AL IAE OL | | | # Mt ou G 0 ? = 4 * hé à 4 : IE MT NE UM Ru RAT CN : ne l : v Ë tL 14" Wii + 4 : | (l TA He À PUAÏ VITE t FL Cr y 1 ALT i Ne D'OR TAU DANSE Eu 1 int 7 f MERE Coeur En ail L LA * ' ‘ à . . ÿ L « = ; [Ed + ; ' , vi VOYAGE A'LA NOUVELLE GUINÉE. * . « % s LIBRARY NEW YdRk ÆBOTANICAL . GARDEN, 4 VOYAGE A LA NOUVELLE GUINÉE, Dans lequel on trouve la defcription des Lieux, des Obfervations phyfiques & morales, & des détails relatifs à l'Hiftoire Naturelle dans le Regne Animal & le Regne Végétal. Par M SONNERAT, Sous - Commiffaire de la Marine, Naturalifle, Penfionnaire du Roi, Correfpondant de fon Cabine & de l'Ac:démie Royale des Sciences de Paris, Affocié à celles des Sciences ,| Beaux-Arts 6: Belles-Lettres de Lyon. EE ee, Enrichi de cent vingt Figures en taille douce. == ”/ Me == A PA RS, Chez RUAULT, Libraire, rue de la Harpe. a al grogne moe à MUBCGCE XX VI LIBRARY NEW YORK BOTANICAE GARDEN #: . ; Ai / ML An VOA)! A TENTE * PARIT 2, Dre î « y Le! [OLs y FrORMEN : a ‘ D ANT LE bi PRPESNTà H # var (mA E PIT E DEÉDICATOIRE À MADAME P'* = LIBRARY f NEW YORK ADAME, BOTANICAL GARDEN Gn> voux grfentaur l& telations de mon Poyage : Je vou tend un Aommage De gen de valeur- eu lur-même ; mais vous le Jugetezo glus favorablement. , Ji vous ne Le tegatdexo 7e Comme, un bibuz- de ma tecounoi#auce , E ÉPITRE DÉDICATOIRE. l'expression der fentimena. que minfpite le 9 Louhenr- De: VOUX— «a attenir” 4 jé Les ATTE du D a Jaug. Des otre Jz Juste vous teudtonur) smdulqente fer lee defaut de MOT Ouvtage., & voñe, apptobation lui gaquetæ Dee fiffrages. CP Pa OU M AV1E29 tecommande , er AE 99 w attacher” & obferver- AS gPuincipaux0 haité_ qui catacterifeut_ AE mœuté— Dex Rommez_ en? général. A CPE tecOuuu que L’efptit & la beauté, qui VOUS distinguent T2 avotablemeut_ , exetcenrT fur toute la lette. um gouvoir- fouvetain, & ‘difpofeur. HPSERE der optutous. Fa CR d’é ?) at ouueur” 0 elte, avec un geofos tespect, MA DA M FE, Done hres-humble 62 hes-oberhaut. erviteur- , SON NE IMR.A FT. PRÉFACE. ONSIEUR Poivre , Intendant des Ifles de France & de Bourbon, Magiftrat aufli zélé qu'inftruit, defiroit depuis long- temps procurer aux Colonies, dont le foin lui étoit confié dans les circonftances d’une guerre prochaine , des fecours en vivres, en effets de marine, &c. Il expédia pour cetobjet,en l’année 1769; la Flûte du Roi l'Ifle de France, commandée par M. le Chevalier de Coëtivi, Enfeigne des Vaifleaux du Roi, & fous fes ordres la Cor- vette /e Nécef[aire, commandée par M. Cordé , ———————— vii PACE FACE: ancien Officier de la Compagnie des Indes. M. Provoft, Commiffaire de la Marine, fut chargé d'examiner les produ@tions végétales des Ifles que nous allions parcourir. L'objet principal du Voyage étoit la recherche d'un tréfor qu'aucune Nation n'avoit encore en- trepris de déterrer. Son terme étoit les Ifles Philippines & les Terres des Papoux. Je fou- haitai & j'obtins d'être de cette expédition. Le defir de concourir autant qu'il feroit en moi à une entreprife utile, celui de voyager en des Pays où l’on aborde rarement; où l’homme, les animaux, les plantes, la nature entiere offre à l’Obfervateur un fpectacle nouveau, a été le feul motif qui m’ait engagé à faire ce Voyage. Aujourd'hui j'offre au Le@teur la peinture & BR ERA CE: ix & l'expreflion naïve des fentimens qui m'ont animé, en lui préfentant le Journal de mon Voyage. Mon buteft de le recommencer avec lui, d'en partager les fatigues & les délaffe- mens, les dégoûts & les plaifirs; de revoir. une feconde fois les Terres que j'ai parcourues, les Mers que j'ai traverfées , les Ifles où je fuis defcendu ; d’en fixer de nouveau la pofi- tion; d’obferver les mœurs des Habitans, la nature & la fertilité du fol, la variété des Animaux & des Plantes; enfin le Moral & le Phyfique, autant que les circonftances & le temps le permettent à des Voyageurs. LA Si je ne puis me flatter d'offrir un Ouvrage agréable, j'aurai du moins l'avantage de pré- fenter des objets nouveaux, & qui auront fouvent le droit d’étonner & de furprendre. £ P vRVE. FA; Cu E: * C’eft ce que l’on éprouvera fans doute, lorf- que je parlerai des Habitans des Ifles Philip- pines, foumis aux Efpagnols depuis deux cents ans , plongés encore, après deux fiecles de communication avec les Européens, dans l'ignorance la plus profonde ; aveuglés par des erreurs fans nombre , gouvernés par la fuperflition la plus abfurde , & qui annonce une Nation au berceau, reftée au point d’où elle éroit partie quand elle a commencé à fe rafflembler en corps de Peuple. Mais on verra ceshommes grofliers, auxquels.fEfpa- gnol n'a pu donner de loix, inftruits par la Nature, aigris, foulevés intérieurement con- tre le joug qu’on voudroit leur impofer ; en- nemis implacables de ceux qui ont fait fouf- frir tant de maux à leurs ancêtres, pour les forcer d'adorer la Croix, & toujours prêts à PRÉFACE. xj venger les cendres de leurs peres : ce qui prouve certainement que, dans tous Pays, l'amour de la liberté & l'horreur de l’oppref- fion font imprimés dans le cœur de tous les hommes. On verra aufli cette même Terre abandonnée à des Sauvages ftupides, cou- verte des végétaux les plus précieux, des animaux {es plus rares, & feule en pofieflion des tréfors que recherchent toutes les Na- tions. Le Leéteur indulgent n'exigera pas de moi des détails approfondis & minutieux; il fe rappellera, en lifant cet Ouvrage, que dans un Voyage où les objets font aufli multipliés que nouveaux, l'Obfervateur ne peut re- marquer que les mafñles, & faifir les traits les plus frappans; & que dans un Pays b 2 xij PRÆEFACE. dénué de fecours néceflaires à la fpéculation & à la pratique, il eft prefque impoflible de rapporter des defcriptions détaillées & nom- breufes, 9e TA B L'E DES CHAPITRES. Crar. I. DépA R T des deux Waiffeaux ; Navigation depuis l’Ifle de France jufqu'aux Ifles Séchelles ; De/criprion du grand Palmier de l'Ifle Praflin, vulsairement appellé Cocorier de Mer, pag. x Cuar. IT. Navigarion depuis les Ifles Séchelles jufqu'à l'Ifle de Trçon ; Remarques fur Pulo-Para & fur Pulo-Pifang; Dejcriprion de certe derniere Ifle, | I Cuar. IL. Defcrirrion de Cavire & de fon Port; Particularités fur deux Infeëles , 19 Cuar. IV. Séjour à Manille; Moœurs des Manillôis ; Dejcription des Gallions ; Maniere dont on les LT A°D'DE équipe pour le voyage d'Acapulco ; Produéfions de l'Ifle de Luçon , 2$ Cuar. V. Voyage dans l'intérieur des Terres ; Moœurs des Habitans ; Defcription de quelques Plantes, que les Indiens emploient dans leurs re- medes , 31 Cuar. VL Deftriprion de quelques nouveaux Oifeaux, obfervés à l'Ifle de Luçon, st Car. VII. Continuation du Voyage dans l'intérieur des Terres ; Defcriprion de quelques fruits inconnus , qui fe trouvent à l'Ifle de Luçon, 93 Cuar. VIIL. Départ de Cavire ; Navigation jufqu'à Antigue ; Defcription de quelques Oifeaux obfervés à Antigue , 104 CHar.IX. Navigation jufqu’à Sambouangue; Defcrip- sion de l'Ifle Mindanao , 127 DES 'CHAPATRES. Cuar. X. Defcriprion de l'Ifle d'Folo; Digreffon fur de Roi regnant de certe Ifle, 136 Cuar. XI. Navigation depuis Sambouangue juf- qu'à *** ($); Séjour à Pulo 3; Remarque [ur les Papoux , 146 Cuar. XII. Defcriprion de quelques Oifeaux de la nouvelle Guinée , 155 Cuar. XIII. Continuation de notre [éjour à Pulo ***; Remarque [ur les Habirans des Moluques, 182 Car. XIV. Continuation de notre [éjour à Pulo ***; Description des différentes fortes d'Epiceries que nous procurerent les Papoux, 19I ($) Des raifons particulieres ont empêché l’Auteur de nommer cet endroit, TABLE DES CHAPITRES, Cnar. XV. Départ de Pulo***; Retour à l'Ifl: de France, 20I VOYAGE MU: Re me — CHAPITRE PREMIER. Départ des deux Vaiffèaux ; Navigation depuis l'Ifle de France jufqu'aux Îfles Séchelles ; Defcriprion du grand Palmier de Plfle Praflin, vuloairement appellé Cocotier de Mer. LL LL ES apprèts néceffaires pour le voyage que nous allions entreprendre étant achevés ;, nous partimes du Port Louis de l'ffle de France, A 2 VO VS AMETE le 29 Juin 1771. Le bâtiment fur lequel j'étois embarqué, portoit cent quatre - vingt - dix hom- mes d'équipage, vingt-quatre pieces de canon, & huit pierriers. Il devoit faire route de conferve avec la Corvette du Roi le Néceffaire , montée de fix pieces de canon, & quatre pierriers. Les deux bâtimens ayant appareillé le matin, perdirent la terre de vue le foir , & avec un petit frais du fud-eft, nous mîimes la cap au nord. Le 3 Juillet, nous vimes une Ifle; nous cherchä- mes à en pafler au vent : mais ayant apperçu une chaîne de refcifs ou rochers, qui fe prolongeoït en- viron à deux lieues & demie à l’oueft-quart-nord- oueft , nous laifsämes arriver, & primes la bordée de left. Nous confultâmes nos cartes & nos Journaux; nous y cherchâmes inutilement l'Ifle qui étoit de- vant nous; jugeant qu'elle n’ayoit pas encore été reconnue, nous la nommâmes l’/fle Coërivy. Sa lati- tude fud fut déterminée à 7 deg. 7 min. & fa lon- gitude orientale à 5o deg, $9 min. Nous approchä- mes très-près de terre, L'Ifle nous parut aflez bien Vue des Isles Sechelles A LA NOUVELLE GUINÉE. 3 boifée | & fur-tout fertile en palmiers. Nous apper- çûmes à left une chaîne de monticules continues, jointes les unes aux autres ; Les terres qui font à l'oueft nous parurent bafles , & vers leur milieu, nous remarquâmes un arbre plus grand que les autres, qui reflemble aflez à un vaifleau prêt à mettre à la voile. Cette remarque, & la vue que j'en donne pourront pi, i Vue del'IN dans la fuite la faire reconnoître par les vaifleaux Cousy, & des Iles Sé- qui fréquenteront ces parages chelies, Le lendemain, nous eûmes connoiffance des Ifles Séchelles, dont on trouve la vue dans la II. Plan- che. Parmi les Ifles de cet Archipel, il y en a une que M. de la Bourdonnais défigna fous le nom de V’Ifledes Palmes, lorfqu'’il en fit la découverte en 1743 OU 1744. Cette Ifle, examinée de plus près en 1767, a été nommée l’/fle Praflin, nom que l’ufage, qui pré- vauten tout, a changé depuis en celui d’/fledes Pal- miers. C'eft fur cette Ifle qu’on trouva le palmier qui produit ce fruit fi recherché , qu'on n’avoit connu jufqu'alors que fous Les noms de coco de Mer, coco À 2 4 VOYAGE de Salomon , coco des Maldives. L’Ifle Praflin ou l'Ifle des Palmiers , eft jufqu'à préfent le feul endroit où l'on ait trouvé l'arbre qui produit ce coco (*). Ce fruit étant aflez rare, fa forme bizarre, fon origine inconnue, tout avoit contribué à lui accorder de grandes propriétés ,; & à faire ima- giner des fables fur fon exiftence, comme c’eft la coutume dans, tous les pays à l'égard de ce qui eft inconnu & fingulier. L'arbre qui produit le coco de mer, s’éleyant en beaucoup d'endroits de l'Tfle fur le rivage de la mer, la plus grande partie de ces fruits tombe dans les eaux, fe foutient à leur furface; le vent les poule, les courans , dont la direétion eft dans ces parages à l'eft-nord-eft, les portent jufques fur le rivage des Maldives , feule partie du monde où l'on avoit trouvé ce fruit avant la découverte de F'Ifle Praflin : ce qui lui fit donner ke nom de coco des Maldives par les €”) La defcription de ce palmier a été lue à ka Séance de l'Académie ; le 13 Décembre 1773. FE $ Sonnerat. el therese Martinek Se FE e- grand Palrruer de l'Lsle Prasln vuly arement cp) elle’ Cocoker de Mer. DR RE re ME dae es ES Qt AL A Lotion, Li D 2] pe «Eu . * CT AIT Rx. EEE nn be | ce Page Therese Martinet, S cup s "O7L envelope. J 1) jy) I) Le @co de Lisle Prashin dans P.Sornerat del. LE PTE PP 0 . Lage #. RS Q RS SRAN RE «| ANS RÉRNR P , Jormnerat del, Avril Jeulp Ze cos de liste Pras ln sort de son envelope ; pue du de qui & n oz Se grue RE à 1 - AZI | LCD CCC CC Z CC LL CAE 2 NN ANS N CL LL 7 LL L LA CL LL HA / TL, HOME, J'onnerat Del thèrese Martinek July 1. € oupe perpendculare du Coco de l'Isle Praskin 2. Coupe horiwsontale du meme Fruit LÉ FC, "series L ENSY LA + a Le n: - à DS Et map #' à “ot Div n | À = À tv ue Lee re + " LA LEA o n ES ! ’ } F LS Rs ne. EL ) lé. e ] , | : e SO > 6 d à 3 : . i v MU ::4 s EP L En “ L4 Le LL + t , / Li 2 | | | RE j À : 4 es ee de mn | 0 4 dpt apte lens de OR QE 27 4 à 3-00 at L 1 re | eur 1.8, - ei 1 # 3 L 3 4 x CE PRE NT? un CET" ; "1 h \ à a i «, dé’ 0 1 } F L). | | PAST RE OR Dt d gr EESTI FOENNE NZ 11e + ‘ ' , . ." | £ 1 4 à k DANS PET LOC ta ordi SU ppt 19 EPA MEN, 1e VRAIES, At ) è l Le : l'E { ‘ É : : er 1,1 Mai * 2! À L #4 | Ï ri » \ d p \ 2 DES . E ÿ : Er HET | À iii | 15 LIL TDR L. Sonnerats del terese Martwt, Sc Forton de Her mêle de Coco de [Isle Praslin » EAN Li aix Li du ( ne | 1 SLA ae: de Néeouwie À + ef LE Le Le Cru sde Qu Dé = « — Un OR «24 LS . ) They r LA E Le L : Fe, a + So 2. ire mcs-eobétt bte. mnt 111 +11 à 21 strate À Eee ll | pt: d'à - 14 ae NN amer: {l [La 12 1» Î pr. # À Yi : =. F | AI AR ' : ’ (fs U À \ F1 « £ MATE PAU" L'HRAN CALE w ° Le 10 TU H } {4 r | MA: 'ACHUTE à | FAN NDS ah 2 ü _ A 1 ar LUTTE in À A LA NOUVELLE GUINÉE. 5 Européens , & celui de sravarcarné par les Maldivois, ( qui veut dire tréfor ). Il fut enfuite appellé coco de Salomon, pour lui donner apparemment un nom qui répondit au merveilleux qu'on attachoit à fon origine. Ne connoiffant point l'arbre qui le produi- foit, ne le pouvant découvrir, on avoit imaginé que c'étoit le fruit d’une plante qui croifloit au fond de la mer, qui fe détachoit quand il étoit mûr, & que fa légereté faifoit furnager au-deflus des flots. Il ref- toit , pour achever la fable, à prêter à ce fruit fi extraordinaire les plus grandes & les plus rares pro- priétés. C'elt ce qui ne manqua pas d'arriver. On dé- bita, on crut, & l’on croit encore, non-feulement aux Indes, mais dans toute l’Afie, que Famande du coco de mer a toutes les propriétés que nous attri- buons à la chériaque , & que nous exagérons peut- être ; que fa coqueeft un antidote afluré contre toute forte de poifon. Les grands Seigneurs de l’Indoftan achetent encore ce fruit à très-haut prix ; ils font faire de fa coque des tafles, qu’ils enrichiflent d’or & de diamans; ils ne boivent jamais que dans ces 6 VOYAGE tafles, perfuadés que le poifon , qu'ils craignent beau- coup , parce qu'ils s’en fervent trop eux-mêmes, ne fauroit leur nuire, quelqu'aétif qu’il foit, quand leur boiflon a été verfée, & s’eft purifiée dans ces coupes falutaires. Le Souverain des Ifles Maldives met à profit l'erreur générale ; fes prédécefleurs fe font at- tribué , & il fe conferve la propriété exclufive d’un fruit, qui, porté fur les eaux , pouflé fur les côtes par le vent, devroit appartenir à celui qui le ramaffe; il Le vend à très-haut prix, ou l'envoie aux différens Souverains de l’Afie, comme le plus précieux don qu'ils puiflent recevoir. Mais le coco de mer devant bientôt n'être plus rare, ne paroifflant plus un être fingulier , perdra bientôt fans doute fa valeur, fes propriétés ; & le Souverain des Maldives, le tribut que lui payoient l'ignorance & l'erreur. L'Ifle Praflin ou l'Ifle des Palmiers a tout au plus fix à fept lieues de tour ; elle fait partie de l’Archi- pel, connu autrefois fous le nom des Trois-Freres, puis fous celui de Mahé, & enfin aujourd'hui fous celui de Séchelles. C’eft dans cette Ifle , d’une étendue A LA NOUVELLE GUINÉE. 7 fi bornée , & dans cette Ifle feule, qu’on a découvert jufqu'à préfent ce coco, fi précieux dans l'Inde: Comment ne s'eft- il point trouvé dans les Ifles ad- jacentes ? Comment l'arbre qui le produit n'y croît- il pas? Pourquoi étoit-il borné à la feule étendue de l'Ile Praflin , quand cet Archipel fut féparé du continent , & que l’irruption des mers changea cette portion du globe en un amas d'Ifles? Je laifle cet objet, d’une longue & trop difficile difcuflion , aux Phyficiens & aux Naturaliftes, pour parler de l'arbre qui produit ce fruit fingulier. Cet arbre, obfervé attentivement, a été reconnu pour une efpece de latanier ou de lontard des In- des ; il s’éleve jufqu’à quarante - deux pieds de hau- teur; fa tête fe couronne de dix ou douze feuilles en éventail, de vingt-deux pieds de haut fur quinze pieds de large, portées fur des pédicules longs de fix ou fept pieds ; elles font échancrées aflez profon- dément dans leur contour, & chaque lobe eft lui- mème fubdivifé en deux portions par le haut; leur confiftance eft ferme & coriace: ce qui les rend 8 VOYAGE mm ————————————— préférables aux feuilles des cocotiers ordinaires, pour faire des couvertures de maifon à la façon in- dienne. De l’aiffelle des feuilles s’éleve un pannicule con- fidérable, & très-ramifié, de fix pieds de longueur ; fa bafe eft charnue, épaifle ; fes rameaux font ter- minés par des amas de fleurs femelles, qui paroiflent avoir toutes un calice, compofé de plufieurs pieces, à cinq, fix & quelquefois fept divifons ; leur piftil , en müriflant , devient un fruit fphérique d’un pied & demi de diametre , dont l'enveloppe eft très-épaiffe & fibreufe, comme celle du coco; elle renferme trois coques , dont une avorte le plus fouvent. Ces coques font très-groffes , prefque fphériques , com- primées fur un de leur côté, & divifées jufques dans le milieu de leur longueur en deux portions: ce qui leur donne une figure très- bizarre , comme on peut voir par le deffin que j'ai ajouté ici, qui en donnera une meilleure idée que la defcription. Leur intérieur fe remplit d’abord d’une eau blanche d’un goût amer & aflez défagréable ; à mefure que le fruit mürit ; A LA NOUVELLE GUINÉE. 9 mürit, cette eau fe change , comme dansles cocos ordinaires , en une fubftance folide, blanche , hui- Jeufe , qui s'attache au paroisintérieur du fruit. Clu- fius donne une légere defcription de ce coco, fous Le nom de nux medica. Il feroit à fouhaiter qu'on pt favoir par diffé- rens effais , fi l'opinion des Indiens fur les propriétés de cette noix eft fondée. Ces fruits ont chacun à leur bafe le calice dont j'ai parlé ci-deflus , qui ne les quitte point, même après leur parfaite maturité, Le tronc de l'arbre, femblable à celui du cocotier pour la forme , eft en général plus gros, plus dur, & d'une couleur plus noire. On a tranfporté à l’Ifle de France des plans & des noix de cet arbre, qui ont très-bien réufi. L'arbre que je viens de décrire, eft, à ce qu'il paroïît, un individu femelle. Je n’en ai point rencontré d’autres, ainfi que ceux qui ont voyagé comme moi dans ces Ifles , où j'étois en Juillet, qui étoit fans doute le temps de la parfaite maturité de leur fruit ; mais de- B 10 NV OV'AG'E puis j'aireçu de M. Cofdé, qui avoit relâché dans cet Archipel en Oétobre,une portion d'un régime de fleurs mâles de cet arbre : ce qui femble fixer le temps de fa floraifon au mois de Septembre, qui répond au prin- temps de l'Europe, & le temps de fa maturité aux mois de Juin & Juillet, qui répondent à notre hiver. Cette portion de régime avoit environ deux pieds & demi de longueur , fansaucune ramification; elle étoit d’une forme cylindrique, de quatre pouces de diametre, cou- verte entiérement d’un nombre infini de fleurs mâles, compofées d’un calice à fix divifions, & de fix étamines oppofées à chacune de ces divifions. Les régimes de fleurs mâles n'ayant point encore été rencontrés fur les pieds qui produifent les fruits, il eft probable que cet arbre les porte fur des individus différens; de forte que l'on peut regarder ce palmier comme une efpece de latanier, ainfi qu'il a déjà été dit, c’eft-à-dire, de lontard des Indes, auquel il reffemble d’ailleurs par toutes fes autres parties, comme on peut en juger par la comparaifon des figures ci-jointes. AA A LA NOUVELLE GUINÉE. IE CHAPITRE IT Navigation depuis les Ifles Séchelles jufqu'à l'Ile Luçon ; Remarques fur Pulo - Para € fur Pulo- Pifangs ; Defcriprion de certe derniere fe. Qusrqurs jours après avoir perdu de vue les Ifles Séchelles , nous vimes pañler le long du bord des crabes rouges & des ferpens, indices certains de l'approche de la côte de Malabæé nous n’apperçümes cependant la terre que trois jours après: nous la re- connûmes pour Ceilan , fort embrumée ; à toute vue, elle nous reftoit du nord-quart-nord-eft au nord-nord- oueft, Nous côtoyâmes toute la partie du fud, & dirigeämes notre route vers les Ifles Nicobard , fituées au nord-quart-nord-eft de l’Ifle Sumatra. Le 30 Juillet, nous vimes lamontagne dela Reine: nous mîmes aufli-tôt la cape à l’eft-quart-fud-eft, pour reconnoître Pulo-Para (*).Ce n’eft qu'unrocher aride, €”) Pulo, en termes Malais, veut dire Ile, B 2 CT 12 VOYAGE fans arbres , fans verdure , qui fert de retraite aux oifeaux pècheurs du Détroit de Malac. C'eft fans doute d’après des Journaux infideles, que M. d’Après a écrit dans fon Routier des Indes, que cette Ifle eft couverte d'arbres. Nous avons reconnu le contraire à la ftérilité de Pulo-Para. Nous employämes dix - neuf jours à pafer le Dé- troit: nous mouillions dès que la marée étoit con- traire, & nous nous laifhions fouvent aller fans voile, quand les courans nous paroïfloient favorables. Une pirogue de Malac + notre bord , montée par trois habitans du pays; ils troquerent avec nous quelques joncs en échange d'un coco de mer, & nous appri- rent qu'ils avoient trafiqué de plufieurs de ces fruits avec l'équipage d’un fenau François, appellé l’Æeu- reux , qui venoit de Maurice. Nous trouvant par le travers de Pulo-Piffang , nous mimes notre chaloupe à la mer, pour y aller faire quelques barriques d’eau. Les inftruétions de M. d'Après portant qu'il étoit très-facile d’en faire dans cette Ifle en peu de temps, j’y defcends avec l’Of- A LA NOUVELLE GUINÉE. #3 cier chargé de la commander. Après avoir embarqué quelques provifions, nous partimes à quatre heures du matin. Les vents contraires , la mer groffe , les courans , tout nous eft oppofé ; les efforts de nos rameurs font prefque inutiles: à peine à neuf heures avons - nous dépaité le bâtiment que nous quittions; nous perdions l'efpérance de pouvoir attérir. Ce- pendant les vents nous adonnent , nous mettons à la voile : mais le vent change prefque aufli - tôt. La perfévérance dans notre entreprife , les efforts des ra- meurs, l’'encouragement que nôus leur donnons , nous font fyrmonter les obflacles : nous gagnons la terre à deux heures. Nousmarchonsen hâte à la fource ; mais nous latrouvons fi foible , que nous avons peine à faire trois barriques d’eau. Cependant nous faifions ré- flexion que M. d’Après a probablement vifité Pulo- Piffang dans la faifon des pluies; aue nous y tou- chons apparemment après une longue féchereffe , & nous concluons que cette aiguade ne peut être une reffource pour les vaifleaux qui fréquenteront ces pa- rages, qu'autant qu'ils auroient extrèmement befoin d’eau, T4 VOYAGE Le vaifleau que nous avions quitté paffa la journée à louvoyer, pour ne pas nous perdre de vue. Un coup de canon, tiré à cinq heures du foir , & le pavillon en berne, nous avertiflent de retourner à bord. La vue feule de l'Ifle que nous quittions avoit pu nous dédommager de nos fatigues & des contradic- tions que nous avions efluyées. Elle eft couverte d'ar- bres de haute futaie , ornés d’un feuillage toujours verd. Le payfage en eft agréable ; on y trouve plufieurs plantes intéreffantes, telles que le bonnet quarré ou la commerçona , la pagapate , l'huile de bois, &c. Je n'y apperçus que peu d’oifeaux & d'infectes ; je ne vis point de coquilles fur la côte, & nul indice qui me fit préfumer qu'il y en a. Cette Ifle ef fré- quentée par les Malais de la grande Terre ; ils y vien- nent recueillir l’huile de bois, qui s’y trouve abon- damment. Vis lol Commercona , que l’onnommeaufli bonnet quarré, paroît être le buronica Malabarica, décrit par Rumb, dans fon Æerbarium Amboinenfe , vol, IL, p. 114 PL; Laye 14 . LIT . TT therere Martinet Se fpril Ze Bonet quarre ou la € OMNINET GONE. La" Le . ww? FES 4 un D dd à PET : A A ed da 0 Brie < Lea pue .…——s pis Li … 2 oues-2> x er ef D RE TE ro IE Le Fe À M 1 £ TE nr \ fe Ve m it : Tran { Lu Ps |: 3 ti PTIT TETE £ ME Î (il ti LA A pe. + Jet À L'AALEN " LE L'U L 2 à tm , LL \ Lun | nu # (LC nfe D FAST CARE EAEN ve. 2} . ns “a. +" 4 (iv pour. L FA ‘ ; i L Sonnerat, @el.. Heèrese. Martinet, Jeu. GC oupe du Frut de la Commerçona ”, A. G oupe perpendiculare du Friit, B Coupe horisontale du Fruit. LS Lt 4 SV a Li: jure ele he 1) | ur »4 ++ nil ; op 42 - NE TH Lil PIS TT DS à DURS V4 À . | ie LOTIR ; TT A: vi ET ’ sn BA -rées à ASS ka vs À ; pee NL PA" CAC) at) VAN A UT SN RCE E STORES FT LATE È PR OL PAS M, VA ENAD A 18 CAT LORS PRES SP EN à De + - ; . LAS. : * eg agapal » — A LA NOUVELLE GUINÉE. 7: C’eft un arbre aflez élevé; fes feuilles font ovales & oppofées deux à deux fur les branches, à l’extrémité defquelles fe trouvent des fleurs éparfes ; leur calice eft d’une feule piece à deux divifons ; la corolle eft compofée de deux ou trois petales blancs , arrondis par le haut, & concaves , attachés au calice ainfi que les étamines, qui font en grand nombre, & portées fur de longs filets. Le piftil , renfermé dans le fond du calice , eft furmonté d’un ftyle , terminé par un ftigmare ; il devient, en môriflant , un fruit très-gros , de la forme d’un bonnet quarré, à qui les deux divifions du calice, qui fubfiftent, tiennent lieu de houppe ; il eft d’une fubftance fibreufe, ana- logue à celle du coco, & n'a qu'une loge qui renferme pour l'ordinaire deux amandes farineufes. Cet arbre fe plaît fur le rivage ; les courans en- traînent quelquefois fon fruit en pleine mer. M. de Bougainville , dans fon Voyage autour du Monde, en trouva loin de la terre ; le fruit lui parut fi fin- gulier & fi reflemblant à un bonnet de Docteur , qu'il lui donna le nom de M. de Commerçon, Pi X& XI. 16 VOYAGE Médecin Naturalifte du Roi, qui faifoit le voyage avec lui. La Pagapate eft un arbre qui croît dans les lieux humides; fes feuilles font oppofées comme celles de la Çommercçona, & de forme ovale ;les fleurs croiffent folitaires aux extrémités de chaque rameau; leur calice eft d'une feule piece, à fix divifons fermes & ai- gues ; elles s’écartent à la maturité du fruit, & pré- fentent , par leur difpofition, la forme d’une étoile. Les petales , au nombre de fix, font d’un beau rouge de carmin, étroits dans toute leur longueur, aigus au fommet , & attachés au calice, de même qu'un grand nombre d'étamines, Le piftil, qui occupe le centre, elt furmonté d’un ftyle, terminé par un ftig- mate ; il devient, en müriflant, une efpece de baie prefque fphérique, adhérente par fon fond au calice, & dont l'intérieur eft partagé en vingt-fix loges par des membranes très-fines ; chaque loge a un tiflu véfi- culeux , rempli d’un fuc acide, & dans lequel fon répandus quelques pepins. Pendant que nous étions occupés à faire de l’eau, notre PI, x. Page 26 , LA L Différentes Coupes de la l'agapates. Lu Le A Le Lruit 7 Par dessous . B. Le Lruit (277 Par devant. e Coupe horisontale du rat. D. Coupe perpendculare de Lruit. pe à + Go us 5 | FRE ê l PE. : ; Dia M DRM NANE L 4 LR Sa, Ne ae PE à ra ; #1 UE 7 OURS MON L AU UE TE di RAS C'ARE "12 à a À LA NOUVELLE GUINÉE. 17 notre corvette fit route; nous la rejoignimes le fen- demain, & nous doublâmes enfemble la Pierre-blanche le même jour. Le vingt-deux Août, nous eûmes connoiffance de Pulo-Timon ; nous fimes pendant le jour tous les efforts poflibles pour en approcher ; nous vou- lions y relâcher pour prendre des rafraïchifflemens. Nous mouillâmes le foir à une lieuedeterre, no- tre corvette n'étant qu'à un câble de diftance de notre bord. Avant de faire la defcente que nous projettions, nous confultâmes nos journaux ; ils nous peignirent les habitans de cette Ifle comme des gens cruels, de mauvaife foi , avec lefquels il n'y avoit point de füreté. Nous connûmes que cette relâche avoit été funefte à tous ceux qui l'avoient tentée. Nous appareillâmes en conféquence fur les dix heures du foir, & fimes fignal à notre corvette de lever l'ancre. Le 26 Août, après avoir vu Pulocondor , nous dirigeâmes notre route fur Pulofapatte , que nous découvrimes le lendemain dans le lointain. C 18 V_ OANGYE Le 3 Septembre, nous reconnûmes l'Ile de Lu- çon, une des plus grandes des Ifles Philippines, ap- partenante aux Efpagnols , qui en ont fait la Capitale de cet Archipel. Sa pofition avantageufe pour le com- merce de la Chine , & celui de plufeurs parties de l'Inde, y attire , depuis quelques années, des vaif- feaux de toutes les Nations orientales. Après avoir traverfé une multitude de petites Ifles qui défendent l'entrée de la Baie de Manille, pouflés par un vent qui ne cefla de nous être favorable, nous mouil- lâmes le même jour entre Corrégidor & Mirabelle. Le lendemain nous entrâmes dans le Port de Gavite. Nous y trouvâmes le fenau François l’Æeureux, dont j'ai parlé, la frégate /a Pallas , venant de Cadix , trois fenaux, fix galeres & le Saint -Jofeph , gallion d'Ef- pagne. pen, Rage A LA NOUVELLE GUINÉE. 19 CHAPITRE II. Defcription de Cavire & de fon Port; Particularités fur deux Infectes. Cavirs , fitué dans le fond de la Baie, au fud- oueft & à trois lieues de Manille , fur une langue de terre baffle, que la mer menace de fubmerger, eft un endroit ifolé, qui n’eft connu & ne mérite de l’être que parce que fon Port eft la retraite des gallions & des vaifleaux qui commercent avec les Manillois. Ce Port, qui fait tout l'avantage de Ca- vite, n'eft point à l'abri des vents de nord & nord-nord-ouelt ; il eft infecté d’une efpece de vers qui s’attachent aux vaifleaux , & les mettent en peu de temps hors d'état de tenir la mer; enfin, pour derniere incommodité, on eft obligé d'aller faire de l’eau fort loin, & d'expédier, pour en ramafler , des bateaux plats du pays, qui entrent fort avant dans la riviere. C2 20 VOYAGE Les trois quarts de la Ville, peu confidérablé par elle-même, font occupés par des Couvents. On en appelle les dehors le Fauxbourg Saint - Roch. C'eft un amas de quelques maifons couvertes de feuilles de bananiers. Cependant on voit dans ce Fauxbourg les reftes d'une Eglife qui paroît avoir été aflez belle, Les Maures, qui fe réunirent aux Anglois en 1762, la détruifirent ; & ce lieu faint , autrefois refpetté, eft devenu le repaire d'animaux de toute efpece. Parmi ceux que j'y obfervai, deux infeétes attire- rent fur- tout mon attention. Ces deux infectes , connus dans nos Colonies fous le nom de Kakkerlac &% de Mouche bleue, communs dans tous les pays que j'ai parcourus, mais plus nombreux dans l’en- droit où mon voyage & ma narration m'ont conduit en ce moment, que par - tout ailleurs, font l’un du genre des blattes , & l’autre de celui des ichneu- mons , fuivant les fyftêmes de MM. Linné & Geof- froy. Le premier eft infiniment plus gros que le fe- cond, dont il femble qu'il devroit n'avoir rien à ET, semho pe &'erhr pétr PER? + MR arret te Gene EN ee + M , + . FA Va 6, ES ES à LA UE j ' | x ” h ONG Nu : L + v sv ! î ci 4 « des. 5 RE TS à PT Ge Ra ANA FES D ; Pr LA | " ‘ A a \ k \ : , » F SUR NULS d 4 : . : A, : de AU LT tue Mae bo ass ML Vatcoi, AU RE A EULE " " Ê Ÿ s a L PE La Mouche bleue et le Cunkerlat-9 Pagé 1, p fonnerat. 