tai-macx>p(rr Pa i - j ij enlV s
IxConoMa-giCtiri
baume
l
K'
dissertation
SUR
L’ÆT h E R.
DANS LAQUELLE ON EXAMINE
les difFérens produits du mélange de l’Efprit
de Vin avec les Acides Minéraux.
Far M. B AU MÈ , Apothicaire
de Paris,
Chez Jean-Thomas Hérissant , Libraire ,
me S. Jacques ,,à S. Paul & à S. Hilaire.
M D C C L V I î.
:^vu Approbation , & Prïvllcg& du Roi.
avertissement.
A Dissertation que
■«^|+++++-e» ^
Tl L + X préfente, forme un
corps d’Analyfe fuîvic
de tous les produits que fournit
la combinaifon de TAcide Vi-
triolique avec TEfprit de Vin j
on trouvera peut-être que je fais
une divilion trop nombreufe des
matières que Ton retire de cette
combinaifon : mais on doit faire
attention que m’étant propo.io
d’analyfer avec la plus grande
exactitude tous les produits de
cette combinaifon^ il étoit ef«
fentiel d’examiner féparément
tous ceux dans lefquels on
ij AVERTISSEMENT.
pouvoit appercevoir la moindre
différence.
M. de Mairan, de l’Académie
Royale des Sciences^ fi connu
partant d’excellens Ouvrages,'
a fait voir par de très-belles
Expériences qu’il a rapportées
dans fa Differtation fur la gla¬
ce qu’on pouvoit faire baiffer
des Thermomètres confidéra-
blement avec de l’eau ; mais le
plus grand refroidiffement qu’il
ait pû produire n’a fait baiffer les
Thermomètres que de deux dé-
grés ^ ou trois tout au plus , mê¬
me en fe feryant des machines
pour rafraichir l’eau qui font
en ufage dans la partie méridio¬
nale de la Chine à Quanton. {a)
( a ) Voyez la Differtation fur I» Glace par M, dç
Mairan, CT* fnmntei > di i J-Pj
ArERTlSSEMENT. li}
Comme je n’ai été à port^ de
lire cet excellent Ouvrage que
depuis l’imprelTion finie de ce¬
lui-ci J il ne m’eft plus pofTible
de rapporter à leurs endroits les
Expériences que j’ai faites de¬
puis fur les refroidiffemens avec
les Liqueurs æthérées ; lefquel-
les^cn employant quelques-unes
des manipulations dont il s’efl
fervi pour l’eau feulement^m’ont
produit des refroidiffemens de
neuf dégrés plus grands que
ceux dont il ed parlé dans mon
Ouvrage, ôc de vingt dégrés de
plus que ceux qu’a eu M. de
Mairan. Ces effets, prefque dou¬
blés par une manipulation fort
peu différente de celle que j’aî
employée, m’ont engagé à re-î
îv AVERTISSEMENT.
prendre cette partie de mes
périences pour en former une
DifTertation particulière qui eft
déjà faite, dans laquelle on ver¬
ra qu’une infinité d’autres Li¬
queurs produifent les mêmes ef¬
fets, mais proportionnéllement
à leurs dégrés d’évapbràbilité.
Jè ri’aî rien néglig'é de tout ce
qui m’a paru efferitiel dans le dé¬
tail des Expériences, âirifî, fi on
les répété de la même maniéré
que je rînâiquéraî, je garantis
les mêmes réfultats ; & quoique
ce travail foit fort coûteux, j’ai
mieux aimé réitérer un grand
nombre de fois les Expériences
qui m’ont' paru ‘méfîtér là ‘peine
del’être, que de lés rapporter
auhafardj'je ne m’en fuis rap-
AVERTISSEMENT, v
porté fur aucun oui-dire, ni à
perfonne, toutes ces Expérien¬
ces ont été faites par moi ; on
ne m’entendra pas dire : L'Æther
Nitreux efl plus inflammable que
l’Æther Vitriolique ; je n oferois
mettre le feu dans le flacon qui le
contient , car il feroit tout fauter
avec danger y 6c d’autres propos
de cette nature.
On fera peut-être furpris que
cet Ouvrage ayant été fait à
deffcin d’examiner l’Æther de
toutes les maniérés, je ne Taye
pas mêlé avec l’Acide Marin :
mais comme cet Acide ne m’a
pas paru y faire beaucoup d’ef¬
fet, j’ai cru qu’il valoit mieux
s’attacher à des chofes que j’ai
penfé être plus propres à faire
a i ij
V) AVERTISSEMENT.
connoitre la nature de rÆther^
Ceux qui voudront s’exercer fur
cet Acide pourront le faire ^ ces
matières font fi étendues qu'el-
îes fournifient, amplement de
<]^uoi occuper les Artiftes.
J’ai paffé légèrement fur l’ex¬
plication de plufieurs phénomè¬
nes qui m’ont paru difficiles à ex¬
pliquer ^ le Leéteur en tirera lui-
même les conféquences qu’il ju¬
gera à propos.
Je n’ai pas cru devoir parler
'des vertus médicinales des dilFé-
rentes Liqueurs æthérées qu’on
obtient par le mélange des Aci¬
desminéraux avec l’Efprit de
yin^ ni d’aucun des produits
qu’on en retire ; cette partie
n’ell peint de ma compétence^
AVERTISSEMENT, vi;
elle eft entièrement du reffort
de la Médecine.
On fera fans doute bien fon¬
dé à me faire quelques repro¬
ches fur mon hile ; à cela je ré¬
ponds que je fuis plus accoutu¬
mé à faire des Expériences qu'à
écrire : d^aiileurs mon Livre
n’eft point un Ouvrage d’agré-
mens ^ où Félégance du ftile foit
abfolument néceflaire ; il me
fufFit d’avoir rapporté les faits
avec fimplicité ôc de m’être ren¬
du intelligible^ c’eft à quoi je
me fuis le plus attaché : & fi j’ai
quelque chofe à défirer ^ c elf
d’avoir été affez heureux pour
réuffir à lever par de bonnes ma¬
nipulations les difficultés de ces
vnj AVERTISSEMENT,
Operations : elles n’ont encore
été traitées par per/onne avec
autant d étendue & autant de
précifîon que je crois l’avoir
fait dans ce Livre ; il s’en faut
beaucoup que je me flatte
d avoir épuifé cette matière ^
je fçai que j’ai laiffé encore une
infinité de chofes très-capables
d exercer les Artifles & les bons
Phyficiens : mais le grand nom¬
bre d’Expériences que j’ai faites
me paroît plus que fuffifant pour
faire connoître la nature & les
propriétés de ces Liqueurs æthé-
rées ; fi quelquefois je fais des
répétitions , ce n’eft que pour
rendre ma differtation plus in¬
telligible , il vaut mieux faire
avertissement. Îx
revoir au Ledeur un pafTage
qu’il a déjà lu , que de le fati¬
guer par des renvois.
X
Noms
NOMS DES AUTEURS
cites ddns la Dijfenation que
M. Pott a donné fur l'acidd
vitriolique vineux 3 ^ qui,
paroijfent avoir eu connoijfan^^^
ce de ce procédé,
Agricola.
A. Sale.
AxteJmeyer.
Bar. de Baer.
BafiJe Valentin.
Becher.
Beerianus.
Béguin.
Blegny*
Bohn.
Cardiliicius^
Cari, Médecin Danois.
Chrétien Démocrite.
CroHius,
Degner.
Eisholtz.
EttmiilJeir.
Ettner.
Frédéric HofFmann.;
DES Auteurs, xj
Frobenius.
^ Geelhaufen.
■ Gefner,
^ Glaiiber.
fiGohl.
,, Gotter-HannkvitZs
.Gruling.
; Henckelo
' Henfing.
Hiern.
Hummel.
Jean Craton.
Ifaac l’Hollandois,
jlfaac Newton*
j Juncken.
j Kefler.
! Koenig.
i Kuchel.
i Kunckel»
■ Ch. Langiiis.
. Libavius.
1 Ludovic»
1 Liüle.
i Mœts.
Michael.
Michel Cmgner.
Paul Chrétien MiilIeG
Paracçlfei
s DES A UTECfRSi
Ppteriiis.
Rob. Boyle.
Rofencreuzer.
Roth.
Sachfiiis.
Sçhroeder.
Schroeer.
Schultz,
Snat.
Sneîle.
Stahl.
Stapborft,
Teichmeyer.
Tieho à Brahe,
Tretfcher.
Valerius Cor dus,
Vater.
Vigamus.
Vreefvick.
Wmtz.
Wedelius,
Wolphius,
Zittmann,
Zobel.
Zwoelffen
xî) Nom
^olemann.
DISSERTATION
DISSERTATION
SUR
L’ÆTHER.
VIS COURS HISTORIQUE,
SUR
HÆther Fn ri o li (lu Ey
E ne me propofe point
d’approfondir & d’épuifer
dans ce Difcours la matiè¬
re qui en eft l’objet. Mon
intention fe borne feulement à faire
voir quelle n’efl point neuve, &
.que les plus anciens- Chymiftes qui
ont écrit paroiffent s’y être beaucoup
‘exercés.
A
% Dissertation
Je dois avertir ici que ce que je
vais dire ed un extrait de la fçavante
Differtation fur l’Acide Vitriolique
vineux, qu’a donné M. Pott en 17 3 z.
Mais cet habile Chymide s’ed piiis
attaché à la recherche des Auteurs
qui en ont parlé, qu’à un travail pro^*
fond tendant à épuifer cette matière ;
il en convient lui-même en plufieurs
endroits, (æ) Je n ai ^ ditdl, rapporté ces
çhofes qu afin d'exciter (es Curieux à tra¬
vailler. Pour moi, je me fuis attaché
plutôt à analyfer tous les produits
que donné cette combinaifon, qu’à
des recherches, qui, quoique très-
curieufes & très-utiles en ce genre,
font toujours moins iatisfaifantes que
l’expérience même ; aind je crois
avoir une connoidance exaêle d’un
mélange d dmple en apparence,
mais dont la variété dçs produits doit
furprendre à chaque indant, com¬
me on le verra adéz amplement dans
le corps de l’Ouvrage. Ceux qui
voudront être mieux indruits des faits
hidoriques fur' cette matière pour-»
(4) Dans fon Traité de l'Acide Fitrioliqn( FincHXi ^
§ VI. iSç fur la fin du § VIII.
SUR L*Æ THE R. 3f
TOnt confulter l’Ouvrage que je vienl
de citer.
Au rapport de M. Pott, il n’y a
rien d’alîiiré fur l’origine de cette
opération, ni fur les raifons qui ont
porté les anciens Chymiftes à faire
ce mélange ; il paroxt même quelle a
eu le même fort que leurs autres pro-
duêlions, & qu’elle ell reliée long¬
temps enfevelie dans les ténèbres
alchymiqiies par la défeêiuofité des
defcriptions qu’ils en ont lailTées.
Je crois qu’on pourroit foupçonner
avec vraifemblance que les anciens
Chymilles,qui n’avoientprefqiie tous
d’autres vues dans leurs travaux que la
recherche de la Pierre philofophale,
ont fait ce mélange dans ce delTein ;
puifque M. Pott dit (b') qu’il y en a qui
cherchent ou qui trouvent quelque
chofe de merveilleux dans le marc
qui relie après la diddlation de ce
même mélange.
M. Henfing dans fa DilTertation fur
le vitriol, où il s’agit de fçavoir li
cette lùbllance ell la matière desPhi-
lofophes, confirme ce que nous ve-
(b) Ditns la troiâéme Nocç du § X.
Aij
4 Dissertation
nous d’avancer, îorfqu’il fe moque
ingéniicment de ceux qui penfent que
l’huile & la terre noire qui provien¬
nent de la didilîation de l’Èrprit de
Vin très-redlifié, & de l’Efprit urineux
avec une partie d’Huile de Vitriol,
font la liqueur alkaeft , l’Efprit de
Mercure & le Sel philofophiqiie, &
fe promettent de leur compoütion la
Pierre philofophale.
Il s’en faut de beaucoup que ce
procédé foit nouveau, puifqu’il a été
connu des plus anciens Chymiftes :
& quoique nous n en trouvions pas
d’exaéle s defcriptions, nous en voyons
au moins des vertiges dans Raimond
Lulle, Ifaac l’Hollandois, Bafile Va¬
lentin & Paracelfe, qui reçurent vrai-
femblablement cette opération de
leurs prédécerteurs avec d’autres fe-
crets ; ce qui fait qu’il ert très-difîici-
îe d’en déterminer l’origine. L’odeur
particulière de l’Æther a fait croire
que c’étoit-là l’eau de Raimond Lulle,
ou Aqtia Lullaria.
Il ert cependant certain que le pre¬
mier qui a fait mention de ce mélange
d’une maniéré précife, ert Valerius
SUR l’ Æ T H E R;
Cordus dans fon Livre des Extrac¬
tions artificielles, que Gefner a enri¬
chi de fes remarques fur Diofcorides,
imprimées à Zurick en 1561. Il mêle
partie égale d’Huile de Vitriol & d’Ei-
prit de Vin, d fait digérer le tout pen¬
dant trois mois, enfuite il le fait diftil-
1 er. Le détail qu’il donne prouve afièz
qu'il faifoit fon Æther facilement,
puifqu’il dit qu’il retiroit un Efprit Vi¬
neux au bain marie ; & qu enfiiite de
ce mélange porté au bain de fable , il
en retiroit une liqueur qui funiageoit
phlegme , & qu’on doit féparcr fur le
le champ par l’entonnoir.
Crollius le décrit, mais en termes
plus obfcurs, & Béguin n’en a em¬
prunté que le nom.
Willifius .çlaiis fa Pharmacopée dit ;
qu’il y .a dans lEfprit de Vin deux
parties difiinûes ; l’une fulphuteiife ,
l’autre fpiritueufe. L’expérience que
M. Pott en donne efl bonne & le
conduit au vrai but , quoique par mi
chemin un peu long ; il mêle huit
onces d'Huile de Vitriol fur une livre
d’Efprit de Vin, il récohobe la liqueur
difiillée deux ou trois fois fur le marc,
A iij
s Dissertation
Boyle, fur Forigine des idées, fart
înerxtion de cette huile lorfqu il parle
avec admiration de deux liqueurs
fubtiles & aromatiques, dont la pre¬
mière répand une odeur agréable , &
ï autre une odeur fulphureufe : il en
fut meme furpris ; mais depuis ce
temps perfonne n’a recherché ni tra-
Tailîé cette liqueur autant que M.
Pott, comme le lui a fait voir la
ïedure des Ouvrages des Chymifles ^
qui, la plûpart, n en parlent pas, ou
qui n’en parlent que d’une maniéré
fort peu exaéle, ce dont on peut fe
convaincre par quelques palTages de
Micle Briigner , Beker , Poleman ,
Boyle & Kimkel, & de quelques
manufcrits de Chymie.
L’illuftre Frédéric Hoffmann a fait
l’éloge des vertus médicinciles des
liqueurs qu’on retire du mélange de
refprit de vin aŸec l’huile de vitriol,
qu’il a amplement décrites dans fes
Obfervations chymiques ; ce qui a
mis plufieurs amateurs de la Chymie
à portée de pouffer plus loin leurs
découvertes, tels font Tretfcherus ,
Bar deBaer, Zittmamius, Frobeiiius,
SUR l’Æ T h E R." ^
(qiie’qiies-uns penfent que Tretfche-
rus eft Frobenius même) enfin Hm-
fingiiis.
M. Hofïmann prend lix parties
d’Efprit de Vin très-redifié fur une
partie d’Huile de Vitriol ; mais il ne
me paroît pas que fon intention ait
été de faire l’Æther ; la quantité
d’Huile de Vitriol n’eft pas affez
grande pour cela ; elle ne peut faire
que fa liqueur minérale anodine.
En 173 5 il parut fur cette matière
une Differtation exade & travaillée,
de M. Paul Chrétien Muller de
LeipEc.
Crugner, dans fon printemps chy-
mique , appelle l’Æther, vinaigre
principal, & s’en fert fous ce nom
pour préparer fes Elixirs.
Henckel, un des fçavans Métallur*
glftes de nos jours, en fait mention
dans.le quatrième Volume de fon
Journal de la Nature curieufe.
' Sachnus, Juncker dans fes Notes
fur Agricola, Béguin fur le Régne
animal & végétal, faifoient leurs
teintures avec le mélange de l’Acide
Vitriolique & de l’Efprit de Vin fans
A iv
s Dissertation
etre diftillé ; mais on ne doit point
douter que ces Chymiftes n enflent
ime parfaite connoiflance de la dif-
tillation de ce mélange.
Agricola dit que le mélange de
I Huile de Vitriol & de l’Efprit de Vin
diflillé , différé beaucoup de celui
qui ne fefl point, & qui n efl feule-
ïîieiit qu’uni par la digeflion.
Ce mélange avoit été ou caché
ou oublié jufqu’à préfent. Enfln il y
a quelques années que M. Chrétien
Démocrite le tira des ténèbres où il
étoit plongé ; car cefl la même
hqueur dont parlent' les Auteurs du
Commerce Littéraire de Nuremberg,
année 173 i, pag. 172. Alors M. Cari
Médecin Danois, communiqua ce
médicament à M. Gotziiis, & recom¬
manda fes vertus pour la Goutte &
pour d’autres maladies.
Le premier qui publia cette com-
pohtion, qui étoit reflée jufqu’alors
cachée, fiit M. Schuîtze dans la Difl
fertation qu’il donna au mois de Juillet
1734» ciont le fiijet étoit de fçavoir
s il y avoit des remedes qui diminuaf-
lent le calcul dans la veflie.
s XJ R, ïlÆ T H E r; • 9
M. Hummel le fuivit dans fa cii-
rleiife Differtation fur la Goutte. En¬
fin l’Auteur des Notes du Traité de
Démocrite, fur la Vie & la Médecine
animale,traduit en Allemand en 17 3
en fait mention en beaucoup d’en¬
droits : il mêloit l’Huile de Vitrioï
avec quatre, fix ou huit parties d’Ef-
prit de Vin très-reflifié , auquel il
ajoûtoit divers végétaux.
M. Geelhaufen promet dans le
Commerce Littéraire une Differta.-
tion particulière fùr cette matière.
Kunkel en parle dans fa DilTerta-
tion fur les Efprits anodins.
Rofen-Crul'er le connoiffoit, puif-
que dans-fon Agronomie, page i o i,
il le recommande pour la Manie.
M. Gohl, fous le titre d’Efprit Cé¬
phalique, le dit propre pour la Mi¬
graine.
Zobel le recommande pour les
maladies du foie ; mais ii mele partie
égale desElprits de Vitriol, de Tartre
&. de Vin.
Après tout ce qu’on vient de voir
de cet Extrait de M. Pott, il ne doit
refier aucun doute fur l’ancienneté
Av
lo Dissert ATiok
de ce mélange ; il me lemble que le
but des premiers Chymides étoit de
tirer de TEfprit de Vin la partie que
nous appelions HuiU de Vin. Chacun
des Chymiftes qui viennent d’être :
nommés avoit fa recette particulière ; ^
les uns employoient pour l’iifage de ,
la Médecine les produits que donnoit
ce mélange par la didiliation ; d’autres
employoient ce mélange feulement
digéré, & s’en fervoient pour tirer
leurs teintures, & pour l’iifage mécli- j
cinale ; d’autres enfin mettoient en
iifage l’ime & l’autre méthode. Voilà î
ce qu’il m’a paru convenable d’e:^- 1
traire de l’Ouvrage de M. Pott, quant !
à rhidorique- ;!
Peut-être me reprochera-t-on ;;
d’avoir négligé ou oubhé de citer tous
ceux qui ont écrit fur cette matière,
& que M. Pott a nommés avec foin :
mais pour me mettre à l’abri de ce re¬
proche, j’ai fait imeLide alphabétique
de tous les Auteurs défignés dans fon
Ouvrage ; on la trouvera placée à la
tête de celui-ci. '
Les chofes en étoient là lorfqiie
MM. Duhamel & Grode 5 tous deux
s U R l'ÆTH E R. lî
Académiciens, lurent de concert en
173 4 à leur Compagnie, un Mémoire
détaillé des recherches qu’ils avoient
faites fur cette matière. Il paroit, fui-
vant ce qu’ils en rapportent, que cette
Liqueur étoit remife en vogue par
plufieurs Chymides en même-temps,
puifqu’ils difent que » M. Frobenius,
« Chymide Allemand, en envoya
w plufieurs petits flacons, environ en
>f 173 o, à M. Geoffroy ( Médecin de
» la Faculté de Paris & Membre de
M l’Académie) , & que peu de temps
» après M. Groffe en reçut deux pa-
>, reils de M. Godfrey Hanckvdtz ,
» aufli Chymifle Allemand
Le premier joignit à fes flacons une
feuille manufcrite , dans laquelle il
fembioit défigner la compofition de
cette Liqueur ; mais en termes fi éni¬
gmatiques & fl peu inftruélifs, que
ces habiles Chymiftes n’en purent
tirer aucime utilité pour le travail
qu’ils firent dans le deffein de dé¬
couvrir la compofition de cette Li¬
queur. ,
» Le fécond, M. Godfrey Hanck-
» witz, apareiilement’fait une Differ-
A vj
11 D ï s s E R T A T I O N
» talion iiir Ibn Ouvrage, dont la
Tradudion a été inférée dans les
» Tranfaébons Philofophiqiies, à la
»> fuite du Mémoire concernant la Li*
w queiir æthérée de M. Frobenius, en
»Mai 1730, N". 413. page 288
dont MM. Duhamel & Gro/Te ont
rapporté la TraduéHon dans les Mé¬
moires de l’Académie, année 1734,
& que l’on peut confulter : mais cette
Traduction ne fut guères plus utde à
M. Heilot, Membre de cette Acadé¬
mie 5 qui exécuta le procédé de point
en point, & très-fcrupideiifement;
parceque cette delcription étoit aulîi
obfcure que la feuille manufcrite de
Frobenius,
La connoilTance que les Chymiifes
François eurent des grandes proprié-
té^de la Liqueur æthérée, attribuée
a Frobenius, & qui depuis a retenu
îe nom de Liqueur æthérée, les ex¬
cita a y travailler. Il fe forma alors
une efpece de concours entre les
Ghymides de l’Académie Royale des
Sciences de Paris ; concours guidé
par une noble émulation. L’envie
d’être yidorieux étoit le feul motif
SUR l’Æ T h E R.
^iii les animoit. Ceux qui travaillè¬
rent le plus dans ce concours flirent
Meffieurs Duhamel, Groffe, Hellot
& Geoffroy Médecin» Entre tous
ces habiles Chymilles qui devinèrent
prefque en même-temps la route qu’il
falloit prendre, & les matières fur lef>
quelles il falloit tourner fes vues pour
arriver au but, ce hit, fuivant leur
rapport, M. Groffe qui fut viêlorieiix,
& qui parvint le premier à faire de
■ l’Æther auhi parfait que celui de Fro-
benius.
Mais les excellens Ouvrages de ces
habiles Académiciens m’ont paru laif-
fer quelques incertitudes fur le parti
qu’on doit prendre pour faire cette
opération. Ils rapportent des effais
qu’ils ont faits fans fuccès , ce qui
n’eft pas étonnant, vu que le prodidt
de ce mélange étoit nouveau pour
lors, & que ceux qui font les premiers
des recherches fur quelque objet
ont toujours beaucoup de défavanta-
ges du côté de la réuffite. S’ils n’ont
pas eu d’Æther dans ces premiers
effais, cela vient de ce qu’ils ont été
tes en trop petites dofes, & queda
î4 Dissertation
petite quantité qui s’en formoit fc
perdoit par Févaporation. Par exem¬
ple , ces Melîieurs ont mêlé Fix oncçs
d’Huile de Vitriol avec trois onces
d’Efprit de Vin 5 certainement ils au-
roient retiré de FÆther à ces dofes,
Vils n avoient pas été obligés de faire
im 11 grand nombre d’effais. A force
de déluter les vaiffeaux, de changer
le produit de cette diftillation d’un
vaiffeau dans un autre, FÆther qu’ils
avoient fait vraifemblablement s’éva-
poroit dans toutes ces manipulations.
J’obferverai à cette occafion, que h
on verlè une once d’Æther d’un fla¬
con de large ouverture dans un autre,
& principalement quand il fait bien
chaud , on trouve près de deux gros
de perte de la Liqueur qui s’efl; éva¬
porée par cet échange ; on en fera
d’autant plus affuré fl on a fait la tare
des flacons auparavant : ainfl il n’efl:
pas étonnant que ces habiles Chymifl
tes n’ayent point retiré d’Æther,
quoique leur procédé fiit fort bon &
très-bien fait. Un peu plus bas dans
•ce même Mémoire on voit que lorf-
■qu’ils ont mêlé une livre d’Huile de
$ ü ïi l’Æ t h e r.' 15
Vitriol & deux livres d’Efprit de Vin,
ils en ont eu : fi la quantité totale du
.premier mélange eût été pareille à ce
fécond, ils auroient retiré le double
de Liqueur æthérée.
M. Hellot qui avoit participé au
travail dont je viens de parler, reprit
feul cette matierè, comme on le voit
dans les Mémoires de TAcadémie en
Î739. Les Expériences variées &
curieufes qu’il a faites fur cet objet
font affez voir le deffem qu’il a eu de
pouffer ce travail à fa perfeûiôn. Le
fuccès a répondu à fes efpérances ;
mais comme ces fujets font en quel¬
que forte inépuifables, & que cet ha¬
bile Académicien îi’avoit d’autres vues
que de multiplier les connoiffances, il
diffribua il y a ime dixaine d’années
à quelques-uns de nos Confrères un
procédé pour faire l’Æther en grand,
que lui avoit donné M. Lide, Anglqis,
chez qui M. Kretfcher ou Frobenius
logeoit à Londres, & par lequel il
avoit vu préparer cette Liqueur pen¬
dant huit mois. Ce fut-là, à ce que je
Crois, l’époque du temps où M.Rouel¬
le fit i’Æther à la pinte ; chaam s’e-
i 6 Dissertation
xerça à ce travail qui devint alors
piel’que public.
Les nouveaux Auteurs Chymiftes
animés du même zèle que les Mem¬
bres qui pour lors compofoient l’Aca-
demie, s y exercèrent auffi ; & per-
fonne de ces Meffieurs, à mon gré,
n a mieux traité cette matière que
M. Macquer, dans fes Ékmms de
Chimu-lrutique. qui font fort con¬
nus.
D’après tant de modèles je crus
qu’il m’étoit libre de m’exercer auiïi
fur cet objet, cfiie je regarde comme
inépuifable. J’ai eu l'honneur de lire un
Mémoire à l’Académie, le 11 de Juin
1755 , dent le principal objet étoit
l’Analyfe du Réfidu de i’Æther Vi-
triolique, filtré à travers une bou¬
teille de grais. Ce Mémoire fe trouve
employé dans le préfent Ouvrage.
Après une hifioire détail: ée du pro¬
grès que l’on a fait fur cette opéra¬
tion , & avoir rendu compte des dif¬
férentes mains dans lefquelles elle a
pafie, il y auroit eu en m.oi une té¬
mérité bien grande, fi j’eufie ofé cber-
cher les moyens ü en impofer à i’Aca-
SUR l’Æ T h E R. Ï 7
démie , comme un Artifte a voulu
rinlinuer dans le Public, en faifant en¬
tendre que j’avois intention de m’at¬
tribuer ce procédé. Les premiers mots
de mon Mémoire me mettent à l’abri
du reproche de ce côté-là, puifque
je commence par dire ; Je ne prétends
pas donner ici comme une nouveauté le
procédé de VÆther, je ne le donne que
par occajion , mon but étant d'examiner
le Réjidu de cette opération autrement
qu il ne Va été. Puifque cef ce Réjidu que
je me propoj'e d'examiner, & qui fait le
principal objet de ce Mémoire^ je crois
devoir rendre compte des matières dont il
cf compofé ; & dans la Récapitidation
de ce même Mémoire je dis : Il ejl
encore prouvé que ce qu'il y a de nouveau
dans le procédé de VÆther que je viens
de donner, nef que dans la manipula^
tion , que j'ai rendue ., par Vufage , plus
facile, plus certaine & plus courte , puif
que MM. Duhamel^ Groffe & Hellot ont
donné à cette Compagnie le moyen de le
faire.
Quand mon Mémoire qui eft ref-
té entre les mains du Sécrétaire de
l’Académie fera imprimé, le Public
iS D î s s E RTATÏ 0 N
jugera de la vérité de ce que j avance'^
C’ed: donc mal-à-propos & fans
fondement, que ce même Artifte a
voulu infinuer dans fes Leçons pu¬
bliques que j’ai voulu m’attribuer
cette opération*
Il ne revendique pas feulement le
procédé de l’Æther décrit dans mon
Mémoire, il revendique encore tout
le contenu ; il devoit cependant fe
fouvenir qu’après nous être expliqués
dans l’Affemblée de l’Académie, la
Compagnie a jugé que mon Mémoire
feroit imprimé fous mon nom dans
les Volumes des Correfpondans, com^
me n’appartenant qu’à moi feul. •
Depuis ce temps, fans changer de
batteries, il tourna fes vues plus
adroitement, & par un beau & magni¬
fique Difeours qu’il adreffa à fes Au¬
diteurs , il mit le comble à fes mauvais
procédés à mon égard. Ce Difeours
eft trop brillant pour ne pas mériter
place ici ; le voici. C’eft notre Criti¬
que qui parle.
Mejfieurs, il ejî bien drôle qti on mette
tn quejiion que ce que je dis ici fait public y
parce que cela nejl pas imprimé. Un.
s U R l’Æ T rf E R, I5Î
^pOticaire a eu la. hardiejfe de venir lire
en ma préfence, moi prlfent y Mejjîeurs^
un Mémoire à l'Académie fur l'Æther
Vitriolique : pardi il faut être bien hardi i
Notre homme, notre Auteur, notre ApotU
caire,MeJpeurs, a voulu donner le procédé
de l'Æther comme une de fes découvertes ;
il ne lit pas ,MeJjieurs , il nous donnera
fouvent du réchauffe. Notre Auteur, Mef-
Jîeurs, niêle encore l'Æther Vitriolique
avec rAcide Nitreux, & il vient nous
dire qu'il fçait faire VÆther Nitreux.
Ho I MeJJieurs, notre Apoticaire a fait
encore une belle découverte, il mêle de VÆ--
t.her Vitriolique avec de l'Efprit deSel,&
il dit: Jefçai faire V Æther Marin, Voilà
un habile homme , Meffeurs ! Il cjl bien
plus habile que moi! Je vais vous prouver
que cela ejîfaux, & qu'il n a jamais fait
S Æther Marin ; carfai combiné vingt-^
fept fois de l'Efprit de Vin avec de l'Ef¬
prit de Sel. Et trïs-fumant, & en chan¬
geant à chaque fois J! Efprit de Sel, J ans
jamais avoir pu tirer d'Æther Marin , '
ni rien qui en approchât ; donc qtUil ejl
impojpble de faire V Æther Marin, puif
que je n'ai pu en faire ; je lui donnerai
un merU blanc s'il en fait. J'ai lu tous
Dissertation
Us Auteurs y & perforine n en a parU;-
il ny a que notre homme qui nous veut
donner, du nouveau : voilà de nos gens y
de nos. pilleurs ; notre homme croit que je
n ai jamais examiné leRéfdu de V Æther,
j'enfçais plus que lui y & on verraJi j'ai
travaillé. Le refie n’eft pas moins
brillant.
Çet rappeller que
j’étois préfent lorfqu il prononça ce
Difeours au mois de Juillet 175 5 ; les
traits dont il ell rempli font afTez re¬
marquables pour s’être bien fixés dans
ma mémoire.
J’ai eu d’abord quelqu envie de ré¬
pondre à ce qu’il y a de fingulier dans
ce Diféours, mais j’ai imaginé que
cela étoit inutile ; d’ailleurs la meil¬
leure critique que l’on piiiffe en faire,
efl, j e crois, de l’inférer ici. J’ai penfé
qu’il valoir beaucoup mieux repren¬
dre fojii Auteur fur le fond des chofes
fur des faits, & je ne manquerai
pas d’occafions.
' Pont répondre à la première impu¬
tation qu’on me fait dans ce Difeours,
& me juflifîer de la prétendue har-
djeffe que j’ai eu dç m’attribuer mpa
SUR l’Æ T h E R. lî
Mémoire, ü fiiffit de jetter les yeux
fur ce qu’il contient, & de rappeiler le
Jugement que l’Académie en a porté
en ma faveur ; elle a bien voulu,
comme je l’ai dit plus haut, décider
que ce Mémoire feroit imprimé fous
mon nom.
Pour ce qui regarde l’opération de
l’Æther Nitreux, je ne puis que louer
cet Artifte du zele qu’il témoigne pour
l’intérêt public, & du foin qu’il prend
de le mettre en garde contre les fu-
percheries des Chymiiles qui font
fort à craindre : il fçait combien il eft
facile de tromper le Pubüc fur des
matières qu’il connoît li peu ; il a
craint que je ne lîfle pas bien cette
opération, & qii^ par-là elle ne fut
nuifible à ceux qui pourroient en
employer le produit. Son inquiétude
efl louable, & bien digne d’im hom--
me qui s’eft li long-temps facrifîé au
bien de la Société ; mais pour la faire
ceffer fiu cet Article, j’ai joint à ce
petit Volume le moyen de faire com¬
modément cette opération.
Ce qui fera rapporté cependant
ici fur l’Æther Nitreux ne doit être
"ti Dissertation
regardé que comme le canevas d’urt
travail beaucoup plus confidérable,
que je me propofe de fuivre avec
autant de foin & d’attention que cette
matière l’exige. Je le donnerai au,
Public s’il trouve ce petitTraité digne
de lui.
Mon Cenfeur me fait un crime de
ne point lire : il me femble que de fa
part un pareil reproche eft affez mal
fondé ; ou plutôt, ne ferois-je pas
moi-même dans le cas de lui repro¬
cher de lire beaucoup & de réfléchir
peu ? S’il refiéchifloit fur les opéra¬
tions qu’il fait, il lui aiiroit été fort
aifé de deviner comment fe fait l’Æ-
ther Marin : il n’étoit queftion que de
lire avec attention les Elémens de
Chymie-Pratique de M. Macquer, il
y auroit lû, TomeILpag, 268 &
» L’Æther efl: le produit de la dé-
» compofition de l’Efprit de Vin par
» l’Acide VitrioJique ; plus cet Acide
>> efl concentré, plus il opéré cette
» décompofition «. Il éfoit facile de
faire l’application de cette théorie
aux opérations de l’Æther Nitreux &
de l’Æther Marin, qui fé font par Iq
même méchanilmç.
SUR L’Æ T h E R.
L’Acide Marin le plus concentré
contient plus d eau que l’Acide Ni¬
treux , celui-ci plus que l’Acide Vi-
triolique. (c)
Par conféquent, fi l’Acide Marin
contient le plus de phiegme, & que
par fa nature il fe mêle difficilement à
î’Efprit de Vin, ce font deux caufes
qui s’oppofent conciuTemment au but
qu’on fe propofe. En partant de ces
principes, & faifant les effiais nécef-
faires pour applanir ces difficultés,
notre Chymifte feroir parvenu, peut-
être mêm.e plutôt que moi, à faire
cette opération.
Après l’avoir engagé à faire plus
de reflexions, je ne crois pas inutile
de lui faire connoître que cette pré¬
tendue nouveauté qu’il m’attribue
n’en a pas été une pour moi-même.
Je n’ai commencé à faire mes effais
qu’après avoir découvert par la lec¬
ture des Chymides, que le mélange
(c) M. Hombeig a donné à l’Académie en .
Je moyen de reconnioîçre la quaiWîé des Sels cpnce-
nus dans les Acides ; moyen très-exad &c trèsringé-
niéux : mais il me femb'le que , s'il fdt parti d’iir^
point plus fixe, tel que le dernier dégré de concen¬
tration connu que peuvent avoir ces Acides, ceU
tçroir plus exaét, ôc rempliroit des vues plus étendues.
24 Dissertatioî?
que donne FÆther Marin avoit été
reconnu par ces Auteurs.
Pour le mettre à portée de vérifier
les Notes dont je vais lui faire part,
j’ai eu foin de lui défigner les volu¬
mes, les chapitres, & même les pages*
Glauber efi: le premier qui ait dé¬
couvert l’Æther Marin. Ceux qui ont
lu fes Ouvrages avec quelque atten¬
tion ont été à portée de voir dans
plufieurs endroits qu’il a parlé de cette
opération fans en domier de manipu¬
lation certaine : mais comme il m’a
été impofiible de vérifier ce qu’il en a
dit lui-même, je me fuis contenté de
rapporter les citations de ceux qui
en ont parlé, tels font Beccher, Stalh,
Hofimann & Pott. Stalh dans fon
Commentaire des (Euvres de Beker,
intitulé : Spécimen Bekeri. Pars I, SeU»
III. pag . 114. dit :
» Il efi; confiant par l’expérience
» de Glauber , qu’avec les circon-
» fiances nécelTaires on change l’Ef-
» prit de Vin en une efpece d’Huilê
» par l’Efprit ou l’Huile de Sel. Bafile
» Valentin & d’autres alTurent qu’on
>> obtient la même choie avec l’Huile
SUR l’Æ T h E R. tf-
Vitriol:; mais je ne puis pas jiil-
» qu a préfent dire que j’en ai fait
» l’expérience
Le Traduéleur de Frédéric Hoff¬
mann dit dans fes Obfervations Chy-
miques, L Vol. Obf. XIII. pag. 3 29.
» Glauber avance avec confiance
» dans fés Écrits que l’on peut con-
» vertir en Huile l’Efprk de Vin bien
» redidé, en le combinant avec de
» l’Huile de Sel qui aura été concen-
» trée avec la Pierre calaminaire. J’ai
» fmt cette expérience, mais je n’ai
»pii en tirer d’autre Huile que de
» î’Efprit doux de Sel «.
Cet habile [Chymifle n a pas la
prefomption de celui dont nous par¬
lons , il ne dit pas qu’il foit im-
poffible de réufîir à faire cette opéra¬
tion, il fe contente de dire feulement
qu’il ne l’a pas pû faire.
M. Pott dans fon Traité de l’Acide
Vitriolique Vineux, dit ; » Glauber
dans divers endroits, & Snelle, dans
» fon Traité du Sel commun, pro-
» mettent une Huile femblable du mê-
» lange de l’Efprit de Vin avec l’Acide
» du Sel Marin ou du Nitre concentré;
B
l 6 D I s s E R T A T i O N
» mais Texpérience réuffit très-rare*- j
» ment, à moins que TEfprit de Vin ;
» ne l’oit furchargé de parties huileii- 11
fes, ou d’aromates, ou de cette , i
» première Grailfe ou Huile qui pré-
» cede l’Efprit de Froment dans la
» Dillillation qu’on en fait en reèlifîant
de l’Efprit de Vin fur l’Eau ; cette ' f
» même Huile paroît encore dans la ;|
» Digeftion avec l’Efprit de Sel, quoi- |
>> quelle n’y fumage qu’en petites *,
» goûtes ; mais l’Efprit de Nitre brûle
» & divife trop vite les parties huileii-
» fes ; à moins que, comme nous le i
» ferons voir dans la fuite, fon aêlivi- i t
» té ne foit modérée par des parties ■ t
» Métalliques «, la DiJJertatiori j;
de rAcide VitrioLique vineux de M. Pott^ ' ^
mviron au milieu du § IX. j t
Fin du Difcours Hijîoriquci, j t
SUR l’ Æ T H E R.
tttttttt f± " — • ■ ..
+-i"l-l-+++4-
^ ++++++++
++++*!* 4 '++
I ÆTHER VITRIOLÎQUE.
Es Auteurs qui ont donné
des procédés pour faire l’Æ-
tlier, varient fur les dofes
' d’Huile de Vitriol & d’Elprit de A in
qu’ils prefçrivent. Suivant les uns il
faut parties égalq^ en mefiires , fui-
vaut d’autres parties égales en poids ,
& d’autres endn font différer les do-
fes en poids. Ces matières employées
i à des dofes différentes donnent, com-
ime on fçait, des produits-ditféreus ;
I la Liqueur Minérale d’Hoffmann en
iefl un exemple connu. J’ai obfervé
lexaélement les différens effets qui
jréfultent du mélange de cés fubflances,
1 employées à des dofes variées : mais
i comme M. Hellot les a décrits dans
lun Mémoire imprimé dans le Volume
I de l’Académie, année 17 3 9, il ed inu-
|tile que j en %ffe mention ici. Je dirai
! feulement que rHiiile de Vitriol &■
Bij
2.'S Dissertation
ffifprit de Vin mêlés à des dofesv
convenables, & traités comme il faut,
dormeront toujours de l’Æther pluS|
ou moins. Voici, le procédé qui m’a ’
le mieux réufîi. ''
Prenez fix livres d’Efprit de Vin |
très-reélidé , mettez-le dans une cor-: jj
mie de verre, verfez par-delTus, & de |
fuite, par le moyen d’un long tuyau, 1
fix livres d’Huile de Vitriol bien con- j
centrée, remuez la cornue tout dou-
cornent & à diverfes reprifes, afin de i
bien mêler les deux Liqueurs ; ce i
mélange bouillonnera & s’échauffera'jj
confidérablement, il en fortira desi;
vapeurs avec un lifflement affez fort, ’
qui auront une odeur très-aromati-|
que, femblable à celle de l’Eau deji
Rabel vieille. Ces vapeurs ne font
que de l’Efprit de Vin, & non points
de l’Æther ; c’eft pourquoi il eft inu-i
tile de chercher à les recevoir. Ce:
mélange ne prend qu’une petite cou-']
leur roiiffe ambrée, li l’Efprit de Vin
n’eft guere huileux ; laiffez un peu
refroidir la cornue pour la pouvoiri
manier plus facilement, placez-la daîtç!
bain de fable échaulfé à peu prè^;
fr U R a A THE 2^
âiî même dégré quelle ; liitez a la
eornue un balon percé d’un petit trou,
que vous déboucherez de temps en
temps afin de faciliter la fortie de
l’air & la condenfation des vapeurs
trop raréfiées , & pour reconnoître
> auffi l’odeur des Liqueurs qui difiil-
• leront. Diftülez ce mélange par un
J feu de charbon affez fort pour en-
J tretenir la Liqueur toujours bouillan-
, j te ; il paffera d’abord environ fix our
ces d’Efprit de Vin très-aromatique
^ qu’il ell inutile de féparer, enfuite
viendra l’Æther : lorfqu’il y en a envi-
ron un tiers de diftillé, il fe forme à
i la voiite de la cornue une infinité de
h point-s qui femblent être fixes en for-
j me de Stries, & qui cependant font
j autant de gouttes d’Æther qui rou-
lent les unes fur leS autres, & vien¬
nent diftiiier dans le balon; ces petits
points paroiffent & fe fuccédent juf-
qii’à la fin de l’opération ; continuez
_ le feu jufqu’à ce que vous apperce-
' viez tout-à-coup s’élever des vapeurs
■ blanches qui remplifient la cornue &
™ le récipient, & que ces vapeurs fen-
tent l’Efprit Sulphureux volatil; car'
' B uj
30 Dissertation
dans le cours de l’opération il arrivé
affez loiivent qu’en débouchant le
petit trou du balon, il s’élève tout-à-
coup des vapeurs blanches, comme
l’a très-bien remarqué M. Heîlot, {d)
& qui difparoiffent également en re¬
bouchant le petit trou ; mais ce hgne
tout iéul ne marque point que l’opé¬
ration foit finie, il faut qu’il foit ac¬
compagné d’une odeur plus volatile y
& meme fi pénétrante que fi on ref-
pire ces vapeurs un peu fort par ce
petit trou elfes excitent à touffer
ces vapeurs font aufü plus épaiffes &
plus difficiles à fe condenfer : conti¬
nuez le feu encore pendant une de¬
mie-heure , parce qu’il paffe toujours
de l’Æther avec ces vapeurs aqueii-
fes, acides & fulphureufes. Cette re¬
marque néanmoins ne doit avoir lieu
que pour les opérations dans lefquel-
les on employé des dofes d’Huile de
Vitriol & d’Efprit de Vin, auffi gran¬
des que celles qui font prefcrites dans
ce procédé ; car, lorfqu’on fait l’o¬
pération avec des dofes beaucoup
{d) Dans un Mémoire qu’il a donné à l’Académie
en 1735.
SUR l’Æ T h E R. 3i
iV( ftîoinclres, il eft certain qu’il ne mou¬
la te plus d’Æther auffi-tôt que les va-
ij peurs fiilphiireufes commencent à
oia s’élever, comme l’a obfervé M. Hel-*
(j) lot. Lors donc que vous ferez alTuré
re. que l’Æther ceffe de monter, délutez
!D{ le baicn, & verfez ce qu’il contient
pi dans un flacon de criftal bien bouché,
îcJ vous aurez environ trois livres huit
'q onces de Liqueur. Cette diflillation
efv dure ordinairement quinze à feize
Cî heures. Relutez après cela le balon
à la cornue , & par un feu plus mo-
k- déré continuez la diftillation jufqii’à
4. ce que le mélange foit prêt à monter,
e, vous retirerez depuis dix jufqu’à feize
Lrj onces d’Efprit Siilphiireiix trcs-vola-
::i. til, pénétrant, fur lequel furnagera
e, depuis deux gros juiqu’à quatre gros
^ d'Huile, que l’on nomme impropre-
jl ment Huile douce de Hitriol ; il faut la
fcparer par l’entonnoir. J’ai toujours
eu conRamment cette Huile d’une
très-belle couleur citrine , tranfpa-
5, rente, elle retient encore avec elle
,p un peu d’Efprit Sulphureux volatil
qui lui donne une mauvaife odeur ;
' E efl cependant facile de la lui ôter :
B iv
Disser TATI Oî^
|e parlerai plus bas des moyens qu’il
faut employer pour cela. Il relie dans
la cornue une matière noire, épailTe,
dune odeur fuîphureufe, bitumineu-
le, dont ;e rendrai compte auffi à
Ion tour.
Revenons à notre première Liqueur
dîftiilee. Cette Liqueur, comme on
Içait , neû pas de pur Æther, elle
contient plufieurs Liqueurs dont je
me difpenferai de parler préfente-
ment, me propoldnt d’en parler ail¬
leurs plus amplement, afin de ne pas •
dndraire du détail de iopération. Je
dirai feulement que cette Liqueur
contient, i«. Un Efprit de Vin très-
aïomatique, mifcible à l’eau, & qui
communique à l’Æther la propriété
de s y mêler auffi. 2°. L’Æther.
Une portion d’Huile douce qui mon¬
te toujours avec l’Æther fur la fm de
1 operation. 4^. Un peu d’Efprit ful-
phureuA. Ce font-là toutes les Li¬
queurs qu il ell befoin de connoître à
premnt. Pour les féparer, il faut d’a¬
bord mettre dans le flacon qui les
coupent un peu d’Huile de Tartre par
défaillance, bien fecoiier le tout, &
s U R l’Æ T H E R. 33
dans rinftant du mélange vous trou¬
verez une dilFérence fenüble ; Todeur
fiilphiireufe & volatile que cette Li¬
queur avoit auparavant deviendra
fuave, &nauraque celle de l’Æther,
comme Fa remarqué M. Hellot,(e)
FAlkali fixe aura abforbé FAcide ful-
phureux. Verléz ce mélange dans
.une Cornue de verre, placez-la fur
le bain de fable d\m fourneau de
lampe , ajullez à la Cornue un petit
balon, & diflillez à la chaleur de
quelques mèches.
Dans cette reélification FÆther
monte à la moindre chaleur ; au com¬
mencement la voûte de la Cornue
n efi: point chaude, & FÆther qui
diftille ne la mouille point en appa¬
rence , elle paroît aiiffi féche dans
Fintérieur qu’à Ion extérieur , tout
le col de la Cornue ne paroit point
humide, il n’y a que l’extrémité du
bec où la diflillation efi: apparente 3
continuez l’opération jufqu’à ce que
vous apperceviez des filets très-droits
fe former autour de la voûte & du
col de la Cornue ; éteignez alors la
Dans le Mémoire déjà cité *
By
J4 t)lSSERTATIO>7
lampe , & ne la rallumez qu’au bout
cl un quart-d’heure, lorfqiie vous ver¬
rez que les gouttes f’e ralentiront con-
liderablement, & que l’on pourra;
compter cent fécondés entre chaque;
’ féparez la Liqueur qui fera;
diftillée, elle eh toute pur Æther
vous en aurez environ deux livres;
quatre onces. Si vous y ajoutez de;
leau, (Sc que vous l’agitiez pour la
meler avec l’Æther, vous verrez fur'
le champ les Liqueurs fe féparer & 1
gagner le deffus. Reliitez le i
balon à la Cornue, & par un feu un \
peu plus fort continuez la didillation l
pour retirer encore huit à dix onces: t,
d’une Liqueur qui cû très-aromati- -
liqueur ano- qiîc, & qui fait de très-bonne Li- ■
^'^eur anodine minérale d’Holfmann. '
manii. Cette Liqueur eR chargée autant J
quelle doit l’être de l’Huile douce -
qm a dïûillé fur la fn de la première :
opération ; fi on en verfe quelques i
gouttes dans un verre d’eau, elle la I
blanchit un peu.
Voiis trouverez dans la Cornue un l
peu d Huile douce qui furnagera le ;
phlegme acide lidphureux que l’Huile :
SUR L Æ T H E R.
de Tartre a abibrbée ; on peut la fépa-
rer par rentonnoir, elle fera d’une
couleur pâle un peu ambrée, graffe,
& ayant une odeur de phlegme d’Eau-
de-vie.
R E M A R (lU E s.
Des expériences réitérées m’ont
appris qu’il étoit mutile de verfer
l’Huile de Vitriol par parties, lorV
j qu’on la verfe en une léule fois elle
paffe à travers l’Efpriî de Vin & oc¬
cupe le fond de la Cornue, on remue
à diverfes reprilés afin de faciliter le
mélange des deux Liqueurs qui s’é¬
chauffent fl confidérablement, que fi
on en approche la main à un demi
pied de diftance de la Cornue on fent
la chaleur, comme fi on l’expofoit à
cette meme diftance d’un brader ar¬
dent ; c’eft pourquoi j’ai prefcrit de
laiffer refroidir la Cornue jufqu a ce
qu’on la puiffe prendre avec les mains
fans être incommodé par fa chaleur.
Il eft prefque indifférent de verfer
l’Huile de Vitriol fur l’Efprit de Vin,
ou bien de verfer l’Efprit de Vin fur
l’Huile de Vitriol. Quoique plufieurs
B vj
r> I s S' E R r A T 1 o n
bons Auteurs recommandent de veï*^
fer plutôt l’Huile de Vitriol lür rEfprit
de Vin que de faire le contraire ; je
me fuis convaincu , le Thermomètre
de M. de Réaumur à la main, que le
mélange dans le premier cas s’échauf¬
fe jufqu a le faire monter à i o8 degrés,
& dans le fécond à io 5. Ainfi je crois
que trois dégrés de différence dan»
une aiulî grande chaleur font trop
peu de chofe pour mériter attention,.
& qu’on ne doit pas craindre le bouil¬
lonnement violent, les grandes effer-
vefcences, & les explorions dont par¬
lent M. Pott, pages 163 & 164, &
M. Stalh de faübus^ page 368. Jamais
aucun de ces inconvéniens ne m’eri;
arrive, quoique j’aye fait ce mélange,
à douze & feize livres de matières ÿ
& en verfaiit en une feule fois indiffé¬
remment 1 une ou 1 autre Liqueur la
première ; j’ai au contraire conffam-
ment remarqué que s’il y avoit quel¬
que choix à faire ce feroit celui de
verfer l’Efprit de Vin fur THuile de^
Vitriol.
