L OU MNT RES 2" +: NV (UE PHILOSOPHIQUE. < As : “ru ju 1004 * : È VE PHILOSOPHIQUE DE LA GRADATION NATURELLE DES FORMES DE L'ETRE, O U LUPESSATS sus Er : LA NAT U-R E QUI APPREND À FAÏRE L'HOMMÉ, Par J. B ROBINET, 4 AMSTER DA, Clez E. van HARREVELT, MDCCLXVIIL U 2 à j r n! À AT ae ka. r : > te fe ap EY FA a Mi M \ + ti dE Da AVERTISSEMENT. L'éloignement .de l’Auteur ne lui ayant pas permis de revoir les épreuves, il eft refté plu- fieurs fautes d’impreflion confidérables pour les- quelles on réclame l’indulgence du Lecteur. L'Errata fuivant pourra fervir à rectifier les principales. Le Leéteur ceft prié de fuppléer au refte. Page, Ligne, Faute , Corrigez, 2 14 fufifamment fufffamment id. 30 concus conçus 6 36 regardés regardées 9 s décélent décele 11 3 anime amene 13 21 atteint atteinte 15 3 ‘Apelles Apelles id. 21 elles d elle id. 23 elle travailloit elle en travailloit 7 22 fuñit fuffit 18 #& plerites plantes 19 24 le trône le tronc 21 13 invirons environs id. 28 denez du nez 22 13 les alvioles les alvéoles 23 12 petite. petites. 05 A quatre cinq 36 17 Moncomp Monconys 38 28 un un fac 10 15 graffes huileufes & graffes & huileufes id. 35 chripolite chrifolite 41 17 Ou où id. 19 un le id. 20 tales talcs : id. 22 petits fibres petites fibres 42 Gern, tales talcs EE KR R À Æ A; Corrigez y talcs difpofées les regnes hoftoch gonfle fur fon pédi- gonfiée fur fon pédi- Page, Ligne, Faute, S az :: (alee ne: 26 19° 56 difpofés 47 6 le règne sa 8 vioftoch id. 10 É cule, s'évade St 46 peftile s4 9 gengrene 55 23 dans la terfe 62 12 ‘Une caracteriftique 64 13 afcerifiis 65! 15 petule 656 12 vilir 68 ON UDICIES, !, 69 7 la longueur 70 38 qui faut 71 19 qu’elle a 972 _. 17 dimacon id. dern. celui de Mrs. a: 8 particulier 80 x3 elle commence 84 6 æn carpe id. 19 nomme Anac Anac id. 21 enmailloté 90 22 dla mufeau 91 22 un efpece 92 x Chat volent id. 54 vus id. 25 diminuant de gfa- deur vers le 95 22 côrnes JOI a & de tous 103 17 lJ'Ifthene YII 28 colon 112 17 baflin d'eau plein d’eau 19 montres marin cule, s'évale piftilé gangrené de la terre une ‘marque Caraété- riftique afterifcis pctale viril infectes fa longueur qu'il faut qu'elle les a Jlimaçoñ Celui de Mrs. de Chaves, à Amnffer- dam. - eft particulier -commence ‘une carpe mommé Anac emmailloté le mufeau un -efpace Chat-volant vues diminuent de gran- deur vers la corne & de tous f'Ifthme colore baflin plein d'eay monftres marins Page, 117 118 120 3125 729 130 135 id. 140 143 id, 147 149 153 154 156 162 163 165 170 174 id. 175 176 179 180 187 190 191 id. . 192 id, 197 id. 198 203 209 21@ E. Ligne ï k4 25 17 R2R : Faute » de la longe fixèment Wonderfal Puce muger. fur ces Des que biteaux La peau laquelle depuis les os des Iles dans les Sapujous Boutii autant commencer Sapujous de la Croutat humiers le même ferroient cris animal. Sous un temples Laifons garantie tetes raCCOUTCIS courbe belles bienfaites idées bien pure de l’un & de l’autre fauvages de diftribués admettant loin de troubler au-nombre desmêmes qui en couvroit dé la voit ANTEFA, Corrigez b ‘ de le longue fixement Wonderful Pece mugey fur fes Dès que batteaux Sa peau laquelle s'étend de- puis les os des iles dans ces Sapajous Bontii autant de commencer Sapajous de la Cioutat buniers la même feroient cri animal fous un . tempes Lappons garanties tentes raccourcies courbé belles, bien faites idées bien pures de l’une & de l’autre fauvages, de diftribuées admettent loin de letroubler * dans la même claffe des qui couvroit de le voir FAR TR ALÉT'ES Page, Ligne, Faute, Corrigez, 211 27 de porte de la porte 216 4 curieux. C'’eft curieux, c’eft 219 3 Ces mots On difoit éÿc. doivent commen: cer une nouvelle ligne. id. antepénult. n'acquéreront n’acquerront 223 15 après le mot femelles; ajoutez & que cette femme avoit engrofé plufieurs de fes fer- vantes. On croit inutile de relever ici les fautes d’ac- centuation très multipliées dans cette édition. Le Prote a prétendu fans - doute rectifier l’or- thographe de l’Auteur; & il l’a défigurée. Son intention eft plus louable que fes corrections ne font juftes, CONSIDERATIONS PHILOSOPHIQUES SUR LA GRADATION NATURELLE DES FORMES DE L'ÊTRE, O U LBB:Sr0B MS SA ES DE LA MATURE QUI APPREND A FAIRE L'HOMME. nn, eh PREMLEIR.E- PART IE. RC SE CR SERRES SERGE ERREROE TENTE DERNIER, D 1 CHERE PPT TENTE I Tous les Etres ont été conçus & formés d’après un deffin unique dont ils font des variations graduies à l'infini. De ceprotoiype, © de fes métamorphofès con/idérées comme autant de progrès vers la forme la plus excellente de P'Etre, qui ef? la forme humaine. FRS la marche de la Nature f fait par des degrés fouvent imperceptibles , & par des nuances toû- jours les moindres poffibles toutes fes productions # 2 CONSIDERATIONS tiennent les unes aux autres d’auffi près qu’il peut, quoique la fomme des difiérences accumulées le long de l’échelle univerfelle des Etres, puife répandre du doute & de l'incertitude fur la liaifon des plus élevés avec les plus bas. Chacun a fon exiftence à part, & ‘aucun n’eft ifolé ou indépendant, Chacun a des rap- ports plus,ou moins proches avec tous les autres, & les extrêmes fe communiquent encore. Ils procedent les uns des autres d’une manière fi intime & fi néces- faire que chacun a la raifon fuffifante de fon exiftence dans celui qui le précede, comme il eft lui-même la raifon fuffifante de l’exiftence de celui qui le fuit. Qu'on me permette de rappeller ici cet enchaîne- ment de tous les Etres, fufMifamment établi & déve- loppé ailleurs, qui fait de la Nature entière un tout, continu d’exiftences variées, où l’imperfection de nos connoiffances nous fait appercevoir des interruptions & des lacunes, quoïqu’il n’y en ait point, & qu’il ne puifle pas y en avoir. © La Nature n’cft qu’un feul acte. Cet aéte com- prend les phénomènes pañlés, préfens & futurs ; fà per- mancnce fait la durée des chofes. Quand je contemple la multitude innombrable d’in- dividus épars fur la furface de la terre, dans fes entrail- les & dans fon athmofphere , quand je compare. la pierre à la plante, la plante à l’infeéte, l’infecte au reptile, le reptile au quadrupede, j’apperçois au tra- vers des différences qui caraétérifent chacun d’eux, des rapports d’analogie qui me perfuadent qu’ils ont tous été concus & formés d’après un deflein unique dont ils font des variations sraduées à infini. Ils m’of- frent tous des traits frappans de ce modele, de cet exemplaire original, de ce prototype, qui, en fe réa- lifant, a revêtu fucceffivement les formes infiniment multipliées & différenciées, fous lefquelles l’Etre fe ma- nifefte à nos yeux. Ces traits n’ont point échappé aux génies obferva- teurs; & fi j’entreprends aujourd’hui &e mettre dans up plus grand jour une penfée que d’autres ont eue PHILOSOPHIQUES&. % avant moi, content de donner quelques nouveaux de- grés de certitude, felon ma foible capacité, à ce qui a cté propofé plütôt comme une conjeéture ou un dou- te, que comme une vérité, je me fais un devoir de rapporter la gloire de la découverte à ceux à qui elle appartient, A la tête de cette grande échelle des habitans de la terre, paroît l’homme le plus parfait de tous:il réunit, non pas toutes les qualités des autres, mais tout ce qu’elles ont de compatible en une même eflence, élevé à un plus haut degré de perfeétion. C’eft le chef- d'œuvre de la Nature, que la progreffion graduelle des Etres devoit avoir pour dernier terme; au moins nous le prenons ici pour le dernier, parce que c’eft à luique f termine notre échelle naturelle des Etres. . Dans la fuite prodigieufement variée des animaux inférieurs à l’homme, je vois la Nature en travail avan- cer en tâtonnant vers cet Etre excellent qui couronne fon œuvre. Quelque imperceptible que fit le progrès qu’elle fait à chaque pas, c’eft-à-dire à chaque pro- duétion nouvelle, à chaque variation réalifée du des- fem primitif; il devient très-fenfble après un certain nombre de métamorphofes. Si, par exemple, la nuan- ce entre deux quadrupedes voifins, tels que le cheval & le zebre, cft trop délicate pour que nous puifions juger lequel des deux, dans léchelle, approche plus de homme que l’autre; cependant le Zoologifte qui pafle des bipedes aux bimanes, puis aux quadrupedes, folipedes, pieds-fourchus, fiffipedes, & de ceux-ci aux quadrumanes, s’apperçoit que monte par degrés vers le fommet de l'échelle où il trouve le feul anima} qui foit à la fois bimane & bipede. Venant enfuite à lui comparer ces différens animaux , il reconnoît fans peine qu'un quadrumane, tel que le magot ou l’Orang- outans, refflemble beaucoup plus à l’homme, qu’un quadfupede quelconque fiffipede; & un folipede beau- coup moins qu’un fiflipede, fur-tout de'ceux qui fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains. Pour peu que notre Du: veuille bien fe rendre 2 r CONSIDERATIONS attentif à tous les traits de la comparaifon, il décow- vrira encore quel’orang-outang refiemble plus à l’hom- me, qu’à aucun autre animal. Autant il y a de variations intermédiaires du proto- type à l’homme, autant je compte d’efiais de la Na- ture qui, vifant au plus parfait, ne pouvoit cependant y parvenir que par cette fuite innombrable d’ébau- ches. Car la perfeétion naturelle confifte dans l’unité combinée avec la plus grande varieté poffible: c’eft donc l’extrême de la variation de la forme originale, qui peut donner la forme la plus parfaite; &, cet ex- trême terminant la férie des variations intermédiaires, il falloit épuifer celle-ci pour avoir ce dernier terme. La Nature ne pouvoit réalifer la forme humaine qu’en combinant de toutes les manières imaginables chacun des traits qui devoient y entrer. Si elle eût fauté une feule combinaïfon, ils n’auroient point eu ce jufte degré de convenance qu’ils ont acquis en pas- fant par toutes les nuances. Sous ce point de vue, je me figure chaque variation de l'enveloppe du prototype, comme une étude de la forme humaine que la Nature méditoit; & je crois pouvoir appeller la colleétion de ces études, l’appren- tiflage de la Nature, ou les eflais de la Nature qui ap- prend à faire l’homme (?). Ce que je dis de l’homme par rapport à tous les au- tres Etres, eft peut-être également appliquable à un terme quelconque de l'échelle relativement à ceux qui le précedent. Mais l’homme étant ce que nous con- nolffons de plus excellent fur notre‘plancte ,nous n’au- rions point une idée de toute la richefle de la Nature, fi nous nous bornions à la contempler dans un Etre inféricur. Lorfqu’on étudie la machine humaine, cette multi- tude immenfe de fyftêmes combinés en un feul, cette (*) Pline a appellé le lizeron, petite fleur fort refflemblante au ‘lys, l’apprentiffage de la Nature qui apprend à faire un lys, Cea- yolyulus tyrocinium Nature lilium fermare difcentis. PHILOSOPHIQUES &t. 5 énorme quantité de piéces, de reflorts, de puiffances, de rapports, de mouvemens, dont le nombre accable l'efprit, quoiqu'il n’en connoifle que la moindre par- tie, on ne s'étonne pas qu’il ait fallu une fi longue fucceffion d’arrangemens & de déplacemens, de com- pofitions & de difiolutions, d’additions & de fuppres- fions ,d’altérations ,d’oblitérations, de transformations de tous les genres, pour amener une organifätion auffi favante & auffi merveilleufe. Mais quel œil affez pénétrant pourra reconnoître une ébauche de l’homimne, je ne dis pas dans la première réalifation du prototype, à laquelle nos fèns ne fau- roient atteindre & que nous ne pouvons imaginer, mais dans le moindre des animaux fenfbles, déja fi éloigné du prototype, & par cela même d’autant plus proche de l’homme ? Qui fera capable de füuivre cette cbauche dans tous fes accroiffemens ? Qui pourra fai- re violence à la Nature, lui arracher fon fecret, nous la montrer perfectionnant fans cefle fon ouvrage ,ajou- tant des facultés à des facultés, des organes à des or- ganes; variant ces organes fous toutes les formes dont ils font fufeptibles, tantôt les prolongeant & tantôt les reflerrant, les enveloppant dans un individu pour les développer dans un autre, les fupprimant quelque- fois pour jes reproduire enfuite avec un nouvel appa- reil; en un mot faifant tout l’homme en détail & par piéces, travaillant & multipliant chaque piéce comme à l'infini fans fe copier jamais, pour en compofer une : infinité d'Etres différens; imprimant à chaque Etre fa fécondité inépuifable pour en former ce que nos mé- thodiftes appellent des efpeces, monuniens durables de la gradation de fa marche; & enfin par ces procédés générateurs obtenant le chef-d'œuvre qu’elle avoit projetté ? L'homme (j'entends l’homme pris dans un fens gé- néral & abftrait pour le modele de l’efpece) eft le pro- totype, plus le réfultat de toutes les combinaïfons que le prototype a fubies en paflant par tous les termes de la progreffion univerfelle ab Si quelque génig 3 6 CONSIDERATIONS affez au fait de la marche de la Nature pour reconnoï- tre ce que le prototype a EE à chaque pas, pou- voit en dépouiller l’homme dans la même progreffion defcendante & avec la même inverfion des phénomè- nes, il le feroit rétrograder vers le bas de l’échelle où il fe réduiroit à la fimple enveloppe primitive du pro- totype, Mais dès le premier pas de fa dégradation, 1l auroit ceflé d’être homme : car l’Etre, le plus voifin de l’homme, eft prefque un homme; mais il n’eneft pas un. Puifque l’homme eft le prototype, plus le réfultat de toutes les combinaifons que le prototype a fubies en pañlant par tous les degrés de la progreflion univerfelle de l’Etre; pourquoi le prototype ne feroit-il pas Phom- me, moins ce même réfultat ? c’eft que ce réfultar eft précifément la différence qui conftitue l’homme. Dire que le prototype eft l’homme, moins ce réfültat, c’eft dire que le prototype eft l’homme, moins ce qui fait ‘homme. Et que fignifie un tel langage, fi non que le prototype n’eft pas l’homme? Le prototype eft un modele qui repréfente l’Etreré- duit à fes moindres termes: c’elt un fond inépuifable de variations. Chaque variation réalifée, donne un Etre, & peut être appellée une métamorphof du pro- totype, ou plutôt de fa première enveloppe qui en a été la premiére réalifation. Le prototype eff un prin- cipe intellectuel qui ne s’altere qu’en fe réahfant dans la matière, Une caverne, une grotte, une hutte de fauvage, une cabane de berger, une maifon, un palais, peu- vent être confidérés comme des variations graduées d’un même plan d’architeéture qui commença à s’exé- cuter par les moindres élémens poffibles. Une hutte de fauvage, une cabane de berger, une maiïfon, ne font point un FRurial, un Louvre; mais elles en peu- vent être regardés comme des types plus ou moins éloignés, en ce que celles-là comme ceux-ci fe rap- portent à un même deflein primitif, & qu’ils font tous le produit d’une même idée plusou moins développée, PHILOSOPHIQUES &. 7%: On trouve dans la plus chétive cabane, les mêmes pié- ces eflentielles | que dans le plus magnifique palais: toute la différence entre la cabane & le palais, confifte dans le nombre des piéces, leur travail, leur propor- . tion, leur fite, leurs ornemens, toutes chofes qui f ürent du plan original, pour-ainfi-dire, par voie d’é- volution, Non-feulement tous les bâtimens des hom- mes, quoique fi variés chez une même nation, & en- core plus diffemblables chez des nations différentes, fe rapportent à un même plan; mais ce plan renferme encore toutes les habitations groflières que les: ani- maux favent fe conftruire felon leurs befoins & la portée de leur inftinét. Une pierre, un chêne, un cheval, un finge, un homme, font des variations graduécs du prototype qui a commencé à fe réalifèr par les moindres élé- mens poflibles. Une pierre, un chêne, un cheval, ne font point des hommes; mais ils en peuvent être regardés comme des types plus ou moins groffiers en ce qu'ils fe rapportent à un même deffein primitif, &'qu’ils font tous le produit d’une même idée plus où moins développée. .On trouve dans la pierre & dans Ja plante, les mêmes principes eflentiels à la vie, que dans la machine humaine: toute la différence confifte dans la combinaifon de ces principes, le nombre, la proportion , l’ordre, & la forme des organes. Envifageant la fuite des individus, quelque nom qu’on leur donne, comme autant de progrès de Pêtre vers l'humanité, nous allons les comparer d’abord à la forme humaine tant extérieure qu’intérieure, ou à l’homme phyfique, puis aux facultés d’un ordre fupé- rieur, ©eft-à-dire à l’homme doué de raïfon, | Cette nouvelle manière de contempler la Nature & fes productions, qui les rappelle toutes à une feuie idée génératrice du monde, eft fondée fur le principe de continuité qui lie toutes des parties de ce grand tout, Chaque méchanifme, pris en particulier, ne tend proprement & immédiatement qu’à produire ce- lui qu’il engendre en cflèt; mais la fomme de ces mé- À 4 £ CONSIDERATIONS chanifimes tend au dernier réfultat, &nous prenons ici l'homme pour le dernier réfültat, afin de nous borner aux Etres terreftres, les feuls à notre portée. po nr | REINE TILL ENT VONIC RES) DESERT NN NES, A ——— GRH ATEML TT. RFA Où Don recherche Ji c’efl la Matière ou la force qui con- fitue le fond de l Etre. | Ï OUTE la matière eft organique, vivante, ani- male. Une matière inorganique, morte, inanimée, eft une chimère, une impoflbilité. Se nourrir, f développer, R reproduire, font les effets sénéraux de l’aétivité vitale ou animale, inhé- rente à la matière. Nous croyons avoir quelque droit d’admettre ces propolitions pour des données. Réalifer ces trois chofes, sufrition, accroiflément , reproduëtion, avec le plus & le moins d'appareil poffi- ble, c’eft pour ainfi dire le probléme univerfel que la Nature avoit à réfoudre. L’homme en eft la folution la plus élégante, la plus fablime, la plus compliquée, celle où lérudition éclatte avec le plus de pompe & de fafte. .., Quand on médite profondément fur les opérations fecretes de la Nature, ik's’éleve un doute important qui embarrafle l’efprit, favoir, fi, dans les Etres, le fujet eft la matière ou l’activité. A certains égards la puiffance active, paroît réfider dans la mauère, & en être une qualitéeffentielle, tan- dis que d’un autre côté l’aétivité femble être la fub- ftance, & la matière feulement un inftrument dont cette fubftance fe fert pour déployer fon énergie. Dans les Etres inférieurs, tels que les minéraux & les végétaux, on rapporte tous les Phénomènes à la matière comme au fond principal de ces Etres: on ne PHILOSOPHIQUES& 9 foupçonne pas même qu’il puifle y avoir en eux au- tre chofe que le fujet matériel. Un peu plus haut, on commence à douter: on cft indécis. On remarque une fpontanéité de mouvemens & d’opérations qui décélent un principe aétif, auquel on ne peut s'empêcher de les attribuer. Cependant on voit encore cette activité entraînée & déterminée invinciblement par la matière : deforte que dans de tels fyftêmes, la matière & l’activité paroïflent domi- ner tour-à-tour, être fucceflivement le principal & Vaccefloire, felon les circonftances. On diroïit que la puifflance active fait des efforts pour s’élever au deflus de la mafle étendue, folide, impénétrable, à laquelle elle eft enchaïnée, mais qu'elle eft fouvent obligée d’en fübir le joug. Dans l’homme au contraire, 1l eft évident que la matière n’eft que l’organe par lequel le principe actif deploie fes facultés. C’eft une enveloppe qui modifie : fon action, fans laquelie peut-être il agiroit plus li- brement, fans laquelle aufi peut-être il ne fauroit agir, & fans laquelle fürement il ne rendroit pas fes opérations fenfibles, Ne femble-t-1l pas encore que plus la puiffänce a- étive croît & fe perfeétionne dans l’Etre, plus elle s’é- leve au deflus de la matière? Ne pourroit-elle point parvenir naturellement à un tel degré de perfection, qu’elle n’eût plus abfolument aucun befoin de l’orga- ne matériel pour opérer, deforte qu’alors elle le rejet- teroit comme un inftrument inutile, pour pañer dans le monde des intelligences pures ? Telle feroit, fuivant cette hypothefe, la progreffion de la force active inhérente à la matière. Elle ne fe- roit d’abord que la moindre portion de l’Etre. Par des efforts multipliés & des développemens progres- fi, elle parviendroit à en faire la principale partie. Enfin elle fe dématérialiféroit entiérement, fi j’ofe ainf m'exprimer, & pour dernière métamorphofe elle fe transformeroit en une pure intelligence. Quoi qu’on puifle penfer de cette conjecture hardig a, re) CONSIDER ATIONS que je donne pour ce qu’elle peut être, je ferois afflez orté à croire que cette force dont je parle eft l’attri- bc le plus eflentiel, le plus univerfel, difons mieux, le fond de l’Etre, & que le matériel eft l’organe ou le moyen par lequel cette force manifefte fes opérations, Si l’on me demande quelle notion j’ai d’une telle force, je répondrai avec plufieurs Philofophes, que je me la repréfeñte comme une tendance à un change- ment en mieux, qui s’exerce fans cefle néceflairement, parce que chaque changement eft la difpofition la plus prochaine à un autre meilleur: chaque nouvel état eft la raifon fuffifante d’un état plus parfait , & çconfé- quemment 1l doit l’opérer. Accoûtumés à juger de la réalité des chofes par les apparences qui frappent nos fens, nous ne voulons ad- mettre dans le monde que de la matière, parce que nous ne voyons que de la matière. Et, pour em- prunter les paroles d’un Auteur moderne, comme toutes les modifications, que nos fens obfervent dans la Nature, confiftent dans la fimple variation des li- mites de l’étendue, dès qu’il faut abjurer cette éten- due, on croit rentrer dans le néant, on s'arrête, comme s’il ne pouvoit y avoir rien au-delà. Nous ne faifons pas attention que le monde maté- riel ou vifble eft un affemblage de phénomènes, & rien autre chofe ; qu’il doit néceflairement y avoirun mon- de invifible qui fit le fondement, le fujet du monde vifible, & auquel on doive ramener tout ce qu’il y a de réel & de fubftantiel dans la Nature, Ce monde invifible ef la colleétion de toutes les for- ces qui tendent continuellement à améliorer leur exi- fience, qui l’améliorent en efiet, en étendant & per- feétionnant fans cefle leur aéton , felon la proportion convenable à chacune d’elles, Il y a une gradation de forces dans le monde invif- ble, comme une progreflion de formes dans le monde étendu ou vifble. Les forces aétives s’engendrent à leur manière, comme les formes matérielles, Si mé- me l’on conçoit bien ce que je viens de dire, on fen- PHILOSOPHIQUES &c. : tira que les formes matérielles ne procedent les unes des autres, que parce qu’un certain degré de force en anime un autre, celui-ci un autre, & ainf de fuite. On conclut de ces notions que le prototype repré. fente la force prototype, jointe à la forme prototype, c’eft-à-dire la force & la forme réduites à leur état élémentaire, & que le progrès néceflaire de cesélémens remplit l'échelle univerfelle des Etres. 1 y a quelques particularités à obfèrver dans cette progreffion. À chaque terme la matière fe dégroffit, & devient moins maflive, moins matérielle en quelque forte ,au lieu que la force devient de plus en plus active en tous fens. Le moindre degré de force n’a befoim que de l'organe le plus obtus, le plus informe, pour fe déployer. Un devré fupérieur de force exige un in- ftrument d’un ordre proportionné à fon énergie, pour l’exérer convenablement & totalement. La moindre force fe trouvant ainfi alliée à la mafi- veté la plus matérielle, & la forme la plus déliée à la plus grande aétivité, on voit la raïfon pourquoi, dans : la partie inférieure de léchelle, les Etres femblent te- nir plus de la matière que de la force, tandis que c’eft le contraire dans la partie fupérieure. Dans les foffiles, par exemple, la force agit d’une manière fourde & enveloppée que des yeux vulgaires ne fäfiflent point, & que par confëquent ils regardent comme nulle, Ainfi les foffiles font réputés de la ma- tière inanimée, infenfible & morte, parce que les fens groffiers n’y voient que de là matière fans action. Un peu audeflus, la force commence à f faire ap- percevoir; comme néanmoins fon action eft bornée à faire croître la matière qu’elleanime, à en augmen- ter le volume, à en développer la forme, elle fe con- fond aifément avec le matériel, On la nomme force véeétative, & on la regarde comme la moindre partie œun tel fyftêéme où la matière femble dominer. "Avancez de quelques degrés, vous trouverez l’em- pire partagé dans les animaux, 12 CONSIDERATIONS Au fommet de l'échelle on trouve un Etre qui ne paroît plus avoir avec la matière que les rapports généraux & communs de l’étendue, de la foidité, de l’impénétrabilité, &ec. tant la perfection du prin- cipe actif qui fait proprement fon exiftence, l’éle- ve au defius de la portion de matière qui lui fert d’organe, La progreffion n’eft pas finie. 11 peut y avoir des formes plus fubtiles, des puiflances plus actives, que celles qui compofent l’homme. La force pourroit bien encore fe défaire infenfiblement de route matérialité pour commencer un nouveau monde , . . mais nous ne devons pas nous égarer dans les vaftes régions du poffible. Que ce foit la force ou la matière qui conftitue | le fond de l’Etre , il eft toûjours fùr que tout Etre a une forme & de l’aétivité. L’enfemble de la Na- ture offre donc à notre contemplation deux grands objets: la progreffion des forces & le développement des formes. Nous contemplerons aujourd’hui les formes. Cor 7 "+ es SRARDRTEN DST ŒUEXES a 2 — ——————— Ce ESA BIT RO ENAITE De la première ébauche de la Forme Humains dans les Foffiles. | SPAS le finge de la Nature, nous aidera à conce- voir comment les {ormes les plus fimples & les plus gros- fières peuvent, en fe perfectionnant, amener les for- mes les plus compofées & les plus élégantes, des for- mes qui ne paroifloient avoir aucune analogie avec les premières, en un mot les formes les plus difpa- rates en apparence, Confidérons les commencemens de l’Art. Dansles temps les plus reculés, la Gréce adora trente Idoles, ou Divinités vifbles, qui n’avoient point de figure PHILOSOPHIQUES &c. 13 humaine. C’étoient des blocs irréguliers, des pier- res quarrées, ou des colonnes. Telle fut longtemps Junon à Thefpis, telle Diane à Icare, Jupiter à Co- rinthe, & la première Venus à Paphos: tels furent encore dans d’autres Villes , Bacchus , l'Amour & les Graces. A Sparte, Caftor & Pollux avoient la figu- re de deux morceaux de bois attachés enfemble par deux autres piéces mifes en travers, figure qui s’eft confervée jufqu’à ce jour pour défigner les Gémeaux fur le Zodiaque de nos fphères, k On mit dans la fuite des têtes groffièrement ébau- chées für les pierres & les colonnes dont je viens de parler. On voyoit en Arcadie un Neptune & un Ju- piter de cette forme, l’un à Tricoloni, l’autre à Tegée. Longtemps après on s’avifa de féparer en deux la partie inférieure de ces mafles informes pour indiquer les jambes & les cuifes. | Tels furent les foibles commencemens de l’Art, chez les Egyptiens, les Etrufques & les Grecs qui le portè- rent dans la fuite à une perfection qu’on n’a point at- teint depuis eux (* ). Prenons cette pierre à fon origine, quelque fyftême que l’on admette pour la formation des fubftances pierreufes. Quelle analogie découvre-t-on entre les premiers rudimens d’un bloc de marbre qui commen- ce à croître dans les entrailles de la terre, & les belles formes que faura lui donner la main d’un Phidias ? Combien de changemens & d’accroiflèmens ne doit-il pas fubir avant même que de devenir propre à rece- voir les premiers coups du cifeau ? La première ftatue fut une colonne, ou une pierre encore plus informe, fans aucune apparence de traits humains, fans diftinétion m1 de tête, mi de bras, ni de jambes (f). () Voyez l’Hiftoire de l’Art chez les Anciens, par Mr. J. Winckelmann. < CF) Le mot Grec xfwy, colonne, fignifioit aufi une fuixe, même dans les meilleurs temps, 14 CONSIDERATIONS Entrez dans les cabinets des curieux antiquaires, ouvrez les Recueils des Gori, des Montfaucon, des Caylus, & voyez par combien de degrés l’Art s’éleva d’une forme fi groflière à la perfection de l’Antinoüs, ou de là Venus de Medicis. Voyez combien d'ébauches en argile, ef bois, en ivoire, en pierre, én métal! Combien d’efquifles en orand èt en petit, de toutes les dimenfions depuis les plus énormes coloffes jufqu’aux plus petites figures des pierres gravées, telles que celles du cachet de Michel- Ange! Combien d’effais en buftes, en ftatues, en bas- reliefs, en gravure creuf! Les monumens qui nous reftent, & qui caractérifent les diflérens âges de l’Art, font innombrables, & ce n’eft rien en comparaifon des ouvrages que le temps a confumés, ou que la malice & la ftupidité humaines ont détruits. ; Combien l’on tailla de tètes avant que de parvenir au bel ovale des têtes Grecques! Combien l’on fit, d’yeux applattis & obliquement tirés !Combien denez écrafés ou d’une longueur démeéfurée , combien de bouches mal fendues & tirées en-haut! Combien de mentons ridiculement pointus, d'oreilles mal placées! Combien de mains contrefaites fins diftinétion de doigts, & de doigts fans articulations! Combien de picds larges & plats, ou maigres & grêles, de jambes & de genoux mal tournés, de corps fans aucune in- dication des os & des mufcles, ou au contraire avec une expreflion forcée des os & des muftles, des nerfs & des veines! Combien l’Art enfanta de figures étroi- tes & reflerrées, ou pefantes & maflives, d’attitudes outrées, de proportions monftrucufès, de formes an- gulaires & quarrées, avant que de produire Niobé & fes filles, l’Apollon du Vatican, ou le Génie aîle de la Vigne Borghefe, modeles éternels du vrai beau! Ce fut par une infinité de degrés & de nuances que. l'ancien ftyle, ce ftyle dur, roide & deftitué de gra- ces, changea le fallant des parties trop fortement mar- quées, en des contours arrondis , moëlleux & cou- lans, pour fe transformer d’abord en un ftyle grand PHILOSOPHIQUES & #5 & fublime, allier enfüuite le gracieux au fublime, &, parvenir enfin à la plus grande vérité d'imitation dans Praxireles, Lyfippe & Apeliès. Les fiécles s’écoulèrent, des générations nombreu- fes d’artiftes f fuccédèrent, les cflais fe multiplièrent à l’infini, avant que l’on trouvât la jufte proportion des parties, & cette multiplication des centres qui fait que les formes d’un beau corps font compolées de li- gnes mobiles qui changent continuellement de point central, parce qu’elles s’écoulent fans cefle l’une dans Vautre comme des ondes. . Cctte marche lente & graduée de lArt eft une ima- ge imparfaite de celle de la Nature. Il y a bien moins loin de ce bloc de marbre arraché violemment du fèin de la terre, à la plus belle ftatue qu’il n’y a de la première réalifation du prototype à l’homme. Elle en eft pourtant le première ébauche. La Nature commença à préparer, dans le moindre atôme, ce chef-d'œuvre de méchanique qui ne devoit être porté à fa perfection qu’après un nombre infini de combinaifons. s1 elles ne faifoit pas encore des t6- tes, ni des bras, ni des mains, ni des pieds, ni des chairs, ni des os, ni des mufcles, elle travailloit ies matériaux; elle étoit occupée à d’autres formes moins compofées qui, par une gradation imperceptible, de- voient amener celles-là. Les tres produits au commencement avoient déja une vie particulière, convenable à leur fimplicité: ils fe nourrifloient, fe développoient, f& reproduifoient ; & quoique ces importantes fonétions s’exécutaflent avec le moindre appareil poffible, elles fuppofnt toû. jours des organes proportionnés à leur efpece, & ces organes, quels qu'ils fuflent, étoient un achemine- ment vers leurs analogues, tels qu’ils devoient être dans le roi des animaux. hole produétion naturelle n’eft pas un fyftême de folides arrofés par un fluide! La vue la plus générale de lunivers nous offre de grands corps qui nagent dans un fluide d’autant plus fubtil qu’ils font eux- 16 CONSIDERATIONS mêmes plus maflif. Si nous jugeons des autres plô. bles par celui que nous habitons, chacun eft un fyfté- me particulier de folides qu’un fluide particulier péne- tre de toutes parts. Chaque fubfance foflile offre une économie femblable. -Tous ces fÿftêmes, grands & petits, fi multipliés & fi variés, feront regardés à jufte titre comme les premières ébauches de la machine humaine, entant qu’elle cit compofée de folides & de fluides dont l’action réciproque entretient la vie. Le tronc, cette partie du corps qui renferme les or- ganes de la circulation & de la refpiration, méritoit, par fon importance, d’être projetté le premier. Mais, dira-t-on, que voyez-vous dans une pierre qui foit analogue au cœur & aux poumons de l’animal ? Je conviens que l’analogie eft au delà de nos fens. Eft-ce une raifon pour refufer de l’admettre? Suivons la dégradation de ces parties, fans fortir des bornes où l’on a reflerré le règne animal, & nous jugerons jus- qu’où elle peut être portée. Le cœur & les poumons des grands animaux reflem- blent parfaitement au cœur & aux poumons de l’hom- me: au moins la différence eft fi peu-de-chof qu’on la néglige. Cependant cette différence fe charge en defcendant l’échelle; après un certain nombre de de- grés, elle fe rend très-fenfible dans quelques efpeces qui s’éloignent d’autant plus de l’homme. Le cœur commence par perdre graduellement ce riche appareil dorganes & de vaifleaux qui l’accompagnent dans l’homme; puis il perd une oreillette; plus bas fà for- me s’altere, ce m’eft bientôt plus qu’une longue artè- re; immédiatement au deflous, dans plufeurs infeétes, il n'y a plus ni cœur ni poumons, mais feulement des vifceres d’une autre ftruéture, qui en font les fon- étions, en quoi ils leur font analogues, Nous fommes encore dans le règne animal, & déja ces organes reputés fi eflentiels, font fi étrangement altérés. Que dis-je? 1ls ne font plus: la Nature leur a fubftitué des analogues d’une toute autre conforma- tion. L'analogie s'afloiblira par degrés, & ces analo- gues YHILOSOPHIQUES &c. i7 guês feront fupprimés à leur tour, où du moins f bi- zarrement traveftis, qu’ils féront plûtôt foupçonnés ‘u’apperçus. Re” La Nature a formé un animal fnouliér qui n’eft qu’un boyau ramifié, dont le tiflu eft partout uni: forme, qu’on retourne en faifant de l’intérieur de la- nimal l'extérieur, fans que ce retournement nuifë aux fonctions vitales. Fr Sous quelle forme exiftent, dans une machine fi fimple, les analogues du cœur & des poumons? Ils ne peuvent gucre y exilter que fous la forme d’utri- tules & de trachées, comme dans les plantes avec les- quelles le polype confine de très près. Cette conje: Cture eft confirmée par les obfèrvations microfcopiques : on a découvert fur le tiflu dont le polype eft formé; une infinité de pêtits grains qui font vraifemblable- ment les viftères ou les principaux organes de ia vie d’un tel animal, Quand nous ne rettouverions ni utricules ni tras chées dans les minéraux, tout ce qu’on en pourroit légitimement conclure, c’eft qu’an appareil ofganique plus fimple fuflit à ce degré de PEtre. De quelle finefle, de quelle fimplicité ne doivent pas être les organes d’une vie fi fimple dans dés corps auffi purs que l’or & le diamant? Leur extrême tc- _ auité les dérobe à nos fèns, & nous ne fautions nous former une idée de leur firuéture, Parce que nos yeux &-nos microftopes, beaucoup meilleurs que nos yeux, ne les apperçoivent point, nous en nions la réalité. C’eft outrager la Nature, que de renfermer amfi la réalité de l’Etre dans la fphere étroite de nos fens, ou de nos inftrumens. , Perfuadé que le foffifes vivent, Bnon d’une vie ex- térieure, parce qu’ils manqueñt peut-être de membres, & de fens, ce que je n’oferois pourtant afflurer, au Moins d’une vie interne, enñveloppée, mais très réclle en fonefpece, quoique beaucoup au deflous de celle de l’animal endormi, & de la plante; je n’ai garde deleur rcfufer les organes néceflaires aux fonctions de leur B 18 CONSIDERATIONS économie vitale; & quelque forme qu’ils aient, je Î4 conçois comme un progrès vers la forme de jeurs ana- logues dans les végétaux, dans les inféétes, dans les grands animaux, & finalement dans l’homme. Il y a dans l’homme un cœur, un foie, des pou. mons, un eftomac, &c. Il y a dans les infectes un long vaifleau fort délié en forme d’artère, un fac in- teftinal & des trachées. Il n’y a dans les plerites que des utricules, des vafes propres & des trachées. Des Etres placés au deffous de la plante doivent avoir ur appareil d'organes encore plus fimple ; fa fimplicité n’empéehe pas qu’il ne foit le type d’un appareil plus compoté. Tout le monde n’eft pas en état d'apprécier des gé- néralités un peu vagues. On exige des raifonnemens plus fenfbles, des preuves plus frappantes. La même claffe des Etres nous les fournira. Ces preuves nous {eroient fufpectes de toute autre part. Nous n’avons point ici d’illufion ni de fraude à craindre. Voyez comme la Nature a empreint, fur les foffiles les différentes formes du corps humain! Il y a des pierres qui repréfentent le cœur de l’homme, d’autres imitent le cerveau, le crâne, la machoire, des os, un pied, une main, un rein, une oreille, un œil; d’autres encore repréfentent les parties fexuelles de l’homme & de la femme. La Nature pouvoit-elle- nous annoncer dune manière plus inteligible, où tendoient les premières métamorphofes de l’Etre ? SN PR Re PE da mmtogee opte von 4 en hmennm abs : “éd Mamie 2e 0 ne D me tt L9- EZ < Planche I. PHILOSOPHIQUIS&. à C HA SARMBNE ST R EH RMRY,. Des Lithocardites & Bucardites. Des Antropui cardites, ou efpeces de pierres qui ont la figure dun Cœur bumain. t. Lithocardites & Bucardites. à PRES Naturaliftes parlent des Lithocardites & Bucardites. On en connoit un grand nombre d’es- peces. Peut-être n’eft-il aucune contrée de la terre qui ne produifée quantité de ces pierres qui repréfen- tent plus où moins parfaitement la figure d’un cœur. I n’eft pas étonnant ,que la Nature ait multiplié, avec tant de profufion, les exemplaires ébauchés d’une fi noble partie animale, le fiége du mouvement vital, En comparant les différentes fortes de Lithocardites que produit chaque pays, on remarque entre elles uné gradation de reflemblance qui plaît à l'imagination, 2. ÆAnthropocar dites. L’efpece qui reffemble le plus au Cœur humain, & qu’on nomme pour cela Anthropocardite , eft celle dont je donne ici la figure (P/anche, I. Fig. 2.) d’après le Docteur Brookes (*). Elle méfite une attention par- ticulière. Sa fubftance eft un caillou bleuâtre en de- dans. La forme d’un cœur eft auffi bien imitée qu’elle puüifle l’être. On y diftingue le trône de la veine ca- ve; avec portion de fes deux branchès: On voit for2 tirauffi du ventricule gauche le tronc de la grande ar- tère, avec fa partie infrieute ou defcendante, bien HMuéc. Cette pierre eft rare. On diroit que laNa- C Natüral Hiftory, Vol. V. B 2 20 CONSIDERATIONS ture, contente de cette efquifle, en arrêta le trait, &_ fe mit peu en peine d’en multiplier les modeles. CRAN PERT T RE 2 Des pierres qui imitent le Cerveau humain. Le Auteurs nomment ces pierres Ærcephaloïdes C*) ou Æncephalithes. Elles imitent fi bien le cerveau humain, qu’on les prendroit prefque pour des cer- veaux humains pétrifiés, fi l’on pouvoit croire à de areilles pétrifications. Elles font graveleufes, argil- eufes, & d’une couleuf tirant fur le blanc (f). Le Docteur Plott (Ÿ) parle d’une Encephaloïde très fingulière qu’il dit avoir vue. Elle reflembloit à la bafe d’un cerveau humain, ou au cervelet renfermé dans la dure-mère. On en voyoit fortir des portions de plufieurs paires de nerfs coupés, & de plus un pro- longement de la même fubltance , d’où fortoientencoré d’autres paires de nerfs. LAMPE à MIA: 08 ARS 0 UE: dire D | Des Carnioïdes ou pierres qui repréfentent le crâne humain. Des Hyppocepkaloïdes. ), trouve en plufeurs pays des pierres qui repré- fentent divers fraëêmens du crâne humain. On en a trouvé auffi dans la Suifle & dans l’Eitrie, qui le re- préfentent en entier, avec les os de la face. * C*) Mafæum Calceolarium Settali. Cf) Oryctologie de Mr. Dargenville. CS) The Natural Hifory of Oxfordshire. Planche 1. Ale - re 2e / Dos Jr ; Er j } Jmifi)}les F pr vi E #, NS ee ee 114) À ,; 0/1 7 CIE 22777 og qe tm + à — re lei er nee ne ner mie mn Pi . + - » , ER PT b ; k ’ A2 Les L hr:4007tt 0 r » É D Yads set ré ae ” L sd débsac ht dristrF36 0 “@ L LU V4 . * + Hé i di eve PHILOSOPHIQUES®&C sr Les Aétes ou Mémoires de l’Académie de Suéde font mention d’un pareil crâne pierreux dont la partie, qui repréfentoit la mâchoire füupérieure, portoit quelques petits os qui imitoient aflez bien des dents. Auf le Dr. Leyel prétend-il, dans une Difiértation fur cette picrre, que c’eft un crâne véritable pécrifié; mais ce qui auroit du le détromper, c’eft qu’il a trouvé un oflelet femblable, dans une autre pierre qui avoit à peu près la forme de l'os de l'épaule d’un homme: car affurément l'omoplate n’eft du tout point faite pour porter des dents. | Scheucbzer parle d’une efpece de Carnioïdes dont on trouve quantité aux invirons de Balle: ce font des pierres graveleufes & argilleufes, de couleur jaunâtre,, qui ont une future dans le milieu, & qui imitent le crâne humain avec aflez de refflemblance (*}. Le crâne de la fameufe tête prétendue pétrifice., trouvée fur les montagnes du village de Sacy, à deux lieues de Reims, n’eft qu’une pierre de la même efpe- ce. Outre que l’épaifieur rionftrueufe & inégale du crâne, % le rétréciflement extraordinaire des orbites, des narrines, & des autres ouvertures, trois fois plus étroites que dans les crânes véritables, prouvent évi- demment que ce ne fauroit être une pétrification ; le merveilleux d’une pareille produétion cefñe entière- ment lorfque l’on vient à confidérer que dans les car- rières de Heddington on a trouvé des Hyppocephaloï- des de différente grofleur , c’eft-à-dire des pierres qui repréfentent la tête d’un cheval, avec les oreilles, le. toupet entre deux, un peu de nez, la place des yeux, & le refte de la tête, excepté la partie inférieure (+). La groffeur de ces pierres cit fort au deflous de celle d’une tête de cheval ordinaire, & on ne s’eft jamais avifé de les prendre pour des têtes pétrifiées de cetani- mal. Ces Hyppocephaloïdes font trop fingulières pour (*) Specimen Lithographiæ Helveticæ curiofæ, (T) Mufæum Wormianums B 3 28 CONSIDERATIONS n’en pas donner ici la figure d’après les Auteurs qui ont vu ces fortes de pierres fingulières (Zoyez, Plan- che II: Fig, 1.) On rencontre fouvent dans plufeurs montagnes d'Allemagne, diverfes efpeces de Carnioïdes plus ou moins parfaites. PRET EPA SIREN en Ci HP ATUES ET Re: Fa VE re gens Re eo fé ec 5 | : = Ÿ) Pierres qui repréfèntent la Mächoire humaine, E font d’abord les deux mâchoires de la tête fos- file dont je viens de parler. Les mémoïres de l’Aca- démie de Suéde & d’autres Livres font mention de picrres femblables repréfentant la mâchoire humaine, foit fupérieure, foit inféricure, mêmeavec les alvioles des dents, A © 2 ———————— CT ATP EE, IPARE EP REINETESE \ Os. bumaius foÿjiles. É n'eft pas rare de voir des pierres qui reflemblent à différens os du fquelette humain. Il n’eft prefque pas de cabinet de curiofités naturelles, un, peu aflorti, qui n’en poflede quelques-uns. Ici ce font des vertè- bres, là des omoplates, ailleurs des os du bras ou de la cuifle, Onen voit dont lintérieur eft rempli d’une efpece de fubftance aflez femblable à de la moëlle(#). ————— €) Bayeri Oryétographia Norica; Mufæum Zachinelli, Ê Ce PHILOSOPHIQUES&c % De ee ee CÉANATANROT RENE Pierres qui imitent la forme du Pied de l'homme, 1. Première'efpece. a Dr. Plott a trouvé dans une carrière, au. pied du mont Shotover, des pierres qui repréfentént le pied humain coupé un peu au deflus de la cheville. Les doigts n’y font point marqués, mais la cheville y eft' très fenfible. On en voit la figure Planche I. n. 3. Lepied eft fort élevé, & encore plus long, ayant plus de deux pieds Anglois de longueur. C’eft l’efpece la plus longue: on en trouve au même endroit de bcau- coup plus petite. Ces pierres font de couleur cen- Qiee C*). 2. Seconde efpece, Le pes bumanus Saxeus, dont parle un autre Natu- ralifte, mérite encore à plus jufte titre le nom d’47- dropodite. C’eft une pierre qui repréfente le pied gau- che d’un jeune homme avec les articulations, les doists & l’os antérieur de la jambe (f). 3. Troiliéme efpece, UE autre efpece fait voir la figure d’un pied hu- main, au point d’y reconnoître, les rotules & les pe- tits os. L’imitation eit fi exate qu’elle a fait dire qu’on feroit tenté de prenûre ce pied pour celui d’un homme changé en pierre par la vertu pétrifiante de la tête de Medufe : # diceres lapidofi bominis à Medufa permu- tati ((). (*) The Natural Hiftory of Oxfordshire, Cf) Mufæum Wormianum. (5) Mufæum Calceolarium Settali. B 4 4 CONSIDERATAIONS: en, a — Te L'EST - Gene à CHAN TRUE UR Pierre de Rein. , figure 7 de Ta Planche I. repréfente une picrre de rein, ainf nommée parce qu’élle a la forme d’uñ rein, avec le tronc d’un des uretères qui fort de fa, partie concave. Cette pierre a cela de particulier, que, lorfqu’elle eft fraîchement déterrée, elle a la couleur d’un véritable rein, -& le tronc d’urerère qui en fort eft fi mou qu’on le coupe aifément avec un canif; mais en moins d’une beurc il devient dur comme le refte de Ja pierre, Au moins c’eft ce qui arriva à celle dont parle le Dr. Brookes, dans fon Hiftoire Naturelle d’où . j'ai tirai la. figure que j’en donne. es Oftes, ou pierres Auriculaires. . LA pierres reffemblent à une oreille humaine. El- jés en repréfentent la forme extérieure: le creux de l'oreille y eft bien marqué. Cesolites font communes cans quelques carrières d'Angleterre, furtout dans celles du mont Shotover, & aux environs de Ja ville de Somerton, où le Dr. Plott en a trouvé plufeurs, On en voit ici une fur /4 Planche I. Fig. 5. + PHILOSOPHIQUES. &e. 2% CH APCE RUERONEL Pierres qui repréféntent un œil. ‘: y a plufieurs efpeces de pierres qui repréfentent un œil. Nous n'en rapporterons que quatre efpeces. 1. Premiere efpece. La première cfpece, celle que Pline a décrite & nom- mée Leucophtalmes, cft blanchâtre, & repréfente le blanc de l'œil, felon Mr. Dargenville. Mais il paroît que le Naturalifte moderne a mal interpreté le nom que le Naturalifte ancien a donné à cette pierre. Pline n’a pas voulu dire qu’elle repréfentoit le blanc de Pœil, mais plûtôt qu’elle imitoit la figure d’un œil blanchâtre, ou marqué de blanc au centre de la pru- nèlle , ce que nous éxpliquèrons tout-à-l’heure en parlant de la quatriéme efpece de ces pierres. 2. Seconde efbece. L'Ocyophtalmos où _Acyophtalmos, comme l’écrivent quelques Auteutfs, eft de la même couleur & fait voir. un petit œil failant & pointu. 3. Zroifiéme efpèce. Une troifiéme efpece de pierre de la même nature, qu’on nomme 7réophtalmos, porte la figure de‘ trois yéux, d’où lui vient fon nom. | 4, Quatriéme efpece. Celle dont on voit la figure P/enche JZ. n. 4. a un cercle extérieur blanchâtre, enfüuite une Zone circu- du BS5 26 CONS ID'ER ATIONS laire de couleur foncée qui cft celle de la pierre, puis au centre un petit rond blanc qui ne refflemble pas mal à une taie ou cataracte dont la prunelle froit chargée. C’eft la penfée d’un Naturalifte Anglois qui Pa décrite d’äprès l'original. Il conjeéture que ce. pourroit bien étre l’œil de Belus mentionné par Boot (#), & que le Zeucophtalmos de Pline n’en eft qu’une varicté, qu'il nomme ainfi à caufe du blanc qui cou- vre le centre de la prunelle (+ ). 5. Cinquième efbece. Une cinquiéme efpece repréfente deux yeux l’un à côté de l’autre fur‘une ligne parallèle, avec une jufte diftance entre deux. On la nomme Déophtalnos, C'eft une très belle onyx. Ce AB IE REC SC EER Pierres Mammillaires. C2 pierres, qui ne font pas rares, repréfentent la mammelle d’une femme. Le bouton ou mammelon y eft bien defliné & très éminent. On y voit auff l’aréole ou la couronne qui l'entoure, & elle y pa- roît femée de petites protubérances , comme dans le Naturel, 1. Première efpece. J'en connois deux efpeces. Celle dont je donne ici la figure ( Planche I. Fig. 3.) eft la plus reflemblan- te. Je l’ai vue, & je puis prevenir le Lecteur que le burin n’a point aflez exattement çopié la belle forme de loriginal. 17 ; L €) De Lapidibus ! &Gemiis. , C1) The Natural Hiftory of Oxfordshire by Rob. Plott, PHILOSOPHIQUES.&c 27 2. Seconde efece. On en voit une autre efpece dans l’Hiftoire Natu- relle du Dr. Brookes (*}), jy renvoie le Lecteur. COPINE AIET RTE XIV: Pierre nommée Lapis Chirites, repréfèntant une Main bumaine. oi. pierre ftriée, de nature un peu gypfeufez repréfente la. paume._de la main avec. des formes de doigts & d’ongles de couleur de chair. C’eft un des: plus beaux fofliles que l’on puifle voir. PORNCE: CREER LEUR POUPEE FACUO EDEN DESTINE ASE PU RES CEST EPPPUPE (3 PURE POP EE ENT SSUCENS, CNTENEN ee ee one nn COCA CP'LATeUE SE XV, Pierres qui repréfèntent un IMuftle. O,. en diftingue deux efpeces particulières, une . grande & une petites 1. Première efpece. La première efpece Crème Planche Fir.6.) cft fort longue à proportion de fà grofleur. L'intérieur eft une forte de matière pierrenfe jaunâtre ; la furface extérieure eft d’un blanc poli & luifant, & lésgérement marquée de lignes qui l’entourent en forme d’anneaux, comme les pus de l'enveloppe d’un mufcle ordinaire. L'un des deux bouts eft plus gros que l’autre. Elle . (*) Velume V, 28 CONSIDERATIONS p’eft pas ronde, comme un cylindre, mais ovale & tant foit peu applattie d’un côté, 2. Seconde efbece, La petite efpece ne differe de la grande, qu’en ce que l’ovaie n’en cft point applaiti, RSR PATES CRREONEE per VPUEe MENT BENDRES, DURE DRPCE ENPIREO 0 GCSOS EPRER GET] CUT RCE MECS DERTT MUERENE Sr te ee eme ——. qe me ee et ce ét COR APRIL DER. EU Pierres qui repréfentent le Nerf ol/adoire, IP y a une carrière près du mont Shotover, d’où l’on tire une quantité de petites pierres jaunâtres, lon- gues, toutes femblables les unes aux autres, qui ont la forme exacte du nerf oifaétoire entier. L’extérieur eft life & poli: Pintérieur cft creux. On voit une de ces pierres Planche AL. Fig. 2. en ee nt mo em ‘ CE ARE MIRE Des pierres appeilées Orchis, Diorchis € Triorchis. N us voici parvenus aux modeles fofiles des orga- nes de ja génération. Quoique ce ne foient que des pierres, peut-être fe trouvera-t-il quelques Lecteurs. dont la faufle délicatefle fera offene de ces repréfen- tations, Nous refpectons aflez leurs férupules pour tâcher de les lever par ces belles remarques d’un Au- teur moderne: » Çe n’eit pas fans raifon que les parties de la gé- » nération ont été appellées les parties nobles, puis- » qu’elles fervent à l’ouvrage le plus admirable que » forme la Nature; on leur rendoit autrefois les mês cts Pa puus À Er ss LC A5 19 Lv PHILOSOPHIQUES&c. mes hommages qu'aux Dieux: le foleil & les au- tres Aftres ont été mis avec moins de raifon au nombre des Divinités ; leurs influences n’offrent rien de fi merveilleux que la rofée féconde qui découle des parties naturelles; les Livres facrés ne nous infpirent que de la vénération pour ces or- ganes ; ils ordonnent qu’on coupe la main à qui ofè les outrager ; ils excluent du miniftère facré les hommes mutilés, la nouvelle loi les éloigne de même de fes autels : les Caffres victorieux ne prennent pour monumens de leur gloire que les parties nobles de leurs ennemis, ce font-là leurs fatues , leurs hiftoires , leurs arcs de triomphe; il en font des colliers à leurs femmes, ils en font des préfens à leurs amis. Notre hiftoire ne parle qu'avec horreur de Villandre qui ofà porter la main aux parties naturelles de Charles IX. Par ces parties l’homme affermit fon empire fur la moitiédu genre humain , elles font le fceau de l’union & de la paix qui rend les familles heureufes. Dans la . focieté elles font d’une néceflité abfolue: l’homme & la femme en fe mariant fe promettent une fi- délité mutuelle, ils s’affurent l’un de l’autre par des fermens inviolables ; mais les loix humaines, autorifées des loix divines, nous dégagent de ces fermens quand nous fommes incapables de nous rendre les devoirs mutuels. Nous pourrions entrer ici dans des détaïls qui feroierit füfceptibles d'explications curieufes : de vrais favans ne s’imagineroient pas qu’on fit une infulte à leur modeftie en les leur préfentant. Ils croient, avec raifon , qu’on peut porter fa curio- fité fur tous les objets qu’étale la phyfique: les parties même qu’une bizarre contradiétion a fait appeller nobles & honteufes, ne leur font pas dé- tourner les yeux; leur efprit qui y cherche le mé- chanisme du grand œuvre de la Nature, ne penf qu’à s'inftruire; l’admiration qui fuit leurs recher- ches tient toüjours leur cœur en fureté, Mais tous les 80 CONSIDERATIONS #» Cfprits ne penfent pas avec cette élévation & cette » juftefle. Il y en a de foibles qui font dominés par les fens & par l’imagination; la petitefle des ma- » chines délicates, feches & fragiles dans lefquelles 2 , Ë É , # émouvoir , la moindre bluette y produit d’abord >» un embrafement univerfel: comme tout eft conta- > gieux pour eux, tout les effarouche, ils voudroient que le nom des parties naturelles fût retranché des » Livres de l'Art; peut-être voudroient-ils encore » que ces parties mêmes fuflent retranchées descorps; » du moins leurs vains fcrupules femblent accufer la Nature d’avoir choifi une voie honteufe pour mul- > tiplier le genre humain. Mais que ces efprits font » extraordinaires. Cette foiblefle eft indigne q’un » Cfprit raifonnable, &c. (*).” Il féroit auf ridicule de vouloir retrancher certaines . matières de l’Hiftoire Naturelle, que de fupprimer dans la Nature les parties qui la renouvellent. Du refte, les Lecteurs fenfs comprendront aifément que les pierres que je vais mettre fous leurs yeux entrent néceflairement dans le plan de cet ouvrage, comme dans celui de l’échelle univerfelle des Etres. C’eft as- fez pour jufüfier la liberté que je prends de les dé- crire, S z. Orchis. L'Orcbis eft une pierre qui repréfente un tefticule de l’homme ou d’un animal quelconque: On a vu des individus humains qui n’en avoient pas plus d’un, 2. Diorchis. Lorfque cette pierre repréfente les deux tefticules, on la nomme Diorchis. C’eft l’efpece la plus com- mune. (*) L’Auatomie de Heifter, Tome E p.585. & /wire , ils font renfermès, forme une complexion facile à . : PHILOSOPHIQUESE& Il y a des Déorchis d’une groffeur prodisieufe : -télles font celles dont parle le Dr. Plott, & qu’il a trouvées au côté occidental du mont Shotover: montagne fi féconde en ces fortes de produétions, qu’on pourroit la comparer à un attelier où la Nature a dépofé quan- üté de modeles des différentes parties du corps humain, 9. Triorchis. La pierre, nommée 7#orchis, repréfente trois tefti- cules; ainf il f rencontre quelquefois des hommes à quila Nature libérale en a donné autant. N’eft-ce pas un phénomène remarquable, que l’on trouve dans les foffiles des types de cette monftruofité ? CH, À PT TAR E KWIIL De la pierre nommée Scrotum humanum. 7yez Planche Z. Fig. 1. LÉ .. pierre, qui repréfente le Serofum, C’eft- à- dire la bourfe contenant les tefticules, eft d’un blinc fale, & la furface en eft fort ridée. Ce n’eft pas feu lement par fa forme externe qu’elle imite cette partie de l’homme. L’organifation interne paroît y être cga- lement analogue. En touchant ce Scrofum pierreux, on croit fentir que chaque telticule eft contenu dans une bourf particulière mufculeufe, comme fi l’inté- rieur en étoit divifé en deux par la cloifon formée de la duplicature du Dartos, ainfi que dans le véritable fcrotum humain. Une autre fingularité de cette pier- re, c’eft qu’on voit à fa partie fupérieure une efpece de canal , rempli d’une fubftance fponsieufe , aflez fémblable à une portion de l’urethre, gs CONSIDERATIONS 2 ep non C7 rs 4 Ent te ee 0 ——…—…—_à te te C. H, ASP, IT R'EUTE Des Priapolites, Coltes & Phalloïdes. ee font des pierres qui repréfentent le membre vi- ril enflé avec fes tefticules.. 