S S | | fi - np: = H VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Paris. — De l'imprimerie de Crapelet, rac de Vaugirard, 9 VOYAGE AUTOUR DU MONDE EXÉCUTÉ PENDANT LES ANNÉES 1836 ET 1837 SUR LA CORVETTE LA BONITE COMMANDÉE PAR M. VAILLANT Capitaine de Vaisseau Publié par ordre du Gouvernement SOUS LES AUSPICES DU DÉPARTEMENT DE LA MARINE. ZOOLOGIE PAR MM. \EYDOUX ET, SOULEYET , MÉDECINS DE L'EXPÉDITION TOME DEUXIÈME, PAR M. SOULEYET PARIS ARTHUS BERTRAND, ÉDITEUR, Libraire de la Société de Géographie, rue Hautefeuille , 21. 1852. HALO ER | AC ju: 0e) 4 ( ù 1e à — des bras (1° paie)... 4.04... 1 6 Ce Poulpe se rapproche beaucoup du Poulpe de Quoy (O. Quoyanus), de M. d'Orbigny (1), et surtout du Poulpe semi-palmé (O. semi-palmatus), de M. R. Owen (2). Nous avons cru cependant pouvoir le dis- tinguer de ces deux espèces par la proportion des bras qui est un peu différente, et par l'étendue plus considérable de la membrane qui réunit les deux pai- res de bras inférieures , à leur base. (1) Ouvrage cité, p. 17, pl. 2. (2) Trans. zool. soc., vol. IX, pl. 21, fig. 12-43. CEPHALOPODES. 15 POULPE DOUTEUX. Octopus dubius, nobis. PLANCHE 4, Ficures 10-14. Octopus, corpore subovato, levigato; oculis magnis, prominentibus ; brachiis perbrevibus, inæqualibus, basi palmatis; cotyledonibus uniserialibus et biserialibus. Corps subarrondi, lisse; l'ouverture du sac em- brassant la moitié de sa circonférence; l’entonnoir court et de volume médiocre. Tête courte, peu distincte ; les yeux saillants et sub- pédiculés. Bras très-courts et d’inégale longueur ; ceux de la première paire les plus forts et les plus longs (les deux tiers de la longueur du sac); ceux des deuxième et quatrième paires un peu moins longs; ceux de la troi- sième paire, très-courts et dépassant à peine la mem- brane qui réunit tous ces bras à leur base; les ven- touses élevées, campanuliformes, disposées sur deux rangs et alternes dans les bras de la première paire, ne formant au contraire qu'une seule rangée dans ceux des trois autres paires. Ce Poulpe est d’un blanc diaphane, comme l'es- pèce précédente; de nombreuses taches , irrégulières dans leur forme, les unes brunûtres, les autres jaunes et comme dorées, sont disséminées sur le corps, la tête et la face externe des bras. La masse viscérale était aussi très-phosphorescente. 16 MOLLUSQUES. Nous avons recueilli ce Poulpe dans l'océan In- dien, à peu de distance de l’île Bourbon. Dimensions : millim. Longueur totale................. es CPR D 6 — AU SAC: 2: séteotie ce cie eee 3 — delatete. 2:20 ect: REC LE | des bras (Ai paire)... ee 2 Quoique ce Poulpe soit évidemment un très-jeune individu, sur lequel nous n’aurions par conséquent pas cru devoir établir une espèce nouvelle, il offre un caractère si tranché et si anomal dans la disposition des ventouses, qu'il nous a paru utile de le signaler, sous ce rapport, à l'attention des naturalistes. I! est possible que la particularité singulière que présentent les bras des trois dernières paires, de n'avoir qu’une seule rangée de ventouses, tienne à l’âge et au déve- loppement encore peu avancé de ces appendices, car lon sait que, chez les Poulpes, la disposition alterne des ventouses est quelquefois si peu marquée à l'ori- gine des bras, que ces organes semblent ne former d'abord qu'une seule rangée; cependant leur dispo- sition sur un double rang est tellement prononcée sur les bras de la première paire, dont le développement n'est pas beaucoup plus considérable, que nous som- mes très-portés à considérer comme normale celle qui existe et que nous avons représentée sur les autres appendices. Dans ce cas, ce Poulpe offrirait le fait in- téressant de former un type intermédiaire aux Poul- pes et aux Élédons. CÉPHALOPODES. 17 POULPE (jeune âge)? PLrancue 4, Fieures 15-21. Nous avons représenté, sous ce titre, un très-petit céphalopode qui se rapproche des Poulpes par la forme générale du corps, mais qui s’en éloigne en même temps par des caracteres fort singuliers. Le corps est globuleux, lisse, sans ancune trace de nageoires ; le bord dorsal du sac, distinct, comme dans la plupart des céphalopodes décapodes. La tête est large et courte, avec des yeux gros, saillants et subpédiculés. Les bras très-courts et à peu près d’égale longueur, sont au nornbre de six seulement; la quatrième paire (la paire médiane inférieure) manque et se trouve remplacée, pour ainsi dire, par un appendice probos- cidiforme, beaucoup plus long et plus volumineux que les bras, terminé à son extrémité par une petite expansion membraneuse qui est séparée de l'appen- dice proprement dit par un étranglement circulaire. Les bras sont armés de ventouses campanuliformes, disposées sur une seule rangée. Les couleurs de ce petit céphalopode sont les mêmes que celles du précédent. Nous l'avons recueilli dans l'Océan Pacifique, par 6° de lat. N. et par 103° de long. O. Bonite. — Zool. Tome Il, Partie 1 2 48 MOLLUSQUES. Dimensions : Longueur totale. .......:..... Environ 5 nullimètres. Nous avons recueillien même temps deux individus parfaitement semblables du petit céphalopode que nous venons de décrire; les caractères singuliers qu'il présente ne peuvent donc être regardés comme te- nant à une anomalie. M. de Blainville, qui avait bien voulu l'examiner avec soin, était porté à expliquer l'absence de la quatrième paire de bras par l’âge très- peu avancé de l'animal, et, par suite de cette manière de voir, il pensait qu'il fallait considérer l'appendice impair et médian qui est situé en dessous de la tête, comme un reste de la vésicule ombilicale. Mais, d’après toutes les observations faites jusqu’à présent sur le développement des Céphalopodes, l'on sait que les bras se montrent de très-bonne heure chez ces derniers et sont déjà très-apparents, même dans l'œuf, ce qui ne permet donc guère d'admettre, pour ceux de ces appendices qui manquent dans l'animal que nous fai- sons ici connaître, l'explication que nous venons de rap- porter. Nous ne croyons pas aussi que l’on puisse con- sidérer lappendice particulier qui occupe la partie médiane et inférieure de la tête, comme le pédicule de la vésicule ombilicale, car cet appendice nous a paru être entièrement musculeux, et son insertion à la tête se fait plus en arrière que celui de la vésicule ombilicale. Dans tous les cas, le petit céphalopode dont il est ici question, se distinguerait encore d’une CÉPHALOPODES. 19 manière tranchée des Poulpes par le bord dorsal du sac qui est libre comme dans la plupart des Décapodes ; cependant, ne voulant pas proposer un groupe nou- veau d’après des caractères qui nous paraissent trop exceptionnels, pour qu'on puisse les admettre d’après les deux seuis individus que nous avons pu exami- ner, nous le rapprochons provisoirement des Céphalo- podes de ce genre, afin de le signaler à l'attention des naturalistes. 20 MOLLUSQUES. Genre CALMAR. — Loligo, Lamarck. (Division des Calmars-Flèches, de BLarnv.) CALMAR DE PIRONNEAU. Loligo Pironneauii, nobis. PLANCHE 2, FiGuRrEs 1-9. Loligo, corpore elongato, subcylindracco, posticé acuto; alis parvis, subtriangularibus, obtusis; brachiis inæqualibus ; tentaculis non pedunculatis, ferè usque ad basim cotyledonibus instructis. Corps allongé, légèrement renflé à sa partie moyenne et terminé en pointe aiguë en arriere; le bord dorsal du sac se prolongeant un peu en pointe sur la ligne médiane ; les nageoires petites, n'occupant pas le quart postérieur du sac, un peu plus étendues transversale- ment que d'avant en arrière, pédiculées, obtuses à leur extrémité, cordiformes, séparées par l'extrémité du sac en arriere ; Tête assez volumineuse, renflée, aussi haute que large ; les yeux gros, légèrement saillants, protégés par une espèce de membrane palpébrale ; Bras, de longueur inégale, portant deux rangées de ventouses alternes et supportées par de courts pédi- cules ; celles-ci munies d’un cercle corné, mais à bord uni et sans dentelures ; Tentacules un peu plus longs que les bras, non pé- donculés et garnis dans presque toute leur étendue de quatre rangées de ventouses pédicellées et alternant CÉPHALOPODES. 21 d'une maniere régulière ; les ventouses des deux ran- gées extérieures plus petites que celles des rangées mé- dianes. La lame dorsale, comme dans les espèces de ce groupe, c'est-à-dire en forme de lame d'épée et ter- minée par un petit godet à son extrémité postérieure. Ce Calmar est d’un blanc bleuâtre, avec de nom- breuses taches brunes et rouges sur le sac, la tête, les bras et la face supérieure des nageoires; ces taches sont plus serrées sur la face dorsale et principalement sur la ligne médiane. Nous lavons recueilli dans l’océan Atlantique par 8° de lat. N. et par 22" de long. O. Dimensions : cent. millim. Longueur totale....... DAS CE Lcd. 5 0 — AUP SAC SR ml ee asie ele 3 Ô — dentatétess ne se den emma 0 6 — des bras (1"° paire)... ..... Er 1 0 — des bras (2e 3fupaires) 2040 1 2 —— des bras (4° paire). . ... Fee 00 OI 0 6 — des tentacules. .... NE ET DÉC RE 4 Ce petit Calmar est remarquable par la forme allon- gée de son corps, par ses petites nageoires terminales, subtriangulaires, pédiculées, et surtout par ses bras tentaculaires non pédonculés et garnis de ventouses dans presque toute leur étendue. Il se distingue, par ce dernier caractère, du Calmar vitré (L. vitreus) de M. Rang, dont il se rapproche par la forme du corps el par la disposition des nageoires. 29 MOLLUSQUES. CALMAR DE TOUCHARD. Loliso Touchardii, mobis. PLancue 2, Ficures 6-13. Loligo, corpore elongato, cylindraceo, posticè acuto ; alis parvis, sub- rotundis, obtusis; capite magno, oculis prominentibus ; brachiis inæqualibus, cotyledonibus remotis, biserialibus instructis ; tenta- culis perbrevibus, subpedunculatis, ad extremitatem cotyledoni- bus minimis et multiserialibus instructis. Corps allongé, cylindracé, termimé en pointe pos- térieurement ; les nageoires petites, occupant le quart postérieur du sac, pédiculées, très-obtuses à leur ex- trémité, subarrondies et séparées par l'extrémité du sac en arriére; Tête volumineuse, arrondie; yeux saillants et pro- tégés par un repli de la peau; Bras courts, grêles et de longueur inégale; les ven- touses alternes, pédicellées, assez écartées les unes des autres et sans dentelures à leur bord libre; Tentacules très-courts, gréles, légèrement pédoncu- lés, garnis d’une touffe de ventouses microscopiques et très-serrées à une petite distance de leur extrémité qui est terminée en pointe ; La lame dorsale comme dans l'espèce précé- dente ; Les couleurs sont aussi les mêmes que dans cette espèce. CEPHALOPODES. 23 Dimensions : cent. millim. fonséeumioiles se 0... I 9 — ETS E OMR Pure 0 VE DEMO 1 ) — HeNACTE EN RE TA Re Da RS aoete (1 4 — destbras (1°(paire): 2... 0 4 — TR IA EE N DATES) ste se sers ds) — id. (fipaire). APTE 8: 0 3 — desstentacules: #12 4 2 7 3 Cette espèce diffère de la précédente par la forme cylindrique du corps, par les nageoires qui sont plus arrondies, par les bras qui sont un peu plus courts, et surtout par les tentacules qui sont très-courts et munis d’une seule touffe de ventouses non loin de leur extrémité. Sous ce dernier rapport, le Calmar que nous décrivons ici, offre également de l’analogie avec le Calmar vitré (L. vitreus) de M. Rang ; mais, dans cette dernière espèce, les tentacules sont beaucoup plus longs et les ventouses, moins nombreuses, sont dispo- sées seulement sur deux rangées irrégulières. Le S MOLLUSQUES. (Division des Calmars-Plumes, de Blainv.) CALMAR PLAGIOPTÈRE. Loligo plagioptera, nobis. PLANCHE 2, FIGURES 14-22. Loligo, corpore bursiformi, brevi, posticè acuto; alis subrotundis, obliquis ; capite magno ; tentaculis non pedunculatis, cotyledonibus quadriserialibus, ferè usque ad basim instructis. Corps court, bursiforme, acuminé en arriere; le bord dorsal du sac formant une saillie anguleuse en avant et sur la ligne médiane; les nageoires petites, pédiculées, subarrondies et dirigées un peu oblique- ment en arriere, au lieu de se porter transversale- ment en dehors comme dans les autres espèces de ce genre ; Tête volumineuse, aussi haute que large; les yeux médiocrement saillants ; Bras de longueur presque égale (les deux tiers de la longueur du sac); ceux des premiere et quatrième paires, un peu plus courts que les autres ; les ventouses alternes, très-rapprochées et pédicellées ; Tentacules un peu plus longs que les bras, non pé- donculés, garnis dans presque toute leur étendue de ventouses très-serrées et disposées sur quatre rangs à leur extrémité, plus rares et ne formant que deux ran- gées vers la base ; CÉPHALOPODES. 19 . La lame dorsale, comme dans les espèces de ce groupe, c'est-à-dire en forme de plume, très-mince et de couleur jaunûtre. Ce Calmar est d'un blanc bleuätre, légérement dia- phane; de nombreuses taches violacées, brunûtres, recouvrent le sac, la tête, la face externe des bras et des tentacules ; ces taches sont larges et serrées sur la face dorsale du sac et de la tête; elles présentent la plupart une disposition annulaire; les nageoires sont entièrement blanches. Nous avons recueilli ce Calmar dans l’océan Atlan- tique par 29° de lat. N. et par 37° de long. O. Dimensions : cent. millim. Longueur totale 2e TRS UP RE UE 1 5 Æ AUSACS 2 as RER ES AV 1) 7 — de télen E MORes einen AE (E 3 — déSbras fie. AUCUN RAR EILIUE RE 0 4 _ desstentaculess ct. trad 2 St AuRÔ 5 Ce Calmar est très-voisin du suivant, le Calmar car- dioptère (L. Cardioptera) de Péron; mais il en diffère par la forme du corps qui est moins acuminé en ar- riere, et surtout par les tentacules qui ne sont point élargis à leur extrémité et qui sont garnis de ventouses dans une grande partie de leur étendue. 26 MOLLUSQUES. CALMAR CARDIOPTÈRE. Loligo cardioptera, Péron. PLancue 2, Ficures 23-29. Loligo, corpore brevi, posticè acuto; alis magnis, obtusis, cordifor- mibus, extremitate corporis disténctis ; brachiis æqualibus ; tenta- culis longioribus, ad extremitatem dilatatis et cotyledonibus mul- tésertalibus instructis. Corps court, terminé en pointe postérieurement ; le bord dorsal du sac formant une légère saillie obtuse en avant et sur la ligne médiane ; les nageoires grandes, occupant un peu plus du tiers postérieur du sac, aussi hautes que larges, pédiculées, obtuses à leur extrémité, cordiformes et bien séparées par l'extrémité posté- rieure du sac dans toute leur étendue; Tête volumineuse, plus large que haute; les yeux peu saillants ; Bras presque égaux en longueur (les deux tiers de la longueur du sac), assez grêles, munis de deux rangées de ventouses rapprochées, sans dentelures à leur pour- tour, alternes et pédicellées ; Tentacules plus longs que les bras, pédonculés et garnis à leur extrémité d’un grand nombre de petites ventouses disposées sans ordre et pédicellées ; La lame dorsale comme dans l'espèce précédente; Les couleurs sont aussi les mêmes que dans cette espèce. CÉPHALOPODES. 27 Nous avons recueilli ce Calmar dans l'océan Atlan- tique par 27° de lat. S. et par ?° de long. E. Dimensions : cent millim. Longueur totale..... RÉ MES ES DIN ER TA ; 3 — sac eau , 5 — delatétes] PME UNE LUCE ee des bras (4r° et 4° paires). ....... cs LE ND et 3 PAIEES). een — des tentacules....... NE MERS ARS = LE bb © > + > © & Nous rapportons ce petit céphalopode à celui que Péron a fait connaître sous le nom de Calmar car- dioptère ( L. cardioptera) (A), d’après l’examen que nous avons fait de l’individu même rapporté par ce naturaliste et qui se trouve encore déposé dans les galeries du Muséum. Cette espèce a été successivement placée depuis dans les genres Cranchie, Sépiole et Onychotheute ; mais, comme nous allons le faire voir, c’est parmi les Calmars qu'elle doit être conservée. Dans sa classification des Céphalopodes proposée en 1817, Leach ayant créé le genre cranchie pour quel- ques espèces très-voisines des Sépioles, mais en diffé- rant par leurs nageoires tout à fait terminales et comme confondues en une seule nageoire à leur point d’atta- che, crut pouvoir y rapporter le Calmar cardioptère de Péron, d’après la figure que ce naturaliste en avait donnée. La disposition des nageoires, qui est indiquée sur cette figure, semble, en effet, conforme à celle que (1) Voyage aux terres australes, atlas, pl. 60, fig. 5. 28 MOLLUSQUES. Leach a assignée comme caractère au genre Cranchie; mais nous nous sommes assurés, par l'examen de l’a- nimal, qu’elle était inexacte (1). En outre, le genre Cranchie, beaucoup mieux défini aujourd'hui par la description que M. Richard Owen a donnée de l'es- pèce type, la Cranchie rugueuse (Cranchia scabra) (2), diffère encore de l'espèce dont il est ici question par la forme du corps qui est globuleux et non cylin- drique, par la disposition du bord dorsal du sac qui est adhérent et non libre sur la ligne médiane, enfin par la forme de la lame dorsale qui est tout à fait dif- férente; l'opinion de Leach, que plusieurs zoologistes ont adoptée, ne peut donc plus être admise. Quelques années après, Lesueur, dans un mémoire inséré dans le Journal de l Académie des sciences na- turelles de Philadeljhie (3), crut devoir retirer aussi ce petit céphalopode des Calmars pour le rapporter au genre Sépiole ; mais le Calmar cardioptère de Péron n'a encore évidemment pas les caracteres de ce der- nier genre caractérisé surtout : par la forme du corps qui est court et globuleux ; par la disposition du bord dorsal du sac qui, comme dans les Cranchies, est adhérent et non distinct; par la position des nageoires (1) Elle est inexacte en ce que l’extrémité postérieure du sac qui séparait les deux nageoires postérieurement, comme dans la figure que nous donnons, se trouve entièrement enlevée sur l’animal rapporté par Péron, par suite d’une déchirure qui est encore très- apparente et qui a échappé au dessinateur. (2) Trans. zool. soc., vol. IE, p. 130, pl. 21. (3) Voir ce recueil, t, IE, p. 100: CÉPHALOPODES. 29 qui sont situées à la partie moyenne du sac et non terminales; enfin par la forme de la lame intérieure qui est aussi entièrement différente. Du reste, la place assignée par Lesueur à ce petit céphalopode n’a été adoptée par aucun zoologiste. Enfin, M. Alcide d'Orbigny, après avoir adopté l'opinion de Leach sur cette espèce et l'avoir décrite, dans son Voyage, sous le nom de Cranchie car- dioptère (A), d’après l'examen d'un grand nombre d'individus recueillis par lui, a émis plus récemment une autre opinion et l’a placée parmi les Onycho- theutes, après avoir reconnu, dit-il, qu'elle présentait, avec les crochets, tous les autres caractères zoologiques de ce genre (2). Nous ne savons si M. d'Orbigny a étu- dié ce petit céphalopode de visu, comme il dit l'avoir fait pour toutes les espèces dont les types ont été dé- posés dans les galeries du Muséum ; dans ce cas, nous serions forcés d'admettre qu'il s’est mépris sur ses véritables caracteres, car, après l'avoir étudié nous- mémes avec soin, nous nous sommes assurés que ces caractères étaient entièrement semblables à ceux que nous avons décrits et figurés, et par conséquent les mêmes que ceux des Calmars. (1) Foy. dans l’ Amérique méridionale, t. V, p. 34. (2) Histoire naturelle des Céphalopodes, par Férussac et d’Orbi- gny, p. 221 (en note), p. 222 et 333. 30 MOLLUSQUES. CALMAR SUBAILÉ Loligso subalata, nobis. Sepiola subalata. — Gervais et Van Beneden (1). PLANCHE 3, Ficures 1-5. Loligo, corpore oblongo, posticé obtuso; alis angustis, subrotundis ; brachiis longis, inæqualibus ; tentaculis prælongis, pedunculatis. Corps oblong, lisse, obtus en arrière; le bord dor- sal du sac formant une saillie anguleuse au-dessus de la région cervicale; les nageoires occupant un peu plus de la moitié de la longueur du sac, étroites, non pédiculées à leur origine, arrondies à leur bord libre et se prolongeant jusqu’à l'extrémité du sac en ar- rière ; Tête un peu moins large que le corps, légèrement renflée latéralement ; yeux larges, peu saillants ; Bras de longueur inégale; ceux de la première paire les plus courts (un peu plus du tiers de la longueur du sac); ceux des deuxième, troisième et quatrième paires, dans les proportions suivantes, par rapport aux pre- miers : 2—3—2; les ventouses alternes, pédicellées, sans dentelures à leur bord et ne commençant qu’à une petite distance de la base ; Tentacules trés-longs, trés-grêles, élargis en forme (4) Note sur les mollusques du genre Sépiole, dans le Bulletin de l’Acad. roy. de Bruxelles, E. V, n° 7. CÉPHALOPODES. 31 de lance à leur extrémité qui est munie en dedans de sept ou huit grosses ventouses pédicellées, non den- tées, et d’un certain nombre d’autres ventouses très- petites, également supportées par un court pédicule; La lame dorsale, de même forme que dans les espèces précédentes, large, mince et de couleur jau- nâtre. Ce Calmar est d’une teinte rose pale, parsemée de petits points d'un rouge foncé, plus serrés sur la tête et manquant tout à fait en dessous de celle-ci, ainsi qu'à la face inférieure des nageoires et sur les bras. Cette espèce provient de la baie de Manille, île Lucon. Dimensions : cent. millim Forneueur "totales 0S CEA der 18 2 — USINE POSTES RAR Lt 5 0 — deslastétes£ : get cime à : 1 2 Longueur des plus longs bras (3° paire). ... 5 b) —= dés -tenticules. . 520 1. no sceu ce 12 0 Cette espèce a été décrite par MM. Gervais et Van Beneden, dans leur Mémoire sur le genre Sépiole, sous le nom de Sépiole subailée (Sepiola subalata) : mais elle n’a pas évidemment les caractères des Céphalo- podes de ce dernier genre, dont elle diffère surtout par la forme du corps, par celle des nageoires qui sont terminales et non pédiculées à leur point de Jonction avec le sac, par la forme de la lame inté- rieure, et enfin par la disposition du bord dorsal du sac qui est libre sur la ligne médiane. D'après ce dernier caractère, M. Alcide d'Orbignx 32 MOLLUSQUES. a cru devoir la rapporter au genre Rossia qui diffère du genre Sépiole, comme on le sait, par cette dispo- siion du manteau dont le bord est libre sur le cou, ainsi que cela a lieu dans les Calmars et dans la plupart des Décapodes ; mais ses autres caractères l’éloignent du genre Rossia, comme des Sépioles (1). Nous la placons parmi les Calmars dont elle nous semble offrir tous les caracteres; elle se distingue ce- pendant d'une manière assez remarquable des autres espèces de ce genre par la longueur des bras, par la forme des nageoires qui sont subarrondies, et par celle du corps qui est obtus et non terminé en pointe à son extrémité postérieure. Sous ces deux derniers rapports, cette espèce lie réellement les Calmars aux Rossies, aux Cranchies et aux Sépioles (2). (4) Hist. naturelle des Céphalopodes, p. 249. (2) Le Zoliso brevipinna de Lesueur est celui qui nous paraît se rapprocher le plus de notre espèce par la forme du corps qui est également obtus et arrondi à son extrémité postérieure. CÉPHALOPODES. 33 GENRE SEICHE. — Sepia, Lamarck. SEICHE DE TOURANNE. Sepia tourannensis, nobis. PLANCHE 3, FicurEs 6-12. Sepia, corpore brevi, depresso, suborbiculart, supra anticé acuto, posticé rotundo; alis angustis, apice disjunctis ; Cotyledonibus brachiorum quadriserialibus ; tentaculis tenuibus, longissimis, co- tyledonibus multissimis instructis. Corps court, suborbiculaire, déprimé, lisse, arrondi à son extrémité postérieure, se prolongeant en dessus du cou de manière à former une saillie obtuse ; le si- phon large et court ; nageoires très-étroites en avant et se terminant en pointe à peu de distance du bord bre du manteau, un peu plus larges en arrière où elles se terminent sur les côtés de la ligne médiane ; Tête large, déprimée; veux gros et saillants ; Bras courts, garnis de quatre séries de ventouses pe- ütes et pédicellées ; les bras de la quatrième paire un peu plus forts et plus longs que ceux des autres paires ; Tentacules très-longs et tres-gréles, légèrement dila- tés à leur extrémité et munis dans cette partie d’un trés-grand nombre de ventouses microscopiques , pé- dicellées, se prolongeant un peu sur la partie rétrécie de ces tentacules, en devenant de plus en plus rares. Bonite. — Zool. Tome II. Partie I. 0 3 34 MOLLUSQUES. La pièce dorsale ovalaire, arrondie en avant, cou- pée carrrément en arrière, légèrement convexe et pré- sentant une côte longitudinale en dessus, bombée en dessous et comme échancrée à sa partie postérieure. Ceite espèce a toute la partie supérieure du corps et la face externe des bras d’un violet foncé , surtout sur la ligne médiane; les parties mférieures présentent une teinte violacée beaucoup plus pale, parsemée de petites taches plus foncées de la même couleur. Elle provient de la baie de Touranne , en Cochin- chine; elle parait assez commune dans cette localité. Dimensions : cent. millim. Longueur totale (non compris les tentacules). 6 0 — USAGE: ae AL Le 3 0 Largeur du sac (les nageoires comprises). . 3 0 Longueur de la tête. ...... SE RS ei 1 b) — des bras (1'°, 2° et 3° paires)... 1 0 — des teñtacules. ÿ sntanie sets. 10 4 Cette espèce se rapproche un peu de la Sepia iner- mis de Van Hasselt (1) par les ventouses des bras tentaculaires et par la forme de l’osselet; mais elle en diffère beaucoup sous plusieurs autres rapports. (4) Hist. naturelle des Céphalopodes, par Férussac et d’Orbigny, pl. 20. CÉPHALOPODES. 35 SEICHE VOISINE. Sepia aflinis, nobis. PLANCHE 3, Ficures 13-14. Sepia, corpore subovato, depressiusculo, lævi ; capite mediocri; alis angustis ; brachiis æqualibus ; tentaculis tenuibus, longissimis. Corps subovalaire, un peu déprimé , terminé en pointe obtuse supérieurement et en avant, arrondi en arrière; nageoires offrant la même forme et la même disposition que dans l'espèce précédente ; Tête peu volumineuse, renflée latéralement par la saillie des yeux ; Bras courts, d’égale longueur, munis de quatre sé- ries de ventouses pédicellées ; Tentacules, comme dans l'espèce précédente, mais un peu moins longs; La pièce dorsale, également semblable. Cette espèce offre partout une teinte noirâtre un peu plus pâle à la partie inférieure du corps. Elle provient de la baie de Touranne. Dimensions : cent. millim. Longueur totale (moins les tentacules). .... 5 5 — CUS AGE ER NS RON te Le PORTES 4) Parseurdusac:. SR En TC TE 7 5 Longueur de la tête...... an M Een 1 0 — HE DT AS mr den RSA ES RE | 0 — des tentacnless ns sec 6 0 36 MOLLUSQUES. Cette espèce présente de grands rapports avec la pré- cédente; elle en diffère par la longueur moins consi- dérable des bras tentaculaires, par la forme du corps qui est un peu plus rétréci à sa partie antérieure, et surtout par la coloration qui est tout à fait diffé- rente. PTÉROPODES. 37 PTÉROPODES. Cuvier. Î. CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES. La plupart des zoologistes désignent sous le nom de Préroropes des Mollusques dont les organes locomo- teurs sont formés par deux expansions natatoires pla- cées comme des ailes sur les côtés du cou ou de la tête. L'on sait que ce groupe a été institué par G. Cu- vier dans les annales du Muséum (4) pour y placer les genres Hyale et Clio, qui n'avaient été classés jus- qu'alors que d’une manière peu convenable ou pro- visoire, et le genre Pneumoderme que ce célebre na- turaliste venait de faire connaitre. N'ayant pas trouvé dans ces Mollusques les caractères dont il s'était servi pour la formation des ordres ou divisions principales qu'il avait établies dans cette classe d'animaux, tandis qu'ils offraient le caractère commun de se mouvoir à l’aide de nageoires, Cuvier proposa d'en faire, sous le nom de Pééropodes où Mollusques à nageoires, un ordre nouveau qu'il caractérisa de la manière sui- vante : corps libre, nageant ; téte distincte; point d'au- O tres membres que les nageoires. (1) Annales du Muséum, t. IV, p. 223 (1804). 38 MOLLUSQUES. M. de Roissy fut le premier qui adopta l'ordre des Ptéropodes dans son Histoire des Mollusques (\), et son exemple fut suivi peu de temps après par M. Duméril, dans la Zoologie analytique d'abord (2), ensuite dans le Traité élémentaire d'histoire naturelle (3). Le pre- mier de ces deux auteurs n'apporta d'autre innova- tion à cet ordre que celle d’y faire entrer le genre Fi- role, sur la simple présomption que Cuvier avait émise À ce sujet ; le second, en y plaçant également ce genre, fut conduit à en modifier un peu les caractères et à le diviser en deux sections d’après la considération du nombre des nageoires ; ainsi il définit les Ptéropodes : des Mollusques à tete distincte, sans tentacules allon- f OPS : le L n] ” deux nageotres ; il rangea dans la première section les à corps libre, sans autres membres qu'une ou senres Hyale , Clio et Pneumoderme, et dans la se- conde , le genre Firole. Ces deux zoologistes ayant aussi cru voir dans les Ptéropodes certaines analogies avec les Céphalopodes, les placèrent à la suite de ces derniers, pour faire le passage aux Gastéropodes. Quelques années plus tard, en 1809, Lamarck adopta aussi l’ordre des Ptéropodes dans sa Phrloso- plie zoologique (4), mais il le circonscrivit d'une ma- nière plus rigoureuse et plus naturelle en n’y plaçant que les Mollusques pourvus de deux ailes natatoires et opposées ; il en rejeta donc le genre Firole qu’'a- (1) Histoire naturelle des Mollusques, t. V, p. 61 et 78. (2) Zoologie analytique, p. 158. (3) Traité élémentaire d'histoire naturelle, \. IE, p. 121. (4) Voir cet ouvrage, t. I, p. 319. PTÉROPODES. 39 vaient cru devoir y introduire MM. de Roissy et Du- méril, et le réduisit comme Cuvier, aux trois genres Hyale, Clio et Pneumoderme. Lamarck changea aussi d’une manière notable le rang qui avait été assigné aux Ptéropodes, car, bien loin de les rapprocher des Mollusques les plus élevés ou des Céphalopodes, il les plaça à côté des Acéphalés, croyant qu’ils devaient faire la transition de ces derniers aux Gastéropodes. Péron et Lesueur , dont les recherches avaient tant contribué à la création de l’ordre des Ptéropodes, publièrent l’année suivante, dans les 4nnales du Mu- séum (1), le prodrome d’un travail étendu sur ce groupe de Mollusques et proposerent d’y faire entrer un assez grand nombre de genres. C'est ainsi qu'ils y placèrent de nouveau les Firoles et, de plus, les Ca- rinaires , les Glaucus, le genre Cléodore qu'ils éta- blirent pour les Clios de Prown, et trois autres genres nouveaux qu'ils désignèrent sous les noms de Phyl- lirôé, de Cymbulie et de Callianire. Mais en considé- rant comme des Ptéropodes tous les Mollusques dont les organes locomoteurs étaient formés par des na- geoires, sans avoir égard au nombre et à la disposi- tion de ces parties (2), ces célèbres voyageurs furent conduits à réunir des animaux d'organisations évi- demment très-différentes. Ils ne furent pas plus heu- (1) Annales du Muséum, t. XV, p. 71. (2) Péron et Lesueur avaient donné aussi une acception beau- coup trop étendue au mot zagecire, en comprenant sous cette dé- nomination des parties qui n’ont, avec les véritables nageoires des Ptéropodes, aucune analogie. 40 MOLLUSQUES. reux dans les coupes qu'ils établirent et qu'ils base- rent sur le caractère peu important tiré de Ja présence ou de l'absence d’une coquille, de sorte que, comme l'a fait remarquer M. de Blainville, des genres extré- mement rapprochés, les genres Firole et Carinaire, se trouvèrent placés l’un au commencement et l’autre à la fin de ce groupe. Dans l’£xtrait du cours qui parut en 1812, Lamarck n’adopta pas cette manière de voir, et conserva à l’ordre des Ptéropodes les caractères et le rang qu'il lui avait assignés dans sa Philosophie zoologique; 1 définit ainsi ces Mollusques : point de pied pour ram- per, ni de bras pour se trainer ou saisir la proie; deux nageoires opposées et semblables propres à la nata- ton (1). Aussi, des genres nombreux proposés par Péron et Lesueur, Lamarck n’admit que les deux genres Cléodore et Cymbulie, rejetant le genre Glau- cus dans sa famille des Tritoniens, parmi les Gasté- ropodes, les genres Firole, Carinaire et Phyllirôé, dans son nouvel ordre des Hétéropodes, et le genre Callia- uire, en dehors du type des Mollusques, parmi les Zoophytes. Vers la fin de l'année 1814, M. de Blainville pro- posa son système de classification des Mollusques, fondé sur la présence ou l'absence de la tête pour la formation des classes ou divisions principales, et sur la disposition générale des organes de la respiration, concordant avec la forme de la coquille, pour celle (5) Voir cet ouvrage, p. 112. PTÉROPODES. 41 des ordres ou divisions secondaires {1). Classant les Ptéropodes d’après ces considérations, et générali- sant pour ces Mollusques la détermination des bran- chies donnée par Cuvier dans le genre Clio, pris pour type du groupe, M. de Blainville en forma, sous le nom de Ptérodibranches (2), un ordre qu il placa après celui des Cryptodibranches ou Céphalopodes. Il re- jeta cependant de cet ordre le genre Hyale, dans l'idée qu'il devait appartenir, comme on l'avait d'abord admis, aux Mollusques acéphalés, et il y rapporta, au contraire, le genre Phyllirôé, en assimilant ies organes que Péron et Lesueur avaient considérés comme des tentacules aux expansions natatoires des Clos et des Pneumodermes. M. de Blainville publia aussi des observations importantes sur les différents genres de ce groupe, et démontra que les genres Glaucus, Fi- role et Carinaire devaient en être rejetés d’une ma- nière définitive. Dans la première édition du Règne animal, qui pa- rut en 4817, Cuvier, ayant érigé en classes les divi- sions principales qu'il avait d'abord établies sous Île nom de familles où d'ordres dans le type des Mol- lusques, forma des Ptéropodes la seconde de ces classes, et les rangea, comme l'avaient déjà fait MM. de Roissy et Duméril, entre les Céphalopodes et les Gas- téropodes. Il modifia aussi de la manière suivante la définition qu’il avait d’abord donnée de ces Mollus- (1) Bulletin de la Société philomatique, 1844, p. 177. (2) C'est-à-dire à branchies servant d'ailes. 42 MOLLUSQUES. ques : Les Ptéropodes, dit-il, zagent comme les Cé- phalopodes dans les eaux de la mer, mais ne peuvent s’y fixer ni y ramper, faute de pieds ; leurs organes du mouvement ne consistent qu'en nageoires placées, comme des ailes, aux deux côtés de la bouche : ils sont tous hermaphrodites (1). Cuvier circonscrivit ainsi le groupe des Ptéropodes, comme l'avait déjà fait La- marck, et, à son exemple, il en repoussa la plupart des genres que Péron et Lesueur avaient proposé d'y introduire, n'admettant également que les Cléodores et les Cymbulies, auxquelles il ajouta le genre Lima- cine qu'il établit pour une espèce linnéenne du genre Clio. Il divisa aussi les Ptéropodes en deux sections, d’après la disposition de la tête, caractère qui peut servir en effet, comme nous le verrons plus tard, à une division naturelle de ces Mollusques ; et si les seures ne furent pas répartis convenablement dans ces sections, on doit surtout l’attribuer à la connais- sance fort incomplète que l’on avait de la plupart de ces animaux à cette époque. L'on ne doit pas s’éton- ner, par exemple, que Cuvier ait séparé les Hyales des Cléodores, pour placer celles-ci à côté des Pneu- modermes et des Clios, puisque le genre Cléodore n’é- tait encore connu que par la figure fort mexacte que Brown en avait donnée. Eamarck, dans son #rstoire naturelle des animaux sans vertèbres, en 1819, ne changea rien à l’ordre des Ptéropodes , tel qu'il l'avait établi; 1l y ajouta (4) Voir cet ouvrage, t. IL, p. 378. PTÉROPODES. 43 seulement le genre proposé par Cuvier, sous le nom de Limacine (1). La même année, M. de Férussac adopta, dans ses Tableaux systématiques, Va classe des Ptéropodes, d’a- près Cuvier, et la divisa en cinq familles composées de la manière suivante : il rangea, dans la premiere, les genres Hyale, Cléodore et Cymbulie; dans la deuxième, les Limacines et le genre Atlante, que M. Lesueur venait de faire connaître; dans la troi- sième, les Clios; dans la quatrième, les Pneumoder- mes et le genre Gastéroptère proposé par Meckel; enfin, dans la cinquième, le genre Phyllirôé. La pre- miere de ces familles est assez naturelle et ne renferme que des animaux d’une organisation analogue ; si l'on distrait de la deuxième le genre Atlante, qui, mieux étudié depuis, a été mis avec raison à côté des Firoles et des Carinaires, elle ne contient plus que le genre Limacine, qui doit être rapproché des Cléodores et des Hyales ; quant aux trois dernières familles, l'on doit encore en séparer le genre Gastéroptère, qui n'est qu'une espèce d’Acère, comme l’a fait voir M. de Blainville, et le genre Phyllirôé, qui ne peut également être réuni aux Ptéropodes. Il ne reste donc que les Clios et les Pneumodermes qui doivent être placés dans une même famille. Apres de nouvelles recherches, M. de Blainville avait été conduit à une autre maniere de voir sur les Ptéropodes. 11 avait reconnu que ces Mollusques ne (1) Voir cet ouvrage, t. VI (I'° partie), p. 283. 44 MOLLUSQUES. différaient pas essentiellement de ceux que Cuvier avait compris dans sa classe des Gastéropodes, et qu’il fallait par conséquent les réunir à ces derniers, au lieu d'en former une classe distincte, Aussi, dans la classification qu’il proposa à l’article MorLusques du Dictionnaire des sciences naturelles (N), et un peu plus tard, dans le Hanuel de malacologie, 1 les plaça dé- finitivement dans sa sous-classe des Paracéphalophores ou Gastéropodes monoïques, et en forma, sous le nom d’Aporobranches, substitué à celui de Ptérodibran- ches qui ne pouvait plus convenir, un ordre qu’il ran- gea apres celui des Monopleurobranches, et qu'il di- visa en trois familles : celle des Thécosomes, pour les genres Hyale, Cléodore, Cymbulie et Pyrgo (2); celle des Gymnosomes, pour les genres Clio et Pneumo- derme; et enfin celle des Psilosomes pour le seul genre Phyllirôé qui est conservé dans cet ordre. Quant au genre Limacine, M. de Blainville je mit dans un autre ordre, celui des Nucléobranches, où il forme, avec les genres Atlante et Argonaute, une fmille qui est désignée sous le nom de Ptéropodes ; de sorte que celte dénomination ne s'applique plus, dans cette classification, au même groupe de Mollusques que dans la classification de Cuvier. Quoique cette maniere d’envisager les Ptéropodes (1) T. XXXIL, p. 271. (2) Ce dernier genre, établi par M. Defrance pour une petite co- quille fossile qui se rapproche un peu des Hyales par sa forme, ne paraît pas appartenir au groupe des Ptéropodes, comme l'avait pensé M. de Blainville. PTEROPODES. 45 fût, ainsi que nous le démontrerons plus loin, basée sur une appréciation plus exacte de l'organisation de ces Mollusques, elle ne prévalut pas cependant, et, la même année, le célebre auteur des familles naturelles, Latreille, forma encore de ce groupe une classe qu'il plaça, à limitation de Cuvier, entre les Céphalopodes et les Gastéropodes, et qu'il divisa en deux ordres d’après le caractère peu important tiré du plus ou moins d’étendue des nageoires. Le premier de ces or- dres, celui des Mégaptérygiens, est subdivisé en deux sections ou familles, d’après la disposition de la tête : la famille des Procéphales comprenant les genres Li- macine, Atlante, Clio, Cléodore et Cymbulie, et celle des Criptocéphales, pour le genre Hyale seulement, le second ordre, ou celui des Microptérygiens, ne com- prend qu'une seule famille, les Prneumodermites, dans laquelle se trouvent les genres Pneumoderme et Gas- téroptere. Le caractere sur lequel est établie la divi- sion de la classe en deux ordres, méritait d’autant moins cette importance, qu'il n'y a réellement au- cune différence marquée, sous ce rapport, entre la plupart des genres du premier ordre et ceux du se- cond. Quant à la répartition de ces mêmes genres dans les deux premières familles, répartition imitée du règne animal de Cuvier, nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit précédemment à ce sujet, ainsi qu'au sujet des genres Atlante et Gastéroptere, intro- duits encore à tort dans ce groupe par Latreille. Depuis que l’attention des naturalistes avait été fixée sur ces Mollusques , la science s'était successivement 46 |MOLLUSQUES. enrichie d'observations et de découvertes nouvelles, dues surtout aux recherches de M. Lesueur, le com- pagnon de voyage de Péron, et à celles de M. Rang, officier au corps de la marine. Ce dernier s’occupa d'une manière spéciale des Ptéropodes et en fit le sujet de quelques mémoires insérés dans les Annales des sciences naturelles (A). Ce naturaliste distingué en avait même préparé une monographie complète qui n’a pas été publiée, mais dont il a consigné les principaux résultats dans son Manuel de l'histoire naturelle des Hollusques. Dans cet ouvrage, les Ptéropodes for- ment, comme dans le système de Cuvier, la seconde classe de l'embranchement des Mollusques et sont éga- lement partagés en deux familles, d’après la disposi- tion de la tête; mais les genres s’y trouvent distribués, d’après les observations propres à l'auteur, d’une manière beaucoup plus naturelle; ainsi, la première famille, celle des Hyales, comprend, dans l'ordre sui- vant, les genres Cymbulie, Limacine, Hyale, Cléo- dore (2), Cuviérie, Euribie et Psyché (3); la deuxième, celle des Clios, contient ces derniers et les Pneumo- dermes. M. Rang a éloigné avec raison des Clios, les (4) Annales des sciences naturelles, t. V,p. 285 ; t. XII, p. 320 ; t. XIII, p. 310. (2) Ce genre est divisé en trois sous-genres : le premier comprend les Cléodores proprement dites , le second les Créséis, le troisième les Triptéres de MM. Quoy et Gaimard, qui ne sont probablement, comme nous le verrons par la suite, que des Cuviéries incompléte- ment observées. (3) Ces trois derniers genres avaient été établis par M. Rang dans les Annales des sciences naturelles (loc. cit.). PTÉROPODES. Pr Cléodores et les Cymbulies pour placer ces deux der- niers genres à côté des Hyales, de même que le genre Limacine qui, d'après la connaissance que nous en avons actuellement, se trouve ainsi dans des rapports beaucoup plus naturels que dans les autres arrange- ments méthodiques. Le genre Euribie seulement pré- sente, d’après nos observations, des rapports moins intimes avec les Hyales et les Cléodores qu'avec les Clios et les Pneumodermes, et doit par conséquent être rapproché de ces derniers où constituer peut- être une nouvelle famille. Quant au genre Psyché, l'espèce sur laquelle M. Rang l’a établi, devra proba- blement, comme nous le verrons plus tard, être rap- portée au genre Euribie. Dans la deuxième édition du Règne animal, publiée en 1830, Cuvier n’a rien changé aux coupes princi- pales qu’il avait déjà établies dans l’embranchement des Mollusques, et les Ptéropodes forment toujours une classe placée entre les Céphalopodes et les Gastéro- podes. La division qu’il avait d’abord proposée pour ces Mollusques se trouve seulement supprimée et les genres sont aussi disposés d’une manière un peu différente ; ainsi, l'on trouve, dans l’ordre suivant, les Clios, les Cymbulies, les Pneumodermes, les Limacines, les Hyales, les Cléodores et le genre Pyrgo, adopté de la classification de M. deBlainville. Cuvier réunit aux Cléo- dores le sous-genre Créséis de M. Rang et les genres Cuviérie, Psyché et Euribie du même naturaliste. D'a- prés les considérations que nous avons déjà données, l'on peut voir que cet arrangement des Ptéropodes 48 MOLLUSQUES. n'est pas tout à fait en harmonie avec les nouvelles observations qui avaient été faites à cette époque sur la plupart de ces mollusques. La même année, M. Deshayes proposa, dans le sup- plément de l'Encyclopédie méthodique (1), une classi- fication des mollusques qui n'est, comme il l'avoue lui-même, qu'une modification de celle de M. de Blain- ville, et qui en effet repose à peu près sur les mêmes données ; ainsi M. Deshayes réunit également les Pté- ropodes à la section des Gastéropodes monoïques, mais il n'en fait plus qu'une simple famille comprenant les genres Clio, Cuviérie, Hyale, Cymbulie, Cléodore; le genre Limacine se trouve, comme dans la méthode de M. de Blainville, placé avec les genres Atlante et Argonaute dans une autre famille qui est désignée sous le nom d’A4tlantes, mais qui est séparée du groupe des Nucléobranches de l’auteur que nous venons de citer, pour former avec la famille des Ptéropodes un groupe nouveau, celui des Cryptobranches (2). Quant aux genres Pneumoderme, Euribie et Psyché, il n’en est, on ne sait pourquoi, nullement question dans cette nouvelle disposition méthodique. M. Deshayes a cru devoir changer aussi les rapports de ce groupe de Mol- lusques en le rapprochant d'une part des Nucléobran- (1) Voir cet ouvrage, t. II, p. 552. (2) Ces changements, outre qu’ils ne sont pas suffisamment jus- tifiés par leur auteur, ont eu encore l'inconvénient, grave à notre avis, d'appliquer des dénominations déjà employées pour certains groupes, à des groupes de composition et de valeur tout à fait dif- férentes,. PTÉROPODES. 49 ches ou des Firoles, des Carinaires, etc., et en l’éloi- gnant de l’autre des Aplysiens et des Acères, auprès desquels l'avait placé M. de Blainville ; nous aurons oc- casion de revenir sur ces changements et de les appré- cier, lorsque nous nous occuperons de la classification des Ptéropodes. Pendant l'espace de temps que nous venons de par- courir, le groupe des Ptéropodes avait été aussi adopté en Allemagne, d'abord par Meckel qui, dans une dis- sertation publiée en 1813 (1), avait proposé d'y faire entrer le genre Gastéroptère dont nous avons déjà parlé; ensuite par Schweiger, dans le Manuel dhis- totre naturelle des animaux sans vertèbres non arti- culés, et par Goldfuss, dans le Manuel de zoologte. Dans ces deux ouvrages, les Ptéropodes forment, comme dans le système de Cuvier, une division de même degré que les Gastéropodes et les Céphalopodes, et se trouvent également placés à côté des Mollusques de cette dernière classe. Enfin, dans la classification proposée en 1821 par M. S. Ed. Gray en Angleterre, les Ptéropodes constituent encore, sous le nom de Stomatopterophora, une division analogue, mais que ce zoologiste, à limitation de Lamarck, a placée entre les Mollusques céphalés et les acéphales. L'on voit, d’après cet exposé historique , que le groupe des Ptéropodes institué par Cuvier a été admis d'une manière à peu près générale par les zoologistes, mais que ceux-ci ne lui ont pas tous accordé une égale (1) De Pteropodum ordine et novo ipsius genere. Hale, 1813. , Bonite, — Zool. Tome II. Partie I. # 30 MOLLUSQUES. valeur, les uns en ayant fait une division primordiale de l'embranchement des Mollusques, c’est-à-dire une classe, tandis que d’autres ne l'ont considéré que comme devant former une subdivision moins impor- tante, c’est-à-dire un ordre seulement où même une famille. Nous voyons encore que les auteurs ne sont pas moins partagés sur les rapports qu'ils ont assignés à ces Mollusques, la plupart les ayant placés avec Cuvier presque en tête des Mollusques, à la suite des Céphalopodes ; d’autres, comme Lamarck et M. Gray, les ayant rejetés au contraire à la fin des Mollusques céphalés; d’autres enfin, avec M. de Blamwville, les ayant rapprochés de certains ordres de la classe des Gastéropodes. Nous ne rappellerons pas ici la diver- gence que nous avons vue s'établir aussi, dans le prin- cipe, sur la circonscription de ce groupe, la famille des Ptéropodes, telle que l'avait créée l’imagmation de Péron, n'ayant pas été admise par les zoologistes. Les Ptéropodes ont été, dans ces dernières années, le sujet de quelques publications importantes. MM. Quoy et Gaimard, dans la Zoologie du voyage de l Astro- labe, ont décrit et figuré un assez grand nombre d'espèces nouvelles ou peu connues et ont même pro- posé, pour un Ptéropode voisin des Clios et des Pneu- modermes, un genre qu'ils ont désigné sous le nom de Pelagie, mais qu'ils n’ont malheureusement pu faire connaitre que d’une manière assez incomplète ; ces naturalistes ont aussi donné quelques détails sur l'organisation intérieure de ces Mollusques. Plus ré- cemment, M. Alcide d'Orbigny a publié les observa- PTÉROPODES. 51 tions qu’il a eu occasion de recueillir également pen- dant son voyage (1), sur les animaux de ce groupe qu'il a aussi enrichi de quelques découvertes nouvelles. En même temps, l'anatomie des Ptéropodes, qui en était restée presque aux travaux de Cuvier et de M. de Blainville, a été reprise par M. Van Beneden qui, dans une série de mémoires insérés dans le recueil de ceux de l'académie de Bruxelles, a ajouté plusieurs détails à ceux que la science possédait déjà sur les genres Hyale, Cléodore, Cuviérie, Pneumoderme, et a sur- tout fait connaître d’une manière assez complète les deux genres Cymbulie et Limacine, sur lesquels on n’a- vait encore que des notions vagues ou inexactes (2). Le genre Clio, l’un de ceux qui ont le plus intéressé les naturalistes, a été aussi décrit d’une manière très-dé- taillée dans un mémoire dû au docteur Eschricht, pro- fesseur à l'Université de Copenhague (3). Cependant, quoique ces travaux aient beaucoup avancé l’histoire des Ptéropodes, ils n’ont pas fait cesser tous les doutes des zoologistes sur ces Mollusques et n’ont pas encore permis de déterminer d’une manière définitive le rang qu'il convient d’assigner au groupe qu'ils constituent. Nous avons, pendant tout le cours de notre expédi- üon autour du monde, poursuivi avec une attention (1) Voyage dans l'Amérique méridionale, t. V (III° partie), pag. 65. (2) Tomes XI et XII de ce recueil. — Æxercices zootomiques, du même auteur, 1839. (3) Anatomische Untersuchungen uber die Clione Borealis. Co penhague, 1838. 52 MOLLUSQUES. constante l'étude des Ptéropodes, et la nature de ce voyage, dans des mers si différentes et sous les latitudes les plus variées, nous a mis dans les conditions les plus favorables pour exécuter nos recherches ; aussi, avons- nous pu non-seulement revoir presque tous ceux de ces Mollusques qui ont déjà été décrits, mais encore ajouter à ces derniers un assez grand nombre d'espèces qui n'avaient pas encore été signalées par les natura- listes. Les observations répétées que nous avons pu faire sur ces animaux, à l’état vivant, nous ont permis de saisir leurs formes si variables et de les représenter d’une maniere plus exacte peut-être qu'on ne l'avait fait jusqu'à ce jour. Les nombreux individus que nous avons rapportés dans l'alcool, nous ont ensuite fourni les moyens de compléter ce que ces premieres obser- vations nous avaient déja appris sur leur organisation intérieure; enfin, leurs mœurs, leurs habitudes ont également fixé notre attention, ainsi que leur mode de réparütion à la surface du globe. Nous espérons donc que les documents nouveaux que nous avons ainsi re- cueillis fixeront définitivement les zoologistes sur les Mollusques de ce groupe. Nous allons exposer d’abord tout ce qui a trait à l'histoire générale des Ptéropodes ; nous examinerons ensuite les différents genres et nous ferons suivre l’é- tude de chacun de ces genres de la description des espèces que nous avons observées. PTÉROPODES. 53 II. DE LA FORME ET DE L'ORGANISATION DES PTÉROPODES. Les Ptéropodes sont des Mollusques de très-petite taille et plusieurs sont même presque microscopiques ; on trouve cependant des espèces assez grandes dans les genres Hyale, Cléodore, Cymbulie, etc. La forme générale de leur corps est tres-variable ; globuleuse dans les uns, comme dans la plupart des Hyales, dans les Euribies, etc., très-allongée dans d’autres, comme dans quelques espèces du genre Cléo- dore, elle offre encore un assez grand nombre de mo- difications intermédiaires ; mais, dans tous les cas, le corps de ces Mollusques se compose toujours de deux parties bien distinctes, dont l’une, postérieure et ordi- nairement plus volumineuse , est formée par la masse des viscères, tandis que l’autre, antérieure, comprend la tête, les organes locomoteurs et une espèce de cou ou de thorax, d’après M. de Blainville, qui la nomme pour cette raison Céphalo-thoracique (1). Dans un certain nombre de Ptéropodes, la tête est bien distincte à la partie antérieure du corps, ainsi qu'on le voit chez les Clios et les Pneumodermes; dans (1) Cette conformation extérieure donne aux Ptéropodes une certaine ressemblance avec les insectes, qui paraît avoir frappé les premiers observateurs ; ainsi, l’on sait que F. Martens décrit le Clio Boréal sous le nom de Hanneton marin ; Lamartinière désigne aussi la Cléodore Pyramidale, qu’il a observée pendant le voyage de La Pérouse, comme une espèce d’insecte; enfin la Cymbulie est encore généralement nommée Papillon de mer par les pêcheurs des côtes de la Provence. 54 MOLLUSQUES. les autres , au contraire, cette partie est presque en- tièrement cachée par les organes locomoteurs qui S'y insèrent et la débordent en avant, comme dans les Hyales, les Limacines, les Cymbulies, etc.; cette dif- férence dans la conformation extérieure correspond, comme nous le verrons par la suite, à d’autres dif- férences non moins tranchées dans le reste de l’orga- nisation et coïncide également avec l'absence ou la présence d’une coquille dans ces Mollusques, de sorte qu'on peut se servir de ce caractère pour les diviser d’une manière naturelle. La disposition des organes locomoteurs est bien différente dans les deux cas; ainsi, dans les Ptéropo- des nus ou à tête distincte, les nageoires sont séparées, à leur insertion, dans toute leur étendue, tandis que, dans les Ptéropodes testacés , ces appendices se réu- nissent en arrière, sur la ligne médiane, de manière à ne former réellement qu'une seule expansion tout à fait analogue, comme l’a indiqué M. de Blainville pour les Hyales, au pied des Mollusques gastéropodes. Mais nous verrons que les Ptéropodes du premier groupe sont pourvus, outre leurs nageoires latérales, d’un véritable pied rudimentaire qui se trouve placé infé- rieurement entre ces appendices. Les expansions natatoires des Ptéropodes présen- tent des formes assez variées qui ont été généralement mal indiquées et qui nous semblent pouvoir servir uti- lement non-seulement pour la distinction des espèces, mais aussi pour celle des genres qui diffèrent le plus souvent sous ce rapport d'une manière bien marquée. PTÉROPODES. 55 La forme générale du corps, dans les Mollusques, ayant servi de base pour leur classification ou leur ré- partition en classes ou ordres, il importe d'examiner si les Ptéropodes forment sous ce rapport un type aussi distinct que celui des Céphalopodes, des Gasté- ropodes , etc., et s'ils doivent constituer, par consé- quent, un groupe de valeur analogue , ainsi que l’ad- mettent encore presque tous Îles zoologistes; mais l'examen de cette question se présentera d'une maniere plus convenable lorsque nous nous occuperons de la classification de ces Mollusques. Le manteau présente dans les Ptéropodes, comme dans les Gastéropodes, deux dispositions bien diffé- rentes, suivant que ces Mollusques sont nus ou proté- gés extérieurement par une coquille. Chez ces derniers, il forme autour de la masse viscérale un sac très-ample, ouverten avant, pour per- mettre à l'eau d'arriver aux branchies qui sont inté- rieures dans tous ces Ptéropodes ; de même que dans les autres Mollusques testacés, il est aussi très-mince, si ce n’est vers son bord libre qui présente toujours un épaississement marqué, tout à fait analogue au collier des Gastéropodes conchylifères. Ce bord du manteau offre des prolongements diversiformes qui correspon- dent à des prolongements semblables de la coquille ; il est garni en outre de cirrhes très-fins et vibratiles qui paraissent servir à établir, dans le liquide ambiant, un courant continuel vers les branchies. Dans les Ptéropodes nus, le manteau, plus épais et 56 MOLLUSQUES. quelquefois même d’une consistance fibro-cartilagi- neuse (1), est fermé à sa partie antérieure et n’offre plus que les étroits orifices des organes de la digestion et de la génération, disposition qui coïncide avec la position des branchies situées à l'extérieur dans ces Mollusques. Dans les Ptéropodes qui sont pourvus d’une coquille, cette production du manteau présente les formes les plus variées; c’est ainsi qu'elle ressemble tantôt à une coquille bivalve, comme dans les Hyales, tantôt à une espèce de coquille recouvrante, comme dans les Cym- bulies, tantôt à la coquille tubuleuse des Dentales, comme dans certaines Cléodores, tantôt enfin à la plupart des coquilles spirivalves, comme dans les Li- macines et les Spiriales; dans ce dernier cas, il est à remarquer que l’enroulement des tours se fait toujours de droite à gauche, ou, en d’autres termes, que la coquille est toujours sénestre. La nature de ce corps protecteur varie aussi; dans quelques Ptéropodes, comme chez les Cymbulies , la coquille n'offre aucune trace de matière crétacéeetn’est formée que par une matière muqueuse, d’une consis- tance semi-cartilagineuse ; mais, dans le plus grand nombre de ces Mollusques, cette partie est vitrée, fra- gile, d'une transparence remarquable ou faiblement colorée. Parmi les Ptéropodes testacés, il en est qui sont (1) On trouve cette organisation du manteau dans les Euribies, ce qui a induit en erreur M. Rang, qui a pris le manteau de ces pe- tits Mollusques pour une coquille. PTÉROPODES. 57 pourvus d’un opercule; c'est ce qui existe dans les nombreuses espèces du genre Spiriale que nous avons fait connaître (1). La présence d’un opercule dans des Mollusques de ce groupe, et la place qu'occupe cet opercule confirment tout à fait, comme nous le ver- rons par la suite, le rapprochement fait par M. de Blain- ville, dans son mémoire sur les Hyales, entre les ap- pendices locomoteurs de ces Ptéropodes et le pied des Mollusques gastéropodes. Les organes des sens sont très-réduits dans les Pté- ropodes, et, sous ce rapport, ces Mollusques semblent peu mériter la place que la plupart des zoologistes leur assignent, presque en tête des animaux de ce type, à la suite des Céphalopodes. L'organe de la vision, si perfectionné chez ces der- niers, manque dans tous les Ptéropodes, bien que plu- sieurs observateurs l’aient décrit dans les Clios, les Cléodores, les Cymbulies, etc. L'organe du goût parait peu développé dans la plu- part de ces Mollusques, si l’on en juge par le peu d’é- tendue de la cavité buccale et par le petit nombre de rameaux nerveux qui s y distribuent. L'organe de l’olfaction existerait dans tous les Pté- ropodes, si l’on admet que ce sens a son siége dans les tentacules, comme le pense M. de Blainville. Tous ces Mollusques sont en effet pourvus de tenta- cules qui varient, comme chez les Gastéropodes, par (1) Revue zoologique, année 1840, p. 235. 58 MOLLUSQUES. leur position, leur forme et leur nombre. Les Ptéro- podes testacés n'ont que deux tentacules situés à la partie supérieure de la tête; dans les Ptéropodes nus, au contraire, il y en a généralement deux paires qui rappellent assez bien, par leur position, les tentacules labiaux et les tentacules postérieurs ou supérieurs de la plupart des Gastéropodes. Nous avons signalé, il y a quelques années, la pré- sence dans plusieurs Ptéropodes d'un organe nouveau auquel nous avons cru pouvoir assigner le caractère d'un organe d’audition (1); nous avons constaté, de- puis, la présence du même organe dans tous ces Mol- lusques. De même que chez les Céphalopodes, il est constitué par une petite poche annexée aux ganglions de l'anneau nerveux, sans communication avec l'exté- rieur et remplie d’un liquide tenant en suspension un grand nombre de petits cristaux de nature calcaire. La disposition de ces cristaux au centre de la poche donne à cette partie l'aspect d’un point noir, entouré d'un cercle transparent, qui a pu facilement induire en er- reur et le faire prendre pour un organe oculaire. Les organes de la digestion diffèrent d’une maniere bien tranchée dans les Ptéropodes nus et dans les Pté- ropodes conchylifères. Les premiers ont un appareil buccal très-développé, (4) Annales françaises et étrangères d'anatomie et de physiolo- gie, t. IE, p. 305.— Nos observations, faites d’abord sur des Firoles et des Carinaires, sont antérieures à celles de M. Siebold, à qui l’on attribue généralement la découverte de cet organe. PTÉROPODES. 39 des organes de préhension que l’on a généralement considérés, mais à tort, comme des organes tentacu- laires, une cavité buccale grande et protractile à la manière d’une trompe, des parties cornées pour la mastication, une langue volumineuse hérissée de cro- chets et des glandes salivaires considérables. Leur estomac, simple et membraneux, forme une vaste po- che enveloppée de tous côtés, comme dans les Mol- lusques acéphales, par le foie qui y verse la bile par un grand nombre d’orifices. Les seconds ont, au contraire, une cavité buccale considérablement réduite, dépourvue d'organes de préhension et de mastication, et m'offrant plus qu'un rudiment de langue et des glandes salivaires à l'état de vestige ; mais, chez ces Ptéropodes, l’œæsophage se dilate à son extrémité en un vaste jabot auquel fait suite une espèce de gésier armé à l’intérieur de plaques cornées et tranchantes pour broyer les substances ali- mentaires. Le foie n’adhère plus à l'estomac, mais forme, cemme dans la plupart des Mollusques cépha- lés, une masse distincte enveloppée par les circonvo- lutions intestinales. Nous avons observé dans plusieurs de ces Mollusques une vésicule très-allongée dans la- quelle viennent se rendre les principaux vaisseaux biliaires et qui s'ouvre dans l’intestin, non loin du pylore. La position de l'anus, importante sous le rapport zoologique, varie encore dans ces deux groupes. Ainsi, cet orifice se trouve du côté droit dans tous les Ptéropodes nus, tandis que, dans les autres, il est 60 MOLLUSQUES. situé le plus ordinairement du côté gauche. Les excep- tions que l’on observe sous ce rapport chez les Ptéro- podes conchyliferes peuvent même être considérées comme anomales, puisque dans les genres Limacine et Spiriale qui les présentent, toutes les espèces étant sé- nestres, l'anus devrait, d’après la règle ordinaire, se trouver du côté gauche. Les organes de la respiration sont encore peu connus dans la plupart des Ptéropodes, et c’est même d’après celte circonstance que M. de Blainville a désigné ces Mollusques sous le nom d’4porobranches. Tous les Ptéropodes respirent par des branchies, puisque ce sont des Mollusques essentiellement aqua- tiques, mais ces organes varient beaucoup par leur position, leur forme et leur structure. On a cru pendant longtemps que, dans un certain nombre de Ptéropodes, les branchies se trouvaient placées, sous forme de réseau vasculaire, à la surface des nageoires, et que ces appendices servaient par con- séquent à la fois aux fonctions de la locomotion et à celles de la respiration (1); mais cette détermination, accréditée surtout par Cuvier, a été démontrée depuis inexacte, et l’on a reconnu que les stries régulières que présente la surface des nageoires, et que l’on avait regardées comme vasculaires, étaient formées par les fibres des couches musculaires les plus superficielles. (1) C’est encore d’après cette idée, comme nous l’avons déjà dit, que M. de Blainville avait désigné les Ptéropodes sous le nom de Ptérodibranches. PTÉROPODES. 61 Les observations de M. Van Beneden, celles du docteur Eschricht et les nôtres mettent ce fait hors de doute pour les Clios, les Cymbulies, les Euribies, et il est très- probable qu'il en est de même pour le genre Psyché, qui n’est encore connu que d'une manière très-incom- plète. Nous avons déjà dit, en parlant de la disposition du manteau, que les branchies étaient extérieures dans tous les Ptéropodes nus; mais la place qu'occupent ces organes varie beaucoup, puisqu'ils peuvent étre situés à la partie antérieure de l'animal, comme dans les Euribies, ou à son extrémité postérieure, comme dans les Pneumodermes. Chez tous les Ptéropodes pourvus d’une coquille, les branchies sont intérieures ou contenues dans une cavité formée par le manteau et qui offre une disposi- tion tout à fait analogue à la cavité branchiale des Gastéropodes conchylifères. Le genre Cuviérie offrirait seul, d’après M. Rang, une exception à cette disposi- tion de l'appareil branchial dans les Ptéropodes testa- cés, mais nous verrons, en traitant de ce genre, que la détermination des branchies donnée par ce natura- liste est inexacte, et que, sous ce rapport, les Cuviéries ne différent pas des Cléodores, des Hyales, etc., comme l'analogie le faisait déjà supposer. Quant aux différences que les branchies présentent sous le rapport de leur forme, de leur structure, etc., nous ne croyons pas devoir entrer ici dans des détails qui trouveront plus naturellement leur place dans la description anatomique des différents genres. 62 MOLLUSQUES. L'appareil circulatoire offre, chez les Ptéropodes, la même disposition que dans les Gastéropodes. Le cœur, composé d'une oreillette et d’un ventricule et contenu dans une espèce de péricarde, est situé d’une manière variable dans les Ptéropodes nus, sui- vant la place qu'eccupent les branchies ; dans les Pté- ropodes testacés, il occupe le fond de la cavité bran- chiale, comme chez les Gastéropodes conchylifères. Nous avons observé dans les Cléodores, les Cuviéries et les Spiriales une particularité assez digne de remar- que : chez ces Mollusques, l'oreillette communique avec une poche pyriforme et assez grande qui adhère intimement à la face interne du manteau. Nous avons aussi remarqué que les mouvements du cœur étaient très-irréguliers chez ces animaux, et que ceux-ci pou- vaient les suspendre ou les précipiter, pour ainsi dire, à leur gré; faudrait-il, d’après cela, considérer cette poche comme une espèce de diverticulum destiné à recevoir le sang qui reflue dans l'oreillette pendant l'état de repos de cet organe ? Les deux sexes sont réunis dans tous les Ptéropodes, comme dans la plupart des Gastéropodes; la disposi- tion de l'appareil reproducteur offre aussi beaucoup d’analogie avec ce que l’on voit chez plusieurs de ces derniers Mollusques. La partie de cet appareil qui représente le sexe fe- melle se compose : d’un ovaire qui forme, avec le foie, la plus grande partie de la masse viscérale; d’un pre- mier oviducte qui offre Loujours sur son trajet un ren- PTÉROPODES. 63 flement considérable et quelquefois un long appendice en forme de cœcum; d'un deuxième oviducte plus large, que l’on peut considérer comme une sorte de matrice , et auquel vient aboutir une vésicule à long col semblable à celle que les auteurs désignent sous les noms de vesicule de la pourpre, vésicule copula- trice, etc. Le sexe mâle présente cela de remarquable que les deux parties qui le constituent n’ont entre elles aucune connexion, l’une, ou la verge, étant placée à l'extrémité antérieure de l'animal, tandis que l’autre, ou le testi- cule, se trouve, avec le reste de l'appareil, plus ou moins loin en arrière , disposition que l’on trouve chez les Bulles, les Bullées, les Aplysies, etc. Les deux orifices de cet appareil, toujours séparés par un intervalle plus ou moins considérable, sont réu- nis , comme dans les genres de Mollusques que nous venons de citer, par un sillon que forme un repli de la peau et qui a probablement des usages analogues (1). Ces orifices sont placés du côté droit dans les Ptéro- podes nus et dans les Ptéropodes testacés, mais, chez ces derniers, l'ouverture de la verge se trouve très- rapprochée de la ligne médiane; on peut même la considérer comme tout à fait médiane dans les Cym- bulies. D’après cette disposition de l'appareil générateur, on doit admettre que la verge n’est plus qu'un simple (1) Cette disposition n’existe pas chez les Cymbulies ; nous ne l'avons du moins pas rencontrée dans la Cymbulie de Péron. »- 64 MOLLUSQUES. organe d’excitation chez ces Mollusques, et que les œufs sont fécondés dans l'ovaire ou dans l’oviducte par le fluide qu'y verse directement le testicule. Cela parait du moins plus probable que la transmission de la liqueur séminale d'un Moilusque à l'autre, pendant l’accouplement, par la rainure qui joint l'orifice posté- rieur à celui de la verge, ainsi qu'on l’a supposé pour les Aplysies. Le système musculaire est surtout concentré, comme chez les autres Mollusques, dans les parties de lani- mal qui servent à la locomotion générale ; ainsi, les na- geoires sont formées de plusieurs faisceaux muscu- laires disposés par couches et dont la direction est en rapport avec les mouvements divers qu'exécutent ces appendices. Chez tous les Ptéropodes conchylifères, quelques- uns de ces faisceaux musculaires se prolongent en ar- rière et se réunissent en un faisceau unique et très- fort qui va s'implanter à l'extrémité postérieure ou au sommet de la coquille, et qui a pour usage de faire rentrer la partie antérieure de l’animal dans celle-ci. Les connexions de ce faisceau musculaire avec la co- quille et avec les organes locomoteurs l'ont fait con- sidérer par M. de Blainville comme l’analogue de celui que l’on nomme muscle columellaire dans les Gasté- ropodes, et, en effet, sa disposition est tout à fait la même dans les Ptéropodes à coquille spirale. Dans les Ptéropodes nus, ce muscle longitudinal ou columellaire est représenté par un certain nombre de PTÉROPODES. 65 faisceaux musculaires qui doublent la face interne du manteau et s'étendent également de la partie anté- rieure de l’animal à son extrémité postérieure. La con- traction de ces faisceaux a, en effet, pour usage de faire rentrer plus ou moins l'animal dans la cavité du man- teau et de l’y abriter comme dans une coquille. Enfin, outre ceux dont nous venons de parler, le système musculaire comprend encore quelques petits faisceaux destinés aux mouvements partiels du man- teau, de la verge, des tentacules, etc., et dont le nombre ainsi que la disposition varient par consé- quent, dans les différents genres, suivant la confor- mation de ces parties. La disposition du système nerveux, dans les Ptéro- podes, se rapproche encore beaucoup de ce qu'elle est chez les Gastéropodes; mais, pour interpréter convenablement les modifications qu'offrent, sous ce rapport, les Mollusques dont nous nous occupons, il est nécessaire que nous entrions préalablement dans quelques considérations générales sur la disposition du système nerveux dans tous les Malacozoaires, ou, du moins, dans tous les Mollusques céphalés. Les auteurs disent généralement, en parlant de ce système chez les Mollusques, que les ganglions, ou masses médullaires, qui entrent dans sa composition, sont disséminées dans toutes les parties du corps, au lieu de former, comme dans les animaux articulés, une chaine médiane et symétrique; ils disent aussi que ces ganglions n'offrent rien de constant ni dans leur Bonite — Zool. Tome Il. Partie I. 5 66 MOLLUSQUES. nombre, ni dans leur disposition, à l'exception de la masse ganglionnaire qui se trouve placée à la partie antérieure de l'animal et au-dessus de l’œsophage qu’elle enveloppe d’un anneau nerveux (1); enfin, cette dernière partie est aussi décrite d’une manière très-différente, puisque, d’après les uns, l'anneau ner- veux serait formé par un simple cordon émané des deux côtés de la masse sus-æsophagienne, tandis que, d'après d’autres, il serait toujours composé de deux paires de ganglions situées, l’une en dessus et l’autre en dessous de l’œsophage, ou bien réunies, comme les Céphalopodes en fournissent un exemple, en une seule masse ganglionnaire ayant ainsi une disposition annulaire. Mais cette définition du système nerveux des Mollusques est, comme nous le verrons bientôt, loin d'être rigoureusement exacte. La signification des diverses parties qui constituent ce système, a aussi donné lieu aux opinions les plus contradictoires. Ainsi, la plupart des auteurs consi- dèrent comme l’analogue du cerveau, la masse gan olionnaire qui se trouve placée au-dessus de l’'œso- phage, bien que cette partie varie beaucoup dans sa composition, de sorte qu'en se basant sur la position seulement pour établir cette analogie, on est conduit à confondre des parties essentiellement différentes; d’autres ont pensé que le cerveau devait être repré- senté par tout l'anneau nerveux, opinion qui a été émise surtout pour les Céphalopodes; enfin, l’on a (4) Voir les ouvrages de Cuvier, Lamarck, etc., etc. PTÉROPODES. 67 même donné quelquefois un sens plus vague encore à cette détermination en considérant tous les ganglions nerveux comme ayant presque autant de droits que les ganglions sus-œæsophagiens à cette analogie. Quel- ques auteurs ont pensé, avec plus de raison, que le collier nerveux des Mollusques devait correspondre à la fois au cerveau et à la moelle épinière des animaux supérieurs, mais sans donner pourtant une détermina- tion précise de ces deux parties; M. de Blainville seu- lement a bien distingué un ganglion central, ou céré- briforme, et un ganglion affecté à la locomotion et à la sensibilité générale (1). Quant aux ganglions qui, dans plusieurs Mollusques, ne font pas partie de l'anneau nerveux, mais sont dis- séminés dans différents points du corps, ils ont été assimilés, par quelques anatomistes, aux ganglions viscéraux des animaux supérieurs. Enfin, il est encore des auteurs qui ont exclusive- ment comparé le système nerveux des Mollusques, soit aux ganglions spinaux des animaux vertébrés, soit au système du grand sympathique. On reconnaît facilement que, dans la plupart de ces déterminations, les auteurs se sont plutôt basés sur la forme ou la disposition générale du système nerveux, dans les Mollusques, que sur les rapports des diffé- rentes parties qui le composent avec les autres organes, rapports qui, en nous indiquant leur caractère physio- (1) Considérations générales sur le système nerveux, Journal de physique, tom. XCIIT, pag. 200, sept. 1821, 68 MOLLUSQUES. logique, peuvent seuls nous fournir le moyen d'établir convenablement leur analogie avec les différentes par- ties du système nerveux des animaux supérieurs. Il est évident, d’abord, que le système nerveux des Mollus- ques ne saurait être exclusivement assimilé à certaines parties du système nerveux des vertébrés, puisqu'il préside aux mêmes fonctions dans les uns que dans les autres de ces animaux; en le considérant, par exemple, comme l’analogue du grand sympathique, le système nerveux des Mollusques devrait présider uniquement aux actes de la vie végétative, tandis qu'il est encore chez ces animaux le principe des mouve- ments, des sensations et des actes instinctifs. Il faut donc admettre, d’après ses propriétés fonctionnelles, que ce système correspond à toutes les parties qui constituent le même appareil chez les animaux supé- rieurs, et que ses éléments offrent seulement un déve- loppement et une disposition qui sont en rapport avec le degré d'organisation des Malacozoaires et avec le plan que la nature a suivi dans ce type zoologique. Quelques auteurs, comme nous l'avons dit ci-des- sus, ont déjà fait cette distinction dans les éléments du système nerveux des Mollusques et ont admis une partie centrale correspondant au cerveau, des gan- glions affectés aux mouvements et à la sensibilité gé- nérale, et d’autres ganglions destinés aux actes de la vie organique; mais la détermination de ces différentes parties n’a pas encore été donnée d’une manière ri- goureuse et précise. Des recherches nombreuses que nous avons faites à ce sujet nous ont fait constater que, PTÉROPODES. 69 dans tous les Mollusques céphalés, le collier nerveux ou œsophagien se composait toujours de trois ordres de ganglions qui correspondent, par la distribution des nerfs qui en émanent, aux trois parties centrales du système nerveux des animaux supérieurs. Les ganglions qui nous semblent devoir être consi- dérés comme les analogues du cerveau, forment deux masses médullaires parfaitement symétriques, le plus souvent accolées ou même confondues sur la ligne médiane, mais quelquefois séparées par une commis- sure plus ou moins longue. Placés en dessus du tube digestif et en arrière de la masse buccale, dans le pre- mier cas, ces ganglions peuvent aussi, suivant la lon- gueur de la commissure qui les sépare, se trouver sur les côtés et même au-dessous de l’œsophage, quoiqu'ils soient cependant toujours supérieurs aux ganglions des autres parties. Ils fournissent toujours les nerfs de la vision, de l’olfaction (1) et des autres sensations spéciales ; ils présentent un développement d'autant plus considérable et tendent ordinairement aussi d'autant plus à se confondre en une seule masse, qu'on les examine dans des Mollusques d’une organi- sation plus élevée (2). La partie du collier nerveux, qui nous parait cor- (1) Sil’on considère, à l’exemple de quelques auteurs, et surtout de M. de Blainville, les tentacules comme le siége de ce sens. (2) Cette masse se subdivise même alors, comme an le voit chez les Céphalopodes, en parties assez distinctes que Cuvier a cru pou- voir assimiler au cerveau et au cervelet des animaux supérieurs. — (Voir le Mémoire de Cuvier sur l’anatomie des Céphalopodes pag. 34.) 70 MOLLUSQUES. respondre à l’axe médullaire des animaux vertébrés, est formée, comme la précédente, par une seule paire de ganglions qui sont également disposés d’une ma- nière un peu variable. Placés le plus ordinairement au-dessous ou sur les côtés de l’œsophage, ils peuvent quelquefois aussi se trouver en dessus, à côté même des ganglions cérébraux, ce qui les a fait confondre alors avec ces derniers (1); dans tous les cas, ces ganglions sont toujours réunis en dessous du canal intestinal et communiquent de plus avec les ganglions cérébraux par une autre commissure qui complète le collier sur les parties latérales. Ils fournissent aux par- ties de l'animal qui servent à la locomotion générale et se trouvent, par conséquent , toujours en rapport de position avec ces parties, ce qui explique la dis- tance considérable qui les sépare des ganglions céré- braux et par suite la longueur du collier nerveux chez certains Mollusques, par exemple les Firoles et les Ca- rinaires, dont l'organe locomoteur se trouve placé plus en arrière que dans les autres Gastéropodes (2). (1) On trouve cette disposition dans les Tritonies, comme le re- présentent les planches de Cuvier, et dans plusieurs autres Mol- lusques nudibranches. (2) Ces ganglions doivent étre considérés, comme l’a déjà fait M. de Blainville, qui les a bien déterminés et a même indiqué les différences de rapport qu’ils peuvent présenter, comme les ana- logues de ceux qui composent la chaîne ganglionnaire sous-intes- ünale des animaux articulés, quoique cette analogie soit peu apparente au premier abord; mais toute la différence tient évidem- ment à la forme segmentée du corps dans les animaux de ce der nier type et à la disposition multiple des appendices locomoteurs PTÉROPODES. 71 Outre ces deux paires de ganglions, le collier ner- veux présente encore à sa partie inférieure un nombre variable de ganglions pairs, réunis par des commis- sures, ou confondus quelquefois en une seule masse impaire et médiane. Ces ganglions, qui ont été généra- lement confondus avec ceux dontnousavonsdéja parlé, sont en rapport d'une manière plus ou moins serrée en avant avec les ganglions des organes du mouve- ment, et communiquent, en outre, avec les ganglions cérébraux, par une commissure latérale qui forme un second collier autour de l’œsophage; ils diffèrent souvent d’une manière assez tranchée des autres gan- glions par leur structure et par leur couleur grisûtre ; les nerfs qui en partent n'’offrent jamais une disposi- tion complétement symétrique et se distribuent princi- palement aux branchies et aux viscères. Le système nerveux central des Mollusques se com- pose essentiellement des trois ordres de ganglions que nous venons d'indiquer, et se réduit, en effet, à ces ganglions dans un certain nombre d'animaux de ce type. Mais, dans plusieurs autres, les nerfs qui en partent forment de nouveaux renflements sur leur trajet, et cette tendance à la disposition ganglionnaire qui ont nécessité une disposition analogue dans la portion corres- pondante du système nerveux. Ainsi, lorsque la forme segmentée tend à disparaitre, on voit ces ganglions se rapprocher et se con- fondre plus ou moins en une masse unique, comme dans les Mol- lusques. Cette centralisation des ganglions s’observe même, ainsi que l’a constaté M Milne-Edwards, chez les Crustacés des ordres les plus élevés. 12 MOLLUSQUES. est même si prononcée chez les Mollusques les plus élevés, que tous les nerfs émanés de ces masses médul- laires centrales vont produire de nouveaux ganglions dans les parties auxquelles ils se distribuent. Ainsi, les nerfs buccaux aboutissent, dans la plupart des Mollusques, à deux petits renflements situés sur les côtés de la masse buccale et réunis par un cordon intermédiaire, ou bien confondus quelquefois en un seul ganglion qui se trouve alors placé inférieurement, de sorte que les nerfs qui le font communiquer avec le cerveau, forment comme un troisième collier autour de l’œscphage. Ces petits ganglions buccaux fournis- sent, en avant, plusieurs filets qui se distribuent aux parois de la bouche et à la langue, et postérieurement, deux nerfs récurrents qui longent l’œsophage jusqu'à l'estomac et qui ont été désignés par quelques anato- mistes sous le nom de stomato-gastriques. Ces nerfs, qui offrent souvent de nouveaux renflements sur leur trajet, correspondent à un petit système de nerfs sem- blables qui existent chez les insectes et que l’on consi- dère aujourd'hui comme représentant, chez ces ani- maux, le système du grand sympathique ; mais, dans les Moilusques, une pareille analogie ne peut être éta- blie d'une manière exclusive, puisque, d’après ce que nous avons déjà dit, ilexiste d’autres ganglions qui sont évidemment destinés aux organes de la vie végétative. Les nerfs optiques se renflent également en un gan- giion considérable chez les Céphalopodes; il en est de même des nerfs olfactifs ou tentaculaires dans quelques Mollusques gastéropodes. PTÉROPODES. 73 Les nerfs qui naissent des ganglions affectés aux organes de la locomotion n'offrent des renflements ganglionnaires sur leur trajet que chez les Céphalo- podes (4). On a signalé dernièrement dans ces nerfs les deux ordres de filets qui, chez les animaux supé- rieurs, président aux mouvements et à la sensibilité générale, ce qui rend encore plus intime l’analogie des ganglions d’où ils émanent avec la moelle rachi- dienne; mais, jusqu’à présent, cette distinction de filets moteurs et de filets sensitifs n’a été observée que dans les Mollusques les plus élevés, et nous n'avons pu parvenir à la constater chez les Gastéropodes et les Ptéropodes (2). Enfin, les nerfs destinés aux appareils de la vie or- ganique, aux branchies, aux organes de la digestion, à ceux de la génération, etc., offrent encore un assez grand nombre de renflements ganglionnaires chez les Céphalopodes ; mais, cette partie du système nerveux se simplifie beaucoup dans les autres Mollusques cé- (1) Dans ces Mollusques, les nerfs des bras offrent une série de renflements ganglionnaires dont le nombre est égal à celui des ventouses, d’après les observations de M. Van Beneden (Wémoire sur l’Argonaute, dans les Exercices zootomiques, pag. 13 et PI. 4). Cette disposition des nerfs des bras, dans les Céphalopodes, a été indiquée par d’autres anatomistes et surtout par Cuvier. (2) D’après M. Van Beneden, on trouve dans l’intérieur de chaque pied, chez les Céphalopodes, un faisceau nerveux composé de deux nerfs bien distincts, dont l’un forme des renflements gan- glionnaires de distance en distance, tandis que l’autre est composé de fibres cylindriques (ouvrage cité, pag. 44); des observations analogues ont été faites par Sharpey. 74 MOLLUSQUES. phalés, et l’on ne trouve plus que dans un certain nombre de Gastéropodes quelques ganglions affectés aux organes de la digestion et à ceux de la génération. Les faits que nous venons d'exposer portent à con- clure : 1° Que le système nerveux des Mollusques ne peut être exclusivement assimilé, comme l'ont fait quelques anatomistes, à l'une des parties du système nerveux des animaux supérieurs, mais qu'il représente ce dernier dans toutes ses parties, c'est-à-dire qu’il correspond à la fois au cerveau, à la moelle et au grand sympa- thique ; 2° Que la définition que les auteurs donnent assez généralement de ce système, en disant qu'il se compose de ganglions disséminés dans les différents points du corps, n'est pas exacte, puisque les ganglions qui, par leur existence constante, doivent être considérés comme ceux qui le constituent essentiellement, sont toujours groupés autour de l’œsophage, les autres ne devant être regardés que comme des degrés divers de développement de ces parties centrales, ainsi que le prouvent leur dégradation et ensuite leur disparition, à mesure qu'on les examine dans des Mollusques plus inférieurs ; 3° Que ce même système est toujours double et, par conséquent, symétrique dans ses parties centrales, contrairement à ce qu'ont avancé quelques anato- mistes, et qu'ilne diffère, sous ce rapport, du système nerveux des animaux articulés que par la centralisa- tion des ganglions affectés aux organes de la locomo- PTÉROPODES. 75 tion, centralisation que l’on observe même dans plu- sieurs des animaux de ce dernier type ; 4° Enfin, que quelques auteurs ont encore établi à tort, comme une règle générale, que les ganglions dont se compose l'anneau nerveux œsophagien tendent d'autant plus à se rapprocher que l'animal présente une organisation plus élevée, la position de ces gan- glions étant essentiellement subordonnée à celle des organes qu'ils doivent animer (1). Le système nerveux présente, dans la plupart des Ptéropodes, une disposition particulière dans laquelle nous trouvons une application des faits qui précèdent. Chez tous les Ptéropodes testacés, l'anneau œsopha- gien n'est formé supérieurement que par un simple cordon aplati en forme de commissure, et lon ne trouve de renflements ganglionnaires qu'à sa partie inférieure. L'absence de ganglions au-dessus de l’œso- phage a mis dans l'embarras les anatomistes qui ne se sont basés que sur la position pour la détermination du cerveau dans les Mollusques; ainsi, les uns ont pensé que la portion sus-œsophagienne du collier de- vait toujours représenter cet organe, tandis que d'au- tres, se fondant avec raison sur ce que cette partie ne (1) Les considérations générales que nous donnons ici sur le sys- tème nerveux des Mollusques ont été présentées à l'Académie des sciences, dans la séance du 2 octobre 1843, et insérées dans Île compte rendu de cette séance, tom. XVII, pag. 662. Quelques- unes des idées qui s’y trouvent exprimées, ayant été reproduites depuis par des anatomistes qui les ont présentées comme nouvelles, nous avons cru devoir rappeler ici cette circonstance pour établir au besoin la priorité de nos observations. 76 MOLLUSQUES. fournit aucun nerf et n’est évidemment qu'une com- missure, ont cru qu'il fallait voir le cerveau dans la masse sous-cœsophagienne, et changer, par consé- quent, la position que l’on donne à ces Mollusques pour que cette masse ganglionnaire se trouvat supé- rieure à l'œsophage; d’autres, enfin, ont émis l'opi- nion, aussi peu fondée que les précédentes, qu'il fal- lait considérer le cerveau comme représenté par tout l'anneau nerveux. Dans ces différentes déterminations, les anatomistes ne se sont préoccupés que d’une partie, le cerveau, à l'exclusion des autres parties qui entrent d’une ma- nière non moins essentielle, comme nous venons de le voir, dans la composition du collier œsophagien ; et les difficultés qu’ils ont éprouvées tiennent à ce que, dans ces Mollusques, les ganglions cérébraux se trouvent séparés par une commissure très-longue qui forme toute la partie supérieure de l'anneau, de sorte qu'au lieu d’être placés en dessus, ces ganglions se trouvent rejetés sur les côtés et même un peu en des- sous de lœsophage. Par suite de cette disposition, les ganglions cérébraux sont aussi appliqués immédiate- ment, et sans l'intermédiaire de commissures, aux gan- glions des organes du mouvement et à ceux de la vie végétative. Dans les Ptéropodes nus, le collier nerveux rentre dans la disposition normale; ainsi les ganglions céré- braux, placés au-dessus de l'œsophage et accolés sur la ligne médiane, communiquent par deux commis- sures avec les ganglions des organes de la locomotion PTÉROPODES. I et avec ceux de la vie nutritive : ces derniers, au nom- bre de quatre, sont unis entre eux et avec les précé- dents par des commissures intermédiaires ; comme à l'ordinaire, ils sont placés en dessus de l'œsophage. Les ganglions qui entrent dans la composition du collier œsophagien et les ganglions buccaux sont les seuls qui existent chez les Ptéropodes; les nerfs qui se rendent aux organes de la locomotion n'offrent jamais de renflements ganglionnaires sur leur trajet, et nous avons aussi inutilement cherché, sur les nerfs viscéraux , les ganglions qui s y rencontrent encore dans un certain nombre de Gastéropodes. Ill. HISTOIRE NATURELLE DES PTÉROPODES. Les Ptéropodes sont des Mollusques essentiellement pélagiens, qui habitent ordinairement les hautes mers et ne se montrent qu'accidentellement près des ri- vages ; il nous paraît peu probable en effet que cer- taines espèces vivent habituellement dans les parages des côtes, comme l'ont avancé quelques zoologistes, et l’on doit plutôt admettre que les Ptéropodes qui s’y rencontrent quelquefois ont été entrainés par les cou- rants ou poussés par les tempêtes. Les circonstances particulières du séjour des Ptéro- podes sont encore peu connues ; tous les naturalistes qui se sont livrés à la recherche de ces Mollusques savent que, dans certains points, l'on ne rencontre que des individus isolés ou en petit nombre, tandis que, dans d’autres, ils forment quelquefois des bancs considérables. Certaines circonstances favorables à 78 MOLLUSQUES. leur nourriture, à leur reproduction, et surtout l'ac- tion des courants paraissent déterminer ces réunions nombreuses d'individus, bien plutôt que des instincts de sociabilité, comme l’admettent encore quelques zoologistes. Les Ptéropodes se meuvent au moyen de leurs ex- pansions natatoires qu'ils agitent avec beaucoup de vitesse, comme les papillons font avec leurs ailes; aussi leur progression n’est qu'un sautillement conti- nuel, et ne se fait que par ondulations successives, Ils peuvent de cette manière s'élever dans l’eau, avancer dans une direction horizontale ou plus ou moins in- clinée; lorsqu'ils veulent redescendre, ils contractent leurs nageoires et la partie antérieure du corps qui rentre ainsi plus ou moins complétement dans la co- quille ou dans le manteau, et ils se laissent tomber au fond de l’eau ou bien seulement à des profon- deurs plus où moins considérables. La plupart de ces Mollusques nagent dans une po- sition renversée, ce qui a mduit en erreur la plupart des naturalistes qui les ont décrits en sens contraire du véritable. Cette habitude singulière nous paraît tenir à l'organisation même des Ptéropodes aui la présentent et à la position de la masse viscérale à la partie supérieure de l'animal, tandis que l'inférieure est occupée par la cavité branchiale, ce qui doit avoir pour effet de rapprocher le centre de gravité de la face supérieure, et de ne rendre par conséquent l'équilibre possible pendant la natation que lorsque cette face est devenue inférieure. PTÉROPODES. 79 Tous les naturalistes qui ont étudié les mœurs des Ptéropodes ont remarqué que ces Mollusques ne se montraient à la surface de la mer qu'à la chute du jour ou dans les premières heures de la nuit, et qu'ils disparaissaient ensuite de nouveau après un temps variable. M. Rang a pensé qu'ils venaient ainsi à la sur- face de l’eau pour y chercher leur nourriture ou pour y respirer l’air libre; mais la première de ces hypo- thèses est peu probable, et la seconde n'est évidem- ment pas admissible, puisque tous les Ptéropodes res- pirent par des branchies. M. Alcide d'Orbigny a donné plus récemment de ce fait une explication différente : ayant cru remarquer que cette apparition des Ptéro- podes avait lieu d’une manière régulière, et que les mêmes espèces se montraient toujours à des heures déterminées, il en a conclu que ces Mollusques vivent habituellement à des profondeurs différentes, et qu'ils viennent à la surface de la mer, attirés par le besoin de retrouver la lumière dont ils ont l'habitude dans leurs zones d'habitation ordinaire et qu'ils poursui- vent ainsi, à mesure qu elle leur échappe, ce qui ex- pliquerait, d’après ce naturaliste, leur apparition suc- cessive. Il nous paraît difficile d'admettre que des animaux dépourvus du sens de la vue (et nous avons dit pré- cédemment que tous les Ptéropodes étaient dans ce cas) puissent être sensibles à ce point à l’action de la lumière. S'il est sans doute vrai que l'organe de la vision ne soit pas absolument nécessaire à un animal pour qu'il éprouve l'influence de cet agent, on ne peut 80 MOLLUSQUES. ouère confondre cette action pour ainsi dire chimi- que que la lumière exerce sur les animaux et même sur les végétaux, avec la sensation spéciale qu’elle dé- termine sur je sens de la vue et qui peut seule en donner la connaissance à un animal, lui faire appré- cier par conséquent d’une manière immédiate son ab- sence et ses divers degrés d'intensité. Du reste, l'apparition des Ptéropodes à la surface de la mer est loin de se faire d’une maniere aussi ré- gulière que l’admet M. d'Orbigny. Nous avons sou- vent recueilli les mêmes espèces à des heures tres-dif- férentes, et nous ne croyons donc pas qu'on puisse les distinguer sous ce rapport en crépusculaires et en nocturnes. Ces Mollusques paraissent même déroger assez souvent à leur habitude de ne se montrer qu’à la chute du jour ou au commencement de la nuit. M. Rang dit avoir rencontré assez souvent des Créséis en nombre considérable, et pendant l'ardeur du soleil, sous des masses de fucus natans (1). M. Van Beneden rapporte aussi, à propos d'une nouvelle espèce de Pneumoderme qu'il a fait connaître, que cette espèce a été trouvée au milieu du jour en très-grande abon- dance, près de Nice, nageant à la surface de l’eau (2); nous avons recueilli également des Ptéropodes presque à toutes les heures du jour. Enfin M. d'Orbigny suppose, et l'explication qu'il a donnée repose même entièrement sur cette hypo- (4) Manuel de l'histoire naturelle des Mollusques, pag. 21. (2) Exercices zootomiques, note sur une nouvelle espèce de Pneu- > 291 moderme, pag. D4. PTÉROPODES. 51 thèse, que les Ptéropodes se maintiennent constam- ment dans certaines zones de profondeur différente, suivant les espèces, ce qu'ils ne peuvent faire évidem- ment qu’en nageant d’une manière continuelle. Pres- que tous les auteurs disent également que ces Mollus- ques se meuvent sans cesse dans les eaux de la mer, sans pouvoir ni ramper ni se fixer, étant dépourvus d'organes propres à cet usage (1). Mais, quoique les Ptéropodes aient été organisés pour la nage, il nous paraît pourtant impossible d'admettre qu'ils soient ainsi condamnés à un mouvement continuel pour se soutenir dans le fluide qu'ils habitent; nous croyons plutôt que ces Mollusques, comme les autres animaux dont le genre de vie est le même, ont la faculté de se maintenir dans l’eau ou à sa surface sans le secours de leurs organes locomoteurs, mais par le seul effet de leur pesanteur spécifique qui est égale ou inférieure à celle de ce fluide, au bien peuvent se fixer momenta- nément aux corps marins, de manière à rendre inter- mittente l’action de leur système musculaire. Quelques Ptéropodes se trouvent dans le premier cas, comme les Cymbulies qui flottent constamment à la surface de la mer au moyen de l'espèce de nacelle que représente leur coquille; d’autres, quoique d’une pesanteur spécifique plus considérable en apparence que celle de l’eau de mer, puisqu'on les voit tomber au fond lorsqu'ils suspendent leurs mouvements natatoi- res, n’acquièrent peut-être cette pesanteur que par la (4) Voir la définition que Cuvier donne de ces Mollusques. Bonite. — Zool. Tome II, Partie I. ; 6 82 MOLLUSQUES. contraction de toutes leurs parties qui, en diminuant le rapport du volume à la masse, doit rendre nécessaire ment leur densité plus grande; et il serait possible qu’en se développart de nouveau, ils pussent devenir spécifiquement aussi légers que l'eau, de maniere à se trouver en équilibre au milieu de ce fluide. Cela paraît assez probable pour les Ptéropodes nus dont le man- teau forme toujours une cavité beaucoup plus grande qu'il ne faudrait pour contenir exactement la masse des viscères. Cuvier a même émis l'opinion que cette cavité était peut-être remplie d’une petite masse d'air que l'animal comprimait ou dilatait, suivant qu'il vou- lait s’enfoncer ou s'élever dans l’eau, par un méca- nisme semblable à celui qu'exécutent les poissons avec leur vessie natatoire (1). En n’admettant pas que les Ptéropodes puissent, par les seuls changements qu'ils operent dans leur vo- lume, diminuer assez leur pesanteur spécifique pour se maintenir sans effort dans l’eau ou à sa surface, ce qui parait le plus probable pour la plupart de ces Mollusques, il faut nécessairement leur accorder la fa- culté de se fixer aux corps flottants cu immergés. Cela ne peut être mis en doute pour les Clios et les Pneumodermes qui sont évidemment pourvus d'or- ganes propres à cet usage, non-seulement dans le ru- diment de pied qu'ils ont inférieurement entre les na- geoires, mais encore dans les appendices garnis de suçoirs qui se trouvent sur les côtés de la bouche; (1) Mémoire sur le Clio boréal, pag. 6. PTÉROPODES. 83 d’après les observations de M. Rang, les Ptéropodes testacés se serviraient aussi pour le même usage de leurs expansions natatoires, en disposant probable- ment ces appendices et le lobe intermédiaire qui les réunit à la manière d’une ventouse. Les considérations , dans lesquelles nous venons d'entrer, nous semblent devoir faire rejeter les hypo- thèses qui ont été émises pour expliquer l'habitude singulière qu'ont les Mollusques ptéropodes de ne se montrer à la surface de la mer qu'à certaines heures du jour ou de la nuit ; par conséquent, ce point nous semble réclamer de nouvelles observations de la part des naturalistes. On connait peu le genre de nourriture des Ptéro- podes ; mais il est très‘probable que ces Mollusques vivent des animaux microscopiques qui se trouvent en si grande abondance dans les eaux de la mer. M. Al- cide d'Orbigny dit avoir rencontré, dans l'estomac des Hyales et des Cléodores, des restes de jeunes Atlan- tes (1); mais, comme l'a déja fait remarquer M. Van Beneden, il est possible que ce naturaliste ait pris pour des fragments de coquilles les plaques cornées qui arment l'estomac de ces Ptéropodes. Les Ptéropodes nus, tels que les Clios et les Pneu- modermes, peuvent saisir leur proie au moyen des appendices qui entourent leur bouche, et la fixer pour la soumettre à l’action de leurs mâchoires cor- nées. Les Ptéropodes testacés, les Hyales, les Cléo- (1) Voir le Voyage dans l'Amérique méridionale, tom. V, pag. 73. 84 MOLLUSQUES. dores, etc, se servent peut-être, pour le même usage, de leurs nageoires et surtout du lobe intermédiaire qui est disposé, dans la plupart de ces Mollusques, de maniere à pouvoir s'appliquer contre leur bouche. Les circonstances relatives à la reproduction des Ptéropodes sont encore fort peu connues. D’après la disposition de leur appareil générateur, on doit croire que ces Mollusques s’accouplent ; mais nous ne sa- vons comment se fait cet accouplement, ni sous quelle forme est rendu le produit de la génération, ni de quelle maniere a lieu son développement ultérieur. Les recherches que nous avons faites dans le but d’é- claircir ces différents points n'ont pas été suivies de résultats plus satisfaisants que celles qui avaient été tentées avant les nôtres ; l'est même à craindre que l'histoire des Ptéropodes ne soit longtemps encore, sous ce rapport, enveloppée de beaucoup d’obscurité, à cause des grandes difficultés que présente une sem- blable étude. Cependant, les observations que nous avons recueillies sur les coquilles microscopiques pé- lagiennes qui se montrent à la surface de la mer, dans les mêmes circonstances que les Ptéropodes, nous portent à penser que ces Mollusques subissent, dans leur premier âge, des métamorphoses semblables à celles qui ont déjà été signalées dans plusieurs autres Mollusques. Nous reviendrons sur ce sujet lorsque nous nous occuperons des coquilles microscopiques. Les Ptéropodes sont répandus dans toutes les mers et sous toutes les latitudes; on trouve en effet de ces Mollusques depuis les régions placées sous l'équateur, PTÉROPODES. 85 jusqu’au milieu des glaces des mers polaires : certaines espèces sont même si abondantes dans les mers du nord, qu’elles formeraient, au dire de queiques voya- geurs, la pâture ordinaire de la baleine. En rapprochant les observations qui ont été recueil- lies sur les Ptéropodes dans les différentes mers du globe, l’on voit que la plupart des genres de ce groupe sont représentés dans toutes ces mers et souvent par les mêmes espèces, de sorte qu’il n'existe pas pour ces Mollusques de régions zoologiques bien distinctes. Ainsi non-seulement l’on trouve des Hyales, des Cléodores, des Cuviéries, des Spiriales, des Pneumo- dermes, etc., dans toutes les mers ; mais, en outre, la plupart des espèces de ces genres se rencontrent en même temps dans l’océan Atlantique, dans le grand Océan, dans les mers de l'Inde, de la Chine, etc.; les mœurs de ces Mollusques, leur mode de locemotion et d’autres causes, telles que l’action des courants, par exemple, rendent facilement compte de cette dissé- mination des espèces et de leur répartition dans des points si différents de la surface du globe. Nous ver- rons cependant que les espèces présentent souvent alors, soit dans leur volume, soit dans leur coloration, de ces différences peu importantes qui constituent les variétés. Enfin, nous devons dire aussi que quelques espèces semblent cantonnées dans certaines localités, comme la Cymbulie de Péron, qui n’a encore été ren- contrée que dans quelques parages de la Méditer- ranée. Mais si la dissémination des espèces n’a pas de 86 MOLLUSQUES. bornes dans le sens des parallèles, elle en a dans le sens des méridiens, et la température parait avoir une influence bien marquée pour les maintenir, sous ce rapport, dans des zones distinctes ; ainsi, certaines espèces ne quittent jamais les mers de la zone torride, d'autres vivent habituellement dans les régions tem- pérées , d’autres enfin sont toujours confinées dans les mers polaires, et ce sont souvent les espèces d'un même genre qui sont ainsi réparties dans des latitudes si variées. Un fait qui prouve l’infiuence de la température sur le mode de répartition des Ptéropodes, c'est l’exis- tence des mêmes espèces ou du moins d'espèces ex- trèmement rapprochées dans des zones très-éloignées, mais situées sous les mêmes latitudes dans les deux hémisphères. Ainsi , les naturalistes du dernier voyage de l’Astrolabe ont recueilli, au milieu des glaces du pôle sud, des Clios et des Limacines qui offrent la plus grande ressemblance avec les espèces de ces deux genres qui habitent les mers boréales. Nous avons ob- servé la même correspondance pour d’autres espèces qui habitent les régions tempérées, dans les deux hé- misphères. Les limites des zones propres aux différentes espèces de Ptéropodes ne nous semblent guère pouvoir être déterminées d’une manière aussi précise qu'ont tenté de le faire quelques naturalistes (1); plusieurs circon- (1) D’Orbigny, Voyage dans l'Amérique méridionale, tom. V, pag. 71. PTÉROPODES. 87 stances, telles que les changements de température que l’on observe quelquefois sous des latitudes égales, par l'influence de certaines cause” locales, mais sur- tout l’action des courants, doivent en effet les faire varier souvent d’une manière considérable; ainsi, certaines espèces qui, dans l'océan Atlantique par exemple, ne dépassert pas certaines latitudes, peu- vent, dans d’autres mers , atteindre des latitudes beaucoup plus élevées. Si la température a une influence incontestable sur le mode de répartition des Ptéropodes à la surface du globe , elle ne paraît pas en avoir d'un autre genre sur ces Mollusques ; nous avons déjà vu, en effet, qu'elle n’en avait aucune sur le nombre des individus, puisque les mers polaires sont pour le moins aussi riches en Ptéropodes que celles qui sont situées sous les tro- piques ; nous avons dit également que la plupart des genres qui composent ce groupe se trouvaient repré- sentés sous toutes les latitudes; les espèces sem- blent cependant un peu plus nombreuses dans les mers équatoriales que dans les mers froides et tem- pérées. 1 Il ne paraît pas non plus que la température ait de l'influence sur la taille des espèces, puisque l’on en trouve d’au moins aussi grandes dans les mers des pôles que sous les tropiques. Enfin , par une excep- tion assez remarquable , les Ptéropodes qui habitent les régions froides, présentent ordinairement des cou- leurs plus vives que ceux de ces Mollusques qui vivent dans les régions chaudes et tempérées. 88 MOLLUSQUES. IV. CLASSIFICATION DES PTÉROPODES. Nous avons vu précédemment, dans l'exposé histo- rique que nous avons fait du groupe des Ptéropodes, que si ce groupe avait été admis d’une maniere à peu près générale par les zoologistes, de grandes dissi- dences existaient encore sur le degré d'importance et sur la place qu'il convient de lui assigner dans la mé- thode naturelle ; nous avons donc à examiner la ques- tion de la classification des Ptéropodes sous ces deux points de vue. Les Ptéropodes forment-ils dans l'embranchement des Mollusques un type aussi distinct que celui des Céphalopodes et des Gastéropodes, et doivent-ils con- stituer par conséquent un groupe de valeur analogue, ainsi que l’admettent la plupart des zoologistes ? Cu- vier , l’auteur de ce groupe , nous semble avoir établi lui-même le contraire en reconnaissant que les Ptéro- podes s’éloignent peu des Gastéropodes par l’en- semble de l’organisation et n’en différent que par l’ab- sence du pied dont il a fait le caractère principal de ces derniers Mollusques (1). M. de Blainville établit encore mieux dans son mé- moire sur le genre Hyale les nombreux rapports de ces Ptéropodes avec les Gastéropodes, et démontra en outre que la seule différence qu’on avait cru trouver dans les organes de la locomotion n'existait pas, en faisant voir que ces expansions latérales désignées sous (1) Mémoire sur le Clio boréal, pag. 8. PTÉROPODES. 