Dans ces mélangés il n’arrive ja¬
mais d inflammation comme Becher &
SVK l’Æther. ff
Cardiliicius Taffurent. J ai eu occafioir
d’en faire très-foiivent dans toutes
fortes de failons, de toutes façons,
à petites dofes & à très-grandes do-’
fes, fans jamais avoir rien vu de fem-
I blable i & je crois pouvoir affurer
I avec confiance que fi quelqu un 3^ vu
\ arriver ce phénomène, il étoit dû à
I la proximité d’une bougie allumée ou
de quelque autre flamme ; en un mot,
j à une autre caufe que la chaleur du
I mélange*
La plupart des Chymifles recom¬
mandent encore d’éviter avec foin
I la vapeur agréable qui s’élève pen-
^ dant le mélange, comme trèsmuifible
à la poitrine. Je puis adurer que cette
vapeur n efl: pas plus dangereufe que
celle de l’Efprit de Vin, & qu’il m’efl
arrivé d’en refpirer fouvent & long-
j temps fans que j’en fufîe jamais in-
I Gommodé.
I II ed abfoîument inutile que ce
I mélange rede en digedion plus ou
! moins long-temps avant la didilla-
I tion, comme l’ont recommandé la
I plupart des Chymides qui l’ont pouf¬
fe jtufquà trois mois & quelquefois
DiSSERTAtrON'
plus, j’ai répété ceci avec foin,
ydï remarqué qu’on n’avoit pas pour
cela une plus grande quantité d’Æ-
tlier ; cependant il n’en arrive pas-
d’inconyéniens en le faifant digérer,
il n’y a feulement que le temps de la
digellion de perdu.
On entretient la Liqueur toujours
bouillante fans danger, depuis le
commencement jufqu’à la du de l’o¬
pération ; il ed inutile de féparer les--
différentes Liqueurs à mefure qu’elles-
didillent ^ parce que par cet échange
de vaiffeaux on perd toujours une
quantité confidérable de Liqueur
æthérée.
Quelqu’un a dit que fi on didilloit
ce mélange au feu de lampe, on n’au-
roit point du tout d’Æther, & que
c eft par cette raifon que les nouveaux
Chymides qui employoient ce moyen
ont eu tant de difficulté à faire de
l’Æther, parce que, dit-on, l’Æthet
ne fe forme que pendant l’ébullition,
&: tant que la matière ne bout point
il n’y a point de véritable décompo-
fition, c’ed-à-dire celle qui ed favo¬
rable pour fournir l’Æther. Ce fenti-
SUR l’Æ T H E R. 39
fhent très-fpécieiix en apparence efl
démenti par l’expérience ; j’ai fait
plüfieurÿ fois l’Æther de cette manié¬
ré , & avec toute la patience poffible^
j’ai toujours reconnu que cela venoit
de ce que dans une diftillation très-
lente , l’Æther s’évapore à mefure
qu’il diflille; mais cela n’empêche au¬
cunement qu’il ne fe forme, puifque
fl on prend les précautions qui font
néceffaires pour empêcher cette éva¬
poration , on en a la même quantité,
& d’auffi parfait que celui qui a été
diilillé au bain de fable, en entrete¬
nant la Liqueur toujours bouillante.
Je ne prétends pas pour cela re¬
commander de faire cette opération
au feu de lampe, au contraire je don¬
ne la préférance au procédé que j’ai
décrit plus haut, comme meilleur,
plus expéditif, & moins em'barraffant.
On peut, fl l’on veut, fe difpenfer de
recliher l’Æther au feu de lampe, un
très-petit feu de charbon qu’on lailTe
éteindre de temps en temps fait la.
même chofe.
J’ai preferit de continuer le feu^
quoique l’on fente l’Efprit fulphiireux.
40 Dissertation
■Volatil qui ell le ligne certain que
cette opération eft achevée, quand
on n employé que de petites dofes
mais je me liiis apperçu qu’il en palî'e
toujours une affez bonne quantité
fur la tin avec l’Efprit fulphureux,
lorfquon fait cette opération aux
dofes prefcrites dans le procédé.
Lorfqiie j’ai dit de continuer le feti
après que l’Æther eH dilîiilé pour re¬
tirer depuis dix jufqu’à feize onces
d’Elprit fulphureux, je n’ai pas pré¬
tendu avancer que l’on n’en puilfe
pas tirer da^^antage ; mais feulement
j’ai voulu recommander d’en retirer
une certaine quantité pour avoir plus
d’Huile douce, parce qu’elle vient en-
plus grande partie avec cet Efprit
fulphureux.
Il relie dans la Corniié une matière'
noire, épailTe , d’une odeur fülphu-
reufe & bitumineufe que l’on peut,
fl l’on veut, achever de diHiller à
ficcité ; mais cette didillation tentée
immédiatement après l’opération ell
difficile , laborieufe & extraordinai¬
rement longue : cette matière fe hour-
fouffie & monte très-aifément, A l’ar--
SUR l’Æ T h E R. 4t
ticle des Expériences faites fur ce
Réfidii, je donnerai les moyens de
faire cette diftillation jufqu’à ficcité
fans qii on foit expofé à tous ces in-
eonvéniens.
M. Pott dit (/) » Que fi ce mêlan-
» ge monte fur la fin, il eft inutile de
» le difliller une fécondé fois pour
» en retirer quelque Huile ; car, dans
» cette confiifion, il a perdu ce qifil
» en contenoit «. On doit faire ici
une reftriflion, & dire que cela arri¬
ve lorfqu on opéré à petites dofes :•
mais fl l’on employé douze ou quinze
livres de mélange, quoiqu’il monte à
plufieurs reprifes, comme cela m’eft
arrivé quelquefois, j’ai toujours eit
malgré cet accident de l’Huile douce^.
moins à la vérité que fi la matière
n’eût point monté, mais néanmoins-
€11 bonne quantité.
J’ai fait une fois cette opération'
aux dofes cTont je viens de parler,
avec de l’Efprit de Vin à la Lavande-
bien reélifié & bien chargé d’Huile
effentielle ; dans l’inflant du mélange
les vapeurs qui s’en élevoient avoient-
(/) Dans la Note du §. Y.-
4 ^ Dissertation I
tine odeur aromatique, femblable au il
mélange fait avec de TEfprit de Vin ■
pur, mais mêlée de l’odeur de La¬
vande , & en même-temps bitumineii-
fe : le mélange ed: devenu très-trou-^’
ble, d’une coideur brime foncée ^
épais 5 repréfentant des Iris, (g) L’Æ-
tlier qui en ed: provenu paroidbit
d abord audi parfait que celui qui eft
fait avec de bon Efprit de Vin pur;
mais lorfqii'on s’en frottoit les mains
que Ja Liqueur æthérée étoit didi-
pée, il red:oit une odeur de Lavande
très-forte. L’Ætlier étoit d chargé de
cette Hude qu’il y en avoit envi'rôtï
une once dans le fond du Balon, qui
en étoit féparéejparce que cette Huile
plus pefante que l’Æther le traverfoit
rapidement, & que ce padage fubit
ne donnoit pas le temps à l’Æther de
la didbudre entièrement ; il n’y avoit
que les furfaces qu’elle lui préfen-
îoit qui étoient didbutes , pendant
(g) Ccci confirme brea ce qu’a remarqué Kunkel
dans bon Laborat- Chym. page 707 : Que jilus
i Efprit de Vin efl huileux ^ plus il rougit avec
l'Huile de Vitriol. Il indique même ce moyen
comme afiuré pour le reconnoître, ôc dit, que de
I E^fprit de Vin reSlifie' fur de lu chuux vive rougit
infiniment moins.
SUR l’Æ T h E R. 45
P que le refte fe prédpitoit & fe con-
t) lervoit au fond du Balon faute d’etre
s agité. J’ai féparé par inclination la
[ Liqueur ætliérée d’avec cette Huile,
ï la partie hiiileufe a été mife dans un
i flacon avec huit onces d’eau filtrée,
) ce mélange s’efl: troublé ^ efl: devenu
I laiteux, deux jours après il s’efl: éclair-
> ci fans féparation ; mais une feule
: reélifîcation au feu de lampe m’a fait
} recouvrer cette Huile qui avoit une
I odeur affez foible de Lavande & de
^ phlcgme d’Eau-de-vie.
La quantité d’Huile que mon Efprit
de Vin contenoit a été caufe que fàî
trouvé dans la Cornue, après la diftil-
lation de l’Æther,environ deux onces
de Bitume artificiel tout formé qui
! furnageoit en forme de pellicule, îa-
i quelle couvroit toute la Liqueur ; je
' l’ai féparé & manié dans de l’eau de
■ puits pour en ôter le fiiperflu de l’Aci¬
de Vitriolique : ce Bitume ainfi lavé
& bien féché m’a paru avoir toutes
les propriétés de ceux qui provien¬
nent de ces combinaifons. Je ne Fai
' pas examiné plus amplement.
I Les différentes Saifons, FEfprit de
44 ÛISSERTATIO??
Vin plus ou moins résilié, & plus ou'
moins chargé d’Huiîe, foit de la fienne
propre, foit de quelque Huile effen-
tielle qu on lui a ajoutée, & l’Huile
de Vitriol plus ou moins concentrée,
donnent des produits difFérens. ^
L atmofphete en Hiver étant moins
chaude, diffipe une bien moindre quam^*
tité d’Æther qu’en Été. On verra ci-
apres les produits d’Hiver avec ceux
d’Été réduits en une 7 able.
En Été au contraire l’atmotfphere’
étant plus chaude, il fe diffipe ime bien
plus grande quantité d’Æther; il s’en
diffipe d’autant plus que la chaleur
elF plus grande, cette perte effi même
tres-conliderable , comme on peut
s’en convaincre par le calcul que'
j en ai fait dans le Oifcours Hiffori-
que, page 14; peut-être trouvera-
t-ou que ceci ne s’accorde pas avec
rE^périenceXXIlIque je rapporterai^
ci-après fur l’évaporation de l’Æther;.
mais on doit faire attention qu’ici on
prefente à l’air continuellement de
nouvelles furfaces qui font agitées
par la transhifion de Ja Liqueur, au
lieu que dans fexpérience citée il ny
a point d’agitation.
SUR l’Æ T h E R. 45
A l’égard des autres produits ils
font les mêmes dans toutes les Sai-
fons.
TABLE
\ des VARI ÊTES OBSERVEES
dans Us quantités d’Æthcr que Us
• mimes Mêlantes rendent fuivant
' Les Saifons.
Mélangés.
Produits
EN ÉTÉ. EN Hiver,
An¬
nées.
.A ■ W
re^îi/îe'.
Durée
de la
Diflil-
lation.
A rendu
Æther
reHifié.
Durée
de la
Diflil-
lation
Juîll*
IX liv»
11. 11°
I X h. ,
1751
I7Î3
Janv.
Il liv.
1 1. 4°
Il h.
1713
Août
t<î liv.
3l.ro°
I l h.
■1754
Avril
16 liv.
4 livres
Il h.
1755
Août
.11 liv.
1 livres
Il h.
J75^
Janv.
1 6 liv;
4 livres
n h.
Idem
14
Janv.
I ^ liv;
31.11°
15 h.
16
Cette Table ne peut gueres êtrf
46 Dissertation
tuile par le peu d’exaftitiide que j’y
ai obfervée, mais du moins elle pour¬
ra fervir à eftimer par approxima¬
tion. Si ce petit Volume ell fulcepti-
ble de réimpre/Tion, je la ferai avec
l’ordre & l’exaditude néceffaire. Cha^
que fois que je faifois cette opération
je raffemblois les réfultats pour les
confronter aux précédens , mais je
ne penfois pas alors en faire fufage
que j en fais aujourd’hui; je me con-
tentois d’un à peu près qui me fuffi^
foit pour ce que je voulois fçavoir
.dans le temps. J’avertis de cela de
peur qu’on ne me reproche l’inexac¬
titude qui y régné.
Je crois avoir détaillé fuffifamment
^ avec affez de clarté l’opération de
1 Æther Vitriolique, pour que d’après
.cette defcription on puiffe fans incer¬
titude reuffir a la faire. Les Notes que
j’ai rapportées ne renferment pas à
beaucoup près tout ce que l’on peut
dire fur cette matière, je me fuis con¬
tente julqua préfent de rapporter
iéulement les principales remarques
que l’on devoit faire fur cette opéra¬
tion mais comme mon but ed d’exa-
SUR l’Æ T h E R. 47
.miner en particulier tous les produits
.que fournit cette conibinaifon, afin
;de reconnoître toutes leurs proprié¬
tés, j’ai évité d’entrer dans ces dé-
i taüs en faifant la defcription du pro-
:.cédé pour ne point détourner l’atten¬
tion de l’objet principal. Je vais main-
; gênant reprendre toute l’opération &
en examiner les produits plus parti¬
culièrement.
Rien n’eft li limple que de mêler
.enfemble de l’Efprit de Vin & de
l’Huile de Vitriol ; mais rendre un
compte exad & précis des divers
produits que donne cette combinai-
fon, ell une chofe bien différente.
Beaucoup de Chymides ont déjà
commencé ce travail, je vais hafar-
der de donner auffi mes Obfervations.
Si j’ai le bonheur d’obtenir le fuffrage
du Public, cela m’encouragera à don-
tier de temps en temps de petits Trai¬
tés comme celui-ci fur des matières
particulières.
Revenons à notre opération. Aufîi-
tôt que le mélange eft fait, l’Huile de
Vitriol & l’Efprit de Vin paroiffent ne
former qu’ime Liqueur homogène.La
^Iremiere Li-
-queurquidif-
îille du mé¬
lange de l’Ef-
pric de Vin
avec l’Huile
de Vitriol.
Seconde Li-
.qiteur; Efpric
Acide Vi-
aeux.
4 S Dissertation
couleur de cette Liqueur eft ambrée,,
parce que l’Acide Vitriolique que:
nous avons employé efî; fi concentré'
qu’il attaque immédiatement la partie:
huileufe de l’Efprit de Vin, la rôtit en
partie & la dilpofe à former un bitu¬
me , comme on le verra par la fuite ;
ce bitume fe forme en plus grande
quantité fi l’Efprit de Vin ell plus hui¬
leux , ou fl l’on a ajouté au mélange,
quelque Huilé graffe ou effentielle;
cette décompofition n’ed; pas encore
bien fenfible, & l’Efprit de Vin qui
dillille alors à la faveur du premier
dégré de chaleur n’ed; nullement dé-,
compofé, comme on le verra dans la
fuite. Il faut que la diHiüation foit
plus avancée. Après ce premier Efprit
de Vin qui n’ell point décompofé, il
en paffe im autre qui n’en différé pas
beaucoup, il efl feulement im peu al¬
téré , .& a commencé à perdre une
partie de fon huile & de fonphlegme ;
il eh très-aromatique, & autant éloi¬
gné de la nature de l’Efprit de Vin pur
qu’il s’approche de la nature de VÆ-
ther : il tient le miheu entre ces deux
Liqueurs, eu égard à fa décompoh-
si; R l’Æ T H E R. 49
•tion & au temps de la diilillatioa.
C’eft cette Liqueur qui fait ki bafe de
la Liqueur anodine minérale d’Hd:ff-
i «nann, dont nous avons parlé.
Immédiatement après la drftillation
î de ces deux Liqueurs, il en vient une ‘
s autre qui ell extrêmement legere,
I volatile , inÜammable, d’une odeur
3 aromatique très - agréable ; elle eft
I connue fous le nom cTÆther.
Prefqiie fur la fin de la dilliilation Qn.-ic ten,-.
i de l’Æther il pâlie avec lui une
i qiieur aqiieulè très-legerement acide, grc.
I laquelle traverfe la Liqueur lîjiritiieu-
i fe qui ell dans le Balon pour fe pré-
i cipiter au fond, & y relie leparée
: faute d etre agitée ; la différence de
ces Liqueurs le remarque encore dans
les filets droits qui fe forment pen¬
dant la diftiilation de l’Æther, ils font
parfemés de,gouttes hétérogènes qui
font le même effet que des gouttes
ff’eau roulant fur des filets d’huile,
parce qu’alors il ne diftille plus de ces
premiers Efprits de Vin aromatiques
qui font mifcibles avec l’eau, & qu’au
contraire c’efl de l’Æther pur qui eft
-de la nature de l’huile par rapporta
C
cinquième
J-iqueur :
l’reniier Ef-
prit: fulphu-
|:eux yolatil.
Sixième Li¬
queur : Pre¬
mière Huile
flouce.
•Septième Li¬
queur : Se¬
conde Huile
douce.
'50 Dissertation
î eau, & que le peu d’union qu’ils ont
enfemble permet de les voir très-dife
tintement. Cette Liqueur eft une de
celles qui reffemblent à du Vinaigre
diftillé, que quelques Chymiftes ont
cru être le réfultat d’une tranfmuta-
tion d’Acide Vitriolique en Acide Vé¬
gétal. Je ferai voir ailleurs qu’ils fe
font trompés, & qu’elleç ont toutes
les propriétés de lAcide Vitriolique.
A ce phlegme acide il fuccede une
Liqueur plus acide,très-volatile,poiqt
inflammable,connue fous le nom d’Ef-
prit fulphureux volatil j l’Æther qui
diftille avec lui efl accompagné d’une
Huile de Vin , appeUée affez impro¬
prement , Huile douce de Vitriol. Cette
Huile nage fur l’eau, elle donne à
l’Æther qui diflille avec elle une cou¬
leur citrine ; elle reffemble àuneHuile
effentielle reftifîée, elle efl beaucoup
plus ténue que celle qui la fuit & qui
diflille avec l’Efprit fulphureux feul j
celle-ci efl plus citrinç, moins fluide,
fe tient prefque conflamment fous
l’eau, & ne la fumage que dans les cir-
conflances qu’a rapportées M. Hellot
dans le Mémoire déjà cité. Cet Acidp
r
SUR l’Æ T h E R;
üfiilphiireiix devient de plus en plus Huitième
ô fort, mais toujours fiilphureiix ; THiii- ^3'Adlc'
'3 le ceffe de venir à mefiire que la Li- fuiphurcux.
'I queur de la Cornue fe concentre ,
'( parce qu alors elle acquert plus d’a-
' : xiidité, ce qui la rend capable de ré-
1 diiire en Bitume les parties huileufes
1 de TEfprit de Vin. Ce Bitume une
') fois formé n’eft plus fufceptible d etre
L décompofé, ôc il ne laiffe plus écîiap-
: per les principes dont il s’eil emparé,
: même lorfquü eft fans humidité &
’ qu il touche le fond du vaiffeau pour
: recevoir immédiatement la chaleur
, du feu, comme je le ferai voir ail¬
leurs.
Quand l’Efprit Sulphiireux ed dif- Neuvième
1 tillé, il lui fuccede une Liqueur plus vi-
{ pefante , noire , épailfe , fort acide , trioi.
► &; qui eft de l’Huile de Vitriol, mais
l fulphureufe.
Sur la fin de la diftillation il fe fu- Dixiéme Pr»
' blime une matière blanchâtre qui ref- •'
Z' I f ^ I » de Souific.
: iemble a du S outre commun, mais
qui n’en a pas toutes les propriétés, onzième
Il refte dans la Cornue une matière Produit : si-
noire, luifante, caffante, & qui eft le
Bitume dont j’ai parlé ci-defllis , mais nue.
Cij
.^2 Dissertation
qui îi a cependant pas les propriété^i
des vrais Bitumes, comme je le prou¬
verai ci-après ; ce font-là tous les<
produits que fournit cette combinai-^j
Ibn quand-on la didille jufqu à ficcité: j
je me propofe de les examiner cha-r’
cun féparément.
Tous ces produits, comme on voit,
font très-liilphureux ; j’ai delfein ce¬
pendant de les comiparer à .d’autres'
produits, qui ne le font pas, quoique:
tirés de la même matière, mais par:
ime autre voie.
Pour cela reprenons ce Réfidu de¬
meuré dans la Cornue immédiate¬
ment après la diftiilation de FÆther
,on doit le regarder comme étant uni
affemblage des débris de la décom-
pofition de l’Efprit de Vin par l’Acide
Vitriolique. Si par la diftillation on:
fe propofe de pouffer cette matierdà
ficcitéjlorlqu elle eff nouvelle, elle fe
raréfie tellement que très-peu de cha¬
leur eff capable de faire monter un
mélange de douze livres de matière, j
comme j e l’ai remarqué plufieirrs fois ; :!
ce qui fait un embarras conlidérâble,
,1^ empêche de l’examiner commodé- 1
s 17 R l’Æ T H E R. 53^
filent. D’aillêm-s tout ce qui en pro-
jvient efl volatil & fulphureux, comn .
;ffle on vient de le voir, a raiton de
•eette matière graffe & hmleule de
dWprit de Vin, qui le nourrit conti¬
nuellement de phlogiftique , a melii-
.te qu’il diftille, & le rend fulphureux
i iufqu a la fin de l’opération. Ces dir-
I ficultés m’ont déterminé a entreprmv
dre de léparer par le moyen d.e la hl-
itration cette matière bitummeule ,
tenue en dilTolution par l’Acide \ i-
triolique fiirabondant, qui forme avec
I elle une Liqueur noire & épaiffe. ^
J’ai tenté d’abord de filtrer ce Re-
! fidu à travers le papier gris, apres
1 l’avoir étendu dans beaucoup d eau ;
à travers le verre pilé, le fable , le
arais égnigé, dans des creufets de
terre de Paris, dans des pots a calci¬
ner que l’on nomme Camions ^
le Sel de Nitre qui clarifie parfaite¬
ment les Huiles de Vitriol ordmai-
tes ; (^) enfin j’ai employé pour par-
(/;> Lorfqu’on fait digérer fur les cendres chaude,
huit onces d’Huilc de Vitrial tres-noire , avec un gro^
ou un gros & demi de Sel de Nitre , I N^treu^
en fe dégageant fait.dilparoître la matière qui colo
loir cet Ac>de. Si «n fait diftilkr une parue de
C iq
54 Dissertation
venir à mon but encore beaucoiï|ÿ i
d’autres intermèdes qu’il feroit inu~ *
rapporter ici, puifque ces i
diôerentes tentatives ont toujours i
été fans fuccès, La Liqueur paffoit
trouble & chargée de tous fes princi¬
pes , au lieu d’être claire comme je la
delirois ; mais ces expériences & les
reflexions qui m’occupoient conti¬
nuellement flir le îbin que je prenois j
de garder ce Réfidii dans des bouteil- !
les de verre, plutôt que dans des
yaifleaux de grais, me conduiflrent ;
infenfiblement au but que je me pro-
Filtration pofols ; en conféquence j’en ai rempli
l’Æther à bouteille de grais, moins cmt
travers une qii’il nc l’efl; Ordinairement ^ cette
out.i le e contenoit fix à huit pintes ÿ
je l’ai mife dans une terrine de grais,
dont la ciiiiTon étoit parfaite ; j’ai
ferré le tout dans une armoire bien
fermée, afin d’éviter la pouflîere. Au
mélangé , l’Acide Nitreux paiTe le premier, l’Huile de
Vitriol pour Ibrs en eft exempte , mais elle n’eft pas
dépouillée de la bafe alkaline du Nitre , qu’elle ne
laiffe jamais précipiter entièrement: ainlî quoique
de pareille Huile de Vitriol foit blanche, elle n’en
«ft pas plus pure pour cela, mais elle peut fervir à
bien des ufages où une fi grande pureté n’eft pas.
nccdlaire.
SÛR l’Æ T H E R. U
bout de quinze jours je vis avec plai-
fir un commencement de filtration,
telle que je la fouhaitois ^ de cette
façon j’ai retiré en dix-huit mois qua¬
tre livres quinze onces de Liqueur
extrêmement acide, très-claire, tranf-
parente, un peu ambrée, mais beau¬
coup moins colorée que les Huiles de
Vitriol ambrées que nos Droguifles
vendent ; je l’ai filtrée de nouveau à
travers le papier gris pour féparer
quelques legeres poufTieres, qui font
toujours inévitables ; cette Liqueur
n’avoit qu’une très-foible odeur d’eau
de Rabeb
J ai fait obferver précédemment
que l’Æther fait avec de l’Efprit de
Vin chargé cTHuile de Lavande, en
retenoit des propriétés effentielles a
éditer pour des Expériences exaCles ;
ainfi dans tout ce travail je n’ai em¬
ployé que duRéfidu d’Æther qui pro-
venoit d’Efprit de Vin très-pur.
L’Huile de Vitriol que j’ai employée
pefoit deux onces dans une bouteille
qui tenoit une once d’eau pure, le
Réfidu non-fîltré pefoit une once
trois gros & demi dans la même bou^.
$6 Dissertation
Ce Réfidii filtré à travers une bon-'
teille de grais pefoit dix gros dans la
même bouteilltî, c eft un gros & demi:
de 1 humidité de 1 air qu’il avoit atti¬
rée en fe filtrant.
«lu Ré/îdu fil- ces quatre livres quinze
tré à travers OHccs dc Liqucur, aiiifi filtrée, dans
rsïr Cornue de verre pour la concen-
trer. En douze heures de diRillation
j ai retiré une livre quatre onces de
phlegme, ayant une îegere odeur de
vinaigre diftillé. Enfuite j’ai retiré en¬
core treize onces & demie de Liqueur
qui ne difFeroit en rien de la preniie-
re par le goût & par l’odeur ; je les
ai mêlées enfemble pour n’en faire
qu’une feule, ce qui a fait deux livres
une once & demie. Ces Liqueurs mê¬
lées pefoient une once fix grains dans
la bouteille dont j’ai parlé ci-defius.
En continuant le feu j’ai retiré en¬
core Qix onces & demie d’une Liqueur
qiii n efi; point acide fur la langue,mais
d’une odeur de Vinaigre difiillé un peu
plus forte que la précédente, & très-
légerement fulphureufe. Au bout de
huit jours cette Liqueur a acquis une
odeur fœiide acide, telle que celle
Première
tiipeur. '
Seconde
li<jueur.
SUR t'Â T H E R. 5r
riju ont les fiibftances végétales, lorf-
fjqii’on les diftille par la Cornue : elle
K pelé une once douze grains dans la
^ même bouteille.
Pendant la dillillation de cette Li-
j queur celle de la Cornue a commen¬
cé à fe colorer peu à peu en noir,
fans que pour cela elle fe troublât.
En continuant le feu j’ai retiré en- Troifiéme
: core huit onces un gros de Liqueur
très-acide, légèrement fulpkureufe,
; claire, tranfparente, pefant une once
: quarante-huit grains dans la même
1 bouteille ; cette Liqueur a parfaite-
■ ment Fodenr de l’Acide Marin, fi on
ne flaire que le bouchon du flacon de
criflal dans lequel elle efl contenue.
A mefure que la Liqueur fe con- Prefnier
centroit, elle dépofoit au fond de la
Cornue une matière feuilletée. J’ai Mars,
ceffé la diftillation pour la féparer :
elle étoit^eriffàlline, brillante, & en¬
tièrement refTemblante au Sel fédatif
criftallifé ; ces criflaux étoient falis
par un peu de bleu de Pruffe qui étoit
interpofé entre eux ; je les ai lavés
avec une quantité d’eau fuffifante
pour en enlever le fuperflu de LAcide.
) H Dissertation
Vitrioliqiie,étant bien fecsnls ont péfe
deux gros : on verra par Ja fuite qu’ils
ne font qu’un Vitriol de Mars, dont
l’origine doit être attribuée en partie
à une portion de fer dont l’Acide Vi-
triolique eil: toujours chargé,
L’Huile de Vitriol, féparée de ce
dépôt, étoit très-colorée , épailfe,
pefant une livre neuf onces & demie*
Je l’ai remife en diftillation pour la
concentrer, elle ell devenue peu à
peu blanche, tranfpareiite ; une par¬
tie de la fiibflance qui la coloroit,
s’éîevoit en hiliginofités légères, for¬
mées en petits flocons très-déliés de
différentes figures, tout-à-fàit fem-
blables à ceux qui s’élèvent d’une
chandelle allumée, lorfque la flam¬
me efi retenue d’un peu de haut. Ces
fuliginofités étoient emportées dans
le Balon par la vapeur, & donnoient
une très-leg^re couleur de Lilas à cel¬
le qui diflilloit.
Ne pourroit-on pas conjeéfurer
d’après cette obfervation, que c’efl
par une caufe à peu près femblable
que es Huiles de Vitriol s’éclairciffent
pendant leur concentration ? Mais on
s Ü R L’Æ T h E R. 59
51 lié s’en apperçoit pas, parce que la
n matière colorante ne s’y trouve pref-
r] que jamais en auffi grande quantité ;
['. elle s’y détruit de la même façon que
: le refte de celle-ci l’a été.
Pendant la concentration de cette second
’ Huile, elle a dépofé au fond de la
Cornue une fubftance blanche, pa¬
reille au précédent dépôt, je l’ai
: jointe à l’autre.
J’ai retiré de cette dilHllation en- Quatrième
core trois onces trois gros d’Acide de"'vitrloii-"
Vitriolique, couleur de Lilas, com- que, couieuc
• me je viens de le dire, d’une très-
forte odeur de Soufre, pefant une
once cinq gros dix-huit grains, dans
la même bouteille que rempHffoit une
once d’eau pure.
J’ai féparé de la Cornue une livre cinquième
trois onces cinq gros d’Huile de Vi-
triol, n’ayant aucime odeur, & très- concentré,
blanche , de laquelle j’ai retiré envi¬
ron un demi-gros de dépôt blanc Troüléme
criUallin, qui ne ditféroit des précé-
dens que par la couleur, je l’ai mêlé
avec les autres pour les examiner en-
femble; on verra parleursanaly fes que
ce n’eft que du Vitriol de Mars, dont
Cvj
6 o Dissertation’
le fer eft fiiffifamment élaboré pour'
en fiire de très-beau bleu de Pruffe.
Cette Huile de Vitriol, ainli féparée
de la Cornue, pefoit une once fept i
gros & douze grains dans la même j
bouteille. ^
La première fois que je fis la diilil- |
lation de ce Réfidu bltré, je féparai \
comme je fai dit, les dépôts à mefure |
qu’ils s’étoient formés : mais ayant eu i
occalion de répéter cette opération ^ |
je la conduits alors jnfqu’à ficcitéy j
Ikns en rieu' féparer. A l’égard des
Liqueurs, je les ai bien foigneufe-
ment féparées, à mefure c|u’eiles dif-
tiîioient, de huit onces en huit onces^
afin de les examiner chacune à part
par la faturation, avec de l’Huile de
Tartre très-pure : aucune de ces Li¬
queurs ne m’a donné dé produit qui
approchât de Ta nature de la Terre
foliée de Tartre, & au contraire elles
m’ont toutes donné du Tartre vitrio¬
lé , en pliis ou moins grande quanth
té , fuivant l’ordre dans lequel je les
avois obtenues. S’il y avoit une trarrh
mutation de l’Acide Vitrioliqiie en
Acide Végétal dans l’opération d@
P süR L’Ætm'eïiV éî
L'ÎÆther, comme un Chymiile la
fl avancé , ce feroit alTiirément clan 9
lî eette circonllance qu on le remarque»
r roit ; car, des Liqueurs aulTi phleg-
E matiques que l'ont les premières qui
h diftillent de ce Pcéfidu, qui a filtré li
)i lentement, ont eu le temps par cette-
, rail'on de perdre tout ce qu elles pou*
V voient avoir de l'ulphureUx ; auHi ces
^ premières Liqueurs n ont-elles d’au-
* tre odeur & d'autre goût que ceux
) du Vinaigre diftillé, ce qui en a telle-
{ ment impol'é au ChyiUifre dont je
' viens de parler, qu’il n’a pas héfité
) de dire qu’il fail'oit depuis dix ans de
la Terre foliée avec cet acide. Reve-
? n,ons à notre difïillation. Lorfque la
Liqueur étoit au point où nous ve¬
nons de la laiffei-, les mêmes phéno¬
mènes fe font préfentés, c’eft-à-dire,
k trouble dans la Liqueur & le dépôt
comme Gi-deffus ; il étoit de meme
d’une très-belle couleur bleue qu’on
appercevoit facilement en panchant
la Cornue, & en regardant à travers-
les parois encore humides où ce dé¬
pôt étoit adhérant. Et fur la fin il a
diflillé quelques gouttes d’Huik de
6i Dî^sÈiiTATïo^
Vitriol d’une très-belle couleur bleud
qui fe délayoit dans la Liqueur duBa-^
Ion & qui difparoiffoit fur le champ y-
le feu a été pouffé au point que la
matière de la Cornue étoit feche fans
être calcinée.
J’ai féparé dü Balori une Huile , de
Vitriol très-blanche, très-peu fulphiu
reufe & bien concentrée, il eff reffé
dans la Cornue une matière faline,
feuilletée, qui a formé les dépôts dont
j’ai parlé ci-deffus.
Ahn de conferver l’ordre que je
me fuis prefcrit, je ne parlerai des
dépôts féparés de la Cornue à mefu-
re qu ils fe font formés, & de ceux-ci,
qu en dernier lieu, & après avoir ren¬
du compte des autres matières qu’on
retire de cette combinaifon.
Ce font-Iâ tous les produits que
fournit ce Réfidii hltré : produits qui
font tout-à-fait reffemblans à ceux
que donne ce même Réfidu non-ffl-
tré, à quelques impuretés près, com¬
me on a du le voir ; je me propofe de
les comparer les uns avec les autres
dans les Expériences fuivantes.
Pour donner quelque ordre à ces
s U R l’Æ T H E éf
2 Expériences, qui forment ranaîyfe
[ des uns & des autres produits qu'a
^ fourni cette combinaifon, & dont
j’ai fait mention fuivant l’ordre où iis
. diftillent, il ed bon que je repréfente
. ici fous les yeux duLefleur, en con-
j fervant ce même ordre en une efpece
; de Table , les produits qu’a foiyni
j l’opération de rÆther, conduite juf-
) qu’à ficcité, & mis en parallèle avec
! les produits du Réfidii refié dans la
' Cornue immédiatement après la dif-
tiîlation de l’Æther, & filtré à tra¬
vers une bouteille de grais.
TJBLÉ
DES Produits de l'opèratioü
de [’Æthcr conduite jufqità jîccitè^ &
des Produits du Réjidu filtré après
la difiillatioti de VÆther*
Produits Produits
de ÜQpération de du Rifidu filtre*
dÆther.
1^. Un Efpric de Vin qui Rien,
n’a foutfercpiefque au¬
cune akériition.
64 Dissertation
Produits Produits
dii rOpératiOTi d&
r Æth&r.
a”. Un Efpric de Vin aro-
niatique , un peu altéré
par l’Acide Vitriolique,
A; que M. Potr appelle
V.fftrlt Acide
p. L’Æther.
4”. Un phleguie acidulé
qui vient avec l’Æthcr
fur la fin de fa dilHlla-
P. Premier A'crde fulphu-
reux Yolacil.
é'’. Huile douce qüldiftil-
le avec les deux derniè¬
res Liqueurs, c’eft-à-di-'
te avec la quatrième 6c
la cinquième j cette
Huile nage fur Team
7". Une Huile citrine plui
épailfe , plus pefante ,
qui va au fond de l’eau-,
cette Huile diftille avec
S''. Second Acide fulphu-
reuX-, plus acide y 6c qui.
contient..
Une Huile de Vitriol,
noire , épailTe , très-pc-
fante , & trcs-fulpku-
reiifé.
fo®. Du Soufre fuLliraé à
la voûte de la Cornue.
1 1°. Du Bitume refté dans
k- fmid de la Cormie.
du Réfidu filtrée
Rien,
Rien.
iS, Un phlegme acidiïîe.,'
2°. idtm Un peu plus aci¬
de , & prefque point
fulphureux/
Rien.
Rien.
3°. Un A-cidé qui a l’odeur
de l’Acide Marin.
4®. Un A'cidèXuiphureux ,■
couleur de Lilas.
y°. Une Huile de Vitriol
- très-pure & très-blan¬
che.
Rien.
6®. Un Dépôt refte dans fe'
fonddela Cornue^ôc qui
eft du -Vitr-iol de Mats,
SUR l’Æ T h E R. 65
Afin qu’on puifTe repéter avec fa- sépararîoïT
nllté & fins fe tromper les Expérieii-
ces dont je vais parler, je dois aver- Liqueurs
tirici,quevpour retirer du mélange
de rHude de Vitriol avec 1 Eiprit de jeBaiou peu-
Vin, tous les dilFérens produits qui dant u pix-
font indiqués dans la Table ci-delTus,
lil faut d’abord mener la ddliliation,
fans rinterrompre , jufqiiau moment
où l’Acide fulphureux commence à
monter ; on retire par ce moyen les
quatres premières Liqueurs marquées
: dans la Table, mais confondues en«
I femble ; on les fépare enfuite les unes
: des autres par une fécondé diilillation
que l’on fait à parf, comme je l’ai
prefcrit. Dans cette reélidcation 011
retire , L’Æther. Un Acide
Vineux chargé des principes propres
à faire la Liqueur d’Hoffmann. 3°.
Une portion d’Efprit de Vin qui n’a
point fouffert de décompofition, 4®.
Un Phlegme acide ayant l’odeur de
Vinaigre diffillé, fur lequel nage un
peu d'Huile de Vin épaiffe. L’ordre
dans lequel montent les produits dans
cette fécondé diilillation eff, comme
on le voit 5 différent de celui qiii eff
66 Dissertation?
marqué dans la Table ; cela vient dé:
ce que ce mélange des Liqueurs qu or!
reélifie contient de l’Æther tout for¬
mé, qui, comme plus Volatil que:;
le relie, doit monter le premier ;,
ce qui n’a pas lieu dans la première?:
diHillation. La raifon pour laquelle je* '
prefcris de ne féparer ces premiers;
produits que par une fécondé diftil-
lation, c’ell que pour les retirer dans
l’ordre naturel dans lequel ils mon-' I
tent dans la première diliillation, il J
faudroit débiter les vailTeaux autant
de fois qu’il fe prélenteroit de Li- ■
qiieiirs différentes, & cela feroit per¬
dre une trop grande quantité de ces
Liqueurs volatiles & fpiritueufes.
A l’égard des produits qui fuivent
ceux-ci, en achevant de dilliller ce
qui relie dans la Cornue, après en
avoir retiré les Liqueurs dont nous
venons de parler, on les obtiendra
dans 1 ordre où ils font délignés dans
la Table. C’eli en fuivant ce même
ordre que je vais faire mention des
uns & des autres.
SÛR L’Æ T h E R.
V RÉ M î £ R PRODUIT
Qîie donne, l'opération de l'Æther.
E S P R I t DE Fl N. ^
î .A première Liqueur qui monte’
dans cette diflillation eft, comme je
l’ai dit, un Efprit de Vin qui n a point
foufFert d’altération fenfible. A peine
fon odeur fe reffent-elle du mélange
de l’Acide Vitrioliqiie ; il eft feule¬
ment afîbibli par une petite portion
du phlegme acidulé, dont nous par¬
lerons dans la fuite. La raifon pour
laquelle cet Efprit de Vin êft û peu
altéré , c’ell qu’il n a pas eu le temps
d’être attaqué par l’Acide Vitriolique:
il n’a befoin que d’une reélification
pour être tel qifil étoit avant le mé¬
lange. Il eil plus pefant que l’Æther
& que l’Efprit Acide Vineux. C eft
pour cela que dans la fécondé diftil-
lation, dont nous avons parlé, & que
l’on fait pour féparer les quatre pre-^
miers produits , il ne monte qu apres
éS' Dissertation
ces deux Liqueurs. Il ed: chargé d’Hiû-! !
le de Vin.
J’ai mis deux onces dé cet Efprit
de Vin dans une pinte d’eau, ce me- .
lange ed; devenu d’un blanc laiteux
Un quart-d’heure après il s’ed; féparé:
quelques globiües d’Huile qui nageoiti
à la furface. J’ai laide le tout tran¬
quille pendant quinze jours ; la Li¬
queur ne s’ed: point éclaircie pendant:
ce temps, & il né s’ed pas l'éparé:
d’Hiiile.
J’ai mis cette Liqueur en reélidca-
fion au feu dé lampe, il a pade un '
Efprit de Vin encore très-chargé
d’Huile , mais il ne blanchidbit plus
l’eau ; il avoit une odeur fort agréai
blc de Calament de montagne.
-5 U R l'Æ T H F. R. 6^
SECONDPKODUIT,
Esprit de Fin un peu jltèrÈo
:C E T T E fécondé Liqueur eft plus
volatile que la première dont nous
venons de parler , mais elle Teli:
" moins que TÆther ; fon odeur péné-
' trante indique affez qu elle n ell autre
x:hofe qu un Efprit de Vin qui a fouf-
■ iert un commencement de décompo-
'] fition, & qui le reffent de la combi-
naifon avec l’Acide Vitriolique. Cet
> Efprit de Vin a perdu une portion du
■ phlegme & de Thuile effentielle à fa
mixtion ; il fe rapproche par-là au¬
tant de la nature de l’Æther qu il s é-
loigne de celle de l’Efprit de ’V in non-
altéré, & tient en quelque forte le
milieu entre ces deux fubllances. Cet¬
te fécondé Liqueur mêlée avec la pre¬
mière n ell prefque pas plus acide que
de l’Efprit de Vin;elle forme celle
que M.Pott appelle Fitrioliqu&
d’autres Chymilles d Al-
JO Dissertation
lemagne nomment Spiritus Napthæ,
& que M. Hellot a défignée par le ■
nom d'Efprit Acide Vineux , (/) elle ;
eft la baie de la Liqueur minérale*
anodine d’Hoffmann, comme nous i
l’avons déjà dit,
Lorfque pendant la diftillation de '
notre mélange de rEfprit de Vin avec :
l’Acide Vitriolique, on a eu foin de
mettre à part ce qui fe trouvoit dans
le Récipient avant que l’Efprit fui-
phureux commençât à monter ; on
peut fe difpenfer d’ajoûter du Sel de
Tartre dans la redification de ces pre-
mieresLiqueursfpiritueufeSjparceque
dans ce cas elles ne contiennent pas
d’Efprit fulphureux qu’il faille fépa-
rer.Néanmoins laLiqueur d’Hoffmaiin
faite avec ces Efprits exempts d’Aci¬
de fulphureux, ne laiffe pas de rou¬
gir très-fenffblement le Syrop violât.
On ne fçait à quoi attribuer cet effet ;
mais l’expérience m’a appris qu’on
peut fans fcrupule le rapporter à une
portion d’Acide Vitriolique, qui fans
être fidphureux eft extrêmement at¬
ténuée 5 & qu on retrouve prefque
ii) Dans fon Mémoire donne en 17^^.
SUR l’Æ T H E R. 7ï
généralement dans tous les autres
' produits de notre diftillation. Cet
Acide fingulier forme le phlegme aci-
' dulé, ou la quatrième Liqueur dont
' nous parlerons bien-tôt. Voici en at¬
tendant des Expériences propres à
prouver ce que j’avance.
J’ai verfé dans un flacon qui con-
tenoit à peu près deux pintes de cette
Liqueur, environ un gros d’Huile de
I Tartre très-pure. Cet alkali s’y efl
très-bien mêlé, mais fans aucune ef-
fervefcence. Après avoir bien fecoué
le flacon pour faciliter le mélange,
; j’ai laifTé le tout en repos pendant
quinze jours. Au bout de ce temps, il
; s’eft formé au fond de la Liqueur une
infinité de criflaux figurés en petites
aiguilles foliées. Je les ai féparés par
• la filtration ; ces criftaux ont une le-
gere faveur acide, & laifTent dans la
, bouche un petit goût de Soufre. Us
:) fe fondent affez difficilement dans
l’eau, & croquent fous les dents ;
i leur couleur approche de celle du
J ,Vin paiüet. La difTolution de ce Sel 9
! faite par l’eau, efl trouble ; il s’en
\ fépare quelques gouttes d’Huile dg
72. Dissertation
Vin qui montent à la fiirface. Si l’onlf
mêle dans cette Liqueur iin peu de i
diffoliition d argent de Goiipelle,faitg*ii
par rEfprit de J^itre, il fe terme iiij î
précipité jilammuux.
Quelques gouttes d’Huile de Vitrit^k
verfées fur nos criftaux occaLonneïj|[(;
nue legere effervefcence, dévelop#
peut une odeur de Sou6:e brûlant, &|(ii
leur font prendre une couleur jaunelf
foncée. On doit attribuer ces deux .
derniers effets à Tadion de l’Acide p
Vitriolique fur une portion d’Huile|t
de Vin qui demeure unie avec ce Se^j!;
Il décrépite fur les charbons ar.deii? c
comme le Tartre vitriolé. ip
J’ai mis trois gros de ce même Sellp
dans une Cornue, & je l’ai pouffé àu
un feu très-fort pendant plus de .fix|!i
heures. Il n’en a diffillé que quelques la
gouttes d’Huile de Vin affez épaifl'es ;
qui avoient une odeur approchai !. [
te de celle de Tail ; l’eau-mere des Î!
Tartres vitriolés, tirés des Réfidiis ::
hkrés & non-tîltrés,m’a donné une ■■
odeur toute femblable. i
Le Sel qui s’eft trouvé dans k j<
Cornup après cette diffiüation n’étoit ]î
prefquç
SUR l’Æ T h E R. 7^'
prefque point altéré ; le feu que jè
lui avois fait éprouver, quoique très-
fort, comme je fai dit, navoit ce¬
pendant pas été fiiffifant pour le fon¬
dre ; il a voit une odeur fœtide d’Ail
& d’Huile de Vin brûlée, plus forte
que celle de ce qui étoit montée dans
la diftillation ; fa couleur étoit un gris
de perle. Je l’ai fait diffoiidre dans
une fiole à médecine, avec fuffifante
quantité d’eau, cette folution qu?
étoit louche & trouble eft devenue
claire par la filtration ; il efl refté îlir
le filtre un peu de terre, dont je crois
qu’on doit attribuer l’origine à une
portion de l’Huile & du Sel décom-
pofés par le feu ; car on fçait que ces
matières font toujours fenfiblement
altérées quand elles ont éprouvé fon
adion pendant un certain temps.
J’ai mis dan? deux verres de la dif-
foliition filtrée ^le ce Sel, & encore
chaude : dans l’un j’ai verfé de la
dilfolution de Mercure , faite dans
l’Efprit de Nitre, aufii-tôt il s’efi; fait,
un précipité jaune, très-reffemblant
auTurbith minéral ; dans l’autre j’ai
veîfé de la diffolution d’argent de
74 Dissertation
Coupelle 5 il s’eH; fait un précipité '
rouge, orangé, ce précipité expofé n
au feu devient une pouffiere grif^ij
cendréç.
Le refte de la folutlon de ce Sel il
ayant été évaporé convenablement, ,
a formé des criflaux de véritable
Tartre vitriolé, mais qui différoient
par leur figure du Tartre vitriolé
ordinaire ; ces criftaux étoient atta^
chés plufieurs enfemble en forme
d’étoile, & formoient des rayons qui
partoient d’un centre commun. Ce
font des pryfmes à quatre faces cou¬
pés obliquement par leurs extrémi-f
tés 5 mais dans un fens contraire.
S^u R l'^Æ T HER. 75
TROISIÈME PRODUIT,
V Æ T H E R,
La troifiéme Liqueur qui monte
dans notre diftillation efl TÆther-
Cette fiibilance eft très-fpiritueiife,
très-inflammable, très-volatile ; elle
a une odeur fuave, fort pénétrante ^
qui lui efl particulière. Cette odeur
a fait croire à quelques-uns qu elle
étoit l’Eau de Raimond Lulle, Aqua.
Lullaria: elle n’eft point mifcible avec
Veau.
Il paroît parce que j’en ai dit dans
le Difcours Hiflorique, que plufieurs
anciens Chymiftes avoient connoif-
fance de cette Liqueur, mais ils ne la
défignoient pas par le nom d’Æther :
outre les dénominations dont j’ai fait
mention dans ce même Difcours, on
lui en a encore donné plufieurs au¬
tres. M.Pott l’appelle lum'mtufe,;
Cas , Huik mhérk ; d’autres la nom¬
ment Phlogijlon de Frobenius ; mais
la plûpart des Ghymiftes modernes.
7'6 Dissertation
ie font affez accordés à lui donner Iç -
nom d’Æther, apparemment à caufe ;
de la reffemblance qu’ils ont cru lui . j
trouver avec le fluide pur & leger
jqui eft au-defTus de notre atmofphe-
re, & qui porte auffi le nom d’Æther.
La Théorie de l’Æther qu’a donné
M. Macquer, dans fes Élémens de
Chymie-Pratique, m’a paru fi con¬
forme à l’expérience, que j’ai cru ne
pouvoir mieux faire que de l’en ex¬
traire pour la placer ici. Ainfi nous di¬
rons avec cet habile Chymifte: » L’Æ-
» ther eft le produit de la décompofi i
» tion de l’Efprit de Vin par le moyen
» de l’Huile de Vitriol : plus cet Acide
,» eft concentré, mieux il opéré cette
décompofttion. On fçait que l’Ef- "
» prit de Vin eft compofé de trois
yj principes efîentiels; fçavoir, d’Hui-
» le, d’Acide & d’Eau ; il ne peut |
» être privé d’un de ces principes j
» fans être décompofé aufti-tôt, les ï
» deux autres qui reftent n’ayam plus I
fi enfemble, après cette féparation,
fi la liaifon & runion intime qu’ils I
avoient auparavant.
a L’Acide Vitriolique agit tout à la
SUR l’Æt H E R; ji
>>/ois fur le principe aqueux & fur le
v<principe huileux de TEfprit de Vin;
» c’ell la rapidité & Taétivité avec
» lefquelles il fe joint avec ces fub-
» fiances qui font la caufe de la cha.-
» leur du bouillonnement & du bruit
» qui fe font remarquer dan§ les pre-
» miers inflans du mélange.
» Or la produélion de l’Æther efl
M due à un commencement de dé-
» compofition de TEfprit de Vin, c’efl
» un Ëfprit de Vin altéré , à demi dé-
» compofé ; im Efprit de Vin trop de-
>> phlegmé, c’efl-à-dire, qui a perdu
» une grande partie de fen jahlegme
» principe, de celui par lequel il etoit
» Efprit de Vin ; c’eil: une Liqueur
» encore compofée de parties huileu-
>7 fes, mêlées avec des parties aqiieii-
» fes, & qui ^ à caufe de cela, doit
» conferver de la refïemblance avec
» TEfprit de Vin ; mais dont les par-
» ties htiileufes n’étant point diffoutes
» & étendues par une affez grande
>> quantité de parties aqiieufes font
>> rapprochées les unes dés autres
>> plus quelles ne doivent être pouf
>') former de véritable Efprit de Vin,'
7^ Dissertation
» ce qui efl caiife que l’Æther n eft
^ plus mifcible avec l’eau, qu’il fe
rapproche autant de la nature de
*> l’Huile qu’il s’éloigne par-là de cel-
» le de 1 Elprit de Vin ÿ une Liqueur,
» en un mot, qui n’étant ni de l’Ef-
» prit de \ in, ni une Huile pure, a
» cependant des propriétés qui lui
» font communes avec celle de ces
» deux fubllances, & par conféquent
» qui tient le milieu entre l’une &
y> l’autre «.
Cette explication de la nature dè
l’Æther ell exaHement conforme à
l’expérience, comme on le verra â
3 article de fa décompoEtion.