274 é thérese Martinek. Se * eh te » Piy.1. La Mouche. bleuecherchant a sas le U vnkerlat par Les (ntenned, ) 29.2 La Mouche le Lrant à elle, Pig.8 La Mouche guttant Le Cankerlat pour aller chercher un lrou Pour Le loger, Lio. 4.La Mouche hrant à elle le Cankerlat pour Le faire entrer dans Le ou. A LA NOUVELLE GUINÉE 2r craindre. Le dernier eft plus actif, plus hardi, mieux armé; fon courage , fa vivacité , Les armes fur-tout que Îa nature lui a données, le font triompher d’un ennemi lent, fans défenfe, que fa mafle gène peut- être , plutôt qu'elle ne lui fert. Le Kakkerlac a quatorze lignes de long, fix de large , fix pattes très-longues, hériflées de pointes ou d'épines dans toute leur longueur, excepté la cuifle , qui eft life. Il a quatre aîles, qu'il porte croifées fur le dos dans le temps du repos. Les deux fupérieures ont, fur - tout vers le haut, une confif- tance aflez forte, & reflemblent à du parchemin. Le corfelet eft life, un peu concave ; il déborde la tête des deux côtés, & la cache ; elle eft fituée en deffous , recourbée, armée de quatre antennules ou barbillons , & de deux mâchoires qui font très- fortes. Les antennes naiffent de chaque côté de la tête en deflous ; elles fe dirigent en avant tout droit, en s’écartant un peu, & forment deux rayons di- vergents ; elles font filiformes ou femblables à un fil, onc à leur bafe la groffeur d’un crin, & vont PI. XIIe 22 Vr OO. VA NGRE toujours en diminuant vers la pointe; elles ont le double de la longueur du corps. Le ventre eft armé de deux longs filets, un de chaque côté. Tout l'ani- mal eft d’un brun lavé. Tel eft l’infeéte Le plus com- mun dans les pays chauds, où il fe répand, où il pénetre par-tout, & attaque toute forte de fubftance : aufi incommode par l'odeur infupportable qu’il ré- pand, que par le dégât qu'il fait. La nature, pour s’oppofer à fa trop grande fé- condité , lui a donné pourennemi un autreinfecte, qu’elle a peint de riches couleurs, qu’elle a muni d’une arme redoutable , qu’elle a rendu actif, & qui fe multiplie en détruifant le Kakkerlac. Cet infecte eft notre Mouche bleue; elle a fept lignes de long, une & demie de large , quatre aîles tranfparentes à réfeau. Les antennes font noires, vertes à leur bafe; elles ont près de fix lignes de long. La cète eft d'un bleu brillant, relevé d’une teinte de verd, armée de deux mâchoires faillantes , très-fortes. Les yeux font noirs , & fort gros. Le corfelet tient à la tête par un étranglement bien marqué; il a trois lignes A LA NOUVELLE GUINÉE. 23 de long ; il eft lifle & applati en deflous, fillonné légerement, & anguleux en-deflus : il eft du même bleu que la tête. Le ventre tient au corfelet par un filet ; il eft compofé de trois anneaux, deux fort petits, & un gros au milieu ; fa couleur eft aufli la même que celle de la tête. Les femelles ont à l'anus un aiguillon ou tariere, qui fert à dépofer leurs œufs. Les pattes font fort longues , d’un bleu verd; les cuifles font brunes , & renflées dans leur milieu. Aufli-tôt qu'une Mouche bleue, preflée du befoin de dépofer fes œufs, apperçoit un Kakkerlac , elle vole autour de lui, comme l’oifeau qui plane au- deflus de fa proie; bientôt elle fond deflus, faifit Le Ka kerlac par une antenne, & lui perce le ventre de mille coups d’aiguillon. Le ftupide animal ne fait ni fuir ni fe défendre; peut-être fon ennemi lui en a- t-il ôté les moyens, en le perçant de fes coups; il le fuit tandis qu’il marche à reculons, obligé de céder à la force qui l'entraîne par une partie auñli fenfible que l’antenne. Cependant la Mouche, qui fait apparemment que fes coups ont fufhfamment 24 V-O"YANG'E affoibli fa viétime, qu’elle eft hors d'état de fuir, la quitte pour quelques inftans ; elle les emploie à parcourir en volant tous les lieux circonvoifins ; elle les obferve , & aufli-tôt qu'elle a découvert un trou qui convient à fes defleins , elle revole à fa proie, la faifit de nouveau par une antenne, la hâte à coups d’aiguillon , l’entraîne, & la fait entrer dans le trou qu’elle préfere, acheve d’ôter à fon ennemi les forces & la vie, dépofe fes œufs dans fon fein, fort du trou, vole ramafler de la terre, qu’elle fait détremper, la travaille avec fes mâchoires, l’emporte, en bouche & en ferme entiérement le trou où elle a laiffé le Kak- kerlac , à qui ce trou fert de tombeau , & en même temps de berceau aux vers qui naiflent des œufs dé- pofés dans fes vifceres ; les vers fe nourriffent de la fubftance du Kakkerlac , & deviennent des mouches femblables à leur mere. CHAPITRE A LA NOUVELLE GUINÉE. 2; 23 DD mt pm mme promeeme fe a ————— — EE CHAPITRE I V: Séjour à Manille ; Mœurs des Manillois ; Defcrip- ion des Gallions ; Maniere dont on les équipe pour le voyage d'Acapulco; Produéfion de l'Ifle de Luçon. Nine Capitale de tous les Etabliffemens que les Efpagnols ont dans les Philippines , eft une aflez grande Ville. Elle eft bien bâtie; les maifons y font belles; il y a de fuperbes Eglifes. La Ville eft fortifiée ; elle eft fituée dans la pofition la plus avantageufe , fur le bord d’une riviere confidérable qui lave fes murs, & dont les bras divifés traver- verfent en tous fens l’Ifle de Luçon. Le terrein qui l'environne eft un des plus fertiles, & propre à toute forte de culture. Mais un tel tréfor eft inutile entre des mains qui n’en font point d’ufage. Les habitans n'ont profité ni dela pofition de la Ville, ni de la D 26 VROSIS ATEN fertilité des terres qui l’environnent. L'entrée de la riviere eft fermée par une barre, qui devient dan- gereufe aufli-tôt que la mer eft agitée. On avoit conçu l’idée d’un travail facile , qui auroit changé cette barre en un baflin commode , calme & afluré. On a mis la main à l'ouvrage, & fatigué de l'avoir commencé , on l’a abandonné. En vain la terre offre- t-elle fes richeffes ; on n’ouvre point fon fein; on la hifle s'épuifer fans culture , & porter d'elle-même des moiflons qu'on ne récolte pas. La loi elle-même, qui devroit lui prêter fon appui, & ordonner de la feconder, s’oppofe à Manille au bien qu’elle s’ef- force de faire aux hommes. L’exportation y eft dé- fendue: les tréfors d’une terre trop fertile pour le petit nombre d’habitans qu’elle nourrit, périffent fur le fol qui les a produits. Mais s’il arrive une an- née où les variations de l’athmofphere , où les oura- gans , les pluies ou la féchereffe rendent inutile la fécondité de laterre , la faminela plusaffreufe défole un pays qui n'en devroit jamais reflentir les atteintes. Onn'ycultive , on n’yrécolte que pour le befoin , que A LA NOUVELLE GUINÉE. 27 pour une année, & la plus horrible mifere y devient quelquefois la fuite d’une fécurité toujours dange- reufe. L'habitant , fans émulation , fans motif pour en avoir, & pourtant preflé de ce defir que l'homme ne cefle jamais d'éprouver, de celui de s'enrichir, tourne toutes fes vues & fes efpérances du côté d’un gallion, qui part tous les ans pour Acapulco. Ce vaifleau vaflte, lourd dans fa marche, qui ja- mais ne fait d'autre route que celle à laquelle il eft deftiné , percé pour trente-fix canons ; fans troupe, mal pourvu de munitions pour la nourriture de l'équipage, part chargé de marchandifes pour la valeur de quatre millions de piaftres ; expofé aux dangers d’une longue route, fans défenfe s'il eft attaqué , fouvent furpris en mer par des ennemis, parce qu'il part fans que ceux qui l’expédient foient informés fi leur Nation n’a point la guerre en Eu- rope ; il eft fi mal pourvu deschofes néceflaires, qu’il allonge fon chemin pour paffer dans des parages où il tombe de la pluie, que l’équipage reçoit fur des pavillons étendus, & dont il remplit fes jarres. ya 28 VO MPMAIGYE Ce bâtiment court fouvent les plus grands rif- ques, éprouvant toutes les fuites de la négligence avec laquelle on l’a pourvu, manque fon voyage, eft enlevé ou périt en chemin. A fon départ, on {ent fi bien les rifques auxquels il eft expofé, & aux- quels cependant on ne cherche pas à remédier, qu’on fait des prieres publiques pour qu'il arrive fans ac- cident ; s’il revient, la nouvelle de fon retour ré- pand l'allégrefle dans toute l’Ifle; mais s’il tarde, la crainte, la confternation s'emparent de tous les ef- prits, & la nouvelle de fa perte eft la nouvelle d’une calamité publique, qui répand dans tous les cœurs l’abattement & la défolation. Le retour du gallion vaut tous les ans à Manille trois millions de piaftres , qui font aufli-tôt dépen- fées en marchandifes qu’on achete d’un vaifleau An- glois, portant pavillon Arménien. Ce trafic eff une perte réelle pour les habitans. Ils achetent d'un côté les marchandifes très -cher, & d’un autre côté ils fe dépouillent du feul argent qui entre dans leur Ifle, La force de l’habitude , la commodité de tro- a RAT CE OS EE de = E ce CFE 2 DEL. LT AR ER Ma pe CAT EE ne hr 72/2 ° - AR \4 22 | Je ntm M rs om gas de ER ce 4 — Martiret. Sup therese 14 Le Rocou. A../e Fruit tel qu Use fend natirellement. D . [4 oupe Aorrzontale du Friat D ./ Frrat coupe perpendularement dans Le sens contratre oit il se fend naturellement : / « A LA NOUVELLE GUINÉE. 29 quer pour de l'or au lieu de marchandifes , dont le trafic eft néceflairement accompagné de quelque tra- vail , leur fait préférer le commerce en argent avec les bâtimens Anglois, à celui qu'ils pourroient faire avec les vaiffeaux de l’Tfle de France , qui prendroient en échange les productions de leur pays, des cor- dages , de la braye, du goudron , des toiles, du fucre, de l'huile de bois , des joncs , du rottin , de l'indigo, du rocou , &c. ce qui deviendroit pour les deux Na- tions un commerce également avantageux. Le rocou , nommé par les Manillois archioté, eft un arbrifleau qui porte des feuilles alternes en cœur allongé. Les fleurs viennent en bouquets aux extré- mités des branches; leur calice eft à cinq divifions; il y a cinq petales blancs attachés, de même qu’un grand nombre d'étamines, fous le piftil ; il eft fur- monté d'un ftyle terminé par un ftigmate , & devient en müriflant une capfule hériflée de pointes molles, large & arrondie à la bafe , rétrécie & aigue à fon fommet ; elle eft d’un rouge brun, & s'ouvre dans la longueur en deux valves, garnies chacune à leur Pi. XII: 30 VOYAGE intérieur d’un placenta longitudinal, couvert de graines ; ces graines font enduites d'une matiere rouge, qui donne la teinture de rocou , eftimée dans les Indes. Les habitans de l'Ifle de Luçon mêlent ces graines avec leurs viandes pour leur donner une belle couleur rouge. L'indigo croît dans tous les pays chauds; on en trouve la defcription dans la plupart des Voyageurs qui ont parlé des produétions de l'Amérique. A LA NOUVELLE GUINÉE. 3x CHAPITRE VV. Voyage dans l'intérieur des Terres ; Mœurs des Ha- bitans ; Defcriprion de quelques Plantes, que les Indiens emploient dans leurs remedes. J E profitai du féjour que nous devions encore faire à Manille , pour voir les différens Etabliffemens que les Efpagnols ont dans l’intérieur des terres. J'étois prévenu que ce voyage eff difficile; je favois qu’une partie des Peuples, courbés fous le joug Efpagnol , avoit quelques traits d’une Nation à demi policée ; que l’autre , fiere & indépendante , étoit abfolument fauvage ; que la premiere languifloit dans l'ina@i- vité, fans énergie pour embrafer la vertu, ou com- mettre des forfaits; que la parefle, l’abandon de fon être , la timidité conftituoient fon caraétere, & la mifere fon état habituel; que la feconde partie des Peuples indomptée, altiere, ne pouvant fupporter 32 VOYAGE de joug , révoltée par la feule idée de la gêne & de la contrainte, vivoit aux dépens de la premiere ; qu’elle lui enlevoit , lui arrachoit le foutien d’une vie miférable, que celle-ci n’a ni la force, ni l'in- duftrie, ni le courage de défendre ; que la mau- vaife foi , l'audace, la barbarie , l’avidité formoient le caractere de cette partie de la Nation; & qu’enfin la terre fertile & malheureufe que j'allois parcourir ; fans ceffe le théâtre d’une guerre civile , fournifloit à fes habitans des fruits qu'ils fe difputoient & qu'ils s’arrachoient , en les arrofant de larmes & de fang. J'avois donc des précautions à prendre contre la foiblefle & l'audace dans un pays où la moitié des Peuples ne fe défend pas, & où l’autre eft toujours fur le point d'attaquer. Je partis de Manille le 25 d'Octobre , accompagné de fix Indiens & d’un In- terprête. J'avois choifi les hommes qui m'avoient paru les plus déterminés, & ceux fur lefquels je je croyois pouvoir compter davantage. Nous étions huit; nous marchions à cheval, bien montés, & armés autant que nous pouvions l'être, J'étois à peine éloigné A LA NOUVELLE GUINÉE. 3 2 ) éloïgné d'une journée de la Capitale, que j'étois déjà enfoncé dans les bois ; nulle habitation , nulle marque de culture ne s’y préfentoit à ma vue; la nature s'y peignoit dans tout fon filence , fa rudelfe & fon caractere impofant. Quelques Indiens épars, les épaules couvertes d’une peau de chevre fauvage, le refte du corps nu un arc dans la main, & des fleches fur le dos, en troubloient le filence. Ces hommes ont les yeux hagards, la contenance mal aflurée. Leur état habituel eft celui d’une crainte continuelle ; ils vivent indépendans , & quoiqu'ils ne pofledent rien, ils paroïflent craindre ; peut- être ont - ils confervé l’idée du joug qu'on a voulu leur impofer, & que d’autres ont fubi. Ils fuient à l’afpeét de l’homme ; ils fe fuient entr'eux ; ils n’ont aucune fociété ; ils errent feuls; ils s’arrétent où la nuit les furprend; ils couchent dans les creux des arbres; il n’y a point entreux même de fa- mille. L'invincible force de la nature feule plie leur caractere intraitable , & contraint les hommes à rechercher les femmes que le hafard leur offre, & E 34 VOYAGE vers qui le befoin les entraîne. Ainfi l’amour n’anime point cette contrée malheureufe , fes charmes y font inconnus, & fe$ plaifirs un joug impofé par la na- ture. Eft-ce donc là cet état fi vanté, celui pour lequel l’homme étoit né? © vous qui l'avez dit! croyez - vous que la main fage qui le forma, prit un foin fi particulier dé fa conflitution, raf- fembla dans fon cerveau , arrangea dans fon cœur les refforts qui doivent produire en lui tant de pen- fées & d’affeétions différentes, pour qu'il menât la vie des animaux ? Le bois que je traverfois me conduifit à un lac, réfervoir d’une immenfe quantité d’eau; au milieu de ce lac eft une Ifle, qui fert de refuge à des familles d’Indiens ; elles y vivent de la pêche, & y confer- vent leur liberté, en ne fouffrant pas qu'on aborde vers la terre qui leur fert d’afyle. Le lac eft bordé à l'eft-fud-eft par de hautes montagnes ; le terrein en eft fertile, il porte fur-tout beaucoup d'arbres à fruit : & c’eft de ces montagnes que font tranfportés ceux quon confomme à Manille. Un Peuple doux A LA NOUVELLE GUINÉE. 35 habite ces montagnes ; il s'occupe à faire des nattes, des toiles , & différens ouvrages avec l'abacca, ef- pece de bananier qui ne porte point de fruit , & dont les flamens font très-forts. Ce Peuple a des Loix , il févit contre les crimes; le plus grand à fes yeux eft l'adultere, c’eft le feul qu'il punifle de mort. Quelle différence entre des hommes qui habitent à fi peu de diftance les uns des autres! De l'autre côté des montagnes qui bordent le lac à l’eft-fud-eft , s'étendent des plaines immenfes ; des rivieres larges & profondes les traverfent , & ré- pandent au loin la fécondité. Ce pays pourroit être la patrie d’une Nation nombreufe , & de Peuples qui vivroient heureux, en le cultivant. Cependant on n’y voit que quelques Villages, bâtis de loin en loin , triftes demeures qu'habitent des hommes fans mœurs , fans vertus , fans équité; qui, tous pervers, fe craignent réciproquement ; & au défaut des loix, dontils re connoiffent pas la protection, ne comptent pour leur füreté que fur leur force & l'ufage de leurs E 2 36 VOYAGE armes. Ils ne les quittent jamais ; ils les tiennent prêtes en s’abordant les uns les autres ; & le com- merce qu'ils ont entr'eux reflemble moins à un acte de fociété , qu’à un état de guerre continuelle. Les droits même du fang n’y raflurent pas les efprits ; les parens, les freres , la femme & le mari, y vivent dans une méfiance, & par conféquent dans une haine réciproque : le pere craint fes fils, dont il eft re- douté. Cependant, & c’eft ce qui a droit de fur- prendre , les arts ont pénétré chez cette Nation bar- bare , fans adoucir fes mœurs féroces. J'arrivai le 20 Novembre à Calamba , un des plus grands Vil- lages qu'habite la Nation fauvage dont je décris les mœurs. Le jour de mon arrivée étoit chez ce Peuple un jour d'une fête renommée : on la célébra en donnant divers fpectacles. De ce nombre fut une tragédie, dont l’aétion, digne du Peuple qui la re- préfentoit, fut continuée & dura pendant trois jours; la partie des décorations, la déclamation & le jeu des acteurs étoient au - deflus de ce que j'aurois at- tendu de ce Peuple groffier. Des combats de coqs A LA NOUVELLE GUINÉE 37 faccéderent à la tragédie. Les femmes n'y afliferent point ; elles étoient dans un lieu féparé, & y paf foient leur temps au jeu des cocos. Les hommes qui affifloient àces combats, prenoient parti pour un des tenans ; les paris furerit ouverts , & il fe perdit d’affez fortes fommes. Un incident penfa troubler les fêtes, & changer les jeux en combats. Un des parieurs , qui avoit beaucoup perdu , enleva adroitement à fon voifin la bourfe où fon argent étoit ferré. Ce- lui-ci s’apperçut du vol , traîna le raviffeur aux pieds de l’Alcade ou Chef de la Bourgade. C'étoit parmi une Nation fauvage & de mauvaife foi , un homme qui ne manquoit pas de [umieres, & qui aimoit la juffice. IL ordonna que le coupable füt conduit en prifon. La nouvelle s’en répand, & un acte de juf- tice fouleve aufli-tôt tous les efprits. Le Peuple mur- mure , il s’agite , il menace, & l’Alcade , qui voit l'orage prêt à éclater, eft obligé, pour le prévenir, de révoquer fon ordre; tout ce qu'il put obtenir, fut que le ravifleur reftituât fon vol , & que les deux parties s’accommodallent à cette condition. Ce mé- 38 VO AIG E lange de grofliéreté & de délicatefle dans une Na- tion, qui eft à la fois barbare & fenfible aux char- mes des beaux arts, feroit-il l'effet en même temps heureux & funefte du climat ? Sa chaleur & fa fé- condité extrême concourroient-elles , en favorifant la parefle, à développer les talens & à émouvoir les pañions? Je trouvai , à deux lieues de Calamba, dans un Village beaucoup moins étendu , un ruifleau dont l'eau étoit chaude ou bouillante, puifque la liqueur du thermometre de M. deRéaumur monta à 69 de- grés , quoique ce thermometre n'ait été plongé qu’à une lieue de la fource; j'imaginois, en voyant un pareil degré dechaleur, que toute produétion de la nature de- voir être éteinte fur Les bords du ruifleau , & je fus très- furpris de voir trois arbrifleaux très-vigoureux , dont les racines tremooient dans cette eau bouillante , & dont les branches étoient environnées de fa vapeur ; elle étoit fi confidérable , que les hirondelles qui ofoient trayerfer le ruiffeau à la hauteur de fept à huit pieds, y tomboient fans mouvement. L'un de A LA NOUVELLE GUINÉE. 39 ces trois arbrifleaux étoit un agnus caflus | & les deux autres des a/palarus. Pendant mon féjour dans ce Village , je ne bus d'autre eau que celle de ce ruif- feau, que je faifois refroidir. Son goût me parut ter- reux & ferrugineux. Le Gouverneur Efpagnol a cru appercevoir de grandes propriétés dans cette eau ; il a en conféquence fait conftruire différensbains, dont le degré de chaleur eft proportionné à l'éloignement du ruiffeau. Ma furprife redoubla, lorfque je vifitai le premier bain. Des êtres vivans, des poiflons, nageoiïent dans cette eau, dont la chaleur étoit fi active , que je ne pus y plonger la main. Je fis tout ce qu'il me fut poflible pour me procurer quelques - uns de ces poiflons ; mais leur agilité & la mal-adreffe des Sau- vages de ce canton, ne me permirent pas d'en prendre un feul, pour déterminer l’efpece. Je les exami- nai nageans, mais la vapeur de l’eau ne me per- mit pas de les diftinguer aflez bien pour les rappro- cher de quelques genres. Je les reconnus cependant pour des poiflons à écailles brunes ; la longueur des plus grands étoit de quatre pouces. On fera fans 40 V O M'A GE douteétonné de ce récit, qui, au premier coup d'œil, peut paroître incroyable ; mais, fi on y réfléchit, en fera- t-on plus étonné, que de voir un homme qui éprouve 20 & 25 degrés de froid en Ruflie, foutenir 60 de- grés de chaleur fous Les tropiques, & 70 fous la li- gne équinoxiale ? Pourquoi donc un animal, dont le degré de température eft pour lui de 30 degrés, ne pourroit-il pas s'accoutumer à celui de so? Ce fait , quoique fingulier, n’a rien d’extraordinaire. Je ferois cependant embarraflé fi on me demandoit comment ces poiflons font parvenus dans ces bains ; je l'ignore. Les Indiens, ennuyés de me voir plu- fieurs jours dans leur Village , fuirent dans leurs bois ; & d’ailleurs , comme leur idiôme m'étoit in- connu, il ne me fut pas poflible de tirer d'eux au- cun éclairciflement. Le ruifleau , il ef vrai, eft fur le bord de la Laguna ; mais fi les poiflons du lac étoient remontés par le ruifleau, & de-là avoient pailé par les conduits qui vont aux bains, comment ces poif- {ons auroient-ils pu ne pas reculer, dès qu’ils auroient fenti une chaleur trop forte, à laquelle ils n’étoient point A LA NOUVELLE GUINÉE. ar — — point accoutumés ? Comment ces arbrifleaux, dans cet élément brûlant, ont-ils pu y germer , y vVégé- ter, y fleurir, & y donner du fruit ? Ce phénomene mérite la plus grande attention. On a raifon, dans le fiecle où nous fommes , de ne pas accorder une trop facile croyance à des faits qui ne fe pañlent pas fous nos yeux ; & comme je me fouviens du pro- verbe qui a lieu pour les faits rapportés par les Voyageurs, j'ai voulu donner à celui-ci la plus grande authenticité; & la lettre que m'écrivit M. Pro- voit, Commiflaire de la Marine, qui a parcouru avec moi l'intérieur de l’Ifle de Luçon, confirme ce que j'ai avancé (*). (*) Vous avez eu raifon, Monfieur, de faire part à lilluftre M. de Buffon des obfervations que vous avez raffemblées dans le voyage que nous avons fait enfemble, Vous defirez que je confirme par écrit celle qui nous a fi fort furpris dans le Village de Bally, fitué far le bord de la Laguna de Manille, à los Bagnos. Je fuis fâché de n'avoir point ici la note de nos obfervations faites avec le thermometre de M, de Réaumur ; mais je me rappelle très-bien que l'eau du petit EF nest item 42 VOYAGE A EE ET PS SC SES Il exifte encore dans l’intérieur des terres d’autres Nations chez lefquelles je n'ai point pénétré. En vain les Efpagnols ont-ils tenté de les foumettre ; en vain ont-ils employé la force, la rigueur & les fupplices , pour les fubjuguer & les convertir à la Religion ; ces Peuples révoltés fe font fouftraits au joug , en s’éloignant. Ils ont emporté dans le féjour qu'ils ont choifi, Le fouvenir des maux qu'on leur a faits, & de ceux dont ils étoient menacés. Ils nour- ruifleau qui pañle dans le Village pour fe jeter dans le lac, fit monter le mercure à 66 ou 67 degrés, quoiqu'il n'eût été plongé qu’à une lieue de la fource ; les bords de ce ruifleau font garnis d’un gazon tou- jours verd, Vous n’aurez certainement pas oublié cet agnus caflus, que nous avons vu en fleur, dont les racines étoient mouillées de l’eau du ruifleau, & la tige continuellement enveloppée de la fumée qui en fortoit, Le Pere Francifcain, Curé de la Paroïfle de ce Village, m'a afluré avoir vu des poiflons dans ce même ruiffeau ; quant à moi, je ne puis le certifier; mais jen ai vus dans l’un des bains, dont la cha- leur faifoit monter le mercure à 48 & $so degrés. Voilà ce que vous pouvez certifier avec affurance; c’eft un fait connu de tout le monde à Manille, Je vous embrafle, & fuis de tout mon cœur votre ferviteur & votre ami, Signé PROFOST, A LA NOUVELLE GUINÉE. 43 riflent au fond de leur afyle, & jurent une haine implacable à des hommes qu’ils regardent comme les oppreffeurs de la terre où ils étoient nés ; ils y méditent, & ils y préparent des moyens de fe ven- ger. Ils en fortent fur des bateaux mal conftruits : mais fortifiés par leur courage, animés par la haine , ils ofent approcher jufqu’aux portes de la Capitale. Leur courfe eft une fuite de pillages , de meurtres , de ravages & d’enlevemens. Leurs fers ennemis, étonnés de la hardiefle de leurs entreprifes, de leur prompritude , de l'excès de leur animofité, effaient envain de les repouller. L'intelligence européenne eft vaincue par la haine des barbares. Pendant le féjour que nous fimes à Manille , les Ef- pagnols tenterent une expédition contre la Nation, qui eft leur plus redoutable ennemi: deux fenaux, quatre galeres, deux champans & deux grands ca- nots, tous armés en guerre, en partirent pour fe rendre au Port de Mirabelle , fitué à l'entrée de la Baie , que les Maures ou Sauvages, dont je viens de parler, pilloient depuis trois jours. A la vue des 10 44 VOYAGE Efpagnols, les Maures s’avancent à leur rencontre, leur livrent le combat ; & foutenus par leur fureur & le feu de leur artillerie, dont ils fe fervent tou- jours avec avantage, ils obligent les Efpagnols à re- gagner le Port dont ils étoient fortis. En fortant du Village que traverfe le ruif- feau d'eau chaude, dont j'ai parlé plus haut, je di- rigeai ma route à left. Au bout de trois heures de marche , je me trouvai dans une plaine immenfe. Un Village de peu d'étendue étoit la feule habitation que j'y vis. Un ruifleau d’une eau claire, légere & très - bonne à boire, defcendoit du fommet d’une montagne voifine ; traverfoit le Village , fe répan- doit dans a plaine, & en augmentoit la fertilité. De vaftes prairies étoient émaillées de fleurs, dont les couleurs variées & le parfum charmoient égale- ment la vue & l'odorat. L'imagination peindroit difhcilement ce féjour délicieux ; les habitans me témoignerent de l'amitié , & me firent beaucoup de carefles. La fimplicité de leurs mœurs m'atta- cha à eux ; je m'arrêtai quelque temps dans ce lieu s FA > A A TA Ji . £ ; LR PSE > : ” . r Re. 2 ; M + 2e et ie SA oneonf ‘ « * \ AL >” “ "NP ME Tes à Res, ÿ et ’ “ ee ue VTT de mn CPE ; 7 |: pli ont n de Mn ET re, remparts immtit \ d 4 dm LE È ; pe À, Rs % È Eure n'hers res y ’ ? l 34 : 2 Tera n mÉ , Eiri =. f ù æ . dt 5 % + PA. Pak ar A : } "RS ï è u L 2 Le { ETES { ï LA CA PC Éc + “4: 7 »" à -4 . 4! L # La 3 CE: %, 4 : u 7 5 " ” tt Ft tr e { PL Ee F £ CRE: ut La Sapolte Regro. PL. 16. | Page 45. Fruits de la Japotle /tegro. A. Le Frut vu Par dessous 6: Le Fruit vu par devant —. ++ LS PRET 4? ee 4 ne M, pre on rt d pe na de: eh | | > il Coupes des Fruits de Sapotte TLegro. A, QG oupe perpendiculaire du Fruit DB. CG oupe horizontale du Fruit. . lAmande ? D. Developement de la Fleur Y:. Coupe perpendeutare de la leur avant d'etre ? panouie. F. Coupe perpendiculaire le la Fleur . A LA NOUVELLE GUINÉE. 45 de délices. J'y confidérai les produétions de cette terre fertile ; j'y ramaffai quelques plantes. Il n’en fallut pas davantage pour que les habitans me cruf- fent Médecin. Aufli-tôt, attachés à la vie comme le font tous les hommes , & crédules comme on l’eft ‘par - tout fur les moyens de la conferver , ils me préfentent des malades, & me demandent des re- medes. Je leur en ordonnai peu ; mais je voulus con- noître ceux qu'ils ont coutume d'employer. Le nombre n’en eft pas grand ; leur Pharmacie confifte dans des graines de jambouk medica (*) , de l'huile tirée du même fruit, & du fapotte-negro. Ils broient les graines & le fruit du fapotte , les mêlent avec l’huile, en forment une forte de liniment , dont ils frottent les plaies ou la partie qui eff Le fiege de la douleur. Le fapotte negro eft un arbre qui s’éleve peu ; fes RSR E NN (*) La jambouk medica eft le tacamaka de lIfle de France; il eft commun à Madagafcar. Les Madecalles l’appellent le foura, & l’emploient auffi dans la plupart de leurs remedes, PI. XIV, XV, XVI. 46 V OTTANIG'E feuilles font alcernes & en forme ovale allongée; elles laiflent échapper de leur aiflelle des fleurs foli- taires, dont le calice eft épais, charnu, & à cinq divifions ; la corolle , aufli charnue , & de couleur blanche , paroît être d’une feule piece , découpée par le haut en cinq lobes aigus. J'ai compté dans la fleur quatorze étamines , au milieu defquelles eft placé le pifil, qui devient un fruit très-gros , prefque fphérique , couvert d’une peau life & verte, ac- compagné à fa bafe des divifons du calice qui fub- fiftent ; la fubftance en eftpâteufe , noire, femblable, pour le goût & la couleur , à la thériaque. Ce fruit eft à quatre loges remplies chacune d’une amande ferme & peu huileufe, Les Indiens le mangent avec dé- lices. | Quelques-uns emploient préférablement dans leurs remedes du lait pur de la pandacaki. Les Indiens nom- ment ainfi deux efpeces de plantes qu'ilsnediftinguent que par les dénominations de grande & petite panda- _ caki ;elles ne fe reflemblent cependant ni par la forme ni par la couleur, & n’ont d’analogue que l'odeur qui eft A LA NOUVELLE GUINÉE. 47 plus forte dans la premiere, Cette efpece paroît avoir beaucoup dégénéré : je ne la crois pas naturelle à lIfle de Luçon. On la connoît au Cap de Bonne- Efpérance fous le nom de caquepire fauvage, parce qu’elle a quelque rapport avec le gardenia florida des Botaniftes , appellé dans ce pays caguepire. Elle en differe d’ailleurs par fon odeur agréable ; ainfi que par d’autres caracteres , qui en font un genre nou- veau. Je l’aÿdédiée à M. Bergk, Secrétaire du Confeil au Cap de Bonne-Efpérance: je la décrirai fous Le nom de bergkias. Pouvois-je mieux témoigner ma reconnoif- fance à ce Magiftrat obligeant, qu’en lui faifant hom- mage d’une des plus belles plantes de fon pays. Son goût pour l'Hiftoire naturelle , les facrifices qu'il fait tous les jours des plus beaux morceaux de fon Cabinet en faveur des étrangers connoïfleurs , & fon zele pour leur procurer ce que la nature a pris plaifir à pro- diguer dans cette belle partie du globe, méritent les plus grands éloges & le jufte tribut de ma re- connoiflance. 48 VOYAGE RAT La Bergkias, ou grande efpece de pandacaki , eft » un arbufte qui ne s’éleve qu’à la hauteur de fix ou fept pieds ; fes feuilles font oppofées, l'extrémité de chaque rameau eft terminée par une feule fleur ; le calice en eft allongé , découpé au fommet en pla- fieurs petits feuillets ; il eft un peu renflé à la bafe, & accompagné de quelques écailles très-petites , qui paroiflent former un fecond calice extérieur. La co- rolle eft blanche, d'une feule piece , attachée fur le fruit; fon tube eft très-long , cylindrique paille bas, légerement évalé par le haut, & divifé en neuf grands lobes arrondis. Les étamines, placées à l'ouverture du tube , font de même au nombre de neuf ; elles n'ont point de filets ; leurs antennes font allongées, partagées en deux portions fermes, aigues, & aufli acérées que la pointe d’une aiguille. Le pifil , ca- ché dans le fond du calice, eft furmonté d’un long ftyle, terminé par plufeurs ftigmates. Lorfqu’il com- mence à mûrir, la corolle tombe avec la partie fu- périeure du calice ; fa partie inférieure fubfifte , & fait corps avec le fruit, qui eftovoide, charnu , garni dans La Bergkias.° EE rm S Le —— fe HI ct SALE SE CETTE CES rt SA <= h | de Fa : a hi 4 «< QE rever 4 it A æ Ce. Ph L: 6 rage Val; 2 : vit" sets 2 qu La DEL, ; + I “4 8 7 «i ATEN SR TEL. die) ob Ne : s n . 