89 le nom d'ailes ou de nageoires n'étaient autre chose que le pied des Mollusques gastéropodes, disposé même d’une manière presque semblable à ce qui a lieu dans les Bulles (1). M. de Blainville signala aussi la même analogie dans l'appendice inférieur que l’on avait regardé à tort comme une dépendance de Ja bouche chez les Clios et les Pneumodermes. Cependant cette manière de considérer les Ptéro- podes ne fut pas adoptée d'abord et n'a même pas prévalu jusqu'à présent parmi les zoologistes qui ont continué, la plupart, à faire de ces Mollusques un groupe analogue à celui des Gastéropodes et des Cé- phalopodes; quelques-uns ont même essayé de la com- battre, comme M. de Férussac, qui s exprime ainsi à ce sujet, dans son /fistoire naturelle des Mollusques. « Si l’on considère ces Mollusques (les Ptéropodes ) « uniquement sous le point de vue de la complication « ou de la perfection de tel ou tel organe, ils peuvent «sans doute être regardés comme étant inférieurs à « certains Gastéropodes , surtout dans l’état encore «imparfait de nos connaissances anatomiques à leur — «sujet. Mais si on les envisage dans leur ensemble, « on ne peut se refuser à reconnaitre qu’ils offrent un «mode de construction bien distinct de celui des « Gastéropodes , qu’on ne peut les réunir à ceux-ci « sans faire violence aux caractères essentiels qui les « distinguent, puisque ce serait introduire parmi ces « derniers des formes qui leur sont étrangères; que (4) Voir l’article Hyae du Dictionnaire des sciences naturelles, tom. XXII, pag. 66. 90 MOLLUSQUES. « les Ptéropodes ne sauraient être des Gastéropodes; « que les appendices dont ils sont pourvus et qui leur « servent de nageoires ou mieux de rames, que la « forme la plus générale de leur corps et de leur co- « quille enfin, ainsi que leur manière de vivre, les « séparent d’une manière trés-tranchée des Gastéro- « podes. « L'opinion deM. de Blainville, partagée par M. Des- « hayes, vient évidemment de ce que ce savant a sub- « ordonné son système de classification des Gasté- « ropodes à une considération unique à laquelle toutes « les autres ont été un peu sacrifiées, le mode de « génération des Mollusques Céphalés. Les Céphalo- « phores étant dioïques, M. de Blainville a voulu les « faire suivre par les Paracéphalofores dioïques, et « comme les Ptéropodes sont monoïques, il a dû les «rejeter parmi les Paracéphalophores monoïiques, « entre la famille des Acères et celle des Tétraceres « où ils rompent tous les rapports naturels. Jusqu'à « présent on n'a produit aucune raison réellement « déterminante pour justifier la réunion des Ptéro- « podes aux Gastéropodes, et nous pensons que tous « les zoologistes qui ont une connaissance approfon- « die des Mollusques en général, partageront notre opi- «nion sur la faible importance, comme caractère de « premier ordre, c’est-à-dire pour asseoir des coupes « classiques, du mode de génération de ces ani- « maux (1 de » (1) Histoire naturelle générale et particulière des Mollusques, pag. 34. PTÉROPODES. 91 Nous n'insisterons pas sur l'interprétation évidem- ment inexacte que M. de Férussac donne, dans le pas- sage que nous venons de citer, du système de classifica- tion de M. de Blainville, en attribuant exclusivement à la forme de l'appareil générateur la réunion des Pté- ropodes aux Gastéropodes : quant aux raisons qu'il fait valoir contre ce rapprochement, nous verrons bien- tôt qu'elles n’ont aucune valeur réelle, et que rien, ni dans la forme générale du corps, ni dans le mode de construction, ni dans les appendices natatoires , ni dans la coquille, ni dans les habitudes ne sépare es- sentiellement ces deux groupes de Mollusques. M. Alcide d’'Orbigny a aussi combattu le rappro- chement fait par M. de Blainville entre les Ptéropodes et les Gastéropodes , mais sans donner des arguments plus concluants. Cet auteur se borne à dire , en effet, qu'après avoir vu un très-grand nombre de Hyales et de Bulles ou Bullées , il ne croit pas pouvoir regarder comme naturel un rapprochement entre ces Mollus- ques (1). Il est évident que le groupe des Ptéropodes , tel qu'il a été institué par Cuvier , a été presque générale- ment adopté, surtout d’après l'autorité de ce grand géologiste, et les auteurs qui ont cherché à soutenir cette manière de voir se sont à peu près bornés, comme nous venons de le dire, à affirmer que les Ptéropodes ne sont pas des Gastéropodes, sans le démontrer en aucune manière. (1) Voyage dans l'Amérique méridionale, tom. V, pag. 65. 92 MOLLUSQUES. Les notions plus exactes que nous possédons main- tenant sur l'organisation des Ptéropodes et les faits nouvellement découverts, bien loin d'infirmer l'opi- nion de M. de Blainville sur ces Mollusques, peuvent permettre au contraire d'en donner une démonstra- tion complète. Pour cela, nous avons à établir les analogies d’abord avec les Ptéropodes testacés, ensuite avec les Ptéropodes nus ou dépourvus de coquille. Les premiers, comme nous l'avons déjà vu et comme nous le prouverons du reste en traitant des différents genres, appartiennent tous à un même type d'orga- nisation et ne se distinguent guère que par des modi- fications extérieures qui sont en partie traduites par la coquille ; ces modifications se lient même tellement entre elles et la transition des unes aux autres est si évidente, qu'il est impossible de ne pas reconnaître que les divers genres qui les présentent, c'est-à-dire les Hyales, Les Cléodores, les Cuviéries , les Limacines, les Spiriales forment une série parfaitement naturelle. Si, au lieu de prendre les Ptéropodes qui commen- cent cette série , c’est-à-dire les Hyales qui se prête- raient beaucoup moins bien à la comparaison , nous prenons ceux qui se trouvent à la fin, c’est-à-dire les Spiriales, dont le corps et la coquille enroulés en spirale se rapprochent bien plus, par leur forme, de celle que l'en observe dans la plupart des Gastéro- podes , nous trouvons non-seulement dans l'organisa- tion intérieure , mais encore dans la disposition ex- térieure des parties, une analogie presque complète; la situation des tentacules , la disposition du manteau, PTÉROPODES. 93 de la cavité branchiale et des branchies, la position du cœur et la conformation de cet organe, celle des organes digestifs, l'appareil de la génération et ses orifices, le système musculaire, la forme de la co- quille, tout est semblable à ce que l’on voit chez les Gastéropodes. La seule différence qui s'offre d'abord, se trouve dans l’absence du pied que remplacent les deux expansions natatoires placées sur les côtés de la tête; mais on reconnaît facilement, par un examen attentif, que ces appendices ne sont autre chose que le pied des Gastéropodes, qui s’est développé principa- lement sur les côtés et en avant, au lieu de s'étendre à la partie médiane et postérieure. Le pied est cepen- dant encore représenté dans ce sens par cette expan- sion médiane qui réunit postérieurement les nageoires et que l’on désigne sous le nom de {ablier où de lobe intermédiaire ; la présence d’un opercule sur ce lobe, chez les Spiriales, met en effet cette analogie hors de doute. Cette forme particulière du pied dans les Pté- ropodes est parfaitement en rapport avec les habitudes de ces Mollusques destinés à vivre loin des rivages, dans jes hautes mers, et nous trouvons une modifica- tion tout à fait analogue de l'organe locomoteur dans d’autres Mollusques gastéropodes qui offrent le même genre de vie, les Firoles, les Carinaires et les Atlantes, chez lesquelles le pied est également disposé pour la natation, quoique d’une manière différente. L'on se ferait donc une idée inexacte de cet organe , si l'on croyait que sa forme doit toujours être celle qu'il pré- sente dans la plupart des Gastéropodes; cette forme 94 MOLLUSQUES. subit en effet des modifications en rapport avec la manière de vivre de ces Mollusques ; ainsi, il peut être disposé tantôt pour la reptation , tantôt pour la natation , et quelquefois même pour ces deux modes de locomotion , comme nous en voyons des exemples chez les Bulles et dans quelques autres genres. Si nous rapprochons maintenant des Gastéropodes les Ptéropodes nus, nous verrons que l’analogie n’est pas moins évidente, puisque les différences qui sé- parent ces derniers des Ptéropodes conchylifères sont pour la plupart les mêmes que celles qui existent entre les Gastéropodes nus et les Gastéropodes pourvus d’une coquille. La différence la plus importante se trouve dans les nageoires qui ne sont plus formées par les expansions latérales du pied , mais sont bien distinctes de cette derniere partie. En effet, ces Mollusques sont pourvus inférieurement , entre ces appendices, d’un véritable pied dont ils se servent pour se fixer, comme les Atlantes et les Carinaires font avec leur ventouse. La loi de la finalité physiologique est encore ici évi- demment applicable : destinés à vivre dans les hautes mers et par conséquent à nager plutôt qu’à ramper, ces Ptéropodes avaient peu besoin d’un pied disposé pour ce dernier usage ; mais cet organe n'étant égale- ment plus propre à la natation, la nature leur a donné en outre des nageoires qui ne doivent être considé- rées que comme des organes de locomotion acces- soires, semblables aux membranes natatoires qui bordent les parties latérales du corps dans un grand nombre de Céphalopodes. Cette modification ou plu- PTÉROPODES. 95 tôt cette espèce de dégradation que présente le pied dans les Ptéropodes nus , s'observe du reste d’une ma- nière encore plus prononcée chez d’autres Gastéro- podes, la Janthine et le Glaucus par exemple, chez lesquels cet organe n’est presque plus aussi d’aucun usage pour la locomotion et se trouve remplacé pour ainsi dire , dans le premier , par une espèce d’appa- reil hydrostatique qui maintient ce Mollusque à la surface de la mer , et dans le second , par les appen- dices digités qui constituent les branchies. Nous croyons avoir démontré, par les considérations qui précèdent, que les Ptéropodes ne différent pas essentiellement des Gastéropodes et ne doivent par conséquent pas former une division de même degré ou une classe, comme l’admettent presque tous les zoologistes. Il nous reste donc à déterminer les rap- ports de ces Mollusques et à décider s'il faut, à l'exemple de Cuvier, les ranger à la suite des Cépha- lopodes et les placer par conséquent en tête des Gas- téropodes, ou bien les rapprocher, comme l'a fait M. de Blainville, de certains ordres parmi ces der- niers , ou bien enfin les rejeter à la fin de la classe , à limitation de Lamarck, pour en faire le passage des Mollusques céphalés aux acéphales. Le premier rapprochement , qui a été adopté par la plupart des zoologistes, sembie d'abord antorisé par une certaine ressemblance extérieure des Ptéropodes avec les Céphalopodes. Ainsi, l’on a pu voir dans la forme du corps de quelques-uns de ces Mollusques, les Pneumodermes et les Clios par exemple, dans la 96 MOLLUSQUES. position de la bouche à son extrémité antérieure, dans les appendices armés de sucoirs qui l’environnent , et même dans les nageoires qui se trouvent placées sur les parties latérales, autant de traits d’analogie avec les Mollusques brachiocéphalés; nous avons vu égale- ment que, dans la plupart des Ptéropodes testacés, le manteau et la cavité branchiale au'il circonscrit se trouvaient disposés de la même manière que dans les Céphalopodes cryptodibranches , et l'on pourrait peut- être encore chercher une analogie de plus dans la dis- position des organes locomoteurs sur les côtés de la tête, en les assimilant aux bras élargis en membranes que l’on rencontre dans quelques-uns de ces Mollus- ques. Mais il est facile de reconnaitre , par un examen plus approfondi , que toutes ces ressemblances sont plutôt apparentes que réelles, et que des différences extrêmement tranchées dans toutes les parties essen- tielles de l’organisation, dans le système nerveux, dans les organes des sens, dans les appareils de la di- gestion, de la circulation et de la génération, ete., séparent profondément les Ptéropodes des Céphalo- podes. Ainsi le rapprochement de ces Mollusques ne nous semble justifié en aucune manière, et nous trou- vons par conséquent encore bien moins fondée l'opi- nion des zoologistes qui, avec Oken, voudraient les réunir dans une même classe. Les rapports assignés par Lamarck aux Ptéropodes uous semblent tout aussi peu naturels, du moins sous le point de vue des affinités que ce célèbre zoologiste avait cru voir entre ces Mollusques et les Acéphalés. PTÉROPODES. 97 En effet, si dans les Hyales, par exemple, la tête se trouve presque entièrement cachée par les organes locomoteurs qui s’y insérent , cette partie n'est pas moins bien distincte du reste du corps, et sous ce rapport, on ne peut nullement comparer ces Ptéro- podes aux Acéphales. Il en est évidemment de même de l’analogie que Lamarck avait établie entre les lobes du manteau de ces derniers et les nageoires des Hyales. Le rapprochement que l’on pourrait encore faire entre ces nageoires et les appendices ciliés des Brachio- podes, quoique plus juste en apparence, à cause de la position semblable des animaux par rapport à la coquille, n'en est pas moins inadmissible. Sans en- trer ici dans des détails que nous donnerons plus tard dans la description des genres , nous dirons seulement que les Ptéropodes présentent , dans la disposition de leur système nerveux et dans les principaux appareils, surtout celui de la génération , des différences pro- fondes qui les éloignent complétement des Mollusques acéphalés. Il nous reste donc à déterminer les rapports que les Ptéropodes peuvent offrir avec les différents ordres de la classe des Gastéropodes. Quelques zoologistes, et surtout M. Rang, ont pensé qu'il fallait les placer à côté des Hétéropodes ou Nucléobranches, c'est-à- dire des Firoles, des Carinaires et des Atlantes , sans doute à cause de la similitude dans les mœurs, car rien , ni dans leur forme, ni dans leur organisation , ne justifie un rapprochement semblable; le pied même, quoique conformé également pour la natation, présente Bonite. — Zool. Tome II. Partie 1. 7 98 MOLLUSQUES. une disposition tout à fait différente. Les Nucléobran- ches , qui sont dioïques et ont un système nerveux et des organes des sens très-développés , doivent être mis au commencement de la classe des Gastéropodes, à côté des Siphonobranches avec lesquels ils présen- tent, comme nous le verrons plus tard , des ressem- blances nombreuses d'organisation, tandis que , sous les mêmes rapports, les Ptéropodes sont bien infé-. rieurs à ces Mollusques. M. de Blainville a rangé les Ptéropodes parmi les Gastéropodes monoïques, auprès des Aplysiens et des Acères, avec lesquels ils offrent en effet des affi- nités nombreuses , soit dans les organes de la locomo- tion qui, chez ces derniers Mollusques , peuvent ser- vir aussi à la natation, soit dans le conformation des organes digestifs, soit enfin dans l'appareil de la géné- ration dont la disposition est là même , comme nous l'avons déjà dit, que chez les Ptéropodes. Leur place auprès des Aplysies et surtout auprès des Bulles , des Gastéroptéres, etc., est donc aussi celle qui nous pa- rait la plus naturelle. Le groupe des Ptéropodes nous semble comprendre quatre familles bien distinctes et très-naturelles. Dans la première, se placent les genres Hyale, Cléodore, Cuviérie, Spiriale et Limacine qui présen- tent une si grande analogie dans leur organisation et se lient tellement les uns aux autres, qu’on pourrait presque les comprendre dans un seul et même genre; cette famille, qu'on pourrait appeler la famille des PTÉROPODES. 99 Hyares, ne renferme que des Ptéropodes testacés. A la seconde , appartiennent les genres Cymbulie et Tiedemannie qui tiennent aux genres de la famille précédente par plusieurs des traits de leur organisa- tion, mais qui en différent d’une maniere tranchée par quelques-uns de leurs caractères , surtout par leur forme et leur coquille interne ; cette famille pourrait être nommée la famille des CymBuzres. Dans la troisième nous plaçons les Euribies qui, comme nous le ferons voir en parlant de ces Mollus ques, lient les Ptéropodes nus aux Ptéropodes con chylifères ; cette famille , à laquelle il faudra peut-être rapporter le genre Psyché de M. Rang, formerait donc la famille des Eurieres. Enfin , la quatrième et dernière famille comprend les genres Clio et Pneumoderme qui présentent de si grandes affinités entre eux, et quelques genres très- voisins qui ont été proposés sous les noms de Pélagie, de Spongiobranche et de Cymodocée, mais qui devront peut-être , lorsqu'ils seront mieux connus, être rap- portés aux deux genres précédents. Cette famille cor- respond donc tout à fait à la famille des Cros, déjà établie par M. Rang, dans son Manuel de l'histoire naturelle des Mollusques (À). Nous allons examiner successivement et dans l’ordre que nous venons d'indiquer, ces différents genres, ou du moins tous ceux qu’il nous a été possible d'étudier. (4) Voir cet ouvrage, pag. 117. 100 MOLLUSQUES. GENRE HYALE. — Æyalæa, Lamk. L'on sait que le genre Hyale a été établi par Lamarck pour une petite coquille pélagienne recueillie par Forskal dans la Méditerranée et que ce naturaliste avait fait connaître sous lenom d’Ænomia tridentata(A); l'on sait aussi que l'Hyale fut rangée parmi les bivalves jusqu’à ce que Cuvier eût fait connaitre par la descrip- tion détaillée de l'animal, sur lequel Forskal n'avait donné que des renseignements obscurs, ses affinités avec les Pneumodermes et les Clios et eût formé de ces trois genres de Mollusques, l'ordre des Mollusques à nageoires oudes Ptéropodes. Cependant Lamartinière, l'un des naturalistes de l'expédition de La Pérouse et Forster, compagnon de Cook, avaient déjà reconnu, comme nous l’apprennent Cuvier et M. de Blainville, l’analogie de l’Anomie tridentée de Forskal avec les pe- tits Mollusques testacés que Brown avait décrits long- temps avant sous le nom de Clios et qui, bien que différents des Clios d'aujourd'hui, appartiennent ce- pendant encore au même groupe. Apres le travail de Cuvier, tous les zoologistes adoptérent la place qu'il avait assignée aux Hyales à côté des Pneumodermes et des Clios et, comme nous l'avons vu précédem- ment, il n'y a plus eu de divergence que sur la valeur (1) Faun. arab., pag. 124; et Icones, tabl, 40, fig. B. PTÉROPODES. 101 et l'arrangement du groupe nouveau créé pour ces trois genres de Mollusques. Plusieurs années après, M. de Blainville reprit l’his- toire du genre Hyale dans le Journal de Physique (\), en donna une description beaucoup plus complète et fit voir que l'animal avait été étudié dans une position renversée, c'est-à-dire qu'on avait pris la face ventrale pour la dorsale et réciproquement. M. de Blainville combattit aussi l’idée que l’on s'était faite jusqu'alors de ces Mollusques, en démontrant qu'ils s'éloignaient fort peu, par leur organisation, des Bulles et des Bullées. MM. delle Chiaje (2), Alcide d'Orbigny (3), Can- traine (4), Van Beneden (5), etc., se sont aussi occu- pés depuis de l’organisation des Hyales; ce dernier, surtout, a consacré à ces Mollusques un mémoire très- détaillé dans lequel il a ajouté des détails importants à ceux que la science devait déjà à Cuvier et à M. de Blainville. Le genre Hyale s’est enrichi, dans ces dernières an- nées, d’un assez grand nombre d'espèces dues aux re- cherches de Péron et Lesueur, de MM. Quoy et Gai- mard, Rang, d'Orbigny, etc. Nous avons observé (1) Journal de physique, tom. XCIIT, pag. 81. (2) Animali senza vertebra , tom. I, pag. 85; part. VI, tav. 34. (3) Voyage dans l'Amérique méridionale, tom. V, pag. 77. (4) Malacologie méditerranéenne, pag. 23. (5) Mémoires de l’Académie royale de Bruxelles, tom. XI, pag. 29. 102 MOLLUSQUES. nous-mêmes la plupart de ces espèces que nous ferons connaître avec détails, apres la description anatomique que nous allons d’abord donner de ces Mollusques. Description extérieure. Nous suivrons, dans la description extérieure de l’a- nimal des Hyales, la division que nous avons déjà éta- blie, pour tous les Ptéropodes, en partie antérieure où céphalo-thoracique et en partie postérieure, viscérale ou abdominale. Un rétrécissement bien marqué sépare ces deux parties. La partie antérieure, qui peut sortir de la coquille ou y rentrer, à la volonté de l'animal, est presque en- tièrement formée par les nageoires. La tête, qui se trouve entre ces appendices, n’est pas distincte et n’est indiquée inférieurement que par l’orifice de la bouche ; elle est un peu plus apparente supérieurement, dans l'intervalle que les nageoires laissent entre elles, et présente, à peu de distance de son bord antérieur, deux tentacules qui sont ordinairement bien visibles et dont l'existence est cependant encore mise en doute par presque tous les zoologistes. Ces tentacules, très- gréles à leur origine, se renflent ensuite graduelle- ment jusqu à leur extrémité qui est arrondie. D’après M. de Blainville, qui les a le premier décrits, ces or- ganes seraient contenus chacun dans une gaine propre; mais cela n’est exact que pour le tentacule droit qui est, en effet, muni d'un long fourreau de même forme, ° \ Q 4 / \ . c’est-à-dire evase en forme de cornet à sa parte PTEROPODES. 103 supérieure» (1)h(pl.9) fig. 3,:5,.31,,32, 33, 4, DE À la partie antérieure de la tête, l’on voit, du côté droit, l’orifice de la verge qui est marqué par un petit bourrelet saillant. Cette ouverture se trouve placée sur le bord même de la nageoire, entre la racine de celle-ci et la bouche (fig. 3, 5, 31, v’). Enfin, sur les côtés de la tête, sont placées ies na- geoires qui la dépassent en avant et la cachent d’une manière presque complète ; elles sont larges et ressem- blent assez bien, comme on l’a déjà dit, aux ailes d’un papillon dont elles ont quelquefois les riches couleurs. Assez épaisses à leur origine et à leur partie moyenne, elles s’amincissent de manière à devenir presque transparentes à leur circonférence. Leur bord ex- terne est découpé en trois lobes ou festons; leur bord antérieur, plus ou moins oblique de dehors en dedans et d'avant en arriere, vient se terminer à la bouche, tandis que le bord postérieur est transverse et se con- tinue sans interruption d'une nageoire à l’autre. En effet, ces nageoires sont bien séparées en avant par la tête qui se trouve placée entre elles, mais cette séparation n'existe plus en arrière où elles se réunissent sur la ligne médiane pour former cette expansion par- ticulière que l’on a considérée quelquefois comme une (1) Cette particularité, que nous retrouverons dans les genres voisins, chez les Cléodores, les Cuviéries, etc., nous paraît devoir être attribuée à la situation de ce tentacule sur le trajet des organes de la génération et à l’usage qu’aurait, d’après cela, la gaîne qui le recouvre , de le mettre à l'abri des froissements pendant Pacte de Paccouplement. 104 MOLLUSQUES. troisième nageoire dans les Ptéropodes et que l'on désigne sous le nom de tablier ou de lobe intermé- diaire. Dans les Hyales, cette partie n’est pas distincte des nageoires proprement dites et se trouve formée, comme nous venons de le dire, par le prolongement de ces appendices en dessous de lanimal et par leur Jonction sur la ligne médiane, ce qui distingue le genre Hyale des autres genres voisins chez lesquels cette expansion moyenne se distingue toujours des nageoi- res et forme réellement un troisième lobe intermé- diaire (1). Par suite de cette disposition, les nageoires ne for- ment réellement dans les Hyales qu’une seule expan- sion que M. de Blainville a considérée avec beaucoup de raison comme l’analogue du pied des Mollusques gastéropodes, et qui n'en differe, en effet, que par la maniere dont ce pied s’est développé, surtout sur les côtés et en avant, au lieu de prendre son développe- ment à la partie médiane et postérieure. Lorsque la- nimal s'étale au dehors, cette espèce de pied déborde beaucoup la coquille dans les deux premiers sens, tandis qu'en arrière il s'applique sur sa face inférieure ou bombée qu'il recouvre en partie; il représente alors un large quadrilatère dont les bords latéraux sont découpés en trois lobes, comme nous l'avons dit ci-dessus, dont le bord antérieur est échancré large- ment et d’une manière plus ou moins profonde jusqu’à (1) Nous verrons cependant que cette dernière disposition se rencontre aussi dans quelques espèces du genre Hyale, PTÉROPODES. 105 la bouche, et dont le bord postérieur transverse offre aussi une légère échancrure dans quelques espèces. Quand l’animal se contracte, la partie postérieure de ce même pied s'applique sur lantérieure, en formant un repli transverse qui cache l’orifice de la bouche et qui détermine un sillon profond sur sa face in- férieure. La tête et les appendices natatoires sont supportés par une partie rétrécie que Cuvier a considérée comme le cou, tandis que M. de Blainville la regarde comme une espèce de tronc ou de thorax qui se terminerait antérieurement par la tête. Cette partie est longée du côté droit par le conduit de terminaison de l'appareil générateur, qui vient s'ouvrir à la racine de la nageoire correspondante et se continue avec un repli que l’on voit au-dessus de la tête, en dehors du tentacule droit, et qui se prolonge jusqu'a l'orifice de la verge (fig. 5). La partie postérieure ou abdominale du corps des Hyales, plus volumineuse que la précédente, est con- tenue dans la coquille dont elle a la forme, et recou- verte par le manteau dont la disposition représente assez bien, comme l’a fait remarquer M. Van Beneden, celle que l’on trouve chez les Céphalopodes. En effet, comme chez ces derniers, il forme autour des viscères un sac ouvert en avant et adhérent seulement à la partie supérieure, à peu de distance de son bord libre (1) (fig. 4, 2, 3). (4) D’après M. Cantraine, les adhérences du manteau à l'animal 106 MOLLUSQUES. Ce manteau reproduit toujours d'une manière exacte la forme de la coquille ; c’est ainsi qu'antérieurement il s'avance plus en dessus qu’en dessous, etqu'en arrière il se prolonge également en pointe sur la ligne médiane. Il est très-mince à sa partie supérieure où l’on voit par transparence le grand muscle rétracteur de l'ani- mal, l'appareil branchial et la masse viscérale. Cette partie du manteau présente de chaque côté une série de petits cordons blanchätres qui se portent transver- salement de la ligne médiane sur les côtés et qui sont formés par de petits faisceaux musculaires destinés à faire rentrer les bords du manteau et surtout certains appendices que nous allens bientôt décrire. D'apres M. de Blainville, Cuvier aurait pris ces faisceaux mus- culaires pour des vaisseaux branchiaux; mais on peut se convaincre que Cuvier n'a pas commis cette erreur, d’après ce qu'il en dit dans l'explication des figures qui accompagnent son mémoire (fig. 2 et 3). Lapartie inférieure du manteau est doublée danstoute son étendue, si ce n’est vers les bords, d’une couche serrée de petites granulations semblables à des cryptes muqueux , qui la rendent plus épaisse et moins trans- parente. Cette couche est circonscrite en arrière par des lignes régulières et serrées qui décrivent une courbe à convexité postérieure, et elle se trouve interrompue un peu plus en avant par une bande de lignes sem- blables, disposée de la même manière. Chacune de auraient lieu du côté gauche seulement, et cet auteur ajoute qu’on peut s’en assurer par l’insufflation (ouvrage cité, p.25); mais cette assertion est positivement inexacte PTÉROPODES. 107 ces lignes est formée par une série de petits corps, de forme cubique, qui se désagrégent avec la plus grande facilité sur les mdividus conservés dans l'alcool (fig. 1 et pl. 10, fig. 32 et 33). Cette organisation particu- lière, que nous retrouverons dans les autres Ptéropodes testacés, nous semble avoir pour but de donner plus de résistance à la partie du manteau qui circonscrit la cavité branchiale et de formér autour de cette cavité une espèce de bouclier qui, en empêchant l’affaissement des parties, permet à l’eau de se porter continuelle- ment vers les branchies. Le manteau présente sur les côtés, en regard des fentes latérales de la coquille, deux lèvres saillantes qui sont réunies à leur extrémité postérieure, mais qui en avant se continuent directement avec ses bords su- périeur et inférieur, de telle sorte que l'ouverture an- térieure du manteau semble se prolonger latéralement entre ces deux lèvres; mais cette disposition n'est qu'apparente et aucune communication n'existe, dans l'intervalle de ces lèvres, avec la cavité branchiale. Cuvier a cru que les branchies étaient placées entre ces deux lobes du manteau, mais nous verrons que ces organes sont véritablement intérieurs, comme dans la plupart des Gastéropodes. Enfin, c'est encore à tort que quelques auteurs placent, entre ces deux feuillets du manteau, la terminaison de l'intestin et celle de l'appareil générateur (4) (fig. 1 et 2). (4) Voyage dans l'Amérique méridionale, par A. dOrbigny, tom. V, pag. 80. 108 MOLLUSQUES. Les parties du manteau qui bordent l'ouverture de la coquille offrent une épaisseur assez considérable et forment, principalement en avant, un bourrelet assez large qui rappelle assez bien le collier des Mollusques gastéropodes. Ces parties sont aussi remarquables par leur grande extensibilité, et lorsque l'animal se dé- veloppe, elles s'échappent par les fentes de la co- quille et peuvent, en se repliant sur celle-ci, la recouvrir presque entièrement, comme la figuré M. Cantraine (1). Entre les deux lèvres latérales du manteau se trouve un appendice foliacé dont la disposition n'a pas en- core été bien décrite. Cet appendice est formé par deux feuillets semblables à ceux qui constituent ces deux lèvres et disposés de la même manière, de sorte que le manteau présente réellement sur les côtés quatre lèvres ou lames superposées, du moins en arrière, car celui de ces feuillets qui correspond à la face ventrale ne s'étend pas jusqu'au bord antérieur du manteau et ne dépasse pas quelquefois la ligne médiane. Les deux feuillets dont nous parlons sont réunis à leur extrémité postérieure comme les feuillets externes, mais ils se prolongent beaucoup plus en arrière et de façon à dépasser quelquefois la coquille d’une manière consi- dérable; enfin, le prolongement qu'ils forment ainsi se trouve réuni à l'extrémité postérieure des feuillets externes par une lame horizontale qui fournit encore, à son point de jonction avec ces derniers, un autre (4) Malacologie méditerranéenne, pag. 25, pl. F, fig. 3. PTÉROPODES. 109 petit appendice. Cette disposition, que nos figures feront peut-être mieux comprendre que la description que nous venons de donner, est du moins celle que nous avons observée dans l’//yale tridentée ; nous ne savons si elle est entièrement semblable dans les au- tres espèces (fig. 3). Ces appendices du manteau sont aussi très-exten- sibles et offrent, suivant leurs divers degrés de dévelop- pement, des formes trés-variées que quelques zoolo- gistes ont considérées à tort comme pouvant fournir des caractères spécifiques ; ils peuvent acquérir quel- quefois une longueur considérable et former deux lon- gues lanières que l'animal traîne après lui, comme Péron et Lesueur l'ont représenté dans l'espèce qu’ils ont nommée 7éniobranche, et comme nous l'avons figuré aussi dans une autre espèce, l'Æyale bossue. Nous n'avons jamais observé dans ces appendices les changements de coloration dont parle M. Cantraine et qui se feraient, d’après ce naturaliste, d’une manière tres-rapide, tantôt dans une partie seulement et tantôt dans toute leur étendue. Ces appendices ne sont que de simples prolongements du manteau et n'ont rien de musculaire comme parais- sent l’avoir cru MM. de Blainville et Van Beneden: leur développement se fait par le simple mouvement d’ex- pansion des tissus de l'animal, mais ils sont pourvus d'un appareil musculaire rétracteur particulier que nous avons déja décrit et qui est formé par ces faisceaux blan- châtres et transverses que l’on voit sur la face dorsale du manteau et qui se rendent en effet surtout à la base 110 MOLLUSQUES. de ces appendices. Quant à leurs usages, il est certain qu'ils sont étrangers aux fonctions de la respiration, comme l'ont cru Péron et Lesueur, pour l'espèce qu'ils ont nommée Téniobranche, et comme quelques zoolo- gistes paraissent encore l’admettre. Nous croyons que leur principal usage est de soutenir l'animal pendant la natation, en augmentant sa surface ou son volume, et en rendant par conséquent sa pesanteur spécifique moins considérable. On ne trouve ces appendices que dans les Hyales dont ils nous paraissent former un des caractères ; les prolongements que présentent les bords latéraux du manteau dans certaines Cléodores, dans la Cléodore cuspidee, par exemple, correspondent aux deux lèvres ou feuillets externes et ne doivent pas être confondus avec les appendices que nous venons de décrire. | Les quatre feuillets qui bordent les parties latérales du manteau s’implantent sur une bride très-forte qui vient se fixer antérieurement sur une saillie que l’on voit en dessus du cou et qui est formée par la verge; c'est par le moyen de cette bride que se font, dans ce point, les adhérences du manteau (fig. 2 et 3). Enfin, outre l'enveloppe formée par le manteau, la masse des viscères est de plus recouverte d’une ma- nière immédiate par une membrane extrêmement mince et quelquefois très-colorée que l’on peut consi- dérer comme une espèce de membrane péritonéale. La partie postérieure ou viscérale du corps des Hyales n'adhère à la coquille, dans laquelle elle est contenue, que par l'extrémité du muscle droit ou longitudinal ; PTÉROPODES. 411 M. d'Orbigny parle d’autres adhérences qui existeraient entre la partie antérieure et latérale du manteau et les bords de la coquille (4); mais nous pouvons affirmer que ces adhérences n'existent pas, ce qui est, du reste, conforme à l’analogie. Description intérieure. Organes de la digestion. — Xa bouche n’est pas ter- minale, mais un peu inférieure dans les Hyales; elle est située entre les deux nageoires, au fond de l’échan- crure qui sépare en avant ces appendices. Cet orifice a la forme d’un triangle isocèle très-allongé, dont la base se trouve en arrière et dont les côtés sont formés par deux lèvres minces et saillantes qui vont en divergeant se perdre dans le sillon qui sépare les nageoires du lobe intermédiaire (pl. 9, fig. 4, 4’). La cavité buccale, très-petite, forme une légère sail- lie en dessous de l’œsophage ; elle présente, à sa paroi inférieure, un petit renflement lingual de forme arron- die, garnie supérieurement de trois séries de crochets cornés et recourbés en arriere. À l'extérieur de cette cavité, l'on voit un appareil musculaire spécial, formé par des fibres longitudinales très-apparentes et par des fibres circulaires placées en dessous de celles-ci et se continuant avec celles de l’œsophage (fig. 7, 8, 9, 10, RU L'œsophage est long et d'un petit diamètre. Après avoir traversé le collier nerveux qui se trouve placé à (4) Ouvrage cité, pag. 80. 112 MOLLUSQUES. son origine, il continue à se porter en arrière et pé- nêtre dans la cavité abdominale pour aller se ter- miner à l'estomac. Il présente quelquefois une petite dilatation à son extrémité antérieure, mais après avoir traversé l’anneau nerveux, il conserve le même calibre dans tout le reste de son trajet. Il est en rap- port supérieurement avec la verge d’abord, et ensuite avec le grand muscle longitudinal; il correspond en dessous à une partie des organes de la génération (Hg. 3.4/4 90, €) Après avoir parcouru un trajet peu étendu dans la cavité abdominale, l'œsophage se dilate rapidement en entonnoir, et forme, comme dit Cuvier, une espèce de jabot membraneux, plissé longitudinalement , qui se continue directement avec l'estomac. Celui-ci, au- quel on a donné le nom de gésier, à cause de son or- ganisation particulière, est cylindrique et présente des parois beaucoup plus épaisses qui l’'empêchent de s’affaisser sur lui-même dans l’état de vacuité. Cet estomac est armé intérieurement de plaques cornées qui ont été signalées par M. de Blainville, mais que M. Van Beneden a décrites avec plus de détails. Ces plaques, au nombre de quatre, et toutes semblables pour la forme, présentent sur leur face libre deux ou trois côtes saillantes, plus ou moins aiguës, et dont la disposition est un peu variable ; une de ces côtes, plus longue que les autres, s'étend ordinairement en ligne oblique d’une extrémité à l’autre et donne à ces pla- ques un peu la forme de la lame cartilagineuse des Vellèles ( fig. 3, 4, 12, 13, 14, 29, 30, e). PTÉROPODES. 113 A ces corpsintérieurs destinés à broyerles substances alimentaires, correspond, à l'extérieur de l’estomae, une couche musculaire très-forte, formée par des fais- ceaux rubanés, parallèles, d’un aspect nacré, disposés circulairement autour de cet organe. Ainsi que M. Van Beneden en a déjà fait la remarque, ces faisceaux mus- culaires ne font pas tout le tour du cylindre que re- présente l’estomac ; mais, après avoir parcouru une portion de sa circonférence, ils se terminent en s’en- tre-croisant avec les faisceaux suivants ( fig. 1/4). L'estomac se rétrécit brusquement pour s'ouvrir dans l'intestin ; nous n'avons jamais rencontré le cul- de-sac qui se trouverait, d’après M. Van Beneden , à côté de cette ouverture. L'intestin se porte d'abord à gauche et ensuite en arrière, pour décrire autour du foie une anse seule- ment et non plusieurs circonvolutions, comme l’indi- quent Cuvier et M. de Blainville ; après s'être dégagé de cet organe, il se porte en avant, du côté gauche, passe en dessous de l’oviducte et, arrivé à la partie antérieure de la cavité abdominale, vient s'ouvrir près du bord libre du manteau (fig. 4,7, 14,2). La posi- tion de cette ouverture est donnée d’une maniere vague ou inexacte par tous les auteurs ; M. Van Bene- den seulement nous semble l'avoir bien indiquée ; dans la position véritable de l'animal, cet orifice se trouve en dessous, du côté gauche, non loin du bord inférieur du manteau (fig. 3, 4, 29, a). Le tube intestinal offre dans toute son étendue un diamètre uniforme et à peu près semblable à celui de Bonite, — Zool. Tome II, Partie I, 8 114 MOLLUSQUES. l'æsophage ; mais ses parois sont un peu plus minces el à demi transparentes (fig. 7, #). Les annexes du tube digestif comprennent le foie et les glandes salivaires. Celles-ci sont si petites qu'elles ont échappé aux re- cherches de tous les anatomistes ; elles sont situées sur les côtés et un peu en arrière de la cavité buccale, et se présentent sous la forme de deux petits corps glo- buleux et blanchâtres, fournissant en avant un canal excréteur tres-délié qui pénètre immédiatement dans cette cavité (fig. 8, 5). Le foie forme une masse considérable, de couleur verdàtre, qui est appliquée contre l'estomac et qui est divisée, par la circonvolution de l'intestin , en deux lobes plus où moins distincts et de grandeur inégale. Lorsqu on examine cet organe à sa surface seulement, sa structure paraît granuleuse, mais, par la dissection, ons’assure quilest formé d’un grand nombre de petits cœcums serrés les uns contre les autres, et aboutis- sant, d'après M. Van Beneden, à des vacuoles d’où partiraient les radicules des canaux biliaires. Ces der- niers constituent, en se réunissant successivement, un tronc principal qui vient s'ouvrir à l’origine de l'intestin, tout pres du pylore, et qui recoit dans ce point le col d'une vésicule très-allongée , faisant pro- bablement les fonctions d’une vésicule biliaire. C’est cette vésicule qui nous parait avoir été prise par M. de Blainville pour le tronc commun des canaux hépa- tiques (fig. 14, f, «w) (1). (4) Nous avons trouvé dans une des espèces de ce genre, dans PTÉROPODES. 4145 Organes de la respiration. — L'appareil branchial des Hyales a été décrit d’une manière différente par Cuvier et par M. de Blainville. D'après Cuvier, les branchies seraient situées entre les deux lèvres latérales du manteau, au fond de l’in- tervalle que celles-ci laissent entre elles, et formeraient autour du corps, non en ceinture mais parallèlement au dos, un cordon elliptique de petites feuilles rappe- lant celles des Patelles, des Phyllidies et des Lin- gules. West cependant difficile de concevoir cette disposition , car, ces lèvres du manteau occupant seulement les parties latérales, comme nous l'avons vu précédemment, l'appareil branchial devrait offrir une interruption à la partie postérieure. Il est bien re- connu aujourd’hui que Cuvier s’est trompé sur la po- sition véritable des branchies, et que ces organes, au lieu d’être placés entre les lobes latéraux du manteau et d’être, par conséquent, extérieurs, comme il l'avait pensé, sont situés dans une cavité intérieure, comme dans la plupart des Mollusques. À part cette erreur, il est certain que Cuvier a bien reconnu les organes de la respiration et ne les a pas confondus, comme l'a cru M. de Blainville, avec les faisceaux musculaires qui doublent la partie supérieure du manteau. l'Hyale à trois pointes, le foie divisé en deux lobes tout à fait sé- parés et formant comme deux foies distincts. L’un de ces lobes est entouré par l'intestin; l’autre fournit un long conduit hépatique qui vient se réunir au conduit hépatique du premier lobe, au mo- ment où il se jette dans la cavité intestinale; au point de jonction de ces deux conduits, lon voit encore une vésicule biliaire sem- blable à celle que nous venons de décrire (pl. 9, fig. 30, f, f). 116 MOLLUSQUES. M de Blainville a constaté le premier la position in- térieure de l'appareil branchial, et a décrit d’une ma- nière plus exacte une partie de cet appareil, celle qui occupe le côté droit; mais il n'a pas vu la partie des branchies qui se trouve du côté gauche. Cependant, bien loin d’en nier l'existence, M. de Blainville a émis la pensée que cette partie devait exister, à cause de la position du cœur et de la symétrie de la coquille ; a dissidence, sur ce point de l'organisation des Hyales, est donc moins grande qu'on ne l’a crugénéralement, entre les deux célebres anatomistes que nous venons de citer. L'appareil branchial des Hyales a été décrit depuis d’une manière plus complète par M. Van Beneden; nos observations ne s accordant pourtant pas sur tous les points avec celles de cet anatomiste, nous allons en donner une nouvelle description d'après ce que nous avons nous-mêmes vu. Nous avons dit, en parlant du manteau, que celui-ci circonscrivait en dessous et sur les côtés de la masse viscérale, une cavité particulière ouverte en avant et destinée aux branchies. Ces organes sont fixés au pla- fond de cette cavité et forment bien, comme le dit Cuvier, une ellipse presque complète autour des vis- ceres. Cependant cet appareil n’est pas symétrique, comme l'ont cru quelques zoologistes, et sa disposi- tion est même tres-différente suivant qu'on l’examine du côté droit ou du côté gauche. Pour en rendre la description plus facile, nous lui considérerons, à l'exemple de M. Van Beneden, trois portions qui ne correspondent pourtant pas tout à fait à celles qu'admet PTEROPODES. 117 cet anatomiste. Ces trois portions, quoique bien dis- tinctes, sont réunies ou continues entre elles. L'une, qu'on peut appeler portion moyenne, con- tourne en arriere le paquet des viscères, en suivant la courbe que décrit le sac branchial, et se prolonge de chaque côté jusqu'à ‘peu de distance de l'ouverture antérieure du manteau. Elle représente ainsi un fer à cheval dont les branches vont en se rétrécissant pro- gressivement et se terminent en pointe, la branche droite un peu plus en avant que la branche gauche (pl fe3;18,0). Les deux autres portions sont situées, l'une à droite, l’autre à gauche, en dedans de celle que nous venons de décrire. La première ou la droite forme un véritable peigne dont les branches sont perpendiculaires à l'extrémité correspondante de la portion moyenne, et se prolon- gent, en dedans, jusqu'auprès de la ligne médiane. Ces branches ou dents n’ont cependant pas toutes la même longueur ; elles décroissent en arrière et surtout en avant, où elles finissent par devenir extrémement courtes. Les dernières dépassent un peu, dans ce sens, l'extrémité de la portion moyenne, et s’avancent en dessous de la partie cervicale de l'animal. Cette por- uon de l'appareil branchial est celle que l’on voit à travers le manteau, lorsqu'on regarde celui-ci par sa face dorsale; dans le sens contraire , elle est cachée presque entièrement par les viscères qu'il est par con- séquent nécessaire d'enlever, pour en voir la disposi- tion et l'étendue (fig. 2, 3, D, 0). 118 MOLLUSQUES. La derniere portion de l'appareil branchial ou la portion gauche, beaucoup moins considérable que les deux précédentes, est aussi située, comme nous l'avons déjà dit, en dedans de la branche correspondante de la portion moyenne, dont elle présente la disposition et qu'elle accompagne parallèlement , depuis le cœur jusqu’à son extrémité antérieure (fig. 3, b). Pour résumer la disposition générale de cet appa- reil, l’on peut dire qu'il décrit autour de la masse vis- cérale une ellipse presque complète, interrompue seulement à sa partie antérieure et se comportant dif- féremment du côté droit et du côté gauche. La branche droite fournit par son bord interne un grand nombre de prolongements transverses et parallèles qui consti- tuent un véritable peigne, tandis que la branche gauche, arrivée au niveau du cœur, se bifurque et forme ainsi, au dela de cet organe, deux divisions hranchiales à peu près égales et parallèles. D'après M. Van Beneden, toute la partie de l'appa- reil branchial qui se trouve en avant du cœur, du côté gauche, aurait échappé aux recherches des anato- mistes; mais cette assertion est inexacte, car Cuvier f'indique positivement dans ses figures. Cuvier a bien vu aussi cet appareil s'avancer du côté droit jusqu à l'ouverture antérieure du manteau, ce que sa descrip- tion et ses figures nous paraissent mettre encore hors de doute ; seulement, comme nous l'avons déjà dit, il n’a pas reconnu la disposition bien différente qu'af- fectent ces deux parties, erreur qui a été commise aussi par M. Van Beneden, pour la partie gauche. PTÉROPODES. 149 M. de Blainville a bien vu le peigne branchial situé à droite, mais il n’a vu que cette portion des branchies. Quant à la structure de ces organes, elle est la même dans toutes les parties de l'appareil ; Cuvier les dit for- més de petites feuiiles pareilles à celles qui composent les branchies des Patelles, des Phyllidies, etc.; d'apres M. Van Beneden, ils seraient constitués par de petites vésicules pyriformes formant des houppes que cet ana- tomiste compare aux houppes branchiales des Lopho- branches ; mais la disposition indiquée par Cuvier est celle qui nous a paru se rapprocher le plus de la vé- rité. Seulement, les lames branchiales ne sont pas simples comme dans les Phyllidies et les Patelles, mais elles sont décomposées en un grand nombre de feuil- lets qui se réunissent à leurs extrémités pour se fixer, par une espèce de pédicule, aux deux ordres de vais- seaux qui parcourent les branchies. C’est à la partie postérieure de l'appareil que ces lames feuilletées offrent le plus de développement ; elles vont ensuite en décroissant en avant, jusqu'aux extrémités des portions moyenne et gauche, et de dehors en dedans, dans chacune des branches du peigne représenté par la partie droite (fig. 3,16, 17, 18, 19). L'artère branchiale Organes de la circulation. parcourt l'extrémité des feuillets branchiaux, du côté de la branchie qui est adhérent au manteau, et recoit le sang veineux par un grand nombre de vaisseaux trés-fins qui forment un réseau capillaire avant de s’y aboucher. Cette artère présente les mêmes divisions 120 MOLLUSQUES. que l'appareil brauchial, c’est-à-dire qu'elle se bi- furque du côté gauche et se subdivise, du côté droit, en un grand nombre de branches qui correspondent aux branches du peigne. La veine branchiale parcourt l’autre extrémité des feuillets et forme le bord libre de la branchie; elle est formée de deux troncs principaux destinés, l’un à toute la partie de l'appareil qui se trouve à droite du cœur, l’autre à celle qui est en avant du même organe, du côté gauche. Les divisions et subdivisions de ces deux troncs sont les mêmes que celles de l'artère branchiale (hs:16,18; 19,7). Le cœur est situé du côté gauche, en dedans des branchies ; il est contenu dans un péricarde très-lche, à travers lequel on distingue bien les deux parties qui le constituent, l'oreillette en arrière et le ventricule en avant (fig. 3, 4, c). L'oreillette est à peu près aussi volumineuse que le ventricule; ses parois minces et transparentes laissent voir des colonnes charnues diversement entre- croisées. Elle recoit en arrière les deux veines bran- chiales. Le ventricule, pyriforme comme dans la plupart des Gastéropodes, a des parois beaucoup plus épaisses et entièrement musculaires. Il communique par sa base avec l'oreillette dont il est séparé extérieurement par un rétrécissement circulaire. L'orifice auriculo-ventri- culaire est pourvu de deux valvules que l'on voit, pendant la contraction du ventricule, faire légère- ment saillie dans la cavité de l'oreillette (fig. 4, c). PTÉROPODES. 421 De la pointe du cœur ou de sa partie antérieure part l'aorte qui, après un trajet peu étendu, se divise en deux troncs principaux, l’un postérieur et un peu moins volumineux qui se rend principalement au foie et à l'ovaire, l’autre qui se porte en avant et en dessus du tube digestif pour aller se distribuer aux parties antérieures de l’animal et principalement aux nageoires (fig. 4). Organes de la generation. — Les deux sexes sont réunis dans les Hyales; les deux parties qui forment le sexe mâle sont, en outre, tout à fait indépendantes l'une de l’autre; nous avons déjà dit que cette dispo- sition était commune à tous les Ptéropodes. Cet appareil commence postérieurement par un organe volumineux, situé en arrière de la masse vis- cérale. Cet organe, de forme oblongue ou irrégulière- ment arrondie, de couleur jaunâtre, est divisé longi- tudinalement en deux parties à peu près égales, mais qui sont continues à l’une de leurs extrémités. Ces ‘deux parties, composées de lames ou plaques empilées les unes à la suite des autres, sont réunies sur un axe central ou médian, creux à l’intérieur, qui commence en pointe à la partie postérieure de l'organe, se renfle ensuite pour se rétrécir de nouveau à son extrémité antérieure, d’où il émerge sous la forme d’un canal très-fin dont nous allons bientôt parler (pl. 9, fig. 3, 4, 5, 29, 30, 31, 33, o). On s'accorde à regarder comme l'ovaire l'organe que nous venons de décrire, et cette détermination est 122 MOLLUSQUES. confirmée par l’observation directe qui démontre la présence des ovules dans son tissu et surtout dans le canal qui en parcourt le centre ; nous verrons cepen- dant bientôt qu'il est extrêmement probable que cet organe a encore d’autres usages. Le canal qui en sort en avant, par la scissure qui le divise en deux moitiés égales, se jette après un court trajet dans un autre canal ou tube dont le diamètre est beaucoup plus considérable (fig. 4, 5, 32, 3°). Celui-ci se prolonge en arrière en un long cœcum contourné plusieurs fois sur lui-même et libre dans la cavité abdominale ; après avoir recu le canal prove- nant de l'ovaire, ce tube se dirige en avant et à droite, en passant au dessous de l'intestin, croise perpendi- culairement l'œsophage à sa partie inférieure et dimi- nue ensuite rapidement de diamètre pour venir se jeter dans un organe assez volumineux, blanchätre, qui présente des bosselures et des circonvolutions à sa surface, et qui est ordinairement placé à la partie an- térieure et inférieure de la masse viscérale (fig. 3, #4, »,,29;, 30,.31,32;,.33,3, )}: Le premier canal, celui qui prend naissance dans l'ovaire, est évidemment un oviducte, et le second canal où tube auquel il aboutit doit être regardé, du moins dans sa partie antérieure, comme la continua- uon de cet oviducte. M. de Blainville a cru qu'il fallait voir dans la partie postérieure, formée par le long cœcum dont nous avons parlé, une vessie analogue à celle qui existe dans beaucoup d’autres Mollusques ; mais cet appendice n'a pas la forme d'une vésicule et, PTÉROPODES. 193 du reste, la vessie qu'il représenterait d’après M. de Blainville, se trouve placée, comme nous le verrons bientôt, dans un autre point de l'appareil, vers l’ori- fice extérieur du second oviducte ou de la matrice (1). M. Van Beneden a proposé une autre détermination de cette partie et a pensé qu'il fallait la regarder comme le testicule, d’après sa structure qui est, en effet, celle d’un organe sécréteur ; mais, par des rai- sons que nous donnerons bientôt, nous n'adoptons pas cette manière de voir. La matière granuleuse blanche dont cet appendice est formé et qui double presque toujours aussi dans une certaine étendue les parois de l’oviducte, nous parait devoir être considérée comme constituant un organe de sécrétion accessoire, analogue à ceux qui, sous diverses formes, accompagnent l’appa- reil reproducteur dans ia plupart des Mollusques her- maphrodites. Quel rôle faut-il assigner à l'organe globuleux qui est placé à la partie antérieure et inférieure de la masse viscérale et auquel vient aboutir l’oviducte? Cuvier l’a décrit comme le testicule, mais M. de Blainville en a donné une détermination plus exacte en le considé- rant comme le second oviducte que l’on désigne sous le nom de matrice. Il est facile de s'assurer, en effet, que cet organe est formé par les replis serrés d’un large (1) Cet appendice en forme de cœcum n’existe pas dans toutes les espèces, mais alors l’oviducte offre toujours, dans une partie de son trajet, un renflement plus ou moins considérable qui repré- sente pour ainsi dire cet appendice (fig. 31); il varie aussi beau- y coup sous le rapport de sa forme et de sa longueur (fig. 32, 33, z) 124 MOLLUSQUES. canal ou boyau qui fait suite à l’oviducte et dont les circonvolutions sont même très-apparentes à sa sur- face. Après avoir formé la masse globuleuse dont nous venons de parler, ce second oviducte s’en isole en avant et se dirige dans ce sens, du côté droit, pour ve- air s'ouvrir au bord postérieur et à l’origine de la na- geoire correspondante (fig. 3, 5, 29, 30, 31, o'). Cet orifice a été bien indiqué par M. de Blainville, et c’est à tort que M. Van Beneden le fait terminer près de l'ouverture de la verge ; cet anatomiste a été induit en erreur, sans doute, par un repli de la peau qui se porte, en effet, de l’une à l’autre de ces deux ouver- tures, et qui forme, en dessus et à la base de la nageoire droite, un sillon tout à fait analogue à celui qui joint les mêmes orifices dans les Aplysies, les Bulles, les Bullées, etc.; M. Cantraine a commis une erreur plus grande encore, relativement à l’orifice dont nous par- lons, en le plaçant à l'extrémité du fourreau qui, comme nous l’avons déja vu, sert de gaine au tenta- cule droit. La partie antérieure de la matrice, qui s’étend de la masse globuleuse formée par cet organe à son orifice extérieur, et que l’on pourrait désigner sous le nom de vagin, reçoit le canal long et grêle d’une petite vési- cule qui nous paraît être l’analogue de celle que l’on trouve chez les Gastéropodes hermaphrodites et que l'on désigne sous les noms de vésicule de la pourpre où de vésicule copulatrice. Cette vésicule est plus ou moins libre et facile à reconnaître dans certaines espèces PTÉROPODES. 125 (fig. 30, 31,x ); dans d’autres, elle est comme en- châssée dans les circonvolutions de la matrice qui la cachent presque entièrement, ce qui l’a sans doute dé- robée aux recherches des anatomistes (fig. 4, 5) (4). A la partie antérieure et supérieure de l'animal, se trouve placée la verge qui est formée, comme dans les autres mollusques, par un tube charnu dont les replis font, en dessus du cou, une saillie assez considérable sur laquelle se fixe le bord supérieur du manteau. Nous avons déja vu que cet organe venait aboutir à un ori- fice placé en avant et à droite de la bouche; sa partie postérieure, plus large, ne présente aucune communi- cation avec le reste de l'appareil ; elle se rétrécit brus- quement pour se continuer seulement avec un petit faisceau musculaire qui doit être considéré comme le muscle rétracteur de l'organe (fig. 5 et 6, »). Nous n'avons jamais rencontré ni le corps intérieur noirâtre, ni la masse glanduleuse blanchätre qui ont été indi- qués par M. de Blainville, et qu'il a considérés, le pre- mier, comme le véritable corps excitateur, et le second, comme le testicule. Nous avons pu déterminer avec assez de certitude les diverses parties qui constituent le sexe femelle; il n'en est pas de même de celles qui entrent dans la composition du sexe mäle; à l'exception de l'organe que nous venons de décrire et que l’on s'accorde à (1) M. de Blainville semble avoir vu cependant cette vésicule, car il parle d’une sorte de vessie qui se joindrait au second oviducte un peu avant sa terminaison; mais sa description peu explicite laisse du doute à ce sujet. 126 MOLLUSQUES. regarder comme la verge, les auteurs ont émis des opinions très-différentes sur celui qui doit être consi- déré comme le testicule. Nous avons vu que Cuvier avait envisagé comme tel le second oviducte ou la matrice ; que M. de Blainville avait commis une erreur analogue en indiquant comme le testicule une partie qui appartient probablement à la verge, et dont il au- rait méconnu la structure ; enfin, que M. Van Beneden avait encore donné une autre détermination que nous n'avons pas cru devoir adopter. Les recherches faites, dans ces dernieres années, sur les organes générateurs dans les Mollusques hermaphrodites et les résultats ob- tenus par ces recherches, nous paraissent pouvoir per- mettre de résoudre aujourd'hui la difficulté. Wagner, Siebold et plusieurs autres observateurs ont constaté que l'organe en grappe, qui était considéré dans ces Mollusques comme un ovaire seulement, est à la fois un ovaire et un testicule, et ce fait est maintenant à peu près généralement établi. Nous pensons donc qu'il en est de même chez les Hyales et dans tous les Ptéropodes, et que l'organe que nous avons décrit comme l'ovaire est un organe hermaphodite analogue, sécrétant à la fois les zoospermes et les ovules ; nous ne doutons pas que des observations microscopiques, _ faites sur le vivant, n'établissent aussi ce fait d’une manière positive (1). (1) Nous lisons dans le 7raité d’Anatomie comparée de MM. Siebold et Stannius (trad. franc., tom I, II° part., p. 342), que des observations semblables ont déjà été faites sur les Hyales, par M. Kælliker, et que ce dernier à reconnu que l'organe con- PTÉROPODES. 127 L'appareil reproducteur des Hyales, ainsi que celui de tous les autres Ptéropodes, diffère cependant, comme nous l'avons déjà fait remarquer, de celui de la plupart des Mollusques hermaphrodites, par la sépa- ration des deux parties qui constituent le sexe mâle. Cette disposition, qui se retrouve aussi chez les Aply- sies, les Bulles, les Bullées, etc., nous a fait émettre la supposition que l’accouplement n'était plus qu'un moyen d’excitation chez ces animaux, et que les œufs étaient fécondés directement dans l'ovaire ou dans l’oviducte. Système musculaire. — Outre les petits faisceaux musculaires qui doublent la partie supérieure du manteau, et dont nous avons déjà parlé, ce système comprend encore le grand muscle rétracteur de l’ani- mal et les différentes couches qui entrent dans la com- position des nageoires. Le muscle rétracteur, que M. de Blainville a considéré avec raison comme l’analogue du muscle columellaire des Gastéropodes, est situé sur le dos et s'étend longi- tudinalement de la pointe médiane et postérieure de la coquille, où ils’implante, jusqu'aux nageoires ; aussi le désigne-t-on encore sous les noms de muscle droit ou de muscle longitudinal. Il forme un faisceau considé- rable, aplati, qui s’élargit un peu à la partie antérieure et qui, arrivé à la base des nageoires, se bifurque pour se rendre dans ces appendices. Dans tout son trajet, sidéré jusqu’à présent comme l’ovaire, était une glande herma= phrodite. 498 MOLLUSQUES. ce muscle est supérieur à la masse des viscères et n’est recouvert que par le manteau auquel il adhère légère- ment. L'écartement que forment ses deux divisions, en avant, est occupé par la verge (pl. 9, fig. 3, 4,29, m). La disposition des faisceaux de terminaison de ce muscle dans les nageoires a été décrite d’une manière différente par M. de Blainville et par M. Van Beneden. M. de Blainville les fait subdiviser en plusieurs fais- ceaux secondaires qui formeraient cinq couches dis- ünctes et Juxtaposées, tandis que M. Van Beneden, en admettant le même nombre de couches musculaires dans ces appendices, ne fait provenir du muscle lon- gitudinal que la couche moyenne. En effet, comme le fait remarquer avec raison cet anatomiste, la direction des fibres musculaires qui composent ces différentes couches est contraire à une origine commune. Cepen- dant la disposition qu'indique M. Van Beneden n’est pas encore complétement exacte. Les deux faisceaux qui résultent antérieurement de la bifurcation du muscle droit, se divisent bientôt eux- mêmes en deux parties à peu près égales et superpo- sées entre lesquelles passe ordinairement, du côté droit, le nerf qui se rend aux branchies. Ces deux parties se comportent d’une manière bien différente; la supérieure, après avoir atteint la base de la na- geoire, se divise successivement en quatre ou cinq gros faisceaux qui se portent en divergeant et en s’épanouis- sant jusqu'à sa circonférence; ce sont ces faisceaux seuls qui constituent la couche moyenne ou centrale des nageoires, laquelle est séparée des couches voi- PTÉROPODES. 199 sines par du tissu cellulaire à fibres entre-croisées ; ce üssu cellulaire était sans doute détruit sur les individus observés par M. de Blainville, ce qui lui a fait dire que la couche centrale était séparée des couches adjacentes par un intervalle vide assez considérable (fig. 4, 26/2270): Les deux couches, qui se trouvent en dessus et en dessous de la précédente, sont formées de fibres ser- rées et transverses. Supérieurement, ces fibres ont leur origine sur les côtés de la tête; inférieurement, elles prennent naissance sur les bords latéraux de la bouche, excepté en arrière où elles se continuent d'un côté à l’autre, en formant une portion de sphincter à la partie postérieure de cette ouverture (fig. 26). Les deux couches qui viennent ensuite, et que MM. de Blainville et Van Beneden considèrent comme les dernières ou les plus superficielles, sont un peu plus épaisses que les précédentes et formées par des fibres également serrées dont la direction est oblique en dehors et en avant. Mais ces deux couches présen- tent une origine et une disposition un peu différentes, suivant qu'on les examine dans la couche supérieure ou dans l’inférieure. Dans celle-ci, elles s'insèrent en avant, sur les côtés de la bouche, sur une espèce de raphé fibreux qui a déjà donné insertion aux fibres de la couche sous-jacente; mais, en arrière de la bouche, elles ont évidemment une autre origine et proviennent de la deuxième portion des faisceaux de terminaison du muscle columellaire, portion qui est représentée Bonite — Zool. Tome II. Partie I. 9 130 MOLLUSQUES. coupée sur la figure #, et en place sur la figure 25. Su- périeurement, les fibres s'insèrent encore, en avant, sur les côtés de la tête, mais, en arriere, elles contour- nent les fibres de la couche précédente, brident ces fibres au moment où le faisceau du muscle longitudi- nal s’épanouit pour les former, et viennent se continuer ensuite avec celles du côté opposé, sur la ligne mé- diane (fig. 25, 27 ). | Enfin, 1l existe encore, en dessus et en dessous des nageoires, une couche extrêmement mince formée par des fibres qui se dirigent d’avant en arrière et un peu de dedans en dehors, et qui coupent, par conséquent, celles de la couche sous-jacente à angle presque droit. Ces fibres n'ont pas d’origine distincte et adhèrent à la peau qu'elles doublent à la manière des peauciers. Ce sont ces fibres qui déterminent à la surface des na- seoires ces lignes serrées et parallèles qui ont été prises dans quelques Ptéropodes pour un réseau vas- culaire branchial. Cette couche est la seule qui se prolonge jusqu'au bord postérieur des nageoires (fig. 25, 26); elle n’a été décrite ni par M. de Blain- ville, ni par M. Van Beneden, qui l'ont probablement confondue avec la peau ou avec les couches sous- jacentes (fig. 5). Il résulte de la description qui précède : 1° que les nageoires se composent dans les Hyales de septcouches juxtaposées et bien distinctes ; 2° que le muscle droit ne forme pas toutes ces couches comme l’a cru M. de Blainville, ni la couche centrale seulement, comme l'indique M. Van Beneden, mais qu'il concourt encore PTÉROPODES. 13) inférieurement à la formation de lavant-dernière couche; 3° enfin, que toutes ces couches, présentant des directions différentes et se bridant quelquefois d’une manière réciproque, offrent la disposition la plus convenable pour augmenter la résistance de ces appendices. Système nerveux.—Dans les considérations géné- rales que nous avons données précédemment sur le système nerveux, nous avons déjà indiqué la disposi- tion particulière que ce système offrait dans tous les Ptéropodes testacés et que l'on trouve par conséquent dans les Hyales. Nous avons dit que les ganglions cérébraux, au lieu d'être placés en dessus de l’œsophage, se trouvaient rejetés sur ses côtés, par la longueur de la commissure qui les sépare et qui forme seule la partie supérieure de l'anneau nerveux. Ces ganglions fournissent cha- cun,. par leur bord antérieur, deux nerfs assez gros qui se dirigent en avant et qui se rendent, l’un au ten- tacule correspondant, l’autre à la cavité buccale; un autre filet très-délié et court s'échappe de leur côté interne et les fait communiquer avec le petit ganglion buccal qui se trouve placé, comme à l'ordinaire, en dessous et en arrière de cette même cavité (pl. 9, he 2215022:,93); Les ganglions buccaux, qui sont distincts dans la plupart des Mollusques, sont ici réunis de manière à constiluer un seul ganglion aplati, un peu allongé transversalement, et qui se trouve presque entièrement 192 MOLLUSQUES. caché par les autres ganglions du collier nerveux (fig. 21, 23). De ses extrémités latérales partent les commissures très-grêles qui le font communiquer avec les ganglions cérébraux, et un autre cordon plus volu- mineux qui se porte en avant de chaque côté, pour se ramifier dans les parois de la bouche. Ce ganglion fournit encore trois filets nerveux; l’un très-grêle qui nait de son bord antérieur, sur la ligne médiane, et qui se rend à la langue ; les deux autres qui naissent du bord postérieur et se jettent sur l’œsophage qu'ils accompagnent jusqu'à l'estomac. Nous avons déja vu que M. Van Beneden avait considéré ce ganglion et les nerfs qui en émanent, comme les analogues du grand sympathique chez les Ptéropodes (fig. 24). Par suite de la disposition particulière que nous ve- nons de décrire, les ganglions cérébraux se trouvent immédiatement appliqués sur les auires ganglions du collier, au lieu d’en être séparés par des commissures latérales. Les ganglions des organes de la locomotion, un peu plus volumineux que les précédents, en dessous des- quels ils sont placés et qu'ils débordent en avant, sont accolés lun à l’autre sur la ligne médiane. Ils fournis- sent en dehors trois nerfs volumineux qui vont se distribuer aux nageoires; un de ces nerfs, plus grêle que les deux autres, se rend à la partie postérieure et médiane de ces appendices, qui forme le lobe inter- médiaire (fig. 4, 20, 21, 22, 23). Les ganglions viscéraux sont représentés par un seul ganglion médian, volumineux, de forme un peu PTÉROPODES. 133 triangulaire, qui se trouve placé en arrière des précé- dents, en dessous des ganglions cérébraux qu'il dé- borde également en arrière. Ce ganglion fournit plu- sieurs nerfs dont la disposition n’est plus symétrique comme celle des nerfs qui émanent des autres gan- glions. Deux de ces nerfs, très-volumineux, naissent de l'angle postérieur de ce ganglion, un peu à gauche de la ligne médiane, et paraissent quelquefois unis à leur origine; l’un d'eux, ordinairement un peu plus volumineux, se dirige presque immédiatement en de- hors et se jette dans le manteau pour se rendre aux branchies; on doit le considérer comme le nerf bran- chial; l’autre se porte, au contraire, directement en arrière pour se distribuer aux viscères, et surtout aux organes de la génération; nous avons vu une de ses branches, très-gréle, accompagner l'aorte pendant quelque temps et se perdre ensuite sur ses parois. Les autres nerfs qui naissent des parties latérales de ce ganglion se distribuent également aux viscères (fig. 4, 20). Au point de réunion des ganglions cérébraux avec les autres ganglions, se voit le petit organe sphérique que nous avons considéré comme un organe d'audi- üon rudimentaire; nous avons déjà fait remarquer que c'est probablement cet organe qui a été pris par quelques zoologistes pour un organe oculaire. Tous les ganglions qui composent le collier ner- veux présentent une structure semblable; lorsqu'on les examine à un assez fort grossissement, lon voit dans leur intérieur de petites granulations, dont le 134 MOLLUSQUES. volume nous à paru un peu plus considérable dans le ganglion viscéral. Ce ganglion nous a semblé diffé- rer aussi des autres d’une manière assez tranchée par son aspect grisätre. D'après la description que nous venons de donner, le genre Hyale nous semble pouvoir être caractérisé de la manière suivante (1) : Corpssubglobuleux, formé de deux parties distinctes; l’une postérieure ou abdominale, renfermée dans une coquille et enveloppée d’un manteau ouvert en avant, bordé latéralement par deux replis en forme de lèvres et muni dans ce sens d’appendices diversiformes, très- extensibles; l’autre antérieure, céphalo-thoracique, pourvue d'un large disque musculaire correspondant au pied des Mollusques gastéropodes, mais disposé d’une manière différente et dilaté de chaque côté en forme d’aile ou de nageoire; la tête non distincte ; deux tentacules claviformes, le droit contenu dans une gaine; l'ouverture de la bouche, inférieure et pourvue de deux appendices labiaux décurrents sous le pied ; l'anus situé à gauche, non loin du bord antérieur du manteau ; l'orifice de l’organe mâle, tout à fait anté- rieur, en avant et en dedans du tentacule droit ; celui de l'organe femelle du même côté, à l’origine et sur le bord postérieur de la nageoire correspondante; les (1) Les caractères que nous assignons au genre Hyale sont em- pruntés en partie à ceux qui ont été donnés par M. de Blainville, à Particle Hyaze du Dictionnaire des sciences naturelles, tom. XXII pag. 78. PTÉROPODES. 135 branchies, contenues dans une cavité intérieure for- mée par le manteau, pectimiformes, disposées circu- lairement autour de la masse viscérale, mais différem- ment du côté droit et du côté gauche. Coquille vitrée, mince, fragile, diaphane, globuleuse ou subglobuleuse, symétrique, tridentée ou tricuspi- dée postérieurement , ouverte en avant et sur les cô- tés; l'ouverture antérieure toujours plus étroite que la cavité intérieure de la coquille; les ouvertures laté- rales, en forme de fentes, se prolongeant jusqu'au bord postérieur, et se continuant en avant avec l'ou- verture antérieure. — Pas d’opercule. Les Hyales habitent surtout les régions de la zone torride ; mais elles s’avancent aussi plus ou moins dans celles des zones tempérées. Elles sont assez commu- nes dans toutes les mers. Ces Mollusques se meuvent avec beaucoup de vitesse au moyen de leurs expansions natatoires qu ils agitent comme des ailes; cette nata- tion a toujours lieu dans une position renversée, c’est- àa-dire la face inférieure ou ventrale de l'animal étant tournée en haut, ainsi que nous l'avons déjà dit dans nos généralités sur les Ptéropodes (1). Cette parti- cularité dans les habitudes des Hyales avait été re- (1) Cest dans ce sens que nous avons représenté l’animal sur nos figures, comme on l’a fait à peu près généralement jusqu'ici ; cette position fait mieux voir les parties extérieures, les nageoires et la bouche; maïs, dans la description, il faut supposer l'animal placé en sens contraire, afin d’assigner aux organes leur véritable place. 136 MOLLUSQUES. connue par M. de Blainville, d’après la coloration plus grande de la face inférieure de l'animal et de sa co- quille, avant qu'elle eût été confirmée par l'observa- tion directe. Le genre Hyale est, dans le groupe des Ptéropodes, celui qui paraît contenir jusqu'à présent le plus d’es- pèces ; le nombre de celles qui ont été signalées par les différents voyageurs s'élève à plus de vingt; mais plusieurs de ces espèces n'ont été établies, comme nous le verrons bientôt, que sur de simples variétés ou n'ont pas encore été caractérisées d’une manière suffisante. M. Rang en a fait connaître une espèce à l’état fossile et M. Cantraine dit aussi avoir constaté la présence d’Hyales fossiles dans les marnes des collines subapennines et dans le calcaire supérieur de Sicile (1 ). (4) Malacologie méditerranéenne, pag. 26. PTEROPODES. 137 HYALE TRIDENTÉE. Hyalæa tridentata, Lamarck. Anomia tridentata. Forskar, Faun. arab., pag. 124; et Icones, tab. xx, fig. B. Monoculus telemus ? LiNNÉ. Cavolina natans. ABizpGaarD, Soc. d’hist nat. de Copenhague, tom. I, tab. x. Hyalæa cornea. Lawx., Syst. des an. sans vert., p. 140. H. papilionacea, Borx DE SAINT-ViNcENT, VOy. tom. I, pag. 137, pl. 5, fig. 1, A-F. H. teniobranchia. Péron Er Lesueur, Ann. du Mus., tom. XV, pl. 3, fig. 13. H. chemnitziana? Lesueur, Bullet. pour la Soc. phil., n° 69, pag. 284. . Forskalii, De BLainvizze, Dict. des sc. nat., tom. XXII, pag. 79. . Peronit. DE BLainvirce, id., pag. 80. DT DT® . affinis. Arc. D’OrBIGNY, voy. tom. V, pag. 94, pl. 5, fig. 6-10. PLANCHE 4, FIGURES 1-7. Testa subglobosa, pellucida, fusco-cornea , infrà globosa et antice transversim striata, superné depressa et quinquecostata ; cuspide terminali lateralibus longiore, conico-acutä, ad apicem superne inflexä; aperturä transversä, angustä ; labro infero crasso, ro- tundato, in medio depresso ; labro dorsali anticè producto, trun- cato, acuto, lateraliter emuarginato, infra subinflexo. Quoique cette coquille ait été décrite déja un grand nombre de fois, nous croyons cependant que ses ca- ractères n'ont pas encore été indiqués d’une manière suffisamment exacte. 138 MOLLUSQUES. Elle est subglobuleuse, translucide, d'une couleur jaune roussàtre, légèrement nuancée de rose en des- sous, beaucoup plus pâle et presque blanche en dessus. Sa face inférieure, fortement bombée, est un peu ren- trante à sa partie antérieure qui est marquée de stries transversales très-fines; sa face supérieure, plus dépri- mée, présente cinq côtes longitudinales qui conver- gent en arrière vers la pointe médiane, et aboutissent en avant à une espèce de bourrelet arrondi qui cir- conscrit cette face dans ce sens. Les fentes latérales, assez larges à leur partie moyenne par l'écartement des lames supérieure et inférieure de la coquille, sont interrompues en avant par une espèce d’articulation qui a lieu entre ces deux lames, la supérieure présen- tant une dépression dans laquelle est reçue une dent de l'inférieure. Les pointes latérales, peu prononcées, sont formées surtout par la saillie que fait la lame supé- rieure en débordant la supérieure ; la pointe médiane ou terminale, beaucoup plus longue, est légèrement courbée en dessus à son extrémité. L'ouverture, trans- versale, est étroite, surtout sur les côtés; le bord infé- rieur, épais et arrondi, est un peu réfléchi en dehors et présente une dépression assez marquée sur la ligne médiane ; le bord supérieur, tranchant, se prolonge en avant en une espèce de bec qui s’infléchit légère- ment au-devant de l'ouverture. L'animal présente tous les caractères extérieurs.que nous avons assignés au genre. Ses nageoires sont gran- des, trilobées à leur bord externe et séparées en avant PTÉROPODES. 139 par une échancrure profonde qui vient se terminer à la bouche. Toute la partie supérieure de ces appendi- ces est teinte d’une belle couleur violacée qui s’affaiblit graduellement vers leur circonférence. Les appendices latéraux du manteau présentent à leur extrémité une coloration brunâtre assez foncée. Dimensions de la coquille : millimètres Longueur totalersusainl . A amas sal DRE eee merde ere il MAULEUT.. 58: neue soie COR ee 8 Nous avons recueilli plusieurs individus de cette espèce dans l’océan Atlantique, par 12° de latitude sud ; nous en avons aussi trouvé, dans les mers de l'Inde et dans l'océan Pacifique, deux variétés caractérisées par des dimensions plus petites et par quelques diffé- rences dans la coloration. Nous rapportons, à celle de ces deux variétés que nous avons recueillie dans lo- céan Pacifique, l'espèce décrite par M. d'Orbigny, sous le nom d’Ayale voisine (H. affinis); celle-ci ne diffé- rerait, en effet, de l’Æyale tridentée (H. tridentata), que par des dimensions plus petites et par quelques caractères de l'animal qui, en les supposant exacts, ce qui ne s’accorde pas avec nos observations, ne seraient pas suffisants pour justifier l'établissement de cette espèce. 140 MOLLUSQUES. HYALE A CROCHET. Hyalæa uncinata, Rang. Ranc, Monographie des Ptéropodes (inédite), pl. 2, fig. 11-14. PLancxe 4, Ficures 8-12. Testa globulosa, hyalina, infrà valdé curvata et anticé strus trans- versalibus impressa, supernè depressa et quinquecostata ; spinis lateralibus acutis ; spinä terminali vel mediand uncinatä ; aperturä angustä, profundä, labro supers obtectä. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précé- dente; elle s’en distingue par son volume moins con- sidérable, par sa forme plus globuleuse, par ses pointes latérales qui sont plus aiguës et par sa pointe médiane qui est plus courte et fortement recourbée en forme de crochet ; elle en diffère surtout par la disposition de la lèvre supérieure de ouverture qui est beaucoup moins saillante en avani et qui s’abaisse presque per- pendiculairement au-devant de cette ouverture. Ses couleurs sont assez variables ; ainsi, tantôt elle est transparente ou hyaline, avec une légère teinte rosée qui est surtout marquée à sa face inférieure ; tantôt elle présente une coloration jaunâtre plus ou moins foncée , semblable à celle de l'/yale tridentée. L'animal présente les mêmes caractères que dans PTÉROPODES. 441 celte dernière espèce ; toutes ses parties sont blanches ou transparentes, à l'exception de la masse viscérale qui est brunâtre. Les appendices latéraux du manteau sont ordinairement très-développés dans cette Hyale, et forment comme deux longues lanières qui débordent beaucoup la coquille en arrière. Dimensions de la coquille : millimetres, Lonsueuretoralemiaunt 2, 1 OR 7 largeur... s..0... Steve nr ee b) HAUTES 4 see soda stades dub 4 À Nous avons rencontré cette espèce dans toutes les mers ; nous l'avons surtout recueillie en grande quan- tité dans l'océan Atlantique. Ses dimensions sont tou- jours les mêmes ; elle présente seulement dans sa colo- ration les différences que nous avons indiquées. 142 MOLLUSQUES. HYALE GLOBULEUSE. Hyalæa globulosa, Rang. Ranc, Monographie des Ptéropodes , pl. 2, fig. 15-18. PLANCHE 4 , Ficures 20-24. Testa globosa, hyalina, infra perconvexa et anticè transversim striata, superné quinquecostata; spinis perbrevibus ; labro supero brevi, galericulato, anté aperturam inflexo. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente ; elle en différe par sa forme encore plus bombée, par la disposition de la lèvre supérieure qui s’infléchit per- pendiculairement au-devant de l'ouverture, et par le peu de saillie des pointes latérale et postérieure ; celle-ci ne forme plus qu'une petite épine qui se re- courbe immédiatement vers la face supérieure. Cette coquille est transparente, un peu rosée seule- ment en dessous, surtout à sa partie antérieure et le long des fentes latérales. L'animal est entièrement semblable à celui des es- pêces précédentes ; il est d’un blanc transparent dans presque toutes ses parties. Dimensions de la coquille : millimetres. LONSUCUR LOI: 421458 rm cu sd D RO sud aie date ot 4 FTAUIEURS CR ur ne. 4 PTÉROPODES. 143 Cette espèce paraît beaucoup plus rare que les pré- cédentes; elle n’a été signalée encore que par M. Rang qui en a donné une figure dans sa Moncgraphie iné- dite des Ptéropodes. Nous en avons rapporté six indi- vidus seulement de notre voyage ; nous les avons re- cueillis dans les océans Indien, Pacifique, Atlantique, et dans les mers de la Chine. Cette espèce paraît donc appartenir à toutes les mers, comme celles qui précé- dent. 144 MOLLUSQUES. HYALE BOSSUE. Hyalæa gibbosa, Rang. Hyalæa flava, d'OrBieNx, voy., tom. V, pag. 97, pl. 5, fig. 21-25. PLance 4, Fieures 13-19. Testa ovata, inflata, kyalina, infra gibbosa et anticé striata, superné curvata et quinquecostata; Sspinis lateralibus brevibus et latis ; spinä medianä, longiore, acut& et recurvd ; apertur& angusté ; la- bro supero productiusculo, anté aperturam inflexo. Cette espèce offre encore beaucoup d’analogie avec les précédentes; elle s'en distingue par sa forme un peu plus oblongue et presque aussi bombée en dessus qu'en dessous, et surtout par la saillie anguleuse ou l'espèce de gibbosité qu’elle présente dans ce dernier sens, en avant. La face supérieure est aussi marquée de cinq côtes, mais ces côtes se prolongent jusqu’au bord antérieur de la coquille. La lèvre supérieure, moins saillante que dans l’ÆAyale tridentée , S'abaisse un peu au-devant de l'ouverture comme dans les deux espèces qui précèdent. Les pointes latérales sont courtes et larges ; la pointe médiane, beaucoup plus longue et plus étroite, est assez fortement recourbée en crochet. Cette coquille est transparente dans toute son éten- due; ses bords latéraux présentent seulement, dans la plupart des individus, une légère bordure rose. PTÉROPODES. 145 L'animal est semblable à celui des espèces déjà décrites ; il est d’un blanc transparent dans toutes ses parties; la masse viscérale seulement est verdâtre; les bords de la bouche sont aussi légérement colorés en rose. Dimensions de la coquille : millimètres. LONSUEULE OPA ee cs dabree 41 Largeur Rs ne el re ee Ts ES 6 AUTEUR ESS ae dns Mere a een ae 6 Nous avons recueilli cette espèce en assez grande quantité dans l'océan Atlantique; nous l'avons aussi retrouvée, mais plus rare, dans les mers de la Chine et dans l'océan Pacifique. Les dimensions que nous venons de donner sont celles des plus grands indivi- dus; dans ceux qui présentent des dimensions moin- dres, et que nous considérons comme des individus plus jeunes, la saillie anguleuse ou la gibbosité que la face inférieure présente en avant est un peu plus prononcée; c'est sur cette variété d'âge que l’espèce a été établie (1), ce qui a porté quelques naturalistes à faire une espèce différente de l’âge adulte. Ainsi l'espèce décrite par M. d'Orbigny sous le nom d’Æyale Jaune (H. flava), nous paraît n'être, d’après les di- mensions que ce naturaliste lui assigne, que l’âge adulte de l'Hyale bossue (H. giblosa), et nous la rap- portons sans hésitation à celle-ci; les autres carac- (1) Elle a été établie par M. Rang, dans la monographie inédite que nous avons déjà citée. (PI. 10, fig. 3-4.) Bonite. — Zool. Tome IT. Partie I. 10 146 MOLLUSQUES. teres d’après lesquels M. d'Orbigny a proposé cette espèce, savoir, la coloration jaune de l'animal et la grandeur moins considérable des nageoires, ne nous paraissent pas avoir une importance suffisante ; nous ajouterons, du reste, que, sur ce point, nos observa- tions ne concordent pas avec celles de ce naturaliste, et que nous n'avons trouvé, dans les animaux de ces Hyales, aucune différence bien appréciable (1). (4) Nous devons dire aussi que M. d’Orbigny indique à tort comme un des caractères différentiels de /’Hyale jaune (H. flava), d’être moins grande que l’'Hyale bossue (H. gibbosa), cax il établit précisément le contraire dans les dimensions qu'il assigne à ces deux espèces. PTÉROPODES. 147 HYALE A QUATRE DENTS. Hyalæa quadridentata, Lesueur. De Branvizse, Dict. des sc. nat., tom. XXII, pag. 81. PLANCHE #, FIGURES 25-32. Testa globulosa, inflata, infra sub-levigata, superné quinqué costata ; Jissis lateralibus maroine crasso obtectis ; spinis lateralibus parvis, acutis ; cuspide terminali magnä, truncatà et lateraliter spinosd; labro supero ad marginem crasso et reflexo. Cette espèce présente encore la plupart des carac- tères de celles qui précèdent; mais elle s’en distingue d’une manière marquée par le bord supérieur de l’ou- verture qui, au lieu d’être tranchant, forme un bour- relet épais, arrondi, réfléchi en dessus et se prolon- geant jusqu'aux extrémités des fentes latérales qu'il recouvre en grande partie; elle en diffère surtout par la pointe terminale ou médiane qui est très- grande et toujours tronquée, ce qui donne au bord postérieur de la coquille l'apparence d’un bord armé de quatre pointes ou quadridenté. Cette troncature de l'extrémité postérieure, qu'on trouve sur les plus Jeunes individus, est fermée par une espèce de dia- phragme de même nature que la coquille. Les couleurs de cette espèce sont très-variables ; elle est souvent tout à fait transparente ou colorée en 148 MOLLUSQUES. rouge brun aux bords de l’ouverture ; nous avons recueilli, dans les mers de l'Inde et de la Chine quelques individus dont la coquille entière présente cette derniere coloration ; d’autres enfin ont une cou- leur jaunâtre plus ou moins foncée. L'animal diffère de celui des espèces précédemment décrites par la forme des nageoires qui sont bilobées et distinctes du lobe intermédiaire, comme dans les Cléodores; c’est à tort que M. d'Orbigny a révoqué en doute ce caractère qui avait été bien indiqué par M. de Blainville. Toutes ses parties sont d'un blanc transparent, à l’exception de la masse viscérale qui est brunâtre. Dimensions de la coquille : millimetres Eongueur totale. Lee 2240 Le 4 LATOCURAUR LEUR PNEU HEREANITES 3 5 Hauteur 62 2. Hilo he 3 Telles sont les dimensions des plus grands individus; mais, sous le rapport de la taille, cette espèce présente un grand nombre de variétés qui ne sont peut-être que des variétés d'âge. Ainsi, la plupart ont à peine un millimètre et demi ou deux millimètres de longueur, et, entre les imdividus de cette taille et ceux dont nous avons donné les dimensions, on trouve des variétés présentant presque toutes les dimensions intermé- diaires. — Cette espèce est une des plus communes; nous l'avons recueillie en grande quantité dans toutes les mers. PTÉROPODES. 149 HYALE LONGIROSTRE. Hyalæa longrrostris, Lesueur. DE BLanvize, Dict. des sc. nat,, tom. XXII, pag. 81. Hyalæa limbata, dOrbigny, voy. pag. 191, pl. 6, fig. 11-15. PLANCHE 9, Ficures 7-13. l'esta triangularis, pellucida, pallide violacea, infra semi-globosa et anticé sulcata, surpernèé depressa et quinqué costata ; cost me- dianà angulosä; spinis lateralibus magnis, triangulo-acutis, pos- ticé uncinatis ; cuspide median& parvä, compressé, truncat& et lateraliter spinosä; aperturä angustä ; labro supero antice rostro canaliculato terminato. Cette Hyale a, dans son ensemble, un peu la forme d'un triangle; elle est très-bombée en dessous et mar- quée de sillons transverses antérieurement, comme dans les espèces précédentes ; sa face supérieure, plus aplatie, présente également cinq côtes rayonnantes dont la médiane est légèrement anguleuse; mais elle se distingue facilement de ces espèces : par les pointes latérales qui sont très-grandes, triangulaires et un peu courbées en crochet à leur bord postérieur; par la pointe médiane qui est très-comprimée et toujours tronquée comme dans l'Hyale à quatre dents (H. qua- dridentata); enfin, par la forme singulière de la lèvre supérieure qui se prolonge antérieurement en un long rostre creusé en gouttière inférieurement et bifide à 150 MOLLUSQUES. son extrémité. Cette lèvre est inclinée au-devant de l'ouverture qu’elle cache en grande partie; la lèvre inférieure est aussi fortement infléchie sur la face ven- trale de la coquille, mais elle est beaucoup plus courte et terminée par un bord tranchant, présentant une légère échancrure sur la ligne médiane. Les pointes latérales sont presque entièrement formées par un prolongement de la lame inférieure. Cette coquille est transparente et présente ordi- nairement une légère teinte violacée. L'animal a deux grandes nageoires trilobées, non distinctes du lobe intermédiaire qui est légèrement échancré sur la ligne médiane. Les expansions latérales du manteau sont ordinairement très - développées. Toutes ces parties sont blanches et translucides; les bords de la bouche sont de couleur rosée; la masse intérieure est violacée et brunätre. Dimensions de la coquille : millimètres ÉONBUCUE (OIAIE =. 2 mt. ea. 7 Largeur (au niveau des pointes latérales). 5 HAULEUL:. 2 oem 4 Mais les dimensions de cette espèce varient encore beaucoup; dans le plus grand nombre des individus, la coquille offre à peine une longueur de quatre à cinq millimètres. Nous croyons que ces différences dans la taille, qui coincident avec quelques autres différences dans les caractères de la coquille, tiennent à l’âge seulement; ainsi, dans les indhvidus de petite taille, PTÉROPODES. 451 les pointes latérales sont ordinairement beaucoup moins développées, et le rostre de la lèvre supérieure, moins proéminent aussi, se termine en pointe aigué et non bifide. M. Alcide d'Orbigny a établi, sur quelques-unes de ces différences et sur d’autres caractères que présen- terait aussi l'animal, une espèce distincte de l’//yale longirostre, sous le nom d'Hyale bordée (Æyalæa lim- bata); mais, d’après ce que nous venons de dire de la coquille et d’après les observations que nous avons faites sur les animaux d’un grand nombre d'individus de toutes les dimensions, cette distinction ne nous paraît pas pouvoir être admise. Nous avons représenté au trait une variété de cette espèce, qui en diffère d’une manière assez tranchée par la forme de la lèvre supérieure qui est plus courte et triangulaire, mais surtout par le peu de développe- ment des pointes latérales qui sont à peine marquées ; cette variété, dont nous n'avons recueilli qu'un seul individu, est encore remarquable par la grande trans- parence de la coquille; pour tous ses autres carac- tères, elle ressemble à l’Æyale longirostre (pl. 5, nest). Cette Hyale forme une des espèces les plus com- munes ; nous l'avons recueillie en très-grande quan- té dans l'océan Atlantique et dans l’océan Pacifique ; nous l'avons aussi trouvée dans les mers de l'Inde et de la Chine. 152 MOLLUSQUES. HYALE ANGULÉE. Hyalæa angulata, nobis. PLancHE 5, Ficures 1-6. Testa ovata, pellucida, infra convexa et anticé striata, superné de- pressa et quinque costata ; spinis lateralibus parvis, acutis, posticé uncinatis; cuspide mediand magna, latè truncatà; labro supero Jfornicato et in rostro brevi, truncato producto. Cette Hyale se rapproche beaucoup de la précé- dente par l’ensemble de ses caractères; elle en diffère par ses pointes latérales qui sont beaucoup moins grandes, par la pointe médiane qui est au contraire plus large, et surtout par la disposition singulière de la lèvre supérieure qui est comme pliée sur elle-même, de maniere à former une espèce de voûte saillante en dessus et en avant. Cette coquille est entièrement transparente ou lé- gerement jaunâtre. L'animal est tout à fait semblable à celui de l'Æyale longirostre (H. longirostris); les nageoires présentent seulement à leur centre une tache jaunätre. Toutes les autres parties sont blanches et transparentes, à l'exception de la masse viscérale qui est d’un jaune brunûtre. PTEÉROPODES. 153 Dimensions de la coquille : millimetres. Longueur COACH na 4 Larseur. +, ... Date on oiors ne eee AC 3 Hauteur. . . .... RP MENU PAR RATS" fl sl ES Cette espèce paraît beaucoup plus rare que l'Æyale longirostre (H. longirostris); nous l'avons trouvée dans l'océan Atlantique, dans les mers de l'Inde et de la Chine. Elle ne nous a pas présenté des diffé- rences bien sensibles sous le rapport de ses dimen- SIOnS. 154 MOLLUSQUES. HYALE LISSE. Hyalæa levigata, d'Orbigny. D'Orsicxy, voy. pag. 110, pl. 7, fig. 15-19. PLANCHE 5, Ficures 14-20. Testa sub-rotunda, depressa, pellucida, infra levigata , superné in medio unicostata; spinis lateralibus brevibus ; triangulo-acutis ; cuspide terminalé uncinatd; aperturà transversd, angustà. Cette espèce diffère beaucoup de toutes celles que nous avons décrites jusqu'ici, par sa forme très-dé- primée et régulièrement arrondie en avant. Sa face supérieure, légèrement convexe, est parfaitement lisse; l’inférieure présente une seule côte longitudi- nale et médiane qui se prolonge jusqu'à l'extrémité postérieure de la coquille. Les pointes latérales sont à peine marquées ; la pointe médiane est assez grande et courbée en crochet. L'ouverture se continue sans interruption avec les fentes latérales, l'espèce d’arti- culation que nous avons signalée dans les espèces précédentes n’existant plus; les deux lèvres de cette ouverture , confondues avec les lames supérieure et inférieure de la coquille, dont elles ne sont plus dis- unctes, sont terminées par des bords arrondis et tran- chants, le supérieur dépassant un peu l’inférieur. Cette coquille est très-mince , d’une grande fragilité et entierement transparente. PTÉROPODES. 155 L'animal a les deux nageoires plus allongées que dans la plupart des autres espèces , et légèrement tri- lobées; le lobe intermédiaire est peu étendu. Toutes ses parties sont transparentes, excepté la masse viscé- rale qui est jaunâtre et rosée dans quelques points. Les lobes latéraux du manteau sont peu développés. Dimensions de la coquille : millimetres. Longueur totales sers sas ei case 4 DArseUR RE Ein cts sonie nt aets à ÉFAULEUT se sie ss ce ma solos se de ii ee 4 Cette espèce est rare, mais nous l'avons trouvée dans presque toutes les mers, dans l'océan Pacifique, dans les mers de l'Inde et de la Chine. Elle présente, dans la taille, des différences qui nous paraissent tenir encore à l’âge; la plupart des individus que nous avons recueillis ont à peine deux millimètres de lon- gueur. M. d'Orbigny, qui a fait connaître le premier cette espèce, n’a pas indiqué la côte que présente la face dorsale ; sous tous les autres rapports, la figure que ce naturaliste en a donnée est exacte. 156 MOLLUSQUES. HYALE INFLÉCHIE. Hyalæa inflexa, Lesueur. Lesueur, Bull. pour la Soc. philomat., t. TI, n° 69, pl. 5, fig. 4. Hyalæa elongata ? Lesueur, Dict. des Sc. nat., t. XXII, pag. 82. Hyalæa depressa.. D’Orrienx, voy. pag. 110, pl. 7, fig. 11-14. PLANCHE 5, Ficures 21-26. l'esta elongata, conica, depressa, infrà convexa et levigata, superné tricostata ; spinis lateralibus parvis, compressis, acutis ; cuspide terminali maximé, elongat&, ad apicem supra recurv& el unci- natä; aperturä ovato-transversd ; labro énfero reflexo, acuto ; labro supero sub-triangulari, denticulato. Dans cette espèce, la forme de la coquille s'éloigne d'une maniere tranchée de celle des autres Hyales par le développement considérable de sa partie pos- térieure qui ne forme plus seulement une pointe mé- diane , mais est réellement le prolongement de la coquille, comme dans les Cléodores auxquelles elle fait le passage. Sa face inférieure est assez bombée et lisse; la supérieure, un peu plus aplatie, présente trois larges côtes qui, de l'extrémité postérieure, se rendent en divergeant jusqu'au bord antérieur. Les pointes latérales, petites et triangulaires, sont formées par les deux lames de la coquille qui est très-comprimée dans ce point. La pointe médiane ou terminale, qui est très-large à son origine, se prolonge en arrière, PTÉROPODES. 457 en se rétrécissant graduellement, et se termine par une extrémité trés-fortement recourbée vers la face dorsale. L'ouverture, un peu plus largement ouverte que dans les espèces précédentes, est séparée des fentes latérales par une articulation semblable à celle dont nous avons déjà parlé; la lèvre inférieure, infléchie en dessous, est triangulaire et tranchante sur son bord; la supérieure, beaucoup plus grande que la précé- dente qu'elle déborde en avant et sur les côtés, a également une forme sub-triangulaire et se termine par un bord denticulé. Cette coquille est d’un blanc hyalim; sur quelques individus la lèvre inférieure présente une petite bor- dure rose. , \ L'animal a ses deux nageoires assez larges, légere- ment trilobées et réunies en arrière par un lobe in- termédiaire trés-étroit. La masse viscérale est colorée en vert brun et en rouge pourpre; les bords de la bouche sont rougeàtres ; tout le reste de l’animal est d'un blanc transparent. Les appendices latéraux du manteau s’échappent par les fentes latérales de la coquille ; mais ils parais- sent moins développés que dans les espèces globu- leuses dont nous avons déjà donné la description. Dimensions de la coquille : millimètres. Pongueuratotale.. 44-.euu. “eoe 6 MAR REUR Ris eee vous PIRE 3 HAUTEUR PR Re PR Re 2 158 MOLLUSQUES. Nous n'avons trouvé cette espèce que dans l'océan Atlantique où nous l'avons recueillie en assez grande quantité. Elle n'offre pas de variations bien sensibles sous le rapport de la taille. Nous croyons qu'il faut rapporter à cette espèce celle que M. d’Orbigny a fait connaître sous le nom d'Æyale déprimée (Hyalæa depressa) et qui nous parait n'être qu'un jeune individu dont la partie antérieure de la coquille n'était pas encore formée; nous émettons cette opinion d’après l'examen que nous avons pu faire d'individus tout à fait semblables. (PL. 5, fig. 25.) C’est peut-être encore sur cette variété d’âge que Lesueur a établi l'espèce qu'il a désignée sous le nom d’Hyale allongée (H. elongata), et dont M. de Blain- ville a donné une courte description à l’article Hyare du Dictionnaire des Sciences naturelles. PTÉROPODES. 159 HYALE LABIÉE. Hyalæa labiata, d'Orbigny. D'Ormiexy, voy. tom. V, pag. 104, pl. 6, fig. 21-95. PLANCHE 5, Ficures 27-32. Testa oblonga, inflata, hyalina, infra convexa et levisata, supra costä medianä et longitudinali ornatä ; spinis lateralibus MAJNLS ; cuspide terminali valdé arcuaté; aperturd ovato-transversä ; labro supero triangulart, acuto, denticulato. Cette espèce a beaucoup d’analogie avec la précé- dente; elle en diffère par sa forme plus globuleuse, moins allongée, par la grandeur des épines latérales et par le développement moins considérable de sa partie postérieure. Sa face supérieure ne présente plus aussi qu'une seule côte médiane et longitudinale. L'ouver- ture est comme dans l’Æyale infléchie (H. inflexa); les lèvres sont triangulaires, aiguës, denticulées sur les bords. Cette coquille est blanche, transparente; elle offre, sur la plupart des individus, deux points d’un brun rougeûtre sur les côtés de la bouche et une tache de même couleur sur la lévre inférieure; la pointe médiane et postérieure présente aussi, sur ses côtés, une petite bande rougeûtre. L'animal est semblable, pour la forme et pour les 160 MOLLUSQUES. couleurs. à celui de l'espèce précédente : les nageoires ) ] $ sont seulement un peu plus grandes. Dimensions de la coquille : millimètres. Longueur totale. .... ce RSR CA 7 Dareeur.. +... caen NOR ET 4 ANRT LE Re Ve APT RE ete eee 2 Nous avons trouvé cette espèce dans toutes les mers; elle n'est cependant pas très-commune. Parmi les individus que nous avons recueillis, nous en avons trouvé un dont les pointes latérales sont trés-petites et les bords de l'ouverture moins allongés et moins aigus ; nous croyons devoir l'indiquer comme pouvant former une variété (pl. 5, fig. 31). PTEROPODES. 161 HYALE A TROIS POINTES. Hyalæa trispinosa, Lesueur. De BLaivize, Dict. des Sc. nat., tom. XXII, pag. 82. Hyalæa mucronata, Quox et GarmarD, Ann. des Sc. nat.. tom. X, pag. 231. PLANCHE 6, Ficures 1-10. Testa subtriangularis, depressa, pellucida, infra convexa et latera- liter unicostata, superné quinqué costata; spinis lateralibus lon- gis, acutis, canaliculatis; cuspide terminali longissimä, rectä ; apertur& angustà, transversali ; labro infero truncato ; labro Supero antice rotundato. Cette espèce se distingue facilement par sa forme sub-triangulaire et très-déprimée, par la longueur de ses pointes latérales qui sont canaliculées et se dirigent presque directement en dehors, et surtout par la pointe médiane qui se prolonge en arrière en une longue épine droite, trés-étroite, terminée par un petit renflement au sommet. Sa face inférieure, assez bombée, est lisse et circonscrite latéralement par deux petites côtes qui suivent le contour de la coquille; sa face supérieure présente cinq côtes rayonnantes dont la médiane est moins distincte et un peu saillante en forme d’arête. La bouche est très- étroite et en forme de fente transversale; la lèvre in- férieure , comme tronquée, est un peu dépassée par Bonite, — Zool. Tome II. Partie I, {1 162 MOLLUSQUES. la lèvre supérieure qui est arrondie; ces deux levres sont courtes, terminées par des bords mousses , et légérement infléchies sur la face inférieure de la co- quille. Cette coquille est ordinairement bordée d'une bande d’un brun rougeûtre qui est très-intense sur les bords de l'ouverture et le long des fentes latérales; cette bande se prolonge postérieurement sur les côtés de la pointe médiane , dans une partie de son éten- due; les pointes latérales et la partie centrale de la coquille sont transparentes. L'animal a deux longues nageoires bilobées et réu- nies postérieurement par un lobe intermédiaire qui est demi-circulaire, comme dans les Cléodores ; il est assez vivement coloré dans ses parties centrales et autour de la bouche; sur quelques individus, les na- geoires présentent en avant une tache d’un brun jaunâtre. Dimensions de la coquille : millimètres Lonsueur tutale Ed 0e PAR EE VALS MASSE À LATHEUT.. RER She eee es, AE EE 8 HAHIEUL Es de as ceoe- se cf nr, 3 Cette espèce est une des plus communes; nous l'avons recueillie en assez grande quantité dans l'océan Atlantique ; elle nous a paru plus rare dans les autres mers. Nous considérons comme une simple variété de l’'Hyale que nous venons de décrire, celle que M. d'Or- bigny a cru pouvoir en distinguer sous le nom de PTÉROPODES. 163 Mucronée (H. mucronata), donné originairement par MM. Quoy et Gaimard à l’Ayale à trors pointes, et qui ne diffère en effet de celle-ci que par des dimensions un peu plus grandes, par une forme un peu plus dépri- mée et par ses pointes latérales qui sont moins larges et moins divergentes (pl. 6, fig. 7, 8, 9 et 10); le caractère sur lequel M. d'Orbigny a cru devoir éta- blir surtout cette espèce, la présence de stries trans- verses sur les deux faces de la coquille, ne nous a pas paru aussi marqué que le dit ce naturaliste et pou- voir former un caractère spécifique. Cette Hyale présente la particularité singulière d’être souvent recouverte, dans toute l’étendue de la coquille, d’une espèce de polvpier du genre campa- nulaire; M. Rang a déja indiqué ce fait sur la figure qu'il en a donnée, dans sa monographie inédite des Ptéropodes. La pointe terminale présente aussi intérieurement, comme l’a indiqué M. d'Orbigny, une petite cloison transversale qui sépare sa cavité de celle de la co- quille ; cette pointe n'est pourtant pas tronquée ordi- nairement, ainsi qu'on le trouve dans les espèces qui présentent cette particularité. 164 MOLLUSQUES. Grvre CLÉODORE. — Cleodora, Péron et Lesueur. Péron et Lesueur ont établi ce genre, dans leur Histoire de lu famille des Ptéropodes, pour y ranger les petits Mollusques testacés que Brown avait décrits sous le nom de Clos, dans son Histoire de la Jamai- que, et qui avaient été expulsés depuis de ce dernier genre par les changements successifs qu y avaient in- troduits Pallas et Bruguières. Adopté d’abord par Lamarck, ce genre l’a été depuis par presque tous les zoologistes. L'organisation des Cléodores à été étudiée par MM. Rang, Quoy et Gaimard , et, plus récemment, par M. Van Beneden; mais, malgré les détails donnés à ce sujet par les zoologistes que nous venons de ci- ter, il n'a pas été possible encore de proncncer d’une manière définitive sur la valeur de ce genre que quel- ques auteurs considèrent comme devant être réuni au genre Hyale. La connaissance complète de ces Mollusques pouvant seule faire cesser cette incerti- tude, nous avons apporté le plus grand soin à leur étude, et, comme on le verra par nos dessins, nous n'avons pas borné nos recherches à une espèce seu- lement, mais nous avons examiné successivement la plupart des espèces qui composent le genre. PTÉROPODES. 