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Full text of "Journal d'horticulture pratique de la Belgique"

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UNITED STATES 

DEPARTMENT OF AGRICULTURE 
LIBRARY 


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BOOK NUMBER 

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1854-1855 

68884 


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JOURNAL 

D’HORTICULTURE 



DE LA BELGIQUE, 

OU 


CBinE URin ET .)«li»lvgEIt<ü. 


ÏPirwt., JR. ©aleotti, 

HORTICULTEUR, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES. 


douzième année. 


Brurdlfs, 

F. PARENT, imprimeur-éditeur, 

Montagne de Sion, 17 . 

ON SOUSCRIT CHEZ TOUS LES LIBRAIRES. 


1854 - 1855 . 





686S4- 


JOURNAL 

D’HORTICDITIIRE PRATIQUE. 


FLANTi: FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 

SCHEERIA MEXICANA. 

Le botaniste anglais, M. B. Seemann , connu par son 
voyage scientifique autour du monde, à bord du navire 
Herald y de la marine britannique , a fondé le genre 
Scheeria sur une Gesnériacée mexicaine ayant tout à fait le 
port d’un Achimène et présentant en même temps de 
grandes affinités botaniques avec les Gloxinia, Les princi- 
paux caractères qui distinguent le nouveau genre de ses 
deux alliés sont ceux-ci : 1*^ il diffère du genre Gloxinia 
(considérant le Gloxinia maculata de l’Héritier ou Marty- 
nia perennis de Linné comme type des Gloxinies) en ce que 
la gibbosité que l’on nomme parfois l’éperon, du côté supé- 
rieur de la corolle du Scheeria, est plus développée, tan- 
dis que son côté inférieur ne présente aucun renflement; et 
2® il s’éloigne des Achimènes par son stigmate infundibuli- 
forme ou en forme d’entonnoir. Cet organe est bilobé dans 
le genre Achimène. On voit que les affinités entre ces genres 
sont très-grandes et qu’il n’est pas étonnant que les horticul- 
teurs allemands aient fait du Scheeria mexicana, VAchi- 
menes Scheerii, et que M. Van Houtte lui ait donné, l’an 
passé, le nom très-significatif et très-bien choisi à'Achimenes 

ÎH'^ i. — MARS 18o4, 1 


'ü JOURNAL 

Chirita, faisant allusion à une similitude de port floral avec 
le Chirita i/oomï(l). 

Le Scheeria mexicana offre, de même que les Achimènes, 
des rhizomes écailleux au moyen desquels il se multiplie 
facilement. Les tiges ainsi que les feuilles et les calices 
sont velus ; les feuilles opposées, portées par des pétioles 
assez courts, sont ovales, acuminées, dentelées, grandes, d’un 
beau vert chatoyant en dessus , d’une teinte brune-violacée 
en dessous. Les fleurs naissent aux aisselles des pétioles; 
elles sont solitaires, grandes, tantôt d’un beau pourpre ou 
pensée, tantôt d’un bleu plus ou moins prononcé; l’inté- 
rieur de la corolle ou la gorge est d’une teinte plus claire 
que les divisions du limbe ; on y remarque, comme dans les 
Chirita, une nuance jaune doré fort agréable. 

Nous venons de dire que le Scheeria mexicana présentait 
tantôt des fleurs pourprées , tantôt des fleurs bleuâtres. Ces 
différences de couleurs observées seulement sur des pieds 
différents, sont assez saillantes pour que le botaniste Seemann 
ait cru devoir établir pour chacune d’elles, une variété scien- 
tifique. Ainsi la pourpre a reçu le nom de Scheeria mexicafia 
jmrpurea; ses tiges et les nervures de ses feuilles sont plus 
ou moins pourprées. Notre planche représente cette belle 
variété; la deuxième variété de coloration du Scheeria mexi- 
cana constitue la variété cœrulescens ; les tiges et les feuilles 
sont vertes, les fleurs bleues ou bleuâtres. 

Cette nouvelle Gesnériacée est originaire de l’Etat de Chi- 
huabua , province septentrionale du Mexique, où la tempé- 
rature moyenne est de plusieurs degrés plus basse que celle 
des régions où se rencontrent ordinairement les Achimènes 
mexicains et guatémaliens. Un fait qui mérite d’étre rap- 
porté ici, c’est que la culture dans les serres a singulière- 
ment influé sur la beauté et la grandeur des fleurs du 


(1) Voir Catalogues de 1853, de l'établissement horticole deM. L. Van 
Houtte, et le Catalogue n® 52 de l’année actuelle, où il est coté au prix 
de trois francs. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 5 

Scheeria; car M. Polts, à qui l’on en doit la découverte et 
l’envoi, les indique dans ses notes comme de « petites fleurs 
eu forme de clochettes ! » Il est également digne de remar- 
quer que cette amplification, que cet embellissement des 
corolles s’est accompli en une année ; leur première floraison 
a Kew, en automne 1852, tout en attirant l’attention à cause 
de la nouveauté de la plante, ne faisait pas encore soupçon- 
ner les beautés florales qu’elles ont dévoilées en 1855. On 
peut présager, sans crainte de se tromper, que le Scheeria 
mexicana deviendra l’hôte obligé de toutes les serres. On 
doit considérer cette espèce, dès à présent, comme la plus 
belle Gesnériacée du groupe des Achimènes. 


NOTES SUR UN CHOIX D’ACHIMÈNES. 

Parmi le nombre assez grand d’Achimènes dont l’horti- 
culture s’est enrichie depuis quelques années , soit par des 
introductions directes (1), soit par le moyen de l’hybridation, 
nous citerons les espèces et variétés suivantes. Notre liste est 
en outre tout à fait de saison, puisque c’est le moment de les 
planter et de se pourvoir de rhizomes; nous l’offrons sur- 
tout aux petits amateurs. 

Achimenes grandiflora. Fleurs roses, abondantes; très- 
propre à garnir les vases suspendus. On doit, pour avoir de 
belles touffes, placer plusieurs rhizomes dans un pot assez 
large, peu profond, bien drainé, et dans une bonne terre de 
bruyère mêlée de sable blanc, d’un peu de terreau et de 
terre de gazons consommés; ce mélange peut se donner à 


(1) Nous croyons devoir rappeler que c’est à un voyageur belge, 
M. Auguste Ghiesbreght, de Bruxelles, que l’horticulture doit la pre- 
mière introduction des Achimènes en Europe ; c’est vers 1842 que le 
joli Achimenes grandiflora [A. Ghiesbreghtii) fut envoyé du Mexique, 
par ledit voyageur-naturaliste, et commence dignement la série d'une 
foule de charmantes plantes auxquelles la faveur publique est définiti* 
vement acquise. 


4 JOURNAL 

tous les Achimènes en général. On supprimera le terreau 
clans la plantation des espèces délicates, telles les A chimenes 
7nihiday miiltiflora et cupreata, 

Achimenes gloxiniœfloray introduit du Mexique vers 1844? 
dans les serres royales de Laeken , par M. A. Ghiesbreght. 
C’est une des plus belles espèces ; fleurs blanches, lavées et 
maculées de violet et de jaune d’or. On doit soutenir de bonne 
heure, au moyen de petits tuteurs, les tiges grêles et fragiles de 
cette plante. Il nous a semblé qu’elle s’accommodait mieux 
des rayons solaires que les autres Achimènes, et qu’elle exi- 
geait aussi des pots plus profonds; ses feuilles assez épaisses 
craignent riiumidité d’une serre très-ombrée. 

Achimejies longiflora. Magnifique espèce d’un bleu des 
plus agréables; introduite peu après ï Achimenes grandi- 
flora, et devenue comme celle-ci très-commune : de cette 
plante sont issues diverses belles variétés, comme V Achùnenes 
longiflora alba ou jaureguiay d’un blanc tirant légèrement 
sur le violet; V Achimenes longiflora latifolia, dont les fleurs 
bleues sont presque deux fois aussi grancles que dans le type, 
ce qui rend parfois leur limbe un peu flasque et difforme. 
On doit ce beau gain (1) au savant M. Regel de Zurich, qui 
s’occupe d’une façon toute spéciale de l’étude et de la fécon- 
dation des Gesnériacées et surtout du groupe des Achimènes. 

Achimenes picta. Très-remarquable par son beau feuil- 
lage et ses fleurs vermillonnées. Cette espèce doit être tenue 
dans la partie la plus ombrée de la serre ou d’un salon, dans 
une température assez élevée et humide ; les feuilles de cette 
belle plante sont, de même que celles de YAcIwnenes gran- 
diflora, très-sujettes à la rouille, maladie qui, en affectant 
l’épiderme, fait disparaître les teintes veloutées du feuillage, 
et nuit au développement des fleurs. Cette maladie provient 


(1) C’est dans les serres de M. le duc d’Areiiberg, à Bruxelles, que 
nous vîmes pour la première fois des exemplaires en fleur de cette 
variété; on ne la connaissait pas en Belgique. Sa beauté fit beaucoup 
de bruit dans les expositions de 1843 ou de 1844. Une culture privi- 
légiée aurait-elle donné lieu à cette perfectibilité du type? 


5 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

généralement d’un excès de sécheresse dans l’atmosphère et 
d’oublis dans l’arrosement et le bassinage des plantes (i). 
On cultive cet Achimène avec succès en plantant les rhi- 
zomes dans une boule ou pelote de mousse tenue humide et 
suspendue au toit de la serre; on obtient ainsi des globes de 
feuilles veloutées d’un effet charmant et original. Une per- 
sonne de goût peut du reste tirer un parti précieux des Achi- 
mènes en général pour l’ornementation des serres et des 
salons. Ainsi on peut avec les Achimenes grandiflora, longi- 
flora et latifolia aïba composer des bordures délicieuses le 
long des tablettes de la serre et sur le devant de grandes jar- 
dinières. 

Achimenes cupreata. Espèce fort intéressante par ses 
feuilles d’un jaune cuivré et ses fleurs d’un rouge vif, mais 
d’une culture et d’une conservation difficiles. 

Achimenes ignescens. Espèce à fleurs en tube, d’un rouge 
feu, luisantes, nombreuses. Cette plante se cultive avec une 
grande facilité; elle s’élève peu, et fleurit abondamment; 
c’est une excellente espèce pour marier avec les Achimènes 
à fleurs blanches, violettes et roses; plusieurs plantes au 
centre d’un grand et large pot, entourées d' Achimenes gran- 
diflora, païens, Baimianni, etc., produisent un effet déli- 
cieux. Les fleurs étant de longue durée , assez épaisses et 
revêtues d’un vernis éclatant, sont très-utiles dans la con- 
fection des bouquets quelles enrichissent de leurs teintes 
chaudes, 

Achimenes midtiflora. Jolie espèce moins facile à conser- 
ver que les autres. 

Achimenes païens. Belle espèce à fleurs d’un violet pour- 
pre, remarquable par l’éperon assez prolongé qui termine 
le tube de la corolle; cette plante, par son port, se rapproche 
beaucoup de V Achimenes grandiflora , et ne s’élève même 


(i) Nous avons indiqué à la page 247 du 10« volume (année 1852) 
du présent journal , le traitement que l’on devait faire suivre aux 
Gloxinies et Achimènes affectés de la rouille. 


6 JOURNAL 

pas autant que celte dernière; c’est donc une jolie espèce 
pour bordure; la variété Achimenes patens major a des 
fleurs plus grandes ; nous aimons autant le type. 

Les Achimenes hirsuta et pednnculata se distinguent des 
espèces que nous venons d’énumérer, par des fleurs à co- 
loris moins tranchés, orangé-rouge et couleur lie de vin; 
bien que florifères, ils ont le défaut d’être d’une taille 
trop grêle et trop élevée; ils peuvent servir à garnir l’ar- 
rière-plan d’une collection d’Achimènes; leur floraison est 
plus tardive que dans les autres Achimènes, et ne cesse sou- 
vent qu’en décembre; la variété hirsnta magnifica mérite 
d’être cultivée ; elle s’élève beaucoup moins que le type et ses 
fleurs sont plus grandes et mieux colorées. Près de ces deux 
Achimènes vient se ranger le joli Achimenes Skinneri ^ aux 
tiges droites, élancées, velues, aux fleurs roses comme celles 
de {'Achimenes grandiflora, mais à gorge citron. 

V Achimenes amœna [atrosanguinea) , V Achimenes argy- 
rostigmay aux petites fleurs blanches et aux feuilles mouche- 
tées de petites taches argentées; {'Achimenes Margarettæ, 
sont des espèces de collection et n’otîrent point, comme les 
])récédentes, des fleurs éclatantes. V Achimenes Kewensis est 
une magnifique espèce nouvelle, dont les fleurs rappellent 
celles de {' Achimenes picta y mais elles sont beaucoup plus 
nombreuses et réunies au sommet de la plante; leur durée 
se prolonge jusqu’en hiver ; c’est une espèce qui devrait se 
trouver dans toutes les serres. 

Parmi les variétés obtenues par la voie de l’hybridation, 
nous citerons {'Achimenes vennsta, comme l’une des plus jo- 
lies et des plus florifères, et dont les corolles, d’un pourpre 
vif, durent fort longtemps; c’est aussi un des meilleurs 
Achimènes pour placer dans un salon; il s’y conserve 
mieux que les autres. Les Achimenes Baumanni grandidis- 
sima y pnlchellay Boothii violacea y Esscheriana et Essche- 
riana grandifloray Bockmanni ruhiday Klei (variété rose 
de {'Achimenes longiflor a) y sir Trehern Thomas y Louis 
Van Houttey Rinziiy Rendatleriy etc., sont de fort jolies 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 7 

variétés très-florifères, dont les couleurs, généralement d’un 
violet pourpré plus ou moins vif, font un agréable contraste 
avec les espèces à coloris plus clairs et avec quelques autres 
Acliimènes dont nous n’avons pas parlé, tels que VAchi- 
menes candida ou Knightiij aux blanches corolles ; les Achi- 
menes coccinea Kermesina, aux centaines de petites fleurs 
éclatantes; X Achimenes pyropœa, jolie petite espèce à fleurs 
d’un rouge de feu; les Achimenes rosea, piilchella, Gim- 
theidi et Beatonii, se chargeant également de fleurs d’un 
rose plus ou moins vif, et formant ensemble des touffes d’un 
aspect charmant. La majeure partie de ces Achimènes à 
petites fleurs sont précieux; ils s’accommodent fort bien d’une 
vie de salon. 

Les catalogues horticoles comprennent un bien plus grand 
nombre d’espèces et de variétés d’Achimènes que nous ne 
venons de citer; nous croyons que notre choix est assez 
étendu et qu’il suffira aux amateurs qui ne cherchent pas à 
réunir de grandes collections , mais à avoir de jolies fleurs 
d’une culture facile ; c’est pour eux que nous avons écrit ces 
notes et non pour les grands amateurs qui possèdent depuis 
longtemps toutes ces plantes. 

Plusieurs personnes nous ont dit avoir complètement 
perdu, pendant ce rude hiver, les rhizomes de VAchimehes 
picta; le même malheur nous est arrivé pour ceux qui avaient 
été conservés dans du sable ou de la terre de bruyère sèche, 
système au moyen duquel nous avons réussi à sauver les autres 
espèces. Quelques pieds A' Achimenes pîcta^ que l’on avait né- 
gligé de relever de la pleine terre de la serre chaude, nous 
ont offert récemment des rhizomes très-sains ; la terre avait ce- 
pendant été tenue humide pendant tout l’hiver. Déjà, depuis 
plusieurs années, nous avons remarqué que ces rhizomes 
ainsi abandonnés donnaient naissance à des plantes d’une 
vigueur peu commune. Résulterait-il que cette espèce ne s’ac- 
commode pas aussi bien que les autres d’un temps de repos 
ou de sécheresse prolongé ? 


8 


JOURNAL 


CaUnàrifr Ijorttcolc. 

GRAINES POUR LE JARDIN D’AGRÉMENT. 

Nous voici arrivés au moment le plus favorable pour choisir 
et semer les graines de plantes annuelles , dont la mission 
sera d’égayer un peu plus tard les parterres de nos jardins. 
Nous avons, en mars 1852, donné une liste assez longue des 
plus jolies plantes annuelles et vivaces que l’on devait semer 
en cette saison ; l’année dernière nous avons ajouté à cette 
liste un supplément pour les espèces que nous avions omises 
dans notre note précédente. Nous venons aujourd’hui pré- 
senter à nos lecteurs un choix de graines de plantes, qui, trop 
peu connues antérieurement pour qu’on pût les recommander 
alors avec connaissance de cause, ont fait preuve l’an passé 
de qualités méritantes. Ce sont : 

Agératum cœlestinum nanum. Forme de jolies petites 
touffes fleurissant de juin jusqu’aux premiers froids; de cul- 
ture très-facile; s’accommode de tout sol. 

Calaîidrmia Biirridgi, Plante de la famille des Pourpiers; 
tiges couchées; fleurs d’une belle couleur cuivrée; il lui faut 
une exposition en plein soleil. 

Giroflée cocardeau blanc 'prolifère. Très-jolie variété , à 
fleurs d’un blanc pur; pour l’avoir en fleur cette année, il 
faudrait la semer sur couche, puis la repiquer. 

Hymenatherum ieniiifolium. De la famille des Séneçons; 
à nombreuses fleurs jaune-brillant. Cette plante forme de 
petites touffes très-compactes, hautes à peine de 20 centimè- 
tres; bonne acquisition pour faire des bordures; fleurit de- 
puis juin jusqu’en octobre. 

Lychnis Rosa cœli nana (Rose du ciel). Forme de jolies 
touffes que l’on peut employer avec succès en bordures. 

Alyssnm Benthami, Également recommandable pour bor- 
dures ; le Dianthns guttatus ou OEillet ponctué, croissant 


0 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

en touffes gazonnantes , à fleurs roses ou d’un blanc rosé 
pointillé de rose, convient aussi parfaitement pour former 
des bordures; il en est de même du nouveau Thlaspi violet 
foncé, nain. 

Capucine petite à fleurs brunes. Jolie variété obtenue en 
Allemagne. 

Myosotis alpina, fl. albo. Jolie variété pour former des 
massifs ou des bordures dans les endroits ombragés. 

Podolepis aiiriciilata. Plante peu élevée, de la section des 
Séneçons, à fleurs d’un jaune vif, élégantes, et se montrant 
de juillet en octobre. 

On cite aussi le Sabbatia campestris, pour la beauté de 
ses fleurs d’un rose foncé, à étoile jaune et d’un pouce de 
diamètre; cette plante appartient à la classe des Gentianes, 
que l’on sait être toutes fort belles, mais généralement d’une 
culture assez difficile. On cite également plusieurs variétés 
nouvelles de la Giroflée quarantaine, telles que Quaran^ 
taine couleur soufre ; Lilliputienne bleu foncé , cuivrée ; 
Empereur jaune paille, à feuilles luisantes; Empereur à 
grandes fleurs, violet foncé, carminées, blanches, etc., comme 
étant des variétés fort distinguées, obtenues en Allemagne ; 
on les sème ordinairement en mai. 

Nous signalerons encore à l’attention des amateurs le 
Liniim grandiflorum (Lin à grandes fleurs rouges), à fleurs 
d’un rouge amarante, rehaussé de reflets brillants ; les 
tiges, quoique grêles, sont nombreuses et forment une large 
touffe se couvrant, depuis le mois de juin jusqu’en novembre, 
de fleurs magnifiques. On sèmera en place en avril. La Pe- 
rilla nankinensis, plante devenant touffue, remarquable par 
ses feuilles d’un pourpre près noir, à reflets métalliques; il 
est préférable de semer sur couche en avril, pour mettre en- 
suite le plant en place; et VOxalis rosea, très-propre à for- 
mer de petites bordures d’une rare élégance ; floraison abon- 
dante; les Oxalis aiment le soleil. On sait que leurs corolles 
ne s’épanouissent que sous les rayons bienfaisants de l’astre 
du jour. 


10 


JOURNAL 


ulturc jétrangèrf. 

PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

1® SERRE CHAUDE. 

ËxacuBii macranthiim (ArN. De CanDOLLE). — Prodronu V, 
9, p. 46, figuré dans le Bot, Mag,, pl. 4771. — Famille 
des Gentianées. — Pentandrie MÔnogynie. 

Les jardins anglais doivent rintroduction de cette magni- 
fique Gentianée au zèle de M. Thwaites qui l’envoya de Ceylan 
il y a deux ans, à Kew et à Dublin. C’est d’après un exem- 
plaire ayant fleuri en décembre dernier que sir William 
ïlooker en donne la description suivante : 

VExacum macranthiim n’offre qu’une seule lige, haute 
de 50 à 40 centimètres, cylindrique, glabre, garnie vers le 
bas d’un grand nombre de feuilles et à peine branchue; les 
feuilles inférieures sont presque obovales, courtes; elles de- 
viennent graduellement plus longues, plus grandes et plus 
acuminées, surtout dans celles qui approchent l’extrémité 
supérieure de la tige ; elles sont alors beaucoup éloignées 
les unes des autres ; toutes sont opposées, sessiles, entières 
et fortement marquées de trois nervures parallèles. Le co- 
rymbe est terminal et se compose de plusieurs grandes fleurs 
d’un bleu pourpré magnifique; les pédoncules qui les por- 
tent sont de moyenne longueur; le calice est vert, grand, 
profondément découpé en cinq segments lancéolés, subulés ; 
corolle en roue, offrant cinq larges segments ovales, étalés, 
d’un bleu pourpré éclatant, que rehausse l’or des cinq grandes 
anthères subulées, rapprochées de manière à former un cône 
très-proéminent et d’un jaune brillant; le style est allongé, 
filiforme, et sort en se recourbant d’entre les filets stami- 
naux inférieurs. Le faciès des fleurs de notre Exacum ne 
saurait être mieux comparé qu’à celui du Solanum ou Nyc- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. H 

teriiim amazonicum , que la plupart des amateurs connais- 
sent de longue date; seulement, la couleur de VExacum est 
d’un bleu pourpré plus intense et plus brillant. 

VExacum macranihum se distingue de sa congénère et 
compatriote Exacum zeylayiicum, par ses tiges cylindriques 
et par les lobes aigus de sa corolle. Sir W. Hooker dit « qu’il 
y a lieu de croire que cette espèce cultivée jusqu’ici en serre 
chaude, devra être traitée comme plante annuelle ou tout au 
plus bisannuelle. » Nous croyons qu’on devra par consé- 
quent lui appliquer la culture du Lisianthus Russellianus , 
c’est-à-dire , la semer dans une terre assez forte et la tenir 
dans une serre chaude et humide. Il suit donc de ce que 
nous venons de dire, que cette Gentianée, d’un mérite in- 
contestable, ne sera jamais commune dans les collections. 

Saccolabium denticMlatiim. PüXtOîl May. of Botaïiy (figure 

dans le Bot. May., pl. 4772). — Famille des Orchidées. 

— Gynandrie Monogynie. 

Les Saccolabium sont en général des Orchidées très-re- 
cherchées pour leurs fleurs, produisant un très-bel effet lors- 
qu’elles sont réunies en longs racèmes; leur port rappelle 
celui des Vandas et des Aérides. De même que dans ces deux 
beaux genres , les Saccolabium présentent des tiges plus ou 
moins fortes et roides, émettant de distance en distance des 
racines aériennes et garnies de feuilles distiques, coriaces et 
d’un vert foncé. L’espèce que nous indiquons actuellement 
est loin d’être ce que l’on appelle vulgairement une plante 
brillante; ses fleurs sont petites, peu nombreuses; mais, exa- 
minées avec un peu d’attention, elles ofiVent des attraits que 
l’on ne trouve pas toujours dans des fleurs plus grandes et 
plus éblouissantes; la taille ne constitue pas toujours la 
beauté : c’est Tensemble d’heureuses proportions, la combi- 
naison de couleurs s’harmoniant bien ensemble, qui produi- 
sent sur nos sens une émotion agréable, une douce satisfac- 
tion, qui grandissent à mesure que notre attention se porte 
plus longtemps sur un objet que notre première perception 


12 


JOURNAL 


a trouvé beau. Cette remarque s’applique très-bien â notre 
Saccolabium defiticulatum, dont les fleurs, larges de 2 cen- 
timètres environ, sont à pétales et sépales d’un vert olivâtre 
tirant sur le brun, agréablement pointillés de rouge carmin 
vif; le labelle, formé presque entièrement par son éperon à 
peu près globuleux, est d’un beau blanc charnu, maculé ou 
lavé de jaune ; sa partie antérieure ou tablier s’avance en 
forme d’appendice triangulaire réfléchi, et bordé d’une frange 
épaisse d’un blanc pur, due à la présence et à la réunion de 
nombreux poils délicats glandulaires; enfin, pour compléter 
cette gracieuse parure, le disque de ce tablier est maculé de 
rouge pourpré. Ces jolies fleurs sont réunies en assez grand 
nombre, de manière à former un corymbe ou même une 
ombelle paraissant au mois de novembre. 

Ce charmant Saccolabium est, dit-on, originaire de Kha- 
sya, dans le Bengale oriental ; son introduction en Angleterre 
date de 1857. 

^sti’ocaryum rostratuin (W. HoOKER) , figuré daïîS le Bot. 

Mag., pl. 4775. — Famille des Palmiers. — Monœcie 

Hexandrie. 

C’est pour nous une bonne fortune que de pouvoir aujour- 
d’hui parler d’un Palmier et surtout d’une espèce d’un genre 
justement reconnu comme l’un des plus beaux , des mieux 
feuillés et des moins délicats de cette noble phalange de 
plantes que l’on a surnommée, non sans raison, les rois des 
végétaux. De même que l’homme, frappé de la majesté de 
maintien et des belles proportions du lion , lui décerna le 
titre de roi des animaux, de même les Palmiers, par leur 
port élancé, noble et imposant, lui parurent dignes de tenir 
le rang suprême parmi les végétaux , malgré le Chêne et le 
Sapin, nobles géants des forêts, malgré le colossal Baobab 
dont l’âge se perd dans la nuit des temps. 

Les Astrocaryum sont des Palmiers monoïques, c’est-â- 
dire qu’ils portent sur un même pied des fleurs seulement 
mâles et d’autres uniquement femelles ; on peut donc espé- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 15 

rer, grâce à cet lieureux arrangement, obtenir de bonnes 
graines dans nos serres, sans s’inquiéter comme pour les 
Phœnix, les Chamœdorea, et plusieurs autres genres, de 
posséder différents pieds pour pouvoir réunir les deux sexes. 
Les fleurs mâles des Astrocaryum sont situées dans les par- 
ties supérieures du slipe ; elles sont jaunes , réunies en 
grand nombre, et disposées en épis; leur calice extérieur 
est triparti ou trifide ; le calice intérieur est également tri- 
parti; les étamines sont au nombre de six. On remarque au 
centre de ces fleurs mâles le rudiment d’un petit ovaire por- 
tant trois stigmates subulés ; les fleurs femelles, de couleur 
verdâtre, sont situées solitairement au-dessous des épis de 
fleurs mâles ; leur calice extérieur est urcéolé, parcheminé ; 
rintérieur est urcéolé et charnu ; l’ovaire uniloculaire est 
surmonté d’un style à trois stigmates ; les drupes sont ovées 
ou subglobuleuses. Jaunes ou oranges, fibreuses-charnues, 
inermes ou chargées d’aiguillons. Ces Palmiers n atteignent 
pas une très-grande taille (nous en avons vu de b à 7 mètres 
de hauteur), et leur caudex est armé de longs et forts aiguil- 
lons presque noirs ; les frondes sont toutes terminales, cou- 
ronnent le caudex ; elles sont pennées, à pinnules linéaires, 
rapprochées, armées d’aiguillons plus ou moins forts; le 
dessous des feuilles est presque toujours d un blanc argenté; 
les pétioles sont chargés d’aiguillons; enfin les spathes qui 
protègent les épis floraux sont d’une consistance ligneuse, 
grandes, en forme de petite nacelle et armées en dessus d’une 
énorme quantité de puissants aiguillons. 

VAstrocaryuM rostratum se distingue, dit 1 éminent bo- 
taniste anglais, sir William Hooker, de toutes les espèces 
connues , par la forme et la grandeur de la spathe (cette 
grandeur dépasse 52 centimètres), se terminant en une sorte 
de long bec pointu, par la nature et la direction des épines, 
et enfin par la forme du fruit épineux , de couleur orangée 
et surmonté d’un bec plus ou moins recourbé. Cette espèce 
avait été longtemps cultivée à Kew sous le nom à'Âstroca- 
ryuïïi Ayriy de Martius, jusqu’à ce que des exemplaires. 


li JOURNAL 

hauts d’environ 5 mètres, ayant récemment fleuri, ont per- 
mis à M. Hooker de les comparer avec la description de cette 
espèce et d’en signaler les différences. 

Le jardin botanique de Bruxelles possède un exemplaire 
à' Astrocaryum, étiqueté Astrocaryum Ayriy qui va bientôt 
fleurir d’une manière luxuriante; sa taille est d’environ 3 mè- 
tres ; il provient du Mexique méridional, d’où il a été envoyé 
par MM. Linden, Ghiesbreght et Funck, en 1839 ou 1840; 
nous aurons soin d’informer nos lecteurs de l’époque de sa 
floraison et des particularités intéressantes qui pourraient se 
présenter. 

V Astrocaryum rostratum de Kew provient des contrées 
chaudes et humides de la province de Bahia au Brésil. 

Biiibergia croyîaiia , dans le Catalogue de M. de Jongbe 
(figuré et décrit par M. Cn. Lemaire, dans le Jardin fleu- 
riste, pl. 413). — Famille des Broméliacées. — Hexandrie 
Monogynie. 

Cette Broméliacée, dédiée au duc de Croy, amateur fort 
distingué de belles plantes, par M. de Jongbe, horticulteur à 
Bruxelles, se rapproche extrêmement de la Billbergia splen- 
dida, et a été, comme cette dernière, introduite du Brésil en 
Europe par M. Libon. Les fleurs, réunies en bouquets, sont 
d’un rose vif (moins vif cependant que dans les fleurs de la 
Billbergia splendida) ^ ont leurs extrémités violacées; le 
calice est rose et farineux; les feuilles et le port général rap- 
pellent à la fois le Billbergia pyramidalis et le Billbergia 
amœna, 

MidnSarium fuigcus (Cu. Lemâire), figuré dans le Jardin 
fleuriste, pL 411. — Famille des Broméliacées. — Ilexan- 
drie Monogynie. 

C’est du Brésil, patrie des belles Broméliacées, que nous 
vient cette remarquable plante, dont nous devons l’introduc- 
tion à M. Libon, voyageur de M. de Jongbe, de Bruxelles. 
Qu on se figure une énorme rosette formée par de grandes 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 45 

bractées dTin carmin éclatant, du centre et des flancs de la- 
quelle apparaissent comme des têtes de petits oiseaux se 
dressant dans leur nid, un certain nombre de fleurs bleues 
lisérées de blanc et à calice rouge ; qu’on se figure ensuite 
que cette brillante rosette est posée au centre d’une seconde 
rosette formée de feuilles disposées en spirale rayonnante, 
d’un beau vert foncé, vernissé, et chargées de macules éparses, 
d’un vert noirâtre, et qu’enfin cette deuxième rosette ait un 
diamètre d’environ 60 centimètres. Le port acaule du Nidu- 
larium, ses feuilles étalées, disposées en rosette, son mode 
d’inflorescence rappellent assez bien les Tillandsia zonata , 
dont du reste il diffère beaucoup dans l’analyse botanique. 

Nous remarquons que cette curieuse Broméliacée se trouve 
indiquée dans quelques catalogues (entre autres dans celui 
des serres du Prado, à Marseille), sous le synonyme de Guz- 
mannia picta. 


iîîisfeUanécs. 


IDÉES D’UNE ESTHÉTIQUE DES FLEURS. 

(Suite. — Voir tomeX, p. 369.) 

LA PENSÉE [Viola altaico-tricolor), 

La nouveauté et la rareté ont un charme particulier pour 
notre âme, et éveillent dans notre esprit des idées qui ne 
s’étaient pas encore présentées dans la série de nos concep- 
tions, et y excitent une curiosité bien légitime. Il existe des 
plantes que chacun trouve dignes de son admiration, sans 
qu’on sache préciser en quoi consistent les qualités qui nous 
les font paraître belles ; telles sont, par exemple, les Orchidées. 
Les règles d’après lesquelles l’Auteur de la nature a construit 
ces fleurs admirables, nous sont encore inconnues et ont be- 


i6 


JOURNAL 


soin d’étre étudiées avec soin. Les lois qui ont réglé la beauté 
des Pensées ne le sont pas davantage, quoiqu’on puisse 
considérer la Pensée comme une plante commune depuis 
longtemps dans nos jardins , et que beaucoup de personnes 
se livrent avec prédilection à sa culture. Je pense qu’on peut 
hardiment affirmer qu’on serait plus avancé dans la culture 
de ces charmants enfants de Flore, si l’on y apportait plus 'de 
soins et si on s’appliquait davantage à en étudier les carac- 
tères. Une chose qui nous a souvent étonné, c’est que la 
Pensée, quoiqu’elle soit une vraie hybride, issue de la Vio- 
lette d’Altaï, croisée avec la grande variété de la Violette tri- 
colore, ait une tendance si prononcée vers le retour au type 
sauvage de la Viola tricolor et non à celui de l’Altaï. Linné 
qui, non sans une sorte d’orgueil de profession, regardait 
avec dédain ceux qui trouvaient du charme dans la culture 
des fleurs, n’a peut-être pas considéré que les résultats qu’un 
amateur instruit peut obtenir de ses applications et de ses 
expériences, pouvaient fournir la clef pour résoudre un 
grand nombre de questions de physiologie végétale. Dans le 
cas présent, le pollen de la Viola tricolor masc. a-t-il con- 
servé plus d’influence sur la constitution de la plante hybride 
que le carpelle de la plante-mère? Il est à présumer, surtout 
si l’on considère que c’est la fovilla du pollen qui fournit 
l’embryon. Il faudrait donc, dans les croisements, ne pas 
perdre de vue cette circonstance, afin d’éviter le désagrément 
des fréquents retours des jeunes plantes au type sauvage. Je 
pense que pour parvenir à atteindre le but que les semeurs 
se proposent, et qui consiste à consolider davantage la forme 
ronde dans les Pensées, il ne serait pas mal à propos de 
croiser de nouveau les meilleures variétés avec la Viola 
altaicüy qui devrait alors servir de plante-mère. Les jeunes 
plantes qui se développent avec une teinte vert jaunâtre, sont 
mauvaises et ne promettent rien de bon, il faut les jeter. 

Une Pensée de bonne race doit former une touffe serrée, 
garnie de feuilles d’un vert foncé, épaisses, arrondies, rap- 
prochées, à tiges courtes et'fortes. Ces plantes offrent l’avan- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. i7 

fage de se laisser multiplier par division, sans qu’on ait 
besoin de les marcotter, ce qui est toujours un embarras de 
moins. Cependant, elles ne se maintiennent que deux ans 
tout au plus en leur état primitif; à la troisième année, les 
tiges s’allongent et les fleurs deviennent plus petites en con- 
servant toutefois leur forme. 

Le pédoncule doit être court, de manière que la plante 
soit entièrement couverte de fleurs, disposées horizontale- 
ment. La fleur doit, autant que possible, être ronde, étoffée, 
plane et étalée horizontalement; en ceci, tous les amateurs 
sont d’accord. Quant aux caractères qui s’appliquent au 
coloris et au dessin, les opinions sont encore divergentes, 
soit à cause de la différence des goûts et des vues, soit à 
cause de l’amour-propre de ceux qui ne voient qu’avec im- 
patience les quelques succès que d’autres obtiennent à force 
de soins et de travail. En présence de cette divergence d’opi- 
nions, il ne nous reste rien de mieux à faire que de suivre 
nos propres idées qui, hâtons-nous de le dire, ne sont rien 
moins qu’arbitraires ou absolues, mais se basent sur l’élite 
d’une collection qui a réuni à différentes reprises le suf- 
frage universel des membres du jury, à l’exposition de Chis- 
wick. 

Dans la fleur d’une bonne Pensée, on distingue trois par- 
ties, savoir : 

Vœil ou le champ. C’est la partie qui occupe le centre 
de la fleur. Il est plus ou moins large, plus ou moins rond ; 
il est blanc, jaune d’or, paille, bleu de ciel ou rose. 

2® Le visage ou le masque. Il est formé tantôt de stries 
qui partent du centre de la fleur et se dirigent en rayonnant 
vers la périphérie, tantôt de macules arrondies ou dentelées, 
dont l’ensemble simule une sorte de visage ou de masque 
barbu. Plus ces macules sont arrondies, plus ellés tranchent 
nettement sur le fond du champ, plus précieuse est la fleur! 
Dans une collection de premier mérite, un masque formé de 
stries ou de macules dentelées n’est pas toléré. 

5° Le hord ou la périphérie. II est plus ou moins large. 

1. — MARS 18S4. 2 


Î8 JOURNAL 

Pius le bord est large, plus il est égal et mieux il tranche 
avec le champ, et plus la Pensée est estimée. 

Un bord de largeur inégale, ou interrompu sur les pétales 
inférieurs, des pétales irrégulièrement disposés, flasques, 
échancrés, un dessin irrrégulier, sont autant de défauts. 

Le champ et les macules qui forment le masque ne peuvent 
s’étendre jusqu’au bord des pétales inférieurs, car ce serait 
un des plus grands défauts qui pussent souiller une Pensée. 
Concernant les couleurs , les foncées frappent le mieux la 
vue; mais ce n’est pas une raison pour faire rebuter les 
nuances claires; celles-ci doivent être pures, vives et satu- 
rées. Nous avons vu une Pensée, dont le champ était rosé, 
le masque et le bord d’un bleu foncé, qui était admirable, 
comme il y en a aussi à bord bleu de ciel ou violet clair; 
mais le masque doit toujours être d’une couleur foncée, parce 
qu’elle le fera mieux trancher sur le fond du champ. 

Les fleurs striées ou panachées sont de mauvais goût. Elles 
doivent leur vogue à la spéculation de quelques petits jardi- 
niers et ne peuvent séduire que ceux qui n’ont aucune idée 
de ce que c’est qirune belle Pensée. Celles que nous avons 
vues dans ce genre avaient toutes une mauvaise forme. 

Relativement à la grandeur de la fleur, on accorde, toutes 
conditions égales, la préférence à la plus grande. Mais qu’on 
ne pense cependant pas que les fleurs excessivement grandes 
soient toujours les plus belles, il leur manque au contraire 
souvent les qualités les plus essentielles ; un pétale flasque, 
mince, papyracé, un coloris terne, un masque mal dessiné 
sont le plus souvent l’apanage de ces fleurs énormément 
grandes comme dans ces Pétunia, qui n’ont d’autre mérite 
que la grandeur, mais ne sont bonnes qu’à être jetées au 
fumier. Scii. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 
CLASSIFICATIOiN DES CERISES. 


19 


La classification des cerises offre bien plus de difficultés 
que celle des pommes et des poires. Celles-ci, lorsque la gelée 
n’en détruit pas les fleurs, promettent une récolte toujours 
assurée; les fruits se laissent expédier au loin et se conser- 
vent assez longtemps. Il n’en est pas ainsi des cerises. Pen- 
dant que les arbres sont encore jeunes, les fruits n’en sont 
pas parfaits , et ne peuvent par conséquent être décrits ; les 
oiseaux en détruisent les plus beaux, la plupart tombent 
parce que l’arbre n’a pas assez de forces pour les nourrir, et 
en un mot une foule d’accidents rendent impossible l’étude 
et la comparaison d’une cerise avec d’autres, souvent pendant 
une longue série d’années. Néanmoins, le baron de Truch- 
sess, après un travail de près de 40 ans, a réussi à surmon- 
ter tous les obstacles et à former un système qui a rencontré 
l’approbation générale des pomologues, non-seulement parce 
que toutes les cerises quelles que soient leur forme, leur cou- 
leur, leur saveur, etc., y peuvent être rangées sans difficulté, 
mais principalement parce que les principes sur lesquels le 
système est basé sont fondés dans la nature. 

M. de Triichsess base sa division principale sur les deux 
genres de cerisiers, l’iin à fruits doux et l’autre à fruits acides ; 
ensuite sur la couleur du jus à la maturité du fruit, selon 
que ce jus est coloré ou incolore. 

Dans le précieux ouvrage de M. de Truchsess, l’auteur a dé- 
crit complètement 78 sortes de cerises; 117 autres sortes le 
sont imparfaitement, et enfin 56 sortes avaient porté trop 
rarement pour que les fruits en pussent être décrits. 

Avant d’entrer dans les détails de la classification, nous 
ferons précéder l’explication des principaux termes ou obser- 
vations techniques qui y sont employés. 

La cerise est mûre lorsqu’elle a acquis la saveur qui lui 
est propre. Chez les guignes, par exemple, le signe le plus 
sûr de la maturité, c’est la mollesse de la chair; chez les 
bigarreaux, au contraire, c’est la fermeté de la chair. 


20 


JOURNAL 


La cerise est passée, lorsqu’elle a perdu son brillant et sa 
fraîcheur et qu’elle commence à se taeher. 

Le fruit se conserve bien sur l’arbre, lorsqu’il y dure plu- 
sieurs semaines et se conserve encore pendant 4 à 8 jours 
après la cueillette. 

Les cerises successives sont celles qui ne mûrissent pag 
toutes à la fois, mais donnent des cueillettes successives. 

La cerise a un %o\xi relevé, piquant, lorsque, chez les cerises 
douces, la douceur sucrée a un mélange d’amer, d’aeidité ou 
une certaine âcreté qui affectent d’une manière agréable les 
organes du goût, ou lorsque, chez les cerises acides, l’acide 
est mitigé par assez de sucrin pour faire disparaître l’acerbe. 
Lorsqu’il manque a la cerise douce le mélange indiqué, elle 
est fade ou aqueuse comme de l’eau sucrée. 

La cerise est aromatisée lorsque le goût en est relevé par 
un principe aromatique. 

Une cerise est petite quand elle n’est pas plus grosse 
qu’une cerise sauvage; elle est moyenne lorsqu’elle est un peu 
plus grosse que celle-ci; enfin elle est grosse ou très-grosse 
lorsqu’elle dépasse plus ou moins la moyenne. 

Le noyau se sépare facilement de la chair ou bien celle-ci 
y adhère fortement; le noyau adhère à la queue plus ou 
moins intimement. 

La queue est longue lorsque la hauteur de la cerise y est 
contenue plus de deux fois; elle courte ou très-courte sui- 
vant que la hauteur du fruit y estcontenue 1 fois i/2 ou moins. 

La longueur de la queue dépend souvent de la température 
de l’été; si l’été est chaud, la queue est plus longue que lors- 
qu’il est froid et pluvieux. 

Relativement â l’époque delà maturité, il est à remarquer 
qu’il est difficile de la préciser, parce que le temps, le sol, 
l’exposition, etc., peuvent facilement causer une différence 
de 8 à 14 jours. Lorsqu’il s’agirait donc de la comparaison 
d’une variété nouvelle avec d’autres connues, il faudrait la 
planter dans le meme terrain et dans les mêmes conditions, afin 
que la comparaison fût juste. Neus abordons la classification. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


21 


I. — Cerisiers à fruits doux. 

JUS COLORÉ, PEAU UNICOLORE NOIRE OU FONCÉE. 

Première classe. 

Cerises à chair molle. (Guignes noires.) 

' Exemples : Guigne hâtive (Griotte précoce, May Duke); 
Guigne noire de Fromm; Cerise de Waterloo; Guigne noire 
de Spitzen ; The Uack Eagle Cherry, 

Deuxième classe. 

Cerises à chair ferme. (Bigarreaux noirs.) 

Les bigarreaux acquièrent leur consistance ferme et leur 
goût particulier qui, dans certaines espèces, offre quelque 
analogie avec le café, seulement lorsqu’ils sont parfaitement 
mûrs; avant cette période, ils sont amers. Si le temps est 
beau, ils se conservent longtemps sur l’arbre; la pluie les 
fait gercer et pourrir beaucoup plus que les guignes. 

Exemples : Gros bigarreau noir; bigarreau pourpré; bi- 
garreau noir d’Espagne; bigarreau du docteur; gros bigar- 
reau noir tardif. 

B, — JUS INCOLORE, PEAU MARBRÉE. 

Troisième classe. 

Cerises à chair molle. Guignes. 

Exemples : Guigne blanche hâtive anglaise; guigne de 
Downton; guigne striée ; grosse guigne marbrée; cerise prin- 
cesse; grosse blanche hâtive; la vineuse d’Angleterre. 

Quatrième classe. 

Cerises à chair ferme. Bigarreaux marbrés, bigarrés. 

Exemples : Blanc d’Espagne; cerise de Gottorp; bigarreau 
rouge foncé; belle de Roemont; grande princesse de Hollande; 
îa rouge de Buttner. 

C, — JUS INCOLORE, PEAU UNICOLORE. 

Cinquième classe. 

Cerises à chair molle. Guignes jaunes. (Heaumes.) 

Exemples : Guigne jaune; cerise couleur de soufre. 


JOURNAL 




Sixième classe. 

Cerises à chair ferme. Bigarreaux jaunes. (Heaumes.) 

Exemples : Bigarreau jaune de Donnissen; bigarreau 
jaune de Butiner. 

11 . — Cerisiers à fruits acides. 

A. — FEUILLE AMPLE, RAMEAUX FORTS, DRESSÉS. 
Septième classe. 

a. Jus coloré J peau noire ou foncée j griottes. 

Exemples : Early May ; cerise noire hâtive d’Espagne; 
cerise du Palatinat; rouge de mai. 

Huitième classe. 

b. Jus incolorej peau rouge-clair, transparente j cerises transparentes; 

gobets. 

Exemples : Montmorency à courte queue; cerise hybride 
de Laeken ; gobet aromatisé d’Amérique ; gobet rouge 
d’orange; nouvelle d’Angleterre; cerise orangée. 

B. — FEUILLE PETITE, VERT FONCÉ, RAMEAUX GRÊLES, LE PLUS 
SOUVENT PENDANTS. 

Neuvième classe. 

a. Jus incolore j peau noire ou foncée; morelles noires. 

Exemples : Morelle douce hâtive de Liegel ; morelle hâtive 
d’Espagne; morelle double (cerise du Nord); cerise d’Ort- 
heim ; morelle petite commune ou de Bruxelles ; cerise 
Léopold; morelle rouge-brun; morelle de Hollande duve- 
teuse» 

Dixième classe. 

h. Jus incolore) peau rouge-clair, presque transparente; morelles rouges. 

Exemples : Morelle royale hâtive; morelle douce; morelle 
à bouquet. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


25 


C. — CERISIERS ACIDES PROLIFÈRES, RAMEAUX GRÊLES, PExNDANTS; 
FEUILLE PETITE. 


Onzième classe. 

Cerisier toujours florifère. 


Exemple : Cerise de la Toussaint, 
à rameaux pendants, Allsamts.) 


(Cerise tardive, guignier 
SCH. 


PROCÉDÉS POUR OBTEIVIR DE LA LAITUE 

EN TOUTE SAISON. 

La Laitue {Lactuca sativa des botanistes) est une plante 
annuelle, originaire d’Asie, de la famille des Composées. 

Les Laitues en général aiment une terre franche, douce, 
légère, amendée avec des engrais consommés ou à demi con- 
sommés; les semis du printemps se commencent en mars, 
et même en février sur le terreau d’une vieille couche ou 
sur ados à bonne exposition que l’on garantit des gelées au 
moyen de paillassons. On sème de même en place en pleine 
terre. 

Dans le courant d’avril ou de mai, lorsque le plant est 
assez fort, on repique en place, en planches. Il faut éviter, 
en plantant, de trop presser les racines, qui sont très-déli- 
cates, et surtout d’enterrer le coeur de la plante; cette der- 
nière précaution est surtout indispensable, car sans elle, la 
Laitue pourrirait infailliblement. 

La distance à mettre entre chaque plante est de 2o à 
40 centimètres , selon les variétés qu’on cultive. On arrose, 
on sarcle et on bine au besoin pour détruire les mauvaises 
herbes, et pour faciliter l’émission des jeunes racines. Il est 
parfaitement reconnu que les binages contribuent puissam- 
ment au développement des plantes, non-seulement en per- 
mettant à l’air de pénétrer autour des racines , mais encore 
en rendant la terre plus légère, plus sensible aux influences 




JOURNAL 


atmosphériques, plus friable, et se laissant ainsi plus facile- 
ment traverser par les racines. 

Nous ferons encore observer que, durant les chaleurs 
æstivales, les Laitues seront d’autant plus tendres et moins 
amères, qu’elles n’auront pas à souffrir de la sécheresse; il 
s’ensuit que l’on doit les arroser avec beaucoup de soins. 
Les semis lèvent difficilement aussi pendant les grandes cha- 
leurs, principalement dans les terrains secs et chauds; pour 
être certain du succès, il faut ombrer les planches qui ont 
reçu les semis au moyen de paillassons ou de toiles, depuis 
10 heures du matin jusqu’à 5 ou 4 heures du soir; il faut 
aussi ne pas négliger les bassinages, afin que la terre ne se 
dessèche pas. On cesse d’ombrer lorsque les graines sont 
entièrement germées ou lorsqu’elles commencent à lever. On 
fait des semis successifs, afin de ne pas en manquer. 

Les Laitues dliiver se sèment dans les mois d’août et de 
septembre, pour être mises en place en octobre, sur des 
plates-bandes, ou côtières, au pied d’un mur ou d’une haie, 
mais à bonne exposition. 

On couvre de paillassons ou de litière à l’approche des 
grands froids, pour préserver les plantes de la gelée et de la 
neige; on découvre toutes les fois que le temps le permet. 

La culture des Laitues romaines est la même que celle 
des Laitues de printemps et d’élé, mais elles demandent 
plus d’eau pendant les grandes chaleurs. On doit en outre 
avoir la précaution de lier les plantes avec un ou deux liens 
de paille. Cette opération doit toujours se faire par un temps 
sec; de cette manière la tête s’emplit mieux, et elle est en 
même temps plus tendre et plus blanche. 

Les Laitues à couper se sèment de la même manière, 
mais il devient inutile de les repiquer, vu qu’on les coupe 
aussitôt que les premières feuilles sont développées ; ces 
Laitues se mangent en salade. On doit avoir soin de faire de 
nouveaux semis tous les huit ou dix jours, et on arrose co- 
pieusement pendant les grandes chaleurs. 

Laitues de primeur. On sème dans le courant de sep- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 25 

tembre sur le terreau d’une vieille couclie sous cloches ou 
sous châssis , la Laitue crêpe ou petite noire. Cette variété 
ne croît bien que sous cloches ; aussi ne la cultive-t-on que 
d’octobre en février, époque à laquelle on commence à semer 
les variétés Gotte ou Gau et la George; je parierai d’abord 
de la culture sous cloches, bien que ces dernières ne soient 
malheureusement presque pas usitées dans notre pays, où 
cependant elles seraient d’une très-grande utilité; car elles 
peuvent être employées avec avantage dans la culture forcée 
d’une infinité de plantes. 

Culture de la Laitue crêpe sous cloches. Aussitôt après 
avoir semé, on recouvre de cloches, et on ombre pendant 
le grand soleil, car on ne doit jamais donner d’air. Lorsque 
le plant a deux feuilles outre les cotylédons, on prépare un 
ados à bonne exposition qu’on charge de 7 ou 8 centimètres 
de terreau. On place ordinairement trois rangs de cloches 
sur l’ados, et on repique trente Laitues sous chacune de ces 
cloches; on favorise la reprise en ombrant lorsque le soleil 
est trop fort, mais on évite de donner de l’air. 

Dans le courant d’octobre et du mois suivant, on plante 
à demeure; à cet efl'et on ouvre une tranchée de i mètre 
50 de largeur ; sa profondeur du côté nord n’aura que 20 cen- 
timètres, tandis qu’on donnera 50 centimètres du côté du 
midi. On établit une couche de fumier mélangé, d’une épais- 
seur de 40 à 50 centimètres, inclinée au midi, comme le fond 
de la tranchée; on charge de i2 à 15 centimètres de bon 
terreau, puis on pose les cloches; on aligne au cordeau le 
premier rang, les deux autres se placent en échiquier. 
Lorsque la chaleur est montée, on lève le plant en motte en 
le soulevant doucement avec la main; puis on plante cinq 
Laitues sous chaque cloche; on couvre ces dernières de pail- 
lassons pendant la nuit, et lorsque les gelées commencent à 
se faire sentir, on établit un accot autour de la couche, on 
garnit l’espace entre les cloches de feuilles ou de fumier sec, 
enfin ou recouvre le tout de un ou de plusieurs rangs de 
paillassons que l’on enlève aussi souvent que le temps le 


26 


JOURNAL 


en permet. Ces Laitues sont bonnes à couper en décembre. 

Culture des Laitues Gotte. En janvier ou février, on cesse 
de cultiver la Laitue crêpe, pour continuer avec la Gotte et 
la George, que l’on sème dans les mois de septembre et d’oc- 
tobre. Ces deux variétés pomment mieux et sont plus belles 
que la précédente; mais elles ont besoin d’air pour acquérir 
tout leur volume, circonstance qui explique pourquoi on ne 
les plante qu’en janvier et février. 

On prépare donc en septembre ou octobre un ados tou- 
jours à bonne exposition, on le charge de 8 à 10 centimètres 
de terreau , on place les coffres, puis on sème à la volée. 
Lorsque le plant est levé et qu’il a deux ou trois feuilles 
outre les cotylédons, on prépare un nouvel ados; les coffres 
étant posés on les remplit de terreau, de manière que 
les plantes se trouvent le plus près possible du verre sans 
y toucher. On repique le jeune plant à 7 ou 8 centimètres 
de distance en tous sens; enfin on le préserve des atteintes 
des froids par les moyens ordinaires. 

Ce sont ces plantes qui servent à toutes les plantations 
sous châssis au printemps. 

En janvier et pendant le mois suivant, on prépare une 
couche de 40 à 50 centimètres d’épaisseur de fumier mélangé 
de feuilles, ou de fumier qui a déjà jeté son premier feu; on 
pose les coffres et on charge la couche de 12 à 15 centimè- 
tres de bon terreau. On plante ordinairement de quarante 
à cinquante Laitues sous un châssis de 1 mètre 55 centimè- 
tres carrés. On couvre au moyen de paillassons pendant la 
nuit et on établit des réchauds pour entretenir la chaleur de 
la couche, chaleur qui ne doit pas excéder 15 degrés centi- 
grades et ne pas descendre au-dessous de 8 ou 10 degrés; le 
manque de chaleur occasionnerait du retard, engendrerait 
l’humidité et la pourriture; l’excès contraire ferait fondre 
les plantes. 

On peut planter après la récolte, sur la même couche, 
sans qu’il soit nécessaire de la remanier. Quand les plantes 
sont arrivées à la moitié de leur grosseur, on leur donne de 


27 


D’HORTICULTURE PRATIQUE, 
l’air, mais peu pour commencer, et on augmente l’admission 
graduellement. En mars , on arrose lorsqu’on le juge conve- 
nable, mais jamais sans qu’il fasse du soleil. 

On remanie ordinairement la couche après la seconde 
récolte, en y ajoutant du fumier neuf pour y planter des 
melons. 

Laitues romaines. On sème dans la première quinzaine 
de septembre et même jusqu’à la fin du mois, sur un ados 
terreauté à bonne exposition , de la romaine verte hâtive ou 
de la verte maraîchère , ou bien encore de la grise maraî- 
chère. Le semis fait, on le couvre de châssis ou de cloches. 
On le repique dès qu’il a deux feuilles, sans compter les coty- 
lédons, sur un ados terreauté et à bonne exposition; on faci- 
lite la reprise et on garantit les plantes de la gelée par les 
moyens ordinaires. 

En décembre et janvier, on établit une couche tiède pour 
y planter les romaines à demeure. 

Les soins à donner sont d’ailleurs les mêmes que ceux 
qu’on donne aux autres Laitues , à l’exception que ces der- 
nières demandent de l’air chaque fois que la température le 
permet. Les plantes qu’on a laissées dans les châssis reçoi- 
vent les soins ordinaires, afin qu’on puisse les employer à de 
nouvelles plantations qui se ^continuent jusqu’en mars sur 
couches sous châssis ; à la fin de ce mois, on peut commencer 
à planter sans châssis-, on ouvre à cet effet une tranchée de 
i mètre 50 centimètres, inclinée au midi, sur laquelle on éta- 
blit une couche de fumier mélangé de 50 centimètres d’épais- 
seur, on recharge de terreau, et lorsque la chaleur est mon- 
tée, on plante comme en pleine terre du plant provenant du 
semis d’automne, que l’on a conservé sous châssis, ou que 
l’on a semé en janvier sur couche chaude. On entoure la cou- 
che d’un léger accot de feuilles sèches ou de fumier; des per- 
ches placées en travers serviront à supporter les paillassons, 
que l’on devra étaler chaque soir. 

Ce dernier mode de culture peut être employé pour toutes 
les Laitues , de même que l’on peut commencer à planter 


^8 JOURNAL 

pleine terre vers la même époque, c’est-à-dire en mars, mais 
sur ados, et avec couverture de paillassons. 

Laitues d hiver. C’est encore le même procédé que l’on 
emploie pour la Laitue d’hiver , sans secours de couches et 
de châssis. Dans le mois d’août, on prépare le terrain par de 
bons labours; on l’ameublif , et on le terreaute, ou, mieux 
encore, on sème sur le terreau d’une vieille couche. On 
choisit la Laitue de la Passion et la Morine; on facilite la 
levée du semis en arrosant si le temps est sec. On repique les 
jeunes plantes dans la dernière quinzaine de septembre, sur 
des plates-bandes terreautées, le long d’un mur ou d’une haie 
à bonne exposition. Lorsque les gelées se font sentir, on 
couvre les plantes de paillassons, que l’on étend sur des 
perches placées en travers des plates-bandes. On fait un 
second semis en septembre, qui succède au premier; on le 
traite de la même manière. 

On entoure les ados de fumier sec ou de feuilles j>our ga- 
rantir tes plantes complètement de fa gelée. Si on leur donne 
les soins nécessaires, on peut en jouir pendant une partie de 
1 hiver, jusqu’au printemps. On peutaussi obtenir de la Laitue 
crêpe et de la Gotte jusqu’en jauvier, sur couche froide ou 
sur ados, mais sous châssis, en les préservant de la gelée. 

Laitues à couper. La Crêpe et la Gotte sont généralement 
destinées à cet usage. Pendant tout l’hiver, on sème ordinai- 
rement sur couches avec d’autres légumes; quelques per- 
sonnes sèment séparément, en établissant une couche qui ne 
donne qu’une chaleur modérée ; on la charge de 8 ou 40 cen- 
timètres de terreau y et on sème assez épais ÿ on arrose au 
besoin; on donne de l’air, et on entretient la chaleur par les 
moyens ordinaires. 

Deux autres variétés sont préférées par quelques jardi- 
niers aux variétés précédentes, ce sont la Laitue chicorée 
qui se coupe plus forte et est fort tendre, et la Laitue épinard 
ou à feuilles de chêne, qui jouit non-seulement des mêmes 
avantages que la Laitue chicorée, mais a la propriété de re- 
pousser plusieurs fois après avoir été coupée. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 29 

Tels sont les procédés que j’emploie pour cultiver les 
Laitues , et ils me réussissent très-bien ; puissé-je, monsieur 
le Rédacteur, en répandant par l’organe de votre utile 
nal â' Horticulture pratique de la Belgique, la connaissance 
de ces procédés, m’élre rendu utile à quelques-uns de mes 
semblables. 

ÛEVENET, jardinier. 


NtmCE ^ÜR LA CLITURE 

DE LA REINE MARGUERITE PYRAMIDALE. 

( Suite. ) 

REPtQüAGE. 

Le repiquage se pratique en pleine terre à l’air libre, sous 
cloche ou sous châssis. 

Repiquage en pleine terre à Vair libre. 

Les plants provenant de semis faits sous cloches ou sous 
châssis du 15 mars au avril , doivent être repiqués du 
20 avril au mai. Ce repiquage doit être fait dans un ter- 
rain léger et substantiel , meuble et recouvert d’environ un 
centimètre de terreau fin. Si ce sol meuble et léger faisait 
défaut, s’il était d’une nature trop lourde, froide et compacte, 
il serait prudent de faire le repiquage tel qu’il est indiqué à 
la deuxième section de ce paragraphe. 

Comme ces plants sont encore jeunes., j’ai pour habitude 
de les repiquer au doigt un â un, à une distance de 20 centi- 
mètres en tous sens. Il est extrêmement important de faire ce 
repiquage à l’époque que j’ai indiquée ci-dessus, c’est-à-dire 
quand le plant a développé ses deux premières feuilles et 
avant qu’il ne durcisse et ne s’étiole ; car une fois arrivé à ce 
point on obtient encore quelques belles fleurs si la race est 
bonne, mais il est impossible d’avoir de ces Reines Margue- 
rites qui se couvrent de cent fleurs à la fois et qui font l’ad- 


50 


JOURNAL 

miration des amateurs. Après avoir repiqué, je mouille au 
pied des plants et pour faciliter leur reprise je bassine les 
jours suivants s’il y a nécessité, et de préférence dans le mi- 
lieu de la journée; car à cette époque de l’année la tempéra- 
ture des nuits est souvent encore froide. Je sarcle, je bine et 
j’arrose chaque fois que le besoin s’en fait sentir, jusqu’au 
moment de la mise en place, qui doit avoir lieu dans les pre- 
miers jours de juin, et non quand les boutons sont formés 
ou prêts à épanouir leur fleur, comme le recommandent en- 
core quelques ouvrages. 

2° Du repiquage sous cloche ou sous châssis. 

Les plants provenant de semis faits en pots ou terrines 
étant plus susceptibles de s’étioler que ceux semés en pleine 
terre, devront être repiqués un à un aussi jeunes que pos- 
sible, c’est-à-dire dès qu’ils auront développé une ou deux 
feuilles. Ce moment, qu’il importe de ne pas perdre de vue, 
arrive environ trois semaines après que le semis a été pra- 
tiqué. Comme souvent, à cette époque de l’année, la tempé- 
rature est encore trop froide pour exposer les jeunes plants 
à l’air libre, surtout si la nature du sol est trop lourde ou 
trop humide , il est prudent de faire le repiquage en pleine 
terre, sous cloche ou sous châssis, et dans un sol possédant, 
autant que possible, les.qualités et ayant reçu les préparations 
prescrites dans la première section de ce paragraphe. 

Je mets quinze à dix-huit plants par cloche et quatre-vingts 
à cent sous un châssis de un mètre trente-trois centimètres 
carrés. Pour faciliter la reprise, je mouille chaque plant au 
pied, je bassine, j’ombre légèrement s’il y a nécessité, mais 
seulement pendant quelques jours. Je donne de l’air graduel- 
lement, et, quand les plants sont repris, chaque fois que le 
temps le permet , j’enlève les cloches ou les châssis qui les 
recouvrent, car, il faut bien le remarquer, ces cloches ou 
châssis ne doivent pas servir à hâter la végétation, mais seu- 
lement à protéger la reprise des jeunes plants et à abriter 
ceux-ci contre les intempéries atmosphériques. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 51 

Les soins à donner aux plants qui ont été ainsi repiqués 
seront les mêmes jusqu’à l’époque de la mise en place que 
ceux indiqués dans la section précédente. Toutefois, comme 
ces plants ont été repiqués plus drus, ils devront être relevés 
et mis en place du 20 mai au juin pour être ensuite traités 
comme je l’indique ci-après. 

{La suite au prochain numéro, ) 


SOCIÉTÉ VAN MONS. 

Nous venons de recevoir une brochure contenant les sta- 
tuts réglementaires pour la Société Van Mons, la liste des 
membres fondateurs, et un catalogue des fruits cultivés dans 
le jardin de la Société. Cent soixante sociétaires inscrits avant 
le i®** janvier 1854 ont été proclamés membres fondateurs. 
Les noms que nous avons remarqués dans la liste de ces mem- 
bres prouvent que les pomologues les plus distingués, ama- 
teurs et pépiniéristes du royaume et de l’étranger, ont com- 
pris quel bel avenir de succès utiles était réservé à l’union 
des intelligences des producteurs, trouvant un point central 
d’expériences et d’analyses consciencieuses. Il n’est pas inu- 
tile à ce propos de citer de nouveau le but de la Société Van 
Mons : « Cette Société est instituée pour continuer les tra- 
» vaux de Van Mons et de son successeur, en vue d’améliorer 
» les espèces fruitières. A cet effet, elle crée un jardin d’ex- 
» périence où seront réunies, conservées et exploitées, les 
» collections d’arbres de semis provenant des pépinières de 
» Van Mons et Bivort, ainsi (nous prions nos lecteurs ama- 
» teurs de bons fruits de fixer leur attention sur ces dernières 
» lignes) que les autres bous fruits cultivés en Belgique et 
2 ) à Vétranger, dont il pourrait être utile, après examen, de 
» propager la culture. » L’article 5 des statuts offre une ga- 
rantie de loyauté aux membres ; c’est que « les opérations 
de la Société ne peuvent avoir aucun caractère commercial ; 
son établissement ne peut être, sous aucun rapport, une pé- 


32 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE, 
pinière de venle. » Cette assurance est très-importante ; elle 
rend la Société libre de toute influence, et la met à l’abri de 
tout soupçon de réclame et de coterie. Dire que les personnes 
honorables qui composent la commission royale de Pomo- 
logie instituée par le gouvernement belge sont chargées de 
radministration de la Société Van Mons, c’est garantir aux 
membres que la question des analyses de fruits sera traitée 
avec érudition, expérience et impartialité. 

La faible cotisation annuelle de dix francs que la Société 
réclame de ses membres (dont nous espérons voir grandir le 
nombre à mesure que les amateurs auront compris l’utilité 
de son but), est destinée â parfaire les sommes nécessaires à 
l’entretien du jardin d’expérimentation et de culture , jardin 
qui doit fournir aux sociétaires les rameaux des arbres frui- 
tiers jugés dignes d’être cultivés. Une première distribution 
de greffes a commencé le 5 mars dernier. 

Le catalogue des fruits contient d’abord la liste des espèœs 
admises par la eommission et ensuite une nomenclature des 
fruits du jardin qui sont encore à l’étude. 

Dans la liste des espèces admises nous remarquons 25 va- 
riétés de cerisiers, 115 de poiriers, 56 de pommiers et 17 de 
pruniers. C’est déjà un contingent fort respectable et dont 
l’énumération, si nous pouvions la faire, tenterait l’amateur 
le plus difficile; et l’heureux choix qu’a fait la commission 
doit attirer bien de nouveaux membres à la Société Van Mons, 
aussi lui prédisons-nous bon succès. 





JOURNAL 


DlORTICELTllRE PRATIQUE. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 

RflODODE^DRLM RARONKE DE SNOY. 

(Hybride.) 

A la dernière exposition de la Société royale de Flore de 
Bruxelles (2 avril 1854), figurait, parmi les beaux Rhodo- 
dendrums exposés par M. L. Boddaert , horticulteur à 
Deynze, une variété obtenue de semis par cet intelligent et 
zélé cultivateur de rosages, qui nous a paru tellement jolie, 
que nous avons demandé la faveur de pouvoir en offrir un 
beau dessin d’après nature à nos lecteurs. M. Boddaert nous 
octroya cette faveur, et de plus, nous exprima le désir que 
nous baptisions à notre gré cette Jolie variété; nous avons 
profité de cette permission pour lui imposer le nom de ma- 
dame la baronne de Snoy, de Braine-le-Château, noble dame, 
qui sait apprécier les diverses beautés que Dieu s’est plu à 
répandre sur la fleur de nos bois, comme sur celles que 
l’homme va chercher dans les forêts de l’Inde. Et qui ne se 
sent saisi d’admiration à la vue d’un massif de Rhododen- 
drums bien fleuris ; à la vue de ces gros bouquets , tantôt 
aux vives couleurs, tantôt aux teintes délicates qui surmon- 
tent ces rosettes de feuilles d’un vert foncé, à revers argenté, 
parfois doré! La terre disparaît sous ces touffes de feuil- 

U. — AVUIL IRoA, 5 


JOURNAL 

lage, sous ces milliers de têtes fleuries; et que faut-il pour 
obtenir de tels résultats? Réunir quelques jeunes pieds vi- 
goureux de Rhododendrums , les planter dans une niasse 
profonde de terre de bruyère non tamisée ; plus elle sera 
fibreuse et en grosses moites, mieux les plantes s’en accom- 
moderont. Un grand soin à observer dans la formation d’un 
grand ou d’un petit massif de Rhododendrum, c’est de planter 
les arbrisseaux de manière que leur feuillage soit rap- 
proché et serve à ombrer complètement le sol dans lequel 
reposent les racines; lorsque les rayons du soleil parviennent 
jusqu au sol ou à atteindre le tronc vers sa base, ils nuisent 
dune manière tellement fâcheuse à la reprise et à la santé 
des rosages, que ceux-ci finissent presque toujours par suc- 
comber ou à ne végéter que tristement. Il vaut donc mieux 
planter trop serré que d’espacer méthodiquement ses exem- 
plaires. Il va sans dire que l’exposition, la situation abritée 
des vents, la nature du sol, peuvent modifier tant soit peu la 
règle que nous venons de poser, mais ne la détruisent pas. 
C’est grâce à ces précautions, que les quatre beaux massifs 
de Rhododendrums qui ornent les angles du grand carré, au 
milieu duquel est tracé le cercle de l’école de botanique du 
Jardin botanique de Bruxelles, ont acquis un développement 
luxuriant d’autant plus remarquable, qu’ils ne sont abrités 
d aucun rayon de soleil, ni d’aucun vent, et que le sol de 
cette partie du Jardin est formé d’un sable fin d’une aridité 
que l’on ne peut atténuer que par une forte addition de fu- 
mier. Les Rhododendrums en pieds isolés ne prospèrent qu’à 
l’ombre, au nord ; le manque d’air les tue, et cela se com- 
prend : ce sont des enfants des montagnes où l’air abonde, 
où la pluie et de fréquents brouillards rafraîchissent leurs 
grandes feuilles coriaces. 

Le Rhododendrum baronne de Snoy a les feuilles ferrugi- 
neuses en dessous; elles sont longues et ondulées; le bou- 
quet floral, que nous représentons de grandeur naturelle, se 
compose de 12 à 15 fleurs grandes, évasées, d’un rose car- 
miné des plus agréables â l’œil ; le fond de la fleur est d’un 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 55 

blanc tirant sur le marron vers la naissance du lobe supé- 
rieur du limbe de la corolle; la teinte carminée augmente en 
intensité vers les bords des lobes et se fond graduellement et 
délicatement vers la gorge avec le blanc du fond de la co- 
rolle; le fond supérieur de la corolle est moucheté jusque 
vers le milieu du lobe supérieur de petites macules arquées 
et de couleur carmin vif. Les fleurs, avant leur parfait épa- 
nouissement, sont d’un carmin cerise foncé. L’exemplaire 
que M. Boddaert avait bien voulu nous confier était à peine 
haut de 60 à 70 centimètres, et portait cependant deux bou- 
quets parfaitement fleuris, et qui de suite ont captivé notre 
attention, malgré le voisinage de variétés plus riches en cou- 
leurs, plus touffues, mais dont l’éclat nous plaisait moins 
que les teintes délicates et délicieusement harmonisées de la 
variété que nous soumettons de confiance au jugement des 
amateurs. 

M. L. Boddaert nous écrit que le Rhodôdendrum baronne 
de Snoy est un semis provenant du Rhododendrum cinna- 
momeum (ainsi que le constate son feuillage ferrugineux en 
dessous), fécondé par le Rhododendrum souvenir de Deynzej 
hybride fort distingué et que le commerce horticole doit éga- 
lement à M. L. Boddaert. Ajoutons une observation toute en 
faveur de la facile floraison du Rhododendrum baronne de 
Snoy : c’est qu’il est un des premiers qui fleurissent sur un 
nombre de plus de quatre mille plantes d’un semis provenant 
de la même origine! De même que les Rhododendrum arbo- 
reum, cinnamomeumy notre nouvelle variété ne passe pas 
en pleine terre en Belgique. 

Le Rhododendrum baronne de Snoy ne pourra être mis 
dans le commerce que l’année prochaine. 

Nous remarquons dans le premier numéro de Vlllustra- 
tion horticole, éditée par M. Ambroise Verschaffelt, une va- 
riété de Rhododendrum fort remarquable : c’est Valhum spe- 
ciosum, à très-grands bouquets de fleurs d’un blanc pur , 
relevé d’un nombre infini de macules hémisphériques, ran- 
gées assez symétriquement pour figurer une gerbe qui jailli- 


5(5 JOURNAL 

rait du fond de la corolle. Cette variété rentre par la délica- 
tesse exquise de son coloris dans notre manière de sentir; 
c’est-à-dire que les teintes délicates, pures ou s’harmonisant 
sans effort avec des teintes plus vives, réjouissent plus notre 
âme, notre sentiment du beau, que les coloris riches, fulgu- 
rénts, d’un éclat tellement vif qu’ils vous éblouissent, vous 
étonnent, vous frappent d’une admiration subite, mais qui 
bientôt vous fatigue, vous trouble et vous fait désirer 
des objets moins étincelants, pour reposer vos sens trop 
secoués. 

Qu’on nous permette, avant de finir sur ce chapitre des 
Rhododendrums, de mentionner une charmante variété ob- 
tenue de semis par M. J. Haentjens, horticulteur de Gand , 
qui affectionne beaucoup ce beau genre. Cette variété, cou- 
ronnée d’un premier prix à l’exposition d’hiver de la Société 
royale de Flore de Bruxelles, a été nommée, par son heureux 
obtenteur. Beauté de V Europe, par allusion à un faux air 
de ressemblance avec le joli Azalea Beauté de V Europe, de 
M. Marcq. Les fleurs de ce nouveau Rbododendrum présentent 
une large bande rose-foncé, coupant par le milieu chacun des 
lobes de la corolle, et se prolongeant vers l’intérieur de la 
fleur. Ce gain ouvre sans doute la voie à une nouvelle série 
de rosages, celle à fleurs rayées comme les Azalées; nous 
ne savons rien sur l’origine de cette variété. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


37 


j^ortif ulture étrangère. 

PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERRE CHAUDE. 

Pitcairiiia lon^ifolia (HoOKER), Bot. Mag,, pl. 4773. — 
Famille des Broméliacées. — Hexandrie Monogynie. 

Celte nouvelle espèce de Pitcamiia, envoyée de Lima, 
en 1832, au Jardin botanique de Kew, se distingue de ses 
congénères par sa tige ou caudex élevé, allongé et gros (environ 
3 centimètres de diamètre), fortement annelé par les bases très- 
rapprocbées des feuilles des années antérieures et surtout 
parle panicule très-divisé, portant des fleurs d’un rouge vif, 
à calices verts. Les feuilles, posées en loutFe au sommet du 
caudex, sont coriaces, d’un vert pâle et d’une longueur qui 
atteint jusqu’à \ mètre 23 centimètres ; elles sont lancéolées 
et se terminent en une pointe très-mince; elles présentent à 
leur naissance sur le caudex une base large, concave, striée 
et presque amplexicaule; enfin leurs bords sont finement 
dentelés en scie et épineux. Le panicule est plus long que 
les feuilles, naît du centre et termine l’assemblage de ces 
feuilles; les ramifications et les pédoncules sont verts et 
tomenteux. Bractées petites, subulées. Fleurs à pédicelles 
courts, à calice composé de trois sépales dressés, subulés ou 
subulés-lancéolés et d’un vert uniforme, à trois pétales d’en- 
viron 3 centimètres de longueur et trois fois plus longs que 
le calice, sub-spathulés , linéaires-oblongs , d’un rouge vif, 
formant, jusqu’aux deux tiers de leur hauteur, un tube 
comme dans le Pitcairnia punicea, et s’étalant ensuite d’un 
même côté. Filets staminaux blancs et minces; anthères 
linéaires, jaunes. 

Le Pitcairnia longifolia fleurit en décembre et requiert 
la serre chaude. On le cultive comme le Pitcairnia punicea, 
admirable plante, et qui fleurit abondamment lorsqu’on la 


58 


JOURNAL 


tient dans une atmosphère chaude et humide et que l’on a 
surtout soin de la préserver, par des seringages et des fumi- 
gations, des nombreux insectes qui s’y attachent. 

Wartæewîcæîl (ReGEl), GürteJl flora^ 1855, 

page 258; figuré dans \' Illustration horticole , 1854, pl. 6. 

— Famille des Gesnériacées. 

On doit l’introduction de cette jolie plante à M. Wartzewicz ^ 
qui l’envoya en Europe des montagnes de Santa-Martha, dans 
la Nouvelle-Grenade. C’est une Gesnériacée à rhizomes sto- 
lonifères comme dans leSi4cA^me/^eset \oChorisantheray etc., 
et par conséquent d’une multiplication facile. Les feuilles 
sont grandes, ovées, acuminées, crénelées, velues ou plutôt 
chargées, de même que les tiges et les pétioles, d’un duvet 
soyeux, pourpré, donnant à la plante un aspect veloulé cha- 
loyant fort agréable à l’œil, surtout sous les feuilles et à la 
naissance des pétioles où les teintes veloutées deviennent 
purpurines. Les fleurs naissent en petits panicules des ais- 
selles des feuilles supérieures et sont portées sur des pédon- 
cules verdâtres, velus; leur tube est d’un rouge-vermillon, 
velu, long d’environ 5 centimètres, tandis que le limbe, étalé 
ou à lobes recourbés en dehors, est d’un jaune verdâtre, dé- 
licatement pointillé de pourpre; le calice, d’un beau vert 
d’abord en tube globuleux, s’élargit en un limbe à cinq lobes 
étalés, égaux et formant une collerette très-apparente au- 
tour de la base du tube corollaire; c’est même à cette dis- 
position étalée des limbes du calice que l’auteur de ce nou- 
veau genre, M. Regel, a fait allusion dans sa dénomination 
grecque iSc/cic/oca/^x ou calice en parasol. 

Cette jolie plante se cultive comme les Gesneria mollis, 
Schiedeana, et comme les Achimenes, 

oiiciciiuiu Barkcri (Lindley), Bot, Reg. de 1841.— Famille 
des Orchidées. 

Nous décrivons dans l’article que nous publions plus loin 
sur les Orchidées consignées dans les Folia Orchidacea du 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 59 

docteur Lindley, VOncidimn Barkeri, une des plus belles 
Orchidées du Mexique, de cette contrée si riche cependant 
en ces remarquables plantes, que les Anglais ont poétique- 
ment nommées Air-plants ou plantes de l’air. Nous le citons 
ici parce que nous avons eu le plaisir d’en voir de beaux 
exemplaires bien fleuris à Bruxelles, chez M. J. Linden, et à 
Gand, chez M. VerschafFelt : ce dernier horticulteur en a 
même donné un beau dessin très-exact dans son journal hor- 
ticole [Illustration horticole) ; et que cette Orchidée est en- 
core peu répandue dans les collections où elle mérite d’occu- 
per une place distinguée. 

MM. Klotzsch, Braun, C. Koch et Bouché, viennent de dé- 
crire un assez grand nombre de plantes nouvelles de serre 
chaude, que nous ne ferons qu’indiquer ici, l’espace nous 
manquant pour en donner une analyse détaillée; ce sont : 

Plenrothallis elongata (Hort. Hambourg). Orchidée sans 
valeur. 

Maxillaria stenobîilbon (Klotzsch). Orchidée vénézuélienne 
de peu de mérite. 

Maxillaria articulata (Klotzsch). Fleurs petites. 

Maxillaria rubro-fusca (Klotzsch). Espèce de l’Amérique 
centrale et peu intéressante. 

Polystachya nana (Klotzsch). Orchidée à fleurs presque 
microscopiques. 

Aspasia fragrans (Klotzsch). Orchidée à fleurs jaunes et 
lilas, à labelle blanc, maculé de pourpre, au nombre de trois 
à chaque racème; espèce intéressante quoique de peu d’effet. 

Colocasia navicularis (Koch et Bouché). Aroïdée voisine 
de la Colocasia fornicata (Kiinth) ; elle a été cultivée sous 
le nom de Colocasia indica. 

Caladium smaragdinum (Koch et Bouché). Espèce se rap- 
prochant du Caladium colocasioides de Brongniart, mais à 
feuilles concolores. 

Caladium pallidum (Koch et Bouché). Jolie espèce voisine 
de la précédente, originaire de Caracas. 


JOURNAL 


40 

Cyrtospadîx striatipes (Koch). Synonymie '. Philodendron 
striatipes (Kunlh). Nouveau genre brésilien à tubercules. 

Philodendron albo-vaginatum (Koch et Sello). Aroïdée 
fort intéressante de l’Amérique tropicale, assez semblable au 
beau Philodendron lacerum que l’on cultive dans beaucoup 
de serres chaudes. 

Philodendron Aiigustinum (Koch). Très-belle espèce dé- 
couverte et rapportée de l’Amérique par M. Warszewicz, à 
lige épaisse, émettant des racines et à feuilles en cœur. 

Philodendron Selloum (Koch). Plante fort élégante et se 
rapprochant assez du beau Philodendron pinnatifidum 
(Kunth), à grandes feuilles ovales et profondément pinnatifîdes. 

Philodendron pinnatifidum (Kunth), var. virescens. Cette 
variélé, rapportée d’Amérique par M. Moritz, présente une 
spathe verte au lieu d’être violette comme dans le type. 

Philodendron crinipes (Hort, Amsterdam). Remarquable 
par les soies assez roides qui recouvrent les pétioles. 

Philodendron cardiophyllum (Koch et Sello). Superbe 
espèce voisine du Philodendron punctatum (Kunth) ; feuilles 
grandes de 50 à 45 centimètres, plus ou moins cordiformes, 
à oreillettes ovales. 

Philodendron scandens (Koch et Sello). Espèce grim- 
pante, à feuilles cordées-ovales, cuspidées, de l’Amérique tro- 
picale. 

Toutes ces Orchidées et Aroïdées sont cultivées au Jardin 
botanique de Berlin. Les Aroïdées méritent d’être prises en 
considération, non-seulement parce quelles constituent de 
belles espèces nouvelles, mais aussi parce qu’elles appar- 
tiennent à une famille que l’on commence à apprécier avec 
raison, et qui promet de devenir aussi recherchée que les 
Orchidées, les Bégonies et les Fougères. Dans le prochain 
numéro, nous terminerons cette liste de nouvelles plantes du 
Jardin botanique de Berlin. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


Ai 

2*^ SERRE FROIDE* 

oentiaua Fortiini (W. Hooker), figuré dans le Bot, Mag., 
pl. 4776. — Famille des Gentianées. — Pentandrie Di- 
gynie. 

Le genre Gentiane comprend actuellement 155 espèces, 
toutes fort belles, très-recherchées des amateurs et toujours 
assez rares parce qu’elles exigent malheureusement certaines 
conditions de culture que nous ne pouvons leur accorder 
qu’approximativement ; enfants de vallons tourbeux et de 
régions humides, froides et éternellement exposées au souffle 
âpre des courants aériens des hautes montagnes alpines, les 
Gentianes ne peuvent que difficilement s’habituer à l’air plus 
pesant qui enveloppe nos jardins. Une exposition au nord, 
un lit de terre de bruyère fibreuse non tamisée, mais brisée 
en gros fragments, sont les meilleurs moyens à employer 
pour conserver pendant quelque temps ces charmantes fleurs 
dont la sauvage nature s’effraye à l’aspect des villes et languit 
loin de cette atmosphère pure et légère, nécessaire à son 
organisation. 

La Gentiane de Fortune est une des plus jolies espèces du 
genre; elle se rapproche de notre Gentiane pneumonanthe 
et de la GeMtiana septemfida de Pallas; elle s’en distingue 
par une taille plus élevée, par un port plus robuste et par 
des fleurs plus grandes, remarquables par les plis ou écailles 
de la bouche ou orifice du tube corollaire. Ces plis présen- 
tent trois dents irrégulières et émoussées, s’avançant très- 
peu au delà de la bouche de la corolle ; tandis que ces dents, 
dans la Gentiana septemfida, sont grandes et proéminentes, 
et garnies de longs cils, ce qui donne à la bouche de la fleur 
un aspect frangé. Les feuilles de notre Gentiana Fortuni 
sont lancéolées, glabres, trinervées, opposées et disposées 
deux à deux sur la tige glabre et lisse, à une distance assez 
grande. Les fleurs sont axillaires, solitaires, sessiles, grandes 
et fort belles. Par suite du plus grand rapprochement des 


« JOURNAL 

paires de feuilles vers le sommet des tiges, les fleurs se rap- 
prochent également et forment un joli épi bleu ; la corolle est 
infundibuliforme, légèrement ventrue; le limbe présente 
cinq lobes étalés, en cœur ové, du même bleu intense que 
1 on remarque dans le tube corollaire, et également orné de 
taches ou points blancs. 

Cette Gentiane a été envoyée de la Chine parM. Fortune; 
elle a fleuri à Kew au mois de décembre dernier. Il y a tout 
lieu de croire qu’elle sera rustique. 

Weiiingtonia stsantea (Lindley), dans le Gardeners Chro- 

nicle, décembre 1855, figuré dans le Bot. Maq., pl. 4777 

et 4778. — Famille des Conifères. — Diœcîe Monadelphie, 

Nous ne dirons que quelques mots sur ce géant des forêts 
californiennes, le public ayant déjà été instruit par les jour- 
naux politiques de 1 introduction en Angleterre de ce magni- 
fique Conifère auquel le docteur Lindley vient d’imposer le 
nom de Wellington , le géant guerrier de l’Angleterre. 
M. William Lobb, le célèbre voyageur naturaliste de la mai- 
son Veitch, d’Exeter, découvrit le Wellingtonia sur des ver- 
sants élevés de la sierra Nevada, dans la haute Californie, à 
une hauteur absolue d’environ 5,000 pieds anglais au-dessus 
du niveau de la mer, et situés vers le 58« degré de latitude 
septentrionale; il observa environ 80 ou 90 de ces énormes 
arbres, que le docteur Lindley appelle les monarques des 
forêts californiennes, dans un espace d’un mille anglais de 
circuit. Le diamètre du tronc variait entre 10 et 20 pieds, et 
la hauteur entre 250 et 320 pieds. Leur mode de croissance 
rappelle le Séquoia sempervirens {Taxodium). Un de ces 
arbres récemment abattu permit au voyageur de faire les 
observations suivantes : La longueur du tronc était de 500 
pieds; le diamètre à 5 pieds au-dessus du sol mesurait 
plus de 29 pieds; à 18 pieds au-dessus du sol, ce diamètre 
atteignait 14 pieds et demi; à 100 pieds au-dessus du sol, ce 
diamètre n avait varié que d’un demi-pied, il était encore de 
14 pieds; enfin à la hauteur de 200 pieds, le tronc mesurait 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. iS 

près de 5 pieds et demi ! L’écorce présente une épaisseur de 
12 à 15 pouces (50 à 40 centimètres). Les petits rameaux 
sont ronds, pendants et ressemblent à ceux d’un Cyprès ou 
d’un Genévrier. Les feuilles sont d’un vert pâle , petites , 
alternes, coriaces, dressées, imbriquées et arrangées dans 
une disposition en spirale ; trois feuilles complètent la cir- 
conférence de la branche. Les feuilles des jeunes plantes sont 
oblongues-subulées, mucronées, semi-amplexicaules à leur 
base, et carénées sur le dos. Les jeunes rameaux ou branches 
terminales retombent avec grâce, ils sont minces et filiformes. 
Par un contraste remarquable, cet arbre colossal dont l’âge, 
à en juger par le nombre des cercles concentriques du tronc, 
serait d’environ 5,000 ans, ne produit que des cônes à peine 
hauts de deux pouces (5 centimètres) et larges dans leur plus 
grand diamètre d’un pouce 5/4, ovés, obtus et ligneux; sous 
chacune de ses épaisses écailles se trouvent logées sept 
graines presque orbiculaires , comprimées, petites (moins 
d’une ligne, dit M. Lindley), à peine ailées sur les bords. 

Par son feuillage et ses rameaux grêles et pendants , le 
Wellingtonia gigantea se rapproche beaucoup des Gené- 
vriers, mais il en diffère par ses fruits qui sont de véritables 
cônes dont la conformation correspond assez bien avec les 
cônes d’un Conifère japonais : le Sciadopitys de Siebold et 
Zuccarini. 

L’établissement horticole de MM. Veitch possède une quan- 
tité assez considérable de jeunes plantes de WMingtonia^ 
provenues de graines récoltées par M. Lobb; et il paraît que 
les amateurs pourront dès ce printemps en obtenir des exem- 
plaires. « Espérons, dit M. Lindley, que nous vivrons assez 
longtemps pour voir le WMingtonia aussi commun dans les 
jardins anglais que l’est maintenant le Cedrus Deodora, « La 
seule petite observation que nous nous permettions de faire, 
d’après M. Lindley, c’est que cet arbre exige beaucoup de 
temps pour devenir tant soit peu géant, puisqu’il n’accroî- 
trait en diamètre que de deux pouces en vingt années. 


JOURNAL 


Aiiosorus caiomeianos (Presl.), figuré dans le Bot, Mag., 
pl. 4769. Syn. : Pteris calomelanos, Swartz. — Famille 
des Fougères. 

V Allosorus calomelanos est une très-jolie Fougère, origi- 
naire des environs du cap de Bonne-Espérance, où elle croît 
dans les endroits rocailleux et montueux, situés à une éléva- 
tion au-dessus du niveau de la mer, variant entre 500 et 
4,000 pieds anglais. Elle se recommande à l’attention des 
amateurs par ses frondes d’un vert délicaf et vif, et par ses 
stipes et rachis d’un noir d’ébène brillant. Elle végète par- 
faitement dans une serre froide. Les frondes sont générale- 
ment bipinnées, triangulaires-oblongues, presque coriaces 
et d’un vert clair vif. Cette gracieuse Fougère s’élève peu. 

Fuchsia souvenir de la Reine, figuré dans la Flore des 
serres et jardins de l'Europe, pl. 875. 

Cette charmante variété de Fuchsia a été obtenue par 
M. Coene, jardinier fleuriste à Gendbrugge, lez-Gand. Les 
fleurs sont nombreuses, à pédoncules assez longs; le tube 
est d’un beau carmin, tandis que ses cinq lobes ou segments 
longs (plus longs que le tube), acuminés, peu étalés, sont 
d’un blanc de lait passant au jaune-verdâtre vers l’extré- 
mité des lobes ou segments; les pétales sont d’un violet 
pourpré vif. 

Ce Fuchsia est très-florifère et produit un effet charmant, 
même au milieu des plus belles variétés que le commerce 
horticole nous a fournies depuis quelques années. Il attirait 
l’attention des amateurs lors de l’exposition d’été de la Société 
royale d’horticulture de Gand en 1855. 

Fiiium odorum (Planchon), figuré dans la Flore des serres 
et jardins de l’Europe, pl. 876 et 877. Syn. : Lilium japo- 
nicum, de Loddiges, mais non de Thunberg. 

Bien que ce Lis ait été introduit en Europe depuis 1804 et 
qu’il ait été cultivé sous le nom de Lilium japonicum (le 
beau Lilium Brownii avait été également confondu avec ce 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 45 

Lilium japonicum de Loddiges), il était devenu, depuis plu- 
sieurs années, d’une si grande rareté, que sa seconde entrée 
dans le monde horticole, sous le patronage de M. L. Van Houtte, 
peut être saluée avec autant de plaisir que si nous annon- 
cions la venue d’une nouveauté d’élite. C’est par cette raison 
et surtout à cause de l’introduction dans le commerce horti- 
cole d’une nouvelle spécification botanique, que nous avons 
cru devoir faire connaître l’existence de ce Lis. La nomencla- 
ture des Lis est tellement difficile et embrouillée, que les bo- 
tanistes ont le plus grand mal pour les distinguer les uns 
des autres au moyen de diagnoses certaines ; il n’est donc 
pas étonnant que les horticulteurs aient pu pendant long- 
temps confondre le Lilium Brownii avec le Lilium odorum, 
auquel il ressemble beaucoup au premier aspect, et que ces 
deux plantes aient été vendues sous le même nom de Lilium 
japonicum ou ensuite de Lilium Brownii. 

Le Lilium odorum atteint la taille du Lilium longiflorum; 
ses fleurs, plus grandes, sont teintes de lie de vin à l’inté- 
rieur. Elles exhalent une odeur de Cassis , tandis que les 
fleurs du Lis à longues fleurs sont inodores; il se distingue 
du Lilium Brownii parce que les fleurs de celui-ci sont à 
peu près inodores et à étamines plus courtes, que ses feuilles 
plus étroites que dans le Lilium odorum, offrent les trois 
supérieures rapprochées en verticille. 

M. Van Houtte, dans son intéressant article sur le Lilium 
odorum, dit que cette plante réclame, de même que le Li- 
lium eximium, un abri contre le froid et qu’elle craint l’hu- 
midité quand le bulbe se repose. 


Clianthas punicetas, Var. magnSGcus (Hort. V. HoUTTE), 
figuré dans la Flore des serres et jardins de l^ Europe, 
pl. 879. — Famille des Légumineuses. — Diadelphie Dé- 
candrie. 

Tout le monde connaît le Clianthus puniceus, que l’on 
délaisse à tort, sous le prétexte qu’il se charge d’insectes qui 
en détruisent le feuillage, en retardent la végétation et font 


46 JOURNAL 

avorter les grappes florales ; des seringages et une place dans 
la serre froide ou même dans l’orangerie en hiver, le garan- 
tiront des attaques des thrips et autres arachnides. Cet aban- 
don ne serait-il pas un peu le résultat de la vulgarité d’une 
plante qui depuis vingt années réjouit nos yeux et doit être 
par conséquent reléguée dans les vieilleries usées? 

La variété magnifique du Clianthus puniceus offre des 
rameaux plus roides et plus courts, tandis qu’ils sont débiles 
et longs dans le type; le feuillage est également plus ferme 
et d’un vert luisant au lieu d’être vert-grisâtre et flasque; 
enfin les fleurs sont plus grandes, plus nombreuses et d’un 
coloris plus brillant que chez le Clianthus ordinaire. On ne 
sait rien de certain sur sa patrie; M. Van Houtte l’a reçue 
l’an dernier de M. Glendinning, horticulteur anglais; c’est du 
reste une fort belle acquisition pour la serre froide. M. Van 
Houtte recommande de la planter en pleine terre en été et 
de la rentrer en orangerie; elle se plaît dans un mélange de 
terreau de feuilles et d’argile. 

iîUsrcUattées. 

ORCHIDÉES. 

(quatorzième article) (1). 

GENRE ODONTOGLOSSUM, H. B. K. 

DEUXIÈME SECTION. — Xauthoglossum comprenant les espèces à colonne 
garnie d’oreillettes ou non pourvues de ces appendices; à labelle 
toujours jaune, muni d’un long onglet linéaire (le plus souvent bi- 
lamellaire). 

Observation, — La disposition particulière des oreillettes 
atténuées ou cirrheuses de la colonne des espèces de la pre- 

(1) Voir page 330 du H' volume du Journal d’ Horticulture pratique 
de la Belgique. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 47 

mière section disparaît dans cette deuxième section pour ne 
plus reparaître après. V Odontoglossum gravide est évidem- 
ment très-rapproché de VOdontoglossum Insleayi, et forme 
le premier anneau qui unit la section des Euodonloglossum 
à celle que nous allons examiner. 

* 9. Oflontoglossum g^rande (LiNDLEY). 

La forme des pseudo-bulbes, d’un vert de mer, et l’aspect 
général rappellent complètement ï Odontoglossum Insleayi. 
Le scape floral, haut de 13 à 18 centimètres au plus, porte 
de deux à cinq fleurs d’une grandeur extraordinaire; elles 
mesurent, de l’extrémité d’un pétale à l’extrémité du pétale 
opposé, plus de 18 centimètres; ces fleurs sont à fond jaune, 
presque entièrement recouvert de bandelettes et de grandes 
macules d’un beau brun; les sépales sont lancéolés, con- 
vexes et en forme de faux; les pétales sont oblongs, plus ou 
moins obtus, subondulés; labelle subarrondi, ayant des oreil- 
lettes à sa base; il est deux fois plus court que les sépales; 
son disque offre une crête tronquée vers le sommet, bituber- 
culée et, de plus, augmentée d’une dent et d’une callosité; 
colonne tomenteuse à oreillettes arrondies, convexes, re- 
courbées en dedans. 

Cette magnifique Orchidée croît à l’état sauvage sur les 
chênes des régions montagneuses, tempérées, occidentales 
(régions généralement situées entre 4,000 et 6,000 pieds 
d’élévation absolue) , du Guatemala et du Mexique méridio- 
nal ; les extrêmes de température des riches contrées où se 
trouve V Odontoglossnm grande, oscillent entre 13° et 20° 
centigrades; c’est dans les bois humides et bien ombragés 
qu’il se plaît particulièrement. Grâce aux nombreuses impor- 
tations d’Orcbidées guatémaliennes qui ont eu lieu en Angle- 
terre et en Belgique depuis quelques années, cet Odonto- 
glossiim est devenu assez commun dans les collections 
européennes. On en voit en Angleterre des exemplaires ex- 
cessivement forts, et croissant admirablement bien dans de la 
terre de bruyère fibreuse, mélangée à du sphagnum haché et 


4-8 


JOURNAL 


à de nombreux tessons ; ce mode de culture est très-favorable 
aux Orchidées épiphytes, surtout aux espèces de l’Inde, qui 
exigent une assez forte somme d’humidité; mais ce mode re- 
quiert du jardinier une attention particulière et intelligente 
dans les arrosements et dans la distribution de la chaleur; 
en général, celle-ci doit être plus élevée dans les serres où 
l’on cultive les Orchidées dans le sphagnum que dans celles 
où cette méthode n’est pas suivie. 

10. ociontogio$$s»iii tigriniBni (Lindley). — Syu. : Oïicidium 

tigrinum (La Llave et Lexarza). — Flor de Muertos des 

Indiens du Micliocan. 

Cette espèce n’existe ni dans les herbiers ni dans les col- 
lections européennes d’Orchidées vivantes; elle n’est connue 
des orchidologues que par la description qu’en a donnée un 
excellent botaniste mexicain , La Llave, mort à la fleur de 
l’âge. Les pseudo-bulbes sont ovés, hauts de 8 à 10 centi- 
mètres, et portent deux ou trois feuilles lancéolées, plus ou 
moins coriaces ; le scape floral mesure environ 65 à 70 centi- 
mètres; il est tantôt simple, tantôt ramifié, et porte de trois 
à cinq fleurs très-grandes, d’une odeur exquise (celle de la 
violette la plus suave) et d’une beauté remarquable : les pé- 
tales et les sépales sont jaunes et parsemés de nombreuses 
macules ou taches d’un brun pourpré; l’arrangement de ces 
macules imite la peau d’un tigre. Le labelle est très-grand, 
aiiriculé à la base, à limbe ample, charnu, bilobé ou ondulé; 
il est jaune et non maculé. 

S’il nous était permis d’exprimer notre opinion au sujet 
de cette espèce que nous avons nous-même cherchée, d’après 
les indications de M. La Llave, dans les forêts qui avoisinent 
Yrapeo, nous serions disposé à la rapporter à VOncidium 
Barkeriy du docteur Lindley. Nous étayons cette opinion sur 
ce que les Indiens, auxquels nous demandâmes des rensei- 
gnements sur la Flor de Muerios (1), nous apportèrent, 


(1) Ce nom de Flor de Muertos s’applique également à d’autres 
Orchidées fleurissant vers la Toussaint; les Indiens ornent, à cette 


49 


D’IIORTICÜLTÜRE PRATIQUE, 
entre autres plantes, des Orchidées dont les pseudo-bulbes 
ancipités et ovés, et d’un jaune plus ou moins prononcé, 
•nous parurent devoir appartenir à ÏOncidium tigrinum; 
malheureusement ils n’étaient pas en fleurs, et les nombreux 
exemplaires que nous recueillîmes n’arrivèrent jamais en 
Europe : des retards incroyables les avaient fait périr avant 
de parvenir à Vera-Cruz. Depuis nous reçûmes, ainsi que 
MM. Linden et Verschaflelt, des plantes similaires prove- 
nant des environs d’Yrapéo, et dont la floraison était celle 
de VOncidium Barkeri (i). L’époque identique de floraison 
(octobre à janvier) de V Oncidiimi tigrimim et de Y Oncidium 
Barkeri semble aussi corroborer notre opinion ; mais ces 
simples rapprochements ne suffiraient pas pour autoriser la 
suppression de l’une des deux appellations spécifiques. Si 
les descriptions botaniques des deux espèces sont assez 
semblables pour nous permettre de croire que V Odoîitoglos- 
sum tigrinum doit être considéré comme synonyme de l’0;i- 
cidium Barkeri (2), il suffira aux orchidologues de comparer 
entre elles ces descriptions pour qu’ils soient comme nous 
frappés de cette ressemblance. 

*11. Ofioiitog;loj$suni niacii latum (La LlAVE), fîg. dans 
1840, pl. 50. 

Espèce à pseudo-bulbes oblongs, comprimés, surmontés 
d’une seule feuille ; celle-ci est oblongue, nervée, un peu 
aiguë, et plus courte que la grappe florale; grappes retom- 
bantes, multiflores ; bractées herbacées, naviculaires (en 
forme de nacelle), plus courtes que l’ovaire; fleurs à sépales 

époque, les autels de fleurs diverses en mémoire de ceux de leur fa- 
mille qui ne sont plus. 

(1) M. Verheyen, qui a exploré le Mexique après nous, et à qui nous 
avons fait part de notre opinion, nous a affirmé que XOmidium Bar- 
keri était le Flor de Muertos des Indiens d'Yrapéo, dTIruapan et d’au- 
tres localités où se trouve cette belle Orchidée. 

(^] hdllmtration horticole, publiée par M. Ambroise Verscbaffelt, 
donne une très-bonne figure de ÏOncidium Barkeri. ( Voyez livrai- 
son, planche II.) 

2. — AVRIL I8U4. 


4 


no 


JOURNAL 


d’un brun marron, linéaires-lancéolés, acuminés, à pélales 
d’un jaune clair lâcheté de brun, oblongs, ondulés et acu- 
minés ; le labelle est en forme de cœur, acuminé, et un peu 
crénelé; l’onglet présente un appendice bivalve, concave, à 
sommet libre et bidenté, et finement dentelé en scie au mi- 
lieu ; colonne pubescente, à peu près dépourvue d’ailes. 

Voisine de l’espèce suivante : Odontoglossum cordatiim, 
Y Odo7itoglossum macvlatum en diffère par ses grappes qui 
sont pendanies au lieu d’être raides et dressées; il est ori- 
ginaire du Mexique ; nous l’avons fréquemment rencontré 
dans les forêts de chênes du Cerro de San Felipe et dans les 
montagnes au nord de la ville d’Oaxaca, à une hauteur supra- 
marine de 7,000 à 9,000 pieds; il figure dans notre herbier 
du Mexique sous le numéro 5010. 

* 12. Ortoiitogiossum corfiatiim (Lindley) , dans Bot. Reg. 
de 1858. 

Pseudo-bulbes oblongs, comprimés, surmontés de deux 
feuilles largement oblongues, planes, aiguës, plus courles 
que le scape protégé par des squames carénées; racème 
dressé, distique; bractées naviculaires, acuminées, membra- 
neuses, beaucoup plus courtes que les ovaires; sépales et 
pétales linéaires-lancéolés, très-pointus; labelle en forme de 
cœur, très-acuminé, entier; l’onglet présente un appendice 
charnu, bilobé au sommet, et à base garnie de chaque côté 
d’une dent qui se presse contre le pied de la colonne. 

Les fleurs àtY Odontoglossum cordatum sont assez grandes; 
le fond du coloris des sépales et des pétales est un jaune 
verdâtre, à larges macules d’un beau brun; le labelle est 
blanc, la base de la crête est pourprée, tandis que le sommet 
est maculé de brun. 

