VOYAGE DE LASTROLABE IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT FRERES, RUE JACOR , NU 24. VOYAGE DE DECOUVERTES DE L ASTROLABE (Bxéfuti par ovïrrc îui Hoi, PENDANT LES ANNÉES 1826-1827-1828-1829, SOUS LE COMMANDEMENT DE M. J. DUMONT DURVILLE. colonie PAR MM. QUOY ET GAIMARD. TOME QUATRIEME. PARIS, J. TASTU, EDITEUR-IMPRIMEUR, N° 36, HUE UE VAUGIRARD. *• o. \/\/OODs CONSIDERATIONS GENERALES. Si les Mollusques offraient des lacunes , que nous avons cherché à remplir toutes les fois que nous l'avons pu, nous savions également ce qu'il y avait à faire clans l'étude des Zoophytes, encore à peine ébauchée. Les matériaux que nous allons apporter pour servir à cette histoire sont très-certaine- ment ceux qui nous ont le plus coûté d'attention et de constance pour approcher le plus près de la vérité et laisser le moins possible à repren- dre dans une aussi grande masse de faits, recueillis tant dans les relâches que sur les diverses mers que T Astrolabe a parcourues *. Nous les donnons tels quels , quoique , mieux que personne , nous sachions ce que ces travaux ont de défectueux et ce qui leur manque. Mais ce que les navigateurs pourront peut-être seuls bien apprécier , ce sont les circonstances au milieu desquelles ils ont été faits, les obstacles physiques que présen te un navire, * Lorsque ceci fut écrit, nous espérions, comme nous lavons fait poul- ies Mollusques , pouvoir donner , soit dans cet ouvrage ou dans une suite, un allas d'environ cent planches, relatives seulement aux Zoo- phytes; mais des circonstances indépendantes de notre volonté nous font craindre de ne pouvoir continuer la publication de nos travaux. Zoologie, t. iy. i 2 ZOOLOGIE. et qu'il a fallu vaincre à chaque instant sans perdre courage. Nous nous expliquons : à la mer, entre les tropiques et sous l'équateur, le temps favo- rable à l'apparition des Zoophytes est celui des calmes ; mais c'est aussi celui où une chaleur acca- blante, énervant le corps et l'esprit, ne fait désirer qu'une chose, le repos. C'est donc déjà beaucoup que de se donner l'activité nécessaire à découvrir et saisir péniblement les Zoophytes pélagiens qui passent le long du bord. Ce n'est pas tout : l'étude de leur organisation est bien autrement difficile; car il est de ces êtres si transparents, ou tellement mobiles , que ce n'est qu'à la longue , et en y revenant souvent , qu'on peut bien saisir leur ensemble. Le mouvement dû navire et la manière dont il reçoit la lumière, sont sans contre- dit les plus grands et les plus pénibles des obsta- cles que le naturaliste ait à vaincre. Aussi, la loupe d'une main et le bocal contenant les animaux de l'autre, étions-nous obligé de suivre les rayons du soleil, qui variaient à chaque instant par l'effet du calme. Nous avions encore à nous mettre en garde contre les illusions d'optique : c'est ce qui nous a empêché de nous servir du micros- cope, que nous n'aurions pu employer d'ailleurs que dans les relâches, ou fort rarement à la mer*. * Nous recommandons à ceux qui n'ont pas une vue à toute épreuve d'être sobres de travail à la loupe , s'ils ne veulent pas , comme nous , la voir promptement faiblir île moitié el devenir un peu myopes. Nous ZOOPHYTES. 3 Les Zoophytes demandent aussi , comme les Mollusques, à être souvent changés d'eau, si on ne veut pas voir s'altérer leur transparence, varier ou disparaître leurs couleurs, et enfin cesser leur existence. Presque tous ceux qui vivent fixés au sol sont dans le même cas ; mais ils ont cela d'avantageux qu'on n'est pas obligé de les étudier sur l'heure ou dans un temps donné, et qu'avec quelques soins on peut les conserver assez poul- ies examiner à loisir. Avant que d'entrer dans quelques spécialités, qu'il nous soit permis de témoigner au capitaine d'Urville, et aux officiers nos compagnons, notre reconnaissance pour l'obligeance qu'ils ont mise à favoriser nos recherches , et pour l'empresse- ment qu'ils apportaient à saisir des Zoophytes , pendant que nous étions occupé à en étudier d'autres. Nous leur devons d'heureuses découver- tes en ce genre que nous aurons soin d'indiquer. L'Océan contient une prodigieuse quantité de Zoophytes , qui puisent leur nourriture molécu- laire au milieu de tous ces débris d'êtres organisés qui s'y accumulent sans fin ; aussi trouve-t-on par- tout de ces animaux qui ont bien certaines loca- lités propres, mais qui peuvent cependant vivre croyons devoir attribuer cette myopie accidentelle à une nutrition sur- abondante dans l'œil, produite par un exercice inaccoutumé, qui augmente la force de ces parties, comme de toutes celles qui agissent beaucoup ; d'où une disposition plus grande à la réfraction de la part de la cornée, etc., etc. 4 ZOOLOGIE. sous diverses latitudes, parla faculté qu'ils ont de changer de température en se portant à des profondeurs plus ou moins grandes. C'est par ce moyen sans doute que ceux que les courants transportent à de grandes distances du lieu où ils sont nés, contre-balancent ce que les influences atmosphériques peuvent avoir de désavantageux pour eux. L'extrême pleine mer , c'est-à-dire une grande partie de la zone équatoriale, n'est pas fertile en Zoophytes , qui semblent se plaire da- vantage sur les limites des tropiques, principale- ment au voisinage des terres : c'est ainsi qu'on en trouve beaucoup le long de la côte d'Afrique et sur celle de l'ouest de la Nouvelle-Hollande. La mer des Moluques en fournit très-peu, bien que la multiplicité des terres et des eaux calmes soient des conditions favorables. Nous ne pouvons pasbien nous rendre compte de ce fait, qui ne présentera qifune ou deux exceptions. La partie sud de Java, où la 1110- est tranquille comme dans un bassin, ne nous a rien donné non plus. Les eaux de la Nouvelle-Zélande, des îles des Amis, de la Nou- velle-Guinée et des îles environnantes, n'ont aug- menté que de fort peu nos collections; il est vrai que nous fûmes tellement contrariés par la saison, que nous ne pouvons pas dire que les Zoophytes s'éloignent entièrement de ces contrées. La plupart de ces faibles animaux , dont les moyens de loco- motion sont si bornés , se trouvent entraînés par ZOOPHYTES. 5 les courants, qui les réunissent quelquefois en si grand nombre, que la mer en est comme couverte et diversement colorée. Il leur arrive aussi d'être portés sur les terres , où l'ardeur du soleil les tue lorsqu'ils restent trop long-temps échoués, comme on le voit tous les jours sur nos côtes par rapport aux Méduses. Deux fois, à Amboine et à Vani- koro , nous avons été favorisé pour tomber dans ce que les marins appellent remous de courant , et y faire une ample récolte. Nous ne suivrons point un ordre rigoureuse- ment méthodique dans cet aperçu général; ainsi, commençant par les Zoophytes pélagiens , que les eaux de la mer nourrissent et transportent, nous dirons combien la Méditerranée , qui est à notre porte, est riche en ces sortes d'êtres, pour qu'une contrariété de quelques jours à en sortir nous ait mis à même de découvrir, dans le détroit seul de Gibraltrar , toute une famille , que nous avons nommée des Diphides , par analogie avec une espèce principale déjà connue *. Depuis, nous en avons retrouvé d'autres clans plusieurs mers , et jusque sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. Ici les données ordinaires manquent pour arriver à la connaissance intime de ces singuliers êtres , qui semblent formés de deux parties se mouvant Nous en avons donné un aperçu dans les Annales des Sciences natu- relles , t. X , p. 5. G ZOOLOGIE. séparément, mais ne pouvant pas cependant vivre long-temps l'une sans l'autre. Leur transparence cristalline permet de voir toute leur organisation; et cette organisation ne se rapportant à rien de ce qui est connu , on n'en peut déduire aucun phénomène physiologique satisfaisant , si ce n'est celui de la locomotion. Il serait donc inutile d'en- trer dans de plus longs détails, sans avoir recours à des dessins auxquels nous renvoyons. En continuant les animaux pélagiens de cette classe , nous trouverons la famille des Physso- phores, que nous avons aussi longuement ob- servée, et à laquelle nous avons ajouté plusieurs espèces. L'extrême fragilité de ces êtres, qu'on ne peut presque pas toucher sans les désunir ou les déchirer, nécessite, pour les étudier avec fruit, qu'on connaisse bien leur ensemble; car autre- ment on donnerait pour nouvelles des espèces qui ne présenteraient d'autres différences que celles produites par des mutilations. Si l'on ne procédait pas ainsi , il pourrait même arriver qu'on produisît comme genres fies fragments d'individus que d'autres naturalistes plus heureux seraient appelés à faire connaître dans leur entier. C'est ainsi, par exemple, que le Gleba de Forskal, re- produit par M. Otto, n'est qu'un des organes locomoteurs de l'animal que nous avons nommé Stéphanomie Hippopode , et que le Pontocardia de notre collègue M. Lesson n'est de même qu'une ZOOPHYTES. 7 des vésicules creuses qui servent au déplacement des Physsophores. On verra que nous nous sommes permis aussi de créer une espèce, d'après un fragment de Zoophyte que nous croyons avoir assez bien étudié pour ne pas nous être trop éloi- gné de la place qu'il doit occuper. Il ne faut point regarder les Physsophores et les Stéphanomies comme des animaux agrégés, ayant une existence dépendante. Ils sont simples quoique pourvus d'organes assez compliqués, les- quels peuvent bien se mouvoir encore quelque temps après être séparés de la masse centrale, mais non continuer de vivre. Nous considérons les Pbysalies comme des sortes de Physsophores à ampoule hydrostatique exces- sivement développée , sans pouvoir donner de bonnes raisons des rapports et de l'usage de toutes les parties que nous y avons observées, qui, selon nous, ne peuvent arriver à constituer un vrai Mollusque : car nous n'y avons point re- marqué les mouvements d'un cœur, qui ne man- quent jamais de se manisfester dans les plus petits animaux de cette classe. Nous convenons toute- fois que les idées que M. de Blainville a émises à cet égard sur les Physales sont neuves et demandent à être prises en considération dans les recherches qui sont encore à faire relativement à ces Zoophytes; les jeunes semblent naître avec leur vésicule , qui précède le développement de plusieurs de leurs nombreux appendices. 8 ZOOLOGIE. Les Velelles et les Porpites se soutiennent éga- lement à la surface des flots par des tubes car- tilagineux remplis d'air. Sans augmenter le nom- bre des espèces connues, nous pourrons ajouter quelques détails à ce qu'on sait déjà de leur or- ganisation. Il faut nécessairement que ces animaux aient la faculté de vider l'air qu'ils ont produit ou ab- sorbé, quand vient le mauvais temps, afin de des- cendre à des profondeurs qui les mettent à l'abri; autrement ils seraient bientôt brisés par l'effort des lames. Les Pbysales seules, mieux organisées et beaucoup plus robustes, résistent, comme nous l'avons vu plusieurs fois, à d'assez grosses mers. D'après les recherchés que nous avons faites sur les Béroés, que nous aurions peut-être dû indiquer les premiers, ils doivent avoir dans l'é- chelle animale une place un peu plus élevée que celle qu'ils occupent, et faire, en attendant qu'on reconnaisse en eux toutes les conditions pour être des Mollusques acéphales, le passage entre ces derniers et les Zoophvtes. En effet , nous avons reconnu des branchies dans les cirrhes locomo- trices et une circulation si active, qu'elle doit nécessairement entraîner toutes les conditions qui la font exister et qui en dépendent, bien que nous n'avons pu voir d'organe d'impulsion ou de cœur proprement dit. Cette autre variété de Réroé, que Pérou a nom- ZOOPHYTRS. 9 niée Callyanire, jouit de la même organisation. Il en est d'antres à large cavité dont l'opacité des parois ou leur coloration ne permet pas de voir la circulation; mais l'ensemble des formes et l'exis tence de quelques organes conduisent à suppo- ser ceux qu'on ne peut distinguer. Les Gestes ne sont que des Béroés très-étendus latéralement, comme L'a dit M. Cuvier. Le grand développement de ces êtres, leur mollesse extrême, qui souvent ne permet pas de les prendre sans les briser, en rendent l'étude excessivement embarrassante. Ils paraissent vivre malgré la rupture de leurs corps, et des fractions même jouissent pendant long- temps de la faculté d'exercer des mouvements ré- guliers. Nous recommandons à ceux qui seront à même de continuer après nous l'étude de ces êtres singuliers de le faire à la lumière artificielle, dans de l'eau bien pure et au travers d'un bocal aplati, qui produit peu de ces diffractions si péni- bles quand on observe à la loupe. Le genre Sagittèle, que nous avions nommé Flèche avant que de savoir que M. Lesueur l'avait déjà découvert, et qui ne doit ni ne peut être confondu avec les Firoles, nous paraît avoir une organisation plus élevée que les Zoophytes pro- prement dits, et se rapprocher davantage des Mol- lusques par sa forme symétrique , ses nageoires et ses mâchoires armées de dents cornées. C'est pres- que toujours par milliers qu'on trouve de ces 10 ZOOLOGIE. très-petits animaux, qui empruntent leur nom autant de leur forme que de la rapidité de leurs mouvements. Nous en dirons autant de notre genre Fretillaire que nous avons rencontré dans plusieurs mers, notamment aux environs du cap de Bonne-Espé- rance, où il donnait à l'eau une teinte rouge brun, bien que chaque individu n'eût qu'une ligne de longueur. Ces singuliers petits animaux dont le dessin seul peut donner une idée, ne font que se tortiller sur eux-mêmes. Dans leur état complet ils sont comme enveloppés dans une large mem- brane dont ils se séparent sans paraître en souf- frir. On en trouve même beaucoup plus de libres que munis de cet appendice *. Nous pourrons augmenter de près d'un tiers le nombre des Médusaires connues. Dans toutes les mers et dans tous les parages, nous avons trouvé de ces animaux dont la forme générale varie assez peu. Eu cherchant à saisir quelques détails de leur organisation intime, nous sommes arrivé à des résultats satisfaisants touchant la digestion dans certaines espèces. Les autres fonctions nous ont paru très-obscures. * C'est probablement le genre Oikopleura de Mertens ( Mémoires de la Société de Saint-Pétersbourg , t. I, 2e livr., février i83o ). Cet habile naturaliste navigateur , dont les sciences doivent vivement regretter la perte prématurée , n'a pu , dans une trop courte entrevue , nous démontrer tout ce qu'il avait cru voir dans cet animal, > > 1 transverses, u y a des Beroes / j en mitre, { avec appendices. V 3G ZOOLOGIE. Notre intention n'est de donner ici qu'une seule espèce nouvelle de celles que nous avons recueil- lies , afin de faire connaître par des figures les détails d'organisation que nous avons pu saisir dans ces singuliers animaux. • ZOOPHYTES. 37 Genre BÉROÉ. — Beroe. Corps régulier , libre , ovale ou allongé , con- vexe en dessus , comme tronqué en dessous, ayant huit bandes longitudinales formées par autant de canaux , garnies de cils ou cirrhes transverses , rapprochés et vibratoires. Ouverture buccale locomotrice à l'extrémité tronquée. Anus à sa partie opposée. De chaque côté , vers le haut , une ouverture par où sort un tentacule ramifié et rétractile. BÉROÉ ALLONGÉ. Bcroc clongatus, nob. (Mollusques.) planche 90, figures 9-1 4« Beroe, corpore hjalino , fusiformi, elongato , in medio paululum iitflato , octo-costato ; çirrhis diwbus ramosis. Cette espèce , qui a été prise dans l'océan Atlan- tique , non loin de la côte d'Afrique , par 8° de latitude nord , est longue d'un pouce et demi à 38 ZOOLOGIE. deux pouces. Sa forme est allongée et ressemble un peu à celle d'un fuseau renflé au milieu. L'ou- verture , qu'on est convenu de nommer inférieure, bien que l'animal se tienne souvent horizontale- ment, est médiocre, un peu proéminente; l'ex- trémité opposée est arrondie. Huit côtes ciliées recouvrent régulièrement le corps, de la partie supérieure et latérale duquel sortent deux fila- ments ramifiés, assez longs. Tout l'animal est blanc, et si ses côtes reflètent les couleurs de l'iris , cela est dû à la décomposition de la lumière par les lamelles minces qui les recouvrent. En étudiant ce Béroé avec beaucoup de soin à la lumière, voici ce que nous y avons vu. La grande ouverture terminale donne dans une cavité allongée, qui contient de chaque côté deux organes dont nous n'avons pas bien pu nous ren- dre compte , mais que nous supposons devoir servir à la digestion; une très-petite ouverture placée au pôle opposé est probablement l'anus. Sur chacune des parties latérales de ces corps existent deux canaux un peu en forme d'S romai- ne, échancrés pour s'accommoder au renflement du canal central; ils s'ouvrent latéralement vers le tiers supérieur par deux orifices béants, qui don- nent issue aux deux filaments indiqués ci-dessus, plus ou moins longs, ciliés sur un seul côté, très- irritables, rentrant ou sortant promptement à la volonté del'animal. Sont-cedes espèces de tentacules ZOOPHYTES. 39 propres à le fixer , ou des ovaires ? Cette dernière opinion ne nous paraît pas probable, car nous n'y avons jamais vu de gemmules attachées. Ce sont ces corps qu'on a voulu figurer dans les Bé- roés globuleux et ovale de l'Encyclopédie métho- dique. Les espèces transverses les possèdent ; mais nous n'avons pu les découvrir dans celles dont les parois sont opaques et l'ouverture très-large. Vers l'extrémité du grand canal est un organe assez com- pliqué, allongé, pointu en haut, renflé en cœur au milieu et divisé en deux branches inférieure- ment. Il en part de chaque côté un canal qui se divise promptement en deux branches , puis en quatre ; ce qui forme huit canaux pour l'ensem- ble, lesquels se recourbent en gagnant la péri- phérie du corps, qu'ils semblent diviser en huit parties égales. Ces vaisseaux ( car c'en sont réelle- ment ) sont extérieurement couverts dans toute leur étendue de petites lamelles ciliées, plus ou moins rapprochées, quelquefois légèrement im- briquées, qui sont toujours en mouvement, et font évidemment les fonctions de branchies, en même temps qu'elles servent un peu à la progres- sion de l'animal *. Il s'opère au centre du corps que nous venons de décrire, et qui est probable- ment un cœur , une circulation très - active * Lorsque nous avons découvert que la blanchie des Biphores était recouverte de semblables lamelles, nous n'avons plus hésité à leur attri- buer la même fonction dans les P.éroés.. 40 ZOOLOGIE. que facilitent les branchies, qui sont toujours en mouvement. Nous avons cru voir, ce qui serait bien particulier, qu'il y avait à la fois deux cou- rants clans le même vaisseau , l'un concentrique et l'autre excentrique, ce qui est assez facile à distinguer par la qualité grumeleuse du sang. Si ce n'est qu'une illusion, il faudrait l'attribuer à deux systèmes de vaisseaux si bien unis que nous n'aurions pu distinguer leurs limites. N'ayant été fa- vorisé qu'une seule fois pour faire ces observations, nous laissons à d'autres le soin de les vérifier. Voilà deux fonctions subordonnées bien dis- tinctes, la circulation et la respiration, qui ten- dent à rapprocher les Béroés des Mollusques acé- phales. Nous ne connaissons rien de relatif à la géné- ration, si ce n'est que sur un individu remar- quable par sa mollesse presque diffluente , et les nombreux appendices dont il était recouvert, nous avons vu des ovules logées dans les plis des la- melles branchiales, et dans un autre, ces mêmes corps être engagés dans le canal central. Quel- ques espèces ont sur le pôle supérieur une petite palette rétrécie au milieu , et assez souvent colorée en rouge. Les particularités propres au tube digestif nous ont aussi échappé. Nous croyons cependant que l'anus doit s'ouvrir à l'extrémité opposée à la bou- che, quoique nous n'ayons pu le mettre hors de ZOOPHYTES. 4 1 doute .par nos dessins, à l'exception d'un seul individu que nous avons représenté avec deux ouverture anales, portées par deux tubes et des- quelles sort une matière excrémentitielle. Il est des Béroés qui ne présentent que les huit principaux vaisseaux que nous avons décrits, mais il en est d'autres qui joignent à ceux-ci des rami- fications sans nombre, blanches ou colorées en rose et en jaune. La vie semble répandue dans les moindres parcelles de ces êtres fragiles, que les plus petites- circonstances brisent : aussi arrive-t-il quelquefois que la surface de la mer est couverte de leurs débris, dans lesquels on voit encore les cirrhes branchiales vibrer et décomposer la lumière en brillants reflets. Leurs mouvements sont extrême- ment lents; ils n'ont en partie lieu que par ces mêmes branchies; car il est rare que le large en- tonnoir qui forme l'ensemble de l'animal se con- tracte et renvoie l'eau qu'il contient à la* manière des Médusaires. Il n'est pas nécessaire de dire que dans ceux qui s'allongent en lanières, comme les Cestes, les organes que nous venons de mentionner suivent cette disposition; mais alors les deux filaments ré- tractiles qui sont à la partie supérieure dans les autres espèces, sortent près de la grande ouver- ture, qui est toujours centrale; c'est ce qu'on peut voir dans les Callianires et les Ocyroés. 42 ZOOLOGIE. Ces animaux paraissent habiter toutes les mers. Les plus grands et les mieux colorés nous vien- nent des pays chauds. Quelques espèces se con- servent assez bien dans la liqueur, quoiqu'il soit toutefois difficile de pouvoir s'en servir pour les anatomiser. Il en est d'autres tellement molles qu'il faut y renoncer, et que pour les prendre sans les rompre, on est obligé de couler un bocal dans la mer. ZOOPHYTES. 43 Genre GALÉOLAIRE — Galeolaria, Lesueur. Corps gélatineux , résistant , régulier , symé- trique, subpolygone ou ovale, comprimé sur les côtés et garni de deux rangs latéraux de cirrhes extrêmement fines ; une grande ouverture posté- rieure percée dans une sorte de diaphragme avec des lobes appendiculaires binaires en dessus, con- duisant dans une grande cavité à parois muscu- laires ; un ovaire à la face antérieure supérieure, sortant par un orifice médian et bilabié. (Bl.) GALEOLAIRE AUSTRAL. Galeolaria australis, nob. PLANCHE 5, FIGURES 3o-3l. Galeolaria y corpore pyramidale, subcompresso, gelatinoso , basi truncato , bilabiato, unitentacu- lato; apertura ampla; lateribus ciliatis. Nous avions donné le nom de Béroïde à ce corps, parce qu'il nous semblait faire le passage 44 ZOOLOGIE. des Ciliogrades aux Diphydes; niais M. de Blain- ville l'ayant changé en celui de Galéolaire, d'après des manuscrits de M. Lesueur qui l'aurait ob- servé le premier , nous ne tenons point à notre dénomination, et nous adoptons celle de ce der- nier naturaliste pour simplifier la nomenclature. Ce genre nous semble du reste avoir beaucoup d'affinités avec XErsœa de M. Eschscholtz , et rentrerait alors dans les Diphydes. Sa forme est celle de la partie postérieure d'une Diphyde. Elle est pyramidale, subaplatie, pointue à une extrémité, comme tronquée à l'autre, avec une grande ouverture donnant dans une cavité plus large, quia la forme mitrale du corps. Cette ouverture est pourvue d'une valvule mince et sur- montée d'une lèvre bifurquée, derrière laquelle, sur un plan oblique, est un petit appendice ten- taculaire recourbé, rosé. Les côtés du corps ont une ligne longitudinale déliée de petites cirrhes écartées, qui ressemblent un peu à celles des Bé- roés. Nous n'y avons remarqué aucun des canaux qui distinguent ces Zoophytes. Le Galéolaire est de consistance assez ferme, de couleur blanche; sa longueur est d'environ un pouce. Il a été pris dans l'océan indien par 36° 3a' de latitude sud. D'après la caractéristique du genre, par M. de Blain- ville, il paraîtrait que les individus qu'a eus M. lie- sueur avaient plus de parties que n'en offrent ZOOPHYTES. 45 nos deux espèces, auxquelles il semble en effet manquer quelque chose. 2. GALÉOLAIRE A QUATRE DENTS. Galeolaria quadrideniata, nob. t PLANCHE 5, FIGURES 32-33. Galeolaria , pyrqmidali , hyalinà, subcompressa, basi. truncata ; apertura bilabiata quadridentata. Cette espèce ne diffère de la précédente que par le contour de la bouche, qui est entourée de quatre pointes. La lèvre bifurquéë qui les sur- monte paraît aussi plus longue. Il n'existait point d'appendice tentaculaire sur le plan incliné qui vient après l'ouverture, et s'il y avait de petites cirrhes sur les côtés du corps, elles étaient telle- ment déliées que nous n'avons pu les apercevoir. 46 ZOOLOGIE. PHYSOGRADES, Blainville. C'est à Forskàl que nous devons la connais- sance de ces animaux pélagiens dont les formes sont si singulières et l'organisation si difficile à saisir. Personne depuis lui n'en avait observé di- rectement jusqu'à l'expédition des terres australes, que MM. Péron et Lesueur en représentèrent deux individus dans leur ouvrage. Aux Physsophores déjà connus ils ajoutèrent les genres Stéphanomie et Rhizophyse. Mais nous n'adoptons point ce dernier génie, fait aux dépens d'un animal incomplet. Leur Rhizophyse, en effet, n'est qu'un axe de Physsophore ou mieux de Sté- phanomie, portant encore sa vessie aérienne, mais dépouillé de ses ampoules, de ses appendices en forme de suçoirs et même de ses longs tentacules en vrilles; ce qui arrive facilement dans ces Zoo- phytes , ainsi que nous l'avons plusieurs fois ob- servé; tant est faible l'adhérence des parties qui viennent se grouper autour de cet axe. Ce n'est qu'après une comparaison attentive de ces animaux que nous nous sommes décidé à ZOOPHYTES. 47 rejeter le genre Rhizophyse et à reporter aux Sté- phanoinies les individus qui avaient reçu cette première dénomination, soit dans les Annales des sciences naturelles (tome X, page 177) ou dans nos manuscrits , dont s'est servi M. de Blainville pour son article Zoophyte. On verra par nos dessins, combien peu les Sté- phanomies diffèrent des Physsophores et les rap- ports qui lient les unes aux autres. Leur axe cen- tral est à peu de chose près le même , et la plupart portent la bulle hydrostatique qui leur a valu le nom de Physogrades. Mais comme ces animaux sont d'une délicatesse et d'une mollesse extrêmes, un rien les brise et leur fait perdre quelques- unes de leurs parties; d'où ces lambeaux dont on a formé des espèces et des genres incomplets. Ces Zoophytes ne viennent à la surface que dans les calmes parfaits des mers équatoriales. Ils s'y maintiennent à l'aide de la bulle d'air placée au sommet de leur axe radiculaire ; par consé- quent ils nagent toujours verticalement. Ceux qui l'ont perdue peuvent encore conserver cette posi- tion, mais ils prennent plus souvent l'horizontale. Il est probable qu'ils ont la faculté de vider cet air pour descendre par le mauvais temps dans des zones plus calmes. Toutefois, nous n'avons pu les forcer à nous dévoiler ce mécanisme, soit en les conservant pendant quelque temps, ou en les tour- 48 ZOOLOGIE. mentant dans un vase. Lorsqu'ils sont morts et commencent à se putréfier, la bulle d'air persiste encore clans la double et résistante membrane qui la contient. Toutes les parties de ces êtres n'ont pas la même vitalité. Les appendices natateurs creux sont souvent très mobiles et vivent plusieurs heures, pourvu qu'on renouvelle l'eau. Ceux au contraire qui sont pleins n'ont point de mou- vement, ou du moins n'en manifestent que lors- qu'ils font partie de l'animal complet. L'axe et les tentacules sont d'une irritabilité extrême, quoique séparés des autres parties. Nous en avons vu vivre pendant douze heures sans renouveler l'eau. Ils s'allongent et se développent prodigieusement , pour rentrer brusquement au moindre contact sous les folioles qui les cachent. Les suçoirs res- semblent dans leur mouvement continuel à de petites sangsues. Ces Zoophytes sont quelquefois incolores dans toutes leurs parties, et tellement hyalins, qu'on a de la peine à les apercevoir dans le vase qui les contient, bien que leur longueur soit souvent de plusieurs pouces. D'autres brillent des plus élé- gantes couleurs, auxquelles il faut ajouter la dia- phanéité que ne peut rendre aucun dessin. Tous ont ordinairement l'extrémité de leurs cirrhes ten- taculaires colorée. Leur fragilité est telle qu'on ZOOPHYTES. 49 est fort heureux lorsqu'ils ne laissent pas , sur le filet d'étamine qui sert à les prendre, une partie d'eux-mêmes. Mis dans un vase convenable , il faut que l'ob- servateur attende qu'ils veulent bien se dévelop- per, s'agiter et montrer l'ensemble de leur orga- nisation, qui est fort compliquée. Nous avouons avoir éprouvé de grandes difficultés à ce sujet, et nous laissons sans doute beaucoup à désirer. Comment cela ne serait-il pas, lorsque sur un plan peu stable, il faut constamment avoir le vase d'une main et la loupe de l'autre pour faire tom- ber sur un animal mobile les rayons de lumière les plus convenables. Ces animaux ont parfois des mouvements très-rapides , surtout ceux qui ont des appendices locomoteurs creux. Il est cu- rieux de voir comment toutes ces ouvertures, qui ressemblent à de petites bouches, s'animent et s'agitent pour concourir à déplacer l'individu. Nous n'avons point été à même de saisir leur nu- trition, nous pensons cependant qu'elle a lieu de la même manière que dans les Physales et chez certaines Méduses; c'est-à-dire que le plus sou- vent elle est moléculaire, mais que dans certains cas de petits animaux peuvent être absorbés par les suçoirs des individus qui en sont pourvus. Nous avons remarqué que les ampoules creuses rejetaient quelquefois une sanie blanchâtre. Se- Zoologie. t. iv. 4 ;>o ZOOLOGIE. rait-ce une autre voie d'alimentation que la na- ture aurait donnée à quelques-uns de ces animaux? Des filets très-déliés qui parcourent ces appen- dices sont autant de vaisseaux qui les font com- muniquer avec l'axe commun. Voici en définitive les parties constituantes des Physsophores et des Stéphanomies. i° Un axe central simple ou ramifié, plus ou moins long , probablement creux , portant le plus souvent à son extrémité supérieure une ampoule à double membrane , pourvue d'une ouverture ciliée. Une seule fois en pressant un de ces glo- bules, nous en avons fait sortir un appendice ra- mifié. i° Des appendices qui simulent des suçoirs de formes diverses; le plus souvent relégués à la par- tie supérieure et disposés de manière à paraître radiaires; ils cachent une vésicule, rarement deux, renflée en forme d'outre, ayant une ouverture en rose. 3° Des paquets d'ovules répartis le long de la chaîne, ou groupés seulement à sa partie supé- rieure. 4° Des suçoirs et de longs tentacules déliés, ter- minés par de petits boutons en forme de vrilles. 5° Enfin des appendices creux ou pleins, pla- ies au sommet de l'axe ou dans sa longueur de chaque côté, susceptibles de recouvrir toutes les ZOOPHYTES. 51 parties que nous venons de mentionner. Ce sont eux qui serviront principalement à caractériser les espèces. Elles sont assez constantes clans leurs formes , pour que lorsqu'on rencontre une partie princi- pale isolée (un appendice natateur, par exemple) qui diffère de celles qui sont connues, on peut à coup sur la considérer comme appartenant à une espèce nouvelle. D'autres fois on ne trouve qu'un axe. avec ses tentacules, ses ovaires et même ses suçoirs, vivant et s'agitant dans l'eau. Ici les carac- tères sont un peu moins sûrs pour dire s'ils ap- partiennent à un animal nouveau, parce qu'on peut voir par nos figures, qu'il est plusieurs de ces organes qui se ressemblent, et que par eux seuls on ne peut point déduire la forme des appendices locomoteurs , et s'ils sont pleins ou creux. Les Pli\ sales font naturellement partie de cette famille, et s'il n'est pas démontré qu'elles doi- vent appartenir aux Mollusques, c'est après les Physsophores qu'il faudra les mettre , comme nous paraissant avoir une organisation un peu moins compliquée. Le défaut, de place nous em- pêche de donner un grand dessin de Physale, comme étude que nous avons faite avec toutes l'attention qu'il nous a été possible d'y mettre. Les tentacules de cet individu n'avaient pas moins 4* 52 ZOOLOGIE. de quinze à vingt pieds de longueur, et toutes ses parties étaient parfaitement développées. Ayant observé un assez grand nombre de ces animaux de tous les âges , nous serions disposé à croire qu'il n'en existe que deux espèces , dont l'une plus grande , qu'on peut appeler Commune ou Atlan- tique, parce qu'elle abonde dans cet Océan, et l'autre plus petite, à crête à peine colorée, qu'on rencontre dans les mers du Sud. ZOOPHYTES. 53 Genre PHYSSOPHORE. — Phjssophora, F. Animal gélatineux libre, cylindroïde, ayant un axe central plus ou moins long, surmonté d'une bulle d'air percée d'un trou au sommet; des corps vésiculeux creux, natateurs; au dessous des appen- dices coniques en forme de suçoirs, entourant une ampoule à ouverture plus ou moins radiée; des appendices tentaculaires cirrhifères *. i. PHYSSOPHORE BLANCHE. Phjssophora alba, nob. PLANCHE I , FIGURES 1-9. Phjssophora , corpore ovato-globoso , kjcùlino; filamentis , extremitate rubris ; arnpùllis globosis antice jurcatls; cirrhis apice ovatis , vesiculosis. * Le genre Cupulite du Voyage de YUranie, pi. 86, fig. i5-i6, que nous n'observâmes pas par nous-même , nous paraît être une Physso- phore incomplète. On pourrait concevoir aussi cependant que ce tût une Stéplianomie à organes natateurs creux. 54 ZOOLOGIE. Cette espèce en bon état de conservation n'a que trois pouces de longueur totale. Son axe et sa vessie natatoire sont fort courts; cette dernière est ovalaire, villeuse et couleur de laque à son sommet. Elle est presque enveloppée par cinq am- poules qui demandent une description particulière, parce que leur forme, ainsi que celle de l'extré- mité des tentacules, est un bon caractère pour arriver à la connaissance des espèces. Dans celle qui nous occupe, ces corps natateurs sont ovalaires, subaplatis, bifurques en avant, légèrement écbancrés en arrière et pourvus d'une ouverture valvulaire quadrilatère, donnant dans une cavité façonnée en gourde, striée par trois vaisseaux. Dans l'eau ces ampoules paraissent grou- pées d'une manière radiaire autour de l'axe, quoi- qu'elles puissent réellement être placées symétri- quement de cbaque coté. Cette opinion est celle de M. de Blainville; nous ne sommes point éloi- gné de la partager, malgré les apparences contrai- res, parce qu'elle se rattache à des principes d'or- ganisation sur ces animaux, que nous représentons tels que nous les avons dessinés. Au dessous des ampoules sont des appendices encore plus pressés entre eux, allongés, cylindri- ques, pointus et recourbés, sans ouverture à leur extrémité, bien qu'ils paraissent creux : on y re- marque un corps rouge et une strie ondulée dans le sens de la longueur. En les arrachant de l'axe ZOOPHYTES. 55 on voit qu'ils y tiennent par un long filament. On ne peut pas considérer ces corps comme des suçoirs. Au milieu d'eux est une ampoule renflée en massue ayant une ouverture fort petite étoilée à huit rayons. D'après M. de Blainville, qui place la bouche à l'extrémité aérienne et opposée, ce devrait être l'orifice anal. Mais nous allons voir bientôt une autre Physsophore en avoir deux. Des côtés de l'axe partent deux tentacules très- rétractiles, qui donnent naissance de chaque côté de leur tige à des filaments terminés par un bou- ton ovalaire, membraneux, enveloppant un corps rouge strié en vis. Ces appendices varient dans chaque espèce ; leur axe offre dans son intérieur des plaques d'un blanc mat, régulièrement es- pacées. Les parties que nous venons de décrire étaient douées pour la plupart d'une grande irritabilité ; surtout les ampoules qui s'agitaient et pirouet- taient dans tous les sens, même après être déta- chées du corps. Cette Physsophore a été prise par M. le capi- taine d'Urville dans l'océan Atlantique , en août 18.26, par 3o° de latitude sud et i5° longitude O. 56 ZOOLOGIE. 2. PHYSSOPHORE INTERMÉDIAIRE. Physsophora intermedia, nob. PLANCHE I , FIGURES IO-l8. Physsophora, corpore ovàto , crasso, hyalino ; ampullîs transverse bicornibus; appendicibus cylin- draceis atque triangularibus ; tentaculis apice bi- capiUatis. Cette espèce offre cela de remarquable qu'ayant au-dessous de ses ampoules des appendices cylin- driques, et d'autres aplatis et triangulaires, mé- langés, elle semble faire le passage des Physso- phores aux Stéphanomies , d'où nous lui avons donné le nom d'Intermédiaire. Sa vessie d'air est oblongue, rouge à sa pointe; ses ampoules locomotrices sont transverses, bilo- bées, cornues en arrière; leur cavité a la forme d'une mailloche. Ce mélange de deux sortes d'appendices pleins semble bien indiquer que ce ne sont point des suçoirs. Ils embrassent la tige, qui est très-courte, et recouvrent en partie deux ampoules allongées différemment renflées par le bout, qui est percé et crispé : elles sont d'un rouge doré. Deux tiges ZOOPHYTES. 57 tentaculaires assez longues fournissent sur un seul de leur coté, des filaments terminés par un bouton olivaire bifurqué, recouvert d'une spirale rouge. Le reste de l'animal est incolore. Il a été pris dans l'océan Atlantique par 70 de latitude nord en février 1829. Pour ne rien négliger de ce qui peut éclairer l'his- toire de ces animaux, nous dirons qu'à la même époque nous trouvâmes, dans le filet placé der- rière le navire, des tiges de Physsophore dépouil- lées de leurs parties accessoires. L'une d'elles nous a montré en pressant sa vésicule hydrostatique, un appendice digité que nous représentons dans cette même planche I, sans en tirer aucune induc- tion. Comme cela s'est passé presque au moment de notre retour en France, nous n'avons point eu occasion de renouveler nos observations. 3. PHYSSOPHORE AUSTRALE. Physsophora australis, nob. PLANCHE I, FIGURES IQ-2I. Pliyssophora, vcsica, (tarifera, elongata, levi, acuta, rubra; vesiculis latetibus cordiformilms , postice obtuse bilobatis. 58 ZOOLOGIE. Quoique nous n'ayons eu de cet individu qu'une portion de sa tige et quelques ampoules, nous n'avons point hésité, d'après les principes ci-dessus, à en faire une espèce, parce que ces ampoules étudiées avec soin nous ont paru différer de celles que nous connaissons. Elles sont cordiformes, bi- lobées, cornues en arrière; chaque lobe est obtus. En avant elles s'allongent un peu et sont coupées carrément. Ces caractères les font un peu ressem- bler à celles de la Physsophore intermédiaire; mais elles en diffèrent par leur cavité qui, au lieu d'être en marteau , a une forme trilobée. De plus, la face inférieure de ces corps locomoteurs offre trois mamelons. Des vaisseaux très-déliés les par- courent ; l'un deux part du fond et se porte dans l'axe central, qui paraissait avoir une assez grande longueur. La vessie aérostatique est très-longue, pointue, lisse, rosée, couleur de laque à son extrémité avec une petite tache noire. Les autres parties sont transparentes, à l'exception de la cavité des am- poules, qui est jaunâtre. Dans cet individu, qui provient de l'océan Austral , ces organes sont évi- demment pairs. ZGOPHYTES. 59 !k. PHYSSOPHORE DISCOÏDE. Physsophora discoidea , nob. (Genre Rhodophyse de Blainville. ) PLANCHE I , FIGURES "l'I-l^. P//}ssoj)//ora, corpore piano, discoideo, desuper pedicidato , al ho et l'oseo variegato, ovariis circum- dato ; plurinùs tentacalis, Il manque probablement quelques parties à cette Physsophore, dont la forme singulière diffère de celles que nous venons de décrire. Elle pour- rait facilement être prise pour une Médusaire, sans la bulle d'air qui la caractérise. Elle ressem- ble au plateau d'un Electrophore. De sa partie su- périeure s'élève un assez long pédicule qui en représente le manche ; il est terminé par une am- poule aérifère : peut-être devait-il être pourvu de vésicules locomotrices. Quoiqu'il en soit, la dispo- sition évidemment radiaire de cet axe le rend très remarquable. Du pourtour du disque et en dessous pendent une douzaine d'appendices floconneux, légèrement rosés, composés de petits globules se GO ZOOLOGIE. tenant les uns les autres. Ce sont probablement des groupes d'ovaires. De la ligne médiane sortent trois ou quatre appendices, transversalement striés, qui ne dépassent point ordinairement les ovaires du contour; ils sont très-rétractiles. Nous les con- sidérons cependant moins comme de vrais tenta- cules que comme des divisions de la tige, ainsi que cela se voit dans les Stéphanomies. La sommité de ce Zoophyte est rougeâtre, les ovaires sont mélangés de jaune et de rose; le reste est blanc. Quoique nous soyons assez sûr de l'exactitude de notre dessin pour ce qui con- cerne les formes extérieures , nous avouons cependant que nous n'avons pas assez porté d'at- tention dans la disposition des détails de ce sin- gulier corps, qui a de certains rapports avec la Méduse, figurée dans l'Encyclopédie méthodique (pi. 92, fig. i57 7e livraison, Vers), laquelle a été prise dans l'ouvrage deSlabber, et nommée depuis Obélie Sphéruline par M. de Blainville. Ce Zoophyte a été pris dans la Méditerranée, à l'entrée du détroit de Gibraltar. Il est représenté grossi. ZOOPHYÏES. (il Genre STÊVHANOMIE.