4 À PRNATT U i "SR" VUE LIN Far As. Id BAS, r è { , à é « à st LONG Pur \& ct ce u 4 Pile a Coupes des L'ruits de la Bergkias. P Sonnerat; del. Dhervse Martnee, Seufp. A ZaF leur: fendue en deux pour lasser voir la posthon des Ltamres. a. les Etamine. b. la Corolle gui est detachee de dessus Le frut. ec. > Prstil. d. Le Friat: e.t oupe perpen £ diculaire da fruit. Veil oupe Aorisontale. d'u rit. k DIT: D OA: OS 3 "9 "s2 dir Le \æ , d LE L: 0 ACC à eu Avr £ LE ER RE EL nl ee LÉETI ESS 28e fe : » 1 OV Pit NL 24 Gp / A té « ANT ART NE Lu À ” QUE WAY TEE URSS % ji d FA ? * « t 1 [+ . PORC RET bed. NiFe= U 4 « f : Ed MN APCE ET SE nets D 2 LA ion F } LAr À À .! % 2 : } ns 4 . ) - Le ; 4 ” [ 11 eu’ - 1 « à GE l 45 pi: ; 2 Pa à dé “à + t. #.. | e F4 | À A 1 ee || q 21> 4 Rate 3 à LE A + s t : 4 + , PL i* VSMEAT ONE 3 is L PASSES STAR ANN vit Ds LEARN, LAURE 2 Ki x h : ’ . Pl.1g. 15 ? l'age 4 9. Me. bi undacagur, A la leur, avant d etre cpanotae fendue en deux ? , B Coupe perpendculure de la fleur, A LA NOUVELLE GUINÉE. 49 dans fon intérieur de cinq placenta, auxquels font attachées une infinité de femences noires, renfer- mées chacune dans une enveloppe membraneufe, & parfemées dans une pulpe, qui remplit toute la cavité du fruit. La petite efpece de pandacaki pourroit fe rap- procher de l’ordre des apocins ; elle s’éleve moins que la précédente , & a les feuilles oppofées ; de leur aiflelle partent des bouquets de fleurs blanches. Leur calice eft très-petit, à cinq divifions; la co- rolle eft un tube court, découpé en cinq lobes à fon fommet , & renfermant cinq étamines ; le piftil eft furmonté d’un feul ftyle , terminé par deux ou trois ftigmates. Je n’ai pas vu le fruit. Toute la plante donne, lorfqu’on la bleffe, un lait, que les Indiens appliquent fur leurs plaies. Leur art ne va pas plus loin ; fi les remedes con- nus de tous les habitans , ou plutôt , fi la nature ne furmonte pas le mal après quelque temps, on a re- cours à un homme qui pañle dans Le Village pour Médecin ; il en porte le nom, parce qu'il fait tirer PI. XI X4 so VW OF Y'ANCGAE quelques gouttes de fang , non pas à notre maniere, en ouvrant une veine du bras ou du pied , mais en faifant quelques fcarifications entre les doigts des mains ou des pieds. Ce n'eft que dans les cas ex- trêmes & défefpérés qu'on a recours à ce remede bizarre. Celui qui eft en poffeflion de le pratiquer dans le Village, me fuivit dansmon herborifation ; il me confulta fouvent fur les propriétés des plan- tes, & me fit demander par mon Interprète fi quel- ques-unes de celles que je recueillois pourroient exempter de la faignée. J'acquis peu de lumieres fur la Médecine dans la fociété de l'Efculape Indien ; mais il me rendit un autre fervice, & m'aida dans une chaffe , où je tuai des oifeaux très-rares , dont la defcription terminera cet article. Je fuivrai dans cette occafion, & dans toutes celles où je parlerai d’oifeaux, les principes de M. Briflon, dont l'Ornithologie pañle pour la plus complette & la plus étendue qui ait en- core été publiée. FRE hrs Lace 2 q Pass 46 D COLE CESSE JE | : “. \ } 14 \ À ral 4 « 1] | v 4 + x LS. ti = L ‘ ù % 2. Jonneral Finr €, Bagu y à feu. La Tou de le Vlan. he en ranglardee de llsle de Luc "ON A LA NOUVELLE GUINÉE. sr = GHAPITRE. VIT Defcription de quelques nouveaux Oifeaux, obfervés à l'Ifle de Lucon. JE ne décrirai que les oifeaux qui ne l'ont. pas en« core été, & ceux que leur forme ou leur plumage rendent les plus intéreffans. Je commencerai par trois efpeces de Tourterelles ; jen nommerai deux les Tourterelles enfanglantées, & la troilieme la Tourterelle cendrée de l’Ifle de Luçon. La Tourterelle blanche enfanglanrée eft à-peu- près de la groffeur de la Tourterelle blanche , qu'on voit en France dans les volieres & chez les Oife- leurs ; tout fon plumage eft d’un blanc éclatant : mais elle a fur la poitrine, au bas du col, dés plu- mes rouges, qui forment une large tache, couleur de fang. Il femble que ce bel oifeau ait reçu un coup de poignard , & que fon propre 1e ait teint 2 PI XX4 PI. XXI. 52 V'O.: Y'A GIE fes plumes autour de l'endroit où il a été frappé ; Les pieds & le bec font rouges ; l'iris eft d’un violet rou- geatre. La Tourterelle grife enfanglantée eft un peu moins grofle que la précédente; le deflus de la tête eft d’un gris tirant fur le blanc; le derriere du col eft d'un violet changeant en verdâtre ; le col en de- vant eft blanc. On voit furla poitrine unetache rouge, couleur de fang , très-vive dans fon milieu , & moins foncée fur fes bords, qui font lavés ; le ventre eft d'un gris nuancé de rougeâtre; le dos, les grandes plumes des aîles & l'extrémité de la queue font noirs. Il y a fur chaqueaîle trois bandes tranfverfales grifes , qui la coupent dans toute fa largeur , & deux bandes noires ; la queue eft grisâtre à fon origine ; le bec eft noir; Les pieds font d’un violet rougeûtre , & l'iris eft couleur de rouille. La Tourterelle cendrée eft auf groffe que la pré- cédente; la tête & le col font d’un gris cendré clair ; cinq ou fix plumes de chaque côté du col font termi- nées par une bande noire ; la poitrine & le ventre font L Jonnerat Ainx . La Jour terelle grise ensanglantee de lite de Luçon . POERE MDN 4 OL ON CR PER UE 18 ICO EEE LOL A ENEN ER SET ANR SAR AIRES + * CR L , ad LX & sal.) ‘ €. Baquoy Jeu F » Jonnerat lnx. * O7 2 HUE Le £ 2 7 J ’ / € / EL endr lle r Tourte La / A LA NOUVELLE GUINÉE. 53 d'un gris vineux; les grandes plumes de l'aile font pi, xxn. noires; les petites font aufli de cette même couleur, mais terminées par une teinte d'un jaune brunûtre ; les plumes du deflus de la queue font noires, & celles de deffous blanches; le bec & l'iris font d'un rouge de carmin , & les pieds d’un rouge vi- neux. Après avoir parlé des trois Tourterelles, je dé- crirai deux efpeces de Cailles. Je nommerai la pre- miere la Caïlle à trois doigts, & la feconde la pe- tite Caille de l’Ifle de Luçon. On m'objeétera peut- être que la premiere n'ayant que trois doigts en avant , & point de doigts dirigés en arriere , n’eft pas une Caïlle. Mais cette différence doit-elle faire placer dans une claffe féparée un oïfeau qui a d’ail- leurs la forme , l'extérieur , tout l’enfemble qui ca- ractérife les Cailles. Les caracteres ne font au fond que des marques, que des fignes de convention ; ils font purement d’inftitution humaine ; & ce feroit mal juger de la nature, que de croire qu’elle fe foit renfermée dans leur cercle étroit, PL. XXIIT. PL XXIV. ÿ4 V OL VIN IGrE La Caille à trois doigts eft d'un tiers à-peu-près moins grofle que la Caille d'Europe. La tête & le haut du col en arriere & de la gorge en devant, font couverts de plumes noires & de plu- mes blanches , les plumes noires font cependant en plus grand nombre ; le bas de la gorge & la poi- trine font mordc:és ; le ventre eft d’un jaune clair & lavé ; le dos eft gris, tirant fur le noir ; c’eft à- peu-près la couleur du poil des rats communs ; les grandes plumes des aîles font grisâtres; mais les petites font terminées par une tache jaune , au mi- lieu de laquelle eft un point noir, rond, à demi entouré par un demi-cercle mordoré ; les pieds & le bec font grisûtres. La petite Caille de l’Ifle de Luçon n'a pas quatre pouces de l'extrémité du bec à celle de la queue; fa taille eft moindre que celle d’un moineau-franc , & fa forme eft beaucoup plus raccourcie; le deflus, le derriere de la tête font noirs ; les côtés font roux, tachetés de noir ; le dos & les aîles font noirs, avec quelques lignes oblongues, grisâtres fur les ailes ; Lyge 84. Fe 23 s 74 Z 72 : 72 4 2 € Le A € > Baguoy, J LU D 2. Sonnerat, na. . "O7 de Lu lle. de l'Isle ct CA 4h Mon papas LT 4‘ ZL, 24. Y, Un) “072 lil de Lu de laulle ile P, Jonnerat pair > J Za Pé —_—< = ET EP | - ICE RENE ch SK | LR: $ 2 A æ ee dre eo Mn rss mas vaé Etre (\ af ’ € (4 Bague . .J 6}, 17 s Phil} > « * Jia 7 de he Domiztu 14 ZA Za 2 A LA NOUVELLE GUINÉE. ss la gorge eft blanchâtre , les côtés fort teints de roux ; la poitrine eft grisâtre, tachetée de noir tranfverfalement ; le ventre eft d’un jaunâtre fale , femé de bandes noires tranfverfales; les pieds & le bec font noirâtres. Je ne parlerai que d’une efpece de Piegriefche , qui même n’eft pas fort remarquable par fon plu- mage, mais qui mérite d'être obfervée par rapport à fes mœurs; elle eft décrite dans l'Hiftoire des Oi- feaux de M. de Buffon fous le nom de Piegriefche des Philippines. Je la nommerai la Pigriefche Domini- quaine des Philippines. Elle eft un peu plus groffe qu'un moineau-franc , & beaucoup plus allongée ; la tête, le col, la poitrine, le dos, les aîles , la queue font noirs ; le ventre & le deflus du crou- pion font blancs, le deflous des aïîles ef gris ; elles font très-longues , & débordent la queue d’un pouce au moins; le bec eft grisâtre, conique & très- fort, un peu courbé à fon extrémité ;' la bafe en eft entourée de poils roides , dirigés en avant : les jam- bes font noires. Cet oifeau vole avec rapidité, & PL XXV4 56 VOYAGE — en fe balançant en l'air , comme les hirondelles. Il eft ennemi du corbeau ; & quoique beaucoup plus petit, il ofe non-feulement fe mefurer avec lui, mais même il le provoque. Le combat eft long , opi- niâtre , dure quelquefois une demi-heure, & finit par la retraite du corbeau ; peut-être méprife -t-il cet ennemi trop foible, qui ne fait que le harce- ler, & n'échappe à fes coups que par la facilité qu'il a à les efquiver, à s'éloigner & à revenir en prenant fon avantage. Les Gobe-mouches font en général des oifeaux communs dans les pays chauds ; leurs efpeces y font beaucoup plus multipliées, & plus grandes que dans les pays tempérés &c dans les pays froids, où l’on en trouve fort peu. La raifon de cette différence entre les climats, par rapport aux oifeaux dont je parle, eft fimple & très-fenfible. Les Gobe - mou- ches ne fe nourriflent que d’infectes ; ce font des êtres deftruéteurs, que la nature a oppofés dans des climats chauds, & fur-tout dans ceux qui font en même temps humides, à la trop grande fécondité des ?, Sonnerat Pinx , PE2s Baquoy Jeulp, Gobles-mouche de [Zsle de Lucon. A LA NOUVELLE GUINÉE. 57 des infectes. On ne fera donc pas étonné que parmi le nombre fort borné d'oifeaux que j'ai ob£fervés dans l'Ifle de Luçen, j'y aie rencontré cinq nouvelles efpeces de Gobe-mouches. Je nommerai le premier le Gobe - mouche à tête bleuâtre de l’Ifle de Lu- çon. Il eft de la groffeur de la linotte commune ; fa tête eft d’un bleu foncé, prefque noir ; la gorge, le dos, les couvertures des aîles, la queue dans prefque toute fa longueur, font d'un rouge foncé ; la poitrine , le ventre, le deflous de la queue, font d’un brun clair & lavé; la queue eft four- chue , & fon extrémité eft noire; les pieds & le bec font bruns. La feconde efpece ou le Gobe-mouche à gorge p xxvr. jaune de l’Ifle de Luçon , eft un peu plus fort que le précédent. IL a le fommet & les côtés de la tête noirs; le derriere de la têre eft gris, le bas en eft noir. IL y a fur les joues deux raies tranfverfales blanches; la gorge eft jaune, la poitrine rougeätre, le ventre d’un jaune clair dans fon milieu; les côtés & le deflous de la queue font blancs ; le fommet H 58 VOYAGE du dos eft gris, le milieu marron. Cette derniere couleur s'étend fur les aîles; elles font traverfées par une raie blanche ; les grandes plumes font noi- res ; au-deflous de la raie blanche , font des plumes noires dans leur milieu , entourées d’une teinte bru- nâtre; la queue eft noire dans le milieu, & blan- châtre fur les côtés; le bec & les pieds font bruns. La troifieme efpece ou le Gobe - mouche à tête bleue de l'Ifle de Luçon, eft plus petit que Les deux précédens. IL eft de la taille & de la forme de la Méfange à longue queue d'Europe; ileft effilé comme elle, & a, comme elle, la queue longue ; la tête, la gorge, le haut du col en arriere, font d’un bleu foncé ou bleu de Prufle ; le col, le dos, la poi- trine , le ventre, font d’un gris ardoifé ; les grandes plumes des aîles, la queue, font noires; les petites plumes des ailes ou les couvertures font brunes : ce qui forme fur chaque aîle une tache qui eft de ka moitié de l'étendue de l’aîle ; il y a au milieu de la queue deux plumes de moitié plus longues que les PATATE à jé 355 f E * ve Ne en dE Mt td pré ie. j UNDER l rit Fi P, Sonnerat Pnx . Gobbes -mouche de [rte de Luçon. RCA RCE NRC. sf Res 1 À ; que . Jonnerat Pnx . GC Baguoy Jeubp. ; A LA NOUVELLE GUINÉE. 59 autres ; le bec & les pieds font noirâtres l'iris rou- geâtre. La quatrieme efpece ou le Gobe-mouche noir , j PLXXVIT. eft un peu plus gros que les précédens ; il eft aufli d'une forme plus courte & plus ramaflée; on le trouve à Madagafcar , ainfi qu'aux Philippines ; les Madegafles le nomment le Tefficourbé ; la tête, la gorge, le col en arriere, le dos, les aîles & la queue, font d’un noir changeant en violet ; la poitrine , le ventre & les côtés font d’un gris noirâtre; ily a fur chaque aile, dans fon milieu , une tache blanche ; le bec & les pieds font noirs; l'iris tire fur le brun. On appelle à Manille la cinquieme efpece de Gobe-mouche, la derniere dont il me refte à parler, le petit Goiavier ; il eft un peu moins gros qu'un moineau ; le fommet de la cête eft noir; il naît de l’angle fupérieur du bec une ligne blanche pianche tranfverfale , qui pale au-deflus de l'œil ,& s'étend LH prefque jufqu'au derriere de la tête; au-deflous de cette raie blanche, il y en a une autre qui eft H 2 6o VOYAGE noire, & qui ne s'étend que de la bafe de la men- dibule inférieure jufqu'à l'œil ; tout le deflus du corps & la queue font d’un brun terne, de la cou- leur de laterre , que les Peintres appellent terre d'am- bre; les grandes plumes des aîles & la queue font un peu plus foncées , & lavées de noir; la gorge, la poitrine, le ventre, les côtés, font d’un blanc fale ; le deflous de la queue eft d’un jaune clair; l'iris eft de la même couleur ; les pieds & le bec font noirs. Cet oifeau habite aux environs des mai- fons , & fe perche fréquemment fur les goyaviers ; il pale pour en manger le fruit, d’où lui eft venu le nom qu'on Jui a donné; mais plus: probablement il cherche fur ces arbres les infe@tes queleurs fruits y attirent , & dont il fait fa pâture. C’eft ce que me font préfumer la forme de fon bec & fa conformité dans toutes fes parties avec les autres efpeces de Gobe-mouches , qui ne vivent que d’infectes. L'oifeau dont je place la defcription après celle des Gobe- mouches, vit comme eux d’infectes ; mais les premiers les pourfuivent fur les arbres , & PR TE ren per dd pts tete LORS TT L « » À y Le ET 4 k Hi NX GC” A 0 Eye de L. Sonnerat Pnx. C* Baquoy Joubp, La Beragcronelte 124 collier de Las de Lucon. A LA NOUVELLE GUINÉE. 6r celui - ci plus communément à terre , dans les prairies, fur les plantes & le long des ruiffeaux où au bord des rivieres & des étangs. C’eft une Berge- p1.xx1x. ronette ; elle differe très- peu de la bergeronette grife d'Europe; elle eft de la même grofleur, & a à - peu - près le même plumage & abfolument les mêmes habitudes ; le deflus de la tête ou la partie qui répond au front, le tour du bec, la gorge & les joues, font blancs; le derriere de la tête, tout le col en arriere , le bas du col en devant, & le haut de la poitrine, font noirs; le dos eft gris de cendre, le ventre eft blanc. Il y a fur chaque aîle une large tache blanche longitudinale , qui s'étend de- puis le pli de l’aîle, ou l'aile bâtarde , jufques par- de-là de Paile entiere ; les grandes plumes font noires , liferées d’un filet blanc tout autour, ex- cepté la plume la plus extérieure , qui eft toute noire ; la queue eft noire en-deflus , blanchâtre en- deflous ; les deux plumes extérieures de chaque côté font blanches ; le bec & les pieds font noirs, iris eft couleur de noifette. Cet oifeau, fi femblable à PL XXX. 62 V2 O0: VEANGYE celui de la même efpece, qu'on trouve en Europe, comme on peut s'en aflurer par la comparaifon de la Bergeronette de l’Ifle de Luçon, avec celle de la Bergeronette grife dont parle M. Briflon, eft - il une variété de l’efpece qui habite en Europe ; ou eft-ce [a même efpece qui voyage , & qui éprouve quelques changemens dans fon plumage, par l'in- fluence des climats? La Bergeronette ne vit en Eu- rope que pendant l'été ; elle y arrive à la fin du prin- temps ; elle en difparoît au commencement de l’au- tomne. Les Grimpereaux font de petits oifeaux, dont le bec eft effilé & courbe; ils fe nourriflent d’in- feëtes, & fur-tout de leurs cryfalides , qu'ils cher- chent entre les gerfures & les inégalités de l'écorce où elles ont coutume d’être en plus grand nombre que par-tout ailleurs. C’eft par cette raifon qu'on voit les Grimpereaux gravir le long du tronc & des branches des arbres, d’où eft venu à ces oifeaux le nom qu'ils portent; c’eft aufli parce qu'ils fe nourriflent d'infeétes, que leurs efpeces font plus va- | et nt dent GRAS a à ete s nagt she " HUIT ts! x Z A LA-NOUVELLE GUINEE. 63 riées, & les individus plus multipliés dans les cli- mats chauds , que dans ceux qui font tempérés ou froids. J'obfervai trols efpeces de Grimpereaux à l’Ifle de Luçon. Le premier , marqué A dans la Planche, a Le def. fus du corps olivâtre ; la gorge & le haut de la poi- trine d’un bleu d'outre-mer éclatant ; le ventre d’un jaune brillant, & le bec & les pieds font noirs. Le fecond ,B, dansla même Planche , qui peut- être n'eft que la femelle du premier , a la même couleur en deflus de fon corps, mais la nuance en eft moins foncée; la gorge, la poitrine & le ven- tre font jaunes ; les pieds & le bec noirs. Le troifieme Grimpereau, D , aufli dans la même planche, a les plumes de la tête d’un verd pâle; fa gorge eft d’un violet luftré, fa poitrine eft d’un rouge qui tient le milieu entre le vermillon & le carmin; le dos eft mordoré; cette couleur eft auffi celle des petites plumes des aîles ; les grandes font noires ; les plumes qui couvrent l’uropigium ou le croupion & la queue , font couleur d'acier poli, tirant 64 | VOYAGE fur le verdätre; les couvertures du deflous de la queue font d’un verd terne. On ne connoît, je crois, qu'une efpece de Martin-pêcheur en Europe. Il n'en eft pas de même aux Indes, où les efpeces de ce genre font très- variées; toutes vivent de poiflons , qu'elles attrap- pent en plongeant rapidement de deflus les bran- ches où elles font en embufcade , & où elles at tendent que quelques poiflons paroiffent à la fur- face de l’eau ; alors le Martin-pêcheur fond préci- pitamment fur fa proie , la faifit avec fon bec , fans toucher l’eau avec aucune autre partie de fon corps; il prend communément le poiffon en travers, & l'emporte du même vol dont il l’a faifi, aflez loin du rivage , fur quelqu’arbre ; alors il le retourne adroitement ; il fait Le lâcher de façon qu'il retombe dans l'ouverture de fon bec la tête la premiere , & le Martin-pêcheur l'avale; de cette façon, lesnageoires fe couchent fuivantleur fens , & ne font point d’obf- flacle ; cequi arriveroit, fi le poiffon étoit faifi de toute autre manicre, Si quelquefois un Martin - pêcheur manque | Abe, dE pi k ik À LE Q Es À À parent ns Are « pda rise Re à MERE : ‘ à 1 Lot ns | 5 PE dl 82 PA A 6 Ca LE + D + My lag. 65. anerat. Lin Zuçor, de LZsle Le UT : € che / Lt We (74 _. A LA NOUVELLE GUINÉE. 6; manque fon coup , & laifle tomber un poiflon de la branche où il eft perché, il eft fi vif dans fes mou- vemens, qu'il a refaili fa proie avant qu’elle foit fort avancée dans fa chûte. Il n’y a peut-être point d'oi- feaux qui aient le vol fi rapide, les mouyemens aufli prompts , le coup d'œil aufli jufte. Cependant la plupart , loin d’avoir d’amples aîles , n’en ont que de fort petites, par proportion à leur groffeur.… On peut juger par conféquent de la force des muf- cles qui les meuvent, & qui fuppléent à leur éten- due. Le bleu eft la couleur dominante dans l’efpece du Martin-pècheur ; il y en a très-peu dont le plu- mage n'en foit pas plus ou moins nué. Je ne crois pas que les trois efpeces fuivantes, dont deux font de l'Ifle de Luçon, & la troifieme des Philippines en général, aient encore été décrites. La premiere n’eft pas moins grofle qu'un merle ; le deflus de la tête, & le haut du col en arriere, font bruns. Cette couleur entoure l'œil, & traverfe le point où ileft fixé ; mais il y a au-deflus, depuis la racine du bec jufqu’à l'œil , une raie blanchâtre Pl XXE I 66 V'OMANG'E longitudinale ; les petites plumes des aîles en def- fus font de la même couleur que la tête & le haut du col ; les grandes plumes font dans leur milieu bleuâtres & noires , & d’un noir lavé à leur extrémité, Le deflus & le milieu du dos font bruns ; luropi- gium & les couvertures de la queue en deflus, font d'un bleu de ciel brillant; la queue eft en def- fus d’un bleu foncé ; les petites plumes des aîles font chamois en deflous; & les grandes de même en deffous , font cendrées; la gorge, le col en de- vant, la poitrine, le ventre & les couvertures de la queue en deflous, font blancs ; il y a fur le milieu de chaque plume un trait longitudinal brun. Entre le bas du col en arriere , & le haut du dos , s’éten- dent des plumes femblables à celles du ventre: ce qui forme en cet endroit un collier; le bec ef très- gros , & les pieds font petits, comme dans tous les Martin-pêcheurs. La feconde efpece, beaucoup plus petite que Îa précédente, moins grofle d'un tiers environ que le Martin - pêcheur d'Europe , eft un des plus bril- be ms - D mal RES pour À Fe M4 ent de. ge. Î 4 ES MX 1 MERE F4 ù PARU Dre 7 MA * ve JE Libé de! ; ‘ ÊSE “e Rate CPU ME) LE PAE ‘a ré trs Are Le LCR TN x ve Dé 2 4 à pe 00 plié M AN Eh End dlaatobéntes de États à: 3 à $ NE La Li #87, Pag. 67, L. S'onnerat Lnaæ CBuquoy . Seup Le Martin-L1Echeur de LZsle de Luçon 3 A LA NOUVELLE GUINÉE. 67 lans oifeaux qu'on puifle obferver ; la tête entiere, le col en arriere, les côtés du col, le dos , le crou- pion , la queue, font de couleur de lilas foncé ; Les aîles font d'un bleu d’indigo, tirant fur le noir, mais un limbe d’un bleu vif & éclatant, qui en- toure chaque plume , en releve l'éclat; la gorge , P.XXXR le col, le ventre & le deffous de la queue, font blancs ; le bec eft très-long, d’un rouge de carmin, dont la nuance eft foible ; les pieds font rougei- tres. Ce qui caractérife fur-tout cette efpece, c'eft qu'elle n'a que trois doigts à chaque pied ; deux en avant & un en arriere. Cependant la forme de toutes les autres parties du corps ne permet pas de faire de cet oifeau une efpece à part: & ce n'eft qu'une preuve de plus de l’infufifance de tous Les fyflèmes , quelque bien combinés qu'ils foienc, & quelque généraux qu’on les croie. La troifieme efpece, beaucoup plus grande que la feconde, & un peu moins que la premiere , a la tête, en deflus , en arriere , fur les côtés, le haut du col en arriere , le deflus du dos en entier, la I 2 Planche XXXIIT. Planche XAXIV. 638 VO TAB GYE queue & les aîles, d'un bleu nuancé de verd. La gorge , le col en devant, la poitrine & tout le ven- tre, ainfi que les couvertures de la queue en def- fous, font blancs : la couleur blanche de la gorge s'étend en arriere , & forme entre le haut du col & le derriere de la tête, une raie tranfverfale cir- culaire ou un collier blanc; les pieds, ainfi que la partie fupérieure du bec, font d’un noir pâle; la mendibule inférieure eft jaunâtre à fa bafe. Les Barbues font des oifeaux dont le bec eft très- gros par proportion aux autres parties, convexe, & déprimé fur les côtés; la partie fupérieure a une échancrure bien marquée vers fon extrémité: des poils roides , dirigés en avant, entourent la bafe du bec. Les Barbues ont quatre doigts à chaque pied, deux dirigés en avant, & deux en arriere. Si lon excepte ce dernier caractere , les Barbues ont beaucoup de rapport avec les Piegriefches, à en juger par leur conformation, façon de voir qui trompe rarement. Les Barbues vivent de la même maniere que les Piegriefches, c’eft-à-dire, d'infedtes & de petits oi up. Je 4 (074 ‘ .B ag [e P, Sonnerat Pinæ, 7166 DZ #7 des Li. blanc © (#4 coll, cheur Martir Lt e L Se ET: ne : 31 ts He: En RTE A 2 Sonnerat, Pen. (#2 Baguo, ’ Seul x / Le Barbu de [Isle de Luçon , r'onoveriars A LA NOUVELLE GUINÉE. 69 feaux. On ne trouve point ce genre en Europe ; mais il eft commun aux deux autres parties de l’an- cien Continent , dans les climats méridionaux, & au nouveau , dans les parties qui font au midi. La Barbue , dont je vais donner la defcription , habite l'Ifle de Luçon. Elle eft un peu plus groffe & fur - tout plus al- longée que le Gros-bec d'Europe. Le front ou la partie antérieure de la tête, eft d’un beau rouge; le fommet, le derriere de la tête, la gorge & le col, font noirs ; il y a au - deflus de l’œil une raie demi-circulaire jaune ; cette raie eft continuée par une autre raie toute droite & blanche, qui def- cend jufques vers le bas du col, fur le côté; au- deffous de la raie jaune, & de la raie blanche qui la continue , il y a une raie verticale noire, & en- tre celle-ci & la gorge eft une raie longitudinale blanche , qui fe continue & fe confond à fa bafe avec la poitrine , qui, ainfi que le ventre, les cô- tés , les cuifles & le deffous de la queue, eft blan- che ; le milieu du dos eft noir; mais les plumes 70 VOYAGE de côté entre le col & le dos, font noires, mou- chetées chacune d’une tache ou point jaune: les plumes qui recouvrent l’aîle, font noires ; les qua- tre premieres , en comptant du moignon, font frangées à leur extrémité en blanc, & la cinquieme en jaune : ce qui forme une raie tranfverfale au haut de l’aîle ; au deffous de cette raie font des plu- mes noires , mouchetées chacune par un point jaune ; les dernieres plumes enfin qui recouvrent les grandes plumes de l’aîle, font noires, terminées par un liferé jaure. Les plus grandes plumes de l’aîle font aufli tout-à-fait noires ; mais les autres ont dans toute leur longueur , du côté où les bar- bes font moins longues, un liferé jaune ; la queue eft noire dans fon milieu, teinte en jaune fur les côtés ; le bec & les pieds font noirûtres. Les Pics ont le bec conique, très - fort & très- long; ils ont quatre doigts aux pieds, deux dirigés en avant, & deux dirigés en arriere; leur langue eft un mufcle très - long, arrondi, femblable à un ver, terminée par une fubftance dure, cartilagi- A LA NOUVELLE GUINÉE. 7r neufe, aiguifée en pointe, foutenue à fa bafe par un mufcle qui a la forme d'une fpirale, que l’ani- mal refferre & déploie à volonté; ce mufcle par fon ation élance la langue hors du bec, & l'en fait fortir très-avant, ou la retire à fon intérieur. Les Pics fe nourriflent de larves ou de vers d’in- fetes qu’ils piquent en dardant leur langue; ils fe nourriflent aufli de fourmis , de mouches, de mou- cherons , de pucerons ; l’oifeau darde fa langue au milieu d’une fourmilliere ou d’un grouppe de puce- rons ou de moucherons ; quand elle eft chargée d'in- fe@tes , que fa vifcofité empâte & englue, il la re- tire fubitement , & avale ainfi fa proie. Le rouge eft une couleur commune à prefque toutes les efpeces de Pics, vers la tre & aux plumes qui font en deffous de la queue. Les femelles different fouvent des mâles, en ce qu’elles n’ont pas, comme ceux-ci , de rouge à la tête, ou en ont moins. C’eft un genre dont les ef- peces font très-multipliées, plus abondantes à pro- portion que les pays font plus chauds, & dont il P.XXXV. 72 VOYAGE y en a d’exceflivement difproportionnées par la taille. Je décrirai trois Pics, que j'ai obfervés à l'Ifle de Luçon. Le premier eft de la taille du Pic vert. Les plumes qui entourent la bafe du bec en - def- fus font d'un gris nuancé de verd; le fommet & le derriere de la tête font d'un rouge vif; de chaque côté , depuis l'œil jufqu'un peu au - deflus de l’aîle, s'étend une raie blanche; le dos , les cou- vertures des aîles font noirs : mais les plumes du bas du col & du haut du dos , font bordées de blanc: les couvertures des aîles font piquetées de points de la même couleur ; les grandes plumes des aîles font noires , ainfñ que la queue: mais le tuyau des plumes eft jaune ; il y a aufli des taches jaunâtres fur les grandes plumes des aîles; les petites, qui font noires, font tranfverfalement rayées de blanc ; la gorge , la poitrine & le ventre font blancs , rayés de taches longitudinales noires ; le bec & les pieds font noirâtres. On pourroit nommer cette premiere efpece le Pic cardinal de 'Ifle de Luçon. La ñ UN (AND HSE ert AA fe AAA (PH APTE | At a je: À ji 4 h MEN Nu ul it) lt Sonnenat , Pine, c “Bagquoy Sup > LLsle de Luçon. Lie surnomme Le Cardinal hyntat ., D ee orme to dada mie AA Le A 5 + pT F 2: LE pe. “eo As ep Jess do “ LA En PACA Peu Eh 440 STORES LEA ANT WA C Baguoy » Je up. Sonnerat, Pena Le Pre Der d. de LZsle de Zuçon, DE tee de rs ha ER NE vie 2, S'onnerat, Pena CBagquoy Sup Le griwele ou arand 2e de [Zsle de Luçon. « A LA NOUVELLE GUINÉE 73 La feconde efpece , à qui conviendroit bien le nom de Pic-vert de l'Ifle de Luçon, eft un peu moins grande que la précédente. Tout le corps eft en entier d’un verd un peu fali ; le deflus de la tête eft un peu taché de gris; les grandes plumes des aîles & la queue font noirâtres; les couvertures de la queue en-deffus font d’un rouge de carmin très-vif : qui forme en cet endroit une large plaque; les pieds & le bec font noirûtres. La troifieme efpece, ou le Pic grivelé de l'Ifle de Luçon, eft de la taille du Pic-vert d'Europe. Le deflus , les côtés , le derriere de la tête, le der- riere du col, le dos & les aîles, font d’un brun luftré , mêlé de verdâtre. Les plumes du fommet de la tête font plus longues que les autres, & forment un commencement de huppe ; la gorge , Le devant du col, la poitrine & le ventre , font blancs ; mais chaque plume eft entourée d’un cercle noir: ce qui fait que l’oifeau paroît en - deflous abfolument grivelé en noir & blanc; les plumes de la queue font d'un noir brun. Il y a fur chaque plume deux Planche XXXVI. Planche XXXVIT, 74 VOYAGE taches blanches, dont l’enfemble forme une raie tran{verfale ; les couvertures de la queue en - deflus font d'un rouge de carmin; l'iris eft rouge; les pieds & le bec font noirs. Les Perroquets font des oifeaux communs à l’an- cien & au nouveau Continent: mais on ne les y trouve que dans les parties chaudes. Il n’y en a point en Europe. L’Afie n’en nourrit que dans les contrées qui font au Midi. La Louifiane paroît être en Amérique le point le plus avancé vers le nord, où l’on trouve des Perroquets ; encore cette vafte terre nen nourrit-elle qu'une efpece. Ce genre d'oifeaux eft peut-être le plus varié. Une obfer- vation très-digne de remarque , & bien difficile à expliquer, c'eft que tandis qu'on trouve dans le Continent les mêmes efpeces de Perroquets à de grandes diftances , tandis qu'elles s’y étendent très-loin, & y occupent beaucoup d’efpace , cha- cune des Ifles, où l’on trouve des Perroquets, nour- rit une ou plufieurs efpeces de ce genre, qui lui font propres, & qu'on ne trouve point dans les A LA NOUVELLE GUINÉE. 