L arrive quelquefois que l’Ætheî
efl en partie mifcible avec l’eau j
effet dont on ne s’apperçoit point, à
moins qu’on ne l’examine attentive¬
ment : cette qualité lui vient d’une
portion d’Acide vineux qu’il contient,
& qui efl un intermede propre à pro¬
duire cet effet. Lorfque cela arrive,
ce mélange d’Eau, d’Acide vineux &
d Æther, étant fpécifîquement plus
pe^nt que l’Æther, occupe toujours
le fond du vaiffeau ; on peut retirev
F
SUR l’Æth eR. ^ 79
; bar la reMcation la portion d Æther
[ qui y eft contenue, ce qui prouve
1 en même-temps ce que j’ai avancé a
i ce fujet. On doit obferver ici que
l’Acide vineux n’étant pas plus acide»
, que l’Efprit de Vin, agit dans cette^
" cccafion de même que feroit 1 Elprit
de Vin pur, qui eil auffi un intermede
capable de rendre FÆther milcible
avec l’eau. .
Dans toutes les rédifications de
^î’Æther, c’eft-à-dire dans les diftiHa-
tions auxciuelles on le foumet pour e
iéparer dW autres fubftances avec
leiqiielles il fé trouve-mêié, la por¬
tion de cette Liqueur qui monte U
première efl un Æther toujours beaii-
coiqi plus pur, & plus parfait que
celle qui monte la derniere. Ce pre¬
mier Æther n’ed: point charge d Huile
de Vin furabondante comme le fé¬
cond , & fon odeur eil beaucoim plus
fuave ; celui-ci au contraire eft plus
gras, plus huileux, fon odeur ed:
moins fuave ; fi on s’en frotte les
mains il laiffe une odeur d’Hmle de
Vin qui relie affez long-temps ; il fe
fépare auffi d’avec l’eau un peu plus
^ D iv
So Dissertation
difficilement, que le premier, diffié-*
rence néanmoins qui n eft que peu
feniible, & dont on ne peut s’apper-
cevoir qu en les comparant Fun avec
l’autre.
Si 1 on met féparément de l’im &
tle 1 autre Æther dans de l’eau, après
I entière évaporation du premier il ne
refie aucune particule d Huile flirna-
géante ou précipitée, tandis qu’après
1 évaporation du fécond on voit fur-
nager une quantité affez fenfibl^
d Huile, laquelle s’épaiffit en vieillif-
faut comme une Huile effientielîe. Ces
effiets fe confondent, & font par con-
féquent beaucoup moins fenfibîes
lorfque^Ies deux Æthers font mêlés
emembie & avec l’eau dans un même
vaiffieau.
Les différences que j ai obfervées
dans ces deuxefpeces d’Æther m’ont
détermine a ne me fervir que du pre¬
mier dans les Expériences que je vais
rapporter, étant bien perfuadé qu’il
m^e donneroit toujours des réfidtats
puis exaêls. Je dois avertir aufîî
qu ayant eu attention dans la diflilla--
tion de ce même Æther, de n’y point
[ surl’Æther. Si
laiffer mêler d’Acide fiilphiireiix, la
reftidcation en a été faite fans addi-
! tion d’alkali.
“ Je n’ai fait aucune expérience avec *
’ celui qui ell chargé d’Huile de Vin ou
J d’une Huile étrangère, non plus qu’a-
1 vec celui qui a été reélifié fur des al-
i kàlis, ce travail auroit été trop long
& trop confidérable ; ainli les Chy-
îiiidés qui feront curieux d’en exami-
iiier plus amplement les propriétés,
( trouveront une matière encore très-
étendue pour s’exercer.
Je dirai feulement ici par occafron,
i que fl on redide fur une dofe conve-
iiiabîe d’alkaii de l’Æther exempt
1 d’A eide fulpliureux, ce qui relie dans
i la Cornue après la diffillation fournit
[ un Tartre vitriolé qui fe criftaliib
I d’une maniéré particulière ÿ & dont
ï je parlerai plus amplement ailleurs ÿ
& que d on employé dans cette rec-
tidcation une plus forte dofe d’alkali,
alors l’Æther qu’on retire ell beau¬
coup moins chargé d’Huile , parce
que ce Sel s’unit avec une portion de
cette Huile qu’il fépare de l’Æther,
& avec laquelle il forme des flocons
Si Dissertation
qui nagent dans la Liqueur de la Cor«
nue, & forment un dépôt femblable ■
à celui que fait du Savon diffous dansi
* de l’eau de ppits.
Quoique j e n’aye point encore parlé i
de l’Æther Nitreux, je vais néanmoins i
faire une comparaifon de fes proprié¬
tés avec celles de l’Æther Vitriolique;,
parce que l’examen de ce dernier i
étant mon principal objet, je crois i
qu’il ed; à propos d’expofer de fuite, ,
& fans interruption, toutes les Expé- i
riences qui peuvent concourir à en i
bien développer la nature. Je vais j
expofer ces Expériences fur deux co- i
lomnes, dans l’une defqiielles on trou- i
vera celles que j’ai faites fur l’Æther
Vitriolique, & dans l’autre on verra
les mêmes Expériences faites fur
FÆther Nitreux, afin qu’on en puilfe
faire plus facilement la comparaifon.
s Ü R l'Æ T H E R. 83
EXPÉRIENCES
Paitcs fur VÆthzr VltrioUque & fut
lÆther Nitreux*
E X P É R I E N C E L
3{, Æther Vitriollque. Æther Nitreux*
Cet Æther eft fen* L’Æther Nitreut
Æblement froid fur la ell de même fenfible-
langue & fur la peau; ment froid ; fi on en
. fi on en laiffe tomber lailfc tomber fur une
.. fur la main il la rafrai- table -il y bouillonne
' chit de même qu’un un peu & y laiffe uns
petit flocon de neige; tache plus forte que
fi on en laiffe tomber l’Æther Vkriolique.
. fur une table il s’éva*
&
Jufqu à préfent les Chymiftes qui
ont parlé de la qualité froide de IVE-
ther fe font contentés d’avancer que
cette Liqueur fait une impreffion de
froid fenfible au toucher, fans déter¬
miner li cette fraîcheur étoit réelle ou
feulement apparente comme celle de
plufieurs autres corps. Ce phénomè¬
ne m’a paru affez important pour
m’engager à l’examiner d’une maniéré
D vj
Dissertation" 1
’ plus précilë ; c elî: pourquoi j'ai fait le»
Expériences fuivantes, lefqueîies ont
été repérées pîufieurs fois avec toute:
îexaéEtude poffible , mais plus partp,
culierement le 14 Maille 5: & le 8
Odobre 1756. Dans le détail de cesi
Expériences il m’a paru plus elTen- i
tiel de préfenter par dégrés celles!
dont les effets tendent au meme but,,
que de tenir un ordre fuivi des mois J
où elles ont été faites, ce qui auroit-:l
fait paiTer d’un objet à un autre où il:
n’y aiiroit point eu de rapport : ainfi'
qifon ne foit point furpris devoir le'
mois d’Odobre avant le mois de Maif
Je me fuis fervi pour toutes ces
Expériences des Thermomètres de j
M. de Réauraur ; celui à l’Efprit de
Vinétoit divifé en 108 dégrés depuis
zéro , terme de la congellation, juf-
cfifau terme de la chaleur de l’eaa
bouillante ; & celui du Mercure étoit
divifé en 80 dégrés en partant du
même zéro, jufqu’audégré de chaleur
de l’eau bouillante. Les bordes de fuîT
& de l’autre Thermomètre avoient
fix lignes de diamètre ; j’en avois d’au-'
très dans le même endroit cpii avoient
si;R l’Æther. Bf
ÿ êxa<B:eraent la. même marche, & qui
iervoient à obferver ü la tempé-
t rature du lieu changeoit. _
Lorfque je fis ces Expériences le
,1 14 de Mai 1756, les Thermomètres
fi étoient à 11 dégres au-delTus de zéro j
3: le 5 & le 8 Oâobre de la même aii-
f! née ) ai répété ces Expériences, les
1 Thermomètres pour lors- étoient à 1 4
3 & à 13 dégrés au-deffiis de la congeb
1 lation, j’ai eu conftamment les mê-^
r' mes réfultats : j’ai cru devoir faire
' Cet Avertiflement avant que de par-
' 1 er des Expériences qui vont fuivre.
EXPERIENCE H.'
Æther Vïtrlollque, Æther Nitreux,
Si Ton met dans un
meme lieu de rEfprit
de Vinq de TÆther
Vitriolique^ & de
f Eau pure, dans des
flacons différens ^
fluonlesylailfeavec
desThermometres de
ÎVlércure & dTfprit
de Vin à côté, affez
de temps pour fe met-
iî© à la température
En obferyant les
mêmes précautions
indiquées pour fÆ-
ther Vitriolique ^
f Æther Nitreux rnis
dans des flacons fait
defcendre les Ther¬
momètres à fEfprit
de vin & celui de
Mercure de deux dé~
grés chacun.
^6 ï> 1 s s E RtAt î Ù H
Æthtr Vitriolique, Æthcr Nitreux%
du lieu J qu'on plon¬
ge enfuite leS Thef-
inometres dans ces
Liqueurs 3 ceux qui
font dans l'Eau &
dans rEfprit de Vin
relient conliarnment
fixés au même dégré
où ils étoientj ceux au
contraire qui feront
plongés dans rÆther
defcendrontj fçaVoir,
celui à TEfprit de Vin
d'un demi dégré, &
celui deMercure d'uU'
dégré.
Expérience IIL
Si on verfe cet Æ- Cette Expérience
ther dans des verres étantrépétéedansdeâ
bien nets, & qu'on y verres avec rÆther*
rej^ete l'Experience Nitreux, lesThermo-
precedente, on s'^- métrés à l'Efprit de
percevra d'un effet Vin & celui de Mer-
men plus grand, le cure defcendent de 4
lhermometre d'Ef- degrés chacun, & y
jptit de Vin defcendra relient conliamment,
<le 4 degres en fix
minutes, & celui de
Mercure defcendra
aulfi de 4 degrés,
SUR L Æ T M Ê R. ^7
Æther Vïtrïoliqm. Æthsr Nitreux.
mais en deux ou trois
f minutes j ils y de-
/ meurent , quelque
long que foit le temps
de leur féjour dans
cette Liqueur tous
: ces Thermomètres
fuivent après cela les
vicilfitudes de la tem¬
pérature de Tair^mais
; ceux qui font dans
TÆther font conf-
tamment de 4 degrés
plus bas que ceux qui
font dans les autres
Liqueurs.
Expérience IV*
Tai mis dans un
verre de TÆther Vi-
triolique, j'y ai plon¬
gé un Thermomètre
a l’Efprit de Vin^ l’un
8c l’autre étoient à la
température du lieu,
qui étoit 14 dégrés
au-delfus de la con-
gellation ; h on ote le
Thermomètre
S u’il s’eft arrêté il
efeend confidéra-
En répétant cetffi
Expérience avec leS
précautiôs indiquées
pour l’Æther Vitrio-
lique^ le Thermomè¬
tre ài’Efprit de Vin
plongé dans fÆthef
Nitreux eft defeenda
de 13 dégrés.
D I s s E R
ÆtJier Vitriolique,
T A T I O
Æthcr Nitreux^
bJement, fi on le re¬
plonge il monte de
quelques degrés
mais en le retirant
promptement il con¬
tinue à defcendre :•
en continuant de le'
plonger & de le reti¬
rer, je fuis parvenu
à le faire defcendre
fuccelTivement de 13
degrés, c’eft-à-dire,;
qu'il n’a confervé
qu’un dégré de cha¬
leur au-delTus de la
congellation, de 14
qu’il a voit aupara¬
vant.
Cette Expérience
répétée avec les mê¬
mes précautions a
fait defcendre un
Thermomètre de
Mercure un peu au-
deffous du terme de
la congellation ; ce
Thermomètre étoit
auparavant à 14 dé^
grés au-deffus.-
L’Æther Nitrèii']^ )
a fait defcendre jufte’ i
au point de la con-
gelîatiou le même
Thermcvmetre de '
Mercure, qui avoir
auparavant 14 degrés
au-delfus.
il efl bon d’avertir que quand Î0$
SUR l’Æ T H E R. 89
rhermometres approchent du terme
[e la congellatioii, il ne faut tremper
pie la moitié de la Boule, parce que
i on la plonge entièrement, ou bien,
i on lahfe les Thermomètres trop-
ong-temps dans l’Æther, ils remon-
:ent plus haut qu’ils n étoient, & en
les retitant ils defeendent quelquefois
moins bas qu’ils n’étoient auparavant.
Les réfultats de ces Expériences
font moins conlidérables toutes les
fois qif on les répété dans des flacons,
au lieu de fe fervir de verres, comm©'
je l’ai éprouvé plulielirs fois, a moins
qu’ils ne l'oient pleins jufqu’au goii-
leau y & large d’entrée. Ces eitets
fmguiiers font d’autant plus grands
que la Liqueur qui rehe appliquée
aux Thermomètres s’évapore plus
vite chaque fois qu’on les enleve
des verres ÿ car les memes Expérien¬
ces font beaucoup plus longues a fai¬
re avec l’Æther Nitreux qu’avec fÆ-
ther Vitriolique'. Je ferai voir ailleurs
que celui-ci s’évapore bien plus vîte^
I que l’Æther Nitreux : mais en aîten-
I dant je puis appuyer ce fentiment
: par une Expérience qui ne patoitra^
DiSSERTAtldN" J
pas moins fiirprenante, & que per-^ j
foiine, à ce que je fçache, n a encore '
tentee. L Efprit de Vin que je me
propofe de comparer à ces Liqueurs
æthérées fera le fiijet de cette Expé»
riénce.
Expérience V.
Si Ton met dans un verre de rEfprit de
Vin très - reftifié ( avec les conditions
Indiquées ci-deiTus ) & quon.y plonge, i
ioit un Thermomètre à rEfprit de Vin !
d’herrnom.etre de Mercure, ils
teltent au dégré^oû ils étoient j mais lî où j
les retire, & qifon les replonge alternati*' '
vement. en pav^Undra aies Lire defeea-
dre de cinq degrés : cet effet eff beaucoup
plus long qffavec les Liqueurs aethér.ées 5
mais fi Ton veut Taccélérer fans prefque
I augmenter, eff fi d'exciter Tévaporatiort
de 1 Efprit de Vin qui fera appliqué fur h
Boule du Thermoirietre, en le balançant
legerement pour lui faire parcourir en peu
de temps une niaffe d'air de l'étendue dê
deux ou trois pieds : il n'y a que le Ther*
mometre de Mercure qui baiffera d'un dé-
gré de plus qu'il n'auroit fait fans cette
manipulation, & celui à l'Efprit de Vin ne
fera appercevoir aucun changement. Un
phenomene qui n'ell: pas moins remarqua-
ble dans cette Expérience, c'efi que les
Thermopnetres qui ont été refroidis par.de
5 Ü R L’Æ T H.E R. 9 I
fEfprit de Vin J relient après qu'ils en font
dehors plus de huit minutes au même degré
fans reprendre de la chaleur , ce qui n arrive
pas avec les Liqueurs æthérées, les Ther¬
momètres qui y ont été plongés^ remontent
plus vite 5 j'attribue cela à l'évaporation
plus prompte des Liqueurs æthérées qui
relient moins long-temps que l'Efprit de
Vin appliquées fur les Boules des Ther¬
momètres.
Expérience VL
le 8 oaobre les Thsnnometres à 13 degrés
aii-deffus de la congellacion.
Ætlur Vitriolique. Æthcr Nitreux.
Si on ramene des Dans la même Ex-
Thermometres par périence répétée avec
de la glace au terme de l'Æther Nitreux,
de la congellation, le Thermomètre a
qu'on les plonge , 1 Efprit de Vin elt
& qu'on les retire defeendu d'un dégre,
alternativement dans & celui de Mercure
de l'Æther qui ell a la de 5 dégrés.
température de l'air,
( 13 dégrés au-delfus
de la congellation )
ils defeendent, fça-
voir, celui à l'Efprit
de Vin de deux dé¬
grés, & celui de Mer¬
cure de trois dégrés
au-deffous de la con¬
gellation»
$2 Dissertation
Par les Expériences qui fuivronîf
celles-ci, on poiirroit attribuer ces
effets à un peu de glace qui feroit
reffée adhérante aux Boules désTlier-
mornetres ; mais je puis affurer qu’ils
ont été bién effuyés avant que de les
plonger dans ces Liqueurs æthérées,
& qu’on ne peut rien me reprocher
de ce côté-là.
Expérience VU.
Æ,ihe,T J^itrioliqtie, JËthcr Nitreux*
Si Ion met de ÏÆ- L’Æther Nitreux'
ther d^is de la glace, traité de la même fa-
zz déS i hermnmerres- çon fait fur h’un de fur
auffi pour y refroidir, l'autre Thermomètre'
que Je tout foit bien à le même effet que-
cette température, & TÆther Vitriolique.’
qu'après cela on pion-'
ge promptement les
Thermomètres bien
effuyés dans l'Æther,
ils relient prefque ait
même dégré , & ne'
baiffenf qu'en les re¬
tirant & les plongeant,'
fucceffivementj celui
à l'Efprit de Vin def'
éendra de j degrés y
Se celui de Mercure
de 7 dégrés au-deffous^
du terme de la glace.-
« U l’Æ T H E R.
•Expérience VIII.
95
Un Thermomètre TÆther Vitriolique
.coloré par la racine d’Orcanette, & traité
<îe la même maniéré a defcendu dans Tun
& dans Tautre Æther de p degrés au-deflbus
/ie la congellation.
Expérience IX.
Le 8 Oétobre 1751?.
Æther Vitriolique.
La Boule d'un ver¬
te de Thermomètre
à moitié remplie de
bonne Huile d'Oli-
ye , a été plongée &
retirée alternative¬
ment dans del'Æther
qui -étoit à la tempé¬
rature du lieu, ( qui
étoit 13 dégrés au-
delTus delà congella¬
tion) ITIuile n'a pu
fe figer qu'imparfai-
tement de même que
celle ^ui auroit été
.plongée dans de la
glace J cette même
Huile plongée & re-
.tirée fuccefllvement
'dans de l’Æther re-
firoidi par de la glace||
Æther Nitreux.
L'Æther Nitreux
n'a pas fait plus d'ef¬
fet lur l'Huile d'OlL
ve que l'Æther VL
triolique.
94 Dissertation
Æther Fitrioliquc, Æth&r Nitreux^
ne s’eft figée eju'à de¬
mi : elle ne s'elè point
grainée comme elle eft
ordinairement lorf-
nu'elle eft figée. Cettç
Huile a été introdui¬
te dans çe verre de
Thermomètre par le
moyen d’un chalu¬
meau de verre renflé
par le milieu, fans
avoir été chauffé au¬
paravant.
Expérience X.
Un verre de Ther- UÆther Nitreux
îhometre^ à moitié traité de même a pro-
rempli d eau pure, duit le même effet ;
plonge dans de ÏÆ- mais il faut plus de
Jher refroidi par de temps, & même il ne
la glace, ne s eft point fait plus congeller
gele ; mais fi on rôte, l’eau lorfqu'il a perdu
fe forme fur le une partie de fou
champ des petits gla- principe le plvs fpi-
çons qui augmentent ritueux.
à mefure que Ton
continue les immer-
fions de ce Thermo¬
mètre dans cette Li¬
queur jfÆther a été
j?ntQiü:é de glace pem
SUR l’Æ T H E R. 9 ^
Ætha FitrioUqus. Æthr Nitreux ^
dant tout le temps de
TExpérience j lî la
Boule de ce Thermo¬
mètre ert entièrement .
pleine d'eau, pn ne
voit pas fl facilement
fe former les glaçons,
qui font en grand
üombre.
Expérience XL
LTxpérîence précédente répétée avec de
TEfprit de Vin très-reétifié n a point réulfi
4 faire geler Beau.
D’après ces Expériences on foup-
(fbnneroit peut-être que ces Liqueurs
ttthérées contiendroient moins de
chaleur,que les autres corps, ce qui
contrediroit confidérablement le fyE
jfême reçu parmi les Phyficiens fur
la nature du feu, lorfqu ils difent :
Que cet Élément eji dans un parfait
équilibre dans la Nature , &c. Mais en
faifant attention à ce que j’ai déjà
Commencé d’inûnuer dans le détail
de ces Expériences, on reviendra
iâns peine de cette erreuri labbaifr'
^6 D I s s E R T A T I O isr
i'ement que ces Liqueurs occalion^
nent aux TLermometres, n’a lieu que
dans le temps que ce qui ell appliqué
aux Boules s’évapore ; cet abbaiffe-
ment eft d’autant plus grand que les
Liqueurs s’évaporent plus vite ; l’Ef-
prit de Vin qui eft moins éva-porabU
produit auffi un abbailTement moins
grand : mais auffi j’ai fait remarquer^
que l’effet qu’il produit fur ces inllru¬
mens eff, par cette raifon, beaucoup
plus durable. L’eau commune m’a
-fiit appercevoir fenfiblement un effet
femblable ; elle a fait defcendre un
Thermomètre de Mereure d’un fixié-
me de degré, en le plongeant & le
retirant fucceffivement. Un Thermo¬
mètre à Elprit de Vin m’a paru y
fouffrir un très-leger mouvement d’é¬
lévation & d’abbaiffement; mais com¬
me ces effets avec l’eau ne font pas
bien fenfibles (.ce que j’attribue au
peu de difpofition qu’elle a à s’éva¬
porer, en comparaifon de fes Li¬
queurs fpiritueufes ) & que l’on pour-
roit les attribuer à une contradion &
à une dilatation que les boules des
Thermomètres fouffirent pendant ces
immerfions,
SUR l’Æ T H E R. 97
immerfions, je rapporte ce fait feu¬
lement pour engager les Ph}^liciens
à examiner de nouveau, fi lous ces
phénomènes qui fe paffent pendant
l’évaporation des Liqueurs ne tien-
droient pas à quelques Loix généra¬
les.
Dans toutes -ces Expériences, le
plus grand abbailTement des Ther¬
momètres fe fait en raifon de la plus
grande évaporabilité des Liqueurs,
-& non pas en raifon du plus ou du
moins de feu quelles contiennent ;
cela eft fi vrai que lorfque l’évapora¬
tion de ces Liqueurs ne fe fait pas
immédiatement fur les TJiermome-
tres, ils ne fouifrent plus aucun chan¬
gement, & fuivent aprèscela de même
<jue ceux de comparaifons les viciffi-
tudes du lieu: c’ed: ce que je me pro-
pofe de démontrer par les Expérien-,
'ces fuivantes»
E
9^ Dissertation
ExPÉRIENCE\Xn.
î-e II Oûobre , les Thérmometies 313 dégréj
au-defTus de la congellation.
Æther Vitrioliquc. Æther Nitreux,
•
Si Ton met dans un L'Æther Nitreux
flacon- d Æther Vi- produit le même efr
triolique, qui elHla fet.
température du lieu,
de petits Thermo¬
mètres de Mercure &
dÆfprit de Vin,qu on
, bouche enfuite le fla¬
con , ou bien qu’on
lie le bouche point
s’il Y a fuffifamment
d’Æther pour les re¬
couvrir entièrement,
ils relient l’un & l’au¬
tre çonllamment fixés
au dégré de la tempé¬
rature du lieu.
Si on échauffe les Thermomètres
dans la main avant que de les plon^
ger dans ces Liqueurs, ils font rappel-
lés , & fe fixent à la température du
lieu. Cette Expérience répétée dans
de petites Cucurbittes de verres n oc-
cafionne aucun changement,quoiqu’il
Y ait une évaporation bien fenfible.
SUR l’Æ T h E R.
Expérience XII L
JEthzr Vitrioliquc,
Æthsr Nitreux,
Si Ton fait refroidir L'Æther Nitreux
de rÆther par de la produit le même ef-
glace_,& qu’on y pion- fet.
ge entièrement de
petits Thermomètres
de Mercure & d’Ef*
pri ts de Vin échauffés
auparavant entre les
mains ou rappellés
au terme de la con-
gellatioUj cela eft é-
gai J ils fe fixent &
relient conllamment ,
au terme de la con-
gellation.
Que ces Expériences foient répé¬
tées dans des flacons bouchés, ou
dans des Cucurbittes de verres dé¬
couvertes, les effets font exaélement
les mêmes, quoiqu’il y ait une éva¬
poration bien fenflble dans Tune &
dans l’autre Expérience. Il fiiffit que
ces Liqueurs recouvrent entièrement
les Thermomètres.
Peut-être me demandera-t-on pré-
fentement, comment il fe peut faire
que des Liqueurs qui ne font pas plus
E ij
^100 Dissertâti o-n
Æoides que les autres corps, pr^dui»
fent en s’évaporant un degré de froid
ad'ez confidérable pour faire bailfer
.desThermomeîres-de i^à. 15 dégrés?
Je crois qu’il efl très-difficile de
répondre à cette queftion & d’expli¬
quer clairement ces phénomènes fin-
guliers, fans admettre des parties fri-
■gorifîques dans les X-iqueurs, lefquel-
les fe dégagent plus facilement de
celles qui font fpiritueufes que des
autres corps ; ces parties frigorifiques
.refient appliquées aux Boides des
Thermomètres pendant ou après l’é¬
vaporation de ces Liqueurs jpiritueu-
fes, & font introduites dans ces inflriv
mens par le feu élémentaire répandu
dans l’air ^mbient qui tend à fe met¬
tre en équilibre, le*s pouffe devant
lui & occafionne ce refroidiffement.
La vapeur qui s’élève naturellement
-de ces Liqueurs æthérées, ne donne
micun indice de fraîcheur, comme je
m’en fuis affuré en introduifant des
Thermomètres dans de très-grands
-flacons qui étoient à moitié remplis
-d’Æther, & en prenant garde qu’ils ne
4oiichaffent à ces Liqueur^.La vapeur
SUR' l’Æ T H E R. îOî
ds ces mêmes Liqueurs excitée artifi¬
ciellement par un foufflet dont le
canal recourbé avoit été introduit
dans un flacon dans lequel j’avois
ful’pendu un Thermomètre n’a pas^
fait plus d’effet ; cette évaporation
dis-je, ainfi excitée & réfléchie, au¬
tant qu’il m’a été poflible, fur la Bou-
ïe de rinflriiment, n’a pas plus donné'
d’indice de fraîcheur que la vapeur
qui s’en éleve naturellement : il faut
que ces Liqueurs touchent les Ther¬
momètres , & qifelles s’évaporent
après quelles s’y font appliquées'
pour qu’ils defceiident^
. Je n’entends ici par parties frigorL
flques qu’un froid élémentaire ou un-
fluide aufli fubtile que la matière
éleêfrique, & qui ne commence à
entrer en aêiion que lorfque ce feu-
élémentaire efl; diflipé en plus gran¬
de partie avec la Liqueur qui s’é¬
vapore, & je n’admets aucunes par-'
ties falines aériennes , foit Vitrioli-
ques, foit Nitreiifes , &c. Perfonne
né peut nier l’exiftence du feu élé-"
mentaire contenu dans tous les corps,
depuis qu’on l’a démontré par un très-
toi Î^ISSERTATION
grand nombre d’Expériences éledri-
ques ; ne poiirroit-il pas fe faire qu’il
y eût aiiffi dans la Nature un fluide
auffi hibtil, qui fût le principe & la
caufe de la congellation ? Le peu
d Expériences que j ai rapportées ici,
me femblent fuffifantes pour fervir de
fondement a un fyffême nouveau,
qui vraifemblablemen’t aura befoin
d’etre manié par un efprit plus habile
que le mien pour paroltre moins ex¬
traordinaire.
On trouvera peut-être que ce fluide
frigorihque ne fera pas fuffifknt pour
expliquer les phénomènes ci-defTus*
& pour répondre cà la queffion que je
ffie fuis faite ; mais je proteffe de
bonne foi que je n’ai aucune attache
pour ce nouveau fyffême, & que je
recevrai avec plaifir l’explication
quil plaira aux Phyficiens d’y fubffi-
tuer , fi 1 on démontre clairement que
je fuis dans l’erreur. Mais aiiffi j’aver¬
tis que l’on ne faffe entrer pour rien
dans I explication de ces phénomè¬
nes les parties Vitrioliques & Nitreu-
fes qu’on croiroit être dans ces Li¬
queurs, parce qu’on s’en efl fervi pour-
SUR l’Æ T H E Ri lOi
les faire ; il faiidroit pour lors en ad-^
mettre aulîl dans FElprit de Vin, qui
produit le même effet proportionnel¬
lement à fon degré d’évaporabilité :
Fanalyfe Chymique prouve que lorf-
que ces Liqueurs æthéfées font bien
faites ■ & bien reéfifiées , elles n’en
contiennent pas plus que FEfprit de
Vin que je leur ai comparé. L’abbaif^
fement que les Liqueurs fpiritueufes
occafionnent auxThermometres four¬
nit un moyen qui peut être employé
Utilement pour reconnoître leurs dé-
grés de redification ; car, j’ai remar¬
qué que de FEfprit de Vin moins rec¬
tifié ne fait point baiffer les Thermo¬
mètres fi bas que celui qui Feft davan-
tage. Toutes ces Expériences qui d’a¬
bord paroiffent indifférentes pour la
théorie de FÆther, ne doivent pas
être regardées comme telles pour le
peu qu’on y faffe attention ; je trouve
même quelles peuvent fervir très-
avantageufement à confirmer ce que
nous avons dit avec M. Macquer, fur
la nature de.cés Liqueurs ; on doit les
regarder comme un Efprit de Vin très-
redifié, dont les parties fpiritueufes
E iv
'X04 D ï s s E R T A T I O N
volatiles-fe trouvent prodigieufemenf
concentrées ; l’odeur même qu’ont
ces Liqueurs n’eft que celle d’un
Elprit de Vin très-concentré, & l’A¬
cide Vitriolique n’y ajoute rien ; ce
dont on peut s’affurer en paffant près
des boutiques des Marchands de Vin
ou des Epiciers, clont il s’exhale une
odeur toiit-à-fkit femblable, & qui
ed: plus fenfible pendant les chaleurs
de 1 Été ; c’ed de i’Æther que les bu¬
veurs font naturellement fans Acide,
Vitriolique. Toutes ces obfervations
me paroiffent mériter l’attention des
Phyficiens, & peuvent être em¬
ployées utilement dans l’occaljon.
préfente. Je fuis très-fatisfait d’avoir
tracé le chemin 'aux Obfervateurs,
& je laide aux Phyficiens le foin
■d expliquer plus exaêlement des
phénomènes qui ne font pas moins
lurprenans qu’ils font admirables. Je
pade a d’autres Expériences qui, quoL
qiie faites différemment de celle-ci
peuvent avoir leurs applications pour
le fujet dont il ed: ici quedion<^
iÜR l’Æ T H E 105
Expérience XIV.
Le i4Mai i-])6,
Æther FitrioUqüe. Æth&r Nitreux.
Le mélange d’une La même quantité
demie-once d’Æther d’Æther Nitreux mé-
avec autant d'Eau lée avec autant d’Eau
commune a fait mon- commune n’a fait
ter de deux degrés monter le Thermo-
au-deffus de la tem- métré que d’un dé---
^rature de l’air le gré.
Thermomètre qui y a
été plongé dans l’inf-
tant du mélange, ce
qui prouve que l’Æ-
ther s’échauffe affez
confidérablement
auffi-tôt qu’on le mê¬
le avec de l’Eau jmais'
cette chaleur n’a lieiL
que dans les premiers
jnftans du' mélange
elle dirflinue après ce--
la peu à peu J & l’Æ- . *
ther reprend fa tena--
pératuré quoique
mêlé à cette quantité
deau.
Expérience X V.
Demi - once d’Æ- La mênie Expé-
^er & demi-once; rience répétée
Ev
Io6 ï) I s s E R T A T I O N
Æth&r Vitriolique.
cie glace pilée ^ mêlés
enfemble ont fait def-
cendre en huit minu¬
tes de 5 dégrés & de¬
mi le Thermomètre â
Efprit de Vin, & de
b dégrés celui de
Mercure ÿ au-de/Tous
deiacongellation:jT-
vois ra|^ellé aupara¬
vant leThermometre
au terme de la glace,
avec d’autre glace pi¬
lée feulement.
Dans Hnfdant de ces mélanges le
refroidiïTement eû fi grand, que la
• glace devient adhérante au verre &
au Thermomètre au point qu’il n’y a
pas moyen de le remuer; cet elfet
qui dure deux minutes ell d’autant
plus fort que la glace eft plus feche,
car fort peu d eau le diminue conhdé-
rablement : dans le premier temps la
Tiqueur de l’indrument defcend fort
Vite, la glace fe fond en grande partie,
le Thermomètre continue à defcen-
dre, mais plus lentement.
L’Æther Nitreux fe mêle mieux
Æther Nitreux.
cet Æther fait bailTer
la Liqueur du Ther¬
momètre à Efprit de
Vin de 7 dégrés en lîx
minutes, & celui de
Mercure de 8 dégrés
en moins de temps.
SUR l’Æ T h É R. IÔ7
dans ces Expériences & a plus de
conliUance que TÆdier Vitriolique.
Comme les Æthers ne font pas mifci-
bles avec l’eauces Expériences doi- •
Vent faire exception à la Loi générale
que femble avoir établie M. de Réau-
niur, dans un fçavant Mémoire qu’il
a donné à l’Académie en 17 3 4, page
19 5 , où il dit ; » Une remarque que
» nous avons'faite, c’efl que pour
» produire de nouveaux dégrés de
» froid, il faut que la glace fondue &
» de la matière, foit folide, foit liqùi-
» de, qui a été employée , il fe faffe
» un nouveau liquide ; de-là naît une
régie pour connoître les Liqueurs,
» qui mêlées avec la glace font inca-
» pables d’y produire du froid.Toutes
» les Liqueurs huileufes qui ne peu-
» vent pas fe mêler avec l’eau, feront
» employées fans fuccès ; auffi ai-je
» éprouvé que des huiles grodîeres,
» telles que l’Huile de Lin, ou des
» Huiles plus fubtiles, comme l’Huile
» de Térébenthine, feront jettées inu*'
» tilement fur la glace ; elles la peii-
» vent fondre, mais elles ne peuvent
» fe mêler avec l’eau qui naît de la
2o8 ^ D I s s R R T A T I O îT
ï> fuiion, & par-la elles font incapî^
» blés de produire des dégrés de
» froid «.
, On auroit tort fi on me foupçon^-
Hoit d’avoir rapporté ce pafiage du
Mémoire de M= deRéaumiir à defieirt
de le critiquer ; cet habile Phyficieîi
Connu par tant d excellens Ouvrages^
& a qiii la Pliyfique eâ redevable
d’une infinité de découvertes très-
utiles & tres-curieiifes, ne pouvoit
pis avoir, connoifiance de ces Li¬
queurs æthérées dans le temps qu’il
publiât fon Mémoire car, s’il s’y fût
exercé, on connoit afiez fa fagacite
pour fe perfuader qu’il en aiiroit su-*
rement tiré meilleur parti que moi.
Experte NCR XVI.
Demie-once de glace pilée^,& autant d’Efi
pnt de Vin très-redifié^, ont fait defcendre
ia Liqueur du Thermomètre â Efprit de Vin
d - dix degrés, mais fans adhérance de lar
glace au verrcj & celui de Mercure de 12
dégrés.
Expérience XVII.
Demfoonce d’Æther Vitriolique avec auj-
«ant dÆther Nitreux verfée fur une once^
SÛR lÆt h E R^ I09>
de gface pÜee, ont fait defcendre la Liqueuv
du Thermomètre à Efprit de Vin de ô dé-
grés j celui de MeTcure de 8 degrés.
EXPERIENCE XVII î.
J^thcr Vitriollqui. Æthzr Nitreux.-
Demie-once* de gla- Dernie-once de gla-’
ce, deux.gros de Sel ce pilée j autant d»Æ-’
ammoniac, demie-on- tirer Nitreux, & deux
ce d'Æther Vitrioli- gros de Sel ammo-
ûue, ont Élit defeen- niac, en ohfe^'vant les-
dre la Liqueur du mêmes précautions
Thermomette à Ef- ont fait baiïfer la Li*-
prit de Vin de 14 dé- queurduThermome-"
grés au-delfous^ du tre àEfprit de Vin de'
.terme de, la glace en 16 degrés au-deffous'
fiX minutes } celui de du terrne de la glace*,
Mercure de même , celui de Mercure de
le mélange a été fait même.
Crès-promptement.
Expérience XIX.
Demie-once de glace pilée, autant d Ef--'
prit de Vin très-reétifié, deux, gros de Sel
ammoniac, ont fait defeendre la Liqueur du
Thermomètre à Efprit de Vin de i a degrés-
au-deffous du terme de la glace ; de même'
çeluideMercure.-
Expérience XX.
Demie-once de glace pilée, deux gros dé?’
Sel ammoniac,,ont fait defeendre la Liqueur
1^0 D I s S^E RTÀ T I O ÿï
du Thermomètre à Efprit de Vin de 12 dé-
grés 3 celui de Mercure de 13 degrés.
Expérience XXL
Ætntr y^itnolique. Æther Nitreux.
Demie^oncedeSel ]1 eu eft de même:
ammoniac, autant de i’Æther Nitreux*
d’Æther mis féparé- _
inent à la glace, &
enfuite mêlés enfem-
ble n'ont point pro¬
duit un plus grand
froid.
Expérience XXIL
Il en eft de même de rEfprit de Vin très-*
teélifié.
Expérience XXIII.
Le 17 Mai j à. neuf heures du matin , les Ther-*
mornerres étoient à lo efégrés au-deiTus de la con-
gellacion ^ & n ont monté qu’au 11 pendiiaï tout
le temps des Expériences fuivanréî.
J'ai expofé à l'air Demié-once d'Æ-
libre dans un verre à ther Nitreux, traité
vin de figure conique, de la même façon, eiî
large & haut de deux même-temps, dans le
pouces &: derni, de- même lieu, a été quin-
mie - once d'Æther ze heures à s'évapo*
Vitnolique, il a été rer, & après avoir
dix heures & demie à palTé la nuit à l'air ii
s^evaporer, il a laiffé ell refté dans le fond
s Ü R l'Æ T h E R. lit
Æthcr Vitrïoliqm*
dans le fond du verre
fix gouttes de phleg-
me acidulé reffem-
blant à du vinaigre
dillillé.
Lorlqu il commence-
à s’évaporer il monte
rapidement le long
des parois du vaiflTeau
jufque vers le milieu
de la hauteur du vui-
de J il s’élève en for¬
me de filets pointus,
& donne au vafe l’ap¬
parence d’un verre à
côtes. L’extrémité de
ces filets pointus qui
ceiient promptement
fe convertit en une
goutte fcintillante,
dont une partie s’e¬
xhale en petites va¬
peurs legeres, & ref-
femblantes à celles
ue l’on voit, fortir
es tuyaux des poêles
chauds J l’autre partie
retombe comme plus
p'efante , quoiqu’elle
foit aufii de l’Æther,
mais c’efi qu’il a per-
Æther Nitreux i
du verre 6 o grains
d’une Huile beau-,
coup moins colorée
que l’Æther Nitreux
ne l’efi: lui - même*
Dans le commence¬
ment de l’évapora¬
tion les phénomènes
fe préfentent de mê¬
me que dans l’évapo¬
ration de l’ÆtherWi-
triolique,mais ils font
moins prompts. A
mefure qu’il appro-'
che de la fin de l’éva¬
poration il perd con-
fidérablement de fa
couleur fans rien dé-
pofer. '
L’Huile qui relie
après l’entiere évapo¬
ration ell légèrement
acide fur la langue,
un peu amere'; une
partie de cette Huile
ell dilfoluble dans
l’eau, cm peut la nom¬
mer Huile douce de
Nitre , par la même
raifon qu’on nomme
Huile douce de' Vi-
Huile douce-
de Nicrc.
filr ï) î S S E R t A T ï O N
Æther Vitrioli(piz. Æcher Nitreux.-
fiu fa partie la plus triol celle qu’on ob-'
J^^olatile ; cette manie- tient dans le procédé'
re de s’évaporer , ne de l’Æther Vitrioli-'
dure guere ^ue deux que, quoiqu’elles ne
heures , après quoi le foient l’une & l’autre-
relle de l’évaporation que de l’Huile de Vim
eil fort- infenlîble en qui en ell réparée par
c-omparaifoni les acides.
En fkifânt évaporer alnE deTÆther
Ni^eiix, on peut obtenir autant de-
cette Huile qu’on en veut ;• & ceux,
qui difent que le mélange de l’Acide
Nitreux & de l’Efprit de' Vin n’en
donne que très-difficilement & pas-
toujours' ^ n’en ont jamais fait ,,oii du
moins on peut foupçonner avec beau¬
coup de vraifemblance qu’ils n’ont
pas* une manipulation sûre pour ert
obtenir à volonté. Je crois quen rec¬
tifiant de l’Æther Nitreux à un feu
très-doux, on l’obtiendroit à moins
de frais & de la m.ême maniéré qii’on^
en fépare de l’Æther Vitriolique en’
le reûifiant ; comme ces Huiles font
moins legeres & moins volatiles que^
leiifs Liqueurs aethérées, il n’y auroit
xien de furprenant : cet expédient
s ÜR- l’Æ T n E R. S13:
m’a réufTi pour l’Æther Vitrioliqiie,
je vériiiGrai par la fuite s il n en feroit
pas de même de l’Æther Nitreux.
Expérien
Æther Vitrioliqm,
Demie-once d'Æ-
ther Vitriolique ver-
fee fur autant d’eau
dirtillée, dans un ver¬
re pareil aux précé-
dens, a été cinq heu¬
res &• demie à s’éva¬
porer J les phénonre-
nes de l’évaporation
onréié à peu près les
mêmes que dans l’Ex¬
périence précédente.
L’eau qu-i en-eHrer-
tée pefoic )ufte demie-
once , & n’a point
atigmenté de poids,
mais elle a retenu un
goût leger de vinai¬
gre dilHllé. Cette Li¬
queur rougit le fyrop
violât} elle précipite
en jaune deTurbith
Ta dilTolution de Mer¬
cure -, elle ne fait rien
d’abord à la diifolu-
ôan- dlargentmais
ge XXIV.
JE ther Nitreux.
Demie-once d’Æ-
ther Nitreux mêlé©
avec autant d’eau, &
traitée avec les mê¬
mes précautions, a-
été fix heures à s’éva-^
porer, les .phénomè¬
nes de révaporation-
ont été à peu près les
mêmes ; mais fur la
fin de celle-ci il ell-
refté- quelques gout¬
tes d’Huile prefque
blanches , qui for-
moient à la furface-
du verre un efpece de'
bouillonnement qui
renvoyqit les gouttes
d’Huile de côtés &'
d’autres, jufqu’à ce-'
qu’il n’y eût plus rien-
de fpiritueuxq alors
cette Huile fe préci-
pitoit: jel'ai féparée,.
j’en ai eu vingt-quatre;
grains': celle-ci rueft-
iT4 £> I s s E R TA t ï O N
Æth&r Vitrioliqus.
peu à peu elle occa-
lîonne un précipité
blanc jaunâtrerrHui-
ie de Tartre n"y fait
rien. Toutes ces Ex¬
périences prouvent
que f Acide Vitrioli-
que en fe combinant
avec rEfprit de Vin
pour former J'Æther,
conferve toutes les
propriétés qui le ca-
tadérifent.
Æthcr -Nitreux i
point-mifcible à Peau i
Si dans ces Expériences les évapo-^
rations ont été plus promptes, cela
doit n etre attribué qu a Eeau de def-
lous, qui en élevant EÆther le rap-
prochoit des bords , & lui donnoit
d autant plus de flirface àraifon de la
forme conique des verres.
Expérience XXV.
, Demie-once d‘Æ^
cherVitrioliqueaété ther Nitreux a été
mife dans un pot de mis & arrangé de mê-
tayance de deux pou- me que PÆther Vi¬
ces & demi de' pro- triolique.
fondeur fur deux de
«iiametre.
SUR l’Æ T h E R. i I j
Ces deux pots ont été bien choifiSj
&: exaftement les mêmes pour toutes
les dimenfionsj&même pour le poids,
ils ont été mis cliaGun dans un côté
de balances bien exades. J’ai mis le
feu en même-temps aux Liqueurs
’ qu’ils contenoient.
^Æther Vitrioiique.
L’Æther Vitrioli-
que a été brûlé en
huit minutes, il fai-
foit une belle flamme
qui s’élevoit au-def-
üis du pot jufqu’à un
pied de haut par in-
tervalkj cette flamme
noircit très - légère¬
ment le papier blanc,
mais elle noircit allez
fenfîblement les pa¬
rois du pot.
Pendant cette com-
buftion, cet Æther
étoit toujours de de¬
mi-gros en avance.
Æther Nitreux.
L’Æther î^ytreux
faifoit une flamme
baffe très-pâle, jau¬
nâtre , il a été brûlé
en dix minutes, il a
laiffé quinze grains
d’une matière char-
boneufe, noire, qui a
rougi fur la fin de la
combuftionjcette ma-:*
tiere expofée au feu
refte auffi fixe que le
charbon de la matière
gommeufe féparée du
Rélidu de rÆthef
Nitreux, dont il fera
fait mention lorfque
je parlerai de cette LL
queur. Pendant cette
combuftion, cet Æ-
ther étoit toujours de
demi-gros en arriéré.
^ï6 D I s s E IT TA T i o n'
Expérience XXVI.
.Demie-once cîTrprit de Vin très-redifié'
a ete ^quatorze minutes à brûler dans un
(les memes pots 3 fans donner la moindre
apparence de fumée,'
r ceux qui ont parlé de la com-
bultion deTÆther ont dit, que cettç
Liqueur brûloit fans fiîmée ; je remar¬
querai à cette occafion que fi un de
î>os Artiftes ,• qui prétend ne copier
perfonne, eût pour cette fois feule^
ment rrianqué de cbniiance pour leÿ
habiles ChymiÛes contre lefquels ü'
déclame perpétuellement, & quU
eut répété l’Expérience avec foin, il
le 1er oit apperçu qu’en expofant urr
morceau de papier bien blanc au-
deffus de‘ la fîûmme de TÆther, ce-
papier auroit été noirci, très-légere--
ment à la vérité, mais cependant atfez
temiblement pour l’empêcher d’êtré
l echo d’une erreur commune à tout
JC monde.-
Frobenius s’eû trompé aufîî en cela-
dans fa cinquième Expérience. (A)
SUR l’ÆtHER. II/
Expérience XXVII.
4^thcr VitrioLlqm^. Æther 'Nitreux.
J’ai mis de TÆther J’ai mis aufli de
Vitriolique dans -un l’Æther Nitreux fous
verre fôus le Réci- Je Récipient -de la
^ient de la Machine Machine Pneumati-
IPneumatique. Dès que. Au deuxième
les premiers coups de coup de Pifton il s’eft
Pifton j’ai vu quel- xlégagé une li grande
ques petits globules quantité d’air,& avec
d’air fe dégager avec tant d’impétuofité ,
une très-grande faci- que la Liqueur paroif-
iité j après cela quel- ioit bouillir. Après
que vuide que j’aye environ vingt coups
pû faire, il n’en ell de Pillon, il ne s’eft
plus forti. -plus dégagé d’air, &
la Liqueur eft demeu-
-rée tranquille.
L’Efprit de Vin très-re£Iifié, mis
suffi fous le Récipient de la Machine
Pneumatique, a rendu des bulles d’air
dès qu’on a commencé à pomper, &
il a continué d’en rendre ainfi jufqu’à
lu fin, mais peu à peu.
Expérience XXVIII.
L’Æther Vitrioli- L’Æther Nitreux
que enflammé s’éteint s’éteint par le même
lui k champ avec la moyen, encore plus
ïi8 Dissertation
Æ ther Fitriolique. Æthcr Nitreux.
plus grande facilité, facilement due
Il ne s agit pour cela ther Vitriolique, &
eue de kl intercepter même que l’Hfprit de
la communication a- Vin. ^
vec fair extérieur, en
fermant le vafe dans
lequel il brûle avec
une matière quelcon-,
que, pourvu quelle •
ne foit pas bien com-
buftible. J en ai fait i
l'Expérience fur qua- '
tre onces d'Æther
que j'avois enflammé
dans un gobelet.
Après des Expériences aii/îî décifv
ves que celle-ci & la précédente fur
le different dégré d’indammabilité de
nos deiixÆthers,il paroît évident
qiul ne peut y avoir que de figno^
rance ou de la fupercherie de la part
de ceux qui avancent que l’Æther
Nnreux eft plus inflammable que le
Vitriolique. Ils apportent en preuve
de leur fentiment une Expérience
faite fans foin, qui ne peut en impofer
qu a ceux qui ne connoiffênt pas fuf-
blamment ces matières. Voici cette
Expérience.
SUR l’ Æ T H ER. I I 9
Irnbibci^ au-dijj'us d'un verre deau
bien chaude un morceau de fucre avec de
VÆther Nitreux^ de maniéré qu’une par¬
fit de ÜÆther fe répande fur La furface
de Veau ; laifft'^ tomber le fucre dans
Veau , il va d’abord au fond y metteq^
aujjî-tot le feu à la Liqueur y il s'élève
fur le champ ujie grande flamme , Vmau
femble bouillir y efle fe répand méme^ &
étend beaucoup la flamme en la difper-‘
faut.
Comme il m’a paru que l’Expé¬
rience citée pour prouver la plus
grande inflammabilité de l’Æther Ni¬
treux , avoit été faite fans aucun foin
& fans y apporter les attentions né-
celTaires, j’ai cru devoir la répéter
Rvec de l’eau, dont j’aurois aupara¬
vant bien déterminé le dégré de cha¬
leur, & je me.fuis Gonvaincu par-là
que lorfque FÆther Vitriolique &
l’Æther Nitreux font enflammés fur
def l’eau d’une égale température, le
dernier brûle conflamment aveç, ^
jnoins de vivacité, & qu’il ne peut
égaler celle avec laquelle l’Æther Vi¬
triolique fe confume qu’en l’enflam^
tnant fur de l’eau plus chaude.
f 20 Dissertation
Tous ceux qui connoiffent les e^ets
tle l’air raréfié par la chaleur, & qui
fçavent en même-temps qu’il y en a
beaucoup entre les molécules du fucre
tSc dans la fubfiance même de l’Æther
Nitreux, comme je l’ai démontré plus
haut, ne trojiiveront certainement dans
,cé fait rien ’de favorable à l’opinion
pour laquelle on veut le faire feryir
de preuve. Que fignifie en effet cette
Expérience dont on fait tant d’éta¬
lage ■? Rien autre chofe, finon que
l’Æther Nitreux qui brûle fur l’eau
froide, brûle encore mieux fur l’eau
bien chaude. Car il efl évident que le
bouillonnement & l’effervefcence qui
accompagnent cette inflammation, ne
peuvent être attribués qu’à la grande
& prompte raréfaéfion de l’air & de
la Liqueur qui fe font en même-temps :
on fçait d’ailleurs que lorfque l’Æther
Vitriolique brûle fur la furface de
l’eau froide, non-feulement il ne p*eut
• être éteint par -une grande quantité
■ d’eau qu’on verfe deffus, mais même
que cette nouvelle eau paroît au¬
gmenter beaucoup la flamme. Cette
.Expérience a été faite par MM.Fro-
beniuÿ
SUR L’Æ T h E R. 121
bénins & Pott, & je l’ai même répétée
avec fiiccès : je n’ai pas répété cette
Expérience avec l’Æther Nitreux.