— S/ cj)/itt/wmia , P. et L. Animal libre, gélatineux, ayant un axe central, une vessie aérienne au sommet, des folioles nata- toires symétriques, pleines ou creuses le long de la tige, des tentacules, des vrilles, des suçoirs et des ovaires. D'après les diverses espèces que nous avons re- cueillies, nous divisons ces Zoophytes ainsi qu'il suit. A. Axe très-court portant un petit nombre d'ap- pendices natateurs pleins. B. Axe plus allongé avec un grand nombre d'ap- pendices également pleins. C. Axe allongé avec appendices creux en forme d'ampoules. Quoique nos figures de Stéphanomie contien- nent un grand nombre de détails , il en est cepen- dant qui nous ont échappé ou sur lesquels nous n'avons pas assez fixé notre attention. Tout ce qui est relatif à la nutrition, à la génération , nous est inconnu. Nous n'avons pas toujours pu bien 62 ZOOLOGIE. saisir la manière dont les nombreux et divers ap- pendices se groupaient sur leur tige. Les plus extérieurs, ceux qui servent en général à la loco- motion , sont évidemment symétriques , imbri- qués; et s'ils ont une apparence d'être radiaires, en spirale, cela tient à la torsion de l'axe sur lui- même dans le sens de sa longueur. Nous le répétons encore, croyant, au début de notre voyage, que les Rhizophyses de Pérou étaient des animaux distincts, nous leur avions donné le nom qui appartient aux Stéphanomies, cherchant toujours ces dernières d'après le type considérablement embelli de l'atlas du Voyage aux terres australes *. * Notre Stéphanomie lisse, du Voyage de ÏUranie, pi. 86, n'ayant pas été dessinée par nous, est un Zoophyle très-incomplet dans plusieurs de ses parties. ZOOPHYTES. 63 A. Axe très -court, portant un petit nombre d'appendices natateurs pleins. ( Genre Rhodophyse de Blainville. ) i. STÉPHANOM1E HÉLIANTHE. Stephanomia Helianthus, nob. PLANCHE 2 , FIGURES 1-6. Stephanomia , ovata ; appetidicïbus longis , sub- cjlindraceis , recurvatis; tèntaculis rubris apice tpifidis. • Cette espèce tient réellement plus aux Physso- phores qu'aux Stéphanomies, et il ne lui manque que des ampoules pour appartenir au premier de ces genres; mais il est évident que la place leur manque et qu'on ne peut pas dire qu'elles sont tombées. Ainsi on voit combien ces distinctions artificielles de genres sont souvent difficiles à éta- blir. M. de Blainville (tome LX, page i i3du Diction- naire des sciences naturelles) a élevé des doutes sur la disposition radiaire des folioles de ce Zoo- 64 ZOOLOGIE. phyte. Malheureusement nous ne pouvons pas re- venir sur ce que nous avons fait dans le cas où nous nous serions trompé, car notre dessin était-il à peine achevé que tous ces corps étaient désa- grégés. Mais nous nous souvenons très-bien que dans l'eau ils s'étalaient en roue, ce qui ne vou- drait pas tout-à-fait dire qu'ils fussent placés en verticille sur leur tige. Hors du fluide ils se grou- paient de la manière dont nous les avons repré- sentés : nous laissons à d'autres le soin d'éclaircir ce sujet. Quoiqu'il en soit, cette jolie espèce est globu- leuse, ovalaire ; son axe très-court, à plusieurs di- visions, est surmonté d'une grosse vésicule lisse, couleur de carmin. C'est sous son cou rétréci que se groupent de nombreux appendices recourbés, étroits, subaplatis, pointus à leur extrémité avec une strie longitudinale dans leur milieu. -Ils sont tellement transparents qu'on a de la peine à les apercevoir. Lorsqu'ils retombent le long de leur tige, ils donnent au Zoophyte l'aspect d'un petit melon à côtes. Sous les ramifications de l'axe, et au milieu d'un paquet oviforme jaunâtre, est une large ampoule à goulot évasé, qui ressemble à un suçoir ; sa base est recouverte par des espèces de petites franges. Du milieu de tous ces corps sortent quatre longs tentacules blancs, ponctués d'une teinte plus niatte. Ils paraissent creux et donnent attache, d'un seul côté, à de petits boutons pédi- ZOOPHYTES. 65 culés, de forme cylindrique, trifides à leur pointe et recouverts d'un petit ruban rouge en spirale. Après la désunion des parties de cet animal, les tentacules vivent encore très-long-temps. Douze heures après cette séparation, on les voyait ré- tracter lorsqu'on touchait seulement le vase qui les contenait. Cette Stéphanomie a été prise dans la Méditer- ranée, sous Gibraltar, par M. le capitaine D'Urville. C'est peut-être celle que Forskàl a voulu rendre dans le dessin peu reconnaissable qu'il a donné planche 43, figures B b, et qui a été reproduit dans l'Encyclopédie méthodique , planche 89, fi- gures 10-11. 2. STÉPHA.NOMIE MELON. Stephanomia Meh , nob. PLANCHE 2, FIGURES 7-I2. Stephanomia , g/obosa, costata , perlucida ; ap- pendicibus cardia ginosis , crassis, ovatis , desuper ruçosis; vesica semirubra , échina ta. Cette espèce est une des plus élégantes que nous ayons vues. Elle est remarquable par sa Zoologie, t. iv. 5 60 ZOOLOGIE. forme sphéroïdale et par celle de chacun de ses appendices, qui sont épais, très-résistants, transpa- rents comme du cristal , ovalaires, en forme d'aile, avec un renflement à la partie supérieure, qui sert de moyen d'union avec la tige. Un de ces corps vu de face ressemble à une côte de melon ou mieux encore à l'élytre rugueux de quelques Buprestes. Ces inégalités sont produites par de petites éminences longitudinales , régulièrement disposées sur six ou sept rangs. L'individu que nous avons possédé n'avait que deux de ces or- ganes placés symétriquement; mais tout indique qu'ils doivent être en plus grand nombre et donner à ce Zoophyte l'aspect du précédent, ce que nous avons essayé de rendre dans une de nos figures. L'ampoule d'air est volumineuse, arrondie, épi- neuse, rouge de laque en dessus, verdâtre en des- sous et presque enfoncée entre les appendices. 11 y a, comme dans l'espèce précédente, des tenta- cules en boutons trifldes, d'autres contournés en tire-bouchon, et de plus des sortes de suçoirs allongés, dont l'extrémité est évasée et découpée. Les ovaires sont mélangés de jaune et de carmin. Cette Stéphanomie , dont le diamètre est d'un à deux pouces, en a trois ou quatre de longueur. Elle fut prise à l'entrée du détroit de Gibraltar, par M. D'Urville. ZOOPHYTES. 67 3. STÉPHANOMIE HIPPOPODE. Stephanomia hippopoda , nob. (Genre Protomédée de M. de Blainville.) Gleba excelsa, Otto. PLANCHE 2 , FIGURES l3-2I. Stephanomia, corpore ovato , cylindraceo, hyct- lino ; appendicibus imbricatis , sùborhiculatis , con- cavis , vah'iilatis ; tentaculis longis ; ovarïis luteis. Lorsque nous découvrîmes ce Zoophyte, nous en fîmes le genre Hippopode, mais ayant rencon- tré depuis plusieurs Stéphanomies, nous avons vu qu'il appartenait réellement à ce groupe, dont il ne forme qu'une division. Cette espèce a l'aspect d'un petit cône d'un pouce de longueur, formé de sept à huit appendices lo- comoteurs , imbriqués sur deux rangs d'une ma- nière alterne, dont les plus gros sont les plus infé- rieurs; ils sont groupés sur une tige commune, assez longue, ramifiée, prenant son point de départ d'un des premiers appendices auquel elle est fixée. M. Lesueur dit y avoir vu une bulle d'air , comme 08 ZOOLOGIE. dans les espèces précédentes; nous avons bien aperçu une fois de l'air, mais il paraissait répandu au sommet de ces corps, sans être contenu dans une ampoule spéciale. La forme dont se rapprochent le plus ces organes natateurs est celle du sabot d'un cheval. La face que nous nommerons inférieure, d'a- près la position la plus naturelle, est concave avec quatre petites pointes en cercle au milieu , servant de moyen d'union entre les individus. A la base de ces pointes est une valvule semi lunaire d'une ligne de largeur, à peine visible hors de l'eau; c'est elle qui par ses contractions détermine la locomotion. L'extrémité interne de ces corps pré- sente une échancrure qui, réunie à l'opposée, forme un canal central , par lequel rentrent et sor- tent les tentacules. La face supérieure est égale- ment concave pour recevoir celle qui lui corres- pond. Tous ces appendices sont résistants , translu- cides, d'un aspect opalin, croissant de volume de haut en bas. Ceux qui terminent le sommet sont plus arrondis et beaucoup plus petits. Par leur forme concave et valvulaire, ils sont intermédiaires entre les espèces qui les ont pleins , et celles qui les ont creusés en ampoule. Les tentacules grêles, déliés, au nombre de six, peuvent avoir, dans leur plus grande extension, huit pouces de longueur: ils sont garnis sur un ZOOPHYTJES. 69 de leurs côtés seulement de vésicules oviières, iso- lées, jaunes, à la base desquelles est attaché un filament en vrille. Il y a dans notre dessin un suçoir isolé, le texte ne parle pas de la place qu'il pouvait occuper. Les individus que nous avons rencontrés n'a- vaient pas plus de dix folioles; cependant on peut concevoir ce nombre plus considérable. L'animal se meut horizontalement lorsque ses tentacules sont rentrés, et verticalement quand ils sont sortis. Ce mécanisme s'opère à l'aide des valvules dont nous venons de parler; il n'est pas nécessaire que toutes agissent, une seule suffit pour produire le déplacement. Dans la désassociation des parties elles se meuvent encore quelque temps. Les ten- tacules sont les derniers à donner des signes de vie. Nous avons quelquefois trouvé de ces Stépha- nomies avec deux ou trois folioles seulement, aux- quelles tenaient la tige et les filaments tentacu- laires. Celle-ci a été prise dans la Méditerranée, à l'en- trée du détroit de Gibraltar. On la rencontre aussi dans d'autres lieux. C'est sur une de ses folioles isolée qu'a été fait le genre Gleba de l'Encyclopédie, adopté depuis par M. Otto. 70 ZOOLOGIE. B. Axe plus allongé, avec un grand nombre d'appendices natateurs pleins . 4. STEPHANOMIE TRIANGULAIRE. Stephanomia triangularis , nob. PLANCHE 3 , FIGURES 1-Ji Stephanomia, elongata, cjlindracea, alba; ap- pendiciùus foliatis , crassis , triangularibus , quater emarginatis; tentaculis apice rubris tnfidis. L'ensemble de l'animal forme un cylindre de sept à huit pouces de longueur. Sa bulle d'air est fort petite; ses appendices en grand nombre sont foliacés, courts, <*pais, triangulaires, pointus au sommet de l'angle, taillés à quatre facettes con- caves à la base, avec une arête au milieu. Ces corps se groupent en spirale autour de l'axe, en se supportant les uns les autres; ils y sont très-peu adhérents. La tige est couverte dans toute son éten- * Notre genre Polytome, du Voyage de l'Uranie , pi. 86, fig. i2-i3, n'est qu'une Stéphanomie de cette division, ramassée en boule, et qui ne se sera pas développée. C'est cependant une espèce nouvelle, re- marquable par la petitesse des organes locomoteurs. ZOOPHYTES. 7 1 due de grappes d'ovaires, de suçoirs dont quel- ques-uns sont renflés en ampoule, de tentacules déliés, terminés par des boutons rougeâtres trilobés. Le reste de ce Zoophyte, qui prend quelquefois la forme d'un œuf, est blanc. Il serait facile d'en donner une idée, en l'imitant avec des morceaux de verre limpide. On peut très-bien le conserver dans l'esprit-de-vin. Il a été pris dans l'océan Atlantique, aux envi- ions du cap Vert. 5. STÉPHANOMIE IMBRIQUÉE. Stephnnomia imbricata , nob. PLANCHE 3, FIGURES l3-l5. Stephanomia, elongato-cylindracea , alba ; ap- pendicibus crassis , triangularibus, bimarginatis ; tentaculis apice vesiculosis , rubris. Si cette espèce n'avait pas été indiquée sous le nom d'Imbriquée dans l'ouvrage de M. de Bla in- ville, nous lui aurions substitué celui de Bimar- ginée, qui lui conviendrait mieux par la forme de 72 ZOOLOGIF. ses folioles, qui sont triangulaires, pointues à l'ex- trémité adhérente, et doublement échancrées à celle qui est libre, de manière à représenter un écusson. Ces appendices sont blancs, épais, serrés, et imbriqués entre eux. La tige qui était privée de sa vessie d'air , avait des ovaires en grappes, de petits suçoirs cylin- driques terminés par trois pointes, et des tenta- cules susceptibles de prendre beaucoup d'exten- sion. Il partait de ces derniers , et d'un côté seulement, de petits boutons pédicules enveloppés d'une spirale rouge, ayant deux pointes de la même couleur, recouverte d'une membrane trans- parente. La tige d'où sortent ces appendices est marquée de petits carreaux blancs. Cette Stéphanomie, dont il ne restait que deux à trois pouces, et évidemment tronquée, a été prise sur les côtes de la Nouvelle-Zélande, dans le mois de février 1827. ZOOPHYTES. 73 6. STEPHANOMIE HEPTACA.NTHE. Stephanomia heptacantha , nob. PLANCHE 3, FIGURES l6-l8. Stephanomia , cylindrica , alba ; appendicibus crassis, cordiformibus , quater limbo marginatis , septem apicibus distinctis ; haustellis tubulosis. Nous ferons pour cette espèce la même obser- vation que pour la précédente, c'est-à-dire, qu'elle était privée de la partie supérieure où devait se trouver la vessie aérifère*.Nousne savons pas non plus quelle forme avait l'extrémité de ses tenta- cules; mais celle de ses appendices latéraux suffit pour la caractériser comme nouvelle et différente des Stéphanomies précédentes. En effet ces appen- dices sont élargis, cordiformes, arrondis dans leur bord libre, lequel présente quatre facettes obliques séparées par sept petites pointes bien distinctes, d'où nous avons tiré le nom de ce Zoophyte, ' Nous ferons observer que si c'est la bouche qui est à l'extrémité de cette vésicule, elle n'est pas d'une utilité indispensable à ranimai, qui peut, comme on le voit, vivre sans elle. 74 ZOOLOGIE. L'axe a des ovaires et deux sortes de suçoirs; les uns simples, un peu tortillés, n'en ont que l'apparence, tandis que les autres sont en forme d'olive allongée, à canal étroit avec une ouverture terminale. Cette espèce provient des Moluques. 7. STÉPHANOMK FOLIACÉE. Stephanomia foliacea , nob. PLANCHE 3, FIGURES 8-12. Stephanomia , elongata, cylindracea; apperuk- cibus foliaceis , ovalïbus , medio appendiculâtis ; teniaculis contùriis, albis et rubris; haustellis cam- panulatis. Cette espèce est susceptible d'atteindre une grande longueur , si on en juge par la quantité de débris séparés que nous trouvions en même temps que des individus presque entiers. Nous ne connaissons point la forme de la vessie hydrostatique. Les appendices ressemblent à des zoophytp:s. 75 feuilles ovalaires légèrement bombées en dehors, munies d'une languette triangulaire en dedans, à l'aide de laquelle ces corps se fixent sur leur axe. Ce mode d'union est facilité par un tube court, qui est quelquefois garni de vrilles et de faux suçoirs. Ces folioles se recouvrent en partie les unes les autres. Elles n'ont pas toutes la même forme. Quelques-unes sont plus courtes ou plus élargies, et ont leur languette déviée d'un côté ou de l'autre, pour s'accommoder à la forme géné- rale. Cette disposition n'est point seulement pro- pre à cette espèce, elle existe également pour celles que nous venons de décrire. La tige est chargée de vrilles rouges et blanches, de corps cylindriques qui ressemblent à des su- çoirs, bien qu'ils n'aient pas d'ouvertures, enfin de longues campanules pédiculées, comme arti- culées dans leur point d'insertion, laissant sortir de leur ouverture tronquée une sorte de petit bat- tant. On remarquait, à l'extrémité supérieure de l'axe, un gros et long suçoir creux à extrémité rebordée en trompette et différent des autres. Cette Stéphanomie provient de la. partie nord de la Nouvelle-Guinée. 76 ZOOLOGIE. C. Axe allongé, avec appendices creux en FORME D'AMPOULE. 8. STEPHANOMIE RUCHE. Stephanomia alveolata, PLANCHE 3, FIGURES I9"23. Stephanomia, oya$o-elongata} alveiformi, hya- lina ; appendicibus subplanis , cuneiformibus , vesi- culosis , marginatis. L'ensemble de cette espèce a deux pouces de long sur un pouce de large dans son plus grand diamètre ; c'est une sorte de cylindre à facettes , arrondi par le haut, avec une ampoule aérifère en forme de manche , ce qui donne à ce Zoo- phyte l'aspect d'une petite ruche. Les appendices sont serrés autour de l'axe, de manière à former un tout continu et non lâche comme dans quelques individus précédemment décrits; ils sont aplatis, subtriangulaires, coupés net à leur pointe , qui est extérieure , échancrés à leur base , de manière à former un trou rond ZOOPHYTES. 77 avec celui du coté opposé. Chaque côté a deux petites facettes. L'intérieur est creusé d'une large cavité subcordiforme, pourvue d'une valvule et s'ouvrant à la pointe du triangle. Ces corps nata- teurs sont d'autant plus grands qu'ils sont plus inférieurs. Les supérieurs diminuent de volume en formant une calotte sphérique ; ils laissent au milieu d'eux un canal par lequel sort la tige , qui est ramifiée et garnie d'ovaires. Nous n'avons pu nous assurer de la forme des tentacules. L'ensemble de cet animal est résistant, coriace et parfaitement transparent; la vessie seule est rouge à son extrémité. Les ampoules désunies vécurent assez long-temps en nageant avec vitesse. On voit que cette espèce , par la forme de ses appendices creux, se rapproche beaucoup des Physsophores proprement dits; elle provient de l'océan Atlantique, non loin du cap Vert. D'après ce que nous avons dit dans nos consi- dérations sur les Physogrades, nous nous permet- trons de signaler ici , comme devant appartenir à des espèces distinctes de Stéphanomies, des am- poules locomotrices, trouvées isolément et séparées de leur axe. Nous appellerons la première : 78 ZOOLOGIE. 9. STÉPHANOMIE EN TOIT. Stephdnomia Tectum, noh. PLANCHE 2 , FIGURE 2.6. Remarquable par sa grandeur et sa forme tri- angulaire , aplatie, taillée en toit, fortement échan- crée. Le sommet du triangle où se trouve l'ouver- ture est coupé carrément ; la cavité est vaste , cordiforme; ses parois sont parcourues par des vaisseaux déliés qui se coupent en croix. Habite les environs des iles du cap Vert. ZOOPHYTES. 7(J 10. STEPHANOMIE A VRILLES. Stephanomia cirr/iosa, nob. PLA.NCHE 2 , FIGURES 22-25. Ici , c'est un axe que nous avons étudié encore vivant , non loin duquel nous prîmes en même temps des ampoules que nous croyons lui appar- tenir , sans positivement l'assurer ; aussi n'atta- chons-nous que fort peu d'importance à ces observations, que nous nous bornons à indiquer pour mettre les voyageurs naturalistes sur la voie de les compléter un jour. La tige de cette Stéphanomie diffère de celles que nous avons décrites jusqu'ici par de longs suçoirs, évasés en trompette, étranglés dans leur milieu , qui est garni de franges et de vrilles rouges. Indépendamment de ceux-ci à forme compli- quée , il en existe de simples, courts, en ampoule. Des vrilles blanches , des ovaires , sont placés le long de la tige, d'une manière que nous n'avons peut-être pas assez bien précisée. Les appendices locomoteurs , indiqués plus haut, sont aplatis, triangulaires, plus ou moins 80 ZOOLOGIE. pointus. C'est du côté de leur base , fort élargie > qu'est l'ouverture, assez étroite, donnant dans une cavité médiocre , surbaissée , étendue trans- versalement. Habite la Méditerranée. Une de ces ampoules a été trouvée près du cap Vert. ZOOPHYTES. 81 DIPHYDES*. Animal libre, nageant, hyalin, coriace, formé de deux parties, rarement de trois, réunies à la suite l'une deTautre, diversiformes , creuses, l'an- térieure nucléale, portant des ovaires et des suçoirs. Quelques jours de contrariété à l'ouverture du détroit de Gibraltar, à notre départ de France, nous facilitèrent l'étude de ces singuliers animaux, et nous mirent à portée d'en faire connaître plusieurs espèces nouvelles, dans un mémoire inséré dans le tome X des Annales des Sciences naturelles. En ayant rencontré d'autres pendant notre voyage, nous les reproduisons toutes ici , en convenant que les genres que nous avons formés ne doivent être considérés que comme des divisions de cette fa- mille, dont les individus ne diffèrent réellement * Lorsque M. de Blaiflville fit paraître son article Zoophytes du Diction naire des Sciences naturelles , il ne connaissait malheureusement pas l'excellent ouvrage, sur les Aealèphes , de M. le professeur Eschscholtz, de Dorpat, naturaliste fort habile, qui avait déjà fait quelques-unes de nos découvertes dans la famille des Diphydes, et leur avait imposé des noms particuliers. M. de Blainville s'est servi de ceux que nous avons donnés à ces Zoophytes. Mais tout en accordant la priorité au naturalisterusse, nous conservons en partie les dénominations du professeur de Paris, pour ne pas nuire à une classification déjà reçue et adoptée en France. Zoologie, t. iv. 0 82 ZOOLOGIE. que par les formes extérieures. 11 en est toutefois qui demandent à être étudiés de nouveau avec beaucoup de soin , dont toutes les parties ne nous ont pas paru complètes ou qui en ont plus de deux; ce que ne présentent jamais les vraies Di- phves, qui servent de type au genre. Nous convenons qu'avec les dessins les mieux faits il est quelquefois difficile de se faire une idée de ces animaux , qu'il faut réellement voir en nature. Heureusement que leur substance est assez coriace et assez résistante pour pouvoir être con- servée dans la liqueur. Leurs appendices tentacu- laires seuls s'altèrent et ne sont plus reconnais- sablés . Dans quelques espèces, un gros suçoir peut bien être pris, jusqu'à un certain point, pour un orifice buccal; mais il en est d'autres, et cela dans les plus grandes , où il ne nous a pas été possible de reconnaître d'organe central de digestion ; à moins que certaines parties creuses qui servent à la locomotion n'en tiennent lieu. Là où il existe un long tube, garni de suçoirs, d'ovaires et de tentacules, on peut supposer que la nutrition s'opère en partie par quelques-uns de ces organes. Nous n'avons rien pu saisir de relatif à la géné- ration , et ce n'est que par induction que nous supposons que de petits corps ronds ou allongés sont des ovaires. ZOOPHYTES. 83 A. Espèces dont la partie antérieure a deux CAVITÉS DISTINCTES. i . D1PHYE BORY. Diphyes Bory, nob. • PLANCHE 4 j FIGURES 1-6. D.iphjeSypartibus œqualibus, mitratis, hyalin is ; aperturis cfentatis ; haustellis, inter se campanulis basi tectis. M. Bory Saint-Vincent est le premier qui, dans son voyage de l'Ile-de-France, a fait connaître ce Zoophyte, sons le nom de Biphore biparti, auquel M. Cuvier substitua celui plus exact de Diphye; car ce n'était pas un Biphore proprement dit. Bientôt après M. Tilésiusen donna aussi une figure dans l'ouvras, e de M. deRrusenstern. Mais toutes deux, quoique donnant une idée de l'animal, ne le caractérisent pas assez bien, surtout dans les dé- tails de ses deux parties, qu'il ne faut point re- présenter comme pouvant s'isoler à volonté. Le dessin que nous en avons donné dans l'atlas zoo- 6» 84 ZOOLOGIE. logique du Voyage de l'Uranie, n'ayant pas été fait par nous-même, est également défectueux. Nous avons donc cherché à étudier avec tout le soin possible ce singulier animal, qui a donné son nom à toute la famille. On ne le trouve en général que dans la haute mer et dans presque toutes celles des pays chauds. De petits individus, d'une forme un peu plus allongée, que nous prenions pour le jeune âge, pourraient bien être une espèce distincte à ajou- ter aux deux qu'a fait connaître M..Eschscholtz sous le nom ftangustata et appeniliculuta. Les deux parties qui composent ce Zoophyte sont à peu près égales en volume et se ressemblent même jusqu'à un certain point. Elles sont co- riaces et tellement diaphanes qu'on ne les aper- çoit quelquefois pas dans le bocal qui les contient, si leur chaîne de suçoirs n'est pas colorée. La pyramide que forme le corps antérieur est com- primée, à cinq côtés. Les deux ouvertures de sa base conduisent dans deux cavités cylindriques, presque accolées l'une à l'autre , dont l'inférieure est un peu plus grande. Elles se rétrécissent brus- quement en s'arrondissant et finissent par deux canaux filiformes qui vont se terminer à la pointe de la pyramide, sans que par de nombreuses ob- servations à la loupe, nous puissions dire s'ils s'ouvrent au dehors. Dans quelques individus ce sommet est comme étranglé. L'ouverture supé- ZOOPHYTES. 85 rieure a cinq dents rapprochées : l'inférieure est en parallélogramme pour recevoir la partie pos- térieure. Du fond de sa cavité part une longue chaîne cylindrique, rétractile, enveloppée d'une série de cloches se recouvrant les unes les autres. Sous chacune est logé un suçoir, tenant à l'axe par une sorte de nœud et portant à sa hase des filaments qui ont l'aspect d'ovaires. Ces suçoirs, élargis en trompette à leur extrémité, sont suscep- tibles de se coller sur les corps , même sur le verre, à la manière des ventouses, et par ce moyen de fixer l'animal. De distance en distance existent des filets ten- taculaires ramifiés d'un seid côté, et terminés par un bouton d'où pend un petit filament. La tige centrale de cette chaîne, noueuse comme un roseau , est creuse ; car en la comprimant on y voit circuler un fluide. Le corps postérieur de la Diphye nous a tou- jours paru un peu moins consistant que le pré- cédent. Son ouverture supérieure n'est à propre- ment parler qu'un canal profond, à bords ouverts, ou bien seulement unis dans un point du milieu, ce qui est le plus ordinaire. Lorsque cette partie est emboîtée dans l'autre , c'est par ce conduit que passe la chaîne des suçoirs. Elle sort et rentre avec la plus grande facilité. La cavité inférieure a aussi cinq dents à son ou- verture et se termine également par un canal 86 ZOOLOGIE. étroit qui va aboutir à l'extrémité. C'est même par là que s'opère la principale jonction des deux corps. Toutes les cavités dont nous venons de parler , à l'exception de celle qui est en canal, sont quel- quefois remplies d'une sanie blanchâtre, indice d'une sorte de digestion. La progression de ces animaux, surtout des jeunes, est excessivement rapide, quelquefois dés- espérante pour l'observateur , qui est obligé d'at- tendre qu'elle devienne moins vive pour mieux les étudier. Les deux parties peuvent y coopérer ; cependant le plus souvent c'est l'antérieure qui la détermine en contractant sa cavité supérieure, qui chasse l'eau qu'elle contient. Lorsqu'elles sont dé- collées , elles ne peuvent plus se réunir. Alors la portion antérieure conserve seule sa vivacité, et il arrive même que l'autre ne donne plus que des signes de vie éloignés. Lorsqu'on retire ces êtres de la mer, ils ressem- blent à des morceaux de cristal taillé; mais leur limpidité s'altère promptement, quelque soin qu'on prenne de renouveler l'eau. ZOOPHVrttS. 87 a. DIPHYE AI5YLA. Diphyes Abyla , nob. PLANCHE 4 i FIGURES 13-1^. Diphyes, partions Umpidis, inœqualibus : ante- riore subcubica ; jwstcriori trigona , apice acuta , latere crenulata; apertura quinquedentata. L'ensemble de cet animal est allongé ettrigone. Sa partie antérieure, beaucoup moins grande que la postérieure, est un corps taillé en cube irré- gulier, plus long que large, ayant une ouverture évasée au milieu, et sur les côtés deux cavités oblongues, dont l'une est un peit plus arrondie que l'autre. La plus grande s'ouvre à l'extérieur, et toutes les deux communiquent par leur base, à l'aide d'un tube très-court, avec la grande pièce postérieure. C'est de l'ouverture évasée que part la tige qui porte les ovaires et les suçoirs. Ces der- niers sont quelquefois colorés de jaune ou d'o- rangé et conservent leurs mouvements long-temps après la désunion des deux portions du Zoophyte. Le cube est articulé à plat avec le grand corps. Il est coriace et doué d'un mouvement de contrac- 88 ZOOLOGIE, tion qui a lieu clans la cavité la plus oblongue, la- quelle s'ouvre à l'extérieur. Il faut beaucoup d'at- tention pour l'apercevoir *. La partie postérieure est pyramidale à trois côtés, séparés par autant d'ailes membraneuses, dont une, beaucoup plus considérable, est accolée à une quatrième, denticulée en scie. Dans quelques individus ce collement n'a lieu que sur un point seulement. Il en résulte un canal pour la chaîne des suçoirs. Le corps se termine par une pointe en bec de cuiller qui s'enfonce assez profondé- ment dans le cube sans y être très-adhérente. Une seconde cavité plus grande a son ouverture ré- trécie, entourée de cinq petites pointes obtuses qu'il faut écarter pour y pénétrer. Elle est mar- quée de plusieurs stries longitudinales qui parais- sent être autant de vaisseaux réunis vers le fond en un seul, lequel va communiquer avec les deux petites cavités du cube. C'est particulièrement dans le détroit de Gi- braltar que nous avons trouvé le plus de ces Zoo- phytes, bien que nous en ayons aussi rencontré dans d'autres mers. Ils tirent leur nom de la loca- lité; les plus grands individus ont environ un pouce et demi de longueur. * Ce que dans la Zoologie du Voyage de V Uranie nous avons décrit et fait figurer sous le nom de Biphore polymorphe,est évidemment ce corps trouvé séparé de la partie qui le complète- ZOOPHYTES. 89 3. DIPHYE CALPÉ. Diphyes Calpe, nob. PLANCHE 4, FIGURES 7-II, Diphyes , corpore trarislucido , pyramidale, pen- iagono ; partibus inœqualibus : anteriore cubica , biforata ; posteriori ore qui/iquepartita. Les deux parties de cette espèce, fort inégales en grandeur, n'entrent point l'une dans l'autre ; elles se tiennent seulement par un court pédicule. L'antérieure, très-petite, est cubique, pourvue d'une assez large ouverture qui donne issue à un long chapelet d'ovaires et de suçoirs , dont la cou- leur varie de l'argenté au jaunâtre. Elle est de plus creusée de deux petites cavités, dont l'une, ovalaire, fusiforme, s'ouvre à l'extérieur, et l'autre est arrondie avec un petit appendice. Toutes deux aboutissent à un canal qui paraît aller s'ouvrir dans la cavité principale du grand corps. Ce dernier , qui à lui seul forme presque toute la Diphye, est pyramidal, pentagone, tronqué à sa pointe pour s'unir au cube antérieur , pourvu à sa base de cinq pointes inégales , d'où partent 90 ZOOLOGIE. autant d'arêtes longitudinales, limitant les cotés du corps. Il est creusé de deux cavités, dont l'une plus grande, cylindrique, un peu renflée au mi- lieu, aboutit au canal que nous venons d'indiquer, auquel viennent se joindre quatre vaisseaux. L'ou- verture de cette cavité est toujours béante et pourvue d'une valvule, ce qui la distingue de celle de l'espèce précédente. La seconde issue qui occupe l'un des cotés, n'est qu'un canal incomplet formé de deux lamelles, dont l'une plus grande se replie sur elle-même et recouvre l'autre, qui est repliée en sens opposé et denticulée en scie : par ce conduit sort la file des suçoirs, qui tiennent au corps antérieur. C'est par la grande cavité que l'animal se meut assez rapidement. — La petite ouverture du cube , qui communique avec l'extérieur, est aussi sus- ceptible de se contracter. Ce Zoophyte est transparent, assez ferme; sa longueur est d'un pouce. Nous l'avons trouvé dans différentes mers; mais le détroit de Gilbral- tar est le lieu qui nous en a le plus fourni; c'est pourquoi nous lui avons donné le nom sous lequel les anciens connaissaient ce promontoire d'Europe. Nous avons assez examiné de ces ani- maux pour assurer qu'ils sont bien entiers, et que ce ne sont point des parties détachées d'autres individus. ZOOPHYTES. 91 4. DIPHYE DE BASS. Diphyes bassensis, nob. PLANCHE 4) FIGURES l8-2(». Diphyies , parti bus hyalinis , inœqualibus , quadrilateris : posiica , majore, apertura quinqtie- dentata. On voit que cette espèce a beaucoup de rap- ports avec la précédente. Elle en diffère par sa forme plus élargie, plus courte et quadrilatère. Elle nage verticalement, ce qui tient probablement à ce que sa partie antérieure est plus lourde. Elle forme un cube irrégulier, aplati, taillé à facettes, parfaitement uni au corps postérieur. Ce corps contient deux petites cavités , dont l'une s'ouvre à l'extérieur sur une des faces. Elles aboutissent à un canal qui va joindre le fond de la cavité an- térieure , où viennent se réunir quatre autres vais- seaux. La chaîne des suçoirs est fort courte. 5 La partie postérieure est quadrilatère, un peu renflée au milieu, à ouverture et cavité très-larges. La première est entourée de cinq pointes , dont une fort petite. Le canal latéral, si bien marqué 92 ZOOLOGIE. dans les deux espèces que nous venons de décrire, est à peine indiqué dans celle-ci. Nous l'avons trouvée àla Nouvelle-Hollande, dans le détroit de Bass, dont elle porte le nom. Sa lon- gueur est de huit à dix lignes. B. Espèces dont la partie antérieure n'a qu'une seule CAVITÉ, OU DONT LA SECONDE EST EXCESSIVEMENT PETITE. 5. DIPHYE CAPUCHON. Diphyes Cucullus , nob. Eudoxia Lessonii , Eschscholtz, Acalèphes, pi. 12, fig. 2. PLANCHE 4j FIGURES 21-9.3. Diphyes, partibus œqualibus, albidis : antica conica , cucullata ; postica quadrata ; apertura quadridentata. Dans cette espèce, les deux parties sont à peu près d'égal volume; mais l'antérieure étant apparem- ZOOPHYTES. 93 ment plus pesante, forçait l'animal à nager verti- calement. Elle est en forme de capuchon pointu , renflé au milieu, bilobé , dont un des lobes est plus allongé. Ce corps est assez largement creusé et contient un grand suçoir rougeâtre à ouverture rebordée, dont la base est entourée de petits corps qui sont peut-être des ovaires. Dans cette sorte d'entonnoir vient s'implanter la partie postérieure , subquadrilatère, à quatre arêtes, lesquelles se terminent par autant de pointes environnant l'ouverture. Cette dernière conduit dans une cavité en ampoule renflée, du fond de laquelle part le vaisseau qui lie cette pièce à la première. L'extrémité engainante est coupée obli- quement. Les deux portions de l'individu adhèrent assez fortement entre elles. La postérieure fournit seule à la locomotion , qui est aussi brusque que vive. La petitesse de cette Diphye, qui n'a que trois lignes de long, nous a empêché de reconnaître quel- ques parties que l'analogie semblerait devoir indiquer; comme, par exemple, l'existence d'un ca- nal latéral pour le suçoir, qui ici nous a évidem- ment paru sortir par le côté. Ce Zoophyte a été trouvé sur la côte nord de la Nouvelle-Guinée, aux environs du port Dorey , près de Misory et de l'île Longue. 11 est dit dans l'ouvrage de M. de Blainville, que M. Botta ayant fréquemment trouvé cette espèce 94 ZOOLOGIE. mélangée avec la grande Diphye de Bory , elle pouvait bien n'être qu'un premier degré de déve- loppement de cette dernière. Cela ne peut pas être; d'abord par la différence de forme des organes natateurs, commeledit fort bien M. de Blainville, et de plus parce que nous avons souvent trouvé de jeunes Diphyes parfaitement complètes, qui avaient à peine deux lignes de longueur. 6. DIPHYE CUCUBALE. Diphyes Cucubalus, nob. PLANCHE 4 ■> FIGURES O./^-l'J. Diphyes, partions subœqualibus, a/bis, cordifor- mibus : antica uniperforata ; haustello elongato ', basi ovariis tecto. Le nom donné à cette espèce est emprunté du fruit du Cucubale avec lequel elle a quelque res- semblance. Les deux parties qui la composent adhèrent peu et se séparent facilement. Elles sont globuleuses, cordiformes, pointues. L'antérieure, ZOOPHYTES. 1)5 un peu plus petite, présente une seule cavité large, ovàlaire, à ouverture rétrécie. Il est probable qu'elle aplusde densité que l'autre, puisqu'elle maintient tout le corps dans une position verticale. C'est aussi à elle seule qu'est due la progression. La partie postérieure plus grande est recevante, creusée d'une cavité ovàlaire , remplie par la pointe de la portion que nous venons de décrire. Il en sort un assez long suçoir garni d'ovaires à sa base. Ce Zoophyte incolore, long de deux lignes, pro- vient de la rade d'Amboine , dans les Moluques. 7. DIPHYE NACELLE. Diphyvs Cymba , uob. PLANCHE 5 , FIGURES 12- I^. Variété, fig. 18-20. Diphyes , partibus subœqualibus, hyalinis : an- teriore foliacea , sagittata, emarginata ; posteriori, pyramidale, biforata; apertura sexdentata. 9G ZOOLOGIE. Le corps antérieur , vu de face , ressemble assez à un fer de flèche, obtus, caréné inférieu- rement et offrant en arrière un angle rentrant. Isolé , il a également l'aspect d'un petit sabot flottant. Il est creusé d'une large cavité qui donne issue à un suçoir et à des ovaires , en même temps qu'elle reçoit , par une union assez intime , la partie postérieure. Celle-ci a beaucoup de rapport avec l'analogue de la Diphye Calpé ; elle est pyramidale, coupée obliquement dans son extrémité d'insertion , et pouvue à l'autre de six pointes inégales , environ- nant l'ouverture qui donne dans une cavité ob- longue, laquelle communique, par un conduit étroit, avec la partie antérieure. Sur le côté est un canal à bord denticulé, par lequel passe la chaîne des suçoirs. Nous avons trouvé et figuré près de cette issue, sur le coté gauche , un troisième corps , qui est peut-être un jeune individu encore adhérent, ayant comme l'adulte ses six pointes et son canal crénelé. Cependant il manquait, pour le rendre complet, sa portion antérieure en fer de flèche; ce qui est une difficulté pour en faire un fœtus. Ce Zoo- phyte demande donc à être observé de nouveau avec attention. Il nage indifféremment d'une ma- nière horizontale ou verticale. Nous l'avons repré- senté de grandeur naturelle. Il se trouve dans le détroit de Gibraltar. ZOOPHYTES, 97 Nous avons représenté sur la même planclie, fig. 1 8 et 20, une variété de cette espèce, recueillie dans le grand océan Austral. Sa partie antérieure, la seule que nous ayons pu nous procurer, a la forme d'un sabot, lorsqu'on la voit de profil. 8. DIPHYE TRONQUÉE. Diphyes truncata, nob. 'l»LA.NCHE 5 , FIGURES 21-23. Nous n'hésitons point à donner comme appar- tenant à une espèce nouvelle cette seule partie antérieure de Diphye, que nous avons prise dans l'océan Atlantique, par 8° de latitude nord. C'est un petit carré long, coupé net à ses deux ex- trémités, échancré sur une de ses faces, où se trouve une ouverture pour recevoir le corps pos- térieur. C'est d'un petit cul-de-sac en forme de cornemuse que part une chaîne d'ovaires jaunes. Zoologie, t. iv. 98 ZOOLOGIE. 9. DIPHYE CUBOIDE. Diphyes cuboidea , nob. / PLANCHE 5, FIGURES 7-II. Diphyes , partibus maxime inœqualibus , per- lucidis : anteriore cubica ; posteriore minitna , py- ramidali; apertUra margine quinquedentata. Dans ce Zoophyte, le corps antérieur ou rece- vant est beaucoup plus considérable que celui- qui est reçu ; d'où l'on peut déduire la lenteur de ses mouvements. Il est exactement cubique , en forme de dé, transparent comme du cristal, et d'une résistance cartilagineuse au sortir de l'eau. Les quatre angles sont saillants et les six faces un peu rentrées. L'une d'elles présente un trou en enton- noir , d'où sortent des suçoirs blancs et des ovai- res jaunes ; elle est de plus avoisinée par deux petites cavités, dont une s'ouvre au dehors. La seconde partie de l'animal est très-petite, pyramidale, coupée obliquement dans son extré- mité engainante, offrant à l'autre extrémité cinq den- ticules qui entourent une cavité assez profonde, du fond de laquelle part un canal qui va communiquer ZOOPHYTES. nigrp punctata; dorso gibberoso ; tentaculis dénis ? crassis extremitate dilatatis ; ventre rubescente ; tubulis viresçentibus , tribus seriebus dispositif. Habite l'île Tonga. Longue d'un pied. 2. HOLOTHURIE BANDELETTE. Holothuria Fasciola , nob. Holothuria , siibtetragona , tuberculosa , vires- cente, pwtctis rubris et luteis notata ; vitta niera ZOOPHYTES. 131 lateribus ; ventre fulvo, subrubro punctato ; tubulis sparsis ; tentaculis viginti, ntbentibus. Habite la Nouvelle-Irlande. Longue d'un à deux pieds. 3. HOLOTHURIE TUBERCULEUSE. Holuthuria tuberculosa , nob. Holothuria , subtetragona , extrernitatibus trun- cata,cœrulescente, pallida; dorso valde tuberculose); tuberculis adnatis, basi injlatis; tentaculis bis dénis, brevibus ; haustellis tribus seriebus ordinatis ; ano n/'oro. Habite Tonga. Longue de huit à dix pouces. 4. HOLOTHURIE MONOTUBERCULEE. Holothuria monotuberculata , nob. Holothuria, desuper coiwexa, subtus plana, luteo- viridi , tuberculosa ; eminentibus so/itariis , acutis ; 9* 132 ZOOLOGIE. ventre cœruleo , tribus vit lis nîgricanttbus notalo ; tubulis trifariis; tentaculis viginti api ce luteis. Habite le port Louis de l'île de France. Longueur de six à huit pouces. 