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Full text of "Dissertation sur l'æther, dans laquelle on examine les différens produits du mêlange de l'esprit de vin avec les acides minéraux. Par M. Baumé, Me apothicaire de Paris."

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tai-macx>p(rr Pa i - j ij enlV s 


IxConoMa-giCtiri 

baume 















l 



K' 






dissertation 

SUR 

L’ÆT h E R. 

DANS LAQUELLE ON EXAMINE 

les difFérens produits du mélange de l’Efprit 
de Vin avec les Acides Minéraux. 


Far M. B AU MÈ , Apothicaire 
de Paris, 



Chez Jean-Thomas Hérissant , Libraire , 
me S. Jacques ,,à S. Paul & à S. Hilaire. 


M D C C L V I î. 

:^vu Approbation , & Prïvllcg& du Roi. 

















avertissement. 


A Dissertation que 

■«^|+++++-e» ^ 

Tl L + X préfente, forme un 
corps d’Analyfe fuîvic 
de tous les produits que fournit 
la combinaifon de TAcide Vi- 
triolique avec TEfprit de Vin j 
on trouvera peut-être que je fais 
une divilion trop nombreufe des 
matières que Ton retire de cette 
combinaifon : mais on doit faire 
attention que m’étant propo.io 
d’analyfer avec la plus grande 
exactitude tous les produits de 
cette combinaifon^ il étoit ef« 
fentiel d’examiner féparément 
tous ceux dans lefquels on 






ij AVERTISSEMENT. 
pouvoit appercevoir la moindre 
différence. 

M. de Mairan, de l’Académie 
Royale des Sciences^ fi connu 
partant d’excellens Ouvrages,' 
a fait voir par de très-belles 
Expériences qu’il a rapportées 
dans fa Differtation fur la gla¬ 
ce qu’on pouvoit faire baiffer 
des Thermomètres confidéra- 
blement avec de l’eau ; mais le 
plus grand refroidiffement qu’il 
ait pû produire n’a fait baiffer les 
Thermomètres que de deux dé- 
grés ^ ou trois tout au plus , mê¬ 
me en fe feryant des machines 
pour rafraichir l’eau qui font 
en ufage dans la partie méridio¬ 
nale de la Chine à Quanton. {a) 

( a ) Voyez la Differtation fur I» Glace par M, dç 
Mairan, CT* fnmntei > di i J-Pj 


ArERTlSSEMENT. li} 
Comme je n’ai été à port^ de 
lire cet excellent Ouvrage que 
depuis l’imprelTion finie de ce¬ 
lui-ci J il ne m’eft plus pofTible 
de rapporter à leurs endroits les 
Expériences que j’ai faites de¬ 
puis fur les refroidiffemens avec 
les Liqueurs æthérées ; lefquel- 
les^cn employant quelques-unes 
des manipulations dont il s’efl 
fervi pour l’eau feulement^m’ont 
produit des refroidiffemens de 
neuf dégrés plus grands que 
ceux dont il ed parlé dans mon 
Ouvrage, ôc de vingt dégrés de 
plus que ceux qu’a eu M. de 
Mairan. Ces effets, prefque dou¬ 
blés par une manipulation fort 
peu différente de celle que j’aî 
employée, m’ont engagé à re-î 




îv AVERTISSEMENT. 

prendre cette partie de mes 
périences pour en former une 
DifTertation particulière qui eft 
déjà faite, dans laquelle on ver¬ 
ra qu’une infinité d’autres Li¬ 
queurs produifent les mêmes ef¬ 
fets, mais proportionnéllement 
à leurs dégrés d’évapbràbilité. 

Jè ri’aî rien néglig'é de tout ce 
qui m’a paru efferitiel dans le dé¬ 
tail des Expériences, âirifî, fi on 
les répété de la même maniéré 
que je rînâiquéraî, je garantis 
les mêmes réfultats ; & quoique 
ce travail foit fort coûteux, j’ai 
mieux aimé réitérer un grand 
nombre de fois les Expériences 
qui m’ont' paru ‘méfîtér là ‘peine 
del’être, que de lés rapporter 
auhafardj'je ne m’en fuis rap- 


AVERTISSEMENT, v 
porté fur aucun oui-dire, ni à 
perfonne, toutes ces Expérien¬ 
ces ont été faites par moi ; on 
ne m’entendra pas dire : L'Æther 
Nitreux efl plus inflammable que 
l’Æther Vitriolique ; je n oferois 
mettre le feu dans le flacon qui le 
contient , car il feroit tout fauter 
avec danger y 6c d’autres propos 
de cette nature. 

On fera peut-être furpris que 
cet Ouvrage ayant été fait à 
deffcin d’examiner l’Æther de 
toutes les maniérés, je ne Taye 
pas mêlé avec l’Acide Marin : 
mais comme cet Acide ne m’a 
pas paru y faire beaucoup d’ef¬ 
fet, j’ai cru qu’il valoit mieux 
s’attacher à des chofes que j’ai 
penfé être plus propres à faire 
a i ij 


V) AVERTISSEMENT. 

connoitre la nature de rÆther^ 
Ceux qui voudront s’exercer fur 
cet Acide pourront le faire ^ ces 
matières font fi étendues qu'el- 
îes fournifient, amplement de 
<]^uoi occuper les Artiftes. 

J’ai paffé légèrement fur l’ex¬ 
plication de plufieurs phénomè¬ 
nes qui m’ont paru difficiles à ex¬ 
pliquer ^ le Leéteur en tirera lui- 
même les conféquences qu’il ju¬ 
gera à propos. 

Je n’ai pas cru devoir parler 
'des vertus médicinales des dilFé- 
rentes Liqueurs æthérées qu’on 
obtient par le mélange des Aci¬ 
desminéraux avec l’Efprit de 
yin^ ni d’aucun des produits 
qu’on en retire ; cette partie 
n’ell peint de ma compétence^ 


AVERTISSEMENT, vi; 
elle eft entièrement du reffort 
de la Médecine. 

On fera fans doute bien fon¬ 
dé à me faire quelques repro¬ 
ches fur mon hile ; à cela je ré¬ 
ponds que je fuis plus accoutu¬ 
mé à faire des Expériences qu'à 
écrire : d^aiileurs mon Livre 
n’eft point un Ouvrage d’agré- 
mens ^ où Félégance du ftile foit 
abfolument néceflaire ; il me 
fufFit d’avoir rapporté les faits 
avec fimplicité ôc de m’être ren¬ 
du intelligible^ c’eft à quoi je 
me fuis le plus attaché : & fi j’ai 
quelque chofe à défirer ^ c elf 
d’avoir été affez heureux pour 
réuffir à lever par de bonnes ma¬ 
nipulations les difficultés de ces 


vnj AVERTISSEMENT, 

Operations : elles n’ont encore 
été traitées par per/onne avec 
autant d étendue & autant de 
précifîon que je crois l’avoir 
fait dans ce Livre ; il s’en faut 
beaucoup que je me flatte 
d avoir épuifé cette matière ^ 
je fçai que j’ai laiffé encore une 
infinité de chofes très-capables 
d exercer les Artifles & les bons 
Phyficiens : mais le grand nom¬ 
bre d’Expériences que j’ai faites 
me paroît plus que fuffifant pour 
faire connoître la nature & les 
propriétés de ces Liqueurs æthé- 
rées ; fi quelquefois je fais des 
répétitions , ce n’eft que pour 
rendre ma differtation plus in¬ 
telligible , il vaut mieux faire 


avertissement. Îx 

revoir au Ledeur un pafTage 
qu’il a déjà lu , que de le fati¬ 
guer par des renvois. 




X 


Noms 


NOMS DES AUTEURS 

cites ddns la Dijfenation que 
M. Pott a donné fur l'acidd 
vitriolique vineux 3 ^ qui, 
paroijfent avoir eu connoijfan^^^ 
ce de ce procédé, 

Agricola. 

A. Sale. 

AxteJmeyer. 

Bar. de Baer. 

BafiJe Valentin. 

Becher. 

Beerianus. 

Béguin. 

Blegny* 

Bohn. 

Cardiliicius^ 

Cari, Médecin Danois. 

Chrétien Démocrite. 

CroHius, 

Degner. 

Eisholtz. 

EttmiilJeir. 

Ettner. 

Frédéric HofFmann.; 





DES Auteurs, xj 

Frobenius. 

^ Geelhaufen. 

■ Gefner, 

^ Glaiiber. 
fiGohl. 

,, Gotter-HannkvitZs 
.Gruling. 

; Henckelo 
' Henfing. 

Hiern. 

Hummel. 

Jean Craton. 

Ifaac l’Hollandois, 
jlfaac Newton* 
j Juncken. 
j Kefler. 

! Koenig. 
i Kuchel. 
i Kunckel» 

■ Ch. Langiiis. 

. Libavius. 

1 Ludovic» 

1 Liüle. 
i Mœts. 

Michael. 

Michel Cmgner. 

Paul Chrétien MiilIeG 
Paracçlfei 




s DES A UTECfRSi 

Ppteriiis. 

Rob. Boyle. 

Rofencreuzer. 

Roth. 

Sachfiiis. 

Sçhroeder. 

Schroeer. 

Schultz, 

Snat. 

Sneîle. 

Stahl. 

Stapborft, 

Teichmeyer. 

Tieho à Brahe, 

Tretfcher. 

Valerius Cor dus, 

Vater. 

Vigamus. 

Vreefvick. 

Wmtz. 

Wedelius, 

Wolphius, 

Zittmann, 

Zobel. 

Zwoelffen 


xî) Nom 

^olemann. 


DISSERTATION 



DISSERTATION 


SUR 

L’ÆTHER. 


VIS COURS HISTORIQUE, 

SUR 

HÆther Fn ri o li (lu Ey 

E ne me propofe point 
d’approfondir & d’épuifer 
dans ce Difcours la matiè¬ 
re qui en eft l’objet. Mon 
intention fe borne feulement à faire 
voir quelle n’efl point neuve, & 
.que les plus anciens- Chymiftes qui 
ont écrit paroiffent s’y être beaucoup 
‘exercés. 

A 













% Dissertation 

Je dois avertir ici que ce que je 
vais dire ed un extrait de la fçavante 
Differtation fur l’Acide Vitriolique 
vineux, qu’a donné M. Pott en 17 3 z. 
Mais cet habile Chymide s’ed piiis 
attaché à la recherche des Auteurs 
qui en ont parlé, qu’à un travail pro^* 
fond tendant à épuifer cette matière ; 
il en convient lui-même en plufieurs 
endroits, (æ) Je n ai ^ ditdl, rapporté ces 
çhofes qu afin d'exciter (es Curieux à tra¬ 
vailler. Pour moi, je me fuis attaché 
plutôt à analyfer tous les produits 
que donné cette combinaifon, qu’à 
des recherches, qui, quoique très- 
curieufes & très-utiles en ce genre, 
font toujours moins iatisfaifantes que 
l’expérience même ; aind je crois 
avoir une connoidance exaêle d’un 
mélange d dmple en apparence, 
mais dont la variété dçs produits doit 
furprendre à chaque indant, com¬ 
me on le verra adéz amplement dans 
le corps de l’Ouvrage. Ceux qui 
voudront être mieux indruits des faits 
hidoriques fur' cette matière pour-» 

(4) Dans fon Traité de l'Acide Fitrioliqn( FincHXi ^ 
§ VI. iSç fur la fin du § VIII. 


SUR L*Æ THE R. 3f 

TOnt confulter l’Ouvrage que je vienl 
de citer. 

Au rapport de M. Pott, il n’y a 
rien d’alîiiré fur l’origine de cette 
opération, ni fur les raifons qui ont 
porté les anciens Chymiftes à faire 
ce mélange ; il paroxt même quelle a 
eu le même fort que leurs autres pro- 
duêlions, & qu’elle ell reliée long¬ 
temps enfevelie dans les ténèbres 
alchymiqiies par la défeêiuofité des 
defcriptions qu’ils en ont lailTées. 

Je crois qu’on pourroit foupçonner 
avec vraifemblance que les anciens 
Chymilles,qui n’avoientprefqiie tous 
d’autres vues dans leurs travaux que la 
recherche de la Pierre philofophale, 
ont fait ce mélange dans ce delTein ; 
puifque M. Pott dit (b') qu’il y en a qui 
cherchent ou qui trouvent quelque 
chofe de merveilleux dans le marc 
qui relie après la diddlation de ce 
même mélange. 

M. Henfing dans fa DilTertation fur 
le vitriol, où il s’agit de fçavoir li 
cette lùbllance ell la matière desPhi- 
lofophes, confirme ce que nous ve- 

(b) Ditns la troiâéme Nocç du § X. 

Aij 


4 Dissertation 
nous d’avancer, îorfqu’il fe moque 
ingéniicment de ceux qui penfent que 
l’huile & la terre noire qui provien¬ 
nent de la didilîation de l’Èrprit de 
Vin très-redlifié, & de l’Efprit urineux 
avec une partie d’Huile de Vitriol, 
font la liqueur alkaeft , l’Efprit de 
Mercure & le Sel philofophiqiie, & 
fe promettent de leur compoütion la 
Pierre philofophale. 

Il s’en faut de beaucoup que ce 
procédé foit nouveau, puifqu’il a été 
connu des plus anciens Chymiftes : 
& quoique nous n en trouvions pas 
d’exaéle s defcriptions, nous en voyons 
au moins des vertiges dans Raimond 
Lulle, Ifaac l’Hollandois, Bafile Va¬ 
lentin & Paracelfe, qui reçurent vrai- 
femblablement cette opération de 
leurs prédécerteurs avec d’autres fe- 
crets ; ce qui fait qu’il ert très-difîici- 
îe d’en déterminer l’origine. L’odeur 
particulière de l’Æther a fait croire 
que c’étoit-là l’eau de Raimond Lulle, 
ou Aqtia Lullaria. 

Il ert cependant certain que le pre¬ 
mier qui a fait mention de ce mélange 
d’une maniéré précife, ert Valerius 


SUR l’ Æ T H E R; 

Cordus dans fon Livre des Extrac¬ 
tions artificielles, que Gefner a enri¬ 
chi de fes remarques fur Diofcorides, 
imprimées à Zurick en 1561. Il mêle 
partie égale d’Huile de Vitriol & d’Ei- 
prit de Vin, d fait digérer le tout pen¬ 
dant trois mois, enfuite il le fait diftil- 
1 er. Le détail qu’il donne prouve afièz 
qu'il faifoit fon Æther facilement, 
puifqu’il dit qu’il retiroit un Efprit Vi¬ 
neux au bain marie ; & qu enfiiite de 
ce mélange porté au bain de fable , il 
en retiroit une liqueur qui funiageoit 
phlegme , & qu’on doit féparcr fur le 
le champ par l’entonnoir. 

Crollius le décrit, mais en termes 
plus obfcurs, & Béguin n’en a em¬ 
prunté que le nom. 

Willifius .çlaiis fa Pharmacopée dit ; 
qu’il y .a dans lEfprit de Vin deux 
parties difiinûes ; l’une fulphuteiife , 
l’autre fpiritueufe. L’expérience que 
M. Pott en donne efl bonne & le 
conduit au vrai but , quoique par mi 
chemin un peu long ; il mêle huit 
onces d'Huile de Vitriol fur une livre 
d’Efprit de Vin, il récohobe la liqueur 
difiillée deux ou trois fois fur le marc, 
A iij 


s Dissertation 

Boyle, fur Forigine des idées, fart 
înerxtion de cette huile lorfqu il parle 
avec admiration de deux liqueurs 
fubtiles & aromatiques, dont la pre¬ 
mière répand une odeur agréable , & 
ï autre une odeur fulphureufe : il en 
fut meme furpris ; mais depuis ce 
temps perfonne n’a recherché ni tra- 
Tailîé cette liqueur autant que M. 
Pott, comme le lui a fait voir la 
ïedure des Ouvrages des Chymifles ^ 
qui, la plûpart, n en parlent pas, ou 
qui n’en parlent que d’une maniéré 
fort peu exaéle, ce dont on peut fe 
convaincre par quelques palTages de 
Micle Briigner , Beker , Poleman , 
Boyle & Kimkel, & de quelques 
manufcrits de Chymie. 

L’illuftre Frédéric Hoffmann a fait 
l’éloge des vertus médicinciles des 
liqueurs qu’on retire du mélange de 
refprit de vin aŸec l’huile de vitriol, 
qu’il a amplement décrites dans fes 
Obfervations chymiques ; ce qui a 
mis plufieurs amateurs de la Chymie 
à portée de pouffer plus loin leurs 
découvertes, tels font Tretfcherus , 
Bar deBaer, Zittmamius, Frobeiiius, 


SUR l’Æ T h E R." ^ 

(qiie’qiies-uns penfent que Tretfche- 
rus eft Frobenius même) enfin Hm- 
fingiiis. 

M. Hofïmann prend lix parties 
d’Efprit de Vin très-redifié fur une 
partie d’Huile de Vitriol ; mais il ne 
me paroît pas que fon intention ait 
été de faire l’Æther ; la quantité 
d’Huile de Vitriol n’eft pas affez 
grande pour cela ; elle ne peut faire 
que fa liqueur minérale anodine. 

En 173 5 il parut fur cette matière 
une Differtation exade & travaillée, 
de M. Paul Chrétien Muller de 
LeipEc. 

Crugner, dans fon printemps chy- 
mique , appelle l’Æther, vinaigre 
principal, & s’en fert fous ce nom 
pour préparer fes Elixirs. 

Henckel, un des fçavans Métallur* 
glftes de nos jours, en fait mention 
dans.le quatrième Volume de fon 
Journal de la Nature curieufe. 

' Sachnus, Juncker dans fes Notes 
fur Agricola, Béguin fur le Régne 
animal & végétal, faifoient leurs 
teintures avec le mélange de l’Acide 
Vitriolique & de l’Efprit de Vin fans 
A iv 


s Dissertation 

etre diftillé ; mais on ne doit point 
douter que ces Chymiftes n enflent 
ime parfaite connoiflance de la dif- 
tillation de ce mélange. 

Agricola dit que le mélange de 
I Huile de Vitriol & de l’Efprit de Vin 
diflillé , différé beaucoup de celui 
qui ne fefl point, & qui n efl feule- 
ïîieiit qu’uni par la digeflion. 

Ce mélange avoit été ou caché 
ou oublié jufqu’à préfent. Enfln il y 
a quelques années que M. Chrétien 
Démocrite le tira des ténèbres où il 
étoit plongé ; car cefl la même 
hqueur dont parlent' les Auteurs du 
Commerce Littéraire de Nuremberg, 
année 173 i, pag. 172. Alors M. Cari 
Médecin Danois, communiqua ce 
médicament à M. Gotziiis, & recom¬ 
manda fes vertus pour la Goutte & 
pour d’autres maladies. 

Le premier qui publia cette com- 
pohtion, qui étoit reflée jufqu’alors 
cachée, fiit M. Schuîtze dans la Difl 
fertation qu’il donna au mois de Juillet 
1734» ciont le fiijet étoit de fçavoir 
s il y avoit des remedes qui diminuaf- 
lent le calcul dans la veflie. 


s XJ R, ïlÆ T H E r; • 9 

M. Hummel le fuivit dans fa cii- 
rleiife Differtation fur la Goutte. En¬ 
fin l’Auteur des Notes du Traité de 
Démocrite, fur la Vie & la Médecine 
animale,traduit en Allemand en 17 3 
en fait mention en beaucoup d’en¬ 
droits : il mêloit l’Huile de Vitrioï 
avec quatre, fix ou huit parties d’Ef- 
prit de Vin très-reflifié , auquel il 
ajoûtoit divers végétaux. 

M. Geelhaufen promet dans le 
Commerce Littéraire une Differta.- 
tion particulière fùr cette matière. 

Kunkel en parle dans fa DilTerta- 
tion fur les Efprits anodins. 

Rofen-Crul'er le connoiffoit, puif- 
que dans-fon Agronomie, page i o i, 
il le recommande pour la Manie. 

M. Gohl, fous le titre d’Efprit Cé¬ 
phalique, le dit propre pour la Mi¬ 
graine. 

Zobel le recommande pour les 
maladies du foie ; mais ii mele partie 
égale desElprits de Vitriol, de Tartre 
&. de Vin. 

Après tout ce qu’on vient de voir 
de cet Extrait de M. Pott, il ne doit 
refier aucun doute fur l’ancienneté 

Av 


lo Dissert ATiok 

de ce mélange ; il me lemble que le 
but des premiers Chymides étoit de 
tirer de TEfprit de Vin la partie que 
nous appelions HuiU de Vin. Chacun 
des Chymiftes qui viennent d’être : 
nommés avoit fa recette particulière ; ^ 
les uns employoient pour l’iifage de , 
la Médecine les produits que donnoit 
ce mélange par la didiliation ; d’autres 
employoient ce mélange feulement 
digéré, & s’en fervoient pour tirer 
leurs teintures, & pour l’iifage mécli- j 
cinale ; d’autres enfin mettoient en 
iifage l’ime & l’autre méthode. Voilà î 
ce qu’il m’a paru convenable d’e:^- 1 

traire de l’Ouvrage de M. Pott, quant ! 
à rhidorique- ;! 

Peut-être me reprochera-t-on ;; 
d’avoir négligé ou oubhé de citer tous 
ceux qui ont écrit fur cette matière, 

& que M. Pott a nommés avec foin : 
mais pour me mettre à l’abri de ce re¬ 
proche, j’ai fait imeLide alphabétique 
de tous les Auteurs défignés dans fon 
Ouvrage ; on la trouvera placée à la 
tête de celui-ci. ' 

Les chofes en étoient là lorfqiie 
MM. Duhamel & Grode 5 tous deux 




s U R l'ÆTH E R. lî 
Académiciens, lurent de concert en 
173 4 à leur Compagnie, un Mémoire 
détaillé des recherches qu’ils avoient 
faites fur cette matière. Il paroit, fui- 
vant ce qu’ils en rapportent, que cette 
Liqueur étoit remife en vogue par 
plufieurs Chymides en même-temps, 
puifqu’ils difent que » M. Frobenius, 

« Chymide Allemand, en envoya 
w plufieurs petits flacons, environ en 
>f 173 o, à M. Geoffroy ( Médecin de 
» la Faculté de Paris & Membre de 
M l’Académie) , & que peu de temps 
» après M. Groffe en reçut deux pa- 
>, reils de M. Godfrey Hanckvdtz , 
» aufli Chymifle Allemand 

Le premier joignit à fes flacons une 
feuille manufcrite , dans laquelle il 
fembioit défigner la compofition de 
cette Liqueur ; mais en termes fi éni¬ 
gmatiques & fl peu inftruélifs, que 
ces habiles Chymiftes n’en purent 
tirer aucime utilité pour le travail 
qu’ils firent dans le deffein de dé¬ 
couvrir la compofition de cette Li¬ 
queur. , 

» Le fécond, M. Godfrey Hanck- 
» witz, apareiilement’fait une Differ- 
A vj 


11 D ï s s E R T A T I O N 
» talion iiir Ibn Ouvrage, dont la 

Tradudion a été inférée dans les 
» Tranfaébons Philofophiqiies, à la 
»> fuite du Mémoire concernant la Li* 
w queiir æthérée de M. Frobenius, en 
»Mai 1730, N". 413. page 288 
dont MM. Duhamel & Gro/Te ont 
rapporté la TraduéHon dans les Mé¬ 
moires de l’Académie, année 1734, 
& que l’on peut confulter : mais cette 
Traduction ne fut guères plus utde à 
M. Heilot, Membre de cette Acadé¬ 
mie 5 qui exécuta le procédé de point 
en point, & très-fcrupideiifement; 
parceque cette delcription étoit aulîi 
obfcure que la feuille manufcrite de 
Frobenius, 

La connoilTance que les Chymiifes 
François eurent des grandes proprié- 
té^de la Liqueur æthérée, attribuée 
a Frobenius, & qui depuis a retenu 
îe nom de Liqueur æthérée, les ex¬ 
cita a y travailler. Il fe forma alors 
une efpece de concours entre les 
Ghymides de l’Académie Royale des 
Sciences de Paris ; concours guidé 
par une noble émulation. L’envie 
d’être yidorieux étoit le feul motif 


SUR l’Æ T h E R. 

^iii les animoit. Ceux qui travaillè¬ 
rent le plus dans ce concours flirent 
Meffieurs Duhamel, Groffe, Hellot 
& Geoffroy Médecin» Entre tous 
ces habiles Chymilles qui devinèrent 
prefque en même-temps la route qu’il 
falloit prendre, & les matières fur lef> 
quelles il falloit tourner fes vues pour 
arriver au but, ce hit, fuivant leur 
rapport, M. Groffe qui fut viêlorieiix, 
& qui parvint le premier à faire de 
■ l’Æther auhi parfait que celui de Fro- 
benius. 

Mais les excellens Ouvrages de ces 
habiles Académiciens m’ont paru laif- 
fer quelques incertitudes fur le parti 
qu’on doit prendre pour faire cette 
opération. Ils rapportent des effais 
qu’ils ont faits fans fuccès , ce qui 
n’eft pas étonnant, vu que le prodidt 
de ce mélange étoit nouveau pour 
lors, & que ceux qui font les premiers 
des recherches fur quelque objet 
ont toujours beaucoup de défavanta- 
ges du côté de la réuffite. S’ils n’ont 
pas eu d’Æther dans ces premiers 
effais, cela vient de ce qu’ils ont été 
tes en trop petites dofes, & queda 


î4 Dissertation 
petite quantité qui s’en formoit fc 
perdoit par Févaporation. Par exem¬ 
ple , ces Melîieurs ont mêlé Fix oncçs 
d’Huile de Vitriol avec trois onces 
d’Efprit de Vin 5 certainement ils au- 
roient retiré de FÆther à ces dofes, 
Vils n avoient pas été obligés de faire 
im 11 grand nombre d’effais. A force 
de déluter les vaiffeaux, de changer 
le produit de cette diftillation d’un 
vaiffeau dans un autre, FÆther qu’ils 
avoient fait vraifemblablement s’éva- 
poroit dans toutes ces manipulations. 
J’obferverai à cette occafion, que h 
on verlè une once d’Æther d’un fla¬ 
con de large ouverture dans un autre, 
& principalement quand il fait bien 
chaud , on trouve près de deux gros 
de perte de la Liqueur qui s’efl; éva¬ 
porée par cet échange ; on en fera 
d’autant plus affuré fl on a fait la tare 
des flacons auparavant : ainfl il n’efl: 
pas étonnant que ces habiles Chymifl 
tes n’ayent point retiré d’Æther, 
quoique leur procédé fiit fort bon & 
très-bien fait. Un peu plus bas dans 
•ce même Mémoire on voit que lorf- 
■qu’ils ont mêlé une livre d’Huile de 


$ ü ïi l’Æ t h e r.' 15 

Vitriol & deux livres d’Efprit de Vin, 
ils en ont eu : fi la quantité totale du 
.premier mélange eût été pareille à ce 
fécond, ils auroient retiré le double 
de Liqueur æthérée. 

M. Hellot qui avoit participé au 
travail dont je viens de parler, reprit 
feul cette matierè, comme on le voit 
dans les Mémoires de TAcadémie en 
Î739. Les Expériences variées & 
curieufes qu’il a faites fur cet objet 
font affez voir le deffem qu’il a eu de 
pouffer ce travail à fa perfeûiôn. Le 
fuccès a répondu à fes efpérances ; 
mais comme ces fujets font en quel¬ 
que forte inépuifables, & que cet ha¬ 
bile Académicien îi’avoit d’autres vues 
que de multiplier les connoiffances, il 
diffribua il y a ime dixaine d’années 
à quelques-uns de nos Confrères un 
procédé pour faire l’Æther en grand, 
que lui avoit donné M. Lide, Anglqis, 
chez qui M. Kretfcher ou Frobenius 
logeoit à Londres, & par lequel il 
avoit vu préparer cette Liqueur pen¬ 
dant huit mois. Ce fut-là, à ce que je 
Crois, l’époque du temps où M.Rouel¬ 
le fit i’Æther à la pinte ; chaam s’e- 


i 6 Dissertation 
xerça à ce travail qui devint alors 
piel’que public. 

Les nouveaux Auteurs Chymiftes 
animés du même zèle que les Mem¬ 
bres qui pour lors compofoient l’Aca- 
demie, s y exercèrent auffi ; & per- 
fonne de ces Meffieurs, à mon gré, 
n a mieux traité cette matière que 
M. Macquer, dans fes Ékmms de 
Chimu-lrutique. qui font fort con¬ 
nus. 

D’après tant de modèles je crus 
qu’il m’étoit libre de m’exercer auiïi 
fur cet objet, cfiie je regarde comme 
inépuifable. J’ai eu l'honneur de lire un 
Mémoire à l’Académie, le 11 de Juin 
1755 , dent le principal objet étoit 
l’Analyfe du Réfidu de i’Æther Vi- 
triolique, filtré à travers une bou¬ 
teille de grais. Ce Mémoire fe trouve 
employé dans le préfent Ouvrage. 

Après une hifioire détail: ée du pro¬ 
grès que l’on a fait fur cette opéra¬ 
tion , & avoir rendu compte des dif¬ 
férentes mains dans lefquelles elle a 
pafie, il y auroit eu en m.oi une té¬ 
mérité bien grande, fi j’eufie ofé cber- 
cher les moyens ü en impofer à i’Aca- 


SUR l’Æ T h E R. Ï 7 

démie , comme un Artifte a voulu 
rinlinuer dans le Public, en faifant en¬ 
tendre que j’avois intention de m’at¬ 
tribuer ce procédé. Les premiers mots 
de mon Mémoire me mettent à l’abri 
du reproche de ce côté-là, puifque 
je commence par dire ; Je ne prétends 
pas donner ici comme une nouveauté le 
procédé de VÆther, je ne le donne que 
par occajion , mon but étant d'examiner 
le Réjidu de cette opération autrement 
qu il ne Va été. Puifque cef ce Réjidu que 
je me propoj'e d'examiner, & qui fait le 
principal objet de ce Mémoire^ je crois 
devoir rendre compte des matières dont il 
cf compofé ; & dans la Récapitidation 
de ce même Mémoire je dis : Il ejl 
encore prouvé que ce qu'il y a de nouveau 
dans le procédé de VÆther que je viens 
de donner, nef que dans la manipula^ 
tion , que j'ai rendue ., par Vufage , plus 
facile, plus certaine & plus courte , puif 
que MM. Duhamel^ Groffe & Hellot ont 
donné à cette Compagnie le moyen de le 
faire. 

Quand mon Mémoire qui eft ref- 
té entre les mains du Sécrétaire de 
l’Académie fera imprimé, le Public 


iS D î s s E RTATÏ 0 N 
jugera de la vérité de ce que j avance'^ 

C’ed: donc mal-à-propos & fans 
fondement, que ce même Artifte a 
voulu infinuer dans fes Leçons pu¬ 
bliques que j’ai voulu m’attribuer 
cette opération* 

Il ne revendique pas feulement le 
procédé de l’Æther décrit dans mon 
Mémoire, il revendique encore tout 
le contenu ; il devoit cependant fe 
fouvenir qu’après nous être expliqués 
dans l’Affemblée de l’Académie, la 
Compagnie a jugé que mon Mémoire 
feroit imprimé fous mon nom dans 
les Volumes des Correfpondans, com^ 
me n’appartenant qu’à moi feul. • 

Depuis ce temps, fans changer de 
batteries, il tourna fes vues plus 
adroitement, & par un beau & magni¬ 
fique Difeours qu’il adreffa à fes Au¬ 
diteurs , il mit le comble à fes mauvais 
procédés à mon égard. Ce Difeours 
eft trop brillant pour ne pas mériter 
place ici ; le voici. C’eft notre Criti¬ 
que qui parle. 

Mejfieurs, il ejî bien drôle qti on mette 
tn quejiion que ce que je dis ici fait public y 
parce que cela nejl pas imprimé. Un. 



s U R l’Æ T rf E R, I5Î 

^pOticaire a eu la. hardiejfe de venir lire 
en ma préfence, moi prlfent y Mejjîeurs^ 
un Mémoire à l'Académie fur l'Æther 
Vitriolique : pardi il faut être bien hardi i 
Notre homme, notre Auteur, notre ApotU 
caire,MeJpeurs, a voulu donner le procédé 
de l'Æther comme une de fes découvertes ; 
il ne lit pas ,MeJjieurs , il nous donnera 
fouvent du réchauffe. Notre Auteur, Mef- 
Jîeurs, niêle encore l'Æther Vitriolique 
avec rAcide Nitreux, & il vient nous 
dire qu'il fçait faire VÆther Nitreux. 

Ho I MeJJieurs, notre Apoticaire a fait 
encore une belle découverte, il mêle de VÆ-- 
t.her Vitriolique avec de l'Efprit deSel,& 
il dit: Jefçai faire V Æther Marin, Voilà 
un habile homme , Meffeurs ! Il cjl bien 
plus habile que moi! Je vais vous prouver 
que cela ejîfaux, & qu'il n a jamais fait 
S Æther Marin ; carfai combiné vingt-^ 
fept fois de l'Efprit de Vin avec de l'Ef¬ 
prit de Sel. Et trïs-fumant, & en chan¬ 
geant à chaque fois J! Efprit de Sel, J ans 
jamais avoir pu tirer d'Æther Marin , ' 
ni rien qui en approchât ; donc qtUil ejl 
impojpble de faire V Æther Marin, puif 
que je n'ai pu en faire ; je lui donnerai 
un merU blanc s'il en fait. J'ai lu tous 



Dissertation 

Us Auteurs y & perforine n en a parU;- 
il ny a que notre homme qui nous veut 
donner, du nouveau : voilà de nos gens y 
de nos. pilleurs ; notre homme croit que je 
n ai jamais examiné leRéfdu de V Æther, 
j'enfçais plus que lui y & on verraJi j'ai 
travaillé. Le refie n’eft pas moins 
brillant. 

Çet rappeller que 

j’étois préfent lorfqu il prononça ce 
Difeours au mois de Juillet 175 5 ; les 
traits dont il ell rempli font afTez re¬ 
marquables pour s’être bien fixés dans 
ma mémoire. 

J’ai eu d’abord quelqu envie de ré¬ 
pondre à ce qu’il y a de fingulier dans 
ce Diféours, mais j’ai imaginé que 
cela étoit inutile ; d’ailleurs la meil¬ 
leure critique que l’on piiiffe en faire, 
efl, j e crois, de l’inférer ici. J’ai penfé 
qu’il valoir beaucoup mieux repren¬ 
dre fojii Auteur fur le fond des chofes 
fur des faits, & je ne manquerai 
pas d’occafions. 

' Pont répondre à la première impu¬ 
tation qu’on me fait dans ce Difeours, 
& me juflifîer de la prétendue har- 
djeffe que j’ai eu dç m’attribuer mpa 


SUR l’Æ T h E R. lî 
Mémoire, ü fiiffit de jetter les yeux 
fur ce qu’il contient, & de rappeiler le 
Jugement que l’Académie en a porté 
en ma faveur ; elle a bien voulu, 
comme je l’ai dit plus haut, décider 
que ce Mémoire feroit imprimé fous 
mon nom. 

Pour ce qui regarde l’opération de 
l’Æther Nitreux, je ne puis que louer 
cet Artifte du zele qu’il témoigne pour 
l’intérêt public, & du foin qu’il prend 
de le mettre en garde contre les fu- 
percheries des Chymiiles qui font 
fort à craindre : il fçait combien il eft 
facile de tromper le Pubüc fur des 
matières qu’il connoît li peu ; il a 
craint que je ne lîfle pas bien cette 
opération, & qii^ par-là elle ne fut 
nuifible à ceux qui pourroient en 
employer le produit. Son inquiétude 
efl louable, & bien digne d’im hom-- 
me qui s’eft li long-temps facrifîé au 
bien de la Société ; mais pour la faire 
ceffer fiu cet Article, j’ai joint à ce 
petit Volume le moyen de faire com¬ 
modément cette opération. 

Ce qui fera rapporté cependant 
ici fur l’Æther Nitreux ne doit être 


"ti Dissertation 

regardé que comme le canevas d’urt 
travail beaucoup plus confidérable, 
que je me propofe de fuivre avec 
autant de foin & d’attention que cette 
matière l’exige. Je le donnerai au, 
Public s’il trouve ce petitTraité digne 
de lui. 

Mon Cenfeur me fait un crime de 
ne point lire : il me femble que de fa 
part un pareil reproche eft affez mal 
fondé ; ou plutôt, ne ferois-je pas 
moi-même dans le cas de lui repro¬ 
cher de lire beaucoup & de réfléchir 
peu ? S’il refiéchifloit fur les opéra¬ 
tions qu’il fait, il lui aiiroit été fort 
aifé de deviner comment fe fait l’Æ- 
ther Marin : il n’étoit queftion que de 
lire avec attention les Elémens de 
Chymie-Pratique de M. Macquer, il 
y auroit lû, TomeILpag, 268 & 

» L’Æther efl: le produit de la dé- 
» compofition de l’Efprit de Vin par 
» l’Acide VitrioJique ; plus cet Acide 
>> efl concentré, plus il opéré cette 
» décompofition «. Il éfoit facile de 
faire l’application de cette théorie 
aux opérations de l’Æther Nitreux & 
de l’Æther Marin, qui fé font par Iq 
même méchanilmç. 





SUR L’Æ T h E R. 

L’Acide Marin le plus concentré 
contient plus d eau que l’Acide Ni¬ 
treux , celui-ci plus que l’Acide Vi- 
triolique. (c) 

Par conféquent, fi l’Acide Marin 
contient le plus de phiegme, & que 
par fa nature il fe mêle difficilement à 
î’Efprit de Vin, ce font deux caufes 
qui s’oppofent conciuTemment au but 
qu’on fe propofe. En partant de ces 
principes, & faifant les effiais nécef- 
faires pour applanir ces difficultés, 
notre Chymifte feroir parvenu, peut- 
être mêm.e plutôt que moi, à faire 
cette opération. 

Après l’avoir engagé à faire plus 
de reflexions, je ne crois pas inutile 
de lui faire connoître que cette pré¬ 
tendue nouveauté qu’il m’attribue 
n’en a pas été une pour moi-même. 
Je n’ai commencé à faire mes effais 
qu’après avoir découvert par la lec¬ 
ture des Chymides, que le mélange 

(c) M. Hombeig a donné à l’Académie en . 
Je moyen de reconnioîçre la quaiWîé des Sels cpnce- 
nus dans les Acides ; moyen très-exad &c trèsringé- 
niéux : mais il me femb'le que , s'il fdt parti d’iir^ 
point plus fixe, tel que le dernier dégré de concen¬ 
tration connu que peuvent avoir ces Acides, ceU 
tçroir plus exaét, ôc rempliroit des vues plus étendues. 



24 Dissertatioî? 
que donne FÆther Marin avoit été 
reconnu par ces Auteurs. 

Pour le mettre à portée de vérifier 
les Notes dont je vais lui faire part, 
j’ai eu foin de lui défigner les volu¬ 
mes, les chapitres, & même les pages* 

Glauber efi: le premier qui ait dé¬ 
couvert l’Æther Marin. Ceux qui ont 
lu fes Ouvrages avec quelque atten¬ 
tion ont été à portée de voir dans 
plufieurs endroits qu’il a parlé de cette 
opération fans en domier de manipu¬ 
lation certaine : mais comme il m’a 
été impofiible de vérifier ce qu’il en a 
dit lui-même, je me fuis contenté de 
rapporter les citations de ceux qui 
en ont parlé, tels font Beccher, Stalh, 
Hofimann & Pott. Stalh dans fon 
Commentaire des (Euvres de Beker, 
intitulé : Spécimen Bekeri. Pars I, SeU» 
III. pag . 114. dit : 

» Il efi; confiant par l’expérience 
» de Glauber , qu’avec les circon- 
» fiances nécelTaires on change l’Ef- 
» prit de Vin en une efpece d’Huilê 
» par l’Efprit ou l’Huile de Sel. Bafile 
» Valentin & d’autres alTurent qu’on 
>> obtient la même choie avec l’Huile 



SUR l’Æ T h E R. tf- 
Vitriol:; mais je ne puis pas jiil- 
» qu a préfent dire que j’en ai fait 
» l’expérience 

Le Traduéleur de Frédéric Hoff¬ 
mann dit dans fes Obfervations Chy- 
miques, L Vol. Obf. XIII. pag. 3 29. 

» Glauber avance avec confiance 
» dans fés Écrits que l’on peut con- 
» vertir en Huile l’Efprk de Vin bien 
» redidé, en le combinant avec de 
» l’Huile de Sel qui aura été concen- 
» trée avec la Pierre calaminaire. J’ai 
» fmt cette expérience, mais je n’ai 
»pii en tirer d’autre Huile que de 
» î’Efprit doux de Sel «. 

Cet habile [Chymifle n a pas la 
prefomption de celui dont nous par¬ 
lons , il ne dit pas qu’il foit im- 
poffible de réufîir à faire cette opéra¬ 
tion, il fe contente de dire feulement 
qu’il ne l’a pas pû faire. 

M. Pott dans fon Traité de l’Acide 
Vitriolique Vineux, dit ; » Glauber 
dans divers endroits, & Snelle, dans 
» fon Traité du Sel commun, pro- 
» mettent une Huile femblable du mê- 
» lange de l’Efprit de Vin avec l’Acide 
» du Sel Marin ou du Nitre concentré; 

B 



l 6 D I s s E R T A T i O N 
» mais Texpérience réuffit très-rare*- j 
» ment, à moins que TEfprit de Vin ; 

» ne l’oit furchargé de parties huileii- 11 
fes, ou d’aromates, ou de cette , i 
» première Grailfe ou Huile qui pré- 
» cede l’Efprit de Froment dans la 
» Dillillation qu’on en fait en reèlifîant 
de l’Efprit de Vin fur l’Eau ; cette ' f 
» même Huile paroît encore dans la ;| 
» Digeftion avec l’Efprit de Sel, quoi- | 
>> quelle n’y fumage qu’en petites *, 
» goûtes ; mais l’Efprit de Nitre brûle 
» & divife trop vite les parties huileii- 
» fes ; à moins que, comme nous le i 
» ferons voir dans la fuite, fon aêlivi- i t 
» té ne foit modérée par des parties ■ t 
» Métalliques «, la DiJJertatiori j; 

de rAcide VitrioLique vineux de M. Pott^ ' ^ 
mviron au milieu du § IX. j t 

Fin du Difcours Hijîoriquci, j t 







SUR l’ Æ T H E R. 


tttttttt f± " — • ■ .. 


+-i"l-l-+++4- 

^ ++++++++ 
++++*!* 4 '++ 


I ÆTHER VITRIOLÎQUE. 

Es Auteurs qui ont donné 
des procédés pour faire l’Æ- 
tlier, varient fur les dofes 
' d’Huile de Vitriol & d’Elprit de A in 
qu’ils prefçrivent. Suivant les uns il 
faut parties égalq^ en mefiires , fui- 
vaut d’autres parties égales en poids , 
& d’autres endn font différer les do- 
fes en poids. Ces matières employées 
i à des dofes différentes donnent, com- 
ime on fçait, des produits-ditféreus ; 

I la Liqueur Minérale d’Hoffmann en 
iefl un exemple connu. J’ai obfervé 
lexaélement les différens effets qui 
jréfultent du mélange de cés fubflances, 

1 employées à des dofes variées : mais 
i comme M. Hellot les a décrits dans 
lun Mémoire imprimé dans le Volume 
I de l’Académie, année 17 3 9, il ed inu- 
|tile que j en %ffe mention ici. Je dirai 
! feulement que rHiiile de Vitriol &■ 
Bij 







2.'S Dissertation 
ffifprit de Vin mêlés à des dofesv 
convenables, & traités comme il faut, 
dormeront toujours de l’Æther pluS| 
ou moins. Voici, le procédé qui m’a ’ 
le mieux réufîi. '' 

Prenez fix livres d’Efprit de Vin | 
très-reélidé , mettez-le dans une cor-: jj 
mie de verre, verfez par-delTus, & de | 
fuite, par le moyen d’un long tuyau, 1 
fix livres d’Huile de Vitriol bien con- j 
centrée, remuez la cornue tout dou- 
cornent & à diverfes reprifes, afin de i 
bien mêler les deux Liqueurs ; ce i 
mélange bouillonnera & s’échauffera'jj 
confidérablement, il en fortira desi; 
vapeurs avec un lifflement affez fort, ’ 
qui auront une odeur très-aromati-| 
que, femblable à celle de l’Eau deji 
Rabel vieille. Ces vapeurs ne font 
que de l’Efprit de Vin, & non points 
de l’Æther ; c’eft pourquoi il eft inu-i 
tile de chercher à les recevoir. Ce: 
mélange ne prend qu’une petite cou-'] 
leur roiiffe ambrée, li l’Efprit de Vin 
n’eft guere huileux ; laiffez un peu 
refroidir la cornue pour la pouvoiri 
manier plus facilement, placez-la daîtç! 
bain de fable échaulfé à peu prè^; 





fr U R a A THE 2^ 

âiî même dégré quelle ; liitez a la 
eornue un balon percé d’un petit trou, 
que vous déboucherez de temps en 
temps afin de faciliter la fortie de 
l’air & la condenfation des vapeurs 


trop raréfiées , & pour reconnoître 
> auffi l’odeur des Liqueurs qui difiil- 
• leront. Diftülez ce mélange par un 
J feu de charbon affez fort pour en- 
J tretenir la Liqueur toujours bouillan- 
, j te ; il paffera d’abord environ fix our 
ces d’Efprit de Vin très-aromatique 
^ qu’il ell inutile de féparer, enfuite 
viendra l’Æther : lorfqu’il y en a envi- 
ron un tiers de diftillé, il fe forme à 
i la voiite de la cornue une infinité de 
h point-s qui femblent être fixes en for- 
j me de Stries, & qui cependant font 
j autant de gouttes d’Æther qui rou- 
lent les unes fur leS autres, & vien¬ 
nent diftiiier dans le balon; ces petits 
points paroiffent & fe fuccédent juf- 
qii’à la fin de l’opération ; continuez 
_ le feu jufqu’à ce que vous apperce- 
' viez tout-à-coup s’élever des vapeurs 
■ blanches qui remplifient la cornue & 
™ le récipient, & que ces vapeurs fen- 
tent l’Efprit Sulphureux volatil; car' 
' B uj 





30 Dissertation 
dans le cours de l’opération il arrivé 
affez loiivent qu’en débouchant le 
petit trou du balon, il s’élève tout-à- 
coup des vapeurs blanches, comme 
l’a très-bien remarqué M. Heîlot, {d) 
& qui difparoiffent également en re¬ 
bouchant le petit trou ; mais ce hgne 
tout iéul ne marque point que l’opé¬ 
ration foit finie, il faut qu’il foit ac¬ 
compagné d’une odeur plus volatile y 
& meme fi pénétrante que fi on ref- 
pire ces vapeurs un peu fort par ce 
petit trou elfes excitent à touffer 
ces vapeurs font aufü plus épaiffes & 
plus difficiles à fe condenfer : conti¬ 
nuez le feu encore pendant une de¬ 
mie-heure , parce qu’il paffe toujours 
de l’Æther avec ces vapeurs aqueii- 
fes, acides & fulphureufes. Cette re¬ 
marque néanmoins ne doit avoir lieu 
que pour les opérations dans lefquel- 
les on employé des dofes d’Huile de 
Vitriol & d’Efprit de Vin, auffi gran¬ 
des que celles qui font prefcrites dans 
ce procédé ; car, lorfqu’on fait l’o¬ 
pération avec des dofes beaucoup 

{d) Dans un Mémoire qu’il a donné à l’Académie 
en 1735. 


SUR l’Æ T h E R. 3i 
iV( ftîoinclres, il eft certain qu’il ne mou¬ 
la te plus d’Æther auffi-tôt que les va- 
ij peurs fiilphiireufes commencent à 
oia s’élever, comme l’a obfervé M. Hel-* 
(j) lot. Lors donc que vous ferez alTuré 
re. que l’Æther ceffe de monter, délutez 
!D{ le baicn, & verfez ce qu’il contient 
pi dans un flacon de criftal bien bouché, 
îcJ vous aurez environ trois livres huit 
'q onces de Liqueur. Cette diflillation 
efv dure ordinairement quinze à feize 
Cî heures. Relutez après cela le balon 
à la cornue , & par un feu plus mo- 
k- déré continuez la diftillation jufqii’à 

4. ce que le mélange foit prêt à monter, 
e, vous retirerez depuis dix jufqu’à feize 
Lrj onces d’Efprit Siilphiireiix trcs-vola- 
::i. til, pénétrant, fur lequel furnagera 
e, depuis deux gros juiqu’à quatre gros 
^ d'Huile, que l’on nomme impropre- 
jl ment Huile douce de Hitriol ; il faut la 

fcparer par l’entonnoir. J’ai toujours 
eu conRamment cette Huile d’une 
très-belle couleur citrine , tranfpa- 

5, rente, elle retient encore avec elle 
,p un peu d’Efprit Sulphureux volatil 

qui lui donne une mauvaife odeur ; 
' E efl cependant facile de la lui ôter : 

B iv 




Disser TATI Oî^ 

|e parlerai plus bas des moyens qu’il 
faut employer pour cela. Il relie dans 
la cornue une matière noire, épailTe, 
dune odeur fuîphureufe, bitumineu- 
le, dont ;e rendrai compte auffi à 
Ion tour. 

Revenons à notre première Liqueur 
dîftiilee. Cette Liqueur, comme on 
Içait , neû pas de pur Æther, elle 
contient plufieurs Liqueurs dont je 
me difpenferai de parler préfente- 
ment, me propoldnt d’en parler ail¬ 
leurs plus amplement, afin de ne pas • 
dndraire du détail de iopération. Je 
dirai feulement que cette Liqueur 
contient, i«. Un Efprit de Vin très- 
aïomatique, mifcible à l’eau, & qui 
communique à l’Æther la propriété 
de s y mêler auffi. 2°. L’Æther. 

Une portion d’Huile douce qui mon¬ 
te toujours avec l’Æther fur la fm de 
1 operation. 4^. Un peu d’Efprit ful- 
phureuA. Ce font-là toutes les Li¬ 
queurs qu il ell befoin de connoître à 
premnt. Pour les féparer, il faut d’a¬ 
bord mettre dans le flacon qui les 
coupent un peu d’Huile de Tartre par 
défaillance, bien fecoiier le tout, & 


s U R l’Æ T H E R. 33 

dans rinftant du mélange vous trou¬ 
verez une dilFérence fenüble ; Todeur 
fiilphiireufe & volatile que cette Li¬ 
queur avoit auparavant deviendra 
fuave, &nauraque celle de l’Æther, 
comme Fa remarqué M. Hellot,(e) 
FAlkali fixe aura abforbé FAcide ful- 
phureux. Verléz ce mélange dans 
.une Cornue de verre, placez-la fur 
le bain de fable d\m fourneau de 
lampe , ajullez à la Cornue un petit 
balon, & diflillez à la chaleur de 
quelques mèches. 

Dans cette reélification FÆther 
monte à la moindre chaleur ; au com¬ 
mencement la voûte de la Cornue 
n efi: point chaude, & FÆther qui 
diftille ne la mouille point en appa¬ 
rence , elle paroît aiiffi féche dans 
Fintérieur qu’à Ion extérieur , tout 
le col de la Cornue ne paroit point 
humide, il n’y a que l’extrémité du 
bec où la diflillation efi: apparente 3 
continuez l’opération jufqu’à ce que 
vous apperceviez des filets très-droits 
fe former autour de la voûte & du 
col de la Cornue ; éteignez alors la 

Dans le Mémoire déjà cité * 

By 



J4 t)lSSERTATIO>7 
lampe , & ne la rallumez qu’au bout 
cl un quart-d’heure, lorfqiie vous ver¬ 
rez que les gouttes f’e ralentiront con- 
liderablement, & que l’on pourra; 
compter cent fécondés entre chaque; 

’ féparez la Liqueur qui fera; 
diftillée, elle eh toute pur Æther 
vous en aurez environ deux livres; 
quatre onces. Si vous y ajoutez de; 
leau, (Sc que vous l’agitiez pour la 
meler avec l’Æther, vous verrez fur' 
le champ les Liqueurs fe féparer & 1 
gagner le deffus. Reliitez le i 
balon à la Cornue, & par un feu un \ 
peu plus fort continuez la didillation l 
pour retirer encore huit à dix onces: t, 
d’une Liqueur qui cû très-aromati- - 
liqueur ano- qiîc, & qui fait de très-bonne Li- ■ 
^'^eur anodine minérale d’Holfmann. ' 
manii. Cette Liqueur eR chargée autant J 
quelle doit l’être de l’Huile douce - 
qm a dïûillé fur la fn de la première : 
opération ; fi on en verfe quelques i 
gouttes dans un verre d’eau, elle la I 
blanchit un peu. 

Voiis trouverez dans la Cornue un l 
peu d Huile douce qui furnagera le ; 
phlegme acide lidphureux que l’Huile : 



SUR L Æ T H E R. 
de Tartre a abibrbée ; on peut la fépa- 
rer par rentonnoir, elle fera d’une 
couleur pâle un peu ambrée, graffe, 
& ayant une odeur de phlegme d’Eau- 
de-vie. 

R E M A R (lU E s. 

Des expériences réitérées m’ont 
appris qu’il étoit mutile de verfer 
l’Huile de Vitriol par parties, lorV 
j qu’on la verfe en une léule fois elle 
paffe à travers l’Efpriî de Vin & oc¬ 
cupe le fond de la Cornue, on remue 
à diverfes reprilés afin de faciliter le 
mélange des deux Liqueurs qui s’é¬ 
chauffent fl confidérablement, que fi 
on en approche la main à un demi 
pied de diftance de la Cornue on fent 
la chaleur, comme fi on l’expofoit à 
cette meme diftance d’un brader ar¬ 
dent ; c’eft pourquoi j’ai prefcrit de 
laiffer refroidir la Cornue jufqu a ce 
qu’on la puiffe prendre avec les mains 
fans être incommodé par fa chaleur. 

Il eft prefque indifférent de verfer 
l’Huile de Vitriol fur l’Efprit de Vin, 
ou bien de verfer l’Efprit de Vin fur 
l’Huile de Vitriol. Quoique plufieurs 
B vj 



r> I s S' E R r A T 1 o n 
bons Auteurs recommandent de veï*^ 
fer plutôt l’Huile de Vitriol lür rEfprit 
de Vin que de faire le contraire ; je 
me fuis convaincu , le Thermomètre 
de M. de Réaumur à la main, que le 
mélange dans le premier cas s’échauf¬ 
fe jufqu a le faire monter à i o8 degrés, 
& dans le fécond à io 5. Ainfi je crois 
que trois dégrés de différence dan» 
une aiulî grande chaleur font trop 
peu de chofe pour mériter attention,. 
& qu’on ne doit pas craindre le bouil¬ 
lonnement violent, les grandes effer- 
vefcences, & les explorions dont par¬ 
lent M. Pott, pages 163 & 164, & 
M. Stalh de faübus^ page 368. Jamais 
aucun de ces inconvéniens ne m’eri; 
arrive, quoique j’aye fait ce mélange, 
à douze & feize livres de matières ÿ 
& en verfaiit en une feule fois indiffé¬ 
remment 1 une ou 1 autre Liqueur la 
première ; j’ai au contraire conffam- 
ment remarqué que s’il y avoit quel¬ 
que choix à faire ce feroit celui de 
verfer l’Efprit de Vin fur THuile de^ 
Vitriol. 

