i url TE LE set ù 0 ‘ à ROMT OIL Û 1 1+ ” 1 PAU nf \ 1 ta ÿ md 4 ET AULAL x AE A soude: ait À M ‘ EL . L ' ; ; AU pie AU EL PL TELUS À y \ AU habits Lu “ P RPC PLUS ACTU TEL ï 1 l'ATELIURSS LA (P Ra EN EE et Ve UN DA LA En x, | L HOPPER à CAE n + | DÉONN UT EN 7) PAU ANTATAA TUE w | COUR URL ‘ 1 l jus 0 0 \ ÿ À.4 À ; ; A at tout tra AUX “ i AT et \ ’ et H \ à: 4el i ‘ AG } : ï | nl sh ‘ iv ; ï \ hr | ide , ï : ve , : SR PA TL. PART ALP Fo 3 FR PURES AURA À ÿ mt À UE y sente «04 Cle d à in “ L'AL à gui 4 DEN vu ï , ‘ ' \ d k | LL ñ il i id" Lu Av - e ï D 1 (RL LL) f y AT D “ ! + he . ve DLL ahateuie 0m! J rare “4 DOPTON PTUALER AR Le Bat APR PL AL k M “rs x PELLE ee tm e Pa 4 | \ “dat. X DEL MOULES [El MELLE ns LAS A " + RATER URL ae te (OU MT DE LA at L 4 ATEN » L'EAU Vaugr a nt T2 aient Cp pas Fa LA 21 M (Er 70 VUES DES CORDILLÈRES, MONUMENS DES PEUPLES | AINDIGÈNES DE L'AMÉRIQUE. IMPRIMERIE DE SMITH (1816), Excepié les tiires qui sont de l’Imprimerie de STAHIL (1824). $ cs \ '] id À F [à S #: En : d *: + 4 ' ” DES à: ds) Lo 10536 ET MONUMENS DES PEUPLES | INDIGENES DE L'AMÉRIQUE ; Pan as HUMBOLDT. Ê | AVEC TO PLANCHES , DONT Étb COLORIÉES. RARRANIYANA ANA ANA UE VUVUVURA LUR TOME SECOND. ARRAAN ANA T AV UN AUUR VUE PARIS, Cnez N. MAZE, Lisraine, Rue Gir-LE-CoEur, n° 4. esse D 0 es CU w \ VUES PITTORESQUES DES CORDILLÈRES. ET MONUMENS DES PEUPLES INDIGÈNES DE L'AMÉRIQUE. SUITE DE LA PLANCHE XXII Relief en basalte, représentant le Calendrier mexicain. 2e Nous venons de voir que les Mexicains, les Japonnois, les Tibétains et plusieurs autres . nations de l'Asie centrale, ont suivi le même système dans la division des grands cycles, et dans la dénomination des années qui les composent. Il nous reste à examiner un fait qui intéresse plus directement l’histoire des migrations des peuples, et qui paroït avoir 1 PI. virr de l’édition in-8°. IT. 1 2 VUEËS DES CORDILLÈRES, échappé jusqu'ici aux recherches des savans. Je crois pouvoir prouver qu’une grande partie des noms par lesquels les Mexicains désisnoient les vingt jours de leurs mois, sont ceux des signes d’un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez les peuples de l'Asie orientale. Pour faire voir que cette’ assertion est moins hasardée qu’elle ne le paroît d’abord, je vais réunir dans un seul tableau , 1.° les noms des hiéroglyphes mexi- cains, tels qu'ils nous ont été transmis par tous les auteurs du seizième siècle ; 2.° les noms des douze signes du zodiaque tartare, tibétain et jeponnois; 3.° les noms des nakchatras, ou maisons lunaires du calendrier des Hindoux. J'ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront examiné attentivement ce tableau com- paratif, s’intéresseront aux discussions dans lesquelles nous devons entrer sur les Bret divisions du zodiaque. LA ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. *UOSID TA] -( uosioui “je ) 2404 ‘yvg |. D à ‘1899 *SUOSSI0 *U2179 9P 2N9N() *19119 ‘ WIUIN9ZI1f *U9179 ‘AS ‘UT ‘YON 131130 °n02810 “ipignen() | ‘202510 ‘EU9I, “LUOT, ‘EU L neaine], *2SUIS “Suis “ipewuozQ f'ogu1s ‘uoyaiq *18S ‘149124 | ‘xnvowo9 : ‘ROU9I À 9P satdsopsootir ‘(719708 np urwua7y9 ‘uIO) ‘onoq ‘ UOTT | ‘2SNOS1S], ‘uUl0Y "LOUE -uospy |‘(nvagnos‘xofts ‘pedoar) À ‘jeasuo ‘CUL ‘un *ULIOTA] “uOrT ‘oUUDT) ‘(ouuno ‘ pes y ) F'zuadies ‘[noxq ‘UN “1650 ‘BIT A ‘zuod19$ ‘quodios ‘ peugyog FuoSvip ‘uoig *S\eL ‘uorT "oUVIEg *21491] ‘ IN\490 I, *914917 ‘ OT ‘10 ‘ejnoex | ‘uotdi09g *24817 “NNO[900 | ‘24621 ‘ue, ‘BIO, *sxrq | ‘onenrses É ‘(uuru “urDurossuou ‘ipoedt À ‘png ‘Suerg ‘sn( ‘12400 |'antootide) ET dE EEE °T) ‘n02 ny l'avoir duo x *oN *TANSUIS *NVISI9 À [ ‘xne]uopr990| Ê NOHOLNVH| saydnadie |E ‘SOTU9 SŒUIVNAT SNOSIVH { YNOUNTH |Ë MALUONHIVO NA É no CE V/ a É SVULVHOHVN SuAOf Saq Di D ‘AndVIiaOZ nd SANIQIS ROSES NIVOIXMAN | “sNIVIYIIL |'SIONNOGVS STUVLUVL À _ VUES DES CORDILLÈRES , u Depuis les temps les plus reculés, les peuples de l’Asie connoissoient deux divi- sions de lécliptique, l’une en vingt-sept ou vinst-huit maisons ou préfectures lunaires, l'autre en douze parties. C’est à tort qu'on a avancé que cette dernière division ne se irouvoit que chez les Égyptiens. Les monu- , mens les plus anciens de la littérature indienne, les ouvrages de Calidas et d’Amarsinh , font mention à la fois des douze signes du zodiaque et des vingt-sept campagnes de la lune. D’après ce que nous savons sur les commu- nications qui, plusieurs milliers d'années avant _ notre ère, ont eu lieu entre les peuples de l'Ethiopie, de la Haute-Égypte et de l’'Hin- doustân, il n'est pas permis de regarder, ‘comme appartenant exclusivement aux Écyp- lens, tout ce que ces derniers ont transmis aux peuples de la Grèce. La division de l'écliptique en vingt-sept ou vingt-huit maisons lunaires, est probable- ment * plus ancienne que la division en douze parties, qui se rapporte au mouvement an- 1 Rech. Asiat. , Vol. IT, p. 346. # Le Genriz, Vol. I, p. 261. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. ©‘ D. nuel du soleil. Des phénomènes qui se ré- pètent toutes les lunaisons dans le même ordre, fixent bien plus l'attention des hommes que des changemens de position, dont le cycle nest achevé que dans l’espace d’un an. La lune étant presque placée, dans chaque lu- naison, près des mêmes étoiles, il parait. naturel qu’on ait donné des noms particuliers aux vingt-sept ou vingt-huit constellations qu’elle parcourt dans une révolution syno- dique. Peu à peu les noms de ces constella- tions ont passé aux jours lunaires mêmes, et cette liaison apparente entre le signe et le jour est devenue la base principale des calculs chimériques de l'astrologie. | En examinant attentivement les noms que les nakchatras , ou hôtellerieslunaires, portent dans l’'Hindoustän, on y reconnoît non seule- ment presque tous les noms du zodiaque tar- tare et tibétain, mais aussi ceux de plusieurs constellations qui sont identiques avec les signes du zodiaque grec. Chaque rakchatras a 15° 20’, et 2: nakchatras correspondent à un de nos signes. Le tableau suivant rend assez probable que le zodiaque solaire à tiré son origine du zodiaque lunaire, et que 9 O VUES DES CORDILIÈRES, les douze signes du premier ont été choisis en grande partie parmi les vingt-sept nak- chatras. MAISONS LUNAIRES. Rat. Gazelle. Fieche, arc. Queue de lion. Fléau de balance. Serpent. Cheval, Chevre. Singe. Aigle. Queue de eien. Poisson. D CRE SES, RSA" FEES SIGNES (D0DECATEMORI A ) || DU ZODIAQUE. Rat, verseau. Bœuf , capricorne. Tigre, sagittaire. Lion: Dragon, balance. Serpent, vierge. Cheval. Brebis , cancer. Singe, gémeaux. Oiseau , taureau. Chien, bélier. Porceau, poisson. me À Dans le ciel arabe, le baudrier d'Orion est désigné sous le nom de fléau de balance, Micän; etil paroît d'autant plus remarquable qu'une station lunaire des Hindoux porte la même dénomination , que, depuis la décou- verte du zodiaque de Tentyra, on a élevé des VE ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 7 doutes sur l’ancienneté de la:constellation de la balance. On ne sauroit nier que les signes qui composent le zodiaque égyptien, chal- déen et grec, sont connus dans l'Inde depuis les temps les plus reculés; et il est probable que, lorsque Jules - César ajouta la balance au zodiaque romain, il le fit en suivant les conseils de l’astronome Sosigènes * qui, né en Égypte, ne pouvoit pas ignorer les di- visions de lécliptique usitées dans l'Orient. On n’a pas besoin ?, d’ailleurs, de jeter des doutes sur la haute antiquité du signe de la balance, pour infirmer l'hypothèse hasardée d’après laquelle un temple de la Haute-Écypte a été construit plus de quatre mille ans avant notre ere. Frappé de l’analogie qui existe entre les dénominations des nakchatras et celles de plusieurs signes du zodiaque tibétain et grec, J'ai examiné si les constellations, qui portent ? BuTTMANN, dans Inezer, Aist, Unt., p. 372-378. 2? Voyez un savant Mémoire de M. Vrsconrt, inséré dans la traduction d’Æérodote de M. Larcner (2.° éd.), Tom. II, p. 576; et Visconti, Wiscell, di Museo Pio- Clementino, Tom. VI, p. 25, notec. 8 VUES DES CORDILLÈRES, le même nom, répondoient aux mêmes points: du ciel. Cette correspondance n’a pas lieu, seit que l’on suppose que le premier nak- chatras, connu sous la dénomination de che- val, est le cheval du zodiaque tibétain , et par conséquent le lion du zodiaque grec, soit que l’on admette, avec MM. Jones et Colbrooke', que l'origine des nakchatras est placée dans le signe du bélier qui est le chien du zodiaque tibétain. Cette derniere hypothèse n’offriroit quelque probabilité que dans le cas où Îles hôtelleries lunaires auroient été comptées contre l’ordre des signes : alors les six nak- chatras , désignés par les noms de deux faces, de trois empreintes des pieds de Vichnou, de la queue du lion, du feston de feuilles , _de la féêche et de la téte de gazelle, auroient représenté nossignes sémeaux, écrevisse, lion, vierge, sagitiaire et capricorne. Mais, dans aucune des suppositions que nous venons d'indiquer, la balance, le lion et le bélier ne se trouvent placés dans l'éloignement réoi- proque qui leur convient. D’après les savantes recherches des membres de la société de ant _ 1 Asiat, Res., Tom. IX, p. 118. ET MONUMENS DÉ L'AMÉRIQUE. g - Calcuita, les nakchatras astwint, cheval; pus- hia, flèche, et mula, queue de lion, ré- A 1° 1 NT ZA Q pondent à x du bélier, 4 de l’écrevisse, et > du scorpion du zodiaque grec, ou au chien, à la brebis et au lièvre du zodiaque tartare cbtibétain. | Il peut paroître extraordinaire , au premier abord , qu’en formant des vingt-sept ou vingt- huit signes du zodiaque lunaire les douze siones du zodiaque solaire, les peuples aient conservé les noms d’un grand nombre de constellations, sans avoir égard à leur posi- tion absolue et à l’ordre dans lequel elles se suivent; mais il ne faut pas en conclure que l’analogie frappante, qu'offrent douze nak- chatras avéc autant de signes du zodiaque tibétain et grec, soit purement accidentelle. Comme les dénominations des mansions lu- naires ont passé peu à peu aux jours mêmes, on concoit qu’elles étaient devenues familières au -peuple qui ignoroit sans doute la position des étoiles dont se composent les divisions de l'écliptique. Il se pourroit que des nations, re- tombées dans la barbarie, n’eussent conservé qu'uneréminiscence confuse desnoms des nak- Chatras, et qu’en réformant leur calendrier, ès PS RS 2 = es Sn. e— io “0 Sa 10 VUES DES CORDILLÈRES , elles eussent choisi parmi ces noms ceux des signes du zodiaque solaire, sans suivre l’ordre anciennement adopté. Il se pourroit aussi, et jincline à donner la préférence à cette dernière opinion, que le zodiaque composé de douze signes eût tiré son origine d’un ancien zodiaque lunaire, dans lequel les nakchatras étoient placés selon un ordre plus analogue à celui que nous remarquons au- jourd’hui dans les dodecatemoria des peuples du Tibet et de la Tartarie. En effet, les di- visions de l’écliptique que sir William Jones, Colbrooke et Sonnerat ont fait connoître, different essentiellement entre eux. La flèche qui, selon un auteur indien, est le huitième nakchatras, n’est que le vingt-troisième d’après un autre auteur. Nous verrons même plus bas, en parlant d’un bas -relief romain décrit par Bianchini, que dans l'Orient il existoit jadis des zodiaques solaires qui avoient les mêmes signes, mais placés dans un ordre différent. De plus, le retour du soleil des tropiques vers l'équateur, et le phénomène de l'égale durée des jours et des nuits, devoient en- gager les hommes à faire de grands change- mens aux figures des nakchatras, lorsqu'ils ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 1 en employèrent une partie pour former le zodiaque solaire. Cette liaison intime entre bi du lébres lunaires et les signes du zodiaque se manifeste encore dans les noms que les Hindoux donnent aux mois et aux années. Ces noms, d’après les recherches curieuses de M. Davis ', ne sont pas ceux des dodecatemoria du zodiaque solaire; ils sont tirés des nakchatras mêmes, chaque mois portant le nom de la maison lunaire dans laquelle la pleine lune a lieu. Nous avons vu plus haut qu'au Tibet, en Chine et chez les peuples tartares, chaque année des cinq indictions du grand cycle porte le nom d’un des douze animaux du zodiaque solaire. Chez les Hindoux, les an- nées prennent le nom du nakchatras dans lequel se trouve Jupiter à son lever héliaque. C'est ainsi qu'astwini (cheval), ou magha ( maison ) , sont les noms d’une année, d’un mois, et d’un &’thi ou jour lunaire, comme au Mexique les signes tochtli (lapin), ou calli (maison ), président à la fois à l’année, à la demi-lunaison et au jour. ‘ Onthe cycle of sixty years. 4siat, Res., Vol. IF, p. 217-261, + 12 VUES DES CORDILLÈRES, Il résulte de l’ensemble de ces considéra- tions , que la division de l’écliptique en douze signes a tiré probablement son origine de la division en vingt-sept ou vingt-huit maisons lunaires, et que le zodiaque solaire a été primitivement un zodiaque lunaire, chaque pleine lune étant à peu près éloignée de la précédente de deux nakchatras et un quart, ou de 15° 20”. C’est ainsi que la plus ancienne astronomie des peuples se trouve liée aux seuls mouvemens de la lune. S'il arrive que les douze signes du zodiaque portent des noms qui different totalement de ceux des nakchatras, il ne faut pas en conclure que les étoiles mêmes aient été distribuées d'après une double division. Dans l’Asie orientale, le zodiaque en douze signes n’a été, pendant long-temps, qu’une division abstraite”, tandis que le zodiaque en vinst-sept ou vingt-huit nakchatras étoit seul un véritable zodiaque étoilé. J’ai cru devoir insister sur la haison intime qui existe entre les deux divisions de l'écliptique, pour faire voir que l’une et . * Barzix, Ast. ind., p. 5; Astr. mod., Tom. Ii, p. 901. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. -13 l’autre peuvent avoir donné naissance aux signes du zodiaque mexicain. Examinons d’abord lanalosie qu’offrent les dénominations des jours mexicains avec celles des signes du zodiaque tibétain, chi- nois, tartare et mongol. Cette analogie est frappante dans les huit hiéroglyphes appelés . al, cipactli,ocelotl, tochtli, cohuatl, quauhutli, ozomatli et itzcuintli. Atl, eau, est indiqué souvent par un hié- roglyphe dont les lignes parallèles et ondulées rappellent le signe que nous employons pour désigner le verseau. Le premier ise ou catas- térisme du zodiaque chinois, le rat (chou) se trouve aussi fréquemment représenté sous la figure de l’eau '. Lors du règne de lem- pereur Tchouen-hiu, il ÿ eut un grand déluge ; et le signe céleste hiuen-hiao, qui, par sa position, répond à notre verseau, est le symbole de ce règne. Ainsi, observe le père Souciet dans ses Recherches sur. les cycles et les zodiaques, la Chine et l'Europe s'accordent à représenter, sous des dénomi- ? Obs. mathém. du P. Soucrrr, publiées par le P. Gavsiz, Tom. HF, p. 35. 14 VUES DES CORDILLÈRES, nations différentes, le signe que nous nom- mons amphora ou aquarius. Chez les peuples occidentaux, l’eau qui sort du vase de l'aqua- rius (xvas üJ ares) formoit aussi une constel- lation particulière ( op), à laquelle appar- tenoient les belles étoiles Fomahand et Deneb kaitos, comme le prouvent ' plusieurs pas- sages d'Aratus, de Geminus et du Scholiasté ne Germanicus. Cipactli est un animal marin *. Cet hiéro- glyphe présente une analogie frappante avec le capricorne que les Hindoux et d’autres peuples de l'Asie appellent monstre marin. Le signe mexicain indique un animal fabuleux, un cétacée dont le front est armé d’une corne. Gomera et Torquemada * Pappellent espa- darte , nom par lequel les Espagnols dé- signent le narval dont la grande dent est connue sous le nom de corne de licorne. Boturini a pris cette corne pour un harpon, et traduit faussement c'pactli par serpent ? Inrcer, Séernnamen, p. 197. ? Gama, Descripc. histor. y cronol. de dos Piedras (Mexico, 1792), p. 27 et 100. $# Conquista, fol. cxix. Mon.ind., Tom. IF, p. 223. ETES sh RE ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 15 armé de harpons. Comme ce signe ne repré- sente pas un animal réel, il est assez naturel que sa forme varie plus que celle des autres signes. Quelquelois la corne paroît un pro- longement du museau, comme dans le fameux poisson oxyrinque , représenté à la place du poisson austral sous le ventre du capricorne, dans quelq es planisphères : indiens : d’autres fois la corne manque entièrement. En jetant les yeux surles figures, Planches xxurr et xxvir, faites d’après des dessins et des reliefs tres- anciens, on voit combien Valadès, Boturini et Clavigero ont eu tort de représenter le premier hiéroglyphe des jours mexicains comme un requin ou un lézard. Dans le manuscrit du musée Borgia, la tête de ci- pactli ressemble à celle d’un crocodile; et ce même nom de crocodile est donné, par Sonnerat, au dixième signe du zodiaque indien qui est notre Capricorne. D'ailleurs l’idée de l'animal marin cipactli se trouve liée, dans la mythologie mexi- caine, à l’histoire d’un homme qui, lors de la destruction du quatrième soleil, après * Plilos. transact., 1972, p. 353. 4 16 VUES DES CORDILLÈRES, hd avoir long-temps nagé dans les eaux, se sauva seul en atteignant la cime de la montagne de Colhuacan. Nous avons fait observer plus haut que le Noé des Aztèques, appelé com- munément Coxcox, porte aussi le nom de Teo - Cipactli, dans lequel le mot deu ou divin est ajouté à celui du signe cipactli. En jetant les yeux sur le zodiaque de: peuples de l’Asie, nous trouvons que le capricorne des Hindoux est le poisson fabuleux maharan ou souro *, célèbre par ses exploits, et repré- senté, depuis la plus haute antiquité, comme un monstre marin à tête de gazelle *. Comme les habitans de l'Inde, de même que les Mexicains, indiquent souvent les rakchatras ( maisons lunaires) et les /iguenons (dodeca- _ temoria) par les seules têtes des animaux qui composent les zodiaques lunaire et solaire, il ne faut pas être surpris que les peuples occidentaux aient transformé le rnahara en capricorne (aiyczeps), et qu'Aratus, Ptolé- mée et le persan Kazwini, ne lui donnent : ? SonweraT, Voyage aux Indes, Tom. I, p. 310. Baïzcy, Astr. ind., p. 210.. 2 Rech asia, Ton. If, p. 335,:m,° 7. Ua \% A + Pa. : ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 17. pas même une queue de poisson. Un animal qui, après avoir long-temps habité les eaux, prend la forme d’une gazelle et gravit les montagnes , rappelle à des peuples, dont _ Fimagination inquiète saisit les rapports les plus Mirrrés , les traditions antiques de Me- nou , F, Noé, et ces Deucalions célèbres parmi les Scythes et les Thessaliens. IL est vrai que, d’après Germanicus, Deucalion 7° lon peut considérer comme le Coxcox ou le Teo-Cipactli de la mythologie mexi- caine, étoit placé, non dans le signe du Capricorne, mais dans le signe qui le suit im- médiatement, dans celui du verseau (ü9sooce }; cette circonstance n’a cependant rien qui puisse nous surprendre : elle confirme plutôt l'opinion ingénieuse de M. Bailly sur l’an- cienne liaison des trois signes des poissons, du verseau et du capricorne, Où poisson- gazelle ?. Ocelotl, ügre, le jaguar (felis onça) des régions chaudes du Mexique; tochtli, lièvre ; arts , Singe femelle; ézcuintli, chien; eohuatl, serpent ; quauhtli, oiseau , sont des * Astr. moderne, Tom. Il, p. 297. IT, ; »' 2 18 _ VUES DES CORDILLÈRES, catastérismes qui se trouvent, sous les mêmes noms, dans le zodiaque tartare et tibétain. Dans l'astronomie chinoise, le lièvre ne dé- signe pas seulement le quatrième #se, ou j . e CI signe du zodiaque; la lune, depuis l'époque reculée du règne d’Yao, étoit figurée comme un disque dans lequel un lièvre, assis sur ses pieds de derrière, tourne un bâton dans un vase, comme sil étoit occupé à faire du beurre; idée puérile qui peut avoir pris naissance dans les steppes de la Tartarie , où abondent les lièvres, et qui sont habitées par des peuples pasteurs. Le singe mexicain, 030- matli, répond au Leou des Chinois *, au _petchi des Mantchoux, et au prehou des Ti- bétains , trois noms qui désignent le même animal. Procyon paroît être le singe hanuan Fa si connu dans la mythologie des Hindoux ; et la position de cet astre, placé sur une même ligne avec les gémeaux et le pole de l’éclip- tique , répond très-bien à la place qu’occupe le singe dans le zodiaque tartare, entre * Grosier, Hist. gén. de la Chine, Tom. T, p. 1 14. ? Drcuienss, Hist. des Huns, Tom. I, p. xzvur. $ Depuis, Origine des Cultes, Tom. IIT, p. 365. L] "on { 2 , - ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 19 l'écrevisse et le taureau. Des singes se trouvent aussi dans le ciel des Arabes : ce sont des étoiles de la constellation du grand chien, appelées Æ7-kurûd ‘ dans le catalogue de Kazwini. J’entre dans ces détails sur le signe ozomatli, parce qu’un animal de la zone tor- ride, placé parmi les constellations des peuples mongols, mantchoux, azièques et toltèques , est un point très-important, non seulement pour l’histoire de l'astronomie, mais aussi pour celle des migrations des peuples. _ Le signe #tzcuintl, chien , répond à l’avant- dernier signe du zodiaque tartare, au £y des Tibétains , au zokaï des Mantchoux, et à l’#2 des Japonnois. Le père Gaubil nous apprend que le chien du zodiaque tartare est notre dodécatémorion du béber, et il est très-re- marquable que, d’après Le Gentil, chez les Hindoux, quoique ce peuple ne connoisse pas la série des signes qui commence par le rat, le bélier est remplacé quelquefois par un chien marron. De même, chez les Mexicains, itscuintlé désigne le chien sauvage : car celui qui est domestique s'appeloit £echichi. Le * {osser, Séernnamen, p. 238, 248, 413. 2 Ÿ 20 VUES DES CORDILLÈRES ; Mexique abondoit jadis en quadrupèdes * carnassiers qui tenoient à la fois du chien et du loup, et que Hernandez ne nous a fait connoître qu'imparfaitement. La race de ces animaux, connus sous les noms de xoloitz- cuintli, itzcuintepotzotli, tepeitscuintl, n’est vraisemblablement pas entièrement détruite : mais il est probable qu'ils se sont retirés dans les forêts les plus désertes et les plus éloignées: car, dans la partie du pays que j'ai parcourue, je n’ai jamais entendu parler d’un chien mar- ron. Le Genül* et Bailly ont été induits en- erreur, lorsqu'ils ont avancé quelemot mècha, qui désigne notre bélier, signifie un chien marron. Ce mot de la langue sanskrite est le nom vulgaire du bélier : on le trouve em- ployé $ d’une manière très-poétique par un auteur indien qui décrit le combat de deux guerriers, en disant «que par leurs têtes c’étoient deux mécha (béliers); par leurs bras, deux éléphans; par leurs pieds, deux nobles coursiers. » \ “ Voyezmes Tableaux dela Nature, Tom.I, p.117. 2 Le Genre, Voyage, Tom. I, p.247. ? Observation de M. de Cuézry. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 21 Le tableau suivant réunit les signes du zodiaque tartare avec ceux des jours du ca- lendrier mexicain : PPT MUNIE | ZODIAQUE DES DES MEXICAINS. TARTARES-MANTCHOUX. || Pars, tigre. Ocelotl, tigre. [| Taoulai, lièvre. Tochili , lièvre, lapin. À Mogai, serpent. Cohuatl, serpent. | Petchi, singe. | Ozomaili , singe. Nokaï , Chien. Tézcuintli , chien. Tukia, oiseau, poule. | Quauhtli, oiseau, aigle. TS Sans rappeler les hiéroglyphes eau (at), et monstre marin ( cipactli) , qui offrent une analogie frappante avec les catastérismes du verseau et du capricorne, les six signes du zodiaque tartare, retrouvés dans le calendrier mexicain, suffisent pour rendre extrêmement probable que les peuples des deux continens ont puisé dans une source commune leurs idées astrologiques. Ces traits de ressemblance. sur lesquels nous insistons, ne sont pas tirés 22 VUES DES CORDILLÈRES , de peintures informes ou allégoriques, sus- ceptibles d’être interprétées selon la nature des hypothèses que l’on désire faire valoir. Si lon consulte les ouvrages composés, au com- mencement de la conquête , par des auteurs espaghols ou indiens qui ignoroient jusqu’à l'existence d’un zodiaque tartare, l’on verra qu’au Mexique, depuis le septième siècle de notre ère, les jours s’appeloient tigre, chien, singe , liévre ou lapin, comme, dans toute l'Asie orientale , les années portent encore les mêmes noms en tibétain, en tartare-mant- chou, en mogol, en kalmouk, en chinois, en japonnois, en coréen, dans les langues du Tonquin et de la Cochinchine:. On concoit que des nations qui n’ont jamais eu de rapports entre elles, divisent égale- ment l’écliptique en vingt-sept ou vingt-huit parties , ét donnent à chaque jour lunaire le nom des étoiles près desquelles la lune se trouve placée dans son mouvement progressif de l’ouest à l’est. Il paroît très-naturel aussi que des peuples chasseurs ou pasteurs dé- signent ces constellations et ces jours lunaires, * Soucuer, Tom. IT, p. 138. RS = ÉETS ÉT MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 23 par les noms des animaux qui sont l’objet constant de leurs affections ou de leurs. craintes. Le ciel des hordes nomades se trouvera peuplé de chiens, de cerfs, de taureaux et de loups, sans qu’on doive en conclure que ces hordes ont jadis fait partie d’un même peuple. Il ne faut pas confondre des traits de ressemblance purement acci- dentels, ou naissant d’une identité de posi- tion, avec ceux qui attestent une origine commune ou d'anciennes communications. Mais les zodiaques tartare et mexicain ne renferment pas seulement les animaux propres aux climats que ces peuples habitent aujour- d'hui; on y trouve aussi des tigres et des singes. Ces deux animaux sont inconnus sur les plateaux de l'Asie centrale et orientale, auxquels une grande élévation donne une température plus froide que celle qui règne vers l’ouest sous la même latitude. Les Ti- bétains, les Mogols, les Mantchoux et les Kalmouks, ont donc recu d’un pays plus méridional le zodiaque que lon appelle trop exclusivement le cycle tartare. Les Toltèques, les Aztèques, les Tlascaltèques, ont reflué du nord vers le sud : nous connoissons des. % = 2/ VUES DES CORDILLÈRES , monumens aztèques jusqu'aux rives du Gila , entre les 33° et 54° de latitude nord. L’his- toire nous montre les Toltèques venant de régions plus septentrionales encore. Ces co- lons, sortis d’Aztlan , n’arrivoient pas comme des hordes barbares : tout annoncoit chez eux les restes d’une ancienne civilisation. Les noms imposés aux villes qu'ils construisoient , étoient les noms des lieux qu'habitoient leurs ancêtres : leurs lois, leurs annales, leur chro- nologie, l’ordre de leurs sacrifices, étoient modelés sur les connoissances qu'ils avoient acquises dans leur première patrie. Or, les singes et les tigres qui figurent parmi les hiéroglyphes des jours et dans la tradition mexicaine des quatre ‘âges ou destructions du soleil, n’habitent pas la partie septentrio- nale de la Nouvelle - Espagne et les côtes nord-ouest de l'Amérique. Par conséquent les signes ozomatli et ocelotl rendent singuhè- rement probable que les zodiaques des Tol- ièques , des Aztèques, des Mogols, des Ti- bétains , et de tant d’autres peuples qui sont séparés aujourd'hui par une vaste étendue de pays , ont pris naissance sur un même peu de l’ancien continent. : ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 25 Les mansions lunaires des Hindoux, dans lesquelles nous trouvons aussi un singe, un serpent, une queue de chien et la tête d’une gazelle ou d’un monstre marin, offrent encore d’autres signes dont les noms rappellent ceux de calli, acail, tecpatl et ollin du calendrier mexicain. NAKCHATRAS INDIENS. SIGNES MEXICAINS. RE Magha, maison. Calli , maison. Venou , canne. Acatl, canne. Critica, rasoir. Tecpatl , silex , couteaui| de pierre. ( Sravana , trois em-| ( OZin, mouvement du!| preintes de pieds. ) soleil, figuré par trois empreintes de pieds ). Nous observerons d’abord que. le mot azièque calli a la même signification que le Euala ou kôlla * des Wogouls qui habitent les rives du Kama et de l'frtisch , comme atel © VatTErR, Amer, Bevôllker, S. 160. 26 VUES DES CORDILLÈRES, (eau } en aztèque, et itels (rivière) en vilèle, rappellent les mots atl, atelch, etel ou idel (rivière ) dans la langue des Tartares Mogols, : Tscheremisses et Tschouwasses ‘. La dénomi- nation de call, maison, désisne tres-bien une station ou hôtellerie lunaire (en arabe, menäzil el kamar), un lieu de repos. C'est ainsi que, parmi les nakchatras indiens, outre les maïsons (magha et punarvasu), on trouve aussi des bois de lit et des couchettes. Le signe mexicain acatl, canne, est géné- ralement figuré comme deux roseaux liés ensemble 2. Mais la pierre trouvée à Mexico en 1790, et qui offre les hiéroglyphes des jours, représente le signe acatl d’une manière très-différente. On y reconnoît un faisceau de joncs , ou une gerbe de maïs renfermée dans un vase. Nous rappellerons à cette occasion que, dans la première période de treize jours de l’année tochtli, le signe acatlest constam- ment accompagné de Cinteotl, qui est la déesse * Encez, Ungar. Gesch., T. 1, S. 316, 361. GrorGr, Reisen, B. Il, p. 904. Tawrocz, Caron. Hungaror., p. 40. * Planche xxvrr de l’éd. in-fol. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 97 du mais, Cérès, la divinité qui préside à l’agriculture. Chez les peuples occidentaux, Cérès est placée dans le cinquième dodéca- témorion : on trouve même des zodiaques très-anciens , dans lesquels un faisceau d’épis ‘ remplit toute la place que devoient occuper Céres, Isis, Astrée ou Érigone, dans le signe des moissons et des vendanges. C’est ainsi que, depuis une haute antiquité, chez les peuples les plus éloignés, nous trouvons les mêmes idées, les mêmes symboles , la même tendance à ramener les phénomènes physiques à l’in- fluence mystérieuse des astres. - L'hiéroglyphe mexicain tecpatlindique une pierre tranchante de forme ovale, allongée vers ses deux extrémités, semblable à celles dont on se servoit comme couteau ou que l’on attachoit au bout d’une pique. Ce signe rappelle Le crtica , ou couteau tranchant du zodiaque lunaire des Hindoux. Sur la grande pierre représentée Planche xxnr, l’hiéro- glyphe tecpatl est figuré d’une manière qui diffère un peu de la forme que lon donne * Inrzer, Séernnamen, S. 172. Duvvis, Origine des Cultes, Tom. IT, p. 228-234. Atlas, n.° G, 29 VUÉS DES CORDILLÈRES, ordinairement à cet mstrument. Le silex est percé au centre, et l’ouverture paroît des- tinée à recevoir la main du guerrier qui se sert de cette arme à deux pointes. On sait que les Américains avoient un art particulier pour percer les pierres les plus dures et pour les travailler par frottement. J’ai rapporté de l'Amérique méridionale, et j'ai déposé au Musée de Berlin un anneau d’obsidienne qui a servi de bracelet à une jeune fille, et qui forme un cylindre creux de près de sept centi- mètres d'ouverture, de quatre centimètres de hauteur, et dont l’épaisseur n’est pas de trois millimètres. On a de la peine à concevoir comment une masse vitreuse et fragile a pu être réduite à l’état d’une lame si mince. Le tecpatl differe d’ailleurs de l’obsidienne, subs- _ tance que les Mexicams appeloient ëztl; on confond , sous la dénomination de tecpail, les jades, les hornstein et le silex pyromaque. Le signe oflin , ou ollin tonatiuk, préside, dans le commencement du cycle de cinquante- deux ans, au dix-septième jour du premier mois. L'explication de ce signe a beaucoup embarrassé les moines espagnols qui, dépour- vus des connoissances les plus élémentaires de ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 29 J’astronomie, ont fait connoître le calendrier mexicain. Les auteurs indiens traduisent o/{Zn par mouvemens du soleil. Lorsqu'ils trouvent ajouté le nombre nahuï, ils rendent rahui ollin par les mots so/eil (tonatiuh) dans ses quatre mouvemens. Le signe ollin est figuré de trois manières : tantôt (PI. xxxvir) comme deux rubans entrelacés, ou plutôt comme deux portions de courbes qui se croisent et qui ont trois inflexions sensibles à leurs sommels ; tantôt (PI. xxrr) comme le disque solaire entouré de quatre carrés, qui ren- ferme les hiéroglyphes des nombres un (ce) et quatre (nahuï); tantôt comme trois em- preintes de pieds. Les quatre carrés faisoient allusion , comme nous l’exposerons plus bas, à la fameuse tradition des quatre âges ou quatre destructions du monde, arrivées les jours 4 ugre , nahui ocelotl; 4 vent , nahuï ehecatl; 4 pluie, nahui quiahuitl; et 4 eau, nahui atl, dans les années ce acatl, 1 canne; ce tecpail, 1 silex; et ce calli, à maison. À ces mêmes jours répondoient à peu près les sols- tices, les équinoxes et les passages” du soleil par le zénith de la ville de Ténochtitlan. La représentation du signe ollin par trois LT PE M # ah 50 «| VUES DES CORDILLÈRES, æocpalli, ou empreintes de pieds , telle qu'on la trouve souvent dans les manuscrits con- servés au Vatican et dans le Codex Borgianus, fol. 47, n° 210, est remarquable par lana- logie qu'elle offre en apparence avec sravana, ou les trois empreintes des pieds de V'ichnou, une des mansions du zodiaque lunaire des Hindoux. Dans le calendrier mexicain, les trois empreintes indiquent ou les traces du soleil dans son passage par l'équateur et dans son mouvement vers les deux tropiques, ou les trois positions du soleil au zénith, dans l'équateur et dans un des solstices. IT seroit possible que ie zodiaque lunaire des Hindoux renfermat quelque signe qui, comme celui de la balance, eût rapport à la marche du soleil. Nous avons vu que le zodiaque de vingt-huit signes peut avoir été transformé peu à peu en un zodiaque de douze mansions de la pleine lune, et que quelques nakchatras peuvent avoir changé de dénomination, de- puis que, par la connoissance du mouvement annuel du soleil, le zodiaque des pleines lunes est devenu un véritable zodiaque solaire. Crichna, l’Apollon des Hindoux, n'est en effet autre chose que Vichnou, sous la forme ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 54 du soleil : qui est adoré plus particulièrement sous le nom du dieu Soûrya. Malgré cette analogie d'idées et de signes, nous pensons que les trois empreintes qui forment le net | troisième nakchatras sravana , n’ont qu’une ressemblance accidentelle avec les trois ves- tiges de pieds qui représentent le signe on. M. de Chézy, qui réunit une connoissance pro- fonde du persan à celle de la langue sanskrite, observe que le sravann du zodiaque indien fait allusion à une lésende très-célèbre parmi les Hindoux, et consignée dans la plupart de leurs livres sacrés, particulièrement dans le Bhagavat-Poürânam. Vichnou, voulant pu- nir l'orgueil d'un géant qui se croyoit aussi puissant que les dieux, se présente devant lui sous la forme d’un nain : il le prie de lui ac- corder, dans son vaste empire, l’espace qu'il pourroit embrasser par trois de ses pas. Le géant accorde la prière en souriant; mais aussitôt le nain grandit si prodigieusement , qu'en deux pas il mesure l’espace qu'il y a entre le ciel et la terre. Commeil demande, au troisième pas, où 1l pourroit placer son pied, :* Rech. asiat., Tom. I, p. 200. 52 VUES DES CORDILLÈRES, le géant reconnoîtle dieu Vichnou, etse pros- terne devant lui. Cette fable explique si bien la figure du nakchatras sravana, qu'il seroit difficile d'admettre que ce signe soit lié à celui de ollin, comme cipactli et le Noé mexicain, Teo-Cipactli, sont liés à la constellation du capricorne et à celle de Deucalion , placée an- ciennement dans le verseau. Nous venons de développer les rapports qui existent entre les signes dont sont com- posés les différens zodiaques de l'Inde, du Tibet et de la Tartarie, et les hiéroglyphes des jours etdes années du calendrier mexicain. Nous avons trouvé que, parmi ces rapports, les plus frappans et les plus nombreux sont ceux que présente le cycle des douze animaux , que nous avons désigné sous le nom de zodiaque tartare et tibétain. Pour terminer une discussion dont les résultats sont si im- portans pour l'histoire des anciennes com- munications des peuples, il nous reste à exa- miner de plus près ce dernier zodiaque, et à prouver que, dans le système de l'astrologie asiatique avec laquelle l'astrologie mexicaine paroît avoir une origine commune , les douze signes des zodiaques président non seulement dt. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 33 aux mois, mais aussi aux années, aux jours, aux heures, et même aux parties les plus petites des heures. . Lorsqu'on considère que les peuples de VAsie orientale emploient à la fois des di- visions de l'écliptique en vingt-sept ou vingt- huit, en douze et en vingt-quatre parties, et que les mêmes signes du zodiaque solaire ÿ portent des dénominations et souvent des figures entièrement différentes, on est tenté de croire que cette multiplicité de signes doit produire une confusion extrême dans les limites assisnées aux constellations zodiacales. Chez les Hindoux, par exemple, nous trou- vons, outre les nakchatras ou mansions lu- naires, douze laquenons dont les noms sont les mêmes que ceux des signes du zodiaque grec et égyptien. Les Chinois divisent l’éclip- tique de trois manières , savoir : en vingt-huit nakchatras qu'ils appellent che ou eul-che- po-sieou ; en douze tse qui répondent à nos signes, mais qui portent des noms en partie mystiques, en partie empruntés aux productions du pays, comme grande splen- 4 Soucrer et Gausiz, Tom. LE, p. 80. IT. 9 54 VUES DES CORDILLÈRES, deur, vide profond, queue et téte de caille*; et en vingt-quatre {siekr. Les dénominations de ces tsieki, ou demi-tse, sont relatives au climat et aux variations de la température ?. Les Chinois ont, en outre, deux autres cycles de douze signes : celui des tchi et celui des animaux , dont les noms sont identiques avec ceux des cycles tibétain et tartare : sept che répondent à trois {se , comme six {sieki ré- pondent à trois {chi et à trois animaux célestes. Le cycle de ces douze animaux chinois, parmi lesquels nous avons trouvé le singe, le tigre, le rat (symbole de l’eau), le chien, l'oiseau, le serpent, et le lièvre du calendrier mexi- cain, donne les noms au cycle de douze ans comme à la petite période de douze jours. On se sert des douze animaux, dit le P. Gau- bil*, pour marquer les douze lunes de l’année, les douze heures du jour et de la nuit, et les douze signes célestes. Mais toutes ces divi- sions en douze parties désignées par différens 44 ZL, ©... Tom. IE, .p. 98. 2 L, c., Tom. Ti, p. 94. Barry, Astr. ind., p. LXXXXVI. | 3 Soucrer, Tom. II, p. 156, 174. hs Æ ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 35 noms, ne sont, dans l’est de l’Asie, que des divisions abstraites ou imaginaires : elles ser- vent pour rappeler à l'esprit le mouvement du soleil dans l’écliptique; le véritable zo- diaque étoilé, comme l’a très-bien chservé M. Bailly ', et comme cela est confirmé par les recherches plus récentes de MM. Jones et Colbrooke, consiste dans les vingt - -huit mansions lunaires. Il est vrai qu'on dit en Chine que le soleil entre dans le singe et le lièvre, comme nous disons qu'il entre dans les gémeaux ou dans le scorpion; mais les Chinois, les Hindoux et les Tartares ne dis- tribuent les étoiles que d’après lé système des nakchatras. La division du zodiaque en vingt- sept ou vingt-huit parties, connue depuis l’Yemen jusqu’au plateau de Turfan et à la Cochinchine, appartient, avec la petite pé- riode de sept jours, aux monumens les plus anciens de l'astronomie. Partout où l’on observe à la fois plusieurs divisions de l’écliptique qui diffèrent, non par le nombre des catastérismes, mais par leurs dénominations, comme les tse , les tchr et les “"Astr, ind., p. +. 36 VUES DES CORDILLÈRES, animaux célestes des Chinois, des Tibétans et des Tartares, cette multiplicité de signes est probablement due à un mélange de plu- sieurs nations qui ont été subjuguées les unes” par les autres. Les effets de ce mélange, ceux de l'influence exercée par les vainqueurs sur les peuples vaincus, se manifestentsurtout dans la partie nord-est de l'Asie, dont les langues, maloré le orand nombre de racines mogoles et tartares qu'elles renferment, diffèrent sk essentiellement entre elles, qu'elles semblent se refuser à toute classification méthodique. À mesure que l’on s'éloigne du Tibet et de l’Hindoustân , on voit s'évanouir le type uni- forme des institutions civiles, celui des con- noissances et du culte. Or, si les hordes de la Sibérie orientale, chez lesquelles les dogmes du Bouddhisme ont évidemment pénétré , paroissent cependant ne tenir que par de foibles liens aux peuples civilisés de l'Asie australe, pourrions-nous être surpris que, dans le nouveau continent, auprès de quel- ques traits d'analogie dans les traditions, dans la chronologie et Le style des monumens, on ? Aneruxe, Withridates , Tom. Il, p. 533 et 560: 4 "6 AROER DUBCAMEE ‘ vi LE x BCE LT} ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 37 découvre un si grand nombre dedissemblances frappantes ? Lorsque des peuples d’origine tartare où mogole, transplantés sur des rives étrangères, méêlés aux hordes indisènes de l'Amérique, sont parvenus à se frayer pé- niblement une route vers la civilisation , leurs langues, leur mythologie, leurs divisions des temps, tout prend un caractère d'individualité qui efface, pour ainsi dire, le type prinutif _ de leur physionomie nationale. En effet, au lieu des cycles de soixante ans, des années divisées en douze mois et des petites périodes de sept jours, usitées chez les peuples d'Asie, nous trouvons chez les. Mexicains des cycles de cinquante-deux ans, des années de dix-huit mois, dont chacun de vingt jours, des demi- décades et des demi- lunaisons de treize jours. Le système des séries périodiques, dont les termes correspondans servent à désigner les dates des jours et des années, est le même dans les deux continens; une grande partie des signes qui composent les séries dans le calendrier mexicain, sont empruntés du zodiaque des peuples du Tibet et de la Tartarie; mais ni leur nombre ni à Ë Par 38 VUES DES CORDILLÈRES , l'ordre dans lequel ils se succèdent , ne sont ceux que l’on observe en Asie. Le zodiaque tartare ne commence pas, comme celui des Hindoux, par le chien qui correspond à notre signe du bélier, mais par le rat qui représente le verseau ?, Ce même zodiaque a en outre la particularité frappante, que les animaux célestes sont comptés contre l'ordre des signes: au lieu de placer ces der- niers dans celui qui est marqué par le mou- vement du soleil dans l’écliptique d’occident en orient, les Tibétains, les Chinois, les Ja- ponnois et les Tartares, comptent les sisnes 4 l’ordre suivant : rat ou verseau, bœuf ou capricorne, tigre ou sagiltaire, lévre ou scorpion , etc. Cette habitude bizarre a peut- être sa cause dans la circonstance que les douze constellations zodiacales, lors de leur passage par le méridien , président aux diffé- rentes heures du jour et de la nuit. Comme elles participent au mouvement général de la * Soucier, Tom. I, p. 136. Barry, Astr. ind. , p- 212. Laxcrès, Notes du Voyage de Thunberg, p. 419. : ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 39 sphère céleste de l’est à l’ouest, on les a ran- gées dans l’ordre selon lequel elles se lèvent ou se couchent les unes après les autres. Dans le calendrier mexicain, les signes des jours, qui sont identiques avec les signes du cycle tartare, ceux du chien, du singe, du ügre ou du lièvre, sont placés de manière qu’on n’y reconnoît aucune analogie de posi- tion relative. Cipactli, que nous avons prouvé plus haut être le poisson-gazelle, estle premier catastérisme, comme le capricorne paroît l'avoir été chezles Égyptiens. Il règne parmi les signes mexicains à peu près l’ordre suivant £ cipactli, cohuatl, tochili, itzcuintlr, ozomatli et ocelotl; ou, en substituant les noms de nos signes : Capricorne, vierge, SCOrpion, bélier, gémeaux et sagillaire. Cette dissem- blance dans la distribution des signes seroit- elle purement apparente, et tiendroit-elle à une cause analogue à celle qui, selon le té- moignage d'Hérodote et de Dion Cassius ?, * Fragmentum ex Gazophylacio Card. Barberini {Krrcnert Oedipus, 1653, Tom. III, p. 160). # Dio Cassius, Lib. xxxvir, c. 19 (ed. Fabric., 1750, Tom. 1, p.124). Heron., Lib. II, c. 89 (ed. Wesseling, 1763, p. 105 ). 