5. HOLOTHURIE A RAIES BLANCHES. Holoihuria alhifasciata , nob. Ho/othuria, elongdta, apice acuta, brunnea; ven- tre albo trifasciato ; haustellis trifariis , longis et albidis; dorso spiracu/is longïssirnis hirsuto; ten- taculis bis dénis. Habite Tonga. Longueur de dix-huit pouces à deux pieds. H. HOLOTHURIE PONCTUÉE DE BRUN. Hnlothiiria fuscopunctatu , nob. Holothuria, c)/i/u//ica, rugosa, tessellula, subfus albida , desuper rubente, punctis subfucis bi farinai ZOOPHYTES. 133 instructis , tentaculis viginti, ramosis; tubulis con- fluentibus- Habite le havre Garteret à la Nouvelle-Irlande. Longue d'environ cinq pouces. 7. HOLOTHURIE FASCIÉE. Holothuria fasciata , nob. Holothuria , subcjlindrica , desuper luteo-vires- cente , tratisversim nigro jasciata, punctisque nigris tecta ; ventre albo ; tubulis retractilibus medianis ; tentaculis viginti, laciniosis , apice tuberculatis. Habite l'île de Vanikoro. Longue de sept, à huit pouces. 134 ZOOLOGIE. 8. HOLOTHURIE LUCIFUGE. Holothuria lucifuga , nob. Holothuria , cjlindrica ', molle, violacea; tenta- culis bis dénis, longis , apice ramosis ; haustellis brevibus trifariis ; ore eireum nigro piuictato. Habite le havre Carteret. Longue de trois à quatre pouces. 9. HOLOTHURIE OPHIDIENNE. Holothuria ophidiana , nob. Holot/iuria, cylindricea, molli, tuberculosa, de- super luteo viridique maculosa, subtus fuscescente; tentaculis viginti , luteis , subrubro punctatis. Habite le port Dorey à la Nouvelle-Guinée. Lon- gue de six à sept pouces. ZOOPHYTES. 135 io. HOLOTHURIE FAUVE. Holothuria fulva, nob. Holothuria , cylindricà, molle, viscosa, tubercu- losa , subrubra; tuberculis poljgoniis rubro uni- pwictatis ; ventre griseo ; tubulis confertis. Habite le port du Roi-Georges à la Nouvelle Hollande. Longue d'un peu plus d'un pied. ii. HOLOTHURIE PENTAGONE. Holothuria pentagona , nob. Holothuria, rigida, prismatica, apice acuta > fusca ; spiraculis dorsi ordinatis ; haustellis roseis trifariis ; tentaculis dénis , gracilibus , ramosis- simis pwictatis ; ore rubro. Habite le fond de la rade de Sydney au port Jackson. Longue de deux à trois pouces. 1 36 ZOOLOGIE. la. HOLOTHURIE TERRE DE SIENNE. Holothuria subrubra, nob. Holothuria, cylindrica, subtus plana, rubente, maculis irregularibus rabro-fuscis picta; ventre albo; haustellis confluéntibus viridi-luteis ; tentaculis bis (/en/s a/bicantibus. Cette espèce, longue de douze à quinze pouces, que nous n'avons point dessinée, habite les îlots aux Cerfs de l'île de France. Les Holothuries suivantes se distinguent par cinq pointes cartilagineuses ou osseuses autour de l'anus. i3. HOLOTHURIE LINÉOLÉE. Holothuria lineolattt , nob. Holothuria, cor/acea, verrniforrni, crassa, linéolis conjcrtissimis fuscis tecta; extremitate spàdicea; ossicu/is ani quinis, sabra bris ; tentaculis vicenis albido luteis; tubulis sparsis. ZOOPHYTES. 137 Habile Tonga sur l'ile Panhi-Motoit. Longueur, huit à dix pouces. 14. HOLOTHURIE MILIAIRE. Holothuria miliaris, nob. HolotJiuria, ovato-elongata, piriformi, lutesçente, tuberculis minimis rufescentibus irrorata ; tenta- cul is viginti , crassis., luteis, apiçe ciliato-tuber- culatis; haustellis trifariis, rugasis ; spiraculis loti- gis. Habite l'île de Vanikoro. Longue d'environ six pouces. i5. HOLOTHURIE DE GUAM. Holothuria guamensis , nob. Holothuria, subeylindrica , postier ovali, alba . aorso, lateribus, maculis autflammis subrubris or- 1 38 ZOOLOGIE. nato ; ventre rubido, Jiaustellis trifarie onusto ; tentaculis vigintPsex , roseis ; ossiculis ani albis. Habite l'île Guam. Longueur, sept pouces. 16. HOLOTHURIE DE MAURICE. Holothuria mauritiana , nob. Holothuria, cyîindrica, desupev dneracea, luteo îtiixta; ventre albo , delicatissime nigro punctato ; tubulis conjluentihiis , virescentibus ; ossiculis uni albidis. Habite les îlots aux Cerfs de l'île de France. Cette espèce, qui n'a point été figurée, est longue de six à dix pouces. Elle se contracte en forme de toupie. ZOOPHYTES. 1 39 ACTINIES. Animal à corps cylindrique mou, plus ou moins allongé , élargi et fixé par sa base , avec la faculté de se déplacer; bouche centrale; disque pourvu d'un plus ou moins grand nombre de tentacules, variables en longueur, simples, villeux ou ramifiés. Malgré les travaux d'observateurs recomman- dables , l'organisation des Actinies n'est pas aussi bien connue qu'on pourrait le désirer, et que la présence de ces animaux sur nos côtes devrait le faire supposer. Dans l'état actuel de nos connais- sances, il est d'autant plus à souhaiter que quel- que naturaliste placé sur les bords de la mer s'en occupe , que ce sera jeter en même temps un grand jour sur l'organisation des Zoanthaires en général, que nous avons reconnu avoir les plus grands rapports avec les Actinies proprement dites. Nous avons quelquefois été placé dans des cir- constances bien favorables à ces sortes d'études, lorsque dans les contrées équatoriales , nous trou- vions des Actinies qui avaient jusqu'à deux pieds de haut; mais nous l'avouons, en courant après le plus brillant , nous avons négligé le plus positil 140 ZOOLOGIE. et le plus solide. Nous n'avons pu résister à la beauté , à la variété des formes et des couleurs ; la description des espèces l'a emporté sur des dé- tails anatomiques , que nous supposions devoir être connus à notre retour. Quoi qu'il en soit, les voyages récents ont fait connaître un assez grand nombre d'espèces , qui varient assez dans la forme de leurs tentacules pour former des divisions propres à faciliter leur étude, sans que pour cela on aille jusqu'à les ériger en genres ; car il nous a semblé que l'organisation intérieure de ces Zoophytes n'offrait pas pour cela d'assez grandes différences. A. Espèces a tentacules simples, plus ou moins longs, SUR plusieurs rangées , ou les actinies proprement DITES. i. ACTINIE MAGNIFIQUE. Actinia niagnijîca , nob. PLANCHE y, FIGURE I. Actinio, rnaxima, oyali; margine, basique dila- tàtis ; corpore spléndide rubro; tentaculis cylindri- cis, obtiisiSf apice rubicundis. ZOOPHYTES. 1 4 1 Grande espèce de sept à huit pouces de diamètre, à base d'un beau rouge cramoisi, à limbe ondulé, garni de deux rangs de tentacules médiocrement longs, épais, cylindriques, obtus à la pointe, qui est couleur de laque, tandis que le milieu est jaune clair et la base rougeâtre, quelquefois grisâtre. Le contour de la bouche est gris. Cette Actinie, qui n'est point caustique, habite l'île de Vanikoro. i. ACTINIE AURORE. Actinia Aurora, nob. PLANCHE 12, FIGURES 1-3. Actinia, cylindrica, basi aurantiaca, longitrorsfbm substriata; tentaculis aodosis, luteo-roseis , duode- cim intus limbum dispersis ; ore subflavo, radiato. Farietas, tentaculis virescentibus apicc roseis ; disco viridi lineato. Cette espèce assez peu élevée , parfaitement ronde, a trois pouces de diamètre. Sa base est d'un bel orangé, striée de la même couleur. Le limbe est 142 ZOOLOGIE. blanc, ponctué en dessous de taches plus blanches. Plus en dedans le disque est légèrement enfumé et marqué dans le contour de la bouche de lan- guettes d'un jaune pâle, sans saillie. Les tentacules sont très-nombreux, médiocre- ment longs, noduleux, les uns jaunes, les autres alternativement tachés de jaune et de laque. Cette Actinie habitait sur les pierres de l'île aux Cocos, du havre Carteret de la Nouvelle-Irlande. La variété que nous avons rencontrée au port Dorey de la Nouvelle-Guinée, est d'un orangé plus éclatant. Ses tentacules, également noueux dans toute leur longueur, sont bruns à la base, ver- dâtres au milieu et un peu rouges à la pointe. La surface du disque est jaunâtre, avec des stries verdâtres qui convergent vers la bouche. 3. ACTINIE VIOLETTE. Actinia ameihystirtâ , nob. PLANCHE 12, FIGURE 5. Actinia , cjlindrica , medio constricta ; basi vi- rescentc , violaceo punctato ; tëntaculis numerosis- simis , hrevibus , obtusis , violaceis ; are citrino. ZOOPHYTES. 1 43 Cette Actinie, qui a deux pouces de diamètre, selargit quelquefois en vase en se rétrécissant au milieu. Sa base est d'un joli vert clair avec des lignes longitudinales de points violets , qui ne la parcourent pas en entier. Le disque, légèrement ondulé, est couvert de nombreux tentacules très- courts , arrondis , d'un beau violet. Cette couleur est plus intense sur ceux du pourtour. Habite l'île aux Cocos du havre Carteret à la Nouvelle-Irlande. /,. ACTINIE A GLOBULES. Actinia globulosa, nob. PLANCHE 9, FIGURE 4- Actinia, minima, hemispherica , rosea , striata ; tentaculis a Ibis apice globosis ; are prominenti , sitbritbro. * Cette très-petite espèce n'a que trois à quatre lignes de hauteur. Elle a la forme d'un petit dôme. Sa couleur est d'un rose tendre avec des stries verticales d'une teinte un peu plus foncée. Sa i44 ZOOLOGIE. bouche est rougeâtre et proéminente ; ses tenta- cules sont blancs, terminés par un petit bouton à leur extrémité, d'où nous avons tiré le nom spéci- fique de ce Zoophyte, qui habite, par une assez grande profondeur, les ports Jervis et Western de la Nouvelle-Hollande. 5. ACTINIE BRUN-ROUGE. Actinia fusco-rubra , nob. Poré-Poré Ango, par les habitants de Tonga. PLANCHE I I , FIGURE 7. Actinia, cylindrica, basi transversim stria ta, gra- nulosa, rubro-fuscescente ; tentaculis gracilibus ro- se/s subrubro annulatis ; disco stria to, maculis albis sertis nutato; ore rubro cœruleoque circaindato. Varietas, corpore lutescente longitudinatiter san- guineo litieato, basi punctato. Cette Actinie a environ un pouce et demi de diamètre sur deux de hauteur. Elle est cylindrique, ZOOPHYTES. 145 d'un rouge brun foncé, formant des stries trans- verses, granuleuses. Le contour de la base est d'un rougeâtre plus clair, marqué de petits tubercules d'un blanc jaunâtre. Les tentacules sont assez longs, grêles, pointus, diaphanes, colorés en rou^e clair avec des anneaux rougeâtres. Le disque est remarquable en ce qu'il a six taches blanches subquadrilatères, dont les inter- valles sont striés de brun et rouge; le contour de la bouche est rouge avec un cercle bleu. Une variété de cette espèce, trouvée à Amboine, a le corps jaunâtre avec des bandes et des taches longitudinales d'un rouge sanguinolent. La base a quelques points bleuâtres et une rangée de petits tubercules jaunâtres marqués d'un point noir. Entre les grandes bandelettes sont de légères stries rougeâtres tremblées. Le disque ne présente au- cune différence. Cette Actinie en se contractant prend la forme d'un petit dôme. G. ACTINIE PIQUETÉE. Actinia punctulata, nob. PLANCHE 12, FIGURES 8-9. ictinia, parva , cylindracea, jusco-violaeea , Zoologie, t. iv. 10 1 46 ZOOLOGIE. striata , albo punctata ; tcntaculis virescentibus , annulatis ; are viridi. Cette petite espèce a le corps brun violacé, li- néolé de la même couleur et taché de points blancs. Le pied est jaunâtre et le pourtour du limbe verdâtre avec des taches blanches. La bouche est verdâtre, et les tentacules, assez longs, portent des anneaux de la même couleur. Ce Zooplryte a deux pouces de hauteur dans son plus grand développement; contracté, il a une forme globuleuse. On le trouve en assez grand nombre, à marée basse, sur les pierres de la rade d'Hobart-Town, à Van-Diemen. 7. ACTINIE PELAGIENNE. Actinia pelagica, nob. PLANCHE II, FIGURE IO. Actinia, miruma, cordiformi, subjlava; tentaculis inœqimlibus, longis, fusco jnmctatis ; ore violaceo circumdato. ZOOPHYTES. 147 Cette très-petite Actinie, que nous avons trouvée surdes fucus au milieu de l'océan Atlantique, pour- rait bien n'être qu'un jeune âge. Elle est subcor- diforme, jaunâtre, et remarquable par la rareté et l'inégalité de grandeur de ses tentacules, qui sont longs, assez gros, pointus, d'un jaunâtre sale avec des points brunâtres. La bouche est entourée d'un cercle violet qui doit faire distinguer cette espèce de celles qui pourraient avoir des rapports avec elle. Dans notre dessin elle est grossie du double. 8. ACTINIE VASE. Àctinia Vas, nob. PLANCHE 12, FIGURE 6. Actinia, cjlindrica , ventricosa , longitrorsum transversimque fusco striata; disco basique auran- tiacis; teiitacuUs minimis, obtusis , fusco et viridi variegatis. Cette Actinie a ordinairement la forme d'un petit vase renflé par le milieu. Elle est striée en IO* 148 ZOOLOGIE. long et en travers par des bandelettes mal cir- conscrites d'un brun rougeatre. Le contour du disque et du pied sont cerclés d'orangé, et les tentacules, fort courts, obtus, ont la pointe ver- dâtre et la base brune. La bouche est piquetée de brun rouge sur un fond jaune. Le diamètre du corps est d'un pouce et demi. Ce Zoophyte se trouve dans l'île de Vanikoro. B. Espèces a tentacules simples, plus ou moins LONGS, SUR UNE SEULE RANGEE. 9. ACTINIE ROUGE ET BLA.NCHE. Actinia rubro- ulba , nob. PLANCHE IO, FIGURE 5. Actinia, minima, cylindrica, alba ; tentaculis au- rantiaeis paulalum Ion gis, uniseriatis. Petite espèce de quatre à cinq lignes de dia- mètre, haute d'un pouce, cylindrique, dont le corps et la bouche sont entièrement blancs, et les ten- tacules d'un bel orangé. Ces derniers, médiocre- ZOOPHYTES. 1 49 ment longs , sont disposés sur une seule rangée. Ce Zoophyte se trouve dans la rade du cap de Bonne-Espérance. Deplusieurs points de son corps, et probablement par quelque rupture, sortaient de ces filets blancs qu'on suppose appartenir aux organes de la génération. ïo. ACTINIE DE DOREY. Actinia doreensis, nob. PLANCHE 12, FIGURER. Actinia cylindrica , basi aurea , margine hitec? punçtato ; tentaculis raris , corpore longioribus , crassis , subreclinatis , fuscis , àpice f lavis ; ore albido. Assez grande espèce, cylindrique, sans évase- ment dans sa partie supérieure, d'un bel orangé à sa base, diminuant d'intensité, et passant au rou- geâtre vers le limbe , qui est ponctué de jaune. Le contour de la bouche est blanc. Les tentacules , en petit nombre, sont gros, très-longs, recourbés en dehors, pointus, brunâtres à la base, et d'un 150 ZOOLOGIE. jaune clair à leur extrémité. Us nous ont paru n'avoir qu'une rangée. Cette Actinie, dont le corps a pins de deux pou- ces d'élévation , habite le port Dorey de la Nou- velle-Guinée. ii. ACTINIE CLOU. Âctinia Clavus , riob. PLANCHE IO, FIGURES 6-1 I. Actinidy natans, elongata, conica, basi subacuta, albida; teiitaculis diiodenis , parvis. C'est avec quelque doute que nous donnons ce Zoophyte comme une vraie Actinie, quoiqu'il en ait la forme. Mais sa disposition clavulaire, co- nique, ses douze tentacules invariables, sur une seule rangée, et les plis réguliers de ses organes générateurs , qu'on voit très-bien au travers des parois , sont autant de caractères qu'on ne trouve pas dans les Actinies. Au premier aspect on dirait un Polype arraché à une masse charnue, si l'extré- mité postérieure était perforée, ce qui n'existe pas. ZOO PH Y TES. 151 Ce Zoophyte, dont nous trouvâmes plusieurs indi- vidus vivants engagés dans les tentacules d'une Méduse, est long de sept à huit lignes dans son plus grand développement , et de trois seulement lorsqu'il est contracté. Il est blanc , translucide , un peu évasé à son extrémité supérieure en forme de tète de clou. Au milieu est une ouverture buc- cale , un peu proéminente, du contour de laquelle partent douze petits tentacules. Leur base donne naissance à autant de stries qui parcourent la longueur du corps, et vont se réunir au boutopposé. La vitalité de cette Actinie est fort obscure. Elle se borne à s'allonger et à se rétracter en formant des bosselures de diverses formes. Elle fut prise dans le mois de novembre, à notre sortie du détroit de Bass, sur les côtes de la Nouvelle-Hollande, par 38° de latitude sud. 12. ACTINIE GRELE. Actinia gracilis , nob. PLANCHE 12, FIGURES IO-II. Actinia, minima, e/ongata, tenui, alba ; tenta- calis dénis , longis, acutis , uniseriatis; ore croceo. 152 ZOOLOGIE. C'est également avec doute que nous indiquons ce petit Zoophyte comme devant être une vraie Actinie; n'ayant qu'un seul rang de tentacules. Il était groupé en assez grand nombre sur une Nasse vivante (Mollusque à mouvements très -vifs), comme font les Zoanthes, avec lesquelles il aurait des rapports sans son extrême mollesse et la lon- gueur de ses tentacules, qui sont bien ceux des Actinies. Ces appendices, pointus, au nombre de dix ou douze, entourent une bouche couleur de soufre. Le corps est grêle , allongé en tube , un peu renflé vers le haut. Sa couleur est blanche, ainsi que celle des tentacules. Ces Zoophy tes sont peu susceptibles de raccour- cissement. La manière dont ils étaient serrés les uns près des autres , semble indiquer qu'ils n'é- taient pas susceptibles de prendre un accroissement beaucoup plus considérable. Habite le port Louis de l'ile de France. ZOQPHYTES. 153 C. Espèces a tentacules très-gros , très-longs , ar- borescents , GARNIS DE TUBERCULES GRANULEUX. ( Actinodendres de Blainvillc. ) i3. ACTINIE ARBORESCENTE. Jctinia arborca. nob. PLANCHE IO, FIGURES 3~4- Actinia, maxima; corpore subcylindriço , brevi, margine undulato, viresce/iti, basi fusco maculato ; disco lutescente, lunulis radiatis fascis notato; ten- taculis lôngissimis , crassis, ramosis, tuberculatis , lungitrorsum striatis. Grande espèce de pins d'un pied de hauteur , à corps court, trapu, rougeâtre à sa base, laquelle est ponctuée de rouge brun , ayant son limbe on- dulé et jaunâtre. Le disque est remarquable par ses lignes de lunules brunes qui convergent vers la bouche. Les tentacules sont excessivement grands, droits, très-gros, bifurques à leur pointe et garnis dans leur étendue de grappes de tuber- cules pédoncules, bilobés, qui ressemblent pariai- 154 ZOOLOGIE. tement aux masses de certains Alcyons. Ces appen- dices, d'un jaune clair, sont très-finement striés de brun sur leur longueur. Cette Actinie , ainsi que toutes celles de cette forme et de cette grandeur , occasionnent une cuisson douloureuse lorsqu'on les touche. Cette faculté se communique à l'eau qu'elles absorbent, et chose peut-être surprenante , c'est qu'elle est beaucoup plus active sur l'épiderme, qu'elle rougit et fait enfler, que sur les membranes muqueuses. Ainsi ayant reçu de cette eau dans l'œil, nous souf- frîmes beaucoup moins sur l'organe qu'à l'exté- rieur des paupières. Ce Zoophyte se trouve au port Dorey de la Nouvelle-Guinée. 14. ACTINIE ALCYONOIDE. Actinia alcyonoidea , nob, PLANCHE IO, FIGURES 1-2. Actinia, maxima, cylindrica , basi longitrorsum rubescente striata; disco viridi , punctis viridibus notato ; teiitacidis longis , crassis , répandis, trans- versim striatis; ramidis lateralibus racemosïs vin-r dibus. ZOOPHYTES. [55 Cette espèce est une des plus grandes que nous connaissions, car lorsque ses tentacules sont étalés, elle a plus d'un pied de diamètre. Le corps est cylindrique, assez élevé, d'un brun clair avec des bandes longitudinales, un peu ondulées, d'un brun rougeâtre. Le disque est d'un vert foncé au centre avec des points arrondis de la même couleur, qui s'é- tendent sur la racine des tentacules. Ces derniers, très -gros , très-longs , sur deux rangées, sont striés en travers de rouge brun dans une partie de leur étendue , et jaune à leur base. Ils sont garnis sur leur longueur, en verticille ou d'une manière alterne, de nombreuses grappes coniques d'un beau vert, formées de petits grains pédicules, les- quels font ressembler, à s'y méprendre, ces tenta- cules aux Alcyons. Le contour de la bouche est jaunâtre. Une variété de cette Actinie a le centre du dis- que violacé ; quelquefois la tige des tentacules est* d'un violet sale. Ces appendices font éprouver une cuisson assez forte. Ce Zoophyte habite à Panhi-Motou, sur l'île de Tonga. Il s'enfonce dans le sable au point de disparaître complètement. Quoique ses rameaux soient granuleux comme le précédent , il suffit de comparer les deux espèces, pour voir combien elles diffèrent l'une de l'autre. 156 ZOOLOGIE. D. Espèces a tentacules courts, élargis, villeux, TURERCULEUX. (Actinéries de Blainville. ) 16. ACTINIE VILLEUSE. Aciinia villosa , nob. PLA.NCHE II, FIGURES 1-2. Actinia, maxima , cylindrica, transversim pli- cata, griseo-violacea; tentaculis brevibus ovato- planis , desuper viïlosis , infra tuberculatis. Cette espèce a quatre à cinq pouces de diamètre et présente une large base cylindrique, transver- salement plissée. Les tentacules, très nombreux, courts, fusiformes ou ovalaires, sont couverts en dessus de villosités ramifiées, et en dessous de petits tubercules arrondis ou ovoïdes fort rapprochés. Ces villosités vont en rayonnant et en diminuant de nombre jusqu'à la bouche. Dans cette étendue elles sont noires, tandis que les tentacules sont d'un joli gris de lin sur la face supérieure et jau- ZOOPHYTES. 157 nâtres à l'inférieure. Le contour de la bouche et le pied sont également grisâtres. Ce Zoophyte provient de l'île Tonga. E. Espèces a tentacules nombreux, excessivement COURTS , ET DONT LE BORD DU DISQUE EST TOUJOURS TRÈS-ÉVASÉ ET FORTEMENT ONDULE. 1 5. ACTINIE AZUR. Actinia cœrulea , nob. PLANCHE Q, FIGURE 2. Actiniay maxifna, basi cjlindrtca, limbo va hic dilatata et undulata, gibbosa, tuberculata, fulva; tentaculis min i mis , numéro si s , apice cœruleis ; ore luteo. Cette division nous a paru devoir être établie pour des espèces peu élevées, dont le disque, tou- jours fortement ondulé et quelquefois même bosselé , rentre en dedans et porte de très-petits tentacules. 158 ZOOLOGIE. L'Actinie azur n'a pas moins de sept à huit pouces de diamètre dans son disque, qui est élargi, fortement ondulé, bosselé, rentrant, et couvert de tubercules régulièrement disposés. Le pied est subcylindrique, dilaté à sa base, portant deux ou trois rangées de tubercules. Toutes ces parties sont d'un joli fauve, avec des stries de la même couleur, ou un peu plus foncées. Les tentacules, excessivement courts, pressés, n'occupent que le contour du disque. Ils sont d'un bleu de ciel très- brillant à leur pointe, qui est obtuse, et fauves à la racine. Plusieurs de ces appendices, à base brun rouge , forment plusieurs rayons de deux lignes , qui se portent vers la bouche. Cette dernière est jaune, et la surface plane du disque est légèrement rosée. Ce Zoophyte habite l'île de Vanikoro; il n'est point urticant. 16. ACTINIE VERDATRE. Actinia viridcscens , nob. PLANCHE g , FIGURE 3. Actinia, parva , basi cylindrica , rosea , rubro stria ta; disco dilatato , a /a tu /a ta, desuper subrubro ZOQPHYTES. 159 striato; tentaculis minimis, numerosis, luteo-vires- centibus. Petite espèce à peu près de la même forme que la précédente , quant au disque , mais sans tuber- cules. Il est fort évasé, comme lobé et rentrant sur ses bords, qui sont garnis de nombreux petits tentacules d'un jaune verdâtre. D'autres, sur deux rangées, viennent se rendre à la bouche, qui est rayonnée de brun rougeâtre. Le pied est cylindri- que , un peu dilaté , d'un rose tendre , strié de rouge vif en long. Habite le même lieu que l'espèce précédente. F. Espèces a tentacules courts ou non apparents , COUVERTES DE TUBERCULES FORMANT DES COTES LONGI- TUDINALES. ( Actinectes de Blainville.) 17. ACTINIE TUBERCULEUSE. Actinia tuberculosa , 110b. PLANCHE I I , FIGURES 3-6. Actinia, turriculata, molle, subrubra, tuberculis 1 60 ZOOLOGIE. oualibus, striatis , ordinatis , ornata ; tenUicuJis brevibus subluteis; ore rubenti. Cette espèce est remarquable par ses bords droits en forme de tour, quoiqu'elle soit fort molle; par les nombreux tubercules ovalaires lisses qui la recouvrent , en formant des lignes verticales quelquefois très-régulières. Ces excroissances, qui se touchent presque, varient en couleur; elles sont ou rouge brun , ou aurore , ou d'un cramoisi sombre, ou bien encore brunâtres, et toujours marquées en long de deux ou trois bandelettes d'une couleur plus foncée. Mais ce qui ne varie que rarement, ce sont six rangées verticales de tubercules,, d'un joli gris bleuâtre, linéolés de brun. Le disque, d'un jaune tendre, porte trois rangées de tentacules courts et déliés de la même couleur. La bouche est orangée dans son contour. Cette Actinie est vagabonde, ou n'adhère que fort peu au sol, car chaque marée en rejetait des millions sur la plage. On en accrochait quelquefois avec des hameçons. Celles que nous trouvions au port du Roi-Georges n'avaient que deux pouces environ de' diamètre; mais plus loin à Western, dans le détroit de Bass, des individus avaient le volume des deux poings. Cette espèce fait le passage à-la suivante, connue sous le nom 'de Minyas. ZQOPHYTES. 161 18. ACTINIE VIRIDULE. Actinia viridula, nol). PLANCHE l3, FIGURES l5-2I. Actinia, discoidea tint elorigata, viridi, costata ; costis tuberculatis , tentaculatis ; basi radiata, aeri- fera; orë plicato. Le Zoophyte qui fait le sujet de cette observa- tion , lequel eût appartenu autrefois aux Miniades de M. Cuvier, nous semble assez différer des Acti- nies, pour former un genre à part dans cette fa- mille, lorsque son organisation sera mieux connue. N'en ayant eu qu'un individu en notre possession, que nous désirions conserver, nous ne pûmes pas pousser fort loin nos recherches à ce sujet. Toute- fois, en le plaçant après l'espèce précédente, nous ne prétendons faire qu'un simple rapprochement, car la disposition de tentacules à l'extérieur, l'or- gane aérifère qu'il porte à sa base, l'en éloignent. Il y a donc en lui quelque chose qui en ferait un intermédiaire entre les Porpites et les Actinies. La forme rigoureuse de cet animal est assez dif- ficile à déterminer: tantôt il est en disque assez Zoologie, t. iv. i i IG2 ZOOLOGIE. épais, en barillet, ou ressemble à un .petit melon régulièrement ovoïde, ou étranglé par le milieu; d'autres fois il s'allonge, et ce sont les extrémités qui se renflent. Cependant, son aspect le plus cons- tant est celui d'un disque, semblable aux frontaux que l'on met sur la tête des jeunes enfants. Il est pourvu de vingt côtes qui forment, à la base ou en dessus, une petite calotte rayonnée. Elle est pourvue d'un trou susceptible de s'élargir, et qui laisse voir un corps blanc, nacré, spongieux, comme celui des Porpites; lequel par sa légèreté maintient ainsi cette Actinie renversée, la bouche en bas. Ses côtes étant sillonnées en travers, sont tubercu- leuses et présentent dans leur milieu une ligne de petits appendices blanchâtres , qui peuvent adhé- rer aux corps extérieurs, et même sur le verre, comme font les tentacules des Actinies. La bouche, qui est plissée, ponctuée de jaunâtre, laisse quelquefois entrevoir des ovaires d'un brun violacé , qui remplissent toute la cavité intérieure. Il n'y a point de tentacules. Ils semblent remplacés au pourtour de la bouche par de petits tubercules. Le corps est verdâtre, mélangé de bistre sur les côtes, et d'un vert plus foncé dans les intervalles, et à l'extrémité qui avoisine la bouche, laquelle est plus veloutée. Ce Zoophyte est très-vivace; divisé en deux il a vécu long-temps dans l'eau de mer. Il a fallu même le plonger dans l'eau douce pour le faire ZOOPHYTES. 103 mourir. Nous l'avons vu avaler de petites Jan- thines qui s'étaient offertes à son ouverture buc- cale. 11 a été pris clans le grand Océan, au mois de mars, entre la Nouvelle-Zélande et les îles des Amis. Espèces d'Actinies décrites et figurées qui n ont pas pu etre représentées dans nos planches. i. ACTINIE DE TONGA. Actinia Tongana, nob. Aetinia , parva , conica, alba, striata, rubro et fusco maculata; tentaculis minimis subflâvis, basi- j'ascis. Cette espèce habite les îles des Amis ; sa hau- teur est d'un peu plus d'un pouce. 1 1 164 ZOOLOGIE, a. ACTINIE STRIÉE. Actinia striata , nob. Actinia, paiva , cylindrica, elongata, pallida , cœruleo , subrubro striata ; tentaculis numerosis , acutis, flavicantibus ; ore lutescenle. Habite les rochers de la baie des Iles à la Nou- velle-Zélande. Haute d'un demi-pouce. 3. ACTINIE MAMILLAIRE. Actinia mamiUaris , nob, Actinia, paiva , rosea , tuberculis subaureis ordi- natis tecta ; basi subtus rosacea rubro radiata; ten- taculis brevibus cinereis , apice l'abentibus. Habite le rivage de l'île de l'Ascension. Haute d'un pouce et demi. ZOOPHYTES. 165 4. ACTINIE A COURTS TENTACULES. Actinia parvitentaculata , nob. Actinia brevitentaculata, Blainv., Dict., t. LX., page 29'i, Actinia, vasiformi, basi candida ; disco patulo , undulato, rnargine glanduloso; tentaculis numerosis, brevibus, truncàtis , luteo-virescentibus ; ore roseo- vwlaceo. Si M. de Blainville n'eût pas indiqué cette Ac- tinie dans son ouvrage sur les Zoophytes, nous lui eussions donné une autre dénomination, parce qu'il y en a déjà une brevitentaculée ; nous n'a- vons seulement changé qu'une partie du nom latin pour ne pas confondre ces deux espèces. Celle-ci a deux pouces de diamètre, et habite le havre Carteret de la Nouvelle-Irlande. 5. ACTINIE DES PAPOUS. Actinia Papuana ; nob. Actinia, corbif orme, basi candida, flammis luteis ornata; disco, rnargine undulato, viridi, albo punc- 166 ZOOLOGIE. lato ; tentaculis brevibus acutis , basicrassis, luteo et violaceo variegatis ; ore rubeiite , margine viruli. Habite le port Dorey à la Nouvelle-Guinée. Sa hauteur est d'un peu plus de deux pouces. 6. ACTINIE CANNELEE. Actinia strigata , nob. Actinia, cjlindrica, vircscenti , longitudinaUter plicata; limbo denticulato; tentaculis conicis, luteis, viridi maculatis ; ore flavo viridicjue variegato. Habite les rescifs du port Louis à l'île de France. Haute de deux pouces. ZOOPHYTES. Ki7 ZOANTHAIRES CORIACES En étudiant ces animaux Actiniens, on arrive successivement des plus mous à ceux qui s'enve- loppent d'une sécrétion pierreuse. Dans ces séries ce sont lesZoanthes, les Mamillifères et les Corti- ficères qui servent d'intermédiaires. Nous avons examiné des individus de ces deux derniers genres, et il résulte de nos observations, qu'il y a tant de ressemblance entre eux, que réellement ils ne doi- vent former que des divisions d'un seul et même genre, fondées sur le plus ou le moins d'épaisseur de l'enveloppe extérieure, dans laquelle se dépose quelquefois une assez grande quantité de matière calcaire. Le peu que nous avons vu de Zoanthes proprement dites, conservées dans la liqueur, nous porte également à croire qu'il n'y a pas une grande différence dans leur organisation, d'avec celle des Zoopbytes ci-dessus indiqués. Toutefois, vu leur plus de mollesse, leur non encroûtement, et les ramifications de leur base, on peut jusqu'à un certain point les laisser subsister comme genre. Relativement à la dénomination générique à prendre, nous choisirons celle de Mamillifère, bien 1G8 ZOOLOGIE. que plusieurs de nos espèces ne présentent pas un aspect mamelonné et cortical. Il en est même de simplement groupées , les unes à côté des autres , parmi lesquelles il s'en trouve de complètement isolées. Comme ces animaux ne se développent que lentement, il faut autant de soin que de patience pour saisir la forme et la couleur de leurs petits tentacules; c'est même cette habitude de les avoir rentrés, qui leur donne l'aspect tuberculeux d'où est venu leur nom. On les trouve généralement dans les petites criques abritées où il y a peu d'eau , fixés à demeure sur les pierres ou d'autres corps. Quelques espèces, indépendamment de la consistance coriace de leur peau, la renforcent en agglutinant des fines parcelles de sable, comme nous l'avons vu pour des Ascidies. Genre MAMILLIFÈRE. — Mamillifera. Blainv. Corps coriace, court, cylindrique, mamilliforme dans la contraction, un peu élargi à l'extrémité buccale, qui est pourvue de deux rangs de tenta- cules marginaux, naissant en plus ou moins grand ZOQPHYTES. 169 nombre de la surface d'une expansion membra- neuse, commune et fixée. Bl. i. MAMILLIFÈRE CERCLEE. MamilUJ'cra cingulata , nob. PLANCHE l3, FIGURES 1-3. MamMiferci) coadunata; corpore cjlindraceo fus- cesceiite, âlbo cingulato ; tentaculis viridibus acu- fis ; ore candido. m Individus groupés dans une masse commune, élevés de quatre lignes seulement, cylindriques ou un peu contractés au sommet; de consistance assez coriace, denticulés sur le limbe; ce qui semble représenter un premier rang de tentacules. Les vrais tentacules sont assez longs, élargis d'a- bord , puis très-pointus , verdâtres. Le reste du limbe est brun et strié de la même couleur ; la bouche seule est blanche. L'enveloppe extérieure est d'un assez joli brun, cerclé d'une large bande- 170 ZOOLOQIE. lette blanche, qui adonné son nom à ce Zoophyte, lequel provient de l'île aux Cocos du havre Car- teret de la Nouvelle-Irlande. 2. MAMILLIFERE VERTE. Mamillifera viridis , nob. PLANCHE l3, FIGURES Q-H. Mamillifera , minima, cjrlindrica , viridi ; ma- millis distinctis , margine crenulatis; tentaculis biais , lanceolaûis, ihtus roseis ; ore circula viridi cincto. • Très -petite espèce dont les mamelons, assez saillants, sont séparés les uns des autres sur la base qui les supporte; leur forme est cylindrique, peu évasée à l'extrémité, d'où sortent deux rangées de petits tentacules lancéolés, verdâtres. Le centre du disque est rosé, la bouche verdâtre, de même qu'un petit cercle qui l'entoure. Les animaux contractés sur eux-mêmes forment ZOOPHYTES. 171 des tubercules crénelés, au centre desquels parais- sent les tentacules colorés en vert. Cette Mamillifère habite la rade d'Amboine aux Moluques. 3. MAMILLIFERE VERTE ET BRUNE. Mamillifcra viridi-fusca , nob. PLANCHE l3, FIGURE 12. Mamillifera , separata, cjlindrica, crassa, subro- sca ; disco viric/i et j'usco radiato; tentaculis niini- jitis tuberculosis. • Il est souvent difficile de caractériser ces Zoo- phytes quand on n'a égard qu'aux couleurs ou à la forme extérieure de l'enveloppe; mais le disque et les tentacules présentent toujours quelques dif- férences qu'il faut chercher à saisir. L'espèce qui nous occupe a ses tubes séparés, hauts de six à sept lignes, blanchâtres ou légèrement rosés; le disque a huit lignes de diamètre, ce qui est fort large proportionnellement à la hauteur; il est strié 172 ZOOLOGIE. de brun rouge et de vert éclatant, de manière à ce que les lignes vertes soient côtoyées par deux brunes. Les tentacules sont excessivement courts, tuberculeux et jaunâtres. Habite l'île de Tongatabou. 4. MAMILLIFERE JAUNE. Mamillifera lutea, nob. PLANCHE l3, FIGURES l'5-l^. Mamillifera, crustata, coriacea, luteo-squalidà ; màmillis distinctis brevibus, corricis ; tentaculis rrii- nimis ; ore elevato , fùscck stria to. Ce sont de semblables espèces qui ont fait former le genre Corticifère, par leur consistance subéreuse et leur disposition encroûtante. Les plaques de cette Mamillifère n'ont qu'à peu près quatre lignes d'épaisseur ; elles sont d'un jaune sale, plus brun sur les points où doivent se mon- trer les Polypes, qui, lorsqu'ils sont contractés, deviennent à peine apparents. Développés, ils s'é- ZOOPHYTES. 173 lèvent de trois à quatre lignes, et ont une forme conique ou de cratère. Les tentacules sont fort courts, grêles, entourant une bouche proémi- nente , striée de brun. Habite le même lieu que la précédente. 5. MAMILLIFERE FAUVE. Mamillifera fulva , nob. PLANCHE l3, FIGURES 7-8. Mamillifera, magna, distincta, cylindrica, mem- branacea, fulva ; disco dilalata, brevi tentaculato, subfubro striato. Ici les individus sont isolés, peu nombreux, longs de plus d'un pouce, cylindriques, simple- ment membraneux, d'un fauve strié, légèrement verdâtre à la base du pied. Leur disque est très- évasé , profond, un peu irrégulier, ayant deux langées de petits tentacules lancéolés. Toutes ces parties sont rayonnées de roux vif. La bouche est ronde ou un peu ovalaire. Cette espèce peut faci- 174 ZOOLOGIE. lement s'anatomiser et permet de voir les fila- ments tremblés qui remplissent en partie sa ca- vité et qu'on considère comme des organes gé- nérateurs. Habite l'île de Vanikoro. 6. MAMILLIFERE DE VANIKORO. Mamillifera Vanikorensis , nob. PLANCHE l3 , FIGURES ^-6. Mamillifera, cyliiidrica, separata, glauca, stria- ta; teiitaculis binis, subf lavis ; disco rubro cingulato. Cette Mamillifère nous a paru assez différer de la verte, à laquelle elle ressemble, pour en faire une espèce distincte. Elle est haute de cinq à six lignes, isolée, cylindrique, d'un vert glauque, et lé- gèrement striée en long. Les tentacules sont courts, un peu obtus, jaunâtres, ainsi que le disque, qui était cerclé de rouge chez quelques individus. Habite l'île dont elle porte le nom. ZOOPHYTES. 175 ZOANTHAIRES PIERREUX. Nous voici arrivé à des Actinies sécrétant dans leur substance une matière pierreuse, et généra- lement connues sous le nom de Madrépores ou de Coraux. Elles ne croissent en abondance que dans les pays chauds; et comme les individus, au lieu de se disperser et d'aller vivre au loin, s'accu- mulent au dessus ou à côté les uns des autres, il en résulte ordinairement des niasses pins ou moins considérables, qui s'augmentent de leurs produc- tions ou de leurs propres débris, élèvent insensi- blement le sol où elles se développent, quand tout concourt à leur accroissement. Nous avons re- marqué ailleurs* que les circonstances favorables pour cela étaient : i° une profondeur qui ne fût pas trop grande , pour que la lumière , qui est aussi nécessaire à ces êtres qu'aux autres animaux, pût y parvenir ; i° le calme des eaux et l'abri des forts courants : d'où il résulte que c'est dans les ports fermés que ces Zoophytes pullulent le plus. Une fois arrivés à la surface, l'intensité du soleil * Voyage Je VUretnie, Zoologie. 176 ZOOLOGIE. les tue lorsque les basses marées les laissent à sec, d'où ces vastes bancs de Madrépores morts que nous avons rencontrés partout, au milieu desquels de petites flaques nourrissaient encore quelques espèces échappées à la destruction générale ; d'où, à la longue, par l'action successive des flots et des agglomérations de matières, ces petites îles à fleur d'eau, si dangereuses pour les navigateurs, et qu'on rencontre dans la mer du Sud. Les divers genres ont des limites de profon- deur, qu'on parviendra à constater quelque jour, mais qu'il est difficile de reconnaître dans la ra- pidité des voyages. Tous ne s'élèvent pas pèle-mèle du plus profond à la superficie ; et les Fongies , les Astrées, les Caryophyllies, aux suaves et bril- lantes couleurs, qu'on ramasse sous quelques pieds d'eau, ne descendent pas indifféremment par vingt ou trente brasses. Nous ne nions pas qu'il n'y ait de certaines es- pèces de Madrépores à quatre ou cinq cents pieds; mais ceux-là ne jouissent pas d'une activité bien grande et n'arrivent jamais jusqu'à encombrer les bassins des ports. Quant à ces murs perpendi- culaires de plusieurs centaines de brasses qu'on croit être exclusivement formés par ces Zoophytes, parce qu'il en existe près de la surface, nous ré- pétons, par des inductions zoologiques tirées de la nature de ces animaux, que nous ne pen- sons pas qu'ils doivent constituer de telles bases, ZOOPHYTES. 177 qui appartiennent sans doute à certaines dispo- sitions de terrains et sont simplement géologiques; ce qu'on vérifiera peut-être quelque jour. Quoique les individus que nous allons étudier vivent généralement fixés au sol et groupés entre eux, il en est cependant qui , vraies Actinies, iso- lées comme les Fongies, n'y adhèrent le plus souvent pas , et sont susceptibles de quelque léger déplacement spontané. Nous avons même une fois rencontré un large morceau d'Astrée flottant à la surface delà mer. Il est vrai que les Polypes en étaient morts, et nous ignorons si vivants le même phénomène aurait eu lieu. Zfiohg/e. t. iv. ia 178 ZOOLOGIE. Genre FONGIE. — Fungis. Animal membraneux, le plus souvent simple, déprimé, orbicuiaire ou ovale , ayant une bouche centrale supérieure, transverse, des tentacules plus ou moins longs, nombreux, quelquefois à peine apparents, solidifié dans son intérieur par un polypier calcaire, lamelleux, rayonnant en dessus, granuleux en dessous. Tous les animaux actiniformes dont nous allons avoir à parler, ont cela de particulier que la sub- stance solide qu'ils sécrètent est toujours rayon- née, lamelleuse et réellement interne, quoiqu'elle ne le paraisse pas d'abord. De même que nous avons passé des Actinies simples et susceptibles de se déplacer à d'autres Actinies groupées et fixées, de même dans cette famille nous trouverons des individus complètement isolés, libres sur le sable, et d'autres, c'est le plus grand nombre, réunis entre eux et faisant partie du sol. Les Fongies nous fourniront le premier exem- ple. Ce sont des Zoophytes qui par leur produit pierreux, ont une grande ressemblance avec un ZOOPBYTES. 