Dans ces mélangés il n’arrive ja¬ 
mais d inflammation comme Becher & 



SVK l’Æther. ff 
Cardiliicius Taffurent. J ai eu occafioir 
d’en faire très-foiivent dans toutes 
fortes de failons, de toutes façons, 
à petites dofes & à très-grandes do-’ 
fes, fans jamais avoir rien vu de fem- 
I blable i & je crois pouvoir affurer 
I avec confiance que fi quelqu un 3^ vu 
\ arriver ce phénomène, il étoit dû à 
I la proximité d’une bougie allumée ou 
de quelque autre flamme ; en un mot, 
j à une autre caufe que la chaleur du 
I mélange* 

La plupart des Chymifles recom¬ 
mandent encore d’éviter avec foin 
I la vapeur agréable qui s’élève pen- 
^ dant le mélange, comme trèsmuifible 
à la poitrine. Je puis adurer que cette 
vapeur n efl: pas plus dangereufe que 
celle de l’Efprit de Vin, & qu’il m’efl 
arrivé d’en refpirer fouvent & long- 
j temps fans que j’en fufîe jamais in- 
I Gommodé. 

I II ed abfoîument inutile que ce 
I mélange rede en digedion plus ou 
! moins long-temps avant la didilla- 
I tion, comme l’ont recommandé la 
I plupart des Chymides qui l’ont pouf¬ 
fe jtufquà trois mois & quelquefois 



DiSSERTAtrON' 
plus, j’ai répété ceci avec foin, 
ydï remarqué qu’on n’avoit pas pour 
cela une plus grande quantité d’Æ- 
tlier ; cependant il n’en arrive pas- 
d’inconyéniens en le faifant digérer, 
il n’y a feulement que le temps de la 
digellion de perdu. 

On entretient la Liqueur toujours 
bouillante fans danger, depuis le 
commencement jufqu’à la du de l’o¬ 
pération ; il ed inutile de féparer les-- 
différentes Liqueurs à mefure qu’elles- 
didillent ^ parce que par cet échange 
de vaiffeaux on perd toujours une 
quantité confidérable de Liqueur 
æthérée. 

Quelqu’un a dit que fi on didilloit 
ce mélange au feu de lampe, on n’au- 
roit point du tout d’Æther, & que 
c eft par cette raifon que les nouveaux 
Chymides qui employoient ce moyen 
ont eu tant de difficulté à faire de 
l’Æther, parce que, dit-on, l’Æthet 
ne fe forme que pendant l’ébullition, 
&: tant que la matière ne bout point 
il n’y a point de véritable décompo- 
fition, c’ed-à-dire celle qui ed favo¬ 
rable pour fournir l’Æther. Ce fenti- 


SUR l’Æ T H E R. 39 
fhent très-fpécieiix en apparence efl 
démenti par l’expérience ; j’ai fait 
plüfieurÿ fois l’Æther de cette manié¬ 
ré , & avec toute la patience poffible^ 
j’ai toujours reconnu que cela venoit 
de ce que dans une diftillation très- 
lente , l’Æther s’évapore à mefure 
qu’il diflille; mais cela n’empêche au¬ 
cunement qu’il ne fe forme, puifque 
fl on prend les précautions qui font 
néceffaires pour empêcher cette éva¬ 
poration , on en a la même quantité, 
& d’auffi parfait que celui qui a été 
diilillé au bain de fable, en entrete¬ 
nant la Liqueur toujours bouillante. 

Je ne prétends pas pour cela re¬ 
commander de faire cette opération 
au feu de lampe, au contraire je don¬ 
ne la préférance au procédé que j’ai 
décrit plus haut, comme meilleur, 
plus expéditif, & moins em'barraffant. 
On peut, fl l’on veut, fe difpenfer de 
recliher l’Æther au feu de lampe, un 
très-petit feu de charbon qu’on lailTe 
éteindre de temps en temps fait la. 
même chofe. 

J’ai preferit de continuer le feu^ 
quoique l’on fente l’Efprit fulphiireux. 



40 Dissertation 

■Volatil qui ell le ligne certain que 
cette opération eft achevée, quand 
on n employé que de petites dofes 
mais je me liiis apperçu qu’il en palî'e 
toujours une affez bonne quantité 
fur la tin avec l’Efprit fulphureux, 
lorfquon fait cette opération aux 
dofes prefcrites dans le procédé. 

Lorfqiie j’ai dit de continuer le feti 
après que l’Æther eH dilîiilé pour re¬ 
tirer depuis dix jufqu’à feize onces 
d’Elprit fulphureux, je n’ai pas pré¬ 
tendu avancer que l’on n’en puilfe 
pas tirer da^^antage ; mais feulement 
j’ai voulu recommander d’en retirer 
une certaine quantité pour avoir plus 
d’Huile douce, parce qu’elle vient en- 
plus grande partie avec cet Efprit 
fulphureux. 

Il relie dans la Corniié une matière' 
noire, épailTe , d’une odeur fülphu- 
reufe & bitumineufe que l’on peut, 
fl l’on veut, achever de diHiller à 
ficcité ; mais cette didillation tentée 
immédiatement après l’opération ell 
difficile , laborieufe & extraordinai¬ 
rement longue : cette matière fe hour- 
fouffie & monte très-aifément, A l’ar-- 



SUR l’Æ T h E R. 4t 
ticle des Expériences faites fur ce 
Réfidii, je donnerai les moyens de 
faire cette diftillation jufqu’à ficcité 
fans qii on foit expofé à tous ces in- 
eonvéniens. 

M. Pott dit (/) » Que fi ce mêlan- 
» ge monte fur la fin, il eft inutile de 
» le difliller une fécondé fois pour 
» en retirer quelque Huile ; car, dans 
» cette confiifion, il a perdu ce qifil 
» en contenoit «. On doit faire ici 
une reftriflion, & dire que cela arri¬ 
ve lorfqu on opéré à petites dofes :• 
mais fl l’on employé douze ou quinze 
livres de mélange, quoiqu’il monte à 
plufieurs reprifes, comme cela m’eft 
arrivé quelquefois, j’ai toujours eit 
malgré cet accident de l’Huile douce^. 
moins à la vérité que fi la matière 
n’eût point monté, mais néanmoins- 
€11 bonne quantité. 

J’ai fait une fois cette opération' 
aux dofes cTont je viens de parler, 
avec de l’Efprit de Vin à la Lavande- 
bien reélifié & bien chargé d’Huile 
effentielle ; dans l’inflant du mélange 
les vapeurs qui s’en élevoient avoient- 

(/) Dans la Note du §. Y.- 



4 ^ Dissertation I 

tine odeur aromatique, femblable au il 
mélange fait avec de TEfprit de Vin ■ 
pur, mais mêlée de l’odeur de La¬ 
vande , & en même-temps bitumineii- 
fe : le mélange ed: devenu très-trou-^’ 
ble, d’une coideur brime foncée ^ 
épais 5 repréfentant des Iris, (g) L’Æ- 
tlier qui en ed: provenu paroidbit 
d abord audi parfait que celui qui eft 
fait avec de bon Efprit de Vin pur; 
mais lorfqii'on s’en frottoit les mains 
que Ja Liqueur æthérée étoit didi- 
pée, il red:oit une odeur de Lavande 
très-forte. L’Ætlier étoit d chargé de 
cette Hude qu’il y en avoit envi'rôtï 
une once dans le fond du Balon, qui 
en étoit féparéejparce que cette Huile 
plus pefante que l’Æther le traverfoit 
rapidement, & que ce padage fubit 
ne donnoit pas le temps à l’Æther de 
la didbudre entièrement ; il n’y avoit 
que les furfaces qu’elle lui préfen- 
îoit qui étoient didbutes , pendant 

(g) Ccci confirme brea ce qu’a remarqué Kunkel 
dans bon Laborat- Chym. page 707 : Que jilus 
i Efprit de Vin efl huileux ^ plus il rougit avec 
l'Huile de Vitriol. Il indique même ce moyen 
comme afiuré pour le reconnoître, ôc dit, que de 
I E^fprit de Vin reSlifie' fur de lu chuux vive rougit 
infiniment moins. 


SUR l’Æ T h E R. 45 
P que le refte fe prédpitoit & fe con- 
t) lervoit au fond du Balon faute d’etre 
s agité. J’ai féparé par inclination la 
[ Liqueur ætliérée d’avec cette Huile, 
ï la partie hiiileufe a été mife dans un 
i flacon avec huit onces d’eau filtrée, 

) ce mélange s’efl: troublé ^ efl: devenu 
I laiteux, deux jours après il s’efl: éclair- 
> ci fans féparation ; mais une feule 
: reélifîcation au feu de lampe m’a fait 
} recouvrer cette Huile qui avoit une 
I odeur affez foible de Lavande & de 
^ phlcgme d’Eau-de-vie. 

La quantité d’Huile que mon Efprit 
de Vin contenoit a été caufe que fàî 
trouvé dans la Cornue, après la diftil- 
lation de l’Æther,environ deux onces 
de Bitume artificiel tout formé qui 
! furnageoit en forme de pellicule, îa- 
i quelle couvroit toute la Liqueur ; je 
' l’ai féparé & manié dans de l’eau de 
■ puits pour en ôter le fiiperflu de l’Aci¬ 
de Vitriolique : ce Bitume ainfi lavé 
& bien féché m’a paru avoir toutes 
les propriétés de ceux qui provien¬ 
nent de ces combinaifons. Je ne Fai 
' pas examiné plus amplement. 

I Les différentes Saifons, FEfprit de 



44 ÛISSERTATIO?? 

Vin plus ou moins résilié, & plus ou' 
moins chargé d’Huiîe, foit de la fienne 
propre, foit de quelque Huile effen- 
tielle qu on lui a ajoutée, & l’Huile 
de Vitriol plus ou moins concentrée, 
donnent des produits difFérens. ^ 

L atmofphete en Hiver étant moins 
chaude, diffipe une bien moindre quam^* 
tité d’Æther qu’en Été. On verra ci- 
apres les produits d’Hiver avec ceux 
d’Été réduits en une 7 able. 

En Été au contraire l’atmotfphere’ 
étant plus chaude, il fe diffipe ime bien 
plus grande quantité d’Æther; il s’en 
diffipe d’autant plus que la chaleur 
elF plus grande, cette perte effi même 
tres-conliderable , comme on peut 
s’en convaincre par le calcul que' 
j en ai fait dans le Oifcours Hiffori- 
que, page 14; peut-être trouvera- 
t-ou que ceci ne s’accorde pas avec 
rE^périenceXXIlIque je rapporterai^ 
ci-après fur l’évaporation de l’Æther;. 
mais on doit faire attention qu’ici on 
prefente à l’air continuellement de 
nouvelles furfaces qui font agitées 
par la transhifion de Ja Liqueur, au 
lieu que dans fexpérience citée il ny 
a point d’agitation. 



SUR l’Æ T h E R. 45 
A l’égard des autres produits ils 
font les mêmes dans toutes les Sai- 
fons. 

TABLE 


\ des VARI ÊTES OBSERVEES 
dans Us quantités d’Æthcr que Us 
• mimes Mêlantes rendent fuivant 

' Les Saifons. 


Mélangés. 


Produits 

EN ÉTÉ. EN Hiver, 


An¬ 

nées. 

.A ■ W 

re^îi/îe'. 

Durée 

de la 
Diflil- 
lation. 

A rendu 
Æther 
reHifié. 

Durée 

de la 
Diflil- 
lation 


Juîll* 

IX liv» 

11. 11° 

I X h. , 



1751 

I7Î3 

Janv. 

Il liv. 



1 1. 4° 

Il h. 

1713 

Août 

t<î liv. 

3l.ro° 

I l h. 



■1754 

Avril 

16 liv. 



4 livres 

Il h. 

1755 

Août 

.11 liv. 

1 livres 

Il h. 



J75^ 

Janv. 

1 6 liv; 



4 livres 

n h. 

Idem 

14 

Janv. 

I ^ liv; 



31.11° 

15 h. 


16 







Cette Table ne peut gueres êtrf 
























46 Dissertation 
tuile par le peu d’exaftitiide que j’y 
ai obfervée, mais du moins elle pour¬ 
ra fervir à eftimer par approxima¬ 
tion. Si ce petit Volume ell fulcepti- 
ble de réimpre/Tion, je la ferai avec 
l’ordre & l’exaditude néceffaire. Cha^ 
que fois que je faifois cette opération 
je raffemblois les réfultats pour les 
confronter aux précédens , mais je 
ne penfois pas alors en faire fufage 
que j en fais aujourd’hui; je me con- 
tentois d’un à peu près qui me fuffi^ 
foit pour ce que je voulois fçavoir 
.dans le temps. J’avertis de cela de 
peur qu’on ne me reproche l’inexac¬ 
titude qui y régné. 

Je crois avoir détaillé fuffifamment 
^ avec affez de clarté l’opération de 
1 Æther Vitriolique, pour que d’après 
.cette defcription on puiffe fans incer¬ 
titude reuffir a la faire. Les Notes que 
j’ai rapportées ne renferment pas à 
beaucoup près tout ce que l’on peut 
dire fur cette matière, je me fuis con¬ 
tente julqua préfent de rapporter 
iéulement les principales remarques 
que l’on devoit faire fur cette opéra¬ 
tion mais comme mon but ed d’exa- 



SUR l’Æ T h E R. 47 
.miner en particulier tous les produits 
.que fournit cette conibinaifon, afin 
;de reconnoître toutes leurs proprié¬ 
tés, j’ai évité d’entrer dans ces dé- 
i taüs en faifant la defcription du pro- 
:.cédé pour ne point détourner l’atten¬ 
tion de l’objet principal. Je vais main- 
; gênant reprendre toute l’opération & 
en examiner les produits plus parti¬ 
culièrement. 

Rien n’eft li limple que de mêler 
.enfemble de l’Efprit de Vin & de 
l’Huile de Vitriol ; mais rendre un 
compte exad & précis des divers 
produits que donne cette combinai- 
fon, ell une chofe bien différente. 
Beaucoup de Chymides ont déjà 
commencé ce travail, je vais hafar- 
der de donner auffi mes Obfervations. 
Si j’ai le bonheur d’obtenir le fuffrage 
du Public, cela m’encouragera à don- 
tier de temps en temps de petits Trai¬ 
tés comme celui-ci fur des matières 
particulières. 

Revenons à notre opération. Aufîi- 
tôt que le mélange eft fait, l’Huile de 
Vitriol & l’Efprit de Vin paroiffent ne 
former qu’ime Liqueur homogène.La 


^Iremiere Li- 
-queurquidif- 
îille du mé¬ 
lange de l’Ef- 
pric de Vin 
avec l’Huile 
de Vitriol. 

Seconde Li- 
.qiteur; Efpric 
Acide Vi- 
aeux. 


4 S Dissertation 
couleur de cette Liqueur eft ambrée,, 
parce que l’Acide Vitriolique que: 
nous avons employé efî; fi concentré' 
qu’il attaque immédiatement la partie: 
huileufe de l’Efprit de Vin, la rôtit en 
partie & la dilpofe à former un bitu¬ 
me , comme on le verra par la fuite ; 
ce bitume fe forme en plus grande 
quantité fi l’Efprit de Vin ell plus hui¬ 
leux , ou fl l’on a ajouté au mélange, 
quelque Huilé graffe ou effentielle; 
cette décompofition n’ed; pas encore 
bien fenfible, & l’Efprit de Vin qui 
dillille alors à la faveur du premier 
dégré de chaleur n’ed; nullement dé-, 
compofé, comme on le verra dans la 
fuite. Il faut que la diHiüation foit 
plus avancée. Après ce premier Efprit 
de Vin qui n’ell point décompofé, il 
en paffe im autre qui n’en différé pas 
beaucoup, il efl feulement im peu al¬ 
téré , .& a commencé à perdre une 
partie de fon huile & de fonphlegme ; 
il eh très-aromatique, & autant éloi¬ 
gné de la nature de l’Efprit de Vin pur 
qu’il s’approche de la nature de VÆ- 
ther : il tient le miheu entre ces deux 
Liqueurs, eu égard à fa décompoh- 




si; R l’Æ T H E R. 49 
•tion & au temps de la diilillatioa. 

C’eft cette Liqueur qui fait ki bafe de 
la Liqueur anodine minérale d’Hd:ff- 
i «nann, dont nous avons parlé. 

Immédiatement après la drftillation 

î de ces deux Liqueurs, il en vient une ‘ 
s autre qui ell extrêmement legere, 

I volatile , inÜammable, d’une odeur 
3 aromatique très - agréable ; elle eft 
I connue fous le nom cTÆther. 

Prefqiie fur la fin de la dilliilation Qn.-ic ten,-. 
i de l’Æther il pâlie avec lui une 
i qiieur aqiieulè très-legerement acide, grc. 

I laquelle traverfe la Liqueur lîjiritiieu- 
i fe qui ell dans le Balon pour fe pré- 
i cipiter au fond, & y relie leparée 
: faute d etre agitée ; la différence de 
ces Liqueurs le remarque encore dans 
les filets droits qui fe forment pen¬ 
dant la diftiilation de l’Æther, ils font 
parfemés de,gouttes hétérogènes qui 
font le même effet que des gouttes 
ff’eau roulant fur des filets d’huile, 
parce qu’alors il ne diftille plus de ces 
premiers Efprits de Vin aromatiques 
qui font mifcibles avec l’eau, & qu’au 
contraire c’efl de l’Æther pur qui eft 
-de la nature de l’huile par rapporta 
C 



cinquième 

J-iqueur : 
l’reniier Ef- 
prit: fulphu- 
|:eux yolatil. 


Sixième Li¬ 
queur : Pre¬ 
mière Huile 
flouce. 


•Septième Li¬ 
queur : Se¬ 
conde Huile 
douce. 


'50 Dissertation 
î eau, & que le peu d’union qu’ils ont 
enfemble permet de les voir très-dife 
tintement. Cette Liqueur eft une de 
celles qui reffemblent à du Vinaigre 
diftillé, que quelques Chymiftes ont 
cru être le réfultat d’une tranfmuta- 
tion d’Acide Vitriolique en Acide Vé¬ 
gétal. Je ferai voir ailleurs qu’ils fe 
font trompés, & qu’elleç ont toutes 
les propriétés de lAcide Vitriolique. 

A ce phlegme acide il fuccede une 
Liqueur plus acide,très-volatile,poiqt 
inflammable,connue fous le nom d’Ef- 
prit fulphureux volatil j l’Æther qui 
diftille avec lui efl accompagné d’une 
Huile de Vin , appeUée affez impro¬ 
prement , Huile douce de Vitriol. Cette 
Huile nage fur l’eau, elle donne à 
l’Æther qui diflille avec elle une cou¬ 
leur citrine ; elle reffemble àuneHuile 
effentielle reftifîée, elle efl beaucoup 
plus ténue que celle qui la fuit & qui 
diflille avec l’Efprit fulphureux feul j 
celle-ci efl plus citrinç, moins fluide, 
fe tient prefque conflamment fous 
l’eau, & ne la fumage que dans les cir- 
conflances qu’a rapportées M. Hellot 
dans le Mémoire déjà cité. Cet Acidp 


r 

SUR l’Æ T h E R; 

üfiilphiireiix devient de plus en plus Huitième 
ô fort, mais toujours fiilphureiix ; THiii- ^3'Adlc' 
'3 le ceffe de venir à mefiire que la Li- fuiphurcux. 

'I queur de la Cornue fe concentre , 

'( parce qu alors elle acquert plus d’a- 
' : xiidité, ce qui la rend capable de ré- 
1 diiire en Bitume les parties huileufes 
1 de TEfprit de Vin. Ce Bitume une 
') fois formé n’eft plus fufceptible d etre 
L décompofé, ôc il ne laiffe plus écîiap- 
: per les principes dont il s’eil emparé, 

: même lorfquü eft fans humidité & 

’ qu il touche le fond du vaiffeau pour 
: recevoir immédiatement la chaleur 
, du feu, comme je le ferai voir ail¬ 
leurs. 

Quand l’Efprit Sulphiireux ed dif- Neuvième 
1 tillé, il lui fuccede une Liqueur plus vi- 

{ pefante , noire , épailfe , fort acide , trioi. 

► &; qui eft de l’Huile de Vitriol, mais 
l fulphureufe. 

Sur la fin de la diftillation il fe fu- Dixiéme Pr» 

' blime une matière blanchâtre qui ref- •' 

Z' I f ^ I » de Souific. 

: iemble a du S outre commun, mais 
qui n’en a pas toutes les propriétés, onzième 

Il refte dans la Cornue une matière Produit : si- 
noire, luifante, caffante, & qui eft le 
Bitume dont j’ai parlé ci-defllis , mais nue. 

Cij 


.^2 Dissertation 
qui îi a cependant pas les propriété^i 
des vrais Bitumes, comme je le prou¬ 
verai ci-après ; ce font-là tous les< 
produits que fournit cette combinai-^j 
Ibn quand-on la didille jufqu à ficcité: j 
je me propofe de les examiner cha-r’ 
cun féparément. 

Tous ces produits, comme on voit, 
font très-liilphureux ; j’ai delfein ce¬ 
pendant de les comiparer à .d’autres' 
produits, qui ne le font pas, quoique: 
tirés de la même matière, mais par: 
ime autre voie. 

Pour cela reprenons ce Réfidu de¬ 
meuré dans la Cornue immédiate¬ 
ment après la diftiilation de FÆther 
,on doit le regarder comme étant uni 
affemblage des débris de la décom- 
pofition de l’Efprit de Vin par l’Acide 
Vitriolique. Si par la diftillation on: 
fe propofe de pouffer cette matierdà 
ficcitéjlorlqu elle eff nouvelle, elle fe 
raréfie tellement que très-peu de cha¬ 
leur eff capable de faire monter un 
mélange de douze livres de matière, j 
comme j e l’ai remarqué plufieirrs fois ; :! 
ce qui fait un embarras conlidérâble, 
,1^ empêche de l’examiner commodé- 1 



s 17 R l’Æ T H E R. 53^ 
filent. D’aillêm-s tout ce qui en pro- 
jvient efl volatil & fulphureux, comn . 
;ffle on vient de le voir, a raiton de 
•eette matière graffe & hmleule de 
dWprit de Vin, qui le nourrit conti¬ 
nuellement de phlogiftique , a melii- 
.te qu’il diftille, & le rend fulphureux 
i iufqu a la fin de l’opération. Ces dir- 
I ficultés m’ont déterminé a entreprmv 
dre de léparer par le moyen d.e la hl- 
itration cette matière bitummeule , 
tenue en dilTolution par l’Acide \ i- 
triolique fiirabondant, qui forme avec 
I elle une Liqueur noire & épaiffe. ^ 
J’ai tenté d’abord de filtrer ce Re- 
! fidu à travers le papier gris, apres 
1 l’avoir étendu dans beaucoup d eau ; 
à travers le verre pilé, le fable , le 
arais égnigé, dans des creufets de 
terre de Paris, dans des pots a calci¬ 
ner que l’on nomme Camions ^ 
le Sel de Nitre qui clarifie parfaite¬ 
ment les Huiles de Vitriol ordmai- 
tes ; (^) enfin j’ai employé pour par- 


(/;> Lorfqu’on fait digérer fur les cendres chaude, 
huit onces d’Huilc de Vitrial tres-noire , avec un gro^ 
ou un gros & demi de Sel de Nitre , I N^treu^ 

en fe dégageant fait.dilparoître la matière qui colo 
loir cet Ac>de. Si «n fait diftilkr une parue de 

C iq 


54 Dissertation 

venir à mon but encore beaucoiï|ÿ i 
d’autres intermèdes qu’il feroit inu~ * 
rapporter ici, puifque ces i 
diôerentes tentatives ont toujours i 
été fans fuccès, La Liqueur paffoit 
trouble & chargée de tous fes princi¬ 
pes , au lieu d’être claire comme je la 
delirois ; mais ces expériences & les 
reflexions qui m’occupoient conti¬ 
nuellement flir le îbin que je prenois j 
de garder ce Réfidii dans des bouteil- ! 
les de verre, plutôt que dans des 
yaifleaux de grais, me conduiflrent ; 
infenfiblement au but que je me pro- 
Filtration pofols ; en conféquence j’en ai rempli 
l’Æther à bouteille de grais, moins cmt 

travers une qii’il nc l’efl; Ordinairement ^ cette 
out.i le e contenoit fix à huit pintes ÿ 

je l’ai mife dans une terrine de grais, 
dont la ciiiiTon étoit parfaite ; j’ai 
ferré le tout dans une armoire bien 
fermée, afin d’éviter la pouflîere. Au 

mélangé , l’Acide Nitreux paiTe le premier, l’Huile de 
Vitriol pour Ibrs en eft exempte , mais elle n’eft pas 
dépouillée de la bafe alkaline du Nitre , qu’elle ne 
laiffe jamais précipiter entièrement: ainlî quoique 
de pareille Huile de Vitriol foit blanche, elle n’en 
«ft pas plus pure pour cela, mais elle peut fervir à 
bien des ufages où une fi grande pureté n’eft pas. 
nccdlaire. 



SÛR l’Æ T H E R. U 
bout de quinze jours je vis avec plai- 
fir un commencement de filtration, 
telle que je la fouhaitois ^ de cette 
façon j’ai retiré en dix-huit mois qua¬ 
tre livres quinze onces de Liqueur 
extrêmement acide, très-claire, tranf- 
parente, un peu ambrée, mais beau¬ 
coup moins colorée que les Huiles de 
Vitriol ambrées que nos Droguifles 
vendent ; je l’ai filtrée de nouveau à 
travers le papier gris pour féparer 
quelques legeres poufTieres, qui font 
toujours inévitables ; cette Liqueur 
n’avoit qu’une très-foible odeur d’eau 
de Rabeb 

J ai fait obferver précédemment 
que l’Æther fait avec de l’Efprit de 
Vin chargé cTHuile de Lavande, en 
retenoit des propriétés effentielles a 
éditer pour des Expériences exaCles ; 
ainfi dans tout ce travail je n’ai em¬ 
ployé que duRéfidu d’Æther qui pro- 
venoit d’Efprit de Vin très-pur. 

L’Huile de Vitriol que j’ai employée 
pefoit deux onces dans une bouteille 
qui tenoit une once d’eau pure, le 
Réfidu non-fîltré pefoit une once 
trois gros & demi dans la même bou^. 


$6 Dissertation 

Ce Réfidii filtré à travers une bon-' 
teille de grais pefoit dix gros dans la 
même bouteilltî, c eft un gros & demi: 
de 1 humidité de 1 air qu’il avoit atti¬ 
rée en fe filtrant. 

«lu Ré/îdu fil- ces quatre livres quinze 

tré à travers OHccs dc Liqucur, aiiifi filtrée, dans 
rsïr Cornue de verre pour la concen- 

trer. En douze heures de diRillation 
j ai retiré une livre quatre onces de 
phlegme, ayant une îegere odeur de 
vinaigre diftillé. Enfuite j’ai retiré en¬ 
core treize onces & demie de Liqueur 
qui ne difFeroit en rien de la preniie- 
re par le goût & par l’odeur ; je les 
ai mêlées enfemble pour n’en faire 
qu’une feule, ce qui a fait deux livres 
une once & demie. Ces Liqueurs mê¬ 
lées pefoient une once fix grains dans 
la bouteille dont j’ai parlé ci-defius. 

En continuant le feu j’ai retiré en¬ 
core Qix onces & demie d’une Liqueur 
qiii n efi; point acide fur la langue,mais 
d’une odeur de Vinaigre difiillé un peu 
plus forte que la précédente, & très- 
légerement fulphureufe. Au bout de 
huit jours cette Liqueur a acquis une 
odeur fœiide acide, telle que celle 


Première 
tiipeur. ' 


Seconde 

li<jueur. 



SUR t'Â T H E R. 5r 
riju ont les fiibftances végétales, lorf- 
fjqii’on les diftille par la Cornue : elle 
K pelé une once douze grains dans la 
^ même bouteille. 

Pendant la dillillation de cette Li- 
j queur celle de la Cornue a commen¬ 
cé à fe colorer peu à peu en noir, 
fans que pour cela elle fe troublât. 

En continuant le feu j’ai retiré en- Troifiéme 
: core huit onces un gros de Liqueur 
très-acide, légèrement fulpkureufe, 

; claire, tranfparente, pefant une once 
: quarante-huit grains dans la même 
1 bouteille ; cette Liqueur a parfaite- 
■ ment Fodenr de l’Acide Marin, fi on 
ne flaire que le bouchon du flacon de 
criflal dans lequel elle efl contenue. 

A mefure que la Liqueur fe con- Prefnier 
centroit, elle dépofoit au fond de la 
Cornue une matière feuilletée. J’ai Mars, 
ceffé la diftillation pour la féparer : 
elle étoit^eriffàlline, brillante, & en¬ 
tièrement refTemblante au Sel fédatif 
criftallifé ; ces criflaux étoient falis 
par un peu de bleu de Pruffe qui étoit 
interpofé entre eux ; je les ai lavés 
avec une quantité d’eau fuffifante 
pour en enlever le fuperflu de LAcide. 



) H Dissertation 
Vitrioliqiie,étant bien fecsnls ont péfe 
deux gros : on verra par Ja fuite qu’ils 
ne font qu’un Vitriol de Mars, dont 
l’origine doit être attribuée en partie 
à une portion de fer dont l’Acide Vi- 
triolique eil: toujours chargé, 

L’Huile de Vitriol, féparée de ce 
dépôt, étoit très-colorée , épailfe, 
pefant une livre neuf onces & demie* 
Je l’ai remife en diftillation pour la 
concentrer, elle ell devenue peu à 
peu blanche, tranfpareiite ; une par¬ 
tie de la fiibflance qui la coloroit, 
s’éîevoit en hiliginofités légères, for¬ 
mées en petits flocons très-déliés de 
différentes figures, tout-à-fàit fem- 
blables à ceux qui s’élèvent d’une 
chandelle allumée, lorfque la flam¬ 
me efi retenue d’un peu de haut. Ces 
fuliginofités étoient emportées dans 
le Balon par la vapeur, & donnoient 
une très-leg^re couleur de Lilas à cel¬ 
le qui diflilloit. 

Ne pourroit-on pas conjeéfurer 
d’après cette obfervation, que c’efl 
par une caufe à peu près femblable 
que es Huiles de Vitriol s’éclairciffent 
pendant leur concentration ? Mais on 



s Ü R L’Æ T h E R. 59 
51 lié s’en apperçoit pas, parce que la 
n matière colorante ne s’y trouve pref- 
r] que jamais en auffi grande quantité ; 

['. elle s’y détruit de la même façon que 
: le refte de celle-ci l’a été. 

Pendant la concentration de cette second 
’ Huile, elle a dépofé au fond de la 
Cornue une fubftance blanche, pa¬ 
reille au précédent dépôt, je l’ai 
: jointe à l’autre. 

J’ai retiré de cette dilHllation en- Quatrième 
core trois onces trois gros d’Acide de"'vitrloii-" 
Vitriolique, couleur de Lilas, com- que, couieuc 
• me je viens de le dire, d’une très- 
forte odeur de Soufre, pefant une 
once cinq gros dix-huit grains, dans 
la même bouteille que rempHffoit une 
once d’eau pure. 

J’ai féparé de la Cornue une livre cinquième 
trois onces cinq gros d’Huile de Vi- 
triol, n’ayant aucime odeur, & très- concentré, 
blanche , de laquelle j’ai retiré envi¬ 
ron un demi-gros de dépôt blanc Troüléme 
criUallin, qui ne ditféroit des précé- 
dens que par la couleur, je l’ai mêlé 
avec les autres pour les examiner en- 
femble; on verra parleursanaly fes que 
ce n’eft que du Vitriol de Mars, dont 
Cvj 


6 o Dissertation’ 
le fer eft fiiffifamment élaboré pour' 
en fiire de très-beau bleu de Pruffe. 
Cette Huile de Vitriol, ainli féparée 
de la Cornue, pefoit une once fept i 
gros & douze grains dans la même j 
bouteille. ^ 

La première fois que je fis la diilil- | 
lation de ce Réfidu bltré, je féparai \ 
comme je fai dit, les dépôts à mefure | 
qu’ils s’étoient formés : mais ayant eu i 
occalion de répéter cette opération ^ | 
je la conduits alors jnfqu’à ficcitéy j 
Ikns en rieu' féparer. A l’égard des 
Liqueurs, je les ai bien foigneufe- 
ment féparées, à mefure c|u’eiles dif- 
tiîioient, de huit onces en huit onces^ 
afin de les examiner chacune à part 
par la faturation, avec de l’Huile de 
Tartre très-pure : aucune de ces Li¬ 
queurs ne m’a donné dé produit qui 
approchât de Ta nature de la Terre 
foliée de Tartre, & au contraire elles 
m’ont toutes donné du Tartre vitrio¬ 
lé , en pliis ou moins grande quanth 
té , fuivant l’ordre dans lequel je les 
avois obtenues. S’il y avoit une trarrh 
mutation de l’Acide Vitrioliqiie en 
Acide Végétal dans l’opération d@ 



P süR L’Ætm'eïiV éî 

L'ÎÆther, comme un Chymiile la 
fl avancé , ce feroit alTiirément clan 9 
lî eette circonllance qu on le remarque» 
r roit ; car, des Liqueurs aulTi phleg- 
E matiques que l'ont les premières qui 
h diftillent de ce Pcéfidu, qui a filtré li 
)i lentement, ont eu le temps par cette- 
, rail'on de perdre tout ce qu elles pou* 

V voient avoir de l'ulphureUx ; auHi ces 
^ premières Liqueurs n ont-elles d’au- 
* tre odeur & d'autre goût que ceux 
) du Vinaigre diftillé, ce qui en a telle- 
{ ment impol'é au ChyiUifre dont je 
' viens de parler, qu’il n’a pas héfité 
) de dire qu’il fail'oit depuis dix ans de 
la Terre foliée avec cet acide. Reve- 
? n,ons à notre difïillation. Lorfque la 
Liqueur étoit au point où nous ve¬ 
nons de la laiffei-, les mêmes phéno¬ 
mènes fe font préfentés, c’eft-à-dire, 
k trouble dans la Liqueur & le dépôt 
comme Gi-deffus ; il étoit de meme 
d’une très-belle couleur bleue qu’on 
appercevoit facilement en panchant 
la Cornue, & en regardant à travers- 
les parois encore humides où ce dé¬ 
pôt étoit adhérant. Et fur la fin il a 
diflillé quelques gouttes d’Huik de 


6i Dî^sÈiiTATïo^ 

Vitriol d’une très-belle couleur bleud 
qui fe délayoit dans la Liqueur duBa-^ 
Ion & qui difparoiffoit fur le champ y- 
le feu a été pouffé au point que la 
matière de la Cornue étoit feche fans 
être calcinée. 

J’ai féparé dü Balori une Huile , de 
Vitriol très-blanche, très-peu fulphiu 
reufe & bien concentrée, il eff reffé 
dans la Cornue une matière faline, 
feuilletée, qui a formé les dépôts dont 
j’ai parlé ci-deffus. 

Ahn de conferver l’ordre que je 
me fuis prefcrit, je ne parlerai des 
dépôts féparés de la Cornue à mefu- 
re qu ils fe font formés, & de ceux-ci, 
qu en dernier lieu, & après avoir ren¬ 
du compte des autres matières qu’on 
retire de cette combinaifon. 

Ce font-Iâ tous les produits que 
fournit ce Réfidii hltré : produits qui 
font tout-à-fait reffemblans à ceux 
que donne ce même Réfidu non-ffl- 
tré, à quelques impuretés près, com¬ 
me on a du le voir ; je me propofe de 
les comparer les uns avec les autres 
dans les Expériences fuivantes. 

Pour donner quelque ordre à ces 



s U R l’Æ T H E éf 

2 Expériences, qui forment ranaîyfe 
[ des uns & des autres produits qu'a 
^ fourni cette combinaifon, & dont 
j’ai fait mention fuivant l’ordre où iis 
. diftillent, il ed bon que je repréfente 
. ici fous les yeux duLefleur, en con- 
j fervant ce même ordre en une efpece 
; de Table , les produits qu’a foiyni 
j l’opération de rÆther, conduite juf- 
) qu’à ficcité, & mis en parallèle avec 
! les produits du Réfidii refié dans la 
' Cornue immédiatement après la dif- 
tiîlation de l’Æther, & filtré à tra¬ 
vers une bouteille de grais. 


TJBLÉ 

DES Produits de l'opèratioü 
de [’Æthcr conduite jufqità jîccitè^ & 
des Produits du Réjidu filtré après 
la difiillatioti de VÆther* 

Produits Produits 
de ÜQpération de du Rifidu filtre* 
dÆther. 

1^. Un Efpric de Vin qui Rien, 
n’a foutfercpiefque au¬ 
cune akériition. 



64 Dissertation 
Produits Produits 


dii rOpératiOTi d& 
r Æth&r. 

a”. Un Efpric de Vin aro- 
niatique , un peu altéré 
par l’Acide Vitriolique, 
A; que M. Potr appelle 
V.fftrlt Acide 

p. L’Æther. 

4”. Un phleguie acidulé 
qui vient avec l’Æthcr 
fur la fin de fa dilHlla- 

P. Premier A'crde fulphu- 
reux Yolacil. 

é'’. Huile douce qüldiftil- 
le avec les deux derniè¬ 
res Liqueurs, c’eft-à-di-' 
te avec la quatrième 6c 
la cinquième j cette 
Huile nage fur Team 

7". Une Huile citrine plui 
épailfe , plus pefante , 
qui va au fond de l’eau-, 
cette Huile diftille avec 

S''. Second Acide fulphu- 
reuX-, plus acide y 6c qui. 
contient.. 

Une Huile de Vitriol, 
noire , épailTe , très-pc- 
fante , & trcs-fulpku- 
reiifé. 

fo®. Du Soufre fuLliraé à 
la voûte de la Cornue. 

1 1°. Du Bitume refté dans 
k- fmid de la Cormie. 


du Réfidu filtrée 


Rien, 


Rien. 

iS, Un phlegme acidiïîe.,' 


2°. idtm Un peu plus aci¬ 
de , & prefque point 
fulphureux/ 

Rien. 


Rien. 


3°. Un A-cidé qui a l’odeur 
de l’Acide Marin. 

4®. Un A'cidèXuiphureux ,■ 
couleur de Lilas. 
y°. Une Huile de Vitriol 
- très-pure & très-blan¬ 
che. 

Rien. 

6®. Un Dépôt refte dans fe' 
fonddela Cornue^ôc qui 
eft du -Vitr-iol de Mats, 





SUR l’Æ T h E R. 65 
Afin qu’on puifTe repéter avec fa- sépararîoïT 
nllté & fins fe tromper les Expérieii- 
ces dont je vais parler, je dois aver- Liqueurs 
tirici,quevpour retirer du mélange 
de rHude de Vitriol avec 1 Eiprit de jeBaiou peu- 
Vin, tous les dilFérens produits qui dant u pix- 
font indiqués dans la Table ci-delTus, 
lil faut d’abord mener la ddliliation, 
fans rinterrompre , jufqiiau moment 
où l’Acide fulphureux commence à 
monter ; on retire par ce moyen les 
quatres premières Liqueurs marquées 
: dans la Table, mais confondues en« 

I femble ; on les fépare enfuite les unes 
: des autres par une fécondé diilillation 
que l’on fait à parf, comme je l’ai 
prefcrit. Dans cette reélidcation 011 
retire , L’Æther. Un Acide 
Vineux chargé des principes propres 
à faire la Liqueur d’Hoffmann. 3°. 

Une portion d’Efprit de Vin qui n’a 
point fouffert de décompofition, 4®. 

Un Phlegme acide ayant l’odeur de 
Vinaigre diffillé, fur lequel nage un 
peu d'Huile de Vin épaiffe. L’ordre 
dans lequel montent les produits dans 
cette fécondé diilillation eff, comme 
on le voit 5 différent de celui qiii eff 


66 Dissertation? 
marqué dans la Table ; cela vient dé: 
ce que ce mélange des Liqueurs qu or! 
reélifie contient de l’Æther tout for¬ 
mé, qui, comme plus Volatil que:; 
le relie, doit monter le premier ;, 
ce qui n’a pas lieu dans la première?: 
diHillation. La raifon pour laquelle je* ' 
prefcris de ne féparer ces premiers; 
produits que par une fécondé diftil- 
lation, c’ell que pour les retirer dans 
l’ordre naturel dans lequel ils mon-' I 
tent dans la première diliillation, il J 
faudroit débiter les vailTeaux autant 
de fois qu’il fe prélenteroit de Li- ■ 
qiieiirs différentes, & cela feroit per¬ 
dre une trop grande quantité de ces 
Liqueurs volatiles & fpiritueufes. 

A l’égard des produits qui fuivent 
ceux-ci, en achevant de dilliller ce 
qui relie dans la Cornue, après en 
avoir retiré les Liqueurs dont nous 
venons de parler, on les obtiendra 
dans 1 ordre où ils font délignés dans 
la Table. C’eli en fuivant ce même 
ordre que je vais faire mention des 
uns & des autres. 




SÛR L’Æ T h E R. 


V RÉ M î £ R PRODUIT 
Qîie donne, l'opération de l'Æther. 

E S P R I t DE Fl N. ^ 

î .A première Liqueur qui monte’ 
dans cette diflillation eft, comme je 
l’ai dit, un Efprit de Vin qui n a point 
foufFert d’altération fenfible. A peine 
fon odeur fe reffent-elle du mélange 
de l’Acide Vitrioliqiie ; il eft feule¬ 
ment afîbibli par une petite portion 
du phlegme acidulé, dont nous par¬ 
lerons dans la fuite. La raifon pour 
laquelle cet Efprit de Vin êft û peu 
altéré , c’ell qu’il n a pas eu le temps 
d’être attaqué par l’Acide Vitriolique: 
il n’a befoin que d’une reélification 
pour être tel qifil étoit avant le mé¬ 
lange. Il eil plus pefant que l’Æther 
& que l’Efprit Acide Vineux. C eft 
pour cela que dans la fécondé diftil- 
lation, dont nous avons parlé, & que 
l’on fait pour féparer les quatre pre-^ 
miers produits , il ne monte qu apres 





éS' Dissertation 

ces deux Liqueurs. Il ed: chargé d’Hiû-! ! 

le de Vin. 

J’ai mis deux onces dé cet Efprit 
de Vin dans une pinte d’eau, ce me- . 
lange ed; devenu d’un blanc laiteux 
Un quart-d’heure après il s’ed; féparé: 
quelques globiües d’Huile qui nageoiti 
à la furface. J’ai laide le tout tran¬ 
quille pendant quinze jours ; la Li¬ 
queur ne s’ed: point éclaircie pendant: 
ce temps, & il né s’ed pas l'éparé: 
d’Hiiile. 

J’ai mis cette Liqueur en reélidca- 
fion au feu dé lampe, il a pade un ' 
Efprit de Vin encore très-chargé 
d’Huile , mais il ne blanchidbit plus 
l’eau ; il avoit une odeur fort agréai 
blc de Calament de montagne. 






-5 U R l'Æ T H F. R. 6^ 



SECONDPKODUIT, 

Esprit de Fin un peu jltèrÈo 

:C E T T E fécondé Liqueur eft plus 
volatile que la première dont nous 
venons de parler , mais elle Teli: 

" moins que TÆther ; fon odeur péné- 
' trante indique affez qu elle n ell autre 
x:hofe qu un Efprit de Vin qui a fouf- 

■ iert un commencement de décompo- 
'] fition, & qui le reffent de la combi- 

naifon avec l’Acide Vitriolique. Cet 
> Efprit de Vin a perdu une portion du 

■ phlegme & de Thuile effentielle à fa 
mixtion ; il fe rapproche par-là au¬ 
tant de la nature de l’Æther qu il s é- 
loigne de celle de l’Efprit de ’V in non- 
altéré, & tient en quelque forte le 
milieu entre ces deux fubllances. Cet¬ 
te fécondé Liqueur mêlée avec la pre¬ 
mière n ell prefque pas plus acide que 
de l’Efprit de Vin;elle forme celle 
que M.Pott appelle Fitrioliqu& 

d’autres Chymilles d Al- 








JO Dissertation 
lemagne nomment Spiritus Napthæ, 
& que M. Hellot a défignée par le ■ 
nom d'Efprit Acide Vineux , (/) elle ; 
eft la baie de la Liqueur minérale* 
anodine d’Hoffmann, comme nous i 
l’avons déjà dit, 

Lorfque pendant la diftillation de ' 
notre mélange de rEfprit de Vin avec : 
l’Acide Vitriolique, on a eu foin de 
mettre à part ce qui fe trouvoit dans 
le Récipient avant que l’Efprit fui- 
phureux commençât à monter ; on 
peut fe difpenfer d’ajoûter du Sel de 
Tartre dans la redification de ces pre- 

mieresLiqueursfpiritueufeSjparceque 

dans ce cas elles ne contiennent pas 
d’Efprit fulphureux qu’il faille fépa- 
rer.Néanmoins laLiqueur d’Hoffmaiin 
faite avec ces Efprits exempts d’Aci¬ 
de fulphureux, ne laiffe pas de rou¬ 
gir très-fenffblement le Syrop violât. 
On ne fçait à quoi attribuer cet effet ; 
mais l’expérience m’a appris qu’on 
peut fans fcrupule le rapporter à une 
portion d’Acide Vitriolique, qui fans 
être fidphureux eft extrêmement at¬ 
ténuée 5 & qu on retrouve prefque 

ii) Dans fon Mémoire donne en 17^^. 





SUR l’Æ T H E R. 7ï 
généralement dans tous les autres 
' produits de notre diftillation. Cet 
Acide fingulier forme le phlegme aci- 
' dulé, ou la quatrième Liqueur dont 
' nous parlerons bien-tôt. Voici en at¬ 
tendant des Expériences propres à 
prouver ce que j’avance. 

J’ai verfé dans un flacon qui con- 
tenoit à peu près deux pintes de cette 
Liqueur, environ un gros d’Huile de 
I Tartre très-pure. Cet alkali s’y efl 
très-bien mêlé, mais fans aucune ef- 
fervefcence. Après avoir bien fecoué 
le flacon pour faciliter le mélange, 

; j’ai laifTé le tout en repos pendant 
quinze jours. Au bout de ce temps, il 
; s’eft formé au fond de la Liqueur une 
infinité de criflaux figurés en petites 
aiguilles foliées. Je les ai féparés par 
• la filtration ; ces criftaux ont une le- 
gere faveur acide, & laifTent dans la 
, bouche un petit goût de Soufre. Us 
:) fe fondent affez difficilement dans 
l’eau, & croquent fous les dents ; 
i leur couleur approche de celle du 
J ,Vin paiüet. La difTolution de ce Sel 9 
! faite par l’eau, efl trouble ; il s’en 
\ fépare quelques gouttes d’Huile dg 


72. Dissertation 
Vin qui montent à la fiirface. Si l’onlf 
mêle dans cette Liqueur iin peu de i 
diffoliition d argent de Goiipelle,faitg*ii 
par rEfprit de J^itre, il fe terme iiij î 
précipité jilammuux. 

Quelques gouttes d’Huile de Vitrit^k 
verfées fur nos criftaux occaLonneïj|[(; 
nue legere effervefcence, dévelop# 
peut une odeur de Sou6:e brûlant, &|(ii 
leur font prendre une couleur jaunelf 
foncée. On doit attribuer ces deux . 
derniers effets à Tadion de l’Acide p 
Vitriolique fur une portion d’Huile|t 
de Vin qui demeure unie avec ce Se^j!; 
Il décrépite fur les charbons ar.deii? c 
comme le Tartre vitriolé. ip 

J’ai mis trois gros de ce même Sellp 
dans une Cornue, & je l’ai pouffé àu 
un feu très-fort pendant plus de .fix|!i 
heures. Il n’en a diffillé que quelques la 
gouttes d’Huile de Vin affez épaifl'es ; 

qui avoient une odeur approchai !. [ 
te de celle de Tail ; l’eau-mere des Î! 
Tartres vitriolés, tirés des Réfidiis :: 
hkrés & non-tîltrés,m’a donné une ■■ 
odeur toute femblable. i 

Le Sel qui s’eft trouvé dans k j< 
Cornup après cette diffiüation n’étoit ]î 
prefquç 


SUR l’Æ T h E R. 7^' 

prefque point altéré ; le feu que jè 
lui avois fait éprouver, quoique très- 
fort, comme je fai dit, navoit ce¬ 
pendant pas été fiiffifant pour le fon¬ 
dre ; il a voit une odeur fœtide d’Ail 
& d’Huile de Vin brûlée, plus forte 
que celle de ce qui étoit montée dans 
la diftillation ; fa couleur étoit un gris 
de perle. Je l’ai fait diffoiidre dans 
une fiole à médecine, avec fuffifante 
quantité d’eau, cette folution qu? 
étoit louche & trouble eft devenue 
claire par la filtration ; il efl refté îlir 
le filtre un peu de terre, dont je crois 
qu’on doit attribuer l’origine à une 
portion de l’Huile & du Sel décom- 
pofés par le feu ; car on fçait que ces 
matières font toujours fenfiblement 
altérées quand elles ont éprouvé fon 
adion pendant un certain temps. 

J’ai mis dan? deux verres de la dif- 
foliition filtrée ^le ce Sel, & encore 
chaude : dans l’un j’ai verfé de la 
dilfolution de Mercure , faite dans 
l’Efprit de Nitre, aufii-tôt il s’efi; fait, 
un précipité jaune, très-reffemblant 
auTurbith minéral ; dans l’autre j’ai 
veîfé de la diffolution d’argent de 


74 Dissertation 
Coupelle 5 il s’eH; fait un précipité ' 
rouge, orangé, ce précipité expofé n 
au feu devient une pouffiere grif^ij 
cendréç. 

Le refte de la folutlon de ce Sel il 
ayant été évaporé convenablement, , 
a formé des criflaux de véritable 
Tartre vitriolé, mais qui différoient 
par leur figure du Tartre vitriolé 
ordinaire ; ces criftaux étoient atta^ 
chés plufieurs enfemble en forme 
d’étoile, & formoient des rayons qui 
partoient d’un centre commun. Ce 
font des pryfmes à quatre faces cou¬ 
pés obliquement par leurs extrémi-f 
tés 5 mais dans un fens contraire. 



S^u R l'^Æ T HER. 75 


TROISIÈME PRODUIT, 

V Æ T H E R, 

La troifiéme Liqueur qui monte 
dans notre diftillation efl TÆther- 
Cette fiibilance eft très-fpiritueiife, 
très-inflammable, très-volatile ; elle 
a une odeur fuave, fort pénétrante ^ 
qui lui efl particulière. Cette odeur 
a fait croire à quelques-uns qu elle 
étoit l’Eau de Raimond Lulle, Aqua. 
Lullaria: elle n’eft point mifcible avec 
Veau. 

Il paroît parce que j’en ai dit dans 
le Difcours Hiflorique, que plufieurs 
anciens Chymiftes avoient connoif- 
fance de cette Liqueur, mais ils ne la 
défignoient pas par le nom d’Æther : 
outre les dénominations dont j’ai fait 
mention dans ce même Difcours, on 
lui en a encore donné plufieurs au¬ 
tres. M.Pott l’appelle lum'mtufe,; 
Cas , Huik mhérk ; d’autres la nom¬ 
ment Phlogijlon de Frobenius ; mais 
la plûpart des Ghymiftes modernes. 





7'6 Dissertation 
ie font affez accordés à lui donner Iç - 
nom d’Æther, apparemment à caufe ; 
de la reffemblance qu’ils ont cru lui . j 
trouver avec le fluide pur & leger 
jqui eft au-defTus de notre atmofphe- 
re, & qui porte auffi le nom d’Æther. 

La Théorie de l’Æther qu’a donné 
M. Macquer, dans fes Élémens de 
Chymie-Pratique, m’a paru fi con¬ 
forme à l’expérience, que j’ai cru ne 
pouvoir mieux faire que de l’en ex¬ 
traire pour la placer ici. Ainfi nous di¬ 
rons avec cet habile Chymifte: » L’Æ- 
» ther eft le produit de la décompofi i 
» tion de l’Efprit de Vin par le moyen 
» de l’Huile de Vitriol : plus cet Acide 
,» eft concentré, mieux il opéré cette 
décompofttion. On fçait que l’Ef- " 
» prit de Vin eft compofé de trois 
yj principes efîentiels; fçavoir, d’Hui- 
» le, d’Acide & d’Eau ; il ne peut | 
» être privé d’un de ces principes j 
» fans être décompofé aufti-tôt, les ï 
» deux autres qui reftent n’ayam plus I 
fi enfemble, après cette féparation, 
fi la liaifon & runion intime qu’ils I 
avoient auparavant. 
a L’Acide Vitriolique agit tout à la 



SUR l’Æt H E R; ji 
>>/ois fur le principe aqueux & fur le 
v<principe huileux de TEfprit de Vin; 

» c’ell la rapidité & Taétivité avec 
» lefquelles il fe joint avec ces fub- 
» fiances qui font la caufe de la cha.- 
» leur du bouillonnement & du bruit 
» qui fe font remarquer dan§ les pre- 
» miers inflans du mélange. 

» Or la produélion de l’Æther efl 
M due à un commencement de dé- 
» compofition de TEfprit de Vin, c’efl 
» un Ëfprit de Vin altéré , à demi dé- 
» compofé ; im Efprit de Vin trop de- 
>> phlegmé, c’efl-à-dire, qui a perdu 
» une grande partie de fen jahlegme 
» principe, de celui par lequel il etoit 
» Efprit de Vin ; c’eil: une Liqueur 
» encore compofée de parties huileu- 
>7 fes, mêlées avec des parties aqiieii- 
» fes, & qui ^ à caufe de cela, doit 
» conferver de la refïemblance avec 
» TEfprit de Vin ; mais dont les par- 
» ties htiileufes n’étant point diffoutes 
» & étendues par une affez grande 
>> quantité de parties aqiieufes font 
>> rapprochées les unes dés autres 
>> plus quelles ne doivent être pouf 
>') former de véritable Efprit de Vin,' 



7^ Dissertation 

» ce qui efl caiife que l’Æther n eft 
^ plus mifcible avec l’eau, qu’il fe 

rapproche autant de la nature de 
*> l’Huile qu’il s’éloigne par-là de cel- 
» le de 1 Elprit de Vin ÿ une Liqueur, 
» en un mot, qui n’étant ni de l’Ef- 
» prit de \ in, ni une Huile pure, a 
» cependant des propriétés qui lui 
» font communes avec celle de ces 
» deux fubllances, & par conféquent 
» qui tient le milieu entre l’une & 
y> l’autre «. 