75 autres Ifles du même Archipel, quelque peu de diftance qu'il y ait des unes aux autres. Ce n'eft ce- pendant pas que ces oifeaux foient lourds, & n'aient qu'un vol court. On fait que dans le Continent, ils font de longs trajets ; qu'ils volent très-haut, long- temps de fuite, en bandes nombreufes ; qu’ils vien- nent de fort loin, en certaines faifons , pour chercher des fruits qui leur conviennent. Comment d’ailleurs, quand les Archipels , qui ne peuvent être que des portions du Continent arrachées & féparées par des révolutions, fe font formées, quand les Ifles, dont ils font compofés, ont été féparées, comment à l’inf- tant de la révolution, ne s’eft-il pas trouvé des indi- vidus de la même efpece, épars dans les portions qui ont formé différentes Ifles? Dira-t-on que ces efpeces ont péri dans les unes, & fe font confervées dans les autres ? Mais de quelle raifon plaufible pourra- t-on appuyer cette aflertion ? S'en prendra-t-on à l'influence du climat, à la nourriture? Ces deux conditions ne font, & ne peuvent pas être aflez différentes dans des lieux fi voifins, qui font fous K 2 76 VO V'AG:E le même ciel, où l’on trouve les mêmes fruits , pour produire les changemens & les altérations qu'on voudroit leur attribuer. Il faut chercher une autre explication , & je l'abandonne aux difcuf- fions des Naturaliftes, me bornant à décrire huit efpeces de Perruches , que j'ai obfervées à l'Ifle de Luçon. La premiere eft plus petite d’un tiers que Îa Perruche , nommée par les Oiïfeleurs de France, Moineau du Bréfil. Elle n'a pas la groffeur d’un Se- rin,. Le fommet de fa tête eft bleu ; le derriere eft verd , ainf que le col; la gorge, & tout le def- fous du corps, eft d’un verd clair, excepté une ta- che rouge, ovale , qui eft au bas du col ou au haut de la poitrine. Il y a entre Le col en arriere & le dos, une raie tranfverfale jaune ; Le dos, les aîles & la queue font d’un verd foncé; les couvertures de la queue en-deflus font rouges ; les pieds & le bec font gris. La feconde efpece un peu plus groffe que la premiere , efl coute verte , d'un verd foncé en-deflus 1e tes “ AA Re bee TEMAURS © CROP PER PES FRET Sn, rreSEg tb MARS TATE " e \ L Sonnerat Pnx. € Laquey « foulp lites Lrrruches de l'Isle de Luçon. TL | MP Sr E mer nee sn mp F Ets UE : = - EE > au P. Sonneral Fnx, Ye Baguoy Jeu. 7 L'ucon ’ Les peliles Paruches à coler de Url d 1 \ : h | jp 2 ve ls Bagquey É feuÿp L.Sonneral linx Piles Prruches de Ulrke de Luçon. A LA NOUVELLE GUINÉE 77 & d’un verd clair en-deflous; Les pieds & le bec font gris , & l'iris eft d’un jaune très-clair : l’une & l’autre efpece ont la queue courte. La troifieme efpece eft de la taille du Moineau du Bréfil ; tout le corps eft d’un verd gai & agréable, plus foncé fur le dos, éclairci fous le ventre, & nuancé_de jaune. Il y a derriere le col , au bas de la tête, un large collier ; ce collier eft compofé , dans le mâle, de plumes d’un jaune clair , dans la femelle, de plumes d’un bleu de ciel; mais dans l’un & l'autre fexe, les plumes du collier font variées tranfverfa- lement de noir ; la queue eft courte, de la longueur des aîles, & terminée en pointe; le bec, les pieds, l'iris, font d’un gris noirâtre. Cette efpece n'a pour elle que fa forme & fon coloris; elle eft d'ailleurs fans agrément , & n’apprend point à parler. La quatrieme efpece , un peu plus petite que la troifieme, a le col en arriere, le dos, les petites plu- mes desaîles , la queue, d’un verd foncé, le ventre d'un verd clair & jaunâtre ; le fommet de Îa tête du mâle, les plumes qui entourent le bec en-deflus Planches XXXVIII, XXXIX & XL. PI XLI. INECSPEEMSP ERREUR CEE DIR EIRE PRES ERERR 12 78 VOYAGE dans la femelle, font d’un rouge très - vif. Il y a dans la femelle une tache jaune au milieu du col , en ar- riere ; le mâle a la gorge bleue , la femelle l’a rouge. L'un & l’autre fexe a les grandes plumes des aîles noires ; celles qui recouvrent la queue en-deflus font rouges ; Le bec, Les pieds & l'iris font jaunes. Je donne ces deux Perruches comme mâles & femelles, parce qu'elles me femblent différer très-peu , fe convenir par la taille, par la forme , par les couleurs , parce qu’elles habitent le même climat. Je n'oferois ce- pendant affirmer que ce ne foient pas deux efpeces difinctes. L'une & l’autre ont encore de commun de dormir fufpendues aux branches, la tête en bas; d’être friandes du fuc qui coule du régime des coco- tiers fraîchement coupés. La cinquieme efpece eft du double plus groffe que la précédente ; elle a la tête, Le col & le ventre d’un verd clair & jaunâtre. Il y a une bande fur les aîles, de cette même couleur: mais chaque plume qui forme cette bande, eft bordée extéricurement de bleu ; les petites plumes des aîles font d’un noir ver- WA ' VU Ü RS SU RNA RO AT ET EUR Jonnerat Pnx . C: Baguoy Jeu. La petite Perruche de Ts de Luçon. NRA D FRÈRE HART l À 4e 14 ft ÿ [e | 4 L bé AC "ty 2 1% à 1 : ? AL > 2 \ « p S £ # + « ? Ÿ ‘ # D A Qu / - : u . pu > / 2 4 . PE" "+ « v | . l i ‘ ty Y 1 2 "& À È L Lin AN # « EL Lu AL DS PUF PTS NC p h RAT AT Sue, p F AT AEE , À ji Es 4 F A 1e ve | H LCD nl | Li AA : È IAE € «| or: È CPE] r M \ à F2 Au 0 : > ñ À mers 2 | * AT | . | A. (4 ù LA cs f #4 \ € , ï | Û TR Lé $ PEL TS ë CT NE OL On QE DAT ] [ai eat RUES LS : L ( } 2 LP S'onnerat, Pinar. Za Lerruche de LZsle de Zuçorr. A LA NOUVELLE GUINÉE. 79 dûtre; les grandes font d’un beau noir velouté ; la queue eft lilas clair. Près de fon extrémité, il y a une bande noire très-étroite ; les pieds font gris ; Le bec & l'iris font d’un jaune rougeûtre. Les Perruches que je viens de décrire ont toutes la queue courte. Les trois efpeces dont il me refte à parler, l'ont au contraire, les deux premieres, très- longue , & l’autre de longueur médiocre. La fixieme efpece , ou la Perruche à tête rouge, eft de la grandeur de la Perruche commune; le deffus de la tête & les côtés font d’un rouge vif, qui fe termine vers le bas de la tête en violer ; la gorge eft noire; & cette couleur , fe prolongeant en arriere , forme un collier étroit au haut du col ; tout le deffus du corps & les aîles font d’un verd vif ; le deffous eft d’un verd jaunâtre ; la queue eft longue & verte, mêlée de quelques plumes bleuä- tres. Il y a fur l'aîle, un peu au-deffous du moignon, une tache tranfverfale d’un rouge éclatant ; la par- tie fupérieure du bec eft jaunâtre , l'inférieure eft noire ; les pieds font gris, l'iris eft jaune, PI. XLII, PI. XLIII. PL 'XLIV. 80 VOX ANGE La feptieme efpece , ou la Perruche à collier de l'Tfle de Luçon , eft aufli groffe que celle que je viens de décrire ; elle a la tête, le col & le ventre d'un verd grisâtre. Il y a fur le col une bande d'un lilas clair, qui forme un collier; l’aîle & le dos font d'un verd de pré. Il y a fur le commencement de l’aîle une tache affez large d’un rouge foncé; la queue eft étagée ; les plumes du milieu font les plus longues, & font d'un verd de pré : les autres font d’un verd grisâtre ; le bec & l'iris font rouges, les pieds font d’un gris noirûtre. La derniere efpece , ou la huitieme, eft du dou- ble plus groffe que la précédente ; mais elle a la queue moins longue, & étagée, Les plumes du mi- lieu étant les plus longues ; les plumes qui entou- rent le bec font d’un verd vif; le fommet de la tête eft bleu; le deflus du corps, les grandes plumes des aîles , la queue en-deflus, font d’un verd de pré ; tout le deffous du corps eft d’un verd jaunâtre; la queue cft en-deflous d’un verd gris; les petites plu- mes des aîles , ou celles qui recouvrent les grandes, font La Lerruche a coller de LZste de Luçon , ce" D a ra PAT ES 2 à ve: Ne 44° : MUC ET à 3 Vs ri Ts “ Le o : (: à 1 < : t mr * RS RDA ; f EE 4 4 He : re \ « poils ie Le NU : h + Er TR FCI 1 1 d ï 14 4 à AUX à: 2° ….t VE, ENSESTTE L “ L FRS Ka NS. Fe 54 FUME À Pts, te - : Caire | # ÿ p) | « . à | (2 4 In) nn 4] j Le és < ae à. 0 r, LA s rt ‘ a Le at A LA NOUVELLE GUINÉE. S$gr font noires , bordées de brun jaunâtre ; les dernieres de ces plumes font également noires : mais le noir eft entouré de bleu ; & le bleu l’eft de brun jau- nâtre. Ce mélange forme fur les aîles une large ta- che très-belle ; le bec eff très - gros , & couleur de chair-vive ; les yeux font très-petits, & l'iris en eft blanche ; les pieds font noirâtres. ‘ Les Voyageurs & les Colons ont donné le nom de Chirurgien à un genre d'oifeau, qui fréquente les lieux bas & humides , le bord de la mer, des lacs & des rivieres. IL a le bec droit, renflé vers fon extrémité ; les jambes dégarnies de plumes juf- ques bien au-deflus du genou ; les doigts grèles & très-longs ; les ongles menus, d'une longueur ex- ceflive. Ses ailes font armées d’une épine ou pro- tubérance , de fubftance cornée , qu'on a apparem- ment comparée à une lancette, à caufe de l'effet qu'on fuppofe qu’elle produit dans les combats que livre cet oifeau ; d’où eft venu le nom qu’on a donné à ce genre. IL ne fe trouve point en Europe, mais L PI. XLV. 82 V'IOTFENGYE dans les climats chauds de l’ancien & du nouveau monde. Le Chirurgien que je décris , ou celui de F'Tfle de Luçon, eft un peu moins gros que le Vaneau commun d'Europe. Le deflus de fa tête eft d’un brun foncé. Il y a au-deflus de l'œil une raie lon- gitudinale blanche , qui finit à l'œil; cette raie fe continue enfuite , & defcend le long du col jufqu'à l'aîle: mais au lieu de continuer à être blanche depuis l'œil jufqu’à l’aîle, elle eft jaune , couleur de citron; à l’angle des deux mâchoires, prend naiflance une autre raie longitudinale brune, qui, étant coupée par l'œil, fe prolonge le long de la premiere jufqu'un peu au-deflus de l’aîle; tout le dos eft d'un brun clair ; la gorge & le ventre font blancs: mais il y a fur le haut de la poitrine une large tache brune; les petites plumes qui recou- vrent les aîles, font blanches; les plumes qui fui- vent , ou les moyennes, font d’un brun clair , on- dées par des raies tranfverfales noires ; les moins Mat da 4 MY, A an PA prb AT” " Sonnerat. Pa, C. Ba 74/4 Jeu Le Oururagen de lLsle de Luçon. Ne a L L. (148 4 ; > 1 | Le En DRIVE SALES UT DOME HSE y LL be Ep Du Ter, R ” 7 La < 2 ai Lué LI wi te Luis : Aui- 00 ARE ot 24 Lou Ne PESTE EPA OS TEST LE RAT! 4 2 s : Ge a re Ne LÉ Pres v EE RES TG TE nt ep 4 © à 1, été) ex j ET LUE 4 A LA NOUVELLE GUINÉE. 83 longues des grandes plumes des aîles, font blan- ches; les plus longues enfin font noires. Mais ce qui caractérife fur-tout cet oifeau, ce font trois appendices , qui naiflent des trois dernieres gran- des plumes de chaque aîle ; ces appendices font un filet cartilagineux , qui d’abord eft étroit, & qui fe termine enfuite en une petite plume figurée en fer de lance allongé. Ces appendices font noirs ; ils ont environ deux pouces de long, & prennent leur origine au milieu de chaque plume où ils font attachés , n'étant qu’un prolongement ou une bran- che féparée du tuyau de la plume ; le bec eft grisâtre, & les pieds d’un noir lavé. | à On trouve dans les lieux bas & humides de l'Ifle de Luçon , fur-tout dans les endroits engraiflés par les troupeaux qui y paiflent, & y laiflent des excré- mens , qui fervent de pâture aux vers & à un grand nombre d'infeétes, un Pluvier, peu différent de celui que M. Briflon à nommé le petit Pluvier à collier. Ce dernier fe trouve en Europe; il eft le L 2 PI. XLVI. 84 VO MUAIGIE même, à bien peu de chofe près, en Sibérie, à la Louifane , à Cayenne , prefque dans tousles climats. Celui que j'ai à décrire differe peu de ceux dont LS a . . . 2 . j'ai fait mention. Ne feroit-ce qu'une efpece , mais peut-être la plus étendue de toutes, altérée légere- ment & foiblement changée par l'influence des climats? Le petit Pluvier de l'Ifle de Luçon a la groffeur & la forme de celui d'Europe. Le fommet de fon front porte une tache blanche; le refte de la tête en-deflus jufques par-delà l'œil , & les cô- tés, font noirs; le noir en-deflus eft terminé par une raie tran{verfale brune , qui s'étend d'un œil à l'autre’, en pañant fur la tête ; le bas de la tête eft brun , couleur de terre d'ombre, & cette couleur eft celle du dos & des aïîles ; la queue eft noire, terminée de blanc ; la gorge, le col en-devant, & le ventre, font blancs: mais il y a au bas du col une bande noire, qui s'étend en arriere , qui em- brafle tout le col, & forme un vrai collier ; le blanc de la gorge s'étend en arriere entre le bran de la tête & le noir du collier; il forme en cet en- Le ap dt ji? JT P. Jonnerat Pr, Pt Pluvier a Colber de L le de L #cort , DOTTICREE DYORLETS MAP LA à ét me 6 (a Emagtee PET Ps ‘ x 1 mL Ge Re qe À To À à ed È de ès be carnage at eat er = me ghond aies sh rates + LL! 1 ed à 68077 1 # _ 2. + + . e À re + Ne \ N À at "had 1! » L +: LE + L \ LES UE | PL. Sonnerat linx. À Bagquoy Jeulp Courly brun de Usle de Luçon. mr . Le ol ne - Po 3 - ) ps Lot ACL RATE Le LÉ Deer À = m0 cmt LA ë » #4 y dr re D FEES ay Led APT Lg. 86. D] De C+ Baguoy Jeulp , P. Sonnerat lnx Le Courly lachete de lIsle de Luçon 4 A LA NOUVELLE GUINÉE. 8; droit un demi - cercle blanc, & étroit; le bec & les pieds font noirâtres ; l'iris eft jaune. Je n'ai obfervé à l'Ifle de Luçon que deux ef- peces de Courlis. Le premier eft de la taille du Cour- lieu d'Europe, ou à-peu-près Le double d’une Bé- cafle ; tout fon plumage eft d’un brun roux ; fes yeux font entourés d’une peau nue , verdûtre ; c’eft auf la couleur de fon bec ; fes pieds font rouges, de couleur de laque, & l'iris eft d’un rouge vif. Le fecond , ou le Courlis tacheté de l’Ifle de Lu- çon, eft du tiers moins gros que le précédent ; il a le deflus de la tête noir; la tête, le col, la poi- trine , font blancs, avec des bandes noires longitu- dinales très-étroites ; le ventre eft aufli coupé par des bandes tranfverfales & demi - circulaires, qui font noires ; les petites plumes des aîles & le dos, font couleur de terre d'ombre, & ont fur leur bord deux, quatre ou fix taches blanches; les grandes plumes des aîles font entiérement noires; la queue eft d'un gris vineux, coupé par des lignes tranf- verfales , qui font noires, PI, XLVIT, Planche XLVIL, PI. XLIX. S6 VW, OV ATGLE Il ne me refte plus à parler dans ce Chapitre que de fept oifeaux : ils fe trouvent dans toutes les Philippines. On y nomme le premier, le Paon fau- vage ; le fecond, le Secrétaire ; le troifiéme & le quatrieme font deux Spatules ; le cinquieme & le fixieme , deux Pélicans ; & le feprieme ; une Sar- celle. Le Paon fauvage a trois pieds de l’extrémité du bec à celle de la queue; il n'a que trois doigts à chaque pied, tous trois dirigés en avant , & réunis jufqu'à la premiere articulation par une membrane ; fes jambes font dégarnies de plumes jufques aflez haut au-deflus du genou ; fon bec eft long , très- pointu, droit, & un peu renflé vers fon extré- mité. Les caraéteres que je viens de détailler, indi- quent aflez que le nom qu'on a donné à eet oi- feau , ne fauroit lui avoir été impofé en confidé- ration de ceux qui font propres au Paon; qu'il eft d’un genre très-différent ; que celui dont il fe rap- proche le plus, eft celui du Pluvier: peut-être le nom qu'il porte eft-il dû à quelqu'attitude, quelque À À MTL W NT COIL 7 ZA sle Ce Z / ge de AU ON J > La € ï LL Mgr penses , RCA ay | h 4] L Ê eux Er ‘ 7] J ? Jonneral Lans - Le C fee relaure ue A LA NOUVELLE GUINÉE. 87 — — pofition qui lui eft ordinaire, femblables à celles qu'affecte le Paon : c’eft ce que j'ignore. Quant aux couleurs , la tête , Le col, la poitrine, font cou- verts de plumes d’un gris clair , coupées par des raies tran{verfales , demi-circulaires | qui font noi- res. Il y a fur la tête une longue aigrette, que l’oi- feau porte couchée en arriere , horizontale & pa- rallele au plan du corps. Cette aigrette eft terminée en pointe. Les plumes fupérieures en font toutes noires, & les inférieures grifes, traverfées de bandes noires ; le dos, les aîles & la queue font de cou- leur brune ; les plumes qui recouvrent l'aile à fon pli, ou l’aîle bâtarde, font blanches, terminées par un cercle gris ; le ventre eft blanc ; le bec eft d'un noir lavé. Cet oifeau fe trouve aufli au Cap de bonne - Efpérance. Il porte, dans cet endroit, le même nom que je lui ai donné dans ma defcrip- tion. Le Secrétaire he fe trouve pas feulement aux Philippines , il habite encore l'Afrique. On le con- noît au Cap de Bonne - Efpérance, C'eft un oifeau PI L, 88 VO YANG 'E de la taille du Coq-d’Inde; il a le bec des Gallina- cés; il en a les pieds: mais les jambes font dégar- nies de plumes jufqu’au -deflus du genou. Cet oi- feau a cela de particulier , qu'il eft exceflivement haut monté. Cependant fa cuifle n’eft pas très- longue ; mais l'os de fa jambe femble avoir une longueur démefurée. Le defflus du corps, le col, le ventre, les petites plumes des aîles, font d’un gris bleuâtre, plus clair en- deflous qu’en-deflus ; les grandes plumes des aîles, & celles qui revêcif- fent le bas de la cuifle, font noires ; la queue dé- borde peu les aîles; mais de chaque côté de la queue naïflent deux plumes étroites, cendrées, aufii longues que le corps entier de l'animal. Du fom- met de la tête, en arriere, jufqu'au bas du col, naiflent de diftance en diftance, à intervalles iné- gaux, deux plumes paralleles, qui deviennent plus longues, à mefure qu’elles prennent leur origine plus bas. Ces plumes font noires, leur tige eft ferme , aplatie, élaftique, courbée dans fon mi- lieu du côté du corps ; les barbes en font étroites, égales CPPECMAN ; Rn: 7 L Jonnerat Pnx 2 Baguoy 07/2 Per, Jpalule blanche de L'Isle de Luçon. A LA NOUVELLE GUINÉE. 89 égales des deux côtés & frifées. Ces plumes forment toutes enfemble une huppe, qui s'éleve & fe baifle à la volonté de l’animal. Quant à fes mœurs, ül eft fociable, & vit en domeficité ; il donne la chafle aux rats, & pourroit , fous ce point de vue , deve- nir utile dans nos Colonies, où probablement il ne feroit pas difficile de le multiplier. Il fe nourrit de chair , & doit par conféquent être mis au rang des oifeaux de proie, parmi lefquels il forme un genre tout-à-fait ifolé. Son œil eft entouré d’une peau nue d'un rouge foncé , & recouvert par des poils, qui forment un véritable fourcil; l'iris eft grife, ainfi que le bec & les pieds. Je nommerai les deux Spatules, l’une la Spatule blanche de l'Ifle de Luçon, & l’autre la Spatule huppée. Elles font toutes deux aufli groffes que les Spatules rofes de Cayenne. La premiere eft prefque toute blanche ; les deux plus grandes plumes de l’aîle feulement font en partie blanches, & en partie noires; le bec eft d’un M PL LI: Pl. EI. 90 VOYAGE Brun rougeûtre ; les pieds font d’un jaune tirant fur le rouge. La feconde Spatule eft entièrement blanche; elle a fur la tête une huppe qu’elle peut lever à vo- lonté ; les plumes en font très-longues, & les bar- bes féparées les unes des autres; le bec eft d’un gris roux , mais les bords en font rouges ; Les pieds font d’un rouge clair & terne. Les Pélicans font des oifeaux pêcheurs ; ils font leur nid à terre ; quoiqu'ils paroïffent extrêmement pefans au vol , ils s’élevent très-haut. Leur chair eft dure & huileufe. Ils ont au col une poche ou mem- brane épaiffe ; charnue , fouple, & qui s'étend comme un cuir , dont l'orifice eft attaché au vuide que les deux parties de la mâchoire inférieure laiffent entr'elles. Cette poche tombe fur l'eftomac de l’oi- feau , où elle eft aufi attachée , ainfi que le tong du col. Lorfque l’oifeau va à la pêche, il engloutit go u- lument la proie qu’il rencontre , la conferve quelque temps dans la poche qu'il porte fous le col, & P Sonnerat Pnx . ? Le O2, » ? Vs ele de Lu É [4 LA » Aupe La Spaliule VE Ptit: Ar eu Rty: L 2 € ET ReT 4 in | de ; MÉLECAS MORAL PART ES AT 17e À (a LB LS 2 : RARE nn tb EE A re “0 AE ne VA L S'onnerat, Prra., € Bagues. Jeu : Le Pelican Lruri de LT, 7 de Luçon , NA is co » HE LA ad va gr: 4Lepe-4 LAS M Pl 0 mp et ne Pre pere mm , ap Nr D SEL TES EUR i} 11] ll) 2. Sonnerat. Pna Le Pelhcan r7OoSC de lZsle de Luçon. 00200000 ee A LA NOUVELLE GUINÉE. or l’avale enfuite à loir. Les Pélicans ont quatre doigts à chaque pied unis ‘enfemble par une membrane qui s'étend jufqu'au bout des doigts. Les deux Pélicans que j'ai à décrire, font gros comme nos plus groffes Oies domelftiques ; ils ne quittent jamais les pêcheries que les Indiens établif- fent fur Le bord du grand'Lac de Manille. Le premier Pélican ou Le Pélican brun de l'Ifle de Luçon, eft entièrement brun ; le tour des yeux eft dénué de plumes, & de couleur jaune. La poche eft de cette même couleur ; Le bec & les pieds font noirs. Le fecond ne diffère du premier que par les cou- leurs ; il a de même le tour des yeux dénué de plu- mes , & de couleur jaune , ainfi que la poche , mais fon plumage eft en entier d’un rofe vif. Le bec & les pieds font noirs: peut-être eft-ce la même efpece que la premiere , & que l’oifeau change de couleur en vieilliffant. La Sarcelle de l'Ifle de Luçon eft plus petite que la petite Sarcelle d'Europe. Le deflus & les côtés de M 2 PI. LIL PI. LIV. PI. LV. 92 VO Y'AGE la tête , ainf que la gorge , font blancs ; le col, lapoi- trine & les premieres ou les petites couvertures des aîles, font d’un brun rougeâtre; les grandes plumes des aîles & la queue font d'un noir ardoifé: le dos eft couvert de plumes jaunes, terminées par un cercle noir; les plumes du ventre font blanches, encadrées d’un cercle noir ; les pieds & le bec font noirâtres. PL, 66. LP LL DNA : Ÿ | Baguoy € Re K K : Ÿ } À L fi À ? Luçon À L € le arcelle de [I » f Le La pehte NE bi } bye Ch Fa ra "ah, LE (te Li ie] rh L ' Ou: 4 (a (a Le 2 ( \êt it ait CnA US tea LE TRE BOAT 1%? tiers ox A Mau : l'UCR A LA NOUVELLE GUINÉE. 93 a CHAPITRE VIT. Continuation du Voyage dans l'intérieur des Terres ; Defcriprion de quelques fruits inconnus , qui fe trouvent à l'Ifle de Luçon. J E quittai, au bout de quatre jours , les lieux où j'avois tué les oifeaux dont je viens de donner les defcriptions. Je continuai ma route du côté de l’eft. Je n'étois pas éloigné des bords de la mer, quand un de mes gens me donna l'alarme. Nous allons, me dit-il, être attaqués par les Maures. Je me re- tourne à fa voix, & j'apperçois quarante à cin- quante Brigands, qui defcendoient en hâte d’une hauteur: ils paroifloient venir à nous. Nous n’étions que huit. L'inégalité de nombre me détermina fur le champ. Je cherchai notre falut dans la retraite. Nous prefsämes nos chevaux. J'apperçus un Village, après une heure de marche, je redoublai d'efforts 94 VOYAGE pour y entrer, efpérant y rencoñtrer du fecours ; mais jen trouvai toutes les cafes fermées, & les échelles qui fervent à y monter, enlevées (*). Une cafe , qui me parut plus propre que les autres, attira mon attention. Je la crus la demeure de l’Alcade ou du Chef du canton. J'y courus ; le maître avoit fuivi l'exemple des autres habitans, & tous enfemble s’étoient retirés dans les bois, ayant apperçu les Maures qui defcendoient la montagne. Je pris aufli-tôt le parti d’enfoncer la porte, & ne trouvai dans la cafe qu'une femme très-âgée, qui n'avoit pas fui, parce qu’elle penfoit bien que les Maures la regarderoient comme une mauvaife prile. Elle me parla beaucoup , mais-je n'en pus — (#) Dans les Philippines , les Moluques & la nouvelle Guinée» routes les cafes font foutenues fur quatre piliers de huit à dix pieds de haut, & Jon y monte par une échelle, qu’on retire tous les foirs. L’ufage d'élever les cafes , a pour but de fe garantir de humidité, celui d’enlever les échelles qui fervent à y monter, de fe mettre à l'abri des bêtes féroces, & de la partie des habitans qui vivent dans l’état de barbarie. A LA NOUVELLE GUINÉE. os tirer aucun éclairciflement. Je n'entendois pas la langue qu’elle me parloit | & mon Interprète n'étoit occupé que de la crainte de tomber entre les mains des Maures, ou des moyens de leur échapper. Je defcendis de ma retraite; je parcourus le Village. J'y cherchai en vain du fecours ; je regagnai mon afyle, & me réunis à ma troupe. Déjà les Maures entroient dans le Village ; j'étois perfuadé que leur premier mouvement feroit de m'attaquer ; le mien fut de me mettre en état de les recevoir , & de les repoufler ; mais foit qu’ils euflent une autre inten- tion, ou que notre contenance changeît celle où ils avoient peut - être été d'abord, ils ne paru- rent point à l'endroit où nous étions retirés. Je les vis entrer dans les différentes cafes , qui compo- foient le Village , en fortir chargés de butin , &c traîinans après eux trois ou quatre femmes, & quel- ques enfans. Les cris, l’état de défefpoir des malheureux qu'ils enlevoient, me pénétrerent d'horreur. Ou- bliant le nombre auquel j'aurois eu affaire, & 96 VOYAGE le peu de gens que j'aurois eu à oppofer, je pro- pofai à ma troupe de nous jeter hors de la cafe, d'attaquer les Maures, & de leur ravir leur proie. Je m'avançai ; mais n'étant fecondé que par des gens dont la contenance timide me fit connoître que je ne devois compter que fur moi, qu'aurois- je pu faire ? Je m'arrêtai, également indigné de la férocité des Maures, & de la lâcheté d'un Peuple à qui la vue de ces Brigands n'avoit infpiré d'autre fentiment que celui de la crainte. Les Maures, chargés des dépouilles qu’ils avoient enlevées , & las d'en ravir, ou n’en trouvant plus dont ils puflent fe charger, s’éloignerent enfin, & prirent leur route du côté de la mer. Je fortis après eux du malheureux Village qu’ils avoient pillé, & je me rendis à celui de Sainte-Rofe , à quatre lieues de Calamba. J'y trouvai un homme intelligent , utile à fes concitoyens ; c'étoit le Pafteur du lieu, Il me reçut avec honnêteré, me fit remarquer deux machines en ufage dans le pays. L'une qu'on ap- pelle chapeler, fert à faire monter l'eau dans les champs où P, rer del. | Machine pour peche dent se servent les Indiens de Url de Luçon A LA NOUVELLE GUINÉE. 07 où l'on cultive le riz, & l'autre fert à la pèche. La premiere eft connue, & l'on en peut voir la def- cription dans les Récréations Mathématiques. La feconde mérite d’être décrite. Le deflin que j'ajoute à la defcription , en peut donner une idée jufte. A eft un Radeau de Bambouc , fur lequel le Pêcheur a toujours foin de conftruire une petite cafe pour fe mettre à l'abri du mauvais temps. B eft un treuil ou barre mouvante , tenu dans les deux crampes C; les deux leviers D font liés à leur bafe fur le milieu du treuil, & forment un angle ob- tus; les deux leviers fe foutiennent par un cor- dage , qui traverfe de l’un à l'autre , lié d’un côté au point de feétion des fourches , qui fupportent un filet beaucoup plus grand que les nôtres, & de l’autre un contre-poids Q. On comprend aifément que le contre-poids, égalant à peu-près la pefanteur du filet plein d’eau , le Pêcheur n'a que peu d'efforts à faire pour obliger fon filet de s'élever fur la furface de l'eau. | Sainte-Rofe fut le dernier Village que je vifitai: PI. LVL 98 V0 MAGIE & les objets dont j'ai traité font les feuls que j'eus le temps d'obferver par moi-même à l'Ifle de Lu- con. Mais j'appris de ceux avec qui je converfai, que cette Ifle eft fujette à de fréquens tremblemens de terre; qu'il y a plufieurs volcans dans l'Ifle, ou plus vraifemblablement plufeurs bouches d'un même volcan. Que la partie policée des habitans, fou- mife aux Efpagnols , eft fous la direction d’un Gou- verneur général, d'un Archevèque & trois Evèques. Il ya dans toute l'Ifle vingt Couvens , quinze d'hommes, & cinq de filles. On compte à Manille feule environ douze mille Chrétiens. Tout le pays en général étoit autrefois beaucoup plus peuplé , lorfqu'il étoit fréquenté par les Chinois; plufieurs s’y étoient établis , d’autres y faifoient le commerce. Mais M. Auda, Gouverneur général , les bannit, par l'effet d’une mauvaife politique, & les chaffa abfolument de toute lIfle. Le commerce & les arts, qu'ils faifoient fleurir , déchurent , tombe- rent , & ne fe font pas relevés depuis. La mifere & 1444 ACTA ir thèree Martine Julp. … Gel. P Sonnerak, Pan 2. rule «a L4 e Rima ow Z À LRÉMAEEELE TERESA Lund il lue A7 mn; Mylene DE er mme hrs M , + Fe 1. , Eu Aie te (ME | x M: à FE Fe + pok 2 FE * "4 ta a LA Fa folie TN | Mir 4 LUE 1 DUT ÆL,558 Page 99, = " * — ESS z= = ” D) = r Re \ æ - nf re L D Sorerat del fherese Martinet d'eup Ze Rima OU lriut a Pan, Re M TU à US QE 408 eme, an arr se Mon ns EE RITES ET REC EG De ni eme 20 — = ll | il dl ù —/ | | [on CAPE Er Dee l Miatinct Je | Coupe Lerpen diculaire du R ina où ut à Pan . | | . < hs é 5 a £ + a £ : . PR PT SRE se Gé ve 2 prime 62e os rte 2 se re ç= = : PART e Ë Ed ES = RE" RE Le ra ; G e ES PA : : . : + ee ue à #14 M ! LE +, 16 * D » à , ns # a Te STE Le 6 SEE à F3 à + ps: : + JE, 4 + r 4,1 œ É 1 le tie er Le) s « TANIS | “! c QC Es< 2 nt Ne LT E- r 2 A : 34 5 ET ER - - 1% * Cr SD TE | PONT Te - nt és PORC — ' . &:4. = F 4 16 + 4 + 4 2 » ES Le, on mn thargce Niartinsé Jef Differentes (6 oupes du Rima où Fruit « Lun. Zig.1. Coupe horwsontale du Fruit. Fig. 2. ( oupe perpendiculaire de la Fleur. Fig. 3.La Graines Fig. 4. Coupe pépendieulare de la Graine. Fig.8. 0 oupe horisontale. de la Crame.. A LA NOUVELLE GUINÉE. 99 la dépopulation ont été les fuites funeftes & nécef- faires de cette mauvaife adminiftration. Si l'Ile de Luçon eft fans force & fans richefles , il n’en faut accufer que les hommes qui y ont étouffé la nature. Il eft peu d’endroits où elle foit plus belle , plus féconde , plus variée. Elle y a donné aux oifeaux & aux poiflons des formes inconnues, & les a en- richis de couleurs brillantes. Elle y a placé les plan- tes dont les fleurs ont le plus d'éclat, & des fruits d'un goût excellent. Tels font la Jaquer , le Rima , ou fruit à pain, le Cacao, la Sapoaille , le Mangouftan; & le petit Citron doux. Le Rima, plus connu fous le nom de fruit à pain , eft un arbre très-élevé , & d’une belle forme, qui fe ramifie beaucoup. Ses feuilles naiflent aux extrémités des branches; elles font alternes, très- grandes , longues de deux pieds fur un & demi de largeur , & finuées affez profondément fur les bords latéraux. Cet arbre porte des fleurs mâles & des fleurs femelles fur le même pied. Les fleurs mâles N 2 Planche VE, EVTII, LIX&LX. 100 VO VAGUE font compofées d’un nombre infini d’étamines, dif- pofées en chatons, & portées fur uncorps fpon- gieux aflez allongé. Je n'ai pas vu la fleur femelle, qui étoit déjà tombée ; le piftil qu'elle renferme devient un fruit très - gros & fphérique, d’un pied de diametre, dont la peau raboteufe & inégale paroît compofée d’écailles régulieres à cinq, fix ou huit pans. Ce fruit renferme une grande quantité d'amandes aflez groffes, attachées à un placenta charnu & très-con- fidérable , qui occupe le centre; les amandes , re- couvertes chacune par plufeurs membranes, font farineufes comme la châtaigne. Ce fruit feroit d’un grand fecours dans nos Colonies ; on le coupe par tranches , & après l'avoir fait fécher, on le mange comme du pain: il en a un peu le goût, & fe conferve , étant féché, plus de deux ans fans fe gâter. J'en ai rapporté quelques plans à F'Ifle de France. Il y a lieu d’efpérer qu'ils y réufliront , par les fins qu'a pris M. Poivre pour les accoutumer au cli- mn AD à Pr [= - es » Er "#77 A Wa M À d 4 Î x + l'A x PE « L . , | j “ Qi - $ ÿ € PRE TN UT ri L k 4 + } k 1 ee 4 | + * \ 'Yr0 0 : NW | PL MNT IN à TT NT k i LE, PAU ALT 14% A TON % (4 . of s'at : . Le au: ri # e) L n" i Mag . ’ LP fonnerat, Vel Le Cacao 3 Page 101, therese Marlinet, K 4 red, ELA * Her ER) . PR PL. 62. ï 4 \ (l 1 | | | 1 È 1 ju ETAT Diffcrentes Coupes du Cacao. A.Le Cacao.B .