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Full text of "Histoire de Napoleon"

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NAPOLEON, 



ALEXANDRE DUMAS. 



RICHI D'UN VOCABULAIRE 



rES (JKAMMATIOALES 



1 

I 



E. \ HAUSCHILD. 



LEIPSICj 

!R, LIBRAI11E-EDITE 
1846. 




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VERLAG DER RENGER'SCHEN BUCHHANDLUNG IH LEIPZIG. 1 



Englische und französische' ' 

S CHUL- A US ÖÄßiJN. 

Hit Wörterbüchern und Anmerkungen. 



den geehrten Herren Lehrern und Lehrerinnen, welche geneigt sein sollten, eins 
r das andere dieser Schriften in ihren Lehranstalten emzußhren, sind wir gern 
fit, ein Exemplar davon gratis zu liefern. 



a) Englische. 

^LDSMITH, the vicar of wakefield. Mit grammatischen An- 
; lerkungen und einem ausfuhrlichen Wörterbuche von J. Spor- 
nen iL 10 Ngr. 

|HNSON, S., THE HISTORY OF RASSELAS, PRINCE OF ABTS8INIA , A 

t^LE. With a complete vocabulary by Dr. E. A m t h o r. 10 Ngr. 

(VING, WASH., THE LIFE AND VOYAGES OF CRISTOPH COLUMBüS. 

With a complete vocabulary by Dr. E. Amt hör. 15 Ngr. 

j *- VOYAGES AND DISCOVERIES OF THE COMP ANIONS OF COLUMBUS. With 

I complete vocabulary by Dr. E. Amthor. 18 Ngr. 
- tales of the alhambra. With a complete vocabulary by 
r. E. Amthor. 15 Ngr. 

&B, CH., tales from SHAKSPEARE, designed for the use of 
>ung persons. With a complete vocabulary by Dr. E. Am- 
ior. 18 Ngr. 

MCKENZIE), THE MAN OF FEELING. 10 Ngr. 

XRYAT, CAPT., MASTERMANN READY, OR THE WRECK OF PACIFIC. 

jith a complete vocabulary by Dr. E. Amthor. 12 Ngr. 

• the three Cutters. Mit Wort- und Sacherklärungen zum 
Jhul und Privatgebrauche. Herausgegeben von Dr. Reginald 
iiier. 7</ a Ngr. 

(TCAGUE, LADY, letters. Written during Mr. Wortley's 
ftbassy at Constantinople. With a copious vocabulary and 
table of the irregulär verbs by Dr. J. C. Flügel. 15 Ngr. 

• dieselben, englisch und deutsch, übersetzt und herausgege- 
«n von Dr. Lewis. 10 Ngr. 

ÄIAN, fingal. An epic poem in 6 books 7 ! /i Ngr. 

AßLEY'S book of wonders. Mit einem vollständigen Wörterbu- 

ehe und grammatischen Anmerkungen v. C. Schmidt. 12 Ngr. 
öHERIDAN, R. B., the school for scandal. A comedy in 5 acts. 

Mit einem vollständigen Wörterbuche und grammatischen 

Anmerkungen von C. Schmidt 10 Ngr. 
i - dasselbe ohne Wörterbuch. 7 ! / a Ngr. 
' * the rivals. a comedy. Mit Wort- und Sacherklärungen 
!m Schul- und Privatgebrauch. Herausgegeben von Dr. Re- 
inald Miller. 7»/, Ngr. 

BIÜRNE, LAUR., a sentimental journey through france and italy. 

Eith a complete vocabulary by Dr. E. Amthor. 10 Ngr. 

(Soi dasselbe ohne Wörterbuch. 7 Vi Ngr. 

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2 



VERLAG DER RENGER'SCHEN BUCHHANDLUNG IN LEIPZIG. 



STERTfE t .LAUE,, . t^b lsfe and opinions of tristram sh andy. 6 Voils. 
1 Thlr. * 

SI^IFT, -culiivers- Travels/, IV; Volls. Zusammen 20 Ngr. 
• Emiela-r' . 

Vol. L Gullivers voyage to lilliput, mit einem vollständigen 
Wörterbuche von Dr. Wilson. 10 Ngr. 
Dasselbe ohne Wörterbuch. 5 Ngr. 
Vol. II. — to Brobdignag. 5 Ngr. 

Vol. HL — to Laputa. 5 Ngr. | 
Vol. IV. — to Hoyhnhums. 5 Ngr. 

a tale of a TUBi written for the universal improvement of 

Mankind. With explanatory notes by W. Wotton. % Volls. 
10 Ngr. 

b) Französische. 

BARTHELEMY, voyage du jeune anacharsis en grece dans lei 
milieu du 4me siecle avant l'ere vulgaire. Extrait compM 
arrange ä l'usage des e*coles par Meynier. Avec une carte 
de Fancienne Grece. 7me Edition de nouveau revue, corrigfe 
et .augmentäe par Ch. Schiebler. 1 Thlr. 

BERNAKDIN DE ST. PIERRE, paul et virginie. Mit gramma- 
tischen, historischen und mythologischen Anmerkungen und 
einem Wörterbuche von Dr. Schiebler. 7 1 /* Ngr. 

BOÜILLY, contes a ma fille. Mit einem vollständigen Wörter- 
buche. Zum Schul- und Privatgebrauche herausgegeben von 
Dr. Schiebler. 15 Ngr. 

CHATEAUBRIAND, atala-rene. Mit grammatischen, geogra- 
phischen und geschichtlichen Anmerkungen; nebst einem voll- 
ständigen Wörterbuche und einer Zusammenstellung der un- 
regelmässigen Zeitwörter der französischen Sprache. Heraus- 
gegeben von L. C. Schnabel. 10 Ngr. 

COTTIN, Elisabeth ou les exiles de siBERiE. Mit grammatischen 
Anmerkungen und einem Wörterbuche. Herausgegeben von 
Dr. Schiebler. 7y a Ngr. 

DUMAS, ALEX., Napoleon. Enrichie d'un vocubulaire et de notes 
grammaticales par Dr. E. J. Hauschild. 18 Ngr. 

FlilNELON, les aventures de telemaque, avec un vocabulaire ä 
l'usage des ecoles par Ch. Schiebler. 15 Ngr. 

FLORIAN, NUMA pompiuus. Mit historischen, geographischen 
und mythologischen Erläuterungen und einem ausfuhrlichen 
Wörterbuche. Herausgegeben von Dr. Schiebler. 10 Ngr. 

FLORIAN, guillaume tell ou la suisse libre. Mit historischen 
und geographischen Erläuterungen und grammatisch-spraoW 
liehen Bemerkungen versehen, nebst einer Zusammenstellung 1 
aller irregulären französischen Zeitwörter und einem vollstän- 1 
digen Wörterbuche, herausgegeben v. C. S c h n a b e 1. 77 2 Ngr. 

FLORIAN, fables. Mit Wort- und Sacherklärungen zum Schul- 
und Privatgebrauch. Herausgegeben von Dr. F. Hauthal, 
Lehrer am Modernen Gesammtgymnasium zu Leipzig. 10 Ngr* 

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VERLAG DER BENGER'SCHEN BUCHHANDLUNG IN LEIPZIG. 3 



lAFÖlfTAINE, fables choisies pour la jeunesse. Mit "Worter- 
, bjj& von Dr. E. J. Hauschild. 12 Ngr. 

XOi^ÖTTA, V. DE, VIE ANECDOTIQUE DE LOUIS-PHILIPPE I., Roi de 

Fr^ncais. Enrichie d'un vocabulaire par J. B. Piney. 8 Ngr. 
— -^da sselbe ohne Wörterbuch. 6 Ngr. 

SE0ÜR, COMTE DE, HISTOIRE DE NAPOLEON ET DE LA GRANDE ARMEE 

pftndant l'annee 1812. Enrichie d'un vocabulaire et de notes 

grammaticales par E. J. Hauschild. 24 Ngr. 
VOLTAIRE, la henriade. Mit Anmerkungen und Wörterbuch 

t6nE. J. Hauschild. 10 Ngr. 
— ästoire de charles xn. Enrichie de notes grammaticales 

et d'un vocabulaire par M. A. Thibaut. 10 Ngr. 

Elementarbücher 

nach der 

cullrenden Methode. 

Tarbuch der ITALIENISCHEN SPRACHE für deutsche 
Franzosen. Von G. B. Blanchard. 1. Cursus. */* Thlr. 
Aach unter dem Titel: 
JYRE ELEMENT AIRE DE LA LANGUE ITALIENNE a l'usage des 
. allemands et des francais. Par G. B. Blanchard. 1. Cours. 
%£hlr. 

IttBwraTARBUCH der DEUTSCHEN SPRACHE. Ein Lehr- und Le- 

v sehnen. 1. Cursus. Von Dr. E.J. Hauschild, Director des 

■! Modernen Gesammtgymnasiums zu Leipzig. 1 Thlr. 

f «gr 25 Exemplare: 18 3 / 4 Thlr. 

i 50 do. 35 

) 100 do. 62V* » 

; njBpnrr arbuch der ENGLISCHEN SPRACHE. 2. Aufl. Heraus- 

&' gegeben von Dr. E. J. Hauschild und John Mickeith- 

i wate. 9 Ngr. 

| mmentarbuch der FRANZOSISCHEN SPRACHE. 1. Cursus. 
3w Auflage. Herausgegeben von Dr. E. J. Hauschild. 9 Ngr. 

bleärtarbuch der FRANZÖSISCHEN SPRACHE für alle dieje- 
nigen, welche nach dem ersten Cursus vonAhn's prakt. 
Lehrgänge unterrichtet worden sind. 2. Aufl. Herausge- 
gjfogn v on Dr. E. J. Hauschild. 9 Ngr. 

FO^BKÜLAIRE GRAMMATICAL. Regles pour le premier et 
le second cours du libre elementaire de E. J. Hauschild. 
\ Edition. 6 Ngr. 




r AUSWAHL 

Impf ehlens werther Lehrbücher: 

HRÖÄkNER, Dr. G., praktisches Hülfsbuch zur methodischen 

Emflbung der hebr. Grammatik. 20 Ngr. 
WNfcrf, 3. «rfle* engliffie« 2cfefru$ mit 2Börierfcu<$- i2^x. 

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4 VERLAG DER RENGER'SCHEN BUCHHANDLUNG IN LEIPZIG. 



EINFÜHRUNG- in das STUDIUM der CHEMIE oder die Grun< 
lehren der allgemeinen Chemie mit besonderer Rücksicht auJ 
Physik und Stöchiometrie von Dr. Th. Gerding. Mit 77 hj 
den Text gedruckten Holzschnitten. 1 Thlr. 

ROBERT GALLOWAY'S VORSCHULE der QUALITATIVES 
CHEMISCHEN ANALYSE für den ersten Unterricht auf Schul 
len und Universitäten, sowie insbesondere zumPrivatgebrauchd 
Deutsch mit Zusätzen und Anmerkungen von Dr. Th, Ger 
ding. Mit 9 Tafeln. 18 Ngr. 

GESENIUS, hebräische Grammatik. 16. Aufl. Neu bearbeitet yoi 
Dr. Rödiger. 27 Ngr. 

hebräisches Lesebuch. 8. Auflage. Neu bearbeitet von Di 

Heiligstedt. 18 3 /* Ngr. 

MAURER, Dr. F. I. V. D. t commentarius oriticus in Vetns Tea 
tamentum in usum maxime Gymnasiorum et Academiarun 
adornatus. IV. Vol. compl. 8. maj. 1835—48. 10 Thlr. 15 Ngi 

praktischer Cursus über die Formenlehre der hebräische) 

Sprache oder Analysirungen zur methodischen Einführung di 
Scholars in die hebr. Formenlehre, nebst einem etymologisch« 
Wortregister. 18 3 /* Ngr. 

C$m, £etyrbu<$ für ben gefammten mat&emattf&en @femeniar4tnterriä» 
an (Stymnaften, Ijo&ern Sürger* unb 2flüitar*6<|ulen. 4. toermetyri 
Auflage. 27 Vi #gr. 

ßepr&u<$ beö gefammten matljematif<$en Unterridjtg in 2 235nber 

3um ©ebrau^e für Die o&ern Waffen ber (Stymnaften unb anben 
Weren ßeljranftalten, fo wie $um <Selbfhmterrtc&te bearbeitet un! 
mit Dielen UebungSbeifpielen berfeljen. 4 Xfyx. 7 l / 2 ftgr. 

©dnebler, Dr., flemes grammatifaliföeS 2Börterfcuc| über bie $aupt 
fäwierigfeiten in ber franjoftf^en €pra$e. bn><$. 3 3 /* 9lßr. 

®potf<6U, 3., ausführliche t&eoretffd^praftiföe <S$uIgrammattf be 
engltfdjen ©praefce. 1 %Wx. 

TASCHENBUCH dir THEORETISCHEN CHEMIE zur schnei 
len Uebersicht und leichten Repetition bearbeitet von Proi 
Dr. C. G. Lehmann. 6. Auflage. V/ 2 Thlr. I 

TASCHENBÜCH der CHEMISCHEN TECHNOLOGIE zu] 
schuellen Uebersicht bearbeitet von Dr. J. Gottlieb, Proi 
am Joanneum in Gratz. Mit 36 in den Text gedruckten Holz 
schnitten. V/% Thlr. 
«£är» Dieses Werk ist dem Lehman n'schen Taschenbuche in der Weis 
angenasst, dass beide Werke vereinigt ein vollständig übersichtliche 
Lehrbuch der technischen Chemie bilden. 

TASCHENBUCH der PHYSIK im ausführlichen und übersieht 
liehen Auszuge bearbeitet von Prof. Dr. Rudolf Wagner 
Mit 329 in den Text gedruckten Holzschnitten. V/% Thlr. 

TASCHENBUCH der MINERALOGIE zur schnellen UebersicW 
und leichten Repetition bearbeitet von Dr. Johannes Zimmer« 
mann. Mit 47 in den Text gedruckten Holzschnitten. l 3 / 4 Thlr 

WOLFF, Dr. O. L. B., France poetique ober poetttö** $au& 
fdjafc ber grait$ofen. «BoHflänbigc 6a»mfutt$ franfififätt ©e< 
btdjte na<$ ben ©attungen georbnet, Don ben früljefien Seiten bis au| 
unfere tage, dtn #anbbu$ ber fran*. *poefte, $oetif unb <$ef<$i<$t< 
ber $oefte. gr. 8. cartonntrt. 2 £$ir. 

Druck von C. Wv V o 1 1 r a t h in Leipzig. 

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HISTOIRE 

NAPOLEON 

PAR 



ENRICHI D'UN VOC ABULAIRE 
et 

DB NOTES GRAMMATIC ALE S 
PAR 

E. I. HAU SCHILD. 




1 "^-^Ev^&Z^ 0 ^ 
LEIPSIC, 

HENGER, LIBRAIRE-ED1TEUR. 

1846. 



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Fottrr : er 
Collect;;;;* 



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TABLE DES MATIERES. 



Page». 

ipoleon de Bnonaparte 1 

e glnera] Bonaparte ; 19 

»aaparte premier eonsnl • 44 

ipoleon emperenr 64 

opoleon ä Pile d'Elbe et les cent-jours 120 

Eoleon ä Sainte-Hllene 174 

verneinen* de Napoleon 188 

'«sUment de Napoleon 224 

I 



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NAPOLEON DE BUON APARTE. 



CHAPITRE I. 

Le 15 aoüt 1769, naquil, ä Ajaccio, un enfaut qui recut de ses 
arents le nom de Buonaparte, et du ciel celui de Napoleon. 

Les premiers jours de sa jeunesse s'ecoulerent au milieu de 
ette agitation üevreuse (*) qui suitles revolutions ; laCorse, qui 
fepuis an demi-siecle revait l'independance , venait d'etre raoitie* 
»oquise, moitie vendue, et n'ltait sortie de l'esclavage de G&nes 
|ue pour tomber au pouvoir de la France. Paoli, vaincu ä Ponte- 
taovo, allait chercher avec son frere et ses neveux un asile en 
ingleterre, ou Alfieri lui dediait son Timoleon. L'air que respira 
e nouveau-ne etait chaud des haines civiles , et la cloche qui 
loooa son bapteme, toute fremissaote encore du tocsin. 

Charles de Buonaparte , son pere , et Laetitia Ramolioo , sa 
nere, tous deux de race patricienne etoriginaires de ce charmant 
rillage de.San-Miniato, qui doinine Florence , apres avoir ete les 
nte de Paoli , avaient abandonne son parti , et s'etaient rallie*s 
i l'iufluence francaise. 11 leur fut dooc facile d'obtenir de M. de 
IbriKBuf , qui re venait comme gouverneur dans File oü dix ans 

|1) Remarquez que les regles que donne la Grammaire pour U flexion 
d« aiolt, ne aoot pas autresque Celles de l'Etymologie en g£ne*ral: negre 
presse; Jlevre, Jievreux; mourir, je meurj; jouer,jeu; le cheval, les 
cttvaux ; valoir, je vaux. 

Dumas, Napoleon. \ 



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2 NAPOLEON DE BUON APARTE, 

auparavant il avait aborde comme general, sa protection p© 
faire entrer le jeune Napoleon ä Tecole militaire de Brienne. 1 
demande fut accordee, et, quelque temps apres, M. Berton, sou 
principal du College, inscrivait sur sesregistres lanole suivant« 
«Aujourd'hui, 23 avril 1779, Napoleon de Buonaparte estent 
ä l'Ecole royale militaire de Brienne-le-Chäteau , ä Tage de ne 
ans, hait mois et cinq jours." 

Le nouveauvenu etait Corse, c'est-ä-dire d'un pays qui, de n 
jours encore, lutte contre la civilisation avec une force d'inertie ( 
teile, qu'il a conserve son caractere ä defaut de son indepe 
dance : il ne parlait que Tidioine de son ile maternelle; il a?a 
le teint brule du meridional , 1'ceil sombre et percant du mont 
gnard. C'etait plus qu'il n'en fallait pour exciter la curiosite < 
ses camarades et augmenter sa sauvagerie naturelle , car la c 
riosite de l'enfance est railleuse et manque de pitie. Un profe 
seur, nomine* Dupuis , prit en compassion le pauvre isole, et 
chargea de lui donner des lecons particulieres de la laogue frq 
caise : trois mois apres, il etait dejä assez avance daus cette etu< 
pour recevoir les preiniers eleinents de latioite. Mais des Paboi 
se manifesta chez lui la repugnance qu'il conserva toujours po 
les langues morles, tandis qu'au contraire son aptitude pour l< 
mathlmatiques se developpa des les preinieres lecons ; il en r^ 
sulta que, par uue de ces Conventions si frequentes au coJJeg' 
il trouvait la Solution des problemes que ses camarades avaiei 
a resoudre, et ceux-ci ,• en echange , lui faisaient ses themes 
ses versions, dont il ne voulait pas entendre parier» 

L'espece d'isolement dans lequel se trouva pendant quelqi 
temps le jeune Buonaparte, et qui tenait a l'impossibilite de coi 
muniquer ses idees, eleva entre lui et ses compagnons une esp& 
de barriere qui ne disparut jamais completement. Cetfe preiniei 
Impression , eu laissant dans son esprit un souvenir penible qi 
ressemblait a une rancune, donna naissance ä cette misanthropi 
precoce qui lui faisait chercber des amusements solitaires, < 



(2) Expression prise dans la ptaysique et traduite verbalement du laiin 
vis inertiae^ qoalile* de tnutes les choses de rester en repos autant qa 1 
n'y a pas d'impulsion extlrieure. 



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CHAPITRE I. 



3 



ians laquelle ( 3 ) quelques^uns ent voulu voir les reves prophetiques 
da genie naissant. Au reste , plusieurs circonstances , qui dans 
la rie de tont aatre seraient restees inapercues, donnent quelque 
foniement anx recits de ceux-la qai( 4 ) ont essaye* de faire une en- 
faiee exceptioiraelle ä cette merveilleuse virilite. Nous en cite- 
rons deux. 

Un des amnsements les plus habituels du jeune Buonaparte 6tait 
la culture d'an petit parterre entoure de palissades, dans lequel 
ü se retirait habituellement aox heures des recreations. Un jour, 
an de ses jeanes camarades , qui etait curieux de savoir ce qu'il 
poavait faire ainsi seul dans son jardin, escalada la barricade, 
, et le vit oecupe ä ranger dans des dispositions railitaires one 
foule de cailloux dortt la grosseur indiquait les grade s. Au bruit 
■ue fit l indiscret , Buonaparte se retourna, et, se voyant surpris, 
jordonna ä l'ecolier de descendre ; mais celui-ci, au Heu d'obeir, 
se moqua du jeune strategiste, qui, peu disposeä la plaisanterie, 
«ramassa le plus gros de ses cailloox, et Tenvoya au beau roiiieu 
du front du railleur , qui tomba aussitöt assez dangereusement 
[ Hesse. 

^ Vingt-cinq ans apres, c'est-a-dire au moment de saplos haute 
jfortune, on annooca ä Napoleon qu'uo individu qui se disait son 
camarade de College demandait ä lui parier. Comme plus d'une 
fois des intrigants s'ätaient servis de ce pretexte pour arriver 
.jusqu'a lui , l'ex-ecolier de Brienne ordonna ä l'aide de camp de 
serrice draller dentander le nom de cet ancien condisciple ; mais 
ce nom n'ayant eveille aucun souvenir dans l'esprit de Napoleon: 
•Retournez, dit-il, et demandez ä cet homme s'il ne pourraitpas 
■e eiter quelque circonstance qui me remit sur sa voie.* L'aide 
de camp accomplit son message et revint en disant que le solli- 
eiteor , pour toute reponse , lui avait montre une cicatrice qu'il 



$) Est-ce que PAuteur aurait pu dire : gut lui faisait chercher . . , et 
inta qui quelques- uns ont voulu, etc ? 

(4) La rägle generale veut que ceux suivi de qui ne soit accorapagne* de 
ft ou de la qu'au cas que le relatif soit lloigne* de son d&nonslralif, p. e. 
Celui-ci est riche qui repoit plus qu'il ne consume ,* celui-lä est pauvre 
tont la dtpensc excede la recette. 



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4 



NAPOLEON DE BUON APARTE. 



avait au front. «Ah ! cette fbis jeme le rappelle, ditTEnperear : 
c'est un general en chef que je lui ai jete a La tete ! . . . • 

Pendant l'hiver de 1783 a 1784, il ton? banne si gravide qaantitc 
de neige, que tentes les recrlattoas exterieures farent inUr- 
rompnes. Buonaparte, force" malgre hri de passer les heuresqull 
donnait ordinairement ä la eulture de son jardin , au miliea des 
amusements bruyants et inaccoutume*s de ses camarades, propost. 
de faire uae sortie, et, a l'aide de pelles etdepioches, de taillei 
dans la neige les fortifications d'une viile, qui serait eniaiti 
attaquee par les uns et defendue par les autres : la propesitioi 
etait trop sympatbique pour etre refusee. L'auteur du prejet fuj 
natorelleraeat ehoisi pour Commander un des dem partis. Li 
ville, assiegee par lui, fut prise apres uoe heroique resistanee d< 
la part de ses adversaires. Le kndematn la neige foadlt ; mau 
cette recreatiea nouveile laissa uae trace prefeude dans la m* 
xnoire des ecoliers. Devenus hommes, ils se souvinrent de ee jei 
d'enfant , et ils se rappelerent les remparts de neige que batti 
en breche Buonaparte , en voyaat les murailles de tant de viUeä 
tombcr devaat Napoleon. 

A mesnre que Bnonaparte grandit, les idees primitives qu^ 
avait en quelque sorte apportees en germe se developperent, el 
indiqoerent les fruits qu'un jour elles devaient porter. La saaj 
mission de la Corse a la France , qui lui dooaait a lui , son seol 
representant, l'apparence d'ua valncu au miliea de ses vainqueurSj 
lui etait odieuse. Un jour qu'il dinait a la table du pere Bertoa 
les professeurs, qui avaient deja plusieurs fois remarque la sus* 
eeptibilite nationale de leur eleve , aJFecterent de mal parier d< 
Paoli. Le rouge monta aussitot au front du jeune homme , qui n< 
put se contenir. — «Paoli, dit-il , etait un gramd bomme , qui ai 
mait son pays ceume un vieux Romain ; et jamais je ne pardon 
nerai ä mon pere , qui a ete son aide de camp , d'avoir concoon 
a la rennion de la Corse a la France : il aurait du suivre la for 
tune de son general et tombcr avec lui.» 

Cepeadant, au bout de cinq ans , le jenne Buonaparte etait en 
quatrieme et avait appris de mathematiques tout ce que le per< 
Patraul t avait pu lui en montrer. Soa äge etait l'age designe poui 
passer de V&cole de Brienne ä celle de Paris : ses notes etaieal 



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CHAPITRE I. 



5 



femaes, et ee eompte rendufut envoye au roi Louis XVI, par M. 
4* Keralio, iospeoteur des ecoles militaires : 

4f. de Buonaparte (Napetfon), ne ie 15 aout!769, taille de 
qBBtre pieds dix pouces dix lignes, a fajt sa quatrieroe : de bonne 
eiastüation , taate exeelleate ; caractere soumis, bonnete, re- 
etnuafesaat; condaite tres - reguliere ; s'est toajours distingue' 
|tr sin applicatiau aux matbcaMrtioues. II sait tres-passablemeat 
■ ton aittoire et sa g eagrapfaie ; il est aisez faible poar les exer- 
«ices d'agremeat et poar le latia , ou il n'a fait que sa quatrieme. 
' C« sera im excellent marin. II merite de passer a l'Ecole miü- 
i frire de Paris.» 

Ba cente^ueoce de eette note , le jeuae Baouaparte obtint f ob 
eatree a l'Ecole miiitaire de Paris $ et le jour de son depart cette 
^nention fut inscrite sur les regieren 

A «Le 17 octobre 1784, est sorti de l Ecole royale de Brieone 
i$M. Napoleon de Baooaparte, eeuyer, ne eo la ville d'Ajaccio, en 
«i'üe de Corse, ( 5 ) le 15 aout 1769, fils de noble Charles-Marie de 
Baooaparte, depnte de la noblesse de Corse, demeurant en ladite 
ville d'Ajaccio, et dedame LeetitiaRamoiino, suivantTacteporte au 
registre, folio3l, et re?u danscetetablissementle 23 avril 1779. » 

On a accuse Buonaparte de s'etre vante d'une noblesse imagi- 
«aire et d'avoir fausse soa age ; les pieces qae nous venons de 
titer repondent a ces deux accusatioas. 

Baonaparte arrira daus la capitale par le cocbe de Nogent-sur- 
fleiae. 

' Aicon fait particulier ne Signale le sejour de Baonaparte a 
J l'Ecole miiitaire de Paris, si ce n'est^un Memoire qu'il envoya a 
J «ta tncien sous-principal, le pere Berton. Le jeane legislateur 
i( arsit trouve, daus Torganisation de cette ecole^ des vices que 
ar«oa aptitude naissaate a l'administration ne pouvait passer sous 
•I lileaee. Un de ees vices, et le plus dangereux de tous, etait le 
I luxe dont les eleves etaieat enteures. Austl Buonaparte s'lle~ 
i| vait-il surtout contre ce luxe :«Au lieu , disait-il , d'entretenir 
J in nombreux domestiqoe autour des Cleves, de iear donner jour- 
ij ullement des repas a deux Services , de faire parade d'un ma- 

(5) En poar dant. Style da palais. 

i 

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6 



NAPOLEON DE BUONAPARTE. 



nege tres-couteux , tant ponr les chevaux que pour les ecuyers, 
ne vaudrait-il pas mieux, sans toutefois ioterrompre le cours de 
leurs etudes , les astreindre ä se servir' eux-m£mes , moins ( 6 ) 
leur petite cuisine, qu'ils oe feraient pas; leur faire, maager 
du pain de lnunition , ou d'un autre qui en approcherait ; les 
habituer ä battre leurs habits et a nettoyer leurs souliers et 
leurs bottes? Puisqu'ils sont paavres et destines au Service 
militaire, n'est-ce pas la seule education qu'il faudrait leur 
dooner? Assujettis ä une vie sobre, ä soigner leur tenue , Us 
en deviendraient plus robustes , saaraient braver les intem- 
peries des Saisons, supporter ayec courage les fatigues de la 
guerre, et inspirer un respect et un devouement aveuglesaux aol- 
dats qui seraient sous leurs ordres. » Buonaparte avait quinze 
ans et demi lorsqu'il proposait ce projet de reforme : vingt aas 
apres il fondait TEcoIe militaire de Fontainebleau. 



CHAP1TRE IL 

En 1785, apres des examens brillants, Buonaparte fut nomme 
sous-lieutenant en second au regime ot de La Fere, alors en gar- 
nison dans le Dauphine. Apres £tre reste quelque temps a Gre- 
noble , oü son passage n'a laisse d'autre trace qu'un mot apo- 
cryphe sur Turenne, il vint habiter Valenee : la, quelques lueurs 
du soleil de l'avenir commencent a se glisser dans le crepuscule 
du jeune homme ignore. Buonaparte, on le sait, etaitpauvre; 
mais si pauvre qu'il füt, il pensa qu'il pouvait venir en aide a sa 
famille, et appela en France son frere Louis, qui etait de nevf 
ans plus jeune que lui. Tous deux logeaieat che* mademoiselle 
Bou, Grande-Rue, n° 4. Buonaparte avait une chambrea coucher, 
et au-dessus de cette chambre le petit Louis habitait une raan- 
sarde. Chaque matin , fidele ä ses habitudes de College , dont il 
devait se faire plus tard une vertu des camps , Buonaparte eveil- 



(6) Moins pour exceptc. 



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CHAPITRE II. 



lait son frere en frappant le plancher, d'un bätoa , et lui donnait 
sa lecon de malhematiques. Un jour }e jeune Loais , qui avait 
grand'peine a se faire ä ce regime, descendit avec plus de regret 
et de lenteur que de contume ; aussi Buonaparte allait-il frapper 
le plancher uoe secoode fois , lorsque Fecolier tardif entra enfin. 

— 4 Eh biea! qu'y a-t-il donc ce matin , il me semble que nou* 
sommes bien paresseux? dit Buonaparte. 

— Oh ! frettB,' repondit l'eafant, je faisais an si beau reve. 

— Et qae revais-tu donc ? 

— Je revais que j'etais roi. 

— Et qu'etats-je donc alors, ntoi? . . . Emperenr? dit eo haus- 
sant les epaules le jeune sous-lieutenant. Allons l ä ia besegne.» 

Et la lecon journaliere fut, comme d'babifcude , prise par le für 
tur roi et donnee par le futur emperenr (*). 

| Buonaparte etait lege' en face da magasin d'un riebe libraire 
I nomine Marc-Aurele, doat la maison, qui porte , je crois , la date 
üe 1530, est un bijou de renaissanee. 'C'est la qu'il passait a peu 
pres toutes les heures dont son Service militaire et ses le9ons 
fraternelbes le laissaient maitre. Ces beures n'etaient point per- 
dues, comme ( 7 ) on va le/voir. 

Le 7 octobre 180&, Napoleon donnait ä diner ä Erfurtb ; ses 
convives etaient l'empereur Alexandre , la reine de Westphalie, 
le roi. de Ba viere , le roi de Wurlemberg , le roi de Saxe , le 
grand-dnc Constantin, le Prince-Primat , le prince Guillaume de 
Prasse,' le duc d'Oldenbourg, le prince de Mecklembourg-Schwe- 
rio, le dnc de Wey mar et Le prince de Talbeyrand. La conserva- 
tioo tomba sor la bulle d'or qui , jusqu'ä l'etablissement de la 
eonfederatjon du Rhin, avait servi de Constitution et de reglement 
pour Felection des empereurs, et le nombre et la qualite des elec- 
tenrs. Le Prince - Primat entra dans quelques detail* sur cette 
bulle, et en fixa la date a 14Q9. 
— - Je crois qne vöus vous trompez* dit en souriant Napoleon ; la 

(*) Cette sehne se passa devant M. Pannen Li er , medecin du regiment oü 
Baonaparte Itait lieotenant en second. 

(7) Comparez plos haut : Buonaparte, on le sait, etait pauvre; la maison, 
1*i porte, je'erois, Iii date. Les phrases intercalees n'aiment pas cette con- 
joocüon comme, »it. 



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8 



NAPOLEON DB BUONAPARTE. 



belle *ont vens parle« a ete proclamee en 1336, sous je regne de 
l'empeveur Charles IV. 

— C'est vrai, Sire, rependit le Printe-Primat, et je me le rap- 
peüe maiotenant ; aais «ommeut se fait-il que Votre Majeste* 
sache si bien ees cheses-U? ■ 

— Quand j'ltais simple lieotenaat en second dans ParttUerie, 
dit Napoleon. . . 

A ce debut, an mouvement d'ltoanement si vif se m&aifesta 
parmi les nobles convives, *que le narratear fut force" de s'inter- 
rompre ; mais an bout d'un instant : 

— Quand j'avais l'honnear d'etre simple lientenant en second 
d'artillerie, reprit-il en seuriant, je restai trois anales eo gar- 
nison ä Yalence. J'aimais peu le monde et vivais tres-retire. Un 
hasard^heureux m'avait logl pres d'an libraire instruit et des 
plos complaisants. J'ai In et rein sa bibliotheque pendant, ces 
trois annies de garnison, et je n'ai rien oublie, m6me des ma- 
tteres qni n'avaient aucud rapport avec mon etat. La nature, 
d'ailleurs, m'a doul de la memoire des cbiffres ; il nTarrive tres- 
souvent, avec mes ministres, de leur citer le detail et TensemMe 
numeVique de leurs comptes les plus anciens. » 

Ce n'etait pas' le seul sonvenir que Napoleon eut conserve de 
Valenee. 

Parmi le peu de personnes que voyait Buonaparte ä Valenee 
etaif M. de Tardiva, abbe de Saint-Ruf, dont Tordre avait etede- 
trnit qnelqne temps anparavant. II rencontra eben Inf made- 
moiselle Gregoire da Colombier , et en devint amoureux. La fa- 
mille de cette jeane personne habitait une campagoe sitae« a 
une demi-Iieue de Valenee et appelee Bassiau , le jeane lieute- 
nant obtint d*6tre recn dans la maison et y fit plasiears visites. 
Sar ce» entrefaites, se prlsenta de son c6te* an gentilhomme dau- 
phinois, nomine" M. de.Bressieux. Buonaparte vit qu'il Itaittemps 
de se dlelarer, s'il ne voulait pas £tre gagnl de vitesse ; il lern 
vit en consequence a mademoiselle Gregoire une longue lettre, 
dans la quelle il lui exprimait tous ses sentiments pour eile, et 
quHl Tinvitait a commuuiquer ä sesparents. Ceux-ci, placesdans 
ralternative de dooner leur fille ä an militaire sans'avenir, ou 
bien a un gentilhomme possedant quelque fortune^ öfteren t p*ur 



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cRAprrnE ii. 



le geatilhomne : Buoaaparte fut ecaadait, et sa lettre remise aax 
.nains d'unc tiercepersoDae , qii voutat Ia readre , ainsi qn'etle 
ea avait ete" cbargee , a celui qai Favait ecrite. Mais Buonaparte 
ne vonlut pfcs la repreadre. «Gardez-la, dit-il ä Ia personne, eile 
sera an joar an temoignage ä la fois et de moa amonr et de la 
purete de nies sentiments envers mademoiselle Gre"goire. > La 
personne garda la lettre et la famille \a conserve encore. 

Trois mois apres mademoiselle Gregoire IpoasaM. de Bressieux. 

Ea 1806, madame de Bressienx fut appelee ä la conr avec le 
titre de dame d'honnenr de rimperatrice, son frere envoye" ä Ta- 
rin ea qualite de prüfet: et so,n mari nemme' Baron et administra- 
tenr des fonets de l'Etat. 1 

Les antres persoanes avec lesqueltes Boonaparte se Iia pen- 
daat son sejour ä Valence farent MM. de Montalivet et Baebas- 
soa, lesqoels devinreat, Fun miaistre de rintlrieur, et Paatre 
inspectenr des approviaionnemeats de Paris. Le dimanche , ces 
l trois jeunes geas se promenaient presqne toujours ensemble bora 
de la ville , et la s'arrdtaieat qnelqaefois ä regarder an bal en 
plein air que donnait, moyennaat deux sons par cavalier .et par 
coatredaase , na epicier de Ia ville , qui , dans ses moments per- 
das, exercait l'etat de mea&rier. Ce mlaetrier etait an anciea 
militaire qai, retir£ ea coog^ a Valence, s'y £tait roarie et y exer- 
cait en paix sa double indastrie: mais comme eile 6tait eaeore 
insoffisante, il sollicita et ebtint, lors de la creation des departe- 
ments, ane place de commis explditionnaire dans les bureaax de 
l'administration centrale. Ce fut la que les premiers bataiilons 
de volontaires le prirent, en 1730, et l'entrainerent avec eux. 

Cet ancien soldat, Ipicier, menetrier et commis expSditioanaire, 
fat depuis le marecbal Victor, duc de Beüane. 

Boonaparte qnitta Valence , laissant trois fraoes dix soas da 
Lettes che« son pAtisfcfer, aomme Coriol. 

Qae nos lectenrs ae s^tonnent point de nous voirrecbercher de 
»areilles anecdotes : lorsqu'on ecrit la biographte d'uu Jales Cä- 
sar, d*aa Cbarlemagae ou «Fan Napoleon , la laaterae de Diogene 
se sert plus a chercber rbomme; rbomme est tronv4 par la pos- 
tfrit©' , et apßarait aax yeux da monde, radieux et sublime : c'eat 
4oac le cbemin qu'il a parcouru avaat d'arrlver a san pieVleatal 



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10 



NAPOLEON DE BUONAPARTE. 



qu'il faut suivre, et plus les traces qu'il a laiss*es en certaias en- 
droits de sa route sont legeres , plus elles sont inconaues et, par, 
consequent, plus elles offreot de curiosite. 



CHAPITRE III. | 

Buonaparte arrivait ä Paris en meme temps que Paoli. L'as- 
semblee Constituante venait d'associer la Corse au benefice des 
lois francaises ; Mirabeau avait declare a la tribune qu'il etait 
temps de rappeler les patriotes fugitifs qui avaient defendu l'in- 
dependance de l'ile, et Paoli etait revenu. Buonaparte fut ac- 
cneilli en fils par l'ancien ami de son pere : le jenne enthonsiaste 
se trouva en face de son heros : celui-ci venait d'etre nomine 
Lieutenant general et commandant militaire de la Corse. 

Buonaparte obtint un conge, et en profita pour suivre Paoli et 
revoir sa famille , qu'il avait quittee depuis six ans. Le geueral 
patriote fut recn avec delire par tous les partisans de Tindepen- 
dance , et le jeune lieutenant assista au triomphe du celebre 
exile : l'enthousiasme fut tel, que le vceu unanime de ses conci- 
toyens porta en meme temps Paoli ä la täte de la garde nationale 
et a la presidence de Tadministration departementale. II y de- 
meura quelque temps en parfaite intelligence avec la Constitu- 
ante; mais une motion de l'abbe Gbarrier, qui proposait de ceder 
la Corse au duc de Parme en echange du Plaisantin, dont la pos*- 
session etait destinee ä indemniser le pape de la perte d'Avignon, 
devint pour Paoli une preuve du peu d'importance qu'attachait la 
Metropole ä la coaservatiou de son pays. Ce fut sur ces'entre- 
faites que le gouveroement anglais, qui avait accueilli Paoli dans 
son exil, ouvrit des Communications avec le nouveau p resident; 
Paoli, au reste, ne cachait pas la preference qu'il accordait a la 
Constitution britannique sur celle que preparait la legislaturc 
francaise. De cette epoque date ladissidence entre le jeune lieu- 
tenant et le vieux general ; Buonaparte resta citoyen francais, 
Paoli redevint general corse. 



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CHAWTRE III. 



ii 



Buonaparte fut rappele a Paris an commencement de 1792. II 
y Mfrouva Bourrienne, son ancien ami de College, leqael arrivait 
de Vienne, apres avoir parcouru la Prusse et Ja Pologne. Ni 
Tqq ni l'autre des dem ecoliers deBrienne n'etaieatheureux ; ils 
associerent leur misere pour la reodre moios lourde : Vun sollici- 
tait du Service ä la guerre, l'autre aox affaires etrangeres ; 011 ne 
repondait a aucun des deux, et alors ils revaicot des speculations 
commerciales , qne lenr defaut de Fonds les empechait presque 
toujours de realiser. Uo jour ils enrent l'idee de louer plusieurs 
maisons en constrnction daos la rne Montholoo , pour les soue- 
loner ensnite ; mais les pretentions des proprietaires leur paru- 
reot si exagerees, qu'ils farent ( 8 ) forces d'abandonner cette specu- 
lation par le meine motif qui lenr en avait fait abandonner tant 
d'autres. En sortant de chez le constructeur , les deux specula- 
teurs s'apercarent non-seulement qn'iis n'avaient point dine, mais 
eueore qu'ils n'avaient point de quoi diner. Buonaparte remedia 
a cet ineonvenient en mettant sa montre en gage. 

Sombre prelude dn 10 aout, le 20 juin arriva. Les denxjeunes 
gens s'etaient donne rendez-vous pour dejeuner chez un restau- 
ratenr de la rne Saint-Honore : ils achevaient lenr repas , lors- 
qu'ils Turent attires ä la fenetre par un grand tnmulle et les cris 
de: fa ira, vive la nation , vive les sans-culottcs , ä bas le vetoj 
C'etait nne tronpe de six a hnit mille hommes, condnite par San- 
terre et le marqnis de Saint-Hurugues, descendast des faubonrgs 
SaiBt-Antoine et Saint - Marceau , et se rendant ä l'assemblee. 
«Suivons cette Canaille, » dit Buonaparte, et les deux jeunes gens 
sedirigerent aussitöt vers les Tnileries, et s'arretereotsurlater- 
rasse du bord de l'eau : Buonaparte s'appuya contre un arbre et 
Bourrienne s'assit sur un parapet. 

De la ils ne virent point ce qni se passait ; mais ils devinerent 
facilement ce qni s'etait passe , lorsqu'une fenetre donnant snr le 
jardia s'ouvrit , et qne Louis XVI parnt coiffe du bonnet rouge 
qu'aa homme dn peuple venait de lui preseater au bout d'une 
piqoe. 



(8) Cbap. II. iipauvre gu'il föt, sans virgole. Ici : si exagires, quHlsfu- 
rent, avec la virgnle. La difforence est bien sensible. 



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1* 



NAPOLEOff DE BUONAPARTE. 



• CogHone! coglUmei* ( 9 ) marmaraen haussant les äpaules» ; et 
daus ren idiome eorse , le jeune lieutenanl , qui jusque-lä etaut 
reste muet et immobile. 

— Que voulais-tu qu^il fit? dit Bourrienne. 

— 11 fallait eo balayer quatre oo einq cents avec du canon, 
pondit Bnonaparte, et le reste courrait encore. » 

Pendant tonte la jourule il ne parla qne de cette scene , qut 
avait Tait snr hii ine des plus fortes impressions qu'il eut jamais 
ressenties. 

bnonaparte vit ainsi se derogier sous ses yeux les premters 
eteaements de la revotution francaise. II assista en simple spec- 
tatenr ä la fusiUade du 10 aout et aux massacres du 2 Septem- 
bre ; puis , voyant qu'il ne pouvait obteoir de Service, il resolut 
de faire un nouvean voyage en Gorse. 

Les intrigues de Paoli avec le cabinet anglais avaient pris, en 
Pabsence de Bnonaparte, na tel dereloppement, qn'il n'y avait 
plus ä se tromper sur ses projets. Une entrevue , que le jeuae 
Heutenant et le vieux general eurent ensemble ehez le gonver- 
nenr de Corte , se termina par une rupture : les deux ancieus 
amis se separerent pour ne plus se revoir que sur le cbamp de 
bataille. Le meme soir, un flattenr de Paoli voulut dire devant 
lui du mal de Bnonaparte: «Chut! Iui dit le general , en portant 
le doigt a ses levres, c'est un jenne bomme taille sur l'antique l » 

Bientöt Paoli leva ouvertement l'etendard de la reVolte. Nom- 
m£, le 26 juio 1793, par les partisans de l'Angleterre, generalis- 
sime et president d'une consulte ä Corte , il fut, le 17 juillet sui- 
vant , mis hors la loi par la Convention nationale. Bnonaparte 
etait absent ; il avait enftn obtenu sa mise en activite* tant de fois 
demandee. Nomme commandant de la garde nationale soldee , U 
se tronvait ä bord de la flotte de l'amiral Truguet, et s'eroparait, 
pendant ee temps , du fort Saint-Etienne , que les vainquenrs fu- 
reot bientöt forces d'evacuer. Buonaparte, en rentrant en Cerse* 
trouva l'ile soulevee. Salicetti et Lacembe Saint - Michel , «em- 
bres de la Convention , cbarges de mettre ä execution le deeret 
rendu contre le rebelle, avaient ete obliges de se retirer a Caivi : 



(9) Goglione, coton. 



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CH API TBE IV. 



13 



-Iteoaaparte alla les y rejoindre et teota avec eux snr Ajaccio une 
attaqae qai f«t repoussee. Le meme jour un incendie se mani- 
festa dans la ville ; les ßnonaparte virent leur juaison hrulee ; 
qaelque temps apres, an decret leg oondamaa a un banaisaemeat 
perpetuel. Le feu les avait faits sans asile , la proscription le« 
faisait aans patrie : ils toarnereat les yeux vers ßnonaparte , et 
Banaaparte Vers la France. Tonte cette pauvre iamitle proscrite 
semkarqua svr an freie batiment, et le ftiiurCesar mit älavoile, 
protegeant de sa fortune »es quatre freres, doot trois devaient 
etre rois, et ses trois s«nrs, doat l'nae devait etre reine. 

Tonte la famille s'arreta ä Marseille , reclamaut la protection 
de cette France pour laqnelle eile etait proaerite. Le gonverae- 
ment entendit ses plaintes : Joseph et Lncien o&tinrent de rem- 
ploi dans l'administration de l'armee , Louis fat nomine sous-offi- 
caer et ßnonaparte passa comme lieutenant ea premier, c'est-a- 
dire avec avancement , dans le 4* regiment d'infaoterie : peu de 
temps apres il monta , par droit d'aneiennete > an grade de capi- 
taine dans la deoxieme compagoie du meme corps , alors en gar- 
aisan a Nice. 



CHAPITRE IV. 

L'annee aa chrffre sanglant, 93 , etait arrtvee ; la moitie de la 
France hittait contre l'autre; l'Gaest et le Midi etaient en feu; 
Lyon venait d'etre pris, apres un siege de quatre mois ; Marseille 
avait on vert ses portes a la Convention ; Toalon avait livre son 
fort aax Aogiais. 

ünc armee de trente mille hommes , composee des troupes qui, 
sous le commandement de Kellermann, avaient assiege Lyon, de 
qnelques regiments tir£s de Farmee des Alpes et de l'arnee d'I- 
talie, et de tous les requisitionnaires leves daos les departements 
voisins, s'avanca contre la ville vendue. La lutte cemmenca aux 
gorges d'OUioules. Le geneVal Dutheil, qni devait diriger l'artil- 
lerie, etait afrsent; le general Dommartin, son lieatenant, fut mis 



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14 



NAPOLEON DE BUONAPARTE. 



hors de combat dans cette premiere rencontre ; le premier offi- 
cier de Tarmee le remplaca de droit: ee premier officier 6tait 
Bnonaparte. Cette fois le hasard etait d'accord avec le genie , en 
supposant que pour le genie le hasard ne s'appelle point la Pro-| 
vidence*. 

Bnonaparte recoit sa nomination , se presente ä Tetat-major et 
est introdnit devant le general Cartaux, homme süperbe ( 10 ) et dore* 
des pieds jusqu'ä la täte , qni lui demande ^e qu'il y a pour son 
Service: le jeune officier lni presente le brevet qui le cbarge de 
venir, sous ses ordres, diriger les Operations de rartillerie :j 
«L'artillerie, repond le brave general, nous n'en avons pas be- 
soin ; nous prendrons ce soir Toulon ä la baionnette et nous lej 
brüleroos demain. » 

Cependant, quelle que fut Fassurance du general en chef, il ne 
pouvait pas s'emparer de Toulon sans le reconnaitre: aussi emt- 
il patience jusqu'au lendemain : mais au point du jour, il prit sonj 
aide de camp , Dupas, et le chef de batailloo, Buonaparte, dans 
son cabriolet, afin d'inspecter les premieres dispositions offen- 
sives. Sur les observalions de Buonaparte, il avait, quoique avec 
peine, renonce a la baionnette et en etait revenu ä rartillerie ; en 
consequence, des ordres avaient ete donnes directement par le 
general en chef, et c'etait ces ordres dont il venait verifier Texe- 
cution et hater l'effet. 

Les hauteurs desquelles on decouvre Toulon, couche au milieu 
de son jardin demi-oriental et baignant ses pieds a lamer, a peine! 
depassees, le general descead de cabriolet avec les deux jeunes 
gens, et s'enfonce dans une vigne au milieu de laquelle il aper- 
coit quelques pieces de canon rangees derriere une espece d'£- 
paulement. Buonaparte regarde autour de lui, et ne devine rien 
ä ce qui se passe : le general jouit un instant de Tetonnement de 
son chef de bataillon, puis se retournant avec le sourire de la sa- 
üsfaction vers son aide de camp : 

— Dupas , lui dit-il , sont-ce la nos batteries ? 

— Oui, general, repond celui-ci. 

— Et notre parc ? 



(10) Süperbe s'explique bien par le participe snivant dort. 



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CHAPITRE IV. 



15 



— II est ä quatre pas. 

— Et dos boulets rouges? 

— On les chauffe daos nos bastides voisines. 

Buonaparte n'avait pu en croire ses yeux, mais il est oblige 
d'en croire ses Dreilies. II mesure Fespace avec l'oeil exerce da 
strategiste , et il y a une Heue et demie au moins de la batterie ä 
la ville. D'abord il croit que le general a voulu ce qu'on appelle, 
efl termes de College et de guerre , tater sou jeune chef de ba- 
taillon ; mais la gravi te avec laquelle Cartaux continue ses dis- 
positioos ue lni laisse aueün doute. Alors il basarde uue obser- 
vatioo sur la distance et manifeste la crainte que les boulets 
rouges n'arrivent pas (") jusqu'ä la ville. 

— Crois-tu ? dit Cartaux. 

— J'en ai peur, general , repond Buonaparte: au reste on 
poarrait, avant de s'embarrasser de boulets rouges, essayer ä 
froid pour bien s'assurer de la portee. » 

Cartaux trouve 1'ideV ingenieuse, fait cbarger et tirer uue 
piece , et tandis qu'il regarde sur les murailles de la ville reffet 
que prodoira le coup , Buonaparte lui montre , ä mille pas ä peu 
pres devant lui, le boulet qui brise les oliviers, sillonne la terre, 
ricocbe , et s'en va mourir, en bondissant, au tiers ä peine de 
la distance que le general en chef comptait lui( 12 ) voir parcourir. 
* La preuve etait coneluante : mais Cartaux ne voulut pas se 
rendre et pretendit que c'etaient «ces aristocrates de Marseillais 
qai avaient* gate la poudre. » 

Cependant, comme , gfcte'e öu non , la poudre ne porte pas plus 
loio, il faut recourir ä d'autres mesnres; on revient au quartier 
general ; Buonaparte demande un plan de Toulon , le deplie sur 
nne table , et , apres avoir etudie un instant la sitnation de la 
ville et des differeats ouvrages qui la deTendent , depuis la re- 
nnte bätie au sommet du Mont-Faron , qui la domine , jusqu'aux 
forts Lamalgue et Malbousquet, qui protegent sa droite et sa 
manche, le jeune chef de bataillon pose le doigt sur une redoute 



(11) Sans pasy qnel en serait devenu le sens? 

(12) Je le vois courir. Je lni voir parcourir une distance. 



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NAPOLEON DE BUONAPARTE. 



nouvelle , elevSe par les Anglais , et dit avec la rapidit» et Ii 
concision du genie : 

— C'est la qu'est Toulon. » 

C'est Cartaux ä son tour qui n'y comprend plus riea : ü a prij 
a la lettre les paroles de Baonaparte , et se retouraant vers Du] 
pas , son fidele : 

II parait, loi dit-il, que le capitaine Canon a'est pas fort e^ 

Geographie. • j 

Ce fut le premier surnom de Buonaparte; nous verrons conij 
ment Iui est venu depuis celui de petit caporal. 

En ce moment, le representant du peuple Gasparin entra 
Buonaparte en avait entendu parier, non-seulement comme d'uJ 
vrai , loyal et brave patriote , mais encore «emme d'aa komm« 
d'un sens juste et d'un esprit rapide. ' Le chef de bataüJoo 
droit a lui : | 

— Citoyen representant , lui dit-il , je suis cbef de batailloi 
d'artillerie. Par Tabsence du gene>al Düthe il et par la blessure 
du g^neral Dommartin , cette arme se trouve sous ma direetion. 
Je demande que nul ne s'en mlle que moi , ou je ne reponds d< 
rien. 

— Eh! qui es-tu pour repondre de qaelque ohose? demand« 
le representant du peuple , &onne' en voyant un jeune hemme d^ 
vina^-trois ans lui parier d'un pareil ton et avee une semblabk 
aasurance. 

— Qui je suis, reprend Buonaparte, en le tiraat d'aas uo ooid 
et en lui parlant a voix basse; je suis un homme qui sais motJ 
metier, jete* au milieu de gens qui ignorent le leur. Demandez an 
general en chef saa plaa de bataüle, et vous verrez si j'ai teri 
m raison, 

Le jeune officier parlait ayec une teile eonviction, que Gasparia 
u'heaita pas ua instant: — Generat , 4At-i\ en s'approehaiit de 
Cartaux , les reptesentaats du peuple deaireut fue 4ans trois 
joura tu leur aies soumis ton plan de bataille. 

— Tu n'as qu'ä attendre trois minutes, repondit Cartaux, et je 
vais te le donner. 

Effectivement le general s'assit , prit une plume et ecrivit Sur 



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chapit&e; iv. 



■ne feuüle volante ce fameux plan de campagne qul est devenu, 
nn modele du genre. .Levoici: 

«Le general d'artillerie foudroiera Toulon pendant trois jours,' 

• au bont desquels je i'attaqüerai sur trois colonnes et FenJ 

• levcrai. 

• ^ » Cartaüx. • 

Le plan fut envoye a Parts, et remis aux mains du comi^e du 
geoie. Le comite le trouva*beaucpup plus gai que sayant: Car- 
taüx fut rappele , et Dugommier envoye ä sa place. I 

Le aouveau general trouva en arrivant toutes Les dispositions 
prises par son jeune chef de bataillon : c'etait un de ces sieges 
ou la force et le courage ne peuvent rien d'abord, et oü le canon 
et la Strategie doivent tont preparer. Pas un coin de la cote oü 
Vartillcrie n'eüt affaire ä Tartillerie. Elle tonnait de tous cötes 
comme un immeose orage dont se croisent les eclairs ; -eile ton- 
oait du haut des montagnes et du haut des murailles ; eile ton- 
nait de la plaine et de la mer : on eüt dit ä la fois une tempete et 
na volcan. 

Ce fut au milieu de ce reseaivde flammes que les representants 
du people voulurent faire cfeanger quelque chose ä une batterie 
etablie par Buonaparte : ie mouveraent etait deja commence lors- 
qne le jeune chef de bataillon arriva et fit tont remettre en. 
place ; les represeutants du peuple voulurent faire quelques Ob- 
servation s : «Melez-vous de votre nieder de depute, leur repon- 
,dit Ba od aparte, et laissez-moi faire mon metier d'artilleur. Cette 
batterie est bien la, et je reponds d*eÜe( 13 ) sur ma tete. > 

L'attaque generale commenca le 16. Des lors le siege ne fut plus 
qn'nn long assaut. Le 17 au matin les assiegeants s'emparaient 
da Pas-de-Lcidet et d^e la Croix-Faron; ä midi ils debnsquaieot 
les allies de la redoute Saint-Andre, des forts des Pomets et des 
deux Saint-Antoine ; enfin, vers le spir, eclaires k la,foi« pai: 
l'orage et par le canon r les republicajns entraient da ns la. re- 
doute anglaise, et la, parvenu a son but, se regardaot comme 
«— — . . «■ 

(13) J*ek reponds, c*est-a-d?re qu'il repond äe ce' qn'elle est bien Ii ; je 
reponds (Teile , de la batterie. BrVeitTetle ne sont paa (oujours syndfaymes, 
qaoiqoe la chose , an fond, revieane an m6me. 

Danas, Napoleon. . % 



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20 



LE GENERAL BONAPARTE. 



de donner a sa belle compagne le spectacle d'uoe petite guerre, 
et il ordonna une attaque d'avant-poste : uae doazaioe d'hommes 
fureot victimes de ce divertissement; et Napoleon a plus d'une 
fois avoue* ä Sainte-Helene que ces dooze hommes , tues sans 
motif reel et par pure fantaisie, lui etaient un remords plus grand 
que la mort des six cent mille sojdats qu'il avait semes dans les 
steppes neigeuses de la Russie. 

Ce fut sur ces eatrefaites que les represeotaols du peuple pres 
rarmee d'Italie prireot l'arr&te suivant: 

«Le general Bocaparte, se rendra a Genes pqur, conjoiole- 
ment avec le charge d'affatres de la republique francaise , con- 
ferer avec le gouvernemeat de Geoes sur les objels portes dans 
Ses instructioos. 

• Le -charge d'affaires pres la republique de Genes le recon- 
naitra et fera reconnaitre par le gouvernement de Genes. 

» Loaao , le 25 messidor an n de la republique. » 

Le veritable but de cette mission etait de faire voir au jeune 
general , de ses propres yeux , les forteresses de Savone et de 
•Genes , de lui offrir les moyens de prendre sur Tartillerie et les 
autres objets militaires tous les renseignemeots possibles , enfin 
de le mettre a inke de recueillir tous Jes faits qui pouvaient de- 
celer les intentioos du gouvernement ^enois relativement ä la 
coalition. 

Pendant que Bonaparte aecomplissait cette mission, Robes- 
pierre marchait ä l'ecbafaud, et les dßputes terroristes Etaient 
remplaces par Alfritte et Salicetti. Leurarrivee ä Barcelonnette 
fut signalee par FarrÄte suivant : c 'etait la reeompense qüi atten- 
dait Bonaparte äsen retour: . 

, «Les representants du peuple pres rarmee des Alpes et 
d'Italie; 

» Coosiderant qne le general Boo aparte , commandant en cbef 
Vartillerie de l'armee d'Italie , a totalement perdu leur confiance 
par la conduite la plus suspecte et surtout par le voyage qu'il a 
dernierement fait ä Genes , arrätent ce qui suit : 



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CHAPITRE I. 



21 



■ Le general de brigada Bonaparte , commandant en chef rar- 
tillerie de l'arm^e d'ltalie, est provisotrement suspendu de se* 
fonctions; il sera, par les soins et sous la responsable du ge- 
neral en chef de ladite armle , mis en etat d'arrestation et tra- 
dttit an comite de salnt public de Paris sous bonae et sure es- 
corte: les scelles seront apposls sur tous ses papiers et effets, 
dout il sera fait ioventaire par, des commissaires qui seroot nom- 
mes sur les lieux par les representant* du penple Salicetti et AI» 
bitte, et tous ceux desdit* papiers qui seront trouves suspects 
seront envoye* au comtt^ de salut public. 

• Fait ä Barcelon nette , le 19 tbermidor an n de la republique 
fraocaise , une , indivisible et demoCratique. 

*Signe Albitte, Salicetti, Laporte. 

Pour copie con forme , le genlral en ehef de l'armee d'ltalie, 
» Signe Dumkrbion. » 

L'arrete* fut mis a execution : Bonaparte , conduit ä la prison 
de Nice, y resta quatorze jours , apres lesquels , par un second 
arrete signe* des meines hommes , il fut remis provisoiremeot ea 
liberte\ 

Gependant Bonaparte ne sortit d'ün daoger qoe pour tomber 
daas un degout. Les evenements de tbermidor avaient amene un 
remaniemen t dans les comites de la Convention : un ancien ca- 
pitaine, nomine Aubry, se trouva diriger celui de la guerre, et 
fit an nouveau tableau de Tarmee, oü il se porta comme general 
d'artillerie. Quant a Bonaparte , en echaoge de son grade qu'on 
loiprenait, on lui donnart celui de general d'infanterie dans la 
Vendee. Bonaparte, qui trouvait trop etroit le theätre d'une 
guerre civile dans* un coin de la France, refusa de se rendre a 
son poste, et fut, par un arräte du comite de salut public, raye" 
de la liste des officiers generaux employes. 

Bonaparte se croyait deja trop necessaire a la France poufc 
n'etre point profondemefet frappe d'une pareille injusfice : cepem- 
daot, comme il n'etait pas eocore arrive ä Tun de ces sommets 
de la yie d'oü 1* on voit tont l'horizon qui reite ä parcourir , il 



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LE GENERAL BONAPARTE. 



arait deja des esperaaoes <, il est vrat y mais poiat eacore de cer- 
titede. Cet esperaaoes ffceeoi »ritfees^ il se erat, lai, plein d'ib- 
yenir et de gerne , candamae' a aae loactioa loat^ie, sbon Iteiv 
y aelle ; et cela daas uae epoqae oir cbaoim aröiwU ea couran*. 
H towa provisoiremeat uae caambne dato um hotel de la roe dxx 
Mail, veodit pour six miUe fraoes sas oberaux et sa toituce, 
rearoit le pea d'argent <fu*il se trouvaft posslder, et resolat die 
se retirer ä la caatpajga*. Les imaginatiens exal*6es bondissenrt 
toojotti-s d'extr&ines ea extreme»; exile des camps, Bonaparte 
ne voyait plas riea qae U tie rarale; ne pouvant etre Casar ,* il 
sa faisait Giaciaoatoig. 

Ce fut alors qu'il se souyint de Vateoee , oü H avait paa*£ 
trois aas, si obscar et si heureux ; ce fut de ce c6te qu'il dirigea 
ses recherches, accompagne* de son frere Joseph , qui retouruait 
ä Marseille. Ea passaat a Maatelimart , les deux voyageurs s*ar- 
retent: Boaaparte trouve le site et le climat de la ville a sa con- 
venance , et demande s'il n'y a pas daas les euvirons qaelque 
biea de peu de valeur a acheter. On le reavoie ä M. Grasson, 
däfettseur officteux , avec lequel il pread jour poar le leademain : 
il s'agissait de, risiter uae petile campagae appelee Beaserret, 
et doot le seal nom , qui daas le patois du pays stgaifie Beause- 
jour, indique l'agreable Situation. Ea eflet, Boaaparte et Joseph 
visiteat cette campagne ; eile est ea tout poiat ä leur conve- 
aaace : ils craigaeut seulemeafe , ea voyaat soo eteadve et soa 
boa etat de conservatioa , qae le prix a'ea satt trop eleve ; iU 
basardeot la questioa, — treate mille Francs, — c'est pour rien. 

Booaparte et Joseph revienaeat a Montelimart ea se Consul- 
tant : lear petite fortane retin ie leor permet de co.asacrer cette 
•omme a l'acquisitiou de lear futur ermilag e : ils preaneat rendez- 
veus poar le surieridemaia. C'est sur les lieux meines qu'ils veu- 
ient termiaer , taut Beauserret leor couvieat : M. Grasson les y 
aecompagoe de aaaveaa ; iis visittnt ta propriote* plas ea detail 
encore que la premiere fois : eoüa Booaparte , etenae que Tea 
doaae poar udo somme si minime uae si charmante campagae, 
deawode »Ii a'y a pas f aelq ae caoae caefcee qai ea ait fait hais- 
ser le prix. < 

— Oai, rapondM. Grasson, mais saaa üaportaace poar voas. 



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— N'importe, repond Bpriaparte , je youdrais la connaitre. 

— II y a eu on assassinat de commis. 
-r par qui? 

-mPar UP ijls sur spn ppre. 

-r Vn parricjde ! s'lcwa ftpqapprtp en devenapt plus päle en- 
«ore |ne d'bajntude : paxtofts > Joseph. 

Et, saisissant son frpre WV fo bra#, s'elaac* hprs des ap r 
pwtejnents, reinopta en cabriolet , «t , arrive* a MoateUmart, fle,- 
maoda des cbevau* dp pos^e repprtit 4 Hnstant inline pour 
Paris , tandis qpe Joseph continnaft *a ronte vers Marseille. 

Uyillaitpour ^popser la fille d'un riebe npgpcjant, nenwap 
Clary, qui deyint aussi depuis le l>eau*pere de Bernadette. 

Quint a Booapartf?, reppusse euepre uae fois par le destfa vers . 
Paf?s, ce grancj centre des graues evenenaents » U y reprft cpjte. 
viepbscnre et cac)>eq qai lui(> 6 )pesajt t$pt : ce fut alprs que, ne 
poqyant supporter ?on ipaption, il adressa une note ap gpuvejper 
^t, dans laquclle il ejposait qu/il etait de rfaterej de la 
Frtoee, au mpn>eptoa rimperptrice de Russie vepait de resserrer 
sqq alfomcp ay«c VAutriche, de faire teut cp qui depenq>jt 4'elle X 
ponr aecroitre les moyens militaires de la Tqrquie : en cepse- 
^oce, U s'oljFrait au gouvprnement pour passer ä Consjanti- 
n °ple, avep s\x ou sept ofFipier« de differentps armes, qui pu*r 
former ap* s,cieuces militaires Ips milices, npip breites et 
^ves^UiDLij peu sguerries, du sutyan. 

gouvernement np -daigaa pos, jpeme repondre P cetfe pete, 
*B0Qaparfo resjaa Parjst Qu« 0 7 ) fut-il arriv$ <(u mpude si un 
C0B >»^ du pintftere eü{ ums au bas de petf« dejuapde le mot 



Qui lui pesaft tanl sur le coeüf. 1 ' 
J 1 ') H««*it4v4 up «W4iew$ «fiVUUrtffo ? /f ne ?ettt SP traduire en 
JMoptud dsnt la *tt*nd« fbwe , nrts c« pWat pas la U Amte de la laagae' 



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24 



LE GENERAL^ BONAPARTE. 

t 



CHAPITRE II. 

Cependant, le 22 aoüt 1795,1a Constitution de l'an m avait ete* 
adoptee : les legislateurs qui l'avaient redigee y avaient stipnle 
qne les deux tiers des membres qu? composaient la Convention 
nationale feraient partie du nonveaa corps legislatif: c'etait la 
chute des espeVances dn parti oppöse, qui esperait, par le re- 
nouvellement total des elections, l'introduction d'une majorite 
nouvelle representant son opinion. Ce parti oppose" etait surtout 
soutenu par les sections de Paris, qui declarerent qu'elles n'ac- 
cepteraient la Constitution qu'autant que la r^election des deux 
tiers sera}t annulee. La, Convention maintint le decret dans son 
iot^grite* : les sections commencerent ä murmorer ; le 25 septem- 
*bre quelques troubles precurseurs se manifesterent; enfin, dans 
lajournee du 4 octobre (12 vendemiaire) le danger devint si 
pressant, que la Convention pensa qu'il etait temps de se mettre 
serieusement en mesure : en'consäquence, eile adressa an ge"n£- 
ral Alexandre Dumas, commandant en chef de Parm^e des Alpes, 
et alors en conge, la lettre suivante , dont la brievele meine d&- 
montrait l'urgence : 

« Le geoeral Alexandre Dumas se rendra a l'iostant meme ä' 
Paris pour y prendre le commandement de la Force armle.» 

L'ordre de la Convention fnt port^ a Ph6tel Mirabeau ; mais le 
general Dumas etait parti trois jours auparavant pour Villers- 
Coterfets, on il recut la lettre le*13 au roatio. . 

Pendant ce temps, le danger croissäit d'heure en heure ; il n'y 
avait pas moyen d'attendre Tarrivle de celui qui etait mande : 
en consequence, pendant la nuit, le representant du peuple Bar- 
ras fnt nomme commandant en chef de l'armee de Pinterieur : il 
lui fallait nn second ; il jeta les yjeux snr Bonaparte. 

Le destin , comme on le voit , avait deJ>laye sa ronte : eette 
'heure d'avenir, qni doit sonner, dit-on, une fois, dans la vie de 
tont homme , etait venue pour lui : le canon dn 13 vendemiaire 
retentit dans la capitale. 

Les sections , qu'il venait de% detruire , Ini donnerent le nom 
de Mitrailleur ; et la Convention, qu'il venait de sauver, le titre 
de general en chef de Parmee 3'Italie. 



tftAPItÄE IF. 



25 



Mais ceite grande jonrn£e n'allait pas influer seulement sur lä 
ric politique de Benaparte* sfcvie prlvee devait en dependre et 
en resSortir. Le deSarmeiaerit ues secfions venait d'etre opere* 
avec? Ufte rigüeur que n^cessitaletit les cibcönstances , lorsqu'un 
joar, an erifaut de dit'ou douze ans, se pr^senta^ä TeHat-major, 
snppliaiit le g£neral Bönaparte de lui faire rendre l'lpeVde son 
pere, qui avait ete g^neral de la rlpüblique. Bonaparte , touche 
de la demande et de la gr&ce juvenile avec laqueUe eile lui etait 
faite, fit cbercber l'ep^e, et, l'ayant Tetrouvee, la lui rendit. 
L'enfant, ä la. vue de cette arme suinte qu'il croyait perdae, 
baisa en pleurant la pöignee qu'avait touchee si souvent la raain 
paternelle : fe gloeral fot touche* de cet amonr filial, et temoigna 
tant de bienveillance ä l'enfant , qne sa mexe se erat oblige* e dt 
voair le lendemain lui faire ane visite de remereiments. 

L'enfant etait Eugene , et la mere , Joseph ine. 

Le 21 mars 1796, Bonaparte partit pour farmäe d'Italie, era- 
portant dans sa voiture deux mille louis: c'&ait tout ce qu'il 
avait pa reunir, en joiguant ä sa propre fortune et ä celle de ses 
amis les sabsides da Drrectoire^; c'est avec cette somrae qu'il 
part pour aller conque>ir TI talie : c'etait sept fois moins que 
n'emportait Alexandre allant conquerir 1'Inde. 

En arrivant a Nlce , il troüva une armee sans diseipline , sans 
maoitious, sans vivres, »ans vätements. Des qu'il est an quar- 
tier geneVal , il fait distribuer aux generaux , pour les aider a 
entrer en campagne, la softme de quatre louis ; puis aux soldats, 
en leur mon tränt l'f talie : ■ Camarades , dft-il , vous manquez de 
tont au milieu de ces roefcers : )etez les yeux sur les riches plai- 
nes qui se deYoulent ä vos pieds, elles nous appartiennent : allons 
les prendre. • . 

C'etait a peu pres le discours qu'Annibal avait tenu k ses sol- 
dats il y avait dix-neuf cents ans, « et depuis dix-neuf cents ans, 
iln'avait passe* entre ces deux boranies qn'un seul digne de leur 
etrecompare: — C'etait Gesar. 

Les soldats ä qui Bonaparte adnessait ces paroles etaient les 
debris d'une araiee qui, dans les roches steriles de la riviere de 
Genes, se tenaieüt pe*nibleraent depuis deux ans sur la defensive, 
et qni avaient devant eux deux cent mille borames des metlleures 

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2B LE GENfflAI, BONA^ARTE. 

troupes de l'Eropire et do Piemont: Bauaparte attaque oertte 
masse avec trente mitle hommes a fein«, et an» o«?&e jours il 1« 
Mit einq fois, a Montenotfe, a BüHesMU*, a De*<*> a Vico et % 
Möadovi; puis, ouvmt les poW*^ viWea ^ane.waiat tau^ift 
q*il gagoe les battiUes de l'aptre, ü a'eppaäe des jSoftereasea 4« 
Ceoi, deTörtope, d'Alewndrie et 4e la$eya: «ffc opjfe janra» 
les Autriobiens sopt «eparas de* PifaeutaU, Prevera es* pri*, 
et le roi de Sardine est foree de siguer uue eapMulatfqp d*** 
sa ppo'prjö capitata. Alors Bpnaperte s'avaaee, s»r U Jwut* Hajis j 
puis, devinant les suceea a venir pa* les aucata pflssis, il ecrit| 
ao Directeire : « Bemaiu je marcbe sur ßeautieu , je VohUfe 
repasaer le P*, je le passe *»mediaten>eut *prt* 1*1, je 
pare de taut« la Lombardie, et, avapt up mois* j'espew fyre su? 
les montagaes du Tyrol, y troyver l'a«n6e du Rbip et po^tar dal 
concert avec eile la guerre daps la ßsviere. * 

En effet, Beaplieu est poursuivi: il se retourne vaipenient ppur 
sföpposer au passage du Pö, le passage est effeetae; U se met a 
Pabri derriere les murs de Lodi, u« combat dp trete heures Teu 
cbasse: il se ränge en bataille sur la rive, gauohe de l'Adda, 
fepdaot de tonte son artillerie le passage du pon't-qu'il n'a paa eu 
le temps de couper; l'anpee frao9aisese forme eu eoloqpe serree, 
se preoipile sur le pout, renverse, tout ce qui s'oypose a eile, 
eparpille Tarmee aiUrichienne et ppursuit sa marebe eu lui pas- 
aaatsur le corp*. Alors Pavie se soumpt, Pizaigbitpne et Cre* 
raere tomb«eut , le ebateau de Milan ouvre se* partes, le roi de 
Sardaigne aigpe la pajjE, les dups de Parme et fle Modeue spiveot 
sup exemple, et Beaulieu n'u^u* lejtewp* de se rauft rpier daus 
Mautoue. 

Ge fut daos ce traite avec le duc de Modene que Boaaparte 
tonne lp prämiere preuve de sea djaiptfrefseipftit, ep refpsent 
auatre miUipns en or que le c^mjEaautour d'Eat/lffi Pff rffit ap upm 
da «ou fr«fe, e| que $alicetti, couwis«a4^ d^^^Yerpepapt au- 
pres de l'armee , le pressait d'accapter^ ; 

Ce fut aussi dais cette camfiagpe qu'il rejut le mm pupulaire 
qui Ui rouvrit, en 1$15 , les partes de la Frauke, Voioi a quelle 
peeaaion. Sa jeunesse, luraqu'U vH^fcen^ria le e^PMPapdemeut 
de rarroee t avpit iuspir^ q^elque MÄ WW aoWats, 



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CHAPITRE Iii 



n 



le sorte qu'ils rlsolurent 4« lui ceaferer eux-meaies les gradea 
inferieors den* ü semblait que le gouvernement feat dispense* : 
et censequence, ils ge reuBissaient apres cfaaqie bataille pour lui 
donner an grade , et lonqa'il rentrait au camp , il y etait recn 
par les plus rieilles mjiustacbes , qui le saluaient de son nouveau 
übe. Ce fut ainsi qu'il fut feit eaparal a Lodi. De la le suraem 
dt Petit Caporai qui resta toujours ä Napoleon. 

Cependant Bonaparte n*a fait qu'une halte d'aa instant, et, 
«ans eette halte, l'eevie l'a rejeint. Le Dirtctoire, qui a vu dens 
la eorrespondaace da soldatj la revelatioo de l'aomme politique, 
craint qae le vaieqoeur ne se coastitoe l'arbitre de l'Italie , et 
s'apprete a lui adjoiodre Kpllefmann. Bonaparte Fapprend, et 
ecrit: 

•Reeair Kelicrmaua a moi, c'est vouloir tout perdre. Je ne 
ptis pas servir volontier* avee an homme qui se croit le meillear 
taeticten de FEurepe: d'aiilears , ja örois oVan mauvais general 
vtut mieax qae deux bans. La guerre est eonme le gouyerne- 
'ment, une tffaire de <act. • < 

Puis il fait ton eatree solennedle ä Milan, oü, tandis qae le 
Dtrectoire signe a Parts le trake de paix, negoctc par Salicetti a 
la cour de Turin , qae les negeciations entamees avee Panne se 
termiuent , et que Celles avee Naples et Roma s'euvreat , il se 
prepare ä la conquete de la haute Italic 

La elef de FAliemagne , c'est Maotoue : c'est danc Mantoue 
qe'il faut ea lerer. Cent csaquaate pieees de oanon , prises au 
eaateaa de Milan , soat dirigees sur eette vüle : Serrorier en em- 
pörte les dehors ; le siege eotaunence. 

Alors le cabinet de Vienne sent teufte la gravi tc de la situa- 
tita : il envoie au secours de Beaulieu viugthcinq miHe hommes 
stas las ordre» de Quasdanowitch, et treirte-ciüq mille seus eeax 
de Waraiser. Ua esptoa müanais es« Charge des depeebes qui 
ataoneent ee renfort, et s*<engage Jb peavetrep daas la viUe. 

L'espion tombe daas «ne ronde de auit coaaaiaadee par l'aide 
de camp Denaonoourt, et est anteee au general Dumas. Vaine- 
meat oa le fouille, an ae trouve rieo sur lüi. Oa est pret a lui 
reodre la liberte* , lorsque , par une de ces revelations du destin, 
le general Dumas deviue qe'il a ay*le sas depeches : Fespion • 



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28 



LE GENERAL BONAPARTE. 



nie; le general Dumas ordonne qu'il soit fasille: l'espioa avoue 
il est remis Ii ]a garde de l'aide de camp Dermonceurt , qui , • a 
moyen d'un vomitif administre par le chirurgiea-major , devien 
possesseur d'une boulette de cire de la grosseur d'une btlle d 
gres. Eile renferme la lettre de Wurmser, ecrite sar parchemü 
avec nne plume de corbeaa. Cette lettre «donoe les plus graod 
details sur les Operations de l'armee ennemie. La lettre est eo 
voyee ä Bonaparte. Quasdaoowitch et Wurmser se sont divis6s 
le premier marche sar Breicia , le second sar Mantoae. C'est h 
möme faute qui a deja perdu Provera et d'Argentau. Booaparti 
laisse dix milie hommes devaat la ville , se porte avec vingt-cinc 
mille au devant de Qnasdanowitch , qu'il rejette dans les sorget 
da Tyrol apres l'avoir battu ä Salo et a Lonato ; puis aassitöt sc 
retonrne vers Warmser, qni apprend la defaite de sod collegue 
par la presence de l'armee qui l'a vaiocu. Attaque avec l'irope- 
tuosite francaise , il est battu a Castiglione. £u cinq jours les 
Au trieb iens ont perdu vingt mille hommes et einquaute pieces de 
canoD. Celle victoire a donne le temps ä Quasdanowitch de st 
rallier: Bonaparte revieot ä loi , le bat ä Sau-Marco, ä Serra- 
valle et ä Roveredo; puis ilrevient, apres les combats de Bas- 
sano, de Rimolano et deCavalo, mettre une seconde feis le siege 
devant Mantoue , oü Wurmser est entre* avec les däbris de soa 
armee. { 
La, pendaat que les travaux s'aecomplissent, des fitats sc 
formen t autour de lui et se conselident ä sa paroie. 11 fonde les 
republiques cispadane et transpadane , chasse les Anglais de la 
Gorse , et pese a la fois sur Geaes, Venise et le saint-siege, qu'il 
empeche de se soulever. C'est au milieu de ces vastes combioai- 
sons politiques qu'il apprend l'approche d'nne nouvelle araneY 
imperiale , conduite par Alvinzi; mais il y a une fatalite* sar tous 
ces hommes : la meme faute commise par aes pr£decesseurs , Al- 
vinzi la commet a soa tour. Jl divise soa armee en deax 
corps: Tun, compose de trente mille hommes qui, gnides par 
lui , doivent traverser le Verenais et gagner Mantoue ; l'autre, 
compose de qoinze mille hommes qui, soas le commandement de 

(18) Anapoluthon, par lequel l'accosaüf conleüanl l'id^e priacipale de la 
propoaition ac tronve uiae a la tete de la phraae. 



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i 



CHAPITRB II. 29 

avidawich , s'etendra sur l'Adige. Boa aparte raarche a Alvinzi, 
ijoint ä Arcole , lutte trois joors corps ä corps avec loi, et ne 
; liehe qu'apres lui avoir cooche cinq mille morts sur le champ 
ebataille, fait huit mille prisonoiers et pris trente pieces de 
loao ; puis , tout haletaat d'Arcole , s'ifarnce entpe Davidowiob, 
ni sort da Tyroi , et Warmsen, qäi sort de Mantoue, rejette 
toi dans ses mootagncs ,' l'autre dans sa vifle ; apprend aar le 
Ump de bataüle qm' Alvinzi et Provera voot faire leor jouetion, 
»et Alvinzi en d fronte ä Rivodi, reduk, par les combats de Saint- 
«eorge et de la FavorKe , Provera a reodre les armes ; enfin, d£* 
«rrasse de tous ses adversaires, re viert rers Mantoue, la cerae, 
a presse, l'etouffe et la force de se rendre, au moment oh une 
inqnieme armee , detacbee des reserres du Rhin , s'avance con- 
bite par an archidac. Aacnn affrent ae pent» echapp er a V An- 
sehe: les defaites de ses genäraax von* remonter jusqu'au 
töne, Le 10 mars 1797, le priace Charles est batto au pas sage 
Tagliamento : cette victoire oous onvre les Etats de Venise 
et leg gorges du Tyrol. Lea Francais s'avaocent an pas de coorse 
P»r la voie qui leur est ouverte , triompaant a Lavis , a Trasmis 
e * a Claasen , entrent daos Trieste , enlevent Tarvis , Gradisca 
e * Villaca , s'aeharnent ä lä poursuite de l'arcbiduc , qu'ils n*a- 
biodöaneat que pour occuper les routes de la capitale de FAu- 
trieb« , et enfio penetrent jusqu'a trente Heues de Vienne. La, 
Booaparte fait tfne halte pour attendre les parlementatres. II y a 
ttnaaqa'jla quitte Nice, et, daos cette aunee, il a detruit six 
IPm ees, pris Alex an drie, Tuirila, Milan, Mantoue, et plante le 
dra peaa tricolore sur les Alpes du Piemont , de 1'ItaAie et du Ty- 
r ^ a Äutour de lui ont commeDcl de briller les nems de Masseoa, 
d 'Augereaa, de Joubert, de Marmoht, de ßerthier. La pleiade 
' e fopm « > les satellites tournent antour de leur astre , le oiei de 
^■pirea'etoile! 

Bonaparte ne s'itait pas trompe : les pariementaires arrivent. 
oben est fixe pour le siege des negociatioas. Bonaparte n'a 
P 08 k ««oia des pleins poovoirs du Directoire. Cest lui qui a fait 
*^erre, c'est lui qui fera la paix. «Vu la position des choses, 
©crat-ii , les negociations meme avec FEmpereur soot devenues 
UQe Operation militaire.» Neanmoins cette Operation traine ea 



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90 LE GEN&ftAL BON AP ARTE. 

longa et r ; Uutes las astaees de la diptanatie l'enveloppeat et I 
fatiguent. Mais un jour arrive oa le lien se lasse d'etre daas a 
üet. II se leve aa miliea d'une discassion , saisk na xagai£qa 
eabaret de porcelaiae, le fraise ea moreeaax et le foole aai 
pieds ; puis , se reteuraaot yers les pleaipotentiaires stupefaits 
« C'est aiasi que je voas pulveViserai tdns, leur dit-il, paisqu< 
yoas le voalez. * Les diplosaates revieaaent a des sentimeni 
plus pacifiqaes ; on donne leeture da trake. Baas le premie 
article, l'Eiaperear deelare qa'il reconnait la republique fraa 
caise: - Rayez ce paragraphe, s'ecrie Bootparte : ht republiqui 
francaise est cemme le aoleil sur l'borizoa : aveag les soot eeux 
la( 19 ) que soa eclat n'a point frappesl» 

Aiosi, a Tage de viagt-sept aas, Boaaparte tient d'une maii 
1'epee qui divise les Etats, et de l'autre la balance qoi pese lei 
rois. Le Directoire a beau tai tracer sa voie , il marche dans la 
stenne : s*il ne commande pas eocore , il n'obeit deja plus. Li 
Directoire lui ecrk de se rappeler que Wurtnser est un estigre > 
Wonnser tombe entre les maias de Bonaparte , qui a poar luj 
toas les egards dus au malbear et a la vieillesse : le Directoire 
emploie" vis-a-vis du pape des formes oatrageantes. Boaapartf 
lui eorit toujours avec respect et ae l'appelle que le tres-sain> 
pere : le Directoire deporte les pretres , et les proscrit ; Bona- 
parte ordoone a soa annee de les regarder comme des frerea ef 
de les booorer comme des »inistres de Dien : le Directoire esaak 
d'extermlner jusqu'aux vestiges de l'aristocratie, Boaaparte ecrij 
a la democratie de Genes poar blamer les exces auxquels elU 
s'est porige ä Pegard des nobles , et lui fait savoir que , si eile 
veut coaserver son estime, eile dok respeeter la statue de Doria. 

Le 15 vendemiaire aa vi, le traite de Oampo-Formie est signe, 
et i'Autriche , a laqueHc on laisse Venise , renoace ä ses droftsj 
sur la Belgique et a ses pretentions sur l'Italie. Bonaparte qutttt 
Tltalie poar la France ; et le 15 frimaire de la mbe annee (5 de- 
cembre 1797), il arrive a Paris. 

Bonaparte etait rette abseilt deux aas , et, dans ees deux ans, 



(19) Cenx-U son\ aveogles que sön eclat n'a poiat fräppes. VoirNotei 
IA est resle* avee ceux dam ieette iaposaate mrcrsian. 



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«AAWF*& !If. 



«1 



tiifcit falt öeftt eiaqafliit» mitle pris»nniera , pvis cent saiianle 
t iit 4rtopeatott, 4inq>ceMtefaqaaate pieces de oaoon , six ceats 
de eaftfpaga«, efoq äqaip&ges de p«at, aeuf vaiaseaiix -de 
K ttüoris , dötite Mgttee de 1&> dousse correttes et dix-huit g*- 
eres: de plus, apres avoir,' eomme nous V*v9üs dit, empörte* de 
f rtoei den* mttte loiri» j 41 y avdit , ä'plusieors reprises, eaVoye' 
oinq>awte ttiltfrnte f ewatre toutes les traditiaos *atiques 
Kawdernes, c'eteit l'arirte. iftti avait uourri la patrie. 



CfiArtTRE III. * 

Avec la paix, Booaparte avait vu arriver le fcerme de sa carL 
Jiere »ilitaire. JHefouvaftt reater ea repog, il ambitipuna la place 
kl'w das da* x 4irecte«ra ,f«i aUaient sortir. Malheureusemeut, 
In'mit qua viaa;t-huU ( aa*: c'etaM uae violatiaa s* ^raode et si 
prompte de la Constitution de i'aa in?, qu'oo iToaa pas meaie ea 
fore Upropositioo. II reotra donc dans sa petite maison de la 
"»e ChiDtereine ^ J#ittaoi d'avaoce, par les combipjaisons de son 
Ne, cootre an enoemi plus terrible que tous ceux qu'il avait 
"»■»aattus jasqn'*Iers v VeuJMi. «Oase conserve ä Paris le sou- 
^■irderiea, d*s#itrüf si je re st e langten» ps oisiif, je suis perda. 
öaer «ioma»ee,4a)aa^t|e|^»»4eB*biyiooe, ea ( 20 ) remphaoe nne 
et Ton oe p'aqr* aaa, yu plws de trois fpis aa «peetticle 
9 D °n oe me re^ardera memeplus. (")» 

C'est poar eela qu'en attendant mieux il se fit nommer membre 
^Hostitot. 

^n, le 49 janvier iVi8/il dit k son secretaire : «Bourrienne, 
|e D « venx pas rester ici , ü n'y a rien a faire ; ils ne venlent en- 
tcildp e k rien. Je vois ^e, 1 *! je" reste, je suis coule dans peu. 