4OŸ VUES DES CORDILLÈRES, a fait nommer chez tous les peuples de l'Orient les jours de la semaine d’après les planètes, placées dans un ordre très-différent de celui que leur assigne l’astronomie des Hindoux, des Égyptiens et des Grecs? En considérant le nombre de termes qui composent la série des heures et celle des hiéroglyphes mexicains, on reconnoît que celte hypothèse n’est pas admissible. : = Nous avons développé plus haut, en par- lant de l’analogie que l’on observe entre les noms de plusieurs mansions lunaires et ceux des signes du zodiaque solaire, comment l’ordre primitif des catastérismes peut être changé , lorsque des peuples, replongés dans la barbarie, cherchent, d’après une rémi- “a } LI 2 4 , ! l 4 ] niscenceé obscure, à rétablir le système de leur chronologie. Quoique la supposition de ces changemens se présente d'elle - même, nous ne sommes cependant pas forcés de l’admettre pour expliquer la dissemblance qu'oifre la position des mêmes signes dans les zodiaques tartare et mexicain. Les Hin- doux conservent plusieurs divisions de l'éclip- tique en vingt-sept ou vingt-huit nakchairas, dont les noms sont en grande partie les fi= | . We ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. A mêmes , sans être placés dans le même ordre. Un monument antique, que Bianchini a fait connoître au commencement du dernier siècle, prouve qu'il existoit dans lOrient des zodiaques solaires dans lesquels on re- trouve les catastérismes tartares du cheval, du chien, du lièvre , du dragon et de l'oiseau, rangés de manière que le “des répond au taureau , et non au bélier du zodiaque grec, et que le chien et le lièvre sont séparés non par quatre , mais seulement par deux signes. Or, si dans l'Asie les mêmes nakchatras et les mêmes dodécatémorions n’ont pas toujours suivi le même ordre dans les différens zo- diaques lunaires et solaires , il ne faut pas être surpris de la transposition des signes que nous observons dans le «cycle des hiéro- glyphes du jour chez les Mexicains. Il se pourroit même que cette transposition fut purement apparente, et qu'elle nous parût réelle, parce que nous ne pouvons CPRTPECE le calendriér toltèque et mexicain qu'aux cycles que nous trouvons aujourd'hui chez les Tartares et les Tibétains. Peut-être d’autres peuples de l'Asie orientale ont-ils commu- niqué leur zodiaque à à ces hordes guerrières A2 _ VUES DES CORDILLÈRES, qui, depuis le septième siècle, ont inondé le Mexique. Peut-être, en parcourant le plateau de l'Asie centrale, en examinant plus attenti- vement les restes de civilisation conservés dans la petite Bukharie, au Turfan, ou près des ruines de Karacorum, l’ancienne capitale de l'empire des Monghols, les voyageurs dé- couvriront-ils un jour cette même série de signes que renferme le zodiaque des Mexi- Cains. Le monument astronomique dont Bian- chini adressa un dessin à l’Académie, est un fragment de marbre conservé au Vatican, et trouvé à Rome en 1705. Nous nous propo- sons ici de l'examiner avec un soin particuher, parce qu'il nous paroît propre à jeter du jour sur les divisions, de l’échiptique, usitées au Mexique et dans l'Asie orientale. Iloffre, dans cinq zones concentriques, les figures des planètes, les decans, les catastérismes du zodiaque grec, repétés deux fois, et les signes d’un autre zodiaque qui a la plus grande analogie avec celui des peuples tartares. On peut être surpris que Fontenelle, Bailly, Dupuis et d'autres savans qui ont écrit sur l’origine des zodiaques, aient pris ce bas- ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 45 relief pour un ouvrage égypuen *. D'après l'observation d’un savantillustre, M. Visconti, le style des figures qui représentent les pla- nètes prouve évidemment qu'il a été sculpté du'temps des Césars. On reconnoît, dans ce monument mutilé, parmi les signes de la zone intérieure , un cheval, une écrevisse, un ser- pent, un chien qui tient un peu du loup, un lièvre, deux oiseaux dont un paroît placé vis-à-vis d’un serpent, et deux quadrupèdes, l’un à longue queue , et l’autre à cornes de chè- vre. Gommeles catastérismes du zodiaque grec sont rapprochés un à un de ceux du zodiaque inconnu, on voit que le cheval et le lièvre ré- pondent, comme dans les dodécatémorions tartares , à nos signes du lion et du scorpion. Le tableau suivant présente l’ordre dans lequel les catastérismes se trouvent placés dans le planisphère de Bianchini. J’ai ajouté les signes du cycle tartare dont nous avons trouvé des vestiges chez les peuples du nouveau con- unent. * Hist. de l’Acad. des Sciences, 1708, Tom. I, p. 110. Barzry, Hist. de l’Astr. anc., p. 493 et 504. Durvis, Origine des Cultes, Tom. I, p. 180. Hacer, Tlustraz. d’uno sodiaco orientale, 1811, p. 15: B|HONE EXTÉRIEURE. Sagittaire. Scorpion. Balance. V ierge. Lion. Cancer. Gémeaux. Taureau. Bcher. Poisson. Verseau. Capricorne. VUES DES CORDILLÈRES, ZONE INTÉRIEURE, À Oiseau. Lièvre. + Chèvre. Animalà longue queue. Cheval. Cancer. Serpent. Chien ou loup. Oiseau. î Tigre. H Tiévre. ÿ Dragon. Serpent. i Cheval. . Brebis. | Singe. h. Poule. i Chien. ! Cochon. Rat. : Bœuf. On a imprimé en italique les noms des animaux qui sont trop mutlés pour qu'on les reconnoisse avec certitude : on a distin- gué de la même manière les catastérismes de la sphère grecque qui manquent entière- ment, mais qu'il est facile de suppléer. J'ai rangé ces derniers , contre l’ordre des signes , d’après l'usage des peuples tartares. Il est assez remarquable que, dans ce monument ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 45 curieux, les planètes et lés decans, dont les derniers seuls sont figurés dans le style ésyp- tien avec des têtes ou des masques d'animaux, se trouvent placés dans des directions con- iraires. Quoique, dans les deux zones qui représentent le zodiaque grec, il y ait quatre siones répétés sous les mêmes formes, on ne peut en conclure que les autres étoient égale- ment identiques. Il seroit surtout à désirer que les gémeaux et Pan ou le capricorne eussent été conservés dans les deux zones ; car le sculpteur paroît avoir eu l'intention de réunir les zodiaques de différens peuples, et les formes hétérogènes ‘ données aux mêmes catastérismes chez les Chaldéens, les Égyptiens et les Grecs. Les gémeaux sont représentés par deux figures que M. Bailly à crues être de sexe différent, et dont l’une tient une massue et l’autre une Iyre. C’est sous cette même forme que ce signe est décrit dans l’Astronomicon d'Hygin ‘; c'est ainsi 1 Exarosrrents Cataster., ed, Schaubach, 1795, p. 21. Hyain. Poeticon astr., Lib. IT, c. 28; Lib. IL, €. 27 ( Auctores mythographi latini , ed. van Staveren, a742, Tom. IL, p. 481-528 ). ? Lib. IF, c. 21 ( Auct. mythograph., Tom. If, 46 .: VUES DES CORDILLÈRES, qu'il est désigné dans des vers sanscrits. du poète Sripeti : « le couple, #ithouna, dit cet auteur hindou, est formé d’une fille qui joue du vina, et d'un jeune homme qui brandit une massue *. » Le zodiaque intérieur ne renferme, comme celui des Tibétains, des Chinois et des Tar- tares , que des animaux, de vrais Ce de. Dans la sphère grecque, la moitié des signes est formée d'animaux que l’on retrouve dans da nature ; l'autre moitié est composée de figures humaines et d'êtres fabuleux ou allésoriques. La balance, fuyèe où Airp, est tenue tantôt par les pinces +#rai du scorpion ?, tantôt par une figure mâle, comme dans le planisphère de Bianchini et dans le zodiaque indien, tantôt par la vierge qui, dans ce cas, prend le nom d’Astrée ou de Aixy. Les signes des mansions lunaires, ou les hiéroglyphes des jours du calendrier mexicain , présentent à la p- 523). Du Cour, Discours de la religion des an- ciens Romains, 1556, p. 180. Ingcer, Séernnamen, S. 151: * Rech. Asiat., T. IT, p. 335. = Maxuz, Lib. I, v. 6og. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 47 fois des animaux et des objets inanimés. Si l’on adopte l’idée ingénieuse de M. Hager, d’après laquelle la pierre sacrée, rapportée par Michaux des bords du Tigre; est un ancien zodiaque, on reconnoîtra que, chez les Chaldéens, la série des véritables de étoit aussi interrompue par des autels, des tours et des maisons ". Ce dernier fait fa- vorise l’hypothèse que les dodécatémorions doivent leur origine aux maisons ou hôtel- leries lunaires. La même pierre semble offrir une autre analogie. Dans le cycle tartare, le s: tigre correspond au sagittaire, indiqué souve par une simple flèche. Dans le zodiaque déerhe par M. Fager, on reconnoît, outre le loùp ou chien marron, et le capricorne ou poisson- gazelle, une flèche qui représente le fleuve du Tigre. Cette analogie est purement acci- dentelle, car le nom du fleuve n’a rien de commun avec celui que porte l'animal ügre dans les langues de l'Orient. Lorsqu'on se rappelle que le zodiaque qui renferme un chien, un lièvre et un singe, appartient exclusivement à l'Asie orientale, . ! Tlustrazione d’uno Zod. orientale, Cap. VIIT, p. 39, Tay. 2 Le. 48 ‘ VUES DES CORDILLÈRES , et que de là il a vraisemblablement passé, en Amérique, on est surpris de voir qu’on en ait eu connoissance à Rome dans les premiers siècles de notre ère, époque à la- quelle le planisphère deBianchini a été sculpté. Les astrologues ou Chaldéens, établis en Grèce et en Italie, communiquoient sans doute avec ceux de. l'Asie : ces communica- tons devoient être d'autant plus fréquentes et plus étendues, que l'astrologie étoit plus en vogue chez le peuple et à la cour des Césars. cu huit signes qui sont reconnoissables dans D ienbese de Bianchini, il n’y en a qu'un * seul, le cancer, qui n’appartienne pas au zodiaque tartare. Le lièvre qui se trouve chez les Tibétains et les Mexicains , est un peu haut de jambes, mais sa place dans le scorpion le caractérise suffisamment. J’isnore pourquoi M. Bailly a pris le chien ou le loup pour un cochon. Ce dernier animal se trouve cepen- dant aussi dans le zodiaque tartare; il cor- respond au signe des poissons de la sphère grecque; et, ce qui est très-remarquable, dans les planisphères du temple de Tentyra ou voil deux fois, pres de ce même signe, : Dexor, Voyage, PI 130 et 132. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 49 une figure qui tient un cochon dans sa main, Le monument décrit par Bianchini est d’au- tant plus intéressant que, dans aucun ouvrage d'astronomie, grec ou latin, pas même dans les Saturnales de Macrobius, écrites du temps de Théodose, on ne reconnoit les traces de ce cycle d'animaux, dontles Monghols et d’autres hordes tartares qui ont dévasté l’Europe, ont fait, sans doute, usage dans leur chronologie, et que nous n'avons cependant appris à bien connoître que par nos Communicalions avec la Chine et le Japon. Il est étrange que l’élo- quent historien de l’Académie, Fontenelle, n'ait pas reconnu que les rêveries astrolo- giques sont intimement liées aux premières notions de l'astronomie, et qu'elles peuvent servir à répandre du jour sur les anciennes communications des peuples. « Le monument, dit-il, sur lequel Bianchini a désiré des ren- seisnemens, appartient à l’histoire des folies « des hommes, et l’Académie a quelque chose de mieux à faire que de s'occuper de ce < genre de recherches. » Le) A ae ñ Ê AR En réunissant maintenant ce que nousavons exposé sur les différentes divisions de l’éclip- tique, et sur les signes qui président, dans les II. “4 5o VUES DES CORDILLÈRES, deux continens, aux années, aux mois, aux jours et aux heures, nous trouvons les résultats suivans. Chez les peuples qui ont fixé leur attention sur lavouüte étoilée du ciel, le zodiaque lunaire, divisé en vingt-sept ou vingt-huit mansions, est plus ancien que le zodiaque en douze parties; ce dernier, qui n’a d’abord été qu'un zodiaque des pleines lunes , est devenu plus tard un zodiaque solaire. Les noms des mois sont tantôt choisis parmi les mansions lunaires, comme chez les Hindoux ; tantôt ils sont ceux des dodécatémorions, comme dans l’année dionysienne. On dit encore, sur les rives du Gange : les mois Flèche, Maison ou Téte d Antilope; comme, du temps de Ptolémée Philadelphe, on disoit à Alexandrie : les mois Didymon, Parthenon et Aegon, mois des gémeaux, de la vierge et du capricorne ‘. Une liaison intime s’observe entre les noms des dodécatémorions et ceux des nakchatras : chez plusieurs peuples, les derniers ont passé aux jours lunaires. Outre la division réelle de l’écliptique qui est une zone du ciel étoilé , il existe encore, et surtout Jopcer, Æist. Untersuch. S. 364. M “ % ET MONUMENS DE L’AMÉGIQUE. 51 dans l'Asie orientale, des divisions du temps que le soleil emploie pour revenir à peu près aux mêmes étoiles ou au même point de l’ho- rizon. Ces cycles, composés généralement de douze ou de vingt-quatre parties, d’après le nombre deslunaisons ou demi-lunaisons écou- lées, appartiennent platôt à la chronologie qu'à l’astrognosie ; ils ne présentent qu'une di- vision idéale de l’écliptique, dontchaque partie prend un nom et un signe particulier. Tels sont les animaux tartares, les #se et les tstekë des Chinois. Ces signes, qui ne mesurent que le temps et quisubdivisentles saisons, peuvent être inventés chez des peuples qui ne fixent point leur altention sur les étoiles. On auroit pu trouver un véritable zodiaque composé de douze signes qui président aux mois, et, par l’artifice des séries périodiques , aux années, aux jours et aux heures, dans la région basse du Pérou, là même où une couche épaisse de vapeurs dérobe aux habitans la vue des étoiles, sans leur cacher les disques de la lune et du soleil. Les signes du zodiaque idéal, dant la révolution complète (le cercle, an- nulus ) forme une année, (annus, éyraurèc), _ passent facilement aux constellations mêmes : 2 ki me N #4) 52 VUES DES CORDILLÈRES , Le” dès-lors, la division du temps devient une division de l’espace. ; Nous ne discuterons point si le zodiaque des Hindoux, des Chaldéens, des Égyptiens __et des Grecs, n’a point aussi été originaire- ment un cycle’, dont les signes désignoient les variations du climat dans un pays sujet à desinondations périodiques. L’inégale étendue qu'occupent la vierge etle cancer, etle manque de liaison * que l’on observe entre les figures des dodécatémorions et les constellations ex- trazodiacales , semblent donner quelque pro- babilité à cette supposition. Nous voyons, en effet, qu’il est des peuples qui emploient à la fois plusieurs divisions de l’écliptique, et que les signes qui, chez une nation, appartiennent à des constellations, ne sont chez une autre que des divisions du temps. Peut-être exis- toit-1l jadis quelque région de l'Asie dans laquelle le cycle tartare des animaux célestes que Bailly regarde comme le plus ancien des * Ruons, l’ersuch über das Alter des Thierkreises, 1809, S. 15 et 101. 2 Recherches sur l’origine des constellations de la sphère grecque, 1807, p. 63. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 53 zodiaques , tandis que Dupuis : s'efforce à le faire passer pour une table des paranatellons, étoit une division réelle des étoiles placées dans l’écliptique. Pour bien saisir les rapports qui, dès les temps les plus reculés, se sont formés entre les peuples des deux continens, il ne faut pas perdre de vue la liaison intime qui existe entre le zodiaque imaginaire et le zodiaque réel, entre les cycles et les constel- lations de l’écliptique, entre les mansions et les divisions de l’orbite solaire. Ce sont ces mêmes considérations sur le développement progressif de l’astrognosie, qui nous empêchent de décider si les hiéro- glyphes des jours et des années du calendrier toltèque et aztèque , comme les fse et les tcht chinois, n’appartiennent qu’à un Zodiaque imaginaire ou fictif, ou s'ils désignent des constellations zodiacales. Nous avons déjà observé plus haut que les grandes roues qui représentent le cycle de cinquante-deux ans, étoient entourées d’un serpent qui se mordoit la queue , et dont les quatre replis marquoient les quatre indictions. Les hiéroglyphes étant * Origine des cultes, Tom. LIT, p. 362. # Pen) D4 VUES DES CORDILLÈRES, disposés par séries périodiques de quatre : termes, et les intervalles qui séparent un repli de l’autre renfermant douze années, chaque nœud du serpent correspondoit à un autre signe. Je pense que ces quatre nœuds, désignés par lés catastérismes lapin, canne, silex et maison , faisoient allusion aux points des sols- _tices et des équinoxes, ou à l'intersection des colures avec lécliptique. La plus ancienne division du zodiaque, dit Albategnius *, est celle en quatre parties. En effet, dans la pre- mière année du grand cycle des jours, mat- laciliiochtli(1olapin), chicuei acatl(8 canne), chicome calli (7 maison), et matlactlitecpactl (11 silex), répondoient aux 22 décembre, 22 mars, 20 juin et 25 seplembre. Ces jours s'éloignent très-peu des équinoxes et des sols- tices;et,comme l’annéemexicaine commencoit au solstice d'hiver, de même que l’année des Chinois, il est assez naturel que, dans la série périodique des signes des années, le premier ierme soit éochtli, quoique , dans la série des vingt signes des jours, tochtli soit précédé par call. * De scientia stellarum , cap. 2 (ed. Bonon, 1645. p. 3). 3 # ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE, 55 Nous savons en outre, par les notions que Siguenza a puisées dans les ouvrages d’Ixtlil- xochitl, que les quatre replis du serpent et les quatre catastérismes qui leur appartiennent indiquoient les quatre saisons, les quatre élémens et les points cardinaux. La terre étoit dédiée au lapin, et l’eau à la canne; en trai- tant plus haut des signes de la nuit, nous avons vu que Zepeyollotli, une des divinités qui habitent les cavernes, et Cinteoil, la déesse des moissons, accompagnent les signes diurnes lapin et canne. Le sens de ces allé- gories est trop clair pour qu’elles aient besoin d'explication. Les quatre signes des équinoxes et des solstices, choisis dans une série de vingt signes, rappellent en outre les quatre étoiles royales , Aldebaran, Regulus, Antares et Fo- mahault, célèbres dans toute l'Asie, et pré- sidant aux saisons ‘. Dans le nouveau continent, les indictions du cycle de cinquante-deux ans forment, pour ainsi dire, les quatre saisons de la grande année , et les astrologues mexi- cains se plaisoient à voir présider chaque pé- riode de treize ans par un des quatre signes équinoxiaux ou solsticiaux. Firmicus, Lib. VI, c. 1. 56 .. VUES DES CORDILLÈRES , Quoique, dans toutes les parties de PEm- pire mexicain, on se servit des mêmes signes, observe cependant quelque différence dans le choix du signe solsticial et équinoxial placé à la tête du xiuhmolpilli, ou Lgature des années. Les habitans de Tezcuco commen- coient la grande année par acaitl; ceux de Téotihuacan, par calli; les Tolteèques, par tecpatl. On a révoqué en doute si, chez ces mêmes peuples , malgré la différence que nous venons d'indiquer, le premier jour de l'an eut constamment le signe cipactli : mais les fragmens de leurs annales historiques, conservés dans le musée de Boturini et dans la collection du père Pichardo, à Mexico, semblent indiquer que la variété des dates provient de l’époque à laquelle se faisoit l’in- tercalation des treize jours, et non de la diffé- rente manière de marquer le commencement du cycle. | Nous ignorons si les vingt signes des jours mexicains sont les restes d’une ancienne di- vision du zodiaque en vinot-huit mansions lunaires, ou si, avec les quatre signes de la nuit, dont les noms ne se retrouvent pas M | et qu’on les rangeât dans le même ordre, on # ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 57 parmi ceux des ] jours , ils ont formé ancien- i ent vingt-quatre. catastérismes, comme + es fsiekr du zodiaque chinois. Peut-être avoit- on placé entre les quatre signes équinoxiaux et solsticiaux un nombre égal de signes ; peut- être le nombre de vingt ne dérive-t-il que d’une division de l'hémisphère visible en dix parties. Il est certain que cette même division a engagé les Mexicains à partager en dix-huit mois l’année de trois cent soixante jours , et qu’elle est devenue la base d’un système dont nous ne trouvons aucun vestige dans l’ancien continent. J'incline à croire cependant que la division en dix-huit mois de vingt jours est postérieure à une autre en douze lunes de trente jours ; car la méthode de faire présider chaque jour par un signe du zodiaque, et de déterminer le ibiibre des mois par le retour des séries périodiques, a dû se présenter plus tard que l’idée plus simple de diviser l’année d’après le nombre des lunaisons qu’elle ren- ferme. Quoiqu’en Asie il existe des divisions de l’écliptique en vingt-quatre tsieki ‘ et en * Amior, dans les Mémoires concernant les Chinois, Vol. I[,p 161, Gausis, Traité de l’Astr. chin., p. 32. 58 VUES DES CORDILLÈRES, irente-six decans , ces divisions n’y ont pour- tant pas donné lieu à des années de dix ou de quinze mois ; et si l'antiquité nous en offre de quatre, de six ou de vingt-quatre mois, ces divisions ne tiennent pas à l’usage des séries périodiques, comme les dix-huit mois de l’année mexicaine, mais à l'importance attachée aux points équinoxiaux et solsticiaux, aux cycles de soixante jours, et à la durée des demi-lunaisons. Nous avons rappelé plus haut que l’année mexicaine, comme celle des Égyptiens et des Perses, étoit composée de trois cent soixante jours, auxquels on ajoutoit cinq jours épago- mènes furtifs ( musteraka), ou inutiles (1e- montemt). Si les Mexicains n'avoient pas connu l’excès de la durée d’une révolution du soleil sur trois cent soixante-cinq jours ÿ le commencement de leur année, comme celui de l’année vague des Égypliens, auroit passé, à peu près en quatorze cent soixante ans, par toutes les saisons ou par tous les points de l’écliptique. Quatre siècles s’étoient écoulés depuis la réforme du calendrier mexicain, en 1091, jusqu'à l’arrivée des Espagnols. Les écrivains de ce temps affirment ious, qu'à ain … bled ‘1458 cui JE die dé dséigs co Mb DE Lid cs 4 lé us coma dogs ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 59 cette époque, le calendrier desEuropéens coïn- cidoit, à peu de jours près, avec le calendrier aztèque ï calcul exact des éclipses de soleil marquées dans les annales mexicaines , a même rendu probable que la différence observée entre les deux calendriers provenoit en entier de ce que le nôtre n’avoit pas encore subi la correction srégorienne. Examinons mainte- nant quel étoit le mode d’intercalation par. lequel les Mexicains parvenoient à éviter les erreurs de leur chronologie. L’année mexicaine étant solaire et non lunaire, le mode d’intercalation pouvoit être d’une bien plus grande simplicité que celui employé par les Grecs et les Romains, avant l'introduction du Merkidinus. En jetant un coup d'œil général sur les intercalations usitées chez différens peuples, nous voyons que les uns laissent s’accumuler les heures jusqu’à ce qu'elles forment un jour entier, tandis que d’autres négligent l’intercalation jusqu'à ce que les heures excédantes forment une pé- riode qui égale une des grandes divisions de leur année. Le premier mode d’intercalation est celui de l’année iulienne; le second est celui des anciens Perses, qui &joutoient, tous 60 VUES DES CORDILLÈRES, les cent vingt ans, à une année de douze mois, un mois entier de trente jours, et de manière que le mois intercalaire parcourüt toute l'année en 12 GoMARA, p. Cxxx1, CxxxIT. TorQuEMADA, Tom. IF, p. 307. Grmezrt, Tom. VI, p. 75. IL. 6 82 VUES DES CORDILLÈRES , gianus de Veletri, j'y ai reconnu le passage curieux * duquel le jésuite Fabrega a conclu que les Mexicains connoissoient la véritable durée de l’année tropique. On y trouve in- diqués, sur quatre pages, vingt cycles de cinquante-deux ans, ou mille quarante ans : à la fin de cette grande période, on voit le signe du lapin tochtli précéder immédiate- ment, parmi les hiéroglyphes des jours, loi- seau cozquauhtli; de manière que sept jours sont supprimés, ceux de l’eau, du chien, du singe , de l'herbe malinalli, de la canne, du tigre et de l'aigle. Le père Fabrega suppose, dans son Commentaire manuscrit, que cette omission se rapporte à une réforme pério- dique de l'intercalation julienne, parce qu’une soustraction de huit jours, à la fin d’un cycle de mille quarante ans, ramène, par un moyen ingénieux, une année de 3665/,250 à une année de 565,245, qui n’est que de 1’ 26”, ou de 0’,0010 plus grande que la véritable année moyenne, telle que la donnent les Tables de M. Delambre. Quand on a eu oc- casion d'examiner un grand nombre de pein- * Cod. Borg., fol. 48-63. Farreca, MSS, fol. &,. D FS ÿ va vhy ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. S5 tures hiéroglyphiques des Mexicains, et que l'on a vu le soin extrême avec lequel elles sont exécutées dans les plus petits détails, on ne sauroit admettre que l’omission de huit termes, dans une série périodique , soit due au simple hasard. L'observation du père Fabrega mé- rite sans doute d’être consignée ici, non qu’il soit probable qu’une nation n’emploie effec- tivement une réforme du calendrier qu'après de longues périodes de mille quarante ans; mais parce que le manuscrit de Veletrisemble prouver que son auteur a eu connoissance de la véritable durée de l’année. S'il existoit au Mexique, à l’arrivée des Espagnols, une inter- calation de vingt-cinq jours en cent quatre ans , il est à supposer que cette intercalation plus parfaite a été précédée d’une intercala- tion de treize jours en cinquante-deux ans. Or, la mémoire de cette ancienne méthode se sera conservée parmi les hommes, et 1l se peut que le prêtre mexicain, qui a composé le rituel du musée Borgia , ait voulu indiquer dans son livre un artifice de calcul propre à rectifier l’ancien calendrier, en retranchant sept jours d'une grande période de vingt cycles, On ne pourra juger de la justesse de 6 * $4 VUES DES CORDILLÈRES, celte opinion, que lorsqu' un plus grand nombre de peintures mexicaines aura été consulté en Europe et en Amérique : car, je ne saurois le répéter assez, tout ce que nous avons appris jusqu'ici de l’ancien état des peuples du nouveau continent, n’est rien en comparaison des lumières qui seront répan- dues un jour sur cet objet, si l’on parvient à réunir les matériaux qui sont épars dans les deux mondes, et qui ont survécu à des siècles d'ignorance et de barbarie. ( Le monument précieux que j'ai fait repré- senter sur la Planche vit! , et qui avoit déjà été gravé à Mexico, il y a pres de vingtans, sert à confirmer une partie des idées que nous venons de développer sur le calendrier mexi- cain. Cette pierre énorme a été trouvée , au mois de décembre 1790, dans les fondations - du grand temple de Mexitli, à la Plaza mayor de Mexico, à peu près soixante-dix mètres à l’ouest de la seconde porte du palais des vice-rois , et trente mètres au nord du marché des fleurs appelé Portal de las Flores, à la petite profondeur de cinq décimètres. Elle éloit placée de maniere que la partie sculptée ? Planche xxrr1 de l’édition in-fol. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 85 ne pouvoit être vue qu'en la mettant dans une position verticale. Cortez, en détruisant les temples, avoit fait briser les idoles et tout ce qui tenoit au culte ancien. Les masses de pierre qui étoient trop grandes pour qu'on les détruisit, furent enterrées pour les sous- iraire aux yeux du peuple vaincu. Quoique le cerele qui renfermeles hiéroglyphes des jours n'ait que 5”:,4 de diamètre, on reconnoît que la pierre entière formoit un paraïlélipipède rec- tangle de quatre mètres de longueur, d'autant de mètres de largeur, et d’un mètre d'épaisseur. La nature de cette pierre n’est pas cal- caire, comme Faffirme M. Gama, mais de porphyre trappéen gris-noirâtre, à base de wacke basaltique. En examinant avec soi des fragmens détachés, j'y ai reconnu de l’amphi- bole, beaucoup de cristaux très-alongés de feldspath vitreux, et, ce qui est assez remar- quable, des paillettes de mica. Cette roche, fendillée et remplie de petites cavités, est dépourvue de quariz, comme presque toutes les roches de la formation de trapp. Comme son poids actuel est encore &e plus de quatre cent quatre-vinst-deux quintaux (24,400 ki- logrammes }, et qu'aucune des montagnes qui 80 VUES DES CORDILLÈRES; entourent la ville à huit ou dix lieues de distance, n’a pu fournir un porphyre de ce grain et de cette couleur, on se figure aisé- ment les difficultés que les Mexicains ont éprouvées pour transporter une masse si énorme au pied du téocalli. La sculpture en relief a le même fini que l’on trouve dans tous les ouvrages mexicains : les cercles concen- triques, les divisions et les subdivisions sans nombre sont tracés avec une exactitude ma- thématique ; plus on examine le détail de cette sculpture, plus on y découvre ce goût pour la répétition des mêmes formes, cet esprit d'ordre, ce sentiment de la symétrie qui, chez des peuples à demi-civilisés, rem- place le sentiment du beau. Au centre de la pierre se présente le fameux signe 2ahux ollin Tonatiuh (le soleil dans ses quatre mouvemens}) dont nous avons parlé plus haut’. Huit rayons iriangulaires en- tourent le soleil; ces rayons se retrouvent dans le calendrier rituel, tonalamatl, dans les peintures historiques, partout où est figuré le soleil, Tonatiuh?°. Le nombre huit fait * Pag. 28 de ce volume. * Pl.xv, n,° 4. de l’éd. in-fol. (Cod. Borg. Vel. f. 49.) LT MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 87 allusion à la division du jour et de la nuit en huit parties’. Le dieu Tonatiuh est représenté ouvrant une large bouche armée de denis : celte bouche ouverte, cette langue qui en sort, rappellent la figure d’une divinité de l'Hindoustân , celle de Käla, le Temps. : D’après un passage du Bhagavat-guita, «Käla engloutit les mondes, ouvrant une bouche enflammée , armée d’une rangée de terribles dénts, et montrant une langue énorme *. » Tonatiuh, placé au milieu des signes des jours, mesurant l’année par les quatre mou- vemens des solstices et des équinoxes , est en effet le véritable symbole du 7emps : c'est Krichna prenant la forme de Käla, c'est Kronos qui dévore ses enfans, et que nous croyons reconnoître sous le nom de Moloch chez les Phéniciens. Le cercle intérieur offre les vingt signes des jours : en se souvenant que cipactli est le premier, et xochitl le dernier de ces catasté- rismes , On voit qu'ici, comme partout ailleurs, les Mexicains ont rangé les méroglyphes de ? Voyez plus haut, Tom. f, p.339. 2 Traduction de M. Wicxins. Voyez aussi The Hindu Pantheon, art, K&la. 85 VUES DES CORDILLÈRES, droite à gauche. Les têtes des animaux-sont placées dans une direction opposée, sans doute parce que lanimal qui tourne le dos à un autre, est censé le précéder. M. Zoega a observé cette même particularité chez les Égyptiens ". La tête de mort, miquizilr ; placée près du serpent, et laccompagnant comme s/one de lu nuit dans la troisième série périodique, fait exception à la règle générale; elle seule est dirigée vers le dernier signe, tandis que les animaux ont la face iournée vers le premier. Cet arrangement n’est pas le même dans les manuscrits de Veletri, de Rome et de Vienne. IL est probable que la pierre sculptée dont M. Gama a entrepris l'explication, étoit an- ciennement placée dans l'enceinte du téocalli, dans un saccllum dédié au signe o!lin Tona- tiuh. Nous savons, par un fragment d'Her- nandez, que ‘le jésuite Nieremberg nous à conservé dans le huitieme livre de son Eis- toire naturelle, que le grand téocalli renfer- * Zorca, de Obel., p. 464 (où, par erreur typo- graphique , les mots dextrorsum et sinistrorsum sont confondus). ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 89 # moit dans ses murs six fois treize ou soixante- dix - huit chapelles, dont plusieurs étoient dédiées au soleil, à la lune, à la planète Vénus , appelée Z/cuicatitlan ou Tlazolteotl, et aux signes du zodiaque ?. La lune, que tous les peuples regardent comme un astre qui atuüre l'humidité, avoit un petit temple (teccizcalli) construiten coquilles. Les srandes fêtes du soleil (Z'onatiuh) étoient célébrées au solstice d'hiver et dans la seizième période de treize jours, qui étoit présidée à la fois par le signe #ahui ollin Tonatiuh, et par la voie lactée, connue sous le nom de Citlalinycue ou Citlalcueye. Pendant une de ces fêtes du soleil, les rois avoient l'usage de se relirer dans un édifice situé au milieu de l’enceinte du téocalli, et appelé Aueyquauhxicalco. Us y passoient quatre jours dans le jeûne et la pénitence : ensuite on faisoit un sacrifice san- glant en l’honneur des éclipses ( Vetonatiuh- qualo , malheureux soleil mangé ). C’est dans ce sacrifice que de deux victimes masquées, * Euseex Nieremgerert ist. nat., Lib. VIII, cap. 22 (Aniwerpiæ, 1635, p. 142-156). Zempli partes, 3,8, 9, 20, 28. 90 VUES DES CORDILLÈRES, l’une représentoit l’image du soleil, Tonatiuh, et l’autre celle de la lune, Meztli, comme pour rappeler que la lune est la vraie cause de l’éclipse du soleil. Outre les catastérismes du zodiaque mexi- cain et la figure dusigne nahui ollin, la pierre offre aussi les dates de dix grandes fêtes qui étoient célébrées depuis l’équinoxe du prin- temps jusqu à l’équinoxe d'automne. Comme plusieurs de ces fêtes correspondent à des phénomènes célestes, et que l'année mexi- caine est vague pendant l'espace d’un cycle, l'intercalation ne se faisant que de einquante- deux en cinquante-deux ans , les mêmes dates ne désignent pas, quatre ans de suite, les mêmes jours. Le solstice d’hiver qui, la pre- mière année du cycle, a lieu le jour 10 tochtE, * huit ans plus tard a déjà rétrogradé de deux siones, et tombe sur le jour 8 miquiztli. I] en résulte que, pour indiquer les dates par les sisnes des jours, il faut ajouter l’année du cycle à laquelle ces dates correspondent. En elfet le signe 13 cannes, ou matlactly omey acatl, placé au-dessus de la figure du soleil, vers le bord supérieur de la pierre, nous an- nonce que ce monument renferme les fastes ET-MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. g1 de la vingt-sixième année du cycle, depuis le mois de mars jusqu’au mois de septembre. Pour faciliter l'intelligence des signes qui indiquent les fêtes du culte mexicain , je dois rappeler de nouveau que les ronds, placés auprès des hiéroglyphes des jours, sont des termes de la première des trois séries pério- diques dont nous avons développé l'usage plus haut. En comptant de droite à gauche, et en 0) en 0€ CILIPPPERRCSS Va TE ‘OT £T MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 141 PLANCHE XXVIF Peinture hiéroglyplique tirée du ma- nuscrit borgien de Feletri, et signes des jours de l'almanach mexicain. Les vingt signes des jours ont été choisis dans les premières pages du manuscrit de Veletri, qui offrent chacune cinq rangées de treize hiéroglyphes et en tout 5 x 13x4—260 jours, ou une année de vingt demi-lunaisons de l'almanach rituel. Ces deux cent soixante signes sont disposés de manière que quatre doubles pages servent à la réduction des périodes de treize jours en demi-décades de l'almanach civil, dontcinquante-deux forment une année rituelle. Il est digne de remarque aussi que, pour faciliter la lecture de ces tableaux, l’auteur à répété, au commence- ment de chaque rangée , le dernier signe de la rangée précédente. M. Zoega a observé selle même particularité dans la disposition * PI x1 de l’édition in-8.°. 142 VUES DES CORDILLÈRES, des hiéroglyphes égyptiens, et c’est d’après des observations de ce genre qu'il a jugé si les hiéroglyphes étoient lus de droite à gauche ou de gauche à droite. On trouve dans le Codex Borgianus le signe du mouvement, l'empreinte d’un pied, ajouté quelquefois au sione d’un jour:jignore quelle peut être la cause de cette réunion bizarre. Parmi les cinq rangées des hiéroglyphes du jour (PL. xxvir, n.1), la première qui, d'après le système de l'écriture mexicaine, est la série inférieure , présente, de droite à gauche, cipacth, ehecail, calli, cuetzpalin et cohuatl; la seconde , miquistli, mazatl, tochili, atlet itzcuinili; la troisième, ozomatli, malinalli, acatl, ocelotl, quauhtli et cozcaquauhili; la quatrième ou la série supérieure , ollin, tec- patl, quiahuitl et xochitl. Nous avons donné plus haut: la signification de ces hiéroglyphes. En comparant les figures de la Planche xxvnr avec celles publiées par Valadèes, Gemelli, Clavigero et le cardinal Lorenzana, on voit combien sont inexactes les notions données jusqu’icisur les signes du calendrier mexicain, » Vol. I, p. 375et suiv. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 1/45 La peinture représentant une figure que l’on pourroit croire avoir quatre mains (PI. xxvir, n. 2), est ürée du Codex Borgianus , fol. 58. J'ai fait copier une page entière pour donner une idée plus claire de l’économie de ce ma- nuscrit curieux. De même que, parmi les hiéroglyphes mexicains, on ne trouve rien qui annonce le culte du lingam (g#rxs), on n’y observe pas non plus ces figures à plusieurs têtes et à plusieurs mains, qui caractérisent pour ainsi dire les peintures mystiques des Hindoux. L'homme placé à droite dans la case supérieure , est un prêtre vêtu de la peau d’une victime humaine, récemment immolée. Le peintre a marqué les gouttes de sang qui couvrent cette peau : comme celle des mains pend au bras du sacrificateur, ce dernier paroit avoir quatre mains. Ce costume et les cérémonies horribles et dégoütantes qu'il rap- pelle sont décrits par Torquemada ‘. Une - chapelle, connue sous Île nom de yopico, étoit construite au-dessus de la caverne qui renfermoit les peaux humaines. Nous avons vu plus haut que le quatrième mois mexicain, * Mon. ind., Lib. 10, cap. 12 ( Vol. IT, p. 271). 144 VUES DES CORDILLÈRES, tlacaxipehualisiE, qui correspond à notre mois de mars, avoit recu sa dénomination de ces fêtes sanguinaires. Dans le Codex Bor- gianus ; qui est un calendrier rituel, on trouve effectivement la figure d’un prêtre enveloppé dans une peau d'homme , sous le signe du jour qui indique l’équinoxe du printemps". La tête dusacrificateur est couverte d’un de ces bon- nets pointus dont on se sert en‘ Chine et sur les côtes nord-ouest de l'Amérique. En face de cette figure est assis ie dieu du feu, Xiuh- teucili Tletl : aux pieds de ce dernier se trouve un vase sacré. Dans la première année du cycle mexicain, Tletl est le signe de nuit du jour sur lequel tombe l’équinoxe du printemps. La case inférieure (PI. xxvit, n.2) repré- sente le dieu Zonacateuctli, tenant dans la main droite un couteau, des feuilles d’agave et un sac d’encens. Nous isnorons absolument ce que signifient les deux enfans quise tiennent par la main, et dont un commentateur a dit « qu'ils semblent parler la même langue. » 1 Cod. Borg., fol. 25 (Fabr. MSS., n. 105, 275 &t 299). Voyez aussi Vol. I, p. 340. # Ë 2 a ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 145 Le serpent placé au-dessous du temple pour- roit faire soupconner que ce sont les enfans jumeaux de Cihuacohuatl ; la fameuse femme au serpent, \Ëve des Aztèques. Maisles petites figures du Codex Borgianus, fol. 61, sont femelles, comme l'indique évidemment la disposition de leurs cheveux, tandis que celles représentées dans le manuscrit du Vatican ' sont mâles. 1 Voyez PI. vur, PL xxrri de l’éd. in-{ol. 146 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE XXVIIL Hache azteque. Csvre hache, d’un feldspath compacte qui pisse au vrai Jade de Saussure, est chargée d'hiéroglyphes. Je la dois à la bienveillance de M. Don Andrès Manuel del Rio, profes- seur de minéralogie à l'École des mines de Mexico, et auteur d’un excellent Traite d'Oryctognosie ; je l’ai déposée au cabinet du roi de Prusse, à Berlin. Le jade, le felds- path compacte ( dichter feldspath), la pierre lydique et quelques variétés de basalte, sont des substances minérales qui, dans les deux continens comme dans les îles de la mer du sud , ont fourni aux peuples sauvages et aux peuples à demi-civilisés la matière première pour leurs haches et pour différentes armes défensives. De même que les Grecs et les Romains ont conservé l'usage du bronze long-temps après l'introduction du fer, les Mexicains et les Péruviens seservoient encore de haches de pierre, lorsque le cuivre et le / ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 147 bronze étoient déjà assez communs parmi eux. Malgré nos courses longues et fréquentes dans les Cordillères des deux Amériques, nous n'avons jamais pu découvrir le jade en place, et plus cette roche paroît rare, plus on est étonné de la grande quantité de haches de jade que l’on trouve presque partout où l'on creuse la terre dans des lieux jadis habités, depuis l'Ohio jusqu'aux montagnes du Chili. JO * 1/48 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE XXIX. Idole aztèque de porphyre basaltique, trouvée sous le pavé de la grande place de Mexico. Les restes de la peinture et de la scul pire mexicaine que nous avons examinés jusqu'ici, prouvent tous, à l’exception du seul groupe de figures représenté sur la Planche xx, une ignorance entière des proportions du corps humain, beaucoup de rudesse et d’incorrec- tion dans le dessin, mais une recherche de vérité minutieuse dans le détail des acces- soires. On peut être surpris de trouver les arts d'imitation dans cet état de barbarie, chez un peuple dont l'existence politique annoncoit, depuis des siècles, un certain degré de civilisation, et chez lequel lidolâtrie, les superstitions astrologiques, et le désir de conserver la mémoire des événemens , mul- tiplioient le nombre des idoles, comme celui des pierres sculptées et des peintures histo- ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 149 riques. Il ne faut pas oublier, cependant, que plusieurs nations qui ont joué un rôle sur la scène du monde , principalement les peuples de l'Asie centrale et orientale, auxquels les habitans du Mexique paroïissent tenir par des liens assez étroits, offrent ce même contraste de perfectionnement social et d’enfance dans les arts. On seroit tenté d'appliquer aux habi- tans de 1 Tartarie et aux peuples montagnards du Mexique ce qu'un grand historien de l'antiquité a dit des Arcadiens : « Le climat triste et froid de l’Arcacie donne aux habitans un caractère dur et austère, parce qu'il est naturel que les hommes, par leurs mœurs, leur figure , leur couleur et leurs institutions, ressemblent au elimat.» Mais, à mesure que l’on examine l’état de notre espèce dans diffé- rentes régions, et que l’on s’accoutume à comparer la physionomie des pays avec celle des peuptes qui s’y sont fixés, on se méfie de cette théorie spécieuse qui rapporte au climat seul ce qui est dû au concours d’un grand nombre de circonstances morales etphysiques. 1 Porys. Æist., Lih. IV, $. 80 (ed. Casaub., 1609, p. 590, D). 150 VUES DES CORDILLÈRES, | Chez les Mexicains, la férocité des mœurs sanctionnée par un culte sanguinaire, la tyran- nie exercée par les princes et les prêtres, les rêves chimériques de lastrologie et l'emploi fréquent de l'écriture symbolique, paroissent avoir singulièrement contribué à perpétuer la barbarie des aris et le goût pour des formes incorrectes et hidevses. Ces idoles, devant lesquelles ruisseloit journellement ie sang des victimes humaines, « ces prenuères divinités enfaniées par la crainte, » réunissoient dans leurs attributs ce que la nature offre de plus étrange. Le caractère de la figure humaine disparoissoit sous le poids des vétemens, des casques à lête d'animaux carnassiers, el des serpens qui entorlilloient le corps. Un respect religieux pour les signes faisoit que chaque idole avoit son type individuel dont il n'étoit pas permis de s'écarier. C'est ainsi que le culte perpétuoit lincorrection des formes, et que le peuple s’accoutumoit à ces réunions de parties monstrueuses, que l’on disposoit ce- pendant d’après des idées systématiques. L’as- trologie et la manière compliquée de désigner graphiquement les divisions du temps, étoient la principale cause de ces écarts d'imagination. ET MONUMENS DE L' AMÉRIQUE. 191 Chaque événement paroissoit influencé à la fois par les hiéroglyphes qui présidoient au jour, à la demi-décade, ou à l’année. De là l'idée d’accoupler des signes , et de créer ces êtrés purement fantastiques que noustrouvons répétés tant de fois dans les peintures astro- logiques parvenues jusqu'à nous. Le génie des langues américaines qui, semblable à celui du sanscrit, du grec et des langues d’origine germanique, permet de rappeler un grand nombre d'idées dans un seul mot, a facilité sans doute ces créations bizarres de la mytho- logie et des arts imitatifs. Les peuples, fidèles à leurs premières ha- bitudes, quel que soit le degré de leur cul- ture intellectuelle, poursuivent , pendant des siècles, la route qu'ils se sont tracée. Un écrivain plein de sagacité * à remarqué, en parlant de la simplicité imposante des hiéro- elyphes égyptiens, « que ces hiéroglyphes offrent plutôt une absence qu'un vice d’imi- tation. » C’est au contraire ce vice d'imitation, ! QuarTrEMÈèRE DE Quincr, sur l'idéal dans les arts du dessin , dans les Archives littéraires, 1805, n.° 21, .p. 300 et 310. } 192 VUES DES CORDILLÈRES, ce goût pour les détails les plus minutieux, cette répétition des formes les plus communes, qui caractérisent les peintures historiques des Mexicains. Nous avons déjà rappelé plus haut’ qu'il ne faut pas confondre des repré- sentations, dans lesquelles presque tout est individualisé, avec des hiéroglyphes simples, propres à représenter des idées abstraites. Si les Grecs, dans ces derniers, ont puisé le sentiment du style idéal ?, les peuples mexi- cains ont trouvé, dans l'emploi fréquent des peintures historiques et astrologiques, et dans leur respect pour des formes le plus souvent bizarres et toujours incorrectes , des obstacles invincibles au progrès des arts imitatifs. C’est en Grèce que la religion est devenue le prin- cipal soutien de ces arts auxquels elle a donné la vie. L’imagination des Grecs à su répandre de la douceur et du charme sur les objets les plus lugubres. Chez un peuple qui porte le joug d’un culte sanguinaire, la mort se pré- sente partout sous les emblèmes les plus effrayans : elle est gravée sur chaque pierre, 1 Pag. 27 de ce volume. 2 QuATREMÈRE DE Quixcr, p. 303-307. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 153 on la trouve inscrite sur chaque page de leurs livres ; les monumens religieux n’ont d'autre but que de produire la terreur et lépouvante. J'ai cru devoir rappeler ces idées, avant de fixer l'attention du lecteur sur l'idole mons- trueuse que représente la Planche xxix. Cette roche, sculptée sur toutes ses faces, a plus de trois mètres de hauteur et deux metres de largeur. Elle a été trouvee sous le pavé de la Plaza Mayor de Mexico, dans l'enceinte du grand temple , au mois d'août 1790, par con- séquent peu de mois avant ‘ que l’on décou- vrit la pierre énorme qui représente les fastes et les hiéroglyphes des jours du calendrier aztèque. Les ouvriers qui faisoient des exca- vations pour construire un aqueduc sou- terrain, la rencontrèrent dans”une position horizontale, trente-sept metres à l’ouest du palais du vice-roi, et cinq mètres au nord de l'Asequia de San Josef, Comme il n'est guère probable que les soldats de Cortez, en enterrant les idoles pour les soustraire aux yeux des indigènes, aient fait transporter des masses d’un poids considérable très-loin du * Voyez plus haut p. 84. 154 VUES DES CORDILLÈRES, sacellum où elles étoient originairement pla- cées , il est important de désigner avec pré- cision les endroits dans lesquels on a trouvé chaque reste de la sculpture mexicaine. Ces nolions deviendront surtout intéressantes, si un gouvernement, jaloux de répandre des lumières sur l’ancienne civilisation des Amé- ricains , fait faire des fouilles autour de la cathédrale, sur la place principale de l'ancien Ténochuütlan, et au marché de Tlatelolco , où, dans les derniers jours du siége, les Mexicains s’étoient relirés avec leurs dieux pénaies ( Tepitotan ), avec leurs livres sacrés (Teoamoxtli), et avec tout ce qu'ils possé- doient de plus précieux. En jetant les yeux sur l’idole figurée sur la Planche xxrx, telle qu’elle se présente vue par devant ( Fig. 1), par derrière ( Fig. 5), de côté (Fig. 2), par dessus (Æ%9. 4), par dessous (F2. 5), on pourroit d'abord être tenté de croire que ce monument est un teotetl, pierre divine, une espèce de bétyle * orné de sculptures, une roche sur laquelie Gama, descripcion de las Piedras , etc. , p. 2. 2 ZorcA, de Obel., p. 208. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 195 sont gravés des signes hiéroglyphiques. Mais, lorsqu'on examine de plus près celte masse informe, on distingue, à la partie supérieure, les têtes de deux monstres accolés ; et l’on irouve , à chaque face ( Fig. 1 et 5), deux yeux et une large gueule armée de quatre dents. Ces figures monstrueuses n’indiquent peut-être que des masques : car, chez les Mexicains, on étoit dans l'usage de masquer les idoles à l’époque de la maladie d'un roi’, et dans toute autre calamité publique. Les bras et les pieds sont cachés sous une draperie entourée d'énormes serpens, et que les Mexi- cains désisnoient sous le nom de cohuatlicuye, vêtement de serpent. Tous ces accessoires, surtout Îles franges en forme de plumes, sont sculptés avec le plus grand soin. M. Gama, dans un mémoire particulier, a rendu très- probable que cette idole représente ( Fg.3) le dieu de la guerre, Æuitzilopochtli, ou 1 lacahucpancuexcotzin , et (Fig. 1) sa femme, appelée Teoyamiqui* (de miqui, mourir, et de teoyao , guerre divine), parce qu’elle con- * Gomara, Conquista de Mexico, p. 123. ? Borurint, Idea de una nueva Historia general, p. 27 et 66. Pre La De ” 156 | VUES DES CORDILLÈRES, duisoit les ames des œuerriers morts pour la défense des dieux , à Ha r7aison du Soleil, le paradis des Mexicains ‘, où elle les transfor- moit en colibris. Les têtes de morts et les mains coupées , dont quatre entourent le sein de la déesse, rappellent les horribles sacri- fices (teoquauhquetzoliztlf} célébrés dans la quinzième période de treize jours, après le solstice d'été, à l'honneur du dieu de la guerre et de sa compagne Teoyamiqui. Les mains coupées alternent avec la figure de certains vases dans lesquels on brüloit l’encens. Ces vases étoient appelés top-xicalli, sacs en Jorme de calebasse ( de toptl, bourse tissue de fil de pite, et de xicalli, calebasse). Cette idole étant sculptée sur toutes ses faces, même par dessous (Fig. 5), où l’on voit représenté Mictlanteuhtli, le seigneur du lieu des morts, on ne sauroit douter qu’elle étoit soutenue en l'air au moyen de deux colonnes sur lesquelles reposoient les parties marquées À et s, dans les figures 1 et 5. D'après cette disposition bizarre, la tête de * Torquemana , Lib. XIII, €. 48 (Tom. IT, p. 569). M LA ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 157 l'idole se trouvoit vraisemblablement élevée de cinq à six mètres au-dessus du pavé du temple, de manière que les prêtres (7Teoc- pixqui) trainoient les malheureuses victimes à l’autel, en les faisant passer au-dessous de la figure de Mictlanteuhtlr. Le vice-roi, comte de Revillagigedo, a fait transporter ce monument à l'édifice de PÜni- versité de Mexico, qu'il a regardé « comme l'endroit le plus propre pour conserver un des restes les plus curieux de l'antiquité amé- ricaine ". » Les professeurs de cette Université, religieux de l’ordre de Saint - Dominique, n’ont pas voulu exposer celte idole aux yeux de la jeunesse mexicaine ; ils l'ont enterrée de nouveau dans un des corridors du collége, à une profondeur d'un demi-mètre. Je n’au- rois pas été assez heureux pour pouvoir l'examiner, si l’évêque de Monterey, Don Feliciano Marin, qui passa par Mexico pour se rendre dans son diocèse, n’avoit pas, à ma prière, engagé le recteur de l'Université à la faire déterrer. J'ai trouvé très-exact le 1 Officio del 5 sept. 1790. 158 VUES DES CORDILLÈRES, dessin de M. Gama, que j'ai fait copier sur la Planche xxix. La pierre qui a servi à ce monument, est une wakke basaltique gris bleuâtre, fendillée et remplie de feldspath vitreux. Les mêmes fouilles auxquelles nous devons les sculptures représentées Planches xxr, xxtir! et xxix, ont aussi fait découvrir, au mois de janvier 1791, un tombeau de deux mètres de longueur sur un mètre de largeur, rempli de sable très-fin, et renfermant un squelette bien conservé d’un quadrupède carnassier. Le tombeau étoit carré et formé de dalles d’unygdaloïde poreuse , appelée tezonile. L'animal paroissoit un coyote ou loup mexi- cain. Des vases d'argile et des grelots de bronze tres-bien fondus se trouvoient placés à côté des ossemens. Ce tombeau étoit sans doute celui de quelque animal sacré ; car les écrivains du seizième siècle nous apprennenk que les Mexicains érigeoient de petites cha- pelles au loup, chantico; au tigre, Uatocao- celotl; à l'aigle, quetzalhuexoloquauhtl , et à la couleuvre. Le cou, ou sacellum du chan- 4 PI. vase de l’éd. in-8,°, ET MONUMENS DE L’AMÉRIQ UP. 159 tico, s'appeloit tetlanman; et, qui plus est, les prêtres du loup sacré formoient une con- grésation particulière, dont le couvent por-- toit le nom de Zetlacmancalinecac . Il est facile de concevoir comment les divi- sions des zodiaques, et les noms des signes qui président aux jours, aux deimi-lunaisons et aux années, ont pu conduire les hommes au culte des animaux. Les peuples nomades comptent par lunaisons; ils distinguent la lune des lapins, celle des tigres, celle des chèvres, etc., selon qu'à différentes époques de l’année les animaux sauvages ou domes- tiques leur offrent des jouissances, ou leur inspirent des craintes. Lorsque peu à peu les mesures du temps deviennent des mesures de espace *, et que les peuples forment la dodé- catémorie du zodiaque des pleines lunes, les noms des animaux sauvages et domestiques passent aux conslellalions mêmes. C’est ainsi que le zodiaque tartare, qui ne renferine que de vrais Code , peut être considéré comme le 1 NirremeErG , ist. nat., Lib. VIIL, c. 22, p. 144. Torquemana, Lib. 11, c. 58; Lib. VILI, c. 13 (Tom. I, p. 194, Tom. I], p. 29). * Voyez plus haut, p. 52. 169 VUES DÈS CORDILLÈRES , zodiaque des peuples chasseurs et pasteurs, Le tigre, inconnu à l'Afrique, lui donne un caractère exclusivement asiatique: Cet animal ne se retrouve plus dans les zodiaques chal- déen, égyptien ou grec, dans lesquels le tiswre, le hèvre, le cheval et le chien, sont remplacés par le lion de l'Afrique, de la Thrace et de l'Asie occidentale, par la ba- lance, les sémeaux, et, ce qui est lres-remar- quable, par les symboles de l’agriculture ; le zodiaque égyptien est le zodiaque d’un peuple agricole. À mesure que les nations se sont civihsées, et que la masse de leurs idées s'est accrue , les dénominations des constel- Jations zodiacales ont perdu leur uniformité primitive , et le nombre des animaux célestes a diminué; ce nombre cependant est resté assez considérable pour exercer une in- fluence sensible sur les religions. Les rêve- ries astrologiques ont porté les hommes à attacher une haute importance aux signes qui président aux différentes divisions du temps. À Mexico, chaque signe des jours avoit son autel. Dans le grand réocalli ( Scoù aa), on voyoit, pres de la colonne qui supportoi l’image de la planète Vénus ( Zlhur- ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 161 catitlan), de petites chapelles pour les catas- térismes macuilcalli (5 maison), ome tochtli (2 lapin), chicome atl (7 eau), et nahuz ocelotl (4 tigre }: comme la majeure partie des hiéroglyphes des jours étoit composée d'animaux, le culte de ces derniers se trou- voit intimement lié au système du calendrier. IT, 11 162 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE XX X. Cascade du Rio F. inagre, prés du volcan de Puracé. LA ville de Popayan, chef-lieu d’une pro- vince du royaume de la Nouvelle-Grenade, est située dans la belle vallée de Rio Cauca, au pied des grands volcans de Pufacé et de Sotara. Sa hauteur au-dessus du niveau de la mer du sud n'étant que de dix-huit cents mètres, elle jouit, sous une latitude de 2° 267 17”, d’un climat délicieux, beaucoup moins chaud que celui de Carthago et d'Iba- gué, et infiniment plus tempéré que celui de Quito et de Santa-Fe de Bogota. En montant de Popayan vers la cime du volcan de Puracé, une des hautes cimes des Andes, on trouve, à deux mille six cent cinquante mètres d’élé- vation, une petite plaine (Zlano del Corazon), habitée par des Indiens, et cultivée avec le plus grand soin. Cette plaine charmante est limitée par deux ravins extrêmement profonds, Pc ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 163 et c’est au bord des précipices que sont cons- truites les maisons du village de Puracé. Des sources jaillissent partout du roc porphyri- tique : chaque jardin est entouré d’une haie vive d'euphorbes ( Zchero ) à feuilles minces ét du vert le plus tendre. Rien de plus agréable que le contraste de cette belle verdure , avec le rideau de montagnes noires et arides qui entourent le volcan, et qui sont déchirées par l'effet des tremblemens de terre. Le petit village de Puracé, que nous avons visité au mois de novembre 1801, est célèbre dans le pays à cause des belles cascades de la rivière de Pusambio , dont l’eau est acide, et que les Espagnols appellent Kio Finagre. Cette petite rivière est chaude vers sa source: elle doit probablement son origine à la fonte journalière des eaux de neige, et au soufre qui brûle dans l’intérieur du volcan. Elle forme, près de la plaine du Corazon, trois cataractes, dont les deux supérieures sont très-considérables. C’est la seconde de ces chutes (chorreras ) qu'offre la Planche xxx: je l'ai dessinée telle qu’on la voit du jardin d'un Indien, voisin de la maison du mis- sionnaire de Puracé, qui est un religieux 14 1 164 VUES DES CORDILLÈRES , franciscain. L'eau, qui s’ouvre un chemin à travers une caverne, se précipite à plus de cent vingt mètres de profondeur. La cascade est d’un effet extrêmement pittoresque : elle attire l'attention des voyageurs; mais les ha- bitans de Popayan désireroient que la rivière, au lieu dese mêler au Rio Cauca, s’engouffrât dans quelque crevasse ; car ce dernier, pen- dant quatre lieues, est dépourvu de poissons à cause du mélange de ses eaux avec celles du Rio Vinagre, qui sont chargées à la fois d'oxide de fer et d'acides sulfurique et muriatique. ; Le premier plan du dessin présente un groupe de Pourretia pyramidata, plante voisine du Pitcairnia, connue dans les Cor- dillères sous le nom d’achupallas. La tige de cette plante est remplie d’une moelle fari- neuse qui sert de nourriture au grand ours noir des Andes, et quelquefois, dans les temps de disette, aux hommes mêmes. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 165 PLANCHE XXXI. Poste aux lettres de la province de Jaën de Bracamoros. Pour rendre plus promptes ies communi- cations entre les côtes de la mer du Sud et la province de Jaën de Bracamoros, située à l’est des Andes, le courrier du Pérou des- cend, pendant deux jours, à la nage, d’abord la rivière de Guancabamba ou Chamaya, ensuite celle des Amazones, depuis Poma- huaca et ingatambo jusqu’à Tomependa. Il enveloppe le peu de lettres dont il est chargé tous les mois, tantôt dans un mouchoir, tantôt dans une espèce de calecon appelé gwayuco, qu'il lie en forme de turban autour de sa tête. Ce turban renferme aussi le grand couteau (machette) dont tout Indien est armé , moins pour sa défense que pour se faire jour à travers les forêts. Le Rio de Chamaya n’est pas navigable, à cause d’une infinité de petites cascades : ü En 166 VUES DES CORDILLÈRES, j'ai trouvé * sa chute de cinq cent quarante- deux mètres depuis le gué de Pucara jusqu'a son embouchure dans la riviere des Ama- zones, au-dessous du village de Choros, sur la petite distance de dix-huit lieues. Le cour- nier de Truxillo est appelé, dans le pays, le courrier qui nage (el coreo que nada), La Planche xxx1 le représente tel que nous l'avons rencontré au village de Chamaya j au moment de se jeter à l’eau. Pour se fati- guer moins en descendant la rivière, il em- brasse un tronc de Bombax ou d'Ochroma (palo de valzsa), qui sont des arbres d’un bois extrêmement léger. Lorsqu'un banc de rocher embarrasse le lit de la rivière, il prend terre au-dessus de la cascade, traverse la forêt, et se rejelte à l’eau dès qu'il n’y voit plus de danger. Il n’a pas besoin de prendre des provisions avec lui, car il trouve l'hospitalité dans un grand nombre de cabanes environnées de plantations de bananiers, et situées le long du rivage entre las Huertas de Puaara, Ca - vico, Sonanga et Tomependa. Quelquefois, © Voyez mon Recueil d'Observ. astron., Vol. 1 p. 914. | bi : Cp ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 167 pour faire le voyage d’une manière plus agréable , il se fait accompagner par un autre Indien. Les rivières qui mêlent leurs eaux à celles du Maragnon, au-dessus du Pongo de Mayasi, n’ont heureusement pas de croco- diles ; aussi les hordes sauvages voyagent-elles presque toutes à la manière du courrier péruvien. IL est assez rare que ce courrier perde des lettres ou qu'elles soient mouillées, pendant la traversée d'Ingatambo à la rési- dence du gouverneur de Jaën. Après s'être reposé quelques jours à Tomependa, il re- tourne ou par le Paramo del Pareton, ou par le chemin affreux qui conduit aux villages de San Felipe et de Sagiqué, dont les forêts abondenten quinquina de la plus belle qualité. nes 168 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE XXXIL Histoire hiéroglyphique des Aztèques, depuis le déluge jusqu'à la fonda- tion de la ville de Mexico. Cerre peinture historique a déjà été pu- bliée à la fin du dix -septième siècie, dans la relation du voyage de Gemelli Carrert. Quoique le Giro del Mondo , de cet auteur, soit un ouvrage assez répandu, nous avons cru devoir reproduire cette pièce , sur l’au- thenticité de liquelle on a élevé des doutes peu fondés, et qui méritent d’être examinés avec la plus scrupuleuse attention. Ce n’est qu’en réunissant un grand nombre de mo- nuinens qu'on peut espérer de répandre quelque jour sur lhistoire, les mœurs et la civilisation de ces peuples de l'Amérique, qui isnoroient l’art admirable de décomposer les sons et de les peindre par des caractères isolés ou groupés. La comparaison des monu- mens entre eux ne facilite pas seulement leur explication ; elle offre aussi des données ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 169 certaines sur la confiance que méritent les traditions aztèques consignées dans les écrits des premiers missionnaires espagnols. Je pense que des modifs si puissans nous justifieront assez d’avoir fait choix de quelques monu- mens épars dans des ouvrages imprimés, pour les ajouter à tant de monumens inédits, publiés dans ce recveil. Le dessin hiérogiyphique qu'offre la Plan- che xxxri a été d’auiant plus négligé jusqu'ici qu'il se trouve dans un livre qui, par l'effet du scepticisme le plus extraordinaire, a été considéré comme un amas d'impostures et de mensonges. «Je n’ai pas osé parler de Gemelli Carreri, dit l'illusire auteur de l’Æistotre de l'Amérique , parce qu'il paroît que c’est maintenant une opinion reçue que ce voya- geur n'a jamais quitté l'Italie, et que son Tour du Monde est la relation d’un voyage fictif, » Il est vrai que, tout en énoncant cette opinion, Robertson ne paroît pas la partager : car il ajoute judicieusement que les motifs de celte imputation de fraude ne lui paroissent pas très-évidens ‘. Je ne déciderai pas la ques- * RoserTson’s History of America , 1803, Vol. IIE, p. 401. 170' VUES DES €CORDILLÈRES , üon si Gemelli a été en Chine ou en Perse; mais ayant fait, dans l'intérieur du Mexique, une grande partie du chemin que le voyageur italien décrit si minutieusement, je puis af- firmer qu'il est aussi indubitable que Gemelli a été à Mexico, à Acapulco, et dans les petits villages de Mazatlan et de San Augustin-de las Cuevas, qu'il est certain que Pallas a été en Crimée, et M. Salt en Abyssinie. Les des- criplions de Gemelli ont cette teinte locale qui fait le charme principal des relations de voyages écrites par les hommes les moins éclairés, et que ne peuvent donner que ceux qui ont eu l'avantage de voir de leurs propres yeux. Un ecclésiastique respectabie, l'abbé Clavigero *, qui a parcourusle Mexique presque un demi-siècle avant moi, a déjà élevé la voix pour la défense de l’auteur du Giro del Mondo : il a très-justement observé que, sans avoir quitté l'Italie, Gemelli n’au- roit pu parler, avec cette grande exactitude des personnes qui vivoient de son temps, des couvens de la ville de Mexico, et des églises de plusieurs villages dont le nom étoitinconnu 4 Séoria antica di Messico, Vol. T, p. 24. À Ml. 6 ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 171 en Europe. La même véridicité, et nous devons insister sur ce point, ne se manifeste pas dans les notions que l’auteur prétend avoir puisées dans les récits de ses amis. L'ouvrage de Gemelli Carreri, comme celui d’un voya- geur célèbre qui de nos jours a été traité avec une si grande sévérité, semble offrir un mé- lange inextricable d’erreurs et de faits exac- tement observés. Le dessin de la migration des Aztèques a fait jadis partie de la fameuse collection du docteur Siguenza, qui avoit eu en héritage les peintures hiéroglyphiques d’un noble Indien, Juan de Alba Ixtlilxochitl. Cette collection, comme l'affirme l'abbé Clavigero, a été con- servée jusqu’en 1759, au collége des jésuites à Mexico. On ignore ce qu'elle est devenue après la destruction de l’ordre; j'ai vainement feuilleté les peintures azièques conservées à la bibliothèque de l’université, je n’ai pas pu trouver l'original du dessin que représente la Planche xxxr1; mais il en existe à Mexico plusieurs anciennes copies qui certainement n'ont pas élé faites sur la gravure de Gemelli Carreri. Si l’on compare aux hiéroglyphes contenus dans les manuscrits de Rome et de 172 VUES DES CORDILLÈRES, Veletri, ét dans les recueils de Mendoza et de Gama, tout ce que la peinture des migrations offre de symbolique et de chronologique, on ne voudra certainement pas ajouier foi à l'hypothèse , d'apres laquelle le dessin de Gemelli est la fiction de quelque moine es- pagnol qui à tenté de prouver, par des mo- numens apocryphes, que les traditions des Hébreux se retrouvent chez les peuples indi- gènes de l'Amérique. Tout ce que nous savons sur l’histoire, le culte, l’asirologie et les fables cosmogoniques des Mexicains , forme un système dont les parties sont étroi- iement liées entre elles. Les peintures, les bas-reliefs, les ornemens des idoles et des pierres diwines (ieotetl chez les Aztèques, ! Secù mérpa chez les Grecs), tout porte le même caractère, la même physionomie. Le cata- clysme par lequel commence Fhistoire des Azièques, et duquel Coxcox se sauve dans une barque, est indiqué avec les mêmes circonstances dans le dessin qui représente les destructions et régénérations du monde”. Les quaire indications (tlalpilli) qu ont * PE, de l’éd. m-8.°. a 20 PT. ondes ant fers. » La er ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 179 rapport" à ces catastrophes ou aux subdivi- sions de la grande année , se trouvent sculptées sur une pierre découverte en 1790, dans les fondations du téocalli de Mexico. Robertson, qui emploie partout la critique la plus sévère dans Ja recherche des faits, a reconnu aussi, dans l2 dernière édition de son ouvrage, l'authenticité des peintures du musée de Siguenza. On ne sauroit douter, dit ce grand hisiorien , que ces peintures nesoient dues aux indigènes du Mexique, et la correc- tion du dessin semble prouver seulement que la copie a été faite ou retouchée par un artiste européen. Cette dernière observation ne pa- roit pas entièrement confirmée par le grand nombre de peintures hiéroglyphiques con- servées dans les archives de la vice-ro yauté à Mexico. On ÿ reconnoiît , depuis la conquête, surtout depuis l’année 1540, un perfection- nement sensible dans l’art du dessin. J’ai vu, dans la collection de Boturini, des toiles de coton ou des rouleaux de papier d'agave, sur lesquels étoient représentés, par des contours assez corrects, des évêques montés sur des ? Voyez plus haut p. 55 et 132: 174 VUES DES CORDILLÈRES, mules , des lanciers espagnols à cheval, des bœufs conduisant une charrue, des vaisseaux arrivant à la Vera-Cruz, et nombre d’autres objets inconnus aux Mexicains avant l’arrivée de Cortès. Ces peintures sont faites, non par des Européens , mais par des Indiens et des Métis. En parcourant les manuscrits hiérogly- phiques de différentes époques, on suit avec intérêt la marche progressive des arts vers la perfection. Les figures, de trapues qu’elles étoient , deviennent plus sveltes ; les membres se séparent du tronc ; l'œil ne se présente plus de face dans les têtes vues de profil; les che- vaux qui, dans les peintures aztèques, ressem- bloient aux cerfs mexicains , prennent peu à peu leur véritable forme. Les figures ne sont plus groupées en style de procession; leurs rapports se multiplient : on les voit en action; et la peinture symbolique, qui désigne ou rappelle les événemens plutôt qu'elle ne les exprime, se transforme insensiblement en une peinture animée qui n emploie que quelques hiéroglyphes phonétiques propres à indi- quer les noms des personnes et des sites. ? Voyez Vol. I, p. 190 et 191. ÿ LT MONUMENS DÉ L'AMÉRIQUE. 175 J'incline à croire que le tableau, que Si- guenza à communiqué à Gemelli, est une copie faite après la conquête, soit par un indigène, soit par un mélis méxicain. Le peintre n’a sans doute pas voulu suivre les formes incorrectes de l'original : il a imité avec une scrupuleuse exactitude les hiéro- glyphes des noms et des cycles; mais il a changé les proportions des figures humaines, qu'il a drapées d'une manière analogue à celle que nous avons reconnue : dans d’autres peintures mexicaines. Voici les événemens principaux qu’indique la Planche xxx, d’après l'explication de Siguenza, à laquelle nous ajouterons quelques notions tirées des annales historiques des Mexicains. L'histoire commence par le déluge de Coxcox ou par la quatrième destruction du monde qui, selon la cosmogonie aztèque, termine le quatrième des grands cycles, atonatiuh, Väge de l’eau ?. Ce cataclysme arriva, selon les deux systèmes chronolo- 4? PI. xrv de l’éd. in-fol., n.° 5 et 7. Voyez plus haut p. 128. 176. VUËS DES CORDILLÈRES, giques recus, ou mille quatre cent dix-sept ou dix-huit mille vingt-huit ans après le com- mencement de l’âge de la terre ; tlaltonatiuh. L’'énorme différence de ces nombres doit moins nous étonner quand nous nous rap- pelons les hypothèses que, de nos jours, Bailly, William Jones et Bentley: ont mises en avant sur la durée des quatre J'ougas des Hindoux. Parmi les différens peuples qui habitent le Mexique, des peintures qui re- présentoient le déluge de Coxcox se sont trouvées chez les Aztèques, les Miztèques, les Zapotèques, les Tlascaltèques et les Mé- choacaneses. Le Noë, Xisutrus ou Menou de ces peuples, s'appelle Coxcox , Teo-Cipactli ou Tezpi. Il se sauva, conjointement avec sa femme Xochiquetzal, dans une barque, ou, selon d’autres traditions, dans un radeau d’Abhuahuete ( Cupressus distichia ). La pein- ture représente Coxcox au milieu de l’eau, étendu dans une barque. La montagne dont le sommet couronné d’un arbre s'élève au-dessus des eaux, est V'Ararat des Mexicains , le Pic de Colhuacan. * Asiat. Recherches, Vol. VIII, p. 195. 2 ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 177 La corne qui est représentée à gauche, est l'hiéroglyphe phonétique de Colhuacan. Au pied de la montagne paroissent les têtes de Coxcox et de sa femme : on reconnoît cette dernière par les deux tresses en forme de cornes, qui, comme nous l'avons observé plusieurs fois, désignent le sexe féminin. Les hommes nés après le déluge étoient muets : une colombe, du haut d’un arbre, leur dis- tribue des langues représentées sous la forme de petites virgules ?. Il ne faut pas confondre cette colombe avec l'oiseau qui rapporte à Coxcox la nouvelle que les eaux se sont écoulées. Les peuples de Mechoacan con- servoient une tradition d'après laquelle Cox- cox , qu'ils appellent Tezpi, s’embarqua dans un acalli spacieux avec sa femme , ses enfans, plusieurs animaux et des graines dont la con- servation étoit chère au genre humain. Lors- que le grand esprit Tezcatlipoca ordonna que les eaux se retirassent, Tezpi fit sortir de sa barque un vautour, le zopilote (F. ultur aura), L'oiseau qui se nourrit de chair morte ne revint pas, à cause du grand nombre de * Voyez plus haut le Procès, PI. v de l’éd. in-8.°. IT. 12 + 176 VUES DES CORDILLÈRES, cadavres dont étoit jonchée la terre récem- ment desséchée.T'ezpienvoyad’autresoiseaux, parmi lesquels le colibri seul revint en tenant dans son bec un rameau garni de feuilles : alors Tezpi, voyant que le sol commencoit à se couvrir d'une verdure nouvelle, quitta sa barque près de la montagne de Colhuacan. Ces traditions, nous le répétons ici, en rappellent d’autres d’une haute et vénérable antiquité. L'aspect des corps marins, trouvés jusque sur les sommets les plus élevés; pour- roit faire naître, à des hommes qui n’ont eu aucune communication, l'idée de grandes inondations qui ont éteint, pour quelque temps, la vie organique sur la terre : mais ne doit-on pas reconnoître les traces d’une origine commune partout où les idées cos- mogoniques et les premières traditions des peuples offrent des analogies frappantes jusque dans les moindres circonstances? Le cohbri de Tezpi ne rappelle-t-il pas la colombe de Noé, celle de Deucalion, et les oiseaux que, d’après Berose, Xisutrus fit sortir de son arche , pour reconnoître si les eaux étoient écoulées, et si déjà il pouvoit ériger des autels aux dieux protecteurs de la Chaldée? ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 179 Les langues que la colombe avoit distribuées aux peuples de l'Amérique (n.° 1) étant infi- niment variées , ces peuples se dispersent , et seulement quinze chefs de famille, qui par- loient une même langue, et desquels des- cendent les Toltèques, les Aztèques et les Acolhues, se réunissent et arrivent à Aztlan (pays des Garces ou Flamingos). L'oiseau placé sur l’hiéroglyphe de l’eau , atl, désigne Aztlan. Le monument pyramidal à gradins est un {éocalli. Je suis surpris de trouver un palmier près de ce téocalli: ce végétal n’in- dique certainement pas une région septen- trionale , et cependant il est presque certain qu’il faut chercher la première patrie des peuples mexicains, 4ztlan, Huehuetlapallan et Amaquemecan , au moins au nord du 42.° degré de latitude. Peut-être le peintre mexicain, habitant de la zone torride, n'a-t-il placé un palmier auprès du temple d’Aztlan, que parce qu'ilignoroit que cet arbre est étranger .aux pays du Nord. Les quinze chefs ont au-dessus de leurs têtes les hiéro- glyphes simples de leurs noms. Depuis le téocalli érigé en Aztlan jusqu’à Chapoltepec, les figures placées le long de 12* 180 VUES DES CORDILLÈRES, la route indiquent les lieux où les Aztèques ont fait quelque séjour, et les villes qu'ils ont construites : Zocolco et Oztotlan (n.* 5 et), huimiliation et lieu des grottes; Mizquiahuala (n°5), désigné par un mimosa en fruils placé prés d’un téocall ; Teotzapotlan (n.° 1 1} lieu des fruits divins; Ihuicatepec (n° 12); Papantla (n° 15), herbe a larges feuilles ; Tzompango (n° 14), lieu des ossemens hu- mains; Apazco (n° 15), pot d'argile; Atl- calaguian (un peu au-dessus de l'hiéroglyphe précédent), crevasse dans laquelle se perd un ruisseau ; Quauhtitlan (n° 16), bosquet qu'habite l'aigle; Æizcapozalco (n° 17), fourmilliére; Chalco (n.° 18), lieu de pierres précieuses; Pantiilan (n.° 19), leu de fila- tures; Tolpetlac (n° 20), nattes de joncs. Quauhtepec (n°9), montagne de l’Aigle, de Quauhihi, aigle, et tepec (en turc, tepe) montagne ; Zetepanco (n.° 8), mur composé de beaucoup de petites pierres; Chicomoztoc (n.° 7) , les sept grottes; Huitzquilocan (n.°6), lieu de chardons; Xaltepozauhcan (n.8 22), lieu d’où sort le sable ; Cozcaquaubhco (n.° 33), nom d'un vautour; Techcatitlan (n.° 31), lieu des miroirs d’obsidienne; Æzcaxochitl ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 181 (n.° 21), fleur de fourmi; Tepetlapan (n. 23), endroit où l’on trouve le tepetate, ou une brèche argileuse quirenferme de l’amphibole, du feldspath vitreux et de la pierre ponce; Apan (n° 32), lieu d’eau; Teozomaco (n.e 24), lieu du singe divin; Chapoltepec (n° 25), montagne des sauterelles, site ombragé par d’antiques cyprès, et célèbre par la vue magnifique dont on jouit du haut de la colline’; Coxcox, roi de Culhuacan (n.° 80) , désigné par les mêmes hiéroglyphes phonétiques que l’on trouve dans le carré qui représente le déluge de Coxcox, et la mon- tagne de Culbhuacan; Mixiuhcan (n.° 29), lieu d'accouchement; la ville de Ternazca- titlan (n.° 26) ; la ville de Ténochtitlan(n.° 54), désignée par les digues qui traversent un terrain marécageux, et par le figuier d'Inde (cactus }, sur lequel se reposa l'aigle qui avoit été désigné par l’oracle pour marquer len- droit où les Aztèques devoient construire la ville et finir leurs migrations ; les fondateurs de Ténochtitlan (n.° 35); ceux de TZatelulca * Voyez mon Æssai polit. sur la Nouvelle- Espagne , Tom. If, p. 138 de l’éd, in-8.”. \ 102 VUÉS DES CORDILLÈRES, (n.0 27); la ville de Tlatelulco (n.° 28), qui n'est aujourd'hui qu’un faubourg de Mexico. Nous n’entrerons point dans le détail his- torique des événemens auxquels se rapportent les hiéroglyphes simples et composés de la peinture de Siguenza. Ces événemens sont rapportés dans Torquemada et dans l’histoire ancienne du Mexique, publiée par l'abbé Clavigero. Aussi ce tableau est-il moins cu- rieux comme monument d'histoire qu'inté- ressant par la méthode que l'artiste a suivie pour enchainer les faits Nous nous conten- terons d'indiquer ici que les gerbes de joncs, liées par des rubans ( n.° 2), représentent, non des périodes de cent quatre ans ou Huehuetiliztli, comme Gemelli Pa prétendu, mais des cycles ou ligatures, Xiuhmolpilli, de cinquante-deux ans'. Le tableau entier n'offre que huit de ces ligatures ou quatre cent seize ans. En se rappelant que la ville de Ténochtitlan a été fondée dans la vingt- septième année d’un Xiuhmolpilli, on trouve que, d’après la chronologie du tableau (PL xxx11), la sortie des peuples mexicains * Voyez Vol. I, p. 345, “Asp EM Oe 12 ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 183 d'Aztlan a eu lieu cinq eyeles avant l’an- née 1298, ou l'an 1058 de l'ère chrétienne. Gama place cette sortie, d'après d’autres renseisnemens, en 1064. Les ronds qui ac- compagnent l'hiéroglyphe d’une ligature, désignent le nombre de fois que les années ont été liées depuis le fameux sacrifice de Tlalixco. Or, dans la peinture que nous examinons, on trouve l’hiéroglyphe du cycle suivi de quatre clous ou unités, près de l’hie- roolyphe de la ville de Culhuacan (n.° 50 ). Ce fut donc dans l’an 208 de leur ère que les Aztèques sortirent de l'esclavage des rois de Culhuacan, et cette époque est conforme aux annales de Chimalpain. Les ronds placés à côté des hiéroglyphes des villes (n.” 14et17), marquent lenombre des années que le peuple aztèque a demeuré dans chaque endroit, avant de continuer ses migrations. Je pense que la ligature n.° 2 indique le cycle ter- miné à Tlalixco ; car, d’après Chimalpain, la fête du second cycle fut célébrée à Co- huatepetl, et celle du troisième cycle RUE Apuzco , tandis que les fêtes du quatrième et du cinquième cycle eurent lieu à Culhuacan et à Ténochtitlan. 184 VUES DES CORDILLÈRES, L'idée bizarre de consigner, sur une feuille de peu d’étendue , ce qui, dans d’autres pein- tures mexicaines, remplit souvent des toiles ou des peaux de dix à douze metres de longueur, a rendu cet abrégé d'histoire très- incomplet. Il n’y est question que de la migra- tion des AÂztèques, et non de celle des Tol- tèques , qui ont précédé les Azièques de plus de cinq siècles dans le pays d’Anahuac, et qui différoient d'eux par cet amour pour les arts, et par ce caractère religieux et pacifique, qui distinguoient les Étrusques des premiers habitans de Rome. Les temps héroïques de l’histoire aztèque s'étendent jusqu’au onzième siecle de l'ère chrétienne. Jusque -là, les divinités se mêlent des actions des hommes; c'est à cette époque que paroiît, sur les côtes de Panuco, Quetzalcohuatl, le Bouddha des Mexicains, homme blanc et barbu, prêtre et législateur, voué à des pénitences rigou- reuses, fondateur de monastères et de con- grégations semblables à celles du Tibet et de l'Asie occidentale. Tout ce qui est anté- rieur à la sortie d’Aztlan, est mêlé de fables puériles. Chez les nations barbares, qui sont dépourvues de moyens propres à conserver 10 L ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 185 la mémoire des faits, la conscience d’elles- mêmes ne date pas de très-loin : il y a un point de leur existence au delà duquel elles ne mesurent plus l'intervalle des événemens. Dans le temps, comme dans l’espace, les objets éloignés se rapprochent et se con- fondent; et ce même cataclysme , que les Hindoux, les Chinois et tous les peuples de race sémitique placent des milliers d'années avant le perfectionnement de leur état soeial, les Américains, peuple non moins ancien peut-être, mais dont le réveil a été plus tardif, le croient antérieur de deux cycles à leur sortie d’Aztlan, | 286: VUES DES CORDILLÈRES jo" FR une 1 FA 4 » » _ F : #4 : PLANCHE XXXIL Pont e condage près de Pénipé L : La petite r rivière dé Chatho qui naît dû lac de Coley, sépare le joli villagé de Gua- nando de celui de Pénipé. Elle arrose un ravin dont le fond est élevé de deux mille quatre cents mètres au-dessus du niveau de l'Océan et qui est célèbre par la culture de la cochenille *, à laquelle les indigènes s’adonnent depuis les temps les plus reculés. En parcourant cette contrée pour nousrendre de Riobamba à la pente occidentale du volcan de Tunguragua, nous nous arrêtàmes pour examiner les terrains bouleversés par le mémo= rabletremblement de terre, du 7 février 1797, qui, dans l’espace de quelques minutes, fit périr trente à quarante mille Indiens : nous passâmes la rivière de Chambo sur le pont PL xx de l'édition in-8., ? Voyez mon Essai politique sur Ja Nouvelle-Es= pagne, Vol. III, p. 252 de l’éd. in-8:° PE, AU Bouquet we. Er ET NN ET MONUMENS DE L' AMÉRIQUE. 167 de Pénipé au mois de juin 1802. C’est un de ces ponts de cordes que les Espagnols appellent puente de maroma ou de hamaca, et les Indiens péruviens, en langue qquichua ou de lincas, cimppachaca, de cimppa ou cimpasca , cordes, tresses, et de chaca, pont. Les cordes, de trois à quatre pouces de dia- mètre , sont faites avec la partie fibreuse des racines de l’Ægave americana. Des deux côtés du rivage , elles sont attachées à une charpente grossière composée de plusieurs troncs de Schinus molle. Comme leur poids les fait courber vers le milieu de la rivière, et comme il seroit imprudent de les tendre avectrop de force, on est obligé, lorsque le rivage n’est pas très-élevé, de construire des gradins ou des échelles aux deux extrémités du pont de hamac. Celui de Pénipé a cent vingt pieds de long sur sept ou huit pieds de large; mais il y a des ponts dont les dimensions sont beaucoup plus considérables. Les grosses cordes de pitte sont recouvertes transversa- lement de petites pièces cylindriques de bambou. Ces constructions, dont les peuples de l’Amérique méridionale se servoient long- temps avant l'arrivée des Européens, rap- EEE OR ù HIER TAUN rd 188 VUES DES CORDILLÈRES, pellent lès ponts de chaînes que l’on rencontre au Boutan et dans l'intérieur de l'Afrique. M. Turner ‘, dans son intéressant voyage au Tibet, nous a donné le plan du pont de Tchintchieu, près du fort de Chuka (lat. 27° 14’), qui à cent quarante pieds de long, et que l’on peut passer à cheval. Ce pont du Boutan ( chain bridge ), repose sur cinq chaines couvertes de pièces de bambou. Tous les voyageurs ont parlé de l'extrême danger que présente le passage de ces ponts de cordes, qui ressemblent à des rubans suspendus au-dessus d'une crevasse ou d'un torrent impétueux. Ce danger n’est pas bien grand, lorsqu'une seule personne passe le pont aussi vite que possible, et en jetant le corps en avant : mais les oscillations des cordes deviennent très-fortes lorsque le voya- geur se fait conduire par un Hndien, qui marche avec beaucoup plus de vilesse que lui, ou lorsqu’effrayé par l'aspect de l’eau qu'il découvre à travers les interstices des bambous, il a l’imprudence de s'arrêter au * Account of an embassy to the cotrt of the Teshoc Lama in Tibet, 1800, p. 55. pal CT ét! FA ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 189 milieu du pont et de se tenir aux cordages qui servent de balusirade. Ün pont de hamac ne se conserve généralement en bon état que pendant vingt à vingt-cinq ans; encore est-il nécessaire de renouveler quelques cordes tous les huit à dix ans. Mais dans ces pays la police estsi peu active, qu'il n’est pas rare de voir des ponts dont les pièces de bambous sont brisées en grande partie : c’est sur ces ponts anciens qu'il faut marcher avec beaucoup de circons- pection pour éviter des trous si larges que tout le corps pourroit passer à travers. Peu d'années avant mon séjour à Pénipé, le pont de hamac du Rio Chambo s’écroula en entier. Cet événement eut lieu, parce qu'un vent tres-sec ayant succédé à de longues pluies, toutes les cordes se brisèrent à la fois. Quatre Indiens se noyèrent à cette occasion dans la rivière, qui est très - profonde et dont le courant est d’une rapidité extraordinaire. | Les anciens Péruviens construisoient aussi des ponts de bois dont la charpente étoit appuyée sur des piles de pierre; mais le plus ordinairement ils se contentoient de ponts de cordage. Ceux-ci sont extrêmement utiles dans un pays montueux, où la profondeur des 190 VUES DES CORDILLÈRES, crevasses et l'impétuosité des torrens s’op- posent à la construction des piles. Le mouve- ment oscillatoire peut être diminué par des cordes latérales attachées au milieu du pont, ettendues diagonalement vers le rivage. C’est par un pont de cordes, d’une longueur extraordinaire, et sur lequel les voyageurs peuvent passer avec des mulets de charge, que l’on est parvenu , depuis quelques années, à établir une communication permanente entre les villes de Quito et de Lima, après avoir dépensé inutilement un million de francs pour construire, près de Santa, un pont de pierre sur un torrent qui descend de la Cordillère des Andes. HT MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 191 ’ 4 » PLANCHE XXXIV. Coffre “pe Perote. Cerre montagne de porphyre. basaltique est moins remarquable par sa hauteur que par la forme bizarre d’un petit rocher placé à son sommet du côté de l’est. C’est ce rocher, semblable à une tour carrée, qui lui a fait donner, parmi les indigènes de race aztèque, le nom de VNauhcampatepetl, de nauhcampa, quatre parties, et tepetl, montagne, et parmi les Espagnols, le nom de Coffre de Perote. _ De la cime de cette montagne on jouit d’une vue magnifique sur le plateau de la Puebla, et sur la pente orientale des Cordillères du Mexique couvertes d’épaisses forêts de liqui- dambar, de fougères arborescentes et de mimoses : on distingue le port de la, Vera- Cruz, le château de Sain-Jean d’Ulua et les côtes de l'Océan. Le Coffre n'entre point dans la limite des neiges perpétuelles; j'ai trouvé, par une mesure barométrique, son 192 VUES DES CORDILLÈRES, sommet élevé de 4088" (2097") au-dessus du niveau de la mer. Cette hauteur excède de 400 mètres celle du Pic de Ténériffe. J’ai dessiné la montagne près dela grande bour- gade de Perote, dans la plaine aride et cou- verte de pierre ponce que l’on traverse en montant de Vera-Cruz à Mexico. La crête du Coffre ne présente qu’un rocher nu, entouré d’une forêt de pins. En gravissant vers la cime, jai vu disparoître les chênes à 3165": ( 1619") de hauteur; mais les pins qui, par leurs feuilles, ressemblent au Pinus strobus , ne se perdent entièrement qu'à la hauteur absolue de 3942": (2022°). Sous chaque zone, la température et la pression barométrique prescrivent aux végétaux des limites qu'il leur est impossible de franchir. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 199 PLANCHE XXXV. MoARe d'Iinissa. Parmi les cimes colossales que l’on découvre autour de la ville de Quito, celle d’Elinissa est une des plus majestueuses et des plus pit- toresques. Le sommet de cette montagne est divisé en deux pointes pyramidales : il est probable que ces pointes sont les débris d’un volcan écroulé. Leur élévation absolue est de 2717 toises. La montagne d’Ihnissa se trouve placée dans la chaîne occidentale des Andes, dans le parallèle du volcan de Cotopaxi. Elle est réunie au sommet de Rumiñahui, par VAlto de Tiopullo qui Dune un chaînon transversal duquel les eaux coulent à labos vers la mer du Sud et vers l'Océan Ailantique’. Les pyramides d'Ilinissa sont visibles à une énorme distance dans les plaines qui font partie de la province de las Esmeraldas. Elles ont été Voyez plus haut, p. 103. il. 19 l 194 VUES DES CORDILLÈRES, mesurées trigonométriquement par Bouguer, tant au-dessus du plateau de la ville de Quito, qu’au-dessus des côtes de l'Océan. C’est par la différence de hauteur obtenue par ces deux mesures, que les académiciens francois ont déterminé l’élévation absolue de la ville de Quito, et la valeur approximative du coëff- cient barométrique. Les physiciens qui s'inté- ressent à l’histoire du progrès des sciences placeront le nom d’Ilinissa à côté de celui du Puy-de-Dôme, où Perrier, guidé par les conseils de Pascal, tenta le premier de me- surer la hauteur des montagnes à l'aide du baromètre. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 105 PLANCHE XXXVL Fragmensde Peintures hiéroglyphiques _aztèques, déposés à la bibliothéque royale de Berlin. Crs fragmens sont tirés de manuscrits. anciens dont j'ai fait l'acquisition pendant mon séjour à Mexico. On ne peut révoquer en doute que ce sont des rôles dressés par les collecteurs detributs, t/acalaquiltecani; mais il n’est pas facile d'indiquer les objets dési- gnés dans ces rôles. N° 1 fait partie d’un Cod. mex., de papier d'agave, qui a trois à quatre mètres de long. On croit y reconnoître du maïs, de l’or en barres , et d’autres productions qui compo- soient le tribut, tequitl. J’isnore absolument ce que le peintre a voulu indiquer par ce grand nombre de petits carrés disposés symé- triquement. Dans la deuxième rangée, en comptant de droite à gauche, on trouve quatre hiéroglyphes qui se suivent en séries 13" 196 .. VUES DES CORDILLÈRES, périodiques. Les jours marqués çà et là dé- signent l’époque à laquelle le tribut doit être payé. VE FE N.°° 11-1v. Comment expliquer ces têtes de femmes placées près du signe de vingt? Les coqs ét les dindons, indiqués n.° ur, pour- roient faire croire que ces deux oiseaux étoient également connus des Mexicains avant la conquête, s’il étoit suffisamment prouvé que les peintures dont ces figures sont tirées remontentau delà du quinzième siècle. J’ai fait voir, dans un autre ouvrage, que le coq de l'Inde , répandu dans les îles de la mer du Sud, a été transplanté en Amérique par les Européens. Les tlamama, ou porte-faix (n° v), paroissent tenir en main des tiges de maïs ou de canne à sucre. Je n’entre- prendrai pas de déterminer l’espèce d’ani- maux figurés au-dessous des t/amama, et ressemblant un peu au tochtlr ou lapin mexi- cain. N.° vs indique le senre de punition qui étoit infligé aux malheureux indigènes lorsqu'ils ne payoient pasletribut aux époques prescrites. Trois Indiens, dont les mains À Ecsai polit., Ton. III, p. 282 de l’éd. in-8.. PT. “toi NL * ET MONUMENS. DE L'AMÉRIQUE. 197 sont liées derrière le dos, paroissent con- damnés à l’estrapade. Les rôles de tributs étoient exposés, dans chaque commune, aux yeux des tequitqui ou tributaires, et les col- lecteurs avoient coutume d'ajouter au bas du rôle le genre de punition destiné à ceux qui n’obéissoient pas à la loi. 198 VUXS DES CORDILLÈRES, PLANCHE XXXVIL Peintures hiéroglyphiques du musée Boraia à V'eletri. Nous avons fait connoître plus haut : l’éco- nomie du Cod. Mex. conservé au musée Borgia. Comme on ne peut espérer de voir paroître de sitôt ce rituel mexicain en entier, j'ai réuni sur une même planche un grand nombre de figures remarquables par leurs formes et leurs rapports avec les mœurs d’un peuple à la fois féroce et superstitieux. N.° 1. ( Cod. Borg., fol. 11, Mss. Fabres., n.° 18.) La mère du genre humain, la femme au serpent, Cihuacohuail, que les premiers missionnaires désignent par le nom de Sezora de nuestra curne , ou Tonacacihua ( de tona- cayo notre chair, et céhua , femme ). Com- parez le Cod. Vat., PL xrrr, n.° 2?, ; N.° 11. La même femme au serpent , l'Eve * PL. xxvir, p. 141 de ce volume. PI. vr de l’éd. in-8.°. ‘ ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 199 des Mexicains. Le lapin, tochtli, placé à droite, indique la première année du monde, chaque cycle commençant par le signe du lapin. Le père Fabrega prétend, dans son commentaire , que la mère du genre humain est figurée dans un état d’humiliation , man- geanti du cuitlatl (x0mpos ). N.° xx. ( Cod. Borg. , {ol.58, Mss. n.° 255.) Le seigneur du lieu des morts, Mictlan- teuhtli ', dévorant un enfant, N.0 1v. (Cod. Boreg., fol. 24, Mss. n.° 98.) Noé déjà vieux , le menton garni d’une longue barbe, Huehuetonacateocipactli, de huehue vieux, fonacayo notre chair, teotl dieu, et cipactli. Voyez les éclaircissemens donnés plus haut, pages 16 et 128. Cette même figure se trouve répétée dans le Cod. Borg., fol. 6o. N.° v. (Cod. Borg., fol. 56, Miss. n.° 265.) Les mêmes divinités que nous avons vues réunies dans le groupe hideux figuré PI. xxrx ; ‘avoir : le dieu de la guerre, Huitzilopochik, une massue en main , et la déesse Teoyamiqui. Ils sont représentés assis sur un crâne humain. PL xxx, Fig. 5. 200 VUÉS DES CORDILLÈRES ; Je n'ai fait copier que la déesse seule, tenant dans sa main gauche une espèce de sceptre qui est terminé par une main. Ce sceptre s’appeloit Maquahuitl, de mail main, et quahuitl, bois. Il est sans doute bien remar- qu:ble qu'on trouve, dans des peintures azièques, une main de justice semblable à celle qui est figurée sur le sceau de Hugues Capet , et qui rappelle la manus erecta des cohortes romaines 2. N.° vi. Teocipactli, la même figure repré- sentée N.° 1v. Je lai choisie à cause de la conformation extraordinaire du front. Les indisènes du Mexique et du Pérou ont en général le front singulièrement déprimé, et les peintres s'efforcent d’exagérer ce carac- ière, en représentant des personnages hé- roïques. | ; MonTrAUCON, Monumens de la monarchie fran- coise, Tom. I, p. 36. Mexesrrrer , nouvelle Méthode raisonnée du Blason (Lyon, 1750), p. 52. Diction- naire de Trévoux, Tom. II, p. 127. GILBERT DEva- RENNES ( Paris, 1635), p. 184. | ® AucusrTiNr Antiquitat. Romanor. Hispania- rumque in nummis veterum Dialogi (Antverp., 1654), p. 18. Lirsius dz WMilitia romana, p. H. L | ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 01 Ne vu. (Cod. Bore., fol. 33, Mss. n.