes à Caupolican III 396 Lisos , arbre à Moxos III 119 Livilwi, bourg, province de Yamparaës III 276 I Llacota, Poncho des Aymarás de Bo- ¿ livia II 412 I Llanquera, village, prov. de Carangas III 330 i Llicla, bourg, prov. de Poopo (Bolivia) III 315 i Lloco -lloco, bourg près de la Paz (Bo,ivia) III 337 I j Lluta, vallée du Pérou j Lobo de azeite, phoque, sur la côte de Patagonie. . u 57 Lobos, village dans les pampas. . I 533 623 Locro, ragoût de Santa-Cruz II 539 Lois sans vigueur à Buenos-Ayres. . . I 513 Loma, bourg, province de Yumparaës III 276 Lomas, pays des collines à Corrientes. I 119 Lopes, gouverneur de Santa-Fé. ... I 442 Loreto, mission de Moxos (Bolivia) III 145 229 Loro, hameau, province de Tomina (Bolivia) Ill 268 Lorreras, femmes occupées à chasser les perruches à Corrientes ..... I î 1 7 Los-Obrages, bourg près de la Paz (Bolivia) Il 404 423 Los Olíaos, village près de Buenos-Ayres I 47 7 Loup rouge à Corrientes ....... I 265 Loups marins à l’embouchure de la Plata I 31 Loutres de rivière dans le Parana. I 114 401 Lujan, bourg dans les pampas de Bue- nos-Ayres 1548 Lujon, sa lâcheté aux missions. ... I 273 Luna ( rincón de) à Corrientes. ... J 151 Lutte d’un jaguar avec un taureau . . S 219 M. Machacamarca , rivière de Bolivia . . II 493 Machacamarca , bourg, province d’ Ay o- paya (Bolivia) .’. il 463 Machia, torrent à Yuracarès (Bolivia) III 159 Machis, médecins des Araucanos. . . Il 255 Machuis, tribu de Bolivia HJ 365 Machupo , rivière à Moxos. ... III 104 222 Madidi, rivière, province de Caupo- lican (Bolivia) JH 362 Madère, île j 8 Magellan en Patagonie ,. 11273 Mai (25), fête politique I 133 Mais del agua, plante magnifique . . I 289 Mais mascado, maïs mâché pour la chicha u 467 Maisons à Buenos-Ayres I 503 ( 424 ) Maisons à Corrientes . . . . I 361 Maladies à Corrientes •... 1388 Maladies des bestiaux I 165 Maladies des Yuracarès III 207 Maldonada , femme à la Plata I 480 Maldonado , bourg à l’emboucbure de la Plata I 39 à 47 Malin esprit des Patagons II 87 Malouines , îles Il 278 Maloya, marais à Corrientes. ... I 141 285 Mamelucos , habitans de San Pablo , aux missions 1212213 273 Mamelucos à Chiquitos ¡II 38 40 Mammifères de Caupolican III 385 Mammifères à Chiquitos ....... Ill 65 Mammifères de Corrientes I 323 Mamoré, rivière de Moxos ... III 119 223 Manantiales (source) de Naposta dans les pampas I 645 Mancilla (général) à Montevideo . . . I 60 Mandarria, espèce d’ibis I 106 Manière d’attacher les chevaux dans les pampas I 562 Manière de cultiver à Chiquitos. ... II 647 Maniquíes, nation de Bolivia Ill 185 Mansiños , ancêtres des Yuracarès (Bolivia) Ill 193 215 Manso, capitaine à Santa-Cruz .... III 36 Mapiri, rivière de Bolivia Ill 362 Mara ou lièvre des pampas. . . I 640 II 27 Marais 1 560 599 601 II 583 586 Marais de joncs à Corrientes. ... I 259 261 Maraco, rivière à Moxos Ill 252 Marbres en Bolivia Ill 301 Marbres noirs des îles du lac de Chu- cuito (Bolivia). Ill 350 Marcelino de la Peña, gouverneur de Chiquitos H 663 Mar Chiquita, Laguna dans les pampas I 576 Marchandises d’exportation à Moxos . Ill 243 Marchands à Buenos- Ayres I 506 Marche dans les pampas de Buenos- Ayres I 558 639 Marche des Tobas I 300 Marehui, mouche qui pique le jour . II 519 Mariage des Araucanos de Patagonie. II 249 Mariage des Yuracarès de Bolivia. . . Ill 207 Mariages prématurés à Moxos III 98 Mariano (Laguna de') dans les pampas I 635 Mariquita, danse à Santa-Cruz .... II 526 Maroma, corde suspendue pour passer les rivières III 266 Maropas, nation de Bolivia ... Ill 129 225 Marque des bestiaux à Corrientes . . I 153 Marqueterie fabriquée à Moxos. ... III 240 Martinete, oiseau Eudromie de Patag. II 68 Martinez à Montevideo I 54 Martin - Garcia , fort à l’entrée de l’Uruguay I 79 Martin-pêcheur, oiseau. . I 221 Martin Rodriguez à Buenos-Ayres. . . I 489 Marsouins I 7 Massacre des Guaycurus au Paraguay I 297 Malaca, ritière de Bolivia Ill 287 Mataguas, nom des étrangers à Apolo III 37 3 Maté à Corrientes 1127 Matico, plante médicinale de Bolivia. II 440 Maticos, oiseaux brillans à Chiquitos. Ill 67 Matin à Buenos-Ayres I 505 Matin de l’été à Moxos III 82 Malo-grosso, ville du Brésil II 662 — sa statistique III 112 Maure, rivière des plateaux boliviens. II 385 Maypuba, rivière à Santa-Cruz (Bolivia) III 255 Mbocobis , Indiens I 444 Medaño, dunes dans les pampas. I 574 578 580 607 Medaño del Buey, dune dans les pampas I 600 Medaño monigotes , dune dans les pampas 1 578 580 Medaños de la Cruz de Guerra , dunes dans les pampas I 578 Medaños de la Sed, dunes dans les pamp. I 607 Medaños de los pozos de Piche , dunes dans les pampas I 572 Medaños de Occ'i, dunes dans les pamp. I 599 Medaños de Rojas , dunes dans les pamp. I 608 Megacepliales , insectes nocturnes. . . 1 226 Megatherium rencontré à Lujan , et sur les falaises du Parana I 456 Me guilla, rivière de Yungas (Bolivia). II 447 Mélange des races dans les pampas . . I 562 Mendoza (Alonzó), fondateur de la Paz (Bolivia) Il 405 Mendoza, conquérant, à la Plata. . . I 479 Mer Pacifique . II 331 Mercure, son emploi dans l’exploitation des mines III 291 Mesure des terrains dans les pampas. I 595 Météorologie de la Babia blanca ... I 666 Mexillones , baie sur la côte de Bolivia II 346 Mica servant à orner les églises à Chi- quitos. . II 590 Mica, son gisement à Chiquitos ... ¡I 613 Migration des oiseaux à Moxos. ... III 127 Migueleños (Laguna de los) à Chiquit. II 620 III 29 30 Miel à Chiquitos II 615 Milice de la campagne dans les pampas I 549 Milita, rivière à Yuracarès (Bolivia) III 160 Militaires (leur conduite) à Buen. Ajres I 549 Militaires , leur tenue et leur discipline à Buenos-Ayres 1556 Milluliualla, bourg de Yungas (Bolivia) II 434 Millu-Mayo, Rio de Bolivia Ill 161 Mines, leur travail forcé ....... II 407 Mines de fer à Moxos. ........ III 245 Mines de Potosí découvertes . . III 279 290 Mission, leur ordre Il 613 Missiones, province. ......... I 271 Miraflor, vallée près de Potosi .... III 298 Mirage dans les plaines des Andes. . III 312 Mirage dans les pampas I 64 Miranda, fort au Brésil III 112 Mita, travail des mines au Pérou ... Il 407 Mizque, province du département de Cochabamba (Bolivia ) II 488 Mizque, rivière (Bolivia) II 493 Moceténès, indigènes de Bolivia ... Ill 184 Mocelénès, rivière de Bolivia. .... Ill 361 Mococas, tribu de Chiquitos ¡II 596 Mode de ramer des nations de Moxos III 144 Mœurs à Corrientes I 369 Mœurs des femmes à Corrientes ... I 386 Mœurs corrompues à Chiquitos. ... II 647 Mojocoya, bourg, province de Tomina (Bolivia) Ill 271 Mojos, rivière, province de Caupolican (Bolivia) Ill 361 Mojotorillo, bourg du département de Potosi . III 288 Mojotoro, bourg, prov. de Yamparaës III 276 Mo lelo , rivière à Yuracarès (Boliv.) Ill 189 215 Molino, rivière à Moxos Ml 222 Molinos (Los), hameau du départe- ment de Potosi. III 299 Mollusques de Chiquitos Ill 68 Mollusques de Corrientes I 328 Momies naturelles en Bolivia . . Ill 326 329 Monigotes (Medaños) dunes dans les pampas I 578 580 Monnaie de Potosi . III 294 Montagnes de Cobija (Bolivia) . ... II 352 Montagnes d’Apolo-bamba ...... III 360 Montagnes du Brésil ......... I 19 Monte (Laguna del) dans les pampas. I 609 Monte Grande, forêt, province de Santa- Cruz (Bolivia) II 521 Monte Grande, forêt, prov. de Chiquit. II 581 Montera, coiffure des femmes aymaras ¡I 412 Montero , chef des Araucanos des pam- pas, fusillé par Rosas I 654 662 Montevideo, ville .... I 33 48 58 II 321 Monuments anciens de Tiaguanaco (Bolivia) III 338 Moocho, rivière à Moxos ....... III 222 Moquegua, ville du Pérou ...... II 415 Morochata, bourg, province d’Ayopaya (Bolivia) II 468 Mororoma , dieu du tonnerre à Yu- racarès (Bolivia) III 215 Morotocas, tribu de Chiquitos .... II 657 Morro, montagne d’ Arica au Pérou . 11 357 Mort d’un Yuracarès III 208 Motacus, palmier à Santa-Cruz. . . . II 521 Motosolo, rivière de Caupolican (Boliv.) III 361 ( 426 ) Moulin pour la canne à sucre .... ! 120 Moustiques dans les pampas . . . . • I 57 1 Moustiques à Corrientes 1 101 109 221 223 Moutons sur les Cordillères Il 390 Movía ( Rio de) [Bolivia] Ill 187 Movima, nation de Moxos. ... III 127 225 Moxos, bourg, province de Caupolican (Bolivia) Ill 365 372 Moxos, nation de Bolivia Ill 225 Moxos, province de Bolivia Ill 221 Moxos, sa superficie, ses limites. . . Ill 221 Moxos, son état en 1767 Î1I 233 Moxos, les rivières de la province . . III 222 Moyens curatifs à Caupolican III 387 Muchojeones , nation de Bolivia ... Ill 225 Muchos Pozos ( Laguna de los ) dans les pampas 1613 Mules (leur instinct) dans les montagnes II 458 Muletiers dans les montagnes de Bo- livia H 383 398 509 Mulita, espèce de tatou I 635 Multiplicité des langues Ill 123 Muñecas, province du département de la Paz (Bolivia) Ill 359 Muñol, cacique dans les pampas. . . I 669 Mythologie des Yuracarès (Bolivia) . III 209 N. Ñacurutú, oiseau nocturne. ... I 10! 399 Ñandú , autruche d’Amérique . . 