M. Hartweg a trouvé cette espèce vers 1859, sur la Cum- 
bre de Choacas, au Guatemala ; nous l’avons trouvée au Mexi- 
que, sur les chênes de la Sierra orientale d’Oaxaca, à une 
élévation supra-marine de 6,000 à 7,000 pieds; c’est le 

5245 de notre herbier. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 51 

QUELQUES OBSERVATIONS 

All SUJET DE LA ÎHALADIE DE LA VIGNE. 

Nos lecteurs auront remarqué que nous nous sommes 
abstenu, depuis assez longtemps, de parler de la maladie qui 
afflige non-seulement les vignes de nos serres , de nos jar- 
dins, mais encore les importants vignobles du midi de la 
France, de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie. La cause de 
notre silence provient de ce qu’il nous était impossible, en 
présence du grand nombre d’expériences que nous relataient 
les journaux scientifiques et horticoles de l’étranger, de 
baser une opinion quelconque sur la valeur de ces expé- 
riences ; le titre même de notre Joumal d' Horticulture pra- 
tique nous défendait en quelque sorte de patroniser tel ou 
tel système avant de l’avoir nous-même expérimenté. Cer- 
tainement si le moyen curatif indiqué dans le rapport de 
M. Rendu (rapport publié par tous les journaux), et con- 
sistant dans l’application à sec et à différentes reprises sur 
les feuilles de la vigne, du soufre en poudre (fleur de soufre), 
au moyen de soufflets, a, dans plusieurs localités, sauvé la 
récolte, il n’en résulte pas moins que cette méthode curative, 
toute simple et peu dispendieuse qu’elle soit, n’ait donné 
dans beaucoup de localités que des résultats négatifs. Si 
notre rôle de narrateur fidèle nous oblige à ne pas accorder 
notre sanction à la méthode indiquée dans le rapport de 
M. Rendu, nous devons, dans l’intérêt des viticulteurs, 
rompre le silence dans lequel nous nous étions renfermé 
jusqu’à ce jour, en faisant savoir qu’un moyen curatif d’une 
puissance de guçrison extraordinaire a été employé avec 
succès par ses inventeurs, MM. Camille Bessière , proprié- 
taire et distillateur d’eau-de-vie à Saint-Piirgoire, dans le 
département de l’Hérault, Charles Van Eeckhoven, pharma- 
cien à Lierre en Belgique, et Auguste Schram, amateur dis- 
tingué de plantes à Bruxelles. Ces messieurs ont bien voulu 
nous confier, sous le sceau du secret, leur méthode de gué- 


JOURNAL 


rison , en nous faisant la proposition de traiter les nom- 
breuses vignes du Jardin botanique de Bruxelles, dont nous 
avons la direction. La prudence nous ordonnait, malgré la 
confiance que nous inspiraient et le caractère honorable de 
ces messieurs, et la nature des moyens curatifs qu’ils nous 
indiquaient, de savoir jusqu’à quel point nous pouvions ras- 
surer notre esprit et calmer nos doutes sur l’efficacité de ces 
moyens; nous avons donc fait des expériences non-seule- 
ment au Jardin botanique de Bruxelles , mais dans les jar- 
dins de quelques personnes habitant les environs de cette ville; 
et le résultat nous autorise à croire que les inventeurs ont 
trouvé un moyen sûr, praticable en grand, et ne coûtant pas 
plus que le système de M. Rendu. 

Nous regrettons que les inventeurs ne se décident pas, 
dans l’intérêt des pays vinicoles, à suivre nos conseils en 
rendant publique une méthode que des observations et des 
expériences précises nous démontrent comme certaine, ap- 
puyée comme elle l’est sur des données positives; mais il 
paraît qu’ils se proposent, tant ils ont de confiance dans l’in- 
faillibilité de leur moyen curatif, de prendre à forfait les 
cures des vignes malades; nous ne pouvons, du reste, les 
blâmer d’avoir pris cette détermination. Des mémoires ca- 
chetés, dans lesquels ces messieurs ont exposé leurs vues 
sur la maladie de la vigne et les moyens de guérison qu’ils 
emploient, ont été déposés par eux entre les mains du se- 
crétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences de 
Bruxelles, afin de constater authentiquement en temps et 
lieu la nature et le but de leur importante découverte. 

De notre côté , nous continuerons nos observations en 
nous réservant de revenir plus tard sur leur ensemble; 
notre confiance dans la découverte de ces messieurs est de- 
venue d’autant plus grande, que nous avons pu constater, 
hier encore, et en compagnie de personnes haut placées dans 
la science, au moyen d’observations faites avec le plus grand 
soin , des résultats qui confirmaient pleinement les dires et 
les expériences des inventeurs. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE 




EXPOSITION DE GAND. 

QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME EXPOSITION DE PLANTES DE LA 

SOCIÉTÉ ROYALE d’AGRICÜLTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND. 

Cette exposition était, au dire des amateurs compétents qui 
ont pu la juger dans son ensemble et dans ses détails, fort 
belle et surtout des plus fleuries ; les Azalées, les Rhododen- 
drons, les Camellias et les Amaryllis, formaient à eux seuls 
un splendide coup d’œil; les Azalées surtout contribuaient 
parleur belle floraison à donnerai! magnifique salon d’expo- 
sition un air de fête inaccoutumé : il est certain que cet intéres- 
sant genre de plantes s’est accru depuis quelques années d’un 
grand nombre de variétés, toutes plus belles les unes que les 
autres, et dont l’éclat et l’abondance prodigieuse des fleurs 
disputent souvent avec succès au majestueux Camellia cette 
palme que nous hésitons à accorder à l’un ou à l’autre groupe 
de plantes fleuries de ces deux genres. Nous ne voulons 
parler ici que de la différence ou de la similitude d’impres- 
sion de plaisir que nous fait éprouver un massif d’Azalées et 
un groupe de Camellias; chacun de ces genres a ses adora- 
teurs et ses juges, ils ne concourent pas l’un contre l’autre, 
toute leur rivalité consiste à revêtir leur plus éclatante pa- 
rure pour se faire admirer dans la salle d’exposition. 

C’est M. Verplancke, amateur à Gand, qui obtient cette 
année la médaille d’or, pour le plus bel envoi de plantes 
fleuries; ce lot se composait de H 8 plantes bien fleuries et 
d’un très-bon choix. 

Dans le concours de belle culture, le Dendrobium, nohile 
luttait contre le Rhododendrum javanicuni, noble plante 
aussi. C’est le Dendrobium, appartenant à M. Ambroise Ver- 
schaffelt, qui reçoit le premier prix : un superbe exemplaire 
iï Amaryllis acuminata, appartenant à M. Ch.DeLoose, lut- 
tait ex œquo avec le Dendrobium; mais d’après les règlements 
de la Société, il a été écarté du concours, parce qu’il avait été 


JOURNAL 

déjà couronné en mars 1852, comme plante de belle cul- 
ture. Quelques autres plantes remarquables par leur aspect 
et leur belle floraison étaient présentées à cet intéressant 
concours, peut-être le seul où un amateur puisse se faire 
une juste idée de ce que peut être une plante lorsqu’elle est 
bien traitée. On nous a cité le Bégonia prestoniensis ^ ap- 
partenant à M. le chevalier Heynderycx, lançant à droite et à 
gauche des branches chargées de grappes de fleurs d’un ci- 
nabre pourpré des plus vifs; V Acacia dealbata chargé de 
milliers de petits globes jaunes, et appartenant à M. Ver- 
plancke; enfin V Heheclinium janthimim, charmante plante 
dont les beaux corymbes de fleurs d’un bleu-violacé et le 
feuillage ample et velouté a tiré les Composées du dédain 
dans lequel les amateurs les avaient ensevelies. 

M. Delimon-Papeleu obtient la médaille d’or, pour une 
belle collection de 50 Camellias en fleurs, ainsi que le pre- 
mier prix pour le Gamellia en fleur, le plus distingué par sa 
beauté et sa belle culture. C’est à un fort beau pied du Ca- 
mellia Augustina superba qu’échoit cet honneur; ce Camellia 
est en effet très-joli et fort apprécié des amateurs, et la preuve, 
c’est qu’il a reçu une quinzaine de noms différents. 

La collection de 20 Azalées (10® concours), exposée par 
M. le chevalier Heynderycx, obtient le premier prix. 

Les beaux Amaryllis de M. Ch. De Loose, au nombre de 25, 
reçoivent le premier prix du 12® concours; le second prix 
est accordé aux Amaryllis de M. Van de Woestyne-Van Hecke; 
il est rare que ces deux amateurs ne soient pas en présence 
dans cette aimable joute, et que d’envieux ne font-ils pas 
chaque année ! 

Dans le 15® concours, affecté aux 15 plus belles Orchidées 
en fleur, c’est l’honorable président de la Société, M. le che- 
valier Heynderycx, qui remporte la médaille; on remar- 
quait dans ce contingent un exemplaire du joli Epidendnim 
Stampfordianum ; la floraison de cette Orchidée a lieu ordi- 
nairement à une période plus avancée de l’année. 

Le premier et le second prix sont accordés à M. Ambroise 


55 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Verschaffelt, pour ses deux belles collections de Palmiers, 
rornement le plus précieux du salon. 

Le même horticulteur remporte le premier prix du 19® con- 
cours affecté à la plus belle Fougère en arbre; la plante cou- 
ronnée était un bel exemplaire du Cibotium antarcticum 
( Dicksonia antarctica, Labill., ou Balantium antarcticum, 
de Presl.), Fougère arborescente de File de Van Diemen et 
du sommet des montagnes bleues dans la Nouvelle-Hollande, 
où son tronc atteint une hauteur de 50 à 55 pieds. 

Nous regrettons de ne pouvoir rien dire des plantes nou- 
velles exposées par M. Auguste Van Geert; le jury leur a 
accordé une médaille de vermeil. 


EXPOSITlO^j 

DE LA SOCIÉTÉ ROYALE d’hORTICULTURE 
ET d’agriculture d’aNVERS. 

La salle du Musée d’Anvers présentait, le il mars et jours 
suivants, un brillant coup d'œil ; l’élite des amateurs anver- 
sois avait pris part aux concours. Aussi de beaux Camellias, 
peut-être les plus beaux de la Belgique, de magnifiques Aza- 
lées, des plantes d’une culture soignée, s’y trouvaient réunis 
pour prendre part à une lutte des plus intéressantes. 

Le premier prix du bel envoi est décerné à madame Le- 
grelle-d’Hanis; cette collection comprenait environ 90 plantes 
très-variées; ainsi, on y remarquait l’éclatant Rhododm- 
drum javanicum et son charmant congénère aux fleurs blan- 
ches, le Rhododendrum Gibsoni; des Gloxinia, des Pal- 
miers, des Orchidées et des Amaryllis provenant du Chili et 
du Brésil. L’honorable président de la Société, M. P. J. De 
Caters, obtient le deuxième prix pour un envoi de 75 plan- 
tes choisies, surtout parmi ces jolis arbrisseaux du Cap 
et de la Nouvelle-Hollande, qui embellissent si bien nos 
serres froides en hiver; enfin le troisième prix est décerné 
à Zoé de Knyff, de Waelhem, pour un charmant petit lot 
de 27 plantes. 


56 


JOURNAL 

C’est dans le deuxième concours (collection la plus belle 
et la plus variée de 50 Camellias en fleur, distingués par 
leur grandeur, leur beauté et leur variété) et dans le troi- 
sième (collection de 1o Camellias en fleur, distingués par 
leur belle culture), (jue la lutte a été intéressante 5 c’est ma- 
dame Legrelle-d’Hanis qui remporte le premier prix dans le 
deuxième concours , tandis que cet honneur revient à 
M. Edmond Legrelle dans le troisième; ^oé de Knyff 
obtient le troisième prix dans ce dernier concours. Quel 
beau coup d’œil que de voir ainsi réunis près de 150 forts 
exemplaires et chargés de fleurs ! Dans le cinquième con- 
cours (collection de 20 Camellias, distingués par leur mé- 
rite, etc., ayant au plus un mètre et demi de hauteur, vase 
compris), deux jolies collections étaient en présence, et 
malgré le redoutable voisinage des hautes pyramides de ma- 
dame Legrelle-d Hanis et de M. E. Legrelle, ont été fort ap- 
préciées du jury; on ne crée pas vite une collection de Ca- 
mellias de 12 à 18 pieds de haut. Tune appartenant à M. de 
Clippele reçoit le premier prix, 1 autre de M. Janssens de 
Harveri obtient le deuxième prix. 

Edmond Legrelle obtient le prix du septième con- 
cours (collection la plus belle et la plus variée d’Azalées de 
1 Inde en fleur), avec un contingent de 66 variétés d’Azalées, 
dont plusieurs de semis ; le deuxième pri!x est accordé aux 
65 variétés exposées par Legrelle-d’Hanis, véritable 
tournoi de dames, où les armes les plus précieuses avaient 
pour noms : Azalea Beauté de V Europe, Toilette de Flore, 
delicatissima , magnifica, exquisita, Sophie Van Schon- 
horn, etc.; le troisième prix afférent à ce concours est dé- 
cerné à M. J. P. Meussen, amateur à Anvers. 

Un lot de 6 Orchidées, parmi lesquelles trônait un su- 
perbe exemplaire de cette candide espèce, la Calanthe vera- 
trifolia, obtient le premier prix à l’unanimité des membres 
du jury; cette jolie collection était présentée par un bien zélé 
amateur, M. le chevalier John de Knyff, de Waelhem. 

[La fin au prochain numéro.) 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


57 


NOTICE SUR LA CLLTIRE 

DE LA REINE MARGUERITE PYRAMIDALE. 

( Suite. — Voir p. 29. ) 

MISE EN PLACE. 

Du au 15 juin au plus tard, par un temps couvert et 
humide ou dans la soirée, je relève en motte les plantes qui 
étaient repiquées en pépinière à l’air libre, pour les mettre 
en place une à une à la distance de 40 à 45 centimètres en 
tout sens; j’exécute cette opération dans un terrain préala- 
blement ameubli et enrichi d’engrais bien consômmé. Je 
forme des bassins au pied de chaque plante, je mouille cha- 
que fois qu’il y a urgence, et je bassine même à plusieurs 
fois dans la journée, quand la température est chaude et 
sèche; ces soins rendent la reprise plus facile et plus 
prompte. Il importe beaucoup que cette reprise soit aussi 
rapide que possible, afin que le puceron et l’araignée que 
l’on nomme ne puissent pas profiter du moment d’ar- 

rêt que l’on remarque dans la végétation, qui est occasionné 
par la transplantation, pour s’établir sur les plantes. Douze 
ou quinze jours après la plantation, je donne un binage, je 
supprime les feuilles jaunes qui souvent se trouvent à la base 
des plantes, je reforme les bassins, et je recouvre la surface 
du sol d’un léger paillis. 

Sans les prodiguer, je continue les arrosements et les bas- 
sinages chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Ainsi trai- 
tées, les plantes sont parfaitement enracinées dans les premiers 
jours de juillet, et les tiges qu’elles développent sont d’autant 
plus fortes et robustes qu’elles n’ont point été privées d’air 
et de lumière. Toutefois cette force de végétation ne me dis- 
pense pas, dès ce moment, de mettra un tuteur à chaque 
plante, d’abord pour y fixer la tige principale et ensuite les 
branches de ramification. Malgré leur port élégant et droit, il 
est impossible que ces plantes, même les plus basses, qui se 


^8 JOURNAL 

couvrent de cinquante à cent fleurs volumineuses et bien 
épanouies à la fois, résistent aux vents et aux pluies d’orage 
que l’on éprouve pendant la période de leur floraison» Si la 
température et la sécheresse l’exigent, j’arrose au pied plus 
largement lorsque les boutons se forment, pour exciter une 
végétation plus vigoureuse qui tourne toujours au profit des 
fleurs. Pendant la floraison, on ne doit jamais arroser au- 
dessus des fleurs, car la quantité d’eau qui s’y introduirait 
serait susceptible de casser les pédoncules ou de les recourber 
d’une manière désagréable. 

DISPOSITION DES REINES MARGUERITES PYRAMIDALES DANS LES 
PARTERRES OU CORBEILLES. 

La manière de disposer les fleurs dans un jardin est très- 
importante, et je trouve que rien n’est plus satisfaisant pour 
la vue qu’une corbeille ou massif composé d’une seule espèce 
ou variété de plantes. C’est pourquoi j’ai toujours évité de 
réunir dans la même corbeille ou le même massif, des plantes 
de grandeur ou de port différent, car elles produisent tou- 
jours une confusion désagréable. J’ai I habitude de récolter 
les graines de mes Reines Marguerites par variétés séparées, 
je les sème et les repique dans le même ordre. Ces variétés 
ayant le mérite de se reproduire franchement, sauf quelques 
exceptions parmi les couleurs et seulement dans quelques 
variétés, il résulte de là que j’ai l’avantage de pouvoir aban- 
donner l’ancienne habitude que l’on avait de récolter les 
graines et de repiquer les plantes en mélange. Celte méthode, 
encore très-suivie de nos jours, est très-vicieuse, puisqu’elle 
oblige, chaque fois que l’on désire réunir une quantité de 
plantes de la même couleur pour en former une masse, de 
laisser durcir les plants en pépinière, jusqu’à l’épanouisse- 
ment des fleurs. Cet inconvénient n’est pas le seul que com- 
porte cette manière d’agir. En effet, si pour obtenir de fortes 
plantes on se décide à mettre les plants en place lorsqu’ils 
sont jeunes, on est dans la nécessité de planter les variétés 
en mélange. Alors, il arrive ceci, pendant la floraison, que 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. S9 

l’œil ne distingue qiiTin tapis diapré de nuances diverses, 
toujours confuses et d’un effet moins brillant que si les cou- 
leurs avaient été séparées les unes des autres. Parle moyen 
que je pratique et que je ne saurais trop recommander, j’ai 
la facilité de pouvoir mettre en place mes Reines Margue- 
rites par variétés séparées, et d’exécuter cette transplantation 
en temps opportun. J’ai dit précédemment que pour obtenir 
des plantes d’une beauté remarquable au moment de îa flo- 
raison, il fallait pratiquer la mise en place lorsque les plantes 
étaient encore jeunes et tendres. 


FLORAISON DU STRFLITZIA AUGÜSTA. 

On sait que le StreUtzia augusta de Thunberg est une des 
plus belles plantes d’ornement que l’Afrique méridionale 
nous ait envoyées; ses grandes feuilles, aussi larges que celles 
du fameux Ravenala madagascariensis (ou Urania spe- 
dosa), d’un vert agréable, et portées sur de forts et longs 
pétioles, frappent d’admiration même le plus indifférent aux 
beautés de la nature; or, cette belle plante n’avait point.en- 
core fleuri jusqu’à présent, que nous sachions, en Belgique; 
c’est donc comme fait rare que nous constatons la floraison 
de ce noble végétal dans les serres du château de monsei- 
gneur le duc d’Arenberg, à Enghien ; c’est vers la fin du mois 
de mars que cette floraison a eu lieu , sur un exemplaire 
dont la tige a environ 2 mètres et un quart de hauteur ; 
les fleurs étaient blanches et renfermées dans une spathe 
pourprée. Nous regrettons , n’ayant pu malheureusement 
nous rendre à Enghien, de ne pouvoir donner plus de détails 
au sujet d’un fait qui ne se présente qu’à de rares inter- 
valles. 


60 


.JOURNAL 


NOUVEAU CAMELLÏA OBTENU DE SEMIS A GAND. 

M. Donkelaar, l’habile et savant jardinier en chef du Jar- 
din botanique de Gand, vient d’obtenir de semis un Camellia 
nouveau d’une beauté extraordinaire ; sa fleur est d’un blanc 
J3ur satiné; les pétales sont parfaitement ronds, concaves, 
et s’inclinent gracieusement vers le calice comme dans une 
rose cent-feuilles de la plus belle venue. Au dire des connais- 
seurs, la fleur de ce nouveau Camellia, auquel M. Donkelaar 
a donné le joli nom de Blanche de Castille, est plus belle 
que celle de la Couniess of Orkney, en ce que les pétales de 
l’intérieur sont plus larges et plus ronds ; la fleur est très* 
volumineuse; les feuilles sont larges, arrondies, épaisses, 
d’un beau vert luisant foncé, ce qui relève et augmente beau- 
coup la beauté et le mérite de cette nouvelle et précieuse 
variété. C’est pour nous un bien grand plaisir de pouvoir 
annoncer au monde horticole la naissance en Belgique d’un 
Camellia aussi distingué : nous espérons aussi que M. Don- 
kelaar voudra bien le répandre pour la jubilation des ama- 
teurs. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 

Multiplication de certaines plantes par les bourgeons, — 
Un amateur avait ébourgeonné au mois de mars plusieurs 
pieds de Daphné laureola et abandonné à la surface du sol 
les bourgeons ainsi enlevés. Quatre ou cinq semaines après, 
tous ces bourgeons avaient émis des racines. Frappé de cette 
circonstance, il résolut de mettre à profit cette propriété de 
facile radification des bourgeons, et vers la fin d’avril il 
enleva de jeunes pousses du Lagerstrœmia indica, en leur 
conservant un peu de l’écorce maternelle, les dépouilla en 
partie de leurs écailles inférieures et les planta dans un pot 
dont le fond était rempli jusqu’à une épaisseur de deux 
pouces de fragments de pots; au-dessus de ce drainage se 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 61 

trouvait un compost de terreau de saule, de sable blanc et 
de terreau consommé. Ces bourgeons ainsi plantés furent bien 
arrosés et placés dans une couche chaude sous cloche. Au 
bout de vingt-huit jours , la majeure partie avait passé de 
l’état herbacé à l’état semi-ligneux, et avait émis une niasse 
de racines. De trente-huit bourgeons ainsi traités, vingt-sept 
avaient complètement réussi. Cet amateur tenta les mêmes 
expériences sur quatre variétés de Metrosideros , sur des 
Melaleuca, Clethra arborea, Magnolia grandiflora, sur des 
Acacias, des Roses et sur d’autres arbrisseaux de serre 
chaude et de serre froide, et il réussit chaque fois de telle 
sorte qu’au bout d’une année, il possédait un nombre con- 
sidérable de boutures de chaque espèce, remarquables par 
leur beauté et leur force, et hautes de 18 à 24 pouces. 

Ce mode de propagation, sans être tout à fait nouveau, est 
cependant peu connu, et doit être répandu, puisquil semble 
devoir donner des résultats très-satisfaisants , et qu il peut 
s’appliquer avec bonheur à un certain nombre d’arbrisseaux 
rebelles à d’autres modes de multiplication. On doit avoir 
soin de bien essuyer tous les jours les cloches sous lesquelles 
on aura placé les bourgeons; on conçoit qu un excès d hu- 
midité concentrée doit rapidement désorganiser la nature 
délicate et herbacée des bourgeons. 


CORRESPOIVDANCE. 

Nous poursuivons la revue des plus belles Roses, pour ré- 
pondre aux désirs de nos estimables abonnés de la Hollande. 

Les Rosiers Provins comprennent actuellement un très- 
grand nombre de variétés, dont beaucoup ont été obtenues 
de semis en Belgique; un choix est assez difficile à faire 
entre les 500 ou 600 Roses Provins différentes que rhorlicul- 
ture marchande nous offre. Voici les noms de quelques varié- 
tés que nous estimons comme étant d’un choix assez sévère; 


62 


JOURNAL 


Adèle Heu. Fleurs moyennes, pleines, d’un rose foncé. 

Agenor. Fleurs pleines, d’un beau pourpre. 

Alfieri. Fleurs pleines, moyennes, d’un rose lilacé. 

Anténor (Parmentier). Fleurs parfaites, grandes, d’un 
rouge vif. 

Asmodée. Très-belles fleurs, bien faites, d’un rouge cra- 
moisi. 

Alvarez. Moyenne, pleine, pourpre cramoisi. 

Aurore d'Enghien (Parmentier). Fleurs parfaites, d’un 
carné aurore. 

Baronne de Staël. Fleurs moyennes, pleines, d’un rose 
vif veiné. 

Bouquet charmant. Fleurs grandes, pleines, d’un rose 
vif. 

Belle Alice (Parmentier). Très-jolie Rose, à fleurs d’un 
rose tendre. 

Beauté d'Enghien (Parmentier). Forme parfaite et d’un 
rose foncé. 

Bijou des Amateurs. Excellente forme ; fleurs très-grandes, 
bien pleines et d’un rouge éclatant, à bords violacés. C’est 
une des meilleures variétés à mettre dans un jardin. 

Camille Desmoulins. Fleurs d’une très-bonne forme, 
grandes, pleines, et d’un rose tirant sur le cramoisi. 

Céline Ortegat (Parmentier). Fleurs parfaites, moyennes, 
d’un rose tendre plus foncé. 

Cardinal de Richelieu (Parmentier). Fleurs bien faifes, 
d’un rose foncé, tirant sur le violet, et glacé de noir. 

Cerise d'Enghien (Parmentier). Fleurs très-bien faites, 
moyennes, d’un cramoisi cerise des plus vifs. 

Cœrulesce7is marmorea (Verdier). Fleurs pleines, d’un 
ardoisé bleuâtre marbré de blanc; coloris curieux. 

Contarini (Parmentier). D’un rose vif, à bords plus vifs; 
jolie variété à fleurs très-pleines. 

D'Aguesseau (Verdier). Excellente Rose, grande, bien 
faite, d’un rouge vif à reflets pourprés; c’est une des meil- 
leures variétés à recommander. 


65 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Bue d’Enghien (Parmentier). D’un pourpre velouté et à 
fleurs d’une forme parfaite. ^ 

Dumas (Parmentier). Variété très-multiflore, a fleurs bien 
faites, très-pleines et d’un rose tendre; Rose très-recom- 
mandable. 

Isis (Parmentier). Fleurs rose vif el aurore; jolie Rose. 

Merveille d'Enghien (Parmentier). Rose d’une forme par- 
faite, pleine, d’un rose carmin vif. 

Pierre VHermite (Parmentier). Fleurs doubles, d’un pour- 
pre noir. 

Pluton, Ancienne Rose d’un violet des plus foncés; fleurs 
moyennes, pleines. 

Reine d Angleterre, Magnifique variété, à fleurs grandes, 
bien faites, très-pleines, blanches, à centre rose vif. 

Roi des Pays-Bas, Fleurs grandes, d’une excellente forme, 
bien pleines et d’un rouge clair. 

Rubis éclatant (Parmentier). Belle rose, d’un carmin vif 
marbré. 

Triomphe de Flore. Charmante Rose, à fleurs moyennes, 
bien faites, pleines, d’un rose tendre. 

York élégant. Belle Rose, d’un rose carné, centre plus 
coloré. 

Parmi les Provins striés, marbrés ou panachés, nous cite- 
rons les variétés suivantes, en faisant remarquer que les ca- 
ractères et les panachures de la fleur varient beaucoup sur 
un même pied, et qu’une saison humide et froide s’oppose 
à la production de ces riches teintes, qui font ranger un 
grand nombre de Provins parmi les plus belles Roses con- 
nues. 

Général Bertrand. Ancienne variété, mais toujours re- 
commandable à cause de la belle forme de ses fleurs pana- 
chées de rouge et de lilas. 

Aramis. Fleurs doubles, moyennes, panachées de rose et 
de blanc. 

Belle Doria (Parmentier). Jolie rose, à fleurs d‘un pourpre 
lilacé, ponctué de blanc. 


Oi JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Comte de Murinais, Fleurs moyennes, pleines, ardoisées- 
marbrées. 

Insigne d.Estèkles. Rose magnifique; fleurs moyennes, 
pleines, d’un rose vif marbré et pointillé. 

Mécène (Vibert). Fleurs moyennes, doubles, à fond blanc 
panaché de rose. 

Narcisse de Salvandy (Parmentier). Fleurs grandes, d’une 
excellente forme, pourpre vif bordé de blanc; c’est une va- 
riété de premier choix. 

OEillet flamand. Rose fort jolie, à fleurs doubles, apla- 
ties (ce qui est un défaut aux yeux de beaucoup d’amateurs), 
moyennes, panachées de blanc et de rose-rouge. V OEillet 
parfait a des fleurs plus globuleuses et d’un beau rose pa- 
naché de lilas ou de pourpre. 

Perle des panachées (Vibert). Superbe variété, à fleurs 
moyennes, bien doubles, à fond blanc panaché de violet pâle. 

Tricolore (Vibert). Fleurs moyennes, doubles, rosé pana- 
ché de blanc et de pourpre. 

Tricolore d'Enghien. Jolie variété, à petites fleurs cra- 
moisies, panachées de pourpre noir et striées de blanc. 

Tricolore de Flandre (Van Houtte). Charmante variété, à 
fleurs pleines, que Ton peut considérer comme l’une des 
plus belles Roses Provins, mais malheureusement assez in- 
constante; pour être belles, ses fleurs doivent être à fond 
blanc, à stries ponceau, amarante et lilas, netles et bien 
marquées; dans des conditions défavorables, provenant 
soit d’un sol peu convenable, soit de circonstances atmo- 
sphériques, ce Rosier n’ofTre plus que des fleurs d’un violet 
terne. 

Tricolore de Wazemmes, Fort jolie variété , à fleurs 
moyennes, doubles, d’un pourpre violet, ligné de blanc; ce 
Rosier est en outre très-florifère. 










JOURNAL 


.. 


D’HORTieillTURE PRATIQUE. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 


CERATOSTEMA (1) LONGIFLORÜM (Lindley). 

C’est une précieuse acquisition pour nos serres que cette 
belle plante appartenant à la famille des Vacciniées; le mé- 
rite de son introduction revient à l’heureux collecteur de 
MM. Veitch et fils, M. W. Lobb, qui la découvrit dans les 
régions élevées des Andes du Pérou. 

Le Ceratostema long iflorum est un arbrisseau très-rameux, 
à feuilles toujours vertes , fleurissant à une petite taille 
(52 centimètres); ses Jeunes branches sont pubescentes; le 
bois est d’un brun clair; les feuilles, portées sur de très- 
courts pétioles, sont ovées , obtuses, coriaces, entières, à 
bords retournés, vertes et brillantes en dessus, plus pâles en 
dessous; elles sont ponctuées sur chaque face. Les pédoncules 
naissent des aisselles des feuilles supérieures et à l’extrémité 
des branches formant ainsi un épi floral plus ou moins lâche ; 
ces pédoncules sont gros, pubescents et arqués ; les fleurs sont 
très-grandes, longues d’environ 5 ou 6 centimètres, pendan- 
tes, et d’un rouge écarlate tirant sur le vermillon. Le calice 
est pubescent, vert, turbiné, à limbe découpé en cinq lobes 


(1) Plusieurs auteurs écrivent Ceratostemma , ce qui nous semble 
plus correct. H. G. 

ftO 5, — - - 


MAI 18S4« 


O 


()() 


JOURNAL 


ovés, aigus. La corolle rouge est allongée, cylindrique^ 
urcéolée, c’est-à-dire ventrue vers le milieu, plus élroiie 
vers les bords découpés en cinq lobes aigus étalés et don- 
nant à l’orifice du tube corollaire une forme évasée très-gra- 
cieuse; la corolle est épaisse, charnue, céreuse comme dans 
les Thibaudia, Macleania et autres plantes de la famille 
des Bruyères. Les étamines sont au nombre de dix, à filets 
courts. Style aussi long que la corolle. Ovaire à cinq loges, 
et renfermant beaucoup de graines. 

Un exemplaire en fleurs, d’après lequel notre dessin a été 
exécuté, fut présenté à l’exposition d’été de Chiswick près 
Londres, et attira l’attention de tous les amateurs. 

Il paraîtrait qu’il existe une autre espèce de Ceratostema : 
le Ceratostema grandifloru7n de Ruiz et Pavon (planches 
inédites, 585 b) , dont les fleurs seraient une fois plus lon- 
gues que celles du Ceratostema longiflortmi, M. W. Hooker, 
à qui nous empruntons ces détails (Botanical Magazine, 
pl. 4779), croit que ces deux plantes appartiennent à une 
seule et même espèce. 

Il existe encore trois ou quatre espèces de Ceratostema, 
toutes natives du Pérou, et moins belles que celle qui a fait le 
sujet de cet article. 

De meme que toutes les plantes de cette famille et de celle 
des Éricacées, le Ceratoste^na longiflorum requiert une 
terre de bruyère fibreuse, bien drainée, une serre bien aérée, 
et en été une exposition à mi-ombre dans le jardin. Les ar- 
rosements doivent être surtout surveillés avec soin. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


67 


j^orttfuUurc ctrangère. 

PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERR.E CHAUDE. 

Barkeria elcgans (KnOWLES et WeSTCOTT), figuré dans le 
Bot, Mag., pl. 4784, — Famille des Orchidées. — Gynan- 
drie Monandrie. 

Le genre Barkeria se compose d’un petit nombre d’Orchi- 
dées mexicaines et guatémaliennes fort jolies, à pseudo-bulbes 
ou plutôt à tiges (comme dans les Epidendrum caulescents^ 
les Dendrobium, etc.) allongées en forme de fuseau et char- 
nues, le long desquelles naissent des feuilles distancées, 
étroites, à base engainant la tige; un pédoncule très-allongé, 
mince, squameux et portant au sommet quelques grandes et 
belles fleurs disposées en épi , termine ces tiges. Les carac- 
tères génériques des Barkeria sont de présenter des sépales 
et des pétales égaux, libres, membraneux et très-étalés ; un 
labelle plan, très-entier, nu, sur lequel vient s’appliquer 
étroitement la colonne pétaloïde. 

Le Barkeria elegans est décrit depuis longtemps, et c’est 
même sur lui que les caractères du genre Barkeria ont été 
formulés , mais ce n’est que depuis peu de temps que cette 
espèce commence à occuper une place dans quelques collec- 
tions de choix, et bien qu’elle se trouve dans diverses localités 
du Mexique, on ne l’y rencontre qu’en petite quantité et en 
touffes peu volumineuses. Cette circonstance, jointe à une 
certaine délicatesse qui ne lui permet pas de supporter un 
long voyage, rendent compte de son degré de rareté (1). 

(I) L’établissement horticole de M. J. Linden, directeur au Jardin 
zoologique de Bruxelles, a reçu un certain nombre d’exemplaires bien 
sains de ce Barkeria elegans, dont un beau pied fleuri figurait dans le 
lot d'Orcliidées, envoyé en avril 1854, par M. Linden, à fexposition 
de la Société royale de Flore de Bruxelles. 


68 


JOURNAL 

Le pédoncule du Barkeria elegans est deux fois aussi long 
que la tige qui le porte; il est vert, maculé de pourpre, et 
garni dans la plus grande partie de sa longueur d’écailles sca- 
rieuses allongées ; la grappe est lâche et se compose de 4 à 5 
grandes et belles fleurs peut-être moins éclatantes que dans 
le Barkeria spectabilis J mais offrant deux couleurs : le blanc 
et le pourpre, dont la réunion indique toujours l’élégance. Les 
pétales et les sépales sont larges, obovés-lancéolés, presque 
égaux, d’un blanc bleuâtre très-délicat en dedans et d’un 
pourpre lilacé en dehors. Le labelle est grand, défléchi, lar- 
gement obové, obtus et présentant à sa base une callosité 
oblongue terminée par trois lignes élevées; cette callosité est 
cachée par la colonne. Le labelle, à peu près blanc, est orné, 
vers sa portion supérieure qui s’avance au delà de la colonne, 
d’une grande large tache d’un rose foncé, relevé de fortes 
stries plus foncées. La colonne est spatulée, large, courbée 
sur le labelle dont elle couvre la moitié de la longueur, 
blanche, ponctuée de pourpre, et maculée de jaune vif à son 
sommet. L’ovaire, que l’on prendrait pour un pédoncule, est 
très-long et d’une belle couleur pourprée-violacée. 

Nous avons trouvé les Barkeria [Barkeria Lindleyana, 
melanocaulon et elegans) croissant au Mexique, tantôt sur 
des chênes, tantôt sur des rochers volcaniques, et, dans l’un 
et l’autre cas, dans une situation médiocrement ombrée, mais 
recevant pendant l’époque de leur végétation une grande 
quantité d’eau pluviale; de décembre à juin ils restent secs. 
Ces Orchidées fleurissent au Mexique en novembre; dans 
nos serres, la floraison n’a lieu qu’en mars. Elles demandent 
donc pour prospérer un emplacement assez clair dans la 
serre et un très-fort drainage. 

Æng^ræciim pertusum (Lindley), figuré dans le Bot, Mag,, 
pl. 478^. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monan- 
drie. 

La tige ou caudex rampant de cette Orchidée est à peu 
près de la grosseur du doigt, émettant de fortes racines char- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 69 

nues; les feuilles sont distiques, épaisses, en forme de la- 
nière, carénées et grossièrement bflobées à leur extrémité; 
elles sont engainantes à leur base et alternent régulièrement 
comme les feuilles d’un Iris. D’entre les aisselles de ces feuilles 
naissent deux épis par plante , longs de quatre ou cinq 
pouces (10 à 13 centimètres) au plus, inclinés-pendants et 
formés par la réunion d’un nombre très-considérable de 
petites fleurs d’un blanc plus ou moins verdâtre ou jaunâtre, 
imbriquées-alternes et rappelant très-bien par leur disposi- 
tion la singulière inflorescence du Pholidota imhricata. On 
ne connaît pas exactement le lieu d’origine de cette espèce, 
qui n’offre du reste, malgré une certaine élégance de ses épis 
floraux blancs, qu’un intérêt fort secondaire pour les ama- 
teurs. Elle fleurit en mars. 

Monociiætuin umBieii^ium (Naudin), figuré dans Wlllustra’- 

tion horticole, pl. 11. Syn. : Grischowia hir ta (K . 

— Famille des Mélastomacées. — Octandrie Monogynie. 

La famille des Mélastomacées comprend un très-grand 
nombre de plantes, croissant tantôt dans des forêts chaudes 
et humides, tantôt dans des taillis et des savanes sous l’in- 
fluence des rayons solaires et du souffle rasant des vents 
assez fréquents dans les plaines accidentées, parfois sur les 
pierres et les rochers baignés par les eaux des rivières, par- 
fois enfin dans ces massifs boisés disséminés comme des bou- 
quets verdoyants sur le flanc de hautes montagnes; la ma- 
jeure partie de ces plantes habitent les régions intertropicales 
des deux mondes; quelques-unes s’avancent bien au delà des 
tropiques, de même qu’un certain nombre, habitant les ré- 
gions équatoriales, se plaît dans des parages très-élevés, non 
loin des limites inférieures des neiges éternelles. L’Europe 
n’offre aucune Mélastomacée , tandis que ces plantes abon- 
dent au Brésil, au Mexique , dans la Cordillère de Bolivie et 
dans les Indes orientales. Tantôt ce sont de grands arbres, 
tantôt des arbrisseaux au large feuillage ou garnis de feuilles 
petites, très-nombreuses, donnant à la plante un aspect èlé- 


70 


JOURNAL 


gant quoique un peu roide; quelques Mélastomacées se pré- 
sentent à l’état herbacé et sont parfois d’une taille presque 
microscopique (nous avons trouvé au Mexique une espèce de 
Rhexia? à peine haute de 5 centimètres et portant 2 et 5 
fleurs roses assez grandes) ; enfin, d’autres croissent comme 
de véritables épiphytes sur le tronc des gros arbres des 
forêts équatoriales. 

Les nombreuses espèces dont se compose la famille des 
Mélastomacées, bien qu’appartenant à des plantes d’un aspect, 
d’un port et d’une taille tout à fait différents, ont cependant 
entre elles des affinités tellement grandes, que celui qui aura 
une fois bien examiné la structure singulière de leurs éta- 
mines et la nervation particulière de leurs feuilles opposées, 
ne saurait ensuite les confondre avec des végétaux d’autres 
familles. Un grand nombre de Mélastomacées sont vraiment 
belles et méritent d’être cultivées avec soin (1); et parmi 
elles le Monochœtiim iimbellatiim doit occuper une place 
distinguée; c’est un arbuste ramifié, à feuilles elliptico-lan- 
céolées, aiguës, luisantes, à bords denticulés, ciliés, portées 
sur des pétioles assez courts et carminés ; les nervures des 
feuilles sont au nombre de sept, les trois internes sont les plus 
apparentes. On remarque entre chacune des nervures des 
rangées ou lignes de poils couchés. Le calice présente quatre 
dents grandes, acuminées, poilues et caduques. Pétales au 
nombre de quatre, arrondis, grands, d’un rose vif; huit éta- 
mines, dont quatre extérieures plus longues que les quatre 
intérieures; anthères grandes, d’un jaune d’or ; style allongé, 
pourpré. Les fleurs sont grandes, de beaucoup d’effet, et sont 
situées au nombre de deux à huit à l’extrémité des rameaux. 

Cette jolie plante a été introduite dans les serres eiiro- 


(i) La grande serre du Jardin botanique de Kew renferme actuelle- 
ment un nombre assez considérable de belles Mélastomacées dont plu- 
sieurs forment des arbrisseaux touffus et d’un bel ornement. Les élé- 
gants Centradenia rosea et floribunda, que tout le monde connaît, 
suffiraient à eux seuls pour mettre la culture des Mélastomacées en 
faveur. 


71 




D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

péennes par M. J. Linden, de Bruxelles, qui l’a reçue de 
MM. Schlini et Funck ; ces collecleurs l’ont trouvée sur les^^ 
versants des montagnes qui bordent le littoral de Vénézuéla, 
à une hauteur supra-marine de 4,000 à 5,000 pieds. MM. de 
Humboldt et Bonpland l’avaient antérieurement découverte 
sur les bords de l’Orénoque. Elle fleurit en hiver et a une 
petite taille. 

2^ serkï: froide. 

Torreya niyrif$Uca (Sir W. Hoorer), figuré dans Bot, Mag., 
pl. 4780. — Famille des Conifères. — Diœcie Polyandrie. 

Encore une belle découverte de M. Lobb durant son excur- 
sion, en 1851, dans la sierra Nevada de la haute Californie. 
Le Torreya myristica {Califoimian mitmeg ou noix muscade 
de Californie des Anglais) ressemble au Torreya taxifolia 
(Arnott) des parties méridionales des États-Unis par la struc- 
ture intérieure de ses fruits; il s’en distingue par des feuilles 
et des fruits deux fois plus grands. Les branches du Torreya 
myristica sont d’un brun rouge; les feuilles distiques, raides, 
mucronées, glauques en dessous, ont environ 5 centimètres 
de longueur; le fruit est elliptique; le bois est jaune comme 
celui du buis; il est rougeâtre comme celui du Juniperiis 
Yirginiana dans le Torreya taxifolia. 

Ce Conifère, à feuilles persistantes et d’un fort bel aspect, 
atteint en Californie 50 à 40 pieds de hauteur. L’établis- 
sement horticole de MM. Veitch et fils en possède un certain 
nombre de pieds élevés de graine. Il est à espérer qu’il 
sera chez nous aussi rustique que le Torreya taxifolia, 

Desfontainia spiiioi^a (Ruiz et Pavon), figuré dans le Bol. 
Magazine, pl. 4781. Syii. : Besfontainia splendens, Hum- 
boldt et Bonpland. — Famille voisine des Solanées.— Pen- 
tandrie Monogynie. 

Voici une nouvelle perle à ajouter au riche écrin floral de 
la Cordillère des Andes du Pérou et du Chili et un nouveau 
litre à la reconnaissance des amateurs envers M. Lobb, qui 


72 JOURNAL 

découvrit cette précieuse plante dans les environs de Valdi- 
via au Chili. — Qu’on se figure un pied de Houx à feuilles 
bien épineuses, coriaces, opposées, luisantes et glauques, et 
offrant à l’extrémité et dans les aisselles de ses rameaux de 
grandes et longues fleurs pendantes d’un rouge vermillon 
vif, à extrémités d’un jaune brillant, ressemblant par la 
forme à un Lycium, et l’on aura une idée de cette magnifique 
nouveauté; idée bien faible, car il faudrait un dessin pour 
faire apprécier les mérites du Desfontainîa spmosa. Nous 
espérons pouvoir en offrir bientôt une bonne planche à nos 
lecteurs et les mettre ainsi à même de juger si nos éloges 
n’ont pas été exagérés, ou d’admettre avec nous que devant 
certaines créations de la nature, la plume, toute poétique, 
toute riche en comparaisons qu’elle puisse être, doit rester 
muette et faire place à la palette de l’artiste. Que l’on ne croie 
pas que nos éloges en faveur du Desfontainia émanent d’un 
jugement purement personnel; le célèbre botaniste anglais 
sir W. Hooker l’appelle une splendide addition pour nos 
cultures et une plante délicieuse [lovely, ce mot intraduisible 
en français, mais qui renferme en lui tout ce qui peut plaire 
aux yeux et charmer les sens); et certes, un homme comme 
M. W. Hooker, entouré comme il l’est à Kew de magnifi- 
cences végétales des deux mondes, ne s’exprimerait pas en 
des termes aussi flatteurs si une plante ne méritait pas ces 
éloges. 

Les botanistes ne sont pas encore certains de la place qu’ils 
doivent assigner au Desfontainia, Plusieurs caractères 
le rapprochent des Solanées, tandis que d’autres caractères 
assez importants, tels que la disposition opposée des feuilles, 
la structure de l’ovaire, l’en éloignent assez pour autoriser 
peut-être en sa faveur l’érection d’une nouvelle famille na- 
turelle. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


75 


Imantoitliylluni (1 ) iniiiiatuiii (HoOKER), Bot, Müg.y pl. 478«). 
Syn. : Vallota? miniata, Lindley. — Famille des Amaryl- 
lidées. — Hexandrie Monogynie. 

Voici une magnifique introduction de Natal (Afrique méri- 
dionale), auprès de laquelle V Imantophyllum Aitoni [CÂivia 
nohilis) devient une plante insignifiante et sans mérite. 
V Imantophyllum miniatum, de même que le Clivia, n’est 
pas pourvu de bulbes; les feuilles sont disposées comme 
dans les Clivia; elles sont grandes, épaisses, linéaires-lan- 
céolées ; le scape floral est aplati, haut de 50 à 55 centimètres, 
et porte une ombelle de 42 à 45 fleurs pédonculées, d’abord 
enveloppées dans une spathe formée par des bractées mem- 
braneuses. Ces fleurs s’ouvrent généralement deux par deux 
chaque jour ou tous les deux jours ; mais comme elles sont 
d’une longue durée, elles forment une magnifique tête d’un 
rouge vermillon brillant durant plusieurs semaines. Les six 
divisions du périanthe sont obovées-lancéolées, d’un jaune 
assez vif à la base et passant graduellement au vermillon 
vers les extrémités; les filets sont jaunes ainsi que le style. 

Cette plante paraît être d’une floraison facile; ses fleurs 
commencent à s’épanouir en février et mars. 

Psamntijgia sareantha (DeCÂISNE), figuré dans la ReVUe hov- 
ticole, 15 mai 4854. — Famille des Vacciniées. — Décan- 
drie Monandrie. 

Bel arbuste, originaire des hautes montagnes de la Nou- 
velle-Grenade, où il croît à une élévation supra-marine de 
2,000 mètres et introduit en Europe par M. J. Linden, de 
Bruxelles. L’exemplaire sur lequel le savant M. Decaisne a 
formulé sa description n’avait guère plus de 40 centimètres 
de hauteur lorsqu’il a commencé à fleurir. Ses feuilles sont 


(l)On doit écrire Imantophyllum et non Imatophyllum, parce que la 
dérivation grecque est imas, imantos, qui veut dire lanière, par allu- 
sion à la roideur des longues feuilles plates de ce genre de plantes. 


74 


JOURNAL 

grandes, coriaces, alternes, ovales-lancéolées, acuminées au 
bout; elles sont portées sur de courts pétioles qui deviennent 
très-gros par lage. Les fleurs sont axillaires et réunies par 5 
ou 5 en fascicules; elles sont pendantes, roides, à pédoncules 
courts, épais, rouges ; le calice, d’un beau rouge carminé, 
est cupuliforme et à 5 dents; la corolle est tubuleuse, un 
peu rétrécie vers le limbe; sa couleur, jusqu’aux deux tiers 
de sa longueur, est d’un rouge carminé, tandis qu’elle est 
presque blanche ou d’un blanc-rosé dans le tiers supérieur. 
Les fleurs de cette plante sont comme dans la majeure partie 
des Thihaudmy Psammisia et autres Vacciniées et Éricacées 
épaisses, charnues, luisantes ou céreuses. 

M. Decaisne décrit dans le même journal une seconde 
espèce de Psammisia , qu’il nomme Psammisia Plancho- 
niana, en l’honneur d’un des plus savants botanistes français 
de l’époque actuelle et dont l’habileté à déchiffrer les énigmes 
qu’offrent souvent les plantes séchées des herbiers est vrai- 
ment remarquable et des plus avantageuses pour la science. 
Cette espèce se rapproche beaucoup par ses fleurs du Psam- 
misia penduliflora y dont nous avons déjà parlé (1), mais 
^lles sont plus longues et les bractées dépassent la longueur 
des pédicelles. Ce nouveau Psammisia a été également intro- 
duit de la Nouvelle-Grenade par M. Linden. 

Le plus grand reproche que nous ayons à adresser aux Thi- 
haudia, Psammisia et autres Éricacées des Cordillères améri- 
caines, c’est de ne pouvoir braver nos hivers à l’air libre. 
Dans nos serres, ces plantes s’allongent trop, fleurissent 
maigrement et ne présentent plus cette végétation luxu- 
riante, propre et luisante, qui frappe le voyageur dans les 
montagnes du Mexique et de la Nouvelle-Grenade. 

(t) Voir le n° il de la 11® année, page 328. 




D’HOIITICULTÜRE PRATIQUE. 


78 


itltsfeUanécs, 


DE L’ARTICBAUT. 

V Artichaut [Cynara Scolymus de Linné) et de la famille 
des Composées, est une plante vivace, originaire de la Bar- 
barie et de l’Europe méridionale. 

L’Artichaut se plaît dans les terres franches, riches, et 
surtout profondes, parce que la racine est pivotante. Il est 
nécessaire de bien labourer et de fumer le terrain; ces opé- 
rations se font en novembre. 

Au mois de mars, ou à la fin de février si le temps le 
permet, on donne un second labour. Dans le courant de 
mars, ou au plus tard dans la première quinzaine d avril, 
on fait des trous de 50 centimètres carrés à une distance de 
i mètre 20 centimètres les uns des autres ; on remplit ces 
trous de terreau et de fumier consommé, par moitié de 
chaque; immédiatement après, on procède à la plantation 
des œilletons; ceux-ci auront dû être éclatés dans le mois de 
septembre. On choisit à cette époque les plus forts , et de 
préférence ceux qui ont des racines; on rafraîchit le talon 
ainsi que les racines avec un couteau tranchant, et on les 
repique sur un ados (c’est-à-dire une planche ayant une 
pente tournée du côté du midi). On plante ces œilletons ou 
boutures à 18 centimètres en tous sens, et on favorise la re- 
prise par les moyens ordinaires. Aux premières gelées blan- 
ches, on couvre les jeunes plantes de paillassons, et lorsque 
le froid devient intense, on place sur ces paillassons des 
feuilles sèches, du fumier ou toute autre litière, tout en ayant 
soin de découvrir le plus souvent possible, lorsque le temps 
le permet. Traités de cette manière, les œilletons pourront 
être plantés en mars et avril, ainsi que nous venons de le dire. 
Si après la plantation il survenait des gelées, on devrait cou- 


JOURNAL 

vrir chaque plante d’un pot à fleur, ce qui est plus facile que 
de couvrir tout un carré de paillassons. 

Au mois de mai, si le temps a* été favorable, les plantes 
seront déjà fortes; et dans ce cas un premier binage devient 
nécessaire ; on arrose avec du purin , arrosements nutritifs 
auxquels on peut sans danger avoir recours une fois par 
quinzaine. Il est surtout essentiel de veiller à ce que les 
plantes ne souffrent jamais de là sécheresse , sans toutefois 
prodiguer les arrosements outre mesure, car alors oiî ris- 
querait de faire pourrir les plantes. 

L Artichaut se met à fruit à la fin de juin, et produit jus- 
qu’en septembre; vers cette époque on enlève les liges le 
plus près possible du collet. A l’approche des premières ge- 
lées blanches, on enleve les vieilles feuilles et on coupe les 
jeunes à oO centimètres au-dessus du sol, puis on donne un 
labour pour exhausser légèrement la terre autour du pied 
afin de faciliter l’écoulement des eaux pluviales. 

En novembre, alors que les premiers froids se font sentir, 
on butte en amassant la terre du carré autour des pieds ; 
mais il est préférable, quand faire se peut, de remplacer la 
terre par des scories, des morceaux de briques ou toute autre 
matière dans laquelle l’eau ne puisse séjourner; a mesure 
que les gelées augmentent, on couvre les plantes de feuilles 
sèches; ces feuilles sont préférables à toute autre litière; on 
découvre chaque fois que le temps le permet. Quand la forte 
gelée ne paraît plus à craindre, ce qui a lieu ordinairement 
dans nos climats vers la fin de mars ou vers la mi-avril, on 
enlève la couverture et on donne alors un bon labour dé- 
truisant les buttes élevées autour de chaque pied; en avril, 
selon le temps, on œilletonne, c’est-à-dire que l’on déchausse 
le collet avec la précaution de ne pas attaquer les racines^, et 
que l’on détache avec la main les œilletons qui croissent au- 
tour de la souche. On ne laisse que trois œilletons des plus 
vigoureux; les autres peuvent servir à une nouvelle planta- 
tion, si on avait négligé de la faire en septembre. 

L Artichaut ne donne dé beaux fruits que pendant deux 


77 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

ans; au delà de ce terme les fruits deviennent petits; aussi 
dorUon renouveler les plantations tous les ans ou tous les 
deux ans au plus. 

Articlmuts en ‘primeurs. — T)n Torce les Artichauts de 
difl'érentes manières. 

Premier protédé. — Si l’on veut obtenir des fruits en avril, 
on force sur place en procédant de la manière suivante : 

Dans la dernière quinzaine d’avril et dans le courant du 
mois de mai , on donne au terrain une bonne fumure et un 
profond labour. On plante en lignes et en échiquier des 
œilletons, auxquels on donne les soins ordinaires des plantes 
de pleine terre ; on veille à ce qu’ils mavancent pas trop, afin 
qu’ils ne se mettent pas à fruits en automne ; mais qu’ils 
fassent des pieds forts et vigoureux (l). 

On se procure, vers le mois d’octobre, des paniers en latis 
ou en osier, d’une hauteur et d’une largeur convenables pour 
y introduire les plantes d’Artichaut; ces paniers ont à peu 
près la forme d’un tonneau, défoncé aux deux bouts. 

Dès que les gelées se font sentir, on rapproche les feuilles 
en faisceaux, et on enlève celles qui se trouvent en bas et 
celles qui menaceraient de pourrir ou de se dessécher. On 
place ensuite un panier sur chaque plante, en arrangeant les 
feuilles de manière que le cœur de la plante ait le plus d’air 
et de lumière possible. Quand tous les paniers sont placés, 
on étend sur la surface du terrain 13 à 20 centimètres 
de fumier que l’on doit fouler en le piétinant. Le froid deve- 
nant intense, on entoure les paniers de litière sèche, et on 
remplit l’espace resté vide jusqu’au sommet des paniers, d’un 
bon lit de fumier ; on ferme le haut des paniers avec un tam- 


(1) L’auteur se tait sur les moyens à employer pour empêcher celte 
fructification; nous croyons qu’il serait utile de ne prendre que de 
faibles œilletons, ou d’arroser fréquemment avec du purin, de manière 
à faire développer un ample feuillage au détriment provisoire de la 
floraison ; ainsi au Brésil on est forcé pour avoir des fruits de déplanter 
souvent les Artichauts pour arrêter leur trop vigoureuse croissance; 
le cas ici serait d’obtenir un résultat contraire. {Note de la rédaction.) 


78 


JOURNAL 


pon de paille ou de toute autre matière peu accessible au froid. 
Si la gelée augmentait, et qu’on eût le froid à craindre pour 
les plantes, on pourrait couvrir le tout d’une couche de fu- 
mier ou de feuilles. Jmrsque la température le permet, on 
donne de l’air en enlevant le tampon de paille. Il faut visiter 
les plantes avec soin, enlever la moisissure, et retrancher les 
feuilles qui seraient pourries. 

Aux premiers beaux jours du printemps, quand la gelée 
n^est plus à craindre, on enlève le fumier, puis les paniers, 
et lorsque la terre est essuyée et échaulfée, on donne un léger 
labour. Si les plantes reçoivent les soins nécessaires (des 
arrosements de purin , des binages pour détruire les mau- 
vaises herbes, etc.), elles donnent des produits dans la der- 
nière quinzaine d’avril et avec certitude en mai. 

Cette méthode fort simple de forcer les Artichauts peut 
être employée pour conserver dans notre pays les plantes 
soumises à la culture ordinaire. 

Deuxième procédé, — Un autre procédé non moins simple 
que le précédent permet d’avoir des fruits ordinairement en 
février et en mars. 

On plante en avril et dans la première quinzaine de mai 
des oeilletons sur des planches, entre chacune desquelles on 
laisse des sentiers de 66 centimètres de largeur. On donne 
ensuite aux plantes les soins ordinaires. 

A l’approche des gelées, on enlève la terre des sentiers à 
une profondeur de 50 à 40 centimètres, que l’on remplit de 
fumier chaud jusqu’à la hauteur du sol, ou jusqu’au niveau 
des planches; on place sur ces dernières des coffres assez 
élevés pour que les plantes ne soient pas gênées dans leur 
développement. 

On recouvre avec des châssis, et à mesure que les gelées 
augmentent d’intensité, on emplit les sentiers entre les cof- 
fres, de fumier jusqu’à la hauteur des châssis; on abrite ces 
derniers d’un ou de plusieurs paillassons, qu’on enlève cha- 
que matin, et l’on profite de toutes les occasions pour donner 
de l’air, afin de prévenir l’étiolement des plantes. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 79 

On renouvelle les réchauds, ou on les remanie simple- 
ment, en y ajoutant du fumier neuf, pour entretenir la cha- 
leur à un degré assez élevé. Si les plantes n’ont pas souffert^ 
on peut certainement espérer d’avoir, au moyen de ce pro- 
cédé, des fruits dans la première quinzaine de février. 

Troisième procédé. — Il y a un troisième procédé, moins 
compliqué encore que les précédents, procédé au moyen du- 
quel on peut avoir des Artichauts à peu de frais, pendant 
une partie de Thiver : Lorsque les gelées se font sentir, on 
arrache les pieds qui ont des fruits ; on les transplante dans 
du sable humide dans une serre à légumes, ou à défaut d’un 
pareil emplacement, dans une cave (I). 

Devenet, jardinier. 


IDÉES D’UNE ESTHÉTIQUE DES FLEURS. 

( Suite, — Voir p. lu. ) 

LA JACINTHE [liyacinthns orientalis). 

Cette plante bulbeuse est originaire de l’Asie Mineure, de 
la Syrie et de la Perse, où elle croît, à ce qu’il paraît, dans 
la région des montagnes, car elle demande un air tempéré et 
ne prospère qu’avec peine dans les contrées dont le climat 
est très-chaud. La tradition et la fiction poétique attribuent à 
la Jacinthe une origine digne de ses qualités distinguées. 
Suivant la Fable, elle ne serait issue de rien moins que du 
sang d’Hyacinthe, fils d’Amyclas, roi de Sparte. 

Apollon, inconsolable d’avoir répandu, quoique innocem- 
ment, le sang de son ami chéri, en fit naître la Jacinthe, qu il 
revêtit non-seulement des couleurs les plus tendres, mais 


(1) Ce procédé ne rentre, du reste, nullement dans les méthodes 
dites de forcerie; ce n'est qu’une application de l’art de conserver les 
fruits, les choux, etc., et ne peut être invoqué que pour mémoire. 

{Note de la rédaction.) 


80 JOURNAL 

qu’il imprégna aussi d’une odeur suave et délicieuse, attri- 
but des divinités célestes. 

On a été pendant longtemps en désaccord sur le rang qu’il 
fallait attribuer à la Jacinthe parmi les fleurs de collections; 
mais il n’y a rien à gagner pour le vrai connaisseur à ces 
controverses qui roulent souvent sur des points insignifiants 
et sans importance; et d’ailleurs chaque genre de fleurs se 
distingue par des caractères spécifiques qui n’ont pas le 
moindre rapport avec ceux des autres. La Tulipe, par exem- 
ple, brille par ses inimitables couleurs et par sa belle forme ; 
elle ne produit au sommet de sa tige qu’une seule fleur ino- 
dore ; la Jacinthe, au contraire, produit une tige garnie 
d’une multitude de fleurons le plus souvent doubles, d’une 
forme tout à fait différente, revêtus de couleurs tendres et 
exhalant une forte odeur. Où sont donc ici, nous le deman- 
dons, les termes de comparaison entre ces deux fleurs? Ne 
serait-ce pas du temps perdu que de vouloir découvrir les 
points par lesquels ces deux sortes de fleurs se ressemblent 
et par lesquels elles diffèrent ? La nature a voulu que 
nous eussions tous un goût différent; l’un admire les Tulipes 
que l’autre regarde avec indifférence; un tel est en admira- 
tion devant une collection d’OEillets de Bohême, tandis qu’un 
tel ne trouve beaux que les OEillets flamands. Sans doute, 
pour trouver une chose belle, il faut non-seulement savoir en 
quoi consiste sa beauté, mais il faut aussi avoir du goût pour 
la chose, et de l’imagination pour se mettre, à l’occasion, en 
extase devant les fleurs de sa prédilection; de même que le 
ferait un Apicius devant un plat de son goût; sans goût et 
sans imagination on n’est pas amateur. 

La Jacinthe sauvage produit des tiges qui sont garnies 
d’une demi-douzaine de fleurs simples bleues , imitant la 
forme d’une petite clochette , à six divisions étroites légère- 
ment rejetées en arrière et toutes tournées d’un seul côté. 
Par la culture, elle a subi des modifications notables, tant 
sous le rapport de la disposition des fleurs que de leur forme 
et de leur structure, et comme chez la plupart des plantes 


81 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

à fleurs bleues^ la couleur primitive n’a point échappé à Tin- 
fluence de la culture et du climat. A Tégard de la Jacinthe, 
il faut infiniment plus de tact, d’observation et de goût pour 
discerner les différences des nombreuses variétés des catalo- 
gues que chez d’autres fleurs; mais Tamour, dit M. l’inspec- 
teur Schmaling, donne des yeux, et celui qui est une fois 
prévenu en faveur d’une fleur y découvre des choses qui 
échappent à une personne moins enthousiaste. 

La Jacinthe est essentiellement un enfant du printemps; 
elle perce déjà le sol à peine dégourdi des rigueurs de l’hiver, 
ce qui n’est pas le moindre de ses avantages. Sa floraison 
dure longtemps; elle supporte avec facilité les variations de 
l’atmosphère, et les neiges qui surprennent souvent la fleur 
ne lui font aucun tort. 

Dans l’appréciation de la Jacinthe, il faut avoir égard aux 
points suivants : à la tige, à la fleur elle-même, à la couleur 
et à V époque de la floraison, 

La tige de la Jacinthe doit être haute et forte en propor- 
tion. Une tige trop mince n’est pas en état de porter de 
nombreuses fleurs; elle s’incline vers le sol, ou elle est brisée 
par le vent. Les variétés qui ont leur bouquet très-fourni ont 
généralement une tige un peu courte, mais forte. 

La fleur doit être ronde et bombée dans son milieu. Les 
pétales doivent être larges , étoffés et obtus-arrondis à leur 
bout, nullement pointus, ce qui est un défaut. Les pédon- 
cules doivent être assez forts pour maintenir les fleurs dans 
une position verticale. 

Les fleurs ne doivent point pendre en désordre autour 
de la tige ou être tournées toutes d’un seul côté, mais former 
dans leur ensemble une pyramide; à cet effet, il faut que les 
pédoncules des fleurs inférieures soient les plus longs et 
qu’ils diminuent insensiblement de longueur vers le sommet 
de la tige. Un bouquet cylindrique qui est aussi large en haut 
qu’en bas serait contre les règles de la beauté d’une Jacinthe 
et en diminuerait bèaucoup la valeur. 

Les fleurs doivent être larges, se toucher bord à bord et 

N” 5. — MAI ISS'l. 6 


82 JOURNAL 

ne point laisser entre elles des intervalles ni se couvrir par 
leurs bords; l’un et l’autre de ces cas serait un grand défaut. 

On divise les Jacinthes en simples et en doubles, en précoces 
et en tardives. 

La valeur des premières dépend de la forme de la grappe 
florale 5 du nombre des fleurs dont elle se compose et de la 
forme et de la couleur de celles-ci. La grappe florale doit 
compter vingt fleurs au moins; il y en a de quarante fleurs 
qui sont magnifiques. Plus les fleurs sont grandes, plus les 
pétales sont larges, et plus précieuse est une Jacinthe simple , 
mais plus élevé en est aussi le prix; ce que savent très-bien 
les fleuristes hollandais. 

Quant aux Jacinthes doubles, on a d’abord à considérer la 
grandeur, la forme et le nombre des fleurs; plus le diamètre 
de celles-ci est grand, plus petit en est ordinairement le 
nombre. 

On n’estime point les variétés qui ont moins de douze 
fleurs; les meilleures variétés en ont jusqu à dix-huit ou 
vingt; ce qui paraît être le maximum. 

Chaque fleur se compose du calice et de la doublure. 

Il n’est pas nécessaire que les divisions du calice soient 
aussi fortement recourbées en arrière dans les doubles que 
chez les simples. Les folioles qui forment la doublure sont 
disposées en trois ou quatre rangs et forment dans leur en- 
semble une houppe bombée ; elles doivent être larges , 
épaisses, planes et obtuses; lorsqu’elles forment une sorte 
d’entonnoir, ou lorsqu’elles sont crispées, plissées et non légè- 
rement courbées en arrière , elles donnent alors lieu à un 
grave inconvénient, celui d’empêcher qu’on ne puisse bien 
voir la fleur qui paraît être trop petite, et la grappe a une 
mauvaise forme. 

Une fleur de Jacinthe parfaite doit avoir un pouce et demi 
de diamètre au moins en étalant un peu les pétales. Il y a 
des variétés 'dont le diamètre dépasse celui d’une pièce de 
cinq francs. Cependant il est fort douteux que cette excessive 
grandeur soit une véritable perfection , attendu que ces va- 


85 


D’HOKÏICÜLTÜRE PRATIQUE. 

riétés ne donnent ordinairement que cinq ou six fleurs tout 
au plus. Le calice doit être allongé et s’élargir insensiblement 
vers son bord; un calice conique, court et gros, est un dé- 
faut; car, dans ce cas, le bouquet ne présente jamais une belle 
forme. 

Il faut que les couleurs soient brillantes et intenses, quelle 
qu’en soit la nuance. Les fleurs dont la doublure a une cou- 
leur plus foncée que le calice, celles dont les pétales sont 
ornés d’une ligne foncée dans leur milieu sont les plus esti- 
mées. Il va, du reste, sans dire que le manque d’une perfec- 
tion peut se compenser par une autre, par exemple la grandeur 
par le coloris, la forme par la grandeur. 


CARACTÈRES DES ANTiRRHiiNüM [Aiitirrhimim majus ou Oron- 
tiiim majiis), gueule de lion. 

V Antirrhinum appartient à la famille des Scrophularinées 
et croît dans le midi de l’Europe et en Angleterre. Par la cul- 
ture, on en a obtenu beaucoup de variétés; l’espèce sauvage 
porte des fleurs rouges,, l’entrée de la gueule est garnie de 
jaune. 

La fleur de V Antirrhinum se compose d’un tube assez 
ample qui s’élargit au bout brusquement en deux lèvres: 
Tune supérieure, l’autre inférieure. La première s’applique 
sur l’inférieure, de manière que l’entrée du tube est com- 
plètement fermée; elle est, à l’endroit où elle s’adapte à 
la lèvre inférieure, renflée, glanduleuse, d’une texture plus 
épaisse et autrement colorée que le bord supérieur qui est 
large, fendu en deux lobes se rejetant en arrière sur le 
tube; la lèvre inférieure est divisée en trois lobes. 

Il faut donc dans la description qu’on se rappelle ces di- 
verses parties que nous venons d’indiquer. 

Voici les caractères d’un bel Antirrhinum : 

La plante doit être basse et former une touffe serrée 
garnie de feuilles épaisses, luisantes, d’un vert foncé. 


JOURNAL 


84 


Les fleurs doivent être abondantes, dressées, rappro- 
chées; le bord de la lèvre supérieure doit être large, rejeté 
sur le tube de la corolle dont il recouvrira une partie. 

Le tube doit être pur lorsqu’il est blanc; brillant quand 
il est d’une autre couleur. 

4® Le bord des lèvres doit avoir une autre couleur que le 
tube de la corolle. 

5° Les lobes du bord de la lèvre doivent se couvrir de 
manière qu’on ne voie pas les incisions. Le tissu du tube doit 
pouvoir être comparé à de la cire ou à de l’émail; celui des 
lobes sera velouté ou duveteux. 

6® Si la fleur est striée ou tachée, les stries et taches doi- 
vent parfaitement trancher sur la couleur du fond. 

Un des plus grands défauts dans les Antirrhinum, c’est 
lorsque les pédoncules ne sont pas assez fermes pour pouvoir 
soutenir convenablement les fleurs. 


[A continuer.) 


SCH» 


POMOLOGIE. 

La variété nouvelle de poirier Beurré Clairgeau est déci- 
dément très-rustique et fructifère. Nous venons de constater 
dans l’école d’arbres fruitiers de M. de Jonghe , située à 
Saint-Gilles-lez-Bruxelles , que les nombreux fruits noués 
avant les gelées du 24 avril se sont parfaitement conservés, 
non-aeu,lement sur le fort semis, mais encore sur toutes les 
jeunes multiplications de trois ans à basse tige et à haute 
lige, sur franc et sur cognassier. 

Ce bel et. excellent fruit, que M. d’Airoles de Nantes et 
M. de Jonghe.ont contribué à répandre beaucoup en France 
et en Belgique, mérite une place dans tous les jardins, et 
nous croyons devoir le recommander spécialement à tous les 
amateurs. Il est certain que cette excellente poire, une fois 
bien connue en Belgique, remplacera la majeure partie des 



D’HORTICULTURE PRATIQUE. 85 

variétés que Ton y cultive encore. Le Beurré Clairgeau est 
très-rustique, et porte abondamment des fruits délicieux. 

Les grands propriétaires en Belgique devraient s’attacher 
particulièrement à la culture de ce poirier, et nous osons 
leur prédire pour plus tard un débouché lucratif et sur nos 
marchés et sur ceux de Londres et de Berlin. — Cette ques- 
tion est assez importante pour que l’on y réfléchisse, et nous 
ne pourrions assez engager les propriétaires et les cultiva- 
teurs à y avoir égard. Ce serait pour nous une grande joie, 
que de voir des cultivateurs écoutant nos paroles dictées 
dans l’intérêt du bien-être général, remplacer tant d’arbres 
fruitiers, médiocres, malsains et sans valeur par des arbres 
à fruits abondants, sains et ne coûtant au bout du compte 
guère plus cher que ce que l’on vend dans les rues des 
villes, au grand détriment de la santé des chalands. La 
Société Van Mons marche dans cette voie régénératrice; c’est 
à nous à la seconder par nos écrits; et des horticulteurs 
comme M. de Jonghe, en propageant les bonnes espèces frui- 
tières, ne peuvent qu’élargir le cercle dans lequel nous 
travaillons ; c’est d’eux aussi que nous devons espérer 
I accomplissement de cette importante œuvre d’alimentation 
publique. 

DU PÊCHER. 

Un excellent ouvrage, V Annuaire du pêcher, par M. Grosse!, 
donne de très-bons renseignements sur les travaux à exécuter 
sur le pêcher pendant le mois de mai; les pêches sont de 
trop bons fruits pour que nous rejetions les conseils qui 
émanent d un homme compétent. Voici les observations à 
I prendre en note pour la bonne culture du pêcher à com- 
mencer en mai (d). 

« lî ne faut jamais rester plus de huit jours sans visiter 

(1) Une partie de cet article est extraite du Bulletin de la Socié/é 

d’horîimlture de TAiibe, iSM, i^HnmesiVQ. 


86 


JOURNAL 


ses pêchers, afin d’ébourgeonner toutes les fois que les bour- 
geons inutiles apparaissent, et de pincer toutes les fois que 
des bourgeons veulent se développer en gourmands. 

» Le pincement est le correctif des inconvénient inhérents 
à la taille; il fait tourner à fruit les bourgeons à bois sur- 
abondants , et sert à répartir également la sève en la refou- 
lant dans les parties faibles de l’arbre. 

> Le pincement du bout d’un bourgeon qui n’a point en- 
core de consistance ligneuse, se fait entre les doigts lorsqu’il 
a 10 à 50 centimètres de long, et on le rogne avec l’ongle s’il 
n’est pas complètement herbacé. Dans ce dernier cas, il sera 
mieux de laisser toujours à la base une feuille ou deux pour 
protéger la branche principale contre les ardeurs du soleil , 
et éviter des épanchements de gomme. 

» Le pincement est une opération de prévoyance que l’on 
doit effectuer avant que le bourgeon se soit trop allongé, et 
lorsque les bourgeons sont peu formés et peu éloignés. 

» Le pincement peut être nuisible si on le commence trop 
tôt. Il faut l’employer avec une juste proportion, et se rendre 
compte que si on laisse trop de longueur à un bourgeon, il 
peut s’allonger de manière à appauvrir, à éteindre les yeux 
de la base; et que si l’on pince trop court, il pourra s’ouvrir 
plusieurs faux bourgeons. 

» Les branches dont la sève est entravée ou n’est pas abon 
dante, produisent beaucoup de fruits et peu de bois. 

» Les bourgeons placés au-dessus des branches, près du 
bourgeon terminal, doivent être pincés avec ceux du des- 
sous, qui sont plus lents et moins nuisibles. 

» Plus l’empâtement du bourgeon sera large, plus il devra 
être pincé de bonne heure, surtout s’il est placé dans les 
parties supérieures. 

» Si le bourgeon habite les parties supérieures des bran- 
ches, si son empâtement est très-large, s’il annonce beaucoup 
de vigueur, il faudra, quand il aura 6 ou 8 centimètres, le 
réduire à 5 ou 4. Si, au contraire, il semble faible, ou s’il 
est placé au-dessous d’une branche, on peut lui laisser attein- 


D’HORTICIJLTÜUE PRATIQUE. 87 

dre la longueur de 50 à 40 centimètres avant de le pincer. 

» On entretient, sur le devant des branches mères d’un 
arbre qu’on élève, des bourgeons pincés de très-près dans le 
but d’obtenir des feuilles qui attirent la sève, portent la vie 
dans les membres, qu’ils abritent de la trop vive ardeur du 
soleil et où ils finissent, avec le temps, à se tourner en ro- 
settes. On peut garantir le tronc et les membres nus des 
ardeurs du soleil, par le moyen d’une écorce étrangère fixée 
à l’aide d’osiers ou de deux planches clouées ensemble à 
angle plus ou moins droit, selon la grosseur du tronc. On 
enlève cette couverture tous les ans avant l’hiver. 

)» Par les soins que vous donnerez aux branches de rempla- 
cement, contenez les branches fruitières le plus près possible 
des branches principales, qu’elles rajeuniront, chaque année, 
par des pousses nouvelles. 

» Les bourgeons anticipés qui naissent sur les rameaux ou 
bourgeons de l’année se traitent à peu près comme ces der- 
niers. Mais il faut attendre, pour éclaircir ceux qui sont 
destinés à faire des productions fruitières, laissés en dessus 
et en dessous de la branche, qu’ils aient une longueur de 
15 à 20 centimètres; alors on les espace de 12 à 14 centimè- 
tres, sans jamais les opposer diamétralement, parce que 
ceux qui seraient en dessus prendraient toute la force. 

)* Les bourgeons de l’année et les bourgeons anticipés 
qu’on a laissés, deviennent des branches à fruit. 

On doit ménager les bourgeons anticipés qui peuvent 
offrir des ressources à la taille. 

Lorsqu’un pêcher a été mal taillé, et que vous l’avez 
ravalé au mois d’avril, vous choisissez les meilleurs yeux que 
votre opération a pu faire développer pour rapprocher 
dessus. Vous vous occupez ensuile à équilibrer votre arbre 
selon les principes généraux. 

)* Maintenez la partie inférieure de l’arbre aussi bien 
garnie que la supérieure. 

>* Le rapprochement en vert, qui est toujours nuisible, 
mais souvent nécessaire, est la taille d’été que l’on opère sur 


88 


JOURNAL 

le pêcher au plus fort de sa végétation, pour empêcher aux 
rameaux à bois de s’emporter, pour supprimer les bourgeons 
inutiles et ligneux qui ont échappé au premier ébourgeon- 
nement, enfin les branches qui ont perdu leurs fruits ou sur 
lesquelles on les a cueillis, lorsque dans l’un et l’autre cas 
leur suppression est favorable au bourgeon de remplacement. 

Il y a un double inconvénient à laisser se développer des 
bourgeons inutiles : on perd de la sève et l’on fait des plaies 
nombreuses qui nuisent au pécher. 

)> La courbure, qui ralentit le mouvement de la sève, favo- 
rise la formation des fruits , et le développement d’une 
branche de remplacement ne doit s’employer qu’avec la plus 
grande circonspection. 

)> Les gourmands naissent principalement sur les branches 
arquées, palissées, taillées. 

» La suppression d'un gourmand formé ou trop décidé 
peut faire du tort à un arbre; il faut le raccourcir et le dis- 
poser au remplacement d’une branche. La croissance d’un 
gourmand est une faute à moins qu’il ne s’agisse de rajeunir 
un arbre. 

)> Dans le palissage, on prévient l’éclatèment ou tout autre 
accident, en profitant de la souplesse des jeunes rameaux 
pour leur donner le plus tôt possible la forme qu’ils doivent 
avoir. Il ne faut amener la branche à la place qu elle doit 
occuper que par gradation, et y sacrifier tout le temps et la 
patience convenables. 

)» On forme au pied de chaque arbre une petite fosse, un 
bassin garni de terreau neuf, de fumier court, pour recevoir 
les arrosements et en prolonger la durée; on répand de l’eau 
sur les feuilles lorsque le temps est chaud. On peut jeter 
deux et jusqu’à quatre arrosoirs d’eau pour les grands arbres 
chargés de fruits, et un seul pour les jeunes arbres. On 
rabat la terre dans la fosse aussitôt que l’eau est imbibée. 
Cette opération se répète au besoin tous les deux jours dans 
les sécheresses. On appuie une tuile contre le pied de l’arbre 
pour y conserver la fraîcheur. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 89 

> Pour détruire la punaise insecte, le moyen le plus effi- 
cace est un lait de chaux xive étendu par le moyen d’un pin- 
ceau sur toutes les surfaces. Cette opération peut se faire 
depuis le mois de novembre jusqu’en février. » 


EXPOSITION 

UE LA SOCIÉTÉ ROYALE d’hORTICULTURE ET d’AGRICULTURE 

d’anvers. 

(Suite.) 

Un grand nombre de concurrents se disputaient la palme 
du neuvième concours (collection de plantes fleuries pré- 
sentant le plus grand nombre d’espèces ou variétés du même 
genre : Camellias, Rhododendrons^ Azalées et Orchidées 
non compris); les beaux Epacris appartenant à M. P. J. de 
Caters, président de la Société, reçoivent le premier prix. 
M. de Caters cultive les Epacris avec prédilection, et ces 
plantes, en retour des soins qu’il leur donne, se montrent 
vraiment reconnaissantes tant elles sont prodigues à étaler 
leurs fleurs. M. le chevalier J. de KnylF obtient le deuxième 
prix , avec une jolie collection (A Amaryllis , plantes rebelles, 
dit-on, mais qui s’épanouissent si bien lorsqu’elles sentent 
que leur maître les aime et les élève comme des en fan (s 
d’un riche avenir. M Somers-Biart reçoit un troisième prix 
pour un joli lot de Hyacinthes. 

Dans le dixième concours, destiné à la plante en fleur la 
plus rare ou la plus nouvellement introduite dans le royaume, 
nous remarquons que le premier prix est accordé à un Ca- 
meliia, obtenu de semis par M. Van Hove , de Caigny; le 
deuxième prix est accordé à ïllillia prasiantha^ exposé par 
Mme Legrelle-d’Hanis. Cette plante appartient à la famille 
des Rubiacées , et donne de grandes fleurs d’un vert éme- 
raude; le troisième prix est remporté par un bel exemplaire 
de Rhododendron javanicum, appartenant également à 
Mme Legrelle-d’Hanis. 


90 


JOURNAL 

M”® Zoé de Knyff reçoit pour un lot de plantes forcées le 
premier prix du onzième concours. 

Nous Yoici au douzième concours ouvert pour la plante en 
fleurs la mieux cultivée, Camellias exclus. C’est encore à une 
belle plante : Maranta sanguinea, exposée par Legrelle- 
dHanis, que revient l’honneur de remporter la première 
palme. Ce Maranta est une des meilleures introductions 
que l’on ait faites depuis longtemps, pour l’ornementation des 
serres chaudes. Il est d’une culture facile, pousse prodigieu- 
sement lorsqu’on lui accorde suffisamment de la chaleur et 
de l’humidité, et fleurit abondamment; le deuxième prix est 
décerné à VEpacris autumnalis de M. P. J. de Caters. Un 
Bégonia odorata de M*”® Nottebohm reçoit le troisième prix; 
plusieurs autres belles plantes étaient entrées en lice : nous 
citerons un Zygopetalum Mackayi, superbe Orchidée, un 
Strelitzia reginœ, deux beaux exemplaires du beau Dielytra 
spectabilis, enfin un Menyanthes trifoUata, Cette plante, 
native de nos étangs, mérite d’étre signalée à l’attention des 
amateurs; rien de plus délicat que ses jolies fleurs virginales 
aux franges élégantes ; aussi le public admirait-il cette jolie 
nymphe de nos eaux, sans se douter le moins du monde 
qu’une main de dame, Zoé de RnylT, l’avait recueillie 
des étangs de sa propriété de Waelhem, pour l’héberger 
dans sa serre et la montrer aux amateurs plus belle que dans 
son ancienne et humide demeure. Les bouquetières pourraient 
tirer bon parti de ce Menyanthes, et les salons pourraient 
également s’orner d’une plante aux allures tropicales. 


EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE DE RRLXELLES. 

Cette exposition, malgré la saison assez avancée à laquelle 
elle eut lieu (2 avril), saison qui fermait en quelque sorte la 
porte aux collections de Camellias, et malgré la fâcheuse 
abstention de la plupart des jardiniers-fleuristes de la capi- 
tale, n’a pas été moins belle que de coutume; et si beaucoup 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 91 

de ces plan!, es dont l’ensemble forme ce que l’on appelle le 
bel envoi ont fait défaut, par contre les véritables amateurs 
ont été dédommagés de ce premier coup d’œil d’un salon 
fleuri par la présence d’un grand nombre de plantes délite; 
la qualité rachetait amplement la quantité. 

Tout en disant que la plupart des jardiniers-fleuristes 
s’étaient abstenus de participer aux concours ouverts par la 
Société, nous devons ajouter que plusieurs horticulteurs 
n’avaient pas cru devoir suivre un exemple d autant plus 
regrettable que ce mode d’abstentions rejaillit également sur 
l’horticulture et sur les horticulteurs. Il est évident que le 
public, dont le goût change comme le vent qui souffle sur 
nos têtes, s’inquiète fort peu des dissentiments ou des petites 
questions d’amour-propre qui peuvent s’élever dans le sein 
d’une assemblée. Ce qu’il exige, c’est qu’on frappe ses sens, 
qu’on l’éblouisse, qu’on l’enchaîne en quelque sorte au pié- 
destal auquel il a souri; détruire cet enchantement, briser 
la statue, c’est vouloir jouer avec le feu, c’est vraiment se 
suicider et ce encore avec connaissance de cause! Qu on 
nous permettre de le dire, ces abstentions nuisent au com- 
merce, éloignent les amateurs et dégoûtent beaucoup de 
nouveaux prosélytes. — Les observations que nous venons 
d’émettre ne s’appliquent pas uniquement à Bruxelles, des 
idées analogues ont été développées au sujet d expositions 
de capitales plus grandes que la nôtre, mais là déjà 1 on a 
compris que l’union faisait la force : espérons que les jardi- 
niers et les horticulteurs de Bruxelles ne failliront pas à la 
devise de leur patrie. 

Le premier prix (1) du bel envoi entre amateurs est dé- 
cerné à un envoi de 87 plantes fait par M. Forckel, directeur 
des serres chaudes du palais de Laeken. Parmi ces plantes, 
nous signalerons X Erylrochiton Brasiliense, superbe Rubia- 


(1) Cg premier prix consistait en une médaille de vermeil encadrée 
et en une prime de 125 fr. Le second prix consistait en une médaillé 
d’argent encadrée et en une prime de 50 fr. 




JOURNAL 

cée de serre chaude; le Croton pictimi, arbrisseau très-orne- 
meiital; ses feuilles luisantes, bariolées de rouge, de vert et 
de jaunâtre, rachètent par leur bel effet l’insignifiance des 
petites grappes florales verdâtres qui naissent des aisselles 
des feuilles. C’est du reste une ancienne plante, mais que les 
jardiniers devraient propager; plus d’un amateur leur en 
serait reconnaissant. Nous signalerons également un superbe 
exemplaire de Medinilla magnifica , aux feuilles épaisses et 
grandes comme la main, plante de serre chaude, mais de 
culture facile; de forts pieds de Bégonia muricatay princeps 
et autres ; le joli Jatropha pa7idwrœfolia, dont les feuilles 
brillantes affectent tout à fait la forme d’un violon, et dont 
les fleurs sont d’un rouge-carminé des plus vifs; enfin plu- 
sieurs belles Orchidées {Lœlia pedunculata , Cyrtopodium 
flaviim, Oncidium luridum, etc.). 

Le second prix est accordé à l’envoi de M. le notaire Mor- 
ren, consistant en /8 plantes presque toutes de serre froide. 
On y remarquait de fort belles Azalées, quelques Camellias 
et des Rhododendrons. 

Au troisième concours {Plante nouvelle fleurie)^ le jury dé- 
cerne à 1 unanimité le premier prix à un superbe exemplaire 
de VHexace^itris mysorensis , appartenant à Legrelle- 
d’Hanis, d’Anvers. La faveur accordée à ce bijou de l’exposition 
a été ratifiée par tous les amateurs qui ont visité l’exposition; 
c’est qu’aussi cet exemplaire, bien conduit sur un treillage 
bombé, offrait, non pas seulement une grappe, mais une dou- 
zaine de grappes pendantes autour d’un dôme de feuillage. 

Le deuxième prix est décerné à un exemplaire do Rhododen- 
dron ciliatum, haut à peine de 25 centimètres et couronné de 
quatre ou cinq grandes fleurs blanches. Cette jolie plante hi- 
malayenne était présentée au concours par M. Van ïilborgh, 
pharmacien à Bruxelles; un bel exemplaire de Sarracenia 
Drmmnondi, envoyé par M. L. Van Houtte, obtient le troi- 
sième prix. Cette singulière plante, aux feuilles creusées 
en urne, attirait tous les regards. Ses feuilles dressées 
n’avaient pas moins de 50 à 60 centimètres de hauteur. 


95 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Dans le cinquième concours {Semis nouveaux), un Rho- 
dodendron Beauté de VEurope , obtenu de semis par 
M. Haenljens de Gand, obtient le premier prix. Ce gain est 
fort remarquable et peut conduire à une nouvelle série de 
Rhododendrons à fleurs striées. 

Le premier prix du sixième concours {Belle floraison) est 
décerné à un très-fort pied à' Eriosteinon neriifolium y en- 
voyé par M. Dallière de Gand. Nous avons rarement vu cette 
plante menée à une taille aussi remarquable ^t d’un aspect 
aussi luxuriant; aussi la présence d’un tel exemplaire cou- 
vert de jolies fleurs blanches a modifié les idées de bien des 
amateurs pour lesquels les Eriostemons et tant d’autres belles 
plantes de la Nouvelle-Hollande sont des épouvantails de lai- 
deur el de mauvaise forme. Des coupes et des pincements 
faits en temps opportun conduisent au beau résultat obtenu 
par M. Dallière. Abandonné à lui-même, l’Eriostemon s’al- 
longe en une baguette sur laquelle vivotent çà et là quelques 
maigres feuilles et s’épanouissent avec peine quelques fleurs 
étiques. Le second prix est décerné au Medinilla magnifica 
de M. Forckel. 

Au huitième concours {Rhododendrons)., le premier et le 
second prix sont accordés aux deux lots exposés par M. Louis 
Boddart, de Deynze. C’est dans le premier lot que figurait la 
belle variété que nous avons nommée Baronne de Snoy, et 
dout nous avons donné le dessin dans notre numéro d’avril. 
Une mention honorable est accordée à une collection envoyée 
par M. Haenljens, de Gand. Cette collection, renfermant de 
très-bonnes et nouvelles variétés, avait beaucoup souffert 
dans le transport. 

La jolie collection d’Azalées de M. le notaire Morren rem- 
porte le prix du neuvième concours. 

Au dixième concours {Plantes d'un même genre), ce sont 
les Amaryllis exposés par le duc P. d’Arenberg qui rempor- 
tent le premier prix, tandis que les Hyacinthes de M. Panis- 
Vandendriesse, de Bruxelles, obtiennent le second. Une fort 
jolie collection de Cinéraires ; exposée par M. De Gey, 


9i JOURNAL 

horticulteur à Huy, a mérité une mention très-honorable. 

M. Medaer s’est surpassé cette année, et sa corbeille de 
72 Rosiers a captivé les regards des membres du jury, éton- 
nés d’un aussi beau résultat obtenu par un praticien modeste 
et intelligent, aussi une médaille spéciale en vermeil enca- 
drée est votée à l’unanimité en faveur de M. Medaer. Plus 
d’un amateur nous a dit que bien rarement aux expositions 
de Paris, on pouvait jouir d’un pareil spectacle; et certes 
que les Verdier, les Margottirr, les Fontaine et autres célé- 
brés rosomanes de Paris trouveraient, au cas échéant, un 
digne concurrent dans l’horticulteur de Saint-Gilles. 

Au douzième concours [Orchidées) ^ le prix est décerné à 
M. le chevalier Heynderyckx, de Gand. Une autre collection 
avait été envoyée à l’exposition, mais hors de concours, par 
M. J. Linden, directeur du Jardin zoologique de Bruxelles; 
elle renfermait 15 espèces remarquables par leur choix et 
leur belle floraison. Nous y avons surtout remarqué le joli 
Barkeria elegans^ le Chysis bractescens aux fleurs blanches, 
à lèvre teintée de jaune, le Cattleya citrina dont les fleurs 
exhalent une odeur de citron des plus rafraîchissantes, et 
V Oncidium imguiculatum à hampes hautes de près d’un mè- 
tre et chargées de grandes fleurs à labelle jaune vif. 

Trois collections de Fougères étaient envoyées pour le 
quinzième concours. Le contingent de S. A. S. le duc d’Aren- 
berg obtient le premier prix. Le second prix est décerné à 
la collection de MM. Wesmael et comp®., et la troisième col- 
lection, appartenant à M. A. de Janti, est honorablement 
citée. L’appel de la Société de Flore en faveur de ces char- 
mantes plantes, de ces plumes et dentelles végétales, com- 
mence à être entendu, et le public, s’habituant à les voir cul- 
tivées en pots, en corbeilles, en vases, finira par les admettre 
dans ses appartements et sera forcé de les aimer. 

Mme Panis-Vandendriesse obtient deux premiers prix : l’un 
pourun très-joli bouquet debal, l’autre pour deux bouquets de 
table; ces derniers bouquets ont été fort appréciés. Ce n’était 
plus cette masse de fleurs groupées souvent au hasard, mais 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 95 

une réunion de fleurs dont les dilïérentes couleurs s’harmo- 
nisaient entre elles. Il est à espérer que l’on comprendra 
qu’un bouquet ne doit pas êire un fardeau à porter, mais 
quelque chose de léger, d’élégant, que la main doit soutenir 
sans prétention, sans effort. 

Le jury accorde une médaille spéciale à un pied à'Aphe- 
landra Leopoldii, exposé par M. L. Van Houtte. Nous dirons 
pour tout éloge que ce magnifique exemplaire élait d’une 
culture parfaite et que ses feuilles aux veines rubannées ont 
excité l’admiration des visiteurs. C’était, du reste, avec 
ï Hexacentris mysoreMsis le bijou de l’exposition. 

Une médaille spéciale est également accordée à M. L. Wa- 
roqué, de Mariemont, pour une corbeille de raisins blancs 
et de Frankenthal , arrivés à une parfaite maturité. Ce lot 
a vivement intéressé le jury. 

Enfin une troisième médaille est décernée à M. Lebrun, 
fabricant treillageur à Schaerbeek-lez-Bruxelles, pour ses 
chaises, fauteuils, tables, etc., de jardin. Cet industriel ap- 
porte beaucoup de soins à la confection de ces meubles et 
traite cette partie avec un goût artistique. 

Pour terminer la revue d’une exposition que nous avons 
examinée avec attention , nous mentionnerons d’abord une 
collection de plantes rares et nouvelles envoyées (hors de 
concours) par M. Linden et comprenant une douzaine d’ar- 
brisseaux fort distingués, tels que : Cinchona nobilis, Hir- 
tella macrophylla, Eucharis candida, etc., le Camellia 
caryophylloïdeSy et le Gloxmia imperialis de M"'® Legrelle- 
d’Hanis d’Anvers. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 

Moyen de débarrasser les Pommiers du puceron lani- 
gère* — Le puceron lanigère est un des plus méchants enne- 
mis du pommier; il s’attaque à ses feuilles, se niche dans les 
anfractuosités de l’écorce, et il est presque impossible de l’ex- 


90 




JOURNAL D’FIORTICÜLTURE PRATIQUE. 

tirper. Un amateur pomologue distingué nous a dernièrement 
communiqué un moyen dont il s’était servi et dont il s’était 
parfaitement trouvé. Voulant transplanter dans un verger 
quelques pommiers de bonne qualité, mais non les pucerons 
dont ils étaient chargés, il les fît frotter à plusieurs reprises 
de poignées de mercuriale (herbe très-commune dans nos 
champs), qu’il avait fait préalablement infuser pendant plu- 
sieurs semaines dans une cuve d’eau. Depuis cette opération, 
aucun puceron n’a été aperçu sur ces pommiers. Ce moyen est 
à la portée de tous les cultivateurs; il se recommande par son 
extrême simplicité. On préconise les seringages d’eau de 
lessive de savon noir, dans laquelle on introduit une certaine 
quantité de suie; enfîn toutes les dissolutions alcalines sont 
de précieux remèdes à employer contre les insectes parasites 
et les cryptogames envahisseurs. 

— Le Jardin botanique de Bruxelles possède en ce moment 
en fleurs un charmant Pyi'ethrum à grandes fleurs d’un car- 
min vif; il a été offert par M. Muller, de Bruxelles, grand 
amateur de plantes de pleine terre, sous le nom de Pyre- 
thrum rubrum Muller i ; il se rapproche par son feuillage du 
Pyrethrum carneum ou roseum^ mais ses fleurs sont presque 
une fois aussi grandes. C’est une variété très-florifère, très- 
rustique, très-ornementale et qui mérite d’étre répandue 
dans nos jardins. 

— À Monsieur B, de Y. y à Saint-Sauveur-sur'Douve {dé- 
partement de la Manche), — Nous donnerons dans notre 
prochain numéro quelques détails sur le chauffage des serres 
au moyen de l’air chaud. Un dessin explicatif sera joint à 
ces notes afin d’en faciliter l’intelligence. 

— Nous répondrons dans le prochain numéro aux ques- 
tions qui nous sont adressées. 

— Le vocabulaire des termes botaniques les plus essentiels, 
à peu près achevé, pourra paraître dans le premier nu- 
méro. 


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JOURNAL 


D’HORTICBITÜRE PRATIQUE. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 

DODECATHEON INTEGRIFOLIÜM (1). (Michaux.) 

Le genre Dodecatheon (Giroselle en français) a été créé par 
Linné, pour une plante (la Dodecatheon Meadia) native de la 
Virginie, aux États-Unis, appartenant à la Pentandrie Mono- 
gynie de son système sexuel, et à la famille des Primulacées 
du système naturel. Il peut paraître étrange que le grand 
réformateur suédois ait appliqué ce nom pompeux de Dode- 
catheon (douze dieux) à une plante herbacée, assez chétive, 
portant, il est vrai, une ombelle de douze fleurs ou divinités, 
mais fort modestes, et penchant leurs tètes vers le sol hu- 
mide d’un monde qui fut inconnu aux dieux des Romains et 
des Grecs. Ce genre ne compte encore que trois espèces, 
toutes trois originaires de l’Amérique septentrionale : ce sont 
le Dodecatheoji Meadia de Linné, espèce assez répandue dans 
nos jardins, à fleurs rose-pourpré, et dont il existe plusieurs 
variétés : à fleurs blanches, à fleurs carnées, striées, etc.; 
le Dodecatheon frigidum de Chamisso et Schlechtendal , et 
enfin le Dodecatheon integrifolium de Michaux, faisant l’ob- 
jet de cet article; le Dodecatheon an giisti folium de Ralî- 

(1) Extrait desA7înales de la Société mpériale d’horiiculture de Paris, 
septembre 1853. M. Jacques a joint à la description de ce Dodecatheon 
une fort belle planche dont nous offrons la reproduction à nos lecteurs. 

4. — JUIN 18S4. 7 


JOURNAL 

nisque n’est qu’une variété à feuilles étroites du Dodeca- 
theon iîitegri folium. 

Le Dodecatheon integrifolium est pourvu comme ses 
congénères de racines vivaces ; ses feuilles , disposées en 
rosette, sont redressées, ovales-oblongues, très-entières ; du 
centre de ces feuilles s’élève un scape ou tige florale glabre, 
cylindrique, de 15 à 16 centimètres de hauteur, et portant, 
en mai, à son sommet une ombelle de 9 à 10 fleurs à pédon- 
cules d’un pourpre noir. Le calice est vert; les divisions de 
la corolle sont ovales-Iancéolées, d’un rose-carminé vif, pâlis- 
sant vers les extrémités; les onglets, d’un beau jaune, sont 
liserés de carmin; le faisceau des anthères et des filets est 
d’un brun violet; le style est de couleur carminée. Ces diffé- 
rentes couleurs s’harmonisent très-bien entre elles et font du 
Dodecatheon à feuilles entières une plante fort jolie et très- 
désirable pour nos jardins. 

Cette espèce se cultive comme le Dodecatheon Meadia en 
pleine terre dans de la terre de bruyère et à mi-ombre. Nous 
conseillons cependant de la rentrer, à l’approche des froids, 
dans la serre froide ou, mieux encore, de l’héberger sous 
châssis froid, car nos hivers à température si variable pour- 
raient lui être fatals si on l’abandonnait en pleine terre à leur 
inclémence. 

Ce joli Dodecatheon a été introduit en Angleterre dès 
l’année 1829, mais il paraît qu’il est encore fort rare dans 
les collections. Cette rareté provient de ce qu’il donne peu 
de graines et que son lent développement ne permet guère 
de le multiplier par la séparation du pied. M. Masson en a 
exposé l’année passée un bel exemplaire bien fleuri à la 
Société impériale d’horticulture de Paris. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


99 


j^orttjrulturf étrangH'c. 

PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERRE CHAUDE. 

cœïogyne tcstacea (Lindley) , figuré dans le Bot, Mag.y 
pl. 4785. — Famille des Orchidées. Gynandrie Mo- 
nandrie. 

Cette Orchidée a été introduite des environs de Singapore 
par MM. Loddiges, de Londres. Elle est malheureusement 
très-inférieure en beauté de coloris à la plupart des autres 
espèces du genre Cœlogyne dans lesquelles se fait remarquer 
un fond blanc pur, diversifié par des teintes foncées et agréa- 
bles à l’œil. De la hase des pseudobulbes, oblongs-ovés, an- 
guleux, sort un racème pendant, long de 12 à 15 centimè- 
tres, portant 8 à 10 fleurs d’un blanc de craie ou plutôt d’un 
blanc-jaunâtre mat, et rien moins qu’agréable; le labelle est 
recourbé, à trois lobes ; le central est veiné de brun et est 
orné de 4 crêtes frangées; les lobes latéraux présentent une 
large tache brune. 

eei^acentris mysorensis (WiGHT), figuré dans le Bot. Mag., 
pl. 4786. — Famille des Acanthacées. — Didynamie An- 
giospermie. 

La magnifique plante que l’on cultive actuellement dans 
les serres sous le nom Hexacentris mysorensis est une 
variété à limbe carminé, de l’espèce décrite primitivement 
par M. Wight {le. Plant. Ind, Oïdent,, pl. 871), espèce à 
fleurs entièrement jaunes, et que sir W. Jîooker reproduit 
actuellement dans le Botanical Magazine. Cette explication 
devenait nécessaire pour faire comprendre à nos lecteurs 
pourquoi nous dénonçons de nouveau l’existence de VHexa- 
centris mysorensis. Quoique moins beau que sa variété, ce 


iOO JOURNAL 

type est une précieuse addition aux plantes grimpantes de 
serre chaude. Ses longues grappes de fleurs d’un jaune aussi 
vif que celui des corolles de Y Allamanda neriifolia, sont 
d’un effet très-ornemental. Il nous a paru que les fleurs 
étaient meme plus grandes que celles de sa brillante variété. 
On en doit l’introduction à MM. Veitch et fils, d’Exeter. 

Dracœna ciiiptica, var. 3Iaculata, figuré dans le Bot, Mag., 
pl. 4787. Syn. : Cordyllne Sieboldii (Planchon), {Flore 
des Serres, etc., de L. Van Hoiitte, pl. 569). — Famille des 
Aspagarinées. — Hexandrie Monogynie. 

Ce bel arbuste, introduit directement de Java par M. le 
docteur Van Siebold, a été répandu dans nos serres par les 
soins du savant horticulteur gantois, M. L. Van Houlte, qui en 
avait acquis la propriété de l’introducteur. La Flore des 
Serres et Jardins de V Europe, éditée par M. L. Van Houtte, 
a donné dès l’année J 850 un dessin fort fidèle de ce Dracœna 
ou Cordyline, dessin infiniment supérieur à celui que nous 
présente actuellement le Botaîiical Magazine, En effet, dans 
celui-ci, les macules des feuilles semblent être des taches 
superficielles produites par une pulvérulence jaune, tandis que 
dans les feuilles de la plante, si heureusement imitées dans la 
Flore , on voit que ces macules sont des amas de matière 
jaune, placés entre les deux épidermes de la feuille et for- 
mant des corps de formes variables au milieu de la partie 
verte et charnue de l’intérieur de la feuille. 

Sir W. Hooker fait suivre la description spécifique du 
Dracœna elliptica et de sa variété, d’une dizaine de noms 
synonymiques , baptême compliqué qui n’étonnera plus 
lorsqu’on saura que cette espèce se retrouve à la fois dans 
diverses localités très-éloignées les unes des autres (Ceylan, 
Java, Bornéo, Silhet, Bombay, etc.), et que chaque auteur 
d’une Flore particulière lui a imposé un nom particulier. Les 
échantillons de ces plantes que l’on conserve en herbiers 
sont généralement défectueux et ne peuvent que rarement 
suffire à une étude comparative ; de là s’explique pourquoi 


101 


w 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

le botaniste peut parfois commettre des erreurs et décrire 
une même plante sous des noms différents. La vérité, grâce 
aux nombreuses introductions de végétaux exotiques vivants 
qui se font depuis quelques années dans nos serres, com- 
mence à luire sur cette foule de plantes intéressantes que 
d’anciens auteurs n’ont décrites que d’une manière imparfaite. 
Nous demandons gardon à nos lecteurs de nous être emparé 
du Dracœna elliptica comme texte d’une digression en faveur 
de la botanique actuelle. Nous voulons combattre l’idée injuste 
de bien des personnes qui semblent croire que les botanistes 
modernes se font un plaisir de multiplier les synonymes par 
pure parade d’érudition, tandis qu’ils s’efforcent, par des 
études comparatives généralement arides, à mettre de l’unité 
dans les observations éparses de leurs devanciers. 