Serait-ii permis de diNrt ^Utit &f*n est remplaeSe pat vne 

Ü ^ ^ e, " , *?ü r " ^f? vu tf lut de ^^S 0 ^ 0X1 V ectacle > ( cl l ,#n e8t *i 
»Mul?^ i^onne me tegardera mime plus, (Test pap ellipse , qu'il faut 
J^^«M(iiHtf^yÄk ? Äeattrqaez aassi la diftrence des aynbny- 



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S* LE GENERAL BON AP ARTE. 

Tont s'use ici : je n*ai deja plus de gloire. Gette petite Enrof. 
n'en fournit pas assez : c'est uae taöpiniere. II n!y a jamais « 
de grands empires et de grandes revolutions qu'eo Orient , oa« 
vent six cent millions d*bommes. 11 faut aller en Orient, touti 
les grandes renommees viennent de la. » . | 

Ainsi, il iui faut depasser tootes les grandes renommees. II j 
deja fait plus qm'Annibal, il fera autant 40* Alexandre et Cesm 
et son nom inanque aux Pyramides , oa sont inscrits ces den 
grands noms. 

Le 12 avril 1798, Bon aparte fnt nomme genlral en che f de Tai 
m6e d'Orieot. 

II n'a deja, comme on le voit, qu'a demander ponr obtenir : e 
arrivant a Tonion, il va donner la preuve qu'il n'a qn*ä commar 
der ponr etre ob&. 

Un vieillard de qnatre-vingts aas Vient d'&tre füsHle' la suJ 
veille dn jour on il arrive dans cette ville. Le 16 mai 1798, I 
ecrit la lettre suivante aux commissions militaires de la oeuviem 
division, etablies en vertu de la loi du 19 fructidor: 

i !! ' \ I 

« Bonaparte, membre de Flns^titdt National. 

«J'ai appris, citoyens , avec la pftts grande douleur , qua dej 
vieillards äges de soixante et dix ä qnatre-vingts ans, de inise 
rables femmes enceintes on enviroanees d'enfants en bas age 
avaient M fusüles comme ßrdve"rius a'&nigration. 1 - 

«Les soldats de la liberte seraient-ils donc devenus des boui 
reaux? 

■ La pitie, qu'ils ont portee jusqu'au milieu des combats, serait 
eile doac morte dans leurs cceurs? . , ) 

«La loi du 19 fructidor a ete une mesuxede sahit public ; sou 
intention a 6te d'atteindre les conspiratenrs , et non de miserai 
bles femmes, et non des vieillards cadqc*. I 

«Je vous exhorte donc, citoyens, toütefr les fois que la loi pre^ 
sentera a votre tribunal des vieillards Üe plus de soixante ans, 
ou des femmes , de declarer qn'au, milieu, fies combat* vnus ayez { 
respecte les vieillards et les femmes de vos enneaifl. 



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«Bonaparte. • 



| CHAPITRE HL 33 

F>Le militaire qui signe uue sentence contre une personne in- 
Ipable de porter les armes est an lache. 

\ Cette lettre sauva la vie ä un malheureux compris dans cette 
Ategorie. Bonaparte s'embarque trois jours apres. Ainsi sonder- 
ifer adieu a la France est l'exercice d'un acte royal , le droit de 
face. 

t Malte elait achetee d'avance : Bonaparte se la fait livrer en )C 
tossant; et, le 1 er juillet 1798, il touche la terre d'Egypte, pres 
fci forlMarabou, a quelque distance d'Alexandrie. 
* Des qu'il apprit ( 22 ) cette nouvelle , Mourad-Bey , qne Ton ve- 
lait chercber comme an Hon dans son antre, appela ä lui ses 
nineluks, laissa aller au courant du Nil une flolille de dj ernies, 
t canges et de chaloupes armees en guerre, et la fit suivre sur 
W bords da fleuve par un corps de douze ä quinze cents cava- 
lers , que Desaix , qui commandait nolre avant-garde , rencontra 
8 14 au village de Minieh-Salam. C'ltaitla premiere fois, depuis 
t temps des croisades, que l'Orieot et l'Occident se trouvaient 
lee a face. 

ILe cboc fut terrible : cette milice, couverte d'or, rapide comme 
■ veot, devorante comme la flamme, chargeait jusque sur nos 
irres, dont eile hachait les canons de fusil avec sessabres trem- 
h a Damas ; puis , lorsque le feu partait de ces carres comme 
tan volcan, eile se deroulait, pareille ä une echarpe d'or et de 
1 nie, visitait au galop tous ces angles de fer dont chaque face lui 
nvoyait sa volee, et, lorsqu'elle voyait toute breche impossible, 
lle fuyait enfin comme une longue ligne d'oiseaux effarouches, 
kissant autour de nos bataillons une ceinture, mouvante encore, 
rfcommes et de cbevaux mutiles, et eile allait se reformer ( 23 ) 
|t loin pour revenir tenter une nouvelle cbarge, inulile et meur- 
kiere comme Tautre. 
Au iui Heu de la journee , ils se rallierent une derniere fois ; 



(22) Des que Monrad-Bey apprit celte nouvelle , il appela. Voir Note 26* 

(23) Quelle est la differen c e de reformer et de reformer ? 
Dünas, Napoleon. 3 



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34 



LE GENERAL BONAPARTE. 



mais, au lieu de revenir sor nous , ils prirent la route du desert 
et disparurent a rborizon dans un tourbillon de sable. I 
Ge fut ä Gizeh que Moarad apprit l'cchec de Chebreiss : le 
meme jour des messagers furent envoyes au SaYd, au Fayoum, ai 
desert. Partout, beys, cheiks, mameluks, toutfutcoovoquecontn 
l'ennemi commun ; ebaeun devait venir avec son cheval et ses arl 
mes: trois jours apres, Mourad avait autour de lui six mille ca 
valiers. 

Toute cette troupe, aecourue au cri de guerre de son chef, via 
camper en desordre sur la rive du Nil, en vue du Caire et de: 
pyramides, entre le village d'Embabeb, ou eile appuyait sa dt oite 
et Gizeh , la residence favorite de Mourad, oü eile etendait s« 
gauche: quaot ä celui-ci, il avait fait planter sa tente aupres d'ui 
sycomore gigaotesque dont Tombre couvrait cinquante cavaliers, 
C'est dans cette position, qu'apres avoir mis un peu d'ordre dam 
sa milice, il attendit l'armee francaise, qui remontait le Nil. 

Le 23, au lever du jour, Desaix, qui marebait toujours a l'a^ 
vant-garde , apercut un parti de cinq cenls mameluks , envoye^ 
en reconnaissauce, et qui se replierent sans cesser d'etre envuej 
Al quatre heures du matin, Mourad entendit de grandes acclama 
tions : c'etait i'armäe tout entiere qui saluait les pyramides. 

A six heures, Francais et mameluks etaient en presence. 

Que Ton se figure le cbamp de bataille : c'etait le meine qn< 
Cambyse, l'autre conqnerant qui venait de l'autre bontdumondJ 
avait choisi pour ecraser les Egyptiens. Deux mille quatre centi 
ans s'etaient econles : le Nil et les pyramides etaient toujours la 
seulement le spbinx de granit, que les Perses mutilerent au vi 
sage, u'avait plus que sa tete gigantesque hors du sabie : le col 
losse dont parle Herodote etait couche, Memphis avait disparu, 1( 
Caire avait surgi : tous ces Souvenirs, distinets et presents aTesJ 
prit des chefs francais, planaient vagoement au-dessus de la teti 
des soldats, comme ces oiseaux inconnus qui passaient aotrefois 
au-dessus des batailles et qui presageaient la victoire. 

Quant a l'emplacement, c'est une vaste plaine de sable, comme 
il en faut a des manueuvres de cavalerie ; un village, nomme Be- 
kir, s 6leve au milieu ; un petit ruisseau la limite un peu en avan^ 



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CHAPITRB III. 



tte Gitek. Moor ad et tonte sa cavalerie etaient adosses au Nil, 
ayaat le Caire derriere eox. 

Boaaparte vit, a cette disposition da terrain et de ses enne- 
■us, qu'il lui etait possible, noa-6eulement de vaincre les mame- 
luks, maisencore de les extermiaer. II developpa sou armee ea 
demi-cercle, formant de chaque divisioa des carres gigantesques, 
aacentre desquels ( 24 ) etait plaeee l'artillerie. Desaix., habitne 
a mareker en avant, cemmaodait le premiev carre* , place entre 
Embabeh et Gizeh ; pais veoaient la divisioa Regnier, la divisioa < 
Kleber, privee de soa cbef, Messe* a Alexandrie, et commandee 
par Dugua; puis la divisioa Meaou , commandee par Vial; enfin, 
formant Textreme gaucbe appuyee au Nil et la plus rapprochee 
d'Embabeb, la divisioa du general Boa. 

Tons les carres devaient se mettre ea mouveuieat ensemble, 
marcber sur Embabeh, et, village, chevaux, mameluks, retraa~ 
chements, (") tout jeter da os le NiL 

Mais Mourad n'etait pas komme ä atteadre derriere quelques 
buttes de sable. A peiae les carres eareut-ils pris place, que les 
mameluks sortireot de leurs retranchements ea masses inegales, 
et, saascboisir, saas calculer , se ruerent sur les carres qu'ils 
trouverent le plus pres d'eux: c'etaient les divisioas Desaix et 
iRegoier. 

F Arrives ä la portee du fusil , les assaillaots se diviserent ea 
deax colon nes : la premiere marchait tete baissee sur l'angle 
gauche de la divisioa Regnier , la seeonde sur Tangle droit de la 
divisioa Desaix. Les carres les laisserent approcher a dix pas, 
pnis^Is eclatereut: cbevanx et cavaliers se trouvereat arretes 
parune muraille de Hammes ; les deax premiers rangs des mame- 
luks tomberent comme si la terre eüt tremble sous eux ; le reste 
de la coloooe, empörte par sa course, arrete par ce rempart de 
fer et de feu , oe pouvaut oi ne voulaot retouraer ea arriere, 
loogea, ignorant oü il etait, toute la face du carre Regnier, doot 

(24) Daos troia langues, Je geailif du relatif a trois places differentes; en 
laiin: quorum iu ceolro ; ea allemand : in b e r e n ÜDHtte ; en francais: au 
centre desquels. 

(25) La posilion de l'objet devant son verbe est trös-signiQcative ; voilä de 
ces inversions (voir Notes 18. 19.) qui conslitueat le style äaergique. 

3' 



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36 



LE GENERAL BONAPARTE. 



le feu le rejeta sur la division Desaix. Celle-ci, sc trouvant aiors 
prise entre ces deax trombes d'hommes et de chevaux qni toar- 
billonuaient autour d'elle , leur presenta le bout des baionnettes 
de son premier rang , tandis que les deux autres s'enflammaient, 
et que ses angles , en s'ouvrant, laissaient passer les boulets im- 
patieots de se meler ä cette sanglante fete* 

II y eut un moment oü les deux divisioas se trouverent com- 
pletement entourees et ou lous les moyens furent mis en oeavre 
pour ouvrir ces carres impassibles et mortels. Les mameluks 
chargeaient jusqu'ä dix pas, recevaient le double feu de la fusil- 
lade et de l'artillcrie ; pnis , retournaot leurs cbevaux , qui s'ef- ! 
frayaieot a la vue des baionnettes , ils les forcaient d'avancer a 
reculons, les faisaient cabrer et se reoversaient avec eux, tandis 
que les cavaliers demootes se traioaient sur leurs genoux , rain- 
paieot comme des serpents , et allaient couper les jarrets de nos 
soldats. II en fut ainsi pendant trois quarts d'heure que dura 
cette borrible melee. Nos soldats, a cette maniere de combattre, 
ne recoonaissaient plus des hommes; ils croyaient avoir affaire ä 
des fantömes, ä des spectres, a des demons. Enfin , mameluks 
acbarnes , cris d'hommes , hennissemeots de chevaux, Hammes et 
fumee, tout s'evanouit, comme si un tourbillon Temportait : il ne 
resta entre les deux divisions qu'un cbamp de bataille sanglant, 
herisse d'armes et d*eteodards , joncbe de morts et de mou- 
rants se plaignaot et se soulevant encore comme une houle mal 
calmee. 

En ce moment, tous les carres, d'un pas regulier comme celui 
d'une parade, avancaient enfermant Embabeh dans leur cet*cle 
de fer: tout a coup la ligne du bey s'enflamma äsontour: trente- 
sept pieces d'artillerie croiserent sur la plaine leurs reseanx de 
bronze. La flotille bondil sur le Nil , secouee par le recul des 
bombardes, etMourad, ä la tete de trois mille cavaliers, s'elan^a 
a son tour pour voir sMl ne pourrait pas mordre a ces carres in- 
fernaux : alors , la colonne qui avait donne d'abord , et qui avait 
eu le temps de se reformer, le reconnut, et de son c6te aussi eile 
revint contre ses premiers et mortels ennemis. 

Ce dut ätre une chose merveilleuse a voir , pour Tceil d'aigle 
qui planait au-dessus du champ de bataille , que ces six mille ca- 



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CHAPITRE HL 



37 



valiers, les^premiers da monde, montes sar des chevaux dont les 
pieds ne laissaient pas de trace sur le sable, tournant comme une 
mente aotour de ces carres immobiles et enflammes , les etrei- 
gsant'de lenrs replis, les enveloppant de lenrs uceuds, cherchantä 
les etouffer quand ils ne pouvaient les ouvrir, se dispersant , se 
reformant pour se disperser encore, changeant de face comme les 
vagues qui battent an rivage; puis, revenant sar ane seule ligne, 
et pareils a an serpent gigantesque dont on voyait parfois la tete, 
condnite par l'infatigable Moarad, se dresser jusqu'au-dessus des 
carres. Tont ä coup, les batteries des retranchements changerent 
d'artillenrs , les mamelaks entendirent tonner lenrs propres ca- 
oons et se virent enleves par lenrs propres bonlets , leur flottille 
prit feu et sauta : tandis que Moarad usait ses griffes et ses dents 
contre nos carres, les trois colonnes d'attaque s'etaient emparees 
des retranchements, etMarmont, commandant la plaine, fou- 
droyait, des hautenrs d 1 Embabeh , les mamelaks acharnes contre 
noas. 

Alors Bonaparte ordonna une derniere manoeuvre, et tout fnt 
fini: les carres s'oavrirent, se developperent, se joignirent et se 
sonderent comme les anneaax d'une chaine ; Mourad et ses ma- 
melaks se troaverent pris entre lears propres retranchements et 
la ligne francaise. Mourad vit que la bataille elait perdne; il 
ralüa ce qni lui restait d'horames, et entre cette donble ligne de 
feax, au galop aerien de ces chevaux, il s*elanca tete baissee 
(laos Touverture que la division Desaix laissait entre eile et le 
Nil, passa comme an tourbillon sous le dernier feu de nos 
soldats , s'enfonca dans le village de Gizeh , et reparut un 
instant apres au-dessus de lui, se retirant vers la haute 
%pte avec deux ou trois cents cavaliers, restes de sa puis- 
saoce. 

II avait laisse sur le cbamp de bataille trois mille hommes, 
«jQarante pieces d'artillerie, quarante chameaux charges, ses ten- 
tes, ses chevaux, ses esclaves. On abandonna cette plaine cou- 
v «rte d'or, de eachemires et de soie, aux soldats vainqueurs, qui 
fireat un butin immense, car tous ces mameluks etaient couverts 
de lenrs plus belies armures, et portaient sur eux tout ce qu'ils 
poitedaieot en bijoux, en or et en argent. 



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38 



LE GRIVKRAL BONAPARTE. 



Bonaparte eoucaa le meine soir a Gizeb , et lesuriendeBtain il 
entra au Caire par la porte de la Vfcctoire. 



CHAP1TRE IV. 

A peine est-il ( 2 *) a» Caire, queBeoaparie reve, nou-seulemen^ 
la colonisation du pays dont il vieat de s'eaiparer, mais eacore la 
conquete de Vlnde par rBapirrste. 11 rddige pour le Directoire 
nne note dans laquelle il demande des renforts , des armes , des 
equipages de guerre, des chirurgiens , des pharmaciens, 'des nie- 
decins, des foudeurs, des liqooristes, des comedieus, »des jardi- 
»iers, des (-') marchands de inarionnettes pour le peuple , et voe 
cinquantaine de femmes francaises ; il envoie a Tippoo-Sa«b "«n 
courrier paar lui propaser uoe «Uiance contre les Aaglais ; pilis, 
berce de cette double esperance , il se met a la poursuite d*lbra- 
hiin, le plus iafluent des beys apres Moorad, le culbute ä Sahe- 
ley'h, et, peodaot qu'on le felicite de cette victoire , un uressager 
lui apporfce la nouvelle de la perle enliere de sa flotte. Nelsön a 
ecrase ßrueys : la flotte a disparu eoinme dans un nauftrage : 
plus ( 23 ) de Communications avec la France, plus d'espoir de cou- 
querir Vlnde. 11 faut rester enEgyple ou en sortir grands comme 
les anciens. 

Bonaparte revient au Caire , celebre Fanniversaire de la nais-| 
sance de Mahomet et la fondation de la republique. Au milieu de 
ces fetes, le Caire se revolte, et tandis qu'il le foudroie du baut 
du Mokattam , Dieu lui vient en aide et lui aniene l'orage ; fcotrt 
s'apaise en quatre jours, Boaaparte part pour Suez, il veut voir 
la mer Rouge et mettre le pied en Asie a Tage d'Alexandre. II 
manque de mourtr coinme Pbaraon: un guide le sauve. 

Maintenant ses yeux se toarnent Vers la Syrie. L'epoque (Tan 

(26) L'Aulear airoe cette inversron. A peine Bonaparte est-il au Caire, 
qu'il röve. Voir Note 22. 

(27) Pour d£tailler nettement tout cela, il fallait cet article des; Sans ar- 
ticle, ce u'auraiUtS qu'one masse informe. 

(28) Plus pour; t/nty aptus, comme pasjamais, aucun, pertonne imune. 



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CHAPITRE IV. 



39 



«ebarquement en Egypte est passet, et ne doit plus revenir qu'au 
mois de jaillet suivant ; mais il reste ä craindre une expedition 
par Gaza et el Arych, car Djezzar-Pacha, surnomme le bouchtir, 
vient de s'emp'arer de cette derniere ville. 11 faut detruire cette 
avant-garde de la Porte Ottomane, renverserles rem parts de Jaffa, 
de Gaza et d'Acre, raVager le pays et en detruire tont es les res- 
sources , afin de rferidre impossible le passage d'une armee par le 
desert. Voila le plan connu; mais peut-etre cache-t-il quelqu'une 
de ces expeMilions gigantesque comme Bonaparte en garde tou- 
joars au fond de sa pensee : nous verrons. 

11 pttrt ä la töte de dix mille hommes, divise l'infanterie en 
^ttatre corps , qu'il met 'sous les ordres de Bon , de Kleber , de 
Lannes et de Regnier , donne la cavalerie a Murat, rärtillerie k 
Dammartin et le glnie ä Cafarelli-Dufalga. El Arych est Attaque 
etpris le 1 er veutöse ; le 7, Gaza est occupe sans resistance; fe 
17, Jaffa, empörte d'assaut, voit sa garnison , composee de cinq 
ffliMe hommes , pasSee au fil de l'epee ; puis la route ccnlioue 
triomphale ; on arrive devant Saint-Jean-d'Acre, et le 30 du inline 
Mois la breche est ouverte : c'est la que dolvent coinroencer les 
revers. 

(Test un Francais qui commande la place, un ancien camarade 
deNapoWon: examines ensemble a i'Ecole militaire, ils ont 6fe 
lememe jour envoyes a leurs corps respectifs. Attache au parti 
royaliste, Phelippeaux farit evader Sidney-SmHh du Teinple, il le 
sniten Angiete^re, et le J>reCede en Syrier c'est contre son genie 
Men plos que contre les teinparts d'kcrc que Bnnapdrte vient se 
taurtdr: äussi, an premier Coup d'ceil, il voit que la defense est 
wndiiite jJar un hotnme snpeVieur ; un siege en regle est impos- 
8 >ble, il taut empörter la Ville : trois 'assauts successifs sont don- 
°es sans fes'tiltdt. PCnHilht tih de ces assauts , une bombe tombe 
•axpleds de Bdn&paYle; detixTgrenadiers se jettent aussitöt sttr 
H le placeht eritre eux deux, elevent leurs bras au-dessus desa 
töte et le CöÜvrent "de tollte part ; la bombe Iclata, et, comme par 
toiracle , ses echtts respectent leur devouemeut , personne n'est 
Messe. Un de ces grenadiers s'appelle Daumesnil : 'il sera genie- 
^ «n 1809, perdra une Jambe aMoscou en 181$, etcommandera 
^incennea en 1814. 



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40 



LE GENERAL BONAPARTE. 



Cependant des secours arrivent de tous cötes ä Djezzar ; les 
pachas de Syrie ont renni leurs forces et marchent sur Acre ; 
Sidney-Smith accourt avec la flotte aoglaise ; enfio, la peste, cet 
auxiliaire plus terrible que tous les autres, vieot eaaide au bour- 
reau de la Syrie. 11 faut d'abord se debarrasser de l'armee de 
Damas. Bouaparte, au lieu de l'attendre ou de reculer ä son ap- 
proche, uiarche au-devant d'elle, la joint et la disperse dans la 
plaioe du mont Thabor , pois revient tenter encore cinq autres 
assauts, iautiles comme les premiers. Saint-Jean-d'Acre est pour 
lui la ville maudite, il ne la depassera pas. 

Chacun s'etoooe qu'il s'acharoe ainsi ä la prise d'une bicoque, 
qu'il y risque cbaque jour sa vie, qu'il y perde ses meilleurs offi- 
ciers et ses plus braves soldats ; chacun le Marne de cet acharne- 
ment qui semble saos but: le but, le voici, il l'explique lui-meme, 
apres ua de ces assauts infructueux ou Duroc a £te Wesse, car il 
a besoia que quelques grands coeurs comme le siea sachent qu'il 
ne joue pas uu jeu d'iosense : « Oui, dit-il, je vois que cette mise- 
rable bicoque m'a coüte bien du monde et pris bieo du temps, 
mais les cboses sont trop avancees ponr ae pas teoter un nouvel 
effort. Si je reussis, je trouve daos la ville les tresors du pacha 
et des armes pour trois cent mille bommes ; je souleve et j'arme 
la Syrie, qu'a tant indignee la ferocite de Djezzar, dont, ä chaque 
assaut, la population demaode la cbute ä Dieu; je marche sur 
Damas et Alep ; en avao9ant daos le pays, je grossis mon armee 
de tous les mecontents ; j'annonce au peuple Tabolition de laser- 
vitude et du gouvernement tyraooique despachas ; j'arrive ä Coa- 
staotioople avec des masses armees, je renverse Tempire turc, je 
fonde daos POrient un nouvel et graod empire qui fixe ma place 
dans la posterite, et je reviens a Paris par Andrinople et par 
Vienne , apres avoir aneanti la maison d'Autriche. > — Puis, 
poussant un soupir, il continue : — « Si je jie reussis pas dans le 
dernier assaut que je veux teoter, je pars sur-le-champ ; le temps 
me presse. Je ne serai point au Caire avaat la mi-juin : les vents 
sont alors favorables pour aller du nord en Egypte : Coostaoti- 
nople enverra des troupes a Alexaodrie et ä Rosette , il faut que 
j'y sois. Quant a Tarmee qui viendra plus tard par terre , je ne 
la crains pas cette annee. Je ferai tout detruire jnsqu*ä Tenti^e 



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CHAPITRE IV. 



41 



da desert; je rendrai impossible Je passage d'une armee d'ici a 
deux ans : on ne vit pas au milieu des ruines. » 

C'est ce dernier parti qu'il est force deprendre. L'armeesere- 
tire sur Jaffa : Bonaparte y visite Phöpital des pestiferes , ce sera 
la plus belle compositum du peintre Gros. Tout ce qui est trans- 
portable est evacue, par mer sur Damiette, et par terre sur Gaza 
et el Arych : une soixantaine restent , qui n'ont plus qu'un jour ä 
vhrre, mais qui dans une beure tomberont aux mains des Turcs. 
La meme necessite au cceur de bronze, qui a fait passer au fil de 
l'epee la garnison de Jaffa, eleve encore la voix. Le pbarmacien 
R*** fait distribuer, dit-on, une potion aux mourants : au Heu 
des tortures que leur reservent les Turcs , ils auront au moins 
une douce agonie. 

Enfin, le 26 prairial, apres une marche longue et penible, l'ar- 
mee rentre au Caire. II etait temps. Mourad-Bey , echappe ä De- 
saix , menace la basse Egypte ; une seconde fois il atternt les 
Fraocais au pied des pyramides : Bonaparte ordonne tout pour 
uae balaille ; cette fois, c*est lui qui prend la position des mame- 
lokSj et qui s'adosse au fleuve ; mais le lendemainmatin, Mourad- 
Bey adisparu: Bonaparte s'etonne; le meme jour, tout Ini est 
expliqne; la flotte qn'il avait devinee a debarque äAboukir, juste 
al'epoque qu'il a predite ; Moarad, par des chemios detournes, 
est alle rejoiodre le camp des Turcs. 

En arrivant, il trouve le pacha plein de bautaines esperances : 
lorsqa'il a paru, les detacbements francais, trop faibles pour le 
combattre , se sonl replies pour se coocentrer. «£b bien! dit 
Mostapba- Pacha au bey des mameluks, ces Fran^ais tant redou- 
tes, dont tu n*as pu soutenir la presence , je me montre, et les 
voita qui fuient devant moi. 

— Pacha, repondit Mourad-Bey , rends grace au prophete qu'il 
convienne aux Fran9ais de se retirer, car s'ils se retournaient, 
la disparaitrais devant eux comme la poussiere devant l'a- 
qailon. 

11 prophetisait, le fils du desert: a quelques jours de lä Bona- 
parte arrive ; apres trois heures de combat , les Turcs plient et 
prennent la fuite ; Mustapha-Pacha teod d'une main sanglante son 



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42 



LE GENERAL BÖNÄPARTE. 



sabpe a Murat(- 9 ); deux ceots h omni es se rendent avec lai, detu 
mille restent sur le cbamp de uataille, dix mille sont noyesj 
vingt pieces de canon, les tentes , les bageges tombent entre dm 
maios; le fort d'Aboukir est repris: les mameluks sont rejera 
au dela du desert, et les Anglais et ies Turcs ont cberche' un asiU 
sur leurs vaisseaux. | 

Bonaparte envoie un parlementaire aü vaisseao amfrai; il doij 
traiter du renvoi des prisonmers, qu'il est impössible de gardefl 
et in utile de füsilier com ine a Jaffa: eu ecbange, l'amiral envoU 
a Bonaparte du vin , des fruits et la Gazette de Franrfort du H 
juin 1799. ] 

Depuis le mois de juin 1708, c'est-a-dire depuis plus d'uu aaj 
Bonaparte est sans nouveiles de France : il jette les yeux sur U 
journal, le parcourt rapidement, et s'ecrie: «Mes pressentimeou 
ne m'ont pas trompe, l'Italie est perdue; il faut que je parte l» 
En effet, les Francais en sont arrives au poiot ou il les desir«, 
assez malheureux pour le voir arriver, non pas comme uu ambij 
tieux, mais comme un sauveur. I 

Gautbeaume appele par lui arrive aussitöt: Bonaparte lui doon^ 
Tordre de preparcr les deux fregates le Muiron et la Carrere, e( 
deux petits batiments, la Revanche et la Fortune, avec des vivrei 
pour quatre ä cinq cents hommes et pour deux mois. Le 22 aoo* 
il ecrit ä l'armee: «Les nouveiles d'Europe m'ont decide ä pafl 
tir pour la France ; je laisse le commandement au general KW 
ber : 1'armee aura bieutot de nies nouveiles. Je ne puis en diu 
davantage. II m'en coüte de quitter les soldats auxquels je sui 
le plus attache; mais ce ne sera que momentanement. Legenerij 
que je leur laisse a la confiance de l'armee et la mienne. » | 

Le lendemain, il s'embarque sur le Muiron. Gantbeaume veoj 
prendre la haute mer; Bonaparte s'y oppose. «Je veux , dit-nl 
que vous longiez autant que possible les c6tes d'Afrique : vou| 
suivrez cette route jusqu'au sud de IaSardaigne. J'ai une poigne< 
de braves ; j'ai un peu d'arlillerie ; si les Anglais se presententj 
je m'ecbone sur les sables; je gognerai par terre Oran, Tünis o8 
un autre port, et lä je trouverai le moyen de me rembarquer> 



(2») Gotobteo, icl, un Mourad est prfes «Tun Mural! 



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CHAPITRE IV. 



43 



Pendant vingt et no jours, les vents de l'ouest et danord-ouest 
Bpoassent Bonaparte vers le port d'oü il vient de sortir. Enfin, 
d scnt les premieres brises d'uu vent d'est, Gantheauine lui 
□vre toutes ses voiles : en peu de temps on depasse le poiot oü 
ot autrefois Carthage, od double la Sardaigne , dont od longe la 
&te occideutale; le 1 er octobre, od eotre dans le port d'Ajaccio, 
ral'on cbaoge poar 17,000 fr. de sequins turcs contre de l'argent 
raocais , — c'est tout ce que Bonaparte rapporte d'Egypte ; — 
;nho, le 7 da meine mois, od qoitte la Corse et Tod fait voile sur 
a France, dont od n'est plos qu'ä soixaote et dix Heues. Le 8, 
iu soir, o© Signale une escwöne de quatorie vaieseaux; Gan- 
heaume propose de virer de bord et de retouroer cd Corse : « Noo, 
fecrie imperieusement Bonaparte, faites force de voiles ; tout le 
aon de a son poste ; au nord-ouest , au nord-ouesl , inarchons ! » 
Toate la auit se passe en inquietndes ; Bonaparte ne quitte pas le 
aont; il fait preparer une grande chaloupe, y met donzemotelots, 
»rdonae a sod secretaire de lalre uo choix de ces papiers les plus 
inportants, et prend vingt faomines, avec lesquels il se fera 
fcehouer Sur les ctaes de la Corse. Au jour , toutes ces preVaü- 
tiens devfennent »outiles, tootes les terreurs sedissipent, la flotte 
hit voile vers le nord-est. Le 8 octobre , au point du jour, od 
ftpercott Frejus; ä huit heures oo entre en rade. AuSsit&t le bruit 
se repand que l'une des deux fregates porte Bonoparte ; la teer se 
Boavre d'embarcations $ toutes les aiesures saoitaires que Bona- 
^trte se proposait de violer sont oubliees par le peuple , en vain^ 
kai fait-on observer le danger qui le menace : » Nous aimons mieux, 
repoad-il, la peste que les Autrichiens. » Bonaparte est conduit, 
feotraine, porte ; c'est üne fite, une ovation, un trioinphe. Enfin, 
in arilieu de renthoasiatme, des aeclamations, du delire, Cesar 
■et le pied sur eette terre ou il n'y a plus de Brutus. 

Six semaines apres, la France n'a plus de directeurs, mais troia 
Insuls ; et parffli ees trois coosula, il y en a un au dire de Sieyes, 
eui sait tout, qui fait tout, qui peut tout. 

Nous sommes arrivfo au 18 brumaire. 



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1 

Ii 

i 



BONAPARTE PREMIER CONSUL 




i 



CHAP1TRE I. 

Le premier soin de Boaaparte , en arrivant a la supreme mt| 
gistrature d'un Etat toot saignant encore de la guerre civile d 
Itrangere , et tout epuise de ses propres victoires , fut de teottt 
d'asseoir la paix sur des bases solides : en conseqoence , le 5 a} 
vöse an vm de la republique , mettant de cöte toutes les formet 
diplomatiques dont les souverains enveloppent d'babitude lei) 
pensee , il ecrivit directement et de sa main an roi George III 
ponr lai proposer ane alliance entre la France et rAngletemj 
Le roi resta mnet, Pitt se chargea de rlpondre: c'est dire qaj 
l'alliance fut refusee. { 

ßonaparte , repousse par George HI , se tonrna vers Paul 1^ 
Connaissant le caractere cbevaleresque de ce prince , il peo* 
qu'il fallait vis a vis de lui agir en Chevalier; il rassembla da« 
Tinterieur de la France les troupes russes prises en Hollande e 
en Soisse , il les fit habiller ä neuf et les renvoya dans leur pa 
trie , sans leur demander ni rancon , ni echange. Bonaparte m 
s'etait pas trompe en comptant sur cette demarebe pour desarma 
Paul I er . Celui-ci, en apprenant la courtoisie du premier consul 
retira les troupes qu'il avait encore en Allemagne , et declart 
qu'il ne faisait plus partie de la coalition. 

La France et la Prusse etaient en bonne intelligence , et le ro 



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CHAPITRE I. 



45 



'rederic-Gaiüaume avait scrupuleusement observe les conditioDS 
Ätraite de 1795. Bonaparte eovoya Daroc aupres de lui pour le 
leterminer ä etendre le cordon de ses tronpes jusque sur le bas 
Ifcin, afin d'avoir une ligne moins considerable ä defendre. Le 
•i de Prasse y consentit, et promit d'employer son interventioa 
apres de la Saxe , du Danemark et de la Suede , poor qu'ils ob- 
«rvasseot la neutralite. 

Ulestaieot donc l'Angleterre, l'Autriche et la Baviere. Mais 
Ks trois puissances etaient loin d'etre prÄtes ä recommencer les 
fostilites. Bonaparte eut donc le temps , sans les perdre de vue, 
!e jeter les yeux sur l'interieur. 

i Le siege du nouveau gouvernement etait aux Tuileries. Bona- 
wie babitait le palais des rois , et peu a peu les anciens usages 
le la cour reparaissaient dans ces appartements dont ( 30 ) les 
fraieot cbasses les conventionnels : au reste , il faut le dire , le 
Nnier des privileges de la couronne que s'arrogea Bonaparte 
^t celui de faire grace. M. Defeu , emigre francais pris dans le 
fj^, avait ete cooduit a Grenoble et condamne a mort. Bona- 
firte apprend cette nouvelle , fait ecrire par son secretaire sur 
bout de papier : — Le premier consul ordonne de suspendre 
bjvgement de M, Defeu, — signe cet ordre laconique, l'expe- 
Se an geoeral Ferino , et M. Defeu est sauve. 
\ Pois commence a se faire jour cette passion , qui tient chez lui 
* Premiere place apres celle de la guerre, la passion des mo- 
Naents. D'abord il se contente de faire balayer les echoppes 
l^i encombrent la cour des Tuileries; bientöt, en regardant 
Wr nne des fenetres , offusque qu'il est de l'interruptioo du 
N d'Orsay, oü la Seine, en debordant tous les hivers, 
*>päcae les Communications avec le faubonrg Saint-Germain, 
^ ecrit ces mots: «Le quai de l'Ecole de Natation sera 
^beve dans la campagne prochaine, » et les envoie au ministre 
^ l'interieur, qui se hate d'obeir. Le concours journalier des 
tosonoes qui traversent la Seine sur des batelets, entre le Lou- 
^ *t les Quatre-Nations , indique en cet eodroit la necessite 
^ n pont: le premier consul envoie chercher MM. Percier et 

Gomme l'on ne parle pas ici figuränent , on pourrait pre'tendre (f ow. 



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BONAPARTE PREMIER CONSUL. 



Fontaine, et le poot des Arts s'eteod d'une rive ä l'aatre eomaj 
uoe copstructioQ magique. La place Veadome est veuv« de ■ 
statoe de Louis XIV: uoe colonne foadue avec les canous coJ 
quis aar les Autrichiens', dans une campague de trois mois , Ii 
remplacera. La balle an ble iooendiee sera reconstruile en ferj 
des Heues eatieres de quais retiendront , d'un bont ä l'autre d 
la capitale, les eaux de la riviere dans leur lit: an palais seil 
bati pour la bourse: Teglise des Invalides sera readue ä sa dcstj 
nation premiere , brillante comme au jour oü eile etincela poy 
la premiere fois au feu du soleil de Louis XIV : quatre cimetierei 
qui rappelleront les necropolis du Caire , sereat places aox quq 
tre poinls cardinaux de Paris: enfin, si Dieu lui pr£te teinps q 
puissance , une rue sera percee, qui s'etendra de Saiot-Germaii 
TAuxerrois a la barriere du Trone; eile aura cent pieds ^ 
large ; eile sera planne d'arbres comme les boulevards , et bor, 
dee d'arcades comme la rue de Rivoli ; mais pour cette rue I 
laut qu'il attende encore, car cette rue doit s'appeler la ru< 
Imperiale. 

Pendant ce temps , la premiere aonce du dix-neuvieme siecl^ 
preparait ses merveilles guerrieres; la loi du recrutement s'exei 
cutait avec enthousiasme , an nouveau materiel militaire s'orga 
nisait, les levees d'hommes, ä mesure qu'elles s'operaient, etaiea 
dirigees depuis la riviere de Genes jusqu'au bas Rhin. Une arme* 
de reserve se reunissait au camp de Dijon , et se composait ei 
grande partie de l'armee de Holiande qui venait de pacifier 1 
Vendee. 

De leur cöte , les ennemis repondaient ä ces preparatifs pal 
des armements pareils. L'Autriche pressait l'organisation d< 
ses levees, TAngleterre prenait a sa solde un corps de douxJ 
mille Bavarois , et Tun de ses plus habiles ageuts recrutait pooi 
eile dans la Souabe, daus la Fraoconie et dans l'Odenwatd : eti\ 
fia six mille Wurtembergeois , les regiments suisses et le corpi 
noble d'emigres sous les ordres du prince de Conde , passaieat 
du Service de Paul 1 er a la solde de George HI. Toutes ces troa- 
pes etaient destinees a agir sur le Rhin : TAutriche envoyait ses 
meilleurs soldals en Italie, car c'etait lä que Tintention des al* 
li6s etait d'ouvir la campagae. 



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GHAPITRB I. 47; 

LelTmars 1800, au railieu d'un Iravail sur rinstitution des. 
wies diplomatiques foodees par M. de Talleyrand , Bonaparte 
iretourne tout ä coup ver« son secretaire, et avec un seotiment 
igaiete visible: 

-Ou croyez-vous que je battrai Melas? lui demande-t-il. 

— Je n'en sais rien, lui repond le secretaire etonne. 

- AHez derouler dans mon cabinet ia grande carte d'Italie, 
tjevous le ferai voir. 

secretaire s'empresse d'obeir: Bonaparte se munit d'epin- 
' es * l &es de cire rouge et noire, se couche sur l'immense 
Me, pique son plan de campagne , place sur tous les poiots ou 
enncmi Mattend ses e*pingles a tele noire , aligne ses fyingles k 
ronge sur toute Ia ligne oü il espere conduire ses troupes, 
ü se relourne vers son secretaire, qui l'a regarde faire en 
ilence: 

-Ehbien? lui dit-il. 

^Eh bien, lui repond celui-ci, je n'en sais pas davautage. 

— Vous etes un nigaud. Regardez un peu. Melas estäAlexan- 
Ple ( 3l ) oü il a soo quartier gencral; il y restera tant que Genes 
e serapas rcndne. II a dans Alexandrie ses magasins, ses hö- 
ltau *> son artillerie, ses rescrves; — indiquant le Saint- 
ernar d, — je passe les Alpes ici, je tombe sur ses derrieres 
Vaflt qu'Ü ne ( 3 =) se doute que je suis en Itatie , je coupe ses 
0, nmunicalioDs avec l'Autriclie , je le joins dans les plaines de 
wivia, — pla^ant une epingle rouge ä San-Giuliano , — et je 
^atsici. 

C *toit le plan de la bataille de Marengo que le premier consul 
ena »t de tracer. Quatre mois apres, il 6tait accompli en tout 
0l0t ; les Alpes etaient franchies, le quartier general etait ä 
an -Giuliano, Melas etait coupe, il ne restait plus qu'ä le battre ; 



fJJJ Jlemndria en Sardaigne. 
4v *nt que ne, comme il y a 

marchant de pair dans toule Ia grammaire. Ni Fun ni Pautre 



Hnt ^ Vant 9** ne, comme il y a de meme sans que ne, ces deux nlgations 



>eut eBC0Pe "PP 1 * 011 ^ formellement par les grammairiens ; ne, effective- 
4n ^ , e e8ln,is par surabondance , mais Inot eonvenablement au genie de ia 



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48 



BONAPARTE PREMIER CONSUL. 



Bonaparte venait d'äcrire sod nom ä c6te de ceux d'Annibal et d 
Karl le Grand. (") 

Le premier consul avait dit vrai. IL avait roule da sommet de 
Alpes comme une avalanche : le 2 jnin il etait devant Milao, • 
il entrait sans resistaoce, et dont incontinent il bloquait le fori 
Le meine joor, Mnrat etait envoye ä Plaisance et Launes a Moi 
tebello : tous deux allaient combattre , sans s*en douter encon 
Tun pour une couronae , Fautre pour un ducb£. 

Le lendemain de Feutree de Bonaparte a Milan , un espioo qi 
l'a servi dans ses premieres campagnes d'Ilalie se fait annoncer 
le geoeral le reconnait au premier coup d'ceil: il est au servic 
des Autrichiens , Melas Fenvoie ponr surveiller Far-mee frai 
caise"; mais il veut en finir avec le metier dangereux qu'ii exerci 
et demande niille louis pour trabir Melas : en outre, iL lui fai 
quelques renscignemeots exacts ä rapporter a son general. 

— Qu'a cela ne tienne , dit le premier consul , peu nTimport 
que Ton connaisse mes forces et ma position, pourvu que je co* 
naisse les forces et la position de mon enneini : dis-moi quelqo< 
chose qui en vaille la peine , et les mille louis sont a toi. 

Alors l'espion lui dit le nombre des corps , Jeur Force , leui 
emplacement , les noms des generaux , leur valeur , leur carae 
tcre ; — le premier consul suit sa parole sur la carte qu'il criM< 
d'epinglcs ; — au reste Alexandrie n'est pas approvisionnee , 
las est loin de s'attendre a un siege-, il a beaucoup de malade 
et maoque de medicaments. Ed echange, Berthier remet a Ve* 
pion une note ä peu pres exacte sur la Situation de Tarmee frat 
^aise. Le premier consul voit clair dans la position de Melaij 
comme si le genie des batailles Pavait fait planer au-dessus dei 
plaines de la Scrivia. 

Le 8 jnin , dans la nuit, un courrier arrive de Plaisance; c>$' 
Murat qui Tenvoie. II est porteur d'une lettre interceptee. Li 
dep&cbe est de Melas ; eile est adressee au conseil aulique de 
Vienne; eile annonce la capitulation de G6nes, qui a eu Heu 1^ 
4 : apres avoir mange jusqu'aux selles de ses cbevaux , Massen* 
a ete" forcee de se reudre. 



(53) Ordinaipement Charlemagne (Carolas Magnus). 



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CHAPITRE I. 



49 



Od reveille Bonaparte au milieu de la nuit, en vertu de son 
precepte : — Laissez-moi dormir pour les bonnes nouvelles , r6- 
mllez-moi pour les mauvaises. — Bah, vous ne savez pas Talle- 
fcand , dit-il d'abord a son secretaire ; pnis , force de reconuaitre 
qne celui-ci a dit la verile , il se leve , passe le reste de la nuit a 
donner des ordres et ä envoyer des courriers, et ä huit heures 
da matin tout est pret pour parer aux consequences probables de 
cet evenement inattendu. 

Le meine jour le quartier general est transporte ä Stradella, 
oü il reste jusqu'au 12 et oü Desaix le rejoint le 11. Le 13, en 
marehant sur la Scrivia , le premier consul traverse le champ de 
bataille de Montebello , et trouve les eglises encore pleines de 
morts et de blesses. 

— Diable , dit-il ä Lannes qui lui sert de cicerone; il parait 
qne l'affaire a ete chaude. 

— Je crois bien , repond celui-ci , les os craquaient dans ma 
division , comme la grele qui tombe sur les vitrages. 

Enfin, le 13 au soir, le premier consul arrive a Torre di Go- 
Hfolo. Quoiqu'il soit tard et qu'il soit ecrase de fatigue, il ne 
veutpoint se mettre au lit qu'on ne se soit assure si les Autri- 
chiens out un pont sur la Bormida. A une heure du matin l f offi- 
cier charge de cette mission revient, et repond qu'il n'en existe 
pas. Cet avis tranqnillise le premier consul ; il se fait rendre un 
dernier compte de la position des troupes et se couche , ne 
eroyant pas ä un engagement pour le lendemain. 



CHAPITRE II. 

Nos troupes occupaient les positions snivantes : 
La division Gardanne , et la division Chambarliac , formant le 
corps d'armee du glueral Victor, etaient campees ä la cassine 
de Pedra-Bona , en avant de Marengo , et ä distance egale du 
rillage et de la riviere. 
Le corps du general Lannes s'etait porte en avant du village 
Dumas, Napoleon. 4 



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50 BONAPARTE PREMIER COKSUL. 

de San-Giuliano , a droite de la grande route de Tortone , a six 
cents toises ä peu pres da village de Marengo. 

La garde des consuls etait placee en reserve derriere hss trou- 
pes da general Lannes, ä une distance de cinq cents toises en- 
viron. 

La brigade de cavalerie aux ordres du general Kellermann, et 
quelques escadrona de hussards et de chasseurs, fonnaient Ii 
gauche, et remplissaient snr la premiere ligne les intervalles des 
divisions Gardanne et Chambarliac. 

Une seconde brigade de cavalerie , commandee par le {general 
Champeaux , formait la droite et remplissait snr la seconde [ligne 
les intervalles de l'infanterie du general Lannes. 

Enfin le 12 e re*giment de hussards et le 21 e r^giment de chas- 
seurs , detaches par Murat , sous les ordres du general Rivaud, 
occupaient le debouche de Sale , village situe ä l'extreme droite 
de la position generale. 

Tous ces corps, reunis et echelonnes obliquement, la gaucne 
en avant, formaient un effectif de dix-hnit ou dix-neuf mille 
hommes d'infanterie et de deux mille cinq cents chevaux , aux- 
quels devaient se joindre dans la journee du lendemain les <ü-| 
visions Mounier et Boudet qui, d'apres les ordres du general De- 
saix, occupaient en arriere, et ä dix lieues a peu pres de Marengo, 
les villages d'Acqui et de Castel-Novo. 

De son c&te , pendant la journee du 13 , le general Melas avait 
acheve de reunir les troupes des g6ne>aux Haddik, Kaim et Ott, 
Le meine jour il avait passS le Tanaro , et etait venu bivouaquer 
en avant d'Alexandrie, avec trente-six mille hommes d'infanterie,| 
sept mille de cavalerie , et une artillerie nombreuse, bien servie,! 
et bien attelee. I 

A cinq heures , Bonaparte fut reveille par le bruit du canon. 

Au mime instant, et comme il achevait de s'habiller, un aide 
de camp du general Lannes accourt, a grande course de cheval, 
et lui annonce que l'ennemi a passe la Bormida, qu'il a debouch* 
dans la plaine , et que Ton se bat. 

L'officier d'etat-major ne s'etait pas assez avance*: il y avait 
un pont sur la ri viere. 



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CHAPITRE II. 



51 



Bonaparte monte aussitöt ä cheval, et se rend en tonte häte 
sur le point oü la bataille est engagee. 

II y trouve l'ennemi forme sur trois colonnes : l'nne, cclle de 
gauche, composee de tonte la cavalerie et de l'infauterie legere, 
se dirige vers Gastel-Geriolo , par le efaemin de Sale , tandis qne 
les colonnes du centre et de la droite, appuyees Fune ä Fautre, 
etcomposees des corps d'infanterie des generaux Haddik, Kaim, 
O'Reilly , et de la reserve des grenadiers aux ordres dn general 
Ott, s'avancent par la route de Tortone et par le cheinin de Fra- 
garolo en remontant la Bormida. 

Aux premiers pas qne ces denx colonnes avaient faits , elles 
etaient venues se heurter aux troupes du general Gardanne, 
postees, comme nous l'avons dit, a la ferme et sur le rayin de 
Pedra-Bona. C'etait le bruit de la nombreuse artillerie qui mar- 
chait devant elles , et ä la suite de laqnelle elles deployaient des 
bataillons trois fois superieurs en nombre ä ceux qu'elles atta- 
quaient, qui avait reveille Bonaparte, et qui attirait le lion sur 
le champ de bataille. 

II arrivait au moment oü la division Gardanne , ^cras^e , com- 
meocait ä se replier, et oü le general Victor faisait avancer ä son 
secours la division Chambarliac. Protegees par ce mouvement, 
ies troupes de Gardanne , operent leur retraite en bon ordre , et 
viennent couvrir le village de Marengo. 

Alors les troupes autrichiennes cessent de marcber en colonne, 
et, profitant du terrain qui s'älargit devant elles, se deploient 
en lignes paralleles , mais numeriquement bien sup^rieures , a 
Celles des generaux Gardanne et Chambarliac. La premiere de 
ces lignes ^tait commandee par le general Haddik , la seconde 
par le general Melas en personne , tandis que le corps de grena- 
diers du general Ott se formait un peu en arriere , ä la droite du 
nllage de Castel-Ceriolo. 

Uo ravin, creuse comme un retranchement, formait un demi- 
cercle autour du village de Marengo. Le general Victor y Itablit 
en ligne les divisions Gardanne et Chambarliac, qui vont &tre 
ittaquees une seconde fois. Elles sont ä peine rangees en bataille 
jue Bonaparte leur fait donner l'ordre de dlfendre Marengo le 

4* 



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52 BONAPARTE PREMIER CONSUL. 

plus longtemps possible ; le general en cbef avait compris que la 
bataille devait porter le nom de ce village. 

Au bout d'un instant, l'action s'engage de nouveau sur toutle 
front de la ligne , des tirailleurs se fusillent de chaque cote" da 
ravin , et le canon gronde , se renvoyant la mitraille ä portee de 
pistolet. Protege par cette artillerie terrible, l'ennerai, superieur 
en nombre , n'a qu'ä s'etendre pour nous deborder. Le general 
Rivaud , qui commande rextreme droite de la brigade Gardanne, 
se porte alors en avant, place hors du village, sous le feu le plus 
ardent de l'ennemi, un bataillon. en rase campagne et lui ordonne 
de se faire tuer sans reculer d'un pas : c'est un point de mire 
pour Partillerie autricbienne dont chaque boulet porte ; mais 
pendänt ce temps le general Rivaud forme sa cavalerie en Co- 
lon ne , tourne le bataillon protecteur, tombe sur trois mille Au- 
tricbiens qui s'avancent au pas de Charge, les repousse, et, tout 
Messe qu'il est par un biscaien , les force , apres les avoir mis 
en d£sordre , k aller se reformer derriere leur ligne ; puis il 
vient se remettre en bataille ä la droite du bataillon, qui est 
reste ferme comrae une muraille. 

En ce moment, la division du gän^ral Gardanne, sur laquelle 
s'epuise depuis le matin tout le feu de l'ennemi , est rejetee dans 
Marengo, oü la premiere ligne des Autrichiens la suit, tandis 
qne la seconde ligne empeche la division Cbambarliac et la bri- 
gade Rivaud de lui porter du secours : d'ailleurs , repoussees 
elles-memes , elles sont bientöt forceps de battre en retraite de 
chaque cöte du village. Derriere lui elles se rejoignent: le gene- 
ral Victor les reforme, et, leur rappelant l'importance que le 
premier consul accorde ä la possession de Marengo , il se met a 
leur tete , pänetre a son tour dans les rues que les Autrichiens 
n'ont pas eu le temps de barricader, reprend le village, le reperd,| 
le reprend une fois encore , puis enfin , 6crase sous la superioritel 
du nombre, il est force de l'abandonner une derniere fois, et, ap J 
puye par les deux divisions de Lannes qui arrive a son secours, 
il reforme sa ligne parallelement ä l'enuemi qui , ä son tour, de- 
boucbe de Marengo et se developpe, presentant un immense front 
de bataille. Aussitöt Lannes , voyant les deux divisions du gene- 
ral Victor ralliees et prStes ä soutenir de nouveau le combat, 



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CHAPITRE II. 



55 



s'ltend sur la droite , an moment oü les Autrichiens vont nous 
deborder. Cette manceuvre le met en face des troupes da general 
Kaim qui vienacnt d'emporter Marengo : les deux corps , l'un 
exalte par son commencement de victoire , l'autre tont frais de 
sod repos, se heurtent avec rage, et le combat, un instant inter- 
rompu par la double manoeuvre des deux armees , recommence 
sur tonte la ligne, plus acharne que jamais. 

Apres une lutte d'une beure , pied a pied , baionnette a baTon- 
nette , le corps d'armee du glnlral Kaim plie et recule : le gene- 
ral Champeaux , a la täte du 1 er et du 8 e regiments de dragons, 
charge sur lui et augmente son desordre; le general Watrin, 
aveele 6 e 16ger, les 22 e et 40 e de ligne, se met ä leur poursuite» 
et les rejette a pres de mille toises derriere le ruissean de la 
Btrbotte. Mais le mouvement qu'il vient de faire l'a separe de 
son corps d'armee, les divisions du general Victor vont se trouver 
compromises par sa victoire möme , et il est oblige de revenir 
prendre le poste qu'il a laisse un instant decouvert. 

En ce moment Kellermann faisait a l'aile gaucbe ce que Wa* 
trin venait de faire ä l'aile droite $ deux de ses cbarges de cava- 
lerie avaient perce a jour la ligne ennemie ; mais apres la pre- 
miere ligne il en avait trouve une seconde, et n'osant s'engager, 
a cause de la superiorite du nombre, il avait perdu le fruit de 
cette victoire momentanee. 

A midi , cette ligne , qui ondulait comme un serpent de flamme 
sur une longueur de pres d'une lieue, fut enfoncee vers son 
centre , apres avoir fait tout ce qu'il etait bumainement possibte 
de faire , et se mit en retraite , non pas vaincue , mais foudroyee 
parle feu de Tartillerie, et ecrasee par le cboc des masses. Le 
corps , en reculant , decouvrait les ailes : les ailes furent donc 
forceesde suivre le mouvement retrograde du centre ; et le gene- 
ral Watrin, d'un cote, le general Kellermann, de Fautre, donne- 
rest 1' ordre a leurs divisions de reculer. 

La retraite se fit aussitöt par echiquier, sous le feu de quatre- 
viogts pieces d'artillerie qui precedaient la marche des bataillons 
autrichiens. Pendant deux Heues, l'armSe tout eotiere, sillonnee 
par les boulets , decimee par la mitraiüe , broye"e par les obus, 
reeula sans qu'un seul homme quittät son rang pour fuir, execu- 



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54 



BONAPARTE PREMIER CONSUL. 



tant les divers mouvemeats commandes par le premier consul 
avec la regularite et le sang-froid d'une parade. Ed ce moment 
la premiere colonne autrichienne qui, ainsi que nous l'avons dit, 
s'etait dirigle sur Castel-Ceriolo et n'avait poiot encore donn£, 
parat, debordant notre droite. C'eüt 6te trop d'an pareil rcn- 
fort; (*♦) Bonaparte se decida a utiliser la garde coasulaire qu'ü 
avait gardee en räserve avec deux regiments de grenadiers. II la 
fit avancer ä trois cents toises de Pcxtreme droite , lui ordonna 
de se former en carre ^ et d'arreter Eisnitz et sa colonne, comme 
une redoute de granit. 

Le general Eisnitz fit alors la faute dans laquelle Bon aparte 
avait espere qu'il tomberait. Au Heu de negliger ces neuf cents 
hommes , qui n'ltaient pas ä craindre sur les derrieres d'ane ar- 
mee victorieuse , et de passer outre pour venir en aide aux geni- 
raux Melas et Kaiin, il s'acharna apres ces quelques braves , qui 
usaient toutes leurs cartoucbes presque ä bout portant, sans etre 
entames, et qui , lorsqu'ils n'eureat plus de munitions , re£urent 
l'ennemi sur la pointe de leurs baion nettes. 

Cependant, cette poignee d'hommes ne pouvait tenir longtemps 
ainsi, et Bonaparte allait leur faire donner l'ordre de suivre le 
mouvement retrograde du reste de l'arm£e , lorsque l'une des di- 
visions de Desaix , celle du genlral Mounier , apparut sur le der- 
riere de la ligne francaise. Bonaparte fremit de joie, c'6tait la 
moitie de ce qu'il attendait. Aussit6t il echange quelques paroles 
avec le general Dupont, chef de Tetat-major; le general Dupont 
s'elance au-devant d'elle, en prend le commandement , se trouve 
un instant enveloppe par la cavalerie du general Eisnitz , passe 
ä travers ses rangs , va heurter d'une atteinte terrible la division 
du general Kaira qui commencait a entamer le glnlral Laiines, 
pousse l'ennemi jusqu'au village de Castel-Ceriolo, y jette une de 
ses brigades aux ordres du general Carra Saint-Cyr, qui en d£- 
busque les chasseurs tyroliens et les cbasseurs du loup, pris a 
l'improviste par cette brusque attaque , lui ordonne, au nom du 
premier consul , de se faire tuer la avec tous ses hommes plutöt 
que de reculer, puis, degageant au retour le bataillon de la garde 

(84) Voir Note 37. 



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CHAPITRE II. 



consulaire et les deax regiments de grenadiers qui ont fait aux 
yeax de tonte Farinee une si belle defense , il se joint an mouve- 
ment retrograde qui continue de s'operer avec le m&me ordre et 
la meme precision. 

II e^tait trois heures du soir. Des dix-neuf mille hommes qui 
tvaient commence a cinq heures du matin la bataille , il restait a 
peine, sur un rayon de deux lieues, huit mille hommes d'infan- 
terie, mille chevaux et six pieces de canon en etat de faire feu ; 
uo quart de l'armee etait hors de combat, et plus de Tan tre quart, 
pir le defaut de voitures , £tait occupe ä transporter les blesses 
qoe ßonaparte avait donne l'ordre de ne pas abandouner. Tout 
recnlait, a l'exception du general CarraSaint-Cyr, qui, isoledans 
lerillage de Castel-Ceriolo, se trouvait deja a plus d*uoe lieue 
da corps d'armee : une demi-heure encore , il etait evident pour 
tous que la retraite allait se changer en deroute , lorsqu'un aide 
de camp, envoye au-devant de la division Desaix, sur laquelle re- 
pose a cette heure , non-seulement la fortune de la journee, mais 
les destine'es de la France, arrive ventre ä terre, annoncant que 
U tele de ses colonnes parait ä la bauteur de San-Giuliaoo. Bp- 
oaparte se retourne , apereoit la poussiere qui annonce son arri- 
vee, jette uu dernier coup d'ceil sur toute la ligne, et crie: — 
Halte! 

Le mot electrique court sur le front de bataille: tout s'arrete. 

En ce moment Desaix arrive^ devancant d'un quart d'heure sa 
division : Bonaparte lui montre la plaine jonchee de morts, et lui 
demande ce qu'il pense de la bataille. Desaix embrasse tout d*un 
coop d'ceil: «Je pense quelle est perdue,» dit-il ; puis tirant sa 
mootre; «mais il n'est que trois heures et nous avons encore le 
temp« d'en gagner une autre. 

— C'est mon avis , repoodit laconiquement Bonaparte , et j'ai 
■»anceuvre' pour cela.» 

Eoeffet, ki va commencer le second acte de la journee, ou 
plotot la seconde bataille de Marengo, comme Desaix Fa appelee. 

Bonaparte passe sur le front de la ligne , qui a pivote" en ar- 
riere, et qui s'ltend maintenant de San-Giuliano a Castel-Ceriolo. 

— Camarades, s'ecrie-t-ü au milieu desboulets qui souieverent 
1» terre sous les jambes de son cheval , c'est avoir trop fait de 



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36 BONAPARTE PREMIER CONSUL. 

pas ( 55 ) cd arriere, le moment est venu de marcher en avantr 
souvenez-vous que mon habitnde est de c auch er $tr le cbamp de 
bataille. 

Les cris de : Vive Booaparte, vive le premier consul, s'eleveot 
de tous cötes, et s'eteignent dans le bruit des tambours qui bat-| 
tent la charge. 

CHAPITRE III. 

Les differents corps d'armee etaient alors echelonnes dans 
l'ordre suivant; 

Le general CarraSaint-Cyroccupait toujours, malgre les efforts j 
que Pennemi avait faits pour le reprendre , le village de Castel- 1 
Geriolo, pivot de toute l'armee ; _ • 

Apres lui venait la seconde brigade de la division Mounier , et | 
les grenadiers de la garde consulaire , qui , pendant deux heures, 
avaient tenu seuls contre le corps d'armee tout entier da general 
Eisnitz ; I 

Puis les deux divisions de Lannes; 

Puis la division Boudet, qui n'avait pas encore combattu , et ä 
la tete de laquelle se trouvait le general Desaix , qui disait en 
X riant qu'il lui arriverait maiheur, les boulets autrichiens ne le 
connaissant plus depuis deux ans qu'il etait en Egypte ; 

Enfin les deux divisions Gardanne et Chambariiac , les plus 
maltraitees de toute la journee, et dont il restait ä peine quinze 
cents hommes. 

Toutes ces divisions etaient placees diagonalement en arriere 
les unes des autres. 

La cavalerie se tenait sor la seconde ligne , pr&te a charger 

(85) Poop: c'est avoir faxt trop de pas en arriere. De m£me Rousseau 
dit «Tun enfant : // a dejä trop compare aVidees. Nous poftrrions citer de 
i eublables pasaages ponr toutes sortes d'adverbes a l'usafee de ces gram- 
nairiens qui douteat de la correction de cet emploi tont * la Toto qaantitaU'f 
{trop de pas) et qualificatif {trop faire) d'un meine adverbe. 



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GHAPITRE III. 



57 



itre les iatervalles des corps ; la brigade da general Champeanx 
appuyaitä la route de Tortone ; eelle du general Kellermann etait 
b centre, entre le corps de Lannes et la division Boudet. 
Les Autrichiens, qni n'ont pas va les renforts qui aous sqnt 
rrives, et qui croient la journee ä eux, continnent d'avancer en 
on ordre. Une colonne de cinq mille grenadiers , commaudee 
Ar le general Zach, debouche par la grande ronte, et marche au 
as de Charge sur la division Boudet, qui couvre San-Giuliano. 
tnaparte fait mettre en batterie quinse pieces de canonqui vren- 
ieot d'arriver et que masque la division Boudet : puis , par un 
■eine cri pousse sur une Itendue d'nne liene , il ordonne a toute 
> ligne de marcher en avant : c'est l'ördre general ; voici le* 
irdres particuliers : 

Carra Saint-Cyr quittera le village de Castel-Ceriolo , renver- 
serace qni voudra s'opposer ä lui, et s'emparera des ponts surla 
Bonnida pour couper la retraite aux Autrichiens ; le general 
Karmont demasquera l'artillerie lorsqu'on ne sera plus qu'ä por- 
de piatolet de l'ennemi , Kellermann, avec sa grosse cavalerie, 
fera daos la ligne opposee une de ces troules qu'il sait si bien 
foire; Desaix, avec ses troupes fraiches, aneantira la colonne de 
Kanadiers dn general Zach ; enfin Champeaux, avec sa cavalerie 
legere, donnera aussitot qne les pretendos vainqueurs battront 
ei > retraite. 

Vordres sont suivis aussitöt qne donnes : nos troupes, d'un 
seal mouvement, ont repris l'offensive ; sur tonte la ligne la fu- 
sillade eclate et le canon gronde ; le terrible pas de Charge se fait 
Wendre, aecompagne de la Marseillaise; cbaque chef , parvenu X 
8QP le revers du defile" , est pret a entrer en plaine ; la batterie 
demasquee par Marmont vomit le feu ; Kellermann s'eiance avec 
8es Kassiers et traverse les deux lignes ; Desaix saute les fos- 
*k> franchit les haies, arrive sur une petite eminence, et tombe 
att *°*Wiit ou il se retourne pour voir si sa division le suit. Sa 
niort ) au Heu de diminuer l'ardeur /Je ses soldats, la double ; le 
general Boudet le remplace, s'elance sur la colonne de grenadiers, 
1 Ql le recoit k la baionnette. En ce moment Kellermann, qui, 
coj aaienons Pavons dit, a deja traverse les deux lignes, se re- 
tonrne , voit Ja division Boudet aux prises avec eette masse im* 



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58 



BONAPARTE PREMIER CONSUL. 



mobile qu'elle ne peat faire recuier , la charge en flanc , p£ 
daos son intervalle, l'ouvre, recartelle, la brise : en moins d'oi 
demi-heure les cinq mille grenadiers sont enfonces, culbuteg, di 
perses ; ils disparaissent comme une fomee , foudroyäs , anei 
tis; le genäral Zach et son £ tat -major sont faits prisonniers, c'e^ 
tont ce qu'il en reste. 

Alors l'ennemi ä son tonr vent faire donner son immense ca 1 
lerie ; mais le feu continuel'de la monsqueterie , la mitraille 
vorante et la terribie baYonnette, l'arretent conrt. Murat m 
nceuvre sur les flancs avec denx pieces d'artillerie legere et 
obnsier qni lui envoient la mort en courant. En ce moment 
caisson saute dans les rangs antrichiens et augmentele desord 
c'est ce qu'attend le general Champeaux avec sa cavalerie : il s* 
lance, cache son petit nombre par nne ma nceuvre habile , et pej 
netre an plns profond des ennemis : les divisious Gardanne « 
Chambarliac, qui ont la retraite de tonte la journec snr le coeur 
tombent sur eux avec toute Fardeur de la vengeance : Lannes si 
met ä la tete de ses deux corps d'armee et les devance encriaoti 
Montebello ! Montebello ! Bonaparte est partout. I 

Alors tout plie, tont recule, tout se anbände: les generaux aui 
trichiens veulent vainement soutenir la retraite, la retraite st 
change en deroute; les divisioos francaises francbissent en on 
demi-heure la plaine qu'elles ont defendue pied ä pied peadanl 
quatre heures : 1'eDnemi ne s'arrete qu'ä Marengo ouil se reformfl 
sous le feu des ttraillenrs que le general Carra Saint-Cyr a jetci 
depuis Castel-Ceriolo jusqu'au rnissean de la Barbotta. Mais Ii 
division Boudet, les divisions Gardanne et Chambarliac , le ponrj 
suivent ä son tour de rue en rue, de place eo place, de maison esl 
maison : Marengo est empörte ; les Antrichiens se retirent vers 
la position de Pedra-Bona, oü ils sont attaques, d'un cote* par les 
trois divisions acharnees apres eux , et de l'autre par la demi- 
brigade de Carra Saint-Cyr. A neuf heures du soir la Pedra-Bonaj 
est emportee, et les divisioos Gardanne et Chambarliac ont repris 
lenr poste du matin. L'eonemi se precipite vers les ponts pour 
passer la Bonnida; il y trouve Carra Saint-Cyr qui l'y a precedä: 
alors il cherche des gufo, traverse la ri viere sous le feu de toute 
ffotre ligne, qui ne s'eteint qu'a dix heures du soir: les debris de 

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CHAPITRE III. 



armee aatrichieone regagnent leur camp d'Alexandrie , l'armee 
rangaise bivouaque devant les retranchements de la täte da pont. 

La journee avait coute aax Autrichiens quatre mille cinq cents 
lorta, linit mille blessäs, sept mille prisonniers , douze drapeaux 
t trente pieces d'artillerie. 

Jamais peut-etre la fortune ne s'etait montree daos la meme 
ournäe suus deux faees si diverses : a deux heures de l'apres- 
aidi , c'etait une defaite et jses desastreuses consequences ; ä 
inq heures , c'etait la victoire redevenue fideie an drapeau d'Ar- 
\o\e et de Lodi ; ä dix heures, c'etait l'Italie reconquise d'un seul t 
loup, et le tröne de France en perspective, 
i Le leodemain matin le prioce de Lichtenstein se presenta aux 
^vaot-postes : ilapportaitaapremierconsul les propositions du ge- 
ie>al Melas. Elles De convenaientpasä Bonaparte, qui luidictales 
riennes , qu'il remporta en eebaoge. L'armee da general Melas 
Jevait sortir libre , et avec les honneurs de la guerre , d'Aiexan- 
irie, mais aux conditions qna tout le monde connait, etquiremet- 
laient l'Italie tont entiere sons la domination fjancaise. 

Le prince de Lichtenstein revint le soir; les conditions a^aient. 
paru dnres ä Melas, quj, a trois heures , regardant la journee 
tomme gagnee, avait abandonnC* le reste de notre defaite aux g£- 
leraux, et etait revenu se reposer a Alexandrie : mais aux pre- 
mieres observations que fit l'envoye, Booaparte l'interrompit. 

— Monsieur, lui dit-il , je vous ai dit mes dernieres volonte^, 
^ortez-les a votre general, et revenez promptemeat, car elles 
tont irrevocables : songez que je connais votre condition aussi 
•ien que vous; je ne fais pas la guerre depuis hier; vous £tes 
bloques dans Alexandrie , vous avez beaucoup de blesses et de 
malades, vous manquez devivresetde medicaments , j'occupe 
tous vos derrieres , vous avez perdu , en tues ou en blesses , l'e- 
tite de votre armee ; je pourrais exiger davantage, et ma position 
n'y autorise ; mais je modere mes pretentions par respect pour 
les cheveux blaues de votre general. 

— Ces conditions sont dures , monsieur , repondit le prince, 
surtout celle de rendre Genes, qui a suecombe, ily aquinzejours 
a peine, 'apres un si long siege. 

— Que ce ne soit pas cela qui vous ioquiete , reprit le premier 



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40 BONAPARTE PREMIER CONSUL. 

codsuI en montrant an prince la lettre interceplee , votre em« 
reur n'a pas su la prise de Genes, et il n'y aura qu'a ne pas 
lui dire. 

Le meme soir , toates les oonditions imposees par le prema 
consul etaient accordees , et Bonaparte 6crivait ä ses colleguej 

«Le lendemain de la bataille de Marengo, eitoyens consols, 1 
general Melas a fait demaoder aux avant-postes qu'ii lui fut p« 
mis de m'envoyer le general Skal : on a arräte dans la journe*e 1 
Convention que vous trouvez ci-jointe. Elle a ete signee, dans 
nuit, par le general Berthier et le general Melas. J'espere que \ 
peuple fran^ais sera content de son armee. I 

• Bonaparte.» 

Ainsi se trouva accomplie la prediction que le premier consi 
avait faite ä son secretaire, quatre mois anparavant, dans le ca 
binet des Tuileries. | 

Bouaparte revint ä Milan , ou il trouva la ville illumioee t 
dans la joie la plus vive. Mass^ua, qu'il n'avait pas vu depuis 1 
campagne d'Egypte, Fy attendait, et recut le commandement d 
Tarmee d'Italie, en recompense de sa belle defense de Glnes. 

Le premier consul revint ä Paris au milieu des acclamatios 
des peupies. Son eotree dans la capitale eut lieu le soir ; maii 
lorsqUe , le lendemain , les Parisiens apprirent son retour, ils i 
porterent en masse aux Tuileries avec de tels cris et un si grai 
enthousiasme, que le jeune vainqueur de Marengo fut force' de i 
montrer sur le balcon. 

Quelques jours apres, une nouvelle affreuse vint attristerl 
joie publique. Kleber etait tombe au Caire, sous le poignard d 
Soliman-el-Alebi , le meme jour oü Desaix tombait dans les plai 
nes de Marengo, sous les balles des Autrichiens. 

La Convention signee par Bertbier et le geneVal Melas, dans t 
nuit qui suivit la bataille, avait amene" un armistice conclu le I 
juillet, rompu le 5 septembre, et renouvele* apres le gain de Ii 
bataille de Hohenlinden. 

Pendant ce temps le.s coospirations marchaient. CeracchJ 
Arena, Topiaeau-le-Brun et Demerville , avaient ete* arr£t& i 



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CHÄPITRE III. 



61 



Opera, oü ils s'approchaient du premier coosulpour l'assassiner. 
i& machine infernale avait eclate , nie Saint-Nicaise , vingt-cinq 
las derriere sa voiture , et Louis XVIII ecrivait a Bonaparte 
Htres sur lettres pour qu'ii lui rendit son trone (*). 
% 

(*) Une premiere lettre, dat6e da 20 fevrier 1800, ätait ainsi concae: 
i Quelle que seit leor condaile appareote , des hommes tels qne vous , mon- 
peur, n'inspirent jamais d'inquiätude. Vousavez accepte* une place Eminente, 
pl je vous en sais gre\ Mieux que personne vous savez ce qu*il faul de Force 
bt de puissance pour faire le bonheur d'une grande nalion. Sauvez la France 
he ses propres fureurs, vous aurez rempli le vceu de mon cceur; rendez-lui 
hon roi , et les geneValions fatures blniront volre memoire. Vous serez tou- 
jours irop necessaire ä TB tat pour que je puisse acquitler, par des places 
Importantes , la dette de mon aieul et la mienne. Signe LOUIS.» Gette 
lettre , 6lant demeurde Sans reponse , fut suivie d'une autre que voici : «De- 
nnis longtemps, general, vous devez savoir que mon estime vous est acquise. 
fei vous doutiez que je fusse susceplible de reconnaissance, marquez votre 
place, fixez le sort de vos amis. Quant k mes principes , je suis Francais. 
Clement par caractere, je le serais encore par raison. Non , le vainqueur de 
(Lodi , de Gasliglione , d'Arcole, le conqueVant de l'Ilalie et de l'Bgypte , ne 
peut pas preTerer ä la gloire une vaine dUhrHe*. Gependant vous perdez uri 
temps precieux. Nous pouvons assurer la gloire de la France. Je dis nous, 
^arce que j'ai besoin de Bonaparte pour cela, et qu'il ne le pourrait sans 
moi. General , l'Europe vous observe, la gloire vous attend , et je suis impa- 
Hient de rendre la paix a mon peuple. Signe LOUIS. • Bonaparte repondit, 
jle 24 seplembre suivant: «J'ai recu, monsieur, votre lettre. Je vous remercie 
des choses honnötes que vous m'y dites. Vous ne devez pas souhailer votre 
[retour en France, il vous faudrait marcher sur cent mille cadavres. Sacrifiez 
votre int^r^t au repos et au bonheur de la France« L'hisloire vous cn tiendra 
'Compte. Je ne suis point insensible aux malheurs de votre famille, et j'ap- 
prendrai avec plaish* que vous etes environne" de tout ce qni peut contribuer 
\k la tranquillite de votre retraile. 

, « Signe BONAPARTE. » 

Rappeions ici , ponr compleler l'histoire de ces negociations , la fameuse 
lettre par laquelle, trois ans plus lard, Louis XVIII maintenait ses preien- 
tions au träne de France : «Je ne confonds point monsieur Bonaparte avec 
ceux qui Pont preclde* ; j'estime sa valeur, ses talents mililaires , je lui sais 
gre de plusieurs actes d'administration , car le bien qu'on fera ä mon peuple 
ne sera toujours eher. Mais il se trompe s'il croit m'engager ä transiger sur 
mes droits : loin de la , il les e" lablirait lui-meme , s'ils pouvaient elre liti- 
gier , par la demarche qu'il fait en ce moment. J'ignore quels sont les des- 
seins de Dien sur ma race et sur moi ; mais je connais les obligations qu'il 



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62 



BONAPARTE PREMIER CONSUL. 



Enfin, le 9 fevrier 180t, le traitS de Luneville fut signe; i 
rappelait tootes les clanses du traite de Campo-Formio, c£dait d 
nouveau ä la France tous les Etats situes sur la rive gaucbe d| 
Rhin , indiqaait l'Adige comme la limite des possessioos autrj 
chieones, forcait Tempereur d'Autriche a reconnattre les repobli 
ques cisalpiae, batave et helvetique, et eofin abaodonoait laToi 
cane a la France. 

La republique etait en paix avec le monde entier, excepte avJ 
l'Angleterre , sa vieille et eternelle ennemie. Bonaparte resoli 
de Ini imposer par une grande demonstratioo. Un camp de des 
cent mille bommes fut reuni äBoulogne, et une immense quantit 
de bateaux plats, destines ä transporter cette armee , furent rai 
sembles daos tous les ports du nord de la France. L'Aogletern 
s'effraya, et le 25 mars 1802 le traite* d'Amiens fut signe\ 

Pendant ce temps, le premier consul marchait insensiblen^ 
vers le tröoe, et Bonaparte se faisait peu ä peu Napoleon. Le 13 
jnillet 1801 , il signait un concordat avec le pape ; le 21 janviel 
1802 9 il acceptait le titre de president de la republique cisal- 
pine ; le 2 aout suivant, il etait nomine* cousul ä vie; le 21 marq 
1804 , il faisait füsilier le duc d'Enghien dans les fosses de Via- 
cennes. 

Ce dernier gage donne ä la revolution , cette grande questioi 
fut pos£e ä la France : 

Napoleon Bonaparte sera-t-il empereur des Franpais ? \ 

Cinq millions de sigoatures räpondirent affirmativement , et 
Napoleon monta sur le tr6ne de Louis XVI. i 

Cependant trois bommes protestaient au nom des lettres, cette 
eternelle republique qui n'a pas de Casars, et ne reconnait pasd« 
Napoleons. 

Ces bommes etaient Lemercier, Ducis et Chateaubriand • 



m'a imposSes par le raog ou il lui a pln de nre faire naitre. Chrltien, jereiv 
plirai ces obligations jusqu'a mon dernier soopir : Bis de saint Louic, je Mi- 
rai , a son exemple, me respecter jusqoe dans les fers ; successenr de Fran- 
cois Ier, je veux du moins pouvoir dire]conjme lui : • Nous avoos tout perdu, 
fors l'honneur. » 



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\ 

NAPOLEON EMPEREÜR. 



CHAPITRE I. 

Les derniers moments du consulat avaient ete employes ä de- 
layer les avenues du träne, par des sapplices ou par des gräces. 
Ine fois arrive a Tempire , Napoleon s'occnpa de le reorganiser. 

La Doblesse feodale avait disparu, Napoleon crea nne noblesse 
opulaire : les differents ordres de chevalerie Itaient tomb^s 
|lns le discredit, Napoleon institna la Legion d'honnenr: depnis 
lonze aas , la plus bante distinction militaire etait le genlralat, 
bpoleon crea des marechaux. 

' Ces marechaux etaient les compagnons de ses fatigues : la 
laissaoce et la favenr ne ( 36 ) fnrent pour rien dans leur nomina- 
len. Iis avaient tous ponr pere le Courage et pour mere la Vic- 
lire. Ces eins Etaient Bertbier, Murat, Moncey , Jourdan, Mas- 
Ina , Aagereau , Bernadotte , Soult , Brune , Lannes , Mortier, 
fey , Davoust , Reilermann , Lefevre , Perignon et Serrurier. 
ipres an intervalle de trente-neuf ans , trois vivent encore , qui 
at va se lever le soleil de la ^publique et se coucher Fastre de 
empire : le premier est , ä Fheure oü nous ecrivous ces lignes, 
ouverueur des Invalides, le second president du conseil des 



(36) Si vous ajoutez pas , il ea resalterait qae la naissance et la faveur y 
irent pour beaucoap. 



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64 



NAPOLEON EMPEREUR. 



ministres , et le troisieme roi de Suede : seuls et derniers d£br> 
de la pleiade imperiale , les deux premiers se soat maintenus I 
leur hauteur et le troisieme a grandi encore. 

Le % decembre 1804 le sacre eut lien daas Peglise de Notri 
Dame ; le pape Pie VII etait venu expres de Rome pour poser j 
couronne sur la tete du nouvel empereur. Napoleon se rendit 
Feglise m^tropolitaine escorte par sa gar de , traine* daas une vflj 
ture a huit chevaux , ayant pres de loi Josepbine. Le pape, U 
cardinaux , les archeveques , les eveques et tons les grands corj 
de l'Etat, l'attendaient dans la cathedrale , sur le parvis de b 
quelle il s'arreta quelques iostauts pour £couter uue harangue I 
y repondre. Laharangue terminee, il entra dans l'eglise et monl 
sur un tröne prepare pour lui, la couronne en tete et le sceptr 
k la main. 

Au moment dlsigne dans le ceremonial , un cardinal, le grad 
aumönier et un eveque , vinrent le prendre et le condoisirent a 
pied de l'autel ; le pape alors s'approcba de lui , et Lui faisai 
une triple onction sur la tete et sur les deux mains , il prononc^ 
a haute voix les paroles suivantes : ] 

— Dieu tout-puissaot , qui avez etabli Hazael pour gouverne 
la Syrie et qui avez fait Jehu roi d'Israel en leur manifestant vd 
volontes par l'organe du prophete Elie, vous qoi avez ega lernet 
räpandu l'onction sainte des rois sur la töte de Saül et de Davi 
par le mioistere du propbete Samuel , repandez , par mes maiai 
les tresors de vos graces et de vos beoedictions sur votre servitw 
Napoleon , que , malgre notre indignite personnelle , nous consl 
l crons aujourd'hui empereur en votre nom. 

- Alors le pape remonta lentement et majestueusement sur so 
tröne. On apporta au nouvel empereur les saints Evaogiles ; 
/ etendit la main dessus , et preta le serment prescrit par la not 
velle Constitution ; puis , aussitöt le serment prete , le chef d( 
herauts d'armes cria d'uoe voix forte : 

— Le tres-glorieux et tres-auguste empereur des Francais ei 
couronne et intronise. 

— Vive l'empereur! 

L'Sglise retentit aussitöt du möme cri; une salve d'artillerie 
repondit de sa voix de bronze , et le pape entonna le Te Deun 



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CHAPITRP !. 



65 



Tont etait fioi , ä eompter de cette heure , avec la republique ; 
a revolution s'etaitfaite komme. 

Mais ce n'etait pas assez d'une couronne ( 37 ) : od eut cru que 
e g$aot ayant les cent bras de Gerion en avait aussi les trois 
etes. Le 17 mars 1 Q 05, M. de Melzi, vice-president de la con- 
lulte d'Etat de la republique cisalpine, vint lui offrir d'adjoindre 
e royaome d'Italie ä Pempire francais ; et le 26 mai , il alla re- 
jevoir ä Milan , dans le dorne dont Galeas Visconti avait pose la 
»remiere pierre et dont lui-meme devait sculpter les derniers 
leurons , la couronne de fer des vieux rois lombards qui avait 
?te portee par Charlemagne et qu'il posa sur sa tete eu disant : 
■ Dien me l'a donnee , malheur ä qui la touche.» 

De Milan , oü il laisse Eugene avec le titre de vice-roi , Napo- 
eon se rend a Genes , qui renonce a sa souverainete, et dont le 
ferritoire reunia l'empire forme les trois departements de G6nes, 
le Montenotte et des Apennins. La republique de Lucques , en- 
jlobee dans ce paftage , devient principaute de Biombino : Napo- 
leon se prepare, en faisant un vice-roi de son beau-fils et une 
►rincesse de sa sosur, ä faire des rois de ses freres. 

Aa milieu de toute cette Organisation de choses detruites, Na- 
oleou apprend que , pour se soostraire a la descente dont eile 
»st menaceV, l'Angleterre a däcide' de nouveau V Antriebe ä faire 
ia gaerre a la France. Ce n'est pas tont. Paul I er , notre cheva- 
eresque allie , a ete assassine; Alexandre a herite de la double 
souronne de pontife et d'empereur. Un de ses premiers actes 
;omme soqverain a ete de faire, le 11 avril 1805, un trait6 d'al- 
iance avec le ministere britanoique ; et c'est ä ce traite , qui 
toaleve l'Europe pour une troisieme coalition , que V Au triebe a 
tecede , le 9 aoüt. 

Cette fois encore , ce sont les souverains allies qui ont force* 
'empereur de dlposer le seeptre, et le general de reprendre 
'epee. Napoleon se rend au senat le 23 septembre, obtient une 
evee de 80,000 hommes , part le lendemain , passe le Rhin le 
er octobre, entre le 6 en Ba viere; deliyre Municb le 12, prend 
Tim le 20, occupe Vienne le 13 novembre, fait sa jonetion avec 



(37) Traduisez de par mit ou an. 

Dumas, Napoleon. 5 



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66 



NAPOLEON EMPEREUR. 



l'armee d'Italie le 29, et le 2 decembre, anniversaire de* sod co 
roonement , il est en face des Russes et des Autrichiens , da 
les plaines d'Austerlitz. 

Des la veille , Napoleon avait reconnu la faute qu'avaient fai 
sesennemis, en concentrant toutes leurs forces sür le villaj 
d'Austerlitz pour touroer la gauche des Francais. Vers le mili< 
da jour, il etait moote ä cheval avec les marechaux Soult, Bern 
dotte et Bessieres , et parcourant les rangs de l'infaoterie et-* 
la .cavalerie de la garde , qui etaient sous les armes , dans 
plaine de Schlapaoitz , il s'etait avance jusque sur la ligoe d 
tirailleurs de la cavalerie de Mnrat qui echaogeaient quelqu 
coaps de carabine avec ceax de rennemi. De la il avait observ 
an milieu des balles , les mouvements des differentes coionnet 
et, illumine par une de ces reV6Iations subites qui etaient ut 
des facultes de son ge*nie , il avait devine* le plan eotier de Kuh 
soff. Des ce momeot Kutusoff fut battn dans sa pensSe , et c 
rentraat dans la baraque qu'il s'etait fait construice au milieu i 
sa garde , sur un plateau qui dominait toute la plaine , il dit e 
se retournant et en jetant un dernier regard su'r rennemi 
«Avant demain au soir toute cette armle sera ä moi. • 

Vers les cioq heures de l'apres-midi , la proclamation suivanl 
fut mise ä Tordre de l'armee : 

« Soldat* , | 

«L'armee russe se presente deVant vous pour vepger Varmi 
autricbienne d'Ulm ; ee sont ces memes bataillons que vous av< 
battus ä Hollabrönn , et que depuis ( ss ) vous avez constammei 
poursuivis jusqu'ici. Les positions que nous occupons sont form 
dables , et peodant qu'ils marcheront pour tourner ma droite , t 
me pr^senteront le flanc. 

■ Soldats, je dirigerai moi-meme vos bataillons. Je me tiendr 
loin du feU , si avec votre bravoure accoutumee vous portez 
desordre et la confusion dans les rangs ennemis ; mais si la vi 
toire Itait un moment indecise, vous verriez votre empereur s'd 
poser aux premiers conps; car la victoire ne sanrait hesiter dai 

(38) On turait p tt m «ttre depuit entre deux virgules. 



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CHAPITRE I. 



67 



«ette journee surtout, ou il y va de l'honneur de l'iofanterie 
francaise , qui importe tant a l'honneur de toute la nation. 

• Que 8ous le pretexte d'emmener les blesses on ne degarnisse 
^oint les rangs( 39 ), et que cbacun soit bien penetre" de cette pen- 
fcee qu'il flaut vaincre ces stipendi^s de PAngleterre , qui sont 
animes d'une si grande baioe contre le nom francais. 
* "Cette victoire fioira notre campagne, et nous pourrons re- 
^rendre nos quartiers d'hiver, ou nous serons joints par les di- 
verses armees qui se forment en France , et alors la paix que je 
ferai sera digne de mon peuple , de vous et de moi. » 



CHAPITRE II. 

Laissous maintenaot parier Napoleon lui-meme : ecoutons Cc- 
sar qui raconte Pbarsale. 

«Le30, les ennemis bivouaquerent äHogieditz. Je passai cette 
journee a parcourir ä cbeval les environs. Je recoonus qu'il ne 
tenait qu'ä moi de bien appuyer ma droite et de dejouer leurs 
projets , en occupant en force le plateau de Pratzen , depuis le 
Sa a ton jusqu'ä Kresenowith, pour l'arreter de front. Mais cela 
n'eut ameoe qu'un choc ä cbances egales, et je voulais quelque 
cbose de mieux. La tendance des allies a gagner ma droite etait 
manifeste. Je crus pouvoir frapper ä coup sür en leur laissant la 
liberte^ de manoeuvrer pour etendre leur jauche , et je ne placai 
sur les hauten rs de Pratzen qu'un detachement de cavalerie. 

• Le 1 er decembre, l'ennemi, debouchant d'Austerlitz , vint en 
effet se placer en face de nous dans la position de Pratzen, la 
gauche s'etendant vers Aujest. Bernadotte , arrive de Boheme, 



(39) Gomparons uo passage plus haut (Li vre precldent, Ghap. II.): plus 
de Tautre quart etait occupe ä transvortcr les blessis que Bonaparte avait 
donne Vordre de ne pas abandonner. Est-ce que Bonaparte et Napoleon 
euient autres ou les circonstanees Itaient-elles autres? 