11 y en a de plufñeurs for- tes. | 4 29 1. : Première efjece, 49 APS | | k Le plus beau de tous les Priapolites cft, fahs con? tredit, celui dont je donne Ja figure P/anche IT. n. 1: La reffemblance eft auffi parfaite qu’on puifle la defirer: L’imagination n’a rien à y fuppléer. Sa couleur eft jaunâtre. On voit dans le milieu un canal rempli d& matière criftalline, très relatif au conduit del’urethre, le gland percé à fon extrémité, avec le prépucè qui le recouvre, les deux tefticules bien formés & pendans à la racine de la verge. Comme j'ai vu ce Priapôlite, je puis infifter fur la fidélité de la figure & de la de- fcnption. . Ce foflile fe trouve en Saxe: ce qui fait que les Auteurs l’ont nommé Priapoltes Saxonie cum appenfis foflious (2. 2. Seconde efpece. Il y a des Colites dans les Pyrénées, mais ils n’ont joint de tefticules. : Ce font des Cylindres de couleur jaunâtre , traver{ës par un canal criftallifé, comme dans le précédent, imitant le canal Ge l’uréthre, du refte fans aucune forme de gland ni de teiticules; il a feulement une apparence d’ouverture à l’une de fes extrémités. q. Zroi- PRE SR SE () Oryétologie de Mr, Dargenvilie. P/anche 27Z;; CP Lors DE EN TEEN OR VIS. direx. mnt ut L PHILOSOPHIQUES &e 323 3. Troiliéme efpece. Le Priapolite de Caftres en Languedoc, ne diffère de celui des Pyrenées que par fa couleur qui eft grifà- tre: la forme d’ailleurs eft la même (*)},. a - Cris. P HN TRE XX Pierre nommée Hifterapetra. SR que l’on voit sême Planche Tir. 2. eft de tormc ellyptique, un peu élevée en cône par deffus, & plate en deflous: elle imite la vuive d’une femme. Cette pierre fe trouve dans le Rouffillon près du village de St, Laurent de Cerdans, dans la Vallée de Cuftuia (+). * Fm. Gb PuIi LEUR E XXL De ?Hifterolithos, 0 Diphys, o Diphrys. N ous veñoñis de voir les deux fexes repréfentés féparément par des pierres différentes : les voici réunis dans le même foffile, comme fi la Nature eût voulu en faire le type des hermaphrodites. L’Hiflerolithos; où Diphys; eft une pierre felon quelques-uns, & felon d’autres une coquille bival- ve foffile, qui repréfente d’un côté le partie naturel- le de la femme avec les grandes levres fort étendues & élevées, & de l’autre côté les parties de l’homme. Les unes & les autres font fi bien imitées, dit Pline ,qu'on (*) Oryétolosie de Mr. Dargenville. CF) Là - même, € #1 CONSIDERATIONS les croiroit propres à l’aéte de la génération , fi elles n'étoient pas de pierre: wf concubitui venereo aptum dixeris, nifi lapis effet (*). . Ce foffile fe trouve en abondance en plufeurs en- droits, dans la Gotlande en Suéde, dans l’Evêché de Treves, en France dans le Rouffillon, & aux envi- rofs de la ville de Caftres. Il eft rare que l’on ne trouve qu’une feule de ces pierres. 1l y en a ordinai- rement plufieurs accrues les unes auprés des autres dans la même roche. Gefner, Agricola & Wormius nomment ce foffile Dipbys (f). Scheuchzer lui donne le nom de concha venerts lapidea (\). On en voit ici la figure sème Planche Fig. 3. C, Es A PT T_R ESS Caillou connu fous le nom de Puer in fafciis. *FST -un Caillou oriental oblong, dont la marbru- re rouge renferme la figure bleuâtre d’un enfant en maillot, d’où lui vient le nom de Puerin fafciis. La repréfentation n’eft pourtant pas fi exacte qu’il ne faille un peu s’y prêter. Mr. Dargenville en a. donné la figure dans fon Oryétologie (46). U ©) Plin, Hift, Liv. XXXVH. Chap.X. (+) Muiæum Wormianume CS) Picium Querelæ. CSS) Page 208. Planche 6. n.5. , 7 CE LE] PHILOSOPHIQUES &t. 2 . UF non met © --] SA à Var 227 9 © te id ©. 1 À Autré caillou repréfentant les fèffès d'un enfant. E Caillou ofiental eft rond & reptéfénte, für un fond brun, les feffles bieri diftinétes d’an enfant dont jes jupes feroient relevées. On en péut voir la figure dans l’ouvrage que je vieñs de citer (*): PRE: Pr, Fu TIRE "NX V. © Des Figures humaines empreintes [ur des Agatbes CG autres pierres. O, voit, dans les cabinets des Curieux , des aga- thes qui portent dés empreintes naturelles d’une têre humaine très bien deffinée. .Tels: font deux petits portraits de Negres, l’un avec la tête nue, l’autré Coëffé d’un pctit chapeau à l’Efpagnole. Tel eft eni- core un portait noir dans la mamière de Rembrant, où l’on voit très diftinétement le nez, la bouche, l'œil, le front, le menton, les cheveux & ladraperic. Wormius fait mention d’une pierre qui repréfen- toit parftément un homme dont,.on voyoit toutes les parties. | : gt 4 Bartholin parle de certains cailloux qui femblent avoir été travaillés au tour, tant ils repréfentent dé- Jicatement les yeux, lé nez, la bouche, les bras, les pieds & les autres partiés du coïps humain. (*) Même Page, même Plauch. n. 4. € 4 3 CONSIDERATIONS CH APPLE TT RARE ,XENY: D'un Rocher appellé le Moine pendu. D: l’Ifle de Malthe , fur une des côtes de lamer, paroît un rocher féparé du refte d’une montagne, tel- lement fufpendu, & reflemblant fi fort à un Hermi- te, qu’on l’appelle communément. 77 Frate impicca- to, ou Æ Moine pendu (*). Il paroït que les pierres devoient repréfenter l’homme de toutes les manieres, par parties & en entier, en grand & en petit, en CmM- preintes plates & en relicf. 0 mm CHHMARE "TNT KR''ETIORTE Conclufion des Chapitres précédens. {L me feroit aifé d'augmenter ce catalogue de curio- fités naturelles d’un très grand nombre de piéces aufli fingulières, & dont l’exiftence eft également con- ftatée. Je pourrois y joindre, par exemple, les cail- loux dont parle Moncomp dans fes Voyages: il dit avoir trouvé, fur le chemin du Mont Sinaï au Caire, des cailloux qui repréfentoient de grands cœurs, & qu’en ayant pris un qui paroïfloit avoir une cicatrice, & l’ayant fendu & ouvert, il y avoit trouvé un cœur bleflé dans chacun des côtés du caillou (f . Mais c’en eft aflez, je crois, pour faire voir que la Nature, en travaillant les pierres, modéloit véritable- ment les différentes formes du corps humain. La fi- sure conftante de chaque efpéce de pierres que je viens (*) Voyez le Journal des Savans. an. 1677. CF) Là - même. PHILOSOPHIQUES&c. 327 de mettre fous les yeux de mes Leéteurs, annonce de lus que ce ne font point des jeux du hazard, mais É produits d'autant de germes particuliers, des réali, fations du modéle unique de tous les Etres, des ani- maux vivans, quoique dénués en apparence de fens & conféquemment de mouvement progreffif & de vie extérieure. Je dis en apparence, car ils pourroient poféder ces avantages à un degré fi foible qu’il ne nous füc pas fnfble, & néanmoins fi réel qu’il pût fe faire appercevoir en prenant une teinte plus forte. Ces Etres nous paroiflent placés bien bas dans l'é- chelle. Ils en ont cependant beaucoup d’autres, au déflous d'eux. Les fels, les fouphres, les bitumes, les huiles font des degrés inférieurs aux métaux & aux pierres. Au deflous des huiles il y a les animalcules acriens, ignés, aqueux, terreux, fyftêmes organi- ques les moins compofés que l’on connoifle, & ré- putés pour cela les premières préparations de l’efprit animal. En contemp ant l’Etre dans les pierres, nousdevons donc nous fouvenir que, pour atteindre ce degré, il a pañlé par un nombre & une varieté de transforma- tions qui excédent la force de l'imagination la plus vafte, & qui toutes préparoient de loin la forme hu- maine, 39 CONSIDERATIONS (SECONDE PARTIE, 2 ——————— — ———— De intérieur des foffiles ‘con/idéré comme un type de l'organifation buraine. LÉ ftrudture organique des foffiles n’eft plüs un pioüb.Cme. Ceux d’entre les Naturaliftes qui. s’obfti- nent, avec le vulgaire, à les regarder comme des corps bruts, ne peuyent difconvenir pourtant que leur tis- fu intérieur ne foit compoifé de fibres & de veines en- trélacée les unes dans les aucres. LS Lcs minéraux, dit Mr. Wallerius (*), font des fubitances qui croifient fans paroïître avoir de Vie, & fans qu’on remarque qu'aucun füc vilible circule ou foit contenu dans leurs fibres ou veines. Que font ces fibres & ces veines fenfibles dans un très exand nombre de foMiles, finon des organes? L’or- samifation des os, dés mufcles, des chairs, en un mot ce tout le folide animal eft-1l autre chofe qu’ün en- trelacement de fibres & de fibrilles qui fe croifent en plufieurs fens, & s’arrangent fous diférentes combi- naifons, en paquets, en Jéfaux, en cordons, en la- mes, en houppes, &c. avec@ifiérens degrés de tenfion & de ro'deur ? - ur MS "» I y a des Naturalifées qui prétendent que les mi- …» péraux ont une vie fémbiable à cell&dont joufient , es végétaux: maïiS-perfonne:n’ayant encore pu jus- ” Qu’à- préfent remarquer, même à l’aide des meil- » icurs microfcopes , que ces fubftances euflent un (*) Minéralogie ou Defcription générale des fübitances du Re- sne Minéral; 2u commencement. PHILOSOPHIQUES'&. 39: » Eonténu dans des fibres ou veinés; perfonne n’ayant: » Gtabli ce fentiment par quelques preuves; & d’ail- leurs étant impoflible de fe former une idéc de la ». Vie en général fans un fuc qui circule, on ne voir. 5 point für quel fondement on attribueroit une vie » AUX Minéraux, à-moins qu’on ne voulût appeller. Vivant tout ce qui a la faculté de croître & de s’aug- » Menter: en admettant cette fuppoñition, il n’eft pas » douteux, qu’on ne puile dire gwe les minéraux vie vent (*).7 Si l’on n’a point d’autre raifon pour refufer aux minéraux une vie particulière, que de nier qu'iis foient imprégnés d’un fuc vivifiant, n1 d'autre raifon de nier l’exiftence de ce fuc, que parce qu’on ne Pa pas encore apperçu, on peut afément les réfuter l'u- ne & l’autre. Quand il feroit vrai qu’on n’eût point apperçu de fluide circulant dans les vaifleaux fibreux des foffiles, : ni glandes, ni véficules, ni mammelons qui tinflent en difolution un füc nourrricier, ni trachces qui en adañflent la filtration, ce feroit moins une marque de la non exiftence de ce fluide, que de fon extrême fi- nefle. Car, pour tirer nos exemples, des corps les plus purs & du tiffu le plus ferré, ce qu’on nomme paille ou défaut dans les pierres fines, pourroit bien : être un épanchement de ce fuc extravafé, qui en con-: ftateroit la réalité. Les efprits animaux fonc un flui- de prefque univerfellement reconnu, quoiqu’aucun : * Anatomifte ne l'ait vu, quoique perforne même n’en. ait apperçu les traces. Je ne penfe pas qu’il faille un grand appareil de preu- vespour perfuader que les foffiles contiennent un fuc quiren pénétre toutes les parties. On voit l’eau Gifhi. lerïdes voutes des grottes, & l'on ne fauroit douter aw’elle ne fe filtre au travers de la roche. Un caillou augmente de poids, après avoir refté quelque temps GE, (*) Minéralogie de Mr. Wallerius, 2, Obfervatian. C 4 , 4% CONSIDERATIONS dans l’eau. fit fur le bord d’une rivière ou de ia mer , fans- doute parce qu’il s’en cft imbibé & comme faoulé. ., Monconys rapporte dans fes voyages, qu’u- ne pierre qu’on avoit mife Gans un matras Où il y avoit de l’eau, & qu'on avoit bouché très exaéte- » ment, avoit tellement augmenté de volume au bout #» de quelques années, qu’il fut impoffible de la reti- rer du matras fans le caff:r (*).” fai vu auffi dans unc bouteille une pierre qui n’y avoit fürement pu entrer dans l’état où elle étoit. Ces dernières ex- périences prouvent que ces pierres s’étoient nourrics de:u par intuflufception, & que, par une vertu in- terne affimilative, elles en avorent converti les parues en leur propre fabitance. Combien de pierres font grafles huileufes & au tou- cher! D'où vient cette tranfpiration grafle & huileu- fe, finon du fluide fembiable qu’elles contiennent! Combien de pierres @& diftillent, & donnent à la diftil- lauon pius où moins de liqueur ! Combien de pier- res fe dureifient au feu par l’évaporation du fluide qui les amoliffoit ! En général toutes les pierres en fe re- froidffint après la fufñion deviennent concaves à la furface, & ia mañe fondue elt plus légère que n’étoit Îa pierre avant que d'entrer en fuñon (4). C’eft qu’à la fufion, le fuc contenu dans les fibres, & les veines, s'évapore ; les parois des unes & des autres s’afaiffent en £: rapprochant: la diminution du poids vient de la difipation du flude; & la concavité de la furface de l’affaiffement des tibres & des veines. La couleur des pierres précicufes ne vient que du fac métallique dont elles font imprégnées: fuc extré- mement fabtil où font trés - finement difloutes des par- ticules de fer pour donner la couleur rouge au rubis, &e coivre pour faire le bleu dans les fiplurs; de cui- vre & de plomb pour rendre la chripolite d’un jaune 22 RE D €*) Merallique de Mr. Wallerius. 3. Obfervation. AD) Lè- même, page 6, PHILOSOPHIQUES&C 41 verdâitre ; de cuivre & de fer pour former lc beau verd de l’'éméraude & du bérylie, &e. I y a des pierres qui femblent être des éponges plei- nes du fluide électrique. Enfin tout nous confirme que nous avons raifon de regirder les picrres comme des fvfiêémes de folides arrofés par un fluide , quel qu'il foir, Nous ne prétendons pas qu’elles aientune vie fembla- ble à celle des végétaux. Il n’eft donc pas néceffairc que le Suc qu’elles contiennent y ait une marche Smbl:ble à celle de la feve dans les plantes. Une fimple pénétration ou imbibition , un arrofement fufit peut-être à l’efpéce de leur économie vitale. Ou reut-être encore eft-ce quelque cho de plus fimple dans les échelions les plus bas. Tout vit, mais la vie eft réduite à fes moirdrester- mes dans les premères réalifations du prototype (*). Cependant les fibres & les veines des fofiles ou on en découvre à la fimple vue, femblent deftinées àen filtrer un fuc nourricier: cette conjcéture n’a ren d’étrange, Les tales & les ardoifes, l’or, Pargent & tous Îles foffiies lamineux ont leurs feuilles attachées par de pe- tits fibres qui vont tranfverfalement dune feuille à l’autre, comme les fibres qui lient enfemble les lames dont les os font formés dans l’animal, Parmi les fibres pierreufès & métalliques, il y en a dont la ftruéture imite celle de plufieurs fibres anima- les. La numismale a des fibres tournées en forme de fpirales, comme celles du cœur; le plomb en a de tortueufes & d’annulaires, comme celles de la plevre; Pantimoine en a de pliées en zig-7ag, comme les fi- bres muftulaires, &. Qui connoïîtroit l'intérieur de tous les foffiles, y verroit peut-être des types de tou- tes les fibres animales, Une pierre eft ordinairement un tout d’une ftru- &ure aflez uniforme. Elle n’eft point compofte de (*} Voyez dans le Livre intitulé de le Mature, TomeIV. des preuves & des faits feniblis concernant la vie des fofliles C5 42 CÉOSN:S I'D ER" ANT NOIN:S folides d’une confiftance ou d’une efpéce différente. r Un métal a le même caraétère d’uniformité dans fa texture. Ce n’eft pas qu’on ne voie auffi des foffiles dont le tifiu eft plus ferré dans une partie & plus là- che dans une autre partie; d’autres qui ont une for- te de noyau, ou de cœur, à leur centre ; d’autres dont l’intérieur eft rempli d’une apparence médullai- re. Ce font autant d’échellons qui s’élevent les uns au deflus des autres. Le grand nombre des foffiles font plus uniformes dans leur organifation , & cette uniformité les met au deflous de ceux qui y font moins aflervis. La Nature s’étudiant à tourner & à ufler la matière fibreuf, commença par les moindres élémens, par les combinaifons les plus aifées, pour s'élever gra- duellement à des compofés plus favans. Il y a une gradation d’appareil fibrillaire dans les fofiles. Pour juger en combien de manières la Na- ture l’a varié, multiplié & nuancé , il faudroit avoir une minéralogie complette, une énumeration exacte de toutes les fubftances fofiles, & de plus en voir le üuflu à découvert. Quand aurons-nous une Minéra- logie complette? Afurément il y a encore bien des Etres inconnus à ajoûter à celles de Wallerius & de, Bomare. Quand aurons-nous des inftrumens qui nous mettent en état d’anatomifer tous les minéraux connus ? Chu À Pl rlhsEseR. Æ, NYSE Pafjäge des Minéraux aux Piantes. | IR pierres fibreufes, c’eft-à-dire celles dont les fibres font fenfibles, forment le pañlage des minéraux aux véoctaux. Elles approchent fi près de ceux-ci, que, le préjugé mis a part, il feroit difficile de les en ciftinguer. ‘els font les mica, les tales, les pierres PHILOSOPHEQUES &c 43 ollaires, les amiantes, les asbeftes, qui compofent des familles confidérables. Nous allons entrer dans quel- ques détails fur ces pierres, autant qu’elles ont de rapport avec l’objet principal de cet Ouvrage. . GE C «H\ AMPRSPÉTÉALE XXIX Les Mica. É. mica font des picrres compoñées de particu- Jes en forme de petites écailles, ou lames, attachées les unes aux autres par des fibres tranfverfales de la manière que j'ai dite ci-deflus (*). Elles font or- dinairement tendres & friables. Le feu defléchant leurs fibres & en détruifant la ftrutture, les raccornit & le rend dures au toucher, Ces pierres varient d’une efpece à l’autre pour la confltance , la fisure & l’arrangement de leurs parties. 1. Première efpece. Mica roide. _ Cette première efpece a fes lames ou écailles roides ;' fans aucune flexibilité. La couleur varie chez les in- dividus: il y en a de blancs, de jaunes, Ge verds, de rouges & de noirs: ca rigida. 2, Seconde efhece. Mica flexible. Celle - ci a de grandes lames flexibles: fa couleur eft un‘blanc argenté: #4ca flexilis argentea. (#) Chapitre XXVII. 4 CONSIDERATIONS 9. Troiliéme efpece. Mica écailleux à lames pointues. Les écailles de ce mica font minces & pointues; ca particulis tenuioribus acuminatis. 4 Quatrième elpece, Mica brillant. Les lames de cette efpece font luifantes & demi- tranfparentes ; #ica Jèmi- pellucida, 5. Cinquième efbece. Verre de Mojcovie. Le verre de Mofcovie, vitrum Moftovitum , a des la- nes auffi tranfparentes que du verre, 6. Sixième efpece, Mica firi. Ce mica paroïît plûtôt compofé de filets parallèles, arrangés en faifceaux, que d’écailles, tant elles font fines & allongées: mica particulis oblongis. 7. Septième efpece. Mica demi-fhhérique, Les lames de cette efpece font rangées circulaire- ment autour d’un centre commun, où elles viennent fe réunir pour la plûüpart. Ce mica demi-fphérique fe trouve à Spogol en Finlande (#): #ica hæmifpherica. (*) Minéralogie de Wallerius. Ce Naturalifte fait une autre difiribction des mica, peut-être mcillcure que R mienne, mais je ne fais pas une méthode, PHILOSOPHIQUES &. 4 8. Huitiéme efpece. Mica irrégulier. C’eft celui dont les parties lamineufes fémblent ne garder aucune régularité dans leur figure ni dans leur arrangement: #ca fquamimulis inor dinatè mixtis. © ES (got, à Ne NE - té Me US di AR, Gr. À Les Tales. ER tales nous montrent, à-peu-près, les mêmes phénomènes, feulement avec des variations finement graduces dans la forme, la confiftance, & le calibre des petits feuillets qui les compofent. Le tifflu en eft plus ferré, ce qui leur donne plus de maffiveté. Plus on compare la ftruéture des mica & des tales à celle des os, plus on fe convainc que l’une eft une étude de l’autre. "© MODIR AMOR ACTOR UE XEÈXT Les Pierres Oflaires. PARC des pierres ollaires offre à la pre- mière vue des amas confus & irréguliers de petits feuillets, de filamens & de petits grains: ce font des paquets de fibres, comme l’Anatomie en fait voir une infinité de plus ou moins gros dans le corps animal. 4 CONSIDERATIONS CE nu = C,H ALES T'RVE LXARE Les Roches de corne. O, appelle roche de corne une pierre qui par fä ftructure feuilletée eft analogue à la corne des ani- maux, à laquelle elle reflemble auffi par fa couletif. On fait que la couleur des corps provient du fluide qui les pénétre & les teint en les pénétrant: ce qui rend lanalogie entre cette pierre & la corne animale plus complette. Nous verrons dans la fuite que nos ongles font des extraits perfeétionnés de la corne, des quadrupedes. Il y a furtout une cfpece de roche de corne dure & noire, qui reflemble plus que toutes les autres au fabot du cheval, comme l'ont obfervé les Naturali- fes; les autres efpeces en approchent plus où moins: Les feuilles de celles -là fe levent & fe détachent com me les feuilles de la corne. DORE MES COETACETENE ZEN TETRS PERTINENTES RE) CELA el Ed: Av Re ECO Les Amiantes. O, s’apperçoit, en confidérant les amiantes & lés asbeftes, que la Nature, parvenue à ce genre de pro- duétions, a déja confidérablement perfectionné le fy- ftême fibrillaire. Les amiantes font compofées de fibres dures & co- riates qui ont beaucoup de rapport avec celles des fubftances charnues. Elles font ou difpofés parallèle - ment, ou elles fe croifent & s’entrelacent pour for- mer des couches ou membranes réticulaires. » Les différentes efbeces d’amiantes, dit Mr. Wal: PHILOSOPHIQUES&c« 47 » lerius, font les plus molles de toutes les pierres; elles font ordinairement flexibles jufqu’à un certain » point; on peut même les filer & en faire de la toi- » le; ce font auffi les plus légères des pierres, atten- » du qu’elles nagent à la furface de l’eau; il n’y en a » Point qui aient plus d’analogie avec le règne ani- » mal & végétal par leur mollefle & leur légéreté, & » furtout par leur organifation ”. Je vais parler de quelques efpeces dans l’ordre où elles fe préfenteront. 1. Premiere efhece. Amiante de chypre, ou lin foffiie. Ce lin foffile reflemble beaucoup, pour la couleur & la fubftance, à un paquet ou faifceau de cheveux gris. On l'appelle auffi laine de montagne: /4na mon- tana. 2. Seconde efpece. Cuir fo{fite. Le cuir foffile, où cuir de montagne, a des fibres molles, étroitement unies les unes aux autres, entre- lacées par d’autres fibres, dont la texture eft tout- à- fait coriacée. Il refflemble parfaitement a du cuir, dont il prend le nom: corium montanum. 3. Troifiéme efpece. Chair folie. Caro montana. La chair foffile eft encore une amiante compofée de laffemblage de plufieurs membranes epaifles & folides, & fi analogues a des membranes charnues qu’on n’a pu lui en refufer le nom. Il eft à remarquer que ce nom lui a été donné avant toute idée d’un fyftême femblable à celui que rexpofe , & par des Naturaliftes qui étoient fort éloignés d’envifager la Nature fous le 48 CONSIDERATIONS même point de vue que je la confiderc à ce moment. Frappés de la reflemblance, ils-ont rendu hommage à la verité, méme en la contredifant; &, en fuivant une route contraire à celle qui devait les conduire au vrai fyttéme, ils nous l'ont indiquée. C4 CH AP ET. RE, XX Les Asbefles. | re asbeftes, compofés de fibres appliquées longi- tudinalement les unes contre les autres par faifceaux, ont avec les nerfs & les muftles les mêmes rapports organiques que les amiantes ont avec les chairs, fi ce n’eft que les fibres des asbeftes n’ont pas la flexibilité des fibres nerveufes & mufculaires, comme celles des amiantes ont la foupleffe des fibres charnues. On diftingue l’asbefte mûr de celui qui ne left pas encore, en ce que les fibres de celui-ci font fi tendres qu’on les cafle plûtôt que de les féparer, au-lieu que Jorfau’elles ont acquis de la confifiance en mûriffant, on ies détache facilement les unes des autres fuirvant leur longueur. On peut aufli filer & tifier l’asbefte mûr comme l’amiante. oo CH POUT RER Si ls Amiantes & les Asbefies doivent être mis aa rang des minéraux , ou des végétaux. Gonaurs Auteurs (*) ont foutenu que l’a- miante & l’asbefte n’étoient point des foffiles, mais (*) Voyez Rieger, Lexicon AHiff. Nar, au mot aæmiantus, PHALOSOPHIQUES &c 49 mais plûtôt des végétaux. La méprife, fi c'en eft üne, eft bien pardonnabie. Ils oft pu croire fans abfurdité que des fubftances filamenteufes, flexibles & légères comme les racines des plantes, propres, comme le lin végétal, a être filées & manufaéturées cn toile, pouvoient appartenir au même regne. il eft vrai qu’elles fe tirent des montagnes, & qu’on ne les voit point s'élever au deflus de la furface du fol. Que s’enfüuit-il? Quelles pourroient être des plantes toutes en racines: feroit-ce une chofe fiétran- ge? D’ailleurs la truffe ne fort point non plus de des- fous la terre; on peut l’appeiler à cet égard une plan- te foffile. | L’amiante & l’asbefte font incombuitibles, & fe dur- ciflent au feu aulieu de s’y confümer. N’y a-t-il pas quantité de racines qui ont la même vertu, celle du Sodda des Indes, l’_/rarofaces de Diofcoride, l’Urz bilicus marinus Monfpelienfium ? C’eft un fait que g amiantes & Îes asbeftes partici- cipent plus de la Nature & des propriétés des végé- taux, que de celles des minérawx. 11 y a de la dis- crétion & de la retenue à les regarder feulernent com- me deftinés à remplir le paflage du minéral au végé- tal. On les appellera fi l’on veut, des foffiles qui fe métamorphofeñt en plantes, pour commencer le re- gne végétal, dont l’autre extrémité eft pleuplée de plantes qui s’animalifent. 55 CONSIDERATIONS TROISDEME PARTME De 1 ee à CYHUAUPECT RE XXE Sommaire des rapports organiques de la Plante | avec l Homme. Nous n’avons vu jufques-ici que des mafles fans excroiffances, des troncs fans rameaux , des corps fans membres, Les premières plantes, telles que la truf » & le noftoch, font aufi dénuées de branches, de tiges & de feuille Le champignon a des racines: fa tête, gonfic fur 4 pédicule, s’évade de tous côtés en forme de chapit * convexe en deflus, concave en deflous; cette af ière furface elt feuilletée, ou fiftuleufe ; ceft-à-”}> garnie de petits tuyaux. Les lichens fuivent iés champignons. Viennent en- fuite les plantes herbacées, les arbrifieaux & les grands arbres. Aiïnfi la matière, qui ne s’étoit montrée jufqu’à ce degré de l’échelle des Etres, que fous des formes res- ferrées fans ramifications extérieures, fait ici de ces troncs autant de centres d’où fortent progreflivement d’un côté des racines, de l’autre des branches, & des feuilles. Nous verrons, dans la fuite, les nouvelles formes que prendront les unes & les autres. Mon deflein n’eft pas de m’arrêter iei à contempler la multitude immenfe des plantes, ou la varieté infi- nice de leurs figures. Nous connoiflons un peu plus de vingt mille efpeces de plantes, & ce n’eft pas fans- doute la vingtiéme partie de ce qu’il nous en refte à connoître. Qui pourroit féulement compter le peu- ple.nombreux des moufles, des lichens, des champi- onons? Notre botanique eft peut-être à celle de la PHILOSOPHIQUES&c st Nature, comme un à cent-miile. Je me trompe; nous ne fommes pas fi avancés. La diverfité des for- mes végétales qui fait une gradation de nuances depuis le noftoch jufqu’au cedre & au fapin, n’eit pas moins étonnante. Mais ce qui doit fixer notre attention, ce font les rapports organiques de la plante avec l’homme. L’homme n’eft point une plante: la plante n’eft point un homme. J’apperçois feulement entre la plan- te & l’homme une analogie de formes & de parties qui me dit que ce font deux métamorphofes du proto- type, dont l’une, quelque éloignée qu’elle fit de l'autre, peut néanmoins l’amener paf une fuite d’al- térations, d’accroifièemens & d’approximations. Je ne veux pas dire qu’une plante puifle devenir un homme, On m’auroit mal compris fi on l’entendoit ainf. Je me fuis aflez expliqué: j’efends uniquement que le deflein d’après lequel la Naffe atravaillé le vé- gétal, peut être perfeétionné ju£S "R devenir le mode- le de là machine humaine, Mi ON à le plan de l’orga- nifation des plantes eft une va n perfectionnée du plan des machines minérales. l Je vois dans les plantes une diftinétion de fexes, & des parties fexuelles qui ne s’éloignent ne beaucoup, pour la forme, des parties naturelles de l’homme & de la femme. Les étamines, parties mâles des plan- tes, font des filets ou petites colonnes qui portent des goufles fpermatiques , analogues aux tefticules. La différence entre ces parties & celles de l’homme, con- fifte en ce que, dans l’homme les tefticules pendent au deflous & à la racine de la verge, aulieu que, dans la plante, les tefticules font au fommet ou à la tête des petites verges. Les plantes ont une femence continue dans des véfi- cules, d’où elle eft éjaculée dans un lieu propre à ia fécondation. Ce lieu eft le peftile, & ce peftile a fa bafe, fes conduits & fon fommet, qui repréfentent la matrice, les trompes & la vulve de la femme, Le fœtus plante a des filets ombilicaux, des lobes D 2 g CONSIDERATIONS qui lui fervent de placenta, & des enveloppes qui ré- pondent au chorion & à l’amnios où le fœtus humain eft contenu. Cet aflortimenit de parties fe forme, pour l’un comme pour l’autre, du fuperflu de la fe- mence. L’un & l’autre fe nourrifient, dans ce pre- . mier état, par le‘cordon ombilical. On diftingue daps l’homme le corps & les extrémi- tés: la tête, les bras, les cuifles & leurs dépendances font les extrémités. La divifion eft la même pour la plante: on y diftinguc le tronc & les extrémités qui font les racines & les branches. Il n’eft pas encore temps de voir les racines fe raccourcir, la partie infé- ricure du tronc fe divifér en deux portions égales, toutes les branches fe réunir de côté & d’autre en deux grofles feulement, mais nous pouvons remarquer en paflant, que les doigts ou ramifications des pieds. & des mains font des reftes déguifés de l’ancienne forme. Toutes les parties folides du corps humain font de deux fortes, offeufes ou charnues. De- même toutes les parties folides des plantes, les racines, les tiges, les branches, les feuilles. les fleurs, les fruits, les grai- nes, font compofées de deux fortes de corps. Les par- ties lisneulès, c’eft - à - dire les fibres & les filets répon- dent aux os. Les écorces, les peaux, les moëlles, les ulpes, les parenchymes font leurs chairs. La moël- fe végétale eft contenue dans le bois, comme la moël- 1e animale dans l’os. L’écorce de l’arbre eft compofée de trois membra- nes: favoir la fine écorce, la grofle écorce & l’épider- me. La peau de l’homme eft de- même formée ce trois membranes, la peau intérieure, la furpeau & l’epiderme. | L y a dans le corps humain deux fluides généraux, le fang & la lÿmphe. Il y a dans les plantes deux flui- des, la feve & une liqueur vifqueufe analogue à la lymphe. Si la feve ne circule point réellement dans la plante, comme le fang dans l’homme, elle ne lais- fe pas d’y avoir un cours reglé, & quelque nom qu’il PHILOSOPHIQUES&c. 53 mérite, c'eft toùjours une #4 de la circulation dy fang C*). La plante pompe par fes racines & par les pores de fs fouilles, qui font comme autant de bouches, un füc qui eft porté dans des utricules, comme dans des eftomacs. Là il fermente & fe digère: il pañfe enfuite dans les fibres ligneufes, lefquelles équivalent aux vei- nes lactées. Il eft verfé de là dans les vafes propres, analogues aux vaifleaux fanguins, où il fe montre fous la forme d’une feve colorée convenable à s’incorpc- rer à la plante. Les ramifications des vafes propres la diftribuent en efet à toutes les parties de la machine, . pour les nourrir, I! y a auffi, dans la plante, comme dans l’homme, des organes excréroires pour l’évacuation des matières peu propres à faire corps avec elle. Les feuilles de la plante font fes poumons. Leur fabftance eft fpongieufe. Elles font garnies de trachées qui lui fervent à refpirer. D’autres trachées mblables accompagnent les fibres ligneufes avec lefquelles elles communiquent, y introduifant fans cefle l’air de la refpiration pour atténuer la feve & en faciliter le mou- vement. De pareils tuyaux, tournés en fpirale, ac- compagnent dans l’homme les vaifleaux fanguins & y foufflent fans cefle un nouvel air qui fe mêle au fan pour le fubtilifer & en faciliter la circulation. Dans les plantes encore. . . mais qu’eft-il befoin de m’appeñfantir fur ce parallèle & de répéter ici ce que tant d’Auteurs ont obfervé & publié fur l’anato- mie des plantes, leur nutrition, leur accroiflement, leur génération , & les organes de toutes ces fonctions ? Les plantes vivent, elles refpirent, elles tranfpirent. Elles tranfpirent beaucoup plus que l’homme; elles refpirent d’autant plus facilement que leurs poumons font à l'extrémité de leurs membres, au lieu que les œ o . © Je prends ici le mot idée dans fa fignification propre, pour image, Voyez le Chapitre fuivant au fujet de la circulation de k feve. ? D 3 54 CONSIDERATIONS nôtres font reflerrés vers le centre de notre corps, Il ya, dans les machines végétales, une intufflufception de matière nourricière qui y eft préparée & digérée; il y a une affimilation de parties propres, & une ex- crétion de matières impropres ou hétérogènes, Les plantes ont un temps de veille & de fommeil; elles ont encore un grand nombre de nos maladies: elles font fujettes aux puftules, aux engorgemens, obftru- étions, abcès, inflammations, à la gengrene, à une efpèce de fièvre, &c. Voilà, ce me femble, un aflez grand nombre des appanaces de l’humanité. A peine les plantes pour- roient-elles en avoir davantase, fans être des hom- mes.. Ce n’en font pourtant que des ébauches bien imparfaites. © ———— ——— ———— —— CH ATERT: TROP ERREURS De Ja circulation de la Seve dans les Plantes. ° hi fuc pañle à travers les infertions (qui font des filtres frrés contre le corps ligneux ,) pour al- ler de Pécorce vers la moëlle. Dans le haut de la » racine, les infertions s’oppofènt à ce pañlage ; par- » Ce que la moëlle qui eft vis-à-vis, étant fort large, » Ja fermentation du fuc y eft très-forte, & par con- # Équent l’oppoñition qu’il fait au nouveau fuc eft as- » fez grande; mais dans le bas de la racine le fuc pale » plus facilement à travers les infèrtions, foit parce » que n’y ayant que peu ou point de moëlle; il ne » trouve prefque pas d’obftacle , foit parce que les » infertions y étant plus petites, & preflant par con- >» féquent moins les fibres du corps ligneux, le che- » min eft plus ouvert; de forte que bien que le fuc » trouve quelque refiftance, même dans cet endroit, # comme elle y eft fort petite, il nourrit en pañlant + je corps lisneux, & 1l arrive enfin dans la moëlle, ARS N \\\ ARE Ji (N 1 a == = nr NI = PHILOSOPHIQUES &c %s » 1 y entre enfuite de nouveau fuc, & celui qui cft » venu le premier n'étant plus ni trop crud, ni trop » £roffier; mais au contraire étant purifié & affiné, >» 11 s’éleve facilement dans la moëlle, comme dans #» Ja grande artère, jufqu’à la hauteur des infertions » les plus élevées. Lorfqu’il y eft arrivé, les parties » les plus volatiles continuent à monter en droite li- gne vers la tige de la plante; celles qui ne font pas » fi propres à monter ne pouvant pas aufhi deftendre, » parce qu’elles font plus légères que celles qui font » au deflous d’elles, prennent un mouvement moyen » entre l’un & l’autre, & retournent de la moëlle » dans les infertions. Elles nourriflent en paflant le » Corps lisneux,-& ce qui en refte étant pouflé par » d'autre fuc qui le fuit, va fe rendre pour la fecon- » de fois dans l'écorce qui eft comme la veine cave, » 1 y eft encore poufié en dehors par le fuc qui » Viént de la moëlle; mais étant rencontré par d’au- tre fuc qui va de la circonférence vers le centre, » il eft obligé de redeftendre vers le bas de la raci- » ne, & d’y repafler dans la moëlle à travers les in- » frtions , en fe joignant au nouveau fue qui y » entre dans la terre. Enfuite les parties les plus » Crues retournent encore de la même manière dans » l’écorce & reviennent dans la moëlle; & celles » qui fe trouvent aflez volatiles n'ayant plus befoin » de circulation, montent en droite ligne vers la ti. » ge de la plante (* ).” C’eft ainfi qu’uncélèbre Anglois, un des premiers Naturaliftes qui ont traité avec quelque méthode de l’Anatomie des plantes, concevoit la circulation de la fève: il voyoit dans les végétaux des parties analogues à la grande artère & à la veine cave. Un Médecin François, qui a fait un 77uité de l'âme des plantes, s'explique ainfi fur la même matière: (*) Anatomie des Plantes, par Mr, N. Grew, trad. de 1’An- glois, D 4 5 CONSIDERATIONS *» Un cfprit acide chargé de quelques particules de » terre, s’infinue dans la tige des plantes, où fe mé- lant avec les fucs qui montent par les racines, & » Ceux qui defcendent du réfidu de la nourriture des » parties, ils fe fermentent, ils fe cuifent enfemble, » & fe rendent enfin propres & fuflifans à nourrir la > plante. _ n Ces fucs, ainfi cuits & préparés, circulent dans » toute la plante. Sortant de la tige ils montent dans » le tronc, dans les branches & dans les feuilles; & » après avoir laiflé ce qu’ils ont de meilleur pour la » Nourriture & pour l’accroiflement des parties , le » refte qui eft inutile defcend dans la tige pour y + être cuit & préparé de nouveau, après quoi il fe » diftribue derechef däns toute la plante; de -même » que dans les animaux le fang artériel fort du cœur, » & fe diftribue dans tout le corps qui retient ce que » le fang a de propre pour l’entretenir, & renvoie le > refte au cœur qui, après lavoir préparé, le poufe » de rechef vers les parties, & entretient par ce moyen » une circulation continuelle. __» Cette doctrine n’eft pas moïns füre pour étre #» nouvelle (en 1685. ); il eft bien aifé de le démon- Nn trer, puifque les raifons qui prouvent A le fang » Circule dans les animaux, établiffent auiñ la circu- » lation de la fève dans les plantes; en voici quel- 9) ques-unñes. à | » I, Le flux inévitable & continuel de la fubftance » de tout ce qui f nourfit a befoin d’être prompte- » ment & continuellement réparé. » 2. Cette réparation ne peut fe faire que par un y» fuc cuit & préparé par les parties deftinées à cet >> Ufage. Ven $ : » 3. I eft impoffible que cette préparation, fi im- » portante & fi difficile, fe fafle la première fois, puis- >» que.le.fuc ne s'arrête qu’un moment dans les par- » tes ; il faut donc qu’elle f fafñle à pluñeurs re- 9 prifes. , sf 4 Dans la nourriture la partie inutile eft toû- PHILOSOPHIQUES&C 57 » jours féparée d'avec l’utile, & par conféquent la » partie inutile doit être renvoyée aux parties qui » peuvent la rendre utile, en lui procurant les bon- » nes qualités que toute la mafle avoit avant que la » portion utile en eût été féparée. » Toutes ces conditions qui rendent la circulation » néceflaire aux animaux, fe rencontrent dans les » plantes; leur fubftance fe diffipe commeceile desani- » maux, elle eft réparée, comme dans les animaux, » Par la nourriture où le bon eft féparé d’avec le » mauvais, l’utile d'avec l’inutile; enfin la tige eft à » la plante ce que le cœur eft aux animaux; tous les » deux reçoivent & donnent, tous les deux préparent » & digerent. » On m'objeétera peut-être que les organes de la » Circulation paroifient évidemment dans les ani- » maux, qu’il n’en eft pas de-même des plantes. Je » féponds à cette objection que, comme il y a des » Animaux Où les vaifleaux paroiflent diftinétement, » & d’autres moins parfaits (tels que font la plüpart » des infctes ) où l’on ne voit non feulement ni vei- » nes ni artères, mais dans lefquels on ne diftingue ni » Cœur ni foie; on peut dire aufli qu'entre les plan- » tes il y en a où les organes de la circulation font » diftinéts & vifibles, comme les vieux chênes dans » l'écorce defquels on trouve de gros & de petits fi- > lets, & d’autres où les vaifleaux & les routes font » Cachées & inconnues, Si l’on veut que la nourri- > ture des inféétes circule, & qu’ils aient des organes » diftinéts comme les animaux parfaits, parce que les » fonctions de ces animaux fourniflent des conjectu- » res de l’exiftence de ces organes; ne pourrois-je pas » dire la même chofe des plantes où il ne paroît point » de vaifleau C*).” On pouvoit rañfonner ainfi dans le dernier fiécle, di- *) De l’âme des Plantes, par Mr. Dedu Docteur en Medecine de la faculté de Montpellier, D 5 x® CONSIDERATIONS ront les Naturaliftes du nôtre; mais des obfervations plus récentes prouvent inconteftablement qu’il n’y a point de circulation de la feve dans les plantes, J’en conviendrai aifément avec eux, En rapportant les deux pañfages qu’on vient de lire, je n’ai eu pour but que de faire voir jufqu’où l’analosie entre la plante & l'animal avoit été portée il y à longtemps. | Il n’y a point de circulation proprement aiïte dans les plantes: il n’y en a qu’un efla, lequel fe perfe- étionnera d’abord dans les inféétes par le moyen d’ug long vaifleau qui ne fera pas un cœur, mais qui fe contraétera & fe dilatera alternativément comme le cœur. Quelques échellons plus haut, ce vaifleau , ou orande artère, prendra une forme pyramidale ; ce cœur ébauché n’ayant encore qu’une oreillette; il n’y aura auffi qu’une circulation imparfaite. Enfin ce cœur acquéfant fucceffivement deux ventricules, deux oreillettes, & un grand nombre de vaifleaux, la cir- culation complette aura lieu. ee nes SSP à C H À P:I.T R E,xXXxVI INavci fingulier repréfèntant une femme (Foy, Plan- che IV. Fig, 1. L. navet monftrueux, dont on donne ici la defcri- ption & la figure, a été trouvé tel qu’on le voit, dans un jardin au lieu nommé Æ#eiden à deux miles de Ju- Lers, fur le chemin de Bonn. L’herbe, ou, pour mieux dire, les feuilles qui font pour l’ordinaire au haut du navet, repréfentent en celui-ci des cheveux drefés en haut, & forment un panache des plus beaux & des mieux garnis que l’on puifie voir. Au defous de ce panache, la Nature a formé une tête avec des yeux, un nez, une bouche, des levres & un men- ton. On y voit même le fein bien marqué, la poitri- ne entière; & les racines qui fe trouvent ordinare= PHILOSOPHIQUES &c. 59 ment dans cette efpece de plantes, font ici tellement difpofées qu’on croit voir des bras & des picds, Ainf tout le navet repréfente une femme nue, aflife fur fes pieds, à peu près à la manière des tailleurs, & ayant les bras croifés au deflous de la poitrine (*), Je laïfle aux Philofophes à expliquer, s'ils le peu- vent, comment la fubftance de ce navet a pu prendre une forme fi fingulière. Pour moi j’admire les erreurs de la Nature, fi l’on peut dire qu’elle fe trompe quel- . quefois, Ses écarts font pour nous une fource d’in- ftruétions. On diroit , en contemplant cette produ- “tion fingulière, que la Nature voulut effayer fi la for- me humaine pourroit s’aller avec la fubitance végé- tale & comment elles figureroient enfemble. Ce que je difois dans l’inftant (jf) de la réunion des branches & des racines pour faire des bras & Ges pieds , commence à fà réalifer dans ce navet. La mé- tamorphofe eft bien avancée. On voit qu'elle n’a pas mal réuff pour un premier eflai, a — — nt ns . MAO AA PRET: RER S-XTXIS: Champignon repréfèntant Jix figures bumaines (Foy. Plancbe IN. Fir. 2.) L: champignon extraordinaire mérite de fervir de pendant au navet dont on vient de parler. Il fut trou- vé par un payfan en 1661, au pied d’un arbre, dans la forêt d’Altdorff, . Il repréfente aflez au naturel. 6x figures humaines plus ou moins bien deffinées. I y en a füurtout une, dont la tête de profil fait voir un œil, lenez, la bouche & le menton auffi exactement *) Voyez le Journal des Savans, année 1677, Ci-devant Chapitre XXXVI. 6c B'ON'S ED ERA T ER NES travaillés qu’ïs pourroient Pêtre par une main habile, Les cing autres figures ne montrent que le dos (*). CNRS LC ACTES CORSA AUS STE MONER TENEEPIRER PIERRE SOLS CSETEE Re en ) mt CHAMP TR ER Mandragore repréfèntant la figure d'une femme. Es productions étranges me font fouvenir d’avoir lu quelque part qu’en 1687 on trouva, fous une po- tance aflz près du grand chemin, une mandragore qui avoit la figure d’une femme auffi bien formée par la Nature, que fi l’Art y eût travaillé, que cette mandragore fut préfentée au Roi Louis XIV. qui Pa- cheta, & en fit graver une belle eftampe , laquelle doit fe trouver dans la troifiéme partie des Mémoires € Eflampes pour féroir à P Hifioire des Plantes de Do- dart (t). La relation de cette mandragore elt conte- nue dans une lettre d’un nommé Mr. de Jolly en date du 4 Mai 1687. c’eft tout ce que j’en fais, n’ayant vu ni la relation, ni la figure de ce phénomène, Rave ayant la forme d’une main bumaine. Cr rave ne paroîtra pas fort fingulière, après ce qu’on a rapporté dans les Chapitres précédens. El- le repréfente une main humaine très bien formée: on voit fur le pouce la trace d’un ongle de grandeur na- turelle. Les feuilles arrangées autour du poignet, com- pofent une efpece de garniture qui imite une manchet- te. On en peut voir la figure dans le Journal des Sa- vans année 1679. (*) Journal des Savans, année 1678. : Paris zzo1, de l’Imprimerie Royale, in fol, { 2 PHILOSOPHIQUES &e 61 mere va cs or C-UH:-A) PO T RE ALIL Les Zoopbytes, on Plantes animals (*). Anfédes aquatiques, ee M Nature travaille au fond des eaux des corps _tendres & mollafles, d’une fubftance muqueufe orga- nifée, couverte d’une peau plus ou moins délicate. Ce font les Zoophytes, peuple nombreux & varié, par lequel elle s’éleve du regne végétal au regne ani- mal. Nous avons dit que les amiantes & les asbeftes étoient des pierres métamorphoftes en plantes. Quel- (*”) On appelle de ce nom certains poiffons , ou animaux aqua- tiques , privés de fang, qui tiennent de la plante & de l’animal : ce font l’Ortie de mer, nommée, en Latin Urtica, parce que; quand on la touche, elle brûle & pique comme les orties ; le Poumon marin, en Latin Pulmo marinus, qui a la figure de nos poumons ; l’Aolothurie ; appellé en Latin Holothurium 3 la Tethye nominée en Latin Terhya ou Tethæea, qui eft une efpece de co- quillage & dont quelques Naturaliftes comptent fix différentes éfpeces ; la Jerge marine, en Latin Mentula marina; la Pomme de Grenade, Malum Granatum >; le Chempignon marin, en Latin Lungus marinus ; la Poire marine, Pyrum marinum; V'Aile où le Plume de mer, en Latin Perna marina, qui brille la nuit ; le Rai- fin de mer Uva marina; la Pomme folle de mer, nommée en Latin Melum infanum marinur:; a Main de mer, Manus marina; & le Concombre marin, en Latin Cucumer marinus. Noilà les efpeces de Zoophytes rapportées par Aldrovande & après lui par Ruyfch qui l’a copié. On voit que ces poiflons tirent leurs noms de leurs figures. Ces Naturaliftes n’ont point parié des diverfes efpeces de Polype, parce que le Poiype n’étoit pas encore connu de leur temps. M. Limæus (Syf. Mat, Edit, 6. p. 72.) divife les différentes æefpeces de Zoophytes en plufieurs genres : favoir, fous le nom d'Amphitrite il comprend Ædamus marinus ; fous celui de Tethys, le Tethya & l’Holothurie; fous celui de Mereis, la Scolopendre marine ; fous celui de ZLimax ,les différentes efpeces de Limaces, - comme la Lémace noire qui fe trouve dans les bois, la Zimace roufle qui fe trouve dans les lieux ombragés, la Limace cendrée æaœlende commune dans les lieux humides d’Oelande, une autre petite Limace cendrée qui fe trouve dans les près & dans les jar- dins parmi les plantes potagères ; une autre Limace jaune & ta- chetée qui fe trouve dans les lieux ombragés & parmi les plantes, 62 CONSIDERATIONS ques Zoophytes pourroient être appellés des plantes métamorphofées en animaux. Parmi ces plantes animalifées je vois de petits arbres touffus. Lu tronc s’élevent piufeurs branches; ces branches en pouflent d’autres qui fe ramifient encore. Ces branches fonc tout-à-la-fois des bouches, des jambes & des bras Le polype qui les poñède s’en fert à marcher, à fe faifir de fa proie & à l’avaler. L'intérieur ne montre à l’obférvateur que des vais- feaux féveux, des utricules & des trachées, comme dans les plantes: je puis bien dire 45 vaifféaux féveux , puifqu’une caracteriftique de cette efpece d’animaux, eft de m’avoir point de fang. Les Zoophytes bianchus ou rameux font les plus nombreux. On en connoît cependant d’autres efpeces dans qui la Nature a fupprimé les extrémités. Elle leur a donné, en revanche , une organifation inté- rieure, un peu plus avancée vers celle des grands ani- maux. Les vers d’eau douce, par exemple, dont le corps eft formé d’une füite d’anneaux , ont, je ne dis pas un cœur, mais un très grand nombre de pe- tits cœurs, mis bout-à-bout, dont chacun. a fon mouvement. alternatif de dilatation & de contraétion pour recevoir le fluide & le chafler de l’un à l’au- tre, & de plus un bel aflortiment de vaifieaux & de veines. Au deflous de cette continuité de pe- à rame Le favant Naturalifte Suédois comprend fous le nom de Lernæa, le Lièvre marin, un petit infecte de mer qui fuce le fang, & un petit poifon blanc, qui fe trouve dans les lacs bourbeux de Sue de, où il eft appellé Reda. Ce poiflon nommé par M. Linnæus (Faurie Suec. p: 122, n. 322.) Cyprinus pinne ani officulorum vi- ginti, lined laterali reût4, cit le Charax de Gefner, le Cyprinus atus alius des. autres Naturaliftes ; & le Carafius de Ray. Les autres Zoophytes, felon M. Linnæus, connus fous différens noms, font ceux qui fuivent : il comprend fous le nom #/{ydra, lHydre nommée vulgairement Polype; fous celui de Sepie, la Se- che & le Corner: fous celui de ZYiton, le Triron; fous celui de Salacia le Physpelusz fous celui d’Aphrodita, où Mus marines, l'Aphrodite, efpece de chenille de mer; fous celui de Medufa, l’Ortie de mer, le Poumon marin, VOrtie chevelue, & V'Ortie Afiro- phyre; fous celui d’#ferias, les différentes efpeces d’Ætoiles de PHILOSOPHIQUES&, 6; tits cœurs eft un conduit inteftinal dont les portions d’un diamétre inégal font les fonétions de l’æfophage, de l’eftomac & des inteftins. Avant que. de fuivre plus loin la progreffion des formes organiques, arrêtons nous un moment à con- templer extérieur de quelques Zoophytes. Nous y verrons de nouveaux modèles des mains, des pou- mons, des reins & des parties fexuelles de l’homme, La N:ture a femé les formes humaines le long de Péchelle des Etres: nous en trouvons quelques - unes prefque à chaque degré ? mer, & la Comete marine; & fous celui d’Echinus, toutes les différentes efpeces d’Ourfins de mer. M. Donati (dans fon Æiffoire Naturelle de la Mer Adriatique p. 54.) divife la claffe des Zoophytes en deux légions particulières. La premiere contient les Zoophytes immobiles ; ce font ceux qui ne peuvent pas fe tranfporter d’eux-mêmes d’un lieu à un autre, Cette légion eft divifée en trois centuries : la première comprend les Zoophytes dont la fubftance eft entièrement charnue: la fe- conde centutie embraffe les Zoophytes qui font compofés de deux fubftances dont l’une eft molle & charnue, & l’autre ferme & tend'neufe : la troifiéme centurie eft pour les Zoophytes qui font charnus & offeux. La feconde légion contient les Zoophytes mo- biles ou qui ont la faculté de fe mouvoir & de fe tran{porter d’un Lieu à un autre. Diéfionnaire des Animaux. On découvre tous les jours de nouveaux Zoophytes, 4, CONSIDERATIONS PRE PRES E MP CVLS EESQ MINE CESSER: QU TE PERS CEE — © —— 2 —— Re ———— QUATRIEME PARTIE. RER CORRE: EUX DEMI ——— —— a > —— SES DA CYR L ne CEHPANES TI T RECENSE De quelques formes du corps humain ébauchées dans &s Loophytes. La Main de mer, M marina, la Man de met ou delarron eft un Zoophyte mou & rameux qui à la figure d’une main, non pas aufli reffemblante que la rave du Cha- pitre XLI, afflez néanmoins pour lui en avoir fait don- ner le nom par les Naturaliftes. C’eft | Alcyonium rameux, mou, dont les famifications font en forme de doigts, & qui eft entiérement étoilé. Alcyonium ramofo-digitatum, molle, afcériflis un- dique ornatuin. CE ges — "à Ce HCA: PDT RSE XL Le Poumon marin. LT, autre zoophyte couvert d’un cuir dut eft ape pellé poumon marin, parce qu’il refflemble au pou- mon humain, tant par fa forme extérieure que par fa ftruéture interne. Pulmo smarinus dicitur ita Del à puimonum snoftrorum jigur®, vel ab eorumdem [ubfantià dax € molli, foraminulis plen& (*). C H A- (>) Ruyfch. De Exanguibus aquaticis Lib, IV. De Zoophytis feu Plant-animalibus Cap. I PHILOSOPHIQUES&C 6s DRE SPP SITE EMPIRE CROESERENNE CAESSNIENSMR EEECTIIE ©PPTRENNEN SENS IIS EL a qe en CH. APDeI LT UR EL Le Rein de mer. C. zoophyte , connu depuis peu de temps, a la forme d’un rein comprimé. Voyez en la figure & la defcription dans le Livre cité au bas de la page C(# ). BETETE) AONPOORRUVE MERURONTNEENENEE GENSNPEEENER ENS EXEBIA SRES Où PRESS) LES ÉERIX ESS CERETREERFEN Re Se me A ee CAR AS PAT TRS RX EE VIT. Des Holtburies où Verges marines ; en Latin Ho- lothurium. L y a plufeurs efpeces de verges marines qui ont plus ou moins de reflemblance avec le membre viril: ce qui leur a fait donner, par les Auteurs Grecs le nom de Bopas, Genitura. 1. Première efpece. Mentula marina. La première efpece refflemble prefque au piftile d’u- ne fleur: car on y voit comme une petule & un cali- ce qui fortent de fa partie fupérieure. Elle n’eft pas auf belle que la füivante. Elle a pourtant mérité d’être appellée entula marina. 2. Seconde efpece. Epipetrum. La partie antérieure de celle-ci reffémble parfaite- ment à l'extrémité du gland de la verge découvert. On y voit l’ouverture du conduit de lUrethre, qui eft la bouche & en même temps l’anus de Panimal, Sa fubftance eft tendre, molle & polie à cette extré- mité, mais ridée fur tout le refte du corps dont l’au- C*) De la Nature, Tom, IV. FEAT JV. Fig. 3, 66 CON S'I D ERSATIONS tre bout fe termine en cône obtus. Cette verge ma- rine eft-connue des Naturaliftes fous le nom d’epipe- trum. On en voit la figure dans le grand Ouvrage de Seba qui en avoit l'original dans fon cabinet Ç*). 2. 7roi/iéme efbece. Mentula alata. Il yen a une troifiéme efpece, forte de pañnache de mer, dont la partie fupéricure eft garnie d’un rang de plumes de chaque côté, qui font les bouches ou fu- ço ïs-de ce zoophyte; & dont le bout nud, lifle, mol- lafe & percé d’un trou à l’extrémité, montre quel- que conformité avec le membre vilir; ce qui lui a fait donner le nom de wentula alata piftatorwm. OZ CDRCRRSEEERE RE CRENA PAT RÉE, XIH Champignon tharin dont la partie Jupérieure repréfen- te la vulve d’une fèmme. 