Le Dracœna elliptica ou Cordyline Sieboldii, à feuilles 
maculées, fleurit au mois de mars dans nos serres chaudes. 
La panicule est généralement terminale; elle est très-rami> 
fiée; ses fleurs sont d’un jaune verdâtre et insignifiantes. Les 
Dracœnées ne se cultivent qu’à cause de leur port et de leur 
beau feuillage luisant. Ces plantes requièrent une serre 
chaude assez humide en été et un sol riche et bien drainé. 
La multiplication se fait soit au moyen des grosses racines, 
soit en coupant le tronc en morceaux. 

iScnteiiaria viliosa (W. Hooker), figuré dans le Bot, Mag., 

pl. 4789. — Famille des Labiées. — Didynamie Gymno- 

spermie. 

Cette fort jolie plante a été trouvée dans les Andes du 
Pérou par M. Nation, et introduite par lui dans les serres 
royales de Kew où elle a fleuri récemment. La Scutellaria 
villosa présente une tige dressée, de 25 à 50 centimètres de 
hauteur, peu ramifiée, tétragone, d’un vert pourpré et 
poilue; les feuilles sont pétiolées, grandes, cordées-ovées et 
acuminées, molles et réticulées, vertes en dessus, pourprées 
en dessous, à bords profondément sinués-denlés et char- 
gées en dessus, en dessous et sur les bords de longs poils 


102 


JOURNAL 


minces et doux au toucher. Les pétioles ont de 2 à 5 centi- 
mètres de longueur; ils sont velus. Le racème est terminal, 
assez court, presque sessile, de manière que les nombreuses 
fleurs dont il se compose semblent être disposées en corymbe ; 
les fleurs sont extérieurement chargées de poils terminés par 
une petite glande globuleuse. Le calice est vert, petit, tubu- 
leux et à deux lèvres. La corolle est longue d’environ 4 cen- 
timètres, d’un beau rouge vif; son tube est mince, infundibu- 
liforme et anguleux; le limbe est assez court et bilabié; la 
lèvre supérieure est à trois lobes réunis, de manière à flgurer 
un casque ; la lèvre inférieure est indivise. 

Quoique* très-voisine de la Scutellaria cordi folia de Ben- 
tham, la Scutellaria villosa s’en distingue par son port plus 
trapu, par ses racèmes plus courts, par ses feuilles bicolores 
et surtout par les longs poils blancs qui recouvrent son 
feuillage. 

Sir William Hooker dit que cette nouvelle espèce de Scu- 
tellaire fleurit à Kew dans la serre chaude dans les premiers 
mois du printemps. Nous croyons qu’elle s’accommodera, de 
même que ses jolies congénères, les Scutellaria Ventenati 
et cordifolia, de la température d’une serre froide. Elle se 
multipliera aussi aisément que ces dernières par boutures et 
au moyen de graines que les Scutellaria donnent en général 
avec une certaine générosité. Un compost de terre de 
bruyère, de terre franche et de terreau, convient particuliè- 
rement à toutes les Labiées de serre. On aura soin , lors- 
qu’elles sont en pousse, de les tenir bien humides et à mi- 
ombre. Quelques arrosements d’engrais liquides activeront 
la végétation de ces plantes de nature herbacée et par consé- 
quent avides de nourriture. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


105 


2^ SERRE FROIDE. 

iîliododeiidroii ciimabarinum, var. Pallidum (HOOKER fils), 
figuré dans le Bot. Mag., pl. 4788. Syn. : Rhododendron 
Roylei (Hooker fils). — Famille des Ericacéés. — Décan- 
drie Monogynie. 

Depuis la publication de son ouvrage sur les Rhododen- 
drons de Sikkim Himalaya, M. Hooker fils a reconnu que le 
Rhododendron Roylei n’était qu’une variété du Rhododen- 
dron cinnaharimmi. Il a donc maintenu ce dernier nom 
comme type, et a considéré le Rhododendron Roylei comme 
une variété à fleurs d’un rose foncé et à feuilles plus larges 
et ferrugineuses en dessous. Enfin la variété pallida, qui 
fait l’objet de cet article, a les feuilles glauques en dessous, 
lancéolées ou parfois presque elliptiques, ressemblant aux 
feuilles du type; les fleurs sont disposées en une ombelle 
irrégulière ou cyme terminale; leur corolle est d’une belle 
couleur rose, entre la forme campanulée et la forme infundi- 
buliforme ; le limbe est large, étalé, aux cinq lobes presque 
arrondis; la gorge du lobe supérieur est ornée de macules 
ou de points couleur de sang. 

Ce joli Rhododendron a fleuri au mois de mai de celle 
année dans la serre froide de Kew ; on le considère dans sa 
patrie comme étant vénéneux pour le bétail. En brûlant, son 
bois dégage une fumée dont les effets sont d’enflammer les 
yeux et de faire enfler les joues. 

ianthina (Otto et Dietrich), figuré dans la Revue 
ho7'ticole du 16 février 1854. — Famille des Labiées. — 
Diandrie Monogynie. 

La Salvia ianthina ou à fleurs violettes se rapproche, dit 
M. Decaisne, par sa végétation du Salvia splendens; elle 
atteint environ 1 mètre de hauteur. Ses tiges, carrées, sont 
glabres ou parsemées de poils très-courts et blanchâtres ; ses 
feuilles sont ovales-cordiformes, crénelées sur les bords; 


104 JOURNAL 

elles sont glabres ou légèrement pubescentes. Les fleurs nais- 
sent en longues grappes à l’extrémité des rameaux et se grou- 
pent ordinairement par six. Les bractées, les calices et les 
corolles sont de couleur violette ; la corolle est longue, grande, 
tubuleuse et à deux lèvres : la supérieure est bifide, l’infé- 
rieure à trois lobes ovales arrondis. 

Les nombreuses grappes de cette belle Sauge se dévelop- 
pent vers la fin de l’automne. 

Nophora secuiidiflora (Lagasca) , figuré dans la Revue hor- 

ticoley numéro du juin 1854. — Famille des Légumi- 
neuses. — Décandrie Monogynie. 

LtSophora secimdiflora, que l’on cultive depuis plusieurs 
années dans nos serres, est un arbuste rameux de i à 2 mè- 
tres de hauteur. Les feuilles, d’abord simples, présentent, 
plus tard, 5, 7 ou 9 folioles obovales, échancrées, presque 
sessiles, à l’exception de la dernière qui est pétiolée et ter- 
mine le rachis; celui-ci est canaliculé sur la face supérieure. 
Les feuilles sont, ainsi que les rameaux, parsemées de poils 
blancs argentés. Les fleurs forment des grappes dressées 
d’un beau bleu à l’extrémité des rameaux. Le calice estcam- 
panulé, à cinq dents peu apparentes. La corolle, papiliona- 
cée, se compose d’un étendard obovale arrondi, entier, d’un 
beau bleu et marqué au centre d’une demi-lune plus foncée; 
les ailes et la carène, de même couleur que l’étendard, se pro- 
longent en onglet et s’insèrent à la base du calice. Les iO éta- 
mines sont libres. Le fruit non articulé est un légume mo- 
niliforme grisâtre ; les graines, de la grosseur d’une noisette ; 
sont d’un rouge corail (1). 

Les individus du Sophora secundiflora, cultivés au Jardin- 
des-Plantes de Paris, proviennent de graines recueillies dans 
la vallée du Missouri, par M. Trecul, auquel les amateurs de 
Cactées doivent l’introduction de plusieurs belles espèces d’E- 
chinocactus. Le Jardin botanique de Bruxelles est redevable 


(1) Extrait de la description de M. le professeur Decaisne. 


w 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 105 

des pieds de Sophora secundiflora qu’il possède à M. Maris qui 
en rapporta des graines des régions occidentales du Texas. 
Ce bel arbuste fleurit en mai; sa floraison rappelle assez bien 
celle de la Glycine chinensis; il demande une terre substan- 
tielle plutôt argileuse que sablonneuse, et de fréquents arro- 
sements à l’époque de sa végétation; sa croissance est lente 
lorsqu’on tient constamment cette plante en pot ; il sera utile 
d’en placer quelques exemplaires en pleine terre jusqu’aux 
premiers froids et de les rentrer alors dans la serre tem- 
pérée. 

Tamarix parviflora (Decâisne), figuré dans la Flore des 
Serres et des Jardins de V Europe, pl. 898. — Syn. : Ta- 
marix tetrandra de plusieurs auteurs , mais non de Pal- 
las.— Famille des Tamariscinées. — Pentandrie trigynie. 

Ce bel arbuste, cultivé dans quelques jardins du midi delà 
France sous le nom inexact de Tamarix tetrandra, a fleuri 
en 4855 chez M. Van Houtle; il est encore rare dans les 
jardins de la Belgique où il gèle quelquefois jusque rez terre, 
mais il repousse du pied. Rien de plus gracieux ni de plus 
pittoresque, disent MM. Planchon et Van Houtte, que le Ta- 
marix parviflora surtout lorsqu’on le voit dans sa parure 
printanière, alors que de nombreux ramuscules flexibles, 
formant dans leur ensemble une couronne en hémisphère 
déprimé, disparaissent, pour ainsi dire, sous une incroyable 
profusion d’épis roses, parmi lesquels commencent à poindre 
les pousses feuillées d’un vert tendre. Ce Tamarix croîtrait, 
d’après les savantes recherches de M. J. Gay de Paris, à l’é- 
tat sauvage sur divers points du littoral de la Dalmatie et 
de la Grèce ; le vrai Tamarix tetrandra de Pallas n’existe 
pas encore dans nos jardins; il croît en Crimée et sur les 
rives orientales de la mer Caspienne. Les Tamarix se multi- 
plient aisément de boutures; taillés, ils ne fleurissent qu’en 
automne. 


106 


JOURNAL 


Goniphrena coccinea (DeCAISNE ) , figuré daUS la Revue hoT- 
ticohy numéro du mai 1854. Syn. : Gomphrena Ho- 
veyana superha et Gomphrena Haageana des horticulteurs . 
Famille des Amaranthacées. — Pentandrie Monogynie. 

Le Gomphrena coccinea est une fort Jolie plante annuelle, 
mise en vente pour la première fois, en 1855, par la maison 
Vilmorin de Paris ; bien que voisine du Gomphrena globosa 
de nos jardins, elle s’en distingue surtout par la forme de 
ses fleurs réunies en capitules terminaux, ovoïdes, de la 
grosseur d’un œuf de pigeon et d’un beau rouge-orangé. Les 
rameaux sont légèrement velus, d’un vert pâle et comme 
pointillés de blanc; les feuilles sont opposées, lancéolées- 
oblongues ou lancéolées-linéaires. 

Bien que cette nouvelle Amaranthoïde soit originaire du 
Mexique, sa qualité de plante annuelle indique, comme le 
dit fort bien M. Decaisne, sa place parmi les espèces que nous 
cultivons en plein air ; elle exige néanmoins une exposition 
chaude. On la sème en mars, sur couche chaude, pour la re- 
piquer sur couches ou dans des pots; elle fleurit du mois de 
Juin au mois de novembre. 

iUiôfcUttnccs. 

ORCHIDÉES. 

(quinzième article.) 

GENRE ODONTOGLOSSÜM, H. B. K. 

i5. Odoiitoglossum umbrosum (ReICHENBACH fils) , dans la 
Lînnœay vol. 22, p. 848. 

Espèce à panicule lâche, diffuse, à ramifications flexueuses ; 
bractées ovées aiguës courtes; sépales oblongs aigus; pétales 
égaux, mais à base manifestement en forme de coin; labelle 


107 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

onguiculé obtusément liaslé; lamelles au nombre de deux 
papilleuses; colonne courte, épaisse, à ailes membraneuses 
arrondies. 

Nous ne savons rien sur la forme des pseudobulbes et des 
feuilles. Les fleurs sont jaunes. La description a été faite sur 
un échantillon sec rapporté parM. Morilz, et provenant des 
forêts épaisses de la province de Merida, dans la Nouvelle- 
Grenade. 

*14. Odontog:1ossiiiii mystaclnnni (LiNDLEV) , Fol. Orclli- 

dacea. Syn. : Cyrtochiliim mystacimim (Lindley), Bot, 

Register de iSùS, 

Pseudobulbes ovales comprimés, chagrinés, surmontés 
d’une seule feuille; polyphylles à la base; feuilles ligulées 
aiguës, à peu près planes, carénées, beaucoup plus courtes que 
le scape ; celui-ci est grêle et siib-rameux ; bractées herbacées, 
lancéolées, deux fois plus courtes que les pédoncules; sépales 
et pétales ovés acuminés; labelle onguiculé en forme de cœur 
obové plane à sommet réfléchi, pubescent au milieu; onglet 
lamelleux; colonne à ailes mulüfîdes. 

Cette espèce est assez grêle; ses fleurs, écartées les unes des 
autres, sont d’un jaune uniforme et de la grandeur de VOdon- 
toglossum Bictonmise y c’est-à-dire de moyenne grandeur; 
elle habite le Pérou. 

* ib. Odontoglosisnm carinifcriitn (ReICHENBACH flls), dailS 

Bot, Zeitung, 1852, p. 658. 

Espèce à fleurs disposées en panicule à ramifications en 
zigzag; bractées triangulaires, courtes; les sépales et les 
pétales sont oblongs, un peu aigus, parcheminés et présen- 
tent sur le dos une épaisse carène; labelle ligulé à lamelles 
rhomboïdes; colonne allongée à ailes allongées, crénelées, 
transparentes, les deux inférieures plus épaisses. 

Les fleurs de cette espèce, décrite par M. Reichenbach 
sur des exemplaires cultivés en Allemagne, sont jaunâtres ou 
verdâtres, maculées de brun olive; le labelle est d’un blanc 


m 


JOURNAL 


jaunâtre à crêtes ou lamelles pourprées. Il n’existe aucune 
autre espèce qui présente à la fois des sépales et des pétales 
carénés. Elle est originaire de l’Amérique centrale. 

16. Ofioiitog^ioissum hicoior (Lindley), dans Plantce Harl- 

wegîanœ, 4845, et dans le Bot, Reg. de 1845. 

Espèce à feuilles lancéolées, égalant le scape, qui est sim- 
ple, fîexueux et portant peu de fleurs; sépales et pétales 
ovales aigus subondulés égaux entre eux; labelle onguiculé 
obové, terminé par une petite pointe cunéiforme à la base ; 
onglet armé de six dents égales, courbées et disposées par 
trois sur chaque bord de l’onglet; colonne courte à ailes 
linéaires dentelées en scie. 

Les fleurs sont grandes, d’un violet vif; le labelle est 
grand et entièrement jaune. C’est une fort belle espèce native 
du Pérou, mais seulement connue d’après un dessin de Ruiz 
et Pavon. Nous appelons l’attention des voyageurs sur ce 
bel Odontoglossum. 

17. Odomtogiossuiu riji^idum (Lïnüley) , dans Plantœ Hart- 

wegiancOy p. 152, et dans le Bot. Reg. de 1845. 

Les feuilles de cette espèce sont oblongues, rétrécies à la 
base et plus courtes que le scape; celui-ci est paniculé pyra- 
midal, dressé, roide, à ramifications courtes ascendantes, dis- 
posées en zigzag et revêtues à la base d’écailles mucronées. 
Les bractées sont ovées, concaves et mucronées; sépales 
latéraux linéaires lancéolés; le sépale dorsal est lancéolé 
ainsi que les pétales. Labelle onguiculé obové en cœur, api- 
culé; deux lignes élevées divergent de l’onglet sur le limbe; 
ailes de la colonne étroites. 

Cette espèce porte des fleurs entièrement jaunes ; elle est 
originaire du Pérou (hauteurs de Chachapoyas et des envi- 
rons de Loxa, où M. Hartweg l’a trouvée croissant à terre). 

Observation. — Des neuf espèces appartenant à la section 
Xanthoglossiim^n grand genre Odontoglossum, cinq espèces 
sont déjà introduites dans les serres européennes, et si l’on 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 409 

admet avec nous que Y Odofitoglossiim tlgrinum soit YOnci- 
dium Barkeri, il ne resterait que trois espèces à introduire. 
Dans la section suivante des Leucoglossum , nous aurons à 
examiner onze espèces, toutes fort jolies et se distinguant 
par un labelle blanc, parfois pourpré. 

§ III. LEUCOGLOSSÜM. 

Cette section comprend les Odontoglossum k colonne gar- 
nie ou non d’oreillettes, à labelle blanc ou pourpre, pourvu 
d’un long onglet linéaire toujours bilamellaire. Les fleurs 
sont généralement fort jolies, de formes et de couleurs déli- 
cates et le coloris du labelle n’oITre aucune tendance vers le 
jaune; si bien même que le jaune, sauf sa présence sur les 
deux lames qui surmontent l’onglet, est entièrement banni de 
la coloration des fleurs de cette section. 

* 18. odoiitogiossMMi steiiatuni (Lindley), dans le Bot» 
Reg. de 4841. 

Les pseudobulbes de cette Orchidée sont ovales , compri- 
més, surmontés d’une seule feuille lancéolée et recourbée; le 
scape ne porte que deux fleurs ; les bractées atteignent à la 
moitié de l’ovaire qui est triquètre ou à trois faces; les sé- 
pales et les pétales sont égaux, linéaires acuminés, her- 
bacés; le labelle est rhomboïde, presque arrondi, largement 
dentelé; l’appendice de l’onglet est tronqué à quatre dents, 
libre au sommet. 

Les fleurs sont d’un vert olive, faiblement maculées ou 
ombrées de pourpre; le labelle est d’un beau blanc. Cette 
espèce se rapproche de Y Odontoglossum Rossii par son port 
et sa taille ; elle en diffère en ce que ses pétales et ses sépales 
sont, ainsi que nous venons de le dire, de même forme, her- 
bacées et étroites, et ensuite par le coloris des fleurs. 

V Odontoglossum stellatum est originaire du Mexique. 
Nous l’avons trouvé sur les chênes du pic de San-Andres, 
près de Yavezia (sierra d’Oaxaca), à une hauteur supra- 
marine de 7,500 à 8,500 pieds anglais, et sur les sapins de 


MO JOURNAL 

la déclivité orientale du Cofre de Perote, à une élévation 
tion d’environ 9,000 pieds, c’est-à-dire dans la région de 
nuages et de brouillards presque continuels. Il figure dans 
notre grand herbier du Mexique sous le n® 5079. M. Skinner 
1 a rencontré au Guatemala, sur les flancs du volcan de feu. 

* 19. Odontoglossum Ehrenbergti (LiNK, KlOTZSCH et OtTO), 
icônes, page 58, et figuré dans le Paxton Flower Garden, 
tome III, pl. 247. 

Pseudobulbes globuleux sub-allongés comprimés, rassem- 
blés; feuilles solitaires, elliptiques, aiguës, membraneuses, 
raides, à bords légèrement réfléchis; le scape ne porte 
qu’une fleur; il est articulé au milieu et oflVe deux bractées; 
les sépales sont lancéolés, acuminés, étalés, carénés sur le 
dos ; les pétales sont plus larges, oblongs, aigus, recourbés, 
atténués de chaque côté; labelle à peu près en coeur, aigu, 
ondulé et crénelé; les lamelles de l’onglet sont calleuses, 
très-entières et se réunissent en avant en un bec court et 
obtus ; la colonne est dépourvue d’ailes et duveteuse. 

Cette espèce, découverte sur les chênes de San-Onofre (dis- 
trict de Mines de Mercure), près des bords de la rivière de 
Zimapan, au Mexique, par feu notre ami M. Charles Ehren- 
berg, peut être considérée comme une des plus jolies Orchi- 
dées du groupe des Odontoglossum à labelle blanc. Elle se 
rapproche beaucoup de rOdow^fossMm Rossii, dont elle dif- 
fère surtout par un port plus mignon, par des fleurs plus 
petites, à sépales minces, délicats, blancs, à bandelettes ho- 
rizontales brunes; le labelle est acuminé et non arrondi; les 
lamelles ou appendices situés à la base du labelle sont blancs 
au lieu d’être jaunes. 

* 20. Odontogiossnm no.ssii (Lindley), Bot. Reg. de 1839, 
pl. 48. Syn. : Odontoglossum acuminatum, llort. 

Les pseudobulbes de cette espèce sont ovés, rassemblés et 
surmontés chacun d’une seule feuille oblongue-lancéolée, 
plus longue que le scape; celui-ci est radical et biflore; 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. ill 

bractées membraneuses , carénées , acuminées ; sépales 
linéaires-lancéolés, carénés, acuminés, étalés; pétales oblongs, 
obtus, retournés; labelle presque arrondi-ové , émarginé, 
ondulé; lamelles de l’onglet confluentes, arrondies, présen- 
tant sur le devant deux dents obtuses; colonne pubescente, 
dépourvue d’ailes. 

Cette petite espèce a été découverte au Mexique, en 1856, 
par Ross, jardinier-collecteur de M. Barker, dans les envi- 
rons de Guernavaca, au sud de Mexico. Les fleurs ont leurs 
sépales d’un jaune verdâtre, maculé de brun; leurs pétales 
blancs, mouchetés de pourpre à la base; le labelle est d’un 
blanc pur et légèrement duveteux. 

[A continuer.) 


CDLTLRE DU MELON. 

Le Melon, Cucumis melo de Linné, est une plante annuelle 
originaire d’Asie, appartenant à la famille des Cucurbitacées 
et à la Monœcie Monadelphie, c’est-à-dire que les organes 
mâles et femelles ne sont pas réunis dans une même fleur, 
mais dans des fleurs différentes sur un même pied; cette 
séparation des sexes rend compte de la non-fructification d’un 
certain nombre de fleurs qui s’épanouissent, et pourquoi 
quelques horticulteurs anglais ont recours à la fécondation 
artificielle des fleurs femelles pour être assurés d’une récolte 
productive. 

Le Melon a la racine fibreuse et branchue; ses feuilles sont 
alternes, anguleuses et plus petites que celles des Concom- 
bres; ses tiges sont rudes au toucher; ses fleurs mâles sont 
plus en entonnoir que les fleurs femelles ; celles-ci sont plus 
évasées; les unes et les autres sont jaunes et présentent un 
calice à cinq dehts et une corolle à cinq divisions. Ce n’est 
que vers l’année i570 que le Melon a été introduit dans les 
cultures anglaises et de même que dans la plupart des végé- 
taux dont l’homme se sert pour sa nourriture, le type de 
cette excellente plante n’est pas encore connu. 


JOURNAL 

Au moyen de châssis, de cloches, de fumier, de paillas- 
sons, etc., un jardinier peut obtenir des Melons d’avril en 
octobre. 

Les premiers semis se font ordinairement de décembre à 
janvier; on construit à cet effet une couche dans l’endroit le 
plus chaud du jardin, de la longueur de un ou deux châssis 
(on emploie généralement pour ces premiers semis des coffres 
spéciaux dans lesquels il est plus facile de concentrer et d’en- 
tretenir la chaleur) ; on incline la couche un peu vers le 
midi, puis on charge de iO à 12 centimètres de terreau bien 
consommé; on pose les châssis et immédiatement ensuite des 
paillassons dessus. 

Lorsque la chaleur de la couche, d’abord élevée (en un 
mot quand elle a jeté son feu), est retombée ou descendue à 
55 ou 50 degrés centigrades, on fait de petites rigoles de 
5 centimètres de profondeur, dans lesquelles on sème les 
graines â 5 centimètres de distance; on les recouvre ensuite 
en remplissant les rigoles de terreau. Des cultivateurs, aussi- 
tôt que la couche est chargée du terreau, sèment la graine de 
Melon dans des pots de 10 centimètres de diamètre que l’on 
enterre dans le terreau de la couche; d’autres cultivateurs se 
bornent à poser les pots sur le terreau et à garnir les interstices 
de mousse sèche bien tassée, jusqu’à la hauteur des bords des 
pots; la mousse a la propriété de s’échauffer facilement ; elle 
conserve une douce moiteur, et la terre des pots se dessèche 
moins promptement que par les autres moyens. On sème par 
pot une ou deux graines que l’on recouvre de 5 centimètres 
de terreau. On peut aussi semer en terrine, que l’on enfonce 
soit dans le terreau d’une couche chaude à légumes, ou dans 
la tannée d’une bâche à Ananas; ce procédé exige beaucoup 
d’attention pour le repiquage. 

On tient ordinairement les châssis couverts jusqu’à la levée 
des plantes qui ne se fait guère attendre plus de quatre ou 
cinq jours. A partir de ce moment, on découvre les pan- 
neaux exactement tous les matins, afin de laisser les plantes 
jouir des bienfaisants effets de la lumière sans laquelle elles 


m 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. J 15 

s’étioleraient; on donne de l’air lorsque la température le 
permet, en ayant soin de lever le châssis du côté opposé au 
vent. 

On ne laisse dans le semis en pots qu’une seule plante par 
pot. Pour les Melons semés en plein terreau, on construit 
une nouvelle couche semblable à la première, ou bien l’on se 
sert de cette dernière si elle a conservé assez de chaleur. On 
repique aussitôt que les plantes ont développé leurs cotylé- 
dons, en ne mettant qu’une plante dans chaque pot de 12 cen- 
timètres de diamètre, que l’on enterre dans le terreau comme 
il a été dit plus haut. 

Il est de toute nécessité que la chaleur se soutienne con- 
stamment. Si par l’effet des froids, de la neige, la chaleur de 
la couche diminuait par trop, il faudrait établir immédiate- 
ment des réchauds ou remanier avec soin ceux que l’on aurait 
déjà placés. 

Lorsque les plantes commencent à développer leur troi- 
sième feuille, on construit une ou plusieurs couches, selon la 
quantité de fruits que l’on veut cultiver. Si la neige ou de 
trop fortes gelées ne permettaient pas de se livrer à ce tra- 
vail et que l’on s’aperçût que les plantes souffrent dans 
leurs pots, il faudrait se borner à les rempoter dans des 
vases d’un tiers ou moitié plus grands, que l’on remplirait 
de la même terre que celle dont on s’est servi pour le semis; 
cette terre devra avoir le même degré de chaleur que celle 
des pots du jeune plant. Ce rempotage se fait dans le mo- 
ment le plus chaud du jour et le plus promptement possible ; 
tous ces soins sont assez faciles, mais on doit apporter toute 
son attention lorsqu’il s’agit de la planlation à demeure. 
Divers procédés sont employés pour ces premières cultures. 
Dans un terrain froid, on pourra suivre la méthode suivante : 
On ouvre une tranchée de 20 à 50 centimètres de profondeur 
sur 5 mètres 50 centimètres de largeur; la longueur est 
indéterminée. On élève un mur de brique de 25 à 50 centi- 
mètres d’épaisseur sur 4 mètre GO centimètres de hauteur 
pour le grand côté ou la partie qui regarde le nord , et l’on 

n” 4, — jum i8o4. 8 


414 JOURNAL 

donne 40 centimètres de moins au mur qui regarde le midi, 
puis on construit en planches un coffre de i mètre 50 centi- 
mètres de largeur sur toute la longueur. On établit dans ce 
dernier une couche de fumier neuf auquel on ajoute un tiers 
de feuilles, ou, à défaut, du fumier ayant déjà servi à faire 
des réchauds, ou du fumier ramassé pendant l’été ; le tout 
doit être bien mélangé soit d’avance, soit en établissant la 
couche. On foule convenablement cette couche, puis on la 
charge de 45 à 48 centimètres de terreau consommé mêlé à un 
quart de terre légère et saine de jardin jusqu’à la hauteur des 
bords du coffre; on ne doit pas éprouver de crainte de man- 
quer de place ou d’espace pour planter les jeunes Melons, 
car du moment où la couche s’échauffe, elle baisse suffisam- 
ment pour laisser un espace nécessaire au développement 
des plantes. 

Il est utile de remarquer, si on ne foule pas la couche 
convenablement, elle s’affaisserait au point que les jeunes 
Melons, deux mois après leur plantation, seraient à un éloi- 
gnement du verre tel que cela nuirait considérablement à 
leur végétation. 

Lorsqu’on juge la chaleur de la couche convenable, on 
plante deux pieds ou deux plantes par châssis, et lorsque la 
chaleur diminue, on remplit de fumier chaud l espace resté 
vide entre le coffre en bois et la bâche en brique ; on renou- 
velle cette opération chaque fois que le besoin s en fait 
sentir. 

Un autre procédé plus sur et plus facile consiste à établir 
une bâche en planches de 1 mètre 50 centimètres à 4 mètre 
50 centimètres de largeur; le côté nord doit avoir 4 mètre 
50 centimètres de hauteur; le côlé du midi aura 20 centi- 
mètres de moins. Cette bâche est divisée par moitié dans sa 
hauteur au moyen d’nn plancher qui repose sur des traverses 
clouées aux pieux; et ceux-ci soutiennent les planches des 
côtés. 

Sous ce plancher passent deux tuyaux de thermosiphon ; il 
doit y avoir entre ces tuyaux et le sol un espace de 40 cen- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE, 115 

timètres (1). Ces tuyaux servent à remplacer la couche de 
fumier, et par ce procédé on chauffe à volonté. Le plancher 
est chargé de terreau mélangé comme le serait une couche 
ordinaire, c’est-à-dire que la couche de terreau aurait de 45 
à 48 centimètres d’épaisseur; mais comme dans ce procédé 
le terrain ne s’affaisse pas, il faut avoir soin de laisser exister 
assez d’intervalle entre le terreau et les châssis pour que les 
feuilles des plantes ne touchent point au verre lorsqu’elles 
seront en pleine végétation. Enfin, sur toute la longueur et à 
l’intérieur de la bâche, entre le terreau et les châssis, il doit 
passer deux tuyaux du thermosiphon, lesquels servent à 
donner et à entretenir l’air ambiant de la couche au degré de 
température nécessaire aux liges de Melon. 

Ces deux procédés, quoique excellents, ne sont cependant 
pas indispensables, pour obtenir de bons fruits à la fin d’avril 
ou en mai. 

Lorsque le plant est bon à mettre en place, cinq ou six se- 
maines après avoir été semé, on établit une couche en plan- 
ches, c’est-à-dire sur le sol, de 4 mètre d’épaisseur; on a soin 
en l’établissant de bien la fouler également en la piétinant; 
elle doit être bombée sur la longueur et d’une hauteur 
de 40 centimètres au centre, car la chaleur étant plus forte 
en cet endroit de la couche, celle-ci y baisse plus que sur 
les côtés. 

La couche étant montée, on y place les coffres qui sont ali- 
gnés au cordeau, et placés d’équerre, afin de pouvoir poser 
les châssis sans difficulté, et afin qu’il ne reste pas d’inter- 
valles entre ces derniers et les coffres, puis on charge la. 
couche comme les précédentes. On pose les châssis que l’on 
recouvre de paillassons, quelque temps qu’il fasse, pour con- 

(1) H est à remarquer que beaucoup de jardiniers primeuristes font 
t actuellement usage du tliermosiplion; iis y ont trouvé du bénéfice en 
1 fumier et en main-d’œuvre et une certitude plus grande de réussite. 

! Ce système ne saurait être cependant adopté par la majeure partie des 
amateurs qui ne cultivent des Melons que pour leur consommation. 

{Note de la Rédaction.) 


JOURNAL 


iiCi 

centrer et activer la chaleur. Lorsque la chaleur de la couche a 
atteint au bout de quelques jours 50 ou 55® centigrades, on fait 
deux ou trois trous, selon le volume du fruit que Ton cultive, 
par châssis; et dans chacun on plante un pied de Melon que 
Ton dépote avec précaution et on enterre les plantes jus- 
qu’aux cotylédons. On arrose peu pour favoriser la reprise, 
ou même pas du tout si le terreau est trés-humide. On met 
en place ordinairement lorsque les jeunes plantes commen- 
cent à développer leur quatrième feuille; car on a reconnu 
qu’il était préférable de planter dans ce moment que d’at- 
tendre que le plant soit étêté; la reprise s’effectue plus facile- 
ment, et les plantes poussent avec plus de vigueur. 

Il arrive quelquefois que la chaleur d’une couche, après 
être tombée au degré convenable pour la plantation, reprend 
un degré de chaleur beaucoup trop élevé, et qui brûlerait les 
racines des jeunes plantes si on ne remédiait à cet inconvé- 
nient. Lorsque cela arrive, on creuse autour de chaque pied 
de Melon, à 25 centimètres de distance, un petit fossé large de 
15 à 20 centimètres jusque sur le fumier de la couche ; on 
peut en même temps soulever les châssis de quelques centi- 
mètres pendant le jour et même pendant la nuit, selon la tem- 
pérature extérieure, pour donner cours à l’évaporation qui 
se dégage du fumier. Lorsque la chaleur est retombée au de- 
gré convenable, on remplit les petits fossés. Les couches faites 
en janvier doivent être entourées immédiatement de réchauds 
et ceux-ci d’acols jusqu’à la hauteur de la couche; huit ou 
quinze jours après, on les continue jusqu’au niveau des 
châssis. On renouvelle les réchauds aussi souvent que le be- 
soin l’exige, et ordinairement jusqu’en mai. 

Le degré de température qui convient aux Melons est de 
50 à 55 degrés centigrades. 

Le pincement s’opère de la manière suivante : lorsque les 
jeunes plantes commencent à développer leur quatrième 
feuille, on coupe la tige au-dessus des deuxpremières feuilles, 
et on saupoudre la plaie avec un peu de chaux en poudre, ou 
de marne pulvérisée, mais on se contente le plus souvent de 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 117 

prendre une petite motte de terre très-sèche que l’on ap- 
plique sur la plaie en pressant avec les doigts; le but de 
cette opération est de faciliter la cicatrisation. 

L’ététernent amène le développement des yeux placés a 
l’aisselle des feuilles; ce sont les deux branches mères; il y en 
aurait quatre, si on laissait se développer les yeux placés à 
1 aisselle des cotylédons, mais il est bien préférable de les 
enlever surtout aux Melons de première saison; car il en 
résulterait une confusion de bois nuisible, et les fruits qui 
naissent sur ces branches ne sont jamais aussi beaux que 
ceux provenant des branches dont il a été parlé plus haut. 

On évite avec soin de toucher aux cotylédons en enlevant 
les branches ou les yeux ; ces cotylédons doivent sécher 
d’eux-mêmes sur pied ; ils importent beaucoup à la santé des 
plantes, et les enlever, c’est ôter de la vigueur et empêcher le 
développement du plant; en un mot on contrarierait beau- 
coup la croissance du Melon. 

Première taille. — Lorsque les branches mères résultant 
du premier pincement ont développé leur troisième feuille, 
on les pince au-dessus des deux premières. 

Deuxième taille. — Lorsque les branches ont développé 
chacune deux autres branches, on les pince au-dessus de la 
troisième feuille; enfin, la troisième taille s’opère de même. 
C’est ordinairement après cette dernière, que les fleurs 
mâles paraissent; on les supprime lorsqu’elles se montrent 
par petits bouquets de trois ou quatre fleurs; on ne doit 
conserver que celles qui sont isolées , car elles sont de toute 
nécessité à la fécondation. 

Les fleurs femelles paraissent peu de temps après et se dis- 
tinguent des fleurs mâles par le développement de l’ovaire 
qui constitue le fruit. C’est pendant la floraison qu’il faut 
redoubler d’attention pour donner de l’air et de la lumière, 
pour écarter l’humidité, sans perdre de chaleur. Lorsque les 
fleurs femelles apparaissent, il ne faut pas se hâter de pincer 
les branches qui les portent; il faut attendre pour voir si le 
fruit est bien constitué et d’une bonne venue; lorsqu’il est 


JOURNAL 

bien noué, que chaque jour il augmente en grosseur, alors 
on pince la branche à deux ou trois feuilles au-dessus du 
fruit, afin de lui faire prendre un plus grand accroissement. 

Ce pincement fait émettre de nouvelles branches, mais 
plus faibles que les premières; on les supprime dès leur ap- 
parition. Si on était dans la nécessité d’en conserver, on pin- 
cerait à la première ou à la deuxième feuille. Toutes celles qui 
se développent après l’entière formation des fruits sont pin- 
cées également à un ou deux yeux; on supprime complète- 
ment les plus chétives, et celles qui feraient confusion ou 
qui gêneraient la circulation de l’air. 

A. D. 


NOÜYELLES OBSERVATIONS 

SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 

Dans î’article intitulé : Quelques observations au stfjet 
de la maladie de la vigne, que nous avons publié dans le 
numéro d’avril dernier (page 51 ) , nous disions que non-seu- 
lement les expériences que nous avions faites au Jardin bo- 
tanique de Bruxelles , mais que celles exécutées dans les 
jardins et les serres de quelques personnes habitant les envi- 
rons de cette ville, donnaient des résultats qui nous autori- 
saient à croire que le système de guérison découvert par 
MM. Camille Bessière, propriétaire et distillateur d’eau-de-vie 
à Saint-Purgoire (Hérault), Charles Van Eeckhoven, phar- 
macien à Lierre (Belgique), et Auguste Schram à Bruxelles, 
était un moyen sûr et praticable en grand à peu de frais. 
Deux mois se sont écoulés depuis le moment que nous for- 
mulions cette opinion , et pendant ce laps de temps des 
preuves frappantes de l’efficacité du remède employé par les 
inventeurs nous ont rallié complètement à leur méthode cu- 
rative. 

La citation d’une expérience concluante servira mieux de 
preuve de la bonté du remède que toutes les phrases lauda- 


119 


w 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

tives qu’on pourrait employer en sa faveur. Dans le courant 
de mars dernier, un propriétaire de Bruxelles, M. De Reine, 
proposa à l’iin des inventeurs de s’occuper de la guérison de 
ceps de Frankentliaeler et de raisin blanc qu’il cultivait en 
forcerie dans ses serres situées au faubourg de Flandre lez- 
Bruxelles. L’inventeur se rendit au désir de M. De Reine. Les 
vignes étaient bien feuillées, les grappes bien formées pré- 
sentaient des grains de raisin plus gros que des pois; mais 
le tout languissait prêt à périr sous les étreintes de l’oïdium ; 
les feuilles étaient tapissées de cette pulvérulence ramifiée, 
floconneuse qui caractérise la grande phase d’accroissement 
du terrible agame; les grains de raisin étaient également 
saupoudrés de blanc, leur peau devenait coriace ; dans quel- 
ques-uns elle était déjà fendue; enfin l’odeur nauséabonde 
qui émanait des feuilles et des grappes annonçait suffisam- 
ment l’intensité du mal et à quel point périclitant les vignes 
de M.De Reine étaient arrivées. En présence de circonstances 
aussi fâcheuses, l’inventeur se mit immédiatement à l’œuvre, 
tout en désespérant de sauver les ceps malades, il croyait, 
fondant sa foi sur ce que la science et l’expérience semblaient 
consacrer comme une vérité inattaquable, que l’art ne pouvait 
obtenir de résultats heureux dans le traitement d’affections 
violentes et pernicieuses, dont on avait négligé les premiers 
effets au lieu de secourir le sujet affecté au moment de l’ap- 
parition de la maladie ; le succès devait dépasser son attente. 
La première expérience eut lieu le 5 avril ; trois semaines 
après, nouvelle expérience, mais déjà celle faite le 3 avril avait 
arrêté l’accroissement de l’oidium; les jeunes feuilles se dé- 
veloppaient d’une manière normale, les grains de raisin aug- 
mentaient en volume et leur peau ne présentait presque plus 
ces nombreuses rides qui affectaient auparavant leur forme 
ovoïde, en un mot le mal était vaincu ; quelques grains étaient 
tombés, les fendillés qui avaient persisté au pédoncule avàient 
continué à végéter, et la plaie se cicatrisait autant qu’il était 
permis de l’espérer ; enfin les ceps présentaient tous les in- 
dices d’une guérison en voie d’exécution. Au commencement 


1 


120 JOURNAL 

de juin M. De Reine coupait sur ses vignes qu’il croyait per- 
dues en avril, de belles grappes de Frankenthaeler (qu’il eut 
la bonté de nous envoyer, en même temps qu’il nous com- 
muniquait la marche des opérations auxquelles ses vignes 
avaient été soumises), parfaitement mûres, à grains d’une 
grosseur normale et d’un goût irréprochable; la cure était 
complète; deux opérations faites à trois semaines d’inter- 
valle avaient suffi pour accomplir la guérison ; le raisin avait 
donc en moins de deux mois secoué le linceul cryptogamique 
sous lequel il succombait, et parcouru, comme un corps ré- 
généré, toutes les phases de son développement, de sa colo- 
ration et finalement de sa maturité. Le système curatif avait 
réussi ; sa puissance avait sapé le mal dans ses racines, et ap- 
proché par ses heureux résultats, d’une guérison jugée im- 
possible. Les grains de raisin ont présenté à leur maturité 
une épaisseur de peau plus grande qu’à l’ordinaire et des 
excoriations brunâtres, cicatrices dues au remède employé, 
mais qu’il était aussi impossible de faire disparaître de la 
surface glabre de la peau du raisin qu’il serait impossible 
d’oblitérer complètement sur la peau de l’homme profondé- 
ment blessée ou gangrenée. 

Nous citerons parmi les diverses personnes dans les serres 
desquelles les inventeurs ont appliqué leur système curatif, 
M. J. P. Matthieu , banquier et directeur de la Société géné- 
rale pour favoriser l’industrie nationale à Bruxelles; et ma- 
dame Peeters, veuve de l’ancien bourgmestre de Lierre; en- 
fin nous ne saurions passer sous silence les serres à vignes 
du Jardin botanique de Bruxelles, dont la végétation luxu- 
riante, et les nombreuses grappes parfaitement bien venues 
et exemptes de la moindre trace de maladie nous fournissent 
journellement l’occasion de constater les bons effets du re- 
mède employé par MM. Bessière, Van Eeckhoven et Schram. 
Nous finirons en ajoutant que beaucoup de vignes exposées 
à l’air et traitées par ces messieurs promettent des résultats 
aussi heureux que ceux qu’ils ont obtenus dans le traitement 
des ceps de serre; nous rendrons compte, plus tard, des ob- 


P 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 121 

servations que nous aurons faites ou que nous aurons pu 
recueillir à ce sujet, heureux d’avoir pu répandre par nos 
écrits la connaissance d’un système que nous croyons ap- 
pelé à combattre efficacement un mal dont nul ici-bas ne peut 
prévoir la fin. 


CULTURE DES MALVA. 

[Alcea rosea.) 

On ne saurait guère nier que la fin du règne des Dahlias 
ne soit arrivée. Depuis quelque temps ces fleurs superbes 
s’effacent insensiblement du rang des fleurs à la mode, et cela 
en dépit de certains fleuristes persévérants qui, refusant 
encore à croire à l’évidence, continuent à diriger des efforts 
inutiles pour perfectionner une fleur qui a survécu à sa gloire. 

De même que dans tout et partout, le changement irrésis- 
tible des choses d’ici-bas est une conséquence naturelle de 
leur organisation, le Dahlia aussi est arrivé à sa fin ; la main 
de l’homme semble lui avoir fait dire son dernier mot et les 
A/afea prennent sa place pour parcourir à leur tour un cercle 
brillant jusqu’à ce que le temps sera venu de rappeler au 
souvenir des amateurs leurs anciens favoris. — En attendant, 
allons à la rencontre d’anciennes connaissances qui, jadis cul- 
tivées avec tant de prédilection dans nos parterres , furent 
reléguées dans les jardins des villages et enfin complètement 
oubliées en faveur des Dahlias qu’elles vont maintenant sup- 
planter. La préférence appartient effectivement aux Malva; 
leur port pittoresque produit un meilleur effet dans les 
plantations; la pureté de leurs couleurs brille avec plus d’é- 
clat. Relativement à leur culture, elles exigent moins de soins 
et d’attention que le Dahlia, soins qui expliquent pourquoi 
tant de particuliers ont été dégoûtés de la culture du Dahlia. 

Les nouvelles variétés Malva sont le résultat des efforts 
des cultivateurs anglais et écossais; ajoutons que ces plantes 
sont cultivées dans tous les jardins de la Grande-Bretagne 


122 


JOURNAL 

avec une persévérance invariable. La plus pauvre chaumière, 
souvent couverte du sombre lierre grimpant, qui assombrit 
encore plus la triste demeure, a toujours un petit coin ré- 
servé pour quelques Hollyhocks (Roses trémières) qui pré- 
sentent gaiement par-dessus les clôtures leurs cimes fleuries 
aux regards du passant. 

William Chater, fleuriste à SafTran-Walden, comté d’Essex, 
est généralement reconnu comme le principal éleveur de 
Malva; ses produits ont emporté la palme à toutes les expo- 
sitions sur les collections de Rragg, de Baron, de Rivers, et 
sa méthode de culture, telle que nous avons eu l’occasion de 
l’observer, mérite d’être imitée. 

Il est avant tout nécessaire de se procurer des plantes 
d’origine anglaise. 

Tout sol, étant en état de culture, convient aux Roses tré- 
mières; il est cependant nécessaire de le défoncer jusqu’à 
deux pieds de profondeur et de l’engraisser avec du fumier de 
vache décomposé. Une argile sablonneuse, riche en substan- 
ces fertilisantes, est le terrain le plus convenable pour les 
Malva et celui qui exerce l’influence la plus visible sur la 
grandeur des fleurs comme sur la constance et l’éclat du co- 
loris ainsi que sur les caractères de la beauté. 

Sous notre climat, la plantation en automne serait préfé- 
rable à celle du printemps, à cause des vents secs qui souf- 
flent chez nous ordinairement à cette saison. Aussitôt que les 
liges florales ont atteint 12 à 16 pouces de hauteur, on sup- 
prime les plus faibles, de sorte qu’il ne reste à une forte plante 
que trois tiges tout au plus, et une seule tige seulement lors- 
que les plantes sont faibles. On éclaircit les boutons à fleurs 
là où ils sont trop serrés, afin que les fleurs puissent se déve- 
lopper complètement. Pendant la saison sèche, les feuilles in- 
férieures jaunissent souvent. Pour obvier à cet inconvénient, 
on retournera la terre autour du pied de la plante et on la 
rafraîchira avec du fumier liquide (de la bouse de vache dé- 
layée dans de l’eau). Les limaçons sont les ennemis les plus 
à craindre pour les Malva; on peut les tuer avec un peu d’u- 


f; 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 125 

rine de vache pourrie qui contient, beaucoup d’ammoniaque; 
ce procédé est le plus efficace. 

Après la floraison, on coupe les tiges à 6 pouces au-dessus 
de la terre. En novembre on ôte la terre autour des racines 
et on met à la place du sable, afin d’empêcher l’humidité de 
l’hiver de gâter les racines. 

La multiplication des A/a/ra est semblable à celle des Dah- 
lias, soit par semence, soit par division des anciennes plantes 
en automne, soit enfin par boutures. Les Anglais donnent la 
préférence à la dernière méthode. 

On force les vieilles plantes de bonne heure au printemps; 
les jeunes pousses munies de cinq ou six yeux sont plantées 
dans des petits pots de 5 pouces remplis de terre sablon- 
neuse qu’on dépose sur une couche tiède. On leur donne 
peu d’eau, de l’air frais tous les jours et on éloigne l’humi- 
dité autant que possible. Au bout de trois semaines les bou- 
tures se seront enracinées; on les rempote alors dans des 
pots plus grands, et on les conserve dans des bâches jusqu à 
ce qu’elles se soient assez fortifiées pour être plantées à de- 
meure. — La division des vieilles souches s exécute comme il 
a été dit, en automne. Chaque partie doit être munie de ra- 
cines et propre à être plantée à demeure. 

Les semences, qu’on ne doit recueillir que sur les fleurs 
les plus parfaites, sont semées en automne sur une couche 
tiède. La terre doit contenir assez d’humidité pour que l’ar- 
rosage ne soit pas nécessaire avant que les jeunes plantes 
n’aient atteint leur deuxième feuille. Dès que les semis sont 
devenus assez forts, on les repique dans de petits pots, 
qu’on place ensuite sous châssis, où l’on donne de l’air lors- 
que le temps est favorable. La transplantation dans la pleine 
terre a lieu en mars ou en avril , suivant l’état de l atmo- 
sphère. Selon que la plantation à demeure a eu lieu plus tôt 
ou plus tard, on peut prolonger la floraison depuis le mois 

d’aoùt jusqu’à la fin d’octobre. 

Les variétés les plus parfaites sous le rapport de la forme 
des fleurs et du coloris, et qui sont dignes de figurer dans une 


JOURNAL 

collection choisie, sont ; Black Prince improved (Gibson’s), 
pourpre foncé presque noir; Coccînea (Barron's), écarlate 
brillant ; Siilphurea elegans (Bragg’s), jaune de soufre tendre; 
Snowball (Chatter’s), blanc de neige tendre; fValden Gem 
(Châtier s) , cramoisi foncé ; Modcl of perfection ( Chatter’s), 
brun de chocolat ; Magnum bonum ( Barron’s ) , brun 
châtaigne ; Mandarin ( Bircham’s ) , nankin ; Rosea alba 
(Chatters), rose et blanc; Cornet (Chatter’s), rouge brillant. 

En semant les graines récoltées de ces variétés, on peut 
être sûr d’obtenir de belles variétés nouvelles, si toutefois 
on observe dans la culture les règles que nous venons d’é^^ 
tablir. 


MÉTHODE POUR HYBRIDISER LES PENSÉES. 

Il faut, lorsqu’on a fait choix d’une belle variété de Pen- 
sées que Ion voudrait hybridiser (ou poudrer) par une va- 
riété de grand mérite, soit sous le rapport de l’harmonie de 
couleurs, soit à cause de la forme ou de la grandeur, cul- 
tiver la première en pot, c’est ce que l’on nomme le pied porte- 
graine ou la mère; on a soin, dès que ce pied est vigoureux 
et que ses fleurs commencent à se montrer, de veiller à ce que 
celles-ci, avant leur épanouissement parfait, soient soumises 
à 1 opération de la castration de leurs étamines; on sau- 
poudre le pistil avec le pollen de l’autre variété méritante, et 
de cette manière on peut espérer d’obtenir des variétés trans- 
cendantes. Celte méthode, très-simple et la seule que l’homme 
puisse employer pour se procurer des produits croisés, est 
connue depuis longtemps; les horticulteurs y ont recours 
principalement dans l’hybridation des plantes dont les fleurs 
présentent les organes générateurs bien visibles et déve- 
loppés, tels que les Amaryllis, les Rhododendrum , les 
Gloxima, les Fuchsia, et beaucoup d’autres plantes; mais 
cette opération, si facile à exécuter sur certaines fleurs, exige 
non-seulement de 1 habileté et de la délicatesse dans le tou- 


425 


D’HORTICULTURE PRATIQUE, 
cher, mais encore quelque habitude dans la distinction des 
formes des organes de la reproduction lorsqu’il s’agit de 
l’appliquer à un très-grand nombre de fleurs délicates, et 
d’une organisation de formes plus compliquée. Ainsi, dans la 
Pensée, les étamines sont cachées à l’œil par le rapproche- 
ment de la partie inférieure du limbe de chacun des cinq 
pétales qui forment la corolle ; ces étamines, au nombre de 
cinq, sont presque sessiles, c’est-à-dire qu’elles sont à peu 
près dépourvues de support ou de queue ; on doit donc 
écarter avec soin les cinq pétales à leur point de rapproche- 
ment au centre de la fleur et enlever avec de fins ciseaux 
chacune des cinq étamines situées autour de la base du stig- 
mate; ce stigmate ou organe femelle est très-développé, renflé 
et présente une fossette presque circulaire; c’est dans cette 
fossette que l’on doit introduire le pollen recueilli sur les 
étamines d’exemplaires remarquables. On voit qu’il est ici 
nécessaire d’opérer avec quelque connaissance de l’organisa- 
tion de la fleur, et que cette opération, du reste facile, de- 
mande de l’observation et de la légèreté dans les doigts. Nous 
pourrions citer une foule d’autres cas où l’hybridation exige 
des observations et des soins attentifs ; mais il suffît d avoir 
sollicité l’attention sur la Pensée pour que les amateurs com- 
prennent l’importance de certains détails de manipulation 
que la théorie ne saurait indiquer. Le collectionneur de Pen- 
sées aura remarqué que les graines sont attachées en assez 
grand nombre au milieu de chacune des trois valves ou divi- 
sions qui forment le fruit ou capsule lorsque ces graines 
sont arrivées à maturité ; il est prudent, pour éviter de perdre 
quelques-unes des graines devenues précieuses par suite de 
l’hybridation, d’envelopper la capsule avant qu’elle ne soit par- 
tagée en trois, d’un morceau de gaze ou de mousseline légère 
que l’on attache autour du pédoncule au moyen d’un fd. De 
cette manière on ne risque pas que les graines soient égarées 
lorsque le fruit éclate. Nous employons avec succès ce même 
moyen pour les graines d’Oxalis, de Balsamines, etc., qui ont 
la singulière propriété de s’élancer avec force et rapidité 


^26 JOURNAL 

hors des capsules dès que celles-ci commencent à s’ouvrir; 
enfin ce moyen est également très-utile pour les plantes à 
capsules minces et à graines fines. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 

L’exposition d’avril de la Société impériale d’horticulture 
de Paris n’a pas été aussi brillante que d’habitude ; l’absten- 
tion de plusieurs horticulteurs a un peu contribué, selon 
l’opinion de quelques visiteurs, à ce résultat. Il y avait 
néanmoins des collections d’un très-grand mérite; c’est ainsi 
que les Pivoines en arbre de M. Guérin-Modeste recueil- 
laient les louanges de tous les amateurs; on cite particuliè- 
rement dans ce contingent les variétés suivantes ; Pivoine 
prince Troubetskoyy Ville de Saint-Denis^ Posa mundi , etc. 
La collection de Pihododendrons de MM. Lemichez frères 
était fort remarquable; on y admirait surtout le Rhododen- 
drum Edgeworthii y magnifique espèce himalayenne, à 
grandes fleurs blanches d’une odeur des plus suaves; les 
Rhododendrons de M. Guérin-Modeste, ayant pour noms 
Aureum speciosum et Aureum siiperbuniy ont été fort ad- 
mirés. Un horticulteur belge, M. de Jonghe, de Bruxelles, 
avait envoyé un superbe exemplaire de Franciscœa eximia, 
la plus belle espèce de ce beau genre brésilien, et un Rhopala 
Jonghiiy baptisédunom de son introducteur; cette magnifique 
Protéacée a fait l’admiration des amateurs, et un prince autri- 
chien, connaisseur en ces matières, nous a dit dernièrement 
que ce Rhopala était, à ses yeux, une des plus belles plantes 
qu’il eût jamais vues. Les Rhopala réunissent en elfet la légè- 
reté et l’élégance de la Fougère arborescente à la majesté du 
Palmier; ils rappellent, mais surpassent en beauté le Gre- 
villea robusta de la Nouvelle-Hollande. 

Un amateur de Bruxelles, M. Lamquet, nous a fait voir 
un Azalea indica, provenu d’une bouture, qui avait sup- 
. porté en pleine terre les fortes gelées de 1855 - 1834 ; nous 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 127 

ne savons pas le nom de cette variété. Par contre, les lau- 
riers de Portugal ont été cruellement ravagés par le froid; 
il ne reste plus, presque partout, que des troncs dépourvus 
de branches et de feuilles, dans des jardins humides et non 
abrités, les arbrisseaux sont morts. V Araucaria imbricata 
et le Taxodium sempervirens ont également beaucoup souf- 
fert : plusieurs sont morts; des Rhododendrons de pleine 
terre en massifs chez M. Vandewiele, près de Malines, et qui 
faisaient l’admiration des amateurs, ont succombé aux gelées 
soudaines de décembre 1855 et de janvier 1854, et cepen- 
dant ces plantes étaient en place depuis nombre d’années. 
Nous pensons que cette mort provient surtout de riiiiinidité 
du sol dans lequel ils se trouvaient. 

— On commence à s’occuper de la culture en grand de la 
Ketmie comestible {Hibiscus escidentus de Linné); les feuilles 
de cette Malvacée constituent un légume très-sain, tandis 
que les graines torréfiées peuvent remplacer assez bien le 
café; comme cette Ketmie pousse rapidement, fleurit et 
fructifie en quelques mois, il se pourrait qu’elle devînt chez 
nous d’une certaine importance; on la sème au mois de 
mai, et l’on peut récolter les graines en octobre; elle est con- 
nue dans le commerce dés drogueries sous le nom de Gonibo. 

— On sait que le Madia sativa, cultivé pour l’huile que four- 
nissent ses graines, exhale une odeur forte et désagréable, et 
que, de plus, ses feuilles et ses tiges sont visqueuses; on a 
remarqué qu’aucun insecte (tiquets, pucerons, chenilles, etc.), 
n’attaquaient cette plante et qu’ils s’en écartaient avec soin. 
Cette particularité nous a donné l’idée que l’on pourrait se 
servir avec avantage de cette plante, pour préserver une 
foule de plantes et surtout d’arbres des attaques de ces nom- 
breux insectes et chenilles qui pullulent cette année d’une 
manière inquiétante; comme les tiges du Madia conservent 
même, étant séchées, l’odeur désagréable inhérente à cette 
plante, on pourrait facilement en suspendre quelques pieds 
aux branches d’un arbre envahi par la vermine. 


128 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

— Nous avons, dans le teiïH3s, fnit mention d’une admirable 
Gesnériacée, obtenue par M. Donckelaar, de Gand, par le 
croisement, pensions-nous alors, du Gesneria polyantha 
avec une autre espèce; il paraîtrait que cet hybride aurait 
pour mère le Gesneria discolor, et pour père le Gloxinia 
speciosa. M. le professeur Decaisne croit devoir considérer 
cette Gesnériacée comme une espèce distincte qui se sera intro- 
duite par hasard entre des exemplaires d’autres Gesnériacées. 
Quoi qu’il en soit, ce Gesneria, que M. Ch. Lemaire a décrit 
sous le nom de Gesneria Donckelaariana , dans le tome IV 
du Jardin fleuriste, est une plante de premier ordre, et sera 
recherchée par tous les amateurs. La Flore des serres et des 
jardins de M. Van Houtte en montre, dans le numéro de juin 
1854, un dessin ou plutôt une peinture d’une exactitude re- 
marquable. La tige est comme dans le Gesneria polyantha, 
d’un brun rougeâtre; elle est pubescente de même que les 
pédoncules et le calice; les fleurs, aussi grandes que celles de 
beaucoup de Gloxinia, sont nombreuses et disposées en un 
panicule terminal ; elles sont d’un beau rouge carminé; l’in- 
térieur du lube corollaire est jaune-orangé. Jusqu’à présent, 
dit M. Van Houtte, cette plante n’a pas donné de graines fer- 
tiles; elle se multiplie, du reste, comme les autres Gesneria 
et Gloxinia. « C’est à nos yeux, ajoute cet horticulteur dis- 
tingué, la plus belle conquête que l’art horticole ait faite 
dans ces derniers temps. » Nous sommes entièrement de 
son avis. 


— M. Van Houtte a obtenu de semis un Bégonia très- 
remarquable, c’est le Bégonia xanthina marmorea ; il tient 
le milieu, par ses caractères, entre le Bégonia xanthina et 
le Bégonia rubro renia; mais il les surpasse en beauté, 
grâce à la belle panachure de ses feuilles. La Société d’hor- 
ticulture a décerné à cette plante un premier prix de 
semis. Nous reviendrons plus tard sur cette intéressante 
nouveauté, dont on compare la panachure à celle du Cessas 
marmorea. 





JOURNAL 


D’HORTieClTlIRE PRATIQIII. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 

AZALEA CRISPIFLORA. (W. Hooker.) 

Trouvée par M. Fortune dans des jardins de la Chine, 
celte jolie plante est destinée à briller au premier rang parmi 
les nombreuses espèces et variétés d’Azalées de l’Inde que 
les amateurs européens cultivent en serre froide. Reste à sa- 
voir s’il est possible aux botanistes de garantir l’authenticilé 
spécifique de VAzalea crispiflora ou à fleurs crispées; bien 
que différente de toutes les espèces connues, elle pourrait 
être seulement une variété ou un hybride obtenu à la suite 
d’une longue culture; cette question, dit M. W. Hooker, est 
difficile à résoudre; il ajoute cependant qu’à ses yeux les 
grandes fleurs crispées, les bractées colorées qui entourent la 
base du pédoncule et l’ovaire poilu de cette Azalée, sont au- 
tant de caractères particuliers pour lui faire admettre une 
place dans la série des espèces. Peu importe du reste, l’ori- 
gine de VAzalea crispiflora, car nous croyons que les ama- 
teurs laisseront, comme nous, dormir en paix et dans la nuit 
des temps, les ancêtres de ce bel enfant de la Chine, pour ne 
s’occuper que de ses brillantes qualités, qualités qui le ren- 
dent digne de figurer parmi les plus remarquables Azalées 
obtenues ou introduites jusqu’à ce jour (1). 

(1) Notre planche est empruntée au Botanical Magazine de 1833, 
pl. 4726. 

NS. — JUILLET 18»4. 


9 


150 


JOURNAL 


Nous avons déjà donné la description de VAzalea crispi- 
flora à la page 158 du tome XI (année 1855) du présent 
recueil et nous y renvoyons nos lecteurs, en répétant néan- 
moins que les fleurs sont très-grandes, d’un beau rose-foncé 
à reflets violacés, les deux lobes supérieurs sont ornés de 
macules rapprochées d’un pourpre foncé; le bord des lobes 
est élégamment crispé et d’une façon régulière, manière qui 
les différencie complètement de ces plissures chiffonnées, 
désagréables à l’œil et constituant généralement un défaut 
dans la forme et dans la tenue des fleurs ; cette particularité 
crispée peut devenir une source féconde d’hybrides très-cu- 
rieux et sans doute très-distingués. 

VAzalea Bealii des horticulteurs anglais est aussi une 
belle plante introduite par M. Fortune des jardins de la 
Chine, et appartient, de même que VAzalea crispiflora, à 
cette catégorie de plantes cultivées dont on ignore l’origine et 
la filiation et dont les caractères mixtes rendent la classifica- 
tion incertaine. M. Planchon réunit VAzalea Bealii ainsi que 
d’autres Azalées indiennes au genre Rhododendron, et les 
groupe ensemble dans une section particulière qu’il nomme 
Tsusia (nom chinois des Azalées), et en effet les Rhododen- 
drum Tsusia ont dix étamines comme les véritables Rhodo- 
dendrons, tandis que le genre Azalea n’en offre que cinq. On 
pourra donc aisément savoir auquel des deux genres rapporter 
les Azalées douteuses que l’on possède. VAzalea Bealii des 
horticulteurs présente dix étamines, VAzalea crispiflora 
n’en a que cinq. VAzalea Bealii est une plante fort remar- 
quable par ses grandes fleurs blanches à raies et larges ban- 
delettes pourprées, s’élargissant vers le bord des lobes de 
corolle, comme dans un œillet flamand. 

Ces deux plantes que nous signalons ensemble à l’attention 
des amateurs en raison de leur beauté, de provenir d’une 
commune patrie et parce que nous en sommes redevables à 
un meme introducteur, vont bientôt se répandre dans les 
collections; déjà nos principaux horticulteurs belges peuvent 
en livrer des exemplaires à des prix modérés. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


134 


j^ortif ulturc rtrangfrc. 


PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SCRRB CHAUDE. 

Catasetiim Maso [LiNDLEY), figuré duilS Ic Botcifiicül Md^Cl- 
zme, pl. 4792. — Famille des Orchidées. — Gynandrie- 
Monandrie. 

Quoique introduite depuis plusieurs années de Caraccas 
par M. J. Linden, de Bruxelles, cette Orchidée est encore 
trop peu répandue dans les collections; la grandeur de ses 
fleurs, la singularité presque indescriptible du labelle, et sa 
facile floraison devraient engager les orchidophiles à l’ad- 
meltre dans leurs collections; nous ne savons vraiment pour- 
quoi beaucoup d’amateurs excluent le genre Catasetum de 
leur serre ; il en est peu cependant qui offrent une organisation 
plus intéressante, voire même plus bizarre, et bien que leur 
coloris floral soit souvent d’un vert plus ou moins pâle, la 
hampe qui se dresse vigoureusement ou s’arque avec grâce 
malgré le poids de 8, iO ou 12 grosses fleurs charnues, et 
l’ample feuillage en font des plantes très-remarquables. Un 
reproche qu’on adresse aux Catasetum, c’est d’être d’une 
culture difficile, d’étre fort laids en hiver; il est vrai qu après 
leur floraison, ils se dépouillent de leurs belles et larges 
feuilles, que leurs gros pseudobulbes allongés ainsi dénudés 
ne sont guère élégants, mais combien de plantes favorites 
que nous cultivons depuis nombre d’années se plongent dans 
cet état de torpeur et se dépouillent, pour mieux reposer, de 
leur verte parure; la culture n’offre aucune difficulté sé- 
rieuse; pendant le repos, on les arrosera très-peu ou pas du 
tout; on les liendra dans une serre sèche, bien éclairée, 
près des vitraux; les pseudobulbes en acquerront plus de 


i52 


JOURNAL 


vigueur et les jets futurs seront plus robustes; laissez-les à 
la même place tant que le moment du réveil de la végétation 
sera arrivé; alors commencez à les arroser avec précaution, 
augmentez la dose d’humidité au fur et à mesure de l’accrois- 
sement des jeunes pseudobulbes ; placez vos exemplaires 
dans la partie la plus chaude et la moins ombrée de la serre, 
et arrosez copieusement; bientôt la hampe paraîtra à la base 
du pseudobulbe, et les feuilles auront à peu près acquis 
tout leur développement; on voit que la culture n’est pas 
difficile, elle se résume en deux points importants : séche- 
resse pendant le repos , beaucoup de chaleur et d’humidité 
pendant la période végétative; ces plantes requièrent des 
pots larges fortement drainés et profonds à cause de leurs 
longues et grosses racines. 

Le Catasetum Naso appartient à la section des Myanthits; 
ses fleurs, avant d’être épanouies, feraient facilement con- 
fondre cette espèce avec le Catasetum tridentatum; mais 
une fois épanouies, elles en sont très-différentes. Les sépales 
et pétales sont à peu près de même forme, oblongue lancéo- 
lée, d’un vert pâle en dehors, en dedans ils sont d’un vert 
plus foncé, tirant sur le pourpre, et ornés de macules et de 
larges lignes irrégulières d’un pourpre cramoisi foncé. Il 
est presque impossible de décrire d’une manière compréhen- 
sible la forme extraordinaire du labelle; vu de côté il paraît 
hémisphérique, et se termine par une large corne aplatie que 
l’on a comparée à un nez; vu de face, le labelle est d’une 
belle couleur pourprée-foncée, et se présente comme un hé- 
misphère solide dont le centre serait percé par un grand trou 
en forme de cœur. Cette apparence est due à un rebord épais, 
charnu et presque circulaire qui s’élève au centre du labelle. 
L’épi floral est assez court et porte néanmoins une dizaine 
de fleurs. 

Sir W. Hooker a fait figurer dans le Botanical Magazine 
une variété dont le labelle est plus pourpré et dans lequel le 
rebord circulaire est orangé; l’appendice ou nez est beau- 
coup plus apparent que dans l’espèce à fleurs vertes. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


m 


2^ S£RKE FROIDS. 

Gardénia g^iobosa (Hochstett), figuré dans le Botamcol 
Magazine, pl. 479i . — Famille des Rubiacées. — Pentan- 
drie Monogynie. 

Le Gardénia globosa , ainsi nommé à cause de ses fruits 
globuleux, est originaire de l’Afrique australe, d’où il a été 
introduit dans les serres d’Angleterre par les soins de mes- 
sieurs Backhouse, horticulteurs distingués. 

C’est un joli arbrisseau, d’un port dressé, fleurissant au 
mois de juin; il est très-branchu; ses feuilles sont opposées, 
un peu coriaces, entières, glabres et courtement pétiolées; 
les fleurs sont terminales, solitaires, très-fragrantes; leur 
corolle est assez grande, blanche ou plutôt d’un blanc de 
crème; le tube corollaire, long de deux centimètres et demi, 
est campanulé; le limbe s’étale horizontalement et se divise 
en cinq lobes larges, presque arrondis, aigus à l’extrémité; 
l’orifice du tube corollaire est garni de poils jaunes. 

On mange en Cafrerie les fruits des Gardénia à la manière 
des Nèfles de nos contrées, c’est-à-dire qu’on les conserve jus- 
qu’à ce que leur chair soit devenue molle. 

Ce Gardénia semble être d’une culture facile; il fleurira 
plus vite lorsqu’il sera planté dans un pot de médiocre gran- 
deur. 

Buddieia crispa ( Bentham ) , figuré dans le Bot, Mag,, 
pl. 4793. — Famille des Scrophularinées. — Didynamie 
Angiospermie. 

La première impression que l’on éprouve en voyant cette 
plante, c’est de se dire : «« Quel joli lilas aux feuilles coton- 
neuses et agréablement panachées, les horticulteurs viennent 
de nous inventer ! » et en effet le Buddieia crispa , par ses 
cymes compactes, élevées et chargées de nombreuses fleurs 
d’un violet lilacé à centre blanc ou orangé, à odeur délicieuse 
s’exhalant au loin, peut facilement être confondu à la pre- 


154 


JOURNAL 


mière vue avec quelque beau lilas de nos jardins, un peu 
plus délicat que celui-ci. Le Buddleia supporte les rigueurs 
des hivers de l’Angleterre lorsqu’il est palissé contre un mur, 
ou abrité par une légère couverture de feuilles, ou par une 
enveloppe en paille; sa floraison commence en février et se 
poursuit jusqu’au mois de mai, embaumant une atmosphère 
encore presque glacée d’un parfum des plus agréables et pré- 
curseur des cymes et des bouquets odorants de lilas et de 
roses ; le Buddleia deviendra plus tard le messager du prin- 
temps. 

L’introduction de ce charmant arbrisseau est due à M. le 
major Madden (à qui l’horticulture doit le magnique 
lium giganteuni). Le Buddleia crispa est originaire des ré- 
gions élevées de l’Inde septentrionale (Himalaya occidental, 
Scinde, etc.) ; il s’élève jusqu’à 12 et 14 pieds de hauteur; ses 
branches sont opposées, plus ou moins tétragonales; les feuil- 
les, portées sur des pétioles cotonneux, sontovéesouoblongues, 
les inférieures cordées à la base, les supérieures en forme 
de coin, épaisses, chargées, surtout en dessous, d’un épais du- 
vet ferrugineux ou cendré qui leur donne un aspect pana- 
ché; les bords dentelés ou crispés sont parfois entiers dans 
les feuilles supérieures ; les fleurs sont disposées en capitules 
ou en verticilles compactes formant des épis ou grappes dont 
l’ensemble général donne lieu à un fort panicule. Calice 
ovale, duveteux, à quatre dents. Corolle à tube subcampa- 
nulé allongé; limbe étalé à quatre lobes très-apparents, on- 
dulés et crénelés; la gorge est comprimée et de couleur oran- 
gée : c’est ce qui forme l’œil de la fleur. Étamines au nombre 
de quatre, fleurs lilas, calice vert. 

Les Buddleia aiment un sol assez fort, mais cependant 
bien drainé ; on peut en faire au moyen de la taille des ar- 
brisseaux touffus; on comprendra de suite quelles ressources 
le Buddleia crispa comme plante forcée peut offrir aux horti- 
culteurs et aux bouquetières. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


155 


€a$isioiiefastiftiata (Don), figuré dans le Bot, Mag., pl. 479G. 
Syn. : Andromedafastigiata{WxLUCi\)etAndromedacu- 
pressiformis (Wallich).— Famille des Ericacées. — Dé- 
candrie monogynie. 

Les Cassiope sont de très-petits arbrisseaux à port de 
bruyère, glabres et toujours verts; leurs tiges minces et grêles 
sont presque entièrement cachées sous des feuilles le plus 
souvent imbriquées, ce qui donne à ces plantes un aspect 
à la fois étrange et élégant; quoique natifs des régions gla- 
cées de l’Europe et du nord de l’Amérique et des montagnes 
élevées de THimalaya, les Cassiope doivent être traitées comme 
les plantes alpines délicates. 

La Cassiope fastigiata forme un petit arbrisseau très- 
branchu, à branches couchantes; les feuilles sont très-rappro- 
chées et imbriquées sur quatre plans, de telle sorte que les 
branches deviennent tétragones; elles sont dressées, ovées, 
concaves, sessiles coriaces, avec une carène sur le dos ; cette 
carène présente un sillon profond qui semble la partager en 
deux; les bords de ces curieuses feuilles sont blancs ou ar- 
gentés et ornés de longs cils rapprochés. Les fleurs naissent 
autour et près du sommet des branches ; chacune d’elles est 
attachée solitairement à un pédoncule axillaire, court, poilu, 
courbé; la fleur est grande, vu la taille de la plante, de 
forme campanulée à limbe divisé en cinq lobes étalés, aigus, 
blanche ou d’un blanc rosé. 

Cette espèce est beaucoup plus belle que la Cassiope owAn- 
dromeda tetragona de l’Europe arctique; elle fleurit en mai. 

#$piræa grancliflora (Sir WILLIAM HoOKEr), figuré dans le 
Bot, Mag., pl. 4795. Amelanchier racemosa (Fortune). 
[Mamiscript.) — Famille des Rosacées. — Icosandrie 
pentagynie. 

Cette espèce est très-différente de toutes celles décrites 
jusqu’à ce jour; elle nous paraît destinée à jouer un certain 
rôle dans l’horticulture, à cause de ses grandes fleurs blan- 


JOURNAL 

elles, simples maintenant, mais que nous croyons suscepti- 
bles de devenir facilement doubles entre des mains intelli- 
gentes; elle est originaire du nord de la Chine, d’où elle 
a été envoyée à MM. Standish et Noble par le collecteur 
M. Fortune. 

Le Spirœa grandiflora est de pleine terre, fleurit en mai 
et forme un arbrisseau de taille moyenne; les feuilles sont 
alternes, lancéolées, longues de 5 à 7 centimètres, entières, 
aiguës, glabres; le pétiole n’a guère plus d’un centimètre de 
longueur. Racèmes terminant les branches, dressés, soli- 
taires, et portant six à huit grandes fleurs blanches de beau- 
coup d’eff*et. Pétales au nombre de cinq, grands, presque 
arrondis, un peu onguiculés. Étamines au nombre de 
quinze, insérées par trois sur le bord du disque charnu du 
calice. 

cieinatis barbeiiata ( Edgeworth), figuré dans le Botmiical 

Magazine, pl. 4794. — Syn. : Clematis Nepalemis. 

Royle. — Famille des Renonculacées. — Polyandrie mo- 

nogynie. 

C’est de l’Himalaya occidental, contrée encore peu explorée 
et si riche en belles productions végétales, d’autant plus in- 
téressantes pour nous qu’elles sont destinées à orner nos 
serres froides et surtout nos jardins, que provient la Cle- 
matis harhellata; on en doit l’introduction au major Madden 
qui en envoya des graines au Jardin botanique de Glasnevin 
(Dublin); cette Clématite est fort jolie, très-florifère et rus- 
tique; elle fleurit en mai. 

La Clematis harhellata est grimpante; ses tiges et ses 
branches sont minces, ligneuses, striées, légèrement poilues; 
les feuilles naissent aux nœuds; elles sont ou groupées ou 
disposées à peu près en verticille; chaque feuille est découpée 
en trois segments à longs pédicelles; les segments ou folioles 
sont pétiolés, ovés, très-acuminés, grossièrement dentelés. Les 
pédoncules prennent également naissance aux nœuds, mé- 
surent 8 à 1:2 centimètres de longueur; ils sont poilus et ne 


D’HORTICÜLTUUE PRATIQUE. 437 

portent qu’une seule fleur pendante, grande, peu ouverte, à 
quatre sépales grands, dressés, étalés, recourbés aux extré- 
mités, de manière à former un périanthe campanulé; ce pé- 
rianthe est de couleur chocolat, à bords blancs ou d’un blanc 
de crème; les étamines sont nombreuses, dressées, aplaties 
et moitié plus courtes que le périanthe. 

Cette espèce appartient à la section des Clematis Cheirop- 
sisy reconnaissable surtout par ses pédoncules uniflores ; ses 
fleurs sont nombreuses et d’une couleur fort distinguée ; et, 
bien qu’elles n’ofïrent pas l’ampleur de certaines Clématites 
Japonaises, elles n’en seront pas moins recherchées par les 
amateurs de plantes grimpantes de pleine terre. 

Culture, — De même que la plupart de ses congénères, la 
Clematis barbellata s’accommode de tout terrain et se prête 
parfaitement au palissage contre un mur; on la multiplie de 
couchages ou au moyen de boutures faites sous cloche ; il est 
à croire qu’elle sera bientôt répandue dans tous nos jardins, 
grâces aux graines qu’elle doit donner en abondance. Il est 
préférable, lorsqu’on obtient des graines de Clématite, de 
les semer de suite, bien que ces graines se conservent fraîches 
assez longtemps, dans des terrines ou des pots assez larges 
que l’on place à l’ombre; ces graines restent quelque temps à 
germer; on repique les jeunes plantes en pleine terre en les 
abritant de l’action du soleil pendant quelques jours; on ne 
doit pas oublier que ces plantes grimpantes naissent généra- 
lement au pied d’arbres plus ou moins touffus, et sont ainsi 
protégées dans le jeune âge des ardeurs solaires. 




138 


JOURNAL 


iUtsfcllanifs. 


NOTICE SUR LA CLASSIFICATION DES ROSES. 

Déjà à différentes reprises nous nous sommes proposé de 
publier dans ce journal un petit aperçu sur la classification 
des diverses espèces de roses cultivées dans les jardins, mais 
chaque fois nous avons reculé devant une pareille entreprise 
qui devient de jour en jour plus difficile à mesure que des 
nouvelles variétés sont introduites dans le commerce. L’em^ 
pire des roses est aujourd’hui un vrai dédale où la décou- 
verte des espèces types est devenue une chose presque im- 
possible, non-seulement à cause des nombreux hybrides 
que 1 horticulture fait naître, pour ainsi dire, chaque jour, 
mais principalement parce que les formes des fleurs subissent 
des modifications continuelles par la culture. Nous allons 
essayer, malgré ces difficultés, de débrouiller ce chaos, espé- 
rant qu’on nous tiendra compte de notre bonne volonté. 

Les Roses appartiennent presque toutes à l’ancien monde, 
quelques-unes seulement croissent en Amérique, telles que la 
Rosa Moîitezimiœ, qui a été découverte dans les Andes 
mexicaines près de la ville de Mexico, aux environs des mines 
de San-Pedro, près de Régla, de Real-del-Monte, etc.; Rosa 
gemella[ào la Caroline), 6/anc?a(New-Foundland), etc. 
L’horticulteur divise les Roses en trois classes : celles qui ne 
fleurissent qu’une seule fois; celles qui fleurissent deux fois 
l’année (Roses bifères ou remontantes), et enfin celles qui 
fleurissent pendant toute l’année. La science agit d’après 
d’autres principes ; elle classe les Roses d’après des carac- 
tères botaniques, constants et invariables, et cette classifica- 
tion est d’autant plus importante qu’elle peut seule nous 
servir à nous guider dans la connaissance de l’origine des 
espèces et des variétés. 

Il ne sera peut-être pas inutile, avant d’entrer en matière. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

d’initier le lecteur, qui n’est pas botaniste, dans les termes 
qui seront employés dans les descriptions. 

La fleur de la Rose se compose d’abord de ce qu’on appelle 
en botanique ïovaire : c’est la partie située au-dessous de la 
fleur, et qui contient les ovules ou graines 5 cet ovaire est 
plus ou moins arrondi ou plus ou moins allongé; à la matu- 
rité il devient ordinairement rouge et constitue le fruit. L’o- 
vaire est à sa partie supérieure garni de cinq folioles plus ou 
moins allongées, simples ou garnies de petites folioles; elles 
forment ensemble le calice. Les feuilles sont dans les rosiers 
le plus souvent composées de cinq ou sept petites folioles, 
plus ou moins arrondies ou allongées, serretées ou dentelées 
en scie, simplement ou doublement. A la base du pétiole de 
la feuille se trouve de chaque côté une petite feuille soudée 
plus ou moins avec le pétiole qu’on appelle stipule. Outre 
ces caractères généraux, les Roses en offrent un autre qui est 
de la pKis haute importance pour la détermination des 
espèces, ce sont les aiguillons. Ces organes, qui ne manqueiit 
que rarement dans un rosier, sont susceptibles de grandes 
modifications; tantôt ils sont forts, crochus et formidables, 
tantôt ils se transforment en une espèce de soie dure mais 
qui n’est point piquante, tantôt enfin ces soies passent à 
l’état d’un poil raide surmonté d’une glande, qui renferme 
une matière plus ou moins odorante. Quelquelois les pédon- 
cules et les ovaires sont recouverts de poils et d aiguillons 
entremêlés pêle-mêle, circonstance particulière pour laquelle 
Lindley, dans sa monographie des roses, emploie l’expression 
d’armes, que Hayne traduit en centémateux. L’ovaire se ré- 
trécit à l’endroit où les folioles calicinales sont insérées et y 
forment un bord blanchâtre glanduleux. Ce bord est tantôt 
large, tantôt étroit. Les branches et les rameaux sont souvent 
raides et dressés, souvent flexibles et sarmenteux comme 
dans les roses grimpantes dont les plus distinguées sont ori- 
ginaires de l’Asie et notamment de l’Himalaya. 


IM 


JOURNAL 


Classification des Roses. 

Première classe.— iîoses cannelles (Rosœ cinnamomeœ). 

Caractères généraux : Centémateuses ou lisses; tiges seu- 
lement garnies de [leu d’aiguillons; stipules épineuses; fo- 
lioles allongées ou lancéolées, dépourvues de glandes; le 
bord de l’ovaire étroit. Le fruit globuleux, glabre, hérissé ou 
hispide. 

Les espèces cultivées sont la Rose de mai ou Rose cannelle, 
à fleurs simples et doubles, à rameaux allongés presque sar- 
menteux, couleur de cannelle, circonstance de laquelle la 
Rose a probablement reçu son nom. Le fruit est glabre. 

La Rose de Caroline (Rosa Carolina de Linné). — Les 
stipules sont roulées; les aiguillons, situés près des stipules, 
sont un peu recourbés; feuilles à sept folioles et à folioles 
larges lancéolées; fleurs en bouquet; folioles calicinales ré- 
fléchies. Fruit globuleux hérissé. Fleurs simples ou doubles. 

Deuxième classe. Rosiers à feuilles de pimprenelle. 
— Caractères généraux : Tige et rameaux ou chargés d’ai- 
guillons droits et très-nombreux, ou glabres, sans stipules; 
feuilles de 9 à H folioles ovales ou allongées; folioles calici- 
nales conniventes, persistantes; bord de l’ovaire peu appa- 
rent. ' 

Espèces cultivées. — Rose des Alpes {Rosa alpina de 
Linné). — Glabre; fruit ovale, pendant; pétiole hérissé. 
De cette espèce nous citerons les variétés suivantes : l" Rosa 
Boursauti , à fleurs blanches et semi-doubles ; elle ne souf- 
fre pas la taille; 2“ Rosa lagenaria de Villars, fruit en 
forme de bouteille; 3“ Rosa latifolia; 4® Rosa lœvis, tout 
à fait glabre; S® Rosa pirenaica de Gouan, fruit et pédon- 
cule hérissés; 6“ Rosa reversa de Presl; tige haute, chargée 
d’aiguillons fins recourbés; pétioles, pédoncules et fruits hé- 
rissés; fleurs semi-doubles, quelquefois panachées de blanc 
et de violet pâle; 7“ Rosa turbinata de Villars, tiges et ra- 
meaux presque glabres; folioles ovales; pédoncules hérissés. 
Rosa sulphurea d Alton , rosier à fleurs d’un jaune-sou- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. U\ 

fre ; stipules linéaires dilatées au sommet ; folioles couleur 
vert de mer; ovaire aplati ; tiges, branches et pétioles armés 
d’aiguillons nombreux et géminés de différente longueur. 
Fleurs inodores, jaune de soufre, souvent avortées ou s’ou- 
vrant imparfaitement. 

Les variétés de la Rosa sulphurea sont : Rosa sulphurea 
pumila, moins haute, à fleurs doubles. Ces Roses ne doivent 
pas être taillées; on se borne à élaguer le bois superflu. La 
Rose jaune de Perse appartient à cette catégorie, et en est 
peut-être la mère plante. 

Rosier très-épineux [Rosa spinosissima) , — Aiguillons 
inégaux; folioles arrondies ou ovales arrondies, planes, gla- 
bres; fruit globuleux, glabre; pédoncule hispide; tige et pé- 
tioles abondamment munis d’aiguillons. 

Les variétés de la Rosa spinosissima sont : 1® Rosa pim- 
pinellifolia ; tige de 2 à 4 pieds, rameuse, brunâtre; ra- 
meaux courts, raides; aiguillons nombreux, droits, inégaux; 
folioles au nombre de 5 à 9, ovales, arrondies, petites, ob- 
tuses, serretées, lisses, vert foncé cendré, semblables aux 
feuilles de la pimprenelle; pétioles rudes; ovaires globuleux, 
luisants, bruns dans leur maturité , coriaces ; folioles calici- 
nales indivises courtes. Fleurs nombreuses, blanches sim- 
ples, jaunâtres ou rouge pâle; 2® Rosa argentea, tige et ra- 
meaux munis d’aiguillons entremêlés de soies; pédoncules et 
calices pourprés; fleurs semi-doubles; folioles blanchâtres 
en dessous; 3® Rosa flavescens; pédoncule et ovaire glabres, 
fleurs jaunâtres; Rosa pumila, plus petite dans toutes ses 
parties; Rosa microcarpa; (S"" Rosa myriacantha, folioles 
très-petites; aiguillons nombreux; pédoncule et ovaire rudes; 
fleurs petites blanches; 7® Rosa altaica, tige élevée; folioles 
larges, pédoncules et ovaires glabres; fleurs blanches; 
8® Rosa macrophylla; 9® Rosa reversa, tige garnie à la base 
d’aiguillons réfléchis; fruit ovale; fleurs blanc jaunâtre; 
10^^ Rosa mariburgensis , tiges, rameaux et pédoncules plus 
ou moins glabres; 41® Rosa marmorata, fleurs plus ou 
moins marbrées de blanc et de rouge, très-petites; folioles 


JOURNAL 


Li2 

très-petites, arrondies; tiges et rameaux plus ou moins épi- 
neux, etc. 

Toutes les Roses de cette classe sont faciles à distinguer 
parleur port raide, leurs rameaux serrés, par de petites 
folioles arrondies ou ovales , de nombreux aiguillons droits 
et fins et par leurs fruits globuleux ; en un mot par un air 
de famille qui ne se dément dans aucune des variétés qui y 
appartiennent. 

Dans les collections, les Roses à feuilles de pimprenelle 
sont représentées par de nombreuses variétés à fleurs blan- 
ches, chair, rose, pourpre, cramoisi, violacées, simples, 
semi-doubles et pleines. 

La TROISIÈME CLASSE Comprend les Roses à cent-feuilles. 
— Armées d’aiguillons et de soies (Roses hispides), les 
feuilles sont munies à la base de stipules; folioles ovales ou 
allongées, rugueuses; le bord de l’ovaire renflé, resserré, 
fermant l’entrée de l’ovaire; lanières calicinales divisées. 

Espèces cultivées dans les jardins. 

Rose Damas {Rosa damascena). Ovaires allongés, gluti- 
neux, chargés ainsi que le pédoncule de poils glanduleux; 
pétiole épineux; folioles calicinales réfléchies. Ce Rosier 
forme un buisson touffu; les tiges et les rameaux sont armés 
d’aiguillons inégaux, dont les plus forts sont recourbés. Les 
folioles, au nombre de S à 7, sont ovales, un peu raides, 
simplement serretées, glabres au-dessus, velues en dessous 
et ciliées au bord. Fleurs odorantes au nombre de 4 à 20 réu- 
nies en bouquet. 

On cultive de celte espèce plusieurs variétés et un grand 
nombre de sous-variétés. 

Les plus remarquables sont les suivantes : 

La Rose bifère {Rosa semperflorens)^ originaire de la Syrie, 
qui est la souche des Roses remontantes, au moins de toutes 
celles de cette catégorie. Tige haute de 2 à 5 pieds, armée d’ai- 
guillons nombreux, inégaux, rougeâtres; folioles au nombre 
de 5 à 5, ovales, serretées, lisses au-dessus, poilues en des- 
sous, ciliées mais non glanduleuses au bord ; ovaires glandu- 


w 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. Uù 

leux, hispides; fleurs réunies en bouquets au nombre de 5 
â iO, et au-dessus, très-odorantes, plus ou moins doubles, 
paraissant en juin et en automne. 

Les Roses de Portland, Roses perpétuelles, appartiennent 
à la Rose bifère. Les Rosiers de Damas, comme originaires de 
l’Orient, prospèrent mieux dans une exposition à l’abri des 
mauvais vents. On les taillera court en février; lesbifères, ou 
dePortland, ou remontantes, sont taillées une seconde fois 
après la première floraison; à cette occasion il est bon de les 
engraisser pour en obtenir des fleurs plus parfaites. 

Les sous-variétés sont en grand nombre, les perpétuelles 
fleurissent pendant tout l’été et quelquefois en automne. Il y 
en a de blanches, de roses, de rouges, de panachées et 
de moussues, par exemple Rosa menstrualis alba muscosa. 
Les Rosiers de Damas se reconnaissent facilement aux carac- 
tères indiqués ci-dessus. 

Rose à cent- feuilles proprement dite {Rosa centi folia). 
Aiguillons inégaux, les plus grands recourbés, les autres 
droits. Folioles au nombre de 5, b ou 7, ovales, glanduleuses 
au bord, un peu velues en dessous; pétioles sans épines. 
Ovaire ovale, hispide, ainsi que le pédoncule plus ou moins 
visqueux, glanduleux; fruit ovale. Les fleurs sont pen- 
chées, grandes, roses, odorantes, de la forme la plus par- 
faite. 

Variétés : Rosier de Provence [Rosa provincialis). Les 
botanistes, et notamment Du Roi, Aiton, Miller et Hayne, 
rangent cette Rose parmi les cent-feuilles avec lesquelles elle 
a de grands rapports. L’ovaire est globuleux, glanduleux, 
visqueux, ainsi que les pédoncules et les pétioles; aiguillons 
épars, rares. Folioles ovales, cotonneuses en dessous; leurs 
dents sont glanduleuses. Trois des divisions calicinales sont 
élégamment pinnées. Ses fleurs sont d’un pourpre cramoisi 
foncé, velouté. Sous-variétés à fleurs doubles, à couleurs bril- 
lantes veloutées. 

Rose mousseuse [Rosa muscosa). Ovaires et pédoncules 
couverts de mousse glanduleuse. 




JOURNAL 

Rose pompon {Rosa centifolia minor , Rosa pomponia , 
Rosa Devonmisis), plus pelile dans loutes ses parties. 

Rose hipinnee a feuilles doublement pinnées. Fleurs 
pourpre bleuâtre; les pétioles sont teints de rouge, et 
cette couleur s’étend sur une partie des folioles. 

Sous-variétés : Rosa centifolia anemonoides, à fleurs 
d Anémone ; 2^^ Rose à cent- feuilles, boursouflée, à feuilles 
de laitue, très-épineuse; feuilles boursouflées comme celles 
du chou de Savoie; 5^^ Rosa centifolia carnea (Rose Vilmo- 
rin), aiguillons épars ; folioles ovées, planes; fleurs flasques 
en bouquets, pleines; boulons rouges; 4® Rosa centifolia 
caryophyllea ou Rose à fleurs d’œillets. Pétales petits, pointus 
ou tridenlés; 5^ Rosa centifolia crenata. Rose à pétales 
dentés; 6° Rosa centifolia cristata. Fleurs pleines, de très- 
belle forme; les folioles calicinales sont garnies d’une sorte 
de crête et découpées au bord; 7® Rosa centifolia foliacea; 
les divisions calicinales sont munies d’appendices foliacés; 
8® Rosa centifolia Kennedyana ou Rosa pomponia muscosa 
(Rose pompon moussue). On en trouve des variétés à fleurs 
blanches et prolifères ; 9® Rosa centifolia Kingstoniana 
(Rose cent-feuilles Kingston), comme la Rose pompon, mais 
les pétales sont étalés ; 10^ Rosa centifolia maxima (rose des 
peintres) ou Rosa pictorum ; c’est la plus belle des Roses; 

Rosa centifolia unica (Rose unique) : cette variété ne 
porte quelquefois qu’une fleur sur chaque rameau; souvent 
il y en a 3, 4 et 5. Les pétales extérieurs sont blancs, et le 
centre de la fleur d’un joli rose. Il y en a aussi une variété 
où se trouve l’opposé : les pétales extérieurs sont roses, les 
intérieurs blancs. 

De toutes ces variétés et sous-variétés, il y a une foule de 
variétés produites par la culture et par le croisement avec 
d’autres espèces, de sorte que souvent il est très-difficile d’en 
reconnaître l’origine ni l’espèce type auquel elles appartien- 
nent; d’autant plus que ces croisements sont le plus souvent 
opérés à l’insu du propriétaire par les insectes et par le 
vent. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 145 

La plupart des hybrides provenant d’une Rose à cent 
feuilles croisée avec le pollen d’une autre espèce, se distin- 
guent par les belles formes de la fleur et une excellente 
odeur. 

Rose gallique [Rosa gallica ) , Rose de Provins j Rose de 
France, Rose officinale, Rose provinciale de Bourgogne, etc. 
— Aiguillons petits, épars, faibles, inégaux, presque droits. 
Ovaire globuleux ou ovale-globuleux, glabre, un peu chargé 
de glandes; pédoncules hispides; pétiole légèrement épi- 
neux ; divisions calicinales simples. Les fleurs réunies en 
bouquet au sommet des rameaux diffèrent par la grandeur, 
le coloris et la forme. 

Ce Rosier varie beaucoup dans la hauteur de la tige et dans 
la ramification, ce qui est cause qu’il existe à son égard une 
grande confusion dans les catalogues des jardiniers; c’est 
surtout avec la Rose à cent feuilles qu’on confond les Roses 
de Provins. Les variétés les plus connues de la Rose gallique 
sont : 

Rosa gallica elatior, à haute tige de 5 à 4 pieds; 

Rosa gallica pumila, tige de 1 i/2 pied ; 

Rosa gallica pidchella, à petites fleurs pleines ^ 

Rosa gallica marmorea, à fleurs doubles ou semi-doubles; 

Rosa gallica officinalis; ovaires et pédoncules glanduleux; 
fleurs grandes, rouge foncé, simples ou semi-doubles. De 
cette variété on a le plus grand nombre de sous-variétés ; 

Rosa gallica Agatha, à fleurs de Renoncule ; 

Rosa gallica inermis, sans aiguillons; fleurs pleines, 
pourpres; 

Rosa gallica parvifolia, à petites feuilles; c’est la petite 
Rose de Bourgogne; tige de f à 1 1/2 pied, presque sans 
épines; folioles ovées, très-petites, rugueuses, velues en 
dessous; ovaire globuleux, glabre; fleurs nombreuses, 
petites, pleines, rouge lustré de violet. 

SCH. 




,1 ri LL ET 1854, 


10 


m 


146 JOURNAL 

FRAGMENTS RE NOTES 

d’i\NE excursion BOTANICO-HORTICOLE A LIERRE. 

Arrivés le 23 juillet 1854, à Lierre, jolie ville 

située à 2 lieues et demie au nord-est de Malines, nous nous 
empressâmes de rendre une visite à M. Ch. Van Eeckhoven, 
pharmacien, qui depuis 1849 s’est occupé de la maladie de 
la vigne. Cet homme distingué par son intelligence et son 
savoir, expérimentait sur les ceps de sa serre et sur ceux 
plantés à l’air depuis l’apparition de Voidium Tuckeri, et, 
modeste comme tous les esprits supérieurs, il attendit, avec 
ses coassociés MM. Schram et Bessière, que plusieurs années 
eussent démontré l’infaillibilité de leur méthode. Accompa- 
gné de notre estimable ami M. Muller, amateur et cultiva- 
teur distingué de plantes de pleine terre, nous examinâmes 
avec soin les grappes magnifiques qui pendaient sous les 
châssis de la serre. Nous fûmes frappés de l’admirable coup 
d’œil qui se présentait à nous ; de tous les côtés nos regards 
s’attachaient sur de grosses grappes d’un bleu foncé, à grains 
d’une pureté de forme irréprochable, sans rides , sans ma- 
cules, â peau mince et recouverte de cette fleur bleuâtre qui 
annonce l’excellence et la santé. Le moment d’admiration 
passé, nous dégustâmes quelques grappes, et nous les trou- 
vâmes aussi bonnes que leur apparence était belle; le feuil- 
lage était ample, vigoureux; il était facile de voir que 
Voidiiim avait été vaincu dès son début. M. Van Eeckhoven 
nous dit avoir obtenu, chaque année depuis 1852, les mêmes 
résultats, résultats tellement remarquables que M. le comte 
de Marnix de Montens , frère du grand maréchal du palais, 
en fit demander quelques grappes à M. Van Eeckhoven, pour 
se convaincre de la vérité d’une guérison dont la rumeur était 
parvenue jusqu’à ses oreilles. Il fut frappé de la perfection 
de goût et de maturité de ces raisins, et engagea Tinventeur 
à en offrir à Sa Majesté. M. Schram, l’un des coassociés de 
M. Van Eeckhoven, a saisi cette idée heureuse et se propose 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 147 

de faire hommage à S. M. Léopold, d’un panier de ces rai- 
sins d’une réussite aussi parfaite, et nul doute que le Roi, 
dont chacun a pu apprécier l’intérêt qu’il porte à riiorticul- 
ture, ne daigne l’admettre à sa table. 

Notre attention fut ensuite appelée sur les divers ceps 
cultivés à l’air libre, et traités par la même méthode que nous 
avons signalée à deux reprises. Les grappes étaient fort nom- 
breuses, les grains de la grosseur d’un petit-pois, le tout 
croissait avec cette vigueur que donne la santé. Cette visite 
nous a plus que jamais convaincu qu’enfîn le véritable re- 
mède pour la guérison de la vigne était trouvé, et que les 
cultivateurs et viticulteurs pouvaient désormais y ajouter 
une confiance entière. 

Dans les belles serres de M*"® Peeters, veuve de l’ancien 
bourgmestre de Lierre, nous remarquâmes que les raisins 
soumis au même traitement que ceux de M. Van Eeckhoven 
étaient fort beaux; ils étaient seulement un peu moins avan- 
cés (circonstance indépendante de l’action du remède). Nous 
avons également remarqué que quelques ceps oubliés à des- 
sein dans une serre, étaient envahis par Voidium au plus haut 
degré : feuilles recouvertes de filaments blancs; grappes à 
grains ridés, fendus et nauséabonds. En parcourant les vastes 
jardins de la belle propriété de Peeters, notre attention 
fut fixée sur de jeunes ceps dont les feuilles mesuraient jus- 
qu’à 15 et 18 centimètres de diamètre. Plus loin des Gro- 
seilliers à maquereau de diverses variétés attestaient par leurs 
volumineux produits les soins intelligents que l’aimable pro- 
priétaire accorde aux progrès horticoles. Dans deux serres 
nous remarquâmes un grand nombre d’Ananas d’une belle 
croissance et surtout d’une grande propreté. Il n’y avait pas 
moins de 80 pieds portant fruits. Une autre serre, en partie 
occupée par des raisins Frankenthaler presque mûrs, présen- 
tait une rangée de Pêchers palissés et chargés de fruits bien 
colorés. Enfin nous ne pouvons abandonner le toit hospita- 
lier de M"'® Peeters, sans jeter un dernier regard sur une 
belle avenue formée par deux rangées d’ormes côtoyant une 


148 


JOURNAL 


longue route pavée, et dont les branches, disposées avec un 
art infini , forment en s’arc-boutant un berceau feuillé au- 
dessus de la route. 

De retour à la capitale, nous trouvâmes des lettres de cor- 
respondants du midi de la France (des départements de la 
Corrèze, de l’Hérault, etc.), qui nous marquaient que les essais 
qu’ils faisaient sur de grands vignobles avec le système de 
MM. Bessière, Van Eeckhoven et Schram, réussissaient jus- 
qu’à ce jour au gré de leurs désirs, et que déjà leurs voisins 
abandonnaient le système du soufrage et autres méthodes, 
qui paraissaient ne pas devoir leur donner de résultats assez 
positifs. Nous apprenons en outre que des essais se font en 
ce moment à Bordeaux et à Lyon. En même temps que l’on 
nous signale les avantages du système Bessière et compagnie et 
son pouvoir sur la guérison de la vigne attaquée par Voidium 
Tuckeriyon nous fait part que ce remède semble être sans 
force contre un autre terrible fléau qui menace actuellement 
les vignes ; ce mal, c’est le rougeot ou rougeole. Les grains de 
raisin qui dépérissent présentent une concavité que l’on 
attribuerait d’abord à la pression du doigt sur le grain ; mais 
bientôt le raisin devient brun, se ride et sèche; les pédon- 
cules et pédicelles sèchent également, et la grappe entière 
suit ce malheureux sort. Si ce que l’on nous rapporte des 
caractères du rougeot est exact, nous serions porté à croire 
que les raisins que l’on nous soumet et provenant des serres 
de M. Suys, architecte de la ville, seraient attaqués de cette 
cruelle maladie, laquelle, très-différente de celle de Voidiimiy 
ne porte pas comme cette dernière la poussière blanche 
putride que l’on connaît; mais avant de devenir fauves et 
secs, les grains attaqués du rougeot ne présentent aucun 
signe extérieur de maladie. 

On nous cite, dans une lettre du Midi, que le moyen curatif 
de MM. Bessière et compagnie, appliqué à un vignoble planté 
en vignes nommées Arramond et en vignes du Tei^et rouge, a 
réussi à détruire Voidium qui couvrait V Arramond, mais que 
sa vertu a été sans force pour combattre le rougeot qui 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. lil> 

attaquait le Teret; remarquons que YArramond est un raisin 
plus précoce, que sa peau est plus tendre que le Teret 
rouge, et que depuis trois années il était cruellement frappé 
par V oïdium. C’est depuis l’an passé que le Teret rouge est 
en proie à la maladie du rougeot, sorte de désorganisation 
gangreneuse intérieure qui ii’a nulle ressemblance avec Voi- 
dium. 

Nous avons dû entrer dans ces détails sur la présence et le 
cours de cette nouvelle maladie, pour que l’on ne croie pas 
que nous veuillons préconiser le système Bessière et compa- 
gnie comme une panacée infaillible contre tous les maux qui 
pourraient affliger la vigne, mais nous cherchons avant tout 
la vérité. 

Nous terminerons cet article sur la grave question de la 
maladie de la vigne, en disant que nous avons observé 
dans les serres de M. le colonel Moyard, à Schaerbeek-lez- 
Bruxelles, que les raisins trailés par MM. Bessière et Schram 
parvenaient à une maturité complète. Cette guérison nous a 
paru d’autant plus extraordinaire, que M. le colonel Moyard 
avait employé l’an passé, et meme cette année-ci, plusieurs 
remèdes tels que Thydrosulfure de chaux, le chlorure de 
chaux, le badigeonnage au goudron et à la chaux du bois de 
la vigne, et que, malgré tous ces remèdes appliqués les uns 
après les autres, ils n’ont nullement empêché le système 
Bessière et compagnie d’agir avec bonheur sur des vignes 
horriblement attaquées en avril par Voidium, et qui n’ont 
été confiées aux soins de ces messieurs que fort tard. Quel- 
ques raisins guéris sont enveloppés d’une pellicule brunâtre 
sous laquelle apparaît la peau lisse et fraîche du grain ; cette 
pellicule brune pourrait être formée par la réunion des fila- 
ments de Voidium tué par le remède. 


m 


JOURNAL 


m 


POMOLOGIE. 