E X P E R I E N
Æther Vitrïoliqm.
Si l’on met fix ou
(èpt grains pcfant de
poudre à tirer dans
une cuilliere, qu’on
Verfe par-deffus a peu
près la moitié de ce
que peut contenir la
cuillière d’Æther Vi-
triolique, qu’on y
mette le feu, i’Æther
brûle fans allumer la
poudre. Mais fi Ton
met feulemét 20 ou 30
grains de poudre dans
cette même quantité
d’Æther, alors l’Æ-
ther en finilTant de fe
confumer enflamme
la poudre, à moins
qu’il ne foit très-hui¬
leux ; car dans ce cas
il ne peut enflammer
même cette quantité
de poudre. L’Efprit
de Vin le plus reélifié
produit par rapport à
CE XXIX.
Æther Nitreux *
L’Æther Nitreux-
quoique plus gras que
le Vitriolique, com¬
me je l’ai démontre
par les Expériences
xxiij & xxiv, met le
feu à la poudre à tou¬
tes fortes de dofes,
& de telle façon
qu’on s’y prenne :
mais il faut remar-
uer que la poudre
ans le cas préfent
fait la fufée, & ne
part pas tout à la fois
comme quand elle eft
enflammée par l’Æ-
ther Vitriolique. Ces
différens effets ne peu¬
vent être attribués
qu’à la matière char-
boneufe que TÆther
Nitreux produit pen¬
dant fa combuftion ,
laquelle eft embra-
fée & met le feu à la
F
Inflamma-
tiou par l’F-
leutricité.
112 DiSSERfATTON
Æ.tker V^itriolique. Æther Nitreux.
1 inflammation de la poudre ^ laquelle ne
poudre, précifément brûle que Xucceflive-
le même effet que de ment.
l'Æther bien fec.
Expérience XXX.
, Cet Æther diffout Celui-ci le diflbut
difficilement le Phof- plus efficacement, &
phore, & ne s'en même entièrement,
charge pas plus que fans rien laifferpréci-
ne fait 1 Efprit de piter j & fi on Ten fur»
yna, il le ja4nit & le charge, les morceaux
fait tomber en partie qui reftent indifiblu-
cn efflo'refcence qui blés perdent au bout
reffembleadelarpuil- de quelque temps
k de fep. Jeur forme de petits
tubes, pour prendre
h figure convexe en
deffus, & plane par le
côté qui touche le
fpnd du flacon. Ce
mélange fe colore for¬
tement par le féjpur.
Inflammation par VEleBricité,
II paroît qfiie M. Ludolf, Médecin,
& de 1 Academie Royale des Sciences
de Berlin, eil le premier cjui ait mis le
feu à des Liqueurs inflammables, au
moyen des étincelles éleéfriques. Ce
fut au commencement de ï 744, ^
SUR l’Æ T h E R. 125
rouverture de cette Académie, qu’il
fit cette Expérience, en enflammanfi
la Liqueur æthérée de Frobenius, au
moyen d’un tube de verre éleélrique.
M.\Vinchler, dont j’emprunte ce fait,
ne dit point dans fon Ouvrage fi ce
fut après avoir chauffé la Liqueur ou
non. M. Watfon qui a répété ces Ex-
périen^l^femble nous dire dans fon
Effai f^W’Éleélricité , qu’il faifoit
chauffer l’Æther, ou, comme il l’apir
pelle, le Phlogijlon-de Frobenius ; mais
c’eft ce que je ne puis encore affurer,
la Traduélion Françtoife s’exprimant
là-deffus d’une maniéré équivoque.
Dans un travail aufîi conlidérable
fur l’Æther, que celui que j’ai entre¬
pris , j’ai cru que je ne devois pas
négliger de faire aufîi quelques Expé¬
riences fur fon inflammation par l’É-
ledricité ; & M. le Roi, de l’Acadé¬
mie Royale des Sciences, qui a déjà
fait beaucoup d’Expériences fur cette
partie intéreffante de la Phyfique,
ayant bien voulu me prêter fes fe-
cours nous en avons fait un affez
grand nombre enfemble. Comme il
feroit trop long de les rapporter toutes
124 Dissertation
en détail, je me contenterai de parler
des principales : elles ont été faites
de deux façons; i°. L’Æther a été
enflammé dans une cuilliere comme
on enflamme ordinairement rEfprit
de Vin, excepté qu il n’étoit pas
chauffé. 2°. Dans l’Expérience de
Leyde, comme je le dirai ci-après^
Expérience X1.
VÈWàricïti itant forte.
Inflammation dâns la cuilliere
EN TIRANT DES ETINCELLES.
Æther VitrioLique. Æther Nitreux.
1 °. Cet Æther a i®. Celui-ci s'efl:
cté enflammé avec la enflammé, mais avec
plus grande facilité, plus de difficulté.
2°. L'inflammation 2°. En frottant le
étoit Cl facile qu'elle globe avec deux
fe faifoit en ne frot- doigts feulement on
tant le globe qu'avec l’a enflammé , mais
deux doigts feule- très - difficilement j
tnent. l'Expérience , même
faite de cette manié¬
ré , ne réuffit pas tou¬
jours.
L’Efprit de Vin très-reéfifîé, n’étant
point chauflie, ne s’efl; jamais pû en¬
flammer, quoique rÉleffricité* fut aA
SUR l’Æ T h E R, 125
fez forte, & qu’on frottât avec les
deux mains.
Expérience XXXII.
Æther Vitrioliqiie» Æther Nitreux.
De TÆther dans Cet Æther te-
lequel j'avois mis du noit auflî du pliof-
Phofphore en dilfolu- phore en diffolution,
tion, elTayé de même, s’eft enflammé avec
ne s'eft pas enflammé beaucoup plus de fa-
plus facilement 5 ou, cilité que quand il
s'il ^ a eu quelque n'y en a pas, & envi-
differeyjce j elle ne ron ^vec la même fa¬
nons a pas paru fenfî- cilité que l'Æther Vi-
bie. triolique pur.
La facilité avec laquelle TÆther
Vitriolique & même le Nitreux s’eil-
flammoient ; quoique celui-ci, com¬
me nous l’avons dit, prît feu plus dif¬
ficilement que le Vitriolique, fît pen-
fer qu’ils pourroient bien s’enflammer
dans une température beaucoup plus
froide que celle de la Saifon, ces Ex¬
périences ayant été faites au mois de
Juillet 1756. En conféquence on fît
refroidir ces Æthers (/Q dans une taffe
d’argent éledrifée par le condudeur.
Pour les enflammer on tkoit des étin-
(L) Par un mélange de glace 8c de Sel ammoniac» ’
ii6 Dissertation
celles dans la taffe, comme on fcaii:
qu’on en tire dans la cuilliere pour
enflammer rEfprit de Vin.
EXPERIENCE XXXIÎI.
Æther V^itriolique. Æther Nitreu x.
Le Thermomètre
M. de Réaumur
«ant dans TÆther à
5) degrés au-deflbus
du terme de la glace^
celui-ci s^eft enflam-
nac avec la même fa¬
cilité que s'il n eût
pas été refroidi.
Le même Thermo¬
mètre étant dansl’Æ-
ther Nitreux à iü dé-
grés & demi au-def-
fous du terme de la
glace s’efl: enflammé
auffi tres-faciiementi
Nous avons enflammé l’Æther Vi-
înoliqiie dans la cuilliere, en tirant
des étmcelles avec un morceau de
glace; mais l’Æther Nitreux n’a pu
s enflammer de la même maniéré, ce
qm ne vient que de ce qu’ü eRmoins
prompt a s’enflammer que l’Æther
Vitnolique ; on efl obligé de faire
plufieurs tentatives pour tirer des
etmcelles, ce délai donne le temps
au glaçon de fe fondre en partie, ce
qui l’abreuve continuellement d’eau
& empêche les étincelles de naître.
Ainfi je ne ferois point furpris qu’on
SUR l’Æ T H E R. 127
vînt à bout de renilammer dans lire
Saifon plus froide que celle où nous
avons fait nos Expériences, & dans
laquelle le glaçon fe tint fec pendant
un temps fuffifant pour faire toutes
les tentatives nécefîaires à ce fujet.
On peut juger par ces Expériences
de la facilité avec laquelle ces deux
différens Æthers s’enflamment, fur-
tout le Vitriolique , puifqu’ils pren¬
nent feu à un ^uffi grand dégré de
froid, & qu’on ne peut dans ce pays-
ci, au moins que je fçache, enflam¬
mer fans le chauffer, l’Efprit de Vin
le plus reéfiùé, par les fimples étin¬
celles de l’Éledricité artificielle.
EXPERIENCE XXXIV.
Sur VÆther Vitriolique. & Nitreux y
VEfprit de Vin trh-reBifd
& non-reUifié.
Inflammation dans l’Expérience
DE LeYDE.
Dans cette Expérience, le mouvement
du fluide éleftrique étant beaucoup plus
rapide, il s’enfuit qu’on doit y réuflîr en¬
core plus facilement à mettre le feu aux
Liqueurs inflammables ; c’ert ce qui fit pen-
fer que fi dans la bouteille de Leyde on
rkl Pjssertation
fubfti^tuoit a J eau de JTfprit de Vin ou de
JÆther, lis pourroient s^enflammer uni¬
quement parle mouvement rapide du fluide
a travers ces Liqueurs : maniéré d y mettre
e feu qui ;ufquici, je crois^ navoit pas
luftiSr"’ ""îï fut bien-?6t
V^r? K , les Æthers
VitrioJiques & Nitreux s^e'tant non-feule¬
ment enflammes, mais encore LEfprit de
Vin tres-redifié, & même le plus ordi¬
naire lans etre chauffé & avec la plus
grande facilite. Afin quon fçache mieux
de quelle maniéré ces Liqueurs s^enflam-
moient dans cette Expérience, il ne fera
fe^ftiïbit comment elle
Un petit fceau de verre de quatre pouces
de haut, & djautant de large, tenoir lieu
de bouteille de Leyde, il étoit recouvert
par en bas d une feuille de plomb laminé
de deux pouces de haut; & au fil d^archal
qui fervoit a ferrer cette feuille contre le
P^o^ongé, étoit adapté
une groife balle de plomb, qui fervoit à
tirer des etincelles du condudeur. On ver-
fou dans le fceau de LEfprit de Vin ou de
Ætner ;ufqu a un pouce ou un pouce &de-
mi de haut, dans lequel trempoit une chaîne
partant du condufteur ; dès que le petit
fceau étoit chargé d'éledricité, on tiroir
une etincelle du conduéleur avec la balle
de plomba & dans le même inftant LEfprit
de Vin ou 1 Æther s'enflammoient unique¬
ment par le mouvement rapide du fluide
SUR l’Æ t H E R. l î cj
j^Ieflrique à travers ces Liqueurs, dans le
temps que le fceau fe déchargeoit. On avoir
fubltitué le fceau à la bouteille ^ afin que
Tinflammation de ces Liqueurs fût durable,
& qu’il n’y eût rien d’équivoque, le ieu
dans une bouteille s’éteignant fur le champ.
Il eû à propos d’avertir que ces Æthers en¬
voyant beaucoup de vapeurs , fi les marges
ou rebords du vafe ne font pas un peu
grands, bien nets & bien propres, l’Expé¬
rience ne réulFira pas,*ou nç réulfira que
très-difficilement j parce que l’Éleélricité fe
répandant le long de fes bprds, de-là dans
l’enveloppe de plomb, Sc de celle-ci dans
le plancher, &c. on ne pourra jamais char¬
ger le fceau fuffifamment pour faire naître
l’inflammation.
Dans toutes ces inflammations les mê¬
mes Liqueurs peuvent, refervir jutqu à la
fin, il n’eft queftion que de les étouffer
pour les éteindre.
L’Æther Nitreux dont je me fuis fervi
pour faire les Expériences ^ c^ui viennen,t
d’être rapportées n’a point été reélifie, je
l’ai employé tel qu’il eft lorfqu il eiî fepare
de fon Acide, parce que je n’ai pas eu in7
tendon de faire préfentement un travail en
quelque forte complet fur cet Æther. Je me
propofe de faire dans quelque temps unp
fuite’d’Expériences pour examiner cette
fubftance d’une maniéré plus précife & plus
détaillée. Je mécontente, quant àpréfent,
d’en avoir rapporté quelques-ujties qui foient
eorrefpondantes à.celles que j’aLfaites fut
^ f ? s ^ t a T I O N
1 Æther Vitriolique j ainfî je ne parlerai
plus d^aucune Expérience faites fur fÆther
Nitreux. Je reviens à EÆther Vitriolique
EXPERIENCE XXXV.
Si l’on ajoilte de l’Huile de Tartre dans
un flacon qui contient de TÆther qui n'eft
point fulpnureux, & qui aura été reéiifié
fans alkali j environ trois ou quatre mois
^resj & quelquefois plutôt, il fe formera
dans le flacon une belle criftalifation en
îorme de frange, nageant en grande partie
V ^ ^ tenant conftamment fous
1 Ætner, ce Sel efl: de véritable Tartre vi¬
triolé, mais d’une criftalifation variée &
finguliere.
• Je fai fepare parle filtre, il éroit en pe¬
tites aiguilles argentines,;’ai répété fur ce Sel
les memes Expériences que fur celui que m’a
produit la fécondé Liqueur, les réfultats
ont été à peu prés les mêmes, & le peu de
différence que jy ai remarqué ne mérite
pas d entrer en confidération. Les unes &
les autre,s Expériences faites fur les Sels
qu ont produit la fécondé & cette troifîéme
Liqueur, prouvent alfez que c’eft LAcide
Vitriolique extrêmement altéré qui réficfe
dans toutes ces Liqueurs.
EXPERIENCE XXXVL
» ^y,on mêle enfembledans une foucoupe
a caffe demi-once d’Elprit de Nitre très-
SUR l’ Æ T H E R. 13 *
Fumant & autant d’Æther, que ce mélange
Foit fait tout d un coup, ou gouttes a gout¬
tes, il fe fait une légère etfervefcence en
comparaifqn de l’Expérience qui va fuivre
la raifon en eft que la foucoupe elt un vail-
feau trop plat, ce qui empêche les Liqueurs
d’agir fuffifamment l’une fur l’autre.
EXPERIENCE XXXVII.
Mais fl cette Expérience eft répétée dans
un verre à vin de figure conique , & aux
mêmes dofes, il seleve tout d’un coup une
fumée rouge , extraordinairement epaiüe,
& rien ne s’enflamme.
EXPERIENCE XXXVIII.
Si l’on verfe l’Æther fur l’Efprit de Ni-
tre, Sc toujours à demie-once de chacun,
l’effet eft plus violent, mais fans inflamma¬
tion.
EXPERIENCE XXXIX,
Si l’on met dans un verre demie-once
d’Huile de Vitriol très-concentrée, & que
Ton verfe doucement par-deffus autant
a’Æther,il s’excke tm bouillonement5 iz
on vient à y verfer autant d’Efprit de Ni^e
fumant à diverfes reprifes , il s'élcve à cha¬
que fois un bouillonnement tres-vif acemu-
pagné d’une groffe fumée rouge & epaiffe ,
& rien ne s’enflamme.
EXPERIENCE XL.
$i à un pareil mélange, au lieu de verfer
1^1 Dissertation
1 Efprit de Nitre par partie ^ on le verfe es
une feule fois, il s’excite fur le champ un
bouillonnement fi vif & une fumée rouge fi
épailTe, que fon croiroit que h tout va
s enflammer j fi dans cet inîtant on appro¬
che de fort près une bougie allumée,le
tout,prend feu, & ne produit qu’une flam¬
me fort^ etendue qui palfe aulTi rapidement
^u une éclair, avec un petit bruit femblablc
® d’un pende poudre qu’on allumeroit
a 1 air libre.
EXPERIENCE XLL
Si fon mêle une once d’Huile de Vitriol
bien concentrée avec autant d’Efprit de
Nitre très-fumant, & qu’on verfe ce mé¬
lange fur une once d’Æther, à l’inftant le
tout faute, il s’élève une fumée aulTi épaifie
que dans les Expériences précédentes, mais,
il n y a point d’inflammation.
Toutes ces Expériences, comme
on Voit,avoient pour but d’enflammer
l’Æther à la maniéré des Huiles effen-
tielles, deverois-je en nier la polTibi-
lité, parce que je n’ai point réufii?'
ce feroit décider trop précipitem-
ment. J’ai remarqué que dans ces mé¬
langes il y avoit des inlfans, où il •
paroiffoit que l’infîamination alloit
naître , & je crois que cela pourroit
bien dépendre de peu de cbofeyl’Æ-
SUR l’Æthe R. Î3I
ther dant je me fuis fervi étoit très-
pur, peut-être réuiïiroit-on fi on en
employoit de plus huileux ^ & je fuis
perfuadé qu’on enflammeroit l’Æther
Nitreux, parce qu’il eft plus gras &
plus épais, mais je n’ai pas fait def-
fais fur ces deux dernieres efpeces
d’Æther. Je me propofe d’en faire
par la fuite ; je n’ai rapporté ici tou¬
tes ces Expériences qu’en faveur de
ceux qui voudroient en faire de pa¬
reilles
Décompojîtion de tÆth&r Vkriolique
par rHuile de VitrioL
Après ce que nous avons dit avec
Macquer, 7^) ^ue 1 Æther etoit
un Efprit de Vin trop redifié, un Ef-
prit de Vin à moitié décompofé qui æ
perdu une grande partie de 1 eau qui
entre elfentiellement dans fa compo-
fition, & de fon Huile, & qu’il eft en¬
core lui-même compofé des mêmes
principes dont il a été dépouille, mais
dans des proportions différentes. Il
fembleroit que ceux qui lui reftent.
devroient être différens de ceux qui<
ont été féparés ; cependant l’Expé-^
134 Dissertation
rience prouve qu ils font les mêmes
& que s’il y a quelque différence,
elle ne vient que du plus ou moins de
phlegme qu’il peut contenir ; car l’Ef-
prit de Vin le plus reélifié en contient
incomparablement davantage que
l’Æther : il eft facile de s’en convain¬
cre en jettant les yeux fur le Rélidii
de la diftillation de TÆther ; mais
audi il femble que l’Æther contient
beaucoup plus de cette Hiiile,que l’on
nomme Huile douce. Ce qui rede im¬
médiatement après la décompofition
de l’Æther par l’Acide Vitrioiiqiie elî
prefque fec, & n’efl: point abreuvé
d’un phlegme abondant comme dans
la décompofition de TEfprit de Vin.
Les Expériences fiiivantes vont prou¬
ver ce que j’avance.
Première Dêcompojition.
Prenez une livre d’Æther très-rec-
tihé, & qui ne lailTe aucune partie
hiiileufe après fon évaporation fur
Feau à l’air libre ; mettez-le dans une
Cornue de verre ; verl’ez par-deifus
a diverfes reprilès huit onces d’Huile
de Vitriol, dont la pefanteur ipécifi-
SUR l’Æt h E R. I3f
que foit à l’eau comme 2 à i, U s’é¬
lèvera à chaque fois un mouvement
d’ébullition très-vive, mais qui ne
dure qu’un moment. Cette ébullition
fera accompagnée d’une chaleur mé¬
diocre , & infiniment moindre que
’^celle qui naît du mélange de 1 Efprit
de Vin avec l’Huile de Vitriol, re¬
muez la Cornue pour accélérer le mé¬
lange qui deviendra nébuleux, blan¬
châtre ; la Liqueur reffemblera à ime
difTolution de favon dans de 1 eau de
puits, &4aifrera une infinité de points
reffemblans à de la groffe pouffiere,
ou à des Stries attachés aux parois
de la Cornue ; ajuflez promptement
im Balon, car il diflille fans feu une
bonne quantité de Liqueur æthéree i
peu de temps après le mélangé s é-
claircit, mais fans féparation d Acide ;
il fe précipite au fond de la Cornue
un dépôt blanchâtre, léger, en forme
de docons ; placez cette Cornue fur
im bain de fable, & diftillez par un
feu de cendres chaudes : il paffera
d’abord de l’Æther qui paroit plus
• par, d’une odeur un peu plus fuave
qu’à rordinaire;lorfqu’il y en aura ea-
156 Disse rtat»i o n
Viron neuf onces de diftülé, féparez^*
le, il paffera enfiiite une Liqueur æthé-
rée, mais chargée conlidérablement
d Huile effentielle de Vin, vous en
aurez une once & demie, elle elî: mê¬
lée d’un peu d’Efprit fulphureux,
^ Si vous en mettez dans de l’eau, if
s’en évapore une très-petite partie
qui eft de l’Æther, Sl l’autre qui eft
de l’Huile, relie & va au fond de
l’eau. Après Tévaporation cette Huile
eft très-blanche & très-fluide. Ce qui
relie dans la Cornue fe colÔre peu à
peu, & reflemble parfaitement au
Réfidii ordinaire de l’Æther, m.ais il
eH un peu plus fluide, & ne contient
point de bitume tout formé. Si ort
continue la dillillation il s’élève alors
des vapeurs blanches, il dillille un
Efprit très-fulphureux , volatil, tel
que celui qui vient en faifant l’Æther,
mais toujoars en vapeurs blanches,.
& qui fe condenfent difficilement;:
vous aurez deux onces de cet Efprit
fcdphureux fous lequel vous retirerez
trois gros d’Huile douce qui fera lé¬
gèrement citrine. Le mélange monte
fur la En très-rapidement; fi la Cornue
SUR l’Æ T h E R. 137
eft affez fpacieiife pour fupporter cet¬
te raréfaftion vous trouverez lorfque
la matière le fera affaiffée qu elle aura
rempli toute la capacité de ce vaii-
feau, en laiffant çà & là beaucoup
d mterval par une infinité de fentes
qui font autant de folution de conti¬
nuité, qu’a occafionnées le refroi-
dilfement de la matière en fe reti¬
rant.
Vous féparerez de la Cornue lix
onces de matière biuimineufe, pref-
que feche & grenue , femblable à
celle que laifle le Réfidu de l’Æther
conduit prefque jufqu à ficcité.
• Dans cette décompofition de l’Æ-
ther, la matière bitumineufe paroît
être en plus grande quantité que dans
le Réfidu ordinaire, ce qui vient de
la petite quantité d’eau qui refte après
l’opération, laquelle n’efi; pas lufii-
fante pour délayer cette matière
comme cela arrive en faifant de l’Æ-
ther ; car alors le phlegme efi; fi abon¬
dant qu après l’opération il ne relie
pour ainfi dire qu’une Liqueur trcaw
ble.
13 ^ ^Dissertation
Seconde Dccompojîtion,
J ai mis dans une Cornue huit on¬
ces d’Æther, provenant de l’opéra¬
tion ci-de/Tus, j’ai verfé par-defTus
quatre onces d’Huile de Vitriol ; en
failant ce mélange j’ai trempé la Cor¬
nue dans un fceau d’eau fraîche, m’é¬
tant apperçu que la chaleur qui naif-
foit, quoique peu confidérable, fai-
loit difTiper en pure perte une grande
quantité d’Æther ; les phénomènes
de ce mélangé fe font préfentés exac¬
tement les mêmes que dans l’opéra¬
tion précédente, & fe font foutenus
de meme jufqu’à la£n de l’opération.
Jobferverai ici que les quarante
premières gouttes qm font tombées
dans le Récipient, lequel ne pouvoit
contenir que quatre onces de Li-
yieur, étoient réduites en vapeur^
dans 1 intérieur de ce vaiffeau, avant
quil en parut une feule fe fixer au
tond. Ce même phénomène que je
n ai point remarqué dans l’Expérien¬
ce antérieure, pourroit bien être ar-
nvé fans que je l’euffe obfervé.
SUR l’ÆtH E R. 139
Enfin cette opération a été fi fem-
blable à la première que j ai retire
cinq onces trois gros cl’Æther qui ne
difieroit en rien du précédent, & en-
fuite fix gros de Liqueur æthérée &
un peu fulphureufe comme ci-deiTus,
Cette Liqueur mife für Feau, m a
laifTé après l’évaporation de l’Æther
deux gros & demi âüHuile douce pa¬
reille à la première.
Sur la fin il s’eft aufii élevé des va¬
peurs blanches, il a diftille demie-
once d’Efprit fulphureux fous lequel
j’ai féparé deux gros & demi ^HuiU
douce , légèrement citrine, le Réfidu
s’eft bourfoftfilé comme le dernier.
Lorfque les vaifteaux ont été refroi¬
dis, j’ai féparé de la Cornue trois
onces deux gros de Bitume pareil au
précédent, il étoit feulement im peu
plus mol ; mais cette différence ne
vient que du plus ou du moins de
temps pendant lequel la chaleur s eft
confervée dans le fable.
Troijîème Decompojidon.
J’ai remis en diftillation quatre on¬
ces de cet Æther déjà décompofé
140 Dissertation
deux fois, & j’y ai joint deux onces
d’Huiîe de Vitriol. J’ai procédé com¬
me dans les Expériences précéden¬
tes , les phénomènes ont été abfolii-
ment les mêmes, l’Acide s’ed: mêlé
avec l’Æther, les points en forme de
Stries , le dépôt blanchâtre , &c.
ont eu lieu. J’ai retiré deux onces &
demie d’Æther, abfolument fembla-
ble aux précédens, la Liqueur de la
Cornue n’a pris qu’une petite couleur
ambrée, pendant la did-illation.
J’ai retiré encore trois gros de
Liqueur æthérée très-huileufe, point
llilphureufe. Cette Liqueur mife dans
1 eau a lailTé précipiter un gros &; de¬
mi d’Huile très-blanche, après que ce
qu’elle contenoit d’Æther a été éva¬
poré. • •
Après cette Liqueur j’ai retiré,’
comme dans les précédentes opéra¬
tions , un peu d’Efprit fulphureux,
fous lequel j’ai féparé trois gros
d Hiide douce, legerement citrine.
La maffe s’ed: bourfoufïlée à l’ordi¬
naire ; & lorfque les vaiffeaux ont été
refroidis, j’ai féparé delà Cornue une
once & demie de matière bitiimineiifè.
SUR L’Æ T h E R. I 4 E
Je n ai pas pouffé plus loin cette
décompofition ; mais on voit bien
qu’en Suivant ces Expériences j’au-
rois entièrement décompol'e rEf-
prit de Vin , comme la obfervé
Kunkel dans fon Laborat. Chymic,
page 704 & 488, par un moyen à
peu près femblable, ce que M. Stahl
recommande de répéter avec pa¬
tience {m).
Toutes ces Expériences prouvent
affez ce que nous avons dit fur la na¬
ture de l’Æther, 76) & au com¬
mencement de ces décompolitions,
puifqiie j’en ai retiré les mêmes prin¬
cipes que fournit l’Efprit de Vin dans
l’opération de l’Æther.
'Wf On doit faire attention ici que ces
deux Huiles douces, li différentes en
apparence, font cependant les mê¬
mes j elles ne différent entre elles
que par le temps où elles diftillent ;
la première n’eft point fulphureujfe,
& vient avec une portion d’Æ-
ther ; l’autre eff fulphureufe, parce
qu elle diftille avec cet Efprit fiuphii-
( rn ) Voyez M. Fort. Dijfertation de l’Acide Fif
ttiol^ne vin> fage
142 Dissertation
reiix : mais fi on lave cette fécondé :
Huile douce avec de l’eau légère-
ment chargée d’Huile de Tartre,
après une légère effervefcence elle
perd fa mauvaife odeur, & devient
blanche & fluide comme la première.
La matière bitumineufe mife en dif-
tillation ne m’a produit aucune efpece
d’Huile, je n’ai pu en retirer que de
l’Acide très-fiilphureux ; il eft refté
dans la Cornue une terre noire auflî
fixe que celle qui vient du Bitume
qu’on obtient en faifant l’Æther.
La quantité d’Acide Vitriolique
que j’ai employé pour faire chaque
décompofition, m’a paru être dans
des dofes convenables ; car les Acide^.
que j’ai retirés de chacune de ces opl^
rations étoient très-phlegmatiques,
lorfque je leur ai fait perdre, en les
expofant à l’air, ce qu’ils avoiçnt de
volatil fulphureux.
Afin de n’induire perfonne en er¬
reur, & de peur que quelqu’un ne
trouve du merveilleux dans cet Æ-
ther reébfîé trois fois, il efl bon de
dire qu’il n’efl pas meilleur que lorf¬
que je l’ai employé la première feis^
SUR l’Æ T h E R. 143
& au contraire pour être aufîi pur il a
befoin d’être reâifié à l’eau : il eft
fenfiblement plus acide que celui
dont je me fuis fervi dans mes Expé¬
riences , & ce même Æther reêlilié
trois fois, mis à brûler dans un pot,
comme je l’ai indiqué par la XXy
Expérience, a donné beaucoup plus
de filmée, & a laifTé dans le fond du
pot quelques gouttes de Liqueur fort
acide, qui précipite en jaune la dif-
folution de Mercure dans l’Efprit de
Nitre.
D&compojition de. VÆther Vitrïolique
par V Acide Nitreux,
L’Acide Nitreux bien flimant agit
avec une promptitude finguliere fur
l’Efprit de Vin, comme on le verra
lorfque nous parlerons de l’opération
de l’Æther Nitreux. Cet Acide n’agit
pas moins efficacement dans l’occa-
fion préfente.
Mêlez dans une bouteille forte ou
dans un flacon, une onçe d’Efprit de
Nitre très-fiimant, avec cinq ou fix
onces d’Æther Vitriolique ; mais fai¬
tes ce mélange à plufieurs reprifes, &
144 Dissertation '
avec beaucoup de ménagement, fans |
quoi il fe fait une très-grande effervef i
cence & un bouillonnement très-con- j
fidérable avec chaleur, qui fait fauter
le mélange prefque en entier. J’ai vû
dans une occafion pareille des bou¬
chons lancés à plus de vingt pieds de
hauteur, quoiqu’ils fiifTent de liège,
la Liqueur fortoit alors avec tant
d’impétuohté que cela reffembloit
parfaitement à un Eolipile pouffé
très-violemment.
On évitera tous ces inconvéniens
en faifant le mélange avec précau¬
tion , en tenant la bouteille dans de
l’eau très-fraîche, & la faifant refroi¬
dir chaque fois qu’on ajoute de l’Aci¬
de Nitreux : lorfque le mélange eft
fait les deux Liqueurs fe féparent &
l’Æther gagne le deffus, on peut le
féparer par l’entonnoir ; il eft d’une
couleur citrine , femblable à celle de
l’Æther Nitreux.
Les phénomènes qui fe préfentent
dans cette Expérience prouvent affez
que l’Æther Vitriolique eft décompo-
fé ; car la rapidité avec laquelle l’Aci¬
de Nitreux s’empare de fon phlegme
eft
SUR L’Æ T H E R. 145
eft la caufe de ce bouillonnement qui
eft infiniment plus violent & plus dan¬
gereux que le mélange de FElprit de
Vin avec cet Acide.
La belle couleur bleue de Saphir
que ce mélange prend, lorfque la
quantité d’Æther n efi; pas aflez gran¬
de pour noyer trop vite cet Acide,
efi; encore une preuve certaiüe de la
préfence de ce phlegme.
Cet Acide n’agit pas avec moins
de promptitude fur la partie huileiife
de l’Æther, il la rôtit, il la brûle,
rend cet Æther un peu plus épais
qu’il n’étoit auparavant ; c’efi; cette
Huile altérée par la chaleur qui fe
délaye enfiüte, & donne une couleur
citrine à toute la Liqueur. La décom-
pofition de l’Æther efi: fi bien, faite
dans cette Expérience, que l’Acide
qu’on en retire n’efi; plus fumant. Il
efi: phlegmatique, & a perdu fa cou¬
leur rouge ; ce Réfidu me paroît être
de la même nature que celui qu’on
fépare de l’Æther Nitreux, on en re¬
tire un phlegme acidulé qui appro¬
che beaucoup de la nature du vinai¬
gre difiillé, mais qiii'n’en efi: pas.
146 Dissertation
J’ai démontré affez amplement que
toutes ces Liqueurs aceteufes n’ont
pour toutes propriétés de vinaigre
que l’odeur feulement, & quil feroit
abfurde de dire que ce vinaigre eft
formé par une tranfmutation de quel¬
ques-uns des Acides minéraux en Aci¬
de végétal.
Revenons à notre efpece d’Æther
Nitreux fait par le mélange dé l’Æ-
ther Vitriolique avec l’Acide Nitreux.
Il a fon odeur d’Æther ordinaire &
de vinaigre radical, tirant un peu fur
celle du Sôufre, mais cette derniere
eft très-légere. .
Le véritable Æther Nitreux doit
être plus fuave, fon odeur eft fraî¬
che , favoneufe ; il efr bien différent
de l’autre.
Si l’on met de l’un & deFautre dans
de l’eau, qu’on agite bien le tout, le
véritable Æther Nitreux fe ramaffe
toujours en une feule maffe de Li¬
queur , & l’autre fe raffemble en gros
globules, plus reffemblans à une Hui¬
le effentielle qu’à de FÆther, & ne
perd prefque rien de l’odeur qu’ilavoit
^vant. Le véritable Æther Nitreux
SUR l’Æ T H £ R. 147
ne perd rien non plus de la Tienne,qui
efl très-agréable ; ces dhîérences dans
les odeurs ne peuvent être bien fenli-
bles qu’aux ConnoilTeurs ; mais en les
comparant l’ime avec l’autre, il n’y a
néanmoins perfonne qui ne les re¬
marque.
Il arrive quelquefois qu’en mettant
de l’eau avec le faux Æther Nitreux,
la couleur citrine fe perd entière¬
ment , cela vient alors de ce que la
quantité d’Acide Nitreux fumant
qu’on y a mife, n’a pas été affez gran¬
de pour rôtir fuffifamment l’Huile de
Vin contenue dans l’Ætlier.
Je n’ai pas pouffé mes Obferva-
tions plus loin fur la différence qu’il
y a entre ce faux Æther Nitreux & le
véritable, j’ai cependant été bien aife
d’infiffer pour faire voir que cette
différence eff affez grande pour qu’on
fe mette en garde contre la cupidité
de ceux qui voudroient en faire ufage,
& pour faire voir auffi au Chymifte,
dont j’ai parlé dans le Difcours Hif-
torique , que c’eff fans fondement
qu’il a voulu inffnuer dans le. Public
que je faifois mon Æther Nitreux de
façoq* O
14S Dissertation
Après avoir prouvé par un grand
nombre d’Expériences que TÆther
& rEfprit de Vin ne font qu’une feule
& même chofe, & qu’ils ne différent
que .par le dégré de concentration de
la partie fpiritueiife & inflammable,
( piiifque Tune & l’autre Liqueur prq-
duifent les mêmes effets, mais relati¬
vement à leurs degrés d’évaporabili-
té , qui efl bien plus - marquée dans
l’Æther.) Pré’fentement je vais exa¬
miner les effets de l’Æther far diffé¬
rentes fubftances tirées des trois Ré¬
gnes ; pour cela j’ai rangé ces matiè¬
res par ordre alphabétique, afin de
rendre ce travail moins embarraf-
fant. Toutes les drogues fimples ont
été employées féches. Je n’ai fait au¬
cun effai fur les plantes vertes, ce qui
cependant n’auroit pas été moins cu¬
rieux,&auroitdoni:£ lieu de confron¬
ter lesréfiiltats qu’auroient donné ces
matières prifes flans différens états :
mais ce travail eff déjaaffez confidé-
ble;je laiffe ces doubles Expériences
à quiconque les voudra faire.
J’ai déjà dit ailleurs que je ne me
fuis fervi que d’Æther très-reêhfié
SUR l’Æ T H E R. 349
pour faire mes Expériences ; c'efl^ le
même que j’ai employé pour faire
celles-ci. Je fais cette remarque parce
que j’en ai répété plufeurs avec cle-
l’Æther qui étoit moins redifié, &
j’ai eu des produits bien diiférens ;
c’ef-à-dire, qu’avec de l’Æther mal
redifîé, on* extrait de quelques-unes
des matières décrites ci-après ,
des teintures prefque aulîi char¬
gées que fl elles étoient faites avec
de l’Elprit de Vin pur , tandis qu’a¬
vec de l’Æther très-redifié on ne tire
prefque rien de ces mêmes fubfances.
La propriété que l’Æther a de nager
fur l’eau eft une preuve fort, équivo¬
que pour juger de fon dégré de redi-
fication, comme je l’ai fait voir pré-
cédeaiment.
Dissertatio^t
ÉTAT
'des MATIERES Mine RALES,
Vigêtales & Animales , rangées par
ordre alphabétique, fur lefquelles VÆ~
ther Vitriolique a été ejfa^é , foie pour
la diffoudre entièrement , foit pour eit
extraire la teinture feulement.
_Àbsynthe, (Les feuilles d’)rÆ*
ther en tire promptement une tein¬
ture verte.
^ Accacia, (Le fuc d’) il ny fait
rien, même par le féjour.
Agaric , il en tire promptement
une teinture citrine.
Aloès , il en tire d’abord ime tein*
ture très-légere, qui par le féjour ne
devient que comme une teinture d’or.
Amandes douces , il ny fait rien
d’abord ^ & très-peu de chofe par le
féjour.
Ambre gris, il en tire rapide¬
ment une teinture citrine, & le dif-
fout prefque entièrement par le fé-
joilTo
SUR l’Æ T H E R. 151
Angélique , ( La femence d’) ne
donne prefqiie point de teinture d’a¬
bord , ét par le féjoiir la Liqueur n’ac¬
quiert qu’une legere couleur citrine.
Anis , ( La femence d’) fait d’a¬
bord une teinture laiteufe, & par le
féjoiir eile devient un peu plus char¬
gée que la précédente.
An T IM 01 NE , il précipite en blanc
la diffolution du Régule d’Antimoine
faite par l’eau Régale : il ne fait rien
au Soufre doré d’Antimoine.
Argent , il précipite en blanc la
diffolution d’argent de Coupelle faite
•par l’Elprit de Nitre, fans en rien re¬
tenir.
.,.Arum , (Racine d’) il eh tire peu
de chofe d abord, de même par le
féjour.
]B Aume de Canada ,*il eft diffout
fur le champ, cette folution eff tranf-
parente.
Baume de Copahu, Idem.
Baume de la Mec q , il eft diffout
fur le champ, mais cette folution eft
un peu louche ; il fe forme par le fé-
^our un très-leger dépôt blanchâtre,
G iv
J‘ji Dissertation
de meme que lorfqu’on le fait dilTou-i
dre dans de rEfprit de Vin.
Baume noir du Pérou, il eft
difîbiit fur le champ, & laiffe dépo-
fer une matière noire adhérente à la
bouteille.
Baume sec du Pérou, il elî: dif-
fout promptement, cette foliition eB:
un peu louche ; il fe précipite une
matière blanchâtre.
Bayes de Genievre entier ,
rien d abord, il n’en tire qu’une le-
gere couleur citrine par le féjour.
Bayes de La urier , il agit fur le
champ, la teinture eB citrine, & n’en‘
tire prefque rien de plus par le féjour.
Bdellium , une legere couleur
citrine d abord, qui fe charge peu
par le féjour; la diBblution de cette
gomme n’eB point complette.
Benjoin, il le diBbut prompte¬
ment , & la teinture n’eB: giiere co¬
lorée.
Blanc de Baleine, il le diBbut
en grande partie, enfuite il le dépofe
fous la forme d’une criBallifation, fi
on le laiBe tranquille.
Bleu de Prusse , il n’en tire qu’u¬
ne legere teinture.
SUR L’ÆT H E R. 153
Bois d’Aloès râpé, il en tire
une teinture citrine qui n’augniente
pas beaucoup par le féjour.
Bois de Buis râpé , il n a rien
tiré, même par le lëjour.
Bois de Gayac , la teinture quil
en tire eft infiniment moins chargée
que fl elle étoit faite avec de l’Efprit
de Vin.
Bois de GENiEVRE,prefque rien,
même par le féjour.
Bois Néphrétique , il n’a rien
tiré , même par le féjour.
Bois de Rhodes, une teinture
très-légere fur le châmp qui n’au¬
gmente guère par le féjour.
Bol d’Arménie , il n’a point fer¬
menté avec, & n’a procuré aucune
couleur.
C Achou brute, il n’en tire qu’u¬
ne légère couleur jaune d abord, &
qui n’augmente guere par la fuite.
CAMOMiLLERoMAiNE(Fleursde)
une très-légere couleur citrine, le
féjour n’a prefque point fait de diffé¬
rence.
Camphre, il le diffout tres-rapi-
Gv
J ')4 I^ISSERTATION
dement fans rien laiffer précipiten
Canelle , prefque point de tein¬
ture d’abord, & à peu près de même
par le féjour. Il précipite la teinture
de Canelle faite par l’Efprit de Vin,
fous la forme d’une poudre d’un
beau rouge fans prefque en retenir
de couleur.
Cantharides ,(Les Mouches)
très-peu de couleur d’abord, & par
le fjjour une très-legere couleur
verte.
Casse , ( La Pulpe de ) n’a d’abord
rien communiqué, & par le féjour
une très-légere couleur de paille.
Castor, il en tire une teinture
rouge a’abord, cette teinture ed très-
chargée par le lé jour ; mais elle ne
i’ed; pas autant que lorfqu’elle ell
faite avec de l’Elprit de Vin.
Carmin , n’a communiqué qu’une
très-légere couleur rouge, & la pou¬
dre s’efl précipitée.
Carvi , ( Semence de ) prefque
rien , même par le féjour.
Chamœdrix, (Les feuilles de)
ont communiqué une teinture verte
fur le champ, mais cette teinture eft
SUR L’Æ T h E R. ï 5«Ç
moins colorée qu’avec de rEfprit de
yin.
Cire blanche, il la délaye peu
à peu, & forme une diffolution trou¬
ble qui reffemble à du lait.
Cire jaune , il femble qu’il agit
plus vite fur celle-ci que fur la cire
blanche ; la diiTolution ell trouble
comme la précédente , & l’Æther
retient une très-legere couleur ci-
trine.
Cochenille , n’a communiqué
aucune teinture, même par un féjoiir
affez long. Il précipite fous la forme
d’une poudre rougeâtre la teinture
de Cochenille faite par FEfprit de
Vin, & ne retient qu’une très-legere
couleur vineufe. De l’Huile de Tartre
par défaillance ajoûtée à^un pareil
mélange a fait précipiter le peu de
teinture que l’Æther avoit retenue :
l’Huile de Vitriol employée au lieu
d’Huile de Tartre a fait le même effet
fur un pareil mélange.
Coq du Levant, n’a rien com¬
muniqué , même par le féjour,
C OLAP H ANE, il la diffout promp¬
tement fans rien laifler précipiter,
G vj
1^6 Dissertation
^ Coloquinte, très-peu de cîiofe
d'abord, & qui augmente peu par le
ièjour.
CoNTRAHYERVA, ( Racine de)
rien d’abord, & très-peu de chofe
par le féjour.
Corail rouge, j’en ai mis plii-
fieurs brins dont la conleur n’a nulle¬
ment été altérée , même par le fé¬
jour.
Coriandre , ( Semence de ) pref-
que rien , mênîe par le féjour.
Corne de Cerf râpée, rien,
même par le léjour.
Costus Arabique, (Racine de)
prefque point de teinture d’abord,
& très-peu de chofe par le féjour.
. Cuivre, il tire une très-legere cou¬
leur bleuê de la diifolution du cuivre
faite par l’Efprit de Nitre;mais qui efl
rendue bien, fenfible fi on y ajoute
cpieîque^ gouttes d Efprit,volatil de
Sel ammoniac, alors il s’en défailk
entièrement.
Cumin, ( femence de) prefque rien
d’abord , &très-peu de chofe par le
féjour.
Cynoglosse, ■( Racine de ) ne
SUR l’Æ T H E R. Ï57
Idonne aucune teinture, même par le
féjour.
J^Llébore blanc , ( Racine d’)
rien d’abord, & très-peu de cliofe
par le le jour.
Ellébore noir, Idem.
Elixir ViTRiOLiQUE de Myn-
SICHT, il décharge prodigieufement
la couleur de cet Elixir par le l'éjour.
Encre a écrire , elle ne lui a
point communiqué de couleur.
Esprit de Nitre fumant, j’ai
rendu compte de les effets furl’Æther,
pa^e\A,^.& fuiv.
Esprit de Tartre non-recti-
EiÉ, il n’en tire qu’une très-foible
couleur rouffe.
Euphorbe, a fourni une teintU’
re laiteufe fur le champ,elle efl reliée
de même par le féjour fans qu’il y ait
eu de diffolution parfaite.
Fenouil, (Semence de) pref-
que rien d’abord, Sr très-peu de cho-
fe par le féjour.
Fer , il tire une teinture citrine
aune forte diffolution de fer faite
Disse ïiTATioN
par rEfprit de Nitre ordinaire.
Fleurs Martiales , il tire de ces
fleurs une couleur citrine fort agréa¬
ble à la vue.
CjAlanga , ( Racine de ) très-peu
de chofe, même par le féjour.
Garance , ( Racine de ) il en tire
une couleur d’or d’abord, qui au-
g mente un peu par le féjour,
Gentianne , ( Racine de ) rien
d’abord, & très-peu de chofe. par le
féjour.
Gingembre, (Racine de)peu de
chofe d’abord, la teinture eft un peu
ambrée par le féjour.
Gerofle , (Cloux de ) n’ont com¬
muniqué aucune teinture, même par
le féjour.
Gomme Élemy, elle y ell dif-
foute entièrement en fort peu de
temps.
Gomme Ammoniac , a donné
une teinture laiteufe peu chargée fans
que la diffolution fût complette.
Gomme animee , elle s’y ell dif*
foute promptement fans rien lailTer
précipiter.
SUR l’Æ T H E R. Îf9
Gomme Arabique, rien, même
par le féjour.
Gomme Caragne , donne une
teinture noire d’abord, & lailTe pré¬
cipiter une matière qui n’eft point
dilToluble.
Gomme Copal , elle blanchit d’a¬
bord très-légerement, elle y renfle
prodigieufement, elle y efî: divilee
comme par lambeaux gélatineux ; je
l’ai mile entière ou en gros morceaux
fans qu’il parût une diffolution bien
marquée.
Galbanum , la teinture efl; blan¬
che d’abord, elle devient citrine par
le repos, fans qu’il y ait diffolution
complette.
Gomme Gutte , elle ne donne
qu’une teinture citrine, couleur d’or;
la gomme fe gonfle fans fe diffoudre.
Gomme Lacqueplatte, une le-
gere teinture citrine ; elle fe gonfle
de même que la gomme gutte fans
fe diffoudre.
Gomme de Lierre , prefque rien
d’abord, & par la fuite une teinture
rougeâtre, fans que la diffolution foit
complette.
î Dissertation
Gomme Tacamahaca, donne
Une teinture trouble citrine d’abord ;
ia diffolution ed: complette, il ne fe
précipite que des impuretés.
Graine d’Avignon entiere ^
n a rien donné d’abord, & par le fé-*
jour une très-legére couleur verdâ¬
tre.
Graisse de Porc , il la pénétre
& la délaye promptement, & forme
une matière qui reffemble à du lait,
& à du lait caillé lorfqu’il y a répara¬
tion.
Grenades, (Les fleurs de) pref-
que rien , & par le féjour elles n’ont
communiqué qu’ime très-légere cou¬
leur de paille.
Hématites préparée, ( La pier¬
re ) elle n’a rien communiqué, mê¬
me par leféjour.
^ HermodaCtes , n’ont rien four¬
ni, même par le féjour.
Huile d’Amandes douces, elle
efl diffoiite fur le champ.
Huile animale de Dippel très-
RECTiFiÉE,il difToutfur le champ cet¬
te Huile,& le mélange prend une très-
SV R l’Æ T H E R. l6l
îegere couleur citrine ; mais quelques
jours après cette couleur devient bru¬
ne, le mélange relie tranlparent ; il
fe précipité une matière noire gom-
meiife.
Ce précipité mériteroit bien la pei¬
ne d’être examiné, car je le crois
être le principe qui colore cette Hui¬
le , ce qui oblige d’employer tant de
reélifîcations pour le féparer : com¬
me j’ai un travail fuivi fur cette ma¬
tière , j’ai déjà remarqué quelque
chofe d’à-peu-près femblable, mais
par une autre voie, qui m’a fait trou¬
ver le moyen d’avoir, avec le fecours
feulement de deux reaifications,cette
Huile prefque aiilfi belle quelle piiilTe
être. L’Huile animale reailiée ainli
très-facilement, par la nouvelle mé¬
thode dont je parle, a de plus la pro¬
priété de fe conferver limpide & blan¬
che beaucoup plus long-temps que
celle qui eft préparée par la méthode
^ ordinaire , quoi qifon lui faffefubir
jufqu’à foixante reaifîcations, comme
on le recommande tous les jours.
Huile essentielle D’ANis,illa
diflbut très-facilement.
«
ï(32 Dissertation
Huile essentielle de BERCA-i
MOTTE, Idaii.
Huile de Cade, il la diffoiid fur
le champ, le mélange eft tranfparent
& d une couleur rouge foncée.
Huile essentielle de Camo¬
mille ^ la dihblution eh: un peu lai-
teiife.
Huile essentielle de Cédra,
elle eh dilfoute for le champ.
Huile essentielle de Citron,
le mélange eh un peu laiteux.
Huile essentielle de Geniè¬
vre, Idem.
Huile de Gerofles d’Hollan¬
de , il la dihbut for le champ.
Huile de Lin par expression,
ET TRÈS-EPAISSE PAR VETUSTE , eh
dihbute for le champ, ce mélange eh
tranfparent.
Huile de Navette par expres¬
sion , elle eh dihbute for le champ.
Huile d’Olive , Idem.
^ Huile essentielle de Fleurs
D Oranges 5 elle eh dihbute for le
champ.
Huile de Pétrol très-recti-
FJÉE 5 elle eh dihbute plus dihicile-
I
SUR l’Æ T h E R. ^
ment qu’elle ne Tell par de lEfprit
de Vin très-re£lifîé.
Huile essentielle de Roma¬
rin, elle eft diffoiite fur le champ.
Huile essentielle de Sabine,
Jdcm.
Huile essentielle dEstra-
GON, Idem.
Huile de Succin très-recti-
FIÉE , il dilfout plus difficilement
cette Huile bien reftihée que ne fait
FEfprit de Vin très-reûifié , qui la
diffiout fur le champ.
Huile de Térébinthine , elle
eft diffoute fur le champ fans rien
troubler.
Huile essentielle de Thym,
Idem.
Huile de Vitriol , j’ai rendu
compte de fes effets , page 13 3 &fmv.
Huile douce de Vitriol, il
diffout fur le champ cette première
Huile de Vin, de même la fécondé
quoiqu’acide & fulphureufe. Ces me¬
mes Huiles épaiffies par vétufté ne
font pas diffolubles avec la même fa¬
cilité , elles blanchiffent un pei*.
î64 Dissertation
^Alap , ( Racine de ) donne très-peii
de teinture d abord, de même par le
féjoiir.
Indigo, il en tire une teinture
rouge affez foncée, la matière qui
n efl point diffoute devient prefque
noire; fi Ton en frotte fur du papier
blanc, elle ne donne prefque point de
couleur ; ti 1 on en humeêle un peu
avec de l’eau ou avec de la falive,
& qu’on la frotte enfuite fur du pa¬
pier , la couleur efl plus éclatante
que celle de l’indigo qui n’a point
trempé dans l’Æther.
Ipecacuana , (Racine d’) rien
d’abord, & très-peu de chofe par le
féjour.
Iris de Florence, (Racine d’)
rien, même par le féjour.