1 7 1 II 1 92 Naposla, source dans les pampas. . . I 645 Naranjal, hameau , province de Santa- Cruz (Bolivia) II 541 Naufrage dans la Plata II 4 Naufrages sur la côte de Patagonie II 39 44 112 Navarro, bourg dans les pampas. I 535 546 Navigation à Caupolican ....... III 396 Navigation à Moxos . IIS 245 Navigation de Chiquitos à Buen. Ayres II 651 111 77 Navigation sur le Parana I 288 Navires entrés à Buenos- Ayres .... I 519 Navires perdus sur la côte de Patagonie II 39 44 112 Nègres morts de froid en Patagonie . II 150 Neige de la Cordillère orientale (Bo- livia) Ill 166 176 Negro , rivière à Moxos. . III 91 Negro, rivière de Patagonie II 13 14 109 174 Negro, rivière près de Corrientes. . . I 182 Nevado de Sorata, montagne de Bolivia II 389 Nids d’aras bleus I 221 Nids d’oiseaux à Maldonado . . . • . I 41 Nids d’oiseaux suspendus aux branches I 42 1 Niguas, puce pénétrante. ... I 208 II 557 Niyuta, montagne du Pérou. . . II 356 381 Noël, fête à Chuquisaca III 282 Nomination de l’auteur I 3 Nubilité des femmes Yviracarès . ... 111 205 Nuestra Señora da Misericordia, mis- sion du Brésil Ill 112 Nuevo -Mundo , montagne, province de Tomina (Bolivia) Ill 269 Nuflo de Chaves aux missions .... I 271 — — à Chiquitos . II 560 628 III 36 Nuits avec moustiques à Moxos. . . . III 86 Nuñez cabeza de vaca à Chiquitos II 560 627 III 35 O. Oca ( Medaño dé) dune dans Ies pampas I 599 Occa, espèce d’oxalis de Bolivia ... Ill 321 Océan Atlantique; traversée à Rio de Janeiro ,. . S 15 Océan Pacifique II 345 III 399 Ocovaya, bourg de Yungas (Boliv.) II 435 442 Œufs de tortue I 448 Officiers abusant de leur position dans les pampas » I 623 Oiseaux de Caupolican III 386 Oiseaux à Corrientes I 324 Oiseaux de Chiquitos (Bolivia). ... Ill 67 Oiseaux de rivage sur le lac de Chueuito III 350 Oiseaux de Santa-Cruz . . • II 566 Oiseaux de Yungas (Bolivia) II 439 Oiseaux ichthyophages I 418 Oiseaux nombreux dans les plaines de la Patagonie ¡1 165 ( 427 ) Oiseaux pélagiens au cap Horn .... 11 326 Pacha, Indien législateur Ill 377 Oiseaux pêcheurs sur la côte du Pérou II 360 Pachavi, hameau, province de Carangas Oiseaux rassemblés en gtand nombre I 418 (Bolivia) III 324 Oiseaux réunis à la saison des pluies sur Pachavi, ravin de Bolivia III 325 les marais de Moxos 111 85 Pacida, bourg du Pérou ....... II 370 Oiseaux sauvages des rives du Parana. I 99 Pacoani, mine d’argent en Bolivia . . II 461 Oiseaux voyageurs sur la côte du Pérou III 400 Pacu, hameau de Santa-Cruz .... II 532 Ojota, sandales des Indiens aymaras . 11 412 Pacus, poisson de Bolivia ...... III 216 Oliviers sur la côte du Pérou . II 365 III 401 Padilla ( Diego de), fondateur de la Ondu, danse à Santa-Cruz (Bolivia) . II 527 ville d’Oruro III 314 Opaña, village près de la Paz (Boliv.) II 424 Padilla, ville de Bolivia III 271 Or, mines de lavage III 179 Paiconeca, tribu de Chiquitos .... II 596 Or, mines dans le Bio de Motosolo Pain à Buenos-Ayres ......... I 506 (Bolivia) III 361 Pain de sucre, montagne du Brésil. . I 19 Or (traces à Chiquitos) II 592 642 654 111 74 Paititi à Chiquitos III 35 Orage à. Corrientes ........ I 112 231 Paix entre Buenos-Ayres et le Brésil . I 497 Orages à Moxos III 149 Pajonales, marais dans les pampas 1 559 596 Orages périodiques dans les monta- Palacios , rivière à Santa-Cruz (Boliv.) III 254 gnes de Bolivia III 274 P alantalen ( Lagunade ) dans les pampas I 564 Orages sur les montagnes. ...... ¡I 490 Palca . bourg du Pérou IT 374 Orangers en forêts à l’embouchure du Palca, bourg de Bolivia près de la Paz II 425 Parana .......... Ï 87 Palca, bourg, province de Yamparaës III 276 Or ganüo, oiseau chanteur de Bolivia III 179 Palca grande, province du départe- Orientalistas, habit, de la Banda oriental Î 63 ment de Cochabamba (Bolivia) . . II 462 Oropesa, ancien nom de Cochabamba II 474 Palca grande , bourg, province d’Ayu- Orotava (Ténériffe) I 9 paya (Bolivia) III 462 Ortiz (banc de) dans la Plata. . . . II 8 Palma real, beau palmier de Chiquitos II 597 Oruro , département de Bolivia. IÎI 307 313 Palmares , bois de palmiers II 622 Oruro, mines d’argent et d’étain en Palmiers de Caupolican . III 387 Bolivia m 314 Palmiers de Chiquitos ■ ÏIÏ IRQ Oruro, ville capitale du départem. III 312 313 Palmiers divers à Moxos ....... III 106 Os fossiles sur les rives du Parana. . I 423 Palmier grimpant à Moxos III 91 Osorio ( Luis de ) 11 473 Palmier pindó I 109 Ossemens fossiles en Patagonie. . . . II 146 Palometa, poisson du Parana .... I 100 Ossemens foss. sur les bords du Parana I 96 Palometas, rivière, province de Santa- Otarie à crinière sur la côte de Patag. II 140 Cruz ............ II 565 III 254 Of olas , conquérant ..... II 559 III 34 Palometas, bourg de Santa-Cruz (Boliv.) III 254 Palta-cueva , Cordillère orient, de Boliv. III 167 P. Pampa aullagas , bourg, province de Pacaguara, nation de Bolivia .... III 225 Poopo (Bolivia). . III 315 Pacajes, province du département de Pampa grande, vallée, province de la Paz (Bolivia) 11 392 Valle grande (Bolivia) II 510 Paccha, bourg, province de Yamparaës Pampa-grande , bourg, province de (Bolivia) III 276 Valle grande (Bolivia) II 508 ( 428 ) Pampa- Pmíz, hameau, province de Passage des charrettes dans Ies pampas I 529 Tomina (Bolivia) Ill 268 Passage des rivières à Corrientes . . . I 180 Pampas, définition de ce mot .... I 77 Passage des rivières en Bolivia .... III 266 Pampas, nom donné aux Araucanos Pata, rivière de Caupolican (Bolivia) III 361 des pampas 11 228 Pata, bourg de Caupolican (Bolivia) III 365 Pampas, plaines de Buenos-Ayres. I 470 568 370 371 Pampa- Tupili, province de Caupolican Pataca- Chulpa , cent tombeaux, en (Bolivia) III 374 Bolivia III 330 Pampero, vent du sud-ouest dans les Patagón, nation de la Patagonie II 75 90 177 pampas de Buenos -Ayres. . I 32 II 2 Patagones , nom de la colonie du Pan de Azúcar, montagne à Maldonado I 42 Carmen en Patagonie 91 284 Pansa, lac sur le sommet des Cor- Patagonie , histoire de sa découverte II 20 273 dillères de Bolivia .... 11 396 III 309 Patatani, village sur les rives du lac Papa-lisa, nouvelle espèce de pomme de Chucuito (Bolivia) III 352 de terre 111 321 Pato real, le canard musqué I 108 Pâques à Santa-Cruz II 554 Paunacas , tribu de Chiquitos . . II 596 Paracti, rivière au pays des Yuracarès 111 159 P aurito , bourg, province de Santa-Cruz 19 532 223 Pavas del monte, oiseau (Pénélope) I 221 Paraguay, rivière Il 652 III 28 Pavés en cailloux roulés de Santa- Parahiva, tribu du Brésil I 28 Cruz de Ténériffe I 10 Parana, rivière 1 86 220 Payla, hameau, prov. de Santa-Cruz II 580 Parana de las Palma, bras du Parana I 86 Paz de Ayacucho, ville de Bolivia. . II 410 Parapili, rivière de Santa-Cruz. . . . 91 564 ÜI 335 Parchappe (M.) , son voyage 9 527 Pécaris ou sanglier d’Amérique . . . I 190 Parco (lac de), province de Clisa Pèche au moyen du Barbasco .... II 613 (Bolivia) 11 487 488 Pêche des Yuracarès III 202 Paredón , bourg, prov. de Clisa (Bolivia) II 487 Pêche des loups marins en Patagonie II 53 Pareja, ruisseau des pampas I 646 64 57 Pari, hameau, province de Santa-Cruz 91 534 Pêche du jaguar I 95 Paria, bourg, prov. d’Oruro (Bolivia) III 315 Pêchers dans les pampas I 557 Paria, rivière sur le plateau bolivien III 317 Pêchers à Chuquisaca (Bolivia) . . . III 28 Pariti, île du lac de Chucuito (Bolivia) III 349 Pêchers en forêts à l’embouchure du 352 Parana I 87 Parlamento , conseil des Indiens dans Pêches sauvages à Corrientes I 282 les pampas • • I 643 Pedro primero, empereur du Brésil; Parler lent à Corrientes I 359 sa rencontre I 24 Paroissien, général en Bolivia .... III 293 Pehuenches , tribu des Araucanos . . II 226 Partido (Medaño) , dune d ans les pampas I 574 Peje-rey, poisson de la côtedePatagonie 19 55 Pascanas, baltes dans les voyages 11 386 515 P e jichi , tatou géant de Santa-Cruz. . 19 549 Pascua de Natividad, fête à Cbuquisaca 911 282 Pelechuco , bourg de Caupolican (Bo- Paso, bourg, province de Cochabamba livia) III 364 369 (Bolivia) 91 477 Pélican sur la côte du Pérou 19 361 Pasorapa, bourg, province de Mizque Pelota, bateau fait avec un cuir de bœuf I 150 (Bolivia) II 498 Pelota (passage en) I 179 ( 429 ) Peludo , espèce de tatou I 635 Pilcobamba, rivière de la province de P emanas , boisson fermentée à Chi- Caupolican (Bolivia) Ill 361 370 quitos II 609 Pilcomayo, rivière de Bolivia. . Ill 274 285 Peña {Marcelino de la) , gouverneur de 301 304 305 Chiquitos . ill 53 Pilar, bourg du Brésil III 112 Peñas {Las) , hameau de la province Piment, manière dont on les mange de Poopo (Bolivia) ill 309 en Bolivia III 337 P eno quis , nation de Chiquitos. . . . III 39 Pindo, palmier à fruits I 230 Peones, ouvriers dans la campagne I 120 249 Piñocas, nation de Chiquitos III 39 Pepezu, dieu du vent chez les Yura- Piques, puce pénétrante à Corrientes I 208 carès (Bolivia). III 215 Pirates sur le Parana. I 465 Pepite d’or très-grosse de Bolivia. . . il 440 Piray, rivière à Moxos. .... III 223 252 Perançurez , fondateur de Chuquisaca III 278 Piray, rivière à Santa-Cruz. ... II 517 548 Perdrix ou tinamou à Montevideo et Pirogue de Corrientes I 219 dans la Banda oriental I 70 Pirogues de Moxos III 84 Périodicité des pluies dans les mon- Pirucilla, hameau, province de Valle tagnes III 274 Iff Perruches de la Cordillère II 376 Pisco, port de Pérou II -Ol 347 Pescado, bourg, province de Tomina l Pitajaya, fruit à Santa-Cruz II 568 (Bolivia) III 270 Pitajaya, hameau, province de Santa- Pescado, rivière, province de Tomina Cruz II 534 (Bolivia) ill 271 