LAPS DE TEMPS QUI DOIT S’ÉCOULER ENTRE LA PLANTATION DES 
JEUNES ARBRES FRUITIERS ET LEUR PREMIÈRE TAILLE ( 1 ), 
PAR M. DU BREUIL. 

J’ai toujours conseillé tle n’appliquer la première taille aux 
jeunes arbres fruitiers, le Pêcher excepté, qu’un an environ 
après leur plantation , c’est-à-dire après leur reprise, et l’ex- 
périence a constamment justifié cette méthode. Toutefois, 
quelques praticiens, mettant encore en doute l’efficacité de ce 
mode d’opérer, il me paraît utile de revenir ici sur cette 
importante question. 

Principes théoriques. 

On ne peut former convenablement la charpente des arbres 
fruitiers qu’’autant qu’ils se développent yigoureusement. - 
Les jeunes arbres récemment plantés ne présentent ce degré 
de vigueur qu’après avoir pris possession du sol, c’est-à-dire 
après avoir développé de nouvelles radicules pour remplacer 
celles détruites par la transplantalion ; car c’est alors seule- 
ment que ces arbres peuvent puiser abondamment dans la 
terre les éléments nutritifs nécessaires à leur végétation. Ce 
nouvel appareil de racines ne peut se former que sous l’in- 
fluence du développement des feuilles , car celles-ci sont les 
organes qui engendrent les racines. — D’où il résulte que plus 


( 1 ) Nous trouvons dans l’intéressant journal publié à Marseille, et 
intitulé: V U orticulteur provençal, numéro du 15 juin 1854 , un excel- 
lent article dû à la plume de M. du Breuil, pomologue distingué, sur 
la plantation des jeunes arbres fruitiers. Cet article, sur lequel nous 
appelons vivement l'attention des personnes qui cherchent à garnir 
leurs jardins de beaux arbres fruitiers, est très-important en ce qu’il 
détruit d’anciens préjugés, et explique pourquoi les amateurs éprou- 
vent tant de mécomptes dans leurs plantations, mécomptes que l’on 
rejette sur les pépiniéristes fournisseurs, tandis qu’ils ne doivent être, 
le plus souvent, attribués qu’à l’incurie ou à l’insouciance des jardin 
niers, [ISote de la rédaction belge.) 




D’HORTICULTURE PRATIQUE. 151 

un jeune arbre développera de feuilles, plus ses racines seront 
nombreuses et plus sa vigueur sera grande. — Or, la pre- 
mière taille appliquée aux jeunes arbres a pour but de faire 
développer, vers la base de la tige, les branches nécessaires 
à la formation de la charpente, et ce résultat ne peut être 
obtenu qu’en recepant la tige à O™, 40 au-dessus de la greffe, 
et à 0™,20 au plus pour les arbres en espalier. D’où il suit 
qu’on enlève ainsi à l’arbre presque tous ses boutons et qu’on 
le prive alors de la plus grande partie des bourgeons et, 
partant, des feuilles qu’il eût développées. On conçoit que 
cette suppression presque complète des organes générateurs 
des racines, empêche celles-ci de réparer les pertes éprou- 
vées par suite de la déplantation, et que la végétation qui 
succède à cette opération est faible , languissante et ne peut 
donner lieu aux bourgeons vigoureux dont on a besoin pour 
former la charpente de l’arbre. 

Toutefois, l’évolution des boutons de ces jeunes arbres ne 
peut avoir lieu que par une action suffisante de la sève ascen- 
dante. Dans ceux qui n’ont pas été transplantés, cette force 
est assez intense pour agir efficacement sur le développe- 
ment de tous leurs boutons, parce que la masse de racines 
qui puisent cette sève dans le sol est proportionnée au nom- 
bre de boutons que porte la tige. Mais dans les arbres qu’on 
vient de transplanter, il en est presque toujours autrement : 
une partie notable des racines, et surtout les points essen- 
tiellement absorbants, les extrémités radiculaires sont re- 
tranchées ou altérées par suite de la déplanlation. Pour ces 
arbres, il n’y a plus rapport entre la masse des racines et 
l’étendue de la tige qu’elles doivent alimenter. Si l’on 
n’opère aucune suppression sur la tige de ces arbres immé- 
diatement après leur plantation, le peu de sève que pour- 
ront fournir les racines partageant son action entre tous les 
boulons, ceux ci n’en recevront qu’une influence insuffisante, 
et ne donneront lieu qu’à quelques bourgeons longs de 
quelques millimètres seulement, et pourvus d’un très-petit 
nombre de feuilles languissantes. 'L’action absorbante des 


1^2 JOURNAL 

racines étant aussi frop faible pour réparer les pertes d’hu- 
midité qu éprouvera la îigesous l’influence desséchante de l’air 
et du soleil, beaucoup de ces arbres pourront périr pendant 
l’été suivant.il est bien entendu que ces effets se produiront 
avec d’autant plus d’intensité que les arbres auront plus 
mauvais pied, que le terrain sera plus sec, que la plantation 
sera faite au printemps et quecette saisonsera moinshumide. 

De là résulte donc la nécessité de pratiquer non pas une 
première taille, mais seulement quelques retranchements 
sur la tige des jeunes arbres en les plantant afin de rétablir 
l’équilibre entre cette partie et les racines qui doivent l’ali- 
menter. On comprend dès lors que ces suppressions doivent 
égaler à peu près celles éprouvées par les racines. Si Ton 
néglige cette opération, le développement des bourgeons et 
des feuilles se faisant à peine, on ne verra pas se former le 
nouvel appareil de racines que le retard apporté à l’applica- 
tion de la première taille avait pour but de faire naître, et 
l’on aura un insuccès égal à celui qu’eût donné la première 
taille opérée immédiatement après la plantation. 

Si, au contraire, on retranche sur la tige des jeunes 
arbres, immédiatement après la plantation, une proportion 
de rameaux égale aux pertes éprouvées par les racines, les 
boulons conservés recevront une action suffisante de la sève 
pour donner lieu, pendant l’été, à autant de bourgeons pour- 
vus de feuilles nombreuses, et celles-ci produiront un nouvel 
appareil de racines. Si, au printemps suivant, on applique à 
ces jeunes arbres le recepage résultant de la première taille, 
on concentre alors toute l’action de la sève, abondamment 
fournie par de nombreuses racines, sur quelques boulons 
seulement, et l’on force ceux-ci à produire de très-vigoureux 
bourgeons à l’aide desquels on forme facilement la charpente 
de l’arbre. 

Faits à l'appui de cette théorie, 

La pralique m’a constamment montré l’exactitude de cette 
théorie, mais l’expérience suivante que j’ai tentée à Rouen, il 


D'HORTICULTURE PRATIQUE JS5 

y a quelques années, ne laisse aucun doute à cet égard. J’ai 
planté, à l’automne, 50 poiriers appartenant à la même 
variété, greffés sur cognassier, âgés de deux ans, ayant été 
déplantés avec le même soin et placés sous l’influence des 
mêmes circonstances. Dix de ces arbres reçurent la première 
taille au printemps suivant, c'est-à-dire qu’on les recepa 
à 0™,40 au-dessus du sol. Dix autres ne reçurent qu’un habil- 
lage, c’est-à-dire qu’on retrancha le tiers environ de la lon- 
gueur des rameaux vigoureux pour rétablir l’équilibre entre 
la tige et les racines. Les dix derniers furent laissés intacts. 

A la fin de l’automne suivant, les dix arbres taillés n’avaient 
développé que quatre ou cinq rameaux maigres et dont les 
plus longs ne dépassaient pas 0“,40. Cinq d’entre eux, qui 
furent déplantés, montrèrent qu’ils n’avaient développé 
qu’une très-faible quantité de nouvelles racines. 

Les dix sujets dont la tige n’avait éprouvé que des suppres- 
sions partielles, avaient épanoui tous leurs boutons, et cha- 
cun d’eux avait donné lieu à un petit rameau dont quelques- 
uns présentaient 0«',40 de longueur. Cinq d’entre eux, qui 
furent déplantés, permirent de constater que les racines 
avaient produit pendant l’été une très-grande quantité de 
radicules. Enfin les dix arbres laissés intacts avaient aussi 
épanoui un grand nombre de leurs boutons, mais ceux-ci 
n’avaient donné lieu qu’à autant de boutons à fleurs portés 
sur un petit axe long de 0"^,01 au plus. 

J’ai remarqué, en outre, sur ceux qui furent déplantés, 
qu’ils avaient encore moins développé de nouvelles racines 
que ceux auxquels on avait appliqué la première taille au 
printemps précédent. 

Au printemps suivant, les cinq premiers arbres reçurent 
la seconde taille; les cinq sujets habillés seulement l’année 
précédente reçurent la première taille, c’est-à-dire qu’on les 
recepa à O"', 40 au-dessus du sol. Il en fut de même des cinq 
arbres qui étaient restés intacts. Après la végétation, les cinq 
premiers avaient produit de nouveaux rameaux encore assez 
maigres quoiqu’un peu plus vigoureux que ceux de l’année 


JOURNAL 


iU 

précédente. Les cinq arbres qui avaient été seulement 
habillés lors de la plantation, avaient développé six à huit 
rameaux d’au moins un mètre de longueur. De sorte que le 
produit de cette première taille équivalait au double de celui 
des deux tailles faites sur les premiers arbres. Enfin, les cinq 
sujets laissés entiers lors de la plantation ne portaient que 
trois ou quatre petits rameaux plus chétifs encore que ceux 
des arbres taillés aussitôt après la plantation. 

Ces faits, comme on le voit, ne laissent aucun doute sur 
l’utilité du retard apporté à la première taille. Ils sont d’ail- 
leurs complètement en harmonie avec ce qui se passe encore 
malheureusement dans la pratique du plus grand nombre 
des jardiniers. En effet, la plupart d’entre eux taillent leurs 
arbres en les plantant. Ceux-ci ne donnent lieu qu’à de chétifs 
rameaux qui sont encore taillés l’année suivante. L’année 
subséquente, les arbres, toujours languissants, se couvrent 
de boutons à fleurs et de fruits qui achèvent de les épuiser, 
de sorte que ces arbres arrivent à la décrépitude au bout 
d’un très-petit nombre d’années et sans qu’on ait pu former 
leur charpente. 

On cite, il est vrai, des résultats qui semblent contredire 
ceux que nous venons d’indiquer; mais après m’être enquis 
des circonstances sous l’influence desquelles ils s’étaient 
produits, j’ai pu me convaincre que cette contradiction n’est 
qu’apparente. Ainsi, on a obtenu parfois une végétation 
vigoureuse sur de jeunes arbres taillés l’année même de leur 
plantation. Mais il convient d’ajouter que ces arbres, déplacés 
à l’automne, avaient été déplantés avec le plus grand soin, 
presque en motte , de façon à conserver intactes toutes les 
radicules. On comprend alors que ces arbres, n’ayant été 
privés d’aucun de leurs organes nourriciers, aient pu donner 
lieu, au printemps suivant, à une végétation aussi vigoureuse 
que si on ne les eût pas transplantés. 

Est-ce là ce qui se passe dans la pratique habituelle ? Non 
assurément. Le plus grand nombre des jeunes arbres sont 
achetés dans des pépinières souvent fort éloignées du lieu 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 455 

où l’on plante. Les arbres y sont fréquemment plutôt arrachés 
que déplantés ; les racines et surtout les radicules se dessè- 
chent sous l’action du soleil et de l’air, jusqu’au moment d’un 
emballage qui ne les garantit que très-imparfaitement de 
cette influence fâcheuse; de sorte qu’à leur arrivée au lieu 
de destination, ces arbres ont perdu plus de la moitié de 
leurs racines. Qu’on veuille alors appliquer immédiatement 
la première taille à ces arbres, et l’on peut être assuré que 
les chétifs résultats que je viens d’indiquer se produiront* 
C’est donc pour ces sortes de plantations, qui sont les plus 
générales, que nous conseillons de n’appliquer la première 
taille qu’après la reprise des arbres, et non pour celles tout 
exceptionnelles où les arbres n’ont pas à reprendre. 

Conclusions. 

De tout ce qui précède, il résulte donc la nécessité de 
n’appliquer la première taille aux jeunes arbres fruitiers 
qu’après qu’ils sont complètement repris, c’est-à dire un an 
environ après leur plantation; et, en second lieu, qu’il con- 
vient, en les plantant, de supprimer sur la tige une étendue 
de rameaux égale aux pertes éprouvées par les racines. Il y 
aura d’ailleurs toujours plus d’inconvénient à faire un retran- 
chement insuffisant qu’à l’exagérer un peu. L’insuffisance de 
ces suppressions de rameaux sera démontrée à la fin de la 
végétation par l’absence, sur la tige, de nouveaux rameaux 
un peu vigoureux. Dans ce cas , il faudra s’abstenir de pra- 
tiquer la première taille au printemps suivant, car l’arbre 
ne serait pas assez enraciné. On devra opérer seulement de 
nouvelles suppressions et remettre la taille à l’année subsé- 
quente. Dans tous les cas, on devra bien se garder délaisser 
porter des fruits aux jeunes arbres avant l’été qui suit la 
troisième taille, attendu que ces fruits absorberaient, au dé- 
triment de l’arbre, la sève dont il a besoin d’employer toute 
l’action pour former sa charpente. 

Quant aux jeunes arbres qui présentent l’état languissant 
dont nous avons parlé, par suite de l’application de la pre- 


JOURNAL 


mière taille immédiatement après la plantation^ il n’y a 
d’autre moyen à tenter pour leur rendre une vigueur conve- 
nable qu’à les receper de nouveau au-dessous du point où 
ils ont été coupés d’abord, puis à supprimer toutes les bran- 
ches latérales. Si cette opération énergique ne réussit pas, il 
faudra les remplacer. 

Les principes que je viens d’exposer s’appliquent à toutes 
les espèces d’arbres fruitiers, moins le Pêcher que j’ai 
excepté au début de cet article. Cette espèce offre, en effet, 
ce fait particulier que les boutons qui ne font pas leur évolu- 
tion pendant l’été qui suit celui qui a présidé à leur nais- 
sance, sont anéantis l’année suivante. D’où il suit que, si l’on 
ne pratiquait pas la première taille sur ces arbres aussitôt 
après leur plantation, les boutons placés vers la base de la 
tige, et qui sont indispensables pour former la charpente, 
ne se développeraient plus. 

Paris, 17 avril 1854. A. du Breuil. 


TERRE CHIMIQUE POUR ACTIVER LA VÉGÉTATION. 

A la dernière exposition de la Société d’horticulture de 
Marseille, nous avions présenté diverses plantes en vase 
d’une belle végétation et une corbeille contenant notre terre 
chimique. Plusieurs de nos collègues nous ayant prié de leur 
donner connaissance de cette composition, nous nous faisons 
un devoir de nous rendre à leurs instances. 

Prenez : 

Terre de bruyère 



Terre franche 

Poussier de charbon de bois. 


Mélangez exactement et passez au crible ou à la claie. 
D’autre part, mettez dans un tonneau défoncé et de la con- 
tenance de six hectolitres : 

Crottin de cheval sur litière prise sous la bête, dans la partie 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. m 

la plus chargée d’urine et de crottins ; un cabas de meunier (i). 

Crottin de chèvre, ou bête à laine, ou litière prise sous ces 
animaux, dans la partie la plus chargée d’urine : même quantité. 

Fiente de poule, un double décalitre. 

Vieux fers (clous, etc.), deux kil. 

Versez de l’eau dans le tonneau jusqu’à cinquante centi- 
mètres du bord. 

Agitez ce mélange avec une barre de bois, laissez le re- 
poser pendant dix joyrs, et soutirez l’eau par un trou fait à 
environ cinquante centimètres du fond. 

Ajoutez de l’eau pendant deux mois à mesure de son épui- 
sement, en ayant soin, chaque fois, d’agiter le mélange une 
heure avant de vous en servir. Il faut tenir le tonneau cou- 
vert et autant que possible dans un endroit chaud ou exposé 
aux rayons solaires. 

Remplissez vos vases de la terre dont nous avons donné 
la composition plus haut, et saturez-la avec l’eau ci-dessu« 
indiquée. Il faut avoir bien soin de drainer les pots à environ 
un quart de leur hauteur avec des débris de vases, ou, mieux 
encore, avec des pots de fraise brisés, ou toute autre sub- 
stance poreuse. Continuez d’arroser vos vases tous les deux 
jours avec l’eau indiquée. 

Il est bien entendu que la première eau qu’on retire du 
tonneau doit servir à saturer la terre; les eaux subséquentes 
à l’arrosage. L’on doit faire la plus grande attention de ne 
pas toucher les feuilles avec cette eau, car elle les brûle; 
on doit les arroser avec de l’eau simple. 

Les graines mises dans cette terre lèveront avec la plus 
grande facilité et les jeunes plants seront préservés des in- 
sectes. Elle nous a bien réussi pour la culture des plantes 
potagères en pots. Les plantes exotiques s’y trouvent bien si 
elles y ont levé. 

Le SiCÂRD, 

Secrétaire de la Société d’horticulture de Marseille. 


(1) Le cabas est rond et son diamètre est d’environ 50 centimètres ; 
sa profondeur varie de 20 à 25 centimètres. 


lo8 


JOURNAL 


LA SIÏE CONSIDÉRÉE COMME LE MEILLEUR MOYEN 

CONTRE LES FOURMIS ET LES VERS DE TERRE. 

(Traduit de la Flore des jardins.) 

Quiconque s’esl occupé de culture sait quel mal on doit 
se donner pour se défendre contre les dégradations que com- 
mettent les vers de terre et les fourmis. Les vers de terre, 
surtout, minent et bouleversent complètement la terre dans 
les pots à fleurs et bouchent en outre les trous des vases au 
point que l’eau ne peut plus s’en écouler, ce qui est cause 
que les racines pourrissent. Les fourmis ne sont pas moins à 
craindre, car certaines espèces rongent les bourgeons et les 
racines, et font dépérir les plantes dont elles ont choisi les 
racines pour y établir leur demeure. Les vers de terre aug- 
mentent l’humidité dans les pots à fleurs, en l’empêchant de 
s’écouler, tandis que les fourmis, en ameublissant la terre, 
font au contraire évaporer trop vite cette humidité. Ainsi ces 
deux ennemis des plantes produisent des effets opposés qui 
sont également nuisibles et mortels pour les plantes. 

Tous les moyens recommandés et mis en usage contre les 
ravages de ces insectes ne sont pas applicables dans toutes les 
circonstances; souvent le mal est déjà trop avancé et le secours 
arrive trop tard. En général on ne devrait pas attendre l’en- 
nemi, il faut lui interdire l’entrée et prendre au contraire 
des mesures préventives. Dans cette vue j’ai découvert, après 
plusieurs essais infructueux, un moyen que ces deux insectes 
délestent au même degré; il ne nuit point aux plantes, mais 
leur est plutôt très-utile : ce moyen, c’est la suie des chemi- 
nées que l’on mélange avec la terre dans la proportion d’une 
demi-once environ sur une pelletée de tepTe. Le trop est tou- 
jours nuisible, dit le proverbe, est applicable aussi dans cette 
occasion, car la suie employée en trop forte dose peut nuire 
aux plantes autant que les fourmis et les vers de terre. Lors- 
que les fourmis se sont établies dans les vases à orangers où 


im 


D’HORTICULTURE PRATIQUE, 
elles font la chasse aux pucerons, on répandra de la suie sur 
la surface de la terre, et elles déguerpiront au plus vite; il 
est bon de mélanger la suie avec la terre de la surface. Quand 
il y a des vers de terre dans le pot, on fait bouillir la suie avec 
de l’eau; ensuite, après le refroidissement, on arrose la terre 
avec cette eau qui les fait mourir. Scn. 


RECETTE POUR DÉTRUIRE LES KERMÈS, PUNAISES, ETC., 

SUR LES ORANGERS. 

Ces insectes font beaucoup de mal aux Orangers, en retar- 
dent la végétation, les font jaunir, de telle sorte qu’aban- 
donnée aux attaques de cette vermine, une collection d’Oran- 
gers est rapidement dépouillée de son feuillage et peut même 
devenir très-malade, si l’on ne s’empresse d’y appliquer un 
prompt remède; celui que nous offrons à nos lecteurs est 
employé avec succès par un jardinier anglais. On prend pour 
!24 litres d’eau, un quart de kilo de savon noir, un huitième 
de kilo de fleur de soufre et une demi-once de noix vomique; 
on mêle ces trois ingrédients dans les 24 litres d’eau bouil- 
lante, en remuant le tout, afin de bien dissoudre le sa- 
von (1); on emploie ce mélange à froid en lavant le dessous 
et le dessus des feuilles avec une éponge; quelques jours après 
ce lavage, on seringue fortement l’Oranger avec de l’eau 
pure; tous les insectes auront disparu. Tous les trois mois 
on devra recommencer cette opération, si l’on tient à conser- 
ver des Orangers frais et vigoureux. 


(1) Ce mélange a beaucoup d'analogie avec Veau fétide de Tatin, 
dont les ingrédients sont ; 

Savon noir, 1 1/2 kilo. 

Fleur de soufre, 1 1/2 

Champignon de bois, 1 
Eau, 56 litres. 

Lorsque ce liquide est devenu fétide, on en asperge les arbres avec 
une seringue à pomme percée de trous. 


160 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Ce meme jardinier a remarqué que lorsque le fruit est 
noué, s’il reste autour de ce jeune fruit ou orange la fleur 
flétrie, la pourriture qui s’empare de cette fleur dont la 
nature est, comme on sait, trés-charnue, se communique au 
fruit et le fait bientôt tomber; il est donc prudent d’enlever 
les fleurs gâtées au fur et à mesure que la fructification 
s’accomplit. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 

Le Coryanthes Fieldinyii (Lindley) vient de fleurir dans la 
serre de M. le sénateur Jenisch. Chaque fleur mesurait 
9 pouces de l’une des extrémités des pétales à l’autre; le 
labelle à lui seul avait 5 pouces de hauteur. — Les serres 
de M. Jenisch sont sous la direction de M. F. B. Kramer, 
habile cultivateur dont les travaux ont été justement appré- 
ciés. Les ordres de l’Étoile polaire et de Danebrog, qui 
viennent d’être conférés à M. Kramer, prouvent l’estime que 
l’on porte dans le nord aux recherches horticulturales diri- 
gées par une forte intelligence. 

Si M. Kramer à Hambourg fait faire des prodiges à se 5 
Orchidées, M. Luddeman, directeur des serres de M. Pesca- 
tore, ce noble patron de l’horticulture, en fait peut-être de 
plus étonnants; ainsi, tout récemment, on voyait à la Celle- 
Saint-Cloud un Phalœnopsis amabiiis grandiflora, portant 
175 fleurs épanouies, disposées sur sept pédoncules ! 


1 






JOURNAL 




D’HORTICUITIIRE PRATIQUE. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 

PÜLMONARIA VIRGINICA (Linné) (d). 

Synonymies : Mertensia virginica de Persoon. — Casselia virginica 
de Dlmorïier. — Lithospermum pulchrum de Lehman. Famille 
des Borraginëes. ~ Pentandrie monogynie. 

Le genre Pulmonar ta, fondé par Linné, comprend environ 
quinze espèces généralement acceptées par les botanistes ac- 
tuels ; sept ou huit espèces, rangées par quelques auteurs 
parmi les Pulmonaria, ont été détachées de ce genre et con- 
fondues, soit dans le genre Lithospermum, soit dans le genre 
Steenhammera (la jolie Pulmonaria maritima de Linné, par 
exemple); enfin la Pulmonaria ormitalis de Miller est de- 
venue la Nonea rosea de Link. Toutes les espèces du genre 
Pulmonaria croissent dans les contrées froides ou monta- 
gneuses du nord et du centre de l’Europe et de l’Amérique 
septentrionale; elles sont toutes vivaces et de pleine terre; 
quelques-unes forment un précieux ornement au printemps 
dans les jardins à sol maigre et sablonneux; la plus belle 
espèce est sans contredit celle qui fait l’objet de cet article, et 
bien qu’elle soit introduite dans les jardins de l’Europe depuis 
plus d’un siècle et demi, elle n’est pas aussi répandue qu’elle 
mérite de l’étre; c’est sans doute à une mauvaise culture que 

(1) Celte planche esl eaugrnrïiéekV Ilorliculteur français, numéro de, 
juin 1854. 

6. AOCT i8a4. I l 


1G2 


JOURNAL 


l’on doit attribuer l’abandon dans lequel on laisse cette jolie 
plante; il lui faut un sol léger, sablonneux, bien drainé et 
tenu bumide pendant les chaleurs estivales. Dans sa patrie, 
la Pulmonaire de Virginie croît au bord des ruisseaux et des 
rivières, dans un sol sablonneux et dans des endroits bien 
aérés ; ce qui nous indique que dans nos jardins elle doit être 
plantée non sous des arbres comme on le fait généralement, 
mais à mi-ombre sur le devant des massifs, et dans un sol assez 
perméable pour que l’eau des arrosements n’y devienne pas 
stagnante. 

La Pidmonaria virginica forme une plante toufFue peu 
élevée, à tiges glabres, à feuilles alternes, entières, glabres, 
d’un vert cendré, les inférieures pétiolées et obtuses, les su- 
périeures non pétiolées, ovales lancéolées aiguës. Les fleurs 
sont très-nombreuses et par leur réunion forment au sommet 
des tiges une panicule gracieuse composée de plusieurs bou- 
quets fasciculés à b, 6 ou 8 fleurs chacun; la corolle est mo- 
nopétale, en forme d’entonnoir; le limbe est élargi en forme 
de coupe à cinq lobes un peu écbancrés ; le tube de la co- 
rolle est pourpré et le limbe d’un beau bleu d’azur; les fleurs 
commencent à apparaître vers les premiers jours d’avril; 
malheureusement elles durent peu, et dans l’espace de deux 
mois cette jolie Pulmonaire perd ses fleurs et ses feuilles. On 
multiplie cette plante par la séparation des touffes au prin- 
temps après la fleu raison ou mieux encore en automne ou 
par les graines semées aussitôt après leur récolte; la germi- 
nation n’a lieu qu’au printemps suivant. 

L’hiver de 1853-1854 a été fatal dans plusieurs localités à 
la Pidmonaria virginica; elle a été gelée dans l’école de 
botanique du Jardin des plantes de Bruxelles, bien qu’elle y 
fût placée dans des conditions favorables à sa santé. 

La Pulmonaire commune [Pidmonaria officinalis) est une 
assez jolie plante que l’on ne cultive guère que dans les jardins 
botaniques; cette espèce croît sauvage en Belgique, dans les 
bois peu humides et sur les pelouses sèches; elle montre dès 
les premiers jours du printemps ses fleurs bleues et pourpres. 


D'HORTICULTURE PRATIQUE. 11)5 

quelquefois blanches; les macules, d’un vert jaunâtre livide 
de ses feuilles velues ont été comparées aux taches de pou- 
mons malades et ont fait croire pendant longtemps que cette 
plante était douée de grandes vertus dans les maladies de poi- 
trine, surtout dans la phthisie, et c’est même par allusion à 
ces vertus que le nom générique de Pulmonaire lui a été im- 
posé; ajoutons que le peu d’efficacité curative de celle plante 
en a fait abandonner l’usage en médecine. 

On cultive également la Pulmonaria sibirim {Mertensia 
de quelques auteurs), dont les feuilles sont glauques et en 
forme de cœur; ses fleurs sont petites mais fort jolies, bleues, 
disposées en grappes et s’épanouissent en mai et juin; la 
Puhmnaria mollis [Pulmonaria saccharata de Miller), à 
feuilles velues, maculées et à fleurs roses et bleues, disposées 
en plusieurs grappes s’élevant du centre des feuilles. C’est 
une jolie espèce qui fleurit en mai et juin. Ces différentes 
Pulmonaires s’accommodent de tout sol et de toute exposi- 
tion ; les autres espèces décrites par les botanistes ne méri- 
tent pas les honneurs de la culture. 


164 


JOURNAL 




j^orticuUurc ctrangère. 


PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERRE FROIDE* 

Rliotlodeiifiron citriuiii» (HâSSKARL) (1), figuré dailS le Bot, 
Mag., pl. 4797. — Famille des Éricacées. — Décaridrie 
monogynie. 

Ce nouveau rosage a été envoyé de Java à MM. Rollison, de 
Tooting près Londres, par leur collecteur M. Henshall. Dans 
sa patrie, le Rhododejidron citriniim habite le tronc de vieux 
arbres des montagnes marécageuses de Tjiburrum, à b, 000 
pieds anglais au-dessus du niveau de la mer. On le rencontre 
jusqu’à une élévation supramarine de 9,700 pieds, là où la 
température devient presque froide. 

Le Rhododendron citrinnm est un petit arbrisseau tou- 
jours vert et d’une jolie apparence; les branches sont d’un 
vert glabre, rondes et teintées de brun ; les feuilles, portées 
par de courts pétioles, sont étalées, les plus grandes n’ont 
que 5 centimètres de longueur: elles sont obtuses, glabres, 
d’un vert foncé en dessus, le dessous est plus pâle et comme 
pointillé de petites écailles d’un vert pâle; les fleurs, au nom- 
bre de O o,u 6, sont disposées en une ombelle terminale; cha- 
que pédoncule ne porte qu’une seule fleur assez petite, pen- 
dante, de couleur jaune-citron, et d’une odeur très-suave; le 
calice présente cinq lobes très-courts, arrondis, ciliés-glandu- 
leux; la corolle, longue d’environ 2 centimètres, est presque 
campanulée; son limbe est à cinq lobes presque dressés, 


(t) Le Rhododendron citrinum ne présente que cinq étamines. C’est 
encore un exemple de la difficulté pour des élèves en botanique d'ap- 
pliquer rigoureusement ie système linnéen à la détermination des 
genres. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. J 65 

arrondis et émoussés; les cinq anthères sont d’im orange 
foncé, contrastant fort bien avec la couleur pâle de la corolle. 

Cette espèce, par sa petite taille, son feuillage propre et 
frais, son port gracieux , et par ses fleurs mignonnes et odo- 
rantes, sera certainemént bien accueillie par les amateurs et 
surtout par cette catégorie d’amateurs qui doivent borner, 
par manque de grandes serres, leur ambition à cultiver de 
jolies plantes à dimensions exiguës. 

Le Rhododendron citrimim fleurit en mai. 

pittosporiim flaYimi (Sir W. Hooker), figuré dans le Bot. 

Mag.^ pl. 4799. — Famille des Pittosporées. — Pentandrie 

monogynie. 

Ce Pittospore peut être considéré comme le plus beau du 
genre, autant par son ample feuillage que par son corymbe 
de belles et grandes fleurs jaunes et orangées. Le Jardin bota- 
nique de Kew en doit l’introduction à feu M. Bidwill, qui le 
découvrit dans l’Australie orientale. 

Le Pittosporum flaviim forme un arbrisseau de taille 
moyenne et très-branchu ; ses feuilles, généralement alternes, 
sont quelquefois opposées ou même verticillées, très-grandes 
(aucune autre espèce n’olfre d’aussi grandes feuilles), obo- 
vées-lancéolées, courtement acuminées, très-entières, coria- 
ces, glabres, à pétiole court ; corymbe composé et présentant 
de grandes fleurs jaunes, naissant d’un long pédoncule ter- 
minal ; pédicelles pubescents ; bractées linéaires-siibulaires ; 
celles situées à la naissance du corymbe sur l’extrémité supé- 
rieure du pédoncule forment une espèce d’involucre; calice 
à cinq sépales dressés, concaves, soyeux; cinq pétales très- 
soyeux à l’extérieur, longuement onguiculés, de manière â 
former, dans la moitié inférieure de leur longueur un tube 
allongé, tandis que l’extrémité supérieure du limbe est irès- 
élargie et étalée ; l’ouverture du tube est ornée de fortes stries 
de couleur orange, s’étendant assez avant sur le limbe. 

Le Pittosporum flaviim fleurit en février. 

D’après le capitaine Pbilipp King, qui en fit un dessin sur 


166 


JOURNAL 

les lieux d’origine, les graines sont ailées, et cette circon- 
stance pourrait donner lieu à la création d’un nouveau genre 
voisin des Pittospormn et que le capitaine King nommerait 
Ifymenosporum . 

Le genre Pittosponnn comprend au delà de quarante 
espèces, originaires pour la plupart de la Nouvelle-Hollande. 
Toutes se cultivent en serre froide, dans un sol composé de 
terre franche, de terre de bruyère et de sable; les vases doi- 
vent être bien drainés. On ne rempote que lorsque les pots 
sont complètement tapissés par les racines. On les multiplie 
d(î marcottes et plus difficilement de boutures; on greffe les 
meilleures espèces sur le Pittosporum ufidulatum, qui donne 
assez facilement des graines et qui se bouture sans difficulté. 
Le Pittosporum Tohira ou de la Chine se foi ce aisément et 
embaume en hiver les salons par l’odeur de fleur d’oranger 
de ses ombelles de fleurs blanches. 

nrimys wiiiteri (FoRST.), figuré dans le , pi . 4800. 

“ Famille des Magnoliacées. — Polyandrie monogynie. 

Cet arbre, célèbre en médecine par les propriétés antiscor- 
butiques de son écorce, vient de fleurir dans le Jardin bota- 
nique de Kew. On doit la connaissance de l’écorce de Winter 
(nom que ce végétal porte chez les pharmaciens et les dro- 
guistes) au capitaine Winter, qui découvrit l’arbre en 1578, 
dans la Patagonie et dans la Terre de Feu. Ce n’est que depuis 
quelques années que des exemplaires vivants ont été intro- 
duits dans les serres froides de l’Angleterre. Le Drimys 
Winteri est une fort belle plante, mais sa taille élevée 
(40 pieds de hauteur dans sa patrie) s’opposera à ce qu’elle soit 
admise dans les serres ordinaires; sa place sera plutôt dans 
les jardins botaniques. Les feuilles sont alternes, coriaces, 
entières, d’un beau vert en dessus, glauques en dessous et 
très-aromatiques ; de Faisselle des feuilles supérieures naissent 
des pédoncules portant 5 à 9 fleurs à longs pédicelles et for- 
mant une élégante ombelle; les fleurs sont assez grandes, pen- 
dantes, d’un blanc de crème, et se composent de 8 à i 2 pétales 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 167 

étalés; le calice est formé par deux sépales ovés presque con- 
caves. Les fleurs se montrent en juin. 

Il paraîtrait, suivant les savantes recherches de sirW. IIoo- 
ker, que les Drimys granatmsi^, chilensis et mexîcana, ne 
formeraient avec le Drîmys Winteri qu’une seule et même 
espèce, occupant, s’il en était ainsi, une immense aire géo- 
graphique, depuis la Terre de Feu jusqu’aux parties septen- 
trionales du Mexique, en suivant constamment les montagnes 
dont les pentes inclinent vers l’océan Pacifique. 

Le Drimys Winteri ou écorce de Winter a perdu de sa 
vogue depuis l’introduclion de la Canella alba dans la ma- 
tière médicale. Cette dernière plante jouissant de propriétés 
analogues plus énergiques. 

i^erocliaiiuni ro.seoim (Sir W. HoOKEr), figuré dailS le Bot. 

Mag.^ pl. 4801. ~ Famille des Composées. — Syngé- 

nésie égale. 

Cette plante rappelle à la premièrè vue les fleurs de quel- 
ques Immortelles prodigieusement développées, mais ses 
caractères botaniques l’en distinguent de suite; elle est origi- 
naire, ainsi que ses quatre ou cinq congénères, de la partie 
S. O. de la Nouvelle-Hollande; le Jardin botanique de Kew 
reçut l’an passé de M. Drummond les graines de VAcrocli- 
ninm roseum, et les plantes obtenues de ce semis ont parfai- 
tement fleuri cet été; c’est une très-jolie plante annuelle de 
serre froide et probablement de plein air, dont les larges 
capitules d’un rose vif et le feuillage d’un vert pâle seront 
appréciés par les amateurs. 

VAcroclinium roseum s’élève à un pied ou deux au-dessus; 
du sol, donne beaucoup de tiges; ses feuilles sont glabres, 
linéaires, presque décurrentes; les capitules varient dans 
leur grandeur; leur diamètre oscille entre un demi-pouce et 
2 pouces (5 centimètres); ils sont d’un beau rose vif, à œil 
jaune doré; l’involucre est composé d’écailles de longueurs 
différentes; les extérieures ou les plus rapprochées du som- 
met de la tige sont petites et vertes; elles deviennent plus 


468 JOURNAL 

lon^ies à mesure qu’elles se rapprochent du réceptacle floral ; 
et leur couleur devient d’un rose foncé; les fleurs sont d’un 
jaune doré, et par leur ensemble constituent Vœil du capi- 
tule. 

Nous croyons que l’on devra appliquer à cette plante la 
culture de l’immortelle. 

Riiododendroii lepidotum, var. Chloranthum (Hooker), 
figuré dans le Bot. Mag., pl. 4802. Syn. : Rhododendron 
salignnm ( Hooker fils ). 

Le Rhododeiidron lepidotuni ou écailleux est un petit ar- 
brisseau rameux couvert de petites écailles ou squames blan- 
ches ou ferrugineuses; les feuilles sont petites et ressemblent 
beaucoup à celles de certaines Azalées; elles sont obovées- 
lancéolées, courtement pétiolées; les pédoncules floraux ter- 
minent les branches et portent de une à trois fleurs très- 
petites, tantôt jaunes, tantôt pourprées, enfin parfois d’un vert 
jaunâtre comme dans la variété faisant l’objet de cet article; 
les étamines sont au nombre de 8 ( dans la planche il y en 
a iO). 

Cette variété fleurit en mai; c’est une gentille plante bi- 
malayéenne, mais faisant peu d’effet. Nous croyons utile de 
faire remarquer aux amateurs que le Rhododendron salig- 
num et sans doute le Rhododendron elœagnoïdes forment 
avec le Rhododendron lepidotum une seule et même espèce. 

Canipanuniæa lanccolata ( SiEBOLD et ZüCC.), figuré dans la 
Flore des Serres et Jardins de l'Europe, pl. 927. — Fa- 
mille des Campanulacées. — Pentandrie monogynie. 

C’est du Japon que le savant docteur Siebold introduit 
dans nos cultures une Campanulacée fort intéressante qu’il 
nomme Campanumœa lanceolata; le genre avait été anté- 
rieurement fondé par le botaniste Blume sur deux espèce^' 
de l’archipel malayen. Mais il n’était pas encore connu en Eu- 
rope à l’état vivant. M. L. Van Houtte, juste appréciateur 
des mérites d’une plante nouvelle , s’est empressé d’en faire 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. IGO 

l’acquisition, c’est-à-dire que notre japonaise sera bien reçue 
des amateurs de plantes de serre froide , surtout lorsqu’ils 
sauront qu’elle est grimpante et qu’elle est très-florifère; le 
nombre de plantes grimpantes et réellement de serre froide 
est assez restreint pour que la nouvelle venue soit recher- 
chée. 

Le Campanumœa lanceolata présente une tige volubile 
très-ramifiée, naissant au printemps de la racine tubéreuse; 
les feuilles sont fasciculées, courtement pétiolées, oblongues- 
lancéolées, très-entières, glabres, presque glauques en des- 
sous. Les fleurs se montrent à l’extrémité des rameaux; elles 
sont solitaires, assez grandes; la corolle est campanulée et 
son limbe est assez profondément incisé en cinq lobes acumi- 
nés, un peu étalés; le tube campanulé de la corolle est d’un 
vert clair ou vert de mer; la partie intérieure des lobes du 
limbe est agréablement ornée de veines pourprées, formant 
une espèce d’élégant réseau sur le fond vert-jaunâtre de 
l’intérieur de la corolle. 

M. Van Houtte dit que cette Campanulacée perd ses tiges 
en automne et ne demande en hiver que l’abri d’une serre 
tempérée, le pot placé sur une tablette sèche. On la rem- 
pote au printemps dans une terre légère et substantielle; on 
active sa végétation en la mettant pendant quelque temps 
dans une serre chaude près des jours, traitement que l’on 
sait, du reste, être le plus favorable à l’émission des tiges dans 
les plantes tubéreuses et lactescentes; il est probable, ajoute 
le savant horticulteur gantois, que la Campamimœa lanceo- 
lata soit appelée à figurer, pendant l’été, en plein air dans 
nos parterres ou comme garniture de murailles. Un exem- 
plaire était couvert à la fin de juillet dernier de plus de 
200 fleurs. 


170 


JOURNAL 


iHisffllttnéeô. 

CULTURE maraîchère. 

CULTURE DES ASPERGES, PAR M. THIERRY (1). 

Dans l’automne qui précède la plantation, M. Thierry fait 
enlever un fer de bêche de la terre des carrés ou des plan- 
ches où il veut planter ses Asperges, puis il fait cultiver le 
terrain deux ou trois fois pendant le cours de l’hiver, et à un 
bon fer de bêche de profondeur, de manière à bien l’ameu- 
blir et à le purger des pierres et des racines qui pourraient 
s y trouver. Lorsque l’époque de la plantation est arrivée, 
c est*à-dire dans le courant de mars ou au commencement 
d avril, M. Thierry donne un dernier labour, en ayant soin 
de fumer fortement avec du fumier ordinaire, auquel il joint 
un peu de son engrais animal, mais en s’abstenant de mettre 
au fond de ses tranchées 50 à 40 centimètres d épaisseur de 
fumier, ainsi que cela se pratique ordinairement : c’est là 
une très-grande économie dans la dépense première, et l’ex- 
périence a prouvé qu’elle ne nuit pas au développement de 
la plante ni à la beauté des produits. Seulement, dans un sol 
humide et peu perméable, il serait bon de placer au fond des 
Iranchées un lit de vieux plâtras, de cailloux ou de grosse 
grève, pour faciliter l’écoulement des eaux. Puis, sur le ter- 
rain ainsi préparé, M. Thierry forme, avec la main, de petits 


(1) Nous extrayons cet article de l’intéressant rapport fait à la So- 
ciété d'horticulture de l’Aube (16® Bulletin, août 1854-), par son prési- 
dent M. Ferrand la Motte; nous croyons que la méthode deM. Thierry 
mérite d’être adoptée par les cultivateurs d’Asperges ; car, parce sys- 
tème, les produits sont plus beaux, de meilleure qualité et partant 
d’une valeur commerciale plus élevée. — Nos lecteurs remarqueront 
que cet article est de circonstance, puisque nous approchons à grands 
pas de l'automne. 


D’HORTICULTURE PU ATIQÜE. ili 

monticules qu’il espace de 65 à 70 centimèlres en tous sens, 
et, au centre de ces petites élévations, il place la grifle d’As- 
perge, en ayant soin d’étendre toutes les racines à l’entour, 
en évitant qu’elles s’enchevêtrent, ainsi, du reste, que cela 
se pratique généralement partout. 

Pour la plantation, M. Thierry choisit du plant de deux 
ans, de l’espèce dite grosse violette de Hollande, qu’il fait 
venir habituellement de chez M. Vilmorin, de Paris, ou 
d’une variété dont les tiges, au lieu d’être cylindriques, affec- 
tent une forme aplatie, variété qui paraît excellente sous 
tous les rapports; quoi qu’il en soit, lorsque le plant a été 
mis en place, et espacé ainsi que nous venons de le dire, 
M. Thierry le recouvre de 4 à 6 centimètres seulement de 
terreau ordinaire bien consommé, auquel il a ajouté du sable 
gras, des cendres de tourbe, des gazons pourris, un peu de 
chaux et d’engrais animal, en ayant le plus grand soin d’ex- 
traire toutes les pierres et tous les corps qui pourraient s’op- 
j)Oser à la libre sortie des jeunes pousses. Si l’été est sec, il 
faut ajouter 2 ou 5 centimètres de terreau, afin d’éviter que 
la sécheresse atteigne les griffes. 

Les autres soins à donner, pendant la première année, 
consistent à sarcler le jeune plant et à le débarrasser des 
insectes qui quelquefois le dévorent. A la fin de rautomne, 
et lorsque les fortes gelées sont à craindre, M. Thierry re- 
couvre les carrés d’une litière de fumier long, qu’il retire au 
printemps pour la remplacer par 2 ou 5 centimètres de ter- 
reau préparé comme nous venons de le dire. Cette culture 
est continuée ainsi pendant trois ans, c’est-à-dire couverture 
de fumier pendant l’hiver, et adjonction de 2 ou 5 centimè- 
tres de terreau au printemps. 

Jusqu’ici cette culture ne s’éloigne pas sensiblement de ce 
qui se pratique partout; maisc’estau momentoù leplanld’As- 
perges entre en rapport, c’est-à-dire à la quatrième pousse, 
et quelquefois dès la troisième, lorsque le plant est assez 
fort, que commence un mode de culture auquel M. Thierry 
attribue les succès qu’il obtient. Lorsque ce plant doit être 


m 


JOURNAL 

mis en rapport, M. Thierry porte à 20 centimètres au moins 
l’épaisseur de la couche de terreau qui recouvre les griffes, 
puis il augmente encore momentanément cette épaisseur de 
4 à 5 centimètres en buttant avec la main les têtes d’As- 
perge, aussitôt qu’il les voit poindre à fleur du terrain ; c’est 
au moyen de cette disposition et de celte précaution qu’il 
obtient des Asperges qui ont une longueur moyenne de 50 à 
55 centimètres, lorsqu’elles sont cueillies. 

Comme tout le monde le fait, M. Thierry continue la ré- 
colte de ses Asperges jusque vers la Saint-Jean , quelquefois 
un peu moins, lorsque l’été est sec ou que le plant a com- 
mencé à donner de bonne heure. Vers la fin d’août ou au 
commencement de septembre, lorsque les tiges sont mûres et 
parfaitement aoûtées, M. Thierry retire environ iO à 12 cen- 
timètres du terreau qui recouvre ses Asperges, de manière 
que les griffes ne soient plus qu’à 8 ou 10 centimètres de la 
surface, et puissent ainsi recevoir plus directement les in- 
fluences atmosphériques. L’avantage qui résulte de cette 
simple opération, c’est de les empêcher de s’élever rapide- 
ment, la nature ne demandant pas que l’Asperge soit aussi 
profondément placée dans la terre. 

A l’approche des fortes gelées on recouvre les carrés de 
fumier long; pendant l’hiver on travaille le terreau qui a été 
enlevé et on y ajoute de nouveaux éléments de fertilité : un 
peu de terreau neuf, un peu de sable, des cendres de 
tourbe, etc., la diversité de ces agents étant une cause bien 
reconnue de la vigueur de la végétation. Au printemps on 
recouvre les Asperges de ce terreau, renouvelé et amélioré, 
jusqu’à la hauteur de 20 centimètres au moins, pour l’en- 
lever de nouveau à la fin de l’été, et continuer ainsi tous 
les ans. 

M. Thierry ne coupe pas ses Asperges entre deux terres, 
au moyen d’un instrument tranchant. Lorsque l’Asperge, 
qu’il a buttée ainsi que nous l’avons dit plus haut, s’élève de 
4 à 5 centimètres au-dessus de la butte, M. Thierry, à l’aide 
d’une sorte de petite houlette en fer, fouille la terre et dégage 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 175 

la tige presque jusque sur la griffe, opération assez facile 
dans un terrain très-meuble et purgé de tous corps durs; 
puis, avec les mains, ou mieux encore au moyen d’un petit 
instrument approprié à cet usage, il saisit l’Asperge près du 
collet, et, par un léger mouvement de torsion ou d’écarte- 
ment, il détache la tige de la griffe, et évite ainsi la perte de 
sève qui aurait lieu dans la partie coupée au-dessus de la 
griffe, en même temps qu’il conserve à l’Asperge toute sa 
longueur. 

Nous avons fini, messieurs, tout ce que nous avions à 
vous dire sur la culture; mais il ne suffisait pas à votre com- 
mission d’avoir constaté que les produits de M. Thierry sont 
remarquables par leur grosseur, il fallait encore rechercher 
si cet avantage n’est pas atténué par une infériorité dans la 
qualité, ce qui serait un grave inconvénient et un défaut ca- 
pital dans une plante essentiellement culinaire. 

Mais, à cet égard, messieurs, nous pouvons complètement 
vous rassurer. M. Thierry nous a remis une botte des As- 
perges qui avaient été cueillies devant nous dans ses divers 
carrés; nous les avons soumises, après leur cuisson, à la 
comparaison, avec des Asperges cultivées par la méthode 
ordinaire; et nous les avons reconnues d’une très-bonne 
qualité. Nous avons donc la satisfaction de pouvoir vous 
assurer que, sous ce dernier rapport, comme sous celui de 
la grosseur, les Asperges de M. Thierry nous ont paru pou- 
voir soutenir toute comparaison, et ne le céder à aucune. 

Votre commission a été plus loin , elle a prié l’un de ses 
membres, M. Louis Oudard, de faire l’analyse chimique de 
ces Asperges, et cette dernière épreuve, dont je vais avoir 
l’honneur de vous donner le résultat, a dignement couronné 
la série de nos investigations, et suffira, nous l’espérons, 
pour démontrer aux plus incrédules que les Asperges de 
M. Thierry sont aussi parfaites par la finesse de la substance 
que par la beauté de la forme. 

(4 continuer,) 


174 


JOURNAL 


w 


GREFFE AUTOMNALE. 

C’est au printemps, comme on sait, que l’on a l’habitude 
de greffer les arbres fruitiers, mais l’opération n’est pas tou- 
jours suivie de succès, car, à cette époque, il règne souvent 
des vents du nord et du nord-est qui dessèchent les greffes 
avant que la soudure soit achevée. L’année dernière encore, 
un grand nombre de nos greffes ont éprouvé cette influence 
fâcheuse, et c’est là un accident qui occasionne une perte 
d’une année pour tous les sujets atteints et qu’il serait im> 
portant de prévenir. 

D’un autre côté , à cette époque le pépiniériste est accablé 
de besogne et il ne lui est pas permis de profiter de l’instant 
où l’écorce se détache facilement pour écussonner les sujets. 
De là une nouvelle perte de temps. 

C’est pour remédier à ces inconvénients que l’année der- 
nière , j’ai tenté de greffer à une époque où l’on n’a point 
encore, si je ne me trompe, essayé de mettre cette opération 
en pratique. J’ai choisi pour cela la dernière quinzaine de 
septembre, au moment où l’écorce ne se détachait plus assez 
bien pour écussonner, et mes essais ont été couronnés d’un 
grand succès. En effet, j’ai pratiqué la greffe en fente sur 
vingt sujets de poiriers au mois de septembre dernier, et 
j’ai réussi au delà de mes espérances. 

Aujourd’hui les greffes du mois de septembre 1855 ont en 
moyenne 40 centimètres de plus que celles qui ont été faites 
dans le courant du dernier printemps, quoique tous les sujets 
aient été placés dans des conditions identiques. 

En opérant au moment que j’ai indiqué, la soudure est ac- 
complie à l’arrivée des froids; donc les greffes n’ont rien à 
craindre; ainsi celles que j’ai faites en septembre 1855 ont 
parfaitement résisté aux rigueurs du dernier hiver. Au prin- 
temps, elles commencent à pousser avec les autres ramifica- 
tions; tandis que celles qui ont été faites après l'hiver 
n’entrent en végétation que trois ou quatre semaines plus 


fr 


D’HOaTICÜLTURE PRATIQUE. 175 

tard, ce qui occasionne une différence notable dans les 
pousses de l’année. 

En septembre les vents desséchants sont beaucoup moins à 
craindre qu’au printemps, et de plus les jardiniers ont beau- 
coup plus de loisirs. En adoptant mon système automnal, on 
aurait deux époques au lieu d’une pour greffer, ce qui répar- 
tirait mieux la besogne. 

J’engage mes confrères à répéter mes essais, puisqu’ils ont 
eu un plein succès. Je me propose de les renouveler cette 
année, non-seulement sur les poiriers, mais aussi sur les 
pruniers et sur les cerisiers, lesquels, comme on sait, sont 
plus exposés à souffrir des influences prémentionnées que 
les arbres sur lesquels j’ai opéré. 

Tirlemont, le 21 août 1854. 

IlippoLYTE Millet fils. 


ClASSlFICAT10i\ DES ROSES. 

(Suite. — Voir p. 140.) 

Lù petite Rose de Bourgogne [Rosa burgundica, Ross.; 
Ros.y t. IV) croît à l’état sauvage sur les montagnes des 
environs de Dijon; comme la Rose à cent feuilles, elle est 
toujours à fleurs doubles lorsqu’elle est cultivée dans les 
jardins. 

La quatrième classe comprend les Roses revêtues d’un 
duvet, ce sont les Rosœ villosœ; leurs rameaux sont longs 
et raides ; les folioles ovées ou allongées, à dents écartées ; les 
divisions calicinales, conniventes et persistantes; le bord du 
calice épais, fortement rétréci; les aiguillons presque droits. 

Rosier turbiné; Rose de Francfort, Rose à gros cul {Rosa 
turbinata d’Aiîon; Rosa campanu lata, Rosa franco furtana). 
Ovaire gros, court, en toupie, garni, ainsique les pédoncules, 
de poils; pétiole velu; aiguillons épars, un peu recourbés; 
fleurs roses, doubles, peu odorantes, formant des bouquets. 


i76 


JOURNAL 


Elles s’épanouissent imparfaitement si le temps n’est pas très- 
favorable. Ce Rosier exige beaucoup d’engrais. 

Rosier hispide (Rosa villosa, L. ; Rosa po7nifera, Rosa 
gracilis). Les folioles sont elliptiques, obtuses; fruit gros, 
chargé, ainsi que le pédoncule, de poils hispides; folioles cali* 
cinales glanduleuses, visqueuses. Ce Rosier forme un large 
buisson, quelquefois même un petit arbre, dont la tige 
atteint la grosseur d’un bras d’bomme, armé d’aiguillons 
rougeâtres à large base. 

Les fleurs, d’un rose vif, sont odorantes et donnent un 
fruit gros, écarlate, hérissé de poils épais. Ce fruit se mange 
en confiture. 

La plupart des variétés de la Rose hispide ont des fleurs 
roses ou blanches, semi-doubles, odorantes. La Rosa pomi- 
fera est cultivée pour ses fruits qui atteignent la grosseur 
d’une pomme api. Elles aiment un terrain fertile riche en 
humus, et n’aiment pas la trop grande humidité. On ne les 
taille pas. 

Rosier cotonneux [Rosa tomentosa de Smith; Rosa ca- 
7iina tonientosa, Desv.). Les aiguillons sont longs, droits, un 
peu comprimés à la base; folioles plus ou moins cotonneuses 
sur les deux surfaces, plus petites que dans l’espèce précé- 
dente, ovées, presque doublement dentées; ovaire ainsi que 
le pédoncule hérissé de poils; fleurs pâles ou blanches, 
odorantes. 

Il y a des variétés de cette Rose semi-doubles et pleines, 
et variant dans la nuance des fleurs. Les Rosa scabriiiscula 
de Smith; fœtida, resinosa de Lindley, et farinosa de Rau, 
ne sont que des variétés. Ces Rosiers ne supportent pas la 
taille des rameaux. 

Rosier blanc [Rosa alba. Lin. Miller). La lige atteint jus- 
qu’à 10 pieds de hauteur suivant le terrain, les aiguillons 
grêles, recourbés, épars, manquant souvent; folioles arron- 
dies, ovées, pointues, grisâtres, glauques, rugueuses au- 
dessus, pâles ou duveteuses au-dessous ; pétioles velus, glan- 
duleux, épineux; ovaire ové , lisse; folioles calicinales 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. i77 

semi-pennées; pédoncules allongés, glanduleux, hispides; 
fleurs blanches ou légèrement couleur de chair, lorsqu’elles 
commencent à s’épanouir, odorantes. 

Cette Rose, une des plus anciennes dans nos jardins, croît 
à l’état sauvage, en Autriche, en Carinthie et dans quelques 
autres localités du midi de l’Europe. Les variétés de la Rose 
blanche sont très-nombreuses et sont faciles à reconnaître 
aux caractères indiqués. Plusieurs ont conservé cette nuance 
couleur de chair tendre qui produit un si bel elFet sur le vert 
foncé des feuilles. Malheureusement la Rose blanche et ses 
variétés ont succombé comme tant d’autres à la mode, au 
moins on n’en trouve plus souvent sur les catalogues. 

La cinquième classe comprend les Bases rouiUées, ou odo- 
railles , ou à feuilles odorantes ( Basa suavis de Sweet), 
Briar-Bose des Anglais, ce sont les Bosœ rubiginosæ. Les 
aiguillons sont tantôt inégaux, tantôt en forme de poils raides ; 
ils sont rarement absents; folioles ovées ou allongées, glan- 
duleuses, à -dents écartées; folioles calicinales persistantes; 
le bord du calice épais; rameaux arqués. 

Bosier églantier (Basa ruhiginosa, Lin. ; Basa eglanteria 
de Miller; Basa suavi folia). Aiguillons recourbés; folioles 
au nombre de sept, rugueuses, mates; ovaire hispide ainsi 
que le pédoncule ; les feuilles exhalent une odeur agréable, 
ressemblant à celle de la pomme de reinette, surtout lors- 
qu’on les froisse entre les doigts; pétioles épineux; ovaire 
ové, hispide de meme que le pédoncule; fleurs d’un beau 
rose vif, ou pâles. 

Il y a de cette espèce plusieurs variétés â fleurs semi-dou- 
bles propres à couvrir des berceaux, des espaliers, etc. La 
variété à fleurs jaunes semi-doubles, connue depuis 1840, 
est une variété de la Basa eglanteria {voir le Catalogue de 
Booth.), qu’il ne faut pas confondre avec d’autres Roses 
jaunes. On la reconnaît aisément à l’odeur des feuilles. 

Le Bosier jaune {Bosa lutea, de Miller; Bosa eglanteria, 
Lin. ; Bosa fœtida; Bosa vulpina, de Gesner) croît à l’état 
sauvage dans le midi de l’Europe; les rameaux sont d’un 

s” 6. — AOCT 18S4. J ^ 


JOURNAL 


178 

rouge brun luisant, armés de nombreux aiguillons droits, 
inégaux, horizontaux; folioles de 7 à 9, ovées, serretées, 
lisses, luisantes, couvertes en dessous et sur le bord de 
glandes odorantes; ovaire globuleux, un peu déprimé en 
haut, lisse ainsi que les pédoncules et les lobes calicinaux; 
fleurs jaunes exhalant l’odeur de punaise; stigmates pour- 
pres ; lobes calicinaux, divergents, pennatifides. 

Il en existe une variété à belles fleurs doubles qu’il ne faut 
pas confondre avec la Rosa sidphurea, variété Jaune de la 
Rosa centifolia. Une seconde variété à fleurs jaunes est la 
Rosa lutea Hoggii de Sweel. Les autres variétés sont : 

Rosa luteola, Redouté, à basse tige, garnie d’aiguillons plus 
nombreux, presque égaux; folioles plus petites; fleurs petites, 
jaune pâle; stigmates jaunes. 

Rosa subrubra, Redouté. Pédoncules glanduleux, hispides; 
aiguillons inégaux; pétales jaune mat en dessous, rougeâtres 
en dessus; stigmates jaunes. 

Rosa pimicea, Roessl. Lindl. ou Rosa bicolor, Jacq. Tige 
couleur de cannelle, épineuse, haute de 4 à8 pieds ; lobes ca- 
licinaux entiers; ovaire glanduleux; fleurs extérieurement 
jaunes, intérieurement rouges de feu. Une dernière variété a 
des fleurs maculées de rouge. 

églantiers demandent un terrain léger, fertile, peu 
humide et jouissant d’une belle exposition. On ne les taille 
point. 

La sixième classe contient les Rosiers de chiens^ ou Rosœ 
caîiinœ. Les aiguillons sont forts, recourbés, égaux ; folioles 
ovées, non glanduleuses, serretées, la pointe des dents in- 
clinée; folioles calicinales tombantes; le bord du calice épais, 
renflé, rétréci; rameaux souvent très-longs. 

Rosier de chien [Rosa canina, Lin. ); Rose des haies j Rose 
sauvage. Tige de 8 â 10 pieds; rameaux verts, lisses, lui- 
sants, armés d’aiguillons, forts et recourbés; folioles de 5 
à 7, ovales ou ovées, arrondies, pointues, lisses, simplement 
ou doublement serretées; ovaire lisse, ovale; fleurs pâles, 
réunies par 2 ou 4 au sommet des rameaux. 


m 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 179 

Il y a de jolies variétés du Rosier sauvage qui convien- 
nent particulièrement pour la formation de haies impéné- 
trables. Les plus connues sont : Agathe toujours verte à 
fleurs doubles; jE’mme/mc à fleurs semi-doubles; la Petite- 
Duchesse; le Rosier des collines à fleurs doubles, etc. 

Rosier des h aies (Rosa dumetoruni, deCand.). 

L’espèce sauvage croît dans les haies de l’Europe ; les folioles 
sont un peu raides, ovées-ovales, duveteuses sur les deux 
surfaces; l’ovaire est ovale, lisse, rouge, et persiste jusqu’au 
printemps. 

La septième classe contient les Roses où les styles sont 
tous réunis en une sorte de massue, ce sont les Rosœ systy- 
lées; les stipules sont soudées avec le pétiole. 

Rosier des champs [Rosa arvensis, Lin. Willd. ; Rosa 
repens; Rosa serpens). Rameaux sarmenteux; aiguillons for- 
midables, inégaux, recourbés; folioles glauques en dessous; 
fleurs solitaires. La Rosa tugiirionum de Willd. , à fleurs 
doubles, est une variété de la Rose des champs. 

Rosier toujours vert [Rosa sempervirens, Lin.;i?o. 9 a Scan- 
dens, Miller). Rameaux grimpants; aiguillons recourbés, vi- 
goureux comme chez toutes les espèces de cette classe; feuilles 
persistantes; fleurs formant une ombelle, odorantes. Ce 
Rosier est originaire du Portugal , et croît également dans 
plusieurs autres pays du midi de l’Europe. Fruit petit, orangé, 
rond. 

Le Rosier musqué Du Roi [Rosa moschata ^ Willd.; 
Rosa glandulifera de Roxburgh) croît dans la Barbarie et 
dans quelques endroits du midi de l’Europe où il fleurit en 
automne. Tige de b à iO pieds, verte, armée, ainsi que les 
pétioles, de nombreux aiguillons larges et recourbés ; folioles, 
5 à 9, allongées, pointues, lisses, persistantes, serretées; 
pédoncules glanduleux-hispides; ovaire ové, petit, velu; 
fleurs au nombre de 20 àiOO réunies en ombelle, blanches, 
semi-doubles, odorantes. 

Variétés : Rosa moschata alba, Noisette; Belle Henriette; 
Ophir, couleur de nankin, très-odoran(e ; Belle Henriette de 


d80 JOURNAL 

Snowy, simple, très-odorante; Rosa rubri folia; Rosarubri- 
folia fenestralis, etc. La Rose musquée est l’espèce qui, par 
la distillation, fournit l’essence de rose orientale. L’espèce 
comme les variétés ne souffrent pas la taille, on se borne à 
les élaguer. 

Les Rosiers de cette classe sont sarmenteux et ont une ten- 
dance à grimper, et comme leurs styles forment une sorte de 
columelle au centre de la fleur, ils se prêtent très-aisément 
aux croisements avec d’autres espèces. 

Il est facile, dans beaucoup de variétés de Roses à tiges 
sarmenteuses et à fleurs odorantes, de reconnaître aux styles 
réunis des fleurs l’origine de l’une des espèces de la classe des 
Roses à styles soudés. 

La huitième classe contient les Rosiers des Indes, dent le 
plus ancien représentant dans nos jardins est le Rosier des 
Indes {Rosa indica, Rosa bengalensis), Rosier de Bengale, 
Rosier des quatre saisons {Rosa semperflorens), 

La tige du Rosier de Bengale est dressée, un peu grisâtre, 
verte, nuancée de rouge du côté du soleil; aiguillons épars, 
recourbés; folioles de 5 à 5, ovées-allongées, terminées en 
longue pointe, coriaces, lisses, luisantes en dessus, vert de 
mer ou rougeâtres en dessous, finement serretées; stipules 
très étroites, soudées avec le pétiole ; fleurs solitaires ou en 
panicule au sommet de la tige; le pédoncule est comme arti- 
culé, souvent renflé et glabre comme le calice, ou quelquefois 
rugueux-hispide ; ovaire ové ou en toupie. 

Variétés et sous-variétés : 1° Rosa indica borbonica, Ro- 
sier de Vile Bourbon, Perpétuelle de Vile Bourboji. Elle 
fleurit à plusieurs époques de l’année, en été et en automne. 
Elle se distingue de la Rose du Bengale par des rameaux 
plus grêles, plus flexibles, armés de plus d’aiguillons et de 
glandes; par des lobes calicinaux plus étalés, et par des pé- 
tales plus serrés; folioles au nombre de sept, ovées ou ovées- 
lancéolées pointues; fleurs pleines ou semi-doubles, bâil- 
lantes, rouges. 

Les sous-variétés sont en grand nombre. Elles demandent 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 181 

le même traitement que les Rosiers Noisettes j la plupart ne 
prospèrent pas bien cultivées en pots. 

2° Rosa indica caryophyllea. Folioles grandes, minces ; 
fleurs en panicule; pétales concaves. 

5® Rosa indica cruenta. Fleurs rouges de sang foncé; fo- 
lioles rougeâtres. La grandeur des fleurs dépend de la qua- 
lité du terrain. 

4® Rosa indica humilis ou Rosa indica pumila. Plus pe- 
tite dans toutes ses parties; folioles, 5 à 5, très-petites. 

5° Rosa indica Lawrenciana; Rosa indica acuminata; 
Rosa semperflorens minima (du Bot, May., 1762). Tout le 
monde connaît cette jolie petite Rose, dont il y a un grand 
nombre de sous-variétés. Bosse [Manuel complet d'horticul- 
ture) en cite les plus remarquables, telles que : Belle Lillipu- 
tienne, hicoloured Lawrence-Rose, crimson Lawrence-Rose, 
Dwarf China-Rose, Bengal pompom, Lawrence à rameaux 
horizontaux, multiflora, nigra, Retour de printemps. Ca- 
price des dames, White Lawrence, etc. 

6® Rosa indica longifolia, Rosa per sici folia. Tige presque 
sans épines, 2 pieds de haut; folioles 5 à 5, linéaires-lancéo- 
lées pointues, quelquefois de deux pouces de longueur, iné- 
galement serretées ou entières; fleurs roses simples, semi- 
doubles ou pleines. 

7® Rosa indica Noisettiana ; Rosa paniculata. Elle a été 
gagnée en Amérique, par Philippe Noisette. Elle fleurit depuis 
le mois de juin jusqu’en hiver. Tige haute de 4 à 8 pieds, à ra- 
meaux lisses; aiguillons forts, épars, crochus, rougeâtres sur 
les jeunes rameaux; pétioles glanduleux, épineux; pédon- 
cules grêles, velus, formant des bouquets ; ovaire petit, ové 
allongé ; lobes calicinaux réfléchis lors de l’épanouissement 
des fleurs, indivis ou appendiculés; folioles de 5 à 7, quel- 
quefois lisses, grandes, ovées lancéolées, luisantes en dessus, 
pâles, grisâtres en dessous, serretées; fleurs moyennes, très- 
odorantes, semi-doubles, blanc rosé, très-nombreuses. 

On distingue les Noisettes dont les sous-variétés sont très- 
nombreuses, en Noisettes à fleurs blanches ou jaunâtres et 


i 


182 JOURNAL 

en ]\oisettes à fleurs roses, couleur de chair, pourpres ei 
lilas. On les greffe sur la Rosa canina ou villosa. Elles ne 
supportent pas bien la faille. 

8® Rosa indica odoralissima , Sweet; Rosa indica fra- 
gratis; Rosa thea; Rose à odeur de thé; Rosa odorata. Elle 
est originaire des Indes orientales et fleurit presque toute 
l’année. Tige haute de 1 à 5 pieds; aiguillons épars, crochus, 
comprimés à la base; folioles, 5 à d, ovées pointues, glabres, 
dentées, luisantes en dessus, opaques en dessous; la foliole 
terminale est la plus grande; pétioles armés en dessous de 
quelques aiguillons; stipules petites, subulées, glanduleuses; 
pédoncules glabres ou peu glanduleux, épais; lobes calicinaux 
simples, réfléchis; fleurs grandes, le plus souvent solitaires, 
exhalant l’odeur du thé vert; pétales larges, flasques, pres- 
que transparents, couleur de chair, rose pâle, jaunâtres, 
purpurins, jaune de soufre. Les variétés Smith- s Yelloiv, 
variegated Tea, Rose belle Elise, Renommée, coccinée, etc., 
exhalent une odeur très-forte. Les sous-variétés de la Rose 
thé sont très-nombreuses. Afin d’en obtenir de grandes 
fleurs, on les greffe sur la Rosa canina. Les variétés à fleurs 
très-pleines fleurissent mieux sous châssis et sur le devant 
des fenêtres. [A continuer.) 


MOYEN DE FAIRE FLEURIR L’ERYTHRINA CRISTA GALLI 

TROIS FOIS DANS LA MÊME ANNÉE. 

M. William Leach, de Brampton-Hall, dans le Lancashire 
(Angleterre), communique le moyen suivant pour faire fleurir 
un même exemplaire di Erythrina crista galli à trois re- 
prises différentes depuis le mois d’avril jusqu’en octobre. 
Voici sa manière d’opérer : Il coupe ses boutures sur le 
pied-mère lorsqu’elles sont encore toutes jeunes et qu’elles 
ont environ 4 pouces de hauteur (10 centimètres); il a soin 
qu’elles soient munies d’un petit morceau de l’écorce du 
vieux pied ; ces boutures se font depuis janvier jusqu’en mai. 
Chaque bouture se place dans un petit pot rempli de terre 




D’HORÏICULÏüUE PRATIQUE. i85 

franche mêlée de sable, et le tout est plongé clans une cou- 
che bien chaude; on ombre et on arrose avec soin. En trois 
ou quatre semaines, les godets seront tapissés des racines 
de boutures ainsi traitées; on les rempotera dans des vases 
plus grands en ayant soin de conserver la motte aussi entière 
que possible et d’employer une terre franche bien engraissée. 
On accordera ensuite à ces boutures une bonne chaleur, 
beaucoup d’air et de fréquents arrosements d’engrais liquide ; 
les arrosements ordinaires deviendront moins fréquents au 
commencement d’octobre. On doit, dès que le feuillage est 
flétri et qu’il tombe, couper la tige de ces boutures devenues 
assez fortes, jusqu’à une distance de 6 pouces (15 centimè- 
tres) du collet de la racine; on retire les plantes de leur 
pot, on nettoie les racines et l’on conserve toutes ces plantes 
dans des caisses remplies de sable sec. Au mois de janvier, 
on les rempote dans des vases de même grandeur que ceux 
que l’on a employés l’année antérieure et dans un riche com- 
post de terre franche fumée et de sable, et on les plonge de 
nouveau dans une couche bien chaude ou dans la bâche à 
ananas; bientôt naîtront plusieurs jets dont on ne conservera 
que quatre pour la floraison; les autres jets peuvent être 
employés comme boutures. On rempote vers la mi-mars dans 
des vases un tiers plus grands; les plantes di'Erythrina 
exigent alors une bonne chaleur au pied et à la tête; elles 
seront couvertes de fleurs en avril, et elles auront atteint 
environ six pieds de hauteur. Au mois de mai on coupe les 
branches jusque contre la tige-mère, et en juillet vous ob- 
tenez une floraison aussi riche que celle d’avril; au mois 
d’août, même opération et mêmes résultats pendant le mois 
d’octobre. Il est à remarquer qu’il est inutile de rempoter 
la plante après sa première et sa seconde floraison. 

M. Leach ajoute qu’il obtient des exemplaires beaucoup plus 
beaux au moyen de boutures faites avec les jeunes pousses , 
que ceux provenant de multiplications prises sur de fortes 
pousses et lorsque le bois en est déjà dur, système qui avait 
été préconisé et qui retarde, suivant lui, la floraison. 


JOURNAL 


iSi 


SOCIÉTÉ ROYALE D’HORTICULTURE DE MOiYS. 

EXPOSITION DU 4 JUIN 1854. 

La commission chargée par la Société royale d’horticul- 
ture de Mons de rarrangement des plantes envoyées à l’expo- 
sition du 4 juin, s’est acquittée de sa mission non-seulement 
à la satisfaction des exposants, mais de façon à exciter l’ad- 
miration des amateurs et du public admis à jouir de cette 
belle fête florale. M. P. E. de Puydt, secrétaire de la Société, 
a, dans un rapport élégant dans sa forme et raisonné dans 
son fond, fait ressortir l’importance d’une innovation déjà 
mise en pratique avec succès, sur une plus petite échelle, 
aux expositions de Louvain et de Liège, et plus en grand dans 
les expositions de Paris, consistant, dit le rapporteur, « à 
transformer le local de l’exposition en un jardin pittoresque, 
gracieusement dessiné, où toute trace de culture artificielle 
disparaissait, pour ne laisser voir que des groupes de fleurs 
semblant sortir du sol même, et tranchant, avec leurs formes 
exotiques et pittoresques, sur le vert des pelouses. » 

La transformation d’une salle nue en un jardin de fleurs, 
en un groupe verdoyant féerique, rêvée par la commission, 
s’est accomplie grâce au zèle de ses délégués, grâce aux ma- 
gnifiques envois de personnes dévouées au cuite de Flore; et le 
public, émerveillé de voir ces groupes de fleurs et d’arbris- 
seaux élégants dont les pieds émergeaient d’une mousse ver- 
doyante, pouvait bien croire un moment, et nous excusons 
cette illusion, que des fées ou des magiciens avaient fait surgir 
soudainement du sol de Mons des myriades de fleurs des 
deux mondes. Un vaste local mis à la disposition de la Société 
abritait sous son toit vitré les nombreuses plantes envoyées 
non-seulement par les amateurs de Mons et de ses environs, 
mais encore par les premiers cultivateurs de la Belgique; un 
joli bassin, entouré de certaines plantes dont le feuillage som- 
bre, lisse, miroitant, étoffé ou gracieux par sa délicatesse, 
s harmonise si bien avec cette couleur indéfinissable de l’eau. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 185 

répandait la fraîcheur dans le salon au moyen d’un jet d’eau 
abondant, retombant de plusieurs mètres dans des vasques 
superposées. Délicieux et pour ainsi dire indispensable ac- 
compagnement de massifs d arbustes, l’eau est le complément 
de la toilette d un temple de Flore; elle vivifie les teintes, 
rafraîchit la vue et fait ressortir, il nous semble, davantage 
la beauté des formes exotiques. Nous croyons devoir con- 
seiller, dans l’intérêt de l’horticulture, à toutes les sociétés 
fioriculturales, d’admettre des fontaines, des jets d’eau, 
comme un des premiers points d’ornementation de leurs 
salons; puis ensuite nous conseillerons de renoncer autant 
que possible au système des expositions à étagères ou gradins, 
où les plantes sont comme empilées ou rangées en lignes, 
suivant leur hauteur; système qui choque le bon sens, s’op- 
pose à l’harmonie des groupes, et disperse çà et là des 
plantes d un même genre au grand désespoir des amateurs 
qui viennent aux expositions pour comparer, étudier le 
faciès de certaines familles favorites, et non pour s’extasier 
sur le merveilleux talent d’un jardinier décorateur a aligner 
les plantes selon leur hauteur respective; talent dont le pre- 
mier venu peut faire preuve, s’il a un bon coup d’œil ou s’il 
a un mètre en poche. 

Nous allons passer rapidement en revue les principaux 
concours de cette exposition. 

La collection de M. P. E. de Puydt, secrétaire de la Société, 
composée de 140 plantes appartenant à 90 espèces distinctes, 
obtient à l’unanimité la médaille d’or de la ville; le second 
prix est décerné à l’envoi de M. Sigart-Capouillet ; on y re- 
marquait avec surprise de grands exemplaires de Camellias 
bien fleuris, de beaux Rhododendrons, etc. Ce lot a été fort 
remarqué. M. de Becker, horticulteur à Mons , reçoit un 
troisième prix pour une jolie et fraîche collection de plantes 
variées. 

Un magnifique exemplaire bien fleuri du Maranta zebrina 
et mesurant près d’un mètre de diamètre obtient le premier 
prix de belle culture; cette planle, d’un développement si re- 


i 


186 


JOURNAL 


marqiiable, était présentée par Fonson-Claus; au Theo^ 
phrasta Jussieui de M. de Puydt échoit la première palme 
de belle floraison, tandis que la seconde est accordée à un 
fort exemplaire à'Oncidium sphacelatum montrant cinq ou 
six hampes garnies de fleurs, et envoyé par M. V. Bauchau 
de Namur. 

Le premier prix du troisième concours (pour la plante 
nouvelle ou encore rare en fleurs) est décerné par acclama- 
lions au Liliiim gicjanteum de M. Demoulin; la hauteur de 
cette nohle plante était de 7 pieds. Le second prix est accordé 
à M. J. Linden de Bruxelles pour un Aerides virens, belle 
Orchidée des grandes Indes; M. Linden avait en outre envoyé 
plusieurs autres plantes rares et nouvelles, entre autres, un 
charmant Saccolabium, et le hem Rhododendroji j avanie uni. 

Deux magnifiques exemplaires de Bonapartea graeilis et de 
Cycas circinalis, appartenant à S. A. le prince de Ligne, 
trônaient majestueusement et isolés dans une pelouse; le jury 
leur décerne une médaille spéciale de vermeil ; il accorde un 
premier prix à une collection de grandes plantes ornemen* 
taies, provenant également des serres du prince de Ligne, à 
Belœil. Un second prix est décerné à une fort belle collection 
de plantes d’ornement de S. A. la princesse F. de Croy. 

M. Ch. Van Geert obtient le premier prix pour son remar- 
quable envoi d’arbustes de pleine terre à feuilles persistantes, 
etM. de Puydt, la médaille de vermeil pour une collection de 
18 Palmiers. 

Les Orchidées exotiques étaient nombreuses, et trois col- 
lections de ces plantes bizarres attiraient particulièrement l’at- 
tention ; celle de M. Linden, renfermant V Aerides virens, un 
Saccolabium, le joli Barkeria spectabilis, un nouveau Go7i~ 
gora, etc., obtient le premier prix. Les Cattleya Mossiœ, On- 
cidium sphacelatum, Harrisoniœ, etc-, de M. V. Bauchau, 
reçoivent le second prix, tandis qu’un troisième prix est dé- 
cerné aux 15 ou 20 Orchidées de M. Sigart-Capouillet. 

Les bois et les prairies des environs de Mons sont riches en Or- 
chidées terrestres ; et M. LéonDecat, de Baudour, avait répondu 


187 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

merveilleusement à Rappel de la Société, en envoyant pour 
le vingt-sixième concours une corbeille comprenant une tren- 
taine d’Orchidées indigènes distribuées en quinze espèces (i) 
fort jolies et dont plusieurs étaient fort rares. Aussi le jury 
s’est-il empressé de voter un premier prix à M. Decat, pour 
ce contingent de plantes du pays. Moins somptueuses que 
leurs orgueilleuses sœurs des tropiques, beaucoup de nos 
Orchidées indigènes sont charmantes, mais semblent s’effa- 
roucher de la présence de riiomme; elles fuient son contact, 
et vont se cacher, dans leur sauvage pudeur, loin de ses re- 
gards. L’hospitalité que nous leur offrons dans nos jardins, 
les soins dont nous les entourons, sont généralement, hélas î 
pour elles un arrêt de suicide. Transplantées hors de leur 
solitaire demeure, elles languissent et se laissent mourir, 
fatiguées de respirer le même air que nous. 

Dans les autres concours, nous citerons: M. Hubert Coppée, 
dont les Roses ont obtenu le prix ; M. Émile Cousin et M. Ed. 
Legrand, d’Hornu, pour leurs belles collections de Pélargo- 
nium (M. Cousin remporte le premier prix). Les Jzalea in- 
dica, si bien fleuris et si variés de M. Legrand, sont couron- 
nés d’une médaille de vermeil. 

Mî«e Fonson-Claus cultive les Fuchsias avec prédilection ; 
sa collection est peut-être la plus complète de la Belgique. 
Aussi le jury lui a accordé, à ITinanimité, le premier prix 
pour son superbe contingent de Fuchsias. M”™® Fonson sort 
également victorieuse, dans le concours des Verveines, ainsi 
que dans le trentième concours (plantes et arbustes de serre 
à feuillages panachés); cette dernière collection comptait une 
quarantaine d’espèces fort distinguées. 

Citons ensuite les Bégonies de M. Demoulin, et dont le 
bon choix a valu un prix à cet amateur distingué ; les Eid- 
cées de M. Dobbeleer, horticulteur à Mons; les Calcéolaires 
deM. Leclerq; les jolies Pétimies de E. Paternoslre, de 


(1) Notre Flore belge comprend enviren quarante-cinq espèces d’Or- 
chidées; le Luxembourg en offre le plus grand nombre. 


188 


JOURNAL 


Mons; les plantes vivaces de pleine terre de M. Bedinghaus 
(premier prix), et de M. Viseur (second prix) ; les Cactées et 
les Conifères de M. A. Van Geert, de Gand; la collection de 
Yucca de M. Ch. Van Geert, d’Anvers ; les corbeilles de salon 
el les beaux bouquets de M. Vannerom, de Mons; les Renon- 
cules de M. Hubert Coppée ; la collection de Houx de M. Ros- 
seels aîné, de Louvain (médaille de vermeil) ; toutes collec- 
tions fort distinguées et auxquelles le jury a accordé des 
premiers prix. 

Le beau Bégonia xanthina marmorea de M. L. Van 
Houtte reçoit à juste titre une médaille de vermeil. Enfin des 
mentions honorables sont accordées aux semis de Fuchsia 
de Fonson-Claus, diox Pensées exposées parM^^® Mélanie 
Sigart, aux OEillets 7^emontants de M. le prince de Ligne, 
aux Cerisiers et Pommiers en fruits de M. Legrand, aux Fou- 
gères de MM. Wesmael etcomp% de Scharbeek-lez-Bruxelles ; 
enfin une mention toute spéciale est réclamée en faveur des 
plantes de pleine tei're de semis de M. Bedinghaus, de Nimy. 
On a beaucoup remarqué dans ce lot une très-belle variété 
nouvelle de Pyrelhrum, nommée Duchesse de Brabant, et un 
A^ithericum à feuilles largement rubannées de blanc. Nous 
espérons pouvoir en donner plus tard à nos lecteurs une des- 
cription complète. 


SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ET DE BOTANIQUE DE GAND. 

EXPOSITION DU 48 JUIN 4854 . 

Le nombre de plantes exposées était d’environ quinze à 
seize cents; celui des concours de quinze, sur les résultats 
desquels nous jetterons un rapide coup d’œil. M. A. Dallière 
remporte la première palme pour sa belle collection de 
plantes variées parmi lesquelles figuraient de magnifiques 
exemplaires de Mitraria coccinea et de Tropœolum, Scheu- 
7danum ; VIxora coccinea de M. H. Van de Woestyne-Van 
den Hecke obtient le premier prix de belle culture ; le second 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 189 

prix échoit au Barkeria spectahilis , très-jolie Orchidée 
exposée par M. J. Linden, de Bruxelles. 

Le premier prix pour les vingt-cinq plantes remarquables 
et nouvellement introduites est décerné au contingent de 
M. J. Linden. Nous y remarquons le Ceratostema longiflorimi 
dont nous avons donné un dessin {voir le n® 5 dans le pré- 
sent recueil); le Calyptraria hæmantha, une des plus belles 
Mélastomacées connues; le Cinchona nobilis et plusieurs 
autres plantes rares introduites directement de leur pays natal 
par M. Linden. Le second prix est accordé à M. Auguste Van 
Geert. Cette collection renfermait de très-bonnes plantes pro- 
venant en général d’introductions anglaises. 

Dans le quatrième concours, nous remarquons que le Bill- 
bergia rosea de M. Linden obtient le prix comme plante rare 
en fleurs, et que le Cinchona nobilis, superbe espèce de 
Quinquina, appartenant également à M. Linden, reçoit le 
prix de plante rare non fleurie, réunissant le plus de mérites. 

L’envoi de plantes rares de M. A. VerschafFelt contenait 
de fort belles choses, telles que Desfontainea spinosa, Wel- 
lingtonia gigantea, Ilexacentris mysorensis, var. liitea, etc. 

MM. J. Van Geert père et P. Robichon, de Royghem-lez- 
Gand, se partagent le premier prix du concours affecté aux 
cinquante Pélargonium en fleurs; le deuxième prix revient à 
M. Ph. De Meersman, de Gand. M. F. Coene, horticulteur à 
Gentbrugge, avait aussi envoyé une jolie collection. Ce même 
horticulteur remporte le premier prix pour les Rosiers. 

Les quarante Fuchsias deM. A. Coene fils sont couronnés 
d’un premier prix. Le deuxième est décerné à la collection 
de M. Ch. de Kerchove de Limon. 

Trois collections d’Orcbidées étaient en présence pour 
disputer les prix du treizième concours. Le premier prix est 
partagé entre M. J. Linden de Bruxelles, et M. Ambroise 
Verschaffelt. La collection de M. Linden contenait XAerides 
virens, le Barkeria spectabilis, un bel exemplaire de XEpi- 
dendrum verrucosum, le Phalœnopsis grandiflora, le Sac- 
colabium gnltaliim, var. splendens, etc. Celle de M. A. Ver- 


JOURNAL 


490 

schaffelt renfermait le magnifique Lœlia piirpurata que 
nous considérons comme une des plus belles Orchidées que 
nous connaissions; elle unit au mérite d’un port superbe, 
celui bien digne d’être apprécié, d’une floraison facile des 
plus somptueuses et d’une assez longue durée. Cette plante 
est une de celles dont la présence décide du sort d’un con- 
cours. La troisième collection d’Orchidées, appartenant à 
M. le chevalier Heynderycx, remporte le second prix. On y 
remarquait le helAerides odoratum et le Sohralia macran- 
lha auquel aucun amateur ne refusera un rang distingué 
parmi les plus belles Orchidées. 

On sait que la collection de Palmiers de M. A. Verschafîelt 
est une des plus belles de la Belgique et qu’elle renferme 
des espèces fort rares et des exemplaires d’une grande force, 
aussi on ne doit point s’étonner de voir qu’il remporte encore 
la première palme, car elle lui est presque toujours dévolue 
dans ces concours. 

M. C. de Kerchove de Limon avait envoyé pour le dix- 
huitième concours une superbe collection de trente Fougères, 
parmi lesquelles se faisaient distinguer le Gymnotheca Ver- 
schaff'eltiana, plante voisine des Marattia, et VHemitelia 
speciosa au tronc arborescent. Le jury lui décerne le premier 
prix, ainsi qu’un autre prix pour VHemitelia speciosa (con- 
cours de la plus belle Fougère en arbre). Le second prix est 
décerné à la jolie collection de M. le chevalier Heynderycx. 

Nous citerons encore les collections de plantes vivaces de 
plein air de M. F. Verleeuwen de Ledeberg-lez-Gand (pre- 
mier prix), de M. F. de Coninck (second prix), celle de quinze 
Lis en fleurs de M. Lievin de Cock (premier prix), les collec- 
tions de Verveines de M. Lammens (premier prix) et de 
M. F. Coene (second prix), les contingents de cent cinquante 
Roses coupées deM. Robichon (premier prix) et de M. J. Ver- 
schaffelt (second prix), puis, en dehors des concours, la col- 
lection de vingUsix espèces et variétés Vllex de M. A. Van 
Geert; celle fort remarquable de Cactées mexicaines, appar- 
tenant à 31. Tonel; le contingent de Yticcay Agave, Bona- 



D’HORTICULTURE PRATIQUE. 191 

partea et Dracæna de M. J. Verschaffelt ; les bouqitets du 
même horticulteur, et enfin le beau Gesneria Gloxiniœflora 
de M. J. Donkelaar. Le jury s’empresse d’accorder une mé- 
daille d’argent à chacun de ces exposants. 


SEMIS NOLVEAU. 

Phlox Drummondi. Variété : Mademoiselle Julie Charles. 

Cette variété a été obtenue de semis à l’établissement 
d’horticulture de M. A. Wesmael à Schaerbeek-lez-Bruxelles. 
Elle se distingue de tout ce qui a été obtenu jusqu’à présent 
en variétés du Phlox Drummondi. La corolle est d’un 
blanc lilacé très-tendre, passant jusqu’au blanc pur à son 
extrémité; une première étoile centrale, d’un pourpre lilacé, 
fait un effet charmant sur le fond pâle du limbe; une seconde 
étoile jaune paille entoure la première. Le tube intérieur 
de la corolle est d’un jaune canari tendre. En somme, c’est 
une excellente acquisition pour la décoration des massifs et 
corbeilles de nos jardins. 


QUELQUES MOTS 

SUR LA CULTURE EN POT DE l’aMÂRYLLIS BELLADONNA ET DES 
BRUNSVIGIA. 

Le révérend William Herbert se servait du moyen suivant 
pour cultiver et faire fleurir les Brunsvigia Josephiuœ et 
multiflora; il conservait constamment ces plantes sur une 
tablette de la serre froide, et plaçait les pots dans une large 
terrine ou soucoupe remplie de sable humide; il ne permet- 
tait jamais que ce sable devînt tout à fait sec, même pendant 
le temps de repos des plantes ; il n’accordait le rempotage 
que lorsque les racines avaient acquis une si grande force 
qu’elles fendaient le vase dans lequel elles étaient emprison- 
nées. Par ce traitement fort simple, les Brunsvigia lîeuris- 
saient régulièrement tous les deux ans. Partant de cette idée. 


1 


192 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

un amateur anglais résolut de cultiver en pot les Amaryllis 
Belladonna et obtint, par l’application du système de feu 
M. Herbert, le résultat le plus satisfaisant, celui d’avoir tous 
les ans en automne ses Amaryllis Belladonna couverts de 
fleurs. Cet amateur ajoute que l’insuccès de la plupart des 
cultivateurs de Brunsvigia doit être attribué à ce qu’ils 
tiennent ces plantes trop chaudement en hiver et qu’ils leur 
donnent trop peu d’eau en été. 

Monsieur le professeur Reichenbach fils décrit, dans la 
Flore des Serres et Jardins de V Europe (tome IX, 5Mi- 
vraison, pages 98 et dOl ), plusieurs nouvelles espèces d’Or- 
chidées cultivées dans quelques serres allemandes. Nous 
allons les passer rapidement en revue. 

Epidendrum Jenischianum (Reich, fils). Racème ra- 
meux, lisse, portant des fleurs d’un blanc rosé à l’extérieur, 
d’un beau lilas à l’intérieur; le labelle est orné de nombreuses 
veines pourprées, légèrement proéminentes sur le lobe du mi- 
lieu. Cette magnifique espèce est originaire de Babia ; elle fait 
partie de la riche collection de M. le sénateur Jenisch. 

Epidendrum Xipheres (Reich, fils). Espèce péruvienne, 
à pseudo-bulbes en forme de poires, surmontés par une seule 
feuille linéaire, très-épaisse; pédoncule floral capillaire et 
portant trois ou quatre fleurs. Se trouve dans la collection de 
MM. Booth et fils de Hambourg. 

Aspasia Biheriana (Reich, fils). Espèce introduite du 
Brésil par M. Biber; elle ne produit qu’une seule fleur à pé- 
rigone vert et à labelle jaune. 

Maxillaria rebellis (Reich, fils). Cette Maxillaire appar- 
tient au groupe des Xylohium ; ses fleurs sont grandes, d’un 
brun rougeâtre taché de brun ; labelle d’un pourpre noirâtre. 

Noiylia pentachne (Reich, fils). Cette espèce produit les 
plus grandes fleurs du genre; elles sont vertes, à pétales 
blancs, à sommet vert, tacheté de 2 à 4 macules jaunes ; labelle 
blanc; elle est originaire de Chagres (Panama), et fait partie 
de la riche collection de M. Keferslein de Krellwit?:. 






JOURNAL 


D’HORTICiJlTllRE PRATIQUE. 


PLANTES FIGURÉES BANS CE NUMÉRO. 

POÏE^TILLES VARIÉES. 

Le genre Potentilla fait partie delà grande famille natu- 
relle des Rosacées, et appartient à l’Icosandrie Polygynie 
de Linné; il renferme presque uniquement des plantes 
herbacées, le plus souvent vivaces, rarement des arbustes. 
Les feuilles sont alternes, ailées, ternées ou, le plus souvent, 
digitées, et dans ce cas le nombre des folioles est fréquem- 
ment de cinq , circonstance qui a fait donner par les An- 
glais le nom vulgaire de cinquefoil à la plupart des Poten- 
tilles à feuilles digitées. Les fleurs sont portées sur des 
pédoncules axillaires ou souvent disposées en une sorte de 
corymbe terminal. La majeure partie des espèces euro- 
péennes n’ofîre que des fleurs Jaunes et d’un effet orne- 
mental assez médiocre. Il n’en est pas de même de la 
Potentilla hœmatochroa du Mexique, de la Potentilla air o- 
sangtiinea Loddiges, native du Népal, et dont les belles 
fleurs sont d’un rouge sanguin. Ces jolies espèces d’une 
parfaite robusticité appelèrent dès leur apparition l’atten- 
tion des horticulteurs; leur fructification facile dans notre 
climat encouragea des essais de perfectionnement par la voie 
des semis, et à cette heure nos jardins sont ornés d’une 
foule de charmantes variétés obtenues par le croisement des 
espèces et des variétés entre elles. 

N"' 7. SEPTOIBRE I8S4. 


15 


JOURNAL 

M. Muller, amateur horticulteur à Bruxelles, a bien voulu 
nous permettre de faire figurer dans cette livraison quel- 
ques-unes des jolies Potentilles qu’il a obtenues l an dernier 
de semis. Ce que ce connaisseur distingué cherche à obtenir 
dans le croisement de ces plantes, c’est une corolle bien 
régulière et des pétales dont l’onglet soit assez largo poui 
cacher la couleur verte des sépales ; couleur qui apparaît 
dans le fond de la fleur, sous la forme de cinq rayons : 
étoile disgracieuse qui dépare le plus souvent les couleurs 
brillantes dont sont ornées les variétés de la Potentilla 
atrosanguinea [Potentilla Menzieziiy Russellianay etc.). 

La variété à fleurs jaunes et doubles est très-remarquable : 
M. Muller a bien voulu en céder la plante mère à M. Charles 
Van Geert, horticulteur à Anvers, qui la mettra dans le 
commerce sous le nom de Potentilla Mullerij dédicace que 
nous considérons comme un juste tribut bien dû à l obten- 
teur d’une variété aussi recommandable. 

La variété d’un brun rougeâtre foncé est également très- 
méritante j l’étoile verte du fond a à peu près disparu, et les 
faibles rayons qui persistent entre les onglets sont cachés 
par la couronne étalée de fortes étamines d un jaune doré. 
Cette Potentille est appelée à devenir une favorite parmi ses 
jolies compagnes; elle fait partie, ainsi que les deux autres 
variétés figurées, de la collection particulière de M. Muller. 
Auiune des trois n’est encore nommée. 

Les Potentilles se plaisent dans un terrain argileux ou 
calcaire, bien terreau lé, mais où rhumidité ne soit pas stag- 
nante ni trop forte. Un excès d’humidité s’oppose au déve- 
loppement des fleurs en encourageant outre mesure l’émission 
des feuilles. Toutes les Potentilles se plaisent au soleil et 
se multiplient de graines et par éclats. 

Nous citerons parmi les nombreuses espèces et variétés 
que l’on connaît actuellement dans le genre Potentille, les 
plantes suivantes comme étant les plus remarquables : 

Potentilla liæmalochroa (Lelim.). Potentilla leucocliroa (Lelim.). 

— Nepalensis (Hooker). — atrosanguinea (Loddiges). 


195 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


Potenlilla Russelliana. 

— Mac Nabiana. 

— Smoutii. 

— Mecliliniensis. 

-- Van Geertii. 

— Hoopwoodiana el sa sous-variété 
alba. 

— Lucia. 

Plantii. 

— pulclierrinia. 


Potenlilla slriala formosissima. 

— Menziesii, superbe hybride et sa 
variété dite plena ; Vépithète de 
semi- double lui conviendrait 
mieux. 

— reptans flore pleno, indigène, a 
fleurs d’un jaune d’or. 

— fruticosa (Linné), du nord de 
l’Europe , arbrisseau à fleurs 
jaunes très-jolies, etc. 


M. le professeur Ch. Morren a donné dans la Belgique 
horticole (octobre 1851) une planche représentant sept 
jolies variétés de Potentilles obtenues de semis par M. Spaen- 
hoven d’Anvers. Nous ne savons ce qu’elles sont devenues, 
et nous regrettons surtout la variété Pierre Coudembourg 
(Ch. Morren) , à fleurs d’un brun-marron, et la variété Jean 
de Laet (Ch. Morren), à fleurs un peu petites, d’un brun 
foncé chocolat à stries pourpres et café au lait. Ces coloris sont 
neufs et jetteraient de la variété au milieu des variétés rouges 
et jaunes qui abondent dans les Potentilles. 




ullurc itrangn'c. 


PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERR£ CHAUDE. 

Ansuioa uiiiflora (Riiiz et Pavon), figuré dans le Bot. Mœg., 
pl. 4807. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Mo- 
nandrie. 

Le genre Anguloa comprend un très-petit nombre d’es- 
pèces dont trois commencent à être répandues dans les col- 
lections d’amateurs d’Orchidées : ce sont les Anguloa Clo- 
wesii, Buckeri et nniflora. Toutes les trois sont originaires 
de la Colombie et du Pérou, d’où elles ont été introduites en 


196 JOURNAL 

Europe par M. J. Linden, qui les découvrit en 1842 et 1845 
durant ses heureuses explorations botaniques des régions 
montagneuses des Andes Colombiennes. Toutes sont fort re- 
marquables par la grandeur, la beauté et la singularité de 
leurs fleurs. Les Anguloa ont tout à fait le port des Lycaste; 
il est même assez difficile de distinguer une plante bien vi- 
goureuse de Lycaste d’une plante appartenant au genre An- 
guloa; les pseudo-bulbes dans les deux genres sont gros, 
allongés, côtelés, d’un vert foncé, et présentent à leur sommet 
ces dents épineuses que l’on remarque après la chute des 
larges feuilles qui couronnaient ce sommet; le scape ou pé- 
doncule floral sort dans les deux genres de la base du pseudo- 
bulbe. 

VAngiiloa uniflora ne porte qu’une fleur par scape; cette 
fleur est grande, à trois sépales ovés, acuminés, concaves, 
charnus; les deux inférieurs ou latéraux sont cucullés à leur 
base; les pétales sont charnus, plus étroits que les sépales; 
le labelle est aussi long que la colonne, presque semi-cylin- 
drique et à trois lobes dont le central est linéaire, étroit, 
roulé en dehors. La couleur générale est un blanc de crème 
jaunâtre, relevé surtout à l’intérieur de la fleur par des 
teintes et un pointillé rose carminé; les lobes du labelle sont 
jaunes et tachetés de pourpre. 

Cette belle Orchidée fleurit en juin dans les serres. Dans 
sa patrie la floraison a lieu, suivant Ruiz et Pavon, en août 
et septembre. 

SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE* 

nedera giomerniata (De Candolle), figuré dans le Bot. Mag,, 

pl. 4804. Syn. : Aralia (Gy^iapteina) glomernlata (Blume). 

— Famille des Araliacées. — Pentandrie Monogynie. 

Les limites précises des genres Hedera, Panax, Aralia, 
Sciodaphyllum, etc., ne sont pas encore bien définies, dit le 
savant directeur du jardin botanique de Kew, en décrivant le 
bel Hedera qui fait l’objet de cet article, et le genre Hedera, 
ajoute-t-il, tel qu’il est décrit par le botaniste Endlicber, ren- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE 197 

ferme plusieurs espèces di'Aralia de Linné et d’autres au- 
teurs, et en particulier le groupe des Aralia gynapteina de 
Blume, caractérisé par la réunion des styles en un seul. Le 
port de VHedera glomerulata rappelle en effet bien plus 
celui des Aralia et des Sciodaphyllum que celui des Lierres 
ordinaires. Sa tige est arborescente, peu branchue, dressée, 
épineuse. Dans la serre de Kew, cette tige a atteint 7 pieds 
de hauteur, et les grandes feuilles digitées qui la surmontent 
donnent à cette plante un faux air de Palmier. Les feuilles, 
portées par de longs pétioles renflés à leur base, sont digi- 
tées et composées d’environ sept folioles oblongues-lancéo- 
lées, acuminées, dentelées en scie sur la moitié supérieure 
de leurs bords; grappe ou panicule terminale très-longue 
(environ 4 ou 5 pieds de longueur), ramifiée, pendante et 
émergeant du sommet de la tige. Elle porte à son extrémité 
des ombelles formant une tête tout à fait globuleuse de fleurs 
brunâtres ou d’un vert jaunâtre. Le rachis général et les 
pédoncules sont garnis d’aiguillons. Les fleurs paraissent en 
avril et mai. 

Cette remarquable espèce est originaire du mont Gede, à 
Java. Les indigènes la nomment Pangang. Le Jardin bota- 
nique de Kew a reçu cette plante du célèbre établissement 
horticole de Jacob Makoy, de Liège. Nous recommandons 
fortement cet aux amateurs de plantes de serre chaude 
et de bonne serre tempérée. 

iseiiecio prœcox (De Candolle), figuré dans le Bot. Mag., 
pl. 4805. Syn. : Cmeraria prœcox (Cavanilles). — Famille 
des Composées. — Syngénésie superflue. 

Cette espèce forme un assez grand arbrisseau à tiges suc- 
culentes, épaisses, ligneuses; les fleurs, d’un jaune d’or, 
sont réunies en larges corymbes qui apparaissent de bonne 
heure au printemps, à l’extrémité des branches, alors que 
les feuilles sont encore jeunes et peu développées. 

Malgré le volume de ses corymbes , nous ne pensons pas 
que cette plante puisse être recommandée comme digne d’une 


198 JOURNAL 

grande attention. — Nous l’avons trouvée en grande abon- 
dance sur les monticules volcaniques de la vallée de Mexico, 
où elle forme de grosses touffes arborescentes hautes de 8 à 
10 pieds, d’un aspect peu agréable par suite de la dénuda- 
tion de la plus grande partie des tiges. 

IShodocBendron ^addeiii (HOOKER fils), figuré dans le Bot. 

Mag.^ pl. 4805. — Famille des Éricacées. — Décandrie 

Monogynie. 

Quelle noble plante que ce Rhododendron Maddenî ! Quel 
sentiment, profond de gratitude ne doivent pas ressentir les 
florimanes pour le savant distingué, pour le noble fils de sir 
William Hooker, qui, au péril de ses jours, dote l’horticul- 
ture européenne de pareilles introductions végétales î Rivale 
du magnifique Rhododendron Dalhonsiœ (introduit égale- 
ment par le docteur Hooker fils), l’espèce que nous allons 
décrire a fleuri parfaitement bien à Kew en mai et juin 
1854, et excité l’admiration des amateurs par ses fleurs blan- 
ches délicatement teintées de rose, parfumées, de la gran- 
deur et de la forme du lis blanc {Lilium mndidum), situées 
par groupe de trois à l’extrémité des branches chargées de 
grandes et belles feuilles d’un vert foncé en dessus, ferru- 
gineuses en dessous, et à pétioles violets. L’introduction d’une 
pareille plante suffit seule, à notre avis, pour fonder la ré- 
putation d’un botaniste explorateur. 