Karabé entier , il l’écarte, en
didout une très-petite partie qui ne
nu communique, même par un long
lejour, qu une teinture très-peu colo¬
rée ; ti de l’Æther féjourne long¬
temps fur du fuccin entier, il le pé¬
nétré de maniéré qu’il le rend à la
SUR l’Æ T H E R, 1^5
longue molaffe & pliant comme de la
.cojne ; lorfqu on frotte légèrement
entre les doigts ce fiiccin ainli ra¬
molli , il tombe en pouffiere : en le
lliçant avec la bouche on en fait for-
tir TÆther comme d’un faifceau de
tuyaux capillaires, Ce fuçcin expofé
à l’air redevient preiqu’aiifîi lolide
quil étoit auparavant.
Karabé rorphirisÉ, il en tire
une affez belle teinture furie champ,
mais la diffolution n’eft pas com-
plette.
Karabé a moitié brûlé , il en
tire une teinture brune tres-foncée,
qui fait un bon vernis.
Kerjviés, 'Graines de) une très-
légere couleur de rofes d’abord, qui
ne devient que peu ambrée par le
. féjour.
Kinkina , une teinture blanchâtre
d’abord, 8c prefque rien par le féjour,
Lavanpe , ( Les fleurs de ) rien
d’abord, & par le féjour une très-lé-
gere couleur d’Olive brillante.
Lilium de Paracelse , il en al¬
téré beauçoup la couleur, il fe mêle
i66 Dissertation
avec, & ce mélange n’a qu’une cou^|
leur de rôles pâles. |
Lin , ( Semence de ) la teinture ell !
d abord laiteufe, & elle devient un !
peu ambrée par le féjour.
Laudanum liquide de Syde- Î
NHAM , ne s’ell point mêlé avec VÆ^
th^, ne lui a prefquè point corn-*
muniqué de couleur.
le Ther
œnomecre ;
1 5 dégrés au
idcirus de zé-
A c is O U Fleur S DE Mus c ADE^:
rien d abord, & très-peu de chofe
par le féjour.
Manne en larmes , elle y ell:
redée telle que je l’avois mife fans
rien communiquer.
^ Mastich en larmes , il a été
dilTout très-promptement.
Mercure, (La dilTolution de)
faite par l’Efprit de Nitre, ell préci¬
pitée en jaune couleur de turbith.
Mercure sublimé corrosif,*
demie-once d’Æther dilTout un gros
& dix-huit grains de ce fublimé alfez
promptement, avec un très-leger
mouvement d’effervefcence ; fi ony
ajoute du Sel ammoniac non-purihé,
& bien féçhé ^ il fe fait lui précipité
SUR l’Æ T H E R, 167
blanc ; fi on continue d’çn ajouter on
parvient à faire précipiter tout le fu-
blimé corrolif que FÆther aveit dif-
fout, fans quil retienne rien du me-'
lange en didblution ) c’eft un précipû
té blanc fait à fec, parce que l’Æther
n ed: pas un véhicule propre à le dé¬
layer , ni à tenir le Sel ammoniac en
dilfolution ; ainfi on peut dire, le Sel
ammoniac a plus d’affinité avec le fii-
blimé corrolif, que le fublimé corro-
fif n’en a avec l’Æther Vitriolique.
Si ,à de la didblution de fublimé
corrolif faite par FÆther, on ajou¬
te de FHuile de Tartre, il fe fait un
beau précipité, couleur de chair, par-
femé d’ime infinité de petits points
rouges ; ce précipité reffemble plutôt
à un coagulum qu’a toute autre cho-
fe ; fi l’on y ajoute de feau pour le
délayer, ce précipité prend par nuan¬
ces infenfibîes une coideur rouge
brune foncée.
Moutarde , ( La femence de , )
communique à FÆther une legere
couleur citrine, & par le féjour elle
devient paflablement foncée.
Myrrhe, elle ne donne qnune
î68 Dissertation
t3mture citrine parle féjour fans s^ÿ
cliffoudre.
O Pi U M, une teinture blanchâtre
d’abord qui ne devient par le féjour
que très-peu colorée, en comparai-
fon de la teinture qu’on en retire avec
PEfprit de Vin ; l’Æther altère meme
la couleur de l’opium, lorfqu’on l’y
plonge, plus que ne fait l’Efprit de
Vin, il lui donne une couleur grile
blanchâtre.
Opopanax , donne une très-belle
couleur citrine d’abord qui devient
ambrée par le féjour, lans que la dif-
folution foit parfaite.
Or, l’Æther s’empare furie champ
de tout l’or diffout dans l’eau régale,
& prend «ne belle couleur jaune ; il
ne le laiffe pf écipiter qu’à mefure qu’il
s’évapore, fi on laiffe faire cette éva¬
poration à l’air libre, mais fur l’eau
régale ; après que l’Æther eû diffipé,
la diffolution eff prefqiie tel qu’elle
étoit auparavant, parce que l’or eff
rediffout par cet acide, à mefure que
l’Æther le dépofe pendant fon évapo¬
ration.
SUR l’ Æ T h E R. 169
J’ai mis en diiliilation au feu de
lampe deux onces de cette teinture
d’or, féparée exademenfde l’eau ré¬
gale. Après que l’Æther a été diflilié,
une partie de For s’eft précipitée fous
la forme d’une poudre qui a voit tout
le brillant métallique, & qui en effet
etpit de For reffufcité ; l’autre étioit
f:eiaûe en diffolution par un peu d’eau
régalé que FÆther. avoit; entraînée
avec lui ; aucune particule d’or n’a
monté pendant la dilHllation, comme
quelqu’un l’a prétendu.
On peut s’affurer que FÆther a
enlevé tout l’or de l’eau régale en fa-
turant cet acide savec un alkali ; s’il
fe fait quelques précipités, c’eft qu’oii
a mal opéré : car il ne doit rien reder
dans l’eau régale, comme je m’en fuis
afliiré.
Si.Fon verfe de l’Huile de Tartre
àffoiblie fur cet Æther;, ainfi chargé
d’or,c& qu’on agite bien le tout, on
s’appérçoit que FÆther a perdu fa
belle couleur, & que For a paffé dans
cette Liqueur alkaline fans être préci¬
pité fous une couleur jaune qui peu à
peu devient légèrement purpurine.
H
170 Dissertation
J’ai étendu cette Liqueur dans un peu
d’eau, l’or ne s’eft précipité que le
lendemain fous la forme d’une pou¬
dre brime.
Il m’eft arrivé une fois dans le nom¬
bre des différens effais que j’ai répé¬
tés pour recommencer cette Expé¬
rience., d’avoir eu ma Liqueur alkali-
ne teinte d’une couleur purpurine,
fans que j’aie pu y revenir, & fans
avoir employé autre chofe que les
mêmes matières indiquées ci-deffus.
Tous ces précipités lavés & féchés
ne fulminent point, quoiqu’ils foient
de l’or précipité par î’alkali fixe.
Si l’on verfe de l’Efprit volatil de
Sel ammoniac fiu: cette teinture d’or
îethérée, il fe fait im très-beau préci¬
pité jaime, qui bien lavé & féché efl
de l’or très-fiilminant.
Tous ces phénomènes afTez remar¬
quables me paroifTent très-difficiles à
expliquer ; car l’or difibut dans l’eau
régale & précipité, par l’alkali fixe ou
l’alkali volatil, paroît être fulminant
à peu près également, & il efi: bien
fingulier que lorfque ce même or a
paffé dans l’Æther, il n’y ait que l’ai-
SUR l’Æ T h E R. 171
kali volatil qiii lui communique cette
propriété en le précipitant.
Si Ton met dé cet Æther ainfi char¬
gé d’or, fur une lame de fer polie, il
la dore très-bien, & la dorure relie
alTez long-temps malgré le fervice.
Orc ANETtE, (Racine d’) il en tire
fur le champ une très - belle couleur
rouge ; j’en ai mis un gros infiifer pen¬
dant un jour dans une once & demie
d’Æther, cette teinture bien tranfpa-
rante , mife à dilliller au bain-marie,
a lailTé dans la cucurbite une matière
rélineufe d’un rouge brillant, indif-
foluble dans l’Eau.
Orseille , il n’en tire qu’une lé¬
gère couleur de rofe ; mais li l’Æ-
ther ed mal rèâ:ifîé, il en tire une
teinture aulîi chargée que li elle étoit
feite avec de l’Efprit de Vin.
P Areîrabrava , ( Racine de )
rien, même par le féjour.
Pavot rouge , ( les Fleurs de )
Idem,
Pistaches , une couleur verdâ¬
tre d’abord, qui augmente par le
féjour.
Hij
Dissertation
Poivre blanc , une teinture lai-
teuf’e d’abord, qui devient bien peu
citrine , par la fuite.
Poivre de Guinée , une très-
belle couleur d’or d’abord, & qui aug¬
mente par la fuite.
Poivre de la Jamaïque , une
couleur de paille d’abord, qui de¬
vient verte & peu chargée par lefé-
îour.
Poivre long, ime teinture lai-
teufe , qui devient à peu près de
même que la précédente.
PoLiPODE DE Chesne , ( RacW
de ) par le féjour, il a donné une
très-légére couleur citrinç.
Poix DE Bourgogne , elle elt
diffoute promptement, & ne laiïïe
précipiter que des impuretés;.
Poix NoiRE,elle donne une forte
teinture noire fur le champ, & laiffe
précipiter un léger dépôt de la lÀè-
me couleur.
Poix RÉSINE , elle ed: diffoute
pfomptement, & ne laiffe précipiter
que des impuretés,
Ptrethre , (Racine dç ) par le
féjour elle a donné une très-légére
couleur citrine.
s t 7 R L*Æ T h Ë R. Ï73
I^Egltsse, (Racine de) une légère
couleur, qui devietit un peu citrine
par le féjoiir.
Rhue , (les feuilles de ) donnent
une très-belle teinture verte, il altère
un peu la couleur des feuilles.
Rhubarbe , n’a donné qu’une
couleur citrine , affez 'foible en corn-
paraifon de ce qu’elle donne dans
î’Efprit de Vin.
Romarin , ( les feuilles de ) une
légère couleur verte d’abord , qui
fe fonce peu à peu, mais moins qu’a¬
vec l’Efprit de Vin.
Rb UC O U, il en tire fur le champ
une forte teinture rouge, couleur de'
Saffran.
Roses rouges de Provins,
elles perdent promptement leur cou¬
leur fans la communiquer à l’Æther ;
fl on y ajoute de l’huile de Tartre ,
il fe précipite une matière gluante
& les feuilles verdiffent un peu.
iSabîNe( les feuilles de ) ne don-'
nent prefque point de teinture d’a--^
bord , peu à peu elles donnent iiiie
H iij '
174 Dissertatioi*
couleur verte, mais infiniment moin¬
dre qu avÊç de FEfprit de Vin.
Saffran Batar, ou fleurs de
Cartame , une très-légere couleur
d’or qui n’augmente guéres parle fé-
jour.
Saffran Gatinois, il n’en tire
qu’une légère couleur ambrée 5 & il
altère beaucoup la couleur des éta¬
mines ; il précipite fous lafprme d’u¬
ne matière gommeufe liquide, la tein¬
ture de Saffran faite par l’Efprit de
Vin, & n’en retient qu’une légère
couleur ambrée,
Sagapenum , ne fournit par le fé^
jour 5 qii’ime teinture légère , cou¬
leur de pRille fans que la diffolutioa
foit parfoite.
S4.NDARAC , il eff diffoiit entiére-
ment en fort pen de temps.
Sang de Bouçtin, ne donne
qu’une teinttire tres-peu colorée *
meme par Je féjour.
Sang de Dragon,en roseaux,
il donne une forte teinture rouge fur
le champ mais la diffplutipn n’eff
pas cpmplette.
Santal Citrin , (Bpisde ) pres¬
que rien j n\ême par le féjour.
SUR l’Æ T h E R. 175
Santal rouge, ime belle cou¬
leur diin rouge pâle qui n’augmente
guérespar la fuite.
Sassafras , rien d’abord , & par
Je féjour une légère couleur de paille
ambrée.
Savon blanc , il le pénétre lé¬
gèrement d’abord, & par le féjour il
n’y feit prefque rien.
SCAMMONÉE, fait ime teinture
laiteufe, qui devient ambrée par le
féjour fans que la diffolution foit
çomplette.
Sel VOLATIL de Succin cris-
talisÉ , il n’a auciui accès fur ce Sel.
Sels volatils ürineüx , il fait
criftallifer c^ Sels (Mous dans l’eau,
bien moins cependant que ne le fait
l’Efprit de Vin. M. Pott dit à cette
occafion (jifil ne forme point avec
eux un Sel fecret de Glauber, je ne
Fai point eôâyé.
Le même M. Pott a remarqué ,
i^pcLge \ % de. fa Diffcrtaüon ,) que fi
on approche deux vafes Fun contre
l’autre, l’im d’Æther, & Fautre d’Ef-
prit volatil de Sel ammoniac, les va¬
peurs qui s’en exhalent en fè joignant
Hiv
176 Dissertation
font une fumée très-vifible, mais cette
Expérience réuffit mieux fi l’on met
l’embouchure d’un flacon d’Æthér
dan^Tin Verre iqui contienne de TEf-
prit volatil, ou bien l’effet efl encore
plus fenfible fi vous verfez dans un
flacon un peu élevé qui contienne de
fÆrher, de J’Efprit volatil ; alors il
s’élève une fiimée blanche, fprt'épâif-
fe, qiii remplit entièrement le flacon.
Les eÿîrits de corne de eerfy de fàng
humain, de foie crue, de ^viperes,
font le même effet, & je crois que
tous les Efprits volatils tirés du Régne
animal le féroient également.
Sel sédatif cristalisé, il ne
fait rien fur ce Sel, & ce Sel ne com-^
munique rien à fa flamme, comme ij
fait a celle de l’Efprit de Vin ; fur la
fin cependant il paroît que la flamme
efl un peu cqlorée.
^ Semen contra , prefque rien
d abord, par le féj ourla teinture efl
d’une légère couleur ambrée.
Squine , ( Racine de ) rien ^ même
par le féjour.
Soufre, (Fleurs de) rien, même
parle féjour. :
SUR T H E R. 177
- Syrop VIOLAT , il ne change
point la couleur du Syrop violât : s’il
ell arrivé à M. Poît de Yoir que l’Æ-
ther rougiffoit ce Syrop, cela ne peut
venir que de ce qu’il s’ell fervi d’un
Æther, qui apparemment n’étoit pas
fl bien redifîé que le mien. Vfti
Dijfertation J page 168 .
"V"ErmiLlon ou Cinabre prépa¬
ré , il n’en tire aucune couleur.
Vinaigre de Saturne , il le pré¬
cipite en blanc.
Il réfulte de ces Expériences que
l’Æther n’eft point une menftrue qui
foit univerfellement propre à extraire
& à diflbudre toutes les fubftances
utiles des végétaux & des animaux ,
comme pluheurs Chymifles l’ont
avancé affirmativement ; il agit fur
ces mixtes fuivant leur nature, &
femblable aux autres Liqueurs, il n’a
d’autres propriétés que celle d’extrai¬
re & de diffoudre des corps les fiib-
ftances qui lui font analogues ; mais
la facilité avec laquelle il diffout la
plûpart des Huiles graffes & effentiel-
les m’a fait appercevoir que cette Lb
Hv
ïjS Dissertation
gueur poiirroit être employée avec
fuçcès pour la compofition des ver-
lûs, du moins le peu d’Expériences
que j en ai faites m’ont affez bien
réuiîi, & je fuis perfuadé que les per-
fpnnes qui s’en occupent trouveront
gmplement de quoi fatis&ire leur eu-?
riof té, en failànt leurs vernis avec
cette Liqueur.
En réfléchilTant préfentement fur
la propriété qu’a l’Æther de diffou-
dre les Huiles, & fur la difficulté
qu’il a à fe colorer par pluüeurs des
matières qui font employées dans
la teinture des étoffes, cela devoit
me conduire naturellement à faire
des tentatives pour fçavoir li cette
Iffqueur n’auroit pas la propriété
denlever des étoffes les taches de
graiffe auxquelles elles font expofées
fféquemment, & cela fans en alté¬
rer les couleurs, ces conjedures font
devenues des certitudes ; mais com¬
me je n’ai pas pouffé ces recherches
fort loin , je n’affure pas un fuccès
également bon fur toutes fortes d’é-?
toffes. Je n’ai fait mes Expériences
que fur des taffetas très-légers que
SUR l’Æ T h E R. 179
l’on nomme Taffstas de Florence , demi-
Florence , & de Tours , les couleurs
étoient le bleu, le blanc, le couleim
de rofe, le jaime & le violet ; les
étoffes de drap ont été Vécarlate , U
noir : je les ai toutes tachées féparé-
ment avec de l’huile, du ffiif, de la
graiffe de porc, & du cambouis, je les
ai même fait chauffer un peu, afin que
ces matières les pénétraffent forte¬
ment, j e les ai trempées enfuite dans de
l’Æther Vitriolique bien redifié,en les
frottant très-légérement ; lorfqifelles
ont été bien dégorgées je les ai lavées
dans de nouvel Æther pour achever
de les nettoyer entièrement ; ces ta¬
ches graffes ont entièrement dilpa-
ru, & les couleurs de ces étoffes
n’avoient fouffert aucime altération |
il n’y avoit feulement que le cambouis
qui laiffoit appercevoir l’endroit un
peu brun, ce qui vient de ce que
cette matière contient du fer qui eff
extrêment divilé par le frottement
des roues, & l’on fçait que lorfque
ce métal eft divifé à ce point, il eft li
adhérant aux linges & aux étoffes
qu’il n’y a que les acides minéraux
H VJ
ï8a l>srs E R T AT ï O N
qui foient capables de Tenlever en¬
tièrement , & encore faut-il qu il y
foit avec fon phlogiftique : dans ces.
Expériences TÆther diffoiit & enleve
radicalement la fubilance grailTeufe
qui forme la tache, au lieu que les
matières que Ton employé ordinaire¬
ment pour ceia,ne font qu’effleurer
la fuperficie, & laifTent fubMer dans
les étoffes le principe des taches^
SUR l’Æ T H E R. iS^I
(QUATRIÈME PRODUIT.
P H LEGUE ACIDULÉ,
Qui yimt avec L'Æther fur la fn de fa
DifilLation..
E T T E quatrième Liqueur efl
im acide très-phlegmatique, c’eft elle
qui monte avec une partie d’Æther
fur la fin de fa dülillation, & immé¬
diatement avant le premier acide ful-
phureux ; l’ordre dans lequel elle
diftille pourroit la faire regarder d’a¬
bord comme étant une fuite de la dé-
compoiition de l’Efprit de Vin, & fe-
roit croire que c’eil elle qui étoit
Facide qui lioit les autres principes
effentiels à FEfprit de Vin ; fi cette
Liqueur n avoit pas tous les caraôe-
res de l’Acide Vitrioliqiie, & quoi¬
qu’elle ne foit point fulphureufe, elle
doit être regardée néanmoins comme
im acide vitriolique volatil, elle ref-
femble à du vinaigre diftjllé, mais
par l’odeur feulement j.elle n’en a aur
iSi Dissertation
cune des autres propriétés comme oïl
le verra dans un moment. C’eft elle
^ue je me propofe de comparer à la
première Liqueur que j’ai retirée par
la dilliUation du Refidu de FÆther
filtré a travers une bouteille de grais,
parce que non-feulement elle en a
toutes les propriétés, mais encore
parce quelle fuit le même ordre que
cette Liqueur dans la dilfillation,^eGm-
me on peut le voir dans la Table de
la page 63.
Comme on n’a pas beaucoup de
cette Liqueur aqueufe acide fans
être fulphureufe à chaque fois qu’on
fait de l’Æther, il ell bon de- dire un
mot des moyens dont je me fuis fervi
pour en avoir une quantité fuffifante
pour l’examiner d’une maniéré con¬
venable.
Huit livres des Liqueurs fpiritueu-
fes qui contenoient l’Æther, lefquef-
les provenoient d’environ vingt li™.
yres éElprit de Vin & de quarante
livres de mélange ne m’en ont' laiffé
dans la Cornue que huit onces après
leurs reétihcations. Voyez (page 6 5 )
ou j ai donné la maniei e de féparet
SUR l'Æ T h E R. 183
les quatre premiers produits ^ de
ce mélange qu’on a laide fe mêler
pendant la première opération, dont
celle - ci fait la derrdere Liqueur,
laquelle jufques-là n’eft pas en-^
core exaâement femblable à celle
que je me propofe de lui compa-»
rer ; elle eft huileufe & acide, au
lieu que l’autre n’a rien de ces qua¬
lités , elles ne fe relTemblent encore
qu’en ce quelles font obtenues dans
le même ordre de la diAillation,
& qu elles ne font fulphi* eufes ni
Tune ni l’autre. Si l’on reêlifie ces
huit onces de Liqueur à une chaleur
hiffifamment ménagée, & qu’elle ne
foit point capable de faire monter
avec elle l’huile & l’acide qui lui font
furabondans, les deux Liqueurs fe¬
ront femblables, c’eft ce que je me
propofe de démontrer par l’Expé¬
rience.
Le feu de lampe m’ayant paru pli«
propre que tout autre pour remplk
mes vues à ce ftijet, j’ai mis ces huit
onces de Liqueur en diftillation dans
une petite Cornue , & j’en ai fait la
reéhlicatian par un feu! luqiignon ;
1^4 I S s E R TAT I O N
ce que j’ai retiré étoit exadement
femblable à celle que je me fuis pro^
pofé de lui comparer, c eft-à-dire à
la première Liqueur féparée par la
didillation du Réfidu filtré. L’une &
1 autre de ces Liqueurs mêlées avec
un peu d’Huile de Tartre m’ont four¬
ni du Tartre vitriolé.
Les autres Expériences que j’ai
faites avec ces Liqueurs, & qui font
rapportées dans les 2^ & 3^ co-
lomnes de la Table fuivante peuvent
encore fervir à prouver qu’elles fe ref-
femblent en tout, &■ qu’elles font tou¬
tes les deux un acide vitriolique ex¬
trêmement affoibli.
Il m efl refie dans la Cornue après
la reêfification des huit onces de Li¬
queur dont je viens-de parler, deux
gros & demi d’acide vitriolique noir,
& ne différant en rien de celui qui
refie dans la Cornue après la diflilla-
tion de l’Æther, & que j’appelle le
Réfidu, c’efi une portion d’acide vi-
triolique qui a diilillé avec l’Æther,
& qui en fe féparant de lui par la rec¬
tification, s’efi recombiné pendant
çette efpece de concentration avec
s U R L Æ T H E R. 18 5
une portion d’Hiiile de Vin, avec la¬
quelle il a formé un Bitume fembla-
ble à çeliii du Réfïdu de rÆther , &
tenu comme lui en dilTolution.
Quand on mêle des alkalis a la rec¬
tification de TÆther, on ne s’apper-
çoit de cet acide furabondant que
par le Sel neutre qui en réfulte fur la
fin de la diftillation : ce Sel efl blan¬
châtre parce qii alors le Sel alkali
empêche que l’acide vitriohque ne
porte fon aûion fur l’Huile de Vin
pour lors elle liirnage la Liqueur, &
elle peut être reâifiée, mais elle y efl
en petite quantité.
îS6 Disse
R T A T I O N
CJNÇIUIÉME PRODUIT.
Premier Acide sulphureux
VOLATIL.
E T T E Liqueur eil celle qui fuît
immédiatement le phlegme acidulé ,
& qui dillille avec la première Huile
eoiice ; elle eft extrêmement volatile,
pénétrante, fufocante, & elle ote la
relpiration en excitant à toulîer, fi on
la relpire un peu fort.
J’en ai pris une pinte que J'ai par¬
tagée en deux parties, une portion a
été expofée a l’air libre pour lui faire
perdre fon odeur fulphureufe; j’en
rendrai compte plus bas.
J ai gardé l’autre partie dans une
bouteille de pinte, bouchée d’un
bouchon de Hége ; au bout de huit
Joius il s’efi formé dans cette Liqueur
une infinité de crifiaux femblables à
., . fédatif; environ un mois après
1 ai filtré cette Liqueur pour en fépa-
rer ce Sel. En fe ffltrant elle fe crifia-
hfoitde nouveau; j’ai mêlé enfemble
SUR jl’Æ T h E R. ï 87
ces Sçls lorfquijs ont été bien féchés?
ils ont pefé vingt grains : cette eij>ece
de Sel a une odeur affez agréable
d’Huile douce de Vitriol, il eft d’une
très-bele couleur argentine, luifant,
talqueiix en apparence, doux au
toucher, très-léger, fe délayant^tres-
aifément dans la bouche, à la manié¬
ré d’une poudre, fans s’y diffoudre ;
ces crifiaux font de petites écaill^
tout^à-fait femblables au Sel fé datif
fublimé, mais fe liant enfemble de
la même maniéré que les fleurs de
Benjoin, Jorfqu on les prefîe entre
les feuillets d’un livre.
J’en ai fait diffoudre dans l’eau, ce
qui eft difficile ; cette folution préci¬
pite en jaïuie la diffolution de Mer¬
cure*
L’Açide Vitriolique concentré ou
afFoihli, & l’Huile de Tartre , ne font
rien fiur cette folution, il n y a que
l’Acide Vitriolique qui faffe élever
une légère odeur d’Acide Marin ,
quand on en verfe fur ces criftaux.
Ce n’eft pas le feul exeinple que
j’aie de ces fortes de criffallifations,
ce mime Efprit fulphureux fur lequel
jS 8 DiSSEîfTATTON
nageoient quelques gouttes d’Huile
de Vin, ma fourni dans lefpace d’un
an une criftallifation à peu près fem-
blable ; on ne peut attribuer cet effet
^u bouchon de liège, comme ayant
îourni du fien dans ces crirtallifations,
car ce dernier Efprit étoit dans un
ilacon bouché de cridal.
Je crois que ces fortes de crilîalli-
lations ne font autre chofe qu’une ef-
pece de Sel compofé d’une-partie de
1 Hmle de Vin avec de l’Acide Vitrio-
hqiie, mais combiné d’une maniéré
linguliere ; la quantité que j’en ai re¬
tirée n’étoit pas affez confidérable
pour que je pulfe l’examiner plus
amplem.ent. ^
Revenons à notre Efprit fulphu-
rei^ feparé des criRaux talqueux.
Cette Liqueur ainfi hltrée eft fort
fiilphureufe, elle n’eR prefque point
^ fermente point avec
Hude de Tartre, elle altéré l’inten-
hte de la couleur du Syrop violât en
qualité d Acide fulphureux, & cette
meme Liqueur rougit le Syrop violât,
de meme que le vinaigre diffillé, lorf-
qu on lui a fait perdre ce quelle a de
SUR l’Æ T h E R. 189
yolatil en 1’expofant feulement à l’air
libre. Les autres Expériences qui ont
été faites fur cette Liqueur qui a per¬
du ce qifelle avoit de volatil, font
rapportées dans la quatrième colom-
ne de la Table fuivante.
Cette Liqueur fulphureufe préci¬
pite en blanc la diffolution d’argent,
& la diffolution de Mercure en blanc
fale, qui jaunit peu à peu enfuite ;
elle précipite en blanc le vinaigre de
Saturne.
Lorfque cette même Liqueur a été
expofée à l’air, & quelle a perdu fon
odeur fulphureufe, elle n’a d’effet
que fur le vinaigre de Saturne.
J’ai faturé avec environ quarante
gouttes d’Huile de Tartre huit onces
de cet Acide fulphureux, fans qu’il
fe foit excité d’effervefcence, l’odeur
s’eft dilEpée très-promptement, la
Liqueur a été évaporée à une très-
douce chaleur ; dans le commence-'
jnent elle répandoit une très-légere
odeur de foufre, de viaaigre diftillé,
& d’Huile de Vin ; environ vers les
trois quarts de fon évaporation il
s’eff formé une très-petite quantité
190 Dissertation
de dépôt qui venoit d une poftioft
d’Hiiile qui s’en étoit féparée : j’ai fil¬
tré cette Liqueur ; /i on en met
dans un verre, & que l’on verfe par-
deflus de la difiblution de Mercure ,
il fe forme un précipité noir qui refié
de cette couleur;on pourroit nommer
ce précipité, Turbitk minéral noir.
Si au contraire on verfe cette Li¬
queur fur la difiblution de Mercuré
un peu concentrée , mais goutte à
goutte, & de loin en loin, en re¬
muant à chaque fois , il fe fait à cha¬
que fois un peu de précipité noir qui
difparoît fur le champ, & qui pafie à
un tres-beau blanc j lorfque vous
verrez qu il ne fe pafib plus rien dans
la Liqueur, fl vous y verfez peu à
peu de l’Huile de Tartre, il fe fait un
très-beau précipité jaune.
Mais fl fiir im pareil mélange vous
verfez en une feule fois toute votre
quantité d’Huile de Tartre, il fe fait
un précipité noir qui ne change plus.
Si vous employez dans cette der-
mere Expérience de la difiblution de
Mercure affoiblie avec de l’eair,^ en
employant la même manipulation.
SUR l’Æ T h E R. I9Ï
le précipité qui en provient eft noir,
il faut abfolument que la diffolution
de Mercure foit un peu concentrée, fi
on veut que le précipité, foit jaime ;
car fans ces circonftances il devient
& reile noir.
La Liqueur remife à évaporer m’a
fourni des criftaux de Tartre vitriolé,
dont les uns étoient en forme de fran¬
ge & les autres en petites aiguilles.
Lime & l’autre efpece de ces crif-
taux, diflbus féparément, précipitent
en jaune la diflblution de Mercure.
La Liqueur remife à évaporer à
ficcité m’a fourni une rélidence de
Sel, toujours de la nature du Tartre
vitriolé, qui précipitoit en jaune
la dilfolution de Mercure,
Si on conlidere cette cinquième
Liqueur par rapport à l’ordre où elle
diftille, on voit que cet ordre ell le
même que celui de la fécondé Li¬
queur féparée par la diftillation du
Réfidu filtré, comme je l’ai indiqué.
C’eft auffi par rapport à cette ana¬
logie que je me propofs de les com¬
parer ; la plus grande diifférence qu’il
y ait entre ces deux Liqueurs nefi
ï92 Dissertation
que dans lodeur^ celle qui eft obte¬
nue du.Réfidu non-filtré qû très-fuR
phureufe, l’autre au contraire n’a
que l’odeur de vinaigre diRillé : mais
li l’on fait attention à la différente
maniéré dont ces Liqueurs font obte¬
nues , on ne fera point furpris de cette
différence, & on ne fera aucune diffi^
culté de ne compter pour rien cette
odeur fulphureufe ; car pendant i8
mois que ce Réfidu a été à fe filtrer,
outre qu’il a laiffé dans la bouteille
l’aliment de fa mauvaife odeur, il a
encore eu le temps de la perdre en
reliant expofé fi long-temps à l’air,
& en auffi petite quantité à la fois
qu’on peut fe l’imaginer, pour opérer
une filtration auffi lente que celle-ci.
Premier Acide fulphureux expofé à l’air.
’V^oici ce que j’ai fait pour imiter
ce qui eff arrivé pendant cette filtra¬
tion , reprenons pour cela notre fé¬
conde partie de cette cinquiénie Li¬
queur ; je l’ai mife dans un petit Ba-
lon dont le col étoit tout rafe, & de
tres-large ouverture, j’ai panché ce
vaiffeau de côté pour éviter la poiif-
fiere -,
SUR L’Æ T h F, R. 195
iiere ; au bout d un mois cette Liqueur
avoit perdu entièrement ce qu’elle
avoit de volatil fulpliureiix, plie n’a
retenu que Fodeiir de vinaigre diftillé.
Cette Liqueur étoit fenlibiement aci¬
de , & laiffoit un goût de Soufre allez
défagréable dans la bouche, ce qui
m’a obligé de la reflifîer.
C’ell: cette Liqueur que j’ai compa¬
rée à la fécondé retirée du Rélidu
filtré, les Expériences faites fur l’ime
& fur l’autre font rapportées dans la
quatrième & cinquième colomne de
la Table fuivanté, que l’on peut con-
fulter.
J’ai déjà dit dans cette DifTertation,
& dans le Mémoire que j’ai eu l’hon¬
neur de lire à l’Académie, fur cette
matière, que fi on pouffe par la dif-
tiliation ce Réfidu à ficcité, tout ce
qui en provient eft volatil & fulphu-
reux, depuis le commencement juf-
qu’à la fin de l’opération ; mais on
doit bien fentir que c’eft dans le cas
d’une diffillation fuivie à l’ordinaire,
c’eff-à-dire les vaiffeaux lutés comme
de coutume ; car fi cette diffillation
fe fait â feu lent, & dans des vaifléaux
I
î94 Dîssertation
mal lutés, il arrive ce qui eft arrivé à
notre Liqueur filtrée à travers la bou¬
teille , & à celle qui a été expofée
iong-temps àlair, cefi-à-dire quelle
perd ce qu’elle a de fidphureux vola¬
til , a mefiire qu’elle difiille ; fi chaque
goutte refie quelque temps au bec de
la Cornue, c’efi une goutte ifolée qui
préfente beaucoup de furface, & qui
a le temps de perdre tout ce qu’elle
a de fulphureux ; cet acide efi fi vo¬
latil qu’il fe difiipe très-aifément, mê¬
me à travers les jointures des vaif-
feaux les mieux lutés.
Il y a donc plufieurs moyens d’ob¬
tenir ce prétendu vinaigre qu’on re¬
garde mal-à-propos comme une tranf-
mutation d’acide.
On obtient ces faux vinaigres :
1°. Immédiatement après la dififi-
îation de l’Æther.
2°. Du premier Efprit fulphureux
expofé à l’air.
3 En difiillant à feu lent le Réfidu
refié dans la Cornue immédiatement
après la difiillation de l’Æther.
4°. Du Réfidu filtré à travers une
bouteille de grais.
SUR l’Æ T h E R. 195
On verra dans une Table ci-après
toutes les Expériences que fai faites
pour comparer avec le véritable vi¬
naigre diltiilé ces Liqueurs, de mê¬
me que le phlegme fulphureux retiré
du Turbith minéral, & le prétendu
vinaigre retiré du Réfidii de TÆther
Nitreux. J’efpere que ces Expériences
démontreront que toutes ces Liqueurs
ne relTemblent à l’acide végétai que
par des apparences fauffes & trom-
peufes, dont un Chymilte éclairé ,
attentif & de bonne foi, ne peut ja¬
mais être la dupe. Mais avant d’ex-
pofer cette Table d’expériences, il
faut dire fur le phlegme du Turbith
minéral quelque choie de plus que je
n’en ai dit.
Turbith minerai ordinaire.
Tai mis dans une Cornue de verre
huit onces de Mercure revivifié du
Cinabre, & douze onces d’Huile de
Vitriol ; la Cornue a été placée fur un
bain de fable, il a diftillé, comme on
fçait, un Efprit fulphureux très-vola¬
til , cette Liqueur a parfaitement l’o¬
deur de l’Acide Marin ; fi on flaire
lij
rHegmc aci¬
dulé retiré de
l’Acide ful-
pluireux pro¬
venant du
Turbith mi¬
néral.
196 Dissertation
l’eiilemeiit le bouchon du flacon de
criftal dans lequel -elle eft contenue,
cette propriété indique déjà un com¬
mencement de reiTemblance du p^eg-
me de Turbith avec certains acides
fulphureux que j’ai retirés par la dif-
tiilation du Réfidu de l’Æther filtré,
& que j’ai retrouvés depuis dans d’au¬
tres occafions, comme on le fera re¬
marquer lorfque nous parlerons de la
huitième Liqueur, lel'quels préfentent
le même phénomène.
J’ai mis cette Liqueur en diflillation
au feu de lampe, & je l’ai concentrée
avec un feul lumignon, afin de ne
faire monter dans la diflillation qu’un
phlegme que je piifTe comparer aux
Liqueurs en quellion ; car fans ces
précautions,, 011 fent parfaitement
qu’une chaleur un peu plus forte aii-
roit fait difliller auhi de l’Acide Vi-
triolique, ce qui auroit rendu la com-
paraifon incertaine. Il a diflillé une
Liqueur qui avoit déjà perdu de fa
mauvaife odeur, & n’avoit que celle
de l’Acide Marin ; je l’ai laiffée pen¬
dant un mois expofée à l’air libre,
afin de lui donner le temps de perdre
SUR l’Æ T h E R. T97
entièrement fon odeur fulphureiilb,
en prenant cependant toutes les pré¬
cautions néceffaires pour éviter la
pouffiere ; au bout de ce temps cette
Liqueur n avoit pour toute odeur que
celle de FAcide Marin ^ mais allez
foible ; elle avoit une faveur à peu
près auffi acide qu^® vinaigre diilillé
ordinaire , qui n elT pas concentré.
La comparaifon de ce phlegme -aci¬
dulé avec les autres Liqueurs eft rap¬
portée dans la fixiéme colomne de la
Table fuivante.
Toutes ces obfervations prouvent
clairement que les acides qui ont une
odeur fulphureufe, la perdent très-
facilement à caufe de la grande vola¬
tilité du principe de cette odeur, & de
fon peu d’adhérence. Ils femblent ne
retenir que celles qu’ils doivent à une
combinaifon plus intime du phlogifti-
que pur ou combiné avec d’autres
fubftances ; ce qu’il y a de certain
c’eft qu’il n’eft pas bien difficile de
donner ainfi aux Acides, pour ainli
dire, tel odeifr qu’on juge à propos.
J’ai obfervé que- l’Acide Vitriolique
uni en même-temps au phlogiftique
• liij
19^ Dissertation
du fer, & à du borax prend Fodenr
de i’Acide Nitreux : il rn eft arrivé
plufieurs fois de remarquer cette
odeur en faifant du Sel fédatif dans
des vaifîeaux de fer ; mais il y a bien
loin de là à une tranfmutation réelle
& effedive de^cides, je ne la crois
pas moins difîi|fift que celle des mé¬
taux.
Voici la Table que j’ai annoncée,
dans laquelle j’ai mis une colomne
pour le faux vinaigre qu’on retire du
Réfidii de l’Æther Nitreux, dont je
parlerai en fon lieu ; je l’ai placé ici
d’avance à caufe de la reffemblance
qu’il y a entre tous les Acides qui y
font comparés les uns avec les autres.
TABLE DE COMPARAISON DE TOUS LES PHLEGMES ACIDULÉS
AVEC LE VINAIGRE DISTILLÉ ORDINAIRE ET TRÈS-PUR.
Page ic)8
Premier Acide fulphure
■luiadiftillé après l’Æther,
& qui a perdu fa mauvaife
odeur après avoir été ex-
pofé long-temps à l'air, &
qui fait la cinquième Li.
queur. Ttgt ipz.
MATIERES
Phlegme acidulé qui
'“^c l'Ætlier , fur la fin
la diftillation , ce qui
: la quatrième Liqueur.
Page 1S4.
Première Liqueur retiré
par la dilUllation du Réfi-
du filtté, ôc qui reflemble
à la quatrième Liqueur.
P4gt 1S4.
_ Liqueur retirée
duRèfidu filtré, ôc qui ref-
lêlllble à la cinquième LL
Phlegme acidulé retiré de
l'Efprit fulphureux duTur-
bith minéral. Pagt ijS.
Phlegme acidulé retiré du
Réfidu de l’Æther Ni-
P-age }Of.
Vinaigre diftillé ordinaire
très-pur , 8c qui fert de
comparaifon avec toutes.
Liqueurs.
Le Syrop vioUt.
L’Huile de Tartre par dé¬
faillance.1
L’Efprit volatil de Sel am¬
moniac.
L’Acide Vitriolique alFoi-
bli ou concentré. . . .
L’A eide ïlitreux.
La dilTolution de Mercure
dans l'Efprit de Nitte.
L’Eiprit de Sel.
L’Eau de chaux.
Le 'Vinaigre de Saturne .
Idem. .
Idem. .
Idem. .
Idem. .
Idem. .
Idem. .
Idem: ..._
Idem. .
Idem. .
Idem. .
Rien. .
Idem. .
Idem. .
La difiôlntion d'argent
de Coupelle dans l’Efprit
Un précipité blanc fale, il
a relié deux jours fufpen-
du , au bout duquel temps
il s’ell ralTemblé. Expolé
au feu, il devient d’a'oord
adhérent au verre, 8c alTez
refièmblant à de la lune
cornée, mais enfuite il de¬
vient d’une couleur rouge
brane foncée.
Idem. .
Idem. .
Idem. . .
Idem. . .
Augmente l’odeur de vi¬
naigre diftillé;.
Idem .
idem. .
IiUm. •
Idem. .
Ptécipite en blanc â peu
pies de même que TAcide
Vitiolique alToibli.
De même qu’à la féconde
Elle la blanchit fi peu
qu’on ne peut s’en apper-
cevoir qu’en la comparant
plus blanc. .
Fait eiîetvefcence. .
Uem .. . .
Idem .
Idem. . . . .
Idem. .
L'Acide Vitriolique concentré précipite en hlanc la dijfolution dargent y ce préàfîti bien lavé , expafé au feu , efi un peu moins rouge que les-précédens..
SUR l’Æ T HE R. 199
Après les Expériences de compa-
raifons faites fur toutes ces Liqueurs,
& expofées dans la l’able ci-delTus,
j’aurois fouhaité pouvoir les exami¬
ner chacune à part par voie de fatu-
ration avec du Sel de Tartre très-
pur ; mais comm^ il ne m’en reftoit
que très-peu de chacune , & que j’a-
vois remarqué û peu de différence
dans toutes les Expériences qui vien¬
nent d’être rapportées, j’ai mêlé ce
qui m’en reçoit de chacune,
S ç A V O I R ,
De la 2® colomne deux onces 3 gros.
De la 3^. . . . une once 4 gros.
De la 4®.deux onces 5 gros.
De la 5®.une once 4 gros.
De la 6^... ..4 gros.
Ce qui fait en tout huit onces qua¬
tre gros de Liqueur que j’ai fatiirée
avec un peu d'Huile de Tartre très-
pure ; il s’ed; excité une très-légere
ébullition qui renvoyoit une foible
odeur femblable à celle de la Terre
foliée, il ne m’a fallu que vingt-qua¬
tre goj-ittes d’Huile de Tartre pour
faire cette faturation.
I iv
200 Dissertation
Pendant l’évaporation de ce mé¬
lange il ne seû exhalé qii une odeur
d’Huile douce, & de phlegme d’Eau-
de-yie ; j ai pouffé l’évaporation juf-
qu’à ce que la Liqueur fût réduite à
une once > j ai laiffe cette Liqueur en
repos pendant vingt-quatre heures,
elle m’a fourni une criffalüfation va¬
riée , dont les criffaux étoient abfo-
lument femblables à ceux que m’ont
produits la fécondé & la troifiéme
Liqueur ; les uns étoient longuets en
petites aiguilles, les autres reffem-
bloient à de la frange, il y en avoit
vingt-quatre grains ; ils étoient fklis
par un peu d’Huile de Vin qui s’eff def
féchée, & qui leur donnoit une odeur
approchante de celle qu’a l’Eau-mere
du Tartre vitriolé fait avec ce Réfidii
hltré & non-hltré.
La folution de ces criffaux préci¬
pite en jaune la diffolution de Mer¬
cure.
J ai continué de faire évaporer
jufqu’à ficcité , la Liqueur féparée
de ces criffaux à une très-lente
chaleur ; pendant fon évaporation
elle a dépofé quelques gros criffaux,
SUR L’Æ T h E R. 201
mais pareils aux précédens, lé relie
étoit conHis par le genre d’évapo¬
ration , & ne faifoit qu’une mafle,
quelle avoit une couleur roiilTe ,
d’une odeur d’ail, de fromage de
gruyere, qu’il n’elt guere polTible de
définir.
J’ai fait fondre à froid cette malTe
faline dans fulîifante quantité d’eau ,
il y avoit au fond de la Liqueur de
petits crillaux en aiguilles qui ne fe
font pas diffoiis, & qui font de véri¬
table Tartre vitriolé.
Cette Liqueur verdit le Syrop vio¬
lât : fl on en verfe goutte à goutte
fur une dilToliition de Mercure, ou
bien de la dilTolution de Mercure fur
cette Liqueur, il fe fait un précipité
blanc, qui, expofé à l’air pendant
une demie-heure ou pendant un inf-
tant à une très-legere chaleur, de¬
vient ainli que la Liqueur d’une très-
belle couleur jaune , femblable au
Turbith minéral.
Si on verfe en une feule fois partie
égale de cette Liqueur fur une dilTo-
lution de Mercure, ou la dilTolution
de Mercure^fur cette Liqueur, dans
Iv
20 i Dissertation
run & l’autre cas il fe fait un précipité
noir, qui ne change plus de couleur
quoique chauffé ou expofé à l’air.
Turbith minéral blanc»
Si à une diffolution de Tartre vi¬
triolé vous ajoutez de l’Efprit de Vi¬
triol , que vous verfiez fur cette Li¬
queur une diffolution de Mercure
dans l’Efprit de Nitre, il fe fera un
précipité blanc, qui, quoique lavé &
expofé à l’air, ou chaude, refte blanc ;
fl on y ajoûte de l’Huile de Tartre, il
prendra une couleur jaune, plus ou
moins foncée, fuivant la quantité que
vous en aurez mife ; ou bien, fi vous
aimez mieux précipiter par fEfprit
de Vitriol la diffolution de Mercure
dans l’Efprit de Nitre, il fe fera un
précipité blanc qui ne change point
non plus, & foudre les mêmes Expé¬
riences que le précédent ; &. fi vous y
verfez de l’Huile de Tartre, les mê¬
mes chofes arrivent, il devient plus
ou moins jaune, relativement à la
quantité d'Huile de Tartre qu’on y
ajoute.
Les Expériences qui Viennent d’ê-
SUR l’Æ T h E R. 20^
tre rapportées prouvent démonftra-
tivement que tous ces Acides qui ref-
l’emblent par leur odeur au vinaigre
didillé , n’ont cependant avec cet
Acide végétal rien de commun que
cette odeur, & qu’ils font tous au
contraire un Acide Vitriolique feule¬
ment un peu déguifé, & qui conferve
fes propriétés elfentielles , puifqu’il
fait du Turbith minéral & du Tartre
vitriolé. Ces Expériences , dis-je ,
m’ont convaincu en même-temps que
j’étois dans l’erreur, lorfque j’ai avan¬
cé dans le Mémoire que j’ai lu à l’A¬
cadémie , que ces mêmes Acides m’a-
voient donné de la Terre foliée. La
trop grande quantité d’alkali, jointe
à l’irrégularité de la cridalilation, &
à la prévention que m’avoit donnée
l’odeur impofante de ces Acides, ren¬
voient induit en erreur. Je me fais
donc un devoir de me retrader fur
cet Article, dès-lors que je recomiois
que je me fuis trompé. Ne puis-je
point après cela reprocher légitime¬
ment à l’Artifte , qui fans avoir jamais
rien écrit fur cette.matière, a nean-
îïioins revendiqué mon Mémoire, &
204 Dissertation
fmgulierement cet endroit qu’il a le
plus à cœur, d’avoir en même-temps
revendiqué mes erreurs par l’efFet de
la finguliere manie qui le poffede,
de vouloir s’approprier tout ce que
l’on dit de nouveau dans la Chyrnie,
& de prétendre, mais toujours verba¬
lement , avoir fait les découvertes,
généralement quelconques, paffées,
préfentes, & à venir ?
SUR l’Æ T H E R. ID^’
SIXIÈME PRODUIT.
P RE M ï £ RE Hu I LE DOUCE
DE Vitriol.
J’A U R OI s pû confondre ici k
première & la fécondé partie dé
l’Huile douce de Vitriol qu’on retire
en diltillant le mélange de l’Huile de
Vitriol avec l’Efprit de Vin, parce
qu’elles font effentiellement une feule
& même fubUance, c’eft-à-dire l’Hui¬
le principe de l’Efprit de Vin, qui en
ell: féparée par l’Acide Vitrioliqiis.
Mais comme celle qui monte la pre¬
mière ne lailTe pas que de différer de
la fécondé par plufieurs propriétés
remarquables , je crois qu’il eff plus
exaâ: de parler féparément de l’une
& de l’autre.
La première monte, avec l’Æther
fur la fin de fa diffillation, elle eff
moins chargée, d’Acide que la fécon¬
dé , elle eil tenue en diffolution par
l’Æther avec lequel elle s’eff élevée.;
OH l’en fépare, ou par une très-lente
2o6 Di s sertation
reclification, ou en laiflant évaporer
àlair libre & fur la fiirface de l’eau,
l’Æther qui en eft chargée ; après
l’évaporation de l’Æther on voit na¬
ger cette Huile fur l’eau, elle eft aflez !
blanche, fluide, inflammable, relTem- j
blante à une Huile elTentielle, & d’une j
odeur très-fuave.
Lorfqu’on veut la féparer de l’Æ-
ther, fans cependant rien perdre, il
faut le difliller par le moyen de la
chaleur la plus douce qu’il efl poflî-
ble ; i’Æther monte le premier, &
l’Huile douce demeure feule dans la
Cornue La réuflite de cette opéra¬
tion conflfl:e principalement à ne don¬
ner qiie le dégré de chaleur nécelfaire
pour faire monter TÆther ; car, pour
le peu quelle fût plus forte, elle fe-
roit élever en même-temps une partie
de l’Huile douce qui efl prefque aufîi
volatile que l’Æther; & pour lors,
non-feulement on ne retireroit pas
une auflï grande quantité d’Huile dou¬
ce , mais aufli l’Æther qui diflilleroit
encore chargé de cette Huile feroit
par-la moins pur, moins fec, & par
conféquent moins parfait.
SUR l’Æ T h E R. 207
SEPTIÈME PRODUIT'.
Seconde Huile douce-.
E T T E fécondé Huile diffère de
la première, en ce qu’étant reliée
plus long-temps dans la Cornue elle
a eu le temps d’être attaquée plus effi¬
cacement par une portion d’Acide
Vitriolique, avec lequel elle diftille,
& quelle rend fulphureuxconjointe¬
ment avec la partie qui ell réduite en
Bitume dans la Cornue ^ aiiffi elle en
retient une très-forte odeur. J’ai tou¬
jours eu conllamment cette Huile
d’une très-belle couleur citrine,
elle ell moins fluide que la pré¬
cédente, & elle eft exaûement la
même que les fécondés Huiles que
j'ai retirées des trois décompofitions
fucceffives de l’Æther ; elle fumage
quelquefois l’eau, & quelquefois auffi
•elle fe précipite i cela dépend, à ce
que je crois, comme le dit M. Hellot
dans fon Mémoire de 1739 ? du plus-
ou du moins d’Acide dont elle ffi
trouve chargée.
io8 Dissertation
C ette fécondé Huile, comme nous
venons de le dire, eft imprégnée d'Éf-
prit fiilphureiix qui lui donne uns
mauvaife odeur, ce qu’il eft aifé de
lui ôter en la lavant dans de l’eau
mêlée d’un peu d’Huile de Tartre, ou
feulement en fa lailfant expofée à l’air
libre •‘(pendant quelques jours. Dans
l’un & l’autre cas, de couleur citri-
ne qu’elle étoit, elle devient pâle
blanchâtre, & d’une odeur de phleg-
me d’Eau-de-vie ; mais l’Huile de
Tartre eft préférable, parce que le
féjour qu’elle fait à l’air pour perdre
fon odeur, diffipant la partie la plus
Hibtile, lui fait perdre aiiiîî un peu
de fa fluidité ; elle rougit même un
peu en vieilliffant.