165 Description extérieure. L'animal des Cléodores présente, dans ses carac- ières extérieurs , la plus grande ressemblance avec celui des Hyales. La tête et les nageoires sont disposées de la même manière; ces derniers appendices sont seulement moins larges et divisés en deux lobes, au lieu d'être trilobés comme dans les Hyales (1); ils sont aussi distincts du lobe intermédiaire à leur origine, ce qui peut servir encore à distinguer extérieurement Îles Cléodores des Hyales (pl. 10, fig. 3, 5, et pl. 11, ho1,/%#, 97: La partie postérieure ou abdominale , qui est recou- verte par la coquille, offre également une disposition tout à fait analogue à celle qui existe chez les Hyales ; comme dans celles-ci, le manteau est fort mince dans toute son étendue, si ce n'est vers les bords qui cor- respondent à l'ouverture de Îa coquille, et à sa partie inférieure où il présente encore cette espèce de bou- clier qui circonscrit la cavité des branchies. Enfin, à la partie supérieure, lon voit aussi de petits cor- dons blanchâtres qui se portent obliquement de cha- que côté vers les bords libres du manteau, et qui sont formés par de petits faisceaux musculaires semblables (4) Nous verrons plus loin que, dans quelques espèces appar- tenant au sous-genre Créséis de M. Rang, les nageoires offrent un troisième lobe très-petit sur leur bord antérieur ou interne. 166 MOLLUSQUES. à ceux que nous avons décrits dans le manteau des Hyales ( pl. 10, fig. 1, 2, 3,31). M. Van Beneden, qui n'a pas reconnu l'existence de ces faisceaux musculaires dans les Cléodores, a cru que, chez ces Mollusques, le manteau n'offrait également pas les deux lèvres ou feuillets qui corres- pondent, dans les Hyales, aux fentes latérales de la coquilie ; mais cette différence n'est qu'apparente, et le manteau ne présente ici que des modifications sem- blables à celles de la coquille. En effet, si l'on étudie cette dernière d’une manière comparative dans les deux genres, on voit que les fentes latérales de la coquille des Hyales, tendent à devenir antérieures dans les Cléodores, et finissent même par se con- fondre avec l'ouverture antérieure de la coquille, de manière à ne plus former avec celle-ci qu'une seule ouverture transverse et presque droite ; par une trans- formation semblable et nécessaire, puisque la co- quille traduit toujours d’une manière exacte la forme du manteau, les deux levres latérales que ce manteau présente dans les Hyales, deviennent antérieures chez les Cléodores, et se continuent directement avec les bords qui circonscrivent son ouverture antérieure , comme si celle-ci se prolongeait dans leur intervalle ; aussi, cette ouverture antérieure du manteau est-elle bien moins étendue que celle de la coquille, et cor- respond seulement à la partie médiane et renflée de celle-ci (pl. 10, fig. 3). Cependant, cette disposition n'est bien marquée que dans les espèces de Cléodores dont la coquille PTÉROPODES. 167 est plus ou moins déprimée ou dilatée sur les parties latérales de son ouverture ; à mesure que cette forme disparaît, et que la coquille tend à prendre celle d'un cône , sans angles latéraux , ces lobes du manteau de- viennent de moins en moins distincts, et finissent même par disparaitre tout à fait dans les dernières espèces du genre, les C/éodores aciculée et virgule (C. acicula et virgula), chez lesquelles le manteau n offre plus en avant qu'une ouverture circulaire tout à fait semblable à celle de la coquille ( pl. 1, fig. 4, 2, 4) (1). Mais si, comme nous venons de le faire voir, l’on retrouve dans la plupart des Cléodores les deux le- vres qui bordent les parties latérales du manteau dans les Hyales, il n'en est pas de même des ap- pendices qui sont placés dans l'intervalle de ces le- vres, et qui présentent un si grand développement chez ces dernières; nous ne les avons jamais ren- contrés dans les Cléodores , de sorte que leur absence nous parait former un des caractères distinctifs de ce dernier genre. Les bords libres du manteau présentent, comme dans les Hyales, des touffes de cils vibratiles, et la masse des visceres est également recouverte d'une espèce de membrane péritonéale très-fime. (4) Nous avons cependant presque toujours vu, dans ces es- pèces, le bord du manteau former, sur un des côtés, un petit pro- longement enroulé, comme le montrent nos figures. 168 MOLLUSQUES. Description intérieure. Organes de la digestion. — L'appareil digestif est entièrement semblable à celui des Hyales. Dans les espèces très-allongées, l’œsophage présente seule- ment une longueur proportionnelle à celle de l'ani- mal, et l'intestin, au lieu de venir s'ouvrir près du bord libre du manteau, reste plus ou moins profon- dément caché au fond de la cavité branchiale. On trouve aussi, dans la forme de louverture buccale et des replis labiaux qui la bordent, quelques modifi- cations que nous avons indiquées sur nos figures (plA0, fig. 3, 34, 44,6 et pl 1 fi808,:6; 73607 Organes de la respiration. — Ces organes n'ont pas encore été reconnus dans les Cléodores; M. Rang, qui a publié quelques détails sur l'organisation de ces Mollusques, n’a donné aucune indication à ce sujet ; la partie que MM. Quoy et Gaimard ont cru être la branchie, n'est évidemment, d’après la figure qu'ils en ont donnée, que cette espèce d'écusson ou de bouclier que le manteau forme à sa partie inférieure, et qui, dans quelques espèces, présente des stries serrées et régulières qu’on a pu prendre pour un ré- seau vasculaire (pl. 10, fig. 31); M. Van Beneden nous semble avoir commis la même erreur dans la détermination qu'il a donnée plus récemment des organes branchiaux dans les Cléodores. Cet appareil est situé, comme dans les Hyÿales, au PTÉROPODES. 169 plafond d’une cavité que le manteau circonscrit en dessous, et sur les côtés de la masse viscérale; sa disposition générale est aussi tout à fait semblable, c'est-à-dire qu'il forme autour de cette masse viscé- rale une espèce de fer à cheval dont les branches se prolongent sur les côtés, jusqu’à peu de distance du bord antérieur du manteau. Mais cet appareil diffère beaucoup de celui des Hyales par sa disposition par- faitement symétrique, et surtout par sa structure anatomique ; il est en effet composé de deux parties tout à fait semblables à droite et à gauche, et se réunissant en arrière sur la ligne médiane; sa struc- ture est aussi bien différente, car on ne trouve plus ici la disposition lamellée que nous avons décrite dans les Hvales, mais une simple membrane adhe- rente par un de ses bords, libre dans le reste de son étendue, et faisant saillie dans la cavité branchiale. C'est sur cette membrane que viennent se ramifier les vaisseaux branchiaux; lorsqu'on l’examine à un grossissement un peu fort, on voit ces vaisseaux for- mer un réseau très-serré à sa surface (pl. 10, fig. 3, 19, 20) (1). Organes de la circulation. — V'artère et la veine branchiales nous ont paru occuper également le bord adhérent de la branchie. Le premier de ces vais- seaux est peu apparent et semble constitué, moins (1) En examinant cette membrane à la lumière directe, nous avons cru voir aussi à sa surface un grand nombre de petits points saillants, couverts de cils vibratiles (voy. la fig. 19). 1470 MOLLUSQUES. par un seul tronc, que par une série de veines qui viennent se ramifier isolément dans la membrane branchiale. La veine branchiale, au contraire, est volumineuse et formée de deux troncs principaux dont la disposition est la même que celle de l'appa- reil branchial ( pl. 10, fig. 19, 20, g.) Le cœur est placé, comme dans les Hyales , du côté gauche ; il est également enveloppé d’un péricarde lâche et fort mince, à travers lequel se voient, par transparence , l'oreillette et le ventricule qui sont aussi disposés de la même manière, et présentent une orga- nisation tout à fait semblable ; mais l'oreillette com- munique avec une poche pyriforme qui est appliquée contre la paroi inférieure du manteau à laquelle elle adhère d’une manière intime. Nous avons déjà cher- ché, dans nos généralités , à donner l'explication phy- siologique de cette organisation particulière (pl. 10, he4029,-315metpl. 41 f6g03;, 02%); Organes de la génération. —%Xa disposition géné- rale de cet appareil est la même que dans les Hyales. L'ovaire ou plutôt l'organe hermaphrodite, dont la forme est en rapport avec celle de la coquille, est éga- lement composé de deux parties superposées, et consti- tué par des plaques empilées les unes à la suite des autres. L'oviducte, qui en sort en avant, est d’abord très-mince et se renfle ensuite dans une portion variable et plus ou moins étendue de son trajet. Ce renflement est formé, comme dans les Hyales, par une matière granuleuse blanchätre qui en épaissit beaucoup les pa- PTÉROPODES. 171 rois ; mais il n'offre jamais d’appendice cœcal à sa partie postérieure (1). Après s'être rétréci de nouveau et s'être porté du côté droit, en croisant l'œsophage, l'oviducte vient se jeter dans un canal plus large dont les circonvolutions serrées forment, comme dans les Hyales, cette masse globuleuse que nous avons con- sidérée comme la matrice (pl. 10, fig. 4, 5, 34, 39, 41 et pl Miles 316,1%:0,121254te) La dernière portion du second oviducte ou le va- gin offre, dans quelques espèces de Cléodores, la même disposition que dans les Hyales, c’est-a-dire que cette partie longe le côté droit de l'animal pour venir se terminer à l’origine et sur le bord postérieur de la nageoire correspondante; un repli cutané tres- fort , qui forme quelquefois inférieurement une bride saillante, la fixe aux parties voisines, et se prolonge ensuite jusqu'à l’orifice de la verge (pl. 10, fig. 3, 4, 5, d, o'). Dans d’autres espèces, ce vagin est très- court, et se trouve presque confondu avec la masse globuleuse formée par la matrice; dans ce dernier cas, il est toujours fixé par un repli de la peau qui forme une espèce de lèvre sur son ouverture (pl. 10, fig. 34, 35, o'). Enfin, dans les espèces à coquille très-allongée , cette partie offre une longueur propor- tionnelle, pour venir aboutir à la racine de la na- geoire droite (pl. 11, fig. 3,5, 6, d, o'). (1) Dans une seule espèce, la Cléodore aléne(C. subulata), nous avons trouvé cet appendice placé à l’extrémité antérieure de lovi- ducte qui n'offre pas de renflement sur le reste de son trajet (voy. la pl. 11, fig. 7, z et z'). 172 MOLLUSQUES. A cette portion de l'appareil générateur est annexée, comme dans les Hyales, une vésicule à long col qui est très-apparente dans quelques espèces, et qui se trouve enchâssée dans les circonvolutions de la ma- trice (pl. 40; fig. 34, 35, 41, x). La verge est plus longue que dans les Hyales et d'une forme un peu différente; assez grosse près de son orifice , elle s’amincit beaucoup ensuite , et, après avoir formé plusieurs replis, elle se termine par une masse ovale, de nature presque cartilagineuse; telle est du moins la forme que nous avons trouvée dans quelques espèces, entre autres la C/Æodore bourse (C. Balantium). Ses parois sont également composées de plusieurs plans de fibres musculaires luisantes et diversement entrecroisées. Enfin, elle est pourvue d'un muscle rétracteur grêle qui vient s'attacher à sa partie postérieure. Système musculaire. — Ce système présente une disposition tout à fait semblable à celle que nous avons décrite dans les Hyales. Le muscle columellaire offre quelquefois une longueur considérable qui se trouve alors en rapport avec l'allongement de la par- tie postérieure de l'animal et de la coquille. Système nerveux. — Ce système est encore entière- ment semblable à celui des Hyales; la différence que M. Van Beneden dit avoir trouvée dans le ganglion buccal qui, d’après sa description et ses figures, se- rait représenté par deux ganglions distincts et sépa- rés, nous semble tenir à ce que cet anatomiste a pris, PTÉROPODES. 173 pour ces ganglions, les deux petits grains blanchâtres que forment les glandes salivaires. Le genre Cléodore a été adopté par Lamarck, et, à son exemple, par la plupart des naturalistes, d’a- près l’idée inexacte que l’on s'était d’abord formée de ses caractères; depuis que les observations de MM. Rang, Quoy et Gaimard, etc., ont fait voir que les Mollusques qui le constituent, bien loin de res- sembler aux Clios, comme on l'avait cru d’après les détails donnés par Brown, offrent la plus grande analogie avec les Hyales, quelques auteurs ont proposé de les confondre avec ces derniers Mollusques, dans un seul et même genre. On peut voir, en effet, par la description qne nous venons d'en donner, que la plu- part des caractères zoologiques et anatomiques que nous avons assignés aux Hyales conviennent égale- ment aux Cléodores; ces dernières présentent cepen- dant, dans l'animal comme dans la coquille, quelques différences qui peuvent justifier leur séparation en un genre distinct, si l'on n'accorde pas aux coupes de cet ordre une trop grande valeur. Ces différences se trouvent, pour l'animal, dans la forme des nageoires qui sont plus allongées, toujours bilobées et distinctes du lobe intermédiaire à leur origine (1); dans l'absence des appendices latéraux (1) Cette forme des nageoires n’est pourtant pas propre aux Cléodores seulement, car nous avons vu que quelques espèces du genre Hyale, les Hyales quadridentée et à trois pointes (H. qua- dridentata et trispinosa), la présentent également. 174 MOLLUSQUES. du manteau; enfin, surtout, dans la conformation par- üculière du cœur, ainsi que dans la disposition et la structure des branchies. Quant à la coquille, quoique les deux genres sem- blent se confondre sous ce rapport, lorsqu'on étudie la série des espèces qui les composent , l’on peut trou- ver encore , dans sa forme, des caractères suffisants pour les distinguer; ainsi elle est plus triangulaire dans les Cléodores, et son ouverture est aussi large que sa cavité, ce qui, comme nous l'avons déjà dit, n’a pas lieu dans les Hyales dont la coquille est toujours plus étroite et comme contractée à son ouverture. M. Rang a divisé le genre Cléodore en trois sous- genres, savoir : les Cléodores proprement dites, les Créséis et les Triptères. M. Rang a compris dans le second de ces sous- genres, celui des Créséis, les Cléodores à coquille conique et tres-effilée; mais ces espèces se lient aux Cléodores proprement dites par des nuances telle- ment graduées qu’il n’est guere possible d'établir une limite entre elles. Quant au caractère assigné par cet auteur à lPanimal des Créséis, et qui consisterait dans un nanteau non dilaté sur les côtés, il ne différencie en rien d’essentiel celles-ci des Cléodores proprement dites, puisqu'il n’est que la conséquence des modifi- cations survenues dans la forme de la coquille, mo- difications que le manteau traduit toujours d’une ma- niére exacte (1). Parmi les espèces comprises par M. Rang dans son (4) Avant M. Rang, Lesueur avait déjà proposé le genre PTÉROPODES. 175 sous-genre des Créséis, il en est pourtant quelques- unes, les C. acicula et virgula, qui présentent réel- lement dans la forme des nageoires, et dans quel- ques autres points de leur organisation, des particu- larités qui font de ces espèces un petit groupe bien distinct. Le troisième sous-genre renferme les Triptères de MM. Quoy et Gaimard, Mollusques sur lesquels on n'a pu avoir jusqu'à présent des renseignements suf- fisants et qui nous paraissent devoir être rapportés au genre Cuviérie. Les Cléodores sont, comme les Hyales, répandues dans toutes les mers; mais elles ne paraissent plus confinées seulement dans les mers des régions tropi- cales ou des zones tempérées; certaines espèces at- teignent même des latitudes très-élevées : ainsi, nous avons recueilli dans les mers du cap Horn une espèce, la C. australis, qui paraît y être très-commune; les naturalistes du dernier voyage de l’Astrolabe ont également rencontré, au milieu des glaces du pôle sud, une grande et belle espèce qui nous a paru très- voisine de la Cléodore bourse (C. balantium), mais qui en diffère surtout par des couleurs très-vives. Les Cléodores se prêtent aux mêmes considérations que les Hyales sous le rapport de leurs mœurs et de leurs habitudes. Sryrioe pour les Cleodores à coquille conique et très-allongée. (Voir le Manuel de Malacologie de M. de Blainville, pag, 635.) 176 MOLLUSQUES. CLÉODORE CUSPIDÉE. Cleodora cuspidata, Bosc. Hyalæa cuspidata , Bosc, Coq., tom. IT, pag. 238, pl. 9, fig. 5-7. Clecdora Lessonit, RAnG, Monographie inédite. Cleodora quadrispinosa? RANcG , Monog. inéd. Cleodora cuspidata, Quox et Garmarp, Zool. de l’Ast., pl. 27, fig. 1-5. Le PLancHe 6, Ficures 11-16. Testa rhomboïdalis, pellucida , fragilissima, anticè rostrata , posticè uncinata, lateraliter compressa et cuspidibus longis , acutis, canaliculatis instructa ; infra, in medio convexa et levi- gata, lateraliter obliqué sulcata ; superné, carinata, costis latera- libus ornata et sulcis obliquis impressa ; apertur& triangulari ; labro infero rotundatim truncato; labro supero triangulari, antice rostro prælongo et acuto terminato, Cette Cléodore présente des caractères remarqua- bles qui la distinguent facilement de toutes ses con- génères. Elle a, dans son ensemble, la forme d’un losange dont l’angle antérieur se prolonge en une longue pointe; les angles latéraux se terminent éga- lement par deux longues épines dirigées en dehors et un peu en avant, et creusées d’une rainure qui est comme le prolongement de l'ouverture; l'angle pos- térieur, formé par l'extrémité terminale de la co- quille, est recourbé en dessus, et se termine par un petit renflement ovoide. La face inférieure, convexe et PTÉROPODES. 477 lisse sur la ligne médiane, est fortement déprimée et marquée de sillons transverses sur les côtés. La face supérieure, comme carénée sur la ligne médiane ou parcourue dans ce sens par une arête longitudi- nale qui la divise en deux parties égales, présente en outre deux côtes latérales qui, de l'extrémité posté- rieure, se portent en divergeant jusqu’au bord anté- rieur de l'ouverture; cette face est encore marquée dans toute son étendue de sillons transverses ou plu- tôt obliques dans le sens des stries d’accroissement. L'ouverture, de forme triangulaire et assez large en avant, se prolonge, en se rétrécissant, sur les côtés de la coquille, comme dans les Hyales auxquelles cette espèce fait le passage; la lèvre inférieure est tronquée et arrondie; la lèvre supérieure, qui dé- borde beaucoup la précédente, se prolonge en un long rostre formé par la carène de la face dorsale. Cette coquille est mince, trés-fragile, et d’une graude transparence dans toutes ses parties. L'animal présente les caractères que nous avons assignés au genre, c'est-à-dire deux nageoires allon- gées , bilobées, réunies à leur base par un lobe inter- médiaire bien distinct et semi-circulaire. Les bords du manteau forment, sur les côtés, deux longs ap- pendices tout à fait semblables aux pointes latérales de la coquille. La masse viscérale est colorée en vert et en rouge foncé; les autres parties de l'animal sont blanches et transparentes. Bonite. — Zool. Tome If, Partie I. 12 178 MOLLUSQUES. Dimensions de la coquille : millimetres. LONBUEUT OMIS EEE. s8e se ses Deonte vais 16 Largeur (y compris les pointes latérales)... 16 Id. (sans les pointes latérales). ....... 6 Hauteur, 60e dass nee at sinoidaia à is) Nous avons recueilli plusieurs individus de cette espèce dans l'océan Atlantique, par 8° de latitude nord, et par 22° de longitude ouest; tous nous ont offert une assez grande uniformité dans leurs dimen- sions et leurs autres caractères. Ces caractères ‘ne nous paraissent pas avoir été indiqués d’une manière suffisamment exacte dans les différentes figures qui ont déjà été données de cette Cléodore. PTÉROPODES. 179 CLÉODORE LANCÉOLÉE. Cleodora lanceolata, Lesueur. Lrsurur, nouv. Bullet. des Sciences , juin 1813, tom. III, n° 69, pl. 5, fie. 9. Cleodora pyramidata, Pérox et Lesurur, Ann. du Mus., tom. XV, pl. 2, fig. 44. Prancxe 6, Ficures 17-25. Testa rhomboidalis, pellucida, antice acuta, posticè cuspidata et ad apicem suprà leviter inflexa, lateraliter compressa et trian- gulo-acuta , infrà in medio convexa, superné carinata et costis lateralibus ornata ; apertur& triangulari ; labro infero rotunda- tim truncato ; labro supero triangulo-acuto. Cette espèce ressemble à la précédente par beau- coup de ses caractères ; elle en diffère par le dévelop- pement moins considérable de sa partie antérieure et du rostre de la lèvre supérieure, par l'absence des pointes latérales, et par la courbure beaucoup moins prononcée de son extrémité postérieure; elle ne pré- sente pas aussi les sillons transverses que l’on remar- que sur les deux faces de la C/éodore cuspidee. Cette coquille est entierement transparente. L'animal est tout à fait semblable, pour la forme et pour les couleurs, à celui de l’espèce précédente : les bords de la bouche présentent seulement une colo 180 MOLLUSQUES. ration brunâtre plus foncée. Le manteau n'offre plus aussi des appendices latéraux aussi développés. Dimensions de la coquille : millimètres Ponpnéur Aotalers fesses dos 0 28 49 MATPEUR Er Eu teTle remercie 11 HAUtEUT PRE El nc atce Dance D Cette espèce est une des plus communes; nous l'avons trouvée dans toutes les mers. La Cléodore pyramidale (Cleodora pyramidata) de Péron et Lesueur, que nous avons figurée sur la même planche (fig. 23, 24), nous semble n'être, d’après l'examen que nous avons pu faire d’un grand nombre d'individus, que le jeune âge de l'espèce que nous venons de décrire. PTÉROPODES. a8t CLÉODORE PLATE. Cleodora compressa, nobis. PLancxe 6, Ficures 26-32. Testa longe triangularis , valde depressa, peliucida , anticé rotun- datim truncata, posticé elongata et cuspidata, infrä et superné plana et levigata ; apertur& transversali, angustissimä ; labris æqualibus et acutis. Cette espèce est remarquable par sa forme très-dé- primée et tout à fait plate en dessus comme en des- sous ; elle a, dans son ensemble , l'aspect d’un trian- gle isocéle très-allongé, dont la base, légèrement arrondie, serait tournée en avant. On ne remarque, sur ses faces supérieure et inférieure, que des stries d’accroissement à peine marquées; sur les côtés, elle présente un bord aplati qui se prolonge, en se rétré- cissant, jusqu’à son extrémité postérieure. L'ouver- ture est transversale et très-étroite; les deux levres qui la circonscrivent sont égales et terminées par des bords tranchants. La pointe postérieure présente à son sommet un petit renflement ovoide comme dans les espèces qui précèdent. Cette coquille est parfaitement transparente. L'animal est semblable à celui des Cléodores précé- demment décrites ; il est transparent dans toutes ses 182 MOLLUSQUES. parties, si ce n'est à la bouche qui est rosée, et dans GC # L 3? A la masse viscérale qui est d’un brun rougeûtre. Dimensions de la coquille : millimetres. LONEUEUTA EE Nr ee - 5 ARPOUE RS nee eee dates ec 2 Havteur. AU sen. jets s AE » À Cette Cléodore présente, sous le rapport de la taille, quelques différences qui nous ont paru tenir à l'âge; elle varie aussi un peu dans sa forme qui est plus ou moins évasée à la partie antérieure, ou du côté de l’ouverture ; nous avons figuré une de ces va- riétés, qui a presque la forme d’un cône très-allongé et aplati (fig. 30). Cette espèce est assez rare; nous n'en avons re- cueilli qu'un trés-petit nombre d'individus dans l'océan Atlantique. PTÉROPODES. 183 CLÉODORE DE CHAPTAL. Cleodora Chaptalii, nobis. PLANCHE 7, FIGURES 1-5. l'esta triangularis , pellucida, posticé incurva , transversum sulcata, infrà in medio convexa et lateraliter compressa, superne quinque- costata ; apertur& ovato-transversä, lateraliter angustä ; labris acutis ; labro supero infero productiore. Cette Cléodore est triangulaire, assez renflée dans sa partie médiane, comprimée sur les côtés qui for- ment un bord aigu s'étendant de l'ouverture jusqu'à l'extrémité postérieure; celle-ci, terminée en pointe, est assez fortement recourbée en dessus. La face dor- sale est ornée de cinq côtes qui se portent en rayon- nant du sommet au bord antérieur de la coquille ; cette face et la ventrale sont marquées en outre de sillons transverses dans toute leur étendue. La bou- che, assez grande dans le milieu, se rétrécit graduel- lement sur les parties latérales ; elle est circonscrite par deux bords tranchants dont le supérieur déborde un peu l'inférieur. Cette coquille est transparente et légèrement vio- lacée. [EE Cr « . = , , - animal à deux grandes nageoires bilobées, réu- nies postérieurement par un lobe intermédiaire bien 18 MOLLUSQUES. distinct, comme dans les espèces précédentes; toutes ses parties ont une couleur violacée très-foncée, excepté les nageoires qui sont blanches et transpa- rentes. Dimensions de la coquille : millimetres. ÉONBUEUT à pet mm ere aies ea 19 Éarreut, cnrs eme ts dE 48 16 FAUTEUT. EC RE creme ihe cc ce Ln) Cette belle espèce, une des plus grandes du genre, paraît fort rare, car elle n'a été signalée encore par aucun naturaliste; nous n'en avons recueilli qu’un seul individu par le travers du cap de Bonne-Es- pérance. PTÉROPODES. 183 CLÉODORE COURBÉE. Cleodora curvata, nobis. PLancHE 7, Ficures 6-10. Testa triangularis, pellucida, posticé uncinata , levigata, infra et superne convexa ; aperturd transversali, angustà ; labris acutis ; labro supero infero productiore. Cette espèce a la même forme que la précédente; elle en diffère par sa taille beaucoup plus petite, par l'absence de côtes et de sillons sur ses deux faces qui sont entièrement lisses, et enfin par la courbure plus prononcée de son extrémité postérieure. Elle est entièrement transparente. L'animal, semblable aussi à celui de l’espece pré- cédente, est transparent dans toutes ses parties, si ce n’est à la bouche qui est rosée, et dans la masse viscérale qui est d’un brun jaunûtre. Dimensions de la coquille : millimetres. DONBUEUR, 342 Rio oe see ce 2 , Î HAPDEUR mess den Pal ae ones as 15 Hauteur: .'226, SH LEUR EL E LES LU PPTRS PPS pe Nous n'avons recueilli qu'un seul individu de cette espece dans l'océan Atlantique. 186 MOLLUSQUES. CLÉODORE BOURSE. Cleodora balantium ; Rang. RanG, Magasin de zoologie, 1834, pl. 44. PLANCHE 7, Ficures 41-16. Testa oblongo-trigona, hyalina, posticé supra inflexa, transversim sulcata, in medio inflata, lateraliter compressa, superné tri- costata ; aperturà ovato-transversé et utroque latere angustà ; labro supero infero longiore. Cette Cléodore se rapproche des deux précédentes par sa forme, mais elle est plus allongée et moins courbée à son extrémité postérieure qui se termine, comme les C{éodores cuspidee et lancéolée, par un pe- tit renflement ovoide. Ses bords latéraux, au lieu de former un angle aigu, sont aplatis, comme dans la Cléodore plate, et se prolongent également, en se rétrécissant progressivement, jusqu’à l’extrémité pos- térieure. La face dorsale est ornée de trois larges côtes longitudinales qui convergent vers cette extrc- milé. La face inférieure, bomhée dans sa partie moyenne, est fortement déprimée sur les côtés. Des sillons transverses, et comme ondulés, se voient sur ces deux faces. La bouche, transverse et assez large sur le milieu, devient trés-étroite dans ses parties latérales ; le bord inférieur est un peu débordé en PTÉROPODES. 187 avant par le bord supérieur qui forme une pointe ar- rondie sur la ligne médiane. Cette coquille est entièrement transparente. L'animal est semblable à celui des espèces déjà dé- crites; les nageoires, qui sont assez larges, présen- tent à leur origine, autour de la bouche, une colo- ration rougeàtre qui s'étend aussi à tout le lobe intermédiaire ; la masse viscérale est colorée en vert et en rouge ; toutes les autres parties sont blanches et transparentes. Dimensions de la coquille : millimètres. PONSUÉRR M Les cest 2e Penreceu 28 PATSCUR AIM ALIIACE ÉLUS AEROSUN 16 Hauteuras:t/4 cet AR SRE AT ANSE 8 Cette belle espèce, la plus grande du genre, parait assez commune dans l'océan Atlantique; nous en avons recueilli un assez grand nombre d'individus par 8° de latitude nord, et 22° de longitude ouest. — Dans les figures que MM. Rang et d'Orbigny en ont données, l'extrémité postérieure est représentée tron- quée. 188 MOLLUSQUES. CLÉODORE RENFLÉE. Cleodora inflata, nobis. PLANCHE 7, Ficures 17-19. Testa triangularis, pellucida, inflata, posticè supra inflexa , transversim sulcata, lateraliter compressa ; apertur& subrotundä ; labro SUpero infero productiors. Cette espèce ressemble à la précédente par sa forme; elle est seulement plus courte, plus renflée, et un peu plus rétrécie à sa partie postérieure ; elle en diffère aussi par l'absence des trois côtes que la Cléo- dore bourse présente sur sa face dorsale. Elle est transparente et parait très-fragile. Nous n'avons pu observer l'animal de cette espèce, n'ayant trouvé que la coquille dans nos filets. Dimensions de la coquille : millimètres. ORALE Ne rerseoechossespecr ion 6 PAPÉCUR- ns sa has rase ee 4 Hauteur. se een ESRI 3 Nous n'avons recueilli que deux individus de cette espèce dans l'océan Atlantique. PTÉROPODES. 189 CLÉODORE AUSTRALE. Cleodora australis, d’Orbigny. D'Ore1Gxx. Voy. tom. V, pag. 117, pl. 8, fig. 9-11. PLANCHE 7, Ficures 20-25. Testa sub-conica, elongata, pellucida, fragilissima, anticé obliqué truncata, posticé cuspidata et ad apicem subtus leviter inflexa , infra concava, superné convexa et cost longitudinali in medio ornata ; aperturä triangulari ; labro supero producto et acuto. Cette Cléodore est sub-conique, allongée, convexe supérieurement, et ornée dans ce sens d’une côte longitudinale et médiane (1); elle est creusée en gout- tière inférieurement dans sa moilié antérieure; son extrémité postérieure, marquée de sillons transverses très-fins, et légèrement infléchie vers la face ven- trale, se termine par un petit renflement ovoide, comme dans la plupart des espèces que nous avons déjà décrites. La bouche, de forme sub-triangulaire, est oblique à l'axe de la coquille; elle est circonscrite par des bords tranchants dont le supérieur dépasse l’inférieur, et se termine en pointe plus où moins aiguë sur la ligne médiane. (1) Sur les côtes de cette côte médiane se trouvent deux autres petites côtes également longitudinales, mais qui ne sont bien mar- quées qu’à la partie antérieure, 190 MOLLUSQUES. Cette coquille est tres-fragile, et parfaitement transparente dans toutes ses parties. L'animal est tout à fait semblable à celui des Cléo- dores cuspidée, lancéolée, etc.; la bouche, l'œso- phage, et la masse viscérale sont d’une couleur rouge foncée, à travers laquelle on distingue la masse bru- nâtre du foie; la dernière portion de l'appareil géné- rateur, qui fait saillie en avant, du côté droit, est d'une couleur rosée; toutes les autres parties de l'animal sont blanches et transparentes. Dimensions de la coquille : millimetres. Longueur totale. 0, Dans LABS Pas 14 LATÉEUN Een ossedencuess Penser 4 Haute Re Re D cie ste 2 Cette espèce, que M. d’Orbigny a fait connaître le premier, parait confinée dans les parages du cap Horn; nous l'avons recueillie en grande quantité dans l’océan Austral, par 48° de latitude sud, et 88° longitude ouest. C’est à peu près dans les mêmes pa- rages que M. d'Orbigny l'a rencontrée. Les dessins que ce naturaliste a donnés de la coquille, et surtout de l'animal, ne concordent pas entièrement avec nos propres observations. PTÉROPODES. 191 CLÉODORE STRIÉE. Cleodora striata, Rang. Raxc, Ann. des Sc. nat., tom. XIIT, pag. 315, pl. 17, fig. 3. PLance 8, Fiqures 1-4. Testa conica, depressa, pellucida, posticé incurva, transversim sulcata ; apertur& simplici, ovato-rotundatà. Cette petite Cléodore a la forme d’un cône un peu aplati, légèrement courbé en dessus à son extrémité / LU 4 74 postérieure et marqué dans toute son étendue de sillons transverses. Son ouverture est ovale-oblongue transversalement, à bords égaux et tranchants. Elle est très-transparente et d’une grande fragilité. L'animal a deux nageoires assez larges, légère- ment bilobées, réunies par un lobe intermédiaire peu saillant. La bouche et l'œsophage sont de couleur rose; le foie est verdâtre; toutes les autres parties sont blanches et transparentes. Dinensions de la coquille : milliméetres. Longueur. NO ne Da OT CA 6 MADRCUREE Rs Lu 0 eee Re d'en ei tle ce te 2 ENORME «RAA VEN es LE ASE Aa PA AE A 1 Nous avons recueilli cette espèce dans l'océan Atlan- tique. 192 MOLLUSQUES. CLÉODORE ALÈNE. Cleodora subulata, Quoy et Gaimard. Quoyx et Garmarn, Ann. des Sc. nat., tom. X, pag. 233, pl. 8, fig. 1-3. Raxc, Creseis spinifera , Ann. des Sc. nat., tom. XIII, pl. 17, fig. 1. PLancEe 8, Ficures 5-9. Testa conica, elongata, pellucida, posticè acutissima, anticé oblique truncata, transversim leviter striata, superné sulco longitudinali et obliquo ornata ; aperturd circulari, supra rostratà. Cette espèce a la forme d'un cône très-allongé, obliquement tronqué en avant et terminé postérieure- ment par une pointe légèrement renflée, marqué de stries transversales très-fines dans toute son éten- due; sa face dorsale présente une petite rainure qui, du bord antérieur, se porte un peu obliquement en arrière, pour se terminer à une petite distance du sommet. La bouche, oblique à l'axe de la coquille, est circulaire, à bords irréguliers et tranchants; la lèvre supérieure, qui dépasse l’inférieure, se ter- mine sur la ligne médiane par une pointe plus ou moins saillante, formant quelquefois une espèce de rostre qui n'est que le prolongement de la rainure dorsale. Cette coquille est entièrement transparente et assez résistante. PTÉROPODES. 193 L'animal offre les mêmes caractères que celui des espèces précédentes. Les nageoires sont assez larges et bilobées; le lobe intermédiaire est saillant en avant. La bouche, l'œsophage et une partie de la masse viscérale sont rougeûtres; le foie est verdûtre, et l'ovaire d’un blanc jaunâtre: toutes les autres par- es sont blanches et transparentes. Dimensions de la coquille : millimètres. PÉREUEUR ER nt ane res Te ii, 10 Diamètre (à l'ouverture)... 2.244401 1 Cette Cléodore est très-commune , et parait appar- tenir à toutes les mers. Il existe encore quelque confusion dans les auteurs relativement à cette espèce. MM. Quoy et Gaimard, qui l'ont signalée les premiers, en ayant donné une figure qui ne permettait pas de la reconnaître suffi- samment, M. Rang l’a décrite un peu plus tard sous le nom de C. spinifera, et, par conséquent, comme une espèce distincte de Ja C. subulata, ce qui est encore admis par quelques naturalistes; mais MM. Quoy et Gaimard ont reconnu depuis que l'espèce décrite par eux sous le nom de C. subulata était la même que la C. spinifera de M. Rang (1), de sorte que cette dernière espèce doit aujourd'hui disparaître des cata- logues, et figurer seulement dans la synonymie de la première. (4) Zoologie du Voyage de l’Astrolabe, tom. TI, pag. 383. Bonite. — Zool. Tome If. Partie I. 13 194 MOLLUSQUES CLÉODORE ACICULÉE (1) Cléodora acicula, Rang. Raxc, Ann. des Sc. nat., tom. XIII, pag. 318, pl. 17,6. Creseis clava, id., pag. 317, pl. 47, fig. 5. PLancue 8, Ficures 10-17. Jesta acicuiata, angustissima, levigata , posticé aculissima, antice transverstn truncata; aperturd circularti, sümplici. Cette espèce est trés-allongée, en forme d’aiguille, un peu flexueuse, sans côtes et sans sillons à sa sur- face, tronquée transversalement en avant et se rétré- cissant ensuite graduellement jusqu'à son extrémité postérieure , qui se termine par un petit renflement a peine marqué; l'ouverture est ronde et à bords tran- chants. Cette coquille est très-transparente, et d’une grande fragilité. L'animal se distingue de celui des espèces décrites . Set Y , x . - jusqu'ici, par la présence d’un tres-petit lobe sur le bord interne des nageoires; celles-ci sont assez larges (4) Le nom français de cette espèce est donné d’une manière différente par les auteurs ; nous avons adopté celui que nous mettons ici, comme le plus rapproché du nom latin, quoiqu'il n’en soit pas la traduction exacte. PTÉROPODES. 195 à leur extrémité et très-légèrement bilobées. Le lobe intermédiaire est saillant en avant, comme dans l’es- pèce précédente. Tout le tube digestif est de couleur rosée; le foie est vert; les autres parties sont blan- ches et transparentes. Dimensions de la coquille : millimètres, Longueur, Et CO RL NO 25 Diamètre (à l'ouverture) Ces dimensions sont celles des plus grands indivi- dus; mais cette espèce présente, sous ce rapport, de nombreuses variétés qui tiennent peut-être à l’âge. Cette Cléodore varie aussi sous le rapport de sa lon gueur seulement ; M. Rang a établi, sur cette différence de forme, une espèce qu’il a désignée sous le nom de C. clava, et qui différerait de la C. acicula par ses proportions plus courtes et moins gréles; mais, lors- qu'on examine un grand nombre d'individus, on voit ces deux formes se lier tellement l’une à l’autre, qu'il est impossible d’assigner des limites à chacune d’elles, et d'admettre, par conséquent, la distinction propo- sée par M. Rang. 496 MOLLUSQUES CLÉODORE VIRGULE. Cleodora virgula, Rang. Raxc, Ann. des Sc. nat., tom. XIIT, pag. 316, pl. 17, fig. 2. Hyalæa corniformis, d'Orbigny. Voy. pag. 120, pl. 8, fig. 20-23. PLancHE 8, Ficures 18-25. esta conica, elongata, pellucida, levigata, posticé acutissima et suprä incurva, anticé transversim truncata ; aperturä simplici, circulart. Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa forme moins grêle et moins allongée, et par la courbure plus où moins prononcée que présente tou- jours son extrémité postérieure, vers la face dorsale de la coquille. L'animal est entièrement semblable aussi à celui de cette espèce. Dimensions de la coquille : millimetres. Longueur... 6.5. ersotaieseremnet 6 Diametre (à louverture)..::..2,.0402,.0. 1 Cette Cléodore est fort commune, et se trouve dans toutes les mers. Elle présente de nombreuses variétés sous le rapport de la taille et de sa courbure postérieure. M. d'Orbi- ony à établi sur ce dernier caractère une espèce qu'il PTÉROPODES. 197 a désignée sous le nom de C. corniformis, et qui se distinguerait de la C{éodore virgule (C. virgula) par la courbure très-prononcée de son extrémité posté- rieure; mais nous dirons à ce sujet ce que nous avons déjà dit pour l'espèce qui précède, c’est-à-dire que l'on passe de la C. virgula, dont l'extrémité posté- rieure n'est que légèrement infléchie, à la C. corni- Jormis de M. d'Orbigny, par des transitions si peu sensibles, qu'il nous paraît impossible d’assigner à la forme de cette dernière des limites précises, et, par conséquent, de la prendre pour base d’une distinction spécifique. 195 MOLLUSQUES. Genre CUVIERIE. — Cuvierta, Rang. Ce genre a été proposé en 1827 par M. Rang, dans les Annales des Sciences naturelles (1), pour un Mol- Jusque ptéropode dont la découverte remonte à une époque un peu antérieure. M. Gaudichaud l'avait en effet observé, pendant le voyage de /’Uranie, et en avait fait un dessin très-exact qu’il a bien voulu nous communiquer, mais qui n’a pas été publié; il nous paraît très-probable que les Ptéropodes décrits et fi- curés par MM. Quoy et Gaimard dans la partie zo0- logique de ce même voyage, sous les noms de Cléo- dore obtuse et de Triptère rose, ne sont aussi que des Cuviéries incomplétement observées. M. Rang a donné, sur l’organisation intérieure des Cuviéries, quelques détails dus à ses recherches et à celles de M. Audouin. MM. Alcide d'Orbigny (2) et Van Beneden (3) ont ajouté depuis quelques faits nou- veaux à l'histoire de ces Moliusques que nous avons pu étudier aussi d’une manière complète, en ayant recueilli un grand nombre pendant notre voyage. (1) Voir ce recueil, tom. XII, pag. 325, pl. 45, fig. 1-8. (2) Vorage dans l'Amérique méridionale, tom. V (HI: partie), o& pag. 125. (3) Mémoire déjà cité, pag. 29. PTÉROPODES. 199 Description extérieure. L'animal des Cuviéries présente, dans ses carac- teres extérieurs, la plus grande analogie avec cele des genres précédemment décrits, et surtout des Cléo- dores. Les nageoires ont la même forme, c’est à-dire sont allongées et bilobées à leur bord externe; le lobe intermédiaire offre seulement une légère échan- crure à sa partie moyenne (pl. 12, fig. 4, 2, 3, etc.). Les tentacules et les divers orifices que l’on re marque à la partie antérieure de l’animal, sont aussi disposés de la même manière; mais les Cuviéries dif- férent des Hyales et des Cléodores par l'existence, en dessous de la partie cervicale, d'un organe particu- lier que M. Rang a considéré comme la branchie, et M. Alcide d'Orbigny, non moins à tort, comme une espèce de pied semblable à celui des Clios et des Pneumodermes. Cet organe nait inférieurement, sur la ligne médiane, par un pédicule étroit qui fournit presque immédiatement deux expansions foliacées ; l'une droite, allongée et acuminée à son extrémité ; l’autre gauche, élargie en éventail à sa partie anté- rieure qui se termine par un bord renflé en forme de bourrelet. La première de ces expansions présente, en dehors et à sa base, un petit prolongement qu hnit en pointe ; un petit renflement se voit aussi sur son bord interne. Enfin, de la partie inférieure du pédicule part un repli de la peau qui accompagne : comme dans les Cléodores, la terminaison du second 200 MOLLUSQUES. oviducte où du vagin, et le fixe aux parties voisines. Tel est l'aspect de cet organe, lorsqu'on déroule ses deux parties, comme le représente une de nos figures (fig. 7); mais, sur l'animal vivant, ces deux expan- sions foliacées s’enroulent de différentes manieres, et peuvent prendre ainsi les formes les plus variées (fig. 4, 2, 8, 14, 15). Les figures qu’en ont données MM. Rang et d'Orbigny sont également inexactes. L'existence de cet appendice singulier n’est pas constante ; nous ne l'avons jamais rencontré dans une des variétés que nous avons figurées (fig. 3 ); il man- que aussi quelquefois dans l’autre variété (fig. 2), mais l’on trouve toujours alors, dans ce point, une petite saillie formée par la peau et qui en est comme le vestige. Nous ne saurions dire si, dans ces cas, cet organe na pas encore pris son développement, ou s’il a été séparé de l'animal par la rentrée brusque de celui-ci dans la coquille, ou bien, enfin, si son ab- sence doit être regardée comme normale. Quant à ses usages , il est certain qu'ils sout tout à fait étran- gers à la respiration, comme l'avait cru M. Rang ; en effet, outre qu'il manque dans plusieurs de ces Mol- lusques , ainsi que nous venons de le dire, nous ver- rons bientôt que l’appareil branchial se trouve à sa place ordinaire et offre la même disposition que chez les Cléodores. Le rapprochement établi par M. d’Or- bigny entre cet appendice et le pied rudimentaire des Pneumodermes , ne nous paraît pas plus admissible, car Il n'y a, comme il est facile de le voir, aucune analogie entre ces deux parties. Sa position et ses PTÉROPODES. 20 connexions nous portent à le considérer plutôt comme une dépendance de l'appareil générateur. Le manteau, qui enveloppe la partie postérieure de l'animal, offre la même disposition et la même structure que dans les Cléodores; ainsi, l’on voit infé- rieurement le bouclier qui circonscrit la cavité bran- chiale , et, en dessus, les petits faisceaux musculaires qui se portent obliquement en avant, vers les bords libres du manteau. Ces faisceaux sont très-déliés et moins apparents que dans les genres précédents. Les bords du manteau forment presque toujours , sur les côtés , deux petits prolongements (fig. 13); mais on n'y trouve aucune trace des lèvres latérales qui exis- tent sur le manteau des Hyales, et que nous avons re- trouvées plus ou moins développées dans la plupart des Cléodores; sous ce rapport, les Cuviéries res- semblent tout à fait aux dernières espèces de ce genre, dont elles se rapprochent en effet par la forme de la coquille (fig:11,,2,.3,42,.13). Description intérieure. Sous le rapport de leur organisation intérieure, les Cuviéries ne diffèrent presque pas des Cléodores ; nous ne trouvons que de légères modifications dans quelques parties des appareils digestif et générateur. Ainsi, la cavité buccale et le renflement lingual qu'elle contient, présentent un développement un peu plus considérable, mais sans que la structure de ces parties soit changée. Les glandes salivaires sont 202 MOLLUSQUES. aussi plus volumimeuses, de forme globuleuse et blan- châtres ; elles sont situées en arrière et sur les côtés de la masse buccale, dans la cavité de laquelle elles viennent s'ouvrir par un conduit très-court et très- délié (pl. 412, fig. 24, 25, s). La verge présente, dans les Cuviéries, une parti- cularité assez remarquable qui a déjà été signalée par M. Var Beneden; on trouve constamment, à son ex- trémité postérieure , une partie cornée, en forme de dard, qui est logée dans le fond de sa cavité, de telle sorte que cette partie se trouve placée à l'extré- mité de la verge, lorsque celle-ci se déroule au dehors pendant l'érection; sa forme est arrondie et non en lame, comme l’a figurée M. Van Beneden. La verge se recourbe d’arrière en avant, à son extrémité posté- rieure, en formant quelquefois plusieurs replis ; elle est aussi pourvue d’un petit muscle rétracteur qui s’at- tache à quelque distance de cette extrémité (fig. 3%, 39, 30). Nous avons déjà dit que l'appareil respiratoire était disposé comme dans les Cléodores; sa structure est aussi la même. Sa position, dans la cavité du manteau, est seulement un peu plus profonde, et les deux branches qui le constituent n’offrent plus une symé- trie aussi parfaite (fig. 12, 17, b, d). Les organes de la circuiation , les systèmes muscu- laire et nerveux ne différent pas des mêmes parties chez les Cléodores (pl. 12, fig. 16, 17, 18-22). En établissant ce genre, M. Rang lui avait assigné PTÉROPODES. 203 des caractères qui l’auraient nettement séparé de ceux que nous avons précédemment examinés ; mais quel- ques-uns de ces caractères , entre autres celui qui est relatif à la disposition des branchies, n’ont pas été confirmés par les observations faites depuis sur ces Mollusques. La description que nous venons d’en don- ner prouve que les Cuviéries ne diffèrent presque pas des Cléodores, tant pour les caractères extérieurs que sous le rapport de leur organisation intérieure; l’ap- pendice singulier qui occupe la partie inférieure de la région cervicale, ne nous paraît pas établir une diffé- rence importante entre ces deux genres, puisque son existence n'est même pas constante ; il en est de même des modifications que présentent certaines parties des appareils digestif et générateur. Quant à la coquille, M. d'Orbigny dit s'être assuré qu'elle est primitive- ment terminée en pointe à son extrémité postérieure, et que la conformation qu'elle présente plus tard est le résultat d’une troncature ; la coquille des Cuviéries ne différerait donc encore de celle des Cléodores que par le diaphragme qui obture son extrémité posté- rieure, et par les bords de l'ouverture qui ne sont plus tranchants, mais arrondis. Ces différences ne nous paraissent pas suffisantes pour faire admettre le genre proposé par M. Rang; nous pensons, par conséqnent, que les Cuviéries doivent être réunies aux Cléodores, pour former une simple section ou un sous-genre parmi celles-ci. Les Cuviéries habitent les mers des régions chaudes: 204 MOLLUSQUES. mais, comme les Cléodores, elles se portent aussi jus- qu'à des latitudes assez élevées; ainsi, M. Gaudichaud en a recueilli dans les parages mêmes du cap Horn. Ces Mollusques sont beaucoup moims communs que les Hyales et les Cléodores; on n'en connaît encore qu'une espèce vivante et une fossile : leurs mœurs et leurs habitudes sont les mêmes que celles des Pté- ropodes appartenant aux genres précédemment dé- crits. PTÉROPODES. 205 CUVIÉRIE COLONNETTE. Cuvieria columnella, Rang. Raxc, Ann. des Sc. nat., tom. XII, pag. 323, pl. 45, fig. 1-8. Cleodora obtusa? Quox et Garmarn, Voy. de l’Uranie, pl. 66, fig. 5. Triptera rosea? id., pl. 66, fig. 6. PLancHe 12, Ficures 1-11. Testa subcylindracea, elongata, hyalina, levigata, postice arcta et truncata, anticè suprà depressa, in medio inflata ; apertur& obli- quä, transversä, cordiformi ; labro supero infero longiore. Coquille subcylindracée, allongée, lisse, rétrécie et tronquée à son extrémité postérieure, déprimée en dessus antérieurement, renflée vers sa partie moyenne; l'ouverture est oblique à l’axe de la coquille, trans- verse, subcordiforme, à bords arrondis et non tran- chants; la lèvre supérieure dépasse en avant la lèvre inférieure. L'animal, dont nous avons fait connaître précé- demment les caractères, est vivement coloré dans ses parties intérieures, autour de la bouche et sur le bord de l’appendice cervical, en forme d’éventail, comme le montrent nos figures ; toutes ses autres parties sont blanches et transparentes. Nous avons trouvé, dans la coquille des Cuviéries ’ 206 MOLELUSQUES. que nous avons observées, trois formes bien distinctes qui n’ont pas été indiquées jusqu'à présent, mais qui nous paraissent constituer seulement des variétés d'âge. Dans la première de ces variétés, que nous regar- dons comme l'adulte, la forme cylindracée de la co- quille est plus prononcée, et le renflement médian moins marqué (fig. 4). Dans la seconde, ce renflement est plus considé- rable, et l'extrémité postérieure de la coquille, qui déborde le diaphragme intérieur, plus longue et plus étroite (fig. 2). Enfin, dans la troisième variété, toute la partie mé- diane de la coquille est très-bombée, et son extrémité postérieure plus allongée et plus grêle que dans les va- riétés précédentes (fig. 3). Ces trois variétés différent aussi par leurs dimen- SIOPS : La longueur de la première est de douze millime- tres ; celle de la seconde, de dix millimètres ; celle de la troisième, de sept millimètres seulement. — La largeur et la hauteur varient à peu près dans les mêmes pro- portions. Dans les deux premières variétés, la coquille est as- sez épaisse, résistante, hyaline, quelquefois faiblement colorée en rose et marquée de stries longitudinales très-fines qui sont assez apparentes, même à un faible grossissement (fig. 4 et 5); dans la troisième, la co- quille est plus mince, plus fragile et entièrement transparente. L'animal présente aussi quelques différences ; ainsi PTÉROPODES. 207 les deux premieres variétés sont les seules chez les- quelles on trouve l’appendice singulier qui occupe la partie inférieure du cou; cet appendice manque quel- quefois dans la seconde qui en offre cependant tou- Jours alors, ainsi que nous l'avons dit, comme le pédi- cule ou le vestige; enfin, la troisième n’en présente jamais la moindre trace. Ces trois variétés ne paraissent pas se rencontrer également dans toutes les mers. Nous avons trouvé la premiere, en petit nombre, dans les océans Indien et Atlantique; la seconde, beaucoup plus commune, nous à paru appartenir surtout à ce dernier océan, où nous l'avons recueillie en grande quantité par 8° de latitude nord et 21° de longitude ouest; enfin la troisième variété habiterait plus particulièrement, d’a- près nos observations, l'océan Pacifique, les mers de l'Inde et de la Chine; elle est moins commune que la précédente. 208 MOLLUSQUES. GENRE SPIRIALE. — Sprrialis, nobis. Nous avons proposé ce genre pour un groupe de petits Mollusques ptéropodes que nous avons fait con- naître sommairement dans la Revue zoologique du mois d'août 1840, et qui sont remarquables surtout par leur coquille enroulée en spirale et munie d’un opercule. Les nouvelles recherches que nous avons faites depuis sur ces Mollusques, vont nous permettre d'ajouter quelques détails à ceux que nous avons déjà donnés et de rendre ainsi leur histoire plus complète. Description extérieure. Les Spiriales se rapprochent tout à fait, par leurs caractères extérieurs, des genres précédents; on peut s'en faire une idée assez juste en les considérant comme des Cléodores dont la partie postérieure du corps et la coquille qui la recouvre seraient contournées en spirale (1). La tête et les expansions natatoires sont disposées en effet de la même manière que dans les Cléodores et les Hyales, ces parties ne présentant que des modi- fications légères dans leur forme. Ainsi les nageoires (1) C’est de cette forme de l'animal et de la coquille que nous avons tiré le mot spériale, qui veut dire, ‘par abréviation, Hyale spirée ou contournée en spirale. PTÉROPODES. 209 sont allongées, un peu élargies vers leur extrémité et terminées en pointe arrondie; elles ne sont ja- mais lobées comme dans les genres précédemment décrits. Le lobe intermédiaire est bien distinct et comme pédiculé à son origine; il porte constamment un oper- cule vitré et paucispiré sur sa face supérieure (pl. 13, fig. 4, 2, 11, 20, 27, 50, 55, 36). On voit en dessus de la tête deux petits tentacules comme dans les Cléodores et les Hyales; ils sont allon- és, cylindriques et un peu transparents à leur som- met pendant la vie ; ils paraissent très-contractiles. La petitesse extrême de ces organes ne nous à pas permis de nous assurer si le tentacule droit était muni, comme dans les genres précédents, d'une gaine particulière (pdf. Ccseupl3 fe. 1): Sur le bord antérieur de la tête, à droite de la ligne médiane, se trouve l'ouverture de la verge (pl. 11, fig. 45, 17, v'); l’autre orifice de l'appareil générateur est placé du même côté, à la racine de la nageoire (he Mb i6. ts 00). La partie postérieure ou abdominale de l'animal est enroulée en spirale, ainsi que la coquille dans laquelle elle est contenue. Le manteau, qui recouvre cette par- tie, offre une organisation semblable à celle que nous avons décrite dans les genres précédents, c’est-à-dire qu'il est très-mince dans toute son étendue, si ce n’est à son bord libre et autour de la cavité branchiale où il est doublé d'une couche glanduleuse qui en épaissit beaucoup ses parois; mais le sac branchial, au lieu de Bonite. — Zool, Tome II. Partie I. 14 210 MOLLUSQUES. se trouver à la partie inférieure, comme dans les Hyales et les Cléodores, est placé en dessus, comme dans les Gastéropodes pectinibranches ou pulmonés, par suite de l’'enroulement de l'animal autour de son axe (pl. 41, fig. 13, 14, 15). Le bord antérieur du manteau offre presque toujours un prolongement qui correspond à un prolongement semblable de la coquille et qui rappelle un peu par sa disposition, dans quelques espèces, le siphon respira- toire des Gastéropodes siphonobranches. Ce bord du manteau est libre en dessus et sur les côtés, pour for- mer Fouverture de la cavité branchiale, et n’adhère à l'animal que par sa partie inférieure. Il est recouvert de cils vibratiles comme dans les Hyales, les Cléo- dores, etc. Description tiitérieure. L'analogie que nous venons de signaler entre les Spiriales et les genres précédents, sous le rapport des caractères extérieurs, se retrouve dans tous les traits de leur organisation intérieure. Organes de la digestion. — La bouche est inférieure et bordée sur les côtés par deux lèvres saillantes; la ca- vité buccale, peu considérable, présente aussi inférieu- rement un petit renflement lingual. La petitesse ex- trême de ces Mollusques ne nous a pas permis de constater d'une manière positive l'existence des glan- des salivaires; cependant nous croyons avoir vu deux petits grains glanduleux semblables à ceux que nous PTÉROPODES. 211 avons décrits dans les Hyades et les Cléodores (pl. 14, fig. 13, 16, 4’). Le reste du tube digestif offre la même organisation que dans celles-ci. Ainsi, l'estomac est également armé de. quatre plaques cornées qui adhèrent à sa face in- terne. L’intestin, après avoir formé une circonvolution à la partie supérieure du foie, se porte à droite de l'œsophage, pour venir se terminer dans la cavité branchiale; mais, par suite encore de l’enroulement de l'animal, l'anus, au lieu d’être à gauche, se trouve placé du côté droit (fig. 15, 16, 18, e, £, a). Le foie forme une masse granulée verdätre qui oc- cupe tout le second tour de la coquille ; nous n'avons pas pu distinguer la vésicule allongée à laquelle abou- tissent les canaux biliaires dans les Ptéropodes que nous avons examinés précédemment (fig. 13, 14,45, Fo Organes de la respiration. — Nous avons déja vu que la cavité branchiale, au lieu d'être inférieure, comme chez les Hyales et les Cléodores, se trouvait placée à la partie supérieure, dans une disposition par conséquent tout à fait semblable à celle qui existe dans les Gastéropodes conchylifères. L'appareil branchial nous à paru formé par deux feuillets membraneux saillants dans cette cavité et analogues à ceux des Cléodores; la structure de ces organes nous a semblé être aussi la même. = . . Q PA. 6 Organes de la circulation. — Le cœur est situe à la 248 MOLLUSQUES. base de l'appareil branchial, à la réunion des deux branches qui le constituent; il occupe par conséquent le fond de la cavité branchiale, et sa position rappelle tout à fait celle qu'a le même organe chez les Gasté- ropodes conchylifères. L'oreillette, qui est antérieure, communique encore avec une poche pyriforme, sem- blable à celle que nous avons décrite dans les Cléo- dores et les Cuviéries {pl. 414, fig. 15, 20, c, c’, ); le ventricule donne naissance, par son extrémité posté- rieure, à l'aorte qui se perd immédiatement dans Île foie et à travers les autres viscères (pl. 11, fig. 43, 15, 16, c). Organes de la génération. — L'ovaire ou l'organe hermaphrodite occupe les derniers tours de la co- quille; il est formé par une masse granuleuse blan- châtre, qui est encore divisée par des scissures trans- versales. L'oviducte, qui prend naissance à sa partie antérieure, offre d’abord un très-petit calibre; mais, vers le milieu de sa longueur, il se renfle, comme dans les autres genres, et se termine également dans un se- cond oviducte ou utérus dont les circonvolutions for- ment une petite masse globuleuse tout à fait semblable à cette même partie, dans les dernières espèces du senre Cléodore. La fin de cet oviducte, ou le vagin, vient s'ouvrir, comme nous l'avons déjà indiqué, à la base de la nageoire droite, et se continue également par un repli de la peau jusqu’à l’orifice de la verge (PERSAN T4, 15, 16, 1T, ox 282 0"): Ce dernier organe est situé, comme dans les autres PTÉROPODES. 213 senres, à la partie supérieure de lamimal, et vient s'ouvrir aussi sur le bord antérieur de la tête, à droite de la bouche. Il est renflé à sa base et l'on voit par transparence, dans son intérieur, une espèce de dard analogue à celui que nous avons signalé chez les Cuviéries (pl. 11, fig. 45, 16, 19, v, ). Système musculaire. — Les nageoires nous ont paru composées des mêmes couches que dans les genres dont nous avons déjà parlé. Le muscle droit est formé par un ruban musculaire qui offre une disposition entièrement semblable à celle que l’on voit chez les Gastéropodes à coquille turbinée ; ainsi, il n’est plus supérieur comme dans les Hyales et les Cléodores, mais situé en dessous des viscères et le long du côté columellaire de l'animal. Ce muscle mérite donc bien ici le nom de muscle co- lumellaire. À sa partie antérieure, ilse divise en deux faisceaux qui se rendent dans les nageoires pour y for- mer les couches moyenne et centrale (pl. 11, fig. 45, 16, m). Système nerveux. — Ce système, que nous n'avons pu voir que par transparence, nous à paru identique à celui des Hyales et des Cléodores (pl. 14, fig. :21, 22). Nous avons établi ce genre pour de très-petits Pté- ropodes qui, comme nous venons de le voir, offrent la plus grande analogie avec les Cléodores, mais s’en distinguent par la forme singulière de l'ani- 9214 MOLLUSQUES. mal et de la coquille toujours enroulés en spirale, par quelques modifications dans la disposition de certai- nes parties (1), et surtout par le caractère remarqua- ble de l'existence d’un opercule. D'après les renseignements qui ont été donnés, dans ces derniers temps, par M. Van Beneden, sur le genre Limacine ou Spiratelle, le seul du groupe des Ptéro- podes qui se rapproche, par sa forme , de celui dont il est ici question, il sera peut-être nécessaire de réu- nir les Mollusques qui composent ces deux genres. L'analogie qui existe dans presque tous les détails de leur organisation , nous parait en effet si grande que nous n'eussions pas hésité à opérer nous-mêmes ce rapprochement , si les Spiriales ne différaient encore des Limacines par un caractère auquel nous atta- chons une assez grande importance ; nous voulons parler de lopercule dont la présence n'a pas été signalée dans les Limacines par M. Van Beneden En effet, nous ne partageons pas entièrement lopi- nion des malacologistes qui pensent que cette partie forme un caractère de peu de valeur, se basant en cela sur ce que, dans certains genres, l’on trouve des espèces qui sont munies d’un opercule et d’autres qui en sont dépourvues: l'existence d’un opercule, dans des Mollusques du groupe des Ptéropodes, nous parait constituer un caractère très-remarquable qui permet de rattacher sûrement ces Mollusques aux Gastéropodes. Si les Limacines en sont réellement (1) La position du sac branchial et de l'anus PTÉROPODES. A8 dépourvues, on doit les considérer comme établis- sant une transition entre les Spiriales, qui forment le dernier terme de la famille des Hyales, et les der- nières espèces du genre Cléodore, dont elles se rap- prochent par quelques-uns de leurs caractères et surtout par l'existence de ce petit lobe qui occupe le bord antérieur ou interne des nageoires (1). Les petits Mollusques qui composent le genre Spi- riale sont très-abondamment répandus dans toutes les mers ; la plupart des espèces sont propres aux mers des régions chaudes ; mais quelques-unes s'élèvent jusqu’à des latitudes très-élevées. Leurs mœurs et leurs habi- tudes paraissent être les mêmes que celles des Cléo- dores et des Hyales. . (1) M. Van Beneden s’est mépris sur la nature de ces petits lobes, en les considérant comme des tentacules. 216 MOLLUSQUES. SPIRIALE ROSTRALE. Spirialis rostralis, nobis. Evpoux Er SouLeyEer, Revue zoologique, 1840, pag. 236. Atlanta inflata? D’OrBIGNY, voy. pag. 174, pl. 12, fig. 16-19. PLANCHE 13, Ficures 1-10. Testa subdiscoïdea, inflata, tenuissima, pellucida, levigata, umbi- licata; spir& sinistrorsum conversd, depressä; anfractibus ternis, convezxis ; apertur& cordiformi ; peristomate acuto, anticé rostrato et inflexo. Operculum ovatum, vitreum, paucisptratum. La coquille de cette espèce est discoïde, renflée au dernier tour, ombiliquée; la spire, enroulée un peu obliquement à gauche et munie de trois tours convexes et lisses, est si peu saillante qu'elle ne dépasse pas le dernier tour : l’ouverture, assez grande, est triangu- laire ou plutôt cordiforme; les bords sont désunis, tranchants, légèrement échancrés sur les côtés; la partie antérieure du péristome se prolonge en un long rostre légèrement arqué. Sur quelques individus, nous avons trouvé les échancrures latérales de l'ouverture fermées par une lame vitrée plus mince que le reste de la coquille (fig. 7 et 8. . Cette coquille est très-mince, d’une grande fragilité et transparente dans toutes ses parties PTÉROPODES. to 17 L'animal a deux nageoires allongées, arrondies et non bilobées à leur extrémité, réunies postérieure- ment par un lobe intermédiaire, de forme semi-circu- laire, sur lequel se fixe l’opercule en dessus. La masse viscérale est légèrement jaunâtre; toutes les autres parties de l’animal sont blanches et transparentes. Les dimensions de la coquille sont de un milli- mètre et demi dans son plus grand diamètre. Cette espèce est très-commune ; nous l’avons recueil- lie en trés-grande quantité dans toutes les mers que nous avons parcourues. Il nous paraît tres-probable que la petite coquille décrite par M. d'Orbigny, sous le nom d'Atlanta inflata, et dont ce naturaliste n’a pu bien observer l'animal, n’est autre que celle que nous venons de décrire. 218 MOLLUSQUES. SPIRIALE VENTRUE. Spirialis ventricosa , nobis. Evpoux er Soureyer, Revue zoologique, 1840, pag. 256 Atlanta Rang? n'Ormicny, voy. pag. 176, pl. 12, fig. 25-28. PLANCHE 13, Ficures 11-16. lesta globosa, ventricosa, tenuissima, pellucida, levigata, umbili- cata ; Spir& sinistrorsä, conics-depressé; anfractibus quinis, con- vexis ; ultimo magno, inflato ; apice subacuto ; aperturä angu- latä, subcanaliculatä ; columellä reflex ; labro acuto. Operculum vitreum , paucispiratum. Coquille globuleuse, ventrue, assez largement om- biliquée, sénestre ; la spire, peu élevée, conique, com- posée de cinq tours convexes et lisses; le dernier, bombé et beaucoup plus grand que les autres; la bouche anguleuse, subcanaliculée, à bords désunis ; le bord columellaire droit et réfléchi; le bord droit tranchant et sinueux. Cette coquille est mince, fragile et trés-transpa- rente. L'animal est semblable à celui de l'espèce précé- dente; les nageoires sont seulement un peu plus larges à leur extrémité. La masse viscérale est brünâtre ; la bouche et l'œsophage présentent une coloration vio- PTÉROPODES. 219 lacée foncée; tout le reste de l'animal est d’un blanc transparent. Les plus grandes dimensions de la coquille, dans cette espèce, sont de deux millimètres. Cette espèce est rare ; nous n'en avons du moins recueilli qu'un petit nombre d'individus dans l'océan Atlantique. Quelques-uns nous ont paru consti- tuer une variété qui se distinguerait par un plus petit volume, un ombilic moins ouvert, une spire plus dé- primée et une bouche moins anguleuse. La coquille de cette espèce nous semble correspon- dre encore à celle que M. d'Orbigny a décrite sous le nom d’'Atlante de Rang (A. Rangii), et sa variété, à l’Atlante arrondie (A. rotunda) du même auteur. 220 MOLLUSQUES. SPIRIALE RÉSEAU, Spirialis Clathrata, nobis. Eypoux £r Soureyer, Revue zoologique, 1840, pag. 138. Atlanta reticulat: ? v'Orssiony, voy. pag. 178, pl. 12, fig. 32-35. PLANCHE 43, Ficures 17-19. Testa ovata, ventricosa, tenuissima, diaphana , reticulata ; spirä sénistrorsé , brevi, obtusd; anfractibus ternis, convexis ; aperturä ovato-oblongä, angulosä ; columellé arcuatà et acuté ; labro acuto. Operculum vitreum. Coquille oblongue, ventrue, diaphane, couverte à sa surface de stries légèrement saillantes qui se croisent régulièrement à la manière des mailles d’un filet; la spire, enroulée à gauche, courte, obtuse au sommet, munie de trois tours convexes, dont le dernier forme à lui seul presque toute la coquille; bouche large, ovale, anguleuse à sa partie antérieure; le bord colu- mellaire légèrement arqué et terminé en pointe; le bord droit, mince et tranchant. Cette coquille est, comme les précédentes, très- mince, d’une grande fragilité, translucide et légere- ment colorée en jaune roussàtre. Nous n'avons pu étudier que trés-imparfaitement l'animal de cette espece ; il nous à paru offrir cepen- PTÉROPODES. 291 dant ies mêmes caractères que celui des espèces pré- cédemment décrites. Il est aussi muni d'un opercule. Sa taille est d'environ deux millimètres pour la hau- teur de la coquille. Nous n'avons recueilli que deux individus de cette espèce dans l'océan Pacifique. Cette Spiriale a encore de grands rapports avec l’'Atlante réticulée (A. reticulata) de M. d'Grbigny ; cependant, d’après la figure donnée par ce naturaliste, sa forme serait un peu différente. 18 to 19 MOLLUSQUES. SPIRIALE AUSTRALE. Spirialis australis, nobis. 7 Evpoux Er Soureyer, Revue zoologique, 1840, pag. 237. PLancHe 13, Ficures 20-26. l'esta turbinata, tenuissima, hvalina, umbilicata, sinistrorsa ; spirä conoided , obtusiusculà ; anfractibus septenis, convexis , levigatis ; apertur& angulatä ; columellé rectä, reflexd ; {abro acuto, articé reflexo. Operculum cvatum, vitreum, paucispiratum. Coquille turbinée, sénestre, assez largement ombi- liquée ; la spire élevée, conique, à sommet obtus, mu- nie de sept tours convexes, lisses et séparés par des sutures assez profondes; le dernier tour bombé et beaucoup plus grand que les autres; la bouche irré- oulièrement quadrilatère, à bords désunis et tran- chants ; le bord columellaire droit et réfléchi ; le labre sinueux et légèrement réfléchi à sa partie antérieure. Cette coquille est mince, fragile et translucide. L'animal est tout à fait semblable, pour les formes et pour les couleurs, à celui de la Sprriale ventrue. Les dimensions de la coquille sont de deux milli- mètres pour la hauteur, et de un milimètre et demi pour la largeur prise au dernier tour. M. Gaudichaud a recueilli cette espèce en assez grande quantité dans les mers du cap Horn. PTÉROPODES. 223 SPIRIALE TROCHIFORME. Spirialis_ trochiformis , nobis. Evpoux er Souzeyer, Revue zoologique, 1840, pag. 237. Atlanta trochiformis, »’Orsieny, voy. pag. 177, pl. 19, fig. 29-31. PLANCHE 13, Ficures 27-34. Testa ventricoso-conica, tenuissima, pellucida, levigata, sinistrorsa ; spirä mediocri, obtusä; anfractibus quinis, convexis ; ultimo ma- gno, inflato ; aperturä ovatä ; columellé arcuaté ; labro acuto. Operculum ovatum, vitreum, paucispiratum. Coquille ventrue, trochiforme, très-mince, sénestre ; la spire médiocrement élevée, à sommet obtus, munie de cinq tours convexes et lisses ; le dernier tour bombé et beaucoup plus grand que les autres; la bouche ova- laire, à bords désunis ; le bord columellaire légèrement arqué ; le bord droit très-mince et tranchant. Cette coquille est transparente et très-fragile. L'animal est semblable, pour les formes et pour les couleurs, à celui de l'espèce précédente. Les dimensions de la coquille sont de un millimètre pour la hauteur, et de deux tiers de millimètre pour la largeur. Cette espèce est assez commune et se trouve dans toutes les mers. Nous en avons recueilli une variété dans les mers de la Chine, dont lanimal est remar- quable par la longueur de ses nageoires (fig. 30, 32). Le Les ES MOLLUSQUES. SPIRIALE BULIMOIDE. Spirialis bulimoides, nobis. Expoux ET SouLeyEr, Revue zoologique, 1840, pag. 138. Atlanta bulimoïdes, »'Oreicxy, voy. pag. 179, pl. 12, fig. 36-38. PLANCHE 13, Ficures 35-42. Testa oblonga , tenuissima, pellucida , levigata, sinistrorsa ; spird elongatä, contcä; apice subacuto ; anfractibus Senis, CONVETIS ; aperturà angulatà ; columell& subarcuatä ; labro acuto. Operculum ovatumn, vitreum, paucisptratu . Coquille bulimoïde, allongée, sénestre; la spire éle- vée, à sommet sub-aigu, munie de six tours convexes et lisses; la bouche ovalaire, anguleuse à sa partie an- térieure, à bords désunis ; le columellaire très-légère- ment arqué; le droit mince et tranchant. Cette coquille est, comme celle des espèces précé- dentes, très-mince, d’une grande fragilité et entiere- ment transparente. Le bord celumellaire et les sutures sont souvent colorés en rose. L'animal a deux nageoires allongées, élargies et ter- minées en pointe arrondie à leur extrémité; le lobe intermédiaire est comme pédiculé à sa base et de forme ovalaire dans le sens transversal. Il donne attache à l’opercule par sa face supérieure, comme dans les autres Spiriales. La bouche et la base des nageoires PTEÉROPODES. 293 sont légérement colorées en rose; la masse viscérale est opaque et brunâtre dans quelques points ; toutes les autres parties de l'animal sont blanches et trans- parentes. Les dimensions de la coquille sont de deux milli- mêtres pour la hauteur, et de un millimètre pour sa largeur prise au dernier tour. Cette espèce est celle qui nous a paru la plus com- mune, après la Spiriale rostrale ; nous l'avons trouvée dans toutes les mers. Elle nous a présenté une variété qui se distingue par son plus petit volume, par la forme de la bouche qui est un peu plus anguleuse à sa partie antérieure, et surtout par sa coloration qui est d’un jaune roussâtre aux sutures et à la partie antérieure du dernier tour (fig. 39, 40). Bonite, — Zool. Tome IT, Partie I, 15 226 MOLLUSQUES. Genre CYMBULIE. — Cyrrbulia, Péron et Lesueur. On doit la découverte de ce genre curieux à Péron et Lesueur qui l'ont fait connaître en 1810, dans leur Histoire de la famille des Ptéropodes (1). Les auteurs qui en ont parlé depuis s'étaient presque tous bornés à reproduire la caractéristique fort incomplète et même inexacte que ces deux naturalistes en avaient donnée; c'est dans ces dernières années seulement que ces Moliusques ont été bien étudiés, surtout dans leur or- ganisation intérieure presque entièrement inconnue jusqu'alors. La science est redevable à M. Van Bene- den d’un très-bon travail à ce sujet. Nous avons pu étudier nous-mêmes ce genre dans les plus grands détails, et quoique nous ayons peu de faits à ajouter à ceux qui ont été publiés par M. Van Beneden, nous en donnerons cependant ici une description complete, afin de pouvoir mieux établir ses rapports avec les A autres genres du groupe des Ptéropodes. Description extérieure. Les Cymbulies diffèrent d’une manière assez tran- chée, par leur forme et par leurs caracteres extérieurs, des autres Ptéropodes conchylifères ; il ne nous paraît (4) Annales du Muséum, tom. XV, pag. 66, pl. 2, fig. 10-12. PTÉROPODES. 297 pourtant pas exact de dire, comme M. Van Beneden, qu'elles sont aussi différentes des Hyales que celles-ci le sont des Clios et des Pneumodermes; nous verrons au contraire que les Cymbulies se rattachent aux Pté- ropodes testacés par les principaux traits de leur or- ganisation. La division de l'animal en partie antérieure ou céphalo-thoracique, et en partie postérieure ou ab- dominale, est beaucoup moins distincte que dans les autres Ptéropodes, ce qui tient au développement considérable des expansions natatoires qui dépassent beaucoup l’animal en arrière et sur les côtés, et à la disposition singulière du manteau qui, comme nous le verrons bientôt, adhère à la face supérieure de ces appendices. Ces deux parties ne se trouvent plus aussi dans les mêmes rapports, la viscérale étant supérieure au lieu d’être postérieure (pl. 15 bis, fig. 22). La tête est également moins distincte encore que dans les Hyales et les Cléodores; mais sa disposition est tout à fait analogue. Ainsi, la bouche occupe sa partie inférieure, dans l'intervalle qui sépare en avant les deux nageoires. En dessus de cet orifice, et un peu plus en avant, se voient deux tentacules qui ont été bien reconnus par Péron et Lesueur, mais que ces naturalistes ont considérés à tort comme des tenta- cules oculiféres. On ne voit, en effet, aucune trace d'yeux, ni au sommet, ni à la base de ces organes. Enfin, en avant des tentacules, l’on remarque encore, sur la ligne médiane, un orifice qui est celui de la verge; l’on sait que Péron et Lesueur avaient pris cet 298 MOLLUSQUES. orifice pour la bouche et l'organe excitateur pour une trompe, erreur qui a été reproduite ensuite par la plupart des zoologistes. La tête se termine antérieurement par un bord aigu que forme une bride blanchâtre et comme fibro- cartilagineuse s'étendant d’une nageoire à l'autre; elle est creusée d’une cavité assez grande dans laquelle est contenue en partie la verge (pl. 45 bis, fig. 20, 21, Did; v, v). Les nageoires sont disposées comme dans les Hyales et les Cléodores, mais elles sont proportionnellement beaucoup plus larges ; aussi débordent-elles considé- rablement le corps de l'animal, non-seulement sur les côtés, mais encore en arriere. Elles sont oblongues et terminées latéralement en pointe arrondie (fig. 20, 22) (1). Ces appendices présentent, à la partie interne de leur bord antérieur, un repli qui se dédouble lui- même en deux feuillets; un de ces feuillets va se réunir, en arriere de l'ouverture buccale, à celui du côté opposé pour former une espèce de lèvre posté- rieure à cette ouverture; l’autre vient se joindre à une seconde lèvre en forme de bourrelet qui se trouve à la partie antérieure du même orifice (2). Les nageoires (4) La figure qui a été donnée de la Cymbulie, dans lZconogra- phie du Règne animal de G. Cuvier, par M. Guérm-Méneville, représente la forme de ces nageoires d’une manière très-exacte. (2) Dans la plupart des figures que l’on a données de la Cym- bulie, ces feuillets sont représentés déroulés ou déplissés en avant; mais ce n’est pas la disposition normale, comme nous avons pu nous en assurer sur plusieurs individus, PTEROPODES. 299 19 se continuent, par leur bord postérieur, sur la ligne médiane, avec un troisieme lobe qui se prolonge en arriere et que l'on peut regarder comme l’analogue du lobe intermédiaire des autres Ptéropodes conchy- liferes (fig. 20, 21, 22). La partie de Panimal que nous venons de décrire est toujours extérieure et ne peut rentrer dans la co- quille, comme dans les genres que nous avons étudiés précédemment ; le volume considérable des nageoires ne nous paraît pas être la cause véritable qui s'oppose à leur rentrée dans l’intérieur du test; ceite cause nous parait se trouver bien plutôt dans la disposition de la coquille qui n’est pas externe, comme on le croit généralement, mais terne, ainsi que nous le ferons voir bientôt. La partie viscérale de l'animal, qui est logée dans la cavité de cette coquille, est de forme arrondie ou ovoide. Dans les genres étudiés précédemment, c'est- à-dire dans les Hyales, les Cléodores, etc., nous avons vu que cette partie était enveloppée par le manteau qui forme une espèce de sac ouvert en avant; il n’en est pas de même dans les Cymbulies, et c'est surtout par la disposition singulière du manteau que ces Mol- lusques différent des autres Ptéropodes conchyli- fères. En effet, la masse viscérale ou abdominale n'est plus recouverte par le manteau qu’en dessus; inférieu- rement, elle se trouve immédiatement en rapport avec les nageoires qui, comme nous l'avons dit, la dé- bordent de beaucoup en arrière; elle est ainsi contenue dans une poche qu'on dirait formée par le décolle- 230 MOLLUSQUES. ment de la peau (devenue le manteau) de la face su- périeure de ces appendices et dont l'ouverture est en arrière (fig. 22). On peut encore se représenter cette disposition en supposant que, dans une Hyale par exemple, la masse viscérale, diminuée de vo- lume, se trouverait placée au-dessus des nageoires , par le développement de celles-ci en arrière, comme cela a lieu dans les Cymbulies, et en supposant encore que le bord du manteau viendrait s'implanter au- dessus de la tête en avant, et sur les nageoires laté- ralement, en se confondant avec ces parties; on peut voir que, dans cette supposition, la disposition du manteau serait la même que dans les Cymbulies et que son ouverture, ou plutôt l'ouverture de la poche con- tenant la masse viscérale, au lieu d’être antérieure et inférieure, se trouverait être aussi postérieure. Les particularités que nous venons d'indiquer, ne sont pas les seules qui méritent d'être signalées. Dans les Mollusques conchyliferes et à coquille externe, le bord du manteau est toujours distinct, même dans Îles points où il est adhérent; dans les Cymbulies, ce man- teau n’a plus de bords proprement dits; après s'être fixé, en avant et sur les côtés, à la face supérieure de la tête et des nageoires, il se continue avec un feuillet très mince qui se réfléchit sur la coquille et la recouvre entièrement. En arrière également, le bord du man- teau, qui circonscrit l'ouverture de la cavité viscérale, n’est pas un bord libre, mais un simple repli que le manteau forme aussi dans ce point pour se réfléchir sur la coquille, de sorte que celle-ci se trouve réelle- PTÉROPODES. 231 ment contenue tout entière dans un dédoublement du manteau, à la manière des coquilles internes (fig. 22). Celui des feuillets du manteau qui recouvre exté- rieurement la coquille, est très-mince et n'est même formé, dans la plus grande partie de son étendue, que par une espèce de pellicule qui est bien apparente sur les individus frais et bien conservés. Ce feuillet se déchire avec une assez grande facilité, ce qui explique pourquoi l’on rencontre assez souvent l'animal séparé de sa coquille ; mais on trouve toujours, dans ce cas, des lambeaux plus où moins étendus de ce même feuillet se continuant avec le feuillet profond ou in- terne (fig. 22). Ce dernier, qui tapisse la cavité intérieure de la co- quille et qui se trouve à découvert lorsque celle-ci est enlevée, est aussi fort mince dans toute son étendue; nous n'avons pas vu, sur cette partie du manteau, les granulations dont parle M. Van Beneden, et qui seraient semblables à celles que nous avons déjà décrites dans les autres Ptéropodes conchyliféres (fig. 22). Le repli postérieur du manteau, qui circonscerit l'ouverture de la cavité viscérale, nous a paru doublé sur les côtés, dans les points où il vient se fixer à la face supérieure des nageoires, de petits faisceaux musculaires qui augmentent beaucoup sa résistance ; ce point d'adhérence est un peu plus antérieur du côté droit que du côté gauche (fig. 22, 23). A l'entrée de la cavité viscérale, vient se terminer, inférieure- ment et à droite, le conduit de l'appareil générateur (fig. 23, o). 232 MOLLUSQUES. D'après la description que nous venons de faire du manteau, l'on voit que la coquille des Cymbulies est réellement une coquille interne, ce qui s'accorde tout à fait avec sa nature gélatinoso-cartilagineuse; en la considérant ainsi, c'est-à-dire comme une coquille in- terne, la disposition du manteau de ces mollusques rentre dans la règle et devient tout à fait semblable à celle qu'offre le manteau des Mollusques à coquille intérieure. Description intérieure. Organes de la digestion. — Ces organes offrent dans les Cymbulies une organisation entièrement analogue à celle que nous avons décrite dans les autres Ptéro- podes conchyliferes. La bouche est également inférieure et placée dans l'intervalle qui sépare en avant les deux expansions natatoires; mais sa conformation est un peu diffé- rente. Cet orifice, de forme arrondie, est bordé dans sa moitié postérieure par le repli des nageoires dont nous avons déjà parlé, et en avant, par une lèvre sail- lante, en forme de bourrelet, et repliée d’une manière très-régulière et symétrique, comme le montrent nos figures ; c’est probablement cette espèce de lèvre fes- tonnée que M. Van Beneden a décrite comme un organe particulier situé à la partie supérieure de la cavité buccale et dont il n'indique pas les usages. Plus profondément, l’orifice buccal est entouré , en arrière et sur les côtés, d’une espèce de sphineter formant PTÉROPODES. 23: également un bourrelet arrondi, qui vient se perdre antérieurement sous la lèvre festonnée déjà décrite (pire 20210) La partie inférieure de la cavité buccale présente, comme dans les Hyales, les Cléodores, etc., un petit renflement lingual situé dans une dépression qui dé- termine à l’extérieur une légère saillie au-dessous de l’œsophage (fig. 29, L). Ce renflement est comme divisé à son sommet en trois lobes qui portent chacun une série de crochets recourbés en arrière (fig. 30, 34). Sur les côtés de la langue se voient encore deux éminernces ou renflements garnis, à leur extrémité antérieure, de deux petites pièces cornées, un peu recourbées sur elles-mêmes et parcourues par des crêtes transversales. Ces deux petites mâchoires pa- raissent disposées pour agir l’une contre l’autre et ser- vir ainsi à broyer les substances alimentaires (fig. 30, y, et fig. 34). L'œsophage est assez large et plissé longitudinale- ment ; après un trajet très-court, il se dilate pour for- mer une espèce de jabot auquel fait suite un estomac cylindrique dont l’organisation est la même que dans les autres Ptéropodes testacés. Les plaques cornées qui arment la face interne de cet organe sont garnies, sur leur face libre, de crêtes très-élevées (fig. 29, 32, 293 €; e), L’estomac présente à sa partie postérieure un cul- de-sac conique et donne naissance, en avant de celui- ei et du côté droit, à l'intestin qui est d’abord caché 234 MOLLUSQUES. par le foie à son origine. Après s'être dégagé de cet organe, cet Intestin se porte à droite, ensuite en haut, et arrive ainsi à la partie inférieure de la masse viscé- rale, à gauche de l'estomac; il se dirige alors en ar- rière, et après avoir formé une circonvolution à la partie postérieure de cet organe, il remonte du côté droit, en croisant son premier trajet, et arrive de nouveau en dessous de la masse des viscères, pour se terminer du côté gauche. M. Van Beneden le fait ter- miner, mais à tort, sur la ligue médiane. Dans tout ce trajet, l'intestin se trouve logé dans une rainure pro- fonde qui est successivement creusée dans l'ovaire et dans le foie ; son extrémité seulement est libre dans la cavité viscérale (fig. 29, 26, 27, 28, 25, e, i, a). Les glandes salivaires sont fort peu distinctes; nous avons cependant cru voir deux petits grains arrondis comme chez les Cléodores et les Hyales. Le foie forme une masse considérable qui enveloppe l'estomac de toutes parts, excepté à sa partie supé- rieure ; il se prolonge en avant jusqu'à l'œsophage qu'il recouvre aussi en partie. Les canaux biliaires viennent se réunir dans un conduit assez large qui s'ouvre à l’origine de l'intestin. Nous n'avons pas vu dans ce point la petite vésicule biliaire à laquelle abou- tissent ces mêmes canaux dans les Cléodores et les Hyales (pl. 15 bis, fig. 25, 26, 27, 28). Organes de la r'esSpUralion. — M. Van Beneden a déjà relevé l'erreur qu'ont commise presque tous les zoologistes depuis Pérou, en plaçant le réseau vascu- PTÉROPODES. 235 laire branchial sur les nageoires. Ainsi que nous Fa- vons déjà dit dans nos généralités sur le groupe des Ptéropodes, les stries régulières que l'on voit à la surface de ces appendices sont formées, non par des vaisseaux, mais par les fibres des couches musculaires les plus superficielles. Nous avons vu que la masse viscérale était conte- nue dans une poche que circonscrivent, en dessus, le feuillet profond du manteau, et en dessous, la face supérieure du pied ou des nageoires. Cette poche présente, supérieurement et sur les côtés, un inter- valle assez considérable dans lequel l’eau peut péné- trer et que l’on peut par conséquent assimiler à la cavité branchiale des autres Ptéropodes conchyli- fères, avec cette seule différence que son ouverture est postérieure, au lieu d’être antérieure et infé- rieure. Sur les parties latérales de la poche dont nous par- lons, se trouvent deux feuillets membraneux que l’on voit très-bien par transparence à travers le manteau, lorsque l’animal est détaché de la coquille (fig. 22, 0, b). Ces feuillets, fixés par une espèce de pédicule à la face supérieure des nageoires, à l'endroit même où s'implante le manteau, s’élargissent un peu en forme d’éventail à leur partie supérieure et sont appliqués contre la paroi interne du sac viscéral auquel ils ad- hèrent aussi, de sorte que, suivant la remarque déjà faite par M. Van Beneden, l’eau ne peut baigner que leur surface interne. Lorsqu'on examine cette surface à un grossissement convenable, l'on v voit des stries 236 MOLLUSQUES. serrées el très-fines qui se portent en rayonnant du point d’attache Jusqu'au bord supérieur. M. Van Be- neden a considéré ces stries comme des vaisseaux et, par suite, les deux feuillets comme des branchies pec- uniformes, détermination qui semble justifiée par leur position dans une cavité intérieure formée par le manteau et tout à fait analogue à la cavité branchiale des autres Ptéropodes conchylifères. Nous avouerons cependant, qu'après un examen attentif de ces parties, nous sommes restés dans le doute sur leur nature, ayant cru reconnaitre distinctement des fibres muscu- laires dans leur structure. L'examen d'individus plus frais que ceux que nous avons pu étudier permettra sans doute de décider ce point important de l'organi- sation des Cymbulies (fig. 23, 0). Organes de la circulation. — D'apres M. Van Be- neden, le sang serait ramené vers les branchies par trois vaisseaux veineux que lon voit à la base de cha- cune des nageoires ; mais il ne nous a pas été possible de reconnaître ces vaisseaux, non plus que la veine branchiale qui, suivant cet anatomiste, conduirait le sang de chaque branchie vers le cœur. Ce dernier organe se trouve placé à la partie anté- rieure du sac branchial et se voit par transparence à travers ses parois; il occupe à peu près la ligne mé- diane. Il se compose d'une oreillette arrondie et d'un ventricule moins volumineux qui est situé à gauche et qui donne naissance à l'aorte par sa partie posté- rieure. Ce vaisseau nous à paru se diviser en deux PTÉROPODES. 237 troncs qui se distribuent, l’un aux viscères, et l’autre à la tête et aux nageoires. Organes de la génération. — L'organe que nous considérons comme remplissant les fonctions d’un ovaire et d'un testicule, forme une masse lobulée, grisätre, qui occupe le côté gauche et se prolonge un peu en dessous de la masse viscérale. Comme dans les genres précédents, il en naît un canal excréteur qui, après s'être renflé dans une partie de son trajet, s’a- mincit de nouveau pour venir se continuer avec la matrice. Les circonvolutions de celle-ci forment une masse globuleuse qui est située en avant et à droite du paquet viscéral; son canal de terminaison, ou le vagin, vient aboutir à l'orifice de la cavité branchiale, dans le point que nous avons déjà indiqué (pl. 15 bs, his260127; 35, 10)z,ht, d, 107): A l’origine du vagin, vient aboutir encore la vési- cule que nous avons signalée dans les genres précé- dents, mais qui est ici beaucoup plus apparente; elle déborde en arrière la matrice, et son canal excré- teur est logé dans une rainure profonde que cet organe présente à sa face inférieure et qui semble le diviser en deux parties (fig. 27, 35, 36, x’). La verge est formée par une espèce de boyau à pa- rois musculaires, qui est replié dans l'intérieur de la tête et qui se prolonge assez souvent dans la cavité viscérale. Dans quelques individus, cet organe présente à sa partie postérieure, comme l’a indiqué M. Van Beneden, des appendices diversiformes, mais qui n'of- 238 MOLLUSQUES. frent aucun corps dur dans leur intérieur. L'orifice de la verge se trouve sur le bord antérieur de l'ani- mal, en avant des tentacules et sur la ligne médiane, comme nous l'avons déjà indiqué. Système musculaire. — Les nageoires se séparent facilement en deux couches dont la supérieure est un peu moins épaisse que l'inférieure, et entre lesquelles se ramifienti les nerfs et les vaisseaux qui se rendent à ces appendices. Chacune de ces couches est elle-même composée de deux plans juxtaposés de fibres muscu- laires qui offrent des directions différentes. Les fibres qui forment le plan le plus superficiel, dans ces deux couches , se dirigent parallèlement de dedans en dehors et d’arrière en avant; les fibres du plan profond se portent, au contraire, de dedans en dehors et d'avant en arrière, et coupent, par consé- quent, à angle presque droit les fibres précédentes. Ces fibres profondes se prolongent seules en arrière, jusqu'au bord libre des nageoires. Dans chaque couche, les fibres, d’un côté, nous ont paru s’entre-croiser sur la ligne médiane avec celles du côté opposé, excepté en avant où elles s’insérent sur les côtés de la bouche, pour la couche inférieure, et sur une espèce de ligne saillante qui donne insertion au manteau, pour la couche supérieure. Deux faisceaux musculaires assez forts, appartenant à la couche inférieure, prennent naissance sur les côtés de la bouche et se dirigent, en suivant la ligne médiane, vers le prolongement postérieur qui repré- PTÉROPOBES. 239 sente le lobe intermédiaire ; ils vont former à son extrémité un petit filament qui s'étend jusqu'à l'ex- trémité postérieure de la coquille et qui nous a paru se confondre avec le feuillet superficiel du manteau qui recouvre celle-ci (fig. 24). M. Van Beneden a décrit cinq couches musculaires dans les nageoires, et il assigne aux fibres qui forment ces couches des directions qui différent un peu de celles que nous venons d'indiquer. Enfin, le système musculaire des Cymbulies com- prend encore quelques petits faisceaux qui doublent le manteau dans certains points, surtout le repli qui circonscrit en arrière l'ouverture de la cavité viscé- rale. Système nerveux. — La disposition de ce système est la même que chez les autres Ptéropodes testacés. La description que nous venons de donner du genre Cymbulie, ne s'applique qu’à l'espèce type de ce genre, la Cymbulie de Péron, la seule que nous ayons pu étudier. MM. Quoy et Gaimard ont fait connaître, dans la zoologie du voyage de / 4strolabe, deux espèces qui nous semblent en différer par des caractères assez tranchés. L'une de cesespèces, la Cymbulie ponctuée (C. puncta- la), paraît se rapporter, par la disposition de la bouche en entonnotr satllant, au genre Tiedemannia proposé par M. Van Beneden, pour un Mollusque ptéropode du golfe de Naples, qui est très-voisin des Cymbulies, 240 MOLLUSQUES. mais qui s’en distingue surtout par l'allongement con- sidérable de la bouche en forme de trompe (1). L'autre, la Cyrrbulie de Norfolk {C. Norfolkensis), offre encore moins que la précédente les caractères extérieurs du genre et nous parait appartenir au genre qui va suivre, le genre Euribie. Les Cymbulies sont des Mollusques rares; nous n'en avons pas rencontré dans tout le cours de notre voyage. La Cymbulie de Péron parait être cependant assez commune dans quelques parages de la Méditer- ranée. Ces Ptéropodes nagent, comme les Hyales, les Cléodores, etc., dans une position renversée. (1) Exercices zootomiques, pag. 21, pl. 2. — D'après M. Van Beneden, les Mollusques de ce genre différeraient aussi des Cym- bulies par l’absence d’une coquille ; mais des observations faites sur ces mêmes Mollusques, à Messine, par M. Krohn qui a bien voulu nous les communiquer , nous ont appris qu'ils sont pourvus d’une coquille analogue à celle des Cymbulies. PTÉROPODES. 241 GENRE EURIBIE. — Æuribia, Rang. M. Rang a proposé ce genre, dans les Annales des sciences naturelles (}), pour un Mollusque ptéropode qu'il n’a pu étudier que d'une manière très-incomplète et auquel il a assigné les caractères suivants : — « Ani- « mal globuleux, muni de deux nageoires horizontales «et opposées, à la base desquelles est la bouche; le « lobe intermédiaire très-petit et de forme triangu- « laire; — coquille cartilagino-membraneuse, mince, « transparente, à ouverture ronde et très-évasée. » M. Rang n’a pas donné d’autres détails sur ce genre dont aucun autre zoologiste n’a plus parlé depuis et qui n'est par conséquent encore connu que par la courte description qui précède. M. Gaudichaud a recueilli, pendant notre voyage, un Mollusque ptéropode présentant tous les caractères assignés par M. Rang à son genre Euribie, et que nous rapportons , d’après cela, à ce même genre (2). M. Gaudichaud avant mis à notre disposition toutes ses collections zoologiques ainsi que ses observations (1) Voir ce recueil, tom. XII, pag. 328, pl. 45, B, fig. 9-11. (2) La figure que M. Rang a publiée de l’Euribie, diffère cepen- dant d’une manière notable de celle que nous donnons de ce mol- lusque; mais nous avons cru devoir nous en rapporter à la des- cription de ce naturaliste, plutôt qu’à une figure faite peut-être de souvenir, et qui est évidemment incomplète et inexacte. Bonite. — Zool. Tome II. Partie I. 16 242 MOLLUSQUES. et ses dessins, nous pouvons faire connaître ce Mol- lusque qui s'éloigne, par la plupart de ses caractères, de tous ceux du groupe des Ptéropodes; et, quoique le petit nombre d'individus que nous avons eus à notre disposition ne nous ait pas permis de pousser aussi loin que nous l’eussions désiré nos recherches anato- miques, nous espérons cependant que les détails dans lesquels nous allons entrer, en donneront une notion suffisante et permettront de le classer d’une manière convenable. Description extérieure. Le corps de l'Euribie, d'une forme globuleuse et de la grosseur d’un pois ordinaire, du moins dans l'espèce que nous faisons connaître, peut encore être divisé en partie antérieure et en partie postérieure ou abdo- minale. La première de ces parties présente une disposition qui n’est plus la même que celle que nous avons trou- vée dans les Hyales, les Cléodores, etc., mais qui se rapproche davantage de celle que l’on voit chez les Clios et les Pneumodermes. Ainsi, la tête forme une légère saillie en avant et est percée à son centre par l'ouverture de la bouche. Celle-ci est arrondie, sans replis labiaux à son pourtour, mais munie inférieu- rement de deux appendices volumineux qui, d’après les observations faites sur les individus vivants par M. Gaudichaud, sont très-contractiles et nous sem- blent correspondre aux appendices céphaliques des PTÉROPODES. 243 Pneumodermes et des Clios (pl. 14, fig. 4, et pl. 15, CAEN Autour de la tête se trouvent plusieurs parties qui la cachent d'une manière presque complète. Sur les côtés, se voient d’abord les nageoires qui se dirigent en dehors et se recourbent ensuite un peu en arrière, à leur extrémité qui est dilatée. Ces appen- dices se réunissent inférieurement, surlaligne médiane, et, à leur point de jonction, se trouve un autre petit appendice triangulaire que l’on peut considérer, avec M. Rang, comme l'analogue du lobe intermédiaire qui réunit les deux nagecires dans la plupart des Ptéropodes (pl. 15, fig. 4, 3). Eu avant et en dedans des nageoires, sont deux lon- gues lanières terminées en pointe et dont nous cher- cherons plus tard à déterminer les usages (fig. 1,2, /). Enfin, l’on voit encore à la partie supérieure de la tête, deux tentacules longs et cylindriques qui parais sent jouir d’une grande contractilité (fig. 1, 3, #). Sur le bord antérieur de la nageoire droite, se trouve l’orifice de l'oviducte (fig. 3, 0!); l'anus se voit du même côté, à la base du petit appendice trian- gulaire que nous avons considéré comme l’analogue du lobe intermédiaire (fig. 1, 3, a). La partie antérieure du corps de l'Euribie, dont nous venons de faire connaître les différents détails, est séparée par un rétrécissement bien marqué de la partie postérieure qui nous reste à décrire. Celle-ci, plus considérable que la précédente et de forme globuleuse, est constituée, comme dans les 244 MOLLUSQUES. autres Ptéropodes, par la masse des viscères. Elle est enveloppée par le manteau dont la nature et la forme singulière ont pu faire croire à l'existence d’une co- quille dans ce Mollusque, quoiqu'il n'y en ait réelle- ment que l’apparence ou la forme; en effet, cette espèce de nacelle cartilagino-membraneuse dans la- quelle l'animal est logé comme dans une coquille, n’est autre chose que le manteau profondément mo- difié dans sa nature et devenu par suite plus résistant, ce qui lui donne la forme régulière et constante qu'il présente. Si l'on ouvre, en effet, cette enveloppe, l’on voit qu'elle recouvre immédiatement le paquet des viscères ; l'ouverture antérieure, par laquelle Fanimal semble sortir de cette espèce de coquille, n’est aussi qu'apparente et il n'y a encore dans ce point qu'une simple dépression du manteau qui se replie d'avant en arriére pour venir s'insérer autour de la portion cervicale de l'animal. Après avoir formé ce repli, le manteau redevient mince et transparent pour per- mettre les mouvements de l'animal, lorsque celui-ci se développe au dehors ou qu'il rentre dans sa cavité ; comme chez les Clios et les Pneumodermes, il est aussi fermé de toutes parts, ne présentant d’autres ouver- tures que celles des appareils de la digestion et de la génération (fig. 1,2). Le manteau, dans les Euribies, n'offre donc pas seulement l'apparence singulière d’une coquille ; il en a aussi les usages, puisque l'animal peut rentrer com- plétement et s'abriter dans sa cavité. Dans ce mou- vement, il entraine avec lui le rebord ou repli anté- PTÉROPODES. 245 rieur qui vient s'appliquer contre le repli postérieur, de manière à fermer complétement la dépression anté- rieure qui simule l'ouverture de la coquille (pl. 1#, fig. 4, 5) (1). Malgré sa consistance semi-cartilagineuse, le man- teau est diaphane et laisse voir par transparence la masse intérieure des viscères. On remarque, dans son épaisseur, des lignes qui circonscrivent de petites cel- lules et quise dessinent en relief sur sa face interne ; sa face extérieure est au contraire régulière et lisse. Description intérieure. Organes de la digestion. — L'orifice buccal est ter- minal, comme dans les Clios et les Pneumodermes ; il est un peu ovalaire dans le sens vertical. Nous avons déjà dit que cet orifice était garni inférieurement de deux appendices qui semblent être les analogues de ceux qui se trouvent sur les côtés de la bouche, dans les genres que nous venons de citer, quoiqu'on ne remarque pas de suçoirs à leur surface (pl. 15, fig. 4, 314) 00): La cavité buccale est grande et probablement un peu protractile. La langue, que l’on voit à sa partie (4) La portion cartilagineuse du manteau, qui simule une co- quille, n’adhérant à l'animal, comme nous l’avons dit, que par une membrane très-mince et par quelques petits faisceaux muscu- laires, l’on conçoit que cette partie puisse s’en détacher assez faci- lement, ce qui a pu faire dire à M. Rang qu’il n'avait conservé, de Pindividu qu’il avait recueilli, que /« coquille. 246 MOLLUSQUES. inférieure, est volumineuse et a la forme d’un ovoide légèrement déprimé à sa face inférieure ou adhé- rente ; sa face supérieure est armée de deux séries de crochets recourbés en arrière (fig. 5, 6, /'). L'œsophage, long et grêle, décrit une circonvolu- tion à gauche, avant de s'ouvrir dans l'estomac. Ce dernier organe forme une vaste poche oblongue qui occupe la plus grande partie de la cavité viscérale et qui présente, du côté droit, une dépression dans la- quelle nous avons trouvé enchâässé un corps dur et jaunâtre dont nous ne saurions dire les usages (fig. 4, er hbtl, o,et fie 9). L'intestin se détache de l'estomac du côté droit; il est à peu près de même calibre que l’œsophage dans toute son étendue. Après avoir décrit quelques in- flexions autour de la poche stomacale, il se dirige en avant et à gauche, puis se recourbe pour aller se terminer à droite de l’appendice triangulaire qui se trouve au point de jonction des deux nageoires (fig. 1, SANT, La). Les glandes salivaires, au nombre de deux, sont assez volumineuses et un peu allongées ; elles vien- nent s'ouvrir par un canal excréteur court et délié à la partie postérieure de la cavité buccale (fig. 4, s, s). Le foie ne forme pas une masse distincte, mais il enveloppe de toutes parts l'estomac auquel il adhère d’une manière intime, comme dans les Clios et les Pneumodermes ; il est également formé de grumeaux jaunâtres qui s'ouvrent isolément à la face interne de cet organe (fig. 1, 4,e). PTÉROPODES. 247 Organes de la respiration. — Nous avons vu que le manteau ne présentait pas d’autres ouvertures que celles de la génération et des organes digestifs; les branchies ne peuvent donc pas être intérieures dans ces Mollusques. La nature particulière du manteau et celle des nageoires, qui sont entièrement musculaires, ne permettant pas d’assigner des fonctions respiratoires à ces deux parties, nous avons été conduits à consi- dérer, comme des branchies, les longs appendices qui se trouvent placés à la partie antérieure de l’ani- mal, en avant des nageoires. Ces parties présentent une disposition plissée et vasculaire qui ne permet presque pas de révoquer en doute leurs fonctions comme organes respiratoires, et ce qui vient encore à l'appui de cette manière de voir, c’est que M. Gaudi- chaud a observé sur le vivant, un mouvement de circulation bien distinct dans ces appendices. Ces expansions branchiales offrent cela de particu- lier qu’elles sont tres-contractiles ; elles prennent alors la forme que nous avons représentée sur une de nos figures (fig. 7,8). Les branchies des Euribies s’éloignent donc par leur forme et par leur position des branchies des autres Mollusques ptéropodes; elles nous paraissent constituer un des caractères les plus saillants de l'or- ganisation de ces Mollusques. Organes de la circulation. — Le cœur occupe la base de ces appendices, sur la ligne médiane; nous avons vu, du moins assez distinctement, dans ce 19 48 MOLLUSQUES. point, une petite poche transparente, ressemblant à cet organe. Il ne nous a pas été possible pourtant de saisir sa structure et ses connexions avec les vaisseaux qui en partent et qui s y rendent. Organes de la génération. — Cet appareil offre la même disposition que dans les autres Mollusques pté- ropodes. L'ovaire ou l'organe hermaphrodite occupe le côte droit ; il est un peu allongé, granuleux, jaunûtre, pré- sentant sur une de ses faces une scissure par la- quelle s'échappe l’oviducte. Ce canal, d’abord très-mince, se renfle bientôt comme dans les genres précédents, de manière à ac- quérir un diamètre trois ou quatre fois plus considé- rable; il s'amincit ensuite de nouveau et, après avoir décrit quelques sinuosités, il se jette dans le second oviducte. Le vagin, auquel vient aboutir également une vésicule très-allongée (vésicule copulatrice), vient se terminer du côté droit, sur le bord antérieur de la nageoire correspondante (fig. #, 0, z, x, x, 0", et fig. 3, 0’). La verge est encore formée par un long tube charnu, terminé en cœcum à sa partie postérienre. Cet organe est couché à la partie supérieure et antérieure de l'a- nimal; nous n'avons pu voir d’une manière bien distincte son orifice qui nous a semblé se trouver pourtant à peu de distance de l'autre ouverture de l'appareil générateur et non loin du tentacule du même A côté (fig. 11). PTÉROPODES. 249 Système musculaire. — Les nageoires ne paraissent formées que par un seul faisceau de fibres musculaires qui s’'épanouissent et s’entre-croisent un peu à l'extré- mité de ces appendices. Le muscle rétracteur de l'animal est représenté par trois rubans musculaires, dont deux sont situés en dessus et sur les côtés, et l’autre à la partie inférieure et médiane. Chacun de ces rubans se subdivise, à son extrémité postérieure, en deux faisceaux qui viennent s'insérer à la face interne du manteau, un peu en ar- rière de la ligne moyenne; en avant, ils paraissent se continuer, du moins en partie, avec les muscles des nageoires (pl. 15, fig. 1, 2, re, mm, m). Les appendices branchiaux sont aussi parcourus, dans toute leur étendue, par un petit faisceau muscu- laire qui sert à faire rentrer ces organes dans le man- teau. Organes des sens. — Ces organes se trouvent ré- duits, dans les Euribies comme dans les autres Ptéro- podes, aux tentacules et à l'organe vestigiaire que nous avons signalé comme l'organe de l’ouie. La sensibilité générale, ordinairement très-dévelop- pée dans le manteau des Mollusques, doit être très- obtuse dans les Euribies à cause des modifications que cette enveloppe a subies dans sa nature; cependant, il est probable que cette sensibilité persiste dans les par- ties antérieures où la peau a conservé ses caractères, et probablement aussi dans les appendices que nous avons considérés comme les branchies. 