Cette explication de la nature dè 
l’Æther ell exaHement conforme à 
l’expérience, comme on le verra â 
3 article de fa décompoEtion. 

L arrive quelquefois que l’Ætheî 
efl en partie mifcible avec l’eau j 
effet dont on ne s’apperçoit point, à 
moins qu’on ne l’examine attentive¬ 
ment : cette qualité lui vient d’une 
portion d’Acide vineux qu’il contient, 
& qui efl un intermede propre à pro¬ 
duire cet effet. Lorfque cela arrive, 
ce mélange d’Eau, d’Acide vineux & 
d Æther, étant fpécifîquement plus 
pe^nt que l’Æther, occupe toujours 
le fond du vaiffeau ; on peut retirev 


F 


SUR l’Æth eR. ^ 79 

; bar la reMcation la portion d Æther 
[ qui y eft contenue, ce qui prouve 
1 en même-temps ce que j’ai avancé a 
i ce fujet. On doit obferver ici que 
l’Acide vineux n’étant pas plus acide» 

, que l’Efprit de Vin, agit dans cette^ 

" cccafion de même que feroit 1 Elprit 
de Vin pur, qui eil auffi un intermede 
capable de rendre FÆther milcible 

avec l’eau. . 

Dans toutes les rédifications de 
^î’Æther, c’eft-à-dire dans les diftiHa- 
tions auxciuelles on le foumet pour e 
iéparer dW autres fubftances avec 
leiqiielles il fé trouve-mêié, la por¬ 
tion de cette Liqueur qui monte U 
première efl un Æther toujours beaii- 
coiqi plus pur, & plus parfait que 
celle qui monte la derniere. Ce pre¬ 
mier Æther n’ed: point charge d Huile 
de Vin furabondante comme le fé¬ 
cond , & fon odeur eil beaucoim plus 
fuave ; celui-ci au contraire eft plus 
gras, plus huileux, fon odeur ed: 
moins fuave ; fi on s’en frotte les 
mains il laiffe une odeur d’Hmle de 
Vin qui relie affez long-temps ; il fe 
fépare auffi d’avec l’eau un peu plus 
^ D iv 



So Dissertation 

difficilement, que le premier, diffié-* 
rence néanmoins qui n eft que peu 
feniible, & dont on ne peut s’apper- 
cevoir qu en les comparant Fun avec 
l’autre. 

Si 1 on met féparément de l’im & 
tle 1 autre Æther dans de l’eau, après 
I entière évaporation du premier il ne 
refie aucune particule d Huile flirna- 
géante ou précipitée, tandis qu’après 
1 évaporation du fécond on voit fur- 
nager une quantité affez fenfibl^ 
d Huile, laquelle s’épaiffit en vieillif- 
faut comme une Huile effientielîe. Ces 
effiets fe confondent, & font par con- 
féquent beaucoup moins fenfibîes 
lorfque^Ies deux Æthers font mêlés 
emembie & avec l’eau dans un même 
vaiffieau. 

Les différences que j ai obfervées 
dans ces deuxefpeces d’Æther m’ont 
détermine a ne me fervir que du pre¬ 
mier dans les Expériences que je vais 
rapporter, étant bien perfuadé qu’il 
m^e donneroit toujours des réfidtats 
puis exaêls. Je dois avertir aufîî 
qu ayant eu attention dans la diflilla-- 
tion de ce même Æther, de n’y point 


[ surl’Æther. Si 
laiffer mêler d’Acide fiilphiireiix, la 
reftidcation en a été faite fans addi- 
! tion d’alkali. 

“ Je n’ai fait aucune expérience avec * 
’ celui qui ell chargé d’Huile de Vin ou 
J d’une Huile étrangère, non plus qu’a- 
1 vec celui qui a été reélifié fur des al- 

i kàlis, ce travail auroit été trop long 
& trop confidérable ; ainli les Chy- 
îiiidés qui feront curieux d’en exami- 
iiier plus amplement les propriétés, 

( trouveront une matière encore très- 
étendue pour s’exercer. 

Je dirai feulement ici par occafron, 
i que fl on redide fur une dofe conve- 
iiiabîe d’alkaii de l’Æther exempt 
1 d’A eide fulpliureux, ce qui relie dans 
i la Cornue après la diffillation fournit 
[ un Tartre vitriolé qui fe criftaliib 
I d’une maniéré particulière ÿ & dont 
ï je parlerai plus amplement ailleurs ÿ 
& que d on employé dans cette rec- 
tidcation une plus forte dofe d’alkali, 
alors l’Æther qu’on retire ell beau¬ 
coup moins chargé d’Huile , parce 
que ce Sel s’unit avec une portion de 
cette Huile qu’il fépare de l’Æther, 
& avec laquelle il forme des flocons 





Si Dissertation 

qui nagent dans la Liqueur de la Cor« 
nue, & forment un dépôt femblable ■ 
à celui que fait du Savon diffous dansi 
* de l’eau de ppits. 

Quoique j e n’aye point encore parlé i 
de l’Æther Nitreux, je vais néanmoins i 
faire une comparaifon de fes proprié¬ 
tés avec celles de l’Æther Vitriolique;, 
parce que l’examen de ce dernier i 
étant mon principal objet, je crois i 
qu’il ed; à propos d’expofer de fuite, , 
& fans interruption, toutes les Expé- i 
riences qui peuvent concourir à en i 
bien développer la nature. Je vais j 
expofer ces Expériences fur deux co- i 
lomnes, dans l’une defqiielles on trou- i 
vera celles que j’ai faites fur l’Æther 
Vitriolique, & dans l’autre on verra 
les mêmes Expériences faites fur 
FÆther Nitreux, afin qu’on en puilfe 
faire plus facilement la comparaifon. 



s Ü R l'Æ T H E R. 83 
EXPÉRIENCES 
Paitcs fur VÆthzr VltrioUque & fut 
lÆther Nitreux* 

E X P É R I E N C E L 
3{, Æther Vitriollque. Æther Nitreux* 

Cet Æther eft fen* L’Æther Nitreut 
Æblement froid fur la ell de même fenfible- 
langue & fur la peau; ment froid ; fi on en 
. fi on en laiffe tomber lailfc tomber fur une 
.. fur la main il la rafrai- table -il y bouillonne 
' chit de même qu’un un peu & y laiffe uns 
petit flocon de neige; tache plus forte que 
fi on en laiffe tomber l’Æther Vkriolique. 

. fur une table il s’éva* 

& 



Jufqu à préfent les Chymiftes qui 
ont parlé de la qualité froide de IVE- 
ther fe font contentés d’avancer que 
cette Liqueur fait une impreffion de 
froid fenfible au toucher, fans déter¬ 
miner li cette fraîcheur étoit réelle ou 
feulement apparente comme celle de 
plufieurs autres corps. Ce phénomè¬ 
ne m’a paru affez important pour 
m’engager à l’examiner d’une maniéré 


D vj 



Dissertation" 1 
’ plus précilë ; c elî: pourquoi j'ai fait le» 
Expériences fuivantes, lefqueîies ont 
été repérées pîufieurs fois avec toute: 
îexaéEtude poffible , mais plus partp, 
culierement le 14 Maille 5: & le 8 
Odobre 1756. Dans le détail de cesi 
Expériences il m’a paru plus elTen- i 
tiel de préfenter par dégrés celles! 
dont les effets tendent au meme but,, 
que de tenir un ordre fuivi des mois J 
où elles ont été faites, ce qui auroit-:l 
fait paiTer d’un objet à un autre où il: 
n’y aiiroit point eu de rapport : ainfi' 
qifon ne foit point furpris devoir le' 
mois d’Odobre avant le mois de Maif 
Je me fuis fervi pour toutes ces 
Expériences des Thermomètres de j 
M. de Réauraur ; celui à l’Efprit de 
Vinétoit divifé en 108 dégrés depuis 
zéro , terme de la congellation, juf- 
cfifau terme de la chaleur de l’eaa 
bouillante ; & celui du Mercure étoit 
divifé en 80 dégrés en partant du 
même zéro, jufqu’audégré de chaleur 
de l’eau bouillante. Les bordes de fuîT 
& de l’autre Thermomètre avoient 
fix lignes de diamètre ; j’en avois d’au-' 
très dans le même endroit cpii avoient 




si;R l’Æther. Bf 

ÿ êxa<B:eraent la. même marche, & qui 
iervoient à obferver ü la tempé- 
t rature du lieu changeoit. _ 

Lorfque je fis ces Expériences le 
,1 14 de Mai 1756, les Thermomètres 
fi étoient à 11 dégres au-delTus de zéro j 
3: le 5 & le 8 Oâobre de la même aii- 
f! née ) ai répété ces Expériences, les 
1 Thermomètres pour lors- étoient à 1 4 
3 & à 13 dégrés au-deffiis de la congeb 
1 lation, j’ai eu conftamment les mê-^ 
r' mes réfultats : j’ai cru devoir faire 
' Cet Avertiflement avant que de par- 
' 1 er des Expériences qui vont fuivre. 


EXPERIENCE H.' 
Æther Vïtrlollque, Æther Nitreux, 


Si Ton met dans un 
meme lieu de rEfprit 
de Vinq de TÆther 
Vitriolique^ & de 
f Eau pure, dans des 
flacons différens ^ 
fluonlesylailfeavec 
desThermometres de 
ÎVlércure & dTfprit 
de Vin à côté, affez 
de temps pour fe met- 
iî© à la température 


En obferyant les 
mêmes précautions 
indiquées pour fÆ- 
ther Vitriolique ^ 
f Æther Nitreux rnis 
dans des flacons fait 
defcendre les Ther¬ 
momètres à fEfprit 
de vin & celui de 
Mercure de deux dé~ 
grés chacun. 


^6 ï> 1 s s E RtAt î Ù H 

Æthtr Vitriolique, Æthcr Nitreux% 

du lieu J qu'on plon¬ 
ge enfuite leS Thef- 
inometres dans ces 
Liqueurs 3 ceux qui 
font dans l'Eau & 
dans rEfprit de Vin 
relient conliarnment 
fixés au même dégré 
où ils étoientj ceux au 
contraire qui feront 
plongés dans rÆther 
defcendrontj fçaVoir, 
celui à TEfprit de Vin 
d'un demi dégré, & 
celui deMercure d'uU' 
dégré. 

Expérience IIL 

Si on verfe cet Æ- Cette Expérience 
ther dans des verres étantrépétéedansdeâ 
bien nets, & qu'on y verres avec rÆther* 
rej^ete l'Experience Nitreux, lesThermo- 
precedente, on s'^- métrés à l'Efprit de 
percevra d'un effet Vin & celui de Mer- 
men plus grand, le cure defcendent de 4 
lhermometre d'Ef- degrés chacun, & y 
jptit de Vin defcendra relient conliamment, 
<le 4 degres en fix 
minutes, & celui de 
Mercure defcendra 
aulfi de 4 degrés, 


SUR L Æ T M Ê R. ^7 

Æther Vïtrïoliqm. Æthsr Nitreux. 

mais en deux ou trois 
f minutes j ils y de- 
/ meurent , quelque 
long que foit le temps 
de leur féjour dans 
cette Liqueur tous 
: ces Thermomètres 
fuivent après cela les 
vicilfitudes de la tem¬ 
pérature de Tair^mais 
; ceux qui font dans 
TÆther font conf- 
tamment de 4 degrés 
plus bas que ceux qui 
font dans les autres 
Liqueurs. 

Expérience IV* 


Tai mis dans un 
verre de TÆther Vi- 
triolique, j'y ai plon¬ 
gé un Thermomètre 
a l’Efprit de Vin^ l’un 
8c l’autre étoient à la 
température du lieu, 
qui étoit 14 dégrés 
au-delfus de la con- 
gellation ; h on ote le 
Thermomètre 

S u’il s’eft arrêté il 

efeend confidéra- 


En répétant cetffi 
Expérience avec leS 
précautiôs indiquées 
pour l’Æther Vitrio- 
lique^ le Thermomè¬ 
tre ài’Efprit de Vin 
plongé dans fÆthef 
Nitreux eft defeenda 
de 13 dégrés. 


D I s s E R 
ÆtJier Vitriolique, 




T A T I O 
Æthcr Nitreux^ 


bJement, fi on le re¬ 
plonge il monte de 
quelques degrés 
mais en le retirant 
promptement il con¬ 
tinue à defcendre :• 
en continuant de le' 
plonger & de le reti¬ 
rer, je fuis parvenu 
à le faire defcendre 
fuccelTivement de 13 
degrés, c’eft-à-dire,; 
qu'il n’a confervé 
qu’un dégré de cha¬ 
leur au-delTus de la 
congellation, de 14 
qu’il a voit aupara¬ 
vant. 

Cette Expérience 
répétée avec les mê¬ 
mes précautions a 
fait defcendre un 
Thermomètre de 
Mercure un peu au- 
deffous du terme de 
la congellation ; ce 
Thermomètre étoit 
auparavant à 14 dé^ 
grés au-deffus.- 




L’Æther Nitrèii']^ ) 
a fait defcendre jufte’ i 
au point de la con- 
gelîatiou le même 
Thermcvmetre de ' 
Mercure, qui avoir 
auparavant 14 degrés 
au-delfus. 


il efl bon d’avertir que quand Î0$ 



SUR l’Æ T H E R. 89 
rhermometres approchent du terme 
[e la congellatioii, il ne faut tremper 
pie la moitié de la Boule, parce que 
i on la plonge entièrement, ou bien, 
i on lahfe les Thermomètres trop- 
ong-temps dans l’Æther, ils remon- 
:ent plus haut qu’ils n étoient, & en 
les retitant ils defeendent quelquefois 
moins bas qu’ils n’étoient auparavant. 

Les réfultats de ces Expériences 
font moins conlidérables toutes les 
fois qif on les répété dans des flacons, 
au lieu de fe fervir de verres, comm©' 
je l’ai éprouvé plulielirs fois, a moins 
qu’ils ne l'oient pleins jufqu’au goii- 
leau y & large d’entrée. Ces eitets 
fmguiiers font d’autant plus grands 
que la Liqueur qui rehe appliquée 
aux Thermomètres s’évapore plus 
vite chaque fois qu’on les enleve 
des verres ÿ car les memes Expérien¬ 
ces font beaucoup plus longues a fai¬ 
re avec l’Æther Nitreux qu’avec fÆ- 
ther Vitriolique'. Je ferai voir ailleurs 
que celui-ci s’évapore bien plus vîte^ 

I que l’Æther Nitreux : mais en aîten- 
I dant je puis appuyer ce fentiment 
: par une Expérience qui ne patoitra^ 


DiSSERTAtldN" J 

pas moins fiirprenante, & que per-^ j 
foiine, à ce que je fçache, n a encore ' 
tentee. L Efprit de Vin que je me 
propofe de comparer à ces Liqueurs 
æthérées fera le fiijet de cette Expé» 
riénce. 

Expérience V. 

Si Ton met dans un verre de rEfprit de 
Vin très - reftifié ( avec les conditions 
Indiquées ci-deiTus ) & quon.y plonge, i 
ioit un Thermomètre à rEfprit de Vin ! 

d’herrnom.etre de Mercure, ils 
teltent au dégré^oû ils étoient j mais lî où j 
les retire, & qifon les replonge alternati*' ' 
vement. en pav^Undra aies Lire defeea- 
dre de cinq degrés : cet effet eff beaucoup 
plus long qffavec les Liqueurs aethér.ées 5 
mais fi Ton veut Taccélérer fans prefque 
I augmenter, eff fi d'exciter Tévaporatiort 
de 1 Efprit de Vin qui fera appliqué fur h 
Boule du Thermoirietre, en le balançant 
legerement pour lui faire parcourir en peu 
de temps une niaffe d'air de l'étendue dê 
deux ou trois pieds : il n'y a que le Ther* 
mometre de Mercure qui baiffera d'un dé- 
gré de plus qu'il n'auroit fait fans cette 
manipulation, & celui à l'Efprit de Vin ne 
fera appercevoir aucun changement. Un 
phenomene qui n'ell: pas moins remarqua- 
ble dans cette Expérience, c'efi que les 
Thermopnetres qui ont été refroidis par.de 


5 Ü R L’Æ T H.E R. 9 I 
fEfprit de Vin J relient après qu'ils en font 
dehors plus de huit minutes au même degré 
fans reprendre de la chaleur , ce qui n arrive 
pas avec les Liqueurs æthérées, les Ther¬ 
momètres qui y ont été plongés^ remontent 
plus vite 5 j'attribue cela à l'évaporation 
plus prompte des Liqueurs æthérées qui 
relient moins long-temps que l'Efprit de 
Vin appliquées fur les Boules des Ther¬ 
momètres. 

Expérience VL 

le 8 oaobre les Thsnnometres à 13 degrés 

aii-deffus de la congellacion. 

Ætlur Vitriolique. Æthcr Nitreux. 

Si on ramene des Dans la même Ex- 
Thermometres par périence répétée avec 
de la glace au terme de l'Æther Nitreux, 
de la congellation, le Thermomètre a 
qu'on les plonge , 1 Efprit de Vin elt 
& qu'on les retire defeendu d'un dégre, 
alternativement dans & celui de Mercure 
de l'Æther qui ell a la de 5 dégrés. 
température de l'air, 

( 13 dégrés au-delfus 
de la congellation ) 
ils defeendent, fça- 
voir, celui à l'Efprit 
de Vin de deux dé¬ 
grés, & celui de Mer¬ 
cure de trois dégrés 
au-deffous de la con¬ 
gellation» 


$2 Dissertation 

Par les Expériences qui fuivronîf 
celles-ci, on poiirroit attribuer ces 
effets à un peu de glace qui feroit 
reffée adhérante aux Boules désTlier- 
mornetres ; mais je puis affurer qu’ils 
ont été bién effuyés avant que de les 
plonger dans ces Liqueurs æthérées, 
& qu’on ne peut rien me reprocher 
de ce côté-là. 

Expérience VU. 

Æ,ihe,T J^itrioliqtie, JËthcr Nitreux* 

Si Ion met de ÏÆ- L’Æther Nitreux' 
ther d^is de la glace, traité de la même fa- 
zz déS i hermnmerres- çon fait fur h’un de fur 
auffi pour y refroidir, l'autre Thermomètre' 
que Je tout foit bien à le même effet que- 
cette température, & TÆther Vitriolique.’ 
qu'après cela on pion-' 
ge promptement les 
Thermomètres bien 
effuyés dans l'Æther, 
ils relient prefque ait 
même dégré , & ne' 
baiffenf qu'en les re¬ 
tirant & les plongeant,' 
fucceffivementj celui 
à l'Efprit de Vin def' 
éendra de j degrés y 
Se celui de Mercure 
de 7 dégrés au-deffous^ 
du terme de la glace.- 


« U l’Æ T H E R. 
•Expérience VIII. 


95 


Un Thermomètre TÆther Vitriolique 
.coloré par la racine d’Orcanette, & traité 
<îe la même maniéré a defcendu dans Tun 
& dans Tautre Æther de p degrés au-deflbus 
/ie la congellation. 

Expérience IX. 

Le 8 Oétobre 1751?. 


Æther Vitriolique. 

La Boule d'un ver¬ 
te de Thermomètre 
à moitié remplie de 
bonne Huile d'Oli- 
ye , a été plongée & 
retirée alternative¬ 
ment dans del'Æther 
qui -étoit à la tempé¬ 
rature du lieu, ( qui 
étoit 13 dégrés au- 
delTus delà congella¬ 
tion) ITIuile n'a pu 
fe figer qu'imparfai- 
tement de même que 
celle ^ui auroit été 
.plongée dans de la 
glace J cette même 
Huile plongée & re- 
.tirée fuccefllvement 
'dans de l’Æther re- 
firoidi par de la glace|| 


Æther Nitreux. 

L'Æther Nitreux 
n'a pas fait plus d'ef¬ 
fet lur l'Huile d'OlL 
ve que l'Æther VL 
triolique. 


94 Dissertation 

Æther Fitrioliquc, Æth&r Nitreux^ 

ne s’eft figée eju'à de¬ 
mi : elle ne s'elè point 
grainée comme elle eft 
ordinairement lorf- 
nu'elle eft figée. Cettç 
Huile a été introdui¬ 
te dans çe verre de 
Thermomètre par le 
moyen d’un chalu¬ 
meau de verre renflé 
par le milieu, fans 
avoir été chauffé au¬ 
paravant. 

Expérience X. 

Un verre de Ther- UÆther Nitreux 
îhometre^ à moitié traité de même a pro- 
rempli d eau pure, duit le même effet ; 
plonge dans de ÏÆ- mais il faut plus de 
Jher refroidi par de temps, & même il ne 
la glace, ne s eft point fait plus congeller 
gele ; mais fi on rôte, l’eau lorfqu'il a perdu 

fe forme fur le une partie de fou 
champ des petits gla- principe le plvs fpi- 
çons qui augmentent ritueux. 
à mefure que Ton 
continue les immer- 
fions de ce Thermo¬ 
mètre dans cette Li¬ 
queur jfÆther a été 
j?ntQiü:é de glace pem 


SUR l’Æ T H E R. 9 ^ 

Ætha FitrioUqus. Æthr Nitreux ^ 

dant tout le temps de 
TExpérience j lî la 
Boule de ce Thermo¬ 
mètre ert entièrement . 
pleine d'eau, pn ne 
voit pas fl facilement 
fe former les glaçons, 
qui font en grand 
üombre. 

Expérience XL 

LTxpérîence précédente répétée avec de 
TEfprit de Vin très-reétifié n a point réulfi 
4 faire geler Beau. 

D’après ces Expériences on foup- 
(fbnneroit peut-être que ces Liqueurs 
ttthérées contiendroient moins de 
chaleur,que les autres corps, ce qui 
contrediroit confidérablement le fyE 
jfême reçu parmi les Phyficiens fur 
la nature du feu, lorfqu ils difent : 
Que cet Élément eji dans un parfait 
équilibre dans la Nature , &c. Mais en 
faifant attention à ce que j’ai déjà 
Commencé d’inûnuer dans le détail 
de ces Expériences, on reviendra 
iâns peine de cette erreuri labbaifr' 


^6 D I s s E R T A T I O isr 
i'ement que ces Liqueurs occalion^ 
nent aux TLermometres, n’a lieu que 
dans le temps que ce qui ell appliqué 
aux Boules s’évapore ; cet abbaiffe- 
ment eft d’autant plus grand que les 
Liqueurs s’évaporent plus vite ; l’Ef- 
prit de Vin qui eft moins éva-porabU 
produit auffi un abbailTement moins 
grand : mais auffi j’ai fait remarquer^ 
que l’effet qu’il produit fur ces inllru¬ 
mens eff, par cette raifon, beaucoup 
plus durable. L’eau commune m’a 
-fiit appercevoir fenfiblement un effet 
femblable ; elle a fait defcendre un 
Thermomètre de Mereure d’un fixié- 
me de degré, en le plongeant & le 
retirant fucceffivement. Un Thermo¬ 
mètre à Elprit de Vin m’a paru y 
fouffrir un très-leger mouvement d’é¬ 
lévation & d’abbaiffement; mais com¬ 
me ces effets avec l’eau ne font pas 
bien fenfibles (.ce que j’attribue au 
peu de difpofition qu’elle a à s’éva¬ 
porer, en comparaifon de fes Li¬ 
queurs fpiritueufes ) & que l’on pour- 
roit les attribuer à une contradion & 
à une dilatation que les boules des 
Thermomètres fouffirent pendant ces 
immerfions, 


SUR l’Æ T H E R. 97 
immerfions, je rapporte ce fait feu¬ 
lement pour engager les Ph}^liciens 
à examiner de nouveau, fi lous ces 
phénomènes qui fe paffent pendant 
l’évaporation des Liqueurs ne tien- 
droient pas à quelques Loix généra¬ 
les. 

Dans toutes -ces Expériences, le 
plus grand abbailTement des Ther¬ 
momètres fe fait en raifon de la plus 
grande évaporabilité des Liqueurs, 
-& non pas en raifon du plus ou du 
moins de feu quelles contiennent ; 
cela eft fi vrai que lorfque l’évapora¬ 
tion de ces Liqueurs ne fe fait pas 
immédiatement fur les TJiermome- 
tres, ils ne fouifrent plus aucun chan¬ 
gement, & fuivent aprèscela de même 
<jue ceux de comparaifons les viciffi- 
tudes du lieu: c’ed: ce que je me pro- 
pofe de démontrer par les Expérien-, 
'ces fuivantes» 



E 


9^ Dissertation 
ExPÉRIENCE\Xn. 

î-e II Oûobre , les Thérmometies 313 dégréj 
au-defTus de la congellation. 

Æther Vitrioliquc. Æther Nitreux, 

• 

Si Ton met dans un L'Æther Nitreux 
flacon- d Æther Vi- produit le même efr 
triolique, qui elHla fet. 
température du lieu, 
de petits Thermo¬ 
mètres de Mercure & 
dÆfprit de Vin,qu on 
, bouche enfuite le fla¬ 
con , ou bien qu’on 
lie le bouche point 
s’il Y a fuffifamment 
d’Æther pour les re¬ 
couvrir entièrement, 
ils relient l’un & l’au¬ 
tre çonllamment fixés 
au dégré de la tempé¬ 
rature du lieu. 

Si on échauffe les Thermomètres 
dans la main avant que de les plon^ 
ger dans ces Liqueurs, ils font rappel- 
lés , & fe fixent à la température du 
lieu. Cette Expérience répétée dans 
de petites Cucurbittes de verres n oc- 
cafionne aucun changement,quoiqu’il 
Y ait une évaporation bien fenfible. 


SUR l’Æ T h E R. 

Expérience XII L 


JEthzr Vitrioliquc, 


Æthsr Nitreux, 


Si Ton fait refroidir L'Æther Nitreux 

de rÆther par de la produit le même ef- 
glace_,& qu’on y pion- fet. 
ge entièrement de 
petits Thermomètres 
de Mercure & d’Ef* 
pri ts de Vin échauffés 
auparavant entre les 
mains ou rappellés 
au terme de la con- 
gellatioUj cela eft é- 
gai J ils fe fixent & 
relient conllamment , 

au terme de la con- 
gellation. 

Que ces Expériences foient répé¬ 
tées dans des flacons bouchés, ou 
dans des Cucurbittes de verres dé¬ 
couvertes, les effets font exaélement 
les mêmes, quoiqu’il y ait une éva¬ 
poration bien fenflble dans Tune & 
dans l’autre Expérience. Il fiiffit que 
ces Liqueurs recouvrent entièrement 
les Thermomètres. 

Peut-être me demandera-t-on pré- 
fentement, comment il fe peut faire 
que des Liqueurs qui ne font pas plus 
E ij 




^100 Dissertâti o-n 
Æoides que les autres corps, pr^dui» 
fent en s’évaporant un degré de froid 
ad'ez confidérable pour faire bailfer 
.desThermomeîres-de i^à. 15 dégrés? 

Je crois qu’il efl très-difficile de 
répondre à cette queftion & d’expli¬ 
quer clairement ces phénomènes fin- 
guliers, fans admettre des parties fri- 
■gorifîques dans les X-iqueurs, lefquel- 
les fe dégagent plus facilement de 
celles qui font fpiritueufes que des 
autres corps ; ces parties frigorifiques 
.refient appliquées aux Boides des 
Thermomètres pendant ou après l’é¬ 
vaporation de ces Liqueurs jpiritueu- 
fes, & font introduites dans ces inflriv 
mens par le feu élémentaire répandu 
dans l’air ^mbient qui tend à fe met¬ 
tre en équilibre, le*s pouffe devant 
lui & occafionne ce refroidiffement. 
La vapeur qui s’élève naturellement 
-de ces Liqueurs æthérées, ne donne 
micun indice de fraîcheur, comme je 
m’en fuis affuré en introduifant des 
Thermomètres dans de très-grands 
-flacons qui étoient à moitié remplis 
-d’Æther, & en prenant garde qu’ils ne 
4oiichaffent à ces Liqueur^.La vapeur 


SUR' l’Æ T H E R. îOî 
ds ces mêmes Liqueurs excitée artifi¬ 
ciellement par un foufflet dont le 
canal recourbé avoit été introduit 
dans un flacon dans lequel j’avois 
ful’pendu un Thermomètre n’a pas^ 
fait plus d’effet ; cette évaporation 
dis-je, ainfi excitée & réfléchie, au¬ 
tant qu’il m’a été poflible, fur la Bou- 
ïe de rinflriiment, n’a pas plus donné' 
d’indice de fraîcheur que la vapeur 
qui s’en éleve naturellement : il faut 
que ces Liqueurs touchent les Ther¬ 
momètres , & qifelles s’évaporent 
après quelles s’y font appliquées' 
pour qu’ils defceiident^ 

. Je n’entends ici par parties frigorL 
flques qu’un froid élémentaire ou un- 
fluide aufli fubtile que la matière 
éleêfrique, & qui ne commence à 
entrer en aêiion que lorfque ce feu- 
élémentaire efl; diflipé en plus gran¬ 
de partie avec la Liqueur qui sՎ 
vapore, & je n’admets aucunes par-' 
ties falines aériennes , foit Vitrioli- 
ques, foit Nitreiifes , &c. Perfonne 
né peut nier l’exiftence du feu élé-" 
mentaire contenu dans tous les corps, 
depuis qu’on l’a démontré par un très- 


toi Î^ISSERTATION 
grand nombre d’Expériences éledri- 
ques ; ne poiirroit-il pas fe faire qu’il 
y eût aiiffi dans la Nature un fluide 
auffi hibtil, qui fût le principe & la 
caufe de la congellation ? Le peu 
d Expériences que j ai rapportées ici, 
me femblent fuffifantes pour fervir de 
fondement a un fyffême nouveau, 
qui vraifemblablemen’t aura befoin 
d’etre manié par un efprit plus habile 
que le mien pour paroltre moins ex¬ 
traordinaire. 

On trouvera peut-être que ce fluide 
frigorihque ne fera pas fuffifknt pour 
expliquer les phénomènes ci-defTus* 
& pour répondre cà la queffion que je 
ffie fuis faite ; mais je proteffe de 
bonne foi que je n’ai aucune attache 
pour ce nouveau fyffême, & que je 
recevrai avec plaifir l’explication 
quil plaira aux Phyficiens d’y fubffi- 
tuer , fi 1 on démontre clairement que 
je fuis dans l’erreur. Mais aiiffi j’aver¬ 
tis que l’on ne faffe entrer pour rien 
dans I explication de ces phénomè¬ 
nes les parties Vitrioliques & Nitreu- 
fes qu’on croiroit être dans ces Li¬ 
queurs, parce qu’on s’en efl fervi pour- 


SUR l’Æ T H E Ri lOi 
les faire ; il faiidroit pour lors en ad-^ 
mettre aulîl dans FElprit de Vin, qui 
produit le même effet proportionnel¬ 
lement à fon degré d’évaporabilité : 
Fanalyfe Chymique prouve que lorf- 
que ces Liqueurs æthéfées font bien 
faites ■ & bien reéfifiées , elles n’en 
contiennent pas plus que FEfprit de 
Vin que je leur ai comparé. L’abbaif^ 
fement que les Liqueurs fpiritueufes 
occafionnent auxThermometres four¬ 
nit un moyen qui peut être employé 
Utilement pour reconnoître leurs dé- 
grés de redification ; car, j’ai remar¬ 
qué que de FEfprit de Vin moins rec¬ 
tifié ne fait point baiffer les Thermo¬ 
mètres fi bas que celui qui Feft davan- 
tage. Toutes ces Expériences qui d’a¬ 
bord paroiffent indifférentes pour la 
théorie de FÆther, ne doivent pas 
être regardées comme telles pour le 
peu qu’on y faffe attention ; je trouve 
même quelles peuvent fervir très- 
avantageufement à confirmer ce que 
nous avons dit avec M. Macquer, fur 
la nature de.cés Liqueurs ; on doit les 
regarder comme un Efprit de Vin très- 
redifié, dont les parties fpiritueufes 
E iv 


'X04 D ï s s E R T A T I O N 

volatiles-fe trouvent prodigieufemenf 

concentrées ; l’odeur même qu’ont 
ces Liqueurs n’eft que celle d’un 
Elprit de Vin très-concentré, & l’A¬ 
cide Vitriolique n’y ajoute rien ; ce 
dont on peut s’affurer en paffant près 
des boutiques des Marchands de Vin 
ou des Epiciers, clont il s’exhale une 
odeur toiit-à-fkit femblable, & qui 
ed: plus fenfible pendant les chaleurs 
de 1 Été ; c’ed de i’Æther que les bu¬ 
veurs font naturellement fans Acide, 
Vitriolique. Toutes ces obfervations 
me paroiffent mériter l’attention des 
Phyficiens, & peuvent être em¬ 
ployées utilement dans l’occaljon. 
préfente. Je fuis très-fatisfait d’avoir 
tracé le chemin 'aux Obfervateurs, 
& je laide aux Phyficiens le foin 
■d expliquer plus exaêlement des 
phénomènes qui ne font pas moins 
lurprenans qu’ils font admirables. Je 
pade a d’autres Expériences qui, quoL 
qiie faites différemment de celle-ci 
peuvent avoir leurs applications pour 
le fujet dont il ed: ici quedion<^ 


iÜR l’Æ T H E 105 
Expérience XIV. 

Le i4Mai i-])6, 

Æther FitrioUqüe. Æth&r Nitreux. 

Le mélange d’une La même quantité 
demie-once d’Æther d’Æther Nitreux mé- 
avec autant d'Eau lée avec autant d’Eau 
commune a fait mon- commune n’a fait 
ter de deux degrés monter le Thermo- 
au-deffus de la tem- métré que d’un dé--- 
^rature de l’air le gré. 

Thermomètre qui y a 
été plongé dans l’inf- 
tant du mélange, ce 
qui prouve que l’Æ- 
ther s’échauffe affez 
confidérablement 
auffi-tôt qu’on le mê¬ 
le avec de l’Eau jmais' 
cette chaleur n’a lieiL 
que dans les premiers 
jnftans du' mélange 
elle dirflinue après ce-- 
la peu à peu J & l’Æ- . * 

ther reprend fa tena-- 
pératuré quoique 
mêlé à cette quantité 
deau. 

Expérience X V. 

Demi - once d’Æ- La mênie Expé- 
^er & demi-once; rience répétée 

Ev 


Io6 ï) I s s E R T A T I O N 

Æth&r Vitriolique. 

cie glace pilée ^ mêlés 
enfemble ont fait def- 
cendre en huit minu¬ 
tes de 5 dégrés & de¬ 
mi le Thermomètre â 
Efprit de Vin, & de 
b dégrés celui de 
Mercure ÿ au-de/Tous 
deiacongellation:jT- 

vois ra|^ellé aupara¬ 
vant leThermometre 
au terme de la glace, 
avec d’autre glace pi¬ 
lée feulement. 

Dans Hnfdant de ces mélanges le 
refroidiïTement eû fi grand, que la 
• glace devient adhérante au verre & 
au Thermomètre au point qu’il n’y a 
pas moyen de le remuer; cet elfet 
qui dure deux minutes ell d’autant 
plus fort que la glace eft plus feche, 
car fort peu d eau le diminue conhdé- 
rablement : dans le premier temps la 
Tiqueur de l’indrument defcend fort 
Vite, la glace fe fond en grande partie, 
le Thermomètre continue à defcen- 
dre, mais plus lentement. 

L’Æther Nitreux fe mêle mieux 


Æther Nitreux. 

cet Æther fait bailTer 
la Liqueur du Ther¬ 
momètre à Efprit de 
Vin de 7 dégrés en lîx 
minutes, & celui de 
Mercure de 8 dégrés 
en moins de temps. 


SUR l’Æ T h É R. IÔ7 
dans ces Expériences & a plus de 
conliUance que TÆdier Vitriolique. 
Comme les Æthers ne font pas mifci- 
bles avec l’eauces Expériences doi- • 
Vent faire exception à la Loi générale 
que femble avoir établie M. de Réau- 
niur, dans un fçavant Mémoire qu’il 
a donné à l’Académie en 17 3 4, page 
19 5 , où il dit ; » Une remarque que 
» nous avons'faite, c’efl que pour 
» produire de nouveaux dégrés de 
» froid, il faut que la glace fondue & 
» de la matière, foit folide, foit liqùi- 
» de, qui a été employée , il fe faffe 
» un nouveau liquide ; de-là naît une 
régie pour connoître les Liqueurs, 
» qui mêlées avec la glace font inca- 
» pables d’y produire du froid.Toutes 
» les Liqueurs huileufes qui ne peu- 
» vent pas fe mêler avec l’eau, feront 
» employées fans fuccès ; auffi ai-je 
» éprouvé que des huiles grodîeres, 
» telles que l’Huile de Lin, ou des 
» Huiles plus fubtiles, comme l’Huile 
» de Térébenthine, feront jettées inu*' 
» tilement fur la glace ; elles la peii- 
» vent fondre, mais elles ne peuvent 
» fe mêler avec l’eau qui naît de la 


2o8 ^ D I s s R R T A T I O îT 
ï> fuiion, & par-la elles font incapî^ 
» blés de produire des dégrés de 
» froid «. 

, On auroit tort fi on me foupçon^- 
Hoit d’avoir rapporté ce pafiage du 
Mémoire de M= deRéaumiir à defieirt 
de le critiquer ; cet habile Phyficieîi 
Connu par tant d excellens Ouvrages^ 
& a qiii la Pliyfique eâ redevable 
d’une infinité de découvertes très- 
utiles & tres-curieiifes, ne pouvoit 
pis avoir, connoifiance de ces Li¬ 
queurs æthérées dans le temps qu’il 
publiât fon Mémoire car, s’il s’y fût 
exercé, on connoit afiez fa fagacite 
pour fe perfuader qu’il en aiiroit su-* 
rement tiré meilleur parti que moi. 

Experte NCR XVI. 

Demie-once de glace pilée^,& autant d’Efi 
pnt de Vin très-redifié^, ont fait defcendre 
ia Liqueur du Thermomètre â Efprit de Vin 
d - dix degrés, mais fans adhérance de lar 
glace au verrcj & celui de Mercure de 12 
dégrés. 

Expérience XVII. 

Demfoonce d’Æther Vitriolique avec auj- 
«ant dÆther Nitreux verfée fur une once^ 


SÛR lÆt h E R^ I09> 
de gface pÜee, ont fait defcendre la Liqueuv 
du Thermomètre à Efprit de Vin de ô dé- 
grés j celui de MeTcure de 8 degrés. 

EXPERIENCE XVII î. 
J^thcr Vitriollqui. Æthzr Nitreux.- 

Demie-once* de gla- Dernie-once de gla-’ 
ce, deux.gros de Sel ce pilée j autant d»Æ-’ 
ammoniac, demie-on- tirer Nitreux, & deux 
ce d'Æther Vitrioli- gros de Sel ammo- 
ûue, ont Élit defeen- niac, en ohfe^'vant les- 
dre la Liqueur du mêmes précautions 
Thermomette à Ef- ont fait baiïfer la Li*- 
prit de Vin de 14 dé- queurduThermome-" 
grés au-delfous^ du tre àEfprit de Vin de' 
.terme de, la glace en 16 degrés au-deffous' 
fiX minutes } celui de du terrne de la glace*, 
Mercure de même , celui de Mercure de 
le mélange a été fait même. 
Crès-promptement. 

Expérience XIX. 

Demie-once de glace pilée, autant d Ef--' 
prit de Vin très-reétifié, deux, gros de Sel 
ammoniac, ont fait defeendre la Liqueur du 
Thermomètre à Efprit de Vin de i a degrés- 
au-deffous du terme de la glace ; de même' 
çeluideMercure.- 

Expérience XX. 

Demie-once de glace pilée, deux gros dé?’ 
Sel ammoniac,,ont fait defeendre la Liqueur 


1^0 D I s S^E RTÀ T I O ÿï 
du Thermomètre à Efprit de Vin de 12 dé- 
grés 3 celui de Mercure de 13 degrés. 

Expérience XXL 

Ætntr y^itnolique. Æther Nitreux. 

Demie^oncedeSel ]1 eu eft de même: 
ammoniac, autant de i’Æther Nitreux* 
d’Æther mis féparé- _ 

inent à la glace, & 
enfuite mêlés enfem- 
ble n'ont point pro¬ 
duit un plus grand 
froid. 

Expérience XXIL 

Il en eft de même de rEfprit de Vin très-* 
teélifié. 

Expérience XXIII. 

Le 17 Mai j à. neuf heures du matin , les Ther-* 
mornerres étoient à lo efégrés au-deiTus de la con- 
gellacion ^ & n ont monté qu’au 11 pendiiaï tout 
le temps des Expériences fuivanréî. 

J'ai expofé à l'air Demié-once d'Æ- 
libre dans un verre à ther Nitreux, traité 
vin de figure conique, de la même façon, eiî 
large & haut de deux même-temps, dans le 
pouces &: derni, de- même lieu, a été quin- 
mie - once d'Æther ze heures à s'évapo* 
Vitnolique, il a été rer, & après avoir 
dix heures & demie à palTé la nuit à l'air ii 
s^evaporer, il a laiffé ell refté dans le fond 


s Ü R l'Æ T h E R. lit 


Æthcr Vitrïoliqm* 

dans le fond du verre 
fix gouttes de phleg- 
me acidulé reffem- 
blant à du vinaigre 
dillillé. 

Lorlqu il commence- 
à s’évaporer il monte 
rapidement le long 
des parois du vaiflTeau 
jufque vers le milieu 
de la hauteur du vui- 
de J il s’élève en for¬ 
me de filets pointus, 
& donne au vafe l’ap¬ 
parence d’un verre à 
côtes. L’extrémité de 
ces filets pointus qui 
ceiient promptement 
fe convertit en une 
goutte fcintillante, 
dont une partie s’e¬ 
xhale en petites va¬ 
peurs legeres, & ref- 
femblantes à celles 
ue l’on voit, fortir 
es tuyaux des poêles 
chauds J l’autre partie 
retombe comme plus 
p'efante , quoiqu’elle 
foit aufii de l’Æther, 
mais c’efi qu’il a per- 


Æther Nitreux i 

du verre 6 o grains 
d’une Huile beau-, 
coup moins colorée 
que l’Æther Nitreux 
ne l’efi: lui - même* 
Dans le commence¬ 
ment de l’évapora¬ 
tion les phénomènes 
fe préfentent de mê¬ 
me que dans l’évapo¬ 
ration de l’ÆtherWi- 
triolique,mais ils font 
moins prompts. A 
mefure qu’il appro-' 
che de la fin de l’éva¬ 
poration il perd con- 
fidérablement de fa 
couleur fans rien dé- 
pofer. ' 

L’Huile qui relie 
après l’entiere évapo¬ 
ration ell légèrement 
acide fur la langue, 
un peu amere'; une 
partie de cette Huile 
ell dilfoluble dans 
l’eau, cm peut la nom¬ 
mer Huile douce de 
Nitre , par la même 
raifon qu’on nomme 
Huile douce de' Vi- 


Huile douce- 
de Nicrc. 


filr ï) î S S E R t A T ï O N 

Æther Vitrioli(piz. Æcher Nitreux.- 

fiu fa partie la plus triol celle qu’on ob-' 
J^^olatile ; cette manie- tient dans le procédé' 
re de s’évaporer , ne de l’Æther Vitrioli-' 
dure guere ^ue deux que, quoiqu’elles ne 
heures , après quoi le foient l’une & l’autre- 
relle de l’évaporation que de l’Huile de Vim 
eil fort- infenlîble en qui en ell réparée par 
c-omparaifoni les acides. 

En fkifânt évaporer alnE deTÆther 
Ni^eiix, on peut obtenir autant de- 
cette Huile qu’on en veut ;• & ceux, 
qui difent que le mélange de l’Acide 
Nitreux & de l’Efprit de' Vin n’en 
donne que très-difficilement & pas- 
toujours' ^ n’en ont jamais fait ,,oii du 
moins on peut foupçonner avec beau¬ 
coup de vraifemblance qu’ils n’ont 
pas* une manipulation sûre pour ert 
obtenir à volonté. Je crois quen rec¬ 
tifiant de l’Æther Nitreux à un feu 
très-doux, on l’obtiendroit à moins 
de frais & de la m.ême maniéré qii’on^ 
en fépare de l’Æther Vitriolique en’ 
le reûifiant ; comme ces Huiles font 
moins legeres & moins volatiles que^ 
leiifs Liqueurs aethérées, il n’y auroit 
xien de furprenant : cet expédient 


s ÜR- l’Æ T n E R. S13: 
m’a réufTi pour l’Æther Vitrioliqiie, 
je vériiiGrai par la fuite s il n en feroit 
pas de même de l’Æther Nitreux. 


Expérien 
Æther Vitrioliqm, 

Demie-once d'Æ- 
ther Vitriolique ver- 
fee fur autant d’eau 
dirtillée, dans un ver¬ 
re pareil aux précé- 
dens, a été cinq heu¬ 
res &• demie à s’éva¬ 
porer J les phénonre- 
nes de l’évaporation 
onréié à peu près les 
mêmes que dans l’Ex¬ 
périence précédente. 

L’eau qu-i en-eHrer- 
tée pefoic )ufte demie- 
once , & n’a point 
atigmenté de poids, 
mais elle a retenu un 
goût leger de vinai¬ 
gre dilHllé. Cette Li¬ 
queur rougit le fyrop 
violât} elle précipite 
en jaune deTurbith 
Ta dilTolution de Mer¬ 
cure -, elle ne fait rien 
d’abord à la diifolu- 
ôan- dlargentmais 


ge XXIV. 

JE ther Nitreux. 

Demie-once d’Æ- 
ther Nitreux mêlé© 
avec autant d’eau, & 
traitée avec les mê¬ 
mes précautions, a- 
été fix heures à s’éva-^ 
porer, les .phénomè¬ 
nes de révaporation- 
ont été à peu près les 
mêmes ; mais fur la 
fin de celle-ci il ell- 
refté- quelques gout¬ 
tes d’Huile prefque 
blanches , qui for- 
moient à la furface- 
du verre un efpece de' 
bouillonnement qui 
renvoyqit les gouttes 
d’Huile de côtés &' 
d’autres, jufqu’à ce-' 
qu’il n’y eût plus rien- 
de fpiritueuxq alors 
cette Huile fe préci- 
pitoit: jel'ai féparée,. 
j’en ai eu vingt-quatre; 
grains': celle-ci rueft- 


iT4 £> I s s E R TA t ï O N 


Æth&r Vitrioliqus. 

peu à peu elle occa- 
lîonne un précipité 
blanc jaunâtrerrHui- 

ie de Tartre n"y fait 
rien. Toutes ces Ex¬ 
périences prouvent 
que f Acide Vitrioli- 
que en fe combinant 
avec rEfprit de Vin 
pour former J'Æther, 
conferve toutes les 
propriétés qui le ca- 
tadérifent. 


Æthcr -Nitreux i 
point-mifcible à Peau i 


Si dans ces Expériences les évapo-^ 
rations ont été plus promptes, cela 
doit n etre attribué qu a Eeau de def- 
lous, qui en élevant EÆther le rap- 
prochoit des bords , & lui donnoit 
d autant plus de flirface àraifon de la 
forme conique des verres. 


Expérience XXV. 

, Demie-once d‘Æ^ 

cherVitrioliqueaété ther Nitreux a été 
mife dans un pot de mis & arrangé de mê- 
tayance de deux pou- me que PÆther Vi¬ 
ces & demi de' pro- triolique. 
fondeur fur deux de 
«iiametre. 


SUR l’Æ T h E R. i I j 
Ces deux pots ont été bien choifiSj 
&: exaftement les mêmes pour toutes 
les dimenfionsj&même pour le poids, 
ils ont été mis cliaGun dans un côté 
de balances bien exades. J’ai mis le 
feu en même-temps aux Liqueurs 


’ qu’ils contenoient. 
^Æther Vitrioiique. 

L’Æther Vitrioli- 
que a été brûlé en 
huit minutes, il fai- 
foit une belle flamme 
qui s’élevoit au-def- 
üis du pot jufqu’à un 
pied de haut par in- 
tervalkj cette flamme 
noircit très - légère¬ 
ment le papier blanc, 
mais elle noircit allez 
fenfîblement les pa¬ 
rois du pot. 

Pendant cette com- 
buftion, cet Æther 
étoit toujours de de¬ 
mi-gros en avance. 


Æther Nitreux. 

L’Æther î^ytreux 
faifoit une flamme 
baffe très-pâle, jau¬ 
nâtre , il a été brûlé 
en dix minutes, il a 
laiffé quinze grains 
d’une matière char- 
boneufe, noire, qui a 
rougi fur la fin de la 
combuftionjcette ma-:* 
tiere expofée au feu 
refte auffi fixe que le 
charbon de la matière 
gommeufe féparée du 
Rélidu de rÆthef 
Nitreux, dont il fera 
fait mention lorfque 
je parlerai de cette LL 
queur. Pendant cette 
combuftion, cet Æ- 
ther étoit toujours de 
demi-gros en arriéré. 


^ï6 D I s s E IT TA T i o n' 
Expérience XXVI. 

.Demie-once cîTrprit de Vin très-redifié' 
a ete ^quatorze minutes à brûler dans un 
(les memes pots 3 fans donner la moindre 
apparence de fumée,' 

r ceux qui ont parlé de la com- 
bultion deTÆther ont dit, que cettç 
Liqueur brûloit fans fiîmée ; je remar¬ 
querai à cette occafion que fi un de 
î>os Artiftes ,• qui prétend ne copier 
perfonne, eût pour cette fois feule^ 
ment rrianqué de cbniiance pour leÿ 
habiles ChymiÛes contre lefquels ü' 
déclame perpétuellement, & quU 
eut répété l’Expérience avec foin, il 

le 1er oit apperçu qu’en expofant urr 
morceau de papier bien blanc au- 
deffus de‘ la fîûmme de TÆther, ce- 
papier auroit été noirci, très-légere-- 
ment à la vérité, mais cependant atfez 
temiblement pour l’empêcher d’êtré 
l echo d’une erreur commune à tout 
JC monde.- 

Frobenius s’eû trompé aufîî en cela- 
dans fa cinquième Expérience. (A) 


SUR l’ÆtHER. II/ 

Expérience XXVII. 

4^thcr VitrioLlqm^. Æther 'Nitreux. 

J’ai mis de TÆther J’ai mis aufli de 
Vitriolique dans -un l’Æther Nitreux fous 
verre fôus le Réci- Je Récipient -de la 
^ient de la Machine Machine Pneumati- 
IPneumatique. Dès que. Au deuxième 
les premiers coups de coup de Pifton il s’eft 
Pifton j’ai vu quel- xlégagé une li grande 
ques petits globules quantité d’air,& avec 
d’air fe dégager avec tant d’impétuofité , 
une très-grande faci- que la Liqueur paroif- 
iité j après cela quel- ioit bouillir. Après 
que vuide que j’aye environ vingt coups 
pû faire, il n’en ell de Pillon, il ne s’eft 
plus forti. -plus dégagé d’air, & 

la Liqueur eft demeu- 
-rée tranquille. 

L’Efprit de Vin très-re£Iifié, mis 
suffi fous le Récipient de la Machine 
Pneumatique, a rendu des bulles d’air 
dès qu’on a commencé à pomper, & 
il a continué d’en rendre ainfi jufqu’à 
lu fin, mais peu à peu. 

Expérience XXVIII. 

L’Æther Vitrioli- L’Æther Nitreux 
que enflammé s’éteint s’éteint par le même 
lui k champ avec la moyen, encore plus 


ïi8 Dissertation 

Æ ther Fitriolique. Æthcr Nitreux. 

plus grande facilité, facilement due 

Il ne s agit pour cela ther Vitriolique, & 

eue de kl intercepter même que l’Hfprit de 

la communication a- Vin. ^ 

vec fair extérieur, en 

fermant le vafe dans 

lequel il brûle avec 

une matière quelcon-, 

que, pourvu quelle • 

ne foit pas bien com- 

buftible. J en ai fait i 

l'Expérience fur qua- ' 

tre onces d'Æther 

que j'avois enflammé 

dans un gobelet. 

Après des Expériences aii/îî décifv 
ves que celle-ci & la précédente fur 
le different dégré d’indammabilité de 
nos deiixÆthers,il paroît évident 
qiul ne peut y avoir que de figno^ 
rance ou de la fupercherie de la part 
de ceux qui avancent que l’Æther 
Nnreux eft plus inflammable que le 
Vitriolique. Ils apportent en preuve 
de leur fentiment une Expérience 
faite fans foin, qui ne peut en impofer 
qu a ceux qui ne connoiffênt pas fuf- 
blamment ces matières. Voici cette 
Expérience. 


SUR l’ Æ T H ER. I I 9 
Irnbibci^ au-dijj'us d'un verre deau 
bien chaude un morceau de fucre avec de 
VÆther Nitreux^ de maniéré qu’une par¬ 
fit de ÜÆther fe répande fur La furface 
de Veau ; laifft'^ tomber le fucre dans 
Veau , il va d’abord au fond y metteq^ 
aujjî-tot le feu à la Liqueur y il s'élève 
fur le champ ujie grande flamme , Vmau 
femble bouillir y efle fe répand méme^ & 
étend beaucoup la flamme en la difper-‘ 
faut. 

Comme il m’a paru que l’Expé¬ 
rience citée pour prouver la plus 
grande inflammabilité de l’Æther Ni¬ 
treux , avoit été faite fans aucun foin 
& fans y apporter les attentions né- 
celTaires, j’ai cru devoir la répéter 
Rvec de l’eau, dont j’aurois aupara¬ 
vant bien déterminé le dégré de cha¬ 
leur, & je me.fuis Gonvaincu par-là 
que lorfque FÆther Vitriolique & 
l’Æther Nitreux font enflammés fur 
def l’eau d’une égale température, le 
dernier brûle conflamment aveç, ^ 
jnoins de vivacité, & qu’il ne peut 
égaler celle avec laquelle l’Æther Vi¬ 
triolique fe confume qu’en l’enflam^ 
tnant fur de l’eau plus chaude. 


f 20 Dissertation 
Tous ceux qui connoiffent les e^ets 
tle l’air raréfié par la chaleur, & qui 
fçavent en même-temps qu’il y en a 
beaucoup entre les molécules du fucre 
tSc dans la fubfiance même de l’Æther 
Nitreux, comme je l’ai démontré plus 
haut, ne trojiiveront certainement dans 
,cé fait rien ’de favorable à l’opinion 
pour laquelle on veut le faire feryir 
de preuve. Que fignifie en effet cette 
Expérience dont on fait tant d’éta¬ 
lage ■? Rien autre chofe, finon que 
l’Æther Nitreux qui brûle fur l’eau 
froide, brûle encore mieux fur l’eau 
bien chaude. Car il efl évident que le 
bouillonnement & l’effervefcence qui 
accompagnent cette inflammation, ne 
peuvent être attribués qu’à la grande 
& prompte raréfaéfion de l’air & de 
la Liqueur qui fe font en même-temps : 
on fçait d’ailleurs que lorfque l’Æther 
Vitriolique brûle fur la furface de 
l’eau froide, non-feulement il ne p*eut 
• être éteint par -une grande quantité 
■ d’eau qu’on verfe deffus, mais même 
que cette nouvelle eau paroît au¬ 
gmenter beaucoup la flamme. Cette 
.Expérience a été faite par MM.Fro- 
beniuÿ 


SUR L’Æ T h E R. 121 
bénins & Pott, & je l’ai même répétée 
avec fiiccès : je n’ai pas répété cette 
Expérience avec l’Æther Nitreux. 