Pizarro {Francisco), conquérant. . . III 278 Petaca, montagne de Bolivia II 517 ill 258 Places de Buenos-Ayres ....... I 503 Petite vérole, ses effets à Chiquitos. IÏ 591 Places de Corrientes I 362 Pétrels, oiseaux de mer I 30 Plaines de la Patagonie. ... Il 27 133 157 Peuples primitifs de Rio de Janeiro. I 27 Plaines de Moxos • . . . . III 85 Peupliers à Montevideo I 36 Plaines inondées à Moxos III 100 Phénicoptères , leurs nids en Patagonie II 124 Plantes aromatiques de Bolivia. . . . III 262 400 Plantes cultivées à Corrientes .... I 347 Philanthrope, navire de Bordeaux. . III 398 Plantes des environs de Montevideo. I 38 Phoque à crinière sur la côte de Pa- Plantes des régions élevées de Bolivia III 298 tagonie II 140 Plantes maritimes dans les montagnes Phoque à trompe sur la côte de Pa- de Bolivia III 266 tagonie II 53 Plantes médicinales à Caupolican (Bo- Phosphorescence de la mer. ..... I 16 livia) , III 387 Pic de Ténériffe 1 9 15 Plata {la), ville capitale de Bolivia III 277 Pie de gallo, mine d’argent de Bolivia III 314 Plata pma, argent vierge II 457 Pierres à repasser à Chiquitos .... III 73 Plateau bolivien sur les Andes III 312 317 388 Pichi, espèce de tatou des pampas 1 641 Plateau occidental des Cordillères. . . II 384 II 29 Playa ancha, plage de Valparaiso . . II 339 Picunches, Indiens du sud. ..... II 227 Pluies à Caupolican (Bolivia) .... III 363 Pigeons nombreux en Bolivia. . . II 454 464 Pluies continuelles à Yuracarès . . . III 153 Pigeons sauvages en Patagonie . . . II 171 Pluies périodiques dans les montagnes III 274 Pincheira avec les Araucanos I 637 Pocolualle, bourg près deTacna (Pérou) II 370 ( 450 ) Poconn, bourg, province de Mizque (Bolivia) Il 491 Pocpo, bourg, province de Yamparaës III 276 Poissons abondans à Caupolican ... III 387 Poissons de Chiquitos Ill 68 Poissons de Corrientes I 328 Poissons de Patagonie Il 305 Poissons de Santa-Cruz II 567 Poissons du Parana I 100 Poissons volans dans l’océan Pacifique II 355 Poissons volans dans l’océan Atlantique I 15 Police à Corrientes I 355 Pomabamba, bourg, province de To- mina (Bolivia) Ill 271 Pommiers à Chuquisaca (Bolivia) . . Ill 277 Ponts des Sirionos sur le Piray (Bolivia) III 253 Poopo, bourg, capitale de province en Bolivia Ill 315 Poopo, province du département d’O- ruro (Bolivia) Ill 307 Popham à Maldonado I 45 — à Buen os- Ayres I 484 Population de Buenos-Ayres ..... I 516 Population de Chiquitos . . \ Ill 54 Population de Corrientes 1 343 367 Population de la prov. de Caupolican III 383 Population de Moxos III 236 Population de la Patagonie II 314 Population de Santa-Cruz Il 568 Population mélangée à Corrientes . . I 367 Porco , montagne de Bolivia Ill 296 Porongo, bourg de Santa-Cruz. ... II 568 f’oromo'jbourgjprovincedeYamparaës III 276 Porpites dans l’océan Atlantique. . . I 16 Port Famine en Patagonie II 275 Portachuelo , bourg de Santa-Cruz. . II 568 III 255 Porteños, habitans de Buenos-Ayres, leurs manières . . , I 509 Portique monolithe ancien de Tiagua- naco (Bolivia) Ill 339 Poterie à Itaty, sa fabrication I 199 Potosí, montagne où sont les mines III 295 Potosí, ses mines découvertes. . III 279 290 ? Potosí, ville capitale de département III 285 290 Potrero - largo , plaine, province de Chiquitos II 585 Potrero d’Upayares, plaine, province de Chiquitos II 585 Potrero de Pupees à Chiquitos. ... II 634 Potreros, enceintes naturelles. . . II 532 545 Poturero , tribu de Chiquitos II 646 Pourpier à Corrientes I 250 Pozos de Piche ( Medaños de los ) dunes dans les pampas I 572 Premier de l’an Il 9 Premières terres aperçues 1 8 Presidio, lieu de déportation en Pa- tagonie II 284 Presto, bourg, prov.deTomina(Bolivia) III 271 Prière du soir en voyage à Moxos . . III 149 Prière du soir à Chiquitos II 596 Principe de Beira, fort au Brésil. . . III 112 Printemps à Chiquitos II 638 Printemps à Corrientes I 184 Prisonniers à Corrientes I 354 Prisonniers à Buenos-Ayres. ..... I 550 Procellaria pelagica, oiseau. Í 8 Procession à Chiquitos II 607 Productions industrielles de Moxos. . III 238 Produit des mines de Potosi ..... III 292 Produits de la province de Moxos . . III 242 Produits des Estancias à Buenos-Ayres I 544 Produits d’exportation à Moxos. ... III 248 Produits industriels de Chiquitos. . . Ill 62 Produits industriels à Caupolican . . ÏII 389 Produits naturels à Chiquitos II! 65 Produits naturels à Moxos Ill 243 Produits naturels à Caupolican (Bolivia) ÏII 385 Promenade du soir à Buenos-Ayres I 507 508 Pucara, bourg, provincedeValIegrande (Bolivia) Ill 264 Pucara, ancienne forteresse das In- diens aymaras. III 324 327 Pucarahi, bourg près de la Paz (Bolivia) III 358 Puce pénétrante I 208 Puces et punaises dans les pampas. . I 552 Puelches , nation des pampas du sud II 89 Quebrada del escrito, ravin près de 100 266 Tacna (Pérou) II 365 Puente - grande , rivière, province de Quebrada de los gallinazos , ravin sur Caupolican (Bolivia) Ill 361 370 la côte du Pérou II 364 Puerto deseado en Patagonie II 279 Quebrada honda, ravin de Bolivia. . III 287 Puerto de la Union en Patagonie. . . II 36 Quebrada seca, ravin près de Chu- Puerto- La-Mar, port de Bolivia. . . . II 348 quisaca , (Bolivia) III 285 Pulperías, cabarets à Buenos-Ayres I 529 Ô30 Quecubu, malin esprit des Araucanos II 87 Pulquina, hameau, province de Valle Quequen, ruisseau dans les pampas. . I 640 grande (Bolivia) II 504 Ouerandis, tribu des Araucanos des Pulquina, rivière, province de Valle pampas . . , II 228 grande (Bolivia) II 504 Querencia (. Laguna de la) en Patagonie 11 159 Punata, bourg, prov. de Clisa (Bolivia) II 486 Quichuas, Indiens de Bolivia . . II 472 483 Puna brava, lieux élevés et froids lî 458 489 111 183 Punta Atalaya, cap dans la Plata. . II 10 Quila-quila, bourg, province de Yam- Punta de la memoria, cap dans la Plata II 10 paraës (Bolivia) III 276 Punta de la pantomima, cap sur la Quila - quila , mon tagne de Yungas côte de la Patagonip , II 1 1 9 (Bolivia) II 443 444 Punta del indio , cap dans la Plata. . II 10 Quillacas, bourg, province de Poopo Punta del infierno, cap en Patagonie II 31 (Bolivia) III 315 Punta del elefante , cap en Patagonie II 36 Quillacollo, bourg, capitale de la pro- Punta de Santiago, cap dans la Plata II 8 vince du même nom (Bolivia). . . II 472 Punta gorda, cap sur le Parana. . . I 438 Quillacollo , province du département Punta Lara, cap dans la Plata. . . . II 5 de Cochabamba (Bolivia) ..... II 471 Punta Negra, cap à l’embouchure de Quilines , bourg de Buenos- Ayres. . . I 6 la Plata . ¡ 31 41 Quinquina à Caupolican (Bolivia) III 369 392 Punta piedras, cap dans la Plata. . . II 10 Quintas, habitations de la campagne à Punta piedras , cap sur la côte de la Buenos -Ayres I 541 Patagonie. 11 48 Quiomo , mine d’argent H 499 Punta Rasa , cap sur la côte de la Quiquire, rivière à Moxos (Bolivia) III 128 Patagonie II 13 49 52 Quirquincho , tatou de Patagonie II 29 30 Punta Rubia, cap sur la côte de la Quisere, lac, province de Chiquitos III 30 Patagonie II 13 Quis ere , Rio, province de Chiquitos II 589 Puquio, hameau de Santa-Cruz (Boliv.) III 254 Quitemocas , tribu à Chiquitos .... II 596 Puyo cucho , ancien nom de Pelechuco Quituriqui, danse à Chiquitos .... 11 604 (Bolivia) III 364 R. O Raies armées dans les rivières de Cor- V' rientes . I 226 Quatro-ojos, port du Piray près de Raies armées dans les rivières à Moxos III 253 Santa-Cruz III 254 Ramada, halte à Chiquitos. ... II 593 598 Quebaya, île du lac de Chucuito 10 349 351 Ramada pour coucher la nuit . . I 119 249 Quebrada de Muelles, ravin près de Rancho, cabane des Gauchos .... I 71 Tacna (Pérou) II 365 Ranqueles, tribu des Araucanos des Quebrada de Pala, ravin du Pérou. . II 371 pampas. I 644 II 226 ( 452 ) Piapldes dans le Mamoré à Moxos . . III 121 Rapides du Rio Piray (Bolivia) ... Ill 253 Rapulo, rivière de Moxos. ... III 127 224 Raréfaction de l’air sur les montagnes II 378 380 403 III 297 Rats à Buenos-Ayres I 505 Rat-taupe, à Corrientes I 170 Ravin de las animas près de la Paz (Bolivia) Il 424 Rayni, fête du soleil Il 418 Recado, selle de Buenos- Ayres . ... I 531 Réception à Chiquitos Il 603 Recrutement militaire à Buenos- Ayres I 557 Recrutement militaire en Bolivia II 463 483 505 536 Reducto , fort de Bolivia Ill 332 Réforme de Moxos, (Bolivia) Ill 236 Reliefs plats des antiquités de Tiagua- naco (Bolivia) . Ill 338 Religion de Moxos sous les jésuites. . III 232 Religion des anciens peuples de Moxos (Bolivia) Ill 226 Religion des Guarayos, tribu des Gua- ranis III 12 23 Remèdes à Corrientes I 391 Renards guarachas en Patagonie. . . II 50 Repartimiento d’indiens au Pérou . . II 407 Repas des Yuracarès de Bolivia ... Ill 201 République orientale de l’Uruguay. . I 57 Reptiles de Chiquitos I¡¡ 67 Reptiles de Corrientes I 327 Reptiles de Patagonie Il 305 Reptiles de Santa-Cruz H 567 Requin à la mer ¡ 15 Revenus de Moxos III 242 Révolution de Buenos-Ayres 1 500 Reyes, mission de Moxos SI! 128 Riacho del Ingles, ruisseau, côte de Patagonie ¡I /¡2 Riachos, hras du Parana I 225 Riachuelo, rivière à Buenos-Ayres . . 