( oupe perpendiculaire du Fruit, © . Coupe horizontale du Fruit — D. la Fleur vie & la Loupe.F, . Developpement de La Fleur vie &« la Loupe ) FE. une des Petales vue à la Loupe : . A LA NOUVELLE GUINÉE ror mat , moins chaud que celui des pays où croît na- turellement larbre à pain. L'Amiral Anfon, dans fon Voyage autour du Monde, au dépourvu de vi- vres , trouva heureufement ce fruit dans une Ifle déferte ; il en ramafla enquantité , & il déclare qu'il lui fut d’une grande reflource. Le Cacao eît un arbufte qui porte des feuilles al- ternes , ovales , feches, marquées de nervures très- faillantes, & portées fur des pédicules d'un pouce & demi de longueur; les fleurs font petites, & naif- fent par paquet le long des branches ; leur calice eft à cinq divifions ; les petales de couleur blanche, au nombre de cinq, font concaves à leur bafe, & repliées dansleur milieu. Les éramines, en même nom- bre , ont leurs filets recourbés en dehors, & leurs antennes cachées dans la cavité des petales : ces filets, en fe réuniffant par le bas , forment une gaïîne, qui produit par fon prolongement cinq languettes lon- gues , étroites , aigues & relevées. Le piftil, qui oc- cupe le centre, eft furmonté d’un ftyle , terminé par un ftigmate ; il devient un fruit aflez gros, ovoide, PI. LXI & LXII. LL THON ES ERESRRRSREAUERRE LE NE TE «068101, IES ENTREE 102 V: OM AGE divifé par côtes, garni à fa bafe de cinq languettes, & couvert de tubercules inégaux, d’un beau rouge de fang dans une efpece , & d’un jaune pâle dans l’autre ; c’eft une coque ferme, & prefque ligneufe, remplie intérieurement d'une pulpe blanche , dans laquelle font éparfes beaucoup de femences. L’ufage de ces femences eft connu : on en fait le chocolat. La maniere de le préparer, & les avantages de cette boiflon , font confignés dans une Differtation fa- vante de M. Linnæus , que l’on peut confulter , ainf qu'un Poëme latin fur l'Hygiene , par M. Geoffroy, Médecin de la Faculté de Paris. Le petit Citron doux a beaucoup de rapport avec le Limonia Trifoliata , décrit par M. Linnæus. C'eft un arbrifleau touffu, qui s’éleve peu; fes feuilles font alternes, & portées trois à trois fur un même pédicule , garni à fa bafe d’une épine très - forte ; elles font ovales, pointillées en-deffous ; l'intermé- diaire eft ordinairement plus allongée & échancrée à fon fommet. Les fleurs naiflent folitaires aux aif- felles des feuilles ; leur calice eft petit, à trois divifions ; la corolle eft à trois petales , rapprochés 1.63. Ze Petit Citron Doux. fonnerat. Ce A LA NOUVELLE GUINÉE. to3 par le bas. Je n'ai compté que fix étamines, au mi- lieu defquelles eft le piftil, farmonté d’un ftyle, terminé par un ftigmate; il devient une petite baie d'un beau rouge ; cette baie n’a qu’une loge , rem- plie par deux femences : la pulpe, qui eft ié- gerement acide, eft très-agréable au goût. Le petit Citron differe peu de l’Orangine des Chinois. PI. LXIIL. 104 VO YF ANGTNE QE —— ————© CHAPITRE VIII. Départ de Cavire ; Navigation jufqu'à Antigue ; Defcriprion de quelques Oifeaux obfervés à An- lIgue. Nous fortimes le 29 Décembre de la baie de Manille ; nous côtoyâmes les Ifles Mindoro & Pa- nay. La derniere nous parut remplie de Villages : les habitans font Chrétiens, & reconnoiflent l’au- torité des Efpagnols. IL y a dans chaque Village un Alcade & un Pedre ou Curé. Les principaux Eta- bliffemens des Efpagnols, dans cette Ifle, font dans la Province d'Yloifo & Antigue. Il n’y a de bon mouillage fur la côte de l'Ifle Panay que dans ce der- nier endroit. Nous apperçûmes, le 7 Janvier, à la pointe du jour , un grand champan, qui paña fort près de nous : nous le jugeâmes un corfaire, monté par des Maures. ET CT SP RC AE SEGA MR A LA NOUVELLE GUINÉE. roÿ Maures. Nous eûmes en conféquence attention de lui donner la chaffe ; mais ayant rallié la terre, il y trouva une petite fraîcheur, à la faveur de laquelle il nous échappa. Quelques heures après, nous fâmes abordés par un Soldat Efpagnol de la garnifon d'An- tigue : il étoit envoyé par l’Alcade, qui avoit été prévenu par des lettres du Gouverneur de Manille de notre route dans ces parages. Ce Soldat nous félicita de la part de fon Commandant fur notre arrivée , & nous fit beaucoup d'offres de fervice ; il nous confirma dans notre opinion à l'égard du cham- pan que nous avions vu ; il nous apprit qu'il étoit monté par quatre-vingt Maures, armés de flêches , ayant à bord des pierriers & quelques petits canons; qu'ils avoient enlevé plufeurs petits bateaux de pè- cheurs ; qu'ils croifoient depuis quinze jours devant la rade; & que lorfque le champan paroifloit à la pointe du nord , il jecoit l'alarme dans Antigue, les Chrétiens ne fe fentant pas en état de rélifter à une defcente, fi les Maures l’entreprenoient. Le même jour, nous mouillâmes à Antigue par 106 VOYAGE vingt-cinq brafles , fond de vafe. Les habitans de cette Ifle ont de l’induftrie; ils fabriquent, avec les fibres d’une plante que fournit leur pays, des mou- choirs & des toiles ; les plus groffes leur fervent de vêtement : ils trafiquent des autresavec les habitans des Ifles voifines. Antigue reflemble d’ailleurs à tou- tes les Ifles Philippines. La nature féconde y prodi- gue fes dons ; l’homme n’en fait pas profiter : le Gouvernement ne fait aucun effort pour fe mettre à l'abri du ravage & de la cupidité des Maures. Le Gouverneur de Manille donne tous les deux ans des Patentes d’Alcade ou de Gouverneur à un habi- tant d'Antigue, qui fe trouve aufli-tôt revêtu de la plus grande autorité ; il l'emploie communément à s'enrichir & à fe dédommager des frais que lui ont coûté fes Patentes. Celui qui étoit en place lors de notre arrivée, défendit tout commerce avec nous ; fon intention étoit de nous fournir lui-même les chofes dont nous pourrions avoir befoin. Mais le Pafteur , homme équitable , zélé pour le bien de fon Troupeau , traverfa fes vues , & le força de #ä A LA NOUVELLE GUINÉE. 107 laifler partager aux habitans Le gain qu’il fe promet- toit à lui feul. L’Alcade fe voyant fruftré d’un bien qu'il croyoit s’attribuer, fe déclara publiquement l'ennemi irréconciliable du Pafteur. C’étoit un Moine, Auguftin , qui nous combla d’honnêteté ; il fait ce qui eft en lui pour rendre les Alcades d’Antigue hon- nètes gens , & pour les convertir ; mais il a toujours trouvé plus d’obftacles à en faire des profélytes, qu'à gagner les Maures mêmes. Antigue eft par la latitude de 10 degrés 42 min. M. Salaberia en a donné la polition dans fa Carte, en 1768, d’une maniere très-jufte. Le mouillage eft par dix braffes , à une bonne diftance de terre; les vaifleaux ne peuvent y mouiller en Novembre , Dé- cembre & Janvier , fans courir de grands rifques. IL regne alors des vents de fud-oueft & d'ouelt, qui battent en côte, & rendent la mer très- groffe. On fe pourvoit d'eau pour les bätimens à un petit ruifleau fitué au nord. Il ÿ a une riviere en face du fort, plus confidérable, & dans laquelle les bateaux entrent très-avant ; mais l’eau en eft faumâtre, O2 108 V OVMA/ GE même pendant les plus baffes marées. Quant à la terre, elle fournit beaucoup de gibier, mais peu de fruit : les cocos & des bananes de très-mauvaife qualité, fonc les feuls que les habitans aient cher- ché à fe procurer. La pêche eft abondante fur les côtes ; les buffles, les bœufs, les chevaux font fi communs , qu'on n’en prend aucun foin, foit pour les garder , foit pour aider à leur multiplication : les chevaux errent où ils veulent, ils appartiennent à tout le monde, fans avoir de maître particulier; quand on en a befoin, on met la main fur le pre- mier qu'on rencontre, & on le laifle aller, quand on en a tiré le fervice qu’on en attendoit. L'air de toute F'Ifle eft mal fain , parce qu’elle eft inculte, & couverte de marais. Elle pourroit fournir de l'or, des perles & de la cire. Il y a un grand nombre de cerfs, de fangliers, de Cochons marrons , de Plu- viers, de Perruches, de Becaflines , & d’autres oi- feaux rares & curieux , tels que des Kakatoes , des Calaos , &c. dont la defcription terminera ce Cha- pitre. A LA NOUVELLE GUINÉE. rog Les Pigeons font en général des oifeaux qui ap- partiennent à l’ancien & au nouveau Continent ; ils vivent dans les climats les plus chauds , dans ceux qui font tempérés, & ils s'étendent fort avant vers le Nord. On trouve , dans l’ancien Continent , des Ramiers en Sybérie ; & dans le nouveau, plufeurs éfpeces de Pigeons dans le Canada. Les climats chauds femblent mieux convenir à leur efpece ; elle y eft plus nombreufe & plus variée ; quoique ces oifeaux ne pondent que deux œufs à la fois , quoiqu'ils foient expofés à la voracité des oifeaux de proie, auxquels ils fervent de pâture la plus ordinaire, les individus dans chaque efpece font cependant très-multipliés , & fouvent leur nombre eft prodigieux : ce qui vient fans doute de ce que ces oifeaux font plufieurs pon- tes par an, de ce que leur conflitution eft robufte, qu'ils peuvent s’habituer par- tout, y trouver un climat & une nourriture convenables à leur multi- plication. C’eft cette force de leur conftitution , & l'ardeur de leur tempérament, qui fait que les Pi- geons font de tous les oifeaux, après la Poule & I10 VO YAANGLE a quelques autres Gallinacés, les oifeaux qu’il eftle plus aifé de tranfporter , d’habituer à un nouveau climat, & d'y faire multiplier. Ils ont généralement une forme élégante, un plumage bien nué, & les mœurs douces & fociables ; ils font d’une grande utilité pour la nourriture de l'homme & celle d’un grand nombre d'animaux, & dans l'entretien général , ils rendent beaucoup plus qu'ils ne coûtent. La cou- leur dominante de leur plumage , dans les pays froids & ceux qui font tempérés , eft le brun ou le gris; & dans les pays chauds, le verd ou le violet. Ceux dont j'ai à rendre compte font de ces deux dernieres couleurs. J’appellerai la premiere efpece le Pigeon verd des Ifles de Luçon & d’Antigue ; la feconde, le Pigeon verd à tête grife d’Antigue ou de l'Ifle Panay; & la troifieme , le Pigeon violet à tête rouge d'Antigue. Le Pigeon verd des Ifles de Luçon & d'Antigue eft à-peu-près de la taille du Ramier d'Europe. Le plumage de fa tête eft d’un gris de charbon pâle; le col eft d’un lilas clair. IL y a fur la poitrine une L “+ n ete Re gr F Va ar = L Jonnerat lnx C: Baguoy Jeu. | j 1 ’ » Q Le ligeon verd male de Usle de Lucon et Dantigue « ? € Teri Haies ; : A3 BE TES à : LOd LV DRE LEE RES Done SLT" ” / LA) AVE + re hA A : ! 0 KL LU À % en : Ÿ? a à MAUR JAMES RS À, VAN AE 2 AS x AA SAN ET | à < V " gs » | 1Y 1 ‘, & L ‘ “ \ # i - LA PT, 66. 29 : HI. I OT hi) nm 1), bail. MO OM P. Sonnerat inx . C Pa ULOY « feutp. Le Pycon verd femelle de L'Isle de Lucon el d'Anlique?. A LA NOUVELLE GUINÉE. zrr large tache couleur d’orpin ; les plumes de recou- vrement & les petites plumes des aîles font verd de pomme, bordées en dehors par une raie longitudi- nale jaune ; les grandes plumes des aîles & la queue font noires ; les recouvremens de la queue en-deflous font d'un brun rouge clair; le ventre eft d’un verd jaunâtre ; le bec eft fort court, & grisâtre ; les pieds font de couleur de laque obfcure. Il y a deux cercles à l'iris, dont le plus grand ou l'extérieur eft rouge , & le plus petit eft d’un bleu d'azur. L'individu que je viens de décrire eft le male ; la femelle a la tête, le col & le deflus du corps couleur de verd - de - gris ; la poitrine & le ventre font d’un verd jaunâtre ; les aîles font noires : mais ces petites plumes ont des reflets rougeätres , & les grandes , ou celles qu'on nomme en latin remiges, & celles des petites qui en font le plus près, font bordées extérieurement de jaune ; la queue eft noire , le bec eft plus long que dans le mâle. Sa couleur, ainfi que celle des pieds, eft cendrée ; l'iris eft couleur de verd pomme clair. PI.LXIV, PI, LXV. FI. LXVI. Planc, LXVIIL 112 V' OHFSSCG-E Le Pigeon verd à tête grife d’Antigue, eft de la grofleur du Bifet d'Europe ; la partie fupérieure de fa cête eft d’un gris blanc ; le derriere de la tête, les côtés & le col font d’un brun rougeâtre, & jet- tent des reflets comme le cuivre rofette ; la poitrine, le ventre & les côtés font d’un gris obfcur ; les pe- tites plumes des aîles font d’un verd brillant : elles ont le poli & le reflet métalliques; elles font chan- geantes , & leur couleur varie fuivant les afpeëts; les grandes plumes des aîles & la queue font noires; vers le pli de l’aîle en-deflus, entre le pli même & le corps, il y a fur chaque aîle une tache demi- circulaire, formée par des plumes moitié vertes &c moitié grifes; le bec & les pieds font d'un rouge fombre ; l'iris eft jaune. Le Pigeon violet à tête rouge d’Antigue, eft de la groffeur du Pigeon qu'on nomme en France le Jacobin ; une membrane charnue, d’un rouge aflez vif, s'étend de chaque côté depuis l’origine de la partie fupérieure du bec jufques pardelà les yeux qu'elle entoure ; le fommet de la tête eft couvert de PL. 66. ’ Lao. 112. PL Sonnerat lnz . E= Baguoy JL Le Pigeon verd à lle grise D) ange, ou de Liste lanay. PÉpn enr éarts L Jonrerat Pnx ’ agu0y L Cap , . \ PT | , . Le Ligeon violet à Île rouge D'antique ee ce U APPARENCE Re CEE frites si . L Sonnerat, line , , D C.Baguoy, Seul, Le Trouprate AU LIT PERTE pe L gr. msn ma ge +) D CVS ii lt 0 ITR TE EN CR rats | | : AV ENNE Tr Li * nt _t 3 u , E f. LP. Sonnerat, Pre c -Baguoy 272 LE e Trouprale jaune. À LA NOUVELLE GUINÉE. 113 de plumes fines , qui forment une calotte d’un rouge vif ; le col, le haut du dos & le haut de la poi- trine font d'un gris bleuûtre , plus clair fur la poi- trine ; le refte du corps, favoir le dos , le ventre ; les aîles, la queue, eft d’un noir velouté , changeant en violet, & renvoyant quelques reflets bleuâtres. Les pieds & le bec font gris ; l'iris eft compofée d'un large cercle rouge , & d’un plus étroit, qui eft gris. Le Troupiale rouge d’Antigue eft de la taille de notre Merle d'Europe. La tête, le col , Le dos & les jambes font d’un rouge de vermillon. Les grandes plumes des aïîles , le ventre & la queue font d’un noir velouté ; le bec & les pieds font noirâtres; l'iris eft couleur de feu. Le Troupiale jaune d’Antigue eft de la même groffeur que le précédent. La tête , le devant du col, la poitrine & Le ventre font d’un jaune d’orpiment; le derriere du col, les aîles & la queue font d’un noir velouté : Le bec & les pieds font noirâtres: l'iris eft rouge, Ces deux Troupiales fe trouvent aufli dans (3 Planche LXVIIL PI. LXIX, PI. LXX, PI. LXXI. 114 V OVARGIE le nouveau Continent. Le dernier eft connu à la riviere de la Plata, fous le nom de Ventre co- loré. La Pigriefche d’Antigue eft de la taille de la Pi- griefche variée d'Europe. Sa tête eft noire; fon dos eft d’un roux jaunâtre ; la gorge & le haut de la poitrine font blancs ; le ventre eft d’un blanc fale ; les grandes plumes des aîles & celles qui recouvrent l'aîle bâtarde , font noires. Les aîles ne viennent que jufqu'à l’origine de la queue. Elle eft très-longue, & étagée. Les plumes du milieu font plus longues, & toutes noires ; les autres font noires en-deflus , rougeûtres en-deflous, terminées par une tache rouf- sâtre; le bec eft noir, & très-gros. La partie fupé- rieure en eft très-longue, & fa courbure paroît fiex- ceflive, qu'on pourroit croire que c’eft un défaut de conformation dans l'individu , qui a fervi pour la defcription. Les pieds font d’un noir lavé; l'iris eft de même couleur. La Pigriefche rouge de l'Ifle Panay eft de la taille de celle que je viens de décrire ; elle a la tête, le fe 1 ré. Pre, onner a. 2'S Que , d'Art che "LC -77 Le >: ze Dr 7 LR, 0 PDG Le TL lt Fe \ RTS nee 2 Sonnerat, Pinæ., CBaquoy , S'eup. Ÿ Pirieche de LZsle ana. pe «as . 4 - \ re + tt « Ce , at A x An; FD < ‘ 1% ; > ‘ + { A Var PA - } on = Las eee ARR OST —- 2e À fe om cout out He d'aONiEEs A CL * + ” + à - re * : , CET "Eta PL, 72. ‘ DY : Bagu € $ N 0077-4772 A «. lanar rle LA Le Z Le fac lan b rieche ) (274 « La 2 P. Sonnerat lnx . Le pelil Merle où Musicien de Url Janay TESTS ERNEST RES EEE UE AEESRE CESR CEE EEE NE NN TNRAE SEE ne A LA NOUVELLE GUINÉE. 115 devant du col & le ventre rouges ; le derriere du col, les aîles & la queue font bruns ; Les pieds & le bec font noirs ; l'iris eft couleur de feu. La Pigriefche blanche de l'Ifle Panay eft du P.Lxxr. double plus groffe que la précédente. Elle a la tête, le col, le dos, le ventre & le commencement des aîles blancs ; le refte des aîles & la queue font noirs. Il y a fur les plus grandes plumes des aîles une bande blanche ; le bec & les pieds font noirs. Le petit Merle de l’Ifle Panay fe trouve dans pref- RL que toutes les Philippines. Son gofier eft fi fort , & fon chant fi agréable, que les Indiens ne le con- noiflent que fous le nom de Muficien. Les oifeaux de cette efpece vivent par milliers en fociété , ha- bitent les pigeonniers , & y font leur nid. Ce Muficien , ou petit Merle de l’'Ifle Panay , n’eft pas plus gros que notre Becfigue d'Europe. Il a la tête , le col, le dos, les petites plumes des aîles & le ventre, d’un verd noir, chatoyant & changeant en bleu ou en violet foncé. Les plumes de la rête & du col font d’une nature différente de celle du 2 116 V0. NM'AETE refte du corps; elles font plus étroites & plus lon- gues ; les grandes plumes des aîles & la queue font win noires: l'iris eft rouge. On connoît cet oïifeau à Manille fous le nom d’Etourneau : efpece avec la- quelle il n’a cependant aucun rapport. Pine Le Coliou eft un genre dont les caracteres font LXXIY. d’avoir le bec en cône raccourci , convexe en-deflus, EE ne — 3 applati en-deflous , le bout de la mandibule fupé- rieure un peu courbé en-deflous , les jambes dégar- nies de plumes jufqu'au genou, quatre doigts à chaque pied, dont trois dirigés en avant & un en arriere. Ce genre n’a point été obfervé jufqu'à pré- fent dans le nouveau Continent, & paroît n’appar- tenir qu'à l’ancien. On ne le trouve pas en Europe ; mais il eft commun en Afie & en Afrique. Le Coliou de l’'Ifle Panay eft de lataille du Gros- bec d'Europe. La tête , Le col, Le dos, les aîles & la queue font d’un gris cendré, avec une teinte jaune; la poitrine eft de la même couleur, traverfée de raies noires ; le bas du ventre & le deflus de la queue font roufsâtres ; les aîles s’étendent un peu au - delà | fonnerat, Linea € *Bagquoy 72 Ze Colow de [Isle ana. 1 » 1 = 1 2 F7 . ' r % = 6 % + ? Sn à : : r >» L F … , — ; … . . "y » L s L , ' SES n . : ve * \ pue qu up " oy Bagu € " LA / > de " Le Ll’anai Cut La J # _ T . fonnerat ina PL. P A LA NOUVELLE GUINÉE. x17 de l’origine de la queue , qui eft extrèmement lon- gue, compofée de douze plumes d'inégale longueur; les deux premieres font très-courtes ; les deux fui- vantes de chaque côté font plus longues, & ainfi de paire en paire jufqu'aux deux dernieres plumes qui excedent toutes les autres. La quatrieme & cin- quieme paires different peu de longueur entr'elles. Le bec eft noir; les pieds font couleur de chair pâle ; les plumes qui couvrent la tête font étroites, & aflez longues; elles formentune huppe, que loi- feau baifle ou éleve à volonté. La Veuve de l'Ifle Panay fe trouve aufli au Cap de Bonne-Efpérance. Elle eft de la taille de l’oifeau connu à Paris fous le nom de Veuve, & que l’on y apporte des côtes de Guinée. Tout fon plumage eft noir, excepté une large tache d’un rouge vif qu'elle a au-devant de la poitrine. Elle a à la queue quatre longues plumes qui forment l'arc, & qu’elle porte comme la Veuve ordinaire : mais ces quatre plumes ne font pas furmontées par deux plumes larges & plus courtes, placées à l'origine de la queue comme PI.LXXY. Planche LXXVI. 118 V O: Y' ANG 'E dans la Veuve de Guinée ; les pieds & le bec font noirs. Je n'ai obfervé qu’une efpece d'Hirondelle à An- tigue, fans aflurer qu'il n’y en ait pas d’autres. Celle - ci eft de la taille de l'Hirondelle de rivage d'Europe ; la tête, le col & le dos font d'un noir velouté ;. les petites couvertures des aîles font d’un noir violet changeant ; les grandes & les remiges ; ou grandes plumes de l'aile, & la queue, qui ef bifurquée, font d’un noir de charbon; les aîles font de la longueur de la queue. A la bafe du bec, en- deflus , on voitune tache d’un jaune rouillé ; la gorge eft de la même couleur, terminée par une raie ou collier noir étroit; le bas de la gorge, la poitrine & le ventre font blancs ; les pieds & le bec font noirs. Le Pic , que j'ai obfervé à Antigue , eft de la grof- feu: du petit Pic varié d'Europe. Il n'a point de rouge , contre l'ordinaire de ces oïfeaux: mais peut- être n'ai-je vu que la femelle. Le deflus de fa tête eft d'un noir grisâtre ; le col eft, en arriere, de la même ERRKKERE REX ù\ NS S X nue NS RRREREEENT RRQ N x SES IS SK K S à EXTES NIK S NS FA g LL 7 LS ae DSL ESS NS 2\T> » VOIR ” 4 ner fnxr . C Baquoy 7/2 Lhur lurondelle : le D'an que. . MRIENSWPITE ” 2 nn ms 2 ©, RQ OT —— 17 CPS Fe 7 + EL 7" ST LJ ) sui À M w + DR NL NS AT ST Sur. ET ape om RE tie ee AN ‘ Cents ve % a brays leche #* +. 3 * + F4 F4 _ . . - LA er értivian 4 ‘ Vhur* Rec te Mers PL. 77. Lag. n9. C Baguoy . Sk up Le petit Pie d. 1ntique y, A LA NOUVELLE GUINÉE. rro couleur. De chaque côté s'étend , depuis un peu au- deflus de l'œil jufqu'aux deux tiers du col, une raie d’un blanc jaunâtre. Au-deflus de cette raie, il yen a une autre un peu plus large, & noire, qui va de l'œil à l'épaule. Les plumes du dos font noires , ter- minées par une raie tranfverfale blanche. Les cou- vertures des aîles font rayées de noir. Les grandes plumes en font noires, mouchetées deblanc ; la gorge, la poitrine , Le ventre font d’un jaune pâle , & mou- chetés d'un neir lavé. La queue, qui eft noire en- deflus , déborde de très-peules aîles ; elle eft rayée, en-deflous & en travers, de blanc fale & de jau- nâtre ; les plumesen font étagées, & les plus lon- gues font un peu roides; les pieds & le bec font noiratres, J'ai obfervé à Antigue quatre efpeces de Coucous. Je nommerai le premier le Coucou tacheté de l'Ifle Panay. Le fecond, le Coucou à ventre rayé de l'Ifle Panay. Le troifieme , le Coucou verd d’An- tigue ; & le quatrieme, le petit Coucou de l'Ile Panay. Pianche LXXVII. Planche EXXVIIT. Planche LXXIX. 120 VO TA GSE Le premier eft des deux tiers plus gros que le Cou- cou d'Europe. Tout le deffus du corps & des aîles font d’un brun foncé prefque noir, moucheté par des points d’un jaune roux. Ces points font oblongs fur la tête; ils font ronds fur le col , le dos & les petites plumes qui couvrent les ailes ; leurs grandes plumes font traverfées par des raies jaunâtres , en- tremêlées de quelques points noirs. La gorge ef noire , & tachetée comme le dos; la poitrine & le ventre font d’une couleur roufsätre claire, traver- fés par des raies noires ; la queue eft longue; Îes plumes en font d’égale longueur ; leur couleur eft un roux fauve, coupé par des bandes tranfverfales noires. L'iris eft jaune roux ; le bec eft noir, & les pieds font plombés. Le fecond Coucou eft un peu moins grand que celui d'Europe. Le deflus de fa tête eft d’un gris noi- râtre ; les côtés & la gorge tirent fur la couleur lie de vin. La poitrine eft d’un jaune d’orpin terne ; le ventre eft d’un jaune pâle & clair, mais la poitrine & le ventre font rayés par des bandes tranfverfales noires ; CBaguay . « faup. Le Coucow tachete de LTs eLanay. Le . | PV à et F Sommerat Pre, CBaguoy. Se aguoy taf Coucou a Ventr paye de Liste Panay. Le , Fée Ds x CLAT: ol 2 em aorters De dr ter dou Ads En ï Ç U7L. ae TN ais RL 22% . Jonnerat Pnr . SE Baquoy Jeup. Le Coucou l'erd d'Anlique nat tt tnt A LA NOUVELLE GUINÉE. x2r noires : Le dos & les aîles font d’un brun noir terne; la queue eft compofée de dix plumes noires d’égale longueur , terminées de blanc , & mouchetées dans leur longueur de points ronds blancs, difpofés de façon qu'ils forment des raies tranfverfales ; le bec eit noir ; l'iris eft oranger pâle ; les pieds font rou- geûtres. Le Coucou verd eft prefque de la taille du Cou- cou d'Europe. La tête, le col, la poitrine, le ven- tre font d’un verd obfcur foncé : & tirant fur lenoir ; les aîles font d’un rougebrun foncé ; la queue eft lon- gue & noire. Le bec eft noir ; les pieds font d’un noir lavé. L'ongle du doigt interne , tourné en ar- riere, eft très-long, & fort pointu. L'iris eft noir, la paupiere eft entourée de poils, qui forment de véritables cils. Cet oifeau a encore un caractere très-particulier. Ses plumes font généralement tou- tes dures, & roides. Les barbes n’en font pas unies lesunesaux autres , mais féparées , & chaque barbe eft un nouveau tuyau , qui porte d’autres barbes courtes. Le petit Coucou de l'Ifle Panay , ou le quatrieme Q Planche LXXX. Planche LXXXI. 122 V O FAGLE de ceux que j'ai obfervés dans cette Ifle, eft de la taille d’un Merle, mais moins corfé, & beaucoup plus allongé. Le defflus de fa tête eft d’un gris clair; le col en arriere, le dos & les aîles font de couleur de terre d'ombre. La gorge eft d’un gris clair ; le ventre eft d’un jaune roux clair ; la queue eft étagée, noire en-deflus, & rayée tranfverfalement en-def- fous de noir & deblanc. Les pieds font d’un jaune clair. C’eft aufli la couleur du bec, fice n'’eft vers l'extrémité , où il tire fur le noir. Il ne me refte plus, pour terminer ce que j'avois à dire fur les Oifeaux que j'ai obfervés à Antigue , que d'en décrire quatre. Deux font du genre du Calao : le troifieme eft une Hirondelle de Mer; le quatrieme, le petit Fouquet des Philippines, Le genre du Calao paroît appartenir aux climats chaudsde l’ancien Continent. Il n’a point jufqu’à pré- fent été obfervé dans le nouveau Monde , ni dans les parties froides, ni même dans les parties tempérées de l’ancien. Je nommerai l’efpece que j'ai à décrire Le Calao à bec cifeléde l'Ifle Panay ,& j'en décrirai pr. [a Lan » Le » lZs ? Ü £ [77/4 L OU lil Fe Le x \ TRAN Ë è ë Ê À FL ::97. € cas er Cal Fa pu Le 1 rer 4 nue ‘OU n A D TE , LS ml CU tt D CS DOTE RD Tag DUC de Me. be ae eg pe + ‘ Fa b J eu PR PT D ed æ AD » à eur PI, 82. lag. 123 LP, S'onnerat, Pen , £ Bagueoy. J'autp, Lie Caudao Male a Lec cizele de L'Zsle l'an ; A LA NOUVELLE GUINÉE. 123 le mâle & la femelle, Ils font l’un & l’autre de mê- me grofleur, & à-peu-près de la taille du gros Cor- beau d'Europe, un peu moins corfés & plus allon- gés. Leur bec eft très-long, courbé en arc, ou re- préfentant le fer d’une faux, dentelé le long de fes bords en-deflus & en-deflous, terminé par une pointe aigue, & déprimé fur les côtés. Il eft fillonné de haut en bas ou en travers dans les deux tiers de fa longueur. La partie convexe des fillons eft brune, & les cifelures ou enfoncemens font couleur d’or- pin. Le refte du bec, ou fa pointe, eft life & brune ; à la racine du bec en-deflus s’éleve une ex- croiflance de même fubftance que le bec, applatie fur les côtés, tranchante en-deflus, coupée en an- gle droit en-devant. Cette excroïflance s'étend le long du bec jufques vers fa moitié où elle finit, & eft de moitié aufli haute dans fa longueur que le bec eft large. L'œil eft entouré d’une membrane brune , dénuée de plumes. La paupiere foutient un cercle de poils ou crins durs, courts & roïdes , qui forment de véritables cils, L'iris eft blanchâtre, Le Q 2 Planche LXXXII. Planche LXXXIII. me à 124 VOYAGE mâle a latête, le col , le dos & les aîles d’un noir verdâtre , changeant en bleuâtre, fuivant les afpects. La femelle à la tête & le col blancs, excepté une large tache triangulaire, qui s'étend de la bafe du bec en-deflous , & derriere l'œil jufqu’au milieu du col en travers fur les côtés. Cette tache eft d’un verd noir changeant comme le col & le dos du mâle. La femelle a le dos & les aîles de la même couleur que le mâle. Le haut de la poitrine dans les deux fexes eft d'un rouge brun clair; le ventre dans les deux fexes , Les cuifles & Le croupion ou l’uropigium , font d'un rouge brun foncé. Le mâle & la femelle ont dix plumes à la queue, dont les deux tiers fupé- rieurs font d’un jaune roufsâtre, & le tiers inférieur eft une bande tranfverfale noire, Les pieds font plombés : ils font compofés de quatre doigts, dont un dirigé en arriere , & trois dirigés en avant : ce- lui du milieu eft uni au doigt extérieur jufqu’à la troifieme articulation , & au doigt intérieur jufqu’à ja premiere feulement. Quoique Les pieds des Toucans foient tournés RSR £ Sonnerat, Pre , €, Bague , Joup Le Calao Femelle a bec cxele de [Isle Z 1222272 ti pce i ANR LA vhs 60 vd PET LR) L LES tem, \ : Fi o z de ce hr er grid (ENT pee È à : he. een] LL re-ritre tafatée . LLLLLEE RL LL ?. Sonneral Lhurondelle de mer de List lnay Rd = rt Dés 2 1 su te SRI RS SE HR ee SE qu CS NES s: *- ui S: + à. Es È | 1 à « ci > *: hit PT; 8%: Prg.228. (F4 onnenat , lina | CBaguoy. S'culp Le petit l'ouauet des Philip nTCS | / 4 A LA NOUVELLE GUINÉE. 125 différemment que ceux des Calaos, ils paroiflent par la groffeur de leur bec , par les dentelures, qui font le long de fes bords, & fur-tout par leur ma- niere de fe nourrir, qui eft la même que celle des Calaos, être leurs repréfentans dans le nouveau Monde, L'Hirondelle de mer de F'Ifle Panay eff de la taille de notre grande Hirondelle de mer. Elle a Le deflus de la tête, tacheté de noir. Le devant du col, la poi- trine & le ventre font blancs ; le derriere du col eft d'un noir grisâtre; les aîles font couleur de terre d'ombre en-deflus, & grisâtres en-deflous. La queue eft aufli de cette même couleur ; le bec & les pieds font noirs. Le petit Fouquet des Philippines fe trouve fou- vent fort éloigné de terre. I a le bec courbé, les Planche LXXXIVe Planche jambes couvertes de plumes jufqu’au talon , quatre Lxxxv doigts à chaque pied, dont trois dirigés en avant, & unis enfemble par une membrane qui s'étend juf- qu'au bout des doigts: le quatrieme eft féparé & dirigé en arriere. Cet oifeau eft du double plus gros que l’Hirondelle de mer, que je viens de décrire, 126 VOYAGE Le deflus de la tête eft blanc, le col, la poitrine & le ventre font d’un gris vineux clair. Il y a à la ra- cine du bec une petite bande noire, qui fe termine vers un point rond qui entoure l'œil: ce rond eft formé de petites plumes blanches , dont on ne peut diftinguer les barbes qu'avec la loupe. Les petites plu- mes des aîles font d’un gris vineux , & plus foncées que celles du col ; les grandes plumes des aîles & la queue font noires: le bec & les pieds font aufli de cette même couleur, Vue de la Calder a À UnForten bou entoure de Palhssade - ou lu à luut preces de (mp B Za Montione des Muracks , C Ze Cmmencement de plxne de Sambouaraue A LA NOUVELLE GUINÉE. 