E X P E R I E N 
Æther Vitrïoliqm. 

Si l’on met fix ou 
(èpt grains pcfant de 
poudre à tirer dans 
une cuilliere, qu’on 
Verfe par-deffus a peu 
près la moitié de ce 
que peut contenir la 
cuillière d’Æther Vi- 
triolique, qu’on y 
mette le feu, i’Æther 
brûle fans allumer la 
poudre. Mais fi Ton 
met feulemét 20 ou 30 
grains de poudre dans 
cette même quantité 
d’Æther, alors l’Æ- 
ther en finilTant de fe 
confumer enflamme 
la poudre, à moins 
qu’il ne foit très-hui¬ 
leux ; car dans ce cas 
il ne peut enflammer 
même cette quantité 
de poudre. L’Efprit 
de Vin le plus reélifié 
produit par rapport à 


CE XXIX. 

Æther Nitreux * 

L’Æther Nitreux- 
quoique plus gras que 
le Vitriolique, com¬ 
me je l’ai démontre 
par les Expériences 
xxiij & xxiv, met le 
feu à la poudre à tou¬ 
tes fortes de dofes, 
& de telle façon 
qu’on s’y prenne : 
mais il faut remar- 
uer que la poudre 
ans le cas préfent 
fait la fufée, & ne 
part pas tout à la fois 
comme quand elle eft 
enflammée par l’Æ- 
ther Vitriolique. Ces 
différens effets ne peu¬ 
vent être attribués 
qu’à la matière char- 
boneufe que TÆther 
Nitreux produit pen¬ 
dant fa combuftion , 
laquelle eft embra- 
fée & met le feu à la 

F 


Inflamma- 
tiou par l’F- 
leutricité. 


112 DiSSERfATTON 

Æ.tker V^itriolique. Æther Nitreux. 

1 inflammation de la poudre ^ laquelle ne 
poudre, précifément brûle que Xucceflive- 
le même effet que de ment. 
l'Æther bien fec. 

Expérience XXX. 

, Cet Æther diffout Celui-ci le diflbut 
difficilement le Phof- plus efficacement, & 
phore, & ne s'en même entièrement, 
charge pas plus que fans rien laifferpréci- 
ne fait 1 Efprit de piter j & fi on Ten fur» 
yna, il le ja4nit & le charge, les morceaux 
fait tomber en partie qui reftent indifiblu- 
cn efflo'refcence qui blés perdent au bout 
reffembleadelarpuil- de quelque temps 
k de fep. Jeur forme de petits 

tubes, pour prendre 
h figure convexe en 
deffus, & plane par le 
côté qui touche le 
fpnd du flacon. Ce 
mélange fe colore for¬ 
tement par le féjpur. 

Inflammation par VEleBricité, 

II paroît qfiie M. Ludolf, Médecin, 
& de 1 Academie Royale des Sciences 
de Berlin, eil le premier cjui ait mis le 
feu à des Liqueurs inflammables, au 
moyen des étincelles éleéfriques. Ce 
fut au commencement de ï 744, ^ 


SUR l’Æ T h E R. 125 
rouverture de cette Académie, qu’il 
fit cette Expérience, en enflammanfi 
la Liqueur æthérée de Frobenius, au 
moyen d’un tube de verre éleélrique. 
M.\Vinchler, dont j’emprunte ce fait, 
ne dit point dans fon Ouvrage fi ce 
fut après avoir chauffé la Liqueur ou 
non. M. Watfon qui a répété ces Ex- 
périen^l^femble nous dire dans fon 
Effai f^W’Éleélricité , qu’il faifoit 
chauffer l’Æther, ou, comme il l’apir 
pelle, le Phlogijlon-de Frobenius ; mais 
c’eft ce que je ne puis encore affurer, 
la Traduélion Françtoife s’exprimant 
là-deffus d’une maniéré équivoque. 

Dans un travail aufîi conlidérable 
fur l’Æther, que celui que j’ai entre¬ 
pris , j’ai cru que je ne devois pas 
négliger de faire aufîi quelques Expé¬ 
riences fur fon inflammation par l’É- 
ledricité ; & M. le Roi, de l’Acadé¬ 
mie Royale des Sciences, qui a déjà 
fait beaucoup d’Expériences fur cette 
partie intéreffante de la Phyfique, 
ayant bien voulu me prêter fes fe- 
cours nous en avons fait un affez 
grand nombre enfemble. Comme il 
feroit trop long de les rapporter toutes 


124 Dissertation 
en détail, je me contenterai de parler 
des principales : elles ont été faites 
de deux façons; i°. L’Æther a été 
enflammé dans une cuilliere comme 
on enflamme ordinairement rEfprit 
de Vin, excepté qu il n’étoit pas 
chauffé. 2°. Dans l’Expérience de 
Leyde, comme je le dirai ci-après^ 

Expérience X1. 

VÈWàricïti itant forte. 
Inflammation dâns la cuilliere 

EN TIRANT DES ETINCELLES. 

Æther VitrioLique. Æther Nitreux. 

1 °. Cet Æther a i®. Celui-ci s'efl: 
cté enflammé avec la enflammé, mais avec 
plus grande facilité, plus de difficulté. 

2°. L'inflammation 2°. En frottant le 
étoit Cl facile qu'elle globe avec deux 
fe faifoit en ne frot- doigts feulement on 
tant le globe qu'avec l’a enflammé , mais 
deux doigts feule- très - difficilement j 
tnent. l'Expérience , même 

faite de cette manié¬ 
ré , ne réuffit pas tou¬ 
jours. 

L’Efprit de Vin très-reéfifîé, n’étant 
point chauflie, ne s’efl; jamais pû en¬ 
flammer, quoique rÉleffricité* fut aA 


SUR l’Æ T h E R, 125 
fez forte, & qu’on frottât avec les 
deux mains. 

Expérience XXXII. 
Æther Vitrioliqiie» Æther Nitreux. 

De TÆther dans Cet Æther te- 
lequel j'avois mis du noit auflî du pliof- 
Phofphore en dilfolu- phore en diffolution, 
tion, elTayé de même, s’eft enflammé avec 
ne s'eft pas enflammé beaucoup plus de fa- 
plus facilement 5 ou, cilité que quand il 
s'il ^ a eu quelque n'y en a pas, & envi- 
differeyjce j elle ne ron ^vec la même fa¬ 
nons a pas paru fenfî- cilité que l'Æther Vi- 
bie. triolique pur. 

La facilité avec laquelle TÆther 
Vitriolique & même le Nitreux s’eil- 
flammoient ; quoique celui-ci, com¬ 
me nous l’avons dit, prît feu plus dif¬ 
ficilement que le Vitriolique, fît pen- 
fer qu’ils pourroient bien s’enflammer 
dans une température beaucoup plus 
froide que celle de la Saifon, ces Ex¬ 
périences ayant été faites au mois de 
Juillet 1756. En conféquence on fît 
refroidir ces Æthers (/Q dans une taffe 
d’argent éledrifée par le condudeur. 
Pour les enflammer on tkoit des étin- 

(L) Par un mélange de glace 8c de Sel ammoniac» ’ 


ii6 Dissertation 

celles dans la taffe, comme on fcaii: 
qu’on en tire dans la cuilliere pour 
enflammer rEfprit de Vin. 

EXPERIENCE XXXIÎI. 
Æther V^itriolique. Æther Nitreu x. 


Le Thermomètre 
M. de Réaumur 
«ant dans TÆther à 
5) degrés au-deflbus 
du terme de la glace^ 
celui-ci s^eft enflam- 
nac avec la même fa¬ 
cilité que s'il n eût 
pas été refroidi. 


Le même Thermo¬ 
mètre étant dansl’Æ- 
ther Nitreux à iü dé- 
grés & demi au-def- 
fous du terme de la 
glace s’efl: enflammé 
auffi tres-faciiementi 


Nous avons enflammé l’Æther Vi- 
înoliqiie dans la cuilliere, en tirant 
des étmcelles avec un morceau de 
glace; mais l’Æther Nitreux n’a pu 
s enflammer de la même maniéré, ce 
qm ne vient que de ce qu’ü eRmoins 
prompt a s’enflammer que l’Æther 
Vitnolique ; on efl obligé de faire 
plufieurs tentatives pour tirer des 
etmcelles, ce délai donne le temps 
au glaçon de fe fondre en partie, ce 
qui l’abreuve continuellement d’eau 
& empêche les étincelles de naître. 
Ainfi je ne ferois point furpris qu’on 


SUR l’Æ T H E R. 127 
vînt à bout de renilammer dans lire 
Saifon plus froide que celle où nous 
avons fait nos Expériences, & dans 
laquelle le glaçon fe tint fec pendant 
un temps fuffifant pour faire toutes 
les tentatives nécefîaires à ce fujet. 

On peut juger par ces Expériences 
de la facilité avec laquelle ces deux 
différens Æthers s’enflamment, fur- 
tout le Vitriolique , puifqu’ils pren¬ 
nent feu à un ^uffi grand dégré de 
froid, & qu’on ne peut dans ce pays- 
ci, au moins que je fçache, enflam¬ 
mer fans le chauffer, l’Efprit de Vin 
le plus reéfiùé, par les fimples étin¬ 
celles de l’Éledricité artificielle. 

EXPERIENCE XXXIV. 
Sur VÆther Vitriolique. & Nitreux y 
VEfprit de Vin trh-reBifd 
& non-reUifié. 

Inflammation dans l’Expérience 
DE LeYDE. 

Dans cette Expérience, le mouvement 
du fluide éleftrique étant beaucoup plus 
rapide, il s’enfuit qu’on doit y réuflîr en¬ 
core plus facilement à mettre le feu aux 
Liqueurs inflammables ; c’ert ce qui fit pen- 
fer que fi dans la bouteille de Leyde on 



rkl Pjssertation 

fubfti^tuoit a J eau de JTfprit de Vin ou de 
JÆther, lis pourroient s^enflammer uni¬ 
quement parle mouvement rapide du fluide 
a travers ces Liqueurs : maniéré d y mettre 
e feu qui ;ufquici, je crois^ navoit pas 

luftiSr"’ ""îï fut bien-?6t 

V^r? K , les Æthers 

VitrioJiques & Nitreux s^e'tant non-feule¬ 
ment enflammes, mais encore LEfprit de 
Vin tres-redifié, & même le plus ordi¬ 
naire lans etre chauffé & avec la plus 
grande facilite. Afin quon fçache mieux 
de quelle maniéré ces Liqueurs s^enflam- 
moient dans cette Expérience, il ne fera 
fe^ftiïbit comment elle 

Un petit fceau de verre de quatre pouces 
de haut, & djautant de large, tenoir lieu 
de bouteille de Leyde, il étoit recouvert 
par en bas d une feuille de plomb laminé 
de deux pouces de haut; & au fil d^archal 
qui fervoit a ferrer cette feuille contre le 
P^o^ongé, étoit adapté 
une groife balle de plomb, qui fervoit à 
tirer des etincelles du condudeur. On ver- 
fou dans le fceau de LEfprit de Vin ou de 
Ætner ;ufqu a un pouce ou un pouce &de- 
mi de haut, dans lequel trempoit une chaîne 
partant du condufteur ; dès que le petit 
fceau étoit chargé d'éledricité, on tiroir 
une etincelle du conduéleur avec la balle 
de plomba & dans le même inftant LEfprit 
de Vin ou 1 Æther s'enflammoient unique¬ 
ment par le mouvement rapide du fluide 


SUR l’Æ t H E R. l î cj 
j^Ieflrique à travers ces Liqueurs, dans le 
temps que le fceau fe déchargeoit. On avoir 
fubltitué le fceau à la bouteille ^ afin que 
Tinflammation de ces Liqueurs fût durable, 
& qu’il n’y eût rien d’équivoque, le ieu 
dans une bouteille s’éteignant fur le champ. 
Il eû à propos d’avertir que ces Æthers en¬ 
voyant beaucoup de vapeurs , fi les marges 
ou rebords du vafe ne font pas un peu 
grands, bien nets & bien propres, l’Expé¬ 
rience ne réulFira pas,*ou nç réulfira que 
très-difficilement j parce que l’Éleélricité fe 
répandant le long de fes bprds, de-là dans 
l’enveloppe de plomb, Sc de celle-ci dans 
le plancher, &c. on ne pourra jamais char¬ 
ger le fceau fuffifamment pour faire naître 
l’inflammation. 

Dans toutes ces inflammations les mê¬ 
mes Liqueurs peuvent, refervir jutqu à la 
fin, il n’eft queftion que de les étouffer 
pour les éteindre. 

L’Æther Nitreux dont je me fuis fervi 
pour faire les Expériences ^ c^ui viennen,t 
d’être rapportées n’a point été reélifie, je 
l’ai employé tel qu’il eft lorfqu il eiî fepare 
de fon Acide, parce que je n’ai pas eu in7 
tendon de faire préfentement un travail en 
quelque forte complet fur cet Æther. Je me 
propofe de faire dans quelque temps unp 
fuite’d’Expériences pour examiner cette 
fubftance d’une maniéré plus précife & plus 
détaillée. Je mécontente, quant àpréfent, 
d’en avoir rapporté quelques-ujties qui foient 
eorrefpondantes à.celles que j’aLfaites fut 


^ f ? s ^ t a T I O N 
1 Æther Vitriolique j ainfî je ne parlerai 
plus d^aucune Expérience faites fur fÆther 
Nitreux. Je reviens à EÆther Vitriolique 

EXPERIENCE XXXV. 

Si l’on ajoilte de l’Huile de Tartre dans 
un flacon qui contient de TÆther qui n'eft 
point fulpnureux, & qui aura été reéiifié 
fans alkali j environ trois ou quatre mois 
^resj & quelquefois plutôt, il fe formera 
dans le flacon une belle criftalifation en 
îorme de frange, nageant en grande partie 
V ^ ^ tenant conftamment fous 

1 Ætner, ce Sel efl: de véritable Tartre vi¬ 
triolé, mais d’une criftalifation variée & 
finguliere. 

• Je fai fepare parle filtre, il éroit en pe¬ 
tites aiguilles argentines,;’ai répété fur ce Sel 
les memes Expériences que fur celui que m’a 
produit la fécondé Liqueur, les réfultats 
ont été à peu prés les mêmes, & le peu de 
différence que jy ai remarqué ne mérite 
pas d entrer en confidération. Les unes & 
les autre,s Expériences faites fur les Sels 
qu ont produit la fécondé & cette troifîéme 
Liqueur, prouvent alfez que c’eft LAcide 
Vitriolique extrêmement altéré qui réficfe 
dans toutes ces Liqueurs. 

EXPERIENCE XXXVL 

» ^y,on mêle enfembledans une foucoupe 
a caffe demi-once d’Elprit de Nitre très- 


SUR l’ Æ T H E R. 13 * 
Fumant & autant d’Æther, que ce mélange 
Foit fait tout d un coup, ou gouttes a gout¬ 
tes, il fe fait une légère etfervefcence en 
comparaifqn de l’Expérience qui va fuivre 
la raifon en eft que la foucoupe elt un vail- 
feau trop plat, ce qui empêche les Liqueurs 
d’agir fuffifamment l’une fur l’autre. 

EXPERIENCE XXXVII. 
Mais fl cette Expérience eft répétée dans 
un verre à vin de figure conique , & aux 
mêmes dofes, il seleve tout d’un coup une 
fumée rouge , extraordinairement epaiüe, 
& rien ne s’enflamme. 
EXPERIENCE XXXVIII. 

Si l’on verfe l’Æther fur l’Efprit de Ni- 
tre, Sc toujours à demie-once de chacun, 
l’effet eft plus violent, mais fans inflamma¬ 
tion. 

EXPERIENCE XXXIX, 

Si l’on met dans un verre demie-once 
d’Huile de Vitriol très-concentrée, & que 
Ton verfe doucement par-deffus autant 
a’Æther,il s’excke tm bouillonement5 iz 
on vient à y verfer autant d’Efprit de Ni^e 
fumant à diverfes reprifes , il s'élcve à cha¬ 
que fois un bouillonnement tres-vif acemu- 
pagné d’une groffe fumée rouge & epaiffe , 
& rien ne s’enflamme. 

EXPERIENCE XL. 

$i à un pareil mélange, au lieu de verfer 


1^1 Dissertation 

1 Efprit de Nitre par partie ^ on le verfe es 
une feule fois, il s’excite fur le champ un 
bouillonnement fi vif & une fumée rouge fi 
épailTe, que fon croiroit que h tout va 
s enflammer j fi dans cet inîtant on appro¬ 
che de fort près une bougie allumée,le 
tout,prend feu, & ne produit qu’une flam¬ 
me fort^ etendue qui palfe aulTi rapidement 
^u une éclair, avec un petit bruit femblablc 
® d’un pende poudre qu’on allumeroit 
a 1 air libre. 

EXPERIENCE XLL 

Si fon mêle une once d’Huile de Vitriol 
bien concentrée avec autant d’Efprit de 
Nitre très-fumant, & qu’on verfe ce mé¬ 
lange fur une once d’Æther, à l’inftant le 
tout faute, il s’élève une fumée aulTi épaifie 
que dans les Expériences précédentes, mais, 
il n y a point d’inflammation. 

Toutes ces Expériences, comme 
on Voit,avoient pour but d’enflammer 
l’Æther à la maniéré des Huiles effen- 
tielles, deverois-je en nier la polTibi- 
lité, parce que je n’ai point réufii?' 
ce feroit décider trop précipitem- 
ment. J’ai remarqué que dans ces mé¬ 
langes il y avoit des inlfans, où il • 
paroiffoit que l’infîamination alloit 
naître , & je crois que cela pourroit 
bien dépendre de peu de cbofeyl’Æ- 


SUR l’Æthe R. Î3I 
ther dant je me fuis fervi étoit très- 
pur, peut-être réuiïiroit-on fi on en 
employoit de plus huileux ^ & je fuis 
perfuadé qu’on enflammeroit l’Æther 
Nitreux, parce qu’il eft plus gras & 
plus épais, mais je n’ai pas fait def- 
fais fur ces deux dernieres efpeces 
d’Æther. Je me propofe d’en faire 
par la fuite ; je n’ai rapporté ici tou¬ 
tes ces Expériences qu’en faveur de 
ceux qui voudroient en faire de pa¬ 
reilles 

Décompojîtion de tÆth&r Vkriolique 
par rHuile de VitrioL 

Après ce que nous avons dit avec 
Macquer, 7^) ^ue 1 Æther etoit 
un Efprit de Vin trop redifié, un Ef- 
prit de Vin à moitié décompofé qui æ 
perdu une grande partie de 1 eau qui 
entre elfentiellement dans fa compo- 
fition, & de fon Huile, & qu’il eft en¬ 
core lui-même compofé des mêmes 
principes dont il a été dépouille, mais 
dans des proportions différentes. Il 
fembleroit que ceux qui lui reftent. 
devroient être différens de ceux qui< 
ont été féparés ; cependant l’Expé-^ 


134 Dissertation 
rience prouve qu ils font les mêmes 
& que s’il y a quelque différence, 
elle ne vient que du plus ou moins de 
phlegme qu’il peut contenir ; car l’Ef- 
prit de Vin le plus reélifié en contient 
incomparablement davantage que 
l’Æther : il eft facile de s’en convain¬ 
cre en jettant les yeux fur le Rélidii 
de la diftillation de TÆther ; mais 
audi il femble que l’Æther contient 
beaucoup plus de cette Hiiile,que l’on 
nomme Huile douce. Ce qui rede im¬ 
médiatement après la décompofition 
de l’Æther par l’Acide Vitrioiiqiie elî 
prefque fec, & n’efl: point abreuvé 
d’un phlegme abondant comme dans 
la décompofition de TEfprit de Vin. 
Les Expériences fiiivantes vont prou¬ 
ver ce que j’avance. 

Première Dêcompojition. 

Prenez une livre d’Æther très-rec- 
tihé, & qui ne lailTe aucune partie 
hiiileufe après fon évaporation fur 
Feau à l’air libre ; mettez-le dans une 
Cornue de verre ; verl’ez par-deifus 
a diverfes reprilès huit onces d’Huile 
de Vitriol, dont la pefanteur ipécifi- 


SUR l’Æt h E R. I3f 
que foit à l’eau comme 2 à i, U s’é¬ 
lèvera à chaque fois un mouvement 
d’ébullition très-vive, mais qui ne 
dure qu’un moment. Cette ébullition 
fera accompagnée d’une chaleur mé¬ 
diocre , & infiniment moindre que 
’^celle qui naît du mélange de 1 Efprit 
de Vin avec l’Huile de Vitriol, re¬ 
muez la Cornue pour accélérer le mé¬ 
lange qui deviendra nébuleux, blan¬ 
châtre ; la Liqueur reffemblera à ime 
difTolution de favon dans de 1 eau de 
puits, &4aifrera une infinité de points 
reffemblans à de la groffe pouffiere, 
ou à des Stries attachés aux parois 
de la Cornue ; ajuflez promptement 
im Balon, car il diflille fans feu une 
bonne quantité de Liqueur æthéree i 
peu de temps après le mélangé s é- 
claircit, mais fans féparation d Acide ; 
il fe précipite au fond de la Cornue 
un dépôt blanchâtre, léger, en forme 
de docons ; placez cette Cornue fur 
im bain de fable, & diftillez par un 
feu de cendres chaudes : il paffera 
d’abord de l’Æther qui paroit plus 
• par, d’une odeur un peu plus fuave 
qu’à rordinaire;lorfqu’il y en aura ea- 


156 Disse rtat»i o n 
Viron neuf onces de diftülé, féparez^* 
le, il paffera enfiiite une Liqueur æthé- 
rée, mais chargée conlidérablement 
d Huile effentielle de Vin, vous en 
aurez une once & demie, elle elî: mê¬ 
lée d’un peu d’Efprit fulphureux, 

^ Si vous en mettez dans de l’eau, if 
s’en évapore une très-petite partie 
qui eft de l’Æther, Sl l’autre qui eft 
de l’Huile, relie & va au fond de 
l’eau. Après Tévaporation cette Huile 
eft très-blanche & très-fluide. Ce qui 
relie dans la Cornue fe colÔre peu à 
peu, & reflemble parfaitement au 
Réfidii ordinaire de l’Æther, m.ais il 
eH un peu plus fluide, & ne contient 
point de bitume tout formé. Si ort 
continue la dillillation il s’élève alors 
des vapeurs blanches, il dillille un 
Efprit très-fulphureux , volatil, tel 
que celui qui vient en faifant l’Æther, 
mais toujoars en vapeurs blanches,. 
& qui fe condenfent difficilement;: 
vous aurez deux onces de cet Efprit 
fcdphureux fous lequel vous retirerez 
trois gros d’Huile douce qui fera lé¬ 
gèrement citrine. Le mélange monte 
fur la En très-rapidement; fi la Cornue 


SUR l’Æ T h E R. 137 
eft affez fpacieiife pour fupporter cet¬ 
te raréfaftion vous trouverez lorfque 
la matière le fera affaiffée qu elle aura 
rempli toute la capacité de ce vaii- 
feau, en laiffant çà & là beaucoup 
d mterval par une infinité de fentes 
qui font autant de folution de conti¬ 
nuité, qu’a occafionnées le refroi- 
dilfement de la matière en fe reti¬ 
rant. 

Vous féparerez de la Cornue lix 
onces de matière biuimineufe, pref- 
que feche & grenue , femblable à 
celle que laifle le Réfidu de l’Æther 
conduit prefque jufqu à ficcité. 

• Dans cette décompofition de l’Æ- 
ther, la matière bitumineufe paroît 
être en plus grande quantité que dans 
le Réfidu ordinaire, ce qui vient de 
la petite quantité d’eau qui refte après 
l’opération, laquelle n’efi; pas lufii- 
fante pour délayer cette matière 
comme cela arrive en faifant de l’Æ- 
ther ; car alors le phlegme efi; fi abon¬ 
dant qu après l’opération il ne relie 
pour ainfi dire qu’une Liqueur trcaw 
ble. 


13 ^ ^Dissertation 

Seconde Dccompojîtion, 

J ai mis dans une Cornue huit on¬ 
ces d’Æther, provenant de l’opéra¬ 
tion ci-de/Tus, j’ai verfé par-defTus 
quatre onces d’Huile de Vitriol ; en 
failant ce mélange j’ai trempé la Cor¬ 
nue dans un fceau d’eau fraîche, m’é¬ 
tant apperçu que la chaleur qui naif- 
foit, quoique peu confidérable, fai- 
loit difTiper en pure perte une grande 
quantité d’Æther ; les phénomènes 
de ce mélangé fe font préfentés exac¬ 
tement les mêmes que dans l’opéra¬ 
tion précédente, & fe font foutenus 
de meme jufqu’à la£n de l’opération. 

Jobferverai ici que les quarante 
premières gouttes qm font tombées 
dans le Récipient, lequel ne pouvoit 
contenir que quatre onces de Li- 
yieur, étoient réduites en vapeur^ 
dans 1 intérieur de ce vaiffeau, avant 
quil en parut une feule fe fixer au 
tond. Ce même phénomène que je 
n ai point remarqué dans l’Expérien¬ 
ce antérieure, pourroit bien être ar- 
nvé fans que je l’euffe obfervé. 


SUR l’ÆtH E R. 139 
Enfin cette opération a été fi fem- 
blable à la première que j ai retire 
cinq onces trois gros cl’Æther qui ne 
difieroit en rien du précédent, & en- 
fuite fix gros de Liqueur æthérée & 
un peu fulphureufe comme ci-deiTus, 
Cette Liqueur mife für Feau, m a 
laifTé après l’évaporation de l’Æther 
deux gros & demi âüHuile douce pa¬ 
reille à la première. 

Sur la fin il s’eft aufii élevé des va¬ 
peurs blanches, il a diftille demie- 
once d’Efprit fulphureux fous lequel 
j’ai féparé deux gros & demi ^HuiU 
douce , légèrement citrine, le Réfidu 
s’eft bourfoftfilé comme le dernier. 
Lorfque les vaifteaux ont été refroi¬ 
dis, j’ai féparé de la Cornue trois 
onces deux gros de Bitume pareil au 
précédent, il étoit feulement im peu 
plus mol ; mais cette différence ne 
vient que du plus ou du moins de 
temps pendant lequel la chaleur s eft 
confervée dans le fable. 

Troijîème Decompojidon. 

J’ai remis en diftillation quatre on¬ 
ces de cet Æther déjà décompofé 


140 Dissertation 
deux fois, & j’y ai joint deux onces 
d’Huiîe de Vitriol. J’ai procédé com¬ 
me dans les Expériences précéden¬ 
tes , les phénomènes ont été abfolii- 
ment les mêmes, l’Acide s’ed: mêlé 
avec l’Æther, les points en forme de 
Stries , le dépôt blanchâtre , &c. 
ont eu lieu. J’ai retiré deux onces & 
demie d’Æther, abfolument fembla- 
ble aux précédens, la Liqueur de la 
Cornue n’a pris qu’une petite couleur 
ambrée, pendant la did-illation. 

J’ai retiré encore trois gros de 
Liqueur æthérée très-huileufe, point 
llilphureufe. Cette Liqueur mife dans 
1 eau a lailTé précipiter un gros &; de¬ 
mi d’Huile très-blanche, après que ce 
qu’elle contenoit d’Æther a été éva¬ 
poré. • • 

Après cette Liqueur j’ai retiré,’ 
comme dans les précédentes opéra¬ 
tions , un peu d’Efprit fulphureux, 
fous lequel j’ai féparé trois gros 
d Hiide douce, legerement citrine. 

La maffe s’ed: bourfoufïlée à l’ordi¬ 
naire ; & lorfque les vaiffeaux ont été 
refroidis, j’ai féparé delà Cornue une 
once & demie de matière bitiimineiifè. 


SUR L’Æ T h E R. I 4 E 

Je n ai pas pouffé plus loin cette 
décompofition ; mais on voit bien 
qu’en Suivant ces Expériences j’au- 
rois entièrement décompol'e rEf- 
prit de Vin , comme la obfervé 
Kunkel dans fon Laborat. Chymic, 
page 704 & 488, par un moyen à 
peu près femblable, ce que M. Stahl 
recommande de répéter avec pa¬ 
tience {m). 

Toutes ces Expériences prouvent 
affez ce que nous avons dit fur la na¬ 
ture de l’Æther, 76) & au com¬ 

mencement de ces décompolitions, 
puifqiie j’en ai retiré les mêmes prin¬ 
cipes que fournit l’Efprit de Vin dans 
l’opération de l’Æther. 

'Wf On doit faire attention ici que ces 
deux Huiles douces, li différentes en 
apparence, font cependant les mê¬ 
mes j elles ne différent entre elles 
que par le temps où elles diftillent ; 
la première n’eft point fulphureujfe, 
& vient avec une portion d’Æ- 
ther ; l’autre eff fulphureufe, parce 
qu elle diftille avec cet Efprit fiuphii- 

( rn ) Voyez M. Fort. Dijfertation de l’Acide Fif 
ttiol^ne vin> fage 


142 Dissertation 

reiix : mais fi on lave cette fécondé : 
Huile douce avec de l’eau légère- 
ment chargée d’Huile de Tartre, 
après une légère effervefcence elle 
perd fa mauvaife odeur, & devient 
blanche & fluide comme la première. 

La matière bitumineufe mife en dif- 
tillation ne m’a produit aucune efpece 
d’Huile, je n’ai pu en retirer que de 
l’Acide très-fiilphureux ; il eft refté 
dans la Cornue une terre noire auflî 
fixe que celle qui vient du Bitume 
qu’on obtient en faifant l’Æther. 

La quantité d’Acide Vitriolique 
que j’ai employé pour faire chaque 
décompofition, m’a paru être dans 
des dofes convenables ; car les Acide^. 
que j’ai retirés de chacune de ces opl^ 
rations étoient très-phlegmatiques, 
lorfque je leur ai fait perdre, en les 
expofant à l’air, ce qu’ils avoiçnt de 
volatil fulphureux. 

Afin de n’induire perfonne en er¬ 
reur, & de peur que quelqu’un ne 
trouve du merveilleux dans cet Æ- 
ther reébfîé trois fois, il efl bon de 
dire qu’il n’efl pas meilleur que lorf¬ 
que je l’ai employé la première feis^ 


SUR l’Æ T h E R. 143 
& au contraire pour être aufîi pur il a 
befoin d’être reâifié à l’eau : il eft 
fenfiblement plus acide que celui 
dont je me fuis fervi dans mes Expé¬ 
riences , & ce même Æther reêlilié 
trois fois, mis à brûler dans un pot, 
comme je l’ai indiqué par la XXy 
Expérience, a donné beaucoup plus 
de filmée, & a laifTé dans le fond du 
pot quelques gouttes de Liqueur fort 
acide, qui précipite en jaune la dif- 
folution de Mercure dans l’Efprit de 
Nitre. 

D&compojition de. VÆther Vitrïolique 
par V Acide Nitreux, 

L’Acide Nitreux bien flimant agit 
avec une promptitude finguliere fur 
l’Efprit de Vin, comme on le verra 
lorfque nous parlerons de l’opération 
de l’Æther Nitreux. Cet Acide n’agit 
pas moins efficacement dans l’occa- 
fion préfente. 

Mêlez dans une bouteille forte ou 
dans un flacon, une onçe d’Efprit de 
Nitre très-fiimant, avec cinq ou fix 
onces d’Æther Vitriolique ; mais fai¬ 
tes ce mélange à plufieurs reprifes, & 


144 Dissertation ' 
avec beaucoup de ménagement, fans | 
quoi il fe fait une très-grande effervef i 
cence & un bouillonnement très-con- j 
fidérable avec chaleur, qui fait fauter 
le mélange prefque en entier. J’ai vû 
dans une occafion pareille des bou¬ 
chons lancés à plus de vingt pieds de 
hauteur, quoiqu’ils fiifTent de liège, 
la Liqueur fortoit alors avec tant 
d’impétuohté que cela reffembloit 
parfaitement à un Eolipile pouffé 
très-violemment. 

On évitera tous ces inconvéniens 
en faifant le mélange avec précau¬ 
tion , en tenant la bouteille dans de 
l’eau très-fraîche, & la faifant refroi¬ 
dir chaque fois qu’on ajoute de l’Aci¬ 
de Nitreux : lorfque le mélange eft 
fait les deux Liqueurs fe féparent & 
l’Æther gagne le deffus, on peut le 
féparer par l’entonnoir ; il eft d’une 
couleur citrine , femblable à celle de 
l’Æther Nitreux. 

Les phénomènes qui fe préfentent 
dans cette Expérience prouvent affez 
que l’Æther Vitriolique eft décompo- 
fé ; car la rapidité avec laquelle l’Aci¬ 
de Nitreux s’empare de fon phlegme 
eft 


SUR L’Æ T H E R. 145 
eft la caufe de ce bouillonnement qui 
eft infiniment plus violent & plus dan¬ 
gereux que le mélange de FElprit de 
Vin avec cet Acide. 

La belle couleur bleue de Saphir 
que ce mélange prend, lorfque la 
quantité d’Æther n efi; pas aflez gran¬ 
de pour noyer trop vite cet Acide, 
efi; encore une preuve certaiüe de la 
préfence de ce phlegme. 

Cet Acide n’agit pas avec moins 
de promptitude fur la partie huileiife 
de l’Æther, il la rôtit, il la brûle, 
rend cet Æther un peu plus épais 
qu’il n’étoit auparavant ; c’efi; cette 
Huile altérée par la chaleur qui fe 
délaye enfiüte, & donne une couleur 
citrine à toute la Liqueur. La décom- 
pofition de l’Æther efi: fi bien, faite 
dans cette Expérience, que l’Acide 
qu’on en retire n’efi; plus fumant. Il 
efi: phlegmatique, & a perdu fa cou¬ 
leur rouge ; ce Réfidu me paroît être 
de la même nature que celui qu’on 
fépare de l’Æther Nitreux, on en re¬ 
tire un phlegme acidulé qui appro¬ 
che beaucoup de la nature du vinai¬ 
gre difiillé, mais qiii'n’en efi: pas. 


146 Dissertation 

J’ai démontré affez amplement que 
toutes ces Liqueurs aceteufes n’ont 
pour toutes propriétés de vinaigre 
que l’odeur feulement, & quil feroit 
abfurde de dire que ce vinaigre eft 
formé par une tranfmutation de quel¬ 
ques-uns des Acides minéraux en Aci¬ 
de végétal. 

Revenons à notre efpece d’Æther 
Nitreux fait par le mélange dé l’Æ- 
ther Vitriolique avec l’Acide Nitreux. 
Il a fon odeur d’Æther ordinaire & 
de vinaigre radical, tirant un peu fur 
celle du Sôufre, mais cette derniere 
eft très-légere. . 

Le véritable Æther Nitreux doit 
être plus fuave, fon odeur eft fraî¬ 
che , favoneufe ; il efr bien différent 
de l’autre. 

Si l’on met de l’un & deFautre dans 
de l’eau, qu’on agite bien le tout, le 
véritable Æther Nitreux fe ramaffe 
toujours en une feule maffe de Li¬ 
queur , & l’autre fe raffemble en gros 
globules, plus reffemblans à une Hui¬ 
le effentielle qu’à de FÆther, & ne 
perd prefque rien de l’odeur qu’ilavoit 
^vant. Le véritable Æther Nitreux 



SUR l’Æ T H £ R. 147 
ne perd rien non plus de la Tienne,qui 
efl très-agréable ; ces dhîérences dans 
les odeurs ne peuvent être bien fenli- 
bles qu’aux ConnoilTeurs ; mais en les 
comparant l’ime avec l’autre, il n’y a 
néanmoins perfonne qui ne les re¬ 
marque. 

Il arrive quelquefois qu’en mettant 
de l’eau avec le faux Æther Nitreux, 
la couleur citrine fe perd entière¬ 
ment , cela vient alors de ce que la 
quantité d’Acide Nitreux fumant 
qu’on y a mife, n’a pas été affez gran¬ 
de pour rôtir fuffifamment l’Huile de 
Vin contenue dans l’Ætlier. 

Je n’ai pas pouffé mes Obferva- 
tions plus loin fur la différence qu’il 
y a entre ce faux Æther Nitreux & le 
véritable, j’ai cependant été bien aife 
d’infiffer pour faire voir que cette 
différence eff affez grande pour qu’on 
fe mette en garde contre la cupidité 
de ceux qui voudroient en faire ufage, 
& pour faire voir auffi au Chymifte, 
dont j’ai parlé dans le Difcours Hif- 
torique , que c’eff fans fondement 
qu’il a voulu inffnuer dans le. Public 
que je faifois mon Æther Nitreux de 
façoq* O 


14S Dissertation 

Après avoir prouvé par un grand 
nombre d’Expériences que TÆther 
& rEfprit de Vin ne font qu’une feule 
& même chofe, & qu’ils ne différent 
que .par le dégré de concentration de 
la partie fpiritueiife & inflammable, 
( piiifque Tune & l’autre Liqueur prq- 
duifent les mêmes effets, mais relati¬ 
vement à leurs degrés d’évaporabili- 
té , qui efl bien plus - marquée dans 
l’Æther.) Pré’fentement je vais exa¬ 
miner les effets de l’Æther far diffé¬ 
rentes fubftances tirées des trois Ré¬ 
gnes ; pour cela j’ai rangé ces matiè¬ 
res par ordre alphabétique, afin de 
rendre ce travail moins embarraf- 
fant. Toutes les drogues fimples ont 
été employées féches. Je n’ai fait au¬ 
cun effai fur les plantes vertes, ce qui 
cependant n’auroit pas été moins cu¬ 
rieux,&auroitdoni:£ lieu de confron¬ 
ter lesréfiiltats qu’auroient donné ces 
matières prifes flans différens états : 
mais ce travail eff déjaaffez confidé- 
ble;je laiffe ces doubles Expériences 
à quiconque les voudra faire. 

J’ai déjà dit ailleurs que je ne me 
fuis fervi que d’Æther très-reêhfié 


SUR l’Æ T H E R. 349 
pour faire mes Expériences ; c'efl^ le 
même que j’ai employé pour faire 
celles-ci. Je fais cette remarque parce 
que j’en ai répété plufeurs avec cle- 
l’Æther qui étoit moins redifié, & 
j’ai eu des produits bien diiférens ; 
c’ef-à-dire, qu’avec de l’Æther mal 
redifîé, on* extrait de quelques-unes 
des matières décrites ci-après , 
des teintures prefque aulîi char¬ 
gées que fl elles étoient faites avec 
de l’Elprit de Vin pur , tandis qu’a¬ 
vec de l’Æther très-redifié on ne tire 
prefque rien de ces mêmes fubfances. 
La propriété que l’Æther a de nager 
fur l’eau eft une preuve fort, équivo¬ 
que pour juger de fon dégré de redi- 
fication, comme je l’ai fait voir pré- 
cédeaiment. 


Dissertatio^t 


ÉTAT 

'des MATIERES Mine RALES, 
Vigêtales & Animales , rangées par 
ordre alphabétique, fur lefquelles VÆ~ 
ther Vitriolique a été ejfa^é , foie pour 
la diffoudre entièrement , foit pour eit 
extraire la teinture feulement. 

_Àbsynthe, (Les feuilles d’)rÆ* 
ther en tire promptement une tein¬ 
ture verte. 

^ Accacia, (Le fuc d’) il ny fait 
rien, même par le féjour. 

Agaric , il en tire promptement 
une teinture citrine. 

Aloès , il en tire d’abord ime tein* 
ture très-légere, qui par le féjour ne 
devient que comme une teinture d’or. 

Amandes douces , il ny fait rien 
d’abord ^ & très-peu de chofe par le 
féjour. 

Ambre gris, il en tire rapide¬ 
ment une teinture citrine, & le dif- 
fout prefque entièrement par le fé- 
joilTo 



SUR l’Æ T H E R. 151 

Angélique , ( La femence d’) ne 
donne prefqiie point de teinture d’a¬ 
bord , ét par le féjoiir la Liqueur n’ac¬ 
quiert qu’une legere couleur citrine. 

Anis , ( La femence d’) fait d’a¬ 
bord une teinture laiteufe, & par le 
féjoiir eile devient un peu plus char¬ 
gée que la précédente. 

An T IM 01 NE , il précipite en blanc 
la diffolution du Régule d’Antimoine 
faite par l’eau Régale : il ne fait rien 
au Soufre doré d’Antimoine. 

Argent , il précipite en blanc la 
diffolution d’argent de Coupelle faite 
•par l’Elprit de Nitre, fans en rien re¬ 
tenir. 

.,.Arum , (Racine d’) il eh tire peu 
de chofe d abord, de même par le 
féjour. 

]B Aume de Canada ,*il eft diffout 
fur le champ, cette folution eff tranf- 
parente. 

Baume de Copahu, Idem. 

Baume de la Mec q , il eft diffout 
fur le champ, mais cette folution eft 
un peu louche ; il fe forme par le fé- 
^our un très-leger dépôt blanchâtre, 
G iv 


J‘ji Dissertation 

de meme que lorfqu’on le fait dilTou-i 
dre dans de rEfprit de Vin. 

Baume noir du Pérou, il eft 
difîbiit fur le champ, & laiffe dépo- 
fer une matière noire adhérente à la 
bouteille. 

Baume sec du Pérou, il elî: dif- 
fout promptement, cette foliition eB: 
un peu louche ; il fe précipite une 
matière blanchâtre. 

Bayes de Genievre entier , 
rien d abord, il n’en tire qu’une le- 
gere couleur citrine par le féjour. 

Bayes de La urier , il agit fur le 
champ, la teinture eB citrine, & n’en‘ 
tire prefque rien de plus par le féjour. 

Bdellium , une legere couleur 
citrine d abord, qui fe charge peu 
par le féjour; la diBblution de cette 
gomme n’eB point complette. 

Benjoin, il le diBbut prompte¬ 
ment , & la teinture n’eB: giiere co¬ 
lorée. 

Blanc de Baleine, il le diBbut 
en grande partie, enfuite il le dépofe 
fous la forme d’une criBallifation, fi 
on le laiBe tranquille. 

Bleu de Prusse , il n’en tire qu’u¬ 
ne legere teinture. 


SUR L’ÆT H E R. 153 
Bois d’Aloès râpé, il en tire 
une teinture citrine qui n’augniente 
pas beaucoup par le féjour. 

Bois de Buis râpé , il n a rien 

tiré, même par le lëjour. 

Bois de Gayac , la teinture quil 
en tire eft infiniment moins chargée 
que fl elle étoit faite avec de l’Efprit 
de Vin. 

Bois de GENiEVRE,prefque rien, 
même par le féjour. 

Bois Néphrétique , il n’a rien 
tiré , même par le féjour. 

Bois de Rhodes, une teinture 
très-légere fur le châmp qui n’au¬ 
gmente guère par le féjour. 

Bol d’Arménie , il n’a point fer¬ 
menté avec, & n’a procuré aucune 
couleur. 

C Achou brute, il n’en tire qu’u¬ 
ne légère couleur jaune d abord, & 
qui n’augmente guere par la fuite. 

CAMOMiLLERoMAiNE(Fleursde) 

une très-légere couleur citrine, le 
féjour n’a prefque point fait de diffé¬ 
rence. 

Camphre, il le diffout tres-rapi- 

Gv 



J ')4 I^ISSERTATION 
dement fans rien laiffer précipiten 
Canelle , prefque point de tein¬ 
ture d’abord, & à peu près de même 
par le féjour. Il précipite la teinture 
de Canelle faite par l’Efprit de Vin, 
fous la forme d’une poudre d’un 
beau rouge fans prefque en retenir 
de couleur. 

Cantharides ,(Les Mouches) 
très-peu de couleur d’abord, & par 
le fjjour une très-legere couleur 
verte. 

Casse , ( La Pulpe de ) n’a d’abord 
rien communiqué, & par le féjour 
une très-légere couleur de paille. 

Castor, il en tire une teinture 
rouge a’abord, cette teinture ed très- 
chargée par le lé jour ; mais elle ne 
i’ed; pas autant que lorfqu’elle ell 
faite avec de l’Elprit de Vin. 

Carmin , n’a communiqué qu’une 
très-légere couleur rouge, & la pou¬ 
dre s’efl précipitée. 

Carvi , ( Semence de ) prefque 
rien , même par le féjour. 

Chamœdrix, (Les feuilles de) 
ont communiqué une teinture verte 
fur le champ, mais cette teinture eft 


SUR L’Æ T h E R. ï 5«Ç 
moins colorée qu’avec de rEfprit de 
yin. 

Cire blanche, il la délaye peu 
à peu, & forme une diffolution trou¬ 
ble qui reffemble à du lait. 

Cire jaune , il femble qu’il agit 
plus vite fur celle-ci que fur la cire 
blanche ; la diiTolution ell trouble 
comme la précédente , & l’Æther 
retient une très-legere couleur ci- 
trine. 

Cochenille , n’a communiqué 
aucune teinture, même par un féjoiir 
affez long. Il précipite fous la forme 
d’une poudre rougeâtre la teinture 
de Cochenille faite par FEfprit de 
Vin, & ne retient qu’une très-legere 
couleur vineufe. De l’Huile de Tartre 
par défaillance ajoûtée à^un pareil 
mélange a fait précipiter le peu de 
teinture que l’Æther avoit retenue : 
l’Huile de Vitriol employée au lieu 
d’Huile de Tartre a fait le même effet 
fur un pareil mélange. 

Coq du Levant, n’a rien com¬ 
muniqué , même par le féjour, 

C OLAP H ANE, il la diffout promp¬ 
tement fans rien laifler précipiter, 

G vj 


1^6 Dissertation 

^ Coloquinte, très-peu de cîiofe 
d'abord, & qui augmente peu par le 
ièjour. 

CoNTRAHYERVA, ( Racine de) 
rien d’abord, & très-peu de chofe 
par le féjour. 

Corail rouge, j’en ai mis plii- 
fieurs brins dont la conleur n’a nulle¬ 
ment été altérée , même par le fé¬ 
jour. 

Coriandre , ( Semence de ) pref- 
que rien , mênîe par le féjour. 

Corne de Cerf râpée, rien, 
même par le léjour. 

Costus Arabique, (Racine de) 
prefque point de teinture d’abord, 
& très-peu de chofe par le féjour. 

. Cuivre, il tire une très-legere cou¬ 
leur bleuê de la diifolution du cuivre 
faite par l’Efprit de Nitre;mais qui efl 
rendue bien, fenfible fi on y ajoute 
cpieîque^ gouttes d Efprit,volatil de 
Sel ammoniac, alors il s’en défailk 
entièrement. 

Cumin, ( femence de) prefque rien 
d’abord , &très-peu de chofe par le 
féjour. 

Cynoglosse, ■( Racine de ) ne 


SUR l’Æ T H E R. Ï57 
Idonne aucune teinture, même par le 
féjour. 

J^Llébore blanc , ( Racine d’) 
rien d’abord, & très-peu de cliofe 
par le le jour. 

Ellébore noir, Idem. 

Elixir ViTRiOLiQUE de Myn- 
SICHT, il décharge prodigieufement 
la couleur de cet Elixir par le l'éjour. 

Encre a écrire , elle ne lui a 
point communiqué de couleur. 

Esprit de Nitre fumant, j’ai 
rendu compte de les effets furl’Æther, 
pa^e\A,^.& fuiv. 

Esprit de Tartre non-recti- 
EiÉ, il n’en tire qu’une très-foible 
couleur rouffe. 

Euphorbe, a fourni une teintU’ 
re laiteufe fur le champ,elle efl reliée 
de même par le féjour fans qu’il y ait 
eu de diffolution parfaite. 

Fenouil, (Semence de) pref- 
que rien d’abord, Sr très-peu de cho- 
fe par le féjour. 

Fer , il tire une teinture citrine 
aune forte diffolution de fer faite 


Disse ïiTATioN 

par rEfprit de Nitre ordinaire. 

Fleurs Martiales , il tire de ces 
fleurs une couleur citrine fort agréa¬ 
ble à la vue. 

CjAlanga , ( Racine de ) très-peu 
de chofe, même par le féjour. 

Garance , ( Racine de ) il en tire 
une couleur d’or d’abord, qui au- 
g mente un peu par le féjour, 

Gentianne , ( Racine de ) rien 
d’abord, & très-peu de chofe. par le 
féjour. 

Gingembre, (Racine de)peu de 
chofe d’abord, la teinture eft un peu 
ambrée par le féjour. 

Gerofle , (Cloux de ) n’ont com¬ 
muniqué aucune teinture, même par 
le féjour. 

Gomme Élemy, elle y ell dif- 
foute entièrement en fort peu de 
temps. 

Gomme Ammoniac , a donné 
une teinture laiteufe peu chargée fans 
que la diffolution fût complette. 

Gomme animee , elle s’y ell dif* 
foute promptement fans rien lailTer 
précipiter. 



SUR l’Æ T H E R. Îf9 

Gomme Arabique, rien, même 
par le féjour. 

Gomme Caragne , donne une 
teinture noire d’abord, & lailTe pré¬ 
cipiter une matière qui n’eft point 
dilToluble. 

Gomme Copal , elle blanchit d’a¬ 
bord très-légerement, elle y renfle 
prodigieufement, elle y efî: divilee 
comme par lambeaux gélatineux ; je 
l’ai mile entière ou en gros morceaux 
fans qu’il parût une diffolution bien 
marquée. 

Galbanum , la teinture efl; blan¬ 
che d’abord, elle devient citrine par 
le repos, fans qu’il y ait diffolution 
complette. 

Gomme Gutte , elle ne donne 
qu’une teinture citrine, couleur d’or; 
la gomme fe gonfle fans fe diffoudre. 

Gomme Lacqueplatte, une le- 
gere teinture citrine ; elle fe gonfle 
de même que la gomme gutte fans 
fe diffoudre. 

Gomme de Lierre , prefque rien 
d’abord, & par la fuite une teinture 
rougeâtre, fans que la diffolution foit 
complette. 


î Dissertation 

Gomme Tacamahaca, donne 
Une teinture trouble citrine d’abord ; 
ia diffolution ed: complette, il ne fe 
précipite que des impuretés. 

Graine d’Avignon entiere ^ 
n a rien donné d’abord, & par le fé-* 
jour une très-legére couleur verd⬠
tre. 

Graisse de Porc , il la pénétre 
& la délaye promptement, & forme 
une matière qui reffemble à du lait, 
& à du lait caillé lorfqu’il y a répara¬ 
tion. 

Grenades, (Les fleurs de) pref- 
que rien , & par le féjour elles n’ont 
communiqué qu’ime très-légere cou¬ 
leur de paille. 

Hématites préparée, ( La pier¬ 
re ) elle n’a rien communiqué, mê¬ 
me par leféjour. 

^ HermodaCtes , n’ont rien four¬ 
ni, même par le féjour. 

Huile d’Amandes douces, elle 
efl diffoiite fur le champ. 

Huile animale de Dippel très- 
RECTiFiÉE,il difToutfur le champ cet¬ 
te Huile,& le mélange prend une très- 


SV R l’Æ T H E R. l6l 
îegere couleur citrine ; mais quelques 
jours après cette couleur devient bru¬ 
ne, le mélange relie tranlparent ; il 
fe précipité une matière noire gom- 
meiife. 

Ce précipité mériteroit bien la pei¬ 
ne d’être examiné, car je le crois 
être le principe qui colore cette Hui¬ 
le , ce qui oblige d’employer tant de 
reélifîcations pour le féparer : com¬ 
me j’ai un travail fuivi fur cette ma¬ 
tière , j’ai déjà remarqué quelque 
chofe d’à-peu-près femblable, mais 
par une autre voie, qui m’a fait trou¬ 
ver le moyen d’avoir, avec le fecours 
feulement de deux reaifications,cette 
Huile prefque aiilfi belle quelle piiilTe 
être. L’Huile animale reailiée ainli 
très-facilement, par la nouvelle mé¬ 
thode dont je parle, a de plus la pro¬ 
priété de fe conferver limpide & blan¬ 
che beaucoup plus long-temps que 
celle qui eft préparée par la méthode 
^ ordinaire , quoi qifon lui faffefubir 
jufqu’à foixante reaifîcations, comme 
on le recommande tous les jours. 

Huile essentielle D’ANis,illa 
diflbut très-facilement. 


« 


ï(32 Dissertation 
Huile essentielle de BERCA-i 

MOTTE, Idaii. 

Huile de Cade, il la diffoiid fur 
le champ, le mélange eft tranfparent 
& d une couleur rouge foncée. 

Huile essentielle de Camo¬ 
mille ^ la dihblution eh: un peu lai- 
teiife. 

Huile essentielle de Cédra, 
elle eh dilfoute for le champ. 

Huile essentielle de Citron, 
le mélange eh un peu laiteux. 

Huile essentielle de Geniè¬ 
vre, Idem. 

Huile de Gerofles d’Hollan¬ 
de , il la dihbut for le champ. 

Huile de Lin par expression, 

ET TRÈS-EPAISSE PAR VETUSTE , eh 

dihbute for le champ, ce mélange eh 
tranfparent. 

Huile de Navette par expres¬ 
sion , elle eh dihbute for le champ. 
Huile d’Olive , Idem. 

^ Huile essentielle de Fleurs 
D Oranges 5 elle eh dihbute for le 
champ. 

Huile de Pétrol très-recti- 
FJÉE 5 elle eh dihbute plus dihicile- 


I 

SUR l’Æ T h E R. ^ 
ment qu’elle ne Tell par de lEfprit 
de Vin très-re£lifîé. 

Huile essentielle de Roma¬ 
rin, elle eft diffoiite fur le champ. 

Huile essentielle de Sabine, 
Jdcm. 

Huile essentielle dEstra- 
GON, Idem. 

Huile de Succin très-recti- 
FIÉE , il dilfout plus difficilement 
cette Huile bien reftihée que ne fait 
FEfprit de Vin très-reûifié , qui la 
diffiout fur le champ. 

Huile de Térébinthine , elle 
eft diffoute fur le champ fans rien 
troubler. 

Huile essentielle de Thym, 
Idem. 

Huile de Vitriol , j’ai rendu 
compte de fes effets , page 13 3 &fmv. 

Huile douce de Vitriol, il 
diffout fur le champ cette première 
Huile de Vin, de même la fécondé 
quoiqu’acide & fulphureufe. Ces me¬ 
mes Huiles épaiffies par vétufté ne 
font pas diffolubles avec la même fa¬ 
cilité , elles blanchiffent un pei*. 


î64 Dissertation 

^Alap , ( Racine de ) donne très-peii 
de teinture d abord, de même par le 
féjoiir. 

Indigo, il en tire une teinture 
rouge affez foncée, la matière qui 
n efl point diffoute devient prefque 
noire; fi Ton en frotte fur du papier 
blanc, elle ne donne prefque point de 
couleur ; ti 1 on en humeêle un peu 
avec de l’eau ou avec de la falive, 
& qu’on la frotte enfuite fur du pa¬ 
pier , la couleur efl plus éclatante 
que celle de l’indigo qui n’a point 
trempé dans l’Æther. 