° 150.) Cinq diablotins, qui rappellent le fameux tableau de la tentation de saint Antoine. Sur la même page est représenté un temple de Queizalcohuatl, dont le toit triangulaire est entouré d'un serpent. L'idole, placée dans une niche, recoit l’offrande d'un cœur hu- main. À côté du temple, on voit la déesse de l'enfer, Mictlanteuhcihua , étendant les kras vers le corps de la victime. N.0 vrr. (Cod. Borg., fol. 47, Mss. n.° 210.) Le signe astrologique zahur Ollin tonatiuh , le Soleil en ses quatre mouvemens, qui, par des empreintes de pieds, ou xocpallr, semble rappeler les positions du soleil au zénith, dans l'équateur et aux solstices ?. On trouve indiquée à côté la date des jours qui sont pré- sidés par les catastérismes ozomatli, singe ; calli, maison , et quiahuitl, pluie. Si ces dates étoient 8 pluie, 5 maison et 3 singe, elles répondroient, d’après l’artifice des séries pé- riodiques , aux jours où le soleil se trouve dans un des tropiques, dans l’équateur et au zémith de la ville de Mexico ; mais les chiffres ajoutés * Voyez plus hant p. 28 et 87. | 202 VUES DES CORDILLÈRES, aux hiéroglyphes diffèrent de plusieurs unités de ceux que nous venons d'indiquer. Le signe ollin est placé à lextrémité d'un insecte cylindrique qui paroît être un nille-pieds ou une scolopendre. J’ignore la signification de ce symbole astrologique qui ressemble à une Croix. N.° 1x. (Cod. Borg., fol. 59.) Un homme et une femme serrant des enfans dans leurs bras et élevant une main vers le ciel. N.° x. Cod. Borg., fol. 25, Mss. n.° 94.) Le Diable buveur, 7 /acatecoluil motlatlaperiani, tenant un cœur dans une main et buvant le sang d’un autre cœur : un troisième est sus- pendu à son cou. Cette figure hideuse con- firme ce que nous avons avancé plus haut sur la férocité du peuple mexicain. * Pag. 152. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 200 PLANCHE XX XVIII. Migration des peuples aztèques , pein- ture hiéroglyphique déposée à la bibliothèque royale de Berlin. CE fragment, mal conservé, paroït avoir fait partie d'un grand tableau qui apparte- noit jadis à la collection du chevalier Boturini. Les figures sont très-grossièrement peintes sur de l’umatl , ou papier de maguey (Agave americana). On y voit, à gauche, un pays marécaseux indiqué par l'hiéroglyphe de l'eau , atl; des traces de pieds (xocpal-ma- chiotl}, représentant les migrations d’un peuple guerrier ; des flèches tirées d’une rive vers l’autre ; des combats entre deux nations, dont l’une est armée de boucliers, et l’autre nue et sans moyens de défense. Il est probable que ces combats sont du nombre de ceux qui ont eu lieu , au sixième siècle de notre ère, dans les guerres des Aztèques contre les Oto- miles et d’autres peuples chasseurs qui habi- 204 VUES DES CORDILLÈRES, toient versle nord ei vers l’ouest de la vallée de Mexico. Les figures placées près de lhiéro- glyphe calli, maison, indiquent peut-être la fondation de quelques villes. Les boucliers des Aztèques sont ornés: d’armoiries propres à chaque tribu : ils ont de ces appendices en cuir et en toile de coton, destinés à amortir le coup des dards, et que l’on retrouve sur quelques vases étrusques'. Les figures sont disposées dans un ordre symétrique : on pour- roit être étonné de les voir aoir de la main gauche plutôt que de la droite; mais nous avons eu occasion de remarquer plus haut que souvent les deux mains se trouvent con- fondues dans les peintures mexicaines comme dans quelques bas-reliefs ésyptiens. * Voyez PL xiv, n° 2. ] ?1 LA = = ni a ni j ut st NN 1 pr TUE a AD Te D ae | val je “ni nu { [l Qi tr ps j &: ue a mnt 7 - NE TA ty d me Ë Bouquet ser ) 4 N Que SA CCS Dolites LT CORAUTAPE Lu ”" \ \ ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 20) PLANCHE XXXIX. V'ases de granit, trouvés sur la côte de Honduras. Ces vases en granit, quatre fois plus grands que le dessin 14 la PL xxx1x, sont conservés, en Angleterre, dans les collections de lord Hillsborough et de M. Brander. Ils ont été déterrés sur la côte de Mosquitos, dans un pays habité aujourd’hui par un peuple bar- bare qui ne pense pas à sculpter des pierres : on les trouve figurés et décrits par M. Thomas Pownal, dans les Mémoires intéressans pu- bliés par la Société des antiquaires de Londres’. J'ai cru devoir en reproduire ici les dessins pour faire voir l’analogie qui existe entre les ornemens dont ils sont chargés et ceux que présentent les ruines de Mitha. Cette analogie 3 PI. x111 de l’édition in-8°. 2 Archæologia or miscellaneous tracts relating La antiquity published by the Soc. of Antiquarians , of London, Vol. V, PL xxvr, p. 318. 206 VUES DES CORDILLÈRES , éloigne absolument le soupcon qu'ils ont été faits, aprés la conquête, par des Indiens qui ont tenté d’imiter la forme de quelque vase espagnol. On sait que les Tolièques, en passant par la province d'Oaxaca, ont pénétré jusqu’au delà du lac de Nicaragua. On peut donc conjecturer que ces vases, ornés de têtes d'oiseaux et de tortues, sont l’ouvrage de quelque tribu de race toltèque. En réflé- chissant un moment sur la forme des meubles dont se servoient les Espagnols du seizième siècle , il est impossible d'admettre que les soldats de Cortes aient porté au Mexique des vases semblables à ceux que M. Pownal nous a fait connoître. pee Le | ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 207 PLANCHE XL Idole azteque en basalte , trouvée dans la vallée de Mexico. Csrre petite idole en basalte poreux, que jai déposée au cabinet du roi de Prusse, à Berlin, rappelle le buste de la prêtresse, placé à la tête de cet ouvrage !. On y recon- noît la même coiffe qui ressemble à la calan- tica des têtes d'Isis, les perles de Californie qui entourent le front, et la bourse attachée par un nœud et terminée par deux appen- dices qui se prolongent jusqu'au milieu du corps. Le trou circulaire qu'offre la poitrine, paroît avoir servi pour recevoir l'encens ( copalli ou xochitlenamactli) que l’on brü- loit aux idoles. J’ignore ce que la figure tient dans sa main gauche : les formes sont de la plus grande incorrection, et tout an- nonce l'enfance de Part. * Plzet st (1 de l’éd. in-8.°.) 208 . VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE XL. V’olcan d'air de Turbaco. Pour éviter les chaleurs: excessives et les maladies qui règnent pendant l'été à Carthagène des Indes, et sur les côtes arides de Barû et de Tierra Bomba , les Européens non acclimatés se réfugient dans Pintérieur des terres, au village de Turbaco. Ce petit village indien est placé sur une colline, à l'entrée d’une forêt majestueuse, qui s'étend vers le sud et vers Fest, jusqu'au éanal de Mahates et à la rivière de la Madeleine. Les maisons sont en grande partie construites de bambous, et couvertes de feuilles de pal- imiers. Cà et là des sources limpides naissent d’un roc calcaire qui renferme de nombreux débris de coraux pétrifiés; elles sont om- brogées par le feuillage lusiré de l'Anacar. dium caracoli, arbre de grandeur colossale, auquel les indigènes attribuent la propriété d'attirer de tres-loin les vapeurs répandues ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 209 dansl'atmosphère. Le terrain de Turbaco étant élevé dé plus de trois cents mètres au-dessus du niveau dé l'Océan, on y jouit, surtout pendant la nuit, d’une fraicheur délicieuse: Nous avons séjourné dans ce charmantendroit au mois d'avril 1801, lorsqu'après une tra- versée pénible de l’île de Cuba à Carthagène des Indes , nous nous préparâmes à un long voyage à Santa-Fe de Bogota et au plateau de | Quito. \ Les Indiens de Turbaco , qui nous accom- pagnoient dans nos herborisations, nous par- loient souvent d’un terrain marécageux, situé au milieu d’une forêt de palmiers, et appelé, par les créoles, les Petits Volcans, Los Fol- cancitos. Ils racontoient que, d’après une tradition conservée parmi eux, ce terrain avoit jadis été enflammé, mais qu'un bon religieux, curé du village, et connu par sa grande piété, étoit parvenu, par de fréquentes aspersions d’eau bénite, à éteindre le feu sou- terrain : ils ajoutoient que, depuis ce temps, le volcan de feu étoit devenu un volcan d’eau, voican de agua. À ÿant habité long-temps les colonies espagnoles , nous connoissions assez les contes bizarres et merveilleux par lesquels 11 14 210 __ VUES DES CORDILLÈRES, les indigènes se plaisent à fixer l'attention dés voyageurs sur les phénomènes de la nature: nous savions que ces contes sont généralement dus, moins à la superstition des Indiens, qu'à celle des blancs , des métis et des esclaves africains, et que les rêveries de quelques individus , qui raisonnent sur les changemens progressifs de la surface du globe, prennent, avec le temps, le caractère de traditions his- toriques. Sans croire à l'existence d’un terrain anciennement enflammé , nous nous fimes conduire , par les Indiens, au F’olcancitos de TFurbaco, et cette excursion nous offrit des phénomènes bien plus importans que ceux auxquels nous nous étions attendus. Les F’olcancitos sont situés à six mille mètres à l’est du village de Turbaco, dans une forêt épaisse qui abonde en beaumiers de tolu , en Gustavia à fleurs de nymphea , et en Cavanillesia mocundo , dont les fruits mem- braneux et transparens ressemblent à des lan- ternes suspendues. à l'extrémité des branches. Le terrain s'élève graduellement à quarante ou cinquante mètres de hauteur au-dessus du village de Turbaco ; mais le sol étant partout couvert de végétation, on ne peut distinguer pr MONUMENS DE L'AMÉKIQUE, 211 la nature des roches superposées sur le cal- caire coquillier. La Planche x11 représente la partie la plus australe de la plaine où se trouvent les J’olcancitos. Cette gravure a été exécutée sur un croquis fait par un de nos amis, M. Louis de Rieux. Ce jeune dessina- teur, avec lequel nous avons remonté le Rio Grande de la Magdalena , accompagnoit alors son père, qui, sous le ministère de M. d'Ur- quijo , étoit chargé de l'inspection des quin- quinas de Santa-Fe. Au centre d’une vaste plaine bordée de Bromelia karatas, s'élèvent dix-huit à vingt petits cônes dont la hauteur n’est que de sept à huit mètres. Ces cônes sont formés d’une argile gris-noirâtre : à leur sommet se trouve une ouverture remplie d’eau. Lorsqu'on s’ap- proche de ces petits cratères, on entend par intervalle un bruit sourd et assez fort qui précède de 15 à 18 secondes le dégagement d'une grande quantité d’air. La force avec laquelle cet air s'élève au-dessus de la surface de l’eau peut faire supposer que, dans l’inté- rieur de la terre, il éprouve une grande pression. J’ai compté généralement cinq ex- plosions en deux minutes. Souvent ce phéno- 14° 212 VUES DES CORDILLÈRES , mène est accompagné d’une éjection boueuse. Les Indiens nous ont assuré que les cônes ne changent pas sensiblement de forme dans l'espace d’un grand nombre d’années; mais la force d’ascension du gaz et la fréquence des explosions paroissent varier selon les sai- sons. J'ai trouvé, par des analyses faites au moyen du gaz nitreux et du phosphore, que l'air dégagé ne contient pas un demi-centieme d'oxygène. C’est un gaz azote plus pur que nous ne le préparons généralement dans nos laboratoires. La cause physique de ce phé- nomène se trouve discutée dans la Relation historique de notre voyage dans l'intérieur du nouveau continent. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 213 _… ., PLANCHE XLII Volcan de Cayambe. De toutes les cimes des Cordillères, dont la hauteur a été déterminée avec quelque précision , le Cayambe est la plus élevée après le Chimborazo. Bouguer et La Condamine ont trouvé cetie élévation de 5go1 metres .(5028'-); et des angles que j'ai pris dans l'Exido de Quito, pour observer la marche des réfractions terrestres à différentes heures du jour , confirment cette détermination. Les académiciens françois * ont nommé cette montagne colossale Cayambur, au lieu de Cayambe-Ureu, qui est son véritable nom; le mot wrcu désignant, dans la langue qqui- chua , montasne, comme tepell en mexicain et gua en muysca, Cette erreur s’est répandue dans tous les ouvrages qui offrent le tableau des principales hauteurs du globe. FT 4 Le ’ FF * La Conpamixe, Voyage à l'Equateur, p. 165, 214 VUES DES CORPILLÈRES , J'ai dessiné le Cayambe tel qu'il se présente au-dessus de l’Exido de Quito, qui en est éloigné de trente-quatre mille toises. Sa forme est celle d’un cône tronqué : elle rappelle le contour du Vevado de Tolima, figuré sur la v.* Planche. Parmi les montagnes couvertes de neiges éternelles qui entourent la ville de Quito, le Cavambe est la plus belle et la plus majestueuse. On ne peut se lasser de l’admirer au coucher du soleil, lorsque le volcan de Guagua-Pichincha, situé à l’ouest, du côté de la mer du Sud, projette son ombre sur la vaste plaine qui forme le premier plan du paysage. Cette plaine, couverte de graminées, est dénuée d'arbres. On n’y voit que quelques pieds de Barnadesia, de Duranta, de Ber- beris, et ces belles Calcéolaires qui appar- uennent presque exclusivementàl’hémisphère austral et à la partie occidentale del’Amérique. Des artistes distingués du Nord ont fait connoître récemment la cascade de la rivière de Kyro, près du village de Yervenkyle en Laponie, où, d'apres les observations de Maupertuis et de M. Swanberg, passe le cercle polaire. La cime du Cayambe est traversée par l'équateur. On peut considérer ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 219 cette montagne colossale comme un de ces monumens éternels par lesquels la nature a marqué les grandes divisions du globe | terrestre. 216 vuLS DES CORDILLÈRES, PLANCHE XLIIL » V’olcan de Jorullo. La Planche dont je vais donner l’explica- tion , rappelle une des catastrophes les plus remarquables qu'offre l’histoire physique de notre planète. Malgré les communications actives établies entre les deux conünens, cette catastrophe est restée presque entièrement inconnue aux géologues de l’Europe. J’en ai donné la ben dans l’Essai politique sur le royaume de la Nouvelle - Espagne *. Le volcan de Jorullo est situé, d’après mes observations, par les 19° 9’ de latitude, et les 103° 51’ 48” de longitude, dans l’inten- dance de Valladolid, à l’ouest de la ville de Mexico, à 56 lieues de distance de l'Océan. Il à 515 mètres (265 toises) d’élévation au- dessus des plaines voisines. Sa hauteur est par conséquent triple de celle du Monte- ? PL x1v de l’éd. in-8.°. ? Tom. I, p. 248. Voyez aussi mon Recueil d'Obs. astr., Tom. 1, p. 527, et Tom. IT, p. 521. # ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 217 :Nuovo. de . Pouzzole qui est sorli de terre en 1558. Mon dessin représente le volcan dé: Jorullo (Xorullo ou Juruyo ), environné «de plusieurs milliers de petits cônes basal- iques, tel qu’on le voit lorsqu'on descend Id'Areo et des collines d'Aguasarco , vers ‘les cabanes indiennes des Playas. On trouve indiquée sur le premier plan une partie de Ja savane dans laquelle cet énorme soulève- “ment a eu lieu, la nuit du 29 septembre 1759, C'est l’ancien niveau du terrain bouleversé ‘que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de :Malpays. Les couches fracturées qui se pré- ‘sentent de front, séparent la plaine restée intacte du Malpays. Ce dernier, hérissé de petits cônes de deux à trois mèires de hau- ‘teur, a une étendue de quatre milles carrés. Dans l'endroit: où les eaux chaudes de Cui- timba et de San Pedro descendent vers les “savanes de Playas, l'élévation des couches ‘fracturées n’est que de douze mètres : mais le terrain soulevé a la forme d’une vessie, | uet ‘sa convexité augmente progressivement “vers le centre ; de sorte qu’au pied du grand volcan, le sol est déjà élevé de 160 mètres au - dessus des cabanes indiennes que nous re 218 VUES DES CORDILLÈRES, habitions dans les Playas de Jorullo. Le profil, joint à l’Atlas géographique et phy- sique qui accompagnera la Relation histo- rique, fera saisir plus facilement toutes ces différences de niveau: Les cônes sont autant de fwmaroles qui exhalent une vapeur épaisse et communiquent à l'air ambiant une chaleur insupportable. On les désigne, dans ce pays, qui est excessive- ment malsain, par la dénomination de petits fours, hornitos. Ils renferment des boules de basalte enchâssées dans une masse d'argile endurcie. La pente du grand volcan , qui est constamment enflammé , est couverte de cendres. Nous sommes parvenus dans l'inté- rieur de son cratère, en gravissant la colline de laves scorifiées et rameuses que l'on voit représentée dans la gravure vers la gauche, “et qui s'élève à une hauteur considérable. Nous rappellerons ici comme un fait remar- quable ‘, que tous les volcans du Mexique se trouvent rangés sur une même ligne, dirigée de l’est à l’ouest, et qui forme en même temps un parallèle des grandes hau- ? Essai politique, Tom. I, p. 47. # | ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 219 teurs. En considérant ce fait et en Île rappro- chant de ce que lon observe aux boche nuove du Vésuve, on est tenté de croire que le feu souterrain s'est fait jour par une énorme crevasse qui existe dans l’intérieur de la terre, sous les 18° 59’ et 19° 12’ de latitude, et qui se prolonge de la mer du Sud à l'Océan Atlantique. kŸ 19 © VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE XLIV.: Calendrier des Indiens Muyscas, an- ciens habitans du plateau de Bogota. = Uxx pierre, chargée de signes hiérogly- phiques du calendrier lunaire, et représen- tant l’ordre dans lequel se fait l’intercalation qui ramène l’origine de l’année à la même saison , est un monument d’autant plus remar- quable, qu'il est l'ouvrage d’un peuple dont le nom est presque entièrement inconnu en Europe, et que l’on a confondu jusqu'ici avec les hordes errantes des sauvages de l’Amé- rique méridionale. La découverte de ce mo- nument est due à M. Don Jose Domingo Duquesne de la Madrid, chanoine de l’église métropolitaine de Santa-Fe de Bogota. Cet ecclésiastique, natif du royaume dela Nouvelle- Grenade, et appartenant à une famille francoise établie en Espagne, a été long-temps curé d un village indien situé sur le plateau de l’ancienne Cundinamarca. Sa position le mettant à même mn * PL xv de l’éd. m-8.°. PINS 72 5 Dr Ppsa 4 € 1 CA Ë ile 74 HA € SF / Eh tNSe La CE 17 fl UUL . ANahuxe. eur (A Mes é 20. Aa 7) 20 Cuers 7, & ŒI® D hope or û ‘ 4 ! ; \ F ; 2 : n ! ; = 1 { ; : \ À Er 1 1 \ SEA ; È A ‘ Euh APPART EN IX es IN n i k Li 2 4 À 7 ï F \ ; =” \ / | 4 \ ‘ Rs ms Ce] 2 \ 4 ST L A PR | # FAQ : A DS RS \ } | \ “ FPE 4 - % 2 CO SRE $ Ne) (se * t 2x 7 ñ ! \ sé É À \ 1 \ ‘ © h E A: PS nl Î \ HR s ; 5 à ci ss 4 n \ K # < # / x À Ro / [l Ne ns : r S / | \ ND y Ko rS a nl { \ PAS ; * “ © + 1 | \ © ‘ e 2 ke Fos 1 Ve 5 / . : , SRE EL ES \ ‘ \ eee : ! Fa 2 \ L Ca ot \ ; ; SE AIS LA 0 il \ ‘ SRE » < " ; IT ss ; à \ RE X r k\ AS 7 a SS nl û Aa EN 5 B ! h b ù ; 7 f © G A Bouquet de. ©” , Pf ä ; : ! ! 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Duquesne la permission de faire dessiner la pierre pentagone dont il a : tenté de donner l'explication, et c’est ce dessin qui a été gravé sur la xziv. Planche. En offrant ici des notions éparses sur le calendrier des Indiens Muyscas , je me servirai des maté- riaux que renferme le mémoire espagnol que je viens de citer ; j'y ai ajouté quelques con- 222 VUES DES CORDILEÈRES à sidérations relatives à l’analogie que l'on observe entre ce calendrier et les cycles des peuples asiatiques. | ir Lorsque l'Adalantado Goncçalo Ximenez de Quesada, surnommé le Conquérant, par- vint, en 1597, des rives de la Madeleine aux savanes élevées de Bogota, il fut frappé du contraste qu’il observa entre la civilisation.des peuples montagnards et l'état sauvage des hordes éparses qui habitoient les régions chaudes de Tolù, de Mahatès et de Sainte- Marthe. Sur le plateau où, par les quatre et cinq degrés de latitude , le thermomètre cen- tigrade se soutient presque constamment de jour entre 17 et 20 degrés, et de nuit entre 8 et 10 degrés, Quesada trouva les Indiens Muyscas , les Guanes, les Muzos et les Coli- mas, distribués par communes, adonnés à laoriculture , vêtus en toile de coton ; tandis que les tribus qui erroient dans les plaines voisines, peu élevées au-dessus de la surface de l'Océan, paroissoient abruties, dépourvues de vêtemens , sans industrie et sans arts ‘. Les * Historia general de las conquistas del Nuevo Reyno de Granada por el Doctor D. Lucas For- ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 229 Espagnols étoient surpris de se voir trans- portés dans un pays où, sur un sol peu fertile, les champs offroient partout de riches mois- sons de maïs, de Chenopodium quinoa et de turmas où pommes de terre. Je n’examinerai pas si, malgré l'introduction des céréales et des bêtes à cornes, le plateau de Bogota est moins peuplé de nos jours qu'il ne Pétoit avant la conquête. J’observerai seulement que, lorsque je visitai les mines de sel gemme de Zipaquira, on m’a montré, au nord du village indien de Suba, les indices certains d’une ancienne culture dans des terrains qui ne sont pas défrichés aujourd'hui. Parmi les différentes nations de Cundina- marca, celle que les Espagnols désignoient par la dénomination de Muysca ou Mozea, paroît avoir été la plus nombreuse. Les tradi- tions fabuleuses de ce peuple remontent jusqu’à l'époque reculée où la lune n’accompagnoit NANDEZ PrEnranmira, p. 15. (L'auteur, qui mourut évèque de Panama, avoit rédigé cette histoire sur les manuscrits de Quesada-le-Conquérant, de Juan de Castellanos , curé de Tunja , et des moines franciscains Fray Antonio Medrano et Fr. Pedro Aguada. ) # 224 : VUES DES CORDILIÈRES, point encore la terre, et où, par les inonda- tions de la rivière de Funzhé, le plateau de Bogota formoit un lac d’une étendue considé- rable. En donnant plus haut la description de la cascade de Tequendama ', nous avons parlé de cet homme merveilleux, connu dans la mythologie américaine sous les noms de Bochica ou d'Idacanzas, qui ouvrit un pas- sage aux eaux du lac de Funzhé, réunit en société les hommes épars, introduisit le culte du soleil, et, semblable au Péruvien Manco Capac et au Mexicain Quetzalcoatl, devint le législateur des Muyscas. Ces mêmes traditions portent que Bochica , fils et symbole du soleil, grand-prêtre de Sogamozo ou d’Iraca, voÿant les chefs des différentes tribus in- diennes se disputer l'autorité suprême, leur conseilla de choisir, pour zaque où souverain , an d’entre eux appelé Huncahua, et révéré à cause de sa justice et de sa haute sagesse. Le conseil du grand-prêtre fut universellémént adopté, et Huncahua, qui régna pendant deux cent cinquante ans, parvint à se sou- mettre tout le pays qui s'étend depuis les * Voyez plus haut Tom. T, p. 85. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 225 sayanes de San Juan de los Llanos jusqu'aux montagnes d'Opon. Bochica, livré à des péni- ‘tences austères, vécut cent cycles muyscas , ou deux mille ans. Il disparut inystérieuse- mént à Fraca , à l’est de Tunja. Cette dernière villé, qui étoit alors la plus populeuse de toutes, fut fondée par Huncahua, le premier de la dynastie des zaques de Cundinamarca. C’est du nom de son fondateur qu’elle prit celui de Hunca, que les Espagnols ont : changé en Tunca ou Tunja. La forme de gouvernement que Bochica donua aux habitans dé Bogota est très-remar- quable par l’analogie qu’elle présente avec les gouvernemens du Japon et du Tibet. Au Pérou, les Incas réunissoient dans leurs per- sonnes les deux pouvoirs séculiers et ecclé- siastiques. Les fils du soleil étoient pour ainsi dire souverains et prêtres à la fois. À Cundina- marca, dans un temps probablement antérieur à Manco Capac, Bochica avoit constitué élec- teurs les quatre chefs des tribus, Gameza, Busbanca, Pesca et Toca. IL avoit ordonné qu'après sa mort, ces électeurs et leurs descendans eussent le droit de choisir le grand- prêtre d'Iraca. Les pontifes ou lamas, succes- IL. 15 226 _VUES DES CORDILLÈRES, seurs de Bochica, éloient censés hériter de ses vertus et de sa sainteté. Ce que, du temps de Montezuma, Cholula étoit pour les Az- tèques, fraca le devint pour les Muyscas. Le peuple s’y portoit en foule pour offrir des présens au grand-prètre. On visitoit les lieux devenus célèbres par les miracles de Bochica ; et, au milieu des guerres les plus sanglantes, les pélerins jouissoient de la protection des princes par le territoire desquels ils devoient passer pour se rendre au sanctuaire (chunsua), et aux pieds du lama qui y résidoit. Le chef séculier, appelé zague de Tunja, auquel les zippa ou princes de Bogota payoient un tribut annuel, et les pontifes d'Iraca étoient par con- séquent deux puissances distinctes, comme le sont au Japon le daïri et l’empereur sécu- lier. Il n'a paru important de consigner ici ces notions historiques très-peu connues en Europe , pour répandre quelque intérêt sur un peuple dont nous allons faire connoître le calendrier. | Bochica n’étoit pas seulement regardé comme -le fondateur d’un nouveau culte et comme le législateur des Muyscas; symbole du soleil, il régloit aussi le temps, et on lui atitribuoit : ET MONUMENS DE L' AMÉRIQUE. 297 l'invention du calendrier. IL avoit prescrit de même l’ordre des sacrilices qui devoient être célébrés à la fin des petits cycles, à l’occasion de la cinquième intercalation lunaire. Dans l'empire du zaque, le jour {sua ) et la nuit (za) étoient divisés en quatre parties , savoir : sua-mena, depuis le lever du soleil jusqu’à midi; sua-meca , de midi au coucher du soleil ; zasca , du coucher du soleil à minuit; et cagur, de minuit au lever du soleil. Le mot sua ou zuhe désigne à la fois, dans la langue muysca, le jour et le soleil. De sua, qui est un des surnoms de Bochica, dérive sue, Européen ou homme blanc*; dénomination bizarre qui re son origine de la circonstance que le peuple, lors de l'arrivée de Quesada, regar- doit les Espagnols comme fils du soleil, sua. La plus petite division du temps chez les Muyscas étoit une période de trois jours. La semaine de sept jours étoit inconnue en Amé- rique, comme dans une partie de l'Asie orien- ' Gramatica de la lengua general del Nuevo Reyno tlamada Mosca, por el Padre Fray Bernardo de Lugo {professeur de la langue chibcha à Santa- Fe de Bc- gota), Madrid , 1619, p. 7. | 10 328 _ VUES DES CORDILEÈRES, tale. Le premier jour de la petite période étoit destiné à un grand marché tenu à Tur- mequé: | L'année ( zocam ) éloit divisée par lunes; vingt lunes composoient l’année civile, celle dont on se servoit dans la vie commune. L'année des prêtres renfermoit trente-sept lunes, et vingt de ces grandes années for- moient un cycle muysca. Pour distinguer les jours lunaires, les lunes et les années, on se servoit de séries périodiques dont les dix termes étoient des nombres. Comme les mots qui désignent ces termes offrent plusieurs par- ticularités très-remarquables, nous devons entrer ici dans quelques détails sur la langue de Bogota Cette langue, dont l'usage s’est presque entièrement perdu depuis la fin du dernier siecle, étoit devenue dominante par les vic- ioires du zaque Huncahua, par celles des Zippas , et par l'influence du grand lama d'Iraca , sur une vaste étendue de pays, depuis les plaines de l’Ariari et du Rio Meta jusqu’au nord de Sogamozo. De même que la langue de l’Inca est appelée au Pérou gquichua, celle des Moscas ou Muyscas est connue dans le ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 229 pays sous la dénomination de chiëcha. Le mot muysca, dont mosca paroit une corruption, sisniñe komme ou personne; mais les naturels ne l’appliquent généralement qu’à eux-mêmes. Il en est de cette expression comme du mot qquichua runa qui désigne un Indien de la race cuivrée, et non un blanc ou descendant de colons européens. La langue chibcha ou muysca qui, du temps de la découverte du nouveau continent, étoit , avec celles de lInca et la langue caribe, un des idiomes les plus répandus de l'Amérique méridionale, con- traste singulièrementavec la langue aztèque, si remarquable par la réduplication des syllabes tetl, iliet itl. Les Indiens de Bogota ou Bacata (extrémité des champs où du terrain labouré) ne connoissent ni-/ ni le d. Leur langue est caractérisée par la répétition fréquente des syllabes cha , che, chu, comme par exemple dans chu, chi, nous ; hycha chamique , moi- même; chioua chiguitynynga, nous devons battre; muysca cha chro guy, un homme estimable; la particule cha , ajoutée àmuysca, désignant le sexe masculin. Les nombres, dont les dix premiers ont été chaisis comme termes des séries périodiques 230 VUES DES CORDILLÈRES, propres à désigner les grandes et les petites divisions du temps, sont en langue chibcha: un, ata; deux, bozha ou bosa ; trois, muca; quatre, mhuyca ou muyhica; cinq, hicsca ou hisca; six, ta; sept, ghupqa ou cuhupqua; huit, shuzha ou suhuza; neuf, aca; dix, hubchibica ou ubchihica. Au delà de dix, les Indiens Muyscas ajoutent le mot quihicha ou ghicha , qui signifie pied. Pour désigner onze, douze et treize , ils disent pied un, pied deux, pied trois, quihicha ata, quihicha bosa, quihicha mica , etc. Ces expressions naïves annoncent qu'après avoir complé par les doigts des deux mains, on continue par les doigts des pieds. Nous avons vu plus haut, en parlant du calendrier des peuples de race mexicaine, que le nombre vingt, qui cor- respond à celui des doigts des pieds et des mains, joue un grand rôle dans la numération américaine. En langue chibcha, vingt est désigné ou par pied dix, quihicha ubchihica , ou par le mot gueta qui dérive de gue, maison. On compte ensuite vingt et un, guetas asaqui ata; vingt-deux, guetas asaqui bosa; vingt- trois, guelas asaqui mica, elc., jusqu à trente ou vingt plus (asaqui) dix, guetas asaqu# ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 231 ubchihica; quarante ou deux-vingts, gue- bosa; soixante ou trois vingts, gue- mica; quatre-vingts ; QSue-muyhica; cent ou cinq- viugts, gue-hisca. Nous rappellerons ici que les Aztèques, après les unités qui ressembloient aux clous des Étrusques, n’avoient de chiffre ou hiéroglyphe simple que pour vingt, pour le carré de vingt ou quatre cents, et pour le cube de vingt ou huit mille. J'aime à insister sur celte uniformité que présentent les nations des deux Amériques, dans le premier déve- loppement de leurs idées les plus simples, et dans les méthodes propres à exprimer gra- phiquement des quantités numériques au delà de dix. Cette uniformité est d'autant plus digne d'attention qu’elle annonce un système de numération très-différent de celui que nous trouvons dans l’ancien continent, depuis les Grecs, dont la notation étoit déjà moins imparfaite que celle des Romains, jusqu'aux Tibétains, aux Indoux et aux Chinois, qui se disputent l'honneur de cette admirable inven- uon de chiffres dont la valeur change avec la position. Parmi le grand nombre d'idées erronées qui se sont répandues sur les langues des 202 VUES DES CORDILRÈRES, peuples peu avancés dans la civilisation, il n’en est pas de plus extravagante que l’asser- ton de Pauw et de quelques autres écrivains également systématiques , d'apres laquelle aucun peuple indigène du nouveau continent ne sait compter dans son idiome au delà de trois ”. Nous connaissons aujourd’hui les sys- | tèmes numériques de quarante langues amé- ricaines , et l’ouvrage seul de l'abbé Hervas, l’Arithriétique de toutes les nations, en pré- sente pres de trente. En étudiant ces diverses langues, on observe que, dès que les peuples sont sortis de leur premier élat d’abrutisse- ment, leurs progres ultérieurs n’établissent presque aucune différence sensible dans leur maniere d'exprimer les quantités. Les Péru- a viens étoient au moins aussi habiles que les Grecs et les Romains pour désigner, dans leur langue, des nombres de plusieurs millions; ils avoient même, pour exprimer un million, un mot non composé (hunu), dont les idiomes À de l’ancien monde n’offrent pas l’analogue. Huc , un; iscay, deux; gimca, trois... ... * Recherches philoscphiques sur les Américains , Part. 5, sect. 1, Tom. IL, p. 162 (éd. de 1769). et ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 293 chunca, dix; chuc huntyoc, onze ; chunca iscayniyoc , douze. .... iscaychunca, vingt; gimca chunca , trente; tahuachunca, qua- rante..... pachac, cent; iscaypachac, deux cents. .... huaranca , mille; rscayhuaranca , deux mille..... chuncahuaranca, dix mille, iscay-chunca-huaranca, vingt mille; pacha- chuaranca, cent mille; hunu, un million; iscayhunu , deux millions; gimca hunu, trois millions..... Cette même marche, simple et régulière, se manifeste dans plusieurs autres langues américaines dans lesquelles les ex- pressions numériques n’ont d'autre défaut que d’être extrêmement longues et très-difliciles à prononcer pour les organes des Européens. Le besoin de compter se fait sentir dans un état de la société qui précède de beaucoup celui que nous nommons si vaguément l'état de civilisation. Parmi cette multitude de peuples du nou- veau continent, dont nous possédons la nu- mération , il y en a quelques-uns qui, selon les missionnaires , ne savent pas compter au delà de vingt ou de trente, et qui nomment beaucoup tout ce qui excède ces nombres. OP RE 234 VUES DES CORDILLÈRES, Mais on nous assure en même temps que, pour désigner cent , ces nations font de petites | piles de maïs’ de vingt grains chacune; ce qui prouve évidemment que les Jaruros de l'Oré - noque et les Guaranis du Paraguay comptent par vingtaines, comme les Mexicains et les Muyscas, et que par stupidité, ou plutôt par l'extrême paresse d'esprit propre aux Sau- vages les plus intelligens, ils se facilitent la numération de érois-vingts ou de quatre-vingts, en comptant à la manière des enfans, soit par les doigts des pieds et des mains, soit en amoncelant des grains de maïs. Lorsque les voyageurs rapportent que des nations en- tières en Amérique ne comptent pas au delà de cinq, on ne doit pas prêter plus de foi à cette essertion qu'on n’en prêteroit à celle d’un Chinois qui prétendroit orgueilleusement que les Européens ne comptent pas au delà de dix, parce que dix-sept et dix-huit sont des composés de dix et des premières unités. Il ne faut pas confondre la prétendue impossibilité * Hervas, idea del Universo : Aritmetica di tutte le nazioni conosciute, Tom. XIX, p. 96, 97 et 106. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 239 d'exprimer de grandes quantités, avec les li- mites que Je génie des différentes langues prescrit au nombre des signes numériques non composés. Ces limites sé trouvent atteintes, tantôt à cinq, tantôt à dix, tantôt à vingt, selon que les peuples se plaisent à s'arrêter, en comptant les unilés, aux doigts d’une main, à ceux des denx mains, ou à ceux des mains et des pieds ensemble. Dans les idiomes des peuples américains, qui sont les plus éloignés du développement de leurs facultés, six s'exprime par quatre avec deux, sept par quatre avec trois , huit par cinq avec trois. Telles sont les langues des Guaranis et des Lulos. D’autres tribus, déjà un peu plus avancées, par exemple les Oma- guas, et en Afrique les Yolofs et les Foulahs, se servent de mots qui signifient à la fois main et cing, Comme nous neus servons du mot dix : chez eux sept est exprimé par main et deux , et quinze par trois mains. En persan, péndj désigne cinq, et péntcha la main. Dans les chiffres romains on observe quelques traces d'un système de numération quinaire : les unités se multiplient jusqu’à ce que l’on arrive à Cinq qui a un signe particulier, de 2356 VUES DES CORDILLÈRES, même que cinquante el cinq cents '. Chez Îcs Zamucas comme chez les Muyscas, onze s'appelle pied un, douze, pied deux; mais le reste de la numération de ces peuples est d'une longueur fatigante, parce qu'au lieu de mots simples ils se servent de circonloceutions puériles ; ils disent par exemple, /a main finie pour cinq, un de l'autre (main) pour six, les deux mains finies pour dix, et les pieds Jinis pour vingt. Quelquefois ce dernier nombre est identique avec le mot homme ou personne, pour indiquer que les deux mains el les deux pieds constituent la personne entière. C'est ainsi que, chez les Jaruros, noenipume sionfe dezx hommes ou quarante, _dérivant de noeni, deux; et canipume, homme. Les Sapiboconos n’ont pas d'expression simple pour cent et pour mille :ils disent pour dix, iunca; pour cent, tunca-lunca; el pour mille, tunca-tunca-tunca. Is forment les carrés et les cubes par réduplication, comme les Chi- nois forment quelquefois leur pluriel et les Basques leur superlatif. Enfin , les groupes de vingt unités ou les vingtaines des Muyscas, * Henvas, p.28, 96, 102, 105, 112, 116 et 127. Poyage de Munco-Parck , Tom. I, p. 25 et 95. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 237 des Mexicains et de tant d’autres nations de l'Amérique, se retrouvent dans l’ancien monde chez les Basques ét chez les habitans de l’Armorique. Les premiers comptent:un, bat ou unan; deux, bit ou daou; trois, iru ou tri; vingt, oguct où hugent; quarante, berroguet ou daouhgent; soixante, truroguer ou trihugent. Il est intéressant de suivre dans la formation des petits groupes de cinq, de dix ou de vingt, ces systèmes de numération si diversement nuancés et qui présentent ce- pendant cette même uniformité de traits par laquelle sont caractérisées toutes les inventions du genre humain au premier âge de son exis- tence sociale. M. Duquesne a fait beaucoup de recherches étymologiques sur les mots qui désisnent les nonibres dans la langue chibcha. I assure que « tous ces mots sont significatifs, que tous tiennent à des racines qui ont rapport, soit aux phases de la lune croissante ou dé- croissante , soit à des objets de l’agriculture et dü culte. » Comme il n'existe aucun dic- tionnaire de la langue chibcha, nous ne pou- vons vérifier la justesse de cette assertion. On ne sauroit être assez défiant lorsqu'il s’agit de 233 VUES DES CORDILLÈRES, recherches étymologiques, et nous nous con- tenterons de présenter ici les significations des nombres de un à vingt, telles que les renferme le manuscrit que j'ai rapporté de Santa-Fe. Nous ajouterons seulement que le père Lugo, sans se livrer à d’autres discus- sions sur les nombres, rapporte, dans sa grammaire de la langue chibcha , que le mot gue désigne une maïson , et qu'il se trouve en entier dans gue - ata (par élision gueta), vingt, une maison; dans gue-bosa, deux-vingis, quarante, ou deux maisons; dans gue-hisca, cinq-vingis, cent, Ou Cinq maisons. 1. Ata, étymologie douteuse : peut-être ce mot dé- rive-t-il d’une ancienne racine qui signifioit eau, comme l’at/ des Mexicains. Hiéro- glyphe : une grenouille. Le cri de ces animaux , très-fréquens sur le plateau de Bogota , annonce que le temps approche où l’on doit semer le mais et le quinoa. Les Chinois désignent le premier £sé, eau, non _ par unegrenouille , mais par un rat d’eau. 2. Bosa, à V’entour. Le même mot signifie une sorte d’enclos pour défendre les champs des ani- maux malfaisans. Hiéroglyphe : un nez avec des narines ouvertes, partie du disque lunaire figuré comme uu visage. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 239 3. Mica, variable; d’après une autre étymologie , ce qui est choisi. Hiéroglyphe : deux -yeux \ ouverts, encore partie du disque lunaire. 4. Muyhica, tout ce qui est noir, nuage menaçant de la tempête. Hiéroglyphe : deux yeux fermés. 5. Hisca, se reposer. Hiéroglyphe : deux figures unies , les noces du soleil et de ka lune, Conjonction. 6. Tu, récolte. Hiéroglyphe : un pieu avec une corde, | faisant allusion au sacrifice da Guesa attaché à une colonne qui servoit peut-être de gnomon. 7. Cuhupqua, sourd. Hiéroglyphe : deax oreilles. 8. Suhuza , queue. M. Duquesne ignore la significa- tion de ce chiffre , de mème que celle du mot suivant. 9. Aca. Hiéroglyphe : deux grenouilles accouplées. 10. Ubchihica, lune brillante. Hiéroglyphe : une | oreille. 20. Gueta, maison. Hiéroglyphe : une grenouiile étendue. Les hiéroglyphes numériques se trouvent gravés sur la Planche xr1v, fig. 4 ; et les expli- cations que nous venons d'en donner sont celles que la tradition a conservées parmi un peut nombre d’Indiens que M. Duquesne à trouvés instruits dans le calendrier de leurs 2/0 VUËS DES CORDILLÈRES, ancêtres. Les personnes qui ont étudié les clefs chinoises et Le peu que l’on sait de leur origine; ne regarderonk pas Comine entiere- ment chimériques les explications des chiffres américains. Les trails caractéristiques s’ef- facent peu à peu par un long usage dés signes. (Jui reconnoitroit aujourd'hui däns la forme des lettres hébraïques et samaritaines celle des hiérog!yphes simples d'animaux, de mai sons et d’armes qui paroissent leur avoir donné naissance ? Nos chiffres tibétains ou indoux, appelés faussement arabes, recèlentsans doute aussi un sens mystérieux. Chez les Indiens de Bogota, quelques traits d’une image se sont indubitablement conservés dans bosa, mica , hisca ; ubchthica et gueta. Le dernier biéro- glyphe est presque identique avec le signe indien de quatre *. Il est intéressant de trouver des chiffrés chez un peuple à demi-barbare, qui ne con- noissoit ni l’art de préparer le papier, ni l'écriture. Le maguey (Agave americana ) est indigene dans les deux Amériques, et cepen— 1 Hacée, Memoria sulle cifre de la Cina. (Mines de l'Orient, Tom. I, p. 73). ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 2/1 dant c’est seulement chez les peuples de race toltèque et aztèque que l’usage du papier n’a été aussi connu quil l'étoit, depuis les temps les plus reculés , en Chine et au Japon. Quand on se rappelle combien les Grecs et les Ro- mains éprouvoient de difficultés pour se pro- curer du papyrus, même à une époque où leur littérature brilloit déjà de l'éclat le plus vif, on regrette presque de voir la matière du papier si commune chez des nations amé- _ricaines, qui ignoroient l'écriture syllabique, et qui n’avoient à transmettre à la postérité, dans des peintures informes , que des rêveries astrologiques et les souvenirs d’un culte inhu- “main. S'il étoit vrai, comme le prétend M. Du- quesne , que, dans l’idiome chibcha, les mots qui désignent les nombres ont des racines communes avec d’autres mots qui indiquent les phases de la lune ou des objets relatifs à la vie champêtre, ce fait seroit un des plus remarquables que présente l'histoire philosophique des langues. On peut concevoir qu'une ressemblance accidentelle de sons se manifeste quelquefois entre des mots numé- riques et des choses qui n’ont aucun rapport Il. 16 242 VUES DES CORDILLÈRES, aux nombres, comme dans neuf (novem ; en sanskrit zava ) et neuf (novus, en sanskrit nava); acht, en allemand huit, et achtung, estime; 6, six, et &, préposition de; bosà, en chibcha deux, et bosa, préposition pour; on concoit de même comment, dans des Jangues riches en expressions fisurées, les mots deux, trois et sept peuvent être appli- qués aux idées de couple ( jugum ) ; de toute- puissance (trimurti des Hindoux), d’enchan- tement et de malheur: mais est-il possible d'admettre que, lorsque l’homme inculte sent le premier besoin de compter, il nomme quatre, une chose noire (muyhica); six, récolte (ta), et vingt, maison ( gue ou gueta), parce que, dans l’arrangement d’un almanach lunaire, par le retour des dix termes d’une série périodique, le terme quatre précède d'un jour la conjonction de la lune, ou parce que la récolte se fait six mois après le solstice d'hiver? Dans ioutes les langues, on observe une certaine indépendance entre les racines qui désignent les nombres et celles qui ex- priment d’autres objets du monde physique, et nous devons supposer que, partout où cette indépendance disparoït, il existe deux sys- LT MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 343 tèmes de numération dont l’un est postérieur à l’autre, ou bien que les affinités étymolo- giques qué l’on a cru découvrir ne sont qu'apparentes, parce qu'elles reposent sur des significations figurées ? Le père Lugo, qui écrivit en 1618, nous apprend en effet que les Muyscas avoient deux manières de désigner le nombre vingt, et qu'ils disoient, ou puela, maison, Où quihicha-ubchihica , pied dix; mais nous n’entrerons pas ici dans des discussions étrangères au but de cet ouvrage. Ce qué nous savons de positif sur le calendrier lunaire des Muyscas, et sur l'origine de leurs hiéroglyphes numériques n’a pas besoin d’être appuyé par des argu- mens tirés de la grammaire d’une langue que l’on peut presque regarder comme une langue morte. Nous avons vu plus haut que lès Muyscas n'avoient ni les décades des Chinois et des Grecs, ni les demi-décades des Mexicains et des peuples de Benin ', ni les petites périodes de neuf jours des Péruviens, ni les ogdoades des Romains, ni les semaines de sept jours ? Pauiw, de l'étude des hiéroglyphes, Tom. X, p. 52. 