179 champignon renversé, comme leur nom l'indique, mais tous n'ont pas une forme circulaire. Il en est d'ovalaires, de comprimés, et c'est ceux-là qui présentent quelquefois deux ou trois Polypes réunis *. Il est des Fongies fixées par un court pédi- cule, qui doivent probablement former des es- pèces distinctes , ce dont nous n'avons pu nous assurer par l'observation des animaux. Ces der- niers fourniront pour les espèces rondes, des ca- ractères qui nous semblent meilleurs que ceux tirés de la forme des lamelles, dont il sera cepen- dant toujours facile de tenir compte. D'après cela on pourrait les diviser en Fongies à longs tenta- cules , et en Fongies à courts tentacules, ou plutôt qui n'en ont pas; comme est celle de la mer Rouge que nous a fait connaître le premier, le judicieux Forskàl, et dont aucun auteur n'avait parlé depuis, lorsque nous rapportâmes un individu de cette section, que nous avons décrit dans notre voyage de VU nu de. Les Turbinolies ressemblent tellement à de petites Fongies fixées, qu'on voit dans les collec- tions, et qui sont à demi repliées sur elles-mêmes, * Nous n'avons jamais vu cette particularité sur le grand nombre de Fongies 01 biculaires que nous avons observées. Il arrive bien quelquefois qu'uti de ces animaux étant par hasard placé obliquement sur le sol, un ovule peut se développer et croître à la partie postérieure, comme le Mu- séum en possède un exemple; mais là ce sont deux travaux distincts, opposés parleur base, et non une réunion pour produire une seule forme. 11* 180 ZOOLOGIE. que nous aurions été tenté d'en faire une divi- sion de ce genre , s'il n'était préférable de les rap- procher des Caryoplryllies , comme l'a fait M. de Blainville. Elles semblent du reste former le pas- sage des unes aux autres , ainsi que l'a dit M. de Lamarck. i. FQNGIE ACTINIE. Fungia actiniformls , nob. PLANCHE l4, FIGURES 1-2. Fungia lutescens , viridi radiata ; tentaculis /ongis, confluentibus, eylindricis, fuscis, apice sub- luteis. Testa orbicularis, convexd in medio , elevata , subtus planiuscula , regulariter s tria ta ; lamellis subœqualibus , lobatis. Cette grande espèce n'existant point au Muséum ni dans la collection de M. Lamarck nous a paru nouvelle. Son diamètre est de quatre polices, et ZOOPHYTES. 181 son épaisseur d'un pouce; elle est bien arrondie, épaisse, plane en dessous, sans concavité, assez bombée en dessus, en s'élevant progressivement des bords vers le centre. Ses lamelles sont minces, profondes, inégales; les plus grandes, à peu près de même niveau, l'emportent par le nombre sur les plus petites, avec lesquelles elles alternent ce- pendant quelquefois. Toutes sont finement gre- nues par les côtés, profondément et largement festonnées; plusieurs de ces découpures sont ac- couplées. La surface inférieure présente aussi des lamelles très-régulières, serrées, finement denticulées, peu profondes ; de sorte qu'en présentant cette Fongie sous cet aspect, on pourrait croire que c'en est une autre d'une espèce différente. Lorsque nous en vîmes l'animal épanoui dans l'eau, nous le prunes pour une véritable Actinie. Sa superficie est jaunâtre, striée de verdâtre. Les tentacules sont longs, cylindriques, un peu mous, très-nombreux, presque confluents, bruns, excepté à la pointe qui est jaunâtre. Quand on les touche ils se retirent en partie entre les lamelles. L'animal diminuant d'épaisseur sur le bord, passe à la sur- face inférieure, qu'il tapisse delà même manière qu'en dessus, en formant un léger boursouflement semblable au contour du pied des Actinies. Ceci s'observe encore très -bien dans les individus conservés dans la liqueur. 182 ZOOLOGIE. La bouche est longuement ovalaire, plissée; les ovaires sont en forme de filaments blancs, déliés et tortillés, logés entre les lames centrales du polypier. Cette Fongie a été trouvée sur l'île aux Cocos, au havre Carteret de la Nouvelle-Irlande. i. FONGIE A GROS TENTACULES. Fungia crassitentaculata, nob. PLANCHE l4, FIGURES 3-4» Fungia , lutescens , radiata ; tentaculis numero- sis y conicis , crassis , apice luteo-virescentibus . Testa orbicularis , planulata, subtils tenuiter striata ; lamellis profundis , inœqualibus , va/de lo bâtis. Espèce de moyenne grandeur, orbiculaire ou légèrement ovalaire, aplatie en dessus et en dessous, présentant dans le premier sens, de grandes et de petites lamelles, assez irrégulièrement réparties entre elles. Les grandes seules atteignent jusqu'au centre; toutes sont largement festonnées comme ZOOPHYTES. 18.'$ dans l'espèce précédente. Ces denticules sont d'au- tant plus larges, qu'ils avoisinent le milieu de l'étoile. La surface inférieure est assez régulière- ment striée , avec une rugosité au centre , qui pourrait faire croire que le Zoophyte aurait été fixé par un pédicule ; ce dont nous ne nous sou- venons pas, lorsque nous le recueillîmes vivant. L'animal est d'un jaunâtre un peu sale, légère- ment strié à sa surface, laquelle est recouverte par de nombreux et gros tentacules, qui ressem- blent en quelque sorte à des sangsues; ils sont allongés, plus gros vers le milieu, d'une teinte fauve, si ce n'est à l'extrémité, qui est jaune ver- dâtre. C'est par une absorption interstitielle que ces tubes se remplissent d'eau, et non par des ou- vertures terminales bien marquées. Cette Fongie, qui a deux pouces et demi de diamètre et sept lignes d'épaisseur, habite Vanikoro. 184 ZOOLOGIE. Genre POLYPHYLLIE. — Poljphyîlia. Voici comment s'exprime M. de Blainville, rela- tivement à ce nouveau genre, clans son article Zoophyte, du grand Dictionnaire des Sciences naturelles, page 3o5 : « Ce genre a été établi par MM. Quov et Gai- «mard, pour des Zoanlhaires pierreux, fort remar- ie quables en ce que les individus sans tentacules «autour de la bouche, mais épars sur la partie « commune, comprennent dans leur intérieur une « masse calcaire, analogue aux Fongies complexes, « c'est-à-dire mince, libre, en grande plaque, mais «qui, au lieu de lamelles partant de centres plus «ou moins nombreux, formant des loges stelli- « formes, distinctes, présente des crêtes courtes, « denticulées, tranchantes, toutes perpendiculaires «au grand diamètre du polypier, qui a un sillon «médian sur toute sa longueur. Il n'y a aucune «apparence d'étoile sur le polypier, et cependant « il appartient réellement à un grand nombre d'ani- « maux actinoïdes, bien distincts par la bouche, et « confluents complètement par la circonférence. «On conçoit qu'on puisse réunir à ce genre la «seconde division des Fongies; mais c'est ce qu'il « serait trop hardi de faire en ce moment. ZOOPHYTES. 185 «Les animaux sont nombreux", à bouche un «peu saillante, lobée à sa circonférence, couverts « de tentacules nombreux, épars à la surface d'une «partie charnue, enveloppant de toutes parts et «contenant un polypier calcaire, solide, libre, « diversiforme , en plaque convexe, et concave « en sens opposé , denticulé en dessus , tubercu- «leux par dessous.» i. POLYPHYLLIE BASSIN. Polypliyllia pelvis , nob. An Fungia talpa ? Laniarck, An. s. v., t. II, page 237. Lithactinia Noi>œ-H)'berniœ,l>esson, Illust. Zool., pi. 6, f. 1-2. PLANCHE 20, FIGURES 8-IO. Polyphyliia, oblonga, subtus concava, echinata; lamellis subserialibus , brevissimis } inœquàlibtis , scabris , denticulàtis. Poljpiis conjluentibus , sûbrubris ; tentaculù sparsis, crassis, apice albidis ; bre ovali, crispa ta. Ce polypier non adhérent peut varier de forme, mais quelle que soit celle qu'il affecte, ronde, ovale ou subquadrilatère, il conserve toujours 186 ZOOLOGIE. celle d'un bassin plus ou moins profond, et dont les bords sont un peu obliques. Il est mince, léger; néanmoins il ne flotte pas naturellement, et s'il se soutient sur l'eau, c'est à la manière d'un vase concave et en prenant les mêmes précautions. C'est à la surface convexe que sont les Polypes. Dans les grands échantillons elle est ordinairement marquée d'une ligne de séparation dans son plus grand diamètre, laquelle va d'un bord à l'autre. Les lamelles sont très -nombreuses, en crêtes courtes , fortement denticulées , granuleuses sur les côtés, renforcées à leur base par d'autres pe- tites lames moins élevées et moins denticulées , de manière à ce que chaque grande en ait une plus petite. La surface inférieure est striée en ondes. Toute la superficie est tapissée par des ani- maux confluents, qui n'affectent point de séries régulières ; de manière que les bouches s'ouvrent cà et là au fond des dentelures. Elles sont ova- laires ou arrondies, légèrement frangées dans leur contour , sans trace de tentacules. Ces derniers , aussi nombreux qu'il y a pour ainsi dire de grandes crêtes , sont le prolongement de la substance charnue qui recouvre ces éminences. Ils sont courts, coniques, d'un rouge brun assez intense, comme l'ensemble du Polype, avec leur extrémité blanche . Ces appendices , qui ont tous la même direction, ne rayonnent point autour de ZOOPHYTES. 187 plusieurs centres. On ne les voit bien que dans l'eau, et lorsqu'ils en sont sortis, ils s'enfoncent dans les ambulacres. Après l'estomac, viennent les filaments blancs , tortillés , communs à cette famille de Zoanthaires. Cette Polyphyllie n'est point rare dans la mer du Sud. Notre individu provient du havre Carte- ret, à la Nouvelle-Hollande. Nous l'avons aussi ren- contré à Vanikoro. Des échantillons bien conser- vés dans la liqueur ont été déposés au Muséum. 188 ZOOLOGIE. Genre TURBINOLIE.— TurbinùMa, Lamk. Animal simple, membraneux, actiniforme, à bouche centrale, entourée de nombreux et longs tentacules. Polypier calcaire, fixe, conique, com- primé, ayant une grande cellule profondément et régulièrement lamelleuse, un peu déjetée en de- hors dans son contour. Plus ou moins striée à l'extérieur. TURBINOLIE ROUGE *. Turbinolia rubfa , iiob. PLANCHE l4, FIGURES 5-t). Turbinolia , triangularis , compressa , cuneifor- mis ; Stella oblonga, sublutea et rubra ; lamellis regularibus inœqualibus. Animale rubro; tentaculis longis , aibis , veruoosis. * C'esl la mi'rae que M. de Blainville a indiquée sous le nom de Caryo- pliyllie aplatie, Dicl. Zooph., tomeLX, page 53o, d'après nos manuscrits , dénomination que nous avons cru deroir rectifier. ZOOPHYTES. 189 Nous décrivons ce Zoophyte comme un genre à part, en attendant qu'on le réunisse aux Caryo- phyllies, dont il ne parait vraiment être qu'un individu, vivant isolé. Cette espèce, haute d'envi- ron un pouce, a beaucoup de rapports avec la Turbinolie comprimée de M. de Lamarck, laquelle est fossile. Elle est toujours fixée, de forme trian- gulaire, comprimée, élargie un peu à la base. Son ouverture, ovalaire, se déjette légèrement en de- hors. Son contour en est régulier, un peu arqué, garni en dedans d'environ cinquante lamelles al- ternativement grandes et petites, ne débordant point. Les moins longues atteignent à peine le fond de l'entonnoir, qui est profond et rétréci. Les parois extérieures sont à peine striées, et de cou- leur rougeâtre. L'étoile est d'un jaunâtre clair avec six bandes rouges. L'animal est d'un rouge très-vif. Sa bouche est ovalaire, grande, plissée, de couleur rosée, avec quelques taches blanchâ- tres, garnie dans son contour de plusieurs ran- gées d'assez longs tentacules déliés, blancs, dia- phanes et tuberculeux sur leur longueur. Ce Zoophyte provient de la Nouvelle-Zélande dans le détroit de Cook; il était seul adhérent à une Valve de Vénus, et fut pris par vingt-cinq brasses de profondeur. 190 ZOOLOGIE. Genre CARYOPHYLLIE. — Caryophyllia , Lamk. Animaux actiniformes, à tentacules nombreux, cylindriques, saillants. Polypiers cylindro- coni- ques, à lamelles rayonnantes, striés en dehors, simples, fixés par la base et à peine agrégés. i. CARYOPHYLLIE FASCICULÉE. Caryophyllia fasciculata . Lamarck, An. s. v., t. II, page 226, n° 4- PLANCHE l5, FIGURES 3-6. Carjopliyllia , cyluulris clavato-turbinatis aut cotnpressis , longiusculis , e crus ta surrectis , diver- gentibus; stellarum lamellis cxsertis. Lam. Nous venons de décrire des Actinies pierreuses isolées. Celles qui vont maintenant s'offrir ten- dront à s'agglomérer de plus en plus, soit qu'elles deviennent rameuses ou qu'elles s'unissent sim- ZOOPHYTES. 1U1 plement par leur base, ou à l'aide d'un ciment particulier, dans lequel leurs tuyaux isolés sont comme implantés. C'est le cas de la Caryophyllie fasciculée, dont les masses peu volumineuses sont planes ou s'arrondissent en demi -sphère. On les rencontre assez ordinairement abritées, au milieu des places vides que forment d'autres Madrépores. Les tubes, rapprochés les uns des autres, sont coniques, pointus, droits ou quelquefois courbés en virgule, cylindriques ou un peu comprimés, cannelés à l'extérieur. L'étoile est découpée en la- melles profondes, triangulaires, aiguës, légère- ment denticulées, régulières ou entremêlées de grandes et de petites, dont le nombre varie de vingt à vingt-cinq. La cavité que forme leur en- semble a peu de profondeur; elle est arrondie ou ovalaire, selon la disposition du tube. Tous ces tuyaux sont empâtés, sans se toucher, dans un dépôt crétacé, aérolaire, friable, sécrété par la partie de l'animal qui déborde le polypier. Pareille chose a lieu dans les Tubipores, qui sont des Zoophytes d'une autre forme. Au premier aspect, les animaux de cette Caryo- phyllie semblent ne former qu'une masse con- fluente d'un beau vert velouté , parce que leurs tentacules longs et flexibles se touchent entre eux. Ils sont cylindriques, obtus à l'extrémité; quelques-uns sont seulement verts à la pointe et rougeâtres dans le reste de leur étendue. La partie 192 ZOOLOGIE, du Polype qui descend à l'extérieur le long de chaque cylindre est également rougeâtre avec des stries longitudinales. La bouche est verte. Cette espèce, que nous ne reproduisons ici qu'à cause de son animal, n'est pas très-répandue dans la mer du Sud. Nous l'avons trouvée à Vanikoro. Nous croyons qu'elle existe aussi à l'île de France. ZOOPHYTES. I9.'{ Genre LOBOPHYJLLIE. — Lobophyllia, Blàinv. Animaux actiniformes , pourvus d'une grande quantité de tentacules cylindriques sortant de loges coniques, subcirculaires ou sinueuses, à lamelles tranchantes, composant un polypier cal- caire, turbiné, fixe, strié longïtudinalement à l'ex- térieur, très-lacuneux à l'intérieur. i. LOBOPHYLLIE ANGULEUSE. Lobophyllia angulosa, var. Caryophyll. ahgul., Laraarck, An. s. v., t. II, page 22g, n° iB. PLANCHE l5> FIGURAS 1-2. Lobophyllia , céspitdsa; ramis brevifcus, eréctis, creberrimis ; stellis orbiculatorsinuatis , irregula- ribus. Polypis virescentibus ; tentaculis longis cylin- driciSy fuscis, apice rotundis viridibusquè. Zoologie, t. IV. ' > 194 ZOOLOGIE. Ce nouveau genre a été formé par M. de Blain- ville, aux dépens des Caryophyllies , qui ont de longs et gros tentacules. L'espèce représentée ici est une. variété de la Caryophyllie que nous avons donnée dans la planche 96 du Voyage de l'Uranief laquelle consiste pour le polypier dans moins d'étendue , et en ce que les étoiles sont plus iso- lées, arrondies et moins ondulées, ou anguleuses. Les différences que présentent les Polypes sont d'avoir des tentacules plus courts et moins verts. Du reste , la partie calcaire forme des masses assez considérables, planes ou légèrement sphé- riques, peu élevées, dont les branches, unies par leur base et striées à l'extérieur, ont un ou deux pouces de longueur. Les étoiles en sont un peu évasées, à lamelles profondes, inégales, lisses et arrondies. Elles laissent au fond du cône un es- pace vide, ovalaire ou comprimé selon leur forme, dans lequel se loge la bouche du Polype. La forme de ce dernier est traduite par celle des cellules qu'il déborde, en descendant à quelques lignes le long de l'extérieur de la tige. Il est re- couvert de tentacules nombreux, qui sont d'un beau vert tant qu'ils demeurent rapprochés, parce qu'il n'y a que leur pointe obtuse qui ait cette couleur. Le reste de leur étendue est brun ver- dâtre. Les grands individus de cette espèce forment des massifs d'un vert admirable par l'union de ZOOPHITES. 195 leurs tentacules, qui sont si longs qu'on peut les saisir à pleines mains sans crainte de les voir se contracter et disparaître. Ils adhèrent à la peau comme ceux des Actinies. Nos individus qui ont été déposés , très-bien conservés, au Muséum, proviennent du havre Car- teret à la Nouvelle-Irlande. Nous ferons observer qu'il y a de si grandes différences entre les animaux de ce Zoophyte et ceux de la Caryophyllie en arbre, que nous a fait connaître Donati, que ces derniers, dont nous ne concevons pas trop la forme , auraient besoin d'être examinés de nouveau pour s'assurer si réel- lement ils sont tels; ce dont nous doutons beau- coup. 2. LOBOPHYLLIE ORANGEE. Lobophyllia aurea , nob. PLANCHE l5 , FIGURES J- I I . Lobophyllia, ramis brevibus ovatis mit rompre. s- sis , extrinsecus striatis, aureis ; stellis excoriatis. Poljpis aurantiacis , brevitentaculatis. 190 ZOOLOGIE. Tubes courts, gros, cylindriques ou comprimés, finement striés à l'extérieur. Les arêtes des canne- lures sont denticulées. Le contour des étoiles est irrégulier, comme déchiré, à lamelles grandes et petites alternativement, légèrement dentelées. Le polypier est brunâtre ou participe de la couleur de l'animal. Son intérieur est formé de réticula- tions confuses. Le Polype est profondément enfoncé dans sa cellule; sa bouche est ovalaire et entourée de tentacules fort petits. Ces parties sont d'un orangé plus intense autour de l'orifice buccal. Les ovaires sont jaunâtres. Cette espèce, cpii n'a qu'un demi- pouce de longueur , se trouve au port du Roi- Georges et au port Jackson de la Nouvelle-Hollande. ZOOPHYTES. 197 Genre DENDROPHYLLIE.— Dendgoph) llia, Blaiuville. Animaux actiniformes , pourvus d'un granû nombre de tentacules, au milieu desquels est la bouche, contenus et à peine saillants dans des loges profondes, rayonnées, à lamelles nombreuses; polypier largement fixé, comme tronqué, arbo- rescent, strié en dehors, lacuneux intérieurement. DENDROPHYLLIE ROUGEA.TRE. Dendropliyllia rubcola , nob. PLANCHE l5, FIGURES I2-l5. Dendrophjllia, cylindricis , reçus, mihimis, sub- cespitosis , agregatis \ fasciculis rubentibus. Polypis subrubris, tentaculatis; limbo viridicir- cumdato , ore prvminenti conico, crispato. M. de Blainville a établi ce genre avec certaines Caryopjxyllies arborescentes, cylindriques et trou- 198 ZOOLOGIE. quéès à l'extrémité des rameaux, qui portent des étoiles isolées. Cette espèce a de grands rapports avec la Ca- ryoplryllie en gerbe. On la trouve par petits groupes irréguliers, dont les tubes fort courts, longs de deux à trois lignes, sont cylindriques, légèrement cannelés, coupés net à leur extrémité. Le contour du limbe est linéaire et bien régulier. Les étoiles sont coniques, à lamelles petites et grandes alter- nativement. Tout le polypier est d'un rougeâtre clair. Les Polypes, qui sont aussi de la même couleur, s'élèvent en bourrelet au dessus des étoiles. Leur disque est assez largement rayonné et marqué d'un cercle vert fort étroit. Plus en dedans sont de petits tentacules grêles, du centre desquels sort une longue bouche en cône renversé, découpée dans son contour. Ce Zoophyte marin a été trouvé dans ce qu'on appelle la rivière Tamise à la Nouvelle-Zélande. ZQOPHYTES. 190 Genre ASTRÉE. — Astrea, Lamk. Animaux actiniformes , courts, granuleux, à bouche médiane, entourée de tentacules en géné- ral fort courts, peu nombreux, contenus dans des loges lamelleuses , radiaires , polymorphes , peu profondes, formant des masses encroûtantes ou arrondies en boule. Dans ce genre, les animaux se rapprochent da- vantage et finissent même par se toucher et deve- nir confluents dans les dernières espèces. Toute- fois des lignes distinctes indiquent la démarcation de chacun d'entre eux. En général ils varient assez peu de forme. Leurs tentacules sont à peine indiqués; quelques espèces les ont un peu plus saillants que d'autres. Mais celles où ils existent en plus ou moins grand nombre et dont les tubes s'élèvent au dessus du polypier, méritent de fixer l'attention, parce qu'il est possible qu'on en fasse quelque jour un genre à part. Les tentacules sont placés autour de la bouche. Cette dernière, plus ou moins saillante, donne dans un estomac 200 ZOOLOGIE, ovalaire; puis viennent de nombreux ovaires dé- liés et tortillés. Les rayons du disque charnu sont toujours plissés en travers, de manière à former des lignes tuberculeuses. Il est des Astrées apla- ties; mais le plus grand nombre tend à former des demi-sphères toujours peu volumineuses. Le vert et le jaune sont les couleurs qui dominent dans leurs teintes. A. Espèces a polypes tubulés, saillants, et dont la BOUCHE EST ENTOUREE d'un PLUS OU MOINS GRA.ND NOMBRE DE TENTACULES. (Tubastrèe de Blainville.) i. ASTREE CALICULAIRE. Astre a calicularis. Madrépore rayon d'abeille, Linn. Elliset Sol, pi. 5. Boccog., Mus., vol. i, pi. 5. Gualticri, pi. ig. Knor., vol. i, pi. A, n° i. Cavolini, M. i, tab. 3, f. i-5. Madrepora ealycularis , Délia Chiaie, pi. 17, f. 7. Journal de Phys. , ann. 1806, page 435, pi. 1, fig. B. ZOOPHYTES. 201 Caryophyllia calyrularis , Lamk., t. ir, page 17.6, n° 2. Dict. d'hist. nat., 2e édit., Deterville, t. 16, page 364. Astroïde jaune ', Quoy et Gaimard, Ann. se. nat., t. io, p. 187, pi. 9, B. PLANCHE 10, FIGURES l6'-23. Asti-ca, crustacea, plana; stellis excavatis, qua- dratis vel polygoniis., Juscis; centro promiriulo. Polypis cylînchicis prominentibus ereciis, auran- tiacis ; tentaculis, birds> breyibus ; ore prominenti. La synonymie indique sous combien de noms ce Zoophyte était connu avant que nous-mêmes nous ne lui en imposions par mégarde un de plus. Frappés en effet de quelques différences dans les Polypes d'avec ceux des Astrées ordinaires, nous lappelàmes Astréoïde; mais ayant abandonné de- puis cette dénomination appliquée rapidement et à la mer, nous lui rendons celle d'Astrée, jusqu'à ce qu'on trouve assez de caractères pour établir un genre avec les espèces dont les Polypes s'élèvent en forme de tube. Nous devons promptement dire aussi que si nous n'avions pas craint de surcharger encore cette espèce d'un nom , nous lui aurions oté celui de Caliculaire, qui pourrait la faire confondre 202 ZOOLOGIE. avec celle que M. Lamarck a appelée ainsi, la- quelle en est bien distincte et provient des mers australes. Ce double emploi tient à ce que l'au- teur ci-dessus avait placé cette Astrée parmi les Caryophyllies : erreur qui avait échappé à sa sa- gacité. Vincent Rosa, conservateur du muséum d'his- toire naturelle de Pavie, est probablement le pre- mier qui ait observé vivant ce Zoophyte, dans les environs d'Alger. Sa description que Bosc fit in- sérer, en 1806, dans le Journal de physique avec un dessin assez peu correct, fut reproduite depuis dans la seconde édition du Dictionnaire de Deter- ville, à l'article Madrépore. Depuis, M. Délia Chiaie de Naples en a donné une figure en noir dans son intéressant ouvrage. Nous aurions donc pu, à la rigueur, nous dispenser d'en parler, si nous ne tenions à faire connaître cette espèce avec sa forme et ses couleurs natu- relles. On la trouve ordinairement en petites masses encroûtantes , planes ou légèrement arrondies , de quelques pouces d'étendue sur quelques lignes d'épaisseur. Les étoiles sont pressées en forme d'alvéoles , arrondies ou polygonales , rarement à six côtés. Les bords en sont unis, sans dentelures ; les lamelles nombreuses , verticales , régulières. Quelques-unes cependant font un peu plus de saillie que les autres, sans converger dans ZOOPHYTES. 203 le fond de l'étoile, du milieu duquel s'élève un petit tubercule poreux. Dans leur développement les Polypes sont sail- lants de près d'un demi-pouce, cylindriques ou un peu ventrus , striés en long. Leur bouche est proéminente, ovalaire, plissée, entourée de tenta- cules courts, réguliers, un peu tuberculeux ; notre manuscrit dit de deux rangées, mais le dessin n'en indique qu'une seule. Ces animaux sont très- contractiles et s'enfoncent dans leurs loges de manière à disparaître en partie. Leur couleur est d'un bel orangé velouté, plus intense sur la bouche et les tentacules. Le polypier est d'un brun sale et blanchâtre dans quelques points, On conserve très-bien ce Zoophyte dans la li- queur. Les Polypes peuvent encore s'y étudier et sont même quelquefois saillants hors des étoiles, selon le temps où ils ont été saisis. Habite les environs du mouillage de Guettare dans la baie d'Algesiras. 204 ZOOLOGIE. 2. ASTRÉE VERTE. Astrea -viridis , nob. PLANCHE l6, FIGURES 1-3. Astrea, ghbulosa vel ovali; stellis parvis, com- pressis, poljgoniis, conicis; lamellis œqualibus mar- gine ragosis. Polypis tubulosis , prominentibus , striatis , gri- seis ; tentaculis numéro sis simis, viridibus. Cette espèce a ses Polypes encore plus proé- minents que ceux de la précédente. Elle a des rapports avec l'Astrée Réseau, qui a ses étoiles beaucoup plus régulières qu'elle , et semble être l'analogue d'un fossile qu'on rencontre à Puiseux. On la trouve en petites masses de la grosseur du poing, arrondies ou ovalaires. Ses étoiles sont petites , pressées , polygonales , d'environ deux lignes de diamètre, assez profondes, coniques, à Lords verticaux, dont le contour est rugueux, comme scarieux. Les lamelles sont égales, denti- culées et n'atteignent point le fond des alvéoles. L'intérieur du polypier est formé d'aréoles arron- dies, petites et confuses. Sa couleur est d'un brun ZOOPHYTES. 205 noirâtre à l'extérieur, probablement duc à la ma- cération des animaux dans leurs cellules. Ces derniers sont assez peu confluents, cylin- driques, longs de plus de six lignes, striés en long et en travers et maimnelonnés dans leur contrac- tion. Le disque buccal est très-développé, arrondi, garni d'un grand nombre de tentacules peu ré- guliers d'un beau vert; la bouche et le reste du tube sont d'un gris bleuâtre. Ces Zooplrytes ren- trent complètement dans leurs loges, et l'on ne voit alors 'que des aréoles d'un gris ardoisé ayant quelques points verts au milieu. Il ne faut pas confondre cette Astrée avec le Goniopore pédoncule que nous décrirons plus bas. Habite l'île de Vanikoro. B. Espèces a polypes planes et a tentacules rudi- MENTAIRES. 3. ASTRÉE ANOMALE. Astrea abdita. Lamarck, An. s. v., t. II, page ?i)5, n° 22. PLANCHE l6, FIGURES 4 " 5. Astrea, conglomerata, semiglobata Nous avons formé ce genre aux dépens des Astrées dont le polypier, arrondi en boule, a de petites cellules irrégulières, serrées, profondes, poreuses et échinulées, et des animaux assez lon- guement pédicules, pourvus d'un grand nombre de tentacules. Notre individu, qui a servi à cet établissement, est précisément une variété de l'Astrée calyculaire de M. de Lamarck , laquelle se trouve former un double emploi de nom, ainsi que nous l'avons dit à l'article de la vraie Astrée calyculaire, dont ce naturaliste avait fait à tort une Caryophyllie. Les différences que présente notre individu sont, d'avoir les lamelles ou cloisons intermédiaires moins saillantes et moins uniformément groupées que dans celui décrit par l'auteur ci-dessus indiqué. Ce Goniopore , présentant des demi-sphères grosses comme le poing, est fort rare, car nous ne l'avons trouvé qu'une fois. Ses alvéoles sont nom- breuses, serrées, polygonales, tendant à devenir hexagones, d'une ligne tout au plus de diamètre, profondes, irrégulièrement lamelleuses, à bords verticaux, inégalement denticulés, grenus; ce qui rend la surface du polypier âpre et rude. Son intérieur est aréolaire et présente une sorte de cristallisation confuse. Cette disposition ne peut bien se voir qu'à la loupe. Les animaux sont confluents, d'un beau vert jaunâtre, ce qui donne à ce Zoophyte un aspect 220 ZOOLOGIE. très-agréable. Ils s'élèvent de deux à trois lignes au- dessus de leurs cellules, et y rentrent au moindre contact. Ce n'est que la partie centrale qui se dé- veloppe ainsi en tube, car la base de l'animal de- meure collée sur les lamelles en forme de bour- relet granuleux. La bouche est ronde, entourée d'un grand nombre de tentacules cylindriques, assez gros et obtus. Habite le port Dorey de la Nouvelle-Guinée, sur un rescif dont presque tous les animaux qui ont contribué à le former sont morts. ZOOPHYTES. 221 Genre ÏRIDACOPHYLL1E. — Tridacophfllia , Blainville. Animaux actiniformes , confluents, très-dépri- més, élargis et épanouis sur les bords, avec une bouche centrale tuberculée, sans traces de tenta- cules, contenus dans des loges profondes, irrégu- lières, foliacées sur les bords, garnies de lamelles rayonnées et denticulées à l'intérieur, striées à l'extérieur, irrégulièrement réunies, et formant un polypier calcaire , foliacé , non poreux , turbiné , fixé par le sommet. TRIDACOPHYLLIE LAITUE. Tridacophy lien Lactuca . Pavone Laitue, Lam., An. s. v., t. II, page ^g, n° 3. PLANCHE l8, FIGURE I. Tridacophjllia, jroiidihus te.iiuissimis, irregula- 212 ZOOLOGIE. ribus, subpliçatis, laciniosis, lamelloso-striatis ; stellis maghis* irregularibus. Polypis explanatis , térvUissimis , rubentibûs , centro viridibus ; orc. oblongo, plîcato. M. de Blainville a formé ce genre avec la Pavone Laitue de M. de Lamarck , et d'après ce que nos dessins lui ont fait connaître de l'animal. Dans ceZoophyte, la forme foliacée a pris son plus grand développement, et tout est pour ainsi dire en lamelles d'une ténuité extrême, conser- vant toujours cependant la disposition générale du groupe de polypiers qui nous occupe. Cette espèce, comme son nom l'indique, ressemble à certaines laitues. Ses parois en cornet forment de vastes et irrégulières cavités couvertes de la- melles peu saillantes, ondulées, quelquefois den- ticulées sur leur arête. C'est au fond de ces sortes d'entonnoirs que se trouvent les centres des Po- lypes. Ils ont la bouche ovalaire, un peu tubercu- leuse, entourée d'une belle couleur vert-pré, glacée de jaune et de verdâtre d'une autre teinte, que le dessin ne saurait rendre. A mesure que les Polypes gagnent les sommités pour recouvrir totalement la surface des lamelles, ils passent au brun rouge. Ils sont confluents et résistants, quoique d'une grande minceur. Nous n'y avons point remarqué de traces de tentacules, même avec des verres grossissants. Le polypier, dépouillé de son enveloppe charnue, est ZOOPHYTES. 2>:ï blanc. On sait qu'il forme d'assez grandes masses, légères, et recherchées dans les collections. Nous ne l'avons rencontré qu'une seule fois, et c'est dans l'île de Vanikoro. 224 ZOOLOGIE. Genre MÉANDRINE. — Meandrina , Lamk » Animaux confluents sur un seul plan , en lon- gues séries tortueuses, ayant chacun une bouche distincte, saillante, et des tentacules très-courts, seulement dans le sens longitudinal, contenus dans des loges assez peu profondes , non séparées et formant par leur confusion latérale des espèces de vallons sinueux, garnis de chaque côté de la ligne médiane de lames transverses, subparallèles, re- montant jusqu'à des crêtes collinaires, limitant les vallons, occupant la surface d'un' polypier calcaire, fixé, simple, turbiné dans le premier âge, et plus ou moins globuleux dans un âge plus avancé. i. MEA.NDRINE CERÉBRIFORME. Meandrina ccrebriformis. Lamarck, An. s. v., t. II, page 246, n° 2. PLANCHE 18, FIGURES 2-3. Meandrina , subsphœrica ; anfractibus tortuosis , prœlongis ; lamellis basi dilatatis , denticulatis ; ZOOPHYTES. 225 collibus truncatis , subbicarinatis , ambulacrifor- mibus. (Lamk.) Poljpis confluentibus, cœruleis , margine spadi- ceis ; tentaculis minimis rubicundulis. Jusqu'ici nous avons vu des Polypes plus ou moins confluents les uns avec les autres, mais laissant toujours entre eux une ligne visible limi- tant les individus. Dans les Méandrines , cela n'existe plus pour tous ceux qui vivent dans un même sillon, lesquels sont tellement confondus entre eux que nous n'avons pu y voir la moindre trace de démarcation ; si ce n'est seulement au sommet des collines, à l'endroit où les animaux de deux vallons opposés se touchent par leurs bords. Cette espèce a une grande disposition à s'ar- rondir, quelle que soit sa grandeur, et même à de- venir complètement sphérique, comme cela s'est vu quelquefois. Le nom qu'elle a reçu exprime très-bien l'arrangement de ses circonvolutions , qui sont étroites, peu profondes, rapprochées, abords verticaux, garnis de lamelles, grosses, assez écartées, âpres, légèrement denticulées. Les lignes de séparation qui parcourent les collines sont à peine marquées. Les bouches des Polypes, placées au fond des ambulacres, sont très-rapprochées, lisses dans leur contour, rondes ou ovalaires, un peu proémi- Zoologic. t. iv. i5 22G ZOOLOGIE. nentes, d'un bleu ardoisé, tandis que la partie charnue qui remonte sur les reliefs forme des lamelles tuberculeuses d'un brun foncé de cho- colat. C'est à la ligne de séparation de ces deux couleurs tranchées , que sont placés , sur deux rangées et dans le fond des vallons, des tentacules assez courts, coniques , et légèrement rougeâtres. Mais, nous le répétons, pour les deux espèces que nous avons observées, nous ne les avons point vus entourer la bouche en rayonnant, ainsi que le représente M. Lesueur pour les Méandrines dédale et labyrinthiforme. Malgré la couleur foncée des bords des animaux, on suit cependant assez facilement la ligne qui indique l'union de chaque série. Habite l'île Tonga. C'est la même que celle in- diquée par M. de Blainville dans le Dictionnaire des sciences naturelles, tomeLX, page 3a4, sous le nom de Méandrine brune et bleue , que nous n'avions seulement caractérisée que par la couleur de l'animal, sans avoir pu la comparer avec le po- lypier , qui s'est trouvé appartenir à la Meandrina cerebriformis . ZOOPHYTES. 227 2. MÉANDRINE SINUEUSE. Meandrina sinuosa. Ellis et Solander, page 60. Lesueur, Mém. du Mus., t. VI, page 281, 4e variété? PLANCHE 18, FIGURES /\-5. Meandrina , sùbhemisphœrica aut planiuscula , crassa; anfractibus latis , sinuosis ; ïamellis in- œqualibuSf spaciosis, spinosis. Poljpis margine fuscis , intus virescentibus ; ore ovali , plicato , albido ; tentaculis brevissimis. M. de Lamarck ne mentionne point cette espèce qu'ont décrite Ellis et Solander, et qui existeau Mu- séum. Nous croyons bien que c'est la même dont parle M. Lesueur sous le nom de variété vineuse de la Méandrine sinueuse. Enfin elle n'est pas diffé- rente de celle qu'indique M. de Blainville dans l'ou- vrage précité, sous la dénomination de Méandrine brune, que nous ne lui avions que provisoirement donnée dans notre voyage, et seulement d'après la couleur de l'animal. Lepolypier est très-épais, sub- aplati, ayant des vallons profonds ondulés, dont i5* 228 ZOOLOGIE. les bords sont arrondis, les lamelles entières, assez espacées, minces et épaisses alternativement, ayant leur ligne de séparation à peine indiquée sur le sommet des sillons. La couleur générale des Polypes est brune; mais en les examinant avec soin on voit qu'il n'y a que les bords qui sont ainsi, et que le fond des vallons est verdâtre piqueté de la même teinte. Les bouches sont ovalaires, plissées et blanches; les tentacules peu apparents, excessivement courts et verdâtres. Les lignes de démarcation des Po- lypes qui parcourent les crêtes sont bleuâtres. Cette Méandrine, représentée aux deux tiers de sa grandeur naturelle, habite le havre Carteret de la Nouvelle-Irlande. ZOOPHYTES. 220 MADREPORES. Comprenant des polypiers en général arbores- cents, à loges petites, sublamelleuses, et constam- ment poreux clans les intervalles et dans leurs parois. Animaux ayant ordinairement douze ten- tacules. Les Zoophytes de cette section se distinguent par les expansions arborescentes ou foliacées qu'ils forment, recouvertes de cellules ou de petits tubes saillants, poreux, striés ou échinulés. Il en est, comme les Madrépores proprement dits, qui, par leurs ramifications sans nombre et leur enchevêtrement , constituent de véritables petites forets sous-marines, dont nous abattions les som- mités en naviguant dans nos canots , mais qu'il serait dangereux à un grand navire de vouloir traverser. Les animalcules microscopiques qui construisent lentement ces récifs sont actini formes et rayonnes comme ceux que nous avons 230 ZOOLOGIE. précédemment étudiés, avec cette différence, que la plupart d'entre eux ont leur bouche entourée de douze tentacules réguliers. Toute la partie vivante du polypier est également recouverte des expan- sions charnues et confluentes de ces animaux , toujours plus nombreux et mieux développés aux sommités des rameaux qu'à leur base, qui finit par n'être plus qu'une substance calcaire inerte et morte *. Nous croyions être les premiers à faire con- naître la forme de ces êtres; mais nous venons de nous apercevoir qu'ils n'ont point échappé aux laborieuses recherches de M. Lesueur, qui a par- faitement représenté les douze divisions de leurs étoiles. Quoique les polypiers aient des formes régu- lières et assez constantes, nous avouons la diffi- culté qu'il y a à bien établir les espèces, surtout parmi les Madrépores , qu'on ne peut réellement bien déterminer qu'avec de grandes masses, aussi difficiles à se procurer qu'à conserver. Si l'on ne se sert que de petits échantillons, on est exposé à commettre des erreurs. D'un autre côté, les ani- maux sont trop petits pour pouvoir aider dans ce travail. On tiendra cependant compte, jusqu'à un * La disposition assez régulière des Polypes sur leur axe nous porte à croire que ce n'est pas toujours par des ovules que leur reproduction a lieu, mais par un développement spontané dans la substance charnue, comme cela a lieu pour les bourgeons d'un arbre. ZOOPHYÏES. 231 certain point , de leurs couleurs , quoiqu'elles soient susceptibles de varier. Cette étude est donc pour ainsi dire toute à reprendre, et nous la re- commandons aux naturalistes qui habitent sur les lieux où croissent ces Lithophytes. Genre MADRÉPORE. — Madrepora, Lamk. Animaux actiniformes , courts, à douze tenta- cules simples , contenus dans des loges plus ou moins profondes, saillantes, à peine stelliformes, irrégulièrement éparses à la surface et surtout aux extrémités d'un polypier calcaire, multiporé, arborescent ou frondescent, fixé, ramifié en épi ou en expansions*. * Nous prévenons qu'il ne faut pas tenir compte des dénominations que nous avons données à divers Madrépores, dans nos manuscrits, qu'a bien voulu citer M. de Blainville ; car ce n'était seulement que de simples indi- cations pour nous reconnaître; et nous avons vu depuis parla comparaison que tous appartenaient aux espèces connues, que nous reproduisons pour en donner les animaux. 232 ZOOLOGIE. i. MADRÉPORE ABROTANOIDE. Madrepora abrotanoides. Lamarck, An. s. v., t. II, page 280, n° 7. Voyage de l'Uranie , Zool., pi. 96. * PLANCHE 19, FIGURES 1-2. Madrepora , ramosa , crecta ; ramis composais , pjramidato-attcnuatis ; ramulis lateralibus breui- bus, sparsis, crebriusculis. Animalibus reticukitis rubentibus ; tentaculis sul- phureis. Nous avons vu dans les genres précédents que c'est dans les vallons que sont les bouches des Polypes; ici, c'est le contraire, car c'est aux extrémités des petits tubes qui hérissent le po- lypier, qu'elles se tiennent ordinairement. Elles sont entourées de douze tentacules, ni plus ni moins ; caractère qui ne varie pas. Ces appendices sont gros, courts et obtus. Ils ne font que très- peu de saillie hors des cellules. Les autres parties composantes internes, sont un estomac et des ovaires filiformes, qui sortent parfois sur les cô- tés, comme dans les Actinies. ZOOPHYTES. 2M A l'extérieur, ces animaux ne composent qu'une masse uniforme, aréolaire, ou striée en long, em- brassant l'ensemble de la tige calcaire qu'ils sécrè- tent. On ne voit point de traces de séparation comme clans les Méandrines et les Astrées, quelle que soit la distance qu'il y ait d'un tube à un autre. Le Madrépore abrotanoïde a ses branches épaisses, droites, rameuses, terminées en pyra- mides, et couvertes de ramuscules courts, hérissés de tubes nombreux, allongés, cylindriques, obtus à l'extrémité , laquelle se termine par une ouver- ture arrondie en forme de bourrelet rentrant, ou bien coupée obliquement, et dirigée vers le haut. Ces loges saillantes sont semées irrégulièrement, grenues, et tuberculeuses. Les Polypes ont leur substance charnue réti- culée de rouge brun, jusqu'aux extrémités des étoiles, et leurs tentacules d'un joli jaune soufre; ce que nous avions déjà indiqué dans notre pre- mier voyage sur l'Uranie. Ces parties sont repré- sentées très-grossies. Habite l'île de Tonga-Tabou. 234 ZOOLOGIE. 2. MADRÉPORE PLANTAIN. Madrepora plqntaginea. Lamarck, An. s. v., t. II, page 279, n° 4- PLANCHE 19, FIGURE 3. Madrepora, cespitosa, ramis numerosis , erectis, spicœformibus , subproliferis ; cellulis tubuloso-tur- binatis y margine incrassatis, rotwulatis. (Lamk.) Polypïs reticulatis omnino roseis. • , Cette espèce ressemble beaucoup à la précé- dente pour la forme du polypier; seulement ses rameaux sont moins grêles , moins allongés , et plus irréguliers. Les cellules nous ont paru abso- lument être les mêmes. Les branches ont une belle couleur rose clair, tirant un peu sur le lilas , produite par les Polypes, qui sont réticulés sur toute leur surface, et dont les tentacules sont également rosés. Habite les mêmes lieux que le précédent. ZOOPHYTES. 