5* 



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es 



NAPOLEON EMPEREUR. 



entra en ligne , et Davon st atteignit Pabbaye de Raigern ava 
une de ses divisions ; celle de Gudio bivouaqua ä Nicolsbourg. 

• Les rapports que je recevais de tous cötes, sur la marche dei 
colonnes ennemies, me confirmerent dans mon opioion. A neu, 
heores da soir je parcoaras ma ligne , autant pour jager la di 
rection des feux de Pennemi que pour animer mes troopes. Jt 
venais de leor faire lire une proclamation ; eile ne leur promettai 
pas seulement la victoire, eile leur expliquait meme la ma 
nceuvre qui devait nous la procurer. C'etait la premiere fois 
sans donte , qu'un geoeral mettait toute son araee dans la con- 
fidence de la combinaison qui devait lni assnrer la victoire : ji 
ne craignais pas que Pennend en fut instruit, il n'y aurait pai 
ajoute foi. Cette tonrnee donna Heu a un des evenements les 
plus touchants de ma vie. Ma pr£sence devant le front des corp* 
d'armee communiqua de proche en proche un elan electrique qui 
gagna Pextr^mite de la ligne avec la rapidit^ de P^clair. Par ui 
mouvement spontane, toutes les divisions d'iofanterie , hissanl 
des bottes de paille allumees au bout de grandes perches , m< 
doonerent une illumination , dont le conp d'oeil , ä la fois imp* 
sant et bizarre , avait quelque chose de majestueux : c'etait 1< 
premier anniversaire de mon couronnement. 

«L'aspect de ces feux me rappelale souvenir des fagots de sarj 
ment avec lesquels Annibal trompa les Romains, et les bivouaet 
du camp de Liegnitz qui avaient sauve Parmee de Fred^ric ei 
donnant le cbange a Dannn et ä Laudon. A mon passage devaJ 
cbaque regiment, les cris de: Vive Peropereur! retentisseo^ 
et, r^petes de loin en loin par cbaque corps ä mesure que j'avaal 
cais, ils vont porter dans le camp ennemi les preuves de Pal 
tbousiasme qui anime mes soldats. Jamais scene guerriere I 
prlsenta une pompe plus solennelle , et cbaque soldat partageal 
la confiauce que son devouemeot devait m'inspirer. 

«Cette ligne , que je parcourus jusqu'ä minuit, s'etendait da 
puis Kobelnitz jusqu'au Santon : le corps de Sonlt en formait 1 
droite ; place entre Sokolnitz et Pontonitz , il se trouvait ausi 
en face du centre de Pennemi ; Bernadotte bivouaquait derriert 
Girskowitz , Murat ä gaucbe de ce village , et Lannes «Stait i 



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CH API TUE II. 



heval sur la chaassee de Brann; mes reaerves s'etablirent en 
trriere de Soult et de Beraadotte. 

- Ed placant ma droite sous les ordres de Soult , en face da 
ientre enoemi, il etait clair que ce serait sur lai qae tomberait 
le plus grand poids de la bataille. Mais , ponr que son mouve- 
nent obtint le resultat que je m'en promettais , il fallait com- 
neacer par eloigner de lai les troapes ennemies qai debouchaient 
vers Blasowitz et par la chaossee d'Aosterlitz ; il etait probable 
qae les emperears et le quartier general se trouvaieot la, et 
lu'il fallait y frapper avant tout poar revenir ensaite sur lear 
gauche par, un changement de froat : c'etaik d'ailleurs le moyea 
de conper cette gauche de la route d'Olraütz. 

• Je me decidai doac ä seconder d'abord lemouvement du corps 
de Bernadotte sur Blasowitz avec mes gardes et la reserve de 
grenadiers, pour refouler la droite de reonemi , et revenir en- 
suite sur la gauche , qui se trouverait d'autant plus compromise a 
mesure qu'eile s'avancerait au dela de Telnitz. 

« Moo projet Itait bien arrcte des la veille, puisque je l'annon- 
caj ä mes soldats : Fessentiel ätait de saisir le bon moment. J'a- 
vais passe la nuit au bivouac, les marechaox s'eUient rassembles 
autour de moi pour recevoir mes derniers ordres. 

«Je montai a cbeval a quatre beures du matio: la lune etait 
coachee, la nuit froide et assez obscure, quoique le temps fut 
serein. II m'importait de savoir si l'ennemi n'avait fait aucun 
noavement de nait qui put deranger mes projels. Les rapports 
des graodes gardes confirmaieot que tout le bruit allait de la 
droite ennemie a sa gauche ; les feux paraissaient plus Itendus 
vers Aujest. Au point du jour, un brouillard leger obscurcit un 
peu Tborizon, surtout dans les bas-fonds. Tout ä coup ce brouil- 
lard tombe ; le soleil commeoce ä dorer de ses rayons les sommites 
des haoteurs , tandis que les vallons etaient encore envelopp^s 
d'un nuage vaporeux : nous decouvrions tres-distinctement les 
hauteurs de Pratzen , naguere couvertes de troupes , et abandon- 
nees actuellement par la gauche de reonemi. II est constant qu'il 
a 8uivi son projet d'etendre sa ligne au delä de Telnitz : cepen- 
dant je decouvre avec la meme facilite une autremarche, da 
ccntre vers la droite , dans la direction d'Holibitz ; des lors rien 



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70 



NAPOLEON EMPEREUR. 



de plus sdr que Pennemi offre de lui-meme sod centre dlgarni i 
tous les coups qu'il me plaira de lui porter. 11 etait huit h eures 
du matin , les troupes de Soult etaient massees sur deux lignes 
de bataiiioos eo coloones d'attaque , dans le fond de Puntowitz i 
je demande au marechal combien de temps il lui faot pour gagner 
les bauteurs de Pratzeu , il me promet d'y etre enmoins de vingt 
minutes. — Attendons encore, lui repondis-je... quand rennend 
fait un faux mouvement, il faut se garder de l'interrompre. 

«Bientot la fusillade s'engage plus vivement du cöte de Sokel- 
nitz et de Teluitz ; un aide de camp m'annonce que Pennemi 
en deboucbe avec des forces menacantes , c'etait ce que j'atten- 
daisr je doane le signal; aussitöt Murat, Lanoes, Bernadotte, 
Soult, s'elancent au galop ; je moote aussi a cheval pour me 
transporter au ceotre : en passant devant les troupes je les excite 
de nouveau en leordisant: — L'ennemi vieut se livrer impru- 
demment ä vos coups , terminez la campagne par un coup de ton- 
nerre. Les cris de: Vive rempereur! attestent que 1'on m'a 
compris et deviennent le veritable sigual de Pattaque. Avant de la 
raconter , voyons ce qui se passait ä Parmee des allies. 
, «S'il faut en croire la dispositiou projetee par Weyrother, 
lenr dessein etait d'agir tactiquement sur le raeme plan qu'ils 
auraieot d'abord voulu executer par des manoenvres strategiques, 
c'est-a-dire , d'operer un effort par leur gaucbe renforcee, pour 
gagner ma droite , me couper la route de Vienoe et me refouler, 
battu, sur Brunn. Bien que ma destinee ne fut pas attachee a 
cette route, et que je lui eusse prefere, comme je Pai deja dit, 
celle de Boheme , il est certain toutefois que ce projet ne Jaissait 
pas que d'offrir des chances en faveur des allies; mais, pour 
qu'il re*ussit , il ne fallait pas isoler cette gauche agissante , il 
' / etait essentiel , au contraire , de la faire suivre successivement 
par le centre et la droite qui se fussent prolonges dans la m6me 
direction : Weyrother , ainsi qu'il Pavait fait a Rivoli, manoeuvra 
par les deux ailes, ou du moins, si ce ne fnt pas son projet, il 
agit de maniere a le faire croire. 

"La gauche, sous Buxhowden, composee de Pavant-garde de 
Kienmayer et des trois divisions russes Doctoroff, Langeroa et 
Pribichefski , comptait trente mille hommes : eile dut s'avancer 



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. GHAPITRE II. 71 

b en trois colonnes des haateors de Pratzen , par Aujest, sur Tel- 
nitz et Sokelnitz , franchir le ruisseau qui forme deux lacs a la 
gauche , et se rabattre sur Turas. 

« La quätrieme colonne , sous les ordres de Kolowratji , avec 
laquelle marchait le quartier general, formait le centre; eile de- 
vait s'avancer par Pratzen vers Kobelnitz , un peu en arriere de 
la troisieme ; eile se composait de douze bataillons russes , sous 
Miloradowich , et de quinze bataillons autricbieos de nouvelles 
levees. , 

* La cinquieme , formee de quatre-vingts escadrons , sous le 
prince Jean de Lichtenstein, devait qnitter le centre, derriere 
lequel eile avait passe, la nuit, et seconder la droite en marcbant 
vers la Chaussee de Brunn. 

«La sixieme, a l'extreme droite, composee de l'ayant-garde de 
Bagration, comptait douze bataillons, quarante escadrons, 
destines a attaquer , sur la grande route de Brunn , les hauteurs 
du Santon et de Bosenitz. 

«La septieme, composee des gardes, sous le grand-duc Con- 
stantin , formerait la reserve de Taile droite sur la Chaussee de 
Brunn. 

• On voit ^ue Fennemi voulait deborder ma droite , qu'il sup- 
posait etendue jusqu'ä Melnitz , tandis que mon armee etait mas- 
see entre Schiapanitz et la route de Brunn, prete ä tont evene- 
ment. * 

« D'apres cette disposition , Buxhowden , dejä plus avancl que 
le reste de l'armee , s'etait encore mis en mouvemeot avant les 
antres colonnes : outre cela , la cavalerie de Lichtenstein avait 
remarche du centre vers la droite , en sorte que les hauteurs de 
Pratzen, cief de tout le champ de bataille, se trouvaient de- 
garnies. 

«A Finstant ou j'en donne le signal, toutes mes colonnes s'e- 
branlent: Bernadotte franchit le däfile de Girskowitz et s-'avance 
vers Blasowitz , soutenu a gauche par Murat ; Lannes marche , ä 
lameme hauteur, des deux cötes de la cbaussee de Brunn; ma 
garde et mes räserves suivent a quelque distance le corps de 
Bernadotte, pretes ä donner sur le centre, si Fennemi veut y re- 
porter ses forces. 



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7« 



NAPOLEON EMPEREÜR. 



«Soult part comme l'eclair, des ravins de Kobelnitz et Punto- 
witz , ä la t&te des divisions Saint-Hilaire et Vandamme , soute- 
nues par la brigade Levassenr. Deux autres brigades de la di- 
vision Legrand soot laiss^es en flaoqoeurs , pour masquer et dis- 
pater les defiles de Telaitz et deSokelnitz a Buxhowden. Comme 
il est Evident qu'il les forcera, le marlchal Davoust recoit Vordre 
de partir de Raygero avec la division Friant et les dragons da 
general Bourcier, pour conteoir les t&tes de colonne rnsses, jus- 
qu'ä ce qu'il nous convieone de les attaquer plus seVieusement. 

« A peine Soult a-t-il gravi la hauteur de Pratzen, qu*il doone 
inopinement sur la coloone de Kolowratb (la 4 e ), qui marchait au 
centre derriere la troisieme et qui , se croyant garantie par celle 
qui la precedait , s'avancait eo colonne de route pat pelotons : 
Pempereur Alexandre, Kutusoff et son etat-major, sont avec elles. 
Tout ce qui arrive d'inattendu , au milieu d'un quartier general, 
£tonne et deconcerte. Miloradowich, qui marchait en t^te, trouve 
ä peine le temps de mener au combat les bataillons amesure qu'ils 
se forment, il est renverse", et les Autricbiens quilesuiventeprou- 
vent le mäme sort. L'empereur Alexandre s'expose et montre da 
sang-froid, pour rallier les troupes; mais, grace auxridiculesdis- 
positions de Weyrother, il n'a pas sous la main une aeule division 
disponible pour servir de reserve : les troupes alliees sont pous- 
sees jusquevers Höstiradeck. La brigade Kaminski , qui appar- 
tenait ä la troisieme colonne assaillie ainsi sur son flanc droit, 
vient reunir ses efforts ä ceux de Kutusoff, et retablir un instant 
les affaires : toutefois , le secours ne peut resister aux efforts 
combines de Saint-Hilaire , de Vandamme et de Levasseur. La 
ligne de Kolowrath, menacee d'etre prfoipitee dans le. vallon ma- 
recageux de Birobaun, se replie sur Waschau, cömme le prescri- 
vait la disposition t toute l'artillerie de cette colonne, embourbee 
dans la glaise ä demi gelee, nous est abandonnee, et Pinfanterie, 
privee de canons et de cavalerie , ne peut plus rien contre Sonlt 
victorieux. 

«Au moment oü ce coup decisif se frappait, les deux colonnes 
de droite de Buxhowden s'etaient croisees et encombrees autonr 
de Sokelnitz , d'oü elles dlboucherent neanmoins malgre les ef- 
forts de la division Legrand $ Buxhowden lui-mfcme d^bouchait 



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CHAPfTRB II. 7t 
• 

egalement deTelnitz, les efforts de quatre batailloos seuts ne 
pouvant l'arreter. 

«Dans cet instant, Davoust arrivait de ilaygern, et la division 
Frtant repoussait snr Telnitz les avant-gardes de l'eonemi. Le 
combat prenant une tournure plns serieuse vers Sokelnitz , Da- 
voast ne laisse devant Telnitz que les dragons de Bourcier, et 
remonte le rnisseau jusqu'ä Sokelnitz, avec la division Friant; un 
combat des plus chauds s'engage snr ce point; Sokelnitz, pris et 
repris, reste nn moment anx Rnsses; Langeron et Pribichefski 
deboucbent meme contre les bantenrs de Marxdorf. Nos troopes, 
disposees en croissant, cbargent plusieurs fois lenrs flancs avec 
sncces; cette lutte, assez sanglante, n'estponrtant qu'accessoire ; 
il suffit de contenir Teonemi sans le repousser; il n'y auraitm&me 
pas eu d'inconvlnient a le laisser engager un pea plus. 

«Tandis que les choses prenaient une tonrnure si favorable ä 
notre droite, nous n'obtenions pas moins de succes au centre etä 
la gaucbe : il arriva ici au grand-dnc Constantin et a la garde 
russe ee qui 6tait arrive au quartier geniral et ä la quatrieme co- 
lonne ; ils devaient etre en r^serve , et se trouverent assaillis les 
Premiers. 

' 'Bagration s'etendait par la droite vers Dwaroscheua, pour de- 
border et attaquer la position du Santon : la cavalerie de Lich- 
teosteio , rappelee du centre pour le seconder, s*etait croisee en 
roate avec les autres colonnes, de sorte que le grand-duc et ses 
gardes, arrivant vers Krug avant eile, se trouverent en premiere 
ligne au moment oü Bernadotte s'avancait sur Blasowitz, et Lan- 
nes sur les deux c6tes de la cbaussee de Brunn : le combat s'en- 
gagea aussitot avec vivacite\ 

«Arriv^ enfin , apres une loogue promenade , ä la droite du 
grand-duc , le prioce de Licbtenstein commeocait a se former, 
quand les ublans de la garde russe , entraines par une valeur io- 
tempestive , se jeterent entre les divisions de Beroadotte «t de 
Laones , pour atteindre la cavalerie legere de Kellermann qui se 
repliait devant eux: victimes de cette ardeur, ils furent charges 
par les r^serves de Murat, culbutes, et rameo^s sous le feu de 
nos deux lignes d'infanterie qui en coucba par terre la moitie. 

«Cependant, nos progres du c6te de Pratzen avaient forceKu- 



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74 NAPOLEON EMPEREUR. 

• 

tusoff de rappeler Lieh ten stein an secours de son centre; et.ee 
prince, egalement menace ä droite et a gauche, ne savait ä qoi 
entendre et oü porter les premiers seconrs : il se hata d'envoyer 
quatre regiments de cavalerie , qni arriverent pour etre temoins 
de la defaite de Kolowrath ; le general Onwarow fut etabli , avec 
trente escadrons, entre Bagration et le graad-duc ; le reste de la 
cavalerie se placa ä sa gauche. / 

• De son cöte , le grand-duc , voyant les colonnes d'infanterie 
francaise pen^trer dans Blasowitz et en deboucher, prend le 
parti de descendre des hauteurs ponr leur epargner la moitie* da 
chemin : le mouvem'eot lnisemble necessaire antantponr sa propre 
sürete que pour degager le centre , .dont on commence ä etre ia- 
qniet. 

«Tandis qu'qn frfrieux combat d'infanterie s'engageait entre 
les gardes rnsses et la division d'Ertoo, le grand-doc ordonneanx 
gardes a cbeval de charger le flanc droit de celni-ci , qni se troa- 
vait forme par le 4 e regiment de ligne detache de la division Van- 
damme pour couvrir l'intervalle. Les cuirassiers russes jse jet- 
tent sor ce regiment, enfoncent nn bataillon, mais paientde leurs 
plus braves l'honneur d'avoir enleve l'aigle a ce bataillon. Gelte 
echauffouree isolee n'etait.point dangereuse'; toutefois, daus rin- 
certitude si l'ennemi la sontiendrait, je jngeai necessaire de por- 
ter sur ce point le marecbal Besseres avec la cavalerie de ma j 
garde. II fallait en finir : je lui ordonne de charger. La ligne I 
russe , apres la plus honorable defense, est obligee de ceder aux 
efforts reuois de Bernadotte et de Bessieres« L'infanterie des gar- 
des , hors d'etat de resister plus long-temps , se replie sur Krze- 
nowitz. Les Chevaliers gardes , qni arrivaient en cet instant 
d'Austerlitz , se flattent en vain de retablir les affaires ; ce regi- i 
ment d'elite ne pouvait plus rien ; Charge lui-meme par mes gre- 
nadiers a cheval que je lauce sons les ordres de Rapp , il est en- 
fonce, et tont le Centre prend alors le chemin d'Aosterlitz. 

«Dans ces entrefaites , * Mnrat et Lannes avaient attaque avec 
succes le corps de Bagration et la cavalerie d'Ouwarow qni le 
soutenait. Nos cuirassiers avaient enfonce la gauche de cette 
aile, pressee par les division« Suchet et Gafiarelli: partoot lavic- 
toire couronnait nos combinaisons. 



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CHAPITRE II. 



7« 



« Certaia qae Bernadotte, Lanoes et Murat, seraieut plus que 
suffisants pour achever l'ennemi de ce c6te\ je me rabattis a droite 
avec mes gardes et la reserve d'Ondinot , pour aider Soult ä de- 
truire Taile gauche prise ä revers et compromise au milieu des 
laes. 11 etait deux heures quand Soult , enflamme par notre ap- 
proche , reunit les deux divisions Saint-Hilaire et Legrand pour 
empörter Sokeloitz a revers , tandis que les troupes de Davoust 
Vassaillaient de front. Vandamme de son cöte se precipite sur 
Aojest; ma garde et mes grenadiers suiveot, afin de reoforcer au 
besoin ces differentes attaques. 

« La division Pribichefski , entouree dans Sokeloitz , met bas 
les armes; quelques fuyards seulement portent la noovelle de ce 
desastre. Laogeron, pousse ä son tour, n'est guere plusheureux, 
et la moitie de sa troupe seulement parvient ä rejoindre Buxhow- 
den. Celui-ci, qui avait perdu cinq ou six heures ayec la colonne 
de Doctoroff , dans une esarmoucbe ioutile vers Telnitz , au lieu 
de se rabattre des dix heures sur Sokelnitz, juge enfin qu'il est 
temps de songer ä son propre salut: il se met en marcbe vers 
denx ou trois heures poor revenir sur Aujest, et sortir de la sou- 
riciere oü il se trouvait engage , en longeant le fond entre les 
lacs et les hauteurs. II debonchait du village en colonne , lorsque 
Vandamme se jette avec iropetuosite' sur son flanc , penetre dans 
Anjest et coupe la colonne en deux. Buxhowden , hors d'etat de 
revenir sur ses pas, continue sa route avec les deux bataillonsde 
sa täte, pour rejoiudre Kutusoff: mais Doctoroff et Langeron, 
avec les vingt-huit bataillons restants, se trouvent presses dans 
le gouffre , entre les lacs et les hauteurs couronnees par Saint- 
Hilaire , Vandamme et mes reserves. La tele de la colonne du 
c6te d' Aojest, escortant rartillerie, veut fuir ä traverslescanaux 
formes par le dessechement du lac, le pont se rompt sous lepoids 
des canons : ces braves gens, pour sauverleurs pieces, cherchent 
a traverser Texlremite du lac gele; mais la glace sillonnee par 
nes boulets , enfoncant sous le poids de cette masse, engloutit 
hommes et canons : plus de deux mille se nöyerent. Doctoroff n'a- 
vait qu*un parti ä prendre, celui de longer, sous notre feu, la rive 
du lac jusqu'a Telnitz , et de gagner une digue qui separe le lac 
de ce nom de celui de Melnitz : il parvint, non sans eprouver une 



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70 



t 

NAPOLEON EMPERBUR. 



perte enorme , a gagner Satschan n , protege par la cavalerie de 
Kienmayer qui fit des efforts dignes d'eloges. Iis prirent ensembie 
le chemin de Czeitsch, ä travers les mootagnes, vivement pour- 
suivis par les nötres. Le peo d'artillerie que l'ennemi avait sauvl 
du centre et de la gaache fat abandonnee dans cette retraite, 
exe'cutee par des chemins borribles, que la phiie de la veille etle 
degel rendaient impraticables. 

• La position de l'ennemi etait cruelle : je l'avais gagne sur la 
ronte de Wischau, qa'il ne poovait d'ailleurs pas suivre parce 
qu'elle etait deja ravagee , et que les debris de sa gauche n'an- 
raient plus eii en etat de l'alteindre : il fat doac force de prendre 
le chemin de la Hongrie; mais Davoust, dont nne division arri- 
vait ä Nicolsbourg, pouvait, par nne marchede flanc, le devancer 
ä Gading , tandis que nous le pressions vivement en qüeue. L'ar- 
mee alliee , affaiblie de 25,000 hommes , tues , blosses ou prisoo- 
niers, et de 180 pieces de caqon, outre une quantite de fuyards 
isoles, se trouvait dans le plus grand desordre. • 

Voilä le recit de Napoleon lui-m^me : il est clair , simple et 
grave, comme il convient a une pareille affaire. Ses previsionsne 
Tavaient point trompe un instant : la bataille se deroula comme 
sur un echiquier , et un seul coup de tonnerre foudroya , comme 
il l'avait dit, la troisieme coalition. 



CHAPITRE HL 

Le surlendemain, Tempereur d'Autricbe vint en personne rede- 
mander cette paix qu'il avait rompue: Teotrevue des deux empe- 
reurs eut lieu pres d'un moulin , ä cöte" de la grande route et eo 
plein air. 

— Sire, dit Napoleon en s'avancant au-devant de Francois II, 
je vous recois dans le seul palais que j'habite depuis deux mois. 

— Vous tirez si bon parti de votre habitation qu*elle doit vous 
plaire, repondit celui-ci. 

Dans cette entrevue, on convint d'un armistice , et les princi- 



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CHAPITRE III. 



77 



pales conditions de la paix furent reglees : les Russes , que Tod 
pouvait ecfaser jusqn'au dernier , eucent part ä la treve sur la 
priere de l'empereur Francois, et sur la simple parole de Fempe- 
reur Alexandre, qu'il evacuerait l'Allemagne et la Pologne au- 
trichienne et prussienne. La Convention fut suivie, et il se retira 
par journees d'etapes. 

La vietoire d'Austerlitz fut a l'empire ce que celle de Marengo 
avait ete au consulat: la sanction du passe, la puissance de IV 
venir. Le roi Ferdinand de Napies , ayant viole pendant la der- 
niere perre le traite de paix avee la France , fut declare dechu 
de la royaute des Deux-Siciles, que Joseph recut a sa place. La 
republique Batave, erigee en royanme, fut donnee a Louis : Mu- 
rat recut le grand-ducbe de Berg: le marechal Berthier fut fait 
prince de Neufcbätel, etM. deTaileyrand prioce de Benevent: la 
Dalmatie, Tlstrie, le Frioul, Ca.dore, Conegliano, Bellnne, Tr^- 
vise, Feltre, ßassano, Vicence, Padoue et Rovigo, devinrent des 
doches ; et le grand empire , avec ses royaumes secondaires , ses 
fiefs, sa confede>ation du Rhin et sa mediation suisse , fut taillä 
en moins de deux annees sur celni de Cbarlemagne. 

Ce n'euit pas un sceptre que Napoleon avait danssa inain, c'6- 
tait nn globe. 

La paix dePresbourg dura un an ä peu pres. Pendant cette an- 
nee, Napoleon fonda l'universite imperiale et Ht promulguer Ten- 
semble du code de procedure civile. Interrompu au milieu de ces 
travaux administratifs par Tattitude hostile de la Prusse, dont la 
neutralite pendant les dernieres guerres avait laisse les forces 
intactes , Napoleon est bientöt oblige de faire face a une qua- 
trieme coalition. La reine Louise a rappele a Tempereur Alexan- 
dre qu'ils ont jure sur le tombeau du grand Frederic une al- 
liance indissoluble contre la France, Tempereur Alexandre oublie 
son second serment pour ne se souvenir que du premierj et Na- 
poleon recoit Vordre , sous peine de guerre , de faire repasser le 
Rhin ä ses soldats. 

Napoleon fait venir Berthier et lui montre l'ultimatum de la 
Prusse. 

— On nous donne un rendez-vous d'honneur, lui dit-il, un 



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78 



NAPOLEON EMPEREUR. 



Francais n'y a jamais manque; et pnisqu'une belle reine veut 
ätre temoin da combat , soyoos courtois , et pour ne pas la faire 
attendre, marchons saas nous coucher jusqu'en Saxe. 

Et cette fois, par galanterie, il renouvelle et depasse en rapi- 
dite la campagne d'Austerlitz. Commencee le 7octobre 1806, par 
les corps de Murat, de Bernadotte et de Davoust, celle-ci se con- j 
tinue les jours suivants par les combats d' Auerstedt , de Sehe- { 
litz ( 40 ) , de Saalfeld , et se termiue le 14 par la bataille d'Iena. 
Le 16, qnatorze mille Prnssiens metteut bas les armes ä Er- 
furth ; le 25 , Parmee francaise fait son entree ä Berlin. Sept 
jours oot livre la monarchie de Frederic ä ce grand faiseuretdl- 
faisenr de trones, qoi a donne des rois a la Baviere, au Wurtem- 
berg et ä la Hollaode , qui a chasse les Bourbons de Naples et la I 
maison de Lorraiae de l'ltalie et de l'AUemagne. 

Le %7 , Napoleon , de son quartier de Potsdam , adresse ä ses I 
soldats la proclamation suivante qui resume tonte la ca'mpague : 

« Soldats, 

« Vous avez justifie mon attente et repondu dignement älacon- I 
fiaoce du peuple fraocais : vous avez snpporle les privations et 
les fatigues avec autant de courage que vons ave\ montre d'in- 
trepidite' et de sang-froid an milieu des combats ; Vons etes les 
dignes defenseurs de l'honneur de ma couronne et de la gloire da 
grand peuple : tant que vons serez animes de cet esprit, rien ne 
pourra vous resister. La cavalerie a rivalise avec Piofanterie et 
fartillerie, je ne sais desormais a quelle arme donner la prefe- 
rence : vous &tes tous de bons soldats. Voici le resultat de dos 
travaux : noe des preraieres puissances de l'Europe , qui osa na- 
guere nons proposer une honteuse capitulation, est aneantie ; les 
forets, les defiles de la Fraoconie, la Sale, l'Elbe, que nos peres 
n'eussent point passes en sept ans , nous les avons franchis en 
sept jours, et nons avons livre, dans l'intervalle , qnatre combats J 
et une grande bataille ; nons avons precede ä Potsdam et ä Ber- 
lin la renommee de nos victoires ; nous avons fait 60,000 prison- 



(40) Schleitz on a fait Schritt* par transposition de lettres, comme Li- 
tlraania (Lithuanie) en allemand est deveuu SitydttCrt, 



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CHAPITRE III. 



79 



liers, pris 65 drapeaux , parmi lesqueh ceux des gardes du roi 
le Prasse , 600 pieces de canon , 3 forteresses , plus de 20 gene- 
pau>c : cependant, plus de la moitie de vous regrettent de n'avoir 
)*& eocore tire un coup de fusil. .Toutes les provioces de la mo- 
iafcMe prussienne jusqu'äl'Oder sont en notre pouvoir. Soldat», 
les Rnsses se vaotent de veuir a aous , nous marcherons ä leur 
reneontre, nous leur epargnerons la moitie du chemio ; ils retrou-. 
reront Aaste rlitz au milieu de la Prusse. Üne nation qui a aus- 
Ht6t oablie la geuerosite dont nous avons useayecelle apres cette 
bataille, oä son empereur, sa cour, les debris desonarmee, n'ont 
in leur salut qu'ä la capitulation que nous leur avons accordee, 
est'noe nation qui ne saurait lutter avec Succes contre nous. Ce- 
pendant, tandis que nous marchons au-devantdesRusses, de nou- 
velles armees , formees dans l'interieur de l'empire, viennent 
prendre notre place pour garder nos conquetes. Mon peuple tout 
entier s'est ieve , iodigo£ de la honteuse capitulation que les mi- 
nistres prussiens, dans leur d&ire, nous ontproposee : nos routes 
«t nos villes frontieres sont remplies de conscrits qui brulent de 
aarcher snr vos traces. Nous ne serons plus'desormais les jouets 
d'une paix traitresse, et nous ne poserons plus les armes que nous 
n'ayoos oblige les Anglais , ces Stemels ennemis de notre nation, 
* reooocer au projet de troubler le continent et d'usurper le royau- 
Bedesmers. Soldats, je ne puis mieux vous exprimer mes sen- 
tonents, qu'en vous disant que je Vous porte dans mon cceur l'a- 
monr qne vous me montrez tous les jours. » 

Pendant que le roi de Prusse , en vertu de I'armistice signe le 
ißnovembre, livre aux Fran9ais toutes les places qui lui restent, 
Napoleon fait halte, et se retpurüe vers FAngleterre , qu'ü 
frappe d 1 un decret ä defaut d'autres armes. La Grande-Bretagne 
est de*clare"e en e*tat de blocus ; tout commerce et toute correspon- 
knce avec les iles britanniques sont interdits , aucune lettre eu 
kngue anglaise n'a plus cours ä la poste; tout sujet du roi 
George, de quelque etat et de quelque condition qu'il.soit, trouvS 
en ^ Paace , ou dans les pays occupe's par nos troupes et par cel- 
fesde nos allies, est declare prisonnjer; tout magasin , toute 
Proprifte', toute marchandise, apparteinant ä un Anglais, sont re- 
c °onas de bonne prise ; le commerce de« marchandises apparte- 



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SO NAPOLEON EMPEREUR. 

nant a l'Angleterre , ou proyenant de Ses fabriques ou colodii 
est probibe; eofin , aucun bätiment, venant d'Angleterre ou 
colonies anglaises , ne sera recu daas aucun port. 

Puls , quand il a ainsi , pontife politique et supreme , frap 
d'interdit un royaume tout entier , il nomme le general Hall 
gouverneur de Berlin , conserve au prince d'Hatzfeld son coi 
mandement civil, et marche au-devant des Russes, qoi , comi 
ä Austerlitz , accourent au secours de leurs allies, et qui, comi 
ä Austerlitz, arrivent quand ils sont aneantis. Napoleon 
prend que le temps d'envoyer ä Paris, ou ils sont deposes ä VhA 
tel des Invalides, l'epee du grand Frederic, son cordon 
l'Aigle noire , sa ceinture de general et les drapeaux que portal 
sa garde dans la fameuse guerre de sept ans; et, quittant Berlu 
le 25 noveinbre, il marche au-devant de Fennemi. I 

En avant de Varsovie, Murat, Davoust et Lannes, rencontreJ 
les Russes. Apres un leger engagement Benigsen evacne la cd 
pitale de la Pologue, et les Francais y font leur entree; H 
peuple polonais se souleve tout en faveur des Francais , offre si 
fortune , son sang, sa vie, et ne demande en relour qne son inj 
dependance. Napoleon apprend ce premier succes ä Posen , oj 
il s'est arrßte pour faire un roi : ce roi est le vieil electeur di 
Saxe, dont il affermit la couronne. 

L'annee 1806 se termina parles combats dePultusket de Golf 
inin, et l'annee 1807 s'ouvrit par la bataille d'Eylau. Balailf 
etrange et sans resnltat, dans laquelle les Russes perdirent 8,001 
hommes et les Francais 10,000, oü chacun des deux partis s'at 
tribua la victoire, et oü le czar fit chanter un Te Deum pour avou 
laisse entre nos mains 15,000 prisonniers, 40 pieces de cauon e 
7 drapeaux. Mais aussi, c'etait la premiere fois qu'il y avait lutti 
reelle entre lui et Napoleon: il avait resiste, donc il etait vaio 
queur. | 

Ce monvement d'orgueil fut court. Le 26 mai, Dantzickest prisi 
quelques j öurs apres, les Russes sont battus aSpanden, ä Domitj 
ten, ä Altkirchen, ä Wolfesdorff, ä Gunstadt, ä Heilsberg. Kufia- 
le 13 juin au soir, les deux armees se trouvent en bataille devanj 
Friedland. Le lendemaia matin, quelques coups de canon se foaj 



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GHAPITRE III. 



81 



iteadre, et Napoleon marehe a Pennemi cd criant : • Ge jour est 
■e epoque beureuse : c'est Panniversaire de Marongo. » 
Comme a Marengo , en effet, la bataille fat supreme et defini- 
ere. Les Russes füren t ecraSes : Alexandra laissa 60,000 kom- 
res, couches snr le champ de bataille, Boyes dans PAlleou pri- 
»nniers : 120 pieces de canon et 25 drapeaux furent les tropbies 
• lavictoire; et les debris de Tarmee vaiaeoe, n'esperaot pas 
lerne resister , eonrarent se mettre a couvert en passant la Pre- 
Bi, et en detruisant tons les ponis. 

^Malgre cette precaution , (es Francais passereit la rivtere le 
I, et marcberent aussitet snr le Niemen , derniere barriere qni 
festat ä franehir a Napoleon pour porfer la gnerre snr le terri- 
r>ire meine de l'emperenr de Rossie. Alors le czar s'effraie, le 
restige des sednctions britanniqnes s'evanouit. II est dans la 
\eme position qu'apres Austerlitz, sans espoir de recevoir de se- 
•urs( 41 ); il prend la resolution de s'humilier une seconde fois. 
Jette paix, qn'il a refusee si opini&trement et dont il pouvaitdic- 
ir les articles , il vient la demander lui-meme, et reeevoir les 
onditions desoo vainqueur. Le 21 juio, nn armistice est signe, et 
t 22, la proclamation snivante est mise ä Pordre de l'armie. 

«Soldats! 

■ Le 5 jnin nous avons ete attaques dans hos cantonnements 
•r Parmee rosse : Pennemi s'est mepris snr les causes de notre 
•activite ; il s'est aperen trop tard que notre repos est celui dn 
loo : il se repeot de Pavoir oublie. 

« Dans les journees de Guustadt, d'Heilsberg , dans celle a ja- 
fais memorable (♦-) de Friedland , dans dix jours de campagne 
Bin, uotis avons pris 120 pieces de canon , 70 drapeaux , tue*, 
lesse ou fait prisonniers 60,000 Russes , enleve a rarmee enoe- 
tie toas ses magasies, ses bopitaox, ses ambulances, la place de 
Ittnigaberg, les bätiments qni etaient dans sob port, cfcarges de 



(41) De seeours , an lien de du secours, vient de sans. Taut la force de 
stte negalion est grande. Voir Note 32. 

(42) ff est Sinai qo'tin partieipe on memo un adjectif , en suivant le pronota 
fhsi, celle, peat remplacer tonte nne propositioa relative. 

Dumas, Napoleon. 6 

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82 



NAPOLEON EMPEREUR. 



tonte espece de munitions, 160,000 fusils, que l'Angleterre ei 
voyait pour armer nos ennemis. i 

«Des bords de la Vistale nous sommes arriv£s sur ceux 0 
Niemen avec la rapid ite de l'aigle. Vous celebrätes ä Austerli« 
l'anniversaire du couronoemeat , vous avez cette annee digo« 
ment c&ebre celoi de Marengo , qui mit fin ä la guerre de la sl 
coode coalrtion. Francais, vous avez ete dignes de vous et I 
moi. Vous rentrerez eo France, couverts de tous vbs lauriers, d 
apres avoir obteou une paix qui porte avec eile la garantie de « 
daree: il est temps qae notre patrie vive eo repos a Tabri del 
maligne iofluence de TAngleterre. Mes bienfaits voas prouveroi 
ma recoonaissance et toute l'etendue de l'amour que je von 
porte. » I 

Dans la journle du 24 juin , le general d'artillerie La Ribofrj 
siere fit etablir sur le Niemen un radeau, et sur ce radeau an p*| 
villon destine ä recevoir les denx empereors : cbacun devait s'j 
rendre de la rive qu'il occupait. 

Le 25, ä une beure de Papres-midi, Peinpereur Napoleon , a* 
compagne du grand-duc de Berg, Murat, des marechaux Bertbiel 
et Bessieres, du general Duroc et du grand ecuyer Caulaincour^ 
quitta la rive gaucbe du fleuve pour se rendre au pavillon prel 
pare. En meme temps , Peinpereur Alexandre , accompagoe dl 
grand-duc Gonstantin , du general en cbef Benigsen , du princi 
Labanow, du general Ouwarow et de Paide de camp general 
comte de Lieven, quitta la rive droite. 

Les deux bateaux arriverent en meme temps. En mettant le 
pied sur le radeau, les deux empereurs s'erabrasserent. 

Get embrassement elait le prelude de la p aix de Tilsitt, qui fal 
signee le 9 juillet 1807. 

La Prasse paya les frais de la guerre : les royaumes deSaxeri 
de Westpbalie furent e>iges , comme deux forteresses , pour Ii 
surveiller: Alexandre et Frederic-Guillaume reconnurent solen- 
nellement Joseph , Louis et Jeröme , comme leurs freres. Bona- 
parte premier consul avait cr6e" des republiques, Napoleon em- 
perear les changeait en fiefs. Heritier des trois dynattties qui 
avaient regne" sur la France , il voulut augmenter encore la suc- 



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CHAPITRE IV. 83 

essioo de Cbarlemagne et FEurope fut forcee de le regar- 
ler faire. 



CHAPITRE IV. 

Le 27 jnillet de Ia meme annee , apres avoir termine cette 
splendide campagne par un trait de clemence , Napoleon etait de 
totour ä Paris, n'ayant plus d'ennemi que l'Anglcterre, sanglante 
etblessee, il est vrai, des defaites de ses allies, mais toujours 
instante dans sa haioe, mais toujours debout aux deux.extremi- 
da coatinent, en Suede et en Portugal. 

Par le decret de Berlin sur le blocus continental , l'Angleterre 
ivait ete mise au ban de l'Europe. Dans les mers du Nord , la 
Kassie et )e Danemark, dans POceaa et dans la Mediterrauee, la 
France, la Hollande et Pfispagne, lüi avaieot ferme leurs ports, 
«t s'etaient eagagees solennellement a ne faire aueun commerce 
»vec eile. Restaient donc seulement, comme nous l'avons dit, la 
Suede et le Portugal ; Napoleon se cbargea du Portugal et Alexan- 
dre de la Suede. Napoleon rfecida , par un decret en date du 
W octobre 1807, que la maison de Bragance avait cesse de re- 
fl , er, et Alexandre , «le 27 septembre 18Ö8 , s'engagea ä marcher 
cootre Gustave IV. 

mois apres, les Francais etaient ä Lisb*onne. 

L'eavahissement du Portugal n'ätait qu'un acheminement ä la. 
'ooqaäte de l'Espagne,' ou regoait Charles IV, tiraillä par deux 
Nvoira opposes, le favori Godoy, et le prince des Ästuries, Fer- 
nand. Offusque d'un armement malad roit fait par Godoy, au 
*omeat de la guerre de Prusse, Napoleon n'avait jete qu'un re- 
8*rd sur l'Espagne, regard rapide et inapercu , mais qni lui avait 
cepeadant pour y voir un tröne a |>rendre. Aussi, a peine en 
Pression du Portugal , ses troupes pen&rerent dans la* Penin- 
,ü ^ e » et, sous pretexte de guerre maritime et de blocus, occupe- 
re Dt d'abord les cötes, puis les principales places, puis enfin for- , 
aerent autour de Madrid un cercle qu'elles n'avaient qu'a resser- 

6* 



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84 NAPOLÄON EMPERELR. 

rer pour etre en trois joors maitresses de. la capitale. Sur ces eJ 
trefaites, une revolte eclata contre le ministre, et le priaee d« 
Asturies fut proclame roi , sous le nom de Ferdinand VII , a ü 
place de son pere : c'etait tont ce que demandait Napoleon. 

Aussitöt les Francais entrent ä Madrid ; l'empereur accoort j 
Bayonne, appelle ä lni les princes espagnols, force Ferdinand VD 
ä rendre la couronne ä son pere et l'envoie prisonnier a ValeJ 
cay. Bientöt le vieox Charjes IV abdique en faveur de Napoleoi 
et se retire ä Compiegne : la co uro une de Charles-Quint est deJ 
cernee ä Joseph par nne junte supreme, par le eonseil de CastilM 
et par la municipalite* de Madrid. Le trone de Naples est vacao 
par cette mntation : Napoleon y nomme Murat. II y a craq co*| 
roones dans sa famille, sans compter la sienne. 

Mais, en etendant son pouvoir, Napoleon etendait sa lütte. Les 
interets de la Hollande compromis par le bJocus, l'Autricbe bo- 
miliee par la creation des royanmes de Ba viere et de Warten* 
berg, Rome trompee dans ses esperances par le refus de restitocr 
au saint-siege les provinces que le Directoire avait reonies a Ii 
republique cisalpine, enfin l'Espagne et le Portugal violentes dans 
leurs affectioos nationales , etaient autant d'ecbos ou retentissait 
ä la fois l'appel incessant de l'Angleterre. Une grande reaction 
s'organisa de tous les cöt^s en meme temps, quoiqu'eüe n'eclatit 
qu'ä des epoques differentes. 

Ce fut d'abord Rome qui donna rexemple-: le 3 avril , le legat 
du pape quitta Paris. Aussitöt, le general Miollis recut 1' ordre 
d'occuper militairement Rome. Le pape menaca nos troupes d'ex* 
.communication, et nos troupes lai repondirenten s'emparaetd'Ao- 
cone, d'Urbin, de. Macerata et de Camerino. 

Puis l'Espagne : S^ville, dans une junte provinciale, reconnut 
Ferdinand VII pour roi, et appela aux armes toutes les provinces 
espagnoles qui n'etaient pas oecupees ; les provinces s'insvrge* 
rent, le general Dupont mit bas les armes, et Joseph fut force de 
quitter Madrid. 

Puis'le Portugal: les Portugals se souleverent le 16 juro * 
Oporto ; Junot, n'ayant pas assez de troupes po*rcoB Servers* 
conquete , fut force de l'evacuer, par la Convention de Cintra, et 
derriere lui Wellington l'occupa avec 25,060*hommes. 



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CHAPITRE IV. 85 

Napoleon jugea les cboses assez graves pour necessiter sa pre'- 
leoce. II savait bien quo l'Autriche armaitraysterieusement, mais 
eile ne pouvait pas etre»prete avaqt un aa : il savait bien que la 
Hollande se plaignait de Ia ruine de son commerce, mais, tant 
qo'elle se bornerait ä s.e plaindre, ii etait decide ä ne pas s'oc- 
euper d'elle ; il lai restait donc plns de temps qu'il ne lui en fal- 1 
lait ponr reconquerir le Portugal et l'Espagne. 

Napoleon parnt anx frontieres de la Navarre et de la Biscaye 
avec 80,000 vieux soldats venns de l'Allemagne : la prise deBnr- 
gog fot le signal de son arrivee. "Elle fnt snivie de la victoire de 
Tadels; pnis les positions de la Somma-Sierra forent emportees 
ala pointe de la lance ; et le 4 decembre, Napoleon fit son entr6e 
solenoelle ä Madrid, precede de cette proclamation : 

« Espagaols ! 

"Je oe me preseote pas chez vous comme un maitre, mais* 
comme un libe>ateur. Tai aboli le.tribunal deTinquisition, contre 
kqoel le siecle et FEurope reclamaient : les pretres doiventguider 
1« conscieoces, mais ne doivent exercer aucune juridiction ex- 
terienre et corporelle sur les citoyens. J'ai supprime* les droits 
feodaux , et cbacno poarra etablir des hötelleries, des fours, des 
ttoulios, des madragues, des pßcheries, et dooper nn libre essor 
a son iodustrie : l'£goisme, la richesse et la prosperite d'un petit 
Dombre d'hommes nuisaieot plus ä votre agricultnre que les cha- 
kurs de la canicole. Comme il n'y a qu'un Dieu, il ne doity avoir 
dans an Etat qu'une justice : • toutes tes justices particulieres 
avaient ete" usurpees et etaient contraires aux droits de lanation : 
l c leg ai detruites. La generation presente pourra varier dans son 
opmion, tfop de passions out ete mlses en jeu < mais vos neveux 
^beniront, comme -votre regenerateur ; ils placeront au nombre 
e vos jours memorables ceux ou j'ai paru parmi vous , et de ces 
J°Qrs datera la prosperite de l'Espagne. » 

L'Espagne cooquise etait muette : l'inquisition repondit par c.e 
^techisme : 

Öis-naoi , bioq enfant, qui es-tu? — Espagnol par la grace de 
,en - — Qne veux-tu dire par'lä? — Homme de bien. — Quel 
cst lWemi de notre felicite*? — L'empereor des Francais.— 



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, 86 . NAPOLEON «MPEREUR.. 

Combien a-t-'il de natures? — Deux: la nafare humaioe et Ii 
nature diabolique. — Combien y a-t-il d'empereurs des Fran- 
cis ? — Un veVitable , en trois personnas trorapeuses. — Com- 
ment les nomrae-t-on ? — Napoleon , Murat et Manuel Godoy* — 
Lequel des trois est le plus mechant? — Iis le sont tous trois 
egalement. — De qui derive Napoleon? — Du peche. — Murati 
— De Napoleon. — Et Godoy? — De la formation des deux. — 
Quel est Tesprit du premier? — L'orgueil et le despotisme. — 
Du second? — La rapine et la cruaute. — Du troisieme? — La 
* cupidite' , la trahison et l'ignorahce. — Que sont les Francais ? — 
D'anciens chretiens devenns beretiques. — Est-ce un peche que 
de mettre un Francais ä mort? — Non , mon pere : on gagne le 
ciel en tuant un de ces chiens d'heretiques. — Quel supplice 
merite unßspagool qui manque ä ses devoirs? — La mort et l'in- 
famie des traitres. — Qui nous dälivrera de nos ennemis? — La 
confiance entre nous autres et les armes. 

Cependant l'Espagne r pacifiee en apparence, obeissait ä peu 
pres tout entiere ä son nonveau roi : les preparatifs bostiles de 
l'Autriche rappelaient d'ailleurs Napoleon ä Paris. De retour le 
23 janvier 1809, il fit aussit6t demander des explicalions a Tarn- 
bnssadeur autricbien , et , quelques jours apres les avoir repoos- 
sees comme irisuffis&ntes , il apprit que, ie 9 avril, rannte de 
l'empereur Francois avait passe l'Inn et envahi la Baviere. Cette 
fois, c'etait l'Autriche qui nous devancait et qui etait pröle avant 
la France : Napoleon fit un appel au senat. 

Le 14, le senat reporfdit par une loi qui ordonnait une levlel 
de 40,000 hommes ; le 17, Napoleon etait a Donawert au miliei 
de son armee , le 20 il avait gagne* la bataille de Tann , le 21 
celle d'Abensberg, le 22 ceüe d'Ekmuhl, le 23 celle de Ratis- 
bonne , et le 24 il adressait cette proclamation a son armee : 

• Soldats! 

«Vous a'vez justifie mon attente. Vons avez supplee au nonibrf 
par votre bravoure; vous avez glorieusement marque la diffS- 
rence qui existe entre les legions de Cesar et les cohues armees 
de Xerces. En quatre jours nous avons triomphe dans les batail- 
les de Tann, d'Abensberg, d'Ekmuhl, et dans les combats de 



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GHAPITRE IV. 87 

Peyssing, de Landsbutt et de Ratisboane. 100 pieces de canon, 
40 drapeaux, 50,000 prisonniers, voilä leg resultats de la rapidite" 
uc votre marcbe et de votre courage. L'ennemi , enivre par an 
cabinet parjore , paraissait De plus conserver aucun soavenir de 
voos: son reveii a ete* prompt; vous lui avez apparu plus ter- 
ribles qne jamais. Naguere il a traverseM'lnn et enrabi le terri- 
toire de dos allies : aujourd'hui, defait, epouvante, il fuit en 
desordre ; deja mon avant-garde a depass^ Tino ; avant un mois, 
a«us seroos ä Vienne. » 

Le 27, 1a Baviere et le Palatinat e*taient evacues; le 3 mai les 
Autrichiens perdaient le combat d'Ebersberg, le 9 Napoleon etait 
sous les murs de Vienne, le 11 die ouvrait ses portes , le 13 
Napoleon y faisait son entree. 

C'etait encore le temps des propheties. 

100,000 hommes , sous les ordres du prince Charles , s'etaient 
retires sur la rive gauche du Danube : Napoleon les poursuit et 
les atteint le 21 , ä Essling, .oü Massina echange son titre de duc 
cootre eelui de prince. Pendant le combat, les ponts du Danube 
sont empörtes par une crue subite: en quinze jours Bertrand y 
jette trois nouveaux ponts ; le premier , de snixante arcbes , sur 
lequel trois voitures peuvent passer de front; le deuxieme sur 
pilotis, et de huit pieds de largeur ; le troisieme enfin sur des 
bateaux; et le bulletin du 3 juillet, date de Vienne, annonce 
qa'il n'y a plus de Danube , comme Louis XIV avait annonce" 
qu'il n'y avait plus de Pyrenies. 

En effet, le 4 juillet le Danube est franchi, le 5 la bataille 
d'Enzersdorff est gagnee, enfin, le 7, les Autriehiens Iaissent 
4,000 morts et 9,000 blesses sur le cbamp de bataille de Wa- 
gram , et 20,000 prisonniers , 10 drapeaux , quarante pieces de 
canon , entre les mains de leurs vainqueurs. 

Le 11, le prince de Lichtenstein se pr&enta aux avant-postes 
pour demander une Suspension d'armes: c^tait une ancienne 
connaissance : le lendemain de Marengo, il s'etait dejä presente\ 
charge d'une mission pareille. Le 12 , cette Suspension fut con- 
clue ä Zoaim. Aussit6t les Conferences commencerent: elles 
durerent trois mois; pendant lesquels Napoleon habita Schcen- 



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» 



$8 NAPOLEON EMPEREUR. 

brunn, da il echappa comme par jniracie ad poigaard de Staps. 
Enfin , le 14 octobre , la paix fat signee. 

L 'Antriebe cedait ä la Franc« tous les pays sitaes -a la droite 
de la Save , le cercle de Göritz , le terriUtre de Montefeltro, 
Trieste , la Carniole»et le cercle de Villa eh : eile reconnaissait la 
reonion des provinces illyrienaes a l'empire fraocais , ainsi que 
toutes les futures incorporations que la eonqu&te ou les corabinai- 
sons diplomatique» pourraient amener tant en Itaiie qolen Portu- 
gal et en Espagne , et renoncait irrevocablevent ä l'alltance de 
PAngleterre ponr aeeepter le Systeme continental avec toutes ses 
exigences. 

Ainsi , tont commencait a reagir eontre Napoleon , mais rien 
ne lni resistait encore : le Portugal avait communique' avec les 
Anglais , il avait envahi le Portugal: Godoy avait manifeste des 
sentiments bostiles par un armeraent maladroit, mais peut-&tre 
inoffensif, il avait force Charles IV d'abdiquer: le pape avait 
fait de Rome le rendez-vous general des agents de l'Angleterre, 
il traita le pape comme un souverain temporel et le deposa: la 
natura refusait des eofants a Jos^phine , il epousa Marie-Louise 
et eut un fils : la Hollande , malgre ses promesses, etait devenue 
un entrepöt de marchandises anglaises , il deposseda Louis de 
son royaume et le räumt ä la France. 

Alors l'empire eut 130 departements ; il s'etendit de I'ocean 
bretonaux mers de la Grece, du Tage jusqu'ä l'Elbe, et 120 
millions d'bommes , obeissant ä une seule volonte , soumis ä «n 
pouvoir unique et conduits dans une meine voie , crierent vtve 
Napoleon , en huit langues differentes. 

Le general est au zeoitb de sa gloire, et l'empereur ä l'apogle 
da sa fertune. Jusao'a cc jour nous l'avons vu monter saus cesse. 
II va faire une halte d'uo an au Sommet de ses prosperites 5 car 
il faut bien qu'ü prenne haleiae pour redescendre. 



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CHAPITRE V. s» 
CHAP1TÄE V. 

Le 1 er avril 1810, Napoleon epousa Marie-Louise, archidu- 
chesse d'Autriche: ooze mois apres, cent et un coups de canon 
annoncerent au moode la naissance d'un he>itier du tröne. 

ün des premiers effets de l'alliance de Napoleon avec la mai- 
8oq de Lorraine fut d'amener un refroidissement entre lui et 
l'empereur de Russie, qui, s'il faut en croire le docteur O'Meara, 
lui avait fait offrir sa sceur la grande-duchesse Anne. Des 1810, 
cedernier, qui voyait I'empire de Napoleon s'approcher de lui 
eomme un ocean qui monte, avait augmente ses arm^es et renoue 
««8 relations avec la Grande-Bretagne. Tonte l'annee 1811 se 
passa en negociations infructueuses , qui , au für et a mesure 
qnelles echouaient, rendaient une guerre procbaine de plus en 
ptos probable : aussi cbacun de son cote en commenca-t-il les pre- 
paratifs, avant m6me qu'elle fut declaree. La Prusse, par traite 
^ 24 Wvrier , et l'Autriche , par trait£ du 14 mars, fournirent ä 
Napoleon, IW 20,000 et l'autre 30,000 hommes: de leur cote, 
^talie et la confedeVation du Rhin coopererent ä cette grande 
entreprise , l'une pour 25,000 et l'autre pour 80,000 combattants. 
EnfiQjiinse'natus-consulte divisa la garde nationale en trois bans, 
ponrle Service de l'interieur : le premier de ces trois bans,affecte X. 
au sep vice actif , mettait, outre l'armee gigantesque qui s'a- 
cheminait vers le Niemen, 100 cohortes de 1,000 hommes cha- 
CDne , ä la disposition de l'empereur. 

Le 9 mars , Napoleon partit de Paris , ordonnant au duc de 

assano de faire attendre au prince Kourakin , ambassadeur du 
C2a r> ses passe-ports le plus longtemps possible : cette recom- 
"ttodation qui , au premier abord , avait l'apparence d'un espoir 
l*cifiqne, n'avait (♦*) d'autre but, dans le fait, que de laisser 

exaodre incertain sur les veritables dispositions de son ennemi, 
,fin ^ ae celui-ci püt le surprendre en tombant a l'improviste sur 
»° D armee. C'etait la tactique habituelle de Napoleon , et cette 
^^mme^toujours, eile lui reussit. Aussi le Moniteur se 

(43) Gomme la conslruction : t? avait pas d'autre but que de laisser, egale 
en r * 86118 Celle aulPC con8lr ne | ion i n y avait de but que de laisser , on les 
& 0Q <1 le plus gouvent en oneUaat pas de van t d'autre. 



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90 



NAPOLEON EMPBREUR. 



contenta-t-il d'annoncer qae Pempereur quittait Paris ponr fairq 
Finspection de la grande armeer^unie sur la Vistule: et que l'imi 
peratrice l'accompagnerait jusqu'ä Dresde , pour voir son illustre 
famille. 

Apres y £tre reste quinze jours, et y avoir fait jouer, selon la 
promesse qu'il leur avait faite a Paris , Talma et mademoiselle 
Mars Jevant un parterre de rois , Napoleon quitta Dresde et ar- 
riva ä Thorn le 2 juin : le 22 , H annonca son retour en Pologoe 
par la proclaraa'tion suivante , datee du quartier general de Wil- 
kowski : 

« Soldats ! I 

«La Russie a jure eternelle alliance ä la France et guerre ä! 
TAngleterre, eile viole aujourd'hui ses serments; eile ne veut 
donner aucune explication de son etrange conduite, que ( 44 ) les 
aigles francaises n'aient repasse le Rhin, laissant par lä nos al- 
lies ä sa discretion. Nous croit-elle donc degene>es? Ne serions- 
nous plus les soldats d'Austerlitz ? Elle nous place entre le des-i 
honneur et la guerre, le choix ne saurait etre douteux. Mar- 
chons en avant, passons le Niemen, portons la guerre sur le 
territoire de la Russie : eile sera glorieuse aux armees fran- 
caises. La paix que nous conclurons mettra un terme ä la 
funeste influence que le cabinet moscovite exerce dcpuis cin- 
quante ans sur les affaires de f Europe. » 

L'armee ä laquelle Napoleon adressait ces paroles etait la plus 
belle , la plus nombreuse et la plus puissante ä laquelle il eut ja- 
mais commande. Elle etait divisee en quinze corps , Commander 
cbacun par un duc , par un prince ou par un roi , et eile formait 
une masse de quatre cent mille hommes d'infanterie , de soixante 
et dix mille cavaliers, et de inille bouches ä feu. 

II lui fallut trois jours pour traverser le Niemen : les 23, 24 
et 25 juin furent employes ä cette Operation. 

Napoleon s'arreta un instant, pensif et immobile sur la rive 
gauche de ce fleuve , oü , trois ans auparavant , l'empereur 



(44) Que ne , en latin quin , »u Iteu de mns que , avant que. 



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GHAPITRE V. 91 

Alexandre Tai avait jure* nne amitte «Stern eile. Pnis , le franchts- 
sant a sod tour: «La fatalite* entraine les Russes, dit-il; que 
les destins s'accomplissent! » 

Ses premiers pas , comme toujours , furent ceux d'un geant: 
an bout de deux jours d'une marehe habile , 1' armee russe , sur- 
prise en flagrant delit, etait culbutee et veyait un corps d'armee 
tont entier separe d'elle. Alors Alexandre, reeonnaissant Napo- 
leon a ces coups rapides, terribles et decisifs, lui fit dire qne, 
s'il vonlait evacuer le terrain envahi et retourner an Niämen , il 
etait pr6t ä traiter : Napoleon tronva cette demarche si etrange, 
qu'il n'y repondit qu'en entraat ( 4S ) le lendemain ä Wilna. 

Lä, il resta nne vingtaine de jours , y cStablit un gouvernement 
provisoire, tandis qu'une diete se reunissait ä Varsovie , pour 
a'occuper de reconstrutre la Pologne : pnis il se remit a la pour- 
suite de l'armee russe. 

Au second jour de marche , il commenca de s'effrayer du Sys- 
teme de defense adopte par Alexandre. Les Russes avaient tout 
ruiae dans leur retraite , moissons, chateanx, chaumieres. üne 
armee de 500,000 hommes s'avancait dans des deserts qui n'a- 
vaient pu nourrir jadis Charles XU et ses 20,000 Suedois. Du 
Niemen a la Willia , on mareha a la luenr de l'incendic , sur des 
cadavres et sur des ruines. Dans les derniers jours de jutllet, 
l'armee arriva a Witepsk, dejä etonnee d'une guerre qui ne res- 
semblait ä nulle autre , dans laquelle on ne reocoatrait pas d'en- 
nemis , et oü il semblait qu'on n'avait affaire qu'aux g^nies de la 
destructioo. Napoleon lui-meme, stupefait de ce plan de cam- 
pagoe , qni n'avait pas pu eotrer dans ses previsions , ne voyait 
devant lui que des dlserts immenses dont il lui faudrait nne 
ano<5e pour atteindre le bout, et ou chaque etepe qu'il faisait i'e- 
loignait de la France, pnis de ses allies , pnis enfin de tontes ses 
ressources. En arrivant a Witepsk, il se jeta accable dans an 
fauteuil; puis, faisant venir le comte Darn: «Je reste ici, lui 
dit-il : je veux m'y reconnaitre , y rallier , y reposer mon armee, 
et organiser la Pologne. La campagne de 1812 est finie , celle de 



(45) Ne . . que employe' da temps se tradail erft. De märne l'udverbe seu- 
lement signifie nur et erft. 



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NAPOLEON EMPEREUR. 



1Ä13 fera le rcste. Pour vous, monsieur, songez a dous faire 
viyrc ici, car nous ne feroos pas la fölie de Charles XII. — Piiis, 
s'adressant ä Murat: — Plantons nos aigles iei, ajouta-t-il; 1813 
nousverraä Moscou , 1814 ä Saint-Petersbourg : la gaerre de 
Russie est une guerre de trois aas. > 

Ce fut en effet la resolution qu*il parut avoir prise ; mais 
effraye ä son tour de cette inaction , Alexandre Ui montre eafin 
ces Russes, qui jusqu'alors lui ont echappe , pareils ä des fan- 
tömes. Reveille comme on joaeur au bruit de Tor , Napoleon n*y 
peut tenir et s'elance a leur poursuite : le 14 aout, il les joint et 
les bat ä Krasnoi; le 18, il les chasse de Smolensk qu'il laisse 
en flammes, et le 30, il s'empare de Viazma dont il trouve tous 
les magasios de'truits. Depuis qu'on a mis lepied sor le territoire 
russe, tous les sympt6mes d'une grande guerre nationale ont 
eclate. 

Enfin, Napoleon apprend dans cette ville que l'armee russe a 
change de chef et s'apprete ä livrer bataille dans une position 
qu'elle retranche ä la bäte. L'empereur Alexandre , cedaot ä la 
voix publique, qui altribue les desastres de la guerre au mauvais 
choix de ses generaux , vient de delerer le commandement so- 
preme au general Kutusoff, vainqueur des Turcs. Si Ton en croit 
le bruit public, le prussien Pfuhl a Cause les premiers malheurs 
de la campagne , et Fetranger Barclay de Tolly , avec son Sys- 
teme eternel de retraite, qui parait snspectaux pars Moscovites, 
les a empires. Dans une guerre nationale c'est un Russe qu'il 
faut pour sauver la patrie , et tous sont d'aecord , depuis le czar 
jusqu'au dernier serf , que le vainqueur de Routschouck et le ne- 
gociateur de Bucharest est seul capable de sauver la Russie. De 
son cöte , le nouveau general , persuade que , pour conserver sa 
popolarite daos Tarmee et dans la nation, il doit nous livrer une 
bataille avant de nous laisser arriver a Moscou , est resolu de 
l'accepter daos la position qu'il occupe , pres de Borodino , et oü 
il est joint le 4 septembre par 10,000 miliciens de Moscou, a 
peine orgaoises. 

Le meme jour, Murat joint entre Gjatz et Borodino le general 
Konowitzin , charge par Kutusoff de tenir sur un vaste plateau 
que protege un ravin. Konowitzin suit strictement l'ordre donne, 



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CHAPITHE V. 



93 



et tieot jusqu'ä ce que des masses, doubles des siennes, le pous- 
seot ou plutöt le fassent glisser en arriere : on suit sa trace san- 
glanle jusqu'au couveot fortifie* de Kolostkoi: lä, il essaie en- 
core de tenir an instant; mais, deborde de Ions cötes, il est 
oblige de se remettre en retraite sur Golowioo, a travers lequel >( 
il a* fait que passer. Notre avant-garde debouche de ce viliage 
presqoe pele-n£le avee 1'arriere-garde russe. Un instant apres, 
Napoleon apparait ä cheval , et, de la hautenr ou il est parvenu, 
domiae toute la piain e : les vi Hages saccages , les seigles foules 
aux pieds , les bois io festes de Cosaques , lui indiquent que la 
plaine qui s'etend devant lui est choiste par Kutusoff pour son 
ebamp de bataille. fernere cette premiere ligne , trois yillages 
sar une ligoe d'une lieue : leurs iatervalles coupes de ravins, 
seines de taillis , fburmülent d'bommes : toute l'armee rosse est 
la qui attend , et la preuye , c'est qu'elle a fait construire une 
redoute en avant de sa gaucbe , preai du viliage de Schardino. 

Napoleon embrasse l'borizon d'un coup d'ceil. 11 suit depuis 
quelques Heues les deux rives de la Kalouga: il sait qu'ä Boro- 
dino cette riviere fait uu coude a gaucbe, et, quoiquMl ne voie 
pas les haoteurs qui la forceot a cette deviation , il les devine, 
et comprend que lä se troaveot les principales positions de l'ar- 
mee russe. Mais la riviere, ed protegeant l'extreme droite de 
1'eaneuii , iaisse ä deeouvert son centre et sa gaucbe : lä seule- 
nent il est vulnerable; .c'est donc lä qu'il faut frapper. 

Mais d'abord , il est 4mportant de le debusquer de la redoute 
qoi protege sa gaucbe cemme un ouvrage avance ; de lä, on sera 
ämeme de mieux recoonaitre sa position. Le general Compans 
reeoü l'ordre de l'enlever; trois fois il s'en empare, trois 
fois il en est repoosse'; enfin une quatrieme fois il y rentre et 
s'y etablit. 

C'est de lä que Napoleon peut enfin embrasser, dans les deux 
tiers de sdtt etendue ä peu fwes , le ebamp de bataille ou il va 
ftvoir ä manoßuvrer. 

Le reste de la journee du 5 est employe ä des observations res- 
peotives : des deux cötes se prepare une bataille suprcme. Les 
Rasses la passent tont entiere dans les pompes du culte grec , et 
invoquent par leurs chants le seeours tout puissant de saint 



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94 NAPOLEON EMPEREUR. 



Newski. Les Francis , habitues aux Te Deum et non aux pric-j 
res, rappellent leurs hommes detaches, serrent leurs masses,< 
präparent leurs armes, disposent leors parcs. Des deux cöteY 
les forces numeriques se balaneent : les Russes oot 130,000 homn 
mes, et nous 125,000. 

L'empereur campe derriere l'armäe d'ltalie , a la gauche de la 
route. La vieille garde se forme en carre autour de sa teilte, les i 
feux s'allument: ceux des Russes forment uo demi-cercle vaste' 
et regulier: ceux des Francais sont faibles, inegaux, sans ordre; 
aucune place n'a encore et^ fixee aux differents corps, et le bois^ 
man^ue. Pendant toute la nuit une pluie froide et fine tombe, 
l'automne se declare. Napoleon fait reVeiHer onze fois le prinle 
de Neufchätel poor lui donner des ordres , et cbaque fois il loi 
demande si l'ennemi parait toujours dispose ä tenir : c'est qne 
plusieurs fois reveilM en sursaut par la crainte que les Russes 
ne lui echappent, il a cru entendre des broits de depart: il s'est 
trompe , et la clarte du jour efface la lueur des bivoaacs 
ennemis. 

A trois beures du ma'tiir; Napoleon monte a cheval, et , perda 
dans le crepuscule , avec une faible escorte , il longe , ä demi- 
portee de boulets , toute la ligne ennemie. 

Les Russes couronnent toutes les cretes , ils sont a cbeval sur 
la route de Moscou et le ravin de Gorka, au fond duquel coole i 
un pelit ruisseau, et enfermes entre la vieille route. de Smolensk 
et la Moskowa. Barclay-de-Tolly , avec trois corps d'infanterie 
et un de cavalerie , forme la droite , depuis la grande redonte 
bastionnee jusqu'ä la Moskowa : ßagration forme la gauche, avec 
les septieme et huitieme corps, ( 46 ) depuis la grande redoute 
jusqu'au bois taillis qui s'etend entre Semenofskoue et Oustiza. 

Toute forte qu'elle etait, cette position etait defectneuse : lai 
faute en etait au genlral Benigsen qui , remplissant les fonctioos 
de major-g^neral de l'armle , avait porte toute son attention sur 
la droite, defendue naturellement , et neglige la gauche: c' etait 



(46) II est vrai que ce ploriel les devant les singnliers septieme et huitieme 
n'a pas trop bonne mine, mais pour reprouver cette maniere de s'exprimer 
courte et commode , les exemples en sont trop fWquents. 



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CHAPITRE V. 



95 



peodant le cdte faible; H etait, il est vrai , couvert de tröis 
Pontes , mais il y avait , entre elles et la vieille route de Mos- 
ru, on Intervalle de 500 toises garni seulement de quelques 
tasseurs. 

Voila ce que fera Napoleon : 

II gagoera avec son extreme äroite, eommandee par Ponia- 
iwski , la route de Moscou , coupera rartnee ea deux, et, tan- 
is que Ney, Davoust et Eugene contiendront la gaucbe, il re- 
wlera tout le centre et la droite dans la Moskowa. C'est la 
ibie dispositioo qu'a Friedland : seulement ä Friedland la ri- 
iere se trouvait a dos de l'ennemi et lui coupait toute retraite, 
lodis qa'ici la Moskowa borde sa droite , et il a derriere lui un 
srrain favorable s'il veut se retirer. 

Ge plan de bataille recut une modification dans la journee. Ce 
'est plus Bernadotte, mais Bugene, qui attaquera le centre; 
oniatowski , avec toute sa cavalerie , se glissera entre le taillis 
t la grande route , et attaquera Textremite' de Taile gaucbe en 
lerne temps que Davoust et Ney Taborderont de face : Ponia- 
»wski recoit ä cet effet, outre sa cavalerie, deux divisions du 
orps de Davoust. Cette distraction d'one partie de ses troupes 
let le comble ä la mauvaise humeur du marechal , qui est venu 
roposer un plan qu'il juge infailiible et qu'il a vu repousser. Ce 
lan consistait a tourner la position avaat d'attaquer les redou- 
es , et ä s'etablir perpeodiculaifement sur l'extremite' de l'en- 
lemi. La manceuvre etait bonae , mais basardeuse , en ce que 
bs Russes , se voyant sur le point d'etre coupes , ne se sentant 
oint d'issue en cas de defaite , pouvaient decamper dans la nuit 
ar la route de MojaVsk , et ne nous laisser le lendemain qu*un 
bamp de bataille desert, et des redoutes vides : or, c'etait ce 
ue Napoleon craignait a l'egal d'une defaite. 

A quatre beures, Napoleon sort une seconde fois ä cheval 
»nr s'assorer que rien n'est obaoge: il arrive sur les bauteurs 
le Borodino , et , Ja lunette a la main , recommence ses observa- 
ions. Quotque peu de personnes Faccompagnent, il est reconnu : 
tn coup de cauon, le seul qui fut tire dans toute cette journee, 
isrt des lignes russes , et le boulet vient ricoeber ä quelques pas 
le l'empereur. 



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96 



NAPOLEON EMPBREUR. 



A quatre heures et demie, l'empereur revient vers soa camp 
ment : il tromve M. de Beausset , qai lui apporte des leUnes i 
Marie-Louise et le portrait da roi de Rome par Gerard» Le pi 
trait est expose devaot la tente , et autoar de lui s'est forme i 
eercle de marechaux , de generaux et d'officiers. 
y — Rettrez ce portrait , dit Napoleon , c*est lui moatrer tri 
tot un champ de bataiüe. 

Rentre" dans sa teate , Napoleon dtcte les ordres suivants : - 

— II sera eonstruit pendant la nait deax redoetes , vis-a-vis i 
celles qae Fennemi a elevees , et qai oat M reeonaaes pendaJ 
lajournee. 

— La redoute de la gaucbe sera armee de 42 boaebes a fei 
et celle de la droite de 72. 

— A la pointe du jour, la redoute de droite coauneaeerai 
tirer. Celie de gauche commeacera aussitöt qu'elle aura eatendi 
tirer ä sa droite. 

— Le vice-rei jettera alors dans la plaine aoe masse cessio 1 «! 
rable de tirailleurs qui fouroiroot aoe fusitiade biea oourrie. I 

— Le troisieme corps et le buitieme , sous les ordres da nW 
recbal Ney , jetteront aussi quelques tirailleors en avaot. 

— Le prioce d'Ekmuhl restera ea positiea. 

— Le prince Poaiatowski , avec le einquieme corps , se roettrt 
en route avant la poiate du jour , afia d'avoir , avaat six heorei 
da matia , deborde la gauche de rennemi. 



— L'aotion engagee , l'emperear donnern ses ordres suivael 
l'exigence de la Situation. I 

Ce plan arrete , Napoleon dispose ses masse» de maniere a o« 
pas trop eveiller F attention de rennemi : chacua recoit ses iM 
structioas, les redoutes s'elevent, rartilLerie se met ea positiea^ 
aa point du jour, 120 bonches a fea aceableroat de boulets et 
d'obus les oavrages qae la droite sera eaargäe d'ealever. < 

A peine si Napoleon peut dormir una beura : a ebaqne iottai» 
il fait demaader si rennemi est teujours la; differents mouve*] 
meat* qu'ü execute font deax ou trois feis crotre a aa refcraite: 
il n'en est riea : seulement, il repare la taute snr laquelle Napo- 
leon a bati taut son plan de bataille, en faisaat porter a lagaackr 
le corps entier de Touczkof , qui garnit tous les endroits faibles. 



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CHAP1TRB Vi. 



97 



A auatre heures, Rapp entre dans la tentc de rempereur, et 
ttrouve le front appaye* entre ses deux mains : il releve La täte. 
, — Eh bien ! Rapp ? demande-t-il. 
, — Sire , ils sont toujours la. 

— Ce sera une terribje bataille ! Rapp , croyez-vous ä la 
etoire? 

— Oui , sire , mais sauglante f 

— Je le sais, repond Napoleon : mais j'ai 80,000 bommes, j'ea 
irdrai 20,000, j'entrerai avee 60,000 dans Moscou; les trai- 
nrs nous y rejoindront, puis les bataillons de marche, et nous 
irons plus forts qu'avant -la bataille. 

On voit que dans le nombre de ses combattants Napoleon ne 
»mpte ni sa garde , ni sa cavalerie : des ce moment , son parti 
it biea pris de gagner la bataille sans elles ; ce sera une affaire 
'artiÜerie. 

Ea ce moment, des acclamations retentissent : le cri de Pive 
empereur conrt $ur toute la ligne : aux premiers rayons du jour, 
a vient de lire aox soldats la proclamation saivante , Fune des 
Ins bell es , des plus franches et des plus coneises de Napoleon. 



CHAP1TRE VI. 

- Soldats ! 

« La voilä cette bataille qne vous avez tant däsiree : desor- 
lais la victoire ne dopend que de vous : eile est necessaire : eile 
ttenera I'abondance , et nons assurera de bons qnartiers d'hiver 
iuo prompt retonr vers la patrie.JSoyez les bommes d'Auster- 
itz , de Friedlaad , de Witepsk et de Smolensk , et que la poste- 
ite la plus reculee dise ea parlant de nous: 

• II eUit ä cette grande bataille sous les mnrs de Moscou. » 

Apeine les cris ont-ils cesse", <Jue Ney, toujours impatient, 
«it demander la permission de comraencer l'attaque : tont prend 
lassitftt les armes ; cbacun se dispose pour cette grande scene 

Danas, Napoleon. 7 



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06 



NAPOLEON BMPERBUR. 



qui va decider da sort de PEurope ; les aides de camp partes 
comme des fleches dans toutes les directions. { 
<. Compans , qui a si bien prelude la sarveille , se glissera J 
long du taillis , entamera l'afifaire eo enlevant la redoute qui <&J 
fend l'extreme gauche de Rapp , et Dessaix le secondera en s> 
vancant a couvert dans le taillis m£me : la division Friaot rej 
tera en reserve. Des que Davoust sera maitre de la redoute, N«j 
s'avancera en Echelons pour s'emparer de Semenofskoe* : ses dj 
yisions ont beaucoup souffert ä Valoutina , et comptent a pein 
15,000 combättants ; 10,000 Westphaliens devront les renforce 
et former la seconde ligne : la jeune et la vieille garde fornieroa 
la troisieme et la quatrieme. Murat dirisera sa cavalerie. i 
gaoche de Ney , en face du centre ennemi , se trouvera le corpi 
de Montbrun. Nansouti et Latour-Maubourg se trouveront placej 
de maniere a suivre les mouvements de notre droite. Eoii 
Groucby secondera le vice-roi qui, renforce par les division) 
Morand et Gerard , enlevees ä Davoust , commencera par s'e» 
parer de Borodino , y laissera la division Delzons , et , passan 
avec les trois autres la Kalouga , sur les trois ponts jet6s dam 
la matinee , attaquera la grande redoute du centre situee sur si 
rive droite. Une demi-heure suffit pour porter tous ces ordres 
il est cioq heures et demie du matin : la redoute de droite com- 
mence son feu , celle de gaucbe lui repond , tout s'ebranle , toul 
marche , tout se porte en avant (*). 

(*) Napoleon a fait lui-meme la critique de ce plan: 

« Gelte prämiere disposiüon £tait one faule grave , dil-il , el fal cause de Ii 
tonraore peo decisive qae prit la bataille. 11 eut fallu jeler Davoust avc< 
quarre de ses division« dans la troule , entre la redoute de la gauche et l\ 
bois d'Oustiza , le faire suivre par Murat avec sa cavalerie , le faire appuyd 
par Ney et ses Westphaliens en les dirigeant vers Semenofskoe* , laudis qv« 
la jeune garde eüt marche* en echelons au centre des deux attaques et qd 
Poniatowski, lie* a Davoust, eüt dlbordl la droite de Touczkof dans le boii 
d'Oustiza. Nous eussions tournl et accabll , des le principe , la gauche A 
Pennemi avec une masse irresistible , nous P eussions forcl ä un changemea 
de front parallele a la grande route de Moscou et a la Moskowa , qu'il aurtü 
eueados: il n'y avait dans cette Ironie que quatre faibles regiments d< 
cbasseurs, embusquls dans le taillis, en sorte que le succes ne sembltii 
pas douteux, etc. n (JOMINI , Viepolitique et mUitaire de Napolion , t. f, 
pag. 280 et suivantes.) 



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CHAPITRE Vf. 



99 



1 Davoust s'elance avec ses deux divisions : la gauche d'Eugene, 
omposee de la brigade Plansonoe , qni devait rester en obser- 
fetion eo se boroant a occuper Borodino , se laisse empörter, 
balgre* le* cris de son general , depasse le village et va se beur- 
er aux hauten rs de Gorki , oü les Russes l'ecrasent par an fen 
te front et de flanc : alors le 92 e regiment accourt de lui-meme 
. Taide du 106% en recueille les debris et les ramene , mais de- 
rnit a moitie et ayant perdu son general. 

En ce moment, Napoleon, jngeant que Poniatowski a eu le 
emps d'operer son mouvement , lance Davoust sur la premiere 
'edoote : les divisions Compans et Dessaix le snivent , poussant 
10 canons devant elles. Toute la ligne ennemie prend fen comme 
ine traine'e de poudre. 

L'infanterie marcbe sans tirer , eile se bäte pour arriver sur 
le feu de Pennemi et l'eteindre. Compans est Messe , Rapp ac- 
;ourt pour remplacer Compans ; il s'elance au pas de course et 
la baYonoette en avant; au moment oü il toucbe ä la redoute , il 
tombe atteint d'une balle : c'est sa vingt-deuxieme blessure : 
Dessaix le remplace et est frappe ä son tour; le cheval de Da- 
eoust est tue par un bonlet ; le prince d'Ekmuhl roule dans la 
boue , on le croit tui ; il se releve et remonte ä cheval , il en est 
quitte pour une contusion : 

Rapp se fait porter devant l'empereur. 

— Eh quoi ! Rapp , dit Napoleon ; encore Messe ! 

— Toujours , sire ; Votre Majeste sait que c'est mon habitude. 

— Que fait-on lä-hadt? 

— Des merveilles ! Mais il faudrait la garde pour tout achever. 

— Je m'en garderai bien , reprend Napoleon avec un mouve- 
ment qui ressemble ä de l'effroi : je ne veux pas la faire demolir ; 
je gagnerai la bataille sans eile. 

Alors Ney, avec ses trois divisions, se jette dans la plaine, et, 
favancant par echelons, se porte, ä la tete de la division Ledru, 
sur eette redoute fatale qui a dejä fait la division Compans veuve 
de ses trois generaux : il y entre par la gaucbe , tandis que les 
braves qui ont commence l'attaque escaladent par la droite. 

Ney et Murat lancent la division Razout sur les deux autres 
redoutes : eile est sur le point de s'en emparer , quand eile est 

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100 NAPOLEON EMPEREUR. 

chargee par les cuirassiers russes. II y a an moment d'incertj 
tude : cependant l'jnfanterie s*arrete , mais ne recule pas ; la ci 
Valerie de Bravere vient a son aide ; les cuirassiers russes soi 
repousses ; Murat et Razout s'elanceot , les retranchements. soa 
ä eux. I 

Deux heures se sont passees ä ces attaques : Napoleon s'etonJ 
de ne pas entendre le canon de Poniatowski , et de ne voir auc» 
mouvement qui annonce chez Pennemi une diversion. Pendante 
temps Katusoff, qui a pu aisement decouvrir les grosses masse 
pretes a fondre sur sa gauche , y a fait filer le corps de Bagi 
wout: uoe de ses divisions marche ä Oustiza, l'autre se jety 
dans le taillis. En ce moment Poniatowski revient, il n'a pas fj 
trouver de passage dans la foret ; Napoleon Tenvoie fornier Vei 
treme droite de Davoust. 

Cependant la gauche de la ligne russe est foccee et la plain< 
ouverte: les trois redoutes sont ä Ney , ä Murat et a Davoust; 
mais Bagration continue de garder une attitude menacante , e| 
recoit renfort sur renfort; il faot se bater de le culbuter d erriet 
le ravin de Semenofsrkoe , ou bien il pourra reprendre Toffensire« 
Tout ce qu'on peut trainer d'artillerie dans les redoutes y es| 
amene , et va appuyer leur mouvement. Ney se jette en avantj 
suivi de 15 ä 20,000 bommes. 

Au lieu de l'attendre , Bagration , qui craint d'fctre refoule pai 
le choc, se pre'cipite ä la tete de sa ligne , et marcbe a lui ba'ion< 
nettes basses. Les deux masses se rencontrent , la melSe s'eu^ 
gage corps ä corps , c'est un duel entre 40,000 hommes. Bagraj 
tion est grievement Messe ; les troupes russes , privees un mo< 
ment de direction, s'ebranlent pour fuir : Konownitzin en preoi| 
le commaadement, les ramene derriere le ravin de Semenofskoe, 
et , protege par une artillerie bien placee , arrete Telan de dos 
coloones. Murat et Ney sont epuises; tous deux onf fait des 
efforts surhumains; üs envoient demander des renforts a Nap<>i 
leon. L'empereur ordonne ä la jeune garde de marcher: eile se 
met en mouvement; mais presque aussitöt , en portant les yeo^ 
sur Borodino , et en voyant quelques rägiments des soldats d'Eo- 
gene ramenes par la cavalerie d'Ouwaroff, il croit que tout le 
corps du vice-roi est en retraite, et ordonne a la jeune garde de 



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CHAPITRE VI. ! ; \ \\ \ \ / l ' ' 

hnfaer. En place de la jeune garde,-il enypie; ä $feY*et Ajkfu(at. 
tonte Taptillerie dereserve: cent piecfcs' «V eaaori «'Ihmert ad* 
Jtlop, ponr prendre place sur les hauteurs conquises. 

Voicf ce qui s'est passe du cöte d'Eugene : 

Apres avoir ete tenu pres d'une heure en suspens par Pechau f- 
fouree de la brigadePlausonne, le vice-roi a passe la Kaloaga snr 
quatre petits ponts jetes par le genie. A peine snr l'aatre rive, il 
s'est hkte d'obliquer a droite pour eolever la grande redoute si- 
taee eotre Borodioo etSemenofskoe, qui couvre le centre de l'en- 
oeml. La division Morand debouche la premiere sur le plateau, 
lance le 30 e regiment sur la redoute et s'avance, en colonnes pro- 
iondes, pour le seconder: ceux qui les forment sont de vieuxsol- 
<Uts, calmes au feu comme a la parade ; ils s'avancent Tarme au 
has, et, sans tirer un seul coup de fusil, ils penetrent dans la 
redoute , malgre le feu terrible de la premiere ligne de Paske- 
witch. Mais celui-ci a prevu l'evenement; il se* jette avec la se- 
coode b'gne sur les flancs de la colonne: lermoloff s'avance, avec 
nne brigade des gardes , pour le seconder. En voyant le secours 
qni lni arrive , la premiere ligne fait volte-face : la division Mo- 
rand est prise dans un triangle de feu : eile recule, laissant dans 

redoute le general Bonami et le 30 e regiment; Bonami s'y fait 
toer, la moitie du 30 e tombe autour de lui. C'est en ce moment 
qne Napoleon a vu quelques regiments repasser la Kalouga ; il a 
cro la ligne de retraite meuacee, et a retenu sa jeune garde. 

Cependant, Kutusoff a profite du moment d'hesitation qu'il a 
^ dans Ney et dansMurat: pendant qu'ils se roidissent pour con- 
server leurs positions , le general ennemi appelle au secours de 
sa gauche toutes ses re'serves et jusqu'ä la garde russe. Grace ä 
ces renforts, Konownitzin, qui a remplace Bagration hless$, 
fefonae sa ligne. Sa droite s'appuie a la grande redoute qu'atta- 
^«Eugene, sa gauche touche aux bois; 50,000 hommes s'amas- 
se °l e Q bloc, et se mettent en mouvement pour nous refouler en 
^»ere; leur artillerie eclate, leur fusillade petille, balles et 
Filets decbirent nos rangs ; les soldats de Friant, plnces en pre- 
käre ligne, assailiis par uae grele de mitraille, hesitent, se trou- 
We «rt, o n colonel se rebute et commande la retraite ; mais Murat» 



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■ " : \ l ; i^poläon empereur. 

qui^st.parWMtf, est derriexe lui ; Murat l'arrete, le saisit au cal 

* :tÄ^ik*egardaot,lTfttfeA face: 

— Que faites-vous ? lui dit-il. 

— Vous voyez bien qu'on ne peut tenir ici , lui repond le co- 
lonel, en lui montrant la terre couverte de ses hommes. 

— Eh f ! j'y reste bien, moi, repond Murat. 

— C'est juste, dit le colonel ; soldats, face en tete, allons noui 
faire tuer. 

Et il reprend , avec son regiment , son poste sous la mitraille. 

En ce moment , nos redoutes s'enflamment , quatre-vingts nou- 
velles bouches ä feu eclatent ä la fois : le secours qu'attendaient 
Murat et Ney est arrive ; seulement il a changede nature, mais iL 
n'en est que plus terrible. 

Neanmoins les masses epalsses et profondes, mises en mouve- 
ment, continuent de marcher, et Ton voit d'abord nos boolets 
faire dans leurs rangs de profondes trouees ; n'importe, elles con- 
tinuent. Mais aux boulets succede la mitraille : ecrasees sous cet 
ouragan de fer, elles cherchent ä se reformer, la pluie mortcüe 
redouble : elles s'arretent, n*osent avancer davautage, et cepen- 
dant ne veulent pas faire un pas en arriere. Ou elles n'entendent 
plus les commandements de leurs generaux , ou leurs generaox, 
inhabiles ä manoeuvrer de si grands corps , perdent la tSte. Qnoi 
qu'il en soit, 40,000 hommes sont la, qui se laissent foudroyer 
pendant deux heures : c'est un massacre effroyable, une boucherie 
sans fin : on vient dire a Ney et ä Murat que les munitions s'e- 
puisent. Ce sont les victorieux qui se lassent les premiers. 