127 = — 0 a — DEN PLUILUR EL :L'X. Navigation jufqé'à Sarmbouangue ; Deftription de l'Ifle Mindanao. No us quittimes Antigue le 14 Janvier. Nous côtoyämes l'Ifle des Negres. Les Efpagnols n’ont au- cun Etabliffement dans cette Ifle. C’eft le repaire d’une Peuplade de Maures, En ne fubfftent que de bri- gandage, Le lendemain nous accoftämes l'Ifle de Mindanao. Nous mouillâämes au foleil couchant dans le Port de la Caldera par quinze brafles , fond de petites roches de différentes couleurs. Ce Port n'eft protégé que par un Fort en bois; gardé par des gens bannis des Etats Efpagnols , auf prêts fans doute à Le livrer qu'à Le défendre, fui- yant l'avantage qu’ils croiroient y trouver. Le 18 Janvier, la brife nous paroiflant aflez forte Planche = LXXXVI 128 VO! VAMIGNE pour refouler le courant, nous virâmes & perdimes notre ancre , la chaîne qui le retenoit s'étant rom- pue. Nous mouillâmes le même jour à Sambouan- gue par trente-cinq brafles , fond de fable gris, mêlé de corail. Sambouangue eft Le principal Etabliffement des Efpagnols dans FIfle de Mindanao. Sa poftion eft par 6 deg. $4 min. de latitude , & par 120 deg. 13 min. de longitude. Les habitans fe retirent dans des cafes placées au milieu d’une paliffade qui les entoure ; quoiqu'ils y foient aflez forts pour fe garantir des pillages continuels qu’entreprennent les Maures , ils menent cependant une vie très-pauvre. Le riz leur fert de nourriture, & le lait de coco de boiflon. Ils n’ofent s’écarter de leurs demeures ; ils ne cultivent les campagnes qu’à l'abri du canon, dont on traîne quelques pieces dans les champs qu'on veut labourer. Les Efpagnols ont conftruit un Fort en état de défendre la rade ; il eft fitué à l'extrémité d’une plaine immenfe, & caché à la vue de ceux qui viennent le long (5e MONT: 4 EVA bent Een 1h il Vue de Jambouarngue Eh Jonnerat del. &vril Jeu . | À Le Cmmencement de la Plume de Cctier , D Palirsade qua entoure tt le Village £ | B Un forten bois de lait puces de Canon E Le Ruflea que remplit Ls Citernes de la Crndette | à C La Fort por sorte du Village F Æopial des Chinour | A LA NOUVELLE GUINÉE. 729 long de la côte, par une plantation de cocotiers. On peut dire à la louange de ceux qui ont bâti ce Fort, qu'ils n'ont rien épargné pour tirer tout l’avan- _tagepofhble de fa pofition. Un autre Fort de quatorze pieces de huit , qui commande les environs, empêche l'incurfiondes Maur es. Au bout de la plaine , où font fituées les fortifi- cations dont je viens de parler, eft une autre plaine féparée de la premiere par une chaîne de montagnes. Les Efpagnols ont jeté dans cette derniere plaine des chevaux & des bufles qui s'y font prodigieufe- ment multipliés. Les deux plaines font bordées d’un bois clair-femé, rempli de cerfs & de cochons mar- rons : la nature dans cette partie de l'Ifle femble s'être plu à y prodiguer fes richeffes. Un canal d’eau vive, qui defcend des monta- gnes , arrofe les campagnes : & après avoir traverfé le Village & le Fort, il fe jette dans la mer. Ce ca- nal a été creufé par le Roi d'Yolo : c'eft un gage de fa reconnoifflance envers les habitans, & le prix de ce qu’ils l'ont reconnu pour Roi de Mindanao, Le R Planche LXXX VIL 130 VO: X'ANGLE Lecteur , à l’aide des planches, pourra fe former une idée exacte de tout l’Etabliflement. Le bâtiment Planche qu'on a repréfenté mouillé fe LXXXVUT d P té mouillé entre les deux vaifleaux | . françois, eft une fomme chinoife, qui, par fa conf- truction finguliere, mérite une defcription & une Planche particuliere. LXQUX - Le devant eft plat, le derriere forme deux angles pour couper la lame ; le gouvernail reflemble à une rame, & n'eft point attaché à l’étambot. Ce bäti- ment eft du port de deux cents tonneaux, armé de quatre canons & de quelques pierriers ; la dunette eft couverte de feuilles de bananiers ; les-voiles font faites de plufieurs nattes, foutenues dans leur lar- geur par des bandes de bambouc , & liées enfemble par des cordages entrelacés, ce qui forme une ef- pece de charniere entre chaque féparation des nattes. Lorfqu'on amene les voiles, elles fe plienc d’elles- mêmes ; les cables font de rotins entrelacés, & les ancres d’un bois très-dur & très-lourd. Les Efpagnols ne fe foutiennent à Mindanao que dans un état de guerre continuelle contre les Rois J'onnerat dl vette Le Nlecess are bre Æspagno le mme Chanotse te lX5bd France PL. 88. un PATATE TEL ES omb Te de Fort 2 | ” LL de Jam bouanque Pay. 290, La Mason du Gouverneur TÆglre qu est dans La Ctadelle Tour pour Lr Decruvertas Tour de L Hopital Le Rrassem qua veette al Mer ao D. e la. quadrre La Grvette Le Tecessare Une Gabre Zspagnole Une Semme Chose La Flutte Usb de France P. Sonnerat PTE, a > (eo Le Le (anor, fe TE TT TR Le + a + Tri as de téréétéi toi A LA NOUVELLE GUINÉE. 131 très-nombreux qui regnent dans cette Ifle. Aucun d'eux n’a voulu reconnoître les Efpagnols. Il ne faut donc pas en approcher , dans la vue de faire le commerce. Mais s’il y a peu de chofe à y efpérer pour ceux dont le profit eft l'unique but, il y au- roit de grandes richefles à acquérir pour un Natu- ralifte ; il y trouveroit fur -tout un grand nom- bre de coquilles différentes, des Cœurs de Vé- nus, la Scalata, le Marteau , &c. Cette derniere Coquille eft fi commune fur la côte, qu'un canot nous en apporta un jour deux paniers tout pleins: les Matelots les ayoient ramaflées fans les connoître, à deflein d'en manger le poiflon. Les Indiens nom- ment cette Coquille Crifle, parce qu'ils lui ont trouvé beaucoup de reflemblance avec le Crifle ou Couteau à deux tranchans , dont fe fervent les Mau res. Quant aux fruits, la Manflanas où Maflon, fa Menichea Rofata, la Mangue & la Goyave, font les meilleurs qui croiffent dans l’Ifle. La Houette y R 2 PLEKC. ÀXCI. 132 VOYAGE eft naturelle, & y feroit très-commune, fi on fe donnoit quelque foin pour la culriver. La Houette eft un arbre très-élevé, dont les feuilles font alternes , compofées de cinq ou fept folioles, oblongues , ovales, quelquefois dentées par le haut, & difpofées en forme de main ouverte, fur le pédicule qui les fupporte, & qui laifle ap- percevoir à fa bafe l'impreflion de deux ftipules dejà tombées. Les fleurs naiflent par bouquets fur les branches ; leur calice A eft charnu, à cinq divifions ; les pétales B, au nombre de cinq, font blancs, ve- loutés & attachés au receptacle du fruit, ainfi que cinq étamines C, dont les antheres font à trois lobes , & les filets D réunis par le bas. La gaîne qui en ré- fulte E renferme le piftil F, furmonté d’un longftyle, terminé par deux fligmates. Ce piftil devient une coque mince & caffante G, longue de quatre pouces ou plus , de forme ovale, qui s'ouvre par le bas en plufieurs valves, & contient un grand nombre H de femences arrondies], difpofées réguliérement, recow Ne d; pt? HI mr ddl repré oi ht roman ddr era Cid + v “PS "e + [ ; À ni L lit: ÿ nt ne D mods vu HN Re AAPPERERRT ty: 3 6 | FM “+ É Si à me ere] = es ve 4 | : | .” Er VE » 40 L PRAU VA vf ARS teur, ! Li x ne # Win fier 1 4 ; l'A LE HV Foy v Z ‘ ME : 4 s { LA Re €" f à - æ A : F L _ . v n CRI 2 ALL: =. v, L A 16 . LE: Modelage sr: 67 ER RIRE à ’ rh ie rmbe à re he émet Le à + Re 7 dr Dore er: frire Londres Ba a a ont - ; res . ns 13 rs 4 11E5264 NOTA S + ALCQUT TE nl EU PARA ex dr F" ue Martin À} cul fl ther alt / DZ La Menrichea at % ‘ 1 ? i i { % ! En VE d + A à n l * FA Li œ [1 [AY 4 1 h 24 FM « ne ss x , Lier à 1% ui", * mA \ 11 Se Aa: 2 he vs NLE L'OLTY ECTS > E- 4 FE ‘F2 ag > h tarte Ne . 12,8 #. … LT . 14 DD MR : À &: D à AU Pair ven N xl L TL IDÉES AIT. RC CN DR RC © Tant . Differentes Coupe de la Menmchea_Rorata_?, , 1Le Fruit. 2 Coupe per endeulaure du Frut.sS Coupe Aoritontale du Frut. 4 le Caly ce. p1 To ; P Jemerat dd A LA NOUVELLE GUINÉE. 133 vertes chacune d’un duvet foyeux K, dont les poils font longs & frifés. La Menichea Rofata eft une feconde efpece de Jambouk Rofade , que nous connoiflons dans nos Colonies fous le nom de Jam Rofade. C'eft un arbre qui croît dans les endroits humides. Ses feuilles font alternes , ovales, & naïflent aux ex- trémités des branches. Les fleurs font portées & pla- cées alternativement fur un pédicule commun, qui eft quelquefois attaché aux branches, & quelquefois au tronc de l'arbre : leur calice eft à trois divifions, & fait corps avec le fruit, IL y a quatre pétales blancs, arrondis par le haut, & con- Caves, attachés au calice, ainfi que les étamines, qui font en grand nombre , portées fur de longs filets. Le piftil, renfermé dans le fond du calice, eft fur- monté d'un flyle terminé par un ftigmate ; il de- vient un fruit de la groffeur de la Jambouk Rofade, Charnu, prefque ovoide, & divifé par côtes : il n’a qu'une loge, dans laquelle eft renfermée une PI. XCIT. PI. XCIIT. P. XCIV. 134 V' O'FSAT GE groffe amande très - huileufe , divifée par côtes. La Manflanas eft un arbre qui paroît congenere à notre Jujubier. Ses feuilles font alternes, ovales, très-vertes en-deflus , blanches en-deflous, dentelées dans leur contour , marquées de trois nervures lon- gitudinales, & accompagnées à leur bafe d'une épine recourbée ; les fleurs font blanches, & naif- fent par bouquets dans les aiffelles des feuilles ; leur calice eft d’une feule piece , à fix découpures , en- tre lefquelles font placés autant de pétales très- petits, & concaves. Les étamines , au nombre de fix, font aufli attachées au calice au-deflous de cha- que pétale qui les recouvre. Le piftil eft furmonté de deux ftyles , terminés chacun par un ftigmate ; il adhere par le bas au calice, & devient une baie qui renferme un noyau ofleux , inégal à fa furface , & rempli de deux amandes de couleur verte. Les deux autres fruits que j'ai nommés font communs dans nos Iles , & décrits dans la plupart des Ouvrages de Botanique, | RE RTS La Manssanas NII» (| NAN Et \ AN \\ ? Jonnerat Linx . 70 = . ’ . . 2 . ’ . DT Ni. Le Frut coupe / er pendularementN2 Le Fruit coupe Lorrsontalement N°3. le 0 / T 4 4 % 0 F £ Noyau N°. le Noyau coupe pi rperdauleur meneN'S de Noyat Li a horaontalement. N°6. la Üleur vue à la L pe. , 5: Ares : RER ETAT sh (:, LEA LEA pue mp 2 M s ’ PTE ss paper PA OEE LABS TE MEET CA "1 PERTE OA TN | . 45 TRS ‘ 4 RU T ae 2" "nf Gr: ay x Y ose LU LE s 3 ti AC à { à à 1 2 # NAS LI Lr AT Le » ot fus » LE: 4 LAS 1 L : + mn yes “ fl Ù r .. dl Cd ; L (ITR A LA NOUVELLE GUINÉE. :35 Le 23 Janvier, nos deux bâtimens fe féparerent. La corvette , fur laquelle paffa M. Provoft, fit voile pour Yolo. Cet Officier étoit chargé d’une lettre du Roi de France , & de quelques préfens pour le Souverain de cette Ifle. M. de Coëtivy convint, avec M. Provoft, del'attendre à Sambouangue jufqu’au 15 Février : & le point de ralliement , paflé ceterme, fut pour * HE 136 VOYAGE EE — CH APE TRE XX: Defcription de l'Ifle d'Folo ; Digreffion fur le Roi regnant de cette Ifle. Vozo eft à foixante lieues de Sambouangue ; c'eft une Ifle qui n’a pas beaucoup d’étendue , mais qui eft forte, dont les habitans font heureux , par la conduite du Prince qui les gouverne , & l'atta- chement qu’ils ont pour lui. Ce Prince s’eft rendu formidable à fes voifins ; il s’eft aflujetti les Peuples qui font fur les côtes del’Ifle de Borneo.Tousles Rois des Ifles voifines font fes tributaires. Celle de Ba- cittan , fituée entre Yolo & Mindanao , lui appar- tient; il en a donné la fouveraineté à un de fes fils. Il n’a manqué peut-être au Roi d'Yolo que des Etats à gouverner , & aflez de puiflance pour re- nouveller dans l'Inde le fpectacle que le Czar Pierre I a donné dans l'Europe. Ces deux hommes, nés l’un & l'autre Chefs d’une Nation groflere, fans éduca- tion ; A LA NOUVELLE GUINÉE. 137 tion , fans exemple qu'ils puflent fuivre, infpirés par la Nature , & guidés par leur propre génie, ont, dans les mêmes circonftances , mais avec un pouvoir inégal, conçu les mêmes idées. Le Roi d'Yolo def- cendit de fon trône pour apprendre à gouverner. IL pafla Les premieres années de fon regne à voya- ger. Il fe rendit d’abord à Batavia: il y cacha fon nom & fon rang. Il s’aflocia aux Matelots pour ap- prendre le pilotage, & enfuite aux Charpentiers , pour s'inftruire de leur art. Il acheta les inftrumens qu'on y emploie , ainfi que éeux qui fervent à l’agri- culture, & reporta dans fon Pays ces tréfors pré- cieux dont il avoit appris, & dont il enfeigna l'ufage. Quand il eut pourvu aux premiers befoins de fes Sujets , il fongea aux moyens de les éclairer. Il pafla " à la Mecque; il y étudia la loi de Mahomet; il y apprit l’Arabe; & de retour dans fes Etats, il y fit connoître , pour la premiere fois, les chiffres & les caraéteres qui fervent à l'écriture , & y intro- duifit l’ufage de la monnoie, inconnu même au- jourd'hui dans le refte des Philippines. S 138 V O'YhArG'E Ainf la nature fait naître , où , & quandil lui plait, de ces génies rares qu’elle place hors de la fphere , qui entraîne dans fon tourbillon le commun des hom- mes. Un Prince dans le nord de l'Europe , un autre Prince , dans une des Ifles Philippines, conçoivent tous deux le projet de changer leur Nation ; tous deux font grands dans leurs idées ; tous deux font ambitieux, & tous deux font traverfés par des voi- fins jaloux de la grandeur qu'ils ont atteinte , & de celle où ils menacent de parvenir. C'eft ce dont le Lecteur eft informé par rapport au Prince Euro- péen, & que la fuite de mon récit lui fera connoître relativement au Prince Indien. Il y a dans l'Ifle de Borneo une mine de diamans très-anciennement connue. Les Hollandois, fous le nom de Protecteurs du Prince à qui cette mine appartenoit , s’étoient rendus maîtres de fon auto- rité & de la mine qu'ils lui envioient. Le Roi d'Yolo, de retour de fes voyages, puiffant chez lui, vain- queur chez fes voifins , maître d’une partie des bords A LA NOUVELLE GUINÉE. 1:39 de l'Ifle de Borneo, forme le projet des’emparer de la mine de diamans, qui a en effet paflé fous le pouvoir des Hollandois , quoiqu’en apparence elle appartienne toujours à fon maître légitime: dans ce deflein, il dé- clare la guerre au Roi de Borneo; mais ileft repouffé par les Hollandois , quifemblent n'être qu'auxiliaires, & qui combattent en effet pour eux-mêmes. Le Roi d'Yolo , fans arme à feu , fans canons, comprend l'impoffhbilité de réuflir contre des gens qui en font bien pourvus. Il fufpend fon projet , retourne dans fa Patrie, aflemble fon Confeil, & propofe d'aller acheter des armes à feu chez les Efpagnols, avec qui il avoit depuis peu conclu un traité de paix. Son defein eft applaudi. IL part pour Manille avec fa femme, fes enfans encore en bas-âge, le Chef de fes Gardes, & fix Guerriers, & tranfporte avec lui un grand nombre d'objets d'échange. Il ne pré- fume pas que ce cortege le rende redoutable ou fufpeét. Cependant à peine a-t-il débarqué fur les terres des Efpagnols , qu'il eft invefti, arrêté, ac- S 2 EEE none ren) 140 Vs OV ANIG'E cufé d’avoir voulu furprendte Manille, jugé, con- damné à la prifon, & fes richefles, qui font fon crime , font faifies & pillées. Voilà comme les hommes fe traitent ; & des Rois ; parce qu'ils regnent à quatre mille lieues de nous, ne paroiflent rien conferver de ce caractere qui les rend refpeétables , quand nous les voyons de près. En vain celui d’Yolo réclama fes droits , ceux de l’hu- manité, ceux que lui donnoit le traité qu'il avoit conclu ; en vain il infifta fur l’état dans lequel ül étoit arrivé , non pas en Guerrier , en Roi, mais en fimple Voyageur. Il étoit Indien ; il apportoit de grandes richefles , il fut coupable; il le fut même aux yeux des Miniftres de paix , que les Rois Euro- péens autorifoient alors à parcourir le monde pour y prêcher la Religion Chrétienne. Les Jéfuites fu- rent fes plus cruels ennemis. Un fimple Particulier, un homme qui n’avoit point de caractere facré, un François, ofa feul le trouver innocent. M. Poivre lui donna de l'argent, le vifita , & lui fournit dans fa prifon tous les fecours qu'il put lui procurer, Il faut LA A LA NOUVELLE GUINÉE. 14r dire , à l'honneur du cœur humain , que l'infortuné Prince en atoujours confervé le fouvenir & la plus vive reconnoïiflance, Le Miniftere Efpagnol, inftruit en Europe, au bout de deux ans, du traitement injufte qu’on fai- foit foufirir au Roi d'Yolo, envoya enfin des ordres de le remettre en liberté, de lui rendre les honneurs qui lui étoient dûs, & de lui permettre de retour- ner dans fa Patrie. Le Prince fortit de prifon, mais l'avarice trouva des prétextes pour le retenir à Ma- nille. Cependant fes Sujets, pour qui fon abfence devenoit plus douloureufe , à mefure qu’elle étoit plus longue, prennent d'eux-mêmes les armes ; ils s’ayancent aux environs de Manille; ils y pillent , ils y ravagent tout ce qui fe trouve fur leur pañlage , les Ifles voifines font le théâtre de leur vengeance, & les habitans expient les attentats de la Capitale. Le Gouverneur de Manille, effrayé dans fa forterefle, ofe faire des plaintes au Roi qu'il outrage, & que vengent fes Sujets. Ce Prince , généreux & fier dans 142 VOYAGE l'adverfité, répond par une comparaifon dans le goût des Nations orientales, & menace celui qui l'outrage. IL compare Manille à un Crabe, dont fes Sujets font prêts de brifer le corps, après en avoir rompu & arraché les pattes. Le Gouverneur fe rend enfin; & pour condition de paix, il propofe au Prince d'emmener avec lui dans fes Etats, & d'y établir des Miflionnaires Jéfuites. Mais le Roi d'Yolo, qui ne les avoit connus que chez fes voifins, les regardoit déjà du même œil qu’on les voyoit alors en Europe ; il rejeta la propofñition, & appuya fon refus d’une comparaifon. « Tu penfes, dit-il au » Gouverneur, que mon Pays eft un arbre vigoureux » toujours chargé de fleurs & de fruits: & tu me » propofes, pour qu'il étouffe dans mes bras, d'y » planter le Batetæ *, qui l’aurabientôt épuifé en en » pompant tout le fucth Les Jéfuites , irrités du refus & fur-tout de la com- paraifon , obtinrent la permiflion d’armer fix galeres se mne | (1) Batetæ, Plante parafyte, Or. ? TE A LA NOUVELLE GUINÉE. 143 & deux champans. Cet armement, difoient-ils, étoit deftiné à reconduire le Prince dans fes Etats ; mais il avoit en eflet pour but la vengeance & l’ef- prit de conquête. Le Roï fut mis fur l’efcadre ; on le débarqua à Sambouangue , & Fon fit aufli -tôt voile pour Yolo. Les habitans , effrayés du nombre & des préparatifs des aflaillans, fe retirerent dans un fort, qui étoit leur feule place d'armes, & dont les murs n'étoient conftruits que de terre. Les Ef- pagnols battirent ce fort de leur artillerie, fans pou- voir le renverfer. Les afiégeans eurent alors recours à une defcente ; ils la firent fans oppofition. Ils s'avancerent vers le fort fans trouver de réfiftance ; mais ils tomberent en chemin dans une embufcade, où les attendoient les Guerriers d’Yolo : ils y furent vivement reçus, repouflés & chaffés jufqu’à leurs ba- teaux , & regagnerent leurs bâtimens avec autant de précipitation que de défordre. … Cependant le Roi, captif à Sambouangue, trompa la vigilance de fes Gardes; il fe rendit de nuit à bord d'un vaiffeau Anglois ; il en gagna le Capi- 144 VO PAIGIE taine , l’engagea dans fes intérêts, le dérermina à mettre à la voile, & parvint en peu de temps dans fes Etats. Aufli-tôt que le vaiffeau fut entré dans le Port d'Yolo , il arbora le pavillon du Roi. Le Prince fe montra, fes Sujets accoururent, la joie fut uni- verfelle dans toute l'Ifle, & le Roi remonta fur fon trône. Le defir de venger une injuftice qu'il n'avoit pas méritée , ne l’abufa point fur fes forces; il ne prit point les armes contre les Efpagnols : mais voulant à la fois s’acquitter envers fes bienfaiteurs, & fe venger de ceux qui l’avoient outragé , il céda aux Anglois une petite Ifle à l'oueft d'Yolo , & dé- clara que fes Ports feroient à l’avenir un afyle afluré pour les Maures, qui parcourent ces mersen Pirates, troublent les Efpagnols dans leurs navigations, & enlevent dans leurs incurfions les Peuples de leurs Colonies. Quelques avantages que Le Roi d’Yolo. ait pro- curés à fes Sujets, quelque réforme qu’il ait mife dans les loix & la maniere de gouverner, il n’a pu en- core A LA NOUVELLE GUINÉE. r4s core effacer les traces de l’ancienne barbarie, & il lui refte beaucoup à détruire & à créer. L’efclavage eft autorifé dans fes Etats, & les peines y font atro- ces contre les malheureux , qui en fuient le joug, après y avoir été foumis. Le Maître qui reprend un Efclave , lui tranche la tête, fi c’eft un homme; fi c'eft une femme , on l'attache à un poteau enfoncé en terre , on lui fixe le vifage en face du foleil, & l'infortunée expire dans ce long & barbare fup- plice. 146 VOYAGE CHAPITRE XT. { E . . È IAkkXKk,. « Navigation depuis Sambouangue jufqu'à > Séjour à Pulo &3 ; Rernarque fur les Papoux. LA corvette ne féjourna à Yolo que peu de temps; elle en partit après que M. Provoit eut remis au Roi les préfens dont il étoit chargé. Le Prince les reçut avec reconnoiflance , mit dans fes procé- dés de Ja délicatefle & de la dignité, & demanda le pavillon françois. La corvette nous ayant rejoints à Sambouangue le 6 Février, nous embarquâmes nos provifions, dont la plus grande partie confiftoit en des préfens que le Gouverneur & les Miflionnaires de cet Etabliffe- ment avoient faits à notre Commandant. Nous levä- mes l'ancre le 9 , nous laiffant dériver fans voile pour paller entre les Ifles Libaco & Sacol. Nous découvrimes le 15 le Volcan de l’Ifle de Mindanao, A LA NOUVELLE GUINÉE. 147 & nous vimes peu-après l'Ifle de Siao. On la décou- vre de très-loin, à caufe d'une montagne très- éle- vée à pic, & fur le fommet de laquelle eft la bouche d'un Volcan: il ne jetoit alors que de la fumée. L'Ifle eft habitée par des Peuples qui ne craignent point l'irruption du Volcan ; il eft probable qu'ils font venus des Moluques, & fe font réfugiés dans l'Ifle qu'ils habitent pour y vivre en liberté ; ils font heureux ; à l'abri du joug des Européens. Ils pa- roiflent avoir peu de befoins & de defirs ; & ces hommes, que nous croyons à plaindre, parce que nous en jugeons mal, trouvent la vie qu'ils menent délicieufe, | Nous approchâmes la terre de très-près , & nous vimes fort diftinétement des torrens qui fortoient en bouillonnant des flancs ouverts de la montagne, dont le pied eft brülé par le Volcan. Ces torrens tomboient en cafcades ; ils rouloient avec fracass une épaifle vapeur s’élevoit de leurs eaux échauffées qui fe précipitoient dans [a mer. Ér2 148 VIGYTANIEGE Le vent nous étant très - favorable , nous décou- vrîimes bientôt l'Ifle de Miao. Nous continuâmes no- tre route, nous tenant au large de Gilolo : nous entrâmes dans un Détroit au nord de f'Ifle d'Aby. Ne connoiïffant point de nom à ce Détroit, nous lui donnâmes celui de Détroit François. Nous accoftâmes Le 20 Février l'Ifle * * *, Nous laifsâmes tomber l’ancre fur un fond de bonne te- nue, & tirames aufli-tôt trois coups de canon. A leur bruit, le Chef de la Nation parut en mer dans un canot. Il nous approcha d’aflez près, mais fans nous aborder. Malgré tous les fignaux de paix que nous pûmes lui faire, il fe retira, & regagna le rivage. M. Provoft le fuivit de près en chaloupe. Il en fut reconnu & accueilli favorablement. Ce Chef l'engagea à retourner à bord , à mettre à la voile, & à aller mouiller dans un endroit qu’il lui indiqua, où nous ferions en füreté contre la fureur des vents. Nous fuivimes fon confeil , & nous leyâmes l’ancre le même jour. Le lendemain nous perdimes de vue notre cor- A LA NOUVELLE GUINÉE. r49 vette. Nous courûmes des bordées pendant trois jours, & nous mouillâmes le quatrieme à Pulo ***, Nous n’eûmes pas plutôt laiflé tomber notre ancre, que les Chefs de f'Ifle vinrent fur notre bord avec empreflement, & nous firent les plus grandes offres de fervices. Notre Commandant reçut le lendemain une lettre du Capitaine de la corvette. Il lui mandoit qu’il avoit appris par un bateau du pays que nous étions mouillés à Pulo ***; que pour lui il avoit gagné, mais avec beaucoup de difficulté, le premier endroit où nous avions mouillé, Notre Commandant renvoya aufli-tôt le bateau qui avoit apporté la lettre, & manda au Capitaine de la corvette de faire tous fes efforts pour venir le rejoindre. Nous étions fur une côte très-belle, bien boifée; nous profitâmes de la circonftance pour nous fournir de quelques pieces de charpente. Le furlendemain nous découvrîmes notre corvette pilotée par le bateau que nous lui avions renvoyé ; elle mouillale foir à côté de nous : les habitans revin- 150 VOYAGE rent fur notre bordle même jour, & renouvellerent leurs offres de fervices. Notre but n'étant pas de nous arrêter dans cet Archipel, mais de faire quelques découvertes vers les terres des Papoux, nous levämes l'ancre le 2 Mars. Nous louvoyâmes plufieurs jours: le 1$ du mèê- me mois nous effayâmes de mouiller à Pulo *** (a), pour nous y pourvoir de rafraîchiflemens. Nous étions pilotés par les gens du pays, qui devoient nous mon- trer le mouillage ; mais la nuit nous ayant furpris , nous nous tinmes au large. Reprenant la bordée de terre fur les onze heures, nous fûmes accueillis d’un grain , mêlé de pluie, fuivi d’un fort orage. La mer fe courrouca , & fes flots foulevés fembloient tantôt nous élever au ciel, tantôt nous plonger dans les abymes de la terre. L'Officier de Quart voulut fou- tenir la tempête avec toutes Les voiles dehors. Il en fut bientôt puni. Le vaifleau fe trouva engagé, l'alarme devint générale; la crainte glaçoit les efprits, & 2 (a) Une des Ifles habitées par Les Papoux, dr Die - + A LA NOUVELLE GUINÉE. sr enchaînoiït les bras; en vain les Officiers donnoient- ils des ordres ; les Matelots n’étoient fenfbles qu'à la préfence & à la grandeur du danger. Nos canons étoient dans l'eau , & notre grande vergue fe bai- gnoit dans les lames. Cependant la tempête aug- mentoit , les courans nous entraînoient ; & hors d'état de gouverner , nous ne nous eflimions pas à plus d’une lieue de terre. Aïnfi à laffreufe perplexité du naufrage, fe joignoit encore l'idée de périr à l'inftant où nous étions prêts à recueillir le fruit des travaux que nous avions fupportés. Nous avions perdu toute efpérance , quand les vents changerent tout-à-coup, & foufllerent de la partie du nord-eft: la mer fe calma, & le vaifleau fe releva. Nous vi- râmes aufh-tôt vent arriere, & pafsämes la nuit à louvoyer, en ne perdant point de vue un feu que les gens de la côte y entretenoient pour nous fervir de renfeignement. Nous mouillâmes le lendemain matin fur un fond de corail pourri. | À notre arrivée le Gouverneur de l'Ifle & le Chef de la Loi vinrent à notre bord ; ils nous firent un 152 VOYAGE accueil favorable, & nous promirent tous les ra- fraichiflemens dont nous pourrions avoir befoin, Tandis que les Chefs des Papoux & notre Com- mandant s'entretenoient , les Habitans & nos Mate- lots trafiquoient entr'eux. Les premiers offroient des lorys , efpeces de très-beaux Perroquets rouges, des chapeaux & des boëtes faites avec des feuilles de latanier. On leur donnoit en échange quelques cloux ou quelques mauvais couteaux. Nous voyant bien reçus par les Peuples chez qui nous abordions , fa- tigués par la longueur de notre voyage , & nos bä- timens, que la tempête avoit endommagés, ayant befoin de quelques radoubs , nous réfolûmes de pro- fiter pendant quelques jours des avantages qui nous étoient offerts. En conféquence nous débarquâmes une partie de notre équipage, & nous formâmes, fur le bord de la mer, à l’embouchure d’une riviere, un Etabliffement , tel qu’il convenoit à des gens qui ne devoient faire qu'un féjour pañlager. Remarque EEE A LA NOUVELLE GUINÉE. 153 Remarque [ur les Papoux. Les Papoux font les Peuples qui habitent les Iles voilfines de la nouvelle Guinée, & la nouvelle Guinée même. Ils font très-peu connus, & leur terre eft ra- rement fréquentée. Leur afpeét a quelque chofe d’hi- deux & d'effrayant. Qu'on fe repréfente des hommes robuftes, d’un noir luifant, dont la peau eft cepen- dant âpre & rude, la plupart défigurés par des ta- ches à la peau, femblables à celles qu’occafonne l'éléphantiafs ; qu’on fe les peigne avec des yeux fort grands , un nez écrafé , une bouche excefivement fendue , les levres , fur - tout la fupérieure, très- renflées , les cheveux crépus, d'un noir brillant ou d’un roux ardent. Le caractere de ces Sauvages répond à leur extérieur ; ils font braves, ils aiment la guerre, ils font cruels, méfiants, de mauvaife foi. C’eft ce- pendant fur la terre habitée par ces hommes prof- fiers que la nature a placé fes produétions les plus rares , les plus précieufes , les plus fingulieres, les plus brillantes , à en juger par le petit nombre de celles que ces mêmes hommes nous offrirent. Ils h à 154 V?O: Y ATGIE nous préfenterent plulieurs efpeces d'oifeaux aufh élégants par leur forme , que brillants par l'éclat de leurs couleurs, & plufieurs efpeces de ces ar- bres précieux qui fourniflent les épiceries. La dé- pouille des oifeaux fert à la parure des Chefs; qui la portent attachée à léurs bonnets en forme d’aigrettes. Mais en préparant les peaux, ils cou- pent les pieds. Les Hollandois, qui trafiquent fur ces côtes, y achetent de ces peaux ainfi préparées, les tranfportent en Perfe, à Surate, dans les Indes, où ilsles vendent fort cheraux habitans riches qui en font desaigrettes pour leursturbans , & pour le cafque des guerriers, & qui en parent leurs chevaux.C'eft de- là qu'eft venue l'opinion qu'une de ces efpeces d’oi- feaux ( l'oifeau de Paradis ) n’a point de pattes; qu’il fe repofe en fe fufpendant par deux longs crins qui or- nent fa queue, & qu'enfin il couve fes œufs , en les portant fous fes aîles. Les Hollandois ont accrédité ces fables, qui, en jetant du merveilleux fur l’objet dont ils trafiquoient , étoient propres à le rendre plus pré- cieux, & à en rehaufler ka valeur. PES A LA NOUVELLE GUINÉE. 1:55 CHAPETF RE "X'TE Defcription de quelques Oifeaux de la nouvelle Guinée. L ES plus beaux oïifeaux que me procurerent les Papoux , étoient fix efpeces d'oifeaux de Paradis, & deux efpeces de Promerops. Des fix efpeces d’oifeaux de Paradis, deux font anciennement connues ; une l'eft depuis fort peu de temps , les trois autres ne le font pas encore , ainfi que les deux efpeces de Promerops. La premiere efpece, connue fous Le nom d’oifeaux de Paradis, a donné fon nom au genre entier ; elle a été fi fouvent décrite, qu'il me paroît inutile de répéter ce qu'on en a dit. La feconde efpece eft celle qu'on a nommée le Roi des Oifeaux de Paradis. Cette efpece eft connue ; elle a été décrite , on en a publié des figures gravées & d’autres colorées : mais le tout ne donne de l’in- V2 PI X CV. 156 V:O:Y AG E dividu qu’une idée imparfaite , parce qu'on a fans doute copié des modeles défectueux. Le Roi des Oifeaux de Paradis eft de la groffeur du Merle commun d'Europe. IL differe des autres efpeces d’oifeaux de Paradis connues, par la longueur de fes aîles qui débordent les plumes de fa queue. Sa cête, fon col, fa gorge, fon dos, fa queue , fes aîles , font d’un rouge éclatant, auffi vif & aufli ani- mé que le rouge du carmin, & dont le coloris eff moëlleux & fatiné. Le milieu äu ventre eft blanc ; ileft terminé en haut par une raie tranfverfale verte au bas du col. Les plumes qui forment cette raie font courtes , larges , & ont l'éclat & Le poli d’un métal. De chaque côté du ventre naiflent, en-deflous des aîles , de longues plumes grifes à leur origine & dans une partie de leur longueur, mais terminées chacune par une tache verte , qui efl du même ton & qui a le même éclat que les plumes vertes qui forment un collier au bas de la gorge. Du milieu de la queue naiffent deux longs filets, ou deux tuyaux de plumes noirâtres fansbarbes ; ils fe prolongent très- J'asnerut. Prix CBaguoy : Jeu Ze Ro des Ori aux de Laracdis. PES Cu. os. pre re A male UPS sr D DT cu 213 ,s" { ‘+0 B , “0 14 . : tà E k ” 14 La ve 2 k 6 # : Le si PJ. agé, Las. 27. LP Sonnerat Pinx (æ Baquoy Jeudp lOiseau de Paradis à gorge orolelte surnomme’ le Juperbe.. La A LA NOUVELLE GUINÉE. 