Suivant la fç^tvante Difîertation
qu’a donnée M. Pott, fur cette matiè¬
re, il me paroit que le but des anciens
Chymiftes en mêlant l’Huile de Vi¬
triol avec l’Efprit de Vin étoit plutôt
de féparer cette Huile de l’Efprit de
Vm, que de faire la Liqueur æthérée
on a nommé affez improprement cette
Huile, Huik douce de Vitriol^ Oleum
Vkrioli dulce Paracelji,
SUR l’Æ T H E R. 209
Les anciens Chymiftes n’étoient
point d’accord à laquelle des deux
matières, de l’Huile de Vitriol ou de
l’Efprit de Vin, on de voit attribuer
l’origine de cette Huile ; les uns, corn'-
me Crolius & Valerius Cordus, attri-
buoient cette Huile à l’Huile de Vi¬
triol , & l’appelloient Soufre ou Huile
douce.
Les autres l’attribuoient à rEfprit
de Vin, & la nommoient Huile ou
Soufre de Vin , comme Libavius,
AVillirius & Vater ; d’autres enba
l’attribuoient à l’un & à l’autre, (/z)
Mais M. Pott penfe avec StaM
qu’elle vient principalement de l’Ef-
prit de Vin : » Car, dit-il, l’Huile de
» Vitriol concentrée s’empare du
>> phlegme de l’Elprit de Vin, coagii-
» le en partie l’Huile qui y étoit dif-
» foute, & lui fait reprendre fa forme
» d’Huile ; mais je luis auffi perfuadé
» quelle n’eft pas entièrement exemp-
» te de parties vitrioliques, &c. Son
» odeur & fa volatilité eft li grande,
» quelle ne peut être gardée que dans
des vailTeaux bien clos ; elle s’éva-
(») Voyez la.Diflertation de M. Pote, page lâ’i.
210 Dissertation
» pore fans laiffer aucime trace ; fi on
en fait tomber quelques gouttes fur
» du fucre, & qif on la mette dans de
» l’eau chaude, elle fe diffipe dans
» i’inilant avec bruit & elle bouil-
» lonne, quoique cela ne faiîe pas
» autant d’effet qu’avec l’Æther «.
^J’ai eu de ces Huiles très-belles,
tres-fluides, je n’ai jamais remarqué
ces effets ; par ce détail on pourroit
foiipçonner que ce que les anciens
Chymifles appelloient HiiiLe. douce ,
efl ce que nous nommons à préfent
Æthcr ; cependant ces deux Liqueurs
différent beaucoup entr’elles, & elles
ont l’une & l’autre des caraderes fi
différens, qu’il n’elî guere pofîible de
les niéconnoitre.
Hoffmann dit que fi on conferve
pendant quelque temps cette Huile
dans une bouteille de verre, elle roii-
git, perd fa diaphanéité, que fon
goût gracieux, aromatique, devient
acide, corrofif, qu’elle rougit fur le
feu, qu’elle ronge l’argent, & impri¬
me à la Ciiilliere qui la contient une
tache noire ; que lorfqu’on la fait
bouillir dans luie phiole fur du Mer-
SUR l’Æ T H E R. iri
cure, elle attaque cette fubftance mé¬
tallique.
Tout cela eft exadement vrai, fi
cette Huile ell très-fulphureufe, &
ce n’eft que par cette furabondance
d’Acide Vitriolique qu elle opéré ces
effets de diffolutioii fur Fargent & fur
le Mercure ; mais lorfqifelle a été
lavée avec de FHiiile de Tartre, ou
qu elle a feulement été expofée àFair,
c’eft-à-dire, pourvii quelle ait perdu
cette furabondance d’Acide, n’impor¬
te comment, alors elle n’a plus au¬
cune des propriétés indiquées par
Hoffmann, qui sûrement n’ignoroit
point ces chofes, quoiqu’il n’en ait
pas parlé.
La première Huile douce qu’on re¬
tire de cette combinaifon, qui n’â pas
plus d’indice d’acidité qu’une Huile
effentielle ordinaire, n’a aucun de ces
caraéleres.
La première Huile douce, & cette
fécondé, lorfqu’elle a perdu ce qu’el-
le avoir de volatil, reffemhlent en
tout aux Huiles effentielles ordinai-
res.
J’ai eu de ces Huiles douces qui
isi Dissertation
ont parte tout l’Hiver de 17 51 > rtir la
fenêtre de-mon Laboratoire dans des
bouteilles débouchées, il y en avoit
environ deux gros qui n’avoit point
été lavée, & qui furnageoit à peu
près autant d’Efprit fulphureux qui y
étoit rerté ; fon odeur volatile & dé-
fagréable s’ert: perdue entièrement,
& s’ert: changée Cn une odeur alTez
douce, agréable, & fort aromatique,
à peu près femhlable à celle de l’Ef-
prit acide vineux qui dirtille avant
l’Æther, m.êlée de fodeur de citron,
tirant fur l’Huile de Pétreol redirtée;
il s’ert: formé dans la Liqueur qui étoit
deffous cette Huile de petits crirtaux
qui n’avoient aucun mauvais goût;
ces crirtaux examinés à la loupe
étoient rangés par couches écailleu-
fes, iis fe fondoient difficilement dans
la boirhe, & paroirtbient durs fous
les dents comme le Sel fédatif; ces
écailles feparées étoient minces &
approchantes de la configuration de
ce Sel crirtalifé, la quantité de ces
crirtaux étoit trop peu conrtdérable
pour pouvoir être examinée plus am¬
plement ; cette Huile douce venoit
SUR l’ÆtüE R. 213
d’une diftillation faite avec de l’Huile
de Vitriol & dfi l’Efprit de Vin très-
pur,.
J’ai quelquefois cherché les moyens
d’augmenter la quantité de l’Huile
douce; j’ai toujours remarqué qu’il
n’y avoit que les Huiles elîéntielles
qiii fuffent piropry^ à cela ; mais au/îi
elles çommuniqdent à l’Æther & à
l’Huile douce l’odeur de l’Huile elfen-
tielle employée i elles forment aiuTi
du Bitume qui fui-nage la Liqueur de
la Cornue en quantité proportionnée
à celle de l’Huile effentielle qui relie
combinée avec l’Acide Vitriolique ;
les Huiles gralTes tirées^ par exprel-
fion, employées en même quantité
forment fur la hn de l’opération'
beaucoup plus de ce Bitume, parce
quelles ne contiennent rien de vo¬
latil , & que ce Bitume ne fe forme
pas tout à coup , mais peu à peu.
Quand c’eft de l’Huile effentielle
qu’on employé 9 une partie de cette
Huile eff attaquée, tandis que l’au¬
tre ell enlevée par la chaleur, au
lieu que cjfuand on fe fert d’Huiles
graffes qui n’ont rien de volatil, la
114 Dissertation
chaleur qui n’efl pas immédiate nsf
peut rien enlever de ces Huiles, elles
reftent dans la Cornue, & fe combi¬
nent avec TAcide Vitrioliqiie, à me-
fure qu’il fe concentre par la diftilla-
tion de l’Æther, il forme du Bitume
proportionnellement à la quantité
d’Huile gralfe employée ; de-là on
peut conclure que fi l’Acide Vitrioli-
que effenfihe les Huiles gralfes, com¬
me quelques ChymifteS*l’ont dit, ils
auroient dû ajouter que c’eft après
les avoir réduites en Bitume, quelles
font fans humidité, & qu’il les a mifes
dans le cas de recevoir immédiate¬
ment la chaleur du feu j car j’ai quel¬
quefois ajouté quatre onces d’Huile
d’amandes douces à douze livres de
mélange, fans que pour cela j’aie eu
une plus grande quantité d’Huile dou¬
ce. Il feroit fort à propos, & très-in-
téreffant de loumettre à la diftillation
la matière bitumineufe qui feroit pro¬
duite par un pareil mélange avec les
Huiles graffes, & de la comparer avec
les autres Réûdus bitumineux ; car „
oti verra ci-après que ces matières ne
font pas de vrais Bitumes, piiifqu’el-
SUR l’Æ T h E R, 215
les ne fourniffent point d’Huile dans
la diftillation, peut-être celle-ci en
foiirniroit-elle. J’ai deffein de l’exa¬
miner plus particulièrement dans une
autre occafion ; ce. travail eft déjà
affez confidérable pour n avoir à par¬
ler que du mélange de deux Liqueurs.
Après toutes ces Expériences il faut
conclure que ces Huiles douces qui
doivent en partie leur origine à une
Hude effentielle, doivent avoir des
propriétés différentes de celles de
l’Huile douce, qui efl provenue de
l’Efprit de Vin pur, puifque les pre¬
mières retiennent opiniâtrement l’o¬
deur de la plante qui les a produites,
&que cette derniere retient toujours
l’odeur qui lui efl particulière, il fiif-
fit donc d’ajoûter pouf l'ufage médi¬
cinal telle Huile effentieile qu’il plaira.
ii6 Dissertation
HUITIÈME PRODUIT.
Second Acide Sulphureux.
(2 E T T E Liqueur diilille avec la
dernrere portion de THiiiie douce,
elle ed blanche comme de Teaii, elle
ed incomparablement plus fiilphu-
reulë, plus volatile, plus pénétrante
que le premier Acide fulphureux, ou
notre cinquième Liqueur, dont nous
avons parlé précédemment, elle fer¬
mente vivement avec les alkalis, elle
eft fpécifîquement plus pefante que
ce premier Acide fulphureux, auffi
retient-elle plus opiniâtrement ce
quelle a de volatil lulphureux.
L’ordre dans lequel elle didille ed
le même que celui de la troifiéme
Liqueur du Réddu filtré ; mais il a
paffé avec elle un Acide Vitriolique
plus fort, aind elle ed un mélange
qui contient la troifiéme 8^ la qua¬
trième Liqueur féparée par la didil-
lation du Réddu dltré : car, d on la
flaire après qu’elle a perdu ce qu’elle
a
SUR l’Æt H E R. 117
a de volatil, il ne lui relie plus que
lodeur de l’Acide Marin, telle qu’a la
troifiéme Liqueur du Refidu filtré.
Afin de conferver l’ordre que nous
nous fommes prefcrit, nous commen¬
cerons par féparer ces deux Liqueurs
qui ont diflillé enfemble pour les
mieux comparer avec celles qui font
femblables, mais qui proviennent du
Réfidu filtré.
J’ai mis cette Liqueur dans une
Cornue de verre, & à une chaleur
modérée, j’en ai fait difliller environ
un tiers ; nous parlerons ci-après de
ce qui relie dans la Cornue, il ne va
être fait mention pour le préfent que
de celle qui a diflillé, elle étoit extrê¬
mement volatile , pénétrante , elle
contenoit tout le fulphureux du total
de la Liqueur, elle étoit même fi vo¬
latile , que fl on préfentoit l’ouverture
du flacon qui la contenoit fur une
dilTolution d’argent de Coupelle, la
fimple vapeur qui s’en exhaloit, &
fans qu’on fut obligé d’en verfer def-
fus, précipitoit en blanc cette diffo-
lution. Cette même Expérience a été
répétée fur une diffolution de Mer-
218 Dissertation
cure & fur du vinaigre de Saturne
qui ont préfenté les mêmes phéno¬
mènes.
J’ai expofé cette Liqueur à l’air li¬
bre , après quelle a eu perdu ce
quelle avoit de volatil fulphureux ,
il ne lui ell plus rehé que i’odeiir de
l’Acide Marin, pour lors elle reffem-
bloit entièrement à la troifiéme Li¬
queur féparée par la diftillation du
Réfidii filtré qui a également cette
odeur ;, lune & l’autre Liqueurs ne
font que de l’Acide Vitriolique fort
peu altéré, & qui commence à fe rap¬
procher de. l’état de pureté : ces Li¬
queurs n ont aucune des propriétés
de l’Acide Marin, les Expériences
fuivantes vont le certifier.
Expériences
Faites avec les deux Liqueurs qui ont
L odeur de VAcide Marin ; fçavoir,
Lune féparée duRéfidu filtré, & L autre
féparée du Réjîdu non~filtré.
Ces Liqueurs font très-acides, elles
rougiffent le Syrop violât, de même
que les Acides purs ; l’Huile-de Vitriol
s échauffé avec elles, & fait élever des
SUR l’Æther. 219
vapeurs femi-iiitreufes & ililphureu-
fes ; elles ne font rien à la diffoliition
(le Mercure, li cette diffolution ell
mife en une feule fois, mais en la
verfant goutte à goutte elles la pré¬
cipitent en blanc ; fi à chacun de ces
précipités on ajoute de THuile de
Tartre , ils deviennent plus ou moins
jaunes fuivant la quantité qu 011 a
ajouté ; ces Liqueurs précipitent en
blanc la diffolution d’argent de Cou¬
pelle ; ces précipités expofés au feu
deviennent fous la forme d’une poul-
fiere grife cendrée, brillante ; ces for¬
tes de précipitations ne font pas l’ef¬
fet de l’Acide Marin qu’on pourroit
foupçonner être dans ces Liqueurs,
elles ne les opèrent qu’en qualité
d’Acide Vitriolique fulphureux, com¬
me on va le voir.
J’ai faturé féparément fept onces
de chacune de ces Liqueurs avec de
l’Huile de Tartre très-pure, les mé¬
langes ont fait de vives effervefcen-
ces, ils répandoient une odeur d’Ef-
prit de Sel très-fenfible , mêlée de
l’odeur fulphureufe ; ces Liqueurs fil¬
trées & évaporées au point de crifta-
220 Dissertation
lifation m’ont fourni depuis le comi-
mencement jiifqu à la £n des criHali-
fations de très-beaux Tartres vitriolés
ordinaires, & point du tout de Sel
Marin, les Expériences que j’ai faites
avec ces Sels m’en ont afliiré.
Il ed; bon de faire remarquer ici
que de tous les produits qu’on retire
de l’opération de l’Æther, il n’y a
que ces Liqueurs qui aient l’odeur
de l’Acide Marin, qui efl: fi bien
marquée qu’il n’y a perfonne qui ne
s’y méprenne d’abord ; cette odeur
efi confiante , & ne fe manifefie
que dans le même-temps de la difiil-
îation de l’un & de l’autre Réfidu filtré
& non-filtré ; je crois que cette odeur
vient du principe fiilphureux le plus
fixe, qui efi fort adhérent à ces Li¬
queurs , & y refie combiné d’une ma¬
niéré qu’il n’efi guere pofiîble de dé¬
finir , mais d’une façon propre à leur
donner cette odeur. Le phlogifiique
étant le même dans tous les corps, il
n’efi pas nécefiâire que l’Acide Vitrio-
lique foit rendu fulphiireux par un
principe gras tiré du Régne végétal ;
nous avons fait remarquer précé-
SUR l’Æ T h E R. lU
demment que dans l’opération du
Turbith minéral, l’Acide ’Vitrioliqiie
qui a été rendu fulphureux par le
phlogidique du Mercure, avoit éga¬
lement cette odeur.
Comparaison
De la quatrième Liqueur féparée par la
Difiillation du Rèfidu filtre , avec la
partie de la huitième Liqueur refiee
dans la Cornue des Expériences prè^
cédentes.
La fécondé partie de notre huitiè¬
me Liqueur, dont nous venons de
parler, & que nous avons laiflee dans
la Cornue, étoit blanche, un peu
concentrée, fort acide, & tout-à-fait
femblable à la quatrième Liqueiu: reti¬
rée par la didillation du Rélidu filtré ,
à la couleur près ; ce dernier eft cou¬
leur de Lilas, nous avons dit ailleurs
les raifons de cette couleur : il fuit
de-là que ces deux Liqueurs font de
l’Acide Vitrioliqiie plus concentré &
infiniment moins altéré que les pré¬
cédentes Liqueurs, elles font feule¬
ment légèrement fulphureufes.
222 Dissertation
NEUVIÈME PRODUIT,
Huile de Vitriol.
C e t t e Liqueur eft de THiiile de
Vitriol tres-fulphureufe, noire, épaiL
le 5 plus ou moins concentrée , ou
d une pefanteur fpécifique plus ou
moins grande, lui’Siant que l’on a fé-
paré plutôt ou plus tard les produits
qui l’ont précédé ; elle a charié
avec elle pendant fa dillillation un
peu de la matière bitumineufe qui lui
a donné cette odeur & cette couleur
défagréable. Jufque-là cette Huile de
Vitriol ne relTemble à la cinquième
Liqueur féparée du Réfidu filtré, que
par le meme ordre dans lequel l’une
& 1 autre font obtenus, car cette der-
mere efl une Huile de Vitriol très-
blanche , tres-pure, & n’ayant aucune
odeur ; cependant il arrive quelque¬
fois qu’elle efl; très-légérement ful-
phureufe, mais cela n’altere rien de fa
blancheur, en en faifant difliller fort
peu elle perd entièrement cette odeur.
SUR l’Æ T h E R. 115
L’autre au contraire a befoin d’une
chaleur plus forte, plus durable, &
même d’une manipulation tout-à-fait
femblable à celle qu’on employé or¬
dinairement pour blanchir les Huiles
de Vitriol qui font noires, alors elle
perd fa mauvaife odeur, & elle de¬
vient par dégrés de la même blan¬
cheur & de la même pureté que la
précédente , & ces deux Huiles fe
Teifemblent en tout; on trouve dans
ia Cornue après fa redification une
très-petite quantité de terre blanche,
dont naus aurons occafion de parler
ailleurs.
J'ai fait avec ces Huiles de Vitaol
du Tartre vitriolé, qui ne diftéroit en
rien de celui qui eft fait avec de 1 Hui¬
le de Vitriol qui n’a jamais fervi. J’en
ai fait del’Æther, il né s-eft rien paftë
d’extraordinaire pendant le cours de
ces opérations, & j’en ai retire la mê¬
me quantité que fi j’avois employé
de l’Huile de Vitriol neuve.
214 Dissertation
DIXIÈME PRODUIT,
Espece de Soufre.
D A N D on pouffe jiffqii’à iîccité
la difliilation de notre mélange de
l’Acide Vitriolique avec l’Elprit de
Vin, on remarque, que fur la fin de
1 operation, il fe fublime à la voûte
de la Cornue une matière jaunâtre^
impregnee d Acide fulphureux qui
lui donne une très-mauvaife odeur.
Tous les Chymiftes font d accord fur
la nature de ce fublimé, & difent,
que c’eff du Soufre formé par l’Acide
Vitriolique & le phlogiffique de l’Ef-
prit de Vin ; mais il me paroît que
cette matière n’a pas encore été exa¬
minée avec affez d’exaditude , du
moins ceux qui ont dit quelle étoit
du Soufre, n’ont pas rapporté les
Expériences qu’ils ont faites pour le
prouver; je doute que cette matière
foit du Soufre, & je penfe qu’elle eff
plutôt une efpece de Sel volatil, ou
bien une portion de terre enlevée
SUR l’Æ T H E R. ÎIJ
par la violence du feu a la faveur des
vapeurs de la Liqueur, & qui aura
changé de couleur luivant les circonf-
tances.Comme on n a de cette matière
qu’en très-petite quantité fur un grand
volume de mélange, je n’ai pu faire
aifez d’Expériences pour affurer ce
que c’eft que ce fublimé ; mais le peu
qui va être rapporté ne fera pas
favorable à l’opinion reçue ; à mefure
que l’occalion fe préfentera j’éclair^
cirai ces doutes.
J’ai mis de ce fublimé dans de 1 eau
à deffein de le laver, il s y eft diffoi^
fans troubler fa tranfparance, & n a
commimiqué à l’eau
couleur citrine. J y ai ajouté de 1 Hui¬
le de Tartre, il s’eft excité une légère
efîervefcence, à railbn de l’Acide ful-
phureux dont cette matière etoit im¬
prégnée, & rien ne self précipité;
je l’ai étendu dans un peu d’eau, le
tout eft refté parfaitement clair.
J’ai mis de ce fublimé fur les char¬
bons ardens, il n’a point brûlé com¬
me fait le Soufre ordinairement, )e
me fuis même mis dans 1 obfcurite
pour l’obferver, il çft tefté fixe, oc
K V
ii6 Dissertation
s’eil blanchi au feu fans donner de
flamrre.
Il me paroît que ces Expériences
très-limples l'ont fuffifantes pour en¬
gager les Chymilles à fulpendre leur
jugement lur la nature de la matière
qui en elt fobjet, & qui pourroit bien
n’avoir que la feide apparence du
Soufre. Ainli, fans vouloir ici décider
ce;te queflion, je me contente d’in¬
diquer des faits qui doivent faire naî¬
tre des doutes, & engager à travailler
plus particulièrement fur cette matiè¬
re : peut être ed-elle du Soufre ? mais
altéré & dégiiifé par une furabon-
dance d’Acide Vitriolique.
SUR l’Æther. 2.2.7
ONZIÈME PRODUIT ,
E S P . E C E D E B î T U M E , ,
O R S Q U E le Réfidii de 1 Æther
eil évaporé, comme nous l’avons dit,
parla diftillation, il relie dans la Cor-
nueàine matière noire, Imlante, cal-
fante, plus ou moins féche, plus ou
moins acide , fuivant que le feu a ete
pouffé ou ménagé ; on a jufqu a pre-
fent nommé cette Réfidence, Matière
Bitutnlneufe^ quoiqu’elle ne reffemble
point à du Bitume par les qualités
eftentielies ; car, tous les Bitumes
rendent quelque Huile, cette matière
au contraire n’en rend point du tout.
Dans quelque état de molleffe quon
puiffe la prendre, on ne retire que de
r Acide Vitriolique fulphureux, &
fuivant les dégrés de féchereffe ou de
mollelfe im peu de ce fublimé, a^^ant
Tapparence de/Soufre dont je viens
de parler. ,
J’ai mis de cette matière en diltilia-
tion dans une Cornue de verre, al a
K vj
2i8 Dissertati on
paffé d’abord une Liqueur très-claire,
fulphureufe, légèrement acide ; fi on
laide perdre à cette Liqueur la mau-
vaife odeur en l’expofant àlair, elle
a après cela lodeur de l’Acide Marin.
A cette première Liqueur en fuc-
cede ime pareille, à l’exception de
ce qu’elle eft beaucoup plus acide ; en
perdant fa mauvaife odeur, elle re¬
tient comme la précédente celle de
l’Acide Marin ; ce dernier Acide eft
affez pur, & peut fervir à bien des
iifages.
Il relie dans la Cornue après l’avoir
pou/Té long-temps, & à un très-grand
feu, une maffe noire , dure, ayant
une odeur de pierre à fufil qui vient
d’être battue.
Cette matièremife dans un creufet
brûle d’abord un peu, & pouffée à la
derniere violence du feu y rede fixe,
& devient d’une couleur grife cen¬
drée. Kunkel dit que cette matière
fe vitrifie. M. Pott alTure en avoir
mêlé une partie avec dix parties de
verre, & que cela lui a donné un verre
d’un jaune verdâtre.
M, Pott dit encore, que li on cal-^
SUR l’Æ T H E R. 229
eine ce caput monum^ (0) on retire
par le moyen du vinaigre diftillé une
efpece de Sel vitriolé. Voici ce que
j’ai fait à ce fujet :
J’ai fait calciner de cette matière
bitumineufe feule, elle brûle d’abord
un peu, & laiffe échapper une flam¬
me légère ; fl la calcination n a ete
pouflee que pour la tenir rouge feu¬
lement un peu de temps, elle efli par-
femée d’une infinité de veines bleues
magnifiques on verra plus ample¬
ment ailleurs que cette madere con¬
tient beaucoup de fer, puifque j’en
ai retiré diflerens bleus de PrulTe ; en
cet état cette matière a l’odeur de
pierre à flifll qui vient d’etre battue.
Cette matière ainfi calcinée fer¬
mente avec les Acides afl^ez vive¬
ment , & répand avec tous une forte
odeur d^Héparfulphuris , fans prefque
les colorer.
. J’en ai fait bouillir dans uae fiole
avec fuflifante quantité d’eau, j’en ai
tiré une leflive légèrement ambrée,
qui en fe refroidiflant a dépofé une
poudre blanchâtre, qui avoit le goût
(e) Sur la fin du $ IX,
130 Dissertation
& Todeiir du Soufre, mais cependant
qui ne brûloit pas comme le Soufre ;
il ell refté fur le ültre un maire qui a
teint le papier en vert.
Cette Liqueut, ainfi filtrée, a un
goût de Soufre très-fort ; elle verdit
le Syrop violât.
L’Huile de Tartre la fait blantbir,
& précipite une matière blanchâtre
qu on prendroit pour du Soufre, par
le goût, par Fodeur ; mais ce préci¬
pité lavé & féché ne brûle point com¬
me le Soufre.
L’Efprit de Vitriol fermente & fait
exhaler une forte odeur âÜHépar fuU
phuris^ le précipité efi: blanchâtre^
lavé & féché, il ne donne^ par la
cômbufiion aucun indice de Soufre.
L’Efprit de Sel fait la même chofe.
L’Efprit de Nitre de même.
Le vinaigre difiiîlé a fait la même
chofe, & le précipité lavé & féché ne
mapa?plus donné d’indice de Soufre
par la combuftion que les précédens^
quoique la Liqueur en eut fortement
l’odeur.
Cette Liqueur mife à évaporer m’4
fburni le Sel vitriolé de M. Pott,
dont je viens de parler.
SUR l’Æ T H E R. 23 t
Ce Sel précipite en jaune la diffo-
lution de Mercure ; ce précipité paffe
rapidement au noir, & peu à peu de¬
vient d’un beau blanc.
Il donne à la diffolution d’argent
une belle couleur jaune, & très-peu
de temps après il fe fait un précipite
de la même couleur, mais qui peu a.
peu perd de fon éclat, & paffe enfin
à une couleur noire défagréable. ^
La leffive de ce caputpiortuum, pré¬
cipité fur le champ la diffolution de
Mercure en jaune fonce ; ce précipité
brunit fortement peu de ternps apres.
Cette même leffive précipité la
diffolution d’argent d’une couleur
brune foncée, ce précipité étoit ex¬
trêmement abondant, quoique j eiiffe
mis très-peu de diffolution, & que je
l’euffe étendue dans beaucoup d eau.
Le vinaigre de Saturne eft précipite
en une belle couleur rouge, qui paffe
fur le champ à une couleur brime
foncée. ,
J’ai fait évaporer quatre onces de
cette Liqueur à une chaleur douce 9
jufqu’à la réduction d’un gros; pen¬
dant tout le temps de fon évaporar
2}2 Di sse rtation
tion elle répandoit une forte odeur
d"Hépar fuLphuris ; ellQ a dépofé un
peu d’une matière blanchâtre, d’une
odeur & d’un goût de Soufre infup-
portable dans la bouche, & qu’on
pourroit prendre pour du Soufre,
mais qui ne brûle pas comme lui;
cette matière efr en partie fixe au feu
& laifie une terre blanchâtre.
M. Pott dit (/») qu’Hoffmann a tiré
de ce caput mortuum un Soufre com¬
mun en en faifant un Hépary ce que le
meme M. Pott a répété, il l’a fait de
deux parties de Sel de Tartre, &
d une partie de cette matière Bitumi-
neufe ; cet difibut dans l’eau ,
& précipité par le vinaigre lui a don¬
né du Soufre commun ; en répétant
l’Expérience je n’ai rien obfervé de
pareil.
Voici ce que j’ai fait, & tout ce
qui s’efr pafie à ce fujet.
J’ai pulvérifé enfemble une once
de Sel de Tartre, & demie-once de
cette matière bitumineufe qui a été
pouflee fortement par la Cornue ; j’ai
mis ce mélangé dans un creiifet, il
<t) Au commencement du $ X.
SUR l’Æ T h E R. ^33
eft devenu d une couleur rouge pen¬
dant la calcination, de même que
devient Vliépar fulphuris ordinaire ,
mais étant refroidi, il a noirci a me»
fure qu il a attiré l’humidité de 1 air ;
je l’ai fait fondre dans fuffilante quan¬
tité d’eau, la Liqueur filtrée étoit ver¬
te, claire, & d’une très-forte odeur
à'Hépar, il eft refié fur le filtre un
mare qui a communiqué au papier
une forte couleur bleue verdâtre. ^
J’ai verfé fur cette Liqueur filtree
du vinaigre difiillé, la Liqueur efi de¬
venue trouble , blanchâtre , & n a
laiflé précipiter que le lendemain un
dépôt grifâtre, qui lavé & feche n a
donné aucune indice de Soufre par la
combufiion ; cette matière rougit au
feu & y refie fixe.
Bleu de Prujfe fait avec la matière
bitumineufe.
Si on verfe fur cette Liqueur filtrée
de l’Efprit de Vitriol, il fe fait un pré¬
cipité vert, fort abondant, & la Li¬
queur furnageante refie bleue.
L’Efprit de Sel fait le même effet,
mais fl on en force les dofes , il fe tait
^34 Dissertation
im vilain précipité jaune, qui rede¬
vient d un très-beau bleu en y rajoii-
tant de l’Huile de Taitre & de TEfprit
de Sel. ^
L Elprit de Nitre fait un précipité
jaune ; û on y rajoute de l’Huile de
i artre, le précipité refte le même, &
devient d’un très-beau bleu en y ra¬
joutant de 1 Efprit de Sel.
^^^atil de Sel ammoniac
dillipe & altéré la couleur verte de
cette Liqueur, fans rien faire préci¬
piter ; mais l’Efprit de Sel fait repa-
roitre le précipité d’une couleur bleue
qui ne le cede en rien aux précéden¬
tes.
De toutes ces Expériences il n’y
en a aucune qui m’ait donné un Soii-
re parfait avec toutes fes propriétés,
J ai bien eu des produits qui en ap-
prochoient, mais dont les différences
etoient très-manifedes pour quicon¬
que veut voir fans prévention.Toutes
ces matières font à la vérité des prin¬
cipes propres à former du Soufre,
mais il leur manque une élaboration
5 ^ ^rai Soufre,
6 fl MM. Hoffmann & Pott ont avan-
SUR l’Æt HER. 235
cé que c étoit véritablement du Sou-
fie , certainement ce n a pas ete dans
le deffein d’induire perfonne en er¬
reur ; car Hoffinann dit » qu’il a re-
» marqué que ce caput mortuum ce-
menté avec l’argent ne le touche
» point comme le Soufre ordinaire ,
» cela ne doit etre attribue qu aux
» parties fuligineufes fuperflues qui
» l’enveloppent, & au mélange qui
» devoit former le Soufre qui cft en-
» core imparfait « (^).
En partant des principes déjà potes
& connus de tout le monde fur la na¬
ture du bleu de Pruffe, il eft aifé par
toutes les Expériences qui viennent
d’être rapportées fur ce caput mor¬
tuum, de concilier les fentimens des
Chvmiftes qui ont été partages, Iça-
voir à laquelle des deux Liqueurs de
l’Huile de Vitriol & de l’Elprit de Vm,
on devoit attribuer cette matière bi-
tumineufe ; les uns comnie Kunkel
l’attribuoient au feiil Efprit de Vin ,
d’autres comme Becker & Roth dans
(^) § X. d^M. Pott,
Obfcrvacions Phyficiues
Vol. 1. page 353.
8c dans la Traduûion des
Sc Chymitpues d’HotFmann.,
Î36 Di ssertation
la Uiffertation fur le Vitriol l’attri-
buoient au feul Acide Vitriolique.
, » qu’on doit
” ? i,'**^* attribuer en grande partie
» a 1 Acide Vitriolique, & A fa terre,
» quoique l’Elprit de Vin n’en foit pas
» exempt a raifon de fes parties hui-
» leiiies. «
Boyle dans fon Traité des Idées,
fait voir allez clairement qu’on doit
i attribuer à tous les deux.
Pour moi je ims du fentiment de
i^oyle, & les Expériences que je viens
de rapporter me paroiffent afîéz déci-
ives la-de/Tus ; car les différens bleus
de Prude que ce Réfidu ma donnés,
prouvent encore ce que j’ai dit ail-
ieurs de la grande quantité de fer
contenu dans les Huiles de Vitriol &
qui fe trouve ramalTé dans ce Rélidu •
mais ce fer tout feul ne fera jamais de
leu ce PrulTe, quoiqifuni à l’Acide
Vitriolique , il a befoin d’un principe
gras & fulphureux ; les débris de la
decompofition de l’Efprit de Vin avec
lequel il te trouve joint lut convien¬
nent très-fort, comme on le verra
bien-tot; mais il ne me paroîtroit pas
SUR L’ÆtH E R, 237
exa£le de dire que cette'matière ne
contient rien de plus que du fer joint
aux parties graffes de TEfprit de Vin ;
j’ai fait voir à la décompofition de
FÆther que cette Liqueur fait préci¬
piter une matière blanchâtre de l’Hui¬
le de Vitriol ; cette matière pourroit
bien être une terre, elle mériteroit la
peine d’être féparée pour être exa¬
minée à part avant qu’elle bit combi¬
née au total de ce Rélidu. Ce fenti-
ment me paroît conforme à celui de
M. Hellot, qui dit, (r) » il feroit chi-
» mérique de dire quelle s’eb formée
„ du mélange des Liqueurs pendant
» l’opération, puifque c’eb la terre
» que l’Efprit de Vin précipite tou-
» jours de l’Huile de Vitriol la mieux
» reaifiée, St dont il eft parlé dans
» l’extrait d’une Lettre imprimée à la
» fin du Mémoire de MM. Duhamel
» & Grofle. J’ajoûte feulement qu’il
» y a grande apparence quelle vient
» des luts qu’on met aux vaiffeaux
» pour retenir les vapeurs acides du
» Vitriol quand on le difiille la pre-
» miere fois, & qu’il eft inutile de lui
(r) Dans &n Mémoire de , page
238 Dissertation
» chercher une origine plus myfté-
» rieule «.
Des^ MATIERES Bitumineuses
precipitces au point de faturation , en
faijant le fécond Tartre vitriolé décrit
ci-dejfus ^ avec ce Rfidu non-filtré^
& refé fur le filtre.
On trouvera peut-être extraordi¬
naire que je commence par donner
ici le detail des matières bitumineules
réparées de ce Réfidu acide par voie
de faturation, avec des alkalis, avant
que d etre entré dans le détail du Sel
neutre qui réfulte de cette faturation ;
mais j ai cru devoir tenir cet ordre
ahn qnon voye de fuite les variétés
que j ai obfervées fur ces matières bi-
tumineufes prifes dans diiférens états,
ou réparées par différens moyens.
Cette matière encore humide eft
gralîé & vifqueufe, à raifon de la
grande quantité d eau qu elle retient,
elle eR de couleur de caffé au lait,
étant bien féchée elle relTemble à une
terre d un blanc fale, parfemée d une
infinité de petits points gris cendré.
En la calcinant a demi, elle devient
SUR l’Æther. 239
4 ’un très-beau blanc luifant, elle fe
délaye alors difficilement dans la
bouche ; h on continue à la calciner
elle fe fond, & devient un émail de
couleur de maron luifant, & qui fait
feu contre facier trempé.
On doit confidérer que cette ma¬
tière contient une portion de la terre
du Sel alkaii qui s’en fépare toujours
lorfqif on le fature avec des acides,
& c eft à cette terre & à un peu de
Sel qui y relie toujours, & quil elt
impoffible de féparer entièrement,
qu’on doit attribuer la fufibilité de
cette matière ; car ce même Bitume
qui n’a point été mêlé avec des Sels,
réfide au plus grand feu fans entrer
en fufion.
Si l’on en met diffoudre dans de
l’Acide Vitriolique , lorfqu’elle eft
feulement féchée, & fans être calci¬
née elle le rend femblable au Réfidii
de l’Æther non-liltré.
Comme j’ai répété plufieurs fois
l’opération de ce Tartre vitriole avec
du Sel de Tartre très-pur, je me fuis
trouvé avoir fuffifamment de cette
matière bitumineufe pour pouvoir
faire plufieurs Expériences.
2.40 Di SS ertation
J’en ai mis deux ontes en diililla-
tion dans une Cornue de verre au:
bam de fabie, il a paffé d’abord un
peu de Liqueur claire qiù avoit une
tres-légere odeur de vinaigre diffillé
enfuite un peu d’Huile fluide, légé-'
rement colorée, qui peu à peu eft
devenue rouge foncé & fort épaiffe:
le total de ces deux Liqueurs étoit de
deux gros, dont environ un gros &
demi en Efprit, & le refte en Huile ;
ces Liqueurs avoient l’odeur qu’ont
les matières animales difollées dans
a Cornue, & reffembloient plus par¬
ticulièrement à la corne de cerf; car
outre l’odeur elles en avoient toutes
les propriétés ; cet Efprit verdit le
Syrop violât, & fermente avec les '
Acides : toutes ces preuves non-équi¬
voques font affez voir que c’efî: de
1 alkali volatil.
J ai féparé de la Cornue fix gros
de terre noire, friable & vitrefcible,
de même que celle qui n’a point fouf-
fert de diflillation.
Ayant eu occafion de refaire plu-
lieiirs fois de ce Tartre vitriolé, i’ai
remarqué que lorfqiie j’employois
des
SUR l’Æ T h E R. 24Ï
^des Sels alkalis très-purs, & ne con¬
tenant aucunes parties terredires fu-
perflues, comme la potaffe en con¬
tient ordinairement, la Liqueur qui
doit fournir le Tartre'vitriolé ne s’é-
clairciffoit jamais entièrement, & le
Sel que j’en retirois étoit très-roux j
fl après qu’il efl bien fec on en met en
diftiliation, il produit de l’Efprit vo¬
latil & de i’Huile fœtide, tels que le
Bitume précédent m’a donnés ; ce Sel
fondu dans l’eau £ltré & crillalifé,
étoit très-beau & très-blanc.
La couleur roulTe cpu’il avoit avant
la diftiliation ne peut être attribuée
qu’aux parties huileufes de l’Efprit de
Vin qui étoient interpofées entre ces
criHaux, & qui n’ont pu être rete-r
nues par la filtration par rapport à la
plus grande pureté du Sel alkali qui n’a
prefque point fourni de terre laquelle
fert comme de filtre à la Liqueur.
La formation de l’alkali volatil
vient de ces mêmes parties huileufes
qui ont enlevé & volatilifé avec elles
une portion des Sels ; & l’on fçait que
Starkey a dit dans fa Pyrotecnie que
pour volatilifer les alkalis fixes, it
L
24 ^ Dissertation
n eil quefiion que dç ies joindre aux
Huiles^
Ces petites variations obfervées
par le plus ou le moins de pureté de
la part d^s Sels alkalis, m engagèrent
,a m a/Turer s il n’y auroit point aulîi
quelques variations dans la matière
bitumineiife qui ell rçftée fur le filtre,
puifqu’elie contient une bien moindre
quantité de terre ; mais ces différenr
ces fc font bornées feulement à la
couleur de ce dépôt. Celui-ci humi¬
de ou féciié étoit également noir,
fournis a la diliiliation, il m’a donné
de même qtie le précédént de l’alkali
volatil, & la Rékdence de la Cornue
étoit de même vitrefcible.
On voit que çes matières bitiimi-T
neiifés different prodigieufement de
celles qui proviennent de ce même
Réfidii diftilié à ficcité, & qui n’a
point touché à des alkalis,.
La première fournit pendant la dif^ ''
tillaticn de l’Huile fœtide & de l’alkali
volatil : nous venons d’en dire les rair
fons. ,
L’autre, c’efl-à-dire celle qui n’a
iwint touché aux Sels alkalis iie four:
SUR l’ Æ T H E R. 145
nit ni Huile , ni alkali volatil, & au
contraire elle ne donne que deTAcide
Vitriolique très-fldphureux, ce qui ne
doit point furprendre, cela vient de
l’atlion continue de FAcide Vitrioli¬
que furies principes huileux de TEfprit
de Vin, au lieu que dans l’autre cas, la
faturation ayant été faite par l’alkidi,
l’Acide n’a plus la même aélion fur
l’Huile. On me dira peut-être que
cette Théorie n’eft point conforme
aux principes de la Table des Rap¬
ports de M. Geoffroy, où il marque
que l’Acide Vitriolique a plus d’affini-
fé avec le phlogiflique qu’avec le Sel
alkali : à cela il eft aifé de répondre
que le feu qui opéré cette diftillation
n eft pas afîez fort pour procurer la
décompofition,qui ne manqueroit pas
d’arriver fi le dégré de chaleur étoit
plus confidérable.
Des dépôts séparés de la
Cornue, à mefure qu'ils fe formoimt^
par la concentration du Réjidu de
l'Æther filtré,
J’ai fait fondre ces dépôts enfem-
ble dans une bouteille de verre avec
fuffifante quantité d’eau ; de bleu ver-
dâtre que cette matière étoit, elle a
communiqué à la Liqueur une cou¬
leur jaune, trouble, d’un goût ilipti¬
que de Vitriol ; cette Liqueur filtrée 1
étoit parfaitement femblable à une fo:‘ j
lution de yitriol de Mars, elle a laifi'é !
fur le filtre vingt-quatre grains d’une
matière terreiife , jaune & férrimi-
neiife.
Cette Liqueur ainfi filtrée change
très-légèrement le Syrop violât en ;
rouge.
Avec l’infiifion de noix de galle ,
elle fait de très-belle encre.
Avec la lefiive de fonde & de
chaux vive elle fait un très-beau bleu |
de PrufTe ; fi on y ajoure un peu d’Ef 1
prit de Sel il devient encore plus beau. |
(f) Voyez ce <jue c’eft que ces dépôts, pages j
SUR l’Æ T h e r;
J’ai fatiiré d’Huile de Tartre très-
pilre le relie de cette Liqueur, fil¬
trée , dans l’inllant du mélange la Li¬
queur ell devenue jaune, trouble,
enfuite brune comme du cafFé au lait,
& parfemée de temps en temps de
quelques veines bleues très-légeres
qui dilparoilToient fur le champ ; la
Liqueur s’ell éclaircie au point de fa-
turation, elle a paffé très-claire par
le filtre, il efl relié fur le filtre cin¬
quante-quatre grains d’une matière
férrugineufe, un peu plus pâle que le
précédent dépôt.
Tous les crillauy que j’en ai retirés
étoient parfaitement bien configurés
en Tartre vitriolé depuis le commen¬
cement jufqu’à la fin.
^4^ I^ISSERTATïOî^
DvDèpot resté dans la
, J -- } V» ^ f-t* i
<t Juché fans être calciné. (/)
Cette matière eft criiîalifée com¬
me le Sel fédatif, elle efl bleuâtre,
iort acide, attendu qu’elle n’a pas été
entièrement defféchée par le feu ; je
1 ai fait diffoudre dan’s fuffifante quan¬
tité d eau, la folution étoit femblable
a celle des précédens dépôts, je l’ai
«tree, & en la verfant fur le filtre,
J ai leparé environ douze grains de
Sel tres-blanc, indilToluble dans l’eau,
les Acides les plus concentrés na-
voient aucun accès fur ce Sel; ces
criftaux reffembloient à ceux du Sel
ledatif, mais je regarde cette matière
comme une pure felenite formée de
1 Acide Vitriolique, & d’une matière
terreufe fournie par la bouteille de
grais, ou par la terre que cet Acide
tient lui-même en diffoliition.
Solution bltrée avoit toutes
les mêmes propriétés que celle ci-
ce que c’eft que cet
s t 7 R L^Æ T rt E R. 247
deffus, c eft-à-dire pour former du
bleu de Pruffe, & faire de l encre
avec la noix de galle ; j’ai fait évapo¬
rer le refte au bain de fable a ime
chaleur légère jufqii’à pellicule, elle
s’eft mife en bouillie ou gelée, fans
qu’il y eut aucuns criltaux de formes :
je jugeois que cela venoit de ce que
la Liqueur étoit trop acide, & quelle
contenoit avec elle une trop grande
quantité de terre ; en conféqiience je
la calcinai, elle répandit une prodi-
gieufe quantité de fiimée acide, je
l’ôtai du feu lorfqu’elle fut a^ peu
près féche, je la fis fondre dans l’eau,
je la filtrai, mais elle ne m’a jamais pû
fournir aucuns criftaux, elle efi: reftee
comme une efpece de gelée grenue.
Le dépôt dgmciiré fur ie filtre,cettége-
iée & la Liqueur qui l’environnoient,
employés tous féparément avec la
lefiive des favoniers, m’ont toujours
donné du bleu de Pruflé, de même
que les précédens dépôts ; & avec la
noix de ^alle toutes ces matières
m’ont toujours fait de l’encre. Si cette
matière n’a pas pu fe crifialifer, cela
peut venir de quelques caufes que je
L iv
/
24^ Dissertation
nai pu éclaircir,parce que je n’en
avois pas affez : mais malgré cela on
voit très-clairement par toutes ces
expériences que ces dépôts reftésau
J ^ Cornue étoient du Vitriol
de Mars, qui étoit naturellement te¬
nu en diffolution par TAcide Vitrioli-
qiie, & qui a été extrait par la con¬
centration de ces Réfidus.
J ai fait remarquer ailleurs, («)
qii en concentrant de ce Réfidii ültré,
^ diRillé des gouttes
dHuile de Vitriol dune très-belle
couleur bleue. Je me fuis convaincu
que cette matière ifeR autre chofe
que le vrai bleu de PruïTe, rendu ap¬
parent par quelque caufe qui me pa-
roit difficile a découvrir, puifqu’il a
été fait fans le concours d’aucun al-
kalî, & que jiifqii a préfent TExpé-
neiice a toujours fait voir quon ne
peut tranfporter fur le fer la matière
pblogiffiqiie qui lui donne la couleur
bleue, que par le moyen des Sels al-
kalis qui font le diffol vant naturel &
le véritable véhicule de “cette fub-
Rance. On peut confulter à ce fujet
(m) Sur la fia de la page 6 r.
SUR l’Æ T H E R. 249
les Mémoires de MM.. Geoffroy &
TAbbé Menon, mais fur-tout celiii de
M. Macquer, imprimé dans les Mé¬
moires de l’Académie, en 1752? qui
me paroît avoir mis la derriiere main
à la théorie du bleu de Pruffe , & en
quelque forte épuifé cette matière.
Peut-être, quoiqu’il foit confiant par
les Expériences de M. Macquer, que
les Acides minéraux ne dhTolvent
.point la matière colorante du bleu de
Pruffe, lorfqu’ils font dans leur éta,t
naturel, & qu’on n’employe que les
moyens ordinaires : peut-être, dis-je,
l’Acide Vitriolique dans les différen¬
tes combinaifons qu’il éprouve a^ec
la matière inflammable de fEfprit
de Vin pendant l’opération de i’Æ-
ther, fe charge-t-il d’une portion de
cette matière réduite- dans l’état con¬
venable pour former du bleu de
Pruffe avec le fer, dont il contient
aufîi une- certaine quantité } C’efl un
fiîjet qui mérite un examen particu¬
lier. Quoiqu'il en foit, j’ajoiiterai
ici que,tous les dépôts refiés dans
les Cornues après la diflillation des
Réfidus ( de l’Æther ) filtrés & non-
1^0 Dissertation
filtrés, m’ont toujours fourni du bleu
de PrufTe en plus ou moins grande
quantité, lorfque je les ai mêlés avec
des dofeS convenables d alkali, c’eft-
à-dire telles que le mélange demeu¬
ra toujours un peu acide.
Tartre Vitriolé
Fait avec U Réjidu de VÆther VitrioTi¬
que non-filtré.
Pai faturé dans des terrines d% r
grais la folution filtrée de trois livres [ i
de Sel de Tartre très-pur, & fait'fans r
addition quelconque avec fiiffifante
quantité de ce Réfidu non-filtré. '
Dans finflant du mélange, il s’efl ex- ]
cité une vive effervefcence qui faifoit !
élever une moiiffe blanche parfemée i
à différens endroits d’une couleur j aii- j
ne très-foncée, qui pafToit rapidement i
à une très-belle couleur bleue foncée,
laquelle difparoiffoit très-prompte-
ment ; cette effervefcence étoit fui-
vie de la précipitation de la matière
bitumineufe compofée de l’Acide Vi-
triolique & des principes huileux de ;
l’Efprit de Vin, en forme de flocons I
très-légers, blanchâtres, paroiffant
SUR l’ÆtHER. 2^1
très-gras & virqiieux; ces Liqueurs
répandoient un mélange d’odeurs
fenfibles d’Æther, de Vinaigre diflil-
lé, d’Efprit fulphureux très-léger,
à^Hipar fidphuris ^ de Scordium très-
fort , tirant fur l’ail ; cette derniere
odeur eft relî:ée jufqu’à la fin de l’opé¬
ration ; le mélange s’efl éclairci au
point de faturation, je l’ai mis dans
une marmite de fer pour le faire éva¬
porer au point de crifalifation ; j’ai
filtré cette Liqueur, elle a pafTé très-
promptement & fort claire, elle étoit
de couleur un peu aml)rée ; la matière
bitumineufe ei\ reliée fur le filtre,
j’ai paffé delTiis beaucoup d’eau bouil¬
lante pour en enlever tout le Sel qui
pourroit y être demeuré, je l’ai laiffé
lécher, il a pelé deux onces : à l’article
des Bitumes j’en ai rendu compte, (v)
Les quatre premières levées de crif-
taux étoient parfaitement bien conf-
gimées, & tout à fait femblables au
Tartre vitriolé ordinaire.
La cinquième levée de criflauxm’a
foiurni un Sel bien différent, il étoit
en petites aiguilles argentines, bril-
- (Af) Page xj8, ^
Lv,
C)lSSERTATlON
lames roides, & fort approchantes
des belles heurs argentines de régule
ci Antimoine fautes iàns addition.
le de Vitriol, il fe fait une très-légere
effervefcence, il s en éleve en même-
temps quelques vapeurs blanches qui
ont 1 odeur d’Efprit de Sel. ^
Mais fl fur une folution de ces crif-
taux dans de feau, on verfe quelques
gouttes de cliïToîiition de Mercure,il fe
iait un précipité jaune^ce qui prouve f
que ce Sel a toujours pour halé l’Aci-
de Vitriolique.
^ Les crihaux de la lîxiéme levée • *
etoient en aiguilles, beaucoup plus f
fines & moins bien rangées; FIMle ^ j
de Vitriol ne faifoit rien fur ces criL ' !
taux , mais leur folution précipitoir
en jaune la dilTolution de Mercure.
^ÿ^eur évaporée de nouveau
selt mife en une efpece de glace
ronfle tranfparente , d’une forte
O deiir d ail ou d’arfenic ; cette glace
étoit compofée de crihaux écailleux,
relfemblans au Sel fédatif criftalifé, ,
ranges en forme de cellules, lefqueJ-
tes renfermoieiit une Liqueur d’une >
• SUR l’Æ T h E R. 155
odeur qu il n’eft guere polTible de dé¬
finir. Ces criilaux font d’abord froids
fur la langue , & laiflent dans la bou¬
che un goût de Terre foliée, ils fe
boLirfoufflent au feu avec quelques
décrépitations, ils fe diffolvent dans
l’Acide Vitriolique affoibli, & ren-
voyent des vapeurs d’ail & de vinai¬
gre diftillé : la folution de ces criûaux
dans l’eau précipite en jaune la dilTo-
lution de Mercure ; ce qui prouve
encore l’Acide Vitriolique.
J’ai refait évaporer la Liqueur juf-
qu’à ficcité, elle a continué à répan¬
dre une forte odeur d’ail, d’arfénic,
ou d’affafœtida, qu’il n’eft guere pof-
fible de définir. La mafie laline qui en
a réfulté étoit feuilletée comme la
Terre foliée, mais elle en différoit
effentiellement, & je m’en fuis affuré
en faifant diffoudre de cette matière
dans de l’eau ; cefte folution a la pro¬
priété de précipiter en jaune la difib-
lution de Mercure, ce que ne fait pas
■ la Terre foliée ; cela prouve toujours
r exifience de l’A c;de Vitriolique, mais
extrêmement atténué.