Ipecacuana , (Racine d’) rien 
d’abord, & très-peu de chofe par le 
féjour. 

Iris de Florence, (Racine d’) 
rien, même par le féjour. 

Karabé entier , il l’écarte, en 
didout une très-petite partie qui ne 
nu communique, même par un long 
lejour, qu une teinture très-peu colo¬ 
rée ; ti de l’Æther féjourne long¬ 
temps fur du fuccin entier, il le pé¬ 
nétré de maniéré qu’il le rend à la 


SUR l’Æ T H E R, 1^5 
longue molaffe & pliant comme de la 
.cojne ; lorfqu on frotte légèrement 
entre les doigts ce fiiccin ainli ra¬ 
molli , il tombe en pouffiere : en le 
lliçant avec la bouche on en fait for- 
tir TÆther comme d’un faifceau de 
tuyaux capillaires, Ce fuçcin expofé 
à l’air redevient preiqu’aiifîi lolide 
quil étoit auparavant. 

Karabé rorphirisÉ, il en tire 
une affez belle teinture furie champ, 
mais la diffolution n’eft pas com- 
plette. 

Karabé a moitié brûlé , il en 
tire une teinture brune tres-foncée, 
qui fait un bon vernis. 

Kerjviés, 'Graines de) une très- 
légere couleur de rofes d’abord, qui 
ne devient que peu ambrée par le 
. féjour. 

Kinkina , une teinture blanchâtre 
d’abord, 8c prefque rien par le féjour, 

Lavanpe , ( Les fleurs de ) rien 
d’abord, & par le féjour une très-lé- 
gere couleur d’Olive brillante. 

Lilium de Paracelse , il en al¬ 
téré beauçoup la couleur, il fe mêle 


i66 Dissertation 
avec, & ce mélange n’a qu’une cou^| 
leur de rôles pâles. | 

Lin , ( Semence de ) la teinture ell ! 
d abord laiteufe, & elle devient un ! 
peu ambrée par le féjour. 

Laudanum liquide de Syde- Î 
NHAM , ne s’ell point mêlé avec VÆ^ 
th^, ne lui a prefquè point corn-* 
muniqué de couleur. 


le Ther 
œnomecre ; 
1 5 dégrés au 
idcirus de zé- 


A c is O U Fleur S DE Mus c ADE^: 
rien d abord, & très-peu de chofe 
par le féjour. 

Manne en larmes , elle y ell: 
redée telle que je l’avois mife fans 
rien communiquer. 

^ Mastich en larmes , il a été 
dilTout très-promptement. 

Mercure, (La dilTolution de) 
faite par l’Efprit de Nitre, ell préci¬ 
pitée en jaune couleur de turbith. 

Mercure sublimé corrosif,* 
demie-once d’Æther dilTout un gros 
& dix-huit grains de ce fublimé alfez 
promptement, avec un très-leger 
mouvement d’effervefcence ; fi ony 
ajoute du Sel ammoniac non-purihé, 
& bien féçhé ^ il fe fait lui précipité 


SUR l’Æ T H E R, 167 
blanc ; fi on continue d’çn ajouter on 
parvient à faire précipiter tout le fu- 
blimé corrolif que FÆther aveit dif- 
fout, fans quil retienne rien du me-' 
lange en didblution ) c’eft un précipû 
té blanc fait à fec, parce que l’Æther 
n ed: pas un véhicule propre à le dé¬ 
layer , ni à tenir le Sel ammoniac en 
dilfolution ; ainfi on peut dire, le Sel 
ammoniac a plus d’affinité avec le fii- 
blimé corrolif, que le fublimé corro- 
fif n’en a avec l’Æther Vitriolique. 

Si ,à de la didblution de fublimé 
corrolif faite par FÆther, on ajou¬ 
te de FHuile de Tartre, il fe fait un 
beau précipité, couleur de chair, par- 
femé d’ime infinité de petits points 
rouges ; ce précipité reffemble plutôt 
à un coagulum qu’a toute autre cho- 
fe ; fi l’on y ajoute de feau pour le 
délayer, ce précipité prend par nuan¬ 
ces infenfibîes une coideur rouge 
brune foncée. 

Moutarde , ( La femence de , ) 
communique à FÆther une legere 
couleur citrine, & par le féjour elle 
devient paflablement foncée. 

Myrrhe, elle ne donne qnune 


î68 Dissertation 
t3mture citrine parle féjour fans s^ÿ 
cliffoudre. 

O Pi U M, une teinture blanchâtre 
d’abord qui ne devient par le féjour 
que très-peu colorée, en comparai- 
fon de la teinture qu’on en retire avec 
PEfprit de Vin ; l’Æther altère meme 
la couleur de l’opium, lorfqu’on l’y 
plonge, plus que ne fait l’Efprit de 
Vin, il lui donne une couleur grile 
blanchâtre. 

Opopanax , donne une très-belle 
couleur citrine d’abord qui devient 
ambrée par le féjour, lans que la dif- 
folution foit parfaite. 

Or, l’Æther s’empare furie champ 
de tout l’or diffout dans l’eau régale, 
& prend «ne belle couleur jaune ; il 
ne le laiffe pf écipiter qu’à mefure qu’il 
s’évapore, fi on laiffe faire cette éva¬ 
poration à l’air libre, mais fur l’eau 
régale ; après que l’Æther eû diffipé, 
la diffolution eff prefqiie tel qu’elle 
étoit auparavant, parce que l’or eff 
rediffout par cet acide, à mefure que 
l’Æther le dépofe pendant fon évapo¬ 
ration. 


SUR l’ Æ T h E R. 169 

J’ai mis en diiliilation au feu de 
lampe deux onces de cette teinture 
d’or, féparée exademenfde l’eau ré¬ 
gale. Après que l’Æther a été diflilié, 
une partie de For s’eft précipitée fous 
la forme d’une poudre qui a voit tout 
le brillant métallique, & qui en effet 
etpit de For reffufcité ; l’autre étioit 
f:eiaûe en diffolution par un peu d’eau 
régalé que FÆther. avoit; entraînée 
avec lui ; aucune particule d’or n’a 
monté pendant la dilHllation, comme 
quelqu’un l’a prétendu. 

On peut s’affurer que FÆther a 
enlevé tout l’or de l’eau régale en fa- 
turant cet acide savec un alkali ; s’il 
fe fait quelques précipités, c’eft qu’oii 
a mal opéré : car il ne doit rien reder 
dans l’eau régale, comme je m’en fuis 
afliiré. 

Si.Fon verfe de l’Huile de Tartre 
àffoiblie fur cet Æther;, ainfi chargé 
d’or,c& qu’on agite bien le tout, on 
s’appérçoit que FÆther a perdu fa 
belle couleur, & que For a paffé dans 
cette Liqueur alkaline fans être préci¬ 
pité fous une couleur jaune qui peu à 
peu devient légèrement purpurine. 

H 


170 Dissertation 
J’ai étendu cette Liqueur dans un peu 
d’eau, l’or ne s’eft précipité que le 
lendemain fous la forme d’une pou¬ 
dre brime. 

Il m’eft arrivé une fois dans le nom¬ 
bre des différens effais que j’ai répé¬ 
tés pour recommencer cette Expé¬ 
rience., d’avoir eu ma Liqueur alkali- 
ne teinte d’une couleur purpurine, 
fans que j’aie pu y revenir, & fans 
avoir employé autre chofe que les 
mêmes matières indiquées ci-deffus. 

Tous ces précipités lavés & féchés 
ne fulminent point, quoiqu’ils foient 
de l’or précipité par î’alkali fixe. 

Si l’on verfe de l’Efprit volatil de 
Sel ammoniac fiu: cette teinture d’or 
îethérée, il fe fait im très-beau préci¬ 
pité jaime, qui bien lavé & féché efl 
de l’or très-fiilminant. 

Tous ces phénomènes afTez remar¬ 
quables me paroifTent très-difficiles à 
expliquer ; car l’or difibut dans l’eau 
régale & précipité, par l’alkali fixe ou 
l’alkali volatil, paroît être fulminant 
à peu près également, & il efi: bien 
fingulier que lorfque ce même or a 
paffé dans l’Æther, il n’y ait que l’ai- 


SUR l’Æ T h E R. 171 
kali volatil qiii lui communique cette 
propriété en le précipitant. 

Si Ton met dé cet Æther ainfi char¬ 
gé d’or, fur une lame de fer polie, il 
la dore très-bien, & la dorure relie 
alTez long-temps malgré le fervice. 

Orc ANETtE, (Racine d’) il en tire 
fur le champ une très - belle couleur 
rouge ; j’en ai mis un gros infiifer pen¬ 
dant un jour dans une once & demie 
d’Æther, cette teinture bien tranfpa- 
rante , mife à dilliller au bain-marie, 
a lailTé dans la cucurbite une matière 
rélineufe d’un rouge brillant, indif- 
foluble dans l’Eau. 

Orseille , il n’en tire qu’une lé¬ 
gère couleur de rofe ; mais li l’Æ- 
ther ed mal rèâ:ifîé, il en tire une 
teinture aulîi chargée que li elle étoit 
feite avec de l’Efprit de Vin. 

P Areîrabrava , ( Racine de ) 
rien, même par le féjour. 

Pavot rouge , ( les Fleurs de ) 
Idem, 

Pistaches , une couleur verd⬠
tre d’abord, qui augmente par le 
féjour. 


Hij 


Dissertation 

Poivre blanc , une teinture lai- 
teuf’e d’abord, qui devient bien peu 
citrine , par la fuite. 

Poivre de Guinée , une très- 
belle couleur d’or d’abord, & qui aug¬ 
mente par la fuite. 

Poivre de la Jamaïque , une 
couleur de paille d’abord, qui de¬ 
vient verte & peu chargée par lefé- 
îour. 

Poivre long, ime teinture lai- 
teufe , qui devient à peu près de 
même que la précédente. 

PoLiPODE DE Chesne , ( RacW 
de ) par le féjour, il a donné une 
très-légére couleur citrinç. 

Poix DE Bourgogne , elle elt 
diffoute promptement, & ne laiïïe 
précipiter que des impuretés;. 

Poix NoiRE,elle donne une forte 
teinture noire fur le champ, & laiffe 
précipiter un léger dépôt de la lÀè- 
me couleur. 

Poix RÉSINE , elle ed: diffoute 
pfomptement, & ne laiffe précipiter 
que des impuretés, 

Ptrethre , (Racine dç ) par le 
féjour elle a donné une très-légére 
couleur citrine. 


s t 7 R L*Æ T h Ë R. Ï73 

I^Egltsse, (Racine de) une légère 
couleur, qui devietit un peu citrine 
par le féjoiir. 

Rhue , (les feuilles de ) donnent 
une très-belle teinture verte, il altère 
un peu la couleur des feuilles. 

Rhubarbe , n’a donné qu’une 
couleur citrine , affez 'foible en corn- 
paraifon de ce qu’elle donne dans 
î’Efprit de Vin. 

Romarin , ( les feuilles de ) une 
légère couleur verte d’abord , qui 
fe fonce peu à peu, mais moins qu’a¬ 
vec l’Efprit de Vin. 

Rb UC O U, il en tire fur le champ 
une forte teinture rouge, couleur de' 
Saffran. 

Roses rouges de Provins, 
elles perdent promptement leur cou¬ 
leur fans la communiquer à l’Æther ; 
fl on y ajoute de l’huile de Tartre , 
il fe précipite une matière gluante 
& les feuilles verdiffent un peu. 

iSabîNe( les feuilles de ) ne don-' 
nent prefque point de teinture d’a--^ 
bord , peu à peu elles donnent iiiie 
H iij ' 


174 Dissertatioi* 

couleur verte, mais infiniment moin¬ 
dre qu avÊç de FEfprit de Vin. 

Saffran Batar, ou fleurs de 
Cartame , une très-légere couleur 
d’or qui n’augmente guéres parle fé- 
jour. 

Saffran Gatinois, il n’en tire 
qu’une légère couleur ambrée 5 & il 
altère beaucoup la couleur des éta¬ 
mines ; il précipite fous lafprme d’u¬ 
ne matière gommeufe liquide, la tein¬ 
ture de Saffran faite par l’Efprit de 
Vin, & n’en retient qu’une légère 
couleur ambrée, 

Sagapenum , ne fournit par le fé^ 
jour 5 qii’ime teinture légère , cou¬ 
leur de pRille fans que la diffolutioa 
foit parfoite. 

S4.NDARAC , il eff diffoiit entiére- 
ment en fort pen de temps. 

Sang de Bouçtin, ne donne 
qu’une teinttire tres-peu colorée * 
meme par Je féjour. 

Sang de Dragon,en roseaux, 
il donne une forte teinture rouge fur 
le champ mais la diffplutipn n’eff 
pas cpmplette. 

Santal Citrin , (Bpisde ) pres¬ 
que rien j n\ême par le féjour. 


SUR l’Æ T h E R. 175 

Santal rouge, ime belle cou¬ 
leur diin rouge pâle qui n’augmente 
guérespar la fuite. 

Sassafras , rien d’abord , & par 
Je féjour une légère couleur de paille 
ambrée. 

Savon blanc , il le pénétre lé¬ 
gèrement d’abord, & par le féjour il 
n’y feit prefque rien. 

SCAMMONÉE, fait ime teinture 
laiteufe, qui devient ambrée par le 
féjour fans que la diffolution foit 
çomplette. 

Sel VOLATIL de Succin cris- 
talisÉ , il n’a auciui accès fur ce Sel. 

Sels volatils ürineüx , il fait 
criftallifer c^ Sels (Mous dans l’eau, 
bien moins cependant que ne le fait 
l’Efprit de Vin. M. Pott dit à cette 
occafion (jifil ne forme point avec 
eux un Sel fecret de Glauber, je ne 
Fai point eôâyé. 

Le même M. Pott a remarqué , 
i^pcLge \ % de. fa Diffcrtaüon ,) que fi 
on approche deux vafes Fun contre 
l’autre, l’im d’Æther, & Fautre d’Ef- 
prit volatil de Sel ammoniac, les va¬ 
peurs qui s’en exhalent en fè joignant 
Hiv 


176 Dissertation 
font une fumée très-vifible, mais cette 
Expérience réuffit mieux fi l’on met 
l’embouchure d’un flacon d’Æthér 
dan^Tin Verre iqui contienne de TEf- 
prit volatil, ou bien l’effet efl encore 
plus fenfible fi vous verfez dans un 
flacon un peu élevé qui contienne de 
fÆrher, de J’Efprit volatil ; alors il 
s’élève une fiimée blanche, fprt'épâif- 
fe, qiii remplit entièrement le flacon. 
Les eÿîrits de corne de eerfy de fàng 
humain, de foie crue, de ^viperes, 
font le même effet, & je crois que 
tous les Efprits volatils tirés du Régne 
animal le féroient également. 

Sel sédatif cristalisé, il ne 
fait rien fur ce Sel, & ce Sel ne com-^ 
munique rien à fa flamme, comme ij 
fait a celle de l’Efprit de Vin ; fur la 
fin cependant il paroît que la flamme 
efl un peu cqlorée. 

^ Semen contra , prefque rien 
d abord, par le féj ourla teinture efl 
d’une légère couleur ambrée. 

Squine , ( Racine de ) rien ^ même 
par le féjour. 

Soufre, (Fleurs de) rien, même 
parle féjour. : 


SUR T H E R. 177 

- Syrop VIOLAT , il ne change 
point la couleur du Syrop violât : s’il 
ell arrivé à M. Poît de Yoir que l’Æ- 
ther rougiffoit ce Syrop, cela ne peut 
venir que de ce qu’il s’ell fervi d’un 
Æther, qui apparemment n’étoit pas 
fl bien redifîé que le mien. Vfti 
Dijfertation J page 168 . 

"V"ErmiLlon ou Cinabre prépa¬ 
ré , il n’en tire aucune couleur. 

Vinaigre de Saturne , il le pré¬ 
cipite en blanc. 

Il réfulte de ces Expériences que 
l’Æther n’eft point une menftrue qui 
foit univerfellement propre à extraire 
& à diflbudre toutes les fubftances 
utiles des végétaux & des animaux , 
comme pluheurs Chymifles l’ont 
avancé affirmativement ; il agit fur 
ces mixtes fuivant leur nature, & 
femblable aux autres Liqueurs, il n’a 
d’autres propriétés que celle d’extrai¬ 
re & de diffoudre des corps les fiib- 
ftances qui lui font analogues ; mais 
la facilité avec laquelle il diffout la 
plûpart des Huiles graffes & effentiel- 
les m’a fait appercevoir que cette Lb 
Hv 


ïjS Dissertation 
gueur poiirroit être employée avec 
fuçcès pour la compofition des ver- 
lûs, du moins le peu d’Expériences 
que j en ai faites m’ont affez bien 
réuiîi, & je fuis perfuadé que les per- 
fpnnes qui s’en occupent trouveront 
gmplement de quoi fatis&ire leur eu-? 
riof té, en failànt leurs vernis avec 
cette Liqueur. 

En réfléchilTant préfentement fur 
la propriété qu’a l’Æther de diffou- 
dre les Huiles, & fur la difficulté 
qu’il a à fe colorer par pluüeurs des 
matières qui font employées dans 
la teinture des étoffes, cela devoit 
me conduire naturellement à faire 
des tentatives pour fçavoir li cette 
Iffqueur n’auroit pas la propriété 
denlever des étoffes les taches de 
graiffe auxquelles elles font expofées 
fféquemment, & cela fans en alté¬ 
rer les couleurs, ces conjedures font 
devenues des certitudes ; mais com¬ 
me je n’ai pas pouffé ces recherches 
fort loin , je n’affure pas un fuccès 
également bon fur toutes fortes d’é-? 
toffes. Je n’ai fait mes Expériences 
que fur des taffetas très-légers que 


SUR l’Æ T h E R. 179 

l’on nomme Taffstas de Florence , demi- 
Florence , & de Tours , les couleurs 
étoient le bleu, le blanc, le couleim 
de rofe, le jaime & le violet ; les 
étoffes de drap ont été Vécarlate , U 
noir : je les ai toutes tachées féparé- 
ment avec de l’huile, du ffiif, de la 
graiffe de porc, & du cambouis, je les 
ai même fait chauffer un peu, afin que 
ces matières les pénétraffent forte¬ 
ment, j e les ai trempées enfuite dans de 
l’Æther Vitriolique bien redifié,en les 
frottant très-légérement ; lorfqifelles 
ont été bien dégorgées je les ai lavées 
dans de nouvel Æther pour achever 
de les nettoyer entièrement ; ces ta¬ 
ches graffes ont entièrement dilpa- 
ru, & les couleurs de ces étoffes 
n’avoient fouffert aucime altération | 
il n’y avoit feulement que le cambouis 
qui laiffoit appercevoir l’endroit un 
peu brun, ce qui vient de ce que 
cette matière contient du fer qui eff 
extrêment divilé par le frottement 
des roues, & l’on fçait que lorfque 
ce métal eft divifé à ce point, il eft li 
adhérant aux linges & aux étoffes 
qu’il n’y a que les acides minéraux 
H VJ 


ï8a l>srs E R T AT ï O N 
qui foient capables de Tenlever en¬ 
tièrement , & encore faut-il qu il y 
foit avec fon phlogiftique : dans ces. 
Expériences TÆther diffoiit & enleve 
radicalement la fubilance grailTeufe 
qui forme la tache, au lieu que les 
matières que Ton employé ordinaire¬ 
ment pour ceia,ne font qu’effleurer 
la fuperficie, & laifTent fubMer dans 
les étoffes le principe des taches^ 




SUR l’Æ T H E R. iS^I 


(QUATRIÈME PRODUIT. 

P H LEGUE ACIDULÉ, 

Qui yimt avec L'Æther fur la fn de fa 
DifilLation.. 

E T T E quatrième Liqueur efl 
im acide très-phlegmatique, c’eft elle 
qui monte avec une partie d’Æther 
fur la fin de fa dülillation, & immé¬ 
diatement avant le premier acide ful- 
phureux ; l’ordre dans lequel elle 
diftille pourroit la faire regarder d’a¬ 
bord comme étant une fuite de la dé- 
compoiition de l’Efprit de Vin, & fe- 
roit croire que c’eil elle qui étoit 
Facide qui lioit les autres principes 
effentiels à FEfprit de Vin ; fi cette 
Liqueur n avoit pas tous les caraôe- 
res de l’Acide Vitrioliqiie, & quoi¬ 
qu’elle ne foit point fulphureufe, elle 
doit être regardée néanmoins comme 
im acide vitriolique volatil, elle ref- 
femble à du vinaigre diftjllé, mais 
par l’odeur feulement j.elle n’en a aur 






iSi Dissertation 
cune des autres propriétés comme oïl 
le verra dans un moment. C’eft elle 
^ue je me propofe de comparer à la 
première Liqueur que j’ai retirée par 
la dilliUation du Refidu de FÆther 
filtré a travers une bouteille de grais, 
parce que non-feulement elle en a 
toutes les propriétés, mais encore 
parce quelle fuit le même ordre que 
cette Liqueur dans la dilfillation,^eGm- 
me on peut le voir dans la Table de 
la page 63. 

Comme on n’a pas beaucoup de 
cette Liqueur aqueufe acide fans 
être fulphureufe à chaque fois qu’on 
fait de l’Æther, il ell bon de- dire un 
mot des moyens dont je me fuis fervi 
pour en avoir une quantité fuffifante 
pour l’examiner d’une maniéré con¬ 
venable. 

Huit livres des Liqueurs fpiritueu- 
fes qui contenoient l’Æther, lefquef- 
les provenoient d’environ vingt li™. 
yres éElprit de Vin & de quarante 
livres de mélange ne m’en ont' laiffé 
dans la Cornue que huit onces après 
leurs reétihcations. Voyez (page 6 5 ) 
ou j ai donné la maniei e de féparet 


SUR l'Æ T h E R. 183 
les quatre premiers produits ^ de 
ce mélange qu’on a laide fe mêler 
pendant la première opération, dont 
celle - ci fait la derrdere Liqueur, 
laquelle jufques-là n’eft pas en-^ 
core exaâement femblable à celle 
que je me propofe de lui compa-» 
rer ; elle eft huileufe & acide, au 
lieu que l’autre n’a rien de ces qua¬ 
lités , elles ne fe relTemblent encore 
qu’en ce quelles font obtenues dans 
le même ordre de la diAillation, 
& qu elles ne font fulphi* eufes ni 
Tune ni l’autre. Si l’on reêlifie ces 
huit onces de Liqueur à une chaleur 
hiffifamment ménagée, & qu’elle ne 
foit point capable de faire monter 
avec elle l’huile & l’acide qui lui font 
furabondans, les deux Liqueurs fe¬ 
ront femblables, c’eft ce que je me 
propofe de démontrer par l’Expé¬ 
rience. 

Le feu de lampe m’ayant paru pli« 
propre que tout autre pour remplk 
mes vues à ce ftijet, j’ai mis ces huit 
onces de Liqueur en diftillation dans 
une petite Cornue , & j’en ai fait la 
reéhlicatian par un feu! luqiignon ; 


1^4 I S s E R TAT I O N 
ce que j’ai retiré étoit exadement 
femblable à celle que je me fuis pro^ 
pofé de lui comparer, c eft-à-dire à 
la première Liqueur féparée par la 
didillation du Réfidu filtré. L’une & 
1 autre de ces Liqueurs mêlées avec 
un peu d’Huile de Tartre m’ont four¬ 
ni du Tartre vitriolé. 

Les autres Expériences que j’ai 
faites avec ces Liqueurs, & qui font 
rapportées dans les 2^ & 3^ co- 
lomnes de la Table fuivante peuvent 
encore fervir à prouver qu’elles fe ref- 
femblent en tout, &■ qu’elles font tou¬ 
tes les deux un acide vitriolique ex¬ 
trêmement affoibli. 

Il m efl refie dans la Cornue après 
la reêfification des huit onces de Li¬ 
queur dont je viens-de parler, deux 
gros & demi d’acide vitriolique noir, 
& ne différant en rien de celui qui 
refie dans la Cornue après la diflilla- 
tion de l’Æther, & que j’appelle le 
Réfidu, c’efi une portion d’acide vi- 
triolique qui a diilillé avec l’Æther, 

& qui en fe féparant de lui par la rec¬ 
tification, s’efi recombiné pendant 
çette efpece de concentration avec 


s U R L Æ T H E R. 18 5 
une portion d’Hiiile de Vin, avec la¬ 
quelle il a formé un Bitume fembla- 
ble à çeliii du Réfïdu de rÆther , & 
tenu comme lui en dilTolution. 

Quand on mêle des alkalis a la rec¬ 
tification de TÆther, on ne s’apper- 
çoit de cet acide furabondant que 
par le Sel neutre qui en réfulte fur la 
fin de la diftillation : ce Sel efl blan¬ 
châtre parce qii alors le Sel alkali 
empêche que l’acide vitriohque ne 
porte fon aûion fur l’Huile de Vin 
pour lors elle liirnage la Liqueur, & 
elle peut être reâifiée, mais elle y efl 
en petite quantité. 



îS6 Disse 


R T A T I O N 


CJNÇIUIÉME PRODUIT. 
Premier Acide sulphureux 

VOLATIL. 

E T T E Liqueur eil celle qui fuît 
immédiatement le phlegme acidulé , 
& qui dillille avec la première Huile 
eoiice ; elle eft extrêmement volatile, 
pénétrante, fufocante, & elle ote la 
relpiration en excitant à toulîer, fi on 
la relpire un peu fort. 

J’en ai pris une pinte que J'ai par¬ 
tagée en deux parties, une portion a 
été expofée a l’air libre pour lui faire 
perdre fon odeur fulphureufe; j’en 
rendrai compte plus bas. 

J ai gardé l’autre partie dans une 
bouteille de pinte, bouchée d’un 
bouchon de Hége ; au bout de huit 
Joius il s’efi formé dans cette Liqueur 
une infinité de crifiaux femblables à 
., . fédatif; environ un mois après 
1 ai filtré cette Liqueur pour en fépa- 
rer ce Sel. En fe ffltrant elle fe crifia- 
hfoitde nouveau; j’ai mêlé enfemble 





SUR jl’Æ T h E R. ï 87 
ces Sçls lorfquijs ont été bien féchés? 
ils ont pefé vingt grains : cette eij>ece 
de Sel a une odeur affez agréable 
d’Huile douce de Vitriol, il eft d’une 
très-bele couleur argentine, luifant, 
talqueiix en apparence, doux au 
toucher, très-léger, fe délayant^tres- 
aifément dans la bouche, à la manié¬ 
ré d’une poudre, fans s’y diffoudre ; 
ces crifiaux font de petites écaill^ 
tout^à-fait femblables au Sel fé datif 
fublimé, mais fe liant enfemble de 
la même maniéré que les fleurs de 
Benjoin, Jorfqu on les prefîe entre 
les feuillets d’un livre. 

J’en ai fait diffoudre dans l’eau, ce 
qui eft difficile ; cette folution préci¬ 
pite en jaïuie la diffolution de Mer¬ 
cure* 

L’Açide Vitriolique concentré ou 
afFoihli, & l’Huile de Tartre , ne font 
rien fiur cette folution, il n y a que 
l’Acide Vitriolique qui faffe élever 
une légère odeur d’Acide Marin , 
quand on en verfe fur ces criftaux. 

Ce n’eft pas le feul exeinple que 
j’aie de ces fortes de criffallifations, 
ce mime Efprit fulphureux fur lequel 


jS 8 DiSSEîfTATTON 
nageoient quelques gouttes d’Huile 
de Vin, ma fourni dans lefpace d’un 
an une criftallifation à peu près fem- 
blable ; on ne peut attribuer cet effet 
^u bouchon de liège, comme ayant 
îourni du fien dans ces crirtallifations, 
car ce dernier Efprit étoit dans un 
ilacon bouché de cridal. 

Je crois que ces fortes de crilîalli- 
lations ne font autre chofe qu’une ef- 
pece de Sel compofé d’une-partie de 
1 Hmle de Vin avec de l’Acide Vitrio- 
hqiie, mais combiné d’une maniéré 
linguliere ; la quantité que j’en ai re¬ 
tirée n’étoit pas affez confidérable 
pour que je pulfe l’examiner plus 
amplem.ent. ^ 

Revenons à notre Efprit fulphu- 
rei^ feparé des criRaux talqueux. 

Cette Liqueur ainfi hltrée eft fort 
fiilphureufe, elle n’eR prefque point 
^ fermente point avec 
Hude de Tartre, elle altéré l’inten- 
hte de la couleur du Syrop violât en 
qualité d Acide fulphureux, & cette 
meme Liqueur rougit le Syrop violât, 
de meme que le vinaigre diffillé, lorf- 
qu on lui a fait perdre ce quelle a de 


SUR l’Æ T h E R. 189 
yolatil en 1’expofant feulement à l’air 
libre. Les autres Expériences qui ont 
été faites fur cette Liqueur qui a per¬ 
du ce qifelle avoit de volatil, font 
rapportées dans la quatrième colom- 
ne de la Table fuivante. 

Cette Liqueur fulphureufe préci¬ 
pite en blanc la diffolution d’argent, 
& la diffolution de Mercure en blanc 
fale, qui jaunit peu à peu enfuite ; 
elle précipite en blanc le vinaigre de 
Saturne. 

Lorfque cette même Liqueur a été 
expofée à l’air, & quelle a perdu fon 
odeur fulphureufe, elle n’a d’effet 
que fur le vinaigre de Saturne. 

J’ai faturé avec environ quarante 
gouttes d’Huile de Tartre huit onces 
de cet Acide fulphureux, fans qu’il 
fe foit excité d’effervefcence, l’odeur 
s’eft dilEpée très-promptement, la 
Liqueur a été évaporée à une très- 
douce chaleur ; dans le commence-' 
jnent elle répandoit une très-légere 
odeur de foufre, de viaaigre diftillé, 
& d’Huile de Vin ; environ vers les 
trois quarts de fon évaporation il 
s’eff formé une très-petite quantité 


190 Dissertation 
de dépôt qui venoit d une poftioft 
d’Hiiile qui s’en étoit féparée : j’ai fil¬ 
tré cette Liqueur ; /i on en met 
dans un verre, & que l’on verfe par- 
deflus de la difiblution de Mercure , 
il fe forme un précipité noir qui refié 
de cette couleur;on pourroit nommer 
ce précipité, Turbitk minéral noir. 

Si au contraire on verfe cette Li¬ 
queur fur la difiblution de Mercuré 
un peu concentrée , mais goutte à 
goutte, & de loin en loin, en re¬ 
muant à chaque fois , il fe fait à cha¬ 
que fois un peu de précipité noir qui 
difparoît fur le champ, & qui pafie à 
un tres-beau blanc j lorfque vous 
verrez qu il ne fe pafib plus rien dans 
la Liqueur, fl vous y verfez peu à 
peu de l’Huile de Tartre, il fe fait un 
très-beau précipité jaune. 

Mais fl fiir im pareil mélange vous 
verfez en une feule fois toute votre 
quantité d’Huile de Tartre, il fe fait 
un précipité noir qui ne change plus. 

Si vous employez dans cette der- 
mere Expérience de la difiblution de 
Mercure affoiblie avec de l’eair,^ en 
employant la même manipulation. 


SUR l’Æ T h E R. I9Ï 
le précipité qui en provient eft noir, 
il faut abfolument que la diffolution 
de Mercure foit un peu concentrée, fi 
on veut que le précipité, foit jaime ; 
car fans ces circonftances il devient 
& reile noir. 

La Liqueur remife à évaporer m’a 
fourni des criftaux de Tartre vitriolé, 
dont les uns étoient en forme de fran¬ 
ge & les autres en petites aiguilles. 
Lime & l’autre efpece de ces crif- 
taux, diflbus féparément, précipitent 
en jaune la diflblution de Mercure. 

La Liqueur remife à évaporer à 
ficcité m’a fourni une rélidence de 
Sel, toujours de la nature du Tartre 
vitriolé, qui précipitoit en jaune 
la dilfolution de Mercure, 

Si on conlidere cette cinquième 
Liqueur par rapport à l’ordre où elle 
diftille, on voit que cet ordre ell le 
même que celui de la fécondé Li¬ 
queur féparée par la diftillation du 
Réfidu filtré, comme je l’ai indiqué. 

C’eft auffi par rapport à cette ana¬ 
logie que je me propofs de les com¬ 
parer ; la plus grande diifférence qu’il 
y ait entre ces deux Liqueurs nefi 


ï92 Dissertation 
que dans lodeur^ celle qui eft obte¬ 
nue du.Réfidu non-filtré qû très-fuR 
phureufe, l’autre au contraire n’a 
que l’odeur de vinaigre diRillé : mais 
li l’on fait attention à la différente 
maniéré dont ces Liqueurs font obte¬ 
nues , on ne fera point furpris de cette 
différence, & on ne fera aucune diffi^ 
culté de ne compter pour rien cette 
odeur fulphureufe ; car pendant i8 
mois que ce Réfidu a été à fe filtrer, 
outre qu’il a laiffé dans la bouteille 
l’aliment de fa mauvaife odeur, il a 
encore eu le temps de la perdre en 
reliant expofé fi long-temps à l’air, 
& en auffi petite quantité à la fois 
qu’on peut fe l’imaginer, pour opérer 
une filtration auffi lente que celle-ci. 

Premier Acide fulphureux expofé à l’air. 

’V^oici ce que j’ai fait pour imiter 
ce qui eff arrivé pendant cette filtra¬ 
tion , reprenons pour cela notre fé¬ 
conde partie de cette cinquiénie Li¬ 
queur ; je l’ai mife dans un petit Ba- 
lon dont le col étoit tout rafe, & de 
tres-large ouverture, j’ai panché ce 
vaiffeau de côté pour éviter la poiif- 
fiere -, 


SUR L’Æ T h F, R. 195 
iiere ; au bout d un mois cette Liqueur 
avoit perdu entièrement ce qu’elle 
avoit de volatil fulpliureiix, plie n’a 
retenu que Fodeiir de vinaigre diftillé. 
Cette Liqueur étoit fenlibiement aci¬ 
de , & laiffoit un goût de Soufre allez 
défagréable dans la bouche, ce qui 
m’a obligé de la reflifîer. 

C’ell: cette Liqueur que j’ai compa¬ 
rée à la fécondé retirée du Rélidu 
filtré, les Expériences faites fur l’ime 
& fur l’autre font rapportées dans la 
quatrième & cinquième colomne de 
la Table fuivanté, que l’on peut con- 
fulter. 

J’ai déjà dit dans cette DifTertation, 
& dans le Mémoire que j’ai eu l’hon¬ 
neur de lire à l’Académie, fur cette 
matière, que fi on pouffe par la dif- 
tiliation ce Réfidu à ficcité, tout ce 
qui en provient eft volatil & fulphu- 
reux, depuis le commencement juf- 
qu’à la fin de l’opération ; mais on 
doit bien fentir que c’eft dans le cas 
d’une diffillation fuivie à l’ordinaire, 
c’eff-à-dire les vaiffeaux lutés comme 
de coutume ; car fi cette diffillation 
fe fait â feu lent, & dans des vaifléaux 
I 


î94 Dîssertation 
mal lutés, il arrive ce qui eft arrivé à 
notre Liqueur filtrée à travers la bou¬ 
teille , & à celle qui a été expofée 
iong-temps àlair, cefi-à-dire quelle 
perd ce qu’elle a de fidphureux vola¬ 
til , a mefiire qu’elle difiille ; fi chaque 
goutte refie quelque temps au bec de 
la Cornue, c’efi une goutte ifolée qui 
préfente beaucoup de furface, & qui 
a le temps de perdre tout ce qu’elle 
a de fulphureux ; cet acide efi fi vo¬ 
latil qu’il fe difiipe très-aifément, mê¬ 
me à travers les jointures des vaif- 
feaux les mieux lutés. 

Il y a donc plufieurs moyens d’ob¬ 
tenir ce prétendu vinaigre qu’on re¬ 
garde mal-à-propos comme une tranf- 
mutation d’acide. 

On obtient ces faux vinaigres : 

1°. Immédiatement après la dififi- 
îation de l’Æther. 

2°. Du premier Efprit fulphureux 
expofé à l’air. 

3 En difiillant à feu lent le Réfidu 
refié dans la Cornue immédiatement 
après la difiillation de l’Æther. 

4°. Du Réfidu filtré à travers une 
bouteille de grais. 


SUR l’Æ T h E R. 195 
On verra dans une Table ci-après 
toutes les Expériences que fai faites 
pour comparer avec le véritable vi¬ 
naigre diltiilé ces Liqueurs, de mê¬ 
me que le phlegme fulphureux retiré 
du Turbith minéral, & le prétendu 
vinaigre retiré du Réfidii de TÆther 
Nitreux. J’efpere que ces Expériences 
démontreront que toutes ces Liqueurs 
ne relTemblent à l’acide végétai que 
par des apparences fauffes & trom- 
peufes, dont un Chymilte éclairé , 
attentif & de bonne foi, ne peut ja¬ 
mais être la dupe. Mais avant d’ex- 
pofer cette Table d’expériences, il 
faut dire fur le phlegme du Turbith 
minéral quelque choie de plus que je 
n’en ai dit. 

Turbith minerai ordinaire. 

Tai mis dans une Cornue de verre 
huit onces de Mercure revivifié du 
Cinabre, & douze onces d’Huile de 
Vitriol ; la Cornue a été placée fur un 
bain de fable, il a diftillé, comme on 
fçait, un Efprit fulphureux très-vola¬ 
til , cette Liqueur a parfaitement l’o¬ 
deur de l’Acide Marin ; fi on flaire 
lij 


rHegmc aci¬ 
dulé retiré de 
l’Acide ful- 
pluireux pro¬ 
venant du 
Turbith mi¬ 
néral. 


196 Dissertation 
l’eiilemeiit le bouchon du flacon de 
criftal dans lequel -elle eft contenue, 
cette propriété indique déjà un com¬ 
mencement de reiTemblance du p^eg- 
me de Turbith avec certains acides 
fulphureux que j’ai retirés par la dif- 
tiilation du Réfidu de l’Æther filtré, 
& que j’ai retrouvés depuis dans d’au¬ 
tres occafions, comme on le fera re¬ 
marquer lorfque nous parlerons de la 
huitième Liqueur, lel'quels préfentent 
le même phénomène. 

J’ai mis cette Liqueur en diflillation 
au feu de lampe, & je l’ai concentrée 
avec un feul lumignon, afin de ne 
faire monter dans la diflillation qu’un 
phlegme que je piifTe comparer aux 
Liqueurs en quellion ; car fans ces 
précautions,, 011 fent parfaitement 
qu’une chaleur un peu plus forte aii- 
roit fait difliller auhi de l’Acide Vi- 
triolique, ce qui auroit rendu la com- 
paraifon incertaine. Il a diflillé une 
Liqueur qui avoit déjà perdu de fa 
mauvaife odeur, & n’avoit que celle 
de l’Acide Marin ; je l’ai laiffée pen¬ 
dant un mois expofée à l’air libre, 
afin de lui donner le temps de perdre 


SUR l’Æ T h E R. T97 
entièrement fon odeur fulphureiilb, 
en prenant cependant toutes les pré¬ 
cautions néceffaires pour éviter la 
pouffiere ; au bout de ce temps cette 
Liqueur n avoit pour toute odeur que 
celle de FAcide Marin ^ mais allez 
foible ; elle avoit une faveur à peu 
près auffi acide qu^® vinaigre diilillé 
ordinaire , qui n elT pas concentré. 
La comparaifon de ce phlegme -aci¬ 
dulé avec les autres Liqueurs eft rap¬ 
portée dans la fixiéme colomne de la 
Table fuivante. 

Toutes ces obfervations prouvent 
clairement que les acides qui ont une 
odeur fulphureufe, la perdent très- 
facilement à caufe de la grande vola¬ 
tilité du principe de cette odeur, & de 
fon peu d’adhérence. Ils femblent ne 
retenir que celles qu’ils doivent à une 
combinaifon plus intime du phlogifti- 
que pur ou combiné avec d’autres 
fubftances ; ce qu’il y a de certain 
c’eft qu’il n’eft pas bien difficile de 
donner ainfi aux Acides, pour ainli 
dire, tel odeifr qu’on juge à propos. 
J’ai obfervé que- l’Acide Vitriolique 
uni en même-temps au phlogiftique 
• liij 


19^ Dissertation 
du fer, & à du borax prend Fodenr 
de i’Acide Nitreux : il rn eft arrivé 
plufieurs fois de remarquer cette 
odeur en faifant du Sel fédatif dans 
des vaifîeaux de fer ; mais il y a bien 
loin de là à une tranfmutation réelle 
& effedive de^cides, je ne la crois 
pas moins difîi|fift que celle des mé¬ 
taux. 

Voici la Table que j’ai annoncée, 
dans laquelle j’ai mis une colomne 
pour le faux vinaigre qu’on retire du 
Réfidii de l’Æther Nitreux, dont je 
parlerai en fon lieu ; je l’ai placé ici 
d’avance à caufe de la reffemblance 
qu’il y a entre tous les Acides qui y 
font comparés les uns avec les autres. 


TABLE DE COMPARAISON DE TOUS LES PHLEGMES ACIDULÉS 

AVEC LE VINAIGRE DISTILLÉ ORDINAIRE ET TRÈS-PUR. 


Page ic)8 


Premier Acide fulphure 

■luiadiftillé après l’Æther, 
& qui a perdu fa mauvaife 
odeur après avoir été ex- 
pofé long-temps à l'air, & 
qui fait la cinquième Li. 
queur. Ttgt ipz. 


MATIERES 


Phlegme acidulé qui 
'“^c l'Ætlier , fur la fin 
la diftillation , ce qui 
: la quatrième Liqueur. 
Page 1S4. 


Première Liqueur retiré 
par la dilUllation du Réfi- 
du filtté, ôc qui reflemble 
à la quatrième Liqueur. 
P4gt 1S4. 


_ Liqueur retirée 

duRèfidu filtré, ôc qui ref- 
lêlllble à la cinquième LL 


Phlegme acidulé retiré de 
l'Efprit fulphureux duTur- 
bith minéral. Pagt ijS. 


Phlegme acidulé retiré du 
Réfidu de l’Æther Ni- 
P-age }Of. 


Vinaigre diftillé ordinaire 
très-pur , 8c qui fert de 
comparaifon avec toutes. 
Liqueurs. 


Le Syrop vioUt. 

L’Huile de Tartre par dé¬ 
faillance.1 

L’Efprit volatil de Sel am¬ 
moniac. 

L’Acide Vitriolique alFoi- 
bli ou concentré. . . . 

L’A eide ïlitreux. 

La dilTolution de Mercure 
dans l'Efprit de Nitte. 

L’Eiprit de Sel. 

L’Eau de chaux. 

Le 'Vinaigre de Saturne . 


Idem. . 
Idem. . 
Idem. . 
Idem. . 
Idem. . 
Idem. . 


Idem: ..._ 


Idem. . 
Idem. . 
Idem. . 
Rien. . 
Idem. . 
Idem. . 


La difiôlntion d'argent 
de Coupelle dans l’Efprit 


Un précipité blanc fale, il 
a relié deux jours fufpen- 
du , au bout duquel temps 
il s’ell ralTemblé. Expolé 
au feu, il devient d’a'oord 
adhérent au verre, 8c alTez 
refièmblant à de la lune 
cornée, mais enfuite il de¬ 
vient d’une couleur rouge 
brane foncée. 


Idem. . 
Idem. . 


Idem. . . 
Idem. . . 


Augmente l’odeur de vi¬ 
naigre diftillé;. 

Idem . 


idem. . 
IiUm. • 
Idem. . 


Ptécipite en blanc â peu 
pies de même que TAcide 
Vitiolique alToibli. 


De même qu’à la féconde 


Elle la blanchit fi peu 
qu’on ne peut s’en apper- 
cevoir qu’en la comparant 
plus blanc. . 


Fait eiîetvefcence. . 

Uem .. . . 

Idem . 

Idem. . . . . 

Idem. . 


L'Acide Vitriolique concentré précipite en hlanc la dijfolution dargent y ce préàfîti bien lavé , expafé au feu , efi un peu moins rouge que les-précédens.. 










































































SUR l’Æ T HE R. 199 
Après les Expériences de compa- 
raifons faites fur toutes ces Liqueurs, 
& expofées dans la l’able ci-delTus, 
j’aurois fouhaité pouvoir les exami¬ 
ner chacune à part par voie de fatu- 
ration avec du Sel de Tartre très- 
pur ; mais comm^ il ne m’en reftoit 
que très-peu de chacune , & que j’a- 
vois remarqué û peu de différence 
dans toutes les Expériences qui vien¬ 
nent d’être rapportées, j’ai mêlé ce 
qui m’en reçoit de chacune, 

S ç A V O I R , 

De la 2® colomne deux onces 3 gros. 


De la 3^. . . . une once 4 gros. 

De la 4®.deux onces 5 gros. 

De la 5®.une once 4 gros. 

De la 6^... ..4 gros. 


Ce qui fait en tout huit onces qua¬ 
tre gros de Liqueur que j’ai fatiirée 
avec un peu d'Huile de Tartre très- 
pure ; il s’ed; excité une très-légere 
ébullition qui renvoyoit une foible 
odeur femblable à celle de la Terre 
foliée, il ne m’a fallu que vingt-qua¬ 
tre goj-ittes d’Huile de Tartre pour 
faire cette faturation. 

I iv 






200 Dissertation 

Pendant l’évaporation de ce mé¬ 
lange il ne seû exhalé qii une odeur 
d’Huile douce, & de phlegme d’Eau- 
de-yie ; j ai pouffé l’évaporation juf- 
qu’à ce que la Liqueur fût réduite à 
une once > j ai laiffe cette Liqueur en 
repos pendant vingt-quatre heures, 
elle m’a fourni une criffalüfation va¬ 
riée , dont les criffaux étoient abfo- 
lument femblables à ceux que m’ont 
produits la fécondé & la troifiéme 
Liqueur ; les uns étoient longuets en 
petites aiguilles, les autres reffem- 
bloient à de la frange, il y en avoit 
vingt-quatre grains ; ils étoient fklis 
par un peu d’Huile de Vin qui s’eff def 
féchée, & qui leur donnoit une odeur 
approchante de celle qu’a l’Eau-mere 
du Tartre vitriolé fait avec ce Réfidii 
hltré & non-hltré. 

La folution de ces criffaux préci¬ 
pite en jaune la diffolution de Mer¬ 
cure. 

J ai continué de faire évaporer 
jufqu’à ficcité , la Liqueur féparée 
de ces criffaux à une très-lente 
chaleur ; pendant fon évaporation 
elle a dépofé quelques gros criffaux, 


SUR L’Æ T h E R. 201 

mais pareils aux précédens, lé relie 
étoit conHis par le genre d’évapo¬ 
ration , & ne faifoit qu’une mafle, 
quelle avoit une couleur roiilTe , 
d’une odeur d’ail, de fromage de 
gruyere, qu’il n’elt guere polTible de 
définir. 

J’ai fait fondre à froid cette malTe 
faline dans fulîifante quantité d’eau , 
il y avoit au fond de la Liqueur de 
petits crillaux en aiguilles qui ne fe 
font pas diffoiis, & qui font de véri¬ 
table Tartre vitriolé. 

Cette Liqueur verdit le Syrop vio¬ 
lât : fl on en verfe goutte à goutte 
fur une dilToliition de Mercure, ou 
bien de la dilTolution de Mercure fur 
cette Liqueur, il fe fait un précipité 
blanc, qui, expofé à l’air pendant 
une demie-heure ou pendant un inf- 
tant à une très-legere chaleur, de¬ 
vient ainli que la Liqueur d’une très- 
belle couleur jaune , femblable au 
Turbith minéral. 

Si on verfe en une feule fois partie 
égale de cette Liqueur fur une dilTo- 
lution de Mercure, ou la dilTolution 
de Mercure^fur cette Liqueur, dans 

Iv 


20 i Dissertation 
run & l’autre cas il fe fait un précipité 
noir, qui ne change plus de couleur 
quoique chauffé ou expofé à l’air. 

Turbith minéral blanc» 

Si à une diffolution de Tartre vi¬ 
triolé vous ajoutez de l’Efprit de Vi¬ 
triol , que vous verfiez fur cette Li¬ 
queur une diffolution de Mercure 
dans l’Efprit de Nitre, il fe fera un 
précipité blanc, qui, quoique lavé & 
expofé à l’air, ou chaude, refte blanc ; 
fl on y ajoûte de l’Huile de Tartre, il 
prendra une couleur jaune, plus ou 
moins foncée, fuivant la quantité que 
vous en aurez mife ; ou bien, fi vous 
aimez mieux précipiter par fEfprit 
de Vitriol la diffolution de Mercure 
dans l’Efprit de Nitre, il fe fera un 
précipité blanc qui ne change point 
non plus, & foudre les mêmes Expé¬ 
riences que le précédent ; &. fi vous y 
verfez de l’Huile de Tartre, les mê¬ 
mes chofes arrivent, il devient plus 
ou moins jaune, relativement à la 
quantité d'Huile de Tartre qu’on y 
ajoute. 

Les Expériences qui Viennent d’ê- 



SUR l’Æ T h E R. 20^ 
tre rapportées prouvent démonftra- 
tivement que tous ces Acides qui ref- 
l’emblent par leur odeur au vinaigre 
didillé , n’ont cependant avec cet 
Acide végétal rien de commun que 
cette odeur, & qu’ils font tous au 
contraire un Acide Vitriolique feule¬ 
ment un peu déguifé, & qui conferve 
fes propriétés elfentielles , puifqu’il 
fait du Turbith minéral & du Tartre 
vitriolé. Ces Expériences , dis-je , 
m’ont convaincu en même-temps que 
j’étois dans l’erreur, lorfque j’ai avan¬ 
cé dans le Mémoire que j’ai lu à l’A¬ 
cadémie , que ces mêmes Acides m’a- 
voient donné de la Terre foliée. La 
trop grande quantité d’alkali, jointe 
à l’irrégularité de la cridalilation, & 
à la prévention que m’avoit donnée 
l’odeur impofante de ces Acides, ren¬ 
voient induit en erreur. Je me fais 
donc un devoir de me retrader fur 
cet Article, dès-lors que je recomiois 
que je me fuis trompé. Ne puis-je 
point après cela reprocher légitime¬ 
ment à l’Artifte , qui fans avoir jamais 
rien écrit fur cette.matière, a nean- 
îïioins revendiqué mon Mémoire, & 


204 Dissertation 


fmgulierement cet endroit qu’il a le 
plus à cœur, d’avoir en même-temps 
revendiqué mes erreurs par l’efFet de 
la finguliere manie qui le poffede, 
de vouloir s’approprier tout ce que 
l’on dit de nouveau dans la Chyrnie, 
& de prétendre, mais toujours verba¬ 
lement , avoir fait les découvertes, 
généralement quelconques, paffées, 
préfentes, & à venir ? 



SUR l’Æ T H E R. ID^’ 


SIXIÈME PRODUIT. 

P RE M ï £ RE Hu I LE DOUCE 

DE Vitriol. 

J’A U R OI s pû confondre ici k 
première & la fécondé partie dé 
l’Huile douce de Vitriol qu’on retire 
en diltillant le mélange de l’Huile de 
Vitriol avec l’Efprit de Vin, parce 
qu’elles font effentiellement une feule 
& même fubUance, c’eft-à-dire l’Hui¬ 
le principe de l’Efprit de Vin, qui en 
ell: féparée par l’Acide Vitrioliqiis. 
Mais comme celle qui monte la pre¬ 
mière ne lailTe pas que de différer de 
la fécondé par plufieurs propriétés 
remarquables , je crois qu’il eff plus 
exaâ: de parler féparément de l’une 
& de l’autre. 

La première monte, avec l’Æther 
fur la fin de fa diffillation, elle eff 
moins chargée, d’Acide que la fécon¬ 
dé , elle eil tenue en diffolution par 
l’Æther avec lequel elle s’eff élevée.; 
OH l’en fépare, ou par une très-lente 



2o6 Di s sertation 
reclification, ou en laiflant évaporer 
àlair libre & fur la fiirface de l’eau, 
l’Æther qui en eft chargée ; après 
l’évaporation de l’Æther on voit na¬ 
ger cette Huile fur l’eau, elle eft aflez ! 
blanche, fluide, inflammable, relTem- j 
blante à une Huile elTentielle, & d’une j 
odeur très-fuave. 

Lorfqu’on veut la féparer de l’Æ- 
ther, fans cependant rien perdre, il 
faut le difliller par le moyen de la 
chaleur la plus douce qu’il efl poflî- 
ble ; i’Æther monte le premier, & 
l’Huile douce demeure feule dans la 
Cornue La réuflite de cette opéra¬ 
tion conflfl:e principalement à ne don¬ 
ner qiie le dégré de chaleur nécelfaire 
pour faire monter TÆther ; car, pour 
le peu quelle fût plus forte, elle fe- 
roit élever en même-temps une partie 
de l’Huile douce qui efl prefque aufîi 
volatile que l’Æther; & pour lors, 
non-feulement on ne retireroit pas 
une auflï grande quantité d’Huile dou¬ 
ce , mais aufli l’Æther qui diflilleroit 
encore chargé de cette Huile feroit 
par-la moins pur, moins fec, & par 
conféquent moins parfait. 



SUR l’Æ T h E R. 207 


SEPTIÈME PRODUIT'. 

Seconde Huile douce-. 

E T T E fécondé Huile diffère de 
la première, en ce qu’étant reliée 
plus long-temps dans la Cornue elle 
a eu le temps d’être attaquée plus effi¬ 
cacement par une portion d’Acide 
Vitriolique, avec lequel elle diftille, 
& quelle rend fulphureuxconjointe¬ 
ment avec la partie qui ell réduite en 
Bitume dans la Cornue ^ aiiffi elle en 
retient une très-forte odeur. J’ai tou¬ 
jours eu conllamment cette Huile 
d’une très-belle couleur citrine, 
elle ell moins fluide que la pré¬ 
cédente, & elle eft exaûement la 
même que les fécondés Huiles que 
j'ai retirées des trois décompofitions 
fucceffives de l’Æther ; elle fumage 
quelquefois l’eau, & quelquefois auffi 
•elle fe précipite i cela dépend, à ce 
que je crois, comme le dit M. Hellot 
dans fon Mémoire de 1739 ? du plus- 
ou du moins d’Acide dont elle ffi 
trouve chargée. 




io8 Dissertation 
C ette fécondé Huile, comme nous 
venons de le dire, eft imprégnée d'Éf- 
prit fiilphureiix qui lui donne uns 
mauvaife odeur, ce qu’il eft aifé de 
lui ôter en la lavant dans de l’eau 
mêlée d’un peu d’Huile de Tartre, ou 
feulement en fa lailfant expofée à l’air 
libre •‘(pendant quelques jours. Dans 
l’un & l’autre cas, de couleur citri- 
ne qu’elle étoit, elle devient pâle 
blanchâtre, & d’une odeur de phleg- 
me d’Eau-de-vie ; mais l’Huile de 
Tartre eft préférable, parce que le 
féjour qu’elle fait à l’air pour perdre 
fon odeur, diffipant la partie la plus 
Hibtile, lui fait perdre aiiiîî un peu 
de fa fluidité ; elle rougit même un 
peu en vieilliffant. 