Ney se rejette en avant, etendant sa ligne droite , afin de tour- 
ner la gauche de Tennemi; Murat et Davoust secondent ce mou- 
vement: la baionnette et la fusillade detruisent ce quia^chappe 
a l'artijlerie : la gauche de l'armee russe est aneantie. Les vain- 
queurs , tout en appelant ä grands cris la garde, se retournent 
vers le centre , et accoureut ä l'aide d'Eugene : tout se dispose 
pour Tattaque de la grande redoute. 

Monibrun, dont le corps est place directement en face du centre 
ennemi, marche sur lui au pas de Charge; a peine a-t-il faitle 
quart du chemin, qu'U est coupl en deux par un boulet; Caulaio- 
court le remplace : il se met a la tete du 5 e de cuirassiers , et se 



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GHAPITRB VI. * : ; v 

precipite sur la redoute, en m&me temps qu£leadftitto'DS*^raQd, 
Gerard et Bourcier, soutenaes par les leghms de'la Vistale, Tat-- - 
Uquent de troia cötes ä la fois. Au moment oü ü y penetre , il 
tombe Messe morteüement: a l'instantmeme, son brave regiment, 
abüne par le feu de Pinfanterie d'Ostcrmann et de la garde russe, 
placees derriere l'ouvrage , est oblige de recnler , et va se refor* 
mer sous la protection de nos colonnes. Mais, en ce moment, 
Eugene l'aborde a son tonr, ä la töte de ses trois divisions, s'en 
empare et y prend le general Lichatschefs. Aussitöt, tout en s'y 
foblissant, il lance le corps de Gronchy sur les debris des ba- 
taiüons de Doctoroff : les Chevaliers gardes et la garde russe s'a* 
vancent au-devant des nötres : Gronchy est oblige de faire un 
monvement retrograde ; mais ce mouvement a donne le temps ä 
Miard de ramasser trente pieces d'artillerie , qni sont dejä en 
batterie däns la redoute. 

Mors, les Russes se reforment avec la meme opiniatrete qu'ils 
«nt deja montree , leurs generaux les ramenent : ils se rappro- 
chent en colonnes serrles , pour reprendre la redoute qu'ils nous 
ont fait payer si eher. Eugene les laisse approcher a portSe de 
fasil , et demasque ses trente pieces ; elles s'enflamment toutes ä 
la fois : les Russes tonrbillonnent un instant et se reforment en- 
core: cetle fois, ils approebent jusqu'ä la bouche des pieces, qui 
les ecrasent en eclatant. Eugene, Murat et Ney envoient cour- 
riers sar courriers ä Napoleon : ils demandent ä grands cris la 
garde \ l'armee ennemie tout entiere est etytruite , si Napoleon la 
leur aecorde : Belliard, Daru, Berthier le pressent. «Et s'il y a 
me seconde bataille demain, repond-il, avec quoilalivrerai-je?» 
La victoire et le champ de bataille sont ä nous ; mais nous ne 
poavons pas poursuivre Tennemi , qui se retire sous notre feu, 
sans discontinuer le sien, et bientet s'arrfcte et se retranche dans 
aae seconde position. 

Alors, Napoleon monte a cheval, s'avance vers Semenofskoe, 
Visite tout le champ de bataille, ou viennent encore, de temps en 
*«&ps, ricocher quelques bouletsperdus. Enfin, appelant Mortier, 
il lni ordonne 1 de faire avancer la jeune garde, mais de ne pas 
dfyasser le nouveau ravin qui le separe de Tennemi ; puis il re- 
zent sous sa tente. 



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Jkbl ' . V : : NAPOLÄ0N BMPBREÜR. 

;&:ä£x;hVu>es uu? sehr, Äfcrat, qui se bat depuis six h eures da 
mätin; accourt jfoor artnöncer qne Fennemi passe eo desordre la 
Moskowa, et qu'il va lui echapper de nouveau; il reflemunde eu- 
eore cette garde qui n'a pas donne" de la journee, et avec laquell* 
il promet de surprendre et d'achever les Busses. Mais cette fois, 
comme les autres, Napoleon refase, et laisse s' echapper cette ar- 
mee qu'il avait si grande bäte de rejoindre. Le lendemain eil« 
avait entierement disparu , laissaot Nappleon maitre du plus bor- 
rible cbamp de bataille qui ait peut-etre jamais existe\ 60,000 
bommes, dont un tiers nous appartenait, etaient coucbes dessu*; 
nous avions 9 generaux tue*, et 34 blesses. Nos pertes etaient 
immenses et sans resultats proportional. 

Le 14 septembre, Farmee entra ä Moscou. 

Tout devait elre sombre dans cette guerre , jusqn'aux triam- 
phes( 47 ): nos soldats etaient habitues ä entrer dans des capita- 
les, et non dans des necrepoles: Moscou sembiait une raste 
tombe, partout deserte et partout silencieuse. Napoleon s'etablit 
au Kremlin, et Farmee se repandit dans la ville : puls la nuit vint. 



CHAPITRE VII. 

Au milien de la nuit, Napoleon fut eveille* par le cri : Au feu! 
Des lueurs sanglantes penetraient jusqu'a son lit. II courut ä sa 
fenetre: Moscou Itait en Hammes: firostrate sublime, Rotops- 
chin avait ä la fois immortalise son nom et sauve son pays. 

II fallut Echapper a cet ocean de Hammes qui montait comme 
une maree. Le 16 , Napoleon , entoure de ruines , enveleppe par 
Fincendie, fut force de quitter le Kremlin et de aeretirer au cfea- 
teau de Peteroskoi. La commenoe sa lutte avec ses geneVaux, 
qui lui conseillent de se retirer pendant qu'H en«est temps encore 
et d'abandonuer sa fatale conquete. A ee langage etrange et in- 



(47) Dans ce cas notre f>\9 esl tout le contraire Aejusgue. S&U venl dire 
excepte, cxclus, Jutque veut dire inclus. 



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CHAPITRE VII. 



IM 



aceoutame , il hesite et tourne alternativement les yeux vers Pa- 
ris et vers Saint-P&ersbourg: cent cinquante lienes seulement 1c 
separent de Pune, hui t cents lienes de l'autre : marcher sur Saint" 
Peterbourg, c'est constater sa victoire; reculer sur Paris, c'est 
avouer sa däfaite. 

Pendant ee temps, Phiver arrive qni ne conseille plos, mais qni 
ordoune. Le 15, le 16, le 17 et le 18 octobre , les malades sont 
evaeuls snr MojaYsk et Smolensk ; le 22 Napoleon sort de Mos- 
cou; le 23 le Rremlin sante. Pendant onze jourS la retraite s'o- 
pare saos trop graods desastres , qnand tont a coup > le 7 novem- 
bre, Je thermometre descend de 5 degres a 18 an-dessons de lä 
gltce; et le viogt-neuvieme bulletin , en date dn 14, apporte a 
Paris la nonvelle de desastres inconnns auxquels les Francais na 
croiraient pas , s'ils ne lenr etaient racontes par lenr emperenr 
loi-meme. 

A compter de ce jour, c'est an desastre qui egale nosplusgran- 
des rictoires : c'est Cambyse envelopp^ daos les sables d' Am- 
nion ; c'est Xerces repassant l'Hellespont dans nne barqne ; c'est 
Virron ramenant ä Rome les däbris de l'armee de Cannes. De 
ces 70,000 cavaliers qni ont traverse* le Nilmen , ä peine peut-on 
forner quatre compagnies de 150 bommes chacune, ponr servir 
d'escorte a Napoleon. C'est le bataillon sacre* : les officiers y 
prennent le rang de simples soldats, les colonels y sont sous-offi*- 
ciers, les gene>aux capitaines. II y a un marechal ponr colooel, 
äd roi ponr general; et le dep6t qni lni est confie* , le palladinm 
qn'il conserve, c'est un emperenr. 

Quant an reste de l'arme'e , voulez-vous savoir ce qu'il devient 
dans ces vastes steppes dllrempes, entre ce ciel de neige qni 
pese sur sa tete et ces lacs glaces qui s'enfancent sous lui? 

Ecoutez : 

•GeoeVanx , officiers et soldats , tons Itaient dans le meme ac- 
coatrement et marchaient confondns : l'exces du malheur avait 
feit disparaitre tous les rangs : cavalerie , artillerie , Infanterie, 
tont etait pele-mele. 

«La plnpart avaient snr lenrs epanies nne besace remplie de 
ftrine , et portaient , pendu ä lenr cdte* , nn pot attache* avec nne 



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106 



NAPOLÄON EMPEREUR. 



eorde: d'autres trainaient par la bride des ombres de chevauij 
sur lesquels eUient chargfo l'aJLtirail de la cuisine .et leg chetiW 
provisioDs. 1 

■ Ces cbevaux etaient eux-memes des provisions, d'autant plus 
precieuses qu'on n'etait poiht obiige de les transpbrter, et que, 1 
lorsqu'ils succömbaient , ils servaient de pature k lears maitres. 1 
On n'attendait pas qu'ils eussent expire ponr les däpecer : des 
qu'ils tombaient, od se jetait dessos poar en enlever toates lef 
parties charones. 

«La plnpart des corps de Parmec Etaient dissous. II s'etait 
forme de leurs debris aoe multitude de petites corporations, com- 
posees de huit on dix individas, qoi s'etaient räuais ponr marcher 
ensemble, et chez lesquels toates les ressonrces ätaient en common. 

«Plnsienrs de ces coteries avaieut an cheval, poar porter lears 
bagages, l'attirail de la coisine et les provisions : ou bien chacnn 
des* membres etait mani d'un bissac destine* ä cet usage. 

• Ces petites «ommuoautes, entierement siparles de la masse 
generale , avaient an mode d'existence isole , et repoassaient de 
leur sein tont ce qui ne faisaitpas partied'elles-m&mes. Tons les 
individus de la famiUe marcbaient Serres les uns contre les autres, 
et prenaient le plus grand soin de ne pas se diviser an miliea de 
la foale. Malhear ä celai qui avait perdu sa coterie : il ne trou- 
vait en aucan liea personne qoi prit a lui le moiodre inteY&t, et 
qai lai doonät le plus leger secours : partout il etait maltraite et 
poursuivi duremeut: on le chassait sanspitie de tous les fem 
auxquels il n'avait pas de droit, et de tous les endroits ou ilvou- 
lait se rlfugier: il ne cessait d'etre assailli que lorsqu'ii etait 
parvenu ä rejoindre les siens. Napoleon vit passer devant ses 
yeux cette masse , vraiment incroyable , de fugitifs et d'hommcs 
desorgaoises. 

«Qu'on se figure , s'il est possible, cent mille malheureux , les 
epaules chargees d'un bissac , et soutenus par de longs batons, 
couverts de guenilles les plus grotesquement disposees , fourmil- 
lant de vermine, et livres ä toutes les horreurs de la faim. Qu'a 
ces accoutrements , indices de la plus affreuse misere, on joigne 
des physionomies affaissles sous le poids de tant de maux; qu*oa 
se repr&ente ces hommespales, couverts de Uterxe des bivoaacs, 



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GHAPITRE VII. 



107 



tpircis par la fumee , les yeux caves et eteints, les cheveux ea 
Lserdre , la barbe longue et degoutante ; et Tod n'aura qu'un 
Jnible apercu du tableau que presentait l'armle. 

«Nous cheminions peniblement, abandonnes ä nous-memes au 
nilieu des neiges , sur des routes ä peine tracees , a travers des 
leserts et d'immenses forets de sapins. 

«Ici, des malbeurenx , minäs depuis longtemps par la maladie 
st par la faim, succombaient sous le poids de leurs maux, et ex- 
piraient au milieu des tounnents et en proie au plus violeot des- 
sspeir. La, on se jetait avec fureur sur celui ä qui Ton soupeon- 
oait des pro vi&ions , et on les lui arrachait , malgre* sa räsistance 
opiniatre et ses affreux jurements. 

« D'un cöte , on entendait le bruit que faisait le broiement des 
cadavres , dejä morceles , que les chevaux foulaient aux pieds ou 
qu'ecrasaient les roues de voitures; de l'autre, les cris et les ge- 
missements des victimes auxquelles les forces avaient manque, et 
qui, gisant sur le chemin, et luttant avec effort eontre la plus ef- 
frayante agonie, mouraient dix fois en attendaut la mort. 

«Plus loio, des groupes reunis autour du cadavre d'un cheval, 
se battaient entre eux pour en disputer les lambeaux. Pendant 
que les uns coupaient les parties charnues exterieures, les antres 
s'enfoncaient jusqu'ä la ceinture dans les entrailles , pour en ar- 
racber le coeur et le foie. 

«De toutes parts, des figures sinistres, effrayees, mutilees par 
la congelation , partout, en un mot, la consternatioo, la douleur, 
la famine et la mort. 

• Pour supporter les atteintes de ces affreuses calamites qui 
pesaient sur nos tetes , il fallait fctre doue d'une äme pleine d'e- 
nergie et d'un courage inebranlable. II £tait indispensable que la 
force morale s'accrut ä mesure que les circonstances devenaient 
plus perilleuses. Se laisser affecter par la consideralion des sei- 
nes deplorables dont on etait temoin, c'etait se condamner soi- 
meme : on devait donc fermer son coeur a tout sentiment de pitie. 
Ceux qui füren t assez heureux pour trouver, au-dedans d'eux- 
mämes , une force de reaction süffisante pour resister ä taot de 
maux , developperent la plus froide insensibilite et la fermete la 
plus imperturbable. 



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108 



NAPOLEON EMPBRBUR. 



«Au mitten des borreurs dont ils etaient envirönnes , od les 
voyait, calmes et intrepides, supporter toutes les vicissitudel 
braver tous les dangers , et, ä force de voir ia mort se presentd 
devant eox sous les formes les plus hideuses, s'accoutumer, pow 
ainsi dire, ä Fenvisager saus effroi. 

« Sourds aux cris de la douleur qoi, de toutes parts, reteotif 
saient ä leurs oreilles, si quelque infortone succombait sons leun 
yeux ils les detournaient froidemeot, et saus eproover la moindrt 
Emotion, continoaient leur ehemin. 

' i Ainsi, ces malheureuses victimes restaient abandonnees saf 
les neiges , se soulevant taut qu'elles avaient de force , pnis re- 
tombant insensiblement, sans recevoir de qui que ce füt od mal 
de consolation, sans que personne se mit en devoir de leur por- 
ter le plus pelit secours. Nons marehions constamment a grands 
pas , silencieux et la täte baissee, et nous ne nous arr&üoos qu'i 
la nuit fermee. 

«Excede de fatigue et de besoin, il fallait encore que cbacon 
de nous alors s'occupat avec ardeur de trouver, sinon un loge- 
ment, du moins un abri contre 1'äprete" de la bise. On se preci- 
pitait dans les maisons, les granges, les hangars et teus les bati- 
ments que l'ou rencootrait. Au bout de quelques instants , on y 
etait entasse de maniere ä ne pouvoir plus ni entrer ni sortir. 
Ceux qui ne pouvaient s'y introduire s'ätablissaient en denorj, 
derriere les murailles , et ä proximitl. Leur premier soin etait 
de se procurer du bois et de la paille pour leur bivouac : a cet 
effet, ils escaladaient tontes (es maisons environnantes , et eole- 
vaient d'abord les toitures ; puis , quand elles ne suffi saient pas, 
ils arrachaient les solives des greniers, les cloisons, etfinissaient 
par demoltr le batiment de toutes pieces , par le raser entiere- 
ment , malgrl Topposition de ceux qui s'y Itaient refugies et qai 
le defendaient de tous leors moyens. Si Ton n'etait pas chasse 
de cette maniere des chaumieres oü Ton cherchait un asile , oi 
oourait risque d'y etre devore par les flammes : car tres-souveot, 
quand on ne pouvait entrer dans les maisons, on y mettait le fea 
pour en faire sortir ceux qui s'y trouvaient. C'est sortout ce qai 
arrivait quand des officiers generaux s'en etaient ein par es , apres 
en avoir expulse les premiers occupanls. 



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CHAPITRB VII. 



109 



- II fallait donc se resoudre ä se niettre au bivouac. Aussi , an 
ieu de se loger dans les maisons, od avait pris l'habitude de les 
leniolir de fond en comble , et d'en disperser les materiaux an 
nüieu des ehamps , pour s'en construire des abris isoles. Des 
fu'on s'etait pourvu , autaot que le permettaient les localites, de 
je qui etait necessaire pour etablir ses bivouacs, on allumait du 
ieu , et chacun des membres de la coterie s'einpressait de con- 
jourir ä la pr^paration du repas. 

«Pendant que les uns s'occupaient de la confection d'une 
bouillie , les autres pelrissaieot des galettes que Von faisait cuire 
soos la cendre. Chacun tirait de son bissac lestrancbesde viande 
de cheval qu'il avait conservees , et les jetait sur les charbons 
pour les faire rölir. 

«La bouillie etait la nourriture la plus ordinaire. Or voici ce 
que c'etait que cette bouillie. Comme il etait impossible de se 
procurer de l'eau , parce que la glace couvrait toutes les sources 
et tous les marais, on faisait fondre dans une marmite une quan- 
tite süffisante de neige pour produire le volume d'eau dont on 
avait besoin : on delayait ensuite dans cette eau , qui etait noire 
et bour&euse , une portion de la farine plus ou moins grossiere 
dont on etait pourvu , et Ton. faisait epaissir ce raelange jusqu'a 
la consistance de la bouillie : ensuite on l'assaisonnait avec du 
sei, ou , a son defaut, on y jetait deux ou trois cartouches, qui, 
en lui donnant le goüt de la poadre, lui ötaient son extreme fa- 
deor, et la coloraient d'une teinte foocee qui la faisait ressembler 
beaucoup au brouet noir des Spartiates. 

* Pendant qu'on preparait ce potage , on surchargeait les char- 
bons de chair de cheval, coupee en filets, qu'on saupoudrait ega- 
lement de poudre ä canon. Le repas acheve, cbacun s'endormait 
bientot, accable de fatigue et affaisse sous le poids de ses maox, 
pour recommencer le lendemain le meine genre de vie. 

« A la pointe du jour , sans qu'aucnn instrument militaire don- 
nat le signal du depart, la masse entiere levait spontanement soa 
bivouac et reprenait son mouvement. ...(*)» 

0 Relation du sieur Rene* Bourgeois. 



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110 



NAPOLEON EMPEREUR. 



chapitre vnr. 

Vingt jonrs s'ecoulerent ainsi. Pendant ces vingt jours, l'auj 
mee sema sur sa route 200,000 hommes , 500 pieces de canoa 
pnis eile vint aboutir a la Beresina, comme un torrent a ui 
gouffre. 

Le 5 decembre , tandis qne les restes de l'armee agonisaieot i 
Wiloa, Napoleon, sur les instances dn roi de Naples, da vice-rd 
d'ltalie et de ses principanx capitaines, partit en traineaa, da 
Smorgoni ponr la France. Le froid avait alors atteint 27 degreJ 
an-dessons de zero. 

Le 18 au soir , Napoleon se presentait dans une mauvaise ca- 
leche aux portes des Tuileries, qu'oo refusa d'abordde lai ouvrir. 
Tont le monde le croyait encore ä Wilna. I 

Le surlendemain, les grands corps de TEtat vinrent le feliciter 
sur son arrivee. ' 

Le 12 janvier 1813, nn senatus-consulte mit ä la disposition du, 
ministre de la guerre 350,000 conscrits. 

Le 10 mars, on apprit la defection de la Prasse. 

Pendant quatre mois , la France tout eotiere fut une place 
d'armes. 

Le 15 avril, Napoleon quittait de nouveau Paris, ä la tete de 
ses jeunes legions. 

Le 1 er mai, il 6tait a Lützen, pret ä attaquer l'armee combinee, 
russe et prussieune, avec 250,000 bommes, dont 200,000 appar- 
tenaient ä la France, et dont 50,000 etaient Saxons , Bavarois, 
Westphaliens , Wurtembergeois, et du grand-duche de Berg. Le 
gfont qne Ton croyait abattu, s'etait releve aussitöt: Ant^e avait 
touche la terre. 

Comme toujours, ses premiers coups furent terribles et decisifs. 
Les arm 6 es combinees laisserent sur le cbamp de bataille de Lüt- 
zen 15,000 hommes, tue's ou blesses, et aux mains des vainquenrs 
2,000 prisonniers. Les jeunes recrues s'e'taientmises, dupremier 
coup , au niveau des vieüles troupes. Napoleon s'etait expos^ 
comme un sous-lieutenaat. 

Le lendemain, il adressa a son armeelaproclamation soivante. 1 



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CHAPITRE VIII. 



111 



• Soldats! 

•Je suis content de vonsr vons avez rempli mon attente. La 
itaille de Lotzen sera mise au-dessus des batailles d'Auster- 
tz , d'Ilna , de Friedland et de la Moskowa. Dans une seule 
ornee, vons avez dejoue tons les complots parricides de vos en- 
Jinis. Nons rejetterons les Tartaros dans lenrs affrenx climats, 
k'ils ne doivent pas franchir : qu'ils restent dans leurs d^serts 
fe glaces , sejour d'esclavage , de barbarie et de corruptiou , ou 
komme est ravale a l'egal de la brüte. Vons avez bien merite 
e l'Europe civilisee. Soldats , ritalie , la France , l'Alleniagne, 
ons rendent des actions de graces. » 

La victoire de Lützen ronvre au roi de Saxc les portes de 
kesde. Le 8 mai, l'armee francaise l'y precede ; le 9, Tempereur 
ut jeter nn pont surl'Elbe, derriere leqnel s'est retire* l'ennemi; 
1 20, il ratteint et le force dans la position retranchee de Baut- 
en ; le 21 , il eonlinue la victoire de la veille , et dans ces deux 
ours, ou Napoleon deVeloppe les plus savantes manoravres de la 
trategie, les Russes et les Prussiens perdent 18,000 hommes, 
■es ou blesses, et 3,000 prisonniers. 

Le lendemain dans une mauvaise affaire d'arriere-garde, le ge"- 
tfral Bruyere a les deux jambes emportees , le general du genie 
torgener et Duroc sont tuls du meme coup de canon. 

L'armee combioee est en pleine retraite: eile a traverse la 
fasse , la Queiss et la Bober, fouettee encore par le combat de 
iprotteau, oü Sebastiani lui prend 22 canons, 80 caissons et 
100 bommes. Napoleon la suit pied ä pied, et ne lui donne pas 
m moment de relache : ses camps de la veille sont nos bivouacs 
In lendemain. 

Le 29 , le comte Scbuwalow , aide de camp de Pempereur de 
Inssie , et le general prussien Kleist se presentent aux avant- 
lostes pour demander un armistice. 

Le 30, une nouvelle Conference a lieu au chateau de Liegnitz, 
lais saus amener de resultat. 

L' Antriebe mlditait un cbangement d'alliance. Afin de rester 
teutre le plus longtemps possible , eile se proposa comme m&- 



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IM 



NAPOLEON BMPEREUR. 



diatrice et fut acceptee : le resultat de sa mldifttion fut an I 
mistice conclu a Plesswitz, le 4 juia. \ 
* Un congres s'assembla aussitot ä Prague , pour negocier i 
paix ; mais la paix etait impossible. Les puissances confedercj 
denianderent que l'empire füt restreint ä ses frootieres du RÜ| 
des Alpes et de la Meose. Napoleon regarda ces pr^tentioi 
conime une insulte : tout fat rompu , l'Aatriche passa ä la eoa| 
tion, et la guerre qui pouvait seule vider ce grand proces , d 
commenca. 

Les adversaires se presentereot de nouveau sar le champ 4 
t>ataille; les Fran9ais avec 300,000 honimes, doi|t 40,000 4 
cavalerie, occupant le cceur de la Saxe, sur la rive droiled 
l'Elbe ; les souverains allies, avec 500,000 hommes, dont 100,001 
de cavalerie , mena9ant sur les trois directions de Berlin , de 1 
Siie'sie et de la Boheme. Napoleon, saos s'arreter a calenM 
cette enorme difference numerique , reprend P offensive avec a 4 
rapidtte" ordinaire : il divise son arraee en trois masses , pous« 
Pune sur Berlin , ou eile doit operer contre les Prussiens et 1« 
Suldois, laisse la seconde stationnaire ä Dresde, pour observ« 
Parmee russe de Boheme , enfin , de sa personne , marche ava 
la troisieme contre Blücher, en laissant une reserve ä Littaw. 

Blücher est atteint et cnlbute ; mais , au milieu de la caasfl 
qu'il donne ä son ennemi, Napoleon apprend que les 60,000 Fra* 
9ais qu'il a laisses ä Dresde sont attaques par 180,000 allies: Ü 
detache de son corps d'armee 35,000 hommes: tandis qu'on k 
croit ä la poursuite de Blücher, il arrive, rapide comme l'eclair, 
mortel comme la foudre. Le 29 aout, les allies attaqueut Dresdfl 
de nouveau et sont repousses ; le lendemain ils reviennent a Ii 
charge avec tontes leurs masses; leurs masses sont brisees,rompnes, 
aneanties; toute cette armee, qni combat sons les yeuxd* Alexandra 
est un instant menacee d'one destruction totale, et ne parvienti 
se sauver qu'en laissant 40,000 hommes sur le champ debataille. 

C'est ä cette bataille que Möreau a les deux jambes emportla* 
par un des premiers boulets tirea par la garde imperiale , et 
pointe* par Napoleon lui-nieme. 

Alors s'opere la r^action habituelle: le lendemain de cettt 
terrible boucherie, un agent de PAutjche se präsente a Dresfcj 



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CBAP1TRH VW. 



113 



ptenr de paroles amies. Mais , tandis qn'on ec hange les pre- 
«eres »egeciations , on appread qoe l'armee de Silesie , qa'on a 
|bse*» ä la peorsuite de Blücher, a perdu 25*000 hommes ; qne 
plie qmi marchait sor Berlin a ete bettne par Bernadette ; enfin, 
le presqae toat le corps de Vandamme , qmi pourauit les Basses 
l les Antiochiens , avec nne armee moiadro d'nn tiers qne la 
>ur , a ete rettinle" par cette masse , qui , s'etant arretee nn in- 
liat davas sa feite, a reconnn l'inferiorite de son ennemi. 
Aiosi, cette 'famease campagne de 1814, oü Napoleon doit 
Ire vainqaeur partout ou il sera , et vaiacu partoat oü ü ne sera 
ns, commence en 1812* 

A. ces nonvelles , les uegociatioas sönt rompues. 

Napoleon, remis a peine d'one Indisposition qne Fan croit un 
iBpoisoonement , marebe auseüöt snr Afagdehourg : son inten- 
ion etat de faire aae peinte snr Berlin , et de s'<en emparer en re- 
asasmt l'Elbe a Wittamberg: pluaieurs cörps soat deja arrives 
Itos cette Tille, lorsqa'une lettre da roi de Wurtemberg an- 
leoce qoe la Baviere a chaage de parti , et qee, sans däclaration 
k guerre, sans avertissemeat prealable, les deux armees an- 
rieh*« rote et bavaroise, caatonnees snr les bords de Plan , se 
loat reunies ; qne 80,600 hommes , soas les ordre« du generai de 
frede , soat en marehe vers le Rhio ; enfia , qoe le Wurtemberg, 
kmjours coastaat de co3ur dans son alltaaoe, mais oontraint par 
ine pareille masse, a e'te fored d'y jokfdre son contiagent. Dans 
(oinze jours, 100,000 hommes cerneront Mayeace. 

L'Antriche a donne l'exempie de la d^fection , et l'exempie est 
mm. (♦«) 

Le plaa de Napoleon , auSdite deux meis , et pewr leqoel tont 
ftait deja dispose , forteresses et magasias , est change' en «ne 
keure : au lieu de rejeter les allies entre l'Elbe et la Saale, ea 
nanttuvrant sous la protection des, plaees et des magasias de 
rorgau, Wittamberg, Magdebeorg et Hamfcoorg, d^tablir la 
jaerre eatre i'Eibe et l'Oder, ou i'annee francaise poasede Gie- 
ma , Custria et Stettin , Napelcea se decide a se retirer snr le 

■ (4S) Quellt dMKnaee gwawMrtierie y »4-11 entre ks deax Brases: ton 
Wmple est tuivi , et r*mpereur est obti,' 
Dornas, Napoleoo. 8 



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114 



NAPOLEON EMPEREUR. 



Rhin. Mais aoparavant, il faut qu'il -hatte le« ailtös, poor h 
6ter la possibilite de le poursuivre dans sa retraite; an 
marche-t*il ä eux,au lieu tle les fair , et le 16 octobre, il le« n 
cöatre a Leipsick. Les Francais et les allies se retrouveat 
faee, les Francais avec 157,000 combattantp et 600 pieces 4 
canon , les allies avec 3^0,000- hommes et ane artillerie dool 
de la n6tre. i 

Le mc*me jour, on se bat hoit heores: l'armee fran$aige< 
yictorieose; mais ud corps d'armee qa'on atteod'de Dresde, pal 
comple'ter la defaite >des ennemis , n'arrive pas : Bous n'en cä 
^chons pas moins sar le champ de bataille. 

Le 17, l'armee rosse et aulrichienne recoit an reafort. 

Le 18 , eile attaque a son tour: 

Pendant qnatre heores le combat se soutient avec avantagfl 
mais tont a coup^ 30,000 Saxoas, qui oeeapeat ane des pesitiot 
. les plas importaqtes de la ligne, passent ä Tennemi et toaroei 
. 60 bouches a fea. Toat semble perda, tant la dlfectioa ei 
v inouie , tant le changement est terrible. 

Napoleon acconrt avec la maUie* de sa garde, attaqae W 
Saxoos , les chasse devant lui , leur reprend ane partie de 8« 
artillerie, et les foadroie.avec les canons cbarges par eux-memei 
. Les allies font an moavement retrograde : ils ont perda dans d( 
. deaz journees 150,000 hommes de lears meilleares troapes. Cetti 
nait encore \ noas couchtfns sar le champ de bataille. 

Le canon a, sinan r£t£bli un entier equilibre, da moins fei 
disparaitre la grande disproportion , et ane troisieme bataille J 
presente avec toutes chaoces favorables, lorsqu'on vient annoi) 
cer ä Napoleon qu'ii ne reste plus dans les parcs que 16,004 
coups a tirer; on a tire* 220,000 pendant les deax dernieres fc«j 
tailles : il faut songer a la retraite. Le resultat des deax via! 
toires est perda : on a sacrif\e inatilement 50,060 hommes. 

A deax h eures du matin, le moavement retrograde commew 
et est dirige sor Leipsick, l'armee se retirera derriere VEUU 
afin de se trouver en commanication avec Erfarth , d'ou elh 
attend les mnoitions qui lui manqueot. Mais sa retraite ne s'fl 
pas operee-si mysteWusemeut que l'armee alliee oe a'cVeille i 
bruit: eile croit d'abord qu'elie va 6tre attaquee et se met i 



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CHAPITRE IX. 



115 



fes gardes ; mais bientöt etle apprend la vente : les Francais 
feioqueurs se retirent : eile ignore pour quelle cause , mais eile 
Itoßte de leur retraite. An point da jour , les allies attaquent 
torriere-ajarde , penetrent avec eile dans Leipsick. Nos soldats 
te retournent, fönt face ä l'ennemi , combattent pied ä pied, pour 
lenner le temps ä l'armee de passer le seul poot de TElster sur 
fcquel s'efifectue la retraite. Tout ä coup une detonation terrible 
te fait entendre: on sMnquiete , on s'informe, et Ton apprend 
[a'un sergent, Sans en avoir recu l'ordre de son chef, a fait 
Unter le pont. 40,000 Francais, poursuivis par 200,000 Russes 
It Aotricbiens , sont separäs de l'arme'e par une riviere torren- 
taeuse : il faut qü'ils se rendent ou qu'ils se fassent tuer. Une 
»artie se noie, Pautre s'ensevelit sous les decombres du faubourg 
leRanstad. 



CHAPITRE IX. 

Le Wi l'armee frartcaise arrive ä Weissenfeis et commence ä 
le reconnaitre. Le prince Poniatowski , les generaux Vial, Du- 
lioutier et Rochambeau , sont noy£s ou tues ; le prince de la 
Hoskowa, le duc de Raguse, les geaeraux Souham , Compans, 
Latour- MauboUrg et Friedrichs , sont blesses ; le prince Emile 
le Darmstadt, le comte de Hochberg, les glneraux Lauriston, 
Oehnas , Rozniecki , Krasinski , Valory , Bertrand , Dorsenne, 
l'Etzko, Colomy, Bronikowski, Siwowitz , Malabowski, Rau- 
tenstrauch et Stockhorn, sont prisonniers ; nous avons laisse 
iaos FElster e?t dans les fäubourgs de la ville 10,000 morts, 
15,000 prisonniers , 150 pieces de canon et 500 chariots. 
'* Quant ä ce qui restait encore de troupes de la conföderation, 
feiles avaient deserte dans letrajet de Leipsick ä Weissenfeis. 
* A Erfurth, ou eile arriva le 23 , Parole francaise etait räduite 
I ses propres forces , 80,000 hommes ä peu pres. 

Le 28, en arrivant ä Schluchtern , Napoleon obtient des ren- 
seignements positifs sur les mouvements de Tarmed austro-ba- 

8» 



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116 NAPOLÄON EW?BREUR. 

varoise : eile a fait des marches forcees , eile est arrivee aar 
Mein. 

Le 30, Parmee francaise la rencontre rangee en bataille 
vaut Hanau , et interceptant le chemia de Francfort. Elle 
^passe sur le venire en lui tuant 6,000 hommes, et traverse 
Rhin les 5, 6 et 7 novembre. 

Le 9 , Napoleon est de retour ä Paris. 

La, les defections le poursuivent. De l'exterieur «lies v< 
s'etendre dans l'interieur. Apres la Russie l'Allemagne, api 
l'Allemagne l'Italie , apres l'ltalie la Franee. 

La bataille d' Hanau avait donne lieu a de nouvelles conföi 
ces. Le baron de Saint-Aignan, le prince de Metternich, le 
Nesselrode et lord Aberdeen , s'etaient reunis ä Francfort, 
poleon obtiendrait la paix en abandonnant la confederaüoa 
Rhin , en renoncant a la Pologne et ans departements de l'Elbej 
la France resterait dans ses limites naturelles , les Alpes et 1| 
Rhin : puis on discuterait en Italie une frontiere qui nous sepsj 
rat de la maison d'Autriche. 

Napoleon souscrivit ä ces bases , et fit mettre sous les yeux 4( 
seoat et du corps llgislatif les pieces relatives aux negociatiow 
declarant qu'il ätait disposä ä faire les sacrifices demandes. U 
cörps legislatif , mecontent de ce que Napoleon lui avait impo» 
un president, sans presentation de candidats, nomma une coa 
mission de cinq membres pour examioer ces actes« Ces cinq rat 
porteors, connus par leur Opposition au Systeme imperial, etaiea 
MM. Laine, Gallpis, Flaugergues , Raynouard et Maine de Biru 
Iis firent une adreise dans laquelle ils laisserent reparaitre 
apres onze ans d'oubli , le mot de UberU : Napoleon dechira l'i 
dresse , et renvoya le corps legislatif. Pendant ce temps , les 
ritables intentions des souverains allils se faisaient jour , au m' 
lieu de leurs protocoles trompeurs. Iis n'avaient, comme ä Prt 
gue , voulu que gagner du temps : ils rompirent de nouveau 1« 
Conferences , en indiquant un prochain congres ä Chatillon-tu 
Seine. C'etait ä la fois un defi et une insulte. Napoleon acceto 
Tun , et s'appreta ä se venger de l'autre ; et , le 25 janvier ltiH 
il partit de Paris , laissant sa femme et son fils sous la protectiM 
des officiers de la garde nationale. 



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GffAPITRE IX. 



►L'empire etait eavabi par teus les poiats. Les Autrichiens s'a- 
uncaient en Halt« ; les Anglais avaient passe' la Bidassoa et pa- 
fcissadent sor la eime des Pyrlnees ; Schwartzemberg , avec la 
teade armee, forte de 150,000 hommes, dlbouchait par la 
bisse ; Blücher etait entre par Francfort , avec 130,000 Pros- 
tess ; Bernadotte avait envahi la Hollande et penetrait en Bei- 
Wjne , avec 100,000 SueMois et Saxons. 700,000 hommes , for- 
les , par lears d£faites meme , ä la grande ecole de la guerre 
rapoleonienne , s'avancaient au cceur de la France , negligeant 
outes les places fortes , et se ripondant les uns anx autres par 
in seol cid ; Paris ! Paris ! 

Napoleon rette seal contre le monde entier. II a 150,000 hom- 
■es 9 ä peine, ä opposer ä ces masses immenses. Mais a re- 
*ouv£ t , sinon la confiance , du moins le genie de ses jeunes an- 
nees : la campagne de 1814 sera son chef-d'ceuvre strategique. 

D'an coop dfeH , il a tout vo , tout embrasse' , et , aatant 
lu'ii est au pouvoir d'aa nomine , il a pare" a tout. Maison est 
Charge* d'arreter Bernadotte en Belgique ; Augereau marchera 
tu-devant des Autrichiens , a Lyon ; Soult maintiendra les An- 
glais derriere la Loire ; Eugene defendra l'Italie ; pour lui , il se 
ehargera de Blücher et de Schwartzemberg. 

U sejette entre eux avec 60,000 hommes, court d'nne armee 
il'autre, ecrase Blücher a Charapaubert, aMontmirail, ä Cha- 
teau-Tbierry et a Montereaa. En dix jours , Napoleon a rem- 
porte" cinq victoires , et les allies ent perdu 90,000 hommes. 

Alors , de nouvelles negociations se reaouent ä Chatillon-sür- 
Seine : mais les souverains allies , de plus en plus exigeants, 
»roposent des conditions inacceptables. Ce n'etait plus seule- 
nent les eonqaetes de Napoleon qu'il s'agissait d'abandonner, 
e'etait les limites de la repablique qu'il fallait echanger contre 
Celles de la vieille monarchie. 

Napoleon repondtt par un de ces elans de lion qui lui Itaient 
si famiüers. II bondit de Mery-sur-Seine ä Craoae, de Craone ä 
Reims , et de Reims a SaintrDizier. Partout oa il rencontre l'en- 
nemi, il le chasse, le culbute, l'ecrase. Mais, derriere lui, l'en- 
nemi se refiormey et, toujours vaincu , avance toujours. 

C'est que partout ou Napoleon n'est pas, sa fortune est absente. 



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118 NAPOLEON EMPEfiELR. 

Les Angiais soat eatres ä Bordeaux ; les AaANckteas äccapral 
Lyoa ; Fanale • de Belgique, reudie aax debris de Farmee di 
Blücher, reparait sar ses derrieres., Ses geaeraax soat mooq 
paresseax , fatigoes. Chamarres de eordoos, ecrasea de titraq 
gorges d'or , ils ne veulent plus se battre. Treis föis les Prüf 
sieas, qu'il croit tenir ä sa merci , loi eobappent; la premieafl 
fois , sar la rive gauche de la Marae f par aae gelee sabite <pfti 
raffermit les boaes aa milieu desquels ils devaieat perir, la so| 
coade fois , sar l'Aisae , par la redditioa de Soissoas , qai leav 
oavre aa passage ea avant aa momeat oü. ils, ae peuveat plas reof 
caler en arriere; eafin, a Craone , par la negligeoce . da dac A4 
Raguse , qai se laisse ealever aae aartie de soo materiel par aae* 
sarprise de nuit. Taus ees presages n'echappent poiat a Napo4| 
leon , qai seat qae , malgre ses efforts , la France lai eohappe deri^ 
maios. Saas espair d'y eonserver aa trone , il veat aa moia* j * 
ob tenir aoe tombe , et fait , mais iaatilemeat r tost ce qa'il paat* 
paar se faire taer, a Arcis-sur-Aube et a Sainl-Dizier. 11 a fait4 
aa pacte avec les beulets et leS balle*. > A 

Le 29 mars, il recoit a Trayes, aa il a poarsaiyi Wiaziage-4 
rede, la nouvelie qae les Prassieas et les Hasses marcbeat ea4 
coloaaes serrles sar Paris. < 

11 part aassitöt, arrive le 1 OT avril a Foataiaebleaa , et ap- 
prend qae Marmoat a capitata* la veille , a ctaq h eures da soir, et 
qae, depais le matia, les allies occapeot la capitale. 

Trois partis lai restaient ä preadre. ! 

II avait eacore a ses ardres 50,000 soldats , les plas braves et 
les plas devoues de Feaivers. II ae s'agissait , poor etre sar 
d'eux, qae de remplacer les vieax generaax, qai avaieat toat a 
perdre , par les jeuaes colooels , qai avaieat toat ä gagaer : a sa 
voix , eacore paissaate , la popalatioa pouvait s'insurger. Mais 
alors, Paris etait sacrifil, les allies le brolaient ea se retiraat; 
et il n'y a qa'ua peaple comme les Rasses qae Tob paisse saaver 
par aa pareil remede. 

Le secaad etait de gagaer FItalie , ea ralliaat les 25,000 
bommes d'Augereau , les 18,000 da geaeral Greaier, les 15,006 
du marechal Suchet, et les 40,000 da marechal Sault. Mais ce 
parti a'ameoait aacaa reaultat: la France restait occapee par 



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CHAPITRB IX. 



119 



inemi , et les plus grands malheurs pogvaient residier pour 
«de cette occupatjon. 

Bestait le troisieme , qni efait de se retirer derriere la Loire, 
de faire la guerre de partisans. 

Les aUtes vinrent fixer ses irresolutions , en declarant que 
npereur Napoleon efeit le seul obstacle ä la paiz generale. 
Cette declaration ne lui latssait plus que denx ressonrces : 
Sprtir de la vie a la maniere d'Annibal : 
De8cendre du tröne ä la maniere de Sylla.* 
Iltenta, dit-on, la premiere; le poison de Gabanis fnt impuis- 
it. ^ ' 

Alors , il se decida ä recourir ä la seconde ; et , snr un chiffon 
ptpier, aujourd'hui perdu, il ecrivit ces Hgnes, les plus im- 
ttaates peut-6tre qu'une.main mortelle ait jamais traces : 
•Les pnissances alliees ayant proclame que l'empereur Hape- 
rn etait le seul obstacle* au retablissement de la paix en Eu- • 
pe, l'empereur Napoleon , fidele a son serment, declare qu'il 
Booce poar lui et ses heritiers äu tröne de France et d'Itaiie, • 
rce qn'il n'est aucun sacrifice personnei, meme celui de la vie, 
'H oe soit pret ä faire ä la Erance. - 
Pendant un an le monde sembla vide. 



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NAPOLEON A LUE D'ELBE 

BT 

LES CENT-JOURS. 



CHAP1TRE I. 
Napoleon £tait roi de l'ile d'Elbe: 

Ed perdant l'empire da mönde , il n'avait voulu , d'abord , cb 
rien conserver qoe son malhear. « Un peüt eW par jour et ob 
cfaeval, avait-il dit; voila tont ce qui m'est necessaire.» Aussi, 
force par les iustances de cenx qui l'entouraient , lorsqu'il poi- 
vait prendre l'ftalie , la Tosfcane , 1a Corse , avait-il jete* les yeux 
aar le.petit coin de terre oh nous le retroüvons. 

Mais en negligeant ses interäts , il avait longuement debatto 
les droits de cenx qui l'accompagnaient. 'CMtaient d'abord les 
glneVaux Bertrand et Drouot, Tun grand marlchal du palais, 
l'autre aide de camp de l'empereur; c'etait le glneral Can- 
bronne, major du 1 er regiment de chasseurs de la garde; c'e- 
taient le baron Jermaoowski, major des lanciers polonais, le 
Chevalier Malet, les capitaines d'artillerie Cornuel et Raoul, les 
capitaines d'infanterie Loubers, Lamourette, Hureau et Combi; 
enfin , les capitaines de lanciers polooais Balinski et Schoultz. 

Ces officiers commandaient a 400 hommesj pris parmi les gre- 



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CHAPITRE I. 



IM 



adiers et lesCcbassears ä pied de la vteille gardc , qui avaient 
bteau la peraission d'aceompagaer en exil lear ancien empe» 
bar. Ed cas de retour en France , Napoleon avait stipale* paar 
nx la conaervation de leura droits de citoyens. 

Ce fbt le 3 mai 1814, a «ix benrea dm «oir, qee la fregate The 
hdaunted monilla dans la rade de Porto-Ferraje. 

Le general Dalesme , qui y •eommaadait encore ponr la France, . 
ft rendit a bord ä l'instant meine, poar rendre a Napoleon «es 
fommages respeetuenx. 

Le comte Dronot, nomine* gonvernenr de l'ile, ae rendit a terre 
war se faire reeonnaitre en cette qualite , et se faire rendre les * 
»rts de Porto-Ferrajo. Le baron Jermanowski , nomine comman- 
laat d'armes de la place , l'accompagnait , ainsi qne le cbevalier 
ftaillon, fonrrier dn palais, ponr preparer le logement de Sa 
ftfajeste. 

Le soir meme , toates les autorites , le clerge et les prineipaux 
labHants , se rendirent d'enx-memes en deputation a bord de la 
fregate , et farent admis en preseace de l'empereur. 

Le lendemain 4, an raatin, nn detachement de tronpes porta 
lang la ville le nouvean drapeau qne l'empereur avait adopte* , et 
ipi etait celui de File , c'est-a-dire , d'argent ä la bände de guen- Y 
les avec trois abeiHes d'or en la bände. 11 fnt anssit6t arborä snr 
le fort de l'Eteile , an milieu des salves d'artillerie : la fregate 
anglaise le salna a son tonr , ainsi qne tons les vaisseaux qai 
itaient dans le port* 

Vers denx benres , Napoleon descendit a terre avec tonte sa 
sniie. Au moment ou il mit le pied snr le sol de l'ile , il fnt sa- 
lue par 101 conps de canoo tirea par l'artiilerie des forts, et aux- 
qoels la fregate anglaise repondit par 24 conps et par les cris et 
les vivat de tont son eqnipage. 

L'emperenr portait Puriforme de colortel des chasseurs a che- 
val de la garde ; il avait substitue, ä son cbapeau, la cocarde 
roege et blaacbe de l'ile ä la cocarde tricolore. 

Avant d'entrer dans la ville, il fnt recu par les autorites, le 
clerge" et les notables, preceoes du maire, qui lni presenta les 
clefs de Porto-Ferrajo, snr nn plat d'argent. Les troupes de la 
garaison etaient sous les armes et formaieot la baie: derriere 



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ist 



NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. ' 



elles etait^entassee la popalation tont entiere , non-seulement ü 
la citadelle, mais des autres vüles et villages, qui Itait aceoarq 
de tous les coins de File. Iis ne poavaient creire qu'ils evsse^ 
pour roi , eux , pauvres pechears , l'bomme doot la puiaaance , Iq 
nom et les exploits, avaient rempli le monde. Quant ä Napoleoaj 
il etait calme , affable et presqae gai. 1 

Apres avoir repoadu au maire , il se rendit avec soa cortegei| 
la catbedrale , oü Tod chanta un Te Deum: puis, a la sortie d« 
Feglise, il se reodit ä Fhotel de la mairie, provisoirement destiai 
a lai s er vir de demeore. Le soir, la ville et le port furent spoa^ 
tanement iüumioes. 

Le geaeral Dalesme publia, le meine jour, la proclamatioi] 
suivante, red ige e par Napoleon : { 

« Habitaats de File d'Elbe, 

«Les Vicisaitudes kumaiaes ont conduit au milien de vousTea- 
perear Napoleon : soo propre chorx vom le doane pour sonveraio. { 
Ava Dt d'entrer dans vos mors, votre oouweau monarque a'aj 
adrease les paroles suivantes , qae je m'empresse de vous faire > 
connaitre , parce qu'elles sont le gage de votre booheur futur. 
- «General, m'a dit Fempereur , j'ai sacrifie mes droits ä Fiate-j 
ret de la patrie , et je me suis reserve la souveraioete et la pro-< 
priete de File d'&lbe. Toutes les puiasances ont consent! a cct| 
arrangement. En faisaat connaitre au* kabitants cet itat de cao- 
ses , dites-leur que j'ai choisi cette ile pour mon sejour , en coa- 
sideration de la doucenr de lears mceurs et de leur climat : as- 1 
surez-les qu'ils seroat Fobjet constant de mon ioterct k ie plasj 
vif. » 

« Elbois , ces paroles n'ont pas besoin de commeotaires , elles 
formeront votre destinee. L'empereur vous a bien juges : je vous 
dois cette justice , et je vous la rends. | 

« Habilants de l'ile d'Elbe , je m'eloigoerai bientöt de vous , et ] 
cet eloignement nie sera penible; mais l'idee de votre bonbeor 
adouoit Famertume de mon depart , et , en quelque lieu qae j« 
puisse etre , je conserverai toujours le souveair des vertus des 
habitanta de File d'Elbe. 

«Dalbsmi. • 



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CHAPITRE f. 



1S8 



fcft.es 400 grenadier* arriverent le 96 mai : le 28, lc genta! 
tdesme partit avec l'aneienne garnisen. L'ile eUit entierement 
■free a son nouveau seuverain. 

Iffapoleon ne pouvait rester longtemps inactif. Apres avoir cen- 
pnre' les premiers jours aox travaux indispensables de son in- 
lallation, il monta a cbeval le 18 mai et visita l'ile tont entiere: 
Jtvoulait s'assurer par lni-meme de l'etat oü se trouvait i'agri- 
pftture , et qnels etaient les prodnits plus au moins certains de 
|fte, eomme commerce, pecbe, extraction de marbres et de m&- 
fcox : il visita surtout avec nne attention particuliere les car- 
peres et les mines qui en sont la principale riebesse. 
• J>e retour ä Porto-Ferrajo, apres avoir vn ( 49 ) jnsqn'au dernier 
Mage et avoir donne* partdnt aux babitants des preuves de sa 
tollicitnde, il s'oecupa d'organiser sa cour, et d'appliquer les 
revenus publies anx plus pressaots besoins. Ces revenus se com- 
»osaient: des mines de fer dont ob pouvait tirer nn millioa par 
in ; de la peche du tbon, qni etait affermee de qnatre a cinq cent 
nille franes ; . des salines , dont Texploitation aecordee a nne so- 
:iele pouvait rapporter ä peü pres la meine somme ; enfin , de 
'imposition forciere et de quelques« droits de douanes. Tons ces 
»roduits , reu nis aux deux millions qu'il s'etait reserves sur le 
jrand-Kvre , pouvaient lui constituer ä peu pres quatre millions 
>t demi de revenu. 

Napoleon dit souvent qu'il a'avait jamais ete* si riebe. 

II avait quitte l'hotel de la mairie pour one jolie maison bour- 
jeoise qu'il appelait pompeusement son palais de ville. Cette 
■aison £tait situee sur un roeber, entre le fort Falcone et le fort 
le l'Etoüe , dans un bastion appele le Bastion des Moulins ; eile 
sonsistait en deux pavillons et un corps de logis qui les reunis- 
»it. De ses feuetres, on domiaait la ville et le port , couebea ä 
(es pieds, de sorfce qu'aucun objet nouveau ne pouvait eebapper 
i l'ceil du maitre. 

Quant ä son palais des cbamps, il 6tait situe ä San-Martino. 
ivant son arrivee ce n'etait qu'une ebaumiere, qu'il avait fait re^ 
conitruire et meubler avee gout : au reste , i'empereur n'y cou- 



(ö0) Ellipse de touU Voir Note 47. 



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IM NAPOLEON A L'ILfi D*ELBE. 

cfcait jamais, c'etait uo bat de premenad« at veila tont. Sita! 
au pied d'une mentagne tres-elevee , c&toyee par in torreot , «i 
vironnee d'une prairie, eile embrassait la vilic placee en ampfcj 
theatre devant eile , ao pied da la viüe le port, et ä rhorixai 
an dela de la aarfaee vaporeaee de la mar, les rivages de la Tai 
caae. i 
An bout de six semataes , Madame mar e arriva ä PÜe <KEtt4 
et quelques jours apres la princesse Pauli n«. Cette derniere avaJ 
rejaiat Temperear a Frejus et avait voalu s'embarquer avec lal 
mais eile etait si souffrante alors , qua le medecin s'y Itait af 
pose. Le capitaiae anglais s'etait alors engag e a reveair preodfj 
la prtacesse ä un joar fixe : ee jo«r s'eUnt eeaule et lä foegatt 
n'ayant point paru , la princesse avait profite d*nn aavire oapt- 
lkain ponr faire sa traversee. A ce premier voyage, eile ne resta 
qua deax joors , et partit pour Naples ; mais , le 1«» novenafcrc, 
la brick Flnconstant la rameoa de aoavean , paar ae plus quitter 
l'empereur. 

Od eompread qu'eu retombaat d'une activke si grande dans am 
rapos si absola, Napoleon avait en besoin de se creer dea oecn- 
pations reguliere«. Aussi toatas ses heures etaieat rempliea. B 
sa levait avec le jour , s'enfermait dans sa bibliotheque et tra- 
vaillait a ses Memoires militaires jusqu'ä huit heares da matin : 
alors il sortait pour inspecter les travaox , s'arrötait pour inter- 
roger les ouvriers , qui presqae teas etaieat des soldats de a» 
garde: il faisait vers les onze heares an dejeaner tres- frugal: 
dans les grandes chaleurs , lorsqu'il avait fait de longues courset 
ou beaucoup travaille , il dormait apres dejeaner ane hearc et 
deax, et ressortait habitnellemeot sur les trois heares, aoit a 
cheval, soit en caleche , accompagne par Je grand marechal Ber- 
trand et par le geneVal Drouot , qui dans cette excursion ne le 
qaittaient jamais ; sur la route U eeoutait toutes les r^clamatioi* 
qu'on pouvait lui adresser, et ne laissait jamais personae sau 
l'avoir satisfait : ä sept heures il rentrait, diaait avee sa aosur, 
qui babitait le premier etage de son palais de ville , admettait * 
sa table, tantöt l'intendant de i'ile, M. de Balbiani , tan tot Je 
chambellan Vantini , tantöt le maire de Porto-Ferrajo , tantöt le 
colonel de la garde nationale, enfin, quelqnefois, les maires de 



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GHAPITRE I. 



1S5 



torte-Longone et de Rio. Le Mir, ob montait cbez la prineesse 
kaline. 

n Quant a Madame mere , eile hibitait nae maisoo a part , qme 
he chambellaiiVaoüni lui avait oedee. 

> Cependant File d'Jäbe etait deveaae le readez-veas de. toas les 
curieox de lTSurope ; et bientdt l'affluenee des etraogers tut si 
paede , eue l'oa fat eklige de prendre des mesures paar eviter 
Im eeserdres inseparahles de U reunien de tant d'indtvidus in- 
bonaus , panai leseuels se trouvaieot ($°) bon nomftre d'aveatn- 
siers veaant chercaer fertune. Les pradaits du sol forent bien- 
•frt iosBffisants , et il failat s'en procurer sur le continent : le 
eommeree de Porte-Ferrajo s'en accrut, et cet accroissement 
ameliora la Situation generale. Aiaai , daos son exil memo , la 
frtsenee de Napoleon 6tait nae source de prosperite poar le pays 
•ai le possedait : son iafloenee s' etait eteadee jusqu'aux dernieres 
classes 4« la soeiete : ane atmosphere aeuveHe enveloppait PUe. 

Panai ces ätrangere , les plas nombrenx Itaient des Anglais ; 
«U paraissaient attaeber le plas grand prix a le voir et ä i'enten- 
dre. De son c6te, Napo4eon les recevait avec bienveülanee. 
Lord Bentinck , lord Douglas et plusieurs autres seigneors de la 
nante aristocratie , rapportereot en Angleterre un precieux sou- 
veoir de la mauiere dont ils avaient ete recus. 

De toutes les visites que recevait l'empereur , les plus agre- 
tbles etaieot Celles d'un grand nombre d'ofliciers de toutes les 
nations, Italiens, Francais, Polonais, Allemands, qui venaient 
lai offrir leurs Services. 11 leur repondait qu'il n'avait ni places, 
ai grades a leur donaer. — Eh Men l nous servirons comme sol- 
dats, disaieot-ils. Et, presqne toqjonrs, il les incorporait dans 
les grenadiers. Ge devouement ä son nom etait ce qui le flattait 
kphis. 

Le 15 aout arriva : c'etait la fete de l'empereur : eile fut cdld- 
bree avee des traasports difficiles ä decrire; et ee dut etre, ha- 
•Ua6 comme il Ntait aux fites offieielles , un spectaele entiere- 



(60) Nombre tTaven titriert, comme quantite cTaventuriers , so trouve ren- 
tofee' M put Ion; btavnup <T aventuriers , forme* de beau coup, en «mit 
^pea pro* le »ode|e. 



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126 



NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. 



ment neuf pour lui. La ville donua un bal ä Pempereor et a i 
garde : une vaste tente , elegamment ornee, fut construite suH 
grand'place , et Napoleon ordonna de la laisser ouverte de tat 
les cötes, pour que le people eotier prit part ä la feie. « 

Ge que Von entreprenait de travaux de tous cöles 6tait choi 
ineroyable. Deux arcbitectes Italiens, MM. Bargini, romain,4 
Bettarini , toscan , tracaient les plans des constractions arretci 
mais, presque toujours, l'empereur en cbangeait leg tHsposittai 
d'apres ses idees , et en devenait Je senl ereateur et le veritaU 
arcbiteete. Ainsi, il chaaf ea le trace de plusieurs routes enä 
mencees , il alla chercher nne fontaine dont l'eau lui paroissä 
de meilleure qualite* que celle que Ton bnvait a Portd-Ferrajo , I 
en dirigea le cours jusqu'ä la ville. 

Queiqn'il suivit probablement de son regard d'aigle les eVeoe 
ments europ£ens , Napoleon etait donc, en apparence, eotier» 
ment soumis ä sa fortuae. Personne meine ne doutait qu'avec Ii 
temps il ne s'habituät a cette vie nouvelle , eotoure* comme il 
Petait par l'amour de tous ceux qni s'approcbaieot de lui ; low- 
que les souveraios allies se cbargereat eux-memes de reveiller k 
libn, qui probablement ne dormait pas. 



CHAP1TRE IL 

Napoleon babitait dejä depuis plusieurs mois son petit empirej 
s'occupant ä l'embellir par tous les moyens qne lui suggerait soi 
genie ardent et inventif , lorsquMl fut secretemeut averti que Yti 
venait de d6battre son eloignement. La France , par l'organe de 
M. de Talleyrand, reclamait ä grande force, au congres de 1 
Vienne, cette mesure , comme indispensable a sa süret^ , repre^ 
sentant sans cesse combien il it&it dangereux , pour la dynastie 
regnante , que Napoleon residat si pres des cötes d'Italie et de 
Provence. Elle faisait surtout remarquer au congres que, s'il se 
lassait de son exil, l'illustre proscrit pouvait en quatre joutf 
passer aNaples, et de lä, avec Taide de son beau-frere Munt 



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CHAPITRE II. 



ki y regnait encore , descendre a la tete d'une armee dans les 
Hvüicf 3 de la haote ltalie , deja mecontentes , les 4 soulever au 
Nnier appel , et renouveler aiosi la lutte mortelle qui veoait 
feioe de se terminer. 

tfonr appuyer cette violation do traUe* de Fonlainebleau , 6a 
Igoait ( 5l ) de la correspondance do general Excelmaos avec le 
|tde Nantes, correspondance qni venait d'etre saisie , et qui 
■sait soapcoooer une conapi ratio n flagrante dont le eentre etait 
4'iIed'Elbe, et doot les ramiftcatioos s'etendaient en Itaire et 
fcfrance. Ces soupcons fareot bientöt appuyäs d'une autre con- 
Üratioo que l'on deeouvrit ä Milan , et dans laqoelle se trou- 
ki«t impliques plusieurs offieiers generalis de l'ancienne armee 
■lienne. 

L' antriebe ne voyait pas non plus d'ua oail tranqnille ce dan- 
Weox voisinage : la Gazette d Augsbourg , son orgaoe, s'ex- 
liqnait, an reste , oovertement k cet egard : on y lisait textuelle- 
fent ces paroles : 

•Si ioquietants qne soient les eVenements de Milan , en doit 
foomoios se traaqniUiser, en pensaot qnMls pourront peut-6tre 
»ntribuer a eloigner le plus t6t possrble nn bomme qui , sur le 
»eher de lHle d'Etfce, tenait dans ses mains les fils de ces trames 
Nies par son or, et qni, aussi longtemps qn'il resterait a 
foximit^ des cötes d'Itatie , ne laisserait pas les souverains de 
18 P*ys jonir traequillement de leurs possessions. » 

Cependant, le congres , malgrö la conviction generale-, n'o- 
ut pas , sur des preuves si faibles, prendre une determination 
n se trouvait en contradiction manifeste avec les prineipes de 
^erationsi fastueusement emis par les souverains allies : H 
^»da-que, pour n'avoir pas l'air de vieler les traiies existants, 
*^rait fait des ouvertnr.es k Napoleon, et qu'on tacberait de le 
^nainer ä quitter volontairement File d'Elbe , sauf , dans le 
18 ou il s >y refuserait , a employer alers la violence. On s'oe- 
1* done immädiatemerit du choix d'une autre räsidence. Malte 
'Nesigi^e, mais l'Augleterre y vit des inconvenients : de pri- 
Ij^ ^Napo leon poifvait devenir grand maitre. ' 

* 51 ) Jrguait, L'u se prononce. Le verbe , arguer , passer par l'trgue, 
Wae cet u . 



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128 



NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. 



EHe proposa Sainte-Heleoe. 

La premiere idee de Napoleon fnt qae ces bruits etaient rap 
dos par ses eoaemis eux-memes , afia de le parter k quelque a 
de desespoir qui permit de violer vis-a-vis de lui les promea 
faites. En coosequence, iL fit partir k l'instant memo pour Viel 
an agent discret, adroit et fidele, avee missioa de decae* 
quelle confiaoce il pouvait avoir daas les avis qa'oa lui av 
donnes. Cet bomme etait recommaade an prince Eugene Bei 
barnais, qui, se trouvant alors a Vienae, .et daas l'intimitei 
Tempereur Alexandre , devait saveir ce qui se passait aa^a 
gres. Get agent se procura bieatdt toos les reoseigaemeoU i 
cessaires , et les fit parvenir a rempereur. En outre , il ergaai 
uae correspondance active et sure , ä l'aide de laquelle Napolc 
devait etre mis au courant de tout ce qai se passerait. 

Outre cette correspondance avec Vienne , Napoleon avait ei 
serve des Communications avec Paris , et chaque nouveile qai 
arrivait lui indiquait une reaction puissante contra les Boarboi 

Ce fat alors, place qu'il etait dans cette double position, q 
lai vinrent les premieres idees du prejet gigaatesque qu'il b 
bientot ä executioa. 

Napoleon fit poar la Fraace ce qu'il avait fait pour Vieune. 
envoya des emissaires munis d'instraetions secretes , poar % i 
surer pläs positivement de la verite* , et nouer, s'il-y avait lic 
des intelligences avec ceux de sas anus qui lui etaient restes i 
voues et avec ceux des cbefo de rarmee qai, se trouvant les pt 
maltraifees, devaient etre les plus taeconteota. 

Gas emissaires , a leur retour, confirmereat la verite des m 
Teiles auxqaelles Napoleoa o'osaH croire : ils lai donnereat 
meme temps Taasarance qa'uae saurde fermentation regaait da 
k peuple et dans rarmee , qae tons les meeentents , et le aomi 
en etait immease , touroaient les yeax de sen c6to* et imploraic 
aaa retour; eafin, qu'une expiosiea etait inevitable, et qi 
etait impassible aux Bouraons de lutter longtemps encore eonl 
l'animadversioa qu'avaieat sotrievee llmperitie ( 5a ) et Timpi 
voyance de leur genveraemeat. 

(52) Prottpncei: impSrüsie, comme calvitie , diplomatie, miantie. 



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CHAPITRE H. 



120 



[1 o'y avait donc plas de doute : d'un cöte , le danger ; de 
Mre, l'esperance : une prisoo eteroelle sur uo rocher an milieu 
J'Oceao, ou l'empire du monde. 

Napoleon prit sa resolution avec sa rapidite habituelle: en 
las de fauit joars , tont fut decide daos sön esprit. II ne s'agis- 
k plas que d'aviser aux preparatifs d*une pareille entreprise 
b eveiiler les soupcons da commissaire anglais charge de Ve- 
lde temps a autre visiter l'ile d'Blbe , et sous la surveillance 
lirecte duquel (") on avait place tootes les demarcbes dei'ex- 
Iperear. 

fie commissaire etatt le colonel Campbell , qui avait accom- 
fcoe" Fempereur lors de son arrivee. II avait ä sa disposition 
!• fr^gate anglaise, avec la quelle il aljait incessamment de 
«rto-Ferrajo a G6nes , de Genes ä Livourne , et de Livourne ä 
Wo-Ferrajo. Son sejour dans cette derniere rade 6tait ordi- 
irement d'une vingtaine de joürs , pendant lesqaels le colonel 
scendait ä terre, et allait faire , en apparence, sa cour a Na* 
leon. 

11 fallait aussi tromper les agents secrets qui pouvaient se 
inver dans File, detourner Finstinctive et clairvoyante sagacite 
f» habitaots ; eafin, donner eotierement le change sur ses inten- 
tos. 

Aceteffet, Napoleon fit continuer avec activite les travaux 
bmences : il fit faire le trace de plusieurs nouvelles routes qu'ii 
tyroposait d'etablir dans tous les sens , en travers et autour de 
le ; il fit reparer et rendre propre au roulage celle de Porto- 
krrajo ä Porto-Longone ; et, comme les arbres etaient fort rares 
tos l'ile, il fit venir du continent une grande quantite de mariers 
rll planta des deux c6tes du chemin. Puis, il s'occupa active- 
bnt de faire achever sa petite maison de San-Martino , dont les 
avaux s'etaicnt ralentis ; il commaoda en Italic des statues et 
)8 vases, y acheta des orangers et des plantes rares ; enfin , il 
trat y donner tous ses soins , comme a une demeure qu'il devait 
ftiter longtemps. 

A Porto-Ferrajo, il fit demolir les vieilles masures qui entou- 



(53) Voir Note 24. 
Dumas, Napoleon. 



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180 NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. 

raient son palais et un long batiment qui gervait de logemeol 
officiers, jusqu'a la hauteur d'une terrasse, dont les dimeat 
furent augmentees de maniere ä en faire une place d'armes," 
y passer en revoe deux bataillons. Une ancienne eglisei 
donnee fut accordee anx habitants ponr la constructioa« 
theätre, oh devaient venir lesmeilleursaeteursd'ItatieC 54 ). I 
tes les rnes furent reparees. La porte de Terre n'etait prafr 
que ponr des mnles: on i'elargit, et, a l'aide d'une terms* 
route devint facile au transport de toutes sortes de cbarroisJ 
Pendant ee temps, et pour donner plus de facilite* ene* 
l'execution de sou projet , il faisait faire au brick flnconsi 
qu'ii s'etait räserve en tonte propriete, et au cbebec 
qu'il avait acbete , de frequents voyages ä Genes , ä Livourol 
Naples , Sur les cötes de Barbarie et raeme en France , afin <fl 
bituer ä leur vue les croisieres anglaises et francaises. En m 
ces navires parcoururent successivement, en tous sens etai 
sieurs reprises , le littoral de la Mediterranee , avec le pavil 
elbois, sans £tre aucunement inquietes. C'ätait ee que voi 
Napoleon. 

Ge fut alors qu'il s'occupa serieusement des preparatifs de 
depart. II fit porter la nuit et avec le plus grand secret, a M 
de rinconstant, une grande quantite d'armes et de muoitioo» 
fit renouveler les habits de sa garde , son linge et sa chaussa 
il rappela les Polonais , qui se trouvaient detaches ä Porto-L 
gone et dans la petite jle de la Pianosa , oü ils gardäient le 
il acc&era l'organisation et I'instruction du bataillon de el 
seurs, qu'il formait avec des bommes recrutes seulementenCi 
et en Italic Eofin, dans les premiers jours de fevrier, tooi 
trouva pret pour profiter de la premiere oecasion favorable qi 
meneraient les nouvelles que Ton attendait de France. * 

Ces nouvelles arriverent enfin : c'etait un colonel de Panda 
arniee qui en etait porteur. II repartit presque aussitöt f 
Naples. 

Malheureusement, le colonel Campbell et sa fregate &aieot 



(54) Devaient venir exprime an fatar bien sür , comme allaient venir 
fatur lout proche. 



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CHAPITRB II. 



131 



tmoment dans le port. II fallut attendre, sans marquer la 
tiedre impatience, eten l'entourant des egards ordinaires, que 
4emps de sa Station habituelle s'ecoulät. Enfio , dans l'apres- 
üi du 24 fevrier, il fit demaoder la permissi'on de präsenter ses 
tornages ä Temperear : il venait prendre conge* de lui et deman- 
pr ses commissions pour Livourne. Napoleon le reconduisit jus- 
Pa la porte, et les gens de service purent entendre ces derniers 
Bts qu'il lui adressa: «Adieu, moosiear le colonel : je vous sou- 
üte un bon voyage. Jusqu'au revoir. » 

'A peine le colonel etait-il sorti qae Napoleon fit demaoder le 
rtind marecbal : il passa une partie de la journee et de la nuit 
iferme avec lui , se coucha ä trois heures du mätin , et se leva 
■ point du jour. 

*Au premier coup d'ceil qu'il jeta sur le port, il vit la fregate 
nglaise occupee ä appareiller. Des lors, comme si une puissance 
lagiqae avait enchaine son regard a ee bätiment, il ne le quitta 
ins des yeux; il lui vit deployer l'une apres l'autre toutes ses 
«iles, lever son ancre, se mettre en marche, et, par un bon vent 
le sud-est, sortir du port et cingler vers Livourne. 

Alors, il monta sur la terrasse avec une lunette, et continuade 
iuivre la marche du batiment qui s'eloignait : vers midi , la fre- 
ute ne sembla plus qu'un point blanc sur la mer; ä une heure, 
llle avait disparu tout ä fait. 

Anssitot , Napoleon donna ses ordres. Une des principales dis- 
lositions fut un embargo de trois jours , mis sur tous les bati- 
feents qui se trouvaient dans le port ; les plus petits bateaux fu- 
rent assujettis ä cette mesure, qui fut executee a l'instant meme. 

Pais, comme le brick Vlnconstant etlech^bec VEtoile n'etaient 
•as suffisants pour le transport, on traita avec les patrons de trois 
ou quatre navires marchands que Ton choisit parmi les meilleurs 
voiliers. Le soir meme , tous les marcbes etaient passes , et les 
bätiments ä la disposition de Tempereur. 

Daus la nuit du 25 au 26 , c'est-ä-dire du samedi au dimanche, 
Napoleon convoqua les principales autorites et les plus notables 
habitants, dont il composa une espece de conseil de regence ; puis 
nommant le colonel de la garde nationale, Lapi, commandant de 
Tile , il confia la defense du pays ä ses babitants , en leur reconr- 

9* 



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132 



NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. 



mandant sa mere et sa soeur : enfin , stos indiquer pr^cisemj 
le bat de i'expedition qu'il allait tenter, il rassura d'avance c4 
auxquels il s'adressait sar le succes qu'elle devait obteoir, pj 
mit, eo cas de guerre, d'envoyer des secours pour defendre Pl 
et leur enjoignit de ne jamais la rendre ä aucune puissaoee 4 
sar an ordre emaae de lai. 

Le matia, il pourvut ä quelques details conccroant sa maisj 
prit conge de sa famille, et ordonna rembarquement. < 

A midi, la generale battit. 

A deux heares , le rappel lai succeda. — Ce fut alors qae 
poleon annon^a lui-mßme ä ses vieux compagnons d'armes aqw 
les destinees nouvelles ils etaient appeläs. Au nom de laFrand 
ä l'espoir d 1 an prochain retour dans la patrie , an cri d'enthoi 
siasme retentit, des larmes coulerent : les soldats rompirent le« 
rangs, se jetant dans les bras les uns des autres, conraat comfl 
des insenses , et se jetant a genoux devant Napoleon comme M 
vant un dieu. I 

Madame mere et la princesse Pauline regardaient, en pleural 
cette scene des fenetres du palais. 

A sept heu res, rembarquement £tait termine. 

A huit heures, Napoleon passa du port sur un canot : quelqn 
minutes apres, il £tait a bord de Vlnconstant. Au moment ou il 
mit le pied, un coup de canon se fit entendre : c'etait le signaU 
depart. 

Aussitöt la petite flottille appareilla, et, par un vent sud-sd 
est assez frais, sortit de la rade, puis du golfe, se dirigeant va 
le nord-ouest, etlongeant äunecertaine distance les c6tesd'Itala 

Au moment meme oü eile mettait älavoile, des emissairc 
partaient pour Naples et Milan, tandis qu'un officier superieor i 
dirigeait vers la Corse , afin d'y tenter un soulevement qui prew 
rerait un refuge ä l'empereur, en cas de non-succes en Franc! 

Le 27, au point du jour, cbacun monta sur le pont , pour s'ffl 
surer du chemin qu'on avait fait pendant la nüit. L'etonnemeJ 
fut grand et cruel lorsqu'on s'apercut qu'on avait fait tont 
plus six Heues : ä peine avait-on double le cap Saint-Andre qij 
le vent avait molli, et qu'un calme desesperant lui avait succrf 

Lorsque le soleil eut eclaire* l'hprizon, on aper?ut vers Touew 



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GHAPITAE II. 



133 



p les cotes de la Corse , la creisiere fran^aise , composee de 
»ix fregates : la Fleur de LU et la Mdpomene. 
Cette vue repandit raiarme sur tous les batiments : eile fut si 
fcade sur le brick FIncomtant , qui portait l'empereur, la posi- 
|n semhlait tellement critique, le danger si immineot , que Ton 
MDmenca d'agiter la question de retourner ä Porto-Ferrajo et 
f attendre an vent favorable. Mais l'empereur fit k l'instant 
Arne cesser le conseil et l'indecision, en ordonnant de continuer 
t roitte, et en promettant qne le calme cesserait. Eneffet, corame 
> le vent eut ete a ses ordres, il fraicbit vers les onze heures, et, 
r.qaatre heures, on se trouva ä la hauteur de Livourne , entre 
«praja et la Gorgone. 

Mais alors une nonvelle alarme plus serieuse que la premiere 
e repandit par tonte la flottille : on decouvrit toutä coup au nord, 
ous le vent, a cinq lieues environ, une fregate ; une autre appa- 
«t en xaeme temps sur les cfttes de la Corse ; enfin , dans l'eloi- 
pernent, ob vit poindre un autre batiment de guerre qui venait 
tent arriere sur la flottille. 

II n'y avait plus ä tergiverser , il fallait sur-le-champ prendre 
tn partf : la nuit allait venir et Ton pouvait, ä la faveur de Pohs- 
write , ecbapper aux fregates ; mais le batiment de guerre avan- 
pait tonjours et Pon ne tarda point ä le reconnaitre pour un brick 
Iraneais. La premiere idee qui se presenta alors ä Tesprit de 
taut le monde fut que l'entreprise avait ete decouverte ou vendue, 
lt qu'on allait se trouver en face de forces superieures. L'em- 
•erenr seul soutint que le hasard avait rassemble ces trois bäti~ 
Beats , etrangers Tun ä l'autre , dans une position qui semblait 
bostile ; certain qu'il etait qu'une expedition, conduite avec tant 
demystere, ne pouvait avoir ete" prevue assez a temps pour qu'on 
edt po mettre une escadre tout entiere a sa poursuite. 

M algre cette conviction, il ordonna d'öter les sabords et decida 1 . 
qo'en cas d'attaque on irait droit a l'abordage, bien certain qu'a- 
vec son equipage de vieux soldats il enleverait le brick d'emblee, 
et pourrait ensuite continuer sa route tranqpillement, en sedero- 
baat par une contre-marche de nuit ä la poursuite des fregates» 
Cependant, tonjours dans l'espoir que c'etait le hasard seul qui 
avait reuni sur ce point les trois batiments que Ton avait en vue, 



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134 NAPOLBQN A L'ILE DELBE. 

ii ordonna aux soldats et a toutes les personnes qui pouvaiai 
eveiller les soupcons , de descendre sous ie pont : des sigoafl 
transmirent aussit6t le m&ne ordre aax autres navires. Ces dl 
positious prises, on atteodit PeVenement. \ 
A six beures da soir les deux bätiments se trouverent en pH 
seoce, et a portee de la voix: bien qoe la nah commencät ä dd 
cendre avec rapidite* , on reconnat le brick franeais le Zepb/l 
capitaine Andrieux. Au reste, il etait facile de voir asaii 
noeuvre qu'il se preseatait avec des intentfons toutes pacifiqued 
aiosi se veriäaient les preVisions de 1'empereur. i 
En se reconnaissant, les deax brieks se saluerent selon Pusa&e 
et tonten continuant lenr marcbe echangerCnt quelques parold 
Les deux capitaines se demanderent le lieo de leur destination 
Le capitaine Andrieux repondit qu'il allait aLivourae; la repoari 
de rinconstant fut qu'il allait ä Gänes„et qu'il se chargeraitr^ 
lontiers de commissions ponr le pays. Le capitaine Andrieux r* 
mercia, et demanda comment se portait rempereur: a cette qoe* 
tion , Napoleon ne put resistcr au d^sir de se raeler a une con- 
versation si interessante pour lui, il prit le porte-voix des maioi 
du capitaine Cbotard, et repondit: A merveille. Puls, ces poli- 
tesses ecbangfos, les deux bricks continuerent leur route, seper- 
dant reciproquement dans la nuit. 

On continua de marcher sous toutes voiles , et par un temp* 
tres-frais, de sorte qne ie lentfemain 28, on doubla le cap Corse. 
€e jour encore, on reconnut un bätiment de guerre de 74, atf 
large, et se dirigeant sur Bastia: mais celui-ia ne causa aucoo* 
inqui^tude ; des le premier moment, on reconnut qu'il n'avaif 
point de mauvaises intentions. 

Avant de quitter l'ile d'Elbe, Napoleon avait redig^ deux pro- 
clainations; mais lorsqu'ii voulut les faire mettre au net, per- 
sonne, pas meme lui, ne les put decbiffrer: il les jeta alors ala 
mereten dicta aussitdt deux autres, l'une adresse*e ä l*armee, 
l'autre au peuple franeais : tous ceux qui savaient ecrire furent 
aussitot transformes en secretaires, toutdevintpupitre, tambours, 
bancs, bonnets , et chacun se mit ä l'ouvrage. Au milieu de ce 
travail, on apercut les cötes d'Antibes: elles furent salaies pir 
des cris d'enthousiasme. 



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CHAPITRE III. 



ftße 1 er raars , ä trois beares, la flottille mouilla au golfe Juan : 
ajnq heares Napoleon mit pied ä terre, et le bivouac fut etabli 
pB un boia d'oliviers, eu Tob montre encore celui an pied du- 
tel s'assit l'empereur. Vingt-cinq grenadiers et an officier de la 
pde furent, ä l'instant meme, envoyes ä Antibes, pour tächer 
y rallier ä eux la garnison: mais, entraines par leur entbou- 
isme, ils entrerent dans la ville en criant: Five l'empereur! 
i igoorait le debarquement de Napoleon , on les prit ponr des 
«enses, le commandant fit lever le poni et les vingt-cinq braves 
> irouverent prisonuiers. . 

Un pareil evenement etait un echee veritable : aussi quelques 
Geiers proposerent-ils ä Napoleon de marcher sur Antibes et de 
enlever de vive force, afin de prevenir le mauvais effet que 
eurrait produire sur Tesprit public la resistance de cette place, 
iapoleon repoudit que c'etait sur Paris et nou sur Antibes qu'il 
allalt marcher , et jolgnant l'exemple a la parole , il leva le bir 
-ounc au lever de la lune. 



CHAPITRE III. 

La petite armee atteignit Cannes au milieu de la nuit, traversa 
Grass e vers les six heures du matin , et fit halte sur une hauteur 
oui domine la ville. A peine Napoleon y etait-ii etabli qu'il fut 
eotoure des populations enviroonantes , chez lesquelles le bruit 
ie son miraculeux debarquement s'etait dejä repandu : il les re- 
cut comme U e&t fait aux Tuileries, ecoutant les pjiaintes, rece- 
vant les pätitious, promettant de faire justice. L'empereur croyait 
trouver a Grasse une route qu'il avait cominandee en 1813, mais 
la route n'etait pas faite; il fallut donc qu'il se decidat ä laisser 
daus la ville sa voiture et les quatrtf petites pieces d'artillerie 
qu'il avait amenees de l'ile d'Elbe. On prit par des sentiers de 
montagnes encore couverts de neige, et le soir on alla coucher, 
apres avoir fait vingt Heues, au villagc de Cerenon : le 3 mars, 
oa arriva ä Bareme, le 4, a Digne j le 5, ä Gap : dans cette ville 



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196 



NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. 



od s'arräta le temps neeessaire ä Pimpression des proclamatio« 
que, des le lendemain, oo repandit par railliers sur la roate. 

Cependant, Pempereur n'etait pas saas iaquietude. Jursqu'aloti 
il n'avait eu affaire qu'aux populatioos , et leur enthousiasme a'f 
tait pas douteux; mais aucun soldat ne s'etait preseote, ancm 
corps organis^ ne s'etait rallie k la petite armle , et c'etait avaal 
tout sur les regiments envoy^s ä sa rencontre que Napoleon de« 
rait que sa presence operat. Le moment tant craint et tant deitfl 
arriva enfin , entre Lamure et Vizille ; le general C am b rönne, 
marchant ä Pavant-garde avec 40 grenadiers, rencoutra ua b* 
taillon envoye" de Grenoble pour fermer la route : le chef du deta- 
chement refusa de reconnaitre le geneVal Gambronne , et celoi- 
ci envoya prevenir Pempereur de ce qui arrivait. 

Napoleon suivait la route, dans une mauvaise voiture de veyage 
que Ton s'etait procuree a Gap, lorsqo'il apprit cette aouvelle: il 
fit aussitöt approcber son cheval , monta dessus et s'avanca aa 
galop , jusqu'a cent pas ä peu pres des soldats qui formaieot la 
haie, sans.qu'un seul cri ni une seule acclamation saluasseat sa 
personne. 

Le moment de perdre ou de gagner la partie etait venu. La 
disposition du terrain ne permettait pas de reculer : ä gauche de 
la route , une montagne ä pic ; ä droit© , une petite prairie , de 
trente pas de large ä peine, bordee par un precipice ; en face, le 
bataillon sous les armes , s'etendant du precipice a la montagne. 

Napoleon s'arrÄta sur un petit monticule , a dix pas d'un rm> 
seau qui traverse la prairie , puis , se retournant vers le general 
Bertrand en lui jetant la bride de son cheval aux mains: — Oo 
ifi'a trompe , lui dit-il ; mais n'importe , en avant ! — A ces mots, 
it ntet pied ä terre, traverse le ruisseau, marcbe droit au batail- 
lon qui reste toujours immobile, et, s'arrdtftnt a vingt pas de la 
Ifgöe, au moment oü Paide de camp du general Marchand tire 
son £pee et ordonne de faire feu. — Eh quoi! mes amis, lenr 
dll*il, ne me reconnaissefc-vous point? Je suis votre emperear. 
S*il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son general , il le 
peut, me voila. — Ces paroies etaient a peine prononcees, que le 
cri de: Five Vempereur! s'elaoce de toutes les bouches : Paide 
de camp ordonne une seconde fois de faire feu, mais sa voixest 



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CHAPiTRE III. 



137 



«teufee ao milteu des clamears: ea meme temps, et tandis que 
qoatre laneiers polonais se mettent a sa poursuite, les soldats se 
iebaudent , s'elancent en avant , entoureot Napoleon , tombent a 
ses pieds , loi baisent les maias , arracbent la cocarde blanche, 
ki substituent la cocarde tricolore , et tout cela avec des cris, 
►des acclamations , an delire qai font venir les armes aux yeux de 
lear ancien general. Bientöt il se rappelle qu'il n'y a pas un in- 
stant ä perdre , il ordonne de faire demi-tour ä droite , prend la 
tete de la colonne , et, precede de Cambronne et de ses quarante 
grenadiers, snivi da bataillon qu'on a envoye ponr lui fermer le 
passage , U arrive an haut de lamontagne de Vizille d'oü il voit, 
aoe demi-lieae plus bas , l'aide de camp, toujonrs poarsuivi par 
les qnatre laneiers sur lesquels il gagne, grace ä son cbeval frais, 
s'enfoncer dans la ville , puis bieutot reparaitre ä l'autre extre- 
mite, et ne leor echapper qu'en prenant un cbemin de traverse oü 
lenrs chevaux, ecrases de fatigue, ne peuvent pas le snivre. 

Cependant cet homme qai fuit et ces quatre hommes qai le 
poarsuivent , en passantcomme l'eclair ä travers les rues de Vi- 
zille, ont tout dit par lear seale presence : le matin on a vu pas- 
ser l'aide de camp ä la tete de son bataillon , et voilä qu'il re- 
passe ( 55 ) seul et poursuivi : ce qu'on a dit est donc vrai , Napo- 
leon s'avance donc, entoure' de l'amour du peuple et des soldats : 
chacun sort, s'interroge, s'excite : tout a coup on apereoit le cor- 
tege au milieu de la cöte de Lamure ; hommes , femmes , enfants, 
chacun s'elance au-devant de lai, la ville toat entiere l'entoure 
avant qu'il ne (*') soit arrive a ses portes, tandis que les paysans 
descendent des montagnes, bondissant comme des chamois , et 
faisant retentir de rocher en rocher le cri de : Vwe Fempereur ! 

Napoleon fait halte ä Vizille. Vizille est le berceau de la liberte" 
francaise : 1814 n'a pas Ite parjure a 1789 : Fempereur est recu 
par une population ivre de joie. Mais Vizille n'est qu'uue ville 
saas porte , sans murailles , saos garnison ; il faut marcher sur 
Grenoble: une partie des habitants aecompagne Napoleon. 

A nne lieue de Vizille, on apereoit sur la route un officier d'in- 



<W) Le voifa qoi repasse. 
(*) Voir Pfote». 



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188 



NAPOLEON A L'ILE D'ELBE. 



fanterie, qni accourt, tout couvert de poussiere; comme 1« Greede 
Marathon , iL est pröt ä tomber de fatigue : il apporte de rieh« 
nouvelfas, 

Vers deux heares de l'apres-midi , le 7 e regiment d'infanterie, 
commande par le colonel Labedoyere, est parti de Grenoble pour 
s'avancer contre l'empereur. Mais , a une demi-lieue de la ville, 
le colonel, qni marchait ä cbeval en t&te de son regiment , a fait 
tout a coop volte face et a commande nne halte. Aussitöt un tam- 
bour s'est approche dn colonel, lni presentant sa caisse : le colo- 
nel y a plonge' la main , en a tire nne aigle, et , se levant stir sei 
Triers, afin que tout le monde' püt le voir: «Soldats! s'est-il 
ecrie, voici le signe glorienx qui vous goidait daos nos immor- 
telles journees. Celui qni nons condnisit si souvent a la victoire 
s'avance vers nons pour venger notre hnmiliation et nos revers. 
II est temps de voler sous son drapean qui ne cessa jamais d'ltre 
le nötre. Que ceux qni m'aiment me snivent ! Vive rempereur!» 
— Tout le regiment a suivi. 

L'officier a voulu fetre le premier ä apporter cette nouvelle a 
l'empereur , et il a pris les devants ; rnais le regiment tout entier 
est derriere lui. 

Napoleon pique son cheval et pousse en avant; tonte sa petile 
armee le suit, criant et courant. Arrive au baut d*une colline, il 
apereoit le regimeot de Labedoyere , qui s*avaoce au pas acce- 
lere. A peine a-t-il ete aper9u, que les cris de: Vive rempereur! 
retentissent. Ces cris sont entendus par les braves de l'ile d'Elbe, 
qui y repondent. Alors, persoune ne cooserve plus de rang, cha- 
cun court, ebaeun s'elance: Napoleon se jette au milieu dn reo- 
fort qui lui arrive : Labedoyere s'elance a bas de son cheval, 
pour einbrasser les genoux de Napoleon ; celui-ci le re9oit daos 
ses bras, le presse sur sa poitriue: «Colonel, lui ditl'emperear, 
c'est vous qui me replacez sur le trone. » Labedoyere est fou de 
joie. Cet embrassement lui coülera la vie, mais qu*importe? On 
a vecu un siecle quand on a entendu de telles paroles. 