14 même clafle des animaux marins qui nous a donné la repréfentation d’une verge, nous offre ici celle de-la vulve d’une femme. Ce zoophyte eft une forte de Champignon de mer: du moins voici comme Jes Auteurs le nomment & le caraétérifent. Æungus, pileolo lato orbiculari , candicans, marinus, Juperna parte véram vulve muliebris Jormam gerens (F). Ceux qui trouveront cette ébauche un .peu groffiè- re, doivent fe fouvenir que c’eft la féconde feulement, qu’elle’eft déja plus reffemblante que la première dont fous avons fait mention, & que la mer novs en four- nira une troifiéme plus parfaite, dans les coquilla- ges CG). D On retrouve ls même figure dans le Livre de la Note pré- cédente. Planche VI fig. 1. (t) Voyez en Ia figure dans le Livre intitulé 4e Z4 ANarure, Tome IV. Planche VL fig, 2. (S) Nous en parlerons bientôt, Chap. LI. A ——" ——— —————————— —————"—“Û ——° <—————"——— ms CINQUIEME PARTIE. y CAN MNE. À E XLVHE Des Infèües terrefires: 1e Zoophytes, qui font des inféétes aquatiques, nous conduifent aux infétes terreftres. Le pañage des uns aux autres eft marqué par le rapport des vers d’eau douce aux vers de terre. Quand on entre dans ce qu’on appelle l’empire des animaux; on fe croit tranfplanté dans un nouveau monde. On fe trompe; c’eft le même regne qui prend d’autres formes: c’eft le même plan d’être avec des variations différentes. Ces différences qui paroiïflent fi grandes lorfqu’on les confidère dans des dégrés éloi- gncs, font à peine fenfbles dans les points de contaét. Le monde animal à des habitans branchus & en- racinés dont les vifcères ne different de ceux des plan- tes, qu’autant qu’il faut pouf n’en être pas la répeti- tion, &quiont l’admirable propriété végétale de multi- plier de bouture ou par rejettons, de pouvoir être greffés; enfin de # redonner les parties; qu’on leur ôte. Soit qu’ils n’aient que des vaifleaux féveux, des utricules & des trachées à la manière des végé- taux, foit que l’Etre en s’élevant ait changé cette fimplicité de vifcères en une organifation un peu plus compofée, en leur donnant un cordon de petitscœurss & un fac membrancux en forme d’eftomac; foit qu’ils aient des membres ou qu’ils n’en aient point, les or+ ganes effentiels à la vie y font fi muültipliés & telle- ment répandus dans toute l’habitude de leur cofps awils ont autant de cœurs ; d’eftomacs & de véficules pulmonaires qu'il y a de ES daps leur fübftance; 2 68:40 N S LD ER ANT TD N1B deforte que chaque portion étantun abrégé du tout, ils confervent, fous l’une & l’autre forme, cette facultéde fe reproduire par leurs parties coupées, & de fe réin- tégrer, de quelque manière qu’on les mutile. Les polypes, les orties & les étoiles de mer, les vers apo- des %& les mille-pieds, les tænia & les vers de terre, & beaucoup d’autres jouiflent de cet avantage. En comparant en général l’intérieur des infectes à celui des plantes, on reconnoît que la moëlle fpinale, ce tronc principal des nerfs, avec fes nœuds, cft une métamorphofe de la moëlle végétale: que la longue artère qui fe contracte & fe dilate, avec fes veines & vaifleaux a remplacé les vafès propres & les autres vaifleaux féveux & leurs ramifications; que le fac in- teftinal efti une réunion des utricules en un feul boyau. La fève n’eft pas encore changée en fang. Quant aux trachées, elles fe trouvent parfaitement femblables dans les infcites & les plantes, avec même ftruéture, même ufage & même diftribution: car les infeétes ont auffi leurs poumons à l’extérieur, foit à la tête, fur le corcelet, le iong des côtés, à la partie poftérieure, ou même au bout d’une corne. Ce font les ftigma- tes, ouvertures exteïnes qui repondent à autant de troncs ou de paquets de trachées (* ). L’écorce, tantôt unie & tantôt raboteule, eft deve- nue un cuir dur, ou une enveloppe écailleufe qui re- couvre certains infectes entiérement ou en partie. La tige garnie de nœuds repréfente afñez bien le corps cylindrique des vers formé d’une continuité d’anneaux. Ce cylindre divifé en trois parties inégales par deux (*) Les ftigmates font des ouvertures en forme de bouche , que lon voit à l'extérieur des infeétes. Ce font leurs ‘poumons ou organes de la refpiration, comme les ouvertures extérieures des trachcées dans les plantes. Un caractère effentiel des infeétes eft qu’ils ne refpirent pas l’air par la bouche, mais qu’ils le pom- pent & l’exhalent par les fligmates dont nous parlons. La dif- férence n’eft ‘que dans le nombre & la place. Les mouches les ont fur le corcelet & les anneaux; le vers à foie & les autres infectées de fon cfpece en ont dix-huit le long des côtés du corps; PHILOSOPHIQUES &c 6a étranglemens, donne la tête le corcelet & le ventre. Les formes faillantes ne font guère plus altérées. La métamorphofe des racines en pieds plus ou moins nombreux (*)) eft fenfble. Le pied du limaçon eft un paquet de racines muftulaires. Suppolez les rac- courcies & diftribuées par paires fous le corps de l’a- nimal dans la longueur, vous aurez un polypode. Le nombre des pieds diminuera; il$ changeront de figure , & en pañlant par ces mutations diverfes ils prendront des crochets, des pinces, une corne, puis des ongles. | Voyez les chenilles épineufes, dont 1l y a tant d’e- fpeces. Elles font chargées d’une forêt de branches en forme de buiflons. Voilà des Etres d’une nature fin- gulière: des buiflons ambulans. De véritables pieds fervent de racines à des arbrifleaux, dont le tronc cft le corps d’un animal. Les ailes font les feuilles des infectes ; ils en ont deux ou quatre, mais elles font ordinairement très grandes relativement au volume de leur corps, defor- te que la grandeur compenfe le nombre. On remarque à l’extrémité antérieure des vers, une petite ouverture circulaire; c’eft le premier rudiment d’une tête qui commence par la bouche. Elle fe gar- nit fucceffivement de petites fcies, d’une trompe, d’un aiguillon. Ces piéces préparent & annoncent le bec des oifeaux & les machoires des grands animaux. Les yeux entrent comme partie eflentielle dans les nouvelles variations du prototype: ils y font même d’autres en ont jufqu’à vingt. Il y a des vers qui portent leurs poumons au bout d’une corne. Ces ftigmates fe prolongent & fe ramifient en dedans du corps en une infinité de petits ca- naux formés de fibres fpirales outrachées qui portent l’air dans toutes les parties de l’économie animale; cet air reflort enfuite par les pores de la peau, comme dans les plantes. (*) Les infectes ont fix, huit, quatorze pieds & davantage. Quelques-uns en ont un fi grand nombre qu’on les appelle ceuf- Pieds j & mille-picas, L A 3 7% PONSIDERATIONS prodigieufement multipliés (#*). Ils compofent une petite mafle demi-fphérique fur chaque côté de la tête. On s'étonne qu’avec deux yeux nous voyions les objets fimples. Cette PE de la vifon eft bien plus étrange dans les infeétes qui ont des milliers d’yeux. Ici la Nature fe joue du principe de la moin- dre aétion, en multipliant les moyens pour un feul & même effet. Quelque chofe de plus remarquable encore c’eft le foin qu’elle a pris de couvrir ces yeux de poils deftinés, comme les cils des nôtres, à dé- tourner une trop grande quantité de rayons de lumié- re, qui nuiroient à la vue en caufant un éblouifie- ment. Cet organe eft prefque parfait dès la première ébauche. Il ne lui manque que de la mobilité. ” Si les yeux des infectes ne font pas mobiles, leur têre l’eft à un tel point dans plufeurs efpeces, que la forme n’en ceft pas conftante, puifque l’animal peut Vallonger & la raccourcir, la reflerrer & l’enficr; en (*) Les plus grands obfervateurs microfcopiques n’ont pas manqué d'étudier la ftruéture fingulière de ces yeux, Ceux des mouches, des fcarabées, des papillons & de divers autres infeétes , ne ‘different en rien d’effentiel. Ces yeux font tous à peu près des portions de fphère, leur enveloppe extérieure peut être re- gardée comme la cornée. Elle a une forte de luifant qui fait voir fouvent des couleurs aufli variées ‘que ‘celles ‘de l’arc- en - ciel. Ælle paroît , à la fimple vue, unie comme une glace, mais lors- qu’on la regarde à la loupe, elle paroït taillée à facettes comme des diamans ; ces facettes font difpofées avec une ‘régularité ad- imirables ; & dans un nombre prodigieux. ‘'Leuwenhoek a calculé qu’il y en avoit 3181 fur une feule cornée d’un fcarabée, & qu’il ÿ en avoit plus de 800 fur chacune de celles d’une mouche. : Ce qu’il y à de plus merveilleux ; c’eft que toutes ces facettes font vraifemblablement autant d’yeux; de forte qu’au lieu de deux veux que quelques-uns ont peine à accorder aux papillons, nous devons leur en reconnoître {ur les deux cornées 34650 , aux mou- ches 1600, & aux autres plus ou moins, mais toûjours dans un nombre aufi furprenant. Le même Naturalifte a pouflé l’art de Panatomie de ces petits animaux, jufqu’à faire voir que Chaque facette eft un cryftallin, que chaque cryftallin a tout ce qui faut pour faire un œil complet, & furtout que chacun a fon nerf ‘Optique, : ” | ‘" Malgré ces milliers d’yeux qui compoñfent les deux orbites, ls plüpart des mouches en ont encore trois autres, placés en trian- gle fur le tête, entre le crâne & le cou. Ces trois yeux qui font PHILOSOPHIQUES. &e I nn mot la faire difparoître & reparoître à fon gré. Ces infectes, acephales, quand ils veulent, feroient-ils des modeles de ces hommes fans tête dont parlent plufieurs Auteurs Grecs (*). Les organes de la génération, cachés & peut-être fupprimés dans certains Zoophytes, fe remontrent dans les infectes terreftres avec tant de fafte que plu- fieurs réuniffent les deux fexes. Nous avons vu que les plantes avoient aufli leurs hermaphrodites, DRAP I TRI ALIS Les Coquillages, HE s inféctes à écailles font voifins des infectes à co- quiiles. Les teftacés ne font, aux yeux de plufeurs a auî@i des cryftallins, ne font point à facettes , mais liffes & reffem- blants à des points. Ces différentes groffeurs des yeux dans. le même infeéte, les différentes places accordées aux uns & aux autres, font préfumer avec quelque vraifemblance ; que la Nature a favorifé les infeétes d’yeux propres à voir les objets qui font près d’eux, & d’autres pour voir les objets éloignés; qu’elle à, pour ainfi dire, pourvus de microfcopes & de télefcopes. Di&fion- naire dHiftoire Noturelle, au mot Zr/feîte. (*) Cependant, ces hommes acephales pourroient bien être des hommes fabuleux. Aule-Gelle, qui en parle d’après plufieurs Au- teurs Grecs, né paroît pas fort convaincu de leur exiftence. Pline (Aift. Nat. Lib. V. Cap. VIII) dit que l’on croyoit communément que les Blemyes n’avoient point de tête, & qu’ils avoient les yeux, & la bouche attachés à l’eftomac ; mais il ne fe rend pas garant de cette opinion. Vopifcus, en décrivant le triomphe d’Aurelien, met des Blemyes au nombre des captifs qui fuivoient le char; il dit que Probus fubjugua cette Nation, & que le Peu- ple Romain regarda avec étonnement des hommes fans tête. Le témoignage de Vopifcus n’eft pas fuffifant pour accréditer un phé- nomène fi étrange. L’Auteur du 37me. Sermon aux Frères du defert, racconte qu’étant allé précher en Ethiopie, il y vit des hommes & des femmes qui n’avoient point de rête ; & qui avoient les yeux à l’eftomac. De Laet parle de certains hommes qui ont le cou extrémement court & la tête enfoncée entre les épaules. Iifloria Medica de Acephalis. Autore Marça Mappo. M. D, Profés- fore & Archiatro Argentinenf, d E 4 72 CONSIDERATIONS Naturalifies, que des vers de mer, de rivière, où de terre, logés dans des coquilles univalves, bivalves,ou multivalves (*). Si la matière des écailles d’un fcarabée venoit à fur- abonder, toutes les piéces s’uniroient pour former une feule taie dans laquelle l’animal feroit obligé de fe reflerrer, & vous auriez un limacon. Les mouve- mens qu’il fe donneroit en fe roulant fur lui-même, tourneroient fà coquille en fpirale: fes pieds dépouil- lés de leur enveloppe écailleufe réunie à la coque, de- viendroient un ou plufeurs mufcles par où il y adhé- reroit. Les antennes fe changeroïient en cornes au bout defquelles féroient placés les yeux. Il conferveroit quelques trachées avec leurs ftigmates : les autres commenceroient à fe transformer en quatre petites ouics, &tc, . Pexplique dans un Etre particulier comment a pu fe faire la métamorphofe du type Général. ES DIE OMS CRE EEE TITRES SIP EST AE SEE TN mo —— Cy A AC PETER, Br UE Buccin appellé Oreille de mer. Auris marina, n connoît le buccin appellé Orei/e, parce ‘qu’il en a la forme. Ilaété décrit par Lifter, Rumphius & d’autres ; mais les figures qu’ilsen ont données m'ont paru au deflous du Naturel; ce qui m’a engagé à en faire graver une autre d’après l'original confervé dans un des plus beaux Coquillers que l’on puifle voir (f). Voyez Planche II. Fig. 3. (*) Mr. Linnæus les met dans la claffe des vers, CT) Celui de Mrs, PHILOSOPHIQUES&«, 72 RE ES PE SR € HSsATBRANCST NORMRET Conque de Venus. Concha Vencrea (Planche II. Fig. 4.) D le nom que l’on donne à une coquille bi- valve de la famille des cames. Elle eft prefque ovale, voutée, fillonnée tout autour par des lignes parallè- les. Le devant de la coquille repréfente la vulve d’une femme, d’une manière beaucoup plus parfaite que les autres modeles rapportés ci-deflus (*). Cette partie eft d’un beau rouge. Les levres femblent un peu écartées & l’on croit voir quelques apparences du clitoris & des nymphes. Elle eft garnie tout autour de piquans plus ou moins forts & un peu recourbés. En fuivant }’analogie de la repréfentation ,on ies prendroit pour des pinceaux de poils ainfi arrangés. On ne doit pas être furpris de l’attention de la Na- ture à multiplier les modeles des parties de la généra- tion, vu l'importance de ces parties. Nous ne fom- ‘mes encore qu’aux petits animaux, & déja elle a eflayé toutes les manières de reproduction que nous connoifions, Par une magnificence admirable, elle en a réuni plufeurs dans un même individu. Le Polype eft un prodige à cet égard. L’hermaphrodifme de cer- tains coquillages eft peut-être auf fingulier, 6: "REA Boul PURE LIL De ? Hermaphrodisme de quelques Coquillages. ANS quelques coquillages, le fexe eït diftingué ; C*) Chap. XX. & XLVII Or 54 CONSIDERATIONS il y a des individus mâles & des individus femelles, Dans d’autres, les deux fexes font réunis ; tous les individus font hermaphrodites. ; : On peut, fuivant les curieufs obfervations de Mr. Adanfon que je vais copier , diftinguer trois fortes d’hermaphrodifme dans les coquillages 1. Celui au- que! on n’apperçoit aucune des parties de la généra- tion, particulier aux conques. 2. Celui qui, réunis- fant en lui les deux efpeces des parties fexuelles, ne peut fe fuffire à lui-même, mais a befoin du con- cours de deux individus qui fe fécondent réciproque- ment & en même temps, l’un fervant de mâle à l’au- tre, pendant qu’il fait à fon égard les fonétions de fe- melle: cet hermaphrodifme fe voit dans les limaçons terreftres. 3. Celui qui, poflédant les deux efpeces de parties génitales, a befoin de la jonétion de deux individus, mais qui ne peuvent fe féconder en même temps, à caufe de l'éloignement de leurs organes. Cette fituation defavantageufe les oblige de monter les uns fur les autres pendant l’accouplement. Si un in- dividu fait à l’égard de l’autre la fonction de mâle; ce mâle ne peut être en même temps fécondé par fa femelle, quoique hermaphrodite; il ne le peut être que par un troifiéme individu qui fe met für lui vers les côtés en qualité de mâle, C'’eft pour cette raifon que l’on voit fouvent un grand nombre de ces ani- maux accouplés en chapelet les uns à la queue des au- tres. Le feul avantage que cette efpece d’hermaphro- difme ait fur les limaçons dont le fexe eft partagé, c’eft de pouvoir féconder, comme mâle, un fecond indivi- du, & être fécondé en même temps, comme femelle, par un troifiéme individu, Il ne leur manqueroit plus, felon les reflexions de Mr. Adanfon, pour réunir tou- tes les efpeces d’hermaphrodifines, que de pouvoir fe féconder eux-mêmes, & être en même temps le père & la mère d’un animal. La chof, ainfi que l’obferve ce favant Académicien , n’eft pas impoflible, puifque plufieurs font pourvus des deux organes néceffares; & peut-être quelque obiférvateur y découvrira-t-1l un PHILOSOPHIQUES &e 7% jour cette forte de génération qui ne doit pas nous pa- roître plus étrange que celle des conques, des poly- pes, & de tant d’autres animaux femblables qui fe re- produifent fans accouplement fenfible, & fans aucun des organes requis dans les autres animaux pour opé- rer la génération. Dans les limaçons, dont le fexe eft partagé, l’onverture de l’organe eft placée fur la droi- te de l’animal. Dans les hermaphrodites de la fecon- de efpece, les parties maftulines & les parties femini- nes font unies enfemble: elles ont une ouverture commune qui fe trouve fur le côté droit, à lorigi- ne des cornes. Dans les hermaphrodites de Ia troi- fiéme efpece, chaque organe a fon ouverture diftin- guce: l’une à l’origine des cornes, & l’autre beau- coup au deffous. | _ Il y a des plantes dont les parties mafculines naiffent & croiflent naturellement inférées dans les parties fé- minines, Voilà l’efpece d’hermaphrodisme, qui man- que aux coquillages, réalifé dans d’autres Etres. Mais ces différens hermaphrodismes, qui ont fi bien réuff dans les degrés de l’échelle que nous avons parcourus jufques-ici, la Nature les tentera en vain dans les rene fupérieurs, comme nous le verrons dans la uite. 16 CONSIDERATILONS CH A PE T RE TILL Pafage des Animaux Téeflacés aux Cruflacés. Le Cancre nommé vulgairement. Le Soldat ou Bernard ’Hermite. Cancellus macrourus, cauda molli tefta cochleæ inclufa, chela dextra majore. Linn. Syft. Nat, À teftacés fuccedent les cruftacés qui font, comme eux, des infeétes marins ou fluviatiles (* }. Le coquille pierreufe des premiers eft attenuée & ramollie pour former aux féconds une enveloppe un peu moins dure. L’animal a pouflé des pieds & des bras incruftés comme le refte du corps. De là les cancres, les écrevifles, les cloportes de mer, &c. Ce paffage eft marqué par lefpece de cancre ou d’écrevifle qu’on nomme % Soldat où Bernard lhex- mite. On le prendroit pour une écrevifle dans une coquille de limaçon ou pour un limacon qui a la tête, les pattes & les bras d’une écrevifle. Cet ani- mal, au corps naturellement nud, a l’inftinét de f loger dans la première coquille en fpirale qu’il trou- ve vuide Eft-ce par un fouvenir de fon état pré- cédent ? Vient-il revandiquer fon ancienne dépouil- le, comme fi c’étoit un limacon à moitié, métamor- phofé? Cet inftinét nous indique toûjours combien les cruftacés font près des teftacés.! Les uns & les autres font privés de fang, comme ©) Mr. Linnæus les range parmi les infeétes aptères, c’eft-à- dire fans aîles. PHILOSOPHIQUES&c 77 les infectes de terre; mais la tête, fi mobile dans les in- feétes, n’a aucun mouvement particulier dans les cru- ftacés , tenant immédiatement au corps. Ils ont la propriété de fe redonner les membres qu’ils perdent par quelque accident que ce fait. On commence à appercevoir une différence fenfble entre les jambes antérieures, ou bras, & les jambes de derrière. On fait que l’on appelle brasdans les écre- vifles les deux grofles pattes ou pinces. C’eft par le moyen de ces bras que le Soldat fe cramponné fur le fable ou aux corps voifins, & en repliant fon corps, il fait avancer fa coquille à la rampe de laquelle 1l fe tient entortillé. Ce mouvement & la manière dont il s'exécute font très analogues au mouvement progres- fif de la moule de rivière. Les bras du foldat lui fer- vent encore à faifir les petits poiflons & les infectes dont il fait fa nourriture. Du refte il eft fi neuf fous cette forme d’écrevifle imparfaite, qu’il femble ignorer l’ufage de fes pieds. L'animal cruftacé adhere à fon enveloppe, comme l’'infeéte à fon écaille, par un grand nombre de mus- cles répandus fur toute la furface interne, au lieu que l’animal teftacé n’eft attaché à fa coquille que par un, deux, ou quatre mufcles au plus. Les écailles, les coquilles, les croutes font les os de ces animaux. Les coquilles ont un périofte qui les recouvre extérieurement & fert à leur confervation & à leur accroifliement. Elles naïflent & croiflent avec Vinfeéte : elles font partie de lui-même: elles fünt avec lui le produit d’un même germe. Elles font auffi la fonction des os quielt de fervir de bafe & de foutien aux parties molles. Les infeétes marins & terreftres ont donc des os à l’extérieur, comme les autres ani- maux en ont à l’intérieur. Dans les uns ils font re- couverts de muftles & de chairs; dans les autres, ils recouvrent les mufcles & les chairs. Que veulent dire ces côtes deflinées fur quelques coquilles, & travaillées en relief fur d’autres? Et ces longs piquans inégaux qui s’élevent fur certaines con- 33 CONSIDERAÂTIONS ques, les ourfins & les araignées de mer; &c: qué fignifient ils? Sceroient-ce les premiers traits du fque- lette des animaux qui vont fuivre ? | CH SR PMT RE FER Les Serpens. ce tuniques tendres & fragiles des cruftacés pré- parent les écailles encore plus tendres desférpens. La propriété de changer tous les ans d’enveloppe, laquelle eft commune aux ferpens & aux cruftacés, à l’exclu- fion de prefque tous les autres animaux, marque leur proximité dans l'échelle univerfelle des Etres. Les ferpens ne font-ils pas des cruftacés ? Entrez dans un cabinet d'Hiftoire Naturelle. Con- fidérez attentivement la clafle des infeétes cruftacés. Vous verrez les extrémités énormes de quelques efpe: ces diminuer graduellement dans les efpeces fuivan- tes , fe reflerrer & rentrer pour ainfi dire dansle corps; jufqu’à s’eflacer prefque entiérement dans certains 111- dividus. Aldrovande & Ruyfch nous donnent les fi- gures de quelques cruftacés qu’ils mettent parmi les fquilles dont ils leur donnent lenom, & qui n’ont ni cornes, ni pieds, ni aucunes parties faillantes. Le corps eft fort long à proportion de fà grofleur. La diftinétion de la queue d’avec la partie inférieure du corps ; cft peu fenfible; celle de la tête d’avec la partie füpérieure du corps, l’eft ur peu davantage. Ce font comme des ferpens fous des croutes de fquilles. Tandis que lintérieur de l’animal fubit différentes ältérations, la fubftance ofieufe des croutes pénétre en dedans du corps où elle s’arrange fous une nouvelle forme qui n’eft pas tout-à-fait étrangère à cellequ’ellè quitté: Le éafque & les cornes font employés à com- por lés os de la tête; le crane, les mâchoires; &G a cüirafle & les tablettes de la queue fe réulent fui- PHILOSOPHIQUES &c. “9 vañt leur longueur, fe divifent & fe façonnent en un très grand nombre de veftébres attachées bout à bout. Les fourreaux des pattes rentrés dans le corps vont s'unir aux vertébres dorfales, & deviennent des cô- tes: Les croutes ainfi converties en os ne laiflènt plus à l’extérieur, pout couvrir l’animal, que des lames de fubftance cornée, reftes de leur première forme: Si mon plan ne me bornoit pas à des vues généra- les, j’entrerois ici dans l’énumération des difiérens rap: ports du fauelette d’un ferpent avec le fquelette hu- main, qui prouvent combien ce modele en eft déja avancé. Il me füuflit d’y faire obferver une épine for- mée d’une fuite de piéces emboîtées les unes dans les au- tres, ces piéces percées de troûus pour loger la moëlle, des arcs offeux attachés vers la partie fupérieure, & faïfant une caifle deftinéé à contenir les vifcères. Ce fond de ftruéture fubfiftera deformais dans toutes les Variations ultérieures, fe perfeétionnera à chaque de- gré, & recevra, dans l’homme; fà forme la plus élégante. PO AUP-HPTEN É :LW Serpent des Indes Orientales, appellé par les Portugais Cobra de Capello, portant [ur le dos un mafque owune figure humaine. JErA (*) donne la figure & la deftription d’un Serpent des Indes Orientales qu’il confervoit dans fon cabinet fi riche en curiofités naturelles, lequel porte far le dos une efpece de mafque ou de figure humai- ne avec un nez; une bouche & des yeux, & pour que le front & le menton y foient indiqués, cette partie plus large en-haut qu’en-bas, femble imiter un ovale imparfait. C? Thef, Rerum Nat, Tom. IL p.71. Tab. XLIV, Fig. 1. 80 CON SIDLER'ATION:S Les Portugais donnent à ce ferpent le nom de C- bra de Capello; & Seba le met au nombre des ferpens à lunettes, ce qui me fait croire que les lunettes, dont on charge le dos de tous les férpens ainfi nommés, font des figures humaines commencées, où il n’y a encore que le nez & les ycux de marqués. à ee ms C: ES AMP RETT Ré CHENE Réflexions fur les animaux qui n’ont point de membres, & fur leur diffribution dans l'échelle des Erres. N a du remarquer dans la progreflion des Etres, telle que nous avons pu la faifir & la repréfenter , que la Nature, toutes les fois qu’elle veut donner une for- me neuve aux extrémités, elle commence par les fup- primer peu à peu, & que, quand elle eft parvenue à les faire évanouir, elle produit quelques Etres inter- médiaires qui n’en ont point, Aux plantes garnies de racines & de branches fuccedent les vers de terre & d’eau qui n’ont point de membres; fuivent les in- feétes avec des pieds & des aîles aflez différéfis des ra- cincs & des branches qu’ils remplacent. Les pieds difparoiflent dans la famille des conques pour fe re- produire avec un autre appareil dans les cancres. Les voici effacés de nouveau dans les fèrpens, parce qu’ils doivent prendre la figure de nageoires dans les poifions. Si l’on cherche la raifon de ce phénomène, on le trouvera peut-être en obfervant ce qui f pañle fous nos yeux dans la métamorphofe des chenilles. La différence eft grande de l’extérieur d’une chenille à celui d’un papillon. Dans l’animal qui rampe, le corps eft continu; dans l’infecte qui vole, le corps eft compofé de fegmens. Le premier a un grand nom-, bre de jambes courtes, des mâcñoires, une filière; le fecond a de longues pattes, des aïles, une trompe. Aufi faut-il, pour la transformation de ces parties, que PHILOSOPHIQUES&c .& que le petit animal pañle par un état mitoyen où il foit privé des unes & des autres: état qui eft véritable- ment le milieu dans lequel la Nature. opère la méta- morphofe. L’infecte devient chryfalide en f défaifant de fà peau, de fes jambes, de fà filière, fans parler des parties internes; & 1l ne fort de cet état que, lors- qu'ayant perdu les organes de fon premier corps, il a acquis Ceux du nouvéau. , u Pour comparer ce changement d’un individu parti- culier à la métamorphofe continuelle de l'£tre uni- verfel, on dira qu’un ver, une conque, un férpent, font comme autant de Chryfalides du prototype qui pafle de l’état de plante à celui de fcarabée, de l’état de farabée à celui de cruftacé, & de l’état de crufta- cé à celui de poiflon. La comparaïfon eft fort imparfaite. La chryfalide ordinaire eft dans une inaétion totale, ou peu s’en faut; elle ne prend aucun aliment; l’animal foufire une cefpece de long fommeil léthargique au fortir du- quel il fe trouve tout diflérent de lui-même. Un ver, une conque, un ferpent ne font rien moins que des animaux endormis ou léthargiques : 1ls fe nourris- fent , ils croïflent, ils produifent leurs femblables. C’eft que les métamorphofes du prototype ne fe font point dans les individus particuliers, mais feulement dans leur modèle univerfel dont ils font des réalifa- tions toutes transformées; de forte que cet état d’en- sourdiflement , où les facultés de l’animal femblent en- chainées, n’eft point néceflaire pour revêtir le pro- totype de nouvelles enveloppes. Cette différence & les autres que je n’afligne pas, n'empéchent point que la chryfalide d’une chenille qui R change en papillon, n’ait quelque analogie avec les reptiles apodes & fans membres, femés de diftan- ce en diftance fur la chaîne des Etres, entre leschan- gemens les plus notables des formes fallantes. F g2 CONSIDERATIONS tt cs A —— —— —— SEPTEEME PARTIE C'H-A TEST TL ETC Les Poifôns. L’Opbidion. L y a des poiflons que leur reffemblance avec les ferpens a fait nommer ferpens marins, Tels font les congres & les murènes. On y voit la naïflance des nageoires dans les deux petits aîlerons, placés au deflous des mâchoires ou plus bas, & dans la bande cartilagineufe ou molle, prolongée uniformément le long du dos, & qui, dans certaines efpeces, entou- re la queue & remonte fort haut fous le ventre, On conçoit que cette nageoire continue peut fe di. vifer , & les portions diverfes fe placer par paires, ou ifolées, fur les flancs, fur le dos ou fous le ven- tre, fe prolonger ou fe raccourcir, être molles, ou fe garnir de rayons cartilagineux , ofieux, épineux. L’Ophidion de Pline & d’autres Naturalftes confer- ve la nagcoire étroite des murènes ; mais il a le corps plus ramañlé, applatti & s’élargiflant depuis la queue juQu’au ventre, f reflérrant un peu vers la tête qui m’eft plus celle d’un férpent, mais d’un poiflon par- fait. © » Quelques perfonnes prétendent que les poiffons rampent - ferpentent, fe fondant fur la force de ces mots hébreux s» Jchæres & Ramas qui fignifient Reptile & Serpent. On lit dans » la Genefe I. 20. Que les eaux produifent en abondance (à la » lettre, feflent na des animaux vivans qui rampent. Et au » VRor. Dieu créa les grands poiflons & tous les an'maux vivans + qui rampent (en Hébreu Heromejeth ) que les eaux firent ram- >» Der Jelon leurs genres. «> St. Ambroife Haxam. Lib. V. se’xprime ainfi: ,, Tout ce qui » nage tient de l’efpece & de la nature du reptile : car, quoiqu’eu : - : - | fr”, _ SE LE LEE s | 4 ms _—— SE SN RER ER ET, SE CS, pen AS RER A2 hr 1 “ | dr we T7. pe. + de M E de . ed roses : id 4 Pot san ph amas a à. * à _e UC LE + SF. £ ; dl F4 Re < IIS S K ù NN NN } y) " 4, " Qi | ON, ) SNS Ÿ À SS HN DS à LS PHLIOSOPHIQUES&. 83 Les poiflons ont pour la plüpart des écailles qui ne diffèrent pas beaucoup de celles des férpens. L’aétion de nager a tant de rapport avec l’aétion de ramper, que des Auteurs , felon l’obfervation de Mr. Klein (*), foutiennent que les poiffons rampent plûtôt qu’ils ne nagent. CE CE T'OTSR RE L'VIRE Poifjons anthropomorpkes. Carpe à figure bumaine, Cyprinus Anthropomorphos Ç Planche V. Fig. 1.7. | o1c1 une production des plus fingulières & dont la réalité eft conftatée par des autorités refpeétables. C’eft un poiflon qui, par les nageoires, la queue, les écailles & toute la partie inférieure du corps, reflem- ble parfaitement à une carpe, & dont la tête ronde orte une face humaine où l’on diftingue les yeux, e nez, la bouche, le menton: fèulement les yeux paroiflent étre plütôt ceux d’un animal que d’un homme. Rondelet parle d’une carpe fémblable vivante , ap- perse fur le marché public Ge Lyon où elle fut vue e tout le peuple. ; 13 Gefner aflure en avoir vu une pareille, prife en 1554. dans étang de Nozeret, que Gilbert Coufin a- s> plongeant il paroiïfle fendre l’eau, cependant eñ remontant il +» rampe fur différentes furfaces d’eau: les Amphibies méme qui » Ont des pieds & qui marchent fur terre, ne marchent point, >» mais nagent, lorfqu'ils font en pleine eau, & leurs pieds ne » leur fervent point alors à faire des pas, mais ce font autant >» de rames dont ils s’aident pour ramper,” Ces Auteurs pen- lent donc que c’eft parler plus jufte de dire que les poïffons rampent, que de dire qu’ils nagent. ,, Doutes o& Obferyations de 2 Mr, Klein fur ls reyue des animaux Sc.° F 2 8 CONSIDERATIONS cheta & lui envoya après l’avoir garde neuf jours vivante dans un vivier. A l’occafion de cette carpe extraordinaire, le mé- me Natüralifte rappoïte fur le témoigriage d’un me- decin & d’un Jurisconfulte, que l’on prit en 1545. dans le lac de Confiance, un carpe à figure humaine dont il donne la defcription en ces termes, telle qu’on là lui envoya avec la figure. Faciem non aver[am, pro- ut reliqui, vel obtufam, fed reprefjam, ab aliquo in pla- num à/peûu tendente, cum temporibu: ufrinque latis , oculis binis, ore, imandibula, omnia effigie bumana ba- duit, Pinnis, fquammis, cauda, toto corpore pofleriore, ipfaque adeo magnitudine atque colore carpam præ fé tuñt. L'année fuivante, c’eft- à-dire en 1546. dit cn- core Gefner, on prefenta une carpe de la même efpe- ce à l'Empereur Charles V. à Ausbourg, comme une merveille digne d’un Empereur (#). CHA "PAE NT RENE Poiffon d’_Amboine fort rare, nomme Anac Anac laoct jang terbongkoes, c’e?-à-dire l Enfant de mer enmaillaté (Planche V. Fig. 2. ). C: poiflon a véritablement la figure d’un enfant dans fon maillot. Ses deux mains jaunes portant cha- cune cinq doigts, font étendues en-haut. Les deux yeux, le nez, & la bouche font peints en rouge; lé deffus de la tête & le corps des deux côtés eft, d’un (*) Voyez Aldrovande De Pifcibus Lib. P. Cap. XLI &Ruyfch de Pifcibns Tit, Il: Cap. VII. - (f) Poïffons extraordinaires d’Amboïîne dans l’Hiftoire Géné-' ralé des Voyages, Tome XVII. Edit, de Hollande. CS) Peut-étre le nomme-t-on ainfi, parce que h figure ha- maine marquée fur la pierre qui s’engendre dans fon corps, re- préfente un veillard barbu tel qu’on peint St, Pierre. Jlne faut pas confondre ce poifion avec.la dorée qu’on nomme aufli pois- PHILOSOPHIQUES&. $s verd céladon obfeur, feuilleté & dentelé, ayant des raies rouges entre deux: le refte de la tête & du corps jufqu’au bas a le fond jaune, peint partout de demt- lunes rouges & bordées de points noirs. La queuc eft comme la fleur du Pifang, ronde & épaifle vers le corps, pointue en-bas,, de, couleur rouge & jaune. Il eit fort rare & ne fe mange point (f). APE PAS 5 AT, TA US deg M: ni CL À Poiffon dans le corps duquel il s’engendre une pierre qui a la figure d'une tête humaine. O, pêche fur les côtes de l'Amérique un poiflon de la grandeur de notre merlu, qu’on nomme Pui/fon de St, Pierre (Ÿ), dans le corps duquel il s’engendre une pierre qui a la figure d’une tête humaine. 11 froit fingulier que les poiflons de cette efpece portaffent tous une pierre ainfi figurée, & qu'elle fe formât par une coalition fortuite de parties. Le ha- zard peut-il donner conftamment des produits fi ré- guliers? Jaime mieux croire cette pierre le réfultat d’un germe développé, & la figure d’une tête humai- ne qui y eft travaillée, un nouvel effai de la Nature qui a multiplié ces modeles à proportion de l’excellen- ce du chef d’œuvre qu’ils annoncent. In America pilcis deprebenditur | magnitudine Calla- riæ noffratis , à S. Petro nomen gerens, qui calculum fo- fon de St. Pierre, & qui a au milieu du corps, une.marque ex- térieure. de la grandeur & de la rondeur d’un denier, On lui a donné le nom de poiflon de St. Pierre à caufe d’une picufe tra- dition qui dit que cet Apôtre avoit pris un poiflon de cette éfpece, par le commandement de Jefus-Chrift, & avoit tiré de fa bouche une piéce de monnoie pour payer le tribut, & que St. Pierre , ayant mis cette piéce fur le corps du poifon, l’em+ preinte y cft reftée, F3 86 CONSIDERATIONS get effigie capitis bumani in/ignem , diclum Lapis pi/cis 5, “Petri Aamcricanus CF) a CH P-ESTPR EE Le Poiffon volant. hi: nagcoires font aux poiflons ce que les aîles font aux oifeaux. Avec leurs aîles les oifeaux nagent dans l’air: avec ieurs nageoires les poiflons volent dans un élément plus denfe. Il y a des Phyficiens qui di- fent que l’eau n’eft qu’un air très denfc; & l’air une eau très rarefiée, Mais les nageoires antérieures prolongées & travail- lées fur un plan approchant de celui des aîles, fervent à l’exocet à s’élancer dans l’air. Son vol, très-rapide, ne dure pas longtemps; fes aîles ne pouvant avoir de jeu qu'autant qu’elles font humeétées, & les mouve- €*) Alberti Seba Locuplet. Rerum Nat. Thef. Tom. II. p. 130. (f) On lit dans VPHiftoire Naturelle des Iles Antilles, ce qui fuit ‘au fujet des Poiffons volans. » Il y en à qui tiennent pour un conte fait à plaifir ce que lon dit des poidons volans, bien que les relations de plu- fieurs fameux voyageurs en faffent foi, Maïs, quelque opi- nion qu’en puiffent avoir ceux qui ne veulent rien croire que ce qu’ils ont vu, c’eft une vérité très conftante, qu’en navi- gant, dès qu'on a pañié les Canaries, A fe ce que l’on ap- proche des Iles de l'Amérique, on voit fortir fouvent de la mer de groffes trouppes de poiflons qui volent à la hauteur d'une pique & près de cent pas loin, mais pas-davantage, parce que leurs ailes fe fechent au foleil. Ils font prefque femblables aux harenss, maïs ils ont la tête plus ronde, & ‘» ils font plus larges fur le dos. Is ont les aîles comme une ss Chauve -fouris, qui commencent un peu au deflous de la » tête, & s'étendent prefque jufqu’à le queue. El arrive fou- vent qu’ils d’unent en volant contre les voiles des navires &. qu’ils tombent même en plein jour fur le tillac. Ceux qui en oùt fait cuire & qui en ont mangé, les trouvent fort déli- » Cats. Ce qui les oblige de quitter la mer qui eft leur élé- ment le plus ordinaire, eff qu’ils font pourluivis par plufieurs 22 22 PHILOSOPHIQUES&. mens violens qu’elles font pour voler les féchant bien- tôt, il eft obligé de replonger dans l’eau pour les hu- mecter (f). | On compte plufeurs efpeces de poiffons volans qui ne différent que par leurs aîles & les couleurs de leur*. robe, Quelques uns n’ont que deux grandes aîles; d’autres en ont deux grandes & deux petites: dans ces deux efpeces, les aîles font fortificés d’efpace en efpace par des rayons offeux prolongés depuis laracine de l’aîle fous l’ouie jufqu’à fon extrémité, & recou- verts d’une double membrane. Il y en a qui ont quatre aîles longues, étroites, unies & fans arrêtes. » grands poiflons qui en font curée. Pour efquiver leur ret- » Contre, ils prennent une fauffe route, faifant un bond en l'air, >» & changeant leurs nageoires en aîles, pour éviter le dânger ; » mais ils trouvent des ennemis en l’air aufli bien que dans les » eaux. Car il y à de certains oifeaux marins, qui ne vivent » que de proie, lefquels leur font aufli une cruelle guerre, & » les pfennent en volant. . . . s“ Il né fera peut-être pas defagréable à ceux qui liront l’hi- :; floire de ces poiflons aîlés du nouveau monde, de nous y voir » Ajoùter pour enrichiffement les paroles de ce grañhd Poëte qui » dans fon Idyle héroïque nous témoigne qu’avéc plaïfit il à 5, —— Vu mille fois fous les cercles brûlans >» Totnbef cornme des cieux de vrais poiflons volans : ‘s Qu courus dans les flots paf dés momftres avides, » Et mettant leur refuge en leurs aflés timides Au féein du pin vosueur pleuvoient de tous côtés 3 Et jonchoient le tillac de leurs corps argentés, Aujourd’hui on voit de ces fortes de poiffons dans tous les cæ binets des Nâtutaliftes, F 4 88 : CONSIDERATIONS ———_———_— ee mn ——— — PE HULTIEME PAR TA RAT ee > CIHUA PAT RE ULXIE Les Oiféaux, ou Bipedes aïlés. Ï AN DIS que les nageoires antérieures achevent de fe transformer en ailes, les poftérieures , prenant ane autre figure, deviennent des jambes avec des pieds palmés, c’elt-à-dire dont les doigts font liés par une membrane; des plumes remplacent les écailles, le mu- : feau s’allonge, la matière des dents forme un bec, & nous avons des oifeaux aquatiques, qui fe fervent de leurs pieds pour nager: le cygne, le canard, le cor- moran, l’oie, la macreufe, la palette, &c. nagent & fe peuvent voler, foit par un défaut de force dans les mufcles peétoraux, foit à caufe d’un vice particulier “de leurs aîles, ou peut-être parce que ces premiers oifeaux confervent fous leur enveloppe plumacée, les mœurs & les inclinations du poiflon. _ Les pieds perdent la membrane qui unifloit lesdoigts, &z fes aîles acquièrent du reflort. Le pluvier, le he- ron, le butor, le courlis, & les autres de la même claffe ne nagent point. Cependant ils ont encore l’in- _#üinct aquatique. Ils fréquentent le bord des rivières, & les rivages de la mer, & plongent dans l’eau ayec une adreffe merveilleufe. Tels font les degrés par lefquels l’Etre s'élève du fond des eaux qu'il a peuplées de toutes fortes de poiflons en füubiflant diverfès métamorphofes, dans les plaines de Pair où par des variations nouvelles il pro- duit le peuple des oifeaux. 11 orne les uns du plus riche plumage: il donne aux autres un ramage mélo- dieux: quelques efpeces réuniflent les deux avantages, Ê PHILOSOPHIQUES&c. 39 fr CHAR REMN Tu R°'E RENE, L’ Autrucbe. See eft remarquable par fes pieds de quadrupede, fes jambes couvertes d’écailles en tablet- tes; fes cuifles nues, fans écailles, fans poil & fans lumes; fon corps couvert de plumes molles & effi- ées, comme fi elles fe changeoïent en poil; fes aîles armées d’ergots d’une fubftance cornée, lefquelles ne peuvent lui fervir à voler, mais feulement pour cou- ‘rir plus vite; fes flancs nuds comme fes cuifles; fon cou long & velu, car le duvet qui le couvre cft un poil fin, clair-fèmé & luifant; la petutefle de. fa tête; la jangue petite & adhérente comme celle des poiflons. * J’admire fur tout les yeux de l’autruche, prefque fem- blables à ceux de l’homme: ils font tirés en ovale, garnis de grands cils, & la paupière fupérieure en eft mobile, PACA OP MIT CRE "EXIV La Chauve- füuris. La Rouffêtte, La Chauve - füuris, D. eft ce petit volatile hideux qui, vers je — + foir, fort de deflous le toit de ce château à de- mi-ruiné? Il n’ofe fe montrer pendant le jour. A-t-il honte de fa difformité. Son vol eft gauche, incertain, inégal; fon cri eft aigre & perçant. Son corps eft cou- _vert de poil comme un quadrupede. Je lui croyois des aîles, & je n’apperçois que des os montrueufe- ment allongés, réums par une membrane nuc qui en dt | 99 CONSIDERATIONS s’attachant au corps enveloppe les jambes & la queue, Il n’a point de nez: fes veux vont s’enfoncer dans les conques de fes oreilles: 1l a la gueule prodigieufèment fendue, & la tête furmontée de quatre oreillons, Ce monftre cft-il un oifeau défiguré, où un quadrupede- informe? Ce n’eft point un quadrupede: 1l n’a que deux pieds. Ce n’eft pas plus un oïfeau que le poifion volant. Il n’a que le vol de commun avec les oi- feaux. La conformation intérieure du cœur, des pou- mons & des autres vifcères annonceroit un quadru- pede. Il a même des rapports particuliers avec l’efpe- ce humaine: le mâle a la verge pendante & détachée, ce qui ne lui cft commun qu'avec le finge & l’homme, Ja fémelle vivipare a deux mammelles fur la poitrine, dont elle alluite fes petits. La Rouffètte, La Rouffette eft une efbece de chauve-fouvis, fui. vant plufieurs Naturaliftes (#). Elle pourroit être une chauve fouris dégénérée , felon la conjeéture de Mr, de Buffon (f). Seba (Ç) l'appelle un chien vo- lant ,feulement parce qu’elle eit plus grande & qu’elle a la mufeau plus allongé que la chauve-fouris: Cette différence n’eft pas la feule, ni la plus caractériftique. Elle en differe encore par le nombre & Ja figure de fes dents incifives, & par la partie inférieure du corps: la rouflette n’a point de queue, & la membrane qui for= me les aîles fe termine aux jambes de derrière, au lieu ue dans la chauve-fouris cette membrane s'étend au- delà des jambes pour envelopper la queue, D ee + D D RE RO OM DS () Pefpertilio caudd null4 de Mr. Linnæus. Wefpertilio Cyna- cébhalus Ternatarius de Mr. Klein; &c. : CT) Difcours fur la Dégénération des Animaux à la fin du To- me XIV. de l'Hift, Nat. Kc, Edit. in 4to. CS) Canis voluns Ternatanus Orientalis, Albert. Seba Locuplét. Rerum Nat, Thef, Tom. I, PHILOSOPHIQUES&« oo: C HA PR LP EP. Ecureuil volant. Singe volant. Chat volant. P Ecureuil volant, O N compte plufeurs efpeces d’écureuils volans. Je re du feul individu que j'ai vu, Il venoit de la Nouvelle Efpagne. Il n’avoit guère que la moitié de la grandeur de notre écureuil vulgaire. Sa queuc étoit auf longue que fon corps & fa tête enfemble. Il avoit cinq doigts à chaque pied de devant & de derrière; le pouce étoit féparé des quatre autres, & tous les cinq étoient armés de petits ongles aigus & recourbés. La eau des côtés prolongée & attachée aux jambes de evant & de derrière s’étendoiten forme de membrane très-molle, couverte d’un poil femblable à celui du corps, feulement un peu plus ras, Le poil, rouflâtre par deflus le corps, blanchifloit par deflous ou il étoit moins fourni. uand il voloit, c’eft-à-dire quand il s’élançoit d’un lieu à l’autre, il déployoit la peau des côtés en étendant les pattes, fans leur donner aucun jeu qui imitât celui des aûes, Je l’ai vu s’élancer jus- qu’à trente pas: peut-être cût-il fait un faut plus rand dans un efpece moins borné. Il voloit toüjours de baut en bas par une ligne oblique, & jamais de bas en haut, ni horifontalement, mais il grimpoit avec beaucoup d’agilité. Ce que je lui ai trouvé de plus fingulier, ce font fes petites oreilles arrondies & tour- nées comme celles du finge & de l’homme, Singe volant, Helbigius & d’autres Auteurs parlent d’une efpece de finge volant dont l’exiftence nc paroît pas bien con- mn Ce pourroit bien n'être qu’un écurcuil volant, 92 CGCONSEIEDERAX40 N16 D ct Chat volent, Seba ( * > donne la figure & la defcription d’un ani- mal dont toutes les extrémités, les quatre pieds jus- qu'aux ongles, la queue, & la tête fe tiennent par ie moyen du tiffu membraneux des aîles: c’eft une continuation de la peau du dos qui remonte jufqu’au cou, s’étend de chaque côté avec un contour denfelé, couvre les quatre pieds, & va s’attacher à la queue. Sa tête paroît tenir du chat fauvage, d’où lui vient le nom de chat volant, La femelle a des tettes grandes & rondes, femblables aux mammelles d’une femme. po Le 5 © À es pe C8 4 À Pl io R LE STORES Le Lexzard volant , ou petit Dragon dilé, + un nouvel effai de quadrupede volant qui diffère de tous ceux que nous avons vus jufqu’à pre- fent. C’eft un petit Lézard dont le deflus & le des- fous du corps font couverts de petites écailles très min- ces, ainfi que les pattes & fà longue queue pointue, Il porte de chaque côté une aîle cartilagineufe & écail- leufe comme le corps, dont la bafe s’étend de la cuifle antérieure à celle de derrière fans adhérer à aucune des deux: au moins j'ai tojours trouvé les aîles ainf détachées, avec les quatre cuifles & jambes libres dans trois efpeces différentes que j’ai vus (f). Ces aiîles ont fix rayons, diminuant de grandeur vers le partie inférieure du corps, & forment cinq couplets. Le lézard volant d'Afrique, celui dont je parle, a fous oo +) Thef, Rer. Nat. T. I. Tab, LVIIL n. 2 & 3. F C3 Cependant Seba donne la figure & la defcription d’un Le- zard volant d'Amérique dont les ailes tenoient aux cuiffes des pattes de devant: celles de derrière avoient le jeu libre, PHILOSOPHIQUES&. bà Ja machoire inférieure une poche (ou. un jabot) qui deftend jufqu’au cou où elle s’attache. Ceux d’Amé- rique n’en ont point. Cet animal ne vole pas réelle- ment; il faute de branche en branche, & d’un arbre à l’autre, a MORE ABLE VF 0 RE. LXVEL Obférvation fur le pallage des oifèaux aux Oua- drupedes. SN différence d’une grofle patte d’écrevifle à une pagcoire de poiflon ne paroît pas plus grande que celle d’une aîle d’oifézu à un pied de quadrupede. La Nature néantmoins, en transformant l’aile en pied s’affranchit de la loi qu’elle avoit fuivie auparavant dans la métamorphofe des membres un peu diflembla- bles, favoir de fupprimer ces extrémités dans quel- se animaux intermédiaires, avant que de les repro- uire fous une nouvelle forme (*). Oferoit-on avancer qu’elle a brufqué ici la méta- morphofe, & rapporter à cette précipitation les pro- duétions irrégulières dont nous avons vu que le pañà- ge des oifeaux aux quadrupedes étoit rempli? cet ani- mal à moitié nud, & à moitié couvert d’écailles, de plumes & de poil, cet oifeau énorme qui reffemble au chameau paf les picds, par la longueur de fon cou, & la petitefle de fa tête (f), & dont la ftupidité an- nonce les élémens contraires dont il eft compofé ? ce volatile fans plumes, beaucoup plus petit & plus mon- firueux ,que la Nature a condamné à ne quitter fà re- a - *) Voyez ci-devant Chapitre LVI. ) Auf l’Auuche porte le nom Latin de Srrurhio - ca- MEUS, 94 CONSIDERATIONS traite que dans les ténèbres, comme fi elle eût pré- tendu nous cacher fes erreurs? Ses erreurs, ou fes caprices, quelque nom qu’on leur donne, tendent toüjours au même but. Ses productions les plus difformes & les plus bizarres nous offrent des traits humains que nous n’avions ap- perçus dans aucun des animaux les plus parfaits felon nos idées : l’œil de l’autruche, l’oreille de l’Ecureuil volant, la verge pendante de la chauve-fouvis mâle, & les mammelles rondes du chat volant femelle, PHILOSOPHIQUES&c 0 ns a —— —— ————— 2 ——_ —— ————_———— Ci EH À: PEER EE LXNVIE Les Céracées. Le Renard marin. vs cétacées font de grands animaux marins qui ont le corps nud & allongé, garni de membres char- nus. Ils reflémblent beaucoup aux quadrupedes, . quoiqu’is foient, pour la plüpart des efpeces de bima- nes. Ils ont deux ventricules au cœur, refpirent par les poumons, s’accouplent & font leurs petits vivans. Les femelles qui les allaitent ont leurs mammelles placées au bas du ventre, ou fur la poitrine. Parmi ces animaux, les uns font amphibies, les autres ne font que plagiures, Ils n’ont pas tous des dents, mais ils ont tous für la tête ou fur le mufeau un ou deux canaux pour rejetter l’eau, Entre ceux qui ont des dents, les uns, comme le marfuin, en ont aux deux mâchoires. Le narwhal n’en a qu’à la mâchoire fu- périeure, Le cachalot n’en a qu’à la mâchoire infé- rieure. La baleine, qui n’a point de dents, a la mâ- choire fupérieure garnie de chaque côté de lames de cornes qui s’ajuftent obliquement dans l’inférieure. Le pañfage des oifeaux aux cétacées eft rendu fenf- ble par le renard marin, dont les deux nageoires. qui font auprès de la tête, repréfentent les aîles d’un oifeau plumé, Ces aîles ofleufes & charnues, très obtufes ar les bords, femblent deftinées à former des doigts ans les bimanes. (*). a tn D te Le ne mm (*) On trouve une defcription anatomiqte du renard marin dans les Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des animaux. 96 CONSIDERATIONS ns ete C H. 4 PTT RER Les Bimanes. | ee les membres antérieurs de l’animal, après avoir revêtu & quitté tour à tour tant de formes fin- oeulières commencent à ébaucher celle qu'ils doi- vent avoir dans l’homme. Il faut l'avouer, les pre- mières mains font très groffières. Elles ont quelque- fois jufqu’à fept & huit doigts: celles d’une efpece de baleine-cachalot en ont fept (*), & celles d’uneefpe- ce de diable-de-mer en ont huit (f). Souvent elles n’en ont que quatre, comme dans le lamentin & le finge de mer. Tantôt les doigts font exceflivement courts, & tantôt monftrueufement longs. Le porion nommé l’Enfant de mer enmailloté nous a pourtant fait voir deux petites mains plus régulières. Leur dif- formité dans les cétacées eft probablement une né- ceflité ou un avantage, eu égard à l’exigence de leurs befoins; & malgré les défauts de ces parties envifagées comme des mains, on y entrevoit l’application de la Nature à les travailler, à en multiplier les eflais pour parvenir, à force de répétitions, à leur donner la jufte proportion qu’elles doivent avoir pour convenir au corps humain. Avant que de quitter le rivage de la mer, nous verrons fe promener für fa furface un animal à-moitié homme. CH A- *) C’eft la Neuviéme efpece de baleine fuivant la divifion de Mr. Anderfon; & la feconde efpece de Cachalor. k: (t) Celui dont parle Rochefort dans fon Hiftoire Naturelle & morale des Iles Antilles. PHILOSOPHIQUES Re 97 ns CH A! PSLISTJRE ENPEEX. La Baiine. > LL. conftant que fa baleine eft bimane. Elle a, au lieu de nageoires, des os articulés, figurés comme ceux de la main & des doigts de l’homme, revêtus de mufcles & de beaucoup de chair tendincufe, & re- couverts d’une peau aflez épaifle, fembiable à celle ui enveloppe le refte du corps. Cet énorme habitant ps eaux falées, s’avance par le moyen de fa queuc qui fait la fonétion d’une grande rame, & ne fe fert de fes mains que pour tourner dans l’eau: La femel- le, lorfu’elle fuit, en fait aufi ufage pour emporter fes petits (*). On apporta à Paris, il y a un peu plus d’un fiécle (f) le fquelette d’une baleine propre à donner une idée de la grandeur de ces animaux marins. ,, Le » Crâne avoit feize à dix-fépt pieds d'ouverture, & » Quatorze pieds de longueur, pefant environ onze » Cens livres; les nageoires qui refflembloient à des » mains, douze pieds de long, & pefoient fix cens. » livres; & enfin les côtes, douze pieds & demi de » longueur, & chacune pefoit quatre-vingts livres.” Des mains de douze pieds de longueur, garnies d’une quantité exceflive de chair & de graifle, peu- vent aifément paroître aflez difformes & monftrueufes pour être appellées des bras, des aîles, ou des na- seoires. Leur figure véritable n’a pourtant pas échappé à ceux qui ont vue & examinée de près. CD Anderfon, Hiftoire Nat. d’Iflande, & Hift. Nat. de Groen- ana, (f) En 1658. 98 GO N SIDE R:A!T JON S 2 ——— — ———— C'H API IT IRAES I Le Diable de mer. P LUSIEURS Doiflons portent ce nom, parce que le peuple donne le nom de able à tout ce qui alas- pet hideux ou effrayant. Celui dont je veux parler ici cft un cétacée de douze pieds de long & davantage. uand il ouvre la gueule, 1l étale une énorme quan- tité de dents qui garniflent fes deux mâchoires ,fa lan- gue & le fond de fà gorge: c’eft tout ce qu’il a de dia- bolique. Outre quaire nageoires, deux grandes laté- rales, & deux plus petites, l’une fur le dos, & l’autre près de Panus, il a deux mains fous le ventre com- pofées chacune de cinq doigts articulés. On lit dans le Journal Encyclopédique du 13 Jan- vier 1763. une lettre au fujet d’un monftre marin échoué au fort de Kermorvan à quatre lieues de Breft; deux nageoires en forme de mains placées à la partie antérieure de l’eftomac, lui firent donner le nom d'homme de m@; ce n'étoit peut-être qu'un diable de mer. Mr. Savary, Docteur en Médecine de la faculté de Paris, & médecin de la marine à Breft, nous a don- né la défcription d’un Diable de mer échoué dan: la rade de cette ville, qui n’avoit pas tout- à - fait cinq pieds. Je n’en rapporterai que ce qui regarde les mains. » En renverfant ce poiffon, dit Mr. Savary, on #» Voit à un pied de diftance du rebord de la mä- » Choire inférieure deux autres petites nageoires, en » forme de mains, écartées l’une de l’autre d’environ » fix pouces. On pourroit les appeller nageoires ven- , tralkes, quoique leur fituation reponde plûtôt au » fond de la bouche qui eft énorme dans cet animal. Elles font compoièes chacune de cinq rayons carti- PHILOSOPHIQUES.&c 99 » lagineux femblab'es à cinq doigts; ce qui leur don- ; ne beaucoup de refflemblance avec les mains ou les pieds d’un homme: La peau qui les couvre eft ;» rougeâtre & de couleur de char, un peu rabo- » teufe, & même calleufe; ce qui feroit croire qù’il > S’en fert pour s’appuyef contre les corps durs, & » élever fa tête, ou peut-être pour fouiller & creufer > le fable dans lequel il s’enfonce & fe cache pourten- » dre fes piéges & attraper fa proie (* ). ”? Mr: Savary croit que c’eft le Te ore cirrofo d’Ar- tedi, & la défcription qu’il en fait cadre très-bien avec celle de ce Naturalifte. Seulement les rayons cartilagineux des mains font des offelets, felon Artedi. A ——————— ——— à — CO H AP T1 TR É°LEXIL Le Lion marin: L re trouve dans l'Ile de Juan Fernandez un 5 amphibie appellé Zion marin, qui reflemble un peu >» AU veau marin, quoique beaucoup plus grand ; nous » le mangions fous le nom de bœuf; & comme c’eft > Un animal tout-à- fait fingulier, je ne faurois me » difpenfer d’en donner ici la défcription. » Les lions marins, quand ils ont toute leur taille, 5» peuvent avoir depuis douze jufqu’à vingt pieds de > long; & en circonférence depuis huit pieds jufqu’à » quinze: ils font tellement gras qu’après avoir fait » une incifion à la peau qui a environ un pouce d’é- » paifleur, on trouve au moins, un pied de graifle # avant que de parvenir à la chair ou aux 6s;& nous » times plus d’une fois l’expérience que la graïfle de # quelques-uns des plus gros nous fournifloit jufqu’à # cent-vingt-fix galons d'huile, ce qui revient à peu EE () Journal de Médecine Tome XXIL p. 56, G 2 F00 GO: N S ID EJR'ANT HO 8 29 2? 