M. le docteur Hooker fils dit que le Rhododendron Mad- 
deni est même rare dans sa patrie, les montagnes du Sikkim- 
Himalaya, près des rivières de Lachen et de Lachoong, à une 
élévation supramarine de 6,000 pieds anglais. Ce nom spéci- 
fique a été donné par ce botaniste en l’honneur du major 
Madden, à ce même officier, croyons-nous, auquel on est re- 
devable de l’introduction du Lilium giganteiim. 

Le Rhododendron Maddeni est un arbuste atteignant 5 à 
6 pieds de hauteur, se ramifiant dès sa base; les branches 
Sont dressées et recouvertes d’une écorce pâle et mince. Les 
feuilles sont nombreuses, d’un beau vert vif, coriaces quoique 


199 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

molles, ellijDtiques lancéolées, aiguës ou acuminées; leur 
longueur varie de 4 à 7 pouces; le pétiole est court, épais, 
d’un rouge violet. Les jeunes feuilles sont complètement re- 
vêtues de nombreuses petites écailles, que l’on ne retrouve 
qu’au-dessous des feuilles adultes, où elles prennent une 
teinte ferrugineuse. Les fleurs sont constamment au nombre 
de trois à l’extrémité des branches; elles s’étalent presque 
horizontalement en suivant trois directions différentes; elles 
sont grandes, odorantes, blanches teintées et lavées de rose. 
Le pédoncule est court et garanti par une ou plusieurs larges 
bractées membraneuses. 

Le calice présente cinq lobes courts, inégaux, arrondis, 
dressés, très-squamuleux. La corolle offre un tube allongé; 
son limbe est à 5 grands lobes arrondis, étalés. Les étamines 
sont au nombre de 18 à 20, plus courtes que la corolle. 

M. Hooker ne pense pas que cette espèce puisse être cul- 
tivée en plein air. Nous dirons à ce sujet que la gelée du 
24 avril dernier a tellement maltraité les Rhododendron du 
Sikkim-Himalaya , tels que les Rhododendron glauciim, 
Falconeriy Thomsoni, fulgejis, Wallichii, ciliatiim et cm- 
7 iaharinumy espèces qui avaient parfaitement résisté dans le 
jardin de Kew en plein air, aux rigueurs de l’hiver 1855- 
1854, qu’il est douteux qu’elles survivent aux effets de cette 
gelée tardive ; il convient donc, en présence de ces faits, de ne 
pas risquer les Rhododendron de l’Himalaya en plein air, 
avant que de nouvelles expériences de culture aient été 
tentées. 


200 


JOURNAL 


^tsccUanccs. 


DE LA MULTIPLICATION DU ROSIER. 

La Rose, par la noblesse de son porf, la grâce de sa forme, 
la fraîcheur de son coloris et la suavité de son parfum, a mé- 
rité le titre de reme des fleurs. Cette royauté, légitime s’il en 
fût, date de plusieurs siècles et promet d’avoir encore une 
longue durée. Quelques fleurs, il est vrai, ont essayé de lui 
disputer la couronne; mais elles n’ont eu qu’une vogue éphé- 
mère : ces rivales d’un jour sont à peu près retombées dans 
l’oubli, d’où le caprice de la mode les avait tirées; elles vé- 
gètent obscurément dans les Jardins de quelques amateurs, 
voués au culte des souvenirs. 

Quant à la Rose, son empire est plus affermi que jamais; 
elle est aujourd’hui l’objet d’un véritable enthousiasme. Cet 
engouement est dû surtout à la conquête toute moderne de 
plusieurs espèces de Rosiers qui, indépendamment d’autres 
qualités, possèdent la précieuse faculté de fleurir plusieurs 
fois dans le courant de l’année. L’hybridation et les semis, en 
créant des variétés nouvelles, augmentent constamment ces 
riches collections, et sont pour les amateurs une source inta- 
rissable de jouissances. 

Mais, hélas! il n’est pas ici-bas de bonheur sans mélange. 
Les cultivateurs de Rosiers en ont fait récemment la tris(e 
expérience : le rigoureux hiver de 4853-1854 a causé d’é- 
normes ravages dans leurs plantations, surtout parmi les 
Rosiers à haute tige greffés sur églantier. Les Rosiers francs 
de pied, quoique appartenant, pour la plupart, à des espèces 
délicates, ont résisté; un simple buttage ou un paillis leur 
a permis de supporter un froid de 23 degrés centigrades. 

Cependant, à quelque chose malheur est bon, et cette ca- 
tastrophe décidera sans doute les amateurs à renoncer à ces 
disgracieux Rosiers à tige, qui étalent dans les jardins leurs 


D’HORTICÜLTÜUE PRATIQUE. 201 

troncs dénudés. Quoi qu’il en soit, nons allons essayer de 
mettre fin à la querelle qui divise la greffe et la bouture. 
Pour atteindre ce but, il suffira d’indiquer les avantages et 
les inconvénients que présente chacun de ces deux modes de 
multiplication. 

Ce qui recommande les églantiers, c’est qu’on peut, en les 
greffant à différentes hauteurs et en les plantant par rang de 
taille, en former des massifs disposés par étages. Il est bon 
de remarquer toutefois que le Rosier, livré à lui-même, croît 
ordinairement sous forme de touffe ou de buisson, et que la 
greffe, qui en fait un arbuste à tige, lui ôte son port naturel 
et lui donne une physionomie factice. 

Notons également que l’églantier, qui ne remonte pas, est 
peu propre à recevoir la greffe des Rosiers dits remontants. 
Nous pouvons ajouter à ceux-ci les Rosiers de l’île Rourbon, 
les Noisettes, les Thés, les Rosiers duRengale, et en général 
tous ceux qui fleurissent plus d’une fois dans le cours d’un 
été : toutes ces espèces végètent mal sur l’églantier, avec 
lequel elles n’ont pas d’analogie; et, ce qui est un inconvé- 
nient plus grave, la position élevée de ces Rosiers, ainsi 
greffés, ne permet pas de les abriter efficacement, de sorte 
qu’ils périssent presque toujours pendant les hivers rigou- 
reux. L’églantier ne peut donc servir de sujet qu’au Rosier de 
Provins {Rosa gallica) ^ que nos jardiniers appellent Rose 
dure, et dont la culture est à peu près abandonnée. 

Ne perdons pas non plus de vue que la multiplication du 
Rosier par la greffe en fente ou en écusson est extrêmement 
lente. Un églantier, planté dans le mois de novembre 1854, 
par exemple, pourra être écussonné à œil dormant en août 
1855, si toutefois il est pourvu de bonnes racines et qu’il 
végète vigoureusement. Cette greffe donnera quelques fleurs 
en juin 1856. Ainsi, dans le cas le plus favorable, elle aura 
occupé le terrain pendant 20 mois; mais, pour les sujets fai- 
bles, qui ne peuvent être greffés qu’après 21 mois de plan- 
tation, l’intervalle entre cette dernière opération et la pre- 
mière fleuraison est d’environ trois ans. 


1 


202 JOURNAL 

Cependant cette plante, qui se forme si lentement, n’a 
qu’une durée fort limitée : les plaies occasionnées par la 
greffe, les surgeons qui poussent au pied du sujet, toutes ces 
causes abrègent la vie de l’églantier, qui n’est du reste jamais 
longue, car il se trouve dans une situation anomale. 

Le Rosier franc de pied forme avec la greffe un contraste 
frappant. Ne portant pas en lui-même, comme cellc'-ci, diffé- 
rentes causes de dépérissement, il végète avec une vigueur 
qu’on est obligé de modérer par le pincement. Les rejetons 
qui sortent du collet, loin d’affaiblir la plante, en augmentent 
la force et les dimensions. 

Nous avons admiré, vers la fin de juin, dans le jardin de 
M. le capitaine Dalluin, un de nos rosistes les plus distin- 
gués, deux planches de Rosiers hybrides, francs de pied. Ces 
plantes, dont la belle culture atteste les soins et l’habileté de 
leur propriétaire, formaient de charmantes pyramides cou- 
vertes de fleurs et de boutons, de la base au sommet. Et 
pourtant cette magnifique plantation se compose de boutures 
de deux ans, qui ont passé l’hiver en pleine terre, et dont 
aucune n’a souffert, bien qu’elles n’eussent pour abri que 
quelques centimètres de fumier court. 

Ce beau résultat répond victorieusement aux objections 
des détracteurs de la bouture, qui, se fondant sur des ouï- 
dire au lieu de consulter l’expérience, prétendent que le 
Rosier franc de pied donne à peine quelques fleurs. — Non- 
seulement il fleurit avec abondance, mais il prouve encore, 
d’une manière incontestable, que le bouturage l’emporte en 
célérité sur les autres modes de multiplication : une bouture 
de Rosier, faite au mois de juillet ou d’août et convenable- 
ment traitée, s’enracine et peut être rempotée au bout de 
20 à 25 jours ; elle passe l’hiver sous bâche, est mise en pleine 
terre au printemps suivant et fleurit en juin, c’est-à-dire 
après une période de végétation qui n’excède pas dix mois. 

Nous exposerons en détail, dans un prochain article, le 
procédé au moyen duquel on multiplie par bouture toutes 
les espèces de Rosiers. J. F. M. 


à 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


205 


CLASSIFICATION DES ROSES. 

( Suite. — V oir p. 173. ) 


9° La Rosa indica semperflorens ou Rosa Bengalensis est 
originaire de la Chine et fleurit pendant toute l’année dans 
les terrains qui lui offrent assez de nourriture pour le déve- 
loppement de ses nombreuses fleurs. La tige s’élève quelque- 
fois jusqu’à 5 et 7 pieds; les rameaux sont dressés, longs, 
verts. Aiguillons épars, forts, plus ou moins recourbés, rou- 
geâtres; pétioles ciliés, aiguillonneux ; folioles souvent rou- 
geâtres, surtout dans la jeunesse, au nombre de 3 à 5, gla- 
bres, ovées ou elliptiques-lancéolées, luisantes au-dessus. 
Fleurs souvent en corymbe, surtout sur les nouvelles pousses 
provenant de la racine, moyennes, d’une faible odeur ou 
n’en ayant pas du tout; elles sont roses ou pâles, et varient 
entre ces nuances depuis la blanchâtre jusqu’au pourpre 
foncé ; ovaire ové, presque turbiné, glabre ; lobes calicinaux 
munis de quelques appendices. 

Les variétés et sous-variétés de la Rose des Indes sont in- 
nombrables et diffèrent sous le rapport de la taille comme 
sous celui de la couleur. Sous ce dernier rapport on les a 
classées comme suit : 

A fleurs blanches ou jaunâtres, comme Adeline de 
Corne, Relia Donna, Bengal flowers of sulphur-Rose ; Cafi- 
dide; Pauline Borghèse, de couleur nankin ; Iphigénie, 
Duc de la Romana, etc. 

^2^ A fleurs grises : Bengal Acanthœ, Bengale Racine,, 
Denan's Bengal-Rose, Rosa Bengalensis suaveolens, etc. 

3^^ A fleurs roses ou couleur de chair : Bengal Socrates; 
Charles X, de couleur chair; Dubreuil, rose; Madame Der~ 
monts, chair; la superbe Violette; Marie Stuart, de couleur 
chair et odorante; Princesse Charlotte, lilas chair et odo- 
rante; Vésuve, rose nuancé de feu; Belmire, rose, etc. 

¥ A fleurs lilas, pourpre clair ou ombrées de violet : Am- 


JOURNAL 


204 

phürite , \iolet clair; centifolia speciosa, pourpre violet; 
DidOy lilas ; Fénelon, rouge violet; Général Chassé, cramoisi- 
clair; Harr^j, rouge violacé, etc. 

S® A fleurs rouges ou foncées : Bue de Bordeaux, cramoisi- 
velouté; Ermite, pourpre foncé; Impératrice Joséphine, 
cramoisi foncé velouté; Hospitalière, amaranthe; Reine de 
Lombardie, cramoisi-foncé; Tibulle, vermillon-velouté; Zé- 
nobie, pourpre foncé, etc. 

6® A fleurs marbrées, panachées, rubanées . Aline', pour- 
pre à cœur blanc; Alphonsme, cramoisi-clair bordé de blanc; 
Bidicelli, rouge strié de blanc ; The fl agrant, rouge vineux 
strié de rouge foncé, etc. 

Roses de Bengale hybrides. 

Ces roses ne fleurissent qu’une seule fois pendant l’année; 
elles ont de 5 à 7 folioles, ordinairement des rameaux sar- 
menteux, longs, droits ; la forme de l’ovaire est très-variable. 
Comme l’origine, en ce qui concerne l’espèce qui a fourni le 
pollen, ne peut jamais être indiquée avec sûreté, à moins 
qu’on n’eût eu recours au croisement artifleiel, ces sous-va- 
riétés hybrides ne peuvent être classées autrement que d’après 
la nuance de la fleur. C’est ainsi que l’on a des Roses bengales 
hybrides : 

i® A fleurs pleines blanches : Blanche de Vibert, Triomphe 
de Laffey. 

2® A fleurs roses ; Delaborde, Corvisart, Leroux, Roxe^ 
lane. Rose Coutard, etc. 

5® A fleurs lilas ou couleur de chair: Baronne de Cressac, 
Calypso, Rosa florida, etc. 

¥ A fleurs rouges ou pourpres : Camuzet major, Claire 
de Cressac, Duc de Chartres, Rose Vibert, etc. 

5® A fleurs violettes : Belle de Crécy, la Nubienne, Thurète, 
Conquête de Jacques, etc. 

0® A fleurs picotées lAntiope, Noémie, Thornless-Rose, etc. 

1^ Enfin les Roses de Rengale hybrides à fleurs marbrées : 
Victor Hugo, Pompon tricolor. Ponceau Capiaumont, lolande 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 205 

Fontaine, Docteur Guepin, Duc de Choiseul, Belle de Rosny, 
Belle de M émirs, etc. 

Rose de la Chine, Rosa Sinensis, La lige est faible, haute 
de 2 ou 5 pieds ; rameaux grêles, verts, glabres, armés de 
quelques rares aiguillons recourbés, forts. Folioles de 5 à 5, 
ovales lancéolées , simples ou fortement dentées , plus ou 
moins rougeâtres dans leur jeunesse. La foliole terminale et 
les deux inférieures plus grandes que celles du milieu. Pétioles 
garnis de quelques petits aiguillons. Pédoncules allongés, 
grêles, solitaires; ovaire petit, allongé, glabre; lobes calicinaux 
étroits, réfléchis, passagers. Fleurs cramoisi foncé. Il y a plu- 
sieurs variétés de cette espèce dont quelques-unes fleurissent 
deux fois par an si on les taille après la première floraison. 

Outre ces espèces et variétés, nous citerons, pour compléter 
cet article, les suivantes : 

Rosa Banksiæ. Arbrisseau sarmenteiix à fleurs blanches 
ou jaunes; de la Chine, où se trouve, ainsi que dans l’Hima- 
laya et d’autres contrées de l’Asie, un grand nombre de Ro- 
siers sarmenteux. 

Rosa inermis. Rose sans aiguillons; arbrisseau de 5 ou 
6 pieds dont la patrie est inconnue. Il y en a une variété a 
fleurs pleines. 

Rosa multiflora de la Chine. Elle pousse des sarments de 
10 à 30 pieds de longueur. On en a des variétés et des hy- 
brides à fleurs pleines, roses, pourpres, avec et sans odeur. 
Les fleurs sont très-nombreuses et forment de gros bouquets. 
Les Anglais ont beaucoup multiplié les variétés de cette 
espèce, qu’ils emploient pour garnir des murs, des espa- 
liers, etc. ScH. 



206 


JOURNAL 


DE L’EMPLOI DE LA GÉLATINE OU COLLE-FORTE 

COMME ENGRAIS POUR l’arROSEMENT DES PLANTES, PAR 
M. LIERYAL, HORTICULTEUR A PASSY-LEZ-PARIS. 

(Extrait des Annales de la Société impériale d’horticvlture de Paris, 
août 18a4.) 

Nous engageons fortement nos lecteurs à méditer l’impor- 
tant article de M. Lierval ; il est écrit par un horticulteur ami 
du progrès et qui soumet les nouvelles découvertes horti- 
coles au creuset de l’expérience avant d’en préconiser les 
effets. En Allemagne on emploie depuis quelque temps les 
liniments de colle-forte avec un grand succès dans la culture 
d’une foule de plantes délicates de semis et de bouturage. 
A part la vigueur des plantes traitées par les arrosements à 
la colle-forte, avantage que nous faisons figurer en première 
ligne, il en est d’autres qui militent fortement en faveur de 
ce système ; le prix de revient est fort modéré, la manipula- 
tion est fort simple, l’odeur n’est point offensive, comme celle 
que dégagent la plupart des engrais liquides employés par les 
jardiniers; enfin , comme le fait remarquer M. Lierval, il n’est 
nullement besoin par ce procédé de tenir les plantes dans 
des vases de grande dimension. 

« Après avoir étudié pratiquement les substances dont on a 
préconisé les avantages pour l’arrosage des plantes, j’ai re- 
connu, par mes expériences, que la colle-forte (ou gélatine) 
pouvait remplacer avantageusement toutes les autres matières 
employées jusqu’alors. 

» Parmi les matières organiques que les plantes ne peuvent 
s’assimiler, qui se combinent avec la gélatine et deviennent, 
par cette combinaison, utiles à la nutrition des plantes, il 
faut placer, en première ligne, le tanin, principe produit par 
l’écorce ligneuse des tiges et des racines des arbres et ar- 
bustes non décomposés, et qui ne peut céder aucun principe 
propre à la nutrition des plantes. 


207 


D'HORTICULTURE PRATIQUE. 

» La colle-forte dissoute dans l’eau se combine non-seule- 
ment avec le tanin, mais encore elle rend solubles un grand 
nombre d'oxydes métalliques et de sels insolubles à l’eau exis- 
tant dans certaines terres. 

» Les colles-fortes inférieures, qui sont à peu près aussi effi- 
caces que celles de première qualité, doivent être préférées, 
parce qu’elles sont d’un prix infiniment moindre. 

» La solution de colle-forte se décompose promptement, sur- 
tout par la chaleur, et s’acidifie d’abord, puis devient ammo- 
niacale, se putréfie et répand une odeur très-fétide. On obvie 
facilement à cet inconvénient en ajoutant, à la solution de la 
colle-forte employée, un dixième de noir animal ou de char- 
bon finement pulvérisé. 

» Il n’est pas nécessaire que la dissolution de colle entre en 
putréfaction pour s’en servir ; la décomposition s’effectue 
dans la terre et agit même plus efficacement 

>* Lorsque la colle se décompose, il se forme une grande 
quantité d’ammoniaque d’une part, et d’acide carbonique de 
l’autre. Le nitrogène ou azote s’unit à l’hydrogène pour 
former de l’ammoniaque, et le carbone avec l’oxygène pour 
former de l’acide carbonique, tandis qu’une autre partie de 
carbone mise en liberté dans une faible proportion , ainsi 
que l’équivalent d’hydrogène, sont absorbés par les sub- 
stances terreuses ou s’évaporent dans l’air. 

» Ces deux composés, à l’état naissant, se combinent ensem- 
ble et forment du carbonate d’ammoniaque, sel ayant la pro- 
priété de dissoudre en grande quantité riiumus, principe 
nutritif des plantes. 

» Par sa décomposition et la transformation de ses principes 
constituants, la gélatine a un haut degré de propriétés nutri- 
tives, i° en entretenant une humidité régulière; 2° en cédant, 
aux racines des plantes avec lesquelles ces principes se 
trouvent en contact, des quantités considérables de maté- 
riaux qui composent et solidifient les végétaux. 

» Toutes les plantes contiennent du tanin en plus ou moins 
grande quantité. Les terreaux provenant de détritus de végé- 


208 


JOURNAL 

taux ligneux sont, en raison de la (|iianlité de tanin qu’ils 
contiennent, plus ou moins favorables à la nutrition des 
plantes; c’est ainsi que certains terreaux de feuilles ou de 
bruyères, quoique ayant, en apparence, des qualités ana- 
logues, sont tellement défavorables à la nutrition des plantes, 
qu’aucune ne pourrait y vivre avec une santé parfaite, et ces 
mêmes terres restent improductives aussi longtemps que le 
tanin reste libre. C’est ce qui a lieu dans les terres de 
bruyères tourbeuses, dont on n’a pu tirer jusqu’alors aucun 
parti avantageux. La tourbe même, arrosée avec la solution 
de colle-forte, devient d’une fertilité qu’on ne peut comparer 
qu’à celle des forêts des Antilles. C’est pourquoi aussi, dans 
les bois qui ont été exploités, les parties du sol recouvertes 
de sciures restent deux années entières avant qu’il puisse s’y 
établir une végétation quelconque; mais en arrosant ces 
places avec un corps alcalin, ou avec la solution de colle qui 
en fournit par sa décomposition spontanée, le tanin se dis- 
sout, 1 action de l’air se transforme rapidement en terreau 
propre à la végétation des plantes, et ces mêmes terres, qui 
étaient improductives, deviennent, parce moyen, d’autant 
plus riches qu’elles étaient inférieures auparavant. 

» Le guano est une substance dont on a préconisé les avan- 
tages pour l’arrosement des plantes. 

» Elle est très-active, et opère d’une manière presque instan- 
tanée, et analogue à un mélange de chaux caustique (oxyde 
calcique). On peut le comparer encore à du fumier neuf qui 
chauffe comme une espèce de combustion, force les plantes à 
végéter, sans leur donner par lui-même une nourriture du- 
rable. Ces plantes ont une vieillesse prématurée. Aussi 
arrive^ril que les personnes qui achètent des plantes traitées 
par le guano éprouvent de grandes déceptions. Quelques 
jours après, ces personnes sont tout étonnées de voiries 
feuilles jaunir et mourir. 

» La composition chiniique du guano varie, d’ailleurs, sui- 
vant le lieu d’où on le reçoit, et suivant son état de pureté 
ou de falsification plus ou moins complète. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 209 

» La colle possède un peu moins d’action stimulante, mais 
renferme constamment des matières organiques facilement 
assimilables et entretient les plantes dans une santé ro- 
buste. 

» Le sang ou l’albumine, coagulé ou desséché par la chaleur, 
ou simplement à l’état liquide, employé comme engrais, jouit 
à peu près des mêmes propriétés que la colle, mais avec 
l’inconvénient d’attirer les vers et les insectes, et de produire 
une odeur désagréable. 

» Quelques plantes, telles que la Bourrache, etc., etc., 
exigent, pour leur nutrition, certains oxydes métalliques ou 
des sels chargés de nitrates alcalins. Il est certain que la 
colle-forte, en dissolvant ces agents chimiques, facilite leur 
absorption instantanée, tout en communiquant, en outre, à 
ces plantes ses matières organogènes. 

» La corne agit exactement comme la colle-forte, mais avec 
la différence qu’il faut un temps très-long pour que sa dé- 
composition puisse avoir lieu et que son action puisse se 
manifester. Il en est de même d’une foule d’autres sub- 
stances, telles que les laines et autres matières provenant des 
animaux, etc., etc. 

» L’urine produit de l’urée, du phosphate calcique, de l’am- 
moniaque et du chlorure de soude. Saturée par la chaux, il 
s’en dégage de l’ammoniaque, qui, de même que la colle en 
dissolution, agit comme dissolvant, mais avec la différence 
qu’elle ne dissout alors que certains oxydes métalliques et 
qu’elle n’attaque pas les sels terreux insolubles; tandis que 
la colle-forte dissout, au contraire, urm foule de substances 
insolubles, qui entretiennent une humidité constante, indis- 
pensable à la végétation vigoureuse des plantes. 

» Pour moi, il est hors de doute que l’emploi de la colle- 
forte donnera de notables avantages pour les repiquages 
soit de colza, d’œillettes, de carottes, de betteraves, de 
choux, etc., etc., etc.; car, en arrosant ces plantes au mo- 
ment du repiquage, non-seulement on donne aux plantes 
une forte nourriture, mais on leur procure en même temps 

?î" 7. — SEPTEMBUE 18o4. 14 


210 JOURNAL 

une humidité durable qui facilite la reprise, quelle que soit 
l’aridité de la saison. 

» Il en est de même pour les pépiniéristes et pour toutes les 
personnes qui jugent à propos d’arroser leurs arbres, qui 
souvent sont soulfreteux et malingres, par suite de l’état 
d’épuisement du sol où ils végètent, et qui devront obtenir 
une influence salutaire par l’action de cet agent énergique. 

» Emploi de la colle-forte. 

Pour arroser les poteries, un demi-kilogramme ou 
500 grammes par 100 litres d’eau. 

Pour arroser la pleine terre, 1 kilogramme de colle par 
100 litres d’eau. 

» Pour la faire dissoudre, il faut mettre tremper, la veille, la 
quantité de colle dont on a besoin , c’est-à-dire 1 kilogramme 
dans 10 ou 15 litres d’eau; le lendemain, faire chauffer la 
meme eau avec la colle, en ayant soin de remuer jusqu’à sa 
parfaite dissolution, environ 4 à 5 minutes, transvaser la dis- 
solution dans la quantité d’eau voulue , bien remuer et s’en 
servir ensuite. 

» Les plantes sur lesquelles j’ai employé la solution de colle- 
forte sont spécialement les Pélargoniurns à grandes fleurs et 
de fantaisie. Quelques arrosements ont suffi pour faire déve- 
lopper chez ces plantes une végétation des plus luxuriantes. 

» Un arrosement par semaine avec la dose susindiquée suffit 
ordinairement; les autres arrosements pendant le reste delà 
semaine doivent être faits à l’eau ordinaire. 

» Un seul arrosement avec la solution très-concentrée de 
colle-forte m’a procuré, chez quelques plantes, de merveil- 
leux résultals. Non-seulement, par ce moyen, la plante voit 
ses tiges et son feuillage prendre un accroissement avec des 
proportions inaccoutumées, mais encore la floraison est des 
plus splendides, et avec des pincements rationnels on peut 
et on doit arriver, en très-peu de temps, à former des spé- 
cimens de plantes qui devront atteindre des proportions 
extraordinaires. 


D'HORTICULTURE PRATIQUE. 2îl 

» Un immense avantage de ce procédé de culture, c’est qu’il 
n’est nullement besoin de tenir les plantes dans des vases de 
grande dimension. Des pots ordinaires, contenant de la terre 
légère faite avec mi-partie de terre de bruyère et de terre de 
gadoue bien consommée, peuvent contenir des plantes d’une 
très forte dimension. 

» Chez mon neveu Pecquenot (Étienne), auquel j’ai conseillé 
l’emploi de la gélatine, et qui depuis cinq semaines en a 
arrosé seulement trois fois sa collection de jeunes Pélargo- 
niums, ces plantes ont pris un tel développement, que non- 
seulement il a été obligé d’opérer des pincements journaliers 
et de dédoubler leurs rangs, mais encore ces plantes, qui ne 
devraient être vendues qu’au printemps prochain, pourront 
facilement être livrées, en très-beaux et très-forts spécimens, 
pour les deux fêtes des 15 et 25 août prochain. 

» Il devient donc, pour moi, incontestable, d’après ce que 
j’ai pu observer, que des boutures d’un an traitées par la 
gélatine pourront très- facilement être livrées au commerce 
dans le courant de l’année, en magnifiques exemplaires et 
aussi forts à peu près que des plantes de deux années de 
culture. 

» Aujourd’hui, pour moi, il me paraît hors de doute que 
toutes les autres plantes dites plantes molles, traitées par la 
solution de gélatine, devront fournir les mêmes résultats 
que ceux que j’ai observés chez les Pélargoniums. 

» D’après mes conseils, quelques essais ont même déjà été 
tentés avec succès sur quelques autres plantes. Une assez 
nombreuse collection de Liliiim lancifolimn, plante qui, 
comme toutes les bulbeuses, en général, n’admet aucune 
espèce d’engrais, arrosée avec la solution de gélatine, a 
acquis un développement et une végétation extraordinaires. 

» Même résultat, mais encore incomplet cependant sur quel- 
ques Ericu, Rhododendrons et Fuchsia, 

» Un des avantages importants de l’emploi de la gélatine 
dans la culture des plantes en pots, c’est l’économie de temps, 
en rendant beaucoup moins fréquents les arrosements ordi- 


212 


JOURNAL 


naires, par suite de la propriété que possède la colle-forte de 
maintenir l’humidité de la terre pendant un assez long espace 
de temps. 

» Le moyen proposé par moi, facile, commode et peu dis- 
pendieux, doit infailliblement produire des résultats aussi 
avantageux. 

» Qu’il me soit permis, en terminant, de prier notre hono- 
rable président de vouloir bien nommer une commission 
pour venir constater les résultats obtenus par ce procédé de 
culture. » 


CERISE IMPÉRATRICE EUGÉNIE (1). 

Cette cerise est due au hasard. Elle a été trouvée dans la 
propriété de M. Varennes, cultivateur à Belleville. On peut 
la confondre avec la Royale anglaise dont elle a la forme et 
la couleur ; mais elle est plus belle, supérieure en qualité, 
plus précoce d’un mois environ, et, ce qui est plus important 
encore, l’arbre se reproduit par drageons qui donnent des 
fruits dès l’âge de deux ou trois ans ; avantage immense, qui 
assure aux sujets une existence plus longue que greffés sur 
Sainte-Lucie. Ce Cerisier, qui est très-précoce et très-fertile, 
est appelé à rendre de grands services, surtout aux cultiva- 
teurs primeuristes ; se reproduisant franc de pied et s’éle- 
vant peu, il est plus avantageux (^ue les Cerisiers greffés, 
pour la culture forcée. 

On possède bien déjà une variété de Cerisier, qui se pro- 
page par drageons et qui ne prend pas un grand accroisse- 


(1) Extrait de Y Horticulteur français du mois d’août 1854. L’excel- 
lent article dû à la plume de M. F. Herincq est accompagné d’une fort 
belle planche représentant cette nouvelle cerise. C’est avec le consen- 
tement de M. Armand Gontier, que la commission de la Société impé- 
riale de Paris a nommé celte cerise Impératrice Joséphine. M. A. Gon- 
tier, de Fontenay-aux-Roses, a acheté la propriété de ce Cerisier ainsi 
que tous les drageons produits et à produire. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 215 

ment; c’est la cerise de pied ou hâtive^ cultivée dans quel- 
ques localités des environs de Paris, surtout à l’ouest, entre 
Puteaux et Nanterre. Mais cette cerise est de grosseur 
moyenne et un peu acide; la cerise Impératrice Eugénie 
est très-grosse, et sous le rapport de la qualité, elle est, 
comme nous l’avons déjà dit, supérieure à la Royale an- 
glaise. 

Une commission nommée par la Société impériale d’horti- 
culture de Paris et centrale de France (1), a constaté que le 
pied mère, haut de 5 mètres environ, a produit une cen- 
taine de drageons, ayant de 50 centimètres à 1 mètre 20 cen- 
timètres de hauteur, et qu’ils étaient couverts de nombreux, 
de beaux et délicieux fruits. Nous tenons ces renseignements 
de M. Bréon, rapporteur de la commission. 

M. Armand Gontier, horticulteur pépinériste à Fontenay- 
aux-Roses, appréciant la bonté, la beauté et l’avenir de cette 
variété, en a fait l’acquisifion, pour la livrer au commerce 
cet automne. 

L’arbre est vigoureux, garni d^in abondant et beau feuil- 
lage. Les rameaux sont trapus, à écorce marron grisai re, 
parsemée de lenticelles jaunâtres, saillantes, presque rondes, 
ou un peu allongées transversalement. Sur plusieurs bran- 
ches, qui nous ont été remises, les pousses de l’année der- 
nière mesuraient de 25 à 50 centimètres de longueur sur 
i de diamètre, et une d’elles avait développé dix-sept 
branches fruitières portant toutes des paquets de cinq ou 
six fruits. Les yeux ou gemmes sont très-gros, ovoïdes. 

Les feuilles sont très-grandes, obovales-rbombées, lon- 
gues de 12 à 46 centimètres, y compris le pétiole, larges de 
6 à 7 centimètres, bordées de dents fines et obtuses, ter- 
minées par une sorte de pointe nommée aciimen, longue 
à peine de 1 centimètre et obtuse ; leur couleur est d’un 
beau vert foncé en dessus, et d’un vert pâle avec un fin 


(I) Cette commission était composée de MM. Jamain-Durand , 
Alex. Lepère, Forest, Jacques et Bréon. 




214 JOURNAL 

réseau de nervures vert clair en dessous; le pétiole a de 
5 à 4 centimètres de longueur. 

Le fruit est presque réniforme, large de 25 à 27 milli- 
mètres sur 2 centimètres de hauteur, d’un beau rouge cerise 
passant au foncé, marqué au sommet d’un point pistillaire 
assez large, et, sur le côté, d’un sillon suturai à peine sen- 
sible; la chair est grasse, juteuse, rouge veiné de blanc; son 
eau est sucrée, d’un goût très-agréable. 

Le pédoncule, long de 3 à 5 centimètres, est implanté dans 
une cavité assez profonde. 

F. Hérincq. 


CEREÜS GIGANTEÜS. 

M. le docteur G. Engelmann, de Saint-Louis du Missouri (î), 
fait connaître Inexistence d’un Cereus ou Cactus géant, décou- 
vert par M. Thurber, dans les régions à peine connues du 
sud-est de la Californie et de l’État de Sonora. Le Cierge 
géant atteint 13 à 15 mètres de hauteur; les plus petites 
plantes en fleurs ont environ 3 mètres et demi de hauteur. 
La tige est dressée, cylindrique simple ou ramifiée; les 
branches sont également dressées, plus courtes que Taxe qui 
les porte, et forment le candélabre. Les épines sont au nombre 
de 12 à 16; les fleurs sont éparses à l’extrémité de la tige et 
des rameaux; leur tube est large et assez court; les pétales^ 
au nombre de vingt-cinq environ, sont charnus, d’un vert 
pâle et blanchâtre. 

Le Cereus giganteus fleurit en mai et juin; ses fruits sont 
mûrs en juillet et août. Il se pourrait que ce fût le grand 
Cactus de la presqu’île Californienne dont parle Vanegas, et 
dont les naturels mangeaient les fruits. Nous ferons remar- 
quer à cet égard que les Mexicains de nos jours font grand 
cas des fruits savoureux de plusieurs espèces de Cereus, 


(1) Extrait de la note de M. Engelmann, insérée dans la Revue hor- 
ticole, numéro du 16 septembre 1854. 


21S 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

d'Opuntia arborescents, que dans les environs de San-Luis 
de Potosi et de Calorce, on remarque d’immenses plaines et 
des monticules entièrement occupés par des forets d' Opuntia 
dont les gros fruits à chair rouge sont d\in goût exquis et con- 
tiennent assez de principes sucrés pour que l’on en fasse un 
vin rouge agréable à boire, nommé Toloriché. On en extrait une 
eau-de-vie assez forte, et de la pulpe pressée et dégagée de ses 
parties aqueuses et fermentescibles, on fabrique des tourtes 
brunes, se conservant longtemps et que l’on exporte en 
grande quantité dans les districts miniers de Guanajuato, 
Zacatecas, etc., sous le nom de fromage de Cactus (Queso de 
tima). Beaucoup de gros Echinocactus sont recherchés 
pour la confection de dulces ou fruits confits; ils servent 
également, lorsque les récoltes de maïs sont peu abondantes, 
à la nourriture des bestiaux. 

Quelques Cereus mexicains atteignent une hauteur aussi 
gigantesque que le Cereus giganteus. Ainsi le Pilocereus 
senitis élève une tige dressée, véritable colonne végétale, à 
10 et 12 mètres au-dessus du sol; le Pilocereus polglophus 
atteint près de 13 mètres de hauteur; le Pilocereus columna 
s’élève souvent dans les plaines et les montagnes entre 
Tebuacan et Oaxaca, à 12 et 13 mètres; enfin certains 
Cereus des crêtes basaltiques de la vallée de Mextitlan peu- 
vent rivaliser de taille avec le géant californien dont nous ne 
voulons du reste nullement amoindrir les mérites. 

M. Thurber a récolté une grande quantité de graines du 
Cereus giganteus. Il est donc à espérer que les caclomanes 
pourront cultiver bientôt dans leurs serres les rejetons de 
ce colossal Cierge. 

Une nouvelle espèce de Cereus, Cereus Thurheri, voisine 
de la précédente, est décrite par M. Engelmann à la suite du 
Cereus giganteus; sa tige est dressée, rameuse de la base; 
elle s’élève jusqu’à une dizaine de pieds au-dessus du sol. 
Ses fleurs sont d’un blanc-verdâtre. Elle cohabite avec le 
Cierge géant. 


216 


JOURNAL 


EXPOSITION GÉNÉRALE 

DE LA SOCIÉTÉ ROYALE d’hoRTICULTURE DE MALLNES. 

La Société royale d’horticulture de Malines, désirant unir 
ses efForts à ceux que faisaient la commune et les habitants 
de Malines afin de rendre plus splendides les fêtes qui 
devaient être honorées par la présence de S. M. le Roi et de 
la famille royale, avait organisé une grande exposition de pro- 
duits horticoles; elle avait compris que pour que les résultats 
d’une pareille exhibition fussent complets et d’une utilité 
réelle, elle devait l’asseoir sur de larges bases en conviant 
indistinctementsous sa bannière tous les amateurs et horticul- 
teurs de la Belgique et de l’étranger. Son programme com- 
prenait 56 concours, dont quelques-uns s’adressaient à des 
envois de fruits, de légumes, à des objets d’art et d’industrie 
horticoles. L’idée de recevoir ses princes au milieu des plus 
belles productions florales de nos jardins, d’étaler à leurs 
regards des richesses végétales que le Créateur a semées d’une 
main si généreuse sur notre globe, n’est-elle pas poétique et 
féconde en enseignements ? 

Vingt-sept horticulteurs et amateurs distingués avaient 
répondu à l’appel de la Société pour composer le jury chargé 
de 1 appréciation des envois de nombreux concurrents. 
Mgr. le ducd’ürsel présidait le jury général, et le savant 
M. D. Spae, de Gand, avait bien voulu accepter les fonctions 
de secrétaire général. M. Spae, dans un rapport d’une ving- 
taine de pages, a fait ressortir d’une manière aussi lucide 
qu’instructive le mérite des envois affectés à chacun des 
concours. Des rapports aussi consciencieux, aussi savamment 
écrits que celui de M. Spae sur l’exposition de Malines, et 
celui de M. E. P. de Puydt sur l’exposition de Mons, sont des 
modèles à suivre et que l’on ne peut consulter qu’avec fruit. 
Il est à désirer que ce système de rapports soit adopté par 
toutes les Sociétés du royaume; il tournerait à leur profit 
et certainement au profit de tous. Ces rapports, revêtus pour 




D’HORTICULTURE PRATIQUE. 217 

ainsi dire d\in cachet officiel, seraient bien plus précieux à 
consulter que les notes prises souvent un peu à la hâte par 
des rédacteurs de journaux, qui, obligés de condenser leurs 
idées dans un cadre très-étroit, ne peuvent fouiller dans le 
cœur d’une grande exposition et passent conséquemment sur 
une foule de plantes modestes et intéressantes. Et pourquoi 
ne dirions-nous pas franchement que souvent il nous arrive à 
nous, qui aimons et chérissons toutes les plantes, fût-ce un 
Rluet ou un Palmier, d’oublier, au milieu de cette réunion 
de végétaux et dans l’ardeur de nos investigations, bien de 
jolies plantes choyées par de fervents et modestes amateurs. 
Les rapports seuls peuvent, par leur étendue, parler du 
mérite de chacun, encourager les faibles et distribuer des 
éloges en tenant compte des efforts et des moyens d’exécu- 
tion de chaque exposant. 

Pour ne pas fatiguer la patience de nos lecteurs par un 
compte rendu détaillé des expositions, nous nous bornerons 
à l’avenir à l’examen de certaines collections ou de plantes 
remarquables; nous commençons dès aujourd’hui à suivre 
cette marche pour l’exposition de Malines. 

Le premier prix, médaille de vermeil, est accordé à Le- 
grelle d’Hanis, d’Anvers, pour le concours du plus bel envoi 
de plantes fleuries. Ce contingent renfermait plusieurs Orchi- 
dées bien fleuries, de jolis Gloxinia; un bel exemplaire de 
Lilium giganleum trônait majestueusement au milieu d’une 
quantité de belles plantes , telles que les Aphelandra Par- 
teana et squarrosa, VHexacentris mysorensis, le Bégonia 
prestoniensis, aux fleurs éclatantes, etc. 

La collection de M. le chevalier de Knyff, de Walhem , 
obtenait un second prix, non sans avoir vaillamment disputé 
le premier prixà Legrelle-d’Hanis. Ses Crinum, sesHedy- 
chhim, ses Musa rosacea et sinensis, son Blandfordia 
nohilis, VEuthales macrophylla, chargé de milliers de fleurs, 
le Tremandra verticillaia. et surtout son Glorio sa superha 
étaient remarquables par leur force et par leur belle flo- 
raison. 


218 


JOURNAL 

Une troisième collection, appartenant a M. Bouchet, à 
Malines, obtient les honneurs d’un troisième prix ; nous 
disons les honneurs, car il fallait que cet envoi fût bien com- 
posé pour que le jury voulût bien accorder un prix après 
avoir Jugé les deux collections précédentes d’un mérite aussi 
supérieur. L’envoi de M. Bouchet formait un mélange de 
plantes de pleine terre et de serre froide, des Liliuin can^ 
didam^ des Salvia patens, avec des Pélargonium^ des 
Pimelea et des Phlox, d’une très-bonne culture. 

Au vingt-sixième concours (plante en fleur la mieux cul- 
tivée), c’est un énorme pied Helichrysum proliferiim, 
chargé d’une multitude de capitules purpurins et apparte- 
nant à M. Ballière, de Gand, qui remporte le premier prix. 
Le second prix est accordé à un bel exemplaire à' Euphorhia 
splendens, envoyé par M. Ambroise Verschaffelt, de Gand. 
Trois autres belles plantes, après avoir longtemps lutté contre 
les deux premières, ont obtenu des mentions honorables : 
VHexacentris mysorensis de M*”® Legrelle-d’Hanis , et le 
Blandfordia nobilis de M. de Knyff, méritaient peut-être 
plus qu’une mention honorable. 

Le concours pour la plus belle plante en fleur obtenue de 
semis était fort intéressant; un hybride issu du croisement 
d’un Gloxinia avec un Sinningia et baptisé du nom de 
Gloxinia smningiouleSy par son obtenteur M. le chevalier 
deKnylï, obtient le premier prix. 

Le second prix est décerné à M. L. Van Houtte, de Gand, 
pour une Gesnériacée fort remarquable : la Tydœa gigantea, 
plante touffue, bien feuillée, haute de taille et à nombreuses 
fleurs oranges, vermillonnées mouchetées dans le genre de 
VAchhne^ies picta; cette plante a un bel avenir. Une Azalée 
des cultures de Legrelle-d’Hanis obtient une mention 
honorable. 

Nous voici arrivés aux divers concours d’Orchidées; rare- 
ment avons-nous eu le plaisir de voir une aussi belle et aussi 
nombreuse réunion de ces intéressantes plantes. C’est la 
fleur du riche, dit-on; mais enfin, c’est une fleur qui, toute 


219 


D’IiORTICUI/rURE PRATIQUE. 

bizarre qu’elle semble être dans ses allures, n’en est pas 
moins digne de notre admiration, et prouve à quelle va- 
riété de formes la main intelligente de la nature a su sou- 
mettre les trois, cinq ou six pièces dont se compose générale- 
ment une fleur, et comment, artiste sublime, elle a su, tout en 
puisant ses teintes à un petit nombre de couleurs, les em- 
bellir, les diversifier d’une manière si merveilleuse, si simple 
et cependant si harmonieuse. Admirons donc un moment 
ces charmantes Orchidées, ces plantes de Pair, comme les 
appellent si poétiquement les Anglais, exposées par MM. Am- 
broise Verschafïelt, J. Linden, Jacob Makoy, Arnold Rrys, 
Sterckmans, Cannaert d’Hamale et par M"^« Legrelle-d’Hanis. 
La collection présentée par M. A. Verschalfelt remporte la 
première palme du vingt-huitième concours (15 Orchidées en- 
voyées par un amateur ou un horticulteur). On y remarquait 
surtout VAerides affine portant deux hampes de fleurs d’un 
rose glacé, le Phalæno'psis grandi flora, ÏAerides odoratiim, 
VEpidendrum vitellimim. Le second contingent couronné 
était fourni par M. Linden de Bruxelles, et renfermait \An- 
guloa Clowesii, un fort exemplaire de V Epidendrum verni- 
costnn, à nombreuses fleurs roses, un bel Odontoglossiim à 
pétales bruns-chocolatés maculés et à grand labelle d’un 
beau violet, le joli Odontoglossum cordatmn, YOncidinm 
Lanceanum, noble espèce dont les fleurs sont d’un pourpre 
violet. La troisième collection couronnée appartenait à l’éta- 
blissement de M. Jacob Makoy et G® de Liège, jolie collection 
parfaitement cultivée et comprenant trois Aerides^ Vodora- 
tum, Yaffineel le roseiim, V Angrœcum bilohiim, remarquable 
par son long éperon , les Cattleya amethystina^ ianlhina et 
Mossiœ, 

M. Arnold Brys remporte la médaille du vingt-neuvième 
concours (10 Orchidées présentées par un amateur); cet 
amateur distingué avait envoyé 20 Orchidées bien cultivées, 
parmi lesquelles nous avons remarqué le Chysis brades- 
cens, YAngnloa Clowesii, X Odontoglossum citrosmum, etc. 
M. Brys cultive ses Orchidées dans de très-grands pots dont 


^^20 JOURNAL 

le pourtour est découpé en larges bandelettes, de manière 
que Tatmosphère humide de la serre puisse parvenir avec 
facilité aux racines; il se sert de détritus et de fragments des 
Fougères de nos bois {Aspidium filix mas, de Polype- 
diurn, etc. ). milieu fibreux et léger qui convient parfaitement 
à ces plantes. Les horticulteurs dont nous avons cité les noms 
plus haut adoptent de préférence le sphagnum haché mêlé 
à de la terre de bruyère fibreuse ou à du sable blanc; ils 
ajoutent à ce mélange force tessons et parfois des morceaux 
de charbon de bois. 

Arrêtons-nous un instant devant la plante couronnée du 
trentième concours (pour la plus belle Orchidée), Proclamée 
à juste prix le bijou de l’exposition , la Disa grandiflora de 
Mme Legrelle-d’Hanis a été saluée par tous de l’épithète de su- 
perbe. Native du Cap, cette Orchidée terrestre, au feuillage 
insignifiant, porte deux très-grandes fleurs d’un ponceau 
éblouissant et d’un blanc rosé strié et veiné de pourpre; 
c’était la première fois que cette plante, du reste encore rare, 
fleurissait en Belgique et même sur le continent. Pour sur- 
croît de mérite, la Disa reste en fleurs pendant plus de 
deux mois; Legrelle-d’Hanis a distribué aux amateurs 
d’Orchidées quelques exemplaires du dessin qu’elle en a fait 
faire. 

Le jury décerne une médaille d’honneur de vermeil à la 
collection d’Orchidées de M. Cannart d’Hamale. L’honorable 
président de la Société, mû par un sentiment de délicatesse 
que chacun comprendra, avait désiré rester en dehors de la 
lice. On remarquait dans cette collection le Cattleya Mossiæ, 
le Dendrobium densiflorum, le joli Ly caste Skmneri, etc. Le 
jury décerne une médaille d’argent à la collection de vingt 
espèces d’Orchidées, du jardin botanique de Louvain, pré- 
sentée par le jardinier en chef, M. Sterckmans. Nous y avons 
vu avec plaisir le Cyrtochilum leiicochilum , le Stanhopea 
Ruckeri et un fort bel Epidendrum, à port d'Epidendrum 
cinnabarinum et à ombelles de fleurs d’un jaune orangé. 

Le premier prix pour la collection de 20 Palmiers est 




D’HORTICULTURE PRATIQUE. 221 

décerné à M. A. VerschafFelt ; le second prix, à Le- 
grelle-d’Hanis. Ces deux envois étaient fort remarquables : le 
premier renfermait un exemplaire du Brahea dulcis, Pal- 
mier d’une rare élégance, et qui remporte en particulier la 
médaille affectée au concours du plus beau Palmier; le Cha- 
mœrops ütaiiracantha ^ espèce fort rare de Tabasco; l’^reca 
lutescens, au stipe doré. 

Parmi les 15 Palmiers exposés parM. Vandewiele, et qui 
obtiennent le prix du trente-deuxième concours (15 Palmiers 
exposés par un amateur), se faisaient surtout remarquer le 
Phytelephas macrocarpa (Palmier à ivoire), le Ceroxylo7i 
Andicola et un fort exemplaire de Wallichia caryotoïdes. 

[La suite au prochain numéro, ) 


CHRONIQUE HORTICOLE. 

Légumes en tablettes, — Un jardinier français, M. Mas- 
son (1), après de longues recherches, a résolu un problème 
des plus intéressants; c’était de réduire les légumes à un 
très-petit volume, en leur conservant néanmoins leur saveur 
et leurs qualités nutritives. On aura une idée de l’importance 
de cette invention et des services qu’elle est appelée à rendre 
surtout à la marine, lorsqu’on saura que 920 kilogrammes de 
choux épluchés et desséchés se sont réduits à 69 kilog. de 
matière sèche par la dessiccation et le pressage par la presse 
hydraulique. 

Cette perte énorme d’environ les sept huitièmes du poids 
primitif provient de la disparition parla dessiccation de l’eau 


(1) M. Masson a été nommé chevalier de la Légion d’honneur par le 
gouvernement français pour son utile découverte ; l’Académie des 
sciences de Paris lui a décerné le prix Monthyon; enfin le jury de la 
grande exposition universelle de Londres lui a accordé la grande 
médaille diie council medal. Ces honneurs et ces titres étaient bien 
mérités î 


222 


JOURNAL 


de végétation, laquelle s’élève dans certains végétaux, tels 
que les choux, les salades et autres légumes dits aquevx, à 
80 et même 85 pour cent de leur poids à l’état frais; de telle 
sorte queM. Masson peut mettre sous le volume d’un mètre 
cube, la quantité fabuleuse de 25,000 rations de marins ou 
de soldats de légumes desséchés et pressés. On place les ta- 
blettes dont on veut se servir, dans de l’eau chaude pendant 
une demi-heure, dans la proportion de iO litres d’eau par 
kilogramme de légumes; en reprenant ainsi leur eau de vé- 
gétation, ils assument, en se gorgeant d’eau, de morceaux 
secs et durs comme du bois qu’ils étaient auparavant, l’as- 
pect frais et verdoyant d’un légume nouvellement coupé; on 
traite ensuite ces légumes régénérés comme s’ils étaient 
fraîchement cueillis, c’est-à-dire qu’on leur donne les apprêts 
culinaires ordinaires. 

Cette même invention est utilisée pour la conservation des 
plantes médicinales. On comprend quels services la médecine 
peut relirer de ce procédé dans une foule de cas où l’appli- 
cation de remèdes végétaux frais est indispensable. 

L’introduction en Belgique de cette belle invention est 
très importante pour notre horticulture légumière, elle lui 
assurera un débouché inattendu pour la consommation hi- 
bernale du pays et pour l’exportation; elle ne peut que sti- 
muler le zèle et l’activité de nos producteurs, surtout pour la 
culture des petits pois, des asperges et autres légumes de con- 
servation difficile; elle forcera nos cultivateurs à perfectionner 
leurs modes de culture; car il s’agira de produire, à prix mo- 
dérés, du bon en grande quantité sans augmenter considéra- 
blement la surface de terrain productive. 

M. Fleuiart, membre du conseil d’administration de la 
Société centrale d’agriculture de Belgique, possède le brevet 
d’invention pour la Belgique et la Hollande. Il a ouvert une 
fabrique de légumes en tablettes à Saint-Job-lez-Bruxelles. 

Floraison de rEucepïialarlos pimgens. — Nous trouvons 
dans le Bulletin de la Société dliorliculture d'Orléans, 
août 1854, une note de M. B. Verlot, employé au Jardin 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 225 

des plantes d’Orléans, sur la floraison de cette belle Cycadée 
du cap de Bonne-Espérance. C’est la première fois qu’elle 
fleurit en France. Le cône commença à paraître le 24 octo- 
bre 1855 et parvint à son maximum d’accroissement le 
29 janvier 1854, époque à laquelle il mesurait 44 centi- 
mètres et demi de hauteur et 49 de circonférence. Sa 
période de grand accroissement fut entre le 1®^ décembrç 
et le 8 janvier : dans ces 58 jours, la hauteur du cône se 
trouva portée de 9 centimètres à 40, et la circonférence de 
8 centimètres à 47 ; c’est-à-dire que le cône grandissait et 
grossissait d’un centimètre par 24 heures. 

Le tronc de l’exemplaire d'Encephalartos du Jardin bo- 
tanique d’Orléans mesurait, au moment de sa floraison, 
27 centimètres de hauteur et 96 centimètres de circonférence. 

Seconde floraison des Lilas en septembre. — Les fortes 
chaleurs semblent produire sur certains arbustes le même 
effet que les premières fortes gelées; elUs les dépouillent 
de leur parure foliacée, et interrompent la circulation régu- 
lière et active qu’une température moins desséchante entre- 
tient dans tous les organes d’un végétal pendant un certain 
laps de temps. Ce phénomène d’un repos forcé se présente 
en grand dans quelques contrées tropicales, où le voyageur 
est singulièrement frappé de ne plus trouver à la place 
d’une végétation luxuriante que semblait lui promettre un 
ciel pur et radieux que des touffes d’arbustes desséchés 
dépourvus de feuilles, d’un aspect plus triste que nos bois 
durant nos hivers. Là-bas la journée est brûlante, la nuit 
presque aussi chaude ; chez nous il gèle, et cependant les 
résultats sont les mêmes. Ainsi une certaine somme de cha- 
leur continue pendant un certain temps, non accompagnée 
de pluies ou d’humidité, interrompt aussi bien l’activité de la 
sève que ne le fait une certaine somme de degrés de calo- 
rique en moins. C’est à une élévation brusque de tempéra- 
ture que l’on doit attribuer la deuxième floraison des Lilas 
qui a eu lieu cette année dans divers jardins, et entre autres 


224 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

dans celui de l’observatoire de Bruxelles. Dépouillés en 
partie au commencement de l’été de leurs feuilles, desséchés 
par les chaleurs æstivales, ces Lilas arrêtés soudainement et 
pendant un certain temps dans leur croissance, ont retrouvé, 
dès que la température fut devenue moins sèche, assez de 
vigueur pour forcer des boutons à fleurs à s’épanouir 8 mois 
avant leur époque naturelle; c’était, en un mot, une forcerie 
en grand. Cette observation ne sera peut-être pas inutile 
pour les cultivateurs. 

Gaillardia, — Nous avons remarqué, parmi les nombreux 
semis qui ont été faits cette année au Jardin botanique de 
Bruxelles, une fort belle variété de Gaillardia; elle est issue 
du Gaillardia Liedisii, et s’en rapproche beaucoup par le 
coloris et par la perfection de sa fleur; elle s’en distingue 
néanmoins par une teinte d’un rouge beaucoup plus foncé 
tirant sur le pourpre violacé; les tiges et les pédoncules sont 
d’un vert noirâtre, teinte qui ne se présente pas dans les 
autres variétés; la fleur a b centimètres de diamètre. Nous 
avons appelé cette très-jolie variété Vranckenii, du nom du 
chef des cultures de pleine terre de notre Jardin botanique; 
elle figurera avec honneur au milieu de cette belle cohorte 
de Gaillardia florifères et touffus qui comprend, entre 
autres , le Gaillardia Liedtsii, le Gaillardia Mulleri et le 
Gaillardia Braemtii (que nous considérons comme le plus 
beau de tous). 

Le Weigelia (Diervilla) amabilis est décidément une fort 
bonne introduction; il est encore actuellement en fleurs 
(5 octobre) en plein air au Jardin botanique de Bruxelles. 
Les fleurs, d’un rose plus vif que dans le Weigelia rosea, 
sont groupées en bouquet au nombre de 8 à 12, ou plutôt 
en panicule à l’extrémité des branches. La croissance nous 
a semblé plus vigoureuse que celle de ce dernier. Les feuilles 
sont plus grandes, plus réticulées et d’un vert plus foncé. 








JOURNAL 


D’HORTICEITIIRE PRATIQUE. 


FRUIT FIGURÉ DAMS CE NUMERO. 

PÊCHE MADELEINE DE CODRSON (1). 

Cette pêche est également connue sous les noms de Made- 
leine rouge, de Pêche de vin et de Pêche rouge; elle appar- 
tient à la race des pêches duveteuses à chair quittant le 
noyau. Duhamel, dans son Traité des Arbî'es fruitiers 
(tome II, pl. 7, Paris, 1768), en donne un bon dessin sous le 
nom àQ Madeleine rouge; il dit qu’on ne doit pas la confon- 
dre, et quelques auteurs modernes le font encore, avec la 
Pêche paysanne qui est petite, souvent jumelle et peu esti- 
mable. Il ne paraît pas que la Quintinye l’ait connue. Déjà 
réputée du temps de Duhamel comme une des meilleures, 
cette pêche est encore fort estimée de nos jours ; l’arbre est 
malheureusement peu productif, bien qu’il pousse vigoureu- 
sement et donne beaucoup de bois. Pour obtenir de belles 
pêches, on doit, dit M. de Bavay dans la description qu’il 
en donne dans les Annales de Pomologie belge et étrangère 
(page 51, livraison 6), modérer la production de cet arbre. 


(1) Celte planche est une copie du beau dessin donné par tes 
Amiales de Pomologie belge et étrangère, publiées par la Commission 
royale de Pomologie, instituée par S. M. le Roi des Belges, livrai- 
sons 4-6, 1854. Ouvrage édité par M. F. Parent, au prix de 24 francs 
par an pour 12 livraisons. Six livraisons de cet important recueil 
ont déjà paru. 

8. — OCTOBRE 1834. 1 5 


JOURNAL 


Les bourgeons du Pêcher Madeleine de Courson sont co- 
lorés. Les feuilles sont grandes, profondément dentelées; 
leur longueur varie entre 10 et i 5 centimètres; leur largeur, 
eulre 4 et 5; elles îi’ont point de glandes. 

Les fleurs sont d’un rose vif, plus rouges que celles du 
Pêcher Madeleine blanche, auquel celui que nous décrivons 
ressemble beaucoup sous tous les rapports (1). 

Le fruit est rond, souvent aplati du côté de la queue, ce 
qui n’a pas lieu dans la Madeleine blanche; il est d’autant 
plus gros que l’arbre est moins chargé. La peau est duve- 
teuse et prend une teinte de rouge intense du côté frappé 
par le soleil. La chair est blanche et veinée de rouge au 
centre, avec d’autant plus de force qu’elle approche du 
noyau. Le noyau est rouge, plat et ovale, et se détache na- 
turellement de la chair. L’eau est sucrée, vineuse et d’un 
goût relevé qui fait mettre cette pêche au nombre des meil- 
leures et lui a valu le nom vulgaire de Pêche de vin. 

Le fruit mûrit à la mi-septembre. 

On cultive ce Pêcher en espalier, au midi et au levant, 
expositions qui, seules, conviennent à cet arbre en Belgique. 

Nous remarquons que quelques horticulteurs-arboricul- 
teurs, dans leurs catalogues, font de la Madeleine rouge et de 
la Madeleine rouge de Courson , deux variétés dilTérentes, 
en indiquant à la première une grosseur moyenne et la 
synonymie de Pêche de vin rouge ou rothe Magdalene des 
Allemands. C’est une erreur que nous croyons devoir 
relever dans l’intérêt du vendeur et de l’acheteur; elle nous 
autorise aussi à insister sur les services éminemment utiles 


(1) M. Duhamel dit que les fleurs sont grandes; sa diagnose latine 
porte que le Pecsica Madeleine rouge porte de grandes fleurs , des 
fruits un peu comprimés, une peau rouge, et une chair marquée 
vers le noyau de dentelures ou veines rouges. La Madeleine rouge 
tardive, qui paraît être une variété de la Madeleine de Courson, a 
des fleurs petites, des fruits d’une grosseur médiocre, très-colorés 
et excellents. Le Bon Jardinier dit par erreur que les fleurs sont 
pâles. 




’T’T?' 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 227 

que les Annales de Pomologie sont appelées à rendre lors- 
que cette importante publication sera mieux connue des cul- 
tivateurs. 

jÇorttf ulture étrangh'f. 

PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERKE FROIDE ET PLEINE TERRE. 

Ceanothiis l<ol»bitinus (W. HoOKER), figuré daiîS le Bot. 
Mag.y pl. 4810 (1). — Famille des Rhamneœ. — Pen- 
landrie Trigynie. 

Encore une jolie plante californienne introduite en Angle- 
terre chez MMc Veitch, par les soins du célèbre voyageur 
W. Lobb. Ce nouveau Ceanothus, fort joli et rustique selon 
sir W. Hooker, fait partie du groupe caractérisé par des 
feuilles portant trois fortes côtes ou nervures; il ressemble 
jusqu’à un certain point au Ceanothus thyrsiflorus , d’Esch- 
weiler; mais dans celui-ci les branches sont droites, dres- 
sées et anguleuses; les feuilles sont plus grandes et les fleurs 
sont plus pâles; il ressemble également au Ceanothus divari- 
catus de Nuttall, mais il s’en distingue par ses feuilles dont 
les bords sont réfléchis et garnis de dents glandulaires. 

Le Ceanothus Lobbianus mérite d’être cultivé, et produit 
en juin et juillet ses jolis racèmes en tête chargés de fleurs 
d’un bleu azuré vif, extrêmement agréable à l’œil; il forme 
un arbrisseau de taille moyenne, très-branchu; ses feuilles 
sont alternes, étalées, excédant rarement 2 à 2 centmiètres 
et demi de longueur, elliptiques-oblongues, obtuses, raides, 
légèrement velues, à trois côtes, d’un vert foncé en dessus, 

(1) Le graveur des planches du Bolanical Magazine a par erreur, 
donné le n® 4810 à la Bougainvillea spectahilis, celle dernière planche 
doit porter le n« 4811. 


228 JOURNAL 

plus pâles en dessous, à bords toujours recourbés et char* 
gés de dents très-apparentes surmontées d’une glande. On 
remarque de chaque côté de la base du pétiole une stipule 
en forme d’écaille, large, subulée et de même longueur que 
le pétiole. Les pédoncules sont solitaires, un peu plus longs 
que les feuilles, presque terminaux, et situés dans les afs- 
selles des feuilles supérieures ; ils sont terminés par un ra- 
cème en tête de fleurs agglomérées d’un bleu vif. Le calice 
est à cinq segments ovés, recourbés sur l’ovaire. Les pétales, 
au nombre de cinq, sont cucullés ou en forme de capuchon à 
leur partie supérieure, tandis que leur portion inférieure 
s’amincit de plus en plus vers la base. 

Nous croyons que celle espèce de Ceanothns pourra, étant 
convenablement traitée, être forcée en hiver; elle serait alors 
d’un précieux secours pour la confection des bouquets. 

EschschoUxia tenuifolia (Bentham), figuré dans le Bot. 

Mag., pl. 4812. Syn. : Chryseis tenuifolia (Lindl.). — 

Famille des Papavéracées. — Polyandrie Tétragynie. 

Chamisso fonda le genre Eschscholtzia, sans songer peut- 
être que ce nom, par trop voisin de celui (ï Ehholtzia, imposé 
auparavant par Willdenow à une plante de la famille des 
Labiées, pouvait donner lieu à une confusion orthographique 
assez fâcheuse. Cette analogie de noms et la diflîculté de les 
écrire correctement avaient engagé le docteur Bindley à chan- 
ger V E schscholtzia de Chamisso en un nom plus facile à 
orthographier et à retenir; il proposa donc celui de Chryseis; 
mais le nom à' Eschscholtzia prévalut en horticulture, et il 
est à présumer qu’il restera, d’autant plus que Y Elsholtzia 
de Willdenow ne mérite pas les honneurs de la culture. 

V Eschscholtzia tenuifolia a de nombreuses feuilles très- 
rapprochées les unes des autres, presque toutes subradicales, 
étroites, allongées, à segments linéaires, subulés, plus 
courtes d’un tiers environ que les pédoncules; ceux-ci sont 
allongés, dressés et portent des fleurs assez petites, d’un 
jaune uniforme; anthères oranges. Celte espèce se rapproche 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 229 

beaucoup de VEschscholtzia cœspitosa et de VEschscholtzia 
hypecoïdeSy et même de VEschscholtzia californica dont elle 
diffère, ainsi que V Eschscholtzia hypecoïdes, par ses feuilles 
plus petites et par ses fleurs infiniment moins grandes. Les 
différences qui existent entre ces diverses plantes et entre 
celles-ci et les Eschscholtzia compacta ( Chryseis compacta 
Lindley) etcrocea, sont tellement peu appréciables botani- 
quement, qu’il est à présumer qu’elles ne sont que de simples 
variétés d’un seul type. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle 
Eschscholtzie sera reçue dans nos parterres avec autant de 
faveur que ses devancières; elle sera très-utile pour former 
de petits massifs ou des bordures touffues. 

whuiavia ççrandifiora (Habvey) , dans le London joiimal 

of Botany, figuré dans le Bot. May., pl. 4815. — Famille 

des Hydrophyllées. — Pentandrie Monogynie. 

On doit l’introduction de cefte jolie plante annuelle à 
M. W. Lobb, qui la découvrit en Californie, et en envoya des 
graines en 1855 à MM. Veitch, d’Exeter. Le nom générique 
est une dédicace en l’honneur de M. Francis Whitla, à qui 
les jardins botaniques, surtout celui de Belfast en Irlande, 
doivent beaucoup de reconnaissance pour les services qu’il 
leur a rendus. La Whitlavia grandiflora doit être bientôt 
aussi recherchée des amateurs que les JVcmophiles, les Gilia 
et les Eutoca, plantes que la nouvelle arrivée semble surpas- 
ser en beauté; elle est destinée à jouer un beau rôle comme 
fleur de bordure. 

La Whitlavia se distingue aisément des Eutoca par la 
forme de sa corolle, et par la présence d’une écaille à la base 
des étamines; voici comment sir W. Hooker la décrit : plante 
annuelle, à tiges branchues, diffuses, flexueuses, glandu- 
leuses, pubescentes, arrondies ; feuilles alternes, presque 
deltoïdes, dentelées ou doublement dentelées en scie, pubes- 
centes-velues, portées sur de longs pétioles également pubes- 
cents-glanduleux , généralement plus longs que les feuilles. 
Fleurs grandes, comme celles de beaucoup de Campanules 


250 JOURNAL 

avec lesquelles elles ont quelque ressemblance et disposées 
en racèmes terminaux multiiîores, à prétloraison enroulée 
en crosse; le calice est profondément découpé jusqu’à la base 
en cinq segments linéaires, étalés et glanduleux; la corolle 
est d’un beau bleu, à tube large et campanulé, légèrement 
renflé vers le bas; le limbe est à cinq lobes arrondis, étalés. 
Cinq étamines à filets dépassant la corolle , et munis à leur 
base d’une écaille poilue au sommet. Le style est aussi long 
que les filets, poilu comme eux, et fourchu au sommet. Cette 
jolie plante fleurit en été. 

liyrtujii biaiiata (Baxks). figuré dans le Bot, Mag.^ pl. 4809. 

— Famille des Myriacées. — Icosandrie Monogynie. 

Ce joli Myrte figure depuis quelques années dans la plu- 
part des catalogues horticoles (1), et néanmoins il est peu 
cultivé; cet oubli provient, croyons-nous, de ce que les ama- 
teurs ne savent pas combien il est joli lorsqu’il se couvre de 
fleurs plus graniles que celles du Myrte ordinaire et à pé- 
tales délicatement teintés de rose, et de ce que plusieurs 
personnes le cultivent comme plante de serre chaude. Le 
Myrtus biillata élant originaire de la Nouvelle-Zélande, c’est- 
à-dire d’une conirée passablement froide, il faudra, pendant 
la bonne saison, l’exposer en plein air, voire même en pleine 
terre, dans un endroit mi-ombré, et en hiver lui donner la 
protection d’une serre froide, claire et aérée. 

Le Myrtiis biillata ou à feuilles boursouflées atteint de 
io à 20 pieds de hauteur; ses branches sont légèrement pu- 
bescentes, rongeai res et très-feuillées. Les feuilles à pétiole 
court sont persistantes, presque arrondies ou ovales, de con- 
sistance coriace ou membraneuse, convexes en dessus et sin- 
gulièrement boursouflés ou gaufrées; leur couleur est d un 
vert brunâtre à reflets métalliques, surtout dans les jeunes 
pousses; pédoncules axillaires ou terminaux, solitaires, à 
une ou deux fleurs assez grandes ; calice pourpre, très-coton- 


(1) Son prix^ dans beaucoup de catalogues, n‘est colé qu à un franc. 


D’HOUTICÜLTÜRE PRATIQUE. 25i 

neux ; péfales an nombre de quatre, presque orbiculaires, 
concaves, ciliés, blancs, extérieurement teintés d’un rose vif ; 
ils sont en outre légèrement striés et fortement pointillés; 
filets blancs à étamines jaunes. Les feuilles froissées ré- 
pandent une odeur aromatique très-agréable. Les fleurs se 
montrent en juin et juillet. Les indigènes nomment ce Myrte 
Rama-Rama. 

t^iierciijs fiiicifoiia (HoRT.), figuré dans U Illustration horti- 
cole, octobre 1854. — Famille des Quercinées. 

Ce Chêne, trouvé, dit*on, dans les montagnes de rAllemagné 
méridionale, paraît provenir, dit M. Ch. Lemaire, dans /’//- 
lustration horticole, du Quercus pedunculata, espèce propre 
à nos climats et que l’on connaît sous le nom de Chêne com- 
mun à longs pédoncules. Cette supposition est d’autant plus 
admissible que l’analogie entre le Quercus fiiicifoiia et les 
variétés à feuilles laciniées du Quercus pedunculata est très- 
grande (1). Le Quercus heterophylla laciniata, bien que fort 
élégant, n’oflfre point, comme le Quercus fiiicifoiia, un feuil- 
lage aussi gracieusement et finement découpé; aussi le nom 
de fiiicifoiia ou à feuille de Fougère convient parfaitement à 
cette nouvelle variété de Chêne. Remarquons toutefois que, 
pour éviter des erreurs, il sera utile de se servir des déno- 
minations latines, de préférence aux noms français, car le 
Quercus heterophylla laciniata est également décoré du titre 
de Chêne à feuilles de Fougère. 

Les feuilles de notre nouveau Chêne sont, dilM. Lemaire, 
pendantes, pennatifides-lacérées jusqu’à la nervure médiane 
et le long des nervures latérales. Ces segments varient de 
longueur et en distance, mais tous sont entièrement linéaires, 
à bords irréguliers, très-finement crispés, crénulés. 

Cette belle variété est une bonne acquisition pour l’orne- 
mentation de nos grands jardins paysagers et de nos parcs. 


(I) MM. Jacob Makoy et C® indiquent dans leur catalogue de 1853 
le Quercus fiiicifoiia comme variété du Quercus pedunculata. 


232 


JOURNAL 


Chorixcma i^uporbiim {^H07't. Aïigl. et Ch. LeMAIRE), figuré 
dans r Illustration horticole y pi. 29. — Famille des Légu- 
mineuses. 

Le genre Chorizema comprend un certain nombre d’es- 
pèces que les amateurs cultivent avec plaisir, car elles sont 
toutes fort jolies, fort gracieuses, et égayent en hiver la serre 
froide pendant très-longtemps de leurs nombreuses fleurs 
aux couleurs vives et tranchées ; elles sont en outre d’une 
culture plus facile que la plupart des autres plantes de la 
Nouvelle-Hollande; elles se soumettent à merveille aux opé- 
rations de la serpette et du pincement, et se ramifient beau- 
coup si l’on a soin de les planter en été dans un parc de terre 
de bruyère en plein air; elles aiment assez l’eau d arrose- 
ment, mais elles craignent l’humidité stagnante, aussi 
doit-on bien drainer les pots dans lesquels on les plante; 
quelques jours d’humidité surabondante les font jaunir, et 
périr constamment. Nous avons remarqué que leurs fleurs 
étaient plus grandes, plus brillantes, et qu’elles persistaient 
plus longtemps lorsque nous les arrosions tous les quinze 
jours, en novembre et décembre, avec de l’engrais liquide 
suflisamment étendu d’eau; des plantes ainsi traitées et pla- 
cées dans des corbeilles suspendues, ont végété avec vigueur 
et fleuri pendant longtemps dans l’atmosphère d’un salon, 
atmosphèrë toujours plus ou moins fatale aux plantes. 

Voisin du Chorizeina cordatum de Lindley, le Chorizema 
superbum s’en distingue par des feuilles plus étroites et 
dressées, et par ses racèmes beaucoup plus florifères; il 
forme un petit arbrisseau à longs rameaux grêles ; ses feuilles 
sont nombreuses, cordées à la base, oblongues et atténuées 
vers le sommet, à bords ondulés et garnis de petits aiguil- 
lons; le pétiole est très-court ; racèmes nombreux, dressés, 
eflilés, multiflores; fleurs à carène arrondie, apiculée et de 
même couleur que celles du Chorizema cordatum. 

Cette jolie espèce a fleuri celle année dans les serres de 
M. Ambroise Verschaffelt, à Gand. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


233 


iHtsccUflnces. 

GLOSSAIRE DES PRIPiCIPAUX TERMES USITÉS 

DANS LES DESCRIPTIONS BOTANIQUES. 

ACÉREUX. Se dit d’un feuillage mince, raide, en forme d’aiguille et 
piquant au bout. 

ACIGULAIRE et actcülé. En forme de longues aiguilles, raides et 
aiguës. Se dit des feuilles, des épines. 

ACINACIFORME. En forme de cimeterre, comme dans quelques Aloès. 

ACUMINÉ. Partie amincie qui se termine en pointe; par exemple, 
les feuilles du Canna indica, le labelle de beaucoup d’Orcbidées, etc. 

ADHÉRENT. Se dit du calice lorsqu’il est soudé en tout ou en partie 
avec l’ovaire. 

ADNÉ. Organe adhérent à un autre dans toute la longueur d’une de 
ses faces. Cette adhérence complète différencie le mot adné de conné. 

ADVENTIF ou accidentel. Racines naissant au-dessus du collet, 
ou bourgeons émergeant d’une partie qui ne leur est pas habituelle. 

AÉRUGINEUX. De couleur vert-de-gris plus ou moins foncé. 

AFFRANCHIR. Se dit d’une plante greffée, lorsqu’il sort des racines 
hors du bourrelet d’une greffe enterrée. Ces racines remplacent celles 
du sujet et la plante est pour ainsi dire franche de pied. Cet affran- 
chissement augmente la vigueur des plantes et assure parfois leur 
existence comme dans les Aralia crassifolla et trifoliata. 

AIGRETTE. Couronne ou touffe de poils soyeux surmontant des 
graines et des fruits. 

AIGRIN. Nom donné aux jeunes poiriers et pommiers sauvages. 

AIGUILLON. Se distingue de l’épine, en ce qu’elle naît de l’écorce; 
l’épine tient au bois. 

AILE. Nom donné aux deux divisions latérales de la corolle des Lé- 
gumineuses ou Papilionacées; appendices membraneux situés de 
chaque côté de la colonne dans plusieurs Orchidées; bord mince et 
membraneux de certaines graines qui leur permet d’être transportées 
au loin; enfin la partie mince formée sur la tige par le prolongement 
du limbe de la feuille ; on dit dans ce cas que la tige est ailée. 

AISSELLE. Portion intérieure située à une jonction quelconque. 

AKÈNE. Fruit à péricarpe dur et ne contenant qu’une seule graine 
libre. 

ALTERNE. Rameau, feuille ou tout autre organe croissant des deux 
côlés d’un corps en partant de différentes hauteurs. 

AMPLEXICAULE. Feuille ou pétiole dont la base embrasse la tige. 


JOURNAL 


2ol 

ANDROPHORE. On appelle ainsi le faisceau formé par la réunion 
(les filets des étamines ; les fleurs qui ne présentent qu’un androphore 
sont dites monadelphes, diadelphes lorsqu’il y a deux faisceaux, po/i/a- 
delphes lorsqu’il y en a plusieurs. 

ANTHÈRE. Partie terminale de Tétamine qui renferme le pollen, et 
généralement composée de deux poches. 

APÉTALE. Fleur dépourvue de pétales. 

APHYLLE. Qui est dépourvu de feuilles. 

APICULÉ. Qui se termine par une petite pointe; on applique sur- 
tout ce terme aux feuilles dont la veine ou côte centrale se prolonge 
au delà de la partie plane. 

APPENDICE. Toute partie attachée à un corps dont elle n’est qu’un 
prolongement ou une extension. 

APPRIMÉ. Couché sur un corps : (es poils couchés à plat sur une 
lige ou à la surface d’une feuille ; les bourgeons qui adhèrent fortement 
au rameau. 

ARISTÉ et ARÊTE. Se dit surtout de la barbe ou prolongement fili- 
forme des balles des Graminées. 

ASCENDANT. Qui tend à s’élever verticalement. 

AURICULÉ. Ayant la forme d’une oreille. 

AXILLAIRE. Qui part de l’aisselle. 

BAIE. Fruit succulent, mou, charnu, contenant une ou plusieurs 
graines éparses (framboisiers, vignes, fuchsia). 

BI. Devant un mot, signifie deux fois. 

BIFÈRE. Qui est disposé sur deux rangs. 

BIFIDE. A moitié divisé en deux. 

BILABIÉ. Qui a deux lèvres placées l’une au-dessus.de l’autre. 

BIPINNÉ. ( Voir compose.) 

BOURSES [Pomologie). Renflements charnus produits sur les lam- 
bourdes des poiriers et pommiers. 

BRACHIÉ. Étendu en forme de bras; branches, rameaux opposés et 
formant avec le tronc ou la tige des angles presque droits. 

BRACTÉE. Petites feuilles placées près du calice, souvent colorées ; 
elles accompagnent les fleurs ou s’entremêlent avec elles. 

BRACTÉOLE. Petite bractée. 

BRINDILLE. Branche à fruit mince, grêle, flexible, à yeux petits. 

BULLÉ. Boursouflé en dessus, concave en dessous. 

CADUC. Qui tombe promptement. 

CALCARIFORME. En forme d’éperon. 

CALCÉIFORME. En forme de pantoufle; les fleurs de Calcéolaires , 
de Cypripedium 

CALICE. Enveloppe extérieure qui renferme ordinairement la co- 
rolle et protège les organes sexuels de la fleur. Le calice est monosé- 
pale lorsqu il n’est formé que d'une pièce; il est polysépale lorsqu’il 


235 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

est composé de plusieurs pièces ou divisions que l’on nomme sépales. 

CALYPTRÉ. En forme d eteignoir ou ayant une pièce ressemblant 
à un eteignoir ou à une coiffe : Erica coarctata. 

CANCELLÉ. Feuilles dont la surface est marquée de veines disposées 
comme un damier ou comme un treillage. 

CANESCENT. Chargé de poils ou de duvet gris. 

CAPITULE. Fleurs réunies en forme de tête. 

CARÈNE et caréné. En forme de nacelle, c’est-à-dire, une figure 
allongée aux deux extrémités, renflée au centre, et tranchante en 
dessous; se dit surtout des pétales inférieurs soudés dans un grand 
mmhre dePapilionacées, Les fleurs de quelques Orchidées présentent 
aussi cette disposition. 

CARIOPSIDE. Fruit sec, indéhiscent, à une seule loge, à graine 
adhérente. 

CAUDEX. Le tronc ou stipe de certaines plantes non ligneuses ordi- 
nairement. 

CAÜDICULE. Petit prolongement membraneux sur lequel est fixé 
le pollen des Orchidées. 

CAULESCENT.Se ditdes plantesqui acquièrent une tige ou caudex, 
comme les Aroïdées, plusieurs Bégonia, des Broméliacées. Ces tiges 
n’ont pas la fermeté des liges ordinaires; elles portent généralement les 
traces ou cicatrices des anciennes feuilles et émettent facilement des 
racines latérales. 

CAULINAIRE. Qui est attaché à la tige ; fleurs et fruits. 

CILIÉ. Qui a de longs poils comme ceux de la paupière. 

CINÉREUX. Couleur de cendre. 

CIRCINÉ. Roulé en crosse. 

CIRRHIFÈRE. Qui porte des vrilles comme la plupart des plantes 
grimpantes. 

CIRRHEUX, Disposition de certains organes à présenter leurs extré- 
mités plus ou moins enroulées ; par exemple les feuilles des Œillets, 
de la Gloriosa. Les petites lanières ou découpures des ailes du gyno- 
stème de beaucoup d’Orchidées sont des cirrhes. 

CLAYIFORME. En forme de massue. 

CLOISON. Lame ou partie plus ou moins mince qui partage l’inté- 
rieur d’un fruit en deux ou plusieurs parties. 

COADNÉ etcoNNÉ. Parties opposées l’une à l’autre et soudées par 
leur base : les feuilles du Chèvrefeuille. 

COLLERETTE. (Voir involtjcre ) 

COMPOSÉ. Nom général appliqué aux feuilles indépendantes les unes 
des autres , mais portées par un même pétiole (Acacia, M/mosa, etc. ; 
Trèfle, Frêne, Marronnier d’Inde), naissant de la tige ou du rameau 
d'un végétal. Ce pétiole commun porte le nom de rachis, et les feuilles 
partielles se nomment /o/fo/cs. 


236 


JOURNAL 

Les feuilles composées peuvent êire digitées, lorsqu’elles partent en 
divergeant du sommet du pétiole communies feuilles du Marronnier 
d'Inde et du Pavia sont digitées ou imitent les doigts de la main. 

^ Elles peuvent êlre/îmnm ou pennées, c’est-à-dire imitant les barbes 
d une plume qui naissent de chaque côté du support général ; lorsque 
les feuilles pennées sont opposées, on dit qu’elles soni opposüi-pennées 
ou conjuguées; lorsque le nombre des folioles est pair, on dit que les 
feuilles sowi pari-pennées ; elles sont impari-pennées ou pennées avec 
impaire lorsque le sommet du pétiole commun présente une feuille 
solitaire. 

Lorsque le nombre de petites feuilles ou folioles disposées de chaque 
coté du péüole commun est resireint, on dit que la feuille conjuguée 
est uni, hi, tri, quadri ou quinquéjuguée , selon que le pétiole com- 
mun ne présente quune, deux, trois, quatre ou cinq paires de 
folioles. 

On dit qu’une feuijle est décomposée, lorsque le pétiole commun est 
divisé en pétioles secondaires qui portent les folioles. Une feuille dé- 
composée est hipennée, lorsque les pétioles secondaires portent des 
folioles pennées. Beaucoup de Mimosas sont dans ce cas. 

Enfin les feuilles sont nommées surdécomposées, lorsque les pétioles 
secondaires sont divisés en pétioles tertiaires portant les folioles. Les 
Epimedium sont dans ce cas. 

CONJUGUÉ. (Fo/r COMPOSÉ.) 

CONNÉ. [Voir coadivé.) 

CONNECTIF. Corps intermédiaire faisant suite au filet de l’étamine 
et séparant les deux loges de l’anthère. 

CONNIVENT. Parties s inclinant 1 une vers l’autre comme pour se 
joindre par le sommet. 

CORNICULÉ. Ayant des appendices en forme de petites cornes. 

COROLLE. Enveloppe florale interne, le plus souvent colorée; elle 
est tantôt d’une seule pièce ou monopétale, tantôt formée d’un certain 
nombre de pièces ou pétales; elle est alors polypétale. 

CORYMBE. Réunion de fleurs formant une espèce de parasol. Les 
pédoncules ou queues des fleurs ne partent pas d’un même point 
comme dans Yomhelle. 

COTYLÉDONS ou feuilles séminales. Parties de l’embryon desti- 
nées à lui fournir sa première nourriture. 

COURONNE [Corona). On applique surtout ce nom à la partie située 
a 1 orifice du tube de la corolle des Pancralium, Narcisses, etc. 

CRÉNELÉ. Bords à dentelures larges et arrondies. 

CRÊTE [Crista). Tout prolongement élevé qui surmonte un organe 
particulier; la base du labelle de beaucoup d'Orchidées, surtout dans 
les Oncidium et les Odontoglossum, présente une crête soilsimple, soit 
lamellaire (ou divisée par des sillons parallèles ou rayonnants). On dit 


D’HORTICÜLÏÜRE PRATIQUE. 257 

qu’une anthère est à crête, lorsque le filet se dilate et se prolonge 
au delà de l’anthère. 

CUGULLÉ. Creusé en capuchon. 

CUNÉIFORME. En forme de coin. 

CUPULE. C’est cette espèce de coupe dans laquelle se trouve implanté 
le gland des Chênes. 

CUSPIDÉ. Qui se termine soudainement en une pointe. 

CYATHIFORME. En forme de coupe, concave. 

CYMBIFORME. En forme de bateau. 

CYME. Mode d’inflorescence provenant de l’assemblage de plusieurs 
pédoncules partant d’un même point et se divisant irrégulièrement en 
pédoncules partiels. 

DÉCOMPOSÉ. (Fo/r COMPOSÉ.) 

DÉCOUPÉ. Qui présente des entailles plus ou moins profondes, 
mais qui n'arrivent pas jusqu’à la base. 

DÉCURRENT. [Voir aile, tige ailée.) 

DÉGUSSÉ. Qui figure une croix, parties opposées placées sur un 
même plan ou sur deux plans différents, en deux lignes droites qui se 
coupent à angles droits. 

DELTOÏDE. Qui affecte une forme triangulaire. 

DENTÉ. Bords offrant des incisions ressemblant à des dents. On dit: 
dentelé et denticulé lorsque les incisions sont plus ou moins fines. 

DIADELPHE. Qui présente deux faisceaux d’étamines. [Voir an- 

DROPHORE.) 

DICHOTOME. Qui se bifurque successivement en deux parties ou 
branches. 

DICLINE. Plante dont les deux sexes ne sont pas réunis dans une 
même fleur. 

DICOTYLÉDONE. Qui a deux cotylédons ou feuilles séminales. 

DIGITÉ. Divisé en lobes imitant la disposition des doigts de la main. 

DIOÏQUE. Végétal dont un individu porte les fleurs mâles et un autre 
les fleurs femelles. — Sexes séparés et portés chacun sur un individu 
différent. 

DISQUE. Corps charnu qui entoure le plus ordinairement la base de 
l’ovaire. On nomme dans les Composées, fleurs du disque, les petites 
fleurs ordinairement jaunes qui occupent le centre du capitule. Ce 
sont ces fleurs du disque que les horticulteurs cherchent par des semis 
successifs à détruire dans les Reines Marguerites, les Dahlias, etc. 

DISTIQUE. Qui est disposé uniformément en deux rangs. 

DIVARIQUÉ. Qui s’écarte à angle très-ouvert du corps auquel il tient. 

DRUPE. Fruit charnu, succulent, renfermant un noyau (pêche, 
cerise, etc.). 

ÉCAILLE. Organe membraneux de nature sèche, ressemblant à une 
petite feuille. 


258 JOURNAL 

ÉCHANCRÉ el ÉMARGINË. Ayant au sommet une entaille en forme 
de demi-cercle. 

ÉCHINÉ, ÉCHINIFORME. Qui est couvert de nombreuses pointes* 
Les fruits de beaucoup de végélaux. 

ENGAINANT. Base ou pétiole d'une feuille élargi et qui embrasse 
entièrement une autre feuille ou la lige; cette disposition est très-fré- 
quente dans les Monocotylédones (Orchidées , Graminées, Commély- 
nées, etc.). 

ENSIFORME. En forme d'épée. 

ÉPIDERME. Partie mince ou enveloppe extérieure de l’écorce et 
des feuilles. 

ÉPIPHYLLE. Croissant sur la feuille. 

ÉPIPHYTE. Croissant sur d’autres végétaux comme la plupart des 
Orchidées. Ce mol est très-différent de parasite ; celui-ci ne doit être 
appliqué qu’aux plantes qui croissent sur d’autres végétaux et se nour- 
rissent à leurs dépens, comme le Gui, par exemple. 

ÉPERON. Prolongement ressemblant à une corne ou cornet plus ou 
moins long. 

ÉPI. Il est formé par l’ensemble de fleurs attachées sur un pédon- 
cule commun et allongé. 

ÉPINE. Pointe dure et aiguë qui tient au bois; elle diffère de l’ai- 
guillon qui ne tient qu'à l’épiderme et que l’on peut enlever sans en- 
dommager l’écorce. 

ÉTAMINE. Organe mâle des végétaux composé de Y anthère qui est 
généralement supportée par un corps accessoire nommé filet, 
FALCIFORME. Arqué en forme de faux. 

FASCICULE. Disposé par faisceaux. 

FILET. Support de l’anthère. 

FILETS ou COULANTS. Longs jets minces qui traînent à terre. 
FILIFORME. Qui est mince, allongé ou en forme de fil. 

FISTULEUX. Qui est cylindriq ue et creux. 

FLEURONS. Petites fleurs à corolle tubuleuse, occupant le centre 
ou disque des capitules des Composées. 

FLEXUEUX. Qui a une direction ondulée. 

FLOSCULEUX. Capitule composé de fleurons. 

FOLIACÉ. Qui a l’apparence d’une feuille. 

FOLIOLE. Feuille ou division partielle. 

FRONDES. Feuilles des Fougères; elles sont toujours roulées en 
crosse à leur naissance et se déroulent à mesure qu’elles s’allongent. 
FULIGINEUX. Qui a la couleur et l’aspect de la suie. 

GÉMINÉ. Qui est disposé par paire. 

GÉNICULÉ. Qui est ployé ou coudé. 

GIBBEUX. Qui présente des bosses. 

GLABRE. Qui est dépourvu de poils. 


259 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

GLADIÉ. En forme de sabre droit. 

GLAUQUE. De couleur verl-bleuâtre. 

GLUME. Écaille qui accompagne les épillels des Graminées. 

GRAPPE ou RACÈME. Disposition des fleurs allachées parleurs pédi- 
celles à un axe commun, la grappe est alors dite simple; elle devient 
composée lorsque les pédicelles sont attachés à des axes secondaires 
(raisin). 

GYNOSTÈME ou colonne. On donne ce nom au corps charnu formé 
par la soudure des filets des étamines avec le style. La colonne part 
du centre de la fleur et s etend jusqu'à Tinsertion du stigmate. On ap- 
plique particulièrement le nom de gynostème à la colonne des Orchi- 
dées, et celui de colonne aux autres plantes de la Gynandrie de Linné. 

HAMPE et scAPE. Tige simple, dressée et souvent terminée parles 
fleurs auxquelles elle sert de pédoncule (Lis, Tulipe, etc.). 

HASTÉ. En forme de fer de pique. 

HÉTÉROPHYLLE Qui porte des feuilles de formes différentes. 

HÏSPIDE. Qui est couvert de poils raides et longs. 

HYPOGRATÉRIFORME ou hypocuatérimorphe. Corolle en sou- 
coupe. 

HYPOGYNE. Qui est situé sous l’ovaire ou le pistil. 

IMBRIQUÉ. Parties se recouvrant les unes les autres comme les 
tuiles d’un toit. 

INDÉHISCENT. Qui ne s’ouvre pas. 

INFÈRE. Se dit d’un ovaire soudé avec le tube du calice. 

INFUNDIBULIFORME. En forme d’entonnoir, c'est-à-dire évasé par 
le haut et se réirécissant vers le bas, 

INVOLUCRE et collerette. Première enveloppe de feuilles florales 
qui enlourent les fleurs ou leurs pédoncules. 

INVOLUTÉ. Dont les bords sont roulés en dedans. 

LABELLE ou tablier. Division interne et aniérieure de la fleur des 
Orchidées et de plusieurs Amomées (Cos^ws Amomiim, etc.). Elle est 
placée au pied du gynostème et affecte des formes très-variées. C'est 
le labelle qui protège immédiatement le gynostème avant l’épanouis- 
sement des fleurs. Le labelle, dans les genres Stanhopea, Coryan- 
thés, etc., se compose de trois parties assez dissemblables : Yhypochilie 
ayant généralement la forme d’un sac, elle tient au gynostème; Yépi- 
chilie, généralement mobile et de forme variée : c’est l’extrémité anté- 
rieure du labelle; enfin la mésochUie est située entre les deux autres 
parties et est souvent garnie de cornes. 

LABIÉ. Qui imite la disposition des lèvres. 

LACINIÉ. Qui a des découpures inégales. 

LACTESCENT ou laiteux. Qui produit un suc semblable à du lait. 

LAME ou LIMBE. C’est la partie plane de la feuille d’un pétale ou de 
la corolle. 


UO JOURNAL 

LANCÉOLÉ. En forme de fer de lance. 

LANGUETTE. Synonyme de demi-fleuron. 

LIGULE. Membrane située au sommet du pétiole des Graminées et 
autres plantes. 

LINÉAIRE. Qui est allongé, étroit et aux deux côtés parallèles. 

LOBE. Découpure plus ou moins profonde qui ne s etend pas au delà 
de la moitié d'une pièce. 

LOGE. Se dit des petites cellules ou cavités intérieures de certains 
fruits, contenant les semences, et séparées ordinairement par les 
cloisons. 

LYRÉ. Se dit d’une feuille dont les découpures supérieures sont 
beaucoup plus grandes que les inférieures. 

MACROPHYLLE. Qui porte de grandes feuilles. 

MACULÉ. Qui est taché d’une couleur différente de celle du fond. 

MARCESCENT Qui se dessèche sans tomber. 

MEMBRANEUX. Partie mince et déliée de nature souvent parche- 
minée. 

MÉRITHALLE. Intervalle entre deux nœuds ou deux insertions de 
feuilles sur un rameau. Ce mot s’applique surtout dans les descriptions 
pomologiques. Dans les Graminées, cet intervalle se nomme entre- 
nœuds. 

MÉSOCARPE ou sarcocarpe. Portion située entre l’épiderme externe 
et l’épiderme interne du péricarpe ou fruit. Dans les fruits charnus, 
le mésocarpe est très-développé ; c’est ce que l’on nomme la chair. 

MICROPHYLLE. Qui porte de petites feuilles. 

MONADELPHE. (Voir androphore.) 

MONOÏQUE. Plante qui porte à la fois des fleurs seulement mâles et 
d’autres fleurs seulement femelles. Les sexes se trouvent sur un même 
individu, mais non réunis dans une même fleur. 

MONOPÉTALE. Se dit de la corolle formée d’une seule pièce. 

MONOPHYLLE. Se dit du calice d’une seule pièce. 

MONOSPERME. Qui ne renferme qu'une seule graine. 

MUCRONÉ. Qui est terminé par une pointe aiguë et courte. Cette 
espèce se nomme mucron. 

MULTIFIDE. Partie dont les côtés sont découpés par de nom- 
breuses et profondes incisions qui n’atteignent pas la nervure médiane. 
Dans ce cas, on dit que la partie est multipartie. 

MüRIQUÉ. Qui est muni de pointes courtes et à base large. 

MUTIQUE. Qui est dépourvu de pointe ou de mucron et d’arête. 

NACELLE. (Foir CARÈNE.) 

NAVICULAIRE. En forme de petit bateau. 

NECTAIRE. Partie des fleurs qui n’est ni organe de la reproduction, 
ni enveloppe florale; ce nom s’applique surtout aux petits corps dis- 
posés autour des pistils et qui distillent un liquide sucré ou miel. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 241 

NERVURES. Grosses veines qui parcourent les feuilles et les fleurs; 
la nervure médiane ou côle est celle qui occupe le milieu de la feuille. 
C'est la continuation du pétiole jusqu'au sommet ou pointe de. la 
feuille. La nervure médiane est très-saillante dans les Polhos. 

OR. Terme lalin qui indique le renversement d'une forme; ainsi 
obcordé signifie en cœur renversé. 

OEIL. C’est le gemme ou boulon avant son développement. Il se dit 
aussi vulgairement de la cavité (ombilic) qui exisle au sommet des 
pommes et des poires. 

OMBELLE. On dil floraison cm ombelle, lorsque les fleurs sont 
portées sur des pédoncules partant d’un même point et arrivant à un 
même niveau. 

OMBELLÜLE. C’est l’ombelle composée de petites ombelles situées 
à l’extrémité des pédoncules. 

OMBILIC ou OEIL. Cavité ou vestige du calice ou du style sur un fruit. 

OMBILIQUÉ ou PELTÉ. Se dit d’une feuille attachée par son centre 
au pétiole. 

ONGLET. Partie inférieure du pétale rétrécie ou allongée. 

OPERCULE. Espèce de couvercle. 

OPPOSÉ. Parties placéesen facel’unede l’autre etàlamêmehauteur. 

ORBIGULAIRE. Surface plane circonscrite dans un cercle ou presque 
circulaire. 

OVAIRE. Partie inférieure du pistil qui contient les ovules ou 
graines; il porte le nom de fruit lorsqu’il est mûr. 

OVALE. Ayant la figure d’une ellipse. 

OVIFORME. Ayant la forme et la figure d’un œuf. 

OVOÏDE et ovÉ. Qui a la figure d’un œuf. 

PAGE. Surface supérieure ou inférieure d’une feuille. 

PALMÉ. Se dit d'une feuille simple divisée en 5 ou 7 segments dis- 
posés comme les doigts de la main. 

PALMETTE. La palniette simple consiste en une tige verticale sur 
laquelle des branches latérales sous-mères sont disposées borizontale- 
lement à droite, à gauche et à égale distance; la cZomû/c présente 

deux tiges verticales d où partent les branches latérales. (Pomoloaie.) 

PANDURIFORME. Qui ressemble à un violon. 

PANIGÜLE. Mode d'inflorescence dans lequel les fleurs sont éparses 
sur des pédoncules plus ou moins divisés; c’est une espèce de grappe 
composée dont les rameaux inférieurs sont plus longs que les supé- 
rieurs. 

PEGTINÉ. Folioles étroites, acuminées, d’une feuille pennée, placées 
sur deux rangs parallèles comme les dents d’un peigne; par exemple 
le Dion plusieurs Polypodes, etc. 

PÉDÉ. On dit feuille pédée ou pédalée, lorsque son pétiole se divise 
à son extrémité en deux parties divergentes. 

1V“ 8 . — • OCTOBRE 1834. 


16 


242 


JOURNAL 


PÉDICELLE Petite queue ou support immédiat de la fleur. 

PÉDONCULE. Support commun des fleurs; dans l’épi, ce support se 
nomme rachis. 

PELTÉ. Quand le pétiole est fixé au centre delà feuille. 

PERFOLIÉ. Feuilles opposées, soudées par la base qui est traversée 
par la tige. 

PÉRIANTHE ou périgone. Ce terme remplace ceux de corolle ou de 
calice dans les fleurs où l’on ne remarque qu’une seule enveloppe 
florale aulourdes organes génitaux. 

PÉRICARPE. C’est le fruit ou ovaire mûr; il enveloppe les graines. 

PÉRIGYNE. Étamine ou corolle attachée sur le calice et autour du 
pistil. 

PÉTALE. Pièce distincte de la corolle. 

PÉTALOIDE. Qui a l apparence d’un pétale. 

PÉTIOLE. Support ou queue de la feuille. 

PHYLLODE. Pétiole dilaté dépourvu de limbe et ressemblant à une 
feuille : beaucoup d Acacias de la Nouvelle-Hollande. 

PINNATIFIDE. Feuille divisée en lobes profonds depuis le bord 
jusque près de la nervure médiane. 

PINNÉ. ( Voir COMPOSÉ. ) 

PINNULE. Segment ou foliole d’une feuille composée. 

PISTIL. Organe femelle situé au centre delà fleur, formé deVovaire 
à sa partie inférieure et du stigmate à sa partie supérieure ; celui-ci est 
le plus souvent porté par un prolongement de l’ovaire mmmé style. 

POLLEN. Poussière fécondante renfermée dans les anthères. 

POLYPÉTALE. Corolle composée de plusieurs pièces. 

POLYPHYLLE. Formé de plusieurs pièces distinctes. (Calice, pé- 
piant he.) 

POLYSPERME. Fruit contenant plusieurs graines. 

PRÉFLORAISON. État des diverses parties d’une fleur avant son 
épanouissement. 

PUBESCENT. Qui est chargé d'un léger duvet. 

PULPE. Partie charnue et succulente du fruit; on la nomme chair 
en Pomologie. (Raisin, groseille, etc.) 

PARAMIDE. Forme sous laquelle un arbre a ses branches formant 
avec sa tige un ongle plus ou moins ouvert; les rameaux inférieurs 
sont plus longs que les supérieurs et l’ensemble représente un cône. 

PYRIFORME. En forme de poire. 

QUINÉ. Qui est disposé par cinq. 

RACHIS Axe central ou pédoncule général de l’épi des Graminées , 
des grappes, des chatons; du régime des palmiers; pétiole des Fou- 
gères ; enfin pétiole sur lequel s'attachent les folioles des feuilles com- 
posées; c’est, en un mot, le synonyme de support général. 

RADICAL. Qui semble partir immédiatement de la racine. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 245 

RADICELLES et radicules. Divisions très-fines de la racine; la ra- 
ûicule est la partie de l’embryon destinée à produire la racine. 

RADIÉE ou RAYONNANTE. Une fleur est radiée lorsque la circonfé- 
rence d'un capitule ou tête de fleur présente des fleurs dissemblables 
et plus longues que celles du centre ou disque. 

RÉCEPTACLE. Fond du calice. Évasement du sommet du pédon- 
cule; c’est l’espèce de base sur laquelle reposent immédiatement la 
fleur et le fruit. 

RÉFLÉCHI. Courbé en dehors. 

RÉGIME. C'est le spadice garni de fruits. 

RÉNIFORME. Qui a la forme d’un rein ou d’un haricot. 

RÉTICULÉ. Dont la surface est couverte de veines entrelacées imi- 
tant un réseau. 

RHIZOME. C’est une tige souterraine qui a l’apparence de racines. 
(Fougères, Iridées, etc. ) 

RUGUEUX. Rude, marqué de rides nombreuses et profondes. 

SAGITTÉ. En fer de flèche, triangulaire. 

SAMARE. Fruit membraneux, coriace, très-comprimé, à une ou 
deux loges, souvent muni d’ailes membraneuses. 

SARMENTEUX. Ligneux, grimpant et grêle. 

SGABRE. Parsemé de petites aspérités rudes au toucher. 

SGAPE ou HAMPE. Pédoncule radical ressemblant à une tige, mais 
ne portant pas de feuilles. 

SCARIEUX. Sec, raide, jamais vert et analogue aux écailles. 

SEGMENTS. Divisions ou lobes profonds. 

SÉPALE. Partie ou foliole du calice. 

SERRETÉ. Qui a les bords dentés en scie : c’est-à-dire à dents mani- 
festement tournées vers la pointe de la feuille. 

SERRULÉ. Diminutif de serreté, qui a les bords finement dentés 
en scie. 

SESSILE. Qui est privé de support ou de queue. 

SÉTACÉ. Qui est raide, filiforme, et ressemble à des soies de porc. 

SILIQUE. Fruit sec, déhiscent, à deux valves séparées ordinaire- 
ment par une cloison longitudinale et dont les graines sont attachées 
aux deux sutures.. 

SINUÉ. Qui a le bord muni d’échancrures peu profondes et de sail- 
lies arrondies. 

SPADICE. Mode d’inflorescence formé par l’assemblage de fleurs 
sessiles sur un pédoncule commun et protégées par une spathe. 

SPATHE. Large bractée, souvent colorée, située à la base des fleurs 
d’un grand nombre de Monocotylédonées; elle sert d'enveloppe pro- 
tectrice ou de gaine aux nombreuses fleurs du spadice, ainsi qu’à leurs 
pédoncules. 

STAMINIFÉRE. Qui porte les étamines. 


2U JOURNAL 

STIGMATE. Organe femelle ordinairement situé ausommetdustyle. 

STIPE. C’est le tronc des Monocotylédonées. 