1 626 Riachuelo, rivière à Corrientes. . I 139 205 Ribera (Luis), conquérant Ill 279 Rimac, rivière qui passe à Lima (Pérou) III 404 Rincon de Luna, langue de terre à Corrientes I 151 Rinconada-de-Chaney , chapelle , pro- vince de Santa-Cruz II 539 549 Rio d' Altamachi , prov. de Cochabamba III 180 Rio de las Astas , province de Valle grande (Bolivia) II 515 Rio Ayopaya, prov. d’ Ayopaya (Bolivia) II 462 Rio de Azufre, ruisseau du Pérou. . II 380 Rio Barbados , province de Chiquitos III 30 Rio Blanco à Yuracarès (Bolivia) . . Ill 161 Rio Blanco ou Baures, province de Chiquitos IU 29 Rio Cañamiña à Yungas (Bolivia). . II 449 Rio Chacjro à Yungas (Bolivia) ... II 432 Rio Chalideo ou Saladillo dans les pampas. ï 609 Rio Challuani, province de Mizque (Bolivia) II 496 Rio de Chilon, province de Valle grande (Bolivia). H 502 Rio de Choque-camata (Bolivia). . . Ill 187 Rio de Chuchi , province de Mizque (Bolivia). . . • II 493 Rio de Chupe à Yungas (Bolivia). . II 432 Rio colorado dans les pampas du sud I 662 Rio de Colquiri à Sicasica (Bolivia). . II 458 Rio de Conda, prov. de Mizque (Bolivia) II 489 Rio de Copachuncho , province de Mizque (Bolivia) II 495 Rio de Copi, prov. de Mizque (Bolivia) II 493 Rio grande, rivière de Bolivia. . Il 493 498 505 533 580 III 264 266 268 Rio-grande, village au Brésil III 112 Rio huacari, province de Chiquitos. . Ill 30 Rio Huanctata à Yungas (Bolivia). . II 442 Rio Icho (Bolivia) Ill 187 Rio liïesama à Yuracarès (Bolivia). . Ill 189 Rio de Janeiro, ville (Brésil). .... I 19 Rio Kihusos à Chiquitos II 648 Rio de Machacamarca , province de Mizque (Bolivia) Il 493 Rio del mal paso , pays des Yuracarès (Bolivia) ¡II 181 ( 449 ) Rio Mqnueleo à la Bahia blanca . . . I 659 Rio de San-Pedro à Chiquitos .... II 635 Rio Maure sur la Cordillère du Pérou II 385 Rió San- Rafaelk Chiquitos II 635 657 111 28 Rio de Meguilla à Yungas (Bolivia) II 447 Rio de Santo - Tomas à Chiquitos II 652 653 Rio Millu-Mayo à Yuracarès III 161 III 28 Rio de Mizque, prov. de Mizque (Boliv.) II 493 Rio Sapococh à Chiquitos (Bolivia). . II 598 Rio Molelo à Yuracarès (Bolivia) . . III 189 Rio Sauce-chico dans les pampas. . . I 650 Rio Movia (Bolivia) . . . III 187 Rio Sauce-grande dans les pampas. . I 644 Rio de Muqui, prov. de Mizque (Bolivia) 11 493 Rio Serre, province de Chiquitos. . . III 29 Rio Naposta dans les pampas I 650 Rio de Soboreca. à Chiquitos II 635 Rio Negro , rivière à Corrientes. . . . I 182 Rio de Solacama à Yungas (Bolivia) 11 442 Rio Negro en Patagonie II 13 14 109 174 Rio de Suri à Yungas (Bolivia) . . . II 450 Rio d’ Ochusuma sur les Cordillères II 383 Rio de Tainampaya à Yungas (Bolivia) II 440 Rio del Oro (Bolivia) III 181 Rio Tamborada, vallée de Cochabamba Rio de la Paciencia (Bolivia) III 181 (Bolivia) (I 475 Rio Palacios , province de Santa-Cruz II 565 RioTapanahich à Chiquitos II 651 654 III 28 Rio palometas , prov. de Santa-Cruz II 565 Rio deTasajos, province deVallegrande Rio del Paraguay à Chiquitos 11 652 III 28 (Bolivia) II 506 Rio Parapiti, province de Santa-Cruz 11 564 Rio du Tayoé à Chiquitos II 635 Rio de la Paz à Yungas (Bolivia) . 11 446 Rio de Tembladeras , province de Valle Rio de las Peñas (Bolivia) III 181 grande (Bolivia) II 508 Rio de Piedras blancas, province de Rio de Tucavaca à Chiquitos II 641 652 III 28 Valle grande (Bolivia) II 514 Rio d’Uracircliikia à Chiquitos. . . . II 635 Rio Piojera, prov.deVallegrande(Bol.) II 517 Rio verde, province de Chiquitos . . III 30 Rio Piray, prov. de Santa-Cruz (Bol.) II 517 548 Rio de Pilca, province de Vaille grande Rio de la Plata II 8 (Bolivia) II 511 Rio de Pocona, prov. de Mizque (Bol.) II 490 Rio Yanamayo , pays des Yuracarès Rio Pomacache , prov. d’Ayopaya (Bol.) II 468 (Bolivia) III 161 Rio de Pulquina , province de Valle Rivadaria, président à Buenos-Ayres I 489 492 grande (Bolivia) II 504 Rivera (Fructuoso) , général dans la Rio Quisere, province de Chiquitos . II 589 Banda oriental ......... I 57 323 Rio de la reunion (Bolivia) III 182 Rivières anomales II 563 Rio de Rocha, vallée de Cochabamba Rochers de Cobija (Bolivia). .... II 351 (Bolivia) II 475 Rochers de gneiss à Maldonado. . . . I 40 Rio Saladillo dans les pampas .... I 599 Rodriguez, commandant de Patagonie II 18 Rio Salado dans les pampas de Buenos- Rojas ( Medaños de) dunes dans les Ayres. ........... I 561 II 1! I 608 pampas T f f Rio de Samaypata , province de Valle Rondeau (général) à Montevideo. . . I 55 grande (Bolivia) II 514 Ros, baie sur la côte de la Patagonie II 63 Rio de San-Carlos à Chiquitos .... II 635 137 211 Rio de San-Juan à Chiquitos II 631 III 28 Rosario (ville) sur le Parana. . . I 96 458 Rio de San-Luis à Chiquitos II 635 Rosas ( Juan Manuel), président à , '.f Rio San-Mateo à Yuracarès III 163 Buenos-Ayres. ..... I 629 II 6 318 Rio de San-Miguel , province de Chi- Rosas donne des bestiaux à Lopez de quitos. ... II 587 635 III 8 15 29 Santa-Fé, I 442 III. i.re pan- 55 ( 450 ) Roseaux à feuilles en éventail à Yungas II 449 Samaypata, bourg, province de Valle Route nouvelle de Santa-Cruz (Bolivia) III 257 grande (Bolivia) II 511 Ill 258 Routes de Chiquitos III 75 Samocosis , nation de Chiquitos . . . III 36 Ruches des Boliviens III 257 Samucebèté , rivière de Moxos .... III 223 Rues à Corrientes I 362 Samucus , tribu de Chiquitos II 646 III 33 Rues bien distribuées à Buenos-Ayres I 504 San -Andres de Machaca, bourg du Rumba, danse à Sanla-Cruz II 528 département de la Paz (Bolivia) . II 394 S. San- Andres, cap sur les côtes des pampas II 11 Sabalo , poisson à Caupolican I 448 III 371 San- Antonio, ancienne réduction à Sacacirca, bourg, prov. de Clisa (Bol.) II 486 Yuracarès (Bolivia) III 159 Sacava, bourg, prov. de Cochabamba III 170 San-Antonio , cap dans la Plata. . . . II 10 Socava, vallée de la province de Co- San- Antonio de Burucuya , bourg à cbabamba II 475 III 169 Corrientes . I 237 Saho , palmier de la prov. de Chiquitos II 584 San-Antonio , rivière à Moxos. . III 223 251 Saison des pluies à Santa-Cruz .... II 544 San-Antonio , village à Corrientes . . I 206 Saisons marquées à Chiquitos. . . . II 621 San- Bartolomé, montagne près de Lima Sajama, montagne des Cordillères de (Pérou) III 404 Bolivia 111 327 San- Bartolo , coupure dans une mon- Saladero, saloir de bestiaux 11 151 tagne III 298 Saladillo, rivière dans les pampas. . I 599 San-Benito , bourg, prov. de Clisa (Bol.) II 486 Salado, rivière dans les pampas . . . 1 561 San-Blas (baie de) en Patagonie . . II 25 Salado, ruisseau dans les pampas . . 1 642 San-Blas, montagne, pr. de Valle grande III 262 Salina del algarrobo, lac salé en Pa- San-Blas (Rio de), province de Valle tagonie 11 162 grande (Bolivia) III 262 Salina de Andres Paz, lac salé en Pa- San - Borja , mission abandonnée à tagonie II 121 129 Moxos Ill 127 229 Salina del Ingles, lac salé en Patagonie 11 69 San-Carlos , bourg de Santa-Cruz . . II 568 Salina de piedras, lac salé en Patagonie 11 166 III 196 Salina de San-José, lac salé de la pro- San-Carlos , montagne de Chiquitos II 622 660 vince de Chiquitos 111 30 San-Cosme , village à Corrientes . . . I 124 Salinas , bourg du Brésil II 662 San-Cristoval, mine d’argent de Bolivia III 314 Salinas de Gari-Mendoza, bourg, pro- San-Cristoval , montagne près de Lima vince de Poopo (Bolivia) 111 315 (Pérou). III 404 Salitral, terrain salé dans les pampas I 607 San-Cristoval , montagne de Bolivia . III 317 II 51 San-Cristovao à Rio de Janeiro .... I 25 Salitrales, terrains salés I 164 San-Felipe en Patagonie II 275 Salsepareille à Corrientes I 417 San-Felipe de Austria ou ville d’Oruro Salteada d’ Antiquera, mine d’argent (Bolivia) . . . III 314 de Bolivia III 314 San- Francisco , bourg du Brésil. . . . III 112 Salubrité de Chiquitos ill 61 San-Francisco , mission abandonnée à Salubrité de Moxos < . III 238 Yuracarès (Bolivia) III 159 Salutation ordinaire à Corrientes. . . I 125 San-Francisco del Mamoré à Yuracarès Salvadera, curé de Guaray os, province (Bolivia) III 195 de Chiquitos III 20 San- Ignacio , mission de Chiquitos. . II 611 ( 451 ) San-Ignacio , mission de Moxos III 130 229 San-Miguel, rivière, près de Loreto San- Joaquin , mission de Guara jos, (Moxos) Ill 251 province de Chiquitos .... Ill 11 20 San-Nicolas de los Arroyos , bourg sur San Joaquin, mission de Moxos . . . III 105 le Parana 1 96 460 San-Jorque, rivière , à Santa-Cruz (Bol.) III 255 San - Pablo , réduction de Guara jos, San-Josè , ancienne mission de Moxos 111 129 province de Chiquitos. . . Ill 8 11 20 229 San-Pablo, bourg sur le bord du lac San-Josè , ancienne mission de la pro- de Chucuito (Bolivia) ....... III 353 vince de Missiones I 270 San -Pedro, faubourg de la Paz (Bol.) II 419 San-Josè, bourg de la Banda oriental I 68 San-Pedro , bourg sur le Parana I 95 467 San- José, bourg, province de Caupo- San -Pedro , bourg sur le bord du lac lican (Bolivia) Ill 366 378 de Chucuito (Bolivia) III 353 San- José , rivière à Moxos III 224 San-Pedro , ancienne mission de Moxos III 130 San- José, montagne de Chiquitos . . II 625 San-Pedro, mission actuelle de Moxos IIS 131 San-Josè , péninsule en Patagonie . . II 279 San-Pedro, rivière de Moxos III 222 San- José, réduction de Yuracarès (Bol.) III 195 San-Pedro de Car deña, ancien nom San-Josè , mission de Chiquitos. . . . il 623 de Cochabamba II 47 3 San José de flores , bourg près de San-Pedro del Rey' Poconey, bourg Buenos -Ayres I 527 du