22 92 ss. sp. 22 39 22 2° 2 929 22 92 près à cinq cens Pintes mefure de Paris. . Ils font aufli fort fanguins, car, fi on leur fait de profondes bleflures dans une douzaine d’endroits, on verra jadlir à linftanc avec beaucoup de force, autant de fontaines de fang. Pour déterminer la quantité de leur fang, nous en tuâmes d’abord un a coups de fufil; lui ayant enfüuite coupé la gorge nous mefu- rames le fang qu’il rendit, & trouvâmes qu’outre celui qui reltoit encore dans les vaifleaux & qui n’étoit pas peu de chofe,il en avoit rendu au moins deux barriques. Leur peau eft couverte d’un poil court, de couleur tannée claire; mais leur queue & leurs nageoires qui leur fervent de pieds, quand ils font à terre, font noirâtres. Les extrémités de ; leurs nageoires ne teflemblent pas mal à des doigts joints enfemble par une membrane. Mais cette membrane ne s'étend pas jufqu’au bout des doigts qui font garnis chacun d’un ongle. Outre la gros- feur qui les diftingae des veaux marins, ilsen dif- fèrent encore en plufeurs chofes, & furtout les mâles, qui ont une efpece de grofle trompe, qui leur pend du bout de la mâchoire fupérieure de la longueur de cinq ou fix pouces; cette partie ne #& trouve pas dit femelles, ce qui les fait diftin- guer des mâles au premier coup d'œil, outre qu’el- les font beaucoup plus petites... » Ces animaux font de vrais amphibies: ils paflent tout l’été dans la mer & tout l’hiver à terre; c’elt alors qu’ils travaillent à la génération, & que les femelles mettent bas. Leurs portées font de deux petits à la fois: ces animaux tettent & font dès la naiflance de la grandeur d’un veau marin qui a toute fa taille. Les lions marins, pendant tout le temps qu’ils font à terre, vivent de l’herbe quicroît fur les bords des eaux courantes, & le temps qu’ils , ne paiflent pas, ils l’emploient à dormir dans la fange. Ils paroiffent d’un naturel fort pefant & font difficiles à réveiller, mais 1ls ont la précaution de placer des mâles en fentinelle autour de l’endroit De" d DS, PHILOSOPHIQUES &. xoi >» Où ils dorment, & ces fentinelles ont grand foin » de les éveiller dès qu’on approche feulement de la s horde. lis fonc fort propres à donner l’allarme, leurs cris étant fort bruyans, & de tous fort difié- “ rens; tantôt ils grognent comme des pourceaux, &t » d’autres fois ils henmflent comme les chevaux les » plus vigoureux. Ils battent fouvent enfemble, furtout les mâles, & le fujet ordinaire de leurs que- » relles ce font les femelles. Nous fûmes un jour » furpris à la vue de deux de ces animaux qui nous parurent d’une efpece toute nouvelle; mais en ap- prochant de plus près, nous trouvâmes que C’é- toient deux mâles, défigurés par les bleffüres qu'ils s’étoient faites à coups de dents, & par le fang dont » is étojent couverts... » Nous tuâmes quantité de ces animaux pour en manger la chair, & fürtout le cœur & la langue, que nous trouvions préférable à celle de bœuf. Il eft très facile de les tuer; car ils font prefque éga- lement incapables de fe défendre & de s'enfuir; il n’y a rien de plus lourd que ces animaux, &, aw moindre mouvement qu’ils font, on voit leur graiffe mollafle flotter fous leur peau. Cependant 1l faut fe donner de garde deleurs dents; car il arriva èàun , de nos malelots, dans le temps qu’il étoit tranquil- » lement occupé à écorcher un jeune lion marin, que » la mère de cet animal fe jetta fur lui fans qu’il l’ap- #» percût, & lui prit la tête dans fa gueule. La mor- » lure fut telle que le matelot en eut le crâne fracaflé » en plus d’un endroit, & quelques foins qu’on püût » en prendre, il mourut peu de jours après (#*).” Telle eft la déftription du lion marin qu’on lit dans les voyages du Lord Anfn; mais fuivant la figure qu’on en voit dans le même livre, ces deux nageoires » LE] 22 2 ? (*) Voyage autour du Monde de George Anfon, p. 110. Kolbe dans fa Défcription du Cap de Bonne-Efpérance, & d’autres Au- teur ont aufli parlé du Lion Marin. G 3 yo CONSIDERATIONS qui lui fervent de pieds pour fe trainer quand il cft à terre, font des mains imparfaites, comme celles de la baleine & des autres bimanes, avec cette difiérence que les doigts du lion marin font unis par une mem- brane jufques vers la moitié de leur longueur, ce qu’on ne trouve pas généralement dans tous les céta- cées à deux mains, mais dans quelques efpeces feu- Jement. ... si . Cr» - è La baleine, le diable de mer & le Lion marin pour- roient étre appellés des bimanes eftropiés. Leurs mains font comme jointes immédiatement aux omo- plates. Dans la baleine & le diable de mer on ne voit ni l’humerus, ni l’avant-bras; la partie qui repond à la main de l’homme fort immédiatement de la poitri- ne. Les deux autres font enfermées & cachées dans le corps, fous la peau. Dans le lion marin une por- tion de lPavant-bras fe montre au dehors. Le bras fortira en entier dans les bimanes fuivans. on Ge Hd Pb) R SR Le Lamentin. L:: lamentin (Planche F. Fig. 3.) eft uñ des bi- manes qui mérite le mieux ce nom, quoiqu’en dife le P. Labat qui n’a point vu cet animal, & quien a pris la figure dans l’Hiftoire Naturelle des Iles Antilles par Rochetort; & cette figure, la même que je repete ici, fuffit pour combattre le éntiment de ce miflionnaire. . La Nature, fupprimant les nageoires, ies cornes ,& la queue des autres cétacées, a formé une mafñe vi- vante de près de dix-huit pieds, qui n’a d’autres mem- bres que deux bras courts & ramaflés, auxquels font attachées deux petites mains qui n’ont chacune que quatre doigts courts & gonflés. Le lamentin a les yeux petits: fa peau eft épaifle. ridée en quelques endroits’, PHILOSOPHIQUES &c ro & parfemée de quelques petits poils. 1l a deux mam- melles für la poitrine, qui eft peut - être un caractère des cétacées bimanes. Il s’accouple à la manière de Jhomme. Ses bras font flexibles : la femelle s’en fert à tenir & porter fes petits, à peu près comme les fin- ges tiennent les leurs, Mais, dit le P,Labat, comment a-t-on pu donner le nom de pieds ou de mains aux deux nageoires qu'il a un peu au deflous du cou, qui fe replient fus le ventre, & dont quelques Auteurs prétendent qu’il fe fert pour fe traîner fur la terre? Premièrement il s'en faut bien que ces prétendus pieds ou mains aient aflez de force pour foutenir ou faire mouvoir un corps auffi pefant. En fecond lieu, fuivant le rapport d’un très grand nombre de perfonnes, furtout des Flibuftiers qui n’ont fouvent d’autre reflource pour vivre que la pêche du lamentin, & des Indiens de l’Ifthène de Da- rien qui font fans contredit les meilleurs pêcheurs du monde, le lamentin ne vient jamais à terre; ainfi ce n’eft point un animal amphibie, ni un quadrupede, Ainf parle le P. Labat, Quoique le lamentin ne foit point un quadrupede; quand même il ne feroit point amphibic, cela empé- che-t-il qu’on ne puifle donner le nom de mains aux deux membres qu’il a aux deux côtés de la poitrine, fuflent-ils encore incapables de porter le poids du corps? C’eft la forme qui détermine leur nom; on diftingue la main, l’avant-bras & l’humerus, Ces trois parties font raccourcies & un peu monitrueufes, fi l’on veut; cependant elles ont du jeu & de la flexibilité, ce qui les caraétérife encore mieux (*), C*) Mr. Klein (Di/b. Quadr, p. 04.) après avoir comparé ce que les anciens & les modernes ont dit du lamen'‘in, après avoir réfuté furtout Clufius & Artedi, doute fi cet animal a véritable- ment des mains, des afles, ou des nageoires, & conclut que lhiftoire Naturelle, qu’on en a donnée jufqu’ici, eft'très défe- étueufe, Mr, de Buffon le dit bimaue dans fon Hiftoire des finges, G 4 io CONSIDERATIONS Mr. de la Condamine nous a donné la défcription &c la figure d’un cétacée qu’il a lui-même defliné d’a- près Nature (*}. Les Efpagnols & les Portugais lui donnent le nom de V’ache-marine, où de Poiffon-bœuf. Ce favant Académicien croit que c’eft le même qu’on nomme /amentin à Cayenne & aux Iles Françoïfés de l'Amérique. Cette vache marine n’a que deux peti- tes nagcoires placées aflez près de la tête, & qui lui fervent de bras & de pieds. Je ne la çrois pas le véri- table lamentin. Mr. de la Condamine convient aufli que c’eft une efpece un peu difkrente; & en effet on fait que les Efpagnols appellent le lamentin Manaïi, parce qu’il a des mains (f), & non pas 7’ache marine. GR EG EI SN EE 2 D GT AC ROA TR: ELERIV: Le Singe de mer Danois. Simia marina Danica. O N peut voir dansle 7heatrum univerfale omnium animalium de Jonfion publié par Ruyfch, la figure du finge de mer Danois, qui a deux mains, & furtout deux bras que l’on prendroit pour des bras humains, s'ils étoient fur un autre corps. La forme de l’hu- merus, du coude, de l’avant-bras eft auffi parfaite que dans l’homme. La main n’a que quatre doigts, & chaque doigt eft armé d’un petit ongle aigu. (*) Relation de la rivière des Amazones, Û CT) De Manati les Naturaliftes ont fait Manatus, nom Latin qu’ils donnent au lamentin. Æ 27 PHILOSOPHIQUES &e. 103 RES a nn ee ee de + LD SÉDRI S eRe nnene ne DR ee CH “A GPL OR HR 'ET'EEXY, L' Anbize. D, MB1ZE n’eft pas l’homme marin: il eft beau- coup plus grand, & ne reflemble pas fi bien à l’hom- me terreftre. Suivant Dapper (*), les ambifes fe trouvent dans les lacs d’Angola & de Quihite. Ils ont pleinement huit pieds de longueur. Nieremberg dit qu’il y en a quelquefois de fi grands qu’ils pefent jus- qu’à cinq cens livres. Ils ont deux bras fort courts, avec des mains qui peuvent f courber un peu, mais qui ne fe ferment point comme celles de l’homme. Leurs doigts ,quiontune certaine longueur, font joints par une membrane. Ils ont les yeux petits, le nez plat, la bouche grande, fans apparence d'oreille & de menton. Les parties naturelles du mâle reffemblent à celles du cheval. La femelle a deux mammelles bien formées fur la poitrine, mais qui ne paroiflent pas bien diftinguées l’une de l’autre, tandis qu’elle eft dans l'eau, parce que leur couleur eft de gris-fané. : (*) Défcription de la Bafe Ethiopie, 1G4 CONSIDERATIONS ee ee Se ee DT me "Eh à OA: QU, AA LUS OS DR CAR € L'Homme marin. Nos termincrons la clafle des bimanes par l’hom- mes marin. Tant de témoignages autentiques confta- tent l’exiftence des poiflons- hommes & des poiflons- femmes par la moitie fupérieure du corps, qu’il y au roit plus que de l’opiniâtreté à en douter, Voici ce que j'ai pu raflembler de plus avéré au fujet de ces hommes marins. a A — ——————— ———— CG HA Pr TRUE, LAVE Homme marin pêché à Oxford. pat à (*) rapporte qu’en 1187. on pêcha à Oxford, dans le Duché de Suflolk, un homme ma- rin que le Gouverneur garda fix mois, deforte que chacun put le voir. Sa figure étoit fi conforme à celle de l’homme, qu’il fembloit ne lui manquer que ja parole, Un jour s'étant échappé, il fe replongea dans la mer, & on ne le revit plus. () Hifoire d'Angleterre. PHILOSOPHIQUES &c. 107 ES HA" PS ES URe CPEEVTIL Efhece de Sirène pèchée en Wefifrife. Lx lit, dansles Délices de la Hollande ,qu’en 1430. après une furieufe tempête qui avoit rompu les digues & donné pañlage à la mer dans les prairies, des filles d’Edam en Weitfrife, paflèrent en batteaux par Pur- merand pour aller traire des vaches, & que l’eau s’é- tant retirée , elles apperçurent une femme marine dans la vafe, Elles l’emmenèrent à Edam où elle fe laifla habiller & ufa de nos alimens de pain & de lait, On lui apprit à filer. On la mena à Harlem, eile y vêcut quelques années fans pouvoir apprendre à parler, & confervant toûüjours un inftinét qui la conduifoit vers l’eau. D'où l’on peut conclure qu’elle fe feroit re- plongée dans la mer, ain que l’homme marin pêché à Oxford, fi on ne l’eût gardée de près. Je me fou- viens d’avoir vu de très anciennes figures de cette efpece de Néréide, dans lefquelles elle elt repréfentée filant, & aflife fur fa queue de poiflon repliée fous elle Cf). COROASRON T RUE -EXXIX Sept hommes marins & neuf femmes marines. Riiruiet générale des Voyages dit qu’en 1560 des pécheurs, près de l’Ifle de Manar dans les Indes, fur la côte occidentale de l’Ifle de Ceylon, prirent d’un coup de filet fept hommes marins & neuf femmes (*) Defponde parle de cette femme marine dont il eft aufli fait mention dans les Ephfmerides des curieux de la Nature. 108 CONSIDERATIONS marines. Le médecin qui les examina avec foin, ê& qui en fit l'anatomie, trouva toutes leurs parties inté- rieures & extérieures très-conformes à celles de l’hom- me. Dimas Pofquez de Valence, médecin du Vice- roi de Goa,en fit l'ouverture en prefence de plufieurs Miffionnaires Jefuites, & en particulier du Père Henriquez. l me CHU RP TT RE ER Sirène d'une grande beauté. | Ie Capitaine de Vaifleau , nommé Schmidt, An- glois de nation, vit en 1614. dans la Nouvelle An- gleterre, une Syrène d’une grande beauté, qui ne le cédoit en rien aux plus belles femmes. Des Cheveux d’un noir bleuâtre flottoient fur fes épaules; mais la partie inférieure, en commençant à la région ombili- cale, reflembloit à la queue d’un poiflon, C HA PF OR EE LAURE Témoignage de Monconys. M ONCONYS fait mention (*) de ceshommesma- rins femblables aux poiflons par la partie inférieure de leur corps, & aux hommes par la partie fupérieu- re, à la referve des mains dont les doigts font unis enfemble par une membrane ,comme les pieds des oies ou les aîles des chauves-fouris, Nous avons vu cette forme dans quelques bimanes. (*) Dans fon Voyage d'Egypte. PHILOSOPHIQUES &c 109 mg qq mm] C H A P I T R E LXXXII, Cinq bommes Marins, & une femme marine. ous le Pontificat d’Eugène IV, on prit un hom- me marin. Sous l’Empereur Maurice, on vit dansle Nil un homme marin & une femme marine qui fe lais- fèrent voir pendant trois ou quatre heures hors de l’eau jufqu’au nombril. En 1526. on prit en Frife un homme marin qui avoit beaucoup de barbe & de cheveux. Un autre fût pris en 1531. dans la Mer Baltique, & ehvoyé à Sigismond, Roi de Pologne: il vêcut trois jours à fa Cour. On en prit encore un autre jeune près de la Racca de Sintra (*). C H À P I T R E LXXXIIL Deux femmes marines. Ï L parut en 1669. auprès du port de Coppenhague, une Syrène qui fut apperçue du rivage par plufeurs perfonnes dignes de foi (f); quoiqu’elles ne fuflent pas d'accord fur la couleur de fes cheveux, toutes convinrent qu’elle avoit le vifage d’un homme fans barbe & la queue fourchue ((). Lucas- Jacob Debes ($$) dit qu’en 1670. fur la côte *) Dictionnaire des Animaux. 62 Thomas Bartholin en parle. > —- $) Ephémerides des curieux de la Nature ; Mélanges d’Hiftoire - Naturelle. (S$) Curiofités Naturelles obfervées dans les Ifles de Féroé. tro CONSIDERATIONS méridionale de Suderoé, pluficufs habitans du village de Qualbré virent une femme marine. Elle refta pres de trois heures élevées au deflus de la furface de l’eau ; tenant en fa main un poiflon qui avoit la tête en bas. Sa longue chevelure defcendoit jufqu’à la parue du corps qui étoit plongée dans la mer. On la voyoit à découvert jufqu’au nombril: Les habitans de Sude- roé virent auf ce monitre, & Debes dit tenir ce fait d'un d'eux qui étoit à Coppenhague loriqu’il le lui raconta. rs one be Éd dd C'H: A :P: 11 TRE LXXXIV. Poiffon-fèmme, appellé par les Éfpagnols Pecz-muger: R E pi pañle d’un poiffon, affez commun dans les mers du Brefil, que les Efpagnols appellent Pece mu- ger, parce qu’il a la face d’une femme. On dit que fes os ont la vertu d'arrêter toute efpece d’hémor- ragie (*). Mais cette proprieté meft pas auñi bien conftatée que j’exiftence du poiffon même dont nous allons donner une défeription plus détaillée d’après Ruyfeh. En certains temps de l’année ,on pêche dans la mer des Indes Orientales, proche des Ifles Viflaies ,qui font fous la domination des Efpagnols, un poifion anthro- omorphe c’eft-à-dire poiflon à figure humaine, que es Efpagnols appellent Pecé #uger & les étrangers Duyon: Il a la tête ronde, collée immédiatement fur les épaules, fans cou; fes oreilles ; faites comme celles de l’homme, ont la conque tournée à peu près de la même façon, avec l’ouverture beaucoup plus grande, Ses yeux couverts de leurs paupières reflemblent pour €") Redi, Experimenta Naturalia, &ce W'ehley, del # fab. ES d LE PHILOSOPHIQUES&c àir la couleur & pour la manière dont ils font placés, non aux yeux d’un poiflon, mais à ceux d’un homme. IL a le nez plat, les levres comme les nôtres: Ses dents pieines & très blanches font rangées comme dans l’hom- me & non comme dans les poifions. Il a la poitrine Jarge, blanche, délicate; les mamimelles rondes & fermes comme les ont les vicrges & non pendantes comme les nourrices: elles font pleines d’un lait très blanc. Enfin fes bras font plus larges & plus gros que longs , propres à nager, & les coudes peu marqués: les mains portent de petits doigts pointus qui tiennent les uns aux autres par une membrane (/’oyez P/anché V1.) Le mâle & la femelle ont les parties fexuelles femblables à celles de l’homme & de la femme. Le teite du corps finit en queue de poiflon: On ne fera Le fâché de trouver ici le paffage entier rapporté par uyfch, que je viens de traduire en m’attachant plus à la figure qu’à la lettres pi Capitur certis anni temporibus in fat Orientaï Jidie ad Mules Viffajas quas Infulas Pidorum vocant , [ub Hifpanorum dominio, pifcis quidam avpwropoe@G, id ef? bumana prorfus figura, quam ideo Pece muger vocant, ab indigenis Duyon: Caput babet rotundum, nulla colli sntercarpédine trunco conpaîuim. Extreme aurium fibre , que & auricula noncinaniur, ex Cartilaginea carne ele- £antér veflita; guarum inferior pars ampljimis formata anfraêibus ; veram bominis rejfert aurem ; oculos fuis or- natos palpebris ; fituque & colon non piftis fèd hominis ju dicares ; nafo non nibil aberrat: malam inter uiramque non ufquequaque emiièt , fèd levi tramite bipartitur ; fub ea 2œro labra magnitudine [pecteque nofiris fimillima. Den- tium non quales infunt pifcium generi fèrratilium , fêd ple- norum & candidilfimorum continua feries. Pelïus aiba Cute conteËuim ; binc atque binc paulà latius quam pro cor- Pore in mammas extuberans ; neque eas ut fæminis pendi- culas ÿ fèd quales virginibus globolas , plenas laëïis candi- diffimi: Brachia non longa [èd lata ad natandum apta, nullis tamen ipfa cubitis, unis, manibus, articulisve di- Minêla. In adminifiris Joboli propagande membris in utra- f19 CONSIDERATIONS que fêxu nulla ab bumanis diflinétio: pol bec in piften cauda définit C*). C H A PI T R E LXXXV, Homme marin & Femme marine defféchés. | pe 1755 où montfoit à la foire Sainit- Germain à Paris deux poiflons defléchés, l’un mâle l’autre fe- melle, qui reflembloient à un homme & à une femme par le haut du corps jufqu’à la ceinture, ayant la té- te, le vifage, lé fein & les mains femblables aux nô- tres: ils fentoient la marée. Celui qui les faifoit voir les appelloit Triton & Syrène. D Los te] mn CH ATP IT RE" LDIOONE Defcription d'une femme marine que l’on Doyoit vivante’ à Paris en 1758. Os añnées après (f) on vit à la même foire une autre femme marine vivante que l’on confervoit dans un grand baffin d’eau plein d’eau où elle paroïfloit fe plaire Éd Elle étoit vive & agile. Elle avoit deux pieds de long. Elle plongeoit & fautoit dans l’eau avec beaucoup FA dexterité ; lors- qu’elle étoit tranquille, on attitude ordinaire étoit d’a- voir le corps droit élevé fur la furface de l’eau jus- qu’au deffous du fin. On lui donnoit du pain & de petits () Kircher. Art. Magnet, Lib. VI, p. 675. Ruyfch de Pifcibus Tite /Cap:\r. (ft) En l’année 1758. PHILOSOPHIQUES &c. #iè pêtits poiflons qu’elle mangeoït.fe fervant de fes mains pour les porter à fa bouche. Elle regardoit les fpeéta- teurs, les hommes furtout, avec une attention qui annoncçoit la curiofité & le defir, & qui ne pouvait être que l’effet du pur inftinét. Elle avoit la peau rude au toucher, la tête nve à l’exceprion de quelques ap- parences écailleufes derrière la tête vers la nuque, les oreilles longues & larges, le vifage cres laid, le cou épais & honnêtement long, la main droie mal for- mée, auf fe fervoit elle plus ordinairement de la gauche, la poitrine large les mammelles grandes plei- nes & arrondies. A l’égard du fexe, un clitoris fort gros fortoit de la vulve de la longueur d’un demi- pouce. Elle avoit deux efpeces de nageoires aux aî- nes, qui pouvoient fe fermer & couvrir en fe fermant les parties fexuelles. Elle avoit la moitié inférieure du corps en queuc de poiflon couverte d’écailles, Une nageoire compolée de fix rayons deftendoit en dimi- nuant de grandeur & d’épailleur depuis la vulve jus- ques vers l'extrémité de la queue. Cette queue fe ter- minoit d’une maniète particulière qui, lorfqu’elle étoit ouverte ou épanouie, ne reflembloit pas mal au calice d’une fleur. Elle étoit formée d’une feule membrane de la même fubftance que les nageoires, & attachée fur dix rayons. Une moitié pouvoit s’abattre fur l’au- tre, & cette queue ainfi fermée reflembloit à un dou- ble éventail. Six portions de la membrane, favoir trois portions correfpondantes de chaque côté, por- toient uné marque extérieure. La première du côté auche étoit un point blanc furmonté d’un petit arc e même couleur. Les deux autres étoient compo- fées chacune de deux arcs blancs qui fe regardoient, & dont l’intérieur ,c’eft-à dire le plus éloigné du bord de la queue, étoit plus petit que l’autre. Les trois ta- ches du côte droit étoient à peu près femblables. Tel étoit cet amm:l fingulier. Mr. Gautier, fi connu par fes planches anatomiques colorées, le vit & le deffina dans le temps, c’eft d’après fon deffin que nous en donnons la figure (P/anche “ Fig. 4) 4 CONSIDERATIONS Cette femme marine differe en plufieurs points de celle dont parle Kircher ; celle-là n’avoit point decou; celle ci en avoit un épais & aflez long L’une avoit une nagcoire furchaque hanche & les hanches étoient grofes & bien marquées; l’autre avoit les hanches prefque effacées, deux nageoires vers les aînes, & une plus longue fous la queue: La conformation des oreil- les, des mains, du (exe, & de l'extrémité dela queue différoit dans l’une & dans Pautre, ainfi que le der- rière de la tête qui portoit de petits cheveux dans la première, & des apparences écalleufes dans la feconde: Le corps n’avoit pas la même délicatefle de peau dans les deux. FTAVIIPRDÉE GERS ne ne M en nn CG: X-P ET R E :LXXXYE Homme marin ou par Mr. Glower. . M. Glower en parlant du climats & des produ« ctions de la Virginie (*) , dit qu’il y a jeu de pays am monde où il y ait un fi grand nombre de fleuves, que l’on y voit fouvent des montres marins, qu’il en @ vu un qui parut comme il defcendoit fur un de ces fleuves; que ce monftre avoit une figure humaine, avec la tête, les bras, air & le vifage d’un Indien; que fon regard terrible jetta la terreur dans J'âme de tous ceux qui étoient dans fon batteau, jafqu’à ce que plongeant dans l’eau il fit voir fa queue de pois- {on qui étoit cachée, tandis qu’il fe tenoit debout, la tête & la moitié du corps élevées au-deflus des eaux. 7 9) Tranfactions: Philofophiques, & Journal des Savans an, 1676, pd :, SRE TN 25 7 de i LÉ © Planche VIT. Page 21 r pr LE s L PE? 22 PDT MINI Le ; Z L 2 ; TO ; y, 2 ue. dede LL "4 277 er .r. Ha PHILOSOPHIQUES&e tis CH A -P.1 TRE “PIX VIIN: Extrait d'une Lettre écrite de la Martinique ; par Mr: CHRÉTIEN , à un Licentié de Sorbonne, contenant la Relation d'un homme marin qui a_paru aux côtes àe cetie J{le le 23 de Mai 1671. (Planche VII.) , 35 | Ê*: diamant eft uñ grand rocher fitué au fud de 5 la Martinique & féparé de lIfle par un détroit d’u- ne lieue. Les rus des marées contraires qui cou- » rent furieufement entre les pointes des montagnes ». Voifines, le rendent prefque inacceffible. Les oi- 3 Raux s’y retirent comme dans un lieu où les dañ- » gers de la mer & les précipices les rafureñt contre Is courfes des chafleurs, Il y en a en fi grande ÿ quantité qu'ils font comme de grands nuages au- és deifias des batteaux qui en approchent; & ceux qui # Ont la hardiefe de monter au haut de ce rocher, 3 rempliflent fouvent de grands canotsde petits, qu’ils » prennent à la main, dans les trous & dans les her- ». bes d’alentour: de forte que la ftérilité dé ce defert #» Produit, avec une fécondité admirab'e, le grand » nombre d’oifeaux qui peuplent nos bois; & qui » font une partie de notre nourriture Mr, le Géné- ral de Baas, ayant fagement remarqué que les ha- » bitans des côtes voilines enlevoient les œuf & les #” petits; & ruinoient la chañle de l'Ile par ce pillage, 3 à défendu à toutes fortes d’habitans-d’aborder cetre » Ile durant le temps que les oifeaux ÿ couvent leurs ‘5 pétits; & le Sieur de la Paire; Capitaine Comman- # dant de ce quartier, a pris un foin pafticulier de » faire obferver cette ordonnance fi utile au Public, s jJuiQu’au 23 Mai, qu’il commanda ur canot pour # féconnoître la fécondité de ce petit defert. Le Mat- s te du canot, s'étant acquitté de fa commiffion ; re- s tourna fur une pointe avancée de dix ou douze pas H 3 116 CONSIBERATIONS 29 22 22 3 22 dans la mer, élevée Ge huit ou dix pieds au deflug de l’eau, où un autre François & quatre Nesres, qui com, oivient fon éauipage, Pattendoient. lis demeurérent# jufqu'a une heure a- vant le folell cuue. c'eft environ cinq heures & un quart, à la fin de mai, dans les ifles), pour attendre que le vent d’eft, contraire à leur retour, s’abaiflât comine 1l a coûtume de faire tous les foirs. Ds fe divertifloient , lorfqu’un jeune François effrayé fit un grand cri qui leur fit auffi tôt tourner la tête de fon côté, pour apprendre le fujet de fà crainte; & tous enfemble voyant en même temps un hom- me marin à huit pas d’eux, qui avoit la moitié du corps hors de l’eau, ils furent faifis d’un etonne- ment qui, partageant leurs efprits entre la crainte & l'admiration, les arrécoit fans favoir s'ils devoient fuir, ou confidérer à loifir ce monître. Il avoit la figure d’homme depuis la tête jufqu’à la ceinture, la taille petite telle qu’ont les enfans de quinze ou feize ans; la tête proportionnée au corps; les yeux un peu gros, mais fans difformité; le nez un peu large & camus; le vifage large & plein, fes cheveux » gris mêlés de blancs & de noirs étoient plats & ar- 22 2 ? 22 & rangés comme s'ils euffent été peignés, & lui flot- toient fur le haut des épaules; une barbe grife ,éga- lement large partout, lui pendoit fept ou huit pou- ces fur l’eftomac qui étoit couvert de poil gris com- me aux Vieillards, le vifage, le cou & le refte du corps étoit médiocrement blanc ;on n’a rien remar- qué de particulier au cou, aux bras, aux mains, aux doigts, ni au refte du corps qui fortoit de l’eau, fi ce n'eft qu’il n’étoit pas couvert d’écailles, ou de poil, & qu’il prcnur avoir la peau aflez délicate, La partie inférieure depuis la ceinture, que l’on voyoit entre deux eaux, étoit proportionnée au refte du corps & femblable à un poiflon, & elle fe terminoit par une queue large & fourchue, comme vous le voyez dans la figureici jointe ( P'anche 11 } L’étonnement que cette vue caufa d’abord aux PHILOSOPHIQUES&. rir » Francois & aux Negres, ne leur permit pas de la bien diftinguer la première fois ; mais s’étant remis de ce premier trouble, & le monféres’étant montré fur l’eau plufeurs fois, & fort longtemps, ils eu- rent le loifir de remarquer diftinétement toutes les parties dont il étoit compofé. Le plus jeune des Francois, à qui les dangers continuels ont appris à ne rien craindre, fe faniliarifant peu à peu: avec lui, l’appella en le fiflant, comme on appelle les :» Chiens. Un des Negres voulut jétter une grofle li- gne pour le prendre. Il fe montra la première fois à >» huit pas du rocher. Il fe montra plus près la fe- conde fois, &. vint enfuite tout proche de la poin- te, où les François & les Negrès étoient affis; & puis fe retirant vers left le long d’un herbage qui eft au pied de ce rocher, il fe tourna plufeurs fois, & s'arrêta longtemps fur l’eau, comme s’il eût pris plaifir à voir & à être vu, fans s’effaroucher ni té- » Mmoigner aucun étonnement; & enfin 1! difparut au » commencement de la nuit, 3 » Ce recit ayant été fait premiérement à un Pere y» Jéfuite, qui faifoit miffion dans les côtes du voifi- » nage, où la mort de Mr. Rozel très-fervent Ecclé- » fialtique, a laïflé une Eglife de plus de mille per- » fonnes fans pañteur; & enfuite la même chofeayant » Cté rapportée au Sieur de la Paire Capitaine de ce » grand Quartier; fà nouveauté la leur rendit fu- #» pete, & les obligea d’en faire une information avec #» toute l’exactitude que peut donner la crainte d’être » publiquement trompé. Ils prétendoient au com- » mencement en détromper le peuple qui a toüjours » trop d’inchination à croire les chofes extraordinai- #» res, & qui peuvent fervir d'entretien; mais ayant » Vu que les témoins répondoient à cent queltions » qu'on leur faifoit, fans fe contredire, ils furent a » la fin obligés de croire ce recit comme véritable, » qu'ils n’avoient confidéré d’abord que comme une » fable, Le Sieur de la Paire fit recevoir juridiquement » leurs dépoñtions par Le Notaire, en préfence des 3 8 CONSIDERATIONS 29 29 99 2 99 22 22 2 2 LE) 3 22 ss ss Y LC Officiers & des Perfonnes les plus confidérables du quartier (#). » Il feroit difficile de faire une recherche plus ri- goureufe. Un Religieux & un Capitaine de méri- te, à qui plufieurs campagnes ont donné de lex- périence. y ont employé toute leur adrefle, en fé- parant les témoins les uns des autres, pour les in- terroger, en leur faifant des demandes concertées entre eux pour les faire couper. Auffi Mr. le Gé- néral de Bass , à qui l’efprit, l’expérience, & la leéture donnent une merveilleufe vivacité pour ju- ger des chofes , n’a pas cru qu’on y dût rien ajou- ter pour Ja rendre plus autentique. ; Le témoignage de deux François eft confidéra- ble, en ce qu’ils n’ont rien qui les oblige de faufler le ferment folemnel qu’ils ont fait de dire la vérité. Mais ce qui doit rendre, cette hiftoire encore plus certaine, eft le témoignage de quatre Negrès qui, étant féparés les uns des autres, ont tous conftam- ment dépoié la même chofe. Ceux qui connoifient leur naïveté & leur ftupidité, jugeront aïfément qu’ils ne pourroient convenir dans le même témoi- gnage,s’ils n’avoient vu la même chofe; & qu'ayant affez peu de mémoire, il leur feroit impoffible d’ap- prendre en fi peu de temps à femndre une fi longe hiftoire. De plus ce n’eft pas une vifion pañfagère, & d’un moment, ou confufe & de nuit; ils ont vu ce monftre en plein jour, & pendant une heure; ils l’ont confidéré à loifir; ils s’en font entretenus. & ont diftinétement remarqué toutes ces particula- rités qu’ils ont dépofées. Ajoutez à cela que ce n’eft pas le premier homme marin qui a paru .... (+). Celui qui parut il y a quelques années aux côtes de Bretagne, prochè de Belle-Ifle, étoit tout (*) On en trouvera le procès - verbal à la fin de cette Re- lation. CH Ici Mr. Chrétièn cite quelques-uns des hommes marins dont nous avons park ci-deflus. Rs. punir PHILOSOPHIQUESRe. «19 » fembiable à celui qui s’eft fut voir cette annéc dans + l'Amérique. : » On s’eit informé fi les bras étoient proportionnés #» au corps, s'ils éroient plats, & fi les doigts de la » Main étoient attachés enfemble; s’ils avoient des aî- » lerons, comme on a fouvent remarqué en ces for- . » tes de monftres, qui avec cela font plus propres à » nager. Mais les témoins n'ayant pas fait ces ré- » flexions, n’ont pu fatisfaire la curiofité de ceux qui » les interrogeoient;ils ont tous affuré qu’ils Pavoient » Oui fouffer du nez, & qu’ils lui avoient vu pañler » la main fur le vifige & fur le nez ,comme pour s’es- » fuyer & fe moucher. 11 n’a fait aucun bruit de la » bouche qui ait pu faire connoître s’il avoit de la p VOIx (*). » Il eft croyable que ce monftre s'étant fouvent vu » dans l’eau, comme dans un miroir, ou en ayant » vu d'autres femblables dans les mers, regardoit ceux >» qui compofoient l'équipage du canot, avec un plai- » fr que la reflemblance fait naître. Les témoins lui trouvèrent le vifage farouche; mais peut-être qu’un refte de frayeur le leur faifoit paroître plus fier qu’il » n’étoit en effet. » On laiffe aux curieux à conjeéturer fi c’eft un monftre, ou une efpece féconde; & füuppofé que ce » fit un monftre de quelle manière il a pu être en- » gendré. Nicolas Rimber rapporte que la famille » des Marinis en Efpagne eft venue d’un Triton & d’une fille dont il eut la compagnie. Mais de favoir » S'il Cft auffi Rmblable à l’homme dans les parties » intérieures que dans les traits du vifage, s’il peut » Vivre & engendrer dans l’eau; c’eft aux favans à » decider ces queltions, & à nous à rapporter fidéle- » ment ce que nous en avons appris (j ).”? 9 © ss EE « _(*) Les hommes marins ont une forte de voix, ou de cris, .& fe plaignent, au rapport de quelques modernes: ce que les ans ciens ; n’ont par ignoré, comme on le lit dans Pline, Cf) Journal des Savans Année 1672, H 4 120 CONSIDERATIONS Nous allons joindre à cette Relation la copie du Pro- cès-verbal qui en attefte la vérité. Quoiqu'il foit déja rapporté dans d’autres ouvrages (*). Nous croyons qu'il eft eflentiellement nécellaire ici: c’eft pourquoi nous ne faifons aucune difficulté de le répéter. C H_ A P I:T R E ;LAXXEE Copie d’un V’erbal fait à la Martinique de l'apparition d'un bomme marin Jur les bords de P je du Diamant. 9 Chose 31. jour de Mai 1671. nous Pierre » Luce Sieur De Lapare, Capitaine commandant les +» quartiers du Diamant; fur avis qui nous a été don- » né par le Sieur le Gras, Enfeigne de notre Com- » pagnie, que les gens que nous avions envoyés à l’Ifle » du Diamant auroient vu apparoître & diftingué vé- » ritablement un monitre marin en figure d'homme, » lequel fe feroit arrêté plufeurs fois auprès d’eux, & » regardé fixèment, ce qui les auroit obligés, n’ayant # aucune arme, de fe rembarquer dans leur canot » Qui les avoit portés aux Ifles du Diamant, pour re- » Venir à la grande anfe d’où ils étoient partis, ce » qui nous auroit obligés de partir du quartier de la » Rivière-Pilote pour nous rendre au quartier de 14 » grande anfe du Diamant, auquel lieu étant arrivés, » Nous aurions rencontré le R. Pere Julien- Simon, » très-digne Reïgieux de la Compagnie de Jus, pour » faire la miffion ordinaire de temps en temps, lequel # nous ayroit auffi dit qu’il en avait été pareillement #» averti, & qu'il feroit à propos d’en faire une exacte »> inquifition pour en favoir la pure & fincère vérité. » Pour à quoi vaquer nous aurions appellé aupres () Telliamed, ou Entretiens d’un Philofophe Indien fur Ja diminution de la mer avec ua Milliongaire François. PHILOSOPHIQUES, &c rar # de nous Me. Pierre de Beuille Notaire des quartiers » de notre Compagnie, & le dit Sieur le Gras, & en » préfence du KR. P. julien-Simon, aprés avoir fait » venir Cyprien Poyer habitant au dit quartier, [u- » lien Vattemar auf habitant, André Nesre du sieur » Desforges auf habitant du quartier, Abraham Ne- » gre du nommé Alexandre Defthamps, & Pierre » Negre d’un nommé Noël le Moulle dit la Rozière, tous enfemble étant ceux qui avoient vu la dite ap- ” parition, & les ayant féparément & à part ouis, » d'eux pris ferment de dire vérité, ont dit, PREMIÉÈREMENT, >> CYPRIEN POyER, natif de Rozé en Caux, a »” dit & dépofé ce qui fuit: Qu'étant arrivé le matin » aux Îfles du Diamant fur les fept à huit heures du » matin, le famedi vingt-troifiéme du mois préfent, A» & voulant s’en retourner fur le fuir, environ une Y heure avant folail couché, le temps, étant clair & » ferein , il auroit vu diftinétement un monftre ma- » Tin ayant la figure d'homme depuis la tête jufqu’à » la ceinture, & depuis la ceinture jufques en- bas la » figure d’un poiflon, terminé par une queue four- >» Chue fémblable à celle d’une Carangue, Et ayant » Été interrogé des particularités, il a dépofé ce qui » fuit: la tête étoit femblable à celle d’un homme, » les yeux, la bouche de même, le nez camus, le » Vifage large & plein, la barbe grife mélée de blanc » & de noir, pendante d'environ fept à huit pouces >» & fort large, les cheveux gris, pendans fur l’extré- » mité des épaules, & fort plats, unis comme s'ils + avoient été peignés, la gorge & le refte du corps médiocrement blancs, où il n’a remarqué aucunes #» particularités, la poitrine poilue à la façon des vicil- » lards, la taille petite & comme d’un jeune homme # de feize à dix-fépt ans: il s’eft montré trois fois; la » première, environ à huit pas du rocher ; la feconde # ENVIFON à quatre pas; A troifiéme à trois pieds ] 5 + 3 CONSIDERATIONS près d’eux, fe tournant pour le regarder, quiétoit tout près dudit [flet, fortant moitié du corps hors de la mer, ayant la mine fière, portant la main pluñeurs fois fur le nez & fur le vifage commepour s’efluyer; ce qui épouvanta le dit dépofant & fes : , Compagnons, lequel n’ayant'point d'armes, fe rem- barqua après avoir vu ledit monftre s'écarter vers la Savane dudit Iflet, & les regarder diftinétement les uns après les autres; après quoi il fe plongea en mer, fans qu’ils l’aient revu. C’eft tout ce que le dit Dépofant a dit fcavoir, & a pofé fa marque, déclarant ne favoir écrire n1 figner ; de ce enquis fuivant l'ordonnance, après Leéture à lui faite, a perfifté: & fur la minute eft appofe une croix, marque ordinaire du dit Cyprien Poyer. SECONDEMENT. » JULIEN VATTEMAR, âgé de Gix-fept ans, a dé- Dolé en préfence de fon père, ce qui fuit: Qu’étant fur le dit Iflet avec le dit Dépofant, il a vu un monftre marin ayant la figure d’homme jufqu’à moitié corps, le refte en façon de poiflon. Il n’a as diftingué la queue; la tête, le vifäge , les joues, es mains, la poitrine n’ont rien de diférent de la figure humaine; le nez étoit gros, la barbe grisà- tre, longue partout également; fe tenant nom fort loin de la terre: fes oreilles étoient fort larges. Le dit dépofant appella le monftre en fifflant, & difant fois, tais, comme à un barbet, & s'étant appro- ché par trois fois, fe retira tournant fouvent la té- te pour les regarder; & quand il lui entroitde l’eau dans le ñez, il la fouffloit, comme un chien qui reniffe, Ce font tous les propos tenus & dont le dit dépofant s’eft fervi; & tout vis-à vis la Savane alla au fond fans qu’il Pait revu. C’eft tout ce que le dépôfant a dit favoir, & a mis fa marque en pré- fence de fon père, à qui il a fouvent fait la même déclaration; & fous la dépofñtion, à la minute eft 22 22 19 ” 2 PHLIOSOPHIQUESR&e 123 appofé un J. & un V. marque ordinaire du dit Ju- lien Vattemar, & figné Vattemar. TROISIÉMEMENT. , » ABRAHAM, Negre du dit Alexandre Defchamps d'environ dix-neuf ans, a dépoié ce qui fuit: Qu'il a vu un homme bâti comme un homme, la tére grofie comme une Perfonne, les cheveux gris & la barbe grife, large, & le nez gros, la poitrine poil- lue de poil gris, la queue-large & fendue comme une carangue. Il les regardoit entre deux yeux; - le Dépofant voulut le prendre avec uneligne,ayant ourtant bien peur, fe tenant fur les rochers pour e regarder. Ila renifflé comme une perfonne; il a fait trois plongeons, & ils ne l’ont plus vu, la mer étant devenue trouble, ils ne l’ont point vu depuis; c’eft la manière dont il a fait fà depoñtion; à quoi 1l n’a rien voulu changer. | QUATRIÉMEMENT, » ANDRÉ., Negre du Sieur Desforges, à dépofé ce qui fuit: j’ai vu bête faite comme homme dans la mer; cheveux longs, épaules, un poil gris; barbe ly gris, large comme main; par devant le corps tout de-même comme homme, le cou blanc, poil gris fur le féin, la queue tout de même comme ca- rangue: ly veny trois fois fur l’eau, & gardé nous toüjours avec fes gris yeux; my teny mouche per ly faire; autre Negre coury après ly pour prendre comme ligne, luy cacher dans la mer, & puis pu voir lui. CINQUIÉMEMENT. > PIERRE; Nesre du dit Noël le Moulie de la Ro- zière, a dépolé ce qui s’enfüit, & dit: moi miré Un homme en mer du Diamant, mqQi miré lui trois 124 CONSIDERATIONS » fois; lui teny tête, bon vifage de ly comme mon. s de; ly teny grand barbe gris, ly forty hors de » l’eau, regarde nous, Je vous moi prendre lui dans ains pour prendre lui, moi teny petit peur, non pas grand, non; & puis lui, & puis lui caché: lui fouvent gardé nous, & pourtant lui teny queue ” comme poifon. Ce font les termes du dit Dépo- > fant. » Et Pierre, Nesre du dit Sr. le Gras, âgé d’envi- ron 22 ou 23 ans, a dépofé & dit: Moi miré bête, lui teny yeux, teny barbe, teny mains, teny épaules tout comme homme, teny cheveux & bar- be grife,non pas blanc: moi non pas miré bien lui, parce que lui étoit dans l’yau, lui fembloit pour- tant porffon, moi teny peur, autre dire, c’eft un ange monde ; lui regardé plufeurs fois; lui allé con- tre Savanne, & puis lui caché dans l’yau, & moi non miré lui davantage: & c’eit la manière de par- » ler du dit Dépofant. » Ce font lesdépoñtions de tous ceux qui étoient dansle dit Canot, quiont perfifté plufieurs jours dans leurs dépoftions; favoir depuis le vingt-trois du dit préfent mois jufques à ce jour. » Fait à la grande anfe du Diamant le jour & an que deflus, en préfence des témoins ci-deflus fig- nés. Ainf figné fur la minute, Julien-Simon de la » Compagnie de Jefüs, la Paire, le Gras, J. Gaïteau, » Alex. Barbier, Claude Barbe, Martin de J. N. Du- » puy, & de Beuille avec paraphe, Greffer. » Collationné fur la minute par le Notaire Royal, en cette Îfle de la Martinique fouffigné, ayant celle #» des précèdens Notaires du quartier du Diamant & N» autres quartiers circonvoifins. Delivré ces préfen- » tes à M. de Hauterive, au Diamant de ladite Ifle, » Etude du dit Notaire fouffigné , le 6 Juin 1722. Signé ss GOGUET.” PHILOSOPHIQUES &c 125 CM TA CPUOMET RE CC: Homme marin pêché en 1797 sprès à Exeter en Devonsbire. Extrait du Wonderfal Magazine for Septem- ber 1764. | E N 1737, des pêcheurs jertant leurs filets près d’Exe- ter, furent furpris en le retirant, d’en voir fortir une efpece d’animal à figure humaine qui refauta dans l’eau aufMi-tôt & fe mit à nager. Les pêcheurs lui donnè- rent la chañle à force de rame ; & ne pouvant le prendre vif, ils lui portèrent plufeurs coups de per- che, & le prirent à-demi-mort: il foupiroit comme un homme. Ils avoit deux efpeces de pieds antérieurs, ou de mains, dont les doigts étoient unis enfemble par - une membrane comme les pattes d’un canard. Du refte il avoit ies yeux, le. nez & la bouche parfaite- ment reflemblants à ceux de l’homme: feulement il avoit le nez écrafé & aplatti. La partie inférieure de fon corps fe ierminoit en une queue femblable à celle d’un faumon. La longueur de ce poifion-homme étoit de quatre pieds depuis l’extrémité de la queue jufqu’au fommet de la tête. C H A PIJ T R'ERCE Extrait des Dialogues faits à Pimitation des Ancieñs par Oratius Tubero (Lamotte-le-Vayer), au füjet des hommes marins: Dialogue II. intitulé, le Banquet Sceptique. LD Poftugais ont trouvé aux Indes Orientales leur Pefcadomuger (*) fi reflemblant à la femme, qu'ils lui en ont donné toutes les fonétions. (C’eft le même poiflon avec lequel les Negres du Mozam= bique difent fe rafraîchir grandement, en en abufant même étant mort, Ce qui me fait encore douter qu’il pourroïit être aufli le même qu’Agatarchides appelle Ærbiops (t), & lequel au commencement les pêcheurs ne vouloient ni vendre ni manger, à caufe de fa forme & refflemblance humaine, À quoi les Syrènes & Néréides des Anciens (1) femblent pouvoir être rapportées; & peut-être ce que Ni- cold Conti nous conte, qu’en la rivière qui pañle à Cochin, il fe trouve des poiflons de forme fi hu- maine, qu'étant pris, comme ils font fouvent, on y remarque jufqu’à la différence du fexe aux mâles & aux femelles, toute pareille à la nôtre; ajoutant qu'ils ont bien l’induftrie, fortant de l’eau la nuit, de tirer du feu des cailloux qu'ils trouvent, & en allumer du bois, à la lueur duquel ils prennent les autres poiflons qui accourent. » Les Uros d’Acofta ((), qui habitent la grande Legune ‘liticaca, fe diioient n'être pas hommes, oo +) Apud Photium. *) Poiffon-femme: 15 Plin. Hift, Nat. Lib. IX. Cap. V, Ce pañage eft rapporté en entier dans le Chapitre fuivant. CS) Liv. HL Chapitre XVIE PHILOSOPHIQUES&C +327 5 Mais Uros feulement; & à la vérité il nous les dé- ÿ Crit, comme une différente efpece d'hommes aqua- > tiques. Sur quoi je ne puis me tenir de vous ex- j pofer ici la penfée d’un des plus fublimes & méta- » phyfiques efprits de ce temps (*}), qui s’étoit per- #» luadé que le genre humain étoit originaire de quel- ques Tritons ou femmes marines; foit qu’il eût » Égard à l'opinion de Thalès qui tenoit l’eau pour le » feul élément de toutes chofes. | 'Ousayéy Te Oeuv yéveoiw À phrépa T'Hbôv. Oceanum Divum genefin Lethymque parentem. Homer. ÿ Soit qu’il regarde les cataclifmes & déluges univer- ls, après lefquels ne reftant plus que les animaux >» aquatiques, 1] crut que par fucceflion de temps, ils # fe faifoient amphibies, & puis après terreftres tout- » à fait: fon opinion fe trouvant auffi fort authorifée de celle des L'gyptiens dans Diodore de ficile, (f), >» qui tenoient l’homme, sacufire animal & paludibus > Cognatum”? CHA PET OT RE EMXCIL ST D Li 5 | me Extrait du newvime Livre de l'Hifoire Naturelle de Pine. É.. IN les anciens n’oft pas ignoré l’exiftence des hommes marins & des fèmmes marines. Ce font leurs Tritons, leursSyrènes ; leurs Néréïdes, & quoiqu’ils aient mêlé beaucoup de fables à ce qu’ils en ont dit, le tout n’eft pas fans fondement. f D, Polo, LD) Lib, I, LA 128 CONSIDERATIONS » P 2 2 Lo 22 2 22 2 22 22 22 S 22 On lit dans Pline ce qui fuit: , Du regne de l’'Em- creur Tibère, ceux de Lisbonne lui envoyèrent des Ambafladeurs exprès, pour l’avertir qu’en leur côte de mer on avoit decouvert un Triton jouant du cornet en une caverne, & qu’il étoit tel qu’on les dépeint ordinairement, Quant aux Néréides ou Syrenes, elles ont véritablement le corps tel qu’on les dépeint: hormis qu’elles font apres & écaillées, ès parties efquelles elles retirent à la figure humaine; car on en a vu en la même côte & plage; & même les gens du pays en ont oui plaindre une de loin lorfqu’elle mourut » D'ailleurs le Gouverneur des Gaules a certifié à l'Empereur Augulite par lettresexpreffes qu’on avoit trouvé für la page plufieurs Néréidesmortes. Ze, j'ai pour témoins plufieurs hommes d'armes Ro- mains, gens d'honneur & de crédit, qui m’ont af- firmé avoir vu en la côte d'Efpagne un homme marin, ayant entiérement forme d'homme, & di- foient qu'il fe jettoit de nuit dans les fuftes & bri- gantuins, & qu'il étoit fi pefant & fi aétif qu’il les faifoit enfoncer la part ou il étoit. » Du temps de l'Empereur Tibère, ès côtes de Bre- tagne, la mer fe retirant laiflà fur lagreve, en une certaine Ifle, plus de 300 bêtes marines, de gran- deur & varieté admirables, & on en trouva quañ autant ès côtes de Saintonge fur la Rochelle: en- tr’autres bêtes on y trouva des éléphans & des be- liers qui avoient les cornes comme les terreftres, hormis qu’elles étoient blanches, & même y avoit plufieurs Néréides (*).” CH A- C2) Traduétion de Dupinet. ES PHILOSOPHIQUES&. 129 Se CH AP LU RPENARBNII. Hommé marin & femme marine vus dans le Nilen 592, [I s’en faut bien que j’aie épuifé toutes les relations des hommes marins & des femmes marines. En voici encore quelques-unes aufli-bien conftatées que les pré- cédentes. » En l’année 592. le 18 du mois de Mars, un Of- ficier d’une des villes du Delta, où de la Baflé- Egypte, fe promenant le foir avec quelques-uns de fes anus für les bords du Nil, ils appercurent aflez proche du rivage un homme marin füivi de fa fe- Melle, le mâle s’élevant fouvent fur l’eau jufqu’à fes parties naturelles, & la femelle feulement jus- qu’au nombril. L’homme avoit l’air féroce & le regard affreux, les cheveux roux & un-peu héris- fés, la peau brune; il étoit femblable à nous par les parties que l’on appercevoit. Au contraire l’air >> du vifage de la femme étoit doux; elle avoit les cheveux longs, noirs & flottans fur les épaules, le corps blanc, les mammellesenflées. Ces deux mon- ftres reftèrent près de deux heures à portée de là vue de cet Officier, de fes amis, & de tous ceux du. voifinage accourus au bruit d’un fait fi extraordi- paire, Jls parurent une heufe avant le coucher du foleil ; & il n’y eût que les ténébres de la nuit qui les dérobèrent aux yeux des fpeétateurs. On en dreffa une atteftation fignée de l’Oficier & de plu- » fieurs autres témoins; & elle fut envoyée à l’Em- » pereur Maurice qui régnoit alors à Conftanuino- » ple C(*). É . La defcription de la femme marine s’accorde fort bien avec celle du Puce muger dont il a été parlé ci-deflus L ss © Félliamed, Tome IL 39 CONSIDERATIONS (*): une figure douce, un corps blanc, des mat melles larges, pleines & enflées. Seulement celle-ci avoit de longs cheveux noirs & flottans fur ces épau- les , comme celle que vit le Capitaine Schmidt en 1614 (ft), au lieu que celle dont Redi, Kireher & Ruyfch font mention les avoit plus courts. Du refte ces deux poiflons à figure humaine fe mon- trèrent une heure avant le coucher du foleil, ainf que l’homme marin vu fur les bords de l’Ifle du Diamant. CHA CP ANT RTE RO, Homme marin vu par le Sr. Larcher, habitant du Fort - Royal. ’AJOUTERAI un fait notoire à la Martinique, & poftérieur de plus de trente ans à celui de 1671. que J'ai rapporté. ” Le Sr. Larcher, habitant du lieu, revenant un # jour au Fort-Royal de l’habitation qu’il avoit aux » trois Iles, & étant dans fon canot armé de huit » Negres, la tête tournée à la mer d’un côté, & les » Negres de l’autre, ceux-ci s’écrièrent tous à la » is: Ur Bequet à la mer ; ce qui dans leur langage » fgnifie, #2 homme blanc à la mer. A ce cri, le Sr. » Larcher ayant tourné la tête vers eux, n’apperçut » plus que le bouillonnement des flots à l’endroit où » le montre avoit difparu. Les huit Negres attefte- » tent féparément qu’iis avoient vu un homme tel A que les blancs élevé fur la mer, de la ceinture en. » haut, & les regardant; ajoutant qu’il s’étoit enfon- c*) Chapitre LXKKIV. (TN) Voyez ci-deflus Chapitre LXXXs PHILOSOPHIQUES&e. 131 “5 cé dans la mer au moment qu’ils ayoient crié, ## ss. Bequet (*).” | EC: Ré ERnE FR: EXO Tné femme & une fille marines. PRÈS cette multitude de témoïgnages & de rela- tions au fujet des hommes & des femmes aquatiques ; on voit que » ces exemples ne font pas auffi rares ; quon pourroit fe l’imaginer; & s’il fe rencontre >» de ces hommes marins dans les imets les plus fré- » quentées, n’eft-il pas vraifémblable qu’ils doivent 3 {e rencontrer encore en plus grand nombre dans ;» celles qui baignent des côtes defertes ? régie » On lit dans l’Hiftoire de Portugal & daris les Re- > lations des Indes Orientales ,que s'étant fait un jour ; une pêche à la pointe de l’Inde d’une troupe dé » Tritons, où hommes marins, on ne put en faire s parvenir au Roi Dom-Emmanuel qui tégroit alors, » qu’une femme & une fille, tous les autres au nom- s Dre de quinze étant morts, où aufli-tôt après leur s, fortie de la mer, ou dans le trajet des Indes à Lis- -; bonne. Cette femme & cette fille étoient d’une triftefle extrême: rien ne pouvoit les rejouir; & el. > les mangeoient fi peu qu’elles diminuoient à vue ñ d'œil. Le Roi touché de leur état, & peut-être “ pouflé d’un efpritdecuriofité , ordonna qu’après les 5 avoir attachées d’une chaîne lègere, on leuf lais- 5, fât la liberté de retourner à la mer dañs quelquë # endroit de peu de fond. On ne les eut pas plütôt > miles en état de le faire, qu’elles s’y jettent avec : empreflement , & que ,s’y étant plongées , elles jonè- > rent enfemble, & firent dans l’eau, où on les fe= AE A 2 ques) €) Telliamed ; Tome If, tæ. 9 ù 132 CONSIDERATIONS » Marquoit parfaitement, cent tours qui témoighoïent » leur fatisfaction & leur joie. On les y laïffa plus de » trois heures, fans que jamais dans cet intervalle » Clles s’élevañlent au deflus de l’eau pour refpirer. »- Depuis ce jour-là, où le Roi & toute la Cour eu- » rent la fatisfaction d’être témoins d’un fpectacle, fi » nouveau, on continua de les mener tous les jours » au méme rivage, & de les laifler jouir du même » plaifir, à la faveur duquel elles vécurent encore » quelques années. Mais jamais elles ne purent ap- » prendre à articuler une feule parole (*).” Ainf les favans de Harlem entreprirent inutilement de faire parler la Syrène prife en Weftfrife, laquelle conferva auf un inftinét marqué pour Peau, comme les deux dont on vient de parler. nr CL AA PS DES RIAPNEONE Homme marin conduilant une petite} barque. 9 1: fait que je vais rapporter eft d’une autre es- » pece, & encore plus fingulier. Sur la fin du fiécle » dernier, un vaifléau Anolois de la ville de Hull, » fituce à foixante milles de Londres fur la côte fep- tentrionale d'Angleterre, étant à la pêche de la ba- , leine dans les mers de Groenland, à cent cinquante lieues de terre, fe trouva environné vers le midi -…, de foixante ou quatre-vingts petites barques, dans » Chacune defquelles il y avoit un homme. On ne -,, les eut pas plütôt découvertes, que les chaloupesdu » Vaifleau firent force de rames pour en joindre quel- >» quésunes:mais Ceux qui montoient ces barquettes, qu'ils conduifoient avec deux petites rames, s’en » Gtant apperçus, & voyant que les chaloupes les » gagnoient , plongèrent tous à la fois dans la meravec ES (*) Laymême. 4 LL s … br] ” M” PHILOSOPHIQUES &e 133 leurs barques, fans que de tout le jour il en reparut une feule. Celle-ci revint fur Peau un inftant après, parce qu’en plongeant une de fes ramess’étoit caféc. Après quatre heures de chafle, & cent nouveaux plongeons que faifoit la barquette à mefure que les chaloupes approchoient, elle fut prife enfin avec ce- lui quilaconduif@it. On le mena à bord du vaifleau, où 1l vecut vingt jours, fans jamais avoir voulu pren- dre aucune nourriture, & fans jetter aucun cri, ni poufler aucun fon qui püt donner à connoître qu’il eût l’ufège de la parole, foupirant pourtant fans ceffe, & les larmes coulant de fes yeux. Il étoit fait comme nous avec des cheveux & une barbe 2s- fez longue; mais de la ceinture en bas fon corps étoit tout couvert d’écailles. y» À légard de la barquette elle avoit huit à neuf pieds de longueur, & étoit fort étroite furtout aux extremités. Les membres en étoient d’os de pois- fon, jufqu’au fiéce fur lequel l’homme étoit placé, Eile étoit couverte en dedans & en dehors de peaux de chien marin bien coufües les unes aux autres. Cette efpecc d’embalage étoit ouvert au milieu de la grandeur nécefläire pour y introduire le rameur; & ceite ouverture étoit garnie d’une eibece de bour- fe ou de fac de la même peau, dont l’homme in- troduit dans la barque jufqu’à mi-corps fe ceignoit fi parfaitement avec des bandes auffi de peau de chien marin, que l’eau ne pouvoit y entrer. De- vant Jui étoient deux morceaux de la même peau atrachés fur la couverture, où ils formoient deux efpeces de poches. Dans l’une on trouva des lignes & des hamecons faits aufli d’os de poiflon; & dans l’autre des poiflons qui paroifioient avoir été pris depuis peu. A côté du rameur étoient deux peti- tes rames, attachées au batteau ou panier par deux bandes faites aufi de peau de chien marin. ‘Tout cet attirail, avec l’homme defléché, fe voit encore aujourd’hui à Hull dans la falle de l'Amirauté; & le Procès-verbal de cette Gécouverte, dûment atte. 13 14 CONSIDERATIONS » ftée par le Capitaine du vaifleau & par tout l’Equi- » page, fe trouve dans les archives de cette Juris- >» Giétion.”