235 3. MADRÉPORE PROLIFÈRE. Madrepora proliféra. Lamarck, An. s. v., t. II, page 281, n° g. PLANCHE 19 , FIGURE 4' Madrepora, ramis longis, gracilibus, teretibus, ad apices proliferis; papillis tubulosis, longiusculis. striatis. Polypis luteo-virescentibus reticulatis; papillis fusco-striatis . Ce Madrépore diffère des deux autres par ses longues branches cylindriques, seulement ramifiées vers le sommet. Elles sont couvertes de tubes très- pressés , excessivement courts sur les branches , plus longs sur les rameaux, et dont l'extrémité est toujours coupée obliquement quelle que soit leur longueur. Ces cellules sont striées en long, ce que n'offrent pas les deux espèces déjà indi- quées, et les espaces qui les séparent sont grenus. Les animaux ont une couleur jaune verdâtre, réticulée seulement sur les tiges, car les tubes présentent des stries longitudinales brunes. 236 ZOOLOGIE. Nous trouvons dans nos notes la description d'un autre Madrépore, qui ne paraîtrait être qu'une variété de celui-ci. Les Polypes sont absolument semblables; mais le polypier forme une masse arron- die, à branches petites et ramifiées. Tous deux se trouvent à Tonga-Tabou. 4. MADRÉPORE POCILL1FERE. Madrepora pocillifera. Laraarck, An. s. v., t. II, page 280, n° 5. PLANCHE 19, FIGURE 5; et variété, fig. 6-io. • 7 Madrepora, ramosa; ramis teretibus, ascenden- tibus , pr&liferis, apice perforatis ; cellulis confettis prominidis , cochleariformibus. (Lamk. ) Varietas ; papillis crassioribus , rotundioribus. Poljpis subfuscis, longitudinaliter striatis ; ten- taculis apice albidis. Espèce formant d'assez larges empâtements, ayant des rameaux courts, obtus, irrégulièrement ra- ZOOPHYTES. 237 mifiés à leur extrémité, quelquefois un peu tor- tueux, couverts de nombreux oscilles qui se tou- chent presque, et tendent à former des quinconces. Ils sont courts , même ceux des extrémités des rameaux , demi circulaires, en forme de paniers à pigeons , striés sur leur convexité qui regarde en bas. Excepté les terminaux, il en est fort peu de complétemen t çylind riques. Les échantillons qui ont servi à nos dessins ont leurs étoiles plus épaisses et plus arrondies que l'individu décrit par M. de Lamarck. Les animaux donnent aux rameaux de ce Ma- drépore une couleur verdâtre. Ils ont les tenta- cules brunâtres, avec une tache blanche à l'extré- mité. Le contour de l'oscule est glauque , et sa surface convexe, striée de brun en long. Habite Tonga. A. Varietas ininor; ramis crassis , confertis, coni- cis; cellaUs siibeyliiidraccis. Animalïbus subrubris longitrorsum striatis ; tentaculis obtusis extremitate a/bis. En ne considérant que la couleur des animaux, nous aurions été tenté de faire une espèce de cet individu, dont le polypier ne nous offre réellement qu'une variété de l'espèce précédente, remarqua- ble par ses branches plus courtes, plus pressées 238 ZOOLOGIE, entre elles, formant des masses orbiculaires , subdivisées en rameaux obtus , coniques. Ses os- cilles, moins bien demi circulaires, tendent à deve- nir plus cylindriques. Ce polypier nous a paru constamment d'un brun sombre , avec des teintes jaunâtres aux ex- trémités des branches : cette couleur est due aux Polypes qui, examinés à la loupe , sont d'un rouge brun. Les étoiles sont striées en long, de la même couleur sur leur face convexe, et les tentacules ont leur extrémité blanche. C'est de ce Madrépore que nous avons vu sortir des filaments ovifères , représentés très-grossis. Habite les îles Vitis. B. Varietas , ramis gracilibus , crebris ; cellulis semicircidaribus , subsquamosis , striatis. Polypis roseis ; teritaculis subfuscis, apice al- bidis. ' . C'est avec quelque doute que nous donnons ce Madrépore comme une autre variété du Pocilli- fère. Peut-être que mieux connu quelque jour, il formera une espèce distincte. Ses rameaux sont grêles , très-ramifiés ; ses os- cules, assez rapprochés, ont bien à peu près la même disposition que les précédents, mais ils ZOOPHYTES. 239 sont en forme d'arc, avec une disposition écail- leuse, et des stries sur leur longueur. Les branches sont rosées comme dans le Madré- pore plantain ; ce qui tient à ce que chaque Po- lype a le contour qui borde sa cellule de cette couleur, ainsi que la membrane qui les unit entre eux, laquelle est striée sur les cellules. Les tentacules , fort petits , sont légèrement bruns. Cet individu se trouve dans l'île de Vanikoro. 240 ZOOLOGIE. Genre ALVÉOPORE. — Aheopora. Blainv. Animaux actiniformes peu saillants, pourvus de tentacules assez longs, contenus dans des loges profondes, alvéiformes ou polygonales, irrégu- lières , inégales , non lamelleuses , tuberculées in- térieurement, limitées par des cloisons perforées ou réticulées, échinulées à leur bord terminal, formant un polypier pierreux, poreux, fixé en masses phytoïdes ou arrondies. • i. ALVEOPORE VERT. Alveopora viridis, nob. PLANCHE 20, FIGURES I-zf. Alveopora, dichotomo-ramosa; ranùs crassîs, compresses , rotundatis ; stellis prqfundis: suborbi- culatis, margine crenulatis ; parietibus fenestratis . Poljpis prominentibus ; tentaculis crassis } ob- scuris y apice viridibus. ZOOPHYTES. 241 Ces animaux ressemblent beaucoup à ceux des Madrépores; mais le polypier présente assez de différence, pour qu'on puisse très -bien en faire un genre à part, dans lequel rentreront quelques Pocillopores de M. de Lamarck*. Cette espèce a même des ressemblances avec le Fenestré de cet auteur. Les massifs de la notre sont plus ramifiés, et ont leurs étoiles plus petites, et davantage réti- culées. Les branches en sont peu élevées, les ra- meaux larges , subaplatis , arrondis à l'extré- mité. Leur surface est criblée d'alvéoles, qui n'ont environ qu'une demi-ligne de diamètre , très pro- fondes, arrondies ou tendant par leur réunion à devenir polygonales, séparées par des cloisons excessivement minces, percées à jour, dont les bords sont très-rugueux, comme cristallisés. Celles de ces cellules qui sont aux extrémités des bran- ches ont une direction oblique vers le haut. Il résulte de l'organisation toute cellulaire de ce polypier, que les animaux doivent avoir plus de contact entre eux qu'aucune autre espèce. Leur forme est rayonnée à douze tentacules, bruns et verts , longs, assez gros, confluents dans leur saillie, mais paraissant isolés quand ils sont rentrés dans leurs loges. On n'aperçoit alors que l'extrémité verte des tentacules, entourée des * Tïn morceau de base de Madrépore, dont les cellules ne sont point tu- buleuses, ressemble beaucoup à un fragment d'Alvcopore. Zoologie, t. iv. 16 242 ZOOLOGIE. pointes blanches et rudes des étoiles. Nous avons cherché à les représenter sous ce double aspect. Ce Zoophyte, qui n'a que quelques pouces de haut , est assez rare au havre Carteret de la Nou- velle-Irlande. a. ALVEOPORE ROUGE. Alvenpora rubra , nob. PLANCHE Ig, FIGURES I l-l/\. Alveopora :, ramulosa; rubra; rarrmlis elongatis, bifurcatis , erectis , porosis ; stellis spinosis, sex- dentatis. Polypis rubris ; tentaculis crassis , brevibus , ro- tundatis. Cette espèce se rapproche plus par son port des vraies Madrépores que la précédente : elle a aussi des rapports avec le Porite allongé. Nos échan- tillons n'avaient que deux ou trois pouces de longueur, à ramification dichotome, dont les ra- meaux sont cylindriques, ou un peu comprimés, ZOOPHYTES. 243 pointus, chargés d'alvéoles crénelées, irrégulières, fort petites , séparées par des cloisons poreuses , et dont le contour de l'ouverture est garni de six pointes horizontales, entre lesquelles sortent les tentacules de l'animal. Les intervalles des cellules sont remplis de pores irréguliers, ressemblant à une cristallisation confuse. Les Polypes ont douze tentacules , courts, gros, élargis et arrondis à leur extrémité; ils sont d'un rouge brun vif, de même que le polypier qu'ils sécrètent. Ils sont plus rares à la base qu'au som- met. Habite le même lieu que l'espèce précédente. 16' 244 ZOOLOGIE. Giînre POCILLOPORE. - - Pocillopora. (Lamk.) Animaux à douze tentacules courts, arrondis, contenus dans des loges petites, enfoncées, subpo- lygonales, échinulées sur leurs bords, un peu la- melleuses, formant un polypier calcaire, fixé, arborescent ou mamelonné, d'un tissu compacte. POCILLOPORE CORNE DE DAIM. Pocillopora damicornis. Lamarck, An. s. v., t. II, page 27/1, n° 2. PLANCHE 20, FIGURES 5 -y. Pocillopora , ramosissima ; ramis subtortuosis , crassis , varie dwisis ; ramuUs brevibus , obtusis, apice turgentibus , loba lis. Poljpis rcticulatis , rubentibus ; tentaculis bre- vibus, obtusis, crassis, subalbidis. ZOOPHYTES. 245 Nous avons hésité à laisser subsister cette es- pèce dans le genre Pocillopore, tant ses animaux ressemblent à ceux des Madrépores; Le polypier lui-même n'en est pas très-éloigné , et ne pré- sente d'autre différence que d'avoir ses alvéoles planes et non tubulées. Ce genre mérite donc d'être examiné avec soin pour connaître quels sont les individus qui doivent en faire partie et ceux qu'on doit en retirer. M. de Blainville en a déjà soustrait, et avec juste raison, le Pocillopore bleu. En attendant, celui qui nous occupe se présente en masses assez larges, peu élevées, pe- santes, irrégulièrement tuberculées; chaque tuber- cule est lui-même subdivisé en une foule d'autres, comme rabougris, criblés dans tous les sens d'étoiles subarrondies ou polygonales , peu pro- fondes, assez régulièrement denticulées sur leur bord, d'où vient l'âpreté et la rugosité du poly- pier. Leur intérieur parait lamelleux, et les espaces qui les séparent sont grenus. Les animaux sont confluents , réticulés comme ceux des Madrépores, et recouvrent par consé- quent toute la masse calcaire. Leur bouche est centrale , entourée de douze tentacules courts , obtus à l'extrémité, laquelle est un peu dilatée. Ils sont blanchâtres et rouge brun à la base. Ils ne font que très-peu de saillie hors des alvéoles , et les espaces intermédiaires sont remplis par leur substance, qui est réticulée et rouge brun. 246 ZOOLOGIE. Cette couleur est à peu près celle de tout le po- lypier dans l'état frais. Elle persiste même encore après la mort des Polypes, dont on aperçoit faci- lement les débris dans les cellules. On pourrait même compter leurs tentacules desséchés. Ce Pocillopore se trouve pour ainsi dire par- tout dans la mer du Sud. Nos échantillons pro- viennent de la petite île Ticopia. La surface du polypier est tellement rude , qu'au premier abord on dirait qu'elle est dépourvue de ses animaux, qu'on ne tarde pas de voir, à la loupe, enfoncés dans leurs loges. Le Porite verruqueux de M. de Lamarck nous a paru n'être qu'un Pocillopore à rameaux plus comprimés, à alvéoles plus échinulées que l'espèce que nous décrivons. Les animaux et le polypier sont d'un vert bouteille. Habite la Nouvelle-Irlande. ZOOPHYTES. 247 Genre MONTIPORE. — Montipom. Animaux actiniformes , courts, à douze tenta- cules, contenus clans des loges arrondies, enfon- cées, régulières, paucicannelées, éparses sur un polypier encroûtant ou glomérulé, poreux, très- échinulé, et garni de mamelons ou monticules rugueux. MONTIPORE VERRUQUEUX. Montipora verrucosa, nob. PLANCHE 20, FIGURE II. Montipora, explanata, lutescenle ; cormlis inœ- qualibus, elevatis, denticulatis , compressis. Poljpis Jlcwis ; tentacules brevibus. A peine avons-nous quelques notes sur ce nou- veau genre, que nous dessinâmes cependant avec assez de soin. Et depuis, lorsqu'à notre retour, 248 ZOOLOGIE, nous voulûmes l'examiner de nouveau, nous ne le retrouvâmes plus. Ce polypier forme des en- croûtements de quelques lignes de hauteur, sa surface est recouverte de petits monticules co- niques, assez espacés, triangulaires, comprimés, fortement denticulés sur leurs arêtes. Les al- véoles sont dans le fond des vallons, et les ani- maux qui les habitent ont douze tentacules courts, d'un jaunâtre clair. Toute la masse est d'un fauve un peu roux. Habite l'île de Tonga. ZOOPHYTES. 240 Genre PORITE. — Parités, Lamk. Animaux à douze tentacules courts, contenus dans des loges peu profondes, polygonales, irré- gulières, inégales, à peine circonscrites et incom- plètement radiées par des lamelles courtes, échi- nulées; polypier calcaire, polymorphe, encroûtant ou lobé, poreux, aréolaire à l'intérieur. PORITE CONGLOMÉRÉ. Parités conglomerata. Lamarck, An. s. v., t. II, page 269, n° 2. PLANCHE l8 , FIGURES 6-8. Porites, glomerata, globoso-orbiculari, violacea; stellis parvis, angulatis, contiguis, aceroso-scabris ; centra prominulo. Poljpis minimis duodenitentaculatis . 250 ZOOLOGIE. Les auteurs qui se sont occupés de ce genre ont été assez embarrassés pour le placer métho- diquement. M. de Lamarck ne le considérant que sous le rapport du polypier , le met après les Astrées, auxquelles, en effet, il ressemble fort. M. de Blainville, qui en a vu les animaux, le range dans les Madrépores, parce qu'ils ont douze ten- tacules. Mais tous deux conviennent qu'il serait susceptible de faire le passage des unes aux autres. C'est une forme à part qui montre les difficultés qu'on éprouve dans ces divisions. En le plaçant après les Madrépores, nous indiquons que c'est la forme des Polypes qui décide notre opinion. C'est M. Lesueur qui , le premier , a fait con- naître que ces animaux avaient douze tentacules; et depuis nous avons eu occasion de confirmer ses observations,, Le Porite congloméré présente d'assez grandes masses, ovalaires, ondulées, bosselées, arrondies en boule ou en cercle, comme celui que nous représentons, qui a la forme d'un turban, parce qu'une cause quelconque avait détruit la surface du polypier. Il y en a de jaunes et de violets, couleurs qui appartiennent plus à la masse calcaire qu'aux animaux. Les alvéoles sont extrêmement petites, très-rapprochées, polygonales, ou le plus souvent hexagonales, peu profondes, à bords rugueux, et remarquables en ce que du fond s'élèvent de petits tubercules , dont quelques-uns viennent égaler ZOOPHYTES. 251 1rs bords des cellules. Il faut bien faire attention sur le vivant à ne pas les prendre pour les ani- maux eux-mêmes. Les parois ont des lamelles très-rugueuses et qui paraissent assez régulières. La masse du polypier est composée . d'aréoles très-serrées. Chaque étoile est bordée d'un joli violet, un peu rougeâtre ; le centre est ponctué de noir. Habite Vanikoro. Une autre espèce ou variété , que nous a fournie Tonga-Tabou, était d'un jaune clair. Les Polypes étaient si petits que nous n'avons pu que les reconnaître et les signaler comme ayant douze tentacules tuberculeux , s' élevant à peine hors de leurs loges. 252 ZOOLOGIE. Genre HÉLIOPORE. — Heliopora, Blainv. Animaux courts , cylindriques , pourvus de quinze à seize tentacules courts, larges, triangu- laires, pointus, contenus dans des loges rondes, cannelées intérieurement, échinulées à leur ou- verture, opposées, et formant un polypier calcaire, fixé, ramifié, poreux dans l'intervalle des cellules. HELIOPORE BLEU. Heliopora ccerulea. Pocillopore bleu, Lam., An. s. v., t. II, page 276, n° 7. PLANCHE 20, FIGURES 11-\\. Heliopora compressa, frondescen s, in lobos ereo tos et complanatos divisa , intus cœrulea ; poris cylindricis , parietibus lamelloso-striatis intersti- tiis scabris. Lamk. ZOOPHYTES. 253 Poljpis radiatis, cylindricis , luteo-albidis ; ten- taculis phirimis, brevibus, foliaçeis. C'est d'après la connaissance des animaux du Pocillopore bleu que M. de Blainville s'est décidé à le retirer de ce genre pour en former celui des Héliopores. En effet, comme nous avons vu que les Pocillopores n'avaient que douze tentacules ni plus ni moins, et que cette espèce en compte davantage, elle ne devait pas plus long-temps' en faire partie. Les Héliopores sous ce rapport s'éloignent donc un peu de la famille des vrais Madrépores. Ils for- ment des masses assez considérables , branchues , dont les rameaux sont verticaux, pressés, épais, comprimés, à sommités obtuses, arrondies, de couleur grisâtre à l'extérieur et bleue à l'intérieur. Les cellules en sont petites, rapprochées, sans se toucher cependant, cylindriques, à parois striées, légèrement saillantes dans leur ouverture, qui est ronde, échinulée. Ces alvéoles tendent à devenir obliques aux extrémités des rameaux, et convergent par leur base en formant un raphé , qu'on ne peut voir qu'en les brisant; disposition qui ne paraît avoir lieu que pour ce polypier. Les interstices des cel- lules sont poreux et papilleux , ce qui rend la surface très-rugueuse. Les Polypes sont fort peu apparents. C'est avec 254 ZOOLOGIE. infiniment de peine que nous avons pu, avec une forte loupe, distinguer leurs tentacules, qui remplis- sent les espaces denticulés des cellules. En comp- tant ces divisions, on en a à peu près le nombre, qui est de quinze à seize. Ils sont courts, aplatis, pointus comme des folioles, et forment un disque autour d'une bouche centrale, ronde. Leur cou- leur est d'un blanc jaunâtre. Le corps de l'animal est cylindrique, probablement cannelé pour s'ac- commoder aux cloisons intérieures. En l'ouvrant, on distingue un renflement stomacal, après lequel viennent des filaments déliés portant quelques ovules sur leur longueur. Ce polypier n'est pas très-répandu : notre voyage était sur le point de s'achever que nous n'en avions point encore rencontré de vivant. Étant à Guam, nous nous souvînmes que nous en avions autrefois vu devant la ville d'Agania. Nous fîmes le voyage, et trouvâmes en effet quelques massifs qui ont servi à nos dessins. Nous eûmes alors occasion de voir que ce que , dans le Voyage de rUranie, planche 96, nous avions pris pour les animaux de ce Lithophyte, étaient de petits Zoo- phytes parasites à longs tentacules, probablement de la classe des Annélides, qui s'étaient logés dans les interstices poreux qui séparent les cellules, et dans les cellules elles-mêmes vides. ZOOPHYTES. 25r- .► ZOOPHYTAIRES. Dans les derniers Actinozooaires que nous avons examinés , nous avons vu les animaux prendre une forme plus fixe, et se spécialiser en quelque sorte dans leurs caractères extérieurs. Dans ceux qui nous restent à faire connaître, cette disposition est invariable, et nous leur trou- verons à tous huit tentacules, soit qu'ils vivent isolés, soit, ce qui est le plus ordinaire, qu'ils se pré- sentent groupés sur une même tige. Ces êtres sont loin d'avoir la même importance dans les phénomènes géologiques que les précé- dents. Ils ne s'accroissent jamais en masses énormes, et ne forment point de récifs sous -ma- rins. D'une consistance flexible, molle ou friable, ils vivent en petits groupes, et ne persistent point après leur mort; si ce n'est le seul genre des Tubipores, et quelques espèces de Coraux. Relativement à cette dernière famille, nous ob- serverons qu'elle a les plus grands rapports avec les Madrépores , et ne doit pas trop s'en éloigner dans un ordre méthodique. 256 ZOOLOGIE. En effet, nous voyons dans les Isis, les Gorgones, les Antipathes, un axe central phytoïde sécrété, recouv rt d'une écorce spongieuse et vivante, dans laquelle se logent des Polypes d'une forme con- stante. Dans les vrais Madrépores , il n'y a de différent que la solidité de l'axe, la minceur de Fécorce, et douze tentacules aux animaux, au lieu de huit qui existent dans les Coraux. Encore le genre Corail, proprement dit, a-t-il , comme tout le inonde sait, sa tige pierreuse. Pour ce qui est de la classification des Zoo- phytes Sarcoïdes, connus en général sous le nom d'Alcyons, c'est un travail à faire, afin de voir si on ne rencontrerait point dans l'organisation de la base spongieuse polypifère, des caractères meil- leurs que ceux tirés de la forme, qui varie à l'infini. Aussi trouvons-nous que la plupart des divisions génériques admises par les auteurs sont aussi fugitives qu'arbitraires. ZOOPHYTES. 257 TUBIPOKES. À. A ENVELOPPE CALCAIRE. Genre Tubipore. lubipora. Animaux cylindriques, à huit tentacules pinnés, contenus dans des tubes calcaires, cylindriques, verticaux, à ouverture ronde, réunis entre eux par des cloisons transverses en masse considé- rable, arrondie, fixée, constituant une sorte de polypier. TUBIPORE ROUGEATRE. Tuhipora rubcola, nob. PLANCHE 21 , FIGURES 1-8. Tubipora, tubis cjlindricis, longis, Iaxis, rubris, sepimentis separatis. Poljpis subrubris; tentaculis radiatis, pèctinàûs. Zoologie, t. iv. J7 258 ZOOLOGIE. Nous sommes les premiers qui, clans notre pre- mier voyage, avons fait connaître les animaux des Tubipores , que jusque-là on croyait appartenir à quelque Annélide. Nous n'ajouterons rien à ce qui a été dit, en parlant du Tubipore Musique, de cette multitude de petits cylindres perpendiculaires et parallèles, rapprochés sans se toucher , et réunis entre eux par des cloisons transverses qui leur sont exté- rieures. Ces cloisons , sécrétées par le bord du manteau des Polypes, sont de même nature que les tubes, c'est-à-dire membrano-calcaires, durcissant à l'air ; ce qui fait qu'à l'aide de ces moyens d'u- nion, les Tubipores forment réellement de grosses masses pierreuses. A mesure que ces Zoophytes s'élèvent, ils abandonnent la partie inférieure de leur tube, et multiplient les lamelles qui les unis- sent les uns aux autres. Il arrive quelquefois que ces sortes de diaphragmes forment des plans ho- rizontaux assez réguliers, surtout dans le Tubi- pore Musique. Il n'en est pas de même dans l'espèce nouvelle que nous donnons, dont les tubes sont plus gros, plus longs, légers, moins serrés, et offrant des cylindres de deux à trois pouces, sans nœuds. Leur couleur est du reste la même; c'est un joli rouge vif de laque, qui ne paraît nullement dans la mer , parce que les Polypes , toujours étalés et confluents, la masquent; à tel point, que n'ayant vu qu'un Tubipore à tentacules ZOOPHYTÈS. 25Î) verts, nous ne reconnûmes pas d'abord pour te] celui qui nous occupe, lorsque nous arrivâmes snr la masse considérable et arrondie qu'il formait. En y enfonçant le pied, tous ces tubes fragiles se brisaient comme du verre. Les Polypes, comme l'indique leur nom spéci- fique, sont légèrement rougeàtres, à huit tentacules lancéolés, pointus, pinnés sur les bords. Ils dé- bordent et forment un bourrelet plissé à l'ouver- ture de leur tube, qui dans cette partie, non encore solidifiée, est presque membraneux. Ce bourrelet varie de forme selon le plus ou le moins de déve- loppement des tentacules, qui rentrent quand on les touche, à peu près comme cela a lieu dans un doigt de gant qu'on replie. Nous avons figuré d'après nature ces divers aspects, et nous ren- voyons pour plus de détails au Mémoire inséré dans la Zoologie de VUranie, où l'on voit la dis- position des ovules dans ces animaux * . Le Tubipore rougeâtre habite le havre Car- teret, à la Nouvelle -Irlande. Il y formait une masse arrondie, de plusieurs pieds de diamètre, recouverte d'un à deux pieds d'eau, dans les plus basses marées. Celui que nous primes autrefois à Timor était situé moins profondément, et pou- vait même être à sec pendant quelque temps. * C'est à tort que dans ce livre nous avons fait dire, d'après d'autres, à M. Roux de Marseille, que le Tubipore Musique existait dans la Méditer- ranée. Il nous a assuré qu'il n'y avait rien de certain à ce sujet. 17* 260 ZOOLOGIE. B. A ENVELOPPE CHARNUE. Genre CLAVULAIRE. — Clavularia. Animaux cylindriques à huit tentacules pinnés, contenus dans des tubes claviformes, coriaces , striés, subpédiculés, fixes, et agglomérés. i. CLAVULAIRE VERTU Clavularia viriclis, nob. PLANCHE 21 , FIGURES IO-I2. Clavularia , tubis distinctis, coriaceis, claviilatis, redis aut subcontortis , longitrorsum stria fis , vi~ rescentibus. Poljpis stria fis , fuscis; tentaculis planius 'culis , pinnatis , violaceis. Ce genre, qui semble faire le passage des Tubi- pores aux Cornulaires, a été établi pour des ani- maux à huit tentacules, contenus dans des tubes ZOOPHYTES. 2(il membraneux coriaces, auxquels ils sont intime- ment unis. Fixés sur les corps marins, et groupés entre eux en masses plus ou moins serrées, ils ne sécrètent point de cloisons extérieures qui puissent réunir leurs tubes , lesquels ne forment pas non plus de séries d'accroissement superpo- sées. La Clavulaire verte est longue de deux pouces, un peu tortueuse , recourbée vers son extrémité fixée, laquelle est un peu pointue. Les individus, fort rapprochés, se touchent même sans adhérer les uns aux autres, et leurs Polypes, étalés, parais- sent confluents. Les tubes, d'un jaune verdâtre, sont striés en long, et couverts à l'extérieur d'a- cicules subcalcaires, réunis en faisceaux. Les Polypes proéminent un peu au-dessus de leurs loges, comme font les Tubipores, avant que d'étaler leurs huit tentacules lancéolés, garnis de chaque côté d'une série simple de petites folioles obtuses. Ces dernières sont d'un joli gris violacé, et le corps de l'animal , qui est contractile et rentre dans le tube, a des stries longitudinales brunes. Cette espèce est très-répandue dans l'île de Va- nikoro , où elle encroûte de ses plaques les Ma- drépores et les autres corps sous-marins. 262 ZOOLOGIE. a. CLA.VULAIRE VIOLETTE. Clavularia violacea, nob. PLANCHE 21, FIGURES l3-l6. Clavularia miuima, tubis cylt/alr/c/s, coriaceis , truncatis , canaliculatis , obscuro -violaceis. Tentaculis brevibus , J/avis. Petite espèce seulement élevée de quelques lignes, dont les tubes grêles, presque cylindriques, cannelés , d'un violet sombre , et pressés les uns contre les autres , forment d'assez larges plaques. Ils sont couverts d'acicules, qui sont aussi de cou- leur violette. Les Polypes sortent à peine de leurs loges, et ne laissent voir que les extrémités des tentacules, d'un beau jaune. Ce n'est quedansl'eau et sur place que le contraste de ces deux teintes paraît bien ; car dès qu'on enlève ces Clavulaires, les Polypes rentrent profondément pour ne plus reparaître , même dans le vase où on les place ; ce qui est le contraire de ce que font la plupart des Zoophytes. Cela nous a empêché de reconnaître ZOOPHYTES. 263 la forme et la disposition des tentacules, s'ils étaient pinnéson non. En rentrant complètement, ils froncent un peu l'ouverture de leurs tubes. Habite l'île de Vanikoro, toujours au-dessous des plus basses marées, vis-à-vis l'îlot de Manévé. 204 ZOOLOGIE. Genre CORNULAIRE. — Çornularia. Animaux cylindriques, pédicules, pourvus de # huit tentacules pinnés, non rétractiles, groupés sur une base sarcoïde adhérente j» membraneuse ou plus ou moins lobée. Les Cornulaires tiennent aux Tubipores par la disposition pinnée de leurs tentacules au nom- bre de huit, et aux Alcyons par la base charnue et lobée d'où partent les Polypes; mais elles dif- fèrent de ces derniers en ce que les animaux, portés sur des pédicules , ne sont point suscep- tibles de rentrer dans des alvéoles, creusées dans la masse sarcoïde. Cependant ce petit groupe, par la consistance et le port extérieur de ses animaux, nous semble tenir davantage aux Alcyonaires. Il ne diffère que fort peu des genres Xénie et An- thélie de M. Savigny, qui, selon notre opinion, ne doivent former qu'une division dans les Cornu- laires. Ces dernières, comme nous les avons définies, diffèrent un peu de ce qu'indiquent les auteurs; mais ayant pour nous l'observation directe, notre ZOOPHYTES. 205 manière de voir pourra peut-être servir de guide au milieu des distinctions un peu embrouillées de ces polypes à huit tentacules. Nous allons voir tout à l'heure ce que nous entendons par Alcyons proprement dits. i. CORNULAIRE MULTIPINNÉE. Cornularia mvltipinnata , nob. PLANCHE 22, FIGURES l~4- Cornularia , ramosa , mollissima , pallida ; lobis crassis, obtusis ; polypis numerosis , pediculatis ; têntaculis octo , laciniis tectis. Cette espèce forme des empâtements peu con- sidérables , de quelques pouces de hauteur. Elle est remarquable en ce qu'elle se divise en rameaux épais, au sommet desquels sont les Polypes. Ceux-ci, longs de quelques lignes, comme implantés sur une masse charnue, fibreuse, extrêmement molle, ne sont point rétractiles ; de sorte qu'en les sortant de l'eau, ils retombent sur leur base. Ils ont une forme cylindrique, pédiculée, et huit tentacules 266 ZOOLOGIE. assez grêles, recouverts d'un grand nombre de laciniures qui n'affectent point d'ordre régulier ; ce que nous n'avons rencontré que dans cette Cor- nulaire. Ces nombreuses franges donnent à ce Zoophyte un aspect qui le fait distinguer au premier abord du suivant, avec lequel il a des rapports. Sa couleur est blafarde dans toutes les parties. Les Polypes laissent découler une grande quantité d'albumine, ce qui nécessite de les chan- ger souvent d'eau pour les observer, et d'esprit- de-vin pour les conserver. Habite les îles des Amis, à Tonga. i. CORNULAIRE VERDATRE. Cornularia subviridis , uob. An Actinantha Jlorida? Lesson, Voyage de la Coquille, pi. 3, n° i. PLANCHE 22 , FIGURES 5^. Cornularia, explanata, indivisa, molle , albido- lutescente; polypis conjluentibus, pediculatis, regu- larilcr laciniatis ; laciniis vircscentibus. ZOOPHYTES. 267 Le polypier est charnu, mou, formant des ex- planations peu élevées, qui atteignent jusqu'à un pied de diamètre. Les Polypes qui y sont implantés, longs de trois à quatre lignes, n'ont point de mouvement de rétraction. Leurs tentacules retom- bent sur eux-mêmes. Ils sont à huit divisions, un peu renflés au milieu, pointus, et régulièrement pinnés sur les bords. Ces laciniures sont vertes , tandis que les autres parties du Zoophyte ont une teinte d'un blanc jaunâtre. Quoique les Polypes de cette Cornulaire ne se touchent point, leurs tentacules épanouis pa- raissent cependant confluents, et sont d'un assez joli effet sous l'eau , par leur couleur verte. On la trouve sur le récif de l'île des Cocos , au havre Carteret de la Nouvelle-Irlande. Nous considérons comme une variété de cette espèce, prise dans le même lieu, la Cornulaire des figures 8 et 10, dont les masses plus petites, et arrondies en boule , ne dépassent pas la grosseur du poing. Leurs Polypes, moins développés , ont également les folioles verdâtres; mais les tenta- cules sont un peu moins allongés. Ce qu'il y a de remarquable , c'est que dans le nombre il s'en trouve beaucoup de courtement pédicules , qui ont leurs divisions obtuses, arrondies et sans franges. Sont-ce de plus jeunes individus qui n'a- vaient pas encore atteint toute leur croissance? Nous serions disposé à le croire. 268 ZOOLOGIE. Cette Cornulaire nous paraît être la même fi- gurée par MM. Garnot et Lesson, dans le Voyage de la Coquille, sous le nom d'Actinanthe fleurie, et que le dessinateur a un peu trop bien arrangée en forme d'Actinie; ce qui pourrait donner lieu à quelque méprise, et faire croire que ce n'est qu'un animal, tandis que «'est réellement une agrégation de plusieurs. ZOOPHYTES. 2G9 Genre ALCYON. — Alcyonum. Animaux polypiforrnes à huit tentacules simples, rarement laciniés, contenus clans des cellules, ou à l'extrémité de pédoncules épars à la surface d'une partie commune, charnue, arborescente ou encroûtante et fixée. Nous avons examiné avec attention un grand nombre d'Alcyons vivants , et nous pouvons as- surer que les genres qui ont été formés avec les diverses espèces de ces Zoophytes ne nous pa- raissent pas établis sur d'assez bons caractères pour être conservés. On n'a pu les tirer de la forme des Polypes, qui se ressemblent presque tous, il a fallu les prendre dans celle de la masse polypifère, laquelle varie à l'infini; d'où la difficulté de se reconnaître dans cette petite classification. Les vrais Alcyons seront pour nous des Po- lypes octotentaculés, imparfaitement ou rarement pinnés , susceptibles de rentrer dans une gangue charnue, très-diversiforme, fixée ou encroûtante. Une douzaine d'exemples tirés de nos propres 270 ZOOLOGIE. observations vont servir de base aux divisions que nous proposons pour faciliter l'étude de ces animaux, qui sont assez nombreux. [ lobés (ou les Lobulaires) , coriaces. Alcyons arborescents (ou les Neptées mous, coriaces. Ce n'est que pour arriver plus promptement à la connaissance de l'espèce que nous avons établi quatre subdivisions qui, à la rigueur, pourraient n'en former que deux, selon que les Alcyons se- raient lobés ou branchus. A. Espèces molles et lobées (ou les Lobulaires) i. ALCYON GLAUQUE. jêlcyonum glaucum, nob. PLANCHE 22, FIGUHES 11-12, Alcyonuin, carnosum, pediculatum, plano-loba- tum, virescens, luteo et fusco punctatum ; poljpîs fascis longitrorsum striatis , quincunci ordinatis; tentactuis vire s cent Unis, obtusiusculis. ZOOPHYTES. 271 Espèce formant de larges plaques charnues, à gros pédicules courts, et dont les bords arrondis, ondulés, sont quelquefois lobules. Ces expansions, épaisses de cinq à six lignes , sont d'un beau glauque, avec des teintes jaunes et des points grisâtres assez régulièrement alignés en forme de quinconces; ce sont les oscilles par où sortent les animaux, qui, nombreux et rapprochés, modi- fient, lorsqu'ils sont sortis, la couleur que nous venons d'indiquer, parce qu'ils ont leurs tenta- cules verdàtres, et leur tige brune avec des stries en long. Ces Polypes n'ont guère plus d'une ligne dans leur plus grand développement. Les huit rayons de leurs étoiles sont grêles, obtus et lisses. Quelques-uns de ces Alcyons présentent quelque variété dans leur teinte , qui est plus ou moins grisâtre ou verdâtre. On les trouve sur les plages, que la mer laisse à découvert, de l'îlot de Panhi-Modou, à Tonga. Ils rendent les places qu'ils recouvrent très-glis- santes. Il semble qu'on marche sur des coussins charnus enduits d'une matière albumineuse. 272 ZOOLOGIE. 2. ALCYON VERT. Alcyonum viridc , nob. PLANCHE 23, FIGURES 22-2 3. Alcyonum , magnum , lobato-digitatum , carno- sum , virescens ; polypis minimis, virescentibus ; tentaculis ovato-lanceolatis , membrana junctis , apice ciliatis. Cet Alcyon est en masses assez considérables, largement fixées, en lobes digités , arrondis au sommet. Sa couleur est d'un vert foncé avec des taches jaunâtres. Les Polypes , irrégulièrement placés, mais fort rapprochés, sont verdâtres, très- courts, faisant peu de saillie. Leurs tentacules sont pétalliformes, réunis entre eux par une membrane mince, et laciniés à leur extrémité. Habite l'île Vanikoro. ZOOPHYTES. 273 3. ALCYON ÉVENTAIL. Alcyomun Flabellum , nob. PLANCHE 23, FIGURES 1 8-20. Alcyonum, carnosurn , repandum , compressum, lobatum, spadiceum; digitationibus acutis, redis; polypis elevatis , gracilibus , tentacules luteis. Cette espèce forme des bancs de plusieurs pieds d'étendue , étalés en éventail ou étendus en plaques arrondies. Les digitations en sont profondes, com- primées, pointues, d'un brun violacé .tirant sur le chocolat. Les oscilles forment des points bru- nâtres assez clair-semés et irrégulièrement placés. Les Polypes sont grêles, bruns, à tentacules sub- arrondis et jaunâtres. Cet Alcyon varie dans sa couleur , qui peut devenir jaunâtre ou verdâtre. Il habite le havre Carteret à la Nouvelle-Irlande. Zoologie, t. iv. itf 274 ZOOLOGIE. B. Espèces ï,obées et coriaces. A. ALCYON TUBERCULEUX. Jlcyonum tuberciilosum, nob. planche 23 , figures 4-5. Alcyonum, brevipedimculatum , incrustons, co- riaceum, lûtes cens, autgriseum; mamillis convexis, subrôtundis ; polypis sessilibas ; tentaculis longis , gracilibus. Espèce dure , coriace , formée de mamelons arrondis, serrés, groupés sur un court pédicule, recouvrant les corps marins. L'ensemble de ces éminences est gris de lin; mais il y en a de jau- nâtres et de brunes. Les points bruns qui les re- couvrent sont les oscules par où sortent les Po- lypes. Ceux-ci ne font de saillie que pour laisser passer leurs tentacules en étoile, dont les huit branches sont bien marquées, déliées et jaunâtres. Cet Alcyon habite Tonga , et forme des groupes qui n'excèdent pas de beaucoup la grosseur du poing. ZOOPHYTES. 075 .) C. Espèces molles et arborescentes (les Noptées). 5. ALCYON RAMEUX. Alcyonum ramosum, nob. PLANCHE 23, FIGURES 8-1 I. Alcyonum, magnum, molle, multiramosum ; stirpe albicunti, fulvo striato ; polypis /'//sets, in extremitate ramorum coadunatis ; tentaçulis brc- vibus rotundatis. Cet Alcyon, et trois autres dont nous parlerons plus bas, seraient à la rigueur susceptibles de former un genre, parce que leurs Polypes, dispo- sés en grappes à l'extrémité des rameaux, ne ren- trent point dans leur gangue corticale ; il n'y a que les tentacules seuls, qui se replient sur eux- mêmes en se fermant comme les pétales d'une fleur. Cette grande espèce atteint plusieurs pieds de longueur; elle est comprimée dans son ensemble, et forme comme de petites palissades sous les eaux. Le rameau que nous figurons, et qui appar- tenait à un ensemble beaucoup plus considérable, 18* 276 ZOOLOGIE. est de grandeur naturelle. Sa substance molle laisse échapper beaucoup d'albumine. Les tiges sont blanchâtres avec des stries longitudinales rougeâtres, très-déliées. C'est à l'extrémité des nombreuses branches, que les Polypes sont agglo- mérés en panicules ovoïdes. Chaque individu a un pédicule distinct, court, d'un brun rougeâtre, ou couleur de bistre, de même que les huit tenta- cules obtus et arrondis qui le terminent. Ces ap- pendices, rapprochés entre eux, ressemblent à un bouton de lilas sur le point d'éclore. Indépendamment des groupes d'animaux qui existent à l'extrémité des rameaux , on en voit d'autres plus petits , sessiles , sur les tiges elles- mêmes. Habite le port Dorey à la Nouvelle-Guinée. 6. ALCYON DES AMIS. Alcyonum amicorum , nob. Neptée des omis, Blainv., Dict. se. nat., t. LX, p. 487. PLANCHE 22 , FIGURES l3-l5. Alcyonum , carnosum, crasse pediculattim , ar- boreum , violaceo-vircscens-; ramis explanaiis ; ZOOPÏIYTES. 277 potyp$ paniculatis ; tentacules octonis, âpice <>/>- /us/s , virescentibus. Cette espèce, très-largement pécliculée , forme des ramifications, qui au lieu de s'élever s'étalent latéralement et sont très-pressées. Elles sont char- gées de mamelons ovalaires, composés de très-pe- tites granulations, qui sont autant d'animaux, très-courtement pédicules, à huit tentacules grê- les et obtus, lesquels s'épanouissent rarement. Ce Zoophyte est vert pré, avec des teintes jaunâtres ; les tiges principales et la base sont violacées. On le trouve sur l'île Tonga-Tabou. 7. ALCYON ORANGÉ. Alcyonum aurcintiacuin , nob. PLANCHE 22 , FIGURES l6-l8. Alcyonum, parvum, molle, ramosum, aurcum ; rames obtusis ; polypis elongatis, clavatis , a Ibis ; tentaculis brevissimis rotundatis. Cette espèce, molle, rameuse, a des rapports avec les*Véré tilles par la forme de ses Polypes, qui 278 ZOOLOGIE. sont transparents, et la disposition qu'elle a à ab- sorber une grande quantité d'eau , ce qui aug- mente son volume. Sa longueur est de deux à trois pouces ; ses rameaux sont obtus, orangés, et couverts de points blancs, qui sont les extrémités des Polypes rentrés. Ceux-ci, grêles, saillants, ont la forme d'une petite massue. Leurs tentacules, au nombre de huit, ne sont autre chose que de petits tuber- cules, s'élevant à peine au-dessus de la bouche. Cette dernière donne dans un estomac court, des côtés duquel partent cinq à six filaments plissés ovifères. Cette organisation, que la blancheur et la transparence des animaux nous a permis de voir, est absolument la même que celle des Vérétilles. Si l'on n'attendait pas le développement complet de cet Alcyon , on en aurait une idée peu exacte. Il provient du lieu qu'on nomme rivière Tamise, à la Nouvelle-Zélande, par huit à dix brasses de profondeur. ZOOPHYTES. 279 8. ALCYON FLEXIBLE. Alcyonum Jlexibile , nob. PLANCHE 23, FIGURES 1-3. Alcyonum, maximum, ramosum, lutescens; ramis gracilibus cylindricis, prœlongis , mollibus; polypis minimis , virescentïbus , centro luteis ; tentaculis brèvibus rotundatis . Cet Alcyon habite toujours à d'assez grandes profondeurs, qui ne découvrent jamais à basse mer. On prendrait ses longs rameaux cylindriques et flexibles pour des éponges. Ils partent de tiges elles-mêmes ramifiées, mollasses, formant sous les eaux des faisceaux considérables. Leur couleur varie du fauve au jaune pâle; mais lorsque les animaux très-pressés qui les couvrent font saillie , il s'y mélange du verdâtre, parce que c'est leur couleur. Us forment de petites rosettes peu élevées, à huit tentacules rudimentaires , arrondis. Le dis- que buccal est jaune. Habite l'île de Vanikoro. 280 ZOOLOGIE. D. Espèces coriaces et arborescentes. 