Dans le Mémoire que j’ui eu 1 hon-
2-54 ^ïssërtation
neur de Hre à l’Académie, jayois dit
a cette occafion que la Terre foliée
domjoital Elpnt de Vitriol la faculté
argent; mais depuis
ayant eu des doutes fur cette Expé*
nence , parce que j avois fait ma
erre foliee avec du vinaigre acheté
chez nos Vinaigners qui y „jê!ent
quelquefois de l’Eau forte pour lui
donner plus d aélivité, j’ai pris le
parti de répéter l’Expérience avec
du vinaigre que j’avois fait moi-mê.-
me, & alors je n’ai pas apperçu le
meme effet ; ainfi ce que favois avan-''
ce a ce lujet dans mon Mémoire eft
mie erreur à réformer.
Tartre Vïtrtolè
Fait avec la Potajfe.
Si au heu de Sel de Tartre très-pur,
on e fert pour faire ce Tartre vitriolé
de la potaffe, feulement fondue dans
de leau & filtrée, les mêmes phé¬
nomènes fe préfentent pendant la fa-
turation mais les crifialifations font
bien différentes ; d’abord ce mélange
s éclaircit plus aifément, à raifon d’une
certaine quantité de terre que ce Sel
SUR L Æt h E R. 25^
contient, & q^ui rt’a été feparee
entièrement par la folution & filtra¬
tion ; cette Terre iért comme de filtre
à la Liqueur. La première levée de
criftaux contenoit trois criflalifations
différentes ; fçavoir, une en Tartre vi¬
triolé ordinaire ; une autre irréguliè¬
re , dont les criffaux étoient plus min¬
ces coupés quarrémentpar une extré¬
mité , & ayant des angles droits. Les
autres étoient longuets, & formant
un cilindre quarré un peu applati par
les deux côtés oppofés, coupés per¬
pendiculairement à leur extrémité
& y formant un lofange parfait.
Parmi les autres levées de criftaux
qui ont été variées de plufieurs autres
façons, la plus grande partie avoit
entièrement la configuration du Sel
fédatif criflalifé ; configuration qui
lui venoit du Sel Mpin que contenoit
ma potaffe ; c’efl une chofe affez re¬
marquable de la part de ce Sel, &
qui mérite bien la peme d etre fume. ,
25^ Dissertation
O B s E RrA TI O NS
et T!xPÉRlEji^cES
Faites fur h Réfidu de lÆther '
EitrioLique.
Nous avons dit dans pliifieurs en-
drons ce que c’eft que ce Réfidu, ainfi
■I eft mutile d’en faire ici une rëpéti-
ùon. Cette matière qui refte dans la
Cornue immédiatement après la dif-
tillation de l’Æther, quoiqu’abbreu-
vee d une grande quantité du phlea-
me de lEfprit de Vin, attire encore
ITiumidite de l’air, elle s’échauffe
beaucoup avec beau & avec l’Efprit
de Vin ; fi on en lailfe vieillir dans
des bouteilles bien bouchées pendant
une année ou deux, la matière gralfe
ou celle qui colore l’Acide Vi-
triolique fe précipite peu à peu en
forme de fedimertt, & la Liqueur qui
la fumage devient tranfparente dV
_ paque qu’elle étoit auparavant, mais
tres-colorée. On peut la féparer en
grande partie pour la concentrer, c ell:
un moyen que j^ai quelquefois em¬
ployé, liVcide quon en retire m’a
SUR l’Æth êr. 257
paru exiger trop de travail pour ac^
quérir toute la pureté que je defirois,
i d’ailleurs je trouve ennuyant de laif-
fer vieillir ce Réfidii quelquefois pei>
dant deux ans, & d’être obligé de le
concentrer au bout de ce temps pour
le pouvoir mettre en ufage avec pit)-
lît. Comme j’en avois une très-grande
j quantité qui m’embarraffoit, & que*
la filtration à travers la bouteille de
^ grais ne m.e paroiffoit pas moins en-
ff nuyante, je cherchai d’autres moyens
a qui fuirent plus courts & moins em-
i barraffans pour le dépurer de cette
î matière bitumineufe.
J’ai fait voir précédemment que
1 lorfqu’on diflille ce P«.élidu jiifqua
t ficcité, l’Acide Vitriolique qui paffe .
t fur la finquoique bien concentré,
. efi: d’une couleur & d’une odeur dé-
: fagréable, parce que l’Huile de Vitriol
, qui difiille alors, enleve avec elle une
certaine quantité de cette madere bi¬
tumineufe , & lui donne prefqiie la
J même couleur quelle avoit aupara-
] vaut ; d’ailleurs, quand on veut reti-
j rer tout l’Acide Vitriolique d’une cer-
I taine quantité de ce Réfidu, il faut,
i
ï) T SS-ERTATî ON
comme on fçait, im feu très-violenf
pour le faire difliller ; outre que ce
moyen eft difpendieux, l’Acide qui
diftille en cet état a une chaleur que
les vaiffeaux de verre ne peuvent
gueres fupporter que dans les plus
grandes chaleurs de l’Été, car dans
toute autre Saifon les cols des Cor¬
nues font fort fujets à fe caffer par le
contaâ; de l’air froid. Pour abréger ce
travail, & ahn de retirer de ce Réfidii
ce qu’il eft poliible d’Acide Vitriol.’-^
que qui put reffervir, je tentai dif-
ferens moyens, defquels je ne rap¬
porterai que ceux qui m’ont réuffis.
Ayant délayé avec de l’eau, de
cette Huile de Vitriol qui étoît diftil-
lée très-noire, je m’apperçus que le
principe colorant fe précipitoit en¬
tièrement fous la forme d’une pouf-
liere, & n etoit nullement adhérant
comme il Veû dans le Réfidu ordinai¬
re, & l’Acide qui en étoit féparé ref-
toit aiiiîi limpide que de l’eau ; cette
Expérience préliminaire me fit faire
cette reflexion ; Si la matière noire a
ete précipitée dans cette circonfiance,
dk doit l’être de même dans ce Réfi-
SUR l'Æ T h E R. 259
du, qui ne feroit que concentré jufqu à
un certain point, & fans quon fût
obligé de le dilliller jufqu à ficcité,
parce que la chaleur qu a cet Acide*
lorfqifil bout, doit être fuffifaiîte pour
lui faire perdre fon Giuun^ fi je puis
m’exprimer ainû. La confiance que
j’avois à ce raifonnement étoit li for¬
te, que fans héfîter je fis une Expé¬
rience fur vingt livres de ce Réfidu.
Je mis donc cette quantité dans
une Cornue de verre, que je plaçai
dans un bain de fable d’un fourneau
de Réverbere, que j’avois arrangé de
façon à être entièrement maître de
tous les dégrés de chaleur que je voii-
lois domier. Je fis didiller environ fix
livres de Liqueur fulphureufe qui de¬
vint acide par dégrés infenfibles juf-
qu’au point de ne plus être fupporta-
ble fur la langue ; cette Liqueur, quoi¬
que vieille de plufieurs années, donna
dans les commencemens quelques
gouttes d’Huile de Vin.
La Liqueur de la Cornue en cet
état de concentration n’avoit plus de
cette matière bitumineufe à fa furface,
elle s’étoit dépofée fous la forme d’ime
2.6o Dissertation
poiifTiere ou de fable, & malgré cela
mon Huile de Vitriol étoit très-noire,
trouble, & fort épaiffe ; j en ai gardé
•en cet état pendant un mois, environ
deux livres .dans une bouieille lon¬
gue , elle ne s!ed: prefque point éclair¬
cie , quoiqu elle ait laiffé précipiter
une grande quantité de fa matière li-
moneufe; & je préféré, pour éviter
1 embarras, de finir de la purifier tout
de fuite de la maniéré fuivante,
J ai verfé fix livres d eau filtrée fur
le refte qui pefoit onze livres, ce
mélangé s’efî: échauffé prodigieufe-
ment, je fai hitré à travers le papier
gris après qifil fut fuSfamment re¬
froidi ; la Liqueur a paffé très-promp-
tement claire & un peu jaune ; il efl
refte fur le filtre un dépôt noir, qui
lave & bien féché ne m’a rien donn
de P us par la diflillation à la Cornue,
que la matière bitumineufe ordinaire
réfuîtante de cette combinaifon, &
qui n a point touché aux alkalis.
J ai mis dans une Cornue la Liqueur
nltrée pour la concentrer, elle n’a
nullement changé de couleur tant
qu il n a diffillé que du phlegme, mais
SUR l’Æ T h E R. l6l
lorfqiie les gouttes ont commencé à
tomber un peu acides, la Liqueur de
la Cornue s’eil colorée par dégrés in-
fenlibles jufqu à devenir noire, tranf-
parenîe, après quoi elle eft devenue
par dégrés aulïl blanche & aiiffi bril¬
lante que de TEfprit de Vin. Il s’efl
formé dans le fond de ia Cornue une
très-petite quantité de dépôt blanc :
tant que la Liqueur de la Cornue fe
blanchiffoit, celle qui dillilloit étoit
un peu fulphiireule. Par cette mani¬
pulation j’ai retiré de très-belle Huile
de Vitriol, pefant dix-fept gros dans
une bouteille d’une once d’eau pure,
& qui n’avoit aucune odeur fiilphu-
reuîé ; je la regarde comme auffi pure
qu’il foit polîible de l’avoir.
En répétant cette Expérience fur
un autre effai, & après l’avoir brouillé
avec l’eau, je l’ai laiffé repofer fans
le troubler, j’ai remarqué qu’il y avoit
à la fiiperhcie du dépôt qui étoit fé-
paré de la furfaee de la Liqueur d’en¬
viron quatre travers de doigts, une
prodigieufe quantité de criftaux très-
blancs de la configuration du Sel fé-
datif criftalifé ; mais que je n’ai pu fé-
262 Dissertation
parer, parce que pour le peu que je
touchaffe a la bouteille ils fe mêloient
avec la matière bourbeiife. Ne feroit-
ce pas la en partie la matière qui fe
fublime lorfqu on pouffe par la diffib
lation ce Rebdu a liccité, & que l’on
a pris pour du Soufre ? ce phéno¬
mène mériteroit bien la peine d etre
éclairci.
Il eff bon d’avertir ici que l’on peut '
entretenir toujours bouillant ce Réfi-
du non-bltré pendant fa concentra¬
tion, pour le dépurer, fans craindre
quil monte s’il •eff vieux feulement
de fix mois ; mais fi on veut fuivre
cette concentration immédiatement
après la diff illation de l’Æthet, il faut
alors ménager le feu pendant quel¬
ques jours, parce que cette matière
fe raréfie & monte très-aifément ;
c eff dans le temps de cette raréfac¬
tion que cette matière perd apparem¬
ment fon Gluten; car j’ai remarqué
que lorfque ce Réffdu eff une fois ’
monté, il eff beaucoup plus tranquil¬
le fl on le remet pour le concentrer,
& ne monte plus que dans le cas d’une
'affiliation mal conduite. Lorfqu’on a
SUR l’Æ T h E R. 163
jialiTé vieillir ce üéfidii, vraiiemblu-
blement la même combinailon s’eil
faite, mais peu à peu & plus tranquil -
lement, puifqu il ne le raréfie plus au
point de rnontçr, à moins que l’opé¬
ration ne l'oit mal conduite.
Si l’on veut éviter de faire monter
■ ce Rélidup & que l’on aye delTein de
> }e concentrer promptement lorfqii’il
' çH nouveau, il n’y a qu’à ajouter dans
: îa Cornue immédiatement après la
à didillation de l’Æther, quelques pin
J res d’eau, luivant la quantité qu’on a
3 de Réfidii, & continuer la diRillation ;
3 cette addition empêche très-bien la
1 raréfaèhon des Liqueurs, parce qu’el-
1 le divife davantage la matière bitu-
1 mineufe, c[ui a le temps de perdre
|| fon 67 z/re /7 pendant quelle s’évapore,
^ ^lors cet accident n’ell plus à çrain-p
ï dre, & l’on peut entretenir la Liqueur
t toujours bdiiiilante. Malgré cette ad-
i xiition d’eau 011 abrège l’opération,
[; parce qu’il faut moins de temps pour
Ç la faire évaporer que celui qu’on ed:
j obligé • d’employer pour opérer la
; combinaifon au point qu’il n’y ait plus
rien à craindre du coté de la raréfàc-
» tiofî.
i64 Dissertation
Il ell prei’qiie inutile de dire ici que;
la raréfadion dont nous parlons, n efl
à craindre que lorfque la Cornue dans' n
laquelle on fait la diftillation n’ell ï-
point d’une capacité fulîifante, cari
cette raréfaclion a des bornes : ainli, j
lorfqifon fe fert de vaiffeaiix affez't
grands, on peut fe difpenfer d’ajoûten;
de l’eau ou de laiffer vieillir le Réiidu, ,1
J’ai toujours remarqué que dans t
toutes ces concentrations on avoit i
beaucoup plutôt fait de délayer cet:*.
Acide concentré dans de l’eau, de le •
filtrer & le concentrer de nouveau,,
que de le laiffer dépofer de lui-même ;,
cette opération eft longue : en cet :
état l’Acide Vitriolique a un dçgré de
conliffence qui empêche & retarde i|
beaucoup la féparation de la matière 3
pulvérulente.
i
Fin dt U Dijfertation fur tÆthcr '
Vitriolique,
ÆTHER
ÆTHER NITREUX.
g^^^ONSiEUR Duhamel, Mem-
^ M ^ bre de FAcadémie Royale
Sciences,-lut en 1742
un Mémoire très-curieux (at) que lui
avoit envoyé M. Navier, Médecin
à Châlons , & Correfpondant de
FAcadémie : mais l’opération quoique
décrite avec beaucoup d’exaàitudè,
n’a cependant pû être répétée encore
que par un petit nombre de perfonnes,
à caufe de quelques circonilances qui
ont été négligées ; ces circonftances
paroiffent à la vérité fort peu de cho¬
ie , mais elles font néanmoins de gran¬
de conféqueru:e pour quiconque, les
ignore, elles fervent comme de bar¬
rière à la réuffite de cette opération,
ce qui fait voir qu’en fait de détail
(x) Voyez les Mémoires de l’Académie, Année
*74^3 P4ge i7S.
M
Dissertation
d’Expériences on ne fçaiiroit être
trop exaêt, même fur ce qui paroît
être minutieux.
Le premier qui a réufü à Paris à
faire TÆther Nitreux avec une cer¬
taine facilité , n a pû s’imaginer, à
caillé de la mauvaife opinion qu’il a
de tous ceux qui s’appliquent à 1^
Chymie , que.perfonne pût avoir Iç
même fuccès que lui ; & c’eû fur ce
fondement qu’il nfa acculé mal-à-
propos dans des Leçons publiques,
de hire cette opération en mêlant de
l’Æther Vitriolique avec de l’Eiprit
de Nitre. Mais comme tout ce travail
a été fait à delTein d’infruire, & non
point à delTein de critiquer, j’ai penfé
qu’il feroit plus à propos de répondre
à une imputation fi injulle par des
faits, que tout autrement : c’elî pour¬
quoi j’ai tâché, de ne rien négliger
dans le détail de l’opération que je
vais décrire , af n que .les perfonnes
les moins initiées dans là Chymie
puilTent en toute sûreté, & fans qu’il
leur arrive jamais de danger, répéter
çommodénient cette opération.
Je penfe bien que quelques perfou-
SUR l’Æ T h E R. 2(^7
ncs de mauvaife humeur me repro¬
cheront de n’avoir pas rapporté tout
ce qu on pouvoit dire fur cette ma¬
tière ; a cela je ne ferai que répéter
ce que j’aï dit ailleurs, que mon def-
fein étoit de rapporter cette opéra¬
tion pour me juftifier des reproches
qu on m a faits ; & que je me propofe
de traiter ce liijet avec autant d’éten¬
due quil mérite en un Volume qui
fiiivra celui-ci.
Je dois avertir ici que mon procédé
ne doit rien diminuer du mérite de
celui de M. Navier, dont il n’eft pour
ainfi dire qu’une copie ; s’il y. a quel¬
ques différences, ce n’efl: que dans
quelques points de manipulations que
j’ai tâché de perfetfionner. Je prie
le Public'judicieiLX, de ne me point
foupçonner d’avoir cherché à m’attri¬
buer par ime nouvelle manipulation
une opération dont la découverte
eft feide capable de faire l’éloge de
rAuteiir.
Mij
x 68 Dissertation
Æ T'H ER NI T R E U JC ,
Mettez fix onces d’Efprit de Vin
très-reâ:iEé dans une bouteille de
gros verre dç Sève, capable de con-*
tenir environ une livre d’eau-; placez
cette bouteille dans un fce£ni d’eau
bien fraîche ou rafraîchie par de la
glace : verfez fur FEfprit de Vin en
quatre ou cinq reprifes, quatre onces
d’Efprit de Nitre très-fumant, con^
centré au dégré que nous défgnerons
ci-a|iïès, en obfervant que l’Efprit
de Vin foit dans un mouvement per¬
pétuel de rotation, à mefure que
vous verferez votre Efprit de Nitre.
Il n’eft pas néceffaire que la bouteille
foit bouchée pendant qu’on fait le
mélange, il fiiffit d’en fermer l’ouver¬
ture avec le pouce ; mais quand il
fera achevé, alors il faut la bien bou¬
cher avec un bon bouchon de liège
qui doit être recouvert & aïïiijetti
avec un morceau de peâu en double
bien ficelé ; laiffez le tout en repos
dans de l’eau très-fraîche que vous
renouvellerez de temps en temps.
Environ deux ou trois heures après.
là Liqueur perdra un peu de fa tranl-
parence par Finterpolition d’une infi¬
nité de gouttes d’Æther, qui fe dé-,
gage indifiéremment dans toutes l'es
parties de la mafie, & qui peu à peu
îé rafîemble & vient furnager la Li¬
queur ; au bout de vingt-quatre heu¬
res le mélange fe fera éclairci, & vous
pourrez féparer ce qu’il y aura d’Ƭ
ther de formé ; il y en aura environ
deux onces : mais comme il s’en re¬
produit encore, laiffez-le environ fix
à huit jours, au bout duquel temps il
ne s’en forme plus ; percez alors avec
un poinçon de fer le deffus du bou¬
chon , afin de faciliter la fortie de l’air ■
trop c-ondenfé, vous verrez s’élever
un petit bouillonnement intefiin fort
léger ; débouchez la bouteille & ver-
fez ce quelle contient dans un enton¬
noir de verrê, afin de féparer promp¬
tement l’Æther d’avec l’Acide, vous
en aurez quatre onces ; cette quantité
peut varier fuivant que les LiqueLU*s
que vous aurez employées feront
plus ou moins concentrées.
Il aura une légère couleur citrine
fort agréable à la vue, confervez-le
M iij
27 ° I^TSSERTATTON
dans un flacon de criïlal bien bouché,
leRéfldu.péfera cinq onces & demie,
c efl; une clemie-ônce qui fe fera éva¬
porée pendant la féparation.
R E M A R UES.
^ Après un grand nombre d’Expé-
riences que j ai faites pour rendre la
manipidation de cette opération plus
facile, j’ai toujours été ‘obligé d’en
revenir au procédé qui vient d’être
décrit, comme étant celui auquel je
donne la préférence, parce qu’il four¬
nit davantage d’Æther ; cependant je
rapporterai par forme d’Expériences
quelques-uns des autres procédés qui
en rendent auflî, mais en moindre
quantité. Ces Expériences ne laiflé-
ront pas que de donner beaucoup de
lurniere fur ce qui fe paffe dans cette
opération, on verr^ què la quantité ■
dair qui fe dégage pendant que la
combinaifon fe fait, efl pour le moins
aufli a craindre que la chaleur qui naît
dans ce mélange : c’efl pour cette
raifon que je me fers de bouteilles
de Verre de Sève, à caufe de la diffi-
çulté quoi! a d’avoir des balons ou
SUR l’Æ T H E R,' l*/t
matras fuffifamment forts pour faire
cette opération: les bouteilles de Sève
réliftent très-bien, fans qu’il arrive
d’accident ; la dofe prefcrite ici eft
pour la chopine, je mets le double
dans des bouteiljes de pinte, & je
crois qu’il eft efl'entiel de n’en pas
mettre davantage, du moins je ne
l’ai pas tenté.
La fraîcheur de l’eau de puits que
je rechange de temps en temps, afin
de ralentir un peu l’effet de l’Efprit
de Nitre fur rEi’prit de Vin, m’a tou¬
jours fufti lorl’que la température de
l’ajj; n’a que dix dégrés de chaleur au-
defliis de la congellation ; (jy) mais ft
le Thermomètre monte plus haut, je
regarde comme eftentiel de plonger
ce mélange dans de la glace, afin de
prévenir la rupture des bouteilles,
ce qui, je crois, ne manqueroit pas
d'arriver ; lans cela, l’Æther fe for-
meroit avec trop de précipitation, il
feroit réduit en vapeurs par la cha¬
leur que le mélange acquiert, laquel¬
le eft plus que fufiifante pour cela,
comme on le verra dans un inftant,
{y} Au Thermomètre de M. ds Réaiiniur,
M iv
'â7î Dissertation
J’ai prefcrit de verfer l’Efprit de
Nitre a plufieiirs reprifes, parce que
cela efl: plus sur que de le verfer en
une feule fois; quoique je lave fait
plufieurs fois à ces dofes feulement,
ians qu’il me foit jamais arrivé d’acci-
dent; je voulois pour lors effayer
julqii a quel point on pourroit pouffer
ce mélange, en obfervant les précau¬
tions que j’ai indiquées ci-deffus : c’efl
pourquoi je vais un peu infifler far
cet endroit de la manipulation, car
c eit de-la que dépend prefque tout
ie fucces de l’opération. J’ai dit qu’il
lalloit rem.iier très-promptement, &
donner un mouvement de rotation
continuel à l’Efprit de Vin dans le
temps qu’on verfbit l’Efprit de Nitre ;
cette manipulation ed très-effentielle,
elle feit àdélayer furle.cliamp l’Acide
Nitreux, & à modérer par-là fa trop
grande aélivité ; fans cela il tomberoit
au fond par fon poids, & agiffant avec
toute fa force fur une même portion de*
1 Efprit de Vin, il occafionneroit une
explofion très-dangereufe. Cet acci¬
dent ed plus particulierément à crain-
dte lorl’qu ou a déjà employé environ
SUR l’Æ T H E R. 273
les trois quarts de ibn Acide Nitreux ;
on peut s’en aiTurer ihns danger en
veriant feulement quelques gouttes
'd’Efprit de Nitre dans le mélange fans
le remuer : on entendra à chaque
fois un pétillement femblable à celui
que fait une goutte d'eau jettée dans
une poêle de friture chaude, c’ed la
petite portion d’Efprit de Vin touchée
par FElprit de Nitre qui eft réduite en
l’état d une vapeur dilatée. On pré¬
vient sûrement cet accident en mê¬
lant promptement avec tout l’Elprit
de Vin, chaque portion d’Efprit de
Nitre que l’on verfe ; par ce moyen
l’Efprit de Vin étendant beaucoup &
délayant l’Efprit de Nitre, en répri¬
me l’aftivité très-euicacement. Il ré-
fulte encore un autre avantage de
cette méthode, c’elt quelle diminue
confidérablement la chaleur qu’occa-
iionne le mélange , laquelle, lorf-
qu’elle eft portée à un certain dégré,
fait à coitp sûr caffer la.bouteille, à
caufe de la fraîcheur de l’eau qui l’en¬
vironne. Il ne faut pas îailfer ce mé¬
lange plus de huit jours fans en fépa-
rer l’Æther, parce que fi on le laiffe
274 Diss. ERTATioN
plus long-temps, une partie de TÆ*
tlier fe recombine en pure perte avec
Je Réfidii : on peut cependant le lë-
parer par la diftillation ; mais fi Ton
n’a pas une certaine quantité de ce
Réfidu on le diRülera inutilement.
La précaution de percer d’un petit
trou le bouchon de la bouteille qui
Contient l’Æther Nitreux, avant d’ô-
ter entièrement le bouchon, efl né-
cefîaire pour faire fortir peu à peu
l’air qui s’elt dégagé du mélange, &
qui eft dans un état de compreffion
confidérable. Une partie de cet air
femble être incorporée ou interpolée
dans les parties de la Liqueur ; car, fi
l’on vient â déboucher la bouteille
précipitamment, cet air ainfi* incor¬
poré dans le mélange fe dégage en
grande partie tout à coup, fouleve la
mafle totale en forme d’ébulliti-on, &
pourroit faire répandre une partie de
LÆther, fi l’on n’avoit pas l’atten¬
tion de lui faire prendrè l’air par
dégrés, en lui donnant ainfi un peu
de vent.
Dans toutes mes Expériences j’ai
toujours employé de l’Efprit de Niîre
s Ü R l’Æ T H E R. 275
qui pefoit douze gros dans une bou¬
teille qui tenoit une once d’eau pure,
la même bouteille tenoit en Èfprit
de Vin bx gros quarante-huit grains,
les Thermomètres étant à onze degrés
au-deffus de la congellation ; préîen-
tement je vais rapporter dans le nom¬
bre des Expériences que j’ai faites
avec l’Efprit de Nitre & l’Elprit de
Vin, celles qui me paroiffent utiles
pour le iiijet que je traite ici.
Premicrc Expérimce. Les dofes des
deux Liqueurs que j’ai indiquées pour
l’opération de l’Æther Nitreux, font,
celles que l’Expérience m’a fait con-
noitre être les meilleures pour en avoir
en toute sûreté ; car j’ai fait plufieurs
fois un mélange de trois onces d’Ef-
prit de Vin très-reélifié, avec une
once d’Efprit de Nitre fumant, fans
avoir pu obtenir une goutte d’Æther,
quoique j’euffe laide les Liqueurs en
repos pendant plus de trois femaines :
ayant après ce temps débouché la
bouteille, le bouchon fut pouffé auÛl
fortement que s’il y eût eu de l’Æther
de formé ; j’y ai rajouté une once
d’Efprit de Nitre j quatre heures
37^ Dissertation
après cette addition on commençoit
à voir dans la Liqueur une difpofition
favorable à la formation de FÆther ;
il s en ell effedivement produit, mais
j’en ai retiré une demie-once de moins
que fl le mélange eût été fait d’abord
à des dofes convenables.
L’Efprit de Nitre agit avec beau¬
coup plus de violence que l’Acide
Vitriolique fur l’Efprit de Vin, c’ell
apparemment à cairfe de celav que
l’Æther Nitreux n’a pas befoin dé dif
tillation pour fe former comme l’Æ-
•ther Vitriolique ; l’aélivité avec la¬
quelle l’Acide Nitreux fe joint aux
principes de l’Efprit de Vin eû û gran¬
de , quelle oblige à prendre toutes
les précautions que nous avons indi¬
quées pour faire le mélange, fans quoi
on rifque de tout perdre avec des
explofions très-dangereufes. Je crois
même que malgré toutes ces précau¬
tions il efl impoffible de contenir un
mélange fait avec parties égales des
deux Liqueurs : les Expériences fui-
vantes vont faire la preuve de ce que
j’avance.
'Seconde Expérïmu. J’ai mêlé dans
SUR L’Æ T H E R. 277
un matras de verre d’un pouce d’é-
paifleiir douze onces d’Elprit de Vin,
& autant d’Eiprit de Nitre fumant, en
prenant les précautions marquées ci-
deffus ; mais prefque fur la fin du mé¬
lange elles n’ont pas été obfervées
avec alfez d’attention. On a verfé de
l’Efprit de Nitre fans remuer affez
vite, & avant que le mélange fût
complet, à deux onces d’Efprit de Ni¬
tre près, qui n’ont point été mifes
avec le refie du mélange ; les Li¬
queur^ , quoique plongées dans de la
glace, le font fi fort échauffées, & la
raréfaélion a été fi violente, que le
bouchon qui n’.étoit que de liège a
été lancé à quarante pieds de hau¬
teur avec une explofion très-forte,
& la Liqueur fortoit en vapeurs avec
tant de rapidité quelle faifoit un jet
d’environ hidt pieds, femblable à ce¬
lui d’un ^olipyle ; le Balon n’a point,
éclaté, mais il s’efl caffé feulem.ent
par le contrafle du chaud intérieur &
du froid extérieur.
Cet accident que j’attribue au peu
d’exaclitude qui a été obfervee dans
la manipulation, m’a engagé à recom-
17^ Dissertation
mencer cette Expérience, afin de
m afliirer de la pofiîbilité ou de Tim-
pofiîbiiité de faire & de contenir un
mélange de ces Liqueurs fait à parties
égales. Je n avois plus de Balon d’ime
force convenable, ce qui me contrai¬
gnit heureufement de diminuer la
quantité du mélange, de de le pro¬
portionner cà la force & à la capacité
du vaifieau dont je me fuis fervi. •
Troifiéme. Expérknu, J’ai mis dans
une forte bouteille de chopine de
Sève, trois onces d’Efprit de Vjn très-
reélifié, & autant d’Elprit de Nitre fu¬
mant , en prenant les précautions in¬
diquées dans le procédé, (en remuant
très-promptement à chaque fois que
je mettois de l’Acide Nitreux,) je fuis
parvenu à mêler affez vite & fans dan-
ger les deux Liqueurs ; elles fe font
très-bien comporté, & alTez long¬
temps pour que je puffe bien boucher
la bouteille, & la couvrir d’un mor¬
ceau de peau en double, de la bien
£celer, & de la placer dans un fceau '
d’eau très-fraîche. Un dçmi-quart-
. d’heure après il s’ed élevé du milieu
de la Liqueur un léger bouillonne;
SUR l’Æ T h E R. 179
ment, qui en moins de quatre fécon¬
dés fut fuivi d’un autre qui étoit
confidérable que, quoique la bou¬
teille fût bien bouchée, il fe fît un
très-petit fiffiement à travers le bou¬
chon & la' peau qui ne s’eft point
crevée ; mais le bouillonnement aii-
gmentoit fi fort que le tout devint
très-rouge, & reffembloit par la cou¬
leur à de l’Efprit de Nitre très-fu¬
mant & pur ; les chofes en cet état
annonçoient un danger très-évident,
je me fuis éloigné, il-fe fît a l’inflant
une rupture de la bouteille avec tant
de violence, qu’on l’auroit prife pour
un coup de canon ; le fceau dans le¬
quel étoit cette bouteille fe cafîa, les
planches fiirent lancées au loin , mal¬
gré trois cerceaux de fer quavoit
ie fceau ; l’adion étoit fi forte en
tous les fens, qnola planche qui for-
moit le fond du fceau fut également
brifée, les planches & l’eau empê¬
chèrent heureufement que les éclats
de la bouteille ne fliffent lancés laté¬
ralement avec autant de violence
qu’ils le furent en haut ; car j en
hÀ ü-ouvé dans une gallerie voifine
zSo Dissertation
qui avoit quarante pieds de haut.
Après CCS deux Expériences dan-
gereufes j’en fis une troifiéme à peu
près de la même nature, laquelle eft
infiniment moins redoutable, & par
où j’aurois dû commencer, ce qui
m auroit difpenfé de faire les précé*
dentes ; mais en fait d’Expériences il
n’arrive que trop fouvent de fj^iir par
où l’on auroit dû commencer.
Quatriéim Expérimce.. Les Thermo-
métrés étant à neuf dégrés au-deffus
de la congellation j’ai, mêlé dans une
£ole à médecine une once d’Efprit de
Vin très-redihé avec autant d’Elprit
de Nitre fumant ; lorfque ce mélange
a été tait & refroidi par de l’eau, j’ai
placé la fiole, fans la boucher, dajis,
une petite écuelle de grais, & difpo-
fée de façon que je puffe obferver
fans danger ce qui fe pafferoit. Au
bout de vingt minutes il a commencé à
s’élever de ce mélange quelques bul¬
les d’air qui ont-augmenté par dégrés,
mais fl rapidement qu’en quatre mi¬
nutes l’effervefcence &; la chaleur fe
font accrues au point que le tout a
acquis une couleur auiïï rouge que
SUR l’JÉ T H E R» 281
de rEjfprit de Nitre très-fumant pur ;
le mélange a monté en partie par-
defliis la fiole, qui étoit de la conti¬
nence de fix onces, & poufToit une
quantité prodigieufe de vapeurs , qui
avoient une forte odeur d’Æther Ni¬
treux ; le bouillonnement & fefFer-
vefcence finis, j’ai refroidi la fiole &
ce quelle contenoit dans de l’eau de
puits, j’ai ajouté dans la fiole ce qui
a monté par-deffus pendant l’aéfion
de ces matières, le tout n’a plus pefé
que demie-once, ainfi c’eft une once
& demie de Liqueur qui s’efl difîipée
en deux minutes ou environ : l’ou¬
verture de la bouteille avoit trois li¬
gnes de diamètre ; fi ces vapeurs euf-
fent été recueillies dans im'ferpentin
de verre bien rafraîchi, elles aiiroient
vraifemblablement fourni de l’Æther
qui, comme on voit, auroit été fait
en très-peu de temps. Le Réfidu gardé
dans luie fiole bien bouchée n’a plus
produit d’Æther, il reffembloit en
tout au Réfidu de l’Æther Nitreux. •
Toutes ces Expériences font au¬
tant'de preuves non-équivoques de
la rapidité avec laquelle i’Efprit de
iSi Disse RTATioî^
Vin efî attaqué par TEfprit de Nîtfô
& de l’impoffibilité qu’il y a de conte¬
nir un mélange de ces Liqueurs fait à
parties épies, pourvu que l’Elprit de
Nitre foit concentré au point que.
j’ai marqué plus haut.
La quantité d’air qiii fort lorfqu’on
perce le bouchon d’une' bouteille
avant que d’en féparer l’Ætherj com¬
me nous l’avons dit plus haut, m’a
paru affez conhdérable poàir mériter
qu’on y faffe attention: pour cela
j ai fait l’Expérience fuivante*
Cinquième Expérience, Les Thermo¬
mètres étoient à dix dégrés au-delTus
de la congellation, &; n’ont monté
pendant tout le temps qu’a duré l’Ex¬
périence qu’au douzième ; il y a eu
des jours où ils font defcendus au
neuvième dégré. J’ai mêlé dans une
bouteille de chopine de Sève, trois
onces d’Efprit de Vin, & deux onces
d’Efprit de Nitre fumant; j’ai bouché
la bouteille avec un bon bouchon de
liège, auquel j’avois ajufté, un tube'
de Thermomètre percé d’outre en
outre ; lorfque ce bouchon a été bien
alfujetti par de la peau en double, &
$ V R l’Æ T h Ê R. 283
de façon que l’air extérieur ne pût
avoir aucune communication, j’ai ar-
. rangé folidement à ce tube qui s’éle-
voit d’environ deux pouces au-deffus
du bouchon une grande veffie de
bœuf, vuidée d’air autant qu’il m’a
•- été polTible, afin de recevoir celui
j, qui fe dégageroit du mélange : la
bouteille a été placée dans de l’eau
i très-fraîche ; il n’a commencé à en-
] trer de l’air dans la vefîie qu’au bout
} de huit heures, temps où ces matie-
I res commenceront à travailler, la
f veffie a continué de fe remplir jufqu’à
) ce que tout l’Æther fe fût formé ; j’ai
l laifle cet appareil dans le même lieu
[ pendant douze jours.
Alors j’ai étranglé la veffie avec
une bonne ficelle avant que de la dé-
luter, & lorfque l’air quelle conte-
noit a été refierré dans l’efpace qu’il
devoit occuper naturellement, fans
y être ni à l’aife, ni comprimé , j ai
ficelée de nouveau la veffie forte¬
ment à cèt endroit, en faifant difpa-
roître les rides qu’elle pouvoit avoir ;
j’ai fait un petit trou à la partie fupé-
rieiire de cette veffie, affii d’en éva-
±84 D I s s È R T A T I Ô N
ciier l’air, lequel n’avoit que rodeu?
d Elprit de Nitre, & prefque point
celle d’Æther, il ne s’eft même rien
Gondenfe dans la velîie ; enluite j’ai
fait la tare de cette vefîie , je l’ai
remplie d’eau, elle en a -contenu
quatre livres douze onces, c’ell-à-
dire que fuivaiit le calcul que j’en aî
fait, le volume de l’air qui occupoit
cette efpace, étoit au volume des Li¬
queurs employées- environ comme
18 à I.
M. Haïes, fi connu par tant d’ex-
cellens Ouvrages, a remarqué que
l’eau forte abforboit de l’air, & que
l’eau-de - vie en rendoit fort p*eu*
^j/e^ Statique des Végétaux^ traduit
en François parM. de Bufon , pag. î 6 2
& 156.) Cependant le mélange de
ces deux Liqueurs bien déplilegmées>
en prodiiifent, comme, on voit, conii-
derablement, c’ed: cet air qui fait en
plus grande partie tout le danger de
1 opération de l’Æther Nitreux, & qui
oblige à fe fervir de bouteilles fuffi-*
famment fortes pour le contenir.
J ai pefé la Liqueur que contenoit
la bouteille ayant que d’en féparer
SUR l’Æ T h E R. iS^
f'Æther, elle étoit diminuée de deux
^ros, mais cette perte eft confiante ;
j’ai toujours remarqué dans tous les
mélanges de cette nature quelle fe
faifoit dans le temps qu’on évacue
l’air des bouteilles qui ont été bien
bouchées : préfentement il refie à
fçavoir, fi cette perte efl purement
de l’air qui a pafTé dans la vefîîe, ou
bien s’il a entraîné avec lui de l’Æ-^
ther, comme il y a tout lieu de le
penfer; car je crois avoir obfervé
que cette perte efl plus proportion¬
née à la capacité des vaifTeaux dont
on s’efl fervi ( lorfqu’ils font bien
bouchés ) qu’à la quantité du mélafo
ge qu’on a employé. ({)
Pour m’afTiirer s’il étoit pafle de
l’Æther dans la vefîie, j’ai fait l’Ex¬
périence fuivante , qui de voit me
donner quelque éclaircifTement là--
defïïis.
Sixième Expérience. J’ai ramoli une
vefTie de bœuf avec de l’eau, en pre¬
nant bien garde qu’il n’en entrât de-
(\) Mon deffein n’étant pas de donner préfentc-^
^en: un Traité complet fur cette matière , je n’ai
fait aucune Expérience po^r véiiliei ce qui viepç
4’ftre dit.
2^6 Dissertation
dans, je l’ai féchée entre des linges ^ i
& viiidée d’air autant qu’il m’a été :
poffible ; j’ai mis dans cette velTie
deux gros d’Æther Nitreux, lorfque
la vedie a été bien fermée, je l’ai
chauffée peu à peu jufqu’à réduire
tout l’Æther en vapeurs ; en cet état
il a. occupé une place égale à trois
livres d’eau , puis je l’ai expofée à la
température de l’air où j’avois fait
l’Expérience précédente, qui pour
lors avoit un dégré de chaleur de
plus, la velîie s’eff affaiffée peu à peu,
1 Æther s’eff condenfé en grande par¬
tie , & ce qui a reffé en vapeurs n’oc-
ciipoit plus qu’une place égale à ffx
onces d’eau, après cela la veffie s’eff
féchée peu à peu, & l’Æther s’eft
diffipé à travers fes pores, ce qui a
duré deux jours, au bout duquel
temps il n eff plus rien reffé, parce
que cet Æther eff fort acide ; il a
rongé en partie la veffie fans là per¬
cer , mais il s’eff fait des paffages qui
ont favorifé fon évaporation,
objeaion. _ Malgré cette Expérience, on m’ob-
jeélera peut-être que ce n’eff que de
i’Æther qui a paff e dans la veffie, ôc
SUR l’Æther. 2S7
non point de lair ; mais qu’étant
beaucoup plus fubtil que celui qui
relie dans la bouteille, il doit être
par conféquent d’une dilatabilité affez
grande pour qu’il ne piiiffe le con-
denfer que par un très-grand froid,
ljue je n ai point obfervé.
• Je répondrai que cela peut être,
je donnerai même quelques preuves
favorables à ce fentiment, mais fur
lelquelles on auroit tort de prendre
une affirmative bien rigoureufe, cela
demande d’autres Expériences : en at¬
tendant il reliera au moins prouvé
qu’il fe dégage, pendant que cette
combinaifon lé fait, un fluide très-élaf-
tique ; tel qu’il Ibit, qui mérite bien
qu’on y falîe attention, afin qu’on
prenne toutes les précautions nécef-
faires pour éviter des explofions très-
dangereufes.
Le procédé de la cinquième Expé¬
rience ell celui auquel je donnerois
la préférence pour faire l’Æther Ni¬
treux; mais cependant après celui
qui a été décrit à la tête de ce petit
Traité, parce qu’il en rend davanta¬
ge , l’autre en rend un peu moins,
iSS Dissertation
mais aiiiîi il n’y a rien à craindre du
côté de la rupture des vaiffeaux.
Septième Expérience* Les Thermo¬
mètres étoient à neuf dégrés au-
deffus de la congellation, & n’ont
monté qu’au dixiéme pendant tout
le temps de l’Expérience. J’ai fuf-
pendii dans une hole à médecine
affez large d’ouverture un Thermo¬
mètre de Mercure, dont la bôule
avoit lix lignes de diamètre ; j’ai mêlé
dans cette fiole trois onces d’Efprit
de Vin avec deux onces d’Efprit de
Nitre fumant, ce mélange a fait mon¬
ter le Mercure du Thermomètre de
vingt dégrés ^ j’ai recouvert la fiole
avec un morceau de peau percée
d’un petit trou, ôr y laiffant le Ther¬
momètre plongé , ce mélange n’a
point été refroidi. L’air qui l’envi-
ronnoit l’a rafraîchi affez pour faire
baiffer le Mercure de l’inflrument de
fept dégrés en trois heures, il y efl
refié environ trois heures, au bout
duquel temps il a commencé à s’éle¬
ver des bulles d’air du fond de la fiole,
le mélange s’efl échauffé peu à- peu
jufqu’à faire monter en moins d’une
deinie-
SUR l’Æ T h E R.
demie-heure le Thermomètre de on¬
ze dégrés au-defTiis de l’endroit où il
s’étoit arrêté; je craignois alors que
la chaleur n’augmentât trop vite, je
plongeai la fiole dans de Feaii nou¬
vellement tirée du puits, les bulles
d’air ont cefle, mais le Thermomètre
marquoit toujours cinq dégrés de
chaleur de plus que ceux qui étoient
à l’air : alors j’ai ajoûté de la glace
dans l’eau qui baignoit cette fiole,
elle n’a pu rappeller au terme de la
glace le Thermomètre qui étoit plon^
gé dans le mélange ; pendant vingt-
quatre heures que j’y ai entretenu de
la glace, il a conflamment gardé cinq
dégrés de chaleur au-defiùs de zéro ;
le lendemain j’ai retiré la fiole de
l’eau, & je l’ai expofée de nouveau à
l’air, le Thermomètre a remonté en
deux heures de temps de dix dégrés ,
& y eft relié près d’un jour, après
quoi il a commencé à defcendre infen-
fiblement jiifqu’à ce que tout l’Æther
fe fut formé, & il s’efl remis au même
dégré que les autres, lefquels pour
lors raarquoient cinq dégrés de cha¬
leur au-dei 3 ^ de la congellation, ce:
190 Dissertation
qui a duré quatre jours, & en tout
TExpérience a duré iix jours.
Le vaiffeau de cette Expérience
ayant été choifi large d’ouverture &
bas, n’a pas été bouché bien exade-
înent; tout cela, dis-je, a facilité l’é¬
vaporation de la Liqueur æthérée à
mefure quelle fe formoit, le Réfidu
a pefé quatre onces, c’eft une once
de Liqueur qui s’eft évaporée. Mal¬
gré cette Expérience j’ai voulu m’af-
furer s’il étoit poffible de faire de
l’Æther Nitreux avec profit dans des
vaifTeaux mal bouchés, pour cela j’ai
fait les deux Expériences fuivantes.
HuitUrm Expérience. Les Thermo*
métrés étoient à neuf dégrés au-def*
fus de la congellation, & n’ont monté
qu’au dixiéme pendant tout le temps
qu’a duré l’Expérience. Je me fuis
fcrvi d’un petit matras capable de
contenir dix onces d’eau, le col avoit
trois pouces de haut, & trois lignes
de diamètre en dedans pour l’ouver-
tiue. J’ai mêlé dans ce matras trois
onces d’Efprit de Vin, & deux onces
d’Efprit de Nitre fumant ; ce mélange
a été tenu dans de l’eau fraîche, chan-
SUR L’Æ T H E R. ±9T
gée d? temps en temps, pendant tout
le temps de rExpérienœ qui a duré
ûx jours, ce matras a été bouché
avec un morceau de peau percé d’un
petit trou : l’Expérience finie j’ai pefé
le total du mélange qui avoit diminué
de fix gros, je n’ai retiré que trois
gros d’Æther, le Rélidu a pefé trois
onces fept gros ; c’eft une once un
gros d’Æther qui ne s’eft point féparé.
Neuvième Expérience. Les Thermo-^
métrés étoient à dix degrés au-defTus
de la congellation, & n’ont monté
feulement que le dernier jour de l’Ex¬
périence au douzième dégré. Un pe-*
tit matras tenant une livre d’eau ,
dont le col avoit deux pieds & demi
de haut, & quatre lignes de diamètre
en dedans, m’a fervi pour cette Ex¬
périence ; j’ai mis dans ce matras un
mélange de fix onces d’Efprit de Vin
& de quatre onces d’Efprit de Nitr®
fumant. Le matras bouché d’un mor¬
ceau de peau en double & percé d’un
petit trou pour y recevoir un tube de
verre capillaire, afin de faciliter la
fortie du fluide élailique à mefure
qu ü fe dégageroit ; ce mélange 4
291 Dissertation
refté dans de l’eau fraîche pendant
cinq jours : pendant ce temps il s’eft
fait fix gros & demi de perte, je n’ai
retiré qu’une once fept gros d’Æther,
■ y compris un gros qui s’eft évaporé
pendant fa féparation, au lieu de
quatre onces que j’aurois dû avoir ;
le Réfidu a pefé fept onces deux gros
& demi, c’ef deux onces deux gros
d’Æther qui n’a pu fe féparer pour
des raifons que je vais dire.
L’Æther Nitreux fait dans des vaif-
feaux dans lefquels l’air extérieur a
un libre accès, ou bien fait dans des
vaiffeaux difpofés à recevoir l’air à
mefiire qu’il fe dégage du mélange,
comme dans l’Expérience cinquième,
l’Æther Nitreux, dis-je, fait de ces
maniérés ef bien différent de celui
qui eft fait dans des vaiffeaux affez
clos pour ne rien lailfer échapper
pendant qu’il fe forme ; le premier fe
maintient tranquillement dans les fla¬
cons aufli-tôt qu’il efl féparé de fon
Acide, & ne fait ni ébulHtion, ni ef-
fervefcence lorfqu’on débouche les
flacons qui le contiennent, parce que
l’air a eu k facilité de s’évacuer à me-
SUR l’Æ T h E R. 295
fiire qu’il s’eft dégagé du mélange, il
entraîne en même-temps avec lui un
peu de la portion la plus rpiritiieufe
de l’Æther qui contribuoit à la répa¬
ration du total ; c’ell: une forte de dé-
compolition de la Liqueur æthérée,
qui lé fait à mefure quelle fe forme.
On a dû remarquer par les Expérien¬
ces précédentes, que plus l’air a un
libre accès dans les vailfeaux qui con¬
tiennent les mélanges, moins on a de
Liqueur æthérée, & plus on retire
de ce que j’appelle Rljidu , c’ell-à-dire
la Liqueur acide qu’on fépare de def-
fous l’Æther ; aullî de toutes les Ex¬
périences que j’ai faites pour rendre
cette opération plus facile, c’ell: celle
de la veille que j’ai trouvé la plus
commode, & qui m’a rendu le plus
de Liqueur æthérée, mais moins ce¬
pendant que par le procédé dont l’air
extérieur n’a aiicime communication
avec le mélange.
L’autre Æther au contraire, je veux
dire celui qui a été fait dans des vaif-
feaux bien fermés, & féparé de fon
Acide de même que le précédent,
fait une elFervefcence ou un forte
Niij
294 Dissertation
d’ébullition chaque fois qu’on débou¬
che le flacon qui le contient. En ré-
fléchifTant préfentement fur ce qui
vient d’être dit, & fur la différente
manipulation qu’on a employée pour
préparer ces Liqueurs æthérées, il ne
fera pas difficile de deviner la caufe
des différences qu’il y a entre elles;
nous avons fait voir précédemment
qu’il fe dégage de cette combinaifoiî
une grande quantité d’air ; lorfque
cet air eff retenu par la force du bou¬
chon qui lui refiffe, une grande par¬
tie fe récombine au total de la maffe,
ou ne s’en fépare pas entièrement ; il
eff retenu & fixé dans les interffices
de la Liqueur æthérée par l’impulfioa
de celui qui s’eff déjà dégagé du mé¬
lange , & qui lui réfiffe fortement ; il
paroît même qu’il y eff affez adhérant
pour ne s’en pas échapper tout à la
fois, mais il fe dégage fucceffivement
& à mefure qu’on débouche le flacon
qui le renferme, pour lors il fouléve
la Liqueur & fait naître ce bouillon¬
nement ou cette effervefcence : cela
eff fi vrai, ^le fi on rebouche le fla¬
con 5 l’ébullition ceffe dès que la par-
SUR L’Æ T h t R. 195
tie vtiide du même flacon en eft rem¬
plie fuffifamment pour faire équilibre
avec celui qui eft encore dans la Li¬
queur , & qui eft tout prêt à s’échap¬
per dans une pareille circonftance,
Lorfque TÆther Nitreux a perdu
cet air qui paroît lui être fuperflu,
foit en débouchant fouvent les fla¬
cons , foit en l’expofant à l’air libre,
ou enfin en l’expofant fous la Machine
Pneumatique, il ne bouillonne plus,
& il eft tout-à-fait femblable à celui
qui a été fait dans des vaifleaux dont
l’air s’eft évacué à mefure qu’il s’eft
dégagé ; fi cependant on veut en im-
poi’er à ceux qui aiment le merveil¬
leux , & que l’on foit fâché d’avoir
laiffé perdre à l’Æther la propriété
qu’il a de bouillonner en débouchant
le flacon, il eft très-aifé de la lui ren¬
dre en mettant ftmplement dans le
flacon de très-légers fragmens, foit
de papier ou de liège, ou autres cho^
fes femblables ; ce font-là de ces pe¬
tites tricheries de Chymiftes qui peu¬
vent être employées utilement par
ceux qui font curieux de ces appa¬
rences merveilleufes,
NW
Dissertation
ANALYSE
DU Résidu
DEL Æ T H E R Ni T R E U X»
Lorsqu’on fépare l’Æther Nitreux
on retire une Liqueur acide, laquelle
contient de même que le Réüdu de
lÆther Vitriolique les débris de la
décompofition de rEfprit de Vin,
mais d une maniéré différente ; nous
avons fait voir que ce Réfidu Vitrio-
iique étoit très-fulphureux, & ne
contenoit plus rien de fpiritueux;
celui-ci au contraire n a rien de ful-
phureux, & contient encore de l’Ef-
prit de Vin qui n’eft point décompofé
parfaitement, & qui tient en diffolu-
tion un peu d’Æther. On ne doit
point être furpris de ces différences,
fi on fait attention que celui-ci n’a
point fubi de diflillation, & que par
conféquent il efl bien naturel de re¬
trouver dans le Réfidu la partie de
TEfprit de Vin qui n’efl point décom-
pofée, puifqu’elle ne s’efl point fé-
parée. Dans l’Æther Vitriolique, au
contraire, l’Efprit de Vin qui n’eff
SUR l’Æ THE rV i97
point décompofé eil celui que le pre¬
mier dégré de feu & la fimple chaleur
du mélange fait dilliller. On m’objec¬
tera peut-être que fi tout l’Efprit de*
Vm qu’on employé n’ell point dé-
compofé dans ces opérations, on
pourroit en mettant davantage d’A-
cide avoir une plus grande quantité
d’Æther ; la réponfe eft déjà faite
d avance, il fuifit de renvoyer aux
accidens qui arrivent en en mettant
davantage poiu* ce qui regarde l’Æ-r
ther Nitreux; & à l’égard de l’Æthef
Vitriolique, des Expériences réitérées
m’ont convaincu qu’en employant
une plus grande quantité d’Acide Vi¬
triolique que celle que j’ai prefcrite,
on ne retire pas poiïr cela plus de cet
Æther, & que par conféquent cet ex¬
cès d’Acide eft en pure perte.