157 loinau-delà de la queue & des aîles ; ils fe replient fur eux-mêmes en-dedans, s'épanouiflent, & font ornés à leur extrémité , d’un côté feulement , de barbes affez longues. Ces plumes, en s’épanouiflant , & en fe contournant , forment un cercle dont la circon- férence et très-large, & le centre un trou rond, qui eft vuide. Ce cercle eft de la couleur de l’éme- raude : il en a l’éclat & le jeu. Le bec & les pieds font jaunes: l'iris left aufi. Il y a à l'angle interne & fupérieur de l'œil, au-deflus du globe, une tache noire. J'appellerai la troifieme efpece, l’oifeau de Paradis à gorge violette. Il eft un peu plus gros que le pré- cédent. Il a àla racine du bec ,en-deflus , une huppe noire, compofée de plumes fines, droites, & qui n'ont que peu de longueur ; fa tête, fon col en- deffus, fon dos, font revètus de plumes d'un verd doré. Ces plumes font larges, leur tiflu eft bien fourni , leurs barbes font épaifles. Ces plumes ont à l'œil & au toucher l'éclat & le moëlleux du velours; elles font couchées les unes fur les autres de façon PI. XCVI, PI. XCVII. 158 VOYAGE qu’en les regardant, il eft impoflible de ne pas com- parer la maniere dont elles font difpofées, à l’ordre dans lequel font arrangées les écailles des poiflons. Les aîles font d’un noir foncé , mais matte; la queue au contraire, quoique toute noire aufli, paroît ve- loutée & légérement nuancée de bleuâtre, La gorge eft d’un violet changeant ; les plumes qui la cou- vrent ont l’afpect du velours ; le ventre eft d’un verd brillant; de chacun des côtés naïflent, en-deffous des ailes, des touffes de plumes noires veloutées , dirigées en bas, aufi longues que les aîles ; le bec eft noir , les pieds font bruns. Le quatrieme oifeau de Paradis , ou celui que je nomme oifeau de Paradis à gorge d’or, eft à-peu- près de la groffeur d’une Tourterelle commune ; à la racine du bec, en deflus, prend naïffance une huppe que l’oifeau releve peu, & qui ne s'étend pas beau- coup au-delà des yeux. Cette huppe eft compofée de plumes fines , mais fortes, peu fournies de bar- bes. D'abord la huppe ‘eft toute noire ; les plumes qui la compofent, deviennent enfuitechacune moitié LP. Sornerat, Pna oi x S LOS 3 OLSCCUL Pig. 158. de LPrads a AUATLS dorce . ht À CBaguoy Sup rssttastert ation \ ve 44 v sg | F ! | & 12 ét L L Et Re esse pass 4 pad » : : - pps e dl Dé d 7 dl VÉRE ÉTÉ CR PEUT LT Mali) sde 41 RE nés Nc LR ar EP EE | CRUE AVIS A LA NOUVELLE GUINÉE. 59 noires & moitié blanches. De ce mélange , il ré- fulte un ton gris-perlé, qui imite parfaitement le ton & le mat de l'argent fondu, qui n’a pas encore été poli. Le deffus de la tête, les joues , le haut de la gorge, font d’un noir violet changeant. Derriere la cête eft un collier de même couleur que la gorge, & formé par des plumes de la même efpece que celles qui recouvrent cette partie. Ces plumes font longues, étroites, & très - ferrées les unes contre les autres; elles font noires à leur origine ; on y voit enfuite des reflets rougeûtres , & elles fe terminent par une tache dorée : les plumes font arrangées de façon qu’il n'y a que la tache couleur d’or qui pa- roifle. Il réfulte de l’ordre de ces plumes, que la gorge & le collier qui eft au haut du col, en arriere, paroiflent dorés ; mais la couleur de ces mêmes plu- mes eft changeante, fuivant que la lumiere les frappe: & l’on peut dire qu'elles imitent, fuivant les diffé- rens afpects , les diverfes efpeces d’or colorées. La gorge & le collier paroïfflent donc tantôt d’un or pur, tantôt d'un or verd, tantôt d'un or rouge ou 160 NrOTY ANGUE d'un or violet, & quelquefois de toutes ces cou- leurs à la fois : le métal n’a ni plus d'éclat ni ne jette plus de feu. Le dos eft d’un noir foncé, chan- geant en violet ; la queue & les aîles font noires, & reflemblent à du velours à l'œil & au tou- cher. De deflous les aîles naiflent de chaque côté de longues plumes noires, fines , dirigées en haut, qui recouvrent & embrafflent les aîles dans l’état de re- pos. Les barbes de ces plumes ne font point unies les unes aux autres, mais féparées comme on le voit dans les plumes d’Autruche. Ce qui caraétérife & diftingue fur-tout l’oifeau que je décris, ce font trois longues plumes qui naiflent de chaque côté de fa tête un peu au-deflus & en arriere des yeux, ces plumes font très - longues ; elles font couchées le long du corps, & s'étendent jufqu'au quart de la longueur de la queue; elles paroïffent dans leur trajet femblables à un fort écrin, & fe terminent par quel- ques barbes , qui forment un épanouiflement ovale : le tuyau & les barbes font noirs. Ces plumes , re- gardées = “taf A LA NOUVELLE GUINÉE. r6r gardées à la loupe, paroïffent armées de barbes dans toute leur longueur d'un côté feulement. A leur infertion , elles font aflez près les unes des autres : mais elles s'étendent en lignes droites & divergentes. Je ne puis, n'ayant pas vu l'animal vivant, décider s'il porte fes plumes couchées le long du corps, ou dans une ligne qui lui foit tranverfale. Qu'on me permette une réflexion. Ces plumes naiflent au-deflus du méat auditif; dans tous les oïfeaux , ce conduit eft couvert de plumes fines, roides, longues & étroites. Leur ufage eft de raffembler les fons, & elles tiennent lieu aux oïifeaux de la conque qu'ont les quadrupedes. IL me femble que les trois plumes que j'ai décrites ne font que la charge & l'excès des plumes, qui, dans tous les autres oifeaux , environ- nent le méat auditifs les pieds enfin & le bec de notre oifeau font d’un noir lavé : l'iris eft jaune. . M. Marvi, Artilte diftingué, a publié une Ef- tampe enluminée , qui repréfente un oiïfeau fi fem- blable à celui que je viens de décrire, qu'il n’eft guere poflble de ne pas préfumer que ce foit la X 162 V0 PYAMETE même efpece.Cependant il ya quelque différence entre l'oifeau dont M. Marvi a donné la figure, & celui que je décris. L’oifeau de M. Marvi n'a pas les plumes frifées | femblables à celles d’Autruche, dont j'ai parlé ; fa figure ne fait point voir de huppe: enfin on donne l’oifeau comme ayant été apportédu Japon, & celui que je décris a été apporté de la nouvelle Guinée, Quant aux plumes qui manquent dans la figure qu'a donné M. Marvi, comme cette Effampe a été faite fur un modele mutilé, il y a lieu de croire que ces plumes avoient été arrachées. L’Artifte n'a pas repréfenté de huppe , parce que les plumes qui la compofent, & qui ne font pas fort longues , avoient été couchées en préparant l'individu qui a fervi de modele; enfin on a cru que cet oifeau venoit du Japon, parce que celui qui l’a rapporté en France le tenoit d’un Hollandois, qui le lui avoit cédé au retour d’un voyage au Japon ; mais il y a lieu de croire que cet Hollandois avoit porté au Ja- pon l’oiféau qu’il a donné, & qu’il l'avoit eu , ainf Ti ; Le TUE ; FA « ré tigh VE ] | VA un L nr QE Te MOREL Mpruis dre Mirass désoht eg Canin fe , Ÿ bi VAT \ P Somnerat Pnr LÉ tnt SERA ee 7 re 6 C Baguoy Joulp [A : . 0 LA , » L'Oiseaut de Paradis SAZTLONUNE. Le Magnifique’ A LA NOUVELLE GUINÉE. 163 que j'ai eu le mien, à la nouvelle Guinée, où il m'a été remis par les naturels du pays. Quoi qu'il en foit , je laifle au Lecteur à décider fi c’eft la forme ou l'éclat des couleurs qui eft le plus à admirer dans l'oifeau de Paradis à gorge d’or. Le cinquieme oïifeau de Paradis, ou celui que je nommerai le Magnifique, eft d’un tiers moins gros que le précédent. Il a le deflus de la tête d’un rouge mordoré , & la gorge d’un brun noirâtre; fon col , en-deflus, eft garni de longues plumes jaunes, qui ont le brillant & le poli de l'or ; fon dos eft mor- doré ; le col, en- deflous , & le ventre, font d’un verd bleuâtre foyeux. Les petites couvertures des aîles font d’un noir brunâtre, mêlé de jaune ; les grandes plumes des aîles font d’un jaune orpin; cel- les qui bordent l'aile ont leur extrémité d’un noir brun. L’uropigium ou croupion & la queue font bru- nâtres ; les pieds & le bec font jaunes. Du milieu de la queue naiffent deux filets, qui font d'un tiers plus longs que l'oifeau, garnis, du côté extérieur feulement , de petites barbes fines prefqu'impercep- X 2 Planche XCVIIL. Planche XCIX. mat 164 VOYAGE cibles, qui ont une couleur verdâtre, & l'éclat de l'acier bruni. La derniere ou fixieme efpece eft l'oifeau de Pa- radis verd ; il a les mêmes caraéteres que tous les oifeaux de fon genre, excepté les appendices ou lon- gues plumes frifées qui fortent de deflous les ailes. Il eft un peu plus gros & plus allongé que le Roi des oifeaux de Paradis ; il eft en entier d’un beau verd, qui a le brillant & le poli de l'acier bruni : les plu- mes de fa tête, de fon col & de fon corps font pe- tites, & rangées comme par écailles les unes fur les autres. Il paroît à différens afpeéts, fuivant le jour où on le regarde , tantôt verd, tantôt bleu. Il a les pieds & le bec noirâtres , & l'iris rouge. Les deux oifeaux fuivans font tous deux du genre du Promerops. Je défignerai l’un par le nom de Pro- merops brun de la nouvelle Guinée, & j'appellerai l'autre le grand Promerops de la nouvelle Gui- née, Le premier a vingt-deux pouces de l'extrémité du bec à celle de la queue; le bec eft noir, luifant, | | | a j PAPE TT PRE Fo _ Fe c Bague, ny77 P Sormnerat. Lx LOrseau de Fa ads vert. ut. oder ds £ pro ter, US rt … Een FRA CN ERTE rad [74 dite tiens AE 7e ARE here + ete ah he Pont et 2 Sonnerat Prix CBaguoy ; S'eulp LA Le Lromero 1S brun de la nouvelle Granee 4 A LA NOUVELLE GUINÉE. 165 étroit, arrondi & fort arqué. Il a deux pouces & demi de long ; la queue a treize pouces de fon ori- gine à fon extrémité ; elle eft compofée de douze plumes, dont les deux du milieu , qui recouvrent les autres plumes, quand la queue eft refferrée , fent les plus longues ; chaque paire de plumes latérales va toujours en diminuant ; & la premiere plume de chaque côté de la queue , ou la plus extérieure , n’a que quatre pouces de long. Le fommet de la tête & les côtés, dans le mâle , fontcouleur d’acier poli; le col &la gorge ,aufli dans le mâle , font d’un beau noir. Ces mêmes parties font brunes dans la fémelle: les deux fexes fe reflemblent parfaitement d’ailleurs. Le col en arriere, le dos, les aîles, les plumes ica- pulaires, la queue, en deflus, font bruns; le col, le dos, les aîles font lavés de verd-brun: le brun de la queue eft plus uniforme & plus clair ; le ventre eft rayé tranfverfalement de noir & de blanc. Les plumes font grisâtres à leur origine; elles de- viennent enfuite noires, font coupées par une raie blanche, enfuite par une noire, & terminées par PI. C 166 VOYAGE une blanche. Ainfi il y a fur chaque plume du ven- tre quatre raies, deux noires & deux blanches. La queue eft en-deffous d’un brun clair: mais les deux plumes les plus extérieures font noires dans toute leur longueur du côté intérieur : cette même cou- leur paroît en-deffus aux mêmes plumes , quand Îa queue eft épanouie. Les pieds & l'iris font noirs; les aîles pliées s'étendent quatre pouces au-delà de l’ori- gine de la queue. Il n’exifte peut - être pas d’oifeau plus extraordi- naire & plus éloigné de l’idée, d’après laquelle la Nature a travaillé en ce genre, que le grand Pro- merops de la nouvelle Guinée. Il a quatre pieds de long, à le mefurer de l'extrémité du bec à celle de la queue. Son corps eft mince , effilé ; & quoique d’une forme allongée , il paroît court & exceflive- ment petit, en comparaifon de la queue. Pour ajou- ter au fingulier de cet oifeau , La Nature a placé au- deflus & en-deflous de fes aîles des plumes d’une forme extraordinaire , & telles qu'onn’en voitpoint aux autres oifeaux : elle femble encore s'être plu à | et 2rd r À CRIE PRET TR LS “ Nidjéssa0eiT EPS LL 7 te! éteasis: + cb <— en fle Ë 4 pe PL. 201. Page 107: mnarat. Pina CBaguoy Le grand Zromerops de. la nouvelle Gunce, A LA NOUVELLE GUINÉE. 167 peindre de fes couleurs les plus brillantes cet être déjà fi fingulier. La tête, le col & le ventre font d'un verd brillant; les plumes qui les recouvrent ont l'éclat & le moelleux du velours à l'œil & au tou- cher ; le dos elt d'un vioiet changeant ; les aîles ont [a même couleur , & paroiflent, fuivant les afpedts, bleues , violettes ou d’un noir foncé , fans ceffer jamais d'imiter le velours. La queue eft com- pofée de douze plumes, dont les deux du milieu font les plus longues, & les latérales vont toujours en diminuant ; elle eft d’un violet ou d’un bleu changeant en-deflus, noir en-deflous. Les plumes qui la compofent font aufli larges à proportion qu’elles font longues, & ont , foit en-deflus, foit en-deflous , l'éclat d’un métal poli. Au-deflus des aîles, les plumes fcapulaires font très-longues & fingulié- rement formées ; leurs barbes font courtes d’un côté, & très-longues de l’autre. Ces plumes font couleur d’acier poli , changeantes en bleu , termi- nées par une large tache d’un verd éclatant , & for- ment une efpece de touffe ou d’appendice à l'origine PI CI. 168 VOYAGE des aîles. De deflous les aîles naiflent des plumes longues, arquées, dirigées en haut. Ces plumes font noires du côté intérieur, & d’un verd brillant du côté extérieur ; le bec & les pieds font noirs. Je finirai cet article par la defcription de treize autres oifeaux que j'ai obfervés à la nouvelle Gui- née ; deux efpeces de Pigeons, une caille, deux efpeces de Martin-Pêcheurs , cinq efpeces de Perro- quets, & trois efpeces de Manchots. Les deux Pigeons dont j'ai à parler, font tous deux de l'efpece du Ramier; tous deux vivent de mufcades : mais probablement l'enveloppe feule de ce fruit fert à les nourrir; car pour la noix, ils la rendent toute entiere, & fi peu altérée , qu'après avoir traverfé les organes digeftifs de ces animaux, elle n’en eft pas moins propre à la végétation. Delà vient que ces oïifeaux , en volant de côté & d’au- te, en pañlant d’ifles en ifles, fement & répandent l'efpece du mufcadier fur toutes les terres qu'ils fréquentent. Je nommerai le premier le Ramier cui- vré mangeur de mufcades, & le fecond le Ramier | blanc 1 "ARR 1 à CARRE Horton 4 2 Le Lamier cuivre /naILjeuT de US CAL . + “4 # : 14 ñ + 12 Sr Et te _ Cv; 1 TR PRE 28 PES à DU 2 me np A M À ss 4 ui ip ETES & + N à “a? k RS LX SEINS N2 Se S È Q St ÿ À RE e NY Q DS Ÿ = D SN S 7, n LS S N NS S ae l£ f de 7? (44 t PLAT ? «ur ; bla 2 OI2 > 2 L7é nncrat L / ê P. E LS ta tnt P1,104. Lag. 169. L Sonnerat Pinx . — ré Baquoy 7 Le Goura de la nouvelle Gunee . A LA NOUVELLE GUINÉE. 169 blanc mangeur de mufcades. Le premier eft au moins une fois aufli\ gros que le Ramier d'Europe ; Il a la tête d’un gris bleuâtre , le col, la gorge & le ventre d'un gris de lin clair; les plumes du def- fous de la queue font d’un blanc jaunûâtre ; les pe- tites plumes des aîles d'un verd brillant luftré, & changeant en couleur de cuivre rofette ; les grandes plumes des aîles & la queue font noires ; le bec eft gris , & porte à fa bafe en-deflus une carnofité cou- verte d’une peau noirâtre ; les pieds & l'iris font d'un rouge de carmin affoibli. Le fecond, d’un quart moins gros que le pre- mier , a latète, le col, la poitrine, les cuifles, le ventre, la moitié antérieure des aîles & les trois quarts de la queue blancs ; la moitié poftérieure de l'aile & l'extrémité dela queue font noires; les pieds & le bec font d’un gris clair; l'iris eft teinte de jaune. C'eft dans le même climat qu’habitent les deux Pigeons dont je viens de parler, que vit aufñ le PI. CIL PI, CU. Pigeon couronné , que M. Briflon a nommé le Fai- "© Y PL Cy. 170 VMO'V'ACG:E fan couronné de Banda, & que M. de Buffon a rangé , avec raifon , dans la famille des Pigeons. On avoit cru que cet oifeau, qui a été apporté en Eu- rope par les Hollandois , venoit de Banda, une des Ifles Moluques , qui leur appartient. Mais fi les Hol- landois l’ont en effet apporté de Banda en Europe, ce neft qu'après l'avoir auparavant tranfporté de la nouvelle Guinée, qui eft le feul paysoù il fetrouve, & le feul où il fe multiplie. Cet oifeau eft très-connu, c’eft pourquoi je n’en donnerai que la figure fans en faire la defcription. La Caille de la nouvelle Guinée, eft d’un tiers moins grofle que celle d'Europe ; tout fon plumage eft brun , mais plus foncé fur le dos & les aîles que fous le ventre & à la tête. Les petites plumes des aîles font entourées d’un rebord jaune, terni & obf- cur; les grandes plumes en font entiérement noi- res; l'iris & les pieds font de couleur grisâtre. Les deux Martin-Pêcheurs que j'ai obfervés à la nouvelle Guinée, font beaucoup plus gros que les plus groffes efpeces de ce genre, connues jufqu'à Cuinee > LA 1 DEL de l 27 2 7/2 2 La 7 Gin «pire Hi rene te Cd , + : 4 . 2». : 4 «: , Pl ve AUD 6 éaienrhqnet-vaynt-par here mare ve Véro VAtru ta se é ET etant ar CRC se [f] ( Va N/A LP. Sonnerat Lrnæ CBaguoy Seugp Grand. Martin -Pécheur de la nouvelle Guinet ps ri te D nd ed Aus Rte Are Me 4 ESA CES r LRO Vo y LU nt rw: we Se ! EVE Fab es S ; 4 RÉ PME LP Sonnera L Ze Martin Ve LCL" de La 7200) 4 lle Grue e. (oo À LA NOUVELLE GUINÉE. ‘17r préfent. Le premier eft de la taille de la Corneille mantelée d'Europe. Le fommet de fa tête, le der- riere , le col, le dos &lesaîles font d’un brun terne: une tache de la même couleur s'étend fur les joues affez loin pardelà l'œil , & fe termine en pointe; les côtés & le devant du col, la poitrine & le ven- tre font d’un blanc fale , traverfé par des ondes ou raies noirâtres; la queue, beaucoup plus longue que les aîles , eft compofée de douze plumes brunes, traverfées par des ondes ou raies noires, & ces plu- mes font terminées de blanc fale. La partie fupé- rieure du bec eft noirâtre, un peu crochue, & échancrée fur les côtés à fon extrémité. La partie inférieure ef jaunâtre , les pieds font gris. Le fecond Martin-Pêcheur eft aufli gros que le précédent ; tout fon plumage eft noir, tacheté ou rayé de blanc. La tête eft piquetée de points blancs fort petits, ainfi que le font le dos & les couver- tures des aîles; les grandes plumes des aîles & la queue font mouchetées de larges points, blancs & ronds ; le col & le ventre font variés de lignes À 2 PI. CVI. PINCVAE 172 M: OV AYGHE ————— — longitudinales blanches , chaque plume ayant une raie dans fon milieu. Il y a fur les côtés du col deux larges taches blanches au-deflus lune de l'autre, féparées par un intervalle étroit , noir & moucheté de blanc. La fupérieure de ces deux taches a la forme d’une larme, & la pointe eneft dirigée en haut. L’in- férieure eft ronde; les pieds, le bec & l'iris font noi- râtres, Les cinq efpeces de Perroquets dont j'ai à parler font le grand Perroquet verd de la nouvelle Gui- née, le petit Lori de Guéby, le Lori de la nou- velle Guinée, celui des Papoux, & le Lori de Gi- lolo. Les Ornithologiftes ont donné le nom de Lori aux Perroquets dans le plumage defquels le rouge eft dominant, & qui ont en même temps la queue courte, & compofée de plumes d’une longueur égale. Ces caracteres me paroiïllent infufhfans , parce qu'il y a des Perroquets, qui d’ailleurs ont les mœurs & la forme des Loris, & cependant n'ont pas ou n'ont que peu de rouge dans leur plumage. Je crois qu'on pourroit en général laifler le nom de Perro- A LA NOUVELLE GUINÉE. 173 quet aux oifeaux de ce genre , qui ont le bec très- gros, & qui en même temps font d’un tempérament trifte , fe donnent peu de mouvement, & font ra- rement entendre le fon de leur voix. Le nom de Aras conviendroitaux oifeaux du même genre , qui ont la queue très-longue & éragée. Je donnerois celui de Kakatoes aux Perroquets qui ont deffus la tête une huppe qu'ils élevent & baïflent à volonté. Le nom de Perruche défigneroit les efpeces qui ont le bec plus effilé , la partie fupérieure fur-tout plus allongée , plus aigue & plus courte, & qui crient fouvent. Les Loris enfin feroient les ef- peces dont le bec eft plus petit dans toutes ces proportions , le moins courbe , le plus aigu , dont le regard eft vif, les mouvemens prompts, la voix perçante, & dont les fons approchent de l’articula- tion du mot Lori. Il faut encore obferver que c’eft improprement que les Ornithologiftes ont défigné les Loris par les noms de Loris des Philippines, des Indes Orientales, de la Chine , &c. Les oifeaux de cette efpece ne fe trouvent qu'aux Moluques & à PI, CVIII. Pi, CIX. 174 VOYAGE la nouvelle Guinée. Ceux qu'on voit ailleurs en ont tous été tranfportés. Les Loris font en général délicats, fujets à des crampes dont ils périflent, & très-dificiles à tranf- porter vivans. J'en ai trouvé les efpeces conftamment différentes d’une Ifle à une autre, quoiqu’à peu de diftance. Le grand Perroquet verd de la nouvelle Guinée eft de la taille du Perroquet Amazone commun. Sa tête , fon col , le devant de fa poitrine, les petites plumes des aîles & la queue, font d’un verd de pré clair. Les grandes plumes des aîles font d’un bleu d'indigo ; les petites font en-deflous d'un rouge de carmin. La partie fupérieure du bec eft couleur d’orpiment ; l’inférieure eft noire; l'iris eft couleur de feu. Le petit Lori de Guéby eft de la moitié moins gros que le Perroquet que je viens de décrire. Sa tête, fa gorge, fon dos, fon ventre, & les petites plumes de fes aîles, font d’un rouge vif carminé. Les grandes plumes des aîles font noires, coupées £ > Bagues Le grand Le quel verd. de la nouvelle Guiee. A pe EE rs til ME , % Log à « . sad » gr + reset eet Vannes rade - —, + D s 0 PE 10 9 : lag .174. L Sornerat. Pre. € > Baguoy < fu Le peht Lory de Gueh, . 21, 110. 2 6 er L JIUI710 C lle TL ZLOUt 74 no de L Zor \ TES \ LP S'onnerat, Pr C Bagquoy, Jeupr. Le peut Lory Fapou, Le À LA NOUVELLE GUINÉE. 17; tranfverfalement dans toute leur largeur par une bande rouge ; la queue eft d’un rouge brun; le bec & l'iris font couleur de feu. Le Lori de la nouvelle Guinée eft de la taille de la Perruche ordinaire. Son plumage , qui eft d’un noir changeant en bleu, a tout à la fois le brillant métallique & le moëlleux du velours. Les pieds & le bec font noirâtres ; l'œil eft entouré d'une peau brune ; l'iris eft compofée de deux cercles , dont le plus grand eft bleu, & le plus petit eft rouge- brun. Les plumes de la queue font noires en-deflus, & d'un rouge terne en-deffous. Le Lori Papou doit être mis au nombre des Per- ruches, fi l'on a égard aux caracteres qu'emploienc les Ornithologiftes ; mais on le rangera parmi les Loris, fi l’on confidere la fineffe de fon bec, la promp- titude de fes mouvemens, la vivacité de fon re- gard, & le ton aigu de fa voix. Cet oifeau eft moi- tié moins gros que la Perruche commune, Sa tête, fon col, fa poitrine font d’un rouge très- vif, couleur de carmin, Au fommet de la tête, en ar- PL CXe: PI CXI. 176 VOYAGE riere, eft une tache de deux couleurs , oblongue & tranfverfale; la partie fupérieure de cette tache eft d’un bleu très-éclatant, & la partie inférieure d’un noir violet, Au milieu du col , en arriere, on voitune ta- che tranfverfale , qui eft d'un noir violet; les aîles font courtes & d’un verd gai. Cette même couleur s'étend fur le milieu du dos , entre l'origine des deux aîles , & forme en cet endroit une large tache verte. Le refte du dos, jufqu’à la queue, eft dans fon mi- lieu d’un bleu éclatant, & fur les côtés d’un rouge vif; au bas des aîles, un peu au - deffous de leur moignon , il y a fur les côtés du ventre une tache jaune , de forme oblongue. Le haut du ventre eft rouge , le milieu eft bleu ; les côtés, au - deflus des cuifles , font marqués par une tache jaune affez large ; le bas-ventre & les couvertures de la queue en-deflous font rouges. La queue eft compofée de douze plumes éragées , vertes dans les deux premiers tiers de leur longueur , & jaunes dans le refte. Les deux plumes du snilieu font les plus longues ; elles excedent de beaucoup les autres, & ont plus de longueur “Eh: naritf QT CI CE l is: 7 AS Ge “mer pr PA SEPT dr ie te HAE MNATRNT CAL ‘4 \ AN 1 1 3 f £ à o - TRE LA en ds 2riil 122f LE ee és es N 2 > s20 = Vy,8 e MO LD CRC TETE SCT { l'EPFL LE i Ty ct PAUL 1 RIRE, Lu k : PACS nl | DENT fe Fe 0" ve 2 tes TEA A 2. Sonnerat, Pr Le Lory de Got. CBaguoy S'eup , A LA NOUVELLE GUINÉE. 177 longueur que n’en a Le corps , à le mefurer du bec à l’origine de la queue. Les plumes latérales vont en diminuant, & les deux plus extérieures, qui font les moins longues , n’ont que trois pouces de long ; le bec & les pieds font animés d’une teinte rouge aflez vive. Le Lori de Gilolo n'eft pas tout-à-fait fi gros que le Lori commun des Ornithologiftes , ou le premier Lori de M. Briflon. Sa tête, fon col, fa poitrine, fon dos, fon ventre, les trois quarts de fa queue, font d’un très-beau rouge de carmin, L'œil eft en- touré d’un cercle noir ovale , dont une des pointes vient jufqu'à l'angle du bec, & l'autre s'étend par- delà l'œil, en arriere. Il y a fur l: milieu de chaque aîle, à la partie fupérieure , une tache de bleu d’ou- tremer. Les couvertures de la queue, en deflous, font de la même couleur ; les grandes plumes des aîles font noires ; le bout de la queue eft marron; les pieds font de la même couleur ; le bec & l'iris font d’un jaune d'orpin. Il ne me refte plus à parler que de trois oïfeaux, Z PI. CXII. 178 M, O \'A>G/E tous trois du genre du Manchot. Ce genre ne four- nit que des oifeaux de mer; les efpeces qu’il con- tient font toutes privées de la faculté de voler; elles marchent mal, & portent, en marchant, le corps droit & perpendiculsire; leurs pieds font tout-à- fait en arriere, & fi courts, que l'oifeau ne peut faire que des pas fort petits. Les ailes ne font que des appendices attachées à la place où devroient te- nir les véritables aîles ; leur ufage ne fauroit être que d’aider à foutenir l’oifeau chancelant, & de lui fervir comme d’un balancier, dans fa marche va- cillante. La mer eft l'élément des Manchots. Les Voyageurs lesconfondent fouventavec les Pingoins; ils en different cependant par deux caracteres bien fenfibles , par la forme des aîles , qui , quoique très- courtes & très-étroites dans les pingoins, leur per- mettent cependant de s'élever & de voler à quelque diftance; par la configuration du bec, qui, dans les pingoins , eft large & applati fur les côtés, & dans les Manchots, eft effilé, arrondi & cylindri- que. Les Manchots habitent les Ifles défertes des A LA NOUVELLE GUINÉE. r79 La mers de l’Inde & de l'Amérique ; ils vont à terre pour y pañler la nuit, & y faire leurs pontes. L'im- polhibilité où font ces oifeauxde voler, la difficulté qu'ils ont à courir, Les met à la merci de ceux qu'un hafard fait defcendre fur les terres qui leur fervent de retraite. On les prend à la courfe, on les affomme à coups de pierre ou de bâton : & le défaut de leur conformation , qui les met horsd’état d'éviter leuren- nemi , les fait regarder comme des êtres flupides , qui ne s’occupent pas même du foin de veiller à leur confervation. On n'en trouve point dans les lieux habités, & jamais il n’y en aura. C'eft une race, qui, hors d'état de fe défendre & de fuir, difparoîtra toujours par-tout où fe fixera l’homme deftruéteur, qui ne laiffe rien fubffter de ce qu'il peut anéantir. Je nommerai les trois Manchots que j'ai obfer- vés , l’un le Manchot de la nouvelle Guinée , l'autre le Manchot à collier de la nouvelle Guinée , & le troifieme le Manchot Papou. Le premier a trois pieds de long ; il reflemble au Z 2 PI, CXIIT. 180 NOV ANNEE Manchot des Terres Auftrales & des Terres Magel- laniques : il n’en differe que par quelques taches. Sa tite, fon col, en-devant, & le haut de fa poi- trine font noirs ; fon dos eft d’un gris bleuâtre ; fon ventre & fes cuifles font couverts de plumes blan- ches; les aîles font rayées de lignes longitudinales noires & de lignes longitudinales d’un gris blanc ; les plumes qui les couvrent font courtes , ferrées, arrangées comme des écailles, ainfi qu'elles Le font fur les aîles de tous les Manchots. De chaque côté de la tête, en arriere , defcend, en gagnant vers le devant , une raie , d'abord large & d’un jaune foncé, enfuite étroite, & foibliflant de couleur ; cette raie s'élargit en approchant de la poitrine & s'é- tend fur toute la furface fupérieure de cette par- tie. Le jaune, en cet endroit, eft pâle & délayé; les pieds font noirs , & comme couverts d’écailles. Le bec eft long, arrondi , droit , renflé& courbé à fon extrémité , noir de la bafe jufqu’aux deux tiers de fa longueur , & jaunâtre dans le reftejufqu’à fa pointe. Le fecond Manchot eft de moitié plus petit que V1 LL L. Jonnerat Pix. Le Menchot de la Nouvelle Guncee. (LA) Bazguoy Jeulp * Le \ PPT pré Sas AT d RE: PR : Lun Le l'IRAETIE £: + , « 4 \'4 LIVES +. + , Lg: si EN MS re CPAS LE . us LS vs sd agent te) } ù LIU SRE | Ro . RA i QE 0 E'e Car à 3 NN) A 4 : PRE N AMENER (AN AA \ Al AA KA \ P Sonnerat Pr. CBaguoy Jeu , re Manchot a Collier de os AL de. 1: PaCT'i ASE ; nent Re DRE à ri + CHR DS Eu METTRE HR ERA. ba Fe ft lu ue its dde 4e pro tas ST. Mt | CET se PÉE Z KE: { te KI ù Hu LR ER 24 1 à ( / 6" -MEN ‘AL WE ” 1 4 x Î FR Ls LE + AE 4 2 HENRI ] LA p.14 | RNA = —, 4° + mi, _ # LATIN the Lee HA a DS CG » LE AR y s- Ars 6 M4 de mn eite = CRE Ds. 3 = = D» / EE LL = es * = Pr) É mine fe Ce mt À VE _ + _ en ue SP ” trim ii ne o" « " ce si CRYE ie P. Sonner.: 20 y re onnerat Pina € Baguoy Jeulp Le Manchot Papou / A LA NOUVELLE GUINÉE. r£r le précédent. Sa tête, fa gorge , fon col, en ar- riere & fur les côtés, fon dos , fes aîles, fa queue, font noirs; fon col, en devant, fa poitrine , fon ventre, fes cuifles , font blancs ; des plumes de la même couleur s'écendent de chaque côté en demi- cercle au haut de fon col , & forment entre les plu- mes noires un demi-collier blanc. L’œil eft entouré d'une membrane nuée d'un rouge de fang ; lebec, les pieds, l'iris font noirs. Le Manchot Papou a deux pieds de long. Sa tête & fon col font grisâtres, tirant fur le noir. Il y a fur le fommet de fa tête, en arriere, une raie demi- circulaire blanche ; le dos & la queue font noirs; les aîles font noires dans leur milieu ; Le bord exté- térieur en eft gris, & le bord intérieur blanc. Cette derniere couleur eft celle de la poitrine, du ventre & des cuifles ; l'iris eft jaune, les pieds & le bec fonc d’une couleur roufsâtre. FDA" PI, CXIV. PI CXVY: 182 VOYAGE" CHAPITRE XIII. Continuation de notre [éjour à Pulo ***; Remarque fur les Habirans des Moluques. Novs reçûmes pendant notre féjour la vifite de plufieurs Chefs ou Princes des Ifles voifines. De ce nombre étoient le Sultan de Tidor, & le Roi de Patanie , accompagné de fon fils. M. Provoft reçut les trois Princes, & les traita dans fon habitation. Ils vinrent à notre bord incognird, & repartirent le même foir. Le Roi de Patanie, fatisfait & re- connoiflant du traitement qu’il avoit reçu de M. Provoft, l'avertit de fe tenir fur fes gardes ; que quelques habitans des Moluques avoient été gagnés pour attenter ce jour-là même à fa vie. M. Provoft, fur l'avis qui lui fut donné, expédia un bateau pour nous demander du fecours. On lui en envoya aufli- tôt. Les troupes quil reçut fe tinrent fous les ar- A LA NOUVELLE GUINÉE. 