? Quoique la relation de cet homme marin ne dife point que la partie inférieure de fon corps fût termi- née en queue de poiflon, on peut rafonnablement le conjecturer d’après ces paroles, que 4e /a ceinture en Bas fon corps étoit tout couvert d'écailles ,\efquelles m’au- torifent à le mettre au nombre des bimanes, & à le croire de la même efpece que le monfire vu fur les bords de lIfle du Diamant. J’avoue néanmoins que fans cette circonftance, celle du procès-verbal, & lexi- itcnce des piéces confervées encore aujourd’hui à Hull dans la falle de l'Amirauté, je ferois tenté de prendre cet homme marin pour un pêcheur, de ceux dont il eft parlé dans l’Hiftoire Naturelle & morale des Jfles Antilles, par le Sr. de Rochefort, dont nous allons conner un extrait, La forme & la matière des bat- teaux de ces pêcheurs font abfolument les mêmes que la forme & la matière de la barquette de cet homme marin; & quant au grand éloignement de terre, on fait que ces pêcheurs font des courfes confidérables. La crainte d’en impofer au Lecteur dans la moindre chofe, & de mêler des récits faux ou douteux à des faits avérés m’oblige de tranfcrire ce qui fuit. | — ——— ———— — —— CH: AUPAI TT: RUE ECO Extrait de P'Hifioire Naturelle & morale des I]les Antilles, par le 15r. de Rochefort, Livre Z. ARR A Chapitre AV” IL. 99 Li). Capitaine étant parti de Zelande für la fa du printemps de l’an 1656, en intention de décou- » viir quelque nouveau commerce dans les terres du: # Nord, arriva fur la fin du mois de Juin dans le Dé s ss LE » PHILOSOPHIQUESR&C 25 étroit d2 Davis, d’où étant entré dans une rivière qui commence au foixante quatriéme degré & dix minutes de la Ligne en tirant vers le Nord, il fit voile jufques au féptante-deuxiéme. … » Dés que les habitans du pays qui étoient à la p£- che eurent apperçu le Navire, ils le vinrent recon- noître avec leurs petits efquifs qui ne font faits que pour porter une feule perfonne, Les premiers, qui s’étoient mis en ce devoir, en attirèrent tant d’au- tres après eux, qu’ils compoferent en peu de temps une efcorte de foixante & dix de ces petits vaifleaux qui n’abandonnèrent point ce navire étranger, jus- ques à ce qu’il eût mouillé à la meilleure rade, où ils lui témoignèrent par leurs acclamations, & par tous les fignes de bienveillance, qu’on peut atten- dre d’une nation fi peu civilifée, la joie extraordi- paire qu’ils avoient de fon arrivée. Ces petits vais- feaux font fi admirables, foit qu’ils foient confidé- rés en leur matière, foit qu’on ait égard à la mer- veilleufe induftrie dont ils font façonnés, ou à la dextérité incomparable avec laquelle ils font con- duits, qu’ils méritent bien de tenir le premier rang dans les deftriptions que cette agréable digreffion nous fournira. » Is font compofés de petits bois déliés, defquels la plûüpart font fendus en deux comme des cercles. Ces bois font attachés les uns aux autres avec de fortes cordes qui font faites de boyaux de poiflons, qui les tiennent en arrêt, & leur donnent la figure qu’ils doivent avoir, pour être propres aux ufages auxquels ils font deftinés Ils font couverts en de- hors de peaux de chien marin, qui font fi propre- ment coufues enfemble, & fi foigneufément endui- tes de refine à l’endroit des coutures, que l’eau ne les peut aucunement pénétrer. » Ces petits bâteaux font ordinairement de la lon- eueur de quinze à feize pieds, & ils peuvent avoir par le milieu où ils ont plus de groffleur, environ » Cinq pieds de circonférence. C’eit auffi dès cet en- 14 1336 CONSIDERATIONS \# 5‘, droit qu’ils vont en diminuant, deforte que lesexz trémités aboutiflent en pointes, qui font munies d’os blancs, ou de dépouilles de Licornes. Le des- fus eft tout plat & couvert de cuir de-même que le refte, & le deflous a la forme du ventre d’un gros poiflon: de forte qu’ils font très-propres à couler fur les eaux. Ils n’ont qu’une feule ouverture qui eft directement au milieu de tout l'édifice. Elle eft rélevée tout à l’entour d’un bord de côte de ba- leine, & elle eft faite à proportion, & de la gros- feur du corps d’un homme. Quand les fauvages qui ont inventé cette forte de petits vaiflcaux s’en veu- lent fervir, foit pour aller à la pêche, ou pour @& divertir fur la mer, ils pañent par cette ouverture leurs jambes & leurs cuifles, & s’érant mis fur leur féant, ils lient fi ferrément ia cafäque qui les cou- vre avec le bord de-cette ouverture qu’ils femblent être entés fur cet efquif, & ne faire -qu’un corps avec lui. : » Voilà pour ce qui concerne la figure & la matière de ces petits vaifleaux. Confidérons à préfent lé- RAS des hommes qui les gouvernent, Quand . ils ont deffein d’aller fur mer, ils fe couvrent pat deffus leurs autres habits d’une Cafaque laquelle , n'eft deftinée à aucun autre ufage. Cet habit de mer eft compo de plufieurs peaux, dénuées de leur poil; qui font fi bien préparées & unies enfèm- ble, qu’on le croiroit être fait d’une fèule piéce. II les couvre depuis le fommet de la tête jufques au deflous du nombril. il eft enduit partout d'une eomme noirâtre, laquelle ne fe diflout point dans l’eau , & qui l’empêche de percer. Le capuchon, qui couvre la tête ferre fi bien fous le cou & fur le front, qu’il ne leur laifle rien que la face à décou- vert. Les manches font liées au poignet, & le bas de cette cafaque eft auffi attaché au bord de l’ou- verture du vaifleau, avec tant de foin, & avec une » telle induitrie, que le corps qui eit ainf couvert, fe trouve toûjours à fc au milieu des flots qui né 2 Lo] PHIL OS OPHAQUES &c 127 peuvent mouiller avec tous leurs efforts que le vi- fage & les mains. à » Encore qu'ils n’aient ni voiles, nimât, ni gou- vernail, ni compas, ni ancre, ni aucune des pié- ces de tout ce grand attirail qui cft requis pour rendre nos navires capables d’aller fur la mer; ils entreprennent néanmoins de longs voyages, avec ces petits vaifleaux für lefauelsils femblent étre cou- fus. Ils fe connoiflent parfaitement bien aux étoi- les, & ils n’ont befoin d’autre guide pendant la nuit. Les rames, dont ils fe fervent, ont une lar- geur à chaque bout en forme de palette; & afin qu’elles puillent couper plus aifément les flots, & qu’elles foient de plus grande durée, ils lesenrichis- fent d'un os blanc qui couvre lesextrémités du bois, ils en garniffent aufli les bords des palettes, & ils y attachent cet ornement avec des chevilles de corne qui leur fervent au lieu de clous. Le milieu de ces rames, eft embelli-d’os ,ou de corne précieufe, de- même que les bouts, & c’eft par-là qu’ils les tien- nent de peur qu’elles ne leur coulent des mains. Au refte, ils manient ces doubles rames avec tant de dextérité & de vitefle, que leurs petits vaifleaux devancent aifément les Navires qui ont deployé toutes leurs voiles, & qui ont le vent & la marée fa- vorable. Ils font fi aflurés dans ces petits efquifs, & ils ont une fi grande adrefle à les conduire, qu’ils leur font faire mille caracoles, pour donner du di- vertiflement à ceux qui les regardent. Ils s’eftri- ment aufh quelquefois contre les ondes avec tant de force & d’agilité, qu'ils les font écumer, com- me fi elles étoient agitées d’une rude tempête, & pour lors on les prendroit plütôt pour des monftres marins qui s’entrechoquent que pour des hommes. Et même pour montrer qu’ils ne redoutent point les dangers , & qu’ils font en bonneintelligence avec s> Cet élement qui les nourrit & les carefñle, ils font # le moulinet, fe penses & roulans en la mer, 19% ÆCONSIDERATIONS » Pat trois fois confécutives, de forte qu'ils peuvent # Pañler pour de vrais amphibies, » Quand ils ont defiein de faire quelques voyages + plus longs que les ordinaires, ou quand 1ls appré- hendent d’être jettés bien avant en pleine mer par quelque tempête, 1ls portent dans le vuide de leur » Vaifleau, une veflie pleine d’eau douce pour étan- > cher leur if, & du poiflon féché au folcil ou à la » gelée, pour s’en nourrir à faute de viandes fraiches, » Mais il arrive rarement qu’ils foient réduits à re- » Courir à ces provilions: Car ils ont certaines fleches » en forme de petites lances qui font attachées fur # leurs bateaux & lefquelles ils favent darder fi vive- » ment fur les poifions qu’ils rencontrent, qu’il n’ar- » tive prefque jamais qu’ils foient fans ces rafräichis- femens. Ils n’ont pas befoin de feu pour cuire leurs » Viandes, parce que fur la mer & fur la terre, ils » font accoütumés à les manger toutes crues; ils por- . tent aufli certaines dents de gros poiflons, ou des broches d’os fort pointues qui leur tiennent lieu de Couteaux, Car ils s’en férvent pour éventrer & tran- » Cher les poifions qu’ils ont pris. Au refte il ne peut + point y avoir de débats dans ces vaifleaux, puis- » qu'un feul homme en cft le maître, le matelot, le » pourvoyeur, &le pilote, qui le peut arrêter quand bon fui fémble, ou l’abandonner au gré du vent & de la marée, lorfqu’il veut prendre le repos qui lui eft néceflaire pour réparer fes forces. En ce cas il accroche fa rame à des courroies de cuir de cerf qui » {nt préparées à cet ufage, & qui font attachées par ; bandes au deflus de ce batteau; ou bien il la rie à une boucle laquelle pend au devant de fà cafaque.” Si le récit du Chapitre précédent n’elt point une al- tération de celui-ci, la comparañfon de cés deux faits rapproche l’homme marin de l’homme fäüvage non feulement pour la fisure extérieure, mais, ce qui cft plus finguher, pour linduftrie, & lès mœurs. Ces hômtnes marins, vus à echt-cinquante lieues de terre, avoient du pourtant y Conftruire leurs barquettes, & L°1 29 PHILOSOPHEÆQUIES &e, 139 prendre le bois néceflaire pour faire les rames dont ils fe fervoient. Il étoit encore néceflaire qu’ils raccom- modafñlent leurs petites barques dans les lieux où ils les avoient conftruites: ils avoient par conféquent des connoifflances pour retourner dans ces mêmes lieux, foit qu’ils les tiraflent de la difpofition desétoiles ,com- me les fauvages pécheurs dont nous venons de parler, ou du fond des mers fous lefquelles ils pouvoient re- fer, & où peut-être ils avoient leurs femelles & leur famille. Mais ces circonftances ne font pas de mon füjet actuel (*). me fume ER CE PAIN DO TEL ER LE (XCNIET, Quelques animaux marins, de Pelbece des cétacées, à la | ois bimanes & bipedes. Le veau marin: pafage des Cétacées aux Quadrupeñes. he: veau marin marque le paflage des cétacées aux quadrupedes. Les autres cétacées, prefque tous bi- manes, ont la portion inférieure de leur corps termi- née en queue de-poiflon, c’eit méme la forme des hommes marins & des femmes marines. Dans le veau marin, cette queuc partagée en deux parties égales & digitées à leur extrémité, cit ainfi transformée en deux pieds offeux & charnus. La croupe eft même tout-à- - fait fmblable à celle d’un quadrupede, les jambes font raccourcies, & le pied eft terminé par quatre doigts atticulés, & liés enfémble par une membrane épaifle & fouple. Les cuifles & les jambes allongées , ferrées & collées lune contre l’autre adhèrent enfémble & la fépäration ne commence qu’un peu au defflus des picds : € Voyez Telliamed, Tome I. 149 CONSIDERATIONS ce qui indique affez vifiblement que dans l’efpece fu- périeure, elle formoient une queue de poiflon. Les bras cachés fous la peau ne laiflent voir que les mains qui n’ont, comme les pieds, que quatre doigts articu- lés. Ces mains ne font pas fi parfaites que celles de quelques-uns des cétacées dont nous avons fait men- üuon ci-deffus, comme fi la Nature occupée à travailler les pieds, avoit négligé les membres antérieurs. Ce- pendant les doigts des mains font féparés, fans mem- brane qui les unifle enfémble, comme ceux des pieds. Cet animal n’a aucune apparence de nageoire; mais il porte une queue longue d’un peu plus d’un pouce, qui ne tient rien de Ja queue d’un poiflon, mais fort femblable à celle d'un cerf. La peau dure & épaifle cft garnic d’un poil court très reflemblant à celui du veau terreftre. La tête a quelque refiemblance avec celle du veau fürtout par le mufeau. Cet animal eft amphibie. PE or CAE PEN TNR ET ARS Z'fpece particulière de Poiffon à pieds humains. E trouve dans le fupplément à la Defcription de 300 animaux, publiée en Anglois à Londres, il y a plufeurs années, la figure d’une efpece particuhère de poiflon beaucoup plus homme par la partie infé- rieure de fon corps que par la partie fupérieure. La grandeur & la proportion du corps font celles d’un petit homme de quatre pieds & demi: la peau eft blanche & polie, fans poil ni écailles. La tête n’a rien d’humain : elle eft grofle portée fur un cou court, gonflé & fortement mufclé. Les épaules font chargées chacune d’une nageoire épaiffe en forme d’aîle de Che- rubin: les hanches ont aufli chacune une nageoire plus petite, dont les fommets ne fonc ni aufli mar- qués ni aufli élevés que ceux des nageoires fupériey- PHILOSOPHIQUES&e. 141 res. La queue auffi grande que tout le corps y com- pris la tête, reffemble à celle du Dauphin. Tout cela n’a prefque aucun rapport avec la figure humaine; mais immédiatement au deflous des petites nageoires, les hanches fe prolongent, prennent la forme de cuis- fes, auxquelles font attachées deux petites jambes ter- minées chacune par un pied d'homme, auffi bien fait qu'il puifle l'être, ayant un talon, & une forme tout- à-fait femblable à nos pieds, excepté qu’on n’y re- marque à l’extérieur aucune apparence de doigts; mais ces doigts font cachés fous la peau, & on les fent au toucher. Le fexe, tant du mûâle que de la femelle, n’eft pas entiérement femblable à celui de l’homme & de la femme, quoiqu'il en approche beaucoup. Le ventre & la poitrine ont aufli quelque chofe d’hu- main dans l’un & dans l’autre. Cet animal peut fe tenir élevé au-deffus de l’eau à mi-corps, comme les hommes marins & les femmes marines dont nous avons fait mention, il eft aufli vivipare. . Voilà une efpece très particulière de triton & de fy- rène, qui nous offre un poiflon enté fur la partie in- férieure d’un homme, au lieu que les autres nous ont montré un homme enté fur la queue d’un poifon. La Nature n’eft pas parvenue tout d’un coup à cette grande perfeétion des pieds. Le poiflon que les An- glois nomment X?»gffone eft une ébauche du Mermaix, nom qu'ils donnent à la femelle du poiflon à pieds hu- mains. Le Kingftone a deux prolongemens offleux & charnus au même endroit , c’eft-à-dire fous les na- geoires inférieures; ce font deux efpeces de membres imformes, à peu près de la même grofleur dans toute leur longueur, fans diftinétion de cuifles ni de jam- bes, & fürtouc fans apparence de pied, mais terminés en pointe fort obtufe, i4 CONSIDER ATIONS D ee ee ee ONZTEME PARTIE. ——< CH I: TT ROMEO Des Quadrupedes, à. Les Solipedes: LL ES quadrupedes rempliflent l’intervalle qu’il ÿ 4 des bimanes aux quadrumances. Les mains, que le pro- totype avoit acquifes par tant de changemens & de mé- tamorphofes, fe reflerrent; les doigts s’unifiènt: Ja matière des ongles furabonde, fe durcit, s'étend, & fe gonfle; ainfi fe forment le fabot & le pied du Cheval. sous cette enveloppe groffière, l’anatomie a retrouvé les os du carpe & du métacarpe; & en remontant plus haut elle a reconnu l’analogue du poignet de l’hom- me, puis le bras qui répond à l’avant-bras humain, & enfin l’humerus & l’omoplate qui compofent l’é= paule du cheval, & répondent au bras & à l’épaule de l’homme: le coude eft placé en arrière, comme dans l’homme. Les pieds antérieurs du cheval & des autres folipedes font donc les mains des bimanes alté - rées ou dégénérées, auxquelles on a donné le nom de _pieds, parce que l'étrange altération qu’elles ont fouf: erte par le prolongement de certaines parties, le rac- courciflement de quelques autres, & furtout par l’u- hion des doigts en un feul ,& le renflement exceffif de la fubftance des ongles, leur a fait perdre leur ancien ufage , deforte que dans cet état l’animal ne peut plus s’en fervir qu’à marcher. Les jambes de derrière du cheval compatées à cel- les de homme offrent des fimilitudes auffi frappantes. La fefle du cheval qui renferme le fémur, correfpond à la cuifié de l’homme; ce qu’on appelle la cuifledans le cheval, favoir cette partie de la jambe de derrière: PHILOSOPHIQUES &c a43 Îa première qui fit détachée du cotps, laquelle depuis le bas des fefles jufqu’au jarret, correfpond à la jam- be de l’homme, auffi elle a une partie charnue qui eft l’analogue du gras de notre jambe, & qu’on nomme pour cela le graflet. Le jarret eft la jointure qui eft au bas de la cuifle: cette articulation a rapport au cou- de-pied de l’homme, c’eft-à-dire au tarfe. La partie du jarret qui eft en arrière, & que l’on appelle la pointe du jarret, eft proprement le talon: ce que l’on appelle vulgairement le gros nerf du jarret qui f& ter- mine à la pointe du jarret, eft un tendon qui corres- pond au tendon d’Achilie, attaché au talon de l’hom- me. Au deffous du jarret on trouve le canon dont les os repréfentent ceux Gu metatarfe de l’homme. Ce ne font pas-là les feules reflemblances du fauelette du cheval avec celui de l’homme. Qu’on life l’excel- lente Defcription que Mr. Daubenton a faite de cet animal, & dont j’ai extrait ce que je viens de dire,on y verra que le bafin y cft compoft des mêmes osque celui de l’homme, fèulement avec des proportions & une fituation différente qu’exigeoit l'attitude du che- val: par exemple, les os des Iles ou des hanches font en avant, les os pubis en deflous, & les os ifchions en arrière; on verra que la tête du cheval eft compo- fée à peu près du même nombre d’os que celle de Phomme, que ces os fe correfpondent & ont beau- coup de reflemblance par leur figure. & leur poñtion dans l’un & dans l’autre, quoiqu'il y ait de grandes différences dans leurs proportions, & dans la figure to- tale qui réfulte de leur aflemblage; on fera frappé de Ja vérité des rapports & de leur multitude, l’on s’é- tonnera que la première efpece des quadrupedes réu- nifle déja tant de formes humaines; on remarquera » dans les parties même qui contribuent le plus à la # Varieté de la figure exterieure, une prodigieufe res- + femblance qu nous rappelle réceffairement l’idée s d'un premier deflein fur lequel tout femble avoir s Été coriçu : le corps du cheval, qui du premier coup ss d'œil paroît fi difierent du corps de l’homme, lors- 144 CONSIDERATIONS » qu’on vient à le comparer en détail & partie bat æ » partie, au lieu de furprendre par la différence, n’é- >) CE) CE 29 29 CD) 39 22 7 °° 22 9) 2 22 CE) CE) 2) CT) CE) CD) 9 22 7 9) 29 9 LE] 99 92 CE 22 tonne plus que par la reffemblance fingulière & pres= que complete qu’on y trouve: en eïet prenez le fquelette de l’homme, inchinez les os du baffin, ac- courciflez les os des cuifles , des jambes & des bras, alongez ceux des pieds & des mains, foudez en- femble les phalanges, alongez les mâchoires en rac- courciflant l’os frontal , & enfin alongez auffi ’épine du dos, ce fquelette ceflera de repréfenter la dé- pouille d’un homme, & fera le fquelette d’un che- val; car on peut aifément fuppofer qu’en allongeant l’'épine du dos & les mâchoires, on augmente en même temps le nombre des vertebres, des côtes & des dents, & ce n’eft en eflèt que par le nombre de ces os qu’on peut regarder comme accefloires, & par l’alongement , le raccourciflement ou la jonction des autres, que la charpente du corps de cet ani- mal diflere de la charpente du corps humain. On vient de voir dans la deftription du cheval ces faits trop bien établis pour pouvoir en douter ; mais pour fuivre ces rapports encore plus loin, que l’on confidere feparément quelques parties eflentielles à la forme, les côtes, par exemple, on les trouvera dans tous les quadrupedes, dans les oïfeaux, dans les poiflons, &'on en fuivra les veftiges Rs dans la tortue , où elles paroiflent encore deffinée par les fillons qui font fous fon écaille; que l’on conf- dere, comme l’a remarqué Mr. Daubenton , que le pied d’un cheval, en apparence fi difiérent de la main de l’homme, eft cependant compofé des mé- mes os, & que nous avons à l’extrémité de chacun de nos doigts le même offelet en fer à cheval qui: termine le pied de cet animal; & l’on jugera fi cettes ] reflemblance cachée n’eft pas plus merveilleufe que les différences apparentes, fi cette conformité con-: ftante & ce deflein fuivi de l’homme aux quadru- pedes, des quadrupedes aux cétacés, des cétacés aux oifaux, des olfeaux aux reptiles, des reptiles. ; aux 2» PHILOSOPHIQUES&C 145 # aux poiflons, &c. dans lefquels les parties effenticl- » les, comme le cœur, les inteitins, l’épine du dos; s les fens, &c. fe trouvent toûjours, ne femblent pas 3 Indiquer qu’en créant les animaux, l’Etre fuprême » n’a voulu employer qu’une idée, & la varier en +» même temps de toutes les manières poffibles, afin » que l’homme püt admirer également, & la magni< » ficence de l’exécution & la fimplicité du des- fein (*)” C)) , LUE à Paflons à de nouvelles variations de cet exemplaire original: D << CHAPITRE CI a. Des Quadrupedés pieds-fourchus: ui claffe des pieds-fourchus eft beaucoup plus hôm- breufe que celle des folipedes. Ceux-ci n’ont qu’un feul doigt: les pieds-fourchus en ont deux; mais la dernière phalange de chacun de ces doigts eft encore enveloppée d’une matière de corne, comme dans les folipedes, deforte , par exemple, que le taureau a réel- lement deux fabots à chaque pied, quoiqu’on leur donne vulgairement le nom d'ongles, puifqu’ils ren ferment la derniète phalange de chaque doigt, au lieu ue les ongles véritables n’en couvrent que la partie upérieure dans tous les animaux. Dans quelques efpeces de pieds-fourchus, comme dans le taureau, les ergots n’ont que deux oflelets qui répondent à deux phalanges des doigts; mais dans le cerf, autre pied-fourchu, les ergots ont trois petits os attachés bout à bout comme les trois phalanges des doigts. Cette particularité indique les nuances par leQuelles la Nature transforme le pied-fourchu en D C2 Hiftoire naturelle de l’âne Mr, de Buffon: . 146 CONSIDERATIONS fiffipede : car cet ergot articulé eft l'annonce d’un troi- fiéme doigt. Le cochon eft une autre nuance du paffage des pieds- fourchus aux fiflipedes, & qui approche encore plus de ceux-ci que le cerf. On la mis au rang des ani- maux à pied-fourchu, dit Mr. Daubenton (#), parce qu’il n’aà chaque pied que deux doigts qui touchent la terre ,que la dernière phalange de chacun desdoigts eft enveloppée dans une fubftance de corne, & que, fi l’on n’obferve les pieds du cochon qu’à l’extérieur, ils paroiïflent très reflemblans à ceux du taureau, du bélier, du bouc, &c. mais dès qu’on a enlevé la peau, on les trouve très diférens; car 1l y a quatre os dans le métacarpe & dans le métatarfe; & quatre doigts dont chacun eft compofé de trois phalanges bien for- mées. Les deux doigts du milieu font plus longs que les autres, & ont chacun un fabot qui porte fur la terre: les deux autres font beaucoup plus courts, & leur dernière phalange eft. revêtue d’une corne pa- reille à celle des fabots, mais elle fe trouve placée plus haut à l’endroit où font les ergots des animaux de l’efpece du taureau, du belier, du bouc, &c. On peut dire que ce font deux doigts véritables, comme les autres, quoique plus imparfaits qu'eux. Le cochon qui tient, aux pieds-fourchus par la po- fition des inteftins, & par les parties extérieures de la génération, s’en éloigne pour fe rapprocher des fiffipe- des par la forme des jambes, par l'habitude du corps, & par le produit nombreux de la génération: car on fait que de tous les quadrupedes les fiffipedes font ceux qui produifent le plus (f). *) Defcription du Cochon, +) Hiftoire Naturelle du Cochon, par Mr. de Buffon. PHILOSOPHIQUESR&e 147 RSS CSSS PER TE LUE SUEDE TRES MERE SAINT METTRE OO LED or nes rem mnsmuse à mm, Ch 4À,, P: EG), R: HIMSITL 9. Des Fiffipedes. : Se fiflipedes ont ies pieds divifés en quatre ou cinq doigts, & quelques-uns, même dans les plus petites efpeces, ont des mains très reflemblantes à celles de l’homme : telle eft la taupe & d’autres. Les premiè- res efpeces des fiflipedes, comme le tigre, le lion, le léopard , le loup, le renard, &c. font de véritables quadrupedes ,en ce que leurs pieds antérieurs ne peu- vent leur fervir de mains, quelle qu’en fit la forme; mais il y a aufñ un grand nombre de fiffipedes, qui fe fervent de leurs pieds de devant comme de mains pour fair & porter à leur gueule: tels font les ours, les écureuils, les marmottes, les agoutis, & plufceurs au tres. Cette feconde claffe de fiffipedes, compofe une fuite de quadrupedes ambigus qui conduit aux qua- drumanes dont nous parlerons bientôt. Parmi ces fiffipedes , 1l faut encore diftinguer, ceux ui aiment à fe tenir le corps élevé, affis ou accroupis ur leurs feffes qui peuvent même, quoique plus diffi- cilement, f tenir & marcher fur les deux pieds de derrière feulement. Ce font autant de nuances qui nous marquent les perfeétionnemens gradués de l’ani- mal prototype. En fuivant ces gradations, on voit la Nature déformer le fquelette du folipede, redrefler peu-à-peu les os du baffin, alonger les os des cuifes, des jambes & des bras, & au contraire raccourcir ceux des pieds & des mains, divifer des piéces unies, arti- culer des piéces foudées enfemble, reflerrer l’épine, fupprimer des vertebres & des côtes, & le rappro- cher ainfi graduellement de la charpente du corps humain. | Si dans les opérations la marche de la Nature nous paroît quelquefois incertaine & mal-aflurée; s’il nous K 2 148 CONSIDERATIONS femble qu’elle opere en tâtonnant, par une voie dé- tournée, ambigue, c’eft une faufle apparence qui ne vient que de notre ignorance & de nospréjugés, Nous oublions qu’elle ne doit & ne peut laifier échapper aucune nuance,aucune variation fans le réalifer: nous ne voyons point les différences trop fubtiles des for- mes contigués: nous faififlons mal les rapports de cel- les qui font plus éloignées: nous ne connoiflons point aflez la génération des formes pour juger de ce qu’il falloit précifément pour en amener une particulière , & de ce que celle-ci doit produire néceffairement & immédiatement. Si nous ne voyons par pourquoi les mains des bimanes deviennent des pieds antérieurs dans les quadrupedes; pourquoi les doigts déja developpés & divifés, fe reflerrent, & s’uniflent dans les folipe- des, pour fe développer & fe redivifer de nouveau dans les fiffipedes, pourquoi ils perdent leur ufage dans cette métamorphofe pour le reprendre dans une au- tre; s’il nous femble-bizarre qu’à des bimanes fucce- dent des quadrupedes, & qu’à des quadrupedes fucce- dent des quadrumanes; fi nous jugeons plus fimple que la Nature, ayant une fois atteint une forme, celle des mains par exemple, l’eût confervée dans tou- tes les efpeces fuivantes fans la déguifer, l’altérer, la déformer pour la rétablir enfuite avec de nouveaux fraix, gardons-nous de prononcer fur ces conjeétures hazardées, vains phantômes de notre efprit, qui ne repréfentent point la réalité deschofes. La Nature ne fait rien d’inutile: fà marche eft nuancée, & chaque nuance eft néceflaire dans le plan total. Les formes que nous prenons fi mal-à-propos pour des irrégulari- tés, des redondances, des inutilités, rentrent dans l'ordre infini des Etres, & remplifient une place qui feroit vuide fans elles. P'HPL-O'S OP'AMROMPES &c 149: EE a — DOLUZIEME:PARTAE. Re ee RE ne CHAPITRE CII. Les Quadrumanes. Le. ici la dernière grande divifion des animaux, qui par des gradations très fines doit nous conduire jufqu’à l’homme. Les extrémités des quatre mem- res des quadrumanes ont la forme de mains, d’où leur vient le nom qui leur a été donné par les mo- dernes. Le gros doigt de pied qui répond à l’orteil dans l’homme eft très court & fort éloigné des quatre autres doigts: c’eft un véritable pouce; & les quatre autres doigts font auffi ceux d’une main plûütôt que d’un pied: outre qu'ils en ont la forme & les propor- tions refpeétives, la partie, qui répond à la plante du pied eft encore la paume d’une main allongée & res- ferrée. Les premiers quadrumanes, c’eft-à-dire les plus bas dans l'échelle, font ceux qui ont un mufeau mince & alongé, une queue auffi longue ou plus longue que le corps les mahis , les loris , les fapujous, les fagoins, &c. A mefure que l’on remonte les échellons fupé- rieurs, cette longue queue fe raccourcit: ce n’eft qu'un petit bout de peau dans le magot, & il n’y en a plus aucun veftige dans le gibbon ; le mufeau fe res- ferre auf, & la face s’applatit graduellement dans les efpeces de quadrumanes, à mefure qu'elles s’élevent vers l’homme. Le farigue a le mufeau long & poin- tu, le magot l’a plus large, & relevé comme celui du dogue, le pitheque a la face plate, outes ou prefque toutes les femelles des quadru- manes font füujettes à DRE périodique du 3 150 CONSIDERATIONS fang, comme les femmes. Nous aurions déja du re- marquer plus haut que la chaleur des chiennes fe ma- nifefte par un écoulement femblable, La plûüpart des quadrumanes peuvent marcher à quatre ou à deux mains, quoiqu’ils n’aient pas tous une égale aptitude pour ces façons de marcher. Il y en a qui ne peuvent fe tenir de difficilement fur leurs deux mains de Re eforte que le marcher à quatre mains femble leur être feul naturel: obferva- tion confirmée par l’inclinaifon des os du baffin. D’au- tres paroiflent marcher plus aifément à quatre, quoi- qu'ils puiflent auffi marcher à deux mains fans beau- coup de gêne. Quelques efpeces femblent marcher de l’une & l’autre manière avec une égale facilité , & une agilité femblable.. Dans les efpeces les plus élevées les os du baflin redreflés, & les cuifles alongées don- nent à l'individu beaucoup plus d'aptitude à marcher à deux qu’à quatre mains. Enfin les quadrumanes les plus voilins de l’efpece humaine, ne marchent ja- mais que fur les mains de derrière, & auffi droits que l’homme marche fur fes pieds: ce qui eft attefté par ceux qui ont vu des jockos & des pitheques. A ces remarques générales faifons fuccéder des dé- tails plus particuliers en contemplant le plus parfait des quadrumanes. (#) Voici, la defcription de cette jeune femelle de la petite efpece, celle du grand, mâle eft détaillée dans le texte. Animalis rarioris , Chimpanfée dicti, ex Regno Angola Londi- num advecti brevior defcriptio. Speétandum in Tabulâ, quam hic adjecimus, Leétori noftra exhibetur miri & valde tetrici adfpectus, formæ & ftaturæ hu- manam referentis ; .naturæ ferociffimæ,, animal, vix ulli civium noftrorum. vifum unquam, auditum forte pauciflimis. Patriam agnofcit Angolam, Africanum Regnum, a cujus incolis nomen Chimpanfée accepit. Ex illis oris allatum eft anni 1738 menfe Augufto Londinum ab Æenrico Howero ,. Magiftro. navis Speaker diétæ. Sexus eft fœminéi, altum pedes duos quatuor pollices , incedens corpore erecto, aliqua membrorum parte hirfutum, cætera robuftum & mufculofum. Ex ftercore fuo alimenta petits EE ce VAI. Page 151. , TÈCRE /, or d ‘ Pi D'EAU » ) Le —— ee C H A PI T RE CI. L'Orang-Outang, & Pongo, l’homme des bois, le Sum tyre, le Barris, le Chimpancée, le pie l’homme de nuit, le Troglodite, cs | Î ous ce noms défignent le même quadrumane, & lui ont été donnés par différens voyageurs ou natu- ralftes. C’eft celui que l’on voit repréfenté à la P/a»- che VIII. ayant à côté de lui une petite femelle de la même efpece, qui n’a encore que quelques poils fort rares fur les hanches (*). . L'Orang-Outang n’eft pas véritablement un homme, mais il en approche de très près. Il n’eft pas non plus un finge, où une guenon, car il en differe beaucoup plus qu’il ne difiere de l’homme. On peut donc le prendre pour une efpece intermédiaire qui remplit le pañge du finge à l’homme, & c’eft ainfñi que nous ’envifagcons. Un des plus favans & des plus célèbres Naturaliftes de ce fiécle vient de recueillir avec beaucoup de foin & de difcernemerit ce que les voyageurs les plus véri- diques & les anatomiftes les plus-exaéts ont écrit fur fed amat etiän potum Theæ, quam,hominum more ex vafculo bibit. Horum præterea fomnum ïimitatur, nec prorfus ,ingenio caret , ipfa etiam voce garrulitatém humanam exprimens. Mares , cum ad ætatem adultam venerünt, fœminas /humänas ftupro pe- tunt, & viros etiam armatos ad. pugnam provocant. Idem, fæ- piflime ab hujus, in ære exprefi matre, pedum quinquealtitudi- “em æquante , faétum, quam nifi telo fuftuliffet Maurus quidam., vix in ejus unquam manus fœtus hic veniflet. Hujus, ménfes unum.& viginti uati, imaginem Londini affabre in ære infculpft Scotinus, artifex peritus , Confilium fi recte fufpicamur, fecutus Wonnnis Sloenir,Regiæ fcientiarum Societatis præfidis, cujus etianx nomini, quicquid eft peregrini ‘hujus monftri, infcripum vide- mus. Cujus imaginis. nuper exemplum,naéti, ut regni etiam ani- malis hiftoria hinc lucem acciperet, eam dextra quadam manu repetendam hic curavimus. /Voyæ aûte eruditorum unn0° 1739 Pu- blicare Lyphei Menf. Septemb. 1e 564 & 565. 4 5: CONSIDERATIONS l'extérieur & l’intérieur de cet animal; nous ne fau- rions mieux faire que d’en rapporter ici le réfultat. Aiñn c’eft d’après Mr. de Buffon que nous allons ex- pofer en abregé les différences qui diftinguent cette efpece de l’efpece humaine, & les conformités qui l'en approchent. L’Orang-outang differe de l’homme à l’extérieur par le nez, qui n'eft pas proéminent, par le front qui eft trop court, par le menton qui n’eft pas relevé à la bafe ; 1l a les orcilles proportionnellement trop gran- des, les yeux trop voifins l’un de l’autre, l’intervalle entre le nez & la bouche eft auffi trop étendu: ce font là les feules différences de la face de cet animal avec le use de l’homme, & j’on voit combien elles font égères. Le corps & les membres différent en ce que les cuis- fes font relativement trop courtes, les bras trop longs, les pouces trop petits, la paume des mains trop lon- gue & trop ferrée, les pieds plûtôt faits comme des mains que comme des pieds humains: nous verrons bientôt que cette dernière différence fouffre quelque modification. Les parties de la génération du mâle ne font difié- rentes de celles de l’homme qu’en ce qu’il n’y a point de frein au prépuce; les parties de la femelle font à l'extérieur fort femblables à celles de la femme. Une particularité remarquable c’eft que le mâle defire aufi ardemment la compagnie des femmes que de fa femel- le, Ces animaux tachent de furprendre les negrefles, & s'ils en peuvent attraper, ils les gardent pour en jouir, les nouriflant bien & ne leur fafant au- cun mal A l’intérieur cette efpece differe de l’efpece humaine ar le nombre des côtes: l’homme n’en a que douze, ’orang-outang en a treize ; il a aufli les vertebres du cou plus courtes, les os du baflin plus ferrés, les han- ches plus plates, les orbites des yeux plus enfoncées; il n’y a point d’apophyfe épineufe à la première ver- tebre du cou; les reins font plus ronds que ceux de PHILOSOPHIQUES.&c 1:53 homme , & les uretères ont une forme différente, auffi bien que la veflie & la veficule du fiel qui font plus étroites & plus longues que dans l’homme. Toutes les autres parties du corps, de la tête & des membres, tant extérieures qu’intérieures, font fi par- faitement fémblables à celles de l’homme, qu’on ne peut les comparer fans admiration; & fans étre étonné que d’une conformation fi pareille & d’une organifà- tion qui eit abfolument la même, il n’en réfulte pas les mêmes effèts. Par exemple, la langue & tous les organes de la voix font les mêmes que dans l’homme, & cependant l’Orang-outang ne parle paint, le cer- veau eft abfolument de la même forme & de la même proportion, & il ne penfe pas. Il faut convenir néan- moins que la penfée & la parole que nous refufons à cet animal fingulier, lui font accordées par Mr. Lin- næus d’après Kjoep & quelques autres voyageurs. Ce favant Naturalfte Suédois dit expreflément que lOrang-outang penfe, qu’il parle & s'exprime en fifflant : Homo noBurnus. Homo fifvefris Orang-Outang Boz- ti. Corpus album, inceffu erecfum , pili albi contortupli- Cati, oculè orbiculati, tridi pupillaque aurea. Pa'pebræ antice incumbentes cum membrana nidfitante. Vifus na- guralis, nournus. Die cœcutit ; noûu videt, exit, fu- ratur. Loquitur fibilo, cogitat , credit [ui caufà faëïam tellurem , À aliquando iteruim fore imperantem , fi fides pe- regrinatoribus.,. babitat in ÿFavæ, Amboinæ, Ternate fheluncis (*). L’Orang-Outang a des fefles & des mollets, comme Phomme, & par conféquent il eft fait pour marcher debout comme nous: il a la poitrine large, les épaules applaties, & les vertebres conformées comme nous: il a le cerveau, le cœur, les poumons, le foie, la rate, le pancreas, l’eftomac, les boyaux abfolument pareils aux nôtres: il a auffi une appendice vermicu- re (*) Lin. Syftema Naturæ Edit. X, p. 24. K 5 154 CON SI DER AT HO.N 8 laire au cœcum; enfin l’orang-outang reflemble plus par le phyfique à homme qu’à aucun des animaux, lus même qu’aux babouins & aux guenons, non- eulement par toutes les parties que je viens d’indi- . quer, mais encore par la largeur du vifage, la forme du crâne & des mâchoires, par la forme & le nombre des dents, par les autres os de la tête & de la face, par la grofleur des doigts & du pouce, par la figure des ongles, par le nombre des vertebres lombaires & facrées, par celui des os du coccix, & enfin par la conformité dans ics articulations, dans la grandeur & la figure de la rotule, dans celle du fternum, &c.;en {orte qu’en comparant cet animal avec ceux qui lui reflemblent le plus, comme avec le magot,le babouin ou la guenon, il fetrouve encore avoir plus de confor- mité avec l’homme, qu’avec ces animaux dont les éfpeces cependant paroiflent être fi voifinesde la fienne qu’on les a toutes défignées par le même nom de finge, mais dont nous jugeons que l’Orang-Outang doit étre diftingué, comme formant une efpece intermédiaire entre elles & l’efpece-humaine. Si l’on devoit le réu- nir à quelqu’autre efhece, fa formé extérieure lui mé- riteroit un rang parmi les hommes ; & les Indiens font excufables de lavoir affocié au genre humain par le nom d’orang-outang, homme-fauvage, puifqu'il res- femble à l’homme par le corps plus qu’il ne reflemble aux autres finges ou à aucun autre animal: ce Rom a été adopté par les voyageurs & les Naturaliftes qui ont nommé homo noËurnus, bomo filveftris, l'homme des bois. the man of the woods; & pour le moins, il mérite tout autant commencer l’efpece humaine, que l'homme mérite de terminer l’efpece des quadrupe- des à la tête de-laquelle on fait que-Mr, Linnæus l'a placé. « 6 L’Orang-Outang a la face plate, nue & bazanée, les oreilles, les mains, les pieds, la poitrine & le ven- tre auf nus; il a des poils fur la tête qui deftendent en forme de cheveux des deux côtés des tempes, du poil fur le corps & fur leslombes, mais en petite quan- / / ” = Planche IX . Page 144. que ANAL 2 RG 2 RARE EE \ RON N N ù \ NW A K\ RC RSS 7" tt PHILOSOPHIQUESRC 155 tité; & il y a des hommes qui en ont beaucoup plus que lui. Il a cinq ou fix pieds de hauteur, avec un corps auffi bien proportionné que celui de l’homme, Quoiqu'il foit conformé pour marcher debout, com- me les doigts de fes pieds font fort longs & que fon talon pofe plus difficilement à terre que celui de’hom- me, il court plus facilement qu’il ne marche, & il au- roit befon de talons artificiels, plus élevés que ceux de nos fouliers, fi l’on vouloit le faire marcher aifé- ment & longtemps. On peut inférer de ces détails que les fules diffé- rences eflentielles entre le corps de cet animal:& celui de l’homme, fe réduifent à deux, favoir, la confor mation des os du baflin & la conformation des pieds; ce font-là les feules parties confidérables par lefquelles l’orang-outang reflemble plus aux autres finges qu’il ne reflémble à l’homme. Encore la dernière difié- rence n’eft-elle pas aufli marquée & aufli conftante qu’on pourroit le croire par l’infpection de quelques mdividus feulement. Elle eft très fenfble dans le Jocko dont on voit la figure dans 7? Hfoire Naturelle générale & particulière avec la Deftriprion du Cabinet du Roi. Elle l’eft également dans la petite femelle que Von voit ici (P/anche V” 711.) Mais le pongo ou grand Orang-Outang, celui qui eft égal en ftature à l’hom- me, a le gros doigt de pied plus femblable à l’orteil du pied humain, & le talon plus bas. Je puis aflurer avoir vu le pied défleché d’un pongo dont les doigts reflembloient encore plus à ceux.du pied de l’homme, qu’on ne le voit ici fur la figure, quoique déja ce pied ne foit plus celui du jocko, ou Grang-outang de la petite efpece.. Je reçus aufli en 1762. de Ja côte d’Angole un fœtus-pongo que l’on voit à la Pzrche IX, & dont les pieds font tout-à-fait humains. Le front y paroît moins court que.dans le jocko, le men- ton eft un peu plus relevé, les oreilles relativement moins grandes, & mieux à leur place, les cuifles & les bras plus proportionnés ; deforte que le pongo, qui reflémble plus à l’homme par la ftature & la gran- 156 CONSIDERATIONS deur que le jocko, lui reflemble auffi davantage par les formes & les proportions particulières de la face & des membres. La longueur des cuifles indiqueroit peut-être que les os du.‘baflii y ‘ont plus de confor- mité avec ceux du fquelette humain, que les os du baflin du petit orang-outang. Si ces obfervations étoient fuffifamment confirmées par la vue & l’anatomie de plufieurs pongos, on au- roit un prefqu’homme qu’il feroit difficile de diftin- guer, par la forme extérieure, de l’homme véritable; & le grand vuide du finge à Phomme paroîtroit rem- pli. On auroit après les, fagoins, les fapujous & les guenons qui ont de longues queues, les babouins à queue courte; puis le magot qui n’a qu’une appa- rence de queue, le grand & le petit gibbons, avec le pitheque qui n’ont point du tout de queue, & qui marchent à deux mains, le corps droit; enfüuite le jocko ou petit Orang-outang; le pongo ou le grand Orang-outang; & enfin l’homme, dont nous allons diftinguer plufeurs races, finon plufieurs efpeces. Co Ai. PEUT, ROME D'une efhece particuliere d’homme-marin, peut-être quadrumane. A: ANT que de parler de l’homme & de fes varié- tés, je vais rapporter le relation d’un nouveau mon- fire marin. » EN l’année 1720. le 8 Août, jour de jeudi, les vents variables étant à l’eft-fud-eft, à vingt-huit ou trente brafles d’eau, fept navires en vue mouillant fur le banc de Terre-neuve, il parut fur les dix heures du matin à bord d’un vaifleau François nom- mé la Marie de grace, commandé par Olivier Mo- rin, un homme marin qui premièrement fe mon- tra à bas-bord fous le theux ou baril du Contre- PHILOSOPHIQUES &c 1:57 ss Maître, appellé Guillaume l’Aumone. Auffi-tôt Celui-ci prit une gafle pour le tirer à bord; mais le » Capitaine l’en empêcha, de crainte qu’il ne l’en- » trainât avec lui. Par cette raifon, il lui en donna » feulement un coup fur le dos fans le piquer. » Lorfque le monftre f fentit frapper, il préta le Vifage, au Contre-Maitre, comme un homme en » Colère qui eût voulu faire un appel. Malgré cela il ne laïfla pas de pañler dans les lignes en nageant, » pour faire le tour du vaifleau. Quand il fut derrière > 11 prit le gouvernail avec fes deux mains: ce qui » Obligea léquipage de mettre deux palans, de peur » qu'il ne fit quelque dommage. Il repañla enfüuite » par ftribord, nageant toûjours comme eût pu faire » un homme véritable; & lorfqu’il fut à l'avant du » Vaifleau, il s'arrêta à regarder la figure qui étoit » celle d’une très-belle femme. Après l’avoir long- temps confderée 1l prit la foubarbe du Beaupré, & s’éleva hors de l’eau pour tâcher, à ce qu’il fem- » bloit de faire tomber la figure. On attacha une mo- » tué à une corde, & on la laiflà pendre à côté du » Vaifleau. Il la prit & la mania, fans la rompre. Il nagea enfuite au vent du vaifleau environ la > longueur d’un cable; Pepe par derrière, il prit » de nouveau le gouvernail. Le Capitaine ayant fait » préparer un harpon, eflaya lui-même de le har- » ponner; mais parce que le cordage n’étoit pas paré, » 11 manqua fon coup. Le manche frappa feulement » fur le dos de l’homme marin, qui à ce coup prêta » long-temps le vifage au Capitaine, comme 1l avoit » fait au Contre- Maître, & avec les mêmes geftes. » Après cela le monftre paffa à l’avant du Navire, & » S’arrêta encore à confidérer la figure: ce qui enga- » gea le Contre - Maître à fe faire apporter le harpon. » Mais craignant que cet homme Marin ne fût la vifion » d’un matelot nommé /4 Commune, qui l’année précé- » dente le 18 du mois d’Août s’étoit défait à bord du même vaifleau, fa main tremblante adrefla mal le » Coup;en forte que pour la troifiéme fois le monitre s LC i58 CONSIDERATIO NS \3 S 9 ss s Le 29 22 22 ne fut frappé que du bâton auquel le harpon étoit attaché. Alors il préfenta encore le vifage d’un air menaçant, comme il avoit fait les deux premières fois. Cela ne l’empêcha pourtant pas de fe rappro- cher encore davantage du bord, & de prendre une ligne avec laquelle pêchoit un matelot nommé Jean Marie; après quoi 1l nagea de nouveau au vent en- viron la portée d’un coup de fufl. » Il revint enfüuite à bord très- proche, & s’éleva encore hors de l’eau jufqu’au nombril ; enforte que tout l’équipage remarqua parfaitement qu’il avoit le fein aufi plein que celuid’aucune fille ou femme, quoique ce fût un mâle, comme on le vit aufl-tôt. Car il fe renverfa enfuite fur le dos, & prit avec fes mains fes parties naturelles, d’une groffeur & d’une figure pareilles à celles d’un cheval entier, après quoi il fit de nouveau le tour du navire, & prit encore le gouvernail. De-là nageant lente- ment, il s’éleva hors de l’eau, & tournant le dos, il fit fes immondices tout contre le vaifleau. Après cela il s’éloigna de forte qu’on le perdit de vue. » Ce manége avoit duré depuis dix heures du ma- un jufqu’à midi, le monftre ayant toûjours été pendant ce temps-là proche du vaifleau, fouvent à deux ou trois pieds de diftance; en forte que l’é- , quipage compoié de trente -deux-hommes eut le plaifir & la commodité de remarquer les particula- rités fuivantes: qu’il avoit la peau brune & bafa- née, fans écailles; tous les mouvemens du corps, depuis la tête jufqu’aux pieds, tels que ceux d’un véritable homme; les yeux fort bien proportion- nés; la bouche médiocre eu égard à la longueur du corps, qui fut eftimée par tout l’équipage, de huit pieds; le nez fort camard, large & plat; les dents larges & blanches; la langue epaifle; les cheveux noirs & plats; le menton garni d’une barbe mous- feufe, avec des mouftaches de-même fous le nez; les oreilles femblables à celles d’un homme; les pieds & les mains pareils, excepté que les doigts étoient PHILOSOPHIQUES &c 159 » joints par une pellicule telle qu’il s’en voit aux pat- » tes des oies & des canards. En général c’étoit un » Corps d'homme aufli bien fait qu’il s’en voie ordi- >» nairement. s Ce détail eft tiré d’un procès-verbal qui en fut » drefié par un nommé Jean Martin Pilote de ce vais- » feau, figné du Capitaine & de tous ceux de l’équi- » page qui favoient écrire, & qui fut envoyé de » Breft par Mr. d’'Hautefort à Mr. le Comte de Mau- » repas le 8 Septembre 1725 (*).” Je oupconne que cet homme-marin, plus grand que l’homme ordinaire, pouvoit être aufli quadrumane, en ce que les doigts de fes pieds étant unis par une membrane comme ceux de fes mains, ils devoient être beaucoup plus longs que ceux du pied de l’hom- me, s'étendre & s’écarter comme ceux de la main pour fervir de rame & faciliter l’aétion de nager. Il eft probable auffi que le talon devoit être fort élevé, peut-être entièrement effacé & ces formes devoient donner naturellement à un tel pied, la figure d’une main marine. Quoi qu’il en foit de ces conjeétures, ce fait fuffi- famment attefté nous montre us la mer un pres- qu’homme qui répond à l’Orang-outang terreftre, & mérite d’être placé à côté de lui dans l’échelle des Etres, comme un animal très-voifin de l’homme véritable. (*) Telliamed, Tome I, 160 CONSIDERATIONS TREIZIEME PARTIE, C H A P I T R E CVEL De ? Homme & des différentes races humaines. 1. Les Hommes à queue,  Ja vue de l’Orang-outang of eft tenté de deman- der, que lui manque t-il pour être un homme? En voyant cértaines races d’hommes, on oferoit prefque dire, quels animaux font-ce-là? Le pongo n’a point de queue; lé gibboñ & le pitheque, efpeces inférieu- res au pongo, n’ont pos de queue. Ce fuperflu, prolongement exceffif de l'épine, paroît un caractère diftinétif de la brute; & dès qu’il manque, on voit l'animal prototype prendre la forme humaine. Ce- pendant il y a des hommes, recohnus pour tels, qui ont une queue. La marche de la Nature froit-elle retrogade ? noh: mais elle eft finement nüancée. Le pongo tient à l’efpece humaine par une infinité de res- femblances : l’homme devoit tenir, par d’autres traits, à des efpeces fort au deflous du pongo. On trouve dans l’Ifle de Manille des noirs qui vi- vent dans les rochers & les bois, menant une vie de brutes; on en a vu plufieurs qui avoient des queues de quatre à cinq pouces, comme les Infulaires dont parle Ptolémée. (*) Le Voyageur qui rapporte ce ce fait, dit que les femmes de ces Satyres accouchent dans les bois, comme les chevres, & vont auffi-tôt fe laver (") Gemelli Caveri, Voyage du Tour du Monde, Tome Y. Paris 1727. page 65. 00e PHILOSOPHIQUES &c. 151 laver & leur fruit auffi dans les premières rivières, Qu autre eau froide: ce qui feroit mourir une femme d'Europe. Il ajoute que des Miffionnares ‘éfiites, dignes de foi, lui ont afiuré que les Marghiens qui habitent le cœur de l’Ifle de Mindoro voifine de Ma- nille ont auffi une queue de quatre à cinq pouces, qu’ils n’ont aucune forme de gouvernement, qu’ils vont nuds, qu’ils fe nourriflent de fruits fauvages ; que quelques-uns pourtant du territoire de Nauhan ont embraflé la foi catholique ()}. Jean Struys (f) dit avoir vu de fes propres yeux dans l’Ifle Formole, un homme qui avoit une queue longue de plus d’un pied, toute couverte d’un poil roux, & fort fmblable à celle d’un bœuf: cet hom- me à queue afluroit que ce défaut, fuppofé que c’en fût un, venoit du climat, & que tous ceux de la par- tie méridionale de cette Ifle avoient dés queues comme lui. Cette queue eft fert différente pour la forme & Jes dimenfions de celle que portent les noirs de M1- nille, les habitans de Mindoro, de Lambry, &e Il pourroit donc y avoir plufieurs races différentes d’hom- mes à queue, qui difiéraflent par la longueur de cette artie, comme nous avons diftingué jes guéñans & es fapajous à longue queue, des babouins à queue courte. | » Les hommes qui ont des queues peuvent-ils être >» les fils de ceux qui n’en ont point? Comme les » finges à queue ne defcendent certainement point de Ceux qui font fans queue, ne feroit-il pas naturel de penfer de-même, que les hommes qui naiflent avec dés queues font d’une efpece diférentedeceux » quin’en ont jamais eu? Auffi font-ils encore ca- nraét érifés par des qualités forc différentes. le fais » que bien des gens fe perfuadent ou qu’il n’y a point :» d'hommes avec des queues, ou que s’il s’en trouve e Page 87. CT) Voyages de Jean Struys, nes 1719. Tome L p. 1c®, 162 C ON SI DIE R'ATILOINIS » quelques-uns, c’eft une erreur de la Nature, où » bien un cflet de l’imagination des mères. Mais ceux » qui penfent de Ja forte fe trompent certainement » en fuppofant que les hommes & lès femmes decette » efpece, ou bien n’exiftent point, ou du moins font » fortrares. Ileft vrai que la turpitude attachée à cette diformité, le caractère farouche & de peu » d’efprit de tous ceux qui y font fujets, leur pilofité » naturelle, les oblige à fe cacher des autres hommes » avec lefquels ilsvivent. Ils prennent le même foin # pour leurs enfans; & ceux-ci inftruits par leurs pa- * rens, en ufent de-même à l’égard de leur poftérité, > Du refte il eft conftant que cette race d'hommes à » queue eft beaucoup plus nombreufe qu’on ne te l'i- magine ; & que ce proverbe fi commun parmi » Vous (*). Homines caudati, pour défisner des gens fans efprit, n’eft nullement métaphorique. Il eft » fondé fur la vérité. Il y a beaucoup de ces hom- mes en Ethiopie: il y en a aux Indes, en Egypte, 2 en Angleterre, furtout en Ecofle; toutes vos rela- » tions en font foi. On en trouve mêmeen France, où jen ai vu plufieurs. Mais je mecontenterai fur # Cet article de quelques faits récens &. affez voifns » ne vous pour que vous foyez à portée de les vé- rifier. ë >» Le Sr. Cruvillier de la Croutat qui fit avec fuccès # & avec courage la courfe contre ies Tures & qui périt en Caramanie dans un vaifieau qu’un des Of- » ficiers de fon bord, pour fe venger de fon Capi- AN» taine, fit fauter en l’air en mettant le feu aux pou- » dres, a été aufli connu par la queue avec laguelle à il-étoit né, que par fes actions de valeur: Il n’étoit >» encore qu'Ecrivain d’un vaifleau marchand, lors- » qu’un jour ce vaiffeau mouillant au port d’Alexan- » drie,-un | acba qui pañoit au Caire, & qui fut in- » ftruit des expioits de ce jeune homme, lui fit pro- €*) D faut-fe fouvenir que c’eft un Philofophe Indien qui parle à un Miflionnaire François, PHILOSOPHIQUÉES &e rô2 33 pofer de lutter contre un noif qu’il avoit à fon fer: s vice, & lui p'omit trente fequins s’il fortoit victo- 3 rieux de ce combat. Ce noir avoit tué quinze ou » feize hommes dans cet exercice. Quoique le Sr. Cru: villier en fût bien informé il accepta la propoñtion 55 du Bacha, & fe rendit à la lutte fans aucune pré- 5 paration. Le noir au contraire fe prefenta le corps 3 frotté d’huile, & nud, ainfi que le pratiquoïent les » anciens athlétes, n’ayant qu’une fimple ferviette > pour couvrir fa nudité. Ils fe mefurèrent d’abord 3 l’un & l’autre pendant quelque temps, avant de +5 S'aborder. Enfin après quelques feintes, le noir fe 5 jetta tout- à-coup fur le Sr. Cruvillier dans la ré- 3; folution de le fair; mais celui-ci qui avoit les bras ; tendus, dans l’efperance de l’en empéther, lui en- 3; fonça fi rudement de part & d’autre fes doigts au dé- faut des côtes, qu’ils entrèrent dans lc corps du >» noir, comme s’il eût été de beurre. Par-là il lui # Ôta la refpiration & la force; & le ferrant entre fes 3; mains il l'étouffa. Enfuite, lélevant de terre, il le jetta par deffus fa tête avec tant de force, que s la tête du noir, entra toute entière dans le fable. le Bacha témoin avec tout le peuple & tous les étran- gers, qui fe trouvoient à Aléeide . d’une force fi > extraordinaire, quoique touché de la perte de fon , noir, ne laïffa pas de faire compter au Sr. Cruvil- > lierlestrente fequins,qu’illui avoit promis. Ce Cru- Vilier ;lorfqu’il étoiten courfe , & qu’il s’agifloit d'ap- ; pareïller, laifloit à fon équipage le choix, ou de ke- 3 ver les ancres tandis qu’il haufleroit les humicrs, » Ou de haufler ceux-ci, tandis qu’il leveroit feul les 5; ancres. Il avoit un frère d’une force égale à la fien- 5 ne. Celui-ci étoit à Tripoli de Barbarie, où les 5; Turcs l’obligèrent de fe faire Mahometan. On pré- » tend qu’il avoit aufli une queue. » Lorfque je paffai dans cette dernière ville , ax #» commencement de ce ficcle; je vis un noir nomré 33 Mahammed ; d’une force extraordinaire, Il me- # noit feul une groffe er à Paide de deux fa- 2 164 CONSIDERATIONS Eh] 29 22 LE YYSS mes, avec plus de vitefle que vingt autres n’au- roient pu faire. D’une feule main, il renverfoit deux à trois hommes, & portoit des fardeaux d’u- ne pefanteur étonnante. Il étoit velu & couvert de poil contre l’ordinaire des noirs, & avoit une queue d’un demi-pied de longueur qu’il memontra. Je m’informai de fon pays, 1l me dit qu'il étoit du côté de Borneo. 11 m’aflura que fon père avoitune ueuce comme lui, ainfi que la plüpart des hommes FE fa contrée, qui vont tout nuds, & chez lefquels cette queue n’a rien de deshonorant, comme en Europe. Les Marchands de Tripoli qui trafiquent en efclaves noirs, nv’aflurérent auffi que ceux de ce pays étoient plus farouches, plus forts & plus diffi- ciles à dompter que ceux de tout autre; qu’ils a- voient prefque tous des queues, les femmes com- me les hommes; & qu’il leur en pañoit plufeurs par les mains qu’on vendoit bien à la côte de Ca- ramanie, Où 1ls étoient employés à couper des bois. » I n’eft point honteux à un Naturalifte d’appro- fondir des faits qui peuvent l’inftruire des fecrets de la Nature, & le conduire à la connoiflance de certaines vérités. Etant à Pife en l’année 1710, je fus informé qu’une Courtifane s’étoit vantée d’avoir connu un étranger qui y avoit pailé trois ans aupa- ravant, & qui étoit de l’efpece de ces hommes à queue dont je parle. Cela me donna Ja curiofité de Ja voir , & de la queftionner fur cette avanture, Elle n’avoit pas encore alors plus de dix-huit ans, & étoit fort belle. Elle me conta que revenant de Livourre à Pife en 1707 dans un bateau de voitu- re, elle y rencontra trois Officiers François, dont un devint amoureux d’elle. Cet homme étoit grand & bien fait,.