10" 244 VUES DES CORDILLÈRES, (schebuas) des Hébreux, que nous retrot- vons en Égypte et dans l'Inde, mais qui n’étoient connus ni chez les habitans du Latium et de l’Étrurie, ni chez les Persans et les Japonois. La semaine muysca se dis- tinguoit de toutes celles que présente l'his- toire de la chronologie : elle n’étoit que de trois jours. Dix de ces groupes formoient une lunaison appelée suna, grand chemin, che- min pavé, digue , à cause du sacrifice que lon célébroit, tous les mois, à l’époque de la pleine lune, sur une place publique à laquelle conduisoit, dans chaque village, un grand chemin (s/na ) qui partoit de la maison (tithua ) du chef de la tribu. Le suna ne commencoit pas à la nouvelle lune, comme chez la plupart des peuples de l’ancien monde, mais le premier jour quisuit la pleine lune, et dont lhiéroglyphe étoit une grenouille représentée sur la pierre interca- laire (PI. xziv, fig. 1 a). Les mots ata, bosa, mica, et leurs signes graphiques rangés en trois séries périodiques, servoient à désigner les trente jours d’une lunaison; de sorte que mica étoit, comme le quartidi du calendrier républicain francois, à la fois le quatrième, A ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 245 le quatorzième ou le vingi- quatrième jour du mois. Le même usage se irouvoit chez les Grecs qui ajoutoient cependant quelques mots pour rappeler que le nombre appartient, ou au mois commencant, pyyôs æpxouiyoy, OÙ AU milieu du mois , pyyos peodvros, Où au mots expirant , pyvos OSiveyres. Comme les petites fêtes ( feriæ ), ou les jours de marché , reve- noiïent tous les trois jours, chacune d’elles, pendant le cours d’un mois mu ysca, étoit présidée par un signe différent; car les deux séries périodiques de trois et de dix termes, celles des semaines et du suna, n’ont pas de diviseur commün, et ne peuvent coïncider qu'après trois fois dix jours. Selon le tableau suivant, dans lequel les petites fêtes sont mar- quées en caractère italique, cuhupqua (deux oreilles ) tombe sur le dernier quartier; #uy- hica (deux yeux fermés) et kisca (jonction de deux figures, noces de la lune, cha, et du soleil, sua), correspondent à l’époque de la conjonction ; mica (deux yeux ouverts) désigne le premier quarüer, et wbchihica (une oreille) la pleine lune. Le rapport que nous trouvons ici entre la chose et l'hiéro- glyphe, entre les phases de la lune et les 4 246 VUES DES CORDILLÈRES; signes des jours lunaires, prouve évidemment que ces signes , qui servoient en même temps de vrais chiffres, ont été inventés dans un temps où l’artifice des séries périodiques étoit déjà appliqué au calendrier. Chez les Écyp- tiens, les hiéroglyphes des nombres paroissent avoir été indépendans de ceux des phases lunaires. D’après Horapollon, l’image d’un _astre indiquoit le nombre cinq, soit à cause des rayons divergens que présentent à la vue simple les étoiles de première et de deuxième grandeurs, soit en faisant une allusion mys- tique au régime du monde par cinq étoiles. Dix étoit figuré par une ligne horizontale placée sur une ligne perpendiculaire. Un savant qui a eu le bonheur d'examiner sur les lieux les monumens de la Haute et de la Basse-Égypte , qui les à dessinés et décrits avec soin, et qui, par Sa position, à pu Com- parer plus d'hiéroglyphes qu'aucun antiquaire de nos jours, M. Jomard, s'occupe d’un travail extrêmement intéressant sur le systeme de numération des Égyptiens. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 9 47 JOURS LUNAIRES DU SUNA DES INDIENS MUYSCAS, DIVISÉS EN DIX PETITES PÉRIODES DE TROIS JOURS. Ata. Bosa. MWica. Muyhica. Hisca. : Ta. Cuhupqua *, Dernier quartier. Suhuza. Aca. Ubchihica. POP PME A CAL Bosa. Mica. Muyhica. PREMIÈRE SÉRIE. . Hisca *, Conjonction. Ta, Cuhupqua. DEUXIÈME SÉRIE. . Suhuza. Aca. nue, PRNUBchIR IG) AN ns 1 OR ATD rae 00 dé IC RTL 0 ta. Bosa. Mica *. Premier quartier. Muy hica. ER TROISIÈME SÉRIE. ee Suhuza. Aca. Ubchihica*. QE lune. 248 VUES DES CORDILLÈRES ; Vingt lunes ou sunas formant l’année vul- gaire des Muyscas, appelée zocam, on conçoit que le zocam n’étoit qu’un petit cycle lunaire, et non une année dans le vrai sens des mots annus, annulus, énavrès, qui supposent le retour d’un astre au point duquel il est parti. Le zocam et le grand cycle de vingt années intercalaires ne doivent probablement leur origine qu’à la préférence donnée au nombre vingt, gueta. Outre le zocam , les Muyscas avoient un cycle astronomique, une année des prêtres, usitée dans les fêtes religieuses, et renfermant trente-sept lunes, de même qu'une année rurale , qui étoit comptée d’une saison de pluies à une autre. Les sunas n'avoient pas de dénomination particulière , comme nous en trouvons chez les Égyptiens, les Perses, les Hindoux et les Mexicains : on ne les distinguoit que par leur nombre. Cet usage me paroît le plus ancien . dans l’Asie orientale ; il s’est conservé jusqu’à nos jours chez les Chinois, et les Juifs le suivirent jusqu'à l’époque de la domination des Babyloniens. Mais les habitans de Cundi- namarca ne comptoient pas dans leurs trois calendriers , rural, civil et religieux , jusqu'à ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 249 douze, vingt ou trente-sepl:ils n'employoient, pour les sunas, comme pour les jours d’une même lune, que les dix premiers nombres et leurs hiéroglyphes. Le premier mois de la seconde année agricole étoit présidé par le signe mica , trois; le troisième mois de Îa troisième année, par le signe cuhupqua, sept, et ainsi de suite. Cette prédilection pour les séries périodiques et l'existence d’un cycle de soixante ans, qui est égal aux sept cent quarante sunas renfermés dans le cycle de vingt années des prêtres , paroissent déceler l’origine tartare des peuples du nou- veau continent. Comme l’année rurale étoit censée com- posée de douze sunas , les xeques ajoutoient, à l'insu du peuple ; à la fin de la troisième année, un treizième mois, analogue au jun des Chinois‘. La table que nous allons donner des lunes muyscas prouve que, par l'emploi des séries périodiques, ce suna intercalaire étoit présidé, dans la première indiction, par cuhupqua. C'est ce signe que l'on appeloit la | * Soucrer et Gaugic, Observ. mathém., Tom. Ï, p. 183, ‘250 VUES DES CORDILLÈRES ; lune sourde , parce qu'il ne comptoit pas dans la quatrième série qui, sans l'emploi d’un terme complémentaire ; auroit dû commencer, non par suhuza, mais par cuhupqua. Ce mode d’inlercalation, qui se retrouve dans le nord de l'Inde, et d'après lequel, à deux années lunaires communes de trois cent cin- quante-quatre jours huit heures, succède une année lunaire embolismique de trois cent quatre-vingt-trois jours vingt-une heures , est celui que les Athéniens suivoient avant Méton : c'est la diétéride dans laquelle on intercaloit, après le mois Posideon, un Hosard'ewy deurepos. Hérodote ', en faisant l’éloge du calendrier solaire des Égyptiens, s'explique très-claire- ment sur ce procédé simple, mais assez im- parfait : 569" EAAyVES ir Siè rpirou ÊTE0s cu6v ape » ! em CET e STEUCAANOUTI y TOY WpEWY EIVEXEY» * Hérov., Lib. IT, cap. 4, ed. Wesseling, 1763, p. 105. CEnsorin , de die natali , c. 18. Inezr , Histor, Untersuchungen , p. 176. ch > ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 251 TROIS FORMES DE ZOCAMS DU: CALENDRIER DES MU YSCAS. ANNÉES RURALES de 12 et 13 lunes. D'ANNÉE COMMUNE. Mu... | ANNÉE COMMUNE. DIIIT. Hrsca..,... ANNÉE DIEMBOLISMIQUE... Mois sourd AIIV. Suliuza..... | ANNÉES DES PRÊTRES de 37 lunes. Cuhupqua.... Suhuza..,.... à SE PT ER Cuhapqua..... Suhuza AcCaue dar st Ubchica En Eaus Maybhica scan ie | NAT AP AURA Cuhupqua Suhuza | Récolte,...…. { Mois embo- hsmique... de 20 luues. ANNÉES VULGAIRES |} RQ ei ed el bd ed ed Gui ed On di CO GI DO ON D = CtO CI OUR OI # À = OO Du DO OR 252 VUES DES CORDILLÈRES, Nous avons vu plus haut que les Mexicains intercaloient d’une manière beaucoup plus exacte et très-régulière ; tandis que les Péru- viens rectifioient de temps en temps Jeur année lunaire par l'observation des solstices et des équinoxes, faite au moyen de tours cylindriques qu'on avoit érigées sur la mon- tagne de Carmenga près du Cuzco* et qui servoient à prendre des azimuts. Chez les Muyscas, c’est à l'emploi bizarre de nombres, dont la série a deux termes de moins que l’année rurale ne renferme de lunes, qu’il faut attribuer l’imperfection d'un calendrier dans lequel, malgré l’intercalation du trente-septième mois, cuhupqua, la ré- colte, pendant six ans, tomboit chaque année dans un mois d’une dénomination différente. Aussi les xeques annoncoient-ils tous les ans par quel signe seroit présidé le mois des épis de maïs, qui correspond à l44ib ou Nisan du calendrier des Hébreux. Comme le pouvoir d’une classe de la société est souvent fondé sur l'ignorance des autres classes, les lamas d'Iraca préféroient un calendrier bizarre dans .* Nieremeerc, p. 139. Crrça, p. 230. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 253 lequel le huitième mois ( octobre) s’appeloit tantôt le troisième, tantôt le cinquième, et dans lequel les différences de saison qui, malgré la proximité de l'équateur, sont encore assez sensibles sur le plateau de Bogota, ne coïncidoient pas avec les sunas du même nom. Les prêtres du Tibet et de l’'Hindoustän savent profiter de même de cette multiplicité de catasiérismes qui président aux années, aux mois, aux jours lunaires et aux heures; ils les annoncent au peuple pour lever un impôt sur sa crédulité ‘. L’intercalation des Muyscas avoit pour but de ramener à là même saison le commence- ment de l’année rurale et les fêtes que l’on célébroit dans le sixième mois, dont le nom étoit consécutivement suna ta, suna suhuza, suna ubchihica. M. Duquesne pense que le commencement du zocam étoit, comme chez les Mexicains, les Péruviens, les Hindoux et les Chinois, la pleine lune qui suit le solstice d'hiver, mais cette iradition est incertaine. Le premier chiffre , ata , représente l’eau sym- bolisée par une grenouille. Chez les Chinois, 4 Le Genis, Voyage dans l’Inde, Tom. I, p. 207- 204 YUES DES CORDILLÈRES, le premier catastérisme, dans le cycle destse, est aussi celui de l’eau, et il correspond à notre signe du verseau’. De même que chez les peuples de race tartare *, le cycle de soixante ans, présidé par douze animaux, étoit divisé en cinq parties, le cycle des Muyscas, de vingt années de trente-sept sunas, étoit divisé en quatre petits cycles dont le premier se fermoit en hisca, le second en ubchihica ; le troisième en qui- hicha hisca, et le quatrième en gueta. Ces petits cycles représentoient les quatre saisons de la grande année. Chacune d'elles renfer- moit cent quatre-vinglécinq lunes qui cor- respondoient à quinze années chinoises et tibétaines, et par conséquent aux véritables indictions usitées du temps de Constantin. Dans cette division , par soixante et par quinze, le calendrier des Muyscas se rapproche bien plus de celui des peuples de l'Asie orientale que ne le fait le calendrier des Mexicains qui avoient des cycles de quatre fois treize * Voyez plus haut Tom. IT; p. 13. t 2 Voyez plus haut Tom. 1, p. 384, èt Tom. IT, p. 53. Duruis, Orig. des cultes, Tom. IIT, PL x, p. 44. Barre, Astronomie indienne et orientale ; 1787, p.29. .:.* ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 955 ou de cinquante-deux ans. Comme chaque année rurale, de douze et de treize sunas, étoit désignée par un de ces dix hiéroglyphes qu'offre la 4.° figure, et que les séries de dix et de quinze termes ont un diviseur commun, les indictions se terminoient constamment par les deux signes de la conjonction et de l’op- position. Nous ne nous arrêterons pas ici à démontrer comment l’hiéroglyphe de l’année et l'indication du cycle de soixante ans, auquel apparlient cette année, pouvoient servir à régler la chronologie : nous avons exposé ces moyens en faisant connoitre les rapports des calendriers mexicain, tibétain et japonois. Le commencement de chaque érdiction étoit marqué par un sacrifice dont les cérémonies barbares, d’après le peu que nous en savons, paroissent toutes avoir eu rapport à des idées astrologiques. La victime humaine étoit ap- pelée guesa , errant, sans maïson , et quihica, porte, parce que sa mort annoncoit pour ainsi dire l’ouverture d’un nouveau cycle de cent quatre-vingt-cinq lunes. Cette dénomi- nation rappelle le Janus des Romains placé aux portes du ciel, et auquel Numa dédia le premier mois de l’année, tanquam bicipitis 256 VUES DES CORDILLÈRES , dei mensem*. Le. guesa étoit un enfant que l’on arrachoit à la maison paternelle. Il devoit nécessairement être pris d’un certain village situé dans les plaines que nous appelons au- jourd’hui les Zlanos de San Juan, et qui s'étendent depuis la pente orientale de la Cordillère jusque vers les rives du Guaviare, C'est de cette même contrée de l’Orient qu'étoit venu Bochica, symbole du soleil, lors de sa première apparition parmi les Muyscas. Le guesa étoit élevé avec beaucoup de soin dans le temple du soleil à Sogamozo, jusqu’à l’âge dé dix ans : alors on le faisoit sortir pour le promener par les chemins que Bochica avoit suivis, à l'époque où, par- courant les mêmes lieux pour instruire le peuple, il les avoit rendus célèbres par ses miracles. À l’âge de quinze ans, lorsque la victime avoit atteint un nombre de sunas égal à celui que renferme l’indiction du cyele muysca, elle étoit immolée dans une de ces places circulaires dont le centre étoit occupé par une colonne élevée. Les Péruviens con- noissoient les observations gnomoniques. Ils 1 Macromrvus, Lib. I, c. 13, ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 357 avoieht surtout de la vénéralion pour les colonnes érigées dans la ville de Quito, parce que le soleil, à ce qu'ils disoient, « se placoit immédiatement sur leur sommet, et que les ombres du gnomon y étoient plus courtes que dans le reste de l'empire de lTnca. » Les pieux et les colonnes des Muyscas, réprésentés ; dans plusieurs de leurs sculptures, ne ser- voient-ils de même pour observer la longueur des ombres équinoxiales ou solsticiales”? Cette _ supposition est d'autant plus vraisemblable : que, parmi les dix signes des mois, nous trouvons deux fois, dans les chiffres ta et suhuza; une corde ajoutée à un pieu, et que les Mexicains connoissoient l'usage du gnomon filaire”. Lors de la célébration du sacrifice qui mar- quoit l’ ouverture d’une nouvelle indiction ou d'un cycle de quinze années, la victime, guesa , étoit menée en procession par le suna, qui donnoit son nom au mois lunaire. On la conduisoit vers la colonne qui paroît avoir servi pour mesurer les ombres solsticiales ou me * Sur une pierre sculptée trouvée à Chapultepec, voyez GAMaA, Descripcion cron. de dos piedras, p.100. IT. n7 258 VÜUES DES CORDILLÈRES, équinoxiales , et les passages du soleil par le zénith. Les prêtres, xegues, suivoient la vic- time : ils étoient masqués comme les prêtres égyptiens. Les uns représentoient Bochica, qui est l’'Osiris ou le Mithras de Bogota, et auquel on attribuoït trois têtes, parce que, semblable au 7Z7rimurti des Hindoux , il ren- fermoit trois personnes qui ne formoient qu'une seule divinité : d’autres portoient les emblèmes de Chia, la femme de Bochica, Isis, ou la lune ; d’autres étoient couverts de masques semblables à des grenouilles , pour faire allusion au premier signe de l’année, ata; d’autres enfin représentoient le monstre Fomagata, symbole du mal, figuré avec un œil, quatre oreilles et une longue queue. Ge Fomagata, dont le nom, en langue chibcha, signifie feu ou masse fondue qui bouillonne, étoit regardé comme un mauvais esprit. Il voyageoit par l'air, entre Tunja et Sogamozo, et transformoiït les hommes en serpens, en lézards et en tigres. Selon d’autres traditions, Fomagata étoit originairement un prince cruel. Pour assurer la succession à son frère, Tusatua, Bochica Vavoit fait traiter, la nuit de ses noces, comme Uranus lavoit été par ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 259 Saturne. Nous isnorons quelle constellation portoit le nom de ce fantôme ; mais M. Du- quesne croit que les Indiens y attachoient le souvenir confus de l'apparition d’une comète. Lorsque la procession, qui rappelle les pro- cessions astrologiques * des Chinois et celle de la fête d'Isis, étoit arrivée à l'extrémité du suna , on lioit la victime à la colonne dont nous avons fait mention plus haut : une nuée de flèches la couvroit , et on lui arrachoit le cœur pour en faire offrande au Ror Soleil, à Bochica. Le sans du guesa éloit recueilli dans des vases sacrés. Cette cérémonie bar- bare présente des rapports frappans avec celle que les Mexicains célébroient à la fin de leur grand cycle de cinquante-deux ans, et que l'on trouve figurée sur la Planche xv*. Les Indiens Muyscas gravoient sur des pierres les signes qui présidoient aux années, aux lunes et aux jours lunaires. Ces pierres, comme nous l'avons dit plus haut, rappe- loient aux prêtres, xeques, dans lequel zocam ou année muysca telle ou telle lune devient * Soucrer, Tom. III, p. 33. ? Voyez plus haut Tom. 1, p. 271, et Tom. I, Du, PE XV, n.° 8, LT 260 VUES DES CORDILLÈRES ; intercalaire. La pierre de petrosilex, repré- sentée en projection orthographique, figure 1, en perspective et dans ses vraies dimensions, figure 2, paroît indiquer les mois embolis- miques de la première indiction du cycle. Elle est pentagone, parce que cette indiction renferme cinq années ecclésiastiques de trente- septlunes chacune:elle offre neufsignes, parce que cinq fois trente-sept lunes sont contenues en zeuf années muyscas. Pour bien saisir l’ex- plication que M.Duquesne donne de cessignes, il faut se rappeler d’abord que, par l’emploides séries périodiques, dans une indiction de neuf années et Cinq mois muyscas, les mois inter- calés temibent successivement sur cuhupqua, muyhica , ata, suhuza et hisca , et qu'aucune intercalation ne peut avoir lieu dans la pre- miere , la troisième, la septième et la neuvième année. Ces coïncidences sont rendues sensibles par les trois cercles concentriques qu'offre la troisième figure. Le premier cercle, qui est l'intérieur, indique les signes des lunes ou sunas; le second cercle, celui du milieu, rappelle en quelle année muysca, de vingt sunas , un des sisnes contenu dans la série de dix termes devient intercalaire; enfin le cercle ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 261 extérieur détermine le nombre des interca- lations qui ont lieu en trente -sept ans. Par exemple, si l’on demande dans quel zocam est intercalé le signe bosa, on trouve que cette intercalation est la sixième , et qu'elle se fait dans la douzième année du cycle. M. Duquesne, guidé par des Indiens qui ont conservé une connoissance des signes du calendrier muysca, croit reconnoître sur trois faces de la pierre les intercalations d’ata , de suhuza et de hisca, c'est-à-dire celles qui ont leu dans neuf années de douze et treize sunas qui correspondent à la sixième , à la huitième et à la dixième année muysca, de vingt sunas. J'ignore pourquoi les deux premières inter- calations, celles de cuhupqua et muyhica, n’y sont pas marquées. Voici l'interprétation, souvent un peu arbitraire, des fig. 1 et 2. La grenouille sans tête, «, rappeile que l'indiction commence par le signe ata, em- blème de l’eau. En b, c et d, sont sculptées trois pelites pièces de bois, dont chacune est marquée de trois lignes transversales. Celle du milieu ne se trouve pas sur la même rangée avec les autres, pour indiquer qu'ilne s’agit que de six années muyscas, après les- 262 VUES DES CORDILLÈRES, quelles lintercalauon tombe sur quihichata , e, tétard de grenouille muni d’une longue queue et dépourvu de paltes, grenouille en repos. Cet emblème annonce que le mois auquel l’animal préside est inutile, et ne compte pas dans les douze sunas quis’écoulent d’une récolte à une autre. Les deux figures de la grenouille, « et e, sont placées sur une sorte de plateau quadrangulaire. On pourroit douter de l'interprétation de l’hiéroglyphee, mais M. Duquesne affirme avoir observé dans plusieurs idoles de jade le même symbole astrologique d’une lune intercalaire. Dans ces idoles, l’animal sans pattes étoit couvert de la tunique indienne ( capisayo) qui est encore usitée parmi le bas-peuple. On se rappelle que chez les Azièques , les siones des jours avoient même leurs autels’. Les figures fet indiquent, par huit lignes transversales disposées par cinqget par trois, qu'à la huitième année muysca on intercale la [une présidée par suhuza. C’est ce signe qui est représenté en À par un cercle tracé, au moyen d’une corde, autour d'une colonne. Les Indiens assurent que fet À représentent des serpens qui, chez tous les: 1 Voyez plus haut Tom. Îf, p. 160. » y « ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 265 peuples, sont les emblèmes du temps. Le dessous de la pierre offre en g le signe hisca, qui fait allusion aux noces de Bochica et de Chia', signe de la conjonction lunaire, figurée sous la forme d’un temple fermé. C’est la fin de la première révolution du cycle. Le saeri- fice du guesa va rouvrir le temple et com- mencer la seconde indiction. L’intercalation de hisca se fait après neuf années muyscas, ce qui est désigné par neuf traits en b, cet d, La serrure qui ferme le temple , est d’ailleurs la même que celle dont lesindigènes seservent encore aujourd'hui. Elle est percée des deux côtés pour recevoir deux morceaux de bois cylindriques. En comparant cette serrure à celle des Égyptiens, sculptée sur les murs de Karnak , et usitée depuis des milliers d’an- nées sur les bords du Nil *, on observe la même différence qui existe entre les ouvrages d'un peuple grossier et ceux d’une nation ingénieuse et avancée dans les arts. Quatre de ces pierres pentagones ensei- gnoient, à ce qu'assurent les Indiens, Îles Ml xrriv, fs. 4, n°5, 2 Dexow, Voyage en Égypte, PI, cxxxix, fig. 14. 26/4 VUES DES CORDILLÈRES , vingt intercalations de la lune sourde qui, d’après le calendrier imparfait des Muyscas, avoient lieu dans un cycle de sept cent qua- rante sunas. Ce cycle renfermoit vingt années des prétres de trente-sept lunes chacune, ou soixante années rurales : il est connu de tous les peuples qui vivent à l’est de l’Indus, et il paroît lié au mouvement apparent de Jupiter dans l'écliplique. Nous avons démontré plus haut que, chez les Hindoux, la dodécaté- morie du zodiaque solaire a tiré son origine des nakchatras ou du zodiaque lunaire, chaque mois prenant le nom de l'hôtellerie lunaire dans laquelle la pleine lune a lieu : nous avons de même fait observer que les indictions de douze années, et les noms des nakchatras donnés à ces années, ont rapport au lever héliaque de Jupiter. On peut croire qu’à cette époque reculée, où se développoient les premières idées astronomiques , les hommes étoient frappés de voir une planète parcourir les vingt-huit hôtelleries lunaires à peu près dans autant d'années qu'ils observoient de révolutions lunaires d’un: solstice d'hiver * Tom. IT, p.11. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 263 à un autre. Pour réunir en groupes ces grandes années de douze années lunaires, on devoit nécessairement employer un des nombres qui, chez tous les peuples, servent de point de repos dans la numération; savoir: 5, 10 ou 20. Peut-être donnoit-on la prélé- rence au plus petit de ces nombres, parce que 5x 12 ou 60 est renfermé six fois dans le nombre 360 qui servoit pour la division du cercle, à cause des trois cent soixante jours que les plus anciens peuples de Orient attribuoient à l’année représentée sous l’em- blème d’un anneau. Chez les nations améri- caines, par exemple chez les Mexicains et les Muyscas , nous trouvons quatre indictions au lieu de cinq; et cette préférence singulière pour le nombre quatre .est due à l'intérêt attaché aux points solsticiaux et équinoxiaux qui désignent les quatre saisons ou grandes semaines de la grande année +. D'ailleurs le nombre de cinq intercalations conduisit les Muyscas à des groupes de quinze années rurales, dont quatre forment le cycle asia- tique de soixante ans. * Voyez plus haut Tom. IL, p. 54. 266 VUES DES CORDILLÈRES, D'après les notions vagues qui nous sont parvenues sur les signes lunaires portés dans la procession du guesa, et sur le rappcrt qui exisie entre la constellation de la gre- nouille, ata, et le signe de l’eau ou du rat d'eau, qui, chez les Chinois et les peuples de race tartare, ouvre la marche des catas- térismes, on peut conjecturer que les dix hiéroglyphes' d’ata , de bosa , de mica, elc., marquoient orisinairement, comme les signes des jours mexicains ?, les divisions d’un zo- diaque en dix parties. Nous retrouvons chez les Chinois, ei ce fait est irès -important, un cycle de dix cans , auxquels les Mantchoux donnent les noms de dix couleurs *. Il est probable qu'anciennement les cans des Muys- cas avoient aussi des noms parliculiers, et lon peut soupconner que les chiffres que M. Duquesne nous à transmis faisoient allu- sion à ces mêmes noms. Tout cela me fat présumer que les mots numériques ata , bosa, mica, eic., n'ont été substüitués aux noms MEL xtuv, Het 2 Voyez plus haut Tom. IT, p. 51. 5 Soucrer et Gauriz, Tom. IF, p. 135. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 267 des signes que pour indiquer le premier signe du zodiaque, le second signe , le troi- sième signe, elc., et que cette substitution a fait naître insensiblement l’idée bizarre que les nombres mêmes étoient significatifs. Cette matière, qui n’est pas sans intérêt pour l’his- toire des migrations des peuples, ne pourra ètre éclaircie que lorsqu'on aura comparé un plus grand nombre de monumens amé- riCains. 268 VUES DES CORDILLÈRES , “ PLANCHE XLV: Fragment d'un manuscrit hiérogly - plique conservé à la Bibliothéque royale de Dresde. D'après ce même principe, que les monu- mens s'expliquent les uns les autres , et que, pour bien approfondir l’histoire d’un peuple, il faut avoir sous les yeux l’ensemble des ouvrages auxquels il a imprimé son caractère, je me suis déterminé à faire graver, sur les Planches xcv-xLvnr, des fragmens tirés des. manuscrits mexicains de Dresde et de Vienne. Le premier de ces manuscrits m’étoit entière- ment inconnu lorsqu'on a commencé l'im- pression de ces feuilles. Il n’est pas facile de: donner une notice complète des peintures hiéroglyphiques échappées à la destruction dont les menacoient, lors de la découverte de l'Amérique, le fanatisme monacal et la PI. xvz de l'édition in-8.e. (ee “ k 5 = non Re - RS. a@0. ee vor octo, PRESS PAR dur, mi ji EE, £ PES Î AC k AL = ë 5 D ‘s, k #% Bouquet de. % ? 7 \ Cnil L J € Co 6 4 TL : / Cl TP anis 772 C Ps VD 2114 nn. COUUTIUS ET MONÜMENS DE L’AMÉRIQUE. 269 stupide insouciance des premiers conquérans". Un antiquaire, quia fait desavantesrecherches sur les arts, la mythologie et la vie privée des Grecs et des Romains, M. Bôtüiger, n'a fait connoître le Codex mexicanus de la biblio- théque royale de Dresde : il en a parlé tout récemment dans un ouvrage qui offre les notions les plus étendues tant sur la peinture des peuples barbares que sur celle des Hin- doux, des Perses, des Chinois, des Écy ptiens et des Grecs *. C’est à l’amitié de ce savant et à la bienveillance particulière de M. le Comte de Marcolini, que je dois la copie du frag- ment que renferme la Planche xzv. Selon les renseignemens que M. Bôttiger a eu la bonté de me communiquer, ce manus- crit aztèque paroît avoir été acheté à Vienne par le bibliothécaire Gôtz*, dans le voyage littéraire qu'il fit en Italie en 1739. Il est de papier ou carton de Metl( Agave mexicana), comme ceux que J'ai rapportés de la Nouvelle- 2 Tome Ep: 215. ? BôrTricer, Îdeen zur Archäologie der Malerei, Tom. I, p. 17-21. 8 GÔTZE, Denkwiürdigkeiten der Dresdner Bibliothet, erste Sammlung, 1744,p. 4. 270 VUES DES CORDILLÈRES; Espagne : il forme une tabella plicatilis de près de six mètres de long , renfermant qua- rante feuillets qui sont couverts de peintures des deux côtés. Chaque page a 0”",295 (7 pouc. 8 lignes) de long, sur 0,085 (5 pouc. 2 lig.) de large. Ce format, analogue à celui des anciens Diptiques , distingue le manuscrit de Dresde de ceux de Vienne, de Veletri et du Vatican; mais ce qui le rend surtout très- remarquable, c'est la disposition des hiéro- glyphes simples, dont plusieurs sont rangés par lignes comme dans une véritable écriture symbolique. En comparant la Planche xLv avec les Planches xux et xxvir, on voit que le Codex mex. de Dresde ne ressemble à aucun de ces rituels dans lesquels l’image du signe astrologique, qui préside à la demi-lunaison ou petite période de treize jours, est envi- ronnée des catastérismes des jours lunaires. Ici un grand nombre d'hiéroglyphes simples se suivent sans liaison, comme dans les hié- roglyphes égyptiens et dans les clefs des Chinois. | En général, rien ne me paroît porter à un plus haut degré le caractère des ouvrages de ce dernier peuple, que les peintures informes ne ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 271 d'animaux sacrés couchés et percés de flèches, que l’on voit au bas des trois premières pages. Cette analogie s'étend jusque sur les signes linéaires : ces signes rappellent les £ouas que, deux mille neuf cent quarante-un ans avant notre ère ’, l'empereur Tai-hao-fo-hisubstitua aux cordelettes ou quippus que nous retrou- vons sur l'inscription de Rosette, dans l’inté- rieur de l'Afrique, en Tartarie, au Canada, au Mexique et au Pérou. Les £ouas, et sur- tout les Æo-tous, ne sont peut-être qu'une imitation linéaire * des Cordelettes : car le premier des huit trigrammes renferme aussi des lignes non brisées, commeles hiéroglyphes du manuscrit de Dresde. Nous ne déciderons pas si ceux-ci, dans lesquels des’ points se trouvent entreméêlés à des lignes parallèles entre elles, expriment des quantités numé- riques, par exemple une liste de tributs, ou si ce sont de vrais caractères cursifs. ? Jurrus KLAPROTT, Asiatisches Magazin, 1802, B. I, p. g1, 521 et 545. 2? Pau, de l'étude des hiéroglyphes, 1812, Tom. 1, p: 485 107,%114, 120; Tom. V, p. 19, 31 et 112. Soucier et Gauir,, Observ. astron., Tom. Il, p. 88 ét 187; Tom. HF, p. 4, fig. 7. \ 272 __ VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHES XLVI, XLVII, XLVIIE. Peintures liéroglyphiques tirées du manuscrit mexicain conservé à la Bibliothéque impériale de Vienne, He 1, © ef 0. | Ds tousles manuscrits mexicains quiexistent dans les différentes bibliothéques de l’Europe, celui de Vienne est le plus anciennement connu. C’est celui dont Lambecius et Nessel 1 ont parlé dans leurs catalogues, et dont Ro- bertson # fait graver un fragment au simple trait. J'ai eu occasion de l’examiner pendant mon dernier séjeur à Vienne, en 1811, et je dois la copie coloriée de trois pages, que pré- sentent les Planches xLvr, xLvIT et xzvurr, à l’obligeance d’un savant distingué, M. de Hammer, dont les différens ouvrages, et sur- tout les Mines de lOrient, ont beaucoup * Nesser, Catal. Biblhoth. Cæœsareæ, Tom. VI, p. 163. Voyez aussi plus haut, Tom. 1, p. 217. € ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 275 contribué à faciliter l'étude des rapports qui existent entre les peuples de l'Asie centrale et ceux de l'Amérique. Le Codex mexicanus de Ia bibliothéque impériale de Vienne est très-remarquable à cause de sa belle conservation et dela œrande vivacité des couleurs qui distinguentles figures allésoriques. Il ressemble, par sa forme exté- rieure, aux manuscrits du Vatican et de Ve- letri, qui sont pliés de la même manière. Il a cinquante - deux pages, et chaque page a 0" ,272 (10 pouces 1 ligne) delong, et 0":,220 (S pouces 2 lignes) de large. La peau que couvrent ces peintures hiéroglyphiques n’est certainement pas une peau d'homme, comme on l’a avancé faussement : il est probable que c'est une peau du Mazatl que les naturalistes appellent Cerf de la Louisiane, et qui est commun dans le nord du Mexique. Les pages sont luisantes comme si elles étoient vernies : c'est l'effet d’un enduit blanc et terreux qui est fixé sur la peau. Un enduit pareil se trouve sur le manuscrit de Dresde, quoique ce der- nier ne soit pas de parchemin, mais de papier de metl. Le Codex mex. vindobon. renferme plus de mille figures humaines dissosées de 1: 10 294 YUËS DES CORDILLÈRES, la manière la plus variée; on n’y observe aucunement cet arrangement uniforme que l’on trouve dans les ARrtuels de Veletri et du Vatican. Quelquefois deux figures sont repré- sentées en action l’une avec l’autre, mais le plus souvent chaque figure estisolée, et paroït montrer quelque chose du doigt. La treizieme page est tres-remarquable : divisée par trois lignes horizontales, elle indique évidemment que les Mexicains lisoient de droite à gauche et de bas en haut, Beucrpogydiy. Quoique le nombre des pages soit égal au nombre d'années contenues dans un cycle mexicain, je n'ai pu rien découvrir qui ait rapport au retour des quatre hiéroglyphes qui distinguent les années. Presque sur chaque feuillet on voit représentés, outre les signes solsticiaux et équinoxiaux , lapin, canne, silex et maison, les catastérismes du Jaguar, Ocebotl; du singe, Ozomatli, et de l'aigle à riches plumes, Coz- caquaubhili; ces signes président aux jours et non à l’année. En examinant la suite des pages de treize en treize, on n'y voit rien de périodique ; et, ce qui est surtout très- frappant, les dites, dont j'ai compté 979 sur les premières vingt-deux pages de manuscrit, ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 2759 sont rangées d'une manière qui n’a aucun rapport à l’ordre dans lequel elles se suivent dans le calendrier mexicain. On trouve ome ehecatl (1 vent ) immédiatement avant mat- lactli calli (10 maisons), et ce miquiztli (1 tête de mort) accolé à chicome miquiztli (7 têtes de mort), quoique les jours présidés par ces signes soient très-éloignés les uns des autres. Si ce manuscrit traite de matieres astrolo- giques, comme il est très-probable, on a lieu de s'étonner que des pages entières, par exemple la première et la vingt-deuxième, n’offrent aucune indication de dates; s’il y en avoit, on les reconnoîtroit facilement par les ronds qui expriment les différens termes de la série périodique de treize chiffres. On trouve , Planche xivr, une figure sym- bolique très-bizarre représentant un homme qui à le pied pris dans la fente d’un tronc d'arbre, ou d’un rocher : Planche xivir, une femme qui file du coton; une tête isolée et barbue ;” des coquilles; un grand oiseau, peut-être un alcatras qui boit de l’eau; un prêtre qui allume le feu sacré par frottement; 1 Voyez plus haut Tom, [, p.272, et PL xv,r.° 8, , 19 276 VUES DES CORDILLÈRES, un homme à barbe touffue, portant en main une espèce de vexillum , etc. Ces mêmes personnages, environnés de dix autres hiéroglyphes, se trouvent répétés sur la Planche xzvrr. En jetant les yeux sur cette écriture in- forme des Mexicains, l'observation se présente d'elle-même, que les sciences y gagneront bien peu, si jamais l’on parvient à déchiffrer ce qu'un peuple peu avancé dans la civili- sation à consigné dans ses livres. Maloré le respect que nous devons aux Égyptiens qui ont influé si puissamment sur le progres des lumières, on doit craindre aussi que les ins- cripuons nombreuses, tracées sur leurs obé- lisques et sur les frises de leurs temples, ne renferment pas des vérités très-importantes. Ces considérations, quelque justes qu’elles puissent être, ne doivent pas, à ce que je pense, faire négliger l'étude des caractères symboliques et sacrés. La connoissance de ces caractères est intimement liée à la mytho- logie, aux mœurs et au génie individuel des peuples : elle répand du jour sur l'histoire des anciennes migrations de notre espèce, et elle intéresse vivement le philosophe, en lui pré- ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 2977 sentant , sur les points les plus éloignés de la terre, dans la marche uniforme du langage des sisnes, une image du premier développe- ment des facultés de l’homme. SF 278 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHES XLIX gr L Ruines de Miguitlan ou Mitla, dans La province d'Oaxaca; plan et élé- valion. | = Après avoir décrit dans cet ouvrage tant de monumens barbares qui n'offrent qu'un intérêt purement historique, j'éprouve quel- que satisfaction à faire connoître un édifice construit par les Tzapoièques, anciens habi- tans d'Oaxaca, et couvert d’ornemens d’une élégance très -remarquable. Cet édifice est désigné, dans le pays, sous le nom de Palais de Mila. I est situé au sud-est de la ville d'Oaxaca ou Guaxaca, à dix lieues de distance, sur le chemin de Téhuantepec, dans un pays granitique. Mitla n’est qu'une contraction du mot Miguitlan, qui signifie, en mexicain, lieu de désolation, lieu de tristesse. Cette dénomination paroît bien choisie pour un 2 PI. xvir et xvrur de l’éd. in-8.°. PT. ANT]. CRE TNA ji AC rene nt \ di NS (HR KNSQ a AT arts NU Colonne de Porphyre. Æchelle de 25 Maires. +— 1. Joie = 2,838 Järes. it fi iii jh tt | ul np jl HI in à jé) En HU ANRT At 11 | Le a | D a h 1) 7 2); . oo. Fe ... ÈS ES 7 LISE ES 111] J} É S PIX NS ÉHPANN Ÿ MAS | \\ NS ALL \ AAA MN \ Bouguet se. —. = AWNWSSES S ÿ NS 7) i \ NS LY, / } ANA NEA KES HAN { AAA ENS K Ni AH QU | NON \ ITA \ fn Fons “ CD | # L 24 CZ, DCS FURECS AE + li Lo = È Lars le TI | | ee QU NA ASSET , a QU LL RUES D PK ER REUU ù S DO SAUTI IS M \ k, | | à LL ; QUIL | | Er N j LME LNALLE ( QU LUE NE (TA is al à k : à nu fe M 1 in 1 Le We “ ie RUE NON LRU AS ii { RAA ” ÿ SRE MY fS ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 279 site tellement sauvage et lugubre que, d’après le récit des voyageurs, on n y entend presque jamais le ramage des oiseaux. Les Indiens Tzapotèques appellent ces ruines Leoba ou Luiva, sépulture, en faisant allusion aux excavations qui se trouvent au-dessous des murs chargés d’arabesques. J’ai eu occasion de parler de ce monument dans mon Essai politique sur le royaume de la Nouvelle- Espagne :. D’après les traditions qui se sont conser- vées, le but principal de ces constructions étoit de désigner l'endroit où reposoient les cendres des princes tzapotèques. Le souverain, à la mort d’un fils ou d’un frère, se retiroit dans une de ces habitations, qui sont placées au-dessus des tombeaux, pour s’y livrer à la douleur et à des cérémonies religieuses. D'autres prétendent qu'une famille de prêtres, chargée des sacrifices expiatoires que l’on faisoit pour le repos des morts, vivoit dans ce lieu solitaire. Le plan du Paluis?, levé par un architecte * Tom. IT, p. 321. HiPL x: 280 VUES DES CORDILLÈRES, mexicain très-distingué, Don Luis Martin, montre qu'originairement à Mitla, il existoit cinq fabriques isolées et disposées avec beau- coup de régularité. Une porte tres-large (6), dont on voit encore quelques vestiges, con- duisoit à une cour spacieuse, de cinquante mètres en carré. Des monceaux de terre rapportée et des restes de constructions sou- terraines indiquent que quatre petits édifices, de forme oblongue (8 et 9), entouroient la cour. Celui qui est à droite est encore assez bien conservé; on y observe même les restes de deux colonnes. Dans l'édifice principal, on distingue : 1. Une terrasse élevée d’un à deux mètres au-dessus du niveau de la cour, et en- tourant les murs auxquels elle sert en même temps de soubassement, comme on le voit plus distinctement PJ. v; 2, Une niche pratiquée dans le mur, à la hauteur d’un mètre et demi au-dessus du niveau du S'alon a Colonnes. Cette niche, plus large que haute, renfer- moit sans doute une idole. La porte principale du salon est couverte d’une ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 281 pierre qui à 4" ,5 de long, 1",7 de large , et 0,8 de haut ; 5 et 4. Entrée de la cour intérieure; 5 et 6. Puits ou ouverture du tombeau. Un escalier tres-large conduit à une exca- vation en forme de croix, soutenue par des colonnes. Les deux galeries, qui se coupent à angle droit, ont chacune vingt-sept mètres de long sur huit de large. Les murs sont couverts de grec- ques et d'arabesques ; 7. Six colonnes destinées à soutenir des | poutres de Sabino qui formoient le pla- fond. Trois de ces poutres sont encore très - bien conservées. La couverture étoil en dalles tres-larges. Les colonnes, qui annoncent l'enfance de l’art, et qui sont les seules qu'on ait trouvées jus- qu'ici en Amérique, sont dépourvues de chapitaux. Leur fût est d’une seule pièce. Quelques personnes, très - ins- truites en minéralogie, m'ont dit que la pierre en est un beau porphyre am- phibolique; d’autres m'ont assuré que cest un gramte porphyritique. La 282 VUES DES CORDILLÈRES , hauteur totale des colonnes est de 5”:,8; mais elles sont enterrées au tiers de leur hauteur. J'ai fait représenter une co- lonne séparément et dans des dimen- sions plus grandes; 10. La cour intérieure; 11,12 et 19. Trois petits appartemens en- tourant la cour et ne communiquant pas à un quatrième qui se trouve derrière la niche. Les diverses parties de cet édifice offrent des inégalités ou défauts de syméirie tres-frappans. Dans l’inté- rieur des appartemens, on remarque des peintures qui représentent des armes, des trophées et des sacrifices, Rienn’annonce qu'il yaiteu des fenêtres. Don Luis Martin et le colonel de la La- guna ont dessiné, avec baucoup d’exactitude, les grecques, les labyrinthes et les méandres qui couvrentextérieurement les murs du palais de Mitla. Ces dessins, qui mériteroient bien d'être gravés en entier, se trouvent entre les mains du marquis de Branciforte, un des derniers vice-rois de la Nouvelle-Espagne. C'est M. Martin, avec lequel j'ai eu le plaisir y ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 283 de faire plusieurs excursions géologiques dans les environs de Mexico, qui n’a communiqué la coupe qu'offre la cinquantième planche. Elle réunit trois fragmens de murs, et dé- montre que les ornemens qui se touchent ne sont jamais semblables. Ces arabesques forment une sorte de mosaïque, composée de petites pierres carrées, qui sont placées avec beaucoup d'art les unes à côté des autres. La mosaïque est appliquée à une masse d'argile qui paroît remplir l'intérieur des murs, comme on l’observe aussi dans quel- ques édifices péruviens, Le développement de ces murs, sur une même ligne, n'est à Mila qu'à peu près de quarante mètres; leur hauteur n’a vraisemblablement jamais dépassé cinq à six mètres. Cet édifice, quoique assez petit, pouvoit cependant produire de l'effet par l’ordonnar ce de ses parties et la forme élégante de ses ornemens. Plusieurs temples de l'Égypte, près de Syène, Philæ, Elethyia et Latopolis ou Esné*, ont des di- mensions encore moins considérables. af” * Comparez plus haut Tom. IT, PL xxx1x, p. 205. ? Description de l'Egypte, monumens ancfêns 28/4 VUES DES CORDILLÈRES , Dans les environs de Mitla, se trouvent les restes d’une grande pyramide et quelques autres constructions qui ressemblent beau- COUP à celles que nous venons de décrire. Plus au sud, près de Guatimala, dans un endroit appelé £7 Palenque , les ruines d’une ville entière prouvent le goût des peuples de race toltèque et aztèque pour les orne- mens d'architecture. Nous ignorons absolu- ment l'ancienneté de tous ces édifices : il n'est guère probable qu’elle remonte au delà du treizième ou quatorzième siècle de notre ère. Les grecques du palais de Mitla, pré- sentent, sans doute, une analogie frappante avec celles des vases de la Grande - Grèce et et avec d'autres ornemens qu’on trouve ré- pandus sur la surface de presque tout l’ancien continent; mais J'ai déjà fait observer, dans un autre endroit, que des analogies de ce genre prouvent tres-peu pour les anciennes communications des peuples, et que, sous toutes les zones, Les hommes se sont plu à une Tom. I, PL xxxvin, fig. 5et6, PL zxxr, fig. 1et2; PL zxxin et Pl. txxxv. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 285 répétition rhythmique des mêmes formes, répétition qui constitue le caractère principal de ce que nous appelons vaguement grecques, méandres et arabesques. Il ÿ à plus encore : la perfection de ces ornemens n'indique pas même une civilisation très-avancée chez le peuple qui les a employés. L'intéressant voyage du chevalier Krusenstern nous a fait connoître des arabesques d’une élégance admirable, fixées par tatouage, sur la peau des habitans les plus féroces des îles de Washington. : KRUSENSTERN, Reise um die Welt, Petersbure , 1810, Tom. I, p. 168. Aélas, Tüufel 8, 10 et 16. 286 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LI. Jfue du Corazon. La montagne du Corazon, couverte de neises perpéluelles, a pris son nom de la forme de son sommet, qui est à peu près celle d’un cœur. Je l’a dessinée telle qu’elle se présente à l’Ælto de Poingasi, près de la ville de Quito. Ce Vevado se trouve dans la Cordillère occidentale, entre les cimes de Pichincha et d'Ilinissa. Une des pyramides de cette dernière montagne ‘ se découvre à gauche, au-dessus de la pente orientale du Corazon. La proximité apparente de ces deux sommets et le contraste de leurs formes offrent un point de vue très-singulier. C’est sur la cime du Corazon qu'avant noire voyage en Amérique, le mercure avoit été observé au point le plus bas dans le baro- mètre. « Nous étions partis, M. Bouguer et PL Rx. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 287 moi, dit M. de La Condamine dans son Introduction historique ?, par un assez beau temps : Ceux que nous avions laissés dans nos tentes nous perdirent bientôt de vue dans les nuages qui n’étoient plus pour nous que du brotillard, depuis que nous y étions plongés. Un vent froid et piquant nous couvrit en peu de temps de verglas : il nous fallut, en plusieurs endroits, gravir contre le rocher, en nous aidant des pieds et des mains; enfin nous atteignimes le sommet. Là, nous voyant lun et l’autre, avec tout un côté de nos habits, un sourcil et une moitié de la barbe hérissés de petites pointes giacées, nous nous donnâmes mutuellement un spectacle singu- lier. Le mercure ne se soutenoit plus qu’à quinze pouces dix lignes. Personne n’a vu le baromètre si bas dans l’air hbre, et vrai- semblablement personne n’est monté à une plus grande hauteur : nous étions 2470 toises au-dessus du niveau de la mer, et nous pou- vons répondre, à quatre ou cinq toises près, de la justesse de cette détermination. » * Voyage à l'équateur, p. 58. Cette excursion eut lieu en juillet 1738. 288 VUES DES CORDILLÈRES, * | Aujourd'hui que nous connoissons l'in- fluence qu’exercent la température et le dé- croissement du calorique sur les opérations faites au moyen du baromètre, il nous est permis de douter un peu de l’exactitude d’une mesure dans laquelle l'erreur ne s’éle- veroit pas à ,:- de la hauteur totale, quoique le calcul füt fait par la simple soustraction des logarithmes. M. de La Condamine n’avoit pas d'instrumens, lorsqu'il visita le cratère: de Rucu-Pichincha. Si ce célèbre astronome a atteint alors une élévation égale à celle d’un: rocher dont je parlerai dans un autre endroit, et sur lequel j'ai failli périr avec l’Indien Philippe Aldas, le 26 mai 1802, il s’est trouvé , sans le savoir, plus haut’ qu'il ne l’étoit sur la cime du Corazon. La hauteur absolue de ce rocher est, d'après la formule de M. Laplace, de 4858 mètres ( 2490 toises ); elle excède, par conséquent, de près de quarante mètres l'élévation du point mesuré en 1758 par les Académiciens françois : au surplus, les déterminations de ces savans sont 1 Voyez mon Recueil d'Observations astrono- miques, Tom, Ï, p. 508. _ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 289 toutes affectées de l'incertitude qui règne sur l'élévation du signal de Caraburn , auquel Bouguer assigne 2366 mètres (1214 toises), et Ulloa 2470 mètres (1268 toises ). 