Brésil III 112 San- Juan, rivière , à Moxos III 222 San-Rafael, mission de Chiquitos . . II 618 San -Juan, ancienne mission de Chi- San-Ramon, mission de Moxos. . . . III 103 quitos II 629 656 San -Roque , bourg de Corrientes. . . I 145 San- Juan , montagnes de Chiquitos II 640 San -Ro quito , village de Corrientes. . I 215 656 III 27 San -Vincente , bourg du Brésil . . . III 112 San- Julian , port de Patagonie. . . . II 279 San-Xavier, mission de Moxos. . III 135 229 San-Lisidro, bourg près de Buenos- San-Xavier, mission, province de Chi- Ajres I 86 quitos. ............. II 587 589 San-Lorenzo , bourg sur les bords du Santa -Ana, bourg du Brésil III 112 Parana I 457 Santa -Ana, îles du Brésil I 18 San-Lorenzo , île près de Lima (Pérou) III 401 Santa- Ana , mission de Chiquitos . . II 603 San-Lorenzo , montagnes de Chiquitos II 622 Santa -Ana, mission de Moxos .... III 127 631 Santa-Ana, torrent, province de Cau- San-Lorenzo de la frontera , ancien polican (Bolivia) Ill 361 370 nom de Santa-Cruz . II 562 Santa-Ana da Chapada, mission du San-Luis-Gonzaga, réduction de Gua- Brésil III 112 rajos, province de Chiquitos. . . . III 20 Santa-Rarbara , ravin de Chiquitos. . II 619 San-Mateo , rivière de Yuracarès (Bo- Santa-Cruz , rivière de la province de Iivia) Ill 154 163 223 Caupolican (Bolivia) . . III 361 San-Miguel de Sapa, village près d’A- Santa-Cruz de Ténériffe I 9 rica (Pérou) II 362 Santa-Cruz de Guarajos, réduction, San Miguel, mission de Chiquitos . . II 601 province de Chiquitos. ... Ill 14 21 San-Miguel , mission de Corrientes. . I 257 Santa-Cruz de la Sierra, ville capitale San-Miguel , rivière de Chiquitos et de du département II 523 III 355 Moxos II 635 III 81 222 Santa-Cruz de la Sierra, province . . II 519 ( 452 ) Sanla-Cruz de la Sierra, d’abord fon- dée à Chiquitos II 628 Sanla-Cruz del Valle-ameno, bourg, province de Caupolican (Bolivia) III 366 371 374 Santa-Elena, bourg , province de Yum- paraës (Bolivia) Ill 276 Santa- Fé, provinceet ville sur le Parana I 439 Santa - Lucia , bourg de Corrientes . . I 406 Sania -Lucia, bourg, département de Potosi III 299 Sania -Lucia , rivière formée de marais à Corrientes I 145 255 403 Santa-Lucia, rivière de la Banda oriental I 66 Santa -Lucia, rivière de Bolivia . ... Ill 298 Santa -Magdalena , mission de Moxos III 97 Santa- Maria, cap, dans la Plata ... ÎS 10 Santa -Rosa, bourg, prov. de Sanla- Cruz II 568 Santa-Rosa, chapelle, province d’Ayo- paya (Bolivia) . II 468 Santa -Rita de la Esquina, bourg de Corrientes 1413 Santiago, montagne de Chiquitos . . I 1639 Santiago, capitale du Chili II 342 Santiago, mission de Chiquitos ... Il 636 Santiago de Guata, bourg près du lac de Chucuito . (Bolivia) Ill 355 Santiago de Machaca, bourg de Bo- livia sur la Cordillère Il 392 Sanlo-Corazon , mission de Chiquitos II 644 Santo-Domingo- Soriano , bourg, fondé I 53 Sapse, bourg, province de Yamparaës (Bolivia) Ill 276 Sara, rivière de Moxos. . . Ill 150 223 251 Saravecas , tribu de Chiquitos .... Il 605 Sardines, leurs bancs sur la côte du Pérou Il 360 III 400 Sarmiento (conquérant) en Patagonie II 274 Sauce, hameau , prov. de Santa-Cruz. Il 535 Sauce-chico, rivière dans les pampas I 650 Sauce- grande , rivière dans les pampas I 644 Sauce-Mayo , vallée, province de To- mbía (Bolivia) IH272 Sauces, bourg, province de Tomina (Bolivia) . Ill 271 Saules sur le Parana I qg Sauterelles, leurs dégâts I 194 Securi, rivière de Yuracarès et de Moxos III 144 215 223 Sed ( Medaños de la) dune dans les pampas I 607 Seibos, arbre magnifique de Bolivia , II 497 Sëjeruma, montagne de Bolivia ... Ill 186 Sel, son transport à Chiquitos. ... II 632 Sel , son exploitation dans les lacs salés de Patagonie II 130 Semaine sainte à Corrientes I 123 Semaine sainte à Moxos III 135 Semaine sainte à Santa-Cruz II 552 Señorita, petites abeilles de Chiquitos et de Santa-Cruz II 555 Serenos , crieurs de nuit au Chili. . . II 337 Serpens à sonnettes. . II 545 Serpens dans les pampas I 569 Serpens venimeux. I 447 Serpent immense . '. I 206 Serranos, habitans des montagnes. . II 571 Serre, rivière de Chiquitos Ill 29 Sicasica, capitale de province (Boliv.) III 333 Sicasica, province du département de la Paz (Bolivia) ...... II 454 III 333 Siccha, bourg, province de Yamparaës (Bolivia) Ill 276 Sierra de San- José , montagne de Chi- quitos Il 625 Sierra de Santiago , montagne de Chi- quitos « II 639 Sierra del Tandil, montagne dans les pampas 1637 Sierra de la Tinta, montagne dans les pampas I 639 640 Sierra de la ventana, montagne dans les pampas I 668 Sieste à Buenos-Ayres I 507 Silala, montagne de Yungas (Bolivia) II 442 Singes hurleurs à Corrientes I 112 Singes hurleurs à Moxos Ill 152 Singes nocturnes à Moxos Ill 89 Singulier aspect des falaises du Parana I 402 Sinistres dans le Pilcomayo (Bolivia) III 285 Sinuta, rivière de Moxos Ill 223 Sipe-sipe, bourg, province de Quilla- collo (Bolivia) U 482 Sirionos, Indiens de Moxos sur le Rio Piray II 541 III 253 Sivisicosis, nation de Chiquitos ... Ill 36 Sobremonte , vice-roi à Buenos-Ayres. I 484 Soldats voleurs dans les pampas ... I 622 Solis, découvreur, tué en 1515 près de Maldonado. I 42 44 Solis à Buenos-Ayres I 478 Solis-holguin ( Gonzalo dé), proprié- taire de Moxos III 227 Solotosama, rivière de Ÿuracarès (Bol.) III 215 Solostos, nation de Bolivia. ..... Ill 193 Somborombon (baie de) [Plata] ... II 11 Sombrero, rivière de Corrientes ... I 140 Sopachuy, bourg, province deTomina (Bolivia) . Ill 271 Sora-Sora , bourg du département d’Oruro (Bolivia) Ill 311- Sora-Sora , vallée du département d’Oruro (Bolivia) Ill 310 Sorata, montagne de Bolivia. . . II 389 401 III 349 352 354 Soroche, effet produit par la raréfac- tion de l’air sur les montagnes . . il 378 Sortie de l’argent prohibée à Corrientes I 360 Soulèvement des déportés en Patagonie II 206 Souper à Corrientes I 126 Statue colossale de Tiagu anaco. . . . III 342 Storaque à Caupolican III 371 Suanca, mine d’argent en Bolivia . . II 461 Succession de la végétation sur les atterrissemens du Parana Í 409 Suches, bourg de Caupolican (Bol.) Ill 364 368 Sucre, ville capitale de Bolivia . . . . III 277 Sumaque, arbre dont on prend l’écorce pour tanner ....... I 203 Sumuque, palmier de Chiquitos. . . II 546 Sunsas, montagnes à Chiquitos . 11 643 646 Superstitions des Araucanos II 257 Superstitions des Cayuvavas de Moxos III 154 Superstitions des Itonamas de Moxos III 98 Superstitions des Ÿuracarès III 191 Suri, bourg de Yungas (Bolivia) . . II 453 Suriguas, tribu de Bolivia ...... HI 365 Surique, île du lac de Chucuito (Bo- li,pia) III 349 352 Surubi, poisson du Parana I 100 T. Tabac à Moxos -, m 240 Tabac (culture du) à Corrientes. . . I 244 Tacana, nation de Bolivia. ... Ill 364 376 Tacna, ville du Pérou .... II 364 III 398 Tacopaya, bourg, province deTomina (Bolivia) Ill 271 273 Tacora, bourg au sommet des Andes II 379 Tacora, montagne du Pérou . . II 356 37 8 Taille des pierres dans les anciens monumens III 346 Tajesi, hameau de la province de Yungas (Bolivia) . ¿ . . II 427 Tamampaya, rivière de Bolivia. ... il 440 Tamaosis, danse à Chiquitos. .... II 604 Tamarin à Chiquitos . . Ill 63 Tamarin à Moxos. . III 240 Tambillo , hameau de la province de Potosí (Bolivia) HI 300 Tambo, maison élevée sur les routes pour les voyageurs II 374 III 303 Tamoyo, nation du Brésil I 28 Tanca, chapeau des Aymaras II 412 Tandil, fort dans les pampas. .... I 635 Tandil, montagne dans les pampas I 635 637 Tandil, ruisseau des pampas 1 635 Taons incommodes dans les pampas I 220 560 Tapacari, ancienne province des Qui- chuas (Bolivia). ¡I 473 Tapaguara , nation de Moxos III 118 Tapalquen, ruisseau dans les pampas I 599 Tapera de San-Juan ( Laguna de la) , province de Chiquitos Ill 30 Tapiis, tribu de Chiquitos II 636 Tapirs nombreux à Chiquitos .... Tuquia, chauffage sur les montagnes Taquiri, île du lac de Chucuito (Boliv.) Tarabuco, bourg , province de Tomina (Bolivia) .... Ill 271 274 Tarapecocies , nation de Chiquitos . . Ill 35 Tarata, bourg, prov. de Clisa (Boliv.) II 486 Tarbita, bourg, province de Tomina (Bolivia) Ill 271 Taricuri, rivière de Moxos ... III 131 223 Taropaya, bourg du départ, de Potosi III 299 Taruoch, montagne à Chiquitos. Il 648 649 Tasajos, hameau de la province de Valle grande ( Bolivia) II 504 Tayî , arbre à fleur rouge I 192 Tehuelches , nation de la Patagonie . II 7 5 Tejar, montagne, prov. de Chuquisaca 111 283 Tele, être fabuleux des Yuracarès (Bol.) III 215 Tembladeras ( Rio de las), province de Valle grande . . . . III 262 Température de Buenos-Ayres .... I 525 Température de Caupolican Ill 362 Température de Moxos. ....... III 238 Température de la Patagonie Il 295 Température de Chiquitos Ill 61 Tempête au cap Horn II 327 Temples anciens de Tiaguanaco (Bol.) Ill 338 Temps, ses divisions chez les Araucanos II 265 Ténériffe , île I 9 Tenue militaire dans les pampas de Buenos-Ayres I 555 Tequije, rivière, province de Caupo- lican (Bolivia) Ill 362 Terrado, montagne de Bolivia. ... Ill 286 Terrains saturés de sel I 451 Terre du feu (Patagonie) ...... II 327 Teteo, la mort chez les Guarayos . . III 24 Tetruel, cacique des Araucanos dans les pampas I 649 Teyu, grand lézard I 42 Tiaguanaco , bourg, département de la Paz (Bolivia) Ill 338 347 Tico, rivière de Moxos III 145 223 Tijamuchi , rivière de Moxos . . Ill 130 223 Tijeras, hameau de Santa-Cruz ... II 532 Timbo, arbre à Corrientes I 192 Tinajas , vases de terre cuite ... 