9. ALCYON JAUNE. Alcyonum Jlavum , nob. PLANCHE 23 , FIGURES 6-J. Alcyonum, coriaceum, arbores cens, parvum, basi compressum , jlavum ; ramis cylindricis , acutis , simplicibus ; osculis minimis , sparsis ; tentaculis absconditis. Espèce peu commune, très-coriace, d'un beau jaune de paille , formant des masses d'un assez gros volume, peu élevées, comprimées. Leur base donne naissance à des rameaux cylindriques, sim- ples, pointus, d'un à deux pouces de longueur, recouverts d'oscules jaunes, irrégulièrement placés et qu'on ne peut bien voir qu'à la loupe. Les Po- lypes ne font point de saillie, et à peine remar- que-t-on les huit divisions que doivent former leurs tentacules. Cet Alcyon, d'une aridité extrême, habite File de Vanikoro. ZOOPHYTES. 281 10. ALCYON IMBRIQUÉ \ Alcyonum imbricatum, nob. PLANCHE 23, FIGURES I2-l4- Alcyonum , ramosum , rigidum , albo-cœrules- cehs; polypis fasciculatis , pediculatis , subimbrî- catis y non retractilîbus ; tentaculis minimis obtu- sis, apice fuscis. Espèce coriace et très-rigide, en petites masses de la grosseur du poing, divisée en rameaux courts, sur lesquels se «groupent les animaux, en formant comme de petits thyrses, et s'imbriquant un peu les uns les autres. Chaque Polype, porté sur un pédicule court, n'est point susceptible de rentrer dans sa gangue corticale. Leur extré- mité, arrondie en ovale, a huit tentacules très- courts, obtus, recourbés sur eux-mêmes et dirigés vers la bouche; leur pointe, qui est brune, con- traste avec le blanc légèrement bleuâtre du reste du polypier. * Cet Alcyon, le suivant et le rameux déjà décrit, sont susceptibles de former une division à part, ou même un genre. 282 ZOOLOGIE. La substance de ce Zoophyte est composée île petites granulations confuses, très-pressées. Habite le havre Carteret de la Nouvelle-Irlande. ii. ALCYON TERMINAL. Alcyonum terminale, nob. PLANCHE a3, FIGURES l5-I7. Alcyonum, ramosum, rigidum, album; ramis solitariis; polypis terminalibus , inflatis ; tenta- cutis mimmis , foliaceis , acutis, apice fuscis. Cette espèce diffère des précédentes en ce que chacun des rameaux est terminé par un Polype en forme de bouton arrondi, et que nous n'en avons point vu sur les tiges principales. Du reste, la partie charnue est rigide et scarieuse comme dans l'Alcyon imbriqué, auquel il ressemble un peu sous ce rapport seulement. Les tentacules, au nombre de huit, sont courts, triangulaires, bruns à leur extrémité, rentrés sur eux-mêmes, et dirigés vers l'ouverture buccale, qu'ils bouchent ZOOPHYTES. 283 en partie. Nous ne les avons point vus épanouis, et nous ne savons même pas s'ils peuvent le faire. Le reste du polypier est d'un blanc mat. Nous supposons que ce que nous en donnons est un fragment qui appartenait à une masse plus con- sidérable. Habite le port du Roi-Georges, à la Nouvelle- Hollande, probablement par une grande profon- deur. 284 ZOOLOGIE. Nota. C'est comme en appendice , et pour compléter trois planches qui manquaient, que nous donnons quelques -une% des principales espèces des genres suivants. Leur nouveauté et la singula- rité de leurs formes nous fait regretter de n'avoir pu donner plus d'extension à notre ouvrage, en figurant tous les objets remarquables que nous avons rapportés. Nous aurions pu nous borner à les décrire; mais au point où en est l'histoire naturelle, on ne peut, pour ces sortes de choses, se passer des figures, qui sont le complément de leur explication. VERS APODES. Genre BORLASIE. Borlasia, Oken. Corps mou, extrêmement long, subcylindrique ou aplati , obtus aux extrémités , plus grêle à la postérieure; l'antérieure renflée en mufle ou en rostre, ayant de chaque côté une fossette longi- tudinale. Bouche inférieure non terminale, en fente lon- gitudinale , formant quelquefois une espèce de ventouse. Orifice de l'appareil générateur dans un tuber- cule situé au bord de l'ouverture buccale. Bl. ZOOPHYTES. 285 i. BORLASIE A CINQ LIGNES. Borlasia quinquelineata , nob. PLANCHE 24, FIGURES 1-2. Borlasia longissima, fr agili} rassa, coin planai a, albida , desuper nigro quinquelineata sautas bifas- ciata; capite b/rri, rfilatato, subcordiformi. Comme le remarque fort bien M. de Blainville, les genres Cérébratules , Tubulan, Borlasie, Ne- merte et Ophiocéphale, n'en forment pour ainsi dire qu'un seul. Ce dernier n'avait été créé par nous à la mer que provisoirement et pour donner de suite un nom à un de ces vers. Cette espèce, longue de trois à quatre pieds, a la forme d'un ruban un peu épais. Elle est très- cassante. Sa tète est petite, cordiforme; son cou court et rétréci; son pore buccal, ovalaire, assez grand. L'extrémité postérieure est obtuse. Sa cou- leur est un blanc opalin avec cinq lignes longitu- dinales, noires ou brunes, sur le dos, deux seule- ment sous le ventre, et trois sur la tête. Habite le port Dorey de la Nouvelle-Guinée; la Nouvelle-Irlande et d'autres lieux de la mer du Sud. • 286 ZOOLOGIE. 2. BORLASIE STRIÉE. Borlasia striata, nob. PLANCHE 24, FIGURES 3"4- Borlasia, longissima , gracili, cyiindricq, rubra, ,eis tenuissimis capite lanceolato. lineis tenuissimis subrubris ïongîtrorsùm striata C'est la plus longue espèce que nous ayons trouvée ; elle avait six pieds. Sa tète , de forme lan- céolée, est remarquable par deux pores oblongs, placés en dessous et distants, l'un sur le renfle- ment céphalique, l'autre où commence le corps. Le fond de la couleur est de laque foncée, avec des lignes longitudinales rouge brun, très-déliées et rapprochées. Elles sont plus fines et plus claires sous le ventre. Ce ver est susceptible de se renfler. Dans l'esprit* de-vin, son énorme longueur se réduit à quelques pouces. On le trouve à marée basse sur les ro- chers de l'île Guam, principalement à Agagna et à Humata. Il a été déposé au Muséum ainsi#que le précédent. ZOOPHYTES. 287 3. BORLASIE A BANDELETTE. Borlasia vittata t nob. PLANCHE 24, FIGURES 5-6. Sa variété, fig. 7-8. Borlasia, corpore îemniscato , gracili, subçom- planatOf apice acuto, croceo, desuper nigro univit- tato ; capite elongato , lanceolato. Corps long de près d'un pied, un peu aplati, très-grèle postérieurement; tête allongée, angui- forme, légèrement obtuse, ayant de chaque côté la fossette longitudinale bien marquée, mais le pore buccal tellement petit que nous n'avons pu l'apercevoir. Le corps est d'un beau jaune doré en-dessus, avec quelques taches brunes, et parcouru dans toute sa longueur par une bandelette d'un noir foncé, placée sur un fond jaune clair. La variété a les côtés d'un brun violacé, piqueté de la même couleur. Le ventre offre une ligne blanchâtre. On trouve cette espèce sous les pierres de la rade d'Hobart-Town àVanDiemen, quand la mer est basse. 288 ZOOLOGIE. /,. BORLASIE VERTE. Borlasia viridis , nob. PLANCHE 24 5 FIGURES 9"H. Borlasia, corpore tenui, cylindrico, irresmlaritei' gïbboso, fragili, viridi ; capite longo, anguiformi, albo cincto. • Cette espèce est remarquable par sa tête allon- gée, aplatie, obtuse, et un peu échancréeen avant, de la forme de celle d'un trigonocéphale, ayant de chaque côté une fossette bordée de blanc, et rougeâtre à ses deux extrémités dilatées. Une bande blanche en forme d'écusson passe dessus et dessous la tête. La bouche est rougeâtre. Mais ce que présente de particulier cette Borlasie, c'est d'avoir de chaque côté du cou une sorte de pore ovalaire également rougeâtre. Le corps est grêle, cylindrique, susceptible, par la contraction , d'of- frir quelques renflements plus ou moins réguliers, et de crisper la peau de manière à faire ressem- bler ce ver à une Annélide. Sa couleur est un vert bouteille foncé. Habite sur des fucus, par une assez grande profondeur, dans la rade du Port-Jackson à la Nouvelle-TIollande. Sa longueur est de cinq à six pouces. ZOOPHYTES. 289 5. BORIASIE TRICUSPIDE. Borlasia tricuspidata , nob. PLANCHE 24, FIGURES I2-l4- Borlasia, mùiinia, elongata, planiuscula, viridi; capite cordiformi, brève, desuper cuspidibus albis notato. Petite espèce tenant de la précédente pour les couleurs seulement, irrégulièrement renflée, un peu aplatie , dont la tète en cœur offre supérieu- rement un écusson de trois dents triangulaires, vertes et jaunâtres, largement bordées de blanc. Tout le reste de l'animal est d'un vert sombre. En l'observant à la loupe, nous vîmes sortir de la bouche, placée sous la dilatation céphalique, un corps blanc, aussi long que délié, se tortillant de chaque côté. Sans ses mouvements, nous eussions pris ce corps, qui est probablement un ver parasite pour l'intestin de cette Borlasie. Elle habite la rade d'Agagna dans l'île Guam. Notre manuscrit porte qu'elle avait de quatre à cinq lignes de longueur. Nous croyons qu'elle Zoologie, t. iv. 1 9 290 ZOOLOGIE. devait être plus longue. Elle est par conséquent représentée grossie. Une des figures indique le ver sortant de son intérieur. 6. BORLASIE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE. Borlasia Novœ-Zelandiœ , nob. PLANCHE 24, FIGUItES l5-IC;. Borlasia , corporè breviter elongato , piano , de- super ruùro-fuseesee/ite, subtus luteo, duabus lineis vasculosis notato ; capite cordiformi. Espèce longue d'environ trois pouces, aplatie, à queue pointue, à tête évasée, cordiforme, unie au corps par un col court, sur lequel sont plusieurs stries d'un rouge brun très -intense. La bouche est une longue fente très -déliée. Nous n'avons point remarqué de fossettes latérales. Tout le corps est rouge brun en dessus, plus foncé sur la ligne médiane; en dessous il est jaune ZOOPHYTES. 291 avec l'indice du canal intestinal ; de chaque côté duquel existe un système vasculaire, représenté par deux vaisseaux portant des ramifications latérales. Ce ver est susceptible de se raccourcir beau- coup. Il habite la baie des Iles. 7. BORLA.SIE A QUATRE POINTS. Borlasia quadripunctata , nob. PLANCHE l\ , FIGURES 20-22. Borlasia, corpore minimo , filiformi f subpiano , albo, de super bilineato ; capite obtuso , antice mar- ginato, quatuor punctis aigris notato. Cette Borlasie a tout au plus deux pouces de longueur; elle est grêle, un peu aplatie, d'un blanc mat, avec deux lignes longitudinales sur le dos d'un joli brun, dont l'intervalle est jaune clair. Le ventre est blanc. La tète est obtuse , subarron- die, un peu échancrée en avant, sans indice de sé- 292 ZOOLOGIE. paration avec le corps. On voit en dessus quatre points ronds, noirs, que nous n'avons trouvés dans aucune autre espèce. Sont-ce des yeux ? La bou- che est représentée par une longue fente terminale. Habite la mer d'Amboine, et se trouvait dans un Anatife. ZOOPHYTES. 293 MEDUSAIRES. Genre CARYBDÉE. — Carybdea. i. CARYBDÉE BICOLORE. Carybdea bicolor , nob. PLANCHE 23 , FIGUKES 1-3. Carybdea, eonica, pile i/o mu i, basi dilatata, subtus eava , ferruginea '; limbo sexdecies lubato; tentaculis crassis, brevibus, rubru punctatis. La partie supérieure de cette Méduse forme un cône pointu, solide, subcartilagineux , terminé par sa base à une rainure circulaire, profonde, où com- mence le rebord de l'ombrelle proprement dit. Cette partie, de consistance moindre, s'élargissant en en- tonnoir, est découpée en seize languettes, qui, vues dans l'eau, ont une apparence triangulaire et fo- 294 ZOOLOGIE. liacée, mais qui réellement se prolongent en une membrane mince , diaphane et subarrondie. Ces appendices sont creusés en-dessus par une assez large rainure. De leur intervalle partent seize gros tentacules courts , obtus , ponctués de rougeâtre. L'intérieur offrait un large trou vide , sans" ap- parence d'organes quelconques. Il faut supposer, malgré l'intégrité du Zoophyte, qu'ils avaient été détruits. La paroi interne était couverte d'un en- duit rubigineux si peu adhérent , qu'il s'enlevait au moindre contact. C'est à lui que l'animal doit sa couleur, et comme ses parois extérieures étaient blanches , il en résultait deux teintes bien distinc- tes. Au sommet se remarque un petit cul-de-sac d'un bleu très-foncé. L'épithète de rubigineux eût mieux convenu pour cette Carybdée, si Péron ne nous eût appris que celle qu'il a décrite offrait le même caractère; ce que n'ont point indiqué ceux qui l'ont reproduite. Notre espèce, bien distincte de la sienne , qu'il a nommée Périphylle, a six pouces de hauteur, sans y comprendre les tentacules, qui en ont trois. Elle a été trouvée en juillet, dans l'océan Atlanti- que, entre les îles du cap Vert et la côte d'Afri- que. Le dessin au trait, figure 3, indique la forme qu'elle prend en mourant. ZOOPHYTES. 295 2. CARYBDÉE BITENTACULÉE. Carybdca bitcntaculata , no!>. PLANCHE 25, FIGURES 4~5- Carybdca, minima, subcordiformi ; limbo dila- tata , undulata ; ore octies fimbriato ; tentaculis duo bus, externis , longis. Cette Carybdée a une forme toute particulière , et mériterait de former une petite division dans ce genre. Son ombrelle est comme formée de deux parties ; la supérieure, cordiforme, en chapiteau ; l'inférieure plus évasée, ondulée sur son limbe; à leur jonction, partent, en dehors, deux tentacules grêles, longs, rigides, recourbés en forme de cornes , lesquels paraissent creux à leur intérieur. Ils pénètrent profondément dans la substance de l'ombrelle. La bouche assez large, profondément située, est découpée en huit franges : ce qui fait supposer que celle de l'espèce précédente devait avoir à peu près cette disposition. Les couleurs de la nôtre varient pour le fond , qui quelquefois est blanc, et le plus souvent d'un •296 ZOOLOGIE. jaune rougeâtre doré. Les tentacules, rougeâtres à leur pointe, sont verclâtres dans le milieu. Ce Zoophyte, dont les mouvements sont parfois très -vifs, est représenté un peu grossi. On le trouve en grande quantité dans la rade d'Am- boine. ZOOPHYTES. 207 Genre ORYTHIE.— Orj thia. ORYTHIE INCOLORE. Orythia incolor, nob. PLANCHE 25 , FIGURES 6-IO. Orythia, discoidea, liyalina , limbo denticutata, desuper cruciata ; brachiis octo ramosis ; foliis sex ad peripheriam oris. Très-élégante Méduse, incolore, transparente, et d'une délicatesse remarquable , dont l'ombrelle est le plus souvent relevée en coupe; ses bords sont légèrement frangés et rabattus. En -dessus elle est parcourue par un grand nombre de vais- seaux. Quatre pédoncules donnent naissance à huit bras qui se divisent en seize, lesquels se ra- mifient de nouveau en se relevant vers l'ombrelle. Chacune de ces ramifications est terminée par de. petites laciniures boutonnées, qui ont quel- que ressemblance avec les tentacules des animaux des polypiers flexibles. La bouche, placée au cen- 298 ZOOLOGIE. tre des pédoncules , est pourvue dans son con- tour de six laciniures lancéolées, granuleuses, ca naliculées à leur centre. On aperçoit en dessus l'appareil digestif, découpé en croix de Malte, entre les branches de laquelle sont quatre folioles, ressemblant à des feuilles de vigne, et dont le pédoncule est un vaisseau. C'est de cet appareil que partent tous les canaux qui se ramifient dans l'ombrelle, laquelle, ne pouvant pas recouvrir en- tièrement les pédoncules, est presque constam- ment relevée en forme de vase. Les mouvements de ce Zoophyte sont lents. C'est le second de cette sorte que nous rencon- trons , chacun formant Une espèce distincte. Il a été pris dans le mois d'octobre, en sortant des îles Moluques. ZOOPHYTES. 299 Genre DÉDALE. — Dedalœa. Corps ovoïde, glandiforme, pourvu de tenta- cules simples, assez longs, disposés subradiaire- ment, contenu dans des cellules de même forme, transparentes , fixées et réunies en groupes plus ou moins considérables, sur les côtés d'un axe commun, cylindrique, membraneux, anastomosé de manière à former une sorte de grand réseau irrégulier, fixé. Bl. DÉDALE DE MAURICE. Dedalœa mauritiana, nob. PLANCHE 26, FIGURES 1-2. Dedalœa , rubescente , ramosissima ; ramis cy- li/idricis, anastomosatis ; ccllulis oppositis , obo- vatis, vesiculosis ; polyporum tentaculis recuivatïs et albis. 300 ZOOLOGIE. M. de Blainville, après avoir examiné ce singu- lier animal, l'a rangé parmi ses Polypes douteux, avec les Plumatelles et les Cristatelles , avec les- quelles il a en effet beaucoup de rapports. Déjà, dans notre premier voyage sur l'Urémie, ce corps avait fixé notre attention , et nous ne savions pas si c'était un polypier ou une Thalassio- pliyte. Mais en embarquant les canots de l'Astro- labe , ayant vu qu'ils étaient couverts de cette substance , développée dans l'espace d'un peu plus d'un mois, nous pensâmes que cette rapidité d'évolution ne pouvait être végétale, et devait appartenir à un animal. En effet, en examinant dans l'eau et à la loupe ces masses enchevêtrées , nous vîmes qu'elles étaient couvertes de Polypes qui s'épanouissaient et rentraient alternativement. Nous rendîmes M. le capitaine d'Urville , à qui l'étude de l'histoire naturelle est familière, témoin de cette découverte. Dans la mer, le Dédale forme une masse de petits tubes cylindriques, longs de plusieurs pouces, de la grosseur d'une plume de pigeon, embrouillés les uns dans les autres, anastomosés entre eux, composant des nœuds d'où partent des groupes de quatre à cinq tuyaux , allant former avec d'autres une sorte de labyrinthe. Le long des tiges, mais le plus souvent aux extrémités des rameaux , et de chaque coté , sont des Polypes plus ou moins nombreux , contenus dans des ZOOPHYTES. 301 ampoules en forme de gland, ridées à leur ba*se, à ouverture rétréeie. L'animal a de huit ou dix tentacules blancs , en plumet , recourbés vers la pointe. M. de Blainville, qui paraît l'avoir examiné, y a reconnu, comme dans les Eschares, un œso- phage , un estomac entouré d'un foie, et un viscère en communication avec lui , qu'il pense être l'ovaire. Les Polypes sont très-irritables, mais les branches ne donnent aucun signe de vie. Elles ont un canal central, avec lequel communiquent probablement les ampoules , sans que nous ayons pu nous en assurer. Au point de leur anastomose , elles forment comme des nœuds qui paraissent articulés. La couleur du polypier est un mélange de blanc et de roussâtre ; cette dernière teinte est produite par le foie ou les ovules, qui sont ren- fermés dans les ampoules'. Ce Zoophyte est très-abondant dans le trou Fanfaron de l'île de France; nous ne l'avons trouvé dans aucune autre partie: apparemment parce qu'il paraît demander des eaux paisibles pour se développer. Il s'attache, en masses plus ou moins considérables, aux vaisseaux stationnés dans ce lieu. 302 ZOOLOGIE. Genre ALCYONCELLE. — Alcyoncellum. Corps phytoïde, subpierreux, solidifié par des spicules tricuspides ; à branches peu nombreuses, cylindriques, fistulaires, terminées par un orifice arrondi, à parois épaisses, composées de granules réguliers , polygones , alvéoliformes , percés d'un pore à l'extérieur et à l'intérieur. Bl. ALCYONCELLE SPÉCIEUX. Alcyoncellum spcciosum , nob. PLANCHE 20, FIGURE 3. AlcjonceUum, cjlindricum, cavum, cxtremitate rotundum, album, reticulis lapidicis elegantissime contextum. Cette singulière production , donnant lieu au genre ci-dessus, représente un cylindre creux, de ZOOPHYTES. 303 sept à huit pouces d'étendue, en forme de phallus, arrondi, et un peu dilaté ;« une extrçmité, ouvert à l'autre, à parois minces, formées de filets très- déliés, lâchement accolés les uns aux autres, entre-croisés dans tous les sens , de manière à former de nombreuses mailles arrondies, presque régulières, comme celles de la dentelle ou bien des sièges tissés en rotang. Ce qui fait que toute la masse est à jour. En voyant l'élégante blan- cheur et la régularité d'un tel tissu , on a de la peine à se persuader qu'il est le produit d'une réunion d'animaux. On aime mieux en voir un seul au fond de la mer travailler à se faire ce lo- gement pour un but quelconque, en tirant de sa propre substance, comme le font certaines che- nilles, la matière qui se pétrifie aussitôt qu'elle est en contact avec l'eau. Ce Zoophyte habite, nous a-t-on dit, de grandes profondeurs, d'où il a été amené par une sonde. Les éclats qu'on remarque à une de ses extré- mités indiquent qu'il doit être fixé. Nous le devons à M. Merkus, gouverneur des Moluques, qui s'est plu a favoriser, avec la plus grande obli- geance, nos recherches d'histoire naturelle pen- dant le temps que nous avons passé dans les îles qu'il administre. 304 ZOOLOGIE. • Genre OIKOPLEURE.— Oikopleum, Mertens. Méra. de l'Ac. de St-Pétersb., 1. 1, 2e liv., i83o, p. ao5. OIKOPLEURE BIFURQUÉE. Oikoplcura bifurcata, nob. PLANCHE 26 , FIGURES 4~7- C'est pour éveiller l'attention des naturalistes voyageurs, qu'en terminant cette partie des Zoo- phytes, nous donnons une figure, probablement incomplète, d'un animal dont le genre est encore si peu connu, qu'on ne sait dans quelle classe le placer. D'après M. Mertens , il devrait appartenir aux Mollusques, quoiqu'il faille convenir que ses dessins ne donnent guère l'idée de ce que doit être un Mollusque. Voici ce que nous avons observé. En décembre 1 828, étant sur les sondes du banc des Aiguilles, en vue de terre, et vis-à-vis la baie d'Algoa, nous vîmes par intervalle, dans d'assez grands espaces, et par zones , la mer devenir rouge brun. En y ZOOPHYTES. 305 plongeant un filet d'étamine, nous reconnûmes que cette couleur était due à une énorme quan- tité de petits animaux, longs d'une ligne ou deux tout blancs , si ce n'est vers la tète qu'ils avaient un point rougeâtre. On jugera par là combien ils devaient être pressés pour refléter une couleur rouge aussi intense que celle que nous représen- tons. Le corps de cet animal est anguilliforme, aplati, pointu à son extrémité, laquelle est garnie d'une nageoire, qui nous a paru échancrée. Son axe est parcouru par un canal, dans lequel, ou plutôt sur les côtés duquel, on voyait des granulations blanches, appartenant probablement à la généra- tion. La partie qui correspond à la tète est sur- montée d'un capuchon membraneux, très-délié, frangé , dont la petitesse ne nous a pas permis d'examiner les organes qu'il pouvait contenir, et que M. Mertens a reconnus dans des individus beaucoup plus grands. C'est là qu'est placé le point rouge en partie entouré de jaune. Ces êtres étant dans un mouvement perpétuel de vibration qu'ils impriment à tout leur corps , l'étude en devient un peu embarrassante. Ils semblent vouloir se délivrer de leur enveloppe céphalique. Ils altèrent promptement l'eau qui les contient, et dans une demi -heure ils sont morts. Alors leur corps se recourbe dans di- vers sens, la tête en bas; il devient opaque, Zoologie, t. iv. y.o 306 ZOOLOGIE. d'un blanc mat , et l'on ne peut plus rien dis- tinguer de leur organisation. Nous les avons représentés dans ces diverses positions. Ce sont sans doute ces animaux, ou bien de très-petits Biphores , qui , lorsqu'ils recouvraient une vaste étendue, ont donné lieu aux anciens navigateurs de parler de mers couleur de sang. S'il existe dans les eaux salées des animaux susceptibles de subir des métamorphoses avant que de devenir parfaits , ceux-ci pourraient bien alors être des larves. En ayant rencontré dans plusieurs lieux , nous les avions nommés Frétil- laires ; mais , après avoir pris connaissance du mémoire de M. Mertens , nous avons reconnu qu'ils devaient faire partie de son genre Oiko- pleure , que M. Chamisso avait découvert long- temps avant, plus imparfaitement il est vrai, mais auquel il avait donné le nom beaucoup plus euphon ique d \4ppendiciiUiria. ZOOPHYTES. 307 REMARQUES SUR QUELQUES LOCALITÉS PROPRES A FACILITER DES RECHERCHES ZOOLOGIQUES. Lorsqu'un navire arrive dans un lieu pour n'y demeurer que quelques jours, il faut, afin d'ob- tenir le plus de résultats possibles, savoir mettre le temps à profit. On commence ordinairement par reconnaître le pays, examiner les intentions des naturels, et chercher à se mettre en bonne intel- ligence avec eux. Ce n'est qu'après ces précautions qu'on peut se livrer à des recherches suivies en histoire naturelle ; et lorsqu'on part , on s'aperçoit presque toujours qu'il y a eu beaucoup de temps mal employé, que des indications auraient pu mieux utiliser. C'est dans cette intention que nous allons donner quelques détails sur les lieux que nous avons parcourus, en indiquant ce que nous y avons trouvé, afin de pouvoir être utile aux naturalistes qui les visiteront après nous. Us pourront leur épargner des courses inutiles, et leur faire trouver de suite des choses que le hasard seul nous a révélées. On ne s'avise pas de tout 20' 308 ZOOLOGIE. dans un premier voyage, ni même dans un second, et nous avouons que si nous en faisions un troi- sième, nous prendrions bien des précautions que nous avons omises dans les deux précédents. Jusqu'à présent dans les voyages de circumna- vigation, les sciences naturelles n'ont été consi- dérées que d'une manière accessoire, le but prin- cipal ayant constamment été la géographie, la physique et l'astronomie; mais si quelque jour on entreprend une expédition où l'inverse ait lieu, on verra quelle immensité de matériaux pourront réunir des hommes habiles et laborieux, habitués au service maritime ; surtout si dans les relâches ils n'ont pas à s'acquitter des doubles fonctions de naturalistes et de médecins. Ce n'est que pour les personnes appelées à remplir une semblable mis- sion, que les détails dans lesquels nous allons entrer pourront être de quelque intérêt et ne pas paraître trop minutieux ou inutiles. Nous réunirons dans cet aperçu les contrées que nous avons explorées , avec l'Umnàe et l'As- troldhe, à deux époques différentes; et pour ne pas lui donner trop d'extension , nous ne parle- rons que peu des animaux vertébrés, que tout le monde s'empresse de chasser ou de pêcher. ZOOPHYTES. 30!) TOULON. Avant notre départ nous explorâmes ce port, parfaitement exposé pour l'habitation des Mollus- ques et des Zoophytes. Il suffit iYen parcourir le contour , pour trouver au voisinage de la grosse Tour, dans les petits bassins que forment les ro- chers, des Aplysies au milieu des fucus qui ser- vent à leur nourriture. Entre les cailloux de la même plage, on rencontre des Troques, des Osca- brions, des Actinies, des Néréiphylles, et quel- quefois des Lucernaires. Ces derniers Zoophytes sont des plus rares , car nous ne les avons vus que là. Plus loin, sur les sables, sont des Cérites et d'autres Mollusques testacés. Il existe diverses espèces d'Ascidies; nous en avons même trouvé sur les bois qui flottent dans le port, avec d'autres Ascidiens en plaque. Il n'est peut-être pas de lieu plus propre à étudier le dé- veloppement de ces êtres, par la facilité qu'on a de les observer autant de fois qu'on veut, sans craindre d'être dérangé par les marées. Sur les rochers des îles d'Hyères, on trouve spé- cialement l'Actinie écarlate, des Holothuries, des Astéries, des Oursins, et en général toutes les productions de nos côtes, réunies dans un assez petit espace; plus celles que le INord ne con- naît pas, comme les Acétabules. Ces êtres am- .310 ZOOLOGIE. bigus y sont en grande quantité dans les lieux calmes, entre les anfractuosités des rochers. On en trouve également en draguant dans la rade de Toulon. Des occupations nous ont détourné de l'étude des Acétabules , dont nous avions cru voir autre- fois, comme Donati, le Polype réuni en faisceau plumeux sur le milieu du disque. Mais d'après ce que nous a dit M. le professeur de Blainville , qui a observé des milliers de ces êtres sans rien y voir d'animé, il paraît que ce que nous avions pris pour un Polype était quelque animal parasite. Ce sont donc de ces productions douteuses à formes régu- lières qui demandent à être étudiées avec soin par les personnes qui habitent sur les lieux. ALGESIRAS. C'est sur les rochers de la pointe de Carnero que nous recueillîmes pour la première fois des Siphonaires, qu'il est si facile de confondre avec les Patelles, lorsqu'on n'a égard qu'à la coquille. Dans le même lieu , les plaques d'un assez beau jaune qui recouvrent les pierres sont des Astrées calyculaires, dont les animaux sont d'une facile ob- servation. On y trouve encore abondamment des Oursins, de grandes Actinies vertes, au milieu des fucus; des Amphitrites, des polypiers flexibles, parmi lesquels sont des Campanulaires et desSpios, ZOOPHYTES. :{|l On pêche par une assez grande profondeur la Vérétille jaune, que nous avons déjà fait connaî- tre, avee l'Astrée indiquée plus haut, dans les Annales des sciences naturelles, tome X. Nous regrettons de n'avoir pu porter notre at- tention sur un infiniment petit Mollusque gasté- ropode, abondant, que nous supposons être une Onchidie, ou du moins appartenir à un genre voisin. TENERIFFE. Le voyage que nous fîmes au sommet du Pic nous empêcha de reconnaître les productions que peut donner la rade de Sainte-Croix, d'où on nous apporta seulement quelques Patelles violettes, et une grande Aplysie à lunules, probablement la même que M. Rang a trouvée aux îles du cap Vert, et qu'il a figurée dans sa monographie de ces animaux. Sur les mousses des petits ruisseaux de la belle forêt d'Aguas Gracias, nous trouvâmes des Vi- trines et des Ancilles, qui enrichissent notre atlas de deux espèces nouvelles. En montant au Pic près de la caverne del Pino, on trouve des Martinets qui se jouent dans un air aussi chaud que pur, et l'on peut prendre abon- damment sous les monceaux de lave une grosse 312 ZOOLOGIE. espèce de Pimélie noire qui s'y cache. Les ani- maux disparaissent à mesure qu'on monte, et dans la plaine formée de poussière d'obsidienne nommée Cagnadas, on ne rencontre plus que quel- ques plantes rares, parmi lesquelles on remarque la Viola Teydensis. SAINT-IAGO (iLES DU CAP VERT ). Les rochers abruptes de cette rade, battus par les eaux, ne sont pas propres à l'accroissement des Zoophytes délicats. Il y a même peu de Mol- lusques, hormis des Patelles, une Fissurelle qui nous a paru nouvelle, et quelques Troques. Nous n'y avons point assez demeuré pour étendre nos recherches aux environs. On peut supposer que la proximité de l'Afrique doit y faire trouver plusieurs de ses productions , lorsqu'il se présente des localités favorables. Nous obtînmes un assez bon nombre de poissons riches en couleur, pris à la ligne. RIO DE JANEIRO. Cette immense rade, située presque sous le tro- pique, ne nourrit pas autant de Zoophytes que sa position et le calme de ses ondes sembleraient ZOOPHYTES. 313 l'indiquer au premier abord; ce qui tient proba- blement à la quantité de rivières qui viennent mêler leurs eaux à celles de la mer. Sous le monastère da Gloria habitent des Aply- sies que nous n'avons point trouvées ailleurs, si ce n'est derrière l'église de Notre-Dame de Bon Voyage, de l'autre côté de la rade à Praya Grande, où nous en vîmes amener avec une seine. C'est de cette manière que nous nous procurâmes la Rénille violette , de la famille des Alcyons, dont la base des Polypes est en forme de disque écliancré. Les environs de la ville et de la baie fournissent d'assez jolis Mollusques, parmi lesquels il faut met- tre le plus gros desBulimes.Les ruisseaux ont leurs Ampullaires, et dans les trous de l'aqueduc duCor- covado, nous fîmes provision de diverses Hélices, parmi lesquelles on remarque celle qui porte le nom de Peau-de-serpent. On fouille les sables pour avoir des Hippes, sortes de Crustacés lucifuges, dont les pêcheurs se servent comme d'appâts. Dans les marais qui bordent les rivières, on voit, la vase couverte de Thelphuses et de Gélasimes. En levant nos câbles nous amenâmes des Portunes et des Maïas ; ces derniers abandonnent rarement le fond des eaux. Nous prîmes également un grand nombre de Nymphons. Après quarante jours de relâche, nos canots étaient couverts comme d'une végétation de Tubulaires, de plusieurs pouces de longueur, 314 ZOOLOGIE. parmi lesquelles se trouvaient des milliers de Chevrolles. Comme on sait que cette partie du Brésil est la plus abondante en productions du domaine de l'histoire naturelle; que c'est de là qu'on tire le fonds de la plupart des collections en Mammi- fères, Oiseaux, et surtout en Insectes, nous n'en- trerons dans aucun détail à ce sujet , en ayant déjà parlé dans notre premier voyage. Lorsque nous visitâmes cette riche contrée, nous n'avions malheureusement pas adopté le sys- tème que nous avons suivi depuis, de tout étu- dier et de tout dessiner. Ce vaste bassin nous eût sans doute offert bien des choses nouvelles. Cepen- dant, malgré sa position, nous n'y avons point remarqué de bancs de polypiers coralligènes ; ce qui tient probablement au mélange de l'eau douce. Nous recommandons l'étude des Zoophytes de cette contrée à ceux qui auront occasion d'y sé- journer. MONTEVIDEO. Le grand fleuve d'eau douce de la Plata ne nous a fourni qu'un Piniélode et un Ilolocentre, qu'on prenait abondamment à la ligne. Ses îles donnent refuge à des Phoques que nous avons vus, sans pouvoir nous en procurer. ZOOPHYTES. 315 Les plaines sans fin de cette contrée sont ha- bitées par des vols de Troupiales et des Carouges, par le Traqnet à lunettes, le Gobe -Mouche l'eu- comèle, un Tyran à ventre jaune, des Tinamous, des Vanneaux armés, etc., etc.; et sur les bords marécageux de la rivière on voit des Canards blancs, qu'on pourrait prendre pour des Cygnes à leur grosseur; quelques Echasses, et des bandes de Becs-en-ciseaux et de Mouettes. Le lieu où l'on découvre des ossements fossiles , appartenant pro- bablement au genre Mastodonte, n'est pas éloi- gné de la ville. Nous n'avons point eu occasion de voir les Mollusques qui doivent se trouver dans la rivière. IL1S MALOUINES. Nous avons fait connaître , dans le Voyage de ÏUranie, ce que ces îles désertes offraient de re- marquable en zoologie; nous avons principale- ment insisté sur les oiseaux aquatiques , qui y abondent pendant une saison de l'année. Ces latitudes froides ne paraissent pas favorables au développement des Mollusques; aussi n'y trou- vâmes-nous que des Patelles, d'assez grandes Fissurelles, le Buccin feuilleté, un petit Troque élé- gant , et la Moule magellanique , qui habite pro- 316 ZOOLOGIE. fondement entre les racines des fucus. On ne peut même se la procurer que lorsque la mer ar- rache de ces Thalassiophytes et les rejette sur le rivage. Il en existe une autre espèce plus petite, d'un noir bleuâtre , tellement remplie de granula- tions en forme de perles, que nous ne pouvions en manger. Une Modiole rare et peut-être nou- velle se fixe sur les fucus qu'on trouve un peu au large. Enfin, toutes les expansions foliacées de ces plantes qui embarrassent les ports sont cou- vertes de Flustres vivantes. Dans les mauvais temps, la mer dépose sur le rivage des Ascidiens agrégés , en grappes de la grosseur du poing. Les roches schisteuses des environs de l'éta- blissement abandonné de Saint-Louis, et celles qui avoisinent le lieu où tUranie avait établi son camp , portent des empreintes de coquilles bi- valves et d'autres turriculées. Mais à cette époque, notre position était si malheureuse que nous ne pûmes que saisir les choses les plus remarquables, n'ayant plus de moyens pour conserver les ani- maux des Mollusques et des Zoophytes que nous aurions pu recueillir. NOUVELLE - HOLL AN DE. Si la portion de cette grande terre qu'habitent les Anglais ne présente plus autant de choses ZOOPIIYTES. 317 nouvelles dans les Mammifères et les Oiseaux, il n'en est pas de même pour les animaux inverté- brés qu'on trouve au bord de la mer. Les sept relâches que nous avons faites sur six points de cette contrée , ont enrichi notre atlas d'un grand nombre de Mollusques et de Zoophytes recueillis dans assez peu de temps ; ce qui indique qu'il en reste encore beaucoup à faire connaître. BAIE DES CHIENS-MARINS. Cette grande étendue de mer, abritée par des îles, est peu profonde. Nous étions mouillés près de la presqu'île Péron, sur un fond rempli de fu- cus, que nous n'avons malheureusement point assez bien exploré, et qui semblait promettre une ample moisson de Zoophytes de toute espèce, qui resteront probablement long-temps inconnus ; car cette contrée manquant d'eau douce ne peut y attirer les navigateurs. C'est de là que nous ap- portâmes, il y a plus de dix ans, des Vermets, dont les tuyaux sont fixés sur des coquilles. On y trouve la Volute ondulée et la grande espèce dont on a fait le genre Cymbium, des Pinnes marines en- foncées dans le sable, et en si grande quantité, qu'on se blesserait si on ne portait pas de souliers. Nous v recueillîmes un Pleurobranche tout noir, 318 ZOOLOGIE. que nous perdîmes, et plusieurs espèces de Bi- valves. Les contours des étangs salés sont couverts de Cérites blanches. Sur l'île Dirck-Athigs, éloignée de dix lieues, on trouve des Tonnes en quantité , ainsi que des Éponges et des débris de polypiers coralligènes , qui indiquent qu'il y a des localités où ces der- niers croissent , en petite quantité sans doute ; car sur ces côtes sablonneuses , la température s'abaissant considérablement la nuit, doit être désavantageuse à leur reproduction. Riche et Péron ont parlé d'arbres entiers fossi- lisés, et dont il ne resterait plus que les troncs. Il serait bon d'étudier de nouveau ces productions, et d'indiquer, clans l'état actuel de la science, ce que peut être ce phénomène. PORT DU ROI-GEORGES. Ce lieu est riche en Mollusques. On trouve dans les eaux calmes du havre de la Princesse, principa- lement sur la gauche, beaucoup de variétés de Phasianelles , coquille qui a long-temps été rare dans les collections. Les Bulles y sont par centaines, et on en écrase trois ou quatre espèces sous les pieds. En prolongeant la rive droite, on rencontre des Troques , beaucoup d'Avicules fixées sur de ZOOPHYTES. 319 longues feuilles de fucus comme des grains de chapelet , des Fuseaux , des Buccins , des Natices, des Nérites, des Anatifes, etc. Sur les rochers des deux cotés de l'entrée de ce havre sont d'énormes Patelles et de longs Balanes, qu'il n'est pas tou- jours facile d'avoir, parce que la mer vient briser dessus. C'est dans les anfractuosités de gauche, au milieu des petits bassins que forment les rochers, que nous découvrîmes des accumulations de la- grande Cérite lisse, très-rare dans les collec- tions. On trouve fixée sur ces Mollusques apa- thiques, l'Hipponice australe , qui faisait autrefois partie des Patelles. Des valves de Solens et de So- lémies, parfaitement conservées, gisent sur les plages sablonneuses. Nous n'avons pu nous pro- curer l'animal de ces dernières, qui ont la plus grande ressemblance avec celles qu'on trouve dans la Méditerranée. En coulant au fond de l'eau un filet avec des appâts de chair, on y attire de petites Phasianelles, que nous obtenions également avec une drague, ainsi que des Stomatelles et des Cryptostomes. Mais c'est spécialement sur l'îlot du Jardin, dans les nids d'hirondelles de mer et de mouettes, que nous faisions des provisions de cette dernière co- quille, dont le Mollusque sert de nourriture aux jeunes de ces oiseaux. On nous apportait des îles du milieu de la rade le Turbo de Cook et des Haliotides d'une grande 320 ZOOLOGIE. dimension. La rive gauche de l'entrée de la rivière des Anglais abonde en Vénus , dont nous nous nourrissions. Elles sont enfoncées dans la vase, mais faciles à obtenir, parce qu'elles portent presque toutes un élégant fucus moniliforme. Là, il y a encore un petit Troque jaune dont les individus se réunissent sur les pierres. Les plages saumâtres de cette rivière sont couvertes de l'Am- pullaire minime , qui appartient à notre genre Ampullacère. Les lieux abrités nous ont donné des plaques de l'Astrée galaxée , qui a ses animaux d'un beau vert. En draguant à l'entrée de la rade, nous avons obtenu par cinquante brasses des Coma- tules, des polypiers flexibles et coralligènes. On trouve encore au port du Roi-Georges des Parmophores , des Boltenies, une grande espèce de Tubulaire rouge, etc. On recueille à terre l'Hé- lice trois lignes ; sur le mont Bald-Head , l'Am- brette allongée et le Bulime Melon. La base de cette montagne, formée de calcaire, a des incrus- tations qui paraissent assez récentes , où l'on voit même des coquilles qui vivent dans la rade, comme les grosses Cérites lisses dont nous ve- nons de parler. Mais en parcourant son sommet dans les trois quarts de son étendue, nous n'avons point remarqué les Madrépores fossiles mentionnés par Vancouver. ZOOPHVJ'KS. 821 PORT WESTERN. Quoique peu éloigné du précédent, ce port pré- sente assez de différences dans ses productions. Ainsi, dans les lieux sablonneux nous trouverons des Volutes que n'a pas le port du Roi-Georges, et que nous avons vues exister très-loin vers le nord, à la baie des Chiens-marins. En draguant au mouillage, on obtiendra des milliers de Téré- bratules, parmi des fragments de Peignes et de ïrigonies. La localité de ce dernier Mollusque, rare et recherché, est encore à découvrir dans ce port; nos recherches n'ont pu y parvenir, quoi- qu'il paraisse y être abondant. En général, sur cette partie de la côte méridionale de la Nouvelle-Hol- lande, on peut en calme lancer la drague, sans in- convénient, par d'assez grandes profondeurs, et aller même jusqu'à cinquante brasses comme nous l'avons fait; c'est le moyen de s'enrichir d'une foule de productions diverses. Il faut, pour descendre sur l'île vis-à-vis laquelle nous étions mouillés, choisir la haute mer, si l'on ne veut s'enfoncer dans la vase jusqu'à la ceinture. On trouve dans quelques points de ces bords fangeux, parmi les herbes, des Auricules par mil- liers. Le milieu de la rade nous a donné des Pleu- robranches, des Crépiclules , des Vermets , accolés à des débris de coquilles, et plusieurs espèces de Polypiers flexibles. Zoologie. T. iv. 2 I 322 ZOOLOGIE. Dans la passe de l'Est, la mer laisse sur le ri- vage une grande quantité de fucus , au milieu desquels se réfugient divers Turbos, l'Ondulé sur- tout, des Tritons, des Troques, et quelques Pha- sianelles. Mais quant à ces dernières, c'est sur les plages sablonneuses qu'il faut aller, aprèls cha- que marée, et on les recueille sur le rivage par centaines. Les Phasianelles fuient la lumière en se cachant sous les fucus; nous en trouvâmes un jour soixante- seize sous une touffe de ces plantes : elles étaient moins grosses et moins variées en couleur que celles du port du Roi-Georges. C'est de là que proviennent les Ascidies sablon- neuses à forme ronde, groupées entre elles ou autour d'une tige quelconque. On en trouve assez souvent de desséchées et toutes préparées, de même que des Oursins et des Eponges. Le port Western fournit encore des Bolténies, un Polycline formant de belles guirlandesbleues, et d'autres Ascidiens agrégés. C'est dans l'enfon- cement de la rade, près de la passe de l'Est, que nous rencontrâmes un bon nombre d'individus du Parmophore bombé. Au mois de novembre , époque de notre séjour au port Western, la mer déposait sur le rivage une grande quantité de Méduses, de l'organisation la plus simple, plates comme un disque, marquées ZOOPHYTES. 