1. 19 290 VUES DES CORDILLÈRES ; PLANCHES LIT sv LIL Costumes des Indiens de Méchoacan. Les Indiens de la province de Valladolid, l’ancien royaume de Méchoacan, sont les plus industrieux de la Nouvelle-Espagne. Ils ont un talent remarquable pour découper de petites figures en bois, et pour les costumer avec des vêtemens faits de la moelle d’une plante aquatique. Cette moelle très-poreuse s'imbibe des couleurs les plus éclatantes; et, taillée en spirale, elle offre des morceaux d’une dimension considérable. J’avois rap- porté, pour Sa Majesté la Reine de Prusse, un groupe de ces figures indiennes, dis- posées avec beaucoup d'intelligence. Cette princesse, qui réunissoit un goût éclairé pour les arts à une grande élévation de caractère, avait fait dessiner celles de ces figures qui avoient le moins souffert par le iransport. Ce sont ces dessins que présentent les Planches zrr ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 291 et nr : en les examinant, on est frappé du mélange bizarre de l’ancien costume indien avec le costume introduit par les colons espagnols. ” 10 % 292 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LIV. Jue de l’intérieur du cratère du Pic de Ténérifje. Comme les J’ues des Cordilléres forment en même temps l'Atlas pittoresque de la Relation du voyage aux Tropiques, on a cru pouvoir ajouter celte planche, quoiqu’elle n'ait aucun rapport au nouveau continent. Elle présente le sommet du Piton ou Pain de Sucre , qui renferme la Caldera du Pic de Ténériffe. On y distingue la pente rapide du cône couvert de cendres volcaniques, un mur circulaire de laves entourant le cratère qui n’est plus qu’une solfatare, et une large brèche qui se trouve dans ce mur, du côté de l’ouest. J’avois esquissé ce dessin sous un point de vue purement géologique ;-les laves lithoïdes , rongées par l’action constante des : vapeurs d'acide sulfureux, sont superposées par couches, comme les bancs que présentent les montagnes de formation secondaire. / ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 299 Ces couches analogues à celle que l’on re- connoît au bord de l’ancien cratère du Vésuve, à la Somma, paroissent le résultat d’épanche- mens successifs, Elles sont formées de laves vitrifiées, d’un porphyre à base d’obsidienne et de pechstein. Depuis des siècles ; le Pic de Ténériffe, dont la hauteur perpendiculaire est de plus de dix-neuf cents toises, n’agit que par des éruptions latérales. La dernière de ces éruptions est celle de Chahorra qui a eu lieu en 1798. En voyant dans la plaine du Spartium nubigenum Vénorme masse des déjections du Pic, on est étonné de la petitesse du cratère duquel on suppose être sortis tant de cendres, de pierres ponces, et de blocs de verre volcanique; mais M. Cordier, qui de tous les minéralogistes a séjourné le plus long-temps à l’île de Ténériffe, a fait l'obser- vation importante que le cratère actuel, /a Caldera du Piton, n’est pas l'ouverture prin- cipale du volcan. Ce savant voyageur à trouvé, sur la pente septentrionale du Pic, un enton- noir d'une grandeur énorme qui paroîit avoir joué le rôle principal dans les anciennes éruptions du volcan de Ténériffe. 204 VUES DES CODILLÈRES, En prenant la moyenne entre les mesures trigonométriqu es et barométriques de Borda, Lamanon et Cordier ‘, on trouve que la hau- ieur du Pic de Ténériffe, que les Guanches appeloient Echeyde ou Pic d’Ayadyrma, est de 1909 toises. 7 Relation historique du voyage aux régions équi- noxiales , Tom. II, p. 222 de l’éd. in-8.°. SUPPLÉMENT. PLANCHES LV er LVL Fragmens de peintures hiéroglyphiques tirés du Codex Telleriano-Remensis. La Bibliothèque de Paris ne possède pas de manuscrit mexicain original, mais on y conserve un volume très-précieux dans lequel un Espagnol, habitant de la Nouvelle -Es- pagne, a copié, soit vers la fin du seizième siècle, soit au commencement du dix-sep- tième, un grand nombre de peintures hiéro- glyphiques. Ces copies sont généralement fautes avec soin : elles portent le caractère des dessins originaux, comme on peut en juger par les figures symboliques répétées dans les manuscrits de Vienne, de Veletri, et de Rome. Le volume très-peu connu dont nous avons tiré les fragmens représentés * Manuscrit de 96 pages in-fol., sous le titre de Geroglyficos de que usavan los Mexicanos. (Cod. Teller, Remens. 14. Reg. 1616 ). 296 VUES DES CORDILIÈRES, sur les Planches 1v et Lvr, a appartenu jadis à l'archevêque de Reims, Le Tellier : on ignore par quelle voie il est tombé entre ses mains. Îl ressemble, quant à l'extérieur, au manuscrit conservé dans la Bibliothéque du Vatican, sous le n.° 3738. Chaque figure hiéroglyphique est accompagnée de plusieurs explications écrites, à ce qui paroît, à des époques différentes, tant en mexicain qu'en espagnol. Il est probable que ces notes, qui répandent du jour sur l’histoire , la chro- nologie et le culte des Aztèques, ont été composées, par quelque religieux espagnol, au Mexique même, et sous la dictée des indigènes. Elles sont plus instructives que celles que lon trouve dans le Raccolta di Mendoza, et les noms mexicains y sont beau- coup plus correctement écrits. Le Codex Mex. Tellerianus renferme la. copie de trois ouvrages différens dont le premier est un almanach rituel, le second un livre d’astrolosie, et le troisième une his- toire mexicaine. depuis l'année 5 tochtli, ou 1197, jusqu'à l’année 4 cal ,-ou 1561. Nous donnerons une idée succincte de ces trois manuscrits. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 297 1.0 Rituel. On y trouve les images de douze divinités toltèques et aztèques, les fêtes prin- cipales qui ont donné leur nom aux dix-huit mois de l’année; par exemple, les fêtes de Tecuilhuitontl, ou de tous les seigneurs; de - Micaylhuitl, ou de tous les morts; de Que- choli, etc. L'hiéroglyphe des cinq jours complémentaires ‘ termine la série des fêtes. Le propriétaire du manuscrit a suivi dans ses notes le système erroné, d’après lequel on admet que l'année mexicaine commencoit dix-huit jours avant l’équinoxe du printemps. 2.0 Partie astrologique. On y voit l'indi- cation des jours qui doivent être considérés comme indifférens, heureux ou malheureux. Parmi ces derniers jours il y en a onze que les Mexicains croyoient tres-dangereux pour la tranquillité domestique. Les maris devoient craindre les femmes nées à cette époque, et l’on peut supposer que celles-ci avoient grand soin de cacher ou l’almanach astrologique ou le jour de leur naissance. L'infidélité, regardée comme l'effet d’une aveugle destinée, n'en étoit pas moins sévèrement. punie par la loi. APRES, fig, 1. ae. à sg BE es ch & TAC 295 VUES DES CORDILLÈRES, On mettoit une corde au col de la femme adultère, et on la traînoit dans une place publique, où elle étoit lapidée en présence du mari. Cette punilion est représentée sur la neuvième feuille’ du manuscrit. 5.° Annales de l’Empire mexicain. Elles renferment trois cent soixante-quatre années. Cette partie de l'ouvrage, dont Boturini, Clavigero et Gama n’ont pas eu connoissance, et qui semble de la plus grande authenticité, mérite d’être consuliée par ceux qui voudront entreprendre une histoire classique des peuples mexicains. Depuis l’année 1197 jusqu’au mi- lieu du quinzième siècle, ces annales ne rap portent qu’un très-petit nombre de faits , souvent à peine un ou deux dans un inter- valle de treize ans : depuis 1454, la narration devient plus circonstanciée; et depuis 1472 jusqu'en 1549, on y trouve en détail, et presque année par année, ce que l’état phy- sique et politique du pays a présenté de re- marquable. Il manque les pages renfermant les périodes de 1274 à 1385, de 1496 à 1502 et de 1518 à 1529. C'est dans ce dernier in- BE Lv, fn: 2 l ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 299 tervalle que tombe l'entrée des Espagnols à México. Les peintures sont informes, mais souvent d’une srande naïveté. Nous citerons, parmi les objets dignes d'attention, l'image du roi Huitzilibuit}, qui, n'ayant pas eu d’en- fans lécitimes de son épouse, prit pour mai- tresse une femme peintre, et qui mourut ? l’année 13 tochtli, ou 1414; les chutes de neige * qui eurent lieu en 1447 et 1505, et qui causèrent une orande mortalité parmi les indigènes, en détruisant les semences; les tremblemens de terre de 1460 #, 1462, 1465, 1480, 1495, 1507, 1938 et 1542; les éclipses de soleil 5 de 1476, 1496, 1507, 1910, 1591 ; le premier sacrifice humain‘; l'appa- rilion de deux comètes en 1490 ’ et en 1529 ; l’arrivée et la mort ° du premier évêque de Mexico, Fray Juan Zumaraga, en 1552 et NÉRar, fig. 3. ? Même PI., fig. $ Même P1., fig. : et 6. # Même PL. , fig. 7, et PL cvr, fig. 9. S, PE 2vz, fig. 7. ° Voyez plus haut Tom.I,p 261: 7 BL zv, fig. 8. VIÉRLvE, fie». 3 Même PI, fig. 6. 800 VUES DES CORDILLÈRES , 1549; le départ de Nuñez de Gusman ' pour | la conquête de Xalisco; la mort du fameux Pedro Alvarado, appelé par les indigènes Tonatiuh, le soleil, à cause de ses cheveux blonds ?; le baptême d’un Indien par un moine ‘; une épidémie qui (dépeupla # le Mexique, sous le vice-roi Mendoza, en 1544 et 1545 ; l’émeute et la punition * des nègres de Mexico en #537 ; une tempête qui dévasta les forêts‘ ; les ravages que la petite vérole? fit parmi les Indiens en 1558, etc. Si les Annales du Manuscrit Le Tellier sont d'accord avec la chronologie adoptée par l'abbé Clavigero dans une dissertation que renferme le quatrième volume de l’ancienne histoire du Mexique *, la correspondance des années aztèques et chrétiennes diffère d'autant plus de celle suivie par Boturini et Acosta. Les annales commencent à l’année 9 tochth, IRELLV, 49: 0. vb PI. zvi, fig. 4. Ibid. . Pl. avr, fig. 5. | Même PI. , fig. 2. Même P1., fig. 5. Mème PI, fig. 3. Sioria antica , Tom. IV, p. 51; @ mr + Oil œ ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 5o1 ou 1197, à l’époque de l’arrivée des Mexi- cains à Tula, qui est la limite septentrionale de la vallée de Ténochtitlan. La grande comète dont l'apparition est indiquée près de l’hié- roglyphe de l’année 11 tochtli, ou 190, est celle qui fut regardée comme un présage de l'arrivée des Espagnols en Amérique. Mon- tezuma, mécontent de l’astrologue de la cour, le fit périr à celte occasion '. Les présages sinistres continuèrent jusqu’en 1509, où l’on vit, selon le Manuscrit Le Tellier, pendant quarante nuits, une vive lumière vers l’est. Cette lumière, qui paroissoit s'élever de la terre même, éloit peut-être la lumière zodia- cale , dont la vivacité est très-srande et très- inégale sous les Tropiques. Le peuple regarde comme nouveaux les phénomènes les plus communs, dès que la superstition se plaît à y attacher un sens mystérieux. Les comètes de 1490 et 1529 sont ou des comètes qui ont paru près du pôle austral, ou celles que le Père Pingré * indique comme ayant été également vues en Europe et en Chine. Il est remarquable que l’hiéroglyphe 1 CLravicero, Tom. I, p. 288. 2 Cométographie, Tom. J, p. 478 et 456, L6 | « 902 VUES DES CORDILLÈRES , qui désigne une éclipse du soleil‘ est com- posé des disques de la lune et du soleil, dont l’un se projette sur l’autre. Ce symbole prouve des notons exactes sur la cause des éclipses; il rappelle la danse allégorique des prêtres mexicains, qui représentoit la lune dévorant le soleil. Les éclipses de ce dernier astre cor- respondantes aux années Matlacili Tecpail, Nahui Tecpatl et Ome Atatl, sont celles du 25 février 1476 , du 8 août 1496, du 15 jan- vier 1507 et du 8 mai 1510: ce sont autant de points fixes pour la chronologie mexicaine. L’ Art de vérifier les dates ne fait mention d'aucune éclipse de soleil dans le cours de 1531 ; tandis que nos annales en indiquent pour MatlactliOme Acail, qui correspond à cette année de notre ère. L’éclipse de 1476a servi aux historiens mexicains à fixer l’époque de la victoire que le roi Axajacatl remporta sur les Matlatzinques ; c’est celle sur laquelle M. Gama a fait un si grand nombre de calculs *. dé à PL zvi, fig. 7. Voyez plus haut Tom. II, p. 90. ? Gama, Descripcion de dos Piedras, p. 85-89: TorquEmana, Tom. I, Lib. 11, cap. 59. Borurini, 6.8, n. 13. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 505 J'ignore quel est le phénomène ‘ qui, dans le commentaire, se trouve souvent désigné par les. mots : « Cette année, l'étoile répan- doit de la fumée. » Le volcan d'Orizava portoit le nom de Citlaltepeil, montagne de l'Étoile , et lon pourroit croire que les an- nales de l’Empire renfermoient les diverses époques de l’éruption de ce volcan. Cepen- dant, à la page 86 du Manuscrit Le Tellier, il est dit expressément « que l'étoile qui fumoit, la estrella que humeava , étoit Sitlal choloha que les Espagnols appellent Vénus, et qui étoit l’objet de mille contes fabuleux. » Or, je demande quelle illusion d'optique peut donner à Vénus l'apparence d’une étoile qui répand de la fumée ? Seroit-il question d’une espèce de halo formé autour de la planète ? Comme le volcan d’Orizava est placé à l’est de la ville de Cholula, et que son cratère enflammé ressemble de nuit à une étoile qui se lève, on a confondu peut-être, dans un langage symbolique, le volcan et l'étoile du matin. Le nom que Vénus porte encore parmi les indigènes de race azièque , est celui de Tlazolteotl. El dvi, fig, 2. 504 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LVII. Fragment d'un Culendrier chrétien tiré des manuscrits aztèques, con- servés à la Bibliothèque royale de Berlin. CEsr le calendrier hiéroglyphique fait après l’arrivée des Espagnols dont nous avons parlé au commencement de cet ou- vrage ‘. Le papier est de mnetl; les figures sont au simple trait, et dépourvues de couleurs comme dans quelques bandelettes de momies égyptiennes ; c'est de l’écriture plutôt que de la peinture. Les jours de fêtes sont indiqués par les ronds qui désignent les unités. Le Saint-Esprit est représenté sous la forme de l'aigle mexicain cozcaquauhtli. « À l'époque où ce calendrier a été composé, le christia- nisme se confondoit avec la mythologie me- xicaine ; les missionnaires ne toléroient pas * Tom. I, p. 231. ‘ ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 90 seulement, ils favorisoient même, jusqu’à un certain point, ce mélange d'idées, de sym- boles et de culte. Ils persuadèrent aux in- digènes que l'Évangile, dans des temps très- reculés, avoit déjà été prêché en Amérique; ils en cherchèrent les traces dans le rite azitèque avec la mème ardeur que, de nos jours , les savans qui s’'adonnent à l'étude du sanscrit, mettent à discuter l’analogie de la mythologie grecque avec celle des bords du . Gange et du Bourampouter ". » Essai politique sur la Nouv. Espagne, Tom. T, p. #10 de l’éd. in-8.°. TT. 20 906 VUES DES CORDILLÈRES , à PLANCHES LVII er LIX. Peintures hiéroglyphiques de la Rac- colta di Mendoza. Ces planches servent à jeter quelque jour sur ce que nous avons dit plus haut du rite et des mœurs des anciens Mexicains *. Nous : ne saurions mieux faire connoître le manuscrit intéressant connu sous le nom de Raccolta di Mendoza, qu'en rapportant ici l'explication que M. de Palin en a donnée dans son ou- vrage sur l'étude des hiéroglyphes. Nous sommes loin de souscrire sans exception aux rapprochemens faits par cet auteur ingénieux ; mais nous pensons que c'est une idée belle et féconde que de considérer tous les peuples de la terre comme appartenant à une même famille, et de reconnoître, dans les symboles chinois, égyptiens, persans et américains , le iype d'un langage de signes qui est commun, * Tom. I, p. 223. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 307 pour ainsi dire , à l'espèce entière , et qui est le produit naturel des facultés intellectuelles de l’homme. « Le recueil, conservé par Purchas et Thévenot, présente, en trois parties, la fon- dation de la cité et son accroissement par les conquêtes de ses princes; son entretien par les tributs que payent les villes conquises ; ses institutions, et le détail de la vie des citoyens. Tout cela s'aperçoit au premier coup d'œil : on distingue d'abord les dix chefs de la co- lonie fondatrice de l'Empire, ayant les sym- boles de leur nom marqués sur leur tête. Ils arrivent auprès des objets qui forment les armoiries de la ville de Mexico; cette pierre surmontée d’un figuier des Indes, sur lequel est un aigle ", rappelle l'aigle perché sur un arbre, et la coupe que le dieu Astrochitèn donna pour signes de reconnoissance du lieu où Tyr * devoit être bâtie. Une maison, une habitation désigne la ville nouvelle 5 : un bouclier avec des flèches, l'occupation à main X Me PL. Lvitr fig. 1. 2 Nonnus, xL, v. 4773. $ Monum. de Rosette, et DENow, PI. cxxxrtr. 20 * 808 VULS DES CORDILLÈRES, armée ‘. Les symboles auprès de deux autres maisons entourées de combattans, nous ap- prennent les noms des deux premières villes conquises. Le reste de l’histoire est composé dans le même esprit et de parties semblables : partout on voit des armes, l'instrument de la conquête, entre les figures du prince con- quérant et des villes conquises, avec les symboles de leurs noms et des années. Ces dernières sont rangées auprès de la repré- sentation de chaque événement, dans une sorte de cadre qui entoure les tableaux, et qui contient les hiéroglyphes d’un cycle chro- nologique de cinquante-deux ans. » « Les notes des contributions forment la seconde partie du Receuxil de Mendoza , com- posé des noms des villes contribuables, et des objets que chacune d’elles étoit tenue de délivrer en nature au trésor et aux temples désignés à la tête de cette liste par le symbole de call. Ces objets consistent dans toutes les productions utiles de la nature et de l'art; or*, argent et pierres précieuses; armes, * Horapozr,, n1, 5, 12. " El 'axvur, fe. 5. ET MONUMENS DEF L'AMÉRIQUE. 309 pattes, manteaux et couvertures ‘ ; animaux et oiseaux , plumes; cacao, maïs et légumes ; papier de couleur, borax, sel, etc. Ils étoient représentés, soit en fisurant le contenant pour le contenu, par des vases ?, corbeilles, charges, sacs, caisses et ballots de formes déter- minées, soit par desindications de leurs propres formes. La quantité est exprimée au moyen de signes de nombre qui désignent les unités par des points et des boules ; les vingtaines * par un caractère qu'on retrouve parmi les hiéroglyphes ; quatre cents, ou vingt fois vingt, par un épi *, un ananas ou une plume, dans laquelle on renfermoit le sable d'or ; vingt fois quatre cents ou huit mille , par une bourse *, valeur déterminée, à ce qu'il paroit, par l'usage de renfermer tant de milliers de noix de cacao dans un sac : c’est de la même manière qu'une somme d'argent éloit dési- gnée dans le Bas- Empire, et qu'elle l’est encore dans les états Ottomans. » ? PL rvur, fig. 9. 2 PI. cv, fig. 6. SE cv, fig. 5. BL avr, fig. 10. * Plain y 6g. 16 3:0 VUES DES CORDILLÈRES, « Cette méthode et ces dénominations in- diquent l’origine des symboles des nombres dans le livre mexicain. On voit combien ce tableau, qui représente un état de société primitive, offre d’analogie avec les inscrip- lions historiques dans les ruines de Thèbes, dont parle Tacite, et dans lesquelles une longue liste de conquêtes étoit suivie de même de celle des tributs payés en nature par les peuples soumis *. Les lois, comme les préceptes religieux des mystères, éloient exposés dans l'intérieur des temples et sur des caisses de momie; comme ces tableaux des mystères d'Éleusis, copiés de ceux d'Égypte, qui retraçoient la vie depuis le berceau jus- qu'aux portes de la mort 2. » « Des lois mexicaines forment la troisième partie du manuscrit que nous examinons, et qui embrasse la vie entière des citoyens en mettant sous leurs yeux le tableau de toutes les actions que la loi prescrit, et dont elle 1 ° . Ê Ê Lecebantur et indicta gentibus tribüéa, pondus argenti el auri, numerus QTmorum egquorumque, el dona templis, ebur atque odores, quasque copias fru- menti eé Omnium ulensilium quæque natio pendeat. ? Tuemysrius daus Siobée, Serm. 119, p. 104. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 511 montre d'avance le modele. De même que les hiéroglyphes d’amulettes supposent l’op- auf, on n'a qu'à lire tout ce morceau à l'impératif : que la mère instruise l'enfant au berceau en lui adressant la parole fisurée par une langue ; que l'enfant soit mis au berceau dès le premier jour de sa naissance , marquée par une première fleur qui tient au berceau , et qui est suivie de trois autres ; qu'après l'avoir voué aux dieux’ la sage - femme le lave le cinquième jour, dans la cour, au milieu des armes et des instrumens néces- _saires aux travaux de son sexe. Cette céré- monie se fait devant trois enfans (qui désignent des enfans en général) : ils nomment le nou- veau-né et célèbrent sa naissance en mangeant du maïs *. Dans l'inscription de Rosette, un décret ordonne la même chose, et par une pareille représentation; les trois célébrans y étant réunis aux trois fleurs pour former le caractère de la célébration du jour de nais- sance , que l’on représente aussi par le lever * Avec cinq prières aux dieux maîtres du ciel et de l’eau, à tous les dieux, à la lune et au soleil. URL Lx , 9. 1 812 VUES DES CORDILLÈRES ; du soleil ‘. Tous les détails de ce tableau ou de cette table de la loi mexicaine rappellent le baptême des prosélytes du judaïsme, en présence de trois témoins et les apgrdpopux des Grecs, où l'enfant, le cinquième jour de sa naissance , étoit voué aux dieux et obtenoit un nom, après des cérémonies expiatoires. La loi ordonne encore dans cette première division que les parens présentent l’enfant au berceau devant le grand-prêtre et le maître d'armes, et qu’ils songent à sa destination future. Son éducation est prescrite par la peinture des tables suivantes, qui exposent l'instruction vérbale et qui indiquent la ration de la demi-galette , et de la galette entière à la marque hermétique de sept! que les parens ont à donner aux enfans de trois et quatreans. Les nombres d'années sont marqués par des cercles, comme dans les hiéroglyphes et dans la langue des Romans. A cinq ans, le garcon porte des fardeaux , et la fille regarde filer sa mère : à six, elle file elle-même, et obtient, comme Île garcon, une galette et demie par * Analyse de l’Inscr. de Rosette, p. 145. RINTIX , ho. 2 ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. STE repas. À huit ans, les instrumens de punition sont montrés aux enfans désobéissans et pa- resseux; on les menace ; mais ce n’est qu'à dix ans qu'ils sont punis *. À treize et quatorze ans, les enfans des deux sexes partagent le travail des parens ; ils rament, ils pêchent ou ils font la cuisine et travaillent des étoffes ?. À quinze ans, le père présente deux fils à deux différens maîtres du temple et du collége militaire; c’est l’âge de choisir un état: la fille l’obtient en se mariant. Dès-lors, les années ne sont plus comptées : on voit le jeune homme suivre et servir les prêtres et les guerriers , en recevant des instructions et des châtimens dans cette double carrière. Il parvient aux honneurs des emplois , aux bou- cliers blasonnés qui sont les marques des belles actions, au ruban rouge dont est ceinte la tête du chevalier initié ; aux autres distinc- tions que le souverain accorde à la valeur, selon le nombre des prisonniers qui ont été faits : ces différens grades sont désignés depuis le simple soldat jusqu'aux premiers chefs et F PL zrx, fig. 3 et 4. PL pviu, fig. 12. Su VUES DES CORDILLÈRES, aux généraux d'armée, même jusqu'au ca- __cique rebelle et puni.J'histoire de ce cacique amène sur la scène des messagers d'état en. fonction, des espions, des sergens, des juges, les grands tribunaux de l'empire , et enfin le souverain même, assis sur son trône. » « Ces tableaux sont suivis de représenta- tions de plusieurs métiers qui obtiennent des réglemens, et de plusieurs délits avec leur punition. Le tout est terminé par l’homme et la femme à l’âge de soixante-dix ans, jouis- sant, sur le bord du tombeau, au milieu de leur postérité, du privilége royal persan de s'enivrer ou de se soustraire à la loi pour oublier leurs peines :. Le cercle qui désigne l’année est répété dans cet endroit, mais di- visé par une double croix grecque, et sur- monté de la note numéraire de vingt, pour marquer chaque vingtaine. Parmi d’autres caractères dans cette partie de l'ouvrage, on doit citer celui du ciel nocturne, qu'observe “un prêtre astronome . Cette section du cercle, cet arc couvert de petits ronds avec des yeux, EL Lx, 607. » PL avr, fig. 8. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. EE rappellent l’hiéroglyphe égyptien du ciel et ses images couvertes d'yeux ?. » Nous consignons ici les notes qui, d'après le texte mexicain, se trouvent ajoutées au Recueil de Mendoza dans les deux éditions de Purchas * et de Thevenot?, Pl rvix, Fig. 1. Les deux fondateurs de Ténochtitlan:&, Acacitli; #, Quapan; c, Ocelopan; d, Aguexotl; e, Teci- neuh; f, Tenuch; 2, Xominitl; k, Xocoyol; #, Xiuhcaqui; &, Acotl. La ville de Ténochutlan ou Mexico est indiquée par les armes qui ont servi à conquérir le terrain où elle a été construite : on voit au-dessus de ces armes le tuna ou fisguier d'Inde, m», fixé sur un rocher; et l'aigle, », per- * Pari, de l'Etude des Hiéroglyphes, Tom. I, + 83-97. Le texte de l'original étant défi guré} par des erreurs typographiques , on a fait de légers change- mens, sans lesquels plusieurs phrases auroient été inintelligibles, 2 Pilsrim, in five books, Tom. IF, p. 1068, 1071, 1085 , 1087, 1089, 1091 et 1097. $ Relation de divers voyages curieux, par Melchi- sedec Thévenot, Ton. IF, p. 47, | ui à Ds TR 9316 VUES DES CORDILLÈRES , ché sur le ficuier. (Une ancienne pro- phétie portoit que les migrations des Azièques ne trouveroient leur terme que lorsque les chefs du peuple ren- contreroient un aigle placé sur un cactus. L'endroit où ce prodige auroit lieu, devoit être l'emplacement de la nouvelle ville.) Les lignes t, qui for- ment une croix, indiquent ou des digues ou les canaux qui traversoient le pays marécageux habité par les fondateurs de Ténochtitlan. Fig. 2. a, dix années du règne de Chi- malpupuca à; un bouclier c, et des dards pour désigner la conquête de Tequixquiac d'et de Chalco e. Mort de Chimalpupuca f. Insurrection des habitans de Chalco 2. Ils brisent quatre bateaux ennemis , et tuent cinq Mexicains £. (On doit être étonné que la mémoire d’un si petit événement se soit conservé à travers des siecles. ) Fig. 3. Tribut de huit cents peaux de t gres. Fig. 4. Tribut de vingt peaux de tigres. Fig. 5. Tribut d’or enbarreet en poudre. a “ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 517 Fig. 6. Tribut de quatre cents pots de miel tiré du Maguey, Agave americana. Fig. 7. Militaires de l’ordre des prêtres. Fig. 8. « Un des principaux prêtres, 4, va la nuit, d, à la montagne pour y faire pénitence ; il porte du feu et une bourse remplie de parfum de copal ; il est suivi d’un novice, #4. Un autre prêtre, ce, joue la nuit d’un instrument de musique nommé téponatztli. Un troisième prêtre, f, connoît l'heure qu'il est, en observant les étoiles, e. » Fig. 9. Tribut d'étoffes servant de vête- ment. Chaque ballot (a, b,c,dete) renferme quatre cents pièces, comme l'indique le chiffre inscrit. Fig. 10 et 11. /dem. Fig. 12. Une mère, 7, instruit sa fille, o, à tisser, q. Fig. 15. Un orfévre instrüisant son fiks. Fig. 14. Tribut : dix fois quatre cents ou quatre mille nattes et autant de siéges de joncs. Fig. 15. Tribut : quatre cents coquilles marines des côtes de Colima. Fig. 16. Tribut : huit mille ballots de copal. 519 VUES DES CORDILLÈRES , Pl, vix. Fig. 1. «La figure, a , est une femme qui vient d’accoucher. Son enfant étoit placé dans le berceau, c; et, quatre jours après marqués par les quatre ronds, &, la sage-femme, d, portoit l'enfant tout nu dans la cour de la maison de l’accouchée et le mettoit sur des jones appelés Tule, i, étendus par terre : trois Jeunes garcons, f, £, h, assis prothe ces joncs, mangeoïent de l’ixicue ou maïs rôti mêlé de féves cuites, que la figure représente devant eux dans un vase. La sage - femme, ayant lavé l'enfant, disoit à ces gar- cons qu'ils le nommassent à haute voix du nom qui lui seroit donné. Lorsqu'on portioit laver l'enfant, si c'étoit un garcon on lui mettoit à la main les outils, e, dont son père se servoit dans le mélier qu'il exerçoit : une targe et des dards, par exemple, lorsque le pere suivoit la profession des armes; et si c’étoit une fille, une quenouille et un fuseau, Z, un pamier, m, un balai, &. Après que cette céré- monie {de lablution et du baptême) ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 51 9 étoit achevée, la sage-femme repor- toit l'enfint à la mère. Si le garcon étoit fils d’un homme de guerre, on enierroit la targe et le dard, proche du lieu, où vraisemblament il devoit un jour se battre contre les ennemis : quant aux outils dont se servoient les filles, on les enterroit sous un mnetate ou pierre, sur laquelle on pétrit les galettes de maïs. Lorsque le père, q, et la mère, r, de l'enfant, o ; vouloient qu'il se dédiàt à l’état ecclésiastique, ils le portoient au temple le vingtième jour après l’ablution. En le présentant à l'autel, ils ajoutoient des offrandes de riches étoffes et de comestibles. Quand l'enfant étoit en âge, on le mettoit entre les mains du grand- prêtre, n, pour l'instruire sur l’ordre des sacrifices. Si les parens vouloient que l'enfant portât des armes, on Voffroit au Teachauch, p, dont la fonction étoit d'enseigner aux jeunes gens l’art de la guerre. » Fig. 2. « Ration, ou nourriture accordée aux enfans à chaque repas : le père, 320 , _VUES DES CORDILLÈRES, a, donne des préceptes à son fils, ©, âgé de trois ans marqués par les trois ronds, 2. Le garcon de cet âge avoit à chaque repas la moitié d’une galette de maïs, d. La mère, e, donne des préceptes à la fille Âgée de trois ans, £; la fille avoit aussi la ration d’une demi- galette, f. » Fis. 5 et 4. Punilions des enfans : on les pique avec des feuilles de maguey; on les expose à la fumée du piment. Fig. 5. La femme adultère et son amant, liés ensemble pour être lapidés. Voyez le manuscrit Le Tellier de la Biblio- théque de Paris, PL 1v, fig. 2. Fig. 6. « Le père, a, met un des fils, b, A , e e âgé de quinze ans, entre les mains du Tlamacazqui, c, où grand-prêtre du temple Calmacac, d, pour l'instruire _et en faire un prêtre. Un autre fils, e, du même âge, L, est envoyé par son père à l'école, g, pour y être instruit par le maître qui est préposé aux enfans. » « Lorsqu'une fillese marioit, l’ÆAman- teza , i, ou entremetleur du mariage, \ ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 521 : la portoit, vers le soir, sur son dos, 5#, chez le garcon qui la devoit épouser: JT il étoit éclairé par quatre femmes, x,2, ayant chacune à la main une espèce de torche faite de bois de pin, marquée par les chiffres 1, 2, 3 et4. Les parens du garcon viennent rece- voir la fille à l'entrée de la cour de la maison, et l’introduisent dans une salle où le garcon l'attend : ils s’y asseyent sur des siéges rangés sur une natte,0, et toute la cérémonie du mariage con:- siste à nouer un coin du bas de l’habit du garcon, /, avec un coin de celui de la fille, 72. Ils offrent à leurs dieux, par forme de sacrifice, du parfum de copal, g,q ils brûlent sur un vaisseau où il y à du feu. Deux vieillards, £, r, et deux vieilles femmes, 2, , servent de témoins. Les nouveaux mariés mangent, après, des viandes que l’on a servies, et boivent, dans des tasses, t, du pulque représenté par le pot, &. Les vieillards et les vieilles femmes mangent aussi, et, après le repas, chacun exhorte en particulier les nou- 2 1 522 | VUES DES CORDILLÈRES , veaux mariés à bien vivre dans leur ménage. » | Fig. 7. « La loi permet à un vieillard de soixante-dix ans, f, de s’enivrer en public et en particulier. Sa femme, £, a le même privilége si elle est srand- mère. » ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 923 PLANCHE LX. Fragmens de peintures aztèques , tirés d'un manuscrit conservé à la Biblio- théque du Vatican. Ces figures symboliques sont choisies parmi celles du manuscrit dont nous avons parlé au commencement de cet ouvrage, Tom. I, page 245. 324 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LXI. Folcan de Pichincha. Cerre vue a été prise à Chillo, maison de campagne du marquis de Selvalegre, dont le fils nous à accompagnés dans notre voyage au Mexique et à la rivière des Amazones. On aperçoit le volcan au-dessus de la savane de Cachapamba : on distingue, dans mon des- sin (1), Rucupichincha ou les sommets cou- verts de neiges qui entourent le cratère; le cône de Tablahuma (2); le Picacho de los Ladrillos (3); la cime rocheuse de Guagua- pichincha (4), qui est le cacumen lapideum des académiciens francois , enfin la cime sur laquelle est placée la fameuse croix qui à servi de signal lors de la mesure de la méri- dienne (5). Les hauteurs absolues de ces cimes sont, d’après mes observations, de deux mille trois cents à deux mille cinq cents toises ; mais comme la plaine de Chillo est déjà élevée de mille trois cent quarante toises au-dessus du niveau de l'Océan, la vue ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 525 du volcan de Pichincha est moins imposante du côté oriental que du côté occidental, où commencent les vastes forêts des Esméraldas. Les distances et beaucoup d’angles de hauteur qui ont servi pour tracer ce dessin, ont été dé- terminés au moyen d’un sextant de Ramsden. 326 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LXIT. Flan d'une maison fortifiée de l’Inca , située sur le dos de la Cordillére de l’Assuay. Ruines de l'ancienne ville péruvienne de Chulucanas. T. Le plan de la maison fortifiée du Canar a été relevé par M. de La Condamine en 1759; on a tâché de rectifier, d’après les relèvemens que jai pris en 180, le dessin qui se trouve à Paris dans les archives du Bureau des Lon- gitudes, et qui a servi à la planche insérée dans les Mémoires de l’Académie de Berlin :. A B. Terre-plein fait à la main, élevé de cinq à six mètres au-dessus de l'ancien niveau du sol. C D. Logement carré dont nous avons donné le dessin à la Planche xx. On 3 Mém. de l Acad, de Berlin, 1746, p. 448-454. a L ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 927 distingue, dans l'appartement occi- dental, des pierres cylindriques qui saillissent d’un demi-mètre hors du mur à angle droit et qui semblent destinées à suspendre des armes. L. F. Terrasse qui soutient le terre-plein et qui a pour base une seconde terrasse, JH, de deux mètres de large et de cinq mètres de haut. La plate-forme qui termine le terre-plein, à la forme d'un ovale alongé, dont le grand axe fait, avec le méridien magnétique, l'angle N. 6.° O, la déclinaison de l’ai- guille étant supposée de 8° au nord-est. S K. et L M. Deux rampes par lesquelles on monte à l’esplanade au sud et au nord de la forteresse, la première abou- tissant au milieu, la seconde au quart de la longueur de la plate-forme. A l’ex- trémité de la rampe septentrionale, M, commence la terrasse inférieure , G Hi. N O. Mur tiré d’un pignon à Fautre, et séparant le bâtiment carré en deux ap- partemens. 920 VUES DES CORDILLÈRES, P et Q. Les deux portes regardant les deux extrémités demi-circulaires, À D, qui terminent la plate-forme. RS. Terrasse revêtue de pierres, plus basse de quatre mètres que la plate- forme ovale. Cette terrasse prend nais- sance à l'extrémité occidentale du terre- plein : elle avance d’abord en saillie, R, de quelques pieds au nord, comme pour barrer et terminer la fausse braie, G H: de là elle tourne à angle droit vers l’ouest, et se prolonge sur une longueur de vingt-huit mètres, formant une courtine dont l'extrémité occiden- tale s'appuie à une espèce de bastion carré, TV, composé de deux flancs et d’une face. Au-delà de ce bastion iln y a que les vestiges d'une muraille simple, sans aucune apparence de fortification. Cette muraille suivoit toujours la partie la plus élevée du terrain qui s’aplanit peu à peu, retournoit à l’est par le sud en faisant un demi-cercle, T V, etre- devenoit ensuite parallèle à la longueur du terre-plein. La parüe V X de la muraille est bien conservée. À ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 829 X Y Z W L. Enceinte assez irrégulière, divisée en quatre cours; la première, dont il reste des vestiges du côté de lorient en w et AT, est un carré long de quatre-vingts pieds sur cent dix pieds: elle étoit, à ce qu'il paroit, entourée de petits corps-de-logis isolés, plus longs que larges, dont on distingue encore les fondemens en quelques en- droits. Tr 3m A. La seconde cour un peu plus petite que la première et sans vestige d'aucun bâtiment, XYZusg. La troisième cour, la plus grande de toutes, mais très-irréguhière. Les murs de cette partie de l'enceinte sont de construction moderne, et il se pourroit que le petit bâtiment carré dont on voit les ruines, , eût été pri- mitivement hors de la forteresse. a bc de f. Six salles de la quatrième cour, renfermées dans l'enceinte irréguliére RST V X, au sud et à l’ouest de la forteresse, 5 30 VUES DES CORDILLÈRES, rets. Vestiges de deux portes pereées dans un mur qui étoit parallèle au mur gih. g h. Galerie étroite par laquelle on par- vient au bastion S T : elle est voisine de la rampe intérieure, I K, par laquelle on monte à la plate-forme de la for- teresse du côté du sud. k et Z. Portes des deux édifices det < ñ et o. Portes ouvertes à l’est et au nord, conduisant aux petits édifices e, f. Ces. édifices, destinés au logement de la garde de lInca, paroissent construits. avec beaucoup moins de soin que les. précédens, etsansle secours del'équerre. M. de La Condamine pense que le prince et sa femme habitoient les édi- fices désignés par les lettres a et b. Les. portes p,gq, g et k ont la hauteur né- cessaire pour le passage d’un homme assis dans un brancard et porté sur les. épaules de ses domestiques. Les niches” creusées dans les murs intérieurs sont indiquées dans le plan. * Voyez plus haut, Tom, I, p. 292 et 312. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 351 Comme le but principal de cet ouvrage est de donner une idée exacte de l’état des arts chez les peuples civilisés de l'Amérique , nous avons préféré de présenter les ruines de la maison de l’Inca du Canar, telles qu’on les voyoit en 1759. Beaucoup de murs ont été abattus depuis cette époque, et j'ai eu de la peine à reconnoître toutes les divisions qui sont tracées dans le plan de M. de Ea Con- damine. IL. Les ruines de l’ancienne ville de Chu- Jucanas sont très-remarquables à cause de l'extrême régularité des rues et de l’aligne- ment des édifices. On les trouve sur le dos des Cordillères, à quatorze cents toises de hauteur dans le Paramo de Chulucanas, entre les villages indiens d’A yavaeaet de Guaneabamba. Le grand chemin de l’Inca, un des ouvrages les plus utiles, et en même temps des plus gisantesques que les hommes aient exécuté, est encore assez bien conservé entre Chulu- canas, Guamani et Sagique. Sur la crête des Andes, dans des lieux excessivement froids et qui ne pouvoient avoir de l'attrait que pour les habitans du Couzco, on voit partout les restes de grands édifices : j'en ai compté neuf 392 VUES DÉS CORDILLÈRES , entre le Paramo de Chulucanas et je village de Guancabamba : on les désigne, dans le pays, sous le nom pompeux de maison ou de palais de l’Inca, mais il est probable que la plupart étoient des caravanserais construits pour faciliter les communications militaires entre le Pérou et le royaume de Quito. La ville de Chulucanas paroït avoir été placée sur la pente d’une colline, au bord d'une petite riviere, dont elle étoit séparée: par une muraille. Deux ouvertures pratiquées dans cette muraille correspondoient aux deux rues principales. Les maisons , construites en porphyre, sont distribuées en huit quartiers. formés par des rues qui se coupent en angle droit. Chaque quartier renferme douze pe- tites habitations, de sorte qu'il y en a quatre- vingi-seize dans la partie de la ville dont nous. offrons le plan sur la soixante - deuxième Planche. Je préfère le mot d'habitation à celuz de maison, parce que ce dernier fait naïtre l'idée de plusieurs appartemens communi- quant entre eux et se trouvant dans une même enceinte, tandis que les habitations de Chu- lucanas, comme celles d'Herculanum, ne présentent qu’une seule pièce dont la porte ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 335 donnoit probablement sur une courintérieure. Au centre des huit quartiers que nous venons de désigner, se trouvent les restes de quatre grands édifices de forme oblongue, et qui sont séparés par quatre petites fabriques carrées, occupant les quatre coins. À la droite de la rivière qui borde la ville, on découvre des constructions très-bizarres qui s’élèvent en amphithéâtre : la colline est di- visée en six terrasses, dont chaque assise est revêlue en pierre de taille. Plus loin se irouvent les bains de l'Inca, dont je donnerai une description plus détaillée dans la Relation historique de mon voyage. On est surpris de rencontrer des bains sur un plateau dont les sources naturelles ont à peine une tempé- rature de dix à douze degrés du thermo- mètre centisrade, et où l'air se refroidit jusqu'à six ou huit degrés. ‘394 VUES DES CORDILLÈRES , PLANCHE LXIITL Radeau de la rivière de Guayaquil. Ce dessin offre le double intérêt de pré- senter un groupe de fruits de la zone équi- noxiale, et de faire connoître la forme de ces grands radeaux (balzas), dont les Péru- viens se servent depuis les temps les plus reculés sur les côtes de la mer du Sud et à l'embouchure de la rivière de Guayaquil. Le radeau, chargé de fruits, est figuré au mo- ment où ilest mis à l’ancre dans la rivière. On distingue, vers la proue, des ananas, les drupes pyriformes de l’Avocatier, les baies du Theophrasta longifolia, des régimes de bananes, et des fleurs de Passiflore et de Lecythis ombragées de feuilles d'Heliconia et de Cocotier. Les radeaux employés, soit pour la pêche, soit pour le transport des marchandises, ont seize à vingt-cinq mètres de long; ils sont composés de huit à neuf solives d'un bois très-léger 1. Don George 1 Bomhax et Ochroma. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 335 Juan ‘ a publié des observations très-curieuses sur les manœuvres de ces embarcations qui, lourdes en apparence, louvoient très - près du vent. * Voyage historique de l'Amérique Méridionals, Tom. E, p. 168. 836 VUES DES CORDILLÈRES , PLANCHE LXIv. Sommet de la montagne des Orsanos d’ A btotas La montagne porphyrique de Maman- chota, célèbre au Mexique sous le nom de los Organos , est située au nord-est du village indien d’Actopan. La partie élancée du rocher a cent quarante-deux toises de hauteur ; mais l'élévation äbsolue du sommet de la montagne, là où les Organos Commencent à se détacher, est de 1585 toises. C’est dans le chemin de Mexico aux mines de Guanaxuato qu’on distingue de très-loin , et se détachant sur l'ho- rizon , le rocher de Mamanchota:ils’élève au milieu d’une forêt de chénes !, et offre un aspect très- -pitioresque. * Essai politique sur la Nouvelle-Espagne, Tom. T, p. 289. ET MONUMENS DE L AMÉRIQUE. 337 PLANCHE LXV. Montagnes de porphyre colonnaïre du Jacal. Cerre vue à élé prise dans la plaine de Copallinchiche qui fait partie du grand pla- teau mexicain, et qui est élevée de treize cents toises (2530 mètres) au-dessus du niveau de l'Océan. Les montagnes de lOyamel et du Jacal, composées d'énormes color.aes de por- phyre trapéen, sont couronnées de pins et de chênes. C’est entre la métairie du Zembo et le village indien d'Omitlan que se trouvent les fameuses nines d’iztli ou d’obsidienne, exploitées par les anciens Mexicains. Cette contrée s'appelle, dans le pays, /4 montagne des Couteaux, el Cerro de las Nabajas. La cime du Jacal a seize cent trois toises (3124 mètres) d'élévation absolue. Mon des- sin offre les contours du Cerro de Santo Domingo (1); du Mocaxetillo (2); des Or- cones (5), et du Jacal, ou Cerro Gordo (4). IT 22 VUES DES CORDILLÈRES , ON CA QC: PLANCHE LXVI. Tête gravée en pierre dure par les Indiens Muyscas. Bracelet d'obsi- dienne. . La tête sculptée est l'ouvrage des anciens habitans du royaume de la Nouvelle-Grenade. La pierre regardée par quelques minéralo- gistes comme une smaragdite, n'est indubi- tablement qu’un quartz vert qui fait passage au hornstein. Peut-être ce quartz, d’une dureté extrême, est-il teint, comme la chry- _ soprase, par l’oxide de nikel ; il est perforé de manière que les ouvertures du trou cylin- drique sont situées dans des plans qui se coupent à angle droit. On peut supposer que cette perforation a été faite au moyen d'outils de cuivre mélé d’étain; car le fer n’étoit pas employé par les Muyscas et les Péruviens. Le bracelet d’obsidienne a été trouvé dans un tombeau indien, dans la province de Mechoacan au Mexique. Il est ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 839 extrêmement difficile de se former une idée de la manière avec laquelle on est parvenu à travailler une substance aussi fragile. Le verre volcanique, parfaitement transparent, est réduit à une lame dont la courbure est cylindrique, et qui a moins d’un millimètre d'épaisseur. 7 340 _ VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LXVIL Vue du lac de Guatavita. vu fre CE lac est situé au nord de la ville de Santa-Fe de Bogota, à la hauteur absolue de plus de quatorze cents toises sur le dos des montagnes de Zipaquira, dans un lieu sau- vage et solitaire. On a indiqué dans le dessin les restes d’un escalier servant à la cérémonie des ablutions , et une coupure de montagnes. On avoit tenté, peu de temps après la con- quête, de faire cette brèche pour dessécher le lac et pour retirer les trésors que, selon la tradition, les indigènes y avoient cachés, au moment où Quesada parut avec sa cava- lerie sur le plateau de la Nouvelle-Grenade. 1 P], xix de l’éd. in-8.°, TAN Rp EE — ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 941 PLANCHE LXVIII. Vue de la Silla de Caracas. CETTE montagne granitique , tres-difficile à gravir parce que sa pente est couverte d’un gazon serré, a plus de treize cent cinquante toises de hauteur absolue. Depuis la côte de Paria jusqu’à la Sierra Nevada de Sainte- Marthe, il n’y a pas d'autre cime qui égale en élévation la Silla de Caracas, appelée aussi Montana de Avila. Les deux sommets arrondis portent le nom de Selle (Silla) : ils servent de marques pour reconnoître le port de la Guayra. J'ai dessiné cette montagne du côté du sud, telle qu’elle se présente à la planta- tion de cafiers de Don Andrès Ibarra. 