On se remet en route ä l'instant , car Napoleon n'est pas tran- 
quille tant qu'il n'est pas a Grenoble. Grenoble a une garnisoo 
^ qui, dit-on, doit tenir. Vainement les soldats repondent-ils a Tem- 



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GHAPITKE III. 



pereur de leurs camarades ; l'empereur , tont eo paraissaot coa- 
vaincu comme eux, ordonne de marcher aar la ville. 
Napoleon arrive ä huitbeures dusoirsouslesmursdeGrenoble, 
Les remparts sont couverts par le 3 e regiment du gSnie , com- 
pos6 de 2,000 vieux soldats , par le 4 e regiment d'artillerie de 
ligne, dans lequel Napoleon a servi, par deux bataillons du 5 e de 
Kgoe et par les hussards du4 e . Aoreste, la marchede l'empereur 
a ete" si rapide , qu'elle a dejoue toutes les mesnres ; on o'a pas 
eo le temps de couper les poots : mais les portes sont fermees et 
le commandant refuse de les ouvrir. 

Napoleon eomprend qu'un moment d'hesitation le perd ; la nuit 
hi enleve le prestige de sa prlsence : tous les yeux le cherchent 
sansdoate, mais personne ne ie voit. H ordonne a Lab^doyfcre de 
haranguer les artilleurs : alors le colonel monte sur ün tertre et 
crie d'une voix forte : 

«Soldats, nous vous rameuons le beros que vous avez suivi 
dans tant de bataüles : c'est ä vous de le recevoir et de repeter 
avec noas Fanden cri de ralliement des vainqueurs de l'Europe: 
Vive Pemperevr ! * 

En effet , ce cri magique est a l'instant m&me r6p6te , non-seu- 
lement sur les remparts, mais encore dans tous les quartiers de 
la ville : chacun alors se precipite vers les portes ; mais les por- 
tes sont fermees, et le commandant en a les clefs. De leur cöte, 
les soldats qui accompagaent Napoleon s'approchent: on se parle, 
ea se repond, on se donne la main a travers les guichels, mais on 
n'ouvre pas. L'empereur fremit d'une impalience qui n'est pas 
sans inquietude. 

Tout ä coup, les cris: Place! place! se font eutendre: c'est la 
Population tout entiere^du faubourg Tres-Cloitre , qui s'avance 
avec des poutres, pour enfoncer les portes. Chacun se ränge : les 
Wliers commencent leur office; les portes gemisseflt, s'^branlent, 
s'ouvrent : 6,000 hommes debordent a la fois. 

Ce n'est plus de l'enthousiasme : c'est de la fureur , c'est de la 
rage. Ces hommes se precipitent sur Napoleon , comme s'ils al- 
laieot le mettre en pieces : en un instant , il est enleve de son 
cbeval, entrainä, empört^ avec des cris freoetiqües ; jamais, dans 
aucune bataille, il n'a couru danger pareil ; tout le monde tremble 



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140 



NAP0LÄ0N A L'ILE D'ELBE. 



pour lni , car lui seul peut comprendre que le flot qui l* empörte 
est tont d'amour. 

Eafin, il s'arrete daos un hutel: son Itat-major le rejoint et 
l'eatoure. A peine chacuu commence-t-iL ä respirer qu'ou entend 
un nouveau tnmalte : ce sont les habitants de la ville qai, De poe- 
vant lui en apporter les clefs, viennent lui ea offrir les portes. 

La uuit n'est qu'une longue fete pendaat laquelle soldats, bour- 
geois et paysans, fraternisent easemble. Cette nuit, Napoleon 
l'emploie ä faire reimprimer ses proclaraatioos. Le 8, au matin, 
elles soat affichees et repandues de tous cötes; des emissaires 
sorteat de la ville et les porteat sar tous les poiots, anaoncaatla 
prise de possessioo de la capitale du Daupbiue* , et la prochaiae 
Intervention de l'Autricbe et du roi de Naples. C'est ä Gre noble 
seulemeat que Napoleon est certaia d'arriver jusqu'ä Paris. 

Le lendemain, le clerge, l'etat-major, la cour, les tribuaaux et 
toates les autorites civiles et militaires , vieaoeat offrir leurs fS- 
licitations ä l'einpereur. «L'audience finie, il passe la garnison, 
forte de 6,000 hommes, eo revue, et s'achemine aussitdt sar Lyon» 

Le lendemain, apres avoir rendu trois decrets, qui sigoaleot le 
retonr eotre ses maias du pouvoir imperial, il se remet en roote, 
et va coocber a Bourgoio. La foule et l'entbousiasme vont ton- 
joors augmentant: on dirait que la France tout entiere l'accom- 
pagne, et s'avance avec lui vers la capitale. 

Sur la route de Bourgoin ä Lyon, Napoleon apprend que le duc 
d'Orl^ans , le comte d'Artois et le marechal Macdonald , veulent 
dlfeadre la ville, et qu'on va couper le pont Morand et le pont de 
la Guillotiere. 11 rit de ces dispositioos aaxquelles il ne croit 
pas, car il connait le patriotisme des Lyonnais, et ordoone au 4 e 
hussards de pousser une reconnaissance jusqu'ä la Guillotiere. 
Le regiment est accueilli aux cris de: Vive rempereur! Ces cris 
arriveat jusqu'ä Napoleon, qui le suit ä la distance d'un quart de 
lieue ä peu pres: il met soo cbeval au galop , et arrive seul et 
confiant au moment oü on l'attend le moins , au milieu de cette 
popalation, dont il chaage, par sa presence , l'exaltation en folie. 

Dans le meine instant, les soldats des deux partis se jetteat sur 
les barricades qui les separeat , et travaillent avec une egale ar- 
dear a les demolir : au boqt d'un quart d'heure , ils sont dans las 



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CHAPITRE III. 



141 



bras 1'uq de l'amtre. Le duc d'Orleans et le general Macdonald 
soat forcäs de se retirer: le comte d'Artois s'enfuit, ayant pour 
tonte escorte qd seul volontaire royal qui ne i'a point abandonne. 

A cinq heures du soir, la garnisou tout entiere s'elance au-de- 
vant de l'empereur. 
Uoe benre apres, l'armee prend pessession de la ville. 
A huit heures , Napoleon fait soo entree dans la seconde ca- 
pitale du royaume. 

Pendant quatre jours qu'il y resta , il eut constamment vingt 
mille am es sous ses fenetres. 

Le 13, i'empereur partit de Lyon et coucha ä Macon. L'en- 
thonsiasme allait toujonrs croissant. Ce n'etaient plus senlement 
quelques individus isoles, c'etaient les magistrats qui venaient le 
recevoir aux portes des villes. 

Le 17 , ce fut un prefet qui le recut a Auxerre : c'etait la pre- 
miere autorite superieure qni hasardat une pareille demoostration. 

Dans la soiree, on annonca le marechal Ney : il venait, honteux 
de sa froideur en 1814, et de ses serments aLouis XVIII, deman- 
der une place dans les rangs des grenadiers. Napoleon lui ouvrit 
les bras, l'appela le brave des braves, et tout fut oublie. 
Encore un embrassement mortel. 

Le 26 mars, ä deux heures de l'apres-midi , Napoleon arriva ä 
Fontainebleau. Ce chäteau gardait de terribles Souvenirs : dans 
tae de ses chambres , il avait pense perdre la vie : dans l'autre, 
ilavaitperdu Pempire. Ii n'y fit qu'une halte d'un instant, et 
coDÜDua sa marcbe triomphale sur Paris. 

II y arriva le soir, comme a Grenoble,' comme ä Lyon, ä la fin 
dnne de ses longnes journees, et ä la tete des troupes qui gar- 
daient les faubourgs. II aurait pu , s'ii eüt voulu , y rentrer avec 
deux millions d'bommes. 

A huit heures et demie du soir, il entra dans la coor des Tuile- 
nes. La, on se precipite sur lui, ainsi qu'on a fait ä Grenoble ; 
mille bras s'^tendent, le saisissent, Femportent, avec des cris et 
Kun delire dont on n'a point d'idee : la foule est teile qu'il n'y a 
Pas Bioyen de la maitriser; c'est un torrent auquel il faut laisser 
soo cours. Napoleon ne peut dire que ces paroles : Mes amis, 
Vous m'foouffez ! » 



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142 LES CENT-JOURS. # 

Dans les appartements, Napoleon trouve une autre foule, fooUd 
doree et respectueuse, foule de courtisans, de generanx, de marM 
cbaux. Ceux-lä n'etouffent point Napoleon ; ils se courbeot de-H 
vant lui. .| 
* — Messieurs, leur dit l'empereur, ce sont les gens des Interes- 
ses qui m'ont ramene dans ma capitale : ce soot les sous-lieote- 
nants et les soldats qui oot tout fait; c'est au peuple, c'est a Far- 
mee que je dois tout. 



CHAP1TRE IV. 

La nuit merae, Napoleon s'oecupa de tout reorganiser. Camba- 
ceres fut nomine ä la justice , le duc de Vicence aux affaires 
Itrangeres ; le marächal Davoust ä la guerre, le duc de Gaete aux 
finances, Decres a la marine, Foucbe ä la police, Carnot k Fiole- 
rieor; le duc de Bassauo fut replace ä la secretairerie d'Etat, le 
comte Mollien rentra au tresor, le duc deRovigo fut nomine* com- 
mandant general de la gendarmerie, M. de Montalivet devint In- 
tendant de la liste civile. Letort et Labldoyere furent faitsgenl- 
raux, Bertrand et Drouot furent maintenus dans leurs places de 
grand marechal du palais et de major general de la garde, eofio, 
tous les chambellans, ecuyers, maitres des ceremooies de 1814 
furent rappeles. 

Le 26 mars, tous les grands corps de l'empire furent appeles a 
exprimer ä Napoleon les vceux de la France. 

Le 27 mars, on eut dit que les Bourbons n'avaient jamais 
existl, et tonte la nation crut avoir fait un reve ! 

En effet, la revolution avait ete terminee en uo jour et n'avait 
pas coüte* une goutte de sang : nul n'avait, cette fois, a reprocber 
ä Napoleon la mort d'un pere, d'un frere ni d'un ami. Le seul 
cbangement visible qui se soit opere , c'est que les couleurs flot- 
tantes sur nos villes sont changees, et que les cris de : Vive Vem- 
pereurt s'elevent retentissants d'un bout ä l'autre de la France. 

Cependant , la nation est fiere du grand acte de spontaneite 



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GHAPITRE IV. 143 

< 

[o'elle vieot d'accomplir: la grandeur de l'entreprise qu'elle a si 
>ieo secondee semble effacer, par son resultat gigantesque, les 
•evers de ses«trois dernieres annees, et eile est reconnaissante ä 
Napoleon de ce qu'il est remonte sur le träne. 

Napoleon examine sa position et la joge. 

Deuz voies soot ouvertes devaot lui : 

Tont tenter pour la paix, en se preparant ä la pierre ; 

Oa commencer la guerre par un de ces mouvements imprevus, 
jar od de ces coaps de foadre soudains, qui ont fait de lui le Ju- 
piter Tonnant de l'Europe. 

Ghacun de ces deux^partis a ses ioconvenients. 

Tont tenter pour la paix, c'est donoer le temps aux allies de se 
reconoaitre: ils compteront leurs soldats et les nötres, et ils 
anront aotant d'armees que nous de divisions; nous nous retrou- 
veroos od coutre cioq. Qu'importe! nous avons quelquefois vaincu 
ainsi. 

Commencer la gaerre, c'est donoer raison a ceux qui disent 
que Napoleon ne vent pas la paix. Puis , l'empereur n'a sons la 
maio que 40,000 hommes. C'est assez , ilestvrai, pour recon- 
querir la Belgique et entrer ä Bruxelles : mais uoe fois arrive a 
Braxelles, on se trouvera enferme" dans un cercle de places for- 
te* qu'il faudra enlever les unes apres les autres, et Maestricht, 
Luxembourg et Anvers, ne sont pas de ces bicoques que Ton em- 
pörte en un coup de main. D'ailleurs, la Vendee remue, le duc 
d'Angoutäme marche sur Lyon et les Marseillais sur Grenoble. II 
faot prendre ä temps cette inflammation d'entrailles qui tour- 
nante la France , afin qu'elle se presente devant l'ennemi dans 
tonte sa puissance et avec toute sa force. 

Napoleon se dlcide donc pour le premier de ces deux partis. 
La paix, qu'il refusait a Cbatillon en 1814, apres l'envahissement 
de la France, peut etre acceptfo en 1315, apres le retour de File 
A'Elbe. On peut s'arreter quand on monte, jamais quand on descend. 

Pour montrer son bon vouloir ä la oation , il ecrit donc cette 
circulaire aux rois de PEurope : 

- Monsieur mon frere, 
«Vous aurez appris, dans le cours du moisdernier, mon retour 



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144 



LES CENT-JOURS. 



sur les c6tes de Fraoce , mon entree a Paris, et le depart de \ 
famille des Bourbons. La ve>itable nature de ces evenements dal 
etre maintenant connue de Votre Majeste : ils sontl'ouvragje d'naj 
irrlsistible puissance , l'ouvrage et la volonte uoanime ( 57 ) d'nw 
grande nation qui connait ses devoirs et ses droits. L'attente q^ 
m'avait decide an plus graod des sacrifices avait ete tromp£e : j{ 
suis venu , et in point oü j*ai touche le rivage , l'amour de ma( 
sujets m'a porte jusque dans ma capitale. Le premier besoin dl 
mon coeur est de payer tant d'affection pa'r une bonorable trajJ 
quillite. Le retablissement du tröne imperial Itant necessaire M 
bonheur des Francais, ma plus donce pensäe est de le rendre e* 
meine temps utile a Taffermissement du repos de l'Europe. As- 
sez de gloire a illustre toor a tour les drapeaux des diverses oa*i 
tions ; les vicissitudes du sort ont assez (**) fait succeder d« 
grands revers ä de grands succes : une plus belle arene est au- 
jourd'hui ouverte aux souverains , et je suis le premier ä y des* 
cendre. Apres avoir presente au mon de le spectacle de grands 1 
combats, il sera plus doux de ne ( 59 ) connaitre dlsormais d'antraj 
rivalite que celle des avantages de la paix , d'antre lutte que la 
lutte sainte de la felicite des peuples. La France se plait ä pro-j 
clamer avec francbise ce noble but de tous ses vceux. Jutoase d< 
son .independance , le principe invariable de sa politique sera Ii 
respect le plus absolu ponr I'independänce des autres nations. Sfl 
tels sont, comme j'en ai Fheureuse confiance, les sentiments pei^ 
soonels de Votre Majeste" , le calme general est assure pour lonf- 
temps, et la justice, assise aux confins des Etats, snffit seule ponrj 
en garder les frontieres. » i 
Gette lettre , qui propose une paix dont le rlsnltat sera le rei -I 
pect le plus absolu pour I'independänce des autres nation;; 
trouve les souverains allies en train de se partager l'Europt J 
Dans cette grande traite des blancs, dans cette publique adjud >f 
cation des ames, la Russie prend le grand-duobe" de Varsovie,^ 

(57) Un suivi d'une voyelle a le sod nalureld'a, nou de notre ö. CVtJ 
ainsi que les grammairiens arguent qu'il faut prononcer an komme: ü nbev »i 
nie, non : ß n^onime. | 

(58) Excellent cxemple de celte posilion expliquee ci-dessus Note 35 

(59) Voir Note 43. 



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CHAPITRE IV. 



145 



iPnisse devore une partie du royaume de Saxe , une" partie de 
fPologne, de la Westphalie , de la Franqonie, et, comme un 
pnease serpent dont la queue toucbe ä Memel, espere allooger, 
l&mivaot la rive gauche du Rhin , sa tete jusqu'ä Thionville; 
iutriche reclame son Italie , teile qu'elle etait avant le traite 
\ Gampo-Formio , ainsi que tout ce que son aigle ä double tete 
laisse tomber de ses Serres apres les traites saccessifs de Luni- 
lle, de Presbourg et de Vienne; le stathouder de Hollande, 
eve au grade de roi , demande que Ton confirme l'adjonction ä 
* Etats hereditates, de la Belgique, du pays de Liege et du 
iche de Luxembourg; enfin , le roi de Sardaigne presse la 
iunion de Genes ä son Etat continental, dont il est absent de- 
lis quioze ans. Chaque grande puissance veut, comme un lion 
b marbre , tenir sous sa griffe, au lieu de boule, un petit 
>yaame. La Russie aura la Pologne , la Prusse aura la Saxe, 
Espagne aura le Portugal, TAutriche aura Fltalie : quant ä 
Aogleterre, qui fait les frais de tontes ces revolutions, elle-en 
ara deux au lieu d'un, — la Hollande et le Hanovre. 

Le moment etait , comme on le voit, mal choisi. Cependant, 
ette ouverture de l'empereur aurait peut-etre pu avoir quelque 
ssultat, si le congres eut ete disspus, et qu'on eüt pu trai'ter 
vec les souverains allies , un a un : mais , places comme ils 
etaieot en face les uns des autres , leur amour-propre s'exalta, 
t Napoleon ne recut aucune reponse ä sa lettre. 

L'empereur ne fut point etonue de ce silence : il l'avait prevu, 
t ne perdait pas de temps pour se mettre en mesure de faire la 
uerre. Plus il entrait avant dans Texamen de ses moyens offen- 
ifs , plus il se felicitait de n'avoir pas cede ä son premier mou- 
emeot: tout etait desorganise en France : ä peine restait-il un 
oyau d'armee. Quant au materiel militaire, poudre , fusils, ^a- 
ons , tout semblait avoir disparu. 

Pendant trois mois , Napoleon travailla seize heures par jqur. 
i sa voix , la France se couvrit de manufactures , d'ateliers , de 
önderies , et les armuriers seuls de la capitale fournirent jus- 
|u'a 3,000 fusils en vingt-quatre heures , tandis que les tailleurs 
ioufectionnaient, dans le meme intervalle , jusqu'a 15 et meme 
1,800 babits. En meme temps , les cadres des regiments de ligne 

Dumas, Napoleon. 10 



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146 



LES CENT-JOURS. 



soot portes de deux bataillons ä cinq ; ceux de la cavalerie i 
x renforces de deux escadrons ; deux cents bataillons de gan 
'nationales sont organises ; vingt rlgiments de marine et quara 
regiments de jeunes gardes soot mis en etat de service ; les 
ciens soldats licencies sont rappeles sous les drapeaux ; les cj 
scriptions de 1814 et de 1815 sont levees; les soldats et ofiici 
en retraite sont engages ä rentrer en* ligne. Six armees se I 
ment , sous les noms d'armees du Nord , de la Moselle , da Rh 
da Jura , des Alpes , des Pyrenees , tandis qu'une septieme, « 
le nom d'armee de reserve , se reunit sous les murs de Paris 
de Lyon , que Ton va fortifier. 

En effet, toute grande capitale doit etre ä Pabri d'an eoop 
main , et plus d'une fois la vieille Lutece a dü son salat k l 
murailles. Si, en 1805, Vienne eut ete defendue , la batii 
d'UIm n'eüt pas decide de la guerre ; si , en 1806, Berlin edt i 
fortifiee , Farmee , battue a lena, s*y. füt ralliee, et l'armee ras 
Py eut rejointe ; si , en 1808 , Madrid eut ete* en etat de defc« 
Farmee frahcaise n'eut pointr, meme apres les vitftoires d'Bq 
nosa, deTudela, de Burgos et de Somma-Sierra , ose mard 
sur cette capitale , en laissant derriere eile Farmle anglaise 
Farmee espagnole , vers Salamanque et Valladolid ; enfio , si, 
1814, Paris eut tenu huit jours seulement, l'armee alli^e & 
etouffee entre ses murailles et les 80,000 bommes que NapoU 
reunissait ä Fontainebleau. 

Le general du genie Raxo est cbarge de cette grande oeuvr 
il fortifiera Paris : le general Le>y furtifiera Lyon. 

Donc , si les souverains allies nous laissent seulement jusqa 
1 er juin, l'effectif de notre armee sera porte de 200,000 bomii 
a 414,000 bommes; et, s'ils nous laissent jusqu'au 1 er septembl 
n6n-seulement cet effectif sera double , niais encore toutcs I 
villes seront fortifiees jusqu'au ceotre de la France et serviroi 
en quelque sorte , d'ouvrages avances ä la capitale. Ainsi , 18 
rivalise avec 1793 , et Napoleon a'obtenu le meme resultat que 
coniite" de salut public , saos avoir besoin de le presser avec I 
douze guillotines qoi faisaient partie des bagages de Parme« i 
volutionnaire. 

C'est qu'aussi , il n'y a pas un instant ä perdre : les alli£s, f 



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GHAPITRE IV. 147 

se disputent la Saxe et Cracovie , soot Pestis 1'arme au bras et 

Ja mecbe aliumee. Quatre ordre» soot donnes, et l'Europe 
marche de nouveau contre la Fraoce. Wellington et Blücher 
rassemblent 220,000 Ii ommes , Anglais, Prussieos, Haoovriens, 
Belkes et Brunswickois, eotre Liege et Courtray; les Bavarois, 
les Badois, les Wurtembergeois , se presseet daus le Palatioat 
et daas la Foret Noire, les Autriehieos s'avancent ä'marches 
forcees pour les rejoindre ; les Russes traversent la Francooie et 
la Saxe, et, eo moios de deux mois, seroot arrives de la Po- 
logne aux bords du Rhin ; 900,000 honimes soot prets , 300,000 
vont l'etre. La coalitiou a le secret de Cadmus; a sa voix, les 
soldats sortent de terre. 

Cependant, a mesure que Napoleon voit grossir les armees 
enoemies, il seot de plus eo plus le besoin de s'appuyer sur ce 
penple qui lui a manque eu 1814. üo iostant il hesite s'il ne lais- 
sera pas de cote la couroune imperiale pour ressaisir T6pee du 
premier consul: mais, ne au milieu des revolutions, Napoleon a 
pear d'elles; il craint Temportement populaire, parce qu*il sait 
que rieu ne le peut dompter. La nation s'est plainte de manquer 
de libertl, il lui donnera Tacte additionnel : 1790 a eo sa fed^- 
ratioa, 1815 aura son champ de mai: peut-etre la France s'y 
trompera-t-elle. Napoleon passe en revue les federes , et, le 1 er 
juiu , sur l'autel du Champ-de-Mars , il fait serment de fidelile a 
la n oiivelle Constitution. Le merae jour , il ouvre les chambres. 

Puis, debarrassee de toute cette comedie politique qu'il jooe ä 
regret , il reprend son veritable role et redevient general. II a 
180,000 bommes disponibles pour ouvrir la campagne. Qu*en 
fera-t-il? Marchera-t-il au-devant des Anglo-Prussiens , pour les 
oindre a Bruxelles ou ä Namur? Atlendra-t-il les allies sous les 
nurs de Paris ou de Lyon? Sera-t-il Annibal ou Fabius? 

S'il attend les allies, Napoleon gagne jusqu'au mois d'aoüt, 
*t alors il aura complete ses levees , termine ses preparatifs, or- 
jaoise tout son materiel: il combattra avec toutes ses ressources 
me armee affaiblie des deux tiers par les corps d'observation 
|u'elle aura 4te forcee de laisser derriere eile. 

Mais la moitie de la France, livree ä Tennemi , ne comprendra 
pas la prudence de cette manoeuvre. On peut faire le Fabius 

16' 



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148 



LES CENtslOURS. 



qaand od a, comme Alexandre, an empire qni cottvre läse 
tieme partie du globe, ou lorsque , comme Wellington , on m 
no3uvre sur Tempire des autres. D'ailleurs , tontes ces tempoi 
sations ne sont pas dans !e genie de Vempereur. 

Aucootraire, en transportant les hostilitäs en Belgique, < 
Itonnera Tennemi qni nous croit hors d'etat d'entrer en cai 
pagne : Wellington et Blücher peuvent fctre baltus , disperse 
aneautis , avant qne le reste des tronpes alliees n'ait ( M ) en i 
temps de les rejoindre. Alors , Bruxelles se declarera , les bort 
du Rhin reprendront les armes, l'Italie, la Pologne et la Sai 
se souleveront ; et ainsi , des le commencement de la eampagn« 
le premier coup , s'il est bien frappe , peut dissoudre la coalitto 

II est vrai anssi qu'en cas de revers , on attire l'enneni e 
France des le commencement de juillet, c'est-ä-dire pres de des 
mois plus t6t qu'il n'y viendrait de lui-m&me. Mais , est-ce apn 
sa marche triomphale du golfe Juan ä Paris qne Napoleon pei 
douter de son armee et prevoir une defaite? 

De ces 180,000 hommes, Fempereur doit distraire uo qoir 
pour garnir Bordeaux, Toulouse, Chambery, Befort, Strai 
bourg , et comprimer la Vendee , ce vieux cancer politiqoe JM 
extirpe par Hoche et par Kleber: il reste donc avec 125,00 
hommes , qu'il concentre de Philippeville ä Maubeoge. H 
200,000 hommes devant lui , c'est vrai ; mais s'il attend seule 
ment six semaines encore , il aura ä la fois l'Europe tout entie* 
sur les bras. Le 12 juin, il part de Paris; le 14, il porle ^ 
quartier g^neral ä Beaumont , oü il campe an milieu de 60,00 
hommes, jetant ä sa droite 16,000 hommes sur Philippeville ,J 
a sa gauche 40,000 hommes Vers Solre-sur-Sambre. DaoseA 
position , Napoleon a devant lui la Sambre, a sa droite la Me* 
a sa gauche et derriere lui les bois d'Avesne , de Chimay ei 
Gedine. 

De son cöt^ , Tennemi , place entre la Sambre et l'Escaat, 
chelonne sur un espace de vingt Heues ä peu pres. 

(flO) Voip Note 56. 



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CHAPIT^E V. 



149 



CHAPtTRE V. 

L'armee prusso-saxonne , commandee en chef par Blücher, 
forme l'avant-garde. Elle compte 120,000 hommes et 300 bou- 
ches a feu. Elle se divise en quatre grands corps ; le preinier, 
commande par le general Ziethen , qui a son quartier general ä 
Charleroy et Fleurus , et qui forme le point de concentration ; le 
secood, commande par le general Pirsch, cantonne aux environs 
de Namur; le troisieme commande par le general Thielmal, et 
qui borde la Meuse aux environs de Dinant; le quatrieme, com- 
mande par le general Bulow , et qui , place en arriere des trois 
Premiers , a etabli son quartier general ä Liege. Disposee ainsi, 
l'armee prusso-saxonne a la forme d'un fer ä chevai dont les* 
deux extremite's s'avancent, d'un cöte , comme nous l'avons dit, 
jiisqo'ä Dinant, et sont 6loign6es, Fune de trois Heues, l'autre 
d'une lieue et demie seulemeot de nos avant-postes. 

L'armee anglo-hollandaise est commandee en chef par Wel- 
lington; eile compte 104,200 hommes, et forme dix divisions: 
ces divisions sont separees en deux grands corps d'infanterie et 
un corps de cavalerie. Le premier corps d'infanterie est com- 
mande par le prince d'Orange, dont le quartier general est l 
Braine-le-Comte ; le second corps est commande par le lieute- 
nant-general Hill , dont le quartier general est ä Bruxelles ; en- 
fin la cavalerie, qui stationne autour de Grammont, est com- 
mandee par le lord Uxbridge ; quant au grand parc d'artillerie, 
il est cantonne ä Gand. 

La seconde armee presente la meme disposition de lignes que 
la premiere: seulement le fer ä chevai est retourne, et, au lieu 
que ce soient les extremitls , c'est le centre qui se trouve le plus 
rapproche de notre front de bataille, dont il est entierement se- 
pare par l'armee prusso-saxonne. 

Napoleon est arrive , dans la soiree du 14 , ä deux Heues des 
ennemis , sans qu'ils aient encore la moiodre connaissance de sa 
marche : il passe une partie de la nuit courbe sur uue grande 
carte des environs , et entoure d'espions qui lui apportent des 
renseignements certains sur les differentes positions de i'ennemi : 
lorsqu'il les a entierement reconnues, il calcnle, avec sa rapi- 



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150 



LES CENT-JOURS. 



dite ordinaire , qu'iis ont telleraent etendu leurs lignes , qu'il 
lcar faut trois jours pour se reunir; en les attaquant ä l'impro- 
viste il peut diviser les deux armees et les battre s^parement. 
D'avance il a concentre en an seal corps 20,000 cbevaux : c*est 
le sabre de cette cavalerie qui coupera par le miliea le serpent 
doot il ecrasera ensuite les troncons separes. 

Le plan de bataille est trace : Napoleon expedie ses difflrents 
ordres, et continue d'examiner le terrain et d'interroger les es- 
pions. Tont le confirme dans Tidee qu'il connait parfaitement la 
position de l'ennemi, et que l'eunemi, an contraire, ignore com- 
pletement la sienne, quand.tout ä coup nn aide de camp du ge- 
neral Gerard arrive an galop : il apporte la nouvelle que le lieu- 
tenant-general Bourmont, les colonels Clouet et Willoutrey, da 
quatrieme corps, soot passes ä l'ennemi. Napoleon l'ecoute avec 
la tranquillite d'un bomme habitue aux trabisons ; pnis , se re- 
tonrnant vers Ney, qni est debout pres de Ini : 

— Eh bien ! vous entendez , marechal ; c'est votre protegl, 
dont je ne voulais pas, dont vous m'avez repondu, et que je n'ai 
place qu'ä votre consideration ( 61 ) : le voila passä ä l'ennemi. 

— Sire, Ini repondit le marechal, pardonnez-moi ; mais je le 
croyais si devoue, que j'en eusse repondu comme de moi-meme. 

— Mousienr le marechal, reprend Napoleon en se levant et en 
Ini appuyant la main sur le bras , ceux qui sont blens restent 
bleus , et cenx qni sont blancs restent blancs. 

Pnis il se rassied , et fait ä l'instant meme a son plan d'atta- 
qne les changeraents que cette defection necessite. 

A la pointe du jonr, ses colonnes se mettront en mouvement. 
L'avant-garde de la ganche , formee de la division d'infanterie 
dn general Jeröme Bonaparte , repoussera l'avant-garde du corps 
prussien du general Ziethen , et s'emparera du poot de Mar- 
chiennes: la droite, commandee par le general Gerard, sur- 
prendra de bonne heure le pont du Chätclet, tandis qne la cava- 
lerie legere du glneral Pajol , formant l'avant-garde du centrc, 



(61) Fotre consideration an liea de consideration pour vous , comme Tob 
dit: venez ä mon aide, pour : venez ä Paide de moi; ses nouvclies , pour: 
des nouvelles de lui. 



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GHAPITRB V. 



151 



'avancera, goutenue par le troisieme corps d'infanterie , et 
'cmparera du pont de Charleroy. A dix heures, l'armee fraa- 
^ause aura passe* ia Sambre et sera sor le territoire enaemi. 

Tout s'execute comme Napoleon l'a ordonne. Jeröme culbüte 
Liethen et lui fait 500 prisonniers; Gerard s'empare da poat du 
Ibäielet et repousse l'ennemi plas d'uoe lieoe au dela de la ri- 
iere ; il a'y a que Vandamme qoi est en retard , et qui , a six 
eures du matin, n'a pas quitte eacore sod camp. «11 nous re- 
»iodra, dit Napoleon: chargez, Pajol, avec votre cavalerie le-* 
hre ; je voos suis avec ma garde. • 

Pajol part, et culbote toat ce qni se preseote : uo 'catte* d'ia- 
anterie veut tenir, le general Desmicbels se precipite sur lui ä 
a tete des 4 e et 9 e regiments de chasseurs, Penfonce, Tecar- 
elle , le taille en morceaux et lui fait quelques centaiues de pri- 
onniers. Pajol arrive, en sabrant, devant Charleroy, y entre 
u galop ; Napoleon le suit. A trois heures , Vandamme arrive : 

0 cbiffre mal fait est cause de soa retard; il a pris ün quatre 
our oo six. 11 est le premier puni de son erreur, puisqu'il n'a 
oint combatta. .Le soir mime, toute l'armee francaise a passeV 

1 Sambre ; l'armee de Blücher est ea retraite sor Flearus, lais- 
ant entre eile et l'armee anglo-hollaadaise un vide de quatre 
ieuea. 

Napoleon voit la faute et s'empresse d'en profiter : il donne ä 
fey l'ordre verbal de partir , avec 42,000 bommes , par la chaus- 
ee de Bruxelles a Charleroy, et de ne s'arreter qo'au village des 
[uatre-Bras , point important , situe ä l'intersection des routes 
e Bruxelles , de Nivelles , de Charleroy et de Namur. La , il 
ontiendra les Anglais, tandis que Napoleon battra les Prussieas 
vec les 72,000 bommes qui lui restent. Le marechal part ä Pia- 
taat möme.. 

Napoleon , qui croit ses ordres executes , se remet en* marche 
5 löjain au matin , et däcouvre l'armee prussienne rangee en 
ataille entre Saint-Amand et Sombref , et faisant fäce a la 
ambre : eile est composee des trois corps qui etaient cautonnls 
Charleroy , a Namar et a Diaaat. Sa position est detestable, 
ar eile präte son flanc droit a Ney, qui, s'il a suivi les instruc- 
ions recues , doit &tre ä cette heure aux Quatre-Bras, c'est-ä- 



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1» 



LES CEftT-JOUÄS. 



dire ä deux Heues sur ses derrieres. Napoleon fWt ses ; disposi- 
tioöfren copseijuence ; il ränge son armee sur une merae ligne 
que celle de Blücher, pour Pattaqner de front , et envoie na offi- 
cier de coafipnce ä Ney pour lui ordonaer de laisser ua detacie- 
ment eis Observation aux Quatre-Bras , et de se rabattre ea toaie 
häte sur Bry pour tomber sur les derrieres des Prussiens. (Ja 
autre officier part ea meine temps pour arreter le corps du comte 
d'Erlon, qui forme Parriere-garde et qui, par coosequent, ne 
doit etre eocore qu'ä Villers-Perraia : il lui fera faire uu a-droite 
et le ramenera sur Bry. Cette aouvelle instructioo avance les 
affaires d'une heure et double les cbaaces, puisque, si Pun man- 
que, Pautre ae manquera pas, et que, si tous deux arriveat ä Ii 
dtstaoce ou ils doiveat se suivre , Parme^e prussienae tout eotiere 
est perdue. Les premiers coups de caaoa que Napoleon eoteadrt 
du cöte de Bry ou de Vagnele seront le signal de l'attaque de 
front. Ces dispositions prises , Napoleon fait halte et attend. 

Cependant, le temps s'ecoule et Napoleon n'entend rien. Dem 
heures, trois heures, quatre beares de Papres-midi arrivent: 
muffle silence. Cependant la journee est trop precieuse pour )a 
perdre ; celle du lendemain peut amener une jonction ; alors ce 
sera un nouveau plan ä faire et une cbaace perdue a regagner: 
Napoleon donne Pordre de l'attaque: d'ailleurs, la bataille occo- 
pera les Prussiens, et ils feroat moins attention ä Ney, qui arri- 
vera sans doute au canon. 

Napoleon entame le combat par ane vaste attaque sur U 
gauche: il espere ainsi attirer de ce cöte la majeure partie des 
forces de Pennemi , et Peloigner de sa ligne de retraite pour le 
moment ou Ney arrivera par l'ancienne Chaussee Brunehaut , qui 
est la route de Gern Mo ux. Puis , il dispose tout pour enfoncer 
son centrej et le couper ainsi en deux, en renfermant la plus 
forde partie de Parmee dans le triangle de fer qu'il a dispose des 
la 1 veille. Le combat s'eugage et dure deux beures saas que Pon 
re$bive aueune noüvelle de Ney ni de d' Erlen y cependant ils oot 
d& etre p<revdnus a d% beures du matin , et Pun n'avait que deux 
Heues, P autre deux Heues et demie k faire. Napoleon sera obiig* 
devaincre aeul. II donne Pordre d'engager ses reserves poof 
opirer sur le centre le mouvement qui doit decider du succes d« 



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CHAPITRE V. 



la journee. En ce moment on lui annonce qa'une forte colonne 
eonemie se montre dans la piaine d'Heppignies , menacant son 
alle gauehe. Comment cette colonne est-elle passee entre Ney et 
d'Erloa , commeot Blücher a-t-il execute la manoeuvre que lui, 
Napoleon , avait r&vee , c'est ce qu'il ne peut comprendre. N'im- 
porte , il arrote ses reserves pour les opposer ä cette nouvelle 
attaque, et le mouvement sur le centre est suspendu. 

Un qaart d'beure apres , il apprend que cette colonne est le 
corps de d'Erlon , qui a enfile" la route de Saint-Amand an lieu 
de celle de Bry. 11 reprend alors sa manoeuvre interrompue, 
marche sur Ligny, remporte au pas de charge, et met l'ennemi 
en retraite. Mais la nuit arrive , et toute l'armee de Blücher de- 
file par Bry , qui devrait elre occnpe par Ney et 20,000 hommes. 
N&ramoins la journee est gagnee : quarante pieces de canon tom- 
beot a aotre pouvoir ; 20,000 hommes sont bors de combat ; et 
l'armee prussienne est tellement demoralise'e , que , des 70,000 
hommes dont eile se compose, a peine si ä minnit les generaux 
ont pu en railier 30,000 (*). Blücher lui-meme a 6te renverse* de 
cheval , et ne s'est echappe sur le cheval d'on dragon , et couvert 
de nieurtrissures , qu'a la faveurde l'obscuritl. 

Pendant la nuit, Napoleon recoit des nonyelles de Ney: les 
fautes de 1814 recommencent en 1815: Ney, au lieu de marcher 
des le point du jour , comme il en a recu l'ordre , sur les Quatre- 
Bras , qui ne sont occupes que par 10,000 Hollandais, et de s'en 
emparer, n*est parti de Gosselies qu'ä midi , de sorte que, comme 
lealQuatre-Bras etaient designes par Wellington pour le rendez- 
vous successif des differents corps d'armee , ces corps y etaient 
armes de midi a trois heures, et qu'ainsi Ney avait trouve 
30,000 hommes au lieu de 10,000. Le marechal, qui, en face du 
danger, retrouvait toujours son energie habituelle, et qui, d'ail- 
leurs , se croyait suivi des 20,000 hommes de d'Erlon , n'avait 
point hesite" ä attaquer. Son etoonement avait donc ete grand 

(*) « C'en 6tait fait de leur armee , dit Napoleon Iui-m£me dans sa Vie mi- 
litaire , si je les ensse poussls durant la nuit , comme ils le firent ä mon 
Sgard le 18 au soir. Je leur ai donne" bien des lccons ; mais ils m'ont appris 
a mon tour qu'une poursuite de nuit, si dangereuse qu'elle paraisse pour le 
vainqneur, a bien aussi ses avantages. » 



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154 



LES CBNT-JOURS. 



lorsqu'il avait vu que le . corps sur lequel ii compUit ne venait 
point a soo secours, et que , repoosse par des forces superieures, 
il oe retrouvait pas sa reserve eo eiendant la main du cöte" oh 
eile devait etre. 11 avait, eo consequence , fait courir apres eile, 
et loi avait dönne* Pordre positif de revenir. Mais, daos ce mo- 
meot, il avait recu lni-meme l'avis de Napoleon. II etait trop 
tard : le combat etait engage , ii falJait le soutenir. Neanmoins, 
il avait de nouvean fait conrir au-devant da comte d'Erlon, poar 
l'autoriser ä cootiouer sa route sur Bry , et s'etait retourne sar 
rennemi avec une nouvelle rage. Dans cet instant, un ooaveaa 
renfort de 12,000 Anglais etait arrive , conduit par Wellington, 
et Ney avait £te oblige* de baltre en retraite sur Fraisne, taudis 
que le corps d'armee du comte d'Erlon, usant sa journee en 
marches et en contre-marches, s'etait constamment promeoe eotre 
deux canonnades sur un rayon de troislieues, sansaucune utilite, 
ni pour Ney , ni pour Napoleon. 

Gependant, si la victeire etait moins decisive qu'elle n'aurait 
pu l'&tre , ce n'en etait pas moins une vietoire. L'armee prus- 
sienne, en pleine retraite, avait, en se retirant par sa gauche, 
demasque 1'arraee anglaise qui se trouvait alors la plus avaocee. 
Napoleon , pour empecber de se rallier , detacbe apres eile 
Groucby avec 35,000 bommes, loi ordonnant de la presser jus- 
^qu'ä ce qu'elle fasse tete. Mais Grouchy va faire, ä son tour, la 
roeme faute que Ney : seulement , les coosequences en seront 
terribles. 

Si babitul que fut ( 6S ) le geoeral en cbef abglais a la rapid ite 
des coups de Napoleon , il avait cru arriver ä temps aux Quatre- 
Bras pour faire sa jonction avec Blücher. En effet, le 45, ä sept 
beures du soir , lord Wellington recoit a Bruxelles un courrier 
du feld-marecbal , qui iui annooce que toute l'armee francaise 
est en mouvement et que les hostilites sont commencees : quatre 
beures apres, au moment oü il va monter a cbeväl, il apprend 
que les Francais sont maitres de Cbarleroy , et que leur armee, 
forte de 150,000 bommes, marche en front de bandiere sur 
Bruxelles , couvrant tout Tespace qui s'elend entre Marcbienne, 

(82) Voir Note 8. 



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GHAPITRB VI. 



185 



Cbarleroy et 1e Cbatelet. 11 se met aussität en route , ordonnant 
a toutes ses troupes de lever leurs cantonnements et de se con- 
centrer sur les Quatre-Bras ; oü il arrive ä six heures comme 
doos Pavons dit , poar apprendre qoe l'armäe prussieone est 
battoe. Si le marechal Ney avait suivi les instructioös recues, 
il apprenait qu'elle 6tait dltruite (*). 

An reste , la mort a fait un behänge terrible : le doc de Bruns- 
wick a ete tue" aux Qaatre-Bras, et le general Letort ä Fleurus. 

Voici la position respectiye des trois armees pendant la nuit 
da 16 an 17. 



CHAPITRE VI. 

Napoleon campa snr le champ de bataille ; le troisieme corps, 
eo avant de Saint-Amand ; le quatrieme , en avant de Ligny ; la 
cavalerie do marechal Grouchy , a Sombref ; la garde , snr les 
hantenrs de Bry ; le sixieme corps , derriere Ligny ; et la cava- 
lerie ledere , vers la cbaussee de Namar , snr laquelle eile avait 
ses avaot-postes. 

Blücher, poosse mollement par Grouchy, qni , apres nne heure 
de poursuite , Tavait perdu de vue , avait fait sa retraite en deux 
colon nes et s'etait arrete* derriere Gembloux, ou 1* avait rejoint 
le quatrieme corps, commande par le general Bulow et arrivant 
de Li Ige. 

Wellington s'etait maintenu aux Qaatre-Bras , oü les differen- 
tes divisions de son arraee l'avaient successivement rejoint, ac- 

(*) «Dans les aetres campagnes, dil Napoleon daos ses M^moires, Ney 
eüt occupe* ä six heures dn matin la position en avant des Qualre-Bras , eüt 
deTait et pris tonte la division beige , et il eut lourne* l'armee prussienne, en 
faisant filer par la chaussee de Namar an d^uchement qai fat lombe* sar les 
derriÄres de la ligne de bataille ; ou , en se portant avec rapidite" aar la 
chauss^e de Jemmapes , il eut surpris en marebe la division de Brunswick et 
la cinquieme division anglaise, qui venaientde Broxelles, et, de lä^ marche* 
a la rencoutre des prämiere et troisieme divisions anglaises qui arrivaient 
par la chaussee de Nivelles , Tune et l'autre sans cavalerie ni artillerie , et 
barass^es de fatigae.» 



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196 



LESCENT-JOURS. 



cablees de lassitude , ayaot marche tonte la miit du 1 15 au 16, 
toute la journee du 16, et presque tonte la nnit du 16 au 17. 

Vers les deux h eures du matio , Napoleon envoie nn aide de 
camp an marechal Ney : l'empereur suppose que l'armee anglo- 
hollaodaise suivra le mouvement retrograde de l'armee prusso- 
saxonne , et ordonne au marechal de recommencer son attaqoe 
sur les Quatre-Bras : le general comte Lonau , qoi s'est porte svr 
la cbaussee de Namur avec deux divisions du sixieme corps, sa 
cavalerie legere et les cuirassiers dn general Milhaud , le sou- 
tieodra daos cette attaque , pour laquelle, seconde ainsi , il doit 
&tre assez fort, toutes les probabilites etant qu'il n'aura affaire 
qu'ä Farriere-garde de Farmee. 

Au point du jour , l'armee francaise se remet en marche svr 
deux coloooes , Tone de 68,000 hommes , commandee par Napo- 
leon , et qoi suit les Aoglais; Tautre, de 34,000 hommes , com- 
mandee par Grouchy, et qui poursuit les Prussiens. 

Ney est encore en retard , et c'est Napoleon qui arrive le pre- 
mier en vue de la ferme des Quatre-Bras, oü il apercoit un corps 
de cavalerie anglaise : il lance pour la reconnaitre un corps de 
cent hussards , qui revient vivement repoussl par le regiment 
ennemi. Alors l'armee francaise fait halte et preod sa positionde 
batailie : les cuirassiers du general Milhaud s'etendent sur U 
droite, la cavalerie legere s'echelonne ä la gaucbe , l'infanterie 
se place äu centre et en deuxieme ligne , rartillerie pro fite des 
mouvements de terrain et se met en position. 

Ney n'a point encore paru : Napoleon , qui craint de le perdre, 
comme la veille , ne veut rien commencer saas lui. Cinq oeats 
hussards sont lances vers Fraisne, oü il doit etre , pour se 
mettre en communication avec lui. Amve* au bois Delhutte, qui 
est entre la cbaussee de Namur et la chaossee de Gharleroy, ce 
detachement preod un regiment de lanciers ronges, appartenant a 
la division de Lefevre-Desnouettes , pour un corps d'Anglais , et 
engage la fusillade. Au bout d'un quart d'heure , on se reconnait 
et on s'explique : Ney est ä Fraisne , comme l'a pense Napoleon : 
deux officiers se dltachent et vont le presser de dlboucher sur 
les Quatre-Bras. Les hussards reviennent prendre leur rang a 
la gauche de l'armee francaise ; les lanciers rouges reatent a leor 



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CHAPITftE VI. 



157 



poste. Napoleon , pour ne pas perdre son temps , fait mettrc en 
batterie douze pieces de canon qui engagent le feu : deux pieces 
seulement lai repondent: noavelle preave que l'ennemi a evacue 
les Quatre-Bras pendant la nuit, et n'y a laisse qu'une arriere- 
garde pour proteger sa retraite. Rieo , an reste, ae peut se faire 
qoe par iostioct ou par appreciation , la pluie qui tombe par tor- 
rents bornant la vue a un horizon trea-etroit. Apres uae beure 
de canoonade, pendant iaqaelle il a les yeux sans cesse tournes 
du cdte de Fraisne , Napoleon yoyant qne le marechal tarde tou- 
jours , envoie ordres sur ordres. Alors , on vient lui dire qne le 
comte d'Erion parait enfin avec son corps d'armee : comme iln'a 
encore donne ni aux Qaatre-Bras, ni ä Ligny, Napoleon le 
Charge de la poursuite de l'ennemi. II prend aussitöt la täte de 
la colonne et marche au pas de Charge snr les Qaatre-Bras. 
Derriere Ini, le deuxieme corps parait : Napoleon met son cheval 
an galop, traverse, avec une trentaine d'hommes seulement, 
l'espace qui s'etend entre les deux chaussles, arrive au marechal 
Ney , auquel il reproche non-seulement sa lenteur de la veille, 
mais encore celle de ce jour, qui lui a fait perdre deux heures 
precieuses pendant lesquelles, en la pressant vivement, il eüt 
peut-etre change la retraite de l'armee ennemie. en deroute; puis 
sans ecouter les excuses du marechal, il se porte ä la tete de 
rarmee, oü il trouve les soldats qui marchent dans les terres 
ayant de la boue jnsqu'aux genoux , et ceux qui suivent la Chaus- 
see de Veau jusqu'ä mi-jambes : il juge que l'ioconvenient est le 
meme pour Parmee anglo-hollaodaise , et qu'elle eprouve de plus 
tous ies embarras d'une retraite. 11 ordonne alors ä Partillerie 
volonte de presdre les devants par la chaussee , ou eile peut 
rouler en toute facilite , et de ne pas cesser un instant de faire 
feu , ne fut-ce que pour indiquer sa positton et celle de l'euuemi ; 
et les deux armees continuent de marcher dans ce marais , au 
milieu de la brume, se trainant dans la vase, pareilles ä deux 
immenses dragons antldiluviens , comme en ont reve Brongniatt 
et Cuvier , se renvoyant Tun ä l'autre la flamme et la fumee. 

Vers les six beures du soir, la canoonade se fixe et augmente. 
En effet, renoemi a demasque une batterie de quinze pieces. Na- 
poleon devine que son arriere-garde s'est renforcee , et que, 



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158 



LES CENT-JOUKS. 



comme Wellington doit etre arrive pres de la forfct de Soignes, 
il va preodre pour la nait position eo avaot de cette foret. L'em- 
pereur veot s'en assurer : il fait deployer les cuirassiers dugeoe- 
ral Milband , qui foot mioe de charger , sous la protection de 
qoatre batteries d'artillerie legere. L'enoemi demasque alors 
quarante pieces , qui tonnen t a la fois. II n'y a plas de doute : 
toute l'armee est la; c'est ce que Napoleon voulait savoir. II rap- 
pelte ses cuirassiers , dont il a besoio ponr le leodemain , preod 
position en avaot de Plancbenois , elablit soo quartier general a 
la ferme du Caillou , et ordoone que pendaot la ouit ud observt- 
toire soit dresse , du baut duquel il puisse , le leodemain matiu, 
decouvrir toute la piaine. Selon toutes les probabilites, Welling- 
ton accepte la bataille. 

Pendant la soiree, on amene ä Napoleon plusieurs officiers de 
cavalerie anglaise, faits prisonniers pendantla journee, maisdes- 
quels il ne peut tirer aucun renseignement. 

A dix beures , Napoleon , qui croit Groucby devant Wavre , lui 
envoie un officier pour lui annoncer qu'il a devant lui toute l'ar- 
mee anglo-bollandaise, en position enavant dela foret deSoignes, 
ayaot sa gauche appuyee au bameau de la Haie, et que, selon toute 
probabilite, il lui livrera bataille le lendemain : en consequence, 
il lui ordonne de detacber de son camp, deux beures avant le 
jour , une division de sept mille hommes , avec seize pieces d'ar- 
tillerie, et d'acheminer cette division sur Saint- Lambert» afin 
qu'elle puisse se mettre en communication avec la droite de la 
grande armee , et operer sur la gaucbe de l'armee anglo-hollan- 
daise : quant ä lui , des qu'il sera assure que l'armee prusso- 
saxonne aura eVacue Wavre, soit pour se porter surBruxelles, soit 
pour suivre toute autre direction, il marcbera avec la plus grande 
partie de ses troupes daos la meme direction que la division qui 
lui servira d'avant-garde, et tachera d'arriver avec toute sa puis- 
sance vers les deux beures de Fapres-midi , moment oü sa pre- 
sence sera decisive. Au reste , Napoleon , pour ne pas attirer les 
Prussiens par sa canonnade , n'engagera l'action qu'assez avant 
daos la matinee. 

Cette depecbe est ä peine expediec qu'un aide de camp da na- 
recbal Groucby arrive avec un rapport, ecrit a cinq beures da 



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CHAPITRE VI. 



15» 



loir , et date de Gembloax. Le marecbal a perdu la voie de l'en- 
nerni ; U igoore s'il s'est porte sar Braxelles oa aar Liege : en 
eooslqaence, il a Itabli des avant-gardes sor cbaeane de cea rou- 
tes. Comme Napoleon yisite les postes , il ne trouve la depecbe 
|o'en ren tränt. II expldie aassitöt an aatre ordre pareil ä celui 
|a'il a adresse a Wavre ; et, derriere l'officier qui l'emporte, ar- 
rive na 8econd aide de camp , portear d'an second rapport ecrit 
i deax heares du matio et date* egalement de Gembloux. Groachy 
tappris, vers six beares da soir, qae Blocber s'est dinge* sar 
Wavre avec toutes ses forces : sa premiere iotention etait de l'y 
loivre a l'iostant m6me , mais ses troapes avaieat deja pris lear 
bivoaac et faisaieot lear soape ; il ne partira donc qae le lende- 
■aio matio. Napoleon ne' comp read rien a cette paresse de ses 
geaeranx , qui cependant ont eu , en 1814 et 1815 , an an poar se 
reposer; il expedie au marecbal an troisieme ordre plas pressant 
encore qae les premiers. 

Ainsi, peodant la noit da 17 aa 18, les positions des qaatre ar- 
nees soot celles-ci : 

Napoleon, avec lespremier, deoxieme et sixieme corps d'infan- 
terie (") 9 j a Jivision de cavalerie legere da geoeral Subervic, 
les cairassiers et les (Jragoos de Milbaad et de Kellermaon, en- 
* D , avec la garde imperiale , c'est-ä-dire avec 68,000 bommes et 
fcox cent qaarante pieces de canon , bivoaaqae en arriere et en 
»vant de Plaocbenois , ä cbeval sur la grand'route de Bruxelles a 
Charleroy : 

Wellington, avec tonte l'armäe anglo-bollandaise, forte de plas 
80,000 bommes et de deax cent einqaante boucbes a feu , a 
*°° quartier geoeral a Waterloo , et artend sar la crete d'ane 
foinence depuis Braine-Laleud jasqu'ä la Haie : 

Blücher est ä Wavre , oa il a rallie* 75,000 bommes i avec les- 
l Q «ls il est pr&t a se porter partout oa le canon lui indiquera 
i a 'oo a besoin de lai: 

Bnfin } Groacby est a Gembloax , oa il se repose , apres avoir 
f *»t trois lieues en deax jours. 

I* nait s'ecoale ainsi : cbacan pressent bien qa'on est a la 

(8s )VoirNote46. 

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160 



LES CENT-JOURS. 



veille de Zama ; mais od ignore encore leqael sera Seipien, et il 
qaet Annibal. i 
Au point da joar, Napoleon sort inquiet de sa tente, car ü net 
pere pas retrouver Wellington dans sa^position de la veille : 4 
croit que le general anglais et le gäneral prussien ont du profitd 
de la nuit pour se reunir devant Bruxelles, et qu'ils l'atlendent. 
la sortie des defiles de la foret de Soigoes. Mais, aupremiercoj; 
d'cßil , il est rassure : les troopes aoglo-hollandaises couronacj 
toujours la ligne des hauteurs oü elles se sont arretees la veilU 
en cas de defaite, leur retraite est impossible. Napoleon oe jetfl 
qu'un coup d'ceil sur ses dispositions : puis, se retouruant versce* 
qui raecompagnent : « La journee depend de Grouchy , dit-il: 4 
s'il suit les ordres qu'il a recus, nous avons quatre-viogt-djl 
chances contre une. ■ ( 

A huit heures du matin , le temps s'lclaircit, et des offieieil 
d'artillerie , que Napoleon a envoyes exarainer la plaiue , revietl 
nent lui annoncer que les terres commencent ä se secher, et qn( 
dans une heure, rartillerie pourra commencer ä maooenvrer 
Aussitöt, Napoleon, qui a mis pied ä terre pourdejeuner, remonl 
ä eheval , se porte vers la Haie-Sainte, et reconnait la ligue <ft 
nemie : mais , doutant encore de lui-meme , il charge le geoerl 
Haxo de s'en approoher le plus pres possible , pour s'assurer 1 
l'ennemi n'est point protege par quelque retranchement ele« 
pendant la nuit. Une demi-heure apres, ce general est de retour 
il n'a apercu aucune fortification , et l'eunemi n'est defendu q« 
par la nature meme du terrain. Les soldats recoivent Tordf 
d'appreter et de faire secher leurs armes. , 

Napoleon avait d'abord eu l'idee de commencer l'attaque 
la droite : mais , sur les onze heures du matin , Ney , qui s'ci 
charge d'examiner cette partie du terrain , revient lui dire qu\ 
ruisseau qui traverse le ravin est devenu, par la pluie de J 
veille, un torrent bourbeux qu'il lui sera impossible de travenfl 
avec de rinfanterie et qu'il sera force" de sortir du viüage p4 
files. Alors Napoleon cbange son plan ; il evitera cette difficaj 
locale , remontera ä la naissance du ravin , pereera 1'armee 4 
nemie par le centre , lancera de la cavalerie et de rartillerie sl 
la route de Bruxelles ; et ainsi, les deux corps d'armee , tränet 



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GHAPITRB VII. m 

ip le miliea, auront tonte retraite coupee, Tun par Gronchy, qai 
5 peilt maoquer d'arriver sor les deux oo trois heures , l'autre 
ir la cavalerie et l'artillerie, qoi defendront la cbnussee de 
nixelies. Ed consequence, l'empereur porte toutes ses räser- 
is aa centre. 

Pols, comme chacun est a soo.posteet n'attend plus que i'ordre 
i marcher , Napoleon met son cheval au galop et parcourt la 
gae , eveillaot, partout oü il passe, et les sons de la musique 
Uitaire, et les cris des soldats, maneeuvre qui donne toujours 
i commeneement de ses bataüles uu air de lele qui contraste 
rec la froideur des arm£es ennemies , oü jamais nul , parmi les 
sneranx qui les commandent , n'excite assez de confiance ou de 
pmpatbie pour* eveiller un tel enthousiasme. Wellington , une 
inette a la maio, appuye contre un arbre du pelit cbemin de tra- 
»rse en avant duquel ses soldats sont rangls en ligoes, assisle 
>ee spectacle imposant d'une armee tout entiere qui jure de 
lincre ou de mourir. 

Napoleon* revieot mettre pied a terre sur les hauteurs de Ros- 
mime, d'ou il de'couvre tout le cbamp de bataille. Derriere lui, 
m cris 9 et la musique retentissent encore, pareils a la flamme 
'une trainee de poudre ; puis, tout rentre bientftt dans ce silence 
ilennel qui plane toujours sur deux armles pr6tes ä combattre. 



CHAP1TRE VII. 

Bientot , ce silence est roropu par uoe fusillade qui 6clate vers 
itre extreme gauche, et dont on apercoit la fura6e au-dessus du 
•is de Gonmont : *ce sont les tiraiileurs de Jlrome qui ont recu 
ordre d'engager le combat pour attirer l'attention des Anglais 
b ce cöte. En effet , l'ennemi demasque son artillerie , et le ton- 
erre des canons commence a dominer le petillement de la fusil- 
ide : le general Reille fait avancer la batterie de la division 
©y , et Kellermann lance au galop ses douze pieces d'artillerie 
jgere ;, en m6me temps , au milieu de l'immobilite' generale du 

Dumas, Napoleon. 1 1 



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LES CBNT-J0UR6. 



reste de la ligae, la ckivision Foy s'ebraale et s'avance aa seco«| 

de Jlr^me. 

Au'moment ou Napoleon a les yeux fixes sur ce premier mti 
vement , un aide de camp envoye par le marechal Ney , qui a e* 
Charge de diriger l'attaque' da ceatre sur la ferme de la Belli 
AUiaace par la chaussee de Bruxelles, arrive an galop et apnota 
que tont est pret et que le marechal n'attend plus que le sigaal 
ea effet, Napoleon voit les troqpes designees pour cette* attaqK 
ecfeelonnees devaat lui en masses profWdes, et il va doasa 
l'ordre, lorsqoe tout ä coup , en jetant un dernier coup d\»ü m 
l'ensemble du champ de hataille, il apercoit au milieu de labra» 
comme un nuage qui s'avance dans la direction deSaiot-Laaabert 
11 se retourne vers le duc de Dalmatie qui, en sa qualite de majai 
general , est pres de lui , et lui demande ce qu'il pense de cetto 
apparition. Toutes les lunettes de l'etat-anajor sont braqueesi 
l'iostant meme de ce cote: les uns soutiennent que ce sont des ar 
bres , les autres soutiennent que ce sont des hommes : Napoleoi 
le premier recennait une colonnet mais, est-ce Grouchy? Est-ci 
Blücher? C'est cejjqu'oo ignore. Le marechal Soult penche pom 
Grouchy; mais Napoleon , comme par pressentiment , doufte en 
core : il fait appeler le general Domont et lui ordonne de se pori 
ter, avec sa division de cavalerie legere et celie du general S* 
bervic, pour Iclairer sa droite , communiquer promptement avec 
les corps qui arrivent , operer sa reunion avec eux si c'est le de- 
tachement de Grouchy , et les coritenir si c'est l'avant-garde 6» 
Blücher. 

L'ordre est ä peine donne que le mouvement s'exlcute. Troi^ 
mille hommes de cavalerie font un a-droite par quatre, se deronj 
lent comme un immense ruban, serpenteat un instant dans lei 
lignes de l'armee, pnis, s'echappant par ootre extreme droite, M 
portent rapidement et se reforment comme a une parade , a trau; 
mille toises ä peu pres de son extremis. 

A peine ont-ils ope>e* ce mouvement , qui , par sa precision ti 
son elegance , a un instant detourne* 1'attenUon des bois de Ga* 
mont , ou l'artillerie continue de gronder , qu'un officier de ehat* 
seurs amene ä Napoleon un hussard prussien qui vient d'etre et- 
lev6, entre Wavre et Plancheaois, par une reconnaissance w 



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CHAPITRE VII. 



163 



{ante. II est porteur d'une lettre da geueral Bulow , qui annonce 
a Wellington qu'il arrive par Saint-Lambert, et lui demande ses 
ordres. Outre cette explication qui leve tous les doutes relative- 
ment aux masses, qoe l'on apercoit, le prisonnier donne de oou- 
reaux renseignements , qu'il faut eroire , tout incroyables qu'ils 
paraissent ( 63 ) ; c'est que, le matin eocore, les trois coTps de l'ar- 
mee prusso-saxoone etaient a Wavre, oü Grouchy ne les a nulle- 
ment inquietes ; c'est ensuite qu'il u'y a aucun Francais devant 
eux, puisqu'nne patrouille de son regiment a pousse^ cette nuit 
nenie une reconnaissance jasqu'ä deux lieues de Wavre sans 
avoir rien rencontrl. 

Napoleon se retourne vers le marechal Soult : ■ Ce matin , lui 
dit-il, nous avioos quatre-vingt-dix chances pour nous , l'arrivee 
de Bulow nous en fait perdre trente : mais, nous en avons encore 
soixante centre quarante , et si Grouchy repare l'horrible faute 
qu'il a commise hier, de s'amuser a Gembloux, s'il envoie son d6- 
tachement avec rapidite, la victoire en sera plus decisive , car le 
corps de Bulow sera entierement perdu. Faites venir un officier.» 

Un oifficier d'etat-major s'avance aussitöt: il est Charge" de por- 
ter a Grouchy la lettre de Bulow et de le presser d'arriver. D'a- 
pres ce qu'il a dit lui-meme, il doit, a cette heure, elre devant 
Wavre. L' officier fera un detour et le joindra par ses derrieres": 
c'est quatre ou cinq lieues ä faire par d'excellents chemins ; l'of- 
ficier, qui est bien montl, promet d'etre pres de lui en une heure 
et demie. Au meme instant, le general Domont envoie un aide de 
camp qui confirme la nouvelle : ce sont les Prussiens qu'il a de- 
vant lui , et de son cöte* il vient de lancer plusieurs patrouilles 
d'llite pour semettre en communication avec le marechal Grouchy. 

L'empereur ordonne au genlral Lobau de traverser avec deux 
divisions la grande ronte de Charleroy , et de se porter sur l'ex- 
treme droite pour soutenir la cavalerie legere : il choisira une 
bonne position ou il puisse avec dix mille hommes en arreter 
30,000. Tels sont les ordres que Napoleon donne quand il con- 
nait ceux auxquels il les adresse. Ce mouvement est exlcute sur- 
le-champ : Napoleon ramene ses yeux sur le cbamp de bataille. 



(63) Est-ce l'iüdicatif ou le conjonctif ? 

11* 



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164 LES CENT-JOURS. 

Les tirailleurs viennent de commencer le feu sur tonte la Ii gne, 
et cependant, a Fexception du combat qui cootinue avec le meme 
acharnement dans le bois de Goumont, rien n'est serieux encore. 
A Fexception 'd'une division que l'armee anglaise a detacbee de 
son centre et fait marcher au secours des gardes , toute la ligne 
anglo-hollandaise est immobile , et, ä son extreme gaucbe , les 
troupes de Bulow se reposent et se forment en attendaot leur ar- 
tillerie, encore engagee dans le defile. En ce moment, Napoleon 
envoie au marechal Ney Fordre de faire commencer le feu de ses 
batteries, de marcher sur la Haie-Sainte, de s'en emparer a Ja 
baionnette, d'y laisser une division d'infanterie, de s'elancer aus- 
sitot sur les deux fermes de la Papelotte et de la Haie et d'en de*- 
busquer l'ennemi , afin de separer i'armee aoglo-hollandaise da 
corps de Bulow. L'aide de camp porteur de cet ordre part, tra- 
verse la petite plaine qui separe Napoleon du marechal , se perd 
dans les rangs presset des colonnes qui attendent le signal. Au 
bout de quelques minutes , quatre-vingt caoons eclatent ä la fois 
et annoncent que Vordre du chef supreme va etre execute. 
. Le comte d'Erlon s'avance avec trois divisions, soutenn par ce 
feu terrible qui commence ä trouer les Hgnes anglaises, lorsque 
tout ä coup , en traversant un bas-fond , l f artillerie s'embourbe. 
Wellington , qui , de sa ligne de hauteurs , a vu cet accident , en 
profite et lance sur eile une brigade de cavalerie qui se divise ea 
deux corps et charge avec la rapidite de la foudre, partie sur la 
division Marcognet, partie sur les pieces eloignees de tout se- 
cours, et qui, ne pouvant manceuvrer, non-seulement ont cesse 
d'attaquer, mais ne sont meme plus en etat de se defendre : Tin- 
fanterie , trop press^e , est enfoncee et deux aigles sont prises; 
Fartillerie est sabree, les traits des canons et les jarrets des che- 
vaux sont coupes: dejä sept pieces de canon sont hors de service, 
lorsque Napoleon s'apercoit de cette bagarre et ordonne aux cui- 
rassiers du general Milhaud de courir au secours de leurs freres. 
La muraille de fer se met en mouvement , secondee par le 4° rl- 
giment de lanciers , et la brigade anglaise , surprise en flagrant 
delit, disparait sous ce choc terrible, ecrasee, echarpee, mise en 
pieces; deux regiments de dragons, entre autres, ont entierement 
disparu : les canons sontrepris et la division Marcognetestdegagee. 



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GHAPITRE VII. 



165 



Cet ordre, si admirablement exlcutä, a ete* porte* par Napoleon 
lni-meme, qui s'est elance ä la tete de la ligne , au railieu des 
bonlets et des obus , qni tuent ä ses cötes le general Devanx et 
blessent le general Lallemand. 

Cependant Ney , qooiqae prive d'artillerie , n'en continue pas 
moins a s'avancer; et, tandis que eet echec si fatal, quoique si 
promptement repare, a Heu Sur la droite de la chaussee de Char- 
leroy ä Bruxelles , il a fait avancer , par la grande route et dans 
les terres ä gauche, une autre coloone qui aborde enfin la Haie- 
Sainte. 

La, sous le feu de toute Partillerie anglaise, a laquelle la nötre 
oe peut plus repondre que faiblement , se concentre tout le com- 
bat. Pendant trois beures , Ney , qui a retrouve toute la force de 
ses belies annees, s'acbarne ä cette position, dont il parvient en- 
fin ä s'emparer, et qu'il trouve encombräe de cadavres ennemis. 
Trois regiments ecossais y sont couches cöte ä cöte , ä leur rang, 
morts comme ils out combattu, et la deuxieme division beige, les 
cioquieme et sixieme divisions auglaises, y ont laisse un tiers de 
leurs hommes. Napoleon laoce sur les fuyards les iufatigables 
cuirassiers deMilhaud, qui les poursuivent, le sabre dans les 
reios, jusqu'au milieu des rangs de l'armee ou ils viennent mettre^T 
le desordre. De la bauteur oü il est place* , l'empereur voit les 
bagages, les chariots et les reserves anglais, s'eloigner dn com- 
bat et se presser sur la route de Bruxelles. La journee est ä nous 
si Grouchy parait. 

Les yeux de Napoleon sont constamment tournes du cöte de 
Stint-Lambert, oü les Prussiens ont enfin engage* le combat, et 
oq, malgre la superiorite de leur nombre, ils sont contenus par 
les 2,500 cavaliers de Domont et de Subervic , et par les 7,000 
hommes de Loban , qui lui seraient si utiles ä cette heure pour 
soutenir son attaque du centre , vers laquelle il ramene les yeux, 
n'entendant rien , ne voyant rien qui lni annonce Parrivee taut 
attendue de Grouchy. 

Napoleon envoie l'ordre au marechal de se maintenir, coüte 
qne coote, dans sa position. 11 a besoin de voir clair un instant 
sor son echiquier. 

A Fextreme gauche, Jerome s'est empare* d'une partie du bois 



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LES CENT-JOÜRS. 

et da chateau de Goumont, dont il ne res*e plag qae les quatrej 
murs , tous les toits ayant ete enfooces par les obus ; mau les 
Anglais coatiaaeot de tenir dans le chemin oreux qai loage le 
verger : ce n'est donc, de ce edte, qa'ane demi-victoire. 

En face et vers le centre, le marechal s'est empare de la Haie- 
Sainte et s'y maintient, malgre l'artillerie de Wellington et s« 
charges de cavalerie, qai vienoeat s'arreter soos le feu elfroyable 
4e notre moosqueterie. II y a ici victoire complete. 

A droite de la chaussee, le general Dorotte est tax prises avec 
les fermes de la Papelotte et de la Haie ; et la , il y a chaace de 
victoire. 

Enfin, a l'extreme droite, les Prossieus de Bulow, qai se sont 
enfin mis en bataille , viennent de s'etablir perpendieulairemeit 
a notre droite. 30,000 bommes et 60 boncbes a feu marcfceat 
contre les 10,000 bommes des g^neranx Domont, Sobervic et Lü- 
bau. C'est donc lä que, pour le moment, est le veritaWe daager. 

Le danger grandit encore des rapports qai arrivent: lesp*- 
trouilles du general Domont sont revenues sans avoir apertu 
Grouchy. Bientdt on re9oit une depecbe du marechal lui-meme. 
Au lieu de partir de Gembloux au point du jour, comme il avtit 
promis de le faire dans sa lettre de la veille , il n'en est ptrti 
qu'ä neuf heures et demie du matin : cependant, il est quatre 
beures et demie de l'apres-midi ; le canon gronde depuis cinq 
beures ; Napoleon espere encore, qu'obeissant a la prämiere loi de 
la guerre, il se ralliera au canon. A sept heures et demie, il pent 
<tre sur le cfaamp de bataille : il faut redoubler d'efforts jusqae- 
la, et surtout arräter les progres des 30,000 bommes de Bulow, 
aui, siGroocby deboucbe enfin, se trouveront, a cette beure, pris 
•ntre deux feux. 

Napoleon ordonne au general Du hesme, qui commande les denx 
divisions de la jeune garde, de se porter sur Plancheaet« , vers 
lequel Lobau , presse par les Prussiens , execute sa retraite ea 
echiquier. Dubesme part avec 8,000 bommes et vingt-quatre ca- 
nons, qui arrivent au grand galop, semettentea batterie, et com- 
mencent leur feu au moment oü 1'artiHerie prussienne laboure de 
sa mitraille la chaussee de Bruxelles. Ce renfort arrete le mo- 
vement progressif des Prussiens , et parait meme un instant les 



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CHAPITRE VII. 



167 



faire reculer. Napoleon profite de ce repit : Pordre est donnl ä 
Ney de marcher au.pas de Charge vers le centre de Parmee anglo- 
fcallaudaise et de Penfoncer ; il appelle a lui les cuirassiers de 
Milbaud, q«i cbargent en tele pour euvrir la ffönee ; le marechal 
les suit, et MeuUt cöUronne le plateau avec ses troupes. Tonte 
1k ligae aaglaise sNmflamme et voinit la mort ä bdiit portant; 
Wellington lnnoe Wut ce qui lui rCste de cavalerie contre Ney, 
pendan* qae son infatfterie Sie forme en earrf. Napoleon sent la 
^eBsittdesQuteuirlemoüvement, et envoie Pördre au comte 
4e Valmy te se porter avec ses deux divisions de cuirassiers sur 
le plateau, pottr appuyer les divisions Milbaud et Lefevre-Des- 
aouettes. Au meine mönreot, le mar^cnuINey fait avancer la 
-gvogse cavalerie du gene*rat Gtryot : les dlviskms Milhaud et Le- 
fövre-BesuouUtes sbnt ralRees par eile et rämeüees a la Charge; 
3,000 Cuirassiers et },OÖ0 dragoas de la garde , c'est*a-dire lfes 
premiers soldats du monde , s'avanceot au gran* galop de leurs 
«feevaux et vieofntnt se heu^ter aux Carrea anglais, qui s'ouvrent, 
vwnissent leur mhraille, et se referment. Mais riea n'arrete Pe- 
lm» terrible de ttos «oidats. La cavalörie anglaise, repoussee, la 
laague ipee des euhassiers et des dragoos dans lesrelns, repasse 
dans les interr&tleS, «t va se reformerjen arriere, sous la protec- 
tiea de son artitterie : aussitdt , cuirassiers et dragdns se ruent 
su* les carres , dont qcelques-uns sont enfiu entr'ouverts , mais 
memnt sau« reculer d'aa pas. Alors commence üne terrible bou- 
efcerte, qu'iattirrompent te töthps en temps des charges desespä- 
rfos de cavftlerie , contre lesquelles nds Soidats sont obliges de 
se retouraet 4 et pendäht lequelfes les carres anglais respirent et 
se reforment, pour etre ronpus de nquveau. Wellington, pour- 
soivi de carreB en cafrre*, xerse des pleurs de rage ea voyant 
poigoar^er afnst sous ses yetix 12,060 bomnies de ses meilleures 
tw>U|k»; maüs il aalt fettes nereculeront päS (Füne serielle, et, 
y<«ricalöntle temps matirfet qui loit s^coüiei 4 aVänt quela des- 
Utoetion seit a<tod«t>lfe, iltito st maritre et dit ä cCux qui Pen- 
twent : «Ii y en a pour deux heutfrs encöre , tt avant une heure 
la suSt seftt venue, eu BffitfheY. ■ Cela dUre ainsi tröis qriarts 
d'beurt). 



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168 LES CENT-JOURSi 

CHAPITRE VIH. , 

Alors , de la hauteur d'oü il domiae tout le champ de bataille, 
Napoleon voit deboucher une masse profoode par le chemia de 
Wavre. . . Enfio Groucby, qu'il a taut attendu, arrive, tard il est 
vrai, mais encore assez ä temps pour Compiler la victoiie. A la 
vue de ce renfort, il envoie des aides de camp annonw dans 
toutes les directions que Groucby parait et va eutreren ligne. 
En effet, des masses successives se deploient et se mettent en 
. bataille: nos soldats redoublent d'ardeur, car üs cnwent qu'ils 
a'ont plus qu un dernier coup ä frapper : tout ä coup, une formi- 
dable artillerie tonne en avant de ces nouveaux ves us , et les 
boulets , au Heu d'ejre dirig<b contre les PrussiensJ nous empor- 
tent des rangs entiers. Chacun, autour de Napoleon, se regarde 
avec stupefaction: Pempereur se frappe le front: ce n'est point 
Grouchy, c'est Blücher. • 

Napoleon juge du premier coup dWsa positiv : eile est ter- 
nble. 60,000 bommes de trou^es fraiches , suf lesquelles il ne 
comptait pas, sont tombees successivement surse* troupes, ecra- 
sees par huit heures de lutte : Pavantage se maintient pour lui au 
centre, mais il n'a plus d'aile droite: s'acbamerponr couper Pen- 
nemi enjeux serait maintenant chose invtile et meme dange- 
reuse. L'empereur concoit et ordonne al^rs une des plus belles 
manoeuvres qu'il ait jamais r$vees dans s^s combinaisons strate^ 
giques les plus hasardees: clest un g«*nd changement de front 
oblique snr le centre, et ä Paide duquel il ferti face aux deux ar- 
mees. D aiüeurs , le temps s'<§coule , pt la nuit, quf devait venir 
pour les Anglais, vient aussi pour lui, 

^ Alors il donne Pordre \ sa gaucoe de laisser derriere eile le 
bois de Goumont et les quelques *nglais «tftiennent encore a 
l abn des murs cre"neles du chate*u, et de venir remplacer les 
Premier et deuxieme corps, qui ,nt beaucoup souffert, en meme 
temps qu'elle degagera la cavai*rie de Kellermann et deMilbaud, 
trop engag^e sur le plateau du mont Saint Jean. II ordonne ä Lo- 
bau i et a Duhesme de continuer la retraite et de venir se ranger 
en hgoe au-dessus de Plancbenois, au genial Pelet de tenir for- 
tement dans ce village, afin d'appuyer le mouvement: le centre pivo- 



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CHAPITRE VIII. m 
• 

tera sur lui-meme: eo meme temps un aide de camp recoit l'ordre 
deparcourir la ligne, et d'annoocer Tarrivee du marechal Grouchy. 

A cette nouvelle, l'enthousiasme se ranime : tont s'ebranle sur 
l'immeose ligne : Ney , demonte cinq fois, met l'epee ä la main : 
Napoleon prend la tete de sa reserve, et s'avance de sa personne 
par la chaussee» L'ennemi continue de plier ä son centre : sa 
premiere ligne est percee ; la garde la depasse et enleve une bat- 
terie dentelee. Mais lä, eile tombe snr la seconde ligne, qui se 
compose d'une masse terrible : ce sont les debris des regiments 
cuibutes par la cavalerie francaise deux benres auparavant, et 
qni se sont reformes: ce sont les brigades des gardes aoglaises, 
le regiment beige de Chasse et la division de Brunswick. N'im- 
porte ! la colonne se deploie comme ä une maaoeuvre : mais , tont 
a coup, dix pieces en batterie eclatent ä portee de pistolet et em- 
portent sa t^te tont entiere, tandis que vingt autres boucbes ä feu 
la prenneot en biais , et plongent dans les masses entassees an* 
tour de la Belle-Alliance , que leur mouvemeot vient de mettre^a 
decouvert. Le general Friand est blesse; le geoeral Michel, le 
general Jamin et le general Mallet sont lues; les majors Äugelet, 
Cardinal et Agnes iombent morts; le general Guyot, en rame- 
nant pour la buitieme fois a la cbarge sa grosse cavalerie , recoit 
deux coups de feu ; Ney a ses babits et son chapeau cribles de 
balle ; un momentd'hesitation se fait ressentir sur tonte la ligne. 

En ce moment, Blücber est arrive au bameau de la Haie, et en 
a debu8qu& les deux regiments qni le defeodent : ces deux regi- 
ments , qui ont tenu une demi-heure contre 10,000 hommes , se 
mettent en retraite ; mais Blücber appelle ä lui 6,000 bommes de 
cavalerie anglaise qui gardaient la gauche de Wellington , et qui 
sont devenus inutiles depuis que cette gauche est occupee par les 
Prussiens. Ces 6,000 hommes , qui arrivent pele-mele avec ceux 
qu'ils poursuivent, font une trouee horrible au cosur de l'arm^e 
meme. Cambronne se jette alors avec le deuxieme bataillon du 
1 er regiment de chasseurs entre la cavalerie anglaise et les fnyards, 
se forme en carre, et soutient la retraite des autres bataillons de 
la garde. Ce bataillon attire ä lui tout le choc ; il est entoure, 
presse , attaque de tous les cötes : c'est alors que , somm6 de se 
rendre , Cambronne repond , non pas la phrase fleurie qu'on lui a 



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m LES CENThJOURS. 

pretee , raais au seul mot , nn mot de Corps de garde , il est vrai, 
mais auquel son Energie n'6te rien de sa sublimtte' , («*) et , pres- 
qae aessitöt, tombe de soft cheval, reoverse' par an eelat d'obus 
qui le frappe ä la töte. 

Au m6me instant Wellington fatt avancer tonte sott e*tr6a)e 
droite, dont il pent disposer, parisqae, par natre noaveneat, 
eile cesse d'ötre contenue, et, repreaant V offensive ä soa tont, 
il* la lance contme nn torreut de« banteurs dn plateaa, Cette 
eavalerie tourne les oarres de la garde, qu'etle n'ose pohrt 
attaquer, pnis fait nn indroite et revient percer notre oentr* 
au-dessons de la Haie-Sainte. Alors on apprend qne Bnlaw 
depasse notre extreme droite, qne le generai ftubesine est 
blesse* dangereusement , qne Grouchy, enfia , snr lequel ob 
comptak , ne vient pas. La f im* lade et le carioti eclateut ä eiaq 
cents talsna snr nos derrieres : Bulow nons a denordes. Le cri 
de : Satwe qui peut ! se fait enteudre ; la dereute conmence. 
Les bataillons qui tieoaeot eaoore sont d^sorganises par les 
fnyard»; Napoleon, au moment d'ötre eovelapp^ , se jette dans 
le earre de Cambroone aree Ney, Soult, Benrand, forouot, Cor- 
Mneae , Fla baut , &>u*gaud etr Labßdoyere , qui se tronvent sans 
sotdals. La oavaterie multlplie ses cbftrgea; l'artfllerie anglaise, 
de la cr&te de ses hauten*», balaie tonte k plaine : la ndtre , qai 
n'a plns d'feammes poar la sertir, reale »nette; c« n'eat plus an 
combat , c'est une boneherie. 

En ce ntoment, tl se fait ane eclaircie de nuages; Blicher et 
Wellington, qui vienoent de se joindre a la forme de la Belle- 
Alliance , profitent de ce seconrs dn ciel poar mettre leur ca?a- 
lerie ä la poursuite de nos troapea; les ressorts qai ftiisaient 
mouvair ce oorps gigantesque sont rompus, Tarnte est disper- 
se«; seuls , quelques bataillons de la garde tiennent et meureat. 

Napoleon tente en vala d*arreter ce d<6sordre : H' se jette aa 
nilien de la deroute , tröuvo un regimeat de la garde et deox 
batteries en reserve derriere Planefceüois , et essaie de raltier 
les fuyards : malheu reoseiaeot, la nnit empeehe de le roir, le 
tumulta de l'entendre. Alors*, il descend de obeval, sa jette 



(•*) • La garde uenrt, mois ne se read pas. * 



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CHAPITRE Vin. 



171 



Tepee a la main au milieu d'an carre' ; Je*r$me le suit ; ea drsant : 
• To as raison, frere, ici doit tomber tout ce qui porte le nom 
de Bonaparte. • Mais il est pris par ses genäraux et ses officiers 
d'etat-major , repousse par ses grenadiers , qui veuleat bien mou- 
rir, mais qui ne veuleat pas que lear empereur menre avee eux: 
on le remet a cheval, an officier prend la bride et Pentraine an 
galop ; il passe ainsi an milieu des Prussiens , qui Font deborde* 
de pres d'une demi-lieue. Ni balles, ai boulets ne veulent de lui. 
Eutin, il arrive ä Jemmapes , s'y arretc an instant, reoouvelle 
ses tentatives de raüiement, auxquelles la nait, la coufusion, 
laderoute generale, l'encombremeut et, plus que tout cela, la 
poursuite acbarnee des Anglais s'opposent encore. Puis , con- 
vaiocu que , comme apres Moscou, tout est fini uoe seconde fois, 
et que c'est seulement de Paris qu'il peut rallier l'armee et sau- 
ver la France , il continue sa route , fait une halte ä Pbilippe- 
ville , et arrive le 20 ä Laon. 

Celui qui ecrit ces Eignes n'a vu Napoleon que deux fois dans 
savie, ä huit jours de distance, et cela ( 6S ) pendaut le court es- 
paee d'un relais ; la premiere fois lorsqu'il allait ä Ligny , la se- 
conde fois lorsqu'il revenait de Waterloo; la premiere fois ä la 
lamiere da soleil, la seconde fois ä la lueur d'une lampe; la pre- 
miere fois au milieu des acclamations de la multitude, la seconde 
fois au milieu da silence d'une population. 

Chaque fois Napoleon e'tait assis dans la meme voiture , ä la 
meme place , vetu du meme habit ; chaque fois c'etait le meme 
regard vague et perdu ; chaque fois c'etait la meme tete , calme 
*t impassible : seulement, il avait le front uu peu plus incline* 
sur la poitrine en revenant qu'en allant. 

Etait-ce d'ennui de ce qu'il ne pouvait dormir, ou de douleur 
d'avoir perdu le monde ? 

Le 21 juin, Napoleon est de retour a Paris. 

Le 22 , la chambre des pairs et la chambre des deputäs se d6- 
clarent en permanence, et declarent traitre a la patrie quicoaque 
vondra les suspendre ou les dissoudre. 



(«5) Notre gt&ox (31t tocüfx) se traduit de dif Pentes aMni&res , tant6t cete, 
««Mae ici , tautet : Ü ett vrai , 4 la vhite. 



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172 



LES CENT-JOURS. 



Le m^ne jour, Napoleon abdique en faveur de son fils. 
Le 8 juillet, Louis XVIII rentre ä Paris. 

Le 14, Napoleon, apres avoir refuse* Foffre du capitaine Bän- 
dln , aujourd'hui vice-amiral, qni Ini propose de le conduire aux 
Etats-Unis, passe ä bord du Bellerophon, commande par le ca- 
pitaine Maitland , et ecrit au prince re*gent d'Angleterre : 

«Altesse Royale, 

■ En bntte aux factions qni divisent mon pays et ä l'inüni- 
tie ( 66 ) des plus grandes puissances de l'Europe , j'ai consomme* 
ma carriere politique. Je viens , comme Themistocle , m'asseoir 
au foyer du peuple britannique. Je me mets sous la protection de 
ses lois, que je reclame de Votre Altesse Royale, comme celle 
du plus puissant, du plus constant, du plus glaereox de mes 
ennemis. 

Napoleon. » 

Le 16 juillet, le Bellerophon ( 67 ) fit voile pour l'Angleterre. 

Le 24, il mouilla ä Torbay , ou Napoleon apprit que le general 
Gourgaud , porteur de sa lettre , n'avait pu communiquer avec la 
terre , et avait ete force de se dessaisir de ses depecbes. 

Le 26 au soir, le Bellerophon entra dans la rade de Plymouth. 
La , les premiers bruits de deportation a Sainte-Helene se repan- 
dirent : Napoleon ne vonlut pas y croire. 

Le 30 juillet , un commissaire signifia ä Napoleon la resolution 
relative a sa deportation a Sainte-Helene. Napoleon indigne, prit 
une plnme et ecrivit; 

« Je proteste solennellement ici , ä la face du ciel et des hom- 
mes, contre la violence qui m'est faite, contre la violation de mes 
droits les plnssacres, en disposaot, parla force, de ma personne et 
de ma liberte. Je suis venu libremeut ä bord du Bellerophon ; je ne 
pas le prisonnier , je suis Thdte de l'Angleterre. J'y suis venu a 
l'instigalion meme du capitaine, qui a dit avoir des ordres«du 
gouvernement de me recevoir , et de me cooduire en Angleterre 

(66) TU se prononce kien aatrement qae voir Note 52. 

(67) Les noms propres donnls aux ysisseanx.sont accompagols de l'artiele. 



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GHAPITRE VIII. 