323 d'un estomac en croix. A peine pouvait-on distin- guer de quel cùté était la bouche. Les bois ne nous ont offert qu'une espèce de Vitrine, fort rare, dont ranimai est noie. Une tête de Koala, que nous trouvâmes, indique que cet animal, qu'on a signalé comme apparte- nant à File de Van-Diémen, habite aussi la Nou- velle-Hollande. Peu loin du mouillage de l'Astrolabe, vers le milieu de l'île, est un enfoncement où la mer pénètre, et qui simule une rivière. Sur sa rive gauche, la mer basse met à découvert des trous d'où sortent des myriades de Mictyres, petits Crus- tacés globuleux de couleur violette , doués d'une grande prestesse, et qui rentrent si promptement dans leur trou au moindre danger, qu'on a infini- ment de peine à les prendre. BAIE JERVIS. Ce joli port est plus riche en Poissons qu'en au- tres objets. C'est là que nous obtînmes, pour la première fois, plusieurs individus du Squale à sept branchies, de belles espèces de Raies, des Balistes pris à la seine, une Sépiole, une Sèche à lignes bleues, etc. etc. Nous eûmes aussi, par le moyen de la drague, des Pleurobranches orangés, des ai* 324 ZOOLOGIE. Doris, des Vermets, des Pourpres, la Porcelaine australe et des Serpules. PORT JACKSON. On devrait s'attendre à trouver dans ce port fermé de toutes parts , et découpé en nombreuses criques, beaucoup plus de choses qu'il n'y en a réellement. Les Cérites Pyrazes sont très -nom- breuses aux alentours de l'aiguade, et sur la plus grande des îles de la rade. Elles habitent la vase avec d'autres Cérites. Les rochers sont quelque- ibis couverts de plusieurs jolies espèces de petits Troques. Les Littorines se plaisent sur les plages sablonneuses, où croît une espèce de chiendent, dans lequel elles se cachent. Nous n'en vîmes que dans un enfoncement qui avoisine le lieu où les navires vont faire de l'eau. Dans notre premier voyage, sur FL ranie, nous recueillîmes, sur l'une des petites îles de la rade, des Térébratules vivantes , qu'il nous a été impos- sible de retrouver pendant le séjour que nous avons fait au Port-Jackson avec V Astrolabe. Partout on rencontre une petite espèce d'Huître denticulée, bonne à manger, mais difficile à ou- vrir. Le grès paraît être une roche favorable à ces Mollusques, car sur tous les points de la Nouvelle-Hollande où il existe, il s'y attache des Huîtres. On ne peut avoir qu'à la drague, et par une ZOOPHYTKS. 325 assez grande profondeur, une petite Holothurie épineuse, très-coriace, et commode pour étudier L'organisation de ces animaux, parce qu'elle ne rend point ses intestins. Elle est quelquefois en compagnie d'une Astérie noire , et d'une autre Holothurie pentagone. Les fucus récèlent une Borlasie verte qui se brise facilement dans ses contractions, et une très- petite espèce d'Actéon fort rare, dont nous don- nons une figure. Le flux et le reflux amènent des Béroés et des Médusaires remarquables. Dans les bois, à l'opposite de Sydney, nous trou- vâmes quelques Hélices dont nous ne pûmes étudier l'animal, qui avait été tué par le feu, qu'on peut mettre ici aux forets sans les détruire , car l'exté- rieur seul de l'écorce et les feuilles brûlent, ce qui n'empêche pas l'arbre d'en repousser d'autres. Il faut pénétrer dans l'intérieur, sur les bords de la Népean, à la plaine des Emious, pour rencon- trer, sous les bois morts, des Vitrines ou Hélica- rions à pied tronqué. En général, toute cette partie de la Nouvelle- Hollande est trop sèche et trop peu arrosée pour avoir beaucoup de Mollusques terrestres et flu- viatiles. En revanche elle a des espèces très-cu- rieuses de Lézards, et quelques Rainettes. Les forets sont abondamment pourvues d'Oi- seaux, la plupart connus des naturalistes, et dont nous ne parlerons point. 32(i ZOOLOGJK. ILE DE DIEMEX. Une relâche de quelques heures dans le détroit de d'Entrecasteaux a suffi pour nous faire con- naître que les Siphonairês y étaient bien plus ré- pandues que les Patelles. On trouve encore des Phasianeîles sur quelques-unes de ces grandes plages sablonneuses; mais elles y sont rares à mesure qu'on s'avance vers le sud. Nous croyons même qu'il n'y en a plus au port Jackson. La rade d'Hobart-Town contient beaucoup de fucus sur lesquels on trouve des Ascidies dia- phanes, des Flustres rouges, des Tubulipores avec leur animai, et une foule d'autres Polypiers flexi- bles qu'il faut arracher du fond. Sur les rochers devant lesquels on est ancré, se trouvent de pe- tites Patelloïdes, des Siphonairês, des Buccins bleuâtres ou Littorines en grande quantité, et sous les pierres , des Borlasies et des Planaires. On arrive en prolongeant la côte à un petit marais qui a des fossés d'eau saumâtre, dont les bords nourrissent des variétés d'Auricules et d'AmpLillacères plus grandes que celles qu'on ren- contre au port Western. Malgré l'extrême sécheresse de la saison dans laquelle nous nous trouvions, les collines envi- ronnantes nous ont donné des Ambrettes et ZOOPHYTES. 327 PHélice Dufresne , vivantes et cachées sous les pierres . Plus on s'enfonce dans les criques que la mer forme dans l'intérieur, moins on trouve d'objets intéressants. La rade, fort peu poissonneuse, ne nous fournissait guère que des Squales à sept branchies, et des Aiguillats. On voit, parle peu de résultats de nos recherches, que cette rade est pauvre en objets d'histoire naturelle. NOUVELLE-ZÉLANDE. BAIE TASMAN. V Astrolabe a sept fois jeté l'ancre sur les côtes de la Nouvelle-Zélande. Pour la première fois d'abord, dans le détroit de Cook, à l'entrée de la baieTasman, où nous avons dragué dans la vase le Fuseau Rave, qui pour nous est un Buccin, des Ancillaires et de petits Oursins. Plusloin,dansi'ansedei'Astrolabe, on obtient, en explorant le fond, des Vénéricardes, desTurritelles en grand nombre, des Murex, des Astéries; et sur le banc de sable qui prolonge la petite île de gauche, sont des Mésodesmes, des Tellines blanches , de superbes Moules vertes ; sur les rochers, d'épais encroûtements de Serpules, parmi, lesquels pullulent de petites Onchidies noires, et 328 ZOOLOGIE, des Onchidies verdâtres, qui ressemblent à des Pa- telles. Dans un des enfoncements de la grande de à gauche , on trouve dans de petites mares sau- mâtres, en assez grande abondance, l'Ampullaire Aveline, qui s'enfonce quelquefois un peu dans le sable. Elle sert à la nourriture des naturels, comme les Limaçons dans nos contrées, ce qui fait que nous en trouvions des tas qui avaient été grillés. Il y a peu de Poissons dans cette anse. Les Oi- seaux n'y sont pas non plus très-nombreux. Nous n'y vîmes que le Glaucope cendré, le Troupiale à caroncules, des Synallaxes, un gros Tangara, le Gobe-Mouche à longues jambes , et sur le rivage des Huîtriers et des Cormorans. ANSE DKS COURANTS. Cette passe rétrécie a des rochers baignés par des eaux rapides, sur lesquels on trouve à droite, mais mieux encore sur ceux de gauche, des Pourpres, des Tritons, des Troques de Cook, quelquefois l'Impé- rial et le Diaphane, que la mer rejette en grande quantité sur le rivage; des Volutes, des Patelles, des Patelloïdes; ces dernières se tiennent ordinai- rement sous les pierres. Les côtes de ce petit détroit sont roides et très- boisées, ce qui rend la chasse difficile; aussi ne tuâmes-nous que des Glaucopes , et le Tangara ZOOPIÎYTES. 325) précédemment indiqué. C'est là que nous vîmes des nids de Cormorans sur des arbres assez élevés. Beaucoup plus loin, sur l'île nord de la Nou- velle-Zélande, nous laissâmes tomber l'ancre, pendant quelques heures seulement, dans la baie Tolaga, qui , en Mollusques, ne nous donna que quelques Haliotides, et en Oiseaux, le petit Echas- sier, déjà connu sous le nom de Pluvier delà Nou- velle-Zélande. Le mauvais temps que nous éprouvâmes dans la baie des Brèmes de Cook ne nous permit pas d'explorer ce lieu, qui, par son mélange de plages et de rochers, semblait devoir augmenter nos ré- coltes. Nous n'eûmes à prendre dans l'enfoncement où nous descendîmes qu'une Nérite noire, très- abondante. En parcourant plusieurs points de la rivière Tamise, nous jetâmes la drague à diverses reprises, et nous obtînmes vis-à-vis la baie Shouraki un assez bon nombre d'objets, comme des Ancillaires, des Peignes, des Vermets, des Térébratules rouges, un Ascidien composé du plus bel écarlate, des Bor- lasies, des Néréides , des Caryophyllies , quelques Polypiers flexibles , toutes choses de peu d'impor- tance au premier abord, mais qui ont de l'intérêt aux yeux des naturalistes. 330 ZOOLOGIE. 1ÎAIE DES ILES. Les découpures de ce port, formé comme l'in- dique son nom par plusieurs îles, présentent des retraites favorables aux Mollusques. Nous obtîn- mes des Volutes, des Buccins très-variés et en quantité; sous les pierres, à mer basse, d'élégantes Patelloïdes, et plusieurs espèces de jolis Oscabrions avec leurs nombreuses variétés. Il faut rechercher avec soin , dans les petites flaques d'eau, une Crépiduie violacée à cotes, telle- ment couverte d'enduit marin qu'elle peut échap- per aux regards. Il y en a d'autres espèces blan- ches, excessivement aplaties, qui se logent dans les coquilles vides, et une plus grande, discoïde, tomenteuse, dont M. Lamarck avait fait le Troque calyptriforme. Nous eûmes également un assez bon nombre d' A nnélides, telles que Néréides, Ser- pules, Térébelles agréablement colorées, un Si- poncle, des Bulles, des Ascidies, etc. Autour des cases des naturels sont des tas de Struthiolaires noduleuses qu'ils mangent, et qu'ils paraissent aller chercher au loin sur les récifs battus par la mer. Malgré cette abondance, nous n'avons pu les déterminer à nous en aller chercher de vivantes. Le Poisson est peu abondant dans cette partie de la Nouvelle-Zélande. Nous en prîmes à l'ai- ZOOPHYTËS. 3.31 guade une espèce gluante, assez incommode, parce qu'il fallait l'empêcher de s'introduire dans les tonneaux, où elle eût gâté l'eau. TONGA-TABOU. Dès qu'on laisse la zone tempérée pour les tropiques, le règne organique présente bien plus de variétés, et un beaucoup plus grand nombre d'espèces, quand toutefois les localités favorisent leur développement. L'île de Tonga-Tabou , sous ce rapport, ne laisse rien à désirer. De nombreux récifs l'environnent pour ainsi dire de toutes parts. L'endroit par où l'on entre en présente d'immen- ses qui, pour la plupart, découvrent à mer basse. Malheureusement les événements qui nous advin- rent sur cette île ne nous permirent pas de les parcourir tous. Nous n'explorâmes que le récif qui tient à la petite île de Pangaï-Modou , devant la- quelle V Astrolabe était mouillée. Il est assez étendu, riche en Mollusques et en Zoophytes de toute espèce. En débarquant , lorsque les eaux sont basses , on foule aux pieds de larges plaques d'Alcyons lo- bules, affectant diverses formes. Si l'on parcourt les Madrépores, morts pour la plupart, qui forment cet écueil, on trouve des Porcelaines de sept à huit espèces, des Mitres, des Vis, des Sigarets, des Turbos, des Vermets, diverses Cérites, des Peignes, des Ptérocères, des Nasses, des Doris. V,ï2 ZOOLOGIE. des Phyllidies, des Stomatelles, des Tonnes, des Nérites, des Calyptrées , le genre Placobranche, découvert à Java par M. VanHasselt, et une foule d'autres Mollusques, pour lesquels nous renvoyons à nos planches. De grandes Dolabelles se tiennent près du rivage, au milieu de la vase et des fucus. Leur immobi- lité, jointe aux villosités qui recouvrent leur corps, nous les a quelquefois fait prendre pour des Thalassiophytes. Il y a de très -belles Actinies, dont les tentacules ramifiés sont caustiques. Elles s'enfoncent et disparaissent sous le sable. Pour les avoir, il fout les soulever brusquement avec une pelle. On trouve également diverses Astéries, dont quelques-unes, en forme de petits coussins, peuvent être prises pour des pierres, lorsque leurs couleurs ne sont pas brillantes. Les Holothu- ries y sont également communes. Les Natices, les Strombes, les Nasses, rampent au milieu des herbes sous -marines qui avoisinent le rivage de cet îlot, tandis que si l'on veut trouver des Limes, qui nagent avec tant de vitesse, il faut les chercher dans les Madrépores constamment couverts par l'eau : les nombreuses et fragiles cirrhes tentacu- laires de cette bivalve se détachant facilement, elle ne pouvait pas être exposée à demeurer à sec. Pareillement, quand on veut se procurer des Méandrines, des Astrées et des Madrépores vi- vants, il faut se mettre dans l'eau jusqu'à la cein- ZOOPHYTES. 333 ture, et aller où les récifs finissent. Dans ce cas, nous faisions des marchés avec les naturels qui nous conduisaient dans leurs légères pirogues. Ils arrachaient du fond des masses de Polypiers que nous cassions dans le bateau pour avoir les Pois- sons, les Mollusques, les Crustacés et les Zoophytes qui se cachent dans leurs rameaux. Nous promet- tons une ample récolte d'objets nouveaux aux naturalistes qui, à l'aide de ce moyen, parcour- ront les immenses bancs de l'entrée de Tonga-Ta- bou et ceux qui s'étendent jusqu'à la pointe d'Ifo. 11 sera nécessaire d'employer plusieurs jours à une semblable course, en résidant sur les îlots qu'on rencontre, pour y mettre ses collections en ordre, et esquisser les objets qui perdent promp- tement leurs couleurs et leurs formes. Nous ferons remarquer qu'en général là où croissent les Coraux , il n'est presque plus pos- sible, ou du moins très-difficile de se servir de la drague. Une autre circonstance qui doit être prise en considération, c'est de ne pas visiter les récifs qui ne découvrent jamais complètement après que la brise est levée, parce que le mouvement qu'elle occasionne dans les ondes empêche de distinguer les objets. Ainsi, ce n'est que le matin jusqu'à onze heures qu'on peut se livrer à ces sortes de recherches. Le reste du jour peut être employé à dessiner. Car, nous le répétons, on est loin d'avoir tout fait après qu'on a bien récolté: il faut en- 334 ZOOLOGIE. core chercher à conserver à cette foule d'êtres les formes et les couleurs qu'ils vont bientôt perdre dans la liqueur , où ils s'altéreront au point que l'on ne pourra presque plus distinguer les espèces. Les naturels nous apportaient des Corbeilles , des Olives, des Tornatelles et des Physes , dont nous n'avons pu voir les localités. Il y a aussi des Ombrelles à Tonga. La partie de la grande île du coté d'Ifo étant battue par la mer du large, n'a qu'une lé- gère ceinture de récifs peu éloignés de terre, sur lesquels il n'est pas facile d'aller. Vu cette disposition, la cote ne nous a offert qu'une nou- velle petite espèce de Siphonaire. En parcourant l'île dans une partie de sa lon- gueur , depuis Moua , résidence du chef Palou , jusqu'à lfo, qu'habitent les missionnaires , nous marchions presque constamment sous des allées couvertes, et nous ne vîmes d'autres Mollusques terrestres qu'une très-petite Hélice et une Hélicine marquée de rouge. Nous ignorons quels moyens les habitants em- ployaient pour nous apporter vivant, et sans danger, un grand serpent d'eau très-venimeux, jaune, an- nelé de noir. ILES SANDWICH. Ces îles, toutes volcaniques, ont des cotes abruptes, battues par la nier. Elles manquent de Z00P1IYTES. 335 port, ou n'ont que des anses dans lesquelles les animaux marins ne trouvent pas assez d'abri. L'île de Wahou, ou mieux Ouaou, est la seule où il y ait un enfoncement considérable , avec des bancs de Madrépores. Toutefois, comme il n'est pas parfaite- ment à couvert des vents du large, il est peu riche en Mollusques et en Zoophy tes. Enfin , il n'est pas d'endroit placé entre les tropiques où nous ayons trouvé moins de choses qu'aux Sandwich ; ce qui tient manifestement aux localités, et peut-être aux fortes brises qui soufflent dans cet archipel. Ce sont elles qui nous ont empêchés de faire des re- cherches suivies sur les récifs du port de Ouaou et sur celui d'Owhyhi, ou mieux Ouahi, où nous aperçûmes quelques bouquets isolés d'Astrées et d'autres Polypiers. C'est dans ce lieu que nous trouvâmes l'animal de la Vis maculée, seul Mol- lusque important que nous puissions citer. L'iîe Mowi ou Mouï n'est pas plus riche que les précédentes. Vu le peu d'abondance de Madré- pores , nous conseillons d'explorer le fond avec une drague; ce que nous ne pratiquâmes point, n'ayant pas alors adopté un système aussi suivi de recherches dans toutes les parties de la zoo- logie. A. terre, sur les laves arides du rivage, nous recueillîmes plusieurs espèces d'Hélices mortes, qui, lorsqu'elles sont vivantes, habitent probablement 33G ZOOLOGIE. les montagnes, où les nuages entretiennent de la verdure et de la fraîcheur. La mer donne de très-belles espèces de Pois- sons de la famille des Labres. TSous les obtenions des naturels , qui les pèchent à la ligne. NOUVELLE-IRLANDE. Le havre Carteret, que nous avons visité avec soin, est un canal étroit entre deux îles très-élevées, dont les côtes sont roides, boisées, et la mer très-profonde jusqu'à leur pied. A gauche en entrant est un ré- cif de peu d'étendue et découvrant en partie. C'est à peu près le seul point qui ait contribué à aug- menter nos collections. Nous y trouvâmes, pour la première fois, l'animal de la Dauphinule, des Tridacnes enfoncées dans les Madrépores, et qu'on reconnaît à la belle couleur bleue du Mollusque, dont les valves sont presque toujours entr'ou- vertes. Sous les rochers qui s'avancent en voûte, on voit suspendus des Troques pagodes et beaucoup d'Onchidiesqui viennent s'y mettreà l'abri du soleil. On y rencontre aussi des Olives , des Tritons, des Pourpres, des Oscabrions, des Doris , des Phylli- dies. Sur les sables rampent des centaines d'Holo- thuries noires, et d'autres beaucoup plus grandes, parmi lesquelles se trouve l'Holothurie Ananas, ZOOPHYTES. .{37 remarquable par sa taille et les découpures fo- liacées de son enveloppe. On trouve plusieurs espèces de Néritines qui ne craignent pas de s'avancer dans la mer. Les bois de la petite île Legh sont remplis d'Auricules scarabes qui se cachent sous les feuilles mortes, et se développent difficilement. C'est sur ce banc que nous vîmes une très-grosse masse de Tubipores rougeàtres, que nous ne re- connûmes qu'en y portant la main. On rencontre çà et là de petits bouquets d'Alcyons et de Cor- nulaires, et un polypier flexible de la famille des Sertulaires , dont les animaux brûlent comme les tentacules des Phy sales. C'est la seule fois que ces Zoophytes nous aient produit cet effet. Les blocs arrondis de Coraux qui avoisinent le lieu où nous étions mouillés recèlent de magni- fiques Amphitriles , des Serpules et des Siponcles. Ceux de ces derniers animaux qui ne se creusent point une retraite dans les Polypiers se trouvent sous les pierres, avec le genre Ochétostome et une espèce de petite Holothurie qui fuit la lumière. Des Astrées, des Méandrines, et surtout des Acti- nies de la plus grande élégance pour la forme et du plus bel éclat dans les couleurs, répandent une grande variété dans les recherches du naturaliste. INous obtenions des naturels la grande ïri- dacne géante, qu'ils paraissent aller chercher au Zoologie, t. iv. *2 338 ZOOLOGIE. loin. Ils nous procurèrent aussi une petite espèce de Phalanger et un grand Serpent noir. Nous tuâmes un Crocodile long de douze pieds. Les voyageurs ne font pas mention de ce reptile à la Nouvelle-Irlande. Enfin, ce lieu de mouillage est tellement resserré, que nous pouvons dire en avoir obtenu presque toutes les productions. NOUVELLE-GUINÉE. Le havre de Dorey n'est pas aussi propice aux Mollusques et aux Zoophytes que sa position, par une latitude très-chaude, semblerait l'indiquer ; ce qui tient probablement à la nature des terres en- vironnantes, qui, dans la saison des pluies, sont entraînées dans ce petit havre, et mêlent leurs eaux à celles de la mer , en les rendant instantané- ment bourbeuses et saumâtres. Ces causes peuvent avoir fait abandonner cette contrée à ces faibles animaux , et détruit ceux qui ne pouvaient pas s'y soustraire. Les deux bancs de l'entrée du port sont formés de Coraux morts depuis long-temps, et parmi lesquels on ne trouve que quelques Po- lypes isolés et fort peu de Mollusques , excepté des Onchidies , très-communes à l'abri des arbres qui ombragent l'aiguade. En allant du mouillage au village de Dorey, à ZOOPHYTES. XV.) mer basse, on passe au travers d'une petite prairie de zostères et d'autres fucus, recouverte à peine d'un pouce d'eau, et sur laquelle nous recueillî- mes des Natices, des Strombes, et des Bulles jau- nes qui s'accouplaient. Les maisons de ce village sont bâties dans l'eau , sur des pieux, le long desquels nous récoltions des Littorines en abondance. Mais c'est aux naturels, il faut le dire, que nous devons les matériaux des nombreux dessins que nous avons pu faire dans une courte relâcbe ; ils nous procurèrent des Doris, des Éolides, des Ascidies, des Fistulaires, des Némertes, des Al- cyons , remarquables par leur élégance et leur éclat. Occupés à dessiner tous ces objets, nous ne pouvions les suivre pour connaître dans quelles localités ils prenaient en abondance des Auricules Midas, des Cy rênes, des Mélanies, des Pirènes , qu'ils nous présentaient encore couvertes de vase noire. Le peu de temps qu'ils mettaient à se pro- curer ces derniers Mollusques indique que ces animaux babitent les flaques d'eau marécageuses qui sont entre le rivage et les montagnes voisines. Les Harpes vivantes et les Volutes étaient pè- chées au dehors de la rade, dans des endroits que les indigènes seuls connaissaient, car nous n'en avons jamais trouvé nous-mêmes. A l'aide de quel- ques petits encouragements, on a bientôt obtenu de ces insulaires tout ce que contient le havre de 22" 340 ZOOLOGIE. Dorey, même en choses qui leur sont complètement indifférentes ; c'est ainsi qu'ils nous apportaient jusqu'à des Méduses et des Serpents d'eau , dans des vases de cocos. C'est à Dorey que nous avons trouvé le nou- veau genre Goniopore , de la famille des Coralli- gènes , une grande Némerte à cinq bandes , et la Térébelle longitudinale, dont les tentacules, longs de plusieurs pieds , paraissent seuls au milieu des corps marins. Les Nautiles ombiliqués ne sont point rares ; c'est avec cette coquille que les habitants puisent l'eau dans les puits. L'animal semble leur être inconnu, et toutes nos offres n'ont pu les décider à chercher à se les procurer. Les enfants nous apportaient, pour des épin- gles, tous les Insectes qui leur tombaient sous la main ; c'est ainsi que nous avons pu répandre dans les collections le genre Tricondyle, qui était fort rare avant notre voyage. C'est, un insecte qui , ne volant pas , est facile à prendre , bien que fort agile. Quoiq ueles oiseaux abondent clans cette partie de la Nouvelle-Guinée, il s'y trouve peu de nouvelles espèces à faire connaître ; il faudrait pour cela s'engager un peu avant dans l'intérieur des terres, ce qui serait aussi difficile qu'imprudent. Nous avons découvert une nouvelle espèce de Péramèle, et apporté un jeune âge deKanguroo, ZOOPHYTES. 341 dont il serait bon de connaître l'animal adulte, qui doit être de grande taille, à en juger par l'on- gle du pied postérieur , dont les naturels se ser- vent pour tendre la corde de leur arc. VAIGIOll. Le lieu où nous abordâmes , dans le voyage de FUrame, est une petite île nommée Rawak, qui ne laisse entre elle et la grande terre qu'un étroit passage. Quoique ce port soit placé sous l'équateur et qu'il ait des Polypiers coralligènes , on peut ce- pendant, avec des précautions, y jeter la drague et amener une foule d'animaux divers. La vase est surtout riche en très-petites coquilles cloison- nées , dont nous n'avons pu découvrir les Mollus- ques; nous supposons même que quelques-unes d'entre elles sont fossiles. Dans l'intérieur de cette île un peu marécageuse, nous trouvâmes des Auricules scarabes et des Hélices sur les arbres ; on y tua plusieurs Serpents de petite taille , et de gros Lézards. A quatre ou cinq lieues de là est une autre île peu grande, nommée Bony, entourée en partie de récifs. Il y a quelque danger à s'y engager; mais une fois qu'on est en dedans de ces récifs, on peut, par une médiocre profondeur, recueillir des Àstrées, des Méandrines, des Madrépores, et les divers ani- 342 ZOOLOGIE. maux qui se réfugient clans leurs rameaux. Nous ne rencontrâmes que fort peu de Mollusques vi- vants clans ces deux endroits; cependant les natu- rels, qui savent où les prendre, en font une assez grande consommation, puisque à Bony ils avaient commencé une petite jetée de leurs débris. Autour des maisons, il y avait des monceaux de coquilles, parmi lesquelles nous en trouvâmes d'intactes, telles que le gros Turbo marbré, dont la nacre est si belle, des Placunes, qui étaient rares alors dans les collections , desPernes , desTellines, des Vénus , des Mitres, plusieurs Tridacnes , et un grand nom- bre de Daupliinules, avec lesquelles nos matelots faisaient des pipes. PI SANG. C'est seulemenjt pour mémoire que nous citons cette très-petite île, isolée de l'archipel des Molu- ques, que le hasard nous mit à même de visiter, une heure ou deux, dans un de ses points le moins acces- sibles, où la plage était si rétréciepar la végétation, que les branches des arbres pendaient dans la mer. Une pirogue venait d'y passer, et ceux qui la montaient avaient laissé, parmi les débris de leur repas, de larges Patelles minces, dont le sommet, porté en avant, annonce que l'animal doit différer ZOOPHYTJES. 343 de celui des vraies Patelles, et avoir une longue branchie cervicale. Nous arrachâmes des rochers volcaniques de cette île quelques-uns de ces Ana- tifes remarquables par la multiplicité de leurs val- ves allongées. « CÉLÈBES. Nous n'avons touché qu'à cjeux points de cette grande île, riche en productions d'histoire natu- relle, la plupart inconnues. Le premier est Manado, dont la rade est ouverte aux vents du large, et le fond de sable argileux, complètement dépourvu de Mollusques et de Zoophytes, qui, par une latitude aussi favorable à leur développement, n'ont en- core pu trouver un point d'appui et un abri con- venables pour s'élever et former des récifs. Ce n'est pas le seul lieu où nous ayons vu les loca- lités, en opposition avec une température élevée, élre contraires à l'accroissement de ces animaux. Ainsi là, il faudra donc se borner à prendre à la seine quelques espèces peu variées de Poissons, et recueillir, dans les ruisseaux qui se jettent dans la rade, de grosses Ampullaires et des Mélanies. La route qui conduit sur la montagne où est situé le lac de Tondano, est coupée de ruisseaux qui nous donnèrent des Paludines à cotes; elles sont en grand nombre dans le lac même, et leurs 344 ZOOLOGIE. coquilles, vides, décolorées, flottent par milliers sur ses bords. Nous trouvâmes, dans les bois, deux élégantes Vi- trines, dont la coquille de l'une d'elles est d'un vert agréable comme son animal. Cette couleur dispa- rait par la dessiccation. Les contours du lac nous donnèrent deux ma- gnifiques Hélices , des Bulimes et un Planorbe. En laissant Manado, nous profitâmes de ce qu'on avait laissé tomber, l'ancre devant le village de Li- coupang, pour y aller faire une courte excursion. La plage, en partie sablonneuse, a quelques roches sur lesquelles nous trouvâmes des Turbos, des Buccins et d'assez grosses Patelloïdes. La mer forme devant le village un marécage où sont des Cérites , des Huîtres très - allongées et quelques bivalves, sur- tout une petite Donace striée, en grande quantité. En général dans ces parages les courants sont si violents, que la mer n'est pas plus riche en Mol- lusques et en Zoophytes que les côtes qu'elle bai- gne. Toutefois Célèbes est si considérable et telle- ment découpée, que dans les nombreux golfes qu'elle forme il doit y avoir des localités où ces animaux peuvent se développer paisiblement sous l'influence de causes favorables. ZOOPHYTES. 345 AMDOINE. Le naturaliste qui arrive dans cette île est sur- pris de l'immense quantité de coquilles que les marchands chinois et malais viennent lui offrir. C'est que de tout temps Amboine a été le centre de cette sorte de commerce, déterminé par le goût que les Hollandais ont eu les premiers pour ces agréables productions de la nature. C'est en partie par eux qu'elles ont été répandues plus tard en Europe. Les cabinets de coquilles acquis à des prix très-élevés ont été le commencement de l'é- tude des sciences naturelles. Il y avait, et il y a encore de ces enveloppes , qu'on évalue et que l'on paie jusqu'à plus de deux mille francs. Lors- que nous foulions aux pieds les jolies Phasianelles de la Nouvelle -Hollande nous nous rappelions qu'autrefois un officier, grand amateur de ces sor- tes d'objets, avait payé trente louis une Phasia- nelle, qu'il porta dans sa poche pendant tout le temps d'une longue guerre. Quoi qu'il en soit de ces valeurs fictives don- nées jadis en Europe à certaines coquilles, et que l'amour mieux entendu de la science a réduites à leur juste valeur, les Hollandais d'Amboine n'en conser- vent pas moins l'habitude de ce commerce. Certes, ce n'est parleur île qui l'alimente et l'entretient; elle :*46 ZOOLOGIE. est trop petite et ne présente pas d'assez heureuses localités pour cela. Mais de toutes les Moluques , on y apporte de ces animaux qu'on enfouit et qu'on laisse pourrir dans la terre ; ce qui n'altère pas autant le test, dit -on, que de les faire bouillir. Céram, qui touche presque Amboine, est renom- mée surtout pour en fournir abondamment. Les Malais les arrangent très - artistement dans des boîtes extrêmement légères de tiges d'agave, et donnent un agréable coup d'ceil à cette marchandise, qui s'y vend fréquemment plus cher qu'en Europe. Ils ont même conservé un prix si élevé à cer- taines espèces , telles que les Argonautes , les Na- vettes, les Scalatas, qu'on pourrait leur en vendre ou en échanger avec avantage. Il est vrai que dans ces contrées éloignées, où l'on ne reçoit de nou- velles d'Europe tout au plus qu'une fois l'année, on conserve bien d'autres préjugés, comme celui, par exemple, de croire que les Moluques seules sont encore en possession de fournir du girofle à l'ancien inonde, etc. Mais revenons à nos co- quilles. En explorant le golfe qui divise presque l'île en deux parties, on trouve, en débarquant sur les rochers du pont, des Planaxes et de petites Huîtres épineuses tellement collées à la pierre qu'on ne peut souvent obtenir qu'une des valves; dans le sable, des Néréides, des Sanguinolaires. Plus loin , au-delà du camp malais, nous rencontrâmes, clans ZOOPHYTES. 347 une argile durcie, des Pholades arrondies en boule, et parmi les rochers quelques Astrées rares, des Ma mi llifères, etc. C'est le seul lieu où nous ayons été à même de dessiner l'animal de la Cérite Té- lescope. La côte située à l'opposite de la ville est sablon- neuse, avec un mélange de galets volcaniques par intervalles. Nous n'y recueillîmes qu'une très-petite Doris , un Pleurobranche , des Clypéastres ram- pant sur une vase molle. Nous avons parlé ailleurs des Mollusques et des Zoophytes pélagiens que les forts courants de ce golfe apportent et rempor- tent dans le même jour. Il suffisait de plonger un seau ou un filet d'étamine dans la mer pour recueillir les nombreuses espèces que nous avons données dans nos planches. Il en est de microsco- piques qu'il faut rechercher avec soin dans le vase bien transparent qui reçoit l'eau. A force d'instances , nous obtînmes des Malaisr dans les derniers jours de notre relâche , qu'ils nous apporteraient les animaux des coquilles qu'ils vont recueillir dans les contours extérieurs de l'île. Nous eûmes par ce moyen le grand Turbo marbré , un Cymbium , le Casque Bézoar, l'Olive noire, la Cancellaire Lime, qui n'est qu'une Nasse, le Murex Fine-Épine, des Placunes , etc., dont les animaux, dans leurs formes et dans leurs couleurs, étaient encore inconnus. C'est a Amboine qu'un habitant, qui ne nian- 348 ZOOLOGIE. quait pas d'instruction , nous voyant examiner avec attention le Poulpe qui se trouve dans l'Argonaute , nous assura , sans que nous l'eus- sions questionné à ce sujet, que ce n'était point l'animal de cette coquille , qu'il s'y logeait après que le véritable propriétaire n'existait plus. Cet Amboinais, voulant nous donner une idée de l'animal de l'Argonaute, dessina une sorte de Gas- téropode qu'il avait vu. Si cette question, qui di- vise maintenant les zoologistes, n'est pas bientôt éclaircie, la vérité peut nous venir de ce lieu, où nous avons bien recommandé qu'on envoyât en Europe plusieurs de ces animaux tels qu'on croyait les avoir vus. Dans les jardins qui avoisinent la rivière, on trouve sur les arbres l'Hélice citrine des auteurs, très-variée en couleur, laquelle nous avons reconnue être une vraie Vitrine. Les chaleurs excessives qui régnent dans cette île font que les Européens préfèrent avoir re- cours à l'extrême obligeance des autorités et aux Malais, pour se procurer ce que le pays a de plus remarquable. boitrou. Cette île est peu éloignée d'Amboine. Elle con- tient un grand nombre d'Oiseaux, comme l'indique son nom qui, en malais, signifie oiseau. La rade de Cayéli est sablonneuse, comme celle deManado, ZOOPHYTES. 34î) à Célèbes; ce qui fait qu'on n'y trouve que peu de chose, si ce n'est une Cythérée que les enfants enlèvent des sables , par milliers. On trouve, dans une ceinture d'eau saumâtre qui sépare le village de la mer , des Cérites et des Pirènes qui , toutes, ont la spire rongée. Nous obtînmes des Malais des Lingules vivantes. Il existe assez loin , sur la gauche de la rade , un récif qui ne découvre pas entièrement et sur lequel on doit trouver beaucoup d'objets divers. Mais notre santé très-altérée à cette époque, par la fièvre intermittente que nous avions contractée à Vanikoro, ne nous permit pas de le visiter. TIMOR. En général les Moluques ne sont point des îles saines, et les naturalistes ne doivent pas trop s'ex- poser à l'ardeur du soleil ni se mettre souvent dans l'eau. Il peut en résulter la fièvre ou la dys- senterie, bien plus dangereuse encore. A Timor, on contracte facilement cette dernière maladie qui, si elle n'emporte pas promptement le malade, le fait languir long-temps, lorsque la navigation se prolonge entre les tropiques. Aussi les amateurs d'histoire naturelle que le zèle em- porte dans leurs recherches, doivent-ils s'abstenir de faire des courses trop pénibles au milieu du jour, et de se mettre dans l'eau le moins possible. I^a rade de Coupang ne manque pas de Zoo- 350 ZOOLOGIE. phytes. C'est principalement sur la petite île Kéra, qui est bordée d'un récif, qu'on voit à mer basse des Alcyons de diverses couleurs, des Astéries du plus beau bleu, des Tubipores verts, des Astrées, des Méandrines, et diverses autres espèces d'êtres animés. Ces productions formant des groupes ir- réguliers nous empêchèrent de jeter la seine et de prendre du poisson. Le rivage sur lequel une portion du village de Coupang est assise se trouve formé d'Astrées fos- siles. On voit que ces animaux ont travaillé avec régularité et sans interruption pour élever ces massifs assez considérables. En suivant le bord de la mer à gauche, on arrive à un petit banc qui se prolonge un peu dans la mer et sur lequel nous recueillîmes une Fistulaire très-fragile et quelques autres Zoophytes. Nous obtînmes des naturels les coquilles ma- rines propres à cette contrée, et nous trouvâmes, principalement dans le cimetière chinois , sur de beaux câpriers , l'élégante Hélix contraria. Les malades que nous eûmes dans cette relâ- che, malgré le peu de temps que nous y consa- crâmes, ne nous permirent pas d'étendre très-loin nos recherches. Mais nous sommes persuadé que dans les eaux paisibles de cette immense baie, il y a plusieurs lieux qui doivent fournir une ample moisson d'objets divers tant en Mollusques qu'en Polypiers. ZOOPHYTES. 351 Le comptoir portugais de Dillé, sur la même île, devant lequel nous demeurâmes deux jours , situé dans un détroit où régnent de forts cou- rants, ne nous parait pas aussi favorable aux re- cherches zoologiques. En avant du village est un récif qui ne découvre pas , mais sur lequel on pourrait trouver quelque chose à l'aide des naturels. C'est un moyen que nous employions quelquefois. Lorsque la brise n'est pas levée , l'eau est calme et d'une transparence qui permet de voir au fond les plus petites choses, que d'adroits plongeurs rap- portent facilement. VANIKORO. L'île est entourée d'une ceinture de récifs , en dedans desquels la mer est calme comme dans un bassin. Cette disposition est des plus favorables aux animaux qui nous occupent. Mais il faudrait plus de temps, plus de moyens, et surtout de plus beaux jours que ceux que nous avons eus, pour explorer avec soin une aussi grande étendue de côtes. Nos recherches se bornent à peu près au mouillage d'Ocili et à celui de Manévai. La plage du premier, toute sablonneuse, n'offre que des Pagures dans les diverses coquilles mortes qu'ils habitent, et des Littorines sur les branches d'arbres qui pendent vers les eaux. Sur les rochers 352 ZOOLOGIE. qui forment l'extrémité de cette baie, nous trou- vâmes des Planaires, et un seul individu vivant d'une sorte de Vélutine , dont la coquille est con- nue sous le nom de Sigaret cancellé. A quelques centaines de pas du rivage , sont des marécages saumâtres, remplis de Néritines et de Mêlâmes de plusieurs sortes. Les arbres nous donnèrent trois ou quatre espèces d'Hélices pyramidales ou dis- coïdes. La rade de Manévai plus grande , mieux abri- tée, a de plus grands récifs, dont la plupart dé- couvrent à mer base. Ils sont habités par des Tonnes, des Troques, des Strombes en énorme quantité, des Pourpres, des Ricinules, des Turbos, des Mitres, des Siphonaires , par une Stomatelle à animal operculé, des Tridacnes, des Dauphi- nules , etc. Le banc sur lequel nous élevâmes un petit monument à la mémoire de Lapérouse est mort et stérile. Toutefois en soulevant les plaques mo- biles des Madrépores qui le forment , on trouve encore des choses qui méritent de fixer l'attention. La petite île de Manévai , devant laquelle nous étions à l'ancre, a un récif vaseux donnant des Huîtres, des Patelles, quelques Pyramidelles et des Oursins. Tout-à-fait sur ses bords , on voit à envi- ron deux pieds sous les eaux , lorsqu'elles sont basses , des Houlettes engagées dans des massifs dAstrées. On ne les reconnaîtrait pas d'abord, ZOOPHYTES. 