1 200 201 Tinamou, perdrix des plaines dans les pampas I 70 Tinta, montagne dans les pampas. I 639 640 Tintín, bourg , province de Mizque (Bolivia) , II 498 Tique guarapata , insecte incommode . 1191 II 547 Tiquina, détroit du lac de Chucuito (Bolivia) Ill 352 Tiquipaya, bourg, province de Cocha- bamba Ill 174 Tiraque, bourg, province de Clisa (Bolivia) . II 487 III 168 Tirasa, île du lac de Chucuito (Bol.) III 351 Tissage de la laine par les indigènes de la Cordillère II 393 Tissus à Chiquitos Ill 64 Titicaca, île sacrée du lac de Chucuito (Bolivia). Ill 356 Titicaca, lac sur le sommet des Andes. Il 388 III 336 349 Titipacha, chapelle de Sicasica (Boliv.) II 456 Titipacha, vallée de Sicasica (Bolivia) II 456 Tobas, nation du graud Chaco. ... I 293 Toco, bourg, prov. de Clisa (Bolivia) II 487 Todos-Santos (baie de) en Patagonie II 35 Tojos , oiseaux de Chiquitos Ill 67 Tola, plante composée, des plateaux de la Cordillère ... II 392 III 306 320 Tolapalca, plaine dans les montagnes de Bolivia Ill 285 306 Toldería, campement des Indiens dans les pampas. ... * I 644 II 23 Toldos , tentes des Indiens en Patagonie II 18 23 Toledo, bourg, prov. de Poopo (Boliv.) III 315 Toledo ( Don Francisco), vice-roi de Lima II 47 3 III 292 Toledo (GU), gouverneur à Chiquitos III 52 Toits des maisons dans les pampas . I 528 Toits de troncs de palmiers . . , . . I 119 ( 454 ) Il 631 II 390 III 352 Tombeaux anciens des Aymaras ... II 359 III 309 322 324 329 330 Tombeaux anciens des îles du lac de Chucuito III 351 Tombía, bourg, province de Tomina (Bolivia) • Ill 271 Tomina, province du département de Chuquisaca (Bolivia). . Ill 268 Tomina, rivière, province de Tomina (Bolivia) Ill 271 Topo , ornement des Indiennes en Bolivia II 412 Toraca, mine d’argent de Bolivia. . Ill 314 Torally, médecin à Chuquisaca ... III 283 Tormenta, montagne de Bolivia ... Ill 165 Toromonas, tribu desTacanas de Bolivia III 365 Tortues, leurs œufs à Caupolican. . . III 386 Totora, bourg, province de Carangas (Bolivia) Ill 315 322 Totora, jonc du lac de Chucuito (Bol.) III 352 Totora, bourg, prov.de Mizque (Boliv.) II 492 Tourbe sur les montagnes de Bolivia III 305 Trabasicosis , nation de Chiquitos . . Ill 36 Trachytes sur les Andes II 384 III 323 327 328 Trachytes sur la côte du Pérou . . . III 400 Traits des Chiliennes v . II 334 Travail des mines au Pérou II 407 Tremblemens de terre au Chili .... II 337 Tremblemens de terre au Pérou ... III 402 Tribus anciennes de Rio de Janeiro, toutes Guaranies I 28 Trinidad, mission de Moxos. . . III 141 229 Trinidad, réduction de Guarayos, province de Chiquitos .... Ill 14 21 Tucavaca, vallée de Chiquitos. ... II 641 Tucavaca, rivière de Chiquitos . II 641 652 Tucutucu, rat qui vit sous terre dans les pampas 1645 Tuero , bourg, province de Yamparaës (Bolivia) Ill 27 6 Tuirenda, arbre sacré des Guarayos. III 24 Tumupasa, bourg, prov. de Caupo- lican (Bolivia) Ill 366 379 Tumupasa, rivière, province de Cau- polican (Bolivia) Ill 362 Tupac - amar u , dernier Incas, sa ré- volution au Pérou II 408 474 III 280 314 Tupac-catari, sa révolution au Pérou II 409 Tupili, rivière, province de Caupolican (Bolivia) Ill 361 Turco, bourg, province de Carangas (Bolivia) . . Ill 315 Turobo, hameau de Santa-Cruz ... II 541 Tutulima, hameau , province de Cocha- bamba Ill 177 Tuyche, rivière de la province de Caupolican (Bolivia) Ill 361 371 Tuyancani, montagne de Bolivia ... II 384 U. Unchachata , colline de Bolivia . . . . Unitario, parti politique à Buenos- Ayres . Urco , jupons de laine des indiennes aymaras Urina, hameau, prov. de Santa-Cruz. Urubu, oiseau familier à Moxos . . . Utulme-cuana , tribu de Bolivia . . . V. Vaca de Castro, vice-roi V aca loncoy, pointe de la baie blanche Vaccine à Buenos-Ayres Vadeadores, chevaux propres à passer les rivières (Bolivia) ..... Ill 265-267 Valdelirios, règlement pour les missions I 275 Valle fuerte, région chaude ..... II 498 Valle - grande , province du départe- ment de Santa-Cruz (Boliv.) II 501 III 262 Valle -grande (Rio de), rivière de la province de ce nom III 262 Valle- grande , ville capitale de la pro- vince de ce nom (Bolivia) Ill 263 Valles, vallées chaudes en Bolivia . . II 458 Valparaiso , ville du Chili . . II 332 III 405 Vanille à Chiquitos Ill 63 Vanille à Moxos • III 240 III 320 II 6 II 412 II 580 III 92 III 365 III 279 I 647 I 483 Vapeurs sur le Parana . Vaquéanos ou guides dans les pampas II 510 ( 456 ) I 91 I 563 577 Vasco Godinez, révolté à Chuquisaca III 279 Vases anciens des Aymaras ... III 323 350 Végétation de Caupolican III 587 Végétation de Corrientes I 334 Végétation de Chiquitos (Bolivia ) . . Ill 69 Végétation de la Patagonie II 307 Végétation de Santa-Cruz (Bolivia) . II 567 Végétation de la province de Yungas (Bolivia). II 428 439 Végétation du Rio grande (Bolivia) . Ill 266 Végétation magnifique à Yuracarès (Bolivia) Ill 156 Végétation des atterrissemens du Pa- rana I 409 Vejuco, plante médicinale de Bolivia. II 440 Velasco employa le premier le mercure en Bolivia. . . Ill 292 Velasco, gouverneur de Moxos en 1820 III 253 Velorio , cérémonie à l’occasion d’un enfant mort I 147 II 478 Venancio, cacique dans les pampas . I 637 Vent de sud très-froid à Moxos. ... III 129 V enta y media , bourg de la province de Poopo (Bolivia) Ill 310 Ventana, montagne dans les pampas . I 668 Vente pes, palmier de Moxos . . III 119 153 V entilla, poste près de la Paz (Bolivia) III 335 Vents de Caupolican (Bolivia) .... III 363 Vera ( Alonzo de) fonde Corrientes . I 316 Verde, rivière de Chiquitos ¡II 30 V erenguela, bourg du plateau bolivien 11 394 Viana, gouverneur de Montevideo. . I 55 Victoria, belle plante de Moxos. . . III 124 Viedma (Francisco) , intendant deCo- chabamba III 234 Viedma ( Francisco ) en Patagonie . . II 279 Vigne cultivée en Bolivia 11 499 Vigne plantée à Chiquitos II 602 Vigognes au sommet de la Cordillère. IS 381 Vilca, hameau, province de Valle grande (Bolivia) . 11 510 Vilca, vallée, province de Valle grande (Bolivia) V Heap u jio , hameau de la province de Poopo (Bolivia) Ill 306 307 Villa-bella ou Malo -grosso, ville du Brésil II 662 Villa Maria, bourg du Brésil Ill 112 Villaque, ruisseau sur le sommet des Andes III 337 Villar, bourg, prov. deTomina (Bol.) III 271 Villarino relève le Rio Negro de Patagón. II 279 Viloma, chapelle , province de Quilla- collo (Bolivia) . II 482 Viloma, rivière sur le plateau bolivien III 323 Viloma, vallée des plateaux de Bolivia III 323 Vina, palmier à Moxos III 153 Vina-lamar, hameau près de Valpa- raiso (Chili) II 346 Viña perdida, hameau, province de Mizque (Bolivia) II 501 Viruta, ruisseau dans les pampas . . I 644 Viscacha, mammifère des pampas . . I 449 Viscacha, animaux de Bolivia .... Ill 289 Viscaçlial, montagne de Yungas (Bol.) II 451 Viscachani , village, prov. de Sicasica (Bolivia) Ill 334 Visites des Yuracarès de Bolivia ... Ill 204 Vivara, hameau de Sarita-Cruz (Boliv.) II 545 Volcan d’Arequipa III 398 Voyages en pirogue sur les rivières de Moxos, . III 84 Voyage sur le Parana I 394 W. JVhiteloch capitula à Buenos-Ayres . I 45 X. Xarayes , nation de la province de Chiquitos (Bolivia) Ill 33 Y. Y acuma, rivière de Moxos . . . III 127 224 Yaha-pè, hameau de Corrientes ... I 206 Yaïs, presqu’île du lac de Chucuito (Bolivia) III 350 ( 457 ) Vais, village sur les rives du lac de Yunga de maica-monle , province de Chucuito (Bolivia) 111 350 Cochabamba (Bolivio) III 175 Yamparaës, bourg, capitale de la pro- Yungas, province de Bolivia . . II 406 427 vince de ce nom (Bolivia) .... III 274 Y un guy o, montagnes du lac de Cbu- Y anacaca, chaîne de montagne de cuilo (Bolivia) 111 349 Bolivia Ill 159 186 Yupanqui, dixième Incas II 512 Yanacachi, bourg de Yungas (Boliv.) II 430 — sa conquête des Chiriguanos. III 259 Yanamayo, rivière, pays des Yuracarès Yuracarès , leur croyances religieuses III 209 (Bolivia) III 161 — leur gouvernement. . . . III 209 Yaniyuta, rivière de Moxos III 223 — leur mythologie III 209 Yapacani , rivière de Moxos III 223 — indigènes de Bolivia. Ill 155 183 Yarayes, nation de Chiquitos . Ill 33 35 188 193 209 Yarayes (Laguna de) à Chiquitos II 651 III 30 — pays de Bolivia III 155 Yarbichambi , hameau près de la Paz Yurucaritia , tribu de Chiquitos • . . II 596 (Bolivia) III 357 Yataï, palmier. I 127 240 Æl • Yatcüly, forêt de palmiers I 148 Zabala fait bâtir Maldonado I 44 Yataïty-guacu , hameau de Corrientes — fonde Montevideo I 54 (le grand bois de palmier) .... I 243 — aux missions I 279 Yatebu, village de Corrientes .... I 256 Zamora, gouverneur de Moxos, a Ybera, grand lac de Corrientes . . . I 261 fondé le Carmen en 1794 III 87 Yety, patates douces I 194 Zamora, gouverneur de Moxos en 1792 III 234 Yocalla, bourg du dép de Potosi . . III 301 Zandías, melon d’eau II 555 Yotala, bourg, prov. de Yamparaës Zapata, montagne du Chili II 341 (Bolivia) III 276 Zapateo, danse du Chili II 336 Yuncay anconi , mine d’argent en Boliv. II 461 Zarate, village sur le Parana I 92 Yunga de Choqueoma, province de Zélée, corvette, à Montevideo . . I 36 39 Mizque (Bolivia). . II 495 .Zoologie Hfî la Patacón ¡0 T . II 9Q7 Yunga de la Palma à Yuracarès (Bol.) III 161 Zorillo, renards de Patagonie .... II 67 III. i.re partie. ( 458 ) ORDRE DES PLANCHES QUI COMPOSENT I/ VELAS DE LA PARTIE HISTORIQUE DU VOYAGE DANS L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. l.re Série : VUES. N.0! 