& pouvoit avoir trente-cinq ans. Il étoit fort blanc de vifage, ayant la barbe noire & épaifle, les foucis longs & garnis. . T1 pañfa la nuit avec elle, & approcha fort de ce travail, par lequel * Hercule n'eft pas moins fameux dans la fable que par fes autres exploits. Il étoit fi velu que les ours Lx] 2? L] PHILOSOPHIQUES &c 165 ne le font pas davantage; le poil dont il étoit tout couvert , avoit près de demi-pied de longueur. Comme cette femme n’avoit jamais rencontré d’hom- me de cette efpece, la curiofité qui lui fit porter les mains de tous côtés fur le corps de celui ci, les lui ayant fait étendre fur fes fefles, elle y trouva une queue de la groflèeur du doigt, & de la lonqueur d’un demi-pied, qu’elle empoigna en lui deman- dant ce que c’étoit. Cette queue ctoit velue com- me le refte du corps. Cet homme répondit d’un ton brufque & chagrin, que c’étoit un morceau de chair qu’il portoit de naïflance, par le deïr que fa mère avoit eu, étant grofle de lui, de manger d’une queue de mouton; & depuis ce moment elle remar- qua qu’il ne lui témoigna plus le même amitié. L’odeur de fà fucur étoit fi forte & fi particulière, elle fentoit tellement le fauvage, que cette femme fat plus d’un mois à en perdre le fentiment, qu’elle s’imaginoit trouver par-tout. » Une pernne de votre pays m'a affuré que feu Mr. de Barfabas & fà fœur Religieuf, tous deux fameux par pluficeurs traits qui marquent en eux une force extraordinaire, avoient une queue. >» J'ai connu à Paris une Limonadière qui en avoit une, que cinquante autres perfonnes ont vue: aufli avoit-elle l'air hommafle & les bras fort velus, » Je vis à Orléans, lorfque jy pañlai, un hommequi avoit une queuc. Il étoit aufli très-fort & très- velu. J'ai fu depuis qu’ayant voulu faire couper cette queue, il mourut de cette opération, dont le Mercure du mois de Septembre 1718 fait mention. » 1 y a à Aix, dans la rue Courtiffäde une fem- me du peuple, nommée Loufe Martine, qui à l’âge de trente-cinq ans fut attaquée de la conta- » gion, lorfqu’elle affigea cette ville. Ceux ee la » foignoïent dans fa maladie découvrirent qu’e le a- » Voit une queue, & la firent voir à diverfes autres » Perfonnes, enforte que Phiftoire en devint publique. » Cette femme. qui a du poil au menton, grofie & L 3 166 CONSIDERATIONS 59 29 9) 39 99 39 » puiflante, ayant les foucils & les cheveux fort noirs, à une force extraordinaire & porte fur fes épaules deux facs de bled, comme une autre pour- roit porter un fagot. Un jour elle donna un fuf- flet à un homme qu’elle étendit par terre du coup, lequel refta demi-heure évanoui. Il y a encore à Aix un certain Bernard, procureur, nommé Qweue- de-porc, parce qu’il eft connu pour avoir réellement une queue, qu’on lui a vue lorfqu’il fe baignoit é- tant enfant. jl me le nie pas lui-même. Mais il n’eft pas de forte complexion, comme cette femme dont je viens de parler. Il a cependant une phy- fionomie particulière, & un vifège femé de beau- coup de roufieurs. » À ces faits qui font à portée d’être approfondis des curieux, je pourrois en ajouter beaucoup d’au- tres des régions éloignées; mais j’efpère qu’ils fufñi- ront pour vous perfuader que les hommes à queue qu’on découvre de temps en temps ne font pas nés avec ces queues par un eflet du hazard & de lPima- gination de leur mère. Ce font probablement des hommes d’une efpece aufi différente de la nôtre, que l’efpece des finges à queue eft différente de cel- le des finges qui n’en ont point. La férocité des hommes qui ont des queues, leur force extraordi- naire, leur pilofité, la communication de ces queues des pères aux enfans, féemblent être des preuves certaines d’une diflèrente efpece. Si cette férocité & cette pilofité extraordinaires ne font pas toûjours égales dans les fujets de cette race, cette variété ne procede que de ce que cette efpece mêlée avec la nôtre perd fans- doute quelques-unes de fes pro- priétés, & que l’une fe conferve dans:un fujet pro- duit de ce mélange, tandis que les autres s’affoi- bliflent ou fe cachent pour quelque temps. Ainfi un fils né d’un père qui a une queue, & d’une me- re qui n’en a point, peut être fans queue; &ce fils peut avoir d’une femme qui n'aura point de queue, un enfant qui reflemblera par à fon aiïeul, PHILOSOPHIQUES &e. 3:67 >» 1] peut être velu & n’avoir point de queue, ou a- » Voir une queue & n’être pas velu ” - Comme la queue des finges , très longue dans les premières races, diminue dans les fuiantes, pour difparoïitre entièrement dans les faces fupérieures; il f peut que la queue de certaines races d’hommes, longue d’un pied, comme celle des fauvages de l’Ifle Formof dont parle Struys, n’ait qu un demi pied dans d’autres races dont étoit le noir Mahammed de Bor- neo; puis feulement quatre pouces, comme dans les noirs de Manille & de Mindoro; & qu’elle s’efface tout- à-faic dans la fuite des générations. Tontes les formes animales changent & fe perdent de-même graducile- ment & fucceflivement, par la variation néceffaire des produits de la Nature. Puifau’elle ne fe répete point; chaque géneration doit amener quelques différences, & ces difiérences fans cefle multipliées & accumulées doivent produire des altérations confidérabsles dans le modele prototype: elles doivent fupprimer d’ancien- nes parties, ou les multiplier, en engendrer de nou- velles, transformer les combinaïfons, varier les réfüul- tats , & rendre à la fin ce modele original très-différent de lui-même. Elles peuvent décuifer certaines par- ties, les envelopper, les cacher, pour les remontrer fous une autre face dans de nouveaux produits. Après tout, cette queue, qui nous paroît fi étrange, n’eft que la multiplication des vertebres & le prolongement de la peau du dos: elle n’a rien de plus fingulier que ce fixiéme doigt commun à prefque toute une famille de MT (*#), quoiqu'il difparoiïffe dans quelques in- dividus. Ca (*) Jacob Ruhe, Chirurgien à Berlin, né avec fix doigts à chaque main & à chaque pied, tient. cette fingularité de {a mère Elifabeth Ruhen qui la tenoit de fa mère Elifabeth Hortsmann, de Roftock. Elifabeth Ruhen la tranfmit à quatre enfans de huit qu’ellé eut de Jean Chriftian Rube qui n’avoit rien d’extraordi- maire aux pieds ni aux mains. Jacob Ruhe, l’un de ces enfans fexdigiraires , époufa à Dantfic en 1733. Sophie Louife de Thun- gen qui n’avoit rien d’extraordinaire : il en à eu fix enfans ; deux L 4 168 CONSIDERATIONS TE ET nn e , , h , CT HA PART M RINE ICTIE 2. Les Nogres. Ï, v a des Negres à queuc: nous venons d’en voir pluficurs exemples Cependant la plus grande partie de: races negres n’en ont point. Cette large bande qui ceint le-g:obe tcrreftre d’orient en occident, n’eft prefue tou:e habitée que par des peuples noirs qui ont des nez larges & écrafés, de groffes levres, de la laine au ‘heu de cheveux, & un cfprit très borné qui s’eleve à peine de quelques degrés au deffus de l’inftinét de Ja brute. Mr. de Buffon ne compte parmi les véri- tables noirs que ceux de Nubie, du Sénégal, du Cap- Verd, de Gambie, de Sicrra-liona, de la côte des Denis, de la côte d’ür, de celle de Juda, de Congo, d'Angola,.& de Benguale jufqu’au Cap-Negre. Les plus la ds & les plus ftupides font ceux d’Angola, qui eit auf le pays des Orang-outangs. Outre leur diffor- mite & leur frupidité, ils ont encore la force en par- tase, & ils fentent fi mauvais lorfqu'’ils fontéchaufiés, que l’air des endroits par où ils ont pañlé en eft infeété pendant plus d’un quart-d’heure. . Les Negres n’ont pas tous la même laideur, ni la même teinte de noir, ni la même ftature, Ceuxd’'An- enla & de Congo font les plus noirs, les plus laids, les pus peuts, les plus dégoûtans. Ceux du Cap-verd faint bien auffi noirs, mais 1ls ont le corps mieux fait, -les craits du vifage moins durs, le naturel moins ftupi- d® & moins féroce. Les Sénégallois font peut-être les mieux faits de rous, & les plus aifés à difüipliner, mais an garcons out été fexdigitaires. L’un d’eux, Jacob Erneft, à fix doasts 1 pied genche & cinq au droit, il avoit à la main droite un fixifne dois, qu'on lui a coupé; à la gauche il n’a à la place du xiue doigt qu’une verrue. Oeaevre de Maupertuis, Tome IE ‘à PHILOSOPHIQUES &ec, 169 is font moins forts que les autres. Les Bambaras font les plus grands, & les Neyres créoles les plus fpiri- tuels & les plus adroits. Pour la couleur, les Jalofes qui habitent le bord méridional de la rivière du Sénégal font tous fort noirs, au Nord du même fleuve, on en trouve qui ne font que d’un brun foncé; ceux des Ifles du Cap-verd font plûtôt jaunâtres que noirs. Les Ncgres de Serra-Liona ne font pas tout-à fait auffi noirs que ceux du Senegal, mais ils le font plu; que ceux du Cap-Verd. En étudiant les variétés de la couleur des races negres, on y trouvera toutes les teintes intermédiaires du noir au brun; en comparant leurs traits, leur taille, les proportions de leurs mem- bres, on verra la Nature perféétionnant fans cefle, mais lentement, l’efpece humaine en multipliant les générations , réformant chaque fois quelquetrait. Com- bien lui a-t-1l fallu de fiécles pour laver la peau du Sénégallois, je ne dis pas par le mélange avec le fang du Blanc, mais par la gradation néceflaire des formes qui embrafie également la couleur des furfaces & la texture des parties (*)? GG A; PE T R'E.'CVIE 9. Les Hottentots. a, O,. ne connoit guere les peuples qui habitent A» les côtes & l’intérieur des terres de l’Afrique depuis @) :, Le Blanc avec la Noire, ou le Noir avec la Blanche » produifent également un Mulâtre dont la couleur eft brune, » C’eft-à-dire mélée de blanc & de noir, ce Mulâtre avec un Blanc Fr etc un fecond Mulâtre moins brun que le premier; & fi ce » Tecond Multre s’unit de même à un individu de race blanche, » le troifiéme Mulâtre n’aura plus qu’une nuance légère de brum 5 gui difparoftra tout-à-fait dans les générations fuivantes : il ne 5 faut donc que cent-cinquante ou deux cens ans pour lavar le L5 27%. £ONSIDERATIONS » le Cap-Negre jufqu’au Cap des Voltes, ce qui fait » une étendue d'environ quatre cens Lieues: on fit >» feulement que ces hommes font beaucoup moins >. DOIrS que les autres Negres, & ils rellemblent aflez » aux Hottentots, defquels ils font voifins du côté du » midl. Ces Hottentots au contraire font bien con- » nus, & prefque tous les voyageurs en ont parlé: +5 ce ne font pas des negres, mais des Cafires qui ne >» ferroient que bafänés s’ils ne f noircifloient pas la y» peau avec des graiflés & des couleurs M. Kolbe >> Qui a fait une defcription fi exacte de ces peuples, » les regarde cependant comme des Negres, il aflure » qu’ils ont tous les cheveux courts, noirs, frifés & >» laineux comme ceux des Negres (t), & qu'il n’a >» Jamais vu un feul Hottentot ävec des cheveux +». longs: cela feul ne füufit pas, ce me femble, pour > qu’on doive les regarder comme de vrais Neyres; » abord ils en different abfolument par la couleur. »» M. Kolbe dit qu’ils font couleur d'olive, & mars » noirs, quelque peine qu’ils fe donnent pour le de- Venir; enfüite 1] me paroît aflez difficile de pronon- , Cer für leurs cheveux, puifqu’ils ne les peignent ni , ne les lavent jamais, qu’ils les frottent tousles jours » d'une très grande quantité de graifle & de fuie mé- #» lées enfemble, & qu’il s’y amañle tant de poufière& » d’ordure que fe colant à la longue les uns aux au- EE É >» peau d’un Negre par cette voie du mélange avec le fang du Blanc, maïs il faudroit peut-être un affez grand nombre de fié- » Clés pour produire ce même effet par la feule influence du cli- > mât. Depuis qu’on tranfporte des Negres en Amérique, c’eft- + à-dire depuis environ deux cens cinquante ans, l’on ne s’efk > pas appercu que les familles noires qui fe font foutenues fans » mélange, aient perdu quelques nuances de Jeur teinte originelle ; it eff vrai que ce climät de l'Amérique méridionale étant par 7 lui-mérie affez chawd pour brunif fes habitans, on ne doit pas > s'étonner que les Negres y demeurent noirs: pOur faire l’expé- tiénce du: changement de couleur dans léfpècé hyiaîne ; il fau - .» droit tdanfporter quelques individus dé cette race noire du Sé-. médal em Danheanarck, où l’homme ayant communégent la peau. ..-Wähelre ; les cheveux blômds:; les! veux bleus ; la différence du seng/& Foppofition: de couleur cft le plus grandes 1l faudroit PH L 1:10:S,0 PHAQRUE,S &c ,:77E >» tres, ils reflemblent à la toifon d’un mouton noir + remplie de crotte (*).. D'ailleurs leur naturel eft » différent de celui des negres; ceux-ci aiment la pro- » preté, font fedentaires, & s’accoûtument aifëément au >» joug de lafervitude ; les Hottentots au contraire font > dela plus affreufe mal-propreté, ils font errans , indé- » pendans & très jaloux de leur liberté; ces différen- » Ces font ,comme l’on voit, plus que fufifantes pour >» qu’on doive les regarder comme un peuple difié- » rent des Negres que nous avons décrits, » Gama, quile premier doubia le Cap de Bonne- # Efperance & fraya la route des Indes aux Nations >» Européennes, arriva à la baie de Sainte-Helene le » 4 Novembre 1497. il trouva que les habitans étoient » fort noirs, de petite taille & de fort mauvaife mine >» (1), maisil ne dit pas qu’ils fuffent naturellement » noirs comme les Negres, & fans doute ils ne lui ont » paru fort noirs que par la graifle & la füuie dont ils » fe frottent pour tâcher de fe rendre tels; ce voya- » eur ajoute que l'articulation de leur voix reflem- + bloit à des foupirs, qu'ils étoient vêtus de peaux de bêtes, que leurs armes étoient des bâtons dur- » Cis au feu, armés par la pointe d’une corne de » quelque animal, &c. (f). Ces peuples n’avoient donc aucun ufage des arcs en nfage chez les Negres, » Cloîtrer ces Negres avec leurs femelles , & conferver fcrupuleu- # fement leur race, fans leur permettre de la croifer: ce moyen » ft le feul qu’on puiffe employer pour favoir combien il fau » droit de temps pour réintégrer à cêt égard la Nature de l’hom- 3 me; & par la même raifon combien il en à fallu pour la chan- er du blanc au noir.” En tentant l’expérience inverfe, on pourroit connoître combien il faudroit de temps pour noircir la peau des races blanches par la feule influence du climât, ou des autres caufes naturelles. : 1 Defaipion du, Cap de Bonne-Efperance par, M. Kolbe, Amfterdam 1741. page 95. _(P) idem, pag. 02 A ; #). Voyez l’Éiftoire générale des Voyages, par M. l'Abbé Pre- Vôt, Tome I. p. 22, A " G) Ibidem. — 172 CONSIDERATIONS » Les voyageurs Hollandois difent que Iles Sauva- ges qui font au Nord du Cap, font des hommes plus petits que les Européens, qu’ils ont le teint roux-brun, quelques-uns plus roux & d’autres moins. qu’ils font fort laids & qu’ils cherchent à fe rendre noirs par de la couleur qu’ils s’appliguent fur le corps & fur le vifage, que leur chevelure eft fembable à celle d’un pendu qui a demeuré quel- que temps au gibet (*). Ils difent dans un autre endroit que les Hottentots font de la couleur des mulôtres, qu’ils ont le vifage diflorme, qu’ils font d’une taille médiocre, maigres & fort légers à la courfe; que leur langage eft étrange ,& qu’ils glous- fent comme des coqs d’Inde (f). Le Pere Tachard dit que, quoiqu’ils aient communément les che- veux ‘prefqu’auffi cotonneux que ceux des Nesfes, il y en a cependant plufieurs qui les ont plus longs & qui les laiflent flotter fur leurs épaules, ilajoute même que parmi eux il s’en trouve d’aufli blancs que les Européens, mais qu’ils fe noirciflent avec de la graifle & de la poudre d’une certaine pierre noire dont ils fe frottent le vifage & tout le corps; que leurs femmes font naturellement fort blanches, mais qu’afin de plaire à leurs maris elles fe noir- ciflent comme eux ($). Ovington dit que les Hot- tentots font plus bafanés que les autres Indiens , qu’il n’y a point de peuple qui reflemble tant aux Negres par la couleur & par les traits, que cepen- dant ils ne font pas fi noirs, que leurs cheveux ne font pas fi crépus, ni leur nez fi plat ((). » Par tous ces témoignages il eft aifë de voir que » les Hottentots ne font pas de vrais Negres, mais des \s v w 1 22 (#) Voyez le Recueil des Voyages de la Compagnie de Hol- Jande. p. 218. « €t) Idem, Voy. le Voyage de Spitzberg. p. 443. CS), Voyez le premier Voyage du P. Tachard, Paris 1686, p. 108. CSS Voyez le Voyage de Jean Qvington, Paris 1725, p. 194 DAS à » 9,2 32 LL »” 7 PHILOSOPHIQUES&C 173 hommes qui dans la race des noirs commencent à fe rapprocher du blanc, comme les Maures dans la race blanche commencent à s’apptocher du noir; ces Hottentots font au refte des efpeces de Sauva- ges fort extraordinaires; les femmes furtout qui font beaucoup plus petites que les hommes, ont une efpece d’excroiflance ou de peau dure & large qui leur croît au deflous de l’os pubis, & qui defcend jufqu’au milieu des cuifles en forme de tablier (#). Thevenot dit la même chofe des femmes Egyp- ticnnes, mais qu’elles ne laiflent pas croître cette ‘peau & qu’elles la brûülent avec des fers chauds: je doute que cela foit aufli vrai des Egyptiennes que des Hottentotes; quoi qu’il en foit, toutes les fem- mes naturelles du Cap font fujettes à cette mon- ftrueufe difldrmité, qu’elles découvrent à ceux qui ont aflez de curiofité ou d’intrépidité pour deman- der à la voir, ou à la toucher. Les hommes de leur côté font tous à-demi-eunuques, mais il eft vrai qu’ils ne naïflent pas tels & qu’on leur Ôôte un tefticule ordinairement à l’âge de huit ans & fou- vent plus tard... Tous les Hottentots ont le nez fort plat & fort large, ils ne l’auroient cependant pas tel fi les mè- res ne { faifoient un devoir de leur applattir le nez, , peu de temps après leur naïflance, elles regardent un nez proéminent comme une difformité, ils ont , auf les levres fort groffes, furtout la fupérieure, les dents fort blanches, les foucils épais, la têce grofe, le corps maigre, les membres menus; ils ne vivent gucre pañlé quarante ans &c. (f_).”? | Voilà un fort vilain peuple dont l’Afpect hideux prouve que la Nature, qui en s’éloignant de l’equa- teur a éclairci le noir des races negres, en a pourtant @) Voyez la Defcription du Cap. par M. Kolbe Tome I. page 91. Voyez aufli le Voyage de Courlai, page 291. CT) Hiftoire Naturelle générale & particulière avec la Defcrip- tion du Cabinet du Roi. Tome VI. Edit. in-12. page 245 & fuiv, i%4 €CONSIDERATDONS chargé larlaideur dans les Hottentots. Cette excrois: fance de la peau du pubis, particulière aux femmes, & beaucoup plus étrange que la queue des Negres de Maniile & de Mindoro , leur ftature petite & malpro- portionnée, leur malpropreté, leur ftupidité, leur naturel indifciplinable, leurs grofles levres, leur nez plat & large qu'ils s’eflorcent d’aplattir encore davan- tage, leur vie plus courte de moitié que celle de ’hom- me, & leur voix femblable au cri du coq d'Inde ou à des foupits, qui paroît faire la nuance du cris des joc- kos à la yoix humaine; tout cela rapproche les: Hot- tentots des brutes. On a ditque l’Orang-outang étoit un animal. Sous un mafque humain. On pourroit dire qu’un Hottentot eft un homme déguifé fous les traits, la voix & les mœurs d’un animal. Ca Ho Ær D - HT. CRe EC EX, 4 Des autres Caffres. k, nouvelle Hollande nous offre des races Hotten- totes aflez femblables pour la couleur & la.figure à celles que nous venons de décrire. Les Cafftes de la côte orientale d'Afrique, par exemple , ceux de la terre de Natal, de Soffala, du Monomotapa, de Mo- fambique, de Melinde, de Madagaitar & des Ifles voi- fines; ainfi que les habitans des Maldives, de Ceylan, de la pointe de la prefqu’ifle de l’Inde, de Sumatra, de Malaca, des Philippines, &%c. font un peu débar- bouillés.. Ils font plus grands, moins laids & moins mal-propres, que les Hottentots: ils ont en général le nez mieux proportionné, les membres moins fhe- pus,& quelques-uns ont une mine aflez agréable quoi- qu'ils foient extrêmement bruns. Auinf les traits de l'humanité ‘’adouciflent fènfiblement & prennent de la regularité, en remontant vers lorient: c’eft tout le conÿaire vers le nord. PHILOSOPHUQUES&. A CHA P:T REF OX 5. Les Lappons d'Europe, les Samoïedes d'AJie, les Sauvages du Détroit de Davis en Amérique. A. Nord de l'Europe, de l’Afie & de l'Amérique, on trouve des hommes que l’on prendoit volonuers pour une race d’avortons contrefiits. tant ils font pe- tits & laids! Leur face eft-celle de, l’Orang-outang, fi elle n’eft pas plus diflorme:Un vifage large & plat, un nez fi peu proéminent qu’il ne s’éleve prefque. pas au deflus de l’os de la machoire fupérieure. une bouche extrêmement grande, des joues très élevées, un men- ton étroit & prefque entièrement effacé, l'ouverture des yeux petite & retirée vers les temples, une groflè tête, des cheveux prefque aufli durs que des crins des oreilles grandes & rehauflées, enfin l'iris de l’œi jaune & le teint d’un brun jaunâtre: que l’on com- pare ce portrait à celui de l’Orang-outang ,& que Pon décide lequel.eft le plus diflorme (*). Four achever cette caricature , figurez-vous un cou extrêmement court, un corps dur & nerveux, de quatre pieds de hauteur, quelquefois moins, une ftruéture large & quarrée, des membres courts, gros & trapus: une voix grêle, peut-être femblable au fifflement que Mr. Linnæus donne à l’homme-des-bois; du refte paflant toute fa vie fous terre ou dans des cabanes enterrées dans les tenebres d’une nuit de plufieurs mois, & con- noiffant peu les maladies qui affligent l’humanité. Eft- ce-là un homme? Afin que l’on ne foit pas tenté de m’accufer d’avoir chargé les traits de ce portrait, je vais appuyer ce que je dis de quelques autorités refpectables. [*) Voyez'ci-devaat Chapitre CIV. 117 CONSIDERATIONS … On trouve en Laponie & für les côtes feptentrie- nales de la Tartarie, dit Mr. de Buffon d’après des re- lations autentiques, une race d’hommes de petite fta- ture, d’une figure bizarre, dont la phyfonomie eft auffi fauvage que les mœurs. Ces hommes paroïflent avoir dégénéré de l’efpece-humaine, ajoute ce favapt Naturalifte. Tous ces peuples, favoir lés Lappons, les Samoïedes, les Tartares féptentrionaux, les (;roen- landois, & le fauvages au Nord des Efquimaux, ont le vifage large & plat (*}), le nez camus & écraf, Piris de l’œil jaune-brun & tirant {ur le noir (f), les paupières retirées vers les temples ($), les joues ex- trêémement élevées, la bouche très grande, le bas du vifage étroit, les levres grofles, & relevées, la voix grêle, la tête grofle, les cheveux noirs & lifles, la peau bafanée; 1ls font très-petits, trapus quoique maï- gres; la plûüpart n’ont que quatre pieds de hauteur, ét les plus grands n’en ont que quatre & demi. Cette race eft comme l’on voit, bien différente des autres, il femible que ce foit une efpece particulière dont tous les individus ne font que des avortons (c’eft toûjours Mr. de Buffon qui parle); car s’il y a des différences parmi ces peuples, elles ne tombent que fur le plus ou le moins de difformité; par exemple, les Boran- diens font encore plus petits que les Laïflons, ils ont l'iris de l’œil de la même couleur, mais le blanc eft d’un jaune plus rougeâtre, 1ls font auffi plus bafancs ; ils ont les jambes grofles, aulieu que les Lappons les ont menues. Les Samoïedes font plus trapus que les Lappons, ils ont la tête plus grofle, le nez plus large, & le teint plus obfur, les jambes plus courtes, les genoux plus en dehors; les cheveux plus longs & moins de barbe. eo Voyage de Renard Tome I. de fes Oeuvres ; p. 169. Voyez auffi il Genio Vagante del conte Aurelio degli Anzi in Parma 1691. & les Voyages du Nord faits par les Hollapdois. +) V. Linnæi Fauna Suecia 1746. Dé L . $) Voyez la Martinière. page 39. : PHILOSOPHIQUES &c 17 de barbe. Les Groenlandois ont encote la peau plus bafannée qu'aucun des autres, 1ls font couleur d’olive foncée; on prétend même qu'il y en a parmieux d’auffi noirs que les Ethiopiens. Chez tous ces peu- les, les femmes font auffi laides que les hommes, & eur reflemblent fi fort qu’on ne les diftingue pas d’a- bord ; celles de Groenland font de fort petite taille, mais elles ont le corps bien proportionné, elles ont auffi les cheveux plus noirs & la peau moins douce que les Samoïedes; leurs mammelles font molles & fi longues qu’elles donnent à teter à leurs enfans par deflus l’épaule, le bout de ces mammelles eft noir comme du charbon, & la peau de leur corps eft cou- leur olivâtre très-foncée. Quelques voyageurs difent qu’elles n’ont de poil que fur la tête & qu’elles ne font pas füujettes à l’évacuation périodique quieftcommune à leur fexe; nous verrons bientôt ce qui a donné lieu à cette méprife. Elles ont le vifage large, les yeux petits, trés-noirs & très-vifs, les pieds courts auffi- bien que les mains, & elles reffemblent pour le reîte aux femmes Samoïedes. Les Sauvages qui font au Nord des Efquimaux, & même dans la partie fepten- trionale de l’Ifle de Terre-neuve, refflemblent à ces Groenlandois; ils font, comme eux de très petite fta- ture, leur vifage eft large & plat, ils ont le nez ca- mus, mais les yeux plus gros que les Lappons (#), Les Samoïedes , dit un favant qui en a vu plufeurs (f), font pour la plüpart d’une taille au deffous de la moyenne: ils ont le corps dur & nerveux, d’une ftruéture large & quarrée, les jambes courtes & me- hues, les pieds peuts, le cou court & la tête groffe à proportion du corps, le vifäge applati, les yeux noirs & l'ouverture des yeux petite, mais alongce, le nez (*) Voyez le Recueil des Voyages du Nord 1716. Tome I. p. 130 & Tome II. p. 6. (f) Mémoire fur les Samoïedes & les Lappons. ,, Quant à l’é: > tymologie du nom de Szwoiedes, dit l’Auteur de ce Mémoire, 5» CEUX qui en ont écrit font peu d’accord entre-eux. Les uns 18 CONSIDERATIONS tellement écrafé que le bout en eft à peu près au ni- veau de l’os de la mâchoire fupérieure qu’ils ont très forte & élevée, la bouche grande & les levres minces; leurs cheveux noirs comme le jais, mais extrême- ment durs & forts, leur pendent comme des chan. delles fur les épaules; leur teint eft d’un brun fort jaunître, & ils ont les oreilles grandes & rehauflées. Les hommes, continue le même obfervateur auf exact que judicieux, n’ont que fort peu ou prefque point de barbe, & ils ont ceci de commun avec leurs femmes, que non plus qu’elles ils n’ont du poil fur aucune partie de leur corps, excepté à la tête. Ce- pendant il reite encore à examiner fi c’eft par un dé- faut naturel qu’ils fe trouvent fans poil,ou plütôt par une qualité particulière à leur race, ou bien par le foin que prennent les deux fèxes de fe l’arracher par- tout Où il pourroit en paroître, y attachant peut-être quelque idée de honte & de diflormité. Ce qu’il y a de certain, c’eft que les femmes ont un intérêt tout particulier à n’en point avoir, quand même la Nature leur en donneroit, puifqu’un mari, fuivant les ufa- ges de ces peuples, féroit en droit de rendre à fes pa- rens la fille qu’il auroit prife pour femme, & de leur demander la reftitution de ce qu’il leur en auroit don- hé, s’il lui trouvoit un poil fur d’autres endroits du corps que für la tête. Cependant, c’eft là un cas qui, croient que ce nom-là répond à celui d’enthropophages , & qu’on le leur a donné à l’occafion de ce qu’on les a vu manger de la chair crue que l’on a prife pour de la chair humaine ; d’où l’on avoit inféré qu’ils mangeoïent les corps morts de leurs propres gens, aufli-bien que ceux de leurs ennemis, à la façon des Cannibales. Mais il y a long-temps que l’on eft revenu de cette opinion ; & l’on fait même, par la tradition de ces peuples, que parcil ufage n’eut jamais lieu parmi eux. D’autres difent que le mot de Szmoie fignifie en leur langue-un Æzbitenr, & que c’eft delà que leur nom tire fon origine. (Cette dérivation feroit, ce femble, la plus naturelle, fi la fuppofition fur la- quelle elle repofe, n’étoit pas deftituée de fondement. Mais comme il eft certain, qu’il ne fe trouve guere dans toute leur ,; langue de mot qui approche de celui de Samoïe, & qu’ils fe , donnent eux-même dans leur propre langue le nom de AMinez v + PHILOSOPHIQUEÉS&C. xig fuivant les apparences exifte fort rarement , quan mére la Nature ne les auroit pas elle-même garantie à cet égard, parce que les Samoïedes ont coûtume de les époufer fort jeunes, dès l’âge de dix ans, La Phyfionomie des femmes reflembie parfaitement àcelle des hommes, excepté qu’elles ont les traits tant foit peu plus fubuls, le corps plus mince, les jambes plus courtes, & les pieds très-petits; d’ailleurs il eft fort difficile de diftinguer les deux fèxes par la phyfono- mie. Ceux qui ont prétendu que les femmes Sa- moiedes ne font point fujettes aux évacuations pério- diques, fe font trompés;, c’eft une particularité fur laquelle j'ai pris des informations exactes: cependant il eft vrai qu’elles ne les ont que très-foiblement & en petite quantité. Une autre particularité également conftatée, c’eft qu’elles ont toutes les mammelles pla- tes & molles en tout temps, lors-même qu’elles font encore pucelles, & que le bout en eft noir comme du charbon, ce qui leur eft commun avec les Lap- ponnes, cal uant aux fauvages qui habitent les terres du Dé. troit de Davis ils font fort femblables aux Lappons d'Europe & aux Samoicdes d’Afie, Ils font petits, trapus, d’un teint ohvâtre: ils ont des jambes courtes & grofles. Les Sauvages de Terre-ncuve font auffi de petite taille, comme on l’a dit plus haut, ils n’ont » & celui de Chafowe, on voit bien que c’eft-là une étymologie » Chimérique comme tant d’autres. Il vaudra donc mieux ; à mon ‘ avis, en chercher une qui ait du rapport avec la langue des nations Voifines. E£ comme il eft certain que les Finnois ont habité dans les temps reculés la plus grande partie des contrées du Nord, le mot de Soowe, qui fignifñie en langue Finnoife un Marais peut bien avoir fervi d’origine au nom de Samoïede , comme il eft vraifemblablement aufli l’étymologie du nom de » Samalent{ch que les Lappons fe donnent dans leur propre lañ- » Sue, & encore celle du nom de Somameïes que les Careliens 3 affectent à leur Nation. Dans les Chanceleries Ruffiennes , les » Samoïedes portent le nom de Sirogzeszi qui défigne des gens > Qui mangent des chofes crues. Voilà tour ce que j’ai pu dé- » COouvrir de moins incertain fur la dérivation du nom de ces # peuples.” M 2 CR RU u 189 CONSIDERATIONS que peu ou point de barbe, leur vifage eft large & plat, leurs yeux gros, & ils font généralement aflez, camus. Le voyageur qui en donne cette defcription dit qu’ils reffemblent affez bien aux fauvages du con- tinent feptentrional & des environs du Groenland (*). On en peut conclure que tous les habitans du Nord tant de l’Europe que de l’Afie & de l'Amérique font les plus miferables, les plus laids & les plus ftupides de toute l'cfpece. Ces peuples fi grofliers, menant une vie dure, trifte & prefque toute fouterraine , par- viennent néanmoins à une très-grande vieillefle. A — ——— ——————— CH SSPECTET RS ETC 6. Sauvages au corps & au vifage velus. D le prototype a de peine à quitter les formes hideufes de la brute pour revêtir les belles formes de l’homme! Les Sauvages de la baie d’'Hudfon & du Nord de la terre de Labrador, ainfi que ceux du pays d’Yeco au Nord du Japon dans l’ancien continent, refflemblent aux Lappons d'Europe & d’Amérique en ce qu’ils font laids, petits & malfaits comme eux; en ce qu'ils pañlent l’hiver fous terre , & l’été fousdes tetes faites de peaux de bêtes, en ce qu’ils couchent tous pêle- mêle fans diftinétion commeeux, en ce qu’ils fe nourris- ent de chaircrue ou de poiflon cru , & qu’ils vivent long- temps comme eux; mais ils en diflérent en ce que les Lappons & les Samoïedes n’ont que peu ou point de barbe, au lieu que ces fauvages-ci ont non-feulement “une barbe très épaifle, mais encore prefque tout le vifège & le corps aufli velus, qu’un ours. Cette par- Po (*) Voyez le Recueil des Voyages au Nord, Rouen 1716, Tome III. page 7. Rire = eus PHILOSOPHIQUESR&e. 181 ticularité les fait regarder, avec raïfon, comme une race féparée des autres. Re me ee ee nn Er LL A PF ON ARE" CXIR 7. Les Offaques & les Tongufes, _1ES Oftiaques & les Tongufes font la nuance en- tre les Lappons dont on vient de parler, & les Tar« tares dont 1l fera queftion dansle Chapitre fuivant. Les Samoïedes & les Lappons font environ fous le 68 ou 6gme degré de latitude; les Oftiaques & les Tongufès fous le 6ome degré; les Tartares au 55me degré le long du Volga. Les Oftiaques quoique petits & mal faits, font peut-être un peu moins raccourcis & un peu moins laids que les Samoïedes, Les Tongufes font un tant foit peu moins petits & moins laids, Ils vivent de poiflon ou de viande crue, ils mangent la chair de toutes les efpeces d'animaux fans aucun apprêt, ils boivent plus volontiers du fang que de Peau. Ils font errans , grofliers, ftupides & bru- taux (*). DO AP TT RYEVCAIE 8. Les Tartares, | A Nation Tartare prife en général, occupe des » pays immenfées en Afe, elle eft répandue dans toute (*) Hiftoire Naturelle générale & paticulière, &c. Tome VI Kdit, in-12. M 3 ss 2 "1 St 2 CONSIDERATIONS _… ; l'étendue de terre qui eft depuis la Ruffie jufqu’à Kamtthatka, c’eft-à-dire, dans un efpace de onze ou douze cens lieues en longueur, fur plus de fept cens cinquante lieues de largeur, ce qui fait. un terrein plus de vingt fois plus grand que celui de la France. Les Tartares bordent la Chine du côté du Nord & de lPOueft, les royaumes de Boutan, d'Ava, l’empire du Mogol & celui de la Perfe jus- qu’à la mer Cafpienne du côté du Nord, ils fe font aufñ répandus le long du Volga & de la côte occi- , dentale de la mer Cäfpienne jufqu’au Dagheftan, , ils ont pénétré jufqu’à la côte fepcentrionale de la mer noire, & ils fe font établis dans la Crimée & dans la petite T'artarie près de la Moldavie & de l'Ukraine. - | » Tous ces peüples-ont le haut du vifage , fort large & ridé, mêmé dans leur jeunefle, le nez court & gros, les yeux petits & enfoncées (*), les joues fort élevées, le bas du vifäge étroit , le menton long & avancé, là machoire fupérieure enfoncée, les dents longues & féparées, les fourcils gros qui leur couvrent lés veux, les paupières épaiffes, la face plate , le teint bafanné &olivâtre , les cheveux noirs; ils font de ftature médiocre, mais très-forts & très- robuftes, 1ls n’ont que peu de barbe, & elleeflt par petits épis comme celle des Chinois, ils ont les cuifles grofles & les jambes. courtes; les plus laids de tous font les Calmuques dont l’afpeét à quelque chofe d’effroyable: ils font tous errans & vaga- bonds, habitans fous des tentes de toile, de feutre, de peaux; ils mangent de la chair de cheval, de chameau, &c. crue, où un peu mortifiée fous la flle de leurs chevaux, ils mangent auffi du poiffon defféché au Dldil. Leur boiffün ‘la plus or&inäire éft du lait dé jument fermenté avéc de Ja farine de mn | ns. nn, CN) Voyez les Voyages de Rubrufquis, de Marc-Paul, de J ruys, du Père Avril, &c 1 PHILOSOPHIQUES.&e 183 » Millet; ils ont prefque tous la tête rafée, à l’excep- » tion du toupet qu'ils laiflent croître aflez pour en » faire une trefiè de chaque côté du vifäge. Les fem- » Mes, qui font auffi laides que les hommes, portent » leurs cheveux, elles les treflènt & y attachent de » petites plaques de cuivre & d’autres ornemens de Cette efpece.... » Pour reconnoître les différences particulières qui » 1 trouvent dans cette race Tartare, il ne faut que » Comparer les defcriptions que les voyageurs ont à faites de chacun des différens peuples qui la com- » pofent. Les Calmuques, qui habitent dans le voi- » finage de la mer Cafpienne, entre les Mofcovites & » les grands Tartares, font, flon Tavernier, des + hommes robuftes, mais les plus laïds & les plus dif- ” formes qui {oient fous le cel; ils ont le vifage fi plat » À fi large que d’un œil à l’autre il y a l’efpace de » Cinq ou fix doigts, leurs yeux font extraordinaire- » ment petits, & le peu qu’ils ont de nez eft fi plat » qu’on n'y voit que deux trous au lieu de narines, » is ont les genoux tournés en dehors & les pieds en » dedans. Les Tartares du Dagheftan font, après les » Calmuques, les plus laids de tous les Tartares: les » petits Tartares ou Tartares Nogais, qui habitent »» près de la mer noire, font beaucoup moins laids » que les Calmuques, mais ils ont cependant le vifa- MN” 2e large, les yeux petits & la forme du corps fem- » blable à celle des Calmuques. Les Tartares Vagoliftes » En Sibérie ont le vifage large comme les Calmuques, » le nez court & gros, les yeux petits, & quoique » leur langage foit différent de celui des Calmuques, » ils ont tant de refflemblance qu’on doit les revarder » Comme étant de la même race, Les Tartares Bra- >» tski font, felon le Père Avril, de la même race que + les Cälmuques. A mefure qu’on avance vers l’o- » Tient dans la Tartarie indépendante, les traits des » Tartares fe radouciflent un peu, mais les carattères > Cflentiels à leur race reftent toûüjours; & enfin les x» Tartares Mongoux qui Ge conquis la Chine, & 184 CONSIDERATIONS > qui de tous ces peuples étoient les plus policés , font + encore aujourd’hui ceux qui font les moins laids & y» ‘es moins malfaits, ils ont cependant, comme tous » les autres, les veux petits, le vifage large & plat, > peu de barbe, mais toûjours noire ou roufle (*), » le nez écrafè & court, le teint bafanné mais moins >» Ohvâtre Les peuples du Thibet & des autres pro- » Vinces meridionales de la Tartaric, font, aufli bien , que les Tarares voifins de la Chine, beaucoup moins laids que les autres (1-7 A CE AGOEt LOT: RENE 9. Les Chinois & ls Faponnois, Et. L ES Chinois deftendent peut-être des Tartaresaux- quels ils refflemblent par plufeurs traits marqués. Les Chinois ont en général le vifage large, les yeux petits, les fourcils grands, les paupières plates & élevées, le nez camus, quelques épis de barbe à chaque levre & fort peu au menton. Ils ont aflez ordinairement la taille épaifle, le teint bafanné & la ftature commune: les femmes chinoifes font mieux faites que les hom- mes, au rapport des voyageurs, la taille plus déga- gée, mais lé nez également écraié & les autres traits du vifäge à la Chinoife. 7”! Les japonnois font aflez.,. femblables aux Chinois: fulement ils font plus jaunes, ou plus bruns; mais du refte, ils ont la taille ramañée, un vifage large & lat, le nez écrafé, de petits yeux, & peu de barbe. Nous mettrons iciles Cochinchinois, les Tunquinois, es Siamois, les Péouans, les habitans d’A racan ,de Laos; #) Voyez Palafox, p : 1 Hiftoire Naturelle générale & particulière &c. Tome VE Editin-12 L ; P HAL 0:S O PHAIQUES &c. 1889 & autres contrées voifines ,qui ont tous des figures chi- noifes un peu variées; les Cochinchinois & les Tun- quinois n’ont pas le vifage aufli plat, ni le nez aufli ca- mus que les Chinois. Les Siamois ont le corps mieux fait, mais leur front fe rétrécit fubitement & fe ter- mine autant en pointe que leur menton: ils ont auffi de petits yeux placés obliquement., Les habitans des Royaumes de Pégu & d’Aracan ont la forme du corps & la phyfonomie chinoifes, ils font feulement plus noirs. Le 2e conne ot mme me Gonesse 2 men one | RO A A EUTLTAR Er CXV, 10. Les Indiens, Hommes à groffés jambes. db peuples qui habitent la prefqwifle de l’Inde font tous plus ou moins olivâtres ou jaunes. A cela près ils reflemblent aflez aux Européens pour la taille & les traits du vifège. Les corps y font peut-être plus petits, fur tout dans les femmes, mais pour dédom- magement les jambes & les cuiffes font fort longues. Je dois pourtant diftinguer parmi les Indiens, les habitans de Calicut qui forment comme deux races particulières, difiérentes entre elles, & différentes des autres races Indiennes. Les Naires de Calicut, qui font les nobles, font bien faits: ils ont une taille éle- vée; maïs on voit parmi eux de certains hommes & de certaines femmes qui ont les jambes auffi groffes que le corps d’un autre homme. Cette difformité n’eft point une Maladie, dit Mr. de Buffon (f), elle leur vient de naiflance; il y en a qui n’ont qu’une jambe & d’autres qui lesont toutes les deux de cette grofleur monftrueufe ; la peau de ces jambes eft dure & rude comme une verrue: avec cela ils ne laiflent pas d’être (*) Au même endroit. 186 CEONSIDERA T0 NS fort difpos. Voilà un étrange écart de la Nature dans le temps qu’elle commence à donner une plus belle forme à l’efpece humaine. On trouve encore deshom- mes à grofles jambes à Ceylan Pour les Moucois, qui font les Bourgeois de Calicut, ils fémblent étre d’une race inférieure à celle des autres Indiens: car ils font, hommes & femmes, plus laids, plus jaunes, plus malfaits & plus petits (*). CH bei T Re E-0E1E 11. Les Perfans , les Arabes, les Egyprens, les Maures. Ï ous ces peuples font des nuances intermédiaires entre les Indiens & les habitans des climats les plus tempérés où font les plus beaux hommes. Du ving- tiéme degré de latitude feptentrionale, au trente-cin- quiéme, les corps, quoique d’une couleur brune & bafannée, font beaux & bienfaits: 1ls preparent pæ degrés le beau teint & les belles proportions. On trouve chez les Maures des femmes d’une extrême blancheur, d’un teint de lys & de rofès, d’une taille grande & dégagée, (*) Voyages de François Pyrard. Recueil des Voyages qui ont fervi à l’érabliflement de la compagnie des Indes de Hollande, Voyage de Jean Huguens. ES TL. PHILOSOPHIQUES &e 187 CH A PIT R E CXVII. 12. Les Efhagnoïs, les Portugais, les François, les Anglois, les Hoïandois, les Allemands, les Sué- dois , les Polonoïs , ks Danois. , Ce: peuples Européens font bienfaits, ils ont les traits réguliers ,les membres bien proportionnés, mais iis ne nous offrent point encore le chef dœuvre de la Nature, cette beauté noble & fublime, qui plaît par elle-même, & non par les mignardifes de Part, ni par la reflource des paffions, ni même par le preftise des graces, le fupplément de la beauté, Ce qui marque la marche graduée & varice de la Nature, ce qui prou- vé d’une manière fenfible par combien de nuancéselile s’éleve lentement au fuprême degré de la beau:e , c’eft que tous ces peuples ont un air nationnal qui fait que chacun eft différent des autres, & eft auf aifé à di- füinguer par la phyfonomie, que par le langage ou Phabillement. Les Efpagnols tiennent beaucoup des habitans de la Barbarie par une taille maigre & ailez petite, par un teint jaune & bafanné; cependant ils ont une belle tête & de beaux yeux, Aux environs de Bidaffou ils ont les oreillesd’une srandeurexceffive, Les Portugais tiennent des Efpagnols. Les François, les Anglois, les Hollandois & les Allemands font plus blancs que lesEfpagnols & les Portugais ,ils.ont auf une taille plus avantageufe. Ils font encore éloignés de la perfection de l’efpece humaine. Er comparant les individus, on trouve que la plüpart font audeflous de la beauté médiocre. Onrencontre partout destraits à demi-ébauchés , les nez aplatis,ou aquilins, des têtes communes , des figures qui ne fignifient rien, des mem- bres mal-aflortis, des corps grêles ou trop chargés de chair, des fratures raccourcis, des jambes mañives, des mains groflièrement tournées; dans quelques pro- 158 CONSIDERATIONS viaces de la France & ailleurs près de la motié de (es pecc cft contrefaite. Chez tous ces Européens, on compte les beaux hommes & les belles femmes: en- core ce ne font que des beautés nationales, c’eft-à- dire des beautés fuivant les idées qu’ont produites les plus belles formes du pays (*) parmi lefquelles on en trouveroit bien peu qui füuffent dignes de fervir de modeles aux peintres du vrai beau. Les Danois font les plus blancs de tous les peuples. Mais ce blanc de lait trop éblouïfflant n’eft pas favorable à la beauté: il eft fade: il devroit étre légérement bruni. Aufi, tout le refte égal, une blonde n’eft pas auffi belle qu’une brune, CG Hal lett Et CAN 319. Les Zialiens, les Turcs, les Grecs, les Circaffiens | & les Géorgiens. A, centre des différentes nations nommées dans les deux Chapitres précédens , on trouve les Ita- liens, les Turcs, les Grecs, les Circaffiens & les Géorgiens. Ces peuples font , fans contredit, les plus belles races de l’efpece humaine. Ils jouifient de tous les avantages naturels. C’eft chez eux qu’il faut aller contempler le chef-d'œuvre de la Nature, les plus belles formes & la ftruéture la plus excellente fous le plus beau ciel. Dans les belles Provinces d’Italie, dit Mr. Winckel- mann, On voit peu de ces figures ignobles que l’on rencontre à chaque pas au delà des Alpes, Les traits @) Ces idées de la beauté nationale font fi fortement emprein- tes dans l’elprit des Artiftes que Rubens même, après avoir de- meuré plufieurs années en Italie, n’a pu leur en fubftituer de Jus parfaites, & a toùjours deffiné fes figures comme s’il n’eùt jamais vu que les formes de fon pays. RS ne nd se Ë \ PHILOSOPHIQUES&c 189 ÿ font partout nobles & bien marqués; la forme du vifage y eftordinairement grande & pleine, & parfaite- ment proportionnée dans toutes fes parties. Cette beauté de forme eft frappante jufques dans le bas peuple. La tête du dernier artifan pourroïit-être pla- cée dans les compofitions héroïques; & il ne feroit pas difficile de trouver parmi les femmes de la der- nière clafle du peuple, même dans les villages les moins confidérables, un modele pour faire une Ju- hon. Naples, qui jouit, plus que les autres provin- ces d'Italie, d’un ciel doux & tempéré, produit en quantité de ces formes dignes de fervir de modele au beau ideal, c’eit-à-dire au beau naturel, épuré ,élevé jufqu’à la perfeétion divine (*#). Si les Italiens, dit un Anglois, font feuls capables, parmi les modernes, de peindre la beauté, c’eft qu’ils ont la bafe de ce ta- lent dans les belles figures qu’ils ont continuellement fous les yeux: cette contemplation affidue du beau naturel fait qu’ils le copient-avec tant de vérité (f). On voit peu de vifages grélés en Italie. C’eft dans leur propre pays que les Artiftes Grecs rirent les modeles de ces ftatues dont nous admirons es fragmens, & qui, toutes mutilées qu’elles font, ferviront éternellement de regle pour les belles nro- portions. Dans l’ancienne Grece, il y avoit desjeux publics où les jeunes-hommes venoient difputer le prix de la beauté. Les prêtres de plufeurs Dieux, ne pou- voient être que des adolefcens qui euflent mérité ce e ($). Il y avoit de femblables fêtes inftituées pour es jeunes filles à Sparte, à Lesbos, à Paros. Polybe dit qu'aucune Nationne Feu être égalée aux Grecs pour la beauté ($$). Le fang des Grecs modernes quoi- que fort melangé eft encore renommé pour fa beauté, (*) Hiftoire de l’Art chez les Anciens, Tome I, Traduction Françoife. U Là-même. N) Paufanias Lib. VII, & IX. $S) Polyb, Lib, V. 99 CONSIDERATIONS On ne trouve point parmi eux de nez écrafé, celui de tous les défauts qui défigure le plus un vifage. Un célebre Anatomifte a obfervé que les têtes des Grecs & des Turcs ont la forme de l’ovale d’une plus belle proportion que les têtes des Allemands & des Fla- mands (*). Les Artiftes Grecs fixèrent les idées de la beauté d’après les modeles de leur nation, & ces idées ont été univerfellement adoptées partout où les arts ont fleuri. Onen retrouve les traits dans les mé- mes contrées, ainfi que dans la Circaflie & la Géorgie. On y retrouve le profil Grec, le premier caractère de la besuté du vifage, qui n’admet qu’un enfoncement très doux & très léger entre le front & le nez; on y re:rouve les fourals des Graces, ce font ceux des fem- mes Circaffiennes, qui, par la finefle & la fübtilité des poils, ne femblent être qu’un filet de foie recourbé; ce front moderément grand, poli, & également cour- be dans tous les points qui fe répondent; les yeux & les mains de la Pallas de Phidias; la taille riche & no- ble de la Venus Grecque; cette fublime harmonie de toutes les parties du corps qui frappe dans l’Antinoüs & dans Niobé. Un trait de beauté remarquable dans les femmes Georgiennes, Circafliennes & Turques, c’eft la rondeur pleine du menton fans apparence de foileite. Cette foilette n’eft en effet qu’un agrément accidentel qu’on ne trouve ni dans Niobé, ni dans fes filles, ni dans la Pallas que poñlède le Cardinal Alba- ni, ni dans PApollon du Belvedere (f). Le fang de Géorgie eft fi univerfellement beau qu’on ne trouve pas un laid vifage dans ce pays, & la Na- ture a répandu fur la plûüpart des femmes des graces qu’on ne voit pas ailleurs, elles font grandes, bien- faites, extrêmementrdéliées à la ceinture, elles ont le vifage charmant (1). Les hommes font aufli fort ca Vefal., de Corp, hum. fabrica. Lib. I. Cap. V. Ÿ) Hiftoire de lArt chez les Anciens, par Mr, Winckelmanne . (D Voyages de Chardin: Hiftoire Naturelle générale & pars ticulière &c. PHILOSOPHIQUES&R&c. 1ot - beaux ((). Les femmes, dit Struys, font fort belles & fort blanches en Circaffie, & elles ont le plus beau teint & les plus belles couleurs du monde; le front grand & uni, les yeux grands, doux & pleins de feu, le nez bienfait, les levres vermeüles, la bouche rian- te & petite, & le menton comme il doit être pour achever un parfait ovale ; elles ont le cou & la gorge parfaitement bienfaits , la taille grande & aifée, les cheveux du plus beau noir: Il eft rare de trouver en Turquie des boflus ou des boiteux; les hommes y font auffi beaux que les Géorgiens ou les Circafliens, les femmes y font belles bienfaites & fans défaut. Il n’y a femme de Laboureur ou de payfan en Afie, dit Belon, qui n’ait le teint frais comme une rof, la peau delicate & blanche, fi polie & fi bien tendue qu’il femble toucher du velours. Cette peau douce, fatinée & tranfparente eft un don précieux de la température du climat. Les femmes Grecques font peut être en- core plus belles que les Turques; ou plûtôt il faudroit avoir des idées bien pure de ia beauté pour décider laquelle de ces nations mérite la pomme. Les habi- tans de Ifle de l’Archipel partagent aufli les avanta- ges de la beauté avec leurs voifins. RS | TT 2 ces en es" | a Le Colt PA, TRE; CXIX, 14. Les Patagons, ou Géants.  l'extrémité auftrale de l’Amérique j’appercois une nouvelle race d'hommes. Leur taille eft le dou- ble de la nôtre, & leur corps a plus de huit fois le volume du nôtre. CS) L genio vagante del, Conte Aurelio degli Anzi, F9 59 5) 22 27 CD) 22 29 ) CONSIDERATIONS » En 1522. Magellan étant proche du détroit aÿ- pellé de fon nom, fit deftendre au port nommé de- puis Saint-Julien, divers foldats & matelots. Ceux. ci étant entrés fort avant dans les terres, trouvè- rent une malfon, féparée en deux logemens. Dans l’une étoient trois hommes de la hauteur de dix picds, & dans l’autre leurs femmes & leurs enfans. Îls amenèrent par adreffe un de ces hommes à bord ; » les deux autres fe fauvèrent. Ce Géant avoit le 29 » 2 gofer fi large qu’il y faifoit entrer une fleche de la longueur dun pied & demi. Il étoit fi fort qu’il fallut huit hommes pour le lier. Il mangeoit une corbeille de bifcuit, & buvoit un fceau de vin. Cette terre fut appellée terre des Géants ou des Pa- tagons & conferve encore aujourd’hui ce nom. Magellant trouva que les côtes de l’un & de l’autre côté du détroit étoient habitées par des peuples gigantefques; voici comment l’Auteur sen ex- plique. » Les habitans de lun & de l’autre rive font ex- ceffivement grands, prefque tous de douze à treize pieds, même davantage. Ils ont la couleur blanche de-même que nos peuples feptentrionaux, & la voix fi grofle & fi horrible, qu’ils femblent plütôt meugler comme les bœufs & les éléphans, que for- mer une voix humaine. Ils font fi vifs & fi agiles à la courfe, qu’ils devancent les cerfs; ce qui eft caufe que difficilement nos arquebufes peuvent les attraper & atteindre, fi ce n’eft qu’ils cheminent en troupe, ou qu’ils foient pris à l’improvifte. Une marque de leur grande force, eft qu’un feul hom- me leve & porte un tonneau de vin dans les bat- teaux, & que trois ou quatre pouffent à la merun bâtiment qu’à-peine trente de nos hommes peuvent remuer. Ils ont des arcs très-grands dont les cor- des font de boyaux de bêtes fauvages de la groffleur du pouce. Le même Hiftorien parlant des peuples du Chili voifns des Patagons dit qu’ils égalent ceux- PHILOSOPHIQUES, &c 193 ÿ Ci en groffeur & en grandeur ,& qu’ils font de douze » pieds (*). fs #2 | . C'’eft à l’extrémité du Chili, vers ies Terres Ma- gellaniques, dit Mr. de Bufion, que fe trouve, à ce qu’on prétend une race d'hommes dont la taille eff gisantefque. Mr. Frezier dit avoir appris de plufieurs Efpagnols qui avoient vu quelques-uns de ces hom- mes, qu’ils avoient quatre varres de hauteur, c’eit- à-dire neuf ou dix pieds; felon lui, ces Géants, ap- pellés Patagons, habitent le côté de l’eft de la côte defèrte dont les anciennes relations ont parlé... En 1709 les gens du vaifieau le faques, de Saint-Malo, virent fept de ces Géants dans la baie Grégoire, & ceux du vaifleau le Saint-Pierre, de Marfaille, en vi- rent fix dont ils s’approchèrent pour leur offrir du pain, du vin & de l’eau-de-vie qu’ils refufèrent quoi- qu’ils euflent donné à ces matelotsdesfleches , & qu’ils les euffent aidés à échouer le canot du Navire (f). Mr. de Buffon paroït douter qu’il exifte en effetune race d'hommes toute compofée de Géants, & il re- garde toute grandeur au delà de fix pieds comme un accident, & non unc différence conftante dans l’efpece humaine. Plufeurs favans ont nié tout-à-fait l’exi- ftence des Géants, c’eft-à-dire d'homme de dix àdou- ze pieds ((). | Mr. de Maupettuis difoit, dans fa lettre fut le pto- grès des Sciences, que cette terre des Patagons fitués à l'extrémité auftrale de l’Amérique méritoit d’être : examinée. Tant de Relations dignes de foi, ajoutoit- | _(*) Hiftoire Univerfelle des Indes Occidentales par Witfiét; Telliamed, Tome II. Ch: Voyez le Voyage de Mr. Freziér, Paris 1732. page 75 & fuiv. Hiftoire Naturelle générale & particulière &é. Tome VL Edit. in-12. (*) Au rer. Livre de Môïfe Chap. II. vérs 1. On lit. La >» I4me Année Kedorlaoiner vint avec les Rois fes alliés, & üil » défit les Repraïms dans le Pays d'Affhiaroth, les Zuzimes dané > le pays de Hum, & les Ermimes dans le pays de XKïriathaïn.” L’Interprète grec prend la liberté de traduire aïnfi la fin du N i94 “CONSLDÉRATIONS": 1, nous p:rlent de ces Géanis q ‘on ne fauroit guère raifonnablenent douter qu’il n’y ait dans cette région des hommes dont la taille eft fort difiérentc de la nô- tre: Les Traniaétions Philofophiques de la focieté Royale de Londres parlent d’un crâne qui doit avoir appartenu à un de ces Géants, dont la taille par une comparaifon très-exacie de fon crâne avec les nôtres, devoit être de dix ou douze pieds *}). A examiner philofophiquement la chofe, on peut s’étonner qu’on ne trouve pas entre tous les hommes que nous con- noiflons là même varieté de grandeur que l’onobférve dans plufieurs autres efp:ces: pour ne s’écarter que le verfet; @& 4 délit les Géants qui étoïent dens le pzys d'Aflaror. On eft étonné de trouver des Géants dans la vertion Grecque, des Géants dont l’Original ne dit mot, Les Interprétations , que les Rabbins font des noms ARephum, Zufin, Nephilin, Enckims ÆEmim ,ne-prouve nullement que ce fullent des peuples de Géans, ais feulement des hommes courageux , cruels, intrépides,, forts & robuites , qui avoient l’air menaçant & l’œil ardent comme le Lion, ainfi qu’il eft écrit au Chap XII. de Nombres. Les Efpions que Moïfe envoya à la découverte de la terre pro- mile rapporcèrent , qu’ils avoient vù les peuples de Mephèlim, iflus des anciens Onakims, & que les liraëlites auprès d’eux A» Nétoient que des Cigales.?”? : ” Suppofons que la taille des Ifraëlites étoit audeffous de cinq pieds, & que celle dés peuples de AVephilin fut de cinq piés cinq pouces; il n’en faut pas davantage pour qu'ils paruflent des G£ans aux yeux d’un efpion lache & time à qui la fraieur groffit les objets: Les peuples du pays de Canaan étoïent par rapport au peuple Juif, comme aujourd’hui. Ceux de la Zone tempérée par rapport à ceux de la Zone glaciaie ou de la Zone torride : comme Îles germains que Tacite appelle homines immen/æ procéritatis , à l’égard des Lappons qui ne font auprès d’eux que des Cigales. Il y a dans chaque nation des hommes extraordinaires en force & en hauteur à Paris on vit en 1756. un homme de 7 pieds 5 pou- ces .6 lignes. Tel -éroit Goliath parmi les Philiftins l’hiftoire fainte nous a faïflé la mefure exacte de fa taille : il avoit 6 cou- dées & trois palmes de haut. La palme étoit da largeur de qua- tre doigts... La. Coudée revient à peu près au pié de Roi. Goliat avoit donc environ 6 piés huit pouces, raille affez extraordinaire vour le peuple Juif qui n’avoit guère plus de cinq piés. » ‘Le Chevalier Hans Sloane donna le 10 Decembre 1727 une dis- fertation Critique, imprimée dans les memoires de l’Academie des Sciences de Paris ou il fait Voir que les dents & les os des seb PHILOSOPHIQUES &e fs moins qu’il eft poffible de la nôtre, d’un Sapajou à un gros Singe, 1l y a plus de différence que du plus petit Lappon au plus grand de ces Géants dont lés voyageurs nous ont parlé. 