Pour ce qui eft de la différence des
odeurs de l’un & de l’autre Réfidu, il
eft aifé d’en rendre raifon, en difant
Amplement que l’Acide Nitreux com¬
biné avec le phlogiffique ne forme
point de Soufre.
Cette Liqueur ainfi féparée de l’Æ-
îher Nitreux eft claire, tranlparente,
N V
19^ Dissertation
elle n a qu’une légère couleur citrine ;
cependant plus ou moins foncée y ti¬
rant fur la couleur de rofe, fuivant
que l’Acide Nitreux dont on s’eft fervî
a enlevé de parties férugineufes pen¬
dant fa ddlillation, car il en enleve
toujours un peu : fodeur de ce Rélidu
eft fort agréable, & entièrement fem-
blable à celle de fa Liqueur æthérée.
J’en ai mis cinq onces & demie en
diftillation au feu de lampe, j’ai reti¬
ré quatre onces deux gros de Liqueur
très-inflammable, d’une odeur plus
fuave que fon Æther, mifcible à l’eau;
il m’eft redé dans la Cornue quatre
gros d’une matière d’un beau jaune
reffemblant à du Karabé, mais un
peu raréfiée par des globules d’air qui
s’y étoit renfermé fur la fin de l’exfic-
cation.
Je fuis fort éloigné d’adopter le
fentiment d’un Chymille qui dit, que
cette matière efl une gomme artifi¬
ciellement faite, je ferois porté à
croire quelle efl aufli bien une efpece
de Savon compofé de l’Huile effen-
tielle de Vin avec l’Acide Nitreux,
piiifque cette matière ne'fait point de
SUR l’Æ T h E R.
mucilage dans l’eau. €e font, comme
on fçait, des qualités abfolument ef-
fentielles aux gommes ; cependant
cette matière n’a pas non plus toutes
les propriétés des favons, mais com¬
me elle en a qui font communes avec
ces deux fubftances, elle doit tenir
en quelque forte le milieu entr’elles ;
ainfi je nommerai cette matière,
mi-favomufe.
Examen de la Lkiueuk
mirée par la Dijîillation du Réjidu
de VÆthtr Nitreux,
Nous avons dit que ce Réfidu con-
tenoit les débris de la décompolition
de l’Efprit de Vin, il a été néceffaire
de le diftiller afin de le féparer en
plus grande partie de cette matière
Gummi^avoneufe y dont nous avons
déjà parlé, & dont nous rendrons
compte dans un inftant ; pour le pré-
fent il ne va être queftion que de la
Liqueur dillillée du Réddu.
Elle ell parfaitement claire, elle
n’a aucune couleur. Son odeur ell
fort agréable, & même, comme je
l’ai dit, plus fuave que celle de l’Æ-
300 Dissertation
ther Nitreux. Son goût eft légère*
ment acide & agréable. Elle rougit
le Syrop violât. Elle fermente légè¬
rement avec l’Huile de Tartre, &
l’odeur fe rapproche de l’Æther Vi-
triolique. Ce mélange ne commence
à rougir que vingt-quatre heures
après, ou environ, au lieu que le
Réfidu qui n’a pas été diftillé rougit
fur le champ avec l’Huile de Tartre,
comme on le verra en faifant la Li¬
queur anodine Nitreufe. L’Acide Vi-
triolique ne fait qu’augmenter fon
odeur agréable, & l’échauffe. La dif-
folution de Mercure n’y fait rien,
non plus que celle d’argent de Cou¬
pelle , l’une & l’autre difîblution faite
par l’Efprit de Nitre.
Cette Liqueur précipite en blanc
fale le Vinaigre de Saturne, ce que
ne fait pas l’Acide Nitreux ordinaire,
qui n’y occalionne aucim change¬
ment.
J’ai mis deux onces de cette Li¬
queur dans un verre expofé à l’air
libre, afin de laiffer évaporer le fpi-
ritueux ; lorfqu’il a été difïïpé je l’ai
effayé de nouveau, je ny ai remar-
SUR L’Æ T h E R. 3OÎ
qué aucun changement ; elle reffem-
ble parfaitement à du vinaigre diftillé
par Fodeur & par le goût, j’en ai fa-
turé deux onces avec demi-gros
d’Huile de Tartre ; dans rinftant du
mélange il s’ed; excité une effervef*
cence affez vive, qui n’a exhalé au¬
cune odeur, le mélange eft rehé très-
clair ; je l’ai fait évaporer au bain de
fable, à une chaleur très-lente ; à
mefure que fon évaporation s’avan-
çoit elle a acquis une couleur rouffe ,
affez foncée, elle a été réduite à deux
gros par l’évaporation. Cette Liqueur
eft reliée tranquille pendant la nuit
fans fournir de crillaux, elle a feule¬
ment laifle aux bords de la capfule
de verre une efpece de gelée ronfle,
ayant un goût de Nitre, laquelle ne
flife point fur le charbon.
Si l’on verfe de l’Huile de Vitriol
fur cette matière, il s’en éleve avec
ime vive effervefcence une odeur
|)énétrante , Nitro -fulphureufe ; j’ai
achevé de faire évaporer la Liqueur
qui ne m’a donné qu’une gelée, fem-
blable à celle qui s’étoit formée aux
bords de la capfule précédente.
302 Dissertation
De UMaticTc Gummi-favoneiife refia
dans U Cornue apres La Difiillation
du Refidu de CÆther Nitreux.
Cette matière eft jaune, ambrée,
elle attire facilement rhiimidité cfe
1 air, & poilTe à la maniéré des gom¬
mes, ou du fucre humeflé, elle fe
dilTout promptement dans leau fans
faire le moindre mucilage ; cette fo-
lution eft d’ime acidité affez agréa¬
ble ; cette .matière fe met en poudre
facilement lorfqu elle efl bien féche,
elle eif indiffoluble dans l’Efprit de
Vin tres-redi£é, elle ne s’y ramollit
même point du tout.
J ai fait favoner du linge très-fale
avec cette matière, elle l’a blanchi
auffi-bien que li J’on avoit employé
du fa von ordinaire, mais auffi il en
a fallu davantage : je nai pas pouffé
mes Expériences plus loin fur cet
objet.
J ai mis trois gros de cette matière
Gummi-favoneufc en diffillation dans
une Cornue de verre au bain de fable,
mais difpofé de façon à pouvoir pouf¬
fer le feu par degrés audi fort qu’il
SUR L’Æ T H E ir. 305
étoit poffible ; il a diilillé d’abord
vingt gouttes de Liqueur acidulée
très-claire, d’une confidence d’Huile,
ayant une légère odeur empireuma-
tique, telle que celles qu’ont jes fub-
itances végétales foumiies à la Cor¬
nue : peu à peu cette Liqueur s’eft
épaiffie au point qu’on auroit cru
qu'elle didilloit en fiibdance; elle
étoit d’un beau jaune clair, ayant
une odeur fort agréable de vinaigre,
& fe délayant facilement dans la
bouche.
J’avois mis pour comparaifon une
once de Gomme Arabique en didilla-
tion dans une autre Cornue, mais les
produits font fi différons que cette
matière ne doit nullement y être
comparée ; j’en fupprime ici les ré-
fultats pour m’en tenir à notre opéra-:
.tion : il m’eff reffé dans la Cornue
une matière charboneufe, rare, fpon-
gieufe, noire, caffante, brillante, &
n’ayant aucune faveur, pefant vingt-
quatre grains ; cette terre eft aulH
fixe au feu que la matière charbo¬
neufe féparée du Réfidu de l’Æther
yitriolique, car j’en ai fait rougir au
304 Dissertation
feu pendant plus d’une heure, au bout
duquel temps elle n’avoit point chan¬
gé de couleur ; je ne l’ai pas examinée
plus amplement. '
Cette matière Gummi-favontufe. eÆ
d une nature afTez linguliere pour mé¬
riter la peine d’etre examinée avec
plus d’étendue que je n’ai fait ; je me
propofe de le faire lorfque je traiterai
cette combinaifon de l’Acide Nitreux
& de l’Efprit de Vin plus amplement ;
mais en attendant je vais rapporter
encore quelques Expériences que j’ai
cru devoir faire.
J ai fait fondre dernie-once de cette
matière dans fix onces d’eau, j’ai dif-
tillé cette Liqueur au feu de lampe,
j’ai retiré quatre onces de Liqueur
acéteufe, d’une odeur & d’un goût
de vinaigre diftillé à s’y méprendre,
& qui y relTembloit inhniment davan- «
tage (par les qualités extérieures feu¬
lement )qu a toutes celles que )’ai
retirées de la combinaifon de l’Acide
Vitriolique & de l’Efprit de Vin ; mais
elle diffère effentiellement du vinai¬
gre diflillé ordinaire.
Cette Liqueur a été examinée de
SUR l’Æ TM E R. 30^
f même que celle qui a été féparée par
la diftillation du Rélidu de l’Æther
1 Nitreux, de laquelle on vient de voir
I la defcription, j’ai remarqué û peu
: de différence entre elles, que pour
î éviter des rédites, je fupprime en-
i tierement le détail ; cependant com-
I me cette Liqueur m’a paru être ime
) de celles qui approchoient le plus de
I la nature du vinaigre, je l’ai placée par
I préférence dans la feptiéme colomne
1^ de la page 198, pour la comparer
; avec les autres Liqueurs qui y font
I rapportées.
Je n’ai jamais pu faire de la Terre
; foliée avec aucune desLiqueurs qu’on
I retire de cette combinaifon, & je ne
fçai quelles ont été les raifons de
I ceux qui depuis fi long-temps font
leurs efforts pour fa^e croire au Pu¬
blic qu’ils convertiffent fAcide Ni¬
treux en Acide de vinaigre, ils s’en
font vraifemblablement laiffés im-
pofer par l’odeiu: qu’ont ces Li¬
queurs ; car une feule Expérience
étoit plus que fufîifante pour les dé¬
tromper : mais comme les Acides
minéraux différent effentiellement
3o6 Dissertation
entre eux, il pourroit bien fe faire:
aiilîi que les Acides végétaux difFé-'
raflent aiifli les uns des autres, & que :
ces prétendus vinaigres piiflent fe:
comparer plus raifonnablement ài
d’autres Acides végét^ix, tels que:
le verjus, le citron, &c. Mais je:
finis, car cela me feroit entrer dans:
une difcuflîon qui ne pourroit fe
vuider que par un grand nombre u
d’Expériences que je n’ai point faites*
Liqueur anodine Nitreufe,
Dans le procédé de l’Æther Vi- •
triobque j’ai donné un moyen com- •.
mode & ^cile pour avoir en faifant
cette opération de très-bonne Liqueur i
minérale anodine d’Hoffmann, laqiiel* i
Je n’efl; autre chofe qu’un Efprit de s
Vin bien reébfié nar l’Acide Vitrioli- -
que, & qui tieiu en diffokition une î
certaine quantité d’Æther, avec une î
plus grande proportion d’Huile ef- «
fentielle de Vin, que l’Efprit de Vin i
pur n’en contient ordinairement, ,
puifque j’ai fait remarquer que cette î
L iqueur en étoit fi chargée quelle i
blanchiffoit un peu l’eau préfente- ■
SUR l’Æ T h E R. 3 oy
ment, afin de mettre tous les produits
^e cette opération à profit, je vais
donner un procédé pour faire avec
le Réfidii de TÆther Nitreux ime Li¬
queur femblable, & à laquelle on
peut donner le nom de Liqueur anodi¬
ne Nitreufe , parce qu efieéfivement
elle contient les mêmes principes de
l’Efprit de Vin, que la Liqueiu: ano¬
dine minéral d’Hofimann. Mais ces
Liqueurs doivent différer efientielle-
ment entr’elles pour l’ufage médici¬
nal , en ce que l’une efi: faite par le
moyen de l’Acide Vitriolique, & que
l’autre efi: faite par le moyen de l’A*
eide Nitreux.
J’ai fait voir précédemment que le
Réfidu de l’Æther Nitreux contenoit
encore une certaine quantité d’Efprit
de Vin qui n’avoit pas été réduit en
Æther ; cette Liqueur fpiritueufe a la
propriété de retenir une portion d’Æ-
ther en difiblution qui refie combinée
avec l’Acide, & forme une Liqueur
homogène ; il n efi pas plus pofiible
de féparer par la diftillation l’Æther
qui cft dans ce Réfidu, que de féparer
celui qui efi dans la Liqueur anodine
3oS Dissertation
minérale d’HolFmann, à moins qu oni
n’ait une bonne quantité de ce Réfi-
du; parce que dans le premier cas,,
ou il s’évapore, ou on ne faifit pas;
bien l’inRant dans lequel il ceffe de
diftiller, la Liqueur fpiritueufe qui
lui fuccede fe mêle avec lui, & lui,
communique la propriété de fe mêler
avec l’eau; dans le fécond cas om
fent parfaitement qu’en en ayant une
plus grande quantité cela eR plus
facile.
J’ai fait remarquer, page 111 delà.
Dijfertation fur VÆther Vitriolïque^
que l’Æther Nitreux contenoit une
allez bonne quantité d’Huile elîen-
tielle de Vin, par conféqiient notre J
Réfidii qui contient de l’Æther, doit f'
être très-propre à faire la Liqueur i
anodine Nitreufe. Mais comme il ell i
fort acide, & que c’eR de l’Acide Ni* •
treux qu’il contient, lequel monte :
pendant la diRillation aulîi facile- -
ment que les Liqueurs fpiritueufes,
il eft nécelfaire de dépouiller ce Ré-
fidu de cet Acide par l’addition d’un i
Sel alkali fixe, tous feront également \
bons pour cela : voici le procédé.
SUR l’Æ T h E R. 30^
Saturez avec un Sel alkali fixe quel-
! conque le Réfidu féparé de l’Æther
' Nitreux , dans l’inflant du mélange il
i ie fera une vive effervefcence, le tout
i prendra une couleur jaune foncée, ti¬
rant fur le rouge ; lorfque la fatii-
ration fera faite ^ diftillez ce mélange
li a feu très-lent pour retirer feulement
:i ce qu’il y a de fpiritueux ; fi vous
:r trouvez que cette Liqueur roiigifî'e le
:: Syrop violât, il faut la diftiller de
I. nouveau fur du Sel alkali jiifqu’à ce
:> quelle ne donne aucune indice d’aci-
,i dite.
Si l’on a employé plus d’alkali fixe
I qu’il n’en falloit pour faturer ce Réfi-
< du, on s’appercevra que la portion
. de Liqueur qui diflille la derniere, efl
f tout-à-fait femblable à de l’Efprit ar-
» dent de Cochléaria, tant par la vive
: impreffion quelle fait fur l’odorat,
' que par le goût mordicant & l’en-
! gourdiffement quelle laifTe fubfiRer
dans la bouche, qui dure auffi long-
; temps que celui qu’occafionne l’Ef-
1 prit ardent de Cochléaria nouvelle-
I ment fait. On ne fera pas furpris de
^ ce phénomène fi on fe rappelle çc
310 Dissêrtation
qui a été dit à roccaiion de la matière
bitiimineiife, provenant de la com-
blnaifon de FAcide Vitrioiique avec
l’Efprit de Vin, laquelle ne fournit
que de l’Acide par la diftillation, &
point d’Huile lorfquelle eft feule;
mais dès quelle eft mêlée à de Falkali
fixe, cette matière rend de Falkali
volatil & de l’Huile foetide. Dans
Toccafion préfente il eft arrivé la mê¬
me chofe à bien des égards; ime par¬
tie de Falkali fixe a été volatilifé par
les débris de la décompolition de
FEfprit de Vin, mais d’une maniéré
différente, relativement à la nature
& à l’état des matières. On doit fe
reffouvenir que la matière bitiimi-
neufe, provenant de FÆther Vitrio-
Eque, étoit très-féche lorfque nous
l’avons foumife à la diftillation, au
beu que dans l’opération de la Li¬
queur anodine Nitreufe, le mélange
étoit fluide comme de Feau, & ne
put fupporter un dégré de feu fembla-
ble ; la portion d’alkali fixe qui avoit
été volatilifé par le Réfidu de FÆther
Nitreux, diftilloit avec la partie fpiri-
tueufe de ce Réfidu, laquelle le tenoit
SUR l’Æther;
en dîffoiution, & a formé une combi-
naifon qui a été dilférente, tant par
la différence des matières que par le
dégré de feu qui a été employé : tou¬
tes ces variations, dis-je, ont produit
un alkali volatil plus doux, délayé
dans l’Efprit de Vin, ce qui a formé
une Liqueur qui relfembloit à de TEf-
prit de Cochléaria.
Le fer contenu dans l’Acide Nitreux
fe manifefte par-différentes couleurs
fuivant les circonftances ; on fçait que
cet Acide bien concentré devient
d’une belle couleur bleue de Saphir
par l’addition d’un peu d’eau ; couleur,
qui ne vient que du fer, & dont le
phlogidique ou la matière colorante
du bleu de Priifîé fe rend apparente
par quelque caufe qui n’eft pas moins
difficile à découvrir que celle de la
couleur bleue que j’ai fait remarquer
en drftillant le Réfidii de l’Æther Vi-
triolique.(^) Dans l’opération de l’Æ-
ther Nitreux,le fer prend vraifembla-
blement un autre arrangement ; c’effi
lui qui donne cette couleur citrine à
i’Æther Nitreux & au Réfidu ; car la
(4) Page gi.
O
312 Dissertation
couleur rouge qu’on remarque dans
le temps qu’on fa tare le Réfidu de
l’Æther Nitreux avec de l’alkali fixe,
vient de la précipitation du fer qui y
étcit diffout, & de la décompofition
de la matière Gummi-favoncufc , dont
nous ayons parlé plus haut, laquelle
ed tenue en diffolution dans ce Réfi¬
du; car fl on le difdlle auparavant que
de le iaturer, la couleur qui naît pem
dant le mélange efl; alors bien moins
chargée , mais on la remarque tou¬
jours ; cela vient de ce que l’Acide
Nitreux efl aufîi volatil que l’Huile
effentielle de Vin : ils diflillent en-
femble , & forment un Savon, en
quantité proportionnée à ce qui s’en
enleve pendant la diflillation, & qui
efl tenu en diffolution par les Li¬
queurs avec lefquelles il diflille.
M. MajaultjDoéleur en Médecine,
de la Faculté, qui s’efl acquis la plus
jufle & la plus grande réputation dans
la pratique de la Médecine, efl le pre¬
mier qui ait fait ufage, non-feulement
de l’Æther Nitreux, mais auffi d’une
Liqueur à laquelle il a donné le nom
de Liqueur anodine Nitreufe^ & fes ten-
SUR l’ÆtHER. 3î^
tatives ont été fuivies des plus heu¬
reux fuccès. On peut préfumer que
cette Liqueur n’eft que de l’Elprit de
Vin très-redifié, chargé d’une cer¬
taine quantité d’Æthei Nitreux.
M. Majault qui entend auffi très-bien
la Chymie, cette partie fi néceflaire
aux Médecins, avoit d’abord préparé
lui-même ce remede ; mais il chargea
par la fuite de ce foin M. Demoret^
Maitre Apoticaire de Paris, très-ha¬
bile dans fon Art. Il y a lieu d’efpérer
que M. Majault fera part au Public
des effets que ces Liqueurs ont opé¬
rés dans les maladies pour lefqueiles
il les a employées.
Fin de la Dijfertatlon fur VÆthet
Nitreux,
Oij
3ï4 Dissertation
X. y '
ai •'•**‘**jv|
. s^/WFVTŸT‘^T^'T^/V\/?VT\l'TN^TVT\^
i
ÆTHER MARIN.
Ans le Difcours hiftori-
S Fq Îi4 que que j ai placé à la tête
lA 4 +flï cet Ouvrage, fai cité
les Chymiiles qui ont par¬
lé de l’Æther Marin , du moins
ceux qui font venus à ma con-
noiffance. Par la defcription qu’ils
font de cette Liqueur , qu’ils nom¬
ment Ruik , il paroît quelle ell
femblable à celle que nous nom¬
mons préfentement Æther Vitrïoliquc
ou Nitreux , fuivant l’Acide qui a fer-
vi à le faire ; j’appellerai Æther Ma^
rin une femblable Liqueur extraite de
l’Efprit de Vin par l’Acide marin. Les
Chymilles qui en ont parlé n’ont fait
qu’indiquer l’opération fans donner
la maniéré de la faire : on trouvera
peut-être que le procédé que je don¬
ne ici eit extrêmement embarral&iit,
je le fçai, peut-être mieux que per-
SUR l’Æ T H F, R. 315:
fonne, il eft même très-poffible d’en
abréger la manipulation ; mais fi quel¬
qu’un y parvient avant moi, ce fera
toujours d’après les principes que j’ai
pofés dans la théorie de l’Æther Vi-
triolique. Je me fuis même déjà for¬
mé un plan de travail, duquel j’ai
parlé indiredement dans le détail des
propriétés des autres Liqueurs æîhé-
rées, mais que je nie difpenlérai de
rapporter ici, en m’attachant pour le
prél'ent feulement aux faits qui m’ont
réuffi ; ainfi je paffe au procédé.
Æ T H E R Marin.
Prenez une livre de Sel Marin bien
décrépité & bien fec, mettez-le dans
une Cornue tubulée (/^) en fa partie
fupérieiire,A,maisc:iie ce tube fe bou¬
che exaêlement avec un bouchon de
criHal ufé à l’Emery, B, placez cette
Cornue dans un fourneau de Réver¬
béré, C, adaptez-y un Balon,G, percé
de deux côtés, D E, fans compter
celui par lequel entre le col de la
Cornue, G, l’ime de ces ouvertures
fera placée en deffous du Balon dans
(Z)) Voyez la Planche cî-apcès, Pag. 518..
O iij
3i6 Dissertatioît
la ligne perpendiculaire, & faifant
une parallèle avec le fourneau, cette
ouverture fera terminée par un tube
E , auquel on ajuftera un Réci¬
pient , H, pour recevoir les vapeurs
qui pafferont dans le Balon: lauù-e
ouverture, D, fera placée à la partie
du Balon qui fe trouvera vis-à-vis le
bec de la Cornue, on y lutera folide-
ment & exaélement un petit matras,
K, a col court, dont l’ouverture fera
aullî étroite que celle d’un Eolipiîe,
dans lequel on y aura introduit qua¬
tre onces d’Efprit de Vin très-redifié,
de la même maniéré que l’on emplit
un Eolipile ; ce matras fera placé
dans une ligne qui ne fera ni trop
perpendiculaire , ni trop inclinée ,
mais de façon que rien ne puiffe dif-
tiller dans le Balon, li on venoit à
léchauffer ce matras à ce deffein.
Les chofes étant ainli placées, & les
vailTeaux étant bien lutés, obfervant '
les précautions décrites dans les re¬
marques,& les bits bien féchés, verfez i
à diverfes reprifes par la tuhulun. de la i
Cornue, A, huit onces d’Huile de Vi- !
Criol très-concentrée ^ au-point de pe- j
SUR l’Æ T h E Ry 317
fer dix-fept gros dans une bouteille
d’une once d’eau pure. Dans l’inilant
la Cornue,les Balons,& même le petit
matras qui contient l’Efprit de Vin ,
feront remplis de vapeurs blanches
très-difficiles à fe condenfer ; pour
lors approchez im réchaud de feu, L,
defTous le matras , K, qui contient
l’Efprit deVin, afin de le faire bouillir,
& de le réduire en vapeurs, lefquelles
fe joindront à celles de l’Efprit de Sel,
& qui ne les feront condenfer que
très-difficilement; continuez de verfer
l’Huile de Vitriol dans la Cornue, &
de réduire votre Efprit de Vin en va¬
peurs. Lorfque le mélange de la Cor¬
nue fera un peu tranquille, ajuflez le
dôme, M ; faites du feu dans le four¬
neau , de même que fous le matras
qui contient fEfprit de Vin, mais
ayez grand foin de le ménager de
façon que vous en ayez jufqu’à la fin
de l’opération : lorfque FEfprit de
Sel cefTera de diftiller, & que FEfprit
de Vin fera réduit en vapeurs ; débi¬
tez les vaiffeaux, & verfez le mélan¬
ge des Liqueurs, qui fe trouvera dans
le matras, H, dans un flacon de criflal
Oiv
5i8 Dissertation
bien bouché, laiffez-Ie en digeffion
à froid pendant environ un mois, au
bout de ce temps mertez-Ie en diilil-
lation au feu de lampe, ou à un feu
de charbon très-doux. Dans la pre¬
mière portion de Liqueur qui diftiîie-
ra, vous verrez furnager environ un
gros d’une Liqueur citrine, graffe, &
reffemblant plutôt à une Huile effen-
tielle qu’a foute autre chofe ; cette
Liqueur a une odeur fafranée, fort
acide, mais la Liqueur qui efl avec
“«lie ed: très-fumante.
CetÆther ed en fi petite quantité
qii il ne peut fiiffire aux Expériences
néceffaires pour le bien examiner. Je
dirai feulement ici qu’il ma paru auffi
volatil que l’Æther Nitreux, il fe ré¬
combine comme lui facilement avec
la Liqueur î^cide fur laquelle il fuma¬
ge ; mais cotte combinaifon efl envi¬
ron fix mois à fe faire.
R È M A R (I U E S,
Cette opération efl: une des- plus
difficiles, des plus longues, des plus
ennuyantes, & des plus laborieufes
gue jaye jamais faite. On connoît
S UR l’Æ T h E R. 31^
aitez Télafticité des vapeurs de FAd-
de Marin dans le cas ordinaire de la
didiliation de cet Acide ; mais ici
cette éladicité a deux cailles qui oc-
cadonnent une augmentation d prodi-
gieule, qini n’ed giiere podible d’en
déterminer les limites, c’ed dans
Findant que ces deux vapeurs fe joi¬
gnent qu’il le fait une réadion mu¬
tuelle très-conddérable, dont on ap -
perçoit Fedct par le petit trou, H ,
qu’on a pratiqué à un des côtés du ma-
tras quireçoitla Liqueur qui didille,&
qu’on débouche de temps en temps.
M. Geoffroy dit qu’il lui ed arrivé
une explodon d’un mélange d’Elprit
de Sel & d’Efprit de Vin au bout de
vingt-quatre heures. Voye?^ Us Mé^
moins dé U Académie^ Année 1742 ,
page çq. Peut-être arriveroit-il la
meme chofe dans cette occadon, ü
Fopération étoit mal conduite ; car
l’Acide Marin ed ici dans un dégré
de concentration cortddérable ; mais
quoique j’aie répété cette Expé¬
rience epuatre fois, cela ne m’ed pas
arrivé , & j'ai toujours eu après
la reétidcation de ces liqueurs ma
O V
320 Dissertation
petite quantité de Liqueur æthérée.
Malgré la jonftionde ces vapeurs,
îunion des Liqueurs neft pas encore
bien parfaite, elles font prefque aulîi
fumantes que li l’Efprit de Sel étoit
pur ; c’eft pourquoi j’ai prefcrit de
les lailTer digérer environ pendant un
mois, & j’en ai même depuis deux
ans en digeftion qui fument encore,
mais très-peu en comparaifon de ce
quelles font lorfqne la diftillation efl
nouvellement faite. Dans le temps
qu’on fait la reflification de ce mé¬
lange pour en retirer la Liqueur
aethérée, celle de la Cornue fe trou¬
ble un peu, & fe colore fenfibiement ;
la Liqueur qui diftille, & fur laquelle
fumage notre Liqueur æthérée, eft
de même que celle qui rede dans la
Cornue, prefque auffi filmante que
de l'Efprit de Sel fumant ordinaire.
Ob'eOlons. Je fens parfaitement qu’on peut
faire de très-fortes objeêfions contre
les produits de cette opération, &
qu’on me dira que le peu de Liqueur
æthérée que j’ai retirée, vient d’une
partie des vapeurs de l’Efprit de Vin
qui auront été entraînées dans la Cor-
SUR L'Æ T h E R. 311
nue , ( elles s’y feront condenfées fi
l’on veut, ) elles auront été attaquées
par l’Acide Vitriolique, & auront for¬
mé la petite portion d’Æther que j’ai
obtenu.
Il paroît d’abord difficile de répon- R^ponfe
dre à une objeélion fi fpécieufe, je
vais eflayer néanmoins d’y répondre
par les deux Expériences fidvantes.
La première efi,que fi l’on fait fon¬
dre dans l’eau la réfidence faline de
la Cornue , fans la calciner, qu’on la
filtre, qu’on la fafie criftalifer, la Li¬
queur efi très-claire, elle n’a aucu¬
ne couleur, aucune odeur, le Sel
qu’on en retire efi un Sel de Glauber,
auffi beau, auffi blanc qu’il efi poffi-
ble de l’avoir, avec un peu de Sel
Marin qui n’a pas été décompofé,
parce q[ue la quantité d’A eide Vitrio¬
lique n’a pas été fufiifante pour cela,
& la Liqueur conduite jufqu’à la fin
des crifialifations, ne paroit partici¬
per en rien de la combinaifon de l’A¬
cide Vitriolique avec l’Efprit de Vin.
La fécondé Expérience qui paroî-
troit conftater ce qui vient d’être
rapporté dans la première, efi le ré-
O vj
322 Dissertation
fiiitat des premiers travaux que fai
faits fur cette opération ; travaux
préliminaires qui mériteroient d’être
ïiipprimés fi j’avois quelque chofe de
mieux à dire, mais dont cependant
je puis tirer un bon parti pour lobjet
préfent : voici cette Expérience que
je rapporte comme fécondé preuve,
ou comme ime fécondé réponfe à
robjeéiion.
Ayant placé les vaiffeaux comme
pour faire l’Elprit de Sel ordinaire,
& m’étant fervi d’une Cornue tubii-
îée dans laquelle j’avois mis huit on¬
ces de Sel Marin bien dccrcpité &
bien fec, j’ai verie à plulieiirs reprifes
quatre onces d’Huile de Vitriol &
autant d’Efprit de Vin très-reftihé,
mais alternativement de l’Efprit de
Vin & de l’Huile de Vitriol : lorf-
que tout fut mis dans ma Cornue,
j’ai conduit la diflillation à l’ordinai¬
re , elle ne m’a pas donné une feule
goutte d’Æther ^ les Liqueurs ctoient
fumantes comme les précédentes.
L’opération finie, j’ai fait fondre la
rclidence faline de la Cornue comme
la précédente, fans la calciner, dans
SUR l'Æ T h Ë R. 313
fuffifante quantité d’eau, j’ai eu de
très-beau Sel de Glauber ; la Li¬
queur étoit très-belle, très-blanche,
& ne paroilïbit pas plus fe relTentir
de la combinaifon de F Acide Vitrioli-
que & de l’Elprit de Vin que la réfi-
dence l'aline précédente.
Ainfi il réfulteroit de cette Expé¬
rience que l’Acide Altriolique auroit
piUtqt porté l'on adion llir le Sel
Marin que fur le phlegme de l’Efprit
de Vii^, pour en opérer la décompo-
fition, comme il arrive dans le cas
connu, puifque je ii’ai retiré ni ma¬
tière noire, ni aucune Liqueur æthé-
rée.
Je fens bien que malgré ce que je
Tiens de dire il pourra relier quelques
doutes fur la préfence de l’Acide Vi-
triolique, qui aura pù palTer en partie
avec les vapeurs de l’Efprit de Sel ,
& produire la petite quantité de Li-
quer æthérée que j’ai obtenue. Aulîi
je ne me ferois pas expolé à publier
mon procédé dans 1 état d’imper-
feélion où il ell encore, fi je n’y
avois été en quelque forte contraint
pour me défendre d’une imputation
324 Dissertation, &c.
qu on m a faite, en avançant en
Public que je mêlois de l’Acide Ma¬
nn dans de l’Æther Vitriolique, &
que je donnois enfiiite ce mélange
pour un véritable Æther Marin. Mms
j’efpere mettre la derniere main à
cette opération, & convaincre tout
le monde de la poffibilité de fa réuf-
û.tQ auffi pleinement que j’en fuis con¬
vaincu moi-même, d’après les pre¬
mières Expériences que j’en ai faites.
F I N.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
P Age f , ligfie 13 , fiirnageoit, ajouu\ le. Ibid,
ligne J4, retranche^ le.
Page 6 , ligne i o , le lui a fai: voir, life~^ il s’en eft
alluré par.
Page 14, ligne 16 , ouverture, ajouicT, & qui en
contienne une livre ou deux.
Page 64 , Colonne, ligne 3 3 , du Soufre, life^
efpece de Soufre.
Page 6 8 , ligne 11 , pas, life\ plus.
Page p6 , ligne 2,4 , de fes, life~^ de ces.
Page 100 , ligne 18 , ambient, lifeT, ambiant.
Page 108 , ligne 14, publiât, li^ publia.
Page 14^ , lignes ç (ÿ' t, que ce vinaigre , lifc\ que
cïe prétendu vinaigre.
Page 130, ligne 6 , la dilToudre , life-^ les dilToudre.
Page i^4,lig>iez^ , Chau(b-dkis lifi^^CHAUJEiSKiS.
Page 158, ligne zf , animée , Ufe^^ animé.
Page loi , ligne f, maffè, ajoute^ la.
Page z^o, ligne j , niarç , lijei^ mare.
TABLE
DES MATIERES.
jer.^ClDE SULPHUREUX, 5^ Pro¬
duit. Pag' 1S6
Acide Sulphureux expofé à l’air.
195
Z® Acide Sulphureux, ^'Produit.
216
Acide Sulphureux , retiré duTur-
bit minéral expolé à 1 air. ^ 196
Acide ViTRiOLiQUE qui a l’odeur
de l’Acide Marin. 2186* 228
Acide Vitriolique , couleur de
Lilas,d’où vient cette couleur. 221
Acide Vitriolique Vineux, 2*
Produit. ^ ^ ^9
Æther Marin , Procédé. 313
Noms des Auteurs qiû ont eu con-
noiffance de cette opération. 24
& 25
Æther Nitreux , Procédé. 265
Ne peut fe faire avec des doies
3^5 T a BLE
d Acides moindres que celles indi¬
quées dans le procédé. ly ^
Le mélangé qui doit le produire
en fournit moins lorfque les vaif-
feaux ne font pas bien bouchées.
290 (S- 2^1
La quantité d’air qui fe dégage
pendant qifil fe forme. 282
Chaleur qui naît dans le mélange
qui le produit. 288
Eipace qu’il occupe lorfqu’il efl ré¬
duit en vapeurs. 285
Le mélange qui doit le former
ne peut être contenu, s’il ed fait à
partie égale des Liqueurs. Explo-
£ons qifil en arrive. 176
Pourquoi il bouillonne dans les
flacons. 292 S’/uIp,
Anaîyfe du Réfidu de i’Æther Ni-
treux.
Æther Vitriolique , 3^ Produit .
Étymologie de fon nom. 7^
Procédé pour le faire. 27
Il fe peut faire au feu de lam.pe. 3 8
Fait avec de l’Efprit de Vin à ia
Lavande.
La quantité qu’on en retire fuivant
• îesSaifons. Table à ce fu; et, 45
D E s M AT I E R E s. 3 17
Sa réparation d’avec les autres Li¬
queurs fpiritueufes. 65
La propriété qu’il a de nager üir
l’eau, n’eft pas toujours une preu¬
ve de fa bonté. 7 ^
Le premier qui paffe dans la reélifî-
cation efl le meilleur. 79
Sa décompofition par l’Acide Vi-
triolique. 133
Sa décompofition par l’Acide Ni¬
treux. , 143
Son évaporation à l’air. 11 o
Le refroidifTement qu’il occafionne
en s’évaporant. Comparaifbns de
fes effets avec l’Æther Nitreux &
avec l’Efprit de Vin. 836* fuiv.
Ne font point baiffer les Thermo¬
mètres , fi l’évaporation de ces Li¬
queurs ne fe fait pas immédiate¬
ment fur ces inlfrumens. 98
Ils font geler l’eau en s’évaporant.
94
Explication de ces phénomènes.
100
Ils font hger l’Huile d’Olive. 93
Leurs refroidiflemens augmentés
par la glace. 105
Ils s’échauffent avec leap. 105
32-8 Table
Ils prodiiifent de la fumée pendant
leurs combuftions.
Le Vitriolique n’enflamme pas
mieux la poûdre à tirer que l’Elprit
de Vin ; le Nitreux le fait toujours,
& pourquoi. 111
Inflammations par FÉIeélricité.
122
L’Æther ne s’enflamme point par
les Acides minéraux. 13 o
Sa propriété pour détacher les
étoffes. lyg
B Itume ( Efpece de ) 11 Produit.
227
Il devient bleu pendant fa calcina-
tion. 2.29
Bitume féparé du Réfidu de l’Æther
par l’alkali fixe. 238
Ce Bitume ne produit que de l’al-
kali volatil. 240
Bleu de Prusse fait avec ce Bitume.
233
Bleu de Prusse qui a diffillé avec
l’Huile de Vitriol. 62 <5* 248
Bleu de Prusse rendu apparent
dans l’Acide Nitreux, par l’addi-
îion d’un peu d’eau. ^ i x
des MATIERES. 329
J) IgÉrer ( Inutilité de faire) le
mélange qui doit produire l’Æther.
37
Discours Historique fur l’Æ-
ther. I
ÏIiSpece d’Efprit de Cochléaria re¬
tiré du Réfidu de TÆther Nitreux.
309
État des Matières fur lefquelles l’Æ-
ther a été effayé. 130
Esprit DE Vin , RWz/ir. 67
Fer, fon exiftence prouvé dans
THiiile de Vitriol. 62, 233, 236
& 248
Froid Élémentaire. ioq
.1 “'Huile douce de Vitriol ^
Produit. 2,05
2® Huile douce de Vitriol, 7®,
Produit. 2.07
Ses différens noms. 2.08
Les Huiles douces ne font aucune
impreflion fur les métaux des
quelles ne font plus fulphureu-
jès.
33 Ô
Tablé
Huile douce de Nitre. iïï
Huiles essentielles , communi¬
quent leur odeur à l’Æther & à
l’Huile douce. 213
Huiles grasses, ne font point effen-
cidées par l’Acide Vitriolique. 214
Huile de Vitriol, Produit, xh
Hepar sulphuris .y fait avec la
Matière bitumineufe. 232
me. 23 2
amais elle n’ar¬
rive en mêlant l’Huile de Vitriol
avec l’Efprit de Vin. 36
Inflammation de l’Æther par l’É-
ledricité. 122
I_jÎQUEUR anodine minérale d’Hoff¬
mann. 3 ^
Elle rougit quelquefois le Syrop
violât fans être fulphureufe, &
pourquoi. yo
Liqueur anodine,Nitreufe. 306
^Gummi-savoneuse ,
298 & 302
ACIDULÉ ^ 4*' Produite
^^2
t>ES MATIERES. 331
Ï^ÉsiDU de l’Æther Vitrioliqiie.
* 256
Sa filtration à travers une bouteille
de grais. 54
Sa diflillation. 56
S El fingulier retiré de l’Huile dou¬
ce. 212
Sel fingulier retiré du premier Acide
lulphureux. 186
Sel vitriolé de M. Pott. 230
Soufre , ( Efpece de ) 10^ Produit.
224
T^Able des Produits qu’on retire
de l’opération de l’Æther ’Vitrioli-
que. 63
Leurs féparations. 48 &fuiv.
Table de Comparaifon de tous les
phlegmes acidulés , comparés au
vinaigre diflillé. 198
Tartre vitriolé fait avec ces
phlegmes acidulés. 199
Tartre vitriolé fait avec la Li¬
queur anodine minérale d’Hoff¬
mann. 74
Fait avec l’Æther. 81 & 13Q
332. Table, &c*
Avec le Réfidii de FÆther Vi- ■
trioliqiie. 250 < 5 * 254^
Terre , fon exiflence dans l’Huile i
de Vitriol. 13 5 & 237 "
Turbith minéral ordinaire.
195 !
Turbith minerai blanc. 202 t
Turbith minerai noir. 190 \
Itriol de Mars féparé du Ré- i
iidu de l’Æther. 57, 59, 244 & }
245 I
r
Fin di la Table des Matic^rss,
APPROBATION.
J’Ai lu par ordre de Monfeigneur
le Chancelier un maniifcrit intitulé :
Dijfmation fur lÆther, dans LaqudU
on examine, Us différens Produits du mé¬
lange de lEfprit de Vin avec, les Acides
minéraux , par M. Baume, Maître Apc*
ticaire de Paris. Il m’a paru qUe la gran>
de quantité d’Expériences que con¬
tient cet Ouvrage ne pouvoir que le
rendre très-inllrudif & très-agréable
aux Chymifles. A Paris, ce 20 Juil¬
let 1756. MACQUER.
PRIVILÈG E DU ROI.
ouïs par la grâce de Dieu, Roi de
1 J France & de Navarre: A nos amés &
féaux Confeillers, les gens tenant nos Cours
de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinai¬
res de notre Hôtel, Grand-Conlèil, Prévôt de
Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans
Civils , & autres nos Jufticiers qu’il appartien¬
dra, Salut. Notre bien amé Jean Thomas
Hérissant , Libraire à Paris , Nous a fait
expofer qu’il defîreroit faire imprimer & don¬
ner au Public des Ouvrages qui ont pour titre.
Biffer tat'ion fur l’Æther^ par M. Baume'. Vie de
Jerome Bignon , par M. i‘Abbé Pérau : s’il nous
plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège
pour ce nécefl'aires : A ces Causes , voulant
favorablement traiter l’Expofant, Nous lui
avons permis & permettons par ces Préfentes
de faire imprimer lefdits Ouvrages autant de
fois que bon lui femblera , & de les vendre ,
faire vendre & débiter par tout notre Royau¬
me pendant le tems de fix années confécutives,
à compter du jour de la date des Préfentes.
Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires,
& autres perfonnes, de quelque qualité &
condition’ qu’elles foient, d’en introduire
d’imprelTion étrangère dans aucun lieu de
notre obéilfance, comme aulîi d’imprimer ou
faire imprimer , vendre, faire vendre , dé¬
biter , ni contrefaire lefdits Ouvrages , ni
d’en faire aucuns Extraits fous quelque pré¬
texte que ce puilTe être , fans la pcrmillîott
exprelle & par écrit dudit Expofant, ou de
ceux qui auront droit de lui , à peine de
confifeation des Exemplaires contrefaits, de
trois mille livres d’amende contre chacun
des contrevenans , dont un tiers à Nous, un
tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers
audit Expofant , ou à celui qui aura droit dé
lui, & de tous dépens , dommages & interets ;
à la charge que ces Préfentes feront enre-
giftrées tout au long fur le Regiftre de la
Communauté des Libraires & Imprimeurs de
Paris dans trois mois de la date d’icelles ,
que l’impreflion defdits Ouvrages fera faite
dans notre Royaume & non ailleurs, en bon
papier & beaux caraderes, conformément à
la
ia feulîie imprimée attachée pour moiieic
ïbus le contre-fcel des Préfentes 3 que J’Im-
pécrant fc conformera en tout aux RéglemenS
de la Librairie, & notamment à celui du 10
Avril 171; ; qu’avant que de les expofer eri
vente , les Manufcrits qui auront fervi dè
copie à l’imprellion defdits Ouvrages , feront
icmis dans le même état où l’Approbation y
aura ete donnée , es mains de notre très-
cher & féal Chevalier, Chancelier, Garde
des Sceaux de France , le Sieur De Lamoi^
gnon 3 & qu’il en fera enfuite remis deux
Exemplaires de chacun dans notre Bibliothè¬
que publique, un dans celle de notre Château
du Louvre , un dans celle de iiotredit très-cher
& féal Chévalièr, Chancelier de Franeè, le
Sieur De Lamoignon, & un dans ce'.le de
notre très-cher & féal Chancelier, Garde des
.Sceaux de France, le Sieur De Machault,
Commandeur de nos Ordres , le tout à peine
de nullité des Prefentes. Du contenu defquel-
les vous mandons & enjoignons de faire jouir
ledit Expofant & fes Ayans caufe pleinement
& paifiblement, fans loufFrir qu’il leur foit
fait aucun trouble ou empêchement. Voulons
que la copie des Préfenres qui fera impri¬
mée tout au long au commencement ou a la
fin def lits Ouvrages, foit tenue pour dûemenc
fignifiée , & qu’aux copies collationnées par
l’un de nos amés & féaux Confeillcrs & Sé-
crétaires foi foit ajoutée comme à l’Original.
Commandons au premier notre Huilfier où
Sergent fur ce requis de faire pour l’exécu¬
tion d’iccUes tous aéles requis & nécefl'aires *
P
fans (îcirfancîer autre permifTion, k nonobftant
Clameur de Haro, Charte Normande & Let¬
tres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir.
Donné à Verfailles le vingtième jour du mois
de Janvier, l’an de grâce mil fept cent cin-
quante-fept, & de notre Règne le quarante-
deuxième. , «
PAR LE ROI en fon Confcil, Le Begui,
'Regip'é fur le Regijlre XJV.de la Cimmhre
-Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris ^
3^* ï ^ 5- ^^9- conformément aux anciens
Reglemens confirmés par celui du Levrier
*713. A Parisle 15 Unvier 1757.
$ignê^ P. G. Le MercUR, Synd^e*
CATALOGUE
De quelques Ouvrages de Médecine^ de
Chirurgie , de Chymie , &c. qui fe
trouvent cheT^ Le même Libraire^
CouRS de Chymie, contenant la.
maniéré de faire les Opérations eil
ufage dans la Médecine, par une mé¬
thode facile, avec des raifonnemens
fur chaque Opération; parM. Leme*
RY, Nouvelle Edition , corrigée & au¬
gmentée d’un grand nombre de No¬
tes, & de plufieurs préparations qui
font d’ufage aujourd’hui, & dont il
n eft fait aucune mention dans les Edi¬
tions de M.LÈMERYi &c, parM. Ba¬
ron y Docteur en Médecine y de VAca¬
démie Royale des Sciences, vol. in-4®.
avec Figures. i liv.
ÉlÉmens de Chymie-Théorique,
ou y Introduélion à la Chymie ; par
M. Mac QU ER y de V Académie Royale
des Sciences , & ancien ProfeJJeur de
Pharmacie y vol. in-12. avec Figures ,
Nouvelle Edition. 2 liv. 10 f.
ÉLÉMENS de Chymie-Pratique ,
du même Auteur y 2 vol. in-12. 5 liv.
Chymie Hydrauhque, pour ex¬
traire les Sels eflentiels des végétaux,
Pij
Wimaux & minéraux avec 1 eau piire,^
j>ar M. h Cornu de, la, G a Ra ye , vol.
in-II. iliv.iofi
LiTHOGÉOGNosiE , OU, Examen ?
Chymique des Pierres, des Terres i
en général, & du T aie de la T opaze j
te de la Stéatite en particulier, avec
une Differtation fur le feu & fur la
lumière. Continuation de Lithogéo-
gnofie-Pyrotechnique , où l’on traite ,i
plus particuliérement de la connoij*
fance de ces Terres & des Pierres, & î
de la maniéré d’en faire l’examen; ;;
par M. Pote, DoBeur en Médecine , |
Frofejfeur en Chymie, &c. i vol. in-12. |
traduits de l’Allemand. 5 liv.
Traité des Pierres de Thèophraflcy ,
traduit du Grec, avec des Notes Phy-
fiques & Critiques, traduites de l’An- [
glois de M. Hil l , auquel on a ajouté j
deux Lettres du même Auteur, l’une j
au Doêleur fur les cou¬
leurs du Saphir & de la Titrquoife ; j
& l’autre de M. Folkes , Préfident ^
de la Société Royale de Londres, [
lùr les efïets des differentes Men- j;
ftrues fur le Cuivre, in-i 2. 2 liv. 5 L
Traité des Eaux Minérales de
Bagnieres , contenant l’Analyfe
Chymique des Sources Minérales de
Salut
Salut d’Artipielongue , par M, Sa^
LAIGNAC , in-12. I liv. i6 f.
Dissertation fur la chaleur,
avec des Obfervations fur la conf-
trudion & la comparaifon des Ther¬
momètres , traduites de l’Anglois,
jpar M. de la FiROTTE , vol. in-12.
Z liv. 5 f.
Q UÆ STI ON UM Medicarum , qu(Z
çirca Medicmœ theoriam d* praxim,
ante duo fecula, in Scholis Facultatis
Medicinæ Parijîenjîs agitat(zfunt & dif-
cujfæ , ferles Chronologica ; cum DoBo~
Tum Prcejidum , & Bacçalaureorum pro-
pugnantium nominibus. Opus ad Me-
dicmee Medicorumque Parijienjïum Hif
toriam maximb conferens. vol.in-4^. ^ I.
Consultations Médicinales ,
de M. D El DI ER , 3 vol. in-12. 17 5 4.
7 liv. 10 f.
C O L LE CT AN EA Pharmaceutica ,
&c. in- 4 °. ^ ^ ^ liy.
Cours de Chirurgie, &c. diôé
aux Ecoles de Médecine,
Col-de-Fillars, in-i 2.6 vol. 151.
^ Les différens Traités fe vendent fépa-
rément^
Recueil Alphabétique des pro-
gnoRics dangereux & mortels fur les
différentes maladies de l’homme, pré-
P iij
eèdé d’une explication des maladies i
& de quelques termes de Médecine ,
&LC.parle même Auteur 3 in- 10. îsoiij
velle Edition. 1755. 5 ^*-
Observations de Chirurgie mr
la nature & le traitement des parties
molles, &c. traduites en François ,
par M,*** Docteur de la Faculté de
Médecine de Paris, in-12. 2, liv. iO f.
Traité de la petite vérole com¬
muniquée par l’inoculation ; par M,
ButiÈI , DoHeiir en Médecine, vol.
-^_go I Jiv. IQ 1.
Recherches & Obiervations fur
toutes les parties de l’Art du Dentifte,
parM. BoURDET, Dentijie, reçu au
College de Chirurgie, 2 vol. m-i 2. avec
Figures. 1757. rJ
Le Chirurgien-DeiitiRe, ou. Traite
des Dents, avec la maniéré de les
entretenir propres & faines, par M.
Faucha RD, Çhirurgien-Dentijfe ,
2 vol. in-12. . r T*
Expériences & Réflexions fur la
flruaure & l’ufage des Vifeeres, fui¬
tes d’une Explication Phyfico-Me-
:hanique de la plûpart des maladies,
varM. Raymond Vieussens,
t 2 liv. 101.