1. Vue du Parana près de la Bajada, province d’Entre-Puos, république Argentine. 2. Vue prise à Iribucua sur le Parana, province de Corrientes, république Argentine. 3. Une vue dans les bois de palmiers yataïs , province de Corrientes , république Argentine. 4. Vue du village du Carmen, sur le Rio Negro (Patagonie). 5. Vue de la Recoba, sur la place de la Victoria à Buenos-Ayres. 6. Panorama de la ville de Valparaiso et de ses environs , république du Chili. 7. Vue du port de Cobija, république de Bolivia. 8. Une vue dans le ravin de Palca, chemin de la Paz à Tacna (Pérou). Cette vue a été donnée par erreur sous le n.° 4. 9. Vue du ravin de Palca , près de la Paz (Bolivia). 10. Vue du village de Palca, près de la Paz (Bolivia). 11. Une vue de Chulumani, capitale de la province de Yungas, république de Bolivia. 12. Une maison d’indiens quichuas dans la vallée de Cochabamba (Bolivia). 13. Une halte près du rocher granitique de Guarayito à Chiquitos (Bolivia). 14. Vue de la place de San-José, mission des Jésuites, dans la province de Chiquitos (Bolivia). 15. Vue d’une partie de Santa-Cruz de Guarayos (Bolivia). 16. Une halte sur lé Marnoré, province de Moxos (Bolivia). 17. Vue d’une hutte et de la danse des Indiens yuracarès de Bolivia (donnée par erreur aux Coutumes et usages, sous le n.° 17). 18. Vue d’un passage sur le Rio San-Mateo, chemin de Cochabamba à Moxos (Bolivia). 19. Pont de lianes, construit par les Indiens Sirionos sur le Rio Piray (Bolivia). 20. Vue de la place de Chuquisaca, capitale de la Bolivia. 21. Vue du détroit de Tiquina , sur le lac de Titicaca, plateau des Andes (Bolivia). 22. Vue du port d’Islay (Pérou), 23. Panorama du Callao, port de Lima, au Pérou. 24. (Par erreur sous le n.° 25.) Plan du village de San-José, mission de Chiquitos, et plan du village de Concepcion , mission de Moxos. 2.e Série : COUTUMES ET USAGES. 1. Passage de la rivière de Santa-Lucia, province de Corrientes. 2. Marque des bestiaux au Rincon de Lima, province de Corrientes. 3. Aucas et leurs Toldos à la Bahia Blanca, et vue de la Sierra de la Ventana 5 pampas du sud (république Argentine). 4. Patagons et Aucas en costume de guerre. ô. Départ des Patagons à San-Xavier sur les rives du Rio Negro (Patagonie). 6. Indiennes changas à Cobija (Bolivia). 7. Déguisement religieux des Indiens aymaras, environs de la Paz (Bolivia). 8. Une balsa ou bateau de joncs sur le lac de Titicaca (Bolivia). 9. Balsa ou bâteau de peaux de phoques soufflées, à Cobija (Bolivia). 10. Musique et danse religieuse à Moxos (Bolivia). Par erreur n.° 9. 11. Visite des Indiens yuracarès, république de Bolivia. 3.e Série : COSTUMES. 1 Patagons et Patagones. 2. Hommes de la campagne des environs de Santiago , capitale de la république du Chili. 3. Un Guazo (homme de la campagne) au Chili. 4. Indiens et Métis de la nation Aymara de la Paz et de ses environs, république de Bolivia. 5. Danse des Indiens aymaras, un jour de fête à Yanaché, province de Yungas (Bolivia). 6. Costumes des Indiens de Moxos (Bolivia). 7. Costumes de Santa-Cruz de la Sierra (Bolivia). 8. Indiens et Indiennes de la province de Chiquitos (Bolivia). 9. Costumes des Indiens Guarayos, république de Bolivia. 10. Rencontre des Indiens mocélénès prenant du poisson à coups de flèches (Bolivia). 11„ Combat des Indiens yuracarès , république de Bolivia. 12. Costume des femmes de Cochabamba (Bolivia), Indiennes et Métis. 13. Indiens et Métis de la nation Quichua , de Chuquisaca et de ses environs, république de Bolivia. 4.e Série : ANTIQUITÉS. 1. Plan d’un ancien lavage d’or des Incas ou Quichuas, situé sur le sommet de la montagne dite Fuerte del Inca, près du village de Samaypata, province de Valle grande, département de Santa-Cruz de la Sierra (Bolivia). 2. Coupe verticale et horizontale d’un ancien tombeau aymara, province de Carangas (Bolivia). 3. Tombeau d’un chef aymara de la province de Carangas (Bolivia). 4. Vue des ruines des anciens monumens de Tiaguanaco, près de la Paz (Bolivia). 5. Antiquités aymaras de Tiaguanaco (Bolivia). Fig. 1. Plan de terre. Fig. 3. Estrade composée de blocs immenses de pierre. 6. Portique monolithe d’un ancien temple de la nation Aymara à Tiaguanaco (Bolivia). 7 . Détails des sculptures en relief du portique de la planche 6. Fig. 1. Personnage du milieu. Fig. 2. Personnages des bandes supérieures et inférieures. Fig. 3. Personnages de la bande du milieu. Fig. 4. Bande inférieure des sculptures. ( 460 ) ¡V.os 8. Tête d’une statue colossale, ruines aymaras à Tiaguanaco, près de la Paz (Bolivia). 9. Anticpiités des Quichuas ou Incas de Bolivia. Fig. 1, 2. Tête réduite, sculptée avec de la lave. De ma collection. Fig. 3, 4. Partie d’une tête sculptée en trachyte, réduite au 3/5, vue de face et de profil. Fig. 5. Statue réduite, rencontrée à Tiaguanaco, près de la Paz (Bolivia). 10. Antiquités des Indiens aymaras et quichuas de Bolivia. Fig. 1, 2. Monstre réduit au cinquième, sculpté en basalte, rencontré à Tiaguanaco (Bolivia), sur le territoire des Aymaras. De ma collection. Fig. 3. Lampe antique des Aymaras, représentant un Alpaca, sculptée en basalte. De ma collection. Fig. 4, 5. Figure réduite, sculptée avec du trachyte, appartenant aux antiquités des Quichuas de Bolivia. Fig. 6. Figure réduite , sculptée en grès , appartenant aux antiquités des Quichuas de Bolivia. 11. Antiquités des Indiens aymaras des rives du lac de Titicaca (Bolivia). Figure d’en haut. Espèce de sphinx, sculpté en trachyte noir. De ma collection. Figure du milieu. Tête réduite, sculptée en basalte noir. De ma collection. Figures latérales au milieu. Statue non achevée, réduite au 22.e, rencontrée près de Tiaguanaco. Figures d’en bas. Un torse appartenant à une statue sculptée en basalte noir, rencontrée à Tiaguanaco. 12. Ruines d’un temple des Incas dans File de Titicaca (Bolivia). 13. Ruines d’un temple des Incas dans File de Coati, lac de Titicaca (Bolivia). 14. Momies des anciens Aymaras de Bolivia. 15. Vase ancien des Quichuas de Bolivia, rencontré aux environs de Chuquisaca. 16. Vases anciens, trouvés dans les tombeaux des Indiens aymaras de Bolivia. Figure d’en haut. Buste représentant un Indien mâchant la coca. Figures du milieu et d’en bas. Divers vases rencontrés dans la province de Carangas. 17. Vases anciens trouvés dans les tombeaux des Indiens quichuas au Pérou. Fig. 1. Jeu hydraulique, rencontré aux environs de Lima. Fig. 2. Vase représentant un singe , pris aux environs de Lima. Fig. 3. Jeu hydraulique , pris aux environs de Lima. Fig. 4. Jeu hydraulique. Lorsqu’on fait entrer l’eau par l’ouverture opposée à celle où est le petit oiseau, l’air, en sortant du côté de l’oiseau, imite un sifflement particulier. Fig. 4 et 5. Vases représentant diffërens animaux. 18. Vases anciens, trouvés dans les tombeaux des Indiens quichuas et aymaras. Les figures d’en haut et la figure de gauche en bas, représentent des vases en terre noire, rencontrées dans les tombeaux des Aymaras de Bolivia. La figure d’en bas est surtout très-remarquable comme exécution. Les figures du milieu et à droite en bas, ont été recueillies dans les tombeaux des Indiens quichuas de la côte du Pérou, près de Lima. 19. Vases anciens des Quichuas et Aymaras de Bolivia. Fig. 1, 2. Vase de terre noire, rencontré dans les tombeaux des Quichuas des environs de Lima (Pérou). Fig. 3. Vase de terre rouge, rencontré dans les tombeaux des Indiens quichuas des environs de Chuquisaca. Fig. 4. Vase aymara , rencontré dans la province de Carangas. Fig. 5. Vase quichua , Tencontré aux environs de Lima. Fig. 6. Vase ajmara, rencontré à Aygachi, sur les bords du lac Ide Chucuito. Fig. 7 . Espèce d’assiette , employée pour couvrir l’ouverture des vases où l’on plaçait de la chicha auprès des morts aymaras dans les tombeaux. Rencontré à Aygachi. Fig. 8. Vase des Aymaras, ayant une forme singulière. On passait le bras dedans pour le porter. 20. Vases anciens des Quichuas ou Incas de la côte du Pérou. Ils représentent des animaux divers et ont été rencontrés près de Lima , au Pérou. 21. Vases anciens des Indiens quichuas de la côte du Pérou et de Bolivia. Fig. 1. Vase rencontré dans les tombeaux quichuas aux environs de Lima (Pérou). Fig. 2. Vase rencontré dans un tombeau aymara de la province de Carangas (Bolivia). Fig. 3. Vase rencontré dans les tombeaux aux environs de Lima (Pérou). Fig. 4. Vase rencontré dans un tombeau des Aymaras aux environs de Tacna (Pérou). ( 462 ) TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Chapitre XXXI. Voyage au pays des Guarayos; description de ces Indiens et des contrées qu’ils habitent 7 §. 1. Voyage au pays des Guarayos 7 §. 2. Description des Guarayos et du pays qu’ils habitent 19 Chapitre XXXII. Généralités géographiques, historiques et statistiques sur la province de Chiquitos. — Des améliorations industrielles et commerciales qu’on y pourrait introduire. 