183 mes toute la nuit; & nos ennemis prévenus, ne voyant pas de moyen d'exécuter leur complot, mi- rent à la voile avant le jour. Le 20 Mars, nous reçûmes un Ambaflideur de la pare de l'Empereur de Salvati. L'objet de fa miflion étoit de nous donner avis d'un armement qui fe préparoit contre nous. Il nous en fit le détail, & nous offrit trois mille hommes de la part de fon Maître, fi nous étions dans l'intention de réfifter. L'Ambaffadeur étoit un perfonnage confidérable: il étoit magnifiquement vétu , & fuivi d’une fuite nombreufe. C’étoit un homme de mérite; il parloit plufeurs langues, & ce qui mérite d’être remarqué dans l’Ambañladeur d’un Souverain des Moluques , il jouoit agréablement du violon. Il étoit fort verfé dans la Géographie; il noùs nomma toutes les Ifles qui compofent l'Archipel des Moluques, nous en indiqua la pofition , & nous défigna plufeurs Ifles, qui ne fe trouvoient pas fur nos Cartes. Il nous af- fura encore qu'il y avoit au nord de la nouvelle Guinée un Pays fort étendu, abfolument inconnu 184 VOYAGE aux Européens , qui n y avoient jamais pénétré. No- tre Commandant lui marqua fa reçconnoifflance par les remercimens qu'il lui fit, & fur - tout par un préfent pour lui, & un autre pour le Prince dont il étoit l'Ambaffadeur ***. Ce généreux Envoyé n’ou- blia rien pour nous engager à nous rendre dans fa Patrie, nous en vanta les avantages, la füreté de la rade où mouilleroient nos vaifleaux , la richefle du Pays , où nous trouverions de l'or, des perles à tra- fiquer , & des tortues en abondance pour nous ap- provifionner. IL nous entretint de la bonne foi , de la droiture & des mœurs des habitans , dont il nous fit un portrait tout-à-fait différent de celui des Peu- ples voifins, Remarque [ur les Habitans des Moluques. Les Moluquois font en général très-bafanés ; leur teint tire fur le noir lavé de jaune; ils font peu vigoureux, & cependant cruels & féroces. Peut- être la dureté de leurs mœurs eft-elle une fuite de Ja vie errante & folitaire qu'ils menent dans lesbois. Le hé A LA NOUVELLE GUINÉE. 18; Le terrein qu'ils habitent paroît fertile, mais ils ne le cultivent pas, & ne vivent que de fagou ; ils le recueillent dans deux Ifles de leur Archipel , dans lefquelles l'arbre dont ils le tirent croît en grande quantité, & fans culture. Je rapporterai à la fin de cet article la defcription de l'arbre du Sagou , telle que M. Poivre l’a publiée *, La Religion des Moluquois eft un mélange de Ma- hométifme & de la Loi des Brachmanes. On n'y mange point de porc , ni en général rien de ce qui eft animé. Les habitans n’élevent d'animaux que pour leurs amufemens, & n’en ont que fort peu de domeftiques. Ils nous préfentoient une poule comme un objet rare auquel ils mettoient un grand prix. Il n’y a que les femmes & les Prêtres qui portent des vêtemens. Les hommes ne fe couvrent que la tête avec un chapeau peint de diverfes couleurs , & fait de feuilles de latanier ; ils ont d’ailleurs tout * Voyage d’un Philofophe, A a 186 VO." AGE le corps nu ; ils portent cependant une pagne étroite, par pudeur, & des manilles aux bras pour ornemens. Les femmes font couvertes d’une longue robe ou d'une efpece de fac fans plis, fermé par devant; elles portent des chapeaux d’une grandeur énorme, & qui ont fept à huit pieds de circonférence. Ces chapeaux font plats en - deffus , & chargés de co- quillages & de nacre de perles ; en-deffous un cer- cle haut de trois pouces , fert de forme, & les fait tenir fur la tête. Ces femmes ne fortent jamais ; elles vivent renfermées dans leur cafe. Il feroit difficile de trouver des hommes aufli jaloux qu'un Moluquois. Il iroit de la vie pour un Etranger, de fixer inconfidé- rément une femme en préfence de fon mari. Les Prètres font vêtus de longues robes comme celles des femmes : mais on les reconnoît à leurs bon- nets, qui s’élevent en pointe. Les deux fexes portent aux bras des manilles d’une efpece de porcelaine , qu’ils taillent en l’ufant {ur une picrre. Leurs armes font l'arc & les fleches, le carquois A LA NOUVELLE GUINÉE. 187 = & le bouclier. L’arc eft d’un bois élaftique très- léger & ligneux; ils l’ornent d’anneaux faits avec du rotin : la corde eft aufli de rotin. Les fleches font d'un rofeau élaftique & léger, & la pointe eft d'un bois barbé très-dur. Les carquois font d’écorce d'arbre , les boucliers d'un bois noir très-dur; ils font couverts de deflins en reliefs, faits avec des coquilles d’un très - beau blanc. Ces boucliers font longs, plus étroits au mi- lieu qu'aux deux bouts. Ces Peuples, auxquels la navigation eft un art fi néceffaire , placés comme ils font dans un Archi- pel, ont des bateaux d’une ftruéture ingénieufe & finguliere. Ces bateaux ont jufqu’à foixante-dix & quatre-vingt pieds de long ; les deux bouts extrêé- mement exhauflés , s'élevent jufqu’à vingt pieds au- deflus de l'eau; le gouvernail n’eft qu'une longue rame, placée en dehors, & foutenue fur un écha- faud; le corps du bateau eft un aflemblage de plan- ches, non pas jointes ni clouées , mais fimplement affemblées & retenues par des cordages faits avec du Aa2 188 VO Y'A IG'E rotin. Aux deux côtés du bateau font attachées deux aîles horizontales, qui fervent à le foutenir , quand la mer eft groffe. Dix hommes aflis en travers fur ces ailes , donnent le mouvement à la machine, & la font voguer à coups de pagaie, d’une viteffe incroya- ble pour ceux qui n'en ont pas été témoins. L’art des rameurs confifte à frapper l’eau tous en même temps dans une parfaite égalité; c’eft fans doute pour cette raifon que pendant tout le temps qu'ils rament , ils s’excitent par des chanfons , ou fe fou- tiennent par le bruit du timptanée, efpece de tam- bour. La mefure entretient la précifion de leurs mou- vemens; mais leurs chants & les airs exécutés fur les timptanées , nous paroîtroient fort triftes : ils en jugent fans doute autrement. Les voiles font faites de plufieurs nattes de forme oblongue, & elles font mifes en travers fur le mât. Je terminerai ce Chapitre par la defcription du Sa- gou. L'arbre du Sagou fupplée en partie au défaut des graines. Cet arbre admirable eft un préfent de la Na- A LA NOUVELLE GUINÉE. 189 ture, bien fait pour des hommes incapables de tra- vail ; il ne demande aucune culture ; c’eft un Palmier qui croît naturellement dans les forêts ; il s’éleve juf- qu’à trente pieds de hauteur , & devient quelquefois fi gros , qu’un homme à de Ja peine à l’embraffer. Il fe multiplie lui-même par fes graines & fes rejetons; fon écorce ligneufe a environ un pouce d’épaifleur, & couvre une multitude de fibres allongées, qui s’en- trelaçant les unes dans les autres, enveloppent une male de farine gommeufe. Dès que cet arbre eft mûr, & prêt à donner fa fubftance, il l'annonce en fe cou- vrant à l'extrémité de fes palmes d’une poufliere blan- che qui tranfpire à travers les pores de la feuilles alors le Malais l’abat par le pied, & le coupe en plufieurs tronçons, qu'il fend par quartiers ; il en tire la mafle de farine qui y eft renfermée, & qui eft adhérente aux fibres qui l’enveloppent; il la délaie dans l’eau commune , qu'il pale enfuite au travers d’une chauffe de toile fine, pour en féparer toutes les fibres. Lorfque cette pâte a perdu une partie de fon humidité par l’évaporation , le Malais la jette dans des moules de 190 VIOTSANNE terre de différentes formes, & l'y laiffe fécher & dur- cir. Cette pâte eft une nourriture faine : elle fe con- ferve pendant plufieurs années. Pour manger le Sagou, les Indiens fe contentent de le délayer dans de l’eau , quelquefois ils Le font cuire; ils ont l’art de féparer la fleur de cette farine, & de la réduire en petits grains, de la forme à-peu- près des grains de riz. Ce Sagou ainfi préparé, eft préféré à l'autre pour le vieillard & pour les infirmes; il eft un excellent remede pour les poitrinaires. Lorf- qu'il eft cuit dans l’eau pure ou dans le bouillon , il fe réduit en une gelée blanche très - agréable au goût. Les Hollandois le nomment l’Arbre de Pain. Il vient d'être trouvé, il y a deux ans, à Madagafcar : les Madecaffes l’appellent le Raphia. A LA NOUVELLE GUINÉE. 197 CHA PEER PERF Continuation de notre féjour à Pulo **; Defcriprion des différentes fortes d’E piceries que nous procurerent les Papoux. Ni — o Fe 19 Mars, nous vimes paroître une efcadre ; elle fe laifloit dériver au courant , & s’avançoit fur deux lignes, au fon d’une brillante mufique; le convoi étoit commandé par le Roi de***, Il mouilla le foir à une lieue de terre pour fe rallier, & s’avança le lendemain à la pointe du jour, en bon ordre, vers la partie de l’Ifle où nous avions planté le pa- villon François. M. Provoft reçut l’efcadre au bruit de l'artillerie, que nous avions defcendue à terre. Le Roi de *** y répondit coup pour coup; il avoit fous fes ordres quarante-fept bateaux ou pros, dont la plupart étoient de foixante pieds de long, à trois rangs de rames de chaque côté. L'efcadre fic le tour de nos deux vaifleaux au bruit 192 VI VIAUTE d'une aigre & fombre mufique. Le bateau que le Roi montoit étoit pavoilé , & portoit un fort grand pavillon Hollandois. Le Prince, vétu d’un habit d’écarlate , & d’une vefte de fatin broché en or, mais les cuifles & les jambes nues , étoit placé fur un pont faillant en dehors du bateau : huit Gardes l'entouroient , le fabre à la main. En approchant de . terre, il fit faire plufeurs décharges de pierriers. On lui rendit le falut par des décharges réitérées de moufqueteries : les troupes que nous avions à terre fe mirent fous les armes. Le Prince débarqua, & après avoir fait un compliment à notre Comman- dant & à M. Provoft, il leur offrit en préfent des fruits les plus recherchés dans le pays. Il féjourna quelques jours avec nous , pour trafiquer de difié- rens effets qu'il avoit apportés ; il nous fit avoir quel- ques tortues, & repartit après avoir réglé avec nous. Le refte du temps que nous féjournâmes à Pulo***, fut employé à embarquer les provilions que nous avoient procuré les Indiens. Pour moi, je me trou- vois aflez occupé à mettre en ordre, à ferrer, à garantir A LA NOUVELLE GUINÉE. 193 garantir des rifques qu'on court en voyage, une très-nombreufe colleétion d'Hiftoire Naturelle , que j'avois recueillie depuis que nous étions en route. Elle me paroifloit d'autant plus précieufe, qu’elle avoit été formée dans des Pays peu connus , & que notre Nation ne fréquente que très-rarement. Heu- reufement mes foins n'ont point été infruétueux. Ma collection s'eft très-bien confervée, & j'ai eu le plaifir, à mon arrivée à Paris, de voir qu'on y mettoit autantde prix que j'yenattachois moi-même. J'ai cru que le meilleur ufage que j'en pou- vois faire, étoit de la dépofer au Cabinet d'Hiftoire Naturelle du Roi; il ma paru que c'étoit en faire part à la Nation; que c’étoit le moyen le plus für de conferver ma collection aufli long- temps qu'il eft pofible, & que c’étoit enfin la pla- cer dans le lieu où elle feroit difpofée de la ma- niere la plus utile & la plus agréable. C’eft dans cette immenfe colleétion , dont la mienne fait partie à préfent, qu'on peut voir les différens objets que j'ai recueillis en tout genre autant qu’il m'a été poflible. Bb PI. CXVI CXVII & CXVIIL. 194 VO Y'A'G'E Je finirai cet article par la defcription des dif- férentes efpeces d'Epiceries que me procurerent les Papoux. Parmi ces différentes efpeces, j'en trouvai trois de Mufcades, dont une n'étoit point aromatique, & trois efpeces de Gerofliers, qui ne l’étoient pas non plus. À , dans la Planche ci à côté , repréfente la Mufcade mâle, & B la Mufcade fémelle. La pre- miere eft plus eftimée en Europe, & la feconde eft préférée dans l'Inde. Les Indiens l’appellent Ki- laki. Indépendamment de ces deux variétés de Muf- cades , il y en a une troifieme qui fe trouve à Sal- vaty, qui eft beaucoup plus longue & plus aroma- tique que la Mufcade appellée Kilaki : c’eft cette derniere efpece fur-tout qui eft tranfportée par les Macaffards à la prefqu'Ifle Malaye; d'où elle fe ré- pand à la Chine , à la côte de Coromandel , dans le Bengale, &c. Le Mufcadier s'éleve jufqu’à trente pieds de haut ; fes feuilles font alternes, vertes & liflées en-deflus, à blanchätres en - deflous, attachées à un pédicule 26 £ Sonnerat. del therce Martinet. Jul La Muscade 2. v< Le ps hot ét Planche 17. Differentes Æspeces de Muscacte : Page 19 #. 1. La Muscade mal.2.la Muscade male qui com nce à s'ocrur. S. la Muscade male entierement ouverte. 4. la Muscad: femele que ds Indiens app lent Lakilaks. 6. la Mascade femele qui Core nce a v'ouvrer. 6 la Muscade dchors de s« & que. 7 Æ Masses. S. La Muscude dop nulle de son Pass. o. la Murcuce fiarchande ta @h Hive CRT r + 2e } 7 +- + Ke Le 1e - =,» Pis # cs L4 sx dr _ 4“ e + £ 17 = R ‘ ee La 4 + LIT ' ik dy È 2 pe e nu “st - ' FPATY- > où 7 LS " + - mn “+ Ë « us A 2" ‘ 7, ee . # 2 pe s » À Z = A) thing paLA4% + . AL TETE PE. 18. Différentes Coupes de la Muscat €, Z Coupe perrendeulare de la Muscade. 2 Coupe horisontale de La Muscade. 81 Muscade fausse, Z La Muscacde fausse au commence & + ouvrir. & La Muscace s fausse dehors de sa coque charnie.E la AMuscade fausse dopollee de sor Massrs. PA la Muscade fa se dpotuile e de ny72 coque a Larriie re Sort fl SSL de sa coque 2772 USE, Wc pe perpendiculaire de la fausse Musiade. ga€ pe Aorwontale de la fausse Muscade, ‘ * M: ( PACE: 1 un En A LA NOUVELLE GUINÉE. 19; d'un pouce de long; elles ont une forme ovale , & fe terminent en pointe. Les fleurs naiflene dans les aiflelles des branches ; il n’y a qu’un piftil entouré d'une infinité d'étamines ; les petales font au nombre de cinq, leur couleur eft jaunâtre. Le fruit de la premiere efpece eft charnu, fphérique, & reflem- ble aflez à une pomme ; il ne contient qu’une loge, qui renferme Îa noix; elle eft enveloppée d’une peau rouge , qu'on nomme maflis , & fouvent , mais im- proprement , fleur de mufcade, Ce maflis ne couvre la noix qu'en partie ; lorfque le fruit eft mûr, la coque s'ouvre d’abord par le côté , & laifle voir la noix couverte de fon maflis; le bas du fruit fe fend enfuite , & la noix tombe par cette ouverture. Le maflis eft beaucoup plus eftimé que la noix même, parce qu'il eft plus aromatique. Ce parenchyme de la coque a un goût aigrelet, qui m'a paru défagréa- ble. Les Indiens en jugent autrement , & le mangent avec plaifir. Le fruit de la feconde efpece ne differe de celui Bb 2 A —————— — — — ————— de la premiere que par la forme , qui, dans le der- nier, approche beaucoup de celle d’une poire ; la noix eft aufli plus allongée : la coque ne fe fend que par le bas. Le fruit de la troifieme efpece eft ridé, & ne de- vient jamais plus gros qu’un œuf de poule, La noix qu'il contient eft ovoide , & plus petite que les noix des deux premieres efpeces ; elle eft fans aromate, & fon goût reffemble à celui de nos noifettes, & le maflis qui l'enveloppe eft d’un rouge terne; les feuilles de l'arbre qui la produit, ont communément un pied de long. Je crois que cette efpece de fauffe Mufcade ( car elle ne mérite que ce nom} eft la même que M. Provoit apporta des Philippines en 1768 à l'Ifle de France, par curiofité. Le Geroflier eft un arbufte qui prend en croiffant une forme pyramidale. Ses feuilles font oppofées, pointues des deux côtés, liées & ondées fur les bords; elles font attachées par un pédicule d'un pouce de long de couleur rouge. Ce pédicule eft la ART AT à A + 144 AP £ Ed L fn p: “ Ê LI 1 1 : Nil air dd ES TU NOR à » CS APCE {y | gen A SN des, Siren, HIDE , Lori, D à prb are cote, DNS À 0: AMEN pet Ÿ ei os £ PE et Si "1 é x is + * De UN \ : ! 11e - X AE NL es, TAMRONSUR 1px Pp ae LA b > \ ; Planche 119. lave 197. #: 3, Ÿ SJonnerat Vélncaunt ; 1 berne Martinet Seul à l Ze Gerofle’ 1. Le friat. a .t oupe perpendculare 7/2 VA ut, 8.0 dupe Aorvzontale du [rat 4 lümande du dedans du fruit. +43 LA ÉRUES L ' + . METTRE AS (37 ve M F RATER SA tt 8 de . Cle & 7 ni A stérile rer AE 1e ar Seine 4 Que ? all, r TA ia L'AAA ® { ù J 159 ka AN FMI PE OR DUR PA 11e d 4% L ue : 4 AE NA NE POSE MED EL | £ y LUS : ñ CE" 2e + as à + po ( L . sir: AU TT 7, : , c h ” \ 3 * … CA PR s FAT E, J 19 S L æ w, » 1 ‘ 4 Le 4 n be" .: n « L +” * LE à mn a + ja s.1 » + j sù / F Phiche Z720, onnerak, deluwavit Ze faux Cerofle px « € lave 197: therese Tlartinæ Sculp A LA NOUVELLE GUINÉE. 197 partie la plus aromatique de tout l’arbre , fans ex- cepter même le clou. Les fleurs naïflent par bouquet à l’extrémité des branches , foutenues par un calice à quatre divifions ; elles font compofées de quatre petales de couleur bleuâtre , veinés de blanc, ar- rondis par en haut & concaves. Ces petales font at- tachés au calice, ainfi que les étamines qui font en grand nombre. Le piftil, furmonté d’un ftyle , terminé par un ftigmate, eft caché au fond du ca- lice, & devient un fruit ovoïde, de couleur rou- geàtre, qui n'a qu'une loge, & ne renferme ordi- nairement que deux amandes. L'écorce, le fruit, les racines , les feuilles, tout eft aromatique dans le Geroflier. Il ne fe plaît & ne réuflit que dans les endroits humides. La premiere efpece de faux Geroflier ou de Geroflier fans aromate , ne differe de la précédente que par les feuilles ; elles font , dans cette derniere efpece , por- tées fur de longs pédicules , arrondies à leur fommet , & d'un verd pâle; la fleur & les fruits fonc les PI. CXIX & CXX. 198 À V'O %'A’GYE mêmes que dans l'efpece qui eft aromatique ; mais dans la derniere, toutes les parties de l'arbre font inodores ;, & le clou eft d’un goût très-amer. Le clou eft également amer dans la feconde efpece de faux Geroflier; toutes les parties de l'ar- bre font de même dépourvues d’aromates, & il n'y a de différence entre ces deux efpeces que par rap- port au calice, qui , dans la derniere efpece, eft à quatre divifions , extrêmement long & pointu à fa bafe. On voit, d’après la defcription que je viens de donner des différentes efpeces d'Epiceries que nous procurerent les Habitans de Pulo ** *, que c'eft inutilement que les Hollandois ont des Forts & des garnifons fi confidérables à Banda & à Am- boine ; que ces deux ifles ne font pas les feuls lieux où croiflent les produétions précieufes qu'ils penfent y pofléder , à l’exclufon des autres Na- tions ; mais qu'on les trouve en beaucoup d’autres endroits. Toutes les Moluques, les Terres des Pa- A LA NOUVELLE GUINÉE. + 199 poux, & même la plupart des Ifles de la mer du Sud, en font couvertes. Nous ne prétendons cependant parler de ces dernieres Ifles que d’après le rapport du Taïititien Poutavery, que M. de Bougainville amena en Europe en 1768. Dans fa relâche à l'Ifle de France, on ouvrit par hafard devant lui une Mufcade fraîche qu’on avoit confervée dans de la cire ; l’Indien fut furpris de trouver , fi loin de fon Pays, une produétion qu’il croyoit particuliere, à fa Pa- trie, &aflura que l’Ifle de Taïti étoit remplie d’ar- bres qui portoient un fruit pareil à celui qu'on lui montroit. On peut aufli regarder comme certain que toutes les Ifles adjacentes à la nouvelle Guinée font couvertes des arbres qui produifent les Epi- ceries : le fait fuivant eft la preuve de cette afer- tion. Un vaifleau Portugais étant venu faire un char- gement dans l’oueft de Timor , reçut un coup de vent, qui l'obligea de lever l'ancre pour prendre le large. Ce vaifleau fut pouflé par la tempète jufqu'à 200 Vs OV AACGE la nouvelle Guinée ; il y mouilla pour réparer les dommages qu’il avoit efluyés; & pendant fa reli- che, le Capitaine trouva de quoi faire un charge- ment en Gerofles & en Mufcades, qu'il alla ven- dre à Macao , fans revenir à fa premiere relâche. CHAPITRE A LA NOUVELLE GUINÉE. 2or ED 6 CITAPTTRE "XV: Départ de Pulo ***; Retour à l'Ifle de France. Le 6 Avril, nous levâmes l'ancre ; mais les vents étant trop foibles pour nous faire fortir du canal, nous fûmes obligés de mouiller & de refter à l’an- cre Le lendemain toute la journée. Le 8, nous appareillämes par une petite fraîcheur qui varioit du fud au fud-oueft. Les courans qui l'emportoient fur la force du vent, nous jeterent, malgré tous nos efforts, fur un banc de fable, mêlé de corail pouri. On mouilla plufeurs ancres à deflein de touer le vaifleau ; mais les grelins rompirent, & le bâti- ment s'enfonça d’un pied dans le fable; heu- reufement la marée fut haute le même foir , & nous remit à flot. Nous dirigeämes notre route le lende- main pour regagner l'Ifle de France le plutôt qu'il nous feroit poflible. Nous fûmes contrariés par quel- ques calmes, Cc 202 VUO AGE NEE: Le 28 Avril, nous entrâmes dans le Détroit de l'Ifle de Timor. Dès ce moment , l'équipage regarda le voyage comme achevé , & fe crut au-deflus de tous les dangers de différentes efpeces auxquels nous avions pu être expofés. La joie, le plaifir du retour & l'envie de l’accélérer , animerent tous les efprits. Nous forçâmes de voiles , & prîmes le parti de laif- fer derriere nous la corvette, notre compagne, dont 11 marche trop lente ne répondoit pas à notre impa- tience. Nous eûmes connoiffance de l'Ifle Rodrigue le premier Juin, & le 4 du même mois, nous mouil- lâmes à l'Ifle de France. Nous y terminions un voyage long, dangereux , dans lequel nous avions couru des rifques multipliés & de toute efpece; tous les périls étoient pañlés, nous avions eu tout le füccès que nous avions pu efpérer. Nous rapportions des tréfors dont nous allions enrichir notre Patrie. Je laifle au Lecteur à fe peindre les fentimens que nous éprou- vions en ce moment délicieux. F TN. EE — TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. ÂÀ NTIGUE, (Ifle ) fes produ&tions, commerce de fes Habitans, &c. pag. 10$ & fuiv. BarsuE de l’Ifle de Luçon; fa defcription, Pr. 69 BERGERONETTE ( la) de lIfle de Luçon, p. 61 BErGKIAs , voyez PANDACAKI , Plante, Cacao, Arbufte; fa defcription, P. 101 G fuiv. CarLLe de la nouvelle Guinée; fa defcription , P: 170 CarLe à trois doigts, de l'Ile de Luçon; fa defcription, P. $4 Care, (la petite) de l’Ifle de Luçon, ibid, CaLao à bec cizelé, de l’Ifle Panay,p. 122; fa femelle, P. 124 CazoeraA , Port de l'Ifle de Mindanao, gardé par des Efpagnols ban- nis , P« 127 Cavite : defcription de fon Port & de la Ville, p. 19 & fuir. CHIRURGIEN, (le ) de l’Ifle de Luçon, p. 81; fa defcription, 82 CirroN doux, (le petit) Arbufte qui diftere peu de l'Orangine des Chinois, P: 102 Coco de mer ; fa defcription, fespropriétés ,p. 4 & fuiv. tranfporté à l'Ifle de France, P-9 Cosrivy, (Ifle de ) fa latitude & longitude, pag. 2, fertile en pal- miers. Cozrou, (le) de lIfle Panay; fa defcription, P- 116 CommErçoNA (la) ou BONNET QUARRÉ, Arbre ainfi appellé du nom de M. de Commerçon ; {a defcription , P. 14 &fuiv. Coucou d’Antigue; de quatre efpeces ; leur defcription, p. 119 & fuiv. Couris, de l'Ifle de Luçon, deux efpeces , leur defcription, p. 8$ & fuiv. FouquET, (le petit ) des Philippines ; fa defcription, p.12$ GEkoELIER & faux Geroflier ; leur defcription, P.197 GC 2 204 TABLE ALPHABÉTIQUE Gorr-Moucxes, de l'Ile de Luçon, cinq nouvelles efpeces, pag. 57; leur defcription, 58; la cinquieme efpece nommée petit Goavier , 59: GRIMPEREAUX de l’Ifle de Luçon;trois efpeces, p.62 & fuiv. HiroND£LLE d’Antigue; fa defcription, p. 118 HiRONDELLE de mer, de l'Ifle Panay; fa defcription, P:12$ HouETTE; (Arbre) fa defcription, P- 132 JésurTes, leur perfidie envers le Roi d'Yolo, p. 142 & fuiv. KAKKERLAC, infecte, p. 20; fon combat avec la Mouche bleue, 21 & fuir. Loris, de Guéby & de la nouvelle Guinée, p.174 & fuiv. Luçox . (Ifle) une des plus grandes des Philippines, p. 18; brigandages des Maures, 93; fujette à des tremblemens de terre, 98; on y trouve plufieurs Volcans , ibid, fon gouvernement, fa police, fa popula- tion, P+99 ManiLre; defcription de cette Capitale ; des Etabliffemens Efpagnols , p.253 Mœurs des Manillois, 26 & fuiy. Mœurs des Habitans de l'in- térieur des Terres, p.31 & fuiv. Mancnors , de la nouvelle Guinée ; leur defcription, p.178 & fuiv. Maxssanas; (Arbre ) fa defcription, P- 134 MARTIN-PESCHEUR; trois efpeces, deux de l’Ifle de Luçon, & une des Philippines, p. 65 ; leur defcription, ibid. & fuiv. de la nouvelle Gui- née, p.170 & Juiv. MENICHEA rofata, ( Arbre ) efpece de Jambouck rofade; fa defcrip- tion , P. 133 MoLuques, ( Habitans des Ifles ) leurs Mœurs, leurs Ufages, &c. p. 182 & fuiv. Muscapes, de trois efpeces; leur defcription, P: 194 Musicrex (le) ou Petit Merle de l’Ifle Panay, ainfi nommé par les Irdiens, MTS PAGAPATE, (la) Arbre; croît dans leslieux humides ,p. 16;fesfeuilles, fes fleurs, &c. ibid. DES MATIERES. 20$ PanDACAKi, Plante; ufage que les Indiens en font, p.46, connue au Cap de Bonne-Efpérance, fous le nom de Caguepire fauvage , 47, décrite fous le nom de Bergkias, ib. & fuiy. petite efpece de Panda- caki , 49. PAaon (le ) fauvage ; fa defcription, p. 86 Paroux, Habitans des Ifles de la nouvelle Guinée : leur caractere , leurs mœurs, leurs ufages, p.153 ParaDis, (Oifeaux de ) de fix efpeces; leur defcription, p. 155 & fuiv. PéLicans, de lIfle de Luçon; leur defcription, P: 91 PERROQUETS, de cinq efpeces, PET? PerrucHESs obfervées à l'Ifle de Luçon, huit efpeces, p, 75 ; leur def- cription , 76 & fuir. Pic d’Antigue; fa defcription, P. 118 Pics, de l’Ifle de Luçon, de trois efpeces, p.70 & fuiv, PrEGRIESCHE d'Antigue, Pigriefche rouge de l’Ifle Panay, p. 114; Pigriefche blanche, 115. PIEGRIESCHE DoMmiINIQUAINE des Philippines, BASS PiGron (le ) verd des Ifles de Luçon & d’Antigue, de trois efpeces ; leur defcription, P; 110 & fuiv. PIGEON blanc, mangeur de Muf:ades ; fa defcription , p.169 PLuvier, de l’Ifle de Luçon, p. 83 & Juiv. PrAsLin ; (Ifle ) fa defcription , fes productions, p. 6 & Juiv. Puro-Para ; (Ifle) fa defcription, pe il Puro-PissanG ; (Ifle ) fes produ&ions, P. 12 & fuiv. Puro-Timow;( Ifle) fes Habitans cruels & de mauvaile foi , p.17 Rapeau De Bamgouc , Machine qui fert pour pécher, p. 973 fa def cription, ibid, Rima (le) ou Fruit à Pain; fa defcription, fon ufage, p.99, tranf- porté à l’Ifle de France, 100. Rocou ,(le) Arbrifleau; fa defcription, P:29 RurssEAU , à deux lieues de Calamba à Manille, dont l'eau eft bouillante, p.38. La liqueur du thermometre de Réaumur y monte à 69 degrés, RÉ 206 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. quoiqu’à une lieue de la fource, àb. les arbriffleaux qui y croiflent, p. 39. On y trouve des poiflons, ib. Sacou, Arbre des Moluques; fa defcription, ufage qu’en fonties Mo- luquois, p. 188 & fuiv. SAMBOUANGUE, Etabliffement des Efpagnols dans l'Ifle de Mindanao; fa polition, fes Habitans, p. 128; fes fortifications, 130. SAaPOTTE NEGRO;( Arbre) fon ufage, {a defcription, p.45 & fuir. SARCELLE, de l’Ifle de Luçon; {a defcription, P. 91 & fuir. SécHezLes, (Ifles) p. 3. Il y en a une défignée fous le nom d’Ifle des Palmes ou des Palmiers, & précédemment Ifle Praflin. On y trouve le fruit du Palmier, connu autrefois fous le nom de coco de mer ou coco de Salomon. SECRÉTAIRE, ( le) p.86 ; fe trouve aux Philippines & en Afrique, 87: fa defcription, 88. Somme, Vaifleau Chinois; fa conftru@tion, fon ufage, P. 130 SPATULE blanche , de l'Ifle de Luçon; SPATULE huppée , leur defcription, p. 89 TourTERELLE blanche enfanglantée, de Y'Ifle de Luçon, P. 51 TourTERELLE gri,e enfanglantee, P. 52 TourTERELLE cendrée , ib. & fuiv, TroupiALE (le) rouge d’Antigue; TrouUPrALE (le) jaune, idem. É Ps TAS, VEUVE, (la ) de l’'Ifle Panay ; fa defcription ; fe trouve auffi au Cap de Bonne-Efpérance , P 117 Yoo, (Ifle) voifine de Sambouangue; digreffion fur le Roi regnant de cette Ile, p. 136; mauvais traitement qu’il reçoit des Efpagnols, 139. Fin de la Table des Marieres, EE RE RSR AE APPROBATION DU CENSEUR, JL: lu par l’ordre de Monfeigneur le Chancelier un Manufcrit intitulé, V'oyage |à la nouvelle Guinée , auquel on a joint La sdefcription des lieux, les obférvations phyfiques & morales , les détails relarifs à l'Hiftoire Na- turelle dans le regne animal € le regne végetal ; je n'y ai rien trouvé qui m’ait paru devoir en empêcher l’impreffion. Fait à Paris le 24 Décembre 1773. Signé AMEILHON. BRIVELE GE) DU, ROUE OUIS, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navarre: À nos amés & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra; SALUT. Notre amé le Sr. RuauLr, Libraire, Nous a fait expofer qu'il defireroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage intitulé, Voyage a la nouvelle Guinée, &e. s’il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Permiffion pour ce nécellaires. À ces caufes, voulant favorablement traiter lExpofant, Nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes, de faire imprimer ledit * Ouvrage autant de fois que bon lui femblera & de le faire vendre & débiter partout notre Royaume pendant le temps de trois années confécutives, à compter du jour de la date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires, & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu’elles foient, d’en introduire d’impreflion étrangere dans au- cun lieu de notre obéiffance; à la charge que ces Préfentes feront enre- giflrées tout au long fur le regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume, & non ailleurs, en bon papier & beaux caraéteres ; que l’Impétrant {e conformera en tout aux Réglemens de la Librairie , & notamment à celui du 10 Avril 1725 ; à peine de déchéance de la préfente Permifion; qu’avant de l’expofer en vente, le manufcrit qui aura fervi de copie à l’impreffion dudit Ou- vrage, fera remis dans le même état où l’Approbation y aura été don- née, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Gardedes Sceaux de France, le Sieur HuE DE MIROMESNIL ; qu’il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Chä- teau du Louvre , un dens celle de notretrès-cher &féal Chevalier , Chan- celier de France le Sr. pe MAUPEOU , & un dans celle dudit Sr. HUE DE MrROMESNIL ; le tout à peine de nullité desPréfentes. Du contenu def- quelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufe, pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu’à la copie des Préfentes , qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ou- vrage, foi foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiflier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l’éxécution d’icelles , tous Aétes requis & néceflaires, fans demander autre permiflion, & no- nobftant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires; Car tel eft nôtre plaifir. Donné à Paris le cinquieme jour du mois de Juillet, Pan mil fept cent foixante-quinze, & de notre Regne le deuxieme, Par le Roi en fon Confeil LE BEGUE. Regifitré fur le Regiffre XIX. de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , n°. 2842, folio 654, conformément au Réglement de 1723, A Paris ce 21 Juillet 1775, SAILLANT , Syndic. INPI PRE TEST DRE ICI TDR SECTE CPAS BRENT TPE SCPI JONFENRENNTIC PPNET IEEE TEMNNEEPNEE EPS PE TETE De l'Imprimerie de DEMONVILLE, Imp, Lib, rue S. Severin, 1776. Gi LAURE HU RAR ti hi tt ft DM ent MÂrEs ax d Vis 1è “€ rene RE Nice ss Pau CA RÉ « ns PA és FU e PUNTAANE Lin TEL ip a A SE +£ lé art M ni lite ‘1 ur È Men HR: “Dit: au AU fé trame se f LORS. Men Pre Le pie lé à ve Rat 1 eat js # 511} Lu | As vide, ne jpanpli) HET Non An bit '} RO HS fi su LAET* "1% 1e ne FE TT HUE sh Pre Hit APRES NT RE RER de TT NASTE D HAS ne uR ; bit HR alt rat. 8 HOERN o, Hit Nshitie É£: si CAS A NU Ir phase. Lk à SET à Fe LEE Pal PT DA Me pa AE SONT Jet NC Le La hate des ter ni ! C7 9 LA À + pi ie be ) PR 1? Paie ge Pit #+ fn | 4 rh fige # ji, É } Poux #, Poil #4 hs É 8 4! (init F4 aa spl PHARE sh IH me M TS ML È 4 FR D Sonnerat Vo Nouvelle Guinee Ill TE 85 000: 6047