250 MOLLUSQUES. Système nerveux. — Le collier nerveux est appliqué à la partie postérieure de la masse buccale ; il est com- posé de quatre paires de ganglions disposés de la ma- nière suivante : La première paire est formée par les ganglions sus-æsophagiens qui sont accolés l’un à l’autre sur la ligne médiane; chacun de ces ganglions, de forme ovoide, fournit deux gros filets nerveux qui semblent partir d’un tronc commun et qui se rendent, l’externe au tentacule, l'interne à la paroi de la bouche. Ces deux ganglions communiquent presque direc- tement avec deux autres ganglions arrondis, situés sur les côtés du collier. De ces derniers, l’externe un peu plus volumineux que l’interne, fournit deux ou trois gros nerfs aux nageoires; nous n'avons vu sortir aucun filet du ganglion interne. A la jonction des deux ganglions qui précèdent, avec le ganglion sus-æsophagien, l’on voit, sous la forme d’un point noirätre, l'organe particulier que nous avons signalé dans le collier nerveux des autres Pté- ropodes et que nous considérons comme le vestige de l'organe de l’ouie dans ces Mollusques. Le collier nerveux est complété inférieurement par une dernière paire de ganglions semblables, pour la forme et le volume, aux ganglions sus-œæsophagiens ou cérébraux et accolés, comme ces derniers, sur la ligne médiane. De chacun de ces ganglions naît en dehors un gros filet nerveux qui nous a semblé se rendre à la peau et aux branchies; le ganglion du côté gauche fournit, de plus, tout près de la commissure qui le PTÉROPODES. 251 réunit à son correspondant sur la ligne médiane, deux autres nerfs volumineux dont nous n'avons pu suivre le trajet, mais qui, d’après l'analogie, doivent se rendre aux viscères. Nous trouvons donc, dans le collier nerveux des Euribies, la même composition que dans celui des autres Ptéropodes. Nous n'avons pu voir les ganglions buccaux et les nerfs qui partent de ces ganglions pour se distribuer au tube digestif, mais il est très-pro- bable que cette partie du système nerveux existe Ici comme dans la plupart des autres Mollusques. Le genre Euribie se distinge facilement de tous les autres genres du groupe des Ptéropodes par l’ensemble de ses caractères, mais surtout par la forme singulière du manteau et la situation des branchies. Par la disposi- tion des nageoires et du petit lobe intermédiaire qui les réunit en arrière, il se rapproche des genres précé- dents, tandis que par son organisation intérieure il a de plus grandes affinités avec les Clios et les Pneumo- dermes; on peut donc le considérer comme établissant un passage ou un lien de transition entre les Ptéro- podes nus et les Ptéropodes conchylifères. Les Euribies sont fort rares; nous n’en avons rap- porté de notre voyage que quelques individus qui ont été recueillis par M. Gaudichaud. Ces Ptéropodes pa- raissent habiter les régions chaudes et tempérées; leurs mœurs et leurs habitudes ressemblent encore beaucoup à celles des genres précédemment examinés ; comme 252 MOLLUSQUES. les Mollusques de ces genres, ils nagent toujours dans uue position renversée. Ainsi que nous l'avons dit précédemment, nous croyons qu'il faut rapporter au genre Euribie la Cym- bulie décrite par MM. Quoy et Gaimard, sous le nom de Cymbulie de Norfolk (C. Norfolkensis) ; cette espèce constituerait une espèce différente de celle que nous faisons connaitre, par les rugosités ou les petits tüber- cules qui hérissent la surface du manteau. Nous sommes très-portés à croire également que le petit mollusque ptéropode sur lequel M. Rang a établi le genre Psyché, devra aussi être rangé parmi les es- pèces du genre Euribie, dont il se rapproche tout à fait par la forme, et dont il ne différerait que par la nature du manteau (1). (1) D’après M. Rang, le manteau serait simplement membra- neux dans les Psychés. Ce qui nous semble venir tout à fait à l'appui de l’opinion que nous émettons ici, c’est ce que M. Rang dit dans son Manuel de Malacologie, à la suite du genre Psyché, que « M. Reynaud a rapporté de son voyage de l’Inde quelques dessins de mollusques ptéropodes qui paraissent s’y rapporter. » Ces dessins, que M. Reynaud a bien voulu nous communiquer, représentent en effet, d’une manière très-exacte, l’Euribie qui a servi à nos propres observations. PTÉROPODES. 253 EURIBIE DE GAUDICHAUD. Euribia Gaudichaudii, nobis. PLANCHE 14, Ficures 1-6. Corpus ovatum, subpellucidum, intus aureum ; alis extensis, roseis, angustis, ad extremitatem dilatatis, basi lobo triangulari junctis. Cette espèce, sur laquelle nous avons établi les ca- ractères du genre, a été recueillie par M. Gaudi- chaud, dans l'océan Pacifique, par 20° de latitude nord et 170° de longitude est; la figure que nous en donnons a été faite d’après ses dessins. Les nageoires sont étroites à leur origine et dilatées seulement à leur extrémité; M. Gaudichaud a vu leur bord antérieur garni de touffes de cils vibratiles sur le vivant. Ces appendices sont colorés en rose pâle. Le manteau, diaphane dans toute son étendue, pré- sente aussi une légère teinte rosée ; la masse viscérale, brunâtre dans quelques points, est de couleur rouge orangé dans ses autres parties. La longueur de ce petit Mollusque est de six à sept millimètres ; lorsqu'il est contracté et renfermé dans la cavité du manteau, il est de la grosseur d’un pois ordinaire. 234 MOLLUSQUES. GENRE PNEUMODERME. — Pneumodermon, Cuvier. Ce genre a été créé par Cuvier, dans les 4nnales du Muséum (A), pour un petit Mollusque pélagien très-voisin des Clios, recueilli par Péron dans l'océan Atlantique. Cuvier a donné des détails assez étendus sur l'organisation du Pneumoderme qui a été aussi plus tard l’objet des recherches de M. de Blainville. MM. Quoy et Gaimard en ont fait connaitre depuis quelques espèces nouvelles, mais sans rien ajouter à ce que la science possédait déjà sur l'anatomie de ce genre. Il en est de même de M. A. d'Orbigny qui s’est borné, dans la zoologie de son voyage, à donner quelques aperçus sur les mœurs et la distribution géo- graphique de ces Mollusques. Mais, plus récemment, M. Van Beneden à repris, sous le rapport anatomique, l'histoire du genre Pneumoderme et a donné des dé- tails nouveaux sur quelques-unes de ses parties. Les travaux que nous venons de citer n'avaient cependant pas fait connaître d’une manière complète ces Ptéro- podes, comme le fera voir la description dans la- quelle nous allons entrer. Description extérieure. Le corps des Pneumodermes est oblong, renflé à (4) Annales du Muséum, tom. IV, pag. 228, pl. 59, PTÉROPODES. 25 Cr sa partie postérieure où abdominale et terminé anté- rieurement par un autre pelit renflement sphérique que forme la tête (pl. 14, fig. 7, 8,9). Celle-ci, bien distincte des nageoires, est percée à son centre par l'ouverture de la bouche. Sur les côtés de cet orifice, et un peu en dessus de l’axe transversal de la tête, l’on voit une fossette dans laquelle est logé un petit tentacule conique. Ces tentacules n’ont pas été indiqués par Cuvier qui a décrit sous ce nom les faisceaux de ventouses qui se trouvent sur les côtés de la bouche; il nous paraît probable que Péron et Le- sueur, en assignant deux tentacules au genre Pneu- moderme, ont voulu désigner les mêmes organes que Cuvier, car les véritables tentacules ne sont pas repré- sentés sur leur figure. M. de Blainville semblerait les avoir reconnus lorsqu'il dit, à l’article PNEuMODERME, du Dictionnaire des sciences naturelles, que « la bouche «est située à l’extrémité d’une sorte de trompe rétrac- «tile, ayant à sa base un faisceau de sucoirs tentacu- « laireset pouvant se cacher dans une espèce de prépuce « qui porte en dehors deux petits tentacules (1). » Cepen- dant, d’après un autre passage du même article, dans lequel M. de Blainville dit que ces tentacules se trou- vent vers l'ouverture de la trompe, et, d’après la figure du Pneumoderme qui se trouve dans son Manuel de Malacologie (2), il est permis d’avoir quelque doute à ce sujet. Enfin, ces organes ont encore été passés sous (4) Dict. des sciences naturelles, tom. XIII, pag. 42. (2) Manuel de Malacologie, pl. 46, fig. 4. 256 MOLLUSQUES. silence par MM. Rang, Quoy et Gaimard (1), A. d'Or- bigny et tous les autres naturalistes qui ont parlé de ce genre de Mollusques (pl. 15, fig. 13, 14, 15, €). Outre ces tentacules, qui correspondent aux tenta- cules labiaux de la plupart des Gastéropodes, et que nous appellerons tentacules antérieurs, Ï existe encore supérieurement et à la partie postérieure de la tête, deux autres tentacules très-petits, comme bifides, que nous désignerons sous le nom de zentacules postérieurs ou supérieurs. Ces derniers tentacules, qui sont ré- tractiles comme les précédents, n’ont encore été si- gnalés dans les Pneumodermes par aucun naturaliste (pl. 45, fig. 14, #'). Au côté droit de la tête et à peu de distance du bord antérieur de la nageoire correspondante, l’on voit un tubercule saillant, percé d’un orifice par lequel sort la verge. Péron et Lesueur ont bien indiqué cette ou- verture dans la figure qu’ils ont donnée du Pneumo- derme (pl. 14, fig. 9, et pl. 15, fig, 14, v’). La tête est séparée de la partie postérieure ou ab- dominale de l'animal par un rétrécissement que lon peut regarder comme le cou où comme une espèce de thorax, d’après M. de Blainville. Cette partie offre également, du côté droit, une petite saillie détermi- née par l’orifice postérieur de l'appareil générateur (1) Il nous paraît cependant que MM. Quoy et Gaimard ont vu ces tentacules dans une des espèces qu’ils ont figurées (pl. 20 de la Zoologie du Foy. de l’Astrolabe, fig. 24, 22); ils les indiquent même dans le texte comme deux petites cornes dont serait muni le tubercule céphalique. PTÉROPODES. 257 (pl. 15, fig. 14, 0’); latéralement, elle donne inser- tion aux nageoires (1). Celles-ci sont médiocrement grandes et de forme un peu variable suivant les espèces ; elles sont formées de plusieurs couches musculaires dont les fibres ser- rées et régulièrement disposées ont pu faire croire, comme dans d’autres Ptéropodes, à l'existence d’un réseau branchial sur ces appendices (pl. 44, fig. 7, ete.). Cette partie thoracique de l'animal présente encore inférieurement un appendice médian, symétrique, qui semble n'être, en arrière, qu'un prolongement de la portion céphalique, d’où l'expression de menton employée par Cuvier pour le désigner ; anterieurement, le même appendice est formé par deux replis membra- neux, ovalaires, réunis et fixés sur la ligne médiane en avant, libres dans le reste de leur étendue. Il n’y a point d'ouverture entre ces deux replis, comme l’a cru Cuvier et comme paraissent l'avoir admis après lui d’autres zoologistes ( pl. 14, fig. 8, 9, 13). Cet appendice est tout à fait analogue, par sa posi- tion et par sa forme, au pied des Mollusques gastéro- podes; il n'est seulement plus propre à la reptation, (4) Il conviendrait peut-être de ne donner le nom de a- geoires qu'aux appendices natatoires des Pneumodermes, des Clios et autres Ptéropodes de la même famille , qui sont pourvus, entre ces appendices, d’un veritable pied rudimentaire ; pour les Hyales , les Cléodores , etc., chez lesquelles les nageoires ne sont, comme nous l’avons fait voir, que les expansions latérales du pied même, il serait plus rationnel de désigner celles-ci sous les noms de /obes du pied, ainsi que l’a déjà fait M. de Blain- ville. Bonite. — Zool. Tome II. Partie I. 17 258 MOLLUSQUES. l'animal étant pourvu d'organes accessoires pour un autre mode de locomotion ; ses usages paraissent être semblables à ceux du pied des Atlantes, des Firoles, etc., qui, comme on le sait, est transformé en ventouse dans une partie de son étendue et sert à ces Mollus- ques pour se fixer aux corps qu'ils rencontrent. Nous avons vu, en effet, les Pneumodermes que nous con- servions dans des vases, s'attacher très-fortement à leurs parois au moyen de cet organe. La partie postérieure où abdominale du corps des Pneumodermes, plus volumineuse que celle que nous venons de décrire et de forme ovoiïde, est débordée postérieurement par les feuillets membraneux qui por- tent les branchies. En avant de ces feuillets, l’on voit, du côté droit, une autre partie saillante dont les au- teurs ont donné des déterminations trés-différentes ; en effet, Cuvier l’a considérée comme le tronc de la veine branchiale; M. de Blainville, comme le rectum; enfin, M. Van Beneden, qui décrit une dépression dans ce point, pense que la peau pourrait y être modifiée en organe respiratoire. Cette dernière opinion est celle qui se rapproche le plus de la vérité, quoique M. Van Beneden n'ait pourtant pas reconnu la véritable dispo- sition de cette partie, comme nous le verrons en par- lant des branchies. Le manteau, plus transparent dans ce point, laisse voir le ventricule du cœur et une par- tie de l’oreillette (pl. 14, fig. 7, 8, 9, etc., et pl. 15, fig. A0, 6, c). L'anus est situé du même côté, mais un peu plus en dessous, à peu de distance de la nageoire; cet ori- PTÉROPODES. 259 fice forme ordinairement un petit bourrelet plus ou moins saillant (pl. 14, fig. 8, 9, 12, 13). Les deux parties que nous venons de décrire sont séparées à l’intérieur par une cloison membraneuse, formant une espèce de diaphragme que traversent le ca- nal intestinal, les glandes salivaires, les nerfs de la partie postérieure du corps et l’aorte(pl. 15, fig. 13, 29, 30). Le manteau est fermé à sa partie antérieure et ne présente pas d’autres ouvertures que celles des organes de la digestion et de la génération. La poche qu'il forme étant beaucoup plus ample que la masse des viscères, l’animal peut, en se contractant, faire ren- trer un peu la partie antérieure du corps dans sa cavité, comme l’a déjà fait remarquer M. de Blainville. En examinant la peau du Pneumoderme à un faible grossissement, on voit qu'elle est doublée, à sa face interne, d'une couche de cryptes muqueux qui la font paraître comme granuleuse. Ces cryptes deviennent plus rares à la partie antérieure de l’animal; ils ver- sent à la surface de la peau une mucosité très-abon- dante (pl. 15, fig. 44). Description intérieure. Organes de la digestion. — Nous avons déjà dit que la bouche était terminale et s’ouvrait au centre de la tête ; elle est verticale et n'offre à son pourtour ni bourrelets ni replis labiaux (pl. 45, fig. 44, 15, 0). Mais à l’entrée de la cavité buccale l’on voit, de cha- que côté, un appendice membraneux sur lequel s’im- 260 MOLLUSQUES. plantent, en nombre variable, de petits suçoirs pédi- culés, un peu semblables à ceux qui garnissent les bras des céphalopodes. On compte ordinairement cinq ou six de ces suçoirs sur chaque appendice; mais, d’autres fois, leur nombre est beaucoup plus considé- rable et ils forment alors comme deux touffes ou pa- naches sur les côtés de la bouche (pl. 14, fig. 12, 13, 44, et pl. 15, fig. 17). Cuvier, et presque tous les zoologistes après lui, ont considéré ces parties comme des organes tentaculaires; mais nous croyons qu’on doit plutôt les regarder comme des organes de préhen- sion, et par conséquent comme des annexes de la bouche (1). La masse buccale est très-grande et occupe toute la longueur de la portion antérieure ou céphalo-tho- racique de l'animal qui peut la développer au dehors à la maniere d’une trompe (pl. 14, fig. 42, 13, 14, et pl. 15, fig. 13, 17, e); ses parois sont épaisses, mus- culaires et sillonnées par des rides circulaires. Au fond de la cavité buccale, l’on voit inférieure- ment une saillie assez considérable formée par la langue. Celle-ci, de forme ovoïde, échancrée en ar- rière et en avant sur la ligne médiane, est recouverte à sa partie antérieure d’une lame cornée sur laquelle s'implantent, de chaque côté, quatre rangs de crochets recourbés en dedans et en arrière (pl. 15, fig. 48, 7, et fis.22,23 }: (1) Nous avons vu quelquefois ces mollusques se fixer très-forte- ment, au moyen de ces sucoirs, sur les parois des vases dans les- quels nous les tenions enfermés. PTÉROPODES. 261 L'on voit encore au fond de la cavite buccale, sur les côtés de la langue, deux petits orifices un peu sail- lants qui conduisent dans deux appendices considé- rables, cylindriques, se prolongeant dans la cavité abdominale et réunis par une petite bride celluleuse à leur extrémité postérieure. Cuvier n’a fait qu'indiquer ces parties dont il dit ignorer les usages; M. Van Be- neden, qui les appelle cœcums de la bouche, les a mieux fait connaitre, quoique la description qu'il en a donnée ne soit cependant pas complétement exacte (pl. 45, fig, 13, 17, 18, 9). En étudiant ces appendices, de l'extérieur à l'in- térieur, on rencontre d’abord une couche musculaire assez mince dont les fibres sont longitudinales ; en dessous de cette première couche, s'en trouve une autre de même nature, mais à fibres circulaires et beaucoup plus épaisse que la précédente (fig. 19); cette dernière couche circonscrit une eavité intérieure qui occupe toute la longueur de l’appendice et qui est terminée en cul-de-sac à son extrémité postérieure. Cette cavité reçoit librement, dans toute son étendue, un second tube qui n’est pas de nature cornée, comme l’a cru M. Van Beneden, mais qui nous a semblé con- stitué encore par deux couches distinctes, l’une exté- rieure musculaire, l’autre intérieure dense et tapissée à sa face interne de crochets cornés que l'on voit par transparence à travers ces deux couches (fig. 19). Ces appendices sont donc formés de deux tubes emboités lun dans l’autre, fermés et libres postérieurement, tandis qu'ils sont unis par leurs bords antérieure- 2692 MOLLUSQUES. ment , de telle sorte que le tube intérieur ne peut se développer au dehors qu'en se renversantsur lui-même, comme un doigt de gant, et par un mécanisme entiè- rement semblable à celui par lequel la masse buccale devient aussi extérieure, en formant une espèce de trompe. Les crochets qui étaient intérieurs, devien- nent ainsi extérieurs et recouvrent toute la surface de ces tubes, à la partie interne desquels ils sont un peu plus grands et disposés d’une maniere plus serrée (fig. 43 et 14 de la pl. 14, et pl. 15, fig. 20, 21). Lorsque l'animal veut se servir de ces organes, il dé- roule successivement la masse buccale et ces appen- dices qui rentrent ensuite dans le même ordre, de sorte qu'il ne reste plus au fond de la cavité buccale que l’étroit orifice du tube intérieur, par lequel on voit sortir quelques-uns des crochets cornés qui arment sa face intérieure. Ces parties ont été décrites différem- ment par M. Van Beneden qui n’a pas bien reconnu leur véritable mécanisme. L'œsophage, d’un calibre peu considérable, a des parois très-minces. Lorsque la masse buccale est ren- trée, il remonte d’abord un peu en avant pour aller traverser l'anneau nerveux; il se dirige ensuite en arrière pour se rendre à l'estomac. Ce dernier organe, entièrement membraneux et en- veloppé de toutes parts par le foie, forme une vaste poche oblongue qui occupe une grande partie de la cavité viscérale. L'intestin naît à droite de l’estomac, à peu de distance de son ouverture œsophagienne, de sorte PTÉROPODES. 263 qu'on peut considérer toute la partie postérieure de cet organe comme un vaste cul-de-sac un peu analogue à celui que présente l'estomac chez l'homme. Le dia- mètre de cet intestin est à peu près le même que celui de l’œsophage, mais ses parois ont une épaisseur plus considérable. Immédiatement après sa naissance, il se dirige directement en avant, en passant au-dessus de l’oviducte, et vient se terminer inférieurement et du côté droit, comme nous l’avons dit, à peu de distance du bord postérieur de la nageoire (pl. 45, fig. 13, 47, ee, a). Les glandes salivaires, au nombre de deux, sont três-longues et traversent l'anneau nerveux en même temps que l’œsophage qu’elles accompagnent jusque dans la cavité abdominale. Elles se terminent par un canal excréteur long et grêle qui présente un petit renflement ovoide sur son trajet et vient aboutir sur les côtés de la langue. Nous avons déjà dit que le foie ne formait pas une masse distincte, mais qu’il enveloppait l'estomac au- quel il adhère d’une manière intime et dans lequel il verse la bile par un grand nombre de petits orifices. Al Organes de la respiration. — Les branchies sont bien certainement situées à la partie postérieure de l'animal, comme l’a dit Cuvier ; la disposition du man- teau et la situation du cœur ne peuvent laisser du doute sur cette détermination qui n’a pourtant pas été acceptée par tous les zoologistes. Les auteurs disent assez généralement que ces bran- 264 MOLLUSQUES. chies sont formées par deux lignes saillantes en forme de }( adossés et réunis par une barre transversale ; mais cette disposition n'est pas la véritable. L'extré- mité postérieure de l’animal est débordée par quatre feuillets membraneux dont deux, l’un supérieur et l'autre inférieur, sont en effet disposés en forme de 7 adossés; ces deux feuillets sont réunis par deux autres feuillets latéraux qui circonscrivent avec les précédents un intervalle quadrangulaire dans lequel se voit l'extrémité arrondie de l'animal; c'est cette extrémité de l'animal qui forme en arrière le petit corps en forme de grain d'orge dont parle M. de.Blainville. Les feuillets verticaux sont simples, mais les deux feuillets horizontaux sont garnis sur cha- cune de leurs faces, c’est-à-dire en dessus et en des- sous, d’autres petits feuillets serrés et disposés comme les folioles, dans les feuilles que les botanistes appel- lent pennées ; ce sont les feuillets branchiaux propre- ment dits (pl. 45, fig. 41, 42, b, b). Outre ces branchies postérieures, le manteau pré- sente encore, du côté droit, un repli saillant, de forme triangulaire , dont nous avons déjà parlé, et qui est garni à sa surface de petits feuillets tout à fait sembla- bles à ceux que nous venons de décrire (pl. 15, fig. 40, 6). Organes de la circulation. — Le cœur est placé à la partie postérieure de la cavité abdominale, du côté droit, en dedans du feuillet branchial dont nous ve- nons de parler; il est logé dans un large péricarde qui PTÉROPODES. 265 adhère d’une manière assez intime à la face interne du manteau. L’oreillette, située à sa partie postérieure, est grande, à parois minces et laissant voir seulement par transparence quelques fibres musculaires diverse- ment entre-croisées; elle se continue en arrière avec deux vaisseaux volumineux qui rapportent le sang des branchies (pl. 15, fig. 43, g). Le ventricule, qui lui est contigu en avant, a ses parois beaucoup plus épaisses et un aspect pyriforme (fig. 29, 43, c). L'aorte, qui naît de sa partie antérieure , continue à se porter dans la même direction, et se divise bientôt en deux troncs principaux; l’un qui se jette immédia- tement dans la masse viscérale, l’autre qui va se dis- tribuer surtout à la tête et aux nageoires ( fig. 29, 43, æ). Nous n'avons pas trouvé, sur le trajet de ce vaisseau , le renflement en forme de bulbe qui a été figuré par M. Van Beneden. Organes de la génération. — La disposition géné- rale de cet appareil est comme dans les autres Ptéro- podes, c’est-à-dire que les deux sexes sont réunis et que la verge se trouve tout à fait isolée à la partie an- térieure de l’animal. L'organe que nous regardons comme réunissant les fonctions de l’ovaire et du testicule, forme une masse assez considérable , d'apparence granuleuse , qui oc- cupe le fond de la cavité viscérale et qui est divisé en lobes bien distincts par des scissures profondes. Son canal excréteur, qui naît d’une de ces scissures, est d’abord trés-grêle ; mais il se renfle bientôt, comme 266 MOLLUSQUES. dans les genres précédents et, après avoir décrit quel- ques inflexions, il diminue de nouveau de calibre pour se jeter dans une masse globuleuse formée par les circonvolutions de l'utérus ou second oviducte. L'appareil vient se terminer, comme nous l'avons déjà dit, sur le côté droit du cou, à l’origme et non loin du bord postérieur de la nageoire; un repli de la peau, assez saillant, s'étend de cette ouverture à celle de la verge (pl. 15, fig. 13, 26, 0, z, x, d, 0"). Le conduit de terminaison ou le vagin recoit en- core le canal d’une vésicule allongée qui vient s’y aboucher vers le milieu de son trajet (fig. 26, x’, et fig. 27). La verge est formée par un gros tube charnu replié dans l’intérieur de la tête et dont l'ouverture est du côté droit , à l'endroit que nous avons déjà indiqué. Son muscle rétracteur est représenté par une série de petits faisceaux musculaires qui viennent s’insérer le long de sa partie postérieure (fig. 13, ‘29, v, v, et fig. 28). Système musculaire. — Le manteau est doublé, dans les Pneumodermes, d’une couche musculaire à fibres longitudinales qui se réunissent quelquefois en fais- ceaux distincts, surtout sur les parties latérales. Ces faisceaux de fibres se fixent aux extrémités antérieure et postérieure de l’animal et adhèrent en outre à la peau dans toute leur étendue. Leur contraction a pour effet de faire rentrer jusqu’à un certain point la partie an- térieure du corps dans la postérieure. PTÉROPODES. 267 Les nageoires sont constituées par quatre plans de fibres, formant deux couches séparées par un inter- valle celluleux dans lequel se ramifient les nerfs et les vaisseaux qui se distribuent à ces appendices. Cha- cune de ces couches se compose de fibres superfi- cielles dirigées de dedans en dehors et d’arrière en avant, et de fibres profondes qui croisent les précé- dentes de manière à circonscrire par cet entre-croise- ment de petits espaces en forme de losanges. Ces fibres nous ont paru se continuer d’un côté à l’autre de l’a- nimal, en formant au centre de sa portion cervicale une espèce de grillage en dessous duquel se retire en partie la verge (fig. 13, 29, 30). Les tentacules antérieurs sont pourvus chacun de quatre petits faisceaux musculaires qui vont s’implan- ter en rayonnant sur les parties voisines, et qui ont pour usage de faire rentrer ces organes dans la cavité qui les renferme. Enfin, l’on voit encore à la partie postérieure de la verge, une série de petits faisceaux musculaires qui agissent comme muscles rétracteurs de cet organe. Ces faisceaux prennent leur insertion en dedans de la tête, du côté gauche. Système nerveux. — Ce système présente une dis- position un peu plus compliquée que celle que nous avons déja décrite dans les Ptéropodes étudiés pré- cédemment. Par suite de la longueur que présente la masse buc- cale , le collier nerveux se trouve rejeté très en arrière, 268 MOLLUSQUES. non loin de la cloison diaphragmatique qui sépare la partie antérieure de l’animal de la cavité viscérale, 1 se compose de quatre paires de ganglions disposés de la manière suivante : Les ganglions de la première paire ou les ganglions cérebraux sont accolés l’un à l’autre sur la ligne mé- diane et sont par conséquent placés en dessus de l'œsophage. Chacun de ces ganglions, de forme ovoïde, donne naissance à six nerfs dont trois, plus volumi- neux que les autres, partent de son bord antérieur, deux autres de sa face supérieure, et le dernier de son bord externe. Des trois nerfs antérieurs, le plus in- terne se perd dans les parois de la bouche; le second, aprés avoir fourni en dehors un filet assez considé- rable qui se rend à la peau des lèvres, va se distri- Duer aux faisceaux de ventouses qui occupent les côtés de la bouche et fournit probablement des filets tres-déliés pour chacun de ces organes; le troisième nerf, qui est le plus volumineux, se rend directement au tentacule antérieur qu'il pénètre par la base. Ce dernier est souvent accolé au précédent à son origine, et semble naître d’un tronc commun avec lui; c’est probablement ce même nerf qui a été considéré par M. Van Beneden comme le nerf optique (pl. 15, fig, 29, 30, 32, 34, 35). Les deux filets nerveux qui naissent de la face supé- rieure des ganglions cérébraux, beaucoup plus fins que les précédents, se rendent au tentacule posté- rieur. Enfin, le filet externe, qui prend son origine un peu en dessous, dans l'intervalle des deux commis- PTÉROPODES. 269 sures qui unissent le ganglion cerébral aux ganglions sous-æsophagiens, est très-long, grêle, et aboutit au ganglion buccal, que M. Van Beneden désigne sous le nom de ganglion stomato-gastrique (pl. 15, fig. 32, 34, 35). Ce dernier ganglion est situé en arrière de la masse buccale, entre ses deux appendices postérieurs; il ne présente pas la même forme que dans les genres précé- dents, mais il est géminé ou divisé en deux parties sy- métriques et latérales par un sillon médian; M. Van Beneden dit cependant l'avoir vu former une petite masse arrondie, sans indice de rainure médiane. De chaque côté de ce ganglion partent trois filets nerveux dont les postérieurs ne sont autres que les filets de commissure qui unissent le ganglion buccal au gan- ghon cérébral; le filet médian, après avoir contourné les appendices buccaux, vient se perdre sur les côtés de la langue (1); enfin , le filet antérieur se distribue en partie aux appendices de la bouche, et en partie aux parois de la cavité buccale (pl. 15, fig. 31, 38). Le ganglion buccal fournit encore par son bord an- térieur un nerf médian qui se rend à la langue, et deux autres nerfs latéraux qui se renflent sur leur tra- jet et donnent un assez grand nombre de filets à la bouche, aux glandes salivaires et à l’œsophage (pl. 15, fig. 31, 38). Le collier nerveux est composé, à sa partie infé- (1) La disposition de ce filet nerveux, donnée par M. Van Bene- den, est mexacte. 270 MOLLUSQUES. rieure, de trois paires de ganglions qui sont disposés de la manière suivante. Les ganglions de la première paire, qui sontles plus antérieurs , sont réunis sur la ligne médiane par une commissure très-courte ; ces ganglions, volumineux et de forme arrondie, fournissent une assez grande quantité de nerfs qui naissent, les uns de leur bord antérieur, les autres de leur partie postérieure. Du bord antérieur se détachent d’abord en dedans et un peu en dessous, trois gros nerfs qui se touchent à leur origine et qui, après un trajet trés-court, se jettent dans les nageoires auxquelles ils se distribuent; en dehors de ces nerfs, mais plus en dessus, naît un autre nerf volumineux qui se porte directement en avant et se divise ensuite en plusieurs filets qui pénè- trent immédiatement dans l’appendice pédiforme ; enfin, plus en dehors, l’on voit encore sortir de ce ganglion deux nerfs dont un, assez gros, se distribue, en se ramifiant, jusqu'aux parties antérieures de la tête, et l’autre très-fin se perd bientôt dans les parties voisines. Par leur bord postérieur, ces ganglions four- nissent trois autres filets nerveux qui s’anastomosent entre eux et qui se distribuent également aux parties environnantes (pl. 15, fig. 30, 36, 37). Tous les nerfs fournis par ces ganglions nous ont paru se distribuer exclusivement à des parties musculaires. Les ganglions qui forment la seconde paire de gan- glions sous-æsophagiens, sont situés en arrière et en dehors des précédents dont ils ne sont séparés que par un simple étranglement ; ces ganglions, très-petits, PTÉROPODES. 271 fournissent chacun un seul nerf qui nous a semblé se rendre à l'appareil de la génération (pl. 15, fig. 29, 30, 37). Les deux paires de ganglions que nous venons de décrire, communiquent chacune avec les ganglions sus-œsophagiens ou cérébraux par une commissure assez longue, rubanée, qui complète l’anneau nerveux sur les parties latérales (fig. 29, 32, 33). La troisième paire de ganglions sous-œæsophagiens est située en arrière des précédentes ; les ganglions qui la composent, séparés par un simple rétrécisse- ment sur la ligne médiane, sont plus volumineux que ceux de la seconde paire avec lesquels ils communi- quent en avant par une commissure assez longue. Chacun de ces ganglions fournit en dehors un nerf qui se porte , en se ramifiant, sur les côtés et en ar- rière, presque jusqu'à l'extrémité postérieure de l’ani- mal; ce nerf semble se perdre dans les couches de la peau. Le ganglion gauche fournit en outre, tout près du sillon qui le sépare de son correspondant, deux autres nerfs volumineux dont le plus externe nous à paru se rendre aux branchies, et l’interne, qui a un trajet moins étendu, aux organes viscéraux et sur- tout à ceux de la génération. Nous avons vu distinc- tement une de ses branches se jeter dans l'aorte (fig. 29, 36, 37). Au point de réunion des deux paires antérieures de ganglions sous-œsophagiens se trouve l'organe auditif, sous la forme d’une petite poche transparente, avec un point noirâtre au centre. Cette partie centrale est 272 MOLLUSQUES. constituée, comme nous l'avons déjà dit, par une se- conde poche ou capsule contenant un grand nombre de petits cristaux de formes variables (fig. 52, 36, 37, r, et fig. 39). Tous les ganglions présentent intérieurement, lors- qu'on les examine à un grossissement un peu fort, des granulations ou de petits globules arrondis qui nous ont paru plus volumineux dans les ganglions sous- œsophagiens que dans les ganglions sus-æsophagiens ou cérébraux. Le genre Pneumoderme, très-voisin du genre Clio, s’en distingue d’une manière tranchée par la forme et la position des branchies, ainsi que par les appendices buccaux qui offrent une disposition et une structure tout à fait différentes. M. d'Orbigny a proposé , sous le nom de Spongio- branche, un genre très-voisin du genre Pneumoderme, mais sur la réalité duquel nous croyons pouvoir émettre quelques doutes ; en effet, des deux espèces placées dans ce genre par ce naturaliste, l’une, le Spo/giobran- che austral (S. australis), nous parait n'être qu'un pneumoderme dont les branchies ont été observées dans un état de contraction, et l’autre, le Spongtio- branche allongé (S. elongata)nous semble n'être aussi qu'une espèce de Clio, très-voisine d’une espèce nou- velle que nous faisons connaître. Les mollusques qui composent ce genre paraissent appartenirseulement aux régions chaudeset tempérées ; PTÉROPODES. 273 ils sont assez communs dans l'océan Atlantique ; MM. Quoy et Gaimard en ont recueilli deux espèces dans les mers des îles Moluques ; M. Vérany en a trouvé une autre espèce très-abondante aux environs de Nice, dans la Méditerranée. Les Pneumodermes vivent ordinairement en troupes nombreuses ; ils nagent avec beaucoup de vitesse, non plus dans une position renversée, comme les Cléodores, les Hyales, etc., mais dans leur position véritable, c’est-à-dire la face inférieure ou ventrale du corps tournée en bas. Nous avons déjà dit qu’ils pouvaient se fixer assez fortement au moyen de leur pied rudimentaire , ou à l’aide des sucçoirs qui recou- vrent les appendices buccaux. Bonite. — Zool. Tome II. Partie Ï. 13 L MOLLUSQUES. NCA iQ PNEUMODERME DE PÉRON. Pneumodermon Peronii, Lamarck. PLancHe 14, Fiaures 7-16. Corpus oblongum , fuscum , violaceum ; posticè rotundatum , anticé coarctatum et capite globoso terminatum ; alis cordiformibus. Tous les détails que nous avons donnés précédem- ment sur le genre Pneumoderme s'appliquent à cette espèce qui a seule servi à nos observations. Le corps de ce Pneumoderme est d’une couleur brune violacée, plus foncée à la tête; les nageoires et les membranes branchiales sont blanches et transpa- rentes. Sa longueur est de vingt-cinq millimètres environ. Cette espèce est commune dans l'océan Atlantique où nous l'avons recueillie en grande quantité dans une étendue de 14° environ, depuis le 2° degré de latitude sud, jusqu'au 42° degré de latitude nord, et par une longitude variable du 47° au 26° degré ouest. PTÉROPODES. RO | GENRE CLIO. — Clio, Linné. Les Mollusques que les zoologistes désignent au- jourd’hui sous le nom de Clos (1), ont été signalés pour la première fois par F. Martens, dans son Joyage au Spitzberg et au Groëénland publié en 1675. Long- temps après Pallas, dans ses Spicilegia zoologica (2), en donna une description assez exacte; mais, c'est Cu- vier qui le premier, dans son mémoire sur le Clio borealis (3), a fait connaitre leur organisation inté- rieure et a établi leurs véritables affinités, en les rap- prochant des Hyales et des Pneumodermes. M. de Blainville reprit un peu plus tard l’étude de ce genre qu il décrivit, sous certains rapports, d’une manière plus complète que ne l'avait fait Cuvier, et il en donna une assez bonne figure qui a été repro- duite dans la plupart des ouvrages de zoologie (4). Les voyageurs qui ont parlé depuis de ces mollus- ques, MM. Quoy et Gaimard, Rang, etc., se sont bornés à en faire connaitre quelques espèces nou- velles ; dans ces dernières années seulement, M. Eschc- (4) Nous avons déjà vu que ce nom avait été donné originaire- ment par Brown aux mollusques Ptéropodes dont Péron et Lesueur ont fait plus tard leur genre Cléodore. (2) Fascicule X, pag. 28, tab. 1, fig. 18-19. (3) Annales du Muséum, tom. TI, pag. 242. (4) Bulletin de la Société philomatique, novemb. 1814. — Manuel de malacologie, pl. 46, fig. 2. 976 MOLLUSQUES. richt, professeur à l’université de Copenhague, a pu- blié sur le Clio boréal, le type du genre, un mémoire très-détaillé dans lequel il a décrit ce mollusque et son organisation intérieure d’une manière complète (1). Nous avons pu étudier aussi le genre Clio sur la même espèce, d’après quelques individus parfaitement conservés que M. de Blainville a bien voulu mettre à notre disposition, et sur une autre petite espèce qui nous à paru nouvelle et que nous avons recueillie dans l'océan Atlantique. Les recherches que nous avons faites sur ces mollusques nous permettent donc de compléter, sous ce rapport, nos observations sur le groupe des Ptéropodes. Le Description extérieure. La forme générale du corps, chez les Clios, est la même que chez les Pneumodermes; la partie posté- rieure ou abdominale de l’animal se termine seule- ment en une espèce de queue plus ou moins allongée, et n'offre plus les feuillets membraneux qui portent les branchies. La tête, qui forme également un petit renflement sphérique à l'extrémité antérieurede l'animal, estmunie de deux paires de tentacules disposés de la même ma- nière que chez les Pneumodermes. Les tentacules antérieurs sont assez longs et grêles, du moins dans le Clio boréal, ce qui les à fait dési- (1) Anatomische urtersuchungen uber die Clione borealis. Copen- hague, 1838. PTÉROPODES. 277 gner par Pallas, qui les a bien indiqués, sous le nom de Papillæ carneæ. Ces tentacules sont rétractiles et peuvent se retirer entièrement dans l'intérieur de la tête ; on conçoit donc qu'ils aient pu échapper ainsi aux recherches des zoologistes qui ont étudié ces mollusques ; mais la place qu'ils occupent est toujours marquée par une petite fossette dans laquelle ils sont logés et qui se voit sur les côtés de la bouche. Cuvier, qui a bien reconnu et figuré cette fossette, n’a pour- tant pas décrit les tentacules dont nous parlons ici et a désigné sous ce nom, comme l'ont fait la plupart des zoologistes, d’autres appendices qui doivent en être distingués, ainsi que nous le verrons par la suite (ph 15"05, he. 2, 9,42) Les tentacules postérieurs sont simples et non bi- fides comme dans les Pneumodermes. Ce sont ces derniers tentacules que M. le professeur Eschericht, qui les a signalés le premier dans les Clios, a décrit comme des organes oculifères; mais, il nous a été impossible de reconnaitre les yeux qui ont été figurés par cet anatomiste au sommet de ces organes (fig. 1, 276, 4 CU): La tête n’est séparée de la partie postérieure du (1) Il nous paraît fort probable que ce sont ces mêmes tenta- cules qui ont été pris pour des yeux par quelques autres zoolo- gistes, et surtout par M. de Blainville (art. Co, du Dict. des sc. natur., tom. IX, pag. 405). En effet, lorsque ces tentacules, qui sont rétractiles comme les tentacules antérieurs, sont rentrés dans la petite fossette qui les contient, l’on ne voit plus en dessus de la tête, à la place qu’ils occupaient, que deux petits points noirs qui ont pu être pris facilement pour des points oculaires. 278 MOLLUSQUES. corps que par un simple étranglement ou rétrécisse- ment dans le Clio boréal ; mais, dans d’autres espèces, celle, par exemple, que nous faisons connaire, le ren- flement céphalique et la portion abdominale de Pani- mal sont réunis par une sorte de cou allongé, comme dans les Pneumodermes. Il n'y a donc pas, sous ce rapport, de différence essentielle entre les deux genres. Le pied rudimentaire qui se trouve placé en des- sous de cette partie cervicale , les nageoires qui s’in- serent sur ses côtés, les orifices de l'appareil généra- teur, celui de l'intestin , le manteau, etc., rappellent encore tout à fait ce que nous avons déjà décrit dans les Pneumodermes (fig. 3, 4, v', 0', a). Description intérieure. La bouche est terminale et verticale comme chez les Pneumodermes ; mais la conformation de ses di- verses parties diffère d’une manière assez tranchée de ce qui existe chez ces derniers mollusques (pl. 45 bis, hé bin). Sur les côtés de cette ouverture , se trouvent des appendices de forme conique dont le nombre semble varier suivant les espèces; ainsi, il y en a trois, de chaque côté, dans le Clio boréal, et deux seulement dans la nouvelle espèce que nous faisons connaitre. Ces appendices, qui couronnent la tête comme les bras des céphalopodes, ne sont pas toujours appa- 2 rents ; ils peuvent être entièrement cachés par un repli de la peau qui forme, suivant l'expression de Pallas, PTÉROPODES. 279 une sorte de prépuce. Presque tous les auteurs ont considéré ces organes comme des tentacules ; mais ils nous paraissent correspondre tout à fait aux faisceaux de ventouses qui occupent les côtés de la bouche dans les Pneumodermes; d’après M. le professeur Eschcricht, qui a déja émis cette manière de voir, la ressemblance serait même complete, car la surface de ces appendices serait recouverte de petites touffes de ventouses microscopiques qui ont été figurées par ce naturaliste. Ces parties, qui ne peuvent être bien vues que sur le vivant, ont été cependant reconnues par nous d'une maniere assez distincte, sur le Clio boréal, comme nous l'avons montré sur une de nos figures (fig. 6); nous les avons vues d’une manière beaucoup plus apparente sur l'espèce que nous avons observée vivante, le Clio longue-queue, malgré la très-petite taille de cette espèce (pl. 14, fig. 20). Les appendices buccaux dont nous venons de par- ler , ont été décrits par Pallas qui les a désignés sous le nom de tentacula carnosa; Cuvier, ainsi que nous l'avons déjà dit, les a confondus avec les véritables tentacules; ils ont été bien figurés pour la première fois par M. de Blainville. La cavité buccale est beaucoup moins grande que dans les Pneumodermes; elle peut également se ren- verser au dehors et former ainsi une espèce de trompe. À sa partie inférieure se voit une langue assez volumi- neuse dont l'extrémité antérieure , rétrécie en pointe et tout à fait libre, s’avance jusqu'auprès de l’ouver- ture de la bouche et présente supérieurement un petit 280 MOLLUSQUES. espace recouvert d’une grande quantité de crochets cornés et recourbés en arrière (pl. 45 bis, fig. 10, 7). Sur les côtés de la cavité buccale se trouvent, comme chez les Pneumodermes, des organes pour la mastica- tion dont la structure diffère cependant beaucoup de celle que nous avons décrite dans ces derniers mol- lusques. Ces organes sont représentés par deux espèces de mâchoirescharnues, sur lesquelless’implantent anté- rieurement un grand nombre de dents cornées et dis- posées comme l’indiquent nos figures (pl. 15 Des, fig. 41, 12, 13); les mächoires, elles-mêmes, sont contenues dans des enfoncements, en forme de cœcums, qui viennent s'ouvrir à peu de distance du bord antérieur de la bouche. Ces parties, que Pallas et Fabricius pa- raissent avoir entrevues , que Cuvier a complétement passées sous silence, dont M. de Blainville ne parle que vaguement, ont été bien décrites et figurées pour la première fois par M. Eschcricht, dans le mémoire que nous avons déjà cité (fig. 9, 10, ©). L'appareil digestif ne diffère pas, dans ses autres parties , de celui des Pneumodermes; les glandes sali- vaires n'offrent seulement pas le petit renflement ovoide qui, dans ces derniers mollusques, se trouve sur le trajet de leur canal excréteur (fig. 8, 9, s, el, e, à, a). Nous avons déjà dit que l'anus s’ouvrait également en dessous de l'animal et du côté droit, à peu de dis- tance du bord postérieur de la nageoire correspon- dante (fig. 3, 4, a). Organes de la respiration. — La détermination des PTÉROPODES. 281 branchies donnée par Cuvier et admise pendant long- temps par les zoologistes, a été reconnue inexacte de- puis; M. de Blainville, le premier, l'avait révoquee en doute, et, plus récemment, M. Eschcricht a fait voir que le prétendu réseau vasculaire que Cuvier avait cru voir à la surface des nageoires n'existait pas, et que ce célèbre naturaliste avait pris pour des vaisseaux les fibres musculaires qui forment les couches superfi- cielles de ces appendices. On retrouve en effet ces mêmes stries dans tous les autres Ptéropodes, dans les Pneumodermes, dans les Hyales, etc., bien que, chez ces mollusques, on ne les ait pas regardées comme des ramifications vasculaires. M. Eschericht a fait remar- quer aussi que le vaisseau décrit par Cuvier comme la veine branchiale, n’était autre chose que l'aorte qui se bifurque en avant pour se rendre aux deux nageoires. Mais, s’il est bien démontré aujourd'hui que ces ex- pansions natatoires sont tout à fait étrangères aux fonctions de la respiration, on n’a pu déterminer en- core, avec la même certitude, quelles sont les parties qui doivent être regardées comme des organes respi- ratoires. M. Eschcricht dit que «l'on voit, dans la partie abdominale de l'animal, des cavités distinctes formées d’une peau tres-fine et remplies d’un liquide transparent, qui, par leur position près de loreil- lette du cœur, paraissent être dans les dépendances de la respiration. » Nous avons remarqué, en effet, sur les individus soumis à nos observations, que la peau était plus mince et comme distendue par un li- quide, au côté droit de l'abdomen; mais nous avons 282 MOLLUSQUES. inutilement cherché, dans ce point, une poche sem- blable à celle qu'indique M. Eschericht , et s'ouvrant au dehors pour recevoir l’eau destinée aux fonctions respiratoires. D'une autre part, la disposition du man- teau qui est fermé à sa partie antérieure, comme chez les Pneumodermes , doit faire admettre que ce sont des parties extérieures qui sont chargées de ces mêmes fonctions ; et, comme on ne voit, à la surface du man- teau , rien de semblable aux feuillets que nous avons décrits dans ces derniers mollusques, l’on doit suppo- ser que c'est la peau elle-même qui remplit cet usage, dans une portion plus ou moins considérable de son étendue. Organes de la circulation. — Le cœur est situé du côté droit, à la partie postérieure de la masse des viscères, comme chez les Pneumodermes. La disposi- tion de ses diverses parties, des vaisseaux qui s’y rendent et qui en partent, est aussi tout à fait la même (pl. 45 bés, fig*8, c). Organes de la géneration. — L'appareil générateur est encore entièrement semblable , dans tous ses détails, à celui des Pneumodermes. La figure et la description que Cuvier en a données , sont inexactes sous plusieurs rapports; en cela, les observations de M. Eschcricht concordent tout à fait avec les nôtres; Nous différons seulement, avec ce dernier auteur, sur la détermination qu'il a donnée de lorgane sécréteur inale ou du testicule ; à l'exemple de Cuvier, M. Eschc- PTÉROPODES. 283 richt décrit encore comme tel le second oviducte ou la matrice (pl. 15 brs, fig. 8, 44, o, z, x, x, d, o'). La verge forme un long boyau replié dans l'inté- rieur de la tête et d’un calibre un peu variable dans les différents points de son étendue. Près de son ori- fice extérieur, cet organe présente un renflement assez considérable que M. Eschcricht considère comme une sorte de vessie, mais qui n’est qu'une simple dilata- tion de la cavité intérieure de ja verge (fig. 15). Système musculaire. — Ce système ressemble tout à fait à celui des pneumodermes. Système nerveux.— Les ganglions cérébraux, placés au-dessus de l'œsophage et accolés sur la ligne mé- diane, donnent, par leur bord antérieur, deux gros nerfs qui se subdivisent bientôt pour se distribuer à la bouche, aux appendices céphaliques et aux tentacules. Deux autres nerfs plus petits naissent en dehors et en dessous et se rendent, l’un au ganglion buccal, l’autre aux parties latérales de la tête. De la face supérieure de ces ganglions sortent aussi deux filets nerveux très-grèles qui se rendent , l’un aux tentacules posté- rieurs, et l’autre à la peau qui forme un repli autour de ces tentacules (pl. 45 és, fig. 16, 17). Le ganglion buccal, situé entre les deux cœcums qui contiennent les mächoires, fournit également des filets à ces organes, à la langue, à la bouche, à l’œso- phage et aux glandes salivaires. Deux de ces nerfs présentent aussi un petit renflement sur leur trajet, comme chez les Pneumodermes (fig. 18, 19). 284 MOLLUSQUES. Les autres ganglions et les nerfs qui en émanent nous ont offert la même disposition que dans ces der- niers mollusques. Les petits ganglions qui sont annexés à la première paire de ganglions sous-œæsophagiens, se trouvent seulement placés au-dessus de ceux-ci, au lieu d'être situés à leur partie postérieure (fig. 16, 17). L'organe de l’ouie occupe également le bord posté- rieur des ganglions sous-œsophagiens antérieurs, et se présente sous la forme d’un petit point brunâtre (es AG Ar) Les Clios se distinguent des Pneumodermes, comme nous l'avons déjà dit, par l'absence des feuillets bran- chiaux qui, chez ces derniers, occupent la partie pos- térieure du corps, et par la conformation des diverses parties de la bouche. Ces mollusques habitent surtout les mers voisines des pôles ; l’on sait que le Clio boréal est extrême- ment commun dans les mers du nord ; mais l’on trouve aussi des espèces de ce genre dans les régions chaudes. Les mœurs et les habitudes des Clios paraissent être les mêmes que celles des Pneumodermes. MM. Quoy et Gaimard avaient proposé le genre Cliodite pour quelques petites espèces de Clios qui ont la tête séparée du tronc par une sorte de cou étroit et allongé , et qui auraient été, en outre, tout à fait dépourvues de tentacules ; mais le premier de ces ca- ractères, plus ou moins prononcé chez les Clios, comme chez les Pneumodermes, ne peut guère servir de base à une division générique; et, quant a l’ab- PTÉROPODES. 285 sence des tentacules , il est très-probable que ces or- ganes avaient échappé aux recherches de MM. Quoy et Gaimard qui, du reste, ont renoncé eux-mêmes depuis au genre qu'ils avaient proposé. Les mêmes naturalistes ont établi, dans la zoologie du Voyage de l'Astrolabe, un autre genre, le genre Pélagie, pour un Ptéropode très-voisin des Clios, mais qui en différerait d’une manière tranchée , ainsi que des Pneumodermes, par l’absence du pied rudimen- taire qui, dans les mollusques de ces deux genres, se trouve en dessous de la portion céphalo-thoracique. Cette particularité formerait une telle exception aux caractères des Ptéropodes de la même famille, qu'il nous parait préférable d'admettre que MM. Quoy et Gaimard n'auront pas reconnu cette partie, peut- être moins développée seulement dans les Pélagies. Les observateurs que nous venons de citer n’ont pas donné aussi, de ces mollusques, une description assez complète, pour qu'il soit possible d'établir d’une ma- nière précise leurs rapports avec les Clics. Enfin, c’est encore auprès du genre Clio, que vien- drait se placer le genre Cymodocée, proposé par M. Alcide d’Orbigny, pour un Mollusque que ce natu- raliste n’a recueilli qu'incomplet, et sur les caractères singuliers duquel il est par conséquent permis d’avoir des doutes , jusqu'à ce que de nouvelles observations l’aient mieux fait connaître. 286 MOLLUSQUES. CLIO LONGUE-QUEUE. Clio longicaudatus, nobis. PLANCHE 14, Ficures 17-21. Corpus elongatum, sub-nigrum, in medio inflatum, posticé longicau- datum et acuminatum, anticé capite rotundo terminatum ; als subtriangularibus. Ce Clio à le corps allongé, renflé à sa partie moyenne, terminé postérieurement par une espèce de queue presque aussi longue que le corps et poin- tue à son extrémité ; la tête, de forme sphérique, est séparée de la portion abdominale de l'animal par un cou étroit et allongé sur lequel s’insérent les nageoires ; celles-ci sont assez grandes, sub-trian- gulaires ou cordiformes ; l'appendice pédiforme infé- rieur est formé par deux petits feuillets membraneux ovalaires, réunis à leur point d'insertion sur la ligne médiane (1). Tout l'animal est d'une couleur brune foncée ; les nageoires sont transparentes à leur circonférence. Cette espèce a tout au plus dix millimètres de lon- sueur. Nous en avons recueilli deux individus seulement, (4) Cet appendice est tout à fait semblable à celui du preumo- derme de Péron, moins son prolongement postérieur, ainsi que le montrent nos figures. PTÉROPODES. 287 1Ÿ dans l'océan Atlantique, par 10° de latitude nord et 23° de longitude ouest. Cette espèce nous a paru différer de toutes celles qui ont été décrites Jusqu'ici par la forme du corps qui, dans aucune de ces espèces, n'est aussi allongé et aussi rétréci à son extrémité postérieure ; elle est pourtant très-voisine du Clio en fuseau (Clio fusi- Jormis) décrit par MM. Quoy et Gaimard dans la zoologie du Voyage de l'Uranie (1). Ces animaux sont si contractiles et présentent, suivant leur état de contraction, des formes si différentes, qu'il serait même très-possible que cette dernière espèce fût la même que celle que nous faisons connaître. En ayant égard à la description et à la figure que MM. Quoy et Gaimard ont données du Clio fusiformis, nous avons dû toutefois les distinguer, d’après les différences de forme que nous avons signalées (2). Nora. — Les figures que nous donnons de cette espèce ont été exécutées d’après des dessins faits sur le vivant, pendant notre voyage; ces figures repré- sentent d’une manière exacte la forme de l’animal, mais elles sont incomplètes sous quelques rapports ; (1) Zoologie du voy. de l'Uranie, pl. 66, fig. 2. (2) Les deux petits points noirs que MM. Quoy et Gaimard ont fait figurer à la partie antérieure de la tête, sur cette espèce et sur le Clio Caducée (C. Caduceus), et qu'ils ont considérés comme des yeux, nous paraissent être les deux petites fossettes dans les- quelles se logent les tentacules antérieurs. 288 MOLLUSQUES. les tentacules proprement dits n’y sont pas indiqués ; ces organes nous avaient échappé dans nos premieres observations faites souvent dans des circonstances peu favorables ; mais nous nous sommes assurés depuis, sur un individu bien conservé et déposé par nous dans les galeries du Muséum, que ce Clio était pourvu de deux paires de tentacules tout à fait semblables à ceux du Clio boréal et disposés de la même maniere. Les appendices buccaux, au contraire, sont au nom- bre de deux paires seulement, comme nous l'avons dit précédemment; ces appendices sont représentés développés sur une de nos figures (fig. 29 ); les autres figures les montrent rentrés et formant seu- lement deux petites saillies sur les côtés de la masse buccale qui est un peu développée en avant. HETEROPODES. 289 HÉTÉROPODES. Lamarck. NUCLÉOBRANCHES. — De Blainville. [. CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES. Le groupe des Mollusques Héréroropss, établi par Lamarck, dans l’Extrait du cours, en 1812, et re- produit un peu plus tard par M. de Blainville sous le nom de NucrÉOBRANCHES, a été adopté depuis, sous l’une ou l’autre de ces deux dénominations, par la plupart des malacologistes; mais ceux-ci ne l’ont pas tous circonscrit de la même manière et ne lui ont éga- lement pas tous assigné le même rang dans la mé- thode. Lamarck, en créant ce groupe, l'avait composé des trois genres Carmaire, Firole et Phylliroé, que Péron et Lesueur avaient rangés, comme nous l'avons vu précédemment, dans leur famille des Ptéropodes ; dans son Histoire des animaux sans vertèbres, publiée quelques années après, ce célèbre naturaliste n'y à également placé que ces trois genres de Mollusques. M. de Blainville qui, comme nous l'avons dit, le reproduisit dans sa premiere classification, en substi- Bonite. — Zool. Tome [I. Partie II 19 290 MOLLUSQUES. tuant le nom de Nucléobranches à celui d’Hétéro- podes (1), en retira les Phyiliroés, pour n'y laisser que les Carinaires et les Firoles; plus tard, à l’article Mozzusques du Dictionnaire des Sciences naturelles et dans le Manuel de malacologie, ajouta à ce groupe trois autres genres, savoir : le genre Atlante que M. Lesueur avait fait connaitre, peu de temps avant, dans le Journal de Physique (2); le genre Spiratelle déjà établi par Cuvier sous le nom de Limacine; enfin, le genre Argonaute, dans l'idée que la coquille dé- signée sous ce nom par Linné appartient à un animal voisin des Carinaires, et non au Céphalopode qui l’habite ordinairement et qui n y serait que pa- rasite. Cuvier n'admit pas le groupe des Hétéropodes, dans la première édition de son Règne animal ; guidé sans doute par l’analogie qu'il crut voir entre la coquille des Cabochons et celle des Carinaires, il placa celles- ci, auxquelles il réunit les Firoles, dans son ordre des Scutibranches, et passa complétement sous si- lence le genre Phylliroé qui ne lui parut sans doute pas assez connu pour étre classé d’une manière convenable; mais, dans la deuxième édition de cet ouvrage, il a adopté ce groupe de Mollusques et y a rangé, à l'exemple de Lamarck, les Carinaires, les Fi- (1) Le nom donné par M. de Blainville à ce groupe est tiré de la disposition des organes de la respiration qui se trouvent réunis, avec les autres viscères, en une sorte de noyau ou rucléus, ce qu'indique le mot Mucléobranche. (2) Voir ce recueil, tom. LXXXV, pag. 390. HÉTÉROPODES. 291 roles etles Phylliroés, ces derniers n'y étant rapportés qu'avec doute cependant; les Atlantes s’y trouvent aussi placées avec raison, d’après les observations de M. Rang qui avait fait voir leurs affinités avec les Ca- rinaires et les Firoles ; enfin, Cuvier a émis la suppo- sition qu'il faudrait peut-être encore réunir aux genres précédents les Timoriennes et les Monophores , lors- que ces animaux seraient connus d'une maniere plus complete. Dans les autres classifications qui ont été proposées en France, le groupe de Mollusques qui nous occupe se trouve composé à peu près comme dans celles des trois grands zoologistes que nous vencens de citer. Ainsi, dans ses Tableaux systématiques, M. de Fé- russac a réuni, sous le nom d'Hétéropodes, les Cari- naires et les Firoles, auxquelles il a ajouté le genre Firoloïde proposé par M. Lesueur, laissant les Phyi- liroés parmi les Ptéropodes, à limitation de M. de Blainville. Sous le nom de Nucléobranches, emprunté à ce dernier zoologiste, M. Rang a rassemblé les Firoles, les Carinaires et les Atlantes, éloignant également de ce groupe le genre Phylliroé, pour le mettre parmi les Salpiens, à la suite des Biphores. M. Deshayes, en adoptant aussi le groupe des Nu- cléobranches, l’a réduit aux deux genres Firole et Ca- rinaire, ainsi que l’avait fait M. de Blainville, dans sa première classification. Enfin, plus récemment, M. A. d’Orbigny, après avoir admis le groupe des Hétéropodes tel que la 2992 MOLLUSQUES. institué Lamarck, c’est-à-dire composé des genres Fi- role, Carinaire et Phylliroé, auxquels il a réuni les Atlantes à limitation de M. Rang et de Cuvier, a pro- posé d'y faire encore entrer le genre Flèche de MM. Quoy et Gaimard, ainsi qu'un genre nouveau qu'il a établi sous le nom de Cardiapode, pour quelques espèces de Firoles (1). Des différents genres qui ont été successivement admis dans ce groupe de Mollusques, plusieurs doi- vent en être rejetés aujourd'hui d’une manière défi- nitive. Les Phylliroés, que la plupart des auteurs cités pré- cédemment y ont placés à limitation de Lamarck, n’appartiennent pas plus aux Hétéropodes qu'aux Pté- ropodes; nous verrons plus tard que ces Mollusques se rapprochent beaucoup de certains Nudibranches par la plupart des traits de leur organisation. Nous avons déjà parlé du genre Spiratelle ou Lima- cine et nous avons vu qu'il appartenait aux mollus- ques Ptéropodes. Les Monophores et les Timoriennes ne sont proba- (4) Ces espèces diffèrent surtout des Firoles par un caractère qui avait échappé aux zoologistes qui en ont parlé et que nous avons déjà signalé, la présence d’une très-petite coquille située à la partie postérieure du nucleus ; c’est surtout d’après ce carac- tère que nous avons cru devoir en faire, comme M. d’Orbigny, une petite division générique pour laquelle nous avons proposé de substituer au mot Cardiapode employé par cet auteur, celui de Carinairoïde qui nous a semblé mieux exprimer les rapports de ces Mollusques , les Carinairoïdes étant en effet aux Carinaires ce que les Firoloïdes sont aux Firoles. HEÉTEROPODES. 293 blement, comme leurs auteurs paraissent l'avoir reconnu eux-mêmes depuis, que des Firoles ou des Carinaires mutilées. Le genre Flèche établi par MM, Quoy et Gaimard, et qui a été proposé aussi par M. Lesueur sous le nom de Sagitelle, doit, comme nous le verrons par la suite, être rejeté non-seulement de ce groupe, mais encore de l’embranchement des Mollusques, dans lequel il n’a été placé que d’après une appréciation tout à fait inexacte de son organisation. Enfin, pour le genre Argonaute, 1! nous parait dif- ficile de lui assigner sa place dans la Méthode, dans l'incertitude où l’on est encore sur l'animal véritable de cette coquille, quoique les analogies nous sem- blent être en faveur de l'opinion soutenue par M. de Blainville. Les genres Firoloïde, Firole, Cardiapode où Cari- nairoïde, Carinaire et Atlante sont donc les seuls qui nous paraissent devoir être conservés dans le groupe des Hétéropodes; ainsi réduit, ce groupe est, comme le feront voir les détails dans lesquels nous allons en- trer, un des plus naturels et, en même temps, un des plus distincts de Fembranchement des Mollusques (1). (4) Quelques auteurs pensent que le genre Bellérophe, qui n’est encore connu qu’à l’état fossile, doit être aussi placé dans le groupe des Hétéropodes; cette opinion avait été adoptée, en dernier lieu, par M. de Blainville 294 MOLLUSQUES. IT. DE LA FORME ET DE L'ORGANISATION DES HÉTÉROPODES, Les Hétéropodes diffèrent, la plupart, beaucoup des autres Mollusques céphalés par leur conformation ex- térieure ; les Firoles et les Carinaires, par exemple, présentent dans la forme allongée de leur corps, dans la disposition de leurs visceres réunis en un nucléus plus où moins terminal, dans leur organe locomoteur constitué par une nageoire impaire et médiane, etc., des caractères qui paraissent d’abord tellement tran- chés, qu'il n'est pas surprenant que quelques zoolo- gistes, entre autres Lamarck, aient vu dans les ani- maux de ces genres les représentants d’un type particulier de Mollusques, aussi distinct que celui des Céphalopodes, des Gastéropodes, etc. ; mais, lorsqu'on examine ces mêmes caractères dans la série des genres qui composent aujourd'hui le groupe des Hétéro- pedes, on les voit se modifier graduellement, jus- qu'au point de ne plus séparer essentiellement ces Mol- lusques des Gastéropodes. Ainsi , le nucléus viscéral qui, dans les Firoloïdes, termine le corps postérieurement, s'en isole de plus en plus dans les Firoles, les Carinairoïdes et les Cari- naires, de manière à devenir en même temps dorsal ; et, chez les Atlantes, qui dans l’ordre des rapports, viennent immédiatement apres les Carinaires, la dis- position de la masse viscérale, du cœur et des bran- chies ne diffère plus en rien de ce qu'elle est chez les Sastéropodes pectinibranches. Il en est de même de HÉTÉROPODES. 295 la forme du corps, qui se trouve aussi ramenée, dans les Atlantes, à des proportions ne présentant plus les différences qui distinguent, sous ce rapport, les autres Hétéropodes. Enfin, le développement graduel de la ventouse qui occupe le bord postérieur de la nageoire ventrale dans la plupart de ces Mollusques , et qui, chez certaines espèces, peut servir à une sorte de rep- tation, comme nous le verrons par la suite, décèle encore d’une maniere évidente l’analogie de cet or- gane locomoteur avec le pied des Mollusques gastéro- podes. Nous reviendrons, du reste, sur ce sujet, lorsque nous nous occuperons des rapports des Hété- ropodes avec les autres Mollusques céphalés ou, en d’autres termes, de leur classification. Le manteau est remarquable, chez les Hétéropodes, par sa nature gélatineuse et par sa transparence; il n’est aussi que faiblement coloré dans la plupart de ces Mollusques. Sa surface est lisse ou recouverte d’as- pérités, comme on le voit chez les Carinaires et dans quelques espèces du genre Firole. Sa disposition varie dans les différents genres. Dans les Firoloïdes et les Firoles, il forme en avant et en dessous du nucléus, un repli plus ou moins mar- qué dans lequel cette partie paraît comme enchàssée ; il se réfléchit ensuite pour recouvrir la partie posté- rieure et supérieure de ce nucléus, mais en s’amincis- sant beaucoup et de manière à ne plus former, dans ce point, qu'une membrane très-mince (pl. 16, fig. 3, », 6, 7, 8, 9 et 10). 296 MOLLUSQUES. Dans les Carinairoides, le manteau se prolonge di- rectement sur le nucléus, sans former de repli, et sans diminuer sensiblement d'épaisseur, si ce n’est sur le petit prolongement du foie qui est contenu dans la coquille; mais, à la partie antérieure et supérieure du nucléus , il présente deux bords saillants circonseri- vant un petit espace dans iequel se trouvent l'anus et l'orifice de l'oviducte (pleuT, fig. 4, 2,6, 41, 12:44, 15); cet espace peut être considéré comme le rudi- ment de la cavité branchiale qui doit se développer dans ce point, chez les Carinaires et les Atlantes. Dans les Carinaires, le manteau forme, tout autour du nucléus, un rebord saillant qui correspond à lou- verture de la coquille et qui est un peu plus prononcé en avant où il circonscrit, comme nous venons de le dire, une cavité peu profonde contenant en partie les branclues (pl. 17%,-fig:19, etpl:.22; fig:uetr 2)5ail s'amincit ensuite beaucoup pour recouvrir la masse viscérale, de la même manière que dans les autres Mollusques conchyliféres. Enfin, chez les Atlantes, dont la coquille peut loger tout l'animal, le manteau offre un développement correspondant; il forme, eu avant, une grande poche branchiale entièrement semblable à celle des Gastéro- podes pectinibranches , et sa disposition générale est aussi tout à fait la même que celle qui existe dans les Mollusques de ce groupe. L’analogie que nous venons de signaler se retrouve également dans les détails de son organisation; c'est ainsi que le bord de ce man- teau, qui circonscrit la cavité des branchies, est épaissi HÉTÉROPODES. 297 tout autour du corps de l'animal, et garni en outre de touffes de cils vibratiles; et que, chez les espèces dont la coquille est canaliculée à l'ouverture, comme dans l’Atlante de Kéraudren, ce bord présente antérieure- ment un prolongement de même forme, semblable à celui dont le manteau est pourvu dans les Mollusques siphonobranches (pl. 18, fig. 4, et pl. 23, fig. 1). Parmi les Hétéropodes, les uns, comme les Firo- loïdes et les Firoles, sont entièrement nus; les autres, les Carinairoïdes, les Carinaires et les Atlantes , sont plus ou moins protégés par une coquille. Cette pro- duction du manteau présente, pour ainsi dire, tous les degrés de développement dans ces Mollusques, depuis la coquille des Carinairoïdes, qui ne contient qu’une très-petite partie du nucléus viscéral, jusqu’à celle des Atlantes dans laquelle l'animal peut se loger tout en- tier. Sa forme varie aussi beaucoup, mais elle est tou- jours plus ou moins spirale et remarquable, comme celle des Ptéropodes, par sa fragilité et sa grande transparence; elle peut être operculée, comme cela à lieu dans toutes les espèces du genre Atlante. Les organes des sens sont développés dans les Hé- téropodes. Tous ces Mollusques ont des yeux très-gros, formés d'une masse pigmentaire noirâtre, dans laquelle est enchässé un cristallin sphérique ; dans les Firoloïdes, ce cristallin est coiffé antérieurement d’une cornée saillante (pl. 16, fig. 4, 2, 5); mais dans les autres genres, cette partie n'existe plus et paraît suppléée par 298 MOLLUSQUES. la peau qui forme toujours, en avant des yeux , une convexité plus ou moins marquée (pl. 17, fig. 1,44,19, pl. 22, fig. 4, 8, et pl. 93, fig. 1, 2, 6); le nerf opti- que s’épanouit largement à la base de ces organes (1). Tous les Hétéropodes ont un appareil auditif dont nous avons, les premiers, signalé l'existence dans ces Mollusques (2). Cet appareil est constitué, comme dans les Ptéropodes, par une petite poche sphérique, con- tenant à son centre un petit noyau cristallin de même forme (pl. 22, fig. 13, 14, et pl. 23, fig. 5); cette poche, sans Communication avec l'extérieur, est située en ar- rière des yeux, à une petite distance de ces organes, et se trouve unie aux ganglions sus-æsophagiens de l'anneau nerveux, par un des nerfs qui émanent de ces ganglions (pl. 16, fig. 2, et pl. 22, fig. 1, 8, 9, 10, r); dans les Atlantes seulement, elle est immédia- tement annexée, de chaque côté, à ces mêmes gan- glions, vers le milieu de leur bord externe (pl. 23 et 23 bis, fig. 14, 2 et 3, r). Ce petit appareil se fait re- marquer, sur les individus frais, par sa grande trans- parence au milieu des autres tissus. La plupart des Hétéropodes sont pourvus de tenta- (1) C’est par une erreur de notre dessinateur que, sur la figure que nous donnons de la Firole de Kéraudren, les yeux sont repré- sentés avec une cornée à leur partie antérieure, comme dans les Firoloïdes ; toutes les Firoles que nous avons pu examiner ne dif- fèrent pas, sous ce rapport, des Atlantes , des Carinaires, etc. , et n’ont, comme celles-ci, qu’un cristallin sphérique. (2) Annales françaises et étrangères d'anatomie et de physiologie, tom. IT, pag. 305. — Voir la page 58 de ce volume. HÉTÉROPODES. 299 cules; les Firoles et les Firoloïdes sont les seuls Mollusques de ce groupe qui n'en présentent géné- ralement pas (1). Ces organes ne sont presque jamais qu’au nombre de deux, et varient un peu, dans leur position et dans leur forme, non-seulement dans les différents genres, mais encore dans les espèces de ces mêmes genres, comme nous le verrons par la suite. L'appareil digestif présente la même conformation dans tous les Hétéropodes. Dans tous ces Mollusques, la bouche est placée à l'exirémité d’une sorte de trompe, ou plutôt d'un mufle proboscidiforme tres-allongé etsusceptible d’exé- cuter, par sa contractilité, des mouvements très-va- riés; cet orifice, dont la forme est celle d’un carré un peu allongé dans le sens vertical, est circonserit par un rebord labial épais et arrondi. À l’ouverture de la bouche fait suite une masse buccale considérable que lanimal peut faire sortir en partie, au dehors, à la manière d’une trompe (plis rhersterpl 231.148} 47)-Cette masse buccale est recouverte, en dessus et en avant, de plaques cornées qui offrent la disposition suivante : l’une de ces plaques, médiane, est formée d’une sé- rie de petites lames imbriquées et offrant trois dents ou épines sur leur bord antérieur (pl. 22, fig. 5 et T); les autres, latérales, représentent une série de (1) Nous verrons plus loin que quelques espèces du genre Firo- loïde font exception sous ce rapport, et sont munies de longs ten- tacules semblables à ceux des Carinaires. 300 MOLLUSQUES. longs crochets un peu recourbés à leur extrémité et disposés comme les dents d’un peigne (pl. 22, fig. 5 et 6, et pl. 23, fig. 14, 15, 16). Les auteurs, qui se sont occupés de l'anatomie de ces Mollusques, ont considéré ces plaques comme des mächoires; mais, elles nous paraissent correspondre tout à fait au ru- ban lingual dont la bouche est pourvue dans la plu- part des Gastéropodes pectinibranches et que nous au- rons occasion de décrire, par la suite, dans un certain nombre de ces Mollusques. De nombreux faisceaux musculaires, insérés à son pourtour, font exécuter à cette masse buccale des mouvements d’arrière en avant et d'avant en arrière, ainsi que des mouvements de rotation dans le sens vertical, dans lesquels les cro- chets des plaques latérales se redressent, deviensent saillants au dehors et servent ainsi à l'animal pour saisir et déchirer les objets dont il veut faire sa nour- riture (pl. 22, fig. 4, et pl. 23, fig. 12). Au-dessus des parties que nous venons de décrire , se trouve la cavité buccale qui se continue postérieu- rement avec l'œsophage (pl. 22, fig. 5, et pl. 23, fig. 143 ); celui-ci, d’un assez petit calibre d’abord, présente, à une distance variable de la masse buccale, mais ordinairement vers le milieu du corps, une dila- tation fusiforme que l’on considère généralement comme l'estomac, mais qui nous paraît n'être qu'une sorte de jabot dans lequel les matières alimentaires s'accumulent avant de se rendre dans le véritable es- tomac(pl.16,.fis.. 4, 2, 5,8; pl. 17, fig. 4,145 44, 49; pl. 22, fig. 41; pl. 23, fig. 4, 13). Après avoir HÉTÉROPODES. 301 formé cette poche, le canal digestif reprend son pre- mier calibre et se dirige, en décrivant quelques flexuo- sités, vers le nucléus; il se comporte ensuite d’une manière un peu différente dans les divers genres du groupe qui nous occupe. Dans les Firoloïdes, ce canal contourne la partie inférieure du nucléus , en se portant un peu oblique- ment du côté droit vers le côté gauche; il remonte ensuite, de ce même côté, le long du nucléus, pour aller se terminer à sa partie supérieure (pl. 16, fig. 3, %, 6, 7,2). Dans les Firoles, sa disposition est à peu près semblable à celle que nous venons de décrire (pl.16, fg:9; 10; et pl, 22, fig. 4Tiet 18, ire). Dans les Carinairoïdes , il contourne le nucléus de gauche à droite, et un peu de bas en haut, de manière à venir aboutir à sa partie antérieure et supérieure (pl. 17, fig. 2, 3,13, c; pl. 22, fig. 15, #,e). Enfin, dans les Cari- naires , il forme une circonvolution semblable, mais dans l'épaisseur même du foie (pl. 22, fig. 2, #, e, e). Dans tous les genres que nous venons de citer, cette dernière partie du tube digestif présente une nouvelle dilatation plus ou moins marquée qui nous semble de- voir être considérée comme constituant la véritable poche stomacale chez ces Mollusques (pl. 22, fig. 2, 15, 18, e) ; le volume peu considérable de cet estomac, dont le diamètre excède quelquefois à peine celui du reste de l'intestin, à pu facilement le faire confondre avec ce dernier; mais sa structure différente et ses rapports avec le foie ne permettent pas, ce nous sem- ble, de méconnaitre sa nature véritable. Du reste, la ? 302 MOLLUSQUES. détermination que nous donnons ici, est mise hors de doute par la disposition qu'offre le tube digestif chez les Atlantes; dans ces Mollusques, qui se lient aux Carinaires et aux autres Hétéropodes par l’ensemble de leurs caractères et de leur organisation , mais chez lesquels la forme du corps se trouve ramenée, comme nous l'avons dit, à celle des Gastéropodes pectini- branches, le tube digestif, après avoir formé cette di- latation fusiforme que nous avons regardée comme une sorte de jabot, présente, dans son trajet à travers le foie, une seconde poche bien distincte qui, par sa position et ses rapports, est bien évidemment l'esto- mac et qui correspond tout à fait au renflement du canal intestinal que nous considérons comme ce der- nier organe dans les Firoles, les Carinaires, etc. (pl. 23 et 23 Des, fig. 1 et 13). D'après ce que nous venons de dire, l'intestin pro- prement dit est fort court et existe à peine dans la plupart des Hétéropodes. Nous avons déjà mdiqué sa terminaison qui a lieu à l'extrémité supérieure du nu- cléus, dans les Firoloïdes et les Firoles (pl. 16, fig. 3, 4316, 7,910, @, ebpl. 22; fig. 17,18; a)sraila partie antérieure et supérieure de ce nucléus, chez les Cari- nairoïidesiGpl. A7: fig..2, 6,425; masuetrpl. 22; fig. 15, a); enfin, à sa face inférieure, dans les Cari- naires (pl. 22, fig. 1 et 2, a) ; dans ces deux derniers genres , l'ouverture anale se trouve placée un peu à droite de la ligne médiane. Dans les Atlantes, les ana- logies nombreuses que nous avons déjà eu occasion de signaler entre ces Moliusques et les Pectinibranches, HÉTÉROPODES. 303 se retrouvent dans la dernière partie du tube digestif qui, comme chez les Gastéropodes de ce groupe, vient se terminer dans la cavité branchiale, du côté. droit, à quelque distance du bord antérieur du manteau (pl. 28, fig. 4 et 13; pl. 23 is, c, à, a) (1). Tous les Hétéropodes sont pourvus d’un appareil salivaire qui est constitué par deux glandes tubulifor- mes, allongées, se terminant antérieurement, par un canal excréteur très-délié, sur les côtés et en arrière de la cavité buccale (pl. 16, fig. 1, 2, 5, 8; pl. 17, fier, 1,04 h, 4.049 pl, 22,0 fieudsu#, 2ss)s1dansles Atlantes, ces glandes sont très-longues et présen- tent un rétrécissemeut à leur extrémité postérieure Cplo28y fie:rhet 43: pl2810is,s, 52) (4) M. Rang, à qui revient le mérite d’avoir, le premier, re- connu les véritables caractères des Atlantes et leurs affinités avec les Carinaires, les Firoles, etc., s’est mépris sur le mode de termi- naison de l'intestin dans ces Mollusques, en plaçant l’anus à l’ex- trémité d’un des appendices qui se voient au côté droit de l’animal et qui appartiennent, comme nous le verrons bientôt, à l'appareil générateur. Il est d'autant plus surprenant que M. Rang ait com- mis cette erreur, qui a été adoptée depuis par tous les zoologistes, que ce naturaliste avait parfaitement reconnu aussi les rapports des Atlantes avec les Pectinibranches, et que, dès lors, la position qu'il assignait à l'anus était tout à fait contraire à l’analogie. (2) M. Rang a décrit et figuré, dans les Atlantes, une seconde paire de glandes salivaires qui seraient très-petites, et dont les canaux excréteurs, très-gréles, viendraient s’ouvrir à la partie antérieure de la cavité buccale; mais, d’après la place qu’il leur assigne , ces glandes nous paraissent n’être que les ganglions buc- caux , et leurs canaux excréteurs, les filets nerveux que ces gan- glions envoient à la partie antérieure de la bouche. 304 MOLLUSQUES. Le foie est assez volumineux dans les Mollusques dont nous nous occupons ici ; il forme , avec les or- ganes de la génération , la plus grande partie du nu- cléus ou de la masse viscérale. Cet organe, de couleur violacée ou brunâtre, est toujours enveloppé ou tra- versé, dans une partie de son étendue , par la poche stomacale, comme nous l'avons vu précédemment. Les organes de la respiration, dans les Hétéropodes, sont groupés, avec les principaux viscères, en une sorte de nucléus terminal ou dorsal , ce qui a fait dé- signer ces Mollusques, par M. de Blainville, sous le nom de Vucléobranches ; mais cette disposition n'existe pas dans tous les Hétéropodes, et ne constitue par con- séquent pas, comme on l'avait cru, un caractère gé- néral pour ces Mollusques. Dans les Atlantes, en effet, les branchies se trouvent placées dans une cavité tout à fait semblable à celle des Gastéropodes pectinibran- ches, ainsi que nous avons déjà eu occasion de le dire. Ces organes présentent , du reste, la même struc- ture, dans tous les animaux de ce groupe; ils sont constitués par des lames membraneuses allongées, parcourues à leurs bords par les vaisseaux branchiaux et garnies, sur chacune de leurs faces, de lamelles transversales, décomposées elles-mêmes en un grand nombre de feuillets. La forme de ces lames branchiales est un peu variable; elles sont triangulaires , longues et effilées , dans les Firoloïdes, les Firoles et quelques espèces du genre Atlante, comme l’A4tlante de Kérau- HÉTÉROPODES. 305 dren (pi. 23, fig. 11 ); elles sont de même forme, mais plus larges, plus courtes et quelquefois recourbées légérement à leur sommet, chez les Carinairoïdes et les Carinaires (pt. 22, fig. 3 et 16); enfin, dans la plu- part des Atlantes, elles sont oblongues et, comme l’a dit M. Rang, un peu en forme de palettes (pl. 23, fig. 10). La disposition de ces branchies, sur le nucléus, pré- sente aussi des différences qui peuvent servir à carac- tériser les genres, et même quelquefois les espèces de ces genres, comme nous le verrons par la suite. L'appareil circulatoire des Hétéropodes est tout à fait semblable à celui de la plupart des Gastéropodes. Le cœur, dans les Firoloïdes et les Firoles, est situé à la partie antérieure et supérieure du nucléus ( pl. 16, fig. 3, 4, 6, 7, 9 et 10,c); dans les Carinairoïdes, il en occupe la partie supérieure (pl. 143 fie 2,}3, 06,492, 13,15,c); chez les Carinaires, il est placé de la même manière, mais en avant, par suite de la disposition un peu différente du nucléus sur l'animal (pl. 17, fig. 19, et pl. 22, fig. 1, 2, c); enfin, dans les Atlantes, il se trouve au fond de la cavité branchiale, comme dans les Gastéropodes pectinibranches (pl. 23 et 23 bis, c). Dans tous ces Mollusques, cet organe est contenu dans une large poche, à parois transparentes , et se compose d’une oreillette globuleuse et d’un ventricule pyriforme, à parois plus épaisses, séparé de l’oreil- lette par un étranglement plus ou moins marqué (pl. 22, üg- 2 "et 17, c; pl. 23, fig. 18). La. position Boaite. — Zoo!. Tome 11. Paitie JI. 20 306 MOLLUSQUES. relative de ces deux parties varie suivant la place qu'oc- cupent les branchies ; ainsi, dans les Firoloïdes et les Firoles, l'oreillette est supérieure au ventricule (pl. 16, fig49,4,06, 1, 19%et 103 pl: 22, fs. 17 j; chez lés-Ca: rinaires, le contraire a lieu et c’est le ventricule qui se trouve au-dessus de l'oreillette ( pl. 22, fig. 1); dans les Carinairoïdes et dans les Atlantes, l'oreillette est en avant et le ventricule en arrière (1); ces différences, dans la direction du cœur, n'ont pas d'importance et tiennent, comme nous venons de le dire, à l’arrange- ment des parties entre lesquelles cet organe se trouve placé. Le ventricule donne naissance, par son sommet, à une aorte volumineuse qui, après un très-court trajet, se divise en deux troncs principaux ; l’un de ces troncs s’épuise tout entier dans le nucléus, en fournissant de uombreuses branches aux viscères qui constituent cette parüe (pl. 22, fig. 2 et 17); l’autre, d'un calibre un peu plus considérable et que l'on peut regarder comme la continuation de l’acrte, se dirige en bas eten avant, dans la cavité générale du corps, fournit une branche récurrente qui se distribue à la partie postérieure ou (4) Nous supposons, pour cela, l'animal des Atlantes dans une position semblable à celle dans laquelle nous avons représenté les Carinaires, les Firoles, etc., c’est-à-dire la nageoiïre en bas, et la coquille ou la masse viscérale en haut. Cette position est celle que nous eussions dû donner à l’animal des Atlantes, sur nos figures, pour le rendre comparable, dans ses diverses parties, aux autres Hétéropodes , et pour rendre plus évidentes les analogies qui l’u- nissent à ceux-ci. HÉTÉROPODES. 307 caudale de l'animal, donne ensuite une seconde bran- che qui se ramifie dans la nageoire, continue son tra- jet en avant, en passant au-dessus des ganglions sous-œsophagiens, et vient se terminer sous la masse buccale qu'entourent antérieurement ses branches de terminaison. Dans cette derniere partie de son trajet, le tronc aortique fournit quelques branches très-grèles dont les unes semblent se rendre à l’intestin, et dont les autres se perdent dans les parois de la partie an- térieure ou céphalique de lanimal (pl. 22, fig. 4, 2, EVasgrasendies 17; ). Telle est la disposition du système artériel dans les Carinaires, dans les Firoles, dans Îles Carinairoi- des, etc.; dans tous ces Hétéropodes, cette disposition peut être résumée ainsi : l'aorte se divise, presque im- médiatement après sa naissance, en deux troncs prin- cipaux dont l’un, postérieur, se distribue aux viscères qui forment le nucléus, et dont l’autre, antérieur, se subdivise en trois grosses branches qui sont destinées au prolongement postérieur où caudal de l'animal, à sa partie antérieure ou céphalique, et à la nageoire. Le volume de ces trois artères est toujours eu rapport avec le développement des parties auxquelles elles doivent fournir; c’est ainsi que, chez les Firoloïdes, l'artère postérieure ou caudale est très-grèle , tandis qu'elle est, au contraire, d'un calibre presque égal à l’artère antérieure ou céphalique, chez les Carinaires. Dans les Atlantes, la distribution du système arté- riel est encore la même : l'aorte se divise aussi, des son origine, en deux troncs dont l’un se porte en ar- 308 MOLLUSQUES. rière, dans les viscères qui remplissent le fond de la coquille, et dont l’autre se dirige en avant, vers les parties extérieures de l'animal, pour s’y subdiviser en trois branches principales, comme nous venons de le dire (L): La partie de l'appareil circulatoire qui rapporte le sang des divers points du corps aux organes de la res- piration, est beaucoup moins apparente que celle que nous venons de décrire, ainsi que cela a généralement lieu dans les Mollusques. Nous n'avons pu l’étudier d'une manière assez complète pour en parler ici avec quelques détails ; d’après ce que nous avons vu chez les Carinaires qui, par leur grande taille, se prêtent mieux à cette étude que les autres Hétéropodes, le système veineux général de ces Mollusques offrirait une disposition analogue à celle qui existe dans les Gastéropodes ; comme chez ces derniers, il nous a paru constitué par deux ordres de vaisseaux apparte- nant, les uns aux visceres, les autres aux parties exté- rieures de l’animal, et venant tous aboutir à un tronc (4) Les figures que nous donnons, pour représenter la forme du cœur et la structure de cet organe dans les Atlantes (pl. 23, fig. 18,19), sont la reproduction de dessins que nous avons faits sur le vivant, en observant ces Mollusques à un très-fort gros- sissement. Par suite de la position dans laquelle se trouvait l’ani- mal, pendant qu'il était soumis à nos observations, l’origine de l'aorte semble indiquée d’une manière inexacte sur ces figures : nous devons dire que ce vaisseau naît du sommet méme du ven- tricule, ainsi que nous l’avons représenté pour les Firoles et les Carinaires, et comme cela a lieu généralement dans le cœur des Gastéropodes. HÉTÉROPODES. 309 unique qui parcourt la base des branchies, pour dis- tribuer le sang à ces organes. Quant au système veineux branchial, toujours mieux délimité que le système veineux général, il est disposé dans les Hétéropodes comme dans tous les autres Mollusques. Les veines qui rapportent le sang des branchies, viennent se jeter, tantôt dans deux troncs qui se réunissent ensuite à peu de distance de l'oreil- lette , ainsi qu'on le voit chez les Carinaires, tantôt dans un tronc unique qui suit la ligne des branchies ; cette dernière disposition , que l’on trouve chez les Atlantes, rappelle tout à fait celle qu'offre le tronc de la veine branchiale dans les Gastéropodes pectinibran- ches (pl. 23, fig. 1 et 18). Les sexes sont séparés dans tous les Hétéropo- des (1). Dans les mâles, le testicule forme une masse granu- leuse, blanche ou grisätre, qui occupe ordinairement la partie postérieure et supérieure du nucléus (pl. 16, fis-40, 0,2) seple AT, de 6,42,,45.,25plt 22. fs, (4) M. Laurillard est le premier qui ait reconnu la distinction .des sexes dans les Hétéropodes , chez les Carinaires; les observa- tions de ce naturaliste ont été confirmées plus tard par celles de M. Milne-Edwards , sur les mêmes Mollusques (Ann. des scienc. nat, , 2° série, tom. XVIII, pag. 323). Nous devons dire cepen- dant que M. Lesueur avait déjà indiqué, avant les observateurs que nous venons de citer, la distinction des sexes chez les Firoles, dans son Mémoire sur ces Mollusques (Journ. of the acad. of the nat. scienc. of Philadelphia, vol. I, pag. 3). (2) Cette lettre a été mal mise sur notre figure et devrait être 310 MOLLUSQUES. 2,1t,t,t); chez les Atlantes, cet organe est quelque- fois comme lobulé et remplit, avec le foie, le fond de la coquille (pl. 23, fig. 1, et pl. 23 bés, t, 1, t). De ce testicule part un canal déférent qui varie, dans sa dis- position, d'une maniere assez notable. Dans les Firoles, il offre, au moment où il s’isole du testicule , un calibre assez considérable; il se rétrécit ensuite brusquement et n’a plus, dans le reste de son trajet, que l'apparence d’un conduit tres-délié et presque capillaire ( pl. 16, fig. 10, d). Dans les Cari- nairoides , il est également très-gréle dans toute son étendue , si ce n'est à son origine où il présente un renflement plus ou moins considérable, de couleur noirâtre , constituant une sorte d'épididyme (pl. 17, fig. 6, 12, d). Chez les Carinaires, ce canal se renfle aussi, un peu après sa naissance , et forme une petite masse pelotonnée qui est logée dans la substance du foie, à la partie inférieure du nucléus (pl. 22, fig. 2, d'); mais, dans la portion de son trajet qui fait suite à celle dont nous venons de parler et que l'on voit ramper sur le côté droit de l'animal, il n’est plus con- stitué par un canal proprement dit, mais par une simple rainure creusée dans l’épaisseur de la peau, ainsi que cela a lieu dans plusieurs Gastéropodes pec- tinibranches (pl. 22, fig. 4, d, d, et fig. 2, d). Enfin, dans les Atlantes, le canal déférent présente, à sa sor- un t; c’est donc par erreur que, dans la éable explicative de nos planches, pl. 16, la lettre o est donnée comme indiquant l’ovaire sur toutes les figures. HÉTÉROPODES. 31i üe du testicule, une sorte d’épididyme , comme chez les Carinairoïdes (pl. 23, fig. 4, et pl. 23 bis, x ); après avoir repris son premier calibre, il nous a paru aboutir à un sillon longeant le côté droit du corps, comme chez les Carinaires; nous avons vu, du moins , cette dernière disposition d’une maniere bien distincte dans lAtlante de Kéraudren qui, par ses dimensions assez grandes, se prête mieux à l'étude de ces Mollusques ; dans cette espèce, le canal déférent, après avoir formé un renflement , comme nous l'avons dit, aboutit au fond de la cavité branchiale, du côté droit, et se con- tinue ensuite avec un sillon tout à fait semblable à celui que nous décrirons par la suite dans certains Gastéropodes pectinibranches, dans les Littorines. Dans tous les Hétéropodes dont nous venons de parler, le canal déférent vient se terminer à un appa- reil copulateur qui fait saillie au côté droit de l’ani- mal, vers le milieu du corps, en dessus de la nageoire. Cet appareil est constitué par deux appendices volu- mineux , non rétractiles, qui sont réunis à leur inser- uon et libres dans le reste de leur étendue; l'un de ces appendices, de forme cylindroïde ou conique, est percé d’un orifice à son sommet et semble parcouru par un canal à son centre ( pl. 16, fig, 10, v; pl. 17, ne Get? pl.29-h0,419r;:fple28 6rs,-.0!) (1): l’autre , d’une forme assez variable, est comme fendu (1) Dans quelques espèces du genre Atlante, comme dans l4- tlante de Péron, dont nous citons ici la figure, cet appendice pré- sente un évasement en forme de cupule à son extrémité. 312 MOLLUSQUES. suivant sa longueur et a quelquefois l'aspect d’une lame membraneuse pliée ou roulée sur elle-même (pl. 22, fig. 1, v’; pl. 23 bis, v). Le premier semble, tout d’abord , être la verge, et le second , une partie accessoire de cet organe; nous avions, à lexemple d’autres anatomistes, déterminé ainsi les fonctions de ces appendices dans les Firoles et les Carimaires, ainsi que dans les Carinairoïdes (1); mais un examen plus attentif nous à fait reconnaitre que le conduit défé- rent, qu'il soit formé par un véritable canal ou par un simple sillon dans la dernière partie de son trajet, vient toujours aboutir à la base de l'appendice qui présente une sorte de scissure suivant sa longueur , et se con- tinue, par l’intermédiaire de cette scissure, jusqu’à son extrémité, ainsi que plusieurs Gastéropodes pectini- branches nous en offrent des exemples. D’après cela, nous croyons qu'il faut voir, dans cette derniere par- tie, le véritable organe excitateur ; quant à l’autre ap- (1) Nous avons donné cette détermination dans la table explica- tive de nos planches, qui doit être par conséquent rectifiée sous ce rapport. Dans les Atlantes, l’appendice que nous avons indiqué comme la verge (pl. 23, fig. 1, et pl. 28 Dis, v), avec M. Rang, est bien celui auquel vient se rendre le canal déférent qui se continue jusqu’à son extrémité par le moyen d’une raïinure, ainsi que lavait remarqué ce naturaliste; cette rainure longe son côté interne, ce qui ne permet pas de la voir sur la figure. L’appendice qui est évasé à son extrémité, et que M. Rang a considéré comme le tube de l’anus, présente aussi intérieurement une partie glanduleuse qui est très-apparente dans certaines espèces. Du reste, la forme de ces deux appendices est très-variable dans les Atlantes, comme le montrent nos figures. HÉTEROPODES. 313 pendice, nous avons aussi reconnu qu'il n'est pas tra- versé par un canal à son centre, mais qu'il contient un corps glanduleux, d'une coloration ordinairement très-foncée, dont le produit versé au dehors par Fori- fice qui est placé à son sommet, a probablement, dans l'acte de l'accouplement, des usages qui restent à dé- terminer. Dans les Firoloïdes, l'appareil générateur mâle pré- sente une disposition qui s'éloigne d’une maniere assez tranchée de celle que nous venons de décrire. Dans ces Mollusques, ou du moins chez les individus mâles, on ne trouve plus dans le nucléus d’organe représen- tant le testicule; mais, à ce nucléus se trouve annexée une masse arrondie, d’une apparence granuleuse in- térieurement et que nous croyons pouvoir considérer comme l'organe sécréteur mâle (pl. 16, fig. 5, 6, 7, z); un gros pédicule cylindroïde, parcouru par un canal très-fin à son centre, met ce testicule en rela- tion avec un appendice assez saillant qui se trouve en avant du nucléus, du côté droit, et qui nous paraît être la verge (fig. 6, ») (1). Cette disposition singulière de l'appareil générateur dans les Firoloïdes forme un des caractères qui, comme nous le verrons plus tard, doivent faire séparer ces Mollusques des Firoles aux- quelles la plupart des zoologistes les ont réunis. L'appareil génital des Hétéropodes , examiné chez les femelles, présente une assez grande conformité (4) C’est par erreur qu’on a placé sur cetie figure la lettre à qui indique la vésicule copulatrice chez les femelles. 314 MOLLUSQUES. dans sa disposition, si ce n’est encore dans les Firo- loides. L'ovaire occupe la même place que le testicule, chez les màles, et offre une structure tout à fait analogue Cp he 12.0, -etpls: 22, fis.45, 17,818 005 il donne naissance à un oviducte qui, d’abord très- grêle, comme à l'ordinaire, se renfle presque aussitôt en une matrice boursouflée et formant un certain nombre de circonvolutions serrées (pl. 22, fig. 15, m, m, et fig. 18, rm»); cette matrice s’ouvre ensuite presque directement au dehors, à la partie antérieure et supérieure du nucléus, du côté droit (mêmes figures, 0"). Chez les Carinaires, cet orifice se trouve à la face inférieure du nucléus, en arrière de l'ouverture anale. Dans les Atlantes, l'utérus nous a paru se prolonger dans la cavité branchiale et s’y terminer à une certaine distance du bord antérieur du manteau, comme dans les Gastéropodes pectinibranches (1). (1) Les Atlantes présentent cette particularité fort singulière qu'on ne rencontre presque que des individus mâles. M. Rang, qui avait observé ce fait, et qui avait toujours trouvé, sur les individus qu'il avait examinés, l'appareil copulateur qui caractérise exté- rieurement le sexe mâle, en a conclu, dans son mémoire sur le genre Atlante, que ces Mollusques sont hermaphrodites ou ont les sexes réunis sur le même individu. Mais une telle conclusion est trop contraire à l’analogie pour qu’elle puisse être admise. En effet, les Atlantes ressemblent trop aux Carinaires, aux Firoles, etc., dans toutes les autres parties de leur organisation, pour qu’elles puissent s’en éloigner à ce point, sous le rapport des organes de la génération. Du reste, en examinant un très-grand nombre d’Atlantes dans ce but, nous avons trouvé deux individus n'ayant HÉTÉROPODES. 315 Dans les Firoloïdes, la disposition de cet appareil est, comme nous l'avons dit, un peu différente. L’o- vaire occupe la partie postérieure du nucléus, et se reconnait facilement aux œufs dont il est ordinaire- ment rempli (pl. 16, fig. 1, 2, 3, #, o); mais cet ovaire ne donne naissance qu’à un canal assez large qui, après un trajet trés-court et sans former de cir- convolutions, vient s'ouvrir à la partie inférieure du nucléus (pl. 16, fig. 4 et à). La dernière partie de l'appareil générateur femelle présente, dans tous les Hétéropodes, une sorte de vé- sicule de couleur noirâtre, quelquefois comme multi- fide (pl. 22, fig. 19), qui vient s’aboucher dans la matrice par un canal assez grêle, tout près de son ori- fice extérieur ( pl. 16, fig. 3, x, et pl. 22, fig. 15 et 18,.x); mais cette partie nous a semblé avoir d’autres connexions que nous n'avons pu saisir d’une manière suffisante et qui demandent par conséquent de nou- velles recherches; nous la considérerons provisoire- ment comme l’analogue de la vésicule copulatrice qui, dans la plupart des Mollusques, accompagne la termi- paison de l’oviducte ou de la matrice. D’après les détails que nous venons de donner sur appareil de la génération dans les Hétéropodes, lon pas l'appareil copulateur qui est propre aux mâles, et sur lesquels nous avons fait les observations que nous donnons ci-dessus. Mal- heureusement les dimensions extrêmement petites de ces Mollus- ques, et leur état de contraction, par suite d’un long séjour dans Palcool, ne nous ont pas permis d’eélucider d’une manière com- ilète ce point important de leur organisation. o 316 MOLLUSQUES peut voir que, sous ce rapport, ces Mollusques se rap- prochent tout à fait des Gastéropodes dioïques ou à sexes séparées. Ces analogies et celles que nous avons déjà indi- quées dans d’autres parties de l’organisation des Hé- téropodes, ne sont pas les seules qui lient étroitement ces Mollusques aux Gastéropodes pectinibranches ; nous allons en signaler d’autres qui démontrent d’une manière non moins évidente les rapports intimes qui existent entre ces deux groupes de Mollusques. Ainsi, nous avons trouvé dans les Atlantes un or- gane qui nous paraît correspondre tout à fait à celui que Cuvier désigne, dans les Gastéropodes pectini- branches, sous le nom d’organe de la viscosité, et que d’autres anatomistes, entre autres M. de Blainville, ont considéré comme l'organe de la dépuration uri- naire. L'on sait que cet organe, chez les Mollusques que nous venons de citer, se trouve placé derrière le fond de la cavité branchiale, et se présente sous la forme d’une poche s’ouvrant par un petit orifice dans cette dernière cavité (1); chez les Atlantes, on voit en arrière de la cavité branchiale, un organe entière- ment semblable, par sa forme et par sa structure, à celui dont nous venons de parler (pl. 23, fig. 1, 7, et DE 29 7)10). (1) Voir les figures que nous donnons de cet organe dans les Littorines (pl. 33, fig. 1, 2, x, x); dans les Matices (pl. 36, fig. 6, x, x'); dans les Pyrules (pl. 43, fig. 3, 4,7, r). (2) Dans l’4tlante de Kéraudren cet organe est très-volumineux HÉTÉROPODES. 317 Cet organe n'existe pas seulement dans les Atlantes ; ainsi que l’analogie devait le faire supposer, nous l’a- vons retrouvé dans les Firoles, dans les Firoloïdes, chez lesquelles il est aussi constitué par une poche qui se trouve placée à la partie antérieure et supérieure du nucléus, entre le cœur et les branchies (pl. 22, fig. 17, 18, y); nous croyons avoir également reconnu, quoi- que d'une manière moins distincte, son existence chez les Carinaires et les Carinairoïdes (1). Le système musculaire des Hétéropodes nous offre encore, dans sa disposition, une grande analogie avec celui des Gastéropodes. Dans les Carinaires, la peau du corps est doublée à l'intérieur d’une couche musculaire très-forte, à fibres entre-croisées, comme l’a représentée Cuvier dans les planches du mémoire qu'il a consacré à ces Molius- et présente comme des circonvolütions à sa surface (pl. 23, fig. 7); ces circonvolutions répondent à des plis que ses paroiïs forment in- térieurement, et qui se subdivisent ensuite eux-mêmes en feuillets nombreux, comme nous l’avons figuré dans les Zittorines (pl. 33, fsr25æ). (1) Cet organe, chez les Carinairoïdes, n’est pas celui qui est représenté à la planche 17, fig. 3, x; ce dernier n’est autre chose que le ventricule du cœur qui se trouvait déplacé sur la pièce qui a servi à notre dessinateur. Cette figure ayant été exécutée aussi d’après nos croquis, dans lesquels le cœur se trouvait à sa position normale , il s’en est suivi que le ventricule a été représenté dans deux points différents. La planche était malheureusement gravée lorsque nous nous sommes aperçus de cette erreur, ce qui ne nous à pas permis de la rectifier. Nous avons cru devoir la répa- rer autant que possible par cet avertissement. 318 MOLLUSQUES. ques. Mais dans les autres Hétéropodes , cette cou- che est beaucoup moins apparente et semble même se confondre avec le derme, dans la plupart de ces Mollusques ; dans quelques Firoles , lon voit encore des faisceaux longitudinaux bien distincts venir se terminer à la partie postérieure du corps. Chez les Atlantes , dont le corps peut se retirer en entier dans la coquille, ce mouvement s'opère par le moyen d'un muscle columellaire tout à fait semblable à celui des Gastéropodes à coquille turbinée ; simple à son inser- tion en arriere, ce muscle se divise antérieurement en plusieurs faisceaux qui se rendent à la tête, à la na- geoire, à la ventouse que celle-ci présente sur son bord postérieur, et à la partie de l'animal qui supporte lo- pereule; quelques-uns de ces faisceaux se subdivisent eux-mêmes en faisceaux secondaires, comme le repré- sentent nos figures (pl. 23, fig. 1, et pl. 23 Oës, m, m, m). La partie du système musculaire qui appartent à l'organe locomoteur ou à la nageoire, et qui chez les Atlantes, comme nous venons de le voir, est une dé- pendance de celle que nous avons déjà décrite, en est tout à fait distincte dans les autres Hétéropodes ; dans ceux-ci, cette partie du système musculaire est consti- tuée par des faisceaux qui, de la partie moyenne et inférieure du corps, se rendent, de chaque côté, à la nageoire sur laquelle ils forment un certain nombre de couches plus ou moins distinctes. Ces faisceaux s’en- tre-croisent, avant de former ces couches, de telle sorte que ceux qui viennent du côté droit vont con- HÉTÉROPODES. 319 stituer les couches opposées et réciproquement; en outre, leurs fibres sont toujours dirigées de maniere que celles d’une couche croisent obliquement celles de la couche adjacente (pl. 17, fig. 1, 11, 14, 19 et pl. 22, fig. 1). Chez les Carinaires, le nombre de ces faisceaux musculaires est assez considérable ; on en compte ordinairement de douze à quinze de chaque côté (1); ils vont former, dans la nageoire, quatre couches bien distinctes dont les fibres serrées s étendent également à toute la surface de cet appen- dice ; les fibres des deux couches superficielles sont dirigées obliquement de haut en bas et d’arriere en avant; celles des deux couches profondes sont égale- ment dirigées de haut en bas, mais d’avant en arrière. Au centre de la nageoire se trouve un espace cellu- leux qui sépare les couches du côté droit de celles du côté gauche et dans lequel se ramifient les nerfs et les vaisseaux destinés à cet organe. Dans les Carinairoïdes et dans les Firoles, la dispo- sition du système musculaire de la nageoire nous a paru semblable à celle que nous venons de décrire ; les faisceaux sont seulement plus gréles et les couches qu'ils forment plus minces et à fibres moins serrées, surtout vers le bord de cet appendice où ces fibres ne forment plus qu'une sorte de réseau à mailles très- lâches. Dans les Firoloïdes, ces couches musculaires (1) Cuvier a représenté douze faisceaux, de chaque côté, dans la figure qu'il a donnée du système musculaire de la Carinaire (voy. son Mémoire sur la Ptérotrachée, pl. 3, fig. 27). 320 MOLLUSQUES. sont encore moins distinctes et semblent provenir surtout de deux faisceaux dont les fibres s’étalent en rayonnant sur chacune des faces de la nageoire (pl. 16, fig: 2). Nous avons déjà dit que les faisceaux musculaires de la nageoire s’entre-croisaient avant de constituer les couches qui entrent dans la composition de celle-ci; on observe un entre-croisement semblable dans les fibres qui forment la ventouse ou l'espèce de duplica- ture que la nageoire présente, sur son bord, dans la plupart de ces Mollusques. Cette partie est même pourvue quelquefois de petits muscles spéciaux, comme on le voit dans certaines Firoles. Enfin, le système musculaire des Hétéropodes com- prend encore les nombreux faisceaux qui s’insèrent autour de la masse buccale et qui font exécuter à cette partie les divers mouvements dont nous avons déjà parlé. Parmi ces faisceaux, nous indiquerons surtout ceux qui ont pour usage de faire rentrer la masse buc- cale à l’intérieur et qui l’enveloppent à la manière d’une gaine charnue (voir la pl. 22, fig. 1, sur laquelle ces muscles sont représentés coupés). Le système nerveux est très-développé dans les Hé- téropodes ; sa disposition est à peu près la même dans tous ces Mollusques. Les ganglions sus-œæsophagiens ou cérébraux sont placés en arrière des yeux, à peu de distance de ces organes ; ils forment une masse qui est subdivisée en plusieurs lobules correspondant aux différentes paires HÉTÉROPODES. 