STIPULE. Expansion foliacée ou sorte d’écaille située à la base des 
feuilles et des pédoncules de certaines plantes. 

STOLONIFÈRE. Qui produit par le pied des stolons, coulants et 
jets allongés ou des tiges rameuses et rampantes. 

STYLE. Prolongement de Povaire qui supporte le stigmate. 

SUR ou sous. Préposition employée comme diminutif et qui équivaut 
à presque, ou à un peu, ou à pour ainsi dire. 

SUBULÉ. En forme d’alêne. 

TABLIER. ( Foir LABELLE. ) 

TÊTE. Mode d’inflorescence formé par l’assemblage de fleurs nom- 
breuses etsessiles au sommet des rameaux. 

TOMENTEUX. Qui est couvert d’un duvet cotonneux. 

TROGHET. En pomologie, trochet signifie un bouquet de fleurs ou 
de fruits partant du même point. 

TURBINÉ. En forme de toupie ou de cône court et renversé. 

TURION. Œil ou bouton naissant immédiatement sur les racines. 
(Asperge.) 

UNIFLORE. Qui ne porte qu'une fleur. 

UNISEXUEL Se dit d’une fleur ne contenant qu’un seul sexe, c’est- 
à-dire exclusivement l'étamine ou le pistil. 

ÜRGÉOLÉ. Qui est renflé en forme de petite outre et rétréci vers 
l’orifice. 

VALVES. Pièces distinctes d’un péricarpe déhiscent ou ouvert spon- 
tanément 

VERTICILLE. Se dit d’un assemblage de feuilles ou de fleurs dis- 
posées par étage en anneau autour d’une tige ou d’un axe commun. 

VÉSIGULEUX. Qui ressemble à une petite vessie gonflée d air. 

VRILLÉ. Appendice filiforme s’entortillant autour des corps voisins. 


POMOLOGIE. 

A la suite des id w/mte delà Société impérialè dliorticulture 
de Paris, on remarque, depuis le numéro du mois de février 
dernier, un travail spécial, sans nom d’auteur, intitulé : 
Pomologie nouvelle ou Monographie générale des fruits de 
la France. 

Dans les cahiers publiés jusqu’à ce jour, on trouve cer- 
taines inexactitudes en ce qui concerne des variétés de poi- 
riers d’origine belge, que nous croyons devoir redresser dans 


D’HORTICÜLTÜRE PRATIQUE. 

l’intérêt de Thistoire de l’arboriculture fruitière du pays. 

A la page 7 se trouve figurée, sous le nom de Beurré d'A- 
reuherg, le Beurré d'Hai^denpont, Dans la province de Hai- 
naut, il est de notoriété publique que cette variété remarquable 
provient des semis faits par feu l’abbé d’Hardenpont de Mons. 
On assure que la première production de cette variété date 
de 4759. 

Le nom vulgaire de cette variété de poirier, dans le pays 
wallon, est Glou morceau ou Glou morceau de Cambron, 
En wallon le mot gloti ougolu veut dire friand, ainsi Fria?id 
morceau. C’est sous ce nom qu’elle a passé en Angleterre où 
l’on continue de cultiver cette variété sous le nom de Glou 
morceau ou Glou morceau de Cambron. Le mot Cambron , 
quedes amateurs avaient ajoutéaux mots Glou morceau, pro- 
vient de ce fait-ci. Tout le monde sait, en Belgique, que Cam- 
bron est un village dans le Hainaut où se trouvait la célèbre 
abbaye des Chartreux, depuis le haras de M. le comte Du Val 
de Beaulieu, et situé non loin de la ville d’Atli. Dans le jardin 
de cette abbaye, on voyait au mur du potager un fort pied 
du Beurré d’Hardenpont qui, produisant dans un excellent 
sol et à l’exposition du sud-ouest, des fruits d’une saveur 
particulière, a fait croire à des amateurs, peu attentifs, à 
l’existence d’une sous-variété encore inconnue. De là , par 
erreur, nous est venu le nom de Glou morceau de Cambron. 

Quant au nom de Beurré d'Arenberg, donné par erreur à 
cette variété de poirier, on l’attribue à feu Noisette de Paris, 
qui, le premier en France, en a vendu des multiplications 
sous ce nom. Des personnes bien informées assurent que ce 
célèbre pépiniériste de Paris est parfaitement innocent du 
fait. Voici en quels termes ces détails sont rapportés. 

Venu à Bruxelles en 4818, M. Noisette alla visiter les jar- 
dins de monseigneur le duc d’Arenberg, où il trouva un arbre 
du Beui'ré d'Hardenpont chargé de beaux fruits. Ne con- 
naissant point cette variété, il s’enquit du nom près du vieux 
jardinier liemper. Celui-ci, peu au courant des noms des 
poiriers, aurait répondu qu’il ne le connaissait pas, présu- 


246 JOURNAL 

niant que cette variété envoyée du domaine d’Enghien y au- 
rait probablement été obtenue de semis. Des écussons cédés 
libéralement à M. Noisette l’auraient engagé à donner à cette 
variété le nom de Beurré d' Arenberg, nom sous lequel, par 
erreur, elle est depuis cetle époque généralement cultivée en 
France. Par la suite M. Noisette a reconnu cette erreur, mais 
il était trop tard. Nous devons ces détails à feu Poiteau, dans 
une conversation, lors de son dernier voyage à Bruxelles. 

Cette erreur, dont on ne veut pas revenir en France, ni 
dans les ouvrages scientifiques, ni dans les catalogues des pé- 
piniéristes, est d’autant plus regrettable, qu’à peu près vers 
la même époque, c’est-à-dire en 1848, VanMons, de Bruxelles, 
avait donné le nom de Beurré d’ Arenherg à une autre variété 
de poirier obtenue de semis dans une propriété dont le jar- 
din attenant au couvent des orphelines, ou hospice des or- 
phelines à Enghien, appartenait à la maison d’Arenberg au 
moment où le semis y aurait été fait. La variété connue ici 
sous le nom de Beurré d’Arenherg est tout à fait distincte de 
la variété Beurré d' Hardenpont. 

Du reste, il n’y a rien d’étonnant qu’en 1818 feu Noisette 
ne connût pas le Beurré d'Hardenpoîit, très-reconnais- 
sable à son feuillage, au bois et à ses fruits^ puisque Van 
Mons avoue, dans sa Pomonomie, publiée à Louvain en 1855, 
qu’en 1808, les bonnes variétés de poires obtenues de semis 
àMons lui étaient encore inconnues. On attribue généralement 
à feu l’abbé d’IIardenpont, de Mons, le Passe-Colmar dont 
la première production date de 1756, le Délice d'Harden- 
pont, d’une date plus récente. Fondante Paniselle et Beurré 
de Rance, trouvé au village de Rance (Hainaut). 

A la page 15 est figuré, sous le nom de Beurré magnifique, 
le Beurré Diel, nom imposé par Van Mons à cette variété 
qu’il avait découverte à la ferme des Trois-Tours, située entre 
Bruxelles et Malines. Il serait à désirer que l’on revînt au 
nom primitif, sous lequel cette variété est généralement cul- 
tivée aujourd’hui en Allemagne, en Angleterre et dans le 
nord de l’Amérique. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 247 

A la page on trouve figuré le Colmar d’Arenberg, sans 
indication du nom du semeur, peut-être par oubli. Cepen- 
dant il est généralement admis que c'est à Van Mons que 
nous sommes redevables de cetle variété , soit qu’elle pro- 
vienne de ses semis, soit qu’elle ait été découverte par lui. 

On remarque, page 26, comme poire de deuxième classe, 
non figurée. Triomphe de Louvain, Il y a là sans doute er- 
reur, car on ne connaît pas ici une variété nouvelle qui porte 
ce nom. Peut-être l’auteur s’est-il trompé de nom de ville et 
a-t-il voulu écrire Triomphe âe Jodoigne, Du reste, la variété 
qui porte ce nom provient des semis de feu Bouvier, de cette 
ville, ancien élève en pharmacie de Van Mons. Cette variété 
est plus vigoureuse et plus rustique que le Beurré Diel et 
convient à la grande culture. Elle est aussi fructifère que le 
Catillac; son fruit est plus beau, et, sans pouvoir être rangé 
dans le nombre des fruits de table de première qualité, il 
occupe une place dans ceux de la seconde qualité. 

La poire Fortunée d'Enghien, attribuée, page 28, à feu 
Parmentier, qui en a été le propagateur, provient des semis 
de M. de Beumes, pharmacien d’un village près d'Enghien. 
Ce détail, encore peu connu ici des amateurs, peut parfaite- 
ment être ignoré à Paris. 

Il y a un quart de siècle que le semis de la Fortimée a 
montré son premier fruit aux environs d’Enghien, et aujour- 
d'hui on connaît assez peu les détails monographiques, quant 
à la culture dans les jardins, de cette variété dont le principal 
mérite est de produire des fruits d’une longue conservation. 
Cultivé sur franc, en pyramide ou en haut-vent, dans un sol 
léger, avec un sous-sol riche d’humus, dans des situations 
non abritées des vents du nord et du nord-est, cette variété 
est peu vigoureuse, mais elle produit en abondance des fruits 
d’une grosseur au-dessous delà moyenne. Dans un sol fort et 
un peu humide, le fruit est petit, gercé. Cultivé sur franc 
ou sur cognassier, dans un terrain riche d’humus, mais à 
l'espalier et à l’exposition du sud-est ou du sud-ouest, la 
variété offre une grande vigueur et produit des fruits d'une 


journal 

grosseur méconnaissable. Comme sur franc, en pyramide ou 
en haut-vent, le fruit est d’une forme arrondie; il a la queue 
trèS'Courte, mais au mur le fruit est très-gros, obtus et tron- 
qué, à côtes saillantes. 

Le fruit est fondant, sucré, vineux, mais on rencontre sou- 
vent autourdu trognon certaines concrétions pierreuses fort 
désagréables aux dégustateurs. 

Au résumé , la Fortunée de Reumes est une variété très- 
capricieuse, ne réussissant bien que sous nos climats dans des 
situations exceptionnelles. 

A ce titre, elle ne mérite point d’être propagée dans les 
])épiniéres ni d être admise dans les collections des amateurs, 
aujourd’hui surtout que l’arboriculture fruitière se trouve en 
possession d’un grand nombre de variétés vigoureuses et 
rustiques, donnant des fruits très-beaux et délicieux en pyra- 
mide et en haut-vent. 

Ces variétés proviennent en grande partie des semis faits 
en dernier lieu par feu Van Mous et par quelques autres 
semeurs dont nous aurons l’occasion de signaler les conquêtes 
nouvelles à mesure qu'elles seront sulïisamment étudiées et 
constatées par plusieurs productions dans des situations dif- 
férentes. D. 

Bruxelles, le 27 octobre 1854. 

EXPOSITION GÉNÉRALE 

DE LA SOCIÉTÉ ROYALE d’hORTICULTÜRE DE MALINES. 

(Suite. — Voir p. 216.) 

Au trente-quatrième concours, nous voyons la magnifique 
collection de Conifères de MM. Jacob Makoy et comp% de 
Liège, obtenir la médaille de vermeil. La force et la beauté 
des exemplaires, le choix et la rareté des espèce.s, attiraient 
sur cette collection d’élite l’attention du public amateur. 
L’envoi comprenait ^6 Conifères dilférents, parmi lesquels 
s’élevait un exemplaire colossal de Dammora alha, haut de 


D’HORTICÜLTÜRE PRATIQUE. 249 

25 pieds, peut-être le plus beau et le plus fort qui soit connu 
en Europe. On y remarquait en outre Araucaria B idwülii, 
Cookii et gracilisÿ de forts exemplaires de Dacrydium. eu- 
pressinmn et elatum, aux branches déliées et pendantes 
comme le Saule pleureur; le rare Phyllocladus à feuilles 
d' Asplénium; le beau Libocedrus Doniana , au feuillage 
glauque et argenté, et nombre d’autres plantes d’un grand 
mérite, formant un ensemble qu’il est rare de trouver dans 
une exposition. 

Le trente -cinquième concours s’adressait à l’envoi de 
20 Conifères présentés par un amateur. La médaille de ver- 
meil, décernée à M. Smout, pharmacien à Bruxelles, était, 
hélas ! la dernière que ce zélé amateur devait appendre à côté 
des nombreux lauriers qu’il avait obtenus dans nos joutes 
florales. Enlevé d’une manière bien inattendue, notre digne 
ami Smout expirait peu de jours après son triomphe. Fal- 
lait-il donc que la brillante corbeille de fleurs du jardin du 
Pitzenbourg fût attristée par une sombre fleur de regret (1); 
fallait-il que le Cupressus funehris, une des plantes remar- 
quables de sa remarquable collection , fût destiné à être si 
prés de sa tombe? Passons sur ces tristes souvenirs.... Un 
bel exemplaire d' Araucaria Cookii, appartenant à M. Am- 
broise VerschafFelt, obtient le premier prix afl'ecté au plus 
beau Conifère. A M. Linden, de Bruxelles, est décerné le pre- 
mier prix du trente-septième concours (50 Fougères exoti- 
ques), charmante collection comprenant des espèces fort dis- 
tinguées et que les dames, dignes appréciatrices de l’élégance 
et de la grâce de port, ont beaucoup admirées. La collection 
de M. le chevalier de KnyfF (médaille d’argent) et celle de 
M. René de la Faille, d’Anvers, étaient fort remarquables. 
Chacune d’elles comprenait de forts exemplaires d'Adian- 


(i) M. de Cannari d’Hamale, président de la Société royale d'horti- 
culture deMalines, a prononcé sur la tombe de M. Smout un discours 
qui retrace d’une manière bien éloquente la vie de l’homme de bien 
que nous avons perdu. 


2S0 JOURNAL 

tum, Fougères dont les tiges fines et délicates, les feuilles à 
bords ondulés et s’agitant au moindre zéphyr, sont d’un port 
tellement coquet et gracieux qu’elles plaisent même à l’homme 
le moins épris des beautés de la nature. 

Trois collections de Cactées se disputaient la palme du 
trente-neuvième concours. Le premier et le troisième prix 
sont adjugés à juste titre à M. A. Tonel, de Gand, et le 
deuxième à M. Vermeulen-Verhaegen, de Malines. Nous avons 
remarqué, dans la collection de M. Tonel, de beaux exem- 
plaires du rare Echinocactus horizonlhalonins, Lemaire, et 
jouissant d’une santé des plus verdoyantes. 

M. Linden, de Bruxelles, possède, croyons-nous, la plus 
belle collection diAralia qui existe ; et c’est grâce à ses explo- 
rations en Colombie que l'Europe lui est redevable de l’intro- 
duction de ces plantes à noble feuillage, à port élancé, et 
joignant aux mérites de l’élégance et du grandiose, celui 
d’une docilité extrême à se laisser choyer dans nos serres 
Iroides; les unes offrent des feuilles argentées [Aralia argen- 
tea), celles-ci des feuilles couleur de rouille [VAr^alia ferrugi- 
/ica), celle-là est tapissée d un épais duvet (l’^raé/a lauigera), 
tandis que ÏAraiia gracilis porte des feuilles à digitations 
fines et d’un vert luisant. Le jury a décerné la première mé- 
daille à M. Linden. 

La collection de plantes et d’arbustes de tous genres remar- 
quables par leur feuillage ( 41™e concours), de M»"® Legrelle- 
dTIanis, obtient le premier prix; celle de MM. Jacob kakoy 
etcornpe, un prix équivalent; et M. J. Rosseels, de Louvain, la 
médaille de bronze. Les concurrents ont compris l’énoncé de 
ce concours d une manière toute différente, tout en envoyant 
de fort bonnes plantes dans le sens que chacun d’eux l’avait 
interprété. M™*^ Legrelle d’Hanis avait réuni un choix de 
plantes à feuillage panaché, zébré, telles que Aphelandra 
Leopoldii , Maranta rosea lineatay zebrina, Cissus discoloVy 
Lycopodium cæsium arboreimi [SehgineWa), Caladium bico- 
lor, etc. MM. Jacob Makoy avaient, eux, étendu le sens du 
programme en y ajoutant la rareté; c’est ainsi qu’ils avaient 


D’HORTICULTCRE PRATIQUE. 251 

exposé un Rhopala corcovadensis , haut de 20 pieds; les 
R/iopala elegans, organensis ; le Ciipania filicifolia, à feuil- 
lage aussi fin et délicat qifun Jacaranda ; le Psychotria leu- 
cocephala^ magnifique Rubiacée brésilienne; le Clusia alba, 
aux énormes feuilles charnues, etc., toutes plantes dTine 
valeur supérieure aux conditions du programme, et c’est, 
croyons-nous, en partie à cause de ce brillant contingent 
que la commission directrice décerne à MM. Jacob Makoy 
une médaille de vermeil, comme témoignage de reconnais- 
sance pour la large part qu’ils ont prise à l’exposition. — 
M. Rosseels avait envoyé son contingent comme plantes de 
serre à feuilles panachées. Cet horticulteur avait considéra- 
blement élargi le cercle du programme, car nous avons re- 
marqué dans sa collection, au milieu de fort belles plantes, 
des pieds de Scrophularia aquatica panachée, de VÀiicuba 
japonica panaché, de VIberis semperflorens varieg,, etc. 

Arrivons au quarante-huitième concours, destiné aux 
plantes fleuries ou non fleui ies le plus nouvellement intro- 
duites dans le royaume, concours essentiellement intéres- 
sant pour notre commerce horticole. M. Linden remporte le 
premier prix avec 24 plantes, dont pour la majeure partie les 
honneurs d’introduction lui reviennent. Nous ne connaissons 
pas suffisamment les fleurs de toutes ces plantes pour pou- 
voir en parler maintenant, mais le port de beaucoup d’entre 
elles suffirait seul pour les faire admettre dans une collec- 
tion d’élite. L’établissement Jacob Makoy et C® avait envoyé 
58 plantes à ce concours, toutes belles et rares, et dont au- 
cune ne se trouvait dans la première collection, à l’exception 
de Vlmpatiens Jerdonii; nous y avons remarqué le Desfon- 
tainia spinosa, une des plus belles plantes que l’on ait in- 
troduites depuis longtemps, et qui, par surcroît de mérite, 
paraît vouloir s’acclimater en Europe. Le jury lui accorde le 
deuxième prix; le troisième prix est décerné à M. A. Van 
Geert, de Gand, et une mention honorable à M. Ch. Van 
Geert, d’Anvers. 

U Impatiens Jerdonii, de M. Linden, est couronné du pre- 


2^)2 JOURNAL 

mier prix, comme plante la plus rare en fleurs. Cette plante 
semble être très-florifère et d’une culture facile; elle forme 
une touffe cà tiges peu élevées, renflées, articulées, bien fouil- 
lées et surmontées de fleurs d’un rouge orangé des plus vifs 
et d’un faciès tout particulier. 

Après nous être appesanti plus que nous ne le voulions 
d’abord sur les concours les plus importants, nous croyons de- 
voir rendre un juste hommage aux contingents plus modes- 
’ tes qui embellissaient l’exposition; contingents bien intéres- 
sants, car ils offraient au public des fleurs plus familières à 
ses yeux que celles dont nous avons parlé jusqu’à cette heure, 
des fleurs qu’il pouvait juger , estimer et envier. C’est ainsi 
que nous citerons les collections de Pélargonium à grandes 
fleurs de M. Robicbon, de Gand (premier prix), et de 
M. Cb. Van Geert, d’Anvers (deuxième prix), dans lesquelles 
figuraient ces remarquables variétés dites d’Odier ou à cinq 
macules ; les Pélargonium de fantaisie (quatrième concours), 
de M. Haquin, de Liège (premier prix), en exemplaires larges, 
trapus et couverts de fleurs fort distinguées par leur forme 
et par leur coloris; ceux de M. Ch. Van Geert étaient fort 
beaux, mais moins bien fleuris que les Pélargonium de 
M. Haquin. Les premiers prix pour les plus beaux envois de 
Fuchsia (cinquième concours), de Calcéolaires ligneux 
(septième concours), de Pétunia (huitième concours), de 
Vermines (neuvième concours), sont décernés à M. Haquin, 
de Liège. Tous les contingents fournis par cet habile horticul- 
teur étaient magnifiques de culture et d’un choix irréprocha- 
ble. Les Calcéolaires herbacées de M. de Cannart d’Hamale 
remportent le premier prix du sixième concours. La collec- 
(ion de Bruyères (dixième concours) de M. Ch. Van Geert, 
d’Anvers , et la collection de Rosiers Thés et Bengales 
(seizième concours) de M. Van Duerne, de Damas, obtien- 
nent chacune un premier prix. Le jury, frappé de la beauté de 
deux envois de plantes vivaces de pleine terre, décerne une 
médaille de vermeil à M. Victor Van Horenbeeck, de Malines, 
et une médaille d’argent à M*»® Merghelynck, de Malines ; les 


253 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

plantes annuelles fleuries, envoyées par M. Merghelynck, font 
obtenir à cet amateur distingué de plantes de pleine terre, 
la première médaille du vingtième concours. Peu de jardi- 
niers savent cultiver les Crêtes-de-coq {Celosia cristata) 
comme M. Médaer de Bruxelles, aussi ne fûmes-nous pas 
surpris de voir sa collection recevoir le prix affecté à ces jo- 
lies monstruosités. Le jury couronne d’une médaille d’argent 
les six beaux Orangers (quarante-troisième concours) de 
Mme veuve Reyntiens, de Malines ; les quinze Agavées et Bo- 
napartea deM.Dillen, avoué à Anvers; les dix Yuccas présen- 
tés par M. Van Honsem Lunden , d’Anvers, et ceux envoyés 
par M. Rosseels aîné, de Louvain. Ces deux collections d’un 
haut mérite ont chacune obtenu une médaille d’argent. 
MM. Ch. Van Geert et M. Rosseels aîné cultivent les Ilex 
avec une certaine prédilection, et leurs collections renfer- 
ment toutes les espèces et variétés connues. L’horticulteur 
anversois remporte le premier prix, son rival de Louvain le 
second. Les corbeilles et les vases garnis de M. J. Rosseels- 
Van Leeuw, de Louvain; les objets de jardinage (vases, 
chaises, etc., en fil de fer) de M. Lebrun, treillageur à 
Bruxelles, obtiennent des médailles d’argent; M. Verhae- 
gen, fabricant potier à Malines, reçoit un second prix pour 
ses produits. V Illustration horticole, éditée par M. A. Ver- 
schatïelt, de Gand, et la Pescatorea ou Iconographie des 
Orchidées y éditée par M. Linden, reçoivent chacune du jury 
une médaille d’argent comme témoignage de l’intérêt qu’il 
attache à des publications aussi impoi tantes. 

Citons encore la collection de Roses coupées (dix-huitième 
concours) de M. Sterckmans, horticulteur à Louvain; l’envoi 
de fleurs coupées (vingt et unième concours) de M. de Grelle, 
de Malines; deux belles collections de fruits de table, expo- 
sées, l’une par MM. Martin Jacobs, de Malines, l’autre par 
M. Capeinick-De Munck, pépiniériste à Gand; une collection 
de légumes présentée par M. J. B. Geens, jardinier à Malines; 
collections à chacune desquelles le jury décerne une médaille 
d’argent. 


JOURNAL 

Le cinquante et unième concours, affecléà l’envoi de deux 
bouquets, donne lieu à une lutte intéressante entre M. Cof- 
neille de Craene, de Bruxelles; M. Jean VerschafFelt, de 
Gand, et M. Slerckmans, de Louvain. Le j 3 remier remporte la 
médaille de vermeil et le second la médaille d’argent; le 
jury décerne en outre une médaille de vermeil aux six bou- 
quets exposés par De Koster, de Bruxelles. 

Enfin le jury termine ses laborieuses opérations en décer- 
nant environ deux douzaines de médailles de vermeil , d’ar- 
gent et de bronze, à des collections hors de concours et 
cependant d’une valeur assez grande pour mériter ces dis- 
tinctions. Nous ne pouvons passer sous silence le magnifique 
pied d’une nouvelle espèce de Theophrasla , appartenant à 
M*"® Legrelle d’Hanis. Cette noble plante, proclamée l’une des 
plus belles de l’exposition, reçoit, à l’unanimité, une médaille 
de vermeil. La commission directrice chargée de décerner le 
prix d’honneur, ofiert par M. le bourgmestre de la ville de 
Malines, à la personne qui aurait le plus contribué à la ri- 
chesse de l’exposition, accorde ce prix d’honneur à Le- 
grelle d’Hanis ; elle accorde ensuite une médaille spéciale de 
vermeil à l’établissement Jacob Makoy, de Liège, comme té- 
moignage de reconnaissance pour la large part qu’il a prise à 
l’exposition (1). 


CHRONIÇLE HORTICOLE. 

Moyen simple de conserver les Géraniums et les Pélargo- 
niums pendant lliiver. — Notre estimable ami, M. Lam- 
quet, propriétaire à Bruxelles, eut l’idée, l’automne 1855, 
manquant de place pour héberger ses Géraniums et sesPélar- 
goniums, de les ôter de leurs pots, de secouer la terre autour 
des racines, et lorsque les pieds étaient bien ressuyés, de les 
réunir par bottes ficelées et de les accrocher la tête en bas à 


(1) L’envoi de MM. Jacob Makoy avait nécessité l’emploi de plusieurs 
waggons du chemin de fer pour être transporté de Liège à Malines. 


255 


D’HORTICÜLTÜHE PRATIQUE. 

des cîoiis dans une chambre sèche, mais dans laquelle on ne 
faisait pas de feu ; au printemps, M. Lamquet décrocha ses 
bottes de Géraniums et fut agréablement surpris de voir 
qu’aucune plante n’avait souffert; il les rempota avec les 
soins ordinaires, c’est-à-dire en coupant les racines mortes, 
taillant les branches trop longues et plantant dans une terre 
plutôt sèche qu’humide; ses Géraniums ont poussé avec une 
grande vigueur et ont donné une abondante floraison. Ce 
moyen sera goûté par beaucoup de petits amateurs qui per- 
dent leurs plantes, faute de pouvoir leur donner de la place 
en hiver; il est même à supposer que l’on pourrait traiter de 
cette manière un certain nombre Fuchsia à bois succulent, 
par exemple les Fuchsia corymhiflora et fulgens. 

Nous remarquons dans le journal de la Société d’horti- 
culture de Londres que le Chamœrops excelsa (Palmier de 
Chusan) a parfaitement résisté en plein air, quoique planté 
au nord, aux froids de 1855-1854. Ce Palmier serait donc 
plus rustique que beaucoup d’arbres et d’arbrisseaux que 
l’on avait livrés avec plus de confiance à la pleine terre : 
ainsi plusieurs espèces d'Abies, d'Arbiitus, de Cerasus, de 
Berberis, etc., ont été tuées par les gelées. 

Camellia princesse Marie, — M. L Van Houtte figure 
dans sa Flore des Serres et Jardins de VEurope, pl. 928, 
une fort belle-variété de Camellia. Elle est très-florifère; ses 
fleurs, bien imbriquées, sont d’un beau rose vif; le centre de 
chaque pétale est orné d’un ruban blanc. 

Le Calycanihus occidentalisé Lindley [Calycanihus ma- 
crophyllus des jardins), originaire de la Californie, se rap- 
proche du Ccdycanthus floridus. Ses feuilles sont plus 
grandes; ses fleurs sont également plus grandes, d’une teinte 
rougeâtre moins foncée, mais d’une odeur peu agréable. Ce 
serait donc, ditM. Planchon dans la Revue horticole (16 sep- 
tembre 1854, avec une planche), une plante inférieure à ses 
devancières et qui ne se recommanderait que comme élément 


256 


JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE, 
de variété dans rembellissement des bosquets. Le Calycan- 
thus occidentalis se muUijDlie très-facilement par boutures; 
il surpasse même ses congénères, par sa rusticité, car il 
s’accommode de toute espèce de terrain, particularité qui 
n’est pas sans mérite. 

M. Ambroise Verschaffelt figure dans le numéro d’août de 
Vlllustration horticole, pi. 26, deux fort belles Pensées : la 
première, nommée Gloire de Belleviie, est d’une forme irré- 
prochable; le fond est jaunâtre, les bords sont d’un beau 
violet; elle mesure 6 centimètres de diamètre. La Pensée de 
M. Demol , d’Enghien , dont nous avons parlé l’année der- 
nière ( M® année, page 95), se rapproche beaucoup du coloris 
et de la forme de la Gloire de Bcllevue; elle la surpasse en 
grandeur et l’égale en beauté. La deuxième Pensée figurée par 
M. A. Verschaffelt se nomme Reine des Panachées, et elle 
mérite bien ce nom; les pétales supérieurs sont d’un violet- 
bleuâtre foncé à larges bandelettes d’un rose carminé tirant 
sur le violet; la fleur, d’une excellente forme, a 6 centimètres 
de diamètre. Ces deux Pensées ont été gagnées par M. James 
OdierdeBellevue, l’obtenteur des à cinq macules. 

Nous venons de recevoir le Catalogue pour 1854-1855, de 
graines d’arbres, d’arbrisseaux, d’arbustes de pleine terre 
et de quelques espèces de plantes de serre dans le nord, 
que l’on peut se procurer chez M. Rantonnet, horticulteur 
à Hyères (Var) en France. Nous avons été surpris de la 
modicité des prix auxquels M. Rantonnet peut fournir une 
foule de plantes intéressantes et qui fructifient rarement 
dans nos serres. Nous recommandons aux amateurs les 
graines de Bignonia radicans, dont M. Rantonnet cultive 
quatre variétés très-tranchées par la couleur de leurs fleurs. 
Le prix de ces quatre variétés en mélange est seulement de 
dix centimes le gramme. Nous recommandons également les 
graines de diverses belles espèces d’Acacias [Acacia Farne- 
siana, Julibrissin, dealhata longifolia, etc.), à'Erythrma 
crista Galli, de Nerium Oleander en diverses nuances, etc. 




JOURNAL 


D’HORTICIIITIIRE PRATIQDi. 


PLANTE FIGURÉE BANS CE NUMÉRO. 

CEAiXOTHDS FLORIBÜNDÜS (Sir W. Hooker) (1). 

Le genre Ceanothus appartient à la familie naturelle des 
Rhamnéeset à la Pentandrie Monogynie de Linné; il se com- 
pose d’un certain nombre d’espèces toutes natives de l’Amé- 
rique septentrionale (Californie, Mexique, États-Unis) , et il 
forme des arbrisseaux ou petits arbustes rarement épineux, à 
rameaux dressés, portant des feuilles alternes ou opposées, 
souvent à trois nervures, coriaces, luisantes, dentelées ou à 
bords glanduleux; les fleurs sont nombreuses, petites, ras- 
semblées et disposées en panicules terminales en corymbes 
ou en racèmes axillaires, de couleurs blanche, jaunâtre, 
bleuâtre ou bleu vif. La fleur se compose d’un calice à limbe 
membraneux, divisé en cinq parties ovales-aiguës, se rappro- 
chant par leur sommet comme des valves; d’une corolle à 
cinq pétales, longuement onguiculés et à limbe cucullé ou en 
forme de capuchon ; d’un style trifîde. Le fruit est une cap- 
sule à trois côtes et formée de trois coques monospermes, se 
séparant à la maturité. 

On a introduit, depuis quelques années, plusieurs espèces 
de Ceanothus bien dignes d’être cultivées, et tout récemment 
l’établissement horticole de MM. Veitch, d’Exeter et de Chel- 

(1) Planche copiée du Botanical Magazine, n« 4806. 

IN*’ 9, NOVEMBRE 1834, 


17 


258 JOURNAL 

sea , a reçu de l’infatigable collecteur , M. W. Lobb , les 
graines de l’espèce dont nous offrons une image à nos lec- 
teurs. C’est, de l’avis de toutes les personnes qui ont vu ce 
Ceanothus en fleurs au mois de juin dernier chez MM. Veitch, 
la plus belle des espèces à fleurs bleues connues jusqu’à ce 
jour. Comme addition à ses charmes, dit M. W. Hooker, le 
Ceanothus floribundus soutient parfaitement en plein air les 
rigueurs de nos hivers. 

Les branches de ce nouveau Ceanothus sont revêtues d’une 
écorce brune légèrement poilue; les feuilles sont très-nom- 
breuses, rapprochées, petites, étalées ou réfléchies, d’un vert 
foncé, luisantes, poilues en dessus, oblongues, coriaces, 
ondulées, à bords réfléchis et garnis de glandes ayant l’ap- 
parence de dents; la page inférieure est d’un vert pâle, à 
veines proéminentes, réticulée et cotonneuse; pétioles courts, 
épais, poilus et garnis à la base de deux stipules ovées. Les 
fleurs, d’un beau bleu vif, sont disposées, il est vrai, en 
corymbes, mais elles sont si nombreuses et si rapprochées 
qu’elles forment des boules compactes, rassemblées vers les 
extrémités des branches courtes et en si grand nombre 
qu’elles cachent en quelque sorte une grande partie du feuil- 
lage; les pédicelles sont rouges, poilus et présentent de 
petites bractées rougeâtres en forme d’écaille ; calice à cinq 
segments aigus, fléchis en dedans, de manière que leurs 
extrémités se rencontrent vers le style en cachant l’ovaire; 
pétales d’un bleu brillant, à long onglet filiforme. Filets 
bleus à anthères ovales, bleues, à pollen jaune. 

Le Ceanothus floribundus a été trouvé en Californie par 
M. W. Lobb. 

Parmi le nombre assez grand d’espèces qui composent le 
genre Ceanothus, nous citerons les suivantes : 

Ceanothus americanus, D. C., ou Thé de Jersey, à fleurs 
blanches, de la Caroline où les habitants emploient les 
feuilles séchées en guise de thé, et les racines pour teindre la 
laine en couleur nankin. De plein air. On en cultive une 
variété à fleurs roses. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 259 

€emiothus azureus, D. G. {Ceanothus cœrideus de Lod- 
diges), à fleurs apurées, du Mexique. Plein air en été; serre 
tempérée en hiver. II produit beaucoup de graines. On en a 
obtenu une variété plus rustique, mais à fleurs plus pâles : 
c’est le Ceanothus suhcœruleus des horticulteurs. Le Ceano- 
thus azureus fleurit en août. 

Ceanothus thyrsifloruSy Eschscboitz, à fleurs bleues dispo- 
sées en panicules ou en tbyrses terminaux, oblongs, à peu 
près comme le lilas de la Californie. Cette espèce supporte 
assez bien en plein air nos hivers. Elle est très-propre à la 
confection des bouquets, car elle se laisse forcer. 

Ceanothus Delilianus, Spach., à fleurs blanches nuancées 
de bleu, disposées en grappes au sommet des rameaux. 

Ceanothus Lohbianus, W. Hooker [Bot. May., pl. 4811), 
assez voisin du Ceanothus thyrsiflorus ; racèmes en têtes 
presque rondes, formées par un grand nombre de fleurs d’un 
beau bleu azuré vif; feuilles à trois côtes et bordées de dents 
glanduleuses. Espèce rustique, provenant de la Californie. 

Ceanothus divaricatus, Nuttall, voisin du Ceanothus Lob- 
hianus, à feuilles planes, à bords frangés de petites dents 
glanduleuses; de la Californie. On a cultivé pendant quelque 
temps le Ceanothus thyrsiflorus sous le nom de divaricatus. 

Ceanothus papillosus, Torr et Gray (Bot. May., pl. 4815), 
à fleurs d’un bleu assez vif, disposées en corymbes subpani- 
culés, moins compactes que dans les Ceanothus Lobbianusei 
floribundiiis ; feuilles chargées de papilles et à bords armés 
de dents glanduleuses; de la Californie. Espèce assez rus- 
tique. Fleurit en juin. 

Ceanothus dentatus, Torr et Gray, à fleurs d’un bleu d’azur, 
disposées en corymbes denses presque globuleux, à l’extrémité 
de longs pédoncules ; feuilles très-petites, nombreuses, oblon- 
gues, bordées de dents glanduleuses ; très-voisin du Ceanothus 
papillosus, mais à port plus trapu ; de la Californie. Même 
culture que les autres espèces à fleurs bleu vif. Fleuriten mai. 

Ceanothus riyidus, Nuttall, à fleurs d’un beau bleu lilacé, 
disposées en petits bouquets ou ombelles axillaires; feuilles 


26Ô JOURNAL 

opposées, luisantes en dessus, blanchâtres en dessous, bor- 
dées de dents épineuses ; de la Californie. Cette espèce se 
rapproche beaucoup du Ceanothiis verrucosus. Elle fleurit 
en mai. 

Ceanothiis cimeatus, Nutt., à fleurs blanches en ombelle; 
feuilles épaisses en forme de coin, dentées; de la Californie. 

Ceanothus integerrimus^ Hooker et Arnott, à fleurs blan- 
châtres ; feuilles obovales, dentées, réticulées, plus grandes 
que celles du Ceanothus cuneatus ; de la Californie. 

Ceanothus pallidus {Bot. Reg., 20, 1840), à fleurs d’un 
pâle bleu; de l’Amérique septentrionale. Cette espèce est 
plus rustique que le Ceanothus azureus. Elle a été confondue 
avec le Ceanothus thyrsiflorus, et vendue souvent sous le nom 
de Ceanothus ovatus. Ce dernier ne serait qu’une variété du 
Ceanothus americanus ? 

Ceanothus verrucosus, Nuttall., à fleurs d’un bleu pour- 
pre pâle, disposées en petits corymbes terminant les ra- 
meaux latéraux ; feuilles opposées, sessiles, coriaces, glabres, 
luisantes ; branches munies aux entre-nœuds de deux à quatre 
excroissances ou verrues assez grosses ; de la haute Califor- 
nie, Cette espèce paraît être tout à fait rustique. Fleurit en 
avril et mai. 

Enfin le Ceanothus floribundus, que nous représentons 
dans ce numéro. 

Tous les Ceanothus sont de culture facile; toute espèce de 
sol leur convient ; ils préfèrent néanmoins la terre de bruyère 
et exigent assez d’humidité et un bon drainage ; ils demandent 
en pleine terre une exposition abritée de la grande ardeur 
du soleil. Tous se multiplient aisément de boutures. La plu- 
part fleurissent en mai et dans les mois d’été. Bien que pres- 
que toutes les espèces que nous venons de signaler soient 
indiquées comme rustiques, il est néanmoins prudent d’en 
conserver au moins un exemplaire en serre froide pendant 
l’hiver. 




D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


261 


j^ortif ullurf ttrctng^rc. 


PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

1*^ SSRKE CHAUDR. 

cereiis Lemafrii (Sir W. Hooker), figuré dans le Bot, 
Magazine^ pl. 4814. — Famille des Cactées. — Icosandrie 
Monogynie. 

Le savant directeur du Jardin botanique de Kew dit avoir 
reçu en 1852, du Jardin botanique de Hanovre, des boutures 
d’unCereus flagelliforme portant le nom de Cereus rostratus, 
Lemaire {Cereus hamalus de Scheidweiler). Ces boutures, 
cultivées avec soin, ont donné au mois de juin dernier des 
fleurs d’une rare beauté et d’une ampleur extraordinaire 
comparable aux énormes fleurs du magnifique Cereus Mac- 
Donaldiæ, En comparant ses exemplaires avec la description 
du Cereus rostratus de M. Lemaire, le botaniste anglais ac- 
quit la conviction qu’ils appartenaient à une espèce distincte 
et tout à fait nouvelle, et en conséquence il la dédie actuel- 
lement à M. Ch. Lemaire, botanographe à Gand, comme un 
juste hommage envers un savant dont les travaux ont jeté 
un grand jour sur la classe si multiforme des Cactées. Nous 
sommes tout à fait d’accord avec sir W. Hooker sur l’oppor- 
tunité de la création de cette nouvelle espèce de Cereus; car 
elle s’éloigne beaucoup du Cereus rostratus, en ce que ses 
tiges ne présentent pas ces forts renflements tuberculaires 
recourbés, situés près des aréoles qui caractérisent d’une ma- 
nière si efficace le Cereus rostratus, ni autant d’aiguillons 
aux aréoles; enfin elle s’en éloignerait encore davantage par 
la couleur de ses fleurs blanches et jaunes, rouges si nos sou- 
venirs ne nous trompent pas, dans le véritable Cereus rostra- 
tus que nous avons introduit du Mexique à l’établissement 


262 JOURNAL 

géographique de MM. VandcrMaelen, à Bruxelles, dès l’année 
1856 ou 1857. Ajoutons que le Cierge rostré n’a Jamais en- 
core fleuri en Europe, tandis que deux années de culture ont 
amené de simples boutures à émettre des corolles de 25 cen- 
timètres de diamètre. 

Le Cereus Lemairii a des tiges très-allongées, branchues, 
émettant des racines adventives, d’un vert foncé, obtusément 
triangulaires; les angles sont dentelés, à dents ou petits tu- 
bercules éloignés d’un centimètre et demi les uns des autres 
et portant l’aréole dans leur aisselle; ces aréoles sont duve- 
teuses et armées d’une à trois épines très-petites, subulées, 
droites, assez épaisses ; les aréoles du Cereus rostratus por- 
tent 6 à 8 aiguillons grêles, blancs, fasciculés. Les fleurs 
naissent d’un angle de la tige; elles sont sessiles, se redres- 
sent par une courbure du tube calicinal; elles mesurent 
25 centimètres d’un bord du périanthe à l’autre, et 52 cen- 
timètres de hauteur; le tube calicinal a environ 12 à 14 cen- 
timètres de longueur, et 4 de diamètre; il est revêtu d’écailles 
foliacées, grandes et oblongues ; les inférieures d’un vert pâle, 
les supérieures, plus grandes, sont jaunes bordées de rouge 
et finissent par se confondre graduellement dans les sépales 
du calice; ces sépales sont linéaires, lancéolés, nombreux, 
d’un beau jaune lavé ou bordé de rouge. De l’intérieur de 
cette couronne de sépales, sortent de nombreux pétales aussi 
longs que les sépales intérieurs, mais deux ou trois fois plus 
larges, blancs, oblongs, obtus. Étamines très-nombreuses, 
d’un jaune pâle; style cylindrique, charnu, épais; les rayons 
du stigmate sont jaunes, nombreux, bifides velus et forment 
une étoile de plus de 5 centimètres de diamètre. Les tiges de 
ce magnifique Cierge peuvent être facilement confondues avec 
celles du Cereus Mac-Donaldiæ ; il diffère de ce dernier par 
la forme et la disposition des sépales et des pétales et surtout 
par la nature de son tube calicinal. M. W. Hooker suppose 
que le Cereus Lemairii est originaire de l’île Antigoa dans 
les Indes occidentales. Les fleurs sont très-odorantes et s’é-- 
panouissent le soir comme le Cereus grandiflorus. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 263 

€ereii«s Sfartiiiii. LâBOÜRET. 

M. J. Labouret, auteur de la Monographie de la famille 
des Cactées {Vovis , 4852, chez Diisacq), décrit dans les 
Annales de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne y 
un Cereus fort remarquable, introduit de la république Ar- 
gentine par un amateur distingué de Toulouse, M. Martin 
aîné. Ce Cereus appartient à la série des Cierges pruineux 
ou à tiges recouvertes d’une pulvérulence vert - glauque ; 
série composée d’un très-petit nombre d’espèces assez rares 
et fort recherchées des amateurs. 

Le Cereus Martinii présente une tige simple ou rameuse 
d’un vert olivâtre et à 5 ou 6 côtes gibbeuses , arrondies en 
travers et profondément sinueuses dans le sens de la lon- 
gueur. Aréoles petites , rondes , portant un tomentum ou 
duvet blanc; cinq aiguillons extérieurs divergents, à peine 
visibles, rouges, épais à la base et un aiguillon central très- 
long (2 centimètres) , d’abord d’un blanc verdâtre, puis 
blanc d’ivoire, marqué de brun au sommet. 

L’exemplaire de la plante de M. Martin fleurit abondam- 
ment depuis le mois de mai jusqu’au mois d’octobre. Les fleurs 
sont grandes, blanches, s’épanouissent le soir et restent ou- 
vertes pendant vingt-quatre heures environ ; les sépales, au 
nombre de 10, sont lancéolés, aigus, vert olivâtre et disposés 
sur deux rangs; les pétales, sur trois rangs, sont au nombre 
de 20; ils sont spatulés et blancs. Étamines à filets blancs et 
anthères jaunes. Le fruit est une baie à pulpe blanche d’un 
beau rouge-pourpre, pyriforme. 

Eucharis g;rancliflora (PlANCHON et LiNDEN), figuré dans la 

Flore des serres de L. Van Houtte, pl. 957. — Famille des 

Amaryllidées. — Hexandrie Monogynie. 

Cette nouvelle espèce d’Eucharis est très-voisine de YEu- 
charis candida dont nous avons donné la description l’an 
dernier; elle s’en distingue au premier abord par ses fleurs 
presque deux fois aussi grandes , et ensuite par ses feuilles 


264 JOURNAL 

ovales, presque cordées, à bords relevés aux deux côtés de la 
base, de manière à former une gouttière profonde. Les feuilles 
de VEucharis candida sont presque lancéolées et planes à 
la base; enfin, l’ovaire de la nouvelle espèce est oblong au 
lieu d’étre presque globuleux. 

VEucharis grandiflora porte un scape haut de 50 à 
45 centimètres à l’extrémité duquel se présentent jusqu’à 
six fleurs d’un blanc pur disposées en ombelle. Le tube du 
périanthe est allongé, vert et gracieusement recourbé. L’o- 
vaire situé à l’extrémité inférieure de ce tube est très-gros, 
oblong et sillonné de nombreuses côtes longitudinales; cou- 
ronne staminifère à six lobes triangulaires. Les fleurs mesu- 
rent environ 9 centimètres de diamètre et s’épanouissent au 
printemps. 

On doit l’introduction de cette charmante Amaryllidée à 
M. J. Linden, de Bruxelles, qui l’a reçue de la province 
de Choco (Nouvelle-Grenade) , par les soins de M. Triana, 
voyageur naturaliste. 

M. Van Houtte recommande d’appliquer à cette plante le 
traitement auquel on soumet les Amaryllis des tropiques, 
les Griffinia, et sans doute les Pancratiiim, c’est-à-dire 
qu’on la cultivera dans des vases bien drainés, en compost 
assez riche en humus et bien meuble, et qu’on la tiendra en 
serre chaude pendant sa période végétative (nous l’avons vue 
végéter d’une manière luxuriante dans une serre à Orchidées 
de M. Linden), et en serre tempérée sur un rayon sec, près 
des jours, pendant le repos du bulbe. 

Dendrobium pierardi (RoxB.), var. latifoUum, figuré dans la 

Elore des serres, pl. 955. — Famille des Orchidées. 

Gynandrie Monogynie. 

Le Dendrobium Pierardi, type de la variété latifolium, 
existe depuis longtemps dans les collections d’Orchidées; ses 
fleurs, d un coloris rose tendre à labelle jaune, et ses tiges, 
gracieusement pendantes, l’ont fait admettre comme une jolie 
compagne même parmi ses congénères les plus éclatantes. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 2C5 

La variété à larges feuilles se distingue du type par une vé- 
gétation plus vigoureuse, par des tiges plus longues et plus 
grosses en proportion, enfin par ses feuilles plus larges. Les 
fleurs sont nouibreuses, viennent deux à deux des aisselles 
de feuilles déjà tombées (le seul défaut qu’on puisse repro- 
cher à ces jolies Orchidées, c’est de fleurir généralement sur 
des tiges entièrement dépouillées de feuilles); elles sont d’un 
rose tendre réticulées de rose plus foncé; le labelle, en forme 
de spatule, est d’un jaune clair lavé de violet dans le fond 
et strié de carmin sur l’onglet. 

Cette jolie variété, probablement native comme le type des 
forêts du delta du Gange, fait partie de la riche collection 
d’Orchidées de M. Van Houtte; elle fleurit au printemps. La 
nature pendante de ses tiges indique qu’elle doit être cul- 
tivée, soit en corbeille, soit sur un morceau de bois suspendu 
au toit de la serre chaude. 

SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. 

Hypoxis latifolia (sir W. Hooker), figuré dans le Bot, Mag., 
pl. 4817. — Famille des Hypoxidées. — Hexandrie Mo- 
nogynie. 

On doit l’introduction de cet Hypoxis à M. le capitaine 
Garden qui la découvrit dans le Natal et en apporta à Kew, 
au commencement de cette année, quelques tubercules vi- 
vants qui ont fleuri récemment. Ces tubercules sont bulbi- 
formes, globuleux et de la force d’un petit navet; du sommet 
s’élèvent les feuilles dont les inférieures sont petites, squa- 
miforrnes; elles deviennent graduellement plus longues et 
les dernières atteignent au moment de la floraison une lon- 
gueur de 15 à 46 centimètres et continuent à pousser après 
la floraison jusqu’à parvenir à une longueur de 60 centimè- 
tres. Ces feuilles sont larges, lancéolées, acuminées, striées, 
tout à fait glabres et engainantes à la base. Leur manière 
de se développer rappelle le mode de croissance de quelques 
Orchis, et notamment, dit sir W. Hooker, de notre Orchis 


266 


JOURNAL 


hircina. Fleurs disposées en racèmes multiflores, pédoncu- 
lés; pédoncules sortant de l’aisselle des feuilles, solitaires ou 
par deux ; bractées linéaires-lancéolées , ciliées. Fleurs 
grandes, d’un jaune brillant, extérieurement vertes ; limbe 
à six segments ovales, étalés; étamines à anthères oranges. 

Cette nouvelle espèce se rapproche beaucoup de VHypoxis 
ohtusa, Burch, Elle est surtout remarquable par son ample 
feuillage et par ses racines multiflores. 

Kunzea Schaueri [Revue horticole, 16 octobre 1854). Syn. : 
Kunzea capitata (Reichenbach) ; Stenospermum capita- 
tum (Sweet); Metrosideros capitata (Smith)- — Famille 
des Myrtacées. — Icosandrie Monogynie. 

Le genre Kunzea (1), fondé par M, Reichenbach, rentre, 
suivant Endlicher, dans le genre Metrosideros, section Gla- 
phyranthus, caractérisée par des capsules triloculaires, un 
stigmate capité ou en tête et des feuilles alternes. Quel que 
soit le nom définitif de la plante décrite par le savant M. De- 
caisne, la Kunzea Schaueri ou Metrosideros capitata n’en 
sera pas moins un arbrisseau très-recherché à cause de ses 
jolis capitules carminés. Introduit dans les serres anglaises 
depuis 1824, il est encore peu connu chez nous. 

Ce petit arbrisseau, natif de la Nouvelle-Hollande, a des 
rameaux grêles, des feuilles opposées, linéaires, très-entières, 
coriaces, très-nombreuses. Les fleurs sont nombreuses, dis- 
posées en têtes et naissent au sommet des rameaux. La co- 
rolle offre cinq pétales concaves, à bords ciliés, teintés de 
rose au centre. Les étamines forment, comme dans les Me- 
trosideros et les Callistemon, la partie la plus ornementale. 
Elles sont disposées en cinq faisceaux d’une belle couleur 
carminée dans toute leur étendue. 

Les Metrosideros demandent une terre de bruyère mêlée 


(1) 11 existe également un autre genre Kunzea, fondé par Sprengel 
dans la famille des Rosacées. Il n’est généralement pas adopté et se 
trouve fondu dans le genre Purshia de de Candolle. 

[Note de la Rédaction.) 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 267 

de sable et bien drainée ; une serre froide bien aérée et bien 
éclairée. En été, on les place en plein air à mi-ombre, on les 
arrose assez copieusement et d’une manière réglée; car, de 
même que pour les bruyères, un oubli peut compromettre 
sérieusement leur santé. Ils souffrent très-bien la taille après 
la floraison et n’en deviennent que plus touffus, plus bran- 
chus et plus florifères. 


iîUsfcUattfcs. 


CULTURE MARAÎCHÈRE. 

DE LA CULTURE DE l’ASPERGE , PAR M. THIERRY. 


(Suite. — Voir p. 170.) 

Analyse des Asperges^ par M. Louis Oudard, pharmacien. 


La comparaison a été établie entre des Asperges prove- 
nant de chez M. Thierry, prises au hasard et sans choix, 
dans une botte, et d'autres choisies parmi les plus belles d’un 
jardin appartenant à l’un des membres de la commission. 

Dans toutes les expériences , les Asperges de M. Thierry 
sont désignées sous le n"" i ; les autres sous le n® 2. 

Première observation. 


N“l. Les Asperges, au nombre de 7, pesaient 221 grammes. 
N® 2. Les Asperges, au nombre de 13, pesaient 220 gram- 
mes. 


Deuxième observation. 


N*’ i. L’Asperge se rompt, par inclinaison, à 12 centi- 
mètres à partir de la pointe, l’Asperge ayant une longueur 
de 30 à 35 centimètres. 

N® 2. Se rompt à 9 centimètres de la pointe, l’Asperge 
ayant une moyenne de 18 centimètres. 


268 


JOURNAL 


Troisième observation. 

N° i. Les parties rompues, réduites en pulpe et pressées, 
ont donné, pour iOO grammes : 


Suc. . 
Résidu. 


64 grammes, ) 
36 — ) 


100 grammes. 


N° 2. Les mêmes parties, également triturées et pressées, 
ont donné, pour 100 grammes : 


Suc. . 
Résidu. 


48 grammes, 
52 — 


100 grammes. 


Quatrième observation. 

N® 1. Saveur manifestement sucrée, odeur d’Asperge 
franche, non vireuse. 

N® 2. Saveur non sucrée et manifestement vireuse, odeur 
d’Asperge un peu nauséabonde et vireuse. 


Cinquième observation. 

N® 1. Aspect du suc, couleur jaune-clair, peu teintée de 
vert. 

N° 2. Couleur presque exclusivement verte. 


Sixième observation. 


N® 1. Le suc ayant été soumis à l’action du feu, il y a eu 
coagulation de Falbumine et de la chlorophylle, lesquelles, 
desséchées, ont donné un poids de 2 grammes 50 centi- 
grammes. 

N® 2. Le suc également soumis au feu, l’albumine et la 
chlorophylle, qui étaient fortement teintées de vert, ont 
donné, après dessiccation, le poids de 5 grammes 50 centi- 
grammes. 

Les conclusions de celte analyse comparative sont faciles 
à tirer. 

La première observation nous démontre que les Asperges 
de M. Thierry sont d’un poids et par conséquent d’une gros- 
seur double des autres. 

La seconde, que 12 centimètres de longueur sont man- 
geables dans les unes, et seulement 9 centimètres dans les 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 269 

autres ; car chacun sait que l’Asperge se rompt ordinaire- 
ment là où commence la partie dure et coriace. 

La troisième, que tes Asperges n® 1 sont notablement plus 
succulentes que celles n® 2, puisque sur un même poids de 
100 grammes les premières contiennent 64 grammes de suc, 
et les secondes seulement 48 grammes, ce qui établit entre 
elles le rapport de 4 à 5. 

La quatrième est encore tout à fait en faveur du n*^ 1, par 
la saveur et l’odeur comparée des deux sortes. 

La différence de couleur signalée par la cinquième 
observation est suffisamment expliquée par la culture de 
M. Thierry, qui coupe l’Asperge pour ainsi dire à fleur de 
terre, tandis que dans la manière ordinaire, lorsque les 
griffes sont moins enfoncées, on est obligé, pour donner 
plus de longueur aux tiges, de les laisser s’élever à 8 ou 
10 centimètres au-dessus du sol, et c’est cette partie hors de 
terre qui verdit, la partie en terre restant toujours blanche. 

Enfin , la sixième et dernière observation ne fait que 
confirmer la supériorité incontestable des Asperges de 
M. Thierry, en nous montrant que sur 64 grammes de suc. 
celles-ci ne contenaient que 2 grammes 50 centigrammes de 
parties solides, soit environ 5,56 pour cent. Tandis que les 
48 grammes des autres en contenaient 5 grammes 50, soit 
environ 7,50 pour cent, c’est-à-dire un peu plus du double. 

De tous ces faits, messieurs, il résulte, pour votre com- 
mission, la conviction profonde que la beauté et la qualité 
des Asperges de M. Thierry sont bien moins dues à la puis- 
sance de l’engrais animal, qu’il emploie du reste dans de 
faibles proportions, qu’au mode de culture qu’il a adopté et 
qui nous paraît conforme aux meilleures théories sur la 
végétation. Cette méthode de replacer annuellement les 
griffes d’Asperges, pendant un certain temps, à la profon- 
deur indiquée par la nature, c’est-à-dire à 8 ou 10 centimè- 
tres au-dessous de la surface du sol, nous paraît éminem- 
ment propre à fortifier la plante et à la disposer à donner 
de bons et de nombreux produits, en même temps que cette 


270 JOURNAL 

opération facilite singulièrement l’amélioration des terreaux 
que l’on peut cultiver, ameublir et enrichir pendant l’hiver, 
en y ajoutant chaque année de nouveaux éléments de fertilité 
pour remplacer ceux qui ont été épuisés. D’où il suit pour 
votre commission cette conclusion naturelle que, par les pro- 
cédés de M. Thierry, avec comme sans l’emploi de l’engrlais 
animal, on obtiendra toujours de magnifiques produits; et 
que si cette culture demande un peu plus de soins et de 
peine, elle offre une large et suffisante compensation dans des 
résultats certains et dignes de fixer l’attention des praticiens 
et des amateurs. 


NOTICE SCR CNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHANVRE, 

CONNU A JAVA SOUS LE NOM DE RAMÉE. 

Nous devons à l’extrême obligeance du célèbre botaniste 
M. le docteur Blume, membre de l’Institut de France, la 
connaissance d’une plante fort intéressante de la famille des 
ürticées, la Bohmeria tenacissima y Blume, et dont les pro- 
priétés textiles sont peut-être supérieures à celles du chanvre 
ordinaire. M. Blume, guidé par un sentiment de philanthropie 
qu on ne saurait trop exalter, a enfin, après de nombreux 
efforts, réussi à introduire en Europe une plante qui est 
destinée à devenir, pour les parties tempérées et méridionales 
de 1 Europe, la source de grandes richesses pour le cultiva- 
teur et le manufacturier. 

Les habitants de l’archipel Indien se servent depuis long- 
temps de la Ramée, nom qu’ils appliquent à la Bohmeria 
tenacissimay pour la confection de leurs filets de pêche. Ils 
ont remarqué que le.s filets fabriqués avec les fibres de cette 
plante étaient plus forts que ceux faits en fil de chanvre et 
qu’ils étaient moins détériorés par l’humidité. M. le docteur 
Blume avait étudié les propriétés textiles de la Ramée lors 
de son voyage d’explorations botaniques à Java, mais n’avait 
pu en faire parvenir des pieds vivants en Hollande; ce n’est 


P’HORTICÜLTÜRE PRATIQUE. 271 

que depuis peu qu’il a vu ses efforts couronnés d’un succès 
complet. 

Des expériences comparatives ont prouvé que le chanvre 
de la Ramée rapporté par M. Blume surpasse de 50 pour 
cent en force le meilleur lin, qu’il surpasse en force le meil- 
leur chanvre et qu’il subit moins d’altérations. On peut le 
filer plus fin que le chanvre ordinaire, et presque aussi fin 
que le lin, de telle sorte que les tissus de Ramée ont à peu 
près le double de solidité de ceux de lin, et plus de force que 
ceux fabriqués avec du chanvre. 

La Ramée étant une plante vivace, produit une quantité de 
matière textile beaucoup plus considérable qu’aucun autre 
végétal connu. Cette plante croît dans l’archipel Indien, dans 
des terrains humides et assez fertiles. Cultivée en grand, elle 
ne réussirait bien que dans des contrées subtropicales plus 
ou moins montagneuses, telles que la Grèce, les Deux-Siciles, 
l’Algérie. Elle exigerait des irrigations dans les plaines de 
la France méridionale. Dans le Nord, elle ne pourrait être 
traitée que comme plante annuelle. 

La Ramée se multiplie aisément par le bouturage et par 
ses racines charnues coupées en morceaux. On plante à 5 ou 
4 pieds de distance, après avoir labouré convenablement le 
sol, et l’on se borne ensuite à tenir le sol exempt de mauvaises 
herbes. Placée à l’ombre et dans un terrain suffisamment 
humide, la Bohmeria tPMacissima atteint bientôt 5 à 7 pieds 
de haut et se ramifie dès la première année. On coupe les 
tiges dès que leur épiderme a pris une teinte brunâtre assez 
foncée; elles sont mûres pour en retirer le chanvre. 

Des expériences ont prouvé qu’on peut faire quatre coupes 
par an, ce qui témoigne suffisamment de la rapidité de crois- 
sance de la Ramée. Ainsi dès la même année de plantation on 
obtient 4 tiges à la première coupe, 6 à 8 à la seconde, 10 à 
12 à la troisième, et enfin de 16 à 20 à la quatrième. 

Les années suivantes sont encore plus productives. La 
première coupe, que l’on peut faire avant que les tiges ne 
soient brunes, ne donne pas d’aussi bonne filasse que les 


2/2 JOURNAL 

coupes subséquentes. Quant aux autres, il est à remarquer 
que chaque tige de Bohmerla fournit autant de matière 
textile qu un pied de chanvre ordinaire. 

Les produits de la Ramée provenant de Sumatra et de 
Bornéo sont plus estimés que ceux de Java, parce que les 
indigènes mettent plus de soins dans la préparation. Cette 
préparation est fort simple; on réunit les tiges par paquets et 
on les plonge pendant cinq ou six jours dans de l’eau, afin de 
détruire 1 épiderme. Alors on relire le corps cortical conte- 
nant le tissu filamenteux, on le sèche d’abord, et ensuite on 
1 expose pendant plusieurs jours à la rosée. Les parties gélati- 
neuses de la Ramée sont assez semblables à celles du Caout- 
chouc, elles seront sans doute détruites par les mêmes manipu- 
lations auxquelles on soumet en Europe le chanvre et le lin. 

En comparant les propriétés textiles de la Bohmeria avec 
quelques autres plantes exotiques renommées, on trouve que 
h Phormium tenax est moins fort, que la Pitte (produite 
par différentes Agaves d’Amérique) est plus roide et qu’elle 
n’est guère propre qu’à la fabrication de cordages, enfin que 
la Musa textilis ou chanvre de Manille est également trop 
roide et qu elle ne peut fournir de matière textile compa- 
rable à celle de la Ramée, du chanvre ou du lin. 

Nous rendrons compte l’année prochaine des expériences 
auxquelles nous espérons nous livrer sur la propagation et la 
culture de la Bohmeria tenacissima au Jardin botanique de 
Bruxelles, M. le docteur Blume ayant bien voulu nous en 
promettre un exemplaire vivant. 


MANIÈRE D’ÈLEVER DES CERISIERS DE BOITIJRES. 

L’on sait depuis longtemps qu’on peut élever de boutures 
des sujets de poiriers, pommiers, cognassiers, pruniers, ce- 
risiers , etc.; mais les pépiniéristes ne recourent que très- 
rarement à cette méthode, parce qu’ils savent que les bou- 
tures d’arbres à pépins ne donnent que de mauvais arbres, 


275 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

et que celles prises sur des arbres à fruits à noyaux s’enraci- 
nent très-difficilement. On ne lira donc pas sans intérêt un 
procédé d’après lequel il est aisé de multiplier de boutures 
les bonnes sortes de cerisiers, et que le hasard a appris à 
connaître à un amateur qui depuis longtemps s’occupe de la 
culture du cerisier. Nous le laisserons parler lui-même : 

« Ayant élagué quelques jeunes cerisiers qui avaient fait des 
pousses trop vigoureuses par rapport à la force de la tige, 
j’avais plongé par leur bout inférieur les rameaux que je 
venais de couper, dans un vase presque plein d’eau , dans 
l’intention de m’en servir à l’occasion pour greffer quelques 
sauvageons. D’autres occupations m’ayant détourné de ma 
première intention, j’oubliai mes rameaux; mais quelle ne fut 
pas ma surprise, en les retrouvant au bout de 14 jours, de voir 
qu’ils avaient poussé des feuilles et que l’écorce de la partie 
plongée dans l’eau s’était gercée en différents endroits ! En exa- 
minant plus attentivement les rameaux, je m’aperçus que les 
gerçures avaient été occasionnées par de petites tubérosités 
blanches de la forme et de la grosseur d’une graine de colza. 

» Désirant savoir ce que ces protubérances deviendraient, je 
replongeai les rameaux dans de l’eau, que je renouvelai de 
temps en temps. Je vis alors au bout de huit jours que ces 
petites tubérosités n’étaient autre chose que les rudiments 
de racines qui se faisaient jour à travers l’écorce; ces racines 
avaient déjà un quart de pouce de longueur. Je raccourcis 
alors les rameaux de manière qu’un œil sortît hors de terre, 
et je les plantai en terre dans des trous d’une profondeur et 
d’une largeur convenables, que je remplis de terre finement 
pulvérisée, et je donnai ensuite un peu d’eau. En procédant 
de cette façon, j’évitai de casser les jeunes racines qui, en cet 
état, sont très-fragiles. Afin de m’assurer si les racines conti- 
nuaient à croître, j’ôtais au bout de quatorze jours une de mes 
boutures, et vis avec satisfaction qu’elles avaient déjà acquis 
une longueur d’un pouce et demi. » 

Il résulte de ce qui précède que l’élève de cerisiers de bou- 
tures est fort possible. D’une autre part, cette méthode sera 

Pî" 9. — NOVEMBRE I8S4. 18 


274 JOURNAL 

(rès-avantageuse au pépiniériste, en ce qu’elle le mettra à 
même de multiplier ses cerisiers francs par racines qu’on 
n’a qu’à séparer de la même plante pour leur faire pousser 
aussitôt des jets qui donnent de bons arbres, ce que les pom- 
miers et les poiriers ne font pas. 

Outre les cerisiers, on peut élever de boutures les pêchers 
et amandiers; car en les traitant de la manière précitée, les 
boutures poussent des racines avec facilité, croissent rapide- 
ment et présentent en outre le grand avantage de donner des 
arbres plus robustes que les sujets grelFés. 

Quant au traitement des boutures, il est encore à remar- 
quer qu’on ne peut les raccourcir qu’au moment où on les 
retire de l’eau, car les feuilles qui poussent à leur extrémité 
favorisent le développement des racines et entretiennent la 
circulation de la sève. Mais aussitôt que les racines se sont 
formées, le raccourcissement du rameau devient nécessaire, 
parce que des organes aussi faibles que le sont ces jeunes 
racines, se trouvant d’ailleurs subitement placés dans un 
autre élément, ne sauraient pas encore suffire pour nourrir 
la branche entière. 

L’on sait que les racines des boutures qu’on plonge dans 
l’eau ne sortent pas d’un callus qui se produit à la base du 
rameau, entre l’écorce et le bois, mais qu’elles percent à tra- 
vers l’écorce; le laurier-rose, les saules, etc., en offrent des 
preuves. Nous recommandons en conséquence de fermer le 
bout des rameaux avec de la cire à cacheter avant de les 
plonger dans l’eau. Par cette précaution on empêche une 
trop grande quantité d’eau de pénétrer dans le rameau et on 
prévient de cette manière la pourriture. Enfin on doit avoir 
soin de planter en terre les jeunes rameaux dès que les ra- 
cines ont acquis un centimètre de longueur (I). 


(1) Nous avons réussi à multiplier par ce moyen un grand nombre 
de plantes d’une radifîcation très-diflicile à obtenir par les procédés 
ordinaires, et nous avons remarqué que chaque fois que nous plan- 
tions des boutures ainsi faites et munies de longues racines, elles 
étaient vouées à une mort presque certaine. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


275 


DU PÉCHER OBLIQUE 

ou FORME DITE COUP DE VENT. 

Cette forme est encore assez peu connue pour que nous en 
disions quelques mots, d’autant plus que M. Alexis Lepère, 
arboriculteur à Montreuil-aux-Pêches, vient de publier un 
excellent article dans ^^or^^cw^^ewr^ra/^ca^s (novembre 1 854), 
sur le mérite plus ou moins contesté de cette forme. 

Préconisée au commencement comme la forme par excel- 
lence à donner au pécher, elle fut bientôt, par un revirement 
assez commun dans les idées d’ici-bas, rejetée avec la même 
précipitation que l’on avait d’abord mise à l’adopter, heureu- 
sement que des hommes sérieux se sont mis à étudier les 
avantages et les inconvénients qu’offrait la forme oblique 
appliquée au pêcher, et le résultat de leurs observations fut 
qu’elle pouvait rendre de grands services aux amateurs ne 
possédant qu’un petit développement de muraille et qui ce- 
pendant désiraient y placer le plus grand nombre possible 
d’espèces. Ce système convient surtout aux jardins dont le 
sol est médiocre et dans lequel le pêcher ne peut croître vi- 
goureusement; on n’a point à s’occuper de l’équilibre entre 
les divers membres de l’arbre, puisqu’il n’y en a qu’un; enfin 
les arbres soumis à cette méthode couvrent promptement le 
mur, et sont généralement très-productifs par la raison qu’elle 
permet de charger à fruit la branche coursonne, « moyen, 
dit M. J. A. Hardy dans son excellent Traité de la taille des 
arbres fruitiers (1), d’absorber de la sève et de maîtriser un 
peu la vigueur de l’arbre qui est toujours à craindre. » Uti- 
lisée dans les circonstances que nous venons de mentionner, 
les mérites de la forme oblique sont assez grands pour ba- 
lancer l’effet plus ou moins disgracieux que ces lignes obliques 
et parallèles entre elles peuvent produire au premier abord. 

Lorsqu’on veut garnir un mur de 5 mètres de hauteur, par 


(1) Chez Dusacq, à Paris, 1 vol. in-8<' avec 12 pl. Prix : fr. 5 oO. 


276 JOURNAL 

exemple, de pêchers à forme oblique, on plante des pieds 
d’un an , de manière que la greffe se trouve à 10 centimè- 
tres du mur et à une distance les uns des autres de 80 cen- 
timètres; on rabat la pousse de la pépinière à 16 centimètres 
au-dessus de la greffe, sans donner de suite, comme on le fait 
ordinairement, à la tige la direction oblique. L’arbre étant 
ainsi planté, comme pour une autre forme, se trouve dans 
son état naturel et fait ses racines avec plus de facilité. 
M. Lepère, de Montreuil, a adopté ce système comme étant le 
meilleur; en plantant, il recommande également de faire at- 
tention qu’il se trouve un œil bien placé du côté où l’on veut 
former la branche oblique et pendant son développement, on 
doit le protéger autant que possible en pinçant tous les bour- 
geons inutiles. De cette manière, ajoute cet habile arboricul- 
teur, l’arbre peut pousser, dans sa première année, aussi 
long que l’arbre planté obliquement et taillé très-long, comme 
dans l’ancienne manière d’opérer. Le bourgeon obtenu la 
première année peut être taillé aux trois quarts de sa lon- 
gueur et se trouver aussi long que celui planté obliquement 
avec sa pousse de pépinière. En outre ce bourgeon est mieux 
disposé à pousser; son écorce est moins endurcie; et chaque 
année le rameau terminal peut être taillé aux deux tiers de 
sa longueur. On obtient ensuite les branches sous-mères avec 
le même bourgeon qui a servi à établir la branche-mère, en 
favorisant le développement des yeux placés à la distance 
voulue : 75 centimètres ou 1 mètre, selon la distance des pê- 
chers. 

L’inclinaison que l’on donne aux pêchers à forme oblique 
est de 45 degrés, ce qui donne à la tige une longueur de 
4 mèires 20 centimètres à parcourir pour un mur de 5 mè- 
tres de hauteur. Quand tous les arbres sont établis de la même 
manière, l’aspect du mur n’est point désagréable à la vue, 
d’autant plus qu’il est bientôt garni. 

M. Lepère termine son intéressant article en citant les 
douze meilleures variétés de pêchers, avec lesquels on obtient 
des fruits depuis le 25 juillet jusqu’au 15 octobre sans inter- 


277 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

ruption; ce sont, selon leur ordre de maturation sous le 
climat de Paris : 

Petite mignonne, arbre vigoureux, fertile. 

Grosse mignonne hâtive, arbre vigoureux, productif. 
Grosse migfionne ordinaire, arbre vigoureux, très-pro- 
ductif. 

Grosse noire de Montreuil, arbre vigoureux. 

Belle de Vitry ou admirable, végétation moyenne. 

Belle Beauce ou Bausse, arbre vigoureux. 

Madeleine de Cour son, arbre vigoureux. 

Malte, végétation moyenne; fertile. 

Reine des vergers, végétation moyenne ; très-fertile. 
Chevreuse tardive, végétation moyenne; très-fertile. 
Chevreuse Bon ouvrier, végétation faible; très-productif. 
Bourdine, arbre vigoureux; peu productif. 


POIRE BRIFFAÜT (Decaisne). 

Nous croyons ne pouvoir mieux faire, pour signaler à l’at- 
tention des pomologues l’apparition de cette nouvelle poire 
hâtive, que d’en offrir la description telle qu’elle est donnée 
dans la Revue horticole par le savant M. Decaisne, professeur 
de culture au Jardin des plantes de Paris. 

« Ce beau fruit nous a été présenté en parfait état de ma- 
turité dans les premiers jours d’août; il dépasse soit par son 
volume, soit par son brillant coloris, toutes les poires d’été 
connues jusqu’à ce jour. L’arbre a été obtenu parM. Briffaut, 
jardinier à la manufacture de porcelaine de Sèvres; il est 
franc de pied, vigoureux et porte des scions recouverts d’une 
écorce de couleur fauve-jaunâtre, parsemée de lenticelles. 
Ses feuilles sont assez larges, à bords redressés, dentés, et 
par ses caractères il offre une certaine ressemblance avec la 
Poire Bonne de Soulers (1). Le fruit commence à mûrir dans 

(t) La Poire Donne de Soulers ou Bergamote de Soulers est une an- 
cienne poire décrite par Duhamel; elle mûrit en février et mars. Cette 
poire a fait place à de plus nouvelles. 


^^78 JOURNAL 

les derniers jours de juillet; il a la peau lisse, d’abord verte, 
puis jaune-verdâtre et enfin d’un beau rouge du côté du so- 
leil. La chair en est blanche, très-fine, l’eau abondante, lé- 
gèrement acidulée et d’une saveur très-agréable, sans être 
cependant très-relevée. Nos éloges seraient sans restriction 
si cette belle poire se conservait un peu plus longtemps; 
mais elle offre V inco7ix!énient inhérent à toutes les variétés 
hâtives, celui de passer très vite ; en deux ou trois jours , 
en effet, le fruit se ternit et devient pâteux. Quoi qu’il en 
soit, Poire Briffaut devra prendre place à plus d’un titre 
dans nos vergers. 

» Sa forme générale la rapproche de la Poire Louise d'EL 
court, et sa couleur rouge carminée de certaines poires Jar- 
gonelles. M. Briffaut se propose de mettre en vente, cette 
année même, celte estimable variété. » 

Nous avons à dessein mis en italique le grave inconvénient 
que présente cette poire de passer très-vite, afin que les ama- 
teurs pomologues décident de suite si cet inconvénient inhé- 
rent du reste, comme le dit fort bien M. Decaisne, à toutes 
les poires hâtives, n’est pas suffisamment balancé par des 
qualités d’un ordre supérieur qui militeraient en faveur de 
son admission dans les collections choisies. 


Sous le nom de Poire fondante d'Ingendael, notre hono- 
rable correspondant, M. A. T. Gambier, propriétaire et ama- 
teur pomologue à üccle-lez-Bruxelles, nous a adressé une 
poire excellente mûrissant au commencement du mois d’oc- 
tobre. Nous l’avons soumise à l’examen de connaisseurs dis- 
tingués, et leur opinion, d’accord avec la nôtre, a été que la 
fondante d’Ingendael était un synonyme de la Poire Louise 
Bonne d' A rr anches (1), ou tout au moins une simple variété 

(1) h^Louise Bonne d'Avranches a encore pour synonymes les noms 
suivants : Bonne Louise d'Avranches, Bergamote d'Avranches , Bonne 
de Longueval, Poire de Jersey et, suivant quelques pomologues, Beurré 
ou Bonne d'Àran doré et William IV, 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 279 

à fruits plus petits. Il est néanmoins intéressant de constater 
que la poire de M. Gambier provient, d’un semis fait à Rhode- 
Sainte-Genèse, près Bruxelles, et que son premier rapport a 
eu lieu vers 1840; il paraît que son époque de maturité était 
alors vers le commencement de novembre et qu’il s’est suc- 
cessivement avancé jusqu’aux premiers jours d’octobre. 

Cette variété belge de la Louise Bonne d'Avranches produit 
régulièrement en plein vent et sa fertilité est très-remar- 
quable; le fruit est de grosseur moyenne ou plutôt petite en 
la comparant à la véritable Louise Bonne d'Avranches; il est 
pyriforme, jaune-fauve lavé de rouge carminé du "côté du 
soleil ; sa chair est des plus fondantes ; son eau est abondante, 
sucrée, parfumée ; enfin ce fruit possède toutes les excellentes 
qualités qui ont fait mettre la Louise Bonne d' Avranches au 
premier rang parmi les poires hâtives. 


ORCHIDÉES. 

(seizième article.) 

GENRE ODONTOGLOSSUM, H. B. K. 

(Suite. — Voir^. 106. ) 

^ 2i . Odon(og;lossum uebiilosuni (LiNDLEV). 

Pseudo-bulbes jaunâtres, portant deux ou trois feuilles 
oblongues, aiguës, condupÜquées à leur base et plus courtes 
que le pédoncule; celui-ci est terminal, dressé, haut d’un 
pied environ, et ne porte que quelques fleurs, les plus grandes 
de la section des Leucoglossum, et que l’on peut même ran- 
ger parmi les plus amples du genre entier; bractées sca- 
rieuses, embrassant la tige, et deux fois plus courtes que 
l’ovaire; sépales et pétales membraneux, oblongs-ondulés, 
pubescents à la base, à sommet apiculé, recourbé; labelle à 
onglet charnu cucullé, pourvu de deux lamelles dressées et 
de dents placées en avant ; à limbe ové, aigu, denté ou den- 
telé, pubescent; colonne aptère allongée, tomenteuse. 


280 


JOURNAL 


Les fleurs de cette belle espèce sont d’un blanc jaunâtre, ma- 
culées de taches arrondies d’un brun chocolaté. Leur diamètre 
est d’environ 5 pouces et demi (à peu près 9 centimètres). 

Nous avons trouvé Y Odontoglossum nebulosum dans plu- 
sieurs localités de la Cordillère méridionale du Mexique, dans 
des régions très-élevées et très-froides , et à une élévation 
supra-marine de 8,000 à 9,500 pieds. Elle croît en grosses 
touffes dans les hautes montagnes de la Sierra de Yavezia et 
d’Oaxaca, sur les chênes et souvent sur des pins et dans des 
parages où régnent presque constamment des brouillards 
froids et humides, où l’Européen frissonne même parles plus 
belles journées. 

21 bis. ©clontoglossiini Warcasewif*!! (H. G. ReICHENBACH 
fils), in Bot, Zeitung, 

Superbe espèce à labelle orné d’une crête dorée, à fleurs 
d’un blanc de neige et presque aussi grandes que celles de 
Y Odontoglossum grande. Les feuilles sont longues et acumi- 
nées ; les bractées sont triangulaires, tranchantes, membra- 
neuses, à une seule côte, et sept fois plus courtes que le pé- 
doncule du long ovaire. Le scape ne porte que quelques 
fleurs caractérisées par le sépale dorsal en forme de coin 
obtus; les sépales latéraux sont oblongs, aigus, plus étroits; 
les pétales sont oblongs, aigus, en forme de coin; labelle 
dilaté , panduriforme-quadrilobé ; lobes latéraux obtus , 
petits, l’antérieur largement cunéiforme, à deux lobes; crête 
dressée, d’un jaune doré; colonne très-petite, à ailes entières 
très-étroites. 

M. Warczewitz a découvert cette espèce à laVeragua, 
dans la Cordillère de Chiriqui, croissant à une hauteur supra- 
marine de 8,000 pieds, sur des plantes de la famille des Lé- 
gumineuses. 

22. Odontog^lossiim Galeottianum (ACH. RiCHÂRD). 

Espèce à pseudo-bulbes agrégés monophylles ; feuille 
elliptique lancéolée aiguë ; scape deux fois plus long que 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 281 

les feuilles, portant trois fleurs grandes et blanches; labelle 
à ailes ou lobes latéraux dressés, obtus, tronqués, à limbe 
subcordé-acuminé ; colonne à bords ailés ; ailes étroites, 
allongées. 

Cette jolie espèce figure dans notre herbier général du 
Mexique sous le numéro 5109. Nous l’avons découverte sur 
les chênes du Cerro-San-Felipe, au nord de la ville d’Oaxaca, 
à une hauteur supra-marine de 8,000 pieds. Les fleurs sont 
blanches, lavées de rose, et d’une odeur très-suave quoique 
légère. Elles se rapprochent, selon nous, des Odontoglossum 
stellatum et Rossii. Le mois de juin est leur époque d’épa- 
nouissement. 

25. * Odontoglosisuiii niaxillare (LindLEY). 

Les fleurs de cette espèce ont des sépales lancéolés, aigus ; 
pétales de même forme, les uns et les autres d’un blanc pur, 
marqués à la base de taches cramoisies; labelle ové, aigu, 
entier, maculé à la base; l’appendice de l’onglet est très- 
grand, concave, charnu, glabre, jaune, bidenté sur le devant, 
et à deux lamelles, et presque aussi long que la colonne; 
celle-ci est dépourvue d’ailes. 

Cette espèce est probablement originaire du Mexique. 

24. Odontoglossum apterum (La LlAVE). 

Cette espèce n’est connue des botanistes que par la des- 
cription fort courte qu’en a donnée M. La Llave. Elle est ori- 
ginaire de la province du Michoacan au Mexique. Nous 
l’avons cherchée en vain dans les forêts d’Irapéo, localité in- 
diquée par le botaniste mexicain. 

V Odontoglossum apterum a des bulbes ovés, déprimés ; 
des feuilles largement lancéolées, nervées, condupliquées; 
scape ne portant que peu de fleurs; celles-ci sont blanches, à 
macules arrondies pourprées, rassemblées près de la base; 
labelle à onglet charnu, bilobé, et présentant à sa partie 
antérieure deux dents divergentes; limbe crénelé; gyno- 
stème épais, dépourvu d’ailes. 


282 


JOURNAL 


T 


25. * OcSontogïossiim Cervaiitesii (La LlAVe). 

Pseudo-bulbes ovés, anguleux; feuilles solitaires oblon- 
giies, se rétrécissant en un pétiole canaliculé; scape portant 
peu de fleurs; bractées et gaines membraneuses, très-aiguës, 
équitanles, allongées; sépales membraneux, oblongs-lancéo- 
lés aigus; pétales plus larges, subonguiculés, aigus; labelle 
cordé-ové, à onglet charnu cyathiforme (en forme de gobelet 
ou creusé en fossette au centre), pubescent, bidenté sur le 
devant, tuberculé au milieu, et présentant deux appendices 
ou prolongements allongés, poilus, devant le cyathum ou 
gobelet; colonne pubescente, à oreillettes arrondies; fleurs 
grandes, à odeur suave, remarquables par les bandes brisées 
et concentriques, de couleur rouge, qui ornent la base des 
sépales et des pétales. 

M. Lindley distingue deux formes dans cette espèce : 

A, A labelle légèrement cordiforme, aigu, et à fleurs d’un 
carmin très-pâle. 

B. A labelle profondément cordiforme, rétus et à fleurs 
blanches. C’est V Odontoglossnm membranaceum de Lindley. 
Belle et gracieuse Orchidée, assez répandue dans les collec- 
tions. 

Nous avons trouvé V Odontoglossum Cervantesii et sa belle 
variété membranaceum sur les chênes du Cerro de San- 
Felipe, près d’Oaxaca, à 7,000 et 8,000 pieds d’élévation 
supra-marine, dans les environs de Xalapa, dans la Misteca 
Alta et dans d’autres localités des régions froides, monta- 
gneuses et assez ombragées du Mexique. Il fleurit de décem- 
bre à mars et donne généralement deux à trois fleurs par 
scape. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


285 


EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE DE BRUXELLES. 

Il était à craindre qu’après les importantes expositions 
de Mons, de Gand et de Malines, celle ouverte par la Société 
royale de Flore de Bruxelles se ressentît de ce déploiement 
inusité de richesses horticoles dans diverses villes du royaume ; 
eh bien, malgré les circonstances difficiles qui entouraient la 
Société, son exposition estivale a été à la hauteur à laquelle 
le zèle de quelques-uns de ses membres ont habitué le public 
à la voir atteindre. Les contingents de MM. Forckel, Linden, 
Lubbers, Ambroise VerschafFelt, Charles Van Geert, Hamoir- 
De Reus, De Cock et de M“® Legrelle d’Hanis avaient réuni 
un millier d’exemplaires fleuris dont le bel ensemble et le 
choix enlevèrent les sutfrages de toutes les personnes qui 
ont visité le 16 juillet dernier le salon d’exposition de la ro- 
tonde du Jardin botanique de Bruxelles. 

Dans la collection de bel envoi présentée par M. Forckel 
figurait un des plus beaux exemplaires connus de Cattleya 
Leopoldiy un pied vigoureux de Nepenthes distillatoria^ dont 
les urnes bien développées sont toujours un sujet d’étonne- 
ment pour le public et d’admiration pour le naturaliste, et 
environ 68 autres plantes fort bien cultivées, le jury décerne 
une médaille de vermeil encadrée à M. Forckel. La collection 
de plantes d’ornement de M. Lubbers (médaille de vermeil) 
comprenait des Fougères, des Palmiers, des 3Iaranta, des Be- 
gonia à tiges élevées et feuillées, des Yucca, des Ficus, etc., 
c’est-à-dire des formes sévères alliées à des formes élégantes 
et légères. Le premier prix de plante nouvelle est décerné à 
M. Roukens, jardinier de M. le baron de Prêt, à Wesembeck, 
pour son Bégonia xanthina, exemplaire bien fleuri qui de- 
vait cependant être étonné de trouver dans le salon bon 
nombre de magnifiques enfants adultérins produits par son 
mariage avec le Bégonia rubro venia et mis au jour dans l’é- 
tablissement de M. Van Houtte. Le second prix de ce même 
concours est accordé à X Impatiens Jerdoniæ de M. Linden. 


T 


JOURNAL 

Deux collections de plantes rares et nouvelles étaient présen- 
tées au cinquième concours : l’une, appartenant à M. Linden, 
obtient le premier prix; elle contenait le joli Eucharis gran- 
diflora dont nous donnons la description à la page 263 de ce 
numéro; le Sciadocalyx Warczewitzii , charmante Gesné- 
riacée à fleurs vertes, jaunes, vermillonnées et tachetées de 
brun; la seconde collection, récompensée par une médaille 
d argent, appartenait à M. Ch. Van Geert, d’Anvers : nous y 
avons remarqué le Desfontainia spinosa, magnifique arbris- 
seau de la famille des Solanées, à grandes fleurs rouges- 
oranges au bout, à feuilles épineuses comme celles d’un houx 
et qui, pour surcroît de mérite, promet d’étre complètement 
rustique; un Gùikgo biloba à feuilles franchement panachées 
de jaune, et les hesnix Berberis Beali et intermedia. 

Dans le concours de belle floraison, c’est un bel exemplaire 
ÿOncidium Lanceanum, appartenant à M. Linden, qui re- 
çoit la première palme de beauté; le second prix est décerné 
à M. Van Espen, horticulteur à Saint-Josse-ten-Noode-lez- 
Bruxelles, pour un pied bien fleuri du Bégonia Prestoniensis 
{voir notre planche du l®** numéro de 1853); ce Bégonia 
est sans contredit le plus beau que l’on ait introduit; il re- 
fleurit à diverses époques de l’année, et au moyen de boutures 
faites à certains intervalles, il est facile d’en avoir en fleurs 
depuis le mois de mai jusqu’en décembre et sans doute en 
hiver. Un troisième prix est accordé, ex œquo, au Crinum 
Âugustum de M. Lubbers, et au Pélargonium zonale de 
M. P. Brouwers; cette dernière plante, malheureusement 
trop peu fleurie, quoique chargée de boutons, a été admirée 
par tous les amateurs ; ella mesurait en hauteur environ dix 
pieds, et sa tête s arrondissait en un demi-globe large de 
quatre pieds au moins; elle était le résultat de quatorze an- 
nées de soins vigilants. M. Brouwers y était parvenu en cul- 
tivant, on peut dire avec amour, une bouture faite en 1840, 
laquelle, plantée dans un sol fortement engraissé, produisit 
un jet robuste de 5 à 6 pieds de haut pendant la belle sai- 
son; retranchant tous les jets secondaires et le bourgeon 


r 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 285 

terminal, il réussit à obtenir un tronc ramifié à sa partie su- 
périeure; et en continuant ce traitement, c’est-à-dire en en- 
levant constamment les branches latérales, en pinçant les 
rameaux trop allongés, il parvint à former un Pélargonium 
en arbre, à tronc ligneux et d’un aspect remarquable. Ce résul- 
tat est une question de temps, dira-t-on; mais en est-il moins 
intéressant pour cela? n’indique-t-il pas aux amateurs pa- 
tients quelles jouissances ils peuvent se procurer en cultivant 
avec soin une foule de plantes ordinaires auxquelles on ne 
demande que quelques mois de végétation et de floraison? 

M. A. Verschaffelt avait exposé une très-belle et fraîche 
collection d’Orchidées, parmi lesquelles figuraient trois Ae- 
rides, le Phalœnopsis grandiflora, V Oncidium Lanceanum , 
le Cycnoches Pescatorei, devenu avec raison un Acineta {Ad- 
neta Schüleriana de Reichenbach fils), etc. ; le jury décerne 
à cet envoi le premier prix et un second prix à la collection 
de M. Linden; celle-ci, également fort belle, comprenait les 
Epideiidrum vitellinum et verrncosum , ï Odontoglossum 
cordatum* le Cattleya dtrina, les beaux Onddium Barkeri 
et Lanceanum, etc. 

Les Pélargoniums de M. Ch. Van Geert, parmi lesquels 
huit variétés Odier, obtiennent le premier prix de ce con- 
cours; M. Hamoir De Reus, le second prix. L’une et l’autre 
collection attirait les regards. Les horticulteurs ont vraiment 
créé des merveilles de coloris et de forme dans ce genre de 
plantes. 

Nous citerons encore les Conifères exposés par M. Ch. Van 
Geert, d’Anvers, et comprenant plusieurs vdiYts Araucaria, 
Le jury accorde un prix à cet envoi. 

Le jury décerne en outre un prix d’honneur au Disa 
grandiflora, magnifique Orchidée exposée par Legrelle- 
d’Hanis. Ce même exemplaire avait déjà figuré à l’exposition 
de Màlines. Il accorde ensuite une médaille de vermeil à un 
envoi de 76 Bégonia, remarquables par leur force et leur 
belle culture, fait par M. Lubbers; une médaille d’argent 
aux Bégonia de M. Janssens de Harven, d’Anvers; des prix 


286 


JOURNAL 


aux collections de Fougères de la comtesse de Lalaing et 
de M. de Janti; aux Fuchsia de M. De Cock, à Bruxelles; 
aux Cactées de M. J. Lefebvre; aux plantes grimpantes de 
M. Vanden Driesse, à Bruxelles, et à diverses autres collec- 
tions de Bruyères, de Calcéolaires, de Phiox, de Celosia, de 
Di'acœna, etc. — Quant à nous, nous ne saurions oublier de 
mentionner le Sprekelia cybister de M. Symon-Brunelle. 
M. Van Houtte a donné un beau dessin de cette rare et re- 
marquable Amaryllidée dans la Flore des serres et jardins 
de l'Europe, yoI. V, pl. 455 et 456. 


SOCIÉTÉ ROYALE D’HORTICULTCRE ET D’AGRICULTURE 

d’anvers, 

EXPOSITION DU 20 AOUT 1854. 

Cette exposition comprenait près de 1,400 plantes culti- 
vées en pots, plusieurs collections de fleurs de Dahlias, un 
beau contingent de fruits divers, enfin une série d’objets se 
rattachant à rhorticulture, tels que corbeilles et jardinières 
en fer, poteries, fleurs artificielles, etc. Ce préambule indi- 
que assez que l’exposition était importante et digne de la 
riche métropole du commerce belge. Le secret des succès de 
la Société royale d’horticulture d’Anvers réside dans runion 
de ses membres. Nul d’entre eux n’oserait rester sourd à 
l’appel qui lui est fait. Tous contribuent à embellir le salon 
floral. Le résultat de leurs efforts est toujours brillant, et les 
concours sont attentivement suivis par les premiers amateurs 
du pays et de l’étranger. Qu’on ne croie pas que nous vou- 
lons prendre la défense de la Société royale d’Anvers, elle 
n’en a pas besoin; nous ne constatons qu’un fait. 

Vingt-six concours sur trente de proposés par le programme 
ont été remplis à l’entière satisfaction d’un nombreux jury, 
composé d’amateurs et d’horticulteurs non habitant Anvers. 
C’est è Zoé de Knyff que revient l’honneur du plus bel 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 287 

envoi. Le jury lui décerne la médaille de vermeil. Le premier 
prix pour la collection d’Orchidées est accordé à M. A. Ver- 
schaffelt. Son beau pied de Cattleya Leopoldi et son Mütonia 
spectabilis enlevèrent tous les suffrages. Le second prix est 
remporté par M. J. Linden. Le Philesia buxifolia de M. Bau- 
man, de Gand, reçoit le second prix du concours affecté à la 
plante fleurie la plus rare. Les Impatiens Jerdoniæ de 
MM. Linden et Verscliaffelt font obtenir le premier prix à 
chacun de ces horticulteurs. Le contingent de huit plantes 
rares de M. Ch. Van Geert, renfermant trois beaux Berberis 
(Berberis japonica, Berberis intermedia et Berberis Bealii), 
V Araucaria Cookii, le Wellingtonia gigantea, haut de deux 
ou trois pouces, le Skimmia japonica, dont les fruits rouges 
surpassent en éclat ceux de XArdisia crenulata, et le Des- 
fontainia spinosa remporte le premier prix sur Tenvoi de 
M. J. Linden, composé de plantes bien intéressantes, entre 
autres d’un Cuphœa, portant le nom de spectabilis et prove- 
nant de la province de Michoacan au Mexique. Cette plante 
est destinée à devenir aussi populaire que sa congénère le 
Cuphœa platy centra. M. Janssensde IJarven est un collecteur 
passionné de Bégonia, et il n’épargne ni peines ni argent 
pour en rassembler le plus grand nombre d’espèces possible ; 
aussi avait-il réussi à réunir huit nouvelles espèces et à les 
faire lutter dans le concours des plantes rares fleuries ou non 
fleuries contre les envois de MM. Van Geert et Linden. Le 
jury accorde un troisième prix à cette collection dont nous 
regrettons de ne pouvoir indiquer les espèces, les noms ayant 
été dénaturés d’une façon inintelligible dans le catalogue de 
l’exposition. 

La palme affectée au concours de belle floraison est décer- 
née à une belle Orchidée brésilienne : au Mütonia specta- 
bilis, exposé par M. A. Verschaffelt , et le second prix au 
Tremandra verticillata de M. le chevalier de Knyff. Cet 
amateur distingué a fait plier sous ses lois le caractère 
capricieux de cette charmante plante qui fait souvent le 
désespoir de. bien des cultivateurs. 


«plp 


288 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

La belle collection de plantes à feuilles panachées ou colo- 
rées de Legrelle d’Hanis est jugée à l’unanimité digne d’un 

premier prix, et celle de M. l’avoué Dillen, d’un second prix. 

La collection de Conifères exposée par M. Ch. Van Geert 
ne comprenait pas moins de quarante-six espèces; elle méri- 
tait bien la médaille d’argent qui lui est votée par le jury. 

LesFougères sont aux expositions ce que les dentelles sont 
à la parure des dames ; les unes et les autres récréent la vue 
par la légèreté de leur ensemble. Elles effacent par leur co- 
quetterie les formes parfois lourdes qui leur sont accouplées 
et viviffent tout ce qui les entoure. Toute exposition devrait 
présenter, selon nous, quelques collections de Fougères ; ce 
sont des plumes indispensables à la couronne de Flore. Les 
trois collections de MM. de Knyff, Dellafaille et Dillen, faisaient 
un effet charmant dans le salon de l’exposition. Le premier de 
ces amateurs reçoit le premier prix affecté à ce concours. 

La culture des Dahlias est fort encouragée à Anvers. Aussi 
les amateurs du pays saisissent avec empressement l’époque 
de l’exposition pour y établir le champ clos où doit se décider 
l’avenir des plus belles fleurs et des plus beaux semis de 
Dahlias de l’année. 

Le premier prix du vingt-quatrième concours des cinquante 
fleurs de Dahlias les plus distingués par leur beauté et leur 
variété, est décerné à M. J. Sias, de Louvain, intrépide jouteur 
s’il en fut dans ce genre de plantes. Le second prix est accordé 
à M. le vicomte de Nieuport, amateur non moins ardent. 

A M. de Knyff, bien connu par les belles variétés de semis 
qu’il a lancées dans le monde horticole, revient le premier prix 
pour les vingt-quatre fleurs de Dahlias les plus nouvelles et 
les plus méritantes. Une égale récompense couronne le bel 
envoi de M. Stas, qui reçoit ensuite le premier prix pour le 
plus beau Dahlia de semis obtenu en Belgique. 

Le jury a beaucoup admiré les belles grappes de raisins 
exposées par M. A. Dellafaille, les Melons de M. Seghers et 
les Ananas de M®® la baronne de Prêt de Calesberg. Il vote 
une médaille d’argent à chacun de ces amateurs. 



1 



JOURNAL 


D’HORTICIIITÜRE PRATipE. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 


BEJARÎA ÆSTÜAXS (Muïis) (1). 

Le genre Bejaria a été fondé en ilCA par Aliitis, en l’hon- 
neur du botaniste espagnol don Antonio Bejar; il renferme 
un petit nombre d’espèces habitant surtout les Andes de la 
Bolivie, de la Nouvelle-Grenade et du Pérou, la Cordillère 
méridionale du Alexique et les montagnes de la Floride; elles 
sont toutes fort jolies et méritent qu’on leur accorde une 
place distinguée dans nos serres froides; leur port et leurs 
fleurs à teintes brillantes ou délicates rappellent à tel point 
les Azalées de l’Inde qu’on peut surnommer les Bejaria les 
Azalées des hautes montagnes des régions équatoriales de 
l’Amérique, ou les Rosages des Andes, comme les appelle 
Al. de Humboldt. Une espèce introduite de la Floride en 
1810, le Bejaria racemosa, et le Bejaria cflauca, introduit 
de Vénézuéla en 1820, figuraient seuls , il y a peu d’années, 
dans les collections européennes, jusqu’à ce que AlAI. Linden, 
Funck, Schlim et Lobb, à la suite de longues explorations bo- 
taniques dans la Nouvelle-Grenade, aient réussi à doter l’hor- 
ticulture de plusieurs belles espèces de ce genre distingué, 

(1) Botanical Magazine, pl. 4818. C’est par erreur que Linné fils 
écrivit Befaria au lieu de Bejaria, erreur que sirW. Hooker consacre 
sans doute involonlairement dans le Botanical Magazine. 

îO. — DÉCFJIERE 18o4', 19 


290 


JOURNAL 


rival des Azalées et des Rhododendrons. M. Linden a par- 
lieu lièrem eut porté son attention sur la culture des Bejaria, 
et il a victorieusement prouvé, dans diverses expositions 
florales, que ces plantes n’élaient pas plus difficiles à faire 
fleurir, à traiter et à multiplier qu’une foule d’autres Érica- 
cées. 

Les botanistes ont rangé le genre Bejaria dans la famille 
naturelle des Éricacées, section des Rhododendrées ; Linné 
l’avait classé dans la Pentandrie Monogynie de son système 
sexuel (1); il se compose d’arbrisseaux rameux, chargés de 
feuilles alternes, éparses ou très-rapprochées, plus ou moins 
coriaces, très-entières; les fleurs sont disposées en racèmes 
ou corymbes terminaux^ ordinairement de couleurs pour- 
prées; le calice est à six ou sept lobes plus ou moins profon- 
dément découpés; la corolle se compose de six ou sept pé- 
tales dressés ou étalés. L’ovaire présente six ou sept loges 
ainsi que la capsule. On voit que les caractères de ce genre 
semblent soumis au nombre sept. 

Le Bejaria œstuans {Acunna ohlonga de Ruiz et Pavon) 
atteint dans sa patrie une élévation de 8 pieds environ; les 
branches, les pédoncules et le calice sont revêtus d’un duvet 
doux, laineux et de couleur ferrugineuse; les feuilles sont 
elliptiques-ovées , aiguës, planes, vertes en dessus; le des- 
sous est plus ou moins glauque et chargé d’un duvet bru- 
nâtre d’autant plus abondant que le feuillage est plus jeune; 
ces feuilles sont portées sur de courts pétioles. Corymbes 
terminaux, formés par la réunion de plusieurs belles et 
grandes fleurs d’un rose vif; pédoncules uniflores; pétales 
au nombre de sept, obovés-spatulés , dressés, étalés. Les 
étamines, dont le nombre varie de sept à quatorze, sont iné- 
gales, mais toujours plus courtes que la corolle; filets re- 
courbés, s’épaississant et se couvrant de poils vers la base. 

Découvert en premier lieu dans les Andes de la Nouvelle- 
Grenade et du Pérou, par le botaniste Mulis, ensuite parles 


(1) Le nombre des étamines du Bejaria œstuans varie de 7 à 11. 


D’IIORTICULTUIIE PRATIQUE. 201 

célèbres voyageurs Humboldt el, Bonpland , le Bejaria œh- 
tiians fut eniin introduit à Félat vivant en Europe, d’abord 
par M. Linden en 1847, et ensuite par M. W. Lobb, collec- 
teur de MM. Veilch, d’Exeter. Cette espèce, suivant les obser- 
vations de ce dernier voyageur, se trouve à une élévation 
supramarine de 8,000 pieds. Nous l’avons trouvée au 
Mexique, dans les forêts peu explorées de Tanetze et de 
Yotao (Cordillère orientale d’Oaxaca), à une élévation de 
5,500 à 5,000 pieds; elle y fleurit depuis le mois d’août 
jusqu’en novembre. 

Toutes les espèces connues du genre Bejaria appartiennent 
aux régions élevées et montagneuses ou alpines de l’Amé- 
rique intertropicale; elles se rangent par conséquent parmi 
les arbrisseaux dits de serre froide , comme les Azalées , les 
Rosages, les Gaidtheria, etc. Elles exigent un emplacement 
aéré, bien clair, et une terre de bruyère fibreuse; à défaut 
de serre on les cultivera avec le plus grand succès, sous 
châssis et à froid. En été on les mettra en plein air au nord ; 
car, de même que pour la majeure partie des Éricacées et 
autres plantes alpines à feuillage persistant, elles redoutent 
l’influence des rayons solaires sur les racines. Les Bejaria 
fleurissent pendant presque tout le cours de l’année, surtout 
en mai, juin et juillet. Nous avons remarqué qu’ils fructifient 
facilement, ce qui nous porte à croire que les horticulteurs, 
lorsqu’ils connaîtront mieux ce beau genre, mettront à profit 
cette facilité de fructification pour faire des essais tendant à 
la possibilité d’acclimater les Bejaria dans nos jardins, ou 
tout au moins à obtenir des variétés intéressantes, par les 
croisements des espèces entre elles. 

La liste suivante des espèces de Bejaria actuellement in- 
troduites en Europe sera, croyons-nous, acceptée avec 
plaisir par B?s amateurs de belles plantes de serre froide. 

Bejaria œstua?is, Mutis, de la Nouvelle-Grenade, introduit 
par M. Linden en 1847, et postérieurement par M. W. Lobb. 
Fleurs d’un beau rose carminé, à reflets violacés. 