Suivant la fç^tvante Difîertation 
qu’a donnée M. Pott, fur cette matiè¬ 
re, il me paroit que le but des anciens 
Chymiftes en mêlant l’Huile de Vi¬ 
triol avec l’Efprit de Vin étoit plutôt 
de féparer cette Huile de l’Efprit de 
Vm, que de faire la Liqueur æthérée 
on a nommé affez improprement cette 
Huile, Huik douce de Vitriol^ Oleum 
Vkrioli dulce Paracelji, 


SUR l’Æ T H E R. 209 
Les anciens Chymiftes n’étoient 
point d’accord à laquelle des deux 
matières, de l’Huile de Vitriol ou de 
l’Efprit de Vin, on de voit attribuer 
l’origine de cette Huile ; les uns, corn'- 
me Crolius & Valerius Cordus, attri- 
buoient cette Huile à l’Huile de Vi¬ 
triol , & l’appelloient Soufre ou Huile 
douce. 

Les autres l’attribuoient à rEfprit 
de Vin, & la nommoient Huile ou 
Soufre de Vin , comme Libavius, 
AVillirius & Vater ; d’autres enba 
l’attribuoient à l’un & à l’autre, (/z) 
Mais M. Pott penfe avec StaM 
qu’elle vient principalement de l’Ef- 
prit de Vin : » Car, dit-il, l’Huile de 
» Vitriol concentrée s’empare du 
>> phlegme de l’Elprit de Vin, coagii- 
» le en partie l’Huile qui y étoit dif- 
» foute, & lui fait reprendre fa forme 
» d’Huile ; mais je luis auffi perfuadé 
» quelle n’eft pas entièrement exemp- 
» te de parties vitrioliques, &c. Son 
» odeur & fa volatilité eft li grande, 
» quelle ne peut être gardée que dans 
des vailTeaux bien clos ; elle s’éva- 

(») Voyez la.Diflertation de M. Pote, page lâ’i. 


210 Dissertation 

» pore fans laiffer aucime trace ; fi on 

en fait tomber quelques gouttes fur 
» du fucre, & qif on la mette dans de 
» l’eau chaude, elle fe diffipe dans 
» i’inilant avec bruit & elle bouil- 
» lonne, quoique cela ne faiîe pas 
» autant d’effet qu’avec l’Æther «. 

^J’ai eu de ces Huiles très-belles, 
tres-fluides, je n’ai jamais remarqué 
ces effets ; par ce détail on pourroit 
foiipçonner que ce que les anciens 
Chymifles appelloient HiiiLe. douce , 
efl ce que nous nommons à préfent 
Æthcr ; cependant ces deux Liqueurs 
différent beaucoup entr’elles, & elles 
ont l’une & l’autre des caraderes fi 
différens, qu’il n’elî guere pofîible de 
les niéconnoitre. 

Hoffmann dit que fi on conferve 
pendant quelque temps cette Huile 
dans une bouteille de verre, elle roii- 
git, perd fa diaphanéité, que fon 
goût gracieux, aromatique, devient 
acide, corrofif, qu’elle rougit fur le 
feu, qu’elle ronge l’argent, & impri¬ 
me à la Ciiilliere qui la contient une 
tache noire ; que lorfqu’on la fait 
bouillir dans luie phiole fur du Mer- 


SUR l’Æ T H E R. iri 
cure, elle attaque cette fubftance mé¬ 
tallique. 

Tout cela eft exadement vrai, fi 
cette Huile ell très-fulphureufe, & 
ce n’eft que par cette furabondance 
d’Acide Vitriolique qu elle opéré ces 
effets de diffolutioii fur Fargent & fur 
le Mercure ; mais lorfqifelle a été 
lavée avec de FHiiile de Tartre, ou 
qu elle a feulement été expofée àFair, 
c’eft-à-dire, pourvii quelle ait perdu 
cette furabondance d’Acide, n’impor¬ 
te comment, alors elle n’a plus au¬ 
cune des propriétés indiquées par 
Hoffmann, qui sûrement n’ignoroit 
point ces chofes, quoiqu’il n’en ait 
pas parlé. 

La première Huile douce qu’on re¬ 
tire de cette combinaifon, qui n’â pas 
plus d’indice d’acidité qu’une Huile 
effentielle ordinaire, n’a aucun de ces 
caraéleres. 

La première Huile douce, & cette 
fécondé, lorfqu’elle a perdu ce qu’el- 
le avoir de volatil, reffemhlent en 
tout aux Huiles effentielles ordinai- 
res. 

J’ai eu de ces Huiles douces qui 


isi Dissertation 

ont parte tout l’Hiver de 17 51 > rtir la 
fenêtre de-mon Laboratoire dans des 
bouteilles débouchées, il y en avoit 
environ deux gros qui n’avoit point 
été lavée, & qui furnageoit à peu 
près autant d’Efprit fulphureux qui y 
étoit rerté ; fon odeur volatile & dé- 
fagréable s’ert: perdue entièrement, 
& s’ert: changée Cn une odeur alTez 
douce, agréable, & fort aromatique, 
à peu près femhlable à celle de l’Ef- 
prit acide vineux qui dirtille avant 
l’Æther, m.êlée de fodeur de citron, 
tirant fur l’Huile de Pétreol redirtée; 
il s’ert: formé dans la Liqueur qui étoit 
deffous cette Huile de petits crirtaux 
qui n’avoient aucun mauvais goût; 
ces crirtaux examinés à la loupe 
étoient rangés par couches écailleu- 
fes, iis fe fondoient difficilement dans 
la boirhe, & paroirtbient durs fous 
les dents comme le Sel fédatif; ces 
écailles feparées étoient minces & 
approchantes de la configuration de 
ce Sel crirtalifé, la quantité de ces 
crirtaux étoit trop peu conrtdérable 
pour pouvoir être examinée plus am¬ 
plement ; cette Huile douce venoit 


SUR l’ÆtüE R. 213 
d’une diftillation faite avec de l’Huile 
de Vitriol & dfi l’Efprit de Vin très- 
pur,. 

J’ai quelquefois cherché les moyens 
d’augmenter la quantité de l’Huile 
douce; j’ai toujours remarqué qu’il 
n’y avoit que les Huiles elîéntielles 
qiii fuffent piropry^ à cela ; mais au/îi 
elles çommuniqdent à l’Æther & à 
l’Huile douce l’odeur de l’Huile elfen- 
tielle employée i elles forment aiuTi 
du Bitume qui fui-nage la Liqueur de 
la Cornue en quantité proportionnée 
à celle de l’Huile effentielle qui relie 
combinée avec l’Acide Vitriolique ; 
les Huiles gralTes tirées^ par exprel- 
fion, employées en même quantité 
forment fur la hn de l’opération' 
beaucoup plus de ce Bitume, parce 
quelles ne contiennent rien de vo¬ 
latil , & que ce Bitume ne fe forme 
pas tout à coup , mais peu à peu. 
Quand c’eft de l’Huile effentielle 
qu’on employé 9 une partie de cette 
Huile eff attaquée, tandis que l’au¬ 
tre ell enlevée par la chaleur, au 
lieu que cjfuand on fe fert d’Huiles 
graffes qui n’ont rien de volatil, la 


114 Dissertation 
chaleur qui n’efl pas immédiate nsf 
peut rien enlever de ces Huiles, elles 
reftent dans la Cornue, & fe combi¬ 
nent avec TAcide Vitrioliqiie, à me- 
fure qu’il fe concentre par la diftilla- 
tion de l’Æther, il forme du Bitume 
proportionnellement à la quantité 
d’Huile gralfe employée ; de-là on 
peut conclure que fi l’Acide Vitrioli- 
que effenfihe les Huiles gralfes, com¬ 
me quelques ChymifteS*l’ont dit, ils 
auroient dû ajouter que c’eft après 
les avoir réduites en Bitume, quelles 
font fans humidité, & qu’il les a mifes 
dans le cas de recevoir immédiate¬ 
ment la chaleur du feu j car j’ai quel¬ 
quefois ajouté quatre onces d’Huile 
d’amandes douces à douze livres de 
mélange, fans que pour cela j’aie eu 
une plus grande quantité d’Huile dou¬ 
ce. Il feroit fort à propos, & très-in- 
téreffant de loumettre à la diftillation 
la matière bitumineufe qui feroit pro¬ 
duite par un pareil mélange avec les 
Huiles graffes, & de la comparer avec 
les autres Réûdus bitumineux ; car „ 
oti verra ci-après que ces matières ne 
font pas de vrais Bitumes, piiifqu’el- 


SUR l’Æ T h E R, 215 
les ne fourniffent point d’Huile dans 
la diftillation, peut-être celle-ci en 
foiirniroit-elle. J’ai deffein de l’exa¬ 
miner plus particulièrement dans une 
autre occafion ; ce. travail eft déjà 
affez confidérable pour n avoir à par¬ 
ler que du mélange de deux Liqueurs. 

Après toutes ces Expériences il faut 
conclure que ces Huiles douces qui 
doivent en partie leur origine à une 
Hude effentielle, doivent avoir des 
propriétés différentes de celles de 
l’Huile douce, qui efl provenue de 
l’Efprit de Vin pur, puifque les pre¬ 
mières retiennent opiniâtrement l’o¬ 
deur de la plante qui les a produites, 
&que cette derniere retient toujours 
l’odeur qui lui efl particulière, il fiif- 
fit donc d’ajoûter pouf l'ufage médi¬ 
cinal telle Huile effentieile qu’il plaira. 


ii6 Dissertation 


HUITIÈME PRODUIT. 
Second Acide Sulphureux. 

(2 E T T E Liqueur diilille avec la 
dernrere portion de THiiiie douce, 
elle ed blanche comme de Teaii, elle 
ed incomparablement plus fiilphu- 
reulë, plus volatile, plus pénétrante 
que le premier Acide fulphureux, ou 
notre cinquième Liqueur, dont nous 
avons parlé précédemment, elle fer¬ 
mente vivement avec les alkalis, elle 
eft fpécifîquement plus pefante que 
ce premier Acide fulphureux, auffi 
retient-elle plus opiniâtrement ce 
quelle a de volatil lulphureux. 

L’ordre dans lequel elle didille ed 
le même que celui de la troifiéme 
Liqueur du Réddu filtré ; mais il a 
paffé avec elle un Acide Vitriolique 
plus fort, aind elle ed un mélange 
qui contient la troifiéme 8^ la qua¬ 
trième Liqueur féparée par la didil- 
lation du Réddu dltré : car, d on la 
flaire après qu’elle a perdu ce qu’elle 

a 



SUR l’Æt H E R. 117 
a de volatil, il ne lui relie plus que 
lodeur de l’Acide Marin, telle qu’a la 
troifiéme Liqueur du Refidu filtré. 
Afin de conferver l’ordre que nous 
nous fommes prefcrit, nous commen¬ 
cerons par féparer ces deux Liqueurs 
qui ont diflillé enfemble pour les 
mieux comparer avec celles qui font 
femblables, mais qui proviennent du 
Réfidu filtré. 

J’ai mis cette Liqueur dans une 
Cornue de verre, & à une chaleur 
modérée, j’en ai fait difliller environ 
un tiers ; nous parlerons ci-après de 
ce qui relie dans la Cornue, il ne va 
être fait mention pour le préfent que 
de celle qui a diflillé, elle étoit extrê¬ 
mement volatile , pénétrante , elle 
contenoit tout le fulphureux du total 
de la Liqueur, elle étoit même fi vo¬ 
latile , que fl on préfentoit l’ouverture 
du flacon qui la contenoit fur une 
dilTolution d’argent de Coupelle, la 
fimple vapeur qui s’en exhaloit, & 
fans qu’on fut obligé d’en verfer def- 
fus, précipitoit en blanc cette diffo- 
lution. Cette même Expérience a été 
répétée fur une diffolution de Mer- 


218 Dissertation 
cure & fur du vinaigre de Saturne 
qui ont préfenté les mêmes phéno¬ 
mènes. 

J’ai expofé cette Liqueur à l’air li¬ 
bre , après quelle a eu perdu ce 
quelle avoit de volatil fulphureux , 
il ne lui ell plus rehé que i’odeiir de 
l’Acide Marin, pour lors elle reffem- 
bloit entièrement à la troifiéme Li¬ 
queur féparée par la diftillation du 
Réfidii filtré qui a également cette 
odeur ;, lune & l’autre Liqueurs ne 
font que de l’Acide Vitriolique fort 
peu altéré, & qui commence à fe rap¬ 
procher de. l’état de pureté : ces Li¬ 
queurs n ont aucune des propriétés 
de l’Acide Marin, les Expériences 
fuivantes vont le certifier. 

Expériences 

Faites avec les deux Liqueurs qui ont 
L odeur de VAcide Marin ; fçavoir, 
Lune féparée duRéfidu filtré, & L autre 
féparée du Réjîdu non~filtré. 

Ces Liqueurs font très-acides, elles 
rougiffent le Syrop violât, de même 
que les Acides purs ; l’Huile-de Vitriol 
s échauffé avec elles, & fait élever des 


SUR l’Æther. 219 
vapeurs femi-iiitreufes & ililphureu- 
fes ; elles ne font rien à la diffoliition 
(le Mercure, li cette diffolution ell 
mife en une feule fois, mais en la 
verfant goutte à goutte elles la pré¬ 
cipitent en blanc ; fi à chacun de ces 
précipités on ajoute de THuile de 
Tartre , ils deviennent plus ou moins 
jaunes fuivant la quantité qu 011 a 
ajouté ; ces Liqueurs précipitent en 
blanc la diffolution d’argent de Cou¬ 
pelle ; ces précipités expofés au feu 
deviennent fous la forme d’une poul- 
fiere grife cendrée, brillante ; ces for¬ 
tes de précipitations ne font pas l’ef¬ 
fet de l’Acide Marin qu’on pourroit 
foupçonner être dans ces Liqueurs, 
elles ne les opèrent qu’en qualité 
d’Acide Vitriolique fulphureux, com¬ 
me on va le voir. 

J’ai faturé féparément fept onces 
de chacune de ces Liqueurs avec de 
l’Huile de Tartre très-pure, les mé¬ 
langes ont fait de vives effervefcen- 
ces, ils répandoient une odeur d’Ef- 
prit de Sel très-fenfible , mêlée de 
l’odeur fulphureufe ; ces Liqueurs fil¬ 
trées & évaporées au point de crifta- 


220 Dissertation 
lifation m’ont fourni depuis le comi- 
mencement jiifqu à la £n des criHali- 
fations de très-beaux Tartres vitriolés 
ordinaires, & point du tout de Sel 
Marin, les Expériences que j’ai faites 
avec ces Sels m’en ont afliiré. 

Il ed; bon de faire remarquer ici 
que de tous les produits qu’on retire 
de l’opération de l’Æther, il n’y a 
que ces Liqueurs qui aient l’odeur 
de l’Acide Marin, qui efl: fi bien 
marquée qu’il n’y a perfonne qui ne 
s’y méprenne d’abord ; cette odeur 
efi confiante , & ne fe manifefie 
que dans le même-temps de la difiil- 
îation de l’un & de l’autre Réfidu filtré 
& non-filtré ; je crois que cette odeur 
vient du principe fiilphureux le plus 
fixe, qui efi fort adhérent à ces Li¬ 
queurs , & y refie combiné d’une ma¬ 
niéré qu’il n’efi guere pofiîble de dé¬ 
finir , mais d’une façon propre à leur 
donner cette odeur. Le phlogifiique 
étant le même dans tous les corps, il 
n’efi pas nécefiâire que l’Acide Vitrio- 
lique foit rendu fulphiireux par un 
principe gras tiré du Régne végétal ; 
nous avons fait remarquer précé- 


SUR l’Æ T h E R. lU 
demment que dans l’opération du 
Turbith minéral, l’Acide ’Vitrioliqiie 
qui a été rendu fulphureux par le 
phlogidique du Mercure, avoit éga¬ 
lement cette odeur. 

Comparaison 
De la quatrième Liqueur féparée par la 
Difiillation du Rèfidu filtre , avec la 
partie de la huitième Liqueur refiee 
dans la Cornue des Expériences prè^ 
cédentes. 

La fécondé partie de notre huitiè¬ 
me Liqueur, dont nous venons de 
parler, & que nous avons laiflee dans 
la Cornue, étoit blanche, un peu 
concentrée, fort acide, & tout-à-fait 
femblable à la quatrième Liqueiu: reti¬ 
rée par la didillation du Rélidu filtré , 
à la couleur près ; ce dernier eft cou¬ 
leur de Lilas, nous avons dit ailleurs 
les raifons de cette couleur : il fuit 
de-là que ces deux Liqueurs font de 
l’Acide Vitrioliqiie plus concentré & 
infiniment moins altéré que les pré¬ 
cédentes Liqueurs, elles font feule¬ 
ment légèrement fulphureufes. 


222 Dissertation 


NEUVIÈME PRODUIT, 
Huile de Vitriol. 

C e t t e Liqueur eft de THiiile de 
Vitriol tres-fulphureufe, noire, épaiL 
le 5 plus ou moins concentrée , ou 
d une pefanteur fpécifique plus ou 
moins grande, lui’Siant que l’on a fé- 
paré plutôt ou plus tard les produits 
qui l’ont précédé ; elle a charié 
avec elle pendant fa dillillation un 
peu de la matière bitumineufe qui lui 
a donné cette odeur & cette couleur 
défagréable. Jufque-là cette Huile de 
Vitriol ne relTemble à la cinquième 
Liqueur féparée du Réfidu filtré, que 
par le meme ordre dans lequel l’une 
& 1 autre font obtenus, car cette der- 
mere efl une Huile de Vitriol très- 
blanche , tres-pure, & n’ayant aucune 
odeur ; cependant il arrive quelque¬ 
fois qu’elle efl; très-légérement ful- 
phureufe, mais cela n’altere rien de fa 
blancheur, en en faifant difliller fort 
peu elle perd entièrement cette odeur. 



SUR l’Æ T h E R. 115 
L’autre au contraire a befoin d’une 
chaleur plus forte, plus durable, & 
même d’une manipulation tout-à-fait 
femblable à celle qu’on employé or¬ 
dinairement pour blanchir les Huiles 
de Vitriol qui font noires, alors elle 
perd fa mauvaife odeur, & elle de¬ 
vient par dégrés de la même blan¬ 
cheur & de la même pureté que la 
précédente , & ces deux Huiles fe 
Teifemblent en tout; on trouve dans 
ia Cornue après fa redification une 
très-petite quantité de terre blanche, 
dont naus aurons occafion de parler 
ailleurs. 

J'ai fait avec ces Huiles de Vitaol 
du Tartre vitriolé, qui ne diftéroit en 
rien de celui qui eft fait avec de 1 Hui¬ 
le de Vitriol qui n’a jamais fervi. J’en 
ai fait del’Æther, il né s-eft rien paftë 
d’extraordinaire pendant le cours de 
ces opérations, & j’en ai retire la mê¬ 
me quantité que fi j’avois employé 
de l’Huile de Vitriol neuve. 


214 Dissertation 


DIXIÈME PRODUIT, 
Espece de Soufre. 

D A N D on pouffe jiffqii’à iîccité 
la difliilation de notre mélange de 
l’Acide Vitriolique avec l’Elprit de 
Vin, on remarque, que fur la fin de 
1 operation, il fe fublime à la voûte 
de la Cornue une matière jaunâtre^ 
impregnee d Acide fulphureux qui 
lui donne une très-mauvaife odeur. 
Tous les Chymiftes font d accord fur 
la nature de ce fublimé, & difent, 
que c’eff du Soufre formé par l’Acide 
Vitriolique & le phlogiffique de l’Ef- 
prit de Vin ; mais il me paroît que 
cette matière n’a pas encore été exa¬ 
minée avec affez d’exaditude , du 
moins ceux qui ont dit quelle étoit 
du Soufre, n’ont pas rapporté les 
Expériences qu’ils ont faites pour le 
prouver; je doute que cette matière 
foit du Soufre, & je penfe qu’elle eff 
plutôt une efpece de Sel volatil, ou 
bien une portion de terre enlevée 






SUR l’Æ T H E R. ÎIJ 

par la violence du feu a la faveur des 
vapeurs de la Liqueur, & qui aura 
changé de couleur luivant les circonf- 
tances.Comme on n a de cette matière 
qu’en très-petite quantité fur un grand 
volume de mélange, je n’ai pu faire 
aifez d’Expériences pour affurer ce 
que c’eft que ce fublimé ; mais le peu 
qui va être rapporté ne fera pas 
favorable à l’opinion reçue ; à mefure 
que l’occalion fe préfentera j’éclair^ 
cirai ces doutes. 

J’ai mis de ce fublimé dans de 1 eau 
à deffein de le laver, il s y eft diffoi^ 
fans troubler fa tranfparance, & n a 
commimiqué à l’eau 
couleur citrine. J y ai ajouté de 1 Hui¬ 
le de Tartre, il s’eft excité une légère 
efîervefcence, à railbn de l’Acide ful- 
phureux dont cette matière etoit im¬ 
prégnée, & rien ne self précipité; 
je l’ai étendu dans un peu d’eau, le 
tout eft refté parfaitement clair. 

J’ai mis de ce fublimé fur les char¬ 
bons ardens, il n’a point brûlé com¬ 
me fait le Soufre ordinairement, )e 
me fuis même mis dans 1 obfcurite 
pour l’obferver, il çft tefté fixe, oc 
K V 


ii6 Dissertation 

s’eil blanchi au feu fans donner de 

flamrre. 

Il me paroît que ces Expériences 
très-limples l'ont fuffifantes pour en¬ 
gager les Chymilles à fulpendre leur 
jugement lur la nature de la matière 
qui en elt fobjet, & qui pourroit bien 
n’avoir que la feide apparence du 
Soufre. Ainli, fans vouloir ici décider 
ce;te queflion, je me contente d’in¬ 
diquer des faits qui doivent faire naî¬ 
tre des doutes, & engager à travailler 
plus particulièrement fur cette matiè¬ 
re : peut être ed-elle du Soufre ? mais 
altéré & dégiiifé par une furabon- 
dance d’Acide Vitriolique. 







SUR l’Æther. 2.2.7 


ONZIÈME PRODUIT , 

E S P . E C E D E B î T U M E , , 

O R S Q U E le Réfidii de 1 Æther 
eil évaporé, comme nous l’avons dit, 

parla diftillation, il relie dans la Cor- 

nueàine matière noire, Imlante, cal- 
fante, plus ou moins féche, plus ou 
moins acide , fuivant que le feu a ete 
pouffé ou ménagé ; on a jufqu a pre- 
fent nommé cette Réfidence, Matière 
Bitutnlneufe^ quoiqu’elle ne reffemble 
point à du Bitume par les qualités 
eftentielies ; car, tous les Bitumes 
rendent quelque Huile, cette matière 
au contraire n’en rend point du tout. 
Dans quelque état de molleffe quon 
puiffe la prendre, on ne retire que de 
r Acide Vitriolique fulphureux, & 
fuivant les dégrés de féchereffe ou de 
mollelfe im peu de ce fublimé, a^^ant 
Tapparence de/Soufre dont je viens 

de parler. , 

J’ai mis de cette matière en diltilia- 
tion dans une Cornue de verre, al a 
K vj 





2i8 Dissertati on 
paffé d’abord une Liqueur très-claire, 
fulphureufe, légèrement acide ; fi on 
laide perdre à cette Liqueur la mau- 
vaife odeur en l’expofant àlair, elle 
a après cela lodeur de l’Acide Marin. 

A cette première Liqueur en fuc- 
cede ime pareille, à l’exception de 
ce qu’elle eft beaucoup plus acide ; en 
perdant fa mauvaife odeur, elle re¬ 
tient comme la précédente celle de 
l’Acide Marin ; ce dernier Acide eft 
affez pur, & peut fervir à bien des 
iifages. 

Il relie dans la Cornue après l’avoir 
pou/Té long-temps, & à un très-grand 
feu, une maffe noire , dure, ayant 
une odeur de pierre à fufil qui vient 
d’être battue. 

Cette matièremife dans un creufet 
brûle d’abord un peu, & pouffée à la 
derniere violence du feu y rede fixe, 
& devient d’une couleur grife cen¬ 
drée. Kunkel dit que cette matière 
fe vitrifie. M. Pott alTure en avoir 
mêlé une partie avec dix parties de 
verre, & que cela lui a donné un verre 
d’un jaune verdâtre. 

M, Pott dit encore, que li on cal-^ 


SUR l’Æ T H E R. 229 
eine ce caput monum^ (0) on retire 
par le moyen du vinaigre diftillé une 
efpece de Sel vitriolé. Voici ce que 
j’ai fait à ce fujet : 

J’ai fait calciner de cette matière 
bitumineufe feule, elle brûle d’abord 
un peu, & laiffe échapper une flam¬ 
me légère ; fl la calcination n a ete 
pouflee que pour la tenir rouge feu¬ 
lement un peu de temps, elle efli par- 
femée d’une infinité de veines bleues 
magnifiques on verra plus ample¬ 
ment ailleurs que cette madere con¬ 
tient beaucoup de fer, puifque j’en 
ai retiré diflerens bleus de PrulTe ; en 
cet état cette matière a l’odeur de 
pierre à flifll qui vient d’etre battue. 

Cette matière ainfi calcinée fer¬ 
mente avec les Acides afl^ez vive¬ 
ment , & répand avec tous une forte 
odeur d^Héparfulphuris , fans prefque 
les colorer. 

. J’en ai fait bouillir dans uae fiole 
avec fuflifante quantité d’eau, j’en ai 
tiré une leflive légèrement ambrée, 
qui en fe refroidiflant a dépofé une 
poudre blanchâtre, qui avoit le goût 

(e) Sur la fin du $ IX, 


130 Dissertation 
& Todeiir du Soufre, mais cependant 
qui ne brûloit pas comme le Soufre ; 
il ell refté fur le ültre un maire qui a 
teint le papier en vert. 

Cette Liqueut, ainfi filtrée, a un 
goût de Soufre très-fort ; elle verdit 
le Syrop violât. 

L’Huile de Tartre la fait blantbir, 
& précipite une matière blanchâtre 
qu on prendroit pour du Soufre, par 
le goût, par Fodeur ; mais ce préci¬ 
pité lavé & féché ne brûle point com¬ 
me le Soufre. 

L’Efprit de Vitriol fermente & fait 
exhaler une forte odeur âÜHépar fuU 
phuris^ le précipité efi: blanchâtre^ 
lavé & féché, il ne donne^ par la 
cômbufiion aucun indice de Soufre. 

L’Efprit de Sel fait la même chofe. 

L’Efprit de Nitre de même. 

Le vinaigre difiiîlé a fait la même 
chofe, & le précipité lavé & féché ne 
mapa?plus donné d’indice de Soufre 
par la combuftion que les précédens^ 
quoique la Liqueur en eut fortement 
l’odeur. 

Cette Liqueur mife à évaporer m’4 
fburni le Sel vitriolé de M. Pott, 
dont je viens de parler. 


SUR l’Æ T H E R. 23 t 
Ce Sel précipite en jaune la diffo- 
lution de Mercure ; ce précipité paffe 
rapidement au noir, & peu à peu de¬ 
vient d’un beau blanc. 

Il donne à la diffolution d’argent 
une belle couleur jaune, & très-peu 
de temps après il fe fait un précipite 
de la même couleur, mais qui peu a. 
peu perd de fon éclat, & paffe enfin 
à une couleur noire défagréable. ^ 

La leffive de ce caputpiortuum, pré¬ 
cipité fur le champ la diffolution de 
Mercure en jaune fonce ; ce précipité 
brunit fortement peu de ternps apres. 

Cette même leffive précipité la 
diffolution d’argent d’une couleur 
brune foncée, ce précipité étoit ex¬ 
trêmement abondant, quoique j eiiffe 
mis très-peu de diffolution, & que je 
l’euffe étendue dans beaucoup d eau. 

Le vinaigre de Saturne eft précipite 
en une belle couleur rouge, qui paffe 
fur le champ à une couleur brime 

foncée. , 

J’ai fait évaporer quatre onces de 
cette Liqueur à une chaleur douce 9 
jufqu’à la réduction d’un gros; pen¬ 
dant tout le temps de fon évaporar 


2}2 Di sse rtation 
tion elle répandoit une forte odeur 
d"Hépar fuLphuris ; ellQ a dépofé un 
peu d’une matière blanchâtre, d’une 
odeur & d’un goût de Soufre infup- 
portable dans la bouche, & qu’on 
pourroit prendre pour du Soufre, 
mais qui ne brûle pas comme lui; 
cette matière efr en partie fixe au feu 
& laifie une terre blanchâtre. 

M. Pott dit (/») qu’Hoffmann a tiré 
de ce caput mortuum un Soufre com¬ 
mun en en faifant un Hépary ce que le 
meme M. Pott a répété, il l’a fait de 
deux parties de Sel de Tartre, & 
d une partie de cette matière Bitumi- 
neufe ; cet difibut dans l’eau , 
& précipité par le vinaigre lui a don¬ 
né du Soufre commun ; en répétant 
l’Expérience je n’ai rien obfervé de 
pareil. 

Voici ce que j’ai fait, & tout ce 
qui s’efr pafie à ce fujet. 

J’ai pulvérifé enfemble une once 
de Sel de Tartre, & demie-once de 
cette matière bitumineufe qui a été 
pouflee fortement par la Cornue ; j’ai 
mis ce mélangé dans un creiifet, il 
<t) Au commencement du $ X. 


SUR l’Æ T h E R. ^33 
eft devenu d une couleur rouge pen¬ 
dant la calcination, de même que 
devient Vliépar fulphuris ordinaire , 
mais étant refroidi, il a noirci a me» 
fure qu il a attiré l’humidité de 1 air ; 
je l’ai fait fondre dans fuffilante quan¬ 
tité d’eau, la Liqueur filtrée étoit ver¬ 
te, claire, & d’une très-forte odeur 
à'Hépar, il eft refié fur le filtre un 
mare qui a communiqué au papier 
une forte couleur bleue verdâtre. ^ 
J’ai verfé fur cette Liqueur filtree 
du vinaigre difiillé, la Liqueur efi de¬ 
venue trouble , blanchâtre , & n a 
laiflé précipiter que le lendemain un 
dépôt grifâtre, qui lavé & feche n a 
donné aucune indice de Soufre par la 
combufiion ; cette matière rougit au 
feu & y refie fixe. 

Bleu de Prujfe fait avec la matière 
bitumineufe. 

Si on verfe fur cette Liqueur filtrée 
de l’Efprit de Vitriol, il fe fait un pré¬ 
cipité vert, fort abondant, & la Li¬ 
queur furnageante refie bleue. 

L’Efprit de Sel fait le même effet, 
mais fl on en force les dofes , il fe tait 


^34 Dissertation 

im vilain précipité jaune, qui rede¬ 
vient d un très-beau bleu en y rajoii- 
tant de l’Huile de Taitre & de TEfprit 
de Sel. ^ 


L Elprit de Nitre fait un précipité 
jaune ; û on y rajoute de l’Huile de 
i artre, le précipité refte le même, & 
devient d’un très-beau bleu en y ra¬ 
joutant de 1 Efprit de Sel. 

^^^atil de Sel ammoniac 
dillipe & altéré la couleur verte de 
cette Liqueur, fans rien faire préci¬ 
piter ; mais l’Efprit de Sel fait repa- 
roitre le précipité d’une couleur bleue 
qui ne le cede en rien aux précéden¬ 
tes. 

De toutes ces Expériences il n’y 
en a aucune qui m’ait donné un Soii- 
re parfait avec toutes fes propriétés, 

J ai bien eu des produits qui en ap- 
prochoient, mais dont les différences 
etoient très-manifedes pour quicon¬ 
que veut voir fans prévention.Toutes 
ces matières font à la vérité des prin¬ 
cipes propres à former du Soufre, 
mais il leur manque une élaboration 

5 ^ ^rai Soufre, 

6 fl MM. Hoffmann & Pott ont avan- 


SUR l’Æt HER. 235 
cé que c étoit véritablement du Sou- 
fie , certainement ce n a pas ete dans 
le deffein d’induire perfonne en er¬ 
reur ; car Hoffinann dit » qu’il a re- 
» marqué que ce caput mortuum ce- 
menté avec l’argent ne le touche 
» point comme le Soufre ordinaire , 

» cela ne doit etre attribue qu aux 
» parties fuligineufes fuperflues qui 
» l’enveloppent, & au mélange qui 
» devoit former le Soufre qui cft en- 
» core imparfait « (^). 

En partant des principes déjà potes 
& connus de tout le monde fur la na¬ 
ture du bleu de Pruffe, il eft aifé par 
toutes les Expériences qui viennent 
d’être rapportées fur ce caput mor¬ 
tuum, de concilier les fentimens des 
Chvmiftes qui ont été partages, Iça- 
voir à laquelle des deux Liqueurs de 
l’Huile de Vitriol & de l’Elprit de Vm, 
on devoit attribuer cette matière bi- 
tumineufe ; les uns comnie Kunkel 
l’attribuoient au feiil Efprit de Vin , 
d’autres comme Becker & Roth dans 


(^) § X. d^M. Pott, 
Obfcrvacions Phyficiues 
Vol. 1. page 353. 


8c dans la Traduûion des 
Sc Chymitpues d’HotFmann., 


Î36 Di ssertation 

la Uiffertation fur le Vitriol l’attri- 
buoient au feul Acide Vitriolique. 

, » qu’on doit 
” ? i,'**^* attribuer en grande partie 
» a 1 Acide Vitriolique, & A fa terre, 
» quoique l’Elprit de Vin n’en foit pas 
» exempt a raifon de fes parties hui- 
» leiiies. « 


Boyle dans fon Traité des Idées, 
fait voir allez clairement qu’on doit 
i attribuer à tous les deux. 

Pour moi je ims du fentiment de 
i^oyle, & les Expériences que je viens 
de rapporter me paroiffent afîéz déci- 
ives la-de/Tus ; car les différens bleus 
de Prude que ce Réfidu ma donnés, 
prouvent encore ce que j’ai dit ail- 
ieurs de la grande quantité de fer 
contenu dans les Huiles de Vitriol & 
qui fe trouve ramalTé dans ce Rélidu • 
mais ce fer tout feul ne fera jamais de 
leu ce PrulTe, quoiqifuni à l’Acide 
Vitriolique , il a befoin d’un principe 
gras & fulphureux ; les débris de la 
decompofition de l’Efprit de Vin avec 
lequel il te trouve joint lut convien¬ 
nent très-fort, comme on le verra 
bien-tot; mais il ne me paroîtroit pas 


SUR L’ÆtH E R, 237 
exa£le de dire que cette'matière ne 
contient rien de plus que du fer joint 
aux parties graffes de TEfprit de Vin ; 
j’ai fait voir à la décompofition de 
FÆther que cette Liqueur fait préci¬ 
piter une matière blanchâtre de l’Hui¬ 
le de Vitriol ; cette matière pourroit 
bien être une terre, elle mériteroit la 
peine d’être féparée pour être exa¬ 
minée à part avant qu’elle bit combi¬ 
née au total de ce Rélidu. Ce fenti- 
ment me paroît conforme à celui de 
M. Hellot, qui dit, (r) » il feroit chi- 
» mérique de dire quelle s’eb formée 
„ du mélange des Liqueurs pendant 
» l’opération, puifque c’eb la terre 
» que l’Efprit de Vin précipite tou- 
» jours de l’Huile de Vitriol la mieux 
» reaifiée, St dont il eft parlé dans 
» l’extrait d’une Lettre imprimée à la 
» fin du Mémoire de MM. Duhamel 
» & Grofle. J’ajoûte feulement qu’il 
» y a grande apparence quelle vient 
» des luts qu’on met aux vaiffeaux 
» pour retenir les vapeurs acides du 
» Vitriol quand on le difiille la pre- 
» miere fois, & qu’il eft inutile de lui 

(r) Dans &n Mémoire de , page 


238 Dissertation 

» chercher une origine plus myfté- 
» rieule «. 

Des^ MATIERES Bitumineuses 

precipitces au point de faturation , en 
faijant le fécond Tartre vitriolé décrit 
ci-dejfus ^ avec ce Rfidu non-filtré^ 
& refé fur le filtre. 

On trouvera peut-être extraordi¬ 
naire que je commence par donner 
ici le detail des matières bitumineules 
réparées de ce Réfidu acide par voie 
de faturation, avec des alkalis, avant 
que d etre entré dans le détail du Sel 
neutre qui réfulte de cette faturation ; 
mais j ai cru devoir tenir cet ordre 
ahn qnon voye de fuite les variétés 
que j ai obfervées fur ces matières bi- 
tumineufes prifes dans diiférens états, 
ou réparées par différens moyens. 

Cette matière encore humide eft 
gralîé & vifqueufe, à raifon de la 
grande quantité d eau qu elle retient, 
elle eR de couleur de caffé au lait, 
étant bien féchée elle relTemble à une 
terre d un blanc fale, parfemée d une 
infinité de petits points gris cendré. 
En la calcinant a demi, elle devient 


SUR l’Æther. 239 
4 ’un très-beau blanc luifant, elle fe 
délaye alors difficilement dans la 
bouche ; h on continue à la calciner 
elle fe fond, & devient un émail de 
couleur de maron luifant, & qui fait 
feu contre facier trempé. 

On doit confidérer que cette ma¬ 
tière contient une portion de la terre 
du Sel alkaii qui s’en fépare toujours 
lorfqif on le fature avec des acides, 
& c eft à cette terre & à un peu de 
Sel qui y relie toujours, & quil elt 
impoffible de féparer entièrement, 
qu’on doit attribuer la fufibilité de 
cette matière ; car ce même Bitume 
qui n’a point été mêlé avec des Sels, 
réfide au plus grand feu fans entrer 
en fufion. 

Si l’on en met diffoudre dans de 
l’Acide Vitriolique , lorfqu’elle eft 
feulement féchée, & fans être calci¬ 
née elle le rend femblable au Réfidii 
de l’Æther non-liltré. 

Comme j’ai répété plufieurs fois 
l’opération de ce Tartre vitriole avec 
du Sel de Tartre très-pur, je me fuis 
trouvé avoir fuffifamment de cette 
matière bitumineufe pour pouvoir 
faire plufieurs Expériences. 


2.40 Di SS ertation 
J’en ai mis deux ontes en diililla- 
tion dans une Cornue de verre au: 
bam de fabie, il a paffé d’abord un 
peu de Liqueur claire qiù avoit une 
tres-légere odeur de vinaigre diffillé 
enfuite un peu d’Huile fluide, légé-' 
rement colorée, qui peu à peu eft 
devenue rouge foncé & fort épaiffe: 
le total de ces deux Liqueurs étoit de 
deux gros, dont environ un gros & 
demi en Efprit, & le refte en Huile ; 
ces Liqueurs avoient l’odeur qu’ont 
les matières animales difollées dans 
a Cornue, & reffembloient plus par¬ 
ticulièrement à la corne de cerf; car 
outre l’odeur elles en avoient toutes 
les propriétés ; cet Efprit verdit le 
Syrop violât, & fermente avec les ' 
Acides : toutes ces preuves non-équi¬ 
voques font affez voir que c’efî: de 
1 alkali volatil. 

J ai féparé de la Cornue fix gros 
de terre noire, friable & vitrefcible, 
de même que celle qui n’a point fouf- 
fert de diflillation. 

Ayant eu occafion de refaire plu- 
lieiirs fois de ce Tartre vitriolé, i’ai 
remarqué que lorfqiie j’employois 
des 


SUR l’Æ T h E R. 24Ï 
^des Sels alkalis très-purs, & ne con¬ 
tenant aucunes parties terredires fu- 
perflues, comme la potaffe en con¬ 
tient ordinairement, la Liqueur qui 
doit fournir le Tartre'vitriolé ne s’é- 
clairciffoit jamais entièrement, & le 
Sel que j’en retirois étoit très-roux j 
fl après qu’il efl bien fec on en met en 
diftiliation, il produit de l’Efprit vo¬ 
latil & de i’Huile fœtide, tels que le 
Bitume précédent m’a donnés ; ce Sel 
fondu dans l’eau £ltré & crillalifé, 
étoit très-beau & très-blanc. 

La couleur roulTe cpu’il avoit avant 
la diftiliation ne peut être attribuée 
qu’aux parties huileufes de l’Efprit de 
Vin qui étoient interpofées entre ces 
criHaux, & qui n’ont pu être rete-r 
nues par la filtration par rapport à la 
plus grande pureté du Sel alkali qui n’a 
prefque point fourni de terre laquelle 
fert comme de filtre à la Liqueur. 

La formation de l’alkali volatil 
vient de ces mêmes parties huileufes 
qui ont enlevé & volatilifé avec elles 
une portion des Sels ; & l’on fçait que 
Starkey a dit dans fa Pyrotecnie que 
pour volatilifer les alkalis fixes, it 
L 


24 ^ Dissertation 
n eil quefiion que dç ies joindre aux 
Huiles^ 

Ces petites variations obfervées 
par le plus ou le moins de pureté de 
la part d^s Sels alkalis, m engagèrent 
,a m a/Turer s il n’y auroit point aulîi 
quelques variations dans la matière 
bitumineiife qui ell rçftée fur le filtre, 
puifqu’elie contient une bien moindre 
quantité de terre ; mais ces différenr 
ces fc font bornées feulement à la 
couleur de ce dépôt. Celui-ci humi¬ 
de ou féciié étoit également noir, 
fournis a la diliiliation, il m’a donné 
de même qtie le précédént de l’alkali 
volatil, & la Rékdence de la Cornue 
étoit de même vitrefcible. 

On voit que çes matières bitiimi-T 
neiifés different prodigieufement de 
celles qui proviennent de ce même 
Réfidii diftilié à ficcité, & qui n’a 
point touché à des alkalis,. 

La première fournit pendant la dif^ '' 
tillaticn de l’Huile fœtide & de l’alkali 
volatil : nous venons d’en dire les rair 
fons. , 

L’autre, c’efl-à-dire celle qui n’a 
iwint touché aux Sels alkalis iie four: 


SUR l’ Æ T H E R. 145 
nit ni Huile , ni alkali volatil, & au 
contraire elle ne donne que deTAcide 
Vitriolique très-fldphureux, ce qui ne 
doit point furprendre, cela vient de 
l’atlion continue de FAcide Vitrioli¬ 
que furies principes huileux de TEfprit 
de Vin, au lieu que dans l’autre cas, la 
faturation ayant été faite par l’alkidi, 
l’Acide n’a plus la même aélion fur 
l’Huile. On me dira peut-être que 
cette Théorie n’eft point conforme 
aux principes de la Table des Rap¬ 
ports de M. Geoffroy, où il marque 
que l’Acide Vitriolique a plus d’affini- 
fé avec le phlogiflique qu’avec le Sel 
alkali : à cela il eft aifé de répondre 
que le feu qui opéré cette diftillation 
n eft pas afîez fort pour procurer la 
décompofition,qui ne manqueroit pas 
d’arriver fi le dégré de chaleur étoit 
plus confidérable. 


Des dépôts séparés de la 

Cornue, à mefure qu'ils fe formoimt^ 

par la concentration du Réjidu de 

l'Æther filtré, 

J’ai fait fondre ces dépôts enfem- 
ble dans une bouteille de verre avec 
fuffifante quantité d’eau ; de bleu ver- 
dâtre que cette matière étoit, elle a 
communiqué à la Liqueur une cou¬ 
leur jaune, trouble, d’un goût ilipti¬ 
que de Vitriol ; cette Liqueur filtrée 1 
étoit parfaitement femblable à une fo:‘ j 
lution de yitriol de Mars, elle a laifi'é ! 
fur le filtre vingt-quatre grains d’une 
matière terreiife , jaune & férrimi- 
neiife. 

Cette Liqueur ainfi filtrée change 
très-légèrement le Syrop violât en ; 
rouge. 

Avec l’infiifion de noix de galle , 
elle fait de très-belle encre. 

Avec la lefiive de fonde & de 
chaux vive elle fait un très-beau bleu | 
de PrufTe ; fi on y ajoure un peu d’Ef 1 
prit de Sel il devient encore plus beau. | 


(f) Voyez ce <jue c’eft que ces dépôts, pages j 


SUR l’Æ T h e r; 

J’ai fatiiré d’Huile de Tartre très- 
pilre le relie de cette Liqueur, fil¬ 
trée , dans l’inllant du mélange la Li¬ 
queur ell devenue jaune, trouble, 
enfuite brune comme du cafFé au lait, 
& parfemée de temps en temps de 
quelques veines bleues très-légeres 
qui dilparoilToient fur le champ ; la 
Liqueur s’ell éclaircie au point de fa- 
turation, elle a paffé très-claire par 
le filtre, il efl relié fur le filtre cin¬ 
quante-quatre grains d’une matière 
férrugineufe, un peu plus pâle que le 
précédent dépôt. 

Tous les crillauy que j’en ai retirés 
étoient parfaitement bien configurés 
en Tartre vitriolé depuis le commen¬ 
cement jufqu’à la fin. 


^4^ I^ISSERTATïOî^ 
DvDèpot resté dans la 


, J -- } V» ^ f-t* i 

<t Juché fans être calciné. (/) 

Cette matière eft criiîalifée com¬ 
me le Sel fédatif, elle efl bleuâtre, 
iort acide, attendu qu’elle n’a pas été 
entièrement defféchée par le feu ; je 
1 ai fait diffoudre dan’s fuffifante quan¬ 
tité d eau, la folution étoit femblable 
a celle des précédens dépôts, je l’ai 
«tree, & en la verfant fur le filtre, 
J ai leparé environ douze grains de 
Sel tres-blanc, indilToluble dans l’eau, 
les Acides les plus concentrés na- 
voient aucun accès fur ce Sel; ces 
criftaux reffembloient à ceux du Sel 
ledatif, mais je regarde cette matière 
comme une pure felenite formée de 
1 Acide Vitriolique, & d’une matière 
terreufe fournie par la bouteille de 
grais, ou par la terre que cet Acide 
tient lui-même en diffoliition. 

Solution bltrée avoit toutes 
les mêmes propriétés que celle ci- 

ce que c’eft que cet 


s t 7 R L^Æ T rt E R. 247 
deffus, c eft-à-dire pour former du 
bleu de Pruffe, & faire de l encre 
avec la noix de galle ; j’ai fait évapo¬ 
rer le refte au bain de fable a ime 
chaleur légère jufqii’à pellicule, elle 
s’eft mife en bouillie ou gelée, fans 
qu’il y eut aucuns criltaux de formes : 
je jugeois que cela venoit de ce que 
la Liqueur étoit trop acide, & quelle 
contenoit avec elle une trop grande 
quantité de terre ; en conféqiience je 
la calcinai, elle répandit une prodi- 
gieufe quantité de fiimée acide, je 
l’ôtai du feu lorfqu’elle fut a^ peu 
près féche, je la fis fondre dans l’eau, 
je la filtrai, mais elle ne m’a jamais pû 
fournir aucuns criftaux, elle efi: reftee 
comme une efpece de gelée grenue. 
Le dépôt dgmciiré fur ie filtre,cettége- 
iée & la Liqueur qui l’environnoient, 
employés tous féparément avec la 
lefiive des favoniers, m’ont toujours 
donné du bleu de Pruflé, de même 
que les précédens dépôts ; & avec la 
noix de ^alle toutes ces matières 
m’ont toujours fait de l’encre. Si cette 
matière n’a pas pu fe crifialifer, cela 
peut venir de quelques caufes que je 
L iv 


/ 


24^ Dissertation 

nai pu éclaircir,parce que je n’en 
avois pas affez : mais malgré cela on 
voit très-clairement par toutes ces 
expériences que ces dépôts reftésau 
J ^ Cornue étoient du Vitriol 
de Mars, qui étoit naturellement te¬ 
nu en diffolution par TAcide Vitrioli- 
qiie, & qui a été extrait par la con¬ 
centration de ces Réfidus. 

J ai fait remarquer ailleurs, («) 
qii en concentrant de ce Réfidii ültré, 
^ diRillé des gouttes 
dHuile de Vitriol dune très-belle 
couleur bleue. Je me fuis convaincu 
que cette matière ifeR autre chofe 
que le vrai bleu de PruïTe, rendu ap¬ 
parent par quelque caufe qui me pa- 
roit difficile a découvrir, puifqu’il a 
été fait fans le concours d’aucun al- 
kalî, & que jiifqii a préfent TExpé- 
neiice a toujours fait voir quon ne 
peut tranfporter fur le fer la matière 
pblogiffiqiie qui lui donne la couleur 
bleue, que par le moyen des Sels al- 
kalis qui font le diffol vant naturel & 
le véritable véhicule de “cette fub- 
Rance. On peut confulter à ce fujet 

(m) Sur la fia de la page 6 r. 




SUR l’Æ T H E R. 249 

les Mémoires de MM.. Geoffroy & 
TAbbé Menon, mais fur-tout celiii de 
M. Macquer, imprimé dans les Mé¬ 
moires de l’Académie, en 1752? qui 
me paroît avoir mis la derriiere main 
à la théorie du bleu de Pruffe , & en 
quelque forte épuifé cette matière. 
Peut-être, quoiqu’il foit confiant par 
les Expériences de M. Macquer, que 
les Acides minéraux ne dhTolvent 
.point la matière colorante du bleu de 
Pruffe, lorfqu’ils font dans leur éta,t 
naturel, & qu’on n’employe que les 
moyens ordinaires : peut-être, dis-je, 
l’Acide Vitriolique dans les différen¬ 
tes combinaifons qu’il éprouve a^ec 
la matière inflammable de fEfprit 
de Vin pendant l’opération de i’Æ- 
ther, fe charge-t-il d’une portion de 
cette matière réduite- dans l’état con¬ 
venable pour former du bleu de 
Pruffe avec le fer, dont il contient 
aufîi une- certaine quantité } C’efl un 
fiîjet qui mérite un examen particu¬ 
lier. Quoiqu'il en foit, j’ajoiiterai 
ici que,tous les dépôts refiés dans 
les Cornues après la diflillation des 
Réfidus ( de l’Æther ) filtrés & non- 


1^0 Dissertation 

filtrés, m’ont toujours fourni du bleu 
de PrufTe en plus ou moins grande 
quantité, lorfque je les ai mêlés avec 
des dofeS convenables d alkali, c’eft- 
à-dire telles que le mélange demeu¬ 
ra toujours un peu acide. 

Tartre Vitriolé 
Fait avec U Réjidu de VÆther VitrioTi¬ 
que non-filtré. 

Pai faturé dans des terrines d% r 
grais la folution filtrée de trois livres [ i 
de Sel de Tartre très-pur, & fait'fans r 
addition quelconque avec fiiffifante 
quantité de ce Réfidu non-filtré. ' 

Dans finflant du mélange, il s’efl ex- ] 

cité une vive effervefcence qui faifoit ! 
élever une moiiffe blanche parfemée i 
à différens endroits d’une couleur j aii- j 

ne très-foncée, qui pafToit rapidement i 
à une très-belle couleur bleue foncée, 
laquelle difparoiffoit très-prompte- 
ment ; cette effervefcence étoit fui- 
vie de la précipitation de la matière 
bitumineufe compofée de l’Acide Vi- 
triolique & des principes huileux de ; 
l’Efprit de Vin, en forme de flocons I 
très-légers, blanchâtres, paroiffant 



SUR l’ÆtHER. 2^1 
très-gras & virqiieux; ces Liqueurs 
répandoient un mélange d’odeurs 
fenfibles d’Æther, de Vinaigre diflil- 
lé, d’Efprit fulphureux très-léger, 
à^Hipar fidphuris ^ de Scordium très- 
fort , tirant fur l’ail ; cette derniere 
odeur eft relî:ée jufqu’à la fin de l’opé¬ 
ration ; le mélange s’efl éclairci au 
point de faturation, je l’ai mis dans 
une marmite de fer pour le faire éva¬ 
porer au point de crifalifation ; j’ai 
filtré cette Liqueur, elle a pafTé très- 
promptement & fort claire, elle étoit 
de couleur un peu aml)rée ; la matière 
bitumineufe ei\ reliée fur le filtre, 
j’ai paffé delTiis beaucoup d’eau bouil¬ 
lante pour en enlever tout le Sel qui 
pourroit y être demeuré, je l’ai laiffé 
lécher, il a pelé deux onces : à l’article 
des Bitumes j’en ai rendu compte, (v) 

Les quatre premières levées de crif- 
taux étoient parfaitement bien conf- 
gimées, & tout à fait femblables au 
Tartre vitriolé ordinaire. 

La cinquième levée de criflauxm’a 
foiurni un Sel bien différent, il étoit 
en petites aiguilles argentines, bril- 

- (Af) Page xj8, ^ 

Lv, 


C)lSSERTATlON 
lames roides, & fort approchantes 
des belles heurs argentines de régule 
ci Antimoine fautes iàns addition. 

le de Vitriol, il fe fait une très-légere 
effervefcence, il s en éleve en même- 
temps quelques vapeurs blanches qui 
ont 1 odeur d’Efprit de Sel. ^ 

Mais fl fur une folution de ces crif- 
taux dans de feau, on verfe quelques 
gouttes de cliïToîiition de Mercure,il fe 
iait un précipité jaune^ce qui prouve f 
que ce Sel a toujours pour halé l’Aci- 
de Vitriolique. 

^ Les crihaux de la lîxiéme levée • * 
etoient en aiguilles, beaucoup plus f 
fines & moins bien rangées; FIMle ^ j 
de Vitriol ne faifoit rien fur ces criL ' ! 
taux , mais leur folution précipitoir 
en jaune la dilTolution de Mercure. 

^ÿ^eur évaporée de nouveau 
selt mife en une efpece de glace 
ronfle tranfparente , d’une forte 
O deiir d ail ou d’arfenic ; cette glace 
étoit compofée de crihaux écailleux, 
relfemblans au Sel fédatif criftalifé, , 

ranges en forme de cellules, lefqueJ- 
tes renfermoieiit une Liqueur d’une > 



• SUR l’Æ T h E R. 155 
odeur qu il n’eft guere polTible de dé¬ 
finir. Ces criilaux font d’abord froids 
fur la langue , & laiflent dans la bou¬ 
che un goût de Terre foliée, ils fe 
boLirfoufflent au feu avec quelques 
décrépitations, ils fe diffolvent dans 
l’Acide Vitriolique affoibli, & ren- 
voyent des vapeurs d’ail & de vinai¬ 
gre diftillé : la folution de ces criûaux 
dans l’eau précipite en jaune la dilTo- 
lution de Mercure ; ce qui prouve 
encore l’Acide Vitriolique. 