3921 de nerfs qui en émanent (pl. 22, fig. 1, g, et fig. 8, 9 et 10). Au-dessus de cette masse ganglionnaire, se voit d’abord un renflement transversal se continuant, sur les côtés , avec les nerfs optiques qui n’en sont, pour ainsi dire, que le prolongement ; après un trajet assez court, ces nerfs aboutissent aux yeux et se ter- minent en s’'épanouissant largement, comme nous la- vons déjà dit, à la base de ces organes (pl. 22, fig. 1, 8 et 10). De la partie postérieure et inférieure du ren- flement dont nous venons de parler, naît un autre nerf trés-grêle qui se dirige en dehors, pour se rendre à l'organe auditif, lorsqu'on examine ce nerf à un gros- sissement un peu fort, on voit qu'il est accolé, dans la plus grande partie de son trajet, à un autre filet nerveux très-fin avec lequel il communique par une branche anastomotique et qui se prolonge au delà de l'organe auditif, pour se perdre dans les parties voi- sines (mêmes figures et fig. 13). En avant du bulbe des nerfs optiques, les ganglions sus-æsophagiens présentent quatre autres renflements ou lobules ( pl. 22, fig. 8 ). Un de ces renflements , situé au-dessus des autres et de forme ovoïde, fournit deux nerfs dont l’un se rend au tentacule correspondant, et dont l’autre, un peu plus grêle, se perd dans la peau de la partie supé- rieure de la tête (pl. 22, fig. 1, 8 et 10). Deux autres lobules se voient en dessous et en avant du précédent. L'un, interne, donne naissance, par son sommet, à un nerf flexueux qui va se distribuer au Bonite. — Zool. Tome IT. Partie II. 21 329 MOLLUSQUES. pourtour de l'ouverture buccale; l'autre , externe, se continue également, à son extrémité antérieure, avec un cordon nerveux assez volumineux qui se porte aussi en avant et qui va aboutir aux ganglions buccaux (pl. 22, fig. 4, 8, et 10). Ces derniers ganglions, si- tués à la partie postérieure et supérieure de la masse buccale, en dessous de lœsophage, sont unis, comme d'ordinaire, par un petit filet transverse et fournissent plusieurs branches nerveuses qui se distribuent à cette masse buccale ; une de ces branches se dirige en ar- rière, pour se perdre sur les parois de l’œsophage (1) (pl:°22;, fie: 4). Le quatrième renflement, moins distinct que les précédents, se trouve placé au-dessous et en dehors de celui qui fournit le nerf tentaculaire ; il ne donne qu'un filet nerveux tres-grêle qui va s’anastomoser avec une branche d’un des nerfs qui nous restent à déerire: (pl. 22, fig 4, 8,9): La portion des ganglions sus-œæsophagiens ou céré- braux qui est en arrière des bulbes optiques, se sub- divise également en deux petits lobes, pour chacun de ces ganglions ( pl. 22, fig. 8, 9, 10). D'un de ces lobes naît un nerf qui se comporte dif- féremment du côté droit et du côté gauche; à gauche, ce nerf se ramifie dans la paroi supérieure du corps, en arrière de la tête; à droite, il va se rendre, sans fournir aucune branche , à un ganglion qui se trouve (4) Voy. les considérations générales que nous avons données sur ces ganglions, pag. 72. HÉTÉROPODES. 323 situe à la base du nucléus et dont nous allons bientôt parier (pl. 22, fig. 1). L'autre lobule, inférieur au précédent, émet un gros cordon nerveux qui descend, de chaque côté, en dehors de lœsophage, et va aboutir aux ganglions sous-æsophagiens; ces nerfs fournissent, à peu de dis- tance de leur origine, une petite branche qui va s’a- nastomoser avec un des nerfs déjà décrits ( pl. 22, fig...4,) 8.et9.). Les ganglions sous-œæsophagiens sont situés en dessus de la nageoire et se trouvent, par conséquent, à une grande distance des ganglions cérébraux, dans la plu- part des Hétéropodes; il en résulte que le collier ner- veux a une longueur considérable chez ces Mollusques. Nous avons déjà signalé cette particularité remarquable et nous en avons donné l'explication dans nos consi- dérations générales sur le système nerveux des Mol- lusques céphalés (1). Ainsi que les ganglions cérébraux, les ganglions sous-œæsophagiens sont divisés en presque autant de lobules qu'ils fournissent de paires de nerfs (pl. 22, fip ptet ebifie 141142). A leur partie antérieure viennent aboutir les cor- dons nerveux qui les unissent aux ganglions cérébraux et qui forment l'anneau œsophagien. En arriere, ils donnent naissance, chacun, à ur nerf volumineux qui va se distribuer à la partie postérieure ou caudale de lanimal. (1) Voy. à la page 79 de ce volume. 324 MOLLUSQUES. Une troisième paire de nerfs nait inférieurement de ces ganglions pour aller se ramifier dans la nageoire. Indépendamment de ces nerfs, qui sont assez gros, le renflement qui les fournit émet, de chaque côté, un autre filet nerveux plus grêle qui longe la paroi infé- rieure du corps, jusqu'à la tête, et s'y perd en donnant un assez grand nombre de branches. Supérieurement , chacun des ganglions sous-æso- phagiens présente encore deux renflements ou lobules (pl. 22, fig. 11). Le renflement postérieur fournit, du côté gauche seulement, un nerf trés-grêle qui va se ramifier, en arrière, dans les parois du corps, et qui nous à paru donner quelques filets aux deux appendices de lap- pareil copulateur (pl. 22, fig. 1). Le renflement ou lobule antérieur, plus volumineux que le précédent, donne naissance à deux nerfs assez gros dont lun se divise en plusieurs branches qui se perdent dans les parois du corps (fig. 1 et 11); l’autre nerf, qui a son origine en arrière du précédent, se porte, de chaque côté, en haut vers le nucléus, et aboutit à un ganglion que nous avons déjà indiqué et qui se trouve placé en dessous de la masse viscérale (pl22, fig. 4,2"). Ce ganglion nous paraît correspondre au ganglion viscéral que nous avons décrit précédemment dans le collier nerveux des Ptéropodes conchyliferes; seule- ment, au lieu d’être en rapport immédiat avec les autres ganglions sous-œsophagiens, comme dans ces derniers Mollusques, il en est sépare par des commis- HÉTÉROPODES. 325 sures très-longues. La raison de cette disposition se trouve, ce nous semble, dans la position de la masse viscérale à l'extrémité et presque en dehors de la ca- vité générale du corps, dans les Hétéropodes ; la por- tion centrale du système nerveux qui préside aux fonctions des viscères s’est rapprochée de ceux-ci, de même que nous avons vu les ganglions affectés aux organes de la locomotion s'éloigner considérablement des ganglions cérébraux pour se mettre en rapport avec ces organes. Ainsi, les trois ordres de ganglions qui, d’après ce que nous avons cherché à établir pré- cédemment, entrent toujours dans la constitution de l'anneau œsophagien, et que nous avons vus réunis et groupés autour de l’œsophage, dans les Ptéro- podes, sont ici séparés et très-distants les uns des autres, par les raisons que nous avons données, tout en conservant entre eux les mêmes connexions ou rapports. Outre les deux cordons nerveux qui l’unissent aux ganglions sous-æsophagiens , le ganglion viscéral en reçoit un autre qui provient, comme nous l'avons déjà vu, des ganglions cérébraux. Quant aux nerfs qui en émanent, ils sont ordinairement au nombre de trois; l’un de ces nerfs se jette dans la masse viscérale et s’y perd entièrement; un autre aboutit, après un trajet assez court, à un petit ganglion qui est appliqué sur la face inférieure ou antérieure du nucléus, et duquel partent trois où quatre filets nerveux qui se perdent également dans la masse viscérale ; enfin, le troisième se termine aussi à un ganglion qui est placé dans le 326 MOLLUSQUES. voisinage du cœur et des branchies, et dont les rameaux paraissent se distribuer exclusivement à ces organes, à l'exception d’un filet de communication qu'il envoie à l’autre petit ganglion dont nous venons de parler (pl 22e. 1,9" sfige 47). Le système nerveux nous a offert la disposition que nous venons de décrire dans tous les Hétéropodes ; la subdivision des ganglions sus et sous-œsophagiens en plusieurs lobules est seulement plus ou moins marquée dans ces Mollusques. Chez les Atlantes, ces ganglions ne présentent plus que quelques renflements corres- pondant aux principaux nerfs qui en émanent (pl. 23, fig. 2, 3, 4 ); dans les Firoloïdes , leur forme lobulée est encore moins prononcée et c'est à peine si l'on voit encore quelques traces de renflements à leur surface (pl. 16, fig. 2). Dans les Atlantes, le collier nerveux est aussi beau- coup moins long que dans les autres Hétéropodes, ce qui s'explique facilement par la longueur moins consi- dérable du corps et par la position de la nageoire qui est beaucoup plus rapprochée de la tête, dans les Mol- lusques de ce genre (pl.:23, fig. 1) (41). (t) Le système nerveux a été décrit, dans les Firoles, par M. Lesueur (mémoire déjà cité), et, dans les Carinaires, par plu- sieurs auteurs, entre autres par M. Milne-Edwards, qui l’a fait connaître d’une manière très-détaillée (nn. des scienc. nat. , tom. XVIII de la 2° série, pag. 326). Nos observations concor- dent, sur presque tous les points, avec celles de ce dernier natu- raliste ; les ganglions viscéraux, que M. Milne-Edwards a le pre- mier reconnus et décrits, ne nous ont seulement pas présenté la HÉTÉROPODES. 327 III. HISTOIRE NATURELLE DES HÉTÉROPODES. Les Hétéropodes sont , comme les Ptéropodes , des Mollusques essentiellement pélagiens qui habitent les hautes mers et ne se montrent sur les rivages que lorsque les courants ou les tempêtes les y portent. L'on a dit que les Hétéropodes étaient aussi des Mollusques extrémement communs; Péron et Lesueur s'expriment de la manière suivante dans leur mémoire sur le genre Firole : « De tous les animaux que la Mé- diterranée nourrit dans son sein, il n'en est point peut-être de plus nombreux que les Firoles ; c'est par milliers qu’on les voit, durant les temps calmes, nager à la surface des flots, ou qu’on les trouve , à la suite des tempêtes, rejetés sur la grève; c’est avec la même abondance que les pêcheurs, dont elles font quelque- fois le désespoir, les ramènent chaque jour dans leurs filets (4). » M. Alcide d'Orbigny dit également, en parlant des Hétéropodes , que ces Mollusques « four- millent sous la zone torride où, dans certains parages, leurs myriades couvrent la superficie des mers (2). » disposition symétrique que cet auteur leur assigne ; les cordons nerveux qui les unissent aux ganglions sus et sous-œsophagiens , et ceux qui en partent pour se distribuer aux viscères, ne nous ont également pas paru tels qu’il les a décrits et figurés. Le gan- glion que M. Milne-Edwards nomme aral est celui que nous con- sidérons comme le ganglion branchial. (1) Annales du Muséum , tom. XV, pag. 84. (2) loyage dans l’Amér. mérid., tom. V, pag. 84. 328 MOLLUSQUES. Nos observations ne concordent pas, sur ce point, avec celles des naturalistes que nous venons de citer; à l'exception , en effet, des Atlantes que nous avons trouvées en assez grande abondance dans toutes les mers et qui semblent former quelquefois des bancs considérables comme les Ptéropodes , tous les autres Hétéropodes nous ont paru être des Mollusques assez rares ; ainsi, dans tout le cours de notre voyage pen- dant lequel nous avons traversé l'océan Pacifique , les mers de l'Inde, de la Chine, et sillonné deux fois, dans presque toute son étendue, l'océan Atlantique, et mal- gré l’assiduité constante que nous avons toujours mise à la recherche des animaux pélagiens, nous n'avons cependant recueilli que deux carinaires ( dont une mu- tilée), trois firoles ( dont deux mutilées aussi), cinq carinairoïdes et neuf firoloïdes; tandis que ces Mol- lusques se montraient si rarement dans nos filets, les Atlantes, au contraire, y venaient souvent par cen- taines, comme les Hyales, les Cléodores et d’autres Ptéropodes. La Méditerranée parait être cependant plus riche en Hétéropodes, et, d’après les témoignages de plusieurs naturalistes, les Carinaires et les Firoles y seraient assez communes , du moins dans certaines localités. Les Hétéropodes se meuvent dans les eaux de la mer à l’aide de leur nageoire; les Atlantes ont un moyen de locomotion accessoire dans l'expansion fo- liacée qui termine la partie de l’animal sur laquelle se fixe l’opercule; les autres Hétéropodes, les Carinaires, les Firoles, etc., s’aident aussi, dans leur natation, des HÉTEROPODES. 329 mouvements d'ondulation qu'ils impriment à tout leur corps, à la manière des poissons. Ces Mollusques sont assez lents dans leurs mouvements; ils paraissent na- ger presque avec autant de facilité en arrière qu’en avant; souvent on les voit flotter vaguement dans l'eau, sans suivre dans leur progression une direction déterminée. Lorsqu'ils suspendent les mouvements de leur nageoire , ils ne tombent que lentement au fond de l’eau , leur pesanteur spécifique n’étant que très- peu supérieure à celle de ce liquide. Les Atlantes dif- férent des autres Hétéropodes par leurs mouvements plus vifs ; ces petits Mollusques agitent leur nageoire avec beaucoup de vitesse, et leur mode de natation ressemble bien plus à celui des Ptéropodes. Tous les Hétéropodes nagent dans une position ren- versée, c’est-à-dire la face dorsale du corps tournée en bas, ce qui, comme nous l'avons déjà vu pour les Pté- ropodes, a fait décrire ces Mollusques sens dessus des- sous par la plupart des naturalistes qui les ont obser- vés (1). Cette habitude, que l’on retrouve chez presque tous les Mollusques pélagiens, nous parait n'être qu'un (1) Nous devons dire cependant que tous les observateurs ne sont pas d'accord sur ce point; ainsi, il en est qui disent avoir vu des Carinaires nager la coquille en haut et la nageoiïre en bas; d’après d’autres, ces Mollusques pourraient nager également dans les deux positions, c’est-à-dire tantôt sur le dos et tantôt sur le ventre; mais, nous avons toujours vu ces Mollusques se tenir, pendant la natation, dans une position renversée, ou la nageoire en haut; d’après l'explication que nous donnons ci-dessus, cette position est celle qui nous paraît devoir être la plus habituelle. 330 MOLLUSQUES. simple résultat des lois de la statique, ces animaux ne pouvant évidemment se trouver en équilibre dans l'eau, que lorsque la partie la plus pesante de leur corps ou la masse viscérale , qui est ordinairement placée en dessus, est devenue inférieure par le renver- sement de F’animal. Les mœurs et les habitudes des Hétéropodes res- semblent beaucoup à celles des Ptéropodes; comme ces derniers Mollusques, c’est surtout à la chute du jour qu'ils se montrent à la surface de la mer. Mais cette habitude paraît cependant moins particulière aux Hétéropodes, surtout aux Carinaires, aux Firoles, aux Firoloïdes, etc., que l’on rencontre presque aussi fréquemment pendant le jour qu'au commencement de la nuit. Les Hétéropodes peuvent se fixer aux corps flot- tants, à l’aide de la ventouse que la plupart de ces Mollusques ont sur le bord de leur nageoire; nous avons vu des Atlantes s'attacher ainsi très-fortement sur les parois des vases dans lesquels nous les avions mises, et se déplacer même lentement sans abandon- ner ces parois, exécutant ainsi une sorte de reptation analogue à celle des Gastéropodes ordinaires (pl. 18, fig. 2). Les Firoloïdes et quelques espèces du genre Firole , dont la nageoire est dépourvue de ventouse , seraient, d’après cela, privées de cette faculté ; la na- ture a-t-elle donné à ces Mollusques quelque autre moyen de se fixer aux corps qu'ils rencontrent, ou bien ont-ils la faculté de se rendre spécifiquement as- sez légers pour se soutenir dans l'eau sans être con- HÉTÉROPODES. 331 damnés à se mouvoir sans cesse ? Cuvier dit, nous ne savons d’après quels renseignements, que ces animaux peuvent gonfler leur corps, en le remplissant d'eau d’une manière qui n’est pas encore bien éclaircie (N), ce qui aurait nécessairement pour effet de diminuer leur densité déja si peu supérieure, comme nous l'avons déjà vu, à celle du fluide dans lequel ils vi- vent. Les Hétéropodes paraissent se nourrir exclusivement des animalcules qui peuplent si abondamment les eaux de la mer. Ces Mollusques sont très-voraces ; nous avons vu plusieurs fois des Atlantes dévorer sous nos yeux de petits crustacés ou d’autres animaux pélagiens qu'elles saisissaient en faisant sortir les crochets cor- nés qui arment leur bouche intérieurement. Ces Mol- lusques s’aident beaucoup aussi, pour s'emparer de leur proie, des mouvements de leur trompe qu'ils al- longent et portent dans tous les sens avec beaucoup d’agilité. D’après la disposition de l'appareil de la génération dans les Hétéropodes, il est très-probable que ces Mol- lusques s’accouplent; mais nous ignorons de quelle manière cet accouplement se fait. Quant au produit de la génération, l’on sait depuis longtemps, par les observations de M. Lesueur sur les Firoloïdes et sur les Firoles, que ces Mollusques sont ovipares et qu'ils émettent leurs œufs au dehors sous la forme de longs cordons que l’on trouve souvent encore adhérents aux (1) Règne animal, ® édition, tom. HIT, pag. 67. 332 MOLLUSQUES. femelles qui les trainent apres elles; ces cordons, for- més par une matière albumineuse qui enveloppe les œufs de toutes parts, présentent beaucoup d’analogie avec les cordons aviferes de plusieurs autres Mollus- ques , surtout du groupe des Nudibranches (pl. 16, fig. 1). Nous sommes portés à croire, d’après quel- ques observations que nous avons eu occasion de faire sur de jeunes Atlantes, que les Hétéropodes subissent des métamorphoses dans leur premier âge; nous nous occuperons plus tard de cette question, lorsque nous parlerons des coquilles microscopiques pélagiennes. Les Hétéropodes paraissent habiter exclusivement les mers des régions chaudes et tempérées ; nous n’en avons du moins jamais rencontré sous les latitudes élevées. Les divers genres qui composent ce groupe sont représentés dans toutes ces mers; ainsi, l’on trouve également des Carinaires, des Firoles, des At- Jantes , etc., dans l'océan Atlantique, dans le grand Océan, dans la Méditerranée , etc.; mais, à l’excep- tion des Atlantes dont les espèces nous ont paru suivre, dans leur distribution géographique , les mêmes lois que les Ptéropodes, les autres genres sont le plus sou- vent représentés, dans chacune de ces mers, par des espèces différentes. IV. CLASSIFICATION DES HÉTÉROPODES. Lamarck, en instituant le groupe des Hétéropodes, en avait formé une division de même ordre que celle des Céphalopodes, des Gastéropodes, etc.; trompé par HÉTÉROPODES. 333 une fausse appréciation de leurs caractères extérieurs, ce célébre naturaliste avait cru voir dans les Carinaires, les Firoles et les Phylliroés, des animaux intermé- diaires aux Céphalopodes et aux Poissons, et les avait placés, par suite de cette manière de voir, en tête de sa classe des Mollusques. Les observations faites quelques années après par M. de Blainville et par Cuvier, sur les Carinaires et les Firoles, démontrérent que ces Mollusques n’of- fraient rien, dans leur organisation intérieure, qui jus- üufiât le rang que leur avait assigné Lamarck; qu’ils se rapprochaient tout à fait, sous ce rapport, des Gasté- ropodes; et, qu'ils ne différaient de ceux-ci que par la forme du pied qui, au lieu d’être horizontal, était com- primé verticalement en une sorte de nageoire. Cependant l'opinion de Lamarck n’est pas aujour- d’hui tout à fait abandonnée; il est des zoologistes qui pensent encore que les Hétéropodes ne différent pas moins des Gastéropodes que des Céphalopodes, et qui continuent à en faire une division du même ordre, mais sans donner toutefois aucune preuve nouvelle à l'appui de cette manière de voir (4). L'on conçoit que Lamarck , qui ne connaissait du groupe des Hétéropodes que les Carinaires et les Fi- roles , et qui n'avait pu juger de ces Mollusques que par des caractères extérieurs, ait été induit en erreur sur leurs véritables rapports; la position renversée dans laquelle ces animaux avaient été décrits par la (1) Cantraime, Malacologie méditerranéenne, pag. 35. 334 MOLLUSQUES. plupart des observateurs, a dû contribuer beaucoup aussi à lui faire admettre ces fausses analogies d’après lesquelles les Hétéropodes auraient fait une transition aux Poissons (1). Mais la connaissance que nous avons maintenant de leur organisation intérieure ; l'analogie presque complète que cette organisation offre avec celle des Gastéropodes; enfin, l'interprétation plus exacte que M. de Blainville et Cuvier ont donnée de l'organe locomoteur des Firoles, des Carinaires, etc., en montrant que cet organe n'était encore qu'une mo- dification du pied des Gastéropodes, ne permettent plus aujourd'hui de séparer les Hétéropodes des Mol- lusques de ce dernier groupe. Du reste, la nature nous a donné, pour ainsi dire elle-même, la démonstration des affinités qui existent entre ces animaux, en rame- nant progressivement la forme des Hétéropodes à celle des Gastéropodes ordinaires, chez les Atlantes. Les Mollusques de ce dernier genre sont unis aux Cari- naires, aux Firoles, etc., par les rapports les plus in- times, comme nous l'avons vu précédemment ; l’orga- nisation intérieure et les caractères extérieurs sont les mêmes; mais, en même temps , les Atlantes se rap- prochent tellement par leur conformation des Gasté- ropodes pectinibranches, que l’on peut dire qu'elles (1) L'idée inexacte que l’on s’est faite presque jusqu’à présent des Hétéropodes, en les considérant comme des Mollusques à plu- sieurs nageoires, nous semble aussi étre une des causes qui ont entraîné Lamarck à voir, dans la conformation de ces animaux, une certaine analogie avec celle des poissons. Nous verrons, par la suite, que les Hétéropodes n’ont réellement qu’une seule nageoire. HÉTÉROPODES. 335 n'en différent véritablement que par la forme du pied, qui est converti en nageoire dans une portion plus ou moins considérable de son étendue. Cette modification du pied est en rapport avec le genre de vie des Hété- ropodes ; destinés à vivre dans les hautes mers, ces Mollusques n'avaient plus besoin d’un pied propre à ramper ; dans les Ptéropodes, qui sont également des Gastéropodes pélagiens , nous avons déjà vu cet or- gane s'adapter aux mœurs de ces animaux, en formant de chaque côté deux expansions natatoires; ici, le pied a subi une transformation analogue; seulement, au lieu de s'étendre sur les côtés, pour former deux nageoires latérales, il s’est allongé dans le sens verti- cal, de manière à constituer une seule nageoiïire 1m- paire et médiane; mais, en même temps, il a conservé un vestige de sa forme primitive, dans la ventouse ou l'espèce de duplicature que l'on voit sur le bord de cette nageoire, chez la plupart des Hétéropodes. La série des Hétéropodes nous offre donc, comme celle des Ptéropodes, un exemple des modifications que les circonstances biologiques peuvent faire éprou- ver à un type, modifications qui vont quelquefois jus- qu'au point de faire méconnaitre presque ce type, lorsqu'on n’a pas, pour ainsi dire, tous les degrés de la transformation qu'il a subie. A l'exemple de Cuvier et de M. de Blainville , nous considérons donc les Hétéropodes comme des Gastéro- podes organisés pour la natation et devant former, par conséquent, une simple division ou un ordre parmi les Mollusques de cette classe. Quant à la place qu'ils 336 MOLLUSQUES. doivent avoir dans cette même classe, les auteurs qui s'en sont occupés, ont émis des opinions très-op- posées à ce sujet. Cuvier, qui les avait d’abord confondus avec ses Scutibranches, d’après la seule considération de l’ana- logie qu'il avait cru voir entre la coquille des Cari- naires et celle des Cabochons , les a rapprochés plus tard des Gastéropodes tectibranches , c'est-a-dire des Bulles, des Aplysies, etc.; mais, d'après les détails que nous avons donnés sur leur organisation, l’on peut voir que les Hétéropodes différent d'une maniere tran- chée des Mollusques de cet ordre, surtout par leurs organes de la génération. La place que M. de Blainville leur a assignée à la fin de ses Gastéropodes monoïques, à la suite des Trito- nies, des Doris, des Phyllidies, etc., est tout aussi peu naturelle, par les raisons que nous venons de donner. M. Rang, qui avait bien reconnu les rapports des Hétéropodes avec les Pectinibranches, les a cependant éloignés de ces derniers , dans sa classification , et les a mis en tête des Gastéropodes, pour les rapprocher des Ptéropodes auxquels ils ne ressemblent guère ce- pendant que par leur genre de vie et par leurs mœurs. L'ordre des Pectinibranches est incontestablement celui dont les Hétéropodes se rapprochent le plus, d’après ce que nous avons vu de leur organisation ; c'est donc à côté des Mollusques de cet ordre qu'ils doivent être rangés ; et comme les Pectinibranches méritent, par leur structure compliquée et surtout par leurs sexes séparés, d’être mis avant les autres Gasté- HÉTÉROPODES. 337 ropodes , ainsi que M. de Blainville l’a fait dans sa classification , les Hétéropodes nous semblent devoir être placés en tête de la classe de ces Mollusques, pour être à la fois dans leurs rapports naturels et au rang que leur assigne leur organisation élevée. Nous nous trouvons ainsi conduits à les classer comme M. Rang, mais, comme on le voit, dans d’autres rapports et d'après d’autres motifs que ceux qui ont guidé ce naturaliste (1). Les divers genres qui composent le groupe des Hé- téropodes forment une série tellement naturelle, qu'on pourrait les réunir dans une seule famille ; cependant, nous croyons quil n y a pas d'inconvénient à les ré- partir en trois petites familles basées sur ia présence ou l’absence d’une coquille, et sur le développement plus ou moins considérable de cette partie. La première famille, que nous nommerons famille des Frrores , comprend les genres Firoloïde et Firole qui sont entièrement dépourvus de coquille. La seconde, ou la famille des CARINAIRES, contient les genres Carimairoïde et Carinaire dont la coquille, pour ainsi dire rudimentaire, ne peut recouvrir qu'une partie de l'animal. (1) L'opinion que nous émettons ici sur la place qu’il convient d’assigner à l’ordre des Hétéropodes, et que nous avons déjà fait connaître depuis assez longtemps (Comptes rendus de l Académie des sciences, tom. XVII, pag. 674, octobre 1843), avait été adop- tée en dernier lieu par M. de Blainville, d’après les renseigne- ments que nous lui avions donnés à ce sujet. Bonite, — Zool. Tome IT. Partie HI, 22 338 MOLLUSQUES. Enfin la troisième, la famille des ATLANTES , n'est constituée que par les espèces de ce genre, chez les- quelles la coquille ayant acquis tout son développe- ment et étant munie d’un opercule, peut abriter l'ani- mal tout entier. Cette division correspond presque à celle que M. Rang a donnée de l’ordre des Nucléobranches, dans son Manuel de l'histoire naturelle des Mollus- . , . . ques (1), si ce n'est que nous subdivisons la famille des Firoripes de M. Rang en deux familles, qui sont celles des Firozes et des CARINAIRES. (4) Voir cet ouvrage , page 120. HÉTÉROPODES. 339 GENRE FIROLOIDE. — Frroloïda, Lesueur. Ce genre a été proposé, par M. Lesueur, pour des Mollusques qui ont une très-grande analogie avec les Firoles (1); aussi, la plupart des zoologistes ne l'ont point admis et ont pensé que les Firoloïdes devaient être réunies aux Firoles, ou former seulement une sec- tion parmi celles-ci. Nous avions nous-mèême partagé d'abord cette manière de voir; mais une étude plus complète de ces Mollusques nous a fait reconnaître qu'ils présentaient, dans leur organisation, des diffé- rences assez tranchées pour mériter d’être conservés en un genre distinct. Les Firoloïdes diffèrent extérieurement des Firoles par la position du nucléus qui est terminal ou subter- minal, cette partie n'étant débordée en arrière que par un petit prolongement du corps de l'animal ; les bran- chies sont aussi proportionnellement beaucoup plus petites. Ces caractères ont été bien indiqués par M. Lesueur. Ce naturaliste donne aussi, comme un des carac- tères du genre Firoloïde, l'absence de tentacules. M. Alcide d'Orbigny, qui a formé des Firoloïdes un sous-genre qu'il désigne sous le nom de Cérophore (1) Journal of the Acad. of nat. sc. of Philadelphia, vol. I, part. I, pag. 37. 340 MOLLUSQUES. (cerophora), met au contraire, au nombre de ces mêmes caractères, l'existence de deux tentacules longs, coniques , placés latéralement en avant des yeux (1). Ces deux opinions sont également inexactes; quelques Firoloïdes sont en effet munies de deux longs tenta- cules coniques, comme les Carinaires et les Carinai- roides ; mais les autres en sont complétement dé- pourvues. La nageoire n'offre jamais, dans les Firoloïdes, la petite ventouse dont elle est munie dans la plupart des Firoles et chez tous les autres Hétéropodes; nous ne l'avons du moins jamais trouvée sur les espèces que nous avons examinées, et nous ne la voyons pas indi- quée sur celles qui ont été figurées par MM. Lesueur et d'Orbigny. Sous le rapport de leur organisation intérieure , les Firoloïdes différent beaucoup des Firoles, comme nous l'avons vu précédemment, par la conformation de leur appareil générateur et par la terminaison de cet appareil dans les deux sexes. Leur système nerveux est aussi moins développé, quoique disposé d’une ma- niere tout à fait semblable. Enfin les Firoloïdes se distinguent des Firoles par leur taille généralement beaucoup plus petite, ce qui nous les avait même fait regarder d’abord comme de jeunes Firoles, opinion que paraissent avoir eue aussi de ces Mollusques d’autres naturalistes (2). (4) Voyage dans l’Amér. mérid. , tom. V, pag. 146 et 151. (2) MM. Quoy et Gaimard ont fait figurer (Zoologie du Voyage HÉTÉROPODES. 341 Quoique les Firoloiïdes soient peut-être plus com- munes que les Firoles et que les Carinaires, on n’en a encore signalé qu'un petit nombre d’espèces ; et, parmi ces espèces, toutes ne nous paraissent pas avoir été établies sur des caractères assez tranchés ou assez cer- tains pour qu’on puisse les admettre d’une manière définitive. La forme générale du corps, dans ces Mollusques , la manière dont ce corps se termine en arrière du nucléus, la présence ou l'absence de ten- tacules qui peuvent être remplacés aussi, à ce qu'il paraît, par des pointes sub-cartilagineuses, comme dans la plupart des Firoles, la position relative de la nageoire plus ou moins loin en arrière de la tête, tels sont les caractères qui nous semblent devoir servir surtout à la distinction de ces espèces. de l’Astrolabe, pl. 29, fig. 17), sous le titre de Firole (jeune âge), une petite Firole qui, d’après la forme et la disposition du nucléus, nous paraît ètre une Firoloïde. 342 MOLLUSQUES. FIROLOIDE DE DESMAREST. Firoloida Desmarestia, Lesueur. Lesueur, Journal of the Acad. of nat. sc. of Philadelphia, tom. I, part. I, pag. 39. PLANCHE 16, Ficures 1-4. Firoloida, corpore fusiformi, levigato, posticé appendice tenui termi- nato; tentaculis nullis; alä natatoriä in medio positä. Cette Firoloïde a le corps fusiforme, lisse dans toute son étendue, terminé postérieurement, en dessous du nucléus, par un petit prolongement qui se rétrécit en un appendice filiforme plus ou moins long (1). La tête n'offre aucune trace de tentacules en avant des yeux, ni de pointes cartilagineuses entre ces organes. La na- geoire est placée au milieu du corps, à égale distance de ses deux extrémités. La masse buccale et l'intestin sont d’une couleur rosée; le nucléus est brun jaunâtre ; toutes les autres parties sont transparentes. Dimensions. — Un des individus que nous avons recueillis a près de trois centimètres de longueur; la taille des autres est plus petite. (1) Cet appendice n’existe pas toujours , comme on le voit sur une de nos figures (pl. 16, fig. 2); son extrême ténuité doit, en effet, l’exposer à être déchiré avec une très-grande facilité. HÉTEROPODES. 343 Nous avons recueilli cette espèce dans l'océan Pa- cifique, à peu de distance des îles Sandwich; nous l'avons trouvée aussi dans l'océan Atlantique, par 8° de latitude nord, et 22° de longitude ouest. FIROLOIDE DE LESUEUR. Firoloida Lesueurit, nobis. Firola Lesueurii, v'OrBiGNy, Voy., tom. V, p.151, pl. 10, fig. 11-12. Firola Gaimardii, v’Or81eny, loc. cit., pag. 153, pl. 10, fig. 13-14. PLANCHE 16, Fieures 5-7. Firoloida, corpore fusiformi , levigato, posticè appendice multi-arti- culaté terminato ; tentaculis duobus magnis, conicis et acutissimis ; al& natatoriä in medio posità. La forme du corps de cette espèce est la même que dans l'espèce précédente ; mais l’appendice terminal, au lieu d’être simple, est divisé en plusieurs petits seg- ments qui sont comme articulés entre eux. La tête porte deux longs tentacules semblables à ceux des Ca- rinaires, et situés, comme dans celles-ci, en dedans et en avant des yeux. La nageoire est placée à égale dis- tance de la partie antérieure de la tête et de l’extré- mité postérieure du corps. Les couleurs sont les mémes que dans l'espèce pré- cédente, 344 MOLLUSQUES. Dimensions. — La taille des individus que nous avons recueillis est d'environ deux centimètres. Nous avons trouvé cette firoloïde dans les mers du Sud, dans les océans Indien et Atlantique. Nous avons cru devoir rapporter cette espèce à celle que M. d'Orbigny a décrite sous le nom de Firole de Lesueur (F. Lesueurii), quoique, d'après la figure qu'en a donnée ce naturaliste, cette dernière espèce semble différer beaucoup de la nôtre par le rétrécisse- ment de la partie antérieure ou céphalique; mais cette partie est évidemment rendue d’une maniere inexacte sur la figure de M. d'Orbigny, faite probablement sur un individu contracté par l'alcool. Quant aux autres différences que présenterait l'extrémité pos- térieure du corps, ce naturaliste nous semble avoir commis l'erreur de prendre pour deux lobes termi- naux, les deux appendices que nous avons considérés comme constituant le testicule et la verge (voir la page 313 ); en effet, lorsque le pédicule qui supporte la masse testiculaire est contracté, cette partie se trouve appliquée en dessous du nucléus et forme, avec l’appendice de la verge, deux sortes de lobes entre les- quels se voit le prolongement postérieur du corps. Nous rapportons également à cette espèce la Firole de Gaimard du même auteur, qui, d'après ce que nous venons de dire et d’après la forme du nucléus, nous semble n'être que la femelle de la 7°. Lesueurir. HÉTÉROPODES. 345 GENRE FIROLE. — Firola, Péron et Lesueur. Ce genre comprend des Hétéropodes qui ressem- blent beaucoup aux Firoloïdes, et sont, comme celles- ci, dépourvus de coquille, mais dont le corps se pro- longe, en arrière du nucléus, en une sorte de queue comprimée et comme carénée, égale au tiers ou au quart de sa longueur. Cette queue se termine souvent, de même que chez les Firoloïdes, par des appendices diversiformes qui peuvent fournir éga- lement de bons caractères spécifiques. Le nucléus, de forme oblongue, est enchâssé dans un repli du manteau qui ne laisse à découvert que sa partie pos- térieure et supérieure. Les branchies disposées , comme dans les Firoloïdes, autour de ce nucléus, sont beaucoup plus apparentes et représentées par douze ou quinze appendices perfoliés, en forme de lanières triangulaires et tres-allongées. L'anus oc- cupe la même place, à l'extrémité supérieure du nu- cléus; mais l'appareil générateur se termine d'une manière bien différente, comme nous l’avons déjà vu précédemment, dans les généralités anatomiques que nous avons données sur ces Mollusques ; dans les fe- melles, l'orifice de l’oviducte se voit vers le milieu du nucléus, du côté droit; chez les mâles, le canal défé- rent vient aboutir à un appareil copulateur qui se trouve également au côté droit du corps, entre le nu- 346 MOLLUSQUES. cléus et la nageoire. Celle-ci est munie, dans quelques espèces, d'une petite ventouse placée sur son bord postérieur et inférieur (4). Toutes les espèces de Firoles décrites jusqu'ici sont complétement dépourvues de tentacules ; mais la plupart de ces espèces présentent en avant des yeux, sur la ligne médiane, des pointes sub-cartilagi- neuses, variables sous le rapport de leur nombre et de leur disposition, que quelques auteurs considèrent comme des tentacules rudimentaires. Parmi les caractères assignés au genre Firole, l’on dit généralement que ces Mollusques sont munis d’une ou de plusieurs nageotres ; cette proposition ne nous paraît pas exacte ; dans la plupart des Firoles, le corps se termine postérieurement par une petite dilatation arrondie ou bilobée qui est décrite par presque tous les auteurs comme une nageoire caudale simple ou à deux lobes; mais cette partie ne peut nullement être assimilée à la nageoire ventrale, tant sous le rapport de sa structure que pour ses usages. C’est la fausse analogie que l’on a ainsi établie entre de simples ex- pansions de la peau et les véritables organes locomo- (1) D’après M. Philippi, cette ventouse n’existerait que chez les mâles et formerait par conséquent un caractère sexuel (Ærum. Moll. sicil., tom. II, pag. 204); mais nous croyons cette observation inexacte, car sur les espèces qui ont été figurées par M. Lesueur, dans son mémoire sur ces Mollusques, l’on voit des individus pour - vus de lappareil copulateur qui caractérise les mâles n’avoir pas de ventouse à la nageoire , et d’autres individus, qui ont au con- traire une ventouse, être dépourvus de cet appareil copulateur et offrir par conséquent les caractères des femelles. HÉTÉROPODES. 347 teurs, qui a surtout fait méconnaître les rapports na- turels de ces Mollusques, jusqu'au point de les faire rapprocher des Poissons. La surface de la peau, dans les Firoles, est lisse ou parsemée de petits tubercules colorés, disposés d’une manière variable ; elle présente aussi quelquefois de petites aspérités, et c'est par conséquent à tort que M. Rang a indiqué ce caractère comme propre aux Carinaires (1); cependant nous devons dire que ces aspérités de la peau sont constantes et toujours beau- coup plus prononcées dans ces derniers Mollusques. M. d’Orbigny a proposé, pour le genre Firole, une division en trois sous-genres, d’après le plus ou moins de développement de la partie céphalique (2). Un de ces sous-genres renferme les Firoles propre- ment dites. Un autre , sous le nom de Cérophore (Cerophora), répond aux espèces du genre Firoloïde qui sont pour- vues de tentacules. Enfin, dans le troisième, que M. d'Orbigny désigne sous le nom d'AÆnops, ce naturaliste a placé des ari- maux qui, semblables aux Firoles, en différeraient par l'absence de toute la partie céphalique , et n’auraient plus de tentacules, plus d’yeux, plus de trompe buc- cale, etc. Cette classification nous parait tout à fait inadmis- sible. Les Firoloïdes qui ont des tentacules ne peuvent (1) Manuel de l'histoire naturelle des Mollusques, pag. 121 (2) Voyage dans l’'Amér. mérid., tom. V, pag. 148 et 149. JE 2 £ 348 MOLLUSQUES. être séparées, d’après ce caractère peu important, de celles qui en sont dépourvues, et, du reste, ces Mol- lusques doivent former un genre distinct des Firoles, comme nous l'avons vu précédemment. Quant au sous-genre 4n0ps, nous croyons encore bien moins qu'il puisse être admis par les zoologistes, cette di- vision ayant été établie bien évidemment sur des animaux mutilés. M, d'Orbigny dit avoir reconnu que les caractères singuliers qu’il assigne à ses Anops n’é- taient pas le résultat d’une mutilation , ayant vu plu- sieurs de ces Mollusques vivant et nageant ; mais tous les naturalistes qui ont recueilli des Firoles et des Ca- rinaires , savent que l’on rencontre souvent de ces Mollusques encore vivants, quoique dans un état de mutilation presque complet ; ainsi, nous avons vu nous- même une carinaire qui avait toute la partie cépha- lique et le nucléus enlevés, exécuter encore des mou- vements dans le vase où nous l’avions déposée. Enfin, lon peut dire même que si les Mollusques dont M. d'Orbigny a fait son sous-genre Anops, n'étaient pas des animaux mutilés, ils devraient former, d’après des différences d'organisation aussi tranchées, non pas seulement un sous-genre, mais au moins un genre et même une famille. On a décrit un assez grand nombre de Firoles; mais la plupart de ces espèces ont été établies d’après des individus mutilés, ou sur des caractères trop peu im- portants, ou enfin d’après d’autres que l’on sait au- jourd’hui être seulement des caractères de sexe. C’est ainsi que M. Lesueur, dans les espèces qu'il a fait con- HÉTÉROPODES. 349 naître , les distingue surtout d'apres la présence ou l'absence de l'appareil copulateur. La forme générale du corps, les appendices qui le terminent postérieure- ment, l’état lisse ou tuberculeux de la peau, le nombre et la disposition variables des pointes cartilagineuses qui occupent le sommet de la tête, la présence ou l’ab- sence d’une ventouse sur le bord de la nageoire , tels sont encore les caractères qui nous paraissent pouvoir servir à la distinction des espèces de ce genre. FIROLE DE KÉRAUDREN. Firola Keraudrenii, nobis. PLancHe 16, Ficures 8-10. Firola, corpore scabriusculo, posticé acuminato et appendice fili- Jormi terminato ; capite suprà levigato; al& natatoriä acetabulo non instructé. Cette Firole a toute la partie du corps, qui est en avant du nucléus, recouverte de petites aspérités très- clair-semées qui en rendent la surface légèrement ru- gueuse; la partie postérieure ou caudale est assez courte, moins large que le corps proprement dit, et terminée par un long appendice tres-gréle; cet appen- dice est simple et non moniliforme comme dans la plupart des autres espèces de ce genre. La tête est lisse en dessus et ne présente aucune trace de pointes car- 350 MOLLUSQUES. tilagineuses. La nageoire est dépourvue de ventouse à son bord. La masse buccale et le canal intestinal sont de cou- leur rosée; le foie est violacé et l'ovaire d’un brun Jaunûtre; toutes les autres parties sont transparentes. Dimensions. — La longueur de cette Firole est de cinq centimètres environ. Cette espèce nous a paru différer d’une maniere assez tranchée, par l’ensemble de ses caractères, de toutes celles qui ont été décrites. Nous l'avons re- cueillie dans l'océan Atlantique par 2° de latitude sud, et par 17° de longitude ouest. HÉTÉROPODES. 351 GENRE CARINAIROIDE. — Carinairorda, nobis. Les Mollusques que nous placons dans ce genre avaient été rangés d’abord parmiles Firoles; M. d'Or- bigny, le premier, les en a séparés d'apres la disposi- tion différente du nucléus qui est pédonculé, comme dans les Carinaires , et d’après le développement plus considérable de la partie céphalique qui est aussi mu- nie de deux longs tentacules, comme dans les espèces de ce dernier genre (1). Mais les Carinairoïdes dif- fèrent surtout des Firoles par la présence d’une petite coquille située à la partie postérieure ou inférieure du nucléus et dont nous avons, les premiers, signalé l'existence dans ces Mollusques (2). D'après cela, les Carinairoïdes se rapprochent beau- coup des Carinaires dont elles semblent même offrir tous les caractères; elles s'en distinguent cependant par des modifications, dans ces mêmes caractères, qui ne permettent pas de réunir ces Mollusques dans un même genre. Ainsi, la coquille des Carinairoïdes n’est, pour ainsi dire, que rudimentaire et ne contient qu'une très-petite partie du foie, tandis que celle des Cari- naires recouvre tous les viscères qui constituent le nu- cléus; dans les Carinaires, le pédoncule qui supporte ce nucléus est dorsal, au lieu que, chez les Carinai- (4) Voyage dans l’Amér. mérid., tom. V, pag. 154. (2) Revue zoologique, 1840, pag. 233. 392 MOLLUSQUES. roïdes, il est terminal et résulte d’une sorte de bifur- cation de la partie postérieure du corps, dans ces Mol- lusques; enfin, d'après les espèces qui nous sont connues, le manteau ne présenterait pas, chez les Ca- rinairoides, les aspérités dont il est toujours recouvert dans les Carinaires. Ces particularités nous ont paru suffisantes pour justifier l’établissement de ce petit genre, dans un groupe aussi naturel que celui des Hé- téropodes et qui offre, par suite, une grande analogie entre les divers genres qui le constituent. Les Carinai- roides se placent immédiatement après les Firoles et forment une transition des plus naturelles aux Cari- naires ; c'est d’après cela que nous avons cru devoir, un peu contrairement aux régles de la nomenclature, substituer à la dénomination de Cardiapodes sous la- quelle M. d'Orbigny a proposé de désigner ces Mol- lusques, celle de Carinairoïdes qui nous a semblé mieux exprimer leurs analogies et leurs rapports. Les branchies, chez les Carinairoïdes, sont disposées un peu différemment sur le nucléus, dans les deux es- pèces que nous connaissons de ce genre. L’orifice de l'anus, celui de l'oviducte chez les femelles , l'appareil copulateur chez les mâles, sont situés de la même manière que dans les Carinaires , ainsi que nous l'avons vu précédemment ; la nageoire est munie d’une ven- touse qui est aussi tout à fait semblable à celle de ces derniers Mollusques, mais un peu moins grande. Le genre Carinairoïde ne renferme encore que les deux espèces suivantes. ne HÉTEROPODES. 353 CARINAIROIDE PLACENTA. Carinairoida placenta, nobis. Pterotrachea placenta , Lesson , Voy. de la Coquille, tom. IT, pag. 253, pl. 3, fig. 2. Cardiapoda pedunculata, »’Orrieny, Voy. dans l’Amér. mérid. , tom. V, pag. 156, pl. 11, fig. 5. PLANCHE 17, Fiqures 1-10. Carinairoida, corpore posticé gracili, acuminato et dilatatione mem- branace& terminato ; branchiis circà nucleum positis. Testa vitrea, sub-discoidea, spiralis, latèé umbilicata, fragilissima , pellucida, tenuissimé striata ; Spirä convexo-depressä; anfractibus quaternis, convexis ; aperturd transversali, triangulari, symetricé ; peristomate continuo, acuto, reflexo, anticè lateraliter triangu- lari-alato, posticé supra spiram deverso. Dans cette espèce , l'extrémité postérieure ou cau- dale du corps est assez gréle, acuminée et terminée par une expansion membraneuse déchiquetée sur le bord. La ventouse de la nageoire est très-petite. Les branchies occupent, en arrière et en dessus, tout le pourtour du nucléus ; les lames branchiaies qui avoi- sinent la coquille sont très-petites; celles qui viennent ensuite sont de plus en plus grandes ; toutes ces lames, de forme triangulaire, sont disposées transversale ment, comme l’indiquent les figures que nous en don- nons (pl. 17, fig. 4 et 5) (1). (1) La direction de ces lames branchiales n’est pas tout à fait Bonite. — Zool. Tome IT. Partie II. 23 354 MOLLUSQUES. La coquiile, qui a dans son ensemble une forme triangulaire, est sub-discoide, spirale, largement ombiliquée, transparente , très-fragile, marquée de stries transversales très-fines. La spire est convexe-dé- primée et munie de quatre tours. L'ouverture est transversale, triangulaire, symétrique ; le péristome, continu et tranchant, se réfléchit en dehors et forme antérieurement , sur les côtés, deux expansions trian- gulaires; en arrière, il se renverse sur la spire, de manière à embrasser sa moitié inférieure (pl. 47, hp. 1,8et9). L'animal est presque entièrement transparent; la masse buccale, le tube digestif, les branchies sont d’une couleur rosée; la nageoire offre une teinte semblable, apparente surtout à son point d'attache et à la ven- touse ; le foie et l'expansion membraneuse terminale sont d’une coloration violacée foncée. Dimensions. — L'animal a environ trente-cinq mil- limètres de longueur. — Les dimensions de la coquille sont à peine de deux millimètres. Cette espèce a été décrite, pour la première fois, par M. Lesson, qui l'avait recueillie dans les mers de la Nouvelle-Guinée; la description et la figure que ce naturaliste en a données sont incomplètes sous plusieurs rapports. M. d’Orbigny, qui l’a aussi ren- contrée dans son voyage , en a fait à tort une espèce transversale mais un peu oblique, disposition qui a été exa- gérée sur une de nos figures (pl. 22, fig. 45), pour montrer les feuillets qui se trouvent sur chacune des faces de ces mêmes lames. HÉTÉROPODES. 355 différente. Nous en avons recueilli un jeune individu dans l'océan Pacifique, à peu de distance des iles Sandwich, et deux individus adultes dans l'océan Atlantique, par 2 de latitude nord, et 19° de longitude ouest. CARINAIROIDE CAUDINE. Carinairoida caudina, nobis. Firola caudina, Rance, Magasin de zoologie, cl. 5, 1832, pl. 3. Cardiapoda carinata, »’Orsieny, loc, cit., pag. 157, pl.11, fig. 3-4. PLancxe 16, Ficures 11-18. Carinairoida | corpore posticè acuminato , maculà nigrä, oblongé et rugosé infrà notato, dilatatione membranaceä terminato ; branchiis in nucleo anticé positis. Testa vitrea, pellucida, spiralis, tenuissima, carinata ; spirà ? Cette espèce diffère de la précédente par les carac- tères suivants : le pédoncule nucléal est plus court; la partie caudale est plus grosse et marquée inférieure ment d’une tache noirâtre, oblongue et rugueuse, si mulant une sorte de crevasse; cette partie se prolonge également en un appendice très-grêle qui se termine par une petite expansion membraneuse, à bord déchi- queté; la ventouse de la nageoiïire est beaucoup plus grande. Mais cette Carinairoïde se distingue surtout de la Carinairoïde placenta par ses branchies qui sont 356 MOLLUSQUES. beaucoup moins nombreuses et qui occupent seule- ment la partie antérieure et supérieure du nucléus. Nous n'avons pu voir que très-incomplétement la coquille de cette espèce, qui était en partie brisée sur l'individu que nous avons examiné; elle nous à paru ressembler beaucoup à celle de l'espèce précédente, si ce n’est pourtant que nous avons reconnu un reste de carène sur le dernier tour, ce qui la rapprocherait davantage de la coquille des Carinaires et des Atlantes (pl. 46, fig. 16-17). Les couleurs de cette Carinairoïde sont les mêmes que celles de l'espèce précédemment décrite. Dimensions. — Sa taille est aussi à peu près la même. La coquille paraît avoir également les mêmes dimensions. Il nous paraît incontestable que cette espèce est la même que celles qui ont été décrites par MM. Rang et d'Orbigny, sous les noms de Firola caudina et de Cardiopoda carinata, malgré les différences que celles- ci semblent présenter, d’après les figures qu'en ont données ces naturalistes. — Nous n’en avons rapporté qu'un seul individu adulte, qui a été recueilli par M. Gaudichaud dans l'océan Atlantique. Nous en avons recueilli aussi un jeune individu , dans l'océan Paci- fique, sur lequel nous avons trouvé la tache qui est si- tuée sous le prolongement caudal, remplacée par une sorte de disque de matière noirâtre, adhérent par son centre et libre à sa circonférence (pl. 16, fig. 14). HÉTÉROPODES. 357 GENRE CARINAIRE, — Carinaria, Lamarck. Nous n’avons que peu d'observations à présenter sur ce genre aujourd’hui bien connu et caractérisé surtout par sa coquille. Nous avons déjà indiqué les différences qui distin- guent les Carinaires des Carinairoïdes; nous ajoute- rons que, dans les Carinaires, la nageoire est plus charnue et composée de couches musculaires plus épaisses; la ventouse est aussi toujours plus grande. M. D'Orbigny a encore indiqué, comme un caractère propre aux Carinaires, la forme de la partie cépha- lique qui présenterait deux rétrécissements successifs, l'un situé en avant des yeux et l’autre à l'extrémité de cette partie : mais le premier de ces rétrécisse- ments n'est pas constant, car il n'existe pas sur une espèce nouvelle que nous faisons connaître; le second ne peut être considéré également comme un carac- tère fixe, puisqu'il est déterminé par le développe- ment au dehors de la masse buccale que l'animal peut faire sortir ou rentrer à volonté. La partie postérieure du corps est bordée supérieu- rement et inférieurement , dans ces Mollusques, par des replis de la peau qui ont été généralement consi- dérés et décrits comme de petites nageoires caudales; mais ici encore, d’après ce que nous avons dit précé- demment, une semblable assimilation nous paraît tout à fait inexacte. 358 MOLLUSQUES. Les Carinaires sont les plus grands de tous les Hé- téropodes; d’après les dimensions qu'offre la coquille de certaines espèces, celles de l’animal doivent être quelquefois considérables, relativement du moins à la taille des autres Mollusques du même groupe. Ce genre se compose aujourd’hui d’un assez grand nombre d'espèces, mais qui n’ont été caractérisées, la plupart, que d’une manière insuffisante ; la distinction de ces espèces nous semble pouvoir être établie sur- tout d’après les caractères de la coquille. HÉTÉROPODES. 359 CARINAIRE DE GAUDICHAUD. Carinaria Gaudichaudii, nobis. PLancxe 17, Ficures 19-22. Carinaria, testä pileiformi, lateraliter compressé, laté carinatà, umbilicatä, transversaliter sulcatä, translucidä; spirâ minimd , depressä, anfractibus quaternis munité ; anfractu ultimo maximo, anticé carinà latä instructo; apertur& oblongä ; peristomate con- tinuo et acuto. Cette espèce nous paraît différer d’une manière très-tranchée de toutes celles qui ont été décrites, au- tant par la forme de la coquille que par les caractères de l'animal. La coquille est très-élevée, en forme de bonnet phrygien, comprimée latéralement et marquée de sil- lons transverses comme dans les autres espèces, très- fragile et d’une grande transparence; son sommet représente une petite coquille discoïde munie de trois tours, faisant une légère saillie à droite et ombiliquée du côté gauche; le dernier tour, qui forme presque toute la coquille, est muni antérieurement d’une très- large carène qui se rétrécit progressivement vers sa parte supérieure et qui se termine au sommet. L'animal se rapproche beaucoup des Carinairoides par la disposition du pédoncule nucléal qui est situé plus en arrière que dans les autres espèces, et par le développement moins considérable de son extrémité 360 MOLLUSQUES. postérieure ou caudale ; sa surface est recouverte, dans toute l'étendue du corps, de petites éminences ou as- pérités, comme dans les autres Carinaires. Ses couleurs sont les mêmes que dans les espèces du genre Cari- nairoide précédemment décrites. Dimensions. — La longueur de l'animal est de vingt- cinq millimètres environ. — La hauteur de la coquille est de six millimètres; sa largeur ( à la base, et sans comprendre la carène ) de cinq millimètres ; son épais- seur, de trois millimètres. Cette Carinaire a été recueillie par M. Gaudichaud, dans les mers de la Chine, par 19° de latitude nord, et 120° de longitude est. HÉTÉROPODES. 361 GENRE ATLANTE, — Atlanta, Lesueur. Les Atlantes, dont la découverte remonte à l'expé- dition de Lapérouse, qui ont été ainsi dénommées par M. Lesueur, mais dont M. Rang, le premier, a fait connaître les véritables caractères, complètent la série des Hétéropodes et rattachent ces Mollusques aux Ga- stéropodes dont elles offrent, comme nous l'avons vu précédemment, toute la conformation. Les Atlantes ne différent pas autant des Carinaires qu'on pourrait le croire au premier abord; on peut même s’en faire une idée très-juste en se les représen- tant comme des Carinaires dont le corps, tout en con- servant sa forme, aurait été réduit dans ses propor- tions, et dont la coquille aurait pris en même temps un développement assez grand pour que l'animal pût y rentrer tout entier. La cavité branchiale dont elles sont pourvues, la terminaison un peu diffé- rente de l'intestin et de l’oviducte dans cette cavité, ne sont évidemment que le résultat de ce développe- ment de la coquille, qui a entrainé un développement analogue dans la partie correspondante du manteau. Enfin, la possibilité, pour les Atlantes, de s'abriter complétement dans leur coquille, explique encore la présence, dans ces Mollusques, d’un opercule disposé tout à fait comme dans les Gastéropodes à coquille turbinée. 362 MOLLUSQUES. On peut donc considérer le genre Atlante comme celui dans lequel le type des Hétéropodes a subi toutes les modifications par lesquelles ces Mollusques se lient graduellement aux Gastéropodes, et, par conséquent, comme celui qui nous montre le mieux leurs affi- nités. M. d’Orbigny a encore divisé ce genre en trois sous- genres : Le premier de ces sous-genres, désigné sous le nom d’AHelicophlegma , renferme des espèces qui différent en effet d’une manière assez tranchée des autres, par la structure et la forme de la coquille, et même par les caractères de l'animal. M. Cantraine a été en- core plus loin que M. «d'Orbigny, en faisant de l’es- pèce qui sert de type à cette division, l’4t/ante de Kéraudren (4. Keraudrenii), un genre distinct sous le nom de Ladas (1). Les espèces pour lesquelles M. d'Or- bigny a proposé son sous-genre Aelicophlesma nous paraissent devoir former une simple section dans le genre Atlante, car nous allons faire connaître une espèce, l’Atlante de Lamanon (4. Lamanonti), qui se rapproche à la fois, par ses caractères, des espèces de ce sous-genre et des Atlantes proprement dites, établissant ainsi une transition entre les premieres et les secondes. (4) Malacologie méditerranéenne , pag. 37. — Cet auteur nous semble avoir beaucoup exagéré la puissance locomotrice de ces animaux, en disant qu’ils sont les plus agiles des Mollusques, sans méme en excepter la plupart des Céphalopodes , et que leur organe locomoteur n'a point son pareil en force dans le reste des Céphalés. HÉTÉROPODES. 363 Le second sous-genre de M. d’Orbigny contient les Atlantes proprement dites. Enfin, dans son troisième sous-genre, qu'il nomme Héliconoides , ce naturaliste a placé des espèces qui ne font plus partie du genre Atlante, mais qui appar- tiennent, comme nous l'avons déjà vu, à notre genre Spiriale du groupe des Ptéropodes. Les Atlantes sont très-communes dans toutes les mers, et c’est seulement de ces Hétéropodes qu'on peut dire qu'ils fourmillent dans celles de ces mers qui ap- partiennent aux régicns chaudes et tempérées. Nous en avons distingué un assez grand nombre d’espèces, surtout d’après les caractères de la coquille. 364 MOLLUSQUES. ATLANTE DE KEÉRAUDREN. Atlanta Keraudrenit, Lesueur. Lesueur, Journal de Physique, tom. LXXXV, pag. 381. Ranc, Mémoires de la Soc. d’hist. nat., tom. IE, pag. 388, pl. 9, fig. 4-6. Ladas Keraudrenii, CANTRAINE. — Malacol. méditerr., pag. 38, pl: 1;h522} PLANCHE 18, Ficures 1-17. Testa vitreo-membranacea, sub-orbicularis, symetrica, involuta, utrinqué umbilicata, laté carinata, tenuissima, translucida ; an- fractibus ternis, convexis, levigatis, in utroque umbilico perspt- cuis ; ultimo suprà carinä latä prædito, infernè sub-carinato ; aperturä magnä, cordiformi, anticè canaliculatä; peristomate sinuoso ét acuto. Operculum vitreum, subtriangulare, tenue, pellucidum, striatum . La coquille de cette Atlante est cartilagino-mem- braneuse, dans la plus grande partie du dernier tour, et vitrée dans le reste de son étendue. Elle est sub-or- biculaire, symétrique, involute ou enroulée verticale- ment sur le même plan comme la coquille des Nau- tiles, également ombiliquée de chaque côté, largement carénée, très-mince, transparente , marquée de stries d’accroissement transversales. Les tours, au nombre de trois, sont convexes, lisses, visibles de chaque côté dans l’ombilic; le dernier tour, beaucoup plus grand que les autres, est muni d’une carène cartilagineuse HÉTÉROPODES. 365 mince , très-large en dessus , se rétrécissant brusque- ment en arrière et se prolongeant Jusqu'à l'ouverture, en formant une saillie à peme marquée (41). ouver- ture est grande, cordiforme, modifiée par l'avant dernier tour de la spire, à bords légèrement sinueux et tranchants; elle se continue en avant avec un canal creusé sur le bord antérieur de la carène. — Dans le jeune âge , cette coquille est globuleuse , entièrement vitrée, enroulée un peu obliquement du côté droit, et marquée de lignes longitudinales, fines et rappro- chées (fig. 10, 11, 12, 13). L'opercule est vitré, subtriangulaire, mince, trans- parent et marqué de stries transversales d’accroisse- ment. L'animal a le mufle assez gros, allongé, légèrement renflé à sa partie moyenne; la tête est bombée en dessus et en avant des yeux, ce qui la fait paraître (4) Cette carène n’est pas formée de deux lames convergentes, laissant entre elles un espace qui communiquerait avec l’intérieur de la coquille, comme l’ont avancé quelques auteurs ; elle n’est constituée que par une seule lame qui ne présente aucune fissure intérieurement. La partie inférieure ou rétrécie de cette carène offre seulement, à l'extérieur, une petite rainure médiane qui n’est pas bien indiquée sur notre figure et qui la fait paraitre comme double; cette dernière portion de la carène se continue, sur les côtés, avec une couche cartilagineuse très-mince qui re- couvre dans ce point la partie crétacée de la coquille et qui s’arrête brusquement à peu de distance de la base de l'ouverture. Ces détails ne peuvent étre bien vus que sur des individus frais, et s’altèrent toujours plus ou moins sur les coquilles conservées dans l'alcool. 366 MOLLUSQUES. beaucoup plus grosse que le mufle; les yeux sont grands, séparés sur la ligne médiane et dirigés en de- hors (fig. 7); en avant de ces organes et sur les côtés du mufle, se voient les tentacules qui sont courts, orèles et terminés en pointe mousse. La nageoire est de grandeur médiocre, de forme subquadrangulaire ; la ventouse est au contraire trés-grande et presque aussi large que la nageoire; l'expansion foliacée, qui termine la partie de l'animal sur laquelle se fixe l’oper- cule, est assez développée. Nous avons déjà dit que le bord du manteau présentait en avant un prolonge- ment canaliculé, analogue à celui des Mollusques siphonobranches. Les viscères qui remplissent les premiers tours de la coquille, sont d’une couleur violacée très-foncée ; les autres parties de l'animal présentent la même co- loration, mais beaucoup plus affaiblie, surtout en dessus de la tête et vers les bords supérieur et anté- rieur de la nageoire. Dimensions de la coquille : (1) millimètres. Longueur (d'avant en arrière, y compris la carène). 12 Hauteur (en y comprenant également la carene).... 10 Largeur ou épaisseur (à l’ouverture)............ à) Nous avons trouvé cette espèce dans les océans In- dien et Atlantique ; mais elle ne paraît pas très-com- (4) Pour l’évaluation des dimensions de la coquille, comme pour sa description, nous la supposons placée sur lanimal, celui-ci étant dans sa position normale, comme le représente la figure 2 de la planche 18, la tête tournée en avant. HÉTÉROPODES. 367 mune, car nous n'en avons recueilli qu'un assez petit nombre d'individus (1). Un seul nous a présenté les dimensions que nous venons de donner; la plupart ont seulement de huit à dix millimètres de longueur et de six à huit millimètres de hauteur, l'épaisseur se trouvant aussi diminuée dans les mêmes proportions ; enfin, il en est dont la taille est encore plus petite. Ces différences tiennent sans doute à l’âge des individus. On rapporte généralement cette espèce à M. Le- sueur; mais nous croyons, comme M. d'Orbigny en a déjà fait la remarque, que l’Atlante désignée par ce naturaliste sous le nom d’Atlante de Kéraudren est une espèce différente de celle que nous venons de décrire; celle-ci se distingue en effet de l’Atlante de Péron par des caractères trop tranchés, pour qu'un observateur aussi attentif et aussi exact que M. Lesueur se fût borné à indiquer pour toute différence , entre les co- quilles de ces deux espèces, la cessation de la carene dans l'intervalle des deux derniers tours. Il nous pa- raît donc très-probable que c'est M. Rang qui, le pre- mier, a observé et décrit l’Atlante désignée aujour- d'hui sous le nom d’Atlante de Kéraudren; mais les figures que ce naturaliste en a données, dans son We- motre sur le genre Atlante d’abord, et plus tard dans le Magasin de zoologie de l'année 1832, ne sont pas (1) L’on sait qu’elle se trouve aussi dans la Méditerranée ; M. Vé- rany nous a communiqué des individus recueillis par lui dans les environs de Nice, et qui sont en tout semblables , par la forme ei les dimensions, à ceux que nous avons rapportés. 368 MOLLUSQUES. complétement exactes, tant pour les caracteres de l'a- nimal que pour ceux de la coquille. M. d'Orbigny a fait représenter depuis cette espèce dans la partie zoologique de son voyage (1), mais d’une manière inexacte aussi pour l'animal, ce que cet auteur a re- connu lui-même en donnant une figure supplémentaire dans laquelle les parties extérieures de cet animal sont indiquées plus exactement, mais dans un état de con- traction qui ne permet pas de bien apprécier la forme de quelques-unes de ces parties. Enfin, plus récem- ment, M. Cantraine a encore publié, dans sa Halaco- logie méditerranéenne, une figure de l’Atlante de Ké- raudren qui, quoique assez incomplète, nous paraît cependant se rapprocher un peu plus des véritables caractères de cette espèce, que celles que nous venons de citer (2). (1) Voyage dans l’Amér. mérid., tom. V, pag. 169, fig. 16-23, et pl. 20, fig. 3, 4. (2) Nous devons dire aussi que l’espèce désignée par MM. Quoy et Gaymard, dans la Zoologie du Voyage de l’Astrolabe (pl. 29, fig. 18-23), sous le nom d’ {tante de Kéraudren, diffère beaucoup de celle-ci, tant pour les caractères de l’animal que pour ceux de la coquille. HÉTÉROPODES. 369 ATLANTE DE RANG. Atlanta Rangii, nobis. PLANCHE 18, Ficures 18-24. Atlanta , testä vitreo-membranace&, sub-orbiculari, symetricä, in- colutä , utrinqué umbilicatä , latè carinatä , tenuissimé , translu- cidä ; anfractibus ternis , convexis, levigatis, in utroque umbilico perspicuis, tenuissimé striatis ; ultimo supra cariné latä instructo, subtus nor carinato ; aperturä magñä, cordiformi, anticé canali- culaté ; peristomate sinuoso et acuto , posticè interrupto. Operculum vitreum, subtriangulare, tenue, pellucidum, striatum. Cette espèce, comme on peut le voir par la des- cription qui précède, est presque entièrement sem- blable à l’ {tante de Kéraudren; elle en diffère seu- lement par des dimensions plus petites et par la disposition de la carène qui n’occupe que la partie antérieure et supérieure du dernier tour et n'offre, par conséquent, pas la portion rétrécie de cette carène qui se prolonge jusqu à l'ouverture. L'animal présente aussi les mêmes caractères. Sa coloration est seulement un peu différente; les par- ties contenues dans la coquille sont d’un bleu violacé foncé, dans la masse viscérale, et d’une teinte plus claire sur la portion du manteau qui forme la cavité branchiale; le mufle, la ventouse et la partie qui sup- porte l’opercule sont aussi d’une couleur violacée. Bonite. — Zool. Tome IT, Partie LI. 24 370 MOLLUSQUES. Dimensions de la coquille : à millimètres. Longueur (d'avant en arrière, y compris la carène)... 5 Hauteur (en y comprenant la carène).............. 3 PR Ans EL ‘tur 1 Largeur ou épaisseur (à l’ouverture). ...... RE Nous avons recueilli cette espèce dans l'océan Pa- cifique. — Nous en avons rencontré, dans l'océan Indien, une variété qui nous a paru tout à fait sem- blable pour la coquille, mais dont l'animal se distingue par la forme du mufle renflé en massue à son extré- mité, et aussi par sa coloration jaunätre (pl. 18, fig. 25-29). HÉTÉROPODES. 374 ATLANTE DE LAMANON. Atlanta Lamanonti, nobis. PLancHe 18, Ficures 30-37. Atlanta, test vitreä, sub-discoide&, sub-umbilicaté, latè carinatä , tenuissimé, translucidé ; spirä minimä, exsertä, conicà ; anfrac- tibus quinis, convexis ; ultimo supra carinä lat instructo; aper- turä sub-cordiformi, anticè canaliculatä ; peristomate acuto, pos- tice interrupto. Operculum vitreum , subovatum , tenue, peilucidum, paucispiratum. La coquille de cette espèce est vitrée, un peu plus déprimée que celle des espèces précédentes, subom- biliquée , largement carénée, très-mince, transparente et marquée de stries d’accroissement très-fines. La spire, de forme conique, fait une petite saillie du côté droit ; elle est munie de cinq tours convexes dont le dernier est pourvu supérieurement d’une large carène cartilagineuse, comme dans l’Af/ante de Rang. L’ou- verture est symétrique, subcordiforme, canaliculée à sa partie antérieure ; les bords en sont tranchants et désunis en arriére. L’opercule est vitré, subovale, mince , transparent et paucispiré. L'animal est semblable à celui de l'espèce précé- dente et présente à peu près la même coloration; le mufle est renflé à l'extrémité, comme dans la variété de cette espèce. 372 MOLLUSQUES. Dimensions. — Les dimensions de cette espèce sont à peu prés les mêmes que celles de l’4tlante de Rang; la largeur ou l'épaisseur de la coquille, à l'ouverture, est seulement un peu moins grande. Cette Atlante a été recueillie par M. Gaudichaud dans l’océan Atlantique ; elle ne paraît pas très-com- mune. Elle se rapproche beaucoup des espèces précé- dentes par les caractères de l'animal et par la forme de la coquille; mais elle s'en distingue en même temps d'une manière tranchée par la nature vitrée de cette coquille, par la saillie que la spire fait du côté droit et par le nombre plus grand de ses tours, enfin par la forme de l’opercule; par ces divers caractères l417- lante de Lamanon se rapproche tout à fait des espèces que nous allons décrire. HÉTÉROPODES. 373 ATLANTE DE PÉRON. Atlanta Peronii, Lesueur . Journal de Physique, tom. LXXXV, pag, 391, pl. 11, fig. 1-2. PLANCHE 19, Ficures 1-8. Atlanta, testä vitre&, discoideä, laté carinatä, pellucidä, tenuis- sim ; spirä depressä, plunulatä ; anfractibus quaternis vel quinis, convexo-depressis ; ultimo et penultimo carinä conjunctis ; apertur& owatä, posticé reflexiusculé, anticè profundé fissd; peristomate tenui, acuto, Operculum vitreum, subovatum, tenue, pellucidum , paucispiratum. Dans cette espèce, la coquille est vitrée, discoiïde, fortement carénée, mince et transparente. La spire est aplatie et formée de quatre à cinq iours également apparents des deux côtés, à l'exception des deux pre- miers qui font une très-petite saillie du côté droit ; ces tours sont convexes-déprimés, marqués de stries transversales très-fines; le dernier et l’avant-dernier sont réunis, dans une grande partie de leur étendue, par un prolongement de la carène. L'ouverture est ovale, un peu réfléchie en arrière: et profondément échancrée à sa partie antérieure; les bords en sont minces et tranchants. — L’opercule a la forme d'un ovale un peu rétréci antérieurement ; il est très-mince, transparent et paucispiré. L'animal diffère , sous plusieurs rapports, de celui 374 MOLLUSQUES. des espèces déjà décrites. Nous avons déjà indiqué, dans nos généralités sur les Hétéropodes, les diffé- rences qu'il présente dans son organisation intérieure, dans la forme des branchies, dans la disposition des bords du manteau, etc. ; extérieurement , cet animal se distingue de celui des espèces précédentes par la saillie plus prononcée des yeux, par la forme dif- férente de ces organes , par celle des tentacules qui sont plus longs, cylindriques et obtus à leur extré- mité, et par un autre petit appendice tentaculaire qui se trouve à la partie interne des yeux (1); il s’en distingue encore par le développement plus considé- rable de la nageoire et de la partie postérieure de l’a- nimal qui porte l’opercule. Les organes contenus dans le fond de la coquille sont d’un brun jaunätre; toutes les autres parties sont blanches et transparentes, à l’exception de la bouche et de la ventouse qui sont quelquefois d’une légère couleur rosée. Dimensions. — Cette espèce atteint d'assez grandes dimensions; nous avons trouvé, sur quelques indi- vidus, une longueur de dix millimètres dans la co- quille, sur une hauteur de neuf millimètres (en com- prenant la carène), la largeur ou l'épaisseur, à l'ouverture, étant de quatre millimètres. L’Atlante de Péron est très-commune dans toutes les mers. (4) Ce petit appendice qui a été figuré par M. Rang, dans son mémoire sur le genre Atlante (fig. 11), n’est pas indiqué sur nos figures. HÉTÉROPODES. 375 il nous parait douteux que cette Atlante soit la même que celle qui a été décrite sous ce nom par M. Lesueur, car la coquille ne présente pas les sillons transverses qui sont indiqués sur la figure donnée par ce na- turaliste; ce serait donc encore M. Rang qui aurait réellement, le premier, fait connaitre cette espèce ATLANTE INCLINÉE. Atlanta inclinata, nobis. PLancne 19, Ficures 9-15. Atlanta, testé vitre&, discoided, laté carinatd, tenuissimd, pellucidä ; spirä minim&, exsertä, conicä, posticé inclinatä ; anfractibus oc- tonis, convexiusculis, posticèé coarctatis; ultimo et penultimo carinä conjunctis ; aperturä ovato-acut4, posticè reflexiusculé , anticé attenuatà et profunde fissä ; peristomate tenui, acuto. Operculum vitreum, ovatum, tenue, pellucidum, paucispiratum. La coquille de cette espèce ressemble beaucoup à celle de la précédente par sa forme et par la plupart de ses caractères ; mais elle en diffère d’une manière bien marquée par sa spire qui est composée d’un plus grand nombre de tours et qui forme une petite saillie conique du côté droit ; elle s’en distingue surtout par la disposition singulière de cette spire qui est fortement inclinée en arrière, de telle sorte que les tours sont beaucoup plus étroits dans ce sens qu’en avant. L'ou- 376 MOLLUSQUES. verture est aussi un peu atténuée en pointe à sa partie antérieure. L'animal nous a paru tout à fait semblable à celui de l’Atlante de Péron ; les parties contenues dans la coquille sont d’une coloration jaunätre un peu plus foncée; la bouche, la ventouse et la partie sur laquelle se fixe l’opercule sont de couleur rosée. Dimensions. — Cette espèce ne paraît pas parvenir à d’aussi grandes dimensions que l’A4tlante de Péron ; les plus grands individus que nous avons recueillis, ont de cinq à six millimètres, dans leur plus grand diametre. Nous avons trouvé cette espèce assez cormune dans les océans Pacifique et Atlantique. HÉTÉROPODES. 3 mi =1 ATLANTE ROSE. Atlanta rosea, nobis. PLANCHE 19, Fiqures 16-20. Atlanta, testé vitred, discoided, laté carinatä, tenuissimä, pellucidd; spirä depressä, planulaté; anfractibus sentis, convexo=depressis ; ultimo carinato; aperturd ovato-acuté , postice reflexiusculé , anticé attenuaté et profundé Jissä E peristomate tenui, acuto. Operculum vitreum, ovatum, tenue, pellucidum, paucispiratum. Cette Atlante se rapproche encore plus que la pré- cédente de l’Atlante de Péron ; elle ne s’en distingue que par sa spire plus large et composée de six tours, et surtout par la carène qui ne se prolonge plus entre les deux derniers tours, mais s'arrête à quelque dis- tance de l’ouverture; la forme de cette ouverture est aussi un peu différente et semblable à celle de l’Atlante inclinée. L'animal ressemble entierement à celui des deux espèces précédentes; il n’en diffère que par la couleur rosée des parties contenues dans la coquille. Celle-ci présente aussi une ligne rose à la base de la carène. Dimensions. — Les dimensions de cette espèce sont un peu moindres que celles de l’Æt/ante inclince. Nous en avons recueilli plusieurs individus dans l'océan Atlantique. 378 MOLLUSQUES. ATLANTE RENFLÉE. Atlanta inflata, nobis. PLANCHE 19, Ficures 21-28. Atlanta, testä vitreä, discoideä, carinatä, pellucidä, tenuissimä ; spirä minim&, exsertiuscul&, conico-acuté; anfractibus septenis , convexis ; ultimo énflato, carinato; apertur& ovato-subacutä, pos- ticé reflexiusculé, anticé emarginatà; peristomate tenui, acuto. Operculum vitreum, ovatum, tenue, pellucidum, paucispiratum . Cette espèce se rapproche de la précédente par la forme de la coquille et par la disposition de la carene qui s'arrête au dernier tour, à quelque distance de l'ouverture; mais la spire est plus saillante, conique- aiguë et composée de sept tours; le dernier tour est plus renflé et la carène moins large ; enfin l’échan- crure de la bouche est aussi moins profonde. L'animal diffère par la forme des yeux qui sont plus gros, plus bombés et dirigés en dehors, par l'absence du petit appendice tentaculaire situé au dedans de ces organes, enfin par la forme des tentacules qui sont un peu plus courts et coniques. Les parties contenues dans la coquille sont d’une couleur violacée, plus foncée dans les viscères; la bouche, la ventouse, la partie sur laquelle se fixe l’opercule et les deux appen- dices de l'appareil copulateur présentent aussi la même coloration. Dimensions. — Cette espèce offre des dimensions HÉTÉROPODES. 379 un peu plus grandes que l'espèce précédente, surtout sous le rapport de son épaisseur, au niveau de l'ou- verture. Nous l'avons recueillie dans les mers de la Chine ; elle ne paraît pas très-commune. ATLANTE DE GAUDICHAUD. Atlanta Gaudichaudii, nobis. PLANCHE 19, Ficures 29-34. Atlanta, testé vitreä, subovato-discoideä, carinaté, pellucid&, tenuis- simä; spirä minimä, planulatä; anfractibus quinis, convexo- depressis ; ultmo carinato; carinä basi roseo marginaté ; aperturä opato-subacutä, anticé emarginatäà ; peristomate tenui, acuto. Operculum vitreum , ovato-subacutum, tenue, pellucidum, paucispi- ratum. La coquille de cette espèce est subovale-discoide. La spire, composée de cinq tours, est très-petite et tout à fait déprimée; le dernier tour est assez renflé et muni d’une carène peu large qui, comme dans les es- pèces précédentes, s'arrête à quelque distance de l'ou- verture, et présente une bordure rose à sa base. L'échancrure dela bouche est étroite et peu profonde. L'animal est semblable à celui de l’Atlante de Péron, de l’Atlante rose, ete.; l'appendice supérieur de l'ap- pareil copulateur est bifurqué à son extrémité. Les 380 MOLLUSQUES. couleurs sont les mêmes que dans l'espèce précédente; la coloration des parties profondes est un peu moins foncée. Dimensions.—Ses dimensions sont aussi à peu près les mêmes que celles de l’4t/ante renflée; son épais- seur, au dernier tour, est seulement un peu moins grande. Nous devons cette espèce à M. Gaudichaud qui en a recueilli plusieurs individus dans l'océan Pacifique. ATLANTE DE LESUEUR. Atlanta Lesueurii, nobis (1). PLancHe 20, Ficures 1-8. Atlanta, testà vitreä, ovato-discoided , laté carinatä, fragilissimé, pellucidä ; spirä parvul&, depressd ; anfractibus quaternis, depres- ciusculis ; ultimo maximo, transversaliter sulcato, carind latä énstructo ; apertur& ovato-acutà , anticé emarginatà ; peristomate acuto, reflexiusculo, lateraliter rotundatim producto. Operculum vitreum, ovato-acutum, tenue, pellucid um, paucispiraturn . La coquille de cette espèce est remarquable par la petitesse de la spire et par le développement considé- rable du dernier tour qui la forme presque entière- (1) L'espèce que M. d’Orbigny a désignée sous ce nom spéci- fique appartient au genre Spiriale et ne doit pas ètre conservée, par conséquent, dans le genre Atlante HÉTÉROPODES. 381 ment, comme dans les Carinaires ; sa forme est ovale- discoïde ; les tours, au nombre de quatre, sont con- vexes-déprimés; les premiers, ou ceux qui constituent le sommet de la spire, ne font qu'une très-légère sail- lie du côté droit ; le dernier, marqué de sillons trans- verses , est muni d’une large carène qui se prolonge un peu entre ce tour et l’avant-dernier (1). L'’ouver- ture est ovale-aiguë, échancrée à sa partie antérieure ; cette échancrure , en forme de fente étroite à son ori- gine, s'agrandit ensuite rapidement de manière à re- présenter un angle tres-ouvert; les bords de cette ouverture sont minces, tranchants, un peu évasés en dehors, saillants et arrondis sur les côtés. — L'oper- cule est comme dans les espèces précédentes. L'animal est remarquable aussi par le développe- ment des parties extérieures, relativement à celles qui sont contenues dans la coquille. Les yeux sont assez gros et saillants ; les tentacules courts et subconiques. L'appendice supérieur de l'appareil copulateur est tri- lobé à son extrémité. La masse des viscères et les bords du manteau sont de couleur de chair; la bouche, la ventouse et la partie sous-operculaire présentent une légère teinte rosée; tout le reste de l'animal est d’un blanc transparent. Dimensions. — Le diamètre antéro-postérieur de la coquille est de six millimètres, et sa hauteur de quatre (4) Nous avons vu, sur quelques individus, la carène s’arrêter à quelque distance de l’ouverture, et les deux derniers tours être disjoints dans une petite partie de leur étendue (fig. 8). 382 MOLLUSQUES. millimètres, en comprenant la carène; son épaisseur, à l'ouverture, ne dépasse guère un millimètre. Nous avons recueilli cette espèce dans l'océan At- lantique où elle paraît peu commune. Nous avons cru devoir considérer comme une simple variété de cette espèce l’Atlante que nous avons fait représenter sur la même planche (fig. 9-15), et qui s'en distingue par les bords de l'ouverture un peu moins saillants en avant, ainsi que par la carène qui est moins large, surtout à sa partie antérieure : la coloration de l'animal est aussi différente, comine le montre la figure que nous en donnons. HÉTÉROPODES. 383 ATLANTE DE QUOY. Atlanta Quoyana, nobis. PLancxe 20, Ficures 16-22. Atlanta, testà vitre&, ovato-discoideä, carinatä, tenuissimä, pellu- cidä; Spirä minimd, conicä, exsertiusculé ; anfractibus quinis, depressiusculis ; ultimo carin& instructo ; aperturd ovato-acuté , anticé emarginatd ; peristomate acuto , reflexiusculo, lateraliter rotundatim productiusculo. Operculum vitreum, ovato-acutum, tenue, pellucidum, paucispiratum . Cette Atlante ressemble beaucoup à la variété de l'espèce précédente, pour la forme de sa coquille; mais elle s’en distingue d’une maniere bien marquée par sa spire plus grande, formée de cinq tours et légèrement saillante en forme de petit cône, ainsi que par la dis- position de la carène qui ne se prolonge pas entre les deux derniers tours ; elle s'en distingue surtout par l'absence des sillons transverses qui sont remplacés, comme dans les autres espèces, par des stries d’ac- croissement tres-fines. L'animal a aussi des tentacules plus longs, comme dans l’A4tlante de Péron. — La masse viscérale et la ventouse sont d’une couleur brunâtre ; la bouche et la partie sur laquelle s'attache l’opercule offrent une teimte semblable, mais plus faible; tout le reste de l'animal est d’un blanc transparent. Dimensions.— Les dimensions de cette espèce sont 384 MOLLUSQUES. très-petites ; son plus grand diamètre (l’antéro-posté- rieur) n'a guère plus de deux millimètres. Nous l'avons recueillie dans l'océan Pacifique. ATLANTE HELICINOIDE. Atlanta helicinoides , nobis. PLANCHE 20, Ficures 23-30. Atlanta, testé vitred, discoided, luté carinatä, pellucidä, tenuissimd ; spirä minimd, exserté&, Conicà ; anfractibus septents , COnVeXxO- depressis; ultimo carinato; carind basi ferrugineo marginaté ; aperturd ovato-acutä, anticè emarginaté ; peristomate tenu, a£cuto. Operculum vitreum, ovatum, tenue, pellucidum, paucispiratum. Cette espèce a de grands rapports avec l’4tlante renflée; mais elle nous parait s'en distinguer par sa spire plus grande, plus saillante et moins aiguë au sommet, et par l’'échancrure de l'ouverture qui est très-étroite à son origine et qui va ensuite un peu en s'évasant, comme dans les espèces précédentes; le dernier tour est aussi moins renflé. L'animal a également des yeuxtres-gros et saillants, dirigés en haut et en dehors. La figure 30 montre l'aspect de cet animal rentré dans sa coquille. — La masse viscérale est d’une couleur rougeûtre claire ; la bouche, la ventouse et la partie sous-operculaire sont d’une teinte violacée foncée. HÉTÉROPODES. 385 Dimensions. — Cette espèce est très-petite; son diamètre antéro-postérieur est un peu plus de deux millimètres. Nous l'avons recueillie dans l’océan Pacifique. ATLANTE DÉPRIMÉE. Atlanta depressa, nobis. PLANCHE 20, Ficures 31-37. Atlanta, testé vitre4, subovato-discoideä, late carinatä, tenuissimdä, pellucidä ; spirä minimé , exsertä, conicä ; anfractibus senis, de- pressiusculis; ultimo carinato; aperturé ovato-subacuté, posticé reflexiusculä, anticé emarginatà ; peristomate sinuoso et acuto. Operculum vitreum , ovato-acutum, tenue , pellucidum aucispi- {: , , ’ » 1 raltum. La coquille de cette espèce présente, dans sa forme, quelques rapports avec celle de l'espèce précédente ; mais elle est plus allongée et plus déprimée. La spire est plus petite et composée d’un moins grand nombre de tours. Enfin les bords de l'ouverture sont aussi différents , ces bords étant presque droits et légère- ment sinueux. L'animal a les yeux de grandeur médiocre et dirigés en avant, comme dans la plupart des espèces déjà dé- crites ; les tentacules sont assez courts et subconiques. — Toutes ses parties sont d'un blanc transparent, à l'exception de la masse viscérale qui est faiblement co- Bonite, — Zool. Tome LE. Partie 11, 25 386 MOLLUSQUES. lorée, et de la ventouse qui est d’une couleur violacée foncée. Dimensions. — Cette espèce est encore plus petite que la précédente; sa longueur n’est que de deux mil- limètres. Elle provient de l'océan Pacifique. ATLANTE BOSSUE. Atlanta gibbosa, nobis. PLANCHE 21, Ficures 1-8. Atlanta, testé vitreä, sub-globos& , gibbosä, carinatä, tenuissimé, Pellucidä ; spirä conicä, anticèé conversä; anfractibus septenis, convexis; ullimo carinato; aperturä ovato-acut4, anticé latè et > 17 0T À 701 2 > 1 PET 0] profundèé emaranatà ; peristomate tenut, acuto, postice 1nterrupto. Operculum vitreum, ovato-acutum , pellucidum, tenue, paucispi- ratum. La coquille de cette Atlante est fort remarquable par sa forme subglobuleuse et par sa spire saillante, conique et dirigée en avant. Les tours, au nombre de sept, sont convexes; le dernier porte, dans la plus grande partie de son étendue, une carène assez large. L'ouverture est ovale-aigué, largement et profondé- ment échancrée à sa partie antérieure ; les bords sont minces, tranchants, un peu réfléchis et désunis en ar- rière. — L'opercule est comme dans les espèces pré- cédentes. HÉTÉROPODES. 387 L'animal est semblable à celui de la plupart des es- pèces déjà décrites ; la masse viscérale et la ventouse sont de couleur rosée; toutes les autres parties sont blanches et transparentes. Nous ne donnons cette espèce qu'avec doute, car nous l'avons établie sur un individu presque micro- scopique , qui pourrait bien n'être qu'un jeune indi- vidu. — Nous avons représenté (fig. 7 et 8) deux autres Atlantes qui se rapprochent beaucoup, par leur forme, de celle que nous venons de décrire, mais qui en différent en même temps d’une manière très-mar- quée par la direction régulière de leur spire; nous les indiquons provisoirement comme des variétés de cette espèce. Nous avons recueilli ces Atlantes dans l’océan At- lantique. 388 MOLLUSQUES. ATLANTE ENROULÉE. Atlanta involuta, nobis. PLANCHE 21, Ficures 9-14. Atlanta, testé vitred, discoideä, late carinatä, tenuissimä, pellucidé ; spirä minimä, exsertiusculà, conicä, posticé inflexà ; anfractibus senis, convexis; aperturä ovato-acutä, posticé reflexiusculà , anticé emarginatà ; peristomate acuto, posticé interrupto. Operculum vitreum, ovato-acutum , tenue, Paucispiratum . Dans cette espèce, la coquille est discoide, large- ment carénée, composée de six tours convexes; les cinq premiers tours forment une petite saillie conique, dirigée un peu en arrière, caractère qui peut la dis- tinguer des espèces précédemment décrites ; l’avant- dernier tour forme aussi, du côté gauche, une saillie qui indique l’enroulement de la spire. La bouche est ovale-aiguëé, échanerée à sa partie antérieure, à bords tranchants, un peu réfléchis et désunis en arrière. L'animal a les yeux et le mufle assez petits, les ten- tacules allongés et la nageoire de grandeur médiocre. — La masse viscérale, les bords du manteau, la bou- che, la nageoire et la partie qui supporte l’opercule, sont d’une couleur violacée; les autres parties sont d’un blanc transparent. Dimensions. — Cette espèce a trois millimètres de longueur ; sa hauteur est un peu moindre. Nous l’avons recueillie dans l'océan Pacifique. HÉTEROPODES. 389 ATLANTE BRUNE. Atlanta fusca, nobis. PLANCHE 21, Ficures 15-29. Atlanta , testä vitre, discoided, laté carinatä, tenuissim&, pellu- cidä, pallidé fulvé vel rose ; spirä minimd, exsertiuscul&, conicd ; anfractibus quinis vel sentis, convexis ; ultimo carinato; apertur& ovato-subacutä , posticé reflexiusculà, anticè leviter emarginatä ; peristomate tenut, acuto. Operculum vitreum, sub-triangulare , tenue, pellucidum , paucispi- ratum. La coquille de cette espèce est discoïde , transpa- rente comme dans les autres espèces, mais légèrement colorée de jaune fauve ou de rose pale. La spire, com- posée de cinq à six tours, forme une petite saillie co- nique du côté droit; le dernier tour, assez renflé, est muni d’une large carène qui se prolonge jusqu'à l'ou- verture. Celle-ci est ovale-aiguë, très-peu échancrée à sa partie antérieure; ses bords sont tranchants, un peu réfléchis et réunis à leur partie postérieure. — L'opercule est de forme subtriangulaire et semblable, pour les autres caractères, à celui des espèces précé- dentes. L'animal a le mufle assez grand et un peu recourbé; les yeux sont de grandeur médiocre ; les tentacules allongés et obtus à leur extrémité. — Cet animal est 1 é » , ; , 17 d’une couleur brune foncée ; l'extrémité de la nageoire 390 MOLLUSQUES. et l'expansion foliacée sous-operculaire, sont les seules parties qui ne soient pas colorées (fig. 22). Dimensions. — Cette espèce n’a guère plus de deux millimètres de longueur. Elle parait se trouver dans toutes les mers; c'est l'espèce qui nous a paru la plus commune, après l44- lante de Péron. Nous avons fait représenter (fig. 15-21) une variété de cette espèce, qui se distingue par des dimensions un peu plus grandes, par le prolongement de la carène dans l'intervalle des deux derniers tours, par l'échan- crure moins profonde de l'ouverture et par la colora- tion de l'animal qui n’est pas aussi foncée, si ce n'est à la nageoire. C’est dans cette variété que la coquille présente ordinairement une légère teinte fauve; dans les autres individus, cette teinte est rosée. Nous avons fait représenter aussi (fig. 28) une pe- tite Atlante qui nous a paru être le jeune individu de cette espèce. HETÉROPODES. 391 ATLANTE TURRICULÉE. Atlanta turriculata, d'Orbigny. Voyage dans l'Amériq. merid,, tom. V, pag. 173, pl. XX, fig. 5-11. PLancHE 21, Fiqures 30-35. Atlanta, testävitreä, discoideä, late carinatä, tenuissimä, pellucidà ; spirä minimä, exsert&, turriculatä; anfractibus quinis, con- vexiusculis; ultimo carinato; apertur& ovato-subacutä, posticé reflexiusculä, anticé leviter emarginaté ; peristomate tenui, acuto. Operculum vitreum, sub-ovatum , tenue, pellucidum , paucispira- lum. La coquille de cette espèce ressemble beaucoup à celle de l’4tlante brune (4. fusca) par sa forme et par la plupart de ses caractères; mais elle s’en distingue d'une manière tranchée par sa spire saillante et turri- culée ; c'est même, jusqu’à présent, la seule espèce du genre Atlante dont la spire présente cette forme re- marquable. L'animal est aussi presque entièrement semblable à celui de l'espèce précédente; le mufle est seulement un peu moins long et la nageoïre moins grande. Ilen diffère également par les couleurs, comme le montre la figure que nous en donnons. Dimensions. — Cette espèce a les mêmes dimen- sions que la précédente. 392 MOLLUSQUES. Nous l'avons trouvée assez commune dans l'océan Pacifique et dans les mers de l'Inde. M. d'Orbigny, qui a le premier décrit cette atlante, dit l'avoir re- cueillie dans l'océan Pacifique. NUDIBRANCHES. 393 NUDIBRANCHES. — Cuvier. L'ordre des Nudibranches, qui ne se composait, il ny a pas longtemps encore, que d’un assez petit nombre de genres et d’espèces, est devenu aujourd’hui un des plus riches de la classe des Gastéropodes, non- seulement par le nombre, mais encore par la diversité des animaux qui le constituent. L'organisation de ces Mollusques, à laquelle Cuvier a consacré, comme on le sait, quelques-uns de ses plus beaux mémoires, a été aussi, tout récemment, l’objet de nouvelles et nombreuses recherches. Des particu- larités anatomiques fort remarquables ont été signa- lées dans certains Nudibranches, et, de tous les grou- pes qui composent l’embranchement des Malaco- zoaires, il n’en est peut-être pas dont la structure soit actuellement aussi bien connue et offre autant d'intérêt pour l'anatomie et la physiologie comparées. Parmi les faits qui ont été récemment mis au jour, se trouve surtout la disposition singulière qu'affecte le foie dans un certain nombre de ces Gastéropodes. Chez les Éolides et dans les autres genres qui appar- tiennent à la même famille, cet organe ne forme plus une masse compacte, logée avec les autres viscères dans la cavité abdominale ; mais il est représenté par 394 MOLLUSQUES. des cœcums qui naissent de l'estomac, se ramifient quelquefois à la manière de vaisseaux, et vont se ter- miner dans les appendices extérieurs qui constituent les organes respiratoires. Les observateurs qui les premiers, en France du moins, ont vu ces cœcums ramifiés partant de la poche stomacale, les avaient pris pour des canaux gastro-vasculaires analogues aux canaux gastro-vasculaires des Méduses, et, de l’ana- logie de disposition concluant à une analogie de fonc- tions, ils avaient été conduits à considérer ces Mol- lusques comme des animaux chez lesquels le tube digestif servait à la fois pour la digestion, la circula- tion et la respiration, ainsi que cela a lieu dans les animaux rayonnés que nous venons de citer; contrai- rement à toutes les notions acquises sur l'organisation des Mollusques et à toutes les idées de rapports géné- ralement admises entre les caractères extérieurs des animaux et leur structure intérieure, ces Nudibranches auraient donc présenté le fait étrange d’être des Mol- lusques Gastéropodes par leur forme extérieure, et des Zoophytes, voisins des Méduses, par leur organi- sation interne (1). (1) Maxe-Epwarps, Sur l’existence d’un appareil gastro-vascu- laire chez la Calliopée de Risso, Mollusque de la famille des Éoli- diens, Ann. des sc. rat., 1842, tom. XVIII de la 2° série, pag. 330. DE Quarreraces, Sur quelques faits relatifs à l’histoire des ani- maux invertébrés, Comptes rendus.de V'Acad. des se. de Paris, séance du 24 octobre 1842, tom. XV, pag. 798. — Mémoire sur VPÉolidine paradoxale, Ann. des sc. nat., 1843, tom. XIX de la 2e série, pag. 274. — Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés, Ann, des sc. nat., 1844, tom. I de la 3° série, pag. 129. — Lettre NUDIBRANCHES. 395 Ces idées, émises d’après des observations très-in- complètes et pour étayer des théories préconçues sur la dégradation animale, ne méritaient peut-être pas l'attention qui leur a été accordée, et encore bien moins la faveur avec laquelle elles ont été accueillies un instant dans la science (1); dans une série de com- munications adressées à l’Académie des sciences, nous avons fait voir qu'elles ne reposaient que sur des faits inexacts ou mal interprétés (2); et les zoologistes qui, en France ou à l'étranger, se sont aussi occupés de l'étude de ces Mollusques, sont arrivés à des ré- sultats semblables à ceux que nous venons d’é- noncer (3). sur les Mollusques gastéropodes phlébentérés, Comptes rendus de l’Acad. des sc, de Paris, juillet 1844, tom. XIX, pag. 190. (1) Mirxe-Enwarps, Rapport sur une série de mémoires de M. A. de Quatrefages, Comptes rendus de l’Acad. des sc., 15 jan- vier 4844, tom. XVIII, pag. 67. (2) Sourever, Observations sur les Mollusques gastéropodes dé- signés sous le nom de Phlébentérés par M. de Quatrefages, Comptes rendus de l’Acad. des sc., août 1844, tom. XIX, pag. 355. — Ob- servations anatomiques et physiologiques sur les genres Actéon, Éolide, Vénilie, Calliopée, Tergipe, etc., même recueil, janvier 1845, tom. XX, pag. 73. — Réponse à une note de M. de Quatre- fages, même recueil, janvier 1845, tom. XX, pag. 238. — Anato- mie des genres Glaucus, Phylliroé et Tergipe, et quelques obser- vations nouvelles sur le Phlébentérisme, même recueil, mars 1846, tom. XXII, pag. 473. (3) Azmanx, “On the anatomy of Actæon, etc.” the Annals and magazine of natural history, sept. 1845, vol. XVI, pag. 145. ALper et Hancock, ‘Remarks on the genus Eolidina, etc.,” méme recueil, août 1844, vol. XIV, pag. 125.—‘From the report of the British association for the advancement of science for 1844,” Lon- 396 MOLLUSQUES. Mais, ainsi que cela n'a lieu que trop souvent, l’er- reur reconnue n'a pas tardé à se reproduire sous une autre forme. Les naturalistes qui avaient assigné un rôle aussi insolite à l'appareil digestif de ces Gasté- ropodes, ont cherché à le justifier plus tard en l'a- moindrissant; cet appareil n’a plus été considéré alors comme servant en même temps à la circulation et à la respiration, mais comme venant en aide seulement à ces deux fonctions, on piutôt, comme exécutant dans l’économie une fonction tout à fait nouvelle à laquelle on a donné le nom d'irrigation organi- que (4). Nous ne croyons pas devoir insister plus longtemps ici sur ces aberrations qui sont aujour- d’hui, nous pensons, généralement appréciées à leur véritable valeur; nous renvoyons, du reste, à la réfutation que nous en avons donnée ailleurs et à dres, 1845. — ‘* Notices of some new and rare British species of naked Mollusca,” the Annals and magazine of natural history, nov. 1846, vol. XVIII, pag. 289.—‘* On a proposed new order of Gas- teropodous Mollusca,” même recueil, juin 1848, vol. I de la 2° sé- rie, pag. 401. EmsLeron et Hancock, ‘ On the anatomy of Eolis, ?” the Annals and magazine of natural history, janvier 1845, vol. XV, pag. 1 et 77, et vol. I de la 2° série, févr. 1848, pag. 88. E. BzaxcuarD, Mémoire sur l’organisation des Mollusques opis- thobranches, 4zn. des sc. nat., mars 1848, tom. IX de la 3° série, pag. 172. (1) Mrzwe-Epwarps, Observations sur la circulation, Ann. des sc. nat., 1845, tom. III de la 3° série, pag. 275. DE QuarrerAGes, Note sur le Phlébentérisme, #nn. des sc. nat., 1845, tom. IV de la 3° série, pag. 275. NUDIBRANCHES. 397 celle qui en a été donnée aussi depuis par d'autres anatomistes (1). De tout ce qui a été dit de l’organisation des Nudi- branches dont il est ici question, il ne reste aujour- d'hui que le fait plein d'intérêt que nous offre le foie ramifié ou désagrégé de ces Mollusques. Cette dispo- sion remarquable, dont la raison est encore inconnue, a conduit les malacologistes à séparer les Nudibran- ches qui la présentent, de ceux qui, comme les Doris, les Tritonies, les Scyllées, etc., ont un foie compacte et logé dans la cavité viscérale, et à diviser ainsi l'ordre formé par ces Gastéropodes en deux grands groupes. Les recherches récentes de MM. Alder et Hancock, en Angleterre, ont fait voir, en outre, que les Mollusques nudibranches qui ont un foie ramifié, devaient eux-mêmes former deux autres groupes dis- (1) Sourexer, Considérations sur la circulation dans quelques groupes de la série animale, Archives d'anatomie, dans Archives de médecine, 1846, pag. 105. I. Grorrroy-SainT-Hicarre, Rapport sur plusieurs mémoires, notes et lettres de M. de Quatrefages et de M. Souleyet, relatifs à l’organisation des Mollusques gastéropodes, dits Phlébentérés. Comptes rendus de l’Acad. des sc., janvier 1851, tom. XXXII, pag. 33. Ca. Rosix, Rapport à la Société de biologie par la commission chargée d'examiner les communications de M. Souleyet, relatives à la question désignée sous le nom de PHLÉBENTÉRISME, Paris, 1851. — Cette question et tous les incidents de la longue discus- sion à laquelle elle a donné lieu, ont été exposés de la manière la plus complète dans ce rapport auquel nous renvoyons, par con- séquent, ceux de nos lecteurs qui désireraient en prendre une entière connaissance. 398 MOLLUSQUES. üncts; ces naturalistes ont fait connaître, en effet, un certain nombre de ces Mollusques chez lesquels les cœcums hépatiques ne se rendent plus dans des ap- pendices respiratoires extérieurs, mais se ramifient seulement dans la cavité viscérale. Cette disposition concorde, chez ces Nudibranches, avec l’absence des organes branchiaux qui paraissent remplacés par toute la surface cutanée (1). L Qt PHYLLIROË BUCÉPHALE. Phylliroe bucephalum, Lamarck. PLance 24, Ficures 1-18. Phylliroe, corpore ovali, elongato, pellucido, fusco punctato; caudä posticé rotundatä ; tentaculis longis, acutis. Le corps de ces Mollusques est transparent, mar- qué de petits points d'un brun rougeûtre, plus ou moins nombreux et serrés. Les viscères sont ordinai- rement aussi assez vivement colorés (fig. 3). Dimensions. — La taille de cette espèce varie de deux à trois centimètres. Elle est assez commune dans l'océan Atlantique. Après avoir examiné un grand nombre de ces Mol- lusques, nous sommes très-portés à croire que la plu- part des espèces qui ontété proposées dans ce genre, devront être rapportées à celle-ci. Ces espèces ont été établies, en effet, d'après la coloration qui est très-va- riable dans ces animaux, ou d’après des ‘différences, dans la forme du corps, qui nous ont paru n'avoir aussi rien de bien fixe; c'est ainsi, par exemple, que l’'échancrure de l'extrémité postérieure du corps, qui a été considérée comme un caractère spécifique, est le plus souvent accidentelle ou n'est qu'un résultat de la contraction des tissus. 416 MOLLUSQUES. Genre ÉOLIDE. — £olidia, Cuvier. Ce genre a été établi par Cuvier, dans le tableau élémentaire (A), pour de petits Mollusques qui avaient été placés d’abord parmi les Doris; il est à remarquer que ce célèbre anatomiste qui s’est attaché à faire con- naître, dans plusieurs mémoires, l’organisation des gastéropodes Nudibranches, se soit borné, pour les Éolides, à une simple description extérieure qui n’est même pas sans inexactitudes. M. de Blainville, qui a souvent complété ou rectifié les travaux de Cuvier sur ce sujet, n’a aussi donné, à l’article Éorine du Dic- tionnatre des sciences naturelles, qu'une simple carac- téristique de ce genre, en émettant toutefois la pensée que, sous le rapport de leur structure anatomique, ces Mollusques ne différaient probablement pas des Doris. Ce n'est que dans ces dernières années que l’organisation de ces Nudibranches a été étudiée et, l’on peut le dire, d’une manière complète. M. Lowen (de Stockholm) serait, au rapport de M. Milne- Edwards (2), le premier qui ait observé la disposition remarquable du tube digestif dans les Éolides. Quel- que temps après, en 1842, M. de Quatrefages fit, sur (1) Voir cet ouvrage, tom. IT, pag. 388. (2) Annales des Sc. nat., tom. XVIIT de la 2 série, 1842, pag. 331 NUDIBRANCHES. 417 ces Mollusques , de nouvelles observations qu’il adressa d’abord à l’Académie des sciences, et qu’il consigna ensuite dans un mémoire précédemment cité; ce tra- vail, malgré de nombreuses et graves erreurs, n’a pourtant pas été sans utilité pour la science, en pro- voquant de nouvelles recherches par la singularité même des faits qui s'y trouvaient énoncés. Un peu plus tard, en 1844, nous avons aussi présenté à l’Académie des sciences, sur le genre Éolide, des observations insérées en partie dans les Comptes rendus de cette année et dans ceux de l’année 1845. MM. Alder, Hancock et Embleton ont publié en An- gleterre, de 1843 à 1848, une série d'articles sur le même genre, dans lesquels ils ont décrit, avec une grande exactitude, ses caractères extérieurs ainsi que les détails de son organisation intérieure (1). Enfin, nous devons encore mentionner ici les observations de M. Delle Chiaje qui, dès 1842, avait figuré, sur les planches de son grand ouvrage, les particularités ana- tomiques remarquables que présentent les Éolides, et les avait interprétées d’une manière très-convenable, comme le prouve ce que cet auteur en a dit dans la dernière partie de cet ouvrage, publiée plus récem- ment (2). Nous n’entrerons pas ici dans la discussion de toutes les questions qu'a soulevées l’organisation de ces Moillusques ; nous nous bornerons à exposer le (1) Mémoires déjà cités, p. 392. (2) Descrizione e notomia degli animali invertebrati della Sicilia citeriora ; tom. VIT, pl. 88, ett. VIT, p. 10. Bonile, — Zooï. Tome II. Partie IH. 2 — 18 MOLLUSQUES. résultat de nos observations, renvoyant , pour les sde . , . a PRI . A opinions différentes qui ont été émises sur le même sujet, aux communications que nous avons faites à l'Académie des sciences. Description extérieure. La forme générale du corps, dans les Éolides , est assez bien connue pour que nous n’entrions pas ici dans une description détaillée à ce sujet; en parlant des caractères extérieurs de ces Mollusques, nous n'insisterons donc que sur ceux qui nous paraissent n'avoir pas été encore indiqués d’une maniere suffi- samment précise. Le pied est plus ou moins large dans les diverses espèces de ce genre; dans quelques-unes, il dépasse à peine le corps de l'animal et se rapproche un peu, par sa forme, du pied des Scyllées ; dans d’autres, au contraire, il s'étale de chaque côté en un hord sail- lant et très-mince { pl. 24 À, fig. 1, 2, 3); mais, dans tous les cas, ce pied se termine, en avant, par un bord épais et arrondi qui se prolonge en pointe sur les parties latérales, et qui est creusé d’un sillon mar- ginal dans toute son étendue. Cuvier avail pris, pour des tentacules , ces pointes latérales du bord antérieur du pied, erreur qui a été commise, apres lui, par d’autres auteurs, et qui a fait assigner à tort trois paires de tentacules à ces Mollusques (pl. 24 A, fig. 3). La face supérieure de l'animal, plus ou moins con- vexe, est recouverte, dans une grande partie de son NUDIBRANCHES. 