Bejaria racemosa , Ventenat [Bejaria paniculata de Mi- 


JOURNAL 


^292 

( liaux), de la Floride, introduit en 1810.. Fleurs pourpres 
en grappes, d’une odeur agréable. Cette espèce croît dans les 
end roi (s marécageux. ^ 

Bejaria glaucay II. B. K., de Vénézuéla ( Silla de Ca- 
racas), introduit en 1826, et en Belgique en 1842, par 
MM. Funck et Linden. Fleurs pourpres en grappes; feuilles 
glauques en dessous. 

Bejaria coarctata, H. B. K., des Andes du Pérou, intro- 
duit par MM. Linden et Funck; fleurs pourpres, étranglées 
vers le sommet, à style presque deux fois aussi long que la 
corolle. 

Bejaria Lindeniana, Herincq, Me la Nouvelle-Grenade., 
introduit par MM. Linden et Funck; fleurs roses. Les bota- 
nistes ne sont pas d’accord sur la détermination du véritable 
Bejaria coarctata de Humboldt et Bonpland. Quelques-uns 
appliquent ce nom au Bejaria Lindeniana de Herincq. 
Quoi qu’il en soit, ces deux espèces sont distinctes et égale- 
ment belles; l’une de ces deux est évidemment nouvelle. 

Bejaria ledifolia^ H. B. K. (figuré dans la Flore des sei'res 
de M. Van Houtte, pl. 194), de la Silla de Caracas, introduit 
par MM. Linden et Funck vers 1842; fleurs pourpres très- 
jolies; calices et pédicelles très-visqueux, collant aux doigts ; 
feuilles glauques en dessous, enroulées sur les bords (de là 
le nom de ledi folia), 

Bejaria cinnamomea, Lindley, des Andes de Caxamarca 
au Pérou, introduit chez MM. Veitch par M. W. Lobb en 
1846; fleurs pourpres, plus petites que celles du Bejaria 
coarctata. Le dessous des feuilles est recouvert d’un épais 
duvet laineux d’un beau brun luisant. 

Bejaria microphylla, Planchon, de la Nouvelle-Grenade, 
introduit par M. Linden; cette espèce se rapproche du Be- 
jaria œstuans. Ses fleurs sont d’un rose plus pâle. 

Bejaria myrtifolia, Herincq, de la Nouvelle-Grenade, in- 
troduit par M. Linden en 1846; fleurs d’un carmin vif, 
disposées en corymbes terminaux; calice glutineux; feuilles 
presque verticillées, glauques en dessous. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Bejaria dnjmi folia, lindeiï, de la province de Pamplona 
(Nouvelle-Grenade), introduit par MM. Linden et Schliin. 
Cette espèce porte des fleurs blanches en panicules allon- 
gées; calice visqueux; feuilles parfaitement glabres, oblon- 
gues, vertes en dessus, presque glauques en dessous, pétioles 
assez longs; elle est voisine du Bejaria glaitca, mais elle 
s’^en distingue par ses fleurs d’un blanc pur, par la pubes- 
cence de ses pédoncules et parla longueur de ses feuilles attei- 
gnant jusqu’à deux pouces et demi, très-belle espèce. 

Bejaria tricolor, Linden, de la Nouvelle-Grenade, inlro- 
diiit par MM. Linden, Funck et Schlim; fleurs d’une grande 
beauté, blanches et roses, marquées de jaune à la base des 
pétales; feuilles lisses ; tiges ferrugineuses. 

Enfin, M. Linden possède vivantes les espèces suivantes : 
Bejaria viscaria, Planchon et Linden ; Bejaria polifolia, 
Planchon et Linden; Bejaria pamplonensis , Planchon et 
Linden ; Bejaria Schlimiana, Planchon et Linden ; Bejaria 
compacta, Planchon et Linden; Bejaria Ftmckiana , Plan- 
chon et Linden; Bejaria densa, Planchon et Linden, toutes 
fort belles. 

Pour compléter l’étude du genre Bejaria, nous indique- 
rons les espèces non encore introduites : 

Bejaria resino sa, Mutis, de la Nouvelle-Grenade; fleurs 
pourpres, très-visqueuses ; pédoncules pnbescents. 

Bejaria, cjrandiflora, IL B. K., de la province de Quito; 
fleurs en corymbes. 

Bejaria Caxamarcensis , IL B. K., du Pérou, très-voisifî 
du Bejaria resinosa et du Bejaria ledifolia; presque toutes 
les parties de cette plante sont velues. 

Bejaria hispida, Poep et Endl., des montagnes du Chili. 

Bejaria Mexicana, Bentham [Plantæ Hartweg), de la Coi- 
dillère de Bolanos au nord-ouest de Mexico. Belle espèce 
à feuilles étroites légèrement velues; fleurs amples dispo- 
sées en grappe^ ou corymbes. 

Bejaria parviflor a, Bentham, des Andes de Loxa (Quito); 
arbrisseau de 10 à 15 pieds de haut ; racèmes nombreux. 


294 J0ÜR.\AL 

Bejaria subsessüis, Bentham, des Andes de Loxa ; petit 
arbrisseau ; fleurs petites. 

Bejaria 'phillyriœ folia, Bentham, des Andes de Popayan , 
atteint les dimensions d’un arbre (40 pieds de hauteur); 
fleurs de moyenne grandeur. 

Bejaria lœvis, Bentham, des montagnes de Talea à l’est 
d’Oaxaca (Mexique); feuilles glabres , luisantes; corymbes 
multiflores. 

Bejaria discolor , Bentham, se trouve avec le précédent. 
Rameaux, pédoncules et pédicelles glulineux ; fleurs grandes, 
nombreuses. 

Bejaria glabra, Mart. et Galeotti , des régions tempérées 
de la Cordillère orientale d’Oaxaca; fleurs blanches odo- 
rantes; feuilles glabres; très-belle espèce. 

Bejaria panicidaia, Mart. et Gai. (non Michaux), se 
trouve avec le précédent; fleurs roses, odorantes, gluli- 
neuses. 

— 

J^orttrullui'c étrangère. 


PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERRE CHAUDE. 

TricliO(le.%ma %eyli8stic*«i0ti (R. B^O^yN), figuré daUS le Bot, 
Mag., pl. 4820. Syn. : Borago Zeglanica (Lixné). — Fa- 
mille des Borraginées. — Penlandrie Monogynie. 

M. Drummond découvrit cette plante vivace dans la partie 
occidentale de l’Australie, vers le 27*" lat. sud, et en envoya 
des graines au Jardin botanique de Kew. Ces graines, soignées 
en serre chaude, ont donné naissance à quelques plantes qui 
ont fleuri cette année. M. W. Hooker espère qu’elles donne- 
ront des graines pour semer au printemps prochain dans le 


irHOUTICÜLTüRE PRATIQUE. 29r> 

jardin en pleine terre, où il est probable que le Trichodesma 
Zeylanicum deviendra une plante touffue et produira des 
fleurs plus grandes qu’en serre chaude. Celte plante, suivant 
M. Drummond, serait fort belle, atteindrait 7 à 8 pieds de 
hauteur, et ses nombreuses ramifications seraient terminées 
par des panicules de grandes fleurs bleues dans le genre des 
Rourracbes. Elle ne peut, telle qu’elle est représentée dans le 
Botanical Magazine, séduire les amateurs, et nous n’en au- 
rions même pas fait mention sans les remarques correctives 
de M. W. Hooker, tant elle nous semble grêle et insigni- 
fiante. Nous conseillons aux amateurs d’attendre qu’elle soit 
perfectionnée par la culture. 

Cre.«icentia niacropliylla (SeEMÂNn), figuré daUS le Bot. Maq., 
pl. 4822. Syn. : Ferdinandea superba des jardins d’Alle- 
magne. - Famille des Crescentiacées. Didynamie An- 
giospermie. 

On connaît actuellement quatre espèces du genre Cresceniia 
(Calebassier); elles sont toutes originaires des parties chaudes 
de l’Amérique et ne sont guère cultivées en Europe que dans 
les jardins botaniques. En effet, leur taille élevée et finsigni- 
fiance de leurs fleurs s’opposent à ce qu’elles soient admises 
dans des serres d’amateurs ; et si elles le sont dans quelques- 
unes , c’est en mémoire des services qu’elles rendent à 
riiomme dans leur pays natal. Le Cresceniia cnjeteL., nommé 
vulgairement Calebassier, Couis ou Baya des Caraïbes, pro- 
duit des fruits très-gros, à peu prés de la forme de nos cale- 
basses, arrondis ou ovales, couverts d’une écorce dure, verte, 
ligneuse, remplis d’une pulpe blanche, d’une saveur aigre- 
lette. Les Indiens fabriquent avec ces fruits des vases, des 
bouteilles, etc.; ils font un sirop pectoral avec la pulpe. Le 
Cresceniia cuciirbitina est un joli petit arbre à feuilles assez 
semblables à celles du Citronnier ; les fruits sont plus gros que 
nos citrons, ils en ont la forme; leur pulpe est blanchâtre. 
Le Crescentia alata de Humboldt et Bonpland est originaire 
du Mexique (Tierra caliente d’Acapulco) ; le pétiole des 


296 JOURNAL 

feuilles est, ailé, et les fleurs sont d’un rose pâle; enfin le 
Crescentia macro'phjUa, dont on ne connaît pas au juste la 
patrie. Cette espèce est la plus belle du genre et peut même 
être appelée ornementale. Ses feuilles mesurent souvent 
io pouces de longueur et 2 ou 5 pouces de largeur; elles 
sont alternes, rapprochées vers l’extrémité des branches, 
obovées-lancéolées ; le pétiole est de couleur pourpre ainsi que 
les jeunes rameaux ; les fleurs sont verdâtres, naissent, comme 
dans les autres Crescentia, sur le vieux bois, de telle sorte 
que les pédoncules sortent de l’écorce; le calice est bilabié; 
la corolle est presque campanulée, à tube allongé, à limbe 
crénelé. L’exemplaire qui a fleuri à Kew a 7 pieds de haut. 
Les Crescentia sont des plantes de haute serre chaude et 
d’une culture facile. 

amaKonuiii (Mautius et Zucc,), figuré dans le Bot. 

Mag., pl. 4825. —Famille des Nymphæacées. — Polyandrie 

Monogynie. 

Cette espèce appartient à la section îlydrocallis, établie 
par le botaniste Planclion pour les espèces de Nymphœa à 
stigmate pourvu d’appendices ou grosses glandes en forme 
de massue. Ces singuliers appendices sont disposés autour 
du stigmate en rayons recourbés, formant une éléganle cou- 
ronne. On a longtemps pris ces appendices pour des éta- 
mines. Les fleurs s’épanouissent pendant la nuit (vers les 
9 heures du soir) et répandent un parfum très-agréable. Elles 
sont assez petites (8 à 10 centimètres de diamètre); les sé- 
pales, au nombre de quatre, sont d’un vert jaunâtre, pour- 
pres à la base ; les pétales, un peu plus petits que les sépales, 
sont d’un blanc jaunâtre et au nombre de vingt-cinq environ ; 
étamines aussi nombreuses que les pétales, les extérieures à 
filets pétaloïdes; stigmate jaune, velu, présentant vingt-deux 
rayons, sous chacun desquels s’élève un corps ou appen- 
dice charnu, en forme de massue long d’environ 2 centimè- 
tres, se courbant vers le sommet du stigmate et formant par 
leur réunion une couronne autour de lui. Les feuilles sont 


297 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

presque orbiciilaires, cordées, entières ou sinuées-dentées , 
glabres, d’un vert brillant au-dessus, généralement rouges en 
dessous; elles mesurent de 10 à 50 centimètres de diamètre ; 
les pétioles sont pourprés. 

Lç^Nymphœa amazonum. se trouve dans les parties cbaudes 
de l’Amérique équatoriale. Il nécessite par conséquent d’être 
conservé dans des vases dont l’eau soit tenue à une tempé- 
rature de 16 à 18® centigrades environ. 

Oiicidium iBACiarviaiii (BâRKER), figuré dans le Bot. Mag.y 
pl. 4824. — Famille des Orchidées. Gynandrie Monan- 
drie. 

Cet Oncidiiim est fort joli et se reconnaît aisément à ses 
fleurs blanches maculées de taches violettes ou pourprées. Il 
est originaire des régions tempérées du Mexique (provinces 
du Michoacan et d’Oaxaca). Ses pseudo-bulbes sont ovés ou 
oblongs, comprimés, ancipités et marqués de trois fortes sail- 
lies longitudinales sur les côtés aplatis; deux feuilles se trou- 
vent à la base des jeunes pseudo-bulbes, deux autres plus 
grandes surmontent ceux-ci; ces feuilles sont linéaires-ensi- 
Ibrmes. Scape dressé, flexueiix, long de 50 à 45 centimètres, 
présentant des jointures entourées par une écaille engai- 
nante. Panicule assez forte, ramifiée et donnant lieu à des 
racèmes de fleurs de moyenne grandeur. Sépales et pétales 
de même forme, étalés, spatulés-lancéolés, ondulés, blancs, 
maculés de pourpre; les pétales sont recourbés en dedans. 
Labclle trilobé, blanc, marqué de quelques macules pour- 
pres; les deux lobes latéraux, situés près de la base du la- 
belle, sont petits, étalés, obtus; le lobe central ou intermé- 
diaire est dilaté vers son extrémité; le disque est en forme 
de crête tuberculée, de couleur jaune vif. Gynostême court, 
à ailes peu développées. 

Cette très-gracieuse Orchidée fleurit au mois d’octobre. 
Elle se trouve déjà dans plusieurs collections européennes et 
est cotée à un prix modéré dans les catalogues des horticul- 
teurs de Bruxelles, de Gand et de Liège. 


298 


JOURNAL 


SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. 

Blandfordia flamniea (sirW. HoOKEr), figuré dans le Bot, 
Mag., pi. 4819. — Syn. : Tritoma fiammea (Lindley). — 
Famille des Asphodélées. — Hexandrie Monogynie. 

Le célèbre botaniste anglais Robert Brown fit choix d’une 
magnifique plante liliacée de la Nouvelle-Hollande pour la 
dédier au marquis de Blandford, fils du second duc de Marl- 
borough, grand amateur de plantes, et la nomma Blandfor- 
dia nobilis. Celte plante, aux fleurs nobles et d’un brillant 
coloris orange, est encore trop peu répandue dans les collexi- 
lions, et son prix reste toujours assez élevé, bien qu’elle soit 
introduite dans nos jardins depuis plus d’un demi-siècle; 
cette rareté tient à ce qu’elle se multiplie difficilement et à ce 
qu’on la cultive dans des serres trop chaudes, croyant par là 
la forcer à fleurir plus tôt. Les Blandfordia sont des plantes 
de serre froide, aimant l’air et la clarté, des arrosements mo- 
dérés en hiver, un peu plus abondants au printemps, mais 
néanmoins distribués avec méthode; elles exigent une terre 
de bruyère fibreuse, mélangée de sable et parfaitement drai- 
née; une grande propreté surtout (car par le manque d’air 
ou par une trop grande chaleur elles sont sujettes à se 
charger de kermès et autre vermine); en été on les expose 
en plein air à mi-ombre (1). 

L’apparition du Blandfordia f ammea dans nos collections 
sera saluée avec plaisir, car cette nouvelle venue surpasse de 
beaucoup en beauté l’espèce ancienne sur laquelle nous ve- 
nons d’écrire les lignes précédentes; des racines, rapportées 
il y a quatre ans du Jardin botanique de Sydney par lord 
Walter Butler, furent offertes au docteur Mackay, du Jardin 
botanique de Dublin, et ont fleuri cette année-ci; voici la 
description de ce Blandfordia : Feuilles longues et minces. 


(1) C’est par ces moyens assez simples, du reste , que nous avons 
obtenu une fort belle floraison sur un exemplaire cultivé depuis 
quelques années au Jardin botanique de Bruxelles. 


299 


iriïOUTICÜLTüRE PRATIQUE. 

légèrement rudes au loucher sur les bords et sur la carène, 
d’un vert glauque. Les fleurs sont presque campanulées, plus 
ou moins étranglées à leur base; lacinies intérieures du 
limbe plus larges que les extérieures; étamines plus longues 
que dans les autres espèces. Le scape présente des bractées 
vers sa partie supérieure ; il se termine par un racème mul- 
liflore; les pédicelles sont aussi longs que les fleurs et de cou- 
leur orange foncé; le tube du périanthe est d’un vermillon- 
orangé vif ou flamboyant; le limbe est d’un jaune vif; enfin 
les fleurs s’inclinent gracieusement vers le sol : leur longueur 
est d’environ 4 ou 5 centimètres. 

Le Blandfordia flammea est déjà du domaine de l’horti- 
culture commerciale; il se vend au prix de 20 à 2b francs. 

On cultive dans les serres froides un Blandfordia sous le 
nom de gra^idiflora, et qui ne serait, suivant M. W. Hooker, 
qu’une variété du Blandfordia nobilis à pédoncules moins 
développés. Le vrai Blandfordia grandi fora, décrit par 
M. Robert Brown, a de longs pédoncules et de minces bradées 
membraneuses, et des étamines très-courtes; cette espèce 
aurait pour synonymie YAletris punicea de Labillardière, et 
Blandfordia marginata d’Herbert. 

Une quatrième espèce cultivée serait le Blandfordia inter- 
media llerhevi ^ introduite de la Nouvelle-Hollande sous le 
nom de Blandfordia grandiflora. 

Enfin M. Lindley a décrit deux autres espèces non encore 
introduites : le Blandfordia Backhoiisii , dont les fleurs 
ressemblent à celles du Blandfordia marginata [Blandfor- 
dia grandiflora de Brown). Sir W. Hooker croit que ce n’est 
qu’une variété accidentelle du Blandfordia grandiflora , et 
2*^ le Blaîidfordia Cunnmghamii, espèce probablement dis- 
tincte et fort belle dans le genre du Blandfordia nobilis. 

Observation, — On voit par ce qui précède que ce genre, 
de même que beaucoup de Liliacées, est très-sujet à va- 
rier par suite de la culture et de la nature du sol, et qu’il est 
fort diflîcile de tracer des limites exactes d’une espèce. Ces 
détails, tout scientifiques qu’ils soient, méritent d’être médi. 


JOUHNAL 


rm 

tés par les amateurs comme par les ho r ti eu 1 leurs marchands; 
car ils servent à faire comprendre comment certaines plantes, 
cit le nombre en est assez grand, peuvent s’embellir ou dé- 
générer suffisamment pour que leur aspect général s’écarte 
sensiblement d’un type reconnu. 

( Ledebour ) , Flove dc la Russie ^ figuré 
dans le Bot. 3Iag., pl. 4821. — Syn. : Satyriiim epipo- 
ghnn (Linné). — Famille des Orchidées. — Gynandrie 
Âlonandrie. 

Cette Orchidée européenne se trouve en Suisse, en Autri- 
che, en Suède, au Caucase, mais elle est partout fort rare : 
elle vient d’étre découverte tout récemment en Angleterre. 
On peut attribuer la difficulté de se procurer cette plante à 
ce que celle-ci ne présente point de feuillage et que ses fleurs 
teines n’attirent point l’attention. On la croit parasite; elle 
offre un amas de racines ou fibres épaisses, charnueSy rami- 
fiées; les bampes, hautes de io à 20 centimètres, naissent au 
sommet d’une ramification de racines renflée et articulée; 
ees hampes sont dressées, arrondies, d’un rouge pâle étiolé, 
d’une texture charnue ou presque céreuse. On remarque deux 
ou trois biactées engainantes disposées alternativement le 
long de la hampe; le sommet se termine par un racéme 
(li'essé de cinq ou six fleurs de grandeur moyenne (d’une ja- 
cinthe, par exemple). Les sépales et les pétales, d’un jaune 
de soufre pâle, sont dirigés vers la terre, tandis que le la- 
belle occupe la partie supérieure de la fleur. Ce labelle est 
épais et charnu, blanchâtre; sa partie antérieure est chargée 
de proéminences disposées en lignes et de couleur rose; il 
présente (rois lobes, dont deux latéraux, petits, obtus et un 
central, large, aigu, se recourbant brusquement; la base du 
labelle se prolonge en un sac ou éperon arrondi, aussi long 
que l’ovaire;' il est blanc teinté de pourpre. 

Cette espèce, insignifiante au premier abord, devient fort 
intéressante lorsqu’on l’étudie avec soin-. 


J 


D’HORTICÜLTÜRE PRATIQUE. 


301 


i^obeiia (Lemâire), figuré daiîs V lllustratiofi 

horticole^ pl. 34. — Famille des Labéliacées. — Pentari- 
drie Monogynie. 

Le Lohelia Ghieshregliiii est une charmante plante de 
serre froide introduite chez M. Linden par M. Ghiesbreght, 
voyageur naturaliste qui la découvrit dans la province du 
Michoacan au Mexique. C’est une espèce ligneuse lactescente, 
formant un petit arbrisseau d’environ deux pieds de hauteur, 
à rameaux glabres, brun rougeâtre; Teuilles ovées ou cu- 
néiformes-lancéolées subacuminées bordées de grosses dents 
irrégulièrement placées; pétioles courts; fleurs nombreuses, 
axillaires, disposées comme en grappe vers les extrémités des 
rameaux et de la tige ; calice petit, gibbeux, urcéolé; corolle à 
tube fendu depuis l’orifice jusqu’à la moitié de sa longueur ; 
lobes du limbe au nombre de cinq : les trois autres infé- 
rieurs plus grands. La couleur des fleurs est un beau rose 
lilacé relevé par l’ocule blanc' de l’orifice du tube. 

M. A. Verschaffelt dit que le Lobelm Gfiiesbreghtii doit 
être Tenu près des jours dans une serre tempérée ou même 
froide, et êfre planté dans une terre légère, bien drainée. 
Comme cette plante tend à s’allonger, on la pincera à di- 
verses reprises pour l’obliger à buissonner et à donner par 
conséquent urne plus grande quantité de fleurs. Cette ten- 
dance qu’ont plusieurs plantes semi-ligneuses, comme les 
Cuphœa par exemple, à s’allonger, nous semble plutôt une 
qualité qu’un défaut; en effet, soumises aux soins d’un culti- 
vateur intelligent, elles se transforment â son gré en pyra- 
mides, ou en têtes se chargeant de fleurs à diverses reprises, 
et ce par la raison même de cette propension à donner con- 
stamment de longues pousses. 

Aiag:noiia de i^enné ( Alfred Topf), figuré dans \ Illustration 
horticole, pl. 37. 

Ce Magnolia est un hybride obtenu d’un croisement entre 
le Magnolia obovata et le Magnolia conspicua, M. A. Ver- 


502 


JOURNAL 

scliaffelt l’a reçu de M. Alfred Topf, horticulteur à Erfurt, 
qui en avait acheté la propriété entière à M. Joseph Salvi, de 
Vicence, dans le jardin duquel avait été trouvé ce beau 
Magnolia. 

Les feuilles du Magnolia Lmmana sont amples, subcor- 
diformes à la base, largement ondulées aux bords, d’un beau 
vert en dessus, plus pâles en dessous. Fleurs très-grandes, 
contractées au-dessus de la base, blanches, d’un rose violacé 
en dehors, et très-odoranles. 

Un grand mérite que possède cetle nouvelle variété, c’est 
d être douée d une grande robusticité et de pouvoir suppor- 
ter sans danger, en plein air, nos hivers. La floraison assez 
précoce indique que ce Magnolia sera admis au nombre des 
plantes à forcer. On le multiplie aisément de placage et de 
couchage. 

Azalca alba illiistrata (A. VerSCHAFFELT) , figuré dans 
V Illustration horticole, pl. 58. 

Cette très -belle variété d’Azalée a été obtenue par 
M. A. Verschaffelt; ses fleurs sont extrêmement grandes, 
d’un blanc pur, diversifié par des bandelettes violacées, tan- 
tôt seules et coupant longitudinalement en deux les divisions 
du limbe de la corolle, tantôt groupées au nombre de deux 
ou de trois, et de longueurs inégales; la gorge est marquée 
vers la division supérieure du limbe de macules jaune-paillc. 

Nous recommandons beaucoup cette Azalea à l’attention 
des amateurs, tant à cause de la beauté et de la grandeur de 
ses fleurs que pour l’abondance avec laquelle elles se pro- 
duisent. 


- — — 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


505 


îpflmologie. 

DE LA GREFFE DE BOURGEONS A FRUITS OU GREFFE LUISET 

ET DES TRESSES LIGATURES DE M. CH. LAHÉRARD. 

Celle greffe ne diffère de celle à écusson que dans l’inser- 
tion d’un bourgeon au lieu d’un œil; mais ce procédé, dont 
le mérite de l’invention et de l’application revient à M. Lui- 
set, jardinier à Écully près de Lyon, atteint un but autrement 
important, c’est de faire porter du fruit à des arbres rebelles 
et de garnir avantageusement de productions utiles les par- 
ties dénudées de la charpente d’un arbre; c’est, en un mot, 
transporter des portions fécondes d’une plante sur le corps 
d’une autre plante stérile mais vigoureuse, et faire servir les 
forces vives de celle-ci à l’alimentation d’une progéniture 
étrangère. On ne force donc véritablement pas par cette 
méthode à faire porter du fruit à un arbre rebelle, mais à 
servir de support ou plu lot de nourrice. 

Pour parvenir à ce résultat, on greffe en août ou septembre, 
aussi tard que possible, mais alors que la sève permet en- 
core à l’écorce de se soulever facilement de l’aubier, de pe- 
tits bourgeons portant un bouton à fruit, sur les branches 
d’un arbre dont on veut obtenir des produits. Ces bourgeons 
développent leurs fleurs au printemps et fructifient comme 
s’ils n’eussenl point quitté l’arbre mère. On pratique cette 
greffe en taillant avec un instrument bien tranchant le dard 
ou bourgeon à fruit en biseau , allongé de 2 ou 5 centimè- 
tres; on fait ensuite sur l’écorce du sujet l’incision en croix 
de la greffe à écusson ; on insère le bourgeon sous l’écorce 
soulevée, puis on ligature avec soin et assez serré, de telle 
sorte que le biseau de la greffe s’applique exactement sur la 
convexité de l’aubier du sujet, et on enduit le tout d’onguent 
de Saint-Fiacre, ou mieux encore de cire à greffer. M. Ch. La- 


JOURNAL 

liérard indique, dans la Revue horticole y une méthode bien 
simple pour ligaturer et préserver en même temps les 
greffes du contact de l’air et de l’eau. Voici eu quoi elle con- 
siste : après avoir fait fondre sept parties de cire jaune avec 
une de (érébenthine grasse ou commune, on passe assez ra- 
pidement dans ce mélange chaud de la petite tresse en coton 
ou en fil de lin ; on force cette tresse, pour sortir de la cas- 
serole contenant le mélange, à passer entre l’un de ses bords 
et un petit morceau de bois rond, de façon qu’elle ne peut 
prendre que la quantité nécessaire de ce mélange. Elle est 
ensuite employée de la même manière que la laine quand on 
fait un écusson sur un rosier. Une fois placée et serrée, elle 
force la production fruitière à s’appliquer sur l’aubier et la 
met à l’abri du contact de l’air et de l’eau. Pour plus grande 
sûreté, on peut encore passer sur cette -tresse un pinceau 
trempé dans la cire à greiTer très-chaude. Ce dernier moyen, 
ajoute M. Lahérard, n’est pas indispensable pour la réussite; 
ce qui le prouve, c’est que, sur 500 greffes de boutons à 
fruits faites dans la même journée par un jardinier qui 
n’avait employé que la tresse cirée, vingt seulement n’ont pas 
réussi; toutes les autres avaient donné des fleurs, qui pro^ 
duisent, comme toujours, bien plus sûrement des fruits que 
les autres productions fruitières venues naturellement. 

La tresse cirée de M. Lahérard s’emploie très-efficacement 
pour la greffe par application, qui se fait, comme on le sait, 
avec tant d’avantages, pendant toute l’année, à l’exception 
des journées trop froides de janvier ou trop chaudes d’août, 
sur tous les arbres et arbustes, si l’on a pris la précaution 
de couper les scions à la fin de novembre et de les placer 
dans le sable au nord. 

Revenons à notre greffe Luiset; les bourgeons donnent du 
fruit dans l’année suivante et se couvrent ensuite de bourses 
qui produisent des boutons à fruits pour les années succes- 
sives. Plus vigoureux que sur leur arbre-mère, en raison de 
la vigueur du sujet auquel ils ont été unis, ils produisent 
même de petites branches qui conservent la faculté frucii- 


I.’HORTICÜLTL'HE PRATIQUE. 

fèrc de celle qui leur a donné naissance ; c’est aussi à cet 
accroissement de vigueur qu’ils doivent la faculté que nous 
avons soulignée plus haut de produire plus sûrement par ce 
procédé des fruits que d’autres productions fruitières venues 
naturellement sur les pieds mères. 

Lorsque M. Luiset veut prendre sur un arbre des bour- 
geons à fruits sans le priver de ceux qui se trouvent bien 
placés, il choisit à la taille quelques branches inutiles à sa 
charpente, les arque, et elles se chargent le plus souvent, 
pendant la saison, de nombreux bourgeons, tels qu’il les lui 
faut pour ses greffes. 

M. A. Puvis, dans son excellent article sur la greffe Luiset 
et où nous avons largement puisé en rédigeant les lignes 
précédentes, ajoute les observations suivantes : 

« Mais ne pourrait-on pas, à la même époque, greffer des 
bourgeons à bois aussi bien que des bourgeons à fruits ? C’est 
d ailleurs la saison où l’on fait réussir des greffes en fente 
d’automne et où l’on pratique la greffe à œil dormant; la 
greffe Luiset ne diffère de celle à écusson que dans l’inser- 
tion d’un bourgeon au lieu d’un œil. On conçoit difficilement 
que l’organisation toute spéciale, il est vrai, du bourgeon à 
Iruit pùt assurer la reprise, quand celle du bourgeon à bois 
s’y refuserait; si elle reprenait aussi bien, on comprend 
qu’elle pourrait, dans beaucoup de circonstances, remplacer 
avec avantage la greffe en fente; elle ne mutile pas le sujet 
qui peut même se greffer en fente au printemps suivant, si 
la greffe au bourgeon n’a pas réussi ; elle pourrait ensuite se 
pratiquer sur de plus petits sujets que la greffe en fente, et 
sur de plus gros que celle à écusson; sa reprise étant faite 
au renouvellement de la sève du printemps, elle pousserait 
sans l’bésitation que montrent beaucoup de greffes en fente 
et sans craindre autant qu’elles les gelées, les pluies et les 
intempéries du printemps; au bout de l’année, elle serait 
par conséquent plus avancée; et puis elle recouvrirait aussi 
facilement la plaie faite au sujet que la greffe à écusson, et 
mieux que celle en fente : et rien n’empêcherait que si les 

N'' 10. DÉCEMBRE 1834. 20 


306 JOURNAL 

longs bourgeons manquaient pour la greffe en approche 
Jard, on ne la remplaçât par la greffe Luiset, pour donner 
des branches verticales à l’espalier et y remplir les vides; 
elle pourrait s’employer pour les arbres à noyaux aussi bien 
que pour ceux à pépins ; la plaie qu’on leur ferait serait la 
même que celle de la greffe à écusson, elle avancerait plus 
qu elle le sujet greffé et ne semblerait pas devoir déterminer 
plus de gomme. Enfin, pourquoi ne la ferait-on pas aussi 
à la même époque que la greffe en fente, avec des bourgeons 
conservés et retardés en les cueillant de bonne heure? 

» Mais toutes ces probabilités, toutes ces vraisemblances 
ont besoin, pour se justifier, de la sanction de l’expérience. 
Nous ne nous dissimulons pas que cette greffe, étant la con- 
séquence naturelle des espèces de greffes les plus répandues, 
a dû être essayée un grand nombre de fois, mais elle peut 
n’avoir pas réussi, parce qu’elle n’aura pas été faite dans 
les mêmes conditions que la greffe Luiset, de bourgeons 
aoûtés, placés au déclin de la sève, mais alors même que 
nous en aurions trop présumé, il lui resterait toujours les 
avantages qu’ont incontestablement établis les expériences de 
M. Luiset, de faire donner des fruits nombreux à des arbres 
qui s’y refuseraient peut-être encore pendant plusieurs an- 
nées. 

» Il semblerait encore que cette greffe de bourgeons et 
d’yeux, faite peu après l’époque de la greffe en fente, devrait 
réussir aussi bien qu’elle; c’est, d’ailleurs, le moment où 
l’on conseille la greffe d’écusson à œil poussant. On ferait 
donc la greffe Luiset sur le sujet, en sève, avec des bourgeons 
conservés; mais nous, nous conservons des doutes sur la 
facilité de sa reprise. Nous avions précédemment tenté, sans 
succès, la greffe de côté en insérant de jeunes bourgeons de 
l’année sur l’arbre en sève ; nous avons, ce printemps, vu 
réussir à peine une greffe sur six en insérant des bourgeons 
et des yeux conservés. Toutefois ces essais méritent d’être 
répétés, parce que, d’une part, les sujets étaient médiocre- 
ment en sève, et que de l’autre, les bourgeons et les yeux 


D’HOlVriCtJf/rURE PRATIQUE. 307 

insérés élaiont un peu avancés. L’écorce des sujets ne se lève 
bien que lorsque les feuilles ont pris leur développemeiK, 
et quand nous avons opéré, elles ne faisaient que pousser. 
Et puis nos bourgeons cueillis en février, quoique placés au 
nord, avaient déjà allongé leurs yeux lors de leur insertion ; 
nous aurions eu plus de chance de succès, si les bourgeons 
eussent été cueillis plus tôt, en décembre et en janvier, et 
qu on les eût placés au nord, à la cave, ou sous six pouces de 
terre : les bourgeons cueillis pendant l’hiver poussent remar- 
quablement plus lard que ceux cueillis en février, aux appro- 
ches du prinlemjîs. Il semble donc que, même pendant 
1 hiver, et surtout a sa fin, les yeux des bourgeons com- 
mencent leur évolution et s’avancent pour la pousse du prin- 
temps, tandis qu’au contraire la vie se suspend sur les 
bourgeons qu’on a séparés de bonne heure de l’arbre nour- 
rice; ces derniers greffés poussent plus tard au printemps 
que ceux qui ont eu le temps de voir grossir leurs boutons 
avant d’être cueillis, mais ils dépensent en poussant la sève 
qui leur est propre, avant d’être suffisamment soudés au 
sujet; la moindre gelée, de légères intempéries les font 
périr, pendant que les bourgeons cueillis tard ne poussent 
qu’après leur soudure au sujet, laissent passer l’époque des 
gelées tardives et souffrent moins des temps contraires, parce 
qu’ils ont pour y résister leur propre sève et celle du sujet 
auquel ils ont eu le temps de se souder avant de dépenser la 
leur. Ce serait donc des essais à reprendre, des expériences 
peu difficiles à refaire. C’est pourquoi nous engageons les 
amateurs, à la fin de l’été, tout en faisant la greffe Luiset 
des bourgeons à fruits, à tenter celle des bourgeons à bois 
qui, comme nous l’avons vu, offrirait de bien notables avan- 
tages, et au printemps prochain à greffer des bourgeons et 
des yeux peu avancés sur des sujets en pleine sève; les 
résultats, quels qu’ils fussent, seraient bons à recueillir. 
M. Luiset, plus qu’un autre, devrait tenter ces essais qui se- 
raient, en quelque sorte, le complément de sa découverte. 

» Quoi qu’il en soit, ses jardins nous ont offert le sujet de 


508 


JOURNAL 


plusieurs autres observations pleines d’intérét. Au milieu de 
grandes entreprises de pépinières d’arbres fruitiers, d’arbres 
d’agrément, il trouve le temps de multiplier des essais de 
diverses sortes ; il marie ensemble, en les tordant, de jeunes 
tiges de Poiriers plantés près les uns des autres, et les main- 
tient par des ligatures dans la position qu’il leur a donnée. 
Ces arbres se soudent entre eux, se prêtent un mutuel appui, 
et s’ils étaient de variétés différentes, il serait curieux 
d’étudier les produits que donnerait le mélange des sèves. 

» Sous les arbres faibles auxquels il veut donner de la 
force, il place de jeunes sujets; lorsqu’ils sont bien repris, 
il les greffe dans la tige de son arbre qui, enrichi d’un com- 
plément de sève, voit croître sa vigueur. Il applique ce 
moyen aux branches du bas de ses Pêchers lorsqu’elles ont 
besoin d’être renforcées ; il sème pour cela des amandes 
dont il greffe la tige dans sa branche faible; il emploie alors 
le même procédé de greffe que pour ses bourgeons à fruits, 
c’est-à-dire qu’il insinue sous l’écorce de sa branche la jeune 
tige de son Amandier taillée en biseau. 

» Il a remplacé les abris inféconds de Thuyas qui défen- 
dent du gros soleil ses Camellias, ses Azalées et ses plantes 
délicates, par des palissades de Poiriers rapprochés les uns 
des autres; il pourra croiser leurs tiges, les marier en ap- 
proche ; en attendant, ils sont déjà chargés de fleurs et défen- 
dront ses jeunes arbustes aussi bien que les palissades de 
Thuyas. » 

Terminons en faisant remarquer que la greffe de bour- 
geons à fruits, nommée grelïe Luiset, avait été indiquée par 
Thouin et par Dubreuil sous le nom de greffe de côté et de 
greffe Girardin ; M. Hardy la désigne, dans son Traité de la 
taille des arbres fruitiers, sous la rubrique de grefte de bou- 
ton à fruit ou de lambourde, et dit qu’elle se pratique au 
mois d’août, lorsque les boutons sont formés sur les arbres ; 
qu’on enlève à cette saison une lambourde avec son empâte- 
ment sur un arbre qui a trop de boutons à fruit et qu’on 
vient la poser sur un autre qui en a peu ou pas, absolument 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 309 

comiTie un écusson, et qu’on peut aussi enlever également 
une lambourde sans empâtement. Alors on la taille et on la 
place comme la greffe en couronne sur le côté. M. Hardy 
recommande l’emploi de cette greffe toutes les fois que l’on 
voudra faire rapporter promptement un arbre. On peut 
néanmoins, avec M. Puvis, regarder M. Luiset sinon comme 
le véritable inventeur de la greffe de bourgeons à fruits au 
déclin de la sève, au moins comme l’homme intelligent qui 
a mis largement en pratique cette excellente méthode, et en 
a démontré reffîcacité et les succès; le nom de greffe Luiset 
doit rester comme un juste souvenir pour les services que 
rend son application à la culture des arbres fruitiers. 


MOYEN D’OBTEMR DE GROSSES POIRES. 

Nous trouvons dans les bullelins de la Société Impériale 
d’Horticulture pratique du département du Rhône, une notice 
de M. Luizet père, sur la possibilité d’obtenir des poires plus 
grosses que celles qu’on récolte généralement. Voici comment 
M. Luizet fut amené â la découverte de son moyen. Ayant ob- 
servé, vers le ia octobre, que quelques poires que le hasard 
avait placées droites et assises sur leur pédoncule, la tête en 
i’air, étaient plus grosses, plus raccourcies et plus vertes que 
les autres, il fît remarquer cette particularité à d’autres per- 
sonnes, et après y avoir réfléchi, il crut que la cause de cette 
différence pouvait être expliquée par la raison que la sève, 
tendant tou jours à se porter dans les parties les plus verticales 
des arbres, fait grossir les fruits qu’elle trouve dans cette 
position, comme elle fait grossir, dans ses derniers mouve- 
ments d’automne, les bourgeons placés dans cette même di- 
rection. 

M. Luizet en conclut que puisque les poires atteignent un 
plus gros volume lorsqu’elles sont placées verticalement sur 
les branches, on peut, dans un moment opportun, c’esl- 
à-dire en mai ou en juin, lorsque les fruits ont atteint à peu 


510 


JOURNAL 

près la grosseur d’une petite noix, et avant qu’ils ne prennent 
cette direction pendante que leur donne leur propre poids, 
en fixer quelques-uns au moyen d’une attache quelconque, 
surtout ceux qui paraissent se prêter le mieux à la direction 
verticale. On pourra faire encore un petit cran transversal 
(petite entaille d’un millimètre, qui atteint l’aubier et com- 
prend environ la moitié de la rondeur du rameau) au-dessus 
du dard qui porte le fruit qu’on veut faire grossir, afin que 
toute la sève soit à son bénéfice. 


DES CATALOGUES D’ARBRES FRUITIERS 

ET DE LA SOCIÉTÉ VAN MOXS. 

Les amateurs pomologues, en parcourant les nombreux 
catalogues d’arbres fruitiers qui se publient chaque année, 
sont frappés du grand nombre de variétés qui s’y trouvent 
énumérées; et bien que ces catalogues soient rédigés avec 
loyauté, que les synonymies y soient indiquées avec soin, il 
n’en résulte pas moins que des erreurs presque inévitables 
ne s’y glissent au détriment des acheteurs. Il ne saurait en 
être autrement, puisque jusqu’à présent on manque d’élé- 
ments certains de comparaison, et que l’édifice pomologique 
n ayant aucune base certaine, aucun point central d’examen, 
ne pouvait être assis que sur des fondements peu stables. Il 
est vrai que les travaux de Dubreuil ont été d’une grande 
utilité; mais ils ne sont plus que d’une faible ressource de- 
puis que d’intrépides semeurs comme Van Mons, Esperen, 
Bivort et autres, ont quadruplé le nombre des variétés du 
genre Poirier; et de cet empressement à semer et à baptiser 
des produits tantôt nouveaux, tantôt ne l’étant guère, il est 
résulté une abondance extrême de noms, donnés souvent à 
une même nouveauté obtenue en même temps dans des loca- 
lités différentes par différents obtenteurs. Tout ceci était fort 
loyal. L’amateur seul pouvait se plaindre de cette richesse 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 541 

de nomenclature et se résigner à apprendre à ses dépens la 
valeur des synonymies. S’il ne pouvait accuser le commerce 
liorticullural, qui lui-même payait son tribut à cette exubé- 
rance de produits, il se promettait d’attendre à l’avenir avant 
de les acheter que les variétés nouvelles présentées dans les 
catalogues aient été jugées par des hommes compétents, soit 
dans des concours d’horticulture, soit dans des Revues rédi- 
gées par des écrivains consciencieux. C’est ainsi que l’excès 
des richesses d’un catalogue amenait la satiété ou plutôt la 
défiance chez les acheteurs. Cet état de choses deviendrait 
menaçant si l’on ne se hâtait d’y apporter un remède elïîcace, 
et ce remède existe dans l’institution de la Société Van Mons. 
En effet, celte société a pour but principal d’amener de l’unité 
dans 1 étude de la poiuologie, au moyen d’une école générale 
de comparaison de tous les fruits gagnés en Europe et aux 
États-Unis. Les pomologues les plus distingués de tous les 
pays s’empressent d’envoyer leur adhésion comme membres 
de cette société, et bientôt, il faut l’espérer, un congrès pomo- 
logique s’assemblera pour adopter une nomenclature uni- 
forme et mettre un terme à cette fâcheuse pomme de discorde 
que l’on nomme la synonymie. La Société Van Mons, dans 
cette grave question, n’est mue ni par un sentiment de lucre 
ou de concurrence, ni par esprit de nationalité. Elle désire 
que son initiative fasse surgir la lumière, et qu’avec les riches 
éléments de comparaison qu’elle possède déjà, elle serve de 
point central où les produits nouveaux et peu connus vien- 
draient recevoir la sanction définitive du laissez-'passer 
le commerce horticole. Quelques spéculateurs se trouveront 
sans doute lésés par cette association d’idées impartiales, 
mais le commerce aura lieu de s’en réjouir. Les producteurs, 
en voyant leurs efforts appréciés à la face de l’Europe, y 
trouveront honneur et profit, et les acheteurs reprendront 
confiance et courage. 

Plusieurs pépiniéristes éminents de la France ont compris 
l’importance du but de la Société Van Mons et se sont asso- 
ciés â ses travaux. C’est ainsi que tout récemment le célèbre 


JOURNAL 


31i> 

arboriculleur de Boiirg-Argental, M. Adrien Sénéclanze (1), 
nous écrivait « qu’il ne pouvait assez applaudir à l’idée de 
faire des riches collections Van Mons une collection euro- 
péenne, qui se continuera et s’augmentera des gains de tous 
les pays, sous les auspices les plus favorables, et de là se ré- 
pandra dans tout l’univers. » Avec de tels auxiliaires, la 
Société Van Mons, comme représentant la pomologie en géné- 
ral, atteindra infailliblement à la hauteur de sa mission. 


POIRE BEZY GARSIER (Liron d’Airoles). 

Mise celte année dans le commerce par son propriétaire 
M. de Liron d’Airoles, amateur pomologue de Nantes, cette 
nouvelle poire, trouvée dans les semis de feu M. Garnier de 
Nantes, se trouve déjà cotée dans des catalogues marchands de 
la Belgique; nous croyons en conséquence utile d’en donner 
une description pour l’édification de nos lecteurs pomologues. 

Le Bezy Garniei' est un arbre vigoureux, très-fertile, pour 
espalier ou pyramide; il vient également bien sur franc et 
sur coignassier; ses produits remplaceront avantageusement 
ceux du Boîi Chrétien d’hiver (ancien), si délicat et si peu 
produclif; il existe du reste une grande analogie de qualités 
entre ces deux variétés. Le fruit est gros, pyrilbrme, forte- 
ment rétréci du côté du pédoncule et du côte du calice ; il a 
de 12 à 15 centimètres de hauteur et 8 ou 9 de largeur; pé- 
doncule de 2 centimètres, un peu en crosse, renflé au point 
d’attache, et placé dans une cavité assez profonde, ainsi que 
le calice; celui-ci est large, étoilé, ouvert, à divisions grises; 
peau rude, vert-foncé, fortement maculée de brun et fine- 
ment ponctuée de même couleur, elle passe au jaune clair à 
la maturité et s’éclaire de quelques nuances de vermillon assez 


(i) M. A. Sénéclauze vient de meliredans le commerce une magni- 
fique plante de pleine terre; le Salisburia macrop/iylla laciniata ou 
Ginkgo à grandes feuilles laciniées; les feuilles ont jusqu'à 30 centi- 
mètres de largeur. 


D’IIORTICÜLTÜRE PRATIQUE. 3ir> 

vif. Chair blanche, cassante; eau assez abondante et sucrée. 
Ce fruit est de seconde qualité, mais sa longue conservation 
(jusqu’en avril) et sa beauté le feront rechercher. 


iUtsftUattccs. 

IDÉES D’EIVE ESTHÉTIQUE DES PLEURS. 

(Suite. — Voir p. 79.) 

l’azalea indica et le rhododendron. 

Nous nous sommes proposé de parler collectivement de 
ces deux genres d’arbrisseaux entre lesquels la nature n’a 
tracé aucune limite sensible; car, sous quelque face qu’on 
les compare, qu’on les analyse, il n’est pas possible d’y dé- 
couvrir une différence spécifique marquée. Comme chacun 
pourra à son aise vérifier ce que nous avançons, nous laisse- 
rons de côté les détails scientifiques pour nous occuper des 
caractères esthétiques. 

A la fleur de VAzalea manque le rond ou le pourtour cir- 
culaire, marque d’une grande perfection chez les fleurs à co- 
rolle monopétale. On a fait bien des efforts pour détruire 
la symétrie des fleurs de VAzalea, mais ils ont tous échoué 
contre la loi de la nature qu’on peut modifier quelquefois, 
mais qu’il est impossible de détruire entièrement. Au fond 
de la fleur de VAzalea, du côté supérieur, sont situées deux 
glandes sécrétoires qui correspondent cà trois sillons creusés 
dans la partie supérieure du tube de la corolle, et servant 
de réservoirs au nectar sécrété par les susdites glandes. 
Comme tout cet appareil n’est situé que d’un côté et qu’il n’y 
a rien d’équivalent du côté opposé, il est évident que la fleur 
de VAzalea ne peut être symétrique, et qu’il serait injuste de 
compter comme un défaut ce qui n’est que l’effet de sa struc- 
ture naturelle. 


514 


JOURNAL 


La fleur de VAzalea, pour être ronde autant que le permet 
sa structure naturelle, composée de cinq ou six divisions, doit 
avoir celles-ci assez larges, pour que le rond ne soit point 
interrompu par des intervalles; elle doit être grande, légère- 
ment en entonnoir, les lobes épais. La couleur doit être vive, 
saturée, quelle qu’en soit la nuance. Lorsqu’il y en a plusieurs, 
elles doivent trancher sur le fond : un juste milieu n’est 
point ici, comme ailleurs, admissible; un rouge de brique, 
un rose ou violet pâle sur un fond blanc, ou du rose dessiné 
dans du rouge de brique produiraient un mauvais efifet. Le 
coloris ne doit ni fatiguer, ni laisser l’œil inoccupé, et la com- 
])araison des dillerentes couleurs ne doit être rendue ni trop 
facile, ni trop diflîcile. Les fleurs rubanées ont plus de mé- 
rite et de valeur que celles qui sont simplement nuancées, 
mais il faut que les couleurs qui forment le dessin soient 
vives et foncées, car étant trop pâles elles ne tranchent pas 
assez sur le lond. Il va sans dire que les raies se trouvent 
également réparties sur tous les pétales, comme on l’exige 
chez un OEillet parfait. 

Chez plusieurs variétés, les pétales supérieurs sont ornés 
à leur base de points et de macules ronds très-nombreux. 
Plus ces macules sont apparentes et tranchent sur le fond, 
plus elles contrastent avec la nuance de la fleur, et plus 
celle-ci sera méritante. 

Les Azalées présentent souvent des nuances qui seraient 
un sujet de rebut chez d’autres fleurs, ce sont de ces nuances 
ternes et mates qui ont besoin d’être relevées par un feuil- 
lage luisant et foncé. C’est une petite imperfection qui lient 
à la structure délicate de la fleur. Mais c’est ici le cas de dire 
avec Horace : Quando phtrima nltenty non ego paucis of- 
fendar maculis. Un petit défaut est efTacé par beaucoup de 
perfections. 

La plante doit former un buisson serré â rameaux forts, 
courts et raides, garnis de feuilles larges d’un beau vert lui- 
sant. Des feuilles d’un vert mat diminuent beaucoup la va- 
leur d'un Azalea. On regarde comme de grands défauls les 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 515 

fleurs faiblement maculées ou ponctuées, et des rameaux 
grêles et élancés. 

En général, ÏAzalea est encore susceptible de perfection- 
nement; cela s’entend particulièrement des variétés à fleurs 
rubanées qui ne sont pas encore constantes. Il faudrait les 
croiser entre elles et les tenir éloignées des autres pendant le 
moment de la fécondation. 

Les Azttlëcc a fleurs doubles sont un objet de curiosité; 
ils peuvent plaire à une certaine classe d’amateurs; mais, 
sous le rapport de l’esthétique, ils n’ont aucun mérite, car il 
en est de l'Azalea comme des autres fleurs monopétales, qui 
veulent être regardées et admirées en face. 

Les Rhododendrons ayant la plus grande analogie avec 
les Azalea, doivent être appréciés sous les mêmes points 
de vue. La fleur doit être parfaitement ronde, campanulée 
ou concave comme une tasse ronde. Les cinq divisions de la 
corolle doivent être larges et se couvrir par leurs bords. 

Le pétale doit être rond, épais, uni, raide et conserver sa 
forme. 

La panicule doit avoir une forme pyramidale ou bombée, 
se détacher librement des feuilles, être bien fournie de fleurs 
qui doivent se toucher par leurs bords, mais ne point se cou- 
vrir les unes les autres. 

Les pédicelles doivent être raides et élastiques. 

La couleur des fleurs doit être brillante, satinée, comme 
chez les Azalées ; les macules larges, bien tranchées sur le 
fond . 

La plante doit former un beau buisson, garni de feuilles 
amples, d’un beau vert gai, et former une belle collerette 
autour de la base du pédoncule. 

Les variétés qui ont l’habitude de fleurir avant la mi-mai, 
quel que soit d’ailleurs leur mérite, sont à répudier, parce 
que les fleurs sont ordinairement détruites par les gelées tar- 
dives de notre climat. 

Les défauts que peuvent présenter les Rhododendrons sont 
les suivants : des pétales pointus, minces , étroits, crénelés 


316 


JOURNAL 


nu sommet, rugueux ou roulés;: un bouquet flasque, résul- 
tant de pédicelles faibles et trop longs; une couleur mate,, 
macules peu apparentes et trop petites; rameaux grêles et 
diffus; feuilles étroites, roulées, mates, tirées en longue 
pointe. Scft. 


ROSES NOUVELLES DE iSSo. 

Chaque année, les collections de roses se voient dotées 
d’un nombre plus ou moins grand de variétés nouvelles; mais 
beaucoup d’amateurs de ce beau genre Msilent d’en faire 
l’acquisition; d’abord à cause des prix cotés dans les catalo- 
gues des horticulteurs marchands, prix qui ne sont pas à la 
porlée de toutes les bourses, car ces nouveaulés se vendent 
parfois à vingt, trente francs et plus; ensuite par la crainle 
qu ils éprouvent que la beauté de la fleur ne soit pas en rai- 
son directe de son prix d’achat; et enfin parce qu’ils se disent 
que ces roses seront d’un prix infiniment moindre un an 
après leur mise dans le commerce, et que, pendant ce temps, 
ils auront peut-être la chance de les exandner à leur aise et 
déjuger si ces nouveaulés sont dignes ou non de figurer dans 
leur collection. Franchement, ces amateurs n’ont pas tort; 
néanmoins nous croyons être de quelque utilité à MM. les 
amateurs en leur signalant les nouveautés du genre Rosier 
mises dans le commerce pendant l’hiver de i8oD-18o4, qui 
ont un méi’ite tout spécial et que l’on peut se procurer actuel- 
lement à un prix très-modéré (1 fr. oO c. à 2 fr.). 

DIVISION ors HYBRIDES. 
liosieiv«4 

Alphonse de Lamartine (Ducher), fleur grande, bien 
laite, élégante, très-pleine, rose tendre passant au rose clair. 
Remo n te très-fra n ch em e n t . 

Colonel de Rougemont (Laciiarme), fleur très-grande, 
mesurant de 8 à iO centimètres de diamètre, rose clair nuancé 


f 


D’IÎORTICÜLTÜRE PRATIQUE. ol7 

âe ros^ vif et de carmin. C’est une variété de beaucoup de 
mérite^ non-seulement par la beauté de sa fleur, mais parce 
<]u’elle remonte très-bien. 

5® Géméral Jacqiieminot (Rousselet), fleur grande, pleine 
ou presque pleine, de forme globuleuse, carmin vif éblouis- 
sant; le bouton est fort joli et d’un épanouissement des plus 
volontaires. Variété d’un grand mérite pour rornementa- 
tion. 

4® Gloire de France (Margottin), fleur grande, de 8 à 10 
centimètres de diamètre, de forme un peu bombée, cramoisi 
foncé passant au cramoisi brun, nuancé de carmin. Fleur de 
tout premier ordre, 

5® Jules Margottin (Margottin), fleur très-grande, pleine, 
â imbricalion des plus parfaites, couleur cerise vif, nuancé 
de cerise plus foncé. Fleur de tout premier mérite, remontant 
admirablement bien. 

G® Madame Hariett Stome (Lattay), fleur grande, cupuli- 
forme, fort bien faite, rose très-tendre. Très-odorante. 

Madame (MARGOTTâN), fleur grande, presque 

pleine, rose vif. Remontant très-francbemenL 

8® Madame Recamier (Lacharme) , fleur moyenne, bien 
faite, d’un joli blanc carné au moment de son épanouisse- 
ment, passant au blanc le plus pur. C’est uuc fort jolie va- 
riété remontant très-bien. 

Madame Rendatler (Oger), fleur moyenne ou grande, 
pleine, en forme de coupe, rouge foncé nuancé de lie de vin, 
coloris tout à fait nouveau. Variété ayant beaucoup de mérite. 

Roses île Bourbon. 

La Quintinie (Thomas), variété ayant obtenu le premier 
prix à l’exposition de Paris en juin 1855. Fleur moyenne, 
pleine, pourpre très-foncé, velouté. Variété de tout premier 
mérite. 

Roses i^oîsette. 

iMarie Cha^'gé (Boulanger). Cette nouveauté n’ayant pas 
fleuri, il m’est impossible d’en donner d’autre description 


318 


JOÜUNAL 

que celles des catalogues. Fleur moyenne, pleine, d’un beau 
jaune nuancé de carmin. 

K oses- thé. 

Gloire de Dijon (Jacotot), variété ayant obtenu la grande 
médaille d or à l’exposition de la Société impériale d’horti- 
culture de Paris, en juin 1853. Fleur magnifique, forme de 
la lose Ile Bourbon, le Souvenir de ht Malniaison, jaunâtre 
nuancé. 

A. Wesmael, horticulteur, 

A ces roses, dont le mérite est maintenant dûment con- 
staté, nous ajouterons la liste de quelques autres qui nous 
ont été indiquées par des connaisseurs dislingués; ce sont : 

^ Rose Ferdinand Deppe (île Bourbon), obtenue par M. Eu- 
gène Verdier fils aîné. Fleurs pleines, rouge amarante, 
moyennes. 

Madame Vidot (hybride remontant), obtenue par M. Cou- 
turier fils, qui en a cédé la propriété à M. E. Verdier fils aîné. 
Fleurs bien faites, d’un blanc carné transparent nuancé de 
rose vif. Variété fort recommandable. 

Salet (mousseuse remontante), de M. Lacbarme; fleurs 
pleines, grandes, rose vif. Variété Irés-vigoureuse. 

Comtesse Doria (mousseuse non remontante), de M. Porte- 
mer, horticulteur à Gentilly; fleurs pleines, d’un cramoisi 
éclatant. 

Baron Laray (hybride perpétuelle), de M. Portemer; 
fleurs pleines, d’une belle forme, rose laque carminé. Be- 
monte franchement. 

On cite une rose pimprenelle perpétuelle remontante, obte- 
nue aux États-Unis par M. Boll, de New-York, comme étant 
très-méritante; ses fleurs sont moyennes, pleines et d’un 
rose clair ; elle s’appelle Souvenir de Henri Clay, 

Ces diverses nouveautés sont cotées au prix de dix et de 
quinze francs chacune. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


519 


CHRONIQUE HORTICOLE. 

M. Decaisne décrit dans la Revue horticole du 16 novem- 
bre 1854 le Lepachys columnaris , fort belle plante vivace, 
originaire des États-Unis et du Texas, que l’on cultive dans 
beaucoup de jardins sous le nom de Rudbeckia columnaris 
et surtout sous celui d' Obeliscaria columnaris, D. C., nom gé- 
néralement adopté par les botanistes. La variété Pulcherrima, 
figurée par M. Decaisne, diffère du type par la large tache 
mordorée que présentent les rayons. II est utile queles ama- 
teurs fixent leur attention sur l’importance des synonymies 
de certaines plantes. 

Orchidées en fleurs à Bruxelles. — Nous avons vu der- 
nièrement dans les serres de M. J. Linden, directeur du 
Jardin zoologique de Bruxelles, un petit pied de Vanda cœ- 
rulea, portant six grandes fleurs; elles sont d’un bleu pâle 
azuré, ressemblant assez au bleu de l’Agapanthe; le labelle 
est d’un bleu-foncé; il y a quelque chose de suave et de sen- 
timental dans ces fleurs ; V Oncidium ornithorynchum pré- 
sentait deux ou trois tiges chargées de nombreuses fleurs 
d un beau rose; un pied d'Epidefidrum vitelliniim, por- 
tant huit à dix fleurs; un Warczeivitzella marginata, 
très-bien fleuri ; le Galeottia Beaumoniii , à fleurs de 
moyenne grandeur, à pétales verts maculés et à labelle tri- 
lobé , frangé blanc et rose pâle; ÏOncidium unguiculatum, 
aux hampes de près de 2 mètres de longueur et à grandes 
fleurs remarquables par leur large tablier jaune vif; un su- 
perbe Lœlia, à labelle d’un pourpre violacé foncé; des Uro- 
pediuni Lindenii en boutons; VOdontoglossum Pescatorii, 
aux fleurs d’un blanc rosé; cette espèce paraît être d’une 
floraison facile à juger du nombre d’exemplaires marquant 
des hampes à fleurs. 

Maladie des pommes de terre. — Un journal de Bruges 
annonce qu’un cultivateur de la Flandre occidentale est par- 
venu à trouver un remède préservatif contre la maladie des 




I 


520 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

pommes de terre, par remploi du chlorure de chaux. Voici 
en quoi consiste ce procédé , dont une expérience de cinq 
uns semble confirmer l’efficacité; après avoir aménagé et 
fumé le terrain comme d’ordinaire, on saupoudre les pomuies 
de terre de chlorure de chaux, en prenant la précaution de 
ne faire cetle opération qu’immédialement avant la plantation 
«t au moment de les enfouir en terre. 

Nous ferons remarquer que nous avons indiqué dans le 
présent recueil (année 18^2, page 220), la possibilité de 
combattre le fléau destructeur par l’emploi du chlorure de 
chaux, en plongeant lors de la plantation, pendant quelques 
heures, les tubercules entiers nu coupés dans un bain de 
chlorure de chaux. Nous sommes heureux de voir que notre 
idée ait été sinon adoptée, au moins conçue peut-être en même 
temps et mise en pratique par une personne intelligente. 
Nous ajouterons loyalemetit que nous croyons l’emploi du 
chlorure de chaux préférable en saupoudrages qu’en bain; 
l’effet sera plus énergique. 

Moyen de fixer le cuir aux métaux, — On est souvent em- 
barrassé dans les serres en fer pour conduire des plantes 
grimpantes, ou suspendre de petites corbeilles; par le 
moyen suivant que nous trouvons indiqué dans V Allgememe 
Polytech. Zeitiing, on pourra facilement obvier à l’inconvé- 
nient que nouà venons de signaler. On lave soigneusement 
la partie du métal que l’on veut utiliser avec une solution 
bien chaude de gélatine; on applique ensuite les lanières de 
cuir en les pressant fortement sur le métal, et après les avoir 
préalablement plongées dans une infusion bouillante de noix 
de galle; quand les lanières sont refroidies, on retire les en- 
gins qui ont servi à presser; l’opération est terminée. Le 
cuir devient tellement adhérent au métal, qu’on ne saurait 
l’enlever sans le déchirer. 


J 




JOURNAL 


D’HORTieClTURE PRATIQUE. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 


PRÎMÜLA MOLLIS, (Nuttall.) 

On doit l’introduction de cette nouvelle Primevère à 
M. Booth, qui la découvrit dans les montagnes de Bootan 
(grandes Indes), et en envoya des graines à son parent 
M. Nuttall de Rainhill , près Prescott, en Angleterre. C’est 
sur des exemplaires qui avaient fleuri en avril 1854, que 
sir W. Hooker décrit la Primida mollis, dans- le Botanical 
Magazine, planche 4798, et c’est d’après cette autorité que 
nous offrons à nos lecteurs une image de cette fort jolie 
addition , à un genre estimé et recherché par tous les ama- 
teurs de plantes de pleine terre et de serre froide. 

Le célèbre botaniste anglais dit que la Primida mollis 
(nom imposé par M. Nuttall et courtoisement adopté par sir 
William Hooker) occupe botaniquement une place intermé- 
diaire entre la Primida sinensis et la Primula cortusoïdes, 
mais qu’elle dilfère de ces deux espèces par son feuillage, 
sa corolle et surtout par son calice 5 différences que chacun 
pourra apprécier en jetant un coup d’œil sur notre planche. 

La Primida mollis est une plante à racines vivaces; elle 
est entièrement recouverte de poils ou d’une pubescence 
douce au toucher ; elle est dépourvue de tige. Les feuilles 
sortent toutes du collet de la racine, sur de longs pétioles 

11. JANVIER 18aS, g] 


522 


JOURNAL 


cylindriques garnis de longs poils divergents; elles sont 
presq'ue cordées avec un sinus à la base, profond mais étroit ; 
leur bord est sinueux lobé et crénelé; les nervures sont 
fortes et nombreuses et apparaissent sur la surface infé- 
rieure comme un réseau élégant. Le scape est plus long que 
les feuilles, chargé de poils doux et étalés; il porte trois 
ou quatre verticilles de fleurs de grandeur moyenne et d’une 
belle couleur rose foncé. L’involucre se compose de deux 
feuilles, linéaires ou presque spatiilées. Le calice est long 
comparativement à la corolle ; il est lâche à tube turbiné , 
velu, d’un rouge foncé, terminé par cinq dents aiguës et 
vertes. La corolle a son tube plus long que le calice, il est 
de couleur rouge de brique; son limbe est plus large que le 
tube n’est haut, oblique et à cinq lobes étalés , horizontaux , 
duveteux , bifides au sommet et d’un beau rose carminé 
foncé; on remarque autour de la bouche ou de l’orifice du 
tube une forte tache couleur de sang, lançant des rayons 
correspondant à chacun des cinq segments, figurant la jolie 
étoile des Phlox Drummo7idi; on observe en outre cinq 
écailles dressées et émarginées disposées en cercle à l’ouver- 
ture du tube. Ovaire presque globuleux. 

M. Nuttall cultive cette jolie Primevère en serre froide 
comme la Primula sinensis; sir William Hooker croit qu’elle 
pourrait passer en plein air en lui accordant la culture de 
la Primula cortusoïdes (1). Bien que la Primula 7iiollis ait 
des fleurs moins grandes que la Primula sinensis , elle 
nous semble supérieure à cette dernière par le coloris d’un 
rose intense de la corolle et du calice et surtout par l’étoile 
d’un rose carmin qui orne si gracieusement le limbe corol- 
laire. 


(i) C’est-à-dire une terre légère et une exposition un peu ombra- 
gée; si on cultive en pot et en serre froide, on mêlera un quart ou un 
tiers de bon terreau consommé avec trois quarts ou deux tiers de 
terre de bruyère fibreuse, rendue poreuse par une certaine quantité 
de sable blanc, et de temps à autre avant la floraison on accordera 
quelques arrosements d’engrais liquide ou de colle forte. 


D’HOariCULTUUE PRATIQUE. 


525 


Cnlcnîïdcr îjoi'ticolc. 


MOIS DK FÉVRIER. 

Rappelons à nos lecteurs que c’est pendant ce mois qu’ils 
doivent se mettre en mesure de se pourvoir des plantes dont 
ils auront besoin pour la belle saison. .4 cet effet ils auront 
recours aux semis sur couche et en terrine, au bouturage et 
à la division par éclats des plantes touffues de la pleine 
terre. 

On taille les Poiriers, les Pommiers et la Vigne, on coupe 
la tête des Framboisiers. On conserve pour la greffe en fente 
du printemps des rameaux de Poiriers que l’on fiche en terre. 
On plante les Rosiers et on commence à tailler les espèces 
les plus robustes et ci bois dur ; la taille des variétés déli- 
cates ne se fait qu’en mars; if est utile, pour obtenir plus 
tard une belle floraison, d’enlever 10 à 12 centimètres de 
terre au-dessus et autour des racines de Rosiers et de les 
remplacer par de bon fumier de cheval ou de vache; on 
recouvre légèrement de terre, afin que cette couche fertili- 
sante ne se dessèche pas. 

Vers la fin du mois, lorsque le temps est sec, on plante les 
Anémones et les Renoncules à une distance d’environ 12 cen- 
timètres entre chaque plante et à une profondeur d’environ 5 
ou 4 centimètres ; si le sol est sec , on presse sur la surface 
au moyen d’une planchette. 

On sème toutes les graines forestières et d’arbres d’orne- 
ment d’une végétation lente, telles que celles des Érables, 
Tulipiers, Cornus florida, Chênes, Noyers d’Amérique, etc. 

Il faut se hâter de multiplier sous couche les Fuchsia, 
les Calcéolaires ligneuses, les Cuphæa, les Salvia, les Hélio- 
tropes, les Géraniums, les Bouvardia et Houstonia, les 
Anagallis , les Verveines, les Pétunies, afin de pouvoir les 
planter plus dans les parterres. Les boutures de ces plantes 


JOURNAL 


32i 

faites en automne doivent être rempotées chacune dans un 
petit pot; on raccourcit les exemplaires trop allongés afin de 
les faire buissonner. 

On sème sur couche les Amarantes, les Quarantaines, les 
Gobées, les Giroflées, les Balsamines, les Crêtes-de-coq, et 
autres plantes annuelles ornementales et délicates, ainsi que 
les graines de plantes exotiques. On force les racines de Dahlias 
pour avoir une provision de jeunes plantes. On rempote, 
chacune dans un pot, les boutures de Lobélies, afin de les 
avoir assez vigoureuses lors de la plantation en plein air. On 
sème du Réséda en pot à différents intervalles, afin d’en 
avoir constamment en fleur. Si l’on veut obtenir une florai- 
son hâtive di AchimeneSy Gesneriay Gloxima, on doit activer 
immédiatement leur végétation en les exposant à la douce 
chaleur d’une couche; on les rempote dès qu’on aperçoit des 
indices d’une nouvelle verdure. On rempote dans de petits 
vases les jolis Tigridia pavonia et conchiflora. C’est le meil- 
leur moment pour tailler les Fuchsia , et leur donner une 
bonne forme; on les rempote dès qu’ils ont un peu poussé, 
et on enlève toutes les jeunes branches inutiles. N’oublions 
pas d’encourager les Calcéolaires herbacées par des rempo- 
tages successifs, des arrosements d’engrais liquide; on ob- 
tiendra par là des plantes touffues, surtout si on les tient 
sous châssis dans des couches humides, aérées et d’une tem- 
pérature d’environ 10 ou 12 degrés centigrades. 

On doit, pour obtenir de beaux exemplaires de Pélargo- 
niums, tels qu’on en cultive en Angleterre et à Paris, les 
placer dans les pots où ils ont fleuri l’année précédente; ce ' 
système a pour effet de permettre à l’air de circuler sans 
obstacle autour des plantes, de fortifier les pousses et de 
les préparer à subir sans danger une température plus éle- 
vée, enfin, d’obtenir une floraison plus abondante et plus 
vigoureuse. Les Pélargoniums âgés d’un an, taillés en au- 
tomne, commencent â donner des jets longs de quelques cen- 
timètres ; on supprime une partie de ces jets, et si l’on veut 
obtenir une longue succession de fleurs, il est nécessaire de 


 


D’HORTICULTUflE PRATIQUE. 525 

pincer les pousses pour arrêter leur développement en lon- 
gueur, et pour faire naître des jets latéraux qui fleuriront 
quand les premières pousses auront achevé leur cycle floral. 
Les Erica dorment encore, ne les tourmentez pas en les 
arrosant; un peu d’eau suffit. Arrosez rarement les Epacrisy 
Correa, Coronilla, Cineraria, Acacia, Mimosa, etc.; mais 
quand vous le faites, faites-le de manière que toute la terre 
du pot soit bien humectée. 

En serre chaude, on rapproche des vitraux les différentes 
espèces à'Ixora, afin de les exciter à fleurir; on rempote 
et on taille les plantes qui en ont besoin, et l’on veille sur- 
tout à ce qu elles soient tenues dans une extrême propreté , 
afin que leurs pousses qui vont bientôt se faire voir ne soient 
pas arrêtées dans leur période de développement. Nous 
avons déjà dit que la période du printemps est la plus im- 
portante et que ses résultats sont toujours plus abondants et 
plus riches que dans tout autre moment. 


J^orticullui'c ctrnngèrf. 

PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

i® SERP..E CHAUDE. 

Dipladeuia Harrisii (PurDIe), figuré donS le Bot, 3/aÿ., 
numéro de janvier 1855, pl. 4825. — Famille des Apocy* 
nées. — Pentandrie Monogynie. 

Très-voisin des Échites, le genre Dipladenia se compose 
d’un cerlain nombre d’espèces, en général fort remarquables 
par la grandeur, la beauté et le parfum de leurs fleurs; l’es- 
pèce que nous allons décrire est, suivant M. Purdie, qui la 
découvrit récemment près des bords de la rivière Caroni 
dans l’île de la Trinidad, belle par ses grandes fleurs odo- 
rantes d’un jaune brillant à reflets métalliques, belle par 


526 


JOURNAL 


son luxuriant feuillage, belle enfin j3armi ses belles congé- 
nères, et belle encore, selon nous, par la richesse de sa florai- 
son. MM. Veitch et fils, les célèbres horticulteurs d’Exeter, 
ont eu, les premiers, le bonheur de voir fleurir cette splen- 
dide Apocynée en Europe, au mois de septembre dernier. 

Sir William Hooker décrit la Dipladenia Harrisii de la 
manière suivante : plante frutiqueuse, grimpante, ramifiée; 
rameaux glabres, arrondis; feuilles opposées, les plus 
grandes mesurant de iO à pouces de longueur sur 4 ou 
5 de largeur, oblongues, se rapprochant de l’ovale, dimi- 
nuant graduellement en pointe, subraembraneuses, souvent 
pourprées en dessous. Pétioles épais, fort longs, à peine d’un 
pouce. Racèmes axillaires et terminaux multiflores. Pédi- 
celles longs d’un pouce, rouges, ayant des bractées, recour- 
bés vers la terre de manière à paraître pendants tant que les 
boutons de fleurs ne sont pas épanouis. — Calice à cinq 
lobes ou segments profonds, ovés, presque imbriqués, ob- 
tus, légèrement concaves et de couleur verte. Deux de ces 
cinq segments sont plus petits que les autres, tous présen- 
tent intérieurement à leur base une écaille orbiculaire den- 
telée. Corolle très-grande, exhalant une odeur suave, d’un 
jaune luisant satiné; le tube est teinté à l’extérieur et à l’in- 
térieur de rouge; ces teintes s’étendent vers et jusque sur 
le limbe de manière à y former des rayons multiples. Le 
limbe mesure en diamètre 5 pouces et demi; le tube est en 
forme d’entonnoir comprimé vers le bas, renflé à la base, et 
marqué de cinq côtes ; les lobes du limbe sont grands, étalés, 
presque arrondis. On compte de dix à douze fleurs par ra- 
cème. Les étamines sont incluses et insérées à l’étranglement 
du tube; filets courts, duveteux; anthères sagittées. Ovaires 
au nombre de deux, glabres, entourés par cinq grandes 
glandes fimbriées ou presque digitées, se réunissant à leur 
base en une sorte de coupe dépassant les ovaires. 

Dipladenia Harrisii appartient à la haute serre chaude; 
il faut, pour en obtenir de beaux exemplaires, le planter en 
pleine terre dans quelque coin de la serre dans un mélange 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 527 

de terre de bruyère fibreuse et de terre forte (terre jaune, 
terre argileuse); on drainera avec soin; on arrosera copieuse- 
ment pendant la période de végétation. Après la floraison ou 
vers le mois de septembre ou d’octobre, on modérera peu à peu 
ces arrosements, jusqu'à les cesser presque complètement en 
hiver; lorsqu on s’apercevra que l’épiderme des liges se ride 
et devient mollasse, on reprendra graduellement les arrose- 
ments dont on lient activer l’énergie par l’addition d’un peu 
d’engrais liquide; on lui donnera en été de fréquents bassi- 
nages pour écarter les kermès et les cochenilles, qui se plai- 
sent particulièrement à attaquer les jeunes pousses des 
Ecliites, Dipladenia et autres Apocynées et Asclépiadées. En 
hiver on devra, pour chasser la vermine, nettoyer fréquem- 
ment la plante, surtout aux aisselles des feuilles, car c’est de 
là que doivent .sortir plus tard les grappes de fleurs; et sans 
une sévère propreté, il est à peu près certain que l’on n’ob- 
tiendra que des pousses chétives et point de fleurs. 

On multiplie facilement les Dipladeuia de boutures faites 
sous cloche et plongées dans une couche chaude, on aura 
seulement soin de laisser sécher la plaie pendant une demi- 
journée a\ant de mettre la bouture en terre et de prendre 
ses multiplications sur des parties aoûtées, des jets trop 
jeunes se fondent immédiatement. 

uipiadeiiia aciiminaia (sir W. IIooKEu), figuré dans le Bot. 

3Iag., pl. 4828. 

Inférieur à l’espèce précédente par un port moins déve- 
loppé et par un feuillage assez maigre, le Dipladenia acu- 
minata l’égale en beauté lorsque ses larges corolles d’un rose 
vif foncé sont épanouies; on le confondrait alors assez faci- 
lement avec le superbe Dipladenia (Écliites) splendens que 
l’on cultive déjà depuis quelques années dans les serres 
chaudes sans malheureusement obtenir de grands résultats* 
et il est à craindre que le nouveau Dipladenia décrit par sir 
'William Hooker ne soit une plante également rebelle à fleu- 
rir; et nous sommes d autant plus porté à émettre ce doute. 




f 

I 528 JOURNAL 

I que celle espece nous semble idenlique avec certains Échiles 

'i trouvés au Brésil, par M. P. Claussen, et qu’il nous avait 

I envoyés sous les noms d’Échiles à grandes fleurs roses et 

dont nous n’avons jamais pu voir les fleurs dans nos serres; 
il est même probable que cette espèce aura été confondue 
avec VEchites crassinoda (également envoyée du Brésil par 
M. Claussen ) auquel elle ressemble tellement, que l’éminent 
botaniste anglais avoue avoir pris la plante qu’il nomma en- 
suite Dipladenia aciiminata pour le Dipladenia crassinoda 
de Bindley. On voit par là combien il est facile de se tromper 
; lorsqu’on juge des plantes non fleuries. 

Le Dipladenia aciiminata est un arbrisseau à tige grim- 
pante, glabre dans toutes ses parties, à feuilles opposées por- 
tées sur de courts pétioles, de forme entre l’ovale et l’ellip- 
tique, submembraneuses, brièvement acuminées, réticulées, 
à base cordée. Mais ce qui surtout caractérise cette espèce, 
ainsi que le Dipladenia crassinoda^ et ce qui contribue à les 
confondre l’une avec l’autre, c’est la présence de deux écailles 
en forme de stipules, charnues, laciniées, pour ainsi dire étoi- 
lées, fortes et apparentes, et ressemblant à des dents épi- 
neuses, autour de la tige et à l’insertion des feuilles. Grappe 
subpaniculée à nombreuses et grandes fleurs d’un beau rose 
foncé, ombré à la gorge de carmin plus foncé, leur calice est 
découpé jüsqu’à la base en cinq longues lanières dressées, 
subulées; la corolle est verdâtre avant son épanouissement; 
son tube> est infundibuliforme, campanulé à sa moitié supé- 
rieure, étranglée, cylindrique et blanche dans sa moitié infé- 
rieure; le limbe mesure 4 pouces de diamètre, les lobes sont 
étalés, obliques, presque arrondis, mais diminuant en une 
longue pointe, de là le nom spécifique imposé à ce nouveau 
Dipladenia; l’intérieur du tube vers la gorge est d’un jaune 
doré. 

Celte espèce a fleuri chez MM. Veitch et fils en juillet 1854, 
et est très-supérieure en beauté à son proche parent le Di- 
pladenia crassinoda de Lindley. Elle exige les mêmes soins 
que le Dipladenia Harrisii, seulement une plus grande 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 5-20 

somme d’air et siiiTout de lumière pendant sa période de végé- 
tation, comme la plupart des plantes de rinlérieur du Brésil. 

iBoya lacBinosa (Blume), figuré dans le Bot, Mag., pl. 4826. 

— Syn. : Olostemma lacimosum (Blume). — Famille des 

Asclépiadées. — Pentandrie Digynie. 

Cette espèce présente beaucoup d’analogie de croissance et 
de faciès avec le Iloya hella; elle est moins jolie que celte der- 
nière plante, parce qu’elle ne présente point comme celle-ci 
cet œil ou étoile rouge violacé qui se délaclie si bien sur le 
fond blanc d’argent des fleurs de YHoya hella ^ quoi qu’il en 
soit, VHoya lacimosa mérite les honneurs de la culture tant 
à cause de ses nombreuses ombelles de fleurs que par le port 
gracieux de ses tiges flexibles à petit feuillage luisant; les 
feuilles sont o])posées, elliptiques, lancéolées, dénaturé in- 
termédiaire entre le coriace et le charnu, acu minées et mar- 
quées sur la page supérieure d’une ligne ou nervure médiane 
déprimée et de quelques veines latérales également dépri- 
mées ou enfoncées, particularité qui sans doule justifie le 
nom spécifique de lacunosa imposé à cet Hoya. Pédoncules 
généralement plus courts que les feuilles, solitaires et per- 
lant une ombelle aplatie composée d’un grand nombre de 
fleurs assez petites, à peu près de la taille de celles de ïlloya 
hella, calice à cinq lobes ovés ou elliptiques, arrondis, den- 
liculés sur les bords; corolle en roue d’un vert jaunâtre, la 
partie intérieure est revêtue d’un cercle de poils veloutés, qui 
rehaussent singulièrement la couleur terne des lobes de la 
corolle; couronne staminale composée de cinq folioles éta- 
lées, lancéolées, concaves au sommet et formant une espèce 
de petite nacelle. 

Le Iloya lacunosa possède une qualité importante, c’est 
celle d’exhaler une très-bonne odeur; on le cultivera comme 
le Hoya hella, c’est-à-dire en serre chaude humide en le pla- 
çant dans un vase suspendu pour que ses longues tiges flexi- 
bles (5 pieds environ de longueur) puissent s’allonger sans 
entraves; on peut également les faire grimper autour d’un 


o30 JOURNAL 

tronc d arbre sur lequel elles se fixeront bientôt par les ra- 
cines adventives que ces tiges émettent en grande quantité. 
La multiplication se fait avec une extrême facilité de boutures 
sur couche et sous cloche. 

SERKB FROIDE ET PLEINE TERRE. 

E.^caiio»ia péerociadon (sir W. IIooker), figuré dans le Bot, 
Mag., pl. 4827. — Famille des Saxifragées. — Pentan- 
drie Monogynie. 

Arbrisseau décidément rustique, haut de 4 A 5 pieds, 
très-florifère et odorant; telles sont, dit sir W. Hooker, les 
honorables recommandations que nous pouvons donner en 
faveur de cet Escallonia; certes, ces recommandations sont 
assez flatteuses pour ne pas croire à l’heureux avenir d’un 
arbrisseau possédant des mérites aussi réels que ceux que 
nous venons d’énumérer sommairement. Espérons que sa 
bonne volonté à résister bravement aux froids des hivers de 
la Grande-Bretagne ne se démentira pas sous les frimas du 
nord de la France, de la Belgique et de l’Allemagne. C’est 
encore une trouvaille de cet heureux explorateur W. Lobb, 
qui, du fond de l’inhospitalière Patagonie occidentale, dote 
l’horticulture européenne, et en particulier MM. Veitch 
et fils, d’Exeter, d’un arbrisseau fort joli, fort odorant, à 
tiges ailées, et à petites feuilles coquettes comme celles d’un 
myrte. Hommage encore une fois A William Lobb, à cet infa- 
tigable voyageui qui fouille avec tant de succès les forêts, 
les plaines, le val et le mont du monde entier. 

h Lsccillonia pterocladofi ou A branches ailées, forme un 
petit arbrisseau touffu, très-rameux A branches divergentes; 
le vieux bois est couvert d’une écorce papyracée, lâche et se 
détachant facilement; rameaux de couleur rouge, droits, 
roides, devenant singulièrement anguleux par la présence 
d’ailes disposées verticalement le long de la branche, en cinq 
lignes parallèles sinueuses, pubescentes ou frangées sur le 
bord. Les feuilles sont nombreuses, petites; les plus grandes 


IVIIOPiTlCÜLTüUE PRATIQUE. 551 

ont environ un centimètre de longueur, étalées, souvent ré- 
fléchies, persistantes, lancéolées, aiguës, coriaces, d’un vert 
foncé, luisantes, penninervées, dentelées en scie à dentelures 
presque glanduleuses; s’amincissant vers leur extrémité in- 
lérieure en un court pétiole. Fleurs abondantes, se montrant 
sur toutes les jeunes branches, ressemblant beaucoup par 
leur forme, leur taille et la manière dont elles sont disposées 
sur ces branches aux fleurs de quelque E'pacris bien épa- 
noui; elles sont ])endantes et naissent solitaires de l’aisselle 
des feuilles ; mais comme ces dernières deviennent de plus en 
plus petites à mesure qu’elles approchent de rextrémité du 
rameau et qu’elles ne sont plus alors que de minces et mi- 
gnonnes bractées à peine visibles, il s’ensuit que l’on peut 
considérer les branches fleuries comme des racèmes feuillès. 
— Pédicelles courts, rouges, portant deux petites bractées 
lancéolées, opposées à dentelures glanduleuses. Tube calici- 
nal glabre, turbiné, non anguleux, la moitié inférieure est 
incorporée à Tovaire, tandis que la moitié supérieure libre 
est partagée jusqu’au milieu en cinq dents acuminées. Pétales 
spatules à larges onglets dressés et tellement rapprochés 
qu’ils forment un tube cylindrique ressemblant à une corolle 
d’une seule pièce; étamines incluses. Style épais. Les pétales 
sont blancs teintés de rose. 

VEscalloma pterocladon a fleuri en plein air au mois de 
juillet iSM, chez MM. Veitch et fils, horticulteurs an- 
glais; il est probable qu’il sera mis dans le commerce dès ce 
printemps. Il serait oiseux, après ce que nous venons d’é- 
crire sur ses mérites, de lui prédire un bon accueil de la part 
des amateurs. — En attendant que sa rusticité soit bien dé- 
montrée, nous conseillerons de le cultiver comme son ma- 
gnifique congénère et compatriote ÏEscallonia macrantha, 
c’est-à-dire en terre de bruyère fibreuse et en serre froide en 
hiver; en plein air à mi-ombre et dans une position hkn 
aérée pendant l’été. 




332 


JOURNAL 


iîlisccUttnccs. 

CULTURE MARAÎCHÈRE. 

CULTURE DU MELON SUR COUCHE SOURDE, SANS CHASSIS. 

La culture du Melon sur couche sourde a pour but d’oble- 
nir des Melons à peu de frais et avec peu de soins. C’est or- 
dinairement vers le milieu d’avril que l’on prépare les cou- 
ches sourdes, en utilisant les fumiers et autres matériaux 
qui ont servi à établir des couches chaudes pendant l’hiver. 
On peut employer dans cette méthode des châssis fort utiles 
pendant les premiers lemps de la plantation, ou, à défaut 
des cloches pour abriter le jeune plant durant le commence- 
ment de sa végétation, l’emploi simullané de ces moyens de 
préservation serait encore préférable; mais enfin, comme il 
n’est pas indispensable, nous expliquerons notre méthode 
comme si l’on n’avait que des cloches à sa disposition. — La 
plantation des Melons se fait vers la fin d’avril et peut durer 
jusqu’en juin, point qu’il est bon de signaler afin que si le 
premier essai ne réussissait pas, on sache qu’on peut rega- 
gner le temps perdu, soit en reconstruisant la couche, soit 
en employant d’autre graine. Aussi est-il toujours bon d’avoir 
dans un jardin une réserve de fumier et de terreau pour faire 
face à toutes les éventualités. — Passons à la manière de 
monter les couches sourdes. 

Ces couches doivent avoir la direction du nord au midi, 
afin que les deux côtés reçoivent directement les rayons du 
soleil, l’un le matin et l’autre le soir. 

Si, au conti-aire, on leur donne une direction de l’esta 
l’ouest , le côté du nord sera toujours moins productif, et le 
peu de fruits qui noueront de ce côté sont plus tardifs et 
souvent mal faits, parce que les rayons du soleil ne font que 
glisser dessus, tandis que le côté sud les reçoit directement. 

On ouvre dans le sol du carré le mieux disposé, le plus 


D’HORTICULTURE PRATIQUE . S55 

chaud de son jardin et à bonne exposition, une tranchée de 

1 mètre à i mètre 50 centimètres de largeur et de 50 centi- 
mètres de profondeur; c’est dans celte tranchée que l’on éta- 
blit la couche; on lui donne une épaisseur de 40 à 50 centi- 
mètres, selon la nature du sol et lepoquefl), en la bombant 
légèrement au milieu en forme de dos d’âne. Le fumier neuf 
que l’on emploie doit être mélangé par moitié de feuilles ou 
de fumier ayant déjà servi; après l’avoir foulé convenable- 
ment, et bien nivelé, on recouvre de 15 à 25 centimètres de 
terre mélangée d’une moitié de terreau. Il vaudrait mieux 
encore de recouvrir la couche entièrement d’un compost de 
terre préparée d’avance et consistant en un mélange de ter- 
reau, de terre jaune, de fumier bien pourri engraissé par 
des arrosements de purin et que l’on aura fait remuer à di- 
verses reprises quelque temps auparavant. Lorsque la couche 
est dressée, on pose un cordeau sur le milieu, et de 2 en 

2 mètres, on fait un Irou que doit recouvrir chaque cloche. 

On doit, quelque temps qu’il fasse, couvrir la couche de 

paillassons pour concentrer la chaleur et éviter l’humidité; 
on les enlève pendant le jour lorsqu’il fait un beau soleil. 

On la laisse en cet état jusqu’à ce qu’elle se soit échauffée, 
ce que l’on sent en y plongeant la main ; dès qu’on reconnaît 
cette chaleur, on enlève les paillassons, on plante 2 pieds de 
Melons dans chaque trou fait d’avance, et on recouvre im- 
médiatement d’une cloche. (Les personnes qui ont suffisam- 
ment de ces dernières feront mieux de ne mettre qu’une 
plante sous chaque cloche.) Ces Melons auront été semés sur 
couche sous châssis et élevés en pots en février et mars. On 
continue à couvrir la couche de paillassons chaque soir; 
apres quelques jours de plantation on donne un peu d’air en 
soulevant les cloches du côté du sud ; enfin, lorsque les plantes 
commencent à développer leur quatrième feuille, on pince la 


(1) L’épaisseur sera d’autant plus grande que le sol est froid et que 
ia température extérieure est basse ; une couche faite en juin devra 
être moins épaisse qu’une montée en avril. 


554 


JOURNAL 


tige au-dessus de la seconde feuille (cotylédons non com- 
pris). Lorsque les branches ne peuvent plus végéter à Taise 
à l’intérieur de la cloche et qu’elles touchent aux parois, on 
se hâte, par un beau jour sec, de biner la terre, sans déran- 
ger les cloches, et surtout sans toucher aux racines. Cette 
opération, que Ton ne doit jamais faire par un temps plu- 
vieux, a pour but de détruire les mauvaises herbes et d’a- 
meublir la terre sur la superficie de laquelle il se forme or- 
dinairement une croûte dure sous laquelle les racines des 
plantes croisse?ît difficilement, et ne reçoivent que fort len- 
tement les influences atmosphériques. C’est après ce binage 
si salutaire aux Jeunes Melons, que Ton enlève les cloches, 
on remue la terre au-dessous des feuilles avec les doigts de 
préférence à la binette, dans la crainte de couper ou de dé- 
ranger les racines, ce qui fatiguerait énormément les plantes; 
puis on paille, c’est-à-dire que Ton recouvre entièrement de 
fumier à demi consommé toute la superficie de la couche 
sur une épaisseur de 5 à 4 centimètres environ. 

Cette opération a pour but de maintenir la terre toujours 
très-meuble, dans une fraîcheur douce et continue, de pré- 
server les branches du contact de Thumidité de la terre, de 
faciliter les arrosements, enfin de fournir un engrais aux ra- 
cines qui croissent horizontalement, et qui tendent meme 
toujours à monter. En employant du fumier à demi con- 
sommé, tout l’intérieur de la chemise se décompose et forme 
une couche de terreau neuf, qui entretient la vigueur des 
plantes. Les plus grandes branches sont bientôt pincées au- 
dessus de la quatrième feuille, et on les étale de manière 
qu’elles jouissent toutes de la même somme de lumière. 
Cette opération terminée, on replace les cloches qui doivent 
être supportées par des fourchettes en bois, afin qu’elles 
soient soulevées de 7 à 8 centimètres, pour laisser passer 
librement les branches entre elles et le fumier; on visite de 
temps à autre pour voir si quelques branches ne se contour- 
nent à l’intérieur sous les cloches, auquel cas il faut les faire 
sortir. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 355 

Lorsque les fruits sont parvenus à la moitié de leur gros- 
seur, on écarte les feuilles qui les ombragent; cette opération 
se fait par un temps couvert ou peu à peu en plusieurs jours. 
C est maintenant aussi le moment de placer ces fruits sur des 
petites planchettes : on doit apporter toute l’attention possi- 
ble pour ne pas déranger la direction des branches et sur- 
tout de ne pas tordre ni rompre les pédoncules. On continue 
la taille et les pincements selon le besoin et les variétés. 

Les arrosements se font avec beaucoup de réserve et en 
temps utile, c’est-à-dire que l’on ne doit jamais laisser faner 
les feuilles des plantes, et bien s’assurer chaque fois que l’on 
arrose si la terre est bien sèche. On arrose dans le cours de 
la journée; il est cependant toujours préférable d’arroser 
entre neuf et dix heures du malin, avec des arrosoirs à 
pommes percées de trous très-fins. Une bonne mouillure tous 
leshuitou dix jours, pendant les grandes chaleurs, doit suf- 
fire; mais il n’en est pas de même des bassinages, qui doivent 
se faire au moins tous les deux jours et même tous les jours 
lorsque le temps est sec et chaud. On bassine les plantes en- 
lièîement, de manière qu’elle soient chargées d’eau, comme 
le ferait une bonne rosée ou un brouillard de sept à neuf 
heures du matin. 

Les cloches peuvent rester sans inconvénients sur les plantes 
toute la saison; elles préserveront le collet de ces dernières 
des pluies et des brouillards; car il arrive que par le mau- 
vais temps il se forme des chancres, surtout dans les terres 
froides et humides. Lorsque cette maladie se déclare, il faut 
gratter au vif et cautériser avec de la chaux en poudre mêlée 
de suie, et lorsqu’elle se manifeste sur les branches il faut les 
couper immédiatement. 

Il arrive quelquefois que les plantes souffrent, languissent 
et jaunissent, torque le temps est pluvieux et humide; si ce 
temps ne continue pas trop, il ne faut pas s’en inquiéter, car 
aussitôt que la température devient douce et sèche, la végé- 
tation se ravive aux influences du soleil. 

Les signes extérieurs auxquels on reconnaît les qualités 


536 JOURNAL 

d’un Melon, quoique assez difficiles à expliquer et à appliquer, 
peuvent cependant se résumer dans les observations ci-après, 
et en les suivant l’amateur risquera moins de se tromper ou 
d’étre trompé. Le point principal dépend donc du moment 
précis de maturité que l’on reconnaît d’abord lorsqu’on 
a un peu d’habitude à une forme bien caractérisée, à une 
odeur suave, à une certaine résistance sous la pression du 
pouce, excepté à l’ombilic. Un Melon ne doit jamais être 
cueilli au moment de le porter sur la table, principalement 
s’il fait chaud, car il perdrait considérablement de sa qua- 
lité : on peut conserver ces fruits dans un endroit frais 
quatre ou cinq jours, six ou sept au plus. 

Les graines de Melons se récoltent sur les pieds les plus 
francs de chaque variété. Les fruits choisis pour porte- 
graines resteront sur la couche le plus longtemps possible, 
c’est-à-dire que lorsqu’on les coupe ils soient immangeables 
par excès de maturité; après les avoir ouverts, on enlève les 
graines que l’on débarrasse des fibres, on les étale dans une 
pièce bien aérée, et on les remue tous les jours jusqu’à ce 
qu’elles soient entièrement sèches, ce qui arrive ordinaire- 
ment quinze ou vingt jours après la récolte; on les enveloppe 
de papier, puis on les place dans un tiroir à graines, dans 
un appartement ou la température change le moins possible. 
Dans un endroit sec privé d’air, elles peuvent se conserver 
pendant un temps presque illimité; elles germent encore au 
bout de 40 ans et plus ; mais la durée ordinaire est de 8 à 
10 ans; enfin l’expérience a démontré que la graine de la 
deuxième, de la troisième et de la quatrième année est pré- 
férable à celle de l’année qui suit la récolte. 

D. V. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


557 


POMME DE TERRE DE CIRCASSIE. 

M. Paillart, dans un rapport lu à la Société impériale 
d horticulture de Paris et inséré dans le numéro de dé- 
cembre 1854 du Bulletin de celte Société, dit que la pomme 
de terre de Circassie offerte à la Société d’horticulture de la 
Seine par MM. Bossin et Louesse, marchands grainiers à 
Paris, donne, d’après l’expérience de culture à laquelle il a 
soumis un tubercule pesant 250 grammes et que la Société 
avait mis à sa disposition en janvier 1854, des produits qui, 
sans être extraordinaires, sont cependant considérables; mais 
que cette espèce n’est pas, plus qu’une autre, à l’abri des 
atteintes de la maladie. Le rendement est d’environ 15 pour 
1. — Le tubercule coupé en deux a produit 45 tubercules 
d un poids total de 5 kilogrammes 750 grammes environ. 

M. Paillart ajoute à sa note que ces morceaux de tuber- 
cule, mis en terre le 21 mars, avaient émis un grand nombre 
de tiges vers la fin de juin, que ces tiges commencèrent à se 
flétrir dès le commencement d’août, et que vers le 20 elles 
étaient mortes; la récolte fut faite le C septembre. Tout cela 
n’aurait rien de particulier; «mais, ajoute M. Paillart, je 
lerai remarquer que cette limite de végétation est devenue le 
terme moyen de la durée des plants de pommes de terre dans 
notre département (Somme), depuis l’invasion de la mala- 
die; elle se prolongeait auparavant jusqu’à la fin du mois de 
septembre. » Il semblerait donc que la végétation soit deve- 
nue plus rapide, et que la sève, trop aclivement mise en 
circulation, n’ait pas le temps nécessaire pour s’assimiler et 
élaborer les éléments nécessaires au développement normal 
de tous ses principes constituants. — L’observation de M. Pail- 
lart intéresse la science; elle peut ouvrir la voie à de nou- 
velles recherches sur les causes de la maladie, peut-être 
même guidera-t-elle l’expérimentateur dans l’application de 
nouveaux moyens de guérison. La profondeur à laquelle on 
plante le tubercule joue nécessairement un grand rôle dans 

N'"H. — JANVIER !8»s, 22 


558 JOURNAL 

la végélation des liges et dans la marche de la maladie; elle 
doit influer également sur les effets causés sur le tubercule 
nourricier par l’introduction plus ou moins facile et directe 
des agents atmosphériques, c’est-à-dire que, plus le tuber- 
cule sera rapproché de la surface du sol, et plus sans doute 
il subira rapidement les influences et les changements atmo- 
sphériques. V Horticulteur provençal annonce, dans son 
numéro de novembre 1854, qu’un cultivateur, qui s’occupe 
beaucoup d’améliorations agricoles et horticoles, lui commu- 
nique le fait suivant. Au nombre de ses essais, pour com- 
battre la maladie des pommes de terre, il en est un qui a par- 
faitement réussi; il est fort simple et peu coûteux. Il consiste 
uniquement à verser sur le tubercule, au moment où on le 
plante, plein le creux de la main de cendre de houille. 

Pour terminer cet article sur la pomme de terre, nous 
signalerons à l’attention des cultivateurs une nouvelle va- 
riété que M. Masson a observée chez M. Guirand d’Eyzines, 
maraicher près Bordeaux, qui s’occupe avec persévérance de 
l’amélioration des pommes de terre hâtives. Cette nouvelle 
variété, dite Guirandine, est jaune, ronde ; la peau en est fine 
et produit plusieurs récoltes dans une année sur le même ter- 
rain. N’oublions pas toutefois que ce terrain appartient à la 
Gironde. 


CULTURE DES VERVEINES EN POTS (i). 

« Les Verveines méritent ajuste titre une place parmi les 
plantes les plus recherchées des fleuristes ; quelques conseils 
sur leur culture en pots seront sans doute reçus avec plaisir 
par les personnes qui ne sont pas initiées à ce mode de trai- 
tement. Il y a peu de plantes en pots plus utiles et plus orne- 
mentales pour garnir les serres froides, lorsque leurs hôtes 
habituels les ont abandonnées pour aller vivre en plein air 
pendant la saison d’été. En considérant son port gracieux, 


(1) Gardnefs Chronicle, août 1854. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 339 

in variété et le brillant des couleurs qui présentent des 
nuances pour tous les goûts, et sur la longue durée de la 
période pendant laquelle elle donne ses aimables fleurs, on 
conviendra que la Verveine est sans rivales et devrait géné- 
ralement être cultivée en pots pour former des spécimens, 
surtout maintenant qu’elle est considérablement améliorée, 
tant pour le coloris que pour la forme. Cette année a produit 
plusieurs variétés de premier mérite, et si les Verveines 
continuent a progresser comme elles le font depuis quelque 
temps, il n est pas douteux qu elles ne deviennent un des 
principaux ornements de nos expositions florales. 

« J ignore si on connaît le moyen que j’emploie pour mul- 
tiplier cette jolie plante; en tout cas, comme il est simple, 
certain et prompt, je ferai bien de commencer par l’indi- 
quer. Je remplis de sable blanc, jusqu’à un pouce du bord, 
des terrines plates, telles que celles placées sous les pots de 
fleurs, et j y verse de l’eau de manière à en couvrir le sable ; 
je fais mes boutures, comme on a l’habitude de les faire, et 
les plante dans ce sable mouillé ; après les avoir étiquetées, 
Je les mets dans une bâche d une chaleur de i8 à 21 degrés 
centigrades (65 à 70° Fahr.)en maintenant l’humidité du 
sable. L avantage de cette méthode est d’être dispensé d’om- 
brer les boutures même pendant la plus grande ardeur du 
soleil, et d’éviter ainsi d’avoir des plantes grêles et allon- 
gées : les boutures ne discontinuent pas de pousser depuis 
le moment où elles sont plantées jusqu’à celui où elles sont 
prêtes à être empotées, ce qui arrive au bout de six ou sept 
jours; alors on les retire du sable mouillé avec une loufFe 
de racines sans endommager la moindre fibre. 

» Le meilleur moment pour commencer la culture des Ver- 
veines en pots est le mois de février. Il sera bien d’en empoter 
quelques-unes des meilleures espèces rabattues en automne 
pour avoir plus tard des fleurs; mais elles ne feront jamais 
d’aussi beaux spécimens et d’une santé aussi robuste que les 
plantes provenant de boutures de printemps. 

» Aussitôt que les boutures sont bien enracinées, il faut les 


UO JOURNAL 

mettre dans des pots de trois pouces et les tenir à une bonne 
chaleur pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’elles soient 
bien établies ; alors il faut les arrêter et les renforcer par 
degrés, ne jamais les laisser longtemps à la chaleur, du 
moment qu’elles commencent à pousser, autrement, elles 
donneront de longues tiges dénudées. Quand les racines ont 
rempli les pots, on en donne d’autres de six pouces, puis on 
passe de ceux-ci à d’autres de onze pouces. Pendant la végé- 
tation il faut pincer tous les bourgeons afin d’avoir des 
plantes touffues, en ne leur permettant de fleurir que lors- 
qu’ils ont acquis une forme parfaite au moyen du nombre 
de branches qui leur sont nécessaires pour atteindre ce 
but. 

J) Le compost dont je me sers pour mes Verveines est formé 
de terre à gazon, terreau de feuilles et terre de bruyère 
tourbeuse mélangés en parties égales, en y ajoutant un peu 
de sable pour le rendre perméable. J’arrose deux fois par 
semaine avec de l’eau de fumier, et de temps en temps je 
seringue les plantes avec de l’eau pure pour nettoyer le feuil- 
lage. Aussitôt que les fleurs commencent à se passer, il faut 
les couper, à moins d’avoir l’intention de conserver des 
graines. Il est à peine utile d’ajouter que tout le secret de 
cette culture réside dans un drainage convenable sans 
lequel, d’ailleurs, il n’y a pas de plante qu’on puisse con- 
server longtemps bien portante. 