042 VUES DES CORDILLÈRES, PLANCHE LXIX. Le dragonnier de l’Orotava. Cerre Planche représente le tronc colossal du Dracæna Draco de l’île de Ténériffe, dont tous les voyageurs ont parlé, mais qui n'avoit point encore été figuré. Sa hauteur est de 5o à 60 pieds; sa circonférence, près des racines , de 45 pieds : il avoit déjà atteint la même grosseur lorsque les Espagnols abor- dèrent à Ténériffe, pour la premiere fois, au quinzième siècle. Comme cette plante de la famille des Monocotylédons croît avec une extrême lenteur, il est probable que le dra- gonnier de l’Orotava est plus ancien que la plupart des monumens dont nous avons donné la description dans cet ouvrage. : OT ON ERNE"" ETS ET MONUMENS DE L’AMÉRIQUE. 9:43 LETTRE DE M. VISCONTI, MEMBRE DE L'INSTITUT DE FRANCE, A M. DE HUMBOLDT, SUR QUELQUES MONUMENS DES PEUPLES AMÉRICAINS. Ex parcourant la partie de vos ouvrages qui concerne les monumens des peuples de l'Amérique , et dans laquelle vous avez bien voulu me donner un témoignage si précieux de votre amitié, J'airemarqué, parmi le grand nombre de faits jusqu'à présent inconnus, et d'observations neuves que renferme ce vo- lume, quelques articles où mon opinion diffère de la vôtre. Cette différence ne porte, à la vérité, que sur des particularités de peu d'importance, et mes remarques pourront paroïtre minutieuses; mais comme il s'agit d’une branche toute nouvelle de l'archéologie, 544 VUES DES CORDILLÈRES, si je puis me servir de ce terme pour désigner des recherches sur les monumens du nouveau monde, J'ai cru devoir vous transmettre quelques observations à ce sujet; si elles sont justes, elles pourront contribuer à lintelli- gence et à l'explication de quelques monu- mens très-curieux ; si elles ne vous paroïssent pas telles, la confiance que j'ai dans vos lumières dissipera mes doutes, Le premier objet qui a fixé mon attention est la figure de ronde bosse d’une prêtresse, ou, si l’on veut, d’une princesse aztèque (PlLretrr). Vous avez pensé que l'ignorance du sculpteur a supprimé les bras de cette figure, et qu'il a eu la maladresse de lui attacher les pieds aux côtés. Je n’ai pas plus que vous une grande idée de l’habileté du statuaire ; mais il me semble que cette figure, pour être hors de toute proportion, n'est cependant ni mutilée ni estropiée. Je crois reconnoïtre que les extrémités que vous prenez pour les pieds, sont les mains de la statue. Elle me paroît être à genoux, et assise sur ses jambes et surses talons, c2A2€ abyuéry, diroit Lucien ’. Cette posture de repos, sug- 2 In Lexiphane. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 945 gérée aux hommes par la nature elle-même, est décrite soigneusement par les lexico- graphes grecs, et spécialement affectée, dans les monumens des arts, aux figures de femmes. Hésychius, V. oxxvhou El éxxatew; Erotianus dans son Lexique sur Hippocrate, v. éxaaci, décrivent cette posture par des périphrases qui désignent l'attitude dans laquelle on est assis sur ses jambes et sur ses talons : mi ro, mrepyèy uabeGeoar ‘éni ras uynUa6 Kai Tac mTépyas taudarre à ycvara valises. Le savant Hems- terhuis conjecture que le verbe primitif qui exprimoit cet état de repos éloit &xew, et qu'il a été la racine d’un grand nombre de mots grecs qui sont passés ensuite dans d’autres langues ‘. Il suffira de citer les noms ôxx, paresse; et cos, maison; tant cette pose dans les sociétés primitives et presque sauvages étoit familière aux hommes fatigués, pendant les momens tranquilles qu'ils passoient dans l'intérieur de léurs rustiques retraites. On voit sur les monumens de l'Esypte un i [æ) _ grand nombre de femmes représentées dans * Voyez dans l’Æésychius d’Alberti les notes au mot Oixidlerr. [l 3/6 VUES DES CORDILLÈRES, cette atütude, soit qu’elles allaitent leurs en- fans , ou qu'elles soient en prière aux pieds de leurs idoles, ou qu’elles jouent de quelques instrumens, ou qu'elles donnent des marques extérieures d’affliction aux funérailles deleurs parens ou de leurs compatriotes *. On trouve aussi sur les mêmes monumens, mais beau- coup plus rarement, des hommes représentés dans cette attitude *. On pourroit même penser que le précepte des Pythagoriciens, de prier assis, n'avoit trait dans les temps reculés qu'à cette posture usitée dans les rites des Égyptiens. Elle est si naturelle, particu- lièrement aux femmes, à cause de la sou- plesse de leurs membres, que dans plusieurs contrées d'Italie les femmes de la campagne la prennent habituellement à l’église. Nous * Voyez dans le superbe ouvrage, Description de lÉgypte, au Tom. I, les Planches xir, n° 2; Exnt, n.°2; LXIX,n.°1;LXX, n.° 2; LXXXI, XCVI ét ailleurs; et dans le Voyage dans la Basse et la Haute Égypte, par M. Denox, les Planches cxxvr, CXXxI et cxxxv. 2 Sculture de la villa Borghese, St. vix, n°4; WinckELMANN, Hist. de l Art , etc. , édition de Rome , Tom. I, PL vr. ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 347 ne devons donc pas nous étonner qu'elle ait élé en usage chez les femmes aztèques. On la retrouve dans quelques - unes des peintures symboliques de ce peuple : à la PI. xxvr, la déesse de l’eau qui s’élance sur la terre pour Ja submerger, est représentée assise sur ses talons ; et plusieurs autres figures sur d’autres peintures mexicaines, sont à peu près dans la même pose, excepté qu'elles n’ont qu'un seul genou à terre. Et, pour ce qui a rapport à la statue dont j'ai l'honneur de vous entretenir. il me semble que le derrière de cette figure (PL 11) présente une preuve certaine de ce que je viens d'avancer; on y voit distincte- ment les pieds dont les doigts sont indiqués assez clairement ; ils sont placés les uns contre les autres, et le clair-obscur fait sentir dans le dessin (PL 1) la saillie des genoux cachés sous la draperie roide et unie qui enveloppe toute la figure. Pour ne pas m'arrêler d'avantage sur ce reste curieux des arts d’un peuple qui à presque disparu, je me borneraiï à remarquer que la grandeur excessive de la tête est un défaut commun à la plupart des ouvrages de ce peuple. Ce même défaut est trèssensible æ 0 : 949 VUES DES CORDILLERES, dans les figures sculptées qui surmontent les couvercles des urnes cinéraires étrusques. El semble que l'intention d'exprimer avec plus de précision et d’exactitude les traits de cette parle principale à été, pour des artistes ignorans, le motif de l'agerandir au point de l’exagérer. Je passe à une autre obser- valion qui m'a été suggérée par l'examen et par l’explication d’une des peintures hiéro- glyphiques que je viens de citer, et sur laquelle vous avez lu un mémoire à notre classe : les quatre destructions du monde y sont repré- sentées (PL. xxvr). Vous comparez ces pé- riodes aux quatre âges de la mythologie des Grecs; et comme vous trouvez cinq âges du monde dans les traditions des Aztèques , vous tâchez de faire disparoître cette différence, en prouvant que lâge de bronze dans Hé- siode peut aisément se diviser en deux à cause des deux générations que le poète y décrit (Voy. ci-dessus T. IE, p. 158). J'observe qu'Hésiode, ainsi que les Aztèques, comptoit cinq âges, en tenant compte, ainsi qu'eux , de celui qui n’étoit pas encore consommé et dans lequel il vivoit. IL le dit en termes exprès ( Opera et Dies, v. 174 ): ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 040 ! > » La, 3 \ ! n MnueT €7EIT UOelACY €} TEA TTC [AETEIVAI, « O que le sort n’a-t-il voulu que je ne me trouvasse pas avec les hommes du cinquième âge ! » Cette tradition des cinq âges auroit été connue aux Chaldéens, sil est permis de conjecturer sur les traces du Dante :, que le Colosse , vu en songe par Nabuchodonosor ?, avait trait à cette opinion. Il étoit composé de cinq matières différentes et séparées : l'or, l'argent, le bronze, le fer et l'argile. Enfin, il me reste encore à vous fre part d’une autre observation aussi peu importante que les précédentes. Elle porte sur la ma- nière dont les Aztèques tracçoient leurs hiéro- glyphes. Vous remarquez (T. IE, p. 141) que, pour en faciliter la lecture et l'intelligence , ils plaçoient quelquefois au bout d’une ligne les premiers signes, ou, pour ainsi dire, les premiers caractères de la phrase hiéro- glyphique de la ligne suivante ; et qu’ainsi ces premiers signes s’y trouvent répétés. Vous comparez, sur le témoisnage de M. Zoëga, * Inferno, ce. 14. ## DantEL, cl 2, 350 VUES DES CORDILLÈRES, cette méthode à celle des Égyptiens qui, suivant lui, en usoient de même dans leur écriture hiéroglyphique. Je: ne puis vous dissimuler que mes recherches ne m'ont point convaincu de cette analogie. Si vous n’avez d'autre autorité que le passage du profond. ouvrage de l’antiquaire Danois sur les obé- lisques (page 464), je vous avouerai que j'entends ses expressions tout autrement; et j'ajouterai que ma maniere de les entendre semble être confirmée par l'examen des mo- numens. M. Zoëga, pour prouver que, dans l'écriture hiéroglyphique, le sens dans lequel sont tournées les figures des hommes et des animaux , décide si la ligne hiéroglyphique doit être lue de droite à gauche ou de gauche à droite, se sert de certaines suites de signes, qui sont répétées dans le même monument, et qui tantôt se trouvent tracées tout entières dans la même ligne, tantôt le sont, moitié dans une ligne , moitié dans l’autre : par exemple, dans l’obélisque Sallustien', une de ces suites * Voyez, dans l’ouvrage de M. ZorcA, de Origine et usu obeliscorum, la Planche, Obeliscus Sallus- éianus lat. septentrionale, ET MONUMENS DE L' AMÉRIQUE. 391 présente la figure d’une colombe, suivie de celles d’unscarabée et d’un couteau, toutes sur la même ligne. Cette suite est répétée sur la même colonne , mais les hiéroglyphes sont distribués sur deux lignes. En suivant la règle proposée par le savant antiquaire, les figures se retrouvent dans le même ordre, de sorte que le scarabée et le couteau sont à la suite de la colombe. Voilà ce que dit M. Zoëga en termes un peu moins clairs‘. Mais si, par une consé- quence de cette remarque, je vous enlève une analogie héureuse, je vous dédommage à l'instant, en vous présentant une analogie pareille dans la méthode suivie par les Hé- breux, en traçant leurs manuscrits. Lorsqu'ils ne peuvent placer un mot tout entier dans une ligne , ils y en tracent les premiers carac- tères , et l’écrivent tout entier dans la ligne * Nam prœter quod hac ratione antecedens figura sequenti dorsum obvertere et eam post se relinquere agnoscitur, etiam in repetilis inscriptionibus, dum propter loct angustiam nota aliqua ex superiore spatio _ ad inferius sit removenda , hoc in ea fieri videmus quæ ex 1lla nostra sententia ultima erat superioris spatii. (Zoxca, loco citato.) 352 VUES DES CORDILLÈRES, suivante; de sorte que ces premiers carac- tères sont tracés deux fois, précisément comme vous l'avez remarqué, dans les ma- nuscrits, ou, pour mieux dire, dans les pein- tures des Aztèques. Cette méthode a été suivie dans plusieurs éditions imprimées de la Bible en hébreu : tant il est vrai que l'esprit de l’homme, malgré la difference des siècles et des climats, est disposé à agir de la même manière dans des circonstances pareilles, sans avoir besoin ni de tradition ni d'exemple. Je rapporte à ce même principe l’inven- tion des machines propres à faire du feu, par le frottement de deux morceaux de bois. Ce n’est point Mercure, à coup sûr, qui à enseigné l'usage du pyreïa ou igniraia aux Indiens de l’'Orénoque. Aucun monument grec ne nous présente cet usage des temps héroïques, tandis que vous en donnez deux fois la représentation dans les peintures hie- roglyphiques des Aztèques *. Cependant il étoit familier aux anciens habitans de la Grèce, et les figures que vous publiez prouvent la *. Tom. I, p.271€1272. 2 "PL xv, n° 61e ŒL'xXLVIr, ET MONUMENS DE L'AMÉRIQUE. 953 justesse de la description que le scholiaste d’Apollonius nous a laissée de ces machines à feu ‘. Il dit que le bois supérieur que l’on iourne, ressemble à un vilebrequin, rapamrauoi:r rpurayw. C’est l'idée qu'en donnent vos pein- tures. Aucun philologue n’a remarqué l'al- lusion qu'Apollonius fait dans cet endroit au passage de l'hymne homérique à Mercure. Toutefois celte allusion me semble propre à dissiper les doutes que le savant Rhunkenius a élevés sur l’interpolation de ce passage ”. La ressemblance des pyreia au vilebrequin doit faire remonter jusqu’à des époques très- reculées l'invention de ce dernier ouul; et on auroit droit d’être étonné de la voir attribuer à Dédale$, contemporain de Thésée , si l’in- vention de l'artiste athénien ne se rapportoit plus précisément au trépan des sculpteurs, instrument bien plus perfectionné que le simple vilebrequin, par la rapidité que la corde et la traverse mobile donnent à son action. Ce rapport entre le pyreion et le 1 Liv. 1, v. 1184, 2 Ep. -crié.. 1; ail hymn. in Mercurium , v. 25. $ Pline, Liv. vi, . 57. II. 29 554 VUES DES CORDILLÈRES, vilebrequin n’a point échappé aux écrivains anciens qui traitent de la culture des arbres: Ils se plaignent que l’action des tarières em- ployées à l’incision, cause souvent des brü- : lures dans le bois, funestes au succès de l'opération. Ce fut pour éviter cet inconvé- nient que les Gaulois inventèrent une autre espèce de tarière’ (terebra gallica ), qui étoit une véritable vrille, dont l’action plus réglée et moins rapide ne fait point craindre la combustion. Il me semble que les commen- tateurs de Pline n’ont donné jusqu’à présent une idée assez juste, ni de l'invention de Dédale, ni de la tarière gauloise. Voilà, mon cher cHTEre) les observations que je désirois soumettre à votre jugement. Votre amitié voudra bien, je l’espère, les considérer comme une preuve de la mienne et du vifintérêt que m'inspirent vos ouvrages. E. Q. VISCONTL Panis, le 12 décembre 1812. 1 Pline, Liv. xvu1, $. 25; Columella, Liv. 1v, v. 29. PT PR" ST CORNE ji. : +: psidiéi bi di NOTES. Tom. I, p.96. La pyramide de Cholüla portoit aussi des noms de To/tecail, Ecaticpac et Tlachihuatepetl, Te suppose que cette dernière dénomination dériveduverhe mexicain #achiani , Voir autour de soi, et de £epec?, montagne , parce que le Téocalli servoit de vigie pour reconnoître l'approche de lPennemi dans les guerres qui avoient fréquemment lieu entre les Cholulains et les habitans de Tlascala. Sur la question importante, si le temple, ou plutôt la pyramide à gradins dédiée à Jupiter Belus, a servi de prototype aux pyramides de Sakhara et à celles de l’Inde et de la Chine, voyez Jules de Klaproth, Magasin asiatique, Tom. 1, pag. 486 (en allemand ). | To. I, p.209. Ona révoqué en doute récemmentsiles Péruviens, outre les Quippus, avotent connu les pein- tures symboliques. Un passage tiré de L'Origen de tos Indios del Nuevo Mundo (Valencia 1610) ,p. 91,ne laisse aucun doute à cet égard. Après avoir parlé des hiéroglyphes mexicains, le père Garcia ajoute : « Au commencement de la conquête, les Indiens du Pérou se confessoient par des peintures et des caractères qui indiquoient les dix mandemens et les péchés commis contre ces mandemens. On peut conclure de là que les Péruviens faisoient usage de peintures sÿmbo- liques, mais que celles-ci étoient plus grossièrés que 23 * 556 NOTES. les hiéroglyphes des Mexicains, et que généralement le peuple se servoit de nœuds ou de quippus. » Voyez aussi Acosta , Historia natural y moral de las Indias , lib. v, cap. 8, pag. 267. Tom. I, p. 333. Le mot aël ou atel se retrouve dans l'est de l’Europe. D’après l'observation de M. Frédéric Schlegel , le pays habité par les Madjares, avant la conquête de la Hongrie, portoit le nom d’Æéelkusu. Cette dénomination désignoit la Moldavie , la Bessa- rabie et la Walachie, trois provinces limitrophes de l'embouchure du Danube qui portoit, de même que le Wolga, le nom de la grande eau, atel. (Voyez plus haut Tom. IL, p. 25.) L’hiéroglyphe mexicain de l’eau, atl, indique, par les ondulations de plusieurs lignes parallèles, le mouvement des vagues , et rappelle le caractère phénicien de l’eau, mem, qui a passé dans l'alphabet grec et peu à peu dans celui de tous les peuples occidentaux. Voyez l’ouvrage ingénieux de M. Hug, sur l’invention des lettres, 1801, p. 30. Le chevalier Boturini nous a transmis les noms des vingt jours d’un mois tolièque, d’après le calendrier des habitans de Chiapa et de Soconusco. Voici ces signes avec ceux qui leur correspondent selon le calendrier aztèque : Mox. Cipactli. Igh. Ehecatl. Votan. Calli. Ghanan. Cuetzpalin. Abagh. Cohuail. NOTES. 357 Tox. Miquiztli. Moxic. Mazail. Lambat. Tochilr. Mulu. Atl. Elab. Itzcuintli. Baz. Ozomaili. Enob. Malinalli. Been. ÆAcatl. Hix. | Ocelotl. Tziquin. Quauhtli. Chahin. Cozcaquauhtli. Chic. Ollin. Chinax. Tecpail. Cahogh. Quiahuitl. Aghual. Xochitl. On est surpris de trouver, parmi des peuples de même race, des noms d’un caractère si différent. Les dénominations de Mox , Igh, Tox, Baz, Hix et Chic, ne paroissent pas appartenir à l'Amérique, mais à cette partie de lAsie orientale qui est habitée par des peuples dont les langues sont monosyllabiques. (Voyez plus haut, Tom. 1, p.375, et Boturini, Idea de una histo- ria general de Nueva Espana, p.118.) Nous observe= rons, à celle occasion , que la terminaison chinoise en ésin, se retrouve dans un grand nombre de noms propres mexicains, par exemple dans Yonantsin, Acamapitsin, Coanacotsin , Cuitlahuatsin et Tzi- lacatsin. Selon les recherches savantes de M. Klaproth, les 959 NOTES. Ouigours ou Uighurs n’ont jamais habité les bords du Selinga, comme l’admet M. Langlès, mais les montagnes Ulugh-tagh, les rives du Ssir, qui est Plaxartès des anciens et la Steppe de Kara-Kun, à l’est du lac Aral. (Voyez plus haut, Tom. I, p. 368, et ITammer, Mines de l'Orient, Tom. 11, p. 19*). Tom. IF, p. 99. Pour jeter plus de jour sur les re- cherches qui font l’objet de mon mémoire sur Le calen- drier mexicain , je rapporterai ici des observations très -judicieuses qui m'ont été communiquées par M. Jomard. Le nom de ce savant est avantageusement connu de ceux qui s'occupent des antiquités de VEgypte ‘, et je m’empresse de donner ici l'extrait d’une lettre qu’il a bien voulu m'adresser : «J'ai reconnu dans votre mémoire sur la division du temps des peuples mexicäins, comparée à celle des peuples asiatiques, des rapports très-frappans- entre le calendrier toltèque et des institutions ob- servées sur les bords du Nil. Parmi ces rapports il y en a un quinest pas le moins digne d'attention. C’est l'usage d’une année vague de 365 jours, composée de mois égaux et de 5 jours épagomènes, également à Voyez les intéressans Mémoires de M. Jomard, sur le Jac de Moeris comparé au lac de Fayoum, sur Syene et les Cataractes, sur Pile d'Eléphantine, sur Ombos et ses envi- rous, et sur les antiquités d'Edfou et d'Hermonthis, faisant partie de la Description de l'Égypte ancienne el moderne, que l'on doit à la muuilicence du Gouvernement français. NOTES. 559 employée à Thèbes et à Mexico , à plus de trois mille lieues d'intervalle. Il est vrai que les Égyptiensn’avoient pas d’intercalation , tandis que les Mexicains interca- loient 13 jours tous les 52 ans. Il y a plus; l’interca- lation étoit proscrite en Egypte à tel point que les rois juroient, en recevant la couronne, de ne jamais souffrir qu’on la miten pratique pendant le cours de leur règne. Malgré cette dissemblance, on voit un point essentiel d’analogie dans la longueur de la durée de l’année solaire. En effet, l’intercalation des Mexicains étant de 13 jours à chaque cycle de 52 ans, revient à celle du calendrier Julien, c’est-à-dire d’un jour en quatre ans, et suppose par conséquent la _ durée de l’année de 365 jours 6 heures. Or telle étoit aussi la longueur de l’année chez les Égyptiens , puisque la période sothique étoit à la fois de 1460 an- nées solaires et de 1461 années vagues : c’étoit en quelque sorte intercaler une année entière de 365 jours tous les 1460 ans. La propriété de la période sothique de ramener les saisons et les fêtes au même point de l’année , après les avoir fait passer par tous les points successivement, est sans doute une des causes qui faisoient proscrire l’intercalation, non moins que la répugnance des Égyptiens pour les institutions étran- gères. Or, il est remarquable que cette même année solaire de 365 jours 6 heures adoptée par des peuples aussi différens , et plus éloignés peut-être encore par leur état de civilisation que par la distance terrestre, se rapporte à une époque astronomique très-réelle et appartient en propre aux Égyptiens. C’est un point LE 960 NOTES. que M. Fourier mettra hors de doute dans ses belles recherches sur le zodiaque d'Égypte. Personne rest aussi bien que lui en état de traiter cette question sous le rapport astronomique , et lui seul peut mettre dans tout son jour les découvertes heureuses qu'il a faites. J’ajouterai ici que les Perses qui intercaloient 59 jours tous les 120 ans, les Chaldéens qui usoient de l’ere de Nabonassar, les Romains qui ajoutèrent un jour tous Îles quatre ans, enfin les Syriens et presque tous les peuples qui ont réglé leur calendrier sur le cours du soleil, me paroissent avoir également puisé en Égypte la nolion d’une année solaire de 365 jours + juste, l'usage des mois égaux et celui des cinq épagomènes. Quant aux Mexicains, il seroit superflu de rechercher comment cette connoissance leur est venue ; un pareil problème ne sera pas résolu de sitôt , mais le fait de l’intercalation de 13 jours par cycle, c’est-à-dire l’usage d’une année de 365 jours + dépose nécessairement ou d’un emprunt fait à l’ Égypte ou d’une communauté d’origine. Ajoutons que l’année des Péruviens n’est point solaire, mais réglée sur le cours de la lune, comme chez les Juifs, les Grecs, les Macédoniens et les Turcs. Au reste, la circons-. tance de 18 mois de 20 jours, au lieu de 12 mois de 30 jours, fait une différence très-grande. Les Mexi- cains sont le seul peuple qui ait divisé l’année de cette manière. » | « Un second rapport que je remarque entre le Mexique et l'Égypte , c’est que le nombre de semaines ou demi-lunaisons de 13 jours comprises dans un w/f NOTES. 861 cycle mexieain est le même que celui des années de la période sothique; ce nombre est 1461. Vous re- gardez un tel rapport comme accidentel et fortuit ; peut-être a-t-il la même origine que la notion de la longueur de l’année. Si en effet l’année n’étoit pas de 365 jours 6 heures , c’est-à-dire de = jours, le cycle de 52 ans ne renfermeroit pas =#<- ou 13 fois 1461 jours; ce qui fait 1461 périodes de 13 jours. IL faut convenir toutefois que ces semaines de 13 jours, ces tlalpilli de 13 aus, cette intercalation de 13 jours au bout du cycle, enfin ces cycles de quatre fois 13 ans reposent sur un nombre premier qui est abso- lument étranger au système égyptien. » « Vous avez fait remarquer un fait plus important en ce qu'il tient aux mœurs des peuples, c’est la fête du solstice d'hiver, également célébrée par les Égyp- tiens et par les Aztèques. Les premiers , s’il faut en croire Achilles Tatius, se livroient au deuil en voyant - le soleil descendre vers le capricorne et les jours dé- croître ; mais quand le soleil s’élevoit dé nouveau vers le cancer , ils s’habilloient de blanc et portoient des couronnes. L'usage des Mexicains que vous avez décrit, est sans contredit analogue à la fête égyptienne; on ne pourroit contester ce rapport qu’en plaçant à une autre époque le commencement de l’année mexi- caine, ainsi que l’ont fait plusieurs auteurs. Mais vous avez mis hors de doute qu’au renouvellement du cycle, ce commencement tomboit au 9 janvier : par consé- quent, en tenant compte des 13 jours intercalaires et des épagomènes avec lesquels commencoit la fête, |. # 902 NOTES. le feu nouveau s’allumoit au solstice d'hiver. I] reste à expliquer pourquoi le phénomène de la diminution des jours n’effrayoit les Mexicains qu’une fois tous les 52 ans * , comme si, au bout d’un cycle, le soleil descendoit plus bas qu’à l'ordinaire ! Est-ce que, faute d'une solennité , ils ne s’apercevoient pas de la plus courte apparition du soleil, et qu’ils attendoient un signal pour s’abandonner au deuil et à la terreur. Je conçois que si la fête avoit eu lieu chaque année au même jour, ils se seroient plaints de la retraite du soleil, au moment où il remontoit déjà visiblement ; mais pour ne pas les faire gémir à contre-temps, il était facile d'avancer la fête tous les quatre ans d’un jour, de manière qu’en 52 années elle auroit occupé 13 jours différens. Une pareille difficulté m'’arrèête pour l’usage attribué aux Égyptiens. Achilles Tatius ne désigne point l’époque à laquelle il se pratiquoit : il se sert seulement de l’expression vague un jour, Tere (Uranol., pag. 146), et ajoute que c’étoit le temps des fêtes isiaques, sans dire si cette pratique avait lieu tous ies ans. S’il en eût été ainsi , on auroit vu, dans le cours d’une période sothique, les Égyptiens, dans la crainte d’être abandonnés par le soleil, se livrer à la douleur, arracher leurs cheveux et déchirer leurs habits, au moment même où cet astre occupait le 1 Geminus prétend, contre l’opinion des Grecs, que la fête n’avoit pas lieu Le jour du solstice, et qu'elle parcouroit tous les jours de l’année successivement pendant une pé- riode sothique ( Uranol. , p. 34). NOTES. 563 zénith et dardoit ses plus, grands feux. Avouez, Monsieur, que cela n’est guère probable. Achilles Tatius nous en a dit trop peu pour que nous puissions comprendre cette prétendue coutume des Égyptiens. Si la fête arrivoit tous les ans au même jour, elle étoit absurde pendant quatorze siècles et demi d’une période sothique; si elle n’avoit lieu que l’année du renouvellement de la période , pourquoi cette année- là préférablement? et enfin, si lon avancoit la fête tous les quatre ans d’un jour, il faut convenir que les Égyptiens se désoloient bien à tort de la prochaine disparition du soleil, puisqu’à Thèbes il s'élevoit au solstice d’hiver d’environ quarante dégrés. » « Vous avez comparé les noms des années et des jours mexicains avec les noms des signes du zodiaque tartare et des différens zodiaques de l’ancien continent, Vous avez démontré qu’on disoit au Mexique le jour lapin, tigre ou singe, etc. , comme on disoit en Asie le mois lièvre, le mois tigre, le moins singe, ete. ; vous avez fait voir aussi que plusieurs de ces animaux sont également étrangers à la Tartarie et au Mexique, et cette dernière remarque donne à penser que l'usage des séries périodiques pour le calcul du temps, com- mun aux Mexicains el aux Asiatiques, aussi bien que ces dénominations, pourroit venir d'un pays bien différent et bien éloigné. Ces questions sont du plus haut intérêt ; mais je ne m'attacherai ici qu'a la ressem- blance de l’un des signes des Aztèques, le signe Ci- pactli, avec le capricorne du zodiaque grec ou plutôt égyptien : c'est le seul des vingt noms de jours 004 NOTES. mexicains qui présente cette analogie. N’estl pas remarquable que Cipactli est le premier signe des jours, comme le capricorne est à la tête des catasté- rismes. Quelque divergence qu’il y ait dans lPordre des signes des différens zodiaques , cette analogie de position pour le-premier de tous paroït constatée, et il me semble y voir une confirmation de l’origine du zodiaque égyptien. Qu'on ait observé ou non le colure du solstice d’été au premier degré du capri- corne, il est certain aujourd’hui que le zodiaque dont nous faisons usage d’après les Romains et les Grecs, et que ceux-ci ont copié en Égypte, appartient essen- tellement à ce dernier pays et à lui seul, et qu'il n’a d'explication possible qu’en faisant remonter jusqu’au capricorne le solstice d’été. Or l’année rurale égyp- tienne commencoit au solstice d'été. Il ne faut donc pas s’étonner que le capicorne ait occupé autrefois la première place parmi les dodécatémories Si l’on savoit à quelle époque commencoit jadis l’année en Tartarie, au Tibet ou au Japon, on pourroit déduire quelque chose d’analogue de la position du verseau à la tête du zodiaque chez ces divers peuples. En effet, le premier signe est le rat qui correspond au verseau. Mahara , le monstre marin du zodiaque des Hindoux , correspond au capricorne, y occupe le second rang, ce qui suppose encore le verseau au premier. Ainsi les positions successives du colure solsticial dans le verseau, dans le capricorne, et plus tard dans la vierge, le lion et le cancer, seroient indiquées par les monumens les plus anciens et les plus authentiques, NOTES. 365 savoir les zodiaques des peuples. Mais je n’insiste pas sur cette idée qu’il ne m’est pas encore permis d'appuyer de ses preuves. Bornons-nous à remarquer que le capricorne placé à la tête des signes en Egypte et au Mexique, est un rapport de plus entre les deux pays. » « Vous avez encore observé que les poissons du zodiaque égyptien sont accompagnés d’un porc, animal qui, dans le zodiaque du Tibet, remplace le catastérisme des poissons, et que la balance répond au dragon du zodiaque tartare, dont le nom a son équivalent dans le mot de cohuatlou couleuvre; nom de l’un des jours mexicains. Ce signe de la balance, dont on a si mal à propos révoqué en doute l’ancienneté, se trouve dans les dodécatémories des Indiens et dans leurs maisons lunaires, aussi bien que dans le zodiaque égypuen. Ceux qui objectent que ce n'est point un Cod'ioy ignorent apparemment que la balance est toujours portée par une figure humaine, comme l’épi par la vierge, et le vase par le verseau. Si la balance est un signe ajouté par les Romains, qui peut l'avoir sculpté à Eléphanta? Il est vrai qu'avant Auguste , le scorpion remplissoit deux signes par son étendue dans le zodiaque des Grecs et des Romaius. Vitruve est le premier écrivain où on trouve le mot Zbra. Aratus, Eudoxe, Hipparque, pour désigner le signe de la balance, s’étoient servis du nom de X#A«s, qui signifie serres de scorpion. Mais, depuis la conquête de Jules- César, les Romains visitèrent beaucoup 1 Égypte : ils aperçurent sans doute la balance sur les monumens, 366 NOTES. et ils en adoptèrent lusage. Germanicus, qui, se!on Tacite, examina les antiquités d'Égypte, traduisit le poëme d’Aratus, comme avoit fait Cicéron, mais il ne rendit pas comme lui le mot X#nar par chelæ. 11 se servit du mot libra , et l’on voit que Virgile, Mani- lius, Vitruve, Hygin, Macrobe, Festus-Avienus, etc., tous postérieurs à la conquéte d'Égypte parlent tous aussi de la balance. On peut en dire autant de Pto- lémée et d’Achilles Tatius. Ce sont les Chaldéens lutôt que les Ecyptiens, qu’on pourroit soupconner S)P » P PS de n’avoir pas connu la balance, puisque Servius, en commentant ces vers si connus: Anne novum sidus tardis te mensibus addas, etc., observe que les Chal- déens divisent le zodiaque en onze constellations, et les Égyptiens en douze. Le commentaire de Germa- nicus met la question dans le plus grand jour, en montrant que la balance des Égyptiens étoit ce que les Grecs nommoient chelæ, et je trouve qu’Eratos- thènes fournit la mème remarque : ynaai o éss Quyos. Où auroit-il pris ce rapprochement , si la balance n’existoit pas de sou temps? Eudoxe étoit grec: en parlant aux Grecs, il devoit employer le nom de chelæ qui leur étoit connu; mais Eratosthènes éeri- vant en Égypte, expliquant la sphère grecque, étoit à portée de dire à quel signe égyptien ce nom répondoit. Nous savons encore, par le Zend Avesta, que les anciens Perses connoissoient la balance astro- nomique ; et Saint-Epiphane en dit autant des Phari- siens. Enfin, qu'y a-t-il de plus fort que ce passage d'Achilles Tatius: Les chelé que les Égyptiens ap- NOTES. 567 pellent balance (Uranol, p. 168). Je ne finirois pas si je citois tous les auteurs. Quant aux monumens, on en connoît si peu , et ils sont si récens, à l’exception de ceux de l'Égypte et de l'Inde , qu'ils n’apprennent rien sur l'antiquité de cet astérisme. Mais tout prouve cette antiquité. À Rome même, avant que la balance fût placée dans le ciel, son nom étoit connu. Cicéron emploie le nom de jugum , il en est de même de Varron; Geminus se sert du mot Que. L'école d'Alexandrie n’ignoroit pas l’existence de ce signe; mais il faHoit que la ruine de l'Égypte füt consommée pour mettre en quelque sorte les tempies à découvert, procurer la connoissance du plarisphère égyptien, et fournir l’image de la balance que les Romains ont empruntée el transmise. » « Si je me suis arrêté sur l'ancienneté du signe de la balance, déjà démontrée par d’autres, c'est que ce point est lié intimement avec le système du zodiaque égyptien; ce qui paroît, Monsieur, n'être pas votre sentiment, puisque vous admettez plutôt l'antiquité de cet astérisme en Egypte que la notion du mouve- ment des fixes. Ce qu’il peut y avoir de hasardé dans l'époque attribuée aux monumens de la Thébaïde, c’est la détermination d’une année précise, et non pas une approximation de date, ayant une certaine latitude. 11 ne faut pas de grandes lumières en astro- nomie pour reconnoitre le point du ciel ou la cons- tellation qu’occupe le soleil au moment de son apogée; or, puisque ce point change perpétuellement, il est bien impossible qu’on le peigne à la même place 568 NOTES. ’ pendant vingl et quarante siècles de suite. Qu’y at-il d'étonnant | que le peuple pour qui ce point faisoit le commencement de l’année, l'ait désigné successive - ment par la vierge, le lion et le cancer, et antérieu- rement sans doute par d’autres signes. Je ne veux pas ôter pour cela aux Egyptiens le mérite de cette décou- verte et de toutes les autres que nous ont transmises les Grecs, si habiles à les dépouiller; mais seulement je veux dire que ce fut pour eux une chose fort naturelle et toute simple que de marquer l'ouverture de leur année là où ils la voyoient commencer. » « Vous avez rappelé l’atiention des savans sur le monument de Bianchini. Ce planisphère me fait sou- venir que nous avons vu à Panopolis un zodiaque analogue, composé de cercles concentriques divisés en douze cases; Pococke l’avoit apercu en passant. Le temps n’a pas permis de faire les fouilles nécessaires pour en prendre la copie. J’y ai vu une figure d'oiseau comme celle que vous remarquez dans le planisphère de Bianchini, où elle correspond au bélier; tandis que, dans le zodiaque tartare et japonnois, l'oiseau répond au taureau. Il est possible que ce marbre, ainsi que la table isiaque, ait été sculpté en Égypte ou d’après un ouvrage égyptien, mais il l’a été certai- nement par une main étrangère et peu fidèle. » Ces observations qu'offre la lettre de M. Jomard touchent plusieurs points très-importans de las- tronomie ancienne, l’usage d’une année vague de 865 jours 6 heures, les fêtes qui se trouvent fées à des phénomènes physiques, et les catastérismes du NOTES. 369 A zodiaque solaire. Il existe, sans doute, une espèce d'astronomie élémentaire , qu’on pourroit appeler naturelle , et qui, au même âge de la civilisation , a dû se présenter à des peuples entre lesquels il wa existé aucune communication directe. C’est à cette science qu’appartiennent les premières notions sur le nombre des pleines lunes qui correspondent à une révolution solaire, sur le temps duquel cette révo- lution excède 365 jours, sur les 27 à 28 parties égales du ciel que parcourt la lune pendant l'intervalle d’une Junaison, sur les étoiles qui disparoissent dans les premiers rayons du soleil, sur la longueur des ombres d’un gnomon , et sur la manière de tracer une méri- dienne par le moyen de hauteurs correspondantes ou d’ombres d’égale longueur. Une marque choisie à l'horizon , un arbre ou la cime d’un rocher, auxquels on compare le soleil levant ou couchant, une atten- tion un peu suivie à des phénomènes qui se répètent à des intervalles de temps peu considérables, suffisent pour jeter les bases de cette astronomie naturelle. ( Fréret, Œuvres completes, Tom. xr1, pag. 78). La dodécatémorie de l’écliptique, les maisons lunaires, des intercalations d’un jour en quatre ans ou du multiple de ces nombres, des moyens tentés pour concilier Palmanach lunaire avec l’almanach solaire , et pour faire coincider avec les mêmes saisons les mêmes termes des séries périodiques , l’usage des gnomons, l'importance donnée aux époques où les ombres sont les plus longues ou les plus courtes, les craintes marquées à la fin d’une grande année, IL. 21 FL 370 NOTES. l’idée d'une régénération au commencement d’un cycle, tout cela trouve sa source dans lobservation des phénomènes les plus simples et dans la nature individuelle de l’homme. J Nous croyons devoir le répéter ici, il est extrême- ment difficile de distinguer ce que les peuples ont puisé pour ainsi dire en eux-mêmes et dans les objets qui les entourent, de ce qui leur a été transmis par d’autres peuples plus avancés dans les arts. Les hié- roglyphes et l'écriture symbolique naissent du besoin que l’on sent d’exprimer ses idées par des figures. Un tumulus ou des pyramides s'élèvent en accumulant de la terre et des pierres pour désigner un lieu de sépulture. Les méandres , les labyrinthes, les grecques se rencontrent partout, soit parce que les hommes se plaisent en général à uné répétition rhythmique des mêmes formes, soit parce qu’ils ont pris pour modèle les figures régulières tracées sur la peau des grands serpens aquatiques et sur la carapace des tortues. Un peuple à demi-sauvage , les Araucains du Chili, a une année (sipantu) qui offre encore plus d’analogie avec l’année égyptienne que celle des Aztèques. Trois cent soixante jours sont répartis en douze mois( ayen) d’égale durée , auxquels on ajoute à la fin de l'année, au solstice d’hiver ( Auamathipantu), cinq jours épa- gomènes. Les nycthemères, comme ceux des Japon- nois, sont divisés en douze heures (Z/agantu). Il se pourroit que les Araucains eussent reçu cette divi- sion du temps de l’Asie orientale, en la puisant à la ‘même source de laquelle est venu aux Muyscas de NOTES. 971 Cundinamarca le cycle asiatique de 20 fois 37 sunas ou de soixante ans : mais rien n€ s'oppose à admettre que le calendrier des Araucains ait pris naissance dans le nouveau continent. Beaucoup de peuples n’ont d’abord eu que des années de 360 jours, non parce que les révolutions solaires avoient jadis une plus courte durée , comme Vassure gravement un auteur d’ailleurs très-estimable , le comte Carli, mais parce que l’on s’étoit arrèté à un nombre rond, résultat d’un premier aperçu de la longueur de Pannée. Douze pleines lunes observées pendant l'intervalle d'environ 350 jours, conduisoient à des mois de trente jours, et les jours complémentaires furent ajoutés lorsqu'on s’aperçut de la confusion qui naissoit de lPemploi d'années trop courtes. Il en est des mœurs et des usages des peuples comme de l’analogie qu’offrent leurs langues entre elles ; il est de certaines marques auxquelles on reconnoît directement l'identité d’ori- gine ou les communications qui ont existé de nation à nation. On concoit par exemple que les signes de notre zodiaque solaire ont pu prendre leurs déno- minalions en Égypte, ou dans l’Inde , ou dans d’autres régions arrosées par de grands fieuves et placées sous le même paraliele; mais, ces dénominations une fois fixées , il n’est plus permis de révoquer en doute que les peuples qui emploient les mêmes catastérismes les ont reçu les uns des autres. C’est ainsi qu’on distingue dans les langues cette communauté de racines qui sont pour ainsi dire les signes arbitraires des choses, eu ces formes grammaticales qui paroissent fondées at 372 NOTES. f sur un simple caprice, de tout ce qui tient à l’har- monie imitative, à la structure de nos organes, et à la nature de notre intelligence. a Les prêtres d’Héliopolis, consultés par Hérodote se vantoient que, les premiers de tous les hommes, les Égyptiens avoient inventé la division de l’année en douze parties, "EAgyoy duonoyéovtés cqiat, pales Aiyurliss dySporur dTavloy ÉEeupéer Tor énrauor, J'uod'ena uépeu d'acauévss Tor wpéor &s aÿ10v. (Herod.; Lib. 11, ed. Wessel., p. 104.) Nous pensons que cette invention n'appartient pas plus aux Égyptiens que les modes de numération par groupes de cinq, de dix ou de vingt n’appartiennent à un seul peuple qui les auroit transmis à d’autres peuples dans des con- trées tres-éloignées. R Le calendrier des Égyptiens, apres avoir été l’objet des savantes recherches àâe Fréret, de la Nauze et de Bainbridge, a recu de nouveaux éclaircissemens de nos jours par les travaux de M. Ideler, qui réunit à une connoissance profonde des langues anciennes celle des calculs astronomiques. Nous ne discuterons point si, sur les bords du Nil, différens calendriers et différens modes d’intercalations ont été en usage à la fois, comme plusieurs savans distingués Vont avancé en se fondant sur des passages de Theon , de Strabon, de Vettius Valens et d’Horapollon. (De la Nauze, Mém. de lAcad. des Inscript., Tom. xiv, pag. 351; Fréret, Œuvres, Tom. x, pag. 86; Tom. xt, pag. 278; Bainbridge, Canicularia, pag. 26; Scali- ger de emendat. tempor., Lib. ur, pag. 195; Gatterer NOTES. 379 Abriss der Chronologie, pag. 233; Id. JJeltse- schichte bis Cyrus, pag. 211, 507 et 567; Ideler ÎTistor. Untersuchungen , pag. 100; Rode , über Den- dera, pag. 43.) Nous nous bornerons ici à quelques observations sur la mobilité des fêtes. vi En Egypte et en Perse où régnoit l’année vague A en Grèce et en Italie où des intercalations imparfaites dérangeoient souvent le calendrier, les fêtes qui avoient rapport à des phénomènes physiques devoient perdre tout intérêt pour le peuple , si on les célébroit, tantôt dans une saison, tantôt dans une autre. Sur les bords du Nil, comme sur ceux du Tibre, on dis- tinguoit sans doute les fêtes attachées à la date d’un mois (fériæ stativæ) de celles que les prêtres annon- coient aux époques désignées par les motifs de leur institution. Ces dernières fêtes s’appeloient chez les Romains feriæ conceptivæ , et l’on distinguoit les se- mentivæ, les paganalia et les compitalia (Marini, Atti de Fratelli Arvali, Tom. 1, pag. 126). En Égypte » la fête de Thoth, qui parcouroit avec le mois de ce nom toutes les saisons pendant la période sothique, ne coimeidoit vraisemblablement pas avec une fête célébrée en l’honneur du lever héliaque de Sirius. Est-il probable que .des processions, dans . lesquelles on portoit des emblèmes de l’eau, eussent lieu dans les temps des plus grandes sécheresses? Le passage de Geminus, il est vrai, est très- positif: Bouaoyles yep (oi Ayo!) ras Suaius Tois Séois un mue Toy auToy narpoy TÈ évniaulg vives das, GARE dé mary rôv TS évravlS dpèr dieAdely, Lai yireo da * 374 ‘ NOTES. Tv Depiry éopliy ei Yeuepiviy, Xe) QUiVoTwpIVhV , kel Eapiy (Ælemen. Astronom., cap. 6). Geminus de Rhodes, qui vivoit du temps de Sylla et de Cicéron, blâme Eudoxe et les Grecs en général d’avoir supposé que la fête d’Isis correspondoit constamment au sol- stice d'hiver, tandis qu’elle devoit, selon l’année vague, parcourir trente jours dans l’éspace de cént vingt ans. Mais si l’on admet que toutes les fêtes qui avoient rapport aux saisons et aux phénomènes astronomiques restoient liées aux dates des mois de Phamenoth , de Pachon ou de Mechir, que deviennent les explications ingénieuses données par Plutarque dans son Traité de Iside et Oriside, des motifs pour lesquels les Égyptiens célébroient telle fête au prin- temps, telle autre au solstice d'été (Plut., Opera omnia, ed. Reiske, Tom. vi, pag. 446, 452 et 484)? Ces rapports entre les cérémonies pratiquées et les phénomènes physiques, cette liaison intime entre le symbole et l’objet, n’auroient donc eulieu que dans la première année de chaque cycle sothique? L’ob- servation très-juste que M. Jomard fait sur le passage d’Achilles Tatius, s’applique à toutes les fêtes stutives. Celle d’Isis, citée par Geminus et par Plutarque, étoit une fête lugubre; et, si elle n’étoit point conceptive, elle tomboit quelquefois à des époques où les jours augmentoient depuis long-temps (Uranoë, > PAS: 19, nota 35 ). Le serment que les prêtres d'Égypte faisoient prèter au roi de conserver l’année vague (Comment. in German. interpret. Arati: sign. Capricorni; Hy- gin., ed. Basil., 1535, pag. 174.), ne décèle-t-il pas NOTES. 70 la ruse d’une caste privilégiée qui, pour se rendre nécessaire au peuple et pour conserver son autorité, se ménage le droit d’annoncer les fêtes liées à des phénomènes astronomiques ? Plutarque, vivant sous le règne de Trajan, se sert déjà de l’année fixe des Alexandrins, selon laquelle le premier Thoth correspond au 29 août du calendrier Julien (Zdeler, Hist. Unt. pag. 127), et il rapporte les noms des mois et les fêtes aux époques immuables des solstices et des équinoxes. Achilles Tatius, chré- tien, et peut-être même évêque, vivoit plusieurs siècles après Plutarque: on n’a donc pas besoin d’ad- mettre avec de la Nauze l'existence d’une année fixe sous les Ptolémées, pour expliquer pourquoi Achilles Tatius parle des gémissemens des Égyptiens, à Ja fête d’Isis, comme d’un usage immuablement lié à Pépoque du solstice d'hiver. Si d’ailleurs, chez les Mexicains , nous ne voyons renaître cette crainte de la disparition prochaine du soleil qu'après 52 années vagues , on doit, sans doute, en attribuer la cause à l’importance que tous les peuples attachent à la fin d’un grand cycle. Nous observons aujourd’hui même que le dernier jour de l'an a quelque chose de solennel chez des nations fort éloignées des idées superstitieuses (Œuvres de Boulanger, 1794, Tom. 11, pag. 61). A Mexico, comme à Thèbes, le soleil est encore considérablement élevé à l’époque où sa déclinaison australe commence à diminuer, et l’on diroit que la crainte de la disparition totale de cet astre auroit dû naître plutôt dans ces régions de l’Asie, où M. Bailly 376 NOTES. place l’origine de l’astronomie, que chez les peuples. voisins du tropique. Cependant, on conçoit comment, dans un culte dont les symboles ont rapport à l’état du ciel, des idées d’un abaissement progressif du so- leil et de la diminution de la durée des jours, quelque peu sensibles que soient ces phénomènes, conduisent à des cérémonies lugubres, à l'expression de la dou- leur et de la crainte, ty Lt Quant au catastérisme auquel différens peuples ont assigné , à différentes époques, la première place dans le zodiaque, c’est un objet de recherche des plus intéressans pour l’histoire de l’astronomie. Comme les années commencent ou par les solstices ou par les équinoxes , l’ordre des signes, ou plutôt la préférence donnée à l’un d’eux qui ouvre la marche des catas- térismes , fixe le temps auquel remonte l’origine d’un zodiaque. Sous ce rapport, par l’effet de la préces- sion des équinoxes, la simple série des signes devient un monument historique non équivoque, si l’on sup- pose toutefois 1.