419 étendue, par ces petits appendices mous auxquels on a donné le nom de papilles branchiales, de cirrhes branchiaux, etc., et qui varient beaucoup, dans leur forme et leur disposition, suivant les espèces. Sous le rapport de ieur forme , ces appendices sont tantôt allongés et coniques, tantôt renflés et fusi- formes, d’autres fois très-grêles et comme filiformes ; dans l'Éolide de Cuvier, ils sont aplatis et un peu imbriqués, comme on l’a dit, à la maniere de petites écailles (1 ). Sous le rapport de leur disposition, ils sont rangés tantôt par séries transversales ou obliques (pl. 24 A, fig. 4), tantôt de manière à former des festons, des touffes, etc. , de chaque côté de la ligne médiane. Ces appendices se distinguent encore par les cou- leurs très-vives dont ils sont ornés dans la plupart des espèces. Quelle que soit leur disposition , ils ne recouvrent jamais toute la face supérieure de l'animal; ils sont toujours séparés, sur la ligne médiane, par un inter- valle plus ou moins considérable où se voient, en avant, les tentacules proprement dits , et, vers le mi- lieu du corps, une légere saillie formée par la poche du cœur dont les battements sont très-apparents, dans ce point, pendant la vie (pl. 24 À, fig. 1, 4). (4) C’est à tort que M. d’Orbigny a prétendu que les papilles branchiales des Éolides étaient toujours cylindriques ou coniques, et jamais aplaties où en lames (voy. dans l'Amérique méridionale , t. V, p.190); cette dernière forme existe dans l’espèce que nous citons Ici. 420 MOLLUSQUES. Les tentacules varient aussi, dans leur forme , sui- vant les espèces; ils sont tantôt allongés et coniques, tantôt pédiculés à leur base et renflés à leur partie supérieure qui offre alors des plis ou des feuillets sail- lants, comme chez les Doris. Ces organes sont tres- contractiles , mais ils ne sont jamais rétractiles comme ceux des Tritonies et des Doris, ainsi que l'ont avancé quelques naturalistes. En arriére des tentacules dont nous venons de parler, se voient, dans quelques espèces, deux points noirs placés sous la peau, qui sont les yeux ; mais ces organes ne sont plus apparents dans la plupart des Éolides. La face supérieure de l'animal présente encore l’ou- verture anale qui est située du côté droit, vers le milieu du corps, et se trouve ordinairement cachée par les appendices branchiaux , ce qui a fait méconnaître sa position par Cuvier et par d’autres naturalistes ( pl. 24 A fig. 4, a). Les faces latérales, ordinairement peu élevées, sont lisses et transparentes ; elles n’offrent rien de remar- quable, si ce n’est le tubercule des organes de la géné- ration qui se trouve placé en avant, du côte droit. Ce tubercule présente deux ouvertures séparées par un petit sillon, celle de loviducte qui est en arriere, et celle de l'organe mäle qui est en avant et un peu en dessus de la précédente (pl. 24 À, fig. 2, o', w). L’extrémité antérieure de l'animal, formée par la tête, présente latéralement deux appendices tentacu- laires , de forme conique, qui correspondent aux ten- NUDIBRANCHES. 421 tacules labiaux des Doris, et qui sont tres-développés dans quelques espèces. La partie postérieure , terminée en pointe, se pro- longe plus ou moins en arrière du corps proprement dit, ou des dernières papilles branchiales. Description anatomique. L’orifice de la bouche est placé à l'extrémité anté- rieure de l'animal; il est circonscrit par une sorte de bourrelet labial circulaire, offrant seulement une petite interruption, en forme de gouttiere, à sa partie inférieure. Ce bourrelet est lui-même bordé, dans son pourtour, par un autre bourrelet plus petit, formé par la partie antérieure de la tête et se prolongeant, sur les côtés, avec les appendices tentaculaires dont nous avons précédemment parlé (pl. 24 A, fig. 3). L’orifice buccal communique avec la masse buccale par un canal assez large que l'animal peut développer au dehors, un peu à la manière d’une trompe; en d’autres termes, la masse buccale est exsertile comme chez les Tritonies (fig. 43). Cette masse buccale, d’un volume assez considé- rable, est armée, comme dans ces derniers Mol- lusques, de deux mächoires cornées et latérales, qui sont mues par une épaisse couche musculaire, et dont la disposition ainsi que le mécanisme sont aussi tout à fait semblables (pl. 24 A, fig. 11,12,13,14, et pl. 24 B, fig. 6,7, 8). Sa cavité intérieure présente inférieu- rement une langue saillante, en forme de segment de 422 MOLLUSQUES. cercle , et recouverte, sur sa convexité, de lames cor- nées imbriquées, offrant un bord libre fortement denté (pl:24 Bifig:2,8,448)-(1). L'œsophage prend naissance à la partie supérieure de la masse buccale; il a d’abord un calibre peu con- sidérable , mais après avoir traversé l'anneau nerveux, il s’évase rapidement pour se continuer avec la poche stomacale (pl. 24 À, fig. 12,13, 14, e'). Celle-ci, d’abord assez grande et de forme oblongue, se prolonge, en se rétrécissant progressivement, Jus- qu'à l'extrémité postérieure de la cavité viscérale où elle se termine le plus souvent en un petit appendice cœcal (pl. 24 À, fig. 11,12,e,e). L'intestin naît de la partie antérieure de cette poche stomacale, du côté droit. Il forme un gros tube qui se porte immédiatement en arrière et qui, après quelques inflexions plus ou moins marquées, vient se terminer du même côté, vers le milieu du corps, comme nous l'avons déjà indiqué (mêmes figures, z, a). Les Éolides sont généralement dépourvues de glan- des salivaires (2). (1) La forme de ces mâchoires cornées varie un peu suivant les espèces ; il en est de même des lames cornées linguales qui forment quelquefois de grands crochets imbriqués, simples ou dentés sur les bords, comme MM. Embleton et Hancock en ont donné des figures dans leur mémoire. (2) MM. Embleton et Hancock ont décrit, dans quelques espèces, une très-petite glande salivaire qui se trouve enchâssée dans les parois de la masse buccale. Nous avons trouvé, sur une espèce de la Méditerranée, deux glandes salivaires formées par deux longs cœcums, décrivant de nombreux replis sur les côtés de l’œsophage. NUDIBRANCHES. 423 Le foie offre, comme nous l’avons déja dit précé- demment , une disposition fort singulière dans ces Mol- lusques. Cet organe ne se trouve plus, en eflet, dans la cavité viscérale ; mais , lorsqu'on a mis à découvert la poche stomacale, l’on en voit partir, de chaque côté, des canaux dont le nombre et la disposition va- rient un peu suivant les espèces, et qui pénètrent dans l'épaisseur de la paroi supérieure du corps où ils se ramifient en suivant, dans leur distribution, celle des papilles branchiales ; chacune de ces papilles reçoit un prolongement de ces canaux qui en parcourt le centre et qui est recouvert, dans la plus grande partie de son étendue, d’une couche plus ou moins épaisse de gra- nulations jaunâtres ou brunâtres (pl. 24 A, fig. 11, 12, 5, 7). La disposition de ces granulations varie, du reste, d’une manière assez notable dans les diverses espèces du genre; elles forment tantôt une couche uniforme ou lobulée autour du canal central; d’autres fois ce canal donne naissance, dans toute son éten- due , à de petits cœcums simples ou ramifiés que re- couvrent aussi les granulations. La structure de cette partie centrale des appendices branchiaux , les con- nexions des canaux qui la parcourent avec la poche stomacale, enfin l'absence complete du foie dans la cavité viscérale où se trouve ordinairement logé cet organe, ont conduit à considérer ce système de ca- naux et les granulations qui recouvrent leurs der- nières ramifications, comme représentant l'appareil hépatique de ces Mollusques, détermination qu est aujourd’hui généralement admise. Ainsi le foie n'offre Ü LS 4 4 MOLLUSQUES. pas seulement ici la particularité d’être constitué par un grand nombre de lobes séparés ou d’être mul- tiple, il présente encore la singularité remarquable et non encore expliquée d’être placé dans les branchies. Chez les Éolides , la substance du foie occupe seu- lement, comme nous venons de le dire, l’intérieur des papilles branchiales; mais nous verrons que, dans d’autres genres de la même famille, les canaux qui en partent pour se rendre à l'estomac, sent recouverts dans presque toute leur étendue par ies granulations hépatiques. Ces canaux, dans les Éolides, ne sont également pas enveloppés par les granulations jusqu’à leur ex- trémité; ils se prolongent, pour ainsi dire, au delà de la substance du foie et se terminent au sommet des appendices branchiaux par un petit renflement ovoide (pl. 24 À, fig. 5, 7) (4). (1) D’après MM. Alder et Hancock, ce prolongement des canaux hépatiques s’ouvrirait à l’extérieur, et les papilles branchiales se- raient ainsi perforées à leur extrémité ; mais nous croyons nous être assuré que c’est là une erreur qui doit être attribuée sans doute à ce que ces papilles présentent en effet, à leur sommet, un point arrondi et parfaitement transparent, qu’il est très-facile de prendre pour un orifice. Serait également erronée, par conséquent, l'opinion de M. de Quatrefages qui considère le petit renflement ovoïde, par lequel les canaux hépatiques se terminent au sommet des papilles branchiales, comme un organe particulier, sécrétant des organes urticans, analogues à ceux des Actines, des Médu- saires, etc.; il est très-facile de faire passer dans cette poche les matières qui remplissent les canaux hépatiques, et de s’assurer ainsi qu’il existe une communication directe entre ces parties. NUDIBRANCHES. 425 Les appendices dorsaux des Éolides ne servent pas seulement de réceptacle au foie, ainsi que nous venons de le voir, 1ls sont encore chargés, comme dans les autres nudibranches, des fonctions respiratoires. En effet, si l’on pousse un liquide coloré dans les vais- seaux qui viennent aboutir à l'oreillette du cœur, on voit le liquide se répandre dans des canaux qui par- courent la base des papilles branchiales, et remonter ensuite le long de ces papilles, pour s’épancher dans un réseau vasculaire très-fin qui recouvre leur surface. Dans l'Éolide de Cuvier, ce réseau émane de deux troncs principaux qui occupent les bords de chaque papille et qui appartiennent, l’un au système veineux général ou afférent, l’autre au système veineux bran- chial ou efférent. Mais la disposition de ces vaisseaux varie un peu suivant les espèces; dans quelques Éo- lides, par exemple, les appendices branchiaux pré- sentent une dilatation membraneuse qui parait être plus particulièrement le siége de la respiration. Les branchies des Éolides ne diffèrent donc pas, par leur structure, de celles des autres nudibranches; elles s’en distinguent seulement par la cavité intérieure dont ces organes sont creusés, et dans laquelle pénétre l’ap- pareil hépatique. L'appareil circulatoire présente une disposition tout à fait analogue à celle qui existe dans les Tritonies, les Scyllées, etc. Le système veineux général comprend, comme dans ces derniers Mollusques, deux parties distinctes : les 426 MOLLUSQUES. veines qui proviennent des viscères, et celles qui appar- tiennent au pied et à l'enveloppe extérieure. Celles-ci sont bien apparentes à la base des papilles branchiales et peuvent même être injectées assez facilement dans les grandes espèces; dans l’Éolide de Cuvier, chacune des lignes suivant lesquelles s’insèrent ces papilles, est parcourue par une veine volumineuse qui sert à la fois de veine cave et d’artère branchiale; c’est en effet dans ces vaisseaux que se rend le sang des parties voisines, et ce sont les branches qui en émanent qui le distri- buent aux branchies. Quant au système veineux vis- céral, il nous a paru semblable à celui des Doris, des Tritonies, etc., c'est-à-dire constitué par un certain nombre de vaisseaux qui des viscères se portent dans l'enveloppe extérieure, aux points occupés par les organes respiratoires (1). (1) Cette partie du système veineux est celle dont l’existence a été le plus contestée par les naturalistes qui avaient d’abord pré- tendu que le système veineux manquait complétement dans les Éolides. Les veines viscérales sont , en effet, beaucoup moins ap- parentes dans ces Mollusques que chez les Doris, les Tritonies , etc., où elles constituent de gros vaisseaux que l’on peut injecter avec une très-grande facilité; mais si, par leurs petites dimensions et par leurs tissus fort peu résistants , les Éolides ne peuvent se prèter à ce moyen de démonstration , l’analogie n’en doit pas moins faire admettre que ces Mollusques ne diffèrent pas, sous ce rapport, des nudibranches que nous venons de citer. Nous devons dire cependant qu'après avoir examiné de nouveau et sur un grand nombre d’indi- vidus les deux vaisseaux qui, de la partie postérieure de la masse buccale , se rendent dans l’enveloppe extérieure (pl. 24 B, fig. 1), et que nous avons décrits ailleurs comme des veines satellites de NUDIBRANCHES. 427 Le système veineux branchial ou efférent est mieux délimité et plus apparent que le système veineux gé- néral ou afférent. Après avoir traversé le réseau vascu- laire qui recouvre les papilles branchiales, le sang passe, comme nous l'avons vu précédemment, dans une veine qui longe l’un des bords de ces appendices ; toutes ces veines aboutissent à des veines plus consi- dérables qui parcourent la base des branchies et dont la disposition est par conséquent toujours en rapport avec celle de ces organes; c’est ainsi que, dans l’Éolide de Cuvier, ces veines forment une série de canaux qui, de chaque côté de la ligne médiane, se portent de dehors en dedans, parallèlement aux veines qui portent le sang aux branchies. Tout le système vei- neux branchial vient aboutir généralement à trois troncs principaux ou sinus, l’un postérieur et médian, les deux autres antérieurs et latéraux, qui se trouvent dans lépaisseur de la paroi supérieure du corps et qui versent directement le sang dans loreillette (pl. 24 B, fig. 1). Cette oreillette, assez volumineuse, recoit ces trois troncs veineux par sa partie postérieure et médiane, et par ses deux extrémités latérales qui sont un peu recourbées en avant; c'est du moins la disposition que l’on trouve dans l’'Éolide de Cuvier et que nous avons fait représenter sur nos planches; ses parois, très-minces , sont doublées de quelques fibres muscu- l'aorte antérieure, nous sommes restés dans le doute sur la nature de ces parties. 428 MOL£LUSQUES. laires qui circonscrivent, par leur entre-croisement, de petits espaces en forme de losanges (pl. 24 B, fig. 4). Le ventricule, qui fait suite à l'oreillette en avant, est pyriforme et a des parois beaucoup plus épaisses ; sa structure est du reste la même que dans la plupart des autres Mollusques Gastéropodes. Le cœur est contenu , comme chez les autres nudi- branches, dans un péricarde assez résistant qui adhère à la paroi supérieure de la cavité viscérale, sur la ligne médiane (pl. 24 B, fig 4) (1). De la paroi antérieure du ventricule naît l'aorte qui se divise, presque immédiatement après son origine, en deux troncs principaux, l’un antérieur, lautre postérieur. Le premier, après avoir fourni une grosse branche à l'appareil générateur (matrice et organe mâle), se porte en avant, vers la masse buccale, et se distribue aux parties antérieures de l'animal, comme dans les autres Mollusques. Le second se rend dans l'ovaire où il se distribue en grande partie; quelques branches sortent de cet organe, pour se jeter dans le pied qu'elles couvrent de leurs ramifications (pl. 24B, fig. 4). L'appareil de la génération est entièrement sem- blable à celui des autres nudibranches et surtout des Tritonies (2). (4) Nous avons trouvé, annexé au péricarde, un petit organe glanduleux dont nous ignorons entièrement les usages (pl. 24B, fig. 1, y). (2) La description que Cuvier a donnée de cet appareil, dans ses mémoires, est inexacte. NUDIBRANCHES. 429 Cet appareil se compose d’abord d’un organe volu- mineux qui occupe, en arrière, une grande partie de la cavité abdominale (pl. 24 À, fig. 11, 0); cet organe, en forme de grappe plus ou moins serrée, est incon- testablement l'ovaire; mais nous examinerons bientôt s'il n'aurait pas en même temps d’autres usages. Un canal tres-grêle d’abord, que nous devons regarder, d’après cela, comme un oviducte, nait par des rami- fications de cet ovaire ; après un assez court trajet, ce canal présente un renflement considérable, formant deux ou trois replis serrés, et s’amincit ensuite de nou- veau de maniere à reprendre presque son premier ca- Ebre:(pl: 24.4 ;fisadd,id;d.\et pl24Befiet 4); L’oviducte, dont nous venons de parler, se continue antérieurement avec deux autres conduits (pl. 24 A, fig. 20, d, d',); l'un, beaucoup plus large, à parois gélatineuses et comme boursouflées, est réuni, par des circonvolutions très-serrées, en une masse globu- leuse qui occupe la partie antérieure de la cavité ab- dominale (pl. 24 A, fig. 11, z»,), et reçoit, près de sa terminaison à l'extérieur, le canal long et gréle d’une petite vésicule oblongue (pl. 24 A, fig. 18,19, 20, x ); l’autre conduit, faisant suite à l’oviducte, est un long tube entortillé qui va aboutir à l'extrémité de la verge (pl. 24 À, fig. 411 et 20, z). Le premier de ces con- duits , qui est représenté dans sa disposition normale (fig. 18et19,m,m, m)et déroulé (fig. 20,77,m,m), aété pris par Cuvier pour le testicule dans les Tritonies, les Scyllées, etc. ; mais c’est évidemment le second ovi- ducte désigné sous le nom de matrice; et, la vésicule 430 MOLLUSQUES. qui vient aboutir près de son orifice extérieur, est celle qui est connue sous les noms de vésicule de la pourpre, de vésicule copulatrice, etc. ; quant à l’autre conduit, ses connexions avec la verge nous l'avaient d’abord fait regarder comme le testicule; mais, dans d’autres nudibranches et même dans quelques espèces du genre Éolide, cette partie se trouve réduite à un canal très- court qui se rend presque directement à la verge, ce qui nous porte à la considérer plutôt comme un simple canal déférent. D'après cette dernière détermination, l'organe que nous avons décrit comme l'ovaire, serait dans les nudibranches, comme chez les pulmonés, un organe hermaphrodite sécrétant à la fois les zoospermes et les ovules ; c’est du reste un point que l’observa- tion microscopique permettra d’éclaircir avec assez de facilité. La verge est formée par un organe creux et exser- üle, comme dans beaucoup d’autres gastéropodes (pl. 24 À, fig. 18, 19, 20, v); son orifice se trouve placé, comme nous l'avons déjà vu, en avant et un peu en dessus de celui de l’'oviducte (fig. 18, 20, v'). Le système musculaire, dans les Éolides, est tout à fait semblable à celui des autres nudibranches, des Doris, des Tritonies, etc. Le système nerveux présente aussi, dans sa dis- position , la plus grande analogie avec celui des Mol- lusques que nous venons de citer. L'anneau nerveux se compose de quatre petites NUDIBRANCHES. 431 masses ganglionnaires qui sont placées transversale- ment en dessus de l’œsophage. Les deux ganglions intermédiaires, plus volumineux et de forme oblongue, donnent naissance antérieure- ment à cinq paires de nerfs qui se rendent aux tenta- cules, au pourtour de la bouche, aux appendices tentaculaires de la tête, à la masse buccale et aux ganglions buccaux; de leur extrémité postérieure part un autre nerf qui se distribue à l'appareil digestif, au cœur et au péricarde; enfin, ces ganglions fournissent encore par leur bord externe, au niveau de la com- missure qui les unit aux ganglions latéraux, deux nerfs qui nous ont paru se rendre aux branchies; un de ces nerfs, plus volumineux que Pautre, donne, en outre, du côté droit, une branche considérable qui se perd dans l'appareil générateur (pl. 24 A , fig. 15,16, et pl. 24 B, fig. 4) (4). Les deux ganglions que nous venons de décrire sont unis, en dessous de l’œsophage, par une commissure très-gréle de laquelle part, du côté droit, un filet ner- veux qui nous à paru se terminer aussi aux papilles branchiales. Les deux autres ganglions du collier nerveux, placés en dehors des précédents et plus petits, donnent nais- sance chacun à deux nerfs qui vont se ramifier dans le pied; ces ganglions communiquent entre eux par (4) Le ganglion droit fournit encore, par sa partie postérieure et supérieure , un filet nerveux très-grêle que nous n'avons pu suivre jusqu’à sa destination. 432 MOLLUSQUES. une commissure assez large qui complète le collier in- férieurement (pl. 24 À, fig. 15,16, et pl. 24 B, fig. 1). Les’ ganglions buccaux, situés en dessous de lœæso- phage et à la partie postérieure de la masse buccale, forment un petit système assez compliqué dans ces Mollusques. Ces ganglions fournissent antérieure- ment et tout près de la commissure qui les réunit sur la ligne médiane, un petit filet nerveux très-grèle qui nous a paru se rendre à la langue. De leur bord ex- terne naissent trois autres cordons nerveux dont l’un est le nerf qui unit les ganglions buccaux aux ganglions sus-æsophagiens; un autre se dirige en dehors et en avant, pour se perdre aussitôt dans la masse buccale ; enfin, le troisième, qui a son origine entre les précé- dents, se renfle presque immédiatement en un petit ganglion ovoide duquel partent plusieurs filets ner- veux qui se distribuent surtout à l’'œsophage; un de ces nerfs, un peu plus volumineux, longe ce canal et va se perdre sur les parois de la poche stomacale où il présente encore un certain nombre de renflements ganglionnaires (pl. 24 A, fig. 17, et pl. 24 B, fig. 1). D’après la description que nous venons de donner, le système nerveux central des Éolides ne se composerait que de deux paires de ganglions, contrairement à ce que nous avons cherché à établir précédemment (1); mais, nous avons vu que les masses ganglionnaires mé- dianes ne fournissent pas seulement les nerfs qui sont destinés aux organes des sens, et que, de leur partie (1) Voir la page 69 de ce volume. NUDIBRANCHES., 433 postérieure et externe, partent d'autres nerfs qui se rendent exclusivement aux viscères; nous croyons donc qu’il faut les considérer comme constituées par la réunion des ganglions cérébraux et de ceux qui sont affectés aux organes de la vie végétative. Cette manière de voir se trouve confirmée par ce qui existe chez les Tritonies , dont le système nerveux est tout à fait ana- logue à celui des Éolides; dans ces nudibranches, les masses ganglionnaires centrales sont divisées, par un rétrécissement bien marqué, en deux parties qui cor- respondent évidemment aux ganglions cérébraux et à ceux dont les nerfs sont destinés aux viscères. Dans l’Éolide de Cuvier, les yeux sont appliqués sur les ganglions cérébraux et forment seulement une pe- tite saillie à leur surface, comme nous l’avons déjà vu chez les Phylliroés; mais, dans d’autres espèces, ces organes adhèrent à la peau et communiquent alors avec ces ganglions par des nerfs optiques bien distincts. On voit également à la face supérieure des ganglions cérébraux, en arrière des yeux, la petite capsule qui représente l'organe auditif dans ces Mollusques (pl. 24 À , fig. 15). Les Éolides paraissent être des Mollusques assez communs dans toutes les mers; mais elles ne se montrent ordinairement sur les rivages qu’à certaines époques de l’année, du moins dans nos climats ; on les rencontre aussi quelquefois en pleine mer, sur les plantes marimes errantes. Bonite, — Zool. Tome If. Partie Il, 28 434 MOLLUSQUES. Nous en avons quelques especes sur nos côtes, entre autres la grande et belle espèce que nous avons fait représenter sur nos planches et qui est désignée, par la plupart des zoologistes, sousle nom d’Éolide de Cuvier. Cette Éolide est commune sur les côtes de la Manche pendant les premiers mois de l’année ; M. Bouchard- Chantereaux , à qui nous devons d’avoir pu en faire une étude complète, en a donné une très-bonne description, accompagnée de détails pleins d'intérêt sur les mœurs, les habitudes et le mode de reproduc- hion de ces Mollusques (1). Le genre Cavoline, établi par Bruguière , dans les planches de l'Encyclopédie, et que quelques auteurs ont cru devoir conserver, doit être réuni au genre Éo- lide; sous le rapport de leurs caractères extérieurs, les Cavolines ne différent pas des Éolides, comme l'ont déjà reconnu plusieurs observateurs ; nous nous sommes assurés que l’organisation intérieure était aussi tout à fait la même. (4) Catalogue des Mollusques marins des côtes du Boulonnais , pag. 33. NUDIBRANCHES. 435 GENRE JANUS. — Janus, Vérany. Ce genre a été proposé par M. Vérany (1), pour un petit Mollusque nudibranche très-voisin des Éolides ; nous devons à l’obligeance de ce naturaliste d’avoir pu en faire l’étude sur plusieurs individus qu'il a bien voulu mettre à notre disposition. Les Janus diffèrent extérieurement des Éolides par la disposition des appendices branchiaux qui se pro- longent jusqu’à l'extrémité antérieure de l'animal, au- tour de la tête, et par la position de l’anus qui est postérieur et médian comme dans les Doris. Le bord antérieur du pied, parcouru par un sillon marginal, ue se prolonge pas en pointe sur les parties latérales ; mais cette forme du pied n’est pas propre aux Janus, car on lobserve aussi dans quelques espèces d’Éo- lides. Nous considérons également, comme un carac- ière simplement spécifique, la disposition particulière qu'offrent les tentacules postérieurs ou dorsaux dans l'espèce sur laquelle M. Vérany à établi ce genre, et que nous reproduisons d’après ses dessins (pl. 24 C, fs). L'organisation intérieure des Janus présente la plus grande analogie avec celle des EÉolides. (4) Revue zoologique, 1844, pag. 302; et Magasin de zoologie, 1845, Mollusques, pl. 156. 136 MOLLUSQUES. Les organes de la respiration et de la circulation sont tout à fait semblables; les troncs veineux qui por- tent le sang dans l'oreillette du cœur, nous ont pré- senté seulement une disposition s’éloignant un peu de celle que nous avons décrite dans l'Éolide de Cuvier ; ces vaisseaux n’aboutissent plus, postérieurement, à un sinus médian, mais se jettent isolément et en assez grand nombre dans l'oreillette. L'appareil digestif est le seul qui diffère d’une ma- nière un peu notable du même appareil chez les Éo- lides. La masse buccale esi munie, comme dans ces der- niers Moilusques, de deux mâchoires cornées , dispo- sées de la même manière, mais d’une forme un peu différente (pl. 24 C, fig. 11, 12). La langue est aussi d’une autre forme et recouverte en partie de crochets cornés; ces crochets, qui ne peuvent être vus qu’à un fort grossissement, sont rangés par lignes transversales sur sa face inférieure, de chaque côté de la ligne médiane, et s'étendent en avant jusqu’à son sommet; en arrière, ils se prolongent dans une sorte de cœcum que l'on voit à la partie supérieure de la masse buccale, en dessous de lœsophage (fig. 9, 10.70. L’estomac diffère encore sensiblement de celui des Éolides; au lieu de se prolonger, en se rétrécissant, jusqu’à la partie postérieure de la cavité viscérale , il forme une poche ovoïde assez grande, qui occupe seulement le milieu de cette cavité (fig. 3, e ). Les canaux hépatiques ne constituent que trois NUDIBRANCHES 431 troncs principaux qui s’'abouchent dans l'estomac, sur les côtés et à la partie postérieure de cet organe; ces trois troncs se subdivisent ensuite en un grand nombre de branches qui se rendent dans les appendices bran chiaux (fig. 3). L'intestin est disposé comme dans les Éolides : il se porte seulement un peu plus en arrière, et, au lieu de rester latéral, il vient s'ouvrir sur la ligne médiane (fig. 3, t, et fig. 1, a). Cet orifice est en- touré de granulations jaunäires comme dans les Doris. Nous n’avons trouvé aucune trace de glandes sali- vaires dans ces Mollusques. La disposition du foie est la même que chez les Éolides. Les prolongements des canaux hépatiques, qui pénètrent dans les appendices branchiaux, sont entou- rés, à l'extrémité de ces appendices, par une petite masse de granulations brunâtres au delà desquelles ces canaux se terminent également par un petit renfle- ment, en forme de vésicule ovoide; mais, en outre, des granulations plus fines nous ont paru doubler les parois des canaux hépatiques dans presque toute leur étendue, de sorte que le foie aurait réellement, d’après cela, une disposition ramifiée dans ces Mollusques (fig. 3, 4). L'appareil de la génération est entièrement seni- blable à celui des Éolides ; le canal qui joint l’oviducie à la verge, et que nous avons considéré comme une sorte de canal déférent , est seulement beaucoup moins long que dans l'£olide de Cuvier (fig. 3, 5). 438 MOLLUSQUES Enfin , le systeme nerveux des Janus ne diffère aussi en rien d'important de celui des Eolides (1). Le genre que MM. Alder et Hancock ont proposé , en Angleterre, sous le nom de /'enrlia (2), dénomina- tion qu'ils ont remplacée plus tard par celle de Proc- tonotus (3), nous paraît devoir être réuni à celui que nous venons de décrire; en effet, les Mollusques sur lesquels ces deux genres ont été établis, diffèrent éga- lement des Éolides par la disposition des appendices branchiaux, autour de la tête, et par la position pos- térieure et médiane de l'anus. Quant au genre Zéphy- rine (Zephyrina), établi par M. de Quatrefages, et que ce naturaliste a rapporté plus tard au genre Fenilia de MM. Alder et Hanock (4), il a été caractérisé d’une maniere trop incomplète par son auteur, pour qu'il soit possible de dire ce que c'est; nous croyons ce- pendant que ce n’est qu'une Éolide. (1) Les détails que nous donnons ici sur le genre Janus sont extraits du mémoire que nous avons présenté à l’Académie des sciences, dans la séance du 13 janvier 1845, et que nous avons cité précédemment ; M. E. Blanchard a publié depuis, sur ce genre, un mémoire très-détaille dans les Ærznales des sciences naturelles, tom. XI de la 3° serie, 1849, pag. 76. (2) The Annals and magazine of natural history, vol. XII, pag. 161 (1844). | (3) Monograph of the rudibranchiate Mollusca, pl. 42 (1845). (4) Ann. des sc. nat., tom. 1 de la 3° série, pag. 130 et 194 (1844). NUDIBRANCHES. 43 Genvre GLAUCUS. — Glaucus, Forster. Les Glaucus sont assez bien connus dans leurs ca- ractères extérieurs ; il n’en est pas de méme de leur organisation interne sur laquelle on n'a encore que des renseignements trés-incomplets et méme presque en- tiérement inexacts. L'étude de ces Mollusques présen- tait des difficultés tres-grandes avant les recherches récentes qui ont dévoilé l’organisation singuliére des Éolides ; les analogies qui rapprochent celles-ci des Glaucus sont, en effet, tellement grandes, que c’est à peine si ces derniers méritent d’être conservés en un genre distinct. Les Glaucus peuvent étre considérés comme des Éolides dont les cirrhes branchiaux sont supportés par des prolongements plus où moins pédiculés, disposés par paires sur les parties latérales du corps, et dont le pied rudimentaire n’est plus propre à la reptation. Par leurs autres caractères extérieurs, les Mollusques de ces deux genres se ressemblent enliérement; nous noterons seulement encore la position un peu plus la- térale des tentacules postérieurs où dorsaux, chez le: Glaucus (pl. 24 bis, fig. 4). Les mêmes analogies se retrouvent dans leurs carac teres anatomiques ; on reconnaitra facilement ces ana- logies sur les figures que nous donnons, sans que nous entrions dans une description détaillée à ce sujet. 440 MOLLUSQUES. Ainsi, l’on peut voir que les appendices branchiaux et l'appareil circulatoire rappellent tout à fait, par leur structure et par leur disposition, ce que nous avons décrit chez les Éolides (pl. 24 bis, fig. 3 c, et fig. 4,5, 6). Il en est de même de l'appareil digestif. La masse buccale est semblable, dans tous ses détails, à celle des Éolides (pl. 24, fig. 20, 21, et pl. 24 bis, fig. 7, 8, 9,10). L’estomac forme également une vaste poche qui se prolonge, en se rétrécissant, jusqu’à l'extrémité pos- térieure de la cavité viscérale; mais cette poche, au lieu de donner naissance latéralement à un certain nombre de canaux hépatiques, comme dans les genres précédents , envoie des prolongements dans les appen- dices qui supportent les cirrhes branchiaux , et c’est dans ces prolongements que viennent aboutir les ra- mifications hépatiques (pl. 24, fig. 19, e, e). Enfin, la disposition de l'intestin est encore la même que chez les Éolides ; l’orifice anal est seulement un peu plus postérieur et tout à fait latéral (mème fig., £, ë, @). Les Glaucus sont pourvus de deux glandes sali- vaires oblongues, blanchâtres, très-déprimées et comme foliacées, s’ouvrant par un canal excréteur court et srêle en dessus de la cavité buccale, sur les côtés de l’œsophage (pl. 24, fig. 19, 20, s, s). Le foie occupe le centre des appendices branchiaux et présente une forme ramifiée; le canal hépatique central se termine à l'extrémité de chacun de ces ap- pendices par une vésicule ovoide, comme dans Îles Éolides (pl. 24 bis, fig. 3, 4). L'appareil générateur offre la même conformation NUDIBRANCHES. 441 que dans les genres précédents; il ne diffère que par la longueur considérable du second oviducte ou de la matrice qui forme une masse étroitement pelotonnée (pl. 24, fig. 26, rm», m), et par le volume également très-grand de la verge qui est d’une forme prismatique triangulaire , et terminée par un crochet corné à son extrémité (fig. 19, 22, 23, 24, 26, v, v). Les deux ori- fices de cet appareil sont situés au côté droit de l’ani- mal, entre les deux premiers groupes branchiaux ; ils sont réunis sur un tubercule commun, comme chez les Éolides (pl. 24, fig. 49, 27). D’après les figures que nous donnons du système ner- veux , l’on peut voir que ce système ressemble encore tout à fait à celui des Éolides, par la disposition des ganglions qui composent l'anneau œsophagien et par la distribution des nerfs qui en émanent; il n’en dif- fere guere que par la forme de ces ganglions et par les trois commissures qui réunissent les ganglions latéraux Cpla%%bis, fe.44%42,43;,44,15): Nous n'avons trouvé aucune trace d’yeux dans ces Mollusques. L’organe auditif, tout à fait analogue à celui que nous avons déjà décrit dans d’autres Mol- lusques, est situé, de chaque côté, au point de réunion des ganglions de l'anneau nerveux (fig. 41, 43). Les Glaucus différent des autres Mollusques de la même famille par leurs mœurs pélagiennes; on ne les renconire qu'en pleine mer, à la surface de l’eau, où ils paraissent se maintenir sans efforts et toujours dans une position renversée ; aussi la face dorsale de leur 442 MOLLUSQUES. corps est-elle toujours moins colorée que la face infé- rieure, par suite de lexposition de celle-ci à la lu- mière. Ces Mollusques n’exécutent que des mouve- ments peu étendus, à l’aide des contractions qu'ils impriment à tout leur corps et surtout aux appendices branchiaux. Ils rendent leurs œufs sous la forme de longs cordons gélatineux et cylindriques, comme la plupart des Nudibranches (pl. 24, fig. 25). D'apres l'examen que nous avons fait d’un grand nombre d'individus, nous croyons, avec M. de Blain- ville, MM. Quoy et Gaimard, etc., que ce genre ne renferme encore qu'une seule espèce, et que les diffé- rences qui ont été observées dans le nombre et la forme des appendices branchiaux, différences qui ont été exagérées dans quelques figures, ne constituent tout au plus que des variétés. NUDIBRANCHES. 443 GENRE TERGIPE. — Tersipes, Cuvier. Cuvier a établi ce genre pour un petit Mollusque que Forskal avait fait connaître sous le nom de Zinax Tersipes, et qui se rapproche encore beaucoup des genres que nous venons d'étudier. Il est sans doute inutile de dire que le caractère sur lequel ce genre a été établi et qui lui a fait donner le nom de Tergipes, savoir l'existence, à l'extrémité des appendices bran- chiaux, de petits suçoirs qui serviraient à l'animal pour marcher sur le dos, n’est qu'une erreur qu'il faut probablement attribuer à l'habitude qu'ont les Ter- gipes, comme les autres genres de la même famille, de se tenir à la surface de l’eau, dans une position renversée. Les Tergipes se distinguent des genres précédents : par leurs branchies en forme de petites massues et disposées sur une seule rangée longitudinale, de chaque côté de la ligne médiane: par leurs tentacules posté- rieurs, évasés supérieurement en cornets, comme ceux des Scyllées (1); par leur tête élargie en forme de (4) Quelques auteurs n’ont pas fait mention des tentacules an- térieurs des Tergipes; nous avons vu bien distinctement , sur les individus que nous avons examinés, quoique contractés par lal- cool, deux petites saillies placées en avant des tentacules , et qui nous paraissent correspondre aux tentacules buccaux des Éolides (fig. 16, 48). 444 MOLLUSQUES. voile semi - circulaire. Leur pied, pourvu d'un sillon marginal à son bord antérieur, ne dépasse pas latérale- ment le corps de l'animal; l'anus est au côté droit, comme dans les Éolides, mais situé plus antérieurement: enfin les orifices de l'appareil générateur se trouvent également du même côté, à peu de distance de la tête (pl. 24 bis, fig. 16, 17, 18). L'organisation intérieure des Tergipes se rapproche encore beaucoup de celle des Éolides, des Janus, etc. Les organes de la respiration, représentés par les appendices dorsaux, ont une structure tout à fait sem- blable; dans l'espèce que nous avons étudiée, le 7er- gipe couronné, ces appendices présentent à leur face interne trois replis membraneux qui paraissent être plus particulièrement le siége de la respiration (fig. 20). L'appareil circulatoire ne diffère de celui des genres précédents que par la position plus antérieure du cœur, et par la longueur moins considérable des deux troncs aortiques (fig. 23). Le tube digestif offre aussi beaucoup d’'analogie avec celui des Éolides; mais il en diffère en même temps d’une manière assez notable dans quelques-unes de ses parties. La masse buccale est petite et de forme ovoide; elle est dépourvue de mächoires et munie seulement d’un renflement lingual, entièrement sem- blable à celui des Glaucus (fig. 25, 26, 27, 28). L'œæso- phage est court et d’un très-petit calibre. La poche stomacale, assez grande, occupe toute l'étendue de la cavité viscérale et se rétrécit progressivement jusqu'à son extrémité postérieure (fie. 22. e. e). L'intestin n° NUDIBRANCHES. 445 nait de sa partie antérieure et supérieure, du côté droit; après un trajet très-court, il se termine du même côté, sur la face dorsale, entre les deux pre- miers appendices branchiaux (fig. 20, #, et fig. 46, «). L'orifice buccal présente, à son pourtour, de pe- lites vésicules qui communiquent avec l’intérieur de la bouche, par des canaux excréteurs très-déliés, et qui nous paraissent devoir être considérées comme des glandes salivaires; ces vésicules sont réunies en pe- ttes grappes, de deux à quatre chacune (fig. 25, 26). Le foie est constitué par une masse granuleuse jau- nâtre, qui remplit l’intérieur des appendices bran- chiaux (fig. 24); de chacun de ces appendices part un canal hépatique qui vient se rendre directement dans la poche stomacale (fig. 22). L'appareil générateur nous a paru tout à fait sem- blable à celui des Éolides , etc.; la verge est très-pe- tite et reçoit, à son orifice, le canal d’une vésicule allongée qui n’existe pas dans les genres précédents (fig. 23 et 29, v, y). Le système nerveux des Tergipes offre une disposi- ion différente de celle que nous avons rencontrée dans ces mêmes genres. Le collier nerveux se com- pose de six ganglions étroitement groupés autour de l’œsophage : deux de ces ganglions, situés en avant et au-dessus des autres, fournissent trois nerfs qui se rendent aux tentacules et à la bouche; les nerfs buc- caux aboutissent à deux petits ganglions sphériques qui se voient à la partie postérieure de la masse buc- cale, et qui envoient plusieurs filets à cette partie. Deux 446 MOLLUSQUES. autres ganglions, situés en arrière et au-dessous des précédents, donnent chacun un nerf qui va se perdre dans le pied. Les deux derniers ganglions de l'anneau nerveux , placés en arrière des précédents et d’un vo- lume inégal, donnent naissance à quelques nerfs qui nous ont paru se distribuer aux visceres (fig. 30, 31). Les ganglions de la première paire, ou les ganglions cérébraux, présentent un petit point noirâtre formé par un œil rudimentaire, comme dans quelques-uns des Mollusques que nous avons déja examinés. L'organe auditif se voit également au point de réunion de ces ganglions, avec ceux de la seconde paire (fig, 30). M. Nordmann, qui a publié récemment un mé- moire très-détaillé sur le genre Tergipe (1), a rapporté à ce genre deux espèces qui nous paraissent devoir en être séparées, d’après la forme de leurs tentacules et d’après quelques autres différences dans leur organi- sation intérieure. M. de Quatrefages à proposé, pour une espèce semblable, le genre 4mphorine ( Ampho- rina) qui, d'apres cela, mériterait peut-être d’être conservé (2). (1) Ann. des sc. nat., tom. V de la 3° série, 1846, pag. 109. (2) Même recueil, tom. I de la 8° série, 1844, pag. 145. NUDIBRANCHES. 447 Genre CALLIOPÉE. — Calliopæa, d’'Orbignv. Les Calliopées forment un genre bien distinct de ceux qui précèdent ; M. d'Orbigny, qui l'a proposé, n'en avait donné qu'une description assez incom- plète (1); M. Vérany a, le premier, bien reconnu ses caractères (2). L'organisation intérieure des Calliopées est encore peu connue; les observations de M. Milne- Edwards sur le tube digestif de ces Mollusques, ob- servations que nous avons citées précédemment (3), sont les seules, à ce que nous croyons, qui aient été publiées à ce sujet. Nous avons pu étudier ce genre d’une maniere complète sur une espèce décrite par M. Vérany, sous le nom de Calliopée de Souleyet (4), et dont ce naturaliste a bien voulu nous adresser plu- sieurs individus parfaitement conservés. Les Calliopées ressemblent encore aux Éolides par la forme de leurs corps et par la disposition de leurs branchies ; mais ces Mollusques n’ont que deux ten- tacules qui nous paraissent correspondre aux tenta- cules postérieurs ou dorsaux des Éolides, plutôt qu'aux (1) Magasin de zoologie, année 1837, pl. 108. (2) Cataloso degli animali invertebrati marini del golfo di Ge- nova e Nizza, 1846, pag. 23. (3) Voir la page 394 de ce volume. (4) Loco cit., pag. 23. 148 MOLLUSQUES. tentacules buccaux de celles-ci, comme l'a dit M. d’'Or- bigny; ces tentacules sont allongés, terminés en pointe et aplatis, du moins dans l'espèce que nous avons examinée. Les yeux se voient à la base et en arriere de ces organes. La tête forme, en avant, une sorte de bourrelet arrondi qui circonscrit supérieurement et sur les côtés l'orifice buccal. Le pied est un peu élargi à son bord antérieur, qui est pourvu d’un léger sillon marginal. L'anus est tout à fait antérieur et médian. Les orifices de l'appareil générateur sont séparés; celui de l’oviducte est à sa place ordinaire; celui de la verge est situé plus en avant, à la base du tentacule droit (pl. 24 C, fig. 13, 14, 15). | C’est surtout par leur organisation intérieure que les Calliopées diffèrent des genres que nous avons pré- cédemment étudiés. Cependant ces différences ne portent ni sur les or- ganes de la respiration, ni sur ceux de la circulation, qui sont encore semblables à ceux de ces genres, par leur disposition et par leur structure. Le cœur est seu- lement plus antérieur encore que dans les Tergipes, et les deux troncs aortiques sont, par suite, tres-courts, comme dans ces derniers Mollusques (fig. 19, c). L'appareil digestif s'éloigne notablement par sa con- formation de celui des Éolides et même des Tergipes ; cet appareil offre au contraire une très-grande analogie avec celui des Elysies, ainsi que nous le verrons par la suite. La masse buccale, de forme ovoide et marquée de stries transversales, n'offre, comme celle des Ter- gipes, aucune trace de parties dures ou de mächoires; NUDIBRANCHES. 149 mais sa cavité présente Inférieurement un renflement lingual armé de crochets volumineux et comme imbri- qués (fig. 20, 23, /', et 24); la série que forment ces crochets se prolonge dans une sorte de cœcum qui fait saillie au-dessous de la masse buccale (fig. 21, 22, /'). L'œsophage, d’un très-petit calibre à son origine, s'élargit, en arrière de l’anneau nerveux, et pré- sente supérieurement une petite dilatation arrondie qui forme comme un premier estomac; après avoir repris son premier calibre, il se dilate de nouveau pour constituer la poche stomacale. Celle-ci, bien moins grande que dans les genres précédents, se continue directement, sur les côtés, avec deux larges canaux hépatiques, subdivisés en un grand nombre de branches qui se rendent dans les appendices bran- chiaux (fig. 18, e). L'intestin naît de la partie anté- rieure et supérieure de l'estomac; il se porte en arritre, en décrivant une petite courbure à droite, et vient s'ouvrir, après un trajet fort court , sur la ligne médiane (fig. 18, &, et fig. 13, a). Les Calliopées sont munies de deux glandes salivaires très-allongées (fig. 18, s, s); l'orifice buccal est entouré, en outre, de petites vésicules semblables à celles que nous avons décrites dans les Tergipes (fig. 20, 21, 22). Les prolongements des canaux hépatiques, qui pé- netrent dans les appendices branchiaux, s’y renflent d’une manière considérable et présentent la disposi- tion que nous avons représentée ( fig. 16, 17); mais ce n'est pas seulement cette partie qui doit être consi- dérée comme constituant le foie des Calliopées; les Bonile, — Zoo! Tome Il. Partie II, 29 450 MOLLUSQUES. canaux hépatiques ont également leurs parois recou- vertes de granulations verdûtres, et forment par consé- quent aussi une portion de cet organe (fig. 18). La conformation de l’appareil générateur, chez les Calliopées, diffère entièrement de celle que nous avons décrite dans les Éolides et les autres genres de cette fa- mille. Cet appareil étant tout à fait analogue à celui des Élysies, dont nous donnerons plus tard une description très-détaillée, nous nous bornerons à indiquer succinc- tement ici les différentes parties qui le constituent. Il se compose : 4° d'un ovaire en forme de grappe (fig. 25, , 0); 2° d’un oviducte renflé sur une partie de son trajet (fig. 25, d'); 3° d’une matrice qui recoit, assez loin de son orifice extérieur, le canal d’une vésicule 0 copulatrice (fig. 25, », m, x, o'et fig. 15, 0); 4° d’un organe sécréteur mâle, formé par des cœcums ramifiés et disposés symétriquement de chaque côté de la ligne médiane (fig. 25, z,z); 5° d’un canal déférent qui communique avec l’oviducte et qui se porte presque directement à un organe excitateur dont l’orifice est situé, comme nous l'avons dit, à la base du tentacule droit (fig. 25, v, »’, fig. 26, et fig. 15, d'); 6° enfin, d’un appareil sécréteur accessoire, annexé à cette der- nière partie de l'appareil générateur. Le système nerveux ressemble à celui des Tergipes; les ganglions qui composent le collier nous ont paru seulement dans des connexions un peu différentes, (fig. 27 et 28). Les yeux ne sont plus aussi en rapport immédiat avec les ganglions cérébraux. ne ere mere NUDIBRANCHES. 454 GENRE DORIS. — Doris, Cuvier. DORIS SANDWICHIENNE. Doris sandwichiensis, nobis. Prancxe 25, Fiçures 1-4. Doris, corpore ovali, planulato, molli, lævi ; dorso albido, subcæru- leo, in medio violaceo, maculis albis et purpureis distincto ; velo lato, undulato, purpureo; tentaculis superioribus clavatis ; appen- dicibus oris latis ; branchiis octo ramosis, roseo punctatis. Cette grande et belle espèce a le corps ovalaire, aplati, mou, lisse; le dos, d’un blanc bleuñtre sur les côtés, et de couleur violacée sur la ligne médiane, est marqué dans toute son étendue de taches pourprées de différentes grandeurs et irrégulièerement disposées ; les bords du manteau très-larges, minces et ondulés, sont d’une belle couleur pourpre, interrompue en dessous par une bande blanchâtre qui entoure le pied et qui se prolonge, en avant, au delà de la bouche et de ses appendices. Les tentacules supérieurs, en forme de massue et lamelleux à leur sommet, sont également d’une couleur pourpre très-foncée. Les appendices buccaux sont larges, à bords onduleux et comme frangés. Le pied, de couleur jaunâtre, a à peine la moitié de la largeur du corps; ses bords sont minces et ondulés comme ceux du manteau. Les branchies forment huit arbuscules disposés en cercle autour de 452 MOLLUSQUES. l'anus; cette ouverture est placée au centre d’un tu- bercule arrondi et saillant. Cette Doris habite les îles Sandwich; nous l'avons recueillie à Hawaï, la principale des îles de ce groupe. Sa longueur est de douze à quatorze centimetres. Elle a beaucoup de rapports avec la Doris bordée (Doris marginata), décrite par MM. Quoy et Gaimard dans la Zoologie du foyage de l Astrolabe(\); mais elle en diffère par sa forme moins allongée et surtout par sa coloration. (1) Voir cet ouvrage, tom. I, pag. 255, pl. 17, fig. 1-5. NUDIBRANCHES. 45 Lee) DORIS RAYÉE. Doris lineata , nobis. PLANCHE 25, FiGurEs 5-9. Doris, corpore elongato, subprismatico, lævt, albido-flavescente , posticé acuto et caudato ; dorso lateribusque lineis violaceis or- natis ; tentaculis superioribus clavatis ; branchiis decem foliacets, lamellatis , aureis. Cette petite espèce a le corps allongé, taillé à quatre pans, de couleur jaune päle, orné sur le dos et sur les côtés de linéoles longitudinales violacées; le manteau forme, tout autour du corps, un rebord à peine distinet qui ne dépasse pas le pied; ce dernier, non dilaté sur les bords, se prolonge postérieurement en une queue pointue. Les tentacules supérieurs sont courts, clavi- formes et lamelleux à leur sommet ; les inférieurs ou buccaux sont grèles et cylindriques. Les branchies for- ment dix folioles lamellées et disposées en étoile au- tour du tubercule de l'anus; ces organes sont, ainsi que les tentacules supérieurs, d’une belle couleur jaune orangée. Cette espèce, longue d'environ quatre centimètres, et large à peine de six à huit millimètres, habite, comme la précédente, les îles Sandwich. a CE Lx MOLLUSQUES. INFÉROBRANCHES. — Cuvier. L'ordre des INFÉROBRANCHES , tel qu'il a été institué par Cuvier, comprend des Mollusques qui ont la forme et l’organisation des Nudibranches, et qui ne different guère de ceux-ci que par la position de leurs bran- chies. Les Inférobranches peuvent être divisés aussi en deux groupes qui correspondent tout à fait aux groupes établis aujourd'hui dans l’ordre des Nudibranches, d’après ce que nous avons dit précédemment; ainsi, tandis que les Phyllidies ressemblent aux Tritonies et aux Doris (4), nous allons voir que l’organisation des Diphyllidies rappelle entièrement celle des Éolides. Nous pensons, d’après cela, que ces Mollusques ne méritent pas de former un ordre distinct, comme l'a fait Cuvier dans sa classification, mais qu'ils doivent être réunis, dans un même ordre, avec les Nudi- branches. (4) Voir le memoire de Cuvier sur les Phyllidies. = see INFEROBRANCHES. GENRE DIPHYLEIDIE, — Diphyllidia, Cuvier. Cuvier a établi le genre Diphyllidie, dans la première édition de son Règne antrnal, pour des Mollusques dont M. de Blainville et J. F. Meckel ont fait plus tard les genres Linguelle et Pleuro-Phyllidie (1). C’est aussi à ce genre qu'il faut probablement rapporter celui que Rafinesque à désigné sous le nom d’4r- mina (2), dénomination qu'il conviendrait des lors de lui restituer, comme ayant l’antériorité sur celles que nous venons d’énumérer. Plusieurs auteurs ont déjà décrit d’une maniere plus ou moins exacte les Diphyl- lidies, sous le rapport de leurs caractères extérieurs ; leur organisation intérieure a été étudiée par J. F.Mec- kel et surtout par M. Delle Chiaje (3); nous n’aurons que peu de détails à ajouter à ceux qui ont été donnés par ces deux célebres anatomistes. Nos recherches ont été faites sur l’espèce de la Méditerranée qu'Otto a désignée sous le nom de D. lineata. Les Diphyllidies ont le corps oblong, déprimé , lin- (4) Dict. des sc. nat., tom. XXVI, pag. 512. — Meckel, 4rch., tom. VIII, pag. 90 (1825). (2) Précis de découv. somiologiques (1814). (3) Memorie sulla storia e notomia degli animali senza vertebre del regno di Napoli, etc., tom. I, pag. 128, pl 10, fig. 12-20. (14823) — Descrizione e notomia degli anim. invert. della Sicilia cüteriore , tom. IT, pag. 42 (1841). 456 MOLLUSQUES. gulforme; la tête, saillante en avant, est surmontée d'une sorte de voile ou chaperon qui se prolonge en pointe sur les côtés. Ce chaperon céphalique est séparé de la partie antérieure du corps, en dessus, par un sillon dans lequel se voient deux petits tentacules, lo- gés dans une fossette qui occupe la ligne médiane (pl. 24E, fig. 1, 2); nous n'avons trouvé aucune trace d'autres tentacules, ni d’yeux. Les branchies, sous forme de feuillets imbriqués, sont placées latéralement sous les bords saillants du manteau (fig. 2, b, b). Les orifices de l'anus et de l'appareil générateur occupent le côté droit du corps, le premier vers le tiers posté- rieur, les deux autres plus en avant et sur un tuber- cule commun, comme dans les Tritonies, les Éo- lides.,etc. (fig..3;@, 0’, y). Le pied, de même forme que le corps, mais moins grand et sans indice de sillon marginal à sa partie antérieure, présente un bord légérement saillant et mince sur les côtés (fig. 2, 3). Le manteau, peu épais, est résistant et lé- gerement coriace, comme dans beaucoup de Nudi- branches. Les organes de la respiration sont constitués dans les Diphyllidies, comme nous venons de le dire, par des feuillets placés tout autour du corps, sous le bord libre du manteau, excepté à la partie antérieure. Ces feuillets sont de deux sortes : en avant, ce sont des lames minces, disposées longitudinalement, serrées les unes contre les autres comme les feuillets d'un livre, et fixées sur un pédicule commun , de maniere à former une sorte de touffe de chaque côté; les feuillets qui INFÉROBRANCHES. 457 viennent ensuite, jusqu'à ja partie postérieure, sont épais, moins larges, disposés obliquement ou même en travers, et remplis intérieurement d’une matière granuleuse brunâtre (fig. 2, b, b). Les lamelles anté- rieures, examinées à un grossissement convenable, présentent un réseau vasculaire très-serré sur toute leur surface (fig. 12); mais, contrairement à l'opinion de M. Delle Chiaje, nous pensons que les feuillets pos- térieurs servent également à la respiration, d’après Janalogie de ces feuillets avec les appendices bran- chiaux des Éolides, et d’après la disposition qu'offre le système vasculaire. En effet, lorsqu'on injecte le système veineux viscé- ral, ce que nous avons pu faire avec succès sur quel- ques individus, l’on voit le liquide de l’mjection péné- trer seulement dans les lamelles antérieures; le sang veineux de l’enveloppe extérieure paraît se rendre sur- tout dans les feuillets postérieurs, pour y être soumis à l’acte de la respiration. Les troncs veineux , qui rap- portent le sang des branchies au cœur, longent les parties latérales du corps, à peu près comme dans les Tritonies. La disposition du cœur rappelle entièrement aussi celle qui existe chez ces Mollusques, chez les Éolides, etc. (fig. 13, c). L’aorte se divise, dés son origine, en deux troncs, dont l’un se rend à la masse buccale et aux parties antérieures du corps, et dont l’autre, apres avoir fourni de nombreux rameaux à l'ovaire contre lequel il est accolé, se porte jusqu'à l’extrémité posté- rieure, en émettant successivement des branches, à 158 MOLLUSQUES. droite et à gauche, d’une manière assez réguliere (fig. 18, 14). L'appareil digestif des Diphyllidies nous offre aussi une analogie presque complete avec celui des Éolides. L’orifice buccal, situé à l'extrémité antérieure de l’ani- mal, est circonscrit par un épais bourrelet charnu (fig. 2, 3). La masse buccale, volumineuse et proba- blement un peu protractile comme celle de la plupart des Nudibranches, est armée de deux màchoires cor- nées, et d’une langue hérissée de crochets dont nos figures indiquent la forme et la disposition (fig.7, #, #, /!, et fig. 8, 9); elle est mise en mouvement par de nom- breux faisceaux musculaires qui lui forment une véri- table gaine charnue (fig. 4). L’œsophage, dont lori- gine est en dessus de la masse buccale, est court et d’un assez gros calibre; il aboutit presque immé- diatement à une poche stomacale volumineuse et de forme oblongue, qui remplit presque toute la cavité viscérale (fig. 4, 5, c, e, e). L’intestin naît de la partie antérieure et inférieure de cette poche, du côté droit; il se porte en arrière pour venir se terminer du même côté, à l'endroit que nous avons indiqué (fig. 4, 5, £, #, a). Les Diphyllidies sont munies de deux glandes sali- vaires assez considérables, d’une forme comme ra- meuse; leurs canaux excréteurs longs et grèles s’ou- vrent à la partie supérieure de la masse buccale, sur les côtés de l’œsophage (fig. 4, 5, s, s). La disposition remarquable du foie , dans les Diphvl- lidies, à été indiquée depuis longtemps par J. F. Mec- kel et par M. Delle Chiaje qui en a donné récemment INFÉROBRANCHES. 439 une description tres-exacte. L’estomac donnenaissance, en dessus et de chaque côté, à sept ou huit canaux qui se portent en dehors, pénètrent dans l’épaisseur de l'enveloppe extérieure, et vont se rendre dans l’inté- rieur des feuillets branchiaux postérieurs, où ils se ter- minent par des ramifications recouvertes de granula- tions brunûtres (fig. 4, 5, 10, 11, 13). Aïnsi le foie présente, dans les Diphyllidies, une disposition tout à fait analogue à celle que nous avons décrite chez les Éolides. La conformation de l'appareil générateur est aussi entierement semblable à celle de ces derniers Mollus- ques, comme le montrent les figures que nous en don- nons (fig. 4 et 14); nous ferons remarquer seulement le peu de longueur du canal qui joint l’oviducte à la verge , ce qui nous a porté à le regarder comme un simple canal déférent. L'ovaire est enveloppé d’une gaine fibreuse tres-résistante que M. Delle Chiaje a con- sidérée, nous ne savons pourquoi, comme l'appareil urinaire. Nous avons trouvé la vésicule copulatrice remplie de faisceaux de zoospermes dont nous avons donné une figure (fig. 15). Le système nerveux des Diphyllidies est remarquable par son peu de développement et par le petit volume des ganglions qui le constituent, ce qui peut expli- quer les mouvements lents et les mœurs apathiques de ces Mollusques. Ce système est du reste encore sem- blable à celui des Tritonies et des Eolides (fig. 16, 47). 400 MOLLUSQUES. TECTIBRANCHES. — Cuvier. M. Rang nous semble avoir circonscrit l’ordre des TecriBRANCHES d’une manière beaucoup plus naturelle que ne l’a fait Cuvier dans sa classification, en le réduisant aux Aplysiens et aux Acères (1). Les Mol- lusques qui composent ces deux familles présentent, en effet, les plus grands rapports dans leur organisa- tion , en même temps qu'ils s’éloignent par des carac- tères tranchés de ceux qui composent les autres ordres de la classe des Gastéropodes. Les Pleurobranches, que Cuvier a placés dans cet ordre, se rapprochent davan- tage des Inférobranches et des Nudibranches; et, quant aux Ombrelles qui s’y trouvent aussi rapportées, dans la dernière édition du Règne animal, nous verrons bientôt que ces Mollusques ne peuvent guère aussi être rangés parmi les Tectibranches dont ils n’ont pas les caractères. (1) Ranc, Manuel de l'hist. nat. des Mollusques , pag. 122. TECTIBRANCHES. 461 GENRE APLYSIE. — 4plysia, Linné. APLYSIE DE OAHOU. Aplysia oahouensis, nobis. PrancHe 29 , Fiqures 10-13. Aplysia, corpore elevato, anticè elongato et angustato, posticé sub- caudato, levigato, virescente, maculis sparsis nigrescentibus notato. Testé exili, alb&, subarcuatä, anticè planulatä et rotundatä, postice angustä et callosä. Dans cette Aplysie, le corps esttrès-bombé, allongé et rétréci en avant, légèrement prolongé en arrière, mais non terminé en pointe; sa surface est lisse, de cou- leur verte, nuancée de rose dans quelques points et marquée, dans toute son étendue, de petites taches d’un vert très-foncé et presque noirâtre. Les lobes du manteau, serrés sur le dos, ne laissent entre eux qu'une fente très-étroite. La coquille est calcaire , blanche, grêle, un peu ar- quée, plus large et aplatie en avant, rétrécie et cal- leuse à sa partie postérieure. Nous avons recueilli cette espece à Oahou, l’une des iles Sandwich. Sa longueur est de sept à huit centimètres. Cette Aplysie appartient à la division des Dolabelles, par la nature calcaire de sa coquille et par la disposi- tion des lobes du manteau qui sont rapprochés et ser- 462 MOLEUSQUES. rés sur le dos; mais elle se rapproche des Aplysies proprement dites par la forme du corps, à sa partie postérieure, ce qui vient à l’appui de l'opinion déjà émise par M. Rang, que les Dolabelles doivent être réunies aux Aplysies et ne former qu’une simple sec- tion parmi les espèces de ce dernier genre. GENRE BULLE. — Bulla, Linne. Nous avons pu étudier deux espèces de ce genre, la Bulle banderole ( B. aplustra) qui est très-com- mune aux iles Sandwich, et la Bulle fasciée (B. fa- sciata) que nous avons trouvée à Pulo-Penang, dans le détroit de Malacca. MM. Quoy et Gaimard ont déja fait connaitre l’ani- mal de la premiere de ces deux espèces; mais leurs observations ne concordant pas entièrement avec les nôtres, nous avons cru devoir en donner une nouvelle figure (pl. 25, fig. 414,15). Les différences portent, comme le montrent nos dessins, sur la forme du pied et sur celle des appen- dices céphaliques. Le pied, très-large et de forme irrégulièrement ova- laire, est arrondi en avant et non prolongé en pointe sur les parties latérales ; l'animal le relève ordinaire- ment sur les côtés, de manière à en recouvrir plus ou moivs la coquille. TECTIBRANCHES. 463 Les appendices céphaliques, antérieurs et moyens, sont allongés et terminés en pote à leur extrémité ; les postérieurs, plus larges que les précédents, sont tou- jours appliqués sur la partie antérieure de la coquille. Les rapports de ces appendices, avec le bord anté- rieur du pied, sont un peu variables, suivant l’état de développement de ce dernier ; ainsi, tantôt les appen- dices de la première paire débordent le pied en avant, et tantôt, au contraire, ils sont débordés par celui-ci, comme on le voit sur nos figures. Dans la rainure qui les sépare, en dessous, se trouve l'orifice de la bouche. L'animal de cette Bulle est d’un blanc légèrement diaphane dans toutes ses parties. La coquille presente, dans la disposition des lignes uoires qui sont placées sur les bords des bandes roses ou dans leur intervalle , d’assez nombreuses variétés ; nous en avons représenté quelques-unes sur nos figures (fig. 14,16, 17). L'animal de la Bulle fasciée ( B. fasciata) est entiè- rement semblable à celui de l'espèce précédente; les appendices céphaliques antérieurs et moyens sont seu- lement moins allongés et plus obtus à leur extrémité. Toutes les parties de cet animal sont d’une couleur café au lait, un peu plus foncée sur les bords du pied et à la tête; un petit liséré blanc borde en outre le pied dans toute son étendue, ainsi que les appendices cé- \ phaliques (pl. 25, fig. 18). 164 MOLLUSQUES. GENRE GASTÉROPTÈRE. — Gastropteron, Meckel. Ce genre a été établi par J. F. Meckel, en 1813, pour un Mollusque fort curieux , assez commun dans certains points de la Méditerranée (1). Les Gas- téropteres avaient d'abord été placés dans le groupe des Ptéropodes, et M. Delle Chiaje en avait même fait une espèce du genre Clio, sous le nom de Cho amati (2); M. de Blamville, le premier, fit voir que ces Mollusques n'étaient que des Aceres dont le pied forme sur les côtés, deux larges expansions aliformes, propres à la natation (3). M. Vérany, à qui nous de- vons d’avoir pu étudier un grand nombre de Mol- lusques de la Méditerranée , ayant bien voulu mettre à notre disposition plusieurs individus de ce genre, nous avons cru utile d'en donner ici une description , comme complément de ce que nous en avons déjà dit dans notre histoire des Mollusques Ptéropodes. Les Gastéroptères différent extérieurement des autres (4) De Pteropodum ordine et novo ipsius genere, thèse in-4°, soutenue par J. F. J. Kosse, Hale, 1813. — Meckel avait d’abord désigné ce genre sous le nom de Parthenopia, qui à été adopté par Ocken. Rafinesque l’a aussi proposé, un peu plus tard, sous le nom de Sarcoptére. (2) Mem. sulla stor.e not. degli anim. senza vert., tom. I, pag. 53. (3) Dict. des sc. nat., tom. XXXII, pag. 270, et Manuel de malacologie, pag. 419. TECTIBRANCHES. 465 Acères : 1° par leur pied qui se développe latéralement en une large expansion aliforme; 2° par leur manteau qui ne forme plus qu'une enveloppe très-mince au- tour de la masse viscérale, sans aucune trace de co- quille; 3° enfin, par la position de l'appareil branchial qui est tout à fait à découvert, sur le côté droit, l’oper- cule qui abrite cet appareil dans les autres acères, étant ici à l’état de vestige, et représenté seulement par un repli de la peau qui forme postérieurement un petit prolongement libre. — Par leurs autres caractères exté- rieurs , les Gastéroptères ressemblent aux Mollusques de la même famille, et surtout aux Bullées (pl. 26, figsti, 2259 ). L'organisation intérieure des Gastéroptères a été étudiée par Kosse, qui en a le premier parlé, par M. Cantraine (1), et surtout par M. Delle Chiaje qui en a donné une description trés-détaillée (2). L'appareil respiratoire est constitué par une bran- chie qui, comme nous l’avons dit précédemment, se trouve entièrement à découvert, du côté droit; cette branchie, de forme semi-pennée, est saillante et en partie libre, surtout en arrière (fig. 4, 3, 4). L'appareil circulatoire n'offre rien qui le distingue essentiellement de celui des autres Gastéropodes. Le système veineux général est très-apparent dans l’épais- seur du pied et du disque tentaculaire, où il forme un réseau très-riche dont les troncs viennent aboutir (1) Malacologie méditerranéenne, pag. 83. (2) Ouvrage déjà cité, et Descriz. e not. degl. anim. invert. della Sic. citer., tom. IT, pag. 84, pl. 54 et 55. Bonite. — Zool. Tome IT. Partie IE, (1) 466 MOLLUSQUES. à un vaste sinus antérieur et médian (fig. 43), se pro- longeant autour de la masse viscérale (4). Le cœur est situé en avant et du côté droit, à la base de la branchie ; ilest contenu dans un péricarde assez résistant (fig. 4 et 15, c). Le ventricule, placé en arrière et à gauche de l'oreillette, donne naissance par son sommet à l’aorte qui se divise immédiatement en deux troncs : l’un de ces troncs, postérieur, va se ramifier dans la masse viscérale ; l’autre se porte en avant, en passant sous l'oreillette, et, arrivé au-des- sous de la masse buccale, se divise en trois branches principales, deux latérales qui se portent, à droite et à gauche, dans le pied qu'elles couvrent de leurs rami- fications, l’autre médiane, qui se distribue à la masse buccale et aux parties antérieures de l'animal (fig. 4 CA SU AS RE D L'orifice de la bouche, tout à fait antérieur, est cir- conscrit par les bords du pied et du disque tentacu- laire, et, sur les côtés, par deux petits bourrelets labiaux (fig. 2, 3, 0"). La masse buccale, assez con- sidérable, est comme divisée en deux parties; ses parois, épaisses en avant, n'offrent aucun indice de pièces cornées ou de mâchoires; mais sa cavité inté- rieure est remplie, en grande partie, par une langue volumineuse, armée au sommet de petits corps denti- formes (fig. 6,7,8, 9, 2); ceux-ci ont la forme de cra- (4) M. Delle Chiaje, qui a bien vu et figuré cette partie du sys- tème veineux, l’a décrite sous le nom de système lymphatico-vei- neux. (Voir, à ce sujet, le rapport de M. Ch. Robin, que nous avons cité précédemment (pag. 397), page 104 de ce rapport.) TECTIBRANCHES. 467 chets latéralement (fig. 11, 42); sur la ligne médiane, ils représentent une série de pièces imbriquées, comme le montre la figure que nous en donnons (fig. 10). L'œsophage est long et d’un assez petit calibre ( fig. 6, 7,8,e!). L’estomac forme une poche assez grande et allongée , environnée presque entièrement par le foie (fig. 4, 6,7,e). L'intestin enveloppe ce dernier or- gane de ses circonvolutions et vient s'ouvrir au côté droit, en arrière de la branchie (fig. 1, 3, 4, «). Les glandes salivaires, au nombre de deux, sont allongées et tubuliformes ; elles longent l'œsophage auquel elles adhérent par leur extrémité postérieure ; elles s'ouvrent dans la bouche, sur les côtés et à l’ori- gine de ce canal (fig. 4,6,7,5,5s). Le foie forme une masse assez considérable qui enveloppe presque entièrement l’estomac, comme nous l’avons déjà dit; il verse la bile, dans cet or- gane, par plusieurs orifices dont quelques-uns offrent d’assez grandes dimensions ( fig. 4, 6, f). L'appareil générateur est disposé comme dans les autres Aceres et chez les Aplysies. L'organe qu'on a considéré jusqu'à présent comme l'ovaire, mais que nous regardons comme un organe hermaphrodite analogue à celui des Mollusques pul- monés , est situé à la partie postérieure de la masse viscérale (fig. 4, 14, 15,0). Il en part un oviducte qui, plus ou moins volumineux, suivant l’époque à la- quelle on examine ces Mollusques (fig. 14,15, d), abou- tit à un renflement semblable à celui que nous avons déjà signalé sur le trajet de ce canal, dans les Mol- 468 MOLLUSQUES. lusques hermaphrodites (fig. 14, 15, d'); à ce renfle- ment fait suite le second oviducte ou utérus qui forme, comme à l'ordinaire , une petite masse globuleuse par ses circonvolutions (fig. 14, 15, m), et qui recoit également, près de sa terminaison, le canal d’une vé- sicule sphérique (même fig., +). L'orifice de cette partie de l'appareil se trouve placé en avant de a branchie, du côté droit (fig. 3, o'). La verge, distincte des parties que nous venons de décrire, est très-longue et grêle dans la plus grande partie de son étendue; elle forme ordinairement plu- sieurs replis en-dessous et à gauche de l’œsophage (fig. 4,14, »). Son orifice, situé tout à fait en avant, est réuni par un sillon à celui de l’oviducte, comme dans tous les Mollusques de cette famille (fig. 3, Vs): Entre la poche qui contient le cœur et la partie an- térieure de l'appareil générateur, se voit un organe d'un aspect ramifié et rougeàtre, qui nous parait cor- respondre à celui qui occupe le fond de la cavité bran- chiale, chez les Mollusques pectinibranches, et que l’on considère aujourd’hui comme l'organe de la dé- puration urinaire (fig. 4, 45, y); mais nous n'avons bien pu saisir les connexions de cet organe, ni son mode de terminaison à l'extérieur. Nous croyons devoir indiquer aussi une poche à parois granuleuses , qui se trouve dans le même point, appliquée contre la paroi abdominale, ei dont nous ne saurions dire les usages (fig. 4,15, y). Le système nerveux des Gastéroptères est assez TECTIBRANCHES. 109 compliqué; M. Delle Chiaje l’a représenté d'une ma- niére exacte, dans ses parties centrales. Les ganglions cérébraux, séparés par une commis- sure sur la ligne médiane, donnent naissance à cinq paires de nerfs qui se distribuent au disque tentacu- laire et au pourtour de la bouche; les nerfs optiques, très-grêles, sont fournis par ceux de la deuxième paire ; une sixième paire fait communiquer ces ganglions avec les ganglions buccaux. La plupart de ces nerfs sont re- marquables par les renflements ganglionnaires qu'ils présentent sur leur trajet (fig. 4, 16,17). Les ganglions locomoteurs, placés sur les côtés de l'anneau nerveux et réunis aux précédents par une étroite commissure, fournissent cinq paires de nerfs dont deux, plus volumineux que les autres, se rendent dans le pied qu'ils couvrent de leurs ramifications ; les autres nous ont paru se perdre dans les couches musculaires de la tête; un de ces nerfs se rend, du côté droit, au muscle rétracteur de la verge. Ces gan ghons sont unis, en dessous de Foœsophage, par deux commissures dont une, très-gréle, est formée par un simple filet nerveux, émanant de l’un des nerfs du pied (mêmes fig. ). Les ganglions viscéraux , situés en dedans des pré- cédents, sont au nombre de trois du côté gauche, tandis que, du côté droit, ils se confondent le plus souvent en une seule masse ganglionnaire. Celle-ci fournit un nerf volumineux qui se rend à la branchie, à la base de laquelle il présente un petit renflement , les ganglions viscéraux du côté gauche donnent nais 470 MOLLUSQUES. sance à trois filets nerveux qui se distribuent surtout à l'appareil générateur; un de ces filets, plus volumi- neux, est entièrement destiné à la verge. Les ganglions viscéraux sont en rapport, de chaque côté, avec les ganglions pédieux et cérébraux; ceux du côté droit sont en outre unis à ceux du côté gauche par une commissure sous-œsophagienne (même fig. ). Les ganglions buccaux, situés à la partie postérieure de la masse buccale et en dessous de l’œsophage, four- nissent des filets nerveux dont la distribution est ana- logue à celle que nous avons déja indiquée dans d'autres Mollusques. Les Gastéroptères ont deux yeux rudimentaires que l’on voit, à travers la peau, vers la partie moyenne du disque tentaculaire. Ces organes reçoivent, comme nous l’avons déjà dit,une branche nerveuse très-grêle, provenant de la deuxième paire de nerfs des ganglions cérébraux (fig. 4, 16, 17). Le genre Gastéroptère ne renferme encore qu'une seule espèce, le Gastéroptère de Meckel, qui est d'une belle couleur pourpre, marquée de petites taches blanches, à la partie inférieure du pied. Ces Mol- lusques nagent au moyen des larges expansions que forme cette dernière partie, et dans une position ren- versée comme les Ptéropodes; mais il parait qu'ils peuvent aussi ramper, à la manière des Gastéropodes ordinaires. TECTIBRANCIIES. E GENRE OMBRELLE, — Urnbrella, Lamk. Les Ombrelles forment un des genres les plus eu- rieux de la classe des Gastéropodes. Quoique ces Mollusques aient été déjà étudiés par un assez grand nombre de naturalistes , cependant ils ne sont pas en- core connus d’une manière suffisante pour qu'il soit possible de leur assigner une place définitive dans la méthode; nous regrettons de ne pouvoir nous-même faire cesser cet état d'incertitude, n'ayant pu élucider d'une manière complète quelques points importants de leur organisation. Le corps de ces Mollusques, un peu déprimé et sub-circulaire ou légerement ovalaire, est muni in- férieurement d'un pied tres-large et très-épais qui le ‘orme en grande partie. Ce pied , recouvert supérieu- rement de tubercules serrés et d’inégale grosseur, est creusé en dessus et à son centre , d’une cavité assez pro- fonde contenant la masse des viscères; c’est autour de cette cavité centrale qu'il présente le plus d'épaisseur; il s'amincit ensuite graduellement jusqu’au bord, de maniere à représenter, comme l’a dit M. de Blainville , une sorte de plan incliné. La masse viscérale est re- couverte d’un manteau très-mince qui forme, tout au- tour, un rebord quelquefois dentelé; la structure seule de ce manteau indique qu'il est lui-même abrité par une coquille, et il y a lieu d’être surpris que les ma- 472 MOLLUSQUES. lacologistes aient été pendant si longtemps dans le doute, sur la position de celle-ci, dans ces Mollusques. Le manteau et la coquille qui le recouvre, sont débor- dés de toutes parts et d’une manière considérable par le pied (pl. 27, fig. 1, et fig. 2, X, À). La tête, située en dessus et en avant, est tres-déprimée; elle est un peu échancrée sur la ligne médiane et présente, sur les côtés, deux tentacules coniques, fendus extérieu- rement dans toute leur longueur. Les yeux sont placés en dedans et à la base de ces tentacules. La fente qui parcourt ces mêmes organes en dehors, aboutit pos- térieurement à une petite cavité infundibuliforme dont le bord est légerement saillant, et qui est garnie inté- rieurement de petits feuillets très-minces et tres-serrés , disposés comme des rayons autour de la partie cen- trale (fig. 4 et 2, #2). La bouche n'est pas située à la parte antérieure et inférieure de la tête, comme on pourrait le croire au premier abord ; cet orifice est disposé d’une maniere fort singulière dans les Om- brelles. En avant de la tête, le pied présente, sur la ligne médiane , une échancrure large et profonde qui contourne son bord antérieur et qui se prolonge, dans une certaine étendue, sur sa face inférieure; c’est au fond de cette échancrure, et par conséquent sous le pied, que se trouve la bouche, au sommet d'une saillie, en forme de petite trompe (fig. 2, D). Des côtés de celle-ci, partent deux feuillets membraneux qui se prolongent jusqu’au bord antérieur du pied, et que l'on peut regarder comme des tentacules buccaux, à l'exemple de M. de Blainville (fig. 3, /); dans leur TECTIBRANCHES. 473 intervalle, se voient deux autres petits appendices. En avant de la tête et dans l’échancrure du pied, domi nous avons déjà parlé, l'on aperçoit encore deux appen- dices charnus dont l’un, celui du côté droit, présente une fente longitudinale au fond de laquelle se trouve l’orifice de l'appareil générateur (fig. 1, 2, w). Les branchies, situées sous le rebord du manteau, for- ment, autour du corps, un cordon qui est interrompu seulement du côté gauche et en arrière (fig. 2 ). L’anus fait saillie dans ce dernier sens, un peu à droite de la ligne médiane, au point où vient se terminer le cordon branchial ( fig. 2, a). Tels sont les caracteres extérieurs des Ombrelles; nous allons faire connaître les détails que nous avons pu recueillir sur leur organisation interne. Nous avons indiqué la position de l’appareil respi- ratoire; celui-ci est constitué par une série de pyra- mides lamelleuses qui vont en décroissant, de la partie moyenne du cordon branchial, à ses deux extrémités (fig. 10). L'appareil cireulatoire nous a paru constitué comme dans les autres Gastéropodes. Le cœur est situé à droite et en avant ; le ventricule, qui se trouve placé en ar- rière et à gauche de l'oreillette, fournit presque immé- diatement deux troncs artériels dont l’un se porte en avant, et dont l’autre se perd dans la masse des vis- cères (fig. 8, c). L’orifice buccal, dont nous avons déja fait connaître la position, est arrondi et à bords froncés, ou un peu allongé dans le sens vertical. La masse buccale est 474 MOLLUSQUES. grande , dépourvue de màchoires ; ses parois sont assez minces et membraneuses ; mais sa cavité intérieure est presque entièrement remplie par une langue volumi- neuse, recouverte d’une plaque cornée, fortement striée et rugueuse {fig. 6, 7, 8, , 2). L'œsophage, d'un assez gros calibre, se porte directement en ar- riere, jusqu'à l'estomac { fig. 8, e’ ). Ce dernier organe forme une poche oblongue, prolongée en cul-de-sac à sa partie postérieure (fig. 8, e). L’intestin, qui prend naissance à droite de ce prolongement cœcal, pénètre dans le foie, contourne cet organe et la partie anté- rieure de la masse viscérale, et se porte ensuite en ar- ricre, le long du côté droit, pour venir s'ouvrir à l’en- droit que nous avons déjà indiqué (fig. 8,1,7, a). Les glandes salivaires forment une masse compacte qui entoure l’œsophage, et de laquelle partent deux canaux excréteurs très-grêles qui, après avoir traversé l'anneau nerveux, viennent s'ouvrir en dessus et sur les côtés de la masse buccale (fig. 8, s, s). Le foie est assez volumineux et de couleur rou- geûtre ; il enveloppe en partie l’estomac et l'intestin ; les canaux Diliaires viennent s'ouvrir dans le cul-de- sac de la poche stomacale (fig. 8 ). L'appareil de la génération présente une disposition assez compliquée. L'ovaire, d’un aspect lobulé et jau- nâtre , forme, avec le foie, la plus grande partie de la masse viscérale { fig. 8 et 9, o). Il en part un oviducte d'abord très-grêle, qui se renfle ensuite, comme dans la plupart des genres que nous avons étudiés, et qui aboutit, après avoir repris son premier calibre, à un TECTIBRANCHES. 412 organe enroulé en spirale (fig. 8, 9, d , d',d). Celui-c est composé de deux parties distinctes : l’une, com- pacte et granuleuse; l’autre, paraissant formée par les replis nombreux et serrés d’un très-long canal (fig. 8 et 9, xet z); cette dernière partie n’est probablement qu'un utérus réuni en une masse pelotonnée, et l’autre pourrait être considérée peut-être comme un organe sécréteur accessoire, analogue à celui qui accompagne le second oviducte dans plusieurs Mollusques herma- phrodites ; mais, c’est ce que nous ne saurions affir- mer. Cet appareil se termine antérieurement par un large canal qui vient s'ouvrir à l'extérieur, en avant de la tête, comme nous l'avons déjà indiqué (fig. 2, u). Ce canal est en rapport, à son origine, avec un organe d’une structure particulière et distinct de ceux dont nous avons déjà parlé (fig. 9, y); il reçoit aussi un conduit auquel viennent aboutir deux vési- cules, l’une pyriforme, l’autre allongée et repliée sur elle-même (fig. 9, p, v). L'une de ces vésicules nous paraît correspondre à la vésicule copulatrice qui ac- compagne ordinairement la fin du second oviducte ; quant à l’organe qui est désigné par la lettre y (fig. 9), nous ne saurions dire si c'est un testicule ou un or- gane sécréteur particulier, annexé à l’appareil de la génération; nous n'avons pu étudier cet appareil que sur des individus conservés depuis longtemps dans l'alcool, ce qui ne nous a pas permis d’en déterminer rigoureusement toutes les parties. Le système nerveux est assez considérable dans les Ombrelles. Le collier nerveux est formé de six ganglions 476 MOLLUSQUES. qui entourent l’œsophage en dessus et sur les côtés (fig. 11,13). Les ganglions cérébraux, placés en-dessus, fournissent chacun quatre nerfs qui se rendent aux tentacules, aux yeux, à la bouche, et aux ganglions buccaux. Ces derniers ganglions, assez volumineux, émettent quatre filets nerveux qui se distribuent aux différentes parties de la bouche et au tube digestif. Les ganglions du pied , situés tout à fait en arrière et en dehors, donnent naissance à un grand nombre de nerfs qui se perdent dans cet organe; ils sont unis par une double commissure en dessous de lœsophage ; une autre commissure les fait communiquer avec les ganglions cérébraux. Les ganglions viscéraux , placés en dessus et en de- dans des précédents, fournissent chacun deux nerfs qui se distribuent surtout aux branchies et aux organes de la génération; ils sont en rapport supérieurement et inférieurement avec les autres ganglions du collier; une étroite commissure les réunit aussi sous lœso- phage. L'organe auditif, semblable à celui que nous avons déja décrit dans plusieurs Mollusques, se trouve à la base de la commissure qui unit les ganglions cérébraux aux ganglions du pied (fig. 13, r). Les Ombrelles sont des animaux apathiques et qui ne rampent qu'avec une extrême lenteur. Nos observa- tons ont été faites sur l'Orbrelle indienne (U. indica), que nous avons recueillie aux iles Sandwich; nous nous somines assurés que lespéce qui vit dans la TECTIBRANCHES. 4171 Méditerranée, n’en diffère pas par les caractères de l'animal. Les malacologistes ont généralement placé ce genre auprès des Pleurobranches, dans l'ordre des Tecti- branches ou dans celui des Inférobranches; mais la plupart ne l'ont fait que d’une manière provisoire et, pour ainsi dire, jusqu’à plus ample informé. En effet, les Ombrelles nous semblent différer beaucoup des Mollusques qui composent ces deux ordres, et surtout des véritables Tectibranches (aplysiens et acères), par plusieurs de leurs caractères, mais principalement par leur appareil générateur. Il est, du reste, nécessaire que cet appareil soit mieux connu dans les Ombrelles et dans quelques autres Mollusques dont on les a encore rapprochées, les Siphonaires par exemple, pour qu'il soit possible de bien déterminer leurs af- {inités. rs 1 Qc MOLLUSQUES. PULMONÉS. — Cuvier. L'ordre des Pucmoxés ne renferme pas, comme son nom semble l'indiquer, tous les Mollusques à respira- tion pulmonaire; Cuvier et la plupart des zoologistes, à son exemple, n'ont pas cru devoir y placer des Mol- lusques qui présentent ce mode de respiration, comme les Hélicines et les Cyclostomes, pour les mettre parmi les Pectinibranches dont ils se rapprochent, en effet, davantage par plusieurs des traits de leur organisation. Mais nous croyons qu'on ne peut guére désigner sous le nom de Pectinibranches, des Mollusques qui ne respirent pas par des branchies; il serait donc peut- être plus convenable de faire de ces Mollusques, comme l'ont proposé MM. de Férussac et Rang, un ordre inter- médiaire à ceux des Pulmonés et des Pectinibranches. Les Mollusques pulmonés, proprement dits, sont divisés en terrestres et aquatiques, et ceux-ci se subdi- visent en fluviatiles et marins. Nous rangeons parmi ces derniers le genre Actéon d'Ocken, ou Élysie de Risso, qui a été classé très-diversement par les mala- cologistes. PULMONES. 479 GENRE ÉLYSIE. — Ælysia, Risso. Nous avons fait ailleurs l'historique complet de ce genre, et nous avons discuté les opinions de tous les auteurs qui s'en sont occupés (1); nous nous borne- rons donc ici à en donner une description directe, sans reproduire ces opinions, lorsqu'elles ne concor- deront pas avec les nôtres. Nous restituons à ce genre le nom d'Élysie qui lui a été donné par Risso, d’après les raisons que nous avons exposées dans le mémoire dont nous venons de parler. Description extérieure. Les Elysies présentent, dans leur forme, une assez grande ressemblance avec les Aplysies, et c'est d’après cette ressemblance qu’ils ont été rangés parmi ces der- niers Mollusques par la plupart des zoologistes. Ainsi leur corps se dilate, sur les côtés, de manière à former deux expansions membraneuses, et, en avant, il se prolonge en une sorte de cou que termine la tête. Celle-ci présente supérieurement deux tentacules auri- formes, en arrière desquels se trouvent placés les yeux qui sont sessiles (pl. 24 D, fig. 1). Mais les Élysies diffèrent extérieurement des Aply- (1) Journal de Conchyliologte , année 1850, tom. T, pag. à, 97 et 217. 480 MOLLUSQUES sies : 1° par Fabsence des tentacules postérieurs, ce qui les avait déjà fait distinguer des Aplysies véritables par tous les zoologistes qui avaient cru devoir les rap- porter à ce genre; 2° par la forme de leur corps qui est tres-déprimé et non bombé supérieurement comme dans les Aplysies; 3° par l'absence de l'appareil oper- culaire qui recouvre les branchies dans ces derniers Mollusques ; 4° enfin par d’autres caracteres que les Ély- sies présentent et qui n'existent pas dans les Aplysies. Ainsi, à la réunion de la partie cervicale avec le corps proprement dit, on observe supérieurement une poche légérement saillante et recourbée, qui sedistingue aussi, dans l'espèce que nous avons observée, par une coloration un peu moins foncée. La cavité de cette poche communique avec l'extérieur par un petit ori- fice arrondi, un peu proéminent, qui se trouve placé à sa partie antérieure, du côté droit (fig. 4, p); de son bord postérieur ou convexe, partent plusieurs canaux qui se dessinent en relief à la face supérieure de l’ani- mal et qui, apres un court trajet, se divisent et se subdivisent successivement en un grand nombre de branches qui couvrent de leurs ramifications les expan- sions latérales du corps. Ces canaux et les branches qui en émanent sont tout à fait superficiels et paraissent tenir seulement à l'enveloppe extérieure (fig. 4 et 4). Un peu en avant de l’orifice de la poche dont nous venons de parler, l’on voit, du côté droit, un tuber- cule saillant et percé, au centre, d’une ouverture qui est l'ouverture anale (fig. 1, a). De ce tubercule part un sillon assez profond qui descend vers la face infé- PULMONES. 481 rieure de l'animal et dans lequel se trouve latérale- ment une autre ouverture qui est celle de l’oviducte (fig. 3, 0). Enfin, du même côté, à la base du tenta- cule, l’on aperçoit une quatrième ouverture, quelque- fois saillante à l'extérieur, et qui est celle de l'organe mâle ou de la verge (fig. 3, w). Tels sont les détails que présente la face supérieure du corps. Quant à la face inférieure, elle est for- mée, comme dans les autres Mollusques gastéro- podes, par le pied qui se confond , sans ligne de dé- marcation, avec les expansions latérales, et ne s’en distingue que par sa coloration moins foncée. Cette forme du pied indique que cet organe sert peu à la reptation chez les Élysies, ce qui s'accorde , en effet, avec les habitudes de ces Mollusques (fig. 2). Le pied est séparé de la tête, en avant, par un en- foncement assez profond dans lequel celle-ci peut s’en- foncer ou rentrer en partie. Le bord antérieur de ce pied présente un indice de sillon marginal, comme dans la plupart des Mollusques gastéropodes. Nous avons encore trouvé, sur tous les individus que nous avons examinés, un sillon profond divisant transversalement le pied, au niveau de la réunion de la partie cervicale avec le corps proprement dit. Ce sillon nous a paru déterminé par la contraction de la partie antérieure de l'animal, contraction qui aurait pour but, comme dans d’autres Mollusques, de faire rentrer, jusqu'a un certain point, cette partie anté- rieure dans la partie postérieure. Bonite, — Zoo!. Tome [I. Partie Il 31 482 MOLLUSQUES. Description analomique. Si les Élysies s’éloignent d’une manière bien tran- chée des Aplysies par quelques-uns de leurs carac- tères extérieurs, ainsi que nous venons de le voir, elles n’en différent pas moins par les particularités de leur organisation intérieure, qui en font un des types les plus curieux de l’'embranchement des Mol- lusques. L'appareil respiratoire des Élysies est semblable à celui des Mollusques pulmonés, ainsi qu'Ocken parait l'avoir soupconné. Cet appareil est constitué par la poche dorsale dont nous avons parlé, dans la description extérieure de l'animal. En effet, lorsqu'on ouvre cette poche, on voit qu'elle est tapissée supérieurement par un lacis de vaisseaux entièrement semblable à celui des hélices et des limaces (fig. 4, 5); nous avons déjà vu que sa cavité communiquait avec l'extérieur par une ouver- ture arrondie qui rappelle aussi tout à fait l’orifice pulmonaire de ces Mollusques (fig. 1, p, et fig. #); enfin, les connexions de cette poche avec l'oreillette du cœur, par les vaisseaux qui rampent sur ses pa- rois, nous semblent mettre hors de doute la détermi- nation que nous en donnons, en la considérant comme une poche pulmonaire. D’après une organisation sem- blable, Cuvier n’a pas hésité à considérer l’Onchidie comme un Mollusque pulmoné, bien que Péron lui eût PULMONES. 483 affirmé l'avoir toujours trouvé dans l’eau, et il a pensé que ce Mollusque venait seulement de temps en temps à la surface pour y respirer l'air en nature, comme le font les Planorbes, les Physes, etc.; or, ce mode de respiration concorde tout à fait, au contraire, avec les habitudes des Élysies qui vivent le plus souvent à la surface de l’eau, à la manière des Mollusques pulmo- nés fluviatiles. L'appareil respiratoire des Élysies offre cependant une modification fort singulière qui le distingue de celui des autres Mollusques pulmonés, et consistant dans ces canaux ramifiés qui partent de la poche pul- monaire et qui recouvrent la face dorsale du corps. Quels peuvent être les usages de ces canaux? La plu- part des naturalistes qui ont étudié les Élysies les ont considérés, à tort, comme faisant partie du système vasculaire ; il nous paraît tout aussi impossible de re- garder ce système de canaux comme un appareil aqui- fere, car l’eau ne pourrait pénétrer dans cet appareil qu'en traversant la poche pulmonaire qui n’est pas organisée pour recevoir de l'eau, et l’on ne concoit pas, en outre, queiles seraient les fonctions d’un ap- pareil semblable, sans analogue dans les autres Mol- lusques. 11 faut donc admettre que ces canaux sont destinés à recevoir de l'air, comme la cavité pulmo- naire dans laquelle ils s ouvrent, et dont ils ne sont, pour ainsi dire, qu’une dépendance. Reste donc à ex- pliquer leur usage comme canaux aériens. Faut-il croire qu'ils servent à mettre en contact avec l'air une lus erande surface du corps de l'animal, ce qui rap- Ï S Î ) | Î 484 MOLLUSQUES procherait un peu leurs fonctions de celles des tra- chées des insectes? ou bien, ont-ils seulement pour usage de tenir en réserve l'air nécessaire à l'exercice de la respiration, lorsque l'animal se trouve dans l’eau ? ou bien encore , forment-ils une sorte d'appareil hy- drostatique analogue à celui de la Janthine, et qui ser- virait à ces Mollusques pour les maintenir à la surface de ce liquide? Il nous paraît difficile de décider cette question , à la solution de laquelle on n’arrivera pro- bablement que par une étude suivie des mœurs et des habitudes des Élysies (1). L'appareil circulatoire offre aussi une disposition analogue à celle que l’on trouve dans les Mollusques pulmonés. Les vaisseaux veineux sont trés-apparents au mo- ment où ils viennent se ramifier dans la poche pulmo- naire, et former le réseau qui tapisse la paroi supé- rieure de cette cavité; la plupart de ces vaisseaux s'ouvrent directement dans l'oreillette. Celle-ci est si- tuée à la partie antérieure de la poche pulmonaire, sur la ligne médiane, et se trouve appliquée contre sa paroi supérieure ; elle s’abouche en avant dans un ven- tricule musculeux , pyriforme, tout à fait analogue à celui de la plupart des autres gastéropodes. Le cœur entier est contenu dans un péricarde qui adhère à la (1) On peut assimiler, jusqu’à un certain point, cette sorte de diverticulum de la poche pulmonaire, dans les Élysies, aux cavités aériennes qui communiquent avec le poumon dans les oiseaux et certains reptiles. PULMONES. 485 paroi supérieure du corps, comme dars les Mollus- ques nudibranches (fig. 4, 5, c). Le ventricule donne naissance, en avant, à l'aorte qui se porte vers la partie antérieure du corps, tra- verse le collier nerveux et se perd dans la masse buc- cale, apres avoir fourni, dans son trajet, une branche profonde pour les viscères (fig. 4,5, c). L'appareil digestif des Élysies présente la plus grande analogie avec celui des Callicpées. La bouche est située à l'extrémité antérieure de la- nimal et un peu inférieurement, comme dans les Aply- sies ; elle a la forme d’une fente longitudinale qui se perd en arrière, dans l’enfoncement qui sépare la tète du pied. Les bords de cette ouverture sont quelque- fois légèrement proéminents et forment comme deux petites lèvres (fig. 2, 3,8). La masse buccale est ovoide et marquée supé- rieurement de stries transversales très-fines; ses pa- rOIS, tres-épaisses , sont entiérement musculaires et n'offrent aucune trace de pièces cornées (fig. 8, 9,10). Dans sa cavité, on remarque inférieurement une sail- lie linguale très-proéminente, allongée d’avant en ar- riere, et armée d’une série de crochets cornés et im- briques. Le renflement lingual se continue avec un sac membraneux qui fait saillie en arriere de la masse buccale, et qui est rempli de crochets cornés, sembla- bles à ceux dont nous venons de parler, adhérant par leur base à la paroi interne de ce sac. Ces crochets paraissent destinés à remplacer successivement ceux 486 MOLLUSQUES. de la langue, ainsi que cela paraît avoir lieu dans d’au- tres Mollusques gastéropodes (fig. 8, 9, 7, 10, 41). L'œsophage, qui prend naissance à la partie pos- térieure de la masse buccale, est d’un calibre très- petit. Après avoir traversé l'anneau nerveux, il pré- sente supérieurement une petite dilatation arrondie qui forme comme un premier estomac; presque im- médiatement après, il se dilate de nouveau en une poche stomacale plus où moins considérable, profon- dément située au-dessous de la partie antérieure de l'appareil générateur, à peu pres au niveau du cœur (Hig.:1,8,1e). Du bord antérieur de cette poche, et pres du point où aboutit lœsophage, part l'intestin qui se porte d'abord un peu en avant, contourne appareil de la génération et se dirige ensuite en arriere et du côté droit, pour venir s'ouvrir du même côté, non loin de la ligne médiane. Cette ouverture, marquée par un pelt tubercule saillant, se trouve placée un peu en avant de l’orifice pulmonaire (fig. 4, 3, 4, a, et ïig. 8). Le calibre de l'intestin est le même dans toute son étendue, et un peu plus considérable que celui de l’œsophage. Autour de Forifice buccal se voient, sous la peau, des granulations blanchâtres qui nous paraissent devoir être considérées comme des glandes salivaires (fig. 9). Le foie offre une disposition fort remarquable dans les Élysies. Lorsqu'on déchire l'enveloppe extérieure de ces Mollusques, on trouve partout, sous cette en- veloppe et dans l’interstice des organes, une matière PULMONES. 487 verdàtre à laquelle est due leur coloration; si l'on étu- die cette matière à un faible grossissement, l'on voit qu'elle est formée de petits cœcums ramifiés, présen- tant assez bien l'apparence de certains végétaux infé- rieurs. Ces cœcums et les canaux dans lesquels ils se rendent , viennent tous aboutir à deux troncs princi- paux qui, de l'extrémité postérieure du corps de Fani- mal, se portent en avant, de chaque côté de la ligne médiane, pour s'ouvrir dans la poche stomacale. Le foie a donc une disposition ramifiée chez les Ély- sies, comme dans quelques-uns des Mollusques que nous avons décrits précédemment, et forme comme un arbre dont les ramifications enveloppent tous les autres organes (fig. 6, 7). L'appareil reproducteur est très-compliqué dans les Élysies ; il réunit les deux sexes, comme dans beau- coup d’autres gastéropodes, mais sa disposition diffère beaucoup des formes qui ont été observées dans les autres mollusques hermaphrodites. Cet appareil oc- cupe presque tout le corps de lanimal et se trouve recouvert de toutes parts par les ramifications hépa- tiques qu'il faut enlever pour le mettre à découvert L'ovaire est constitué par un grand nombre de petits corps arrondis, vésiculeux, disposés de manière à for- mer, de chaque côté de la ligne médiane, une grappe ayant tout à fait l'apparence d’une grappe de raisin (fig. 6, 14). Les deux oviductes qui partent de ces grappes, se réunissent bientôt en un seul oviducte qui, 488 MOLLUSQUES. après avoir traversé un corps ovoïde ou réniforme, se renfle d’une manière considérable pour former lesecond oviducte ou la matrice. Celle-ci est pelotonnée, comme d'ordinaire, en une masse globuleuse qui remplit, avec le tube digestif, presque toute la portion cervicale du corps de l'animal, et, après avoir reçu le canal de la vésicule copulatrice, elle s'ouvre à l'extérieur, du côté droit, à la position que nous avons déjà indiquée (fig. 14 dd; ms do). Nous considérons la portion de l'appareil reproduc- teur que nous venons de décrire, comme la partie fe- melle, d’après l'examen microscopique qui démontre la présence des œufs dans les petits corps globuleux disposés en grappes, et d’après l’analogie qu'offrent les conduits que nous avons décrits comme loviducte et la matrice, avec ces parties de l'appareil générateur lans les autres gastéropodes. La partie mâle est formée postérieurement, comme la précédente, de deux portions semblables, situées de cha- que côté de la ligne médiane, et offrant l'aspect de cœ- cums qui se ramifient dans les expansions latérales du corpsdel’animal. Cescæcums, dont les parois sontépais- ses, blanchätres, et qui sont parcourus par un canal capillaire à leur centre, aboutissent, des deux côtés, à un conduit déférent qui, après avoir communiqué avec l’oviducte, vers le point où celui-ci se continue avec la matrice, se dirige en avant, en décrivant quelques flexuosités, pour se rendre jusqu'à la verge (fig. 12). Ce dernier organe, placé à l'extrémité antérieure de l'animal, du côté droit, a la forme d’un cône creux, PULMONÉS. 489 recourbé, dont l'axe est occupé par le conduit défé- rent qui va s'ouvrir à son extrémité et qui offre un pett renflement ovoïde au niveau de sa base; quelques faisceaux musculaires très-déliés servent à le retirer dans la cavité du corps ou à le faire saillir au dehors, par l'orifice que nous avons indiqué et qui se trouve à la base du tentacule (fig. 6, 12, v). Nous regardons les cœcums ramifiés comme l'organe sécréteur mâle, d’après les connexions du conduit ex- créteur qui naît de ces cœcums avec la verge, et d’a- près l'examen microscopique de leur tissu qui nous a montré d’une manière non douteuse les capsules dans lesquelles se développent les zoospermes. Outre les parties que nous venons de décrire, le système reproducteur des Élysies se compose encore d'un autre petit appareil qui offre quelque analogie avec l'ovaire et qui est constitué, en effet, par un grand nombre de vésicules extrêmemerit petites, at- tachées par un court pédicule à un conduit central dont les divisions et subdivisions accompagnent les ramifications de la partie mäle. Lorsqu'on exa- mine avec soin ces dernières ramifications, on voit ramper à leur surface celles du petit appareil dont nous parlons, ce qui peut faire confondre d’abord ces deux parties; mais on peut assez facilement les sépa- rer et s'assurer ainsi qu'elles sont tout à fait mdépen- dantes l’une de l’autre. Ce nouvel appareil forme donc aussi, sur les côtés de la ligne médiane, deux espèces de grappes dont les branches très-gréles sont partout accolées aux ramifications de la partie mâle qu'elles 490 MOLLUSQUES. accompagnent dans leur distribution, et aboutissent également, en avant, à un canal excréteur unique qui longe le conduit déférent et qui nous a paru s'ouvrir dans l’oviducte (fig. 12, 43). Nous avons cherché, comme pour les autres parties de l'appareil générateur, à déterminer les fonctions de cet organe, en examinant au microscope les petites vésicules qui le constituent et les conduits dans les- quels ces vésicules versent leur produit; mais nous n'avons jamais trouvé qu'une matière semi-fluide, contenant des globules qui ne ressemblaient ni aux ovules, ni aux cellules spermatiques, ce qui nous porte à le considérer comme un organe sécréteur particu- lier, annexé à l'appareil reproducteur et probable- ment à la partie femelle de cet appareil, d’après ses connexions avec l’oviducte. D'après la description que nous venons d’en donner et d’après nos figures, l’on peut voir que l'appareil générateur des Élysies est semblable à celui des Cal- liopées, et qu'il n’en diffère que par l'appareil sécré- teur dont nous venons de parler, lequel est beaucoup moins développé dans celles-ci et tout à fait indépen- dant de l'organe sécréteur mâle. Le système musculaire est fort peu développé dans les Élysies : il n'est plus représenté au pied que par quelques faisceaux musculaires qui, de l'extrémité an- térieure de l’animal, se prolongent jusqu’à sa partie postérieure, el par une couche tres-fine de fibres trans- verses qui doublent l'enveloppe extérieure. PULMONES. 491 Le collier nerveux, situé en arrière de la masse buccale, se compose de sept ganglions groupés autour de l’œsophage (fig. 16, 17). Deux de ces ganglions, les ganglions cérébraux, placés au-dessus de l’œsophage et accolés sur la ligne médiane, fournissent plusieurs paires de nerfs qui se rendent aux yeux, aux tentacules, aux capsules audi- tives, aux levres et à la bouche. Les nerfs buccaux aboutissent à deux petits ganglions sphériques qui sont situés à l’origine et sur les côtés de l’œsophage, et qui sont réunis par une tres-fine commissure ; de la partie antérieure de ces ganglions naissent plusieurs filets qui se distribuent à la langue et aux parois buc- cales, et, de leur partie postérieure, partent deux au- tres filets récurrents qui accompagnent l’œsophage jusqu’à l'estomac, où ils aboutissent à deux ganglions analogues, fournissant d’autres filets nerveux destinés à ce viscere (fig. 8). En dessous des ganglions cérébraux se trouvent pla- cés deux autres ganglions tout à fait semblables pour la forme et le volume; ces ganglions sont également réunis sur la ligne médiane par une commissure très- courte, et ils sont en outre unis supérieurement avec les ganglions cérébraux, de manière à circonscrire, avec ces derniers, l'ouverture qui est traversée par l'œsophage; ils fournissent deux paires de nerfs qui se rendent au pied ou à la partie de l'enveloppe exté- rieure qui représente cette partie. Les trois autres ganglions qui entrent dans la com- position du collier, placés en arrière des précédents, 492 MOLLUSQUES. sont beaucoup moins volumineux et ne sont plus dis- posés d’une manière aussi parfaitement symétrique. Deux de ces ganglions sont latéraux; le troisième est inférieur et médian. Des commissures très-courtes les unissent entre eux et aux deux paires de ganglions précédemment décrits; les nerfs qui en partent paraissent se rendre exclusivement aux organes de la respiration , à ceux de la génération et aux autres vis- céres. Les Élysies sont pourvues d’yeux qui sont situés, comme nous l'avons déjà dit, en arriere des tenta- cules. Ces organes sont formés par une capsule trans- parente dans laquelle on distingue un cristallin sphé- rique, comme enchàssé dans une petite masse de pigment noirâtre qui se trouve en arrière, et dans laquelle on voit pénétrer le nerf optique. Les Élysies ont aussi un appareil auditif rudimen- taire, semblable à celui que nous avons déjà décrit dans d’autres Mollusques. Nous renvoyons, pour les mœurs et les habitudes des Élysies, au mémoire que nous avons publié sur ces Mollusques et que nous avons déjà cité. Nous avons aussi traité, dans ce travail, des espèces qui compo- sent ce genre; celle, sur laquelle nous avons surtout fait nos recherches, est l'Élysie verte (E. viridis ), qui est assez commune dans quelques points de la Méditerranée. Les zoologistes ont classé très-diversement ces Mol- PULMONÉS. 