17S 



tvec ma suite , si cela m'ätait agreable. Je me suis preseote de 
boooe foi ^ pour veoir me mettre sous la protection des lois de 
l'Angleterre. Aussit&t assis ä bord da Bellerophon , je fus sur le 
foyer da peaple britaoniqae. Si le goavernement , eo donnant 
ordre au capitai ne da Bellerophon de me recevoir , aiosi que ma 
suite , n'a voalu qae tendre une embäche, il a forfait ( 68 ) ä l'hoo- 
neur et fletri md pavillon. 

• Sucet act^ ge coosommait, ce serait en vain que les Anglais 
voudraient desormais parier de leur loyaute , de leurs lois et de 
leur liberte :^la foi britaooiqae se troavera perdue daos l'hospi- 
talite da Bellcrophon. 

«Pen appelle ä l'histoire : eile dira qu'un ennemi , qui fit 
loogtemps la guerre au peaple anglais , vint librement, daos son 
iofortooe , chercher un asile sous sei lois : quelle plus grande 
prenve pouvait-il lui donner de son estime et de sa confiance? 
Mais comment r6pondit-on, en Angleterre, a une teile magnani- 
On feignit de tendre une main hospitaliere ä cet ennemi; 
«t qnand il se fut livre de bonne foi , oo l'immola ! 

• Napoleon. » 

■A bord du Bellerophon , en mer. » 

Le 7 aoüt , malgre cette protestatio» , Napoleon fut force de 
quitter le Bellerophon pour passer ä bord da Northum berland : 
l'ordre ministeriel portait d'oter ä Napoleon son epee ; l'amiral 
^eith eut honte d'un pareil ordre et ne voulut pas le mettre a 
«xecution. • 

Le lundi, 7 aout 1815, le Northumberland appareilla pour 
Sainte-Helene, 

Le 16 octobre, soixante et dix jours apres son depart de 
1' Angleterre , et cent dix jouis apres avoir quitte la France , Na- 
poleon toucba le rocher dont il devait faire an piedestal. 

Quant a l'Angleterre , eile accepta dans toute son etendue la 
honte de sa trabison: et, a compter du 16 octobre 1815, les rois 
«went leur Christ et les peuples leur Judas. 

(W) Forfaire ne vient pas de fortiter facere, mais de foras facere ; foras, 
f 0r 'j hon signifie tout ce qui est exccß, excessif. 



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NAPOLEON A SAINTE-HELENE. 



CHAP1TRE I. 

L'empereur concba le meme soir daas une espece d'auberge 
oü il se trouva fort mal. Le lendemaio , ä six beures du matin, 
il partit ä cheval avec le grand marechal Bertrand [et l'amiral 
Reith, pour Longwood, maisoo que ce deroier avait arretee pour 
sa räsidence , comme la plus convenable de File. Ed revenant, 
l'empereur s'arreta a un petit pavillon dependant d*une maison 
de cauipagoe qui apparteoait ä an negociant de File, nomme* M. 
Balcombe. C'etait son logis temporaire , et il devait demeurer la 
tant que Longwood ne serait pas en £tat de le recevoir. II avait 
M si mal la veille , que , quoique ce petit pavillon füt presque 
entierement degarui , il ne voulut pas revenir ä la ville. 

Le soir, quand Napoleon voulut se coucher, il se trouva qn'one 
fen&tre, sans vitrages , sans contre-vents et sans rideaux, don- 
nait snr son lit. M. de Las-Cases et son fils la barricaderent de 
mieux qu'ils purent , et gagnerent une mansarde , oh ils se coo- 
cherent sur chacnn un matelas ; les valets de cbambre , envelop- 
p£s de leurs manteaux , s'etaient jet6s en travers de la porte. 

Le leoderaain, Napoleon dejeuna sans nappe ni servierte, avec 
le reste du fliner de la veille. 

Ce n'etait que le prelude de la misere et des'privatiofis qni 
l'attendaient ä Longwood. 



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CHAPITHE F. 



173 



Cepeedant, peu ä peu cetfe position s'am&iora: od fit veoir dn 
erthvmberland le linge et l*argenterje: le colonel da 53° avait 
it offrir une tonte, que Fon dressa en prelongement de la chaia- 
*e de Pempereur ; des Urs , Napoleon , avec sa rlgularite ordi- 
ilre , songea a reettre an pea d'ordre dans ses journees. 
A dix heures, l'empereur faisait appeler M. de Las-Cases, 
inr dejeuner avec loi: le dejeuner fioi, et apres nne deini-heure 
) cooversation , M. de Las-Cases relisait ce qui loi avait ete 
ct6 la veille: cette lectore achevee, Napoleon continuait de 
cter jusqu'ä quatre heures. A qnatre heures, il s'habillait et 
rtait , pour qu'on put faire sa chambre, descendait dans le jar- 
n , qu'il affectionnait beaucoup , et au bont dnquel une espece 
» berceau recouvert en toile , comme une tente , lni offrait un 
jri contre le soleil; il s'asseyait ordinairement sous ce berceau, 
1 Ton avait apporte une table et des chaises; la, il dictait a 
slui de ses compagnons qui arrivait de la ville pour ce travail, 
isqu'a Tb^ure da dioer , qui Itait fix^e ä sept heures. Le reste 
? la soiree , on lisäit, ou du Racine, ou du Moliere , car on n'a- 
lit pas de Corneille : Napoleon appelait cela aller ä la comedie 
j ä la tragedie. Enfin , il se couchait le plus tard qu'il pouvait, 
lendu que , lorsqu'il se couchait de bonne heure , il se reveil- 
it au milieu de la nuit et ne pouvait plus se rendormir. 
En effet, quel est celui des damnls de Dante qui eut voulu tro- 
aer son supplice contre les insomnies de Napoleon? 
Au bout de quelques jours, il se trouva fatigue et malade. On 
rait mis trois chevaux ä sä disposition , et , pensant qu'une pro- 
enade lni ferait du bien, il arrangea, avec. le general Gour- 
ind et le gäneral Montholon , une. cavalcade pour le lendemain ; 
ais , dans la journee , il apprit qu'un ofiicier anglais avait ordre 
s ne päs le perdre de vue: aussitdt, il renvoya les chevaux, en 
isant qne tout Itait calcul dans la vie, et que des que le mal 
apercevoir son geölier etait plus grand que le bien que pouvait 
rocnrer l'exercice , c'etait un gain tout clair que de rester chez 
»i. 

L'empereur remplaca cette distraction par des* promenades de 
ait qoi 4uraient qüelquefois jusqu'ä deux heures du matin. 
Enfin , le dünanche 10 decembre , l'amiral fit preVenir Napo- 



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176 NAPOLEON A SAINTE-HELENE. 

leon que sa maison de Longwood 6taft pr6te : et , le meine jou 
l'empereur s'y rendit ä cheval. L'objet qui lui causa le plus fi 
plaisir , dans son nouvel ameublement, fnt une baignoire en boii 
que Tämiral etait parvenu ä faire executer , sur ses dessins , pn 
nn charpentier de la ville , une baignoire etant un menble ifl 
connn ä Longwood ; le m6me jour , Napoleon en profita. \ 

Le lendemain , le service de l'empereur commenca a s'orgtnj 
ser : il se divisait en trois series , chambre , livree et bouche , d 
se composait de onze personnes. j 

Quant a la haute maison , tont fut ä pfeu pres regle xsomme i 
File d'Elbe : le grand marechal Bertrand cejasf&rva le commandej 
ment et la surveillance generale , M. de Montholon fut charn 
des details domestiques , le general Gourgand eut la direction dl 
recurie, et M. de Las-Cases surveilla l'administration interieure 

Quant a la division de la journee , c'etait ä peu pres la memi 
qu'a Briars. A dix heures, l'empereur dejeunait dans sa chambn 
sur un gueri^on, taodis que le grand marechal et ses co'mpagnoaj 
mangeaient a une table de service , oü ils'ltaient libres de fain 
des invitations parliculieres. Comme il n'y avait pas d'heure nw 
pour la promenade, la chaleur etant tres-forte le jour, ThumidiU 
prompte et grande le soir, et que les chevaux de seile et la voiJ 
ture , qui devaient toujours venir du cap , n'arrivaient jamaUJ 
l'empereur travaillait une partie de la journee, soit avec M. dl 
Las-Cases, soit avec le general Gourgaud ou le general Moij 
.tholon. De huit ä ueuf heures on dinait rapidement, la salle i 
manger ayant conserve une odeur de peinture insupportable \ 
Tempereur: puis on passait au salon, ou etait prepare le dessen 
La, on lisait Racine , Moliere ou Voltaire , en regrettant de pl« 
en plus Corneille. Enfin, a dix heures, on se mettait ä une tabl< 
de reversi, jeu favori de l'empereur, et auquel on restait ordi 
nairement jusqu'ä une heure du matin. < 

Toute la petite colonie etait logee a Longwood , a l'exceptioi 
du marechal Bertrand et de sa famüle, qui habitaient Hufs Gatq 
mauvaise petite maison situee sur la route de la ville. 

L'appartement de l'empereur 6tait compose' de deux chambres, 
cbacune de quinze pieds de long sur douze de large et environ 



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CHAPITRE !. 



177 



ft de haut : des pieces de n sakra , tendaes ea guise ( 69 ) de 
iiier, les garaissaient toutes deux : ua mauvais Upis en cou- 
ftit le plancher. 

r Dans |a cbambre ä coacber etait le petit lit de campagne ou 
achait l'empereur , ub canape , sur lequel il reposait la plus 
inde partie de la journee, an milieu des livres dont il etait en» 
pbre; ä cöte, un petit gueridoo $ur lequel il dejeuoait et di- 
litdaw son iuterieur, et qai , le soir , portait un chaadelier ä 
ois branches recouvert d'un grand chapiteau. 
Bntre les deux fenätres, et a l'opposite de la porte , etait une 
mmode contenant le Höge de 1'empereitr, et sor laquelle etait 
b grand necessaire. 

La chenrinee , surmoatee d'une fort petite glaee , Itait ornee 
s plasieurs tableaux. A droite, etait Le portait da roi de Roma, 
ebeval sor na moiiton ; a gaucbe , et en pendant, 6tait nn antra 
Irtrait da roi de Rome , assis snr un coossin et essayant ob« 
»toufle; au milieu de la cbeminee, etait un buste en marbre du 
fone enfant royalj deux cbaadeliers, deux flacoas et deux 
Isses de venneil , tires du necessaire da l'emperear , coinple- 
knt la garniture de la cbeminee. 

Enfiü,aopres du canape, et precisement en face de l'empe* 
lorqnand il y reposait etendu, ce qui avait lieu une graade 
Irtiedu jour, etait le portrait de Marie-Louise, tenaat son fils 
ttre ses bras , peint par Isabey. 

fia oatre , sar la gaacbe de la cbeminee , et en debors des por* 
, etait la grosse mootre d'argent du grand Frederio , espece 
> reveille-matia pris ä Potsdam, et, ea regacd, la propre montre 
• l'empereur, celle qui avait sonne" l'benre de Mareogo et d'Aus- 
Hitz, recouverte en or des deux cotes^ et portant la lettre B. 
Laseeonde pieee, servaat de oabinet, n'avaiit d'abord poor 
it meuble que des plaacbes brutes, posees sur de simples tre- 
*«#sopportaat ua bon nombre ( 70 > de livres epars et les di- 
to caapitres Berits par ebacua des geae>aux ou seorelaires 
** la dictee de rempereur ; ensuite , entre le» deux feaetres, 



<K) G«u«,SBttfe, covme GuiUautm , »ttyclm. 

(70) Bon nombre , saus ardcle , se trouve Note 50. 
Dumas, Napoleon. \% 



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178 



NAPOLEON A SAINTE-HELÄNE. 



une armoire en forme de bibliotbeque ; ä Topposite , un ltt , sei 
blable au premier, et sur lequel l'empereur reposait parfois 
jonr et se coucbait meme la nuit , apres avoir quitte le premi 
daos ses fr^qnentes et loagues iosomoies : eofin, daos le mili 
6tait la table de travail , avec Tindication des places qu'ocq 
paient ordioairemeat Tempereur, lorsqu'il dictail, et MM < 
Moatbolon, Gourgaud ou de Las-Cases, lorsqu'Üs ecrivaient. \ 

Tels etaient la vie et le palais de l'homme qui avait tour ä U 
habite les Tnileries, le Kremlio et rEscurial. v 

Cepeadant, malgre* la chaleur da joor, malgre* rhumidite i 
soir, inalgre Tabseace des eboses les plus oecessaires a la \ 
commuoe , Tempereur eut supporte avec patience tontes ces p 
vations si Tob n*avait pris a tache de Peatourer , de le traiH 
non-seulemeat comme ppisoaaier daos Tile , mais encore eomi 
prisoooier däas sa maisoo. On avait decide, comme ooas l'ava 
dit , que lorsque Napoleoa mooterait a cbeval , ua officier l'l 
compagaerait toujours : Napoleoa avait pris le parti de ne pl 
sortir. Alors sa coostaoce avait lasse ses geoliers , et od a* 
leve cette consigoe, pourvu qu'il demeurät daos certaines la 
tes; mais, daos ces limltes il etait eoferme par ua cercle de a 
tiaelles : uojour, uoe de ces seotioelles coocba Pempereur 
joue , et le geaeral Gourgaud lni arracba soa fusil an momeot \ 
probablemeat eile allait faire feu. Cette enceiote nc permetl 
guere, au reste, qu'une demi-lieue de course , et comme Fe«! 
reur oe voulait pas la depasser, pour s'epargner la compagnie 
soo gardiea, il proloogeait sa promenade ea deseeodan t, par i 
cbemins a peiae frayes , daas des ravios profoads ou il est 
croyable qu'il oe se soit pas dix fois precipite. 

Malgre ce cbaogemeat daos ses habitudes , la saute de rem 
reur se maiatiot assei booae peadaat les six premiers uaois. 

Mais l'biver suivaot , le temps 6tant deveau coaatamment nu 
vais, rhumidite* et la pluie ayaut eovabi les appartements ^» ö 
too qu'il babitait, il commeoca a eprouver de freqaeates iod 
positioos , qui se maaifestaient par des lourdeurs et des eag^ 
dissemeats. Au reste , Napoleoa a'igaorait pas que Fair etait 4 
plus iasalubres , et qu'il Itait rare de reaeaatrer daas l'üe ■ 
persoaue ayaut atteiat Tage de ciaquaate aas. 



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CHAPITRE II. 

• CHAPITRE II. 

Sur ces entrefaites, nn nouveau Gouverneur arriva et fut pre- 
inte; par 1'amiraL ä l'em'pereur: c'etait un hoinme d'environ 
naraote-cinq ans r 'd'uue taille commune, mince , mäigre , sec, 
>uge de visage et de ehevelure, marquete de jaches dexousseur, 
rec des yeux obliques , se fixant a la de>obee , ne regardant que 
Irement en face, et recouverts de sburcils d'un Mond ardent, 
pais et fort proeminents. Jt se nommait-sir Hudson Lowe. 
A partir du jour de son arrivee , de nouvelles yexations com- 
lencerent , qui devinrent de plus e* plus intolerantes. 'Son de- 
at fu( d'envoyer ä l'emperenr.'deux .pampblets contre lui. Puis 
i fitsubir ä tous les domestiques un interrogatoke , pour* savoir 
'eux si c'etait librement et de leur pleine volonte qu'ils demeu- 
■ient avec Tempereur. Ces # nouvelles contrarias lui occasion- 
ereotbientot une de ces indispositions auxqueltes il devenait 
« pllis en plus sujet: eile dura cinq jours, pendant lesquels il 
esortitpas, mais c'ependant continua*de dicter sa rainpagne 
Italic * . • 

1 Bienlot, les vexations du gouverneur s'augmenterent encore : 
I porta Poubli des plus simples conVenances jusqu'ä inviter ä 
iner chez lui le generpl Buonaparte , pourle faire voir ä une 
bglafse de distinction qui avait xeläcbe ä Säinte-Helene. Napo- 
bn ne repondit pas meme ä l'invitation. Les persecutions re- 
toiblerent. 

1 Personne ne put desormais ecrire sans avoir prealablemCnt 
ommunique la lettre au gouverneur , et tonte lettre donnant a 
fapoleoh le titref d'empereur etait confisquee. ' 
' t)n fit sigmfier au generaj Buonaparte que la depense qu'il fai- 
ait etait trop grande > que le ' gouvernement n'avait entendu lui. 
onner qu'une table journaliere de quatre personneä au plus, ane 
oiÄlle de vjn par jpur pour cbaque personne , et un diner prie 
*r semaine : s'il y avait des depe.nses excedantes , le- general 
taonaparte et les personnes de sa suite devaient les payer. 
L'empereur fit.br.iser son ' argenterie et Penvoya ä la ville: 
nais le gouverneur fit dire qu'il entendait qu'elle ne fut vendue 
[u'a Thomme qu'il pr&enterait ; l'homme qu'il presenta donna 

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170 



180 NAPOLEON A SAINTE-HELENE. 

six miile frapcs du premier envoi qui avait ete fait : c'etaient 14 
deux tiers ä peine de la valeur de cette argenterie* prise ti 
poids. 1 
L'empereur prenait ua iiaio toas les jours : ob lai fit dire qal 
devait se conteater d'un" bain par semaiae ,' l'eaa etant rare 1 
Longwood, n y avait quelques arbres sous lesquels il allait pi* 
fois se promener , et qui donaaient la seule ombre qa'il y e| 
dans la limite assignee a ses promenades: le gouveraeur les fl 
abattre ; et comme l'empereur se ptajgnalt de ee.tte cruaute , I 
repondit qu'il igaorait que ees arbres fassen! agreables au gao» 
ral Buohaparte, mais que, da momeht qu'il les regrettait , oft «4 
planterait.it autres. 

Alor*, Napoteoa avait parfois des*moavements d'emporteaieil 
sublime. Cette reponse en excita ua. 

— Le plus mauvais procede des ministres anglais , s'eeria-t-t 
a'est plus desormais de m>voir envoye ici , mais de m^y avoi 
place en vos niaios. Je me plaigaais de l'amiral; mais aamoia 
iL avait du cceur, lui:*voas, vous deshohorez votne aation, 
votre -nom restera une j0e(rissure* ' 

Änfia, oa s'äpercut a'k qualtte de la yiande qu'ou fouraissaÜ 
a la table de l'emperear des-betes mortes et non tuees. On fit do| 
mander ä les avoir Vivantes : cette demaode fat refusee. 

Des lors , l'existence de Napoleon B'est plus qu'uae lente ej 
penible agoeie, qui cepeadant dure cinq ans : pendaal cloq aal 
encore , le moderne Prometbee* reste encbaine sur le roc 0«. Ha« 
son Lowe lui ronge le c«ur. Enfia , le 30 mars 1821 , jonr dl 
glorieux anniversaire de la rentree de Napoleon a Paris, NaaJ 
leon eprouva , des" le matin , uae forte öppreffsiön a l'estomac 0 
une sorte de suffocjalion fatigante a la poitrine ; bieutot ose dbw 
leur aigue se fit sentir ä Cepigastre , daaa rbypocoadre ganchft; 
et) s'etendit sar le cöte du tborax jusqu'ä 1'epaule correspo» 
dante. (tfalgrd les premiers remedes, la fieyre coatinua, ^bd* 
mea devint douloureux'autact et l'estomac se tendit. Vers ciai 
heures de l'apres-midi , il y eut un redanblemeat , accompagal 
d ? ön froid glacial ,'surtoat aux extremites iafe>ieures, et le nr 
lade se plaignit de crampes. En oe moment , madame fiertrasl 
etant venue lai faire une visite, Napoleon s , effor9a de parauw 



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CHÄPIIHE II. 



181 



Iftitts abattti , et anVeta mäme un peu de gaiete" ; mais bientM» 
« disposittdn xa^laneelique reprenaut.le deäsus: «II faut noua 
Spater a ha sfentence fatale : vous , Horteös« et moi/ somnies 
Eestio^s a la suhir sur ce vilain rocher. J'irai le preinier , vous 
iendrefc ensuite , Hortense vous suivra.' Mais nous noUs" retrou- 
«r*ns tous les trois lä-haut. » Puis il ajouta cSs quatre vers d4 

Hais ä revoir Paris je ne dois plus prStendre : . 
Vous voyez qu'au tombeau je suis pr£l a tiescendre. 
Je vais äu Roi des rois demander aujourd'hui 
Le prix de tous les maux que j'ai soufferts pouc lui. 1 

La noit qui suivit fut agitee , les symptemes devinrent de plus 
»plusgraves t une J)oisson 4metis£e les fitdisparailre momentane*- 
aent, mais ils reparurent bientöt. Une consultation ent lieu 
tforg. f presque roalgre l'emperear , entre le docteur Autömarchi 
ft M. Arnett , Chirurgien du 20 e rögiment en' garnison dans l'ile» 
Ces messieurs recoonureat la necessfte d'appliquer un lärge vesi- 
wtoire sur- la region abdominale, d'administrer un purgatif, et de 
Wer d'heure en heure du vinaigre sur le front du malade. La 
maladie ne continua pas moins ä faire des progres rapides. 

ünsoir, Un domestique de Longwood dit qu'il avait vu une 
romete: Napoleon l'entendit, fet ce presage le frappa. -Une 
cwnete! s^cria-t-il, ce fut le signe prScurseur de la mort de 
Ceaar,» \ 

Le 11 avril, le froid aux pieds devint excessif. Le docteur 
wsaya des fomeutations pour le dissiper. « Tont cela est inutite* 
Iii dit Napoleon , ce n'est point la, e'est a l'estomac, c'est au 
feie, qu'est Je mal: vous n'avez point de remecte contre l'ardeur 
gni me brule , point de preparation , point de medicaments pour 
calmer le feu dont je suis devore. ■ 

L* 15 arril , il commeoca ä rädiger son testament , et ce joUr^ 
lareatree de sa chambre fut interdite a tout le monde, excepte" 
a Marchand et au gene>al Monthoroo , qui resterent avec lui de- 
puis une heure et demie jusqü'a six beures du soir. 

A six heures, le docteur entra : Napoleon lui montra son testa- 
ment commence\ et chaque piece de son necessaire Stiquetee du 



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182 NAPOLÄON A SAINTE-HELENE. 

nom des personnes auxquelles elles etaieot destinees. « VoJ 
voyez , loi dit-il , je fais mes apprets pour m'en aller. » Le doo 
teor voülut le rassurer: Napoleon faire ta: '«Plus 4'Ulusio* 
ajouta-t-il; je sais ce qu'il en est, et je suis resignl. • 

Le 19 amena un niieu* sensible qui .rendit l'esperance a tou 
le monde , excepte a Napoleon : chacnn se felicitait de ce cha* 
gement: Napoleon nous laissa dire, pnis en souriaut: «Voss M 
vous trompez pas ( 7l >, je vais mieux aujourd'bui, mais je n'ei 
sens pas moins que ma fin approche. Quand je serai mort, cbu 
cun de vous aura la douce consolatiön de retourner en EuropeJ 
Vöus reverrez. les. uns vos parents , les autres vos- amis. Moi , \i 
retrouverai «es braves ati eiel. Oui , oui , ajouta-.t-il en s'aoi« 
mant et en eleva'nt la voix avec un accent inspire , oui, Kleber, 
Desaix, Bessieres, Duroc, Ney, Murat, M«ss6na, Berthier; 
viendront a ma rencootre. Iis me parleront de ce que nous avoes 
fait ensemble , je leur conterai les derniers eveoements de mt 
vie: en me revoyant, ils redjßviendront tou» fous d'enthousiasmi 
et de gloire, Nous causerons 'de nos guerres avec les Scipioos, 
les Cesar, les Annibal , etil y aura plaisir a celft.., A moiss, 
continua-t-ü en souriant, qu'on oe s'effraie la-haut de voir tant 
de guerriers «nsemble. » 

Quelques jours apres, il fit venir son chapejain Vignalt. «Je 
suis ne dans la cejigion catholiljue, lui dit-il', je veux remplir 
les devoirs qu'elle impose et recevoir les sacrements qü'elle ad- 
ministre. Vous direz tous les jours la messe däns la chapelle 
voisine , et vous exposerez le saint-sacrement pendant les qut- 
rante beures. Quand je serai mort, vous placerez votre äutel t 
ma täte , dans la chambre ardente', puis vous continuerez ä ce- 
Ubrer la messe. * Vous ferez toutes les ceremouies d'usage, et 
vous ne cesserez que lorsque je serai .enterre..» . 

Apres le prßtre , vint le tour du.medecin. « Mon eher doeteur, 
Inf dit-il , apres ma iriort , qui ne saurait Älre elbignee , je i«üi 
que vous fassiez l'ouverture de mon cadavre, mairfj'exige qu'an- 
cun medecin anglais ne mette'la maio sur moi. Je souhaite qo« 
vous preoiez mon'coeur, que vous le mettiez dans de Tesprit-de- 

(71) 11 est vrai que je vais mieux aujoord'hui , mais etc.* 



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CHAPITRE H. 



193 



in, et quo vous le portiez ä ma cbere Marie-Louise: vous lui 
irez que je Tai tendrement aimee , que je rt'ai jamais cesse de 
aimer, vous lui raconterez tout ce que j'ai souffert; vous lui 
irez tout ce que vous avez vu; vous entrerez dans tous les de- 
üls de ma mort. Je vous recommaode surtout de Men examiner 
ton estomac, et d'en faire uu rapport precis et detaille que vous 
pndrez ä Rome : vous irez trouver ma mere , ma famille ; vous 
»ur rapporterez ce que vous avez observe relativement a ma 
üuation; vous leur direz que Napoleon, celui-la memo que le 
loade a appele le Grand , comrae Charlemagne et comme Pom- 
«e , est mort dans l'etat le plus deplorable , manquaot de tout, 
bandonne a lui-meme eta sa gloire. Vous leur direz qu'en ex- 
»irant , il Iggue ä toutes les familles regnantes l'horreur et l'op- 
irobre de ses derniers moments. * 

Le 2 mai, la fievre arriva au plus haut degre dMntensite qu'elle 
ßüt encore atteint: le pouls donna jusqu'ä cent pulsations a la 
ninute, et l'empereur eut le delire : c'etait le commencement de 
l'agonie. Mais cette agonie eut encore quelques moments de re- 
lache. Dans ces courts moments de iucidite , Napoleon revenait 
tans cesse a la recomroandatioo qu'il avait faite au docteur An- 
tomarchi: «Faites avec soin, lui disait-il , l'examen anatomique 
de moo corps, de l'estomac surtout. Les medecins de Montpellier 
m'ont annonce que lä maladie du jtylore serait bereditaire dans 
na famille ; leur rapport est, je crois, dans les mains de Louise : 
demandez-le, comparez-le avec ce que vous aurez observe vous- 
meme: que je sauve au moins mon enfant de cette cruelle ma- 
ladie ! « . . » 

La nnit futassez bonne ; mais le lendemain/ au matin, le delire 
reparut avec une nouvelle force. Cependant, vers les huitheures, 
H perdit ün peu de son intensite; veis trois beures, ie malade 
reprit sa raison. II en profita pour appeler les executeurs testa- 
mentaires , et leur recommanda , dans le cas oü il viendrait ä 
perdre completement connaissance, de ne laisser approcher de lui 
aucun medecia anglais autre que le docteur Arnott. Puis, ilajouta, 
dans toute la plenitude de sa raison et dans toute la puissance de 
son ge"nie : 

— Je vais mourir : vous allez repasser eaEurope; je vous dois 



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1*4 



NAPOLEON A SAINTE-HELENE. 



quelques cotisells sar la eoadaite qae voas ävet ä teoir. V»a| 
avez partage man exil, ratts serez fidel«« ä ma niemofae, von* m 
ferez rien qai paisse la blosser. J'ai sanetiennä toas les pH« 
cipcs, je tes ai infnses dans mes lo4s, dans mes acte* 5 11 tt*y «1 1 
pas an seal qae je a'aie cottsaerä* MalheareaBement \ lea eircaa* 
stances efafcnt graves: j'af &e* oblige* de J^vlr, a>jeattier ; lei 
revers sont venas , je a'ai pn deoander Farc , et la France a et* 
privee des institntioas liberales q;ae je hii destiaais. Elle Ute jag« 
avec indalgeace , eile me tieat coaipte de mos intentions , eilet 
Charit mon nnm , mes victoires; iftitez-la. Soyez fideles aax opi- 
nions qae voas arez dlfeadnes , a la gloire qae noas avens ae^H 
qaise : ü n'y a hors de la qae honte et confusiom ! 



CHApiTftE III. 

Le 5 aa matin , le mal etait parvean ä soa eomble : la vie a'£-l 
tait plus cbez le malade qu'ufie vegetatioa bäletante et doaloa-i 
rease; la respiration devenait de plus eo plus insensible ; le» 
yenx, oaverts dans toate lear grandeur, etaieat fixes et atoaes. 
Quelqnes pareles vagaes, dmiiere >bnllition de soa cerveau e» 
delire , venaient de temps fia temps mourir sar ses levres. Les 1 
deraiers mots qae l'en enteadit forent ceax de täte et d'urmeV. 
Pais, la voix s'&eignit, tonte intelligence parat morte , et le doc- 
teur lui-meme crut qae le principe de la vie itait eteint. Cepen* i 
daat, vers les bait beares^ le poals se releva : le ressort mortel I 
qal ftrmait la bouöhe da atoritooad seatbla se dettadre , et qael- 
tfttes seupirs profoads et supr&nes sVxnaferfeat da sa poitrine. 
A eMx heares et demie, le poals etait aaeantf : a oaze beares et 
quelques minntes, i'emperenr aväit Veen 

Viagt beares apres la mort de soa illastre mafade , le doctear 
AWlomarchi proceaa ä soa oavertare, ainsi qae Napoleon le hi 
avait si soaveat raeontftftade : pais, il detaeba le coßar, qnll mit, 
selon les instractions recaes , dans de l'esprit-de-via , afia de le 
readre a Marie-Loaiae, Mais ea ce momeat les execatears testa- 



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ghaWTre Iii. 



»at*ires sat-viareat ave* le refas de sirftndsenLowe de laisaer 
irtir de Sainte - Helene , non-seulement le corps , mais aueuae 
irtifc da corps. II devait rester dans Hie. Le cadavre etait 
tme" a t'&aafaud. 

a'occapa des lors de ohoisir la place de la sepalture de rem* 
nrenr , et la präference fut deoaee ä an lien que Napoleon a'a- 
iit vo qu'une fois, majs dont il partait toujours avee Coinplai- 
tece : air Hudson Lowe con sentit ä ce que la tombe fd t ereusee 
i eet endreit. 

Llautopsie terminäe, le docteur Antomarchi rennit par ane aa* 
ire les parties separees , lava le corps , et 1'abandoOna aa valet 
e cbamfcre qai le revötit da costume que l'emperenr avait Fha- 
Itnde de porter, e'est-a-dire, d'ane culotte de Casimir blanC , de 
ts de soie Maacs , de longues bottes ä Fecayere avec de petlts 
perons, d'aa gilet blaue, d'aae cravate blanche recouverte d'aae 
ravate noire boaclee par derriere, da grand cordoa de la Legion 
Tionneur, de Thabit de colonel des chassears de la garde decore 
es ordres de la Legion d'honneur et de la Couronne de fer, en- 
n, da cbapeaa a trois cornes. Aiasi v&a, Napoleon fat enleve 
e la salle, le 6 mai, a cinq heures trois qaarts, et expose dans 
a petite cbambre ä coacher, qne Toa avait convertie eri chapelle 
Tdente. Le cadavre avait les maias libres; il etait ätendu sur 
an Vit de eampagae ; soa epee etait ä son cAte* ; an crncifix repo- 
ait sar sa poitrine, et le manteau blea de Mareago etait jete sar 
es pieds. II resta ainsi expose* peadant deax joors. 

Le 8 an matin, le corps de l'emperenr, qai devait reposer sons 
a colonae , et le cceur , qni devait ätre envoye' ä Marie-Louise, 
ureat deposls dans ane caisse de fer-blanc , garnie d'ane espece 
le matelas et d'ua oreiller recottverts de satin blanc. Le Cbapeaa 
le ponvaat , faate d'espace , rester ä la täte da mort , fat place' ä 
:es pieds. Autour de lui oo sema des aigles et des pieces de Wa- 
es les monnaies frappees ä soa effigie pendant le cotrs de son 
'egne: on y deposa encore son couvert, son couteaa, et ane as- 
iiette ä ses armes. Cette premiere caisse fat enfermee dans ane 
seconde caisse en .gcajou , qae Tob mit dans ane troisieme en 
?lomb , laquelle fat enfih place* e dans ane qaatrieme caisse en 
icajoa , pareille ä la seconde , mais de plus graade dimension : 



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13t NAPOLÄON A SAINTE-HELENE. I 

puis , on exposa le cercueil ä la m&me place oü avait M expom 
le corps. m 

A midi et demi , ie cercueil fut transporte par les soldats de ■ 
garnison dans la grande allee du jardin , oü le c^prbillard alte» 
dait: on le couvrit d'un velours violet, sur lequel on jeta le mal 
teau de Marengo, et le cortege funebre se mit en route dai 
r ordre suivant : 

L'abbe' Vignali, revetu des orneinents sacerdotaux, ayant a si, 
cfttes le jeune Henri Bertrand, portaot nn blnitier d'argeut ave 
son goupillon : 

Le docteur Antomarcbi et le docteur Arnott: i 

Les personnes chargees de surveiller le corbillard 9 traine pai 
quatre chevaux cooduits par des pale freniers, et escorte par doanl 
greoadiers sans armes de chaque cote : ceux-ci devaient portei 
le cercueil sur leurs epaules des que le mauvais etat du chemii 
empecherait le char d'avancer : 

Le jeuoe Napoleon Bertrand et Marchand, tous les deux a pie4 
et sur les cötes du corbillard : 

Les comtes Bertrand et Montholon, a cheval, immediatemeol 
derriere le corbillard: 

Une partie de la suite de l'empereur': 

La comtesse Bertrand, avec sa fille Hortense, dans une calechi 
attelee de deux chevaux conduits a la main par ses domestiques, 
qui marchaient du cöte* du precipice: 

Le cheval de l'empereur, conduit par sonpiqueur Arcbamband: 

Les officiers de marine, a pied et ä cheval : 

Les officiers de Fetat-major, a cheval : 
. L&geoeral Coffin et le marquis de Monchenu, a cheval: 

Le contre-amiral et le gouverneur, a cheval : 

Les habitants de l'ile : 

Les troupes de la garnison. 

La tombe etait creusee a uo quart de mille a peu pres au dela 
de Hut s Gate. Le corbillard s'arreta pres de la fosse, eile canoa 
commenca ä tirer cinq coups par minute. 

Le corps fut descendu dans. la tombe pendant que l'abbe \\ 
goali disait les prieres ; ses pieds tournes vers 1' Orient, qu'il aval 
conquis ; sa Ute tournee vers l'Occident, oü il avait regne. i 



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CHAPITRE III. 187 

Puis, ane enorme pierre, qui devait servir ä la nouvelle maisog 
le l'empereur , scella sa demeure derniere, et passa du temps ä 
^ternitc. 

Älors on apporta ane plaque d'argeut sur laquelle etait gravee 
'inscripüon suivante : 

* NAPOLEON, 

NE Ä AJACCIO, LS 15 AOÜT .1769 , 
MORT A SAINTE-BELENE , LE 5 MAI 1821. 

Mais , au moraent ou on allait la clouer sur la pierre , sir Hud- 
ton Lowe s'avanca et declara, au nom de son gouvernement, que 
l'on ne pouvaitmettre sur la tombe d'autre inscripüon que celle-ci : 

LE GENERAL BÜONAPARTE. 



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GOUVERNEMENT DE NAPOLEON. 

— • 



CHAPITRE I. 

Maiotenant, detournons les yeux de cette tombe, oü FAnfle- 
terre ne pennet pas que Ton cloue nne ioscription , et voyons ce 
que celui qa'elle renferme a fait, petidant an regoe de dixans, 
pour le bien-etre preseot des*peuples, pour la grandeur etlap«* 
ä venir ( 72 ) du moode. 

A son retour d'Egypte, Bonaparte trouva la France dans ui! 
etat deplorable. Dans FOuest, la guerre civile: a Paris, aux«* 
mees, l'incapacite, l'immoralite, le brigandage. Lesderoieresres- 
sonrces da pays allaient se perdre dans les coffres des fonrois- 
seurs, des faiseurs d'affaires* Le tr£sor public etailvide, Ic credit 
aneanti. Ni religion, ni lois. Les gojiveroements qui s'etaientsa«^ 
cede ( 73 ) depuis 1792, assez occupes, d'ailleursj ä la defense des 
frontieres, aux proscriptions , aux grandes mesures politiques, 
avaient peu fait pour Pordre civil. Enfin, par-dessus tont cei« r 
notre gloire n'^tait pas moios chancelante au # dehors que la p* 1 * 
et la prosperite* au dedans. 

Le premier soio de Bonaparte, en arrivant au pouvoir, est dV 



(72) A venir, corame chez nons äu? fünft, üne traduction ä faire; W»^ 
ä traduire ; des fautes a corriger. Eü aoglais to come. 

(73) Pourqnoi pas: succidis? 



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CH API THE L 



Eeiodre, autaat que possible, les Maines des partis , de tont con- 
rilier, de tout rapprocher. Le rappel des proscrits de fraptidor, 
« retour des emigr£s, la paeißcatioa de la Veadee, le coocopdat, 
j'est-ä-dire la paoification de l'JETglise , .sont les resultats de cette 
wlitiqae large et feoonde. JElle se noatre dans les moiodres 
»aoses. A eb%6 des statnes de Hoche , de Joobert et de Marceau, 
\ eleve des mausobees ä Cende , a Tareane , ä Vauban ; d'une 
aaio , Ii seoeurt la sceur de Robespierre et la mere da dac d Or- 
eaas, de l'autre ik seutieat la veave de BaiUy et ta derniere des- 
seodante des Djaguesclin < 74 ). 

Ea aeme teraps , U eaordoaae aetre ioforme legislatioa ; pour 
aienx dir«, tlla-crele. 11 traite lui^mene, aa Milieu de so« ooa- 
aeit/ee* matieras ardaea tfu'il a'a poimt appri&es, rnais deviaees ; 
il eolaire, il eioaae las Trancnet, les Portalis (^ 5 ), les plus grands 
jnrisc'oasohesi Un code tont entter est le. fruit de ees admira&les 
äuscasaioBS.: Fordre civil est fonde en France. De m5me ; l'admi- 
nistratiea sera remuee de foud ea comble : ä tont il portera la 
■ain, et l'ardre jaillira partout du chaos. • 

Quelle que soit la dfrersite des opioions snr l'organisation po- 
litiqoe de Feaipire , il a'y a 'qu'urie voix sur la force et la gran- 
denr de son administratioa , Napoleon avait place" le conseil d'E- 
ttt, conrme la clef de tont l'edifiee. 11 le presidait (") lai-möme 
deax fois par semqine. C'etäit lä que , saus ses yeux , sous sa fe- 
coüdaotc paröle , s'elaboraient tous les graads travaux de l'eaa- 
pire, ta^s les artets, teutos las lots-; le eorps legislatif etle seaat 
De faisaient que confirmer les mesures deja deliberäes et rese»- 
kes daas le canseil. Rien n'ecbappait ä sa directiaa ou a son 
coatrole.- Prefectnres ,* communes, Corps judieiaires, eorps en- 
fleignauts , les midiste res m&me , tout releyait de lui par quelque 
cote : en lui etait l'untoe de i'empire. C'est cette unite , c'est le 
aotisme ( 77 ).de la Representation natteaale, qui ootpermisarem- 

(74) La derniere descendante de la famille desDogaesclin. Bien autrement 
pleriel se irouve plus baa Note 75. 

(75) VoirNola 74 s 

(76) CW lui qtri a preaide la cempagaie. G'est lui qai neos a presid6s. 
C*tat la» qui a präsidi ä< la eonpagnie. 

(77) Daas PAcademie on cbercberait ea vain ce mat daaa aa sens figure» 



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190 



GOUVERNEMENT DE NAPOLEON. 



pereur d'accomplir cn dix ans de regne des travaux que les a 
semblees d£lib£rantes n'eussent point acheves en cinquante an 
II y a lä, peut-etre, de qaoi compenser l'absence des libert 
publiques. . ' 

Mais, pour ne point l'appeler ( 78 ).serieusement al'exerciced« 
droits politiques , Pempereur n'oubliait pas le peuple. Son bie 
etre le preoccupait sans cesse. Dans nne lettre. 6crite an minist 
de l'interjeur, le 2 novembre 1807, il attacbe la plus baute id< 
de gloire ä 1a destruction de.la mendicite' par tont l'empire. Soi 
vent , il provbqua les avis des publicislps sur les moyens d'am 
liorer le sort des classes pauvres. II creales depftts de mendicit« 
il institua la societe materoelle ; il retablit les soeurs de Charit« 
il dota les bospices et leur fit rendre les biens qu'un decret'de 
eonvention avait-ali£n£s. II voulait .que les ceremonies de l'l 
glise fussent gratuites. pour les pauvres, que l'inhumation « 
pauvre se fit decemment : «On ne 'doit. pas priver le« pauvre 
parce qu'ils sont pauvres ,; disait-il , de ce qui les console de 1 
pauvrete. » Et il ordoooa que si 1'eglise etait tendue de noir poi 
un riche, on ne la detendrait qu'apres le'service du pauvre. 

Apres cela, si.l'on dontait'encore de sa sollicitude et da bie 
etre qu'il avait procura aux masses, en fandrait-il d'autre preui 
que le parfait repos oü demeurait l'empire ,* alors que les forc< 
militaires Itaient tout entieres au dehors, et que toute repressi« 
eut ete impossible au dedans? Dans "les temps oü npus vivoos ", < 
n'est pas une chose saus gloire.qu'un regne fl'e dix aqneespi 
4e guerres civiles et d'emeutes. 

. Quelque absolu qu'il füt, le gouvernement imperial ne craigoa 
pas la lumiere. Napoleon voulait, au contraire, que l'on eclairi 
les masses: «II n'y a^ disait-il, que celui qui* veut tromper 1< 
peuples et gouverner ä son profit , qui puisse vouloir les reteni 
dans Tignorance: car, j>lus les peuples seront e'claires ,'plus. H 
aura de geos convaincus de la necessite des lois , du besoin d 

(78) Parce que Napoleon n'appela point le peuple k Pexercice des drail 
politiques, il ne l'oubliait pas pour cela. Voir encore Note 26. . 

(79) Ge n'est pas. une chose sans gloire qu'il ait rigni dix ans, etc. q* 
de rigner dix ans; qtfun rkgne de dix ans. On voftbien d'oü vient cett 
parücule surabondante que. 



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CHAPITRR II. IM 

i defeadre, et plus la societe' sera assise, heureuse et prospere. 
s'il peut arriver jamais qoe les lumieres soient nuisibles a la 
lltitade , ce oe sera que quaad le goaveraement , en hostilite' 
ec les inte>&ts da peuple, l'acculera daas nae posilioa forcee, 
reduira la deraiere classe a mourir de misere.» De la, Tim- 
Ision enorme qu'il dooaa ä tons les degres de riastmction 
bliqoe, surtout ä l'enseignement d*es scieaces pbysiqaes et ma- 
fanatiques. Celles-ci jetereat ua vif £clat sur soa regne. La- 
ice, Lagrange, Monge, Berthollet, Cuvier, Bichat, une foule de 
Inds talents et de puissaats genies placereat la Fraace ä la 
te du moude savaat. Ce ae fut poiat aoo plus, quoi qu'onrait pu 
re, [uae epoque perdue pour les arts que ( 8o ) celle ou se rea- 
otraieat Beraardia de Saiat-Pierre, Chateaubriand, madame de 
*el, Beraager,- Lemercier, Talma, M6nul, Gretry, Gros, David, 
inova, Prud'hoo, oü se forinait Gericault. Oa a trop coofoodu, 
i poiat de vue artistique et litteYaire, l'iaflaeace imperiale avec 
influeace agooisaate du dix-huitieme siecle ; oo a*a point assez 
iflechi qu'une litterature ae se cree pas , que les arts ae se re- 
vent poiat ea ua jourt il oe suffit pas pour cela d'avoir des mil- 
>ns et la volonte, il y faut aussi le temps. Ce que l*on peutdire 
f ec raison, c'est que l'impulsion fut donnee par l'empereur; 
est qoe les vastes idees qu'il a senrees sur soa passage, la gloire, 
graadeur qu'il a versees ä flots sur toute la oation, contribue- 
Qt loogtemps eacore , meine ä notre insu , ä la gloire et ä la 
•andern* de nos arts et de notre litterature. 



(80) Pour expliquer l'emploi sarabondant de cette particule, oo oe trouve- 
'l gnere ici une suite de phrases teile que Note 79 ' x mais Pexplication ci- 
«sug donnle n'est pas moins vraie pour cela. La voie une fois frayee , la 
agoe, par soa universalisme tres-marquant , mar che plus loio que l'on ne 
nserait ordinairement. 



« 



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GOUVERNEMENT DE NAPOLEON. 



CHAPITRE II. 

i 

Un seul mot sur l'organisation fiaancjere da coasuUt et 
l'empire. De 1802 a 1810 , les dettes de FJEtat füren t liquid« 
A, partir de 1803 , cbose unique, ea Europe, les recettos couv 
reut les dep eases. Les armemeuts extraor^inaires et les de« 
tres des trois dernieres annees de l'empire purent seuls iofc 
vompre cette prospe>ite: jusqu'en 1811, malgre l'etat de gner 
permanent, aucna budget n'avait atteint 800,000,000. Sil'onvi 
öftvoir a qnels enormes travaux suffisaient ces ressoarces , les 4 
tails,* encore incomplets, contenus dans .Fexpose soivaat, poi 
roat en deiner uoe idee. 



Bxtrait de t Expose de la Situation de Vempire, presentea 
corps legislattf, dans la seanee du%$fevrier 1813, par 
comte Montalwety ministr'e de Fintcrieur. 

Messieurs, 

S. M. m'a ordonne de vous faire copnaitre la Situation de 11] 
terieur de l'empire dans les annees 1811 et 181?. 

Vous verrez avec satisfaction que , malgre les grandes arme« 
que Fetat de guerre maritime et continentale oblige de tenir si 
pied, la popnlation a continue de s'accroitre ; que notre industr 
a fait de nouveaux progres ; que jamajs les terres n'ont ete miei 
cultivees, les manufactures plus florissantes ; qu'ä aucuoe epoqo 
de notre histoire la richesse n'a ete plus repandue dans les divel 
ses elasses de la societe. 

POPULATION. 

La population de la France etait en 1789 de 26 millions d'ii 
dividus. La population actuelle de l'empire est de 42 millie* 
700,000 ames , dont 28 millions 700,000 pour les departemei* 
de Fancienne France. C'est donc une augmentation de 2 milliotf 
700,000 ames , ou de pres d'un dixieme depuis vingt-quatre tifc 



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/<n .-«iX»4fcWTO5i*U/M- / m;» 



La Fratze», pari'ite«]**, par^la tfertilfte de. a«n sol r 4oit ätre 
«•id£rce &>nne an Etat cta^eUeawt a^rteol«, 
Cepeodant eile a di longterops reconr^r a^es voisipspour fonr- 
fi plusieurs de ses besoins princippox. El}e,,s'est presqueeB- 
bciifftt ajfr^chie de cetfe necessite. 

Le produit moyen d'une rlcolte en France, est de 270 milüons 
f qa^Uu* de ble, sur letqaels il faut en prelever,40 million* 
mr les, sein enocs. ri 

La popalatioo de l'empire est de 42 millions d'individas ; aiosi 
ptre rleplte moyen ne doit 520 liyres de grains a cbacun. C!«st 
i dela de toas les besoins , tels qu'on les a evalues diverses 

Apres de longnies rechercbes faites par ordre de rancien gou- 
ferncment, on avait calcnle ce besoin ä ifQ livres , et Ton avait 
Nove* qne Ia France produisait moyenbeinent les quantites neces- 
tires a une teile consommation. 

Noi prodaits eil ceräätes se sotit dodc a<Jcrns d'nn di*ieme. 1 

Apres^ les bles, Ia principale prodtaclfOn de notre sot est le vin. 

La France prodnit , abhle moyenne , 40 mfflforis d'faectdlitres 
bvia. b • . * : ■ ' ■' . ' 

Pw les mi, Vexportatwn Jetait •▼•dt la teVelntio« 4e 41 inil* 
^s;eUo eitaujouwrbai de 47. i ; 

Pw )e* eaax-de-vle, eil« ettit de 13 inill^s ; tWe est au- 
WbOtdc3lK "< '"J ■> '•«"■■ , ■•■-.* 

Biv iol , la ccrnsewmalion de tonte la Fi*aoee en vkw W etak 
Kleee qufa 1* iaillib*s 500,000 a*cto*itre*. fltlle a donc plus 
doabtlt, tund*s qoe le* rliiniott* k r«mp*fcne formest ^u'un 
s pen pres de la popolatiw ta*»ellev ••• ■<■ >' ■ 

L'ordre est retabli dans radministration des forets; elles se 
B P^ea*<rt se cotrvmit 4e reute* elide oenamqai rttedent ac- 
wsibles celles qne Ton ne ponvait exploHn4aT<Le#^bmbre«ei 
"»ttfuetfew otvMes , »tlfcaire* et de Issum*^ sott ajriirdam- 
leot ponrmes , et nons ne tirons plns de l'ltrangexLque ponr 5 
»iUions de bois nar an. Avant 1789 nous en Urions pour 11 
lUlions. ' - ' J v " \ .' 1 . 

Dtt »t*, Napoleon, * " 13 



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194 



GOUVERNBÄEOT tfE NAPOLEON. 



La valeur annuelle de no« Jiuileqy fatales est de 250 nulluni 
II y a viogt-cinq ans , nous en tirioos de l'etraoger poor 20 ni 
Mens ; aujoWtfha^ rföta^^ 

mais encore nous en ©xpo^iib'ataMietieliebtpoW' *©a6fli41li«t 

Le tabac ne se i 6n\tfvSkiinifirpWqnt pir kx'cejftibti etliaw'J 
petlt hombre de' pröViöceä. H faous eotitaft annuelftment '$ II 
millions. Aujourd'hui 30 miltiöris die Uvres de täbaii 1 Sönt le pH 
duit de 30,t)00 arpente aVnos terres cbhsacVes k cettecaltoil 
Le söl de la France Vest enrichi ii*un produit anobel 'de12mj 
lions de tabac ; mais ce produit est brat, et la fa^jttcäfciön fe sei 

tupie. * •• " v : ' u - '• • • ' ■ , 

Notre Wcolte moyenne oVsofes est de b$ mlMfons dtß'UVrespl 
sant de cocons. ' " J ' ' * f ' ■■>{<.■ . i -j * < 

Aatrefois nous importions pour 25 millipns de soies filees. L'il 
nee moyenne des lmoortations depuis quatre ans est de 10 b 1 
lions , et j cependai^t nous exportons des soieries pQur noe vale^ 
double de celle que nous exportions.jadis. u* ^ i 

GeUe .am^io.mfip^^ient ea. a$a*de pajtfe au .p^j^nnn^ 
de redu^aljion.^^dea ( y f ei|s )lj ^ i ,&o ( ie f , prpdpit net r $as.,.co^ 

35 millions de moutons nous donnent 120 millions de livjw&pi 
sant de laia* , doat d.milUaats sodt «tt laanea/ine^ et» perfe^« 1 
nees. C'est un produit brut de 129 taiWOns. pertainW «spec< 
perfectiowiaes s*üt le. retulftajt de^amelioßfttioiL d'urt 
500,000 moutons, amelioration qui va toujours xtrofcsaftt et 11 
»Vst dovdaue, sensible <ju#depiMB un peUtoMrobre* d'atitäes. 

L'execntion dn systeime ^nü,! partout o« riödnstitie, particuüci 
ne aaucatt agir, awe* «ffioacament ,. met a kpörtee dw «oU>v< 
teurs des moyens faciles deipe^wt^oemea^, «e- pou#sait tw 
soin. . • ■ tU ifii ; ; , -i]-,f ;,ni.,. iii,f ; -i t>-«< 

- De« tatte Afln«*t ä^ppta^^livs *ei»aosson*.8«^U^' 
raefi tdei&iyOGO brakia. y « . - . •♦<•>, ,•».«. ' 

Le type ?*m bdfoftitsjlefbs wt?§**mwt dank de nonjboaa^ 
•" ^nm1 ; .*i -.(Ii . 'h. i'i -.!<•, / .--'j ' 1 

(8l) Eduquer des vers a" soie , mais non pas : eduquer des enjants, qd 
qu'il y en ait a präsent qni s'en servent dans ce oas. * 



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CHAPHUB II. 



m 



isseateols forme's par de granda propriptaires et daos dix berge- 
es appartenant ( 8S 7 a l'Etat. 

L'eMueation des cbevanx arait ite singulieremeat negügee ä 
&foq«eMfle ua* tronble*. L'a4mi«*atra£iaa «'est accupee a?ec 
iccea du reUbJiifemeDt de s raees l^s plua utiles. 
De« £talpaMe*ehoix assorent tom les ap&A'waMofatiea de* 
tadaM« 44.00*000 jonents. Lea depöts eo^reteaus par k gouver* 
imeoteoDÜennent seuls 1 9 4Q0 etalooa, , 
Le,Boa»frre des betes ä eornesa can sidef ab lernen t augeveot£. 
es soios qo'on leurdoonesont mieux enteudas ; la duree moyeaoe 
b lear existeace'est plus loogue. Ii y a viogt anaque lesexpor- 
ttioas et les impprtations se bajanc,aient. Aujpurd'bai les expor-» 
itioes so ot le triple des ime ortations : alles arriveat a 1C[ 
tiHioas. 

Autrefeis *as inporUtioos ea» beurre et ea. fromage* exeedajfc 
e beaocoap dos exportation's ; c'est ie contraure aujourd'hui. Ea 
s 12, les exportations ont £te* de M) millions. 

Nos miaes de fer, qui fournissaierot, ea 1789, t million 960,000 
oiataux de fante ea gueuse et 160,000 quiataux de'fonte n^eut- 
fe, dooneot aojourd'hui £ millioos 860,000 qaintaux de eeitft 
femiere piatiere, et 400,000 quintaux de la secende. C'est üae 
Qgmentation d'une moitie en'sus. 

Les mines de cbarbon donnent de meine up pradeit de 50 tflil- 
ioos. C'est cinq fois la valeur de celle que la Fr,aaee exploitaü 
B 17190 $ nwris la plus graode partie de-cette a^iaeutatian eto- 
ienfdes rluoiads ä Tempire. 

' Dans cet aperen des produits de-aotre iadaajpie, je n'ai pppar* 
er qac de quelques objets prinoipaax. J'ai qeoessairement nöglige' 
e grand nompre de ceux qui, moins importaats h oa lesettvisag© 
^parement y effrpafc une grande valeur, par leur röuaiaa* 

Le total est une, valeur de 5 mtlUards 31 milUorfs que prodait 
lö ö»pUemjea* notre heau so! ea aifftiere brutes et pneaueres säur 
emeot. 

t**> P M exöeptioo vous pourriex biet dire s appartenmti* & rEtat. 



13* 

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m GOUVERNEMENT Dß NAPOLEOtf. 

CHAPITRE HL 

; . r ' ' 

MAKVFACTVEBS« 

On a deja remarqne qae la* mallere premiere des seleries est 
poar la France aa objet de 30 mifflons. Noas recevoa* du 
N royaame d'Italie poar 10 millions de solea fllees et orgaosieeer. 
Cette valeur de 40 millions donne lien k aae «fabricatio» d^toffes 
poar 124 millions. C'est dene poar aous an blnlfiee .de main* 
d'oravre de 84 millions , qni Viple la valear de la amtiere pre- 
tiniere. 

- Noas avona exporte ea 1812 pour 70 millions de soieries « 
Stoffes pnrei oa m£langees. La ville de Lyon entreÜent an- 
jourd'bai 11,500 metiers. En 1800, il a'y en avait qae 5,500. 

Le aombre de aos manafactnres de, draps s'est seasiblement 
aUgmeatä. L'aisance plns generaiement repaadae a beaacoap io- 
fiae sar la consommation interieure, particnlierement en lainages 
moias grossiers. 

Le nombre des meYiers et des oavriers fafariqaattt (•») les 
draps , bonneteries et antres Stoffes de laiae a ptns qae doabll 
depais 1800. / ■ 

Noas vendons aaaaellement a retranger poar 28*milWoni de 
draperies. . 

L'anncfe moyeane de nos anciennes .exportations en draperies 
a'&ait qae de 19 millions. 

Noas avons naturalis chez noas la fabriqae des eäsimirs; 
noas avons perfectionne , par des m&cb'ines iugenieüses , les di* 
vers proclde* de la maaafactafe. 

Les tolles de coton se sont moltipliees saas qae noas ayooi 
oesse *d*employer les chanvres et les lins de notre söh 

La valear totale des lins et cbaavres ( 84 ) fabriqaes en France 
est de 232 millions ; mais la matiere jremiero eatre datfs eette 
valear paar 80 millions de prodaitsde aotre sol efpoar 13 millioii 

(88) Fabriquant est participe t fabricant est adjectif. De mea-e vßqut^l 
elvacant, eonvainquant et convainemit , intriguant et intrigant oft«» 
des diffcrences grammaticales bien sensibles. 

(84) L'ommission de Particle'fait r6unir les lins et les chanvres sous » 
m£me point de vue. De meine : Yadministration des eaux etforSts. 



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CHAPITRE III, 



197 



llmportations. Ct geare de manüfactare alimente notre com* 
nerce exterieur ponr une somme annueUe de 37 millions. Getto 
ralenr de 37 miltioas etait la meme avaat 1790. Mais jadis noug 
fcevions de ces tissus de Pltranger pour 18 millions par aa; 
wjonrd'hui nous ea recevons seülement pour 7 millions. L'epo- 
pie actuelle a donc an vi ri table ävao tage. .( ! 

- Le coton offre dans la manufacture de grandes facilites qni lai 
»ont propres. 

Des macbines inglaieuses ont porte ia fiiature du coton au plos 
baut degre de fin. Le gouvernement a propose le prix d'nn mit- 
üon a rinventenr d'nn mecanisme qui perfectionoerait la fiiature 
Hn autaot que celle du cotoa , et qui diminuerait ainsi le prix 
üe la main-d'oeuvre necessaire ä l'emploi de dos matteres pre- 
nieres. 

Mais jusque-lä les coton d ad es coaservent des avantages qu'U 
ent ete" dangereux de se dissimuler. Le gouvernemeot a du s'oc- 
cnper des moyens de ne recevoi'r du moins, de l*6tranger, que 
la matiere brüte , et de reserver a la France tout le bänefice de 
la manufacture. 

Longtemps on a repete que la partie la plus importante de 
wtte main-d'oeuvre ne pouvait point nous appartenir ; que le tis- 
wte, que le filage mime' seraient toujours plus parfaits chez l'i- 
tanger. Nos lois ont repousse* d'abord tous les* tissus de l'e- 
traager. Ou s'etait alarme de reffet que devait produire cette 
Prohibition j mais bientot de nombreux metiers ont fabrique chez 
Bous les toiles de coton avec une perfection a laquelle nos conr 
sarreots Itrangers n'ont pas meme pu atteindre. 

Cependant ils nous foornissent encore le fil avec lequel nous 
tormioas ces tissus. La probibition a ete decretee. Depuis lors 
nous aemmes afyanchis de tout recours a Fetranger ppur teile 
partic que ce soit de la manufacture des cotons, et loin de rece- 
*oir aujoord'hui des objets manqfactures de ce geare, nous en 
toaraiasoas au debors. 

Avant 1790 , on introduisait annUeilement en France pour 24 
millions de cotons soit fiUs soit en laine. Cette väleur represen- 
lait \% millions de Uvres de tfotoa ; nous reeevions pour 13 mü- 



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GOUVERNEMENT DE NAPOLEON. 



Jaons en objets fafcriqoes, et la ceatrebaade *dat tolles crtnf* 
«urasseHaes <tait eorisiderable. 

70,000 eovriers efofent alora e«ploycs au* diverses ml«- 
d'flcuvre da cotoo en Trance. " 

Apres nos troubtes, depuis l'aa X jnsqu'en 1806 , l'on m 
duit en France des cotonspour aa<> vakrur anwiese de 48iȊlliee* 
tl Nqus receyons, ontre cela, der tissa« peur uae valeur de 41 
millions. 

Les importations de toiles ou fil ont d'abord ete reduites a nt 
million» et depuis deux ans elles ont entierement ceß&e\ Nout 
avons au contraire exporte, et l'annee moyenne, ^ exporUitioM 
a ete de 17 millions. 

La main-d'ceuvre, des cotoas occupe aujourd'bui 233,000 ou- 
' vriers. 

La methode qui substitue la bouille au charbon de bois <J* n5 
les forges et^hauts fourneaux est devenue certaine. 

Les autres mines, Celles de cuivre, d'alun, de gypse, les car- 
rÄres de marbre , etc. , prodnisent 12 millions. 

Les manufactures qui ont pour matieres premieres-les mutans, 
4a qnincaiUerie , la coutellerie , Porßvrerie , la bijouterie , Vhor- 
Idgerie, les glaces, les verreries , les porcelaines, fie sodt pas 
devenues Tobjet d'exportatious anrtuellement tres-considerables; 
.mais reunies elles forment une masse qui, avantl790, Fourais- 
säit 30 millions par an a nos exportations , et qui aujourd'hoi 
leur donne 42 millions. 

Töus ces objefs sont pour nous une richesse puren&ht in das- 
tri eile d'un. milliard trois cents* mitlione. 

NOÜVELLB INDUSTRIE. ^ 

La volonte 5 de stibve'niT a nös bfcsoins sans Vecourl^i'f^fraa- 
fcer , le perfectionnement d£s arts mecaniqnes et cbhniqnes, IVs- 
prit ingSnieux et industrieux de« Francais , ont amefiöre' par 9t% 
inventions otiles , par de nouveaux proced£s, nos afoctelrties eal- 
tures , nos anciennes fabrications. : J 

Remplacer dans not censommatiom h soete , lladigo , la Co- 
chenille des colooies; troaver taas'le midi de rEapOpe lei ca-j 



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i 



CftÄWTRK [Uli /;{*;/ j tat 

|0M * etfckea Dom la send« qaahaMfliarta *e* inAreaasy pafais- 
laiesafc f&aaa* ima+s* iMes* , : •;>« ; 

, Ä«# tfcftta aaaaa , las manafac tute* , dauere qa'oni cxtrait 4« 
ki J»ettatavä Boto 4»o»WBt;8tfi.iiiiUH>ttft:-db livres pe«iL0i de 
jette denree. Elle est prlparee dani 334 loanfefanturesfr qqi pres- 
güs : ft ah rtfc soaaa* enjaetivKa t t u i 'vu^,,, -i. .,-M- f % ;,-n.- • . i 
* JLTia^ajq. tieat^ prämier *aig .natta* Ins > saftatSAces, tiactorvar 
*a. Jadta)ia;Fraa*e a>siep necetiaU grartde*>q*4urt)tfa 
Nraüervttit ftawrr uAeuraJea* aMasfeUa Jej9flniUtena>ftH^O00 franfta, 
(buas laa ajx a*«iM»>l*«tiarft{ ttaqpiM «aiA«#&v cette, vataa* 
noyenne a £t6 annuaUemebt de 1& mittioaaV> Baas >les e«nft;»aaaee* 
am oatctonaaeace e» l^*tella<5s4 deseeridne a-6 ea<7 mtyUoas. 
, eJtt.pain^rm.a ^r«te»dtt^#tel d^ia f»apr«<|feottie de l iö- 
digo. Des ä preseat plusieurs manofaotttrea s*at Ttep: arävita; 
alle* dannen* oai iedig». efi^fanit aemalatee l an pbw bei imdigri de 
linde ; iLreaieatta i^foeaes latjivbe. JVta .teintares ea&soaanMat 
V^iaioDatdeJinre^d'jadieo^ e<eaft saeb aalea*; 4« it lÄft> miHiaat 
de franes. 

L'ecarlate n'etait donne* que par la Cochenille. Le rouge de la 
garance , moins beau , etait d'ailleurs moins solide. Les freres 
Gonin de Lyon ont reussi ä produire avec la garauce les mömes 
effets qu'avec la cocheoilJ^. La F/oan^ejemployait autrefois poar 
an million de Cochenille. 

Depuis quelques annees on cultiye le coton dans le departe- 
■ent de Rome; les recoltes bot prodoit jusqu'a cent milliers de 
)|«rt*a>esan4I, efci4a f^ana^satiiia 4c pette plhnte eat. assartee. 
La France t fecafo an a ael iemeni treiaaittliaas äaJiinvfrtnesawt «de 
*da\ raytmawdß Napleaw <,ii- " > > *<-i> '.; m?-!». * <■ 

lamäfo rat iu^a#pdt4i)e^auMlk Msa «ajnfajnftares qöe le 
commerce maritime pouvait seul nous donner. Il.y a-tvaagfe-ciaq 
aaa^jfaoaiea <ttfio*fedaHfya«e^.a^ 

ttto9ß*tmbymtovfe,ViwUn$*cti*m, t *%tt* 4ea,aeirfoaaaaaa qui 
ont commence en 1802 , a ete* de 5 mülions 500,000 fratecaJ La 
4*H%ie* aetyweav*. (Wt^en eattt subataato «wo des ?aat*Äres 
-H^mci^ea de ho\H aa|> teilßiD«a4rab6tMhmpta»,i et detfcleet prix 
«oa|^ ^läw^ftiqji« ia. W&de bfrajel de dees tiers dans le 
^»■Wflei malfri la jpräabtUa* abaafoe> das« «otides etrantfsres . 



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K» GOUVEBNEMEWT DF NAPOLEON. 

- L*enjseia*le dttt ee*vellea<^edae*i<Hte'de aatre sol eti <ie< aetaai 
industrie s'eleve dooc ä 65 millions , sadeeptiMet HPaufcartmlaa 
dans nee propörtfoa träs^riapide; et aeaj nods minet taiftatadfcie 
da paiement annhel de 90 miHirtta <jde mma 4eiHiioBs i ft^toaagefj 
pmcipalement a FAngleteire* ' ^ • * .1 

Les autres parües de notre agricultare et'de aetfe iadwfetrie 
ne reteevfroat enaa** dtmiwtiaa. Leg 70^000i ai?e«ts q<» prodai« 
ivynt la bettewve fewot raiteVen <j ackere; tea 3Dj000(ii)rpeeftJ 
cultives eil paatel »ant atie »iati-feefete poptkm de wXr* te r r ila ikap 
Ät recevront d'&f lehre de* errate qmi resdroat ples prodacüw*| 
les räacfttea qui »eeclderoat k eet afcstfemeat. i ■ • >. s r < 

La garaoee esuste ohes noris «a eela de lern a*e teee«»* 5 «eae 
eo exportous peur af aailHoto 60Q,0OO fr/ BHe oe fara tqtoe 
voir uö emploi plas «tile. . . -.■( .Ii-,/»'*; * -«»ii . 

Noataaraw saiapts foefaisaetrt fodeflaiaiaüMa niatiere da 2» 
sende; et Veat aü avantage da pW« -4e de vairia cette' decouaerte 
des itieyctea d'expieiter davanitege la preeieese niaeide nea «elf. 

1 ! ■ ■ t,\ • J . • . '2 ■ ^ ' Mi 'Vii 

• ■ ' i'i ✓ • 1 ....«- iHw«: - ' f, '•, . Vu^i. .. . •-- 

; 'i' .; - • ■> i- ' - • • £il 1 ... ■ 

.• 1 ■ 1 '• » ui .!! .« 

- ♦ • V- • l ■ . .:<• !f 'rl ' ;:r. ■•- ,-.'» * •» ,! . t> - i: I 

COMMERCE. 1 1 

•j ' ■-. ;••«. 'i • . 1 <. ; • ■ ; 'i ..<■ , • m «■',? ; I : 1,(^1« ••' m 

Le comaieree d?aa elapir* qoi eeatfjrta fcwir alai d& 7 atUüaridi 
«de aeodatfts anaüeli ^aaita entrer eo ceafideMftie* da t»a* dW 
tres valeurs reelles ou fictires qne lea< ealcalataat«' er 1 ddeaariMt 
^oHtiqae iaift eutfer daas* leat* ap praetatiet ay< eet a&eeeeeJre- 

IWtat J^MieBsa. - *> • »I» - Iii", I <.'Uu<l ir.ui 'ivi'i.i .. 

81 botta aVioD*ehCTe*< daa>faie«rt >aa>ealeirt«eakiaiei«ialea , ja 
■wp enaVm paja de ie diae,.aiaa!valeaivi ae dertd«M(elavdas 4 H 
lallliardai " «,b ; >'" t; , ; »>ir/iinu" » • 

En 1780 ^ Fa»e daa ada^ei ttfr comiie«ee exie>laar '^'h 
Ptaneetaiet« le pi«a tamtaidduaMe ; il ba a f aat dtavd qii'a -Waiil- 
liona ea eaiortatiods , «tt 400 inittioak am ia^eTbUwia - eat t 
bb faat pas compter ctnaaie iaipdti^aaa let aÖ^ miHiaaa fN 



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CHAWTHBtV. ; , m 

m ie*evjans d*>*as c^o*i«<!, qii ftis^knt partjß 

anfceiidc l* France, .,u.. "•• i <> Un, , 

tön doit rctraaoacr d$s impoFtaÜDa* Ifl namexoire qui est le, 
dement fait par l'etraoger de quelques-nnes de nos, expffifc 
üoa«:: , •; •.; . • , : -uxuHt I \>. \> 

lüUtiM»»a France n'etaieot daae i&ttWD«iit .e» 47$9 4e, 
|l Bullia*»; les exjHtfUtiaatfeUleat de £57, miUj*B*$ atest aa 
Bftmeree de 360 miliiooa * i aoifc , qae i'oat \ coaside*« actif • seift 
aU'oa consider* U aaseifv B WeUai* pa* la ^ai«^iei*e partim de 
ttre commerce interiear. ; , : < • 'h t . , •„ , "i 
iCompattf ns Bfttre commeree texterfeqr a ceftte, £poqae aaec ice 
a'il est aajoard'luijL , ., u » < i, , u < - 

Je «aaaid^rerai not eojoai** compe faiaa*$ »arge dela Frauke, 
^ootre commerce avec clles comme interieur. 
^JEd 1788 , les exportatioos se sont elev^es k . 365,000,000 
Les importations a 34$ millions , dont 55 mil- 
lions en numeraire, ce qui les rädait k 290 
millions. . ... . . . : . 1 . . 290,000,000 

Les exportatioas *nt doric «tMe les ImpeWa- 

Insde . . • . . . . •. . . • 75,009,000 

%us veno os de voir qu'eo 1789- les importitlefes ayant 4t& plus 
nsidfraoles qu'en 1788 , lVxeedant des exptfrtatiotts n'avati 

tfiqae def2 millions. ^ 

la somme des exportatioos «'est etea- t I 

duea .... . . . » . „ . 383^0,00(1 

^etfe ^ importations a . . ... ... 257,009,000 

h non eompris 93,000,000 de nume>tfir^. 1 
L'exeldant des exportatioos a et* de* . ... 126,000 jOO0 

En 1812, Texportatioa des prodoils de aotre 4ol * done c*c dde* 
* pfas forte* sommee auxsjtfelles eile se soit elcvee ä d'aatres 
poqnes. 

Les impori*tian.S„*u eontrajf*, out to^oora «te en, dimionant ; 
lies sont moiodres aujoord'fani qn'avant 1 790. 
*ia aaiaaoe du coxametae *%»y an 1788 , a Fe>oqae aooietine' la 
las favorabte , n^tail uiae» deii«6 miUaaoa a l'aJvantage' de ooa 
xportatioas, est aajourd'hui de 126 millions. ,r . 



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GOUVERNEttfeflT 1* NAPOLEON. 



L'aittt^Hi«?^ 10 d^impeftatfoaa en n«ataraire, Jhaaa U 

trois aniiees qoi ont precedS la revolntion , dMaetfott fiait» 
expfcttatfeiia, est tttf 6tf »iMotis<? tTaanto »*ye»iie>ea* de ^ 
nffllieas. <*'ni» >«^».:- ; ,> N *: •»*««!•'. ! - . . :. : u.* 
G*est ä la Situation territoriale dont je viens de faire rexp4 
qtt* irois Awm'toMtä aai*aanW> ki|*Ä*H»*e 4m teaiatt 
syttett* *(S^m61Äfre , da tfRattpe^aagettefc de tau* papter^aotitf« 
atfe dette reifte* ee-qii»WI«-d«l*^^» J l«i--tbÄöiM«lii« i 
pttalWteai ft'e^lio^ ttl^ sitöatiota qöv aoaa parket de» faire fil 
Ii la a *«e^deti^^ifÄ»fe etÄ de^ftfiar«» 1 cootweiitaJi 
d'avoir coostamment 900,000 hommes söW 'ted arm€»,t ^eottati 
tiir t00#0$ihöiiiiiHia detaawfot**** Hl f ^a4pag<»Jmartttw^, 
voir lOOvaisseaux deligne, antaot de fregateiitöVenfcib&lieai oft « 
een«tr«etiio» , etf d* »e>«#«etia«tta»lwa^ia>l*OÄt<Wd feHKoas ej 
travaüx publics, .•».♦ »n^ini * -MI* j «| 

• WxvAtxi^cs. '; t ^ ' < 

/i. Pej^a^avepenjeot de S. M, au tr6ne imperial on a tfepense :^ 
Pour les pakis igtf&pavx *t\lAlW»eate dQ^a 4*a- .•;<.,, 

jroamr . .. .. .. .• • • • • $2,000,01 

Paar Im f*rWcaAjet|« ^mi f w •:< JM*OO0ji<J 

Raar les.portwaja^inieft • AM, 000,0« 

Pour les routes W*<M*M<i 

Pour les ponts , ., .un«*! 

Pow.fos eftpaux,. la navigatioo et les desseche- 1 
»ents v. .. .. .. . » i. • u <.tfii lä&»Q#MV 

Pour les travaux de. Pafften. ,,t, iw.ooo^i» - i«.v; l<^QO0,0Cl 
faurtos ^dificesp.ubUcs.daa ^a^eataateoei ,de#: jju.ö,^ 1 
pmaeipaMij^Maa <»» <«.. . »j ^i» *■ ^ ^4ft*#00^W 
, , ,, . f . tytai, „, UMU ..a M^WM« 

Le Louvre s^aofev«; B c^urtarÄ «ittwaa^e IraaaaV.^ «aa^ 
pris la vaiear iäi maiaatBäia ataJtrm ^l^4H0|OOOia%'« ifloat ^ 

peoses. '.'-.'( lim ''.'t "lt i; ■• {i^, : • _i»n 



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1 CMAPITRK IV. ' m 

les- Tmüerin bot M ttegafees 4e ttths las b&tMfteats qai YB 

rtruaient les abords ; 6,700,000 fraacs y out 6teVeoiployea. 

paJaia da vbi de itaae est loade ea face da poot d'Ieoa. 
Ob repare VersafUea;; 51,200,000 fraa*s y ont M depeases. 
La asaciioe de Marly qui la* donae des^eaaz se reaiplace par 
s poanpe ä San. La depeoae teral da 3 miUioas; oo a fak 
[50,000 fraacs de travaux. 

footaiaebleaa et>Canipica;ae eeaft w>ataiire*J 10,600,000 fraacs 
tat ete depenses. 

bes polaia ^ SaiatnGtond , de Triaaoa, da RambOatllet, de 
ipiais, da Laekea, de Strasbourg M Raa« oot erapioye 
,800,000 fraocs^ 

Les diamaats de la covrftM , eagapes * tfepoqoa de aos troa- 
, oatlte retM^8 y fle* at^uisition» paar ies conspleter aat ^te" 
Ües. 

Le «Mbitter da ia cearoaaa , qui daity coafornieaaent a«s sta* 
Is, etre de 30 millioas, a ete ägalemeat complet£* 
Treale mtiWmma. bat i^t* employea ea lableau*, en statnes, ea 
jets d'art ettf'airtiu.uita, qai oatisi aujoatas a L'jaimenae.eolt 
ptioa da Musee-Napoleoo. 

TWee <jes depeases oat ete aaaaittees sur lea foads de la 
urooae et da d omaine extraofdiuaire. 

•rtuTAirx MiLi+Am*3. 7 
Le soia d'aasnrer aas froeAieres a'a pas eta.ua iasjaot perda 

De graads traVaoo; aal «aasoliä* ,le syatejne da defense da 
eldcPv qu* est kiclaf de la Heilande; Ha aat evploye 4,800,100 
saeal Cettö plabe peut oesaratais efre caasid£r#e comme iaatUr 
lable. Les forts Lasaale, de l'ßcluse, Daqaesae et Morlaad, qai 
ifeadeat l'entr^e du Zuyderzee, et le fort da Texel, peuveat se 
ifendre peadaot 60 jours de trancbee ouverte. Cette anoee ils 
iqaemaat Ida 00 jnors deir&feiaatfe.aii'ila daiveat avoir. St ces 
avaax eaaseot et£ fast« iL yJ a a*inM ka£,,U HoUuode a'eut pas 
erda deax flottes. 

Les travaux qu'on a faits poar achever de oreasar le bassia 



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M GOUVERNEMENT DB NAPOLEON. | 

d*Aa¥ers s'tteVeat « 8 9 4M>0M fraaes, C&t anjoard'boüiiBi 
nos f tos Tortes plaees. , c \ : . , ' i 

Flessingue a etl l'abjet des soias da- nos offioiers da g4 
Depots 1Ä09 aoas y avoas depense 11,300^000 it. Celle i) 
peet soateatr 100 joars de traachee oaverte ; ijHu» de §,000 k 
nies y ont des casemates a Vabri -de la bombe.- IL n'y avait I 
en 1809. 

Ostend« a recit de graodes amelrorations. >On a cOnstrah* 
forts en pierre sur les duaes ; on y a depense 1 4,000,000. 

Le port de Cherbourg est maintenant teaferaie daas aae ^ 
eaoeiate, qa'ane depen&e>de 13^700,000 fraäcs a mise et I 
de soutenir an siege. Qnatre forts snr les hanteors sat&lt 
mrae* an commencement de cette aatffeea ■ *i. 

Brest, BeUe*!sle, Quafeeron, La Rocbdle, oat et* aia*M 
de nouveanx forts s'elevent a l'ile d'Aix, ä l'ile d'Oleron, M* 
boucbare de laGironde, aToulou, aox lies d'Jiieres, a laSpeüi 
a Porto-Ferrajo. f = . : .n • 

" Sar tous nos postes, les batteries les plas impertaates oat i 
fermees a la gorge par des Uars voätees a tfaibri de la bom^ 
armees de canon. 1 

Cbaqae ainnee voit augmienfier la force deCartVa« Dessanpti 
tranches couvrent la place. ' 1 

Da c6te de terre', notre ligne de defense da "Rhin s psrü 
reca an noavel accroissement. Kebl est aehevl. On a fait P 1 
5,700,000 francs d'ouvrages a Cassel , et a Mayeoce p* 
3,800,000 ; a Jaliers , a Wesel , pour 4,700,000 francs. 

Enfin les travaux d'Alexandrie («) , oü Ton a defense ftfl 
francs , ont caatinoe* a recevoir les menkes am^UorMtioas. 
1 Les places d'nrne moiodre impertaace ont re^a les fort» 
rechunaient leors Üesoins. Lear defense e|6 de 71,000,000. 

• <:,... \ , i 

( TRAVAUX DB LA MARINE ET DES FORTS. i 

Lei vastee pTejet* qae $. A. a adeptes pour l^etabliseeatti^ 
Cberbourg sWereata 73^80,000. Unüperl ereas* daas le ^ 



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/ ' « CHAPlTRE IVi 



m 



jrieds de profohdettr atrtlessou* des bassea mers, recevra 
s quelques mäw aus vuisseftnx Getaut berd. 26 mitlioas oit 
fiepen**'». Larfigue qni rendra la rade antst sare coatre les 
rqees de ienaemi que contre l'actioii des temp&tes , et tos« les 
lees oeeessaires k P&a*lmcih«nt d'un frand port seront 
ereVuvant dix aas. 

flivers n'aVait ateno efcablissemeoj matitinie. Gelte ville ren- 
ae aujonrd^bni «n arsenal (m 20 valaseavx de ligne se coe- 
lisent h I» foisy et uo bassin a flet-oA moaitle toute uotre 
t«; 42 Vaisseaax de ligne y .trouveraient des & präsent un 

* commode «fr aar. Ces DraVaüx out ooÄte* tS,000,000. 
'lessiague est r^tabli ; avec une depense de 5,600,000 fraocs 
t reconstruit les quais et les magasias ; le radeau de l'ecluse, 
•se de quatre pieds , a donne au bassin l'avantage qu'il n'eut 
ktis, de reeevoir des vaisseaux de premier rang. Six vais- 
tax peoveat entrer ou sortir dans une maree. 

La nature a indique le Nieuw Dyp poar etre Parsenal, le chan- 
r et le port de la Hollaode : mais , bordl de mauvaises digues, 
ve de quais, il ne presentait anx vaisseanx qu'ane Station 
tasssr^e. On y a fak d£| travaü*tpoar 1,500,000 francs; 25 
»aeaux de ligne peurraieut aujourd'fiui s'amarrer a quai , et f 
fcrea surete. .Dans trois ans les travaux du Nieaw Dyp se* 
«t tenaiue*. ■■- ^ 

port du flavre tftait raremant aeeessiMe ä des fregates. Ua 
ic de galets se renouvelait aans befsse a l'eotree du chenal; 

* ecluse de chasse a ete construite , eile raaretieot la Hberte' 

passe. Lcslquais et les bassins se cönthmeat. Le montant 

* travaux faits esti de 6,300,001) fraocs. Dans deux ans les 
tttractiäas seront achcvecg. 

Ihe partie eonaideraMe du territotre qui. couvre la plage de 
mkerqoe n'etait qu'na marais ; son port etait eneombre'. 5 nwl* 
«aaatete de&äaes a .eaostruire ane > ecluse k rextremit& f du 
«oal , et a asaurer l'eeoulement des eaux du marais. 4,500,000 
«*cs ont ete d^peaaes ; 500,000 firaocs aehevereat les travaux 
»nt lafin del'dnnee. 

L r envasement du chenal duftende avaifc fait de grand> pno- 
Staates les partiea du pert avaaeat seeffiert , d'aae lori&ue 



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GOUVERNEMENT W fl&POLEON 



aegligence; ia kelle ecWse »de SUfceas avait Wois d'$tre J 
tablie. 3,100,000 ft«*c8re*t M enfOeyes a ees*trava»x. La « 
stitnetion d'une eeluse de obaase assnre InJibre: navigalioe^ 
ebeaal. 1 

Le port 4e Marseille , dejft tres*ietttair, devenatt iasttffisaetf 
l'aecumulation des vases. 1,500,000 francs aat&e depeo»es.J 

Ontre les grands prnjets qae je vieas de rappele* , 50 mUlii 
ont ete distribues an* antres fttafeUssenieste »aritinxifl , a M 
a Rochefort , a Tenloin, 4 Genes, a laSpeazia, a Dieppe , a I 
lais , a Saint- Valery , a Bayenae , et a ce graad aombre de f* 
moins constderablea q»i eonvreet toutes nos notes* i 

■ i 



. ... i 

.... • . , . 4 

CHAP1TRE V. 

ROUTES. ] 

Dana lcs Alpes la roafee deiParas £i$tlan par le Simple«, eil 
de Paris ä Tarin par la Maerienne w le mint: Genfs , celiel 
l'Espagne en Italie par la mont Gene vre , sont entieremeot < 
vertes. Ces rontes ont coute 22,400,000 fr» Les projets gener« t 
eUientde 30,600,000 frenee. La eanstraietHm des bospiceil 
qntelqnes perfectionnemeots'emptpieeont les n%200,000 fraacsj 
rettest a depeoscr. <; 

La route de Lyon a Genes par le Laatares a depehse 1 ,800,1 1 
franes , snr 3,500,4)00 fr. qn'dle doit co&tert > 

Celle de Ce'zanne ä FenestrelLes par le col de Sestriere d«vk , 
dra le eampleneat a> la pnecedente ; eUtisera tenninee en Ml I 
eile anra oriteYls 800*000 franes. ' .r > ' 
» La tttate.de; N*ce a Genna coütera 15,500,000 frans«; Feas* i 
de 0,300,000 f ran es a dejä etabli la eommnmcation de-Ni* , 
VinUmille et de Savone a Genes; las 0,000,000 restant a Aif , 
ser termioeront cette route , qni conduira de Marseille a Rot 1 
saus quitter le climat doix et tempere. 

Dans les Apennins , la *eate de SaVone a Alexaadrie est * 



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He. Le projet general est de^D{ßß,000 ; oo a depease 2,600,000 
»es. 

hmi raate de Part-Mao rnee« «6*va * «teile da«5«nas ii A4e»a*dWe 
r cc4 de Gie**| «eile» de Gen«» 4 flaisavfces ceile 4e t* 
»tttfeäl P#rm#v eoÄMmiikuMiat (*«>*oat*t äetf>bQ*to4e4* um 
es>ttate*tau*4e nag departetaebts itaKenss sc eeofetralseot ; 
f puejje** *faai«> s'ttevefc« ä 13y 600^00 fraacti'; il ^ • **a* 
100,000 de travaox faits. Oo ira de la Spatsia a< Partie ä la fta 
»tiefte* «aste;. ■■ ■ ■ > u.«. x ■} 

Aueatie; rösten* <e*ndais«tt deBo^deabx a Biyao*e ; le» sable» 
s Laote* ne ** fraacbiasafent «fe'aveo Üea peiaes e^les^toferiM 
BaleWaUesf ^,d00,0&0 ont ete^destiae* k y caästFaire ooe 
nie pavee 4,200,000 francs de iravatix *nt ^te ftiits f la routd 
ra *ch«v4e ert *8l4$ elle' le 'seraät, acttatiemea* si tfoo avait 
ieavert plas tta les earrieres de gves^fri ea aasoreat^l» baaa* 
Miftebastfactiaa. -<h <:'' t ,j s -, , . , .? - } m. >.,»■•>■. 
»Aavers a Aaisterdein^ ded sabte* «et' des manars' coop^s *de 
goes et de fosses rendaieot les coamno^eatkin* tarteä et diffiü 
,^ <ortiq«ellie» «Mtaiedt pis eatiei^eat toterceptees.: Deja 
i^etix iiers de larBreate $nHl a faUu eavrfr' eWto t>a*ea ; »eile 
ra aerariae« e» tfctßv Sur Ö,»0^0:#raiics qo%>l*e*#itwüter, 

a depense 4,300,000 francs. *: 

La route de Wesel ä Hambourg n'existait pas il y a trois ans, 
le est oaverte partout , et tenmaee sur plusieurs points ; eile 
utera 9,800,000 francs. Deja Ton a fait pour 6,000,000 de tra- 
ix. *Delfaeetricfct k \#esel aocan chemin cönwant n'etait twlce* 
m# les saWes; aae 1 rotitequi a codte 2,10=0,000 francs eetfrba-' 
mite. «-1 1 ' ■ M '° - : — ' ■ " • ■ •« • * 

La rorfte de Paris en Allettfafgne ftait ä' |iefn^^fraobbe>' entr* 
Btz «fc'Üayettce;' 5,000^000 en etit tok ane' des jptn* bette« 
ötes de L'empire. ^" . . -.1* -i:-. i.M : 

«Wb^'e^-d^peDseiV?!!^ nMfoüs ont' dttfienkilftycla de^üTs neat 
is ä ce grand nombre de rontes qui traverserit Tempire dans 
as lea Ms , et doot ebaque annee voit arte1f6rer la Situation. 



(86)- Cötdmu*ty**nt; ibaist ^JtoatWfdtf , vbtr Note)««. 



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GOUVERNEMENT » NAPOLEON. 



f,L • Porres. 