° que le peuple chez lequel on trouve ce monument ne se soit pas servi de l'année vague s ou 2.° qu’il n’ait pas voulu tracer, d’après des idées systématiques, l’ancien état des choses, le point de départ, le commencement d’un cycle. Les peuples de l’Asie orientale ont calculé, par des tables peu exactes , les positions des planètes pour des époques très-reculées : leurs livres parlent d’une conjonction de toutes les planètes, qui semble plutôt le fruit de leurs calculs que de l’observation. Ne seroit-il pas possible que l’on découvrit un jour dans l'Inde un NOTES. 977 monument sur lequel cette conjonction fût tracée, sans qu'on püt pour cela attribuer à ce monument une haute antiquité? Aucun passage des anciens ne prouve directement que les Égyptiens aient eu connoissance de la pré- cession des équinoxes. Hipparque fit cette découverte en comparant ses observations avec celles de Timo- charis; il est presque certain, comme M. Delambre Va prouvé récemment, qu'il n’observa jamais ou qu'il n’observa que irès-peu à Alexandrie. Quoique Hip- parque ne dût rien aux prêtres de l'Égypte, il est cependant irès-probable que ceux-ci auront fixé leur attention sur le rapport quiexiste entre le lever héliaque de Sirius et le jour du solstice d’été. Cette différence”, dans un intervalle de 1400 ans, varioit de douze à treize jours. Nous savons trop peu de l’astronomie des Égyptiens pour en juger défavorablement par le silence des Grecs et celui de Manethon, aussi peu instruit dans les sciences exactes que dans les règles de Ja versification. Cette matière importante pour l’histoire des progrès de l’esprit humain , sera bientôt discutée de nouveau par M. Fourier, dont les savantes recherches, attendues avec impatience , seront pu- * « Le lever héliaque de Sirius étoit éloigné du solstice, 2782 anuées avant notre ère, de deux jours, et, 1322 an- nées avant notre ère, de treize jours; 159 aus après notre ère, la différence s'élevoit déjà à vingt-six jours : mais, par des compensations heureuses, malgré la précession des équinoxes, le lever de Sirius restoit pendant 3000 ans lié au même jour du calendrier Julien » (Zdeler, pag. 88 et go), 578 NOTES. bliées dans la Description des Monumens anciens de l'Égypte. Gé La baute antiquité de la Bibnce: avancée par Labbé Pluche au milieu du dernier siècle, mais contestée ré- cemment par deux antiquaires distingués, MM. Testa et Hager, a été démontrée par les travaux de MM. Ide- ler et Butitmann'. Je pense qu'il sera agréable aux savans qui s'occupent de l'astronomie ancienne, de trouver réunis ici tous les passages qui ont rapport à la constellation de la Balance, et que j'ai vérifiés avee un soin extrême: Æipparchi Comm.in Arat., Lib.ur, c. 2(Petavii Uranolog. ed. 1703, pag. 134); Geminus , ÆElem. Astron., ec. 1 et 16 (Uranol., p. 139); J’arra de lingua latina, Lib. vi, c. 2 (Auctores lat, linguæ, ed. Gothofred. 1585, pag. 48); Cicero de divin., Lib. 11, c. 46 (ed. Jos. Olivetus, 1740, Tom. IIT, pag. 81 et 478); German. Cœsar in Arati Phœn., 1 Ideler, Hist. Untersuch , 1806, pag. 371. Sternnamen, pag. 175. Pluche Tist. du ciel (ed. de 1740), Tom. I, pag. 1. Montucla, Hist. des mathem. P. 1 , Lib.xr , G. 7, pag. 79. Bailly, Hist. de l'Astr., Vol. I, pag. 499 et 5or- Schmidt, de Zod. origine, pag. 54. Asiat. Researches, Tom. II, pag. 302, et Tom. IX, pag. 347. Dupuis, dans la Revue philos., 1806. Mai, pag: 511 Swartz, Rech. sur l'origine de la sphère, pag. 99. Schaubach, Gesck. der Griech. Astron. pag. 242, 296 et 370. Hager, Illustraz. d'uno Zodiaco, pag. 25 - 35. Anquetil, Zend- Avesta) Tom. IT, pag. 549. Testa, Disserlaz. sopra due Zodiaci dell Egitto, 1802, pag. 20, 39 et 42. Delambre, ASro- nomie, Tom. I, pag. 478. NOTES. 974 v. 89 (Æygin. Opera, Bas. ,1535, pag. 16% et 187); Vitruv. de architect., Lib. 1x, c. 4 (ed. Joannes de Lœt. Amst., 1649, pag. 190); Manil. Astron. , Lib. 1, v. 609, et Lib. 1v, v. 203 (ed. Mich. Fayus, Tom. 1, pag. 77 et 313); Virgil. Georg., Lib. x, Ÿ. 84; Servius Comment. in Vire., Lib. v, pag. 208 (ed. Pancrat. Mascivius, Tom. I, pag. 131); Plin., Hist. nat., Lib. xvuir, c. 25, sect. 59 (ed. Harduin., 1723, Tom. If, pag. 130); Péolem., Lib. 1x, c. 7; Plut. de plac. phil., Lib.1, c. 6 (ed. Reiske, Vol. IX, pag. 486); Manethonis Apotelesm., Läb. 11, v. 137 (ed. Gronov., 1698, pag. 23); Macrob. Comment. in Somnum Scip., Lib. x, c. 19, et Saturn., Lib. x, c. 12 et 22 (Opera omnia , ed. Gronov., 1670, v. 90, 244 et 306); Achilles Tatius, Jsagoge c. 23° et frag. (Uranol., pag. 85 et 96); Theon, Comment. in Ptol. (ed. Bas. 1538, pag. 386); Martianus Capella de nupét. philologiæ et Mercurii, Lib. vi (ed. princeps, 1498, fol. R. xx); Luc. Ampelius liber mem., ©. 2 (ed. Bipontina ad calcem Flori, pag. 158); Kircher, OEdip. Ægypt., 1653, Tom. IT, pag. 206. Parmi les auteurs anciens qui font mention du signe de la Balance (&uyes, Ta Quya, Apart, iugum, libra), le seul qui soit antérieur à la réforme du calendrier par Jules-César, est Hipparque. Le passage du com- mentaire d'Hipparque sur Aratus , a échappé aux sa- vantes recherches de l'abbé Testa , qui assure qu'avant Geminus , le mot vos étoit inconnu aux astronomes grecs ; il ajoute : « Ne tre libri del commentaria d’Ipparco sopra Arato, Ja libra non comparisce € m0 2 2 580 NOTES. si nOomiInt mai, come ognuno puÿ assicurarsene da per se (T'esta, del Zodiaco, pag. 21 et 46). Je dois faire observer ici que le passage d’Hipparque que jai cité, se trouve dans le commentaire divisé en trois livres , et non dans le fragment qui paroît apocryphe, et qui est attribué tantôt à Hipparque, tantôt à Era- tosthènes. Les mots {uyos et iugum pourroient sans doute désigner un couple, tout ce qui est double ou pair; mais les prosaistes emploient dans ce sens plutôt geVyos, que Luyo0s, et Ptolémée met Ta êvya en op- position avec xmAai; ce qu’il ne feroit pas si uyes et &vya étoient l'explication de xnaai. « L'étoile, dit-il, qui, d’après eux (les Chaldéens), se trouve dans le le bassin de la Balance , et, d’après nos principes (d’après'notre manière de diviser le zodiaque), dans les serres du Scorpion !. » * Plolem. ed. Bas., pag. 252. Theon, dans son Commen- taire, emploie, au lieu de juyos et de rà juyæ, souvent le mot Affpæ&t, substitution qui ne laisse aucun doute sur Ja _ siguification de Svyèc. Manethon dit: « les serres du Scor- pion que Jes ommes saints appellent le fléau de la Ba- lance, » et ce passage seroit très - remarquable s'il étoit prouvé que Manethon l’astronome est identique avec l’au- teur des Afyurliaxè, et que par conséquent il ait vécu sous le règne de Ptolémée Philadelphe. (Fabrici Bibl. grœca, 1595, Tom.IV, pag. 135-139.) Le mot £vyoc ne se trouve pas dans les Catastérismes d’Ératosthènes (ed. Schauback, c. 7, pag. 6), mais dans le Commentaire sur Aratus (Uran., pag. 142), qui porte faussement le nom de cet ancien astro- nome, et qui paroît d’Achilles Tatius. NOTES. _ 58: FT £ Tom.If, p. 104. Térires élevés à main d'homme. Dans les deux Amériques on se demande quel étoit le but des indigènes lorsqu'ils ont élevé tant de collines arti- ficielles, dont plusieurs ne paroissent avoir servi, ni de tombeaux, ni de vigies, ni de soubassement d’un temple. Un usage établi dans l’Asie orientale peut jeter quelque lumière sur cette question importante, Deux mille trois cents ans avant notre ère, on sacri- fioit en Chine, à l’Être-Suprème, Chan-ty, sur quatre grandes montagnes appelées les Quatre Yo. Les sou- verains trouvèrent mcommode d’y aller en personne, et ils firent élever, près de leurs habitations, à main d'homme, des éminences réprésentant ces montagnes. Voyage de lord Macartney , Tom. E, pag. 58; Hasger, Monument de Yu, 1802, pag. 10. Tom. IT, p.112. Plaine de Tapia, près de Lican. Pour ne pas faire naître de fausses idées sur le costume des Indiens de la province de Quito, je dois rappeler ici : que ce costume est généralement noir, mais que les personnes un peu aisées, par exemple les Métis, portent des ruanas de serge rayée (Zistado) qui couvrent la tunique indienne appelée capisayo. Ce sont ces rua- nas qui se trouvent indiquées sur la Planche xxv, afin que les figures, tout en se détachant du fond du pay- sage, servent à en varier l'aspect. La coupe du vête- ment est très-exacte, mais les couleurs du Zistado sont trop vives dans quelques épreuves. Tom.Il, p. 136. Système des Hindoux. C’est à tortque jai dit, sur la foi de quelques Saséras, que chez les ÿ 7 s 882 NOTES. Hindoux tous les yougas se terminoient par des inon- dations. M. Maier, dans son ‘intéressant ouvrage sur les idées religieuses des peuples , observe que, d’après la doctrine des Banians, la première génération a été détruite par les eaux, et que la seconde a péri par l'effet des ouragans; que, dans le troisième âge, la terre entir’ouverte a englouti les hommes; et que le quatrième âge términera par le feu, Friedrich Maier, Mythologisches Taschenbuch, Tom. IT, pag. 299; et Alligemeines Mythol. Lexicon., Tom. II, pag. 471. Cette doctrine, à l’ordre des destructions près, offre une analogie frappante avec la tradition mexicaine. Tow. IT, p. 155. Tlacahuepancuexcotzin. Rien ne frappe plus les Européensdansla langueaztèque,nahuatl ou mexicaine, que l’excessive longueur des mots. Cette Jongueur ne tient pas toujours, comme quelques savans l'ont prétendu, à la circonstance que les mois sont composés, comme en grec, en allemand et dans le sanscrit, mais à la manière de former le substantif, le pluriel ou le superlatif. Un baiser s’appelle £eéen- namiquiliztli, mot qui est formé du verbe £ennamiqui, embrasser, et des particules additives fe et Ziztli. De même : élatolana , demander, et fetlatolanilizili, une démande; #layhiouiltia, tourmenter, et tetlayhiouil- tilistli, tourment. Pour former le pluriel, les Aztèques redoublent dans beaucoup de mots la première syllabe : comme miztli, chat; mimistin, les chats; éochili, lapin; éotochtin, les lapins. Tin est la terrinaison qui indique le pluriel. Quelquefois la réduplication se NOTES. 083 fait au milieu du mot; par exemple : ichpochéli , fille ; ichpopochtin, lesfillés; ée/pochtli, garcon; telpopochtin, les garçons. L’exemple le plus remarquable que je connoisse d’une véritable composition de mots se trouve dans le mot amatlacuilolitquitcatlaxtlahuilli ù qui signifie port de lettres ou la récompense que l’on donne au messager qui porte un papier sur lequel'estindiquée, en caractères symboliques ou en peinture , quelque nouvelle que lon veut transmettre. Ce mot qui, à lui seul , formeun vers alexandrin, renferme amatl, papier : d’Agave americana , cuiloa, peindre , tracer des caractères significatifs, et é/axt/ahuilli, le paiement ou salaire d’un ouvrier. Dans la langue aztèque manquent les lettres B, D, F, Get R. (Carlos de Ta pia Zenteno, cura de Tampamolon, Arte novissima de Lengua Mexicana , 1753, pag. 7.) De même dans la langue basque on ne trouve pas la lettre F, et aucun mot n’y commence par une R. Quelqne isolées que paroissent au prenier abord certaines langues, quelque extraordinaires que soient leurs caprices et leurs idiotismes, toutes ont de l’analogie entre elles; et ces rapports multipliés seront aperçus à mesure que l’on perfectionneralhistoire philosophique des peuples, et l'étude des langues qui sont à la fois Le produit de l'intelligence et l’expressiou du caractère individuel de l’homme, , Tor. IF, p. 176. Premier âge de laterre. Le moine fran. ciscain , Andres de Olmos , très-instruit en différentes langues du Mexique dont ila composé des grammaires, 384 NOTES: a laissé une notice lrès-curieuse sur la Cosmogonie d’Anahuac. ( WMarieta, Tercera parte de la Historia ÆEcclesiastica, 1596, pag. 48.) Le dieu Citlalatonac étoit uni à la déesse Citlalicue : le fruit dé leur union fut une pierre, un silex, £ecpatl, qui tomba sur la terre près d’un endroit appelé les sept Cavernes, Chicomoztoti. Ce bétyle se retrouve parmi les hiéro- glyphes des années et des jours; c’étoit un aérolithe, une pierre divine, un £eoteël qui, en se brisant, pro- duisit 1600 dieux subalternes habitans de la terre. Ceux-ci se voyant sans esclaves qui pussent les servir, obtinrent de leur mère la permision de créer des hommes. Citlalicue ordonna à Xolotl, un des dieux de la terre , de descendre aux enfers pour y chercher un os, et c’est cet os qui, brisé comme l’aérolithe ou tecpatl, donna naissance au genre humain. ( 7orque- mada , Tom. IT, pag. 82.) D’après cette même tra- dition, le premier homme, Zztacmixcuatl ou Tztac- mixcohuatl, demeuroit à Chicomoztotl où il parvint à un âge très-avancé. Il eut de sa femme, //ancueitl , six fils desquels descendent tous les peuples d’Anahuac. Xelhua, Vaïîné de ses fils, peupla Quauhyuechola, Tzoca, Epatlan, Teopantla, Tehuacan, Cozcatla et Totctlan. Tenuch, le second, étoit le père des Te- nuches ou Mexicains proprement dits. Ulmecatl et Xicalancail, de qui descendent les Olmèques et Xicalanques, peuplèrent les environs de Tlascala, Cuatzacualco et Totomihuacan. Wixtecarl et Olomill devinrent les chefs des Mixtèques et des Otomites,' ( Torquemada , Tom. I, p. 34 et 35.) Cette généa- NOTES. 385 logie des peuples rappelle la table ethnographique de Moise; elle est d'autant plus remarquable, que les Toltèques et les Aztèques, chez lesquels se trouve cette tradition , se regardoient eux-mêmes comme appartenant à une race privilégiée et très-différente de celle des Otomites et des Olmèques. C’est un essai par lequel on a cherché à réduire à un principe d’unité la diversité des langues , et à expliquer par l’origine commune de tous les peuples. Tom. Il, p.176. Sortie d’Aztlan. Pour faciliter la lecture de cet ouvrage sur les monumens des anciens peuples du Mexique , je consignerai ici un fragment tiré du Précisde l’histoire d’Anahuac, que j’aicommencé à composer pendant mon séjour à Mexico. Ce fragment sera utile aux personnes qui, n’ayant pas le loisir de remonter aux sources, ont dû se borner à étudier l'histoire de PAmérique de Robertson, histoire ad- mirable pour la sagesse de la composition, mais trop abrégée dans la partie qui concerne les Toltèques et Azièques. J’ai cité avec soin les auteurs dont je me suis servi pour l'indication des dates. TABLEAU CHRONOLOGIQUE DE L'HISTOIRE DU MEXIQUE. La région montagneuse du Mexique, semblable au Caucase, étoit habitée, dès les temps les plus reculés, par un grand nombre de peuples de races différentes. Une partie de ces peuples peut être con- sidérée comme le reste de tribus nombreuses qui, # IT. 29 386 NOTES. dans leurs migrations du Nord au Sud, avoient tra- versé le pays d’Anahuac, et dont quelques familles , retenues par l'amour du sol qu’elles avoient défriché, s’'étoient séparées du corps de la nation, en conser- vant leur langue, leurs mœurs , et la forme primitive de leur gouvernement. Les peuples les plus anciens du Mexique, ceux qui se regardoient comme autochthones, sont : les Olmèques ou Hulmèques qui ont pous£é leurs migra- tions jusqu’au golfe de Nicoya et à Léon de Nicaragua, les Xicalanques, les Cores, les Tépanèques , les Ta- rasques , les Miztèques , les Tzapotèques et les Oto- mites. Les Olmèqueset les Xicalanques, qui habitoient le plateau de Tlascala, se vantoient d’avoir subjugué ou détruit, à leur arrivée, les géans ou quinametin, tradition qui se fonde vraisemblablement sur l’aspect des ossemens d’éléphans fossiles trouvés dans ces régions élevées des montagnes d’Anahuac. (‘7orq., Tom. Ï, pag. 37 et 364.) Boturini avance que les Olmèques, chassés par les Tlascaltèques, ont peuplé les Antilles et l'Amérique méridionale. Les Toltèques, sortis de leur patrie, Huehuetla= pallan ou Tlalpailan , lan 544 de notre ère , arrivent à Tollantzinco, dans le pays d’Anahuac, en 648, et à Tula, en 670. Sous le règne du roi toltèque, fxlicuechahuac , en 708, l’astrologue Huematzin . composa le fameux livre divin , le Téo-amoxtli, qui renfermoit l’histoire , la mythologie, le calendrier et les lois de la nation. Ce sont aussi les Tolièques qui paroiïssent avoir construit la pyramide de Cholula , NOTES. 387 sur le modèle des pyramides de Téotihuacan. Ces dernières sont les plus anciennes de toutes, et Si- guenza les croit l’ouvrage des Olmèques. ( Clas., Tom. 1, pag. 126 et 129; Tom. IV, pag. 46.) C’est du temps de la monarchie tolitèque , ou dans des siècles antérieurs , que paroît le Budha mexicain, Quetzalcohuail, homme blanc, barbu et accompagné d’autres étrangers qui portoient des vêtemens noirs en forme de soutanes. Jusqu'au seizième siècle, le peuple employoit de ces habits de Quetzalcohuail pour se déguiser dans Îes fêtes. Le nom du saint étoit Cuculca à Yucatan , et Camaxtli à Tlascala, (Zorg., Tom. If, pag. 55 et 307. ) Son manteau étoit parsemé de croix rouges. Grand-prèêtre de Tula, il fonda des congrégations religieuses. «il ordonna des sacrifices de fleurs et de fruits, et se bouchoit les oreiiles lors- qu’on lui parloit de la guerre. » Son compagnon de fortune, Huemac, éloit en possession du pouvoir séculier, tandis qué lui- mème jouissoit du pouvoir spirituel. Cette forme de gouvernement étoit analogue *à celles du Japon et du Cundinamarca ( 7org., Tom. 11, pag. 237); mais les premiers moines » missionnaires espagnols , ont gravement discuté la question si Quetzalcohuatl étoit Carthaginois ou Irlandois. De Cholula, on envoya des colonies à la Mixteca, à Huaxayacac, Tabasco et Campèche. On suppose que le palais de Mitla a été construit par ordre de cet inconnu. Du temps de larrivée des Espagnols, on conservoit à Cholula , comme des reliques précieuses , certaines pierres vertes qui avoient 2. Fi 388 NOTES. appartenu à Quetzalcohuatl; et le père Toribio de Motilinia vit encore sacrifier en honneur du saint au sommet de la montagne de Matlalcuye, près de Tlas- cala. Le même religieux assista, à Cholula, à des exercices ordonnés par Quetzalcohuail, dans lesquels les pénitens se sacrifioient la langue, les oreilles et les lèvres. Le grand -prètre de Tula avoit fait sa première apparition à Panuco : il quitta le Mexique dans le dessein de retourner à Tlalpallan, et c’est dans ce voyage qu'il disparut, non pas au nord, comme on devroit le supposer, mais à l’est, sur les bords du Rio Huasacualco. ( Zorg., Tom. IH, pag. 307-311.) La nation espéra son retour pendant un grand nombre de siècles. « Lorsque , en arrivant à Ténochtitlan, je passai par Xochimilco, dit le moine Bernard de Sahagun, tout le monde me demanda si je venois de Tlalpallan. Je n’entendois pas alors le sens de cette question , mais je sus plus tard que les Indiens nous prenoient pour les descendans de Quetzalcohuatl. » ( Zorg , Tom. IL, pag. 53.) IL est intéressant sans doute de réunir jusqu'aux plus petites circonstances de la vie de ce personnage mystérieux qui, apparte- nant à des temps héroïques, est probablement amé- rieur aux Toltèques. | Peste et destruction des Toltèques en 1051. Ils poussent leurs migrations plus loin au sud. Deux enfans du dernier roi et quelques familles toltèques restent dans le pays d’Anahuac. Les Chichimèques, sortis de leur patrie Amaque- mecan, arrivent au Mexique en 1170. NOTES. 589 Migration des Nahuatlaques (Anahuatlaques) en 1178. Cette nation renferma les sept tribus des Sochimilques, des Chalques, des Tépanèques, des Acolhues, des Tlahuiques, des Tlascalièques où Téochichimèques et des Aztèques ou Mexicains qui, de même que les Chichimèques, parloient tous la langue tolièque. ( Cav., Tom. I, pag. 151; Tom. IV, pag. 48.) Ces tribus appeloient leur patrie 4z4/an ou Teo-Acolhuacan, et la disoient voisine d’Amaque- mecan. (Garcia, Origen de los Indios, pag. 182 et 502.) Les Aztèques étoient sortis d’Aztlan, d’après Gama, en 1064; d’après Clavigero, en 1160. Les Mexicains proprement dits se séparèrent des Tlascalièques et des Chalques , dans les montagnes de Zacatecas. ( Clav., Tom. Ï, pag. 156. Zorq., Tom. I, pag. 87. Gama, Descripcion de dos Piedras > pag: 21.) Arrivée des Aztèques à Tlakixco ou Acahualtzinco; en 1087 ; réforme du calendrier , et première fête du feu nouveau depuis la sortie d’Aztlan , en 1091. Arrivée des Aztèques à Tula, en 1196; à. Tzom- panco, en 1216; et à Chapoltepec , en 1245. « Sous le règne de Nopaltzin., roi des Chichimèques, un Toltèque, appelé Xiuhtlato, seigneur de Quaul- tepec , enseigne au peuple , vers l'an 1250, la culture du maïs et du coton, et la panification de la farime de mais. Le peu de familles tolièques qui habitoient les rives du lac de Ténochtitlan avoient entièrement négligé la culture de cette graminée, ei le froment américain auroit été perdu pour toujours si Xiuhtlata % 399 NOTES. n’en eût conservé quelques grains depuis sa première jeunesse. » ( Torq., Tom. I, pag. 74.) Union entre les trois nations des Chichimèques , des Acolhues et des Tolièques. Nopaltzin, fils du roi Xolotl, épouse Azcaxochitl, fille’ C'an prince tol- tèque ; Pochotl , et les trois sœurs de Nopaltzin s’allient aux chefs des Acolhues. Il existe peu de nations dont les annales présentent un si grand nombre de noms de famille et de lieux que les annales hiéroglyphiques d’Anahuac. Les Mexicains tombent dans l'esclavage des Acol- hues, en 1314, mais ils réussissent bientôt à s’y sous- iraire par leur valeur. Fondation de Ténochtitlan, en 1325. Rois mexicains: L. Acamapitzin, 1352-1389; II. Huit- zilihuitl, 1389-1410 ; IIT. Chimalpopoca , 1410-1422; IV. Itzcoatl, 1423-1436; V. Motezuma-Ilhuicamina ou Motezuma premier, 1436-1464; VI. Axajacat], 2464-1477; VII. Tizoc, 1477-1480; VIII. Abuitzotl, 180-1502; IX. Motezuma-Xocojotzin ou Motezuma second, 1502-1520 ; X. Cuitlahuatzin, dont le règne ne dura que trois mois; XI. Quauhtemotzin qui régna pendent neuf mois de l’année 1521. ( Clav., Tom. IV, pag. 55-61.) Sous le règne d’Axajacatl mourut Nezahualcojotl, roi d’Acolhuacan ou Tezcuco , également mémorable par la culture de son esprit et par la sagesse de sa législation. Ce roi de Tezcuco avoit composé, en langue azlèque, soixante hymnes en l’honneur de NOTES. 391 Être -Suprême, une élégie sur la destruction de la ville d’Azcapozalco, et une autre sur l'instabilité des grandeurs humaines, prouvée par le sort du tyran Tezozomoc. Le petit-neveu de Nezahualcojoil, bap- tisé sous le nom de Ferdinand Alba Ixülxochiil, a traduit une partie de ces vers en espagnol, et le chevalier Boturini posséda l'original de deux de ses bymnes composés cinquante ans avant la conquête, et écrits du temps de Cortès, en caractères romains, sur du papier de metl. J'ai cherché vainement ces hymnes parmi les restes de la collection de Boturini, conservés au palais du vice-roi à Mexico. Il est encore bien digne de remarque que le célèbre botaniste Her- nandez a fait usage de beaucoup de dessins de plantes et d’animaux, dont le roi Nezahualcojotl avoit orné son habitation à Tezcuco , et qui avoient été faits par des peintres aztèques. Arrivée de Cortès à la plage de Chalchicuecan, en 1519. Prise de la ville de Ténochtitlan , en 1 5o1. Les comtes de Motezuma et de Tula, résidant en Espagne , descendent d’Ihuitemotzin , petit-fils du roi Motezuma-Xocojotzin qui avoit épousé Dona Fran- cisca de la Cueva. Les maisons illustres de Cano Motezuma, d’Andrade Motezuma et du comte de Miravalle (à Mexico) tirent leur origine de Te- cuichpotzin, fille du roi Motezuma-Xocojotzin. Cette princesse , baptisée sous le nom d’Élisabeth, survécut à cinq maris, parmi lesquels on compte les deux 392 NOTES. derniers rois du Mexique, Cuitlahuitzin et Quauhie- moizin et trois militaires espagnols. Tom. IF, p. 198. Cihuacohuatl, M. Maier pense que cette figure de la mère des hommes de même que celle indiquée PI xrix ont rapport à l’histoire d’Ata- Entsik et de ses deux petits enfans, Juskeka et Tahuit- zaron, célèbres parmi les Hurons et les Iroquois. Mytholog., Taschenb. , Tom. II, pag. 241 ,et Tom.IT, pag. 294. ( Creuxius. hist. Canad. seu Novæ Ararcs À 1664, Lib. 1, pag. 79.) Tom. IL, p. 200. Conformation du front. La tête de Teocipactli , PI. xxxvir, n.° 6, ressemble singulière- ment à celle qui est représentée PI. xr. D’après des renseignemens reçus. du Mexique, depuis la publica- tion de la première partie de cet ouvrage, cette sculpture remarquable n’a pas été trouvée à Oaxaca k comme.je lai avancé à tort (pag. 47-51), mais plus au sud, près de Guatimala, Pancien Quauhtemallan. Cette circonstance éloigne encore plus les doutes que Von pourroit élever sur Porigine d’un monument si étrange. D'ailleurs les anciens habitans de Guatimala étoient un peuple très-cultivé, comme le prouvent les ruines d’une grande ville située dans un endroit que les Espagnols appellent e/ Palenque. LA Tom. IT, p. 246. Les hiéroglyphes des nombres. M. Gaterer, dans le Précis de son Histoire universelle , attribue aux Phéniciens et aux Égyptiens Pinvention NOTES. 549 admirable d’exprimer les dixaines par la position des chiffres. 11 affirme posilivement que, dans les ma- nuscrits égyptiens écrits en caractères cursifs, on reconnoît neuf lettres de l’alphabet, indiquant neuf unités et un dixième signe faisant fonction du zéro des Hindoux et des Tibétains. Le même savant avance que Cécrops et Pythagore ont connu ce système _de numération égyptien et qu’il a tiré son origine de Parithmétique hiéroglyphique linéaire , dans laquelle des traits perpendiculaires ont une valeur de position, tandis que plusieurs rangées de barres horizontales désignent des dixaines et des multiples de dix. ( Gaiterer, Weligeschichte bis Cyrus, pag. 586). Selon cette hypothèse, la notation propre aux Hindoux auroit été introduite pour la seconde fois en Europe par les Arabes : mais ces assertions ne paroissent pas fondées sur des bases irès-solides. (Æircher, Obel. Pamph., pag. 461.) On sait que, chez les Romains, dont le système numérique est infiniment plus im- parfait que celui des Grecs, l’unité change de valeur selon qu'elle est placée avant ou après les signes de cimq ou de dix. Une véritable valeur de position se trouve dans la notation dont, au rapport de Pappus, se servoit Apollonius pour les myriades, (Delambre, Arithm. des Grecs dans les Œuvres d’Archimede, 1807, pag. 578) : mais aucun des peuples sur lesquels nous avons des notions certaines, ne paroît s'être élevé à cette méthode simple et uniforme qui, depuis une haute antiquité, est suivie par les Hindoux, les Tibétains et les Chinois. 594 NOTES. To. IT, p.249. Douze Sunas. Les habitans d'Otahiti divisent l’année, non en douze, mais en treize mois ou lunes auxquelles ils donnent les noms des fils du soleil. ( Missionary Voyage to the Pacific Ocean, 1799, pag. 341-344.) Cette division par treize est bien extraordinaire sans doute ; mais nous sayons que des peuples très-avancés dans la civilisation se sont arrêtés long-temps, dans leur calendrier, aux nombres les moius propres à la division du temps. J’oyéz les belles recherches de M. Niebubr, sur l’année romaine et étrusque. ( Rœmische Geschichte, Tom. [, pag. gt et 192.) Tom. IT, p. 266. Notice complète des peintures. IL est assez remarquable qu’un moine franciscain , Torque- mada , ait déjà accusé de barbarie l’évêque Zumaraga, trop célèbre parla destruction des peintureshistoriques des Aztèques. (Won. Ind., Tom. 1, pag. 276.) Un des’ rédacteurs de la Gazette littéraire de Gottingue (Année 1811, pag. 1553 ) rappelle qu’il existe cinq manuscrits mexicains dans la bibliothéque Bodleyenne à Oxford. (Monthly Mag., Tom. II, pag. 337.) Le même savant, en rendant compile de mes recherches sur les monumens des peuples indigènes du Mexique, compare le buste, représenté PL. 1 et 11, à la tète gravée dansle Catalogue de Tassie, Tom. VIT, p. 248. 4 , CRR ANS VV LEUR LL LEVEL LL URL R LRU LVL LVL RL UVR TABLE DES MATIÈRES CONTENUES 4 LA DANS LE PREMIER VOLUME. + Ixtrropucrion renfermant le tableau général des peuples indigènes du nouveau continent, p. 7-42. Considérations sur les monumens des peuples bar- bares , 43-50. Buste d’une prêtresse mexicaine, 51-56. Ville de Mexico, 57-61. | Ponts naturels d’Icononzo, dans le royaume de la Nouvelle-Grenade , 62-70. Passage de la montagne de Quindiu, dans la Cor- dillère des Andes, 71-84. Chute du Tequendama, près de Santa-Fe de Bo- gota, 85-q5. Monument pyramidal mexicain à Cholula , 96-124. Construction intérieure du téocalli de Cholula, 125-128 Monument de Xochicalco , 129-137. Volcan de Cotopaxi, 138-150. Relief mexicain représentant une pose triomphale , 151-160. | Généalogie des princes d’Azcapozelco, 161-169. Ÿ 396 TABLE DES MATIÈRES. Procès en écriture hiéroglyphique , 169-172. Manuscrit hiéroglyphique aztèque conservé au Vati- can, et représentant Cihuacohuatl, la femme au . serpent, l’Eve des Mexicains , 173-242. Costumes dessinés par des peintres mexicains du temps de Montézuma IT, 243-247. Hiéroglyphes aztèques du manuscrit de Veletri, 248-276. Aspect du Chimborazo et du Carguairazo , 277-288. Monument militairé du Cañar, 289-297. Rocher de la vallée du Soleil, Inti-Guaicu, 298-301. Jardin de lInca ou Ynga-Chungana , 302-306. Intérieur de la maison de l’Inca, au Canar, 307-314. Bas-relief aztèque trouvé à la grande place de Mexico, 315-324. Ni Fochers basaltiques et Cascade de Régla , 325-331. Sur les divisions du temps chez les peuples tartares et chez les Toltèques , et sur un relief représentant le calendrier mexicain , 332-392. l LL LVL VAR LRU LUEUR LLVLLVRE DUR VULVLRLAVIEUVARLT D TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME. SuiTE du mémoire sur les divisions du temps chez les peuples tartares et chez les Toltèques, p. 1-09. Monument péruvien du Callo, maison de l’Inca, 100-111. Le Chimborazo et le vaste plateau de Tapia, 112-117. Epoques de la nature d’après la mythologie aztèque ou les cinq âges du monde comparés aux traditions des Tibétains, des Etrusques et des Grecs, 118-140. Peintures hiéroglyphiques mexicaines du musée de Veletri, 141-145. Hache aztèque couverte de figures symboliques, 146. Idole colossale, téotetl ou pierre divine des Mexi- cains , 148-161. Cascade du Rio Vinagre , 162-164. Le Courrier qui nage, poste aux lettres du Rio Chinchipe, 165-167. Histoire hiéroglyphique des Aztèques depuis le dé- luge de Coxcox jusqu’à la fondation de la ville de Mexico, 168-185. Pont de cordage de Pénipé, 186-190. 398 TABLE DES MATIÈRES. Coffre, montagne du Mexique, 191. Nevado d’Ilinissa, dans la Cordillère des Andes de Quito, 193. Peintures hiéroglyphiques aztèques conservées à la bibliothèque de Berlin, 195-197. Manuscrit aztèque du musée Borgia de Veletri ; 198-202. | Migrations des peuples d’Anahuac , représentées dans une peinture aztèque , 203. Vases de granit de Honduras, ornés de grecques, 205. Petite idole mexicaine, ornée du calantica des têtes d'Isis, 207. Volcans d’air de Turbaco, 208-212. Nevado de Cayambe dont la cime est traversée par l'équateur, 213-215. Volcan de Jorullo, sorti de terre en 1759 , 216-219. Sur les divisions du temps des Muyscas, anciens ha- bitans de Cundinamarca, leur cycle de soixante ans et leurs pierres intercalaires, 220-267. Manuscrit mexicain de Dresde , 268-271. Manuscrit mexicain de Vienne, 272-277. Ruines de Mitla, près d’Oaxaca, chargées de grecques, 278-204. Nevado du Corazon, près de Quito, 286-289. Costumes des Indiens de Méchoacan , 290. Cratère du Voican de Ténériffe, 292. Annales du Mexique, conservées à la bibliothéque de Paris, 295-304. Calendrier chrétien tiré d’une peinture hiéroglyphique aztèque, 30/+, ka” \ TABLE DES MATIÈRES. 599 Lois et usages des Mexicains d’après la Raccolta di Mendoza , 306-322. Volcan de Pichincha, 324. Construction de la forteresse de lAssuay, monument _ militaire des Péruviens, 326-331. Ruines de la ville de Chulucanos, 332. Rivière de Guayaquil et ses radeaux , 334. Les Orgues d’Actopan, une des hautes cimes des montagnes du Mexique, 336. Le Jacal ou montagne des couteaux d’obsidienne , 337. Arts des Indiens Muyscas, 338. Lac de Guatavita , 340. Montagne de la Silla de Caracas, 341, Dragonnier de l'Orotava, 342. | Observations de M. Visconti sur les anciens monu- mens des peu ples de l'Amérique , 313-354. Notes renfermant des recherches sur les zodiaques et les divisions du temps des Égyptiens et des Mexi- cains, 355-393, / SLVLVVLELVLLUR AR LS SA PSS SSD S 0 0 Con Cri oind TABLE ALPHABÉTIQUE CITÉS DANS CET OUVRAGE A L'OCCASION DE RECHERCHES SUR LES ARTS ET L’ASTRONOMIE DES ANCIENS. Achilles Tatius, IT, 67,379, 380. Albategnius, 1, 54. Ampelius, AL, 379. ÆApollonius de Rhodes, FT, 272. Aratus , 11, 378-380. | Aristophane , \, 35%. P Aristote, XI, 137. Arrien, 1, 119. _ Cicéron, I, 378. Clément d'Alexandrie, I, 189. Ctesias , 1, 121. Diodore de Sicile , I, 118, 120 , 121. Dion Cassius, 11, 39. Eratosthène , 1, 45, 380. Firmicus, WU, 54, 68. Geminus, Il, 375, 378. Germanicus Cæsar, I, 374, 378. Hérodote, X, 100, 118, 121; IE, 137, 250, 372. ITésiode, Al, 158. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Hipparque , A1, 378, 379, 380 . Homère, 1, 272: Hygin , IX, . > 379. Lactance, 1, 570. Macrobe, IX, 49, 256, 379: Manethon , XL, 379 , 380. Manilius, U, 46, 379. Martianus Capella, Il, 379. Origène, IL, 68, 137. Pausanias, 1, 119, 123. Platon, I, 157; IT; 136, 137. Pline, 1, 100, 119, 270; IT, 379. Plutarque, L, 189; II, 374, 379. Polybe, II, 149. Ptolémée, IL, 379, 380. Quinte Curce, T, 119. Sénèque , 1, 272, 386. Strabon , 1, 119, 186. _Suétone, 1, 270. Tertuillien , 1, 270. T'héon , IX , 380. Tite- Live , IL, 123. Varro, 1, 378. Virg gile, IL, 138, 379: Vitruve, 11, 379. IT. 26 O1 5 TABLE ALHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CET OUVRAGE. Abib des Hébreux ou lune sourde des Muyscas, 1,337; IT, 250-252. Adam des Aztèques, ou Tonacateuctli, I, 235, 273. Adoration. Comment elle se faisoit dans les téocalli , I, 234. Adultère. Sa punition, IL, 297, 320. Aerolithe, X, 115; IL, 131, 384. Ages, Les cinq ri du mou comparés aux tradi- tions des Tibétains , des Indoux , des Étrusques et des Grecs, 11,63, it 381 , 348. Aloës, Agave americana, fournit le LE ai aux Aztèques, [, 162, 208; IT, 240. Alphabet, 177, 178, 183; II, 356. Alkar ( Cerro del), cime de Andes, rio plus élevée jadis que le Chimborazo , 1, 287; ar Amarsinh , poète indien, Il, 4. Amérique. Sa constitution géologique , I, 10, 18. Sa première population, [, 19. Ses habitans consi- dérés comme formant une race distincte, I, 21-2%, 156 , 241, 317. Peuples montagnards, 1, 32, 49; 11, 385. TÂBLE DES MATIÈRES. 4035 Anahuac. Recherches sur les premières migrations des peuples mexicains, 1, 36, 96, 114, 249, 71 358, 360; II, 176-185, 385-392. Andes. Leur Ltbadmte » 1, 138-142, 286. Leur division en plusieurs chaïînons , I, 71. Passages, I, 74, 289. Animaux sacrés, 11, 158-161. : Animaux célestes , zodia. Leur origine, IF, 159. Animal symbolique , rèverie iatromathématique , L, 255: Il, 66. PE des Toltèques et des NUL , 1, 36, 558 ; IT, 298-303. Architecture mexicaine, T, 100, 105, 125, 194 : Il, 278-285 : péruvienne , I, 109, 289-297; Il, 105-111, 307, 326, 331. Art du déssin. Ce qui a retardé les progrès des Me- xicains dans cet art, [, 42, 44, 47, 198, 901; IT, 150-153, 173. Astres. Un prêtre mexicain représenté au moment où il indique l’heure par l'observation dés astres, IE, 317. Bains de l’Inca, ÎT, 331. Balance, signe du zodiaque, sur son antiquité, I, 46; IT,6,319, 365, 378-380. Basaltes de Régla , T, 328. Baptéme, connu au Mexique avant l’arrivée des Européens, IT, 311, 318. Bianchini. Sur le zodiaque antique décrit par ce savant, Il, 42-49. Bochica, législateur des Muÿscas, F, 38,875 I, 224-296, 258. 26* 404 TABLE ALPHABÉTIQUE Bœuf. La distribution inégale des animaux sur le globe influe sur la civilisation des peuples, 1, 34. Bracelet d’obsidienne, IT, 28, 338. : Calantica égyptien, se retrouve sur les monumens aztèques, I, 51; IT, 207. Re Calendrier aztèque. Tonalpohualli ou calendrier civil : division du temps, en jours, heures, 1, 338; semaines, L, 341; mois, I, 348; jours complé- mentaires , 1, 344, 353, 370. Cycle de treize ans, 1, 345. Cycle de cinquante-deux ans, Il, 63. Metz- lapohualli, calendrier rituel, I, 355, 358. Arti- fice des séries périodiques pour désigner les années, 1, 363-372; et les jours, 1, 252, 373-376; IT, 141. Seigneurs de la nuit, I, 378. Calendrier de Chiapa, Odin, 1, 382; IL, 356. Analogie entre les divisions du temps des Mexicains et celles des Japonais, des Tibétains et des peuples d’origine tartare, T, 384-392. Les noms des jours aztèques sont les catastérismes du zodiaque tartare, II, 1-33. Le zodiaque solaire a tiré les dénominations de ses signes du zodiaque lunaire ou des nakchatras, IT, 5-12. Le zodiaque, en douze parties, à été primitivement un zodiaque des pleines lunes, IT, 10, 50, 159. Dans le système de astrologie asia tique, les signes des dodécatémorions président, non seulement aux mois, mais aussi aux années, aux jours, aux heures et aux plus petites parties des heures , IT, 33. Origine de la multiplicité des signes , IT, 35-41. Cycle d'animaux tariares reconnu dansle planisphère romain de Bianchini, II, 46-49, DES MATIÈRES. ‘NE el 368. Analogie entre le cochon du zodiaque tartare et le poisson du zodiaque de Dendera , IT, 48, 365. Les zodiaques sont-ils originairement des cycles ? IT, 51. Signes des équinoxes et des solstices, 11, 175, 201. Intercalation mexicaine, II, 58, 74, 79, 82, 360. Fête séculaire , IL, 63-183 : com- parée à la fête d’Isis, IL, 67, 361, 362, 374. Feu nouveau, Î, 271, 360. Pyreïa, IT, 352. Pierre sculptée représentant le calendrier mexicain et les fastes, II, 84-96. Culendrier péruvien , I, 342,345 , 347; IT, 75. Calendrier des Araucuns, IT, 370. Calendrier des Muyscas : forme de teur année, IT, 228, 248; mois, suna , IT, 244; semaines, IT, 227, 224 ; jours lunaires , séries périodiques, Il, 247. Noms des signes, 11, 228. Hiéroglyphes numériques, IT, 237-245. Cycles de 185 lunes ou 15 années chinoises et tibétames, Il, 254. Sacrifice séculaire correspondant aux indictions, IT, 255-259. Pierres sculptées servant à faciliter l’ordre des interca- lations, T, 337; IE, 259. Les Muyscas counoissent les cycles de vingt fois 37 sunas, ou les cycles asiatiques de soixante ans, II, 265, 371. Calendrier des habitans de Noutka, IT, 96; et d’'Ota- heiti, IT, 393. Calendrier des Indoux , II , 4, 11, 33. Calendrier des Égyptiens, IT, 372-378 , 392. Calendrier chrétien, représenté dans des peintures mexicaines , IL, 304. Callo, maison de l’Inca, IL, 100-111. 406 TABLE ALPHABÉTIQUE. Cañar , forteresse péruvienne, 1, 259-298, IE, 326- 330. Cartes géographiques des anciens Mexicains, I, 135; IT, 181. L Cascades du Téquendama, 1, 85-95; de Régla, I, 325-331 ; du Rio Vinagre , IT, 162-164. Champ des géans , rempli d’ossemens fossiles de mas- todontes, IE, 125. Chapelet connu anciennement au Mexique, 1, 247; IT, 124. Son rapport avec les quippus et kouas, E, 203; KE, 271. Charles IF. Sa statue équestre à Mexico, E, 59. Chimborazo, 1, 281, 284, 287; I, 12-117. Christianisme. Analogie entre les dogmes des Az- tèques et ceux de la religion chrétienne, I, 237-242. Ciment. Preuve que les Péruviens en connoissoient Pemploi, I, 310. Civilisation , la plus ancienne a des caractères par- ticuliers, T, 8; Il, 98. Divers centres de eivili- sation , 1, 33-56. Ne commence pas en Amérique pat : la vie pastorale, F, 34. Peuples chasseurs et agri- coles , 1, 36. Rapports intimes entre les Mexicains, ‘les Péruviens, les Tibétains , les Égygtiens et les Étrusques, 1, 38-42; IL, 138. Obstacles que les formes des Gouvernemens opposent au développe- ment des facultés chez les individus, 1, 40; 11, 149. Cometes. Leur apparition indiquée dans les annales aztèques, II, 3o1. Cog. Si les Espagnols l’ont introduit au Mexique, IT, 196. DÉS MATIÈRES. 407 Costumes mexicains, I, 159, 243-247 , 254; 11,143, 204, 290. Courrier qui nage. Poste aux lettres, IT, 165-167. Crocodiles , représentés sur un monument dans une région où ces animaux n'existent pas, Ï, 133. Cuivre, mêlé d’étain, employé dans des outils, F, 315, 314, 323. Cycle mexicain de cinquante-deux ans, I, 345. Cycle asiatique de soixante ans usité chez les Muyscas ; 11, 254, 265. Dieu, Teotl des aztèques, I, 259. Déluge d’Anahuac. Voyez le Noé des mexicains, Coxcox. | Dindons, représentés dans des peintures hiérogly- phiques, IT, 197. Duquesne (Don Jose Domingo), IE, 220. Eau, atl, catastérisme, IT, 13. Éclipses du soleil. Preuve que les Aztèques en con- noissoient la véritable cause, IF, 302. Éducation, réglée par le code des lois mexicaines, E, 222; IT, 312-314, 319. Éléphant , semble indiqué dans une ancienne peinture mexicaine, Ï, 254. Éjquinoxe et solstice. Catastérisme Nahui Ollin To- natiuh, 1[, 28, 87-91, 201. Estrapade. Punition représentée dans une peinture mexicaine, Il, 197. ve des Azièques, ou Tonantzin, F, 235, 273; IT, 198. Ses enfans qui combattent , E, 237; LE, 392. Femme au serpent. Voyez ve. 408 TABLE ALPHABÉTIQUE., Fêtes mobiles , feriæ conceptivæ et stativæ des Égyp- tiens, IT, 373- 376. Chat Leur ancien usage en Amérique à I ; 75 : IT, 95, 239, 257, 369. Grecques ; méandres et arabesques chez les Mexicains, IT, 205, 284, 370. Hiéroglyphes mexicains, I, 133, 161, 167, 169, 178-211. Hiéroglyphes péruviens, E, 210; IT, 355. Historiens mexicains qui ont écrit en langue aztèque, E6:,355: Icononzo, ponts naturels, I, 62-70. Jomard (M.). Ses idées sur la division des temps chez les Mexicains et les Égyptiens, IT, 358-368. Lamas ou pontifes d'Iraca, IE ,. 225. Langues du nouveau continent, I, 24-31, 178 300; II, 565, 356, 382. Lapin couronné et percé de flèches , objet d'in sacrifice expiatoire, [, 251. Lapin , symbole de la terre, T, 131. Catastérisme, E, 363; IE, 18, 22, 198. Main de justice, représentée dans les peintures aztèques, IT, 200. i Manco-Capac , 1, 38,.41,; 268. Manuscrits aztèques , ou recueils de peintures hiéro- glyphiques, 1, 195; de Boturimi, [, 164; de l’'Es- curial, [, 216; de Vienne, I, 217; Il, 272-277; de Dresde, IL, 268-271; de Bologne, I, 216; de Berlin, IL, 195-197, 203, 304; de Paris, IL, 279- * DES MATIÈRES. 409 _ 303; de Veletri, I, 198-202, 230, 248-276; du Vatican, [, 231-242, 243-247; II, 191, 323; du père Pichardo , I, 228 ; de Mendoza, I, 306- 322; d'Oxford, I, 227; IL. 393. Métempsycose admise par les laéaltéus I, 241. Mexico , capitale, 1, 57-61. Motezuma [lhuicamina où Montezuma I.°; II, 390. Motezuma Xocojotzin ou Montezuma IT; 1, 58, 112, 245; IT, 390. Muyscas , habitans de la Nouvelle-Grenade ou de Cundinamarca, 1, 87; II, 223, 338. INoé des peuples d’Anahuac, désigné par les noms de Coxcox et Teocipactli, I, 114, 376; II, 14-17, 1928, 179, 177, 199. Noms propres indiqués par des hiéroglyphes, 1, 166. Nudité, très-rare dans les peintures mexicaines, : 1,274. Numération. Système adopté par les différens peuples de l'Amérique, 230-243. Manière d’exprimer les nombres chez les Mexicains, [, 369; chez les Muyscas, IT, 239; chez les Égyptiens, IL, 246, 392. Palmier à cire, 1, 84. Paradis des Mexicains, IL, 156. Pélerinages à Cholula et Traca, IE, 226. Pleyades. Lies Mexicains en observoient la culmina- tion, Il, 69. Poésies mexicaines, Il, 391. Pont de cordages, IE, 186. Précession des équinoxes. Si les Égyptiens l’ont con- nue, Il, 372. 410 TABLE ALPHABÉTIQUE. Processions astrologiques des Chinois et des MANS à IE, 259. Purification de l'Inde, usitée au Mexique, T, 273. Pyramides américaines ou teocalli, I, 96-132, Elles étoient à la fois des tombeaux et des temples, j L, 159, Quetzalcoatl , législateur des Mesinsiié > 1, 38;au, 238, 265; IT, 131, 387. Rieux (M. ie de), IT, 211. | Sacrifices humains, chez les Mexicains, F, 256-271; IT, 156; les Muyscas, IT, 256-9259; les Péruviens, 1, 268; chez les Indoux et les Égyptiens, I, 269; leur origine chez les Aztèques, I, 260; se conservent long-temps au milieu de la civilisation , E , 270. Seulpture mexicaine, 1, 51-56, 133, 159; KT, 86, 146, 148, 283; péruvienne, I, Fees 313; de Muyscas, IT, LE: 338. Semaine. Petit eycle de sept jours inconnu aux peuples de l'Amérique , aux Japonnais, aux Persans, aux Étrusques et aux Grecs, I, 343; IE, 228, 244. Signes du zodiaque; leur ordre chez les peuples tartares et chez ceux de l'Amérique, IE, 38, 44. Soleil. Pyramide de Téotihuacan dédiée au soleil, T, 102. Temple du soleil au Mexique, EF, 256; et à Sogamozo, If, 256; Européens ou fils du soleil, IT, 227. \ Teoamoxtli, livre divin ou Pourana des Mexicains, composé par lastrologue Huemaizin, F, 249; IF, 586. Teocualo, cérémonie religieuse dans laquelle les DES MATIÈRES. A1 Mexicains mangeoient leur Dieu sous la forme de farine de maïs pétrie avec du sang, I, 352. Tétes, conformation des cränes américains, 1, 21, 157. Dépression du front, II, 200. Tlamacazques , moines mexicains, Ï, 116. Les an- ciennes institutions monastiques des Mexicains et des Péruviens ressemblent à celles du Tibet et du Japon, I, 269. Congrégation du loup , IL, 159. Tlazolteotl, planète Vénus, II, 303. Toisa ( Don Manuel), I, 60. Tour de Babel, tradition aztèque, 1, 114. Tsin, terminaison de mots chinois et mexicains, IT, 357. Volcans. Hiéroglyphe qui les désigne dans les pein- tures aztéques , [, 167; II, 303. Ceux du Mexique sont rangés sur un même parallèle, II, 218. Coto- paxi, 1, 138-150. Cargueirazo, I, 284, 287. Jorullo, IT, 216-219. Cayambe-Urcu, 11, 213. Pichincha, IT, 324. Tungurahua, I, 144. Sotara et Puracé, IT, 162. Sangay, I, 44. Orizava, IF, 303. Ténériffe, 11, 292. arr d’air de Turbaco, II, 208-212. Zodiaque ; légyptien est celui des peuples ie ; IT; 4, 160, 371. Le zodiaque tartare est celui des peuples chasseurs, IT, 19, 159. Les animaux célestes font connoître la zone où les zodiaques tartare et toltèque ont été formés, 11, 23-24. FIN DES TABLES, ERRATA. ki Vol. I, pag. 42, lig. 9, au lieu de des : lisez de. pag. 62, lig. dernière, au lieu e PL ANT: lisez PI. II. pag. 109, lig. 93, supprimez Tlalchihual- tepec. Vol. II, pag. 58, lig. 18, au lieu de 1460: lisez 1508. pag. 82, lig. 20, au lieu de 3665,250 : lisez 365,25. ES 1 L ce 1 « j ( Û g \ ‘ We Les « 2 < : \ : à Î . 5 ETS “ ‘no ; È F ; \ { = \ L' a SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES h ï j | 0045 | 31e — F1219.H9 v. 2 Vues des Cordill&eres, Il] 3 €