493 lusques, suivant l’idée qu'ils se sont faite de leur organisation : c'est ainsi qu'on les a rapprochés suc- cessivement des Aplysiens, des Pulmonés, des Placo- branches, des Nudibranches et méme des Planariées. Ea accordant à l'appareil respiratoire l'importance qui lui a été donnée par tous les classificateurs, puisque les Gastéropodes ont été généralement distri- bués d’après la forme et la disposition des organes de la respiration, nous devons placer les Élvsies parmi les Mollusques pulmonés, et nous nous trouvons ainsi conduit à les rapprocher, comme la fait Ocken, des Onchidies eten même temps des Pulmonés fluviatiles, auxquels les Élysies ressemblent encore plus par les mœurs. Cependant les Élysies tiennent aussi aux Nudibran- ches par quelques-uns de leurs caractères anatomi- ques et par les métamorphoses qu'ils subissent dans le premier âge. Le foie offre, en effet, chez ces Mol- lusques, la disposition remarquable qu'il présente dans ceux de la famille des Éolides; l'appareil géné- rateur, auquel les malacologistes ont encore accordé une grande importance pour la classification, est tout à fait semblable, comme nous l'avons vu, à celui des Calliopées qui s'unissent aux Éolides par plusieurs points de leur organisation ; enfin nous savons, par les observations de MM. Vérany, Almann et Vogt, que les Élysies, de même que les Doris, les Tritonies, les Éolides, etc., sont contenues, à leur sortie de l'œuf, dans une coquille nautiliforme et operculée. D'après ces considérations, les Élvsies nous sem- 494 MOLLUSQUES. blent devoir constituer une famille intermédiaire aux Pulmonés fluviatiles et marins, et au groupe des Nudi- branches dans lequel on range aujourd’hui les Éolides, les Glaucus, les Tergipes, etc.; la transition des Ac- téons à ces derniers se fait, d’après ce que nous avons dit ci-dessus, par les Calliopées. PULMONES. 495 GENRE VAGINULE, — J'aginulus, Férussac. VAGINULE DE LUCON. V'aginulus Luzonicus, nobis. PLancHe 28, Ficures 1-3. F'aginulus, corpore ovato-elongato, depresso, rugoso, fusco-violaceo ; pede angusto ; tentaculis brevibus. Le corps de cette espèce a la forme d’un ovale tres- allongé; il est assez déprimé et rugueux, ou plutôt finement granuleux à sa surface. Le pied est très-étroit, surtout à sa partie postérieure. Les tentacules supé- rieurs ou oculifères sont courts et non renflés au som- met; les inférieurs sont également assez courts, un peu aplatis et bifides à leur extrémité, comme dans les autres espèces de ce genre. Tout l'animal est d'un brun violacé, un peu plus pâle à la partie inférieure du corps, pointillé de noir sur quelques individus; le pied seulement est d’un blanc jaunûtre. Dimensions. — Longueur, quatre centiméetres; lar- geur, un centimètre environ. Nous avons recueilli ce Vaginule dans les bois des environs de Manille, aux îles Philippines, où il parait être assez commun. 496 MOLLUSQUES. VAGINULE DE TOURANNE. V'aginulus Fourannensis, nobis. PLANCHE 28, Ficures 4-7. f'aginulus, corpore elongato, triquetro, anticé angusto, postice acu- minato, granoso, supra nigricante et fasciä fulv& nigro-maculatä marginato, subtus flavescente. Dans cette espèce, le corps est allongé et comme caréné en dessus, ce qui lui donne une forme prisma- tique-triangulaire; il est rétréci en avant et terminé en pointe à sa partie postérieure ; toute sa surface est recouverte de granulations tres-fines, et comme par- semée d’autres granulations plus grosses et arrondies. Le pied, assez large, présente de chaque côté une ligne de granulations semblables à celles dont nous venons de parler. Les tentacules oculifères sont longs, grèles et légèrement renflés à leur sommet; les tentacules buccaux sont courts, assez larges et un peu déprimés. Ce Vaginule est d’une couleur noirätre en dessus, bordé sur les côtés d’une bande d’un jaune roussâtre, tachetée de noir; sa face inférieure est jaunätre. Dimensions. — Longueur, soixante-cinq millimé- tres; largeur, neuf millimètres. Recueilli par M. Gaudichaud dans les bois des en- virons de Touranne, en Cochinchine. PULMONÉS. 497 Genre LIMACE. — Zumnax, Linné. LIMACE SANDWICHIENNE. Limax sandwichiensis, nuobis. PLANCHE 28, Ficures 8-11. Limax, corpore elevato, posticè acuminato, oblique striato, supra nigricante, subtus albido; clypeo oblongo, anticé angusto, subru- g080. Ossiculo ovato, crasso, suprà gibboso:. Cette limace a le corps assez court, bombé à sa partie moyenne, rétréci en pointe postérieurement, marqué de petits sillons obliques, venant aboutir à un sillon marginal qui règne tout autour du pied. Le bouclier est grand, finement granuleux, rétréci et libre à sa partie antérieure; il renferme une concré- tion calcaire assez grande, de forme irrégulièrement ovalaire, très-épaisse, aplatie en dessous, formant en dessus une saillie très-prononcée et arrondie. Tout l’animal est d’un brun noirâtre en dessus ; sa face inférieure est blanchätre. Dimensions. — Longueur, deux centimetres. Cette espèce provient des iles Sandwich. 12 Bonite. — Zool. Tome IT, Partie I. C2 498 MOLLUSQUES. GENRE VITRINE. — f'itrina, Draparnaud. VITRINE FASCIÉE. Vitrina fasciata, nobis. PLancne 28, Fiqures 12-14. Vitrina, testé auriformi, convexiusculà, tenuissimä, pellucidä, fla- vescente ; anfractibus tribus ; aperturà amplä , ovatd ; labio non inflexo, acuto, arcuato. Coquille auriforme , légèrement convexe en dessus et en dessous, très-mince, translucide, d’une couleur jaune pâle. Spire formée de trois tours légèrement convexes. Ouverture grande, longitudinale , de forme ovalaire, à bord gauche tranchant et non infléchi en dedans (1). L'animal est allongé, terminé en pointe aiguë en arrière; l’écusson s’avance antérieurement, jusqu’à peu de distance de la tête, et forme postérieurement deux lobes dont l'un recouvre la partie antérieure de la coquille, et dont l’autre, en forme d’auri- cule, est appliqué sur les derniers tours de la spire; ces deux lobes, du reste, sont susceptibles de s’é- (4) C’est par une inexactitude du dessinateur que ce bord est représenté, sur notre figure, un peu fléchi en dedans et tronqué en arc à sa base; cette troncature n'existe pas, le bord gauche de l'ouverture se terminant en pointe en avant, comme dans les autres espèces. PULMONÉS. 499 tendre plus ou moins et de recouvrir ainsi une plus grande étendue de la coquille; l’'orifice pulmonaire se trouve placé à leur point de jonction, du côté droit. Cet animal est d'un gris noirâtre en dessus, présen- tant en arrière des lignes obliques, plus foncées ; l’é- cusson est tacheté de noir; le pied est blanchâtre. Dimensions de la coquille. — Longueur, vingt mil- limètres; largeur, sept millimètres; hauteur, quatre millimètres. Cette espèce habite les iles Philippines ; nous l’avons recueillie dans les bois de la lagune, aux environs de Manille : elle est assez commune dans cette localité. Cette vitrine est très-voisme de la 7. teneriffæ de MM. Quoy et Gaimard. VITRINE COUVERTE. Vitrina tecta, nobis. PLrancxe 28, Fieures 15-17. Vitrina, testä heliciformi, orbiculato-convexä, umbilicatä, levigaté, tenui, pellucidä, virescente; anfractibus senis, convexiusculis ; aperturd semi-lunatä ; labro tenui, acuto ; umbilico angusto. Coquille héliciforme, orbiculaire-convexe, ombili- quée, lisse, très-mince, translucide, d’un vert pale. Spire convexe déprimée, à six tours légèrement con- vexes. Ouverture semi-lunaire, à bord mince et tran- chant. Ombilic tres-étrait. 300 MOLLUSQUES. Cette espece appartient à la division des Vitrines qui, d’après les observations de MM. Quoy et Gai- mard, ont une coquille semblable, pour la forme, à celle des Hélices, et dans laquelle l'animal peut rentrer en entier. Comme dans les espèces de ce groupe, l’ani- mal présente deux appendices auriculaires antérieurs, entre lesquels se trouve lorifice pulmonaire, et d’au- tres appendices latéraux qui peuvent, en se dévelop- pant, recouvrir une grande partie de la coquille. — Cet animal est d’un gris noirâtre dans toutes ses parties , excepté à la face inférieure du pied, qui est d’un jaune verdâtre. Dimensions de la coquille. — Largeur, treize milli- mètres ; hauteur, six millimètres. Nous avons recueilli cette Vitrine dans les environs de Touranne, en Cochinchine. PULMONES. 501 GENRE AMBRETTE, — Succinea, Draparnaud. AMBRETTE FRAGILE. Succinea fragilis, nobis. PLANCHE 28, Ficures 18-20. Succinea, testé ovatä, depressä, fragilissimd, subpellucidä, lutes- cente; spird brevissimä ; anfractibus binis ; aperturä ovat& ; labio inflexo ; labro acuto. Coquille ovale, déprimée, tres-fragile, translucide , Jaunâtre. Spire très-courte, formée de deux tours dont le second, très-grand , constitue presque toute la co- quille. Ouverture ovale, à bord interne infléchi; lex- terne tranchant. L'animal offre extérieurement les caracteres de ce- lui des Hélices; nous signalerons seulement, comme présentant quelques différences, les tentacules supé- rieurs ou oculifères qui sont très-courts, gros à leur base, effilés à leur partie supérieure, et non renflés au sommet ; les tentacules inférieurs sont aussi très-courts et grêles. — Cet animal est d’une couleur brune ver- dâtre, un peu rosée à sa partie antérieure , en dessus de la tête. Dimensions de la coquille. — Longueur, onze milli- mètres; hauteur, quatre millimètres. Cette espece habite les iles Sandwich. 302 MOLLUSQUES. GENRE HÉLICE. — Helix, Linné. (Division des CaRocoLLES.) HELICE DE DARONDEAU. Helix Darondeauii, nobis. Revue zoologique, avril 1842, pag. 101. PLancxe 28, Fiqures 21-23. Helix, test& orbiculari, umbilicatä, carinaté, suprà depresso-con- vexà et diluté fusco-olivaced, subtüs convexä et fusco-virescente ; anfractibus quinis, oblique rugosiusculis, transversim tenué et crebré striatis ; aperturä ovato-rotundatä, ad umbilicum angusté concavd, intus fuscä et albo fasciatä ; peristomate acuto ; columellé suprä-umbilicum late reflexä, alb& ; umbilico mediocri, profundo, ad peripheriam depresso. Coquille crbiculaire, ombiliquée, carénée, convexe- déprimée et d’une couleur brune olivâtre peu foncée en dessus, convexe et d’un brun verdâtre en dessous. Cinq tours de spire transversalement imprimés de stries fines et rapprochées, parsemés de rugosités obliques; le dernier tour caréné à la circonférence. Ouverture ovale arrondie, étroitement concave vers l’ombilic, d’une couleur brune intérieurement, avec une fascie blanche dans le milieu; péristome aigu ; columelle largement réfléchie au-dessus de lombilie, blanchätre. Ombilic médiocre, profond , déprimé à sa périphérie. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espece. PULMONES. 503 Dimensions de la coquille. —Largeur, quarante etun millimètres; hauteur, dix-neuf millimètres. Cette Hélice provient des îles Philippines (Luçon). Elle présente quelques rapports avec l’Helix porphiria, Pfeiffer; mais elle en diffère par sa contexture plus mince, et par la forme de son dernier tour qui est dé- primé en dessus et plus convexe en dessous. HÉLICE DE CHEVALIER. Helix Chevalierii, nobis. Revue zoologique, avril 1842, pag. 101. PLANCHE 28, Ficures 24-26. Helix, testä orbiculart, conico-depressé, umbilicatä, tenué carinatä, suprä fuscä, subtus convexà et fusco-olivaceä, ad carinam casta- neo-fasciaté ; anfractibus senis, obsoleté rugulosis, basi margina- tis; apertur4 ovatd, obliquä, intus fuscescente et castaneo-fas- ciatä; peristomate acuto, intus marginato, albo; umbilico lato, infundibuliformi, profundo. Coquille orbiculaire, conique-déprimée, ombili- quée, légèrement carénée, d’un brun pâle en dessus, convexe et d’un brun légèrement olivâtre en dessous, ornée d’une fascie marron étroite à la circonférence. ix tours de spire légère ugueux et fin r- Six t de spire légèrement rugueux et finement bo dés à la marge. Ouverture ovale-oblique, un peu brune en dedans et ornée, au centre, d’une fascie mar- , e les) \ she ron étroite; péristome tranchant à la marge, bordé in- 504 MOLLUSQUES. térieurement d’un bourrelet blanc. Ombilic large, in- fundibuliforme, profond. Nous n'avons pas observé l’animal de cette espèce. Dimensions de la coquille. — Largeur, trente-sept millimètres; hauteur, vingt millimètres. Cette Hélice provient de la presqu'ile de Malacca. HÉLICE DE MACKENSIE. Helix Mackensiana, nobis. Revue zoologique, novembre 1841, pag. 347. PLANCHE 28, Ficures 27-29. Helix, testä discoideä, sirustrorsä, umbilicatä, carinatä, supra de- presso-conicä et pallidé fulv&, infra convexa et castancä; anfrac- tibus septenis, planiusculis, transversim tenuissime striatis ; aper- turd semi-ovaté, anticé sub-acutä ; peristomate sub-reflexo, albo ; umbilico profundo. Coquille discoide , sénestre, ombiliquée, carénée à la circonférence, conique-déprimée et de couleur fauve en dessus, convexe et de couleur marron à sa face in- férieure. Sept tours de spire un peu planes et marqués de stries transversales, fines etserrées. Ouverture demi- ovale, presque aiguë en avant; péristome un peu ré- fléchi, blanc. Ombilic étroit et profond. Nous n'avons pas observé l’animal. Dimensions de la coquille. — Largeur, trente milh- mètres; hauteur, quatorze millimetres. PULMONES. 505 Cette espece remarquable provient de la presqu'ile de Malacca. HÉLICE ÉGARÉE. Helix aberrata, nobis. Revue zoologique, avril 1841, pag. 101. PLancue 28, Ficures 32-34. Helix, testä oblique ovato-globosä, umbilicatä, albicante, supra densé striatä, subtus cristallinä et levissimdä ; spir& convexo-de- pressä; anfractibus senis, convexiusculis ; apertur& semi-ovatä, ringente, superné dente lamellos&, crassä et recurvd instructà ; peristomate reflexo, intüs quinqué dentato, extus basi tri-plicato. Coquille obliquement ovale-globuleuse, ombiliquée, blanchâtre, imprimée en dessus de stries profondes et rapprochées, lisse et cristalline en dessous. Spire con- vexe-obtuse, formée de six tours légèrement convexes. Ouverture demi-ovale, grimaçante, munie à sa partie supérieure d’une dent lamelleuse, épaisse et recour- bée en arc vers le haut; péristome réfléchi, portant cinq dents intérieurement, et présentant extérieure- ment trois plis à sa base. Ombilic assez large et peu profond. L'animal offre tous les caractères de celui des Hé- lices; il est de couleur jaune citrin dans toutes ses parties; les tentacules supérieurs seulement sont un peu rougeàtres. 506 MOLLUSQUES. Dimensions de la coquille. — Longueur, dix milli- mètres; largeur, sept millimètres; hauteur, cinq mil- limètres et demi. Nous avons recueilli cette Hélice dans les environs de Touranne, en Cochinchine. Cette espèce appartient à un petit groupe d’Hélices dont M. Gray a fait le genre Streptaxis (4), d'après le caractère singulier qu'offrent les espèces de ce groupe d’avoir la spire plus ou moins déviée de son axe nor- mal; mais la création de ce genre n’est pas justifiée par les caractères de l'animal qui, comme nous venons de le dire , ne diffère pas de celui des Hélices. HÉLICE DÉVIÉE. Helix deflexa, nobis. PLancHe 28, FiGures 30-31. Helix, testé oblique ovato-globosé, umbilicatä, albicante, supra crebré arcuatim striatä, infra levigatä; spird convexo-obtusà ; anfractibus senis, convexiusculis, sutur& profund& divisis ; aper- turd semi-ovatä , superne dente lamellosä instructé; peristomate sub-reflexo, acuto. Coquille obliquement ovale-globuleuse, ombiliquée, blanchâtre, marquée de stries serrées et arquées en dessus, lisse en dessous. Spire convexe-obtuse, à six (1) The magazine of natural history, 1837, pag. 484. PULMONÉS. 507 tours légèrement convexes et séparés par une suture profonde. Ouverture demi-ovale, munie supérieure- ment d’une dent lamelleuse; péristome sub-réfléchi et tranchant. L'animal est semblable à celui de l'espèce précé- dente. Dimensions de la coquille. — Longueur, dix-huit millimètres; largeur, quatorze millimètres; hauteur, onze millimètres. Cette Hélice provient, comme la précédente, des environs de Touranne; elle appartient au même groupe. (Division des Hézices proprement dites.) HÉLICE DE TOURANNE. Helix Tourannensis, nobis. Revue zoologique, avril 1842, pag. 101. PLancxe 29, Fieures 1-2. Helix, testä orbiculato-conoideä, umbilicatä, tenui, pallide fulvä; anfractibus sentis, rotundato-convexis ; aperturé obliquä, roluri- daté, intüs marginatä , violaceä; peristomate sub-reflexo, acuto ; columell& superné dilatatä, reflexä, umbilicum profundum sub- occultante. Coquille orbiculaire-conoïdale, ombiliquée, mince, d’une couleur fauve pâle. Six tours de spire convexes et arrondis. Ouverture oblique et arrondie, d'une cou- 508 MOLLUSQUES. leur violacée où purpurime pâle, bordée intérieure- ment d’un bourrelet blanchätre ; péristome sub-réfléchi et tranchant ; columelle dilatée à sa partie supérieure et réfléchie sur l’ombilic qu’elle cache en partie. L’om- bilic étroit et profond. L'animal, de couleur grisätre , a tous les caracteres de celui des Hélices. Dimensions de la coquille. — Largeur, quinze milli- metres; hauteur, douze millimètres. Cette Hélice provient des environs de Touranne, en Cochinchine. — Elle à d’assez grands rapports avec VA. similaris; mais elle s’en distingue par sa spire plus élevée et à tours plus arrondis, par la coloration des bords de l'ouverture, et par le bourrelet que celle-ci présente intérieurement. {Division des HÉLICrÈRES.) HÉLICE PEAU DE RENARD. Helix vulpina, Férussac. Férussac, Prodrome; Limacons, pag. 60, n° 429. Voyage de l’Uranie, pag. 477, pl. 68, fig. 13-14. PLancHEe 29, Ficures 3-4. Cette espèce forme Île type d’un petit groupe d'Hé- lices que M. de Férussac a proposé d'appeler Æélic- tres, et dont M. Swainson a fait plus tard le genre PULMONÉS. 509 Achatinella (À); les deux auteurs que nous venons de citer ont établi cette division d’après quelques carac- tères de la coquille, qui font, en effet, de ces espèces une section assez distincte dans le grand genre des Hélices. Nous avons pu étudier lanimal des Hélictères ou Agathinelles sur l’espèce type, l'Æelix vulpina, et sur deux autres espèces de ce groupe, les Z7. decora et turritella. (PL. 29, fig. 5-6 et 7-8.) Comme on le voit par les figures que nous en don- nons, l’animal de ces espèces a tout à fait les caractères extérieurs de celui des Hélices; mais l’organisation intérieure nous a présenté des différences assez re- marquables dans la conformation de l'appareil gé- nérateur. L'organe en grappe qui est logé dans le foie, le conduit grêle et replié en zigzags qui en part, le canal plus large et comme boursouflé auquel aboutit ce conduit, ou, pour parler d’après les anciennes déter- minations, l'ovaire, l’oviducte et la matrice sont à peu près comme chez les Hélices. Il n’en est plus de même de la plupart des autres parties de cet appareil : ainsi, celle que Cuvier nomme la portion large du testicule, est formée par un gros faisceau de cœcums très-gréles qui viennent aboutir à la partie postérieure de la ma- trice et à l’origine du canal déférent; l’autre portion du testicule d’après Cuvier, ou celle qui longe la ma- (4) Brand journal, ap., 1828. (Voir HERRMANNSEN, ind. Malac.) en o re) 510 MOLLUSQUES. trice, n'existe plus ou c’est à peine si l'en en voit encore quelque trace à l’origine de la matrice et du canal déférent ; de sorte que ce dernier canal se trouve libre dans presque toute son étendue, jusqu’à la verge. Enfin, l'appareil générateur des Hélictères diffère en- core de celui des Hélices par l’absence des vésicules multifides et de la bourse du dard. La verge est munie d'un long prolongement flagelliforme, mais qui, au lieu d’être terminal, est antérieur et latéral. Si ces différences, dans l’organisation intérieure, ne paraissent pas suffisantes pour justifier l’établisse- ment d’une division générique, nous pensons que les Hélicteres doivent être placées plutôt parmi les Bu- limes ou les Agathines, dont lappareil générateur offre quelques-unes des particularités que nous venons de signaler, d’après les observations de MM. Quoy et Gaimärd et celles de M. Deshayes (1), qu'au nombre des espèces du genre Hélice. L'on sait que les Hélictères habitent surtout les îles Sandwich. (1) Zoologie du Voyage de l’Astrolabe, tom. I, pag. 152. —Des- hayes, nouv. édit. de Lamarck, tom. VIII, pag. 219. PULMONES. 11 GENRE PARTULA. — Partula, Férussac. PARTULE AURICULE. Partula auricula, Férussac. Férussac, Prodrome, pag. 70, n° 6. , Partule de Dumartroy, de notre Atlas, pl. 29, fig. 9-41 et Revue zoologique, 1842, pag. 102. Auricula Owaïihiensis, Cnamisso; nov. act. acad. nat. Curios. ; tom. XIV, pag. 639, tab. xxxvi, fig. 1. Auricula sinistrorsa, Caamisso ; ëd., pag. 640, tab. xxxvi, fig. 2. Bulimus armatus, Micuers; Proceedings of the Boston Society , tom. IT, pag. 39. PLancnEe 29, Ficures 9-11. Nous avons décrit cette espèce, en 1842, sous le nom de P. Dumartroyii ; nous avons reconnu depuis qu'elle avait été décrite longtemps avant, et pour la première fois, par M. de Férussac, sous le nom de P. Auricula, que nous lui restituons. D'autres noms lui ont encore été donnés, comme on peut le voir par la synonymie ci-dessus. Cette espèce présente des individus dextres et sénes- tres; elle offre aussi plusieurs variétés, sous le rap- port de la coloration. Elle est commune aux îles Sandwich. M. de Férussac a assigné pour caractères aux Par- tules, de n’avoir que deux tentacules et d’être ovo- vivipares. Le premier de ces caractères est inexact , 519 MOLLUSQUES. comme le montre la figure que nous donnons de l'ani- mal, lequel est tout à fait semblable extérieurement à celui des Bulimes et des Hélices; quant au second, il ne peut guere, comme on en a déjà fait la juste ob- servation, servir de base à une division générique. La petitesse de cette espèce ne nous a pas permis de faire des recherches sur son organisation intérieure. PULMONÉES. 513 Genre BULIME, — Bulimus, Bruguiere. BULIME OMBILIQUE. Bulimus umbilicaris, nobis. Revue zoologique, avril 1842, pag. 102. Prance 29, Fiqures 12-15. Bulimus, test& oblongo-conicä, umbilicatä, levigatä, albicante ; anfractibus 6-7, convexiusculis; apertur& ovato-oblongé , angu- statä ; columell& subrectä, reflexiusculé ; labro tenui, subreflexo ; umbilico magno, cylindrico, usque ad apicem perspicuo. Coquille oblongue-conique, ombiliquée, assez lisse, d’un blanc quelquefois légèrement nuancé de rose. Tours de spire au nombre de sept à huit, un peu con- vexes. Ouverture ovale-oblongue, rétrécie; columelle presque droite, légèrement réfléchie sur lombilic ; bord externe mince, un peu réfléchi en dehors. Om- bilic grand , cylindrique, s’apercevant jusqu'au som- met de la coquille. L'animal est semblable à celui des autres Bulimes; il est d’un blanc grisätre. Dimensions de la coquille. — Longueur, quinze mil- limetres; diametre, six millimètres. Ce Bulime , remarquable par la grandeur et par la profondeur de Pombilic, habite les environs de Co- bija, en Bolivie. Bonite. — Zool. Tome If, Partie Ii. 33 54 4 MOLLUSQUES. GENRE CLAUSILIE. — Clausilia, Draparnaud. CLAUSILIE COCHINCHINOISE. Clausilia cochinchinensis, Pfeiffer. Lud. Preirrer. Symbolæ ad historiam Heliceorum, 4841. Prancne 29, Ficures 16-18. Clausilia, testé subrimatä | fusiformi, minutissümée oblique striatt, basi confertim rugosä, livido-fusc&, nitidä; sutur& profundé ; anfractibus Ÿ latis, convexiusculis; apertur& pyriformi; peristo= mate continuo , reflexo , undiqué soluto ; plicä palatali X longis- sim , columellari immersé ; plic& lunat&, validé, subramosé ; lamellis albis, inferiore sursum bipartitä (Pfeiffer). Dimensions.— Longueur, vingt-quatre millimètres ; diamètre , six millimètres. Cette espèce habite les environs de Touranne, en Cochinchine. — M. le docteur Pfeiffer l'ayant publiée, depuis notre voyage, nous nous bornons à reproduire la description qu’en a donnée cet auteur. L'animal est d’une couleur grisàtre; les tentacules supérieurs sont assez longs et grêles; les inférieurs sont très-courts et non renflés au sommet. D’après l'examen anatomique que nous en avons fait, cette Clausilie offre la particularité intéressante d’être vivipare. PULMONÉS. eZ | Ca GENRE AURICULE. — Auricula, Lamarck. Le genre Auricule, tel que Lamarck l'avait institué, a déjà subi d’assez nombreuses réformes. Des espèces dont cet auteur l'avait composé , les unes ont été re- connues comme devant appartenir aux Bulimes ; d’au- tres ont été placées avec raison, à côté des Lymnées, sous le nom de Chilines ; enfin, M. Deshayes a encore séparé des Auricules une auire espèce, l’Auricula ringens, pour en former le genre Ringicule. Ainsi réduit, ce genre comprend encore des espèces qui diffèrent assez, par la forme générale de la coquille, pour que les Conchyliologistes les aient généralement réparties en groupes dont la plupart ont même été re- gardés comme devant constituer de nouvelles coupes génériques. La valeur de ces divisions ne pouvant être établie que par la connaissance exacte des animaux, nous avons fait représenter ceux de toutes les espèces que nous avons pu étudier. Dans le groupe des Auricules proprement dites, MM. Quoy et Gaimard ont déjà fait connaître l’animal de l’espèce qui en est, pour ainsi dire, le type, de l’Auricule de Midas (A. Midæ). Nous avons eu occa- sion d'étudier une autre espèce de ce groupe, l’Auri- cule de Judas (A. Judæ); d’après les figures que nous en donnons, l’on peut voir que l'animal est semblable à celui de V4. Midæ, par sa forme extérieure, mais 516 MOLEUSQUES. qu'il en diffère un peu par les tentacules, lesquels ne sont plus terminés en pointe, mais présentent un petit renflement vers leur sommet (pl. 29, fig. 19, 20 ). Nous avons recueilli cette Auricule dans l’île de Pulo- Penang (détroit de Malacca), dans des mares d’eau saumâtre , à peu de distance des hords de la mer. Apres le groupe d’Auricules dont nous venons de parler, se trouve celui dont M. de Férussac avait formé le genre Cassidule ( Cassidula), et qui a pour type l’Auricule de chat (A. felis), de Lamarck. L’ani- mal de cette espèce ressemble encore beaucoup à celui de l'espèce précédente, par la forme du pied et par celle de la tête; mais les tentacules sont subulés, terminés en pointe très-effilée, et les yeux se voient à la partie interne de leur base, où ils forment une légère sail- lie (1). La peau est aussi moins tuberculeuse, ou plus lisse que dans les Auricules de Midas et de Judas qui, sous ce rapport, ressemblent aux grands mollusques pulmonés terrestres (pl. 29, fig. 21-23). Un autre groupe bien distinct d'Auricules, est celui des Mélampes de Montfort où Conovules de Lamarck. MM. Quoy et Gaimard ont aussi décrit l'animal de ces espèces, qui diffère d’une manière assez marquée de celui des espèces dont nous avons déjà parlé. Le pied , de grandeur médiocre, est divisé en deux par- ties, comme dans le Piétin d’Adanson ; mais cette di- vision à lieu à la réunion du tiers antérieur avec les (4) Pendant que l’animal rampe, la partie supérieure de ces tentacules se courbe un peu en arrière, comme on le voit sur une de nos figures (fig. 22). PULMONÉS. 517 deux tiers postérieurs. La tête, terminée antérieure- ment par un mufle assez saillant, porte supérieure- ment deux tentacules qui se touchent à leur base; les veux , sessiles , sont placés en arriere de ces organes, sur les côtés de la ligne médiane (pl. 29, fig. 24-28). L'espèce que nous avons fait figurer habite les îles Sandwich; elle vit sur les bords de la mer, où elle est assez commune ; M. Philippi l’a décrite sous le nom d'A. fusca (1). Nous avons fait figurer une autre petite espèce ap- partenant à un groupe d’Auricules qui ont de l’ana- logie avec celles du groupe des Conovules, par la forme de la coquille, et qui offrent aussi quelques rapports avec le Piétin d'Adansor. L'animal est tout à fait semblable à celui des Conovules, à l'exception du pied qui n’est plus divisé en deux parties, comme dans celles-ci (pl. 29, fig. 29-32). Cette espèce, dont nous donnerons la description plus loin, provient aussi des iles Sandwich, et habite, comme la précé- dente, les bords de la mer. L'organisation intérieure des Auricules n’a été étu- diée encore que dans quelques-unes des espèces de ce genre, et demande à être connue d’une manière plus complète ; nous allons exposer le résultat de nos re- cherches sur l’une de celles dont nous avons déjà / , . . s parlé, l’Auricule brune qui, comme nous l'avons vu, appartient au groupe des Conovules. (4) Voir le nouveau Chemnitz, vol. F, 16° partie ; Nuremberg , 1844; Auriculacea, par Küster, pl. >», fig. 18-20. 518 MOLLUSQUES. Le rebord du manteau, qui constitue le collier, est saillant et assez mince dans ces Auricules ; l’on voit, à sa partie postérieure et du côté droit, un orifice assez grand, mais contractile, qui est l’orifice pulmo- naire (pl. 32, fig. 1, 2, pl); la terminaison de l'in- testin ou le rectum vient aboutir à cette ouverture (fig. 1, «). Plus en avant et du même côté, se trouve un autre petit orifice qui est celui de Poviducte (fig.2, 0"); enfin, tout à fait antérieurement , l’on voit une troi- sième ouverture qui est celle de la verge (fig. 2, w); un sillon formé par un repli de la peau joint cette ouverture à celle de l’oviducte (1). D’après quelques auteurs, les Auricules du groupe des Conovules seraient des mollusques marins, à res- piration branchiale (2); mais cette opinion est erronée: l'appareil respiratoire de ces Auricules est le même que celui des mollusques pulmonés, c'est-à-dire eon- stitué par un réseau vasculaire, tapissant une cavité intérieure qui offre seulement ici une disposition assez singulière. En effet, ce réseau n’occupe plus le plafond de la cavité respiratoire, comme cela a lieu chez les autres mollusques pulmonés, et même dans l'Auricule de Midas, d’après les observations de MM. Quoy et Gaimard ; on ne voit, dans ce point, que quelques rami- (4) Cette disposition paraît exister dans toutes les Auricules ; MM. Quoy et Gaimard l'ont indiquée dans lAuricule de Midas , et nous l'avons aussi observée dans les Auricules de Midas et de chat, comme on peut le voir sur nos figures (pl. 29, fig. 19, 22). (2) Cette opinion a été soutenue surtout par M. Lovwe, dans le 281 Zoological journal, tom. V, pag. PULMONÉS. 319 fications vasculaires très-fines, aboutissant à une grosse veine qui longe l'organe dépurateur (fig. 4); mais la cavité respiratoire présente, en avant, une poche co- nique, qui occupe la partie antérieure du dernier tour de la coquille, et dont les parois, recouvertes d’un réseau vasculaire très-serré, nous semblent étre le siége principal de la respiration dans ces mollusques chap, ét.fisi8). La position du cœur vient tout à fait à l'appui de la détermination que nous venons de donner. En effet, cet organe n'est plus situé au fond de la cavité respi- ratoire, comme dans les mollusques pulmonés, à co- quille turbinée ; mais il se trouve à la base de la poche dont nous venons de parler (fig. 1, 2, 3, c). Deux troncs veineux viennent se jeter dans l'oreillette : l’un, qui longe l'organe dépurateur et auquel viennent aboutir, comme nous l'avons dit, quelques ramifica- tions vasculaires très-fines qui se voient au plafond de la cavité respiratoire (fig. 4 et 3, g); l’autre, qui rapporte tout le sang de la poche pulmonaire (fig. 3). Le ventricule donne naissance à une aorte qui se divise bientôt en deux troncs dont la distribution est tout à fait analogue à celle qui existe dans la plupart des gastéropodes (fig. 2, €, et fig. 3,r). Les vaisseaux artériels qui se rendent dans le foie, forment un réseau trés-riche à la surface de cet organe (fig. 1 ). L'appareil digestif offre beaucoup d'analogie avec celui de l’4. Midæ, d’après la description qu’en ont donnée MM. Quoy et Gaimard. La bouche est située à l'extrémité du mufle et a la forme d’une fente qui se 520 MOLLUSQUES. prolonge un peu vers sa partie inférieure ; le mufle se dilate, sur les côtés de cette ouverture , de manière à former deux petites expansions labiales (fig. 2). La masse buccale est assez volumineuse et renflée à sa parte postérieure (fig. 2, 4, fig. 4 et 5); elle est armée d'une petite dent cornée, à son ouverture, comme dans les autres mollusques pulmonés; sa cavité pré- sente également un renflement lingual considérable qui se prolonge en arrière et s’y termine en pointe mousse (fig. #, 5, /). L’œsophage est court et d’un calibre uniforme dans toute son étendue; il aboutit à une poche stomacale assez petite, sub-arrondie, mem- braneuse, et cerclée seulement d’une bande de fibres musculaires dans sa partie moyenne (fig. 2, «,e). L'intestin nait de l'estomac, à côté du point où vient finir l'æsophage ; après avoir formé plusieurs circon- volutions dans le foie, il pénètre dans la cavité respi- ratoire , longe le plancher de cette cavité, du côté droit, et vient se terminer à l’orifice pulmonaire (fig. 4, 2, #, , a). Cet intestin est cylindrique et d’un calibre égal dans toute sa longueur. La masse buccale est pourvue de deux glandes sali- vaires allongées , adhérant l'une à l’autre à leur par- tie postérieure, et se terminant antérieurement par des canaux excréteurs gréles, en dessus de la masse buccale et sur les côtés de l’œsophage (fig. 2, 4, 5,5). Le foie forme une masse brunâtre qui est divisée en plusieurs lobes par les circonvolutions intestinales (fig. LE 2, f). L'ovaire occupe la partie postérieure du paquet PULMONÉS. 921 viscéral; il est aplati et d’une structure radiée (fig. 1, 2,0). De sa partie centrale part l’oviducte replié en zigzags, dans la plus grande partie de son trajet , et aboutissant à un utérus situé au fond de la cavité respiratoire (fig. 2 et 6, d, m). Cet utérus, formant une masse globuleuse par ses circonvolutions, donne dans une sorte de vagin très-long, qui se voit sous la paroi inférieure de la cavité respiratoire, et qui vient se terminer en avant, sous le bord libre du man- teau , à l'endroit que nous avons déjà indiqué (fig. 4, 2, 6, d', 0"); ce canal recoit, à son origine, celui d’une vésicule copulatrice allongée (fig. 2, x), et, un peu plus en avant, deux autres petites vésicules à plusieurs lobes et comme multifides (fig. 4, 2, 6, »). La verge est un long tube que l’on voit aussi ram- per sous la paroi inférieure de la cavité respiratoire (Hs Gilo)sret qui.se renfle un peu à son extré- mité postérieure, sur laquelle vient s’insérer son muscle rétracteur (fig. 6, #2). Cet organe nous a paru tout à fait isolé et sans connexions avec le reste de l’ap- pareil; nous avons indiqué plus haut son orifice Che 12,08) Nous n'avons trouvé aucun autre organe qui puisse être regardé comme le testicule ; d’après cela, l'organe postérieur, que nous avons désigné comme l'ovaire, serait un organe hermaphrodite analogue à celui des limaces et des hélices (1 ). (4) MM. Quoy et Gaimard nous paraissent avoir pris pour le testicule, dans 4. Midæ, une portion de la matrice. 522 MOLLUSQUES. Le plafond de la cavité respiratoire est occupé, en parte, par un organe correspondant à celui que Cu- vier a désigné , dans les hélices et les limaces , sous le nom d'organe sécréteur de la viscosité, et que d’au- tres auteurs considèrent comme l'organe de la dépu- ration urinaire ; sa cavité intérieure présente des plis transverses très-serrés qui lui donnent assez bien l’as- pect d’une branchie. Cet organe s'ouvre à son extré- mité par un très-petit orifice (fig. 4, z, z )(4). Le système musculaire se compose surtout d'un gros muscle columellaire, divisé antérieurement en plusieurs faisceaux, dont les uns se rendent autour de la masse buccale, et les autres au pied; un de ces faisceaux , très-grêle , va s'implanter à la partie posté- m, M, M). rieure de la verge (fig. 2, | L'anneau nerveux se compose de deux ganglions sus-œæsophagiens ou cérébraux et de quatre ganglions sous-æsophagiens. Les premiers fournissent des nerfs aux tentacules , aux yeux et à la bouche, etc., comme dans les autres mollusques céphalés (fig. 7); les gan- glions sous-œæsophagiens se divisent en ganglions du pied, et en ganglions viscéraux qui sont placés en ar- rière des précédents; les commissures qui unissent ces ganglions aux ganglions cérébraux, présentent, du côté droit, deux autres petits renflements ganglion- naires ( fig. 8). La masse buccale est munie de deux (1) La place qu'occupe cet organe, son aspect plissé, la veine qui le longe dans toute son étendue et qui se rend à l’oreillette du cœur, nous l’avaient d’abord fait prendre à nous-même pour une branchie. PULMONES. 523 petits ganglions comme dans la plupart des autres mollusques. Nous n'avons pu étudier l’organisation des autres espèces d’Auricules que nous avons fait figurer, d’une manière assez complète, pour en donner ici une description détaillée; nous nous bornerons à dire que ces espèces, et surtout l’Auricule sandiwichienne, nous ont montré, dans les principaux points de leur orga- nisation, de grandes analogies avec celle que nous venons de décrire. Comme nous l’avons vu précédemment, les espèces appartenant aux divers groupes du genre Auricule différent par des caractères extérieurs assez sensibles ; il nous parait probable que les recherches faites sur l’organisation interne de ces espèces, feront découvrir aussi des différences qui conduiront peut-être plus tard les malacologistes à ériger en genres quelques-uns de ces groupes, et à faire ainsi du genre Auricule une famille. Les Auricules sont, comme nous l'avons dit, des Mollusques pulmonés, mais qui vivent constamment sur les bords de la mer ou auprès des marais salins, et pour lesquels la proximité de l’eau salée parait étre aussi nécessaire que le séjour dans l'eau douce, pour les pulmonés fluviatiles; les Auricules vivent même une partie du temps sous l’eau, ce qui a sans doute porté quelques zoologistes à les regarder comme des animaux marins, respirant par des branchies. MOLLUSQUES. « w te CS AURICULE SANDWICHIENNE. Auricula sandiwichiensis, nobis. PLANCHE 29, Ficures 29-32. Auricula, testä ovato-conicä, longitudinaliter tenuè sulcatä, albido- lutescente , fusco-fasciatäà 5 anfractibus septents , depresso-con- vexiusculis ; infimo Spiram superante ; apertur& ovatd ; labio intus tri-plicato; plicis superioribus lamelliformibus ; infimo dentiforme ; labro acuto, intus longé uniplicato. Coquille ovale-conique, marquée de sillons longi- tudinaux très-fins, d’un blanc jaunâtre, ornée de fascies de couleur marron, quelquefois très-foncées. Spire conique-aiguê , composée de sept tours dont le dernier est plus grand que tous les autres réunis. Ou- verture ovale; lèvre interne réfléchie , adnée , portant antérieurement trois plis : les deux plis supérieurs plus grands, lamelliformes, un peu obliques et plongeant dans l'ouverture; linférieur dentiforme. Levre externe tranchante, garnie intérieurement d’un long pli, en face du pli central de la columelle. Nous avons déjà parlé précédemment des caracteres de l'animal. Dimensions de la coquille. — Longueur, douze mil- limètres ; largeur, sept millimètres. Cette espèce provient, comme nous l'avons dit, des iles Sandwich. Cr 19 ce PULMONÉS. GENRE LYMNEE. — Zymnæa, Lamarck. LYMNÉE DE LUCON. Lymnæa Luzonica, nobis. PLaNcHE 29 , Ficures 33-37. Lymnaæa, testä ovatä, tenui, fragilissimä, pallidé virescente ; spiré brevissimd , retusä ; anfractibus tribus ; infimo maximo, convexo ; apertur& ovato-oblongé , bast angustatä ; labio inflexo, arcuato ; labro acuto, fragilissimo. Coquille ovale, très-mince et très-fragile, translu- cide, d’un vert olivâtre päle. Spire très-courte, apla- üe, munie de trois tours dont le dernier forme à lui seul presque toute la coquille. Ouverture ovale-oblon- gue, rétrécie vers la base; bord interne infléchi et arqué; bord externe tranchant et d’une grande fra- oilité. Cette Lymnée appartient au groupe des espèces de ce genre, qui a pour type la Zymnée glutineuse (L. olu- tinosa) et dont M. Nilsson a proposé de faire, peut- être avec raison, un genre distinct, sous le nom d’4/"n- plupeplea (4). Les bords du manteau peuvent, en se développant, recouvrir toute la coquille ; le pied est grand, sub-arrondi en avant et acuminé à sa partie postérieure ; la tête, bordée par une espèce de voile (1) Nissonx, Hist. Moll. Sueciæ, pag. 58. 326 MOLLUSQUES. triangulaire, porte deux tentacules aplatis, allongés et terminés en pointe; les yeux sont placés à la base de ces organes et à leur partie interne, comme dans les autres Lymnées. — Tout l’animal est d’un brun noi- râtre, marqué de petites taches noires qui sont dis- posées, sur le manteau, en séries transversales. Dimensions de la coquille. — Dans les plus grands individus que nous avons recueillis, la coquille avait environ trois centimètres de longueur, et deux centi- mètres de largeur. Cette espèce est assez commune dans la baie de Manille , où elle est apportée par les eaux de la rivière du Passig. PULMONÉS. 527 LYMNÉE DE OAHOU. Lymnæa Oahouensis, nobis. PLancHe 29, Ficures 38-41. LyYmnæa, test& oblongo-conicä, dextré vel sinistrorsé, tenu, subpel- lucidä, fuscä, interdüm rigratä ; spiré conicä ; anfractibus 4-5 , convexo-depressis ; apice sæpius eroso; aperturé ovaté ; labio re- Jlexo, adnato; labro tenui, acuto. Coquille oblongue conique, dextre ou sénestre, mince, subtranslucide, d’un brun-fauve, parfois cou- verte d’un enduit noirâtre et persistant. Spire conique, à sommet le plus souvent rongé, et composée de quatre à cinq tours d’une forme convexe-déprimée. Ouver- ture ovale; levre interne réfléchie et adhérente à l’'avant-dernier tour; labre mince et tranchant. Cette espèce présente, comme nous venons de le dire , la particularité d’être tantôt dextre et tantôt sé- nestre. L'animal a le pied court et assez brusquement rétréci en pointe à sa partie postérieure; le bord anté- rieur de la tête est légèrement échancré sur la ligne médiane ; les tentacules sont courts, aplatis, étroits et terminés en pointe aiguë. — Toutes ces parties sont d'un gris noirâtre. Dimensions de la coquille. — Longueur, douze mil- limétres ; largeur, au dernier tour, neuf millimètres. Cette Lymnée habite les ruisseaux de l'ile Oahou (îles Sandwich ); elle y est très-commune. 528 MOLLUSQUES. LYMNÉE VOISINE. Lymnæa affinis, nobis. PLANCHE 29, Fieures 42-44. Lymnaa, testé ovatà, sinistrorsà , tenu, fusca; spir& brevissimé , lateral; anfractibus tribus , supremo eroso; apertur4& oblique ovatä ; labio suprà planulato , subseptiformi ; labro tenui , acuto. Coquille ovale, sénestre , mince, d’un brun fauve. Spire très-courte, latérale, à sommet rongé, et à trois tours dont le dernier forme presque toute la coquille. Ouverture ovale ; bord interne remarquable par son aplatissement et par le prolongement de sa marge un peu en forme de demi-cloison; le bord droit, mince et tranchant. Cette espèce est toujours sénestre; l’animal est en- tièrement semblable à celui de l'espèce précédente. Dimensions de la coquille. — Longueur, sept milli- mètres; largeur, quatre millimètres. Nous avons recueilli cette Lymnée dans les mêmes lieux que la précédente. PULMONÉS. 529 Gevre HÉLICINE. — /Jelicina , Lamarck. HÉLICINE SANDWICHIENNE. Belicina sandwichiensis, nobis. PLANCHE 30, FIGurEs 1-5. Helicina, testä orbiculato-conoide& , carinatà, subalbidä, flammulis rubicundis et undatis ornat&; spiré conico-depressä, obtustuscul ; anfractibus quinis, depressiusculis ; apertur& subtrigon ; peristo- mate acuto , posticé incrassato. Operculum corneum, subovatum , tenue, pellucidum, substriatum. Coquille orbiculaire-conoïidale, carénée, blanchätre, ornée de flammules d'un brun rougeûtre, serrées et ondées. Spire conique-déprimée, un peu obtuse au sommet et formée de cinq tours légèrement déprimés. Ouverture presque triangulaire; péristome tranchant, étendu en arrière en une plaque calleuse, peu épaisse. Opercule corné, subovale, mince, translucide, substrié. L'animal a le pied étroit et allongé, les tentacules effilés à leur sommet. Il est d’un brun jaunätre dans toutes ses parties. Dimensions de la coquille. — Largeur, quatre mil- limètres; hauteur, trois millimètres. Cette petite Hélicine habite les iles Sandwich. + Elle a d’assez grands rapports avec l’Hélicine flammée (4. flammea) de MM. Quoy et Gaimard ; mais elle en Bonite. — Zool, Tome If. Partie II. 34 330 MOLLUSQUES diffère par sa forme plus déprimée, par la carène du dernier tour et par son péristome tranchant et non rebordé. GENRE CYCLOSTOME. — Cyclostoma, Lamarck. CYCLOSTOME ANGULIFÈRE. Cyclostoma angulifera, nobis. Revue zoologique , novembre 1841, pag. 347. PLANCHE 30, Ficures 6-11. Cyclostoma, testä suborbiculari, supernè planulatä , subtus latè um- bilicatä , rufo-nigricante ; anfractibus quinis, convexo-depressis , interdum obsoleté costulatis, transversim levissimé striatis ; aper- tur& circulari, superné angulosä : angulo supra convexo, subtus Jornicato ; peristomate crasso , reflexo , albo, submargaritaceo : intüs marginato. Operculum convexum , supra planum , subtus concavum et auratum, spiratim carinatum ct sulcatum : cartnis larmellosis. Coquille suborbiculaire , planulée en dessus, large- ment ombiliquée en dessous, d’un roux noiràtre, ma- culée de quelques taches blanchätres en dessus. Cinq tours de spire convexe-déprimés, finement siriés en travers, et portant parfois des costuies rayonnanies, obsolètes. Ouverture arrondie, anguleuse supérieure- ment, à angle formant en dessous une dépression voûtée; péristome épais, réfléchi, blanc et presque nacré , bordé d’un bourrelet intérieurement. — Nous PULMONÉS. 534 / avons trouvé sur quelques individus le fond de l’om- bilic obturé par une pellicule brune. Opercule tres-convexe, orné de carènes lamelleuses et de sillons spiraux, plane au sommet, concave et d'une teinte dorée inférieurement. L'animal présente tous les caractères de celui des Cyclostomes (1), comme le montre la figure que nous en donnons. Il est d’un gris-brun, marqué d’un grand nombre de petites taches noirâtres; la partie anté- rieure du mufle est blanchitre. Dinensions de la coquille. — Largeur, vingt-deux millimètres; hauteur, sept millimètres. Cette espèce habite les bois des environs de Tou- ranne, en Cochinchine. Ce Cyclostome appartient à la division des espèces de ce genre dont MM. Benson et Troschel ont fait, l'un, le genre Pterocyclos (2), l’autre, le genre Stega- notoma (3), d'après la forme de la coquille qui esi planorbulaire dans ces espèces, et surtout d'après le caractère singulier qu'elle offre d’avoir la partie posté- rieure ou supérieure du péristome prolongée en une sorte de languette creusée en gouttière inférieure- ment, ou relevée en forme de canal. Mais, d’après ce (1) C'est à tort que les auteurs assignent généralement comme caractère, aux tentacules des Cyclostomes , d’être renflés au som- met , d'après ce qui existe, en effet, dans le Cyclostome élégant (C. elegans); dans toutes les espèces exotiques, ces organes sont subulés, allongés et effilés à leur extrémité. (2) BENson, Asiat. Soc. Calcutta, 1832, 1, p. 11. (5) Troscnez, Archives de Wiegmann, 1837, p. 163. 532 MOLLUSQUES que nous avons dit des caracteres de l'animal qui est entièrement semblable à celui des autres Cyclostomes, cette division générique ne nous parait pas pouvoir être admise. CYCLOSTOME DE LA GIRONNIÈRE. Cyclostoma Gironierii, nobis. Revue zoologique, avril 1842, pag. 101. Cyclostoma Wodianum. Lx, Mem. 1849, pl. 12, fig. 19. C. Luzonicum. Sowersx, Zool. proceedings, june 1842. PLance 30, Ficures 12-17. Cyclostoma , testä orbiculari, conico-depressä , umbilicatä , supra albidä et maculis rufo-fuscis, subundatis et confluentibus picté, subtus fusco-castaneä S anfractibus quinis, CONVEXIS ; sptraliter crebré striatis, ad suturam leviter depresso-canaliculatis ; aperturä rotundatä ; peristomate crasso, albo, sub-reflexo; umbilico dila- tato, spirali, profundo. Operculum correum, supra concavum el epidermide vestitun, infrà convexum, nitidum, auratum, in medio apiculatum. Coquille orbiculaire, conique-déprimée, ombiliquée, blanchàtre en dessus et maculée de taches d’un brun- roux presque onduleuses et confluentes, d’un brun- marron en dessous; cinq tours de spire convexes, marqués dans le sens de leur longueur de stries fines et pressées, légèrement déprimés et canaliculés vers la suture. Ouverture arrondie; péristome épais, blanc, presque réfléchi; ombilic dilaté, profond, spiral. PULMONES. 533 Opercule corné , concave et épidermé en dessus, convexe en dessous, brillant, doré et garni, dans le milieu, d’une petite pointe mousse. Nous n'avons pas observé l'animal. Dimensions de la coquille. — Yargeur, vingt-deux millimètres; hauteur, quinze millimètres. Ce Cyclostome habite l’île Luçon. — M. Sowerby l'a décrit, après nous, sous le nom de Cyclostoma luzonicum, et il nous parait très-probable que c’est aussi la même espèce que celle qui avait été publiée antérieurement par M. Lea, sous le nom de C. Wo- dianum ; d'après cela, ce serait ce dernier nom qui devrait être conservé. CYCLOSTOME TROCHIFORME. Cyclostoma voloulus, Lamarck. PLancHE 30, Ficures 18-21. Nous n'avons fait figurer cette espèce que pour en faire connaitre l'animal. Celui-ci a le pied allongé, acuminé à sa partie postérieure; les tentacules sont longs et effilés à leur sommet ; les yeux sont placés à la partie externe de leur base, comme dans les autres espèces du genre (4). — Tout l'animal est d’un gris violacé. (1) Ce caractère n’a pas été indiqué d’une manière bien exacte sur quelques-unes de nos figures. Les yeux, dans les Cyclostomes, 534 MOLLUSQUES. L'opercule est corné, arrondi, mince, de couleur jaune dorée, multispiré. Nous avons recueilli ce Cyclostome à l'ile de Pulo- Penang, dans le détroit de Malacca. CYCLOSTOME SUBTROCHIFORME. Cyclostoma subinvoleulus, nobis. PLANCHE 30, Ficures 22-24. Cyclostoma, testé orbiculari-conicä, umbilicatä, sub-carinatä, te- nuissimé striaté ; Spirä conico-depressä , fusco-castancä ; anfrac- tibus senis, convexo-depressis, striis transversis strias longitudi- nales secantibus impressis ; infimo sub-carinato, rufescente-fusco et albo variegato et fasciato ; aperturé rotundatä, postice angulaté , intüs albidé ; peristomate reflexo , crasso, lacteo; umbilico pro- fundo. Coquille orbiculaire-conique, ombiliquée, subca- rénée, très-fmement striée. Spire conique-déprimée, formée de six tours convexes, marqués de stries trans- versales et longitudinales ires-fines; le dernier tour subcaréné, varié de brun et de blanchâtre, avec une large fascie brune en dessous de la carène; les autres tours , d’un brun-marron. Ouverture arrondie, lége- rement anguleuse en arrière, blanchätre à l'intérieur; péristome épais, réfléchi, d'un blanc de lait; ombilie profond. ne sont pas sur les tentacules , mais à la base et en dehors de ces organes, où ils font ordinairement une légère saillie. PULMONÉS. 235 Nous n'avons pas observé l'animal de ce Cyclo- stome ; nous n’en avons également pas vu l’opercule. Dimensions de la coquille. — Targeur, trente mil- limètres ; hauteur, vingt-deux millimètres. Ce Cyclostome provient de la presqu’ile de Ma- lacca. — Il offre d'assez grands rapports avec le pré- cédent ou le C. voloulus ; mais il s'en distingue d’une maniere bien marquée par sa contexture plus épaisse, par sa spire un peu moins élevée et moins acuminée, par son ombilic moins évasé, par son péristome plus épais, et enfin par sa coloration qui est aussi un peu différente. CYCLOSTOME TROMPETTE. Cyclostoma tuba, Sowerby. Zool. proceedings, june 1842, pag. 83. PLANCHE 30 , FicurEs 25-27. Cyclostoma, testä suborbiculari, depressiusculä, tenui, lævi, albi- cañte, rufescente-fusco variegaté et nubeculaté ; spérä brevi, sub- depressé, acuminatä; anfractibus quinis, planiusculis, primis ca- rinatis, ultimo maximo, rotundato ; apertur& maximaä, circu- lari, expansä, albicante ; peristomate albicante , tenui, lato, revoluto, suprà anfractum ultimum interrupto ; umbilico magno. (Sowerby) (1). Nous avions cru devoir donner une figure de œette (4) Les caractères que M. Sowerby assigne à cette espèce, dans 336 MOLLUSQUES. belle espèce qui n'avait été encore que décrite par M. Sowerby, lorsque nous avons fait représenter les Cyclostomes de notre voyage; depuis, cet auteur en a donné aussi une très-bonne figure dans sa Mono- graphie des Cyclostomes (1). L'individu unique que nous avons rapporté, pro- vient aussi de Malacca; nous n'en avons observé ni l'animal, ni l'opercule. Dimensions. — Largeur, trente-cinq millimètres ; hauteur, vingt-deux millimètres. la description que nous venons de citer, ne nous paraissent pas complétement exacts; sur l'individu que nous avons rapporté de notre voyage, et sur deux autres très-beaux individus que nous avons vus dans la collection de M. Petit de la Saussaye, et qui proviennent de M. Cuming , les premiers tours de la spire ne sont pas carénés, comme le dit M. Sowerby, tandis que le dernier , au contraire , présente toujours un indice de carène plus où moins prononcé. (1) Thesaurus Conchyliorum ; Monogr. des Cyclostomes, pl. 27, fig. 129. PULMONES. 537 CYCLOSTOME DE TOURANNE. Cyclostoma Tourannensis, nobis. PLANCHE 30, Ficures 28-32. Cyclostoma, testä orbiculari , conico-depressä, umbilicatä, ferru- gineä, epidermide conspurcatä ; anfractibus quinis, convexis , supra depressis , sutur& profundä divisis ; aperturé circulari, al- bicante ; peristomate reflexo, intüs marginato, albo ; umbilico dila- tato, infundibuliformi, profundo. Operculum calcareum, margaritaceum, crassiusculum. Coquille orbiculaire, conique-déprimée , ombili- quée, ferrugineuse, revétue d’un épiderme sale et comme encroûté. Cinq tours de spire ventrus, dépri- més supérieurement, séparés par une suture pro- fonde. Ouverture circulaire , blanchàtre à l’intérieur ; péristome réfléchi, bordé intérieurement. Ombilic grand , infundibuliforme et profond. Opercule calcaire, nacré et assez épais. Nous n'avons pas observé l’animal de ce Cyclostome. Dimensions de la coquille. — Yargeur, dix milli- mêètres ; hauteur, sept millimètres. Nous avons recueilli cette espèce dans les environs de Touranne, en Cochinchine. Cr co e 2] MOLLUSQUES. CYCLOSTOME DE GARREL. Cyclostoma Garreli, nobis. PLANCHE 30, FIGURES 33-37. Cyclostoma , testä orbiculato-conicä, umbilicatä, fusco-olivace , lineis elevatis et angustis cinctä ; spird conico-acutä , depressius- cul&; anfractibus senis, convexis ; aperturd cérculari, albid& ; peristomate reflexiusculo, intüs incrassato et lacteo; umbilico pro- fundo, intus angustato. Operculum corneum, tenue, pellucidum, multispiratum. Coquille orbiculaire-conique, ombiliquée, d’un brun verdàätre, ornée de lignes saillantes, spirales et assez régulièrement disposées sur les tours. Spire co- nique-aiguê , peu élevée, formée de six tours con- vexes. Ouverture arrondie, blanchâtre à l'intérieur; péristome un peu réfléchi, épaissi et lacté intérieu- rement. Opercule corné, mince, translucide et multispiré. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espèce. Dimensions de la coquille. — Largeur, neuf milli- mètres ; hauteur, sept millimètres. Ce Cyclostome habite l’île de Pulo-Penang. Il a été recueilli par M. Garrel, officier de notre expédition, à qui nous l'avons dédié. PULMONES. 539 CYCLOSTOME TACHETÉ. Cyclostoma maculosum, nobis (1). Revue zoologique , avril 1842, pag. 101. Turbo immaculatus ? Caemnirz, tom. IX. pag. 57; tab. 123, fig. 1063. Cyclostoma læve, Sowerex .—Y'hesaurus ; Monog. des Cyclostomes, pl. 29, fig. 220-222. PLANCHE 90 , FIGURES 38-41. Cyclostoma, testä orbiculato-conicä, umbilicatä , carinatà , tenui , levi, pellucidä, albidä, lituris fulvis creberrimis et maculis casta- neis remotis ornatä; Spirä conico-acuté ; anfractibus senis , con- vexis; superioribus levigatis ; ultimo ventricoso, ad periphæriam carinato, supra sptraliter striato; apertur& subcircularti ; peristo- mate reflexo, albo, superné interrupto, ad umbilicum compresso ; umbilico mediocri, profurdo. Operculum corneum, tenue, multispiratum. L'animal de ce Cyclostome a le pied assez court, présentant en dessus de son extrémité postérieure une petite pointe charnue. Il est de couleur gris-jaunûtre ; la tête et les tentacules seulement sont d’une couleur légèrement rougeûtre. (4) D’après M. Sowerhy, ce Cyclostome serait le même que celui dont M. Gray a donné une figure (2 supp. ro. Woods ind. Test., t. VI, fig. 5) sous le nom de C. /æve , quoique cette figure semble avoir rapport à une espèce différente ; quoi qu'il en soit, M. Gray n’ayant pas décrit cette espèce, et M. Sowerby ne l'ayant décrite qu'après nous, sous le nom qui lui avait été donné 540 MOLLUSQUES. Dimensions de la coquille. — Largeur, quatorze millimètres ; hauteur, onze millimetres. Ce Cyclostome habite les îles Philippines (Luçon). — 1] présente un assez grand nombre de variétés sous le rapport des couleurs ; les grandes taches marron sont plus ou moins nombreuses et différemment dis- posées ; elles peuvent manquer tout à fait. M. Sowerby a fait représenter un individu sur lequel ces taches sont remplacées par des bandes brunes sur les tours. Enfin, il est d’autres individus qui sont entièrement blancs. — Le dernier tour présente quelquefois, en dessus de la carène, deux ou trois lignes légèrement saillantes, et distantes les unes des autres, qui font pa- raitre ce tour comme multicaréné ; nous croyons que c'est sur cette variété que M. Sowerby a établi l'espèce qu'il a désignée sous le nom de C. perplezum , dans sa Monographie des Cyclostomes. par M. Gray, nous avons cru devoir conserver le nom que nous lui avions nous-même assigné, comme ayant l’antériorité. M. Sowerby et quelques autres conchyologistes paraissent ad- mettre que ce Cyclostome serait aussi le même que celui qui est décrit et figuré dans Chemnitz , sous le nom de Turbo imma- culatus , ce qui devrait faire conserver , dans ce cas, à cette espèce, ce dernier nom spécifique. PECTINIBRANCHES. 41 PECTINIBRANCHES. — Cuvier. L'ordre des PEcrINIBRANCHES nous fournit encore un exemple de la difficulté qui se trouve à classer les Gastéropodes d’une manière naturelle, d’après la con- sidération seule des organes respiratoires; les Mollus- ques, qui composent ce groupe, ne sont pas les seuls, en effet, à qui la dénomination de Pectinibranches pourrait s'appliquer, en n'ayant égard qu'à la position et à la forme de ces organes. Un des caractères distinctifs des Pectinibranches, c’est d’avoir les sexes séparés; aussi M. de Blainville a-t-il fait de ces Mollusques une sous-classe, d’après ce caractere. Les Hétéropdes ont aussi les sexes dis- tincts, comme nous l’avons vu précédemment; mais, quoique ayant de grandes affinités avec les Pectini- branches, ils s'en distinguent facilement par l’ensem- ble de leurs caractères, et surtout par leur pied con- verti en nageoire. On ne connait encore que très-incomplétement un grand nombre de Pectinibranches; il est à croire qu'une étude plus approfondie de ces Mollusques fera découvrir, dans leur organisation, des différences importantes qui conduiront à établir peut-être de 342 MOLLUSQUES. nouveaux groupes, ou à rapporter un certain nombre d’entre eux à des groupes déjà établis; c’est ainsi que les observations de MM. Quoy et Gaimard ont déjà fait voir que les Troques, les Turbos, etc., présen- taient les plus grands rapports avec les Mollusques scutibranches. Genre MÉLANIE. — Melania, Lamarck. Nous avons fait représenter l'animal des Mélanies dans trois espèces de ce genre, la Mélanie rayée (M. Virgulata, Férussac), la Mélanie thiare (M. Ama- rula, Lamarck), et une autre espèce qui est désignée, sur nos planches, sous le nom de Mélanie indienne, et dont nous parlerons plus loin (pl. 31, fig. 4, 8, 12); cet animal nous a offert les caractères suivants : Une tête proboscidiforme, assez grosse, déprimée, surtout sur les côtés qui forment un bord anguleux et mince; cette tête déborde plus ou moins le pied en avant, et présente, à son extrémité, une petite échan- crure dans laquelle se trouve l’orifice de la bouche. Les tentacules, placés à sa base et sur les côtés, sont longs et terminés en pointe tres-effilée. Les yeux occu- pent la partie supérieure et externe de la base de ces organes. Le pied, court et de forme subarrondie, est assez mince, si ce n'est à son bord antérieur qui est légèrement renflé; ce bord se prolonge en pointe sur les côtés, et présente un sillon marginal dans toute son étendue. Le bord libre du manteau est festonné. PECTINIBRANCHES. 543 La cavité branchiale, disposée comme dans les autres Pectinibranches, ne contient qu'une seule branchie. Nous n'avons pas fait de recherches sur l'organisa- tion intérieure de ces Mollusques. MÉLANIE DE TOURANNE. Melania Tourannensis , nobis. PLANCHE 91, FIGURES 4-7. Melania, testä elongato-turrité , supernè eroso-truncat& , fusco-nt- gratä ; anfractibus medio convexis, spiraliler tenué striatis, suturà profund& discretis ; ultimo ventricoso, suprà medium depresso , basi sulcato ; apertur& ovato-acuté, intus albidä; labio concavo , bast albido ; labro anticè productiusculo, inferné oblique producto, acuéto. Operculum corneum, semi-ovatum, fuscum, basi subacutum, pauci- sptratum. Coquille allongée, turriculée, à tours supérieurs rongés et tronqués, d’une couleur brun-noirûtre, convexes dans le milieu et montrant à lœil nu des stries circulaires peu prononcées. Tous ces tours sont séparés par une suture profonde; le dernier, ventru, est pourvu, au-dessus de son milieu, d’un angle qui limite une forte dépression subsuturale, et qui re- monte même sur l’avant-dernier ; la base de ce der- nier tour porte trois à quatre sillons de moins en moins prononcés en remontant. L'ouverture est ovale- aiguë, d'un blanc bleuâtre à l’intérieur; la columelle 844 MOLLUSQUES. est très-concave, blanchätre à la base; le bord externe est sinueux, tranchant, et se prolonge obliquement en pointe à la base. Dunensions. — Longueur, cinq centimètres envi- ron ; largeur , au dernier tour, deux centimètres. Cette espèce provient de la rivière de Touranne, en Cochinchine. MÉLANIE TURRITELLE. Melania turritella, nobis. PLANCHE 31, Ficures 8-11. Melania, testé turrito-subulatä, fusco-nigrä, apice erosä; anfrac- tibus depresso-planis, glabris ; ënfimo in medio subargulato ; aper- tur& ovato-acutà, intus fuscatä; labio arcuato; labro acuto, ad basim producto. Operculum corneum, tenue, ovato-oblongum, unispiratum. Coquille turriculée, atténuée en alène, d’un brun- noir, rongée au sommet, à tours déprimés, presque planes, glabres, séparés par une suture bien marquée; le dernier sub-anguleux dans son milieu. Ouverture ovale-aiguë, brunâtre intérieurement ; lèvre interne arquée; labre tranchant et saillant en cuilleron vers sa base. Dimensions. — Longueur, vingt-cinq millimètres; largeur du dernier tour, huit millimètres. Cette espece provient des îles Philippines. PECTINIBRANCHES. 545 MÉLANIE VARIABLE. Melania variabilis, Benson. BENSON, Asiatic journal, august 1835. Reewe , Conchyl. syst., tom. II, pag. 122. Melania varicosa, Troscuer, Archiv. Wiegm., 1837, pag. 174. Pairprr, Fascicules conchyliolog., tom. I, 3° liv., tab. 11, fig. 2-3. Mélanie indienne, de notre Atlas, pl. 31, fig. 12-15. PLANCHE 31, Ficures 12-15. Melania, testä elongato-turritä, acut&, fusco-olivace&,, longitudina- liter plicatä : plicis +quidistantibus , granulosis ; anfractibus un- denis | superioribus depressis , inferioribus convexis , ad suturas depressiusculis ; infimo mazximo, bi vel tricarinato, basi sulcato ; aperturd ovato-acutà ; labio concavo, inferné albido ; labro sinuoso, acuto, basi producto. Operculum corneum, ovatum, paucispiratum . Nous avions cru cette espèce nouvelle et nous l’a- vions désignée sous le nom de M. Indienne dans notre atlas; nous avons reconnu depuis qu'elle avait été publiée pour la première fois par M. Benson, sous le nom de M. variabilis, que nous lui restituons. MM. Reeve et Philippi en ont donné de bonnes figu- res, dans les ouvrages cités ci-dessus. Cette Mélanie provient du Gange. Bonite. — Zoo!., Tome IE. Partie IT. 35 546 MOLLUSQUES. MÉLANIE SCULPTÉE. Metania sculpta, nobis. PLANCHE 31, Fieures 16-18. Melania , testä ovato-oblongä, truncatä, fusco-olivace ; anfractibus depressis, plicatis ; infimo ventricoso , superrné longitudinaliter plicato, infernè transversim sulcato ; aperturä ovato-acutà ; labio arcuato ; labro acuto, suprà sinuoso, infra producto. Coquille ovale oblongue, tronquée au sommet, d’un brun olivâtre, à tours légerement déprimés et plissés; le dernier ventru, plissé en long à sa partie supérieure, et marqué inférieurement de sillons trans- verses. Ouverture ovale-aigué ; lèvre interne arquée ; labre tranchant, légèrement saillant en cuilleron à sa basse. — Nous n'avons pas eu l’'opercule de cette espèce. Dimensions. — VLongueur, douze millimetres envi- ron; largeur du dernier tour, sept millimètres. Cette Mélanie provient des îles Philippines. Cr LE & PECTINIBRANCHES. Genre VALVÉE. — Valvata, Müller. VALVÉE SILLONNÉE. V'alvata sulcata, nobis. PLancues 31, Ficures 19-21. Valvata, testä conicä, angusté perforaté, cingulatä, pallidè rufa vel albidä ; anfractibus quinis, convexis , multi-carinatis ; infimo ventricoso, sptram æquante; apertur& circulari ; peristomate obtuso. Operculum testaceum , crassum , subcirculare , vix spiraliter stria- tum. Coquille conique, étroitement perforée, d’un roux pèle ou blanchätre; cinq tours de spire gradués, con- vexes, multicarénés; le dernier ventru, aussi grand que la spire. Ouverture circulaire, à peristome con- üinu et obtus. — L'opercule testacé, épais, subar- rondi, marqué de stries spirales peu prononcées. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espèce. Dimensions. — Hauteur de la coquille, huit milli- mètres ; largeur du dernier tour, sept millimètres. Nous avons recueilli cette Valvée dans un étang situé aux environs de Pondichéry. 548 MOLLUSQUES. GENRE PALUDINE. — Paludina, Lamk. PALUDINE TRONQUÉE. Paludina truncata , nobis. PLANCHE 31, Ficures 22-24. Paludina, testé conoïdeä, eroso-truncaté, pallidé olivace& ; anfrac- tibus convexis , levigatis ; apertur& ovato-rotundatä ; peristomate continuo, nigricante, obtusiusculo. Operculum testaceum, subovatum, concentrice striatum . Coquille conoïde, tronquée par érosion, de cou- leur olivâtre päle, à tours convexes et lisses. Ouverture ovale-arrondie; peristome continu, noirâtre, légère- ment obtus. Ombilic peu apparent, indiqué par un canal arqué, sulciforme, qui contourne la lèvre in- terne. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espèce. Dimensions. — Hauteur de la coquille, quinze millimètres ; largeur du dernier tour, dix millimètres. Cette Paludine provient du Gange. — Elle a de grands rapports avec la P. remossii de Benson (1), et il est fort possible même qu'il faille la rapporter plus tard à celle-ci. (4) Voir les Fascicules conchyliologiques de M. Phibppi, vol. II, 5°liv., pag. 8 ; tab. IT, fig. 3. PECTINIBRANCHES. 949 PALUDINE AMPULLIFORME. Paludina ampulliformis , nobis. PLANCHE 31, Ficures 25-27. Paludina, testä globos&, conico-depressä , fusco-nigricante ; anfrac- tibus senis, ventricosis ; superioribus erosiusculis ; apertur& ovato- acut4, obliquà , intüs fuscä ; peristomate continuo ; umbilico an- gusto. Operculum corneum, ovatum, concentricé striatum. Coquille globuleuse, d’un brun verdâtre, à spire conique-déprimée, composée de six tours ventrus, légèrement corrodés supérieurement. Le dernier tour, plus grand que tous les autres réunis, et marqué de stries d’accroissement très-fines et obsolètes. L’ouver- ture ovale, aiguë au sommet, brunätre à l’intérieur ; le péristome continu, à marge un peu obtuse. L’om- bilic étroit et profond. L'animal a le pied assez grand, bordé d’un repli membraneux en dessus et sur les côtés; son bord antérieur est parcouru par un sillon marginal, et forme, de chaque côté, une pointe obtuse. Les ten- tacules sont longs, effilés à leur extrémité; les yeux sont placés à la réunion du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs. — Tout l’animal est d’un brun verdàtre , tacheté de jaune. Dimensions. — Hauteur de la coquille, trente-cinq millimètres; largeur, trente millimètres. 550 MOLLUSQUES. Cette Paludine provient de la rivière de Touranne, en Cochinchine. PALUDINE BOUEUSE. Paludina lutosa, nobis. PLANCHE 31 , Fiqures 28-30. Paludina, testä oblongo-conicä, olivaceä, nitidä; spirä conico-acutà ; anfractibus septenis, supra depressiusculis ; duobus inferioribus ventricosis, penultimo basi spiraliter sulcato, ultimo in medio multi- sulcato; apertur& ovato-acutä, intus cærulescente ; labio incras- sato, albo ; labro acuto. Operculum corneum, fusco-nigrum, concentrice striatum. Coquille oblongue-conique, olivätre, lisse. Spire conique-aiguë , à sept tours déprimés supérieurement ; les deux inférieurs ventrus; l’avant-dernier sillonné à sa base; le dernier, aussi grand que la spire, parcouru aussi dans son milieu, par plusieurs sillons circulaires, marqués quelquefois de petites taches brunes. Ouver- ture ovale-aiguë , à bord interne épaissi par une cal- losité blanche; l'externe aigu et tranchant. L'animal de cette Paludine, d’un brun noirûtre, est semblable à celui de l'espèce précédente ; le bord du manteau est festonné comme dans les Mélanies. Dimensions. — Hauteur de la coquille, vingt milli- mètres ; largeur du dernier tour, quatorze millimètres. Cette espèce provient du Gange. PECTINIBRANCHES. 551 GENRE LITTORINE. — Zittorina, Férussac. Ce genre, proposé par M. de Férussac pour des espèces qui étaient réparties auparavant dans les genres Turbo, Phasianelle, etc., est aujourd’hui générale- ment adopté par les malacologistes ; les Littorines for- ment, en effet, un groupe très-naturel, non-seule- ment par les caractères de l'animal, mais encore par ceux de la coquille. Quoique ces Mollusques soient extrêmement communs sur nos côtes, cepen- dant l’on n’a encore que des notions assez vagues sur leur organisation ; leurs caractères extérieurs ne sont même pas connus d’une maniere exacte; nous allons remplir cette lacune en donnant une description dé- taillée de la Zittorine littorale qui forme le type de cette division générique. L'animal des Littorines présente extérieurement les caractères suivants : une tête proboscidiforme qui dépasse ordinairement le bord antérieur du pied et qui est légèrement échancrée à son extrémité ; deux tentacules placés sur les côtés de celle-ci, longs, co- niques, terminés en pointe aiguë, et renflés dans leur quart postérieur ; les yeux situés à l'extrémité de ce renflement et en dehors (1); le pied, de gran- (1) Les yeux ne sont jamais situés à la base des tentacules , comme l'ont dit quelques auteurs. 552 MOLLUSQUES. deur médiocre, subovalaire, assez mince , si ce n’est à son bord antérieur qui est épaissi, pourvu infé- rieurement d’un sillon marginal, et subauriculé ; sur les côtés et en dessus du pied, un repli membra- neux qui s'étend de la base des tentacules jusqu'à l'opercule (pl. 31, fig. 34, 40 , et pl. 33, fig. 1, 3). La partie de l’animal qui est contenue dans la co- quille, est disposée comme dans les autres Mollusques Pectinibranches à coquille turbinée. Le bord du manteau est peu épais, simple, sans in- dice de siphon respiratoire ( pl. 33, fig. 1, 2). La cavité branchiale ne contient qu'une branchie qui en occupe presque toute la longueur. Chacun des feuillets de cette branchie se continue par un pli sur le plafond de cette cavité ; les plis, qui font suite aux feuillets moyens, sont les plus longs et s'étendent jus- qu’à peu de distance du rectum ; les autres diminuent ensuite graduellement de longueur jusqu'aux extré- mités de la branchie. Celle-ci est ainsi formée de deux parties qui ont pu ètre regardées comme deux bran- chies distinctes; cette disposition assez remarquable de l'appareil branchial paraît propre à toutes les Lit- torines ; nous l'avons trouvée du moins dans toutes les espèces que nous avons examinées (pl. 33, fig. 2, b, et fig. 10). La veine branchiale est longée par un repli du man- teau, dont nous ne saurions dire les usages (fig. 4, 240) Le cœur situé, comme d'ordinaire, dans une poche qui occupe l’arrière-fond de la cavité branchiale, se ? PECTINIBRANCHES. 523 compose d’une oreillette peu volumineuse et d’un ven- tricule de forme subquadrilatere ( pl. 33, fig. 1,2, c). L’aorte se divise immédiatement après son origine en deux troncs, l’un pour la partie antérieure de l'ani- mal, l’autre pour la masse viscérale (fig. 2, »). La bouche, placée à l'extrémité du mufle, a la forme d’une petite fente verticale. La masse buccale est assez considérable; ses parois sont peu épaisses et muscu- leuses, mais sa cavité est presque entièrement rem- plie par une langue volumineuse, cordiforme, recou- verte en dessus d’une mince plaque cornée (fig. 6, #), et pourvue en outre d’une ruban lingual qui se pro- longe en arrière de la bouche, pour venir s’enrouler en spirale sur les côtés de l’œsophage (fig. 2, 4, 5, 6, /). La structure de ce ruban lingual est très-compliquée : il est formé par une bande cartilagineuse très-mince, sur laquelle s’implantent trois rangées longitudinales de lames cornées ; les lames médianes, d’une forme presque carrée et imbriquées, sont recourbées en crochet à leur partie supérieure (fig. 7, 8); les laté- rales, falciformes et terminées par deux ou trois pointes, sont rangées par groupes de trois, sur les côtés des précédentes (fig. 7, 9). Les lames médianes sont fixes, mais les latérales peuvent s'élever ou s’abaisser, étant mobiles sur leur base. Les figures que nous donnons de ces parties, en donneront , du reste, une meilleure idée que ne pourrait le faire une des- cription plus détaillée. C’est en faisant jouer ces lames épineuses et tranchantes les unes sur les autres, que l'animal déchire et use lentement les substances dont 554 MOLLUSQUES. il fait sa nourriture. La partie du ruban lingual qui déborde la masse buccale en arrière, et qui est d’une longueur considérable , lorsqu'elle est déroulée (fig. # et 5, /, l), est contenue dans un tube membraneux très-mince ; on pense que cette partie a pour usage de remplacer successivement celle qui entoure la langue , à mesure que cette dernière s’use par le frot- tement. L'œsophage a son origine en dessus de la masse buccale; un peu en arrière de celle-ci, il présente, de chaque côté et en dessous, un petit cœcum de forme globuleuse (fig. 2, 4, 5); après avoir repris son pre- mier calibre, il se dilate de nouveau, dans une por- tion assez considérable de son étendue, et forme une sorte de jabot à parois fortement plissées en dessus et sur les côtés; il se porte ensuite directement en ar- rière, pour aller s'ouvrir à la partie antérieure de l’es- tomac (fig. 2, 4, 5, «/). Ce dernier organe forme une poche assez grande, trés-allongée, et enveloppée en grande partie par le foie; ses parois sont peu épaisses et entièrement mem- braneuses (fig. 1, 2,e). L'intestin naît de sa partie antérieure, près du point où vient aboutir l’œsophage ; il se porte d’abord en avant, s'infléchit ensuite en dehors et en arrière, pour contourner l'organe de la dépuration urinaire, reprend son premier trajet en avant et pénètre dans la cavité branchiale pour s’y terminer, comme dans les autres pectinibranches, à peu de distance du bord libre du manteau. Cette dernière portion de l'intestin PECTINIBRANCEHES. 555 est ordinairement renflée et d’un calibre plus considé- rable que le reste de ce canal(fig. 1,2, #, #, «); mais elle se rétrécit de nouveau à son extrémité. Les Littorines ont deux glandes salivaires blan- châtres, granuleuses, divisées en plusieurs lobules ; leurs canaux excréteurs, longs et grèles, viennent s'ouvrir dans la bouche à l’origine et sur les côtés de l’œsophage (fig. 2, 4, 5,5). Le foie, de couleur verdâtre, forme la plus grande partie de la masse viscérale (fig. 1, 2, f). Les canaux biliaires s’abouchent par deux troncs principaux dans la poche stomacale (fig. 2, h). Les Littorines sont dioïques. Le testicule et l'ovaire occupent la même place, dans la masse viscérale, et présentent une conformation tout à fait semblable (fig. 4, &, et fig. 2, o). Du testicule part un canal dé- férent qui, après avoir formé un grand nombre de replis, vient aboutir à une rainure qui suit le bord droit de la cavité branchiale, et se continue sur la verge dont elle longe le bord postérieur, jusqu’à son extrémité (fig. 4,4, d). Ce dernier organe, situé à la base du tentacule droit, est volumineux et toujours saillant à l'extérieur ; son bord antérieur est épineux ou denticulé, dans l'espèce que nous avons étu- diée (fig. 4, »). Dans les femelles, l’ovaire donne naissance à un oviducte tout à fait semblable au canal déférent, et qui se porte également vers la cavité bran- chiale où il aboutit à l'utérus (fig. 2, d). Celui-ci, placé à droite et un peu en dessous du rectum, forme plusieurs circonvolutions à sa partie postérieure , et 536 MOLLUSQUES. vient se terminer vers le milieu de la cavité branchiale (fg9 ju ,10!; et f52041). L’arrière-fond de la cavité branchiale est occupé par l'organe de la viscosité ou de la dépuration uri- naire. Cet organe est constitué par une poche assez grande, qui est comprise entre le péricarde, l'intestin et le foie, et qui s'ouvre par une petite fente dans la cavité branchiale (fig. 1,2, x); l'intérieur de cette poche présente, dans une partie de son étendue, l’as- pect d’un parenchyme divisé en nombreux feuillets (fig. 2, x). Elle est ordinairement colorée en pourpre par la liqueur qu’elle sécrète. Entre le rectum et la branchie, se voit encore, sur le plafond de la cavité branchiale, un organe en forme de réseau saillant, correspondant aux feuillets que Cuvier a décrits sous le nom de feuillets muqueux, dans le Buccin ondé, et que ce célebre anatomiste a regardés comme l'organe sécréteur des capsules ovi- fères (fig. 1, 2, y). Le muscle columellaire est assez court, mais large et épais dans les Littorines (fig. 1, 2, m). Le système nerveux est développé dans ces Mollus- ques. Le collier œsophagien se compose de six gan- glions. Les ganglions cérébraux, séparés par une com- missure assez longue, donnent naissance à cinq ou six paires de nerfs qui se rendent aux tentacules , à la bouche et aux ganglions buccaux. Ces deux der- niers ganglions sont placés en arrière de la masse buc- cale, sur les côtés de l’œsophage (fig. 4, 5, 12, 14). Les ganglions viscéraux, au nombre de deux, sont PECTINIBRANCHES. 597 situés en dessous et en dedans des précédents, avec lesquels ils sont unis par une courte commissure; celui du côté gauche fournit deux nerfs qui se portent, l’un à droite, à la base de la verge, l’autre en arrière, vers la masse viscérale ; ces deux ganglions se termi- nent chacun par un renflement duquel partent de nouveaux filets nerveux. Le ganglion viscéral droit ne fournit qu'un seul nerf qui se porte à gauche, et se termine aussi par un renflement donnant naissance à des nerfs qui se rendent surtout aux branchies (fig. 12, 13). Les ganglions du pied, placés en dessous de l'œsophage et tout à fait en avant, sont volumineux et réunis entre eux par une courte commissure; deux commissures , qui forment les parties latérales du col- lier, les unissent aux autres ganglions placés en dessus de l’œsophage. Ces ganglions émettent un grand nom- bre de nerfs qui se perdent dans l’épaisseur du pied, et dont plusieurs se renflent , immédiatement après leur origine (fig. 12, 13). D’après la description qui précède, l’on peut voir que les Littorines sont de véritables pectinibranches, offrant tous les caractères des Mollusques de cette di- vision, et différant complétement, par leur organisa- tion, des Turbos, des Phasianelles, des Monodon- tes, etc., parmi lesquels les auteurs les avaient d’abord confondues ; elles ne diffèrent pas moins de ces Mol- lusques par leurs mœurs et leurs habitudes, car elles vivent presque toujours hors de l’eau , sur les rochers et même sur les arbres qui bordent les rivages. Les Lit- 558 MOLLUSQUES. torines se distinguent aussi par les caractères de leur coquille, et surtout par leur opercule toujours corné et paucispiré. — La plupart des espèces qui composent ce genre sont OVo-vivipares. LITTORINE SÉRIALE. Littorinu sertalis , nobis. PLancxe 31, Ficures 34-36. Littorina , testä oblongo-conicä, albido-cærulescente, punctis fuscis, seriatis, creberrimis ornatä; spirä conico-acuté ; anfractibus septenis , convexis, spiraliter striatis ; infimo ventricoso, spiram superante ; aperturä ovato-acutà , tntus rufé , léneis albis decur- rentibus pictà ; labio compresso, intus calloso, albido ; labro acuto. Operculum correum, semi-ovatum , paucispiratum . Coquille oblongue-conique, d’un blanc bleuûtre, marquée d’un très-grand nombre de points bruns, très-serrés et disposés par séries. La spire conique aigué, à sept tours convexes, striés spiralement ; le dernier ventru, plus grand que le reste de la spire. Ouverture ovale-aigué, de couleur roussâtre à l’inté- rieur, avec des lignes blanches décurrentes; le bord interne calleux et comprimé, blanchâtre; l’externe tranchant et blanc à la marge. L'animal, d’un gris noirâtre, présente les caracteres que nous avons déjà indiqués , en traitant du genre. Dimensions. — Hauteur de la coquille, vingt mil- PECTINIBRANCHES. 599 limètres ; largeur du dernier tour, treize millimètres. Cette Littorine est assez commune aux iles Sand- wich. LITTORINE MONILIFÈRE. Littorina monilifera, nobis. PLancHe 34, Fiqures 37-39. Lüttorina , testä oblongo-conicä, cinereo-cærulescente ; spirä conico- acutä; anfractibus senis, depressis, inferné granulis seriatis or- natis ; infimo ventricoso, in medio granulis albis bi-seriatis or- nato , basi sulcato ; apertur& ovato-acuté , intüs fusco- rufescente ; labio compresso, basi subangulato; labro tenui, acuto. Operculum corneum, paucispiratum. Coquille chlongue-conique, d'un gris-bleuâtre ; spire conique-aigüe, composée de six tours déprimés, dont les inférieurs sont ornés de granulations dispo- sées par séries ; le dernier présentant deux séries de ces granulations dans son milieu, et sillonné en outre en spirale à sa base. L'ouverture ovale-aigué, d’un brun roussätre intérieurement ; le bord interne com- primé et subanguleux à sa base ; l’externe , mince et tranchant. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espèce. Dimensions. — Hauteur de la coquille, douze milli- mètres ; largeur du dernier tour, sept millimètres. Cette Littorine provient des environs de Touranne, en Cochinchine. 560 MOLLUSQUES. LITTORINE VARIÉE. Littorina variegata, nobis. Prancne 31, Ficures 40-22. Littorina , testä conicä , lineis transversis, crebris, subgranosis cinctä, maculis pallidé rufis fuscisque undiqué picté; spir4 co- nico-acutà ; anfractibus senis ; infimo ventricoso ; superioribus de- presso-convexiusculis ; aperturé ovato-acutä , albido-fucescente ; labio compresso, albo, productiusculo; labro acuto , intus maculis fuscis circumdato. Operculum correum, paucispiratum . Coquille conique, marquée de lignes circulaires saillantes, sub-granuleuses, tres-serrées, variée de tâches brunes et d’un roux päle. Spire conique-aigué, à six tours; le dernier tour assez renflé, les autres légèrement déprimés. L'ouverture ovale-aiguë, d’un blanc roussâtre ; le bord interne comprimé, blan- châtre , un peu saillant en avant; l’externe tranchant, orné en dedans de taches brunes. L'animal est noirätre dans toutes ses parties. Dimensions.—- Hauteur de la coquille, trente-six millimètres; largeur du dernier tour, vingt milli- mètres. Nous avons recueilli cette Littorine à la Puna, dans la rivière de Guayaquil. PECTINIBRANCHES. 561 LITIORINE BIGARRÉE. Littorina varia, Sowerby. SowErgy, Genera of Schells, n° 37. Reeve, Conchyl. syst. , tab. CCXX, fig. 4. Littorine costulée de notre Atlas, pl. 31, fig. 43-45. PLANCHE 34, FIGURES 43-45. Littorina , testä oblongo-conicé , crassiuscul& , fuscat& , transversim costulatä, striis longitudinaliter obliquis costulas secantibus im- press ; spiré conico-acuté ; anfractibus septenis , COnVexiusCulis ; infimo ventricoso ; aperturd ovato-acutä, intus lacte& ; labio com- presso, Crass0 ; labro acuto , maculis castaneis, seriatis intüs or- nato. — Operculum corneum, paucispiratum . Nous avons reconnu que cette espèce est la même que celle qui a été décrite par M. Sowerby, sous le nom de Z. varia; nous lui restituons donc le nom qui lui a été donné par ce Conchyliologiste. M. Reeve en a donné une bonne figure dans l'ouvrage cité ci-dessus. Nous avons recueilli cette Littorine dans la même localité que la précédente. Bonite. — Zoo!l. Tome IL. Partie I, CE (er) 2 MOLLUSQUES. LITTORINE RAYONNÉE. Littorina radiata, nobis. PLancHE 31, Ficures 46-47. Littorina, testé ovato-conicä, albido-lutescente, spiraliter eostulato- suberanosé ; Spirä conico-acutä; anfractibus senis, convexis ; in- Jimo maximo, ventricoso ; aperturé ovato-acutà, intus castaned ; labio incrassato, compresso ; labro acuto. Coquille ovale-conique , d’un blanc jaunàtre, ornée dans le sens des tours de costules serrées et sub-gra- nuleuses. Spire conique-aiguê , à six tours, dont le dernier tres-grand et ventru. Ouverture ovale-aigué , de couleur marron intérieurement; le bord interne épaissi et comprimé ; l’externe tranchant. Nous n'avons observé ni l’animal , ni l’opercule de cette espêéce. Dimensions. — Hauteur de la coquille, douze milli- mètres ; largeur du dernier tour, huit millimètres. Cette Littorine provient des environs de Touranne, en Cochinchine. PECTINIBRANCHES. 563 GENRE LITTORIDINE. — Zrtioridina, nobis. Nous avons établi cette division générique pour de petits Mollusques Pectinibranches qui se rapprochent beaucoup des Littorines par les caractères de l'animal, mais dont.la coquille est semblable à celle des Palu- dines. Comme celles-ci, les Littoridines ne vivent aussi que dans les eaux douces ou saumäâtres. L'animal des Littoridines ne diffère extérieurement de celui des Littorines, que par la position des veux qui sont tout à fait à la base des tentacules , et par la forme du pied qui est plus étroit et fortement auriculé à sa partie antérieure. La verge est aussi placée plus en dessus et en arrière du tentacule droit (pl. 31, hs," etpl32) fig.19)): Les différences qui distinguent les Littoridines des Littorines , sous le rapport de leur organisation inté- rieure, se trouvent dans la forme de la branchie, dans quelques parties des appareils générateur et digestif. La branchie est simple et n'offre plus les plis qui ta- pissent le plafond de la cavité branchiale, dans les Lit- torines (pl. 33, fig. 9,0). Dans les mâles, le testicule est formé par des cœcums ramifiés et agglomérés (fig. 17, t, et fig. 18), et le canal déférent n constitué par une simple rainure, dans la dernière ? est plus partie de son trajet, mais par un tube complet; la verge, très-volumineuse, présente, du moins dans l'espèce que nous avons étudiée, cinq ou six appen- 564 MOLLUSQUES. dices digités (fig, 9 et 17, d, d, »). Dans les fe- melles , l'utérus n'est pas disposé, à sa partie posté- rieure, comme chez les Littorines. Les glandes sali- vaires sont plus petites et ont une forme tout à fait différente (fig. 44, 12, 13, s, s). Le ruban lingual est beaucoup moins long et ne fait qu'une petite saillie en dessous de la masse buccale (fig. 12, 13, /); les lames cornées dont il est composé, diffèrent aussi un peu par leur forme et par leur disposition (fig. 14, 15,16). L'œsophage n'offre plus ni cœcums, ni renflement, et son calibre est uniforme dans toute son étendue (fig. 11, e). Enfin, nous indiquerons une dernière différence dans le nombre des ganglions viscéraux du collier nerveux, lesquels sont au nombre de trois, un du côté droit et deux du côté gauche (fig. 19). La coquille des Littoridines est ovale-conique, mince, à tours convexes, recouverte d’un épiderme verdâtre et quelquefois d’un enduit noirâtre ; l'ouverture est ovale-arrondie, anguleuse au sommet, à bords sim- ples et réunis. — Ces caractères rapprochent tout à fait la coquille des Littoridines de celle des Paludines ; mais l’opercule des Littoridines est toujours corné, mince et paucispiré, comme dans les Littorines. Les Littoridines vivent sur les bords des eaux douces où saumâtres, à la manière des Littorines; on peut les considérer comme formant une trausition naturelle entre celles-ci et les Paludines. L'espèce que nous avons étudiée est ovipare (1). (4) Le genre que nous proposons ici nous parait avoir de grands PECTINIBRANCHES. 60 LITTORIDINE DE GAUDICHAUD. Littoridina Gaudichaudir, nobis. PLANCHE 31, Ficures 31-33. Littoridina , testä oblongo-conicä , fusco-olivaceä ; spird conicä; an- fractibus SENS , superioribus depressiusculis , infimo ventricos0 , spiram æquante ; apertur& ovato-rotunduté , superné acutà ; labio tacrassato ; labro acuto. Operculum corneum, tenue, paucispiratum . Coquille oblongue-conique, d’un brun verdätre. Spire conique, composée de six tours, les supérieurs légèrement déprimés, l'inférieur ventru et égalant la spire eu longueur. L'ouverture ovale-arrondie, aiguë au sommet; levre interne épaissie ; l’externe tran- chante. L'animal, dont nous avons donné précédemment ies caracteres, est noirätre dans toutes ses parties. Dimensions. — Mauteur de la coquille, cinq milli- mètres; largeur du dernier tour, trois millimètres. Cette espèce a été recueillie par M. Gaudichaud, dans la rivière de Guayaquil. rapports avec celui que M. Gould a établi sous le nom d’#ricole (Rep. inv. Massach., p. 228), mais seulement d’après les carac- tères extérieurs de l’animal et d’après ceux de la coquille. 266 MOLLUSQUES. Genre NERITE. — NWerita, Linné. Parmi les especes de ce genre que nous avons rap- portées de notre voyage et qui sont figurées dans notre atlas , plusieurs ont été décrites par M. Récluz, à qui la science doit des recherches spéciales sur les co- quilles de la famille des Néritacés de Lamarck; nous ne croyons donc pouvoir mieux faire que de renvoyer aux descriptions que cet exact et habile conchyliolo- giste en a données (1). Ces espèces sont les : Nérite de Yoldi (N. Yoldi), Nérite geéorgienne ( N. georgina), Nérite couleur de poix (N. picea), Nérite de Michaud (N. Michaud), Nérite rugueuse( N. rugata), Nérite de Nutall(N. Nut- talli), auxquelles il faut ajouter la Wérite d'O:taiti (NW. Taitensis), décrite par M. Lesson, dans la Zoo- logie du voyage de la Coquille (2). La plupart de ces espèces n'avaient point encore été figurées, lorsque notre planche sur les Nérites a été publiée. Nous ajou- terons aussi, comme renseignement sur l'habitation des NW. Yoldiet georgina, que nous avons recueilli la pre- mière à Touranne, en Cochinchine, et la seconde, à Ma- lacca. La N. Taitensis habite aussi les îles Sandwich. (4) Revue zoologique, 184, p. 151, 180, 276, 315 ; et année 4849, p. 75. —Voir aussi le mémoire sur le genre Wérite, du même auteur, dans le Journal de Conchyliologie, 1850, t.1, p.151 et277. (2) Voir cet ouvrage, t. IT, p. 385. (Sous le nom de Wériptére d'O-taiti.) PECTINIBRANCHES. 67 L'animal des Nérites, que nous avons fait représen- ter dans toutes ces espèces, a le pied assez grand, mince dans tout son pourtour, sans sillon marginal à son bord antérieur qui est arrondi; ce pied est garni en dessus et sur les côtés, d'un repli membraneux simple qui s'étend des tentacules à l’opercule. Les autres caractères étant bien connus, nous nous abs- tiendrons de les reproduire ici. L'organisation intérieure de ces Mollusques demande de nouvelles recherches , surtout en ce qui concerne les organes de la génération. Les Nérites nous sem- blent se rapprocher bien plus, par leurs caracteres anatomiques, des troques, des turbos, etc., que des véritables pectinibranches. 568 MOLLUSQUES. { Section des NERITINES. ) NÉRITE VÊTUE. Nerita vestita, nobis. Revue zoologique, année 1842, pag. 269. PLancHEe 34, Ficures 42-15. Nerita , testä ventricoso-globosä , nitidä , ad suturam depressä, te- nuiter striatä, sub epidermide nigerrimä obscurè zonatä; spiré brevi, apice erosé ; aperturä cærulescente; labio plano, albido, anticé edentulo ; labro acuto et epidermide marginato. Coquille assez mince, globuleuse-ventrue, brillante, déprimée à la suture , finement striée, montrant sous un épiderme d’un beau noir des zones transversales obscures. Spire courte, rongée au sommet. Ouverture bleuàtre ; bord septiforme plane, édenté à sa marge ; bord externe mince et débordé par l’épiderme. L'animal est d’un gris noirâtre, piqueté de noir plus foncé sur le pied. Dimensions de la coquille. — Longueur, quinze mil- limètres; largeur, quatorze millimètres ; hauteur, dix millimètres. Cette Néritine habite Luçon (iles Philippines ). PECTINIBRANCHES. 509 NÉRITE DE GAIMARD. Nerita Gaimardii, nobis. Revue zoologique, 1842, pag. 269. Prancne 34, Ficures 16-19. Nerita , testä ovato-obtusä , viridescente, lineolis nigris longitudina- libus remotis undulatisque adspersä ; spir& prominulä, rotundato- obtus& ; labio albido lutescente , margine denticulato. Var.— Testä lineolis nigris intertextis et maculis albidis squamæ- Jformibus picté. Coquille ovale-obtuse, verdàtre, peinte de linéoles noires , longitudinales, onduleuses et écartées. Spire saillante , obtuse et arrondie au sommet. Bord septi- forme, d’un blanc jaunätre, à marge denticulée ; levre externe mince et tranchante. — Une variété de cette espèce a sa robe peinte de lignes noires entrelacées, et de taches écailleuses blanchâtres. L'animal est verdâtre, marqué de points et de li- néoles noirâtres. Dimensions de la coquille. — Longueur, quatorze millimètres; largeur, dix millimètres; hauteur, huit millimètres. Cette espèce provient de Touranne, en Cochinchine. — Elle a d’assez grands rapports avec la W. Oualu- niensis, Lesson, dont elle n’est peut-être qu'une variété. 570 MOLLUSQUES. NÉRITE DE TOURANNE. Nerita Tourannenñsis , nobis. Revue zoologique, 1842, pag. 269. PLancue 34, Ficures 28-31. Nerita, testä parvulä, ovatä, posticè angustaté, subtus planulatä, dorso convex& , sub epidermide clivace4 albidä et lineolis angu- lato-flexuosis fascias duas efformantibus ornaté ; labio margine arcuato , dentibus 13-14 exsertis armato ; labro intüs albido. Coquille ovale-arrondie, rétrécie en arrière, pla- nulée en dessous, convexe en dessus, revêtue d’un épiderme olivätre sous lequel la coquille apparait d’une couleur blanchâtre , avec deux fascies décur- rentes de lignes noires anguleuses et flexueuses sur le milieu des tours, principalement du dernier. Ouverture sub-arrondie; lèvre interne arquée à la marge et pour- vue de 13 à 44 dents petites et aiguës ; lèvre externe blanchâtre à l’intérieur. Les individus qui composent cette espèce présen- tent quelques variétés sous le rapport des dimensions et du nombre des dents du bord columellaire. — Nous n’en avons pas observé l'animal. Dimensions de la coquille. — Longueur, neuf mil- limetres; largeur, huit millimètres; hauteur, cinq mil- limeires. Cette espece provient de Touranne, en Cochinchine. PECTINIBRANCHES. © -1 ES NÉRITE MÉLANOSTOME. Nerita melanostoma, Troschel. TroscHEeL, Archiv. hist. nat., Berlin, 1837; pag. 179. Nérite indienne de notre Atlas; et Revue zool., 1842, pag. 269. PLancxe 34, Ficures 32-35. Nerita, testà ovatä, crassiusculé , subtüs planulatä, dorso convexd, luteo-viridescente, punctis seu lituris transversaliter seriatis pictä; spirä minimä, oblique incurvd, adpressd ; apertur& ovato- orbiculart, continu& , intüs rufo-unizonaté ; labio planiusculo, ni- gro, anticé arcuato et denticulato. Lorsque nous avons décrit et fait figurer cette es- pèce, en 1842, nous ignorions qu'elle avait été pu- bliée, quelques années avant, par M. Troschel , sous le nom de V. Melanostoma que nous lui restituons. L'animal de cette Nérite est d'un gris verdâtre , pi- queté de noir. Dimensions de la coquille. —%Xongueur, vingt et un millimètres ; largeur, quatorze millimètres; hauteur, dix millimètres. Nous avons recueilli cette espèce dans le Gange, à Calcutta. — Elle est voisine de la NW. crepidularta, de Lamarck, et appartient, comme la précédente, à la section des Néritines crépidiformes. 572 MOLLUSQUES. NÉRITE SUBAILÉE. Nerita subalata, nobis. Revue zoologique, 1842, pag. 269. PLancHe 34, Ficures 40-42. Nerita, testä ovatä, tenui, lateraliter subauriculaté , Jusco-nigri- cante , maculis albidis tesselatä ; aperturä fusco-nigricante ; pe- ristomate posticé obliqué truncato ; labio anticé subarcuato et denticulato. Coquille ovalaire, mince, sub-auriculée sur les côtés , d’un brun noirâtre, marquetée de petites taches blanchätres qui ne sont bien visibles qu'en exposant la coquille entre l'œil et la lumière. L'ouverture est d'un brun noirâtre; son contour est tronqué en ar- rière. Le bord septiforme a la marge légèrement échancrée et denticulée, et imprimée d’un sillon le long de la rangée de dents. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espèce. Dimensions de la coquille. — Longueur, onze milli- limètres; largeur, huit millimètres; hauteur, cinq millimètres. Cette petite Néritine provient de Lucon (îles Phi- lippines).— Elle appartient à la section des Vériptères et a de l’affinité avec la NW. subcanaliculata, Réeluz, dont elle diffère par les dimensions, par la coloration et par la forme du bord interne. PECTINIBRANCHES. bte GENRE NAVICELLE. — Wavicella, Lamarck. NAVICELLE DE LUCON. Navicella Luzonica, nobis. Revue zaol., 1841, in Réczuz, Prodr. monog. des Navic., pag. 375. PLANCHE 34, Ficures 47-18. Navicella, testä ovato-oblongä, rufo-fuscä, immaculaté, tenuiusculä, subpellucidä ; vertice ulträ marginem prominulo , eroso ; labio plano, lutescente ; apertur& intüs cinereo-fuscescente. Coquille ovale-cblongue, assez mince, un peu translucide, d’un roux-brun uniforme. Sommet sail- lant au dela du bord postérieur et toujours usé par la marche de l’animal. Ouverture ovale et d’un cendré- brunâtre intérieurement; le bord septiforme plane, semi-lunaire, lisse et jaunätre; l’externe tranchant et uni. Nous n'avons pas observé l’animal de cette Navi- celle. Dimensions de la coquille. — Longueur, vingt et un millimètres ; largeur, quatorze millimètres ; hau- teur, huit millimètres. Cette espèce habite un étang voisin de l'entrée de la baie de Manille, à l'ile Lucon. — Elle est assez re- marquable par sa coloration uniforme et sans taches. [4 ee re MOLLUSQUES. GENRE NATICE. — Watica, Lamarck. Les espèces qui composent ce genre présentent d’assez grandes différences dans la forme et dans les autres caractères de la coquille; les unes ont un opercule calcaire, tandis que, chez d’autres, cette par- tie est cornée. Il nous a paru utile de rechercher si des différences correspondantes n’existeraient pas dans les animaux de ces espèces, et, dans ce but, nous avons examiné avec soin et fait représenter tous les animaux de Natices que nous avons pu recueillir dans le cours de notre voyage. Ces Mollusques, comme on le sait déjà par les ob- servations de MM. Quoy et Gaimard et de quelques autres zoologistes, ont un pied très-grand , débordant plus ou moins la coquille dans tous les sens, et for- mant supérieurement, autour de celle-ci, un rebord plus ou moins élevé qui la recouvre en partie. La por- tion antérieure de ce rebord, distincte de la posté- rieure, appartient à une sorte de bouclier charnu qui double la face supérieure du pied, en avant (1). L'oper- cule est placé postérieurement, en dedans de ce re- bord, et n’est, par conséquent, pas apparent, lors- que toutes les parties de l’animal sont développées. La tête, très-large, présente supérieurement un bord (4) Les parties qui recouvrent la coquille appartiennent donc au pied et non au manteau, comme le disent quelques auteurs. PECTINIBRANCHES. 375 mince qui porte les tentacules. Ceux-ci sont tres-dis- tants, plus ou moins allongés , aplatis et terminés en pointe. Il n’y a aucune trace d’yeux, ni à leur base, ni dans le reste de leur étendue (pl. 36, fig. 6). Les différences qu'offrent les animaux des espèces que nous avons examinées, se trouvent surtout dans la forme du pied. Dans quelques espèces, ce pied est très-développé, de forme ovalaire, un peu rétréci seulement à sa parte antérieure; le rebord qu’il forme autour de la coquille, recouvre toujours celle-ci dans une grande étendue, et quelquefois même d’une manière com- plete; le bord postérieur du bouclier charnu qui le double antérieurement, forme du côté gauche un canal saillant, qui a probablement pour usage de conduire l’eau aux branchies. On trouve cette forme du pied dans les espèces à coquille mince , déprimée ou subdéprimée, comme la Watice glauque (N. glauca), Humboldt, et la Vatice de Chemnitz (N. Chemnitzi), Récluz (1), (pl. 35, fig. 4 et 4). Dans ces espèces, le pied ne peut généralement pas rentrer dans la coquille ; l’opercule est mince et corné. Nous indi- querons aussi un sillon transversal qui se trouve, dans les espèces que nous venons de citer, en dessous du pied, à la réunion des deux tiers postérieurs avec le tiers antérieur (pl. 35, fig. 2). (4) Réczuz, monographie des Natices; dans Caen, illust. Con- chyLl., pl. 3, fig. 4. — Nous avons recueilli cette espèce à Pulo- Penang. 376 MOLLUSQUES. Le pied nous à offert une forme à peu près sem- blable, mais avec un développement moins considé- rable, dans quelques espèces de Natices à coquille glo- buleuse et épaisse, comme la Watice jaune-roux (N. ravida), espèce nouvelle dont nous donnerons la des- cription plus loin. Dans ces espèces l’animal peut ren- trer dans la coquille; l’opercule est mince et corné (pl. 35, fig. 4, 5, et fig. 12). Dans d’autres espèces, à coquille de forme ovale- conique, le pied présente son développement surtout en avant et en arrière, ne débordant que peu la co- quille sur les côtés; le rebord qui entoure celle-ci est peu étendu et ne forme plus, du côté gauche, cette sorte de siphon respiratoire qui existe dans les espèces dont nous avons déjà parlé. Nous avons trouvé cette forme du pied dans une espèce nouvelle que nous décrivons plus bas, la Natice fibreuse ( N. fibrosa ), dans une variété de la MVatice mamelle ( N. ma- milla), Lamk., et dans la Vatice maculeuse (N. macu- losa), Lamk. Dans cette dernière espèce, le bord du pied se distingue, en outre, par les angles saillants qu'il forme sur les côtés (fig. 8, 16, 18). Dans la Natice fibreuse, Vanimal ne rentre pas dans sa co- quille; mais, dans les deux autres, il peut s’y retirer complétement. L'opercule est calcaire dans la Vatice maculeuse, et corné dans les deux autres. Les animaux des Natices diffèrent aussi un peu par les tentacules qui sont plus courts dans quelques es- pèces, et non apparents à la partie antérieure de la coquille, comme dans la Watice glauque. PECTINIBRANCHES. 577 Les Natices sont de véritables pectinibranches par leur organisation interne, et s’éloignent beaucoup, sous ce rapport, des Nérites dont Lamarck et quel- ques autres zoologistes les ont rapprochées. Le bord de la cavité branchiale est simple, sans aucune trace de prolongement canaliculé ou de si- phon respiratoire (pl. 36, fig. 6). Les branchies sont au nombre de deux, l’une grande, l’autre très-étroite et formée de deux séries de feuillets très-courts , implantés de chaque côté des vaisseaux branchiaux (même fig., b, b). Le cœur est disposé comme dans les Littorines. Le ventricule estvolumineux, de forme oblongue, et donne naissance à l'aorte par le côté. Celle-ci présente, im- médiatement après son origine, un renflement ou bulbe considérable , duquel naissent, en avant et en arrière, les vaisseaux qui se distribuent à la partie antérieure du corps et aux viscères (fig. 6, 40, c. g.). L'orifice buccal, de forme arrondie, est situé en dessous de la tête. La masse buccale, assez volumi- neuse, présente, dans sa conformation, une grande analogie avec celle des Littorines; elle est munie également d’un ruban lingual, étroit et court, dont la structure est aussi presque tout à fait semblable (fig. 7, 8, /, et fig. 411 et 12). L'œsophage est long et orêle; avant de quitter la portion antérieure de l’ani- mal, il offre, sur son trajet, une, dilatation énorme, feuilletée à l’intérieur, et qui nous paraît devoir être considérée comme une sorte de glande salivaire (fig. 7, 8, e, é, à); son calibre devient ensuite plus Ponite. — Zool. Tome IF. Partie IH. 37 578 MOLLUSQUES. étroit jusqu à l'estomac, à la partie postérieure du- quel il aboutit (fig. 6, é). La poche stomacale est grande, membraneuse, et enveloppée en partie par le foie (fig. 6, e). L’intestin, qui naît de la partie antérieure, se porte, en formant quelques inflexions, vers la cavité branchiale dans laquelle il se termine, comme chez les Littorines, par un rectum renflé (fig. 6,2;4, a) Il n'y a pas d'autres glandes salivaires que celle dont nous avons déjà parlé. Le foie forme, comme à l'ordinaire, une masse de couleur brunätre, qui remplit en grande partie les premiers tours de la co- quille (fig. 6, f). Le testicule a une structure vermiculaire (fig. 6, #). Le canal déférent qui en part, après avoir formé une petite masse pelotonnée, se dirige en avant et vient se terminer, comme dans les Littorines, à une rai- nure qui longe le bord droit de la cavité branchiale, et qui aboutit à la base de la verge (fig. 6, d, d). Ce dernier organe, situé à droite du tentacule droit, et paraissant pouvoir rentrer en partie dans la cavité du corps, est cylindroïde et terminé par un petit pro- longement flagelliforme (fig. 6, v, v). — Dans les femelles, la disposition générale de l'appareil géné- rateur est à peu près comme dans les Littorines. L'organe de la dépuration urinaire et les feuillets muqueux qui longent le rectum, dans la cavité bran- chiale, sont aussi comme dans ces derniers Mollus- ques (fig. 6, x, met y): Le muscle columellaire est court et épais (fig. 6, 7»). PECTINIBRANCHES. 579 Le système nerveux est peu développé dans ces Mollusques. Le collier nerveux se compose de six ganglions, étroitement groupés autour de l’œsophage. Les ganglions cérébraux sont séparés, par un simple rétrécissement, des ganglions pédieux qui sont beau- coup plus volumineux. Les ganglions viscéraux, situés en dessous des précédents, donnent naissance chacun à quelques filets nerveux grêles, et à un nerf volumi- neux qui, du côté droit, présente un nouveau ren- flement à son origine (fig. 43, 14). Deux petits gan- glions buccaux, de forme arrondie, et accolés sur la ligne médiane, se voient en arrière de la masse buccale (fig. 7, 15, g). NATICE DE SEBA. UE Natica Sebæ, nobis. 