26 §. 1. Généralités géographiques 26 §. 2. Généralités historiques. 31 f Première époque : Avant l’arrivée des Espagnols 3i ff Deuxième époque : Depuis l’arrivée des premiers Espagnols à Chiquitos, jusqu’à l’instant oii les jésuites pénétrèrent dans la province (de 1542 à 1690) . . 34 Iff Troisième époque : Depuis l’entrée des jésuites à Chiquitos jusqu’à leur expulsion (de 1691 à 1767 ) 3g f f ff Quatrième époque : Depuis l’expulsion des jésuites en 1767 jusqu’à nos jours. 48 §. 3. Généralités statistiques. Etat actuel de la province 54 f Population 54 ff Température, salubrité 61 fff Produits industriels 62 ffff Produits naturels 65 fffff Améliorations agricoles, industrielles et commerciales dont la province est susceptible 70 Note supplémentaire 79 Chapitre XXXIII. Voyage à la province de Moxos par le Rio de San-Miguel. — Séjour dans les missions Baures 'et Itonamas de la province de Moxos. — Forte do Principe de Beira et navigation sur le Rio Iténès ou Guaporé 81 §. 1. Voyage à la province de Moxos par le Rio de San-Miguel 81 §. 2. Séjour dans les missions Baures et Itonamas de la province de Moxos ... 86 Mission du Carmen de Moxos 86 Mission de la Purissima Concepcion de Baures 89 Mission de Santa-Magdalena de Moxos. 97 Village de San-Ramon . 103 Mission de San-Joaquin • . . 105 §■ 3. Forte do Principe de Beira (Brésil) et navigation sur le Rio Iténès ou Guaporé. 109 Chapitre XXXIV. Voyage sur le RioMamoré. — Séjour dans les missions Cayuvavas, Movimas, Canichanas et Moxos 119 §. 1. Voyage sur le Rio Mamoré. 119 Mission d’Exallacion de la Cruz 125 Mission de Santa-Ana de Moxos 127 Mission de San-Peclro 131 Mission de San-Francisco-Xavier 135 Mission de Trinidad de Moxos . . HI Mission de Loreto . 1 45 Chapitre XXXV. Voyage de Moxos à Cochabamba, en remontant le Mamoré, le Chaparé el et le Rio Coni, jusqu’au pays des Yuracarès. — Séjour chez les Yuracarès. — Versans de la Cordillère orientale jusqu’à Cochabamba ¡48 §. 1. Voyage en remontant le Mamoré, le Chaparé et le Rio Coni, jusqu’au pays des Yuracarès H8 f Rio Mamoré H8 ff Rio Chaparé et Rio Coni 151 §. 2. Séjour chez les Yuracarès 155 §• 3. Voyage sur le versant de la Cordillère orientale jusqu’à Cochabamba. ... 159 Chapitre XXXVI. Séjour à Cochabamba. — Voyage à travers des pays inconnus, pour chercher une nouvelle route de Cochabamba à Moxos jusqu’aux régions habitées par les Yuracarès. — Séjour chez ces Indiens ¡70 §. 1. Séjour à Cochabamba. . 170 §' 2. Voyage à travers des pays inconnus, pour chercher une nouvelle route de Cochabamba à Moxos 173 §. 3. Séjour chez les Indiens Yuracarès. 188 Chapitre XXXVII. Description des Indiens Yuracarès, et voyage du pays des Yuracarès à Moxos, par le Rio Securi ¡93 §. 1. Description des Indiens Yuracarès 193 §• 2. Voyage du pays des Yuracarès à Moxos, par le Rio Securi 215 Chapitre XXXVIII. Généralités géographiques, historiques et statistiques sur la province de Moxos. — Des améliorations industrielles et commerciales qu’on y pourrait introduire. . 221 §. 1. Généralités géographiques . 221 §. 2. Généralités historiques 225 f Première époque : Avant l’arrivée des Espagnols 225 ff Deuxième époque: Depuis l’arrivée des premiers Espagnols à Moxos, jusqu’à l’instant où les jésuites pénétrèrent dans la province (de 1562 à 1667) . 227 tft Troisième époque : Depuis l’entrée des jésuites à Moxos jusqu’à leur expulsion (de 1667 à 1767) 228 tfff Quatrième époque: Depuis l’expulsion des jésuites en 1767 jusqu’à 1832. 233 §. 3. Généralités statistiques. État actuel de la province 236 f Population 236 ff Température; salubrité 238 fff Produits industriels 238 ffff Produits naturels 243 tffff Améliorations agricoles, industrielles et commerciales dont la province est susceptible 243 Chapitre XXXIX. Voyage, par le Rio Sara et le Rio Piray, de Moxos à Santa-Cruz de la Sierra, et de Santa-Cruz à Chuquisaca, par les provinces de Valle Grande, de la Laguna, etc. 251 §. 1. Voyage, par le Rio Sara et le Rio Piray, de Moxos à Santa-Cruz de la Sierra . 251 ( 464 ) Pases. §. 2. Voyage de Santa-Cruz à Chuquisaca, par les provinces de Valle Grande, de la Laguna et de Yamparaes , 256 3. Province de Valle Grande 258 §. 4. Province de Tomina ou de la Laguna 268 §. 5. Province de Yamparaes * 274 Chapitre XL. Séjour à Chuquisaca; voyage à Potosi; description de la ville et du Cerro de Potosi, et voyage à Oruro . 27 7 §. 1. Séjour à Chuquisaca 277 2. Voyage à Potosi 283 Département de Potosi 286 §. 3. Description de la ville et du Cerro de Potosi 290 §. 4. Voyage de Potosi à Oruro 299 f Territoire du département de Potosi 299 Territoire du département d’Oruro 307 Chapitre XLI. Oruro et ses environs. — Reconnaissance de la province de Carangas. — Voyage d’Oruro à la Paz. — Excursion sur les rives du lac de Chucuito 313 §. 1. Oruro et ses environs 313 §. 2. Reconnaissance de la province de Carangas 317 f Province d’Oruro . • 317 •fj* Province de Carangas 319 §. 3. Voyage d’Oruro à la Paz 331 •j" Province d’Oruro 331 -¡~j- Province de Sicasica 333 §. 4. Excursion sur les rives du lac de Chucuito 336 Chapitre XLII. Description de la province de Caupolican 359 §. 1. Histoire 359 ■f Première époque : Avant l’arrivée des Espagnols 364 ■¡"j- Deuxième époque : Depuis l’arrivée des Espagnols jusqu’à nos jours .... 365 §. 2. État actuel de la province 368 -j- Division politique 368 'f't' Population de la province 383 tff Produits naturels 385 Produits industriels 389 Commerce 389 Améliorations agricoles, industrielles et commerciales dont la province est susceptible 391 Chapitre XLIII. Départ de Bolivia. — Voyage par mer d’ Arica à Islay et à Lima, sur. la côte du Pérou. — Retour en Europe par Valparaiso et par le cap Horn 397 §. 1. Départ de Bolivia. Voyage par mer d’Arica à Islay et à Lima, sur la côte du Pérou. 397 §. 2. Retour en Europe par Valparaiso et par le cap Horn 405 Table alphabétique, géographique, statistique et historique des matières contenues dans les trois volumes de la partie historique 407 Ordre des planches de l’Atlas 458 FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE DU TOME TROISIÈME. Partie üstoiiq ¥ Partie historique. VUES . J°6. Partie Historique . ^¿/£ií rpjcb) «tíCJ «i # * « « > . « ' m . •• » t » ■n * *: ■ «o * Partie Historique Paxtje iiis lo rique . Partie Iiistori VUES.N'.lí. Partie historique «TÍV * ■ « C- 4 i- J ti V • At « % - «i * -&r-trsAGes Ar'/J 1 H ' " 1 .mm ' -U*! mmà cl Or b igny etJjossaJJs- (fatf Hindu -Lasaàï/o hbh. Pnnir mBTnriqrrp VUES. N ici WM Chemin de Cochabamba à Moxos .TOI pglJM Zcvrault éditeur. M( 0) ( Bolina.) Lwi.dc Le/n^'tcier à IPtirîs . Partie historique. vues, N? VUES. 7\í:20 ' i ' *1» * / . . ■ ■ ■ ■ J ljí;§4 """ Firus, Æ" 23 £ wàe Insionque. Renvoi. a. Collège b Cow' c £gïüo d Appcu-tementr e Jtcfëcü/è'o- f JareCiris g' J Y -/////;/■ £ -*é¿eZu:rs 1 Tou/- j C/ia/sedc g>ow lar morir 1 CraruCe /j/ccca- m. JfœaroJis t¿er l/uCiàns n Crowe O C/ugjfJ/r-f 20 ¿O ffo COUTUMES ET USAGES. N‘2. rartie historique coœn&fjsjeiinxGgj', />/. ¿ ■ COPTl/MEJET ÍASAGEA . JT.'. Partie Ms torique. ccnrremass jsr wagm, /v #. c oivcwivgj-zr ctMGÆs, o Partie liis torique. COUTUMES ET USAGE ¡S' N I f' ï? 1 — me historique cosrcnwL y-, A'fr y COSTUMES JV°3. ? *: W:? ■ tv • • /■ i ( ' : % W COSTUMES. N:4f. COSTUMES N I \ * Partie historique . COSTUMES. N:8 r \ . . I COSTUMES 7VŸ IO. COSTUMES. N.'JJ COSTUMES. K? 12. rd r-O 6 cti 3 ^ J CJ ^ cS i CD § rTd I COSTUMES. N.13 &ÏJ ANTIQUITES. . 4 ANTIQUITÉS. X:4. ■ ♦ *■# i * V • #> w • • 4 __ 'SeM 'szwduirr i ¿¿J Partie 1 iis lorio Lie d JUir/ü/re //(Si d’un ancien Temple de la Nation Aunara à Tiaguanaco Bol îv i; Ltf/i tie Jjcnirrc/er. ANT IQ ü I TÉS. AT:7. - Al\tk¿ uités, N°8 Partio historique Lr?'/çcr//:j. . / •/ s>. de Bolivia.. ■ Partie historique ijvr/0ÍW!Ej /a W: ' mm de Bolivia. f,v-' : -Zevra¿¿/¿ ecà 'àe&r. des rives du Lac de Titicaca, (Solivia) Zassa S/e e/e S eS?c¿/i . ¿¿¿Â. /4e¿ree/t f /■. /•¿c/te/';/'. Partie historique . - • -■ K, a À è 4 ANTIQUITÉS, N°12 « » i é / / I - Partie historique ANTIQUITES mmma ¥ *4, t Partie historique. 3=3 J-0 Lc7>/‘au/f edâc'ur. sè,. - . J fcli! t ÎÊrnëÊ ■' í>í íiríic Ii i sto ri <| ii < . LV /■/()/ VZ'A'S A." /(> trouvés dans les Tombeaux des Indiens Aymaras de Bolivia. ¿it/ . /, . L et ron ft <’ , /S. Ouai luttai A ' ■& r fe" • ■ ■ ; ' • ■ - • • '• . . _ ■ ■ - . . tr(u‘ luvS(ori([Uc . /A /’/[)('/ TIL S /V° /~. A./rtssu/Zc (Zt’Z et Zic/ Lit/) et ron/) e 7.0 . 0 uní lo/t,u Ae&rau/t edite ur . WABBñ MOIII trouvés dans les Tombeaux des Indiens Quichuas, du Pérou E . Lass alie deL eC ¿ií/i . Partie historique. Lev nuil t éditeur. Lidu L..L e/ro nJte-, /S. Oual Jí/ratre,. trouvés dans les Tombeaux / XT/ OI// T/: S . 1 7' /(). MOIII des Indiens Quichuas etAymaras. \ \ . Í N 'S f / \ ' ' '' «?»■* E.Lassaüc. del el folk. Litli . L- Eeironne... rS.Ouri- Vcitowc.- . Levrault ¿diluir. AlClIIi des Indiens Quichuas et Aymarás de Bolivia.. arti e âN'fip i/JTE S IV. 2o A. Lassa //e de/ e/ //¿/i des Oviicli nas ou Incas de Ia. Le o raid/ e di/ eu?’ .35 * --s • djt : mi Partie historique ANTIQUITES /Vf ‘21. s, r;-- Lilh. tAfln&v et Cfr. JhrJta-, 7. msss jssKsiiiESïg ©us miDnmMg de la Côte du Pérou et de Bolivia. • : >' •■'V.li' ;'j- V > .