J’ai refait évaporer la Liqueur juf- 
qu’à ficcité, elle a continué à répan¬ 
dre une forte odeur d’ail, d’arfénic, 
ou d’affafœtida, qu’il n’eft guere pof- 
fible de définir. La mafie laline qui en 
a réfulté étoit feuilletée comme la 
Terre foliée, mais elle en différoit 
effentiellement, & je m’en fuis affuré 
en faifant diffoudre de cette matière 
dans de l’eau ; cefte folution a la pro¬ 
priété de précipiter en jaune la difib- 
lution de Mercure, ce que ne fait pas 
■ la Terre foliée ; cela prouve toujours 
r exifience de l’A c;de Vitriolique, mais 
extrêmement atténué. 

Dans le Mémoire que j’ui eu 1 hon- 


2-54 ^ïssërtation 

neur de Hre à l’Académie, jayois dit 

a cette occafion que la Terre foliée 
domjoital Elpnt de Vitriol la faculté 
argent; mais depuis 
ayant eu des doutes fur cette Expé* 
nence , parce que j avois fait ma 
erre foliee avec du vinaigre acheté 
chez nos Vinaigners qui y „jê!ent 
quelquefois de l’Eau forte pour lui 
donner plus d aélivité, j’ai pris le 
parti de répéter l’Expérience avec 
du vinaigre que j’avois fait moi-mê.- 
me, & alors je n’ai pas apperçu le 
meme effet ; ainfi ce que favois avan-'' 
ce a ce lujet dans mon Mémoire eft 
mie erreur à réformer. 

Tartre Vïtrtolè 

Fait avec la Potajfe. 

Si au heu de Sel de Tartre très-pur, 
on e fert pour faire ce Tartre vitriolé 
de la potaffe, feulement fondue dans 
de leau & filtrée, les mêmes phé¬ 
nomènes fe préfentent pendant la fa- 
turation mais les crifialifations font 
bien différentes ; d’abord ce mélange 
s éclaircit plus aifément, à raifon d’une 
certaine quantité de terre que ce Sel 


SUR L Æt h E R. 25^ 
contient, & q^ui rt’a été feparee 
entièrement par la folution & filtra¬ 
tion ; cette Terre iért comme de filtre 
à la Liqueur. La première levée de 
criftaux contenoit trois criflalifations 
différentes ; fçavoir, une en Tartre vi¬ 
triolé ordinaire ; une autre irréguliè¬ 
re , dont les criffaux étoient plus min¬ 
ces coupés quarrémentpar une extré¬ 
mité , & ayant des angles droits. Les 
autres étoient longuets, & formant 
un cilindre quarré un peu applati par 
les deux côtés oppofés, coupés per¬ 
pendiculairement à leur extrémité 
& y formant un lofange parfait. 

Parmi les autres levées de criftaux 
qui ont été variées de plufieurs autres 
façons, la plus grande partie avoit 
entièrement la configuration du Sel 
fédatif criflalifé ; configuration qui 
lui venoit du Sel Mpin que contenoit 
ma potaffe ; c’efl une chofe affez re¬ 
marquable de la part de ce Sel, & 
qui mérite bien la peme d etre fume. , 


25^ Dissertation 
O B s E RrA TI O NS 
et T!xPÉRlEji^cES 

Faites fur h Réfidu de lÆther ' 
EitrioLique. 

Nous avons dit dans pliifieurs en- 
drons ce que c’eft que ce Réfidu, ainfi 
■I eft mutile d’en faire ici une rëpéti- 
ùon. Cette matière qui refte dans la 
Cornue immédiatement après la dif- 
tillation de l’Æther, quoiqu’abbreu- 
vee d une grande quantité du phlea- 
me de lEfprit de Vin, attire encore 
ITiumidite de l’air, elle s’échauffe 
beaucoup avec beau & avec l’Efprit 
de Vin ; fi on en lailfe vieillir dans 
des bouteilles bien bouchées pendant 
une année ou deux, la matière gralfe 
ou celle qui colore l’Acide Vi- 
triolique fe précipite peu à peu en 
forme de fedimertt, & la Liqueur qui 
la fumage devient tranfparente dV 
_ paque qu’elle étoit auparavant, mais 
tres-colorée. On peut la féparer en 
grande partie pour la concentrer, c ell: 
un moyen que j^ai quelquefois em¬ 
ployé, liVcide quon en retire m’a 


SUR l’Æth êr. 257 
paru exiger trop de travail pour ac^ 
quérir toute la pureté que je defirois, 
i d’ailleurs je trouve ennuyant de laif- 
fer vieillir ce Réfidii quelquefois pei> 
dant deux ans, & d’être obligé de le 
concentrer au bout de ce temps pour 
le pouvoir mettre en ufage avec pit)- 
lît. Comme j’en avois une très-grande 
j quantité qui m’embarraffoit, & que* 
la filtration à travers la bouteille de 
^ grais ne m.e paroiffoit pas moins en- 
ff nuyante, je cherchai d’autres moyens 
a qui fuirent plus courts & moins em- 
i barraffans pour le dépurer de cette 
î matière bitumineufe. 

J’ai fait voir précédemment que 
1 lorfqu’on diflille ce P«.élidu jiifqua 
t ficcité, l’Acide Vitriolique qui paffe . 
t fur la finquoique bien concentré, 

. efi: d’une couleur & d’une odeur dé- 
: fagréable, parce que l’Huile de Vitriol 
, qui difiille alors, enleve avec elle une 
certaine quantité de cette madere bi¬ 
tumineufe , & lui donne prefqiie la 
J même couleur quelle avoit aupara- 
] vaut ; d’ailleurs, quand on veut reti- 
j rer tout l’Acide Vitriolique d’une cer- 
I taine quantité de ce Réfidu, il faut, 


i 


ï) T SS-ERTATî ON 
comme on fçait, im feu très-violenf 
pour le faire difliller ; outre que ce 
moyen eft difpendieux, l’Acide qui 
diftille en cet état a une chaleur que 
les vaiffeaux de verre ne peuvent 
gueres fupporter que dans les plus 
grandes chaleurs de l’Été, car dans 
toute autre Saifon les cols des Cor¬ 
nues font fort fujets à fe caffer par le 
contaâ; de l’air froid. Pour abréger ce 
travail, & ahn de retirer de ce Réfidii 
ce qu’il eft poliible d’Acide Vitriol.’-^ 
que qui put reffervir, je tentai dif- 
ferens moyens, defquels je ne rap¬ 
porterai que ceux qui m’ont réuffis. 

Ayant délayé avec de l’eau, de 
cette Huile de Vitriol qui étoît diftil- 
lée très-noire, je m’apperçus que le 
principe colorant fe précipitoit en¬ 
tièrement fous la forme d’une pouf- 
liere, & n etoit nullement adhérant 
comme il Veû dans le Réfidu ordinai¬ 
re, & l’Acide qui en étoit féparé ref- 
toit aiiiîi limpide que de l’eau ; cette 
Expérience préliminaire me fit faire 
cette reflexion ; Si la matière noire a 
ete précipitée dans cette circonfiance, 
dk doit l’être de même dans ce Réfi- 


SUR l'Æ T h E R. 259 
du, qui ne feroit que concentré jufqu à 
un certain point, & fans quon fût 
obligé de le dilliller jufqu à ficcité, 
parce que la chaleur qu a cet Acide* 
lorfqifil bout, doit être fuffifaiîte pour 
lui faire perdre fon Giuun^ fi je puis 
m’exprimer ainû. La confiance que 
j’avois à ce raifonnement étoit li for¬ 
te, que fans héfîter je fis une Expé¬ 
rience fur vingt livres de ce Réfidu. 

Je mis donc cette quantité dans 
une Cornue de verre, que je plaçai 
dans un bain de fable d’un fourneau 
de Réverbere, que j’avois arrangé de 
façon à être entièrement maître de 
tous les dégrés de chaleur que je voii- 
lois domier. Je fis didiller environ fix 
livres de Liqueur fulphureufe qui de¬ 
vint acide par dégrés infenfibles juf- 
qu’au point de ne plus être fupporta- 
ble fur la langue ; cette Liqueur, quoi¬ 
que vieille de plufieurs années, donna 
dans les commencemens quelques 
gouttes d’Huile de Vin. 

La Liqueur de la Cornue en cet 
état de concentration n’avoit plus de 
cette matière bitumineufe à fa furface, 
elle s’étoit dépofée fous la forme d’ime 


2.6o Dissertation 

poiifTiere ou de fable, & malgré cela 
mon Huile de Vitriol étoit très-noire, 
trouble, & fort épaiffe ; j en ai gardé 
•en cet état pendant un mois, environ 
deux livres .dans une bouieille lon¬ 
gue , elle ne s!ed: prefque point éclair¬ 
cie , quoiqu elle ait laiffé précipiter 
une grande quantité de fa matière li- 
moneufe; & je préféré, pour éviter 
1 embarras, de finir de la purifier tout 
de fuite de la maniéré fuivante, 

J ai verfé fix livres d eau filtrée fur 
le refte qui pefoit onze livres, ce 
mélangé s’efî: échauffé prodigieufe- 
ment, je fai hitré à travers le papier 
gris après qifil fut fuSfamment re¬ 
froidi ; la Liqueur a paffé très-promp- 
tement claire & un peu jaune ; il efl 
refte fur le filtre un dépôt noir, qui 
lave & bien féché ne m’a rien donn 
de P us par la diflillation à la Cornue, 
que la matière bitumineufe ordinaire 
réfuîtante de cette combinaifon, & 
qui n a point touché aux alkalis. 

J ai mis dans une Cornue la Liqueur 
nltrée pour la concentrer, elle n’a 
nullement changé de couleur tant 
qu il n a diffillé que du phlegme, mais 


SUR l’Æ T h E R. l6l 
lorfqiie les gouttes ont commencé à 
tomber un peu acides, la Liqueur de 
la Cornue s’eil colorée par dégrés in- 
fenlibles jufqu à devenir noire, tranf- 
parenîe, après quoi elle eft devenue 
par dégrés aulïl blanche & aiiffi bril¬ 
lante que de TEfprit de Vin. Il s’efl 
formé dans le fond de ia Cornue une 
très-petite quantité de dépôt blanc : 
tant que la Liqueur de la Cornue fe 
blanchiffoit, celle qui dillilloit étoit 
un peu fulphiireule. Par cette mani¬ 
pulation j’ai retiré de très-belle Huile 
de Vitriol, pefant dix-fept gros dans 
une bouteille d’une once d’eau pure, 
& qui n’avoit aucune odeur fiilphu- 
reuîé ; je la regarde comme auffi pure 
qu’il foit polîible de l’avoir. 

En répétant cette Expérience fur 
un autre effai, & après l’avoir brouillé 
avec l’eau, je l’ai laiffé repofer fans 
le troubler, j’ai remarqué qu’il y avoit 
à la fiiperhcie du dépôt qui étoit fé- 
paré de la furfaee de la Liqueur d’en¬ 
viron quatre travers de doigts, une 
prodigieufe quantité de criftaux très- 
blancs de la configuration du Sel fé- 
datif criftalifé ; mais que je n’ai pu fé- 


262 Dissertation 

parer, parce que pour le peu que je 
touchaffe a la bouteille ils fe mêloient 
avec la matière bourbeiife. Ne feroit- 
ce pas la en partie la matière qui fe 
fublime lorfqu on pouffe par la diffib 
lation ce Rebdu a liccité, & que l’on 
a pris pour du Soufre ? ce phéno¬ 
mène mériteroit bien la peine d etre 
éclairci. 

Il eff bon d’avertir ici que l’on peut ' 
entretenir toujours bouillant ce Réfi- 
du non-bltré pendant fa concentra¬ 
tion, pour le dépurer, fans craindre 
quil monte s’il •eff vieux feulement 
de fix mois ; mais fi on veut fuivre 
cette concentration immédiatement 
après la diff illation de l’Æthet, il faut 
alors ménager le feu pendant quel¬ 
ques jours, parce que cette matière 
fe raréfie & monte très-aifément ; 
c eff dans le temps de cette raréfac¬ 
tion que cette matière perd apparem¬ 
ment fon Gluten; car j’ai remarqué 
que lorfque ce Réffdu eff une fois ’ 
monté, il eff beaucoup plus tranquil¬ 
le fl on le remet pour le concentrer, 

& ne monte plus que dans le cas d’une 
'affiliation mal conduite. Lorfqu’on a 


SUR l’Æ T h E R. 163 
jialiTé vieillir ce üéfidii, vraiiemblu- 
blement la même combinailon s’eil 
faite, mais peu à peu & plus tranquil - 
lement, puifqu il ne le raréfie plus au 
point de rnontçr, à moins que l’opé¬ 
ration ne l'oit mal conduite. 

Si l’on veut éviter de faire monter 
■ ce Rélidup & que l’on aye delTein de 
> }e concentrer promptement lorfqii’il 
' çH nouveau, il n’y a qu’à ajouter dans 
: îa Cornue immédiatement après la 
à didillation de l’Æther, quelques pin 
J res d’eau, luivant la quantité qu’on a 
3 de Réfidii, & continuer la diRillation ; 
3 cette addition empêche très-bien la 
1 raréfaèhon des Liqueurs, parce qu’el- 
1 le divife davantage la matière bitu- 
1 mineufe, c[ui a le temps de perdre 
|| fon 67 z/re /7 pendant quelle s’évapore, 
^ ^lors cet accident n’ell plus à çrain-p 
ï dre, & l’on peut entretenir la Liqueur 
t toujours bdiiiilante. Malgré cette ad- 
i xiition d’eau 011 abrège l’opération, 
[; parce qu’il faut moins de temps pour 
Ç la faire évaporer que celui qu’on ed: 
j obligé • d’employer pour opérer la 
; combinaifon au point qu’il n’y ait plus 
rien à craindre du coté de la raréfàc- 
» tiofî. 


i64 Dissertation 
Il ell prei’qiie inutile de dire ici que; 
la raréfadion dont nous parlons, n efl 
à craindre que lorfque la Cornue dans' n 
laquelle on fait la diftillation n’ell ï- 
point d’une capacité fulîifante, cari 
cette raréfaclion a des bornes : ainli, j 
lorfqifon fe fert de vaiffeaiix affez't 
grands, on peut fe difpenfer d’ajoûten; 
de l’eau ou de laiffer vieillir le Réiidu, ,1 
J’ai toujours remarqué que dans t 
toutes ces concentrations on avoit i 
beaucoup plutôt fait de délayer cet:*. 
Acide concentré dans de l’eau, de le • 
filtrer & le concentrer de nouveau,, 
que de le laiffer dépofer de lui-même ;, 
cette opération eft longue : en cet : 
état l’Acide Vitriolique a un dçgré de 
conliffence qui empêche & retarde i| 
beaucoup la féparation de la matière 3 
pulvérulente. 

i 

Fin dt U Dijfertation fur tÆthcr ' 
Vitriolique, 


ÆTHER 




ÆTHER NITREUX. 


g^^^ONSiEUR Duhamel, Mem- 
^ M ^ bre de FAcadémie Royale 
Sciences,-lut en 1742 
un Mémoire très-curieux (at) que lui 
avoit envoyé M. Navier, Médecin 
à Châlons , & Correfpondant de 
FAcadémie : mais l’opération quoique 
décrite avec beaucoup d’exaàitudè, 
n’a cependant pû être répétée encore 
que par un petit nombre de perfonnes, 
à caufe de quelques circonilances qui 
ont été négligées ; ces circonftances 
paroiffent à la vérité fort peu de cho¬ 
ie , mais elles font néanmoins de gran¬ 
de conféqueru:e pour quiconque, les 
ignore, elles fervent comme de bar¬ 
rière à la réuffite de cette opération, 
ce qui fait voir qu’en fait de détail 

(x) Voyez les Mémoires de l’Académie, Année 

*74^3 P4ge i7S. 

M 





Dissertation 
d’Expériences on ne fçaiiroit être 
trop exaêt, même fur ce qui paroît 
être minutieux. 

Le premier qui a réufü à Paris à 
faire TÆther Nitreux avec une cer¬ 
taine facilité , n a pû s’imaginer, à 
caillé de la mauvaife opinion qu’il a 
de tous ceux qui s’appliquent à 1^ 
Chymie , que.perfonne pût avoir Iç 
même fuccès que lui ; & c’eû fur ce 
fondement qu’il nfa acculé mal-à- 
propos dans des Leçons publiques, 
de hire cette opération en mêlant de 
l’Æther Vitriolique avec de l’Eiprit 
de Nitre. Mais comme tout ce travail 
a été fait à delTein d’infruire, & non 
point à delTein de critiquer, j’ai penfé 
qu’il feroit plus à propos de répondre 
à une imputation fi injulle par des 
faits, que tout autrement : c’elî pour¬ 
quoi j’ai tâché, de ne rien négliger 
dans le détail de l’opération que je 
vais décrire , af n que .les perfonnes 
les moins initiées dans là Chymie 
puilTent en toute sûreté, & fans qu’il 
leur arrive jamais de danger, répéter 
çommodénient cette opération. 

Je penfe bien que quelques perfou- 


SUR l’Æ T h E R. 2(^7 
ncs de mauvaife humeur me repro¬ 
cheront de n’avoir pas rapporté tout 
ce qu on pouvoit dire fur cette ma¬ 
tière ; a cela je ne ferai que répéter 
ce que j’aï dit ailleurs, que mon def- 
fein étoit de rapporter cette opéra¬ 
tion pour me juftifier des reproches 
qu on m a faits ; & que je me propofe 
de traiter ce liijet avec autant d’éten¬ 
due quil mérite en un Volume qui 
fiiivra celui-ci. 

Je dois avertir ici que mon procédé 
ne doit rien diminuer du mérite de 
celui de M. Navier, dont il n’eft pour 
ainfi dire qu’une copie ; s’il y. a quel¬ 
ques différences, ce n’efl: que dans 
quelques points de manipulations que 
j’ai tâché de perfetfionner. Je prie 
le Public'judicieiLX, de ne me point 
foupçonner d’avoir cherché à m’attri¬ 
buer par ime nouvelle manipulation 
une opération dont la découverte 
eft feide capable de faire l’éloge de 
rAuteiir. 




Mij 


x 68 Dissertation 

Æ T'H ER NI T R E U JC , 

Mettez fix onces d’Efprit de Vin 
très-reâ:iEé dans une bouteille de 
gros verre dç Sève, capable de con-* 
tenir environ une livre d’eau-; placez 
cette bouteille dans un fce£ni d’eau 
bien fraîche ou rafraîchie par de la 
glace : verfez fur FEfprit de Vin en 
quatre ou cinq reprifes, quatre onces 
d’Efprit de Nitre très-fumant, con^ 
centré au dégré que nous défgnerons 
ci-a|iïès, en obfervant que l’Efprit 
de Vin foit dans un mouvement per¬ 
pétuel de rotation, à mefure que 
vous verferez votre Efprit de Nitre. 
Il n’eft pas néceffaire que la bouteille 
foit bouchée pendant qu’on fait le 
mélange, il fiiffit d’en fermer l’ouver¬ 
ture avec le pouce ; mais quand il 
fera achevé, alors il faut la bien bou¬ 
cher avec un bon bouchon de liège 
qui doit être recouvert & aïïiijetti 
avec un morceau de peâu en double 

bien ficelé ; laiffez le tout en repos 
dans de l’eau très-fraîche que vous 
renouvellerez de temps en temps. 
Environ deux ou trois heures après. 


là Liqueur perdra un peu de fa tranl- 
parence par Finterpolition d’une infi¬ 
nité de gouttes d’Æther, qui fe dé-, 
gage indifiéremment dans toutes l'es 
parties de la mafie, & qui peu à peu 
îé rafîemble & vient furnager la Li¬ 
queur ; au bout de vingt-quatre heu¬ 
res le mélange fe fera éclairci, & vous 
pourrez féparer ce qu’il y aura d’Ƭ 
ther de formé ; il y en aura environ 
deux onces : mais comme il s’en re¬ 
produit encore, laiffez-le environ fix 
à huit jours, au bout duquel temps il 
ne s’en forme plus ; percez alors avec 
un poinçon de fer le deffus du bou¬ 
chon , afin de faciliter la fortie de l’air ■ 
trop c-ondenfé, vous verrez s’élever 
un petit bouillonnement intefiin fort 
léger ; débouchez la bouteille & ver- 
fez ce quelle contient dans un enton¬ 
noir de verrê, afin de féparer promp¬ 
tement l’Æther d’avec l’Acide, vous 
en aurez quatre onces ; cette quantité 
peut varier fuivant que les LiqueLU*s 
que vous aurez employées feront 
plus ou moins concentrées. 

Il aura une légère couleur citrine 
fort agréable à la vue, confervez-le 
M iij 


27 ° I^TSSERTATTON 
dans un flacon de criïlal bien bouché, 
leRéfldu.péfera cinq onces & demie, 
c efl; une clemie-ônce qui fe fera éva¬ 
porée pendant la féparation. 

R E M A R UES. 

^ Après un grand nombre d’Expé- 
riences que j ai faites pour rendre la 
manipidation de cette opération plus 
facile, j’ai toujours été ‘obligé d’en 
revenir au procédé qui vient d’être 
décrit, comme étant celui auquel je 
donne la préférence, parce qu’il four¬ 
nit davantage d’Æther ; cependant je 
rapporterai par forme d’Expériences 
quelques-uns des autres procédés qui 
en rendent auflî, mais en moindre 
quantité. Ces Expériences ne laiflé- 
ront pas que de donner beaucoup de 
lurniere fur ce qui fe paffe dans cette 
opération, on verr^ què la quantité ■ 
dair qui fe dégage pendant que la 
combinaifon fe fait, efl pour le moins 
aufli a craindre que la chaleur qui naît 
dans ce mélange : c’efl pour cette 
raifon que je me fers de bouteilles 
de Verre de Sève, à caufe de la diffi- 
çulté quoi! a d’avoir des balons ou 


SUR l’Æ T H E R,' l*/t 
matras fuffifamment forts pour faire 
cette opération: les bouteilles de Sève 
réliftent très-bien, fans qu’il arrive 
d’accident ; la dofe prefcrite ici eft 
pour la chopine, je mets le double 
dans des bouteiljes de pinte, & je 
crois qu’il eft efl'entiel de n’en pas 
mettre davantage, du moins je ne 
l’ai pas tenté. 

La fraîcheur de l’eau de puits que 
je rechange de temps en temps, afin 
de ralentir un peu l’effet de l’Efprit 
de Nitre fur rEi’prit de Vin, m’a tou¬ 
jours fufti lorl’que la température de 
l’ajj; n’a que dix dégrés de chaleur au- 
defliis de la congellation ; (jy) mais ft 
le Thermomètre monte plus haut, je 
regarde comme eftentiel de plonger 
ce mélange dans de la glace, afin de 
prévenir la rupture des bouteilles, 
ce qui, je crois, ne manqueroit pas 
d'arriver ; lans cela, l’Æther fe for- 
meroit avec trop de précipitation, il 
feroit réduit en vapeurs par la cha¬ 
leur que le mélange acquiert, laquel¬ 
le eft plus que fufiifante pour cela, 
comme on le verra dans un inftant, 

{y} Au Thermomètre de M. ds Réaiiniur, 

M iv 


'â7î Dissertation 

J’ai prefcrit de verfer l’Efprit de 
Nitre a plufieiirs reprifes, parce que 
cela efl: plus sur que de le verfer en 
une feule fois; quoique je lave fait 
plufieurs fois à ces dofes feulement, 
ians qu’il me foit jamais arrivé d’acci- 
dent; je voulois pour lors effayer 
julqii a quel point on pourroit pouffer 
ce mélange, en obfervant les précau¬ 
tions que j’ai indiquées ci-deffus : c’efl 
pourquoi je vais un peu infifler far 
cet endroit de la manipulation, car 
c eit de-la que dépend prefque tout 
ie fucces de l’opération. J’ai dit qu’il 
lalloit rem.iier très-promptement, & 
donner un mouvement de rotation 
continuel à l’Efprit de Vin dans le 
temps qu’on verfbit l’Efprit de Nitre ; 
cette manipulation ed très-effentielle, 
elle feit àdélayer furle.cliamp l’Acide 
Nitreux, & à modérer par-là fa trop 
grande aélivité ; fans cela il tomberoit 
au fond par fon poids, & agiffant avec 
toute fa force fur une même portion de* 

1 Efprit de Vin, il occafionneroit une 
explofion très-dangereufe. Cet acci¬ 
dent ed plus particulierément à crain- 
dte lorl’qu ou a déjà employé environ 


SUR l’Æ T H E R. 273 
les trois quarts de ibn Acide Nitreux ; 
on peut s’en aiTurer ihns danger en 
veriant feulement quelques gouttes 
'd’Efprit de Nitre dans le mélange fans 
le remuer : on entendra à chaque 
fois un pétillement femblable à celui 
que fait une goutte d'eau jettée dans 
une poêle de friture chaude, c’ed la 
petite portion d’Efprit de Vin touchée 
par FElprit de Nitre qui eft réduite en 
l’état d une vapeur dilatée. On pré¬ 
vient sûrement cet accident en mê¬ 
lant promptement avec tout l’Elprit 
de Vin, chaque portion d’Efprit de 
Nitre que l’on verfe ; par ce moyen 
l’Efprit de Vin étendant beaucoup & 
délayant l’Efprit de Nitre, en répri¬ 
me l’aftivité très-euicacement. Il ré- 
fulte encore un autre avantage de 
cette méthode, c’elt quelle diminue 
confidérablement la chaleur qu’occa- 
iionne le mélange , laquelle, lorf- 
qu’elle eft portée à un certain dégré, 
fait à coitp sûr caffer la.bouteille, à 
caufe de la fraîcheur de l’eau qui l’en¬ 
vironne. Il ne faut pas îailfer ce mé¬ 
lange plus de huit jours fans en fépa- 
rer l’Æther, parce que fi on le laiffe 


274 Diss. ERTATioN 

plus long-temps, une partie de TÆ* 
tlier fe recombine en pure perte avec 
Je Réfidii : on peut cependant le lë- 
parer par la diftillation ; mais fi Ton 
n’a pas une certaine quantité de ce 
Réfidu on le diRülera inutilement. 

La précaution de percer d’un petit 
trou le bouchon de la bouteille qui 
Contient l’Æther Nitreux, avant d’ô- 
ter entièrement le bouchon, efl né- 
cefîaire pour faire fortir peu à peu 
l’air qui s’elt dégagé du mélange, & 
qui eft dans un état de compreffion 
confidérable. Une partie de cet air 
femble être incorporée ou interpolée 
dans les parties de la Liqueur ; car, fi 
l’on vient â déboucher la bouteille 
précipitamment, cet air ainfi* incor¬ 
poré dans le mélange fe dégage en 
grande partie tout à coup, fouleve la 
mafle totale en forme d’ébulliti-on, & 
pourroit faire répandre une partie de 
LÆther, fi l’on n’avoit pas l’atten¬ 
tion de lui faire prendrè l’air par 
dégrés, en lui donnant ainfi un peu 
de vent. 

Dans toutes mes Expériences j’ai 
toujours employé de l’Efprit de Niîre 


s Ü R l’Æ T H E R. 275 
qui pefoit douze gros dans une bou¬ 
teille qui tenoit une once d’eau pure, 
la même bouteille tenoit en Èfprit 
de Vin bx gros quarante-huit grains, 
les Thermomètres étant à onze degrés 
au-deffus de la congellation ; préîen- 
tement je vais rapporter dans le nom¬ 
bre des Expériences que j’ai faites 
avec l’Efprit de Nitre & l’Elprit de 
Vin, celles qui me paroiffent utiles 
pour le iiijet que je traite ici. 

Premicrc Expérimce. Les dofes des 
deux Liqueurs que j’ai indiquées pour 
l’opération de l’Æther Nitreux, font, 
celles que l’Expérience m’a fait con- 
noitre être les meilleures pour en avoir 
en toute sûreté ; car j’ai fait plufieurs 
fois un mélange de trois onces d’Ef- 
prit de Vin très-reélifié, avec une 
once d’Efprit de Nitre fumant, fans 
avoir pu obtenir une goutte d’Æther, 
quoique j’euffe laide les Liqueurs en 
repos pendant plus de trois femaines : 
ayant après ce temps débouché la 
bouteille, le bouchon fut pouffé auÛl 
fortement que s’il y eût eu de l’Æther 
de formé ; j’y ai rajouté une once 
d’Efprit de Nitre j quatre heures 




37^ Dissertation 
après cette addition on commençoit 
à voir dans la Liqueur une difpofition 
favorable à la formation de FÆther ; 
il s en ell effedivement produit, mais 
j’en ai retiré une demie-once de moins 
que fl le mélange eût été fait d’abord 
à des dofes convenables. 

L’Efprit de Nitre agit avec beau¬ 
coup plus de violence que l’Acide 
Vitriolique fur l’Efprit de Vin, c’ell 
apparemment à cairfe de celav que 
l’Æther Nitreux n’a pas befoin dé dif 
tillation pour fe former comme l’Æ- 
•ther Vitriolique ; l’aélivité avec la¬ 
quelle l’Acide Nitreux fe joint aux 
principes de l’Efprit de Vin eû û gran¬ 
de , quelle oblige à prendre toutes 
les précautions que nous avons indi¬ 
quées pour faire le mélange, fans quoi 
on rifque de tout perdre avec des 
explofions très-dangereufes. Je crois 
même que malgré toutes ces précau¬ 
tions il efl impoffible de contenir un 
mélange fait avec parties égales des 
deux Liqueurs : les Expériences fui- 
vantes vont faire la preuve de ce que 
j’avance. 

'Seconde Expérïmu. J’ai mêlé dans 


SUR L’Æ T H E R. 277 
un matras de verre d’un pouce d’é- 
paifleiir douze onces d’Elprit de Vin, 
& autant d’Eiprit de Nitre fumant, en 
prenant les précautions marquées ci- 
deffus ; mais prefque fur la fin du mé¬ 
lange elles n’ont pas été obfervées 
avec alfez d’attention. On a verfé de 
l’Efprit de Nitre fans remuer affez 
vite, & avant que le mélange fût 
complet, à deux onces d’Efprit de Ni¬ 
tre près, qui n’ont point été mifes 
avec le refie du mélange ; les Li¬ 
queur^ , quoique plongées dans de la 
glace, le font fi fort échauffées, & la 
raréfaélion a été fi violente, que le 
bouchon qui n’.étoit que de liège a 
été lancé à quarante pieds de hau¬ 
teur avec une explofion très-forte, 
& la Liqueur fortoit en vapeurs avec 
tant de rapidité quelle faifoit un jet 
d’environ hidt pieds, femblable à ce¬ 
lui d’un ^olipyle ; le Balon n’a point, 
éclaté, mais il s’efl caffé feulem.ent 
par le contrafle du chaud intérieur & 
du froid extérieur. 

Cet accident que j’attribue au peu 
d’exaclitude qui a été obfervee dans 
la manipulation, m’a engagé à recom- 


17^ Dissertation 
mencer cette Expérience, afin de 
m afliirer de la pofiîbilité ou de Tim- 
pofiîbiiité de faire & de contenir un 
mélange de ces Liqueurs fait à parties 
égales. Je n avois plus de Balon d’ime 
force convenable, ce qui me contrai¬ 
gnit heureufement de diminuer la 
quantité du mélange, de de le pro¬ 
portionner cà la force & à la capacité 
du vaifieau dont je me fuis fervi. • 
Troifiéme. Expérknu, J’ai mis dans 
une forte bouteille de chopine de 
Sève, trois onces d’Efprit de Vjn très- 
reélifié, & autant d’Elprit de Nitre fu¬ 
mant , en prenant les précautions in¬ 
diquées dans le procédé, (en remuant 
très-promptement à chaque fois que 
je mettois de l’Acide Nitreux,) je fuis 
parvenu à mêler affez vite & fans dan- 
ger les deux Liqueurs ; elles fe font 
très-bien comporté, & alTez long¬ 
temps pour que je puffe bien boucher 
la bouteille, & la couvrir d’un mor¬ 
ceau de peau en double, de la bien 
£celer, & de la placer dans un fceau ' 
d’eau très-fraîche. Un dçmi-quart- 
. d’heure après il s’ed élevé du milieu 
de la Liqueur un léger bouillonne; 


SUR l’Æ T h E R. 179 
ment, qui en moins de quatre fécon¬ 
dés fut fuivi d’un autre qui étoit 
confidérable que, quoique la bou¬ 
teille fût bien bouchée, il fe fît un 
très-petit fiffiement à travers le bou¬ 
chon & la' peau qui ne s’eft point 
crevée ; mais le bouillonnement aii- 
gmentoit fi fort que le tout devint 
très-rouge, & reffembloit par la cou¬ 
leur à de l’Efprit de Nitre très-fu¬ 
mant & pur ; les chofes en cet état 
annonçoient un danger très-évident, 
je me fuis éloigné, il-fe fît a l’inflant 
une rupture de la bouteille avec tant 
de violence, qu’on l’auroit prife pour 
un coup de canon ; le fceau dans le¬ 
quel étoit cette bouteille fe cafîa, les 
planches fiirent lancées au loin , mal¬ 
gré trois cerceaux de fer quavoit 
ie fceau ; l’adion étoit fi forte en 
tous les fens, qnola planche qui for- 
moit le fond du fceau fut également 
brifée, les planches & l’eau empê¬ 
chèrent heureufement que les éclats 
de la bouteille ne fliffent lancés laté¬ 
ralement avec autant de violence 
qu’ils le furent en haut ; car j en 
hÀ ü-ouvé dans une gallerie voifine 


zSo Dissertation 
qui avoit quarante pieds de haut. 

Après CCS deux Expériences dan- 
gereufes j’en fis une troifiéme à peu 
près de la même nature, laquelle eft 
infiniment moins redoutable, & par 
où j’aurois dû commencer, ce qui 
m auroit difpenfé de faire les précé* 
dentes ; mais en fait d’Expériences il 
n’arrive que trop fouvent de fj^iir par 
où l’on auroit dû commencer. 

Quatriéim Expérimce.. Les Thermo- 
métrés étant à neuf dégrés au-deffus 
de la congellation j’ai, mêlé dans une 
£ole à médecine une once d’Efprit de 
Vin très-redihé avec autant d’Elprit 
de Nitre fumant ; lorfque ce mélange 
a été tait & refroidi par de l’eau, j’ai 
placé la fiole, fans la boucher, dajis, 
une petite écuelle de grais, & difpo- 
fée de façon que je puffe obferver 
fans danger ce qui fe pafferoit. Au 
bout de vingt minutes il a commencé à 
s’élever de ce mélange quelques bul¬ 
les d’air qui ont-augmenté par dégrés, 
mais fl rapidement qu’en quatre mi¬ 
nutes l’effervefcence &; la chaleur fe 
font accrues au point que le tout a 
acquis une couleur auiïï rouge que 


SUR l’JÉ T H E R» 281 
de rEjfprit de Nitre très-fumant pur ; 
le mélange a monté en partie par- 
defliis la fiole, qui étoit de la conti¬ 
nence de fix onces, & poufToit une 
quantité prodigieufe de vapeurs , qui 
avoient une forte odeur d’Æther Ni¬ 
treux ; le bouillonnement & fefFer- 
vefcence finis, j’ai refroidi la fiole & 
ce quelle contenoit dans de l’eau de 
puits, j’ai ajouté dans la fiole ce qui 
a monté par-deffus pendant l’aéfion 
de ces matières, le tout n’a plus pefé 
que demie-once, ainfi c’eft une once 
& demie de Liqueur qui s’efl difîipée 
en deux minutes ou environ : l’ou¬ 
verture de la bouteille avoit trois li¬ 
gnes de diamètre ; fi ces vapeurs euf- 
fent été recueillies dans im'ferpentin 
de verre bien rafraîchi, elles aiiroient 
vraifemblablement fourni de l’Æther 
qui, comme on voit, auroit été fait 
en très-peu de temps. Le Réfidu gardé 
dans luie fiole bien bouchée n’a plus 
produit d’Æther, il reffembloit en 
tout au Réfidu de l’Æther Nitreux. • 
Toutes ces Expériences font au¬ 
tant'de preuves non-équivoques de 
la rapidité avec laquelle i’Efprit de 


iSi Disse RTATioî^ 

Vin efî attaqué par TEfprit de Nîtfô 
& de l’impoffibilité qu’il y a de conte¬ 
nir un mélange de ces Liqueurs fait à 
parties épies, pourvu que l’Elprit de 
Nitre foit concentré au point que. 
j’ai marqué plus haut. 

La quantité d’air qiii fort lorfqu’on 
perce le bouchon d’une' bouteille 
avant que d’en féparer l’Ætherj com¬ 
me nous l’avons dit plus haut, m’a 
paru affez conhdérable poàir mériter 
qu’on y faffe attention: pour cela 
j ai fait l’Expérience fuivante* 

Cinquième Expérience, Les Thermo¬ 
mètres étoient à dix dégrés au-delTus 
de la congellation, &; n’ont monté 
pendant tout le temps qu’a duré l’Ex¬ 
périence qu’au douzième ; il y a eu 
des jours où ils font defcendus au 
neuvième dégré. J’ai mêlé dans une 
bouteille de chopine de Sève, trois 
onces d’Efprit de Vin, & deux onces 
d’Efprit de Nitre fumant; j’ai bouché 
la bouteille avec un bon bouchon de 
liège, auquel j’avois ajufté, un tube' 
de Thermomètre percé d’outre en 
outre ; lorfque ce bouchon a été bien 
alfujetti par de la peau en double, & 


$ V R l’Æ T h Ê R. 283 
de façon que l’air extérieur ne pût 
avoir aucune communication, j’ai ar- 
. rangé folidement à ce tube qui s’éle- 
voit d’environ deux pouces au-deffus 
du bouchon une grande veffie de 
bœuf, vuidée d’air autant qu’il m’a 
•- été polTible, afin de recevoir celui 
j, qui fe dégageroit du mélange : la 
bouteille a été placée dans de l’eau 
i très-fraîche ; il n’a commencé à en- 
] trer de l’air dans la vefîie qu’au bout 
} de huit heures, temps où ces matie- 
I res commenceront à travailler, la 
f veffie a continué de fe remplir jufqu’à 
) ce que tout l’Æther fe fût formé ; j’ai 
l laifle cet appareil dans le même lieu 
[ pendant douze jours. 

Alors j’ai étranglé la veffie avec 
une bonne ficelle avant que de la dé- 
luter, & lorfque l’air quelle conte- 
noit a été refierré dans l’efpace qu’il 
devoit occuper naturellement, fans 
y être ni à l’aife, ni comprimé , j ai 
ficelée de nouveau la veffie forte¬ 
ment à cèt endroit, en faifant difpa- 
roître les rides qu’elle pouvoit avoir ; 
j’ai fait un petit trou à la partie fupé- 
rieiire de cette veffie, affii d’en éva- 


±84 D I s s È R T A T I Ô N 
ciier l’air, lequel n’avoit que rodeu? 
d Elprit de Nitre, & prefque point 
celle d’Æther, il ne s’eft même rien 
Gondenfe dans la velîie ; enluite j’ai 
fait la tare de cette vefîie , je l’ai 
remplie d’eau, elle en a -contenu 
quatre livres douze onces, c’ell-à- 
dire que fuivaiit le calcul que j’en aî 
fait, le volume de l’air qui occupoit 
cette efpace, étoit au volume des Li¬ 
queurs employées- environ comme 
18 à I. 

M. Haïes, fi connu par tant d’ex- 
cellens Ouvrages, a remarqué que 
l’eau forte abforboit de l’air, & que 
l’eau-de - vie en rendoit fort p*eu* 
^j/e^ Statique des Végétaux^ traduit 
en François parM. de Bufon , pag. î 6 2 
& 156.) Cependant le mélange de 
ces deux Liqueurs bien déplilegmées> 
en prodiiifent, comme, on voit, conii- 
derablement, c’ed: cet air qui fait en 
plus grande partie tout le danger de 
1 opération de l’Æther Nitreux, & qui 
oblige à fe fervir de bouteilles fuffi-* 
famment fortes pour le contenir. 

J ai pefé la Liqueur que contenoit 
la bouteille ayant que d’en féparer 


SUR l’Æ T h E R. iS^ 
f'Æther, elle étoit diminuée de deux 
^ros, mais cette perte eft confiante ; 
j’ai toujours remarqué dans tous les 
mélanges de cette nature quelle fe 
faifoit dans le temps qu’on évacue 
l’air des bouteilles qui ont été bien 
bouchées : préfentement il refie à 
fçavoir, fi cette perte efl purement 
de l’air qui a pafTé dans la vefîîe, ou 
bien s’il a entraîné avec lui de l’Æ-^ 
ther, comme il y a tout lieu de le 
penfer; car je crois avoir obfervé 
que cette perte efl plus proportion¬ 
née à la capacité des vaifTeaux dont 
on s’efl fervi ( lorfqu’ils font bien 
bouchés ) qu’à la quantité du mélafo 
ge qu’on a employé. ({) 

Pour m’afTiirer s’il étoit pafle de 
l’Æther dans la vefîie, j’ai fait l’Ex¬ 
périence fuivante , qui de voit me 
donner quelque éclaircifTement là-- 
defïïis. 

Sixième Expérience. J’ai ramoli une 
vefTie de bœuf avec de l’eau, en pre¬ 
nant bien garde qu’il n’en entrât de- 

(\) Mon deffein n’étant pas de donner préfentc-^ 
^en: un Traité complet fur cette matière , je n’ai 
fait aucune Expérience po^r véiiliei ce qui viepç 
4’ftre dit. 


2^6 Dissertation 

dans, je l’ai féchée entre des linges ^ i 
& viiidée d’air autant qu’il m’a été : 
poffible ; j’ai mis dans cette velTie 
deux gros d’Æther Nitreux, lorfque 
la vedie a été bien fermée, je l’ai 
chauffée peu à peu jufqu’à réduire 
tout l’Æther en vapeurs ; en cet état 
il a. occupé une place égale à trois 
livres d’eau , puis je l’ai expofée à la 
température de l’air où j’avois fait 
l’Expérience précédente, qui pour 
lors avoit un dégré de chaleur de 
plus, la velîie s’eff affaiffée peu à peu, 

1 Æther s’eff condenfé en grande par¬ 
tie , & ce qui a reffé en vapeurs n’oc- 
ciipoit plus qu’une place égale à ffx 
onces d’eau, après cela la veffie s’eff 
féchée peu à peu, & l’Æther s’eft 
diffipé à travers fes pores, ce qui a 
duré deux jours, au bout duquel 
temps il n eff plus rien reffé, parce 
que cet Æther eff fort acide ; il a 
rongé en partie la veffie fans là per¬ 
cer , mais il s’eff fait des paffages qui 
ont favorifé fon évaporation, 
objeaion. _ Malgré cette Expérience, on m’ob- 
jeélera peut-être que ce n’eff que de 
i’Æther qui a paff e dans la veffie, ôc 


SUR l’Æther. 2S7 
non point de lair ; mais qu’étant 
beaucoup plus fubtil que celui qui 
relie dans la bouteille, il doit être 
par conféquent d’une dilatabilité affez 
grande pour qu’il ne piiiffe le con- 
denfer que par un très-grand froid, 
ljue je n ai point obfervé. 

• Je répondrai que cela peut être, 
je donnerai même quelques preuves 
favorables à ce fentiment, mais fur 
lelquelles on auroit tort de prendre 
une affirmative bien rigoureufe, cela 
demande d’autres Expériences : en at¬ 
tendant il reliera au moins prouvé 
qu’il fe dégage, pendant que cette 
combinaifon lé fait, un fluide très-élaf- 
tique ; tel qu’il Ibit, qui mérite bien 
qu’on y falîe attention, afin qu’on 
prenne toutes les précautions nécef- 
faires pour éviter des explofions très- 
dangereufes. 

Le procédé de la cinquième Expé¬ 
rience ell celui auquel je donnerois 
la préférence pour faire l’Æther Ni¬ 
treux; mais cependant après celui 
qui a été décrit à la tête de ce petit 
Traité, parce qu’il en rend davanta¬ 
ge , l’autre en rend un peu moins, 


iSS Dissertation 
mais aiiiîi il n’y a rien à craindre du 
côté de la rupture des vaiffeaux. 

Septième Expérience* Les Thermo¬ 
mètres étoient à neuf dégrés au- 
deffus de la congellation, & n’ont 
monté qu’au dixiéme pendant tout 
le temps de l’Expérience. J’ai fuf- 
pendii dans une hole à médecine 
affez large d’ouverture un Thermo¬ 
mètre de Mercure, dont la bôule 
avoit lix lignes de diamètre ; j’ai mêlé 
dans cette fiole trois onces d’Efprit 
de Vin avec deux onces d’Efprit de 
Nitre fumant, ce mélange a fait mon¬ 
ter le Mercure du Thermomètre de 
vingt dégrés ^ j’ai recouvert la fiole 
avec un morceau de peau percée 
d’un petit trou, ôr y laiffant le Ther¬ 
momètre plongé , ce mélange n’a 
point été refroidi. L’air qui l’envi- 
ronnoit l’a rafraîchi affez pour faire 
baiffer le Mercure de l’inflrument de 
fept dégrés en trois heures, il y efl 
refié environ trois heures, au bout 
duquel temps il a commencé à s’éle¬ 
ver des bulles d’air du fond de la fiole, 
le mélange s’efl échauffé peu à- peu 
jufqu’à faire monter en moins d’une 
deinie- 


SUR l’Æ T h E R. 
demie-heure le Thermomètre de on¬ 
ze dégrés au-defTiis de l’endroit où il 
s’étoit arrêté; je craignois alors que 
la chaleur n’augmentât trop vite, je 
plongeai la fiole dans de Feaii nou¬ 
vellement tirée du puits, les bulles 
d’air ont cefle, mais le Thermomètre 
marquoit toujours cinq dégrés de 
chaleur de plus que ceux qui étoient 
à l’air : alors j’ai ajoûté de la glace 
dans l’eau qui baignoit cette fiole, 
elle n’a pu rappeller au terme de la 
glace le Thermomètre qui étoit plon^ 
gé dans le mélange ; pendant vingt- 
quatre heures que j’y ai entretenu de 
la glace, il a conflamment gardé cinq 
dégrés de chaleur au-defiùs de zéro ; 
le lendemain j’ai retiré la fiole de 
l’eau, & je l’ai expofée de nouveau à 
l’air, le Thermomètre a remonté en 
deux heures de temps de dix dégrés , 
& y eft relié près d’un jour, après 
quoi il a commencé à defcendre infen- 
fiblement jiifqu’à ce que tout l’Æther 
fe fut formé, & il s’efl remis au même 
dégré que les autres, lefquels pour 
lors raarquoient cinq dégrés de cha¬ 
leur au-dei 3 ^ de la congellation, ce: 


190 Dissertation 

qui a duré quatre jours, & en tout 
TExpérience a duré iix jours. 

Le vaiffeau de cette Expérience 
ayant été choifi large d’ouverture & 
bas, n’a pas été bouché bien exade- 
înent; tout cela, dis-je, a facilité l’é¬ 
vaporation de la Liqueur æthérée à 
mefure quelle fe formoit, le Réfidu 
a pefé quatre onces, c’eft une once 
de Liqueur qui s’eft évaporée. Mal¬ 
gré cette Expérience j’ai voulu m’af- 
furer s’il étoit poffible de faire de 
l’Æther Nitreux avec profit dans des 
vaifTeaux mal bouchés, pour cela j’ai 
fait les deux Expériences fuivantes. 

HuitUrm Expérience. Les Thermo* 
métrés étoient à neuf dégrés au-def* 
fus de la congellation, & n’ont monté 
qu’au dixiéme pendant tout le temps 
qu’a duré l’Expérience. Je me fuis 
fcrvi d’un petit matras capable de 
contenir dix onces d’eau, le col avoit 
trois pouces de haut, & trois lignes 
de diamètre en dedans pour l’ouver- 
tiue. J’ai mêlé dans ce matras trois 
onces d’Efprit de Vin, & deux onces 
d’Efprit de Nitre fumant ; ce mélange 
a été tenu dans de l’eau fraîche, chan- 


SUR L’Æ T H E R. ±9T 
gée d? temps en temps, pendant tout 
le temps de rExpérienœ qui a duré 
ûx jours, ce matras a été bouché 
avec un morceau de peau percé d’un 
petit trou : l’Expérience finie j’ai pefé 
le total du mélange qui avoit diminué 
de fix gros, je n’ai retiré que trois 
gros d’Æther, le Rélidu a pefé trois 
onces fept gros ; c’eft une once un 
gros d’Æther qui ne s’eft point féparé. 

Neuvième Expérience. Les Thermo-^ 
métrés étoient à dix degrés au-defTus 
de la congellation, & n’ont monté 
feulement que le dernier jour de l’Ex¬ 
périence au douzième dégré. Un pe-* 
tit matras tenant une livre d’eau , 
dont le col avoit deux pieds & demi 
de haut, & quatre lignes de diamètre 
en dedans, m’a fervi pour cette Ex¬ 
périence ; j’ai mis dans ce matras un 
mélange de fix onces d’Efprit de Vin 
& de quatre onces d’Efprit de Nitr® 
fumant. Le matras bouché d’un mor¬ 
ceau de peau en double & percé d’un 
petit trou pour y recevoir un tube de 
verre capillaire, afin de faciliter la 
fortie du fluide élailique à mefure 
qu ü fe dégageroit ; ce mélange 4 


291 Dissertation 
refté dans de l’eau fraîche pendant 
cinq jours : pendant ce temps il s’eft 
fait fix gros & demi de perte, je n’ai 
retiré qu’une once fept gros d’Æther, 
■ y compris un gros qui s’eft évaporé 
pendant fa féparation, au lieu de 
quatre onces que j’aurois dû avoir ; 
le Réfidu a pefé fept onces deux gros 
& demi, c’ef deux onces deux gros 
d’Æther qui n’a pu fe féparer pour 
des raifons que je vais dire. 

L’Æther Nitreux fait dans des vaif- 
feaux dans lefquels l’air extérieur a 
un libre accès, ou bien fait dans des 
vaiffeaux difpofés à recevoir l’air à 
mefiire qu’il fe dégage du mélange, 
comme dans l’Expérience cinquième, 
l’Æther Nitreux, dis-je, fait de ces 
maniérés ef bien différent de celui 
qui eft fait dans des vaiffeaux affez 
clos pour ne rien lailfer échapper 
pendant qu’il fe forme ; le premier fe 
maintient tranquillement dans les fla¬ 
cons aufli-tôt qu’il efl féparé de fon 
Acide, & ne fait ni ébulHtion, ni ef- 
fervefcence lorfqu’on débouche les 
flacons qui le contiennent, parce que 
l’air a eu k facilité de s’évacuer à me- 


SUR l’Æ T h E R. 295 
fiire qu’il s’eft dégagé du mélange, il 
entraîne en même-temps avec lui un 
peu de la portion la plus rpiritiieufe 
de l’Æther qui contribuoit à la répa¬ 
ration du total ; c’ell: une forte de dé- 
compolition de la Liqueur æthérée, 
qui lé fait à mefure quelle fe forme. 
On a dû remarquer par les Expérien¬ 
ces précédentes, que plus l’air a un 
libre accès dans les vailfeaux qui con¬ 
tiennent les mélanges, moins on a de 
Liqueur æthérée, & plus on retire 
de ce que j’appelle Rljidu , c’ell-à-dire 
la Liqueur acide qu’on fépare de def- 
fous l’Æther ; aullî de toutes les Ex¬ 
périences que j’ai faites pour rendre 
cette opération plus facile, c’ell: celle 
de la veille que j’ai trouvé la plus 
commode, & qui m’a rendu le plus 
de Liqueur æthérée, mais moins ce¬ 
pendant que par le procédé dont l’air 
extérieur n’a aiicime communication 
avec le mélange. 

L’autre Æther au contraire, je veux 
dire celui qui a été fait dans des vaif- 
feaux bien fermés, & féparé de fon 
Acide de même que le précédent, 
fait une elFervefcence ou un forte 
Niij 


294 Dissertation 

d’ébullition chaque fois qu’on débou¬ 
che le flacon qui le contient. En ré- 
fléchifTant préfentement fur ce qui 
vient d’être dit, & fur la différente 
manipulation qu’on a employée pour 
préparer ces Liqueurs æthérées, il ne 
fera pas difficile de deviner la caufe 
des différences qu’il y a entre elles; 
nous avons fait voir précédemment 
qu’il fe dégage de cette combinaifoiî 
une grande quantité d’air ; lorfque 
cet air eff retenu par la force du bou¬ 
chon qui lui refiffe, une grande par¬ 
tie fe récombine au total de la maffe, 
ou ne s’en fépare pas entièrement ; il 
eff retenu & fixé dans les interffices 
de la Liqueur æthérée par l’impulfioa 
de celui qui s’eff déjà dégagé du mé¬ 
lange , & qui lui réfiffe fortement ; il 
paroît même qu’il y eff affez adhérant 
pour ne s’en pas échapper tout à la 
fois, mais il fe dégage fucceffivement 
& à mefure qu’on débouche le flacon 
qui le renferme, pour lors il fouléve 
la Liqueur & fait naître ce bouillon¬ 
nement ou cette effervefcence : cela 
eff fi vrai, ^le fi on rebouche le fla¬ 
con 5 l’ébullition ceffe dès que la par- 


SUR L’Æ T h t R. 195 

tie vtiide du même flacon en eft rem¬ 
plie fuffifamment pour faire équilibre 
avec celui qui eft encore dans la Li¬ 
queur , & qui eft tout prêt à s’échap¬ 
per dans une pareille circonftance, 
Lorfque TÆther Nitreux a perdu 
cet air qui paroît lui être fuperflu, 
foit en débouchant fouvent les fla¬ 
cons , foit en l’expofant à l’air libre, 
ou enfin en l’expofant fous la Machine 
Pneumatique, il ne bouillonne plus, 
& il eft tout-à-fait femblable à celui 
qui a été fait dans des vaifleaux dont 
l’air s’eft évacué à mefure qu’il s’eft 
dégagé ; fi cependant on veut en im- 
poi’er à ceux qui aiment le merveil¬ 
leux , & que l’on foit fâché d’avoir 
laiffé perdre à l’Æther la propriété 
qu’il a de bouillonner en débouchant 
le flacon, il eft très-aifé de la lui ren¬ 
dre en mettant ftmplement dans le 
flacon de très-légers fragmens, foit 
de papier ou de liège, ou autres cho^ 
fes femblables ; ce font-là de ces pe¬ 
tites tricheries de Chymiftes qui peu¬ 
vent être employées utilement par 
ceux qui font curieux de ces appa¬ 
rences merveilleufes, 

NW 


Dissertation 
ANALYSE 
DU Résidu 

DEL Æ T H E R Ni T R E U X» 

Lorsqu’on fépare l’Æther Nitreux 
on retire une Liqueur acide, laquelle 
contient de même que le Réüdu de 
lÆther Vitriolique les débris de la 
décompofition de rEfprit de Vin, 
mais d une maniéré différente ; nous 
avons fait voir que ce Réfidu Vitrio- 
iique étoit très-fulphureux, & ne 
contenoit plus rien de fpiritueux; 
celui-ci au contraire n a rien de ful- 
phureux, & contient encore de l’Ef- 
prit de Vin qui n’eft point décompofé 
parfaitement, & qui tient en diffolu- 
tion un peu d’Æther. On ne doit 
point être furpris de ces différences, 
fi on fait attention que celui-ci n’a 
point fubi de diflillation, & que par 
conféquent il efl bien naturel de re¬ 
trouver dans le Réfidu la partie de 
TEfprit de Vin qui n’efl point décom- 
pofée, puifqu’elle ne s’efl point fé- 
parée. Dans l’Æther Vitriolique, au 
contraire, l’Efprit de Vin qui n’eff 


SUR l’Æ THE rV i97 
point décompofé eil celui que le pre¬ 
mier dégré de feu & la fimple chaleur 
du mélange fait dilliller. On m’objec¬ 
tera peut-être que fi tout l’Efprit de* 
Vm qu’on employé n’ell point dé- 
compofé dans ces opérations, on 
pourroit en mettant davantage d’A- 
cide avoir une plus grande quantité 
d’Æther ; la réponfe eft déjà faite 
d avance, il fuifit de renvoyer aux 
accidens qui arrivent en en mettant 
davantage poiu* ce qui regarde l’Æ-r 
ther Nitreux; & à l’égard de l’Æthef 
Vitriolique, des Expériences réitérées 
m’ont convaincu qu’en employant 
une plus grande quantité d’Acide Vi¬ 
triolique que celle que j’ai prefcrite, 
on ne retire pas poiïr cela plus de cet 
Æther, & que par conféquent cet ex¬ 
cès d’Acide eft en pure perte. 