» Si les pucerons viennent attaquer vos plantes, faites des 
fumigations de tabac, car si vous leur permettez de les en- 
vahir, vous ne les rétablirez jamais de manière à en obtenir 
quelque chose de satisfaisant. La grise est encore une enne- 
mie qu’il faut surveiller; sitôt qu’on l’aperçoit, on empê- 
chera qu’elle ne fasse grand tort en employant la fleur de 
soufre. » 

Parmi les jolies variétés de Verveines mises dans le com- 
merce en 1855 et 1854, nous citerons particulièrement Vin- 
comparable bleue, F. Lemoine, Madame Richalet; nous 
recommanderons aux amateurs les nouvelles variétés sui- 


D'HORTICULTURE PRATIQUE. Ui 

vantes, mises en vente par M. V. Lemoine, horticulteur à 
Nancy (i) : au prix de 2 fr. 50 cent. la pièce. 

Perle des blancheSy à énormes bouquets de fleurs d’un 
blanc d argent, variété vigoureuse de premier choix. 

Mademoiselle Grosjean (Richalet), grandes fleurs carmi- 
nées, veloutées, teintées de rose sur les bords, centre blanc 
et carmin. 

Monsieur Richalet, fleurs très-grandes formant un gros 
bouquet, de couleur rose lilacé à centre jaunâtre. Cette va- 
riété par la taille de ses fleurs ressemble à une Primevère. 

Combat de VAlma (Richalet), fleurs couleur corail à 
centre cramoisi velouté, de taille moyenne. 

Coquette de Nancy (Richalet), grandes fleurs cerise car- 
miné à reflets violacés et à œil blanc. 

Général Bosquet (Richalet), belle variété à fleurs d’un 
joli bleu tirant sur le violet 5 centre large et de couleur 
blanche. 

Schaniyl (Richalet), fleurs d’un riche ponceau velouté à 
œil blanc, etc. 


DU STAPHYLEA COLCîIiCA. 

L introduction de nouveaux arbrisseaux propres à l’orne- 
mentalion de nos jardins et de nos bosquets d’agrément doit 
toujours être reçue avec empressement, d’autant plus que le 
nombre des espèces vraiment rustiques que l’horticulture 
parvient à obtenir est trés-restreint, lorsqu’on le compare à 
la quantité prodigieuse de plantes nouvelles dont s’enrichis- 
sent plus ou moins heureusement les serres chaudes et 
froides. Aussi croyons-nous rendre service aux amateurs 
en leur recommandant le Staphylea colchica, sur lequel 


(1) Nous rappellerons aux amateurs que M. Lemoine est un semeur 
distingué surtout en Pélargoniums dits de fantaisie, en Verveines et 
en Calcéolaires ligneuses. 


542 


JOURNAL 


M. Jacques a publié il y a quelque temps une note dans la 
Revue horticole. 

Ce nouveau Staphylea est bien supérieur, comme ar- 
brisseau d’ornement, au Staphylea pinnata ou faux Pista- 
chier d’Europe, et au Staphylea trifoliala de la Virginie^ 
espèces que tout le monde connaît. Ses fleurs, d’un blanc pur, 
sont beaucoup plus grandes. Sa taille moyenne paraît devoir 
être entre un et deux mètres, mais il fleurit étant moins 
élevé. Les feuilles, à longs pétioles, sont opposées et compo- 
sées de trois à cinq folioles ovales-aiguës , acuminées, à 
bords garnis de petites dents aiguës, très-glabres sur les 
deux faces. Les fleurs sont disposées en grappes ou thyrses, 
terminant le sommet des branches et des rameaux; les pédi- 
celles communs sont munis de bractées linéaires, longues, 
blanches et étroites; calice à cinq divisions pétaloïdes, allon- 
gées, d’un beau blanc; pétales également blancs, au nombre 
de cinq, à longs onglets rapprochés, de manière à former un 
tube; le limbe est étalé, crépu; les filets des étamines sont 
blancs. 

Cet arbrisseau produit au printemps un bien bel effet 
dans les massifs lorsqu’il se couvre de ses nombreuses fleurs 
blanches. Il se multiplie facilement de marcottes, de bou- 
tures herbacées et au besoin de greffe sur le Staphylea pin- 
nata, On en doit l’introduction à Paris, à M. Pelé, horticulteur. 
Il commence du reste à se répandre. 


DE L’IGNAME-BATATE OD DIOSCOREA BATATAS 

(Decaîsne). 

Cette plante, dont on doit l’introduction à M. de Montigny, 
consul de France à Chang-Hai en Chine, excite vivement l’at- 
tention publique en France. Quelques-uns, croyant y trou- 
ver la succédanée de la pomme de terre, ont vanté ses mé- 
rites outre mesure, tandis que d’autres, découragés par des 
essais peut-être mal faits, ont traité la culture de cette nouvelle 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 515 

plante alimentaire avec un grand dédain et l’ont môme taxée 
d’utopie. La possibilité de cultiver V I gname-Batate sous notre 
climat est suffisamment démontrée par les expériences aux- 
quelles M. le professeur Decaisne s’est livré avec une con- 
stance et une assiduité dignes d’éloge et de respect; mais la 
particularité qu’offre cette plante, c’est d’avoir des rhizomes 
monstrueux remplis de fécule et légèrement laiteux, qui s’en- 
foncent perpendiculairement dans le sol à la profondeur 
d’un mètre et plus suivant la nature du sol. Or, ces féculents 
rhizomes sont précisément les parties mises à profit pour 
l’alimentation, et pour les retirer du sol, le cultivateur 
éprouve des difficultés non pas insurmontables, il n’y en a 
plus de nos jours, mais assez grandes et coûteuses pour 
donner à réfléchir si elles seront en rapport avec les produits 
obtenus. 

Le Dioscorea Batatas n’était point connu des botanistes; 
c’est M. Decaisne qui l’a érigé en espèce distincte. 11 le décrit 
comme étant une plante ayant de grandes ressemblances exté- 
rieures avec notre Tamus commtims. Ses tiges sont annuelles, 
tandis qu’elle est vivace par ses racines ou plutôt par des 
rhizomes, espèces de tiges souterraines qui, au lieu de s’éle- 
ver ou de ramper sous la surface du sol, s’y enfoncent, comme 
nous avons dit, à une grande profondeur perpendiculaire. 
Les tiges véritables acquièrent une longueur de près de deux 
mètres; elles sont rondes, volubiles de droite à gauche, de 
couleur violette, et parsemées de taches blanchâtres; aban- 
données sur le sol, elles s’y enracinent avec une grande faci- 
lité. Les feuilles sont opposées, triangulaires-cordiformes, 
acuminées , d’un vert foncé, à surface lisse et luisante; le 
pétiole a à peu près la moitié de la longueur des feuilles; 
il est fortement canaliculé en dessus et souvent teinté de 
violet. Les fleurs sont dioïques, insignifiantes, disposées en 
petites grappes ressemblant à de petits épis et sortant de 
Faisselle des feuilles. 

Les rhizomes ou racines sont de formes variables; en gé- 
néral, on peut les comparer à des massues grosses comme le 


514 


JOURNAL 


poignet dans leur plus grande épaisseur et s’atténuant vers 
l’extrémité supérieure ; extérieurement, ils sont revêtus d’un 
épiderme brun fauve que percent de nombreuses petites 
racines; sous cet épiderme ou peau se trouve un parenchyme 
blanchâtre féculent et accompagné d’un liquide blanc et 
mucilagineux; par la cuisson, ce tissu s’attendrit et s’assèche 
comme celui de la pomme de terre, et il serait alors difficile 
de distinguer l’igname de la pomme de terre. La longueur 
du rhizome varie entre 50 centimètres et 1 mètre et davan- 
tage; le poids moyen varie entre 500 et 400 grammes; quel- 
ques rhizomes pèsent un kilogramme. 

On plante V Igname- B atate à peu près comme les pommes 
de terre, c’est-à-dire lorsqu’il n’y a plus de gelées à craindre, et 
par tronçons ou morceaux de tubercule ; on les espace à 25 cen- 
timètres (cette distance n’estpasencore fixée) dans tous les sens; 
bientôt les longues liges sarmenteuses se développent avec 
rapidité, fleurissent au commencement du mois d’août; la végé- 
tation s’arrête ensuite insensiblement ; les tiges jaunissent vers 
la mi-septembre, et annoncent par là la maturité prochaine 
des tubercules. M. Decaisne a caîculé, d’après les diverses 
expériences qu’il a faites en 1854, que l’on peut planter de 
16 à 25 pieds d’igname par mètre carré. En prenant la 
moyenne de 20 pieds produisant chacun 500 grammes de 
tubercules, on récolterait 6 kilogrammes par mètre carré, 
soit 60,000 kilogrammes par hectare, c’est-à-dire un rende- 
ment double que celui de la pomme de terre. Observons que 
ces calculs devront être modifiés lorsqu’il s’agira de grande 
culture, mais il est probable que la production sera bien 
supérieure à celle de la pomme de terre. Les terres légères 
conviendront particulièrement à cette culture. Un avantage 
que signale M. Decaisne (1), c’est la facilité avec laquelle les 
tubercules d’igname se cuisent; ils exigent moitié moins de 


(1) Revue horticole, numéros tFaoût et de décembre 1854. — Deux 
articles très-intéressants que nous voudrions pouvoir reproduire en 
entier; ce que le défaut d’espace nous empêche de faire. 


545 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

temps que la pomme de terre, point important pour nos 
ménagères. Enfin l’igname se conserve parfaitement d’une 
année à l’autre; ni le froid, ni la chaleur ne l’altèrent. Aban- 
donnée en pleine terre, elle brave nos hivers; c’est donc une 
plante rustique. Nous engageons les horticulteurs à propager 
cette plante; nul ne peut encore prévoir quel avenir est ré- 
servé à ce nouveau tubercule. 


IJomotogtf. 

QUELQUES FRUITS POUR LE VERGER. 

L’étude pomologique est en pleine voie de progrès ; les 
hommes qui s’occupent de l’amélioration des arbres fruitiers 
se rapprochent; la lumière se fait jour, et bientôt une no- 
menclature uniforme fondée sur une synonymie soigneuse- 
ment éclaircie, permettra à tout le monde de se comprendre 
et de savoir ce qu’il veut acheter pour planter dans son jar- 
din fruitier, dans son verger. Le sacrifice de ces milliers 
d’arbres dont les fruits, que la spéculation verse chaque 
année dans les rues de nos villes, sont aussi malsains que 
désagréables au goût, sera peut-être alors agréé par nos cul- 
tivateurs, quand ils sauront à quoi s’en tenir sur la valeur 
de tel ou tel fruit; ils savent fort bien, eux, que le bon se vend 
plus cher et toujours plus sûrement que le mauvais; ils 
savent bien aussi que l’exportation ne demande pas mieux 
que de leur tendre la main pour utiliser des produits méri- 
tants; mais peuvent-ils, ces braves cultivateurs, jeter à l’aven- 
ture ce qu’ils ont pour le remplacer par des fruits incertains, 
qu’ici on nomme de telle manière, là de telle autre; sur les- 
quels ils n’ont que des renseignements vagues ou fautifs? 
Non, certes, ce n’est pas à eux que nous adressons ces 
lignes, elles sont encore trop vertes, mais bien aux amateurs 


546 


JOURNAL 

cultivateurs, aux petits propriétaires jaloux de posséder du 
bon; c’est d’eux que nous attendons la diffusion des saines 
doctrines de la pomologie, tant pour ce qui regarde la taille 
et la culture que pour le choix et la nomenclature des varié- 
tés à introduire dans leur canton. C’est en jetant un coup 
d’œil sur une planche de la poire Joséphine de Malines, 
figurée dans les Annales de pomologie (livraisons 4 à 5 de 
18 d 4), que nous avons réfléchi à l’amélioration immense qui 
se préparait peu à peu par l’action combinée de l’exemple 
donné par des amateurs, et de la connaissance plus appro- 
fondie des arbres fruitiers; et cet avenir ne serait pas éloigné 
si chacun, comprenant le but de la Société Van Mons et de 
la commission royale de pomologie, s’associait à leur œuvre 
de réforme en propageant leurs doctrines et la connais- 
sance des bons fruits dans les campagnes (4). 

Examinons maintenant quelques fruits décrits dans les 
Annales de pomologie et dont nous voudrions voir répandre 
la culture dans les jardins et surtout dans les vergers. Nous 
n’indiquerons, bien entendu, que les fruits qui ont fait leurs 
preuves sous notre climat. Nous réservons la description des 
nouvelles variétés pour un autre sujet d’article. 

Poire Charles Fréderix (Van Mons). Elle est décrite dans 
les Annales de pomologie, livraison, par M. Bivort. Cette 
poire a pris naissance en 4840 dans la pépinière de feu Van 
Mons, à Louvain ; elle est de taille moyenne et mûrit dans 
les premiers jours d’octobre; la chair en est blanche, fine, 

(1) Nous rappellerons à nos lecteurs pomologues que la Société YaiV 
Mons possède une vaste pépinière, renfermant une grande quantité de 
poiriers des semis de Van Mons; qu’elle distribue chaque année aux 
sociétaires des rameaux pour greffer de toutes les bonnes variétés et 
dont la commission a vérifié l’idenlilé; et que toute personne peut être 
admise à faire partie de la Société, moyennant une rétributiou annuelle 
de dix francs. M. E. Parent fils, Montagne de Sion, 17, à Bruxelles, 
est le secrétaire de la Société. 

La commission royale de pomologie publie des Amiales de pomolo- 
gie par livraison de 4 planches coloriées, in-4«, faisant par an un vo- 
lume de 48 planches au prix de 24 francs (port en sus pour l’étranger). 


5-47 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

fondante; l’eaii en est abondante, vineuse, sucrée et agréa- 
blement parfumée. 

L’arbre est vigoureux et fertile, propre à la pyramide et 
au haut-vent. Les fruits sont lisses, vert clair et jaunissent 
fortement à la maturité. 

Poire Joséphine de Malines (Esperen). Une des meilleures 
poires connues jusqu’à ce jour. M. Royer, en décrivant celte 
bonne variété dans les Annales, dit avec raison que la végé- 
tation de la Joséphine présente beaucoup d’analogie avec la 
Passe-Colmar, c’est-à-dire que comme celle-ci elle noue et 
maintient son fruit avec facilité et abondance; elle requiert 
aussi l’espalier au levant et au couchant pour donner de bons 
résultats; elle se conduit assez bien en pyramide, soit sur 
franc, soit sur coignassier. Cette variété ne sera pas utile 
pour le verger, mais nous la recommandons particulièrement 
pour garnir les murs des grandes fermes. 

Le fruit est de grosseur moyenne, d’une forme très-recon- 
naissable, turbiné, à sommet très-large et aplati; la peau est 
lisse, luisante, verte, prenant une teinte jaune-citron à la 
maturité; chair rosée, fine, fondante, beurrée; eau très- 
abondante, sucrée, d’un parfum délicieux, exhalant une 
odeur qui tient de la rose et de la jacinthe. 

Ajoutons que celte précieuse poire mûrit de janvier en 
avril, et qu’il est peu de fruits qui se maintiennent mieux au 
fruitier, et l’on sera d’accord avec nous que les mérites d’une 
telle poire sont assez grands pour nous engager à provoquer 
l’attention des amateurs sur Tintroduction de la Joséphine 
de Malines dans la culture générale. Ajoutons aussi que la 
couleur rose de la chair, l’odeur suave et toute particulière 
de cette poire, la feront rechercher pour le marché et pour 
l’étranger; elle n’est pas du reste nouvelle, car sa première 
production date de 1850; un quart de siècle a consacré son 
mérite, et, chose étonnante, elle est encore peu répandue. 

Poire fondante de Cuerne (Reynaerl-Beernaert). Trouvée 
cultivée dans les environs de Courtrai par M. Reynaert-Beer- 
naert, cette variété, nommée à Cuerne Zo/) peer et Wynpeer 


34^8 JOURNAL 

(Poire de jus, Poire de vin), est fort belle et possède les qua- 
lités de la Poire ananas, également originaire des environs 
de Courtrai. Elle mûrit dans la première quinzaine de sep- 
tembre. Entre-cueillie, on en jouit assez longtemps. 

L’arbre est vigoureux, lériile, prospère bien en haut-vent 
et se recommande par conséquent pour le verger. Le fruit est 
plutôt gros que moyen, à épiderme lisse, à pédoncule gros ; 
la chair est blanche, line, fondante et beurrée; son eau est 
abondante, sucrée, vineuse et d’un parfum agréable. 

Poire Ananas de Courtrai. Excellente poire, cultivée à 
Courtrai de}>uis environ un siècle et qui serait peut-être 
encore inconnue sans les soins de M. Reynaert-Beernaert qui 
la fit apprécier récemment par la commission royale de po- 
mologie. M. Bivort ajoute l’épithète de Courtrai au nom 
à'Ananas pour la distinguer d’une autre poire Ananas. Le 
fruit est beau, turbiné et lisse lorsqu’il est cultivé en plein 
vent, bosselé et de forme ovoïde lorsqu’il est produit en espa- 
lier; sa chair est blanche, fine, fondante, beurrée; son eau 
est sucrée, agréablement parfumée sans être musquée. Il 
mûrit vers la fin d août ou au commencement de septembre. 
A Courtrai on se sert d’un très-bon moyen pour en jouir plus 
tôt et plus longtemps, moyen que nous engageons (avec 
M. Bivort) nos lecteurs à mettre en pratique; les cultivateurs 
surtout y trouveront profit pour le marché. On comnaence à 
cueillir, dés les premiers jours d’août, les fruits les plus 
gros; on les place au fruitier ou sur la tablette de marbre 
d un appartement, et au bout de sept à huit jours, ils ont 
acquis leur parfaite maturité, ce que l’on reconnaît à la cou- 
leur jaune-citron légèrement panaché de rouge-brun de 
l’épiderme. En renouvelant ainsi la cueillelté de huit en huit 
jours, on parvient à consommer cette variété pendant un 
mois, c’est-à-dire du 13 août au 13 septembre. Ce procédé 
donne, de plus, 1 avantage de récolter tous beaux fruits, car 
I arbre étant dépouillé de ses plus gros exemplaires dès les 
premières cueillettes, la sève se reporte dans les fruits res- 
tants et les rend en peu de temps aussi beaux que les pre- 


D’HORTICÜLTCRE PRATIQUE. 549 

iiiiers cueillis. Nous pensons, ajoute M. Bivort, que cette 
méthode très-rationnelle pourrait s’appliquer à d’autres 
fruits d’automne qu’à V Ananas de Courtrai. 

L’arbre est assez vigoureux et très-fertile; il est propre à la 
pyramide, à l’espalier et au haut-vent pour le verger. On ren- 
contre fréquemment à Courtrai des arbres dont la circonfé- 
rence atteint plus d’un mètre, ce qui démontre que cette 
bonne poire est cultivée depuis longtemps. Il n’a manqué 
pour lui établir la réputation qu’elle mérite que la publicité 
d’un journal s’occupant de la matière. Nul doute qu’elle ne 
ligure bientôt dans tout jardin soigné pour se répandre dans 
les vergers. 

Poire Beurré de Quenast. Encore une nouvelle poire que 
l’horticulture devra à l’initiative de la commission royale de 
pomologie et surtout de M. Reynaert-Beernaert qui l’a sou- 
mise l’année dernière à rappréciation de ses honorables col- 
lègues de la commission. Cette bonne poire était cultivée dans 
un petit village à quelques kilomètres de Bruxelles , et elle 
serait sans doute encore ignorée si M. le baron Daminet, 
dont le château avoisine Quenast, n’en avait pas envoyé des 
exemplaires à M. le chevalier de Béthune, bourgmestre de 
Courtrai, qui la fît connaître à M. Reynaert-Beernaert. 

Le Beurré de Quenast est un arbre vigoureux et fertile, 
propre au haut-vent et au verger; ses fruits sont gros, ovale- 
turbinés, à épiderme lisse, luisant, vert herbacé, ne jaunis- 
sant que très-peu à l’époque de la maturité; celle-ci a lieu 
dans les premiers jours d’octobre; la chair est blanche, fine, 
fondante; eau sucrée, d’un parfum très-agréable, abon- 
dante. 

[La suite à un procham numéro.) 




550 


JOURNAL 


BIBLIOGRAPHIE. 


DU FUCHSIA. 

Observolioiis générales snr les progrès obleinis depuis 1844 par la 
voie du semis, dans Tamélioralion des variélés; résumé du mode de 
culture, suivi d un troisième supplémenta la monographie, conle- 

nant la description des variétés parues dans les années 1852, 1853 et 
1854. 

^ Sous ce titre M. Porcher, président à la cour impériale 
d Orléans, vient de faire paraître un opuscule de 52 pages 
in-8% faisant la suile et le complément du Traité sur le 
Fuchsia, publié en 1844 par M. Audot, libraire-éditeur, rue 
Larrey, 8, à Paris. Cet opuscule sera consulté avec beau- 
coup de fruit par les amateurs du genre Fuchsia^ il est écrit 
par un amateur collecteur émérite, consciencieux, instruit, 
étudiant ce genre avec une prédilection toute particulière 
et vérifiant par lui-même, depuis nombre d’années, toutes 
les variétés annoncées par les horticulteurs; M. Porcher est 
donc une autorité dont le jugement est presque sans appel; 
sa brochure servira de guide aux personnes qui collection- 
nent, non pas seulement des plantes affublées de beaux 
noms eî parce que ces noms sont nouveaux, mais encore des 
plantes dont peu importe la date de naissance, qui réunis- 
sent toutes les conditions esthétiques de beauté, c’est-à-dire 
une belle forme alliée à des couleurs s’harmonisant bien en- 
semble. Nous saisirons cette occasion pour faire connaître 
nos idées sur la beauté d’un Fuchsia, Pour qu’une fleur de 
Fuchsia hybride soit parfaite, il faut, selon nous, d’abord 
que le pédoncule soit assez long pour que la fleur soit pen- 
dante et bien libre, un pédoncule trop épais et court commu- 
nique à la fleur un air de raideur qui n’est pas naturel à ce 
genre, dont les corolles doivent pour ainsi dire se balancer 
avec élégance et légèreté dans les airs, ensuite le tube doit 
être cylindrique, plus long que large, dans la proportion de 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. SSl 

trois à un; trop long, serait disgracieux, car cet excès ne 
saurait être compensé même par des lobes fortement déve- 
loppés; la fleur paraîtrait toujours maigre et étriquée; le 
tube doit s’évaser graduellement vers la naissance des lobes 
calicinaux et présenter depuis l’ovaire jusqu’au commence- 
ment des lobes une ligne courbe régulière, s’arrondissant 
près de l’ovaire et à la base des lobes; point d’angles, de sail- 
lies, de renflements ou d’étranglements; point d’appendices, 
la simplicité dans la courbure symétrique des lignes de profil 
constitue seule la beauté de ces fleurs, comme de toutes celles 
à tubes, les Jacinthes par exemple ; les lobes ou divisions 
doivent être larges et étoffés, se relever gracieusement en 
dessus; et à cet eflet, leur longueur doit être assez grande 
pour que l’arc de la courbure équivale à peu près à une 
demi-circonférence, de telle sorte que le lobe ne se replie 
pas brusquement contre le tube, ni ne se termine soudain en 
une pointe courte et disgracieuse. — Les pétales doivent être 
larges et réguliers, s’évasant en coupe comme dans le Fuchsia 
Alfred (Salter), restant rapprochés ils se plissent et font 
mauvais effet; leur longueur devrait égaler à peu près la 
moitié des divisions du tube. Les couleurs doivent être vives, 
pures et tranchées; on lie saurait admettre des teintes ana- 
logues pour la corolle et le tube calicinal. 

On peut citer parmi les variétés connues de Fuchsia^ 
comme portant des fleurs parfaites : England Glory, de 
Harrisson (18fi3); Duchesse de Lancaster , de Henderson 
(1833); Alfred Salter (1831); Empress, de Bank (1833); 
Orion, de Smith (1849), Clapton Hero, de Batlew (1831); 
Prince Arthur^ de Nichol (1831); Diadème de Flore 
(1831); Tom, de Miellez (1833); Lady Franklin^ de 
Smith (1833); les Fuchsia plus anciennement connus, tels 
que Beauty of Leeds, revenu comme nouveauté, dit M. Por- 
cher, sous le nom de^s you like it; Elizabeth j One in the 
ring, Docteur Grosse, Hébé ou Alba reflexa. Don Juan, 
Conciliation, Perle de L Angleterre, etc., sont également d’un 
haut mérite de forme et de couleur; les Fuchsia Président 


532 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

Porcher y Général Changarnier, Comte de Beaulieu, etc., se 
recommandent surtout jjar la grandeur et le coloris de leurs 
fleurs, et resteront toujours sur le premier rang parmi le 
nombre immense de variétés que le commerce nous a four- 
nies depuis 10 ou 15 ans; nombre que M. Porcher porte à 
environ 850, et auquel il faudra ajouter 25 ou 50 nouveautés 
annoncées pour le printemps, que nous indiquerons dans 
notre prochain numéro en revenant sur [’ouvrage de M . Por- 
cher. 


AVIS. 

La Société royale de Flore de Bruxelles accordera au pre- 
mier prix du troisième concours de son programme de l’ex- 
position du 25 mars 1855 (au plus bel envoi d’au moins 
quinze plantes fleuries ou non fleuries, remarquables par 
leur choix, leur développement, leur beauté et leur belle 
culture), une médaille de vermeil et une prime de 80 francs. 
Le second prix consistera en une médaille d’argent et en une 
prime de 40 francs. 

Les membres de la société ont seuls le droit de concourir 
et de prendre part à la tombola de plantes nouvelles et fleu- 
ries achetées à cet effet par le conseil d’administration. — La 
rétribution annuelle est actuellement de 5 francs pour les 
nouveaux membres. 




JOURNAL 


D’HORTIClllTlIRE PRATipi. 


PLANTE FIGURÉE DANS CE NUMÉRO. 


GENTIANA FORTÜIVEL (W. Hooker.) 

Le botaniste allemand Grisebach énumère et décrit dans le 
prodrome de de Candolle (tome IX ), 155 espèces de Gentia- 
nes, et bien que toutes ces espèces soient généralement belles 
et intéressantes pour le botaniste comme pour rhorticulteur, 
aucune ne surpasse en beauté respèce que sir W. Hooker 
décrit dans le Botanical Magazine, planche 4776, et dont 
nous offrons une image à nos lecteurs. Le nom de baptême 
de cette nouvelle Gentiane indique suffisamment qu’elle fait 
partie des brillantes découvertes dont rhorticulture est re- 
devable à M. Fortune pendant ses explorations florales en 
Chine ; c’est en effet à cet heureux voyageur que nous devons 
l’introduction de cette Gentiane et à MM. Standish et Noble, 
horticulteurs à Bagshot, qui ont eu le talent de la propager. 

La Gentiana Fortunei appartient au sous-genre Pneumo- 
nanthe et se rapproche surtout de la Gentiana Pneumonan- 
the, espèce commune dans nos prairies humides, et de la 
Gentiana septemfida, \anété macnlata , originaire du Cau- 
case et de la Sibérie. Elle se distingue de ces deux espèces 
par une taille plus élevée, par une croissance plus robuste, 
par des feuilles plus éloignées les unes des autres, et par des 
fleurs plus grandes; mais outre ces différences, frappantes 

12. FÉVRIER 18oS. 25 


JOURNAL 

a la première vue, elle présente une particularité qui la dis- 
tingue encore plus efficacement : ce sont les cinq plis sur- 
montés de trois dents irrégulières et émoussées que l’on re- 
marque entre les lobes de la corolle; ils dépassent à peine 
le commencement de l’ouverture du tube, tandis que ces plis 
sont grands et proéminents dans la Gentiana septemfida, et 
garnis de longs cils formant en quelque sorte une frange au- 
tour de l’orifice de la fleur. M. W. Hooker décrit la Gen- 
tiana Fortunei de la manière suivante : Du collet de la 
racine sortent deux ou trois tiges dressées, glabres, cylin- 
driques, simples. Feuilles opposées, et par paires assez éloi- 
gnées les unes des autres; les inférieures petites et ovées, 
les autres longues d’un pouce et demi à deux pouces, lan- 
céolées, glabres, à trois nervures; bords scabres, à base atté- 
nuée et s unissant à celle de la feuille opposée. Fleurs axil- 
laires, solitaires, sessiles ; les dernières agglomérées par suite 
du rapprochement des paires de feuilles, grandes, sessiles, 
très-belles et généralement accompagnées de deux petites 
ieuilles a la base. Calice a tube campanulé; les cinq segments 
du limbe sont linéaires et recourbés en dehors. Corolle in- 
lundibulilorme, un peu ventrue; limbe à cinq lobes étalés, 
d’un bleu plus ou moins intense ainsi que l’intérieur du tube 
et orné de petites macules blanches. Les plis ou écailles de 
la corolle sont courts, dépassant à peine la base du sinus des 
lobes, à trois dents inégales. Étamines au nombre de cinq, 
incluses. 

La Gentiana Fortunei ei fleuri en décembre 1855 pour la 
première fois; est-il certain que cette floraison tardive soit 
normale? SU en était ainsi, on devra tenir cette plante en 
serre froide. M. W. Hooker dit qu’il ne doute nullement 
quelle ne puisse être cultivée en plein air comme les espèces 
européennes, c’est-à-dire à l’ombre et en terre de bois ou de 
bruyère humide ou peut-être à mi-ombre, et en sol moitié ar- 
gileux, moitié de terre de bruyère. 

Puisque nous sommes sur le chapitre Gentiane, nous sai- 
sirons l’occasion de recommander aux amateurs la culture de 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 555 

a Gentianabamricaj de Linné (Gentiaua serpyllifolia, La- 
marck), charmante espèce des régions montagneuses de l’Eu- 
rope centrale, et que l’on retrouve même en Italie, dans le 
royaume de Naples et en Espagne; sa taille naine, son feuiU 
lage net, compacte et d’un vert gai, et sa croissance en toufle 
basse la rendent très-propre pour décorer de petits massifs 
rocailleux; elle se plaît surtout dans une terre forte. Elle 
produit en abondance des fleurs d’un bleu azur foncé, dont 
aucun pinceau ne saurait rendre la vivacité. La Gentiana 
havarica se trouve dans beaucoup d’établissements horti- 
coles, au prix de un franc par exemplaire. 

Les Gentianes abondent dans les régions montagneuses, 
alpines, tempérées et froides de l’Europe, de la Sibérie, de 
l’Amérique septentrionale, de l’IIimalaya; elles sont rares 
dans les Andes du Chili, du Pérou, de la Patagonie, et dans 
les Cordillères mexicaines et de l’Amérique centrale; on les 
rencontre en petite quantité à la Nouvelle-Zélande, dans la 
Terre de Van-Diemen et dans la Péninsule indienne ; elles 
semblent étrangères à l’Afrique et à la Nouvelle-Hollande. 
Partout elles aflectent des mœurs à peu près identiques et 
témoignent une grande répugnance à respirer l’air des villes. 


Calcnîïi'tcr l)orttcolc. 


MOIS DE MARS. 

Nous ne ferons que rappeler ici quelques soins particuliers 
à donner à certaines plantes; nous renvoyons aux diverses 
revues mensuelles que nous avons publiées en 1852 et 1853 
pour un examen plus approfondi des diverses opérations 
horticoles sur lesquelles le cultivateur doit porter son atten- 
tion pendant le mois de mars. 

On sème sur couche (si on ne l’avait pu faire en février 


356 


JOURNAL 

comme nous l’avions recommandé dans noire dernier nu- 
méro ) , des Celosia ou Crêtes-de-coq , des Balsamines , des 
Thunbergies, des Cinéraires et des Passe-roses de Chine (Al- 
thœa sinensis ), en activant et soignant ces dernières plantes 
on obtiendra une belle floraison dans rannée. C’est le meil- 
leur moment pour semer les graines de plantes de serre 
froide, les Fuchsias, les Dahlias, etc. 

On rempote les Amaryllis, Gesneria , Achimems, et en 
général les plantes bulbeuses, tubéreuses et rhizomateuses, 
telles que Caladium, Amorphophallus, Bégonia, etc,, en ne 
les arrosant que peu à peu et avec grande parcimonie; si la 
serre ou la bâche à forcer n’était pas assez chaude et la sai- 
son encore trop froide, il vaudrait mieux attendre jusqu’en 
avril. On comprend que nos recommandations doivent subir 
des modifications selon le degré de chaleur que ramateur 
peut accorder à sa serre; nous les formulons avec la suppo- 
sition que le cultivateur possède un emplacement plus ou 
moins grand, qu’il peut chauffer, soit par des tuyaux de fu- 
mée, soit par le thermosiphon, jusqu’à 18 et 20 degrés cen- 
tigrades, et une couche de tannée , de sciure de bois ou de 
fumier neuf, marquant de 14 à 20 degrés centigrades. Il se- 
rait donc imprudent de mettre maintenant les espèces déli- 
cates de plantes bulbeuses ou tubéreuses dans une serre ou 
dans une couche d’une température inférieure à 12 degrés 
centigrades. Plus tard, alors que. la plante tend à sortir 
d’elle-même de sa léthargie, cette température élevée n’est 
plus nécessaire. 

On accorde autant d’air que possible aux Pélargoniums, 
tout en ayant soin de fermer la serre longtemps avant le 
coucher du soleil ; on arrête les jets des exemplaires qui doi- 
vent fleurir en juin, afin de favoriser l’émission de pousses 
latérales. On les bassinera complètement deux fois par se- 
maine après la fermeture ci-dessus indiquée. 

On arrose une fois par semaine les Auricules et les Po- 
lyanthes avec de l’engrais liquide; le plus favorable paraît 
être celui de crottins de mouton recueillis quelques semai- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 557 

nés d avance, et qu’on détrempe ensuite dans un baquet ou 
tonneau plein d’eau de pluie. Le vieux fumier de vache est 
également d un emploi très-avantageux. 

Si I on n avait pas planté d’Anémones ou de Renoncules, il 
faudrait se mettre à l’œuvre immédiatement; à défaut de lit 
préparé d’avance pour celte culture, on bêcherait le sol à la 
profondeur de 40 à 45 centimètres , en donnant une bonne 
fumure de 8 à 10 centimètres d’épaisseur de fumier de 
vache, on recouvre avec une couche de terre de jardin mêlée 
à de la terre provenant d’une prairie grasse. 

Préparez le compost suivant pour rempoter vos OEillets 
vers la fin du mois ; trois brouettées de fumier de cheval bien 
consommé, deux brouettées de terre franche et fraîche 
(terie jaune, terre à blé), et une demi-brouettée de gros 
sable ; celui de rivière est le meilleur (il faudrait laver à plu- 
sieurs eaux le sable qui contiendrait du calcaire comme celui 
des environs de Bruxelles); on mêle le tout ensemble avec la 
pelle, en cassant les mottes; mais on ne doit pas tamiser. 

On dispose sur les lits de Pensées, et sur les plantes 
mêmes une couche de bon terreau, et on les abrite des vents 
froids et coupants de mars et d’avril au moyen de branches 
de Sapin que l’on fiche en terre. Ce même soin peut s’éten- 
dre a toutes les couches qui ne sont pas protégées par des 
panneaux. 

On faille les Rosiers. C’est le moment de pratiquer la 
multiplication par couchage. On sème les plantes annuelles 
robustes; nous indiquerons dans notre prochain numéro les 
espèces nouvelles de plantes de jardin dont on peut se pro- 
curer les graines (1). 


(1) Nous avons indiqué l’année passée le Lin à grandes fleurs rouges 
comme une plante de premier mérite ; elle l’est en effet, mais il paraît 
que les graines récoltées en 1853 n’étaient pas bien mûres, car elles 
n’ont réussi que chez fort peu de personnes, et pour notre part nous 
avons été désappointés au plus haut degré, malgré notre précaution 
de semer à différentes reprises et de différentes manières. Puissions- 
nous être tous plus heureux cette année î 


558 


JOURNAL 


jÇorttf ulturc itrungcre. 


PLANTES NOUVELLES ET RARES. 

SERRE CHAUDE. 

warrca discoior (Lindley), figuré daus le Bot, Mag., pl . 4850. 

— Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. 

Cette Orchidée est originaire de l’Amérique centrale, d’où 
elle a été rapportée en Angleterre par M. Warszewilz, ac- 
tuellement inspecteur du Jardin botanique de Cracovie. Elle 
est fort jolie et se rapproche de la Warrea quadrata, dont 
elle se distingue de prime abord par ses feuilles beaucoup 
plus étroites et par la couleur pourpre-violacé de son labelle. 
La RTarrea discolor n’est point pourvue de pseudobulbes 
distincts. Les feuilles, longues de io à 20 centimètres au 
plus, sont érigées, submembraneuses, étroites, lancéolées, 
striées, atténuées vers leur extrémité inférieure, qui s’arti- 
cule avec une base persistante naissant du sommet des ra- 
cines; ces bases, au nombre de 4 à 6, sont équitantes et 
comme imbriquées. Les scapes naissent également des ra- 
cines et de l’aisselle d’une des courtes feuilles extérieures ; 
ils sont plus courts que les feuilles, arrondis, et garnis de 
bractées éloignées les unes des autres, alternes, engainantes, 
membraneuses et de couleur brune. Les fleurs sont grandes, 
penchées, à sépales étalés, lancéolés et blancs, à pétales ovés, 
plus courts et plus larges que les sépales, obtus, d’un blanc 
relevé d’une faible teinte de pourpre. Labelle grand, obové 
dans son contour général, blanc à disque d’un violet foncé, 
pâlissant peu à peu jusqu’à se fondre dans la couleur blanche 
du bord du labelle; les lobes latéraux, d’un beau violet à 
l’extérieur, sont recourbés en dedans mais sans cependant 
se toucher; le lobe intermédiaire ou central est presque 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 559 

orbiculaire; l’appendice ou crête très-remarquable des War- 
rea, situé à la base du labelle , est grand, charnu, jau- 
nâtre ou presque blanc, â surface marquée de nombreux sil- 
lons se terminant en segmenis subulés, imitant des doigts ou 
une bordure frangée. Colonne courte, blanche. Quatre masses 
polléniques. 

Culture des Huntleya et autres Orchidées dépourvues de 
pseudobulbes, croissant néanmoins sur des arbres et sur 
des rochers moussus, et non en terre, comme les Cypripe- 
dium, les Distty etc. Les Warrea ne doivent pas plus que les 
Huntleya être enterrées profondément dans un sol hu- 
mide ou trop peu accessible aux influences atmosphériques ; 
il leur faut une terre de bruyère fibreuse, légère, poreuse, 
mélangée de tessons, de morceaux de charbon de bois, pour 
rendre cette terre aussi perméable que possible. Près du 
collet de la racine, là où s’élève la toufife de feuilles et les 
scapes, on disposera avec succès un mince lit de mousse fine 
ou de sphagnum haché et mélé de sable blanc. Cette couche 
entretiendra une fraîcheur salutaire aux racines sans que 
l’on ait besoin de recourir à des arrosements, dont la fré- 
quence fatigue les Orchidées quand elle ne les tue pas. Celte 
mousse empêche que les spongioles ou rexlrémilé des racines 
ne soient trop brusquement mises en contact avec les liqui- 
des. Ses fonctions donc semblent être de tamiser l’eau, de 
la distiller en gouttelettes bienfaisantes et de la présenter 
ainsi en breuvage nourrissant aux spongioles. Cette méthode 
de disposer des couches de sphagnum sur la surface bombée 
du mélange dans lequel on place les Orchidées, a quelque 
analogie avec le système de la vaporisation de l’eau dans les 
serres où l’on cultive spécialement ces bizarres plantes. Dans 
les deux moyens, on cherche à donner une certaine somme 
d’humidité, de moiteur, calculée suivant le degré de tempé- 
rature et selon les besoins des plantes, et non à rafraîchir 
par des arrosements directs des racines et des pseudobulbes 
qui semblent redouter le contact immédiat de l’eau pluviale, 
même dans leur patrie. 


560 


JOURNAL 


Acineia Barkerî (Lindley), var. Auvantiaca) figuré dans 

Vlllustration horticole, tome II, pl. 44. — Syn. :Peristeria 

Barkerî (Batem). — Famille des Orchidées. — Gynandrie 

Monandrie. 

M. Lemaire, en parlant de cette variété, fait avec raison 
remarquer les différences assez grandes que présentent les 
descriptions des botanisles qui ont examiné VAcineta Bar- 
keri, et qui feraient supposer que sous ce même nom 
plusieurs espèces ou variétés ont été confondues. Cette 
question est assez difficile à trancher; car chaque auteur, en- 
visageant certaines parties de la fleur sous un point de vue 
différent, appuie dans sa diagnose sur une partie qui lui 
semble devoir le mieux caractériser la plante qifil étudie, et 
néglige tel autre point qu’un second botaniste prendra peut- 
être pour base de l’étude descriptive de cette même fleur. Il 
s’ensuivra que dans de courtes diagnoses ( comme celles de de 
Candoile et de Lindley par exemple), on peut ou trouver dif- 
férentes plantes sous un même nom, ou trouver une même 
plante sous différents noms. Ce dernier cas, hâtons-nous de 
le dire, est malheureusement infiniment plus fréquent que 
le premier. Nous ne déciderons donc pas plus que M. Le- 
maire la question de savoir si les différentes descriptions de' 
VAcineta Barkeri, formulées par MM. de Candoile, W. Hoo- 
ker et Lindley, s’appliquent à une même espèce ou à des 
plantes différentes, mais nous dirons que VAcineta, figuré 
dans le recueil de M. A. Verschaffelt, est fort distingué par 
la couleur orangée, piquetée de nombreux points plus foncés, 
de ses fleurs presque globuleuses, charnues et pendantes, 
comme celles de \Acineta Barkeri, M. Lemaire serait dis- 
posé à en faire une espèce distincte sous le nom àVAcineta 
sqnamidifera, en allusion aux nombreuses petites squammes 
ou squammulines qui couvrent les scapes, les ovaires et 
même les divisions externes du périanthe. 

VAcineta Barkeri, à fleurs orangées, est originaire des 
régions chaudes du Mexique, d’où cette Orchidée a été intro- 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 561 

diiite dans l’établissement de M. A. Verscliaffelt par les frères 
Tonel, horticulteurs à Mexico. Les Acmeta, émettant de la 
base de leurs gros pseudobulbes des hampes florales pen- 
dantes et multiflores, se cultivent comme les Stanhopea, en 
corbeilles suspendues. 

Gcononm corsillifera (SiR W. HoOKER), figuré dans le^Ota- 

nical Magazine, pl. 4851. — Famille des Palmiers. — - 

Diœcie ou Monœcie Monadelpbie. 

Le genre Geonoma comprend une trentaine de fort jolies 
espèces presque toutes originaires des forêts tropicales de 
l’Amérique méridionale. Ces Palmiers s’élèvent peu, leur 
stipe ou caudex, analogue à celui des Chamœdorea, avec les- 
quels il est facile de les confondre, est mince, dressé et mar- 
qué par des anneaux plus ou moins rapprochés. Le feuillage 
est plus ample, moins divisé, plus fourni que dans les Cha- 
mœdorea, et par conséquent plus élégant. Le spadice ou sup- 
port général des fleurs est d’abord herbacé, vert, puis devient 
rougeâtre à l’époque de la maturité. Ces charmantes minia- 
tures de Palmiers sont faciles à cultiver. La température et 
l’atmosphère d’une serre à Orchidées leur est particulière- 
ment favorable. 

Le Geonoma cor alli fer a ow Palmier porte- cor ail provient 
des serres du Jardin-des-Plantes de Paris; on n’en connaît 
point la patrie. L’exemplaire sur lequel sir \V. Hooker a for- 
mulé sa description, a environ cinq pieds de hauteur totale 
(y compris les feuilles). Les feuilles sont au nombre de dO 
ou 12, terminales et longues de deux pieds, pétioles com- 
pris; la moitié supérieure de la feuille est divisée en deux 
larges lobes écartés, acuminés, étalés ; les bords sont large- 
ment dentés, tandis que la surface est obliquement plissée 
et striée de veines parallèles. Pétiole, moitié plus court que 
la feuille, se dilate vers le bas en une base large, concave et 
engainante, ce qui renfle considérablement la partie du cau- 
dex qui supporte les feuilles. De l’aisselle de ces feuilles sort 
un pédoncule dressé, long d’un pied à l’extrémité duquel 


ô62 


JOURNAL 

apparaît un spadice cylindrique égalant en taille le pédon- 
cule, charnu, épais, plus mince aux bouts qu’au centre, 
d abord vert et parsemé de petites fleurs rondes comme des 
perles et d’un rouge de corail. (Ces fleurs étaient uniquement 
lemelles dans l’exemplaire de sir W. Hooker.) Le spadice, de 
vert qii il était, passe au rouge corail vif lorsque les fleurs se 
flétrissent et noircissent. Le calice des fleurs femelles se com- 
pose de trois écailles ou sépales petits et jaunâtres ; la corolle, 
de trois pétales rouges, qui se rapprochent au-dessus du 
pistil. 

Æehnica macroiaiflora (sirW. HoOKEr), figuré dans le Bot. 

Mag,y pi. 4832. Famille des Broméliacées. — riexandi*ie 

Monogynie. 

Les Broméliacées ont depuis peu d’années acquis une im- 
portance incontestable dans les cultures d’amateurs; elles 
semblent devoir non pas éclipser les Orchidées , mais se 
placer sur un rang parallèle, et cette prétention ne semble 
pas trop exagérée lorsqu’on voit en fleurs les belles et remar- 
quables espèces que le Brésil(J)et la Guyane nous ont récem- 
ment fournies; une fois l’élan de collectionner donné, et la 
culture mieux connue, il surgira, nous en sommes certain, 
une foule de Broméliacées de tous les coins du monde tropical ; 
car il est vraiment étonnant ce que la mode peut enfanter de 
prodiges même en sciences naturelles! et bientôt cette inté- 
ressante famille, représentée dans beaucoup de serres uni- 
quement par le savoureux Ananas, aura ses cultivateurs spé- 
ciaux, comme les Orchidées ont les leurs. Les Broméliacées 
ont avec les Orchidées plusieurs points de contact; en effet, 
comme ces dernières , elles se plaisent sur les arbres, et 
épiphytes comme leurs compagnes, elles se plaisent dans les 

(1) Lest surtout à M. de Joiiglie, de Bruxelles, et à son collecteur 
M. Libon,que riiorticullure est redevable des plus belles Broméliacées 
brésiliennes. La brillante fleuraison et la culture facile des espèces 
iniroduites par ces messieurs ont beaucoup contribué à fixer Talten- 
lion des horticulteurs sur ces intéressantes plantes. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. o65 

régions humides et montueuses des contrées équatoriales; 
elles croissent également comme les Orchidées sur des ro- 
chers moussus en compagnie de Lycopodes et de Fougères, 
de Peperomia, de Bégonia à rhizomes, etc.; peu d’espèces 
se fixent uniquement au sol. Cette association d’habitudes 
indique suffisamment qu’une culture similaire doit être ac- 
cordée à ces deux classes de plantes, au moins pour une 
grande partie d’entre elles ; en suivant ce principe, on réus- 
sira à posséder de belles Broméliacées, fleurissant bien, tandis 
qu’actiiellement la plupart des espèces que l’on rencontre chez 
les amateurs sont jaunies ou parcheminées par le soleil, 
ridées par une atmosphère sèche, et chargées de vermine. A 
l’œuvre donc, amateurs, et vous serez tout étonnés de trouver 
que, grâce à quelques soins, les Broméliacées épiphytes, par 
leur ample feuillage flexueux , ondulé, luisant, leur riche 
inflorescence rehaussée par les brillantes bractées qui l’ac- 
compagnent, forment une tribu de plantes très-distinguées. 
Suspendues dans des corbeilles, elles frappent peut-être 
plus fortement rimaginalion que les Orchidées, car l’ampleur 
de leurs formes, la vigueur de leurs touffes semblent exclure 
l’idée qu’elles soient des plantes de l’air; elles le sont cepen- 
dant tout aussi bien que les Orchidées; souvent nous avons 
remarqué dans les forêts humides des régions chaudes et 
tempérées de l’Amérique, des fortes tauffes de Bromélia- 
cées suspendues par deux ou trois de leurs minces, mais 
tenaces racines comme par un fil, à une branche d’arbre, 
et fleurir dans cette position aussi bien que d’autres pieds 
fixés d’une façon plus solide; rappelons-nous que l’haleine 
chaude et humide de l’atmosphère tropicale suffit à la nour- 
riture de toutes les plantes épiphytes. 

Le genre Æchmea a été ainsi nommé par les auteurs de 
la Flora peruviana, à cause des pointes roides que présente 
le calice des fleurs. On remarque dans V Æchmea mncroni- 
flora que ces pointes acérées existent non-seulement sur les 
sépales du calice , mais aussi sur le bord des feuilles et 
des bractéoles, et terminent l’extrémité supérieure des pé- 


JOURNAL 

taies; cest donc une plante défendue de tous les côtés. Sir 
W. Hooker dit que la présence de ces épines au bout des 
pétales sert à distinguer cette espèce de VÆchmea Mertensii, 
originaire comme elle de la Guyane anglaise. 

Les feuilles de ÏÆchmea mucroniflora ont environ 1 pied 
de longueur, assez larges, d’un vert-bleuâtre, terminées par 
une pointe verdâtre, eanaliculées , recourbées vers la moitié 
de leur longueur, à bords armés d’un bout à l’autre de 
nombreuses dents épineuses, d’un brun-noirâtre, et légère- 
ment courbées; ces dents sont plus fortes et plus longues 
vers la base des feuilles; le scape central est peu élevé, il 
porte six ou huit larges bractées écarlates acuminées, den- 
fieulées, concaves, au-dessus desquelles s’élève immédiate- 
ment l’épi floral, haut de 4 pouces environ et de forme 
oblongue cylindrique. Les fleurs sont agglomérées autour de 
l’épi; on remarque à la base de chaque fleur une bractéole 
ou bractée particulière assez grande pour envelopper la base 
du calice ou 1 ovaire; cette bractéole est verte, membra- 
neuse et se termine par une forte pointe roide, et d’un brun- 
foncé; le calice se compose de trois grandes pièces enroulées, 
jaunâtres, à extrémité épineuse, se recouvrant en partie, et 
formant une espèce de tube, duquel surgissent trois pétales 
dressés ou légèrement tordus, eonnivents, concaves, oblongs 
et d’un jaune orange marqué d’une bandelette pourpre- 
brun; une forte épine brune termine chacun des pétales. 
Les pétales de VÆchmea Mertensii sont rouges, planes, 
linéaires-lancéolés, libres et sont simplement acuminés et 
non armés de cette forte épine comme dans les fleurs de 
VÆchmea mucro7iiflora. Les épis, dans les deux espèces, se 
transforment en une masse de petites baies d’un bleu vif, 
produisant un charmant elfet. La plante que nous décrivons 
fleurit en septembre. 


m 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 565 

Billberg^ia Wetherelli (siR W. HoOKER), figuré daUS le Bot. 

Mag.y pl. 4855. Famille des Broméliacées. — Hexandrie 

Monogynie. 

Cette nouvelle Broméliacée provient des environs de 
Bahia, d’où elle a été envoyée au Jardin botanique de Kew, 
par M. Wetherell, vice-consul d’Angleterre; elle a fleuri 
pour la première fois en décembre dernier, et appartient à 
cette série d’espèces à hampe pendante et ornée de grandes 
bractées roses ou rouge vif, telles* que les Billbergia iridifo- 
lia, Leopoldii, rosea, pyramidalis, etc., espèces parmi les- 
quelles règne une grande confusion. Il est vraiment fâcheux 
que la fleuraison de ces plantes soit si courte, on ne saurait 
rien voir de plus élégant et de plus riche. 

LtBillhergia Wetherelli est épipliyte, croît en touffes de 
faille moyenne; la longueur de ses feuilles ne dépasse pas 
I pied; celles-ci sont glabres, recourbées, assez larges, se 
terminent en une pointe courte; leurs bords sont faiblement 
dentelés. Le scape central, à peu près aussi long que les 
feuilles, se recourbe gracieusement et incline vers le sol; le 
rachis est gros et revêtu d’un épais duvet blanchâtre ; les 
bractées sont grandes (2 ou 5 pouces de longueur), écar- 
lates, entières, fortement acuminées; les fleurs, assez nom- 
breuses, forment un large épi tbyrsoïde compacte ; le calice 
est à trois sépales membraneux, blancs, légèrement lavés de 
rose; pétales beaucoup plus longs que les sépales, érigés, spa- 
thulés à onglet blanc et à limbe violet-pourpré et d’un fort bel 
effet. 

Les Billbergia fleurissent très-facilement et poussent avec 
rapidité ; on les multiplie au moyen des jets latéraux qu’ils 
émettent en petite quantité; on doit laisser sécher la plaie 
de ces jets avant de les planter et ne leur donner de l’eau 
que lorsqu’on aperçoit les nouvelles racines. On peut se 
contenter d’introduire les jets dans une corbeille suspendue, 
contenant quelques mottes de terre de bruyère fibreuse et 
de la mousse ou du sphcigmim. L’humidité et la chaleur de la 


JOURNAL 


oOG 

serre feront le reste et on n’aura plus à s’occuper de la 
plante jusqu’à sa fleuraison qui a souvent lieu la même année 
de sa séparation du pied-mère. 

^onerila mar^^aritaeea (LiNDLEY), dans le Gardenev’s CllVO’ 
nichy figuré dans VlUmtratioîi horticole, pl. 40. Fa- 
mille des Mélastomacées. 

L’introduction de cette très-jolie plante, « aux feuilles 
semées de perles, » dit M. Lindley, est due au zèle de M. Lobb, 
qui la découvrit dans l’rnde; elle a fleuri pour la première 
fois en novembre dernier, chez MM. Veitch et fils, les heu- 
reux propriétaires des brillantes découvertes florales de Lobb. 

La Sonerila margaritacea est une petite plante basse, 
haute à peine de 9 à 12 pouces, ramifiée; liges et branches 
d’un rouge ferrugineux foncé; feuilles d’un vert brillant, 
lisses en dessus et ornées de nombreuses macules presque 
rondes, argentées comme celles du Bégonia argyrostigma , 
mais plus régulières et moins grandes; ces feuilles sont op- 
posées, très-grandes vu la taille de la plante, elliptiques, à 
bords armés de dents épineuses; la face inférieure présente 
des nervures saillantes et rougeâtres. Les pétioles sont épais, 
courts et rouges comme les jeunes branches et les pédon- 
cules; ceux-ci, plus courts que les feuilles, portent trois à 
sept fleurs courtement pédicellées d’un beau rose et de taille 
moyenne ; anthères jaunes. 

M. A. VerschafFelt, qui s’est empressé de se procurer et 
de multiplier cette charmante Mélastomacée, dit qu’elle de- 
mande une serre bien éclairée et une chaleur peu intense. 
On devra la planter dans une terre sablonneuse, légère et 
tenue un peu humide, c’est-à-dire la cultiver à peu près 
comme les Centradenia, 

Tydæa warscewiczii (Regel), figuré dans V Illiistratio 7 i 
horticole, pl. 41. Famille des Gesnériacées. 

Cette plante, découverte par M. Warscewicz dans la Nou- 
velle-Grenade, est une des plus belles Gesnériacées connues 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 567 

jusqu’à ce jour; elle est remarquable et par son ample feuil- 
lage, ses tiges revêtues de longs poils rouges soyeux, et par 
sa riche et abondante fleuraison. Aussi, nous ne craignons 
pas de dire qu’elle sera recherchée par tous les hommes de 
goût; elle deviendra un précieux ornement pour les serres 
et les salons. 

Le Tydæa Warscewiczii forme une plante dressée, haute 
de 2 à D pieds, à tiges robustes, couvertes ainsi que les pé- 
tioles, les pédoncules et les calices, de longs poils soyeux 
d’un rouge-ferrugineux. Pétioles courts, opposés; feuilles 
lancéolées, acuminées, un peu épaisses, luisantes en dessus, 
d’un vert foncé, pâles en dessous; bords crénelés-dentés. 
Pédoncules axillaires aussi longs que les feuilles, portant 
plusieurs fleurs. Corolle à tube sub-renflé à la base, arqué, 
très-tomenteux , d’un bel orangé-écarlate; limbe à lobes 
égaux, arrondis, étalés, d’un rouge vif orné de lignes droites 
ou ponctuées d’un pourpre presque noir, s’étendant de la 
gorge vers le milieu du lobe; l’intérieur du tube est jaune. 
Fleurs de la grandeur de celles des Gesneria mollis et elon- 
gata. 

Cette belle Gesnériacée porte le nom des espèces de 
Tydæa à quatre, savoir: Tydæa picta [VoxïoÀen et char- 
mant Achimenes picta) , Tydæa ocellata de Regel {Achi- 
menes ocellata W. Hooker), Tydæa Hillii Regel [Achime 7 ies 
Hillii Qi Kewe^isis) ^ enfin, le Tydæa Wa^'scewicziiy qui 
tient de ces différentes espèces, mais dont le développement 
est bien autrement considérable, tient aussi par son faciès 
général aux Gesneria mollis, elongata, etc., et comme 
celles-ci, se couvre de fleurs pendant un long espace de 
temps. Nous ajouterons à cette liste le magnifique Tydæa 
gigantea de M. Van Houtte, variété gigantesque et bien pré- 
cieuse du Tydæa picta qu’elle surpasse infiniment. 

M. A. VerschaJfTelt est devenu seul propriétaire des plantes 
du nouveau Tydæa, nées des graines adressées parM. War- 
scewicz à M. Regel, directeur du Jardin botanique de Zurich. 


508 


JOURNAL 


iîîisfcUrtnéfs. 


FRAISE Dl'CHESSE DE BERCEES. 

Nous extrayons de la Revue horticole la description d’une 
nouvelle Fraise, obtenue de semis par M. Anatole Massé, de 
la Ferté-Macé (département de l’Orne). Nous faisons suivre 
l’article de M. Massé, par les intéressantes observations de 
M. Louis Vilmorin, que nos lecteurs trouveront, comme 
nous les avons trouvées, d’une grande justesse, et d’une 
grande actualité. M. Vilmorin déplore comme nous l’insta- 
bilité des noms botaniques, comme il appelle courtoisement 
la manie de débaptiser les plantes. 

« La nouvelle variété de Fraisier sans filets que nous an- 
nonçons aux amateurs d’horticulture a été obtenue dans un 
semis de Fraisier des bois {Fragaria vesca). Le fruit, dont 
la forme indique clairement l’origine, est de couleur blanche; 
inaislaFraise Duchesse deBergues diffère de la Fraise des bois 
par sa grosseur et son abondance. A l’air libre, en pleine terre 
ordinaire, ses fruits se succèdent depuis le mois de juin 
jusqu en novembre, et même jusqu’en décembre lorsque le 
temps reste doux. De même que la Fraise Gaillon, elle est très- 
convenable pour former des bordures; mais, comme cette 
dernière, il faut la renouveler tous les trois ans, parce que 
ses touffes grossissent rapidement, se dégarnissent au centre, 
et ne donnent plus alors que des fruits médiocres. Elle est 
très-facile à forcer, ce que devait faire préjuger sa fructifi- 
cation pour ainsi dire perpétuelle; aussi ne doutons-nous 
pas qu’elle ne soit promptement adoptée par les cultivateurs 
de primeurs, qui sauront en tirer un bon parti. 

» Nous avons personnellement, pendant une grande partie 
de l’hiver, récolté des fruits que nous donnaient des plantes 
placées en serre tempérée; elles étaient cultivées dans des 
godets de à 0™,15 de diamètre, les uns remplis d’une 


D’IIORTiCüLTURE PRATIQUE. 569 


terre substantielle améliorée par une addition de terreau de 
couche, les autres de terre de bruyère pure. 

«Les feuilles de celte variété, d’un vert foncé et persistant, 
se composent de trois grandes folioles portées sur un pétiole- 
j)ubescent, sillonnées de légères ligules transversales; le pé- 
tiole est canaliculé depuis sa base jusqu’au sommet. Les 
fleurs, portées sur de forts pédoncules qui se soutiennent 
bien et qui sont très*droits, sont de moyenne grandeur et difle- 
rent peu de celles du Fraisier des Alpes. Les fruits sont gros, 
allongés, colorés d’un blanc jaunâtre du côté exposé au soleil, 
plus pâles du côté opposé; leur goût, très-agréable, rappelle 
jusqu’à un certain point celui de la Fraise des bois et de la 
Fraise des Quatre-Saisons. 

« La multiplication de cette variété, comme celle de tous les 
Fraisiers en général, est des plus faciles et des plus rapides; 
un seul pied-mère, âgé d’un an , nous a déjà fourni plus de 
400 plants. 

« Nous n’avons pas hésité à dédier cette nouvelle Fraise à 
madame la duchesse de Bergues, dont chacun a pu appré- 
cier, dans nos contrées, le goût éclairé pour tout ce qui tient 
à l’horticulture. Heureux de pouvoir contribuer en quelque 
chose à l’augmentation de nos richesses horticoles, nous at- 


tendons avec confiance le succès de l’acquisition dont le sort 

nous a favorisé. Du reste , les soins qu’exige celte variété 

sont exactement les memes que ceux que demandent les 

variétés connues. a ,, 

» Anatole Masse, 


à laFerté-Macé (Orne). » 


« Le fait signalé par M. Massé est extrêmement remarqua- 
ble, si a on pu se mettre en garde contre le semis accidentel 
d’une ancienne variété_^ qui serait dans ce cas la Fraise des 
Alpes sans filet à fruits blancs. Nous savons que les graines 
du Fraisier traversent, sans perdre leur faculté germinative, 
l’estomac des hommes et des oiseaux, et par conséquent on 
peut concevoir leur semis accidentel dans quelque place que 
ce soit. La Fraise à fruit blanc sans filet, se reproduisant 

N’" 12 . FÉVRIER tSoS. 24 


570 


JOURNAL 


très-exactement par semence, est, par cette raison , une de 
celles que l’on peut voir apparaître d’une façon inattendue, 
partout où elle existe cultivée, dans un rayon de quelques 
lieues. 

« C’est ainsi que, chez mon père, nous la trouvons sub- 
spontanée dans tous les bois qui entourent l’habitation. Nous 
pensons donc qu’avant de consacrer le nouveau nom pro- 
posé par M. Massé, il convient, par une culture comparative, 
de s’assurer si la Fraise nouvelle n’est pas la même que celle 
que nous venons de nommer; car, s’il est intéressant d’ob- 
tenir des variétés nouvelles , la création de synonymes nou- 
veaux ne saurait être évitée avec trop de soin. 

« Ceci m’amène à soumettre aux horticulteurs quelques 
observations sur la facilité avec laquelle on adopte en géné- 
ral de nouveaux noms avant de s’être assuré si la plante 
ainsi désignée n’en porte pas déjà un autre. Un exemple 
tiré du cas qui nous occupe fera saisir mon idée. Supposons 
que la Fraise de BI. Massé ne soit qu’un semis accidentel du 
Fraisier des Alpes sans filets à fruit blanc (il est bien en- 
tendu que ceci n’est qu’une supposition) ; supposons encore 
que, pour s’assurer de ce fait, il plante côte à côte les deux 
espèces, et qu’à la seconde fructification (la première est ra- 
rement assez régulière pour asseoir un jugement positif) , 
c’est-à-dire en juin 1856, il reconnaisse l’identité des deux 
plantes; alors il n’aura plus à enregistrer qu’un fait assez 
curieux de dissémination accidentelle. 

Mais un autre moins prudent aura agi autrement; il aura, 
dès le début, imposé un nouveau nom à la plante obtenue, 
il en aura donné des rejetons à ses amis et voisins. Qu’au 
bout de deux ans lui-même ou un autre reconnaisse l’identité 
de la plante nouvelle avec une ancienne variété; comment 
suivre les traces de la première plante et retrouver les per- 
sonnes qui l’ont reçue ? comment faire savoir à ces personnes 
que le nom sous lequel on la leur a transmise est inexact? 
C’est un soin que l’on néglige toujours, et c’est ainsi que les 
nouveaux noms se propagent et s’installent. Si le nom donné 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 371 

îiînsi est pins facile à retenir, si un article intéressant a attiré 
l’attention sur lui, il deviendra prépondérant par l’usage; 
force sera donc, quoi qu’on en ait, de l’adopter. C’est ainsi 
que la Pomme de terre Kidney est devenue Marjolin, que le 
Haricot d’Alger est devenu Haricot Beurre, que le Blé de l’île 
de Noé est devenu Blé bleu, etc. Nous souffrons trop des in- 
convénients qui résultent de l’instabilité des noms botaniques 
pour que, nous autres jardiniers, nous ne cherchions au 
moins à maintenir stables nos noms de variétés, pour lequel 
notre idiome français nous est permis, et pour que nous ne 
devions pas tendre à rendre ces noms uniques et immuables 
sur tout le territoire où l’on parle français. C’est dans ce but 
que je m’efforce de réunir les listes les plus complètes possi- 
bles des noms de variétés de plantes cultivées, espérant qu’il 
pourra en résulter un jour un catalogue synonymique pou- 
vant servir de première base à une nomenclature régulière. 
Mais il faut que tous et chacun comprennent l’utilité de cette 
prudence et adoptent cette réserve, et qu’un nouveau venu 
ne soit admis qu’autant qu’il aura prouvé qu’il a le droit de 
porter le nom sous lequel il se présente. L. Vilmorin. 


DIOSCOREA BATATAS OU IGNAME DE LA CHINE. 

M. Decaisne fait une remarque dans la Revue horticole 
(numéro du 16 février i85b), que nous croyons utile de 
reproduire textuellement, Je crois devoir (c’est M. Decaisne 
qui parle) donner un avis aux cultivateurs afin de les mettre 
en garde contre une déception qui peut leur arriver et com- 
promettre, jusqu’à un certain point, l’avenir de notre plante. 
Certains horticulteurs marchands et grainiers vendent, comme 
semences de l’Igname de la Chine, les bulbilles ou grenons qui 
se produisent aux aisselles des feuilles. Sans aucun doute 
ces bulbilles, qui sont de la grosseur d’un pois, reproduiront 
la plante, mais très-probablement les tubercules qui en pro- 
viendront immédiatement, c’est-à-dire dans l’année même de 


572 JOURNAL 

leur plantation, ne seront pas assez développés pour entrer 
directement dans la consommation et devront être réservés 
pour servir eux-mêmes de semences dans Tannée qui suivra- 
Ce sera, au total, une année de retard dans la production. 
Il en sera tout autrement si, à Tinstar des Chinois et comme 
je le fais pratiquer au Muséum, ils plantent des tronçons de 
tubercules. Je ne répéterai pas ici ce que j’ai dit dans mes 
précédentes notices, mais je leur recommanderai seulement 
d’accroître chaque année leur semence de réserve, soit par 
le bouturage des tiges, soit par les fragments des racines ou 
les racines de rebut. » Cette remarque, comme on voit , n’a 
nullement pour but de jeter du discrédit sur les opérations 
des marchands grainiers ni d’impliquer en quoi que ce soit 
la loyauté de ces messieurs; elle est destinée à prévenir les 
espérances trop exaltées de certaines personnes qui, après 
avoir cru à des miracles impossibles , crient à la mystifica- 
tion. C’est surtout dans une question aussi importante que 
celle qui s’agite maintenant sur la possibilité d’introduire 
avec profit une plante d’alimentation générale, qu’il est né- 
cessaire de mettre le public en garde, soit de l’enthousiasme, 
soit contre le découragement. 

M. Frémy, professeur au Muséum d’histoire naturelle de 
Paris, a analysé les tubercules d’igname récoltés au Jardin- 
des-Plantes en 1854 ; voici cette composition : 


Eau 79 3 

Matières solides. 20 7 

7ÔÔ"Ô 


16 0 amidon. 

1 0 cellulose. 

1 1 sels minéraux. 

1 5 matière albumineuse. 

1 1 corps gros, sucre, principes solubles. 

20 7 


Les principes immédiats de TIgname de Chine sont en 
grande partie ceux qui existent dans la Pomme de terre. 

M. Frémy fait remarquer que si l’Igname ne contient que 
16 parties d’amidon sur iOO, tandis que la Pomme de terre 
peut en donner jusqu’à 20 pour IOO, on trouve, par com- 
pensation, dans la première, un principe azoté fort remar- 


D’HORTICULTCRE PRATIQUE. 575 

qiiable qui mérite d etre signalé d’une manière toute parti- 
culière. Ce principe, qui ne se rencontre pas dans la Pomme 
de terre, peut exercer une influence heureuse sur les usages 
du tubercule précieux que nous a fourni la Chine. 

Le principe mucilagineux qui communique au suc d’Jgnaine 
des propriétés onctueuses et qui donne à ce tubercule, une 
fois cuit, une consistance pâteuse, s’éloigne par l’ensemble 
de ses propriétés des substances gommeuses qui existent dans 
les végétaux et se rapproche de l’albumine, parce qu’il est 
azoté et qu’il se coagule par la chaleur. Ainsi, l’Igname cou- 
pée en petites rondelles et desséchée à l’étuve, donne un pro- 
duit qui se laisse réduire en poudre, et qui, traité par l’eau, 
forme une pâte rappelant par sa plasticité celle qui est pro- 
duite par la larine de froment. Nous ne voulons pas, ajoute 
M. Frémy, établir ici que le principe azoté de l’Igname de 
Chine, dont la proportion ne dépasse pas deux pour cent, 
puisse être assimilé au gluten qui existe dans la farine de 
froment; nous avons voulu seulement appeler l’attenlion sur 
un corps qui permettra peut-être de faire entrer, pour une 
certaine proportion, l’Igname dans la confection du pain. 

En résumé, l’analyse chimique vient démontrer qu’il existe 
les plus grands rapports entre la composition de l’Igname 
et celle de la Pomme de terre, et rend compte, par consé- 
quent, des propriétés nutritives qui font consommer une si 
grande quantité de ce tubercule en Chine. 


ÎPOMOPSIS ELEGANS. 

Cette jolie plante annuelle ou bisannuelle est également 
connue sous les noms de Cantua et de Gilia coronopifolia ; 
ses fleurs, d’un rouge vif, disposées en une longue grappe, 
s’ouvrent en août et septembre; elles sont d’une rare élé- 
gance. Malheureusement la culture de cette plante offre cer- 
taines difficultés qui la font trop négliger des amateurs; il 
est même rare de la trouver, si ce n’est dans quelques jardins 


574 JOURNAL 

privilégiés. L’humidilé est le plus grand ennemi de Xlfomoj)' 
sis elegans. 

Nous remarquons, dans la correspondance d’un journal 
scientifique étranger, les lignes suivantes écrites par M. John 
Saul, de Washington, qui nous semblent indiquer une voie 
certaine pour réussir dans la culture de VIpomopsis. Cette 
plante croît en abondance aux environs de Washington, et 
donne énormément de graines qui germent même dans le sol 
battu des promenades. Ces jeunes plantes fleurissent vigou- 
reusement l’été suivant, après avoir résisté aux rigueurs d’un 
hiver en général assez fort et de longue durée (1). Il est im- 
possible, dit M. Saul, de se faire une idée en voyant les misé- 
rables exemplaires cultivés en Europe, de la beauté et de 
l’éclat extraordinaire (écarlate vif) que possèdent, en Amé- 
rique, les fleurs de cette plante. Si l’on supprime la grappe 
florale a^ant la formation des graines, on verra naître des 
jets latéraux qui fleuriront pendant tout le reste de l’été. Il 
faut faire attention que ce beau développement a lieu sous 
un soleil brûlant. Voici, d’après ce qui précède, le système à 
adopter. On sèmera les graines d'Ipomopsis vers le mois 
d’août en plein air sur des rocailles ou, à défaut, dans une 
partie du jardin aride, sèche, brûlée par le soleil ; si le plant 
est trop épais , éclaircissez et débarrassez-le des mauvaises 
herbes ; semé dans de telles conditions et dans un terrain dont 
le sous-sol est sec, VJpomopsis supportera nos hivers. On 
pourrait, par précaution, recouvrir le plant pendant les fortes 


(1) La température moyenne de Washinglon est 12», 70 centi- 
grades; la température moyenne la plus froide est d’environ 1 de- 
gré au-dessus de zéro; au mois de juillet, la chaleur moyenne est de 
25 degrés. A Bruxelles, comme à Paris, la température moyenne est 
supérieure à 10 degrés, la moyenne des plus grands froids est 1», 2 à 1»,8 
au-dessus de séro; enfin , la température moyenne des mois les plus 
chauds est de 18®, 90, c est-à-dire environ 6 degrés de moins qu’à 
Washington. Cette importante différence doit faire comprendre pour- 
quoi une exposition chaude est absolument nécessaire pour l’/po- 
mopsis eïegans. 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 375 

gelées, d une pelletée de sable ou de cendres de charbon de 
terre. Au printemps on éclaircit de nouveau, et les plantes 
repiquées reprennent très-facilement, pourvu qu’on les place 
dans un endroit sec, chaud et bien exposé au soleil; les 
terres caillouteuses leur conviennent particulièrement; la 
ferre de bruyère qu’on leur donne généralement leur est 
préjudiciable; il faudrait au moins y ajouter une bonne 
partie de terre franche et de gros sable. 


RHODODENDRON PRINCE CAMILLE DE ROHAN. 

Nous regrettons bien vivement que le volume du bouquet 
floral du Rhododendron Prince Camille de Rohan ne nous 
permette pas d’en offrir à nos lecteurs un dessin fait d’après 
nature; accommodé à notre format, il ne donnerait, ainsi 
réduit, qu’un aperçu insignifiant d’une des plus nobles va- 
riétés qu il nous ait été donné de voir jusqu’à ce jour. Nous 
renverrons, au reste, les personnes qui désireraient se faire 
une idée de la magnificence du nouveau Rhododendron à l’ou- 
vrage iconographique publié à Gand, par M. A. Verschaflfelt, 
sous le titre de l’Illustration belge , et à la planche XLVI 
dudit ouvrage. 

Le Rhododendron Prince Camille de Rohan a été gagné 
de semis par M. Waelbrouck, secrétaire du conseil com- 
munal de Gand, qui en avait cédé la propriété à M. J. Ver- 
schaffelt;. celui-ci vendit le pied-mère à AI. A. Verschaflfelt; 
or, cette belle variété, en devenant la propriété de ce dernier,' 
n'avait point encore reçu de nom de baptême, lorsque le 
prinee Camille de Rohan, connaisseur et amateur distingué 
de plantes, la vit en fleurs, et exprima sa surprise de ce 
qu’une pareille plante ne fut point encore gratifiée d’un 
nom qui la fît connaître de tous. M. Ambroise- Verschaflfelt 
la dédia au prince. Le Rhododendron, ainsi baptisé d’un 
beau nom princier, mérite bien cet honneur, car c’est, ainsi 
que nous l’avons dit, une noble variété, un bouquet de prince ! 


576 JOURNAL 

Le corymbe ou bouquet, de fleurs de cette nouvelle variété 
de Rhododendron est ample, compacte et abondamment 
fourni de grandes fleurs à lobes angulaires, à bords crispés, 
ondulés, plissés; vues de face, ces fleurs paraissent être 
composées d’une moitié supérieure triangulaire ou sagittée;. 
cet aspect est produit par la présence sur le lobe supérieur 
,et en partie sur chacun des lobes latéraux d’une multitude 
de macules ou points deltoïdes cramoisis, dont l’ensemble 
forme une large figure triangulaire s’étendant depuis i’inté- 
rieur de la fleur jusque près du sommet des lobes; cette 
figure triangulaire est d’autant plus remarquable que sa 
teinte cramoisie et relevée par des mouchetures plus foncées, 
se détache franchement et d’une façon des pins élégantes du 
fond blanc, pur ou légèrement rosé des pétales; ces teintes 
fraîches et délicates s’harmonisent parfaitement ensemble, 
et donnent ainsi lieu à un bouquet d’une rare distinction ; 
aussi sommes-nous heureux de pouvoir annoncer aux ama- 
teurs que cette variété tout à fait rustique (elle a résisté en 
plein air à l’hiver de 1835-1854) sera disponible dès le 
mois de mai prochain , et nous ne craignons pas de la pro- 
clamer comme la perle future de nos rosages de pleine 
terre. A toute belle plante, tout honneur. 


MÉTHODE 

POUR CULTIVER LE Brugmansia siiaveolens ou Batura 
arborea en pieds nains et portant fleurs. 

Tout le monde connaît le Batura arborea j aux longues 
et belles fleurs pendantes, d’un blanc jaunâtre et d’une 
odeur pénétrante et agréable ; on sait également que la cul- 
ture en est facile dès qu’on le plante dans un sol riche com- 
posé de terreau, de terre franche et de terre de bruyère 
en parties égales, auquel on ajoute du fumier bien con- 
sommé et des arrosements d’eau de fumier et de fiente de 
pigeon; en été on arrose copieusement, en hiver peu. On 


D’HOUTICÜLTÜUE PRATIQUE. 577 

réussira en suivant ce mode de culture qui rappelle en par- 
tie celle des Orangers, à obtenir constamment une floraison 
abondante, et une végétation luxuriante et rapide; mais 
l’horticulture n’était point satisfaite par cette docilité du Da- 
tura; elle désirait limiter sa croissance, diminuer sa taille 
et conserver cependant ses fleurs dans toute leur ampleur; 
enfin, faire une plante de salon d’un arbrisseau s’élevant en 
peu de temps à 1 mètre et demi et bien au delà ; et l’horticul- 
ture européenne, voulant sans doute prouver qu’il ne faut 
pas aller en Chine pour voir condensées, sous un petit volume, 
des plantes que la nature a douées d’une grande vigueur et 
d’une taille élevée, a trouvé le moyen d’offrir aux dames de 
petits pieds de Brugmansia bien fleuris. Voici la méthode 
que nous fait connaître un jardinier anglais. On choisit aussi 
tard que possible, au printemps, avant que les bourgeons 
se développent, une forte pousse bien chargée d’yeux; on 
coupe cette pousse ou rameau en autant de morceaux ou 
divisions qu’il y a de bourgeons ; on enterre les morceaux 
jusqu’à l’œil que l’on recouvre légèrement de terre dans une 
terrine que l’on plonge dans une couche modérément chaude 
en ayant soin d’éviter que celle-ci ne dégage trop de vapeurs, 
dont la condensation pourrait être nuisible à la jeune plan- 
tation. Bientôt le bourgeon se développe, alors on peut com- 
mencer à donner un peu d’eau, mais avec grande parcimonie 
dans le principe; une fois bien enracinées, on transporte la 
terrine dans une bâche ou couche plus froide, de manière à 
durcir graduellement les boutures. Au commencement de 
juin vous pourrez les planter en pleine terre, à une exposi- 
tion chaude de votre jardin, dans un sol plutôt maigre que 
riche, et nullement dans le compost que nous venons d’indi- 
quer, qui convient pour les fortes plantes en cuvelles; on se 
bornera à un mélange de terre de bruyère et de terre fran- 
che; on arrosera de temps à autre lorsque la chaleur estivale 
devient trop forte. Au commencement de septembre, les bou- 
tures marqueront boutons à fleur et seront cependant r.estées 
naines; on les enlève alors avec précaution hors de la pleine 


JOURNAL 

terre, en laissant la motte aussi intacte que possible, pour 
les plantes dans des pots appropriés au volume des racines ; 
on les place sous un châssis froid sans leur donner de l’air 
jusqu à complète reprise; bientôt paraîtront les fleurs qui 
leront 1 ornement du salon et des tablettes de la serre froide, 
pendant les derniers mois de l’année. Nous avons, en essayant 
ce moyen, obtenu l’année passée deux pieds de Datiira arbo- 
rea, hauts de 4b à bO centimètres, et qui ont donné vers la fin 
de décembre plusieurs fleurs longues de 20 à 24 centimètres ; 
ces pieds avaient été placés dans une grande serre bien 
éclairée mais très-froide : elle ne fut pas chauffée pendant 
tout le mois de décembre; la température descendit au-des- 
sous de zéro sans affecter la floraison. 


fJomologic. 

QUELQUES FRUITS POUR LE VERGER. 

(Suite. — Voir p. 345.) 

Pour varier la nature des arbres fruitiers que nous sou- 
liailerions voir dans les vergers, nous parlerons dans cet ar- 
ticle des Pommiers. 

Pomme Esieiuheim pippin. — La Pomme Bleinheim pip- 
pin est d’origine anglaise; elle porte également les noms de 
Woodstockpippin, (P Orange pippin ; mais la première dé- 
nomination semble avoir prévalu en Angleterre. 

M. Hennau dit avec raison, dans les Annales de Pomologiej 
que cest une variété d’élite au double point de vue de sa 
rare beauté et de son mérite intrinsèque. L’arbre est vigou- 
reux ; il produit de bonne heure et abondamment sur doucin 
et sur paradis ; ses fruits mûrissent en novembre et peuvent 
se garder jusqu’en mars. 

La pomme Bleinheim pippin est un beau et gros fruit 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 579 

sphéroïdal, un peu renflé vers la base; il mesure plus de 
8 centimètres de diamètre; sa hauteur est d’un peu moins 
de 7 centimètres. L’œil est ouvert et placé dans une cavité 
profonde, sillonnée de côtes nombreuses qui ne se prolon- 
gent pas au delà de l’orifice. La peau est d’un beau jaune 
nuancé de rouge vers le côté exposé au soleil. La chair est 
jaunâtre, cassante, d’une eau abondante et agréable, d’un 
goût excellent. C’est, en un mot, une variété de premier 
ordre. 

Pomme Reinette crKspogfne. — Cette Variété n’est pas 
aussi répandue qu’elle mériterait de l’être, bien qu’elle soit 
connue depuis longtemps; la cause de la quasi défaveur qui 
semble planer sur ce bon fruit réside, dit M. Hennau, dans 
la confusion des noms qu’on lui a donnés et sous lesquels 
des variétés d’un mérite inférieur ont souvent été cultivées : 
ces méprises ont dû porter de rudes atteintes à la véritable 
Reinette d'Espagne, Le savant professeur de Liège, qui s’est 
chargé de la description du genre Pomme dans les Annales 
de Pomologie, indique les synonymies suivantes de la Rei- 
nette d’Espagne : Remette blanche d'Espagne de Lindley ; 
Reinette gelhe des Allemands; Fall pippin, Reinette de Hol- 
lande, aux États-Unis; Reinette blanche, Reinette tendre, de 
quelques auteurs et de plusieurs catalogues français. Ces di- 
verses appellations, bien que fort incommodes, n’auraient 
influé en rien sur la réputation de la Reinette d'Espagne, si 
ces mêmes noms n’eussent élé , comme nous l’avons dit, ap- 
pliqués à des variétés très-difl’érentes ; c’est ainsi que la Rei- 
nette tendî^e ou blanc d'Espagne est une Pomme certaine- 
ment très-grosse, mais de qualité très-médiocre; et que la 
vraie Reinette de Hollande, toute bonne et productive qu’elle 
est, ne possède pas les qualités ni le volume de la Reinette 
d'Espagne, 

Le Pommier Reinette d'Espagne est vigoureux et des plus 
productifs. Cultivé dans le verger à l’abri des vents d’ouest, 
il forme un arbre d’un fort bel elTet par son feuillage touffu. 
La forme naine, en entonnoir, lui est extrêmement favorable, 


380 


JOURNAL 

et ses produits sont plus beaux que lorsqu’il est cultivé en 
haut-vent. 

M. Hennau indique spécialement deux caractères qui diffé- 
rencient nettement la Reinette d’Espagne des Pommes de 
forme et de coloris analogues : le premier caractère réside 
dans le goût acidulé et relevé qui rappelle le Calville blanc ; 
le deuxième consiste en cette poussière glauque de la peau 
que l’on nomme fleur. 

La forme des fruits est variable; leur volume est quelque- 
fois énorme, surtout lorsqu’ils sont venus sur de vieux ar- 
bres et sur paradis. L’oeil est placé dans une cavité évasée, 
souvent profonde, dont les bords sont creusés de plis ondu- 
leux, réguliers. Pédoncule fort, long d’environ 2 centimètres 
et inséré dans une cavité profonde, ordinairement maculée de 
gris-fauve. La peau, d’abord de couleur jaune-pâle, devient 
plus foncée vers l’époque de la maturité; elle se teint bien 
rarement de rouge léger du côté exposé au soleil. La chair 
est fine, ferme et cependant légère, d’un blanc un peu Jau- 
nâtre. 

Cette excellente Pomme mûrit en novembre; scs rares 
qualités ne s’altèrent pas avant la mi-février. 

Poniinefs coiirt-pencBaBs. — Lcs Annales de Pomologie 
doivent à la plume de M. Hennau un excellent article sur le 
groupe des Court-pendus. Cet auteur caractérise ces pommes 
de la manière suivante : pédoncule très-court ( d’où leur nom 
général de Court-pendu actuellement, et de Capendii du 
temps de la Quintinie et de Duhamel) ; — forme obronde dé- 
primée aux deux pôles ; — chair fine, ferme, cassante et plus 
ou moins acidulée. 

Le Court-pendu plat ou rouge est connu depuis fort long- 
temps, et on le cultive avec prédilection dans les vergers; il 
atteint une taille élevée et un tronc très-gros; sa fertilité très- 
grande et constante est due à sa floraison tardive qui lui per- 
met de braver les intempéries printanières si souvent funestes 
aux autres variétés de Pommiers ; ses fruits se conservent 
très-longtemps, supportent parfaitement les voyages et les 


D’HORTICULTURE PRATIQUE. 581 

changements de température (1). De telles qualités ont dû 
nécessairement influer sur le développement de sa culture, 
et en faire désirer l’introduction dans les vergers par tous 
les cultivateurs. Cet ancien Court-pendu a donné naissance 
à des variétés encore plus recommandables que leur type; 
nous citerons particuliérement quatre sortes qu’on devrait 
voir cultiver dans tous nos vergers. 

Court-pendu rosatoo Court-pendu rose, fruit de 8 cen- 
timètres de diamètre et de 6 centimètres de hauteur; le ca- 
lice est ouvert, à divisions courtes, placé dans une cavité 
cupuliforme , profonde et spacieuse. Pédoncule fort court, 
parfois charnu. Chair blanche, fine, d’une saveur sucrée vi- 
neuse, relevée d’un léger parfum de rose. L’épiderme, d’a- 
bord vert-clair, jaunit vers la maturité; la face exposée au 
soleil est comme vernissée de rouge-vif bariolé de rouge plus 
foncé. L’arbre est très-vigoureux, devient fort bon et fructifie 
de bonne lieure. Cette variété est très-productive et est fort 
estimée par nos amateurs de vergers. 

2° Court-pendu vert Cette pomme est connue aussi sous 
le nom de Pomme d’Anjou; elle est moins grosse que la 
précédente et se distingue aisément de ses congénères par 
son épiderme vert-herbacé, devenant d’un jaune-verdâtre à 
la maturité, ponctué de gris-roux. Le pédoncule est grêle et 
court. La chair, d’un blanc-verdâtre, est ferme, cassante d’a- 
bord, mais à la complète maturité devient tendre et moel- 
leuse. 

Plus aigrelet et moins bon que les autres, ce fruit se con- 
serve fort avant dans la saison et supporte impunément les 
longs transports. 

5^ Court-pendu gris. Ce fruit mesure 7 à 8 centimètres 
de diamètre et environ 5 de hauteur; il est fortement bosselé 
et déprimé aux deux pôles. Calice ouvert, à divisions coton- 

(1) Nous avons eu l’occasion de constater la longue conservation des 
Court-pendus pendant notre voyage au Mexique , en mangeant à Vera- 
Cruz de ces excellenles pommes rapportées par des navires venant de 
Hambourg ou d’Angleterre. 


oS2 JOURNAL 

lieuses. Pédoncule fort court, placé dans une sorte d’enton- 
noir étroit et profond. Épiderme mince, d’abord vert-clair, 
plus tard gris-jaunâfre, et finalement jaune-terne ; il est ombré 
de roux autour du pédoncule. Chair blanche, fine, ferme, 
d’un goût sucré-acidulé. 

Cette pomme mûrit en décembre, et se garde fort tard; on 
la nomme quelquefois Court-pendu doré, lorsqu’elle a acquis 
une belle couleur jaune par suite de circonstances favorables 
de terrain et d’une bonne exposition au soleil. Arbre vigou- 
reux, touffu et très-fertile; il requiert pour prospérer, dit 
M. Ilennau, un bon soi qui ne soit pas trop humide. En gé- 
néral les Court-pendus demandent une terre assez forte, 
profonde et pas trop humide; le sol accidenté, calcaire et 
schisteux de nos provinces wallonnes leur est très-favorable. 

4® Court-pendu de Tournay. L’auteur de la description 
des Court-pendus, dans les Annales de Pomologie, proclame 
cette variété sans rivale parmi ses congénères. Elle est placée, 
en France et en Allemagne, parmi les Reinettes, sous le nom 
de Reinette d'Orléans; elle y occupe le premier rang. 

Le fruit a beaucoup de ressemblance avec le précédent; 
néanmoins il se rétrécit vers le sommet; le calice, ouvert, est 
placé dans une cavilé moyenne dont le fond reste d’un beau 
vert, même quand le fruit est bien mûr. Le pédoncule est 
court et assez fort. La chair est d’un blanc-crémeux, tendre, 
fine, mi-cassante, juteuse, d’un goût sucré, relevé d’un léger 
acide citron superfin. 

L’arbre est vigoureux, fertile, se plaît dans un sol riche et 
à bonne exposition; ses fruits se conservent très-longtemps, 
surtout s’ils ont été cueillis tard et conservés dans un endroit 
frais. 

Le Court-pendu Bardin est une excellente Pomme que 
M. Hennau classe parmi les Fenouillets, et qu’il décrira plus 
lard sous le nom de Fenouillet rouge. 

{La suite à un prochain numéro.) 




D’HORTICULTURE PRATIQUE. 


385 


CimONïQLE HORTICOLE. 

Le Catalogue général des plantes de serre et de pleine 
terre de rétablissement de M. L. Van Houtte de Gand, pour 
riiiver 1854 18ob et le printemps, forme une intéressante 
brochure de 150 pages. Parmi l’immense quantité de belles 
plantes qui y sont inscriles, nous citerons en serre chaude : 
VAchimenes {Tydæa) gigantea, admirable plante dont le 
coloris rappelle VAchimenes picta, mais dont la stature et 
le feuillage captivent l’attention par leur développement 
grandiose; V Achimenes pictura, variété obtenue par M. Van 
Houtte, fleurs de la forme de celles de VAchimenes midli- 
flora; le bel Aphelandra Leopoldi, aux feuilles rubannées 
de blanc; la Passiflora Decaisneana, infiniment supérieure 
aux Passiflora alata et quadrangidaris ; les Sarracenia 
Drummondi et flava. L’établissement Van Houtte s’est ac- 
quis une célébrité par ses beaux semis de Gloxinia, parmi 
les nouveautés nous trouvons Agar; Don Pedro, variété à 
fleurs dressées, d’un beau rose ; Docteur Reichenbach, fleurs 
très-grandes, d’un bleu-clair ; Duc d’Oporto, fleurs dressées, 
bleu de roi, bordé de bleu clair ; VEtna, fleurs dressées, ce- 
rise feu; Madame Legrelle d’Hanis, fleurs rose à fond 
blanc, six taches carmin; Novelty, fleur blanche, pourtour 
du limbe bleu de roi, etc. En serre froide, nous remarquons le 
Ceratostema longiflorum (voir le dessin dans notre journal); 
le Genetyllis tulipifera, plante ayant le port d’un Diosma 
fragrans , et portant des fleurs de la couleur et de la gran- 
deur d’une tulipe; le Prionium palmita , espèce WAcorus, 
ayant le port d’une Pandanée ; le Rhodoleia Championi et le 
Skimmia japonica , plantes d’un beau port et ornées d’un 
brillant feuillage; les nouveaux Rhododendrons d’Assam et 
de Bootan, encore plus extraordinaires que ceux de l’Hima- 
laya, les feuilles du Rhododendrum longifolium sont argen- 
tées et grandes comme les feuilles du Magnolia tripetala. 

Pivoines herbacées nouvelles, — M. L. Van Houtte possède 


384 JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE. 

les plus belles Pivoines herbacées, provenant de la collection 
de feu M. Parmentier d’Enghien , on sait que celte collection 
était le fruit de quarante années de semis successifs, et qu’au- 
cun exemplaire n’avait été mis dans le commerce; M. Van 
Houtte est le seul horticulteur qui, appréciant l’imporlance de 
ces nouvelles Pivoines, ait acheté les variétés les plus méri- 
tantes. Nous avons dirigé en juin 1855 la vente des collec- 
tions Parmenlier, et avons été, par conséquent, à même de 
juger de la beauté des Pivoines provenant des semis de feu 
cet amateur distingué; nous citerons donc en première ligne 
la Pivoine Ti'iomphe d’Enghien, à fleurs énormes, bombées, 
d’une forme parfaite et d’un coloris rose des plus agréables; 
il serait difficile d’obtenir du plus beau; puis Madame Pa- 
ternoster, superbe variété dont la possession a été disputée à 
prix d’or; Prince Antoine d'Arenberg, excellente variété ; 
Sultan, à grandes fleurs, d’un rouge vif sillonné de blanc, 
gain d’un grand effet; Doyen d’Enghien, Heur parfaite, 
grande, bombée ; V Éblouissante, rouge foncé, bonne forme; 
Louis Van Houtte, très-belle Pivoine à fleurs grandes et 
bombées; C&ralie Matthieu, d’un beau rose; etc. Toutes 
sont belles, toutes sont destinées à un bel avenir. 

Les Pivoines Parmentier nous amènent naturellement à 
parler des Pivoines en arbre, introduites de la Chine par le 
célèbre explorateur Fortune; ces Pivoines sont bien doubles 
et de coloris fort remarquables; Dieu sait quel parti merveil- 
leux les horticulteurs vont tirer de cette douzaine de beautés 
chinoises î l’une d’elles, ayant pour nom Jeicel of Chusan 
(Bijou de Chusan), porte de très-grandes fleurs d’un blanc 
pur, maculées de pourpre à la base des pétales; Robert For- 
tune est de couleur aurore à reflet ponceau; Confucius est 
revêtu d’une robe rouge très-vif, presque écarlate, tandis 
qu’Osfrfs a la sienne d’un rouge violacé-foncé, rehaussé d’un 
velouté noir. Toutes ces belles Pivoines et d’autres encore 
sont mises en vente par l’établissement Van Houtte au prix 
de 20 francs. 


TABLE 

DE LA DOEZIÈotE ANNÉE. 


PLANCHES. 


• Scheeria Mexicaita. i 

• 2® Hkododëndrunt bai'onne de 

. Snoy. 33 

• O" Ceratostema longiflorum. 65 

• 4-® Dodecatheon inieg ri folium. 97 

• 5« /dzalea crispifîora. \ 29 

I 6 ® Piilmonaria Virginica. 161 


«►7® Polenlilles varices. 193 

» 8 '’ Pèche Madeleine de Coursoii. 225 

• 9® Ceanothus florihundus. 257 

* Bejaria œstuans. 289 

J jo Prifiinid fnollis. 321 

' î 2 ® Gentiana Fortunei, 533 


A. 

Achimènes (Note sur un choix 

d’). -5 

Acineta Barlteri. 360 

Acroclinium roseum. 167 

Æchmea mucroniflora. 562 

Allosorus calomelanos. 44 

Amaryllis Belladona, — Sa 
cullure. 19 J 

Angulon iiniflora. I 93 

Antirrhinum (Caractère des). 80 
Artichaut (De I’), 75 

Asperge (De T). 267 

Asperges (Culture des). |70 

Astrocaryum rostratum. 12 


Azalea indica. 

126, 315 

— alba illustrata. 

302 

B. 


Barkeria elegans. 

67 

Begoma xanthina marmorea, 128 

Bejaria. — Liste des espèces 

actuellement introduites 

en 

Europe. 

291 

Bignonia radicans. 

256 

Billbergia Croyiana, 

14 

N" Ï2. FÉVRIER 

CO 


Billbergia WetherelU. 363 

Blandfordia flammea. 298 

Briigmansia suaveolens. 

Méthode de la cultiver. 576 

B runsvigia. — Su cul lu rc. 191 

Biiddleia crispa, 133 


C. 


Calendrier horticole. 8 , 221 
555. 

Calycanthiis occidental is . 
Camellia princesse Marie. 

— nouveau obtenu de semis à 
Gand. 

Campanumœa lanceolala. 
Cassiope fastigiata. 

Cataselum IVaso (Lindley), 
Ceanothus Lohbianus. 

Cereiis Marlinii. 

— Lemairii. 

— giganteus. 

Cerise Impératrice Eugénie. 
Cerises (Classification des). 
Cerisiers de boutures. 

— à fruits doux. 

— à fruits acides. 

Chanvre (Nouvelle espèce de). 


325, 

235 

255 

60 

168 

135 

151 

227 

265 

261 

2U 

212 

19 

275 

21 

22 

270 


23 


386 


TABLE DES 


Chorizema snperbum. 


232 

Chronique horticole. 60, 

95, 

126, 

160, 254, 519, 583. 



Clematis harbellata. 


156 

Clianthus puniceus. 


45 

Correspondance. 


61 

Crescentia macrophylla. 


295 

Culture maraîchère. 170, 

, 267, 

,332 


D. 

Datura arhorea. — Méthode 


pour le cultiver. 

376 

Dendrobium Pierardi. 

264 

Desfontainia spinosa. 

71 

Dioscorea Batatas, 

342, 571 

Dipladenia acuminata. 

527 

— Ha^'risii. 

325 

Dracœna elliptica. 

100 

Drimys Winteri. 

166 


E. 


Encephalarios pungens. — Sa 
floraison. 222 

Lngrais (De l’emploi de la géla- 
tine ou colle-forte comme), 206 
Epipogon Gmelini. 500 

Eryikrina crista Galli . — Moyen 
de le faire fleurir trois fois 
dans la même année. 182 

Escallonia pterocladon. 551 

Eschscholtzia tenuifolia. 228 

Esthétique des fleurs. 15,79, 5i5 
Eucharis grandijlora, 263 

Exacum macranthum. 10 

Exposition de la Société royale 
d’agriculture et de botanique 
de Gand. 53, 188 

— de la Société royale d’horti- 
culture et d’agriculture d’An- 
vers. 55, 89, 286 

— de la Société royale de Flore 
de Bruxelles. 90, 285 

— de la Société royale d’horti- 
culture de Mons. 184 

— de la Société royale d’horti- 
culture de Malincs. 216, 248 

F. 


MAÏJÈBES. 

comme le meilleur remède 


contre les). 168 

Fraise duchesse de Bergucs. 5G8 
Fruits de verger. 545, 378 

Fuchsia (Du). 350 

— Souvenir de la Reine. 44 

G. 

Gaillardia. 224 

Gardénia glohosa. 133 

Gentiana Fort uni, 41 

Geo7ioma corallifera. 361 

Gesnei'ia, 128 

Glossaire des principaux termes 
usités en botanique. 253 

Gomphrena coccinea. 106 

Greffe automnale. 174 

— Luiset. 303 


Gueules-de -Lion (Caractère des). 80 

H. 


Bvdera glomerulata. 196 

Hexacentris mysorensis. 99 

Horticulture étrangère. 10,67, 99, 
131, 164, 196. 227, 261, 325, 
558. . 

Hoya lacunosa. 529 

flypoxis latifolia. 265 

I. 

Igname-Batate. 342, 571 

hnantojjhyllum min iatum 
(Hooker). 73 

Ipomopsis elegans. 375 

J. 

Jacinthe ( De la ). 79 

Jardin d’agrément(Graines pour 
le). 8 

li. 

Ketmie comestible. 127 

Kunzea Schaueid. 266 


L, 

Laitue. — Procédé pour en ob- 
tenir en toute saison. 


Fourmis ( Lu suie considérée 


25 


TABLE DES MATIÈRES. 


Laitue d^’liiver. 24 

— romaine. • ih^ 

Légumes en tablettes. 221 

Lilas. — Sa floraison au mois 
de septembre. 225 

Lilium odorum, 44 

Lobelia Ghiesbreghtii. 301 

M. 

Madia saliva, 127 

Magnolia de Lenné. 501 

Malva { Culture des ). ( Alcoa 
rosea). 121 

Melon. — Sa culture sur couche 
sourde. 332 

— (Culture du). Ml 

3Iiscellanées. 13, 46, 73, 106, 138, 

170, 200, 233, 267, 313, 352, 
568. 

Myrtiis biillata. 230 

N. 

Nidularium fulgons. 14 

Notes d’une excursion bolanico- 
horlicole à Lierre. 146 

Nymphœa amazonum. 296 

O. 

Oncidium Barliori. 38 

— incurvum. 297 

Orangers. — Recette pour les 
préserver des kermès, pu- 
naises, etc. 139 

Orch idées . — G en re O don toglos- 
sum, 46, 106, 279 

— en fleurs à Bruxelles. 319 

— Nouvelles espèces. 1 92 

P. 

Pêcher (Du). 85 

— oblique, forme dite coup de 
vent. 273 

Pensée (La). 13 

— Gloire de|Bellevue. 236 

Pensées (Méthode pour hybrider 
les). ‘ 124 

Phloxj^ Drummondi. — Semis 
nouveaux. 191 

Pitcairnia longi folia, 37 


387 

Pittosporum fîavum. 165 

Pivoines herbacées nouvelles. 383 
— en arbre. 384 

Plantes de pleine terre. 196, 227, 
263, 298, 330. 

— nouvelles et rares. 10, 37, 67, 
99, 151, 164, 193, 227, 261, 


294, 323, 338. 

Poire Briffaul (Decaisne). 277 

— fondante d’Ingendael. 278 

— Bezy Garnier. 312 

— Charles Frederix. 346 

— fondante de Cuerne. 347 

— Joséphine de Malines. ib. 

— Ananas de Courtrai. 348 

— Beurré de Quenast. 549 

Poires ( Moyen d’obtenir de 

grosses). 309 

Pomme Bleinheim pippin. 378 

— Reinette d’Espagne. 379 

Pommes court-pendus. 380 

Pommes de terre (Maladie des). 319 
— de Circassie. 337 

Pomologie. 84, 150, 244, 303, 343, 
378. 

Psammisia sarcantha. 73 

Pyrethrum à grandes fleurs 
(Muller). 96 

Q 

Quercus flicifolia. 231 

11 . 

Reine Marguerite. — Notice sur 
sa culture. 29, 37 

Reines Marguerites pyramida- 
les. — Leurs dispositions en 
corbeilles. 58 

Rhododendron. 313 

- — prince Camille de Rohan. 573 
Rkododenâruin cinnabarinum . 1 03 
— citrinum. 164 

— lepidotum. 168 

— Maddeni. 198 

Roses. — Notice sur leur classi- 
fication. 138, 175, 203 

— île Bourbon. 317 

— Noisette. ib. 

— nouvel les. 316 

— thé. 318 


o88 TABLE DES 

Rosier(L)e lu inultiplicaliondu). 200 i 
Rosiers Provins. — Noms <le 
quelques variélés eslimées. 61 

— reinonlanls. 516 

S. 

Saccolahium denticulatum. 11 

Salviaianthina, 105 

Sciadocalyx JVartzewiczii . 58 

Scutella ria villosa . 101 

Senecio prœcox, 197 


Serre chaude. 10, 57, C7, 99, 151, 
195, 261, 204, 525, 558. 

Serre froide. 41,71, 105, 164, 196, 


227, 265, 298, 550. 

Société Van Mons. 31 

— Cataloguedesarbrcs fruitiers. 310 
Sonerila maryaritacea. 36(» 

Sophora secundiflora. 104 

Spirœa grandifiora 135 

Staphylea colchica. 541 

Strelitzm angusta. — Sa flo- 
raison. 59 


MATIÈRES. 

T. 


Tamarix parriflora. 105 

Terre chimique pour activer la 
végélation. 136 

Torreya myristica, 7| 

Tresses ligature-;. 303 

Trichodesma Zeylanicum. 294 

Tydœa JFarscewiczn. 566 

V 

Verveines en pois. — Leur cul- 
ture. 

Vigne. — Observations au sujet 
de la maladie de la. 51, 118 
— Sa guérison par le procédé 
de M. Van Eeckhoven. 146 

W. 

IFarrea discohr. 558 

IFelli ngtonia yiyantea. 42 

IFh ilia cia yra n difîora. 229 


FIN DE LA TABLE. 



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