Dodhb« ouUiois oit itejeaipleyeje a t la ee»a troetiaa 4*6 pqfl 
•dtieremeot aefceves d» Verceil et ,de Tortoie, aar ia 5e«ai 
aait la ßetf via , ide Teara snr 1« Loire , t de, Lyom svr, U Si«| 
pw delfAreeeve^bet, et & cell« 4« tont le* poata de la mki 
Lgrea 4 MaraejUe* jadie li iaeeflUüie par le* riviefee et«)*» 
tont* eui la ttaveraeat. r »\ . . > . .« ^ 

Deuz granda poats ae conitruisent dans noa departemeaW 
4ela dea AipfiSf celui de TmHa' aar le P*; »ob y a de^ 
l^SMOO Craaea, il.dejtea cMer 3,500,000$ et le pe*t 
diaaoaeiaar la> Detrey ileera aeheve ceUeaanee. Sar <t»MMI 
franes , 820,000 seilt depeeaea. i 
• Uae/ealee de ptaiieara pitoa -du pettt dtßorfoaek dtyq 
earaitfc& gamttieaeat «je- reuaeite .entere 5 «Uee oat ee^ 
1,000,000. Ce pont, jadis repate impossible, ceätjera 6,öW,K 
> Le pont dei Bbtwen c^aterayArec lee quaif a retaMir, 5,00^01 
800,000 fra^* soat dfyeoae*. > >. ■ < 

Le poot eu pieme 4e Beeoie , sur la roate de Paria a lyon 
ee&te de> 1,500,000 fraoci ; oa i'aehe ver* avec 900,000 M 
.. Doeaeaatroatniiliona ent e*6*ttployee ädeapeateA'tteenij 
dre importaaoe. >' 

- i 1 ■ ' • OANAtJX. : 1 

Le eaaai de Saiat-ßueBtin a reani le&eoae a TEaceat, JtoK 
et <M aweiile , et a feit de Paris le centre da «ette grandc « 
menication. Sa construetion a coute 11,000,000. Lauangali 
dejee caoal terrain aar treU iieae* de son eeara* eet avüel 
mmt oavetfe. Daos les baU premiera jaoiB ae i'aanee;!&12, 71 
bateaax charges de charbon, et 231 charges de ble*,; eat d 
eetfe reute nouy^^. q^ofit freqaea&ee de meme les autres M 
ches de comn^erce., . w , 

Le canal de la Soinflie, qaj joiodra celai de Saiot-QuentiBi 
pont de Saint-Valery, coütera 5,000,000 j on y a faitpour 1,200,* 
fraucs de travanx. 

Le caoal d e Mon» a CowW^ je defroacte Jes riebe*, aeoiU* 



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Jemmapes dans PEscaut, coutera 5,000,000 ; 3,000,000, sont 
peasea. 

h aetfftravae* Fetose» omt e^coftfrtroltespoBrperfectf onoer la 
%at4oade USWne, PAuM, 4e *a Marne. Ob conlinue 
toaneUefttieii, ie»t le prajet a>$töve a *a,06Ö 4 0iO; «,090,000 
ete «Kpl#y4&. Parai les 4e4uses eoastraftee , eeHe du poat 
fArebfrest reaAärqäftble aar «es gvtfadea dtaienstwis. 
t« matffiepeleaa a'era termine" dafea' <?uatre aas; 41 jaindra 
Iböne aa Rhin; *l coutera <1t;1PMMffl>; 10,*6*,<tU0 fr. sont 
lenses: les fonds des 6,500,000 francs restant soat cr^es et 
ir*&. ■ ' 

6e canal de Bourgo^ne comniunicatiön hnport&nte entre la 
Joe et 1a Loire , entre le canal Napoleon et Paris, coutera 
^;^;6,g00,M» Tranes ont efcS employfo jusqu'ä la fio de 
te; les 17,3G0,flidtf fr4ncs de travaux k faire ont des fonds 
feank, et äerorit achevSs danstfiX ans. 

heotÖf on ,( itommüniqüera da Saint-Malo a Ferobouchure de la 
aioe sans doubler la Bretagne. Le canal de la Rama sera ter- 
»e* dans deux ans ; il coutera 8,000,000, dont 5,000,000 sont 
tonses. 

a Blavet a 6te canalise ; la navigatioa de la nouvelle ville de 
?oleoo (Pontivy) est en activite; 500,000 fr. qui restent a de- 
iser Tormeront , avec les 2^800,000 fr. de travaux faits, les 
00,000 f ran es , estimaftan pfaer^a du projet. 
*es travaux du canal de Nantes ä Brest viennent d'etre entre- 
|i ils coüteront 28,000,000. 1,200,000 fc. sont depenses. 
f cmlfaftiytb ä ^ %cfipl|e , f uJü»e au .a^ss^fcafpflat 4>ne 
ftwfi t ^ten^ue, * aul^t oj'a J^a ^y^iQn,. ffo4tera 

«ejmakales ^vantea;*? aoint Btv*e*«e . *>tta*eoataea du canal 
flaiu } AitecT le pamt; dp flaue , aojfuei Ü aboafit, ü coutera 

(»pe>$ ; &,mjm seDtde>iwe*v 
Ja canal u>it etablir une najrtgajaea oaBMaoAe dans taute, la 
Ifo da £beff ,ttffi«pf r0<^i» «t ies 

<$mmi e^^itaUoa ; il apatata 6^000^ ; il y a 

»* )>i4>4<ÖO0 frmaAv d^teaatea lajtaa^ 

'»Dias, Napoleon. 14 



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GOUYERNaiftnrr m Napoleon. 



DESSECHEMENTS. 

1 

, Las, priocipaax dessftchemeoü» eatrepm e<buDirtra4ivea*i 
spat ceux de Roch« fort et d* Coteatia las projeta, soat* 
11,500,000 fraacs. Leg fcrayaax £aits ont ceitl &,6&M09 .fraej 
ftochefort, surtout ea a deja recueilii de gratis avaataeee. i 

Des travaax poar 5*800,400 Jj*bcs <o*t retabli las 4igue*| 
rjSsftaot et de Blankeabeugs ceUes do.Pa oatcaatf 1,000,01 
ees digaes preftegejit des co*tr£ra antikes ftoptre L'iavasioMe 
mer oh de*,fleaves : . . , , i '-,.,! -m! 4 

La presqo'ile de Perrache , qu'on avait destinee a L'agreadl 
senjent de Lyon, etait couverte par les eaux de la Saöoe. L'cH 
catioo d'an projet qai coüt^ra 4,Q00,00Q la mettra a f'abri de 9 
iaconvepieot. Deux millioos ,oqt ete empl^yes a ia coostcac^ 
4'uoe levee de garaptie et . a, , coiqa^encer l'ejJiausseHy;nt da ff 

Oatre Les 67,000,000 ewptyyes aux trayaflx. ,qee,.je yiean 
parconrir, 55,000,000 opt ete repartU fr dp nomJ)re,ases tat* 
pnses. ... , .. vu{ , 4 



CHÄPITRE VI. » t ( 

• ■ /» .-!■ ■ • 

TRAVAUX DE PARIS., 

Li capitata maaquait d*eau circulant dabs se's divers qoartiel* 
de balles et de marches , de moyeos cPordre et de police poi 
qaelqoes-aos des priacipaux besoids de sa consommation. 
! Les rivieree de Beurroaae, de Theroatnoe et ffOafoq'serti 
eoadaitea a Paris; deja la premiere y amre; I Trais' foatait« 
priacipales verseat eoutinuellemeat aea abbatfaateB'eaax* 60 *• 
taiaes secoodaires fei distribueat. l.it'i;--» i < t 

La reaaioa das eaa* oetidaitee * Paris altmeütera le caaaTdn 
VOmroq a«feev6 sar • prasqae top t soa ; oohars» j asqtfa« basaia 4t m 
Villette. De ce bassia ao»*raacfee dlja oreud* reUalr* ce-cas* 

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CHAPITRE Vf. 211 

k la Seine, prise ä Saint-Denis. Une autre brauche le reunira a 
t Seine pres le pont d'Austerlitz. , 

* Ces deox deVivatiens abrägeront la navigatioo de trois lieues 
le sinnositeY qne forme Ta Seine, et de tont le temps qu'exige le 
lassage des ponts de Paris: 

1 Ces travaax coutenmt 38,00(^,000 francs ; ils seront acheves 
hms cinq ans. Les traVaox faits sonj de 10,500,000 francs ; la 
tölle de Paris fonrnit anx depenses sur le prodnit de son octroi. 

Cinq vastes batfments sont destinls ä recevoir, ä leur intro- 
Inction dans Paris, tous les animaux destin^s ä sa consommation. 
Leur construction qpütera 13,500,000 francs; la moitie de cette 
tonüe est dcpensee. 

Uoe halle assez grande^our abriter 200,000 pieces de via ou 
|Pean de-™ ceütera 12,000,1)00 de francs. Le commerce jovit 
hne partie de cetje balle ; la depense faite est de 4,000,000 
le francs. 

La coupole du^marche aqx grains vient d'ßtre reconstruite en 
fer; eile a coub£ 800,000 francs: 

1 Une balle anx comestibles occnpera tont 1'espace qni se trouve 
totre le marobe des Innocents et la halle anx grains ; eile exigera 
^.OOOfOOO de francs ; 2,600,000 francs ont pay& les maisonsque 
?oo demolit. 

Tons les autres qnartiers de Paris auront leurs marcbes 
^rticu Hers. . Les conslructioirs faites s'elevent a 4,000,000 ; 
'»500,000 Tranes sont neeessafres a l'execution duprojetgeneral. 

Les 46,800,000 francs qne coütera ä la ville de Paris Fexecu- 
10D des halles, des abattoirs et des niarchls, lni produiront un 
! c venu de pres de 3>000,000 de francs ; sans grever les denrees 
l'-aucones nonvetles charges. Les prix de location, qne paiera le 
commerce des combustibles seront infe>ieurs k ce qu'il lui en 
:o «te dans l'etat actuel des choses. 

La construction des greniers de reserve , celle des monlins et 
magasius de Saint-Maur , compllteront le Systeme des 6difi- 
? e » relatifs aux approvisionnements de Paris. 



(ST) Ont ii& employes ponr payer les maiaons que Ton dlmolit. 

14 . 



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312 GOUVE RNBWSftT DB NAPOLÄON. 

Les frehiers de reserve tont aa 'oajet de 8,000,000. y 
depensS 2,300,000 francs., 

Les moulias et les roipatins de Soiat-Maar eefiferon* moe sei 
«lable somme dtM^OOO. UyaaeMrMÖMOO«>t*avaax€ai| 

Les ponts d'Austerlitz» des Arts, d'Ifcia, wpprocheat I«« *u« 
tiers de Paris que separait ia Seine ; ees «onslroclion» oat ei 
»löye »,500,000 francs., Le jMmrdHeaa erige $aea*e p^ 
1 , 400^000 francs de depeases aeeessoires. 

OBre ttilüons ont i\i eiapley£s a la aoastrattien Aes qnaii 
avec aae depease de 4 »Hlions üs serani eobev&J saas intern»] 
tion sur les deux rives die la Seine. . 

Cinq nouveaux lycees s'etablissent ; oo a 4epense 500*000 fi 
en acqaisUieas. I* depenae letale »era de 5»0Q0,0Ö0. 
, L'egHse <!e Saiate-Genevieve . fcelle de Saint Denis , le pa4ai 
de r«rch*v£cbeet de la atetropelö sont nestaure*. Des 7,aö0, 000 ft 
atfectSs ä ces *difices, 6,700,000 fr. sont depensSs; 8«0,0QO ft 
tcrmiaerent; «ette aanee, teus les travaux. 

L'on construit des hötels pour le aiinistrfe des relations exli 
-Haaras et paar PadaViaiatratfea des aostes; les fcwidatiaas M 
<aeaevces; elles aatcoute 2,<800,000 fr-, 0„*O0;O00-fr. aorlaeat* 
«oeroplement dös projcts. 

Un palais ou sera le depot des archives generales 4c l'emftfl 
aodtera 20,000.000 de fraocs. Des af^rovUioaDements aauroi 
millioa ont ete faits. 

La faoade du Corps legislativ la colouae de la place VeadM 
le tem-ple de la Gloire, la Bourse, Pobelisque du Pont-Neuf, l'a« 
de triomphe de l'ßloile, la fontaine .de la Uastille, les statues qs 
doivenl decorer ces monuments, coüteront H5,900,000 fraocs 
19,500,000 francs ont ou avance ou termine leur construction 

Üne somme de 16 aullions a £te depensee aux autres travaui 
de Paris. • . 

TRAVAÜX DIVERS DES DEPARTEMENTS. 

Dans les departemenfs , les dfepots de mendicitiS et les prisois 
ont particulierement ßxe" ('attention du gonvernement. Cinquint* 
depöts ont ete" construUs et sout en activlte; trente e* an eodtf 



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CHArtTRB Vf, 



üstmctioD ; l*s prejets de qoarante-deo* i'etndieot. Sept de- 
rteüients paraissent jtosqu*a prlseoi oe pa» en avoir besoio : 
,000,600 ooi ef^ cmptoyea ä ees (rivtax ; 17,000,000 sont eu- 
re necessaires pour les acbever. 

Lea prisoas les plus impertantes sont les maisons destinees a 
cevoir les coodamnes a plus d'une anneVde detenliea. 
ViogUrei» etabfissements de ce genre snftront ä tont l'em- 
re; ils eonliendroot I6;000 condamnea. Onze de ces maisons 
>nt en aotivite' ; neof sont pr$s da terme de leur constraetion ; 
ois ne »out eocore qu'en .projet. * - 

Lorsqu'etles seront terminäes , les prisons ordinäres , les mai- 
>ns de correction, d'arret et de justice , cesseront d*6tre encom- 
recs; dies pourroat etre plas faci lernen t etplasconvenablement 
istrlbaees. 

Le norebre de ces dernieres maisons, est de 790 : 29$ ont ete* 
estaarees oa se tronvent en bon etat; 291 sont a reparer; 207 a 
econstruire. * . 

Les depei^ses faites sont de 6,000,000, Celles restant ä faire de 
4,000,000. 

Doaze millions 500,000 Francs ont ete affectes ä la construc- 
ion de la noüvelle ville de Napoleon dans la Vendäe, et ä l'ou- 
'ertere des rotttes öuj y aboatissent. Sept millions 500,000 fr. 
«l ete depenses. 

Un mülion 800,000 francs de primes ont M aecordes aux ha- 
titaata de ce departement et de celai des Deux-Sävres qui recon- 
ttrniraieat les premiers lenrs habitalions; 1,500,000 francs ont 
jasaVa preseot distribaes. 

Sur 3,600,000 francs que coütera la restanratien des etablisse- 
ments thernaox, its ettt deja recn 1,500,000 francs. 

11 etait essen He 1 de pr6server de toute noüvelle degradation les 
roiaes de Rone ancienne. Ces travanx, ceox de la aavigatien da 
Tibre, et rembellissement de la seconde ville de i'emeire, coüte- 
^Qt 6,000,000. Deax millions ont 4t6 realis^s. 

Lea 119 millions depenses anx autres travaox des villes et dea 
Departements oat ete employes ä ce grand nombre d'edifices ne- 
cessaires ä Fadmfriistratten, aa culte, a la justice, aa commerce, 
yn, dans toutes nos eil es, reclament les soins da gouvernement, 



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214 GOUVERNEMENT DE NAPOLEON. 

Tel a eti l'emploi du milliard consacre aux travaux publice de j 
tout genre depuis 1'avenement'deS. M., et des 80 mülions qui oat, 
complete le mobilier et augmente les riches collectiooa de 
couronne. 

485 millions* ont ete" plus sp£cialement affec{6s a ces entre- ( 
prises qui laissent de grands et durables resultats.. 4 

L'evajuation generale des projets de ce genre est denn milliardf 
61 millions ; une summe de 576 millions sera eacore necessaira^ 
pour les terminer. L'experience du passe nous*apprend qu'un pe-i 
tit-nombre d'annees suffira. . \ 4 

Ces travaux, messieurs, sont repandus sur toutes les parties de ( 
ce vaste empire. Delegues de tous les departemeots qui le com-i 
posent, vous savez qu'aucune contree a'eat oubüee ; ils vivifient lai 
nouvelle France comme l'ancienne ; Home , les departemeots aaJ 
aeatiques, la Hollande, comme Paris et nos ancieanes citea. T$ut% 
est egalemeot present et eher a la pensee de l'emßereur; sa saki 
licitudcne connait aueun repos taot qu'il reste da biea a faire. 1 

ADMINISTRATION INTERIEURE. 

Les divers cultes ont recu des marques d'interet et de protec-J 
tion. Des Supplements sur le tresor in\p6rial oot ete aceardes | 
aux eures au delä des Aljfes, qüi n'avaientpas un revenu süffisant^, 

Le decret du 7 novembre 1811 , ea soumettaot les commuoes 
au paiement des vicaires qui'leur seut necessaires, a assore lai 
jouissance de la total ite de leurs reveoos et de leur traitemeatj 
a d'anciens eures, que Tage ou les infirmites mettent hors d'etati 
de remplir seuls leurs fonetions. 

Des palais episcopaux, des seminaires oat ete achetes. 
* Tout est pret pour l'organisation definitive des cultes reforme' 
et lutherien dans le Nord; leurs pasteurs ontrecu des traitements 
provisoires. 

Le nombre des proces civils a dimfnue* sensiblement ; leur ja- 
gement est plus prompt; les diseossions sont moins embarras- 
aees ; c'est un des bienfaits de notre nouveau code civil. Chaeni 
desormais connait ses droits et sait mit ux quand et comment il 
peut les exercer. 



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V CMAWTREVIL > 



fcotoaeVoctoeot a vec*- des pilaiates sar les frais. exeessifi 
l'occasionaent les boooraires desavocats et las salaires des 
leiers dft^iaaliee. L'enperetir a da aai aeigraad jage l'ordre de 
occaper des moyens de dimineer ces -Arai*. 
Lea paeeea eitaiaeki 80Dt plfs seasibleaieat rödaifts encore qae 
s proces civils. E**1801, la popalatioa'eiait de -34 arilKeae 
lwHi*dna^oelUoaa»e> presea4ai6 &,*00affaires erimfaeilesdans 
saue!l6#<Utyi60 pr^vftnni (•*) etiiemt impliqu^s. Em 481! , ane, 
»palatioor 4e'4^ nillions n'a pi«d preaente que 6y0§0 affaires* 
tat leftqaeHe« #-,6 IM* pnaVenas ^tateat in~teresses. 
fia 1801; $000 privvods oal ele ceadasaies ; ea 1611, 3,500. 
■ l^Oi, ü y a^eo ^t«öD«k«n»4ioi»a »ort; en 1811, 39fc sea*» 
ment. Cette diminution a e^ pragi^ive obaqae ano^e ; eta'ii 
ait>i>eaaia 4e ; pffanvesvidavaataga Fiaflnenoe de not leis et* de 
rtre prosperite Sur le maiatien de l'ordre pablie, neue retaaf- 
lerioas que cette progression dlcroissaate a lieu surtoat daas 
• deperteataals «enaia, et dertanfetplat graade a uesarefqae leur 
«orporalioa a U Franc« deYieit pias aneieoae. - - 

I/admioietBatieB des departenieafcSv eeile des coiattuaes et (des 
ablissemeats de bienfaisaSee est acliveetsarveiHaate ; elleeoa- 
mrt airec »ele aa* a»elioretiona donts'eecapelegdavefiaeineac. 
Les^eatsses laaaieipaleaaoDt tenaes avee 4ei meme aatB4|ae eel- ' 
i de tous les aatres comptables. • 

Hait ceat einqaaote villes oat (* 9 ) plus de 10,000 fraaes de re* 
mvm; Ja majeire paatie* de kars bedgat* de 1*13 est; anreite. 

t . i . f.. ii • :•*• • 



CHAPiTttE VII. 



msTaucTioif pübliqub«, 



En 1800, lV nonibre des eleves des lycees n'etait que de 9,500, 
>nt 2,700 externes et 6,800 peosionoaires. 

(88) PreVeqa de cifoe, Ut Vngetfagte. 

(88) Bllea «rot, chtcuoe, plus de 10,000 fr. de reyenns. 



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sie 



GOUVERNBHKRTiD® IKAPOLEON. 



Avjwrd'kn 1« ri omW 4ra ^ve*est 4e 18,000 >doo tri 0>(W 
externes dt 8,0iO JieitfHwnaires* 

Cine, oeet diu ©elleses deeaant AUaotraeiien • btofiW Ära) 
dont 12,000 pensionnairri. , i >< ; 

Dtx^ruil eent «nian*e H dix^sea s pension« om mlüotioiii pM 
fieelieras sontl freqttewlee» J»r aT^OOrMefree. :i. 1 

Trente et an mtM eette* pnaratres, Mnml ^ftnMiikl 
premie^ degr£ a flfttMty* jeta». s gateons; Aiost l^Wft,eW*ej4 
Mg' Franzi« teoojt I« irienfkit efe 1 ihstwctld» pabl^eu > i 

L'eeole normal* de l'unfotisite formt das sftjetsl distiBgiJf 
dtns les selences, da« les leltrds /dm /1a irtHttiffte d» les * 
seigne*. II» pdrtent ehaqu« «ante 4wds ies fyäees les fconUeJ tia^ 
ditirios, le* ntetaedcJs perfe«titoo6cs. /• ' j 

Le» treate*-ciaq acaddiaies de JWhreraite out OyiOftaetitara 
lti denx tiers de tot* etöves solvent legt c<rdn de droit at deal 
deeine« - •* ' j 

L'eoele polyteabeiqee doaae tdaales an» tarn eeolasup^H 
du genie, de Partülerie^ de« |)o*ts et 6bavsse&(*<r)et4es<afe4 
1*0 fcnje+s eeja recbnnlaad ablas * er lepts cdnoeissaboes^ I 

Lerf exsote» d* 8eie4-€yr r de Sain*6erxtaia y d* laiFlecbe H 
nfissent twis le» kos »jfrtfö jeeaes ggaapearia earriefe miMuH 

Le nerobre des eteVes des ecoles veierissires . est daasrlei L«( 
interets de l'agrieultnre ont diotÄ Ut »eilletire ofgaaisatiiai 
eas Kenias. 1 m I 

L'academie de \ä Grnjba de Ifterence* deposHahw du J>loi 
idiome de la langoe ilaheone, l'institut d' Amsterdam, 1'acadH 
de Saint-Luc de Rome , ont recu de nouveaax reglements et k 
dotatioos süffisantes. • 

Les travaux de l'institut de France se continnent: le tiers l 
son dictionnaire est fait, il peut etre acbevl dans denx ans; 
reeberebes sur notre langoe, surnotre histoire, oecopentuo grai 
noinbre de ses membres. > ti 

Le$ tradoctions de Strabon et de Ptolemee bonorent lessavi» 1 
qui en ont "tti cbarges. te 16 fe volüme du Recüeft des Örao»» 11 
ces des rois de France ä (Sie public. ) 

(90) Voir Nole 84. - ' . ... . ■* 



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MARI3B. 

U nmace a a^eat^ par lae^eadatfeatey ddeperlefc trt8-t*aai 
tee. Lt» metHfcura «fficieit* de aa taatfee?, Mite des eoritre-ttaü- 
Ks et des eqtfipBBjc 4 y »Dt pari, i 

Nes eaeadree, depaia eefte apae*Be< ea* 4t6 auftateea par de* 
qm»a#ee.}ea} tl^fceil L'ansafieanee f» Finecription aaajrttitt» 

i &e" recoonuc , et toutes les aooees , les moyens quelle öfrait 
«t ^d^MiMtnitt ('»), resfiit«! Mvitftbte de U eotostaate sape- 
iMritl de l'eanemt et de Im destnurte* prtesew entiere de> <kotr± 
ommerce ■arMme. 

Utfy a >>1B8 eu meyea de se «tteesaiuler qv'il Caltalt ea derfes- 
rirtrfle la restaaration de eotre marine es tempe de fcoerre* ea 
Hrärrfecear* des aietseres «oavetiea. Ed preoaat le preaüer 
•rti, m eat ae> oeanae l*a feit l'adaüaietraiipa «aas Lews XIV 
ttleeis XV. »feoarage per la ddfait* de La Hege* et par aap 
raites de la gaerre de 1756 , ä l'aae et a 1'aatee Ipoqae ebre* 
»009a aia «aride; 0* oeasa da eoastfuiee (; an porta lea reseeur- 
5cs de« flnances aar HarJaee da terra et aar leg aetrea departe* 
aentai Mais Ida, rdaehata de cet abaodea farent biea faaeatea 1 
• tffeire et a la preapdritd de la France* 

Pfeaqne riea a'eat poaseble a Breit, au da moio* tavt y eat e** 
rtae*e*t-di9eile lorseaie ce pbrt est Moqa6 per^ae eaeaidre aa> 
»erieure. * 

La betone adtnieMtratiea des Usance« de 1'eaipirB aoaa inet en 
(tat de faire faae aafc depeoies qBtaiftraiae rätabliseemeat e?üae 
5*tade laaraae, et de aatiafaire aat frais- de gaerres 4eatiae*i 
ales ; eofia , l'loergie de notre goaveroeafretit, aa i«öldnt4 forme 
Kcaastaate 6Uieht«eüUs oapaMes de leVerde a)ia« gnaida ab- 
tUeftesj - > - • 

L'ediaifcistvatioB de la mariae *e«tit petfrtaat la a4eeeattd dV 
topterna syetame fixe et ealealty «ei'Üt aia reber de front la 
Halfan aa le tdtaMissemeat des perts, la ooeatruction des vais* 
"in*, et Westrtietio* des nratelote. 

Dans la Manche, la natare a tont fait paar TAatgleterre? «IM 



(91) Les^oytne aee£ aaKe ea dfrietoiiaSV tte ontdtd eadleroissaat. 



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1 



m GOUVERNBMBWT; DB NAPOLEON. 

a tont fait contre. nous. Des le regne de Louis XVI od avait seati 
l'importance d'avoir an port sar cette mer. Le projet de Cher- 
boncff a*ait «He pdapte^ etulea foodemeqts des d^goes auaf *nt £td 
•jäte*. Mais^ daesilods .tenps deJroiaWes ciVitey tti*s iee*jaiivr»- 
ges, interrompus, s'etaient deteriioraa. Toni avait ete-riei&is -enr 
Probleme* josqu'a ia xtooveaauMp du ceoi* dqlecali; «t on< 
demaodaitsi l?ö* n abrni» paaimieaxtaail de prefere*^ ffcgnft ^ 
€aetboj«^. . ■ i ,„ ..\n , Htm ■ , ,-i 

* i Vadrainiatvatiea.' ixaiiaat/refardsisonces impontaaite«qtaeaj6oiis. 
JUa deciöion ea favaq* de ; Gberheitpgifati eoafirmee* «* OQtraVraäU* 
saas delai a rehausser la digue ponr abriter ia -radevnt < 

Mais <*tW rad« aM^tie^iyocoBveaiwtydJaDe :i«döl foraitae^ le* 
oarenege des vaisseae» y etai* iai|>o»sibla oü diffickei aTadnauaiar 
iratioa ; aa a^arrela aiia ia» klepeoae m a 4a diffieulte" de* leeaiite«, < 
et ^n eAlrieprk iiB p<>rt)ore tis^rdi ob le rbe, jMMtvaat eoateair dm- 
qv&ate; vaisseaaki dd gtaerre. let des lebantiero saffisaojfs f«u la 
aaastrueiioDid'aae escadre. u - , ' . " I - :■ •* 
- . i Apres dii ans de iravaüs; le< -aocbee a juaiifie toates «es eotre- 
prieeSi Uae escadre estsar le ctiaatier det/Gberbouiw et Lea! bae* 
äias pounfoDtrtecevoin ceUe^aönefe l-eacadre la plus ndltabraoae. ' 
C'est beaucoup d'avoir sattafaitlad beaeia sfuti de^oia le oaaabat^ 
de.La ftogu«; d\av*if ua port dana la Manche; mais tl ntälait aas 
saeja* imperial* «d'a Vejr üü pertdaas la mer da Nadril, eteWatee~< 
voir profiter des rades oombreuses et süres de l'Escaut. 

Le baasia defiessingue , celtot d?Aawers oat iaoäte bien des 1 
miUijentSt . Viagt' vaisseaux peu>vept etre cotoatruite a la i foia daaa < 
l«ö «bantiora d'Ajivers, et plaa de adutaaie tro»ver anuabri daaa 
lea pörts d'Aovers et de.Flesamgae. ■ > i . . , 

- iL'ajdjpjniströtjion sentit qa'Ub'y avait dana l la Heilande qu'nm i 
seul port, ua seul chantier, an seul remede ä toas les iacenreV 1 
aietet* dee Ucalites, et eile, port« lea forcfesi maritime« <kr l* öol- 
laade au NreoW Djpi.Qaojqye ;ce tprojet Vait^tf-confuiq*« 4e- 
p»is dem aas* aoas joaissoea.flajade to«e seaiafcantagcs, et, par 
ce moyen, un aouveao port se troavie. etre ä»,öatrepetivair a Tea> 
treaiite de la mar du.Nprd. r- r.i ri 



(»nM*mela<toaveaaiicaddc^^ * 



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i Les ingeoieurs de 1'armee de terre out pousse les travaux avee 
i plus grau de et la plus louable activjte. Le Helder, Flessingue^ 
overs et Cherbourg sont daos une Situation teile, que ( 93 ) pos t 
icadres y sont ä l'abri de tonte insulte et,peuvent dooner anos 
anees de terre, le temps d'arriyer ä leur seeours, fussent-eljes 
i foad de l'Jtalie ou de la Pologne. Ge que l'art pouvait ajouter 
ix avantages natnrelside Brest et de Toulon avait ete fa^t par 
mcieoae admioistration. 

II a'en elait.pas de meme de remboucbure de la Charente. La 
»de de File d'Aix n'etait pas propre a conteoir un graod nombre 
8 vaisseaux. L'administration a senti le besoio d'avoir un abri 
lus sdr daos la mer de Gascogne. , 

La rade de Saumouard a 6te reconnue et fortifiee. Les rades 
e la Gironde Tont ete egalemenl, et une commuoication io$i T 
teure pour les plus^grands vaisseaux a etq perfectiodnee,, de 
orte que les rades de l'ile d'Aix , dq Saumouard , de Talemont, 
t les radps de la Gironde formenj, pour aiosi dire* un in&me pprt. 

Apres Toulon , la Spezzia est le plus beau pqrt de la,Medite,iv 
anee» Des fortifications du cote de terrae et d]u cöte de mer fle- 
enaient necessaires pour y mettre nys escadres en surfte. Oes 
»rtificalions offrent t d^j^ une resfctance cooyenable. 

Ainsi , ä peine six ans se sont ecoules depuis que le, Systeme 
ermanent de guerre maritime a efe arrete , que les pprtsfdu 
iexel , de l'Escaut, de Cherbourg, de Brest, de Toulon et ; de la 
pezzia soat assures, et offreot sous le pqint de.vue maritima et 
lilitaire tpujes les proprietes desirablps. 

Ed me* me temps qu'on construisait et qu'on fortifjaty les ports, 
n pensa ä etablir des chantiers pour construire des vaisseaux. 
aus J'aocienne dynastie , nous etions redujts a moias ,de yi^gt- 
inq. 

Brest pouvait , tout au plus , offrir les moyens de radoqlj. On 
tat renoncer a tout projet de construc^ion , ou etablir sur Tßs- 
aut uQ chantier oü 20 vaisseaux a trois ponts de 80 et de, 74 
msseot se construire p la ftmu Ce chaptier, approvisionne parle 

(93) Quelle ponctualion faudrait-il ponr teile dans la tradoction de Celle 
>hrase allemandc: fit fitto In eia^v folgen Sag« , feie ttir toünfätn. Voir 
Sole 8. \ . ■ 



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m OOUVERNtertBlJft *> E NAPOLEON. 



Rnffl et laMeuse, et par tous leä afllaents du conttaent de| 
France et de PAfletnagne, est constamment pourvu abondammei 
*t ä bort marche\ 

Ort recoonut la pessibilite' de constraire, sur les cbantiej 
^Amsterdam et de Rotterdam , des frägates et des vaisseaux d 
74 , de notre modele , en attendant que les cnantiers et les ^tt 
Missermen ts fussent formes sur le Nieuw Dyp. I 

Sur les chantiers de Cherbourg od construit des vaisseaax 
trois ponts de SO et de 74. I 

Ön construit des vaisseaax a Genes et a Venise, profitant aiaj 
de tonte s les ressources de l'Albanie , de l'Istrie , du Frioul , M 
Alpes-Juliennes et des Apennins. 

Les chantiers de Lorient , de Rochefort et de Toulon centia^ 
eat ä avoir Factivit^ dont ils sont susceptibles, et d'emp loyer loa 
lös materiaux que lenr öffrent les bassins des rivieres destioeesj 
les atimenter. ' » 

En pea d'anuees , nous sertras arrives ä voir 150 vaissean* 
dott VI ä trois ponts, et ün plus grand nombre de frdgates. 

La marine francaise, dans sa plus grande prosperite, a'a 
mals eu phis de 5 vaisseaux ä trois ponts. 

Nous pouvons facftement constraire et armer 15 a20 vaisscaflj 
de haut bord par an. 

L*administration a donc räussl sous. le point de vae des ca* 
Struetions; mais le plus difficite restait ä faire. 

On se demandait oh trouver les matelots pour monier cesal 
cadres. Des camps, des exercices forment en peu «Tanaees rt 
armee de terre ; mals etu trouver de quoi remplacer des canrps < 
des exercices pour les troupes de mer? 

L'ädministratfon concut Tidde de recruter les anales navaltj 
de la meme maniere que l'armee de terre ; d'avoir recours a | 
eonsCrlption , sans abandonner les ressources que pouvait pr> 
■duire Piuscriptioo maritime. 

L*s departements littoraux furewt en partie exemptes dtN 
conscription de Y armee de terre, et tonte leur jeunesse fut app^ 
lee a la conscription maritime. 

Les b«umes de mer le« j4»a exp^rimentes vauiaieai qw'oa V 
pelat cette conscription des Tage de dix a douze aas, preten^ 



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m 



(a'il etart imfrosaiUe de fair« «* hoiain* 4« wer d'aa hattme 
Dritte. 

Mais comment coqcevoir la possibilite d'entasser dpa* daavata- 
eajuc $0 o* 80 ariJie aafeata? 

Les, depenses qn'U failait faire poar Je&r iost^nctioa peadftftt 
Ix aas, nffi sartoqt U eoasojniaatioB d'kemies, deyenaient 
ffrayaaies. 

0* prjt ua tfinne jnayea* <oa «ppeiaa la,;ca«scroprtion inarUhne 
Da jeoaea g*as da 16 et 17 a<aa. Qn aaayaü eaperer qn'apw 
wati*e ou cioq annees de navigaltaR, JejraaaWa aecajea£ pftwaons 
i ViQß de 21 an 22 im, an aorait da* «umtat» aabHes. 

Blak^Macua iaüra savfefler aa ai fraad qafnbr* da jap*** 
ppna, aensajaa 4a mar aaaa etaitp raaqae partout infcrdtte? 

Ob constraisit des flottilles. Cinq ou six cents bätimentai tafofcfb 
fcalaoaaa aaaowrieras, g*ele*tes (**), afwgaaraat aar Us £a$4er- 
lee, rfiscaut, Je* radea de Roalofoe, deBteatatde ToaWa, 
Ijgeroot et alimentärem aotne catota^e. 

En m&me teojps an arma ae<s aaetdaea 4ana lea parta 4ß Tm- 
miy 4e,U€aarante, 4a TBaeaa* et4a^a^dwea P Lea eqaipagaa, 
ioejovra caasfenes * band, aaoiaaat «o araaenee de reanemi, opat 
templi l'esperaoce qu'eaen avait >ea»*cve. Les eoascrtts *e sajtf 
formes. fees jeunes gens de 18 ans, apres cinq annees de naviga- 
aon , ent aujourd'bui atteint lear vingt-troisieme ou vingt-qua- 
trieme an nee , et servent* dans les hautes manceuvres avec une 
kgilke et one adresse remarquables , et nos escadres evoluent 
hae* atttaai de ^roroptitade *t de preewton qu'a aueune <**) Ipo- 
j»e ^e l*biataire 4e notre warine, ' . 

(DA) Conane gveiand et go&no%, off aUnl dip)i^OB«u^ aeroblable i oe 
poete j poeine , poete , poeme). II n'ep est pas de mAnae du nom de nolre 
Goethe, ou Ton pronooce o?comnie nolre ß ( , oe saus tr£pa äquivalent a ej, 
p. e. itttpe, Gedipe. 11 v . 

(*S) ^cim*irtv*fltm*f**f^ue, «a«f fite fall «e^eatendre ptdstfav* ttt 
tit, eleat-a^dveqaelleaimsadres mlMBt<avev>pamide|ff^iaipnqu^aadnne 
epoque. Les anciens grammairieus diraient qu'auctm se ditici -«-in pt&$n*u* 
ter 4k*cutftBg*»-C*0et qutatOMv?"*'*"*^ >*te»<ei w/ efpaiment.ooBalam- 
»«ni.qnelqöeabose tfe «6>a}if : rf an«n^t|M»aiw wo* asaoaVse^Viwfciawtff 
«rec au/a/if de preemon. ,ü yia /fenfffnafaU-dn* ^«•Utns.axpiaasaa aU'aar 
melles, et des nlgalioas moyennes et inpamp i^^a« 



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GOUVERNEMENT WS NAPOLEON. 



DeputS cioq aus que CC sysfeme a M adopte* 8Ö0 'mille jene* 
gens tires de la conscriptioo sont venus ainsi angine nter ootM 
population maritime. ' ' • ' i 

II a fallu bien ( 96 ) de la constance pour se reaoudre ä tous N 
sacriflCes qu'un pareil Systeme neus conte*. 1 

Sur nos 100 vaisseaux , neUS en avons aujour(FlH)i 65 arraäj 
Iquipes, approvisionues pour six mois, constamment en partaat^ 
ap|>areillant tous lesjours,' et dans uae Situation teile , qu'aocu 
ne sait, au moment oü on leve 1'ancre , si c'est pour Tin exereiei 
ou pour uae expädition loiataibe. 

L'Angleterre peut avöir 1© oombre de vaisseaux et de troupd 
de terre qu'elle vondrä; eile peut donfeer a son commerce Ii < 
rection qüi lui convient; mais nous pr&endons rester dans ld 
memes droits. . ■ 

IlmVparu, messieurs* que le simple exposl de netre sltnatto 
interieure, appuye aar des etat* et sur des chiffres (* r ), Fexpoi 
de notre Situation maritime , etaieiit süffisante poar faire com 
prendre l'immensite de uös ressourees, lasolidite' de notre sya^ 
teme, et les graces que v neus avens ä rendre au gouvernemei 
vtgilant, dont lestravaux stat epnstammen« coiisacres a tonte 
qui est grand et utile a la gtt>ire de l'emptre. 4 



Tons cea travaux n'eUieat rien aupres de ceux que medil 
l'empereur t il ne revait rierf moias qw rassoeiatian europeeaae^ 
«Taut qu'on se battra. eo Europe, disait-il, ce sera une guern 
civile.» Autant qu'il etait ea lui, il exlcutait cette vaSte penseel 
il creait des prix europeens pour recompenser les inventionsutilesy 
les grandes decouvertes de la science. En pleine guerre, TAo* 
glais J)avy, le Prusweo Hermann furent couronne? par l'lnstttot. 

Je ae puis termioer ce ebapitre aana t»ter l'apologie queN*- 

(96) Petti, astet, trop^pas, öecuioovp de cotutance, mais — senle exceptio 
a tastde ea» — bien de la eonstanee. P&vr en expiiqner la canse, joignez M 
*« verbe : il a bien fallu de la coosUnee. Vair Note 68. 

(97) De qoel genre chiffto ea*U? 



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CHAPITRE VII. 



oleoa faisait lui-möme de sob gouvernement , dans un de ces 
louvementS sublimes qui furent la seule reponse da captif aux 
isnlles et anx calomnies de ses geöliera. 
■ J'ai referatl le gouffre de l'anarcbie et debronille* le chaos. 
ai dessouille la Involution , ennobli les penples et raffermi les 
»ig. J'ai excite toutes les eimilations , recompense tous les me- 
les, et reeule les limites de la gloire ! Tont eela est bieo quel- 
le ebose. — Et puis , su.r quoi poitrrait-on m 'attaquer qu'un 
istorieo ne ( 9a ) poisse me däfeodre ? Sur mon despotisme ? Mais 
demontrera que la dictature 6tait de tonte necessite* : il prou- 
Jra que la [^rw^i^^ie^s fy^fifsfr^yy etaient en- 
ire an senil de la porte. M'accasera-t-on d'avoir trop airne* la 
lerre ? Mais il montrera que j'ai toujours 6te attaque. D'avoir 
inlo la nooarcbie universelle? Mais il fera voir qn'elle ne fut 
•e l'onivre fortuite des circoustances , que ce furent nos enne- 
üs eax-memes- qui m'y conduisirent pas a pas 1 . . : Dfe l'ambition? 
4! saps doat<?,ü m'en Q 9 ) trpuvera, et beancoup ; mais de la 
las graode et d« la plaa.iaute qui fut jamais! celle d'etablir, de 
•nsacrer enfin l'empire de l'inteüigenee, le pleio exercice , l'en- 
jattissan*«* de - toutesvlea lacufoes Nwalaes l , (ei , ,peut-$tre, 
•istorien se tronvera reduit a regretter qu'une teile ambition 
'•it pas 6t6 pleinement satisfaife. . . » 

Qoe dire epcore? Les Anglais avaient raison : celui qui avait 
nl, eelui qa* netiftait de papeilfoft ehest« * n'avtft pas besoin 

fyiwpbev . •>'■> ■ ^ i - .» .'>.-»'- ^ - • • • 

L ■> biomi mi, h «>]■!' , • - »u •..■[, •.'•)' , i. • •; 

(W) QueWi&tiltowmWttolMi-U; ^ 1 'O.;*.. n . < 
W'jll en Wbmvert ä wmi,Saht tnou • ■ 1 »' r • "oj; c. , • 



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TESTAMENT DE NAPOLfH^N. J 



CejQurd'hui, ( ,ot ) 15 avriV 1881 , \ Longwood, ] 
f ' v "'€eei' ist trtbn testdtnent •, ort acte de derrHSr* volenti, i 

sein de laqnelle ( lo \) je suis ne , il y a plus de cioquao*« ,a&f. i 
2° Je desire que mes cendres reposeot snr les bords de M 
Seine , au milieu de ce peuple £ra#ca**/qu£ J*4*W* *WL$. 

3° J'ai toujours eu a me louer (*°*) 4e ata tres-icikire 6pem< 
Marie-Louise; je lui conserve jusqu'au deroier momeot (es pli 
tendres seotiments , je la prie de veiller pour garantir mon H 
des embuches qui eovironoent encore soo enfaoce. 
4° Je recommande a moo fils de oe jamais oubiier qu'il est i 



(100) Hui veuanl cThodie foment au-jonr-d'hoi , et, dans le style da at* 
lais, cejour d'hui. 

(101) Voir Note 24. 

(102) Se louer de geh. , /över ycA. ; s'applaudir de qch. , applaudir qekf 
se rire de qch., rire qch.; a'apercevoir de qch., «percevoir qch. 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 22£ 

rioce francais, et de oe jamais se preter ä 6tre un Instrument 
atre les mains des triumvirs qui opprimeut les peaples de l'Eu- 
)pe. II oe doit jamais combatlre, ni nuire en aucuae autre ma- 
iere a la France ( 103 ); ü doit adopter ma devise : Tout pour le 
euplefranpais. 

5" Je meurs prematurement , assassine par l'oligarchie au- 
«ise et soo sicaire; le peuple anglais ne tardera pas ä me 
Roger. 

6° Les deux issues si malheureuses des iovasions de la France, 
rsqu'elle avait encore tant de ressources, soat dues aux trahi- 
»ns de Marmoot, Augereau , Talleyraud et Lafayette. Je leur 
irdooae ; puisse la posterite francaise leur pardoaner com nie 

oi! 

7° Je remercie ma bonne et tres-exoe Heute mere, le cardioal, 
es freres ( l ° 4 ) Joseph , Lucieo , Jlrome , Pauline , Caroline, 
»lie, Hortense , Catarine, Eugene, de Tinter^t qu'ils m'ont con- 
frve; je pardonne a Louis le Libelle qu'il a publie en 1820: iL 
Hplein d'assertions fausses et de pieces falsifiees. 
8° Je desavoue le Manuscrit de Sainte-Helcne et autrea ou- 
rages sous le titre de Maxiines , Sentences , etc. , que Ton s'est 
o ä publier depuis six ans : ce ne. sont pas lä> les regles qui 
*t dirige ma vie. J'ai fait arröter et juger le duc d'Eoghien, 
arce que cela etait necessaire ä la surete, ä l'iuleret, et ä Thon- 
Bor du peuple francais, lorsque enlreteoait, de son aveu, 

rixante assassins ä Paris. Dans une semblable circonstance, 
agirais encore de meme. 

II 

1° Je legue ä mon fils les boites, ordres, et autres objets tels 
a'argeoterie , Iii de camp, armes, selles, eperons, vases de 
>a chapelle , livres , Höge qui a servi ä mon corps et a mon 
sage, conformeinent a fetat anaexe, cote (J). Je desire que ce 
"ble legs lui soit eher , com ine lui rejtracaut le Souvenir d'un 
ere dout Tunivers l'entretiendra. 

(103) Diüconvenance grnniroalicale tres-rare dans le style de Napoleon : 
tmbaltre la France , ni märe ä la France. 

(104) Mes fi eres el soeurs. 

Dornas, Napoleon. 15 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 



2° Je legue a lady Holland le camec anüqne que le pape Pie VI 
m'a donne ä Toleotino. 

3° Je legue an comte Montholoo deux milliona de fraacs, 
comme une preuve de na satisfactioa des soins filiaux qu'il m'a 
rendus depnis six ans, et ponr l'indemniser des pertes que m 
sejour ä Sainte-Hllene lui a occasionnees. 

4° Je legue au comte Bertrand cinq cent miUe francs. 

5° Je legue ä Marchand , mon premier valet de chanuto, 
quatre cent mille francs. Les Services qu'il m'a rendus seat ceai 
d'un ami. Je dlsire qu*il epouse une veure , sosur ou fille d'a* 
offieler ou soldat de ma vieille garde. 

6° Idem, ä Saiot-Denis , cent mille francs. 

7° Idem , ä Novarre (Noverraz) , cent mille francs. 

8° Idem, ä Pieron, cent mille francs. 

9° Idem , ä Arcbambaud , cinquante mille francs. 

10° Idem, a Coursot, viogt-cioq mille francs. 

11° Idem, a Chandelier, vingt-cinq mille francs. 

12° A Pabbe Vignali, cent mille francs. Je desire qu'il batisse 
sa maison pres de Ponte-Nueve di Rostino. 

13° Idem, au comte Las-Cases , cent mille francs. 

15° Idem, au Chirurgien eto chef Larrey, cent mille fraics. 
C'est Thomme le plus vertueux que j'aie connu. 

16° Idem, au gäneral Brayer, cent mille francs. 

17° Idem, au gäueral Lefevre-Desnouettes , cent mille francs. 

18° Idem, au gen^ral Drouot, cent mille francs. 

19° Idem, au general Cambronne , ceat mille francs. I 

20° Idem, aux enfants du genlral Mouton-Duvernet, cent mille 
francs. 

21° Idem, aux enfants du brave Labädoyere, cent mille francs. 
22° Idem , anx enfants du glneral Girard , tue* a Ligny, cent 
mille francs. 

23° Idem, aux enfants du genlral Chartrand, cent mille francs. 
24° Idem , aux enfants du vertueux glnäral Travot, cent milfc 
francs. 

25° Idem , au g£ne>al Lallemant Paine , cent mille francs. 

26° Idem, au comte Real, cent mille francs. 

27° Idem , a Costa de Bastelica en Corse , cent mille francs. 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 



327 



£8° Jdem , au geaeral Claosel , ceat mille fraocs. 

20° Jdem, au baron Meaaeval, cent mille fraocs. 
■ 30° Jdem, ä Aroaalt, auteur de Marius, cent uiille fraocs. 

Sl° Jdem, au colooel Marbot , cent mille fraocs. Je l'eogage 
t continuer a 6crire piour la defense de lagloire des armees fran- 
9aises , et a en cöofoodre les calomoiateurs et les apostats. 

32° Jdem, au baron Bignon, cent mille fraocs. Je l'eogage 
a äcrire l'histoire de la diplomatie francaise de 179? ä 1815. 

33° Jdem, a Poggi di Talavo, cent mille fraocs. 

34° Jdem, an Chirurgien Emmery, cent mille fraocs. 

35° Cef sommes seront prises sur les six miilioos que j'ai pla- 
ces en partant de Paris en 1815, sur les interets ä raison de cioq 
pour cent (Jepuis juillet 1815. Les comptesen seront arretes avec 
le baoquier Barles comtes Montholoo, Bertrand et Marchand. 

36° Tout ce que ce placement produira au delä de la somme 
de cioq miilioos six ceot mille f ran es, dont il a 6te dispose* ci- 
dessus, sera distribue en gratifications aux blesses de Waterloo, 
et aux officiers et soldats du bataillon de l'ile d'ßlbe , sur un 
etat arrete* par Mootholoo , Bertraod, Drouot, Gambroooe et 
le Chirurgien Larrey. • 

37° Ces legs , en cas de mort, seront payes aux veuves et en- 
fants ( 105 )> et ftu defaut de ceux-ci , rentreron t ä la masse. 

III 

1° Mon domaine priv6, etant nia proprilte, dont [aueune loi 
francaise oe m'a prive , que je sache , le compte en sera de- 
mande au baron de La Bonillerie , qui en est le tresorier ; il doit 
se monter a plus de deux cents millions de francs ; savoir : 
1° Le portefeuille contenant les economies que j'ai, pendaot qua- 
torze ans, faites sur ma liste civile, lesquelles se sont e'levees 
ä plus de douze millions par an, si j'ai bonne memoire; 2° le 
produit de ce portefeuille; 3° les meubles demespalais, tels 
qu'ils etaient en. 1814; les palais de Rpme , Florence, Turin 
compris. Tous ces meubles oot ete achetes des deniers des re- 
veous de la liste civile ; 4° la liquidation de mes maisoos du 
royaume d'ltalie', tels qu'argent , argeoterie , bijoux , meubles, 

(105) VotrNoleiK). 

15' 



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228 



TESTAMENT DE NAPOLEON. 



ecuries; les comptes en seront donnes par le prince Eugene et 
Fintendant de la couroune, Campagnoni. 

Napoleon. 

Deuxidme feuille. 

2° Je legue mon domaine prive* , moitie aux officiers et soldats 
qui restent de l'armäe francaise , qui ont combattu depuis 1792 
a 1815 poitr la gloire et Findependance de la jiatioo j la r^parti- 
tioD en. sera faite au prorata des appöintements d'activite*; moi- 
tie* aux villes et campagne d'Alsace , de Lorraine, de Fraoche- 
Comte, de Bourgogne, de File de France, de Champagne , Forez, 
Dauphine , qui auraient sonffert par Fnne ou l'autre Invasion. II 
sera de cette somme preleve nn million pour la ville de Brienne, 
et nn million pour celle de M£ri. 

J'institue les comtes Montfaolon , Bertrand et Marcband mes 
exlcntenrs testamentaires. 

Ce present testament, tont ecrit de ma propre main , est signe 
et scelle de mes armes. 

(Sceau.) ' * Napoleon. 

ETAT (A) JOINT A MON TESTAMENT. 

Longwood, ile de Satnte-Hllene, ce 15 avril 1821. 
I 

1° Les vases sacres qui ont servi ä ma chapelle ä Longwood. 
2° Je Charge l'abbe Vignalr de les garder et de les remettre ä 
mon Iiis quand il aura setze ans. 

II 

1° Mes armes ; savoir . Mon ep6e , celle que je portais ä Alls- 
te rlitz , le sabre de Sobieski mon poignard , mon glaive , moa 
couteau de chasse, mes deux paires de pistolets de Versailles. 

2° Mon necessajre d*or, celui qui m'a servi le matin d'Ulm, 
d'Austerlitz , d'Iena, d'Eylau, de Friedland, de File de Lobau, 
de la Moskowa et de Montmirail; sous ce point'de vne, je de'sire 
qu'il soit precieux a mon fils. (Le comte Bertrand en est depo- 
sitaire depuis 1814.) 

3° Je charge le comte Bertrand de'soigner et conserver ces 
objets , et de les remettre a mon fils lorsqu'ü aura seize ans. 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 



229 



III 

1° Trois petites caisses d'acajou, cootenant: la premiere, 
treote-trois tabatieres ou bonbonnieres ; la deuxieme , douze 
boites aux armes imperiales, deux petites lunettes et quatre boi- 
tes trouvees sur la table de Louis XVIII , aux Tuiteries , le 20 
mars la-troisieme, trois tabatieres ornee* de medailles 

d'argeot, ä f usage de Femperear, et divers effets de toilette, 
CQnformement aux etats numerolfo I, II, III. 

2° Mes üts de«camp dont jai fair usage daas toutes mes cam- 
pagnes. 

3° Ma la nette de gnerre. 

4° Moa necessaire de toilette, an de cbacuu de mes uniformes, 
une douzaine de chemises, etun objet coroplet de cbacua de mes, 
habillements, et generalemenjt de tout ce qui sert ä ma toilette. 

5° Moa lavabo. 

6° Une petita pendnle qui est d*ns ma chambre ä coucher de 
Longwood.. 

7° Mes deux njontres et la chaine de cheveux de 1'impeYatrice. 

$ ö Je Charge Marchancf, mon premier valet de chambre, de 
garder ces objets , et de les remettre a mon fils lorsqu'il aura 
seize an. 

IV 

1° Mon inedaillier. 

2° Mon argen lerie et ma porcelaine de Sevres doot j'ai fait 
usage a Sainle-Helene (etat B et C), 

3° Je Charge le co'mte Montbolon de garder ces objets, et de 
les remettre a moo fils qnaod il aura seize ans. 

v 

1° Mes trois selles et brides, mes Operons qni m'ont servi a 
Sainte-H£leoe. 

2° Mes fusils de cbasse , an nombre de cinq. 

3* Je charge mon cbasseur Noverraz de garder ces objets et de 
les remettre ä mon fils qnand il aura seize ans. 

VI 

1° Quatre cents volumes choisis dans ma bibliotheque , parmi 
ceux qni ont ie plus servi a mon usage. 



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230 



TESTAMENT DE NAPOLEON. 



2° Je cbarge Saint-Denis de tos garder , et de les remettre a 
mon fil» quand il aura seize ans. 

Napolbopc. > 

BTAT (^). 

1° II ne sera vendu aucun des effets <jui nTont servi ;* Fe surplos 
sera partage entre mes executeurs testamentaires/ et mes freres. 1 

2° Marchand eonservera mes cheveux , et en fera faire un bra- 
celet avec un petit cadenas en or, pour etre envoye" ä Fimpera- 
trlce Marie-Louise; ä ma mere, et ä cbacuil de mes freres, 
SGBurs , neveux , nieces, au cardinal, et un plus consicHraote 
pour mon fils. 

3° March and enverra une de mes paires de boucles ä soulieTs, 
en or , an prince Joseph. 

4° Une pettte paire de booeles , en or , ä jarretferes, an ptfiace 
Lncien. 

5° Une froucle d« col , en or, an prince Jerome. 

*T»T {A). 

tnventaire de mes effets, que Marchafid gardera pour remettre 
ä mon fils, 

1° Mon necessaire d'argent, celui qni est sur ma table, garoi 
de tons ses nstensiles, rasoirs, etc. 

2° Mon revetlle-malin : e'est le »eveille-matin de Prüderie II, 
qoe j'ai pris a Potsdam (dans la boke n* III). 

3° Mes deux montres , avec la cnaine de» cheveux de l'impe- 
ratrice , et nne efraine de nie» cheveux pour l'autre montre. 
Marchand la fera faire ä Paris. 

4° Mes deux sceaux (un de France, enfenne dans lajboite 
n<> HF). 

5° La petite pendule doree qni est actuellement dans ma 
chambre a coucher. 

6° Mon lavabo, son pot ä eau et soo pied. 

7° Mes tables de nuit, Celles qui me servaient en France, et 
mon bidet de vermeil. 

8° Mos deux Uta de fer, mes matelas et mes eeavertures, s'ils 
se peuvent conserver. 



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TESTAMENTA DE NAPOLEON. 



9° Mes trois flacons d'argent oü l'on mettait mon ean-de-vie 
ae portaient mes cbasseurs en campagne. 
10° Ma laoette de France. 
11° Mes Operons (denx paires). 

12° Trois boites d'acajon, n°* I, II, III, renfermant mes taba- 
ieres et aatres objets. 
13° Uoe cassolette en vermeil. 

hinge de toilette. 

6 cbemises. 
6 moucboirs. 
6 cravates. 
6 serviettes. 
6 paires de bas de soie. 
4 cols noirs. 
6 paires de ckaussettes. 
2 paires de draps de batiste. 
2 taies d'oreillers. 
2 robes de obambre. 
2 pantaloos de nuit. 
1 paire de bretelles. 
4 culottes-vestes de Casimir blanc. 
6 madras. 
6 gHets de flanelle. 
4 calecons. 
6 paires de guätres. 
1 pelite boite pleine de mon tabac. 
1 boucle de col eo or 
1 paire de boucies ä jarretiere en or 
1 paire de boucies en or a sonliers 

Habillement. 

1 uniforme de cbassenr. 
1 dito de grenadier. 
1 uniforme de garde nationale. 
1 chapeaox. 

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reofermees dans la 
petite boite n° HL 



292 



TESTAMENT DE NAPOLEON. 



capote grise et vferte. 

manteau bleu (celoi qae j'avais a Maren go). 
zibeline pelisse verte. 
paires de souliers. 
paires de bottes. 
paire de pantoufles. 
ceinturoos. 

Napoleon. 

etat (2f). 

Inventaire des effets que fai laisscs chez M. le comte de 
Turenne. 

1 sabre de Sobieski. (C'est par erreur qu'il est porte sor IV 
•tat^; c'est le sabre que l'empereur portait a Aboukir qui est 
eotre les mains de M le comte Bertrand.) 

1 graod collier de la Legion d'honueur. 

1 ep£e eo vermeil. 

1 glaive de consul. 

1 epee en fer. 

1 ceinturon de velours. > 

1 collier de la Toison d'or. 

1 petit necessaire eo acier. 

1 veilleuse en argent. 

1 poignee de sabre antique. 

1 chapeau a la Henri IV et une toque , les dentelles de l'em- 
pereur. 

1 petit mldaillier. 

2 iapis turcs. • 

2 manteadx de velours cramoisi brodes, avec vestes et cu-| 
lottes. 

1° Je donne ä mon fils le sabre de Sobieski. 
Idem, le collier de la Legion d'honneur. 
/(fem, l'epee en vermeil. 
Idem, le glaive de consul. 
Idem, l'epee en fer. 
Idem, le collier de la Toison d'or. 



1 
1 
1 

2 
2 
1 
6 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 



383 



Idem, le cbapeau a la. Henri IV et la toque. 
Idem , le necessaire d'or pour les'deats, reste chez le 
deotiste. 

2° A rimperatrice Marie-Louise, mes deotelles. 

A Madame, la veilleuse en argent. 

An card in al, le petit necessaire en acier. 

Au prin-ce Eugene, le bougeoir en vermeil. 

A la princesse Pauline, le petit medailler. 

A la reine de Naples, an petit tapis turc. 

A la reine Hortense, un petit tapis tnrc. 

Au prince Jeröme, la poignee de sabre antique. 

Au prince Joseph, un manteau brode, veste et culotte. 

Au prince Lucien, un mantean brode, veste et culotte. 

Napoleon. 

Ce 24 avril 1821, Longwood. 
Ceti est mon codicille, ou acte de ma dendere volonte 0 , 

Sur les Fonds remis en er a rimperatrice Marie-Louise , ma 
•es-chere et bien-aimee epouse , ä Orleans, en 1814, eile reste 
le devoir deux millions, dont je dispose par le present codicille, 
ßo de recompenser mes plus fideles serviteurs, que je recom- 
lande du reste ä la protection de ma chere Marie-Louise. 

1° Je recommande ä rimperatrice de faire reslituer au comte 
ertrand les trente milie francs de rente qu'il possede dans le 
oche de Panne, et sur le mont Napoleon de Milan, ainsi que les 
rrerages echus. 

2° Je lui fais la mdme recommandation pour le duc d'Istrie, la 
lle de Duroc , et autres de mes serviteurs qui me sont restes 
de les et qui me sont toujours chers ; eile les connait. 

3° Je legue, sur les deux millions ci-dessus mentionne's , trois 
ent mille francs au comte Bertrand , sur lesquels il versera cent 
alle francs dans la caisse du tresorier, pour etre employes, 
elon mes dispositions, ä des legs de conscience. 

4° Je legue deux cent mille francs au cemte Montholon, sur 
;squels il versera cent mille francs dans la caisse du tresorier, 
our 1« meine nsage que ci-dessus. 



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234 TESTAMENT DE Pf APftLfoff. 

5° Idem, deux cent millc francs au comte Las-Cases , sur les- 
quels il versera centmille francs dans lacaissedu tresorier, poui 
le meme usage que ci-dessus. 

6° Idem , ä Marcband , cent mille francs , sur tesq*els H verl 
sera cinquante mille francs dans 1* caisse , peur fe ft^me usag^ 
qae ci-dessus. 

7° Au maire d'Ajacdo, au commeiiceiiietot de U revolution, JeaoJ 
Jeröme Levi, ou ä sa veuve, eufauts ou petits-enfants, eeutmflH 
francs. 

8° A la fiHe de Duroc, cent mille francs. 

9 e Au fils de Besnieres, duc d%trie, eeut miite francs. 

10° Au geuiral Brouot, cent mitte fraucs. 

11° Au comte Lavatlette, cent mrlle francs, 

12° Idem, cent mille francs ; savoir : 1 
Vingt-cinq mille francs ä Pieron, mon maitre d'hötei ; 
Vingt-einq miüe francs a Noverraz, mon cbasseur ; 
Vingt-cinq mille francs a SaintrDenis, le gard« de mes livres; 
Vingt-cinq mille francs a Santini, mon ancien huissier. 

13° Iiem r een* mitie francs ; snvorr: 
Quaranta mUße francs a Flanat, mon ofieier d'ordiwuianee ; 
Vingt mille francs ä Hebert, dernicretnent ceocirrge ä Rambouil J 

let, et qui etait de hmi cbantbre en Egyp*e ; 
Vingt mHle francs a Lavigoe, qni etaifedern«rement,coacier§« 

d'une de- mes Lennes, et qui etait mon piqueur en Egypte ; 
Ving* mille fraacs a Jeannet-Dervieux, qui etait piqueur des wa- 
ries, et me serVait en Egypte. 

14° Deux cent mille francs seront distribues en aumooe au 
faabitaats de Brienne-le-Caateau qui ont le »Ina souffert. 

Les treis «ent mille fraoes res taut serom* distribues aux o# 
ciers et soldats du bataillon de ma garde de l'il'e d'Elbe , actuel- 
lement vivauts, ou ä lenrs veuves ou eofants , au prorata des ap- 
pointemeats , et seien l'etat qui sera arrete pur mes exettuteun 
testamenlaires , les amputes ou blesses grtevement auroat le 
double. L'etat en sera arrete par Larrey et Rmmery. 

Ce codicilie est ecrit tont de ma propre main, signe etscellei« 
mes armes. 

NAPOttON. 



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TESTAMENT M NAPOLEON. 



Co 24 avril 1821, Laagwood. 
Ceci est mon eodieHle, ou acte de ma derniere volenti. 

ir la liqoidation de ma liste civile u'ltalk , teile qu'argeat, 
bx , argenterie , Hage , meubles , ecuries dont le vice-roi est 
»sitaire, et qui m'appärtieunent , je dlspese de deux millions 
je legue a mes plns fideles servitewrs. J'espere que, sans 
kariaer d'aucaae raison, mon fils Eugene Napoleon les acftnit- 
fidelement ; il na taut ooblier les % uarante millions de francs 
ja hii ai danaas, soit en ltalie , soit par le partage de la soc- 
ion de aa mere. 

» Sur ces deux mUlioaa, ja legue au comte Bertrand trois cent 
i francs, doal il versera cent mille fraaes daas la caisse du 
>rier paar etre employes , sei od utes dispesHions, ä l'acquit 
t#s da couscience. 

Au comte Montbotoa, denx cent mille franes, dont il versera 
mille francs a la caisse » pour le meine usage que ei-dessus. 
Aa comte La*~€ases, deux eeot mille francs, dont il versera 
mille francs a la caisse , poor le meme usage que ci-dessus. 
A Marcjiand , ceot mille francs , dont il versera cinquante 
5 francs a la caisse, poor le meme usage que ci-dessus. 
Au comte Lavallette, cent mille francs. 
Au glaeral Hogendorf , Hollandais, mon aide de camp re- 
I an Breail, cent miHe francs. 

A mon aide de camp Corbinean, cinquante mille francs. 

A mon aide de camp Caftärelli, cinqnante mille fraocs. 

A mon aide de camp Dejean, ciaquante mille francs. 

* A Perny, cbirurgiea aa cbef a Waterloo, cinquante mille 

is, 

° Ginqnaote mille francs ; savoir : 

mille franes a Pieren, mon maitre d'hötel; 

mille fraaes a Saint-Denia, mon prämier cbasseur; 

nille francs ä Noverraz ; 

mille fraaes ä Cursot, moo a\aitre d'effiee; 

mille francs a Archambaud, mon piqueur. 

i° Au baron Meoneval, cinquante mille francs. 

0 Au duc d'lstrie , fils de Bessieres , cinquante mille francs, 

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286 



TESTAMENT DE NAP9L46N. 



14o A la fille de Duroc, cinquante mille francs. 

15° Aux enfaots de Labedoyere, cinquante mille Francs. 

16° Aux enfants de Mouton-Duvernet , cinquante mille fraw 

17o Aux enfants du brave etvertuenxfeaeralTravot, cioqoaj 
mille francs. 1 

18° Aux enfants de Chartrand, cinquante mille fraoc*. 

19<> Au gene>al Cambronne, cinquante mille francs. 

20° Au general Lefevre-Desnouettes , cinquante mille fra« 

21° Pour etre repartis entre les proscrits qui erreot enp^ 
etrangers, Francis, ou Italiens, ou Beiges, ou Hollaodais, 
Espagnols, on des departemeots du Rhin, sur ordonnaoces de« 
executeurs tes tarnen tai res, Cent mille francs. 

22° Pour £tre repartis entre les ampotea ou blosses grievenH 
de Ligny, Waterloo, encore vivants, sur des etats dressesf 
mes executeurs testamentaires , auxqnels seront adjoiots Cä 
bronoe, Larrey, Percy etEmmery> il sera donne double a 
garde, quadruple ä ceux de l'ile d'Elbe, denx ceftt mille fra« 

Ce codicille est ecrit eniieremeot de ma propre muio , sign 4 
scelle de mes armes. 

Napoleon. 



Ce 24 avril 1821, Longwooi 

Ceci est v?i troisieme codicille ä mori testament du 15 avril 

1° Parmi \ti diamants de la couronne- qui fureut remis en 181 
il s'en trouvait pour cinq ä six cent mille francs qui n'eo eiai( 
pas, et faisaient partie de mon avoir particulier ; ou les U 
rentrer pour acquitter mes legs. 

2° J'avais cbez le baoquier Torlonia de Rome denx ä trois a 
mille francs en lettres de change , produits de mes reveous dl 
d'Elbe, depuis 1815: le sieur de la Perruse, quoiqu'il oe fetp* 
mon tresorier, et n'eut pas de caraetere, a tire ä lui eette som» 
on la lui fera restituer. 

3° Je legue au doc d'istrie trois cent mille francs dont sed 
ment cent mille francs reversibles ä la veuve, si le duc etaiti* 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 



i de l'exeeution da legs. Je desire , si cela n'a aocun ioconve- 
it, qoe le duc epouse la fille de Duroc. . 

0 Je legue a la duchesse de Frioul, fille de Duroc, deux cent 
le Francs ; si eile etait morle avant l'execution du legs ; il ne 

1 rien donne ä la mere. 

0 Je legue au general Rigaud , celui qui a ete prescrit , cent 
le fraocs. 

°Je legue äBoisood, eommissaire ordonnateur, cent mille 

ics. 

0 Je legue au* eofants du general Letort , tue dans la cam- 
ne de 1815, cent mille fraocs. 

0 Ces huit cent mille Francs de legs seront comme s'ils etaient 
t£s a la suite de l'article 36 de moo testament, ce qni porterait 
Ix nullions quatre ceot mille francs la somme des legs dont je 
jose par moo testament , sans comprendre les donations faites 
'mon second codicille. 

foci est ecrit de ma propre maip , signe et scelle' de mes 
les. 

Napoleon. 

(Sceau.) 
dos: 

-eci est mon troisieme codicille ä mon testament , tout entier 
ma main, signe et scelle de mes armes, 
fera ouvert le meme jour et immediateineot apres Touverturt 
^oo testameot. 

Napoleon. 



Ce 24 avril 1821, Longwood. 

Ceci est un quatridme codicille ä mon testament. 

P»r les dispositions que nous avons faites precedemment, nous 
voqs pas rempli toutes nos obligations , ce qui nous a decide* a 
p e ee quatrieme codicille. 

l ° Nous leguons au fils, ou petit-fils du baron Dutheil , Heute- 



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2S8 TESTAMENT DE NAPOLEON. 

nant general d'artiUerie , anciea >eigne»r de Saint-Andre , qi 1 
commande l'ecole d'Auxonne avant la revoiuttün , la somme 
100,000 (cent mille francs), comine Souvenir de reconnaissri 
pour les soins que ce brave general a pris de nous , lorsqae ni 
etions comme lieutenant et capitaine seus ses ordres. < 

2° Jdem , au fils , ou petifr-fils du general Dugoramier , qai 
commande en chef Tarmee^de Toulon, la somme de cent li 
francs (100,000); nous avons, sous ses ordre«, dirige ce si^ 
et commandS Tartülerie ; c'est un teinoignage de souvenir pd 
les marqoes d'estime , d'affection et d'amitie que nous a dont^ 
ce brave et intrepide general. 

3o/rfem. Nous leguons cent mille fraucs (100,000) au ftf 
petit-fils du depute ä la Convention , Gasparin , representa»t< 
peupte ä l'armee de Toulon , pour avoir prategS et sancttonol 
san au to rite le plan que nous avons donne, qui a valu la piist 
cette ville , et qui etait contraire ä celui eoveye (">*) par le i 
mite de salut public. Gasparin nous a mis, par sa protectiea,' 
l'abri des persecutions de f ignorance des etats-majors qui cd 
mandaient Farmee avant l'arrivee de mon ami Dugommier. 

4<> Idem. Nous leguons cent mille francs (100,000) a la veul 
fils ou petit-fils de notre aide de camp Muiron , tue" ä nos cot« 
Arcole, nous couvrant de son corps. 

5° Idein, (10,000) dix mille francs au sous-officier CantilU 
qui a essuye un proces comme prevenu d'avoir voulu assassu 
lord Wellington, ce dont il a ete declareinnocent. Caotillonav 
autant de droit d'assassiner cet oligarque , que celui-ci de m'< 
voyer pour perir sur le rocher de Sainte-Helene. Welling 
qui a propose* cet attentat, cherchait a le justifier sur Finteret 
la Grande -Bretagne, Cantillon , si vraiment il eut assassioe 
lord , se serait couvert, et aurait 6te justifie" par les memes a 
tifs, Tinteret de la France , de se dSfaire d'un general qui, d'i 
leurs, avait viole la capHulation de Paris , et par la s'etait rei 
responsable du sang des martyrs Ney, Labedoyere, etc. , et« 
crime d'avoir depooille les musees , coatre le " texte des traid 

60 Ces 400,000 fr. (qaatre cent mille fr.) seront ajoutes A 



(«6) Volr Note 42. 



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TESTAMENT DE NAPOLEON. 



millions quatre cent mille francs doot nous avons dispose , et 
eront nos legs a six millions huit cent dix mille francs ; ces 
Ire cent dix mille francs doivent £tre consideres comme fai- 

partie de notre testament, art. 35, et soivre en tont le meme 

que les autres legs. 

Les neuf mille livres Sterling que nous avons donnees au 
te et ä la comtesse Montnolon , doivent , si elles ont ete sol- 
, etre deduites et portees en compte sur les legs que nous 
faisons par nos testaments ; si elles n'ont pas ete acquittees, 
billets seront annnles. 

1 Moyennant le legs fait par notre testament au comte Moo- 
on, la pension de vingt mille francs accordee ä sa femme est 
üee; le comte Montholon est Charge* de la lui payer. 
> [Administration d'une pareille succession , jusqu'ä son en- 
e liqnidation , exigeant des frais de bureau, de courses, de 
ions, de consnltations , de plaidoires , nous entendons que 
executeurs testamentaires retiendront trois pour cent sur 
les legs, soit sur les six millions buit cent mille francs, soit 
les somines portees dans les codicilles , soit sur les deux 
s millions de francs du domaine prive. 
0 Les sommes provenant de ces retenues seront deposees 
les mains d'on tresorier, et depensees sur mandat de nos 
Qteors testamentaires. 

0 Si les sommes. provenant desdites retenues n'etaient pas 
iaotes pour pourvoir aux frais , il y aera pourvu aux dlpens 
trois executeurs testamentaires et du tresorier , chacnn daas 
oportioQ du legs que nous leur avons fait par notre testa- 
; et codicille. 

0 Si les sommes provenant des sousdites retenues sont au- 
Qs des besoins, le restant sera partage entre nos trois ex£- 
ars testamentaires et le tresorier, dans le rapport de leurs 
respectifs. 

0 Nous nommons le comte Las-Cases, et ä son defaut, son 
et ä son deTant, le genlral Drouot, tresorie/. 
present codicille est entierement ecrit de notre main, signe 
eile de nos armes. 

Napoleon. 



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24Ö TESTAMENT DE NAPOLÄON. 

Premiere lettre. — A M. Lqffitte. 

Monsieur Laffitte, je vous ai remis en 1815, au inomeot 
mon depart de Paris, one somnie de pres de six millions, do 
vous m'avez donne un double recu; j'ai annule un des refus 
je Charge le comte Monlholon de vous presenter Tautre ref 
pour que vous ayez ä lui remettre, apres ma mort, ladite somi 
avec les interets ä raison de cinq pour cent, ä dater du l er joiU 
' 1815, en defalquant les paiements dont vous avez ete Charge 
vertu d'ordres de moi. 

Je desire que la liquidation de votre compte soit arretee dl 
cord entre vous, le comte Montbolon , le comte Bertraod, et 
sieur Marchand , et, celte liquidation regiee, je vous donoe, p 
la presente, decharge eutiere et absolue de la dite somme. 

Je vous ai egalement remis une boite contenant mon medi 
Her; je vous prie de le remettre au comte Montholoo, 

Cette lettre n'etant ä autre fin, je prie Dieu, monsieur Li 
fitte, qu'il vous ait en sa saiole et digne garde. 

Napoleon. 

Longwood, ile Saiute-H£lene , 25 avril. 



Seeon de lettre. — A M. le baron Labouillerie. 

Longwood , ile Sainte-Hflene , ce 25 avril 1821 
Monsieur le baron Labouillerie , tresorier de mon dofflJ 
prive' , je vous prie d'en remettre le compte et le montant, *| 
ma mort, au comte Montbolon , que j'ai Charge de rex&otioi'i 
mon testament. 

Cette lettre n'-etant k aulre fin , je prie Dieu, monsieor le 
ron Labouillerie , qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. 

NAPOiio^ 



FIN. 



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VOCABULAIRE. 



A. 

IbaßdüflDer, &*rlafien* 
battoir , m. <Sc$ad>tl)au$. 
kattre, atyautn, Ijeronterfdjla* 
m, um^ajwn, bemütljigen, 
töaye,/. gtbici. 
bdiquer, freitoiflig entfagen, (bie 
ßrone ober ein 2lmt) nieber* 
legen* 

bdomen, m. Unterleib, 
beille,/. «Biene* 
bondance tteberffafj* 
Wd, in. 3ngang* 
tordage, m. Sufammenfiofett 
Jtoeier <5<$iff e* 

border, an $orb fcmmen, anre* 
*«t/ ftc$ naljem* 
boutir, angrenzen. 

m. Ort, Dbbadj , ®<$ufc, 
* gef*nfct, in <§i<$erl)ett. 
fiter, fdjüfcen* 
•«•to , ne , umtmf$«änft. 
*°*iep, niebettantfett. 
co **w, bffctetw, beiftomiien. 
«cel^rer, befdjleunigen* 
wessible, gMganglity* 
cces$i>i r c > ^ tt |Q mi ie n b, 

Duma», Napoleon. 



Accomplir , öoUenben ; s' — , 

ftd) erfüllen* 
Aucourir, Ijetbetlanfen* 
Accroissement, m. $Bermel)rnng* 
Acci*#kre, öergr&p er«, t>ermel)ren, 

#4 »erraetyten* 
AccneiUir, empfangen» 
Accumulation ,/. $fal)ättfung* 
Aebaroar, blutgierig ma<$en, er« 

bittern; s'— , ergrimmt fein, 

erbittert fein* 
Ackeminement, m. 28eg, €*$ritt. 
Acheminer, s'— -, jt<$ auf ben 9Beg 

begeben* 

Achever, »oflenb« |tt ©runbe 

rieten* 
Acquerir, ertoerben» 
Acquisition , /. (lä&etfruttg* 
Ae<raUter,ÄejafyIen, nne dette, 

eme @djulb abführen* 
Actif , iire, t^Uftig; dettes acli- 

ves , &cth>fd)ulben* 
Additionuel, eile , jngefefrt* 
Adjoindre , jugefellen* 
Adjonctioii , f. Betafcwmg. 
Adjudication , /. 3ttfc*ei&itng, 

geri^tttdje Suafanumg* 
Admettre , a«fnei)Ht«u 
AdmimateatijraiieBt , öertoals 

tuttg^mtf«*. 
Adapter, atmd^men* 

16 

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242 



VOCABULAIRE. 



Adosse , ee , angelehnt* 
Adresser. an einen tickten. 
Aerien , eone, luftig. 
Affable , leutfelig , freunblicty. 
Affaiblir, fctytoächen. 
Affaisser, entfräften, fctytoädjen. 
Affecter, ftcty Reifen, beftimmen. 
Affection , /. (Sintmrfunq, Siebe. 
Affectionner, Siebe, Neigung ju 

etroa* Ijaben. 
Affermer, *>a<$ten. 
Affermissement, m. Söefeftigung. 
Afficher, anfdjlagen. 
Affirmativement, bejaftenb, 
Affluence , /. Bufltejj, 3ulauf. 
Affranch i , ie, befreit. 
Affreux, ense , fdjrefflidj. 
Affront, w. grobe SSeleibigung, 

2Befdjimpfung. 
Agiter, beunruhigen,— une ques- 

tion , eine $rage auf bie 23aljn 

bringen, eine grage fcertyanbeln. 
Agonie,/. SobeSfantyf. 
Agonisant, te, mit bem $obe 

ringenb* 
Agricole , Sieferbau trei&enb. 
Aguerrir, an benföieggewofmen. 
Aide,/. £ülfe. 
Aign , ue , fc§mer$aft 
Air, m. fcttft. 

Alarme ,/ £ärm, donner V — , 

£örm fdjlagen. 
Alarmer, erförecfen. 
Aligner, na<$ ber ©djnur ab* 

ftecfen. 

Alimente*, beföfKgen, untermal« 
ten. 

Alliance,/ SBerbinbung, 93unb* 
niß* 

Alternative,/. ffiedjfellDalj(,Ums 
n>ec$fefong. 1 
Alun , m. SUamu 
Ambitieux , ense , eljrgeigig. 
Ambitionner, begierig »erlangen* 
Ambulan ce , /. ,&anfenn>ageu. 
Amelioration, /. «erbefierimg* 



Ameliorer, »erbeflern, jto) 
beffern. 

Amener, herbeiführen, Jjer&eibtiw 
gen. 

Amertume,/. Sitterfeit, ®ram, 
Ancre,/. Slnfer, lever 1'— , toi 

Slnfer listen. 
Aneantir, »ermc^ten«. 
Angle , m. SBinfeL 
Animad version ,/. £afl. 
A uimer, befeelen, beleben. 
Anneau , m. £King. 
Annexer, anhängen. 
Anniversaire , m. 3af)Ttita$. 
Annuel, eile, Jä^rtcj, 
Annulier, für nicj&tig erflöten. 
Antediluvien , ienne, toai wi 

ber ©ünbfluth tt>ar. | 
Antre , m, unterirbifdje 
Apaiser, beliebigen, s'— ,5^ 

befänftfgen. 
Apogee, m . höd&fte $uuft, 
Apostat, ate,9lbtrttnnige,9fyojiat. 
Appareiller, f?<$ fegel fertig m 

c^ien. 

Apparence, / @djein, 9tnf$ei^ 

en— , bem Slnfc^en nadj. 
Apparent, te, fcfteinbar. 
Appartenir, gehören. | 
Appliquer, auflegen. ] 
Appreciation , f. €><$d$ung* 
Apprendre, »ernennten, erfata 
ApprÄter, jubereiten, s'— , W 

ruften, ftdj »orb ereilen. 
Approche,/. Stornierung. 
Approcher, nähern, s'— > P 
nähern. 

Appuyer, ftäfcen, ftemmen, ty)««» 
s*—, fu& fiüfcen, fi(v I** 

Apütude, /. Sä&tgfcit, Su*^ 
fett. 

Aquilon , m. 9lotb»inb. 
Arbitre , m. @d)feb$ric$tet» 
Arborer, aufoflanjen, aufriß 11 ', 
Arcade, /. ©djroibbogeu. 



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V0CABULA1RE. 



248 



Arche 93rütfenbogen. 
\rchiv es, f. pl. Urfunben, Stroit), 
trdeur, /. £eftigfeit, Seiben* 

fc&aft. 
irda , ne , fcfcttnerig. 
trene j?ampfpla$. 
irguer, befdjulbtgen, »ortoerfen. 
Iruie SBaffe/ renäVe les — , 

ba« ®eh)e$r jtretfen«. 
trmemeat, m. Sfoärüfhmg, 

Äriegärüfhmg. 
Armistice, m. SBaffenjHttjianb. 
Armure (Rüftung. 
Armurier, m. SBaffenfdjraieb. 
Arpent, m. 3Worgen 8anbe$. 
Arrerages , m. pl. . rücffiänbige 

3infen* 

Arrestalion,/. 93erbaftneljmung. 

Arrät , m. Urteil. 

Arreter, aufholten, abfliegen, 

beftimmen, mieten. 
Arriere, m. diücf flanb / en — 5< 

tücfroärts. 
Arriver, milanben, anfommen; 

il m'est arrive un grand mal- 

heur, e6 tft mir ein große« Uns 

glücf ttiberfa^ren. 
s'Arroger, ftdj jufdjreiben. 
Asile , m. gretftttte, 3uffo$t. 
Assaillant, wi. Angreifer* 
Assaillir, lebhaft angreifen, übet« 

faden, 

Assassinat, w. SRendjehnorb.* 
Assassioer, ermorben. 
Assaut, m. Sejiürmung;. 
Asseoir,.grünben. 
Assertion ,/. Sefcauptung* 
Assigner, antoeifen, anzeigen, 
Assolemeat, m. (Sintljeifong in 

(Silage» 
A ssujetir , unterwerfen» 
Assuraoce,/. ©etyiftyeit , ©t* 

djerljeit, 
Astre , 77i. ©eftim* 
Astreindre^erpfli^ten, nötigen, 

fingen. 



Astuce , f. SlrglifL 
Atteindre, erreichen* 
Atteinte , /. JBerüljumg , Unfall, • 
Singriff. 

Atteler , anfyannen, »orfyannen, 

begannen. 
Attendre, »arten, ettoaS »ermn* 

tljen; s'— , ettt>a$ »ermüden. 
Attendu, in 9tü<fjt<$t, — que, 

»eil, 

Attentat, m. greüeltljat. 
Attente , /. drtoartung. 
Attester, bezeugen, 
Attirer, cmjieben. 
Attitüde,/. (Stellung, Haltung» 
Attriboer , $ufdjreiben, $uetgnen* 
Attrister , betrüben. 
Augmenter , üertnefyren. 
Aulique, adj. conseil — , $etd?6« • 
Ijofratlj. 

Autoriser, beöollmädjtlgen, ge* 
" neljraigen, ft# in Sfafefjen fefcen* 
Auxiliaire , ijelfenb. 
Avancer, »orrücfen, s' — , »ors 

toärt$gef)en. 
Aveueinent, m. ©elangung. 
Avenue , /. 3ugang. 
Avertissement , m. %laä)titi)t, 

Slnfünbtgung. 
Avis , m. SReinung* 
Avouer , befennen, gefteljen* 



B. 



Baignoire 99abetoanne* 
Baisser, mebriger meinen , ^et* 

unterlagen. 
Balancer, f<$aufeln, se — , ji$ 

föaufeln. 
Balayer , feljren. 
Ban , m. 9$t*e*ttärung, mettre 

an— de Tempire, inbie 9tei$6? 

a$t erflären. 

16* 



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244 YOCAB 

Baodiere , /. %ai)nt. 
ßaraque , /. %dty&tU. 
Barricade , /. Sperrung* 
Barricader, fcerfperreiu 
Bas, nieder, meltre — les armes, 

bte SBaffen nieberlegen* 
Base,/, ©runbloge* 
Bastide , /. ganbljauS* 
Bastion , m. 33afteü 
Bastionne, ee, mit 33oI(n>erfen 

»erfeljen, . ' 

Batelet, m. <S($ijfc$en* 
Bätir , bauen, — sur qch. , auf 

ettoad Bauen» 
Battre, fdjlagen , — un habit, 

ein Äleib ausflog fen; — eo 

rjstraite , fi# guvutf gießen» > 
Belier, m. fßlaiuxbxtfyex. 
Benir, fegnm* 
Berccau, m, SBiege, fcaube, 
Bercer, täufdjen. 
Bergerie,/* Sdjäfereu 
Besace , /. Cuerfacf , SSettelfait 
Besoin , m. $loti). 
Belterave , /. roetße dt&be. 
Biais, m. <8<$räge; en — ftyräg, 

fötef. 

Bkeque,^. fökä)t befeftigte Dxi, 

erbärmliche «&äu$djeiu 
Bidet, m. ©tuljl mit einem 9Baf<fc 

berfen, aBafdjbwf* 
Bien-etre , m. SBefjlflanb«. 
Bienveillance , /. aBoljltooHen. 
Biscaien , m. ©tanbbudjfe, »eil* 

tragenbe ®eu»fcr. 
Bissac, m. Duerfacf, SBettelfacf. 
Bivouaquer, unter freiem Gimmel 

in ®«n>e$r flehen , büwuafirem 
Bizarpe, fettfom, »Mnberlidj. 
Bioquer, einfließen, eiifrerpeu» 
Bonbonniere , /. 3*cferfdjädjtefe 

djen. 

Boodir*, aufform$«u 

Bord, w. gjfcmb, raisseau de 
baut— , ^borbtge ©<&tff, 
vaisseau de bas — , roeberfor* 



bige 8<fciff ; mettre a — , «* 

fionb fe^en. 
Border, einfaffen, umgeben. 
Borner, begrenzen ; se - , Mb 

gnügen, ftd^ beföränfeu. 
Boucherie , /. Jölntbab. 
Boue , /. £>re(L 
ßougeoir m. ^anblendetet« 
Bourbeux . euse , fd}l(tttttntß» 
Bourreau, mMa$ni$Ux,®bffl' 
t ridjter* 

Bout, m. (Snbe, tirer a— por- 
tan t, 'gang nalje an« 3iel^atteu» 

Branche., /. Slber. 

Braquer, richten* i 

Bravoure,/. Xapferfeit* 

Breche, / *8ruc$, battre | 
en — , $ref<fa fdjtejkn* 

Brievete , / fnr$e 3)fctter, 

Brigandage , m. <Stra§enraflb. 