353 paire qu'elles ne présentent que Je bord de leur ouverture béante. Pour obtenir ees coquilles , encore rares et précieuses , il faut nécessairement briser les Polypiers avec une barre de fer; ce qui n'est pas toujours très-commode. Le même lieu nous fournit aussi des Fongies à gros et longs tentacules, des Alcyons très-mous, longs, ramifiés comme des fucus, et plusieurs autres Polypes très-remarquables. A l'endroit où vient se décharger la rivière, est une plage un peu vaseuse, dans laquelle s'enfoncent de grandes Pinnes marines, sur lesquelles sont fixés des Vermets, et des Huîtres fortement plis- sées. C'est par les naturels que nous eûmes des Py- ramidelles vivantes, qu'ils allaient prendre assez loin de leur village. En sortant de la rade, on voit à gauche l'îlot de Nanotm-ha, sur les bords duquel habitent des Auricules jaunes. Nous ne vîmes que dans cette localité ce Mollusque, qui, sans aller à la mer, aime cependant à n'en pas être éloigné. Nous re- cueillîmes aussi, sur les feuilles des arbrisseaux, une très-petite espèce d'Hélicine. GUAM. Cette île a trente lieues de tour. La né( ; :".■' nous a forcé jadis à y faire un long séjour, et Zoologie, t. iv. a'j 354 ZOOLOGIE, nous l'avons explorée dans toutes ses parties. Une nouvelle résidence d'un mois , malgré l'état mala- dif dans lequel nous étions, nous a mis à même de recueillir plusieurs choses qui nous avaient échappé la première fois. Les navires mouillent dans deux rades , celle d'Umata et celle d'Apra. La première, environnée de côtes assez élevées, exposée aux vents du large pendant une saison de l'année, ne présente aux naturalistes qu'un petit nombre d'objets dignes de remarque. A son entrée de droite, est l'île des Cocos, dont les récifs se pro- longent assez loin pour former entre les terres un espace peu profond, où l'on voit çàetlà de grosses tètes de Polypiers pierreux. En se rapprochant de la pointe volcanique qui commence la rade, on peut rencontrer des Onchidies. Un peu plus en dedans nous vîmes les habitants des Carolines armés d'un clou, plonger par huit ou dix brasses, et déta- cher du fond des ïridacnes qu'ils mangent crues. A gauche, ce port est terminé par un rocher élevé, sur lequel sont deux pièces de canon. La mer en baigne le pied, et y bat constamment. Nous y recueillîmes une très-petite espèce de Bulle verte, collée en grande quantité dans les aspérités des pierres , à la manière des Oscabiions. C'est la seule fois que nous ayons remarqué cette habitude dans d'aussi fragiles animaux. Le même lieu nous four- nit des Ricinules, de petites Siphonaires, des ISémertes rouges striées, de plus de six pieds de ZOOPHYTES. 355 long, et le plus grand Vermet operculé que nous ayons vu. La côte est remplie de Pagures, qui ont pris pour demeure des Nérites , qu'ils portent quelquefois jusqu'au sommet des monta- gnes environnantes. On trouve aussi à Guam le grand Pagure Larron. La rivière qui se jette dans la rade nourrit abondamment deux sortes de Mélanies. Il faut remonter à sa source, peu éloignée, pour trouver de larges Navicelles qui se collent sur les rochers humides. Le sable du mouillage d'Umata est rempli de petites coquilles Polythalames , probablement fos- siles , qui adhèrent aux câbles. La rade d'Àpra est remplie de bancs de Ma- drépores, dont plusieurs découvrent à mer basse. En explorant cette localité, où la plupart des navires jettent l'ancre, on trouvera diverses choses, principalement des Holothuries vertes et prismati- ques ; toutefois on éprouvera quelques difficultés, parce que ces récifs étant formés de Coraux très- fragiles, et ne découvrant qu'un instant, on s'y en- fonce jusqu'à mi-jambe, ce qui brouille l'eau, et empêche de voir et de saisir les animaux que l'on cherche. La ville d'Agagna offre plus d'avantages. Il n'est même peut-être pas de lieu plus commode pour l'observateur. Une barre, sur laquelle la mer brise, forme entre elle et la terre une sorte de bassin 23* 556 ZOOLOGIE. dans lequel les eaux entrent et sortent chaque jour. Une foule d'animaux divers se retirent dans ces lieux paisibles. On peut les étudier sans être trop enfoncé dans l'eau , ou bien dans une petite pirogue. L'obligeant gouverneur des Marianes , Don José de Médinilla , nous avait donné un homme d'une adresse rare à cerner les têtes des Madrépores avec un petit filet, pour prendre ces brillants Poissons de roches qui se dérobent au milieu de leurs rameaux. En brisant dans le bateau les masses que nous parvenions à enlever, nous obtenions, en même temps que des Labres, des Chétodons, des Amphiprions, etc., des Crustacés sans nombre, des Astéries , et plusieurs Mollus- ques gastéropodes. Indépendamment de cela, le sol est parsemé de Méandrines, d'Astrées, de Fon- gies et de Caryophyllies , dont les longs tentacules sont d'un beau vert velouté. Nous ne vîmes que là des groupes assez considérables de l'Héliopore bleu, qui apparaît grisâtre à l'extérieur. La vase qui précède ce récif est remplie de petits Strombes dont les indigènes se nourrissent. En s'établissant avec des bocaux de verre et d'autres vases convenables sous les hangars de construction qui sont sur la plage , on peut re- nouveler l'eau dans laquelle on place tous ces ani- maux pour les dessiner à son aise. Guam a encore d'autres rivages fertiles en Mollusques , comme celui de Retillan , où nous vîmes de très-belles et très-longues Holothuries ZOOPHYTES. 357 de la division des Fistillaires , cassantes, et cou- vertes de petits crochets qui adhèrent même après la mort du Zoophyte. Nous signalerons aussi la grande plage sablonneuse qui est devant le village d'Agat, sur laquelle les habitants pèchent beau- coup d'Olives. On trouve peut-être dans cette île toutes les espèces connues de Cyprées, et de plus la Porcelaine Gésier, qui n'y est pas rare; nous ne pûmes cependant nous la procurer avec l'ani- mal : il parait qu'elle se plaît sur les récifs les plus avancés. Il en est de même d'un Turbo lisse et très-brillant. On trouve des Hélices ( Partules ) gibbeuses par centaines sur les feuilles des arbres des environs d'Agagna, et des Lymnées dans les marais. Nous regrettons d'avoir négligé de visiter celui dans lequel la rivière prend sa source. On peut se confier aux habitants, et surtout aux enfants, pour se procurer tout ce que l'île renferme d'objets d'histoire naturelle; mais rela- tivement aux coquilles, il ne faut pas croire que toutes celles qu'on peut rassembler soient propres à Guam ; un grand nombre sont fournies par les îles Carolines, dont les naturels viennent chaque année chercher du fer et autres objets dont ils ont besoin. Pauvres et encore dans l'enfance de la civili- sation, ils selouent, avecleurspros, pour transporter les denrées d'une des îles Marianes à l'autre, et n'ont d'autres moyens d'échange que des coquilles qu'ils .358 ZOOLOGIE. recueillent sur leurs petites îles basses, ou bien quelques nattes assez artistement faites. Nous avons parlé, clans le Voyage de l'Uranie, des oiseaux et autres animaux vertébrés que con- tient cet archipel. BATAVIA. Toute la côte nord- ouest de Java jusqu'au dé- troit de la Sonde est une terre basse qui se perd sous les eaux. La mer y est peu profonde et remplie de bancs vaseux; aussi, malgré la chaleur qu'on éprouve par cette latitude, ces causes locales en ont chassé les Mollusques et les Zoophytes. D'après le peu que nous en avons vu, on peut dire qu'il n'est point de contrées qui en soient autant dé- pourvues. Il ne serait pas étonnant qu'il en fût de même de toute la partie nord de cette grande île , le long de laquelle nous naviguions dans une mer blanchâtre. La rivière qui traverse la ville de Batavia porte à la mer une grande quantité de l'argile rou- geâtre sur laquelle elle coule. Enfin, jusqu'au vil- lage d'Antjer, nous ne pûmes rien recueillir ni dessiner. Celui qui s'y fixerait , dans le but d'étu- dier les productions de la mer, serait tout-à-fait désappointé. Nous croyons cependant que, dans ZOOPHYTES. 350 une aussi grande étendue de cotes, il peut se rencontrer des localités favorables au développe- ment des Zoophytes; car, au comptoir d'Antjer, une portion de la plage est couverte de débris de Madrépores morts. C'est là qu'en suivant les pécheurs qui jetaient la seine, nous ne vîmes rapporter, avec un peu de poisson, que quelques petits Oursins. Ainsi , le voyageur qui n'aurait vu que la partie de Java que nous citons, Manado sur l'île Célèbes, et Amboine, ne serait nullement compétent pour disserter sur le rôle que les Poly- piers coralligènes jouent dans ces mers. ILE-DE-FRANCE. Ce lieu , qui fut de tout temps le rendez-vous de la plupart des expéditions scientifiques, qui a été exploré dans tous les sens, qui a eu pour habitants des naturalistes, ou des personnes qui se chargeaient d'envoyer en Europe tout ce qu'il offrait de curieux , ne devait donc pas nous laisser beaucoup à recueillir. Toutefois , malgré Tassez mauvais état de notre santé, qui ne nous permit pas de faire autant de recherches que nous l'au- rions désiré, et surtout de visiter les récifs du grand Port , nous avons rapporté de cette île dix- neuf planches in-4°, composées seulement de Mol- lusques et de Zoophytes. 60 ZOOLOGIE. Le récif en partie mort qui encombre la rade du port Louis nous donna l'élégant animal de la Bulle striée , des Sigarets ," le Pleurobranche de Péron, riche en couleur, et une autre espèce bien plus grande qui vient jusque dans le trou Fanfa- ron. Nous trouvâmes sur la jetée aux Tonneliers une jolie petite Doris, des Aplysies, presque par- tout des Planaxes, qui se collent aux rochers, etc. Pour avoir des objets nouveaux, nous conseil- lerions aux naturalistes de parcourir souvent ce récif et ceux du dehors de la rade avec une pi- rogue, si notre ami, M. Julien Desjardins , qui cultive l'histoire naturelle de son pays avec tant de zèle et de succès, ne connaissait pas, au "mo- ment où nous écrivons ceci, toutes les choses neuves qu'il renferme. On peut donc hardiment s'adresser à lui pour reconnaître sur les lieux ce que Maurice a de plus remarquable en Mollusques et en Zoophytes. C'est dans la société de ce natura- liste aussi aimable qu'instruit que nous partîmes un jour pour visiter les écueils du grand Port, d'où proviennent la plupart des coquilles qu'on vend au marché. Arrivés à la grande Rivière, nous trou- vant trop faible pourcontinuercettelonguecourse, nous nous rabattîmes sur les îlots aux Cerfs, situés fort près de terre. Nous y trouvâmes une grande quantité de Dolabelles, deux autres espèces d' Aply- sies, et notamment le genreNotarchedeM. Cùvier, qui n'en diffère pas, plusieurs Doris, des Strombes, ZOOPHYTKS. 361 des Holothuries, la Bulle Banderole , dont l'animal est moins élégant que celui de la striée, et une Bullée admirable pour le beau velouté de son bleu foncé. Voilà ce que, dans quelques heures, nous donnèrent de plus remarquable ces eaux chaudes et paisibles. En les fréquentant dans des saisons diverses, on doit nécessairement y rencontrer dif- férentes espèces d'animaux. Mais nous regretterons toujours de n'avoir pu faire une station au grand Port , afin d'aller tous O 7 les matins sur ces récifs avant que la brise ait troublé la transparence de l'eau. Nous sommes parti de ce lieu sans pouvoir dessiner dans tout son développement l'animal de l'Ombrelle et celui de la Harpe à petites côtes. Le Mollusque de cette coquille, qu'on ne trouve qu'à l'Ile-de-France, peut seul indiquer par sa forme et ses couleurs si c'est réellement une espèce ou seulement une variété. Indépendamment du léger aperçu que nous ve- nons de donner, les rivages fournissent un grand nombre de Mollusques, de Crustacés, d'Echino- dermes, d'Astéries et de Zoophytes, tous plus ou moins bien connus. Les eaux des rivières abondent en Néritines, en Navicelles, en Mélanies de plu- sieurs sortes. Nous devons à M. Théodore Delisse, jeune ha- bitant plein de zèle et d'instruction, de nous avoir conduit sur la montagne du Pouce, dans la loca- lité où se trouve une assez singulière Limace, 3fi2 ZOOLOGIE. ignorée jusqu'à ce jour. Nous y recueillîmes en même temps un très-petit Cyclostome à tenta- cules rouges. C'est dans le trou Fanfaron , à la carène des vieux navires, ou sur les morceaux de bois qui séjournent depuis long-temps dans l'eau, qu'il faut aller chercher le Polypier flexible, qui forme notre nouveau genre Dédale. Dans cette eau pai- sible, il se développe très-promptement en touffes ramifiées. A sa forme on le prendrait même pour un fucus. Il faut beaucoup d'attention pour en apercevoir les Polypes , qui sont blancs. Enfin, si nous joignons à cela les oiseaux, les poissons et les végétaux, il n'est pas d'ile qui, re- lativement à son peu d'étendue, possède plus de variétés dans les productions de la nature. L'his- toire complète en sera faite quelque jour, nous n'en doutons point , par les enfants mêmes de cette heureuse contrée, sans égale pour l'hospita- lité. Les Créoles de l'Ile-de-France joignent, à la sagacité qui les distingue; la persévérance qui as- sure le succès. CAP DE BONNE-ESPERANCE. On suppose bien qu'une grande baie située au- delà du tropique par 33° de latitude, ouverte et exposée à l'action d'une mer sans bornes, ne doit pas être riche en Mollusques, encore moins ZOOPHYTES. :56:i en Zoophytes. Une partie de la cote est sablon- neuse , et ne présente rien à recueillir. Celle qui commence au-dessous de la ville, et s'étend fort loin, est formée de rochers sur lesquels croissent de nombreux fucus. C'est parmi eux que cer- tains Mollusques nus cherchent un abri. Nous y trouvâmes autrefois des Polycères, division des Do- ris, que nous n'avons rencontrées nulle autre part. Dans les branches ou les racines de ces végétaux marins adhèrent plusieurs sortes de Patelles , comme celle en bateau, la Scutellaire, la Granu- laire , ainsi que des Sabellaires , et beaucoup de Polypiers flexibles. Parmi les Patelles, il ne faut pas confondre les Siphonaires , qui s'y trouvent mêlées en petit nombre. Joignant à ces animaux des Troques, des Pourpres, des Crépidules, des Oscabrions, des Holothuries, des Oursins, des As- téries et quelques Crustacés , nous aurons à peu près l'ensemble des êtres sans vertèbres que pro- duit cette côte. Les Buccins Onde et Agate sont propres à cette localité. Ils se tiennent à une assez grande profondeur. Quoique aveugles, ils se portent à l'aide de l'odorat sur la chair qu'on coule au fond pour servir d'appât. C'est par ce moyen, ou à l'aide de la seine, que nous pouvions nous procurer ces Mollusques, que nous n'avons jamais aperçus sur le rivage. Comme on n'arrive dans la baie de la Table que dans la belle saison , et que les vents et la chaleur 304 ZOOLOGIE. ont desséché la végétation de la plaine, nous ne pûmes étudier les Mollusques terrestres, dont on trouve les enveloppes sans l'animal. On peut re- commander aux naturalistes qui se trouveront sur les lieux dans des circonstances plus favorables, de les faire connaître dans tout leur développe- ment. SAINTE-HÉLÈNE. Cette île volcanique placée au milieu de l'O- céan, ayant des cotes abruptes et sans ports, n'offre aucun abri aux animaux qui font notre étude. Il ne doit donc se trouver sur ces rochers battus par la mer que ceux qui , par leur nature, peuvent vivre en pareil lieu, comme les Troques, les Turbos et les Patelles. On aperçoit de ces der- nières sur les rochers du débarquement où la mer déferle. Par cette cause , les Polypiers coralligènes n'ont pu se fixer et s'étendre en ceinture autour de cette île, dont les eaux sont profondes ; ou, s'il en existe, ce ne sont que de petits groupes qui ont pu trouver un abri dans quelques petites criques. Ce que nous avons rapporté de plus remarqua- ble de l'île Sainte-Hélène, ce sont de grosses Hélices à ouverture rétrécie, épaisse et rebordée comme les Struthiolaires, que nous devons à l'obligeance de M. Robert Francis Seale, qui les a trouvées en- ZOOPHYTES. 365 fouies en grand nombre dans de l'argile blanchâ- tre, au sommet des montagnes. Leur aspect et cette circonstance semblent indiquer que ces co- quilles , qu'on ne trouve plus vivantes, sont fos- silisées. Toutefois, nous en avons vu un individu dans la collection de M. de Férussac, qui était remarquable par sa transparence et sa légèreté. Le temps ne nous a pas permis de visiter la lo- calité où l'on recueille ces Hélices. Nous devons au même naturaliste, M. Seale, une autre petite espèce nouvelle qui vit dans l'île. ASCENSION. Ce que nous venons de dire de Sainte-Hélène s'applique également à l'Ascension, qui paraît être d'une origine moins ancienne. Les bancs de po- lypiers et de coquilles, finement pulvérisés, dont on fait de la chaux, indiquent qu'autrefois les lo- calités ont permis à ces animaux de se développer en abondance. Des éruptions étant survenues ensuite, les auront fait mourir et recouverts en partie. Toujours est-il qu'au mouillage de Sandy- Bay, il n'y a plus en grandes masses de polypiers pierreux vivants, et tout le sable blanc qu'on voit sur les plages est formé de leurs débris atténués par la force de la mer. Les Sabelles s'en servent pour construire leurs tubes, qu'elles agglomèrent en petits massifs. 366 ZOOLOGIE. Les rochers battus par la mer donnent des Patelles , un petit Buccin , des Littorines et une Pourpre remarquable par les trois ou quatre points réguliers de sa columelle blanche. Une affreuse aridité règne dans toute cette île, entièrement couverte de scories et de cendres, si ce n'est au sommet du piton le plus élevé où la verdure paraît avec les nuages qui l'entretiennent. Dans ce lieu seulement nous avons trouvé sous les pierres une Limace que la localité nous fait supposer indigène. Dans cette énumération faite toute de mémoire, il aura pu sans doute nous échapper de mention- ner l'habitation de plusieurs animaux ; mais s'ils sont de quelque importance et s'ils méritent de figurer dans l'ouvrage , on les retrouvera facile- ment à leur place avec l'indication de la localité qu'ils habitent. ZOOPHYTES. 307 MOYENS de conserver les collections de zoologie a rori> d'un vaisseau. Après avoir indiqué les différents lieux où l'on peut se procurer des objets d'histoire naturelle, il faut connaître approximativement quels sont les moyens dont on peut avoir besoin pour les re- cueillir et les conserver. Tout ce qui a été écrit sur ce sujet est sans cloute fort bon d'intention , mais que de choses oiseuses, dont il est impossible de se servir et de tenir compte , ont été indiquées par des personnes qui ignoraient l'emménagement d'un navire. Dans notre premier voyage , nous embarquâmes scru- puleusement une énorme quantité d'objets divers qui avaient été notés comme indispensables par des personnes instruites , mais qui , n'ayant pas navigué, ignoraient l'espace dont on peut disposer. De sorte que tout ce matériel propre aux collec- tions ne pouvant servir, se détériora, et fut en partie jeté à la mer pour faire de la place. Ici 3GS ZOOLOGIE. comme en toutes choses les moyens les plus simples sont les meilleurs. Il est vrai que la nécessité y foi-ce bientôt et tout naturellement. Nous allons, en quelques pages, réduire à leur plus simple expres- sion nos procédés qui, après trois ans de mer, ont fait arriver dans un bon état nos collections au Muséum. MAMMIFERES ET OISEAUX. Après le procédé de l'empaillage, l'essentiel est de les laisser parfaitement dessécher au soleil pen- dant plusieurs jours. Dans les lieux où ses rayons n'ont pas assez de force, et où les pluies pénè- trent tout d'humidité, on a à craindre la moisis- sure et la pourriture. Nous placions alors nos animaux, enveloppés de linge, dans une boîte de fer-blanc que nous exposions , quand cela était possible, à la douce chaleur du four. Ce procédé demande les plus scrupuleuses précautions par la nature vénéneuse de la préparation dont on se sert. On ne doit même en confier le soin à per- sonne. Lorsque, entre les tropiques , le temps est à la pluie, et qu'on a de grands Mammifères à prépa- rer à bord, il faut beaucoup d'attention pour ne pas voir le poil se séparer de la peau. ZOOPHYTES. 369 Les Mammifères et les Oiseaux, parfaitement desséchés , sont serrés dans des caisses en bois , bien faites, d'une dimension convenable et ma- niable, dont tontes les coutures seront enduites de brai et recouvertes de limandes de toile gou- dronnée. Nous pensons qu'il est inutile d'enve- lopper ou de séparer les individus avec du papier, qui tend trop à s'emparer de l'humidité. Les caisses, ainsi préparées et placées dans l'endroit le plus sec du navire, peuvent rester d'un an à quinze mois sans être visitées; ce qui doit être toutefois subor- donné au temps qu'il aura fait. Les Mammifères amphibies ou complètement aquatiques, comme les Phoques, les Douyongs , les Dauphins, dont la peau est épaisse et huileuse, doivent être enfermés séparément, ou mieux plon- gés dans une forte saumure qui en conserve par- faitement les parties les plus délicates. Toutes les parties du squelette doivent être soigneusement conservées , car ce n'est souvent que par leur aide qu'on peut arriver à la connaissance exacte de l'espèce. Possède-ton plusieurs individus de petits Mam- mifères, il faut en mettre au moins un dans l'es- prit-de-vin pur, après lui avoir largement ouvert le ventre. C'est encore le meilleur moyen pour une espèce qui serait unique et rare. C'est ainsi que nous procédâmes pour un jeune Babiroussa , qui n'était cependant pas un petit animal, lequel Zoologie, t. iv. ?4 370 ZOOLOGIE. mourut à bord. Ce procédé est encore bon pour avoir des squelettes d'oiseaux bien entiers. Les anatomies doivent être faites autant que possible sur les individus frais. Pour toutes ces préparations il est essentiel de noter la localité , la couleur du pelage , qui peut changer, celle des yeux et de toute partie colorée, le sexe, le genre de nourriture , la forme de la lan- gue si ce sont des oiseaux. On peut même, comme nous faisions, laisser cette dernière dans le bec. Les notes seront écrites sur du parchemin, fixées à chaque animal , et reportées sur un registre pour plus de sûreté. Pour les individus mis dans l'al- cool , elles seront également sur le parchemin et à l'encre ordinaire, qui se conserve très-bien. Il n'en est pas ainsi de l'encre de Chine, qui peut se dissoudre et s'effacer. REPTILES ET POISSONS. Pour toutes les parties du règne animal qui vont suivre, moins les Papillons et quelques Coléoptères, nous pourrions terminer ici nos instructions , en disant qu'on peut les conserver dans l'esprit-de-vin renouvelé de temps en temps. Ce que nous allons ajouter se réduira donc simplement à cela, sauf quelques légères modifications à apporter à cet uniforme procédé. ZOOPHYTES. 371 En général les Reptiles terrestres, les Serpents d'eau , conservent parfaitement leurs couleurs dans l'esprit-de-vin. Il n'en est pas de même des Amphibiens, chez lesquels elles s'altèrent plus ou moins. Aussi après les avoir dessinés ou au moins décrits sur-le-champ, il faut pratiquer plusieurs ouvertures au ventre des Serpents, entre les grandes écailles; autrement les gaz qui se développeraient dans les intestins, les faisant surnager au dessus de la liqueur, avant qu'ils en soient suffisamment pénétrés, on les verrait se gâter assez promptement. Il n'est pas besoin de dire qu'on ne doit cher- cher à conserver que les peaux desséchées des Rep- tiles et des Poissons de grande taille. Elles doi- vent être visitées assez souvent, parce que nous avons l'expérience qu'elles s'altèrent facilement. Il faudra même éviter de les placer avec d'autres objets qu'elles pourraient altérer dans leur dé- composition. De tous ces animaux les Poissons étant les plus nombreux, voici le moyen dont nous nous ser- vions. Celui de les laver à l'eau douce, de les coudre ensuite dans un petit sac de toile , bon en lui-même, est impraticable sur un navire, où il faut opérer promptement et s'occuper instanta- nément de plusieurs choses à la fois. En arrivant dans un port nous avions toujours sous la main six grands bocaux contenant de l'esprit-de-vin 9.4* 372 ZOOLOGIE. pur, dans lequel nous jetions les Poissons que nous nous procurions , après leur avoir ouvert le ventre, sans endommager les intestins. On ne vide en partie que ceux qui les ont remplis d'excré- ments et de vase. Encore faut-il chercher à les conserver avec tous leurs viscères, quand ce sont des espèces rares. Ceux qui ont de brillantes cou- leurs doivent être dessinés sur-le-champ, ou au moins décrits, si cela n'est pas praticable. Ces Poissons demeurent ainsi pendant toute la relâche, c'est-à-dire i5 à 20 jours, après quoi ils sont changés de liqueur, et placés par ordre dans des bocaux dont ils ne doivent plus sortir. Il faut éviter de trop les entasser, pour qu'ils ne se gâtent pas. Les bouchons de liège, préparés d'avance dans le port , étant bien adaptés et lûtes avec du brai sec, qui est la composition la plus commode et la plus simple dont on puisse se ser- vir , on forme des caisses qui ne doivent pas dé- passer deux pieds au carré. Mieux vaudrait, si cela était possible, avoir des caissons dans lesquels on pourrait examiner quelquefois l'état de conser- vation des animaux; car si le navire est d'une petite dimension, il n'est pas toujours facile d'a- voir les caisses sous la main , pour en renouveler l'esprit-de-vin. C'est ainsi qu'il nous est arrivé de perdre plusieurs bocaux de Poissons. Après huit mois ou un an, selon la chaleur ZOOPHYTES. 373 des latitudes qu'on parcourt, il faut changer la liqueur, et enlever les individus dont l'altération pourrait gâter tous ceux d'un vase. Dans les pays extrêmement chauds, il arrive quelquefois qu'on apporte de loin des Poissons curieux , mais déjà altérés. Il faut alors les fendre dans presque toute leur longueur, en enlever le plus de chair possible, sans altérer la peau, et les conserver ainsi dans l'esprit-de-vin le plus fort. De toutes les parties de la Zoologie , c'est celle qui demande le plus de soin , et pour laquelle il faut réserver l'alcool le plus fort. On s'en munit bien en partant d'une assez grande quantité; mais , à moins que d'avoir un très-grand navire , on ne peut en prendre pour toute une campagne. Toutefois dans l'état actuel des choses, on trouve du rum ou de l'arak dans presque toutes les relâches où l'on s'arrête pour y faire des vivres , et l'on peut facilement renouveler sa provision. En se servant de ces liqueurs, dont la force ne dépasse guère dix-huit ou dix-neuf degrés, il faut les chan- ger plus souvent, et prendre garde de ne pas mettre trop d'animaux dans chaque vase. Sans connaître bien précisément les rapports du liquide à la masse de l'objet à conserver, nous croyons que lorsque ce dernier sera enveloppé de trois fois son volume , il sera dans le cas d'être parfaite- ment et long-temps conservé. 374 ZOOLOGIE. MOLLUSQUES. Nous avons déjà indiqué dans cet ouvrage que tous les Mollusques se conservaient parfaitement dans l'esprit-de-vin , et que l'eau saturée de sel ou de deutochlorure de mercure, le vinaigre dont on s'est quelquefois servi à son défaut, ne le rem- plaçaient qu'imparfaitement. Vingt degrés est la force qu'il doit avoir pour ne pas trop racornir ces animaux. On peut le mettre pur si on est forcé d'en entasser beaucoup à la fois. Il est des Mollus- ques qui rejettent une si grande quantité de mu- cus , lequel se coagule aussitôt autour d'eux, qu'il est bon, pour que la liqueur les pénètre , de les changer quelques jours après qu'ils y ont été mis. Il faut casser l'extrémité de la spire de ceux à coquille, pour que le foie qu'elle contient puisse se conserver. Autrement on ne trouverait à la lon- gue que la portion antérieure de l'animal. On en trouve où l'on brise un peu les bivalves, pour que l'alcool pénètre leur intérieur. La coquille doit toujours accompagner l'animal, pour en détermi- ner le genre et l'espèce , à moins qu'elle ne soit trop grosse, dans lequel cas on la conserve à part, après avoir introduit dans le flacon une note écrite sur parchemin. Il est des Mollusques, comme les Ptérocères, les ZOOPHYTES. 375 Cônes, les Mitres, les Vis, certaines Cérites, qui sont d'une grande dureté, et extrêmement diffi- ciles à casser convenablement sans endommager l'animal. La sagacité du naturaliste pourvoira à ce qui doit être fait en pareille circonstance. Nous avons dit ailleurs qu'un étau fixé était très-com- mode pour cela. ZOOPHYTES. Il est de ces animaux qui sont si peu consis- tants, comme certaines Médusaires de grande taille, qu'il serait inutile de chercher à les conserver. D'ailleurs les modifications que l'esprit-de-vin leur aurait fait subir ne les rendraient presque plus reconnaissables. L'habitude de les toucher fera facilement reconnaître ceux qui peuvent être gar- dés dans la liqueur pure , de ceux qui ne l'exigent qu'à seize ou vingt degrés. C'est un excellent moyen pour conserver les êtres les plus fragiles, comme , par exemple , les Polypiers flexibles dont les animaux gardent toutes leurs formes. Les vases doivent être de petite dimension et très-multipliés. Indépendamment de notre grande collection, nous avions toujours sous la main plus de six cents bocaux, de deux à trois pouces de hauteur, contenant tous les Mollusques et les Zoophytes qui avaient servi à la confection de 376 ZOOLOGIE. plus de quatre cents planches in-4°. Nous ajou- tions de six mois en six mois , quelquefois plus tôt, ce que l'évaporation avait enlevé à chaque bocal. Leur petitesse détermine à les visiter sou- vent, car pour peu qu'ils soient mal bouchés, l'esprit-de-vin s'en va, et les animaux se gâtent. Nous proposerions, à cet effet, des vases de cette grandeur, à large goulot, bouchés àl'émeri, ce qui préviendrait l'évaporation , et dispenserait du fas- tidieux travail qui consiste à luter de nouveau un aussigrand nombre de flacons. Les objets ne doivent pas être trop entassés; et lorsqu'ils sont petits et délicats, on peut les séparer avec de petites plaques de liège, ou les envelopper en partie dans des rondelles de cire. C'est dans une si grande diversité de choses qu'il est nécessaire que le plus grand ordre règne pour ne pas confondre les localités. Les voyageurs doivent bien se persuader que ce n'est pas sur un vaisseau, avec le peu de livres qu'on emporte , qu'il est facile de déterminer régulièrement les espèces ; aussi suffit-il d'arriver à la connaissance du genre, ou même de l'ordre, pour y poser un numéro comme servant de reconnaissance. L'or- dre géographique est le plus convenable, et le seul qu'on puisse suivre dans un espace aussi resserré. Nos récoltes de chaque relâche en petits Mollusques et Zoophytes étaient placées dans une ou deux boîtes, selon le nombre des flacons, ZOOPHYTES. 377 qui portaient écrit sur leur bouchon un numéro en série indéterminée, c'est-à-dire depuis i jusqu'à 600 et au-delà, et de plus, au-dessous, la quantité de choses que chacun d'eux contenait. Ces étiquet- tes étaient rapportées sur un catalogue particulier. Nous insistons beaucoup sur l'ordre qu'on doit apporter dans l'arrangement des collections, parce que c'est presque toujours par là qu'on pèche, et que cette négligence retardera de beaucoup l'enregistrement exact des êtres par localités. COQUILLES , ETC. On ne doit conserver dans la liqueur qu'un petit nombre de Mollusques de la même espèce avec leur test. Les coquilles seront mises dans des boîtes, et enveloppées de coton oud'étoupe, pour ne plus y toucher jusqu'au lieu de leur destina- tion. Quoique la coction dans l'eau soit un moyen qui altère l'éclat de quelques-unes , il n'en est souvent pas d'autres et de plus expéditifs dont on puisse se servir. On emballera également, et avec plus de précautions encore, les Crustacés, les Oursins, les Astéries, les Madrépores, les Poly- piers flexibles, les Éponges, etc., qu'on trouve fré- quemment desséchés sur les plages et dans un état parfait de conservation dont la nature a fait tous les frais. 378 ZOOLOGIE. CRUSTACES ET INSECTES. Si les Crustacés se conservent parfaitement dans l'esprit-de-vin pur, les couleurs de la plupart en souffrent beaucoup. Il en est qui deviennent uniformément rouges : ce sont les Crustacés d'eau douce surtout. Cependant il en est quelques-uns dont les teintes résistent assez bien à ces immer- sions. On peut se contenter de simples esquisses pour fixer de suite leurs couleurs, car ces animaux ont une si grande quantité de détails , qu'on ne peut pas toujours y donner le temps convenable. Parmi les Insectes, il n'y a à proprement parler que les Araignées, des Orthoptères et quelques Coléoptères qui puissent être conservés par ce moyen ; encore ne doit-on s'en servir pour les Coléoptères que quand on est trop pressé ou qu'on manque d'espace , parce qu'il en altère tou- jours un peu l'éclat. Comme à l'époque où nous écrivons ceci on s'occupe beaucoup de recueillir des objets d'his- toire naturelle, il sera bon d'avoir sous la main des réserves pour faire des échanges dans les diverses relâches où il se trouve des amateurs possédant des collections. ZOOPHYTES. 379 Le complément de cette note sur la manière de conserver les collections zoologiques est rémuné- ration des choses indispensables à embarquer pendant une campagne de trois ans, sur un navire de moyenne grandeur, comme ceux dont on se sert dans de semblables missions , c'est-à-dire de quatre à six cents tonneaux. Savoir : Esprit-de-vin incolore à 3a degrés *. 600 litres Estagnons en cuivre pour contenir l'es- prit-de-vin **. 3 Petite pompe à main pour le soutirer. 1 Pèse-liqueurs pour mesurer sa force. 3 Bocaux de 20 litres. 4 Id. de 10 id. 24 Id. de 5 id. 5o Id. de 3 id. 100 Id. de 2 id. 100 Id. de 1 id. i5o Id. de r/2 id. 200 Id. de 1/4 id. 3oo Id. d'au-dessous un quart de litre jus- qu'à une once de liquide. 400 * Ce qui ne dispensera pas de prendre de l'arak ou du rum dans les relâches où l'on renouvelle les vivres. ** Ce sont des vases ronds ou carrés, ayant à leur face supérieure une petite ouverture fermée à vis. 380 ZOOLOGIE. Flacons à large ouverture, bouchant à l'émeri , d'un litre 1/2. 4 Idem plus petits pour mettre dans la poche. 6 Bouchons de liège préparés et adaptés aux bocaux. 1,400 Couteaux à liège. 2 Râpes à bois. 2 Une série de neuf numéros en poinçons. 1 Emporte-pièce de sept lignes de dia- mètre. 1 Plomb laminé de 3/4 de ligne d'épais- seur pour étiquettes. 2 pieds carrés. Brai sec. 3o livres. Casserole en cuivre pour le faire fondre. 1 Pinceaux ou brosses. 4 Vieux papier fort. 20 Vieux linge. 20 Coton pressé pour empailler. 20 Étoupes pour emballer les bocaux. 100 Savon arsenical dans un baril enveloppé. 5o Boîte ronde en fer-blanc pour s'en ser- vir, de 6 pouces de hauteur. 1 Boîte complète de scalpels. 3 Couteaux en forme de scalpels. 3 Pierre à rasoirs. 1 Aiguilles à coudre de diverses grandeurs. 100 Fil blanc à coudre. 1/2 livre. Loupes simples. 3 Loupes doubles. 3 Chalumeaux en verre droits et recourbés. 12 Parchemins en feuilles. 6 Boîtes carrées en fer-blanc , pour ser- vir à divers usages, rentrant les unes dans les autres. La plus grande aura 18 pouces de longueur et un pied de largeur. (> ZOOPHYTES. 381 Boîtes à insectes en bois , garnies de liège, fermant parfaitement bien, de dix pouces carrés. Épingles assorties. Camphre. Fusils de chasse doubles portant loin, avec leur fourniment. Fusil simple très-lGng ou canardière. Numéros. Plomb de chasse de diverses grosseurs , 600 livres. 20 ,000 !\ livres. 2 1 10 livres. 20 100 i5o i5o Cendrée. 170 Poudre fine à tirer, quantité suffisante. Marteaux pour la minéralogie. 3 Étamine blanche pour les filets à Mol- lusques et à Insectes. 3o aunes. Arceaux en cuivre, montés sur des man- ches en bois de quatre pieds , pour la chasse aux Insectes. 4 Idem pour les Mollusques sur des man- ches en bois flexible, de dix à douze pieds de longueur. 3 Fil à voile retors pour le filet que traîne le navire. 20 livres. Papier vélin. 3oo feuilles. Boîtes de couleurs complètes. 2 Crayons en bois. 6 paquets. Gomme élastique, colle à bouche, etc., etc. FIN DU OUATRIEME F.T DERNIER VOLUME. TABLE DES MATIERES < ONTENUES )uns le quatrième Uolumc be la 3ooloa,ic > DU VOYAGE DE L ASTROLABE. A. Pages. Actinies. i3o Actinie magnifique. 1 40 — aurore. 141 — violette. 142 — à globules. i43 — brun rouge. 144 — piquetée. i45 — pelagienne. 146 — vase. 147 — rouge et blanche. 148 — de Dorey. 149 — clou. i5o grêle. i5i arborescente. i53 alcyonoïde. i54 villeuse. i56 azur. 1 57 tuberculeuse. i58 384 TABLE DES MATIÈRES. — viridule. — de Tonga. — striée. — mamillaire. — à courts tentacules. — des Papous. — cannelées. Alcyons. Alcyon glauque. — vert. — éventail. — tuberculeux. — rameux. — des Amis. — orangé. — flexible. — jaune. — imbriqué. — terminal. Alcyoncelle spécieux. Algésiras (observations zoologiques). Alvéopore vert. — rouge. Amboine (observations zoologiques). Anse des Courants (observations zoologiques). Ascension (observations zoologiques.) Astrée (genre). Astiée caliculaire. — verte . — anomale. — ananas. — annulaire. — cardère. — diffluente. — d'Amboine. — brune et verte. — galaxie. »ï 160 i63 164 164 iG5 i65 166 269 270 279 273 274 275 276 276 279 280 281 283 302 3io 240 242 345 328 365 »99 200 204 2o5 207 209 210 212 2l3 2l5 2l6 TABLE DES MATIERES. 5S.» B. Raie des Chiens-Marins (observations zoologiques). 3 17 — des Iles (observations zoologiques). 33o Batavia (observations zoologiques). 358 Béroés (division des). 36 Béroé allongé. $7 Borlasie à cinq lignes. 284 — striée. 286 — à bandelette. 287 — verte. 288 — tricuspide. 289 de la Nouvelle-Zélande. 290 — à quatre points. 291 Bourou (observations zoologiques). 348 — violette. — verdàtre. D. Zoologie, t. IV. 25 Cap de Bonne-Espérance (observations zoologiques). 36a Carybdée bicolore. 29;* bitentaculée. 29^ Caryophyllie fasciculée. T9° Célèbes (observations zoologiques). 343 Clavulaire verte. 2"° 262 CORNULAIRES. 2"4 Cornulaire multipinnée. 2°5 268 Dédale de Maurice. 299 Dendrophyllie rougeàtre. 19" Diémen (ile de Van-) (observations zoologiques). 3i6 386 TABLE DES MATIERES. DlPHYDES. 8l Diphye Bory. 83 _ Abyla. 87 — Calpé. 89 de Bass. G. 91 capuchon. 92 cucubale. 94 nacelle. 95 tronque'e. 97 cuboïde. g8 ennéagone. 100 tétragone. 101 à cinq dents 102 hispide. io3 douteuse. 104 de Praya. 106 Fongie (genre). 78 Fongie actinie. 1 80 — à gros tentacules. 182 Galéolaire austral. 42 — à quatre dents. 45 Goniopore pédoncule. 218 Guam (observations zoologiques). 353 H. Héliopore bleu. 252 Holothuries. ïo8 Holothurie ananas. no TABLE DES MATIERES. 387 Son anatomie. 112 Holothurie flammée. 117 — e'pineuse. 118 — orangée. 1 20 — jaune. i3o — bandelette. 1 3o — tuberculeuse. i3i — monotuberculée. i3i — à raies blanches. i32 — ponctuée de brun. . i32 — fasciée. i33 — lucifuge. i34 — ophidienne. i34 — fauve. 1 35 — pentagone. i35 — terre de Sienne. i36' — linéolée. i37 — miliaire. i37 — de Guam. i37 — de Maurice. i38 Ile-de-France (observations zoologiques). 35g Jervis (baie) (observations zoologiques). 3î3 Lobophyllie anguleuse. 10^ — orangée. *9J Localités zoologiques. ^07 i'j K* 3W TABLE DES MATIÈRES. M. Madrépores. 229 Madrépore abrotanoïde. 2.33 — plantain. 234 — prolifère. 235 — pocillifère. 236 Malouines (îles) (observations zoologiques j. 3i5 Mainillifère cercle'e. 169 — verte. 170 — verte et brune. 171 — jaune. 172 — fauve. 173 — deVanikoro. 174 Méandrine ce'rébriforme. 224 — sinueuse. 227 Médusaires. 293 Montevideo (observations zoologiques). 3 1 4 Montipore verruqueux. 247 Moyens de conserver les objets de zoologie. 367 N. Nouvelle-Guinée (observations zoologiques). 338 Nouvelle-Hollande (observations zoologiques). 3 16 Nouvelle-Irlande (observations zoologiques). 337 Nouvelle-Zélande (observations zoologiques). 328 o. Oïkopleure bifurquée. 3o4 Orythie incolore. 297 TABLE DES MATIERES. :w.) R Physogrades. 46 Physsophore blanche. 53 — intermédiaire. 56 — australe. S'j — discoïde. 5g Pisang (île) (observations zoologiques). 342 Pocillopore corne de daim. 244 Polyphyllie (genre). 184 Polyphyllie bassin. i85 Porite congloméré. 249 Port du Roi-Georges (observations zoologiques). 3 18 Port-Jackson (observations zoologiques). 224 Port- Western (observations zoologiques). 3a 1 R. Rio-de-Janeiro (observations zoologiques). 3 12 S. Sainte-Hélène (ile) (observations zoologiques). 3o4 Sandwich (îles) (observations zoologiques). 334 San-Iago (ile) (observations zoologiques). 3i2 Stéphanomies. 61 Stéphanomie hélianthe. 63 — melon. 65 — hippopode. 67 — triangulaire. 70 — imbriquée. 7 ' — heptacanthe. 7^ — ■ foliacée. 74 — ruche. 76 — à vrilles. 79 390 TABLE DES MATIÈRES. T. Tasman (baie) (observations zoologiques). 327 Te'nériffe (île) (observations zoologiques). 3 14 Timor (île) (observations zoologiques). 349 Tonga-Tabou (île) (observations zoologiques.) 33 1 Toulon (observations zoologiques). 309 Tridacophyllie laitue. 221 Tubipore rougeâtre. 257 Turbinole'e rouge. 188 Vaigiou (observations zoologiques). 34 1 Vanikoro (observations zoologiques). 25 1 Vers apodes. 284 Zoanthaires pierreux. 175 Zoophytaires. 255 Zoophytes (considérations générales sur les). 1 UN DE LA TAbLE DES MATIERES.