4 PLANCHE 39, FIGURES 6, 7. Natica , test ovatä, tenuiter striatä, all&, punctis maculisque rufis bifaciatä ; spirä conico-acuté , brevi; anfractibus quinis ; infimo maximo, ventricoso ; aperturé ovato-acutä, superné canali- culatä, basi dilatatä et effusä; labio anticé arcuato, superné re- flexo-rufo, umbilicum parvum partim obtegente. Operculum correum, unispiratum, tenue, striatum. Coquille ovale, peu épaisse, légèrement striée, blanche, marquée de taches et de points roux, dispo- sés sur deux séries au dernier tour. Spire courte, ce- nique-aigué , composée de cinq tours; le dernier très- 380 MOLLUSQUES. grand, formant presque toute la coquille. Ouverture ovale-aiguë, canaliculée au sommet, dilatée et ver- sante à la base; bord interne ceintré, épais, réfléchi sur le canal ombilical et sur l’ombilic qu'il recouvre en partie, d’une couleur brune-roussätre; bord ex- terne, mince et tranchant. Nous avons recueilli cette Natice sans son animal. Nous ne pouvons indiquer au juste sa patrie. Dimensions. — Longueur, quarante millimètres ; largeur, trente millimètres; hauteur, vingt-deux mil- limètres. Cette Natice se rapproche de la NW. melanostoma ; mais elle en diffère par son dernier tour plus ventru, par sa coloration et par la concavité assez prononcée du bord interne de l'ouverture. Elle a été bien figurée par Seba ( Mus., t. XLI, fig. 21 ), ce qui nous a fait lui donner le nom de ce naturaliste. [#14 ee] = PECTINIBRANCHES. NATICE FIBREUSE Natica fibrosa, nobis. PLANCHE 39 , Ficures 8-11. Natica, testà ovato-acut& , subepidermide fibrosä albido-lutescente , violaceo zonatä ; spir& conico-acuté; anfractibus quaternis , con- vexis, tenuiter striatis ; aperturé ovaté, superné breviter canalicu- latä, basi dilatatä ; labio rufo-violaceo, sub-recto, reflexo, umbili- cum parüm obtegente. Operculum correum, unispiratum, rufum, striatum. Coquille ovale-aiguëé, recouverte d’un épiderme assez Coriace qui se détache en lanières semblables à des fibres, d’où nous avons tiré le nom spécifique que nous donnons à cette Natice. Spire conique-aigué, composée de quatre tours convexes, marqués de stries d’accroissement assez prononcées; le dernier, fort grand, orné de trois fascies violacées et d’inégale lar- geur, sur un fond jaunâtre. Ouverture ovale, dilatée inférieurement et courtement canaliculée à sa partie supérieure ; le bord interne, d’un brun roussâtre, un peu concave dans le centre, réfléchi sur le canal om- bilical et sur l'ombilic qu'il recouvre en partie; le bord externe, mince et tranchant. L'animal est, comme nous l’avons déjà dit, tres- allongé, et d’un blanc grisätre. Dimensions de la coquille. — Vongueur, trente- deux millimètres ; largeur, vingt-cinq millimètres ; hauteur, vingt et un millimetres. 582 MOLLUSQUES,. Nous avons recueilli cette espece à Macao, en Chine. NATICE JAUNE-ROUX. Natica ravida, nobis. PLANCHE 35, Ficures 12-15. Natica , testä globosä , crassä, epidermide rufo-fuscé vestitä ; spird conico-depressä; anfractibus quinis, convexis; infimo globoso ; apertur& semi-circulari , obliquä ; labio crasso, obliquo , posticé calloso. Operculum correum, unispiratum, rufum, striatum . Coquille globuleuse, épaisse, revêtue d'un épi- derme roux-brun , sous lequel le test est de couleur blanchâtre ou jaunätre. Spire conique très-déprimée, composée de cinq ou six tours convexes, dont le der- nier est globuleux. Ouverture petite, oblique, semi- circulaire, d’un blanc de porcelaine à l’intérieur; le bord interne, de même couleur, est épais, oblique, étendu postérieurement en une large callosité se pro- longeant jusqu’à l’ombilic qu’elle recouvre en partie. L'animal de cette espèce, dont nous avons déjà in- diqué la forme, est de couleur jaune roussâtre. Dimensions de la coquille. — Vongueur, vingt- huit millimètres; largeur, vingt-trois millimètres ; hauteur, vingt millimetres. Cette Natice provient de Payta, au Pérou. PECTINIBRANCHES. 83 GENRE SIGARET. — Srgaretus, Lamarck. L'animal des Mollusques de ce genre offre les plus grands rapports avec celui des Natices ; la partie anté- rieure du pied est seulement plus étroite et plus allon- gée ; les tentacules paraissent être aussi plus grands et plus rapprochés à leur base. L'animal des Sigarets ne rentre généralement pas dans la coquille. L’oper- cule de ces Mollusques est plus petit que dans les Natices, et pour ainsi dire rudimentaire. Nous n'avons observé qu'une espèce de ce genre, le Sigaret lisse (S. levigatus) de Lamarck, dont nous donnons la figure (pl. 35, fig. 19) (1). Nous n’avons pas fait de recherches sur l’organisation intérieure de ces Mollusques. (1) M. Sowerby a confondu cette espèce avec le S. concavus ; nous avons fait représenter l’opercule de ce dernier pour faire voir que ces deux espèces sont bien distinctes (pl. 35, fig. 22) 384 MOLLUSQUES. GENRE LITIOPE. — Zatiopa, Rang. Ce genre a été établi par M. Rang, en 4829 (1), pour de petits Mollusques testacés qui vivent habituelle- ment sur les plantes marines errantes, dans les mers tropicales. MM. Quoy et Gaimard ont donné un peu plus tard, dans la Zoologie du voyage de l Astrolabe, de nouveaux détails sur ces Mollusques que M. Rang n'avait pu faire connaître que d’une manière assez in- complète. Enfin, nous avons publié nous-mêmes de- puis quelques observations que nous avons eu aussi occasion de recueillir sur les Litiopes, pendant le cours de notre voyage (2). Les Litiopes sont des gastéropodes trachélipodes dont la tête, assez grosse et proboscidiforme, porte, sur les côtés, deux longs tentacules cylindriques, déliés et contractiles. Les veux, sessiles, sont situés à la partie externe de la base de ces organes. Le pied, de moyenne longueur, est étroit, arrondi en avant, terminé en pointe en arrière; son bord antérieur est divisé, par un sillon marginal profond , en deux lèvres dont la postérieure est comme encapuchonnée par l'antérieure qui est plus saillante et renflée. La base de ce pied est entourée d’une membrane qui forme trois prolongements digités sur les côtés, et deux (1) un. des sc. nat., tom. XVI (1'° série), pag. 303. (2) Ann. d'anat. et de physiol., tom TIT, pag. 252 (1839) PECTINIBRANCHES. 85 autres prolongements semblables en arrière; sa partie postérieure porte en dessus un opercule corné, mince et paucispiré (pl. 37, fig. 1, 2, 3, 4). Nous avons pu saisir quelques détails de l’organi- sation intérieure des Litiopes, mais malheureusement trop incomplets pour qu'il soit possible d'en déduire les véritables affinités de ces Mollusques. La cavité branchiale, disposée comme dans les Pectinibranches , ne contient qu’une seule branchie. Le bord du manteau est simple, sans siphon respira- toire. Le cœur occupe l’arrière-fond de la cavité bran- chiale. La masse buccale nous a paru munie d’un ruban lingual analogue à celui des Littorimes, etc. ; nous n'avons vu, des autres parties du tube digestif, que la fin de l'intestin ou le rectum qui longe, comme à l'ordinaire, le bord droit de la cavité bran- chiale. La partie de l’animal qui remplit le fond de la coquille, est formée par un foie brunâtre et par un autre organe granuleux jaunâtre, appartenant sans doute à l'appareil générateur. Sur aucun des individus que nous avons examinés, nous n'avons vu la verge saillante qui se trouve généralement à la base du ten- tacule droit, dans les Pectinibranches. Nous renvoyons , pour les mœurs singulières de ces Mollusques, à ce que nous en avons dit dans le travail déjà cité. MM. Quoy et Gaimard ont rapproche les Liiopes des Buccins, et les ont même rangés parmi les es- pèces de ce dernier genre; mais ces Mollusques nous paraissent avoir de bien plus grands rapports, 586 MOLLUSQUES. par les caracteres de l'animal et par ceux de la co- quille, avec les Phasianelles aupres desquelles M. Rang les a placés. Cependant si les Litiopes ressemblent aux Phasianelles, aux Turbos, etc., par la forme de leur tête et par la membrane frangée qui borde leur pied en dessus, ils en different par le sillon marginal que ce dernier présente à son bord antérieur, par la position des yeux, par l’absence d’'appendices à la base de la tête, et surtout par leur opercule corné et paucispiré, caractères qui rapprochent ces Mollusques des Litto- rines. Une connaissance plus approfondie de leur organisation intérieure , et surtout de leur appareil générateur, est donc nécessaire pour qu'il soit possible de les classer d’une manière définitive. Nous avons fait représenter l’animal sur l'espèce la plus commune, le Zitiope bouche-noire (Lit. mela- nostoma), Rang , qui se trouve dans toutes les mers. Nous avions d’abord considéré, comme une simple variété de cette espèce, un autre Litiope que nous avons recueilli dans les mers de la Chine et qui se distingue des précédents par sa coloration rougeàtre, avec des bandes plus foncées dans le sens des tours. Ce caractere, joint à la forme de la columelle qui, dans ces Litiopes, ne fait presque plus de saillie en avant, à son point de réunion avec le bord gauche, nous porte à en faire une espèce distincte, que nous proposons de désigner sous le nom de Zope de Bel- langer (L. Bellangeri), du nom de M. le capitaine Bellanger qui a le premier atüré l'attention des natu- ralistes sur ces petits Mollusques. PECTINIBRANCHES, 97 GENRE CADRAN. — Solarium, Lamarck. MM. Quoy et Gaimard ont déjà fait connaitre, dans la Zoologie du voyage de l'Astrolabe, Yanimal des Cadrans; mais c’est à tort, suivant nous, que ces naturalistes ont vu, dans les caracteres de cet animal, une confirmation de l’idée que les auteurs se sont généralement faite, depuis Linné, des affinités de ces Mollusques, en les rangeant à côté des Troques ; en effet, les Cadrans nous semblent s'éloigner beaucoup de ces derniers, et constituer un type très-tranché dans l’ordre des Pectinibranches. La tête de ces Mollusques est courte, aplatie, ter- minée antérieurement par les tentacules ; ceux-ci sont peu longs, coniques, fendus inférieurement dans toute leur longueur, et parcourus supérieurement , sur les côtés, par une ligne noire. Les yeux sont situés sur un renflement, à la partie externe de leur base, et non pédiculés. Le pied, de grandeur médiocre, se termine un peu en pointe postérieurement ; son bord anté- rieur, légèrement auriculé sur les côtés, est parcouru par un sillon marginal inférieurement, et bordé d’une ligne noire à sa partie supérieure (pl. 37, fig. 10,14,42). Nos observations ont été faites sur le Cadran strié (S. perspectivum), Lamarck, dont l'opercule est corné et paucispiré (fig. 43, 14). Nous regrettons de m'avoir pu les compléter par l'étude de l’organisation inté- rieure de ces Mollusques. 588 MOLLUSQUES. GENRE TURBO. — Turbo, Linne. On a admis pendant longtemps , d’après Cuvier et M. de Blainville, que les Turbos, les Troques et les autres genres de cette famille étaient de véritables Pectinibranches, offrant, par conséquent, tous les caractères anatomiques assignés aux gastéropodes de cette division ; mais les observations publiées par M. Quoy, dans la Zoologie du voyage de l Astrolabe (1), ont fait voir que les Mollusques de ces divers genres avaient une organisation bien différente et presque semblable à celle des Haliotides , des Fissurelles, des Parmophores, etc. ; ces observations, confirmées depuis par les anatomistes qui se sont occupés de l'étude des Turbos et des Troques, doivent faire séparer définitivement aujourd’hui ces Mollusques des gastéropodes Pectinibranches, pour les faire ranger à côté des Scutibranches, ou peut-être même dans un ordre distinct. Nous allons décrire l’organisation des Turbos, d'après l'étude que nous en avons faite sur une des espèces les plus connues, le Turbo scabre (T°. rugosus ) de Lamarck. Les Turbos ont une tête proboscidiforme, assez grosse, deprimée inférieurement et un peu élargie à sa partie antérieure. À la base de la tête se voient suc- (1) Voir cet ouvrage, tom. Il, pag. 209. PECTINIBRANCHES. 589 cessivement, des appendices membraneux et quelque- fois frangés, les tentacules, et les pédoncules à l'extrémité desquels les yeux sont placés; les tenta- cules sont placés entre ces derniers et les appendices membraneux, et sur un plan un peu inférieur. Une membrane ornée de filaments tentaculiformes s'étend des pédoncules oculiféres jusqu'à la partie postérieure et supérieure du pied. Ce dernier est assez grand, de forme oblongue, sans sillon marginal à sa partie extérieure (pl. 37, fig. 20, 21, et pl. 38, fig. 4). La cavité branchiale ne contient qu’une seule bran- chie ; mais celle-ci est, pour ainsi dire, double, étant divisée par une cloison médiane, sur les deux faces de laquelle s'implantent les feuillets branchiaux (pl. 38, fiasles 6): Un des bords de cette branchie est parcouru par l'artère branchiale à laquelle viennent aboutir deux gros troncs veineux (fig. 4, 7, 4); la veine branchiale longe l’autre bord et se porte ensuite en arrière pour se rendre au cœur (fig. 4 et 14, g'). Ce dernier organe présente une conformation fort singulière et bien différente de celle que nous avons rencontrée dans les Mollusques dont nous nous sommes déja occupés. La veine branchiale forme, à son extrémité postérieure, une dilatation dont un des bords est comme frangé (fig. 14, 15, à); cette dila- tation est séparée, par un rétrécissement, d’une autre dilatation bien plus considérable qui enveloppe l’in- testin et que nous regardons comme l'oreillette pro- prement dite (même fig., w); enfin, à celle-ci est 390 MOLLUSQUES. annexée une troisième dilatation de forme allongée, libre par une de ses extrémités et se continuant, par l’autre, avec un vaisseau d’un calibre assez grêle (même fig., v, ©); cette dernière partie nous paraît devoir être considérée comme le ventricule, et le vaisseau qui en naît, comme l'aorte. Nous n'avons bien pu suivre la distribution du système artériel , mais nous croyons qu'elle ne diffère pas essentielle- ment de celle que nous avons déjà décrite dans d’autres Gastéropodes. Le tube digestif présente aussi une disposition trés- remarquable dans les Turbos. La masse buccale est allongée et un peu renflée à sa partie postérieure (fig. 2, 3); sa cavité est remplie par une langue semblable à celle des Littorines, et munie, comme dans celles-ci, d’une plaque cornée et d’un ruban lin- gual qui se prolonge en arrière, en contournant lœæso- phage (fig. 2,3, 4, l). La plaque cornée qui recouvre la langue est hérissée de petits prolongements spini- formes à son extrémité antérieure (fig. 5, 6). Le ruban lingual présente beaucoup d’analogie avec celui des Littorines ; mais, les pièces cornées qui le consti- tuent différent un peu par leur forme, comme le montrent nos figures (fig. 7, 8, 9, 10, 44, 42). L'œsophage a son origine en dessus et à la partie antérieure de la masse buccale; la premiére portion de ce canal, d’un calibre très-large, à parois plissées et finement striées intérieurement, constitue une sorte de pharynx auquel fait suite lœsophage proprement dit (fig. 2, 3, 4, æ); celui-ci, d’un calibre beaucoup PECTINIBRANCHES. 391 moindre, se dirige presque directement en arrière jusqu’à l'estomac (fig. 2, 3, 4, e’). Ce dernier organe représente une vaste poche à deux comparti- ments bien distincts : l’un, de forme oblongue et terminé par un petit cul-de-sac en arrière (fig. 2, e, e); l'autre, séparé du précédent par une demi-cloison, et constituant une cavité en spirale, comme la coquille d'une hélice (fig. 2, e, et fig. 13); c’est cette portion spiroïde de l’estomac qui se voit en dedans de la masse viscérale (fig. 4, e), et qui a été prise à tort pour la continuation de la langue par Cuvier, et pour une parte de l'appareil générateur, par d’autres ana- iomistes. L'intestin naît de l'extrémité antérieure de la pre- miere portion de l'estomac. Il se porte d’abord en avant, jusqu'à peu de distance de la masse buccale, s'infléchit ensuite en arrière et, arrivé à gauche de la poche stomacale, il forme une seconde inflexion pour se diriger de nouveau en avant, et aller se terminer dans la cavité branchiale (fig. 4, 2,4, x, a). Le rec- tum est renflé dans presque toute son étendue, comme chez les Littorines. Nous n'avons pas trouvé de glandes salivaires sur les côtés de la masse buccale; mais les parois de celle-ci présentent en arrière une masse feuilletée qui nous parait tenir lieu de ces organes (fig. 4). Le foie, d’un jaune verdâtre, est comme dans les Littorines (fig. 4, f). L'appareil générateur des Turbos diffère beaucoup de celui des Pectinibranches, tel que nous l'avons 592 MOLLUSQUES. décrit dans les Littorines. Sur tous les individus que nous avons examinés, nous avons trouvé, le long du foie , un organe d’une structure granuleuse (fig. 4, o), communiquant, par un canal dont nous n'avons bien pu reconnaitre la disposition, avec un utérus qui vient s'ouvrir à la partie postérieure de la cavité bran- chiale (fig. 4, w), et dont les parois mternes sont re- couvertes de villosités très-prononcées (fig. 16, 17 ). D'après cela, faut-il admettre avec M. Quoy, que les turbos sont des Mollusques hermaphrodites, semblables aux Haliotides , aux Fissurelles, aux Parmophores, etc., c'est-à-dire n'ayant de bien apparent que le sexe fe- melle, et pouvant se suffire à eux-mêmes ? Sur l’espèce dont nous donnons l'anatomie, le Turbo scabre, nous avons trouvé l'organe postérieur, qui est accolé au foie, tantôt d’une couleur rosée, tantôt d’un blanc jaunâtre (1), ce qui nous porte à croire que cet organe pourrait bien avoir des fonctions différentes, être un testicule sur certains individus et un ovaire dans d’au- tres ; mais, dans ce cas, les Turbos seraient des Gas- téropodes dioïques bien différents de ceux qui offrent cette disposition de l'appareil générateur. Ce point d'organisation nous semble done demander de nou- velles recherches qui devront être faites sur des ani- maux frais, et à l’époque où ces Mollusques se repro- duisent. L'organe de la viscosité ou de la dépuration urinaire (4) M. Quoy a aussi indiqué la différence de coloration qu'offre cet organe, dans la description qu’il a donnée du Turbo marbré. PECTINIBRANCHES. 593 occupe le fond de la cavité branchiale, comme dans les Pectinibranches ; il est également représenté par une grande poche, à parois épaisses et parenchyma- teuses dans une partie de leur étendue, mais dont lou- verture se trouve placée à l'extrémité d’un gros tube, en forme de trompe, qui est à droite et en dessous du rectum, au fond de la cavité branchiale (fig. 4, EEE DE De chaque côté du rectum, se voient encore les feuillets muqueux dont nous avons déja parlé au sujet des Littorines, des Natices, etc., (fig. 1, y, y). Le muscle columellaire est court et large (fig. 1, 7»). Les Turbos différent encore d’une maniere bien tranchée des Pectinibranches, par la disposition de leur système nerveux. Le collier œsophagien, remarquable par son peu de développement, est formé supérieurement par une bande médullaire tres-grêle, appliquée sur la masse buccale et renflée à ses deux extrémités. De chacun de ces renflements qui représentent les ganglions cé- rébraux et ceux du pied, partent plusieurs nerfs se rendant aux diverses parties auxquelles ces ganglions fournissent ordinairement. La portion inférieure du collier, située plus en arrière que la précédente, est aussi constituée par une sorte de ganglion tres-allongé, donnant naissance à quatre à cinq nerfs destinés aux viscères. Le collier est complété, sur les côtés, par une commissure tres-grêle qui présente encore un petit renflement à sa partie inférieure (fig. 18). D’après la description que nous venons de don- Bonite. — Zool. Tome FE, Partie 11 38 394 MOLLUSQUES ner, l'on peut voir que les Turbos forment, par l'en- semble de leur organisation, un type très-tranche auquel appartiennent les Troques, ainsi que les Dau- phinules , les Phasianelles, les Roulettes, etc., d’après les observations de MM. Quoy et Gaimard. Cependant, il est à croire que ces divers genres , tout en ressem- blant aux Turbos, par les traits principaux de leur organisation, présentent aussi, dans leurs caractères anatomiques, des modifications qu'une étude plus ap- profondie fera sans doute reconnaitre. TURBO ÉLEVÉ. Turbo elevatus, nobis. PLANCHE 37, Ficures 15-19. Turbo, testä crassä, conicä, nigro-violaceä ; anfractibus quinis, convexis ; infimo spiram superante ; aperturd margarttaceo-viri- descente ; columellà& albidä, compresso-concavé ; labro nigro mar- gtaato. Operculum calcareum. La coquille de ce Turbo est assez élevée, épaisse, conique, d'un noir violacé. La spire est composée de cinq tours dont le dernier est plus élevé que les autres réunis. La bouche est nacrée-verdâtre, bordée de noir dans toute l’étendue de la lèvre externe; la columelle est blanche, comprimée et concave. L'animal a la tête frangée en avant; la membrane latérale est aussi frangée à sa partie antérieure. — Cet animal est d'un noir foncé dans toutes ses parties. PECTINIBRANCHES. 95 Dimensions de la coquille. — Hauteur, quatorze millimètres ; largeur, onze millimètres. Ce Turbo provient de la côte du Chili. GENRE TROQUE. — Trochus, Linné. TROQUE SANDWICHIEN. Trochus sandwichiensis, nobis. PLancHe 37, Ficures 23-24. Trochus , testà elongato=conicä , crassä , griseo-virescente , granulis rubris, seriatis insculptä; anfractibus undecim , depressis ; ul- tümo basi obtusé angulato , subtùs plano ; aperturä margaritaceà , intus sulcatä ; columell& superne solutä, posticé sulcatä , anticé plicaté. Operculum corneum , multispiratum . Coquille conique-allongée, épaisse, d’un gris-ver- dâtre, marquée de granulations rouges, disposées par séries. Spire composée de onze tours déprimés ; le dernier obtusément anguleux à la base, et plane en dessous. L'ouverture nacrée, sillonnée intérieurement ; la columelle détachée supérieurement , sillonnée en arrière et plissée antérieurement. L'animal est de couleur grisàtre. Dimensions de la coquille. — Hauteur, trente milli- mètres; largeur, vingt-trois millimètres. Ce Troque provient des iles Sandwich. 596 MOLLUSQUES. Genre MODULE. — Modulus, Gray (14). M. Gray a proposé ce genre pour le 7rochus mo- dulus de Linné , que Lamarck a placé parmi ses Mo- nodontes ; létude que nous avons faite de l'animal, sur celte espèce et sur une autre que nous décrivons plus loin, nous parait justifier tout à fait l’établisse- ment de cetie coupe générique. Les Modules s’éloignent beaucoup, en effet, des Troques, des Turbos, des Monodontes, etc., par leurs caractères extérieurs , ainsi que par leur organisation interne , qui les rapprochent bien davantage des Lit- torines. Comme celles-ci, les Modules ont une tête probo- scidiforme assez large, mais déprimée et anguleuse sur les côtés, comme dans les Mélanies et les Cérites ; leurs tentacules sont gros à la base, et portent les veux en dehors, vers leur partie moyenne; leur pied est entièrement semblable à celui des Littorines , mais sans repli membraneux sur les côtés (pl. 36, fig. 1, 2, +, ebtpl. 91, fig. 25, 206). L'organisation intérieure de ces Mollusques offre les plus grands rapports avec celle des Littorines et des Littoridines ; les Modules ne différent même guère de (1) Gray, Synopsis of the British museum, 1840, p. 151. — M. Gray n’a ctabli ce genre que nominalement , et d’après les caractères de la coquille. PECTINIBRANCHES. 597 celles-ci, comme on peut le voir d’après nos figures, que par la forme du canal déférent qui est très-volumineux et fendu dans toute sa longueur, et par la forme de la verge. ( Voir les figures 1, 2, 4, 5, dont les lettres ont la même signification que pour les Littorines et les Littoridines.) Nous devons indiquer aussi le bord du manteau , qui forme deux lèvres minces et comme frangées. Mais les Modules se distinguent encore par leur opercule multispiré et tout à fait semblable à celui des Troques. Dans leurs observations générales sur les Turbos, les Troques, etc., MM. Quoy et Gaimard ont signalé les rapports qui existent entre l'animal et l’opercule, dans les divers genres de cette famille ; ils ont trouvé, par exemple, qu'un opercule corné et paucispiré correspondait toujours à une organisation différente de celle des Troques , des Turbos , etc., et analogue à celle des Littorines. Les Modules font ex- ception à cette règle, car , avec une organisation qui se rapproche beaucoup de celle des Littorines, ils ont un opercule corné et multispiré (pl. 37, fig. 30, 31). Ces Mollusques paraissent vivre sur les bords de la mer, à la manière des Littorines. 508 MOLLUSQUES. MODULE TROCHIFORME. Modulus trochiformis , nobis. PLancHe 37, Ficures 25-31. Modulus, testä conicä, umbilicatä, transversaliter sulcatä , pallide Julv& ; spirä conico-acuté ; anfractibus senis, planis ; ultimo ad periphæriam fortiter angulato, subtus planulato et concentricé profundé sulcato; apertur& sub-quadratä, intus sulcatä ; labio arcuato, in medio dentifero ; labro angulato, acuto, anticé denti- culato ; umbilico angusto, infra dilatato. — Operculum corneum, tenue, multispiratum. Coquille de forme conique, ombiliquée , sillonnée transversalement, de couleur fauve päle. Spire co- nique-aiguë, composée de six tours tout à fait planes ; le dernier formant un angle tres-saillant à sa circon- férence, plane en dessous et marqué de sillons con- centriques profonds. L'ouverture , de forme subqua- drilatère, sillonnée intérieurement ; le bord interne arqué, pourvu d’une petite dent aiguë dans son mi- lieu ; le bord externe anguleux, tranchant et dentelé en avant; l'ombilic étroit et profond, un peu dilaté à sa partie inférieure. — Opercule corné, mince et mul- lispiré. Nous avons vu des individus dont la coquille est brunâtre en dessus, et d’un blanc bleuâtre à la partie inférieure du dernier tour. Dunensions de la coquille. — Hauteur, dix-sept milli- mètres ; largeur, au dernier tour, quinze millimètres. PECTINIBRANCHES. 299 Nous avons recueilli cette espèce à l'ile de la Puna, à l'embouchure de la rivière de Guayaquil. Cette espèce se distingue facilement de l'espèce type ( Trochus modulus, Lin.), par sa spire plus élevée, par l’aplatissement du dernier tour à sa face infé- rieure, et par sa coloration. GENRE DAUPHINULE, — Delphinula, Lamarck. Les observations que nous avons faites sur une espèce de ce genre, la Dauphinule notre (D. atra- ta) (4), concordent avec celles que MM. Quoy et Gai- mard ont publiées sur la Dauphinule laciniée (D. la- céniata), si ce n’est pour la membrane latérale du pied qui, dans l’espèce étudiée par nous, est ornée de filaments tentaculiformes, comme dans les Turbos et les Troques (pl. 37, fig. 32, 33). Les Dauphinules ne diffèrent donc presque pas, par les caractères de l’ani- mal, de ces derniers genres auprès desquels il con- vient, par conséquent, de les ranger, à l'exemple de Linné, plutôt qu’à la suite des Scalaires, comme l’a fait Lamarck dans sa classification. (1) Rerve, Proceedings zool. Societ., 1842. 600 MOLLUSQUES. GENRE CERITE. — Certtluium, Bruguiere. CÉRITE OBTUSE. Cerithium obtusum , Lanx. PLANCHE 39, Ficures À -2. Les détails déjà donnés par MM. Quoy et Gaimard sur cette espece, ne s'accordent pas entièrement avec ce que nous avons vu nous-mêmes, surtout pour ce qui a rapport à la coloration de l'animal. Sur les individus que nous avons observés, cette coloration est d’un brun verdätre, tachetée de brun plus foncé. Le pied est noirâtre, bordé de rouge à son pourtour. Le mufle, allongé et légerement dé- primé, est de même couleur que le pied, et marqué également de deux bandes rouges à son extrémité. Les tentacules sont assez gros et cylindriques dans leur moitié postérieure, au bout de laquelle les yeux sont placés; ils sont tres-grêles et filiformes dans le reste de leur étendue ; ces organes sont aussi noirâtres, avec une petite bande rouge autour des veux. Cette espèce appartient à la division des Cérites à opercule multispiré. — Nous l’avons recueillie dans des flaques d'eau saumätre , à l’île de Pulo-Penang. PECTINIBRANCHES. 601 CÉRITE DE TOURANNE. Cerithium tourannense, nobis. PLANCHE 39, FIGURES 3-5. Cerithium, testä oblongä , cinerascente, transversim regulariter striatä , granulis nigris biseriatim cincté, in énfimo sex-seriatis ; aperturä subrotundd ; canali brevissimo. Operculum multispiratum. Coquille oblongue, grisätre, régulièrement striée dans le sens des tours, et ceinte de séries de granula- tions noires, au nombre de deux pour les tours supé- rieurs, et de six pour le tour inférieur. Ouverture sub-arrondie, à canal très court. L'animal, d’un gris noirâtre, a les tentacules moins renflés, à leur partie postérieure, que l'espèce précé- dente. L’opercule est également arrondi et multispiré. Dimensions de la coquille. — Longueur, trente mil- limètres ; largeur, vingt-six millimètres. Cette Cérite provient de Touranne. Nous avons fait figurer une troisième espèce de Cérite, que nous avons reconnu plus tard être la même que celle qui a été décrite et figurée par M. d'Orbi- gny, sous le nom de Cérite de Montagne (C. Monta- net) (4); nous renvoyons donc à la description très- (A) Foy. dans l'Amériq. mérid., +. V, p. 443, pl. 63, fig. 3-4 602 MOLLUSQUES. exacte que ce naturaliste en a donnée.—Nous l'avons également recueillie dans les eaux saumâtres de la riviere de Guayaquil. GENRE POURPRE. — Purpura, Adanson. M. de Blainville donne ainsi les caractères de l'a- nimal des Pourpres, dans sa monographie des espèces de ce genre : « Animal trachélipode, tres-rarement presque gas- téropode, à pied large, arrondi en avant, sans sillon marginal, ni auricules, enveloppé dans un manteau fort mince sur son bord libre, et pourvu d’un tube branchial épais et développé; tête assez épaisse; deux tentacules médiocres, très-rapprochés, renflés dans leur tiers inférieur, et portant les yeux à l'extrémité de ce renflement ; bouche pourvue d’une trompe ré- tractile; organe excitateur mâle considérable, sans sillon extérieur à sa base. » Cette caractéristique est en partie inexacte. Le pied des Pourpres n'est pas arrondi en avant, mais se ter- mine, dans ce sens, par un bord presque transverse , présentant quelquefois une légère échancrure sur la ligne médiane ; ce bord est un peu épaissi, auriculé sur les côtés, et pourvu inférieurement d'un sillon marginal. La tête est assez petite et déprimée; les tentacules, qui la terminent en avant, portent géné- PECTINIBRANCHES. 603 ralement les yeux à la réunion des deux tiers posté- rieurs avec le tiers antérieur, ou vers leur partie moyenne. Nous avons fait représenter l'animal des Pourpres sur plusieurs espèces appartenant aux différents grou- pes qui ont été établis dans ce genre, savoir : La Pourpre tuberculee ( P. tuberculata), de Blain- ville, de la division des Pourpres colombelloïides de cet auteur (pl. 39, fig. 11-13); La Pourpre ouverte (P. aperta), de Blainville , du groupe des Pourpres ricinules (pl. 39, fig. 8-10); Une espèce que nous avons rapportée à la Pourpre ondée (P. undata), Lamarck, placée par M. de Blain- ville dans sa division des Pourpres semi-ricinules (pl. 39, fig. 17-19); La Pourpre harpe ( P. harpa ), Conrad, qui nous semble se ranger dans la section des Pourpres échi- nées (pl. 39, fig. 14-16) (1); Le Pourpre carinifère (P. carinifera), Lamk., la Pourpre kiosquiforme(P. kiosquiformis), Duclos, et la Pourpre cassidiforme (P. cassidiformis), de Blain- ville, qui font partie des Pourpres fusiformes (pl. 40, fig. 4-6, et pl. 39, fig. 23-25, 26-29); La Pourpre Bezoar ( P. Bezoar ), de Blainville, de la section des Pourpres pyriformes (pl. 40, fig. 7-12); La Pourpre striée (P. striata), qui fait partie des Licornes de Lamarck (pl. 39, fig. 35-37); (4) Cette espèce a été décrite par M. Conrad, dans le Journal de l'Acad. des Sc. nat. de Philadelphie , t. VH, part. 2, p. 266. — Nous l'avons recueillie aux iles Sandwich. 604 MOLLUSQUES. Enfin, la Pourpre crassilabre (P. labiosa), que M. Gray (1) à mise parmi les Murex, mais qui nous semble devoir être rapportée aux Pourpres d’après les caractères de l’animal , et surtout d’après ceux de l’'opercule (pl. 39, fig. 32-34). Dans toutes ces espèces, l'animal a les caractères que nous avons indiqués ci-dessus, et l’opercule pré- sente la forme que M. de Blainville a considérée comme propre aux Pourpres. À la suite de ces espèces, nous allons donner la description de quelques autres qui nous ont paru nouvelles. POURPRE DE CHUSAN. Purpura Chusani, nobis. PLancne 39, Ficures 20-22. Purpura , testä ovato-fusiformi, albido-fulvä, transversim striatà, tuberculis nigris et bi-seriatis cinctä : tuberculis in infimo an- Jractu quadri-seriatis, superioribus validis, inferioribus ferè ob- soletis ; spirä conicä ; anfractibus 5-6, superné depresso-planius- culis ; aperturd ovatä , pallidé luteo-aurantiä ; columell& pland ; labro quadri-angulato. Le Cette espèce se rapproche de la P. kiosquiformis, par la forme de la coquille; mais elle en diffère par , (1) Gray, Spicil. zoolog., 1828, p. 4. — D'Onmenyx, Joy. dans l'Amériq. mér., t. V, p. 453, pl. 62, fig. 3-10. PECTINIBRANCHES. 605 plusieurs caracteres, et surtout par la disposition des tubercules. L'animal et l’opercule ont les caractères des antres espèces du genre. Dimensions de la coquille. — Hauteur, quarante- trois millimètres; largeur, vingt-cinq millimètres. Cette Pourpre provient de la Chine. — Mais nous l'avons aussi recueillie à Malacca. POURPRE DE POTHUAU. Purpura Pothuauï, nobis. PLancue 39, Fieures 30-31. Purpura, test& ovatà, ventricosd, cinerascente, spurcé ; Spirä co- nicd; anfractibus quinis, perlongum costatis ; costis transversim lineis elevatis cancellatis ; interstitiis punctis quadratis impressis ; apertur& ovatà, intus violaceä ; labro interne granulato ; canali brevi. Nous n'avons observé ni l'animal, ni l’opercule de celte espèce, ce qui nous la fait rapporter aux Pour- pres avec doute; elle présente aussi, en eflet, des rapports avec les Murex. Dimensions. — Hauteur, vingt-deux millimètres ; largeur, treize millimètres. Cette espèce provient des îles Philippines. 606 MOLLUSQUES. POURPRE DU PÉROU. Purpura peruviana, nobis. PLANCHE A0, Fiqures 1-3. Purpura, testé ovatä, pallidé fuscä ; spirä conicd ; anfractibus senis, superné depresso-planiusculis, transversim sulcatis, longitudina- liter substriatis ; aperturä ovatä, intüs striatä ; columellé auran- tà, arcuatä, suprà plan. Coquille ovale, de couleur brune pâle. Spire co- nique, composée de six tours un peu déprimés supé- rieurement , sillonnés transversalement. Ouverture ovale, striée en dedans du bord externe; columeile déprimée, arquée et de couleur jaunûtre. Cette espèce appartient à la section des Pourpres hémastomes de M. de Blainville. L'animal et l’opercule ont tous les caractères qui sont propres aux Pourpres. Dimensions de la coquille. — Mauteur, quarante millimètres; largeur, vingt-cinq millimètres. Cette Pourpre provient des côtes du Pérou. PECTINIBRANCHES. 607 GENRE BUCCIN. — Buccinum, Linné. Ce genre, tel qu'il est constitué aujourd’hui , après les réformes faites par Bruguière et par Lamarck, se compose d'espèces qui forment trois ou quatre groupes aussi distincts par les caractères de la coquille, que par ceux de l'animal. Un de ces groupes correspond au genre Tritonium de Müller, eta pour type le Buccin onde (B.undatum). Les espèces qui appartiennent à cette division, se rapprochent un peu des Fuseaux par la forme de leur coquille; l'animal à une tête assez large, déprimée, portant, en avant et sur les côtés, deux petits tenta- cules coniques, à la base externe desquels les yeux sont placés ; le pied, de grandeur médiocre, est sub- auriculé à sa partie antérieure et pourvu inférieure- ment d’un sillon marginal; l'organe mâle, situé en arrière du tentacule droit, est d’un volume considé- rable. — Nous rapportons à ce groupe de Buccins, une espèce que M. de Blainville avait rangée parmi les Pourpres, sous le nom de Purpura fusiformis (4), et que M. d’Orbigny a mise plus tard dans les Fuseaux, sous le nom de Fusus purpuroides (2); l'animal de cette espèce n’a ni les caractères des Pourpres, ni (4) Monographie du genre Pourpre, déjà citée, p. 41, et pl. 41, fig. 7. 2) Voy. dans l'Amériq. mérid., t. V, p. 448 , et pl. 63, fig. À ) 1 P l 5 608 MOLLUSQUES. ceux des Fuseaux, mais ressemble tout à fait à celui du Buccin onde (pl. 42, fig. 1-3); nous proposons donc de la désigner sous le nom de Buccin fusiforme (B. fusiforme). Cette espèce habite les côtes du Pérou. Un autre groupe de Buccins est celui dont Lamarck avait formé le genre Vasse. Les espèces de celte sec- tion se distinguent bien par leur coquille; mais lani- mal n'offre pas des caractères moins tranchés. Ces Buccins ont un pied très-grand, débordant ordinaire- ment beaucoup la coquille en arrière et en avant, for- tement auriculé à sa partie antérieure et plus ou moins échancré sur la ligne médiane, pourvu aussi d’un sillon marginal, et terminé postérieurement par deux petits appendices, quelquefois bifides; la tête , aplatie, se termine antérieurement par les tentacules qui sont allongés, tres-effilés à leur extrémité, et qui portent les veux, en dehors, à leur partie moyenne. L'opercule est pelit, presque rudimentaire, tronqué au sommet et dentelé sur les côtés. — Nous avons fait représenter plusieurs de ces Buccins, avec l'animal , savoir : le Buccin crénele (B. crenulatum), Bruguière (pl. M, fig. 1-4), le Buccin bouche-jaune (B. luteostoma), Bro- derip (fig. 5, 7) (1), le Buccin hérissé (B. hirtum), Kiener (fig. 8-10)(2), le Buccin perlé(B.gemmulatum), Lamk. (fig. 11, 13) (3), le Buccin olivätre (B. oliva- (1) Zool. Journ., vol. IV, p. 376. (2) Nous avons recueilli cette espèce aux îles Sandwich. (3) Cette espèce provient de Touranne, en Cochinchine. PECTINIBRANCHES. 609 ceur), Bruguière, et une de ses variétés (fig. 14-19)(1), enfin, le Buccin dentifère ( B. dentiferum), Powis, (fig. 20,21) (2). Quelques espèces de Buccins, comme le B. lævis- sunum, Gmelin, et le B. achatinur, Lamk., forment un groupe encore plus tranché que le précédent, par les caractères de l'animal; mais n'ayant pas fait d'observations sur ces espèces, nous n'avons pas à en parler ici. Enfin, dans le groupe des Buccins proprement dits, l'animal ne diffère que peu de celui des Pourpres; le pied, assez grand, est aussi auriculé antérieurement et pourvu d’un sillon marginal; la tête, plus petite que dans les Buccins de la division des Nasses, se ter- mine par deux tentacules plus courts, moins effilés, et portant également les veux à leur partie moyenne. — Nous n’avons fait figurer, dans cette section, qu'une seule espèce, le Buccin Civette (B. viverratum ), Kie- ner (3), que nous avons recueilli à Rio-Janeiro. Il est possible que l’étude des animaux, dans les nombreuses espèces qui composent le genre Buccin, fasse encore reconnaître plus tard d’autres groupes que ceux que nous venons d'indiquer. (4) Nous avons recueilli cette espèce à Touranne et à Pulo- Pinang. (2) Proceedings de l’année 1835, p. 95. — Cette espèce habite les côtes du Pérou; l’animal est semblable à celui des espèces précédentes. (3) Kxener ; species, genre Bucacrn, p. 35, pl. 10, fig. 35. Bonite. — Zooi. Tome II. Partie IE. 39 610 MOLLUSQUES. BUCCIN BOLIVIEN. Buccinum bolivianum , nobis. PLANCHE 41 , FIGURES 22-24. Buccinum, test& ovato-elongatä ; spirä conico-acuté ; anfractibus senis, convexis, cancellatis; anfractu infimo, spiram æquante ; apertur& ovatä; columell& depressä, anticè subdenticulatä. Coquille ovale-allongée ; spire conique-aiguë, com- posée de six tours convexes, cancellés, le dernier plus grand que le reste de la spire. Ouverture ovale; colu- melle un peu déprimée, subdenticulée à sa partie an- térieure. Nous n'avons pas observé l'animal de cette espèce. Dimensions de la coquille. — Longueur, sept milli- mètres ; largeur, trois millimètres. Nous avons recueilli ce petit Buccin à Cobija, en Bolivie. PECTINIBRANCHES. 611 GENRE ÉBURNE. — £burna, Lamk. Quelques auteurs pensent que les Éburnes doivent retourner au genre Buccin dont Lamarck les a retirées, pour en former un genre distinct; mais l'animal des Éburnes nous paraît différer d’une maniere bien tran- chée de celui des Buccins, conime le montre la figure que nous en donnons, dans l’'Éburne canaliculée (E. spirata) de Lamarck (pl. 41, fig. 28-30). Le pied de ces Mollusques est grand, beaucoup plus long que la coquille, terminé en pointe obtuse en arrière; son bord antérieur, très-légèrement échan- cré sur la ligne médiane, est pourvu d’un sillon mar- ginal, etauriculé sur les côtés. La tête ressemble assez, par sa forme et par la position des tentacules et des yeux, à celle des Buccins du premier groupe, dont nous avons précédemment parlé; mais elle est plus grosse, et les tentacules sont beaucoup plus longs et plus effilés à leur extrémité. L’organe mâle, court et grêle, est situé en dessus de ja tête, du côté droit. Le siphon branchial est gros, mais peu développé. — L'organisation intérieure de ces Mollusques nous a paru se rapprocher beaucoup de celle des Buccins. Nous avons recueilli cette espèce à Pulo-Pmang, dans le détroit de Malacca. 512 MOL£LUSQUES. GENRE VIS. — Jerebra, \danson. Nous avons eu occasion d'observer l’animal de deux espèces de ce genre, la /’7s tachetée (T, maculata), Lamk., et la is foret (T°, strigilata), Lamk., qui sont toutes deux assez communes aux îles Sandwich. Le premier de ces Mollusques a déjà été décrit et figuré par M. de Blainville, dans la Zoologie du voyage de l'Uranie (A), mais d’après des individus conservés dans l’alcool et sur lesquels ce célèbre naturaliste n’a pu, par conséquent, reconnaitre d’une manière exacte la forme de certaines parties. L'animal des Vis s'éloigne beaucoup, par ses ca- ractéres extérieurs, de tous ceux que nous avons examinés jusqu'ici. Le pied de ces Mollusques est assez petit, mince sur les bords, de forme subovalaire et un peu rétréci à sa partie antérieure qui n'offre aucun indice de sillon marginal. La tête est très-petite, ar- rondie, surmontée de deux tentacules courts, très- orêles, cylindriques et oculés à leur sommet (2); la bouche se trouve placée à sa partie antérieure et inférieure. L'organe màle, replié dans la cavité bran- chiale, est énorme et denticulé sur son bord posté- rieur. Le siphon branchial est long, assez gros à sa (4) Voir cet ouvrage, p. 449, et pl. 69. (2) Ces tentacules ne sont ni aplatis, mi triangulaires, comme l’a dit M. de Blainville dans sa description. PECTINIBRANCHES. 615 base, mais atténué à son extrémité (pl A, fig. 34, 32, 23, 94). L'animal de la és foret est semblable à celui que nous venons de décrire ; les tentacules sont seulement placés un peu plus en arrière, et plus rapprochés de la ligne médiane (pl. #1, fig. 38, 39). Ces Mollusques sont pourvus d'une trompe inté- rieure très-volumineuse, comme les Buccins et la plupart des Gastéropodes siphonobranches; leur ca- vité branchiale contient deux branchies, une grande et une petite. Ce sont les seuls détails que nous puis- sions donner sur leur organisation intérieure, les indi vidus que nous avons rapportés ayant été presque complétement altérés par la liqueur. — L'opercule est corné , onguiculé, à éléments imbriqués (pl. 35-37, et fig. 40, 41). D’après les figures que MM. Quoy et Gaimard ont données de l'animal des Vis polie et tigrée de La- marck (1), cet animal présenterait, dans ces deux es- pèces, des caractères assez différents de ceux que nous venons de décrire; mais ces différences nous paraissent tenir à ce que, dans la Vis tigrée que ces naturalistes ont fait représenter avec une tête probos- cidiforme, la trompe intérieure était en partie déve- loppée, lorsque leur dessin a été fait. Quant à la po- sition des yeux, MM. Quoy et Gaimard paraissent l'avoir bien reconnue dans cette espèce, puisqu'ils (4) Zoologie du voyage de l’Astrolabe; Mollusques, pl. 35, fig. 18 et 19 614 MOLLUSQUES. disent avoir cru voir que les yeux étaient placés tout à fait à l'extrémité des tentacules ; À est donc très-pro- bable que la place qu'ils leur assignent à la partie moyenne des tentacules, dans la Vis polie, est le résultat d'une erreur dans leurs observations. GENRE PYRULE. — Pyrula, Lamk. Le genre Pyrule, dans lequel Eamarck a rangé toutes les coquilles canaliculées, à spire courte et ventrues à leur partie supérieure, est un de ceux qui ont le plus besoin d’être revus et réformés, d’après la connaissance des animaux. Nous avons pu étudier deux des espèces qui sont encore placées dans ce genre , par la plupart des auteurs, la Pyrule trompette ( P. tuba), et la Pyrule Chauve-Souris (P. vespertilio) de Lamarck; dans ces deux espèces l'animal nous a présenté les caractères suivants : Une tête proboscidiforme très-allongée, un peu dé- primée et portant à son extrémité deux petits tenta- cules coniques ; les yeux situés à la partie externe de la base de ces organes ; le pied, assez grand, de forme ovalaire, pourvu d'un sillon margmal et légèrement auriculé à sa partie antérieure, présentant un large pore à sa face inférieure (pl. 42, he #4, 1,410/%et pl. 43, fig. 1, 2, 3, 4). Ce pied porte en arrière un PECTINIBRANCHES. 615 opercule corné, épais, fortement onguiculé et à élé- ments imbriqués (pl. 42, fig. 5, 6, 9, 12). Cet animal, un des plus tranchés de la classe des Gastéropodes par ses caractères extérieurs, se rap- proche beaucoup de celui des Buccins, des Pour- pres, elc., par son organisation intérieure. La cavité branchiale contient deux branchies, une srande et une petite; celle-ci est pour ainsi dire dou- ble, ou porte une rangée de filaments de chaque côté (pl. #3, fig. 1,2, 8, 4, b, db, b). Le siphon est court, mais gros et épais (fig. 1, 2). Le cœur, situé comme dans tous les Mollusques pectinibranches, est composé d'une oreillette assez courte et mince, et d’un ventricule pyriforme, à pa- rois épaisses et musculeuses (fig. 3, 4, c). L’aorte se divise, immédiatement après sa naissance, en deux troncs qui se portent, l’un en avant (fig. 3, v), l'autre dans la masse viscérale; le premier de ces troncs, après avoir traversé l'anneau nerveux, se subdivise en deux branches, dont l’une se distribue à la tête, tandis que l’autre est entièrement destinée à la trompe (fis8, vue). L'appareil digestif offre la plus grande analogie ave celui des Buccins, des Pourpres, etc. Cet appareil se compose d’abord d'une tres-longue trompe qui, à l’état de repos, est repliée dans l'intérieur du corps, et que l'animal fait sortir au dehors, lorsqu'il veut s’en servir, comme les Mollusques que nous venons de citer (fig. 3, 5, 6, x); la structure de cette trompe et ie mécanisme à l’aide duquel l'animal la développe à 616 MOLLUSQUES. l'extérieur ou la fait rentrer dans le corps, rappellent tout à fait ce que Cuvier dit de cette partie de l’appa- reil digestif, dans le Buccin onde. La cavité buccale se trouve placée à son extrémité antérieure (fig. 9); cette cavité, qui n'est pour ainsi dire que le commen- cement de lœsophage, présente inférieurement un renflement lingual, armé de trois séries de crochets cornés (fig. 10, 11,12), et placé, comme dans le Buccin ondé, à l'extrémité de deux cartilages qui se prolongent en arrière, dans l’intérieur de la trompe (fig. 9, 7). L’œsophage a son origine en dessous et en arrière de la cavité buccale; après avoir parcouru toute la longueur de la trompe dont il suit l'axe, ce canal, d’un trés-petit calibre dans cette partie de son trajet, remonte en avant, pour traverser l'anneau nerveux, et vient aboutir à un canal beaucoup plus large (fig. 8, 9, «, e). Cette seconde partie de l’œso- phage forme une sorte de prolongement cœcal au delà du point où elle reçoit la premiere, et se porte ensuite en arriere, en se rétrécissant graduellement, jusqu'à l'estomac (fig. 3, 4, 5, 6, 8, £, 2) (1). Ce dernier organe, peu volumineux, de forme oblongue et presque entierement recouvert par le foie (fig. 1, 3, 4, e), est membraneux dans une partie de son étendue; sa partie postérieure seulement est dou- blée de fibres musculaires qui sont très-apparentes à sa paroi interne (fig. 7). (4) Cuvier a figuré, dans le Buccin ondé, un petit cœcum sur le trajet de l’œsophage, qui nous semble correspondre à celui dont nous venons de parler. PECTINIBRANCHES. 617 L'intestin naît de la partie antérieure de la poche stomacale; son trajet et sa terminaison sont comme dans les Mollusques pectinibranches dont nous avons déjà donné la description (fig. 1, 2, 3, #4, £, #, a). Les glandes salivaires forment une masse granu- leuse assez considérable, de laquelle partent deux canaux excréteurs très-grêles; ceux-ci traversent l’an- neau nerveux et s’accolent à l’œsophage qu'ils accom- pagnent jusqu’à l'extrémité de la trompe, pour aller s'ouvrir sur les côtés de la cavité buccale (fig. 5, 6, OUI SE). Le foie forme, avec l'ovaire ou le testicule, la partie postérieure de la masse viscérale (fig. 3, 4, f, f); le canal hépatique principal, qui se voit dans une rai- nure, à la face interne de cet organe, vient s’abou- cher dans l'estomac, au même point que l’œsophage (fig. 4, 7). Les sexes sont séparés dans ces Mollusques comme dans tous les véritables Pectinibranches. L'ovaire et le testicule occupent la même place, le long du foie, et présentent une structure identique (fig. 3, #, £, et fig. #, 0, 0). Du testicule part un canal déférent qui, assez mince à sa naissance, se renfle en pénétrant dans la cavité branchiale, et forme un gros tube ac- colé d’abord au rectum , ensuite à la paroi inférieure de la cavité branchiale, jusqu'a la base de la verge (fig. 3, d, d). Ce dernier organe, très-volumineux, est situé à la partie postérieure de la tête, du côté droit; il est parcouru par le canal déférent qui s'ouvre à son extrémité (fig. 1, 3). L'ovaire fournit un ovi- 618 MOLLUSQUES. ducte très-grèle, aboutissant à un utérus situé le long du rectum, dans la cavité branchiale; cet utérus ne forme pas de circonvolutions comme chez les Litto- rines (fig. 4, 72, m). L'organe de la dépuration urinaire (fig. 3,4, r, r'), et les feuillets muqueux qui longentle rectum{(fig. 3, 4), sont comme dans ces derniers Mollusques. Le muscle columellaire est large et épais à sa partie antérieure, terminé en pointe à son extrémité (fig. 1, 2, 3, 4, m,m). L'anneau nerveux est formé de six ou sept gan- glions très-serrés autour de l’œsophage. Ces ganglions donnent naissance à un très-grand nombre de nerfs dont la distribution est analogue à celle que nous avons décrite dans plusieurs autres Mollusques. Deux nerfs très-volumineux, aplatis, longent l’œsophage jusqu’à la trompe, à laquelle ils se distribuent (fig. 8, 9,n,,n). Nous avons recueilli les deux Pyrules dont nous venons de décrire l'animal, la P. tuba, à Macao , en Chine, et la P. vespertilio, à Touranne, en Cochinchine. PECTINIBRANCHES. 619 GENRE ROCHER. — Murex, Linne. Nous avons fait figurer l'animal des Rochers dans deux espèces de ce genre, le Rocher chicorée-brülée (M. adustus), de Lamarck, et le Rocher du Brésil (M. brasilensis), de M. Sowerby (1). Comme on peut le voir par ces figures, cet animal se rapproche beau- coup, par ses caractères extérieurs, de celui des Pourpres; le pied est tout à fait semblable, mais la tête est plus petite, et les tentacules sont plus allongés et plus effilés; ces organes portent les yeux en dehors, à la réunion des deux tiers postérieurs avec le tiers antérieur. La verge est située à la base de la tête, du côté droit (pl. 44, fig. 1, et fig. 3, 4). L'opercule est ovalaire et onguiculé (fig. 2 et 5). L'organisation intérieure des Rochers présente aussi une très-grande analogie avec celle des Pour- pres. 4) Sowergy, Conch. illust., fig. 55. — Cette espèce a été con- ) TO sidérée depuis comme une simple variété du ÆZ, senegalensis. 620 MOLLUSQUES. GENRE PLEUROTOME. — Pleurotoma, Lamk. Les caractères de l’animal des Pleurotomes ne nous semblent pas avoir été indiqués encore d’une ma- nière tout à fait exacte; dans deux espèces de ce genre que nous avons examinées , le Pleurotome no- difère ( P. nodifera ), de Lamarck , et le Pleurotome oxytrope(P. oxytropa, de M. Sowerby (1), cet animal nous à présenté les caractères suivants : Une tête assez petite, subproboscidiforme, portant sur les côtés deux tentacules coniques, effilés à leur extrémité, avec les yeux situés en dehors et vers le milieu de leur longueur. Le pied , allongé et obtus à son extrémité postérieure, se termine antérieurement par un bord presque transverse, prolongé en pointe sur les côtés, et pourvu inférieurement d’un sillon marginal. L'organe mâle, situé en arrière de la tête et à droite, est assez gros, allongé et pointu à son extré- mité. Le siphon branchial dépasse en avant le canal de la coquille. Le bord du manteau présente une échancrure qui correspond à celle du bord droit de l'ouverture (pl. 44, fig. 6, 7, et fig. 9). L'opercule des Pleurotomes est corné, mince, sub- onguicule, à éléments lamelleux, commençant vers le milieu du bord interne (fig. 8 et 10). (1) Sowerey, Proceedings 2001. Societ., 1833. — Nous avons recueilli cette espèce à Touranne , en Cochinchine. Le Pleurotome nodifère provient de Pulo-Pinang, dans le détroit de Malacca. PECTINIBRANCHES. 621 Par leur organisation interne, ces Mollusques se rapprochent encore beaucoup des Buccins, des Pour- pres, ete., et des autres genres de ce groupe. GENRE FASCIOTAIRE. — Fasciolaria, Lamk. Nous n'avons étudié qu'une seule espèce de ce genre, la Fasciolaire robe-de-Perse(F. persica), de La- marck ; les caractères que nous a présentés l’animal concordent avec ce qui en a été déjà dit par d’autres naturalistes. Ces Mollusques ont un pied assez grand, allongé, obtus en arriere, et creusé d’un sillon marginal sous le bord antérieur qui est légèrement auriculé. La tête se termine en avant par deux tentacules courts et co- niques qui portent les yeux sur un renflement, à la partie externe de leur base. L'organe mäle, assez vo- lumineux, est situé en arrière, du côté droit. Le siphon branchial est peu développé (pl. 44, fig. 11). L’oper- cule de cette espèce est corné, épais et fortement on- guiculé (fig. 12). Cette Fasciolaire provient de l’île Mahé, du groupe des Seychelles. 622 MOLLUSQUES. GENRE TURBINELLE. — 7'urbinella, Lamk. TURBINELLE BRÉSILIENNE. Turbinella brasiliana, d'Orbigny. D’Orbigny. Voy. dans l’Amér. mérid., tom. V, pag. 449, pl. 11, fig. 17. 9 PLancHe 44, Ficures 16, 17. Turbinella, testä ovato-conicä, fuscä; anfractibus 7-8, convexis, plicato-tuberculatis, transversim striatis ; infimo ventricoso ; aper- tur& albido-lutea ; labro intüs sulcato; columell& anticé tri-pli- catä ; canalé brevr. Cette espèce, que nous avons fait figurer en 1844, a été décrite depuis par M. d'Orbigny, qui a adopté le nom que nous lui avions donné, mais sans nous citer. L'animal, de couleur rouge, est semblable, par ses caractères, à celui des Fasciolaires. L’opercule a aussi la même forme. Dünensions de la coquille. — Hauteur, trente-huit millimètres; largeur, dix-neuf millimètres. Cette Turbinelle habite les côtes du Brésil. Nous avons fait représenter aussi l’animal de la Turbinelle polygone (T. polygona), Lamarck, qui est entièrement semblable à celui de l’espèce que nous venons de décrire (pl. 44, fig. 13, 14,15). PECTINIBRANCHES. 623 GENRE TRITON. — Triton, Lamk. L'animal des Tritons diffère de celui des Rochers, avec lesquels ces Mollusques avaient été confondus, par la forme de la tête qui est plus grosse et subprobosci- diforme ou un peu saillante entre les tentacules ; ceux-ci sont aussi plus courts et portent les yeux plus en arrière, à la réunion du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs; toute la partie des tentacules qui est en arrière des yeux, est, comme d'ordinaire, plus renflée que l’antérieure. Le pied est entièrement semblable à celui des Rochers. La verge, assez volu- mineuse, est située en arrière du tentacule droit; mais le canal déférent n’est plus formé, dans sa partie an- térieure, que par une simple rainure, comme dans les Littorines (pl. 44, fig. 26, 27, 29, 30). — L'opercule des Tritons est semblable à celui des Rochers (fig. 28, 31). Ces Mollusques sont généralement ornés de cou- leurs très-vives. Dans les trois espèces qui sont figurées sur nos planches, les 7°. clathratum, tuberosum et succinctum, de Lamarck, cette coloration n'est pas rendue d’une maniere exacte, l’animal ayant été des- siné sur des individus conservés dans l'alcool. Les tentacules sont représentés aussi un peu contractés, 624 MOLLUSQUES. GENRE RANELLE. — Ranella, Lamk. L'animal des Ranelles ne diffère pas extérieurement de celui des Tritons; nous en donnons la figure dans la Ranelle grenouille (R. crumena), de Lamarck, et dans deux espèces décrites par M. Broderip, sous les noms de À. ventricosa et tuberculata (pl. 4, fig. 18-20, 21, 22, 24) (1). — Mais les Ranelles semblent se dis- unguer un peu des Tritons par la forme de leur oper- cule qui est moins onguiculé, et à sommet plus ou moins latéral (fig. 19-23). GENRE STROMBE. — Sérombus, Linné. Quoique l'animal des Strombes soit aujourd’hui très-bien connu, surtout par les observations de MM. Quoy et Gaimard, nous avons cru devoir en donner une figure dans le Strombe Isabelle (S. isa- bella), de Lamarck, l’organe mâle nous ayant pré- senté , dans cette espèce, une forme différente de celle qui a été indiquée, dans les autres espèces, par les au- teurs que nous venons de citer (pl. 45, fig. 1, 2). (4) Broderip, Proceed. of zool. Soc. London, 1832 ; pag. 178, et pag. 179. PECTINIBRANCHES. 625 Les détails que MM. Quoy et Gaimard ont donnés sur l’organisation intérieure des Strombes, prouvent que ces Mollusques appartiennent, dans le groupe des Pectinibranches, à un type d'organisation bien dis- unct de celui des genres précédents. GENRE MITRE. — Mitra, Lamk. Il est difficile de préciser les caractères de l'animal des Mitres, d’après les descriptions et les figures qui en ont été données. Nous n'avons observé qu'une seule espèce de ce genre, la Mitre nègre (M. caffra), de Lamarck, dont l'animal nous a offert les caractères suivants : Une tête courte, un peu déprimée, terminée anté- rieurement par deux tentacules grêles, de longueur médiocre, portant les yeux sur un renflement à leur base; un pied allongé, obtus en arrière, pourvu d’un sillon marginal à son bord antérieur qui est trans- versal et trés-légerement échancré sur la ligne mé- diane. Le siphon branchial est très-long (pl. 45, fig. 3, 4). Nous avons recueilli cette espèce à Luçon, îles Phi- lippines. 3onile, — Z001. Tome II. Partie HF, 40 626 MOLLUSQUES. GENRE COLOMBELLE. — Colurnbella, Lamk. L'animal des Colombelles, d’après ce que nous en avons vu dans les C. crassilabris et lanceolata, So- werby (1), présente les caractères qui suivent : Un pied allongé, étroit, terminé en pointe obtuse en arrière , sub-auriculé et pourvu d’un sillon marginal à sa partie antérieure; une tête un peu déprimée, ter- minée par deux tentacules coniques, effilés à leur ex- trémité et portant les yeux vers leur tiers postérieur. L’organe màle , assez volumineux , situé en arriere de la tête, du côté droit. Le siphon, assez long et étroit (pl. 44, fig. 8, 10, 11). — L’opercule est corné, mince et subonguiculé (fig. 42). D'après la description que nous venons d'en don- ner, les Colombelles nous semblent se rapprocher beaucoup pius des Pourpres que des Mitres, avec lesquelles M. Deshayes à cru leur trouver de l’ana- logie (2). (4) Sowerey, Proceed. of zool. Soc. Lond., 1834, pag. 116. (2) Desmayes, dans la dernière édition de Lamarck, tom. X, pag. 265. PECTINIBRANCHES. 627 GENRE MARGINELLE. — Marginella, Lamk. Les observations que nous avons faites sur l'animal de la Marginelle cing-plis (M. quinqueplicata), de Lamarck, ne s'accordent complétement ni avec celles d'Adanson, sur la M. glabra, ni avec celles que M. Deshayes a publiées récemment sur ces Mollus- ques (1). L'animal de cette espèce nous a présenté les carac- tères suivants : un pied très-grand, assez mince, dé- bordant la coquille dans tous les sens, mais surtout en arrière et en avant; ce pied, rétréci en pointe ar- rondie à sa partie postérieure, se termine antérieu- rement par un bord presque transverse et parcouru inférieurement par un sillon marginal. Ce pied offre encore la particularité curieuse d’avoir, en dessus de sa partie postérieure, à la place occupée par l’o- percule dans les autres Gastéropodes, une lame sail- lante et libre dans la plus grande partie de son éten- due, formant dans ce point une espèce d’opercule charnu. Le manteau , dans son état de développement complet, se relève tout autour de la coquille, de ma- nière à la recouvrir presque entièrement. La tête est petite, déprimée, terminée par deux tentacules courts, aplatis et pointus à leur sommet; ces tentacules ne nous (4) Desnayes, dans la dernière édition de Lamarck, tom. X, pag. 434. 628 MOLLUSQUES. ont offert aucune trace d’yeux, ni à leur base, ni dans le reste de leur étendue. En arrière du tentacule droit se trouve l'organe mâle qui est assez volumineux et un peu bifurqué à son extrémité. Le siphon branchial est saillant et assez gros (pl. 45, fig. 13,14, 15). Nous avons recueilli cette Margimelle à Pulo-Pinang, dans le détroit de Malacca. GENRE VOLUTE, — F'oluta, Linné. L'animal des Volutes est un de ceux qui sont le mieux connus, dans leurs caractères extérieurs, d’après les observations faites sur ces Mollusques par Adan- son, MM. Quoy et Gaimard, Alcide d'Orbigny, etc. ; cet animal est remarquable par la forme de la tête qui est trés-large, aplatie, semi-circulaire, portant en des- sus et de chaque côté, un tentacule court et obtus au sommet; les yeux, sessiles ou placés sur un petit pédi- cule, se trouvent en dehors et un peu en arrière des tentacules. Le pied est large, épais, obtus en arriére, un peu tronqué en avant el pourvu, dans ce sens, d’un sillon marginal. Le siphon respiratoire est volu- mineux, épais, allongé et remarquable encore par les deux longs appendices qui se voient à sa base. La verge, d’un volume énorme, est située en arrière de la tête, du côté droit ; cet organe est parcouru , dans toute l'étendue de son bord postérieur, par une rai- PECTINIBRANCHES. 629 nure faisant suite à celle qui constitue le canal défé- rent, dans sa partie antérieure. On sait que les Volutes sont dépourvus d’opercules. Nous avons fait représenter l'animal de la olute pied-de-biche (F. scapha), Gmelin, sur lequel on voit tous les caracteres que nous venons d'indiquer. Cet animal est noirätre et tigré de blanc (pl. 45, fig. 17). Nous l'avons recueilli à Pulo-Pinang, dans le détroit de Malacca. GENRE PORCELAINE. — Cypræa, Linné. Les Mollusques qui constituent ce genre sont encore tres-distincts par leurs formes extérieures. Ces Mol- lusques ont une tête assez grosse, arrondie, fendue à la partie antérieure et inférieure, par l'orifice de la bouche. Les tentacules, placés sur ses côtés et non en avant, comme on le voit sur quelques figures, sont allongés, effilés à leur extrémité, et renflés dans une petite étendue, à leur base; les yeux sont situés à la partie antérieure de ce renflement et en dehors. Le pied est large, assez mince sur les bords, auriculé et muni d’un sillon marginal à sa partie antérieure. Mais ces Mollusques se distinguent surtout par le dévelop- pement considérable de leur manteau et par les villo- sités, ou les appendices quelquefois ramifiés qui re- couvrent celui-ci dans ses parties extérieures. Le 630 MOLLUSQUES. siphon branchial est gros et court, et couvert aussi de villosités très-marquées. — Comme les Volutes, les Porcelaines n'offrent aucune trace d’opercule. Nous donnons l'animal des Porcelaines , d'apres la Porcelaine arabique(C. arabica), de Tinné. Le pied n'est pas représenté dans tout son développement sur notre figure (pl. 45, fig. 48). Nous avons recueilli cette Porcelaine à Pulo-Pinang. GENRE OLIVE. — Oliva, Bruguiere. Parmi les espèces qui composent ce genre, les unes ont un opercule, tandis que les autres en sont dépour- vues; quelques zoologistes en ont déduit que loper- cule formait un caractère de peu d'importance, puis- qu'il pouvait ainsi se trouver ou manquer dans Îles espèces d’un même genre; mais l'étude des animaux démontre que les Olives sans opercule différent très- notablement, dans leurs caractères extérieurs, de celles qui sont operculées. En effet, les premieres ont un pied très-grand, de même longueur que la coquille ou la débordant même en arrière, le lobe antérieur large, arrondi en avant et peu saillant sur les côtés. La tête est surmontée de deux longs tentacules un peu comprimés transversa- lement à leur base, portant les veux en dehors et vers leur partie moyenne, très-déliés dans le reste de PECTINIBRANCHES. 631 leur étendue. Tels sont les caracteres qu'offre l'animal des grandes Olives, comme l'Olive du Sénégal (O. se- negalensts), de Lamarck, dont nous donnons la figure (pl. 45, fig. 19-24). Dans les Olives pourvues d'un opercule, générale- ment plus petites que les précédentes, le pied est moins grand, son lobe antérieur moins large et plus développé dans le sens latéral; la tête n'offre plus au- cune trace de tentacules. Ces caractères sont, du reste, plus ou moins tran- chés dans les espèces de ce groupe. Ainsi, dans l’O- live volutelle (O. volutella), de Lamarck (1), le pied et sa partie antérieure se rapprochent encore un peu, par leur forme, des Olives du premier groupe ou sans opercule; mais la tête offre seulement une petite crête saillante en dessus et sur la ligne médiane (fig. 22, 23). Dans lOlive columellaire (O. columellaris) de M. So- werby (2), le pied laisse le tiers postérieur de la co- quille à découvert, et son lobe antérieur, très-étroit d'avant en arrière, se prolonge en une longue pointe sur les côtés; ce pied présente, en outre, deux autres petits appendices situés en arrière des précédents, à sa partie antérieure. La tête n'offre plus en dessus, ni tentacules, ni crête sur la ligne médiane (fig. 25, 26). (4) L’individu que nous avons fait figurer parait être une variéte de cette espèce. (2) Sowerey, Tank. cat. app., pag. 34. — M. d’Orbigny a déjà décrit l’animal de cette espèce, et a été conduit, par la difference de ses caractères, à en faire un sous-genre, sous le nom d’Ofivine. (Voy. tom. V, pag. 419 et pl. 59.) 632 MOLLUSQUES Nous ne doutons pas que ces différences extérieures ne correspondent à des modifications dans l'organi- sation intérieure, et ne justifient plus tard la sépara- tion des Olives inoperculées de celles qui sont pour- vues d’un opercule. L'opercule des Olives est corné, très-mince, et d’une forme très-différente de celle que nous avons trouvée jusqu'ici dans les autres Pectinibranches (fe, °24, 27). Dans toutes les Olives , le pied offre un large pore à sa partie antérieure et inférieure , sur la ligne mé- diane (fig. 21, 26). GENRE CONE. -— Conus, Linne. L'animal des Cônes, d'après l'étude que nous en avons faite dans quelques espèces, et surtout dans le Cône linéé (C. quercinus), Brug., que nous avons fait représenter, offre les caractères suivants : Une tête proboscidiforme, portant, sur les côtés et a sa base, deux tentacules de longueur médiocre, oculés en dehors et un peu en avant de leur partie moyenne , très-déliés à leur sommet ; un pied allongé, assez étroit, terminé en pointe obtuse en arrière, élargi et épaissi à sa partie antérieure qui est munie inférieurement d’un sillon marginal. Ce pied offre, comme celui des Olives, un assez large pore en des- PECTINIBRANCHES. 633 sous et en avant, sur la ligne médiane. Le siphon branchial est long et assez gros à sa base (pl. 45, fig. 28). L'opercule des Cônes est corné, onguiculé, mais remarquable par sa forme tres-allongée (fig. 29). Ces caractères concordent avec ceux qui avaient été déja donnés de ces Mollusques. L'organisation intérieure des Cônes a été étudiée par MM. de Blainville, Delle Chiaje, et surtout par MM. Quoy et Gaimard, qui ont dévoilé, dans ces Mollusques, des particularités anatomiques assez curieuses. à : ‘ HAN : Las MT ; | | vu qe, nb: 4 L DETTE 1) tn ALL LIU TE sue D bu 4, ALU MONTRE Mèrs: sais où qiul Vér rite héperdegt Um" ve virée, à péliilos ,. 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Echinometra, testä hemisphærico-ovatä, superné convexä, basi sub- concavdä, verrucoso-mamillatä ; ambulacris flexuosis ; spinis supr& brevissimis, clavatis, imbricatis, fusco-nigris ; infra spatulatis ; ad periphæriam longis, trigonis, castaneis. Dans cette espèce, le têt est assez épais, hémisphé- rique-ovale, comme dans les autres espèces du genre, convexe en dessus, subconcave en dessous. Les aires anambulacraires ont deux rangs de gros tubercules mamelonnés, dans le milieu, et deux autres rangs de tubercules semblables, mais beaucoup plus petits, en dehors des précédents et à la face inférieure seule- ment ; les aires ambulacraires n'ont que deux rangs 638 ZOOPHYTES. de mamelons qui deviennent très-petits à la face su- périeure du têt. Les ambulacres sont flexueux, fes- tonnés, formés dans toute leur étendue d’une double rangée de pores, si ce n’est à la face inférieure où ces pores sont rangés sur trois ou quatre rangs un peu obliques. Les épines qui recouvrent la face dorsale du tét sont très-courtes , renflées et aplaties au sommet, imbriquées, d’un brun noirâtre; celles de la face in- férieure sont spatuliformes, de couleur marron clair, et d'autant plus petites qu’elles sont plus rapprochées de la bouche; enfin, celles de la circonférence sont trés-longues, de même couleur et trigones ; mais le têt est recouvert, dans leur intervalle, d’épines courtes et claviformes, semblables à celles de la face supérieure. Les figures que nous donnons de cette espèce la représentent de grandeur naturelle. Elle provient des iles Sandwich. Cet Échinomètre se rapproche beaucoup de V£. #ri- gonaria, de Lamarck; mais il en diffère par son têt plus petit et moins épais, par les ambulacres qui ne sont formés, dans presque toute leur étendue, que de deux rangées de pores, par la forme des épines de la face dorsale, et surtout par la disposition des longues épines qui n’occupent que la périphérie du têt. M. Agassiz a rapporté cette espèce à son genre Acrocladia. Nous ne savons ce que cet auteur a voulu exprimer, en disant que notre espèce diffère de l’£. trigonaria, par la nudité des aires ambulacraires. ACALÈPHES. 639 ACALEPHES. GENRE CLOCHER. — Turris, Lesson. CLOCHER PAPOU. Turris papua, Lesson. Hist. nat. des Zoophytes. AcaLÈPHes, pag. 283. ZoopyTes , PLANCHE 2, Fiqures 1-3. M. Lesson, à qui l’on doit la découverte de cette Médusaire, l'avait d’abord rapportée au genre Équorée, sous le nom d’Æ. rnitra ; plus tard, ce naturaliste en a fait le type d’un genre nouveau qu'il a appelé Clocher (iurris). Nous n'avons pas à examiner ici la valeur de cette division générique; en faisant repré- senter de nouveau l’animal sur lequel elle a été éta- blie, nous nous sommes proposé seulement de le faire connaitre d’une manière un peu plus complète. Cette Méduse est remarquable par la forme de son corps qui a assez bien l'apparence d’une mitre, comme l'exprimait le premier nom spécifique que M. Lesson lui avait donné; sa circonférence est garnie de douze tentacules très-longs, un peu aplatis et elargis à leur base, trés-fins à leur extrémité. La poche stomacale, 640 ZOOPHYTES. de même forme que l’ombrelle dont elle occupe pres- que toute la cavité intérieure, est libre seulement dans sa moitié inférieure, et bordée à son ouverture d’une masse feuilletée et plissée, formant une sorte de fraise autour de cet orifice. Cette poche est recouverte par les ovaires que constituent quatre doubles séries de feuillets assez épais, comme parenchymateux à l'in- térieur et imbriqués. Des faisceaux musculaires ad- hérents aux parois de l'ombrelle, dans leur partie supérieure, séparent ces séries de feuillets dans toute leur étendue ; d’autres faisceaux musculaires viennent se rendre au pourtour de lombrelle et impriment à la partie inférieure de celle-ci des mouvements de contraction très-marqués (fig. 2). Tout le corps de cette Méduse est transparent, à l'exception de la masse intérieure qui est d'un brun rougeûtre ; une ligne flexueuse de la même couleur part de la base de chaque tentacule et remonte plus ou moins sur l’ombrelle; les bords de celle-ci sont d'une couleur jaune clair. Nos dessins représentent cette Méduse à peu pres le double de sa grandeur naturelle. — Nous l'avons recueillie dans notre traversée de l’île Bourbon au cap de Bonne-Espérance. ACALÈPHES. 641 Genre CYTHÆÏIS. — Cythæis, Eschscholtz. CYTHÆIS A QUATRE BRAS. Cythaæis tetrastyla, Eschscholtz. Escascnorrz, System der Acalephen, pag. 104, pl. 8, fig. 2. PLANCHE 2, Fiqures 4-15. On doit la connaissance de cette petite Méduse à Eschscholtz, qui en a fait le type de son genre Cythæts. Les figures que nous en donnons la représentent dans les différentes positions qu’elle donne à ses bras, et avec les formes diverses qu'affecte la poche stomacale. Parmi les individus que nous avons recueillis, nous en avons trouvé qui avaient cinq bras, et qui de- vront peut-être, d’après cela, constituer une espèce distincte. Cette Méduse offre un exemple très-remarquable du mode de reproduction par bourgeons, dans les Acale- phes. C’est à la base de la poche stomacale que les gemmes se montrent; dans la plupart des individus, cette partie est recouverte de bourgeons à tous les états de développement. Nos figures montrent la forme qu'ont ces jeunes individus , dans ces différents états (pl. 2, fig. 7, 8); à mesure que leur développement se fait, l’on voit leur pédicule d'attache s'allonger et les bras se dessiner de plus en plus, à l'extrémité oppo- Bonite, — Zool., Tome If, Partie II. 41 642 ZOOPHYTES. sée, sous la forme de quatre lobes disposés en croix (fig. 9, 10); dans celles de ces jeunes Méduses qui sent sur le point de se détacher, on voit ces der- niers organes déjà bien formés et repliés dans l’inté- rieur de l’ombrelle; la poche stomacale a aussi acquis presque tout son développement, et sa cavité inté- rieure nous à paru se prolonger dans l'intérieur du pédicule d'attache (fig. 41, 12). MM. Siebold, Sars, Dujardin, etc., ont fait connai- tre les métamorphoses remarquables que certaines Méduses subissent dans le cours de leur développe- ment. Ces observateurs ont constaté que ces Zoo- phytes se présentent, dans les premiers temps de leur vie, sous la forme de Polypes, et que c’est pendant cette période qu'ils se multiplient par des bourgeons, par des jets ou par scission transversale, et qu'ils pro- duisent ainsi les individus qui doivent arriver à l’état définitif. Faut-il, d’après cela, considérer les Cythæis tetrastyla comme un de ces états transitoires, comme le jeune âge de quelque autre espèce de ce groupe? Ce qui nous porterait à le croire, c'est que nous n’a- vons vu, dans cette Méduse, aucune trace des organes génitaux qui sont si apparents dans plusieurs des autres Méduses connues. Cependant, la propagation par bourgeons n'a été observée, jusqu'a présent, d’après les observations dont nous avons connais- sance, que sur des Méduses encore à l’état polypiforme, et nous avons vu, en outre, que dans la Cythærs te- trastyla, les jeunes, provenant de bourgeons, sont entierement semblables aux individus qui les ont pro- ACALEPHES, 643 duits. Nous nous bornons donc à l'exposition du fait, que des observations ultérieures permettront sans doute d’éclaircir. D’après des communications qui nous ont été adres- sées par M. Van Beneden, ce naturaliste aurait fait sur la Cythæis tetrastyla des observations tout à fait conformes aux nôtres. GENRE LESSONIE. — Zessonia, nobis. LESSONIE RADIÉE. Lessonia radiata, nobis. Prancxe 2, Ficure 16. Nous proposons cette nouvelle division générique pour une petite Méduse qui nous a offert une combi- naison de caractères ne se trouvant dans aucun des genres déjà établis; ces caractères sont : Un corps cylindracé, élevé, sub-convexe en dessus, garni à sa circonférence d’un assez grand nombre de cirrhes trés-courts et disposés sur un seul rang, pro- fondément excavé en dessous et contenant dans cette excavation une poche stomacale libre, proboscidi- forme, pédonculée, entourée à sa base d’un cercle de cirrhes tentaculiformes et perforés à leur extrémité, pourvue à son orifice de quatre lobes étalés et péta- loïides. Des canaux capillaires nous ont paru se ren- 644 ZOOPHYTES. dre des cirrhes marginaux à la base de la poche sto- macale. Le genre Lessonie nous parait appartenir au même sroupe de Méduses que le précédent; nous Pavons établi d’après un seul individu des mers du Sud, dont nous n'avons pu conserver que le dessin. Nous désignons cette Méduse sous le nom de Zes- sonte radiée (L. radiata). — Ses dimensiens sont à peu pres les mêmes que celles de la Cythæts tetra- styla. VERS. 645 VERS. Genre FLECHE. — Sagrtta, Quoy et Gaimard. FLÈCHE DEUX-POINTS. Sagitta bipunctata, Quoy et Gaimard. Annal. des Scienc. natur., tom. X de la 4'° série, 1827, pag. 233. VERS, PLANCHE 1. MM. Quoy et Gaimard ont proposé le genre Sagitta, en 1827, pour un petit animal pélagien qu'ils avaient eu occasion d'observer dans le détroit de Gibraltar, au début de leur second voyage de circumnavigation, mais qu'ils n’ont pu faire connaître que d’une manière assez incomplète. Avant les naturalistes que nous ve- nons de citer, M. Lesueur, qui avait rencontré le même animal dans l'océan Atlantique, en avait fait aussi un genre nouveau, sous un nom presque identique, celui de Sagitella (A). Plus tard, M. d’Orbigny a rappelé ces curieux animaux à l'attention des naturalistes et (4) Ces observations de M. Lesueur sont restées inédites, et nous ne les connaissons que par ce que M. de Blainville, à qui M. Lesueur les avait communiquées, en a dit dans son Manuel de Malacologie (pag. 492, et surtout page 656). 046 ZOOPHYTES. a ajouté quelques détails à ceux que l'on connaissait déja, mais malheureusement, comme nous le verrons bientôt, presque entièrement inexacts (1). Enfin, plus récemment, M. Krohn a publié un travail étendu sur le Sagitta bipunctata de la Méditerranée, qu'il a fait connaître d’une maniere trés-détaillée, non-seulement dans ses caractères extérieurs, mais encore sous le rapport de sa structure interne dont on n’avait encore qu'une idée peu exacte et fort incomplète (2). Nous avons eu plusieurs fois l’occasion d'étudier nous- même, pendant notre voyage, ce même animal qui est assez commun dans toutes les mers; comme le fe- ront voir les détails dans lesquels nous allons entrer , nos observations s'accordent presque entièrement avec celles de l'observateur que nous venons de citer. Le corps des Ælèches où Sagitelles est entièrement transparent, allongé, cylindrique, plus ou moins renflé à sa partie moyenne, et terminé en pointe obtuse en arriere. Cette extrémité postérieure donne insertion à une sorte de nageoire de forme subtriangulaire , res- semblant à la nageoire caudale d’un poisson, ou plu- tôt, comme on l'a déjà dit, à la nageoire terminale d’un cétacé, à cause de sa disposition horizontale. Quatre autres nageoires disposées par paires, et hori- zontales comme la précédente, se voient sur les côtés du corps, celles de la paire antérieure vers sa partie moyenne , les deux autres plus en arrière et occupant (1) Foy. dans l’Amér. mérid., tom. V, pag. 140. (2) Ce mémoire, publié à Hambourg, dans les Annales des Sciences naturelles de Yannée 1843. en 1844, a été traduit VERS. 647 presque toute l'étendue de son tiers postérieur (1). Ces nageoires , dont nos figures indiquent la forme, sem- blent constituées, de même que la nageoire terminale, par de simples replis de la peau, soutenus intérieure- ment par des rayons fibreux d’une ténuité extrême ; c'est avec raison, en effet, que M. Krobn affirme d’une manière expresse, dans son mémoire , que les stries régulières que ces nageoires montrent , même à l'œil nu, n’ont rien de musculaire; et le même auteur a encore fait l'observation fort juste que ces nageoires ne servent pas d’une manière active à la natation, comme la nageoire des Hétéropodes , à laquelle on a voulu les assimiler, mais que leur rôle dans la loco- motion les rend bien plus comparables aux nageoires des poissons (fig. 1, 2, 8). La tête, placée à l'extrémité antérieure du corps, dont elle est ordinairement séparée par un léger ré- trécissement , est cordiforme. Sa face supérieure, dé- primée et presque plane, présente deux points oculi- formes, vers sa partie moyenne (fig. 1, 8). L'inférieure, un peu oblique d’avant en arrière et de haut en bas, est plus inégale (fig. 2, 3, 4). La bouche se voit sur (1) Nous avons toujours trouvé les nageoires disposées de la même manière et au nombre de cinq, en y comprenant la na- geoire terminale, sur les individus que nous avons examinés ; nos observations s’accordent, sur ce point, avec celles de MM. Quoy et Gaimard et de M. Krohn; nous sommes donc très-porté à re- garder comme inexactes les différences que M. d’Orbigny a indi- quées sous ce rapport, et d’après lesquelles ce naturaliste a pro- posé trois nouvelles espèces. (Loc, cit., pag. 142 et suiv., pl. 10.) 648 ZOOPHYTES. cette face, dans une dépression qui se trouve sur fa ligne médiane (fig. 3, 0). En avant de cet orifice et de chaque côté, l’on aperçoit une série transversale de petits crochets cornés; une autre série semblable, mais un peu moins étendue, occupe le bord antérieur de la tête ; enfin, sur les parties latérales de celle-ci, sont implantés , suivant une ligne un peu courbe, di- rigée obliquement de haut en bas et d’avant en ar- rière, d’autres crochets cornés beaucoup plus volumi- neux que ceux dont nous venons de parler. Ces derniers crochets, dont le nombre paraît varier de cinq à neuf, sont aplatis, un peu arqués et terminés en pointe très-aigué ; par leur base, qui est beaucoup plus large, ils s'attachent non sur la peau, comme le dit M. Krohn, mais sur une lamelle cornée qui recouvre les parties latérales de la tête (fig. 3, 4, 8, #, et fig. 5, 6). L'animal peut écarter ces crochets , ainsi qu’on le voit sur la plupart de nos figures, ou les rapprocher en un faisceau longitudinal de chaque côté (fig. 2) ; d’après M. Krohn, ce mécanisme s’opérerait à l'aide d’une espèce de capuchon membraneux entourant la base de la tête, et que l'animal pourrait, à volonté, por- ter en avant ou retirer en arriére , pour en recouvrir celle-ci ou la mettre à découvert. Nous avons vu, en effet, sur quelques individus, un repli de la peau assez marqué et disposé à peu près comme M. Krohn l’a in- diqué; mais, bien que les observations de ce natura- liste se fassent remarquer ordinairement par une très- grande exactitude, nous crovons cependant qu'il a exagéré un peu la disposition de cette partie et sur- VERS. 649 tout les usages qu'il lui a assignés; nous n'avons ja- mais vu, du moins, les choses se passer ainsi, sur les nombreux individus que nous avons étudiés (4). Le corps des Flèches offre encore à considérer ex- térieurement l’orifice anal et les ouvertures des or- ganes de la génération; nous indiquerons bientôt leur position , en parlant des appareils digestif et généra- teur. L'organisation intérieure de ces animaux est assez simple. La surface extérieure du corps n'offre rien qui puisse être regardé comme un organe de respiration , et c'est sans doute la peau qui est le siége de cette derniere fonction. M. d'Orbigny a décrit et figuré un cœur qui serait placé, d’après ce naturaliste, à la partie inférieure du corps, et dans une sorte de nucléus analogue à celui des Firoles; mais rien de cela n'existe, et, d’après la position qu'il assigne à cet organe, il nous parait évi- dent que M. d'Orbigny a pris pour des pulsations du cœur, les mouvements de dilatation et de contraction de l'ouverture anale. M. Krohn dit #’avoir jamais pu (1) M. d’Orbigny a même regardé toute la partie céphalique de ces animaux comme une sorte de masse buccale complétement rétractile à l’intérieur, et analogue , par conséquent, à la masse buccale des Carinaires et des Firoles. Ce naturaliste a fait repré- senter un individu dont toute la tête serait ainsi rentrée, et qui ne présente plus, à sa partie antérieure, qu’une petite ouverture circu- laire; mais il nous paraît hors de doute que cette figure a été faite d'après un individu mutilé et privé de toute la partie céphalique. 650 ZOOPHYTES. distinguer le moindre vestige d’un système vasculaire dans ces animaux , et toutes les recherches que nous avons faites nous-même à ce sujet, nous ont conduit à un résultat presque semblable; nous n'avons trouvé d’autre trace de l'appareil circulatoire qu’un vaisseau qui se trouverait dans l'épaisseur du repli mésenté- rique inférieur , mais dont nous n'avons pu saisir ni l’origine, ni la terminaison, et sur la nature duquel nous avons même conservé quelques doutes ( fig. 9, 10, v). L'appareil digestif est représenté par un tube d’un calibre presque uniforme dans tout son trajet , et qui se porte directement de la bouche à l'anus (fig. 2, 8, , &). Cette dernière ouverture est située en dessous et sur la ligne médiane, à la réunion du quart posté- rieur avec les trois quarts antérieurs du corps (fig. 2, 8, a). Le tube intestinal est maintenu dans la cavité du corps, dont il occupe le centre, par deux replis verticaux que nous appellerons replis mésentériques, et qui vont s'attacher supérieurement et inférieure- ment aux parois de cette cavité (fig. 8, 9, m, m', et fig. 40). On aperçoit, autour des parois de l'intestin, un grand nombre de petites granulations arrondies qui ont été indiquées par M. Krobn, et qui servent sans doute, comme l’a pensé ce naturaliste, à sécréter quelque liquide propre à favoriser l'acte de la diges- tion (fig. 9). Les Flèches possèdent des organes mâles et des or- ganes femelles réunis sur le même individu. Les or- VERS. 651 ganes femelles sont représentés par deux ovaires, en forme de cœcums, situés sur les côtés et le long de la partie postérieure de l'intestin. Le développement de ces poches ovariques est en rapport avec celui des œufs qui s’y trouvent contenus; ainsi, sur quelques individus, elles n’occupent qu’une très-petite étendue dans la cavité du corps, tandis que , dans d’autres, elles remplissent en grande partie cette cavité, pré- sentant alors, dans leur intérieur, des œufs à tous les états de développement (fig. 4, 2, o, et fig. 11, 14). Ces ovaires se continuent antérieurement avec un ligament très-grèle qui va s’insérer en avant sur Îles parois du corps, à peu de distance de fa tête ; par leur extrémité postérieure, ils viennent s'ouvrir en dessus et sur les côtés de la ligne médiane, un peu en arrière de l’ouverture anale ( fig, 1, 8, 0°, 0°). Les organes mâles sont constitués également par deux poches latérales, situées à l’extrémité postérieure du corps, et s’ouvrant sur les côtés, un peu en avant de la nageoire caudale (fig. 4, 2, 8, 15, £, &, et ét). Le développement de ces poches est toujours en rap- port avec celui des ovaires; ainsi, quelquefois à peine apparentes, elles sont comme gonflées et font à l’exté- rieur une saillie très-marquée sur les individus dont les ovaires sont aussi très-développés (fig. 13). Suivant M. Krohn, qui s’est trouvé dans des circonstances beaucoup plus favorables que nous pour faire cette étude, la liqueur séminale contenue dans ces organes, est d’un blanc de craie, épaisse, et formée uniquement 1) de spermatozoïdes, lorsqu'on l'examine à l’époque de 652 ZOOPHYTES. la fécondation; avant cette époque, et surtout chez les jeunes individus, ce liquide, plus limpide, présente des amas de cellules, constituant les globules séminaux dans lesquels doivent se développer plus tard les sper- matozoïdes (1). Nous renvoyons, pour les diverses phases de ce développement, au travail de M. Krohn qui les a indiquées d’une manière tres-détaillée. Ce naturaliste a été conduit à admettre, d’après ses re- cherches, que ces animaux se fécondaient eux-mêmes, et que cette fécondation s’opérait probablement par le rapprochement des ouvertures mâles et femelles. Le système musculaire est constitué par des bandes de fibres musculaires qui doublent, en dessus et en dessous, la face interne de la peau. M. Krohn en ayant donné une description très-exacte et qui s’accorde en- tiérement avec ce que nous avons vu nous-méme, nous nous abstiendrons d'entrer ici dans plus de détails à ce sujet (fig. 8). Ce système comprend aussi les muscles qui mettent en mouvement les parties de la bouche, et pour lesquels nous renvoyons également au mé- moire de M. Krohn. Le système nerveux, que M. Krobn a décrit avec d'assez grands détails, présente une disposition assez remarquable dans les Flèches. Il se compose de deux ganglions principaux, un ganglion céphalique et un ganglion abdominal, réunis par deux commis- (4) Nous avons fait représenter un de ces globules séminaux d’a- près M. Krohn (fig. 12). C’est par erreur que, dans la table expli- calive de nos planches, cette figure est indiquée comme représen- ‘ant une partie du testicule. VERS. 653 sures qui constituent un véritable collier œsophagien. Le ganglion céphalique , situé à la partie supérieure de la tête, au-dessous de la peau, fournit trois paires de nerfs : les nerfs de la premiere paire, antérieurs, vont se perdre dans les muscles des crochets, après avoir formé, d’après M. Krohn , un petit renflement duquel partent les filaments qui se distribuent à ces muscles ; les nerfs de la deuxième paire, latéraux, ne sont autre chose que les commissures qui se rendent au ganglion abdominal ou sous-œæsophagien ; les nerfs de la troisième paire, postérieurs , nous ont paru se rendre directement aux yeux, ce qui ne s'accorde pas avec la description qu’en a donnée M. Krobhn (fig. 8, g, et fig. 16). Le ganglion abdominal est situé au milieu de la pa- roi inférieure du corps , en avant des nageoires anté- rieures ; il est sous-cutané , comme le précédent, et forme même souvent une saillie assez marquée à la face inférieure du corps (1). Ce ganglion, allongé et ovoide, fournit deux paires de nerfs; les nerfs de la première paire , antérieurs, ne sont que les commis- sures qui font communiquer ce ganglion avec le gan- glion céphalique; les nerfs de la deuxième paire, pos- térieurs, se portent en arrière , en divergeant un peu, et fournissent successivement des branches tres-grêles qui se perdent dans les parois du corps (fig. 8, 10, 2’). Les fibres des nerfs de la paire antérieure semblent se (4) Nous avons trouvé cette disposition, qui parait singulière sur plusieurs individus (fig. 10, 2’). 654 ZOOPHYTES. continuer directement , à la surface du ganglion, avec celles des nerfs de la paire postérieure (fig. 17). D'après M. Krohn, le ganglion abdominal fourni- rait encore un grand nombre de filaments nerveux s’en détachant de tous les côtés ; mais nous n'avons pu voir ces filaments d'une manière bien distincte. Les yeux sont formés par une capsule sphérique dans laquelle pénètre le nerf optique. On voit, au centre de cette capsule, un cristallin tres-transparent, enve- loppé d’une masse pigmentaire noirätre. Celle-ci est elle-même complétement entourée, en dessous et à sa circonférence, par l'épanouissement du nerf optique (fig. 45). La peau, quoique très-transparente et en apparence sélatineuse, est assez épaisse et résistante. Les Flèches sont, comme nous l'avons déjà dit, des animaux assez communs dans toutes les mers. Elles nagent avec beaucoup d’agilité, en imprimant des mouvements d’ondulation à tout leur corps. Elles pa- raissent très-voraces. Outre l'espèce commune, la Sagitta bipunctata, nous avons recueilli plusieurs individus remarquables par la forme grêle de leur corps et par leur tête volu- mineuse et comme renflee ; nous ne savons si ces in- dividus appartiennent à une espèce distincte, ou ne sont qu'un jeune âge, ce que leurs dimensions plus petites nous porteraient à admettre. Les zoologisies ne savent encore quelle place ASSI- VERS. 655 gner à ces singuliers animaux. MM. Quoy et Gaimard n'ont émis aucune opinion à ce sujet, avouant n'avoir pu étudier leur organisation d’une manière assez com- plète pour se prononcer. M. Lesueur, trompé par une certaine analogie dans la forme, les avait rappro- chés des Firoles, ce que M. de Blainville paraît avoir d’abord adopté (1); mais, un peu plus tard, ce cé- lèbre zoologiste rejeta cette manière de voir, en disant que c’étaient des animaux tout différents des Firoles, puisqu'ils n'avaient ni nucléus, ni pied abdo- minal en nageoire, mais une forme de poisson (2). Depuis, M. d'Orbigny est revenu à l'opinion de M. Lesueur, qu'il a cru étayer par ses observations ; mais nous avons vu que les détails donnés par ce naturaliste étaient à peu près complétement inexacts. Enfin M. Krohn, guidé par une connaissance bien plus complète et bien plus exacte de l’organisation de ces animaux, les a rapportés aux Annélides , tout en reconnaissant cependant qu’ils s’éloignaient beaucoup de ceux-ci par plusieurs de leurs caractères. Dans une note qui fait suite à la traduction du mémoire de M. Krohn, M. Milne-Edwards a cru devoir donner son opinion sur le rapprochement proposé par ce naturaliste, et sur les affinittés naturelles du genre Sagitta ; M. Milne-Edwards s'exprime ainsi à ce sujet : « Ayant eu occasion de voir le Sagitta bipunctata pendant mon dernier voyage à Messine, je crois de- (1) Manuel de Malacologie, pag. 492. (2) Même ouvrage, dans les nouvelles additions et corrections. pag. 656. 656 ZOOPHYTES. voir dire que je ne partage en aucune façon lopmion de M. Krohn sur les affinités naturelles de cet animal. Je ne vois rien dans son organisation qui puisse le faire considérer comme un annélide, et Je ne doute pas que ce ne soit un Mollusque, ayant à certains égards une assez grande analogie avec les Firoles. M me semble que la partie désignée par l’auteur sous le nom de tête est formée principalement par le bulbe charnu de la bouche portant l’armature dentaire, et que c'est le pli appelé capuchon dans le mémoire paécédent qui représente la tête. La disposition cu- rieuse des organes de la génération, signalée par M. Krohn, constitue la principale anomalie dans la structure de cet animal » (1). — Comme on le voit par ce passage, M. Milne-Edwards, en rejetant la ma- nière de voir de M. Krohn, sur les rapports naturels du genre Sagitta, est revenu à celle de MM. Lesueur et d'Orbigny; mais, si ces deux naturalistes ont pu, jusqu'à un certain point, considérer les Flèches comme des Mollusques voisins des Firoles, d'apres la connaissance très-incomplete ou l’idée inexacte qu'ils avaient de leur organisation, nous croyons qu'une semblable opinion ne peut plus être soutenue aujour- d'hui. Il nous paraît certain, comme à M. Krohn, que ces animaux ne sont point des Mollusques ; à moins que l’on ne tienne pas compte de l'absence des appareils de la circulation et de la respiration, et, qu'à l'exemple de M. Milne-Edwards, lon ne consi- |) Ann. des Sc. nat., tom. IT (3° serie), 4845, pag. 114. VERS. 657 dère encore comme une simple anomalie la forme bimaire et parfaitement symétrique des organes de la génération. Cette disposition de l'appareil générateur, celle du tube digestif, les crochets céphaliques, et même la forme du corps, nous ont porté à rapprocher le genre Sagitta du type des vers, bien que nous nous empressions de reconnaître que, par d’autres de leurs caractères, par la forme du système nerveux, par leurs mœurs et leurs habitudes, etc., les Flèches s’éloignent d’une manière encore assez tranchée des animaux de cette classe, et constituent jusqu'à pré- sent un genre trés-anormal. FTEN: Bonite, — Zoo!. Tome il. Partie I}, AS Le 19 ERRATA DE CE VOLUME. au lieu de, en dessus de l’œsophage , lisez, en dessous de l’œsophage. au lieu de, toute la partie supérieure, lisez, toute la partie inférieure. au lieu de, sa face supérieure , lisez, sa face inférieure. au lieu de, Vinférieure présente , Lisez, la supérieure pré- sente. au lieu de, considérer les Cythæis, lisez, considérer la Cythæis. au lieu de, de ceux-ci, lisez, de celles-ci. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. ............... Page  MOLLUSQUES. CÉPHALOPODES 290822 Re MUR eee MUNIE 2e 7 Poulpe hawaïien. — Octopus hawiiensis. ......,.,....... 9 Poulpe du Cap. —"O£topls CApERSIS ee 0e NP 11 Poulpe gréle.-—\Octopus'gracilis.. "MN ROIS 13 Poulpe douteux. — Octopus dubius................... 15 Poulpe(feune ane). 200 RO FT MP 17 Calmar de Pironneau. — Zoligo Pironneauië.. ............ 20 Calmar de Touchard. — Zoligo Touchardii., ............. 22 Calmar plagioptère. — Loligo plagioptera.. .............. 24 Calmar cardioptère. — Loligo cardioptera.. .............. 26 Calmar subaiïlé. — ZLoligo subalata..................... 30 Seiche de Touranne. — Sepia tourannensis............... 33 Seiche voismei == Sepiataffinisi.s NERO LS SAM 35 PRÉROPODESE Lis en RER ANR Se Rene ne 37 Genre vALE ANA ET RE ER. .. 100 Hyale tridentée. — Hyalæa tridentata .................. 437 Hyale à-crochet® = Hyaléauüncmaa... ss 140 Hyale globuleuse. — Hyalæa globulosa. ................. 142 Hyale bosstes="Hyale dirhams RIT. 144 Hyale à quatre dents. — Hyalæa quadridentata.. ......... 447 Hyale longirostre. — Hyalæa longirostris................ 149 Hyale angulée. — Hyalæa angulata.......,............ 152 Hyale lisse Hyalra riens a sut 2% alt 154 Hyale‘infléchie. — Hyalæa inflexa,. ….. je. ras ate 156 660 TABLE DES MATIÈRES Hyale labiée. — Hyalæa labiata. _….... .…... Hyale à trois pointes. — Hyalxa trispinosa.… . Genre Créonôore. —"Cléodora., 4 M 11. AIRE ie Cleodore cuspidée. — Cleodora cuspidata... ... RSR ETE Cléodore lancéolée. — Cleodora lanceolata.. Cléodore plate. — Cleodora compressa.................. Cléodore de Chaptal. — Cleodora Chaptalii........ ste Cléodore courbée. — Cleodora curvata, ...........,..... Cléodore bourse. — C/eodora balantium. ............... Cléodore renflée. — Cleodora inflata...,................ Cléodore australe. — Cleodora australis. ....... Ste ns Cléodore striée. — Cleodora striata.. ....... Ua Cléodore alène. — C{eodora subulata. ................. Cléodore aciculée. — Cleodora acicula. ................. Cléodore virgule. — Cleodora viroula.............. su Genre CuvIrÉRIE. — Cuvierin............ SUR ee Ye ; Cuviérie colonnette. — Cuvieria columnella. .............. Genre Sernrarse: — Spirialis …...l......... #00 a Spiriale rostrale. — Spérialis rostralis. .......... cast se Spiriale ventrue. — Spirialis ventricosa.. ...... Juste ss Spiriale réseau. — Spirialis clathrata. ...........,... La Spiriale australe. — Spirialis australis...........\....., Spiriale trochiforme. — Spirialis trochiformis . .... PETEE Spiriale bulimoïde, — Spirialis bulimoides. ..... RERO Genre CymBuL1E. — Crmbulia....... ne se sus Genre EvrterEe. — Euribia.................. DAMES Euribie de Gaudichaud. — Euribia Gaudichaudit.. ....... Genre PNEUMODERME. — Pneumodermon. ................ Pneumoderme de Péron. — Pneumodermon Peronii.. ...... Genre CLio. — Clio. ........ PONT tn idasshrioet Clio longue-queue. — Clio longicaudatus. ............... HÉFÉROPODES..2)/ RNA. TPALENNALERENn RARE RS Genre FrroLoine. — froloida........ D ere ANR RE Firoloïde de Desmarest. — Firoloida Desmarestia.. . ....... Firoloïde de Lesueur. — Féroloïda Lesueurtii Genre FiRoLE, — Ftrola. DU SECOND VOLUME. Firole de Kéraudren. — Firola Keraudrenii,. ....... Page Genre CARINAIROÏDE. — Carinuiroïida.. ......1. ve Carinairoïde placenta. — Carinairoïda placenta... ,,,..... Carinairoïde caudine. — Carinatroida caudina s......... Genre CARINAIRE. — Carinaria. ....... SR EL RENE CRE Carinaire de Gaudichaud. — Carinaria Gaudichaudii. ..... Genre ATLANTE. — Atlanta. ...... ; Atlante de Kéraudren. — Atlanta Keraudrenii.. ......,... Atlante de Rang. — Atlanta Rangit........ Re Atlante de Lamanon., — Atlanta Lamanonii.. ......... Pare Atlante de Péron. — Atlanta Peronii. . Atlante inclinée. — Atlanta inclinata. ..... Te Atlante rose, — Atlanta rosea. ..... Atlante renflée. — Atlanta inflata.. . ..... à Atlante de Gaudichaud. — Atlanta Gaudichaudii.. . . Atlante de Lesueur. — Atlanta Lesueurti, ..... AL Atlante de Quoy. — Atlanta Quoyana. ....... Atlante hélicinoide. — Atlanta helicinoides ........ Atlante déprimée. — Atlanta depressa Atlante bossue. — Atlanta gibbosa Atlante enroulée. — Atlanta involuta Atlante brure. ATARI USL Rs iote sde e ce A AE Atlante turriculée. — Atlanta turriculata.. ....... k NUDIBRANCHES:.:.: 05. 12 : Genre PayLziroË. — Phylliroe Phylliroé bucéphale. — Phylliroe bucephalum.…. . ....... Genre Eozine, — Eolidia Genre Janus. — Junus Genre TERGIPE. — Tergipes Genre Carzrorées —\Calliopæa 2: REP a6eee .. Doris sandwichienne. — Doris sandwichiensis. . Doris rayée. — Doris lineata.…. . INFÉROBRANCHES. . ... Genre Dirayzzinie. — Diphyllidia TECTIBRANCHES , Nm en 662 TABLE DES MATIÈRES Aplysie de Oahou. — Aplysia oahouensis. ….......... Page 462 Genre Buste, :—PBulla in Le ANIME EG Genre GASTÉROPTÈRE. — Gasteropteron. ............ 40 Genre OuBrezre. — Umbrella. . 5... 2.0. RAR RENE BUMONES MU e ce eue dede 0 SO CAO ÉEDD ÉDYSLE: = DS Us nee cs à à de ee EE TO Vaginule de Luçon. — Vaginulus luzonicus.. .........,... 495 Vaginule de Touranne. — Faginulus tourannensis. ........ 496 Limace sandwichienne. — Zinax sandwichiensis. . .... ee AO Vitrine fasciée. — Vitrina fasciata, .....,....:......... 498 Vitrine couverte. — J’itrina tecta........... RS Nr ee C0 Ambrette fragile. — Succinea fragilis. .................. 504 Hélice de Darondeau., — Helix Darondeauit............. 502 Hélice de Chevalier. — Helix Chevalierii................ 503 Hélice de Mackensie. — Helix mackensiana...,........... D04 Hélice égaree..— Helix aberrai@. 1.32. esse à ces 1009 Hélice déviée. — Helix defleza........................ 5306 Hélice de Touranne. — Helix tourannensis.. ............. BD07 Hélice peau-de-renard. — Helix vulpina................ 508 Partule auricule. — Partula auricula. .................. 511 Bulime ombiliqué. — Bulimus umbilicaris ............... 513 Clausilie cochinchinoïse. — Clausilia cochinchinensis. ...... D14 Genre ACURICULE: — "Aura MN NS Mes messe scoseee 545 Auricule sandwichienne. — Auricula sandwichiensis, ...... 524 Lymnée de Lucon. — ZLymnæa luzonica....,............ 525 Lymnée de Oahou. — Zymnæa oahouensis....,,......... 597 Lymnée voisine. — Lymnæa affinis.................... 528 Hélicine sandwichienne. — Helicina sandwichiensis.. ...... 529 Cyclostome angulifère. — Cyclostoma angulifera. ......... 530 Cyclostome de la Gironnière. — Cyclostoma Gironierii,.... 532 Cyclostome trochiforme. — Cyclostoma voleulus........... 533 Cyclostome subtrochiforme. — Crclostoma subinvoloulus . 534 Cyclostome trompette. — Cyclostoma tuba. ........... SES Cyclostome de Touranne. — Cyclostoma tourannense..…. ..... 537 Cyclostome de Garrel, — Cyclostoma Garrelii ..,......... 538 539 Cyclostome tacheté. — Cyclostoma maculosum,..,,....... DU SECOND VOLUME. PECTINIBRANCHES. ......... Genre MÉLANIE. — Melania....... Mélanie de Touranne. — Melania tourannensis............ Melanie turritelle. — Melania turritella. ...... Le Mrs Mélanie variable. — Melania variabilis ............... be Mélanie sculptée. — Melania sculpta. ...... tre de Valvee sillonnée. — Palvata sulcata., ....... NE sé Paludine tronquée. — Paludina truncata. Paludine ampulliforme. — Paludina ampulliformis. Fe Paludine boueuse. — Paludina lutosa................. ss Genre LirrORINE. = Liorina.. 4... 4 ose ae Littorine sériale, — ZLittorina sertalis. ....... sa OS Littorine monilifère. — Littorina monilifera. ............ Littorine variée. — Littorina variegata, ............. see Littorine bigarrée. — Littorina varia........... RME ES Littorine rayonnée. — Littorina radiata..,.,...... “se to Genre LuiTroribiNe. — Littoridina.. . Nérite vêtue. — Neritavestita. ............ SAMU Nérite de Gaimard., — MNerita Gaimardii.......... EC Nérite de Touranne, — Verita tourannensis. ............. Nérite mélanostome. — MNerita melanostoma. ............. Nérite subaïilée. — Merita subalata. .................... Navicelle de Lucon. — Navicella luzonica.. .. ...... Ars Genre NArIGE =" Nalcas NE E .. e RS EN Natice de Seba. — Nutica Sebæ .... Natice fibreuse. — Natica fibrosa. . . Natice jaune-roux. — Natica ravida. Genre SIGARET. — Sigaretus.. ..... Genre Liriopr. — BHOpA. ss... Genre CaDrAn. — Solariuin..... GenrefLurs0: —"Z47b0... Turbo élevé. — Turbo elevatus. . . .. Troque sandwichien. — Trochus sandwichiensis.. ,...,,,.. Genre Monure. — Modulus......... Modulus trochiformis. . ….. DRE Module trochiforme. 664 TABLE DES MATIÈRES. Genre DauPHiNuLe. — Delphinula.. EL M ER Page 599 Cérite obtuse. — Cerithium obtusum. .... PNR ASE ST REA 600 Cérite de Touranne. — Cerithium tourannense.. .......... 601 Genre:PouRPRE. —"Purpurai MN a STE 602 Pourpre de Chusan. — Purpura Chusant............. ... 604 Pourpre de Pothuau. — Purpura Pothuauii. ........ sie 76005 Pourpre du Pérou. — Purpura peruviana. .............. 606 Genre Bucon: — PUCES 2. es SAT 607 Buccin bolivien. — Buccinum bolivianum. .. 2... ........ 610 Genre ÉBURNE. — ÆEburna....... ACIER SU ROUE LANG Genre Vis. — Terebra......... OR Nes Te CAUSE, 612 Genre Bxevse. —Pyrula... RON rs TEE . 614 Génre Rocaen.— Mare ME NE ie CRIE UE 619 Genre PLEUROTOME. — Pleurotoma. .................. 620 Genre: FASGIOEARE, — Fasciolaria NL. 621 Turbinelle brésilienne. — Turbinella bresiliana. ..... Rs C22 Krenre TRFTON = 770 ER ARS Se AS ME CREER 623 Genre haneine = \Pinela ne, eue). on SR 624 Genre SrROoMBE:— Sirombus. eds ie LEE ES 624 IGN NAnRER EE LM PE nn. RIRE ANR 625 Genre CocomBEeLLE. — Columbellu...................... 626 Genre MarGINELLE. — Marginella...................... 627 Genre! Von == FORGE, CURRENT 628 Genre PorcerAINE. ——|\Cypræu: 0 1 TE 629 Genre Onve.— Ohva; NE RE ES 630 Genre Cons." É0rus nt NS RS 632 ZOOPHYTES. ÉGHINODERMES rene NME INPAR eRMNeR 637 Échinomètre à longs piquants. — Echinometra hastifera. ... 637 Ê ACALÈPHES. ..... nent at ae MNNE Here 225.91689 (lotherpapoute Turn papes tits ILE ARE, 639 Cythæis à quatre bras. — Cythæis tetrastyla...,......... 641 Lessonie radiée. — Lessonia radiata............,....... 643 VERS. — Flèche deux-points. — Sagittau bipunctata. ...... 645 FIN DE LA TABLE. | nn HA A 1 F jtd) LE 1 fl Fe ji , 5: : il M , [l # ré = EE e) sun] | tit BA Î si tt | | Ex, I 1 bye s C7 (ll : | | LE Eva 1 js J Eh, co, fl l À ES SOLE E RETURN 4 va * 52 LEE VINS a «Ÿ CR 7: FES À PA RO fl à. MAN