Brise , / Jtuljle. 

Briser , jerfc&lagem 

tiroiement, m. 9tetb«u 

Broyer , jermalmen, 

Bruit, i». ©etäufcfc; le — s'est 
repandu , baö ©erii^t ffit W 

. Verbreitet, 

Brumaire , m. Sfrebelmonat. 
Brume,/. bujjte JflebeL 
Brut, te, unbearbeitet 
Bruyant , te , braufenb, lärnwifr. 
Bulletin , m. täglidje 93eti<Jk 
Büste, m. «rußbilb* 
But, m. 3iel,3iefyunft. 
Butin, m. $eute. 
Butte,/. (Staufen, (fcbförfi 

ätre en— a qch., einet @a<fa 

au*gefefct fein* 

c. 

Cabotage , m. Äuftenf^ifff^' 
Cabrer, bäumen 5 se — , W 

boomen» 
Cadavre, j». Cei^nam» 



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VOCABULAIRE. 



245 



Cadre , m. Stammen, — dNin re"- 

gnnent, Stamm eine* ÄegU 

ment«. 
Caduc , gebreri)li<$. 
Calculateur, m. fÄedjenmeifter, 

9fc$inmg*fuijrer. 
Calculer, berechnen. 
Calme , fHtt 5 ruhige SReer. 
Camee , m. Samte. 
Campagne,/. offene (Sbene; sc 

mettre en — , beu gelbjug kt* 

ginnen 5 entrer en — , in$8elb 

rucfen. 
Campement, m. Säger. 
Canicule ,/. £unbiJtage. 
CapitulatioD , /. (Kapitulation, 

Vortrag, ttnterljanblung. 
Carenage, m. kalfatern. 
Carriere , /. Steinbruch 
Carton , m. $aW>e. 
Cas , m. %al\, eo — de guerre, 

im Soße eine* Kriege«. 
Casemate , /. Safematte , Jlano* 

nenfellet. 
Casine ,/. 8anb!)äu0c$en. • 
Cassolelte,/. &iecfcbüc&*<§en. 
Calecbisme , m. MaUtyiimui. 
Caaser, »erurfadjen. 
Ccder , überlaffen, abtreten, nacfc 

geben» 

Ceinturon , m. IDegengeljenf. 

Celebrer , feiern. 

Celebnle,/. geier, geierlicfcfeit, 

»erutymtyeit. 
Cereales , /. pl. ©etreibeorten. 
Ceremonial, ale , bem (Seremo* 

niell gemäß. 
Cern er, umringen. 
Chamarrer , verbrämen , befefcen. 
Ghambellan, m. &ammer^err» 
Chamois, m. ©emfe. 
Chance,/, gall, ®lücf$faH. 
Chandelier , m. 8eudjter. 
Chance, m. $aufdj, ööedjfel-; 

doonerle — , irreführen, eU 

neu ftfiiger SBeife tönten. ' 



Cbantier, m. £ol$of. 
Chanvre , m. $anf* 
Chaos , m. ($J)ao6. 
Chapitean , m. Änauf. 
Charge,/, Sajt, Angriff; re- 

venir ou retonrner ä la — , 

benfcngrtff erneuern. 
Cbarg6-d'affaires, m. ©efdjäftä* 

futyrer, s träger» 
Chamo , ne , fleifdjig» 
Charroi , m. <jul)re. 
Chauffer, »armen, ertoärmen, 
' Jjeiß matten , feigen. 
Chaassette , /. ttuterßrumfcf. 
Chaussnre , /. gufibefleibung. . 
Chebec , m. @cfrebecfc. 
Chef-d'ceuvre, m. SWet(lerflü(f. 
Chenal , m, äJcufjlbad). 
CMUf, ive, armfelig, fcfclecfot. 
Chevaleresque , abenteuerlich 
Chiffbji , m. Summen ; — de pa- 

pier , €>tft<f$en $a*>ier. 
Choc, m. Stoß, 95nftoß. 
Cingler, mit »ollen Segeln fahren. 
Clairvoyant , te , fcfcarfftcfctig. 
Clameur,/. große (Skföven 
Clause,/. (Slaufel, «ebingurtg. 
Clement, te , gnäbig. 
Clouer , nageln. 

Coalition,/. 93erbmbung, ©er« 

einigung, (Koalition. 
Coche , m. große Sanbfutfdje. 
Cochenille , /. Sc$arlad)trmrm. 
Cocon , m. Seibengefyäufe. 
CodicHle , m. Slnljang ju einem 

Seftament, (Sobicill. 
Cceur , m. SWitte. * 
Cohne, /. larmenbe Sftenföen* 

maffe. 

Coiffe , 6e , part. et adj. aufge* 

Coin , m. SBmfel. 

Col, m. $aUbinbe, enge $aß. 

Collet, tn. fragen, prendre qn. 

au-, einen beim fragen faffeiu 
Collier, m. Orbenafette* 



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i 



246 



VOCABÜLAIRB. 



Colonisation ,/. (trrid&tung* 
Combinaison, /. SufammenfÜ* 

gung, Bufammenfefcung. 
Comble, m. Uebermaß, de fond 
. en — , von ®runb au* $ meltez 

le — ä n>on bonheur, machen 

<Sie midj »ollenbä gang glücflidj. 
Combastible , »erbrennlidj. 
Comestible, eßbar $ comestibles, 

(Sßtoaaren. 
Commission Stuftrag. 
Comparer, vergleichen. 
Compenser, auägleidjen. 
Completer , voflftänbig madjen* 
Coinposer , jufammenfefcen. 
Comprimer, gufammenbrucfen. 
Compris , se, begriffen ; y— : , mit 

barunter begriffen; non— ,'nidjt 

mit barunter begriffen, nifyt 

mitgerechnet. 
Compromettre, auf6.@)>ietfe$en» 
Comptable , redjnungtyflichtig. 
Compte , m. SMjnung. 
Concentrer, auf einen $unft jus 

fammenbrängen $ se — , jtdj 

Bereinigen. 
Concilier / v*rföbiien. 
Concis , ise , furggefaßt. 
Concision , f. ©ebrängtljeit. 
Conclure, abfdjließen. 
Concordat, m. Vertrag/ (Sons 

• corb at. . 
Coueoarir, beitragen, mitwirfen. 
Condition ,/. SBebingung. 
Conference,/. Sufammenfunft, 

©eratljung. 
Conferer, gewahren, geben* 
Confiance, /. Vertrauen, 3u* 

tauen. 
Confiant, te, vertrauenb. 
Confidence, /. vertrauliche WliU 

Leitung. 
Confier, vertrauen, anvertrauen» 
Confirmer, betätigen. 
Confondre, Vermengen, verweis 

fein, gu (Sdjanben machen* 



Conformemebt , gemäß« 

Conge , m. 9ü>fdjieb, prendrc — 

de qn. , von einem &bfc$ieb 

nehmen. 
Congeiation ,/. ©efrieren. 
Congres, m. @taat0&etfamitt? 

fang* 

Conjointement, gemeinschaftlich. 
Cooquerir, erobern. 
Conquete,/. droberumj. 
Consacrer , .»ibmen. 
Consent , m. £ienftyflidjtige. 
Consäqueoce , /. golgerung, 
• Sblge. 

Considerant, te , bebädjtig. 
Consideratioo , /. ^Betrachtung, 
■ ' en — , in Betracht. 
Consigne,/. SBachtbefehU 
Consister, befielen. 
Consolidep , befefiigen j se — , t>. 

pr. ftch ^efejiigen« 
Consommation ,f. 93er$efjrung, 
Consommer, vollenben* 
Conspipateur,w.TOtVerf<htoorne, 

93erfchtvorne. 
Constaniment, beftänbig. 
Constance,/. ©tanbljaftigfeit. 
Constant, te, jtanbhaft, guver* 

läffig; il est — que... , e$ ift 

gewiß, baß.... 
Consta ter, ertveifen, außer 3»efe 

fei fefcen. 
Constructear , m. (Erbauer. 
Constructioo , /. Erbauung. 
Construire, bauen, errieten 
Contenir , gurucfljalten. 
Continent, yt. fefte fianb. 
Continental, le, (kontinental... ; 

Systeme — , (£ontinentalföem. 
Contingent , m. Beitrag. 
Coutinner, fortfefcen. 
Contradiction ,/. äBiberfpruch. 
Contraiodre , jroingen. 
Gontrastep, entgegenjtetten , ab* 

flehen. 

Cbntre-maitre,m.gabrifauffe^er» 



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€ootrevent, m. genfierfoben. 
CoDtribaer, beitragen. 
Controle,/. ©egenregtfier. 
Contosioo,/. Cuetfdjung. 
Coovaincre , überzeugen. 
Convenance, /. Uebereinjtim* 
mutig. 

Couvenir, übereinfemmen«. 
Conventioonel, m. SWitglieb M 

5ftationalcon»ent*. « 
Coxiviction , /. übergeugenbe 33e* 

»ei«, Uebergeugung. 
Convoquer, aufainmenberufen. 
Cooperer, mitnnrfen, mithelfen. 
Coordonner, aufammenorbnen. 
Cordon, iw. Xrujtyenfette. 
Corporation,/, ^ürfcerfdjaft. 
Corps , m. Körper, — de logis, 

«gauptgebäube. 
Cortege, tw. ©efolge. 
Cöte , 7/1. ©eite, mettre qch. de 

— , etfoaä bei §eite fefcen. 
Coter, mit Hummern begegnen. 
Coterie , /. gefdjloffene ©efell* 

Coucher, meberlegen, niebertoer* 

fen , nieberfdjlagen. 
Coade , m. Grlbogen ; Grumme. 
Cooler, IjineinfteÄen, tymeinföie* 

Ben. 

Coup, m. @djlag$ — d'ceil, 

SBlicf, Slnblicf. 
Coaper, fcfcneibenj — chemin ä 

qch., einer® a#e (Sinljalttljun; 

— les ennemis, bie geinbe ab* 

fdjneiben. 
Coupole,/. StubpeL 
Courant , m. glutl). 
Courber, trimmten; se — , fidj 

biegen* 
Cours, m. Sauf, Abflug. 
Course , /. Saufen j aller au pai 

de course, in ©efdjnnnbfdmtt 

marf<$ireu. 
Court , te , für*. 
Courtois, se, ijöftic^ 



LAIRE, 247 

Courtoisie,/ «&öjlid)feit, greunb* 
liefert. 

Contelierie, /. SRefferfömieb* 

toaare. 
Couvrir, betfen* 
Cramoisi , ie , earmejinrotlj. 
Craquer, fragen, fnarren, fnatfem 
Cräation , /. @c$tyfung. 
Creer, f Raffen, errieten, er* 

nennen. 
Creneler, anwarfen. 
Crepuscule, m. Dämmerung. 
Crete fRMen eines ©ergeS. 
Creuser, graben, ausloten. 
Creux, se, f)of)L 
Croiser , freujen 5 se — , ftdj 

freuten. 
Croisiere, /. Jireugfaljrt» 
Croissant, te , *unef>menb. 
Croissant, m. türfifdje ffteiti). 
Croitre, toadjfen, junefymen, ftc§ 

t>erme$ren. 
Crue,/. ©adjfenj — des eaux, 

(Steigen be$ SBaffer*. 
Culbute,/. <§tur$, gall. 
Culbuter, unWerfen, *u ©runbe 

richten. 

Culee, /. Siberlage, SBrucfen* 

mauer am Ufer. 
Cupiditä,/. Segierbe. 



D. 

Daigner, würbigen. 
Dlbander, abrannen 5 se — , 

auSetnanberlaufen* 
Debarquement, m. 9fa$fcfyijfen. 
Debattre, befreiten; — son 

droit, fein fRefy üerfec&ten. 
Deblayer, aufräumen, »egräu* 
" nun. 

Deborder , ben $anb abtrennen* 
Dehoucbe, m. 9lu0tt>eg. 
Deboucher, aus einem (Sngpaffe 



Digitized by 



2K TOGAB! 

fymoxtüäen, l?etau*marffl&ire», 

m. «&er»orrü(fen. 
Debris , m. krümmet / UeBeweß» 
Debrouiller, in Drbnimg Btin« 

gen, entnuefehu 
Debasqaer, »ertretBen, »erjagen* 
Debat , m. Anfang, erfte &&vttt, 
Decamper, ba« Söget olBre^en, 

ftdj boöcn machen* 
Decharge , /'. Öuittung* 
Dechiffrer , etflüten«. 
Dechoir, »erfüllen $ ätre 4eebu 

de qcb., einet €>aä;e »ertufKg 

fem. 

Decider , entfdjeiben j se — , 
ftd) entf^etben, jidj entfalte* 
fj em 

Decimer , um ben geinten SRann 
lofen. 

Decisif, ive, entfdjeibenb, 

Deklaration,/. (Irflärung. 

Decombres, m. (Schutt, Slbraunu 

Deconcerter, in Unorbnung britu 
gen, au« ber Raffung Bringen, 

Decret, m. oBrigfeirtfc^e 93er? 
orbnung, 

Deereter, geric^idj Befdjttefien* 

Decrire , Betreiben, fdjilbenu 

Decroitre, «Bneljmen* 

Dedier , nubmen. 

Deduction , /. Slbgug. 

Defaire , gerjiören. 

Defaite,/. SWefrtrlage. 

Defalquer, abregnen* 

Defaut, m. geiler, SWangeJ} 
au—, inötmangelung, anf&tt, 

Defection,/ H&fafl* 

DeYectaenx , euse , mangelhaft«. 

D^feimf , ive, jur $ert&etbigtm$ 
biertenb J se tenip sur la de- 
fensive, Bio« »e*tljeibigimg4* 
toeife $u SBerfe ge^en. 

D^ferer , übertragen. 

Defi, m. 9tu«forberung, 

D6B*hif, ive, entf^eibenbj en 



d^iwitive, bur# etrtätotrrtrt^rtl, 

fdjliefjlicfc. 
Degager, Ipemadjen, fr-ri nta<$ett> 

befreien ✓ i 
Degarnir, bie &efefe?ttt$ toegnt^ 

men, 1 
Degel , m. auftauen» 
Degenerer, ausarten«. { 
Dägodt, ?w. dfel, «Bf<£eiu < 
Degoutant, te , efeJtyaft» 
Dejoaer , vereiteln, $u nickte m*^i 

djen. ^ 
Deiegaer; Beauftragen» i 
Deliberer , Berat6f$lagttt» 
Delire r m. ©eiM»ertr»itrung. j 
Demarche,/. ®ang, ^djritt, 
Demolir, nieberreifjeiu i 
Demonstration,/. SetoeiS, $fe»* 

Gerung. 

Demonter, »om Sfferbe toexfen, ! 

aBfefcett | 
Demoittrer, üBer^eugen, Betoetfen. 
Denree,/. äöaate«. 
Depasser, $u9orfammen, äfcer* 

fyolen,. 

Depeeer, in ©tutfe get^anm. 
Dependre , abhängen. j 
Deplorable , Bett>einen*toert$« 
Deployer, ausBreiten, entfalten $ | 

— la colon ne , in offener (Sc* 

l«nne ob mar fairen. 1 
Deporter, »erBanneu* 
Öepoger, aBfe&en. 
D4poSitaire, m. &erroa$rer, 
Dep»s»e^er, au« bem 33eftfee 

fefcen, »errretBem 
Dep6t, m. Sßetwa^run^ort* 
Deßouiller, Berauben. 
Imputation , / Kftfeifbuag» 
Deranger, inUnctbnuna, ftrtngtn, 

$erftfaeiu 
Dörivation,/. 5lble4tuny. 
D^river , ^erftamnten> 
Derobe , ee , gefto^n 3 U de- 

robee , (etmlidk 

D^rouler, alwiAln, aufrottf») 



Digitized by 



V0€ABULAIRE. 



249 



0* — , ffc^ätaoftoty aMtinmt 

äroute , /. Verwirrung* 
esarffler, entwaffnen, 
esastre , in. Unfall, Unglücf. 
esastreux, euse, unbeilbrht* 
gen*, UHfllücflid). 
escendant, m. Üftachfomme. 
£sert , wi. 2Bu#e. 
eserter, auereifem 
esbonorer, enterten» 
Ssigner, bezeichnen, befttmmen. 
esmt^ressement, m. Uneigen« 
nüfct$feit. 

Vordre , w*. Hnotbnung , ©er« 
ttntrung. 

Ssorganiser , in Unorbnung 
bringen« 

essecbement, m.&uätrocfhung. 
estinee, /. SSerljFangnifu 
estiner , beftimmen. 
etacher, abgehen, abliefen, 
trennen. 

etail, m» Einzelne , en — , im 
kleinen, im (Sinjelnen. 
etentioo, w. ©efangenhaltung,. 
eteriorer, öerberben. 
elerminer, entfdjeiben. 
etour m. Umtt>eg. 
kourne, ee , abgelegen 5 ehe- 
rn in — , (ftebentoeg. 
?tourner, abbringen, ableiten, 
jtremper, meid) madjen. 
5 tru i re , jerjiören , »ernüfcten. 
evaneer, »orfommen, jutjor« 
fommen« 

Aviation ,/. Slbtoetdjung. 
s vi oer, toafjrfagen , erraten. 
5 vise , /. SGBablftmid), SDet>ife* 
tvoir , §u fcerbanlen haben, 
»vorant, te, freffenb , »er&eh* 
renk* 

»voue , ee , ergeben« 
»vouement , m. fUifityferitng. 
[aboliqoe , tetffftf$. 



Diagonaleren t, fdjräg, nad) ber 

£>tagonallinie. 
Diclature, /. $)fctatur. 
Diete,/. Sanbtag. 
Dig&e,/. $amm. 
Dimension,/. Sluäbefjmmg* 
Direct, te, gerabe« 
Direction , /. Ifctchtung, 
Diriger, rieten, leiten 5 se — , 

gerichtet fein. 
Discredit, m. Sftißcrebit $ tomber 

dans le — , in SWifcrebit »er- 

fallen. 
Discret , ete , »orftd&tig. 
Discrätion , /. ^Belieben. 
Discussion, /. genaue Unterfus 

$ung, (Erörterung. 
Diseuter, unterfuchett, erörtern« 
Dispenser, auöwjeUen, freifare* 

4en. 

Disperser, fleh jerftreuen, fid) »er* 
teilen. 

Disponible, »erfügltd), Verfügbar* 
Disposer, einrichten, »erfugen; 

»e — , fich anfdjicfen, fidji 
^ öorberetten. 

Disposition,/. 9lnorbnung, (Sin* 
ridjtung 5 a la — - , jur S3erfös 
gung. 

Disproportion, /. SDliftoerhätt* 

niß , Ungleichheit. 
Dispater, breiten; se — , ftdj 

ftreiten. 

Dissidence,/ €tyaftung, Xxtxt* 
nung. 

Dissimuler, verbergen; se — 

ftch felbft oerbergen. 
Dissoadre , trennen. 
Distance,/. Entfernung. 
Distiact , te , unterfdjieben. 
Distraction , /. ßerftücfehmg. 
Distribuer, ausheilen. 
Divers , se , »erfdjieben. 
Diversion, /, Slblenfung/ &b* 

wenbimg, $blenf»mg*angrif. 



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210 



VOCABULAIRE. 



Divertissement, m. 9SelufHgung, 

gujtbarfeit* 
Diviser, feilen 5 se — , ftd) tljeu 

len» 

Domaine, m. <$ut, (Staatsgut, 
Domination ,/. £errf($aft.. 
Dominer, Ijerrfdjen. 
Dompter, bedingen. 
Donation , /. gerirfytlidje <S($ens 
fung. 

Dos, m. fÄntfen, — a — , mit bcm 
dürfen gegen einonber gefeljrt 

Dotation , /. 3lu$fiattung , 2>o? 
tatton» 

Douane, /♦ Soll, BotHjauS. 

Donbier, umfegelm 

Doute, m. 3n)eifel; laisser en 
— , m3toetfel laffen, lever un 
— , einen Steife! Ijeben* 

Douter, gmeifelnj se — , |öer* 
mutzen* 



E. 



Ebranler, erfdjüttern; s' — , 
toonfen, fid) in Söetoegung 
fefcen , flcf) in 2Rarfdj fefcen, 

Ecarlate,/. ©djarladjfarbe. 

Ecarteler, fciertfyeilen. 

Echange, m. %au\ti) ; en— , bas 
gegen , bafür. 

Echanger, auStoedjfehu 

Echapper, entrinnen, entnrifdjen* 

Echarper, einen Ouerljteb geben ; 
ee reginient a ete ecbarpe, 
ba$ Regiment ijt $ufammenge* 
Ijauen worben. 

Echec, m. ©erluji, ©cfyabe* 

Echoir, jufallen, verfallen* 

Echoppe ,/. .ftrambube. 

Echouer , mißlingen. 

Eclaircie,/. ^elle (Streif Bei bmu 
felm Gimmel, $c(le 6tette* 



Eclater, $um 9Iuabrud)e fommtl 
ausbrechen , losbrechen. 

Eclnse,/. ©djleufe. 

Econduire , fyinauSfitfjren» 

Ecoulement, m. Ablauf. 

Ecouler , »erliegen» 

Ecraser, jerfcbmettertt, öeraü 
ten* 

Ecuyer, m. ©tallmeifiet, fr 

cavalter* 
Edifice j m. ©ebäube. 
Effacer, »ertilgen, »erbunfeüu 
Eifectif, m. tt>irflü$e Sortatj 
Effectuer, ausfuhren. 
Effort, m. Slnffcengung, Sewi 

Jjung* 

Effrayer, erfdjrecfen; s'— 

fc$re<fm. 
Egard, m. ffiücfftcfct, 5J#m9 : 
Elaborer , auSbilben, s' 

auäbilben* 
Elan, m. @£rung* 
Elancer, flecken; s' — 1 

fiürjen, »ortoärtsfimngen, 
Elargir, breiter machen; s'- 

ftdj ausbreiten,. 
Election,/. SÖa^l, <5rt#»i 
Elegamment, gierlidju 
Elegant, te, jierlid). 
Elite , f. 2luäerlcfenjte. 
Eloge , m. 2ob. 
Elu, m. &u$ertüä6lte, 
Embarrasser , öerfaerren; s'- 

ffdf> verwirren , ftdf> »erwirfeb 
Embellir. tterfdjönern. 
EmblSe, im ©türme, mit ©turn 
Embouchure,/. äftünbung. 
Embourber, in ben ©(bto* 

führen; s' — , in ben@n)M 

geraden« 
Embrasser, itmf äffen. 
Embuche,/. ©djlinge. 
Emetiser, mit einem SrcdjmW 

»ermifdjen. 
Emettre, äufiern. 
Emente,/. Slufftanb* 



Digitized by L,ooQle 



VOCABULAIRB. 



251 



Eminence,/, Slnljölje. 
Eminent, te, ergaben, fcortreff? 
Ii*. 

Imissaire , m. geheime Slbge* 

fanbte. 
'Emparer, ftcfc bemächtigen, 
tmpirer , »erfchlimmern. 
»mplacement, m. $la$. 
imployer , anwenben. 
Impoisonneineut , m. SBergifs 

tung. 
Smporter, wegreißen. 
'Empresser , n<h bmfern. 
Emulation,/ Sttettjtrett. 
Soceinte,/. UmfreiS. 
Sncombrer, »erfperren. 
Jnergie,/. jfraft. 
Snfermer, einfcblie&en. 
Safiler, einfäbeln; — ua che- 

min , einen 2Öeg einfdjlagen. 
Snflammer, anjünben } s' — , 

pr. fich entjünben, fich*erhtfcen, 

entbrennen. 
Snfoncer, tief hineinfcblagen, 

einbrechen, fcerfenfen, »ertiefen ; 

— an bataillon, ein Bataillon 
burchbreeben > t s'— , tief hinein* 
ger)en, flc^ »erliefen, tief eins 
gehen. 

Engagement, m. ©efedjjt. 
fagager, »erfefcen, »eranlaffen; 

— le combat, ba* ©efeebt bes 
ginnen. 

Jnglober , vereinigen, 
ingloutir, »erfcblingen , burefc 

bringen. 
Sngourdissement,w.(Srfrarrung. 
Sngrais , m. 2ftajhtng. 
Luivre , ee , betrunfen. 
änjoindre, auäbrücflich anbefety* 

Jen. 

Enlever, anheben. 

Snrichir, bereichern} s' — , fleh 

bereichern. 
Ensemble ,/. ®anje. 



En tarn er, anbrechen, angreifen, 

anfangen. 
Entasser , anbänfen. 
Entourer, umgeben. 
Entrailies , /. pL Snnere. 
Enlrainer , fortreif en,[htnrei(jen. 
Entree , /. (Eingang ; faire son 

— dans une ville, feinen (Sin* 

jug in eine (Stabt bitten. 
Entrefaites,/. pl. dans ces — , 

sur ces — , mittlerweile, unter* 

beffen. 

Entrepdt, m. 9liebertage. 
Entrevue,/. 3ufammenfunft. 
Entr'ouvert, te , halb offen. 
' Envabir, fleh mit©eteatt bemädjfs 
tigen. 

Envabisseroent, m. gewaltfame 

SBemacbtigung. 
Envasement, ra.SBerfcblammung. 
Envelopper, einmiefetn. 
Environner, umgeben. 
Envisager, betrachten. 
Eparpiller, jerfhreuen, »erbetteln. 
Epaulement, m. SBrufhoefyr, 

©cbulterroeljr. 
Epee , /. 3)egen ; passer au fil 

de P — , über bie Jtlinge fyrin* 

gen laffen. 
Epigastre , m. Oberbaud). 
Eproaver , füllen, emfcftnben, 

erleben. 

Epuisement, m. drfchööfung. 
Epuiser, anSfchöfcfen, erfctjöpfen 5 

s* — , fich erfcbb>fen. 
Ecjailibre, m. ©leiebgettneht. 
Eriger, errichten. 
Errer , fyetwmirren. 
Escalader , mit Sturmleitern ers 

jieigen, er|turmen, überfieigen. 
Escarmoucbe , /. ©charmüfcel. 
Escorler, geleiten, begleiten. 
Espoir, m. Hoffnung. 
Essayer, fcvobiten, »erfueben. 
Essentiel, m.SBefentliche, «&aupts 
I fache. 



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»52 



VOCABÜLAM& 



Essor, m. 5(ufff»$ ; donnerT — 

ä 80D esprit, feinem ©elfte eis 

nen <S*n>ung geben. 
Estimation, /. ®(fyä|$ung, %fe 

Wag. 
Etablir, fefife^eti- 
Etalon , m. £engft. 
Etape,/. (ätapenblafc. 
Etat, m.3uftanb ; etre bors d'— , 

außer ©tanbe fein. 
Eteindre, auslüften; s 1 — , 

»erlöfdjen, erldfdjen, yeux 

eteints , matte, erlofdjene Slus 

Qen. 

Etendard, tw. ©tanbarte, Stet* 

terfafme. 
Elendre, ausbreiten, auabefynen ; 

s' — , ftd) auSbefmen, ft<$ au«* 

breiten, ftdj auGfrrecfen. 
Etendue,/. Sluäbefmung, ®rojje. 
Eternel , eile , ettng. 
EU nee ler, funfein, Mifcen. 
Etiqueter , $eid|men. 
Etonner, in (Srfiaunen fefcen; 

s' — , ji<$ tounbern. 
Etouffer, erliefen, auglöfcfyen. 
Etrange, fonberbar, feltfam. 
Etreiodre , fefl jufammengieljen. 
Etrier, m. (Steigbügel. 
Etroit, te, enge, f(fymal. 
Evacuer, abführen. 
Evaluation,/, ©djäfcung. 
Evaluer, beregnen. 
s'Evanouir, »erföttrinben. 
Eveiller, toeefen, aufwerten ; s'— , 

aufwachen, erwachen. 
Evenement, m. Vorfall, (Sreigs 

nijj. 

Evideot, te, augenfdjeinlicty. 
Eviter , »ermeiben. 
Evolaer , (Solutionen madjen. 
Exagcre" , ee , übertrieben. 
Exalte, ee, begeifert, über? 
fyatmt. 

Excedant, te, überfcfcüfiig. 
Exceder , übetföreiten. 



f Excessif, ive, übermäßig. 
| Exciter, erregen, aufmuntern. 
I Excommunication , /. Ätr4}ei 
bann* 

Executer, ausführen, »ofigie^en 

s'— , ausgeführt toetbett. 
JSxäcuteur , m. 3tan$te$er. 
Execution,/. ÄuSfüljntiig, 35d 

giebung ; mettre ä — , in Sfol 

fu^rung bringen. 
Exercer, üben, ausüben. 
Exhausseraent , m. Qttf)fytm%. 
Exhorter, ermahnen. 
Exigeaot, te, anffcrudjftjofl. 
Exigence , /. (Srforberniß . 
Exiger, forbem, »erlangen. 
Exister , erifiiren. 
Expedier, abfenben. 
Explication , /. ©rfläruno,, dr* 

läuterung. 
Exploit , m. £elbentJ>at. 
Exploitation, /. Sfcufcung, S9c? 

nufcung. 

Exploiter , benufcen , anbauen, i 

Exportation , /. 8lu$fu$t. 

Expose, m. Anbringen, IBcrfleld 
lung. ] 

Ex poser , auafefcen. 

Exprimer, auäbrürfen. 

Exterieur, m. Sleußere. 

Extermtner, ausrotten, &erttlgen. 

Externe , m. (Srtraner. 

Extirper, ausrotten, »ertilgen. 

Extractiou, /. £erau«jtef)e*i 
— des metaux , Ausgraben, 
©etoinnen ber SRetalle, 

Extrait, m. SluÄgug. 

Extreme , äugerft. 



F. 

Facade , /. ©orberfeUc». 

Face,/. «nfe^en, ©ejklt, Seite, 
gronte ; faire — , Sronte mv 
djen, gegenüber fielen. 



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acilite ,/. £eu$tt$fetf* 
acutte ,/. Straft. 
agot, m. 93ünbel, 93unb» 
aiseur , m. SAart^r, 
alsifier, »erfälfcften. 
antöme, m. ©eftenfl, Sdjattem 
aatveax , euse , ptunh)o((» 
atalite , /. äSetljängmj^ 
ausser, verbiegen, 
avori, m. ©üuftling, Sterling, 
econd , de > fruchtbar* 
ecoadant, te, beftudjtenb* 
ecnle , /. ©tärfemeljL 
edere , ee , »etbünbei* 
elicite,/ ©lücffeligfett 
eodal , le , leftnbat ; droit — , 
getynrecfct. 

ermentation ,/. ®dl)rung, 
erocite , /. SBtlD&eit, ©taufam* 
feit. 

'ertilite,/. gtudjtbatfeit* 
'e«, geuer; prendre — ., 

geuer faflen ; mettre le — , in 

SBranb fiecfen. 

euille , /. S3(att ; — volante, 
(liegenbe matt, glugförift. 

Ictif , ive, erbietet. 

Igurer, obbüaaij se — , fidj 
»orftellen, fidj benfwu 

il , i». gaben; paswr au — de 
l'ep£e, über bie Älinge fyringen 

in, ee, $art> 

i*er , Bf feigen , befturnnen. 
lacon , m. Heine glafdje, 
iagrant, te, ea — delit, auf fru 

lanc, m. Seile; prendre an 
attaquer les eonemis ea — 
tan getnb in bet glanfe am 
greife». 

'lanquear, 10. $lanfler* 
lauer , fc$mei($eln; ae— , fu$ 
ft^www^eln* 
gacbe ,/. $feil, $$utjnf»>i&e, 
iletrir, entehren, . 



jAIRE. aas 

Fletrissure , /. Söettoelfetu 
Flearaa , 1». 2Humentt>erf.. 
Floreal, wi. 93lumenmonat* 
Florissaat, bltffyenb. 
Flottant , te , jiiegenb , flattetnb. 
Foi , /. ©laube ; aj outer — ä 

qeb. , einet ©atfce ©laubett 

beimeffen. 
Fete , m. $ebet\ 
Fomentation , f. 99äljung. 
Foncier , ere , grünbltdj» 
Fonder, gtünben. 
Fonderie,/. ©tejjeteu 
Föndre , gießen , einfallen» 
Fönte,/. @djmel$en» 
Forain , ne, ausiänbifcfc; rade 

foraine , ofene Strebe« 
Format, m. ©aleerenffla&e- 
Forcer , fingen. 
Forfajre , pflidjtttnbrig Ijanbeltu 
Forme,/, gotm, ©eftalt 
Formidable , furchtbar» 
Fors , aufgenommen» 
FortuiJt , te , jufätttg. 
Fortune,/, ©lücf, ©c$i<ffal. 
Fosse, m. (Stäben. 
Foudroyer , mit bem tonnet er* 

f plagen, 
Four, m. SBacfofen* 
Foarwiller , toimmeln. 
Frais , m. Soften* 
Frais , fraiche , frifdj. 
Franc , franche , aufrichtig* 
Franchir, überfletgen, übetfdjteu 

ien* 

Frappe , ee , gefcftlagen* 
Frapper, (Sinfcrucf machen, er* 

fc&üttenu 
Fraterniser , btub erlieft mit eiu* 

anber umgeften. 
Fraye , ee , gebahnt. 
Fr e»ir , jittetn , fäjaubern. 
Frenetique , toafatfUmtg. 
Freqaenter, oft befuefte». 
Frimaire , m. JReifmonat. 
Front, vi. ^ixn, Jtante» 



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254 



VOCABULAIRE. 



Frontiere , /. (Urenge. 
Fructidor, m. gruc&tmonat. 
Frugal, le, mäßig, einfadj. 
Far, — et ä mes'ure, na<$ Söer* 

tyältniß, je nadjbem, 
Farieux, euse, toütbenb. 
Fusillade , /♦ Äleingett>el)rfeuer 5 

(Srfdjief en mit ber Stinte» 
Füsilier, mit ber glinte erfdjiefen* 
Fuyard, m. glüdjtling. 



G. 

Gage, m. *ßfanb, 33etr»ei$. 
Gai , luftig , frofylidj* 
Gaiete\/. gröl)li$fett, Gunter* 
feit* 

Gain , m. ©ettnmu 
Galet, m. ©tranbftein. 
Garance,/ jfraW, gärberrötfye* 
Garantie , /. ® etoäljrleiftung» 
Garder , aufbewahren 5 se — , 

fld^ in Sldjt nehmen« 
Garnir , »erfefyen , befejen* 
Gelee,/, grojh 

Generation,/.!fta<$fommenfdjaft. 
Geolier, m. Äerfcrmeijter. 
Germinal , m. jteimmonat. 
Gigantesque, riefenmäjjig, rie* 

fenfyaft. 
Gisant, te, liegenb. 
Glaise , /. Xi)on , Styfererbe, 
Glaive , m. ©djtoert 
Glisser, gleiten 5 se — , fdjleis 

djen* 

Gorge, /. tfeljle; ©ebtrgtyaf/ 

QSergföludjt. 
Gorge^ ee, »ollgejiityft , ge* 

fdjwollen. 
Gouffre , m. SCbgrunb» 
Gräce, /. ®nabe; — ä votre 

boote* S)anf 3f>rer ®üte! faire 

— ä qo. , einen begnabtgen«. 
Gratification , /. SBeloljttttng* - 
Grave, ernjtyaft, toidptig» 



Gravir, Heitern«. 
Gravite,/. ©(fytoere, (Srnfh 
Gre, wi. gute Söiüe, savoir bon - 

ä qn. , einem großen ©an 

ttnfien* 
Gres , m. @>anbftein* 
Grever , Unrecht tfjun , brntfeiu 
Grievement, gefäfyrlicfc* 
Griffe,/, ßlaue* 1 
Grossir, groß madjen, »erarft 

fern ; fcerjtärfem 
Grotesquement , nmnberlitfc. 
Gue , m. gurtb , fetdjte 9Baffet. 
Guenille,/ Summen» 
Gueridon, m. ßeud)tetfhi!}I t 1 
Guerre , /. Ärieg ; faire la — i 

qn. de qch., einen mit etrod 

aufjie^en» * 
Guetre,/. ©amafdje* 
Gueuse,/. (StfenganS. 
Guichet , m. $förtd)en* * 
Guider, ben 2ßeg toeifen, fu^reiri 
Guise , /. SSÖeife 5 en — , in ©0 

ftalt, wie. 



H. 

'Haie, / £e(fe, Saun, 9tetye. 

Haieine,/. Sltfjemj prendre— , 
2ltljem fdjityfm 5 reprendre— , 
nrieber ju 9ltbem Fcmmeni 
perdre — , ben Sttljem »erliereii 

'Haletant , te , feudjenb , ftyna* 
fenb , außer Sltljem. 

'Hajneau , m. SSBeiler, JDörftyfB. 

'Harangue ,/. Slnrebe, 1 

' Hasarder, magern 

'Hate , /. @ile 5 eü — , mit «ik 

'Hausser, erböten; — les e"»««- 
les , bie $ldj>feln jurfe«. 

'Hauteur,/. (Sdjabettbeit 

'Hennissement, m. Söteljern. 

'Heraut, m. £erolb 5 — d'armes, 
äöawen^erolb. 



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r^tique, fefcerifd). 

»risse , ee , borkig ; bataillon 

— , SBaratllon mit gefaxtem 

öaicnnet. 

siter , ftocfen, anflogen, im 
Smeifet flehen. 

jatter, flößen, anflogen; se — , 

ufamrnenfloßen. 

sser , in bie £öhe gießen. 

aneur , wi. df)Tej il y va de 

od — , es hobelt fleh um feine 

mteux, euse, f<h anblich, 

ä)impfltc$. 

rrible , fdjrecflich* 

>rs , außerhalb , auf er ; — de 

a loi , auf er bem ($efe|e. 

itile , feinblidj. 

stil/te,/. geinbfeligfeit. 

»uillere , /. ©tetufohlengrube. 

ssier, m. ©erichtSbote. 

midite ,/. Seuchtigfeit. 

nUtatioa , /. 2)emitt^igung. 

nilier , bemüthigen ; s' — , 

ä) bemürfjtgen. 

>ocondre , m. SBeiche, 3)mu 

ung. 



I. 

min6 , ee, erlerntet 
iion , /. Säufchung. 
lediatement apres, unmiftel* 
ax darauf* 
iense , unermeßlich* 
leasite , /. Un ermejjlichf cü* 
lineat, te, broljenb* 
loler , aufopfern* 
tortaliser, verewigen* 
assible , (eibenfrei* 
atient, te, ungebulbig* 
eritie , /. ltnerfal)renheit* 
etuosite,/. Ungeflum* 
liquer, vertoicfeln* 



JLAIRE. 25& 

Implorer, anflehen , anrufen. 
Jmportance,/. Söichtigfeit. 
Importation ,/. (Einfuhr. 
Jmporter , von SBidjtigfeit fein. 
Imposer, auffegen. 
Imposition ,/. 83efleuerung. 
Impraticable , unausführbar. 
Impression,/. (Stnbrucf. 
Imprevu , ue , unoorhergefehen. 
Improviste, a F— , unoerfehenS, 

unvermutet. 
Impuissant , te, unvermogenb. 
Jmpulsion ,/ Antrieb. 
Inacceptable, unannehmbar. 
Inaccoutume, ee , ungewohnt. 
Inaction,/. Untyätigfeit. 
Inactivite ,/. Unthätigfeit. 
Inapercu , ue , unbemerft. 
Inattaquable , unangreifbar. 
Inattendu, ue, unerwartet. 
Incendier, in SBranb flecfen, ein* 

äfchern. 
Incertain, ne, ungewiß. 
Incertitude ,/. Ungewißheit* 
Incessamment, unverzüglich/ un? 

aufhörlid). 
locessant, te, unaufhörlich» 
Inclioer, neigen. 
Incomplet, ete, unvollflänbig. 
IncoDtioent, te , unenthaltfam* 
Inconvenaot, te , unwirtlich* 
Inconvenient, m. Unannehmlich* 

feit, «§inberniß* 
Incorporation,/. (linverleibung, 

^Bereinigung* 
Incorporer , einverleiben* 
Indecis , se , unentfchieben* 
Indecision , /. Unfchlüffigf eit* 
Indefiniment, uubeflimmt. 
Ind£pendance , /* Unabhängig* 

feit. 

Iodicatioo , /. Sinnige. 
Indice , m. 3eid)en* 
lodigoe , ee , unwillig. 
Indigoer, unwillig machen, auf? 
bringen. 



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VOCABULAIRE. 



Indiquer , anzeigen. 
Indirect, te, md)t gerabeju, »er* 
flccft. 

Indispensable , noiljmenbig* 
Indissoluble , tmauflöältd), 
Individu, w. (Sinjelroefen , 

geXbing. 
Indivisible, unheilbar. 
Industrieux, ease , gemerbfam, 

erfmbertfdsK 
Inegal , ie , ungleich. 
Inertie , /. Srägljeit. 
Infaillible , unfehlbar» 
Inferiorite , /. geringe ©tanb, 

Stöebrigfett 
Infernal, le , ijollifdj. 
In fester, »erzenen. 
Influence, /. <5in|lug, (Stntotr* 

fung. 

Influent, te , ewffojjreid^ 
» Influer , Hinflug haben* 
Informe, unöottfommen. 
„ In form er, foua4fri<$tigen $ s' — , 

ftdb erfunbigen. 
Infructueux , euse, unfruchtbar, 

»ergebltdb, unnüfc. 
Ingenieux , euse , fbmreut» 
Inhumation ,/. 33eerbigüng. 
Inoffensif , ive, im<mjtö§ig* 
Ioopiuement, un&ermuthet 
Inoni , ie , vmtxfyxX. 
Infuieter, beunruhigen» 
Inquillude ,/. Unruhe* 
Insalubre , ungefunb* 
Inscrire, eintreiben. 
Insense , ee , »nfumig» 
Insensible , nntinfefinblid)* 
iDsensibkueBt 9 immerfUc$. 
Inseparftfele , unzertrennlich. 
Io^onuiie,/. ®ä)\a$ofaUiU 
Inspecter, beaufsichtigen. 
Inspirer, einflöfeiu 
Installation , /. diufefcung, (Sin? 

toeifung. 
Instanoe , /. 93itte, 
Instigation, /. ©ingebung. 



Instioctif, ive, {nfttnchnagtg. 
Instituer , einfefcen , ettid)t« 
fliften* 

Institution,/. (Srrichtung, ©ti 
iung. 

Insuffisance , /. Unjulänglidjf« 
Insuffis&nt, te, un)urei$at 

ungenügenb. 
Insulte, /. grobe S^eleibigw| 

©chtntyf. 
s'Iosurger , in äRaffe auffiel)«. 
Intaet , te, unberührt, un»etjfd>i 
lntegrant, te, $um (Sanken j) 

hörenb. 

lntegrite, /. @an$eit, 3Joi 

jlänbigfat. ■ 
lotelligenee,/. ©eift, fiinfed 
Intemperie,/. ttnregelmäjiigffl 
lotempestif , ive , ungeüig. 
Intercepler , auffangen. 
Interdire , imtetfagen, üenbie^ 
lnterdit, m. Unterbiet. 
Interieur, eure, inner/ itinttüi 
Interrogatoire , m. SBert^öt ; i 

bir un — , ein Verhör auiftfy 
Ioterrompre , unterbrechen* 
Intersection , /. 3)ur(Jfäjml 

SDurchfchnttttyunft 
Intervalle , m. 3nrifd)enrauni 
lo terventioo ,/.5Dagmif^e8hoj 

S5ermitte!ung» 
Intimite,/. $ertraulichfeit. 
Intrepidite , f. ttnerfcfcrocf erip 
lutroduction ,/. (Sinftthrnng. 
lnveotif , ive , erfinbetifch. 
Invoquer , anrufen. 
Irresistible , imwifcetfiehlüh- 
Irrevocable , uittmberrujlkt). 
Isoler , ohne $9eiftonb loflien. 
Issue,/. §lu«gtng. 

J. 

Jachere,/. Skadjf* 
Jadis , »orrnuli* 



Digitized by L,OOQle 



VOCABULAIRE. 



267 



killir, $erauaft>rntgen. 
ambe, /. 5*ein. 

arret, to. StntettfyU, Jtniebeuge«. 
eter, werfen ; # — les yenx sur 

qn. , bie Sfugen auf einen mer* 

fem 
eu , m. «fyiel. 
oiodre , bingufefcen. 
o neber, befhreue«, bebeefen. 
onetion , /. ^Bereinigung , Set* 

binbung» 
ouet, to. ©piel. 
our, w. Sag; se faire — , fi<$ 

S)urc$gang »erraffen, burefc 

Breden, 
udiciaire, geridjtlidj. 
bger, rieten, urteilen; jugez- 

vous cela bfen näcessaire? 

Ralfen @ie ba$ woljl für notfc 

toenbig. 

oment , to. @tute. 
aridiction,/. ®erid>t$beamten. 
astifiep , rechtfertigen, 
iiveail , ie , iugenblidjt. 



iche , feig, 
acher , loelaffen. 
ainaaje , to. 9Bottenh>aare. 
sisser, (äffen; ne pas — de 
faire , nic^t unterlagen ju tljun. 
ambeau, to. Soppen, <Stücf. 
ancer, toerfen«. 
irge , mächtig. 

asser, ermübenj* se — , mübe 
werben«. 

assitode , /, SWübigfeit. 
aurier, to. Lorbeerbaum, $or* 
beer«. 

avabo „ to. SBafdjtifdj. 
Sgislateur, to. ©efefcgeber. 
ägislature , /. gefefcgebenbe 
SSetfammlun'g* 
Dumas, Napoleon. 



Leguer , permad&en. 
Leut, te, langfam. 
Lettre, /. Sucfcftabe, ©d)rift$ 

ä Ia — , au pied de la — , 

budtfablidfr, na* bem IBud?* 

fiaben. 
Levee,/. Sfotoerbung. 
Libelle , to. ® cfcmäljfdjrtft. 
Liberateur, to. ^Befreier. 
Lier, binben; se — , fl* binben, 

ftd? »erbinben. 
Lieu, to. £>rt, ütautn. * 
Limite,/, ©renje. 
Liquidation, /. gfced&nungSab* 

Wlufj, 9?i$tigma$ung. 
Liquider, in SÄidjtigfett bringen, 

Itquibiren. 
Litigieux, euse , ftreitig. 
Littoral , le , junt Ufer gehörig. 
Livrer, liefern. 
Longer , läng« $in marfctyireri. 
Longaemeut , lange. 
Lourdenr, to. <S{$h)ere. 
Loyal, le, a$t, unfcerfäiföt 
Lueur,/. @d)ein, @tra$l, %un* 

fen. 

Lutte , /. fingen, Jtompf. 
Lutter, ringen, fämpfen. 
Lycee , to. £)berfd)ule. 



M. 

Madrague , /. grof e Sfcefr jum 

$§unftfrf)fang. 
Magistrature , /. obrtgfeitlidjc 

9lmt- 
Mainteoir , galten. 
Maitriser, benteifiern. 
Malin , maligne 4 boäljaft. 
Maltraiter , mtftyanbeln. 
Mander , melben* 
Manifeste, offenbar, augenfdjeitu 

Manifester , offenbaren. 
17 



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25* 



VOCABULAIRE. 



Manufactarer, verarbeiten* 
Marais , m. ©urnpf. 
Marche,/. ®ang , SMarfö; se 

mettre en — , ftcty in SWarfd^ 

fefcen , abmarfdjtren.. 
Marecageax , euse , funtyffg. 
Maree,/. (Sbbe unb $(uty. 
Marionnette, /. ©UebetyuWe, 

Marquete, ee, geftecft- 

Matinee,/. SRorgen. 

Meche,' /. Sunber, gener* 

fd^toamm» 
Mecoqteot , te , wnjufrieben«. 
MedailUer, m. 2£un$C#ranf. 
Mediation , /. äkrmittelung. 
Medicament, m. Slrjneimittel, 

$eümitteL 
Melee,/ «&anbgemenge , fyeftige 

©treit. 

MMer , ntifdjen se — , fh§ »er* 
mifcfcen* 

Merae , feX6fr 5 etre ä — de , im 

©taube fein. 
Memorable , beufnmrbtg. 
Menacer, broljen. 
Mendicite,/. »ettetflanb. 
Menetrier, 7». SWujicant, ©ier* 

fiebler. 
Mention,/. (Srtoäljnung. 
Mentioaaer, erwähnen, 
se Meprendre, ju£ vergreifen, jidjl 

öerfetyen. 
Merci,/.93arm!jer$igfett$ ala— , 

in ber ®ett>aft. 
Merveille , /. SBunber. 
Messidor, m. Erntemonat. 
Mesure , /. SRafj 5 a — que , Je 

nadjbem. 
Meteore , m. fcufterfdjetnungv 
Metier , m. $anbmerf $ melez- 

vous de votre metier , mifdjet 

eud) nidjt in frembe Sa^en. 
Mettre, legen, fiellen; — la 

main sur qn. , $anb an einen 

legen 5 — 4 L'aveotare, bem 



, Snfatte ubtrfaffen; — fin t 
qch. , einer ®ad?e ein <tnbe 
madjen ; se — a crier , anfalle 
gen ju freien ^ se — dans la 
töte, jicfc in ben ito^sf fe^m ; 
se — ä son aise , e$ fu$ fce? 
quem mädjen. 

Meurtrier , m. SRürber* 

Meurtrissure,/. £luetfd?img. 

Meute ,/. jta&prl» 

Milice,/ Jfriegähmjt, Sro^en. 

Mi nee , bünn, fleht. 

Mine,/ äßiene, Oeftdjt; faire 
— de fiety Men* 

Min er, beqeljren. 

Minime , fefyr flein» 

Mire, /. Jtorn ; point de—, 

Mitraille,/. ßartätföen* 
Moderer, mäßigen. 
Modifikation ,/ Sttmitbentug. 
Moindre , geringer. 
Moisson ,/. (Srnte. 
Mollir , feiid? »erben. 
Momentanement, auf einen 9a« 
genbltcf. 

Monetaire, m. SWünjmeijier ; 

svsteme — , 
Montant, m. betrag, ©efauf. 
Monter, fleigen. 
Monticule , m. $ägel. 
Montrer , geigen 5 se — , fix# §ei» 

gen. 

Morceler, jerftütfeln. 
Mordre , greifen. 
Mortellement, tdbtüd>. 
Motif, m. *8ett>eggrunb, Slirtrtck 
Motion, f. S3e*n>egung. 
Mou , weidj, fdjmacty* 
Mouiller, tauten; — Tattere, 

ben Änfer Werfen. 
Moule , ee , geformt. 
Mouvement , m. SBeJöegitn^ ; 

mettre en — , in 39e»C9*»$ 

fefcen. 

Moyen , enne , mittelmäßig* 



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V0CAIULA1RE. 



2SO 



Moyen, m. SRttttl ; par le — de, 

»ermittelt 
Muct , ette , jhtmm. 
Male,/. 2Raulefelin. 
Multiplier, fcermeljren. 
Rfunir, »erfefyen \ se — , ficty »er* 

feljen. 

Munitions, /. äriegäbebarf 5 

pain de — , (Sotrnmg brob. 
MoraiHe,/. SWauer. 
Kurier, ?w. aulbeer bäum. 
Mutation ,/. SSeränberung. 
Muliler , öerjtümmeln. 
Mysterie»sement, getyeimnifwll. 



. N. 

Naguere , vor Jhnrgem. 
Vatasairce,/ ©eburt, Anfang; 

donner — , Slnlaß pt etwa* 

gebem 
Yappe,/. $ifd&to(&. 
Natura lisatio»,/. Einbürgerung, 
tatnraliser, einbürgern. 
Vau frage , m. ©dbijfbru($. 
Navigation , /. ©eefafyrt. 
Necessaire , m. SKeifebeftetf . 
iecessiter , nötigen, 
kegliger , vernati&läffigen. 
iegociatioa , /. Unterljanbluiig. 
leigeax, euse, bef^nett, mit 

©djnee bebetft. 
(et, te, rein 5 mettre au—, 

in6 Steine fdjretben. 
reotralite\/. ^orteilojigfeit. 
figaud , de , einfältig , bumuu 
fivÄse , tn. €>$neemonat. 
oeud , m. 33erte>tcfelung. 
o table , anfeljnlidj. 
ouer , fnüpfen. 
ourri , ie , ftarf . 
oyau , m. tfern. 
oyer, ertränfen. 
umeVaire, baare 



o. 

Obligation,/. $fli(&t. 
Oblique , fc&tef. 
Obscurcir, fcerbunfeln. 
Observation,/ Änmerfung. 
Observer, beobachten. 
Obstruer, »erfoerren. 
Obteoir, erlangen, erhalten. 
Obus, m. £aitbi&e. 
Obusier, fit. £aubifce. 
Occuper, einnehmen, befdjäftU 
gen. 

Octroi , m. ©ingangfyoll. 
Oeuvre, m. 3Berf $ maiu d' — , 

2lrbeitaioljn. 
Offensive , /. Angriff; prendre 
r— , angreifen, bie JDffenjbe 
ergreifen. 
Oisif , ive , mügta,, untätig. 
Oligarchie, /. Regierung wem« 

ger SPerfonen, Oligarchie, 
Olivier , m. £)ltt)enbaum , Oel* 
bäum. 

Onction, / Delung, ©albung. 
Onduler, fld) wellenförmig be* 

wegen, Wallen. 
Operer, wirfen, juWege bringen* 
Opioiatre , Ijartnäcfig. 
Opiniätrement,bal6fiarrig, jlanb* 

Opp©s6, 6e, gegenüberliegen^ 

entgegengefefct 
Opposer, entgegenfefcen ; s'— , 

ftc^ wiberfefceiu 
Opposite, m> ©egentyeit 5 a V — , 

gegenüber. 
Oppression , /. $rü<fen+ 
Opprimer, unterbrücfen. 
Opprobre , m. (Scfcimpf. 
Opter , Wählen. 

Ordonnateur, m. $foorbner$ 
comraissaire — , Dbetfriegfc 
commiffar. 
Organe , m. JDrgau. 

17 • 

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260 



VOCABULAIRE. 



Organisation,/. <5mri<$tnng. 
Organiser, Silben, einridjten. 
Organsiner t bereit gtoitnen. 
Omer , fömücfen , gieren* 
Oter , toegnetymen. 
Onbli, tn. SBergeffenljett 5 tomber 

dans V— , in SSergeffentyeit ge* 

ratzen» 
Ouragaa , m. Orfan. 
Outrageant, te, föfotyflidj, be* 

fdjintyfenb. 
Outre, weiter; — cela, aufetbem. 
Ovation ,/. $riumj>lj. 



P. 

Pacifier, gtieben giften, ben grie* 

ben tyerflellen. 
Pacte, m. SBünbnifl ; faire un — , 

einen Vertrag fdjliejjen. 
Parade,/. $tunf 5 faire—, mit 

ettoa* ^tunfen. 
Parapet, m. £Bruftoe$r» 
Parcourir , butdjlaufen. 
Parer , fcerljinbern , fdjufcen. 
Parjure, meineibtg, eibbrüdjig; 

— m. SReineib. 
Parricide , m. SBatermörber. 
Parti, m, Partei; prendre son 

— , feinen (Sntfdjfofj faff ett ; 

tirer — de , SBcrtljeil au$ eU 

net @adje liefen, 
Parvenir , gelangen» 
Parvis , m. ©orplafc. 
Pas , m. ©djrittj — de cbarge, 

9fogriff0f<$ritt. 
Passer, getyen, übergeben» 
Passif , m. ^Pafftüfc^ulb» 
Pastel, m. $ttflell> $ajtellfatbe. 
Patriote, m. ©aterlanbafreunb. 
Patron , m. @d&iffaljerr. 
Pature ,/. Selbe, gutter, 9tofc 

rung. 
Paver, *>ffafUrn. 



Payer , jaulen / begasten. 
Pele-mele, untereinanber. 
Pelisse,/. $el$. 
Pelle,/. <Sdjaufel. 
Pendant, m. ©egenjtfitf, ®eu 

tenftöcf. 
PSneHrer, burdpbrtngen. 
Penser, glauben. 
Pensif, ive, nadjbenfenb. 
Percer, burdpboljten , burdjbte* 

djen. 

Perche,/. ©tange. 
Pe>ir, umfotnmen. 
Permanence,/. gortbauer, 6tfc 
ttgfeit. 

Permanent , te , forttüäfyrenb. 
Perspective, /. $erfoecth>e, 

Persuader, überreben, n&erjeu* 
gen. 

Peser, »ftgen, jwr Saj* fem, 
brüefen. 

Pestifere, 6e, *erj>eftet; $efc 
franfe» 

Petiüement, m. Jhiijtetn, gwi* 

fein. 
P&iller , bli^en. 
Petition,/, «ittfdjrift. 
Pic, m. <St>i|#aue$ ä— , gerabt 

herunter. 
Piece ,/. ©tätf \ mettre en pie- 

ces , in ©tücfe fragen. 
Piedestal, m. (Säulenfuß. 
Pile, f. ©tütfenpfeiter. 
Pilotis, m. ®nmty>fa$l, $fa$t- 

toerf. 

Piocbe,/. £aue, #aefe. 
Piquer, fiedjen. 
Piqaear, m. Sager $u $fetbe. 
Piain , ne , eben. 
Plaine , f. ©bene. 
Planer , fdjtoeben* 
Planter , fangen. 
Plat , m. ©djüfiel. 
Plateau , m. #odjebene» 
Pleiades , /. pl. ^lejaben. 



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VOCABULAIR. 



361 



Plein, De, »oH$ — pouvoir, 

2ßoUmaä)U 
Ploviöse , m. Stegenmonat. 
Poids , m. mfyitftit, 2a% 33e* 

fdjtoerbe* 
Poignarder, erbosen. 
Poignee,/. eine ^anb^oH, ®riff, 
Poindre , Ijeroorfommen. 
Point, m. <&ü$, ^unft, Sage* 
Pointe, /. <§&ifce; — dujour, 

Slnbrua) be$ Xageö ; faire une 

— , einen fütjnen SNarfdj mos 

djem 

Pointer, jiedjen, ridjte*. 
Pont,m. ©rütfe; equipage de 

pont, 93rü<fengerätlj , SOBagen 

mit 93rücfengerätl). 
Population,/, ©eöölferung. 
Port6e, /. (Entfernung, bi$ %n 

meldjer bie (Stimme ac. reicht* 
Porter , tragen , bringen *, se — , 

ft$ loo^m begeben; auf 

ettoa* toerfen. 
Poser, ftellen, legen. 
Positif, ive, gennjj, benimmt 
Poster, ^inftellen, aufreden. 
Posterite, /• 9fcad)Fommenfc$aft. 
Potion,/ Slrjnettranf. 
Poursuite,/ ©erfolgung. 
Poursuivre , verfolgen. 
Pourvoir, forgen. 
Poarvu que, im %aUe, bag. 
Poussiere,/. ©'aub. 
Poutre,/. halfen. 
Pouvoir, m. ©eioalt, 2Wad)t. 
Prairial , m. SÖBtefenmonat. 
Praticable , ausführbar* 
Pre, m. 2Diefe, 9lue. 
Prealable , »orgängtg» 
Pr&ilablement, »orläufig. 
Precaution ,/. 5>orfidjt. 
Preceder , »orauSgefyen. 
PrScepte, m. itforfc&rift, Sieget 
Precipice , m. Slbgrunb. 
Precipiter, ljmabftür*en ; se — , 

ftc^ fyerabjtürgen, ff$ P r i e «* 



Prelis, m. 3nbegriff. 
Präcisioo ,/. 23ejttmmtljeit, ©es 

nauigfett. 
Pre*curseur, m. Vorläufer. 
Predecesseur , m. Vorfahr, 

Vorgänger. 
Prediction,/. Vorauafagung. 
Predire , »otljerfagen. 
Preference,/. Vorzug. 
Preferer, »or$ieljen. 
Prelever, im Voraus abgießen. 
Prelude , w. Vorftriel. 
Preinaturfrneut , oor ber 3eit.^ 
Prendre , nehmen 5 — en pitiS, 

SMtleib ^abeu. 
Preoccuper, befangen madjen. 
Preparatif , m. Vorbereitung« 
Preparer , vorbereiten. 
Presage,m. Vorbebeutung, Vor* 

geilen. 
Presager, »orbebeuten. 
Prescrire , oorffteiben. 
Present , te , gegenwärtig. 
Presentation, /. S)artMung, 

Vorfdjlagung. 
Presenter, überreifen, barbieteiu 
Preserver , betoaljren. 
Presidence ,/. Vorjtfc. 
Pressant, te, brängenb. 
Press6,ee, gebrängt, gebrüeft, 

bebrängt. 
Pressentimeot, m. Vorempfins 

bung, Vorgefühl. 
Prestige, m. Vlenbtoerf, £äu* 

Wung. 

Pretendre, ferbern, »erlangen, 

behaupten. 
Pretendu , ue , fogenannt. 
Prätention , f . Slnfprudj. 
Preter, barbieten- 
Preteste, m. Vortoanb$ sous 

— unter bem Vortoanbe. 
PreVenir, juoorfommen, benams 

nötigen. 



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962 



VOCABULAIRE. 



Prevenu , angeflagt, angefibuk 
bigt. 

Provision,/. 93ort)erfeljung» 

Prevoir , vorljerfeljen. 

Principaute, /. Sürftentvürbe, 
gürftenftonb, fturftentfyum» 

Prise , /. 2öegnaf)me, (Sinnafmte, 
@treü; en veniraux — ,t)anb* 
gemein »erben ; en etre aux 
prises , ftdj mit einonber fdjla* 
gen. 

Privation , /. fanget, (Sntbe^ 

rung. 
Prive , beraubt. 

Probabilite, /. 3Baljrfcl>emttdj* 
feit 

Probable , roaljrfdjeinlidj. 
Procede, to. 93eifa(>ren, 93erfal)* 

rungSart, betragen. 
Procedure , /. recljtlidje 33erfat)* 

ren» 

Proche , nafte ; de — en — , einS 

nadj bem anbern, nadj einan? 

ber, nadj unb nadj» 
Proclamer, aufrufen. 
Procai er , verfdjajfen. 
Productif , ive , Ijervorbringenb. 
Produire, hervorbringen, verur* 

fachen. 
Produit , to. fßrobuft» 
Progressif, fortfdjreitenb. 
Prohiber , »erbieten» 
Prohibition Verbot. 
Projet , to. (Sntmurf. 
Projeter, entwerfen* 
Prolongement, TO.Serlärtgerong» 
Prolonger, Verlängern» 
Proranlgner, öffentlidj befannt 

matten» 

Proportionne, ee , Verljältmgmäs 
f ig» 

Pro poser, vortragen, vorfdjlagen. 
Propre , eigen. 
Propriete,/. ©igentfcnm» 
Prorata , na# *ßertjältni§* 
Proscrit, te, geästet, Verbannte* 



Proteger, befd)ü£en» 
Protester, beteuern, £rpte{Hren. 
Provenir , tyerfommen» 
Provisoire , vorläufig , fcro»ifo; 
t«f*. 

Provisoirement , vorläufig» 
Publiciste , to. (Btaat&xefyfa 
lehret» 

Palveriser , pulvern , in $ufoer 

vertvanbeln» 
Pupitre, to. $ult, <&d)xtibfyv\t 
Purgatif, ive, reinigenb» 



Q 

-Qnincaillerie , /. feine QtpijU 

unb 2fteffmgt»aaren. 
Quintal , to. (Sentnet» 



R. 

Rabattre , nieberfdjlagen , 

tvenben. 
Rade,/, SMjebe. 
Radeau, to. glöße, 93locffdji|f. 
Radieux, firaljlenb» 
Radoup , to. 9lu$befferung. 
Raffer mir, ivieber befefiigen» 
Railleur, fc&er$f)aft, fyajftaft. 
Raison,/. Vernunft; a — de..., 

um ben $rei$ von... 
Ralentir, langfamer madjen, st 

— , langfamer werben , W 

Verminbern. 
Rallier, mieberfammeln» 
Ramification ,/. 2luabreitirog. 
Ramper, frieden» 
Rancon ßöfegelb. 
Rang, to. Steide» 
Ranger, in Drbnung Bringen j » 

— , jxeHetw 



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VOCABULAIRE. 



m 



Rapidite,/. ©(ftnefligfeit. 
Rapine,/. föaub, Zauberei. 
Rappel , m. 3urü(fberufung. 
Rapport, m.*&eri*t, Reibung. 
Rapporlenr, m. Anbringet, 3u* 

Rase campagne, ebene, freie 
Selb- 

Rasaeaibler , fcerfommein. 
Rassurer , toiebe« beruhige«* 
Ravager, Verheeren, »ertottjlen, 

ju ®runhe tictytetu 
Ravin , m. £ohta>eg. 
Rayer, rifcen, ausreichen. 
Reaclion,/. StticfttHrrung. 
Re^gir , jurüclroirten. 
Realiser, »er wirf lieben. 
Rebuter, entmuthigen ; se— , fleh 

abfänden loffen. 
Reciproquement, gegenfeitig» 
Reklamation,/. Slnforueb/ (Sin* 

firniß 

Reclamer , anrufen, anflehen. 
Reconaaissance, /. SBtebererfetu 

nung 5 faire la — , recognote 

citeiu 

Reconrir, feine 3uffu<ht neuntem* 
Recreation,/. (Erdung, 

Recrater , au^eben, »erben* 
RecueiHir, fammeln, aufnehmen. 
Reoul, m. Äütfftog. 
Recule , ee , entfernt* 
Reculer, jurwfföiebett. 
Recalons , wufroartä. 
Reüdition,/. SBiebetgabe* 
Redemander, toiebet begeben, 

no$ eumwl fragen. 
Rediger, abfaffen, tterfaffeiu 
Redoute,/, @dspe<tT<h«*$e/ 9te 

bmite. . 
Redouter , fehr furzten. 
Reduire , nötigen, bedinge*. 
R6el , toirßi*» 

Re'electioD, / t»iebet*o!te SSa^L 
Refouler , «od) einmal toalfen. 



Refroidissement, m. Äattftnnig* 
feit. 

se Refugier, fleh flüchten, feine 

3ujlucht nehmen* 
Refus , m. ffierroeigerung. 
Refuser, abplagen. 
Regard, m. SÖXicf 5 en— , gegen? 

über. 

Regenerateur , m. SBieberher* 

Pener. 
Regretter, bebauern. 
Rejeter, jurücf werfen. 
Relais , w. äGBecbfefyferbe. 
Relatif , bezüglich. 
Relativement , be$iehung'«tt>etfe, 

in ©ejiebung. 
Remaniement, m. SSßieberbear* 
betten. 

Rembarquer, toieber einfehiffen 5 

se — , fleh »ieber einWiffen. 
Rewiedier , abhelfen. 
Remettre, toieber h*rftellen. 
Remon ter , toieber binauffteigen ; 

— la riviere , ben gluß »teber 
hinauffahren. 

Remords , m. ©eunffeuSbig. 
Rcmplir, auffüllen, befefcen; 

— son devoir, feine Pflicht 
erfüllen. 

Remuer , belegen, aufregen. 
Renaissance,/. Söiebergeburt. 
Rencontre , /. begegnen; aller 

ä la — de , einem entgegen* 

ge^en. 

Rendre, njiebergeben ; — compte, 
gtechenfdjaft geben 5 — grÄce, 
banfen ; se — , fieb ergeben. 

Renfermer, tt>ieb er einfließen $ 
se — , fleh »iebereinfcbliefen. 

Ren forcer, »erftarfen. 

Renfort, m. SÖerjtärfung. 

Renoncer, entfagen. 

Reaouer , erneuern. 

Renouveler , erneuern. 

Renseignement , m. Slutoeifung, 
(Stfuitbigung. 



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264 



VOCABULAIRE. 



Renverser, umflogen, umfrürgen* 
Renvoi, m. 3urü(ffenbung» 
R^organiser , tviebereinrichten* 
Repandre, ausbreiten, Verbreiten* 
Reparaitre , tviebererfcheinen* 
Repartition,/. £Bertheilung. 
Reperdre , noch einmal verlieren* 
Repeter, tvieberljolen* 
Repeupler, tvteberbevölfern* 
Repit, m. Srift* 
Replacer, tvteberhmjlelten* 
Replier, tvieberfalten ; se — , 

fich tvieberfalten, fich brennt 

unb tvenben. 
Repondre , antworten ; bürgen* 
Reporter, tvieberhintragen ; gu* 

rueftragen* 
Reprendre, tviebernehmen 5 — 

le dessus , bie £)berl)anb tvie* 

ber getvinnen. 
Repression , /* @teuem, Unter« 

brürfen* 

Reprise,/. SBiebertvegnehmung, 
SBieber^oIung ; ä plusieurs— * 
gu verffhiebenen SWalen* 

Reprocher, Vorwerfen* 

Repater , für etwa« galten* 

Requisitionnaire, gum Aufgebot 
gehörige ©olbat* 

Reserver, vorbehalten , se — , 
fich vorbehalten. 

Resider, tvoljnen. 

Resigner, abtreten 5 se — , f?<h 
ergeben* 

Resistance,/. SBiberjianb* 

Resister, tviberfiehen* 

Resoudre, auflofen, beftimmen* 

Respectif, ive, gegenfeitig. 

Responsable, verantwortlich* 

Ressembler, gleiten. 

Ressentir , emfcfmben. 

Resserrer, enger gufnü>fen , en? 
ger einfchliefjen* 

Ressort, m. Stjätigfeit* 

Ressortir, tvieber ausgehen* 



Ressource,/. ^ülfSmittel, Äet* 

tungSmittel* 
Restaurer , tvieber herfallen* 
Restituer , tvieber herfallen. 
Resultat , m. (5rgebni§, Solfje. 
Resulter, folgen, eutfahen* 
Rysumer, gufammenfaffen , hnj 

tvieberljolen* 
R£tablir, tvieberljerfallen, 

in ©tanb fefctn* 
Retard , m. ffiergögerung* 
Retentir , tvfeberhallen. 
Retentissant, te, tviebethaflwb. 
Retirer, gurucfgieljen; se — , fich 

gurwfyehen. 
Retour, m. SRucffehr» 
Retraite , /. SRücfgug ; sonner la 

— , gum Stucfgucj blafen. 
Retrancher, vergangen* 
Retrograde, rückgängig* 
Retrouver , tviebetfinben. 
Reunir , tviebervereinigen , wwi* 

nigen* 

Räussir , glücten, gelingen* 
RSussite,/. Örfolg* 
Reveille-matin , m. Söecfitljr» 
Reflation ,/ Öntbecfung, £>f* 

fenbarung^uSfage* 
Revenir, nod> einmal foimn«. 
Revers , m. @chlag, Unfall, D«-' 

glücfSfoll; battre a— , »0* 

hinten angreifen, tmSRücfente 

fctyefkn.. 
Reversi, m. SReverfißjiel* 
Reversible , rucffdUig* 
Rien, nichts; il n'en est — , e* 

ift Vichts baran* 
Rigueur,/. Strenge, £ärte* 
Rivage, m. Stufte. 
Rivaliser , Wetteifern* 
Rivaiite ,/. Mebenbuhlerfchafi. 
Roc , m. Seife«; % " ?y* ^.» 
Roidir, faif machen; se^JtTlW 
»erben, fich fatnbhafttvfberfefceiu 
Rompre , Brechen, abbrechen; — 

les raogs,* bie ©lieber ahhxv 



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djen ; se — , Breden , entjwei 
gefeit* 

Ronde , f. Sfcunbe, 9tunbn>ad}e* 
Ronger, nagen» 
ftouler , rotten* 
\oosseor , /. Sfcötlje» 
fcouvrir , toieberöjfnen» 
*uer, fdjleubem; se— Verfallen» 
iumeur, /. Samt, Slufruljt» 
üural , le , jum Selbe gehörig» 



s. 

Sabord , m. ©tücfyfotte» 

Sa bot , m. $olgf$ul>« 

Jabrer, mit bem ©dbel Juanen, 

m'eberfäbeln» 
Saccager , fclünbetn. 
Sagacitl,/. ©djorfllnn» 
Saisir , faffen. 
Galant , m. ©aljbnmnen» 
ialine,/. ©afyjiebem, ©aljs 

grübe» 
►aluer, gritgen» 
►alve,/ ©afoe» 
ianction,/. SBeflätigung» 
ianitaire, auf (Spaltung bet©e* 

funbljeit beguglidj* 
»armen t , m. JÄebe. 
atellite, m. %e\b\Dää)t<x , Xtte 

Bant» 

atisfait, te , befriebigt» 
iauf, ausgenommen» 
»auveur , m. Sfcettet. 
»cellä, m. Siegel; apposer on 

mettre le— , fcerfiegeln» 
►celler, flegeln , besegeln» 
»crupulensement , ängfttiu^, ge* 

miffenl)aft» 
culpter, fdjneiben, aueljaueu, 

SiJbbauerarbett madjen» 
ec , rinfreunblidj» 
econdaire, Sieben.... 
econder , beiden, Reifen» 
ecouer , erf füttern» 



LAIRE. 265 

Secours, m»£ülfe$ preter — , 

£ülfe leijien ; aller au — , gu 

J&ülfe fommen. 
Section,/ 9lbtl)eilung. 
Seduction,/. 33erful)rung, Sets 

lettung. 
Seigle , m. Joggen» 
Sein , m. ©djoo|ji , 3nnete» 
Seile,/, ©attel» 
Semer , fäen, au$|tteuen» 
Sens , in. SRidjtung» 
Sentence,/ ©innftmtd), ttrtyeil» 
Sentier, m. Sufflieig. 
Separer, trennen» 
Sequin , m. 3ed)ine» 
Serein, ne, l)ett ciel— , leitete 

Gimmel» 
Se>ie,/ Älaffe, Bbtbeilung» 
Serment, m. (Sib $ preter — , ei* 

nen (Sib ablegen, 
Serre,/. Älaue, Jtratte» 
Service , m. ©teuft» 
Sextaple , fed)«fadj» 
Signal , m. Seiden» 
Signaler , jtgnalißcen, burd) 3ei* 

djen anbenten. 
Signer , untergeidjnetw 
Silencieux, se, fHK» 
Sillonner, burdjfdjneiben. 
Simple, einfad)» 
Sinistre , unglücflidj» 
Sinuositä , /. Krümmung» 
Site , m. Sage , ® egenb. 
Situer , anlegen» 
Sobre , maß ig , nüdjtenu 
Solennel , eile , feierlich» 
Sollicitude,/. @orge, Sorgfalt* 
Sommer, aufforbern» 
Sommet, m. ©pifee, ©ipfel» 
Sommite,/ ©tyfel» 
Sortie , /. 9lu$gang ; faire une 

— , eineu Sluäfall tljun» 
Soudain , ne , felöfclid). 
Sonde,/ ©algfraut, <Soba» 
Sonder, lötljen , gufammeulöttjen» 
Souhaiter, münfd)en» 



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2M 



VOCABULAIRE. 



Soulever , aufgeben. 
Soumettre, unterwerfen» 
Soupconner, argwöhnen/ *Ber* 

bac|t l)egeu» 
Soupir , m. ©eufoer» 
Souriciere, /. SWaufefafle» 
Souscrire, unterfcfyreibfn» 
Souterrain , ne , unter trbifdj» 
Souvenir, m. 9lnbenfen, (Srtnnes 

rung» 

Souverainete,/. I) freute ®e»alt, 
Öbetfy'rrf^aft» 

Special , le , befonber» 

Splendide, glän^enb. 

Spontane , 6e , freitr»iflig» 

Spentanement , freiwillig» 

Station , /. (Stilljhnb, «Station» 

Statut , m. Statut, 

Stipendter, befolben» 

Sti puler , bebmgen» 

Strategie, /. gelbljetrnfttttft, 
Strategie» 

Stupefaction , /. SSetäubung» 

Stapefait, te, bäaM , beilürjt» 

Subir, auäfteljen» 
Subit, plofcltcl). 
Sublime , ertjab«n» 
SublimitS,/. ©rbabentyelt. 
Subside , m. #ülf#fteuet» 
Substance,/. @ubfian$, 3nljalt. 
Substituer , unterf Rieben» 
Succeder, folgen» 
Succes , m. (Srfolg. 
Successeur, m. Sftadjfolger» 
Successif , ive, ununtetbrodjen» 
Succomber, erliegen, unterliegen» 
Suffire , genügen, Ijmretdjen» 
Suffocation,/. (Sritiffen» 
Sug^rer, einflüftern» 
Sajet, unterworfen» 
Soperieur, re , Ijötyere, i)öd$e. 
Suppleer , ergänzen» 
Supplice , m. 8eibe$irrafe» 
Supplier , bemütbig bitten» 
Sapposer, &orau«fe$en, annelj* 
men» 



Supprimer, aufgeben, afcfd)afen, 
Supreme, (ber, bie, baä), ^dd^e» 
Surfac*,/»£)bertlä<&e» 
Surgir , anfommen» 
Surbumain , übermetifcfrUdj* 
Surlendemain, m. britte £a$» 
Surmonte , ee , üb« fi* ^afcenb, 
bebest» 

Surnom , m. ^einame, 3unan*» 
Surplua , m. Übrige» 
Surprendre, ertappen, überfallen, 

t)intergel)en» 
Surveiller , über ftWa« wachen» 
Sus , nod) l)m$u geregnet. 
SusceptiMe , empfänglich» 
Suspect , te , fcerbäcfctig. 
Suspendre , auffd)ieben« 
Suspens, entfeftt; etre en — , 
in 3weifel fern, unentf^icb« 
fein» 

Suspension, /. Sluffdjifbttiia/, 
— deines , aftaffenftillfturt. 

Sy«omane, m. SRaulbeerfeigeiis 
bäum. 

Symptome, m. Jtranfl)ett$§eic$ei, 
©orjeic^en» 



T. 

Tache , /. Aufgabe 5 il a prisi 

— de me nuire, er fjat e< bat? 

auf angelegt, mir ju Waben. 
Taie, /. Uebetjug ; — d'oreiller, 

tfopffiffenjie#e. 
Taitlis, m.#ot$fd)lag, Weberljeli. 
Täter , anfüllen , uerfudjem 
Taupinäe,/. Sßaulwiirfeijaufei. 
Teint , m. garben» 
Teinture ,/. gärben»* 
Tempi rer , mäßigen 5 se — , fuJ 

mäßigen» 
Temporaire , einjhüettig» 
Temporisation , /. $er$ögtroty 
Temps, m. 3«it$ a — jitr u$ 

ten 3eit» 



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Pendance,/, fcejheBen» 

Pendre , foanfen» 

'enir , galten ,^aufya\Un ; U 

tient a mti , & liegt an mir; 

qu'a cela pe tFßnne , batan ift 

toentg gelegen. [' 
'entative,/. $3erfu<$. 
'eate,/. 3e«U 
Center, öetfudjen. 
'ergiverser. 9lu6#üc$te machen» 
'errain, rm 33 oben, 
'erritoire,^'. *8e$trf. 
'erritorial, le, Da$ ®ebiet Be- 
treffend 
Perroriste, m. <Sdjre<fen$mamu 
fete, /. ßopf; perdre la — , 

ben .ffobf verlieren, 
iextnellement , ioörtlidj» 
'hermal , m. ©efunbBtunnen» 
'hermidor, m. «pifcmonat» 
Phon , m. XljimfifcJj» 
'horax , m. 93rujt. 
'inetorial, gärber.... 
'irailler , Belöjttgen, quälen» 
Mrailleur, m. f^led^te (Sctyüfce. 
'issage , m. SBeben» 
'issu, ue, gemebt» 
'oesin , m. <5turmglo<fe» 
! oise , /. Älaftermajj. 
'oison , /. ©cfyeerrooHe ; ordre 

de la — , Drben be$ golbenen 

abliefe«, 
'ombe,/ ®rab, ©ruft* 
' omber, fallen, — sous la puis- 

sance de qn., inSemanbeä <&e; 

»alt geraden» 
Bonner, bonnern» 
i'orrent, m. ©trom. 
Porlure ,/. SWarter, Holter* 
totalement, gan$, gän$lic$» 
"ouchant , te, rüfyrenb. 
roncher, berühren. 
?our, m. Umlauf 5 — ä — , nad) 

ber Oletlje» 
?ourbillon , m. SBirBel» 



LAIBE. SC7 

Tournee,/, Sfcuitbe» 
Tourner, breljen» 
Tournure,/» Söenbung. 
Trace , /. «tyur ; marcher sur 

les traces de qn., 3emanbeS 

S3etfinele folgen» 
Tracer , jeidjnen, &or$eic$nen» 
Tradition,/. <§age» 
Traduire, überliefern, überfein» 
Trahison,/. 93errätl}erei» 
Trainee,/. 2auft>nl»er» 
Trainer , gießen, fdjlebfcen» 
Trainern*, m. 9cac$$ügler» 
Trait, m. 3ug; — de gänero- 

site , 3ug bon ©rofjmutt). 
Traite , /. ©tridj ; — des ne- 

gres, wegertjanbel. 
Traitement, m. ®eljalt» 
Traitre, esse , »errättjerifety» 
TrancheV/.©raBen,SaufgraBen» 
Tranquilliser, beruhigen» 
Transformer, »erwanbeln» 
Transiger, f(c$ vergleichen» 
Transmettre , übertragen» 
Transport . iw. (Sntjucfen» 
Transportable, fortfei) aff6ar. 
Transporter, fortfe^affen, »er* 

fefcen. 

Traversee,/. Ueberfal)rt»; 
Traverser, burc^fc^iffen» 
Trembler , gittern, beben» 
Treinper, eintoeicfyen, gärten» 
Treteaa , m. ©eftell. 
Treve , f. 35hffenfHllftanb» 
Triangle, m. 2)reiecf, breieefige 

@djan$e. 
Trompeur, m. 93etruger. 
Troncou,m. ab gefdjnittene @tücf» 
Trophee , /. ©iegefyeicfcen» 
Troquer , tauften» 
Troubler , traben , Beunruhigen, 

ftören. 

Trouee , /. Oeffnung , $ücfe. 
Trouer, burdjlödjern, burc^bo^ 
ren» 

Type , m. Sftufier» 



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-1 



M8 



u. 

Unanime , einmütig» 
Unite* , /. ffiitfcit. 
Urgence , /. 3)ring(tdjf eit* 
User, <mtt>enbetn 
Ustensile , m. ©eräty. 
Usurper, {t$ anmajjen, ftdj mu 

berrecfctlid) jueignem 
Utiliser , benufc em 



v. 

Vacant , te , leerjieljenb. 
Vague , /. ffielle. 
Vague, unbeftimmt* 
Vaguement , unbeftimmt* 
Valien ,/. %l)al 
Vallon , m. Heine XfjaU 
Vanter, ntfjmen 5 se— , jt^ rül}* 
meiu 

Vaporeux, euse, bunjlig* 

Varier , fceränbenw 

Vase, m. ©efäjj ; vases sacres, 

fertige ©efäjje. 
Vase,/, ©djlamnu 
Vaste , ungeheuer , »tclurofaffenb. 
Vägätal , Je , ju ben Spjtonjen ge« 

Veille,/ SBadjen, Sag »or^er, 

SBorabenb* 
Veillease ,/. 9la$t\am\>t<. 
Vendemiaire , m. ^erbftmenat. 
Vendre , &errat(jen. 
Vengeance,/. JRadje* 
V^ntöse , m. 2fitnbmonah. 
Ventre , m. 93aur!j ; aller ou 

coarir — ä terre , im gefitetf- 

tcti ®aleW retten» 
Verger , m. JDbflgarten* 



Verifier , bemäljreiu 
Vermeil, m. 3m*obergrunb* 
Verrerie, /. (SMaSmadjen, ®la& 
maare. 

Vertu , /. £ugenb 5 en — , traft 

vermöge. 
Väsicatoire , m. aSlafenpflajta:, 
Vestige , m. ©put. 
Veterioaire, jur ä$jer)arjneihinil 

gehörig ; 6cole — , %1)itxaxiw 

fdjule. V 
Veuve,/. ffiittme* 
Vicissitude, S3eränberung , tfe 

beftanb. 

Victime,/. Opfertet, £>j>fer. 
Vide , leer. 

Violation ,/. Sßerlefcung. 

Violenter, gmingen» 

Violer , Berief etw 

Virer , roenben ; — de bord , b« 
SWanrel nacb bem ffiinbe bänga 

Virilit^,/. 3Wanne*alter* 

Vitesse,/. ©cfenelligfeit ; gagnei 
de — , einem auDorfommem ( 

Vitrage , m. 8en(tem>erf. 

Vivacite, /. fcebfyaftigfeit, #tjg 
tigfeit, 

Vivifier , beleben. 

Voile , /. ©egel ; mettre le* 
voiles an vent, bie ©fgel aifr 
fpannen 5 mettre äla — , imt« 
©egel geljenj faire force de 
— , alle <8egel beifefcem 

Voilier, m. ©cgler. 

Volee,/. glug, HuffTug. 

Volontaire, freiwillig* 

Vomir, auswerfen, auSftoßen* 

Vomitif, m. ^Brechmittel. 

Voute, ie 9 gewölbt. 

Vu , in 93eirad)t. 

Vue,/. ©tftctyt; perdre de—, 
au$ bem ©iftcfct verlieren. 

Vulnerable, fcerwunbbar. 



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TABLE DES M ATIERES 



CONTENUES 

DANS LES NOTES. 
1 



k c ce n t 1. 

Je xa d drie 31. 85. 

nacoluthon 18. Voir 1 n- 

version. 
ppartenant 82. 
irguer 51. 

mtant que . . aucuo 95. 
l u t r e , ne . . autre que 43. 59. 
ivant 32. 56. 60. 
l venir 72. 
lie n de la 96. 
Uonoparte, Bonaparte 14. 
} , qu 83. 86. 
uejourd'hui 100. 
Zelui mit partic. wtb adj. 42. 

106. celui-lä qui 4. 19. 
Iharlemagoe 33. 
Jhiffre 97. 
2oTon 9. 
nomine 7. 
^onjonctif 63. 
)atif 12. 99. 
)e 34. 37. 



Devoir $4. 

Disconvenance gramma- 

ticale 46. 103. 
D'-on, dont 30. 
9u, des 27. 
E du quer 81. 
Ellipse 21. 47. 49. 
En, adv. 13. 20. 
En,, prlpos. 5. 
Etre, aller 91. 
Forfaire 68. 
G, gu 83. 
Guise 69. 
Indicatif63. 
Inertie, force d' 2. 
Inversion 18. 19. 25. 26. 
Jnsque 47. 49. 92. 
Loner, se louer 102. 
Madam e 15. 
Moi ns, excepte 6. 
M u t i s m e , au figure 77. 
N e . . que, seulement 45. 
Nombre de 50. 70. 



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200 TABLE DES 

Noms propres 67. 74. 75. 
OMir, obei 48. 
Oe 94. 

Partie ipe passif 73. 
Partitif, article 27. 
Pas , ne . . pas , ne 11. 
Peser 16. 
Plus , ne . . plus 28. 
Posse ssif, pronom 61. 
Presid er 76. 
Que, pronom 17. 
Que, conjonetion 44» 79. 80. 
98. 

Qui, lequei 3. 
Reformer, reformer 23. 
Relatif, pronom 24. 53. 101. 



MATIERES. 

R e p e t i t i o n des articles 84J 

90. 105. 
Rien 36. 
Sans 32. 41. 
Si .. que 8. 62. 93. 
Suivre, suivi 48. 
Süperbe 10. 
T , prononciation 52. 66* 
Transposition 22. 26.35. 

40. 58. 78. 
Trop avoir fait de 35. 58. 
Un, uniforme, un bomne57 
Virgule tf. 38. 62. 93. 
Voila 55. ' 

Voir, regarder Ül. i 
3»ar 65. I 



Imprimerie de Breitkopf et Härtel. 

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Google 



_G„„ gle f 



THIS BOOK IS DUE ON THE LAST DATE 
STAMPED BELOW 



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WILL BE ASSESSED FOR FAILURE TO RETURN 
THIS BOOK ON THE DATE DUE. THE PENALTY 
WILL INCREASE TO 50 CENTS ON THE FOURTH 
DAY AND TO $1.00 ON THE SEVENTH DAY 
OVER DUE. 



SE£ ^933 
DEC 1 1933 





OCT 111839 

LAüRlE- 



ÜUL 1619415 



15! 



YA 07469 




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