Pour ce qui eft de la différence des 
odeurs de l’un & de l’autre Réfidu, il 
eft aifé d’en rendre raifon, en difant 
Amplement que l’Acide Nitreux com¬ 
biné avec le phlogiffique ne forme 
point de Soufre. 

Cette Liqueur ainfi féparée de l’Æ- 
îher Nitreux eft claire, tranlparente, 
N V 


19^ Dissertation 
elle n a qu’une légère couleur citrine ; 
cependant plus ou moins foncée y ti¬ 
rant fur la couleur de rofe, fuivant 
que l’Acide Nitreux dont on s’eft fervî 
a enlevé de parties férugineufes pen¬ 
dant fa ddlillation, car il en enleve 
toujours un peu : fodeur de ce Rélidu 
eft fort agréable, & entièrement fem- 
blable à celle de fa Liqueur æthérée. 
J’en ai mis cinq onces & demie en 
diftillation au feu de lampe, j’ai reti¬ 
ré quatre onces deux gros de Liqueur 
très-inflammable, d’une odeur plus 
fuave que fon Æther, mifcible à l’eau; 
il m’eft redé dans la Cornue quatre 
gros d’une matière d’un beau jaune 
reffemblant à du Karabé, mais un 
peu raréfiée par des globules d’air qui 
s’y étoit renfermé fur la fin de l’exfic- 
cation. 

Je fuis fort éloigné d’adopter le 
fentiment d’un Chymille qui dit, que 
cette matière efl une gomme artifi¬ 
ciellement faite, je ferois porté à 
croire quelle efl aufli bien une efpece 
de Savon compofé de l’Huile effen- 
tielle de Vin avec l’Acide Nitreux, 
piiifque cette matière ne'fait point de 


SUR l’Æ T h E R. 

mucilage dans l’eau. €e font, comme 
on fçait, des qualités abfolument ef- 
fentielles aux gommes ; cependant 
cette matière n’a pas non plus toutes 
les propriétés des favons, mais com¬ 
me elle en a qui font communes avec 
ces deux fubftances, elle doit tenir 
en quelque forte le milieu entr’elles ; 
ainfi je nommerai cette matière, 
mi-favomufe. 

Examen de la Lkiueuk 
mirée par la Dijîillation du Réjidu 
de VÆthtr Nitreux, 

Nous avons dit que ce Réfidu con- 
tenoit les débris de la décompolition 
de l’Efprit de Vin, il a été néceffaire 
de le diftiller afin de le féparer en 
plus grande partie de cette matière 
Gummi^avoneufe y dont nous avons 
déjà parlé, & dont nous rendrons 
compte dans un inftant ; pour le pré- 
fent il ne va être queftion que de la 
Liqueur dillillée du Réddu. 

Elle ell parfaitement claire, elle 
n’a aucune couleur. Son odeur ell 
fort agréable, & même, comme je 
l’ai dit, plus fuave que celle de l’Æ- 


300 Dissertation 

ther Nitreux. Son goût eft légère* 
ment acide & agréable. Elle rougit 
le Syrop violât. Elle fermente légè¬ 
rement avec l’Huile de Tartre, & 
l’odeur fe rapproche de l’Æther Vi- 
triolique. Ce mélange ne commence 
à rougir que vingt-quatre heures 
après, ou environ, au lieu que le 
Réfidu qui n’a pas été diftillé rougit 
fur le champ avec l’Huile de Tartre, 
comme on le verra en faifant la Li¬ 
queur anodine Nitreufe. L’Acide Vi- 
triolique ne fait qu’augmenter fon 
odeur agréable, & l’échauffe. La dif- 
folution de Mercure n’y fait rien, 
non plus que celle d’argent de Cou¬ 
pelle , l’une & l’autre difîblution faite 
par l’Efprit de Nitre. 

Cette Liqueur précipite en blanc 
fale le Vinaigre de Saturne, ce que 
ne fait pas l’Acide Nitreux ordinaire, 
qui n’y occalionne aucim change¬ 
ment. 

J’ai mis deux onces de cette Li¬ 
queur dans un verre expofé à l’air 
libre, afin de laiffer évaporer le fpi- 
ritueux ; lorfqu’il a été difïïpé je l’ai 
effayé de nouveau, je ny ai remar- 


SUR L’Æ T h E R. 3OÎ 
qué aucun changement ; elle reffem- 
ble parfaitement à du vinaigre diftillé 
par Fodeur & par le goût, j’en ai fa- 
turé deux onces avec demi-gros 
d’Huile de Tartre ; dans rinftant du 
mélange il s’ed; excité une effervef* 
cence affez vive, qui n’a exhalé au¬ 
cune odeur, le mélange eft rehé très- 
clair ; je l’ai fait évaporer au bain de 
fable, à une chaleur très-lente ; à 
mefure que fon évaporation s’avan- 
çoit elle a acquis une couleur rouffe , 
affez foncée, elle a été réduite à deux 
gros par l’évaporation. Cette Liqueur 
eft reliée tranquille pendant la nuit 
fans fournir de crillaux, elle a feule¬ 
ment laifle aux bords de la capfule 
de verre une efpece de gelée ronfle, 
ayant un goût de Nitre, laquelle ne 
flife point fur le charbon. 

Si l’on verfe de l’Huile de Vitriol 
fur cette matière, il s’en éleve avec 
ime vive effervefcence une odeur 
|)énétrante , Nitro -fulphureufe ; j’ai 
achevé de faire évaporer la Liqueur 
qui ne m’a donné qu’une gelée, fem- 
blable à celle qui s’étoit formée aux 
bords de la capfule précédente. 


302 Dissertation 

De UMaticTc Gummi-favoneiife refia 

dans U Cornue apres La Difiillation 
du Refidu de CÆther Nitreux. 

Cette matière eft jaune, ambrée, 
elle attire facilement rhiimidité cfe 
1 air, & poilTe à la maniéré des gom¬ 
mes, ou du fucre humeflé, elle fe 
dilTout promptement dans leau fans 
faire le moindre mucilage ; cette fo- 
lution eft d’ime acidité affez agréa¬ 
ble ; cette .matière fe met en poudre 
facilement lorfqu elle efl bien féche, 
elle eif indiffoluble dans l’Efprit de 
Vin tres-redi£é, elle ne s’y ramollit 
même point du tout. 

J ai fait favoner du linge très-fale 
avec cette matière, elle l’a blanchi 
auffi-bien que li J’on avoit employé 
du fa von ordinaire, mais auffi il en 
a fallu davantage : je nai pas pouffé 
mes Expériences plus loin fur cet 
objet. 

J ai mis trois gros de cette matière 
Gummi-favoneufc en diffillation dans 
une Cornue de verre au bain de fable, 
mais difpofé de façon à pouvoir pouf¬ 
fer le feu par degrés audi fort qu’il 


SUR L’Æ T H E ir. 305 
étoit poffible ; il a diilillé d’abord 
vingt gouttes de Liqueur acidulée 
très-claire, d’une confidence d’Huile, 
ayant une légère odeur empireuma- 
tique, telle que celles qu’ont jes fub- 
itances végétales foumiies à la Cor¬ 
nue : peu à peu cette Liqueur s’eft 
épaiffie au point qu’on auroit cru 
qu'elle didilloit en fiibdance; elle 
étoit d’un beau jaune clair, ayant 
une odeur fort agréable de vinaigre, 
& fe délayant facilement dans la 
bouche. 

J’avois mis pour comparaifon une 
once de Gomme Arabique en didilla- 
tion dans une autre Cornue, mais les 
produits font fi différons que cette 
matière ne doit nullement y être 
comparée ; j’en fupprime ici les ré- 
fultats pour m’en tenir à notre opéra-: 
.tion : il m’eff reffé dans la Cornue 
une matière charboneufe, rare, fpon- 
gieufe, noire, caffante, brillante, & 
n’ayant aucune faveur, pefant vingt- 
quatre grains ; cette terre eft aulH 
fixe au feu que la matière charbo¬ 
neufe féparée du Réfidu de l’Æther 
yitriolique, car j’en ai fait rougir au 


304 Dissertation 

feu pendant plus d’une heure, au bout 
duquel temps elle n’avoit point chan¬ 
gé de couleur ; je ne l’ai pas examinée 
plus amplement. ' 

Cette matière Gummi-favontufe. eÆ 
d une nature afTez linguliere pour mé¬ 
riter la peine d’etre examinée avec 
plus d’étendue que je n’ai fait ; je me 
propofe de le faire lorfque je traiterai 
cette combinaifon de l’Acide Nitreux 
& de l’Efprit de Vin plus amplement ; 
mais en attendant je vais rapporter 
encore quelques Expériences que j’ai 
cru devoir faire. 

J ai fait fondre dernie-once de cette 
matière dans fix onces d’eau, j’ai dif- 
tillé cette Liqueur au feu de lampe, 
j’ai retiré quatre onces de Liqueur 
acéteufe, d’une odeur & d’un goût 
de vinaigre diftillé à s’y méprendre, 
& qui y relTembloit inhniment davan- « 
tage (par les qualités extérieures feu¬ 
lement )qu a toutes celles que )’ai 
retirées de la combinaifon de l’Acide 
Vitriolique & de l’Efprit de Vin ; mais 
elle diffère effentiellement du vinai¬ 
gre diflillé ordinaire. 

Cette Liqueur a été examinée de 


SUR l’Æ TM E R. 30^ 
f même que celle qui a été féparée par 
la diftillation du Rélidu de l’Æther 
1 Nitreux, de laquelle on vient de voir 
I la defcription, j’ai remarqué û peu 
: de différence entre elles, que pour 
î éviter des rédites, je fupprime en- 
i tierement le détail ; cependant com- 
I me cette Liqueur m’a paru être ime 
) de celles qui approchoient le plus de 
I la nature du vinaigre, je l’ai placée par 
I préférence dans la feptiéme colomne 
1^ de la page 198, pour la comparer 
; avec les autres Liqueurs qui y font 
I rapportées. 

Je n’ai jamais pu faire de la Terre 
; foliée avec aucune desLiqueurs qu’on 
I retire de cette combinaifon, & je ne 
fçai quelles ont été les raifons de 
I ceux qui depuis fi long-temps font 
leurs efforts pour fa^e croire au Pu¬ 
blic qu’ils convertiffent fAcide Ni¬ 
treux en Acide de vinaigre, ils s’en 
font vraifemblablement laiffés im- 
pofer par l’odeiu: qu’ont ces Li¬ 
queurs ; car une feule Expérience 
étoit plus que fufîifante pour les dé¬ 
tromper : mais comme les Acides 
minéraux différent effentiellement 


3o6 Dissertation 
entre eux, il pourroit bien fe faire: 
aiilîi que les Acides végétaux difFé-' 
raflent aiifli les uns des autres, & que : 
ces prétendus vinaigres piiflent fe: 
comparer plus raifonnablement ài 
d’autres Acides végét^ix, tels que: 
le verjus, le citron, &c. Mais je: 
finis, car cela me feroit entrer dans: 
une difcuflîon qui ne pourroit fe 
vuider que par un grand nombre u 
d’Expériences que je n’ai point faites* 

Liqueur anodine Nitreufe, 

Dans le procédé de l’Æther Vi- • 
triobque j’ai donné un moyen com- •. 
mode & ^cile pour avoir en faifant 
cette opération de très-bonne Liqueur i 
minérale anodine d’Hoffmann, laqiiel* i 
Je n’efl; autre chofe qu’un Efprit de s 
Vin bien reébfié nar l’Acide Vitrioli- - 
que, & qui tieiu en diffokition une î 
certaine quantité d’Æther, avec une î 
plus grande proportion d’Huile ef- « 
fentielle de Vin, que l’Efprit de Vin i 
pur n’en contient ordinairement, , 
puifque j’ai fait remarquer que cette î 
L iqueur en étoit fi chargée quelle i 
blanchiffoit un peu l’eau préfente- ■ 


SUR l’Æ T h E R. 3 oy 
ment, afin de mettre tous les produits 
^e cette opération à profit, je vais 
donner un procédé pour faire avec 
le Réfidii de TÆther Nitreux ime Li¬ 
queur femblable, & à laquelle on 
peut donner le nom de Liqueur anodi¬ 
ne Nitreufe , parce qu efieéfivement 
elle contient les mêmes principes de 
l’Efprit de Vin, que la Liqueiu: ano¬ 
dine minéral d’Hofimann. Mais ces 
Liqueurs doivent différer efientielle- 
ment entr’elles pour l’ufage médici¬ 
nal , en ce que l’une efi: faite par le 
moyen de l’Acide Vitriolique, & que 
l’autre efi: faite par le moyen de l’A* 
eide Nitreux. 

J’ai fait voir précédemment que le 
Réfidu de l’Æther Nitreux contenoit 
encore une certaine quantité d’Efprit 
de Vin qui n’avoit pas été réduit en 
Æther ; cette Liqueur fpiritueufe a la 
propriété de retenir une portion d’Æ- 
ther en difiblution qui refie combinée 
avec l’Acide, & forme une Liqueur 
homogène ; il n efi pas plus pofiible 
de féparer par la diftillation l’Æther 
qui cft dans ce Réfidu, que de féparer 
celui qui efi dans la Liqueur anodine 


3oS Dissertation 
minérale d’HolFmann, à moins qu oni 
n’ait une bonne quantité de ce Réfi- 
du; parce que dans le premier cas,, 
ou il s’évapore, ou on ne faifit pas; 
bien l’inRant dans lequel il ceffe de 
diftiller, la Liqueur fpiritueufe qui 
lui fuccede fe mêle avec lui, & lui, 
communique la propriété de fe mêler 
avec l’eau; dans le fécond cas om 
fent parfaitement qu’en en ayant une 
plus grande quantité cela eR plus 
facile. 

J’ai fait remarquer, page 111 delà. 
Dijfertation fur VÆther Vitriolïque^ 
que l’Æther Nitreux contenoit une 
allez bonne quantité d’Huile elîen- 
tielle de Vin, par conféqiient notre J 
Réfidii qui contient de l’Æther, doit f' 
être très-propre à faire la Liqueur i 
anodine Nitreufe. Mais comme il ell i 
fort acide, & que c’eR de l’Acide Ni* • 
treux qu’il contient, lequel monte : 
pendant la diRillation aulîi facile- - 
ment que les Liqueurs fpiritueufes, 
il eft nécelfaire de dépouiller ce Ré- 
fidu de cet Acide par l’addition d’un i 
Sel alkali fixe, tous feront également \ 
bons pour cela : voici le procédé. 


SUR l’Æ T h E R. 30^ 
Saturez avec un Sel alkali fixe quel- 
! conque le Réfidu féparé de l’Æther 
' Nitreux , dans l’inflant du mélange il 
i ie fera une vive effervefcence, le tout 
i prendra une couleur jaune foncée, ti¬ 
rant fur le rouge ; lorfque la fatii- 
ration fera faite ^ diftillez ce mélange 
li a feu très-lent pour retirer feulement 
:i ce qu’il y a de fpiritueux ; fi vous 
:r trouvez que cette Liqueur roiigifî'e le 
:: Syrop violât, il faut la diftiller de 
I. nouveau fur du Sel alkali jiifqu’à ce 
:> quelle ne donne aucune indice d’aci- 
,i dite. 

Si l’on a employé plus d’alkali fixe 
I qu’il n’en falloit pour faturer ce Réfi- 
< du, on s’appercevra que la portion 
. de Liqueur qui diflille la derniere, efl 
f tout-à-fait femblable à de l’Efprit ar- 
» dent de Cochléaria, tant par la vive 
: impreffion quelle fait fur l’odorat, 

' que par le goût mordicant & l’en- 
! gourdiffement quelle laifTe fubfiRer 
dans la bouche, qui dure auffi long- 
; temps que celui qu’occafionne l’Ef- 
1 prit ardent de Cochléaria nouvelle- 
I ment fait. On ne fera pas furpris de 
^ ce phénomène fi on fe rappelle çc 


310 Dissêrtation 
qui a été dit à roccaiion de la matière 
bitiimineiife, provenant de la com- 
blnaifon de FAcide Vitrioiique avec 
l’Efprit de Vin, laquelle ne fournit 
que de l’Acide par la diftillation, & 
point d’Huile lorfquelle eft feule; 
mais dès quelle eft mêlée à de Falkali 
fixe, cette matière rend de Falkali 
volatil & de l’Huile foetide. Dans 
Toccafion préfente il eft arrivé la mê¬ 
me chofe à bien des égards; ime par¬ 
tie de Falkali fixe a été volatilifé par 
les débris de la décompolition de 
FEfprit de Vin, mais d’une maniéré 
différente, relativement à la nature 
& à l’état des matières. On doit fe 
reffouvenir que la matière bitiimi- 
neufe, provenant de FÆther Vitrio- 
Eque, étoit très-féche lorfque nous 
l’avons foumife à la diftillation, au 
beu que dans l’opération de la Li¬ 
queur anodine Nitreufe, le mélange 
étoit fluide comme de Feau, & ne 
put fupporter un dégré de feu fembla- 
ble ; la portion d’alkali fixe qui avoit 
été volatilifé par le Réfidu de FÆther 
Nitreux, diftilloit avec la partie fpiri- 
tueufe de ce Réfidu, laquelle le tenoit 


SUR l’Æther; 
en dîffoiution, & a formé une combi- 
naifon qui a été dilférente, tant par 
la différence des matières que par le 
dégré de feu qui a été employé : tou¬ 
tes ces variations, dis-je, ont produit 
un alkali volatil plus doux, délayé 
dans l’Efprit de Vin, ce qui a formé 
une Liqueur qui relfembloit à de TEf- 
prit de Cochléaria. 

Le fer contenu dans l’Acide Nitreux 
fe manifefte par-différentes couleurs 
fuivant les circonftances ; on fçait que 
cet Acide bien concentré devient 
d’une belle couleur bleue de Saphir 
par l’addition d’un peu d’eau ; couleur, 
qui ne vient que du fer, & dont le 
phlogidique ou la matière colorante 
du bleu de Priifîé fe rend apparente 
par quelque caufe qui n’eft pas moins 
difficile à découvrir que celle de la 
couleur bleue que j’ai fait remarquer 
en drftillant le Réfidii de l’Æther Vi- 
triolique.(^) Dans l’opération de l’Æ- 
ther Nitreux,le fer prend vraifembla- 
blement un autre arrangement ; c’effi 
lui qui donne cette couleur citrine à 
i’Æther Nitreux & au Réfidu ; car la 


(4) Page gi. 


O 


312 Dissertation 
couleur rouge qu’on remarque dans 
le temps qu’on fa tare le Réfidu de 
l’Æther Nitreux avec de l’alkali fixe, 
vient de la précipitation du fer qui y 
étcit diffout, & de la décompofition 
de la matière Gummi-favoncufc , dont 
nous ayons parlé plus haut, laquelle 
ed tenue en diffolution dans ce Réfi¬ 
du; car fl on le difdlle auparavant que 
de le iaturer, la couleur qui naît pem 
dant le mélange efl; alors bien moins 
chargée , mais on la remarque tou¬ 
jours ; cela vient de ce que l’Acide 
Nitreux efl aufîi volatil que l’Huile 
effentielle de Vin : ils diflillent en- 
femble , & forment un Savon, en 
quantité proportionnée à ce qui s’en 
enleve pendant la diflillation, & qui 
efl tenu en diffolution par les Li¬ 
queurs avec lefquelles il diflille. 

M. MajaultjDoéleur en Médecine, 
de la Faculté, qui s’efl acquis la plus 
jufle & la plus grande réputation dans 
la pratique de la Médecine, efl le pre¬ 
mier qui ait fait ufage, non-feulement 
de l’Æther Nitreux, mais auffi d’une 
Liqueur à laquelle il a donné le nom 
de Liqueur anodine Nitreufe^ & fes ten- 



SUR l’ÆtHER. 3î^ 
tatives ont été fuivies des plus heu¬ 
reux fuccès. On peut préfumer que 
cette Liqueur n’eft que de l’Elprit de 
Vin très-redifié, chargé d’une cer¬ 
taine quantité d’Æthei Nitreux. 

M. Majault qui entend auffi très-bien 
la Chymie, cette partie fi néceflaire 
aux Médecins, avoit d’abord préparé 
lui-même ce remede ; mais il chargea 
par la fuite de ce foin M. Demoret^ 
Maitre Apoticaire de Paris, très-ha¬ 
bile dans fon Art. Il y a lieu d’efpérer 
que M. Majault fera part au Public 
des effets que ces Liqueurs ont opé¬ 
rés dans les maladies pour lefqueiles 
il les a employées. 


Fin de la Dijfertatlon fur VÆthet 
Nitreux, 


Oij 


3ï4 Dissertation 

X. y ' 

ai •'•**‘**jv| 


. s^/WFVTŸT‘^T^'T^/V\/?VT\l'TN^TVT\^ 




i 


ÆTHER MARIN. 

Ans le Difcours hiftori- 

S Fq Îi4 que que j ai placé à la tête 
lA 4 +flï cet Ouvrage, fai cité 
les Chymiiles qui ont par¬ 
lé de l’Æther Marin , du moins 
ceux qui font venus à ma con- 
noiffance. Par la defcription qu’ils 
font de cette Liqueur , qu’ils nom¬ 
ment Ruik , il paroît quelle ell 
femblable à celle que nous nom¬ 
mons préfentement Æther Vitrïoliquc 
ou Nitreux , fuivant l’Acide qui a fer- 
vi à le faire ; j’appellerai Æther Ma^ 
rin une femblable Liqueur extraite de 
l’Efprit de Vin par l’Acide marin. Les 
Chymilles qui en ont parlé n’ont fait 
qu’indiquer l’opération fans donner 
la maniéré de la faire : on trouvera 
peut-être que le procédé que je don¬ 
ne ici eit extrêmement embarral&iit, 
je le fçai, peut-être mieux que per- 




SUR l’Æ T H F, R. 315: 
fonne, il eft même très-poffible d’en 
abréger la manipulation ; mais fi quel¬ 
qu’un y parvient avant moi, ce fera 
toujours d’après les principes que j’ai 
pofés dans la théorie de l’Æther Vi- 
triolique. Je me fuis même déjà for¬ 
mé un plan de travail, duquel j’ai 
parlé indiredement dans le détail des 
propriétés des autres Liqueurs æîhé- 
rées, mais que je nie difpenlérai de 
rapporter ici, en m’attachant pour le 
prél'ent feulement aux faits qui m’ont 
réuffi ; ainfi je paffe au procédé. 

Æ T H E R Marin. 

Prenez une livre de Sel Marin bien 
décrépité & bien fec, mettez-le dans 
une Cornue tubulée (/^) en fa partie 
fupérieiire,A,maisc:iie ce tube fe bou¬ 
che exaêlement avec un bouchon de 
criHal ufé à l’Emery, B, placez cette 
Cornue dans un fourneau de Réver¬ 
béré, C, adaptez-y un Balon,G, percé 
de deux côtés, D E, fans compter 
celui par lequel entre le col de la 
Cornue, G, l’ime de ces ouvertures 
fera placée en deffous du Balon dans 

(Z)) Voyez la Planche cî-apcès, Pag. 518.. 

O iij 


3i6 Dissertatioît 

la ligne perpendiculaire, & faifant 
une parallèle avec le fourneau, cette 
ouverture fera terminée par un tube 
E , auquel on ajuftera un Réci¬ 
pient , H, pour recevoir les vapeurs 
qui pafferont dans le Balon: lauù-e 
ouverture, D, fera placée à la partie 
du Balon qui fe trouvera vis-à-vis le 
bec de la Cornue, on y lutera folide- 
ment & exaélement un petit matras, 

K, a col court, dont l’ouverture fera 
aullî étroite que celle d’un Eolipiîe, 
dans lequel on y aura introduit qua¬ 
tre onces d’Efprit de Vin très-redifié, 
de la même maniéré que l’on emplit 
un Eolipile ; ce matras fera placé 
dans une ligne qui ne fera ni trop 
perpendiculaire , ni trop inclinée , 
mais de façon que rien ne puiffe dif- 
tiller dans le Balon, li on venoit à 
léchauffer ce matras à ce deffein. 

Les chofes étant ainli placées, & les 
vailTeaux étant bien lutés, obfervant ' 
les précautions décrites dans les re¬ 
marques,& les bits bien féchés, verfez i 

à diverfes reprifes par la tuhulun. de la i 

Cornue, A, huit onces d’Huile de Vi- ! 
Criol très-concentrée ^ au-point de pe- j 


SUR l’Æ T h E Ry 317 
fer dix-fept gros dans une bouteille 
d’une once d’eau pure. Dans l’inilant 
la Cornue,les Balons,& même le petit 
matras qui contient l’Efprit de Vin , 
feront remplis de vapeurs blanches 
très-difficiles à fe condenfer ; pour 
lors approchez im réchaud de feu, L, 
defTous le matras , K, qui contient 
l’Efprit deVin, afin de le faire bouillir, 
& de le réduire en vapeurs, lefquelles 
fe joindront à celles de l’Efprit de Sel, 
& qui ne les feront condenfer que 
très-difficilement; continuez de verfer 
l’Huile de Vitriol dans la Cornue, & 
de réduire votre Efprit de Vin en va¬ 
peurs. Lorfque le mélange de la Cor¬ 
nue fera un peu tranquille, ajuflez le 
dôme, M ; faites du feu dans le four¬ 
neau , de même que fous le matras 
qui contient fEfprit de Vin, mais 
ayez grand foin de le ménager de 
façon que vous en ayez jufqu’à la fin 
de l’opération : lorfque FEfprit de 
Sel cefTera de diftiller, & que FEfprit 
de Vin fera réduit en vapeurs ; débi¬ 
tez les vaiffeaux, & verfez le mélan¬ 
ge des Liqueurs, qui fe trouvera dans 
le matras, H, dans un flacon de criflal 
Oiv 


5i8 Dissertation 

bien bouché, laiffez-Ie en digeffion 
à froid pendant environ un mois, au 
bout de ce temps mertez-Ie en diilil- 
lation au feu de lampe, ou à un feu 
de charbon très-doux. Dans la pre¬ 
mière portion de Liqueur qui diftiîie- 
ra, vous verrez furnager environ un 
gros d’une Liqueur citrine, graffe, & 
reffemblant plutôt à une Huile effen- 
tielle qu’a foute autre chofe ; cette 
Liqueur a une odeur fafranée, fort 
acide, mais la Liqueur qui efl avec 
“«lie ed: très-fumante. 

CetÆther ed en fi petite quantité 
qii il ne peut fiiffire aux Expériences 
néceffaires pour le bien examiner. Je 
dirai feulement ici qu’il ma paru auffi 
volatil que l’Æther Nitreux, il fe ré¬ 
combine comme lui facilement avec 
la Liqueur î^cide fur laquelle il fuma¬ 
ge ; mais cotte combinaifon efl envi¬ 
ron fix mois à fe faire. 

R È M A R (I U E S, 

Cette opération efl: une des- plus 
difficiles, des plus longues, des plus 
ennuyantes, & des plus laborieufes 
gue jaye jamais faite. On connoît 













S UR l’Æ T h E R. 31^ 
aitez Télafticité des vapeurs de FAd- 
de Marin dans le cas ordinaire de la 
didiliation de cet Acide ; mais ici 
cette éladicité a deux cailles qui oc- 
cadonnent une augmentation d prodi- 
gieule, qini n’ed giiere podible d’en 
déterminer les limites, c’ed dans 
Findant que ces deux vapeurs fe joi¬ 
gnent qu’il le fait une réadion mu¬ 
tuelle très-conddérable, dont on ap - 
perçoit Fedct par le petit trou, H , 
qu’on a pratiqué à un des côtés du ma- 
tras quireçoitla Liqueur qui didille,& 
qu’on débouche de temps en temps. 

M. Geoffroy dit qu’il lui ed arrivé 
une explodon d’un mélange d’Elprit 
de Sel & d’Efprit de Vin au bout de 
vingt-quatre heures. Voye?^ Us Mé^ 
moins dé U Académie^ Année 1742 , 
page çq. Peut-être arriveroit-il la 
meme chofe dans cette occadon, ü 
Fopération étoit mal conduite ; car 
l’Acide Marin ed ici dans un dégré 
de concentration cortddérable ; mais 
quoique j’aie répété cette Expé¬ 
rience epuatre fois, cela ne m’ed pas 
arrivé , & j'ai toujours eu après 
la reétidcation de ces liqueurs ma 
O V 




320 Dissertation 
petite quantité de Liqueur æthérée. 

Malgré la jonftionde ces vapeurs, 
îunion des Liqueurs neft pas encore 
bien parfaite, elles font prefque aulîi 
fumantes que li l’Efprit de Sel étoit 
pur ; c’eft pourquoi j’ai prefcrit de 
les lailTer digérer environ pendant un 
mois, & j’en ai même depuis deux 
ans en digeftion qui fument encore, 
mais très-peu en comparaifon de ce 
quelles font lorfqne la diftillation efl 
nouvellement faite. Dans le temps 
qu’on fait la reflification de ce mé¬ 
lange pour en retirer la Liqueur 
aethérée, celle de la Cornue fe trou¬ 
ble un peu, & fe colore fenfibiement ; 
la Liqueur qui diftille, & fur laquelle 
fumage notre Liqueur æthérée, eft 
de même que celle qui rede dans la 
Cornue, prefque auffi filmante que 
de l'Efprit de Sel fumant ordinaire. 

Ob'eOlons. Je fens parfaitement qu’on peut 
faire de très-fortes objeêfions contre 
les produits de cette opération, & 
qu’on me dira que le peu de Liqueur 
æthérée que j’ai retirée, vient d’une 
partie des vapeurs de l’Efprit de Vin 
qui auront été entraînées dans la Cor- 


SUR L'Æ T h E R. 311 
nue , ( elles s’y feront condenfées fi 
l’on veut, ) elles auront été attaquées 
par l’Acide Vitriolique, & auront for¬ 
mé la petite portion d’Æther que j’ai 
obtenu. 

Il paroît d’abord difficile de répon- R^ponfe 
dre à une objeélion fi fpécieufe, je 
vais eflayer néanmoins d’y répondre 
par les deux Expériences fidvantes. 

La première efi,que fi l’on fait fon¬ 
dre dans l’eau la réfidence faline de 
la Cornue , fans la calciner, qu’on la 
filtre, qu’on la fafie criftalifer, la Li¬ 
queur efi très-claire, elle n’a aucu¬ 
ne couleur, aucune odeur, le Sel 
qu’on en retire efi un Sel de Glauber, 
auffi beau, auffi blanc qu’il efi poffi- 
ble de l’avoir, avec un peu de Sel 
Marin qui n’a pas été décompofé, 
parce q[ue la quantité d’A eide Vitrio¬ 
lique n’a pas été fufiifante pour cela, 

& la Liqueur conduite jufqu’à la fin 
des crifialifations, ne paroit partici¬ 
per en rien de la combinaifon de l’A¬ 
cide Vitriolique avec l’Efprit de Vin. 

La fécondé Expérience qui paroî- 
troit conftater ce qui vient d’être 
rapporté dans la première, efi le ré- 
O vj 


322 Dissertation 
fiiitat des premiers travaux que fai 
faits fur cette opération ; travaux 
préliminaires qui mériteroient d’être 
ïiipprimés fi j’avois quelque chofe de 
mieux à dire, mais dont cependant 
je puis tirer un bon parti pour lobjet 
préfent : voici cette Expérience que 
je rapporte comme fécondé preuve, 
ou comme ime fécondé réponfe à 
robjeéiion. 

Ayant placé les vaiffeaux comme 
pour faire l’Elprit de Sel ordinaire, 
& m’étant fervi d’une Cornue tubii- 
îée dans laquelle j’avois mis huit on¬ 
ces de Sel Marin bien dccrcpité & 
bien fec, j’ai verie à plulieiirs reprifes 
quatre onces d’Huile de Vitriol & 
autant d’Efprit de Vin très-reftihé, 
mais alternativement de l’Efprit de 
Vin & de l’Huile de Vitriol : lorf- 
que tout fut mis dans ma Cornue, 
j’ai conduit la diflillation à l’ordinai¬ 
re , elle ne m’a pas donné une feule 
goutte d’Æther ^ les Liqueurs ctoient 
fumantes comme les précédentes. 
L’opération finie, j’ai fait fondre la 
rclidence faline de la Cornue comme 
la précédente, fans la calciner, dans 


SUR l'Æ T h Ë R. 313 
fuffifante quantité d’eau, j’ai eu de 
très-beau Sel de Glauber ; la Li¬ 
queur étoit très-belle, très-blanche, 
& ne paroilïbit pas plus fe relTentir 
de la combinaifon de F Acide Vitrioli- 
que & de l’Elprit de Vin que la réfi- 
dence l'aline précédente. 

Ainfi il réfulteroit de cette Expé¬ 
rience que l’Acide Altriolique auroit 
piUtqt porté l'on adion llir le Sel 
Marin que fur le phlegme de l’Efprit 
de Vii^, pour en opérer la décompo- 
fition, comme il arrive dans le cas 
connu, puifque je ii’ai retiré ni ma¬ 
tière noire, ni aucune Liqueur æthé- 
rée. 

Je fens bien que malgré ce que je 
Tiens de dire il pourra relier quelques 
doutes fur la préfence de l’Acide Vi- 
triolique, qui aura pù palTer en partie 
avec les vapeurs de l’Efprit de Sel , 
& produire la petite quantité de Li- 
quer æthérée que j’ai obtenue. Aulîi 
je ne me ferois pas expolé à publier 
mon procédé dans 1 état d’imper- 
feélion où il ell encore, fi je n’y 
avois été en quelque forte contraint 
pour me défendre d’une imputation 



324 Dissertation, &c. 
qu on m a faite, en avançant en 
Public que je mêlois de l’Acide Ma¬ 
nn dans de l’Æther Vitriolique, & 
que je donnois enfiiite ce mélange 
pour un véritable Æther Marin. Mms 
j’efpere mettre la derniere main à 
cette opération, & convaincre tout 
le monde de la poffibilité de fa réuf- 
û.tQ auffi pleinement que j’en fuis con¬ 
vaincu moi-même, d’après les pre¬ 
mières Expériences que j’en ai faites. 


F I N. 



ADDITIONS ET CORRECTIONS. 

P Age f , ligfie 13 , fiirnageoit, ajouu\ le. Ibid, 
ligne J4, retranche^ le. 

Page 6 , ligne i o , le lui a fai: voir, life~^ il s’en eft 
alluré par. 

Page 14, ligne 16 , ouverture, ajouicT, & qui en 
contienne une livre ou deux. 

Page 64 , Colonne, ligne 3 3 , du Soufre, life^ 
efpece de Soufre. 

Page 6 8 , ligne 11 , pas, life\ plus. 

Page p6 , ligne 2,4 , de fes, life~^ de ces. 

Page 100 , ligne 18 , ambient, lifeT, ambiant. 

Page 108 , ligne 14, publiât, li^ publia. 

Page 14^ , lignes ç (ÿ' t, que ce vinaigre , lifc\ que 
cïe prétendu vinaigre. 

Page 130, ligne 6 , la dilToudre , life-^ les dilToudre. 

Page i^4,lig>iez^ , Chau(b-dkis lifi^^CHAUJEiSKiS. 

Page 158, ligne zf , animée , Ufe^^ animé. 

Page loi , ligne f, maffè, ajoute^ la. 

Page z^o, ligne j , niarç , lijei^ mare. 








TABLE 

DES MATIERES. 

jer.^ClDE SULPHUREUX, 5^ Pro¬ 
duit. Pag' 1S6 

Acide Sulphureux expofé à l’air. 

195 

Z® Acide Sulphureux, ^'Produit. 

216 

Acide Sulphureux , retiré duTur- 
bit minéral expolé à 1 air. ^ 196 

Acide ViTRiOLiQUE qui a l’odeur 
de l’Acide Marin. 2186* 228 

Acide Vitriolique , couleur de 
Lilas,d’où vient cette couleur. 221 
Acide Vitriolique Vineux, 2* 
Produit. ^ ^ ^9 

Æther Marin , Procédé. 313 
Noms des Auteurs qiû ont eu con- 
noiffance de cette opération. 24 
& 25 

Æther Nitreux , Procédé. 265 
Ne peut fe faire avec des doies 


3^5 T a BLE 

d Acides moindres que celles indi¬ 
quées dans le procédé. ly ^ 

Le mélangé qui doit le produire 
en fournit moins lorfque les vaif- 
feaux ne font pas bien bouchées. 

290 (S- 2^1 

La quantité d’air qui fe dégage 
pendant qifil fe forme. 282 
Chaleur qui naît dans le mélange 
qui le produit. 288 

Eipace qu’il occupe lorfqu’il efl ré¬ 
duit en vapeurs. 285 

Le mélange qui doit le former 
ne peut être contenu, s’il ed fait à 
partie égale des Liqueurs. Explo- 
£ons qifil en arrive. 176 

Pourquoi il bouillonne dans les 
flacons. 292 S’/uIp, 

Anaîyfe du Réfidu de i’Æther Ni- 
treux. 

Æther Vitriolique , 3^ Produit . 
Étymologie de fon nom. 7^ 
Procédé pour le faire. 27 

Il fe peut faire au feu de lam.pe. 3 8 
Fait avec de l’Efprit de Vin à ia 
Lavande. 

La quantité qu’on en retire fuivant 
• îesSaifons. Table à ce fu; et, 45 


D E s M AT I E R E s. 3 17 

Sa réparation d’avec les autres Li¬ 
queurs fpiritueufes. 65 

La propriété qu’il a de nager üir 
l’eau, n’eft pas toujours une preu¬ 
ve de fa bonté. 7 ^ 

Le premier qui paffe dans la reélifî- 
cation efl le meilleur. 79 

Sa décompofition par l’Acide Vi- 
triolique. 133 

Sa décompofition par l’Acide Ni¬ 
treux. , 143 

Son évaporation à l’air. 11 o 
Le refroidifTement qu’il occafionne 
en s’évaporant. Comparaifbns de 
fes effets avec l’Æther Nitreux & 
avec l’Efprit de Vin. 836* fuiv. 
Ne font point baiffer les Thermo¬ 
mètres , fi l’évaporation de ces Li¬ 
queurs ne fe fait pas immédiate¬ 
ment fur ces inlfrumens. 98 

Ils font geler l’eau en s’évaporant. 

94 

Explication de ces phénomènes. 

100 

Ils font hger l’Huile d’Olive. 93 
Leurs refroidiflemens augmentés 
par la glace. 105 

Ils s’échauffent avec leap. 105 



32-8 Table 
Ils prodiiifent de la fumée pendant 
leurs combuftions. 

Le Vitriolique n’enflamme pas 
mieux la poûdre à tirer que l’Elprit 
de Vin ; le Nitreux le fait toujours, 
& pourquoi. 111 

Inflammations par FÉIeélricité. 

122 

L’Æther ne s’enflamme point par 
les Acides minéraux. 13 o 

Sa propriété pour détacher les 
étoffes. lyg 

B Itume ( Efpece de ) 11 Produit. 

227 

Il devient bleu pendant fa calcina- 
tion. 2.29 

Bitume féparé du Réfidu de l’Æther 
par l’alkali fixe. 238 

Ce Bitume ne produit que de l’al- 
kali volatil. 240 

Bleu de Prusse fait avec ce Bitume. 

233 

Bleu de Prusse qui a diffillé avec 
l’Huile de Vitriol. 62 <5* 248 
Bleu de Prusse rendu apparent 
dans l’Acide Nitreux, par l’addi- 
îion d’un peu d’eau. ^ i x 


des MATIERES. 329 

J) IgÉrer ( Inutilité de faire) le 
mélange qui doit produire l’Æther. 

37 

Discours Historique fur l’Æ- 
ther. I 

ÏIiSpece d’Efprit de Cochléaria re¬ 
tiré du Réfidu de TÆther Nitreux. 

309 

État des Matières fur lefquelles l’Æ- 
ther a été effayé. 130 

Esprit DE Vin , RWz/ir. 67 

Fer, fon exiftence prouvé dans 
THiiile de Vitriol. 62, 233, 236 
& 248 

Froid Élémentaire. ioq 

.1 “'Huile douce de Vitriol ^ 
Produit. 2,05 

2® Huile douce de Vitriol, 7®, 
Produit. 2.07 

Ses différens noms. 2.08 

Les Huiles douces ne font aucune 
impreflion fur les métaux des 
quelles ne font plus fulphureu- 
jès. 


33 Ô 


Tablé 


Huile douce de Nitre. iïï 
Huiles essentielles , communi¬ 
quent leur odeur à l’Æther & à 
l’Huile douce. 213 

Huiles grasses, ne font point effen- 
cidées par l’Acide Vitriolique. 214 
Huile de Vitriol, Produit, xh 
Hepar sulphuris .y fait avec la 
Matière bitumineufe. 232 


me. 23 2 

amais elle n’ar¬ 



rive en mêlant l’Huile de Vitriol 
avec l’Efprit de Vin. 36 

Inflammation de l’Æther par l’É- 
ledricité. 122 

I_jÎQUEUR anodine minérale d’Hoff¬ 
mann. 3 ^ 

Elle rougit quelquefois le Syrop 
violât fans être fulphureufe, & 
pourquoi. yo 

Liqueur anodine,Nitreufe. 306 



^Gummi-savoneuse , 
298 & 302 



ACIDULÉ ^ 4*' Produite 
^^2 



t>ES MATIERES. 331 

Ï^ÉsiDU de l’Æther Vitrioliqiie. 

* 256 

Sa filtration à travers une bouteille 
de grais. 54 

Sa diflillation. 56 

S El fingulier retiré de l’Huile dou¬ 
ce. 212 

Sel fingulier retiré du premier Acide 
lulphureux. 186 

Sel vitriolé de M. Pott. 230 

Soufre , ( Efpece de ) 10^ Produit. 

224 

T^Able des Produits qu’on retire 
de l’opération de l’Æther ’Vitrioli- 
que. 63 

Leurs féparations. 48 &fuiv. 

Table de Comparaifon de tous les 
phlegmes acidulés , comparés au 
vinaigre diflillé. 198 

Tartre vitriolé fait avec ces 
phlegmes acidulés. 199 

Tartre vitriolé fait avec la Li¬ 
queur anodine minérale d’Hoff¬ 
mann. 74 

Fait avec l’Æther. 81 & 13Q 




332. Table, &c* 

Avec le Réfidii de FÆther Vi- ■ 
trioliqiie. 250 < 5 * 254^ 

Terre , fon exiflence dans l’Huile i 
de Vitriol. 13 5 & 237 " 

Turbith minéral ordinaire. 

195 ! 

Turbith minerai blanc. 202 t 
Turbith minerai noir. 190 \ 

Itriol de Mars féparé du Ré- i 
iidu de l’Æther. 57, 59, 244 & } 
245 I 

r 


Fin di la Table des Matic^rss, 




APPROBATION. 

J’Ai lu par ordre de Monfeigneur 
le Chancelier un maniifcrit intitulé : 
Dijfmation fur lÆther, dans LaqudU 
on examine, Us différens Produits du mé¬ 
lange de lEfprit de Vin avec, les Acides 
minéraux , par M. Baume, Maître Apc* 
ticaire de Paris. Il m’a paru qUe la gran> 
de quantité d’Expériences que con¬ 
tient cet Ouvrage ne pouvoir que le 
rendre très-inllrudif & très-agréable 
aux Chymifles. A Paris, ce 20 Juil¬ 
let 1756. MACQUER. 


PRIVILÈG E DU ROI. 

ouïs par la grâce de Dieu, Roi de 



1 J France & de Navarre: A nos amés & 
féaux Confeillers, les gens tenant nos Cours 
de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinai¬ 
res de notre Hôtel, Grand-Conlèil, Prévôt de 
Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans 
Civils , & autres nos Jufticiers qu’il appartien¬ 
dra, Salut. Notre bien amé Jean Thomas 
Hérissant , Libraire à Paris , Nous a fait 
expofer qu’il defîreroit faire imprimer & don¬ 
ner au Public des Ouvrages qui ont pour titre. 





Biffer tat'ion fur l’Æther^ par M. Baume'. Vie de 
Jerome Bignon , par M. i‘Abbé Pérau : s’il nous 
plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège 
pour ce nécefl'aires : A ces Causes , voulant 
favorablement traiter l’Expofant, Nous lui 
avons permis & permettons par ces Préfentes 
de faire imprimer lefdits Ouvrages autant de 
fois que bon lui femblera , & de les vendre , 
faire vendre & débiter par tout notre Royau¬ 
me pendant le tems de fix années confécutives, 
à compter du jour de la date des Préfentes. 
Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires, 
& autres perfonnes, de quelque qualité & 
condition’ qu’elles foient, d’en introduire 
d’imprelTion étrangère dans aucun lieu de 
notre obéilfance, comme aulîi d’imprimer ou 
faire imprimer , vendre, faire vendre , dé¬ 
biter , ni contrefaire lefdits Ouvrages , ni 
d’en faire aucuns Extraits fous quelque pré¬ 
texte que ce puilTe être , fans la pcrmillîott 
exprelle & par écrit dudit Expofant, ou de 
ceux qui auront droit de lui , à peine de 
confifeation des Exemplaires contrefaits, de 
trois mille livres d’amende contre chacun 
des contrevenans , dont un tiers à Nous, un 
tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers 
audit Expofant , ou à celui qui aura droit dé 
lui, & de tous dépens , dommages & interets ; 
à la charge que ces Préfentes feront enre- 
giftrées tout au long fur le Regiftre de la 
Communauté des Libraires & Imprimeurs de 
Paris dans trois mois de la date d’icelles , 
que l’impreflion defdits Ouvrages fera faite 
dans notre Royaume & non ailleurs, en bon 
papier & beaux caraderes, conformément à 

la 



ia feulîie imprimée attachée pour moiieic 
ïbus le contre-fcel des Préfentes 3 que J’Im- 
pécrant fc conformera en tout aux RéglemenS 
de la Librairie, & notamment à celui du 10 
Avril 171; ; qu’avant que de les expofer eri 
vente , les Manufcrits qui auront fervi dè 
copie à l’imprellion defdits Ouvrages , feront 
icmis dans le même état où l’Approbation y 
aura ete donnée , es mains de notre très- 
cher & féal Chevalier, Chancelier, Garde 
des Sceaux de France , le Sieur De Lamoi^ 
gnon 3 & qu’il en fera enfuite remis deux 
Exemplaires de chacun dans notre Bibliothè¬ 
que publique, un dans celle de notre Château 
du Louvre , un dans celle de iiotredit très-cher 
& féal Chévalièr, Chancelier de Franeè, le 
Sieur De Lamoignon, & un dans ce'.le de 
notre très-cher & féal Chancelier, Garde des 
.Sceaux de France, le Sieur De Machault, 
Commandeur de nos Ordres , le tout à peine 
de nullité des Prefentes. Du contenu defquel- 
les vous mandons & enjoignons de faire jouir 
ledit Expofant & fes Ayans caufe pleinement 
& paifiblement, fans loufFrir qu’il leur foit 
fait aucun trouble ou empêchement. Voulons 
que la copie des Préfenres qui fera impri¬ 
mée tout au long au commencement ou a la 
fin def lits Ouvrages, foit tenue pour dûemenc 
fignifiée , & qu’aux copies collationnées par 
l’un de nos amés & féaux Confeillcrs & Sé- 
crétaires foi foit ajoutée comme à l’Original. 
Commandons au premier notre Huilfier où 
Sergent fur ce requis de faire pour l’exécu¬ 
tion d’iccUes tous aéles requis & nécefl'aires * 

P 


fans (îcirfancîer autre permifTion, k nonobftant 
Clameur de Haro, Charte Normande & Let¬ 
tres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. 
Donné à Verfailles le vingtième jour du mois 
de Janvier, l’an de grâce mil fept cent cin- 
quante-fept, & de notre Règne le quarante- 

deuxième. , « 

PAR LE ROI en fon Confcil, Le Begui, 

'Regip'é fur le Regijlre XJV.de la Cimmhre 
-Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris ^ 
3^* ï ^ 5- ^^9- conformément aux anciens 

Reglemens confirmés par celui du Levrier 
*713. A Parisle 15 Unvier 1757. 

$ignê^ P. G. Le MercUR, Synd^e* 


CATALOGUE 
De quelques Ouvrages de Médecine^ de 
Chirurgie , de Chymie , &c. qui fe 
trouvent cheT^ Le même Libraire^ 

CouRS de Chymie, contenant la. 
maniéré de faire les Opérations eil 
ufage dans la Médecine, par une mé¬ 
thode facile, avec des raifonnemens 
fur chaque Opération; parM. Leme* 
RY, Nouvelle Edition , corrigée & au¬ 
gmentée d’un grand nombre de No¬ 
tes, & de plufieurs préparations qui 
font d’ufage aujourd’hui, & dont il 
n eft fait aucune mention dans les Edi¬ 
tions de M.LÈMERYi &c, parM. Ba¬ 
ron y Docteur en Médecine y de VAca¬ 
démie Royale des Sciences, vol. in-4®. 
avec Figures. i liv. 

ÉlÉmens de Chymie-Théorique, 
ou y Introduélion à la Chymie ; par 
M. Mac QU ER y de V Académie Royale 
des Sciences , & ancien ProfeJJeur de 
Pharmacie y vol. in-12. avec Figures , 
Nouvelle Edition. 2 liv. 10 f. 

ÉLÉMENS de Chymie-Pratique , 
du même Auteur y 2 vol. in-12. 5 liv. 

Chymie Hydrauhque, pour ex¬ 
traire les Sels eflentiels des végétaux, 
Pij 






Wimaux & minéraux avec 1 eau piire,^ 
j>ar M. h Cornu de, la, G a Ra ye , vol. 
in-II. iliv.iofi 

LiTHOGÉOGNosiE , OU, Examen ? 
Chymique des Pierres, des Terres i 
en général, & du T aie de la T opaze j 
te de la Stéatite en particulier, avec 
une Differtation fur le feu & fur la 
lumière. Continuation de Lithogéo- 
gnofie-Pyrotechnique , où l’on traite ,i 
plus particuliérement de la connoij* 
fance de ces Terres & des Pierres, & î 
de la maniéré d’en faire l’examen; ;; 
par M. Pote, DoBeur en Médecine , | 
Frofejfeur en Chymie, &c. i vol. in-12. | 
traduits de l’Allemand. 5 liv. 

Traité des Pierres de Thèophraflcy , 
traduit du Grec, avec des Notes Phy- 
fiques & Critiques, traduites de l’An- [ 
glois de M. Hil l , auquel on a ajouté j 
deux Lettres du même Auteur, l’une j 
au Doêleur fur les cou¬ 

leurs du Saphir & de la Titrquoife ; j 
& l’autre de M. Folkes , Préfident ^ 
de la Société Royale de Londres, [ 
lùr les efïets des differentes Men- j; 
ftrues fur le Cuivre, in-i 2. 2 liv. 5 L 

Traité des Eaux Minérales de 
Bagnieres , contenant l’Analyfe 
Chymique des Sources Minérales de 
Salut 



Salut d’Artipielongue , par M, Sa^ 

LAIGNAC , in-12. I liv. i6 f. 

Dissertation fur la chaleur, 
avec des Obfervations fur la conf- 
trudion & la comparaifon des Ther¬ 
momètres , traduites de l’Anglois, 
jpar M. de la FiROTTE , vol. in-12. 

Z liv. 5 f. 

Q UÆ STI ON UM Medicarum , qu(Z 
çirca Medicmœ theoriam d* praxim, 
ante duo fecula, in Scholis Facultatis 
Medicinæ Parijîenjîs agitat(zfunt & dif- 
cujfæ , ferles Chronologica ; cum DoBo~ 
Tum Prcejidum , & Bacçalaureorum pro- 
pugnantium nominibus. Opus ad Me- 
dicmee Medicorumque Parijienjïum Hif 
toriam maximb conferens. vol.in-4^. ^ I. 

Consultations Médicinales , 
de M. D El DI ER , 3 vol. in-12. 17 5 4. 

7 liv. 10 f. 

C O L LE CT AN EA Pharmaceutica , 
&c. in- 4 °. ^ ^ ^ liy. 

Cours de Chirurgie, &c. diôé 
aux Ecoles de Médecine, 

Col-de-Fillars, in-i 2.6 vol. 151. 

^ Les différens Traités fe vendent fépa- 
rément^ 

Recueil Alphabétique des pro- 
gnoRics dangereux & mortels fur les 
différentes maladies de l’homme, pré- 
P iij 



eèdé d’une explication des maladies i 
& de quelques termes de Médecine , 
&LC.parle même Auteur 3 in- 10. îsoiij 
velle Edition. 1755. 5 ^*- 

Observations de Chirurgie mr 
la nature & le traitement des parties 
molles, &c. traduites en François , 
par M,*** Docteur de la Faculté de 
Médecine de Paris, in-12. 2, liv. iO f. 

Traité de la petite vérole com¬ 
muniquée par l’inoculation ; par M, 
ButiÈI , DoHeiir en Médecine, vol. 
-^_go I Jiv. IQ 1. 

Recherches & Obiervations fur 
toutes les parties de l’Art du Dentifte, 
parM. BoURDET, Dentijie, reçu au 
College de Chirurgie, 2 vol. m-i 2. avec 

Figures. 1757. rJ 

Le Chirurgien-DeiitiRe, ou. Traite 
des Dents, avec la maniéré de les 
entretenir propres & faines, par M. 
Faucha RD, Çhirurgien-Dentijfe , 

2 vol. in-12. . r T* 

Expériences & Réflexions fur la 
flruaure & l’ufage des Vifeeres, fui¬ 
tes d’une Explication Phyfico-Me- 
:hanique de la plûpart des maladies, 
varM. Raymond Vieussens, 

t 2 liv. 101.