2: Ces hommes mériteroient fans doute d’être connus; continue Mr. de Maupertuis : la grandeur de leurs corps feroit peut-être la moindre chofe à obferver: leurs idées, leurs connoiflänces, leurs hiftoires, - roient bien encore d’une autre curiofité (>, On ne tardera peut-être pas long - temps à être à même de faire ces recherches. Les derniers vaifleaux Anglois, qui ont pallé le détroit de Magellan, ont en- prétendus géants ne font en effet que les dents & les os des Ele« phans, des Baleines, de l’Hipopotame ou d’autres bêtes fembla- bles. Il en eft de mème des fquelettes de 12 de 20, de 30 cou« dées dont parle Philoitrate, celui de 46 coudées qu’on trouva felon Pline dans la Caverne d’une montagne en Eréte; celui de 60 Coudées dont parle Strabon, qui fut trouvé en Mauritanie ; & qu’on prit pour le fquelette d’Anthée. Tel eft encore le fquelette Éléphantin qui fut trouvé près de Trapani en Sicile , & qu’on prit pour Poliphéme lui-même. gi En 1630. Un Gentilhomme de Tunis aiant decouvert un fque- lette d’une grandeur prodigicufe, en envoyasuné dent au favant M. Peyrefch : tous ceux àsqui il la montra la prirent pour la dent d’un Géant, Quelque tems après un Elephant en vie aiant été montré à Toulon, Mr. Peyrefuh donna ordre de l’amener à fa maifon de Campagne, dans le déffein d’en examiner à loifir les dents, dont il fit prendre l’impreflion en cire, & trouva que læ retenduë dent de Géant qui lui avoit été envoyée de Tunis 5 toit la dent molaire d’un Elephant, Ç En 1678. On envoya de Conftantinople à Vienne une dent qué . Von difoit avoir été trouvée aux environs de Jerufalem dans une “caverne fouterraine fort fpacieufe, ou il y avoit le tombeau d’un Géant avec cette in{cription en caractères Caldaïques; Ci git le Géant Hoz. d’où l’on coujeéturoit que c’avoit été la derit de Hog Roï de Bafan qui fut defait avec cout fon peuple les Rephaims at Moïfe : Mais on trouva que c’étoit la dent d’un Elephant. Empereur a qui on vouloit la vendre deux mille écus la fit renvoyer à Conftantinople. ou Voilà à peu près tout ce qu’on a dit pour prouver qu'il n’y 4 point de Géants ; mais ces raifonuemens ne peuvent rien Contræ a réalité des faits. *) Tranfact. Philof, No. 168 & 160. : . CF) Lettre fur le progrès des Sciences, dans les Oeuvres ä& Mr, de Maupertuis Tome I. N 4 19 CONSIDERATIONS fin reconnu la verité de ce qu’on n’avoit jufqu’ici re= gardé que comme douteux ou feulement vrafémbla- ble. On n’a pas vu feulement quelques-uns de ces Géants, on en a vu une horde de plus de trois cens. On en a amené en Europe; & nous fommes à la veille dedécouvrir bien des particularités concernant les ter- res auftrales & ces grands hommes qui les habitent. L’exiftence d’un nombre auffi confidérable étant une fois confiatée , on ne peut plus dire que leur grandeur extraordinaire eft un fimple accident. Ce doit être une varieté conftante dans l’efpecc. Une fimple difié- rence individuelle ne pourroit pas porter la grandeur de l’homme au double, & fon corps à un volume huit fois plus confidérable que le volume ordinaire. PHILOSOPHIQUES&c. 197 BIRT AND PA ECTS PARA IE CARE CEEENE DE EADEEE AA RATER QUATORZIEME PARTIE. 6 0 1, CR AGREE PA TER. SE CXX, Les Monfires. I manqueroit quelque chofe au Traité de la grada- tion naturelle de l’Etre, fi j’oubliois de parler de cer- taines formes particulières, que nous appellons mon- ftrueufes parce qu’elles femblent s’éloigner de la régu- Jarité & de l’uniformité des autres productions natu- relles. Ces combinaifons bifarres des élémens de l’a- nimalité, que l’on attribue aflez communément à des accidens, font diftribués le long de la chaîne des Etres, & me femblent entrer dans le plan général. Ces va- riations de la forme prototype, qui, encomparaifon des autres, admettant un excès, un défaut, une dif- formité-ou un déplacement de parties, n’ont point la confiance des autres formes: elles ne font fouvent que fe montrer & difparoître, fans engendrer des formes analogues. Car fi la monftruofté eft à un certain de- gré, c’eft-à-dire, fi elle apporte de tels changemens dans l’organifation du füujet qu’elle affééte, que cet individu ait plus de traits de différence, que de rap- ports Ge conformité avec les autres Etres, il fe trouve ilé, fans pareil auquel il puifle s’unir avec fuccès, & conféquemment incapable de produire. Mais la dif formité ne va pas toüjours jufqu’à ce point, %& lors- qu’elle ne fe trouve que dans les extrémités, ou avec un tel tempérament qu’elle n’occafonne point de de- fordre confidérable dans l’économie organique, loin de nuire à la génération , elle fe perpétue , elle fe trans- met de proche en proche, quelquefois avec des ca- prices & des changemens . ont quelque chofe d’é- 3 198 CONSIDERATIONS trange. Ta famille des fexdigitaires, dont nous avons parle plus haut, en eft ure preuve fuffifante. Les Pierres, les plantes & les animaux ont leurs monftres, c’eft-à-dire des individus qui s’éloignent des formes ordinaires, felon l’idée que nous nous en fom- ines faite: car le mot de o4f?re, comme celui d’e/fece, exprimeun fimple rapport qui n’a d’exiftence que dans notre façon de concevoir. Après avoir circonfcrit les œuvres de la Nature daris de certaines bornes de ré- gularité & d’uniformité, nous appellons monftre tout ce qui s’en écarte; tout comme après avoir divifé fes produétions, nous appellons efpecce différente chaque collection d’Etres que produit cette divifion de l’en- femble, Etendons la fphère de nos idées: ne formons point de petits fyftèmes dans un grand. Croyons que les formes les plus bizarres en apparence, à quelque degré qu’elles le foient, appartiennent néceflairement & cfientiellement au plan univerfel de l’Etre; que ce font des métamorphofes du prototype aufli naturelles que les autres, quoigw’elles nous offrent des phéno- meénes ditiérens; qu’elles fervent de paffäge aux for- mes voifines; qu’elles préparent & amenent les com- binaifons qui les faivent, comme elles font amenées, par celles qui les précédent; qu’elles contribuent à l’orûre des chofes, loin de troubler. Ce n’eft peut- être qu’à force d’étres que la Nature parvient à pro- duire des Etres plus réguliers, & d’une organifation plus fÿmmétrique. Qui nous répondra qu’au com- mencement il n’y a pas eu beaucoup plus de ces pro- duits monftrueux, que de formes plus régulièrement organifées? Si c’eft le contraire aujourd’hui,c’eft que ces monftres manquent des facultés néceflaires pour fe reproduire, la faculté générative étant attachée à une certaine combinaifon d'organes plus régulières, ils ont du périr, & laifler la place aux Etres mieux organi- fés._ Les formes néanmoins n’en font pas tout-à-fait perdues, & nous en voyons reparoître quelques-unes de temps à autre. Ce n’eft point un vice dans la Na- ture, que daps la multitude infinie des combinaifons Eva; te tomes PHAXTONS/OPHAQUES Re. og de la matière il y en ait qui ne doivent que &.n on: trer & d'fparoitre, parce qu’elles ne fauroient fubf- fter par elles-mêmes. Les Etres éloignés dans Péchelle font.des monftres les uns par rapport aux autres, parce que leur forme eft très diflemblable foit pour le nombre, l’efpece ,ou la fituation des parties. Sans comparer des Etres éloi- gnés, prenons des individus de la même efpece, mais de race différente: un homme à queue de Bornco,ne froit-1l pas un monftre à Paris? Une temme Hotten- tote avec fon tablier de chair ne féroit-elle pas un monftre dans un férail de Conftantinople? Il y a des races d'hommes dont la tête eft fi enfoncée entre les épaules, qu’elle femble occuper la place de la poitri- ne !l y en a d’autres dont une jambe grofle comme le corps, fait difparoître l’autre qui eît grêle & me- nue, de forte que ces hommes femblent n'avoir qu’u- ne jambe & un pied. Toutes ces conformations mon- ftrucufes ne le font que comparativement & fuivant les idées que nous nous fommes forgces d’après les formes qui fe préfentent le plus communément à nos yeux, & que nous voyons fe fuccéder avec le plus d’uniformité,. Peut être que, dans quelques-uns des mondes qui roulent fur nos têtes, les Etres qui font réputés infor- mes dans le nôtre, compofent des races conftantes parmi lefquelles nous ferions des monftres, On n’y voit pas de contradiétion. PRE 2 Re, PE CREER EEE CHA SPANNE CRE S CXXL: Des Monfires fofjikes. O, ne peut guère douter que parmi les pierres & les métaux, il n’y ait de ces Etres bizarres & ambi- gus qui s’écartent de la conformation ordinaire de leur N 4 0 CONSIDERATIONS efpece. Il peut y en avoir parmi les fels, dans-le re. one aqueux. Mais comme le plan des premières com- binaifons de la matière, eft moins régulier dans fes proportions relativement aux Etres fupérieurs, les montres fofliles doivent nous être moins fenfibles: ce qui fait que nous ne fommes pas en état d’en juger. Ces concrétions pierreufes, les ftalaétites, les préten- dues petrifications ne feroient-elles point autant de de- veloppemens monfirueux des germes lapidifiques, ou de combinaifons vicieufes des élémens des pierres ? RS C H A'P IT R ÆE CXXIL Des conformations monffruenfès parmi les végétaux. DE monftres ne font pas rares parmi les végé- taux: ils le feroient encore moins, fi l’on y faifoit plus d'attention. Un citron qui en renferme un au- tre; une poire qui en enfante un feconde, & celle-ci jettant par fà tête une branche & plufieurs feuilles; une autre poire dont la partie fupéricure porte prefqu’au milieu du calice un bouton duquel fortent deux pe- tites feuilles & cinq fleurons auprès des feuilles, gar- anis chacun de leurs étamines & piftils; une rofe du centre de laquelle s’éleve une branche de rofer, telle que les nouvelles poufles ou bourgeons des rofiers ; trois rofes qui s’élevent graduellement l’une fur l’au- tre le long de la même tige (*}), font autant de pro- duétions végétales où le cours ordinaire de la Nature paroïit dérangé & même renverf. (*) Voyez les Mémoires de l’Academie Royale’ des Sciences de Paris, Le Journal des Savans, an. 1679. Les Nouveaux Com- mentaires de l’Académie Impériale de Petersbourg. Tome VI. & je Livre intituié : & La Nrture Tome IV. 3 P HIDE O SON AMRQUIE.S" Rec. 20) SEE ES a oo, mé CH A'P'1:.T"R EM EMXIIL Animaux Monfiruèux. Quatre efpeces dé Monfrres. OO, divife les Monftres en quatre efpeces fuivant la nature de leur difformité qui peut fe rapporter à quatre chef principaux. Première efpece, La première efpece comprend les monftres qui le font par la conformation extraordinaire de quelques- unes de leurs parties, quoique du refte le nombre & la place de ces parties foient comme dans les autres in- dividus. Seconde efpece. On met dans la feconde efpece des monftres tous ceux qui ont quelque partie déplacée, eût-elle d’ail- leurs la conformation qu’elle doit avoir. Troifième efbece. La troifiéme efpece de monftres renferme ceux à qui il manque quelque partie foit extérieure, foit in- terne; & on les nomme #m/res par défauts. Quatrième efbece, Les monftres dela quatriéme claffe font ceux quiont plus de parties que l’état naturel ne le comporte, qui, par exemple ont deux têtes fur un corps, ou deux corps fous un tête, fix doigts à une main, ou à un pied, ou aux deux mains & aux deux pieds, &c. On nomme ceux-ci Monffres par excès, NS.” ‘ 22 £ONSIDERATTONS Ïl y.a des monfires qui n’appartiennent qu’à une de ces quatre clafles; il yen a auffi qui appartiennent à deux ciañles, à trois claffes, ou méme aux quatres, avant des traits de difiormité de plufeurs ou de tous les genres: car 1] y en a qui ont quelques parties d’u- ne conformation monitrueufe, qui ont d’autres par- ties déplacées, qui manquent de certains membres, & qui en ont d’autres fuperflus. Ne - En Géomètrie, entre deux figures regulières, tels les que le triangle équilatéral & le quarré ou le cer- cle, ily un très-grand nombre de figures irréguliè- res. C’eft la même chofe dans les formes de l’Etre; & ceux qui ont regardé les monftres comme des inter- médiaires entre les produétions plus régulières, par où Je prototype a du pañer avant que de revêtir des for- mes mieux ordonnées, ont foutenu un fentument très-conforme à la marche de la Nature, qui a du remplir toutes les nuances, & conféquemment faire bien des montres tant par défaut que par excès. tant par la conformation extraordinaire que par le dépla- cement de leurs parties, avant que de produire des fvitèmes organiques auf bien fymmétrifés que ceux qui nous ont fourni la matière de cet ouvrage. Com- bien d’effais ont du précéder le jufte nombre & Ja proportion exacte des parties, qui nous frappent dans jes œuvres de la Nature? C HS AMORE ADP RE EXXIM, Monftres qui font tels par la conformation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties ; foit intérieures Olb EXÉÉT IUT ES, : L ES premiers monftres de cette efpece font les mue lets dont la conformation totales’éloigne plusou moins de celles des deux individus dont ils proviennent. Le PH EL 0'S 0 BR HBQUES &c 03 mulct ne reflémble ni à âne ni au cheval, & n'eft réellement ni âne ni cheval, quoiqu'il participe de la nature de l’un & de l’autre. Le mulet provient ou d’un cheval & d’une ânefle, ou d’un âne & d’une ca- valle, ou d’un onagre & d’une jument. Le mulét provenu d’un âne & d’une cavalle, reflembie beau- coup à l’âne par la forme du corps, la longueur des orcilles & ja brieveté de la crinière. mais il reemible plus à la cavalle par la grandeur. Comme l'âne, il a une queue longue qui n’a de crins qu’à fon extré- mité. Sa couleur la plus ordinaire elt le noir, ou un brun noirâtre. Il braie comme l’âne, & comme lui, il a fur le dos une croix d’une couleur plus foncée que celle du refte du corps (*). 4 Il eft très rare que le mulet & la mulecngendrent, quoiqu’ils foient fort chauds & ardens pour l’a:cou- plement: cependant on vit en 1703 une mule à Pa- lerme, en Sicile; qui à l’âge de trois ans engendra un poulain; elle le nourrit de fon lait dont elle avoit une aflez grande aboncance (f). Le mulet qui provient de l’accouplement du coq avec la femelle d’un canard, eft une efpece de Ca- nard qui a les pieds parfaitement reflemblans à ceux du coq. À On peut mettre au nombre des mêmes monftres les deux œufs fuivans qui n’avoient d’autre monftruofité que les marques fingulières empreintes fur leur coque, Le foir du Lundi 2 Decembre 1680. lorfque la comete fe voyoit au ciel, une poule qui n’avoit point encore fait d'œufs, après avoir chanté d’une façon & d’un ton plus aigu qu’à l'ordinaire, & fait beaucoup de bruit , ft un œuf d’une groflèur au-delà de la grofleur naturelle, marqué non d’une comete, mais de plu- fieurs étoiles, Quelques années auparavant on avoit montré à Mr. Caflini à Boulogne une coque d’œuf € Diétionnaire d’Hiftoire Naturelle au mot 7///:7, : CT) Là-même, & Mémoires de Trévoux Octobre 1+03. p, £a. 204 CONSIDERATYEO NS fur laquelle étoit empreint en relief un foleil parfaite. ment bien formé, & on l’aflura que cet œuf avoit été pondu tel pendant le temps d’une éclipfe de foleil (*), On doit ranger encore dans la même clafle un en- fant aflez bien conformé à l’extérieur mais à qui tou- tes les articulations manquoient. Tous fes os étoient foudés enfembie, deforte qu’ils ne formoient qu’un feul os continu (f). + + CH ATP TTIRAES CAN Monf?res qui [ont tels par le déplacement de quelques-unes de leurs parties, tant exiernes qu'intérieures. Nous ne rapporterons que trois exemples de cette. feconde efpece de monftres. 1. Un enfant dont la artie inférieure du corps étoit tournée à contre-fens, c’eft-à-dire le devant derrière, & le derrière devant, L’épine du dos étoit contournée de telle forte que la face, la poitrine, & le ventre étoient vus par devant, tandis que les parties extérieures de la génération , les genoux & les pieds fe trouvoient tournés vers le der- rière du corps. 2, Un Soldat invalide, mort à 72 ans, dont toutes Îles parties internes de la poitrine &du bas- ventre étoient tranfpoiées, celles du côté droit étant fituées au côté gauche, & celle du côté gauche occu- ant le côté droit, mais fans aucune confufion. Ce déplacement ne nuifit en rien aux fonctions vitales : ee qui prouve que cette tranfpofition eft indifférente en elle-même. Peut-être que ce Soldat l’avoit héritée ce fon père, & qu’il l’auroit tranfmife à fes enfans s'il en avoit eu. Cet homme avoit donc le cœur à (*) Journal des Savans An. 1681. 3 ; (f) Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris, An. 1716, PHILOSOPHIQUES &c 205 droite & le foie à gauche. Ce Soldat fut difféqué à Paris en 1688 par Mr. Lemery. On avoit vu dans la même ville en 1650 une tranfpoftion de parties femblables dans le meurtrier qui tua un Gentilhomme croyant tuer le Duc de Beaufort, & dont le corps aprés avoir été roué fut ouvert & difléqué par Mr. Bertrand, Chirurgien. Le Cadavre du Sr. Audran, Commiflaire du Régiment des Gardes à Paris, ouvert après fa mort en 1657. offrit un déplacement pareil des vifcères. Frederic H:ffimann, avoit eu auf occa- fion d’obferver ce phénomène dans un füujet qu’il avoit difléqué. Ces exemples font voir que la fituation or- dinaire de ces parties n’eft pas abfolument nécefläire à la vie, & que la fituation contraire ne s’obferve fi rarement que par le petit nombre des diflections que l’on fait. D’ailleurs ces monftres peuvent engendrer, & en fe multipliant perpétuer leur conformation fin- gulière (*). 3. Un fœtus monftrueux qui avoit le cœur en dehors, pendu au cou. Voilà un déplacce- ment des plus bifarres que l’on puifle voir. ORÉS A PTE TDoR LEN:CXXVE Monfires par défaut. Aie fœtus, fans tête, fans poitrine, fans ver- tebres & fans queuc: il avoit feulement une efpece de ventre au bout duquel étoient les cuifles, les jambes & les pieds de derrière. A Quimper-Corentin en Baffe-Bretagne, en 1683. nâquit un petit monftre fort fingulier: un chien de la longueur & de la groffeur d’une belette, avec des pieds de taupe, fans gueule & fans yeux. La Nature n’avoit rien fait pour fuppléer au défaut de ceux-ci; C7) Là-méme, Année 1733. 506 CONSIDERATIONS «? mais à la place de la gueule, elle lui avoit donné uné efpece de petite trompe pour fuccer , & fe nourrir à la façon des infettes qui ont une trompe. Il vecut trois jours (*). Un autre chien n’avoit qu’un œil, & point de nez ni de gueule. Sa tête difforme n’étoit qu’une mafe à peu près ronde ou oblongue, fans autre accompa- gnement que deux oreilles & un œil Le refte du corps n’avoit rien de monftrueux. Nous avon: parlé d’hommes à fix doigts à chaque main & à chaque pied. Un autre homme n’avoit à chaque main que le feul doigt index, fans qu’il parût aucun veiltige de tous les autres doigts, excepté une poruvon du puce que l’on fentoit fous la peau entou- Chant ces mains difformes (f). Un enfant venu à terme, bien formé & bien nourri, mourut prefj;ue en naïflant, 1l fut ouvert: on trouva qu'il n’avoit que la bafe du crâne, & point de cerveau n' de cervelet. C’étoit une fille. Un autre enfant mâle vecut douze ou quinze heures, quoiqu'il n’eût aucune trace de cerveau ni de cervelet, mais feule- ment un grand efpace vuide à leur place. Un fœtus monftrueux n’avoit ni cervelle ni cervelet, ni moëlle épinière. Un enfint venü à terme, n’ayant aufli ni cerveau ni moëlle épinière, a pourtant vecu 21 heu- res. Mr. de Littre difféqua en 1707 un fœtus mon- - ftrueux qui avoit vecu huit mois dans le fein de la mère où elle l’avoit-fenti, remuer jufqu’à ce temps. I n’avoit que la bafe du crâne. Cette bafe étoitcou- verte d’une membrane qui étoit double, d’un tiffu fort ferré, & qui ne contenoit dans fà duplicature au- cun veftige de moëlle, mais feulement les nerf & les vaifleaux fanguins, qu’on trouve ordinairement à la bafe du cräne. Les nerfs avoient fenfiblement leure commencement à la fuperfcie inférieure de la partie *) Journal des Savans, An. 1683: nbtniee 7 +) Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Pariss M. 1733. PHILOSOPHIQUES &c. 207 fupérieure de la membrane qui les renfermoit & ils fafoient trois lignes de chemin dans la duplicature, avant que de fortir de la baf du crâne pour s’aller diftribuer aux autres parties du corps Enfin le canal de l’épine de ce fœtus monftrucux, étoit ouvert par derrière dans toute fa longueur , de la largeur de neuf lignes. 11 étoit tapiflé de la même membrane que la bafe du crâne; elle étoit de même vuide de moclle & contenoit feulement les nerf, & les 7aifleaux fanguins particuliers à Pépine. Ses deux parties étoient telle- ment colées enfémble ou avec les vaifleaux quiétoient dans à duplicature , qu’il ne reftoit entre elles aucune apparence de canal (*). En 1709. Mr. Mery recut d’un Medecin Danois la deftription d’un fœtus à terme monftrueux par la tête. Elle étoit plus petite qu’à l’ordinaire, & la face prefque toute couverte de poils avoit quelque chofe d’affreux. Au milieu du front, 1l y avoit une petite protubérance charnue, & direétement au-dcflous un œil de figure triangulaire, revêtu de fes paupières gar- nies de leurs cils; mais la fupérieure n’avoit point de fourcils. Ce fœtus n’avoit que ce feul œil dont on diftinguoit partaitement bien la conjonétive, la cornée tranfparente & la prunelle, Il n’avoit ni bouche, ni nez; de-là vient, dit-on, qu’il ne pouvoit pas refpi- rer, ce qui lui a caufé la mort peu de jours après être forti du iein de fa mère. Les orcilles occupoient la place du menton, mais elles n’avoient point de con- duit extérieur. Nous avons dit que ce petit monftré p’avoit point de nez; il ne faut pas oublier auffi qu’il mavoit point de nerf olfacüf, & que l’os ethmoide étoit fans trous; 1l auroit donc été privé de l’odorat s’il eût vécu (f). Un autre fœtus fans nez, & avec un feul œil placé au milieu du front, offre des circonftances un peu Dee ee mn ES » nes, ilsen trouva un d’une forme extraordinaire » ayant quatre pieds & quatre aîles. Le payfan chez -> qui ce petit monftre parut, eutle plaifir de la vo » Courir & manger, avec les autres poulets pendant quelque temps; mais un jour la poule frappée plus > qu’à Pordinaire à la vue des pieds qu’elle voyoit en- # haut en ce petit poulet, & s’imaginant fans-doute » qu’il étoit renverfé par terre & hors d'état de fe re- » lever, le tourna plufieuts fois de part & d’autres » fens-deffus-Geflous ; mais voyant des pieds & des » aies de tous les côtés, comme fi l’horreur du mon- » ftre l’eût emporté fur Ja tendrefle maternelle, elle +, Je tua à grands coups de bec. Un Médecin de vil- (*) Hiftoir: & Mémoire de l’Académie Royale des Sciences. \ _ L de Bakker ect 3. Pdpe 2 Je v (x W nn — - rie riches qe em eee ge ne ee d'eee e me m L re rs * + en à ns CL a d't » me mn mdsés bat pres PHILOSOPHIQUES&C er 35 lage ayant eu la curiofté d’arracher le gizier pour # voir s’il étoit double (ce qui ne f trouva pas) rom- > pit par malheur le croupion ; en introduifant le doigt dans le corps. » Mr. Hevin Payant reçu de la part de Madame de Launay Commat fa fille à qui le payfan l’avoit lui- » même apporté à fa Maiïfon de Campagne qui n’eft pas bien éloignée de ce village, il fit appeller le Sr, .»s Moreau, l’un des plus célèbres Chirurgiens de Ren- » nes, pour l'ouvrir. On vuida le ventre, &'on ne » laiffa dans le corps du poulet que le cœur, le foie- » & les poumons attachés. Mr. Hevin vuida enfuite la tête & mit le poulet dans de l’efprit de vin, où 11 s’eft parfaitement bien confervé, à la réferve du » plumage, car étant de l’efpece de ceux que l’on ap- » pelle en Bretagne, de la grand” race, dont le: plu- » mage eft gris moucheté, il eft devenu d’un roux » fort pâle.” É ; Le poulet monfirueux, confervé dans de l’efprit de vin, accompagnoit cette Relation envoyée à l’Auteur du journal des Savans. Il paroïît que ce poulet n’avoit d'autre monftruofité, que fes quatre pattes & fes qua- tre ailes. Celui dont je vais parler, que j’ai vu & pofiédé, avoit d’autres difformités, comme on le voit Planche X, fig. 1 6 2. En 1763. un payfan demeurant à une lieue, ou environ d'Amfterdam, du côté de porte d'Utrecht, apporta ce poulet à un Chirurgien de la ville, en lui difant qu’il avoit vecu cinq jours entiers, & que le fixiéme la poule l’avoit tué à coups de bec. Il fe tenoit fur deux pattes, marchant avec peine & d’une ma- nière mal-adroite. Ce Chirurgien l’acheta le mit dans de lefprit de vin ,& mele vendit quelques joursaprès. Ce petit monftre a quatre pattes bien formées, deux de chaque côté: deux font à leur place ordinaire, les deux autres font plus haut, prefque fous les aîles, unc de chaque côté. Il n’a que deux aîles fans aucune monfiruofité, Le corps eft extrêmement gros à pro- Le] EL. 212 CONSIDERATIONS portion du refte. Il n’y a qu une tête, mais elle err- ble compofee de trois t:tes; aufli on remarque trois becs très-fenfibles & très diftinéts quoique fort près les uns des autres, & prefque fur la même ligne ho- rizontale: feulement celui du milieu eft un peu plus bas que les deux autres: on voit auffi trois yeux, l’un eft ouvert & placé au milieu de la tête, au deflus du bec le plus bas auquel il répond :les deux autresyeux, couverts de leurs paupières, font placés de chaque côté de la tête. Voilà ce que cet animal a de plus monftrueux à l’extérieur. Comme il n’a point été ou- vert, & qu’il eft paflé aujourd’hui en des mains étran- oères, je ne puis rendre compte de la conformation des parties intérnes. La Figure 1. fait voir le poulet par derrière; la Fÿg, 2. Le montre par devant. | A l’occafion de ces deux poulets monftrueux, je rapporterai un fœcus poulet bien plus étrange que ceux-là. J’en trouve encore la Relation dans le jour- nal des Savans du Lundi 28 Juillet 1681. où l’on peut en voir la figure. Æxtrait d'une Lettre contenant lhifioire & la defcription d'un petit Monfire, écrite d'Avignon de 22 du mois de Juillet 1681. » Il y a deux jours qu’un chirurgien de cette ville qui nourrit chez lui des poules avec un coq, en- tendant fur les onze heures du matin un bruit de cris extraordinaires que faifoient enfemble & tout- à-la fois le cog & les poules, eut la curiofité d’aller voir le fujet de leurs cris. 1H] trouva tous ces ani- maux perchés fur des piéces de bois. HE les chaffà » d'abord, & puis cherchant quel pouvoit être l’ob- jet qui les avoit déterminés à crier fi fort, il trou va en cet endroit un œuf de la grandeur ordinaire » de ceux des poules. Cet œuf n’avoit point de co- que, & le Chirurgien, l'ayant confidéré au jour, 5 … P HAVE OS O PH RQUES &c 272 sappercut qu'il n’avoit point de jaune. Il fe fit ap- porter une affictte, & ayant percé l’enveloppe ou membrane qui contenoit ja fubftance de l’œur, il la verfà fur Paffiette, & vit d’abord avec furprife au- lieu du jaune de l’œuf une fubftance glaireufe afez folide de la couleur d’une chair morte, & dans cette fubftance la figure de la tête d’un petit hom- me. Je l'ai vue & examinée fort foigneufement. » On y diftingue parfaitement le front, la cavité des deux yeux, fans que j’aie pu appercevoir les yeux. Le nez y paroït diftinétement, & avec une grande lentille de verre on le voit boutonné. La levre d’en-haut eft à proportion plus grande que celle d’en bas, la bouche fort fendue, & enfin on y voit le nienton au deflous duquel il n’y a plus de matière: tout ce vifäge n’eft point une figure, mais un vrai relief, , » Je confiderai fort foigneufement le deffus de la tête où l’on diftingue fort bien & fans peine une fubftance femblable à une cervelle; dont une parti fur le milieu a la forme d’urtriangle. lai apperçu des fibres dans ce cerveau qui eft à découvert. » Toute cette tête eft de la grandeur pour le moins d’une petite noix, & le vifage à peu près comme une piéce de quatre fols. C’eit une Relation 4 2/4 que je vousenvole. On doit tenter la diflection de cette petite tête. Si je puis m’y troûver, je vous en ferai favoir le fuccès. En attendant il ne faut pas oublier de vous dire que cette tête avoit deux aflez grands lobes de glarc figée, l’un à droite & » l'autre à gauche (*).” (*) Journal des Savans an. 1681. Tome IX. page 278. Edit, de Hollande. 0 3 214 CONSIDERATIONS Diffüion de ce Monfire, | » .. Dans le defféin d’embaumer ce petit monftre On refufa d’abord de le laifler ouvrir. Mais trois » Jours après on le donna enfin à difléquer, parce » qu'ayant été expofé au foleil pendant ce temps-là, » bien loin d’y mieux diftinouer toutes chofescomme On l’avoit cru, la chaleur avoit liquefié aflez toute » Cette matière pour la rendre méconnoiffabie. » Mr. Luflin le fils, chirurgien & très habile Ana- » tomifte, fit donc cette diflection en prefence de Mr. » Guifony, Chardon, & Olivier le fils, Médecins » d'Avignon. Ïl fépara d’abord la première glaire qui paroifloit & qui étoit fort vifqueufe, après laquelle il s’en trouva encore une deuxiéme intérieure jau- nâtre, telle qu’on la voit dans un œuf couvé. On découvrit alors cinq petites cavités dans l’endroit où l’on défignoit le cerveau, dont l’entrée de cha- cune réliltoit à la pointe d’une lancette. Le Long » de la prétendue épine du dos on remarquoit plu- fieurs petits cercles, comme ceux qui dans les vers tiennent lieu de vertebres. Mais à la fin on trouva une membrane qui enveloppoit généralement. le tout, dans laquelle ces Meffieurs ayant fait fouffler avec une paille, on vit s’élever une peau qui for- ma une cavité aflez confidérable à l’endroit ou doit être l’abdomen , dans laquelle on diftinguoit une forte de matière graifleufe ; & tout cela fe termunoit en une queue ou petit cordon. » La délicateffe d’un fi petit fujet ne permit pas à Ces curieux d’en obferver davantage, même avec les inftrumens qui groffiflent les objets, dont ils s’é- » toient précautionnés (*).” On ne fe feroit guère attendu à trouver un effai de la , figure humaine dans un œuf de poule: ce qui eft auffi 3 a Se ee me €*) Là-même, page 330. PHIL'OSOPEHMOUNES. &c ‘27 étrange, c’eft ce qu’ajoute Mr. Guifony Auteur de la Relation précédente, au füujet du cog de ce pou- lailler. Ce cog ayant été facrifié à la haine publique & à la fuperftiion parce qu’il fut regardé comme la caufe prochaine de ce prodige monftrueux , on en fit difféquer les bas-ventre où l’on trouva fur la région des lombes un tefticule unique de la groffeur de celui d’un homme; & l’on a affuré que jamais on ne l’avoit vu cocher les poules dont l’une avoit pondu un œuf fi extraordinaire (*). Je me fouviens d’avoir vu dans le livre de Fortunio Licetis fur les Monftres, la repréfentation d’un œuf qui contenoit une petite maffe à figure humaine à la place du jaune (f). Une femme d’un petit village à trois quartsde lieue de Rumilly, ville de Savoie, tira le 13 Mai 1683 d’u- ne chevre qui venoit de faire un chevreau bien con- formé, un fecond chevreau qui étoit monftrueux. Il avoit le mufeau & un des pieds de derrière d’un chien, & à ce pied répondoit un pied de chevre tourné com- me fi l’animal dût marcher en arrière. Cesdeux pieds étoient accompagnés de huit autres, dont il y en avoit deux la moitié plus petits que le refte. Ce monftre avoit aufli deux anus & deux queues, dont la fupé- rieure étoit placée au lieu ordinaire audeflus du pre- mier anus; & la feconde fort au deflous du fecond anus fortoit d’entre les deux dernières jambes, fans qu’on vit à l’extériéur aucune partie fexuelle. Le refte du corps ne différoit de celui des autres animaux de cette efpece, qu’en ce qu’il étoit un peu plus gros & que le poil reflembloit aflez à celui du chien (K. On prit à Ulm, dans le dernier fiécle, un lièvre monitrueux qui fut prefenté au Duc d’Hanovre. Il 62 Lèà-même, page 335. CN) Fortunii Liceti de Monftrorum Caufis, natura & differen- ts, Cum Iconibus, Petavii, 1654. CS) Journal des Savans , an, 1683. 0 4 216 CONSIDERATIONS avoit deux têtes, quatre oreilles, huit pieds, & res- fembloit à deux lièvres collés l’un fur l’autre dos à dos. Mais, ce qu’il y avoit de plus plaïfant & de plus curieux. C’eft que, fi l’on en croit l’hiftoire, quand 1! étoit pourfuivi , & qu’il étoit las de courir d’un côté, il fe tournoit adroitement de l’autre & couroit ainf far nouveaux frais. Sans-doute l’honneur de tomber entre les mains de ce Prince le flatta fi fort qu’il né- glisca en cette occafion de fe fervir d’un avantage qui devoit le mettre à couvert des pourfuites de tous les chaffeurs (*). Au mois d'Août 1683. une femme de Bourg en Brefle accoucha de deux jumeaux au terme ordinaire de neuf mois. Le premier enfant qui vint au monde étoit parfaitement bien formé & proporuonné dans tous fes membres. [iais 1] ne vecut que fort peu de temps. Le fecond étoit monftrucux. Le Chirurgien le tira mort du ventre de la mère, Ily a des entans qui naiffent coëffés: celui ci nâquit tout habillé; car il avoit une cfpece de peau en forme de tégument ou de membrane qui lui couvroit tout le corps, & res- {embloit à une cfpece de robe charnue, travaillée par la Nature, mouvante & pliée par deflus la chair jus- qu'aux extrémités des mains & des pieds. Le vifäge fêul étoit découvert; & les traits étoient plütôt ceux d’un vieillard décrépit & raccourci, que d’un enfant qui vient de naître. Les plis de la membrane étoient furtout fenfbles fur le corps, & même très amples fur les bras, à peu près comme les manches d’une che- mife; ils étoient moindres fur les fefles, les cuifles & les pieds: ce qui ne donnoit que plus de refflemblance à cette membrane avec des bas & des caleçons. La peau de l’enfant, fous ce tégument, étoit lifle & polie partout à l’ordinaire. Mais ce qu'il y avoit de plus *) Voyez la figure & la defcription de ce monftre dans les Ephémérides d'Allemagne. PHEL OS OPEHEIQUES &c. 217 fingulier, eft que cet enfant portoit une forme de ca- puce de la même nature que la membrane qui pou- voit être ou abattue fur le dos, ou relevée fur la tête pour la couvrir, comme le capuchon d’un moine. Cet enfant étoit de la moitié plus petit que fon frère jumeau , & néanmoins fa tête garnie de cheveux & quatre dents très apparentes.,avec lefquelles il vint au monde, font conjeéturer qu'il pouvoit avoir plus de neuf mois, & que la Nature avoit employé à l’ha- biller la matière propre à fon accroiflement. Une femme accoucha en 1706 dedeux enfans mâles joints enfémble par la partie inférieure du ventre. Leurs corpsjufques-là n’avoient rien d’extraordinaire. La partie moyenne du ventre qu’on nomme ombili- cale n’avoit point de nombril; & au lieu que ces deux jumeaux en devoient avoir chacun &n,il n’y en avoit qu’un feul pour tous les deux; 1l étoit précifément au milieu de la partie la plus baffle du ventre, laquelle leur étoit aufli commune. Ces enfans n’avoient point d’anus, & de l’endroit où il eft ordinairement, on voyoit fortir les verges dont l’une étoit tournée d’un côté, & l’autre de l’autre. A chaque côté de ces par- ties on voyoit un repli de peau qui repréfentoit aflez bien la moitié d’un fcrotum vuide & applati. Ces en- fants vecurent fept jours. On lit dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris qu’un fœtus venu à fept mois & de- mi, & mort en naifiant, avoit deux têtes très-bien formées, pofées chacune fur fon cou, & aufi groffes que s’il n’y en avoit eu qu’une. Intérieurement il -avoit deux efophages, deux eftomacs, deux trachées, deux poumons, les deux fexes, deux épines, mais féparées par une troifiéme efpece d’épine, un cœur unique à une feule oreillette & un feul ventricule. On prétend qu’il y a quelques exemples de monftres hu- mains à deux têtes qui ont vecu plufeursannées. S’il s’en prefentoit de nouveaux exemples, une recherche également curieufe & Dh feroit d’obferver s] 218 C0 N STD ER ATOS ja différence des penfées & des volontés ou leur con- formité dans chaque tête, d'examiner comment le monftre total fe prendroit à les accorder, où à facri- fier les unes aux autres en cas de contrarieté, où re- fideroit l’individualité d’un tel Etre & en quoi elle confifteroit, | Le 19 du mois de Mai de l’Année 1677. le Sr. Des- champs Maître Chirurgien à Bonneval près de Char- tres, accoucha à 10 heures du matin la femme d’un laboureur nommé Chaudegrin , demeurant à Migrandi Paroifle de S. Maurice. L'enfant étoit un monftre. 11 avoit une tête à deux vifages l’un devant, l’autre derrière: l’un avoit la face humaine, l’autre avoit quelque chofè d’affreux & approchant de la face d’un lion. Ilavoit deux bras de chaque côtés attachés à une même fouche depuis la tête jufqu’au deflous des omoplates, Depuis ces parties jufqu’au dos, il n’y avoit nulle féparation; mais le bas de l’épine fembloit fe partager en deux, pour former deux corps diftinéts & adofés derrière contre derrière, avec deux jambes à chaque corps, oppofées les unes aux autres. Le vère s'étant oppofé à l'ouverture de ce montre, le Chirurgien ne put obferver les parties internes, On rapporte plufeurs exemples de monftres humains compofés de deux corps avec toutes les parties dou. bles, tel que ce monitre formé de deux filles dont les corps bien diftinéts & bien conformés étoient joints Vun à l’autre poftérieurement depuis les épaules jus- qu'aux fefles (*). Mais ordinairement un des deux corps eft deféétueux, Un Italien d’environ dix-huit ans avoit au deflous du cartilage de la troifiéme côte, du côté gauche, une autre tête beaucoup plus petite que la fienne (f): 11 reflentoit les Impreffions faites fur cette tête lorfqu’on la touchoit: ce qui prouve 2 (*) Hiftoire & Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris, am 1724 (1) Lè-même. PHILOSOPHIQUES &c 19 qu’il y a une communication du fentiment du toucher entre deux corps joints enfemble d’une manière mon- ftrueufe. On difoit à Paris en 1733. qu’une fille âgée de douze ans avoit deux corps ‘ Mr, Winflow la vit & l’examina, Elle avoit réel- lement à la région épigaftrique; un peu vers le côté gauche, la moitie inférieure d’un corps plus petit à proportion, qu’on prenoit aufh pour celui d'une fille, On n’appercevoit dans le petit corps aucun veftige de tête, ni de bras, ni de poitrine, excepté une rangée de vertebres, dont la portion füpérieure étoit comme foudée à la moitié inférieure du fternum du grand corps. Le refte s’avançoit peu-à-peu fur le devant en s’éloignant de plus en plus du corps entier, de forte que les deux bas-ventres étoient entiérement féparés: l’un de l’autre & tournés l’un vers l’autre, avec les baflins & les extrémités inférieures. D’ailleurs la con- formation du bas-ventre, des cuifles, des jambes & des pieds du corps furnuméraire étoit très-naturelle. Ces parties quoiqu’elles ne donnaflent aucune marque de mouvement, paroifloient bien nourries, grafles & dans un état ordinaire d’embonpoint, La peau dont elles étoient couvertes, étoit comme la continuation de celle du grand corps. Nous terminerons-là cette lifte de monftres: elle fuffit pour donner une idée des formes irrégulières de l’Etre. Ne pourroit-on pas les regarder comme des effais que la Nature ne cefe de faire encore aujour- d’hui, & qui annoncent des nouvelles efpeces compo, fées de plus ou de moins de piéces que les animaux ordinaires? Suivant cette conjecture, que le lecteur appréciera, les monftres feroient des degrés par les- quels le prototype s’élève infenfiblement à de nou- velles métamorphofes qui n’acquéreront leur perfection que dans les âges futurs, felon l’ordre immuable des manifeftations. GU'H. A+: Pl. Ti Te REF, CXK VER Les Hermapbrodites bumains. LA Nature eft parvenue à produire un hermaphro- difme aflez parfait dans certaines efpeces animales ; elle l’a fait même avec une magnificence qui annonce fà fécondité, & l’aifänce de fes productions (*). Nous la voyons s’étudier fans cefle à produire le même phé- nomène dans lefpece humaine; & les eflais, qu’ellea donnés jufques ici tout imparfaits qu’ils font,en mar- quant fon but, nous promettent quelque chofe de mieux pour la fuite. Si tout ce que l’on rapporte des Hermaphrodites étoit fuffifamment conftaté, on pourroit compter qua- tre efpeces d’'Hermaphrodifmes réels, favoir celui des fuiets qui ont un fexe parfait dont ils peuvent ufer avec fhccès, avec l’autre fexe imparfait; celui des fu- jets qui ont quelque chofe des deux fexes & qui ne font puiflans ni dans l’un ni dans l’autre; celui des in- dividus qui ont les deux fexes aflez parfaits pour pro- duire comme mâles ou comme femelles, fans néan- moins pouvoir produire feuls, fans s'unir à un autre mâle ou à une autre femelle ;enfin l’hermaphrodifme le plus parfait de tous, celui de ceux qui, pouvant s’unir efficacement à un mâle ou à une femelle, peu- vent encore engendrer feuls par l’union des deux fexés qu’ils poffedert. Ii n’y a guere que la première & la econde efpeces dont nous ayons des exemples bien prouvés , & la feconde eft la plus commune de {Ou CS, (*) Voyez ci-devaat Chapitre LIL. PHILOSOPHIQUES &e 221 Première efbece d’ Hermapbrodites. On voit quelques individus humains qui, ayant un fexe dominant & aflez bien conformé pour s’en fervir utilement, ont encore une ébauche informe de l’au- tre fexe. Ces efpeces d’hermaphrodites peuvent être de deux fortes: mâles ou femelles, mâles lorfaue le fexe mafculin eft dominant; & femelle, lorfque le fexe feminin eft le parfait. C’eft peut-être le premier pas de la Nature vers l’hermaphrodifime; elle commence ar unir à un fexe parfait quelques appartenances fimu- des de l’autre. Les loix Romaines font mention de ces hermaphrodites manqués & décident qu’il faut les regarder comme appartenant au fèxe qui domine dans eux (*). Dans les temps plus reculés ils étoient re- jettés de la focieté, ou même jugés indignes de voir le jour (f). Les Naturaliftes , qui ont eu occafon d’ob- ferver plufeurs de ces conformations, en ont cherché la cauf; mais ils n’ont point été aflez heureux pour percer ce myftère naturel (4). Seconde efpece d’hermapbrodites. Les hermaphrodites de la feconde efpece, loin d’a- voir les deux fexes, n’en ont véritablement aucun: ils ont quelque chofe de l’un & de l'autre, mais dans un tel état d’imperfeétion, qu'ils ne peuvent engen- drer ni comme mâles ni comme femelles. Ces Etres ftériles, trop & trop peu avantagés de la Nature, ne pouvant ni agir ni permettre, font un mélange com- biné des deux fexes, dans lequel l’un nuit réciproque- ment à l’autre. On voit errer de ces füjets d’un {exe mi-parti, qui vont de ville en ville,de pays en pays, monirer aux curieux l’inutile prodigalité de la Nature *) büun. Hift. Natur. Lib. VII. Cap. HI. ce L. X, ad Dig. de Statu hominum, ) Voy \ ez Graaf & Bartholin, &c, 252 CGONSIDERATEONS, envers eux; je dis inutile, en ce qu’elle ne produit rien dans les individus qui poñledent ces apparences trompeufes. Du refte ce font des chaïînons eflentiels dans la chaine univerfelle des Etres. Il eft à croireque ces eflais f perfectionneront avec les générations. J'ai vu plufieurs de ces hermaphrodites, & j’ai obfervé qu’en général la verge n’eft point percée à l’extrémi- té , de forte que, quoiqu’elle foit capable d’une érection voluptueufe, elle ne peut cependant répandre aucune femence. Tel étoit l’hermaphrodite dont il eft fait mention dans les Mémoires de l’Academie Royale des Sciences de Paris & que Mr. Morand examina: tel étoit celui que je vis à Amfterdam en 1764. Tel eft celui dont le mariage fut déclaré abufif par arrêt rendu en la chambre de la Tournelle du Parlement de Paris, le 10 Janviér 1765. La vulve étoit, dans ces trois fu- jets, un petit trou entre la verge & l’anus, dans le- quel on auroit pu à peine introduire le petit doigt, & qui n’avoit une apparence extérieure de vulve qu’au- . tant que lon rapprochoit les chairs des deux côtés pour en former deux efpeces de levres. Du refte ils avoient plus de gorge qu’un homme n’en a ordinai- rement, & moins qu’une femme, une peau-affez dé- licate & une voix d’eunuque. Ni les uns ni les au- tres n’étoient fujets aux évacuations périodiques , n’é- prouvoient rien en prefence des femmes, & leur incli- nation dominante étoit pour les hommes. J'en ai vu qui n’avoient prefque pas de poil même aux parties fexuelles, & d’autres qui avoient des jambes fort ve- lues & de la barbe comme un homme, mais tous avoient une gorge aflez délicate & point de poil fur l’eftomac. Les Artiftes Grecs fe font exercés dans un genre de beauté mélangée de celle des deux fexes; & le temps en a épargné quelques modeles; telle eft la figure con- nue fous le nom d’Aermaphrodite, & les Antiquaires en citent d’autres exemples. Une opération cruelle forma cette beauté en privant de jeunes hommes des L x à : PHILOSOPHAQUESE&C 223 appanages de la virilité. Ce que l’artne put faire que par une privation, la Nature l’exécute par la voie contraire. Les hermaphrodites réuniflent les qualités du tempérament de l’homme & de celui de la fem- me. Ils les réuniffent imparfaitement, parce que ce font dés hermaphrodites très-imparfaits; quand la Na- ture fera parvenue au point d’allier dans un mêmein- dividu les organes parfaits des deux fexes, ces nou- veaux Etres réuniront avec avantage la beauté de Ve- nus à celle d’Apollon:ce qui eft peut-être le plus haut dégré de la beauté humaine. Troifiéine e/bece d'hermapbroaîtes, Un célèbre Médecin rapporte qu’une homme avoit époufé une femme hermaphrodite dont il eut des en- fans, tant mâles que femelles (*}). Voilà donc un hermaphrodite de la troifiéme efpece, qui avoit les deux fèxes, & pouvoit engendrer comme homme & comme femme, On dit qu’à Surate au Movsol, il y a beaucoup de ces hermaphrodites, qui, avec des ha- bits de femme portent le turban pour faire connoi- tre qu’ils ont les deux fexes. Si ce fait étoit bien avére, l’ouvrage de la Nature, feroit beaucoup plus avancé qu’on n’of le croire, faute de témoignages fufifans. Quatrième efjece d'hermaphrodites. On parle d’un moine qui s’engroffa lui-même. Ce fait a Cté traité de fable, & pourroit bien en être unc. Mais il y auroit de la témérité à aflurer qu’une pa- ©?) Viro nupferat cui filios aliquot & filias peperit; nihilomi- nuS tamen ancillas comprimere , X in his generare foleba:. Schenck Oferre 24 CONSIDERATIONS reille fécondation eft impofible. Un hermaphrodite, qui auroit les organes des deux fexes dans un tel degré de perfection, & dans une telle fituation qu’il pourroit fe féconder lui-même, feroit un Etre fort étrange, felon les idées vulgaires; j'en conviens. Cet Etre elt-il impofñlible? Je le demande envain aux Na- turahftes : la Nature eft feule capable de décider la queftion. pe Je m'étois propofé d'étudier la gradation naturelle des formes de l’Etre. Je cede la plume à un plus ha- bile que moi. el DE KCoss +? 2 Z\ es =) où . E2-.0.S Li De = TABLE EAN. FE ANALYTIQUE DES CH AMPIET RES. S, ee — PREMIERE P ARTIE, CHAPITREL Tous les Etres ont été conçus & for- ‘anés d'après un [eut defféin primitif dont ils [ont des variations graduées à Pinfinis Du prototype, & de fès métamorphofès confiderées comme autant de pro- grès vers la forme la plus excellente de P Etre ; qui ef? la forms bumaine. : ‘ page 1 Marche nuancée de la Nature: enchaînement univerfel des Etres, Acte unique dans là Nature : fa permanence. Des- fein unique, exemplaire original de tous les Etres. L’hom- me le plus parfait de tous, formé comme les autres , d’a- près ce premier modele perfeétionné dans une infinité de variations. Bipedes, bimanes, quadrupcdes, folipedes pieds - fourchus, fiflipedes, quadrumanes , l’homme feul animal bimane & bipede. Le magot. L’Orang - outang plus refflemblant à l’homme qu’à aucun autre animal, Ou appelle prototype le defflein unique d’après lequel tous les Etres ont été conçus & formés. Chaque variation de l'enveloppe du prototype confidérée comme une étude de la forme humaine. La Nature occupée à travailler ces études ou ébauches de l’homme. Rapports du prototy- pe avec l’homme. Du principe de continuité, fondement de la nouvelle manière de contempler Ja Nature & fes produétions. CHAPITRE Il. Où on recherche fi c’ef la matière où la force qui confiitue le fond de P Etre. é 4 Problème univerfel que la Nature avoit à refoudre & dont elle 2 donné une infinité de folutions. Matières & activité. Etres inférieurs où la matière domine. Etres misoyens où la ma- 22 TABLE ANALYTIQUÉ tière & l’aétivité femblent fe difputer l’empire, & l’em- porter tour-ù-tour. Etres fupérieurs où la”matière n’eft que l’accefloire , organe par lequel le principe actif dé- ploic fes facultés. Gradation de la puifflance active, Con- jectures fur cette gradation, Cette activité, ou force, conçue comme une tendance à un changement en mieux, qui s’exerce fans cefle néceffairement. Monde matériel, pur aflemblage de phénomènes. Monde invifible, fujet ou foutierr du monde vifible. Ce monde invifible eft la collection de toutes les forces. Génération de ces for- ces. Prototype compofé de la force prototype jointe à la forme prototype. Particularités à obferver dans la pro- “greflion univerfelle de l’Etre , qui font fentir la raïfon ourquoi, dans la partie inférieure de l’échelle , les Etres #emblent tenir plus de la matière que de la force, tandis que c’eft le contraire dans la partie fupérieure. CHAPITRE I1L De se ébauche de la For- me Humaine dans les Foffiles. ‘ 'ATFE Cormparaifon tirée de la marche & des progrès de l’Art. Ses foibles comimencemens. Trente Idoles adorées en Gréce, fans aucuns traits de la figure humaine. C’étoient des blocs irréguliers, des pierres quarrées ou des colom- nes. Têtes groflièrement ébauchées mifes fur ces pierres ou colonnes. La partie inférieure de ces mafles féparée en deux pour indiquer les cuifles & les jainbes. Par com- bien d’ébauches l’Art s’éleva de ces formes groflières aux belles formes de la Venus Grecque, de l’Apollon du Va- tican, du Génie aîlé de la Vigne Borghefe, modèles éter- nels du vrai beau, Différens ftyles : leur fucceflion. Per- fection de l’Art dans Praxiteles, Lyfippe & Apelles, Appiication à la marche de la Nature dans la production des Etres, Premières réalifations du Prototype par les: quelles la Nature préparoit de loin fon chef-d'œuvre. Corps fofliles premières ébauches de la machine en tant que compoiés de folides & de fluides. Premiers types du tronc ou corps de l’homme, du cœur & des poumons. Dégradation de ces parties effentielles. Infeétes ; polype ; plantes; minéraux. Economie vitale de ceux-ci. De quelle fineffe & de quelle fimplicité ne doivent pas être les organes d’une vie fi fimple dans des Etres auffi purs que l’or & le Diamant ? Ces organes, quelque forme qu’ils aient, font un progrès de l’Etre vers la forme de leurs analogues dans les. végétaux , dans les infectes, dans les grands animaux , & finalement dans l’homme. CHAPITRE IV. Des Lithocardites & Boucardi- tes. Des Anthropecardites ou pierres qui ont la fi- re D'un cœur buinait, ; . non. DÉS CHAPITRES. 327 On connoîit un grand nombre d’efpeces différentes de Li- thocardites. Defcription & figure d’une Anthropocardite rare & fingulière. CHAPITRE V. Des Lncephabïdes ou Enicéphi- thes , pierres qui imitent le Cerveau humain. - : 20 Elpece particulière rapportée par le Dr. Plott & qu’il dit a- voir vue. CHAPITRE VI Carnioides ou pierres qui reprefèn- tent le crâne humain. ï RP ibids Sentiment du Dr. Leyel fur une de ces pierres, ‘efuté par un . autre foflile dont parle le même Auteur. Efpece de Car- nioïdes mentionnée par Scheuchzer & dont on trouve quan- tité aux environs de Baîle. Autre efpece, crue mal-à-pro- pos un crâne pétrifié. Hyppocephaloïdes ou pierres qui repréfentent la tête d’un cheval, On en donne la figure & la defcription. CHAPTIRE VIL Pierres gui reprélentent la Md- choire humaine. ‘ i ‘ 22 CHAPITRE VII. Os humains folies, à ibid. CHAPITRE IX. Ændropodites , ou pierres qui imi- tent le Pied humain. ; : ë 23 1. Première efpece, Celle que le Dr. Plott a trouvée dans une carrière 4u pied dû mont Shotover, qui repréfente le pied humain coupé un peu au deffus de la cheville. Les doigts n’y font point marqués, On en donne la figure. a. Seconde efpeces Le pes huianus faxeus dont parle Wormius , qüi repréfente le pied gauche d’un jeune homme avec les articulations, [= les doigts & l’os de la jambe. 3- Troifième efpece. Celle « ci repréfente la figure d’un pied humafg, au point d’f recotnoiire les rotules & les petits os, P 3 223 TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE X. Parre.de Rain: ,1 , 1... "24 Voyez la Defcription & la ÉqUre de cette pierre fingulière dont parle le Dr. Brookes dans fon Hiftoire Naturelle. CHAPITRE XL Oftes ou pierres Auriculaires. 1bid« Elles repréfentent la forme extérieure de l'oreille de l’homme, CHAPITRE XIL Pierres qui repréfentent un œil. 25 1. Première efpece. Le Leucophtalmos de Pline. 6a defcripion. Méprife de Mr, Dargenville au fujet de cette pierre. 2. Seconds e/peces L’Ocyophralmos où Acyophtelmos qui fait voir un petit œil faillant & pointu. a. Zroijiémne efpecé. La pierre nommée Triophtalmos qui porte la figure de trois yeux. 4. Quatriéme efpece. Celle dont on donne la figure, qui repréfente un œil chargé d’une taie ou cataracte. C’eft peut-être l’œil de Belus, Oculus Beli, mentionné par Boot. 5. Cinquiéme efpece: Une belle Onyx qui repréfenté deux yeux, nomtée pour Ce- la Diophtalmos. CHAPITRE XII. Pierres Mammillaires. . 26 Elles repréfentent la mammelle d’une femme. 1. Première efpece. Celle dont on donne ici la figure & la defcription. C’eft la plus reffemblante. 2. Seconde efpece. Celle dont parle le Dr. Brookes dans fon Hiftoire Naturelle. DES CHAPITRES. CHAPITRE XIV. Pierre nommée. Lapis Chiri- tes, repréféntant une Main humaine. . Elle repréfente la paume de la main avec des formes de doigts & d'ongles de couleur de chair. CHAPITRE XV. Pierres qui gg. un Mu/ile. 1. Première e/5 /bece. C’eft la grande cfpece : elle eft allongée & un peu applatie d’un côt é. ay ; ; de 2. Seconde efpece. La petite efpece dont Povale n’eft point applati. CHAPITRE XVI. Péerres " créa le US olfaûtoire. , On en donne la figure & la defcription. CHAPITRE XVII, Des pierres RS is his, 1b. 28 Diorchis & Triorchis, ibid. Réflexions fenfées d’un Auteur moderne fur la fauffe délica- refle des perfonnes qui s’imaginent qu’on fait une infulte à leur inodeltie en leur préfentant des defcriptions anatoimi- ne & des figures des parties nobles de l’homme & dela emme, appe Îées aufli parties honteufes par une bizarre contradiction, On n’en trouve ici que des modeles foililes, 1. Orchis. Cette pierre repréfente un tefticule de l’homme ou d’unani- mal quelconque, ; 2. Diorchis. Celle-ci repréfente les deux tefticules. Diorchis d’une gros- feur extraordinaire. 2. Triorchis. On la nomme ainfi, parce qu’elle repréfente trois tefticules, CHAPITRE XVIIL De a pierre nommée Scro- tum humanum, P 3 5% TABLE ANALYTIQUE Elle repréfente le Scrotum ou la bourfe contenant les tefti- :cules, 2 CHAPITRE XIX, Des Priapolites , Colites & Phal- Lides. x. Première efpece. Œlle repréfente. Le membre viril enflé, avec les tefticules : Priapolites Sexonie cum appenfis teflibus. On en donne la figure, . 2. Seconde e/pece. Cclle-ci eft un fimple cylindre allongé imitant le membre wi- ril, mais fans céfticules. 3. Troifième efpece. C’eft une variation de la précédente qui n’en diffère que par la couleur. On ne peut s’empêcher de faire ici une réflexion fur les fos- files des trois derniers Chapitres. On y voit la Nature tra- vailler d’abord féparément les tefticules, les loger enfuite dans la bourfe ou Scrotum, puis les fufpendre ainf à la racine de la verge, CHAPITRE XX. Pierre nommée Mifterapetra. Cette Pierre repréfente la vulve de la femme : Voyez la figure & la defcription, CAAPITRE XXI. De/Hifterolithos,o4 Diphys, . 1L o# Diphrys, at C’eft un foffile qui repréfente d’un côté la partie naturelle de la femme, & de l’autre côté les parties de l’homme. Eft-ce un type des hermaphrodites ? CHAPITRE XXII Caillou connu fous le nom de Pucr in fafciis. ; . n Ïl reprefente la figure bleuâtre d’un enfant en maillot. CHAPITRE XXTIL. 4urre caillou reprélentant les felfès d’un enfant. , TIMES: *, 33 id. 34 DES CHAPITRES, 221 . CHAPITRE XXIV. Figures humaines enipreintes Zi für des Agatbes © autres pierres. >. . 2 Portrait naturel dans la manière de Rembrant. Deux petits portraits de Negres. Autres pierres, rapportées par, Wor- mius & Bartholin, repréfentant le Corps humain avec tou- tes fes parties, CHAPITRE XXV. D'un Rocher appel le Moi- ne pendu. / ; 26 CHAPITRE XXVI. Conc/ufion des Chapitres préce- dens. : ; ne $ ibid. Cette quantité de pierres que l’on vient d’expofer fous les yeux du Lecteur, fufit pour faire voir que la Nature, en travaillant les fofiles, modéloit véritablement les différen- tes formes du corps humain, Elle les préparoit même dans les Etres inférieurs aux pierres. SECONDE PARTIE. CHAPITRE XXVIL De Pintérieur des foffiles con- Jidéré comme un type de l'organifation . . 38 Les fofliles font des tiffus de fibres & de veines, lesquel- les font très feufibles dans plufieurs efpeces. Ces veines & ces fibres font des organes. Raïifons fur lesquelles eft appuyé le fyftème qui refufe une vie particulière aux fos- files, une vie convenable à leur efpece. Réfutation de cesraifons. Preuves directes qu’il y a dans les pierres un fluide qui nourrit les parties folides. Eau qui diftille des voutes des grottes, Pierres qui augmentent de poids & de volume dans l’eau. Pierres grafles & huileufes au toucher. Pierres qui donnent plus ou moins de liqueur à la diftillation. Pierres dont le poids diminue & dont la furface dévient concave après la fufion. D’où vient la couleur des pierres précieufes. Pierres qui femblent des éponges pleines du fluide électrique. Deftination des fibres & des veines. Analogie des fibres pierreufes & métalliques avec les fibres animales, La ftructure des pierres eft plus ou moins uniforme, Gradation d’appa- Teil fibrillaire dans les fofliles. CHAPITRE XVIIL Pafage des Minéraux aux Plantes, : : , . 42 P 4 232 TABLE ANALYTIQUE Ce pañage eft rempli par les pierres fenfiblement fibreufes dont il eft queftion dans les Chapitres fuivans, CHAPITRE XXIX. Les Mica. +. à : pare4 Les caractères de ces pierres. On compte ici huit efpeces fuivant la figure, la coufiftance & l’arrangement de leurs parties. 1. Première efpece: Mica roide; Mica rigida, 2. Seconde efpece: Mica flexible, blanc argenté; mi- ca flexilis argentea. g. Troifième efbece: Mica écailleux à lames pointues ; mica particulis tenuioribus acuminatis. 4. Quatriéme efjece: Mica brillant ; mica femi-pel- Jlucida, 5. Cinquiéme efbece: Verre de Moftovie; vitrum ‘Mofcovitum. 6. Sixiéme efpece: Mica firi; mica particulis ob- longis, 7. Septième efpece: Mica demi-fphérigne; mica hæ- mifpherica, 8. Huitiéme efbece: Mica irrégulier ; mica fquam- muls inordinatè mixtis, CHAPITRE XXX. Les Tucs. , JUL 00 4g Plus on compare la ftruéture des mica & des talcs à celle des os, plus on fe convainc que l’une eft une étude de VPautre. CHAPITRE XXXI. Des Pierres Ollaires. ibid, Caractères & fkructure de ces pierres. CHAPITRE XXXIL Les Roches de corne. 46 La fubftance de ces pierres eft cornée, ce qui les a fait ap- peller roches de corne. CPE SIC ARE PRES, 2 £HAPITRE XXXIII. Zes Amiantes, ; page 46 Paffage de Mr. Wallerius, dans lequel le Naturalifte recon- noît l’analogie des amiantes avec les fubftances des règunes végétal & animal. 1. Première efpece: Amiante de Chypre, lin on laine Joffile; lana montana. 2. Seconde efpece: Cuir foffile ; corium montanum. 3. Troifiéme efpece : Chair foffile; caro montana. Rapport de la ftruéture des amiantes avec les chairs. ; 3 CHAPITRE XXXIV. Zes Asbejtes. . 48 Les asbeftes ont avec les nerfs & les mufcles, les mêmes rapports organiques que les amiantes ont avec les chairs. Asbefte mûr; asbefte qui n’eft pas encore mûr. CHAPITREXXXV. 153 /es Amiantes & les Asbefles doivent être mis au rang des minéraux , Ou des vé- getaux ? , , . ibid. La queftion eft bientôt décidée fi lon confidere que les amiantes & les asbeftes participent plus de la Nature & ; des propriétés de végétaux que de celles des minéraux. + PPROISIEME PARTIE. CHAPITRE XXXVI. Sommaire des rapports orga- niques de la Plante avec Homme. 59 Truffe ,"noftoch, champignons, lichens , plantes herbacées, atbrifieaux , grands arbres. Multitude immenfe des plan- tes; variété infinie de leurs figures, Rapports organiques de la plante avec l’homme. Diftinction de fexes, Parties fexuelles. Etamines furmontées de gouffes fpermatiques, analogues à la verge & aux tefticules. La bafe du piftile, {es conduits & fon fominet, qui répondent à la matrice, à fes trompes, & à la vulve de la femme. Fœtus plante, {es filets ombilicaux , fon double placenta, fes envelop- pes, & la manière dont ils fe nourrit. Divifion de la ge en tronc & extrémités, comme celle de l’homme. arties folides de deux fortes dans un arbre comme dans un homme Ecorce de l’arbre compofée dg trois mem» > 5 sd 534 TABLE ANALYTIQUE branes, comme la peau humaine, Deux fluides généraux dans l’économie végétale & dans l’économie animale. La feve eft le fang des plantes ; une liqueur, vifqueufe parti- culière, leur tient lieu de fymphe. Nutrition de la plante & aflinrilation des parties propres : excrétion des patties hétérogènes. Ses poumons & fa refpiration. Sa tranfpi +10 Son temps de veille & de fommeil, Ses ma- adies. CHAPITRE XXXVIL De /a circulation de la Seve dans les Plantes. \ ; ; Syftéme de Mr. Grew fur la circulation de la feve dans les plantes, extrait de fon Anatomie des Plantes, Syftême de Mr. Dedu extrait de fon Traité de l’Ame des Plantes. U n’y a point de circulation, proprement dite dans les Plan- tes, il n’y en a qu’un efai. CHAPITRE XXXVIIL Nave Jingulier repréfen- sant une femme nue, affife [ur fes pieds, & ayant les bras croifés au deffous de la poitrine. 2 CHAPITRE XXXIX. Champiguon repréfentant fix figures bumaines. 4 Û - Fiyenaune, dont la tête de profil fait voir un œil, le nez la bouche, le menton auffi exa£tement deflinés que Pau- roit pu faire une main habile, Les cinq autres figures ne montrent que le dos. CHAPITRE XL. Mandragore repréfentant la figure d'une femme. ) : CHAPITRE XLI. Rave ayant la fèrme d'une main humaine. : % ; CHAPITRE XLII, Zes Zoophytes , ou Plantes am- males. Infècies aquatiques. . . Zoophytes rapportés par Aldrovande & après lui par Ruyfch, ” Divifon de ces animaux felon la Méthode de Mr.Linnæus. Divifion de Mr. Donati. Nature & organifation des Zoo- phytes. Leur analogie avec les plantes. Zoophytes bran- chus ou rameux, dont l’intérieur n’offre que les vifcères tels à peu près qu’ils font dans les végétaux. Autres efpe- ces dans qui la Nature a fupprimé les extrémités, & qui ont une organifation intérieure plus avancée vers cçlle des grands animaux, 54 59 6e ibid. 6x DES CHAPITRES. QUATRIEME PARTIE. CHAPITRE XLIIL. De queiques formes du corps bu- main ébauchées dans les Zoophytes. La main de mer: Manus marina. . Û £’eft l’Alcyonium rameux, mou, dont les ramifications font en forme de doigts, & qui eft entièrement étoilé. Æ/cya- #ium ramofo-digitetim , molle, afferifcis undique ornatum. CHAPITRE XLIV. Ze Poumon marin, ainfi nom- mé parce qwil reffémble à nos poumons tant par [a to 9 CA 64 forme externe que par [a [irudure interne. ibid. CHAPITRE XLV. Le Rein de mer. " CHAPITRE XLVI. Des Holothuries ou P’erges ma 65 rines ; en Latin Holothurium. < ibid, 1. Première efbece. Mentula marina. Sz de/cription. 2. Seconde Efpeca Epipetram. C’ef Je plus belle. Sa deféription. | 3. Troifiéme efpece. Mentula alata pifcatorum. CHAPITRE XLVII. Champignon marin, dont la partie Jupérieure repréfente la vulve d'une femme. CINQUIEME PARTIE. CHAPITRE XLVIIL Les Znfèêes terrefres. Rapports des vers d’eau douce avec les vers deterre. Ana- logie des infectes avec les plantes, qui-préfente une ima- ge figurative de la métamorphofe d’une plante en infe- tes. L’intérieur, l’enveloppe, les formes faillantes. Che- nilles épineufes , efpece de buiffons ambulans. Les aîles, la tête, les yeux : leur nombre & leur ftruéture. Leeu- wenhoek a calculé qu’il y en avoit 3181 fur une fcule cornée d’un fcarabée, & qu'il y en avoit plus de 800 fur ehatune de celles d’une mouche, Mobilité de la tête des ‘infeétes. Leurs organes de la génération. Digreffion çn forme de note fur les hommes préçendus acéphales. 66 236 TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE XLIX. Les Coquillages, , Les coquillages ne font, aux yeux de plufieurs Naturaliftes, que des vers de mer, de rivière , ou de terre, logés dans des coquilles univalves, bivalves, ou multivalves. q ; CHAPITRE L. Buccin de mer appellé Oréilla de mer. Auris marina, , à On en donne la figure & la defcription. 75 72 CHAPITRE LI. Cosgue de Venus. Concha Veñerea. Elle repréfente la vulve d’une femine d’une manière beau- coup plus parfaite que Îles deux autres modeles rapportés dans les Chapitres XX. & XLVII, On en donne la figure & la defcription. CHAPITRE LIL De? Hermapbrodi[ine de quelques coquillages, , ' à El y a trois efpeces d’hermaphrodifme dans les coquillages. 1. Celui auquel on n’apperçoit aucunes des parties de la génération, foit mâles , {oit femelles ; & qui, fans aucune efpece d’accouplement, produit fon femblabie : il eft par- ticulier aux conques, 2. Celui qui, reuniflant en foi les deux efpeces de parties fexuelles, ne peut fe fufire à lui- même ; mais a befoin du concours de deux individus qui fe fécondent réciproquement & en même temps, l’un fer- vant de mâle à l’autre, pendant qu’il fait à fon égard les fonctions de femelle : cet hermaphrodifme fe voit dans les Jimacons terreftres. 3. Celui qui, poñédant les deux efpeces de parties génitales, a befoin de la jonction de deux individus, mais qui ne peuvent fe féconder en mê- me temps, à caufe de l’éloignement de leurs organes, Cette fituation defavantageufe les oblige de monter les uns fur les autres pendant l’accouplement. Si un indi- vidu fait à l’égard de l’autre la fonétion de mâle, ce mâle ne peut-être en même temps fécondé par fa femelle quoi- que hermaphrodite ; il ne le peut-être que par un troifié- me individu qui fe met fur lui vers les côtes en qualité de mâle. | SIXRE ME :P ANR: CHAPITRE LIIL Pafage des Animaux Téfiacés aux Cruflacés. : , : 173 76 DES CHAPITRES. La Cancre nommé vulgairement. Le Soldat ou Ber- nard lHermite. Cancellus macroufus , cauda molli tefta cochieæ inciufa, chela dextra ma- jore. Linn. Syit. Nat. Les Animaux cruftacés font auf des infectes marins ou flu- viatiles, recouverts d’une enveloppe moins dure que celle des teftacés. Parallèle autre les uns & les autres. Les écailles, les coquilles & les croutes font les os des in- feétes cerreftres & des infeétes aquatiques. Ils ont donc leurs os à l'extérieur comme les grands animaux les ont à l’intérieur. Premiers traits du fquelette des grands ani- maux. CHAPITRE LIV. Les Serpens. ‘ On tâche d’expliquer d’une manière naturelle le paffage des cruftacés aux Serpens, par la fuppreflion graduée des par- ties faillantes, le déplacement des os de l’extérieur à l’intérieur. Squelette du ferpent première ébauche du fquelette humain, CHAPITRE LV. Serpent des Indes Orientales ,ap- pellé par les Portugais Cobra de Capello , portant fur le dos un maque ou une figure humaine. $a Defcription. Conjeéture fur les Serpens à Lunette. CHAFITRE LVI. Réfexions fur les animaux qui n'ont point de membres ,C [ur kur difribution dans Pécheile des Etres. LJ L a s’agit d'expliquer pourquoi la Nature, toutes les fois qu’elle veut donner une forme neuve aux extrémités, elle commence par les fupprimer peu-à-peu, & que, quand elle eft parvenue à les faire évanouir, elle produit quel- ques Etres intermédiaires qui n’en ont point du tout, auxquels fucceden: enfuite les animaux avec de nouveaux membres, Comparaifon de la métamorphofe continuelle de lEtre univerfel avec la métamorphofe ordinaire des infectes aîlés. Différence entre l’une & l’autre méta- morphofe. SEPTIEME PARTIE, CHAPITRE LVII Zes Poiflons, L'Ophidion. 237 19 80 82 3 TABLE ANALYTIQUE Serpens marins, les congres, & les murenes, Les petits at lerons de quelques cfpeces annoncent les nageoires. De fcription abrégée de l’Ophidion. Combien lPaction de na: ger a de rapport avec l’action de ramper ou ferpenter. uelques Auteurs penfent que c’eft parler plus jufte de dire que les poiffons rampent que de dire qu’ils nagent. Us s’autorifent d’un paflage de la Genefe I. 20. CHAPITRE LViiL Poiffons Anthropomorphes. page 83 Carpe à figure humaine. Cyprinus Anthropomor- phos. Defcription de cet animal fingulier. Première carpe à figure humaine apportée fur le marché public de Lyon où elle fur vue de tout le peuple, au rapport de Rondelet, Se- conde carpe femblable prife en 1554. dans l’étang de No- zeret, envoyée par Gilbert Voifin à Gefner qui en parle. Troifiéme carpe femblable prife dans le lac de Conftance en 1545. Quatriéme carpe de la même efpece préfentée à Charles V. à Ausbourg. CHAPITRE LXL Poifon d'Amboiné, fort rare, nommé Anac lafet jang terbougkoes, c’ef-à- dire L Enfant d: mer enmailloté. ’ ‘ 84 {Il a véritablement la figure d’un enfant dans fon maillot, a- vec les bras & les mains fortis. CHAPITRE LX. Poiffon dans le corps duquel il s’engendre une pierre qui à la figure d’une tête bu- Haine. : . . 85 Îl eft de la grandeur de notre merlu ou merluche. On le nomme poiflon de St. Pierre. CHAPITRE LXI. Le Poiffon volant. . 86 C’eft l’exocet. Il y en a plufieurs efpeces qui ne different pourtant que par leurs aîles & les couleurs de leur robe : car pour le corps elles ont toutes la forme d’un hareng: HUITIEME, PARMHE, CHAPITRE LXII. Les Oiféaux , ou Bipedes aîlés, 88 Oifeaux aquatiques palmipedes. Oifeaux terveftres ou aëriens fflipedes. DES CHAPITREÉS. 239 CHAPITRE LXIIL Z’Autruche, . page8o Comme nous nous attachons particuliérement à ce qui a quelque rapport avec l’homme, nous remarquerons dans laucruche fes yeux prefque femblables à ceux de l’homme. CHAPITRE LXIV. La Chauve- Souris. La Rous- jette. : . : é ibid. La Chauve-Souris mâle a la verge pendante & détachée, ce qui ne lui eft commun qu’avec le finge & l’homme. La femelle a deux mammelles fur la poitrine, comme la fem- me. En quoi la rouflette diffère de la chauve - fouris. CHAPITRE LXV. Ecureuil volant. Singe volant. Chat volant, _ : : + 91 L'écureuil volant a de petites oreilles arrondies & tournées * comme celles du finge & de l’homme. L’exiftence du finge volant dont parlent quelques Auteurs n’eft pas bien conftatée : ils pourroient bien avoir pris un finge pour un écureuil. ag Le Chat volant femelle a fur la poitrine deux tettes gran- des & rondes, femblables aux mammelles d’une femme. CHAPITRE LXVI. Le Lézard volant ou petit Dra- gon aile. . . , 92 Defcription de ce nouvel effai de quadrupede volant, CHAPITRE LXVIIL. Obférvation fur le pallage des Oiféaux aux Quadrupedes. ’ ‘ 29 On demande pourquoi, dans ce pañfage, la Nature wa point fupprimé dans quelques efpeces intermédiaires les membres qu’elle transforme, comme elle les a fupprimés en pañant des plantes aux infectes, des infectes terre- ftres aux cruftacés, des cruftacés aux poiflons. NEUVIEME PARTIE. CHAPITRE LXVIIN. Les Céracés, k L 95 Le Renard marin. Les cétacés font de grands ainmaux marins qui Ont le corps aud & allongé , garni de membres charaus. Ils reflem- 249. TABLE ANALYTIQUE blent beaucoup aus quadrupedes, quoiqu’ils foient pou la plüpart des efpeces de bimanes. On les nomme cé- tacées, parce que les Naturaliftes les ont rangés dans la claffe de la baleine nommée cere. F Le Renard marin a deux nageoires auprès de la tête qui repréfentent affez bien les aîles d’un oïfeau plumé. Ces aîles offeufes & charnues, très obtufes par les bords, fem- blent deftinées à former des doigts dans les bimanes, CHAPITRE LXIX. Les Bimanes. + page 96 Première ébauche des mains très groflière. Elles ont quel- quefois jufqu’à fept ou huit doigts. Celles d’une efpece de baleine - cachalot en ont fept: celles d’une efpece de Diable-de-mer en ont huit. Celles du lamentin & du fin- ge de mer n’en ont que quatre. Doigts exceflivement Courts, doigts monftrueufement longs. Raifon de toutes ces différences, CHAPITRE LXX. La PBakine. « Il eft conftant que la baleine eft bimane. Elle a, aulieu de nageoires, des os articulés, figurés comme ceux de la main & des doigts de l’homme, revêtus de mufcles & de beaucoup de chair tendineufe & recouverts d’une peau épaiffe femblable à celle qui enveloppe le refte du corps, leur maffe énorme les déguife & les a fait appeller des bras, des aîles, des nageoires ; leur figure veritable de mains n’a pourtant pas échappé à ceux qui l’ont vue & confiderée de près. CHAPITRE LXXIL Ze Diable de mer. 4 Plufieurs poiflens portent ce nom, Le Diable de mer dont il s’agit ici eft un cétacée de douze pieds de 100 & da- vantage, qui a deux mains fous le ventre , compofées cha- cune de cinq doigts articulés. Diable de mer échoué au fort de Kermorvan à quatre lieues de Brejf. Pons de mer échoué dans le rade de Breft, décrit par Mr. Savary. CHAPITRE EXII. Ze Lion marin. à On trouve dans l’Ifle de Juan Fernandez un amphibie ap- pellé. Lion marin. Defcription de cet animal, extraite des voyages du Lord. Anfon. La baleine, le Diable de mer & le lion marin pourroient être appellés des bimanes eftropiés. Leurs mains font comine jointes immédiatement aux omoplates, Da la balgi- 97 98 DE SL CH APPIATAR ES. baleine & le diable de mer ont ne voit ni l’humerus ni Pavant- bras ; la partie qui répond à la main de lPhom- me fort immédiatement de la potrine, les deux autres font enfermées & cachées dans le corps, fous la peau. Dans le lion marin, une portion de l’avant - bras fe mon- tre au dehors. Le bras fortira en entier dans les bima- nes qui fuivent. 241 CHAPITRE LXXIII. Ze Lamentin à page 102 La Nature fupprimant les!'nageoires, les cornes & la queue des autres cétacées, a formé une mafle vivante de près de dix-huit pieds, qui n’a d’autres membres que deux bras courts & ramañlés, auxquels font attachées deux pe- tites mains qui n’ont chacune. que quatre doigts courts & gonflés. C’eft le lamentin. Cet animal à les yeux æetits : {a peau eft épaifle, ridée en quelques endroits, X parfemée de quelques petits poils. Il a deux mam- melles fur la poitriñe qui eft peut-être un caractère des cétacées bimanes: Il s’accouple à la manière de l’hom- me. Ses bras font flexibles : la femelle s’en fert à tenir & porter fes petits, à-peu-près comme les finges tien- nent les leurs, On en donne la figure. CHAPITRE LXXIV. Le Singe de mer Danois Si- mia marina Danica. * : Le finge de mér a deux mains & furtout deux bras que l’on pren- droit pour des bras humains s’ils étoient fur un autre corps, CHAPITRE LXXV. L' Ambize, » Cet animal, qu’il faut bien diftinguer de l’homme marin a deux bras fort courts, avec des mains qui peuvent fe Courber un peu, mais qui ne fe ferment point comme celles de l’homme : les doigts qui ont une certaine lon- gueur font joints par une membrane, &c: | DIXIEME PARTIE. CHAPITRE LXXVI. L'Homme marin. ‘ Tant de temoignages autentiques conftatent l’exiftence des an ESS & des poiflons-femmes par la moitié upérieure du corps, qu’il y auroit plus que de l’opinia- treté à en douter. à CHAPITRE LXXVII. Momme marin pêché à Ox- 104 105 106 ford, dans lé Duché de Suffolck, RCE Q L: 242 TABLE ANALYTIQUÉ Sa figure étoit fi conforme à celle de V’hiomme , qu’il fembloit ne lui manquer que la parole. Le gouverneur Île garda fix mois ; mais un Jour s’étant échappé, il fe reploñgea dans la mer, & on ne le revit-plus. CHAPITRE LXXVIIL ZÆ/pece de Sie pèchee en Waffrif. ; page 107 C’eft cette fille fnarine dont il eft parlé dans les Delices de la Hollande, qui fe laiffa habiller, apprit à filer, ufa de nos alimens, de pain & de lait & qui ne put jamais ap- prendre à parler. CHAPITRE LXXIX. ae bommes marins & neuf femmes marines. ’ ‘ ibid: Hs furent pris près de l’Ifle de Manar dans les Indes. Di- mas Bofquez, de Valence, Medecin du Vice-roi de Gen en fit l'ouverture & trouva toutes leurs parties intérieures & extérieures très conformes à celles de l’homme & de la femme. CHAPITRE LXXX. Sirene d’une grande beauté. 108 Cette bellë firene fut apperçue en1614,par leCapitaine Schmidt dans la nouvelle Angleterre. Elle ne le cédoit en rien aux plus belles femmes par la partie fupérieure de fon Corps , mais la moitié inférieure, en commençant à Î2 région ombilicale, reflembloit à la queue d’un poiflon. CHAPITRE LXXXI Témoirnage de Monconys. ibid. CHAPITRE LXXXIL. cu bommes marins ; & une femme marine. ‘ L 108 Homme marin pris fous le Pontificat d' Eugene XV. Homme marin & femme marine vus dans de Nil fous P Empereur Maurice. Homme marin pris en Frilé en 1526. Homme marin pris en 1521, dans la Mer Baltique, Feune bonne marin pris près de la Racca de Sintra. DES CHAPITRES. 243 CHAPITRE LXXXIIL Deux femmesmarines. pag. 109 Le L'une fe montra en 1669. auprès du port de Coppenhague; Vautre fur Ja côre méridionale de Suderoé. CHAPITRE LXXXIV. Poiffon-femme appellé par les Efpagnols Pece - muger. 119 Ce poiffon à la tête ronde, collée immédiatement fur les épaules, fans cou; fes oreilles faites comme celles de l’homme ont la conque tournée à peu près de la même façon avec l’ouverture beaucoup plus grande. Ses yeux = couverts dé leurs paupieres reffemblent pour la couleur & pour la inanière dont ils font placés, non aux veux d’un poiflon, mais à ceux d’un homme. Il a le nez plat, les levres comme les nôtres. Ses dents très bianches font rangées comme dans l’homme. Il a ia poitrine lar- ge, blanche, délicate , les mammelles rondes & fermese Enfin fes bras font plus larges & plus gros que longs, propres à nager: lès mains portent de petits doigts poin- tus qui tiennent les uns aux autres par une membrane. Le mâle & la femelle ont les parties fexuelles femblables à celles de l’homme & de la femme. Le refte du corps finit en queue de poïfion. On en donne là figure. CHAPITRE LXXXV. Homme marin © fêmme marine defféchés. ‘ é 119 On les montroit aux curieux en 1755. à la foire Saint - Ger- main à Paris. CHAPITREL LXXXVI Dééription d’une fèm- me marine que Pon voyoi vivante à Paris en 1753. : ‘ ; ‘ ibide Elle avoit la peau rude au toucher, la tête nue à l’excep- tion de quelques apparences écailleufes derrière la tète vers la nuque, les oreilles longues & larges, le vifage très-laid, le cou épais & honnêtement long; la main droite mal formte, la poitrine large, les mammelles gran des pleines & arondies. A l’égard du fexe, un Clitoris fort gros fort it de la vulve de la longueur d’un demi- pouce. Elle avoit deux efpeces de nageoires aux aînes, qui pouvoient fe fermer & couvrir en fe fermant les par- ties fexuclles. Elle avoit la moitie inférieure du corps én queue de poiflon couverte d’écaille. Defcription de cette queue. Comparaifon de cette Sirene avec celle dont on a donné la Defcription au Chapitre LXXXIV: Q 2 244 TÂBLE ANALYTIQUE CHAPITRE LXXXVIL Homme marin vu par Mr.Glower. ‘ é page 114 Ce monftre avoit une figure humaine, avec la tête, les bras, Pair & le vifage d’un Indien, avec une queue de poiflon. CHAPITRE LXXXVIIL Æwtrait d'une Lettre écrite de la Martinique, par Mr.Chretien, à un Läcentié de Sorbonne contenant la Relation d’un bomime marin qui a paru aux côtes de cette ifle de 23. de mai 1671. / < Le 23 du mois de mai 1671, deux François & quatre ne- gres étant allés le matin aux Ifles du Diamant avec un batcau pour pêcher, & voulant s’en revenir un peu avant le coucher du foleil, ils apperçurent près du bord d’une petite Ifle où ils étoient, un monftre marin ayant la fi- gure humaine de la ceinture en haut, & fe terminant par le bas en poiffon. Sa queue ctoit large & fendue comme celle d’une Carangue , poiffon fort commun dans cette mer. Ilavoit la tête de la groffeur & de la forme de celle d’un homme ordinaire, avec des cheveux unis, noirs, mélés de gris, qui lui pendoïent fur les épaules ÿ lc vifage large & plein, le nez gros & camus, les yeux de forme accoutumée, les oreilles larges ; une barbe de- même pendante de fept à huit pouces, & mélée de gris comme les cheveux; l’eftomac couvert de poil de la mé- me couleur ; les bras & les mains femblables aux nôtres, . avec lefquelles , lorfqu’il fortoit de l’eau, il paroïfloic s’efluyer le vifage, en les y portant à plufieurs reprifes, & reniflant au fortir de l’eau comme font les chiens bar- bets. Le corps qui s’élevoit au deflus de l’eau jufqu’à l& ceinture étoit delié comme d’un jeune - homme de quinze à feize ans: il avoit la peau médiocrement blanche, & la longueur de tout le corps pouvoit être d’environ cing pieds, fon air étoit farouche. Cet homme fe montre à quare pas, de forte qu’il ne peut pas y avoir d’illufion es yeux dans cette Relation. On en donne la figure. CHAPITRE LXXXIX. Copie d'un Verbal fait à la Martinique de Papparition d'un homme inarin für les bords de P I]le du Diamant. . Dépofition de Cyprien Roger natif de Rozé en Caux. Dépofition de Fulien Vattemar, âgé de dix-fépt ans, Dépo/ition d Abrabam ; Negre du Sr. Alexandre Deschamps. Dépojition d'André, Nèxre du Dr. Desforges, IIS 121 ‘DES CHAPITRES. 145. Dépofition de Pierre, Nezre du Sr. Noël l Mout- © Le de la Rorière. Ce procès - verbal dans ‘la meilleure forme attefte le vérité de ce qu’on vient de lire dans le Chapitre précédent. CHAPITRE XC. Homme marin pêché en 1131 près d’Exeter en Devonsbire. Extrait du Won- derfut Magazine pour Septembre 1764 + page 125 Cet homme marin pris à demi- mort, foupiroit comme une 1 perfonne. Il avoit deux mains dont les doigts étoient unis enfemble par une membrane comme les pattes d’un ‘canard. Du refte, il avoit les yeux, le nez & la bou- che parfaitement reffemblans à ceux de l’homme: feule- ment il avoit le nez écrafé & aplatti. La moitié infé- rieure de fon corps fe terminoit en une queue femblable à celle d’un faumon. : CHAPITRE XCI. Extrait des Dialogues faits à Pimitation des Anciens par Oratius Tubero (La motte-le-Vayer), av füjet des bommes marins: Dialogue IL. intitulé, le Banquet Sceptique. 126 Poiffon - femme avec lequel les Negres du Mozambique di- fent fc raffraichir grandement en en abufant même étant _mort. Syrenes & Néréides des anciens. Hommes marins &-femmes marines de-la riviere qui pañle à Cochin. Les Vros d’Acofta, qui habitent la grande Lagune Titicaca, autre éfpece d'hommes aquatiques. Sentiment d’un mo- derne quia penfé que le genre humain étoit originaire de quelques Tritons & femmes marines. Les Egyptiens efti- moient l’homme un animal aquatique. CHAPITRE XCIL Æxrrait du neuvième Hore dé ? Hifioire Naturelle de Pline. 7 - 127 Triton vu-fèus PEmpereur Tibere par les babitans de Lishoune. cdi Nérêéides mortes trouvées fur, la plage par là - à Gouverneur des Gaules, fous Augulie. Homme marin vu fur la côte d Efpagne. INéréides jettées par la mer far la greve, aux côtes de Bretagne fous ? Empereur eh 3 246 TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE XCIIL Homme marins & femme ma- rine pus dans le Nil en 592. - page L'homme s’élevoit fouvent fur l’eau jufqu’à fes parties na- turelles , la femelle feulement jufqu’au nombril. L’hom- me avoit l’air feroce & le regard farouche, les cheveux roux & un peu hérifiés, la pean brune ; il étoit fait com- me nous par les parties que l’on appercevoit. Au con- traire l’air de la femme étoit doux; elle avoit les cheveux longs, noirs, & flottans fur les épaules, le corps blanc les mammelles enflées. CHAPITRE XCIV. Homme marin ou par le Sieur Larcher ; babitant du Fort-Royat. = CHAPITRE XCV. Une fémime & une fille marines. On lit dans l’Hiftoire de Portugal & dans les Relations des Indes Orientales, que, s’étant fait un jour une péche à la pointe de l'Inde d’une troupe de Tritons, ou hommes marins, on ne put en faire parvenir au Roi Dom Emma- nuël qui régnoit alorsqu’une femme & une file vivantes, tous les autres, au nombre de quinze, étant morts, ou aufi - tôt après leur fortie de la mer, ou dans le trajet des Indes à Lisbonne. Defcription de cette femme & de cette fille marines. CHAPITRE XCVL Æomme marin condui[ant.une petite barque. = à = Defcription de cet homme marin. De la ceinture er bas fon corps étoit tout couvert d'écailles ; du refte il res- fembloit à un homme ordinaire. Defcription de la petite barque qu’il conduifoit & dans la- quelle il fut pris. Cette barque & l’homme defféché, fe voient encore aujourd’hui à Hall dans la Salle de PA- mirauté ; & le procès - verbal de cette découverte, due- ment attefté par le Capitaine & par tout l’équipage du vaifleau qui le prit, fe trouve dans les archives de cette Jurisdiétion. CH :PITRE XCVII. Æxrrait de l'Hifoire Natu- reile & Morale des Ifles Antilles, par le Sr. de Rochefort, Livre I. Chapitre XVII —- Petit efquif ou bateau fait pour porter feulement une per- fonne. Defcription de ce bateau de pécheur; dimenfions , forme & matiere. Defcription de l’équipage du pécheur qui gouverne ce petit efquif, Comparaifon du pêcheur & de fa barque avec l’homme marin couduifant une petite barque, dont il eft parlé dans le Chapitre précédent. 129 12a 191 132 134 DES CHAMITRES, €HAPITRE XCVIIL De guelques animaux ma- rins, de Pelpece des cétacées, à la fois bimanes & 247 Dipedes. = = page 139 Leveau marin: pallage des Cétacées aux Quadrupedes. Le veau marin marque le paflage des cétacées aux quadru- pedes. Les autres cétacées, prefque tous bimanes, ont la portion inférieure de leur corps terminée en queue de poiflon, c’eft même la forme des hommes marins & des femmes marines. Dans le veau marin, cette queue par- tagée en deux parties égales & digitées à leur extrémi- té, eft ainfi transformée en deux pieds affeux & charnus. La croupe ceft même tout-à-fait femblable à celle d’un quadrupede. CHAPITRE XCIX. Æ/fece particuliere de Poi[jon à pieds. humains. ONE - - Cette efpece particuliere de poiffon n’a rien d’humain par _ la tête ni par la partie fupérieure de fon corps. Il a qua- tre nageoires, deux antérieures fort grandes & étendues en forme d'ailes, & deux poftérieuxes plus petices : il a une queue de dauphin. Mais fous les deux petites na- geoïres , On voit deux hanches qui fe prolangent & pren- nent la forme de cuites, auxquelles font attachées deux petites jambes terminées chacune par un pied d’homme auf bien fait qu'il puifle l’être, ayant un talon & une forme tout - à - fait femblable à nos pieds, excepté qu’on n’y remarque à l’extérieur aucune apparence de doigts ; mais ces doigts font cachés fous la peau, & on les fent au toucher. Voilà un poiflon enté fur la partie inférieu- re d’un homme, comme nous avons vu un homme enté fur la queue d’un poiffon, La femelle de ce poiffon eft ap- pellée par les Anglois Aermaid. Le Kingftone, autre poiflon , cft une ébauche du Mermaid. ONZIEME PARTIE. BAPE C.. Des Quadrupedes. 1. Les Solipe- es. - ei S £ Les qua}rupedes remplifflent l’inrervalle qu’il y a des bi- manes aux quadiumafñés. Les picds anterieurs des foii- pedes font les mains-des bimanes, altérées on dégéné- rées, auxquelles on a donné le nom de pieds, parce que Vétrange altération qu’elles ont foufferte par le prolonge- ment de ‘certaines parties, le ractourcifflement de quel- ques autres, & furtout par Punion des doigts en un feu], Q 4 149 142 72 243 TABLE ANALYTIQUE ? &le renflement exceflif de la fubftance des ongles, leur 1 a fait perdre leur ancien ufage , deforte que dans cet état l'animal ne peut plus s’en fervir qu’à marcher. Rapports du fquelette du cheval à celui de l’homme. CHAPITRE CL 2. Des Quadrupedes pieds-four- chus. ns = Te 2 DT DA 145 Le taureau, le cerf, le cochon. . is On obferve les progrès du prototype dans la fuite des pieds- fourchus, CHAPITRE CI. 3. Les Fiffipedes. - 147 Les fiflipedes ont les pieds divifés en quatre ou cinq doïgts, & quelques-uns, même dans les plus petites efpeces ; ont des mains très reflemblantes à celles de l’homme: telle éft la taupe & d’añtres. Les ‘premières efpeces de fiffipedes , comme le tésre, le lion, le liopard, le loup , &e. font de veritables quadrupedes en ce que 2 leurs picds antérieurs ne peuvent leur fervir de mains. Y’autres fifipedes , favoir les ous, les écureuils, les a goutis & autres, fe fervent de leurs pieds de devant com-" me de mains pour faifir & porter à leur gueule: ce font des quadrupedes ambigus qui formént-le paflage aux-qua- drumanes. Il faut encore diftinguer parmi ces derniers. fiffipedes ceux qui aiment à fe tenir le corps élevé , aflis ou. accroupis {ur léurs fefles, qui peuvent - même, quoique plus difiicilérment fe tenir & marcher für les deux pieds. de derrière feulemént. Ce font autant dé nuances qui nous marquent les perfectionnemens gradués de l’animal: prototype. En fuivant ces gradations , on voit la natu- re reformer le fquelctte du folipede, redréffer peu-à-peu les 6$ du bafin, alonger les os des cuifles, des ‘jambes & des bras, & au contraire raccourcir ceux des pieds & des mains, divifer des pieces unies, articuler des pieces foudées enfemble, refferrer l’épine, fupprimer des ver- tebres & des côtes, & le rapprocher ainfi graduellement de 14 charpente du corps humain. y" F DOUZIEME PARTIE. CHAPITRE CNIL. Zes Quadrumames. 149 Les extrémités des quatre membres des quadrumanes ont la forme de mains, d’où vient le nom qui leur a été donné par les modernes. (Gradation des quadrumanes. DES CHAPITRES. Quadrumanes au mufèau mince & alongé, & à queus . longue. = Quadrumanes à queue courte Eau mufeau large & . aplatti. 4 Quadrumanes fans queue. Toutes ou prefque toutes les femelles des quadrumanes fônt fujettes à l’écoulement périodique du fang, comme les femmes. Autre divifion des Quadrumanes par rapport à la - manière de marcher. | CHAPITRE CIV. L'Orang-Outang, l’homme des bois, le Satyre , le Barris, le Chimpanfte, le Jocko, l’homme de nuit, le Troglodite, &t. L’Orang - outang n’eft pas véritablement un homme, mais il en approche de très près. Il n’eft pas non plus un finge, ni une guenon, car il en difière beaucoup plus qu’ilne difière de l’homme. On peut donc le prendre pour une efpecc intermédiaire qui reinplit le paffage du finge à l’hom- me, & c’eft ainfi que nous l’envifageons. Différences qui difinguent cette efpece animale de le- {pece humaine, & conformités qui Pen approchent, tant pour les parties extérieures que pour l'organi- Jation interne. Deux efpeces d'Orang-Outang , [avoir la petite efbe- çe © la grande: celle-ci ef? plus voiline de l'homme que l’autre. D’après les obfervations fur les Quadrumanes on peut dres- fer en cette manière la table des efpeces animales immé- diatement au deflous de l’homme. Les Sagoins, les Sapajons & les Guenons qui ont de Tongues queues. | : | Les Babouins à queue courte. Le Magot qui n’a qu'une apparence de queue, Q 5- 245 151 56 TABLE ANALYTIQUE Le Grand Gibbon, le petit Gibbon, € le Pitheque qui n'ont point du tout de queue & qui marchent à deux mains le COFpS droit. Le Focke ou petit Orang-Outang. Le Pongo ou le grand Orang-Outang dont les mains de derrière fe rapprochent beaucoup des pieds de l’homme. : L'Homme dont il y a plufieurs races. CHAPITRE CV. D'une efpece particuliere d'hom- ne marin peut-être quadrumane. - page 156 La relation de cet homme marin fingulier porte qu’il avoit la peau brune & bafanée, fans écailles ; tous les mouve- mens du corps, depuis la tête jufqu’aux pieds, tels que ceux d’un véritable homme; les yeux fort bien propor- tionnés, la bouche médiocre eu égard à la longueur du corps cftimée de huit pieds ; le nez fort camard, large & plat; les dents larges & blanches ; la langue épaiffe ; les cheveux noirs & plats ; le menton garni d’une barbe mous- feufe, avec des mouftaches de-même fous le nez, les oreilles femblables à celles d’un homme; les picds & les mains parcils, excepté que les doigts éroient joints par une pellicule, telle qu’il s’en voit aux pattes des oïes & des canards: ce qui fait croire que les doigts des picds ajiangés leur donnoient la forme de mains marines. TREIZIEME PAREES CHAPITRE CVI. De / Homme & des différentes races burnaines. r. Les bormmes à queue. Noirs de P Ile de Manille qui ont une queue de quatre à cing pouces de longueur. Mangbiens babitans de V Ifle de Mindoro, voifine de Manille, qui ont une queue pareille. Homme de V Ifle formofè qui avoit une queue lonzue de plus d’un pied, toute couverte d’un poilroux € Joré femblable à celle d'un bœuf. ni DES CHAPITRES, {y à dis hommes à queue en Ethiopie, aux Indes, en Egypte, en Angleterre & [uriout en Ecoffe. Le Sr. Cruviliier de la Cioutat né avec une queue ; din] que fon frère. Noir nommé Mabammed, natif de Borne qui avoit une queue d'un demi-pied de longueur. IL étoif fort velu contre l'ordinaire des n2gres. Officier François qui avoit une queue, Mr. de Barfabas & [à Jeur Religioufe avoient cha- Cut} une queue. Limonadière de Paris qui avoit auffi une queue. Homme d' Orléans qui, ayant voulu faire couper une queue qu'il avoit , mourut de cette opération. Louifs Martine, femme d Aix, groffe & puifante, portant poll au menton, avoit une queue. Procureur de la mème ville, nommé Bernard & fur- nommé Queue de- Porc, parce qu’il avoit réelle- ment une queue. Réflexions ur les races d’hommes à queue. 251 CHAPITRE CVIL 2. Les Negres. - page 15% Ces Peuples noirs qui ont des nez plats & écralés, de groffes levres, de la laine fur la tête au lieu de cheveux, & un cfprit très borné à peine de quelques degrés au- deffus de l’inftinét des brutes, forment une race parti- culière très nombreufe. Les plus laids & les plus ftupi- des font ceux d’Angola; Angola æft aufli la patrie des Orangs-Outangs. Les Negres ne font pas rous du même noir, ni de la même difforinité. On trouve chez les ra- ces negres toutes les teintes intérmédiaires du noir au brun. CHAPITRE CVIIT. 3. Les Hottentors. - £es Hottentots ne font pas des Negres, mais des Caffres, ils vivent errans & font de la plus affreufe mal-propre- té. Ils font flupides, indifciplinables. Leurs vilage eft kideux , leurs levres grofiès, leur nez plat & large, leur 169 52 TABLE ANALYTIQUE voix femblable au cri d’un coq d'Inde, leur vie plus courte de moitié que celle de l’homme. Les femmes Hot- tentotes, beaucoup plus petites & plus laides que les hommes ont une excroiflance monftrueufe de la peau qui couvre l’os pubis, laquelle deftend en forme de tablier jufqu’au milieu des cuifies. , TE CHAPITRE CIX. 4. Des autres Caffres. page 174 Les autres Caffres font un peu moins laïds que les Hottenz tots. Ainfi les traits de l’humanité s’adouciffent fenfible- ment & prennent de la régularité en remontant vers l’o- rient. C’eft le contraire vers le Nord. x CHAPITRE CX. 5. Les Lappons & Europe, Les . Samoïedes d' Aie, les Sauvages du Détroit de Davis en Amériques - 7 Se Les Lappons ont le vifage large & plat, le nez camus & écrafC, l'iris de l’œil jaune brune & tirant fur le noïr, les paupières retirées vers les temples, les joues extrêmement élevées, la voix grêle, la tête groffe, les cheveux noirs & lifes, la peau bafanée ; ils font trapus quoique maigres , & la phpart n’ont que quatre pieds de hauteur, les plus grands n’ont que quatre pieds & demi. ÆEes Lapponnes font auff laides que leurs maris. 1 Les Simoïedes font d’une taille au-defflous de la moyenne : ils ont le corps dur & nerveux ,; d’une ftruéture large & quarrée, les jambes courtes & menues, les pieds petits, le cou court & la téte groffe à proportion du corps, le wi- fage aplatti, les yeux noirs, & l’ouverture des yeux pe- tite mais allongée, le nez tellement écrafé que le bout en eft à-peu-près au niveau de l’os de la machoire fupérieure qu'ils ont très forte &élevée, la bouche grande, & les le- vres minces; leurs cheveux noirs comme le jais, mais extrêmement durs & forts leur pendent comme des €han- delles fur les épaules ; leur teint eft d’un brun jaunâtre , & ils ont les oreilles grandes, & rehauflées. Etymologies du nom-de Samoïedes. CE = Les Sauvages, qui habitent les terres du détroit de Davis, font petits, trapus, d’un teint olivâtre ; ils ont les jam- bes courtes & grofles. Les Sauvages de Terre-neuve font auffi de petite taille, & aufli mal faits que ies Grôenlan- dois. Ainfi on peut conclure que tous les habitans du Nord tant de l’Europe que de l’Afie & de l'Amérique , font les plus petits, les plus miférables, les plus laids & les' plus ffupides de toute l’efpece, $. Be, 2. DES CHAPITRES. 259 CHAPITRE EXI, 6: Sauvages au corps & du vi= * Jage velus. - = - page 180 Les Sauvages de la baié d’Hridfon & du Noïd de la terre de Labrador ; ainfi que ceux du pays d’Ycço au nord du Ja- pon dans lancien continent, reffemblent aux Lappons d'Europe & d'Amérique en ce qu’ils font laïds, petits & mal faits Comme eux, mais ils en différent en ce qu’ils ont le corps & le vifage aufli velu qu’un ours, au lieu que les Lappons & les Samoïedes n’ont que peu ou point de barbe & de poil fur le corps. CHAPITRE CXIE 7. Les Offaques & les Ton- gus. ‘ - - Les Gftiaques & les Tongufes font la Nuance entre les Lap- pons dont nous avons parlé & les Tartares dont il fera queftion dans le Chapitre fuivant, CHAPITRE CXUII. 8. Les Tartares. += ibid, Tous les peuples compris fous le nom de Tartares ont le haut du vifage fort large & ridé , même dans leur jeunefle, le nez court & les yeux petits & enfoncés, les joues fort élevées, le bas du vifage étroit, le menton long & avan- cé, la mâchoire fupérieure enfoncée, les dents longues & féparées, les fourcils gros qui leur couvrent les veux, les © paupières épaifles, la face plate, le teint bafané & oliva- tre, les cheveux noirs; ils font de ftature médiocre, mais très forts & très robuftes ; ils n’ont que peu de barbe, & elle eft par petits épis comme celle des Chinois, ils ont les cuiffes groffes & les jambes courtes. Ils font tous er- rans à Vagabonds. Divifion des Tartares, Les Calmuques , les plus laids de tous les Tartares, dont Pafpe® a quelque chofè d’effrayant. Les Tartares du Dagbefan. Tartares Nogais , ou petits Turtares. 181 Tartares V’agolifies en Sibérie. Tartares mongoux , qui ont conquis la Chine. Peuples du Thibet & des autres provinces méridionales de la Tartarie, les moins laids de tous les Tartares. sy TABLE ANALYTIQUE CHAPITRE CXIV. 9: Les Chinois & les Fapon: : nois y SC. ‘ é ‘ page 184 Les chinois ont én général Ie vifage large, les yeux petits, les fourcils grands, fes paupieres plattes & élevées, le nez camus, quelques épis de barbe à chaque levre, & fort peu au menton. Ils ont affez ordinairement la taille épaiffe, le teint bafané & la ftature commune. Les fem- mes font peut-être un peu mieux faites, mais aufli laides de vifage. Les Japonnois font affez femblables aux Chinois, feulement ils font plus jaunes ou plus bruns, du refte, ils ont Ja taille ramañlée & le nez écraié, Suivent Les Cochinchinois. Les Tunquinois. Les Siamois. Les Peguans. Les babitans d Aracan, de Laos, € autres contrées voifines ,qui ont des figures Chinoifès un peu variées. CHAPITRE CXVI. 10. Les Indiens. Hommes à groffes jambes. . . ; 185 Les Indiens font tous plus ou moins, olivâtres ou jaunes: cette couleur ne fe perd qu’en approchant des climats tempérés, À cela près ils reffemblent affez aux Européens pour la taille & les traits du vifage. I faut pourtant diftinguer parmi les Irdiens les Nobles de Calicut, tant hommes que femmes, parmi lefquels om trouve des familles entières qui ont les jambes aufli gros- fes que le corps d’un autre homme, On trouve encore de ces hommes à groffes jambes à Ceylan. Les bourgeois de Calicutc forment aufli une race particuliere d’hommes lus laids, plus petits & plus mal faits que les autres ndiens. CHAPITRE CXVI. 11. Zes Per/ans les Arabes, les Egypriens, les Maures. . ‘ 136 Tous.ces peuples font des nuances intermédiaires entre les Indiens & les Européens des climats tempérés. DES CHAPITRES. 255 CHAPITRE CXVIL. 12. Les Efpagnois, ies Por- tugais, les François, les Angilois, les Hoilandois, les Allemands, les Suédois, les Polonois ; les Da: #I0iS. è : ‘ page 187 - rous ces Peuples Européens font beaux & bien faits, mais ils ne nous offrent point le chef-d’œuvre de la Nature. Les Efpagnols tiennent beaucoup des habitans de la Bar- barie par une taille maigre & affez petite, par un teint jaune & bafané ; cependant ils ont une belle tête & de beaux yeux, Les Portugais tiennent des Efpagnols. Les François, les Anglois, les Hollandois & les Allemands font plus blancs que les Efpagnols & les Portugais ; ils ont aufli une taille plus avantageufe : ils font encore éloi- gnés de la perfeétion de l’efpece humaine. Les Danois, fes plus blancs de tous les peuples, ne font pas pour ce- la les plus beaux. | CHAPITRE CXVIIL. 13. Les Zialiens, les Turcs, les Circafliens & les Géorgiens. + + + 188 €’eft dans les belles Provinces d’Italie, & dans l’Afie mi- neure qu’il faut chercher les plus belles races humaines. C’eft-là que la Nature après avoir paflé par tous les de- grés du froid & du chaud, à fixé la plus jufte températu- re. C’eft-là l’empire de la beauté. On y trouve à la fois le plus beau coloris , les plus exa:tes proportions , les for- mes les plus nobles & les plus élégantes. On y voit rare- ment des corps contrefaits, prefque point de laids vifa- ges, ni de figures ignobles. Détails fur les Italiens, les Grecs anciens & modernes, les Turcs, les Circafliens & les Géorgiens , qui prouvent que ce font les plus beaux hommes de la terre. CHAPITRE CXIX. 14. Les Patagons ou Géants. 191 Première découverte des Patagons ou Géants à l’extré- mité Aufirale de l'Amérique, Leur force & leur grandeur extraordinaires. Sept Géants vus dans la baie Grégoire, par ks géns dun F'aiffèau Malouin, nommé le Faques. Six autres Géants vus par les gens d’un V'aiffeau Marfillois | nommé le Saint-Pierre, Doutes de Mr. de Buffon fur l’exiflence des races #’hommes toutes compofèes de Géants. 555 TABLE ANALYTIQUE Recherches propofées par Mr. de Maupertuis au fu- Jet des Patagons. Nouvelles découvertes de la Nation des Patagons fai- i. 4es par des Vailfeaux Anglois, Note qui contient tout ce qu’on a dit jufques - ici pour prouver qgn'il n’y a point de Géants. Les raifonnemens ne peuvent rien contre les faits. QUATORZIEME PARTIE. CHAPITRE CXX. Les Monfres: Ë pager 97 Définition d’un monftre.e Les monftres entrent dans ‘le plan général de l’Etre. Monftres qui engendrent: autres qui n’ont pas la faculté générative, Raïfon de cette dif- férence. Les pierres, les plantes & les animaux ont leurs monftres. Le mot de Monffre n’exprime qu’un rapport. Ce qu’on doit penfer fur les Etres appellés monftrueux. Leur néceflité & leur utilité dans la chaîne uriverfelle des productions naturélles. Les Etres éloignés dans lé- chelle font des monftres les uns par rapport aux autres. Il y a méme des races entières qui femblent monftrueu- fes, comparées à d’autres races de là même efpece, Tel eft le Nègre à queue comparé à l'Européen, & la femme Hottentote comparée à une femme Turque. Peut-être qu’il y a des mondes ou les Etres reputés monftrueux dans le nôtre, compofent des races conftantes, CHAPITRE CXXIL Des Monfires fofiles. à 109 Raifon pourquoi ils femblent rares, & qu'ils nous font peu fenfibles. CHAPITRE CXXII. Des conformations monftrueu- fes parmi les végétaux. . . 4 Citron qui en renferme un autre. Poire quien enfante une fêconde, & celle-ci jettant par [a tête une branche & plulieurs feuilles. Autre poire monfiruetfè. 209 DES CHAPITRES,. - Ro/e monfrueufe. Autre rofê monftrueufe, 291 CHAPITRE CXXIN. Animaux Monftrueux. Qua- tre elbeces de Monfires. « Premiere efhece: Monfires qui font tels par la confor- mation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties, foit intérieures | foit extérieures. Seconde efjece: Monfires qui ont quelque partie dépla- cée Joit à l'extérieur foit dans l'intérieur. Troijième efpece: monfires auxquels il manque quelque partie: on les nomme monfires par défaut. Quatrième efbece: monfîres par excès, ou qui ont des parties furnutméraires. CHAPITRE CXXIV. Monfires gui font tels par la conformation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties, foit extérieures Joit intérieures. Le mules qui provient ou d’un cheval & d'un nef, où d'un âne & d’une cavalle, ou d'un onagre & d'u- ne junent. Mulet qui provient de l'acconplement d'un coq avec la femelle du canard. Oeuf monflrueux dont la coque étoit marquée de plu- Jeurs étoiles. Autre œuf monfirueux qui portoit la figure d'un [oki en reljef. , Enfant Jont tous les os foudés enfèmble ne formoient qu'un feul os continu. CHAPITRE CXXV. Monfires qui font tels par le déplacement de quelques-unes de leurs parties ; tan externes qW’intérieures . page 20I 202 10 7 258 TABLE ANALYTIQUE Enfant dont le corps étoit tourné à contre-fens, le devant derrière, & le derrière devant. & Soldat qui avoit toutes les parties internes de la poitri- ne & du bas-ventre tran(po[ées. Trois autres exemples dune monfrruolité femblable. Fetus qui avoit le cœur en debors pendu au cou. CHAPITRE CXXVI Morftres par défaut. page 205 dgneau fetus fans tête, fans poitrine, fans verte- bres & fans queue. Petit chien fans yeux , © ans gueule, n'ayant à la place de la gueule q'une.petite rrompe. * Pomme qui n'avoit qu'un doigt à chaque nain , [avoir l'index, Fnfant qui n'avoit que la balè du crâne, fans cerveau, fà cerve/er, Autre fœtus monfirueux à-peu-près femblable. M Fatus bumain quin'avoit qu'un œil au niilieu dufront , Jans bouche | ni nez. Autre jœtus fans nez, & avec un fèul œil. Enfant fans parties fêxuelles ni à Pextérieur , ni à l'intérieur. Monfire [ans tête, ©c. n'ayant que la moitié inke- rieure d'u corps: C’étoit une fille. Autre monfîre mâle dans le inème genres © prefque | Jénbiable. A | CHAPITRE XXVIL Jfonfres par excès: , : 219 Poulet monfirueux , ayant quatre pieds & quatre ai- ? be 7 : à: + - D'ES: CH APÉTRES: : F 259 Autre poulet monfrueux , ayant quatre pattes, 1r0is becs & trois yeux. Figure d'une tète humaine trouvée e dans un œuf. Au- tre exemple fémblable rapporté par Fortunio Di- ceti. Cbevreau monftrueux ayañt dix pieds, deux anus & deux queues. Lieore monftrueux, ans. deux corps x Cr deti.x tè- tes © buir pieds. Ænfant tout habillé d'une efece de Jurpeau en forme de tégument ou d’enveloppe Deux enfans mâles joints uen mble par la partie infè- rieure du ventre. Fetus humain à deux têtes, deux ejipharts deux efomacs ; deux POUMONs , (CLÉ Autre monfire bimain ayant deux vifäges CE quatre pieds. Deux filles Jointes enfémble poñlérieurement depuis les épaules ju[qu'aux feffes. Zialien d'environ 18 ans ; ayant une Jè êconue tête plus petite que la Jienne au- “dofus. Fille âgée de 12 ans qui avoit deux corps. CHAPITRE CXXVIIL Zes Hermaphrodites bu- mains. En « 4 page 220 Quatre efbeces d'hermapbrodites. Premiere efpece: ceux qui ont l'un des deux fèxes Parfait & l'autre imparfait. Seconde efpecé: ceux qui ont les deux fèxes impar: faits, R 2 560 TABLE ANALYT. DES CHAPIT. Troilieme efpece: ceux qui peuvent engendrer comme mèles & comme femelles mais Jéulement avec un au- tre individu. uatrième efbece.: ceux qui peuvent engendrer avec un autre individu Comme mâles ou comme femel- ls, peuvent encore produire feuls par l'union des deux Sexes quis Pabéder. Conclufion. FIN DELA TABLE. CATALOGUE D: E DOVE. S s. AT des Principes de la Langue Françoife, par Mr. Reftaut, nouvelle Edition. Augmentée des Princi- , pes Généraux de l'Ortographe Françoife & plufieurs Lettres, fort utile à ceux, qui font ufage de cet Abré- gé. 8. Amit. 1766. * Apologues Orientaux, dédiés à Monfeigneur le Dau- phin, par Mr. de Sauvigny. 8. Amft. 1765. * Avanturier (l) Hollandois, ou la vie & les avantures divertiffantes & extraordinaires d’un Hollandois, avec fig.-2 vol. 12. Amft. 1767. * Avantures (les) de Madame la Ducheffe de Vaujour.,, Hi- ftoire véritable, par Mr. dè Mirone. avec fig. 6 par- tes. 1743.8.. | Belifaire par Mr. de Marmontel de l’Académie Françoïfe, Amit. 1767. 8. ; * Bibliotheque des Auteurs Eccléfiaftiques, contenant T'Hi- ftoire de leur vie, le Catalogue, la Critique & la Chro- nologie de leurs ouvragës, &c. par Mr. E. Du Pin, Doëteur én Théologie -de la Faculté de Paris, & Pro- fefleur Royal. Nouvelle Edition en XXI vol. 4. . Utrecht 1731. * Cathechifme pour l'inftruétion des Jeunes Gens , avec un Recueil des paffages de lEcriture Sainte, par Mr. J. . Saurin, nouv. edition. Amft. 1767. 8. * Confiderations Philofophiques fur la gradätion naturelle des formes de lEtre, ou les Effais de la Nature qui apprend à faire l'Homme; par l’Auteur du Livre de la Nature, avec de très-belles fig, Amft. 1767. grand 8. * De la Nature, 8 parties, favoir: d’un Equilibre néces- faire de biens & de maux dans la Nature; de la Gé. hération uniforme des êtres ; de l’Inftinét-moral; la Phyfique des Efprits : par Robinét. 5 vol. avec fig. Aït, 1765. * Diable (l) Hernite, ou Avantures d'Aftaroth bani des CA Ts: Aù LT CMURE Enfers, Ouvrage de fantaifie , par Mr. de M*##, 2 vol, _) ARÉMMEMIAT. 12. # Dictionaire Hiftorique Portatif, contenant l’Hiftoire des Patriarches , des Princes Hebreux, des Empereurs, des Rois, & des grands Capitaines , des Dieux, des Héros de l'Antiquité Payenne, des Papes, des S, S. Peres, des Evêques & des Cardinaux célèbres, &c. par Mr. l'Avocat, Nouvelle Edition, confidérablement aug- mentée. 3 tomes. 8. Amft. 1767. Difcours fur l'Origine de l’inegalité parmi les Hommes, pour fervir de reponfe au Difcours que M. Roufleau, Citoyen de Geneve a publié, fur le même fujet, par M. Jean de Caftillon, Profeffeur en Philofophie & Ma- thématique à Utrecht & Membre des Académies Royales de Londres, Berlin & Gottingue, Amit. 1756. 8. * Eloge de Louis Dauphin de France, par Mr. Thomas 1766. 12. —— le même, grand 8. 1767. ER Ephéfiaques (les) de Xénophon, ou les amours d’Anthie & d'Abrocamas. Paris 1736. 12. | * Effai fur les grands Evénemens par les petites Caufes, tirés de l'Hiftoire, par Richer. 2 vol. 8. Amff. 1760. * ——— (nouvel) fur les grands Evénemens par les petites Caufes, tirés de l'Hiftoire, 8. ibid. 1760. * Gazette Littéraire de l'Europe depuis Mai 1764, jufqu'à préfent, par Mr. l'Abbé Arnaud & Suard, de l’Aca: * démie Royale des Infcriptions & Belles Lettres, au- gmentée de plufieurs Articles, qui ne fe trouvent point dans l'Edition de Paris. Ce Journal le plus complet peut-être & le plus univerfel, qui ait pard jufques ici, fe continue exattement, & on en donne un Volume chaque mois au prix de xo fols, ce qui fait pour l’année entiere fl. 6. argent de Hollande. , #“ Grammaire Françoife, extraite des Meilleurs Grammai- riens François; ou Dialogue entre un Grammairien & fon éléve; Ouvrage utile à la Jeunefe, par Mr. R*FE, 8. Ami. 1763. x * Hiftoire de l'Art chez les Anciens; par Mr. J. Winckel- man, Préfident des Antiquités à Rome, Bibliothécaire du Vatican, Membre de la Société des Antiquités à Londres, de l'Académie de Peinture de St. Luc à Re- Die L''FONGRDE S, me, &c. 2, vol. grand 8. avec des fig. qui repréfentent des antiques rares &' curieufes, qui n’avoient jamais . été gravées. Amft. 1766. * Homme (l°) de Cour, par Gracian, Nouv. Edit. Paris 1764. * Honny Soit qui mal y Penfe, ouHiftoires des filles célè- bres. 2 vol. Amft. 1764. 12. * Hylaire, par un Métaphyfcien, pour fervir de fuite au Belifaire de Marmontel. Amft. 1767. 8. * Journal Etranger, ou Notice exacte & détaillée des Ou- vrages de toutes les Nations Etrangeres ,en fait d'Arts & de Sciences, par Mrs: l'Abbé Arnaud & Suard , de J'Academie des Infcriptions & Belles-Lettres, depuis 1762: qui continue à paroitre chaque Mois, avec des Augmentations confiderables , qui ne fe trouvent point dans l'Edition de Paris: à f 6: - de Hollande pour l'Année. * Léonidas, par Mr. R. Glover, traduit de l'Anglois. 1762. 12. * Lettres Secrertes de Mr. de Voltaire grand 12. 1765. —— fur ies vrais Principes de la Religion, 2 vol. Ami. ETAT 19. —— d'un Sauvage Depayfé à fon Correfpondanten Ame rique, Contenant une Critique des Mœurs du fiecle, & des iRefléxions fur des Maticres de Religion & de Politique. Amft. 1766. 8. Matelot (le) Politique, où Ecole de l'Adminiftration Ma- ritime, Haye, aux depens de l’auteur 8. 1766. Medailles de grand & moyen Bronze du Cabinet de la Reine Chriftine, gravées par le célèbre Pietro Santes Bartolo en 63 planches, & expliquées par un Commen- taire, traduit du Latin de Sigebert Haverkamp, la Haye 1742. fol. # Nature (dcia), Ouvrage d’un goût tout nouveau, par J. B. Robinet, avec de trés belles fig. s vol. Amft. 1765. 8. —— item, le Tome 3, 4 & 5 à part. Aimft, 1766. fig. 8. æ Ode Sacrées, ou les Pfeaumes de David, mis en Vers François, par plufieurs célèbres Poëtes, comme Mr, leFranc, Roufleau,& autres, & publiés par Mr. Gar- cin, Minütre, Ouvrage utile pour des familles. 1763e grand 8. CATALOGUE px LIVRES, # Oeuvres, diverfes de Mr. Thomas, de l'Académie Fran- çoife, contenant toutes fes piéces de Poëfie, & d'Elo- quence , qu’il a données au public jufqu'à prefent, z vol, Amnft, 1768. 12. Troifieme Edit, | # Ocuvres diverfes de La Fontaine, de l’Académie Fran- coife, Nouv. Edition. 4. vol. Amft. 1761. * Phyfique (la) de l'Ecrituré Sainte, ou Correfpondance Phllofophique entre deux Amis, de Londres & de Pa- ris, Ouvrage Nouveau. Amft. 1767. 12, * Philofophe Indien (le), ou l’art de vivre heureux dans la Société. Amft, 1760. 12. * Pfeaumes (les) de David, revus & approuvés par le Sy- node Walon des Provinces - Unies, grand 8. , pre- mier Verfet Mufique, Amfft. 1754. —— — Île même en grand 12. tout Mufique, Amit, I . bé Ro d'Opufcules Littéraires, avec un Difcours de Louis XIV. à Monfeigneur le Dauphin, tirés d'un Cabinet d'Orleans. Amft. 1767. 12. Théorie & Pratique du Jardinage, où l’on traite à fond des beaux Jardins, avec plus de 30 planches en taille-douce Haye 1739. | * Traité des delits, & des peines, par un Anonyme, qui a remporté le prix, Amit. 1766. 8. —— de la Juffification, par la Placette. Amft. 1733. 12. + Vie (la) & les Avantures furprenantes de Robinfon Cru- foe, le tout écrit par lui-même